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Full text of "Annales de gynécologie et d'obstétrique"

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ANNALES 


DB 


GYNÉCOLOGIE 


TOME  XXXVII 


CONDITIONS  DE  L'ABONNEMENT 


Les  Annales  de  Gynécologie  paraissent  le  15  de  chaque  mois 
par  fascicules  de  80  pages,  formant  chaque  année  deux  volumes 
avec  titre  et  table  des  matières.  Des  planches  sont  ajoutées  au 
texte  toutes  les  fois  que  cela  est  nécessaire. 


Prix  de  l'abonnement  : 

Pour  Paris 18  francs. 

Pour  les  départements 20     — 

Pour  l'Europe 22     — 

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Les  abonnements  sont  reçus  à  Paris,  à  la  librairie  G.Steïnheil, 
2,  rue  Casimir-Delavigne.  —  En  province  et  à  l'étranger,  chez  tous 
les  libraires. 

Tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  doit  être  envoyé  à  M.  le 
Dr  Hartmann,  80,  rue  Mîromesnil,  pour  la  partie  gynécologique; 
à  M.  le  Dr  Varnier,  6,  rue  Herschel,  pour  la  partie  obstétricale 
ou  &  M.  G.  Steinhril,  éditeur,  2,  rue  Ca8imir-I>elavlgne. 


ANNALES 


DE 


GYNECOLOGIE 

/ .,    '/  /  ^ 
ET  D'OBSTÉTRIQUE 

PUBLIÉES  SOUS  LA  DIBBOTION 
DR  MM. 

PAJOT.  TILLAUX.  PINARD,  LEBLOND 

Rédacteurs  en  chef. 

H.  VARNIER  ET  H.  HARTMANN 


TOME  XXXVII 

Contenant  des  travaux  de 

BuMM,  Délaissement,  Enqstrom,  Etienne,  Hartmann  et  Aldibbbt, 

Hartmann,  Labosquiére,  Mally,  More  Madden, 
MoRizANi,  Oui,  Péan,  Pinard,  Polosson,  Quenu,  Routier,  Spinelli. 


1892 

(1"  SEMESTRE) 


»»^/  ^««N/X^X/NrV 


PARIS 
G.  STEINHEIL,  ÉDITEUR 

2,  BUE  OASnOA-DBLATIOira,  3 

1892 


ANNi.LZ.^ 


DE  GTN'ÉCOLOGIE 


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ANNALES 

DE  GYNÉCOLOGIE 


Janvier  1892 


A  Monsieur  le  récjlacteur  en  chef  des  Annales 
de  gynécologie. 

Mon  cher  Cioliègue, 

Conformément  à  la  promesse  que  je  vous  ai  faite  lors  de 
mon  passage  à  Paris  au  mois  de  novembre  dernier,  je  vous 
envoie  un  premier  article  sur  la  Symphyséotomie.  Ce  n'est 
qu'une  statistique  des  résultats  de  Topération  pratiquée  suivant 
les  règles  de  Tantisepsie,  avec  les  deux  conclusions  qui  se 
dégagent  nettement  des  observations  cliniques.  Du  jour  où 
cet  article  sera  publié  par  les  Annales  de  gynécologie^  la 
question  de  la  Symphyséotomie  s'imposera,  je  l'espère,  à  la 
discussion  internationale.  Nous  le  devrons  au  professeur 
Pinard  dont  le  haut  patronage  nous  est  un  gage  de  succès  (1). 

Veuillez  agréer,  etc. 

D'  P.  a  Spinklli. 


Naples,  le  11  décembre  1891. 


(l)  Nous  publierons  dnns  le  prochain  numéro  des  Annales  de  gynécologie 
une  leçon  de  M.  Pinard  sur  la  symphyséotomie,  leçon  faite  le  7  décembre 
dernier  à  la  clinique  Baudelocque. 

Amr.  Di  ont.  —  foL.  xzxnu  1 


DE  LA  SYMPHYSÉOTOMIE  A  L*ÉGOLE   DE  NAPLE8 


TRAVAUX  ORIGINAUX 


INSTITUT  OBSTiTBICAL  BT  OTN^OOLOGIQUE  DB  LA  FAOULTÀ  DE  NAPLB8 

DIBIGA  FAB  LB  PBOVBSBBirR  O.  MOBISAITI 


LES  RÉSULTATS  DE  LA  SYMPHYSÉOTOMIE   ANTISEP* 
TIQUE  A   L'ÉCOLE  OBSTÉTRICALE  DE  NAPLES 

Pftr  le  D'  P.  «.  SpIneUi 


0 

Dans  cette  première  note  clinique  et  statistique  je  me 
propose  de  faire  connaître  les  résultats  de  la  symphyséo- 
tomie  antiseptique  telle  qu*on  la  pratique  dans  notre  école 
obstétricale  napolitaine.  Ultérieurement  je  traiterai  des  indi- 
cations et  de  la  technique  opératoire  de  la  symphyséotomie. 

La  belle  période  de  la  symphyséotomie  ne  date  que  de 
quelques  années.  Grâce  au  triomphe  des  principes  rationnels 
dUndic^tion  opératoire  formulés  et  énergiquement  défendus 
par  le  professeur  Morisani,  et  grâce  à  Tapplication  rigou- 
reuse de  Tantisepsie,  les  résultats  de  Topération  ont  été 
constamment  favorables  pour  les  mères.  Quant  aux  enfants 
ils  n'ont  couru  aucun  risque  du  fait  de  la  symphyséotomie  ; 
les  risques  auxquels  ils  ont  pu  être  exposés  sont  exclusive- 
ment inhérents  aux  opérations  d'extraction. 

Voici  un  rapide  résumé  de  24  cas  de  symphyséotomie  anti- 
septique ;  12  de  ces  opérations  ont  été  pratiquées  à  la  clini- 
que obstétricale  de  la  Faculté  de  Naples,  dirigée  par  le  pro- 
fesseur 0.  Morisani  ;  5  à  la  Maternité  du  grand  hôpital  des 
Incurables  et  7  en  ville. 

Je  remercie  le  professeur  Morisani,  les  D"  Novi  et 
Mancusi  qui  m*ont  très  gracieusement  communiqué  leurs 
observations  inédites. 


SPINELLI  3 

Observation  I 

No  53  du  regîfitro  de  la  Clinique  de  la  Faculté.  Année  scolaire  1887-1888.) 

Anna  Liquori>  15  ans,  primipare,  est  amenée  à  la  Clinique 
obstétricale  à  terme  et  en  travail  depuis  trois  jours.  La  poche 
des  eaux  est  rompue  depuis  52  heures.  Plusieurs  tentatives 
infructueuses  de  version  et  de  forceps  ont  été  faites  en  ville. 

Température  de  la  parturiente  SS'^jS.  Fœtus  vivant,  présen- 
tant le  sommet  en  position  droite,  variété  transversale  avec 
procidence  du  bras  gauche; 

Bassin  plat  rachitique  : 

Conjugué  de  Baudelocque. . .     16  centimètres 

Promonto-sous-pubien 8c.  5 

Conjugué  vrai 7  c. 

Date  de  U opération  :  20  février  1888. 

Après  avoir  essayé  vainement  de  réduire  la  procidence 
du  bra?  application  de  forceps,  symphyséotomie,  extraction 
à  Taide  de  tractions  modérées.  Délivrance  spontanée. 

Suture  immédiate  de  la  plaie  sus-pubienne.  Suppuration 
de  deux  points  de  suture.  Guérison  parfaite  et  complète. 

Garçon  vivant  du  poids  de  2,920  gr  ;  diamètre  bipariétal 
9  c.  2. 

Observation  II 

(No  35  du  registre  de  la  Clinique  obstétricale  de  la  Faculté.) 

.  Mazza  Concetta,  25  ans^  primipare.  Grossesse  à  terme. 
Fœtus  vivant  présentant  le  sommet  en  position  gauche, 
variété  transversale. 

Mensurations  du  bassin  avec  le  pelvi-clisiomètre  du 
D""  Lauro  : 

Conjugué  externe  de  Batidelocque.,  18  centimètres* 

Diamètre  oblique  droit* .  • •  20  c.  5. 

y>        oblique  gauche 20  c. 

D        entre  les  deux  crêtes  ilia« 

9  ques é. »  23  c.  5< 


4  DE  LA   STMPHYSÉOTOMIE  A  L'ÉGOLE  DE  NAPLRS 

Diamètre    entre    les    épines   iliaques 

antérieures  et  supérieures 24  c. 

Hauteur  de  la  symphyse  pubienne 5  c.  3 

Inclinaison 36^ 

Épaisseur 3  c. 

Promonto-sous-pubien  (conjugué  dia- 
gonal)        8  c.  8 

Conjugué  vrai 7  c. 

Date  de  Vopération  :  5  m^rs  1888.  —  On  fit  la  symphyséo- 
tomie,  les  membranes  étant  intactes  et  la  dilatation  de  Tori- 
fice  presque  complète  ;  puis  on  rompit  les  membranes  et  le 
flot  amniotique  entraîna  une  anse  du  cordon  qui  fut  réduite. 
Après  quoi  on  appliqua  le  forceps.  Extraction  facile.  Déli- 
vrance spontanée. 

Suture  de  la  plaie  supra-pubienne.  Suites  de  couches 
normales.  Réunion  par  première  intention  des  pubis  divisés. 
Le  15*  jour,  l'accouchée  quitte  son  lit. 

Garçon  vivant  du  poids  de  3,080  gr.  Diamètre  bipariétal, 
9  c.  5- 

Observation  III 

(N*  2  du  regiatra  de  Ia  Clinique  Année  scolaire  1888-18890 

Anna  Giustiniani,  24  ans,  primipare.  Grossesse  à  terme. 
Fœtus  vivant,  présentant  le  sommet  on  position  gauche, 
variété   transversale. 

Bassin  plat  rachi tique  : 

Coiyugué  externe  de  Baudolocque,  16  cent. 

Promonto-sous-pubiou  (coi\jugué  Ji«gonah,8  c.  1. 

Conjugué  vrai,  6  c.  6, 

Date  de  Vojyératiou  :  \>H  jnnvior  ISHrt.  —  Symphyséotomie 
et  application  do»  f«>roop».  K\tratMit)n  fucilo.  Délivrance 
spontanée*  • • 

Suture  do  la  pl«loiiu|>r(i«p\iMonno.  Huitt^^  dooouchcs  nor- 
males. Réunion  par  proinit^rn  intontit>u  dr^H  pulus  divisés. 
L*opt^réo  quitte  lo  Ut  au  IhuU  tU  Iv^  Jouih. 


aPINRLLI  5 

Fille  vivante  du  poids  de  2,520  gr.  Bipariétal,  8  c.  5. 

Observation  IV 

(Ko  76  da  re^re  de  la  Clinique.  Année  scolaire  1889-1890.) 

Mazza  Concetta  (c'est  la  femme  de  l'observation  II)  entre 
à  la  Clinique  au  terme  de  sa  seconde  grossesse.  Fœtus  vi- 
vant. Présentation  du  sommet,  en  position  gauche,  variété 
transversale. 

Dafe  de  V opération  :  20  février  1890.  —  Symphyséotomie  ; 
extraction  par  la  version.  Délivrance  spontanée. 

Suture  de  la  plaie  supra-pubienne.  Suites  de  couches  nor- 
males. Réunion  par  première  intention  des  pubis  divisés. 
Le  10' jour  Topérée  quitte  le  lit. 

G&rcon  légèrement  asphyxié^  ranimé^  du  poids  de  2,600 
grammes.  Diamètre  bipariétal,  9  centimètres. 

Observation  V 

•     ••  •        ... 

(No  90  du  registre  de  la  Clinique.  Année  scolaire  1889-1890.) 

Vincenza  de  Siena,  19  ans,  primipare.  Entrée  à  la  clini- 
que à  terme  et  en  travail.  Longueur  du  col,  1  centimètre. 
Orifice  à  peine  dilaté.  Poche  des  eaux  rompue  depuis  24  heu- 
res ;  écoulement  par  le  vagin  de  liquide  amniotique  mélangé 
de  méconium.  Fœtus  vivant^  présentant  le  sommet  en  posi- 
tion gauche,  variété  transversale.  Température  de  la  par- 
turiente,  38%7. 

Conjugué  diagonal,  8  c.  8. 

Conjugué  vrai,  environ  7  centimètres. 

Da^e  de  Vopération  :  28  mars  1890.  — -  Après  l'emploi  des 
douches  de  Kiwisch  et  du  colpeurynter  de  Braun,  la  dilata- 
tion de  Torifice  utérin  étant  incomplète^  on  pratiqua  la  sym- 
physéotomie puis  Tex traction  par  la  version.  Délivrance 
spontanée. 

Suture  de  la  plaie  supra-pubienne  ;  réunion  par  première 
intention. 

Suites  de  couches  pathologiques  traitées  avec  succès  et 


6  DE   LA  SYUPHYSÉOTOMIE  A   l'ÉGOLE   DE  NAPLE3 

enrayées  en  peu  de  jours  par  les  injections  intra-utérines 
de  sublimé. 

Fille  vivante  née  en  état  d*asphyxie  (S*"  degré),  ranimée  à 
Taide  de  soins  appropriés,  mais  morte  12  heures  après.  Poids 
3,250  grammes.  Diamètre  bipariétal,  9  c.  5. 


Observation  VI 

(N<*  115  du  registre  de  la  Clinique.  Année  Boolaire  1889-1890.) 

Nunziata  Connola,  31  ans,  reçue  k  la  clinique  à  terme  et 
en  travail.  Poche  des  eaux  rompue  depuis  20  heures.  Fœtus 
vivant  en  présentation  du  sommet,  position  gauche,  variété 
transversale. 

Mensurations  du  bassin  : 

Conjugué  de  Baudelocque 15  c.  8 

Conjugué  diagonal 9  c.  4 

Conjugué  vrai 7  c.  5 

Date  de  l'opération  :  30  mai  1890.  —  Symphyséotomie  et 
application  de  forceps.  Extraction  facile.  Délivrance  spon- 
tanée. 

Suture  de  la  plaie  supra-pubienne.  Suites  de  couches  nor- 
males. Réunion  par  première  intention  des  pubis  divisés.  Au 
bout  de  10  jours,  la  femme  quitte  la  clinique. 

Garçon  vivant  de  3,050  grammes.  Diamètre  bipariétal, 
9  c.  5. 

Observation  VII 

(K«  1  du  registre  de  la  Clinique.  Année  scolaire  1890-1891.) 

Filoména  Gallizia,  35  ans.  Reçue  à  la  clinique  à  terme  et 
en  travail.  Fœtus  vivant,  présentant  le  sommet. 

Mensurations  du  bassin  : 

Conjugué  externe 15  c. 

Conjugué  diagonal 8  c.  7 

Conjugué  vrai 7  c.  *2 


SPINELLl.  7 

Date  de  V opération  :  12  novembre  1890.  —  Symphyséoto- 
mie  et  application  de  forceps  ;  extraction  en  occipito-jsacrée. 
Délivrance  spontanée. 

Suture  de  la  plaie  supra-pubienne.  Suites  de  couches  nor- 
males. Réunion  par  première  intention  des  pubis  divisés. 
L'opérée  quitte  le  lit  le  13*  jour. 

Garçon  vivant  du  poids  de  2,920  grammes.  Diamètre  bipa* 
riétal,  8  o.  5. 

Observation  VIII 

•  •  • 

(Ko  93  du  registre  de  la  Clinique.  Année  scolaire  1890-1891.) 

Concetta  di  Nacci,  33  anS|  primipare.  Entrée  &  la  clinique 
'  à  terme  et  en  travail  depuis  4  jours  ;  poche  des  eaux  rompue 
artificiellement  depuis  7  heures.  ^ 

Fœtus  vivant,  présentant  le  sommet,  en  position  gauche, 
variété  transversale.        ' 

Conjugué  diagonal,  10  cent. 

Conjugué  vrai,  8  cent. 

Oa^e  de  V opération  :  32  avril  1891.  —  Symphyséotomie  et 
application  de  forceps.  Extraction  facile.  Délivrance  spon- 
tanée. 

Suture  de  la  plaie  supra-pubienne.  Suites  de  couches 
pathologiques.  Guérison. 

Fille  vivanie  de 3,250  grammes.  Diamètre  bipariétal,  9  c.  5. 

•  ■  « 

Observation  IX 

(N»  10  du  registre  de  la  Clinique.  Année  scolaire  1890-1891.) 

Nunziata  Connola  (c'est  la  femme  de  l'observation  VI). 
Entréeàla  clinique  à  terme  et  en  travail.  Membranes  intactes. 
Orifice  dilaté  comme  une  pièce  de  dix  centimes.  Présen- 
tation du  sommet  en  position  gauche,  variété  transversale. 

Da(e  de  Vopération  :  10  juillet  1891.  —  Symphyséotomie, 
les  membranes  étant  intactes  et  la  dilatation  de  Torifice 
presque  complète;  rupture  artificielle  des  membranes   et 


8         DE  LA  SYXPBTSAOTONIE  K  t'iCOLE  DE  KAPLE8 

applioation  de  forceps.  Extraction  facile.  Délivrance  spon- 
tanée. 

Sature  de  la  plaie  sopra*pubienne.  Suites  de  couches 
normales.  Réunion  par  première  intention  de  la  symphyse. 
Le  8«  jour  l'opérée  quitte  son  lit. 

Fille  vivante  du  poids  de  3,150  grammes.  Diamètre  bipa- 
riétal,  9  c.  3. 

Observation  X 

(N«  1  du  registre  delà  Clinique.  Année  scolaire  1891-1892.) 

Concetta  Adamo^  32  ans,  multipare.  Sept  grossesses  anté«- 
rieures  terminées  par  des  accouchements  prématurés  spon* 
tanés  à  7  mois  ;  tous  les  enfants  morts. 

La  huitième  grossesse  évolua  normalement  jusqu'au 
terme.  On  fit  la  symphyséotomie  qui  permit  d'extraire  un 
enfant  vivant.  Observation  publiée  dans  la  3*  statistique 
du  professeur  Morisani.  {Annali  di  ostetricia  e  ginecologia,^ 
1886.) 

Entrée  à  la  clinique  à  terme  et  en  travail  (neuvième  gros- 
sesse). Membranes  rompues.  Orifice  presque  complètement 
dilaté.  Fœtus  vivant  ;  présentation  du  sommet  en  position 
gauchOi  variété  transversale. 

Mensurations  du  bassin  :  Conjugué  diagonal    8  c.  5. 

Conjugué  vrai....    7  c. 

Date  de  Vopération  :  25  septembre  1891.  —  Symphyséo- 
tomie et  application  de  forceps.  Extraction  facile.  Déli* 
vrance  spontanée. 

Suture  de  la  plaie  supra-pubienne.  Suites  de  couches  nor- 
males. Réunion  par  première  intention  des  pubis  divisés. 
Le  15'  jour  l'opérée  quitte  le  lit. 

Garçon  vivant  du  poids  de  3,500  grammes.  Diamètre  bi- 
pariétal,  9  c.  7. 


SPINELLI  9 

Observation  XI 

(K<>  4  du  registre  de  la  Clinique.  Année  scolaire  1891-1892.) 

Maria  Fisichella,  27  ans,  primipare.  Entrée  à  la  clinique 
au  terme  de  la  grossesse.  Fœtus  vivant,  présentant  le  som- 
met en  droite  transversale. 
Mensurations  du  bassin  : 

Conjugué  externe  de  Baudelocque* ...     15  c. 

Diamètre  oblique  droit. 21  c. 

»         oblique  gauche 22  c.  5 

Entre  les  crêtes  iliaques «. .    26  c. 

Bi-»trochantérien 30  c. 

Entre  les  épines  iliaques 26  c.  5 

Conjugué  diagonal 8  c.  5 

Conjugué  vrai 7  c. 

Date  de  l'opération:  20  novembre  1891.  Symphyséotomie. 
Application  de  forceps  au  détroit  inférieur  pour  résistance 
périnéale.  Délivrance  spontanée. 

Suture  de  la  plaie  supra-pubienne.  Réunion  par  première 
intention.  Suites  de  couches  normales^ 

Garçon  vivant  de  3,500  grammes.  Diamètre  biparié- 
tal,  9  c.  5. 

Observation  XII 

(K«  6  du  registre  de  la  Clinique.  Année  scolaire  1891-1892.) 

Antonietta  Aiello^  28  ans,  III  pare. 

Deux  accouchements  prématurés  spontanés  à  7  mois. 
Enfants  morts. 

Entrée  à  la  clinique,  au  terme  de  8  mois,  en  travail.  Mem- 
branes intactes.  Orifice  à  peine  dilaté.  Fœtus  vivant.  Pré- 
sentation du  sommet  en  position  gauche,  variété  transversale. 
.Mensurations  du  bassin  :  Conjugué  diagonal. .. .     8  c.  1 

Conjugué  vrai 6  c.  3 

Date  de  Vopéralion:  28  novembre  1891.  —  Symphyséo- 
tomie et  application  de  forceps.  Extraction  facile.  Délivrance 
spontanée. 


10         DE   LA   SYMPHYSÉOTOMIE   A  L'ÉGOLE   DE  NAPLES 

Suture  de  la  plaie  supra-pubienne.  Réunion  par  première 
intention.  Suites  de  couches  normales. 
Garçon  vivant  de  2,100  gr.  Diamètre  bi-pariétal,  8  c.  5. 

Observation  XIII 

Maria  Parnia,  35  ans,  primipare.  Entrée  à  la  Maternité 
des  Incurables,  à  terme.  Fœtus  vivant;  présentation  du 
siège  complet. 

Mensurations  du  bassin  :  Conjugué  diagonal.. . .    8  c.  5 

Conjugué  vrai 7  c. 

Symphyséotomie.  Extraction  normale  du  fœtus.  Déli- 
vrance spontanée.  Suites  de  couches  normales.  Réunion  par 
seconde  intention  de  la  plaie  supra-pubienne. 

Fille  vivante.  ■ 

»  •  •   •  . 

Observation  XIV 

GaOtana  Vigliano^  37  ans.  Entrée  à  la  Maternité  des  Incu- 
rables, à  terme  et  en  travail.  Fœtus  vivant,  occipito-posté- 
rieure. 

Bassin  ostéomalacique.  Branches  ischio-pubiennea  et 
tubérosités  ischiatiques  très  rapprochées. 

Diamètre  bi-ischiatique 4  c. 

Conjugué  vrai 8  c.  1 

Symphyséotomie  et  application  de  forceps.  Délivrance 
spontanée.  Suites  de  couches  normales.  Réunion  par  seconde 
intention  de  la  plaie  supra-pubienne. 

Garçon  vivant. 

Observation  XV 

Maria  Perozzi,  21  ans,  secondipare.  Premier  accouche- 
ment prématuré  spontané  à  7  mois.  Fœtus  mort. 

Entrée  à  la  Maternité  des  Incurables  au  terme  de  sa 
2*  grossesse.  Fœtus  vivant.  Présentation  du  sommet  en 
position  droite. 

Squelette  et  bassin  considérablement  déformés  par  le 
rachitisme. 


SPINELLI         '  1 1 

Conjugué  diagonal,  8  cent. 

Conjugué  vrai,  6  c.  7. 

Symphyséotomie  et  application  de  forceps.  Extraction 
difficile.  Déliirrance  spontanée.  Suites  de  couches  légèrement 
fébriles.  Guérison.  Réunion  par  seconde  inten  tion  de  la  plaie 
supra-pubienne. 

Garçon  vivant  de  5,000  gr.  Diamètre  bipariétal,  10  c. 

Observation  XVI 

Francesca  Spalico,  23  ans,  primipare.  Entrée  à  la  Mater- 
nité des  Incurables  presque  à  terme.  Fœtus  vivant.  Présen- 
tation du  sommet,  occipito-postérieure. 

Bassin  rachilique.  Conjugué  vrai,  7  c.  4. 

Symphyséotomie  et  application  de  forceps.  Délivrance 
spontanée.  Suites  de  couches,  normales.  Réunion  par  se- 
conde intention  de  la  plaie  supra-pubienne. 

Garçon  vivant. 

Observation  XVII 

Ântonia  Prelisse^  18  ans,  primipare.  Entrée  à  la  Maternité 
des  Incurables  à  terme  et  en  travail.  Fœtus  vivant,  présen- 
tant le  sommet. 

Bassin  rachitique.  Conjugué  vrai,  7  cent. 

Symphyséotomie  et  application  de  forceps.  Extraction  fa- 
cile. Délivrance  spontanée.  Suites  de  couches  normales. 
Réunion  par  seconde  intention  de  la  plaie  supra-pubienne. 

Fille  vivante. 

Observation  XVIII 

Filoména  Fiore,  21  ans,  primipare,  à  terme  et  en  travail. 
Fœtus  vivant,  présentation  du  sommet,  position  droite,  va- 
riété transversale. 

Bassin  plat  rachitique.  Conjugué  diagonal 8  c.  5 

Conjugué  vrai * .     7  c. 

Opération  faite  en  ville,  le  25  août  1887.  —  Pubiotomie 
avec  la  scie  à  chaîne.  Extraction  par  le  forceps.  Délivrance 
spontanée.  Suites  de  couches  normales. 


12        DE  LÀ  SYMPHYBÉOTOMIE  A  L*éGOLE  DE  NAPLES 

Guérîson  rapide. 

Garçon  vivant^  de  3,050  gramiqos,  Diamètre  bipariétal, 
80.8. 

Observation  XIX 

Lucia  Scarpellini,  28  ans,  secondipare. 
Premier  acconchement  à  terme,  céphaloptrisie. 
Seconde  grossesse  à  terme.  Fœtus  vivant,  présentant  le 
sommet  en  position  droite,  variété  transversale. 
Mensurations  du  bassin  : 

Conjugué  de  Baudelocque 19  c. 

Épaisseur  de  la  symphyse 4  c. 

Hauteur  de  la  symphyse 5  c. 

Inclinaison 55"" 

Conjugué  diagonal 10  c. 

Conjugué  vrai 6  c.  5 

Opération  pratiquée  en  ville,  le  16  août  1888.  —  Sym- 
physéotomie  et  extraction  par  la  version.  Délivrance  spon- 
tanée. Suture  de  la  plaie  supra-pubienne.  Suites  de  couches 
normales.  Réunion  par  première  intention  des  pubis  divisés. 
Le  12«  jour,  Taccouchée  quitte  le  lil;. 

Garçon  vivant^  de  3,240  grammes.  Diamètre  bipariétal  de 
9  c.  2. 

Observation  XX 

Filoména  Fiore  (c'est  la  femme  de  Tobservation  XVIII), 
Ilpare,  à  terme.  Fœtus  vivant,  présentant  le  sommet,  en 
position  droite,  variété  transversale.  Membranes  rompues 
depuis  une  heure. 

Date  de  Vopération  (faite  en  ville)  :  2  mai  1889.  —  Sym- 
physéotomie  et  extraction  par  le  forceps,  appliqué  avant 
l'incision  de  la  symphyse.  Délivrance  spontanée.  Suture 
de  la  plaie  supra-pubienne.  Suites  de  couches  normales. 

Fille  vivante  de  3,160  grammes.  Diamètre  bipariétal,  9  c. 


8PINBLL1  13 

Observation  XXI 

Maria  Protaro,  22  ans,  Ilpare. 

Premier  accouchement  terminé  par  embryotomie  cépha- 
lique. 

Seconde  grossesse,  à  terme  ;  fœtus  vivant  présentant  le 
sommet,  en  position  droite,  variété  transversale. 

Mensurations  du  bassin  :  Conjugué  diagonal. . .  9  c.  3. 

Conjugué  vrai 7  c.  8. 

Date  de  Vopération  (faite  en  ville)  :  12  septembre  1889. 

Application  de  forceps  ;  tentatives  infructueuses  d'extrac- 
tion. 

Symphyséotomie  puis  extraction  facile.  Délivrance  spon- 
tanée. 

Suture  de  la  plaie  supra-pubienne.  Suites  de  couches 
normales.  Réunion  par  première  intention  des  pubis  divisés. 

Le  8*  jour,  la  femme  quitte  le  lit. 

Garçon  vivant  de  3,320  grammes.  Diamètre  bipariétal, 
9  cent. 

Observation  XXII 

La  même  Protaro,  Illpare,  est  opérée  do  nouveau  de  la 
symphyséotomie  le  18  février  1891.  Fœtus  vivant,  présentant 
le  sommet  en  position  gauche,  variété  transversale.  Extrac- 
tion à  l'aide  du  forceps.  L'opérée  quitte  le  lit  le  7*  jour. 

Fille  vivante^  de  3,070  grammes.  Diamètre  bipariétal,  9  c. 

Observation  XXIII 

Maddalena  Tomas,  24  ans,  primipare,  à  terme.  Fœtus 
vivant,  présentant  le  sommet. 

Traces  évidentes  de  rachitisme  sur  tout  le  squelette,  spé- 
cialement aux  membres  inférieurs.  Impossibilité  de  mesurer 
le  conjugué  diagonal,  le  rapprochement  des  branches  ischio- 
pubiennes  ne  permettant  pas  Tintroduction  du  doigt.  On  ne 
peut  explorer  non  plus  le  col  de  Tutérus.  Le  maximum  du 


14         DE   LA  SYMPHYSÉOTOMIE  A  l'ÉCOLE  DE   NAPLE3 

rélxécaisenient  porte  sur  le  diamètre  bi-ischiatique  qui 
mesure  3  c.  2. 

DatedeVopératioh  (faite  en  ville)  :  13juinl891.  — Symphy- 
séotomie.  Application  de  forceps  infructueuse.  Extraction  par 
la  version.  Délivrance  spontanée.  Suites  de  couches  normales. 

Réunion  par  première  intention  de  la  plaie  opératoire. 

Fille  vivante  de  3,950  grammes.  Diamètre  bipariétal^  8  c.  7. 

Observation  XXIV 

Anna  Tarantino,  35  ans,  multipare.  Cinq  grossesses  à 
terme,  accouchements  spontanés.  Sixième  grossesse  termi- 
née par  une  application  de  forceps. 

A  terme,  de  sa  7*"  grossesse  et  en  travail. 

Bassin  ostéomalacique  :  Conjugué  vrai,  6  c.  9. 

Date  de  Vopération  :  4  mai  1890.  —  Application  de  forceps 
infructueuse.  Symphyséotomie.  Extraction  difficile.  Déli- 
vrance spontanée.  Suites  de  couches  normales. 

Garçon  vivant^  bien  développé. 

Voici  donc  24  opérations  de  symphyséotomie  avec  24  ré- 
.Hultats  favorables  pour  la  mère  et  23  pour  Tenfant. 

L'enfant  qui  a  succombé,  extrait  par  la  version,  était  en 
état  d'asphyxie  très  prononcée.  Il  fut  ranimé  par  les  moyens 
appropriés,  mais  succomba  12  heures  plus  tard. 

Les  observations  qui  précèdent  prouvent  : 

1»  Qu'un  fœtus  à  terme  et  bien  développé  peut  traverser 
grâce  à  la  symphyséotomie  un  bassin  vicié  dont  le  conjugué 
vrai  mesure  au  moins  65  mi/iim.,  c'est-à-dire  un  bassin  pour 
lequel  les  accoucheurs  de  tous  pays  conseillent  et  pratiquent 
Vembryotomie  ou  Vopération  césarienne. 

2"*  Qu'une  femme  dont  le  bassin  est  vicié  peut  subir  impuné* 
ment  la  symphyséotomie,  pourvu  que  Vopération  soit  prati- 
quée antiseptiquement  et  dans  les  limites  ci-dessus  indiquées. 

Par  cette  première  statistique  constamment  favorable,  je 
crois  avoir  :  !•  établi  en  faveur  de  la  symphyséotomie  une 
base  sérieuse  et  positive  de  foi  et  de  crédit  ;  2°  fait  ressortir 
au  point  de  vue  historique  l'importance  de  l'œuvre  accomplie 


OUI  15 

par  le  professeur  Morisani  qui,  seul  pendant  tant  d'années,  a 
prôné  et  pratiqué  une  opération  abandonnée  par  tous  les 
accoucheurs  ;  3^  préparé  et  fait  sentir  le  besoin  d'une  dis- 
cussion plus  large  de  cette  opération  au  profit  de  la  pratique 
obstétricale. 

Aujourd'hui,  au  point  où  en  est  la  symphyséotomie ,  Tin- 
différence  ou  la  négligence  des  accoucheurs  ne  sont  plus  jus- 
tifiées ;  elles  deviennent  coupables. 


ÉTUDE  SUR  LES  PRINCIPALES  MÉTHODES 
DE  PROVOCATION  DE  L'ACCOUCHEMENT  PRÉMATURÉ 

Far  l6  Dr  Onl^  chef  de  clinique  obstétricale  à  la  Faculté  de  Bordeaux.  (1) 

(Suite). 


Procédé  de  Krause  combiné  avec  remploi 
des  sacs  violons  de  Barnes. 

Nous  n'avons  pu  réunir  que  deux  observations  où  les  sacs 
violons  de  Barnes  aient  été  employés  pour  aider  à  la  dila- 
tation de  ToriSce  utérin^  après  la  provocation  du  travail«par 
riutroduction  d'une  bougie. 

Dans  ces  deux  observations,  que  nous  donnons  résumées, 
il  est  noté  que  les  sacs  de  Barnes  introduits  dans  l'orifice 
utérin,  sont  tombés  dans  le  vagin  très ''rapidement,  sans 
avoir  été  d'une  utilité  réelle.  En  effet,  il  est  facile  de  cons- 
tater  que  lorsqu'on  gonfle  un  sac  de  Barnes,  l'étranglement 
qui  existe  à  la  partie  moyenne  disparaît  à  mesure  que  la 
distension  devient  plus  considérable,  et  que,  lorsque  cette 
distension  est  poussée  au  maximum,  on  n'a  plus  en  réalité 
qu'un  réservoir  cylindrique,  qui  glisse  aussitôt  placé  dans 
rorifice  utérin. 

En  réalité,  les  sacs-violons  de  Barnes  n'ont  donc  qu'une 
eflRcacité  très  contestable.  Si,  déplus,  on  considère  qu'ils  ont 

{\)  Voir  Annales  <le  Gynécologie^  n»  do  décembre  1891.  p.  401. 


■ 


16         PROVOCATION  DB  L^AQOOUQHBMBNT  PRÉMATURB 

été  employés  dans  les  cas  où  la  bougie  de  Krause  ne  suffi- 
sait pas  pour  faire  marcher  le  travail  assez  rapidement,  il 
n'y  aura  pas  lieu  de  s'étonner  des  résultats  plus  que  médio- 
cres  obtenus  par  Tassociation  de  ces  deux  méthodes. 

Obs.  vu.  (Registres  de  la  Clinique.)  Résumée.  —  Jeanne  S..., 
22  ans.  Secondipare.  Entre  à  la  Clinique  le  2  juin  1889,  enceinte 
de  7  mois. 

Son  premier  accouchement,  qui  date  du  24  juillet  1887,  s'est 
effectué  à  la  Clinique,  et  a  dû  être  terminé  par  une  basiotripsie,  la 
tète  n'ayant  pu  dépasser  la  partie  supérieure  de  l'excavation. 

Cyphose  dorsale,  bassin  asymétrique,  la  crête  iliaque  droite  est 
environ  de  3  centim.  plus  élevée  que  celle  du  cété  gauche,  le  tro- 
chanter  gauche  est  plus  saillant  que  le  droit.  L'angle  sacro-ver- 
tébral n'est  pas  accessible.  Saillie  extrêmement  marquée  des  épines 
sciatiques.  L'épine  sciatique  droite  s'avance  presque  sur  la  ligne 
médiane  de  l'excavation.  Diamètre  biischiatique  5  centim.  1/2.  En 
résumé,  bassin  asymétrique  formant  un  entonnoir  à  rétrécissement 
très  rapide. 

Le  2  juin  à  9  heures  du  matin,  introduction  d'une  bougie  u9  IG 
dans  Tutérus.  Présentation  du  siège.  Version  par  manœuvres 
externes  pour  ramener  le  fœtus  en  présentation  du  sommet. 

L^  travail  marche  très  lentement  malgré  Tintroduction  des 
ballons  de  Barnes  et  les  irrigations  chaudes  sur  le  col.  Entre  temps, 
la  présentation  du  siège  se  reproduit. 

Dilatation  complète  le  6  juin  au  soir  seulement  et  extraction  très 
pénible  du  fœtus.  Le  dégagement  de  la  tète  dernière  offre  les  plus 
grandes  difficultés.  L'enfant  naît  à  10  heures  du  soir,  ayant  encore 
quelques  légers  frémissements  cardiaques.  Il  ne  peut  être  ranimé. 

Poids,  1,850  gr.  Diamètre,  B.P.  7,6. 

Délivrance  naturelle.  Suites  de  couches  normales. 

Durée  totale  du  travail,  109  heures. 

Obs.  Vlll.  (Registres  de  la  Clinique.)  Résumée.  —  Marguerite  B..« 
20  ans,  ménagère.  Entre  à  la  Clinique  enceinte  de  8  mois.  Cette 
femme  a  déjà  eu,  il  y  a  deux  ans,  une  grossesse  terminée  à  8  mois. 
Le  travail  ayant  été  très  long  et  terminé  psu*  une  application  de 
forceps  au  détroit  supérieur,  on  conseilla  à  cette  femme  de  ne  pas 
laisser  arriver  &  terme  une  nouvelle  grossesse. 


OUI  17 

A  son  entrée,  on  diagnosUqae  une  grossesse  de  8  mois»  enfant 
vivant,  se  présentant  par  le  sommet  en  O.I.D.T.  Tète  élevée. 
Lésions  rachitiques  multiples.  Incurvation  très  prononcée  des 
fémurs  et  des  tibias.  Diamètre  P.P.M.  8  cent.  1/2. 

Le  22  mai  à  5  heures  du  soir,  introduction  d'une  sonde  n^  18. 
Quelques  douleurs  lombaires,  pas  de  contractions  utérines. 

Le  23  mai  à  8  heures  du  matin,  introduction  d*une  seconde  sonde. 
Quelques  contractions  utérines.  La  dilatation  marche  avec  une 
très  grande  lenteur,  malgré  l'emploi  des  sacs  violons  de  Barnes, 
et  le  travail  ne  se  termine  que  le  24  mai  à  cinq  heures  1/2  du  soir. 

L'enfant,  du  sexe  masculin,  pesant  2,600  grammes,  naît  en  état 
de  mort  apparente.  Il  est  ranimé  après  un  quart  d'heure  de  soins. 
Son  diamètre  B.P.  mesure  8  cent.  5.  Durée  totale  du  travail  : 
48  heures. 

Délivrance  normale.  Suites  de  couches  absolument  apyrétiques. 

Nos  deux  observations  peuvent  se  résumer  ainsi  : 

Durée  du  travail. 

Dans  le  !*''  cas,  109  heures  ; 

Dans  le  2"*  cas,    48  heures. 

La  moyenne  de  la  durée  de  raccouchement  serait  donc  de 
78  heures  1/2. 

Dans  les  deux  observations,  la  santé  des  mères  est  restée 
excellente  pendant  les  suites  de  couches. 

Quant  aux  enfants,  l'un  s'est  présenté  par  le  sommet, 
l'autre  par  le  siège. 

Celui  qui  se  présentait  par  le  siège  a  succombé  pendant 
Textraction  de  la  tête. 

« 

Emploi  du  ballon  excitateur  du  professeur  Tamier. 

La  méthode  du  professeur  Tamier  consiste  essentielle- 
ment à  introduire  dans  la  cavité  utérine,  à  l'aide  d'un  con- 
ducteur métallique,  un  tube  en  caoutchouc  d'un  diamètre  peu 
considérable,  dont  l'extrémité  est  gonflée  ensuite  à  Taide 
d'une  solution  antiseptique,  et  prend  alors  le  volume  et  à 
peu  près  la  forme  d'une  petite  orange. 

Le  ballon  ainsi  formé,  vient  reposer  sur  l'orifice  interne  du 


18         PROVOCATION   DB   l'AGCOUGHEMENT  PRÉMATURÉ 

col,  excite  les  contractions  utérinesi  qui  l'expulsent  peu  à 
peu  dans  le  vagin.  Pour  retarder  cette  expulsion,  et  par  con- 
séquent pour  prolonger  l'action  excitatrice  du  ballon,  il  est 
bon  de  placer  dans  le  vagin,  en  contact  avec  le  col  de  l'uté- 
rus un  tampon  iodoformé,  qui  a  en  outre  l'avantage  d'exciter 
également  les  contractions  utérines. 

Les  reproches  adressés  à  cette  méthode  n*ont  qu'une  très 
légère  importance.  Les  ballons  que  nous  avons  employés  ne 
se  sont  jamais  ruptures.  L'antisepsie  instrumentale  est  facile 
à  réaliser.  Les  complications  telles  que  rupture  des  mem- 
branes, décollement  placentaire  sont  extrêmement  rares; 
les  contractions  utérines  se  produisent  en  général  assez  rapi- 
dement. 

Le  seul  argument  sérieux  à  invoquer,  est  que,  souvent, 
après  l'expulsion  du  ballon,  le  travail  s'arrôte,  ou  que  les 
contractions  utérines  deviennent  insuffisantes.  Nous  verrons 
plus  loin  que,  dans  ce  cas,  le  ballon  de  Champetierpeut  être 
de  la  plus  grande  utilité. 

Obs.  IX.  (Service  du  Dr  Lefour.)  Résumée.  —  Marie  P...,  primi- 
pare. Bassin  plat  rachitique  canaliculé.  Diamètre  P.P. M.  81/2. 

Grossesse  de  8  mois  1/2.  Sommet  O.LG.A.. 

Introduction  du  ballon  de  Tarnier  le  30  juillet  1891  à  11  heures 
du  matin.  Les  contractions  utérines  débutent  presque  aussitôt. 
Effacement  complet  du  col  dans  la  nuit  du  30  au  31  juillet. 

Le  31  à  11  heures  du  matin,  dilatation  de  deux  francs.  On  retire 
le  ballon,  pour  en  introduire  un  second.  Cette  manœuvre  provoque 
la  rupture  des  membranes. 

A  onze  heures  du  soir,  dilatation  complète,  la  tête  repose  sur  le 
plancher  périnéal. 

La  rotation  faisant  défaut,  application  du  forceps  Tarnier  le 
l**"  août  à  une  heure  du  matin. 

Incision  du  périnée,  suivie  de  suture. 

Enfant  du  sexe  masculin,  vivant,  pesant  2,800  gr. 

Diamètre  B.P.  8  centim.  5. 

Délivrance  normale,  suites  de  couches  apyrétiques. 

Durée  du  travail,  38  heures. 


OUI  19 

Obs,  X.  (Service  du  Df  Lefour.)  Résumée.  —  Louise  M...,  piimi- 
pare.  Bassin  plat  rachitique,  rétrécissement  annulaire.'  Diamètre 
P.P.M.  9  centim. 

Grossesse  de  8  mois  1/2.  Son^met  O.I.G.A. 

Introduction  du  ballon  de  Tarnier  le  11  août  à  11  heures  du 
matin.  Les  contractions  utérines  s'éveillent  immédiatement.  A  huit 
heures  du  soir,  dilatation  presque  palmaire  ;  à  9  heures,  dilatation 
complète,  rupture  des  membranes,  et  expulsion  très  rapide  d'un 
enfant  vivant  du  sexe  masculin,  pesant 2,700  gr.  et  dont  le  diamètre 
P.B.  mesure  8  centim.  1/2. 

Délivrance  naturelle,  complète .  Suites  de  couches  apyrétiques. 
Durée  du  travail,  10  heures. 

Oijs.  XI.  (Personnelle.  Recueillie  à  la  Clinique  et  résumée.)  — 
Âugustine  S...,  31  ans.  Entrée  à  la  Clinique  le  12  septembre  1891. 

Trois  grossesses  antérieures;  1>^  grossesse  terminée  par  un  accou- 
chement à  terme,  facile.'  Enfant  petit  ;  2«  grossesse,  accouchement 
^  terme  ;  60 heures  de  travail,  extraction  par  le  forceps  d'un  enfant 
volumineux  ;  3«  grossesse  :  accouchement  naturel  à  terme.  L'en- 
fant est  plus  petit  que  le  premier. 

La  femme  étant  nourrice  au  moment  où  elle  est  devenue  enceinte, 
on  ne  peut  se  baser  pour  apprécier  le  début  de  sa  grossesse  sur  la 
disparition  des  règles.  Elle  croit  être  enceinte  des  premiers  jours 
de  Janvier,  et  le  volume  de  l'utérus  semble  répondre  à  une  gros- 
sesse de  S  mois. 

Présentation  de  Tépaule  droite  en  A.LG.  La  tète  est  très  rap- 
prochée du  détroit  supérieur.  Le  diamètre  promonto-pubien  mini- 
mum est  évalué  après  mensuration  digitale  à  8  centimètres.  En 
résumé,  bassin  plat  rachitique;  le  rétrécissement  est  annulaire. 
Le  25  septembre,  après  les  précautions  antiseptiques  préliminaires 
d*usage,  on  provoque  l'accouchement. 

Le  col,  très  ramolli,  admet  la  pulpe  du  doigt  ;  mais  nous  ne  pou- 
vons pas  arriver  à  introduire  le  ballon  de  Champetier  de  Ribes. 
Nous  nous  décidons  alors  pour  le  ballon  excitateur  de  Tarnier,  qui 
est  introduit  facilement  et  gonflé  avec  60  grammes  d'eau  phéniquée. 
Tampon  iodoformé  dans  le  vagin.  Il  est  à  ce  moment  10  heures  du 
matin. 

Jusqu'à  cinq  heures,  pas  de  coutractions  utérines,  le  col  ne  s'est 
ni  effacé  ni  ouvert. 


20         PBOTOCATION   DE   l'aCCOCCHEMENT   PRSHATCmi 

A  c^  moment,  les  contractions  ntérines  se  rapprochent.  Elles  «ont 
d'etnhlé^  trè»  %i/ou  rendes  et  très  fréquentes. 

A  lObeares  dn  noir.  le  col  n'est  pas  encore  complètement  effacé  : 
mais  il  eut  assez  lar^'^ment  onvert. 

A  2  heures  <lu  matin  «  le  20  septembre,  on  constate  FeffaœiDent 
complet  et  a  ne  dilatation  de  I  centimètres  environ.  Le  ballou  es^t 
expnUé  dans  le  vagin.  l>s  contractions  n  té  ri  nés,  très  fréquentes, 
empêchent  de  pratiqij*»r  1**  palf^^r.  Au  tnuch'^r,  on  trouve nne  poche 
deji  eaux  extrém»îment  saillante,  très  tendue,  et  on  ne  peut  atteindre 
aucune  présentation. 

A  4  heures  1  '2  rupture  spontanée  des  membranes,  la  dilatation 
étant  palmaire.  On  constate  alors  rengagement  progressif  d*un 
siégle  complet  en  S.I.G.A.  A  5  heures  l  2,  dilatation  complète  et 
expulsion  du  siège.  La  tète  est  retenue  au  détroit  supérieur,  et  la 
sage-femme  de  service  n*arrive  qu'avec  peine  à  Textraire  par  la 
manœuvre  de  Champetier  de  Ribes. 

L*enfant  naît  asphyxié  :  mais  il  est  ranimé  assex  facilement 
C'est  une  fille  pesant  3  kilogrammes.  Le  diamètre  B.P.  mesure 
9  centim.  2.  La  tète  est  peu  ossifiée  :  les  sutures  et  les  fontanelles 
sont  très  larges. 

Délivrance  naturelle  rapide.  Suites  de  couches  ap}Tétiques. 

Durée  totale  du  travail,  20  heures. 

Le  travail  daus  les  trois  observations  que  Ton  vient  de  lire, 
a  été  rapide,  du  moins  en  général,  puisque  la  durée  totale 
de  l'accouchement  a  été  en  moyenne  de  29  heures  et  quel- 
ques minutes. 

Les  mères  n*ont  eu  à  souffrir  d*aucune  complication,  et 
leurs  suites  de  couches  ont  été  absolument  normales. 

Quant  aux  enfants,  deux  se  sont  présentés  par  le  sommet, 
et  un  par  le  siège. 

Tous  les  trois  sont  nés  vivante  et  ont  vécu  ;  Tun  d'eux  a 
dû  être  extrait  par  le  forceps. 

Ihnploi  Buocessil  de  procédés  de  Kranse  et  de  Tamier, 

et  du  ballon  de  Champetier. 

Dans  le  seul  cas  que  nous  possédions,  où  il  nous  a  été 


OUI  21 

impossible  de  faire  pénétrer  d'emblée  le  ballon  Tarnier, 
noua  voyons  le  travail  durer  35  heures. 

C'est  seulement  au  bout  de  8  heures  que  les  contractions 
utérines  provoquées  par  la  bougie,  ont  eu  suffisamment 
entr'ouvert  le  col  pour  permettre  d'introduire  le  ballon  du 
professeur  Tarnier.  Celui-ci,  après  être  resté  13  heures  en 
place,  n'avait  pas  encore  amené  l'effacement  complet  du  col  ; 
mais  avait  produit  cependant  une  déhiscence  suffisante  pour 
que  nous  puissions  mettre  en  place  le  ballon  Champetier. 
Malgré  une  faute  que  nous  avons  commise,  et  qui  a  retardé 
son  action,  ce  ballon  a  permis  de  terminer  Taccouchement 
en  14  heures. 

11  a,  en  revanche,  produit  une  mutation  de  présentation. 
Le  sommet  a  fait  place  au  siège,  dans  Taire  du  détroit  supé- 
rieur. 

L'enfant  est  né  vivant  et  a  vécu  ;  mais  il  a  fallu  une  appli- 
cation de  forceps  dans  l'excavation  pour  terminer  Taccou- 
chement. 

Les  suites  de  couches  ont  été  normales. 

Obs.  XII.  (Personnelle.  Recueillie  à  la  Clinique).  —  Jeanne  L..., 
33  ans,  bergère,  primipare,  entrés  à  la  Clinique  le  14  juin  1891. 

Cette  femme,  absolument  inintelligente,  répond  fort  mal  aux 
questions  qui  lui  sont  posées.  Aussi  est- il  impossible  d'obtenir 
aucun  renseignement  sur  ses  antécédents  héréditaires  et  person- 
nels. 

La  menstruation  s'est  établie  chez  elle  à  17  ans,  et  cette  fonction 
S'est  toujours  régulièrement  accomplie.  Elle  affirme  être  devenue 
enceinte  vers  le  l"»"  novembre  1890.  Elle  serait  donc  enceinte  d'en- 
viron 7  mois  1/2. 

Examinée  au  moment  de  son  entrée,  cette  femme  nous  parait 
en  bonne  santé.  Elle  est  de  petite  taille  (1  m.  34);  mais  parait  exté- 
rieurement bien  conformée.  La  colonne  vertébrale  est  droite.  Seuls, 
les  tibias  sont  légèrement  incurvés.  Le  bassin  examiné  semble 
généralement  rétréci  ;  tous  ses  diamètres  sont  diminués  de  longueur 
ainsi  que  le  montrent  les  mensurations  externes  que  nous  prati- 
quons. 


22         PROVOCATION  DK  L'ACCOCCHEMENT  PRÉMATURÉ 

Xouii  noas  bornerons  à  retenir  les  dimensions  soivantes,  qui 
nous  paraibsent  être  les  plos  importantes. 

Diamètres  :  Promonto-pubien  minimum 7  csnt. 

Coccy-pubîen 7  cent.  2 

Bi-ischiaiique 7  cent.  5 

Présentation  du  siège  non  engagé  et  très  mobile,  en  position 
S.I.D.P.  Maximum  des  bruits  du  cœur  à  droite  et  en  arrière,  sur 
la  ligne  de  Fombilic. 

Du  14  au  18  juin,  lavages  du  vagin  avec  une  solution  de  sublimé 
au  1/2000^  et  tamponnements  iodoformés. 

Le  18  juin,  à  9  heures  du  matin,  on  transforme,  à  l'aide  de  la 
version  par  manœuvres  externes,  la  présentation  du  siège,  en 
présentation  du  sommet  O.I.G.T.  Application  d'une  ceinture  pour 
maintenir  la  présentation. 

L'oriûce  du  col  étant  très  peu  perméable,  on  renonce  à  placer 
du  premier  coup,  un  ballon  excitateur  de  Tarnier.  Une  bougie  en 
gomme  préalablement  désinfectée  avec  le  plus  grand  soin  est 
introduite,  à  9  heures  du  matin,  mais  avec  une  certaine  difficulté 
dans  la  cavité  utérine.  Son  extrémité  est  ensuite  arrêtée  dans  le 
vagio,  avec  un  tampon  iodoformé.  La  femme  ne  souffre  presque 
pas  dans  la  journée.  Elle  a  seulement  quelques  légères  coliques. 
Cependant,  un  début  de  travail  s'est  produit.  Le  col  s'est  légère- 
ment effacé  ;  il  est  perméable  dans  toute  son  étendue,  et  le  doigt 
arrive  facilement  jusque  sur  les  membranes.  On  introduit  à  5  heures 
de  l'après-midi  un  ballon  de  Tarnier  qui  est  gonflé  avec  60  gr.  d'eau 
phéniquée,  et  qui  vient  alors  reposer  sur  l'orifice  interne.  Les  con- 
tractions utérines  deviennent  un  peu  plus  fréquentes  mais  restent 
faibles. 

Le  lendemain,  à  8  heures  du  matin,  le  ballon  de  Tarnier  est 
expulsé  dans  le  vagin.  Le  col  nVst  pas  encore  complètement  effacé. 
L'introduction  de  la  bougie  de  Krause  et  du  ballon  Tarnier  a 
nécessité  l'emploi  du  chloroforme  qui  a  seul  permis  de  maintenir 
cette  femme  dans  rimniobilité  indispensable. 

Cette  femme,  très  indocile,  a  profité  d'un  défaut  de  surveillance 
pour  défaire  sa  ceinture,  et  se  lever.  Aussi  constatons-nous  que 
la  préKentation  du  siègo  s'est  reproduite.  Mais  cette  fois,  il  nous 
est  impossible  do  faire  la  version  par  manœuvres  externes. 

Nous  introduisons  alors  facilement,  la  femme  ayant  été  au  préa 
labla  anesthésiée,  un  ballon  de  Champetier  de  Rlbes,  et  nous  lo 


OUI  23 

gonflons  avec  450  grammes  d*eau  phéniquée.  Son  collet  se  trouve 
alors  bien  en  rapport  avec  la  partie  la  plus  interne  du  col.  Cepen- 
dant, les  douleurs  restent  vagues,  peu  fréquentes^  et  le  soir,  à 
cinq  heures,  le  travail  n*a  pas  sensiblement  avancé.  Nous  pensons 
alors  que  le  fond  du  ballon,  qui  dépasse  le  détroit  supérieur,  est 
retenu  au  niveau  de  ce  détroit,  ce  qui  empoche  la  partie  rétrécie 
de  venir  peser  sur  le  segment  inférieur.  Nous  enlevons  environ 
80  grammes  de  liquide.  Presque  immédiatement,  les  douleurs  de- 
viennent beaucoup  plus  fortes  et  plus  rapprochées. 

A  0  heures^  le  ballon  est  expulsé.  La  dilatation  est  presque 
complète.  La  présentation  n*est  pas  engagée,  et  le  doigt  ne  peut 
Tatteindre.  Le  palper  ne  peut  nous  éclairer.  Les  contractions  uté- 
rînes  le  rendent  impossible*.  Pensant  toujours  avoir  affaire  à  une 
présentation  du  siège,  nous  rompons  les  membranes  avec  l'inten- 
tion d'abaisser  un  membre  inférieur  dans  le  vagin  ;  mais,  aussitôt 
après  la  rupture  des  membranes,  la  présentation  s'abaisse,  et 
vient  s^appliquer  sur  le  détroit  supérieur.  Nous  constatons  alors 
un  sommet  en  O.LG.T.  La  tôte  s'engage  peu  à  peu,  et  à  10  h,  1/2, 
elle  se  trouve  en  rapport  avec  le  détroit  inférieur,  en  O.LG.A.  Mais 
à  partir  de  ce  moment,  elle  ne  progresse  plus,  et  peu  à  peu,  nous 
entendons  faiblir  les  bruita  du  cœur  fœtal. 

A  onze  heures  du  soir,  M.  le  professeur  Mousrous  décide  une 
application  de  forceps,  pour  laquelle  il  se  sert  du  petit  instrument 
de  Pajot.  L'application  est  très  pénible.  L'étroitesse  du  détroit 
inférieur  ne  permet  de  placer  que  deux  doigts  à  côté  de  la  tôte 
pour  guider  les  branches  du  forceps.  Aussi,  n'est-ce  qu^après 
plusieurs  tentatives,  que  l'articulation  arrive  à  se  faire  normale- 
ment. La  rotation  se  fait  facilement;  mais  il  faut  des  tractions 
extrêmement  vigoureuses  pour  amener  et  dégager  la  tôte  à  la 
vulve.  Piien  de  spécial  dans  le  dégagement  du  tronc.  L'enfant,  du 
sexe  masculin,  naît  un  peu  étonné  mais  est  facilement  ranimé.  Il 
pèse  1,500  gr. 

Diamètres  de  la  tète  : 

O.M..    10  cent.  S.O.B.    8  cent. 

O.F. .      9  B.P...    7.5 

Max..    10.5  B.T.  .    6.5 

La  tôte  a  été  très  comprimée,  car,  24  heures  après  l'accouche- 
ment, l'occipital  est  encore  enfoncé  sous  les  pariétaux.  La  déli- 
vrance s'effectue  normalement.  Les  suites  de  couches  ont  été 
eicellentes,  sans  élévation  de  température» 


24         PROVOCATION  DE  l'aGGOUGHEMENT  PHÉMATURÉ 

Durée  totale  du  travail,  35  heures.  Durée  du  travail  à  partir  de 
l'introduction  du  ballon  de  Champetier  de  Hibes,  14  heures. 


Introduotion  successive  du  ballon  Tamier  et  dn  ballon 

CShampetier. 

Dans  un  certain  nombre  de  cas,  analogues  à  celui  que 
nous  venons  de  rapporter,  le  travail  provoqué  par  le  ballon 
Tamier  marche  lentement  ;  les  contractions  sont  peu  vigou- 
reuses,  et  la  dilatation  de  rorifîce  utérin  reste  à  peu  près 
stationnaire. 

Dans  ces  cas,  l'introduction  dans  Tutérus  du  ballon  de 
Champetier  peut  donner  et  donne  en  général  lieu  à  une  surac- 
tivité des  contractions  utérines.  De  plus,  la  pression  qu'il 
exerce  sur  tout  le  pourtour  de  l'orifice  utérin  vient  encore 
aider  puissamment  à  la  dilatation,  et  ce  procédé  peut  per* 
mettre  de  terminer  rapidement  un  accouchement  qui,  autrc^ 
ment,  aurait  traîné  en  longueur  au  grand  détriment  de  la 
mère  et  de  Tenfant. 

Nous  connaissons  les  critiques  qui  ont  été  faites  à  ce  pro- 
cédé :  Difficulté  d'introduction  dans  lutérus  d'un  corps  aussi 
volumineux  ;  décollement  possible  du  placenta  ;  rupture  des 
membranes  ;  provocation  de  mutations  dans  les  présenta- 
tions. 

Dans  le  cas  qui  nous  occupe  actuellement,  on  n'éprouva 
aucune  difficulté  à  introduire  le  ballon  Cbampetiery  le  col 
s'étant  déjà  ouvert  suffisamment  sous  l'influence  des  pre- 
mières contractions  utérines. 

Dans  l'observation  XIII,  la  femme  fut  anesthésiée  ;  mais 
ce  fut  là  surtout  une  précaution,  car  nous  n'avions  fait 
aucune  tentative  d'introduction  avant  de  donner  le  chloro- 
forme. Dans  l'observation  XIV,  la  femme  qui  n'avait  pas 
respiré  de  chloroforme,  n'accusa  absolument  aucune  douleur 
au  moment  de  notre  intervention. 

Quant  au  décollement  du  placenta,  il  est  possible;  mais, 
comme  l'ont  déjà  fait  remarquer  MM.  Pinard  et  Champetier 


OUI  25 

de  Ribes,  le  ballon  en  se  gonflant  se  transforme  en  un  excel- 
lent tampon  intra-utérin  qui  arrête  l'hémorrhagie  d'une  façon 
certaine.  Ce  fait  peut  être  constaté  facilement  dans  l'obser- 
vation XIV. 

Pour  notre  part,  nous  n'avons  pas  eu  à  observer  une  seule 
fois  la  rupture  des,  membranes.  Nos  manœuvres  auraient- 
elles  d'ailleurs  amené  ce  résultat  que  nous  nous  en  serions 
fort  peu  occupé,  car,  en  ce  cas  encore,  le  ballon  en  fermant 
rorifice  utérin,  eût  empêché  sinon  complètement,  au  moins 
très  suffisamment,  l'écoulement  du  liquide  amniotique. 

Quant  aux  mutations  de  présentations,  elles  se  produisent 
en  effet  fréquemment,  ainsi  qu'il  est  facile  de  s'en  assurer 
en  lisant  nos  observations.  Mais  si  elles  semblent  imputables 
dans  un  certain  nombre  de  cas  au  ballon  Champetier,  on  ne 
saurait  les  lui  attribuer  toutes,  car  elles  se  produisent  dans 
diautres  circonstances,  notamment  pendant  l'accouchement 
physiologique. 

C'est  ainsi  que  dans  l'observation  XII,  une  mutation  s'était 
déjà  produite  avant  l'introduction  du  ballon  Champetier,  et 
si  le  fœtus  a  évolué  de  nouveau  après  la  mise  en  place  du 
ballon,  celui-ci  ne  peut  guère  en  être  rendu  absolument  res- 
ponsable. 

Au  contraire,  dans  l'observation  XIV,  la  mutation  qui  s'est 
effectuée,  substituant  un  siège  à  un  sommet,  semble  devoir 
être  attribuée  au  ballon  Champetier. 

On  remarquera  dans  les  deux  observations  XIII  et  XIV, 
que  le  ballon  Champetier  a  permis,  dans  un  cas,  la  termi- 
naison en  5  h.  1/2,  d'un  travail  qui,  sous  l'influence  du  ballon 
Tarnier,  n'avait  produit  en  14  heures  qu'un  effacement  incom- 
plet du  col,  avec  une  dilatation  d'environ  deux  francs.  Dans  le 
second  cas,  le  résultat  a  été  moins  rapide,  puisque  l'expul- 
sion du  fœtus  n'a  eu  lieu  que  25  heures  après  l'introduction 
du  ballon,  mais  nous  ferons  remarquer  combien  la  dilatation 
de  l'orifice  utérin  était  rendue  difficile  par  les  tissus  cica- 
triciels et  fongueux,  qui  l'encombraient.  Nous  sommes  con- 
vaincu que  le  travail  eût  été  plus  long  encore,  si  nous  l'avions 


26  PROVOCATION   DE   l'aCCOUGHEMENT  PRÉMATURÉ 

laissé  marcher  seul  après  Texpulsion  du  ballon  Tarnier. 
Encore  faut-il  noter  que  par  suite  d'une  rupture  le  ballon 
Champetier  a  été  expulsé  sans  avoir  produit  la  dilatation 
complète. 

En  résumé,  réunissant  ces  deux  cas,  nous  obtenons  une 
moyenne  de  30  heures  pour  la  durée  du  travail. 

Un  enfant  est  mort  ;  il  se  présentait  par  le  siège  (obser- 
vation XIV),  après  s'être  primitivement  présenté  par  le 
sommet. 

Les  suites  de  couches  ont  été  excellentes. 

Obs.  XIII.  (Personnelle.  Recueillie  à  la  Clinique.)  —  Marie  C..., 
dgée  de  30  ans,  journalière,  entre  à  la  Clinique  le  11  j  uin  1891. 

Rien  de  notable  dans  les  antécédents  héréditaires.  Elle  a  été 
atteinte  de  rougeole  à  8  ans,  de  la  variole  à  28  ans. 

.Elle  ignore  comment  elle  a  été  nourrie,  et  à  quel  âge  elle  a  mar- 
ché. La  menstruation  s'est  établie  chez  elle  à  l'âge  de  15  ans. 
Depuis,  elle  a  toujours  été  régulière. 

Première  grossesse  en  1884.  L'accouchement  fut  laborieux. 
Le  travail  dura  trois  jours,  bien  que  la  grossesse  ne  fût  que  de 
huit  mois,  et,  de  l'inertie  utérine  s*étant  produite  à  la  un,  la  sage- 
femme  administra  à  la  parturiente  de  l'ergot  de  seigle,  avant  l'ex- 
pulsion de  l'enfant,  qui  naquit  vivant. 

Deuxième  grossesse  en  1889,  terminée  par  un  accouchement  à 
terme  le  14  mars.  Travail  extrêmement  pénible,  qui  ne  peut  se 
terminer  que  par  une  crâniotomie  pratiquée  par  le  professeur 

MOUSE^OUS. 

Les  dernières  règles  ont  apparu  le  27  septembre  1890.  La  gros- 
sesse remonterait  donc  à  environ  7  mois  et  demi.  Au  début,  vomis- 
sements fréquents,  puis  bronchite  qui  a  beaucoup  fatigué  la  malade. 
Pas  d'autres  troubles  à  signaler. 

A  son  entrée,  état  général  satisfaisant.  L'utérus  remonte  à  trois 
travers  de  doigt  au-dessus  de  l'ombilic.  La  tète  se  trouve  en  rap- 
port avec  le  détroit  supérieur.  Elle  n'est  pas  engagée,  et  reste  très 
mobile.  Le  front  est  à  gauche,  l'occiput  à  droite.  Le  siège  occupe 
rhypochondre  gauche.  Le  maximum  des  bruits  du  cœur  se  trouve 
à  droite,  au  niveau  de  l'ombilic. 

Le  toucher  fait  constater  un  col  déhiscent,  mais  ayant  toute 


OUI  27 

sa  longueur.  Les  membranes  sont  intactes  ;  la  présentation  reste 
trop  élevée  pour  pouvoir  être  atteinte.  Le  promontoire  est  facile- 
ment accessible.  La  mensuration  digitale  donne  8  centinu  comme 
dimension  du  diamètre  promonto-pubien  minimum. 

Le  professeur  Moussons  aécide  de  provoquer  dans  la  journée 
même  Taccouchement  prématuré. 

Le  11  juin,  à  six  heures  du  soir,  après  de  rigoureuses  précau- 
tions antiseptiques,  le  professeur  Moussons  introduit  dans  l'uté- 
rus un  ballon  excitateur  de  Tarnier,  dans  lequel  on  injecte  environ 
*50  grammes  d'eau  phéniquée.  Le  contact  du  ballon  avec  Torifice 
interne,  provoque  rapidement  des  contractions  utérines  qui  se  pro- 
duisent assez  fréquemment  jusqu'A  onze  heures  du  soir.  A  ce 
moment,  le  calme  survient,  et  la  femme  s'endort. 

Le  lendemain,  à  huit  heures,  on  trouve  le  ballon  de  Tarnier 
dans  le  vagin.  Le  col/ bien  qu'incomplètement 'effacé,  a  une  dila- 
tation d'environ  deux  francs.  Cette  dilatation  étant  suffisante, 
nous  anesthésions  la  malade  par  le  chloroforme,  et  introduisons 
dans  l'utérus  un  ballon  de  Ghampetier  de  Ribes,  dans  lequel  nous 
'injectons  environ  400  grammes  d'eau.  A  partir  de  ce  moment,  les 
contractions  utérines  rénaissent  plus  vives  et  plus  fréquentes,  et  le 
travail  avance  rapidement. 

A  une  heure  un  quart,  le  ballon  est  expulsé  spontanément.  Le 
col  complètement  effacé  offre  une  dilatation  presque  palmaire.  Il 
est  dilatable.  La  poche  des  eaux  bombe  fortement  dans  le  vagin. 
Nous  rompons  immédiatement  les  membranes,  et  aussitôt,  la  tète 
vient  pointer  au  détroit  supérieur.  En  moins  de  vingt  minutes,  elle 
se  dégage  à  la  vulve.  Son  engagement  et  son  expulsion  ont  été  si 
rapides,  qu'elle  n'est  pas  déformée,  et  présente  tout  à  fait  la  forrae 
de  la  tète  d'un  enfant  né  en  présentation  du  siège. 

Enfant  du  sexe  féminin. 

Poids 2750  gr. 

Longueur '. 48  centim. 

Diamètres  :  B.P , 8  cent.  2 

B.T 7  cent.  3 

Délivrance  naturelle,  rapide.  Suites  de  couches  absolument  apy- 
ré  tiques. 

Durée  du  travail  à  partir  de  l'introduction  du  ballon  de  Gham- 
petier de  Ribes,  5  heures  1/2. 

Durée  totale,  19  heures  1/2. 


28         PROVOCATION  DE  L'aCCOUCHKMENT  PRÉMATURÉ 

Ob8.  XIV.  (Personnelle.  Recueillie  à  la  clinique.)  —  Marie  C..., 
30  ans,  multipare,  est  entrée  à  la  Clinique  le  22  juin  1891. 

Rien  de  spécial  dans  ses  antécédents  héréditaires. 

Antécédents  personnels.  Elle  a  été  nourrie  au  sein  par  sa  mère 
jusqu^à  l'Âge  de  22  mois.  Elle  a  commencé  à  marcher  à  11  mois, 
et  depuis  lors,  elle  a  toujours  fort  hien  marché.  Â  5  ans,  elle  a  eu 
la  rougeole.  Â  8  ans,  commencèrent  des  palpitations  de  cœur  qui 
persistèrent  jusqu'à  13  ans,  époque  où  la  menstruation  s'étahlit. 
La  menstruation  a  toujours  été  régulière,  facile,  abondante. 

A  15  ans,  elle  se  marie.  Son  premier  accouchement  a  lieu  18  mois 
après  son  mariage,  terminant  .une  grossesse  de  7  mois  1/2  ou  8  mois. 
Au  bout  de  24  heures,  le  travail  se  termine  par  l'expulsion  spon- 
tanée d'un  enfant  vivant. 

Les  suites  de  couches  sont  normales. 

La  deuxième  grossesse  survient  7  ans  après  la  première.  L'accou- 
chement a  lieu  à  terme  ;  le  travail  dure  3  jours.  Expulsion  spon- 
tanée d'un  enfant  vivant,  mais  qui  meurt  2  jours  après.  Suites  de 
couches  normales. 

Deux  ans  après,  troisième  grossesse.  Le  travail  dure  encore 
trois  jours,  et  se  termine  par  une  application  de  forceps.  L'enfant 
était  mort  pendant  le  travail. 

Deux  ans  s'écoulent  encore,  puis  une  quatrième  grossesse  se 
produit,  et  arrive  à  son  terme.  I^ne  application  de  forceps  ne  suflit 
pas  pour  extraire  Tenfant.  Il  faut  en  venir  à  la  céphalotripsie. 

Dès  le  lendemain  de  cette  intervention,  la  femme  s'aperçut  que 
l'urme  s^écoulait  constamment  par  le  vagin.  Cet  écoulement  de 
l'urine  demeura  continu  pendant  2  mois.  Puis,  il  y  eut  une  cer- 
taine amélioration,  et  la  femme  put  retenir  son  urine  un  certain 
temps,  sans  qu'elle  s  écoulât  par  le  vagin. 

C'est  dans  ces  conditions  qu'elle  de\int  enceinte  pour  la  cin- 
quième fois,  au  mois  de  novembre  ISlH).  Depuis  ce  moment,  les 
urines  recoînmoucèrent  ù  s'écouler  plus  fré^iuemineut  par  le  vagin, 
et  rêi*'^ulein»MU  devint  bienl«*>t  permanent. 

CVst  alors  *{ne  >ur  K*  conseil  de  son  niô'Win,  ell<*  vint  à  la  Cli- 
niqu»^  <vusuli-»r  M.  le  professeur  a^ré^^ê  Rivière,  qui  roniplaçaît 
alors  le  prof»^;^sour  M«ms>ous.  X^us  étions  au  mois  de  mars.  Le 
IV  Rivière  après  l'avoir  exainiiièe,  et  avoir  cousts4té  une  tistule 
utè»»»  vè>ico  va^'in  il^,  et  un  rètrOoissomenl  trè-s  niar.iuè  du  bassin, 
lui  donna  le  c  'n>'»:l  de  rev'-'nir  uu  mois  de  juin,  pour  qu'on  pro- 
vo-^tuAt  A  c-^  moniont  rucoouchemont  pro:uaiur\\ 


OUI  29 

Examen  de  la  femme.  Femme  de  petite  taille,  présentant  un 
état  de  santé  générale  satisfaisant.  Colonne  vertébrale  droite. 
Incurvation  légère  des  tibias.  L'utérus  remonte  à  mi- distance 
entre  l'ombilic  et  Tépigastre.  Au  palper,  on  constate  très  nette- 
ment une  présentation  du  sommet  en  O.LG.T.  La  tôte,  très 
élevée,  est  mobile  au  détroit  supérieur.  Le  maximum  des  bruits 
du  cœur  fœtal  s'entend  à  gauche,  au  niveau  de  l'ombilic.  Par  le 
toucher,  on  constate  dans  le  cul-de-sac  antérieur,  une  masse  de 
tissus  fongueux  au  milieu  desquels  on  retrouve  Torifice  de  la 
ûstule  vésicale.  Ces  fongosités  masquent  presque  complètement 
roriûce  du  col,  dont  la  lèvre  antérieure  a  disparu.  Seule,  la  lèvre 
postérieure  a  résisté.  Elle  a  toute  sa  longiieur  et  est  très  ramollie. 
On  arrive  facilement  sur  le  promontoire.  La  mensuration  digitale 
donne,  déduction  faite,  7  c.  7  pour  dimension  du  diamètre  pro- 
monto-pubien  minimum. 

Le  22  juin,  à  6  heures  de  Taprès-midi/la  malade  ayant  reçu 
plusieurs  injections  vésicales  antiseptiques,  et  un  lavage  complet 
du  vagin  ayant  été  fait  avec  une  solution  de  sublimé  au  1/2000, 
nous  introduisons  dans  l'utérus  un  ballon  excitateur  de  Tarnier, 
dans  lequel  nous  injectons  50  grammes  d'eau  phéniquée.  L'intro- 
duction du  conducteur  est  assez  difficile,  car  on  se  perd  au  milieu 
des  tissus  fougueux  qui  encombrent  roriûce  utérin,  et  qui  saignent 
très  facilement.  Le  ballon  une  fois  gonflé,  vient  reposer  sur  Toriflce 
interne,  le  seul  d'ailleurs  qui  existe  actuellement. 

Le  lendemain,  à  9  heures  du  matin,  nous  trouvons  le  ballon  de 
Tarnier  presque  entièrement  sorti  de  l'orifice  utérin.  La  lèvre  pos- 
térieure du  col  a  gardé  presque  toute  sa  longueur.  La  dilatation  a 
atteint  le  diamètre  d'une  pièce  de  deux  francs.  Le  ballon  de  Tar- 
nier étant  retiré,  nous  introduisons  alors,  sans  difficultés,  le  ballon 
de  Champetier  de  Ribes  dans  la  cavité  utérine.  Bien  que  non 
anesthésiée,  la  malade  ne  manifeste  pas  de  douleur.  A  ce  moment, 
il  s>e  produit  une  hémorrhagie  assez  abondante,  et  il  s'écoule  au 
dehors  environ  200  grammes  de  sang  rouge  vermeil.  Cette  hémor- 
rhagie s'arrête  aussitôt  le  ballon  gonflé  et  la  pince  retirée.  Dans 
la  journée  et  dans  la  nuit,  les  contractions  utérines  sont  faibles, 
et  le  travail  n'avance  que  très  lentement.  Cependant,  le  24  juin  au 
matin,  le  ballon  descend  dans  l'excavation,  et  l'orifice  utérin 
atteint  les  dimensions  d'une  pièce  de  5  francs.  A  9  heures  1/2, 
sous  l'influence  d'une  traction  exercée  par  la  femme,  le  tube  de 


30         PROVOCATION   DE   l'aGGOUCHEMENT  PRÉMATUHÉ 

remplissage  du  ballon  se  rompt,  et  toute  l'eau  s^écoulo  au  dehors. 
Une  forte  contraction  l'expulse.  A  ce  moment,  les  membranes 
sont  rompues,  et  nous  constatons  au  lieu  de  la  présentation  du 
sommet  très  nettement  constatée  au  moment  de  la  mise  en  place 
du  ballon,  une  présentation  du  siège  complet,  en  S.I.D.A.   La 
dilatation  se  complète  rapidement,  et  le  siège  descend  dans  l'exca- 
vation. A  10  heures  1/2,  il  se  dégage  à  la  vulve.  Mais,  aussitôt 
l'extrémité  pelvienne  expulsée,  les  contractions  cessent  presque 
complètement.  Les  pulsations  du  cordon  diminuent  rapidement  de 
fréquence  et  de  force,  et  l'enfant  fait  une  inspiration.  Nous  procé- 
dons alors  à  des  tractions,  pendant  qu'un  aide  presse  fortement 
sur  le  front  à  travers  la  paroi  abdominale.  Les  bras  qui  se  sont 
élevés  le  long  de  la  tète,  sont  assez  facilement  dégagés;  mais  le 
crùne  est  retenu  au  détroit  supérieur.  Grâce  à  l'emploi  du  procédé 
de  Champetier  de  Ribes,  la  tète  est  extraite  sans  grosses  difQcultés. 
L'enfant,  du  sexe  féminin,  naît  en  état  d'asphyxie.  Il  est  ranimé 
assez  vite  par  l'emploi  du  procédé  de  Schultze^  les  frictions  d'alcool 
et  les  bains  chauds. 

Il  pèse  1,750  grammes  et  est  long  de  4G  centim.  ^ 

Diamètres  de  la  tête  : 

O.M 10,.5  S.O.F 9,5 

O.F 10  S. O.M 8,5 

Maxim 10,5  B.P 8 

S.O.B-..........      8,5  B.T.. ■•••    6,0 

Délivrance  rapide,  membraïies  complètes.  La  rupture  des  mem- 
brunes  s'est  faite  à  4  centim.  du  bord  placentaire.  Au  niveau  de  ce 
bord,  nous  trouvons  un  gros  caillot  noir  adhérent  et  un  cotylédon 
légèrement  déchiré. 

L'enfant  est  mort  5  heures  après  l'accouchement.  L'autopsie  a 
été  faite.  Les  poumons  avaient  parfaitement  respiré.  Nous  n'avons 
trouvé  comme  lésions  qu'une  légère  ecchymose  sous-péricardique, 
des  ecchymoses  assez  considérables  sous  la  partie  du  cuir  chevelu 
recouvrant  le  pariétal  droit,  qui  était  le  pariétal  antérieur.  Enfin, 
il  existait  une  vaste  hémorrhagie  des  méninges,  surtout  au  niveau 
de  l'hémisphère  cérébral  droit.  Durée  totale  du  travail,  41  heures. 

Durée  du  travail  à  partir  de  l'introduction  du  ballon  de  Cham- 
petier de  Ribes,  25  heures. 


OUI  31 

Ballon  Ghampetier  employé  seul. 

Quand  le  col  utérin  est  assez  souple,  quand  le  canal  cer- 
vical est  déhiscent,  il  est  possible  et  même  facile  de  faire 
pénétrer  dans  Tutérus  le  ballon  Ghampetier. 

Les  deux  observations  (XV  et  XVI)  que  nous  rapportons 
plus  loin  en  font  foi;  cette  introduction  ne  nécessite  pas 
Tanesthésie. 

Les  contractions  utérines  ont,  dans  ces  deux  cas,  apparu 
rapidement.  Dans  le  premier,  la  dilatation  était  de  plus  de 
cinq  francs  1 1  heures  après  la  mise  en  place  du  ballon,  et  si 
l'accouchement  ne  s'est  fait  qu'après  une  durée  totale  de 
33  heures  de  travail,  cette  prolongation  est  due  à  ce  que  nous 
n'avons  pas  rompu  la  poche  des  eaux  aussitôt  après  l'expul- 
sion du  ballon.  Dans  le  second  cas,  la  dilatation  et  Taccou- 
chôment  se  sont  effectués  en  5  heures. 

Nous  devons  cependant  faire  remarquer  les  syncopes  qui 
se  sont  produites  au  début  du  travail,  dans  l'observation  XV. 
Ces  accidents  nous  semblent  devoir  être  attribués  à  la  dis- 
tension trop  rapide  du  ballon,  et  par  conséqueoit  du  segment 
inférieur  de  l'utérus,  sur  lequel  il  vient  reposer. 

C'est  là  une  nouvelle  raison  de  suivre  la  ligne  de  conduite 
indiquée  par  MM.  Champetier  de  Ribes  et  Pinard,  et  qui 
consiste  à  ne  pas  remplir  complètement  le  ballon  aussitôt 
qu'il  a  été  mis  en  place.  D'ailleurs,  dans  le  cas  où  des  acci- 
dents analogues  à  ceux  que  nous  avons  signalés  viendraient 
à  se  produire,  il  suffirait,  pour  les  faire  cesser,  de  vider  en 
partie  le  ballon. 

Dans  les  deux  observations  que  nous  rapportons,  la  durée 
moyenne  du  travail  a  été  de  19  heures. 

Les  deux  enfants  sont  nés  vivants,  l'un  par  le  sommet, 
l'autre  par  le  siège. 

Les  suites  de  couches  ont  été  excellentes. 

Ob8.  XV.  (Personnelle.  Recueillie  à  la  Clinique.)  —  Marie  B..., 
âgée  de  32  ans,  entre  A  la  clinique  le  18  mai  1891. 


32         PROVOCATION   DE   l'aGGOUCHEMENT   PRÉHÀTURé 

Ses  antécédents  tant  personnels  qu'héréditaires  ne  présentent 
rien  de  particulier,  si  ce  n'est  que,  allaitée  par  sa  mère,  elle  a 
commencé  à  marcher  avant  d'avoir  atteint  l'&ge  de  10  mois.  Ses 
premières  règles  ont  apparu  à  Fàge  de  15  ans,  et  depuis,  sa  mens- 
tr nation  a  toujours  été  régulière. 

A  vin(jt-six  ans,  première  grossesse,  dont  la  marche  ne  présente 
rien  de  particulier,  et  qui  se  termine  à  terme  par  une  application 
de  forceps  au  détroit  supérieur.  L^enfant  naît  vivant,  et  meurt 
18  mois  après,  d'une  maladie  que  la  mère  ne  peut  pas  nous  indiquer. 

A  trente  ans,  seconde  grossesse,  terminée  par  un  accouchement 
prématuré  à  7  mois.  L'enfant  était  mort  et  macéré. 

Les  dernières  règles  datent  du  25  août  1890.  Cette  femme  s'est 
très  hien  portée  pendant  sa  3«  grossesse.  L'examen  que  nous  pra- 
tiquons le  10  mai,  nous  montre  une  femme  bien  portante,  de  petite 
taille  (1  m.  41).  Elle  ne  présente  aucune  déformation  de  la  colonne 
vertébrale,  mais  nous  constatons  facilement  une  courbure  rachi- 
tique  assez  prononcée  des  tibias.  Les  membres  inférieurs  et  la 
vulve  sont  couverts  do  paquets  variqueux  considérables. 

Au  palper,  nous  trouvons  une  O.I.G.T.  La  tête  non  engagée,  est 
très  mobile  au-dessus  du  détroit  supérieur. 

Les  bruits  du  cœur  sont  forts  et  réguliers,  leur  maximum  se 
trouve  à  gauche,  au  niveau  de  l'ombilic. 

Au  toucher,  nous  trouvons  un  col  non  effacé,  mais  très  déhis- 
cent, et  permettant  l'introduction  assez  facile  de  deux  doigts.  On 
arrive  sur  les  membranes  qui  sont  intactes,  et  on  peut  examiner 
la  tète,  bien  qu'elle  ne  soit  pas  engagée.  La  fontanelle  postérieure 
se  trouve  à  gauche,  la  suture  sagittale  occupe  le  diamètre  trans- 
verse.  En  examinant  le  bassin,  on  arrive  très  facilement  sur  le 
promontoire.  Déduction  faite,  nous  trouvons  à  la  mensuration 
digitale,  que  le  diamètre  promonto-pubien  minimum,  mesure 
8  cent,  à  8  cent.  5. 

Dans  la  journée  du  18  mai,  la  femme  prend  un  bain  et  de  nom- 
breuses injections  au  sublimé,  et  le  19  mai  au  matin,  nous  nous 
décidons  à  introduire  le  ballon  de  Champctier  de  Ribes,  pour  pro- 
voquer raccoucliemont  de  cette  malade,  dont  la  grossesse  est  arri- 
vée à  8  mois  et  demi.  A  10  heures  et  demie,  cette  introduction  est 
faite  sans  difficultés,  et  sans  que  la  femme  accuse  trop  de  douleur. 
Le  ballon  une  fois  mis  en  place,  repose  sur  le  segment  inférieur 
de  l'utérus.  Son  collet  occupe  la  longueur  du  canal  cervical.  Environ 


OUI  33 

un  quart  d'heure  après  son  introduction  la  femme  a  une  syncope 
assez  longue  ;  elle  revient  à  elle  vers  onze  heures  ;  puis  une  seconde 
syncope  plus  courte  que  la  première  se  produit  à  11  heures  1/2  et 
enûn,  une  troisième  plus  faible  encore  arrive  vers  midi  et  demi.  Â 
ce  moment,  on  enlève  environ  cent  grammes  de  Teau  injectée  dans 
le  ballon.  Les  syncopes  cessent  alors  pour  ne  plus  reparaître.  Dans 
l'après-midi,  quelques  contractions  se  produisent,  faibles  et  espa- 
cées. A  cinq  heures,  quelques  douleurs  plus  fortes  se  produisent, 
et  le  ballon  descend  un  peu  dans  l'excavation,  en  commençant  à 
dilater  le  col.  Puis,  tout  se  calme  jusqu'à  8  heures  du  soir.  A  ce 
moment,  plusieurs  contractions  violentes  arrivent  coup  sur  coup. 
La  femme  crie  et  se  plaint  beaucoup.  Occupé  auprès  d'une  autre 
malade  qui  demandait  des  soins  constants,  nous  ne  nous  préoc- 
cupons pas  de  ces  cris,  d'autant  plus  que  la  malade  redevient 
calme  presque  immédiatement.  A  dix  heures,  nous  pratiquons  le 
toucher,  et  nous  trouvons  le  ballon  dans  le  vagin.  Il  est  un  peu 
llasque,  et  comme  il  se  trouve  tout  auprès  de  la  vulve,  nous  l'enle- 
vons, pour  pouvoir  constater  ce  qui  se  passe  derrière  lui.  A  ce 
moment,  nous  trouvons  le  col  reformé  en  partie.  Sa  dilatation  est 
de  cinq  francs;  il  est  très  souple, mais  non  complètement  dilatable. 
La  poche  des  eaux  est  intacte.  Nous  décidons  de  laisser  le  travail 
marcher  seul.  Toute  la  nuit,  la  dilatation  reste  à  peu  près  station- 
naire.Les  contractions  utérines  sont  rares,  faibles,  peu  douloureuses. 
Le  lendemain,  à  3  heures  de  Taprès  midi,  elles  deviennent  fortes  et 
régulières.  La  dilatation  progresse,  mais  sans  que  la  tôte  s'engage. 
Ënûn,  à  8  heures,  la  dilatation  est  presque  complète.  Nous  rom- 
pons alors  la  poche  des  eaux,  et  une  heure  après,  le  fœtus  est 
expulsé  sans  incidents. 

La  délivrance  se  fait  au  bout  d'un  quart  d'heure. 

Hémorrhagie  insignifiante.  L'utérus  se  rétracte  et  se  contracte 
énergiquement. 

Enfant  du  sexe  féminin.  Poids,  2,250  gr.  Vivant,  longueur,  47  c. 

Diamètres  de  la  tète  : 

B.P 9cent.  O.F 11  cent. 

B.T 8  S.O.B 9,4 

O.M 12  S.O.F 10,5 

Durée  du  travail,  33  heures.  Suites  de  couches  apyrétiques. 
L'enfant  est  en  bonne  santé  au  moment  de  la  sortie  de  la  mère. 

Axy.  DB  «Ts.  —  TOL.  xxzvn.  8 


34;      PROVOCATION  DE  l'acgouchement  prématuré 

Obs.  XVI.  (Recueillie,  résumée  et  communiquée  par  M.  le  D'  Ri- 
vière,) —  M«>«  K...,  22  ans,  a  eu  il  y  a  dix-huit  mois  une  première 
grossesse^  normale,  qui  s'est  terminée  à  terme,  mais  non  sans 
difflcultés  sérieusesf  ainsi  qu'il  résulte  du  récit  qu'elle  nous  en  fait. 
L'enfant  se  présentant  par  le  siège,  les  membranes  s'étaient 
prématurément  rompues,  et  les  premières  douleurs  n'avaient 
débuté  que  trois  jours  après.  La  dilatation,  elle-même,  très  lente 
4  se  faire  avait  duré  cinq  jours.  Encore  fallut-il,  pour  faire  l'extrac- 
tion de  l'enfant,  pratiquer  des  débridements  qui  auraient,  parait-il, 
porté  sur  le  col  utérin,  et  sûrement  sur  le  périnée  ;  ainsi  qu'en 
témoignent  les  cicatrices  qu'on  retrouve  actuellement  sur  cette 
région.  L'enfant  vint  en  état  de  mort  apparente,  et,  ranimé  avec 
peine,  succomba  deux  heures  après. 

M"«  K...  est  actuellement  enceinte  pour  la  seconde  fois.  Ses 
règles  ayant  duré  du  2  au  5  janvier  1891,  sa  grossesse  était  arrivée 
au  milieu  du  neuvième  mois,  lorsque  le  29  septembre,  le  matin,  dans 
son  lit,  elle  perd  spontanément  du  liquide  amniotique,  sans  douleur. 
Je  suis  appelé  le  soir,  la  patiente  a  continué  à  perdre  de  l'eau 
toute  la  journée,  sans  la  moindre  douleur.  L'utérus  a  notablement 
diminué  de  volume.  Il  s'agit  encore  d'une  présentation  du  siège 
complet  non  engagé.  Le  col  est  entier,  souple  et  perméable;  le 
doigt  arrive  directement  sur  un  pied  du  fœtus. 

Je  tente,  mais  en  vain,  une  version  par  manœuvres  externes  ; 
l'utérus  est  trop  rétracté,  et  le  fœtus  a  perdu  sa  mobilité. 

La  nuit  se  passe  sans  douleur  :  de  même,  la  journée  et  la  nuit 
suivantes;  le  liquide  amniotique  s'écoule  au  dehors  de  temps  en 
temps  ;  le  fœtus  dont  le  champ  d'hématose  se  restreint  de  plus  en 
plus,  commence  à  souffrir. 

Craignant  à  juste  titre  le  renouvellement  des  accidents  qui  ont 
marqué  le  premier  accouchement,  je  propose  d'introduire  dans 
l'utérus  un  ballon  de  Champetier  de  Ribes,  aûn  de  hâter  Taccou- 
chcment. 

Mon  intervention  étant  acceptée,  je  fais  pénétrer  sans  difficulté 
le  l^*"  octobre  à  9.  l^eu^es  du  matin,  le  ballon  Champetier  (celui 
contenant  400  gi;ammes  de  liquide).  L'introduction  est  facile. 

Dix  minutes  après,  les  contractions  douloureuses  commencent, 
se  renouvelant  de  3  en  3  minutes  environ.  A  11  h.  1/2,  le  ballon 
qui  n'a  pas  été  gonflé  complètement  (W)  grammes  d'eau  seule- 
ment) est  tout  entier  dans  le  vagin. 


k 


OUI  35 


**• 


A  midi,  je  le  retire,  et,  sous  chloroforme,  je  procède  à  Texamen, 
Le  segment  inférieur  a  perdu  toute  sa  résistance  ;  la  dilatation  de 
roriûce  utérin  est  complète.  Mais  le  fœtus,  soulevé  par  le  ballon, 
s'est  transversalisé  ou  mieux  diagonalisé,  de  sorte  qu'une  main  se 
trouve  au  centre  de  l'orifice  dilaté,  tandis  que  le  siège  est  remonté 
vers  la  fosse  iliaque  gauche.  Il  est*aisé,  du  reste,  de  le  ramener 
dans  Taxe  de  Texcavation.  L'extraction  est  faite  lentement;  le 
passage  de  la  tète  est  assez  pénible.  Néanmoins,  le  fœtus  vient 
vivant,  très  légèrement  asphyxié.Il  est  actuellement  en  parfait  état 

Suites  de  couches  absolument  normales. 

Durée  du  travail,  5  heures. 

Si  nous  totalisons  les  résultats  que  nous  avons  énumérés 
dans  ce  travail,  en  réunissant  toutefois,  les  résultats  des 
observations  où  le  procédé  de  Krause  a  été  employé  seul  et 
des  cas  où  on  a  eu  recours  comme  adjuvant,  aux  sacs  de 
Barnes,  si  nous  confondons  en  même  temps  le  cas  unique  où 
nous  avons  eu  successivement  à  nous  servir  de  la  sonde,  du 
ballon  Tarnier,  et  du  ballon  Champetier,  avec  les  3  cas  où 
nous  avons  eu  recours  aux  seuls  ballons,  nous  obtenons  les 
résultats  suivants  : 

Durée  moyenne  du  travail  : 

Procédé  de  Krause 50  heures  1/2 

Ballon  de  Tarnier 29      — 

Ballons  Tarnier  et  Champetier.  32      — 

Ballon  Champetier 10      — 

• 

On  le  voit  facilement,  le  procédé  de  Krause  est  absolument 
distancé.  Quant  au  procédé  de  Champetier,  il  agit  évidem* 
ment  d'une  fagon  très  efficace,  puisqu'il  a  amené  Vaccouche- 
ment  avec  une  avance  moyenne  de  10  heures  sur  le  ballon 
Tarnier. 

Nous  avons  totalisé  et  pris  la  moyenne  des  résultats  con- 
signés dans  les  tableaux  du  professeur  Pinard,  et  voici  les 
moyennes  que  nous  a  données  notre  calcul. 

Ballon  Tarnier 47  heures. 

Ballons  Tarnier  et  Champetier. . .    28     — 
Ballon  Champetier 13      — 


36         PROVOCATION   DE  I/AGGOUGHEMENT  PRÉMATURÉ 

.    Il  y  a  discordance  entre   ces  deux  tableaux,  mais  cette 
discordance  est  plus  apparente  que  réelle. 

En  effet,  il  suffit  de  lire  nos  observations  pour  se  rendre 
compte  que  les  accouchements  où  nous  avons  employé  le 
ballon  Champetier  après  celui  du  professeur  Tarnier,  sont 
justement  ceux  où  la  dilatation  marchait  lentement,  soit 
sous  rinfiuence  de  la  faiblesse  des  contractions  utérines, 
soit  à  cause  de  lésions  diminuant  la  souplesse  de  l'orifice 
utérin.  Il  en  est  résulté  que  la  durée  moyenne  du  travail  pro- 
voqué seulement  par  le  ballon  Tarnier,  est  moindre  que  celle 
des  accouchements  où  les  deux  ballons  Tarnier  et  Cham- 
petier ont  été  employés.  En  réalité»  les  résultats  plus  rapides 
sont  dus  surtout  à  ce  que  les  cas  étaient  plus  favorables,  et 
c'est  pour  cela  que  la  moyenne  obtenue  dans  les  observations 
où  M.  le  professeur  Pinard  s*est  servi  systématiquement  du 
ballon  Champetier  après  le  ballon  Tarnier  donne lavantage 
réel  à  l'emploi  successif  des  deux  appareils. 

Nous  ne  nous  étendrons  pas  sur  les  résultats  donnés  par 
les  différents  procédés  pour  les  mères.  Une  seule  est  morte, 
et  elle  a  succombé  à  une  lésion  organique  du  cœur.  Quant  à 
riufection,  elle  n'a  été  constatée  qu'une  fois,  et  encore  avait- 
elle  pour  point  de  départ  du  sphacèle  de  la  vulve.  Elle  fut 

•  •  •    • 

d'ailleurs  fort  légère. 

Si,  maintenant,  nous  nous  occupons  des  enfants,  nous 
notons  les  résultats  suivants  : 

État  des  enfants  : 

Procédé  de  Krause . .  Vivants    5      Morts.    3.370/0. 

Ballon  Tarnier -.3—0 

Ballons    Tarnier    et 

Champetier —         2         —        1  330/0. 

Ballon  Champetier. . .  —         2         —        0 

Nous  donnons  dans  ce  tableau  les  résultats  bruts  ;  car 
Tune  des  morts  portées  en  face  du  procédé  de  Krause  ne 
saurait  lui  être  imputée,  Tenfant  ayant  succombé  surtout 
sous  rinfiuence  de  Téiat  grave  de  la  mère. 


OUI  37 

Nous  nous  contenterons  de  noter,  pour  ce  qui  se  rapporte 
aux  enfants,  les  résultats  relatifs  des  différentes  présenta- 
tions, et  des  interventions  qui  ont  été  nécessaires. 

11  y  a  eu  : 

12  présentations  du  sommet 2  morts.     16,5  0/0 

4  présentations  du  siège 2    —  50  0/0 

Donc  mortalité  beaucoup  plus  considérable  pour  les 
enfants  nés  en  présentation  du  siège.  Nous  devons  faire 
remarquer  que  nous  avons  porté  comme  mort  dans  un  cas 
de  présentation  du  siège,  un  enfant  qui,  en  réalité,  est  né 
vivant  ;  mais  qui  a  succombé  du  fait  même  de  l'accouche- 
ment, ainsi  que  l'autopsie  Ta  démontré. 

Il  a  été  fait  5  applications  de  forceps  qui  ont  donné  5  en- 
fants vivants. 

Une  version  podalique  a  amené  un  enfant  mort  ;  mais  il 
suffit  de  lire  l'observation  (observ.  II),  pour  voir  que  Topé- 
ration  ne  saurait  être  incriminée. 

CSonclusions. 

Il  nous  reste  en  terminant  ce  travail,  à  résumer  les  con- 
clusions qui  découlent  des  faits  que  nous  avons  exposés. 

1*  La  sonde  de  Krause  doit  être  absolument  rejetée,  hors 
les  cas  de  nécessité  absolue.  Le  travail  qu'elle  détermine 
marche  trop  lentement,  et  les  enfants  succombent  en  pro- 
portion plus  grande  qu'avec  les  autres  procédés. 

2"*  Dans  le  cas  où  il  est  indiqué  de  provoquer  Taccouche- 
ment  chez  une  primipare,  ou  chez  une  multipare  à  col  peu 
perméable,  on  doit  avoir  recours  d'abord  au  ballon  du  pro- 
fesseur Tarnier,  suivi,  aussitôt  que  le  canal  cervical  sera 
suffisamment  ouvert,  par  le  ballon  Champetier. 

3*  Dans  le  cas  où  la  perméabilité  du  col  est  suffisante,  il 
est  indiqué  de  placer  immédiatement  le  ballon  Champetier. 

4**  Cette  indication  est  d  autant  plus  nette  que  le  besoin 
de  mener  rapidement  le  travail  est  plus  prononcé. 

lien  est  ainsi,  notamment  dans  les  cas  de  rupture  préma- 


38  SOCIÉTÉS  SAVANTES 

tnrée  des  membranes,  où  le  ballon  Champetier  introduit 
dans  la  cavité  de  Tœuf,  suffira  pour  provoquer  le  travail 
(observation  XVI),  alors  que  le  ballon  Tamier  serait  insufR- 
Bant. 

5*  La  rupture  des  membranes  peut  être  facilement  évitée, 
quand  on  emploie  le  ballon  Champetier.  Quant  au  décolle- 
ment du  placenta,  il  se  produit  quelquefois  ;  mais  dans  ce 
cas,  il  suffit  de  gonfler  le  ballon,  pour  arrêter  complètement 
Thémorrhagie. 

6""  Le  ballon  ne  doit  pas  être  rempli  complètement  dès  le 
début.  Dans  ce  cas,  on  le  voit  se  développer  au-dessus  du 
détroit  supérieur;  il  n'excite  pas  suffisamment  la  contraction 
utérine,  et  favorise  les  mutations  de  présentations. 

7®  Ces  mutations  semblent  se  produire  assez  fréquemment 
avec  le  ballon  Champetier  ;  bien  qu'elles  ne  puissent  pas 
toutes  lui  être  imputées.  Cependant,  vu  leur  fréquence,  il  est 
utile  de  surveiller  le  fœtus  de  très  près,  pourpouvoir  corriger 
rapidement  les  présentations  vicieuses  qui  pourraient  se 
produire. 


REVUE  DES  SOCIETES  SAVANTES 


SOCIÉTÉ  DE  CHIRUROIE 

Séance  du   25  novembre  1891. 

Hystèrectomie  pour  cancer. 

M.  Sëgond  accepte  en  principe  rhystérectomie  totale  et  les  ar- 
gumenta dév()lopp«^s  contre  elle  en  1888  ne  l'ont  pas  touché.  Oui« 
c'est  une  opération  grave,  mais  elle  s'adresse  à  des  condamnées  à 
mort  M.  Segond,  depuis  1888,  a  33  opérations,  dont  25  pour  cancer 
du  col  et  8  pour  cancer  du  corps,  avec  SG  guérisons  et  7  décès, 
tous  pour  des  cancers  du  col.  En  1888,  sur  4  opérations  il  a  2  décès, 
tous  deux  de  sa  faute,  1  par  septicémie,  1  pour  avoir  abaissé  on 
môme  temps  que  l'utérus  et  pris  dans  une  pince  une  anse  intes- 


SOCIÉTÉ   DE   CHIRURGIE  39 

tinale.  Les  5  autres  morts,  qui  concernent  en  partie  des  cancers 
peut-être  trop  avancés,  sont  dues  à  des  péritonites  (3,  dont  2  tar- 
dives), à  une  hémorrhagie  secondaire  (la  pince  placée  sur  du  tissu 
cancéreux  ayant  mal  tenu),  au  choc  (1).  Quant  aux  26  guérisons, 
abstraction  faite  des  8  opérations  pratiquées  depuis  août  1891,  les 
résultatii  sont  :  7  récidives  dont  4  morts  en  1  an  environ  et  3  en- 
core vivants  (8  mois,  7  mois,  6  mois),  et  il  est  à  noter  que  ces 
femmes  après  l'opération  ne  perdent  plus  et  souffrent  beaucoup 
moins;  8  guérisons  maintenues  depuis:  une,  9  mois,  les  autres 
depuis  8  à  9  mois.  Il  est  à  noter,  d'ailleurs,  que  les  succès  définitifs 
de  l'amputation  partielle  eussent  a  fortiori  été  obtenus  par  la 
totale  et  M.  Segond  pense,  avec  Pozzi,  avec  Bouilly,  que  plus  un 
cancer  est  petit,  plus  il  est  indiqué  d'enlever  l'utérus  entier. 

M.  Vkrneuil  a  revu  ricemment  une  dame  qu'il  a  opérée  en  1869 
d'un  épithélioma  par  l'amputation  du  col.  Il  persiste  à  penser 
qu'après  l'amputation  partielle,  la  moyenne  de  survie  est  plus 
longue. 

M.  ScHWARTZ  n'a  fait  que  trois  hystérectomies  vaginales  pour 
cancer.  Une  fois  la  récidive  est  survenue  au  bout  de  6  mois.  Chez 
les  deux  autres  malades  sont  survenues  des  complications  opéra- 
toires :  une  fois,  une  incontinence  d'urine  persistante  ;  une  fois, 
une  fistule  vésico -vaginale,  la  vessie  ayant  été  intéressée  par  une 
pince.  M.  Schwartz,  considérant  que  la  récidive  a  lieu  au  moins 
7  fois  sur  10,  est  donc  décidé  à  ne  plus  opérer  que  les  cas  tout  à 
fait  simples. 

n  a  d'autre  part  fait  une  amputation  du  col  dont  le  résultat  se 
maintient  depuis  1885  ;  deux  supra- vaginales  ayant  donné  18  et 
15  mois  de  survie. 

M.  Terrier  a  retrouvé  une  des  deux  malades  qu'il  avait  perdues 
de  vue  :  elle  vit,  depuis  2  ans  et  7  mois,  sans  ombre  de  récidive. 

Séance  du  2  décembre  1891. 

Hystérectomieponr  cancer  utérin. 

M.  BouiLLY  avait  en  1888,  30  opérations  dont  29  pour  cancer, 
avec  7  morts.  Depuis,  il  a  fait  21  hystérectomies  vaginales  qui  se 
répartissent  en  :  1889,  5  cas,  3  morts  ;  1890, 11  cas,  5  morts  ;  1891, 
5  cas,  l  mort.  Malgré  l'habileté  plus  grande  de  l'opérateur,  la  létha- 
lité  de  cette  deuxième  série  dépasse  donc  celle  de  la  première.  Les 


40  SOCIÉTÉS  SAVANTES 

3  morts  de  1889  sont  dues  :  2  à  la  septicité  ;  1  [au  choc,  chez  une 
femme  opérée  à  Tétat  d'épuisement.  En  1890,  il  y  a  S  décès  direc- 
tement imputables  à  l'opération  :  une  péritonite  septique  due  à 
une  plaie  de  la  vessie,  une  hémorrhagie  retardée  par  défaut  d'ap- 
plication d'une  pince  ;  1  décès  par  urémie  quoique  l'uretère  ait  été 
parfaitement  respecté  ;  1  décès  par  choc  chez  une  femme  épuisée  à 
Favance,  1  péritonite  septique  enûn  dans  un  cas  de  cancer  du  corps 
où  l'utérus  était  très  volumineux,  où  l'opération  fut  très  laborieuse 
et  où  le  péritoine  fut  infecté  malgré  la  précaution  qu*avait  eue 
M.  Bouilly  de  suturer  d'abord  les  lèvres  du  col  utérin. 

La  gravité  opératoire  est  donc  réelle,  mais  si  Ton  se  place  au 
point  de  Mie  de  la  survie  sans  récidive,  le  bénéfice  est  quelquefois 
considérable  ;  depuis  1886,  M.  Bouilly  a  3  opérées  qui  vivent  sans 
récidive  depuis  3  à  4  ans,  et  3  depuis  15  et  17  mois  ;  d'autres  ont 
des  récidives  tardives  :  telle  une  femme  de  38  ans  (et  à  cet  Age  le 
cancer  utérin  va  vite)  qui  a  eu  4  ans  et  4  mois  de  survie  ;  une 
femme  opérée  en  1880  a  vécu  2  ans  1/2  en  parfait  état  et  depuis 
10  mois  est  en  récidive;  une  autre  est  en  récidive  depuis  1  an  après 
2  ans  et  5  mois  de  santé.  Certes  les  récidives  rapides  sont  fréquentes 
et  M.  Bouilly  en  compte  8  après  9  mois  et  moins. 

Au  total,  sur  50  cas,  M.  Bouilly  a  16  morts  et  3ô  guérisons  opé- 
ratoires, avec  6  guérisons  maintenues  de  15  mois  à  4  ans  et  4  mois  ; 
6  survies  prolongées  avec  récidive  tardive  de  2  à  4  ans  ;  18  réci- 
dives dans  le  cours  de  la  première  année  et  mort  de  1  an  à  18  mois 
après  Topération.  Ce  n'est  donc  pas  brillant.  Mais  est-ce  bien  infé- 
rieur à  ce  que  nous  donne  l'ablation  du  cancer  de  la  langue.  Lliys- 
térectomio  partielle  n'a  pour  elle  que  sa  bénignité  plus  grande, 
mais  ses  résullats  thérapeutiques  sont  déplorables  :  sur  15  cas 
(dont  2  pour  de  tout  petits  cancers)  M.  Bouilly  a  eu  15  récidives 
rapides.  D'autre  part  pour  les  petits  cancers  limités,  l'hystérec- 
tomie  totale  csit  bénigne.  M.  Bouilly  préconise  donc  l'abstention 
quand  on  n'est  pas  sur  de  tout  enlever  ;  l'hystérectomie  totale  pour 
les  cancers  petits  et  limités. 

M.  RicuELOT.  —  M.  Veroeuii  a  dit  qu'à  son  sens  la  cause  n'est 
pas  encore  entendue,  et  il  nous  a  priés  do  faire  des  hystérectomies 
partielles  pour  compurer  avec  la  tolalo  ;  jo  lui  rappellerai  que  ce 
fut  précisément  ma  conduite.  En  18SI\  j'ai  \nulu  otudier  la  ques- 
tion sur  de  nouvelles  ba.ses  et  j'ai  fait  ilox  rtuipuluiiiïns  partielles  : 
les  résultats  thérapf»utiqu\'?  ont  été  «lôploraM^'s    -  i«>nimo  c«ux  de 


SOCIÉTÉ  DE  CHIRURGIE  41 

M.  Bouilly,  —  et  j'y  ai  renoncé.  Quant  à  la  gravité,  ma  dernière  sé- 
rie est  très  bonne,  et  je  m/î  sépare  à  cet  égard  de  MM.  Terrier,  Se- 
gond,  Bouilly.  Certes,  nous  serons  toujours  obligés  d'op^érer  parfois 
sur  de  mauvais  terrains,  et  ces  cas  viennent  grever  les  statistiques, 
mais  pour  un  cancer  petit,  sur  un  utérus  mobile,  rhystôrectomie 
vaginale  n'est  pas  grave.  On  a  objecté  à  l'ablation  totale  que  les 
récidives  ont  lieu  dans  les  ligaments  larges  et  non  dans  le  moi- 
gnon. C'est  vrai  souvent,  mais  non  toujours.  Enfin,  et  surtout, 
M.  Verneuil  insiste  sur  la  statistique  brutale  des  mois  de  survie 
moyenne.  Cela  ne  me  parait  pas  sérieux.  Dès  que  la  récidive  sur- 
vient, la  partie  est  perdue  ;  ce  qu'il  faut  donc,  c'est  examiner  la 
durée  des  survies  sans  récidive.  Or,  à  cet  égard,  j'ai  cité  des  guéri- 
sons  assez  nombreuses  maintenues  actuellement  depuis  2  à  5  ans  ;  je 
rappellerai  les  cas  semblables  de  MM.  Terrier  et  Bouilly.  Ces  faits 
sont  à  nos  yeux  de  grande  importance.  M.  Verneuil  semble  avoir 
eu  par  l'amputation  partielle  une  bonne  série  :  nous  en  avons  eu  de 
mauvaises.  Quant  à  la  survie  de  22  ans,  dont  parle  M.  Verneuil,  je 
me  permettrai  quelques  doutes  ;  en  1869  ou  1870,  on  diagnostiquait 
volontiers  cancer  tous  les  gros  cols  décbirés  de  la  métrite  fongueuse, 
et  rhistologie  n'avait  pas  dit  son  dernier  mot  sur  la  question.  Et, 
d'ailleurs^  si  c'était  bien  réellement  un  cancer,  cela  prouve  simple- 
ment que  la  cure  radicale  du  cancer  est  possible  et  on  ne  saurait 
reprocher  à  Thystérectomie  totale  d'être  encore  trop  jeune  pour 
pouvoir  présenter  à  son  actif  un  résultat  semblable. 

Hystérectomie  pour  cancer. 

M.  RrcHELOT  résume  d'abord  la  discussion,  prématurée  à  son 
sens,  où  M.  Verneuil,  en  1888,  a  pu  croire  avoir  porté  le  coup  fatal 
à  rhystérectomie  totale.  A  cette  époque,  il  est  certain  que  cette 
opération,  encore  mal  réglée,  avait  une  haute  mortalité,  et  M.  Ri- 
chelot  sur  24  cas  pivait  9  décès  ;  mais  il  s'était  compromis  sur  des 
cas  auxquels  aujourd'hui  il  ne  touche  plus  volontiers  ;  certaines 
morts  étaient  imputables  à  des  fautes  opératoires  manifestes.  Et 
cependant  les  résultats  ne  sont  pas  nuls  car  des  15  malades  res- 
tantes de  cette  première  série,  3  sont  sans  récidive  aujourd'hui 
depuis  5  ans,  4  ans  et  11  mois,  4  ans  et  5  mois.  Pour  reprendre  la 
question  sur  de  nouvelles  bases,  M.  Richelot  a  d'abord  enlevé  par 
l'amputation  sus-vaginale  deux  cancers  qui  lui  semblaient  tout  à 
fait  limités  :  les  deux  fois  il  y  a  eu  repuUulation  immédiate  du 


42  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

mal  ;  et  il  ne  faut  pas  oublier  que  dans  8  cas  de  M.  Verneuil  la 
section  passait  dans  la  tumeur.  Aussi  bien  dans  deux  cas  datant 
de  janvier  1890  M.  Richelot  a  fait  Thystérectomie  totale,  quoique 
le  mal  parût  bien  être  au  col,  et  il  a  constaté  qu'il  remontait  dans 
le  corps.  Ces  deux  femmes  sont  aujourd'hui  vivantes  sans  récidive. 
Aujourd'hui  que  Thystérectomie  totale  est  devenue  bénigne,  nous 
n'avons  donc  plus  le  droit  de  tenter  l'ablation  partielle  et  cette 
bénignité  est  prouvée  par  la  nouvelle  série  de  M.  Richelot  :  22  cas 
avec  1  seul  décès,  par  intoxication  iodoformée  probablement.  Il  y 
a  bien  eu  un  décès  tardif,  après  une  opération  faite  pour  restaurer 
une  fistule  vésico-vaginale  :  il  est  probable  qu'une  aiguille  a  per- 
foré le  péritoine.  Ces  fistules,  rares  d'ailleurs,  si  en  opérant  on 
rase  bien  l'utérus,  ne  doivent  être  opérées  que  fort  tard;  une  autre 
fois  M.  Richelot  a  voulu  en  opérer  une  rapidement  et  il  a  em- 
broché l'intestin,  d'où  une  fistalette  fécale,  heureusement  vite 
guérie. 

La  question  de  bénignité  jugée,  voyons  celles  de  récidives,  c'est- 
à-dire  le  laps  de  temps  écoulé  avant  le  début  de  la  récidive^  car  il 
est  mieux  de  calculer  la  survie  comme  M.  Verneuil  en  addition- 
nant aux  mois  de  santé  parfaite  ceux  pendant  lesquels  a  évolué 
la  récidive.  Or,  M.  Richelot  compte  4  récidives,  dans  4  cas  où  le 
ligament  large  était  déjà  envahi  ;  5  opérations  trop  récentes  pour 
entrer  en  compte;  11  cas  suns  récidive  opérés  du  2 janvier  1890  au 
31  avril  1891,  et  il  est  à  remarquer  que  deux  fois  il  y  avait  du 
cancer  dans  le  corps  et  dans  le  col,  une  fois  dans  le  corps  seul; 
que  4  fois  la  tumeur  allait  tout  près  des  culs-de-sac  du  vagin. 


SOCIÉTÉ  OnSTl%TRlCALE  El'  «YXKCOLO<ligUE  DE  PAmS 

Séttrict*  du  10  décetnbrp  18i>l. 

Suite  de  la  discu^^sion  sur  racoommodation  en  obstétrique  (1). 

Gfndrdn.  Hystérectomie  raginale.  ~  L^autour  pré^iente  un  utérus 
avec  la  trompe  et  Tovaire  du  côlô  droit. 

(^elte  pièce  pathohv»iquo  a  été  onlovo^  par  hystêroctomie  vaginale 
sur  une  ftMunie  do  'M)  uns,  dont  la  santt»  otail  fortomtMU  compromise 
par  dos  accidents  ^dolllours  abdonnnab^Kjunnorrha^jies  abondantes 

(1   CVttiMiitcuîiisioii  sera  r«'{«m\KH»  «pwnil  »»niî  M*r.\  viMiiîN!i\ 


SOCIÉTÉ  OBSTÉTRICALE   ET   GYNÉCOLOGIQUE  DE   PARIS       43 

et  réitérées,  anémie  profonde)  datant  d'environ  20  mois.  L'utérus 
augmenté  dans  toutes  ses  dimensions  (cavité  utérine,  9  cent.  1/2), 
contient  dans  sa  paroi  postéro-latérale  droite,  un  fibro-myôme 
de  la  grosseur  d'une  noix,  fixé  dans  sa  loge  par  un  large  pédicule. 
Avant  d'être  opérée,  la  femme  s'était  soumise,  à  deux  reprises 
différentes,  au  traitement  électrique  qui,  la  première  fois,  parait 
avoiramené  une  atténuation,  mais  seulement  transitoire,  des  acci- 
dents. La  femme  commença  à  se  lever  15  jours  après  l'opération. 

a 

Bar  présente  uti  nouveau-né  âgé  de  8  jours.  Sur  le  cuir  chevelu, 
on  constate  un  certain  nombre  de  plaques  nummulaires  de  8  à 
10  millimètres  de  diamètre,  au  niveau  desquelles  les  cheveux  sem- 
blent manquer,  et  qui,  par  la  minceur  et  la  coloration  rosée  de  la 
peau,  tranchent  vivement  sur  les  régions  environnantes. 

Cet  enfant  est,  en  outre,  atteint  d'un  double  pied  bot  talus  ;  de 
plus,  ses  mains  ont  une  forme  singulière^  elles  sont  petites,  peu 
épaisses  et  très  effilées.  A  cause  de  la  coïncidence  de  ces  lésions 
multiples,  l'auteur  pensa  d'abord  que  les  altérations  anatomiques 
siégeant  au  cuir  chevelu  étaient  la  conséquence  d'un  arrêt  de 
développement  dû  à  la  compression  de  l'amnios.  Mais,  l'enfant 
ayant,  depuis  quelques  jours,  présenté  sur  les  mains  des  lésions 
pemphigoïdes,  M.  Bar  estime  que  ces  plaques  atrophiques  sont 
simplement  des  vestiges  d'un  pemphigus  du  cuir  chevelu  ayant 
évolué  pendant  la  vie  intra-utérine. 

Bonnet. — Présentation  d'instruments  :  !<>  Sonde  intra-atérine  de 
Doléris,  modifiée  par  R.  Pichevin  ;  2^  Appareil  pour  l'irrigation  con- 
tinue, par  R.   Pichevin  ;  8<>  Appareil  à  irrigation  continne,  par 
MM.  Bonnet  et  Petit. 

Chaput.  Du  débridement  de  la  valve  comme  opération  prélimi- 
naire et  de  la  technique  de  l'extirpation  de  l'utéras  par  le  vagin. 
—  L'auteur  estime  que  les  chirurgiens  n'utilisent  pas  assez  fré- 
quemment un  procédé  opératoire  dont  les  accoucheurs  ont  su  déjà 
tirer  parti,  dans  les  cas  nombreux  où  il  est  avantageux  d'élargir 
la  voie  vaginale.  Technique  du  débridement,  incision  :  Du  côté 
de  la  peau,  l'incision  est  représentée  par  une  ligne  qui  commence 
en  htiutà2  centim.  environ  du  milieu  delà  fourchette,  se  dirige  en 
bas  et  en  dehors  vers  l'ischion  et  s'arrête  après  un  parcours  de 
4  à  5  centim.  L'incision  se  prolonge  en  haut  dans  le  vagin,  à  5  cen- 
tim. du  bord  de  la  vulve,  dans  le  môme  plan  que  l'incision  cu- 
tanée. 


44  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

n  ne  faut  pas  faire  Tincision  des  parties  superficielles  vei*8  les 
tissus  profonds,  car  les  tissus  fuient  et  on  n'obtient  pas  un  débrl- 
dément  suffisant.  Il  est  indispensable  de  faire  la  section  par  trans- 
fixion,  ce  qui  donne  beaucoup  de  rapidité  à  l'opération  et  permet 
d'obtenir  une  brèche  convenable.  Hémostase  :  Aussitôt  que  la  sec- 
tion est  faite  des  jets  artériels  s'élancent  de  la  plaie.  De  la  main 
j^auche,  l'opérateur  pince  la  lèvre  gauche  de  la  plaie  ;  il  réserve  na 
main  droite  pour  appliquer  les  pinces  hémostatiques,  aussi  la  com- 
pression de  la  lèvre  droite  est-elle  réservée  à  l'aide  situé  de  ce  côté. 
Avec  les  pinces  hémostatiques  le  chirurgien  saisit  l'angle  supérieur 
de  rincision  et  les  deux  angles  latéraux  (l'aspect  des  surfaces 
cruentées  est  celui  d'un  losange)  ;  on  étale  largement  les  surfaces 
saignantes  et  Ton  peut  alors  pincer  un  à  un  tous  les  vaisseaux  qui 
donnent.  L'hémostase  terminée»  on  laisse  les  pinces  en  place.  On 
exécute  alors  l'opération  principale,  extirpation  de  l'utérus  ou  autre, 
et  quand  tout  est  terminé,  pansement  compris,  on  procède  à  la 
suture  du  débridement.  Suture  du  débride  ment  :  placer  d'abord 
le  fil  correspondant  aux  angles  latéraux  du  losange,  sans  quoi  il 
est  difficile  d'obtenir  un  aû'rontement  correct. 

Avec  une  aiguille  d'Emmet,  on  chemine  au-dessous  des  surfaces 
cruentées  et  on  place  un  fil  d'argent  assez  fort,  sur  les  deux  chefs 
duquel  on  place  une  pince  hémostatique.  On  exécute  ensuite  la 
suture  vaginale,  de  haut  en  bas,  soit  avec  l'aiguille  d'Emmet,  soit 
avec  un  Reverdi  n  ou  Lamblin  courbe,  on  peut  employer  des  crins 
de  Florence  ou  mieux  des  catguts  pour  cette  suture  vaginale. 
Arrivé  au  fil  d'argent,  on  le  tord  et  on  conserve  environ  5  à  6  cent, 
des  2  chefs  qu'on  utilise  pour  le  pansement.  Pansement,  soins 
consécutifs  :Ta>mYion  vaginal  à  la  gaze  iodoformée,  gazeiodofor- 
mée  autour  des  chefs  du  fil  d'argent.  Tous  les  jours  :  toilette  de  la 
vulve  ;  les  fils  cutanés  sont  enlevés  au  8«  jour,  le  fil  d'argent  au  15*. 
Double  débridement  :  Dans  certains  cas,  il  est  utile  de  débrider 
des  deux  côtés.  Résultats  éloignés  :  excellents. 

Indications  du  délridement  vulvaire:  l®  Dans  V extirpation  de 
Vutérus  pour  fibrome,  pour  salpingite,  ou  pour  cancer. 

Toutes  les  fois  que  la  vulve  est  gênante  par  son  étroitesse,  ou 
que  la  tumeur  est  volumineuse. 

Le  débridement  simple  ou  tloublo  pormottra  d'amener  l'organe 
à  la  vulve  avec  la  plus  grando  faillite;  on  a\»ra  sous  l'œil  tous 
les  points  qui  saignent,  on  plaooru  If  h  jiIucoh  fuoiloment,  et  le 


SOCIÉTÉ   OBSTÉTRICALE   ET  GYNÉCOLOGIQUE  DE   PARIS       45 

doigt  pourra  évoluer  à  l'aise,  malgré  la  place  prise  par  le  col,  les 
pinces  érigaes,  les  clamps  et  les  écarteurs. 

Il  faut  avoir  enlevé  de  grosses  tumeurs  dans  des  vagins  étroits 
et  fait  la  même  manœuvre  après  dôbridement  pour  apprécier  les 
bienfaits  de  cette  pratique. 

2o  L'énucîéalion  des  fibromes  par  la  voie  vaginale  {méthode 
de  Péan)  se  trouve  également  très  facilitée  par  le  débridement. 

3«  J'ai  encore  employé  avec  avantage  le  débridement  pour  extir- 
per par  le  vagin  le  pédicule  d'un  ûbrome  enlevé  préalablement 
dans  la  même  séance  par  hystérectomie  abdominale. 

Chez  une  jeune  femme  à  vulve  étroite,  j*ai  fait  le  débridement 
pour  extirper  tardivement  le  col  utérin  dans  un  cas  où  la  cons- 
titution d'un  pédicule  rentré  avait  déterminé  une  abondante  sup- 
puration. 

4®  Chez  les  vierges,  toutes  les  opérations  un  peu  complexes 
sur  l'utérus  nécessiteront  le  débridement,  —  Dans  un  cas  de 
gros  polype  utérin  chez  une  vierge,  j'ai  pu,  grâce  au  débridement, 
exécuter  facilement  une  opération  qui  eût  été  très  difficile  sans 
cette  précaution. 

5**  Dans  les  fistules  vésico-vaginales  inaccessibles.  —  Une 
grosse  femme  de  52  ans,  entrée  à  la  Salpôtrière,  dans  le  ser- 
vice de  M.  Terçillon  que  j'avais  l'honneur  de  remplacer,  pour 
une  tumeur  de  la  vessie,  fut  opérée  par  moi  le  19  juin  1891.  Je  lui 
lis  la  taille  vésico-vaginale  et  pus  par  cette  voie  extraire  un  gros 
champignon  implanté  sur  le  côté  gauche  du  bas-fond  de  la  vessie. 

Malgré  la  suture  de  la  plaie  vésico-vaginale,  il  se  produisit  une 
iistule  qui  fut  rebelle  à  la  sonde  à  demeure  et  à  des  cautérisations 
répétées  au  thermocautère. 

Je  me  mis  en  devoir  de  Toblitérer  chirurgicalement,  mais  le 
vagin  présentait  une  profondeur  de  12  centimètres,  au  moins  et 
était  si  plissé,  si  exubérant  qu'il  était  très  difficile  de  voir  seule- 
ment la  iistule.  Impossible  de  tirer  en  bas  le  col,  disparu  par  l'atro- 
phie sénile. 

J^exécutai  alors  le  double  débridement  de  la  vulve  et  pus  sans 
aucune  peine  rendre  la  iistule  accessible,  l'aviver  et  la  suturer.  La 
malade  guérit. 

sfi  Le  débridement  vulvaire  présente  encore  de  nombreuses 
applications  à  l'obstétrique,  que  je  ne  veux  pas  développer  ici,  et 
qui  ont  été  déjà  signalées  par  Dûhrssen. 


46  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

Technique  de  V extirpation  de  Vutérus  pour  pyosalpinx.  —  Jo 
coQseille  systématiquemeat  le  débridement  uni-  ou  bilatéral  de  la 
vulve,  sauf  dans  les  caer  où  les  dimensions  de  cet  oriiice  sont 
énormes,  ce  qui  est  rare. 

J'ai  dit  plus  haut  combien  cette  précaution  élargissait  le  champ 
opératoire  et  rendait  Textirpation  de  l'utérus  facile  et  rapide. 

Dans  presque  toutes  mes  opérations  pour  salpingite,  j'ai  pu 
enlever  la  matrîce  avec  la  plus  grande  facilité  et  en  quelques 
minutes  ;  j'ai  même  pu  mener  à  bien  des  extirpations  d'utérus 
cancéreux  qui  eussent  été  impossibles  sans  le  débridement. 

Les  différents  temps  de  l'extirpation  de  l'utérus  par  morcelle- 
ment ont  été  trop  bien  décrits  par  Péan  pour  que  j'y  revienne. 

Je  signalerai  seulement  un  point  important  qui  m'a  été  signalé 
par  mon  maître  Terrillon.  Cet  auteur  déchire  avec  le  doigt  les 
ligaments  larges  t\  leur  insertion  à  l'utérus,  au  lieu  de  les  couper  ; 
grâce  à  cette  manœuvre,  il  a  très  peu  d'iiémorrhagie  et  je  l'ai  vu 
bien  souvent  faire  des  hystérectomies  complètes  sans  poser  une 
ligature,  ni  laisser  plus  d'une  pince  ou  deux  pinces  à  demeure. 

Le  morcellement  de  l'utérus  m'a  toujours  paru  avantageux  pour 
le  segment  inférieur  de  l'utérus,  mais  pour  le  corps  de  l'organe  je 
trouve  plus  avantageux  d'en  faire  faire  la  section  verticale  ;  en 
saisissant  chaque  morceau  d'utérus  on  a  plus  de  prise  pour  tirer 
sur  les  annexes  et  les  extirper  secondairement. 

J'ai  toujours  pu  faire  l'extirpation  complète  des  annexes  après 
rhystérectomie  (sauf  certains  cas  où  il  y  avait  de  très  grandes 
poches)  ;  et  j'attribue  la  facilité  que  j'ai  eue  au  débridement  de  la 
vulve  qui  permet  d'introduire  facilement  les  quatre  doigts  de  la 
main  dans  le  bassin.  Suit  le  résumé  deji  13  observations  sur  les- 
quelles est  basé  cet  intéressant  travail. 

BoNNAiRE,  —  Rapport  sur  une  observation  de  Rétention  plaoen- 
taire  par  décidno -sarcome  du  placenta. 

Charpentier.  —  Présentation  d'un  Fibrome  de  Turètlire. 

P.  Petit  communique  une  observation  très  intéressante  :  Kjste 
hydatiqne  dn  foie  de  la  contenance  de  4  litres,  psendo-métrite  et 
stérilité.  Laparotomie.  Onérison.  Orossesse  immédiate.  —  Il  y  avait 
dans  ce  cas  une  particularité  intéressante.  La  femme  était  atteinte 
de  leucorrhée  abondante,  qui  avait  fait  penser  à  une  métrite  invé- 
térée. Or,  le  curettage  resta  absolument  ou  à  peu  près  inefïicace 


GHIRURaiE  ABDOMINALE  47 

contre  ces  écoulements,  qui  disparurent  par  contre  après  la  guô- 
rison  du  kyste  bydatique. 

R.  L. 


REVUE  ANALYTIQUE 


I.  —  CHIRURGIE    ABDOMINALE 

Appareil  à  BtèrlUsatlon  pour  salles  d^opérations;  quelqaes  considé- 
rations snr  la  désinlectiôn  dans  les  cliniques,  Fristch.  Cent  f,  Gyn,, 
1890,  n»  10,  p.  154. 

Il  se  manifeste  actuellement  une  tendance  trôs  nette  à  restreindre 
l'application  des  antiseptiques  et  à  réaliser,  par  contre,  l'asep- 
sie du  milieu  opératoire.  Aussi,  est-il  devenu  nécessaire  de  pou- 
voir disposer  d'une  quantité  considérable  d'eau  stérilisée.  Dans 
le  service  de  Fristch,  on  se  sert  des  Hubstances  antiseptiques  jus- 
qu'au moment  où  Ton  commence  réellement  Popération.  A  partir 
de  ce  moment,  c'est  exclusivement  d'eau  stérilisée  qu'on  se  sert 
pour  le  nettoyage  des  éponges,  des  mains.  L'auteur  décrit,  avec 
figures  à  l'appui,  l'appareil  qu'il  a  imaginé,  et  qui  lui  permet  d'ob- 
tenir, en  très  peu  de  temps,  toute  la  quantité  d'eau,  sûrement  sté- 
rilisée, nécessaire. 

R.  L. 

De  l'asepsie  dans  les  laparotomies,  (Zur  Asepsis  belLaparotomien) 
Rein.  Cent,  f,  Gyn.,  1890,  n»  9,  p.  139. 

Depuis  1887,  parce  qu'il  avait  perdu  trois  de  ses  opérées,  dont  la 
mort  pouvait  être  attribuée  sinon  formellement,  du  moins  avec 
une  certaine  vraisemblance,  à  une  intoxication  2  foip  par  l'acide 
phénique  et  une  fois  par  le  sublimé»  l'auteur  est  devenu  plus 
réservé  quant  à  l'application  de  Vantisepsie.  Par  contre,  il  s'est 
efforcé  d'obtenir  une  asepsie  aussi  rigoureuse  que  possible  de  la 
salle  réservée  aux  laparotomies,  des  instruments,  des  pièces  de 
pansement,  du  linge,  des  substances  pour  la  ligature,  etc.  A  cet 
effet,  il  utilise  les  températures  élevées,  chaleur  humide  (110-119<' 
C),  chaleur   sèche  (120-140°),  eau  bouillie,  la  méthode  de  Fur- 


48  REVUE   ANALYTIQUE 

brlnger  pour  le  nettoyage  rigoureux  des  njains  (nettoyage  méca- 
nique, eau  chaude,  alcool  et  sublimé). 

Il  a,  on  se  conformant  à  ces  précautions  de  simple  asepsie, 
fait  60  laparotomies,  savoir  : 

Ovariotomies 38 

Ënucléation  de  kystes  intra-ligamenteux 4 

Myotoraies , 5 

Salpingotomies 4 

Laparotomie  exploratrice 3 

Grossesse  extra-utérine  abdominale 2 

Résection  de  carcinome  kystique 1 

Ventrofixation  de  l'utérus 1 

Laparotomie  secondaire 2 

60 

uvec  une  seule  mort,  soit  une  mortalité  de  1,6  p.  0/0  au  lieu  de  11,5 
p.  0/0  qu'il  avait  eue  dans  la  série  précédente,  où  il  avait  appliqué 
l'antisepsie.  D'autre  part,  les  suites  opératoires  furent,  d'une  ma- 
nière  générale,  plus  satisfaisantes  qu'après  les  laparotomies  faites 
avec  antisepsie. 

Afin  de  constater  jusqu'à  quel  point  Vasepsie  avait  été  réalisée, 
oii  soumit  aux  différents  moyens  capables  de  démontrer  le  degré 
de  stérilisation  les  objets  qui  avaient  servi  soit  pour  Topération, 
soit  pour  le  pansement,  et  le  résultat  de  ces  expériences  démon- 
tra que  tout  le  voisinage  de  la  plaie  était  la  plupart  du  temps 

absolument  stérile» 

K.  L. 

Expériences  sur  les  conditions  étiologiqnes  des  adhérences  périto- 
tonéales  après  la  laparotomie.  (Versuche  ûber  die  Ëntstehungsbe- 
dingungen  peritonealer  Adhaesionen  nach  Laparotomien),  Kel- 
TERB4>RN.  Cent.  f.  Gyn.,  1890,  n»  51,  p.  913. 

Sânger  a  émis  l'opinion  qu'après  résection  du  péritoine  pariétal, 
pas  n'est  besoin  de  2  surfaces  cruentées  pour  produire  des  adhé- 
rences, qu'une  seule  sufût,  qu'au  niveau  de  la  solution  de  continuité 
de  la  séreuse,  il  ne  se  reforme  pas  d'épithélium,  mais  que  la 
production  d'adhérences  est  inévitable.  D  autre  part,  Dembowski 
qui  a  fait,  sur  la  même  question,  une  série  d'expériences  sur  des 
animaux,  était  arrivé  à  des  résultats  se  résumant  de  la  façon  sui- 


GHIBUROIE  ABDOMINALE  49 

vante  :  les  corps  étrangers,  ligatures  et  portions  correspondantes, 
eschares  provoquent  sûrement  des  adhérences  péritonéales  ;  iodo- 
forme,  caillots  sanguins,  liquides  irritants  et  antiseptiques,  lésions 
diverses  du  péritoine  n'ont  pas  d*actiou  notable  et  ne  détermi- 
nent pas  des  adhérences  au  niveau  d'une  séreuse  d'ailleurs  nor- 
male. 

A  son  tour,  Kelterborn  a  institué  une  série  d'expériences  (18)  sur 
des  animaux  (chats,  chieti, lapin),  et  il  est  arrivé  à  des  conclusions 
bien  différentes  :  1)  les  exfoliations  épithéliales,  les  eschares  du 
péritoine,  dans  les  cas  non  compliqués,  ne  provoquent  aucune  for* 
mation  d'adhérences. 

2)  Les  ligatures  intra-abdominalès  ne  donnent,  en  général,  pas 
lieu  à  la  formation  d'adhérences  ;  elles  accusent  une  tendance 
à  s'enkyster. 

3)  La  formation  d'adhérences  dans  la  cavité  abdominale,  consé- 
cutivement à  la  laparotomie,  le  péritoine  étant  normal,  dans  l'im- 
mense majorité  des  cas,  est  due  à  une  infection.  £»  somme,  rien 
ne  s'élève  contre  le  large  usage  du  thermocautère,  dans  la  lapa- 
rotomie, pour  la  destruction  des  adhérences. 

R.  L. 

De  la  prodnetion  des  adhérences  péritonéales.  (Zur  Enstehungder 
peritonealen  Adh&sionen).  Dembowski.  Cent.f,  Gyn,,  1891,  n<>  15, 
p.  381. 

Les  recherches  expérimentales  de  Kelterborn  ont  été  inspirées 
par  Kustner.  Celui-ci,  à  la  suite  d'un  fait  clinique,  avait  été  con- 
duit &  mettre  en  doute  les  propositions  émises  par  Dembowski  sur 
réUologie  des  adhérences  péritonéales.  Kustner  avait  enlevé  une 
tumeur  ovarique  dont  le  poids  excédait  30  kilogr.,  qui  avait  con- 
tracté des  adhérences  intimes  avec  le  péritoine  pariétal  et  Tépi- 
ploon,  et  qui  adhérait  aussi  fortement  avec  la  vessie,  l'S  iliaque, 
le  fond  de  l'utérus  et  le  ligament  large  gauche.  Ces  adhérences 
furent  détruites,  soit  avec  la  main,  soit  avec  le  thermocautère  et 
cela  ne  se  ût  pas  sans  produire  des  eschares  profondes  et  étendues. 
La  tumeur  enlevée,  on  constata  que  les  anses  intestinales  adhé- 
raient assez  solidement  entre  elles,  on  les  désunît  avec  le  doigt. 
Le  revêtement  séreux,  inégal,  irrégulier  de^  anses  intestinales  se 
recouvrit  en  outre  de  gouttelettes  de  sang  de  la  grosseur  d'une  tôte 
d'épingle.  Or,  14 mois  jilus  tard,  le  sujet  de  cette  observation  ayant 

▲mr.  Di  QTir.  —  Tob  zzxm  4 


50  REVUE  ANALYTIQUE 

été  laparoiomUé  de  nouveau  pour  une  volumineuse  hernie  *abdo~ 
minale,  Kuiitner  ne  rencontra  aucune  adhérence,  pas  plus  au 
niveau  des  anses  intestinales,  jadis  adhérentes  entre  elles,  qu'au 
niveau  des  organes  pelviens. 

Dembowski  explique  ces  constatations  (absence  d*adhérences) 
en  contradiction,  apparente  du  moins,  avec  les  résultats  de  ses 
propres  expériences,  en  insistant  sur  les  grandes  différences  que 
présentent,  dans  leur  mode  de  réaction  contre  les  actions  irritan* 
tes>  les  divers  viscères  abdominaux.  Il  n'y  aurait  aucune  parité  à 
établir,  par  exemple,  entre  les  anses  intestinales,  douées  de  mouve- 
ments propres,  incessants,  et  le  grand  épiploon  qui  en  est  absolu- 
ment dépourvu.  Ce  dernier  et  les  organes  dépourvus  comme  lui 
de  mouvements  propres,  sont  aptes  à  contracter  des  adhérences 
durables.  Au  contraire,  les  anses  intestinales  en  contractent  moins 
facilement,  et  de  plus,  les  expériences  faites  démontrent  qu*apré8 
en  avoir  contracté,  les  mouvements  dont  elles  sont  animées  peu- 
vent parfaitement  arriver  à  les  détruire.  Aussi  ne  doit-on  pas  con- 
clure, parce  qu'on  ne  trouve  pas  d'adhérences  à  une  seconde  lapa- 
rotomie faite  longtemps  après  la  première,  qull  ne  s'en  était  ja- 
mais produit.  D'autre  part,  si  dans  le  cas  cité  par  Kustner,  le  grand 
épiploon  n'avait  pas  contracté  d'adhérences  au  niveau  des  escha- 
res  situées  sur  le  péritoine  pariétal  et  dans  Texcavation  pelvienne» 
c'est  très  vraisemblablement,  d'après  Dembowski,  parce  qu'après 
l'opération,  il  n'arrivait  pas  jusque-là. 

En  ce  qui  concerne  les  expériences  de  contrôle  faites  par  Kel- 
torborn,  l'auteur  leur  reproche  surtout  d'avoir  été  conduites  sui- 
vant une  technique  différente  de  la  sienne  et  qui  s'écarte  davantage 

dos  conditions  ordinaires  des  laparotomies. 

R.  L. 

ReoherchM  expérimentales  sur  It  production  des  adhérencea  dans 
la  c«Tllé  abdominale  après  la  laparotomie.  (Experimentelle  Unter- 
suchungen  Uber  die  Kntstohung  von  Adhftsionen  in  der  Bau- 
chhohle  nach  Laparolomien).  Thom8*>n.  Cent,  f,  Gyn.^  1891,  n»5, 
p.  UX). 

Travail  bast^  sur  de  nombrou«os  oxjn^rionoos  sur  des  animaux 
(i')uils,  lupins,  un  stMil  ihion).  I/auteur  sVst  tanttH  servi  des  anti- 
soptttju<^s.  (anlAt  il  s*ost  oiTorcé  ile  rêulisor  une  asopsie  rigoureuse, 
mais  il  n'a  constaté  daï)s  los  rôMiltats  îi\io\ino  diiTeronc^  imputa* 


CHIRURGIE  ÂBOOMINALB  5t 

ble  à  l'une  ou  l'autre  de  ces  deux  méthodes.  Enfin,  dans  le  but  dé 
ne  pas  injustement  rapporter  aux  autres  circonstances  de  l'expéri* 
mentation  des  elFets  qui  auraient  pu  relever  d'une  infection,  toutes 
les  expériences  ont  été  soigneusement  soumises  au  contrôle  bacté- 
riologique. Les  résultats  obtenus  se  trouvent  résumés  dans  les 
propositions  suivantes  :  ' 

1)  Il  se  produit  des  adhérences  épiploïques  et  intestinales  en 
dehors  de  toute  infection  au  niveau  des  plaies  de  laparotomie 
tout  à  fait  stérileSi  comme  au  niveau  de  plaies  musculaires  volon- 
tairement produites  au  niveau  de  la  paroi  abdominale  interne. 
La  suture  exacte  des  plaies  avec  des  fils  de  soie  prévient  la 
plupart  du  temps  la  production  d*adhérences  étendues,  . 

2)  Les  pertes  de  substance  supet^ficiélles  du  péritoine  gué-- 
rissent  sans  aucune  complication, 

3)  Avant  la  fermeture  de  l'abdomen,  il  importe  d'étendre 
lépiploon  en  arrière  de  la  paroi  abdominale,  dans  le  but  de 
prévenir  la  formation  d'adhérences  intestinales. 

4)  Il  peut  survenir  après  la  laparotomie  une  péritonite  septi- 
que,  reconnaissant  pour  cause  une  infection  par  Vair  ambiant. 

5)  Des  corps  étrangers,  même  stériles  (gaze  iodoformée,  par 
exemple),  à  condition  quHls  aient  un  certain  volume ,  et  qu'ils 
soient  capables  de  déterminer  une  irritation  assez  intense^ 
pfi*uvoquent  la  formation  d'adhérences  dans  la  cavité  abdomi- 
nale, 

R.  L. 

Des  aections  abdominales,  leurs  indications,  leur  manuel  opéra- 
toire. (Indications  for  abdominal  section  and  the  détails  of  its  per^ 
formance),  par  Lawson  Tait.  Med.  Rec,  N.-Y.,  3  mai  1890, 1. 1, 
p.  485. 

Depuis  10  ans,  l'école  chirurgicale  moderne,  malgré  les  efforts 
de  la  vielle  école,  a  établi  l'importance  et  l'utilité  de  la  laparotomie 
exploratrice.  Lorsque  l'état  d'un  malade  rend  la  vie  insupportable, 
il  est  aujourd'hui  a  Imis  que,  même  en  l'absence  de  diagnostic 
précis,  on  doit  ouvrir  le  ventre,  voir  quelles  sont  exactement  leis 
lésions  et,  séance  tenahte^  agir  de  manière  à  soulager  le  maladç 
et  à  le  guérir,  s'il  se  peut.  L'incibion  exploratrice  a  si  peu  de  gra- 
vité, que  Tait  Ta  pratiquée  dans  le  s?ul  but  de  démontrer  à  des 
médecins,  dont  la  thérapeutique  variait  constamment  avec  leurs 


52  REVUE  Al^ALYTIQUB 

indécisions  diagnostiques,   qu'ils  avaient  affaire  à  un  cancer  du 
foie. 

La  vieille  école  parle  constamment  de  diagnostic  précis,  c'est 
joli  à  dire  ;  mais  en  pratique,  il  faut  voir,  lorsqu'on  opère  les 
femmes,  quelles  erreurs  ont  faites  ces  grands  maîtres.  La  pratique 
de  rincision  exploratrice  seule,  en  rectifiant  les  diagnostics,  per- 
mettra peut-être  un  jour  d'arriver  à  établir  la  valeur  séméiologi- 
que  exacte  des  signes  constatés.  Actuellement,  nos  connaissances 
sont  certainement  insuffisantes. 

La  malade  doit  prendre  la  veille  de  l'opération  un  laxatif  et  le 
matin  un  lavement. 

Lawson  Tait  se  sert  d'un  mélange  de  2  parties  d'éther  et  de 
1  de  chloroforme,  pour  anesthésier  les  malades  au-dessous  de 
45  ans;  au  delà  de  cet  âge,  il  augmente  la  proportion  de  chloro- 
forme, donnant  le  chloroforme  exclusivement  au  delà  de  60; 
d'après  lui,  Téther  irrite  les  bronches,  et  est,  surtout  chez  les  mala* 
des  âgés,  la  cause  d'une  bronchite  ou  d'une  autre  complication 
qui  les  emporte  au  bout  d'une  huitaine. 

Les  instruments  et  les  éponges  soigneusement  comptées  sont 
placés  dans  des  cuvettes  pleines  d'eau  ordinaire  prise  au  robinet. 
Ce  qui  importe  c'est  non  les  introductions  de  germes  isolés,  mais 
l'abandon  dans  la  plaie  de  parcelles  mortifiées,  de  caillots  sanguins 
par  exemple,  qui  leur  serviraient  de  nid.  Pendant  l'opération  un 
aide,  responsable  des  éponges,  les  lave  constamment  dans  de  Teau. 

L'incision  doit  être  de  2  à  4  ou  5  pouces  de  long  ;  on  passe  dans 
l'interstice  des  muscles  droits  ;  saisissant  ensuite  avec  deux  pinces 
le  péritoine  et  le  soulevant  on  l'ouvre  d'un  coup  de  bistouri  sans 
avoir  à  craindre  de  léser  les  organes  sous-jacents.  On  agrandit  la 
plaie,  en  passant  le  doigt  dans  son  iptérieur  et  incisant  sur  lui. 

Lors  de  tumeur  excentrique,  on  peut  inciser  ailleurs  qu'au  lieu 
d'élection  :  alors  on  choisit  le  point  le  plus  saillant  de  la  tumeur. 

Au  cours  de  l'opération  on  se  sert  de  pinces  à  pressiou  comme 
rétracteurs.  Les  sutures  doivent  être  faites  avec  la  soie  de  Chine, 
substance  résorbable,  si  elle  est  pure,  ce  que  Ion  peut  reconnaître 
à  sa  solubilité  complète  dans  la  potasse  caustique  ;  pour  peu  qu'il 
y  ait  mélange  de  coton  il  reste  un  résidu  ;  le  drainage,  pratiqué 
pour  la  première  fois  en  18G4  par  Kœberlé,  qui  est  resté  4  ans  sano 
pouvoir  faire  d'adeptes,  est  aujourd'hui  d'un  emploi  courant,  de 
même  le  lavage  du  péritoine  qui  doit  détacher  tous  les  caillots, 


CHIRURGIE  ABDOMINALE  53 

tous  les  débris  et  qui,  en  môme  temps,  a  Tavantage  d'arrêter  le 
suintement  des  adhérences  déchirées. 

Après  l'opération,  L.  Tait  n'autorise  les  malades  qu'à  se  rincer 
la  bouche  avec  de  l'eau  tiède  ;  il  leur  interdit  toute  ingurgitation 
de  glace,  etc.  Le  second  jour  il  leur  donne  un  peu  de  lait  et  d'eau 
de  seltz.  Le  troisième  jour  est  le  jour  critique.  S'il  y  a  la  moindre 
distension  épigastrique,  pouvant  faire  craindre  le  début  d'une  péri- 
tonite,  il  faut  donner  un  léger  purgatif  salin  et  un  lavement. 

Au  point  de  vue  pronostique  il  n'y  a  pas  grand  compte  à  tenir  de 
la  température;  le  grand  guide  est  le  pouls,  lorsqu'il  monte  à  120, 
la  situation  est  grave  ;  le  faciès  est  aussi  un  bon  guide.  Une  malade 
qui,  après  Topération,  n'est  pas  calme,  qui  babille  et  s'agite,  est 
une  malade  à  peu  près  certainement  perdue. 

H.  H. 

Cent  laparotomies,  par  N.-N.  Fenomenow.  Yratch,  1890, 
n°«  16, 18,  19. 

Ces  opérations  exécutées  dans  l'espace  de  deux  ans  et  demi  se 
rapportent  à  des  kystes  de  l'ovaire  et  des  trompes,  des  fibromes 
utérins,  des  grossesses  exira-utérines,  quelques  opérations  dans  le 
cours  de  la  grossesse,  un  sarcome  de  l'ovaire  chez  une  enfant  de 
8  ans,  une  hernie  ombilicale  opérée  sur  une  enfant  d'une  heure, 
un  kyste  du  mésentère.  Il  y  a  eu  cinq  décès,  deux  femmes  étaient 
atteintes  de  péritonite  fibrino-suppurée,  et  avaient  été  opérées  sans 
espoir  de  réussite  ;  deux  succombèrent  à  l'infection  et  la  dernière 
se  cachectisa  progressivement.  Depuis  deux  ans  aucune  substance 
antiseptique  n'est  employée  dans  le  cours  de  l'opération,  on  ne 
s'en  çert  que  pour  le  nettoyage  du  vagin.  L'eau  bouillie  et  bouil- 
lante est  obtenue  simplement  à  l'aide  d'un  grand  samovar. 

Dans  ces  conditions  la  réunion  par  première  intention  n'a  fait 
défaut  que  trois  fois  et  les  suites  ont  toujours  été  aussi  simples 
que  possible.  M.  W. 

De  l'état  anatomo-pathologique  des  ovaires  dans  les  névroses,  par 

M"«  S.   V.  FiLEMONOW. 

L'examen  microscopique  a  été  fait  sur  les  ovaires  de  deux  fem- 
mes opérées  par  le  D' Lebedew*.  Elles  présentaient  toutes  les  deux 
des  phénomènes  douloureux  du  côté  des  ovaires,  des  troubles 
menstruels  et  des  phénomènes  hystériques  et  les  ovaires  furent 
trouvés  profondément  altérés  dans  leur  structure,  quoique  peu 


54  REVUE  ANALYTIQUE 

volamineux.  Les  lésions  portent  sur  les  vaisseaux,  les  nerfs  et  les 
vésicules  de  de  Graaf.  Les  artères  présentent  les  altérations  habi» 
tuelles  deTendo-périartérite  chronique,  le  tissu  conjonctif  des  nerfs 
était  notablement  hyperplasié  et  un  certain  nombre  de  cylin- 
dres axiles  atrophiés.  Les  vésicules  de  de  Graaf  en  nombre  nor- 
mal étaient  presque  toutes  altérées,  quelques-unes  gélatineuses^  la 
plupart  dépourvues  d'œuf,  distendues  par  un  contenu  granuleux 
unifornie  ;  la  tunique  fibreuse  du  follicule  très  épaissie,  la  couche 
épithéliale  au  contraire  atrophiée.  Dans  les  quatre  ovaires  étudiés, 
l'albuginée  présentait  une  épaisseur  et  une  résistance  anormales 
et  la  couche  corticale  de  l'ovaire  était  élargie  par  rapport  à  la 
substance  médullaire.  Il  est  à  noter  cependant  qu'il  n'y  avait  pas 
de  sclérose  du  parenchyme  ovarien,  pas  d'oophorite  diiTuse  pro- 
prement dite. 

M.  WiLBOUSCHBVITCH. 

Gonsidération  sur  une  série  de  cest  laparotomies.  (Remarks  upon 
one  hundred  abdominal  sections),  par  Stansburt  Sutton.  The 
American  Lancet,  Détroit  Mich.y  février  1860,  t.  XIV,  p.  47. 

L'auteur  a  divisé  par  séries  de  10  les  cent  laparotomies  qu'il  a 
pratiquées  et  montre  le  nombre  de  plus  en  plus  considérable  des 
succès  qull  a  obtenus.  Il  donne  sur  sa  manière  d'opérer,  sur  ses 
aides,  sur  les  substances  qu'il  emploie  des  détails  parfaitement 
connus.  P.  N. 

Résultats  des  laparotomies  aseptiques.  (Die  Resultate  der  aseptis- 
chen  Laparotomien),  H.  Fritsch.  Cent,  f,  Gyn.,  1890,  m  29,  p.  515. 

Du  12  février  jusqu'au  4  juillet,  il  a  été  fait  52  opérations,  dans 
lesquelles  on  s'est  efforcé  de  réaliser  une  asepsie  rigoureuse. 

Opération  de  Porro 1 

Opération  césarienne 1 

Ovariotomie 28 

Laparo-myomotomie 9 

Castration 7 

Exsudât 3 

Incision  dans  des  cas  d'ascites  ou  incision  explo- 
ratrice   7 

Hernie  abdominale 1 

52 

De  ces  opérées,  moururent  :  1)  une  femme,  qui  avait  subi  la 


CHIRURGIE  ABDOMINALE  55 

castratioiu  Elle  succomba  à  des  vomissements  qui  :apparurent  au 
sortir  de  la  narcose  chloroformiqne  et  qui  se  prolongèrent  jusi> 
qu'à  la  mort;  pas  de  fièvre,  pas  trace  de  péritonite  ;  2)  une  opérée, 
ayant  subi  la  laparo-myornotomiO)  est  morte  dlléus,  complicatiom 
qu'il  est  impossible  d'imputer  à  la  méthode  aseptique. 

R.  L. 

Quatone  observations  de  laparotomie.  (Quattordici  laparotomie), 
par  CosËNTiNO.  Annali  di  ostetricia  e  ginec,  Milano,  1890, 
p.  76. 

Cosentino  après  avoir  décrit  sa  technique  opératoire  au  point 
de  vue  de  Tasepsie  de  Topérateur,  de  Topérée  et  des  instruments, 
rapporte  13  observations  de  laparotomie  pour  kystes  de  Tovaire 
(3  morts)  et  une  observation  de  fibrome  interstitiel.  Dans  les  cas 
de  fibrome,  il  ne  fait  la  castration  que  si  la  tumeur  est  trop  volu- 
mineuse, et  enclavée  dans  le  petit  bassin. 

P.  Mauclaxrb. 

Des  laparotomies  pratiquées  plusieurs  fols  sur  le  même  sujet. 
(Ueber  die  an  derselben  Person  wiederholten  Laparotomién)^ 
Vklits.  Zeitsch,  f,  geb.  u,  gyn.,  1891,  Bd  XX,  Hft  2,  p.  384. 

L'auteur  a  résumé  dans  un  tableau  128  cas  relevés  dans  la  lit- 
térature médicale,  et  ajouté  7  observations  personnelles. 

Il  étudie  ces  faits  non  point,  à  l'exemple  d'Olshausen,  Jacquet, 
Teit,  Gusserow,  au  point  de  vue  opératoire,  mais  avec  l'intention 
de  dégager  des  notions  de  nature  à  permettre  d'éviter  la  nécessité 
des  laparotomies  répétées.  Cette  étude  l'a  conduit  aux  conclusions 
suivantes  :  a)  Le  pronostic  des  laparotomies  répétées  n*est  pas  pré- 
cisément subordonné  aux  difficultés  opératoires  ;  il  dépend  8Ui*tout 
de  la  nature  des  processus  pathologiques  qui  les  ont  motivées  ; 
b)  il  est  remarquable  que,  dans  la  grande  majorité  des  cas,  ce  sont 
des  affections  de  l'ovaire  avec  leurs  conséquences  qui  ont  justifié 
la  répétition  de  la  laparotomie;  et  que,  le  chiffre  de  la  mortalité 
s'élève  à  26,15  0/0,  chiffre  près  de  3  fois  plus  fort  que  celui  de  la 
mortalité  des  ovariotomies  en  général  ;  c)  de  ces  notions,  il  résulte 
qu'on  doit,  non  point  toujours,  mais  dans  bon  nombre  de  cas, 
prévenir  la  nécessité  d'une  nouvelle  laparotomie,  en  basant  sa 
première  intervention  sur  une  appréciation  judicieuse  des  caractè- 
res anatomo-histologîques  du  processus  pathologique,  et  en  se 
gardant  d'une  chirurgie  trop  conservatrice. 


56  REVUE  ANALYTIQUE 

En  résumé  :  On  doit,  afin  d'éluder  la  nécessité  d'une  deu- 
œième  ovariotomie,  faire  suivre  Vablation  d^une  tumeur  ovarû 
que  reconnue  de  nature  maligne^  de  l'extirpation  de  Vautre 
ovaire  quoique  paraissant  normal, 

R.L. 

Des  épanchements  «angnlnB  intra-péritonéanx.  (Ueber  intra*periio- 
neale  Blutergùsse),  J.  Veit.  Samml.  Klinisch,  Vortrâge,  n»  15, 
1891. 

Depuis  Nélaton»  ou  a,  en  France  surtout,  appliqué  le  nom 
d'hématocèle  aux  épanchements  sanguins  dans  la  cavité  abdomi- 
nale, que  ces  épanchements  fussent  encapsulés  ou  libres.  Cette 
désignation  est  fâcheuse,  au  jugement  de  Tauteur,  même  en  admet* 
tant  que  ces  deux,  variétés  d^épanchemeut  aient  les  mêmes  cause». 
En  conséquence,  il  propose  de  distinguer,  sous  le  nom  à'hémato^ 
cèlesy  les  épanchements  encapsulés  situés  dans  la  cavité  pelvi- 
abdominale,  des  épanchements  libres  aussi  bien  que  des  épanche- 
ments enkystés  siégeant  dans  une  autre  région  ainsi  que  des 
hémorrhagies  dans  le  tissu  cellulaire  pelvien,  auxquels  il  réserve 
le  nom  d'hématomes. 

Les  grossesses  tubaires  sont  les  causes  les  plus  habituelles  des 
hémorrhagies  intra-péritonéales  ;  aussi,  l'auteur  ayant  eu  déjà 
l'occasion  de  les  étudier,  les  prend  comme  type  des  hémorrhagies 
intra-péritonéales,  auxquelles  les  gynécologues  peuvent  avoir 
aiîaire.  Si  toutes  les  particularités  propres  à  ces  hémorrhagies 
n'appartiennent  pas  à  tous  les  autres  cas,  il  n'en  est  pas  moins 
vrai  que  ce  qu'elles  ont  permis  d'apprendre  sur  Tétat  du  sang 
épanché,  peut  être  généralisé. 

Que  devient  le  sang  épanché  dans  la  cavité  abdominale  f 
Quand  une  grossesse  tubaire  aboutit  de  bonne  heure  à  la  rupture 
de  la  trompe,  en  général,  les  vaisseaux  déchirés  ne  sont  pas  volu- 
mineux. Jamais,  dans  sa  pratique  personnelle,  Veit  n'a  constaté  de 
déchirure  des  anastomoses  des  artères  ovarique  et  utérine,  pas 
plus  qu'il  n'a  trouvé  dans  la  littérature  médicale  citation  de  lésion 
de  cet  ordre.  En  général,  le  sang  émane  du  sac  fœtal,  de  la  zone 
d'insertion  de  l'œuf  sur  la  muqueuse,  peut*  être  aussi  de  quelques 
artérioles  terminales  de  la  trompe.  Qu*il  ne  faille  pps  compter 
sur  des  contractions  utérines,  comme  lorsqu'il  s'agit  de  grossesse 
utérine,  pour  oblitérer  les  points  saignants  de  l'aire  placentaire, 


CHIRURGIE  ABDOMINALE  57 

lo  faible  développement  des  parties  musculaires  de  la  trompe  aussi 
bien  que  leur  état  de  relâchement  très  accusé  durant  ces  pre- 
miers stades  du  développement,  le  démontrent.  Il  y  a  dans  ces 
hémorrhagies  deux  points  intéressants  et  importants  à  noter  : 
1)  que,  malgré  la  petitesse  du  foyer  hémorrhagiqne,  Thémorrhagie 
est  parfois  mortelle,  alors  que,  dans  les  avortements,  cette  termi- 
naison est  tout  à  fait  exceptionnelle  ;  2)  que  rhémorrbagie  se 
prolonge  longtemps  (au  delà  de  48  heures  en  plusieurs  cas)  ou 
du  moins  qu^elie  recommence  à  plusieurs  reprises. 

Jusqu'à  quel  point  le  sang  épanché  est-il  coagulable  f  Maintes 
fois,  cette  opinion  a  été  exprimée  que,  jamais,  le  sang  épanché  dans 
la  cavité  abdominale  ne  se  coagule,  et  l'on  trouvait  dans  cette  asser- 
tion l'explication  de  ce  fait  remarquable  qu'une  hémorrhagip  intra- 
abdominale  s'arrête  très  difûcilement.  Quand  dans  les  nécropsies 
on  trouve  des  caillots,  on  peut  à  la  rigueur  penser  qu'il  s'agit  là  de 
phénomènes  purement  cadavériques;  aussi, l'auteur  s*est«il  préoc- 
cupé, chaque  fois  qu'il  a  eu  à  ouvrir  le  ventre  sur  le  vivant  pour 
des  hémorrhagies,  de  bien  se  rendre  compte  de  l'état  du  sang.  Or, 
jamais  il  n^a  manqué  de  constater  dans  la  cavité  abdominale 
la  présence  de  caillots  petits  et  volumineux.  Tout  d'abord,  il 
pensa  que  ces  coagulations  avaient  pour  point  de  départ  des 
corps  expulsés  en  même  temps  que  le  Hang  (œufs,  débris  ovu- 
laires).  Toutefois,  cette  explication,  peu  satisfaisante  déjà  par  le 
seul  fait,  en  certains  cas,  du  nombre  et  du  volume  des  caillots,  lui 
parut  erronée  lorsqu'il  eut  constaté  que,  dans  tous  les  cas,  sauf  un, 
l'œuf  reposait  sur  sa  face  externe  dans  la  cavité  abdominale  et 
qu'il  était  absolument  dépourvu  de  caillots...,  d'où  cette  conclu- 
sion :  règle  générale,  le  sang  épanché  dans  la  cavité  abdomi^ 
nale  se  coagule,  même  quand  cet  épanchement  s'est  produit 
sans  expulsion  aucune  de  co)ps  étranger,  œuf,  débris  ovulaires, 
qu'à  priori  on  aurait  pu  considérer  comme  formant  le  noyau 
d'origine  du  caillot. 

Toutefois,  la  coagulation  parait  se  faire  plus  lentement  que 
dans  les  autres  régions  du  corps.  Il  est  rare  aussi  que  la  masse 
prîncipale  des  caillots  siège  tout  prés  du  foyer  hémorrhagique  ; 
le  plus  souvent,  elle  en  est  assez  éloignée,  et  ces  deux  conditions 
expliquent  les  diflicullés  de  l'hémostase  spontanée.  Elles  provien- 
nent aussi  de  ce  qu'il  n'y  a  pas  de  contre-pression  abdominale  sé- 
rieuse, capable  d'agir  sur  le  point  qui  donne  du  sang.  L'élévation 


58  REVUE   ANALYTIQUE 

de  la  pression  abdominale  ne  peut  en  réalité  se  produire  d'une 
façon  notable  que  par  la  contraction  combinée  du  diaphragme  et 
dos  muscles  abdominaux  ;  d'ailleurs,  cette  mise  en  jeu  de  la  près- 
fiiion  abdominale  ne  peut  être  qu'intermittente,  de  peu  d'efficacité 
par  conséquent  pour  arrêter  une  hémorrhagie,  et  plus  apte  d'ail- 
leurs à  amener  l'évacuation  de  la  vessie  et  de  Tintestin.  Un  der- 
nier mécanisme  de  l'hémostase  spontanée  consiste  dans  la  contrac* 
tion  des  vaisseaux.  Or,  même  à  ce  point  de  vue,  les  conditions  qui 
se  rencontrent  dans  une  grossesse  tubaire  sont  défavorables.  En 
effet,  les  sinus  développés  dans  la  trompe  sont  pauvres  en  Ûbres 
musculaires,  s'il  n'en  sont  même  totalement  dépourvus  ;  aussi, 
conçoit-on  facilement,  que  lorsqu'une  hémorrhagie  consécutive  à 
la  rupture  d'une  grossesse  tubaire,  se  fait  librement  dans  une 
cavité  abdominale  jusque-là  saine,  la  mort  survienne  dans  la 
plupart  des  cas. 

Ce  dernier  mécanisme  (contraction  vasculalre)  de  l'hémostase 
spontanée  peut  assurément  agir  plus  efficacement  dans  les 
hémorrhagies  intra-abdominales  ayant  une  autre  origine.  Toute- 
fois,  il  est  bien  remarquable  qu'une  hémorrhagie  secondaire  sur- 
venue après  une  opération,  et  par  le  fait  d'une  ligature  qui  a 
glissé,  s'arrête,  d'une  manière  très  exceptionnelle,  spontané- 
ment. 

Autre  point.  L'expérience  enseigne  que  les  grossesses  tubaires 
sont  très  fréquentes,  et  aussi,  qu'en  dépit  des  difficultés  à  l'hé- 
mostase spontanée,  la  mort  par  hémorrhagie  est  rare.  Comment 
expliquer  cette  contradiction  apparente  ?  De  ces  obsei*vations^ 
Vauteur  conclut  qu'une  cavité  abdominale  saine  est  la  condi- 
tion de  la  mort  par  hé?norrhagie,  qu'une  cavité  abdominale 
tnalade  antérieurement  est  favwable  à  l'hémostase  (1). 

Les  faits  cliniques  s'expliquent  ainsi  aisément  :  en  effet,les  femmes 
qui  ont  des  grossesses  extra-uténnes^ont  très  souvent  été  sujettes 
antérieurement  à  des  poussées  do  péritonite  pelvienne.  Or,  le  fac- 
teur qui  explique  Thémostase  spontanée,  la  guérison,  c'est  l'enkys- 
tement  du  sung,  lequel  ost  facilité  par  l'existence  d'adhérences. 


(1)  Nous  trouYond  dans  Touvrage  de  Martio  «  Traité  clinique  dei  mala- 
dû'ê  d4'ê  femme»  »,  trad.  françaÎKC,  1889,  p.  622,  d  la  luêino  remarque  :  €  Ces 
hénintocèles  sont  très  rares  chez  les  femmes  en  bonne  santé;  toutes  celles 
qui  en  sont  atteintes  ont  présenté  des  troubles  menstruels;  etc.  9  —  B,  L« 


CHIRURGIE   ABDOMINALE  59 

L*hémo7^hagie  qui  s'usât  effectuée  librement  dans  la  cavité 
abdominale  peut-elle  aboutir  à  une  hémof^hagie  enkystée  (héma- 
tocèle)?  A  cette  question,  Tauteur  se  basant  sur  cinq  observations 
personnelles  (laparotomies  pour  dos  hémorrhagies,  pratiquées 
après  un  laps  de  temps  supérieur  à  celui  que  met  Thématocèle 
à  se  constituer),  et  sur  les  résultats  d'expériences  faites  sur  des 
lapins,  répond  par  la  proposition  suivante  :  on  peut  admettre 
avec  une  grande  certitude  que  dans  les  cas  d' hémorrhagies  se 
faisant  librement  dans  la  cavité  abdominale^  la  femme  bien 
portante  jusque-là,  continue  à  perdre  du  sang  jusqu'à  ce  qu'elle 
vieure,  ou  que  le  sang  —  sauf  complications,  bien  entendu  —  est 
résorbé  et  rapidement^  sans  s^être  enkysté. 

On  verra  que  cette  proposition  a  une  importance  décisive  sur  la 
question  du  traitement.  D'ailleui*s,  il  importe  aussi  de  s'en  souve- 
nir, quand  on  se  trouve  en  présence  d'affections  *  abdominales 
d'origine  traumatique.  Il  n'est  pas  rare,  par  exemple,  qu*un  assez 
long  temps  après  avoir  subi  un  choc  extérieur,  un  sujet  se  trouve 
une  tumeur  dans  le  ventre  :  le  médecin  est  consulté.  Dans  ces 
cas,  il  est  certain  que  Texamen  objectif  du  malade  fournit  les  élé- 
ments essentiels  du  diagnostic.  Or,  si  cet  examen  permet  de  cons- 
tater qu'il  s'agit  d*une  localisation  intra-péritonôale  —  abstraction 
faite,  bien  entendu,  des  hématocèles  —  on  peut,  avec  la  plus 
grande  certitude  affirmer  qu'il  existait,  antérieurement  au  trau- 
matisme, une  tumeur  restée  inaperçue  jusqu'alors  et  qui  a  été  le 
point  de  départ  de  l'hémorrhagie.  Par  contre,  si  le  médecin  cons- 
tate une  tumeur  extra-péritonéale,  il  peut  très  bien  se  faire  qu'il 
s'agisse  d'un  simple  hématome,  sans  tumeur  antérieure,  parce 
que  les  tissus  extra-péritonéaux  sont  beaucoup  moins  propres  à  la 
résorption  (suivent  deux  exemples  résumés  de  ces  2  variétés  de 
cas). 

Il  ressort  des  considérations  précédentes  que  l'hématocèle  n'est 
pas  l'aboutissant  d'une  hémorrhagie  qui  s'est  effectuée  librement 
dans  la  cavité  abdominale.  Assurément,  pour  s'expliquer  sa  pro- 
duction, le  plus  simple  serait  de  supposer  que  l'hémorrhagie  se  fait 
dans  un  espace,  préformô  et  limité  de  tous  côtés.  Mais,  si  ces  con- 
ditions favorables  à  l'enkystement  du  sang  existent  quelquefois, 
la  clinique  nous  enseigne  que  l'éventualité  est  très  rare,  et  l'on  n'a 
peut-être  jamais  trouvé  la  trompe  complètement  isolée  du  reste  de 
la  cavité  abdominale.  Il  faut  donc   chercher  d'autres  conditions 


60  REVUE  ANALYTIQUE 

étiologiques  de  rhémaiocéle.  Nous  savons  que  la  cause  capitale  de 
la  production  d'une  grossesse  tubaire  réside  très  souvent  ou  même 
habituellement  dans  un  catarrhe  tubaire,  et  que  concurremment 
avec  le  catarrhe  tubaire,  il  se  fait,  sous  Tinfluence  de  la  même 
cause  infectieuse,  de  la  pérîmétrite,  c'est-à-dire  un  certain  nombre 
d'adhérences.  Il  semble  logique  d'admettre,  étant  donnée  la  len- 
teur de  rhémorrhagie,  que  la  formation  des  caillots,  lo  processus 
de  coagulation  est  singulièrement  facilité  par  les  brides,  les  adhé- 
rences, qui  ont  pour  premier  résultat  de  ralentir  encore  l'écoule- 
ment sanguin.  Puis,  le  premier  caillot  formé  devient  un  centre  de 
coagulation,  et  il  s'en  forme  ainsi  plusieurs.  Or,  à  mesure  que  les 
caillots  grossissent,  se  rapprochent,  ils  délimitent  peu  à  peu  une 
cavité,  communiquant  encore,  au  début,  avec  la  cavité  abdominale 
par  quelques  pertuis,  mais  qui  vont  en  s'amoindrissànt,  jusqu*à 
s'elTacer  tout  à  fait,  à  mesure  que  le  sang  se  dépose,  se  coagule, 
et  parce  que  la  pression  de  récoulement^sanguin  devient  de  plus 
en  plus  faible.  Cette  cavité,  close,  complètement  constituée,  oppose 
à  son  tour  une  certaine  résistance  au  sang  qui,  continuant  à  s'é* 
couler,  tend  à  refouler  ses  parois  dans  le  sens  de  la  plus  faible 
résistance,  c'est-à-dire,  habituellement  vers  la  cavité  de  Douglas, 
d'où  la  production  habituelle  de  rhématocèle  rétro-utérine.  (Il  est 
clair  que  dans  les  cas  d'hémorrhagie  artérielle,  forte,  les  choses, 
môme  au  cas  d'adhérences  anciennes,  ne  se  passent  pas  ainsi.  Les 
phénomènes  menaçant  la  vie  se  manifestent  beaucoup  plus  vite 
quand,  dans  les  cas  de  rupture  des  trompes  gravides,  la  violence 
du  jet  sanguin  s'oppose  à  la  coagulation.)  En  résumé,  deux  con- 
ditions sont  nécessaires  pour  la  production  de  Thématocèle  : 
!•  état  pathologique  antérieur  de  la  cavité  abdominale  ;  2«  mode 
d'hémorrhagie,  semblable  à  ce  que  l'on  observe  dans  les  cas  de 
grossesses  tubair«»s  rompuei^i  c'est-à-dire,  écoulement  sanguin  lent, 
par  poutiséos  hucoohsIvos,  et  sans  forlo  pression. 

Il  iniporio  bouucoup,  pour  lo  traitoinout,  de  déterminer  s'il  s'agit 
d'une  liêuiorrhuKlr  H'otlVotuunt  librement  dans  la  cavité  péritonéale 
ou  d'lu\nu)irhaKi<»HoukYNloo«.  i>r,  il  fuul  savoir,  que  dans  le  premier 
cas,  l'extinuMi  objoclif  \pt'ivuNHh»n,|pul|»or  oonibint^,  etc.)  ne  donne 
aucun  rtM)hf*iKiuMntMU  utilti,  |,o  dlu^)ux*.tio  tloil  tHro  principalement 
éditié  HurlucO)iA/(i/iflii»M  «ri»#u'  t4'<«'«*u«  «\t'V'A'*'î««i^**vjc  exclusion 
itv  ttmtcs  (iii/re&'  «4'i7t*<s  «r'»i -"«v"  »  \a.'«,\\  vtuMuvMihu^îie  externe, 
hémorrhagie  veHioalo,  dauN  rmU'»(up«  i  o  vlu^h^^^uc  d'hemorrha* 


CHIRURGIE   ABDOMINALE  61 

gle,  se  faisant  librement,  dans  la  cavité  intra-péritonéale,  une  fois 
établi,  les  succès  de  Tintervention  dépendent  beaucoup  de  sa  rapi- 
dité. 

En  ce  qui  concerne  le  procédé  opératoire,  il  est,  selon  Veit,  deux 
conditions  importantes  à  réaliser  :  1)  placer  le  sujet  avec  le 
siège  fortement  élevé,  mode  de  décubitus  qui  a  pour  avantage 
d'éloigner  le  sang  du  foyer  hémorrhagique,  de  rendre  celui-ci  très 
apparent,  et  de  faciliter  l'hémostase.  De  sa  pratique  personnelle, 
Veit  conclut  qu'il  n'est  pas  nécessaire,  comme  on  l'a  soutenu,  d'é-i 
vacuer  le  sang  contenu  dans  la  cavité  abdominale  ;  que  si  Ton 
objectait,  néanmoins,  la  nécessité  de  cette  évacuation  contre  rem- 
ploi du  décubitus  avec  le  siège  élevée  l'objection  n'en  serait  pas 
moins  peu  valable,  puisqu'il  suffit,  l'hémostase  étant  assurée, 
de  remettre  immédiatement  le  sujet  dans  le  décubitus  voulu; 
2)  assurer  l'hémostase  non  pas  seulement  en  liant  les  points  sai- 
gnants, mais  en  liant  les  deux  vaisseaux  afférents  dans  leur 
continuité,  l'artère  spermatique,  par  exemple,  au  moment  de  sa 
sortie  du  ligament  large,  et  l'artère  utérine  ou  plutôt  son  rameau 
anastomotique,  qui  longe  immédiatement  la  face  latérale  de  luté- 
rus.  Cela  suffit  parfaitement  quand  il  8*agit  d'hémorrhagies  consé- 
cutives à  la  rupture  de  grossesses  tubaires.  Dans  certains  cas,  il 
est  nécessaire  de  faire  des  ligatures  plus  profondes. 

Quant  à  la  conduite  à  tenir  dans  les  cas  d'hématomes  ou  d'hé- 
matocèles,  l'auteur  ne  s'en  occupe  pas.  C'est  celle  qui  a  été  déjà 
indiquée  par  Zweifel  (1)  et  Gusserow  (2). 

R«  lu. 

Rapports  de  la  grossesse  masquée  avec  la  chirargie  abdominale. 

(Conciliated  Pregnancy  ;  its  relations  to  abdominal  surgery),  par 
A.  Van  der  Veer,  professeur  au  collège  médical  d'Albany. 
Amer.  /.  ofobst.,  1889,  nov.,  p.  1121.. 

L'auteur  rapporte  deux  cas  personnels,  et  huit  autres  cas  qu'il 
a  pu  réunir,  dans  lesquels  le  médecin  fit  la  laparotomie,  sans 
avoir  diagnostiqué  la  gestation. 

Quatre  des  opérées  moururent  peu  après  Topération,  cinq  sur- 
vécurent. L'auteur  ne  connaît  pas  le  sort  de  la  dixième. 

Les   opérateurs   étaient  :  Van  der   Veer  (fibrome,  sarcome); 


(1)  Areh,/.  Gynâk.,  Bd  XXII,  p.  185. 

(2)  Ihid.Bà  XXIX,  p.  389. 


fô  RKVUE  ANALYTIQUE 

C.  Kellock,  R.  Barnes,  Grau  ville,  Bantock  (Bai'comes)  ;  Péan, 
Fauvel,  A.  Patterson  (fibro-myôines)  ;  J.  H.  Etheridge,  L.  Washif 
(fibromes  multiloculaires). 

L'auteur  croit  que  dans  tous  les  cas,  les  symptômes  indiquaient 
l'opération,    et  s'appuie    sur    l'opinion    énoncée   par    L.  Tait: 

<  Lorsque  la  vie  est  menacée,  ou  insupportable,  que  les  traite- 

<  ments  ordinaires   sont   impuissants,  le  diagnostic  exige  une 

•  incision  exploratrice,  qui  le  fixera  et  ouvrira  la  voie  au  traite- 

c  ment  ». 
Puis  Van  der  Veer  discute  les  détails  de  68  cas  de  ce  genre  et 

conclut  ainsi  : 

lo  Les  conditions  étaient  telles  que,  si  elles  se  rencontrent  dans 
d'autres  cas,  on  ne  pourra  pas  éviter  la  même  erreur. 

2^  et  3^  Avant  d'opérer,  le  chirurgien  s'assurera  de  toutes  les 
sources  de  lumières  qui  seront  à  sa  portée^  et  examinera  soigneu- 
sement la  malade. 

4<»  Lorsqu'il  aura  le  moindre  soupçon  do  la  grossesse,  il  en  fera 
part  à  la  malade  ou  à  son  entourage. 

5<>  Il  exposera  aux  intéressés  la  nécessité  de  l'intervention. 

6<»  Il  est  nécessaire  de  rapporter  en  détail  tous  les  cas  de  ce 
genre,  afin  d'en  éclairer  l'histoire. 

7»  On  doit  reconnaître  que  surtout  jusqu'au  5«  ou  au  6«  mois, 
la  grossesse  peut  être  masquée  par  quelque  maladie  abdominale. 

A.  C. 

Denx  cas  d'ayortement  manqué.  (Zwei  FSllle  von  c  Missed  abor- 
tion  ■),  Cholmogorofp.  Zeitsch,  f.  Qeb.  u.  Ch/n.,  1891,  Bd  XXII, 
Hft  11,  p.  302. 

Dans  l'un  des  cas,  le  développement  de  l'œuf  s'arrêta  sous  l'in- 
lluence  de  causes  restées  inconnues.  Cependant  les  éléments  de 
l'œuf  restèrent  encore  plus  de  7  mois  dans  la  matrice,  en  sorte  qu'il 
s'écoula,  depuis  le  début  de  la  grossesse  jusqu'au  moment  de  l'ex* 
pulsion  de  l'œuf,  plus  do  11  mois.  Fœtus  et.  annexes  étaient  en- 
core à  l'état  frais  quand  ils  furent  expulsés.  On  n'intervint  pas  chi- 
rurgicalement,  parce  qu'à  aucun  moment  il  ne  se  produisit  de 
symptùmes  de  nature  à  motiver  une  intervention.  Dans  le  second 
cas,  la  grossesse  dura  environ  3  mois,  mais  les  produits  de  la 
gestatii)n  restèrent  retenus  daup  l'utérus  encore  plus  de  deux  mois, 
('gaiement  dans  ce  cas,  on  ût  de  l'expectation.  L'auteur  a  cru  de- 
voir rapporter  ces  deux  faits  en  raison  de  leur  rareté.         R.  L. 


CHIRURGIE   ABDOMINALE  63 

Traitement  des  laparotomisées.  (A.ftertreatment  of  Laparotoniy), 
par  T.  J.  Watkins,  de  Chicago,  Am.  /.  ofobst.y  1890,  sept.,  p.  929. 

Avant  de  rapporter  l'opérée  dans  son  lit,  il  faut  sécher  complè- 
tement son  corps,  et  la  nettoyer  ;  il  n*est  pas  nécessaire  de  lui 
mettre  un  pantalon  et  des  bas,  qui  généraient  et  rendraient  mal- 
aisés les  pansements  ;  une  camisole  de  flanelle  et  une  chemise  de 
nuit  suffisent. 

Sa  chambre  doit  être  chirurgicalement  propre.  Sur  le  matelas, 
on  Ûxe  un  drap  sans  plis  ;  sur  le  drap,  une  feuille  de  tissu  imper- 
méable, un  drap,  puis  une  aléze  ;  sur  l'opérée,  un  drap  et  assez  de 
couvertures  pour  la  maintenir  au  chaud.  Le  lit  doit  avoir  été 
chauffé  au  préalable,  et  la  température  de  la  chambre  sera  main- 
tenue entre  21%5  et  22<*,2  ;  elle  sera  parfaitement  ventilée,  et  on  y 
laissera  pénétrer  librement  le  soleil. 

Si  la  température  du  corps  descend  au-dessous  de  la  normale, 
on  rétablira  la  circulation  au  moyen  des  frictions,  de  la  chaleur, 
des  stimulants  et  «de  couvertures.  Parmi  ces  moyens,  les  frictions 
dont  de  beaucoup  préférables,  car  la  chaleur  artiûcielle  et  les  cou- 
vertures produisent  la  dépression;  les  stimulants  commencent 
par  augmenter  la  congestion  viscérale,  les  frictions  la  dimi- 
nuent. 

Il  est  parfois  utile  de  relever  les  pieds  du  lit,  de  telle  sorte  qu'il 
fasse  un  angle  de  30<>  avec  l'horizontale  ;  c'est  une  stimulation  utile, 
qui  diminue  le  travail  du  cœur. 

Quant  aux  stimulants  (1),  il  vaut  mieux  les  administrer  par  le 
rectum.  L'auteur  préfère  Teau-de-vie  de  raisin  (brandy)  à  l'eau-de- 
vie  de  grains  (whiskey)  ;  le  meilleur  véhicule  est  le  thé  de  bœuf  (2) 
qui  renferme  les  sels  du  sang. 

Les  injections  hypodermiques  de  cognac  sont  parfois  nécessaires  : 
on  peut  y  adjoindre  l'esprit  aromatique  d'ammoniaque  (composé  de 
parbonate  d'ammoniaque,  d'ammoniaque  liquide,  d'huile  volatile  de 
muscade,  d'huile  de  limon,  d'alcool  rectifié  et  d'eau).  L'auteur 
rejette  les  injections  d'éther. 

Les  vomissements,  d'après  lui,  sont  de  cause  cérébrale,  et  seront 


(1}  En  anglais,  le  mot  Hinmlants  n'est  guère  employé  que  pour  désigner 
les  alcooliques  (A.  Cordes). 

(2)  Préparé  par  une  longue  6bulIition  en  vase  clos,  et  non  par  infusion 
(A.  Cordes). 


64  REVUE  ANALYTIQUE 

combattus  par  les  applications  de  moutarde,  le  froid  et  la  chaleur, 
l'abaissement  de  la  tête  de  la  malade,  et  les  injections  de  la  solu- 
tion de  Magendie  (morphine). 

Georges  Smith  recommande  l'administration  d^une  grande  quan- 
tité d^eau  chaude,  Kussmaul,  le  lavage  stomacal  avec  la  pompe, 
qui  est  inutile  si  le  vomissement  n'est  pas  causé  par  l'élimination 
de  Fanesthésique  par  la  voie  gastrique  ;  dans  ce  cas,  les  stimulants 
volatils  seront  inutiles. 

Si  réther--  l'auteur  ne  parle  pas  des  autres  anesthésiques  —  cause 
une  congestion  des  reins^  il  faut  stimuler  la  sécrétion  rénale  pur 
l'administration  de  liquides  abondants,  si  l'estomac  les^  supporte, 
ou  injectés  par  le  rectum.  Les  ventouses  sèches  sont  indiquées. 
La  quantité  d'urine  rendue  varie  de  500- à  1000  gr.  par  jour. 

n  faut  éviter  la  bronchite  en  couvrant  la  poitrine  de  l'opérée 
avec  du  coton  ;  si  la  bronchite  se  produit,  on  la  traitera  comme 
d'habitude»  mais  en  évitant  les  expectorants. 

La  douleur  sera  combattue  par  les  applications  de  chaleur 
sèche  ;  il  faut,  autant  que  possible,  éviter  de  donner  de  l'opium  ; 
mais  il  ne  faut  pas  sacrifier  le  repos  de  l'opérée  à  un  parti  pris. 

Dans  le  cas  d'agitation,  on  prescrira  les  bains  et  le  massage. 

Les  meilleurs  calmants  sont  :  les  bromures,  l'antipyrine,  la 
valériane,  la  jusquiame.  Il  est  parfois  nécessaire  de  prescrire  des 
spécifiques, 

La  soif  sera    traitée   par  les   boissons  stimulantes  chaudes. 

L'auteur  rejette  Ueau  glacée,  qui  désaltère  peu  et  produit  ordi- 
nairement des  vomissements. 

La  flatulence  est  fort  pénible;  elle  peut  exiger  l'emploi  du  tube 
rectal,  et  des  clystères  chauds.  Watkins  recommande  la  liqueur 
de  Labarraque,  la  térébenthine,  l'asa  fœtida,  la  menthe  verte,  la 
menthe  poivrée,  le  charbon  végétal,  l'esprit  aromatique  d'ammo- 
niaque. 

L'opérée  rend  [>lus  aisément  les  gaz  intestinaux,  quand  eUe 
se  couche  sur  le  côté  gauche.  Le  lait  est  la  meilleure  nourriture, 
il  se  digère  mieux,  (]uand  on  lui  associ^^  les  eaux  carbonatéos  : 
Vichy,  SpUz,  l'eau  de  soude,  l'eau  de  chaux  n'aide  pas  autant  à  la 
digestion  du  lait. 

L*opérée  ne  doit  prendre  aucune  nourriture  avant  la  fin  des 
premières  24  heures;  dés  lors,  on  commencera  à  l'alimenter  pru- 
demment et  progressivement. 


CHIUUÏ^OIB  ABDOMINALE  65 

Le  G»  jour,  elle  peut  prendre  du  punch  au  lait  ou  à  la  crème,  des 
huitrcK,  des  œufc»  pçu  cuits,  etc.  ^ 

Il  vaut  en  général  mieux  ne  paspur^/er  avant  le  5*^  ou  le  6«  jour. 
Waikins  recommande Tadministration du tartrate  dépotasse. et  de 
S'  ude  par  doses  de  4  gr.,  dans  de  Teau  de  Seltz,  toutes  les  heures 
pendant  6  ou  8  heures. 

n  aime  mieux  le  calomel  en  poudre  qu'en  tablettes,  et  recom* 
mande  un  lavement,  s'il  est  nécessaire,  car  l'accumulation  se  pro* 
duit  surtout  dans  le  gros  intestin. 

Si  l'usage  de  la  sonde  est  nécessaire,  il  faut  prendre  les  précau« 
tions  antiseptiques  les  plus  minutieuses.   ' 

Les  bains  et  le  massage  quotidiens  sont  fort  utiles. 

L'opérée  doit  conserver  le  décubitus  dorsal  pendant  24  heures. 
De  plus,  elle  peut  changer  de  position  de  temps  en  temps. 

Laplaie,  si  l'on  n'apas  mis  de  drain^  doit  être  laissée  tranquille 
pendant  6  ou  7  jours;  on  peut  alors  enlever  les  ûls. 

Vhémorrhagie  peut  exiger  une  opération.  Watkins  a  pu  arrêter 
une  hémorrhagie,  avec  une  irrigation  d'eau  sublimée  à  46o. 

Dans  la  seplicémie  les  purgations  sont  l'ancre  de  salut;  la 
nature  nous  donne  Tindication  de  la  voie  d'élimination,  par  la 
diarrhée  ;  le  calomel  est  le  meilleur  purgatif,  dans  ce  cas.  Watkins 
recommande  aussi  le  sel  de  la  Rochelle,  et  les  lavements  de  sul- 
fate de  magnésie,  qui  lui  ont  donna  des  résultats  remarquables. 

Il  faut  maintenir  les  émonctoires  en  action. 

A.  Cordes. 

» 

De  l'extirpation  par  yole  aMominale  de  l'utérus  myomatenx  ;  trai- 
tement r6tro-péritonéal  dnpédionle.  (Zur  Ëxstirpatio  uteri  myoma- 
tosi  abdominalis,  die  retroperitoneale  Stielversorgung),  H.  Chro- 
BAK.  Cent.  f.  Gyn.y  J891,  no  35,  p.  713. 

La  question  du  traitement  extra-péritonéal  et  intra-péritonéal 
du  pédicule  utérin  après  Thystérectomie,  n'est  pas  encore  définitif 
vement  résolue.  L'auteur  s'en  est  déjà  occupé  dans  un  article  inté- 
ressant (1).  Il  la  reprend  aujourd'hui,  pour  insister  plus  partie 
culièrement  sur  deux  points  essentiels  de  la  méthode  qu'il  a 
imaginée. 

En  l'espace  de  9  mois,  il  a  pratiqué  17  fois  l'extirpation  de  l'u- 
térus par  Tabdomeu  pour  des  myômes  de  cet  organe.  Tous  les  17 


(l;  Ont./,  Oyn.,  1891,  n»  11,  p.  169. 
àM»,  tm  «m.  —  rou  xmn. 


6&  REVUE  ANALYTIQUE 

ca»  ont  guéri.  Chez  16  des  opérées,  la  marche  de  la  guérison  ne  fut 
pas  troublée  par  le  moindre  accident,  et  le  séjour  des  malades  à 
rhôpital  varia  de  17  à  28  jours.  Deux  fois,  la  guérison  fut  retardée 
par  la  formation  d'un  abcès  paramétritique,  qui,  d'ailleurs,  évolua 
presque  sans  fièvre  et  s'ouvrit  spontanément  dans  le  vagin. 

Bien  qu'il  soit  très  loin  de  la  pensée  de  Tauteur  de  prétendre  que 
la  méthode  convienne  pour  tous  les  cas,  il  croit  néanmoins  qu'il 
est  autorisé  par  les  résultats  précédents  à  repousser  les  nombreu- 
ses  objections  qui  lui  ont  été  faites  par  un  si  grand  nombre  d'au- 
teurs et  en  particulier  par  Brennecke.  Il  serait  injuste  de  passer 
délibérément  condamnsition  sur  une  méthode  opératoire  qui  a  per- 
mis de  mener  si  simplement  à  la  guérison  17  cas  de  fibromes,  et 
Chrobak  fait  remarquer  qu'il  n'a  pas  fait  de  sélection,  qu'il  a 
opéré  les  cas  les  plus  difficiles,  les  plus  compliqués. 

Des  objections  soulevées,  il  en  admet  une:  que  V  opération  peut 
être  difficile  pour  le  chirurgien, 'Elle  n'est  pas  à  la  portée  du  chi- 
rurgien qui  ne  possède  pas  une  certaine  dextérité  technique  et  de 
la  patience.  Envisagée  au  point  de  vue  des  malade^,  l'auteur  eat 
convaincu  que  cette  méthode  opératoire,  sous  la  réserve  qu'il  ne 
soit  point  commis  de  faute  de  technique,  n'est  pas  plus  importante 
ni  plus  grave  que  tout  autre  laparotomie  de  durée  moyenne. 

D'autre  part,  il  tient  pour  extrêmement  important,  et  pour  très 
difficile  à  réaliser  on  certains  cas,  la  désinfection  absolue  du  col 
et  du  vagin.  Et  c'est  sur  cette  considération  que  sont  basées  l'indi- 
cation et  remploi  du  procédé  qu'il  va  décrire. 

Chrobak  est  persuadé  que,  dans  l'hystérectomie  abdominale  to- 
tale, t7  est  extrêmement  avantageux  de  tailler  rnéthodiquement 
deux  lambeaux  aux  dépens  du  revêtement  péritonéal  de  Vuté- 
rus  ou  de  la  tumeur  utérine.  On  procède  à  la  dissection  de  ces 
lambeaux  après  la  section  des  ligaments,  c'est-à-dire  avant  l'appli- 
cation du  lien  constricteur.  Le  décollement  de  la  séreuse  n'est  pas 
toujours  facile  et,  en  général,  réussit  mieux  sur  une  face  de  Tuté  • 
rus  ou  de  la  tumeur  que  sur  l'autre. 

Il  importe  beaucoup,  quelle  que  soit  la  tension  du  péritoine,  que 
les  lambeaux  soient  inégaux  pour  que  dans  l'occlusion  de  la  cavité 
péritonéale  il  soit  possible  de  mettre  en  contact  de  larges  surfaces. 
Il  importe  également,  pour  d'autres  raisons,  que  les  lambeaux  • 
taillés  soient  inégaux. 

Lorsqu'il  n'est  pas  possible  d'obtenir,  avant  l'opération,  une 


CHÎRUAGiE   ABDOMINALE  67 

désinfection  rigoureuse  du  col  et  du  vagin,  Tauteur  considère 
Textirpation  totale  comme  contre-indiquée,  et  utilise  la  portion  la 
plus  inférieure  du  col  pour  assurer  l'occlusion  du  vagin.  Ce  petit 
moignon  cervical  est  destiné  à  ôtre  recouvert  par  les  lambeaux 
réunis. 

Technique  opératoire  :  Incision  abdominale,  traction  en  dehors 
de  la  tumeur,  traitement  des  ligaments  larges  comme  dans  Hiys- 
térectomie  totale,  section  et  dissection  des  lambeaux  dont  l'un  est 
beaucoup  plus  étendu  que  l'autre  (pour  que  la  ligne  de  suture  des 
lambeaux  se  trouve  bien  en  delà  ou  en  deçà  de  la  ligne  de  suture 
du  moignon  cervical,  et  par  là  obtenir  une  sécurité  plus  grande 
contre  le  passage  des  liquides  exsudés  au  niveau  de  la  plaie  utérine 
ou  des  liquides,  substances  et  agents  nocifs  contenus  dans  la  ca- 
vité cervico-vaginale),  application  du  lien  élastique/ ou,  «quand  la 
tumeur  le  permet,  ligature  profonde  des  artères  utérînes  tout  près 
des  culs-de- sac  vaginaux  ;  section  du  col  environ  1/2-1  centim.  au- 
dessus  de  rinsortion  du  vagin  ;  cautérisation  énergique  du  canal  cer- 
vical avec  le  Paquelin  et  de  la  surface  de  section,  suture  du  col  (l) 
au  moyen  de  quelques  ligatures  an  téro-postérieures.  Suture  du  péri- 
toine pelvien.  Sur  les  côtés,  les  moignons  des  ligatures  des  ligaments 
sont  recouverts  par  le  péritoine  au  moyen  d'une  suture  séro-sé- 
reuse  ;  enfin,  on  suture  les  lambeaux  séreux  au-dessus  du  pédi- 
cule abandonné. 

Il  est  facile  de  voir,  par  le  détail  de  la  méthode,  qu^il  s'agit  là 
d'un  traitement  extra-péfitonéal  et  rétro-péritonéal  du  pédi- 
cule. 

R.  L. 

De  la  ligature  élastique  (Il  laccio  elastico),  par  Martinetti. 
Annali  di  ost.  e  ginec.  Firenze,  déc.  1889,  p.  515. 

Martinetti  recommande  ce  mode  de  ligaturé  dans  l'amputation 

sus*vaginale  de  l'utérus  pour  myômes  et  dans  Famputation  utéro-> 

ovarienne.  Il  rappelle  de  nombreuses  expériences  qu'il  a  faites 

chez  des  lapins  et  qui  lui  ont  donné  de  très  bons  résultats  quand 

le  lacs  est  solide  et  aseptique. 

P.  Mauclaibe. 

(1)  Quand  le  drainage  est  jugé  néoessairoi  la  technique  opératoire  subit 
quelques  modifications.  Mais  les  deux  conditions  essentielles  de  la  nuéthode  : 
dissection  dé  deux  lambeaum  sérewpy  et  non  juxtaposition  de  la  suture  des 
deux  lamheoMx  et  de  la  suture  cervicale,  sont  intégralement  mi^ntenu«s. 


68  •     BIBLIOGRAPHIE 


VARIA 

• 

Un  cas  de  tnmeur  dn  petit  bassiii  traitée  par  la  galvano-pimctiire  ; 
gaériton.  (A  case  of  pelvic  tumour  treated  by  galvano-pupcture  : 
cured),  par  J.  Inglis.Parsoks.  British  med:  Journ,,  13  avril  1889, 
p.  824. 

Malade  de  44  ans,  mariée»  portant  entre  la  vessie  et  l'utérus  une 
tumeur  du  volume  d'une  tête  de  fœtus,  dépassant  le  pubis,  refou- 
lant  la  paroi  antérieure  du  vagin,  mais  libre  de  toute  connexion 
avec  l'utérus.  Dans  l'espace  de  deux  mois  et  demi  la  malade  fut 
soumise  à  28  séances  d'électro-puncture  :  deux  aiguilles  de  pla- 
tine reliées  au  pôle  positif  étaient  enfoncées  dans  la  tumeur  à  tra- 
vers la  paroi  antérieure  du  vagin  ;  une  large  électrode  placée  sur 
Tabdomen  communiquait  avec  le  pôle  négatif.  La  durée  de  chaque 
séance  était  de  2U  ou  30  minutes  et  Tintensité  du  courant  variait  de 
100  à  150  tnilliampéres  ;  à  la  suite,  pansement  vaginal  antisepti- 
que. Un  an  après  la  tumeur  avait  diminué  des  2/3  et  les  signes 
fonctionnels  avaient  disparu. 

L'auteur  insiste  sur  la  nécessité  d'isoler  le  corps  de  l'aiguille  et 

de  ne  laisser  libre  que  Textrémité  qui  sera  enfoncée  dansla tumeur; 

la  portion  de  muqueuse  vaginale  en  contact  avec  l'aiguille  ne  sera 

pas  détruite  ;  l'occlusion  sera  très  rapide  et  les  chances  d'infection 

diminuées. 

P.  N. 

Sur  le  passage  de  la  morphine  dans  le  lait  de  la  femme.  (Sul  passa- 
gio  délia  morphina  nel  latte  délia  donna),  par  Pinzani.  Ann, 
dt  ^mcc.  «  oj^c/n'c.  Milano,  1890,  p.  57.  ^ 

Tarnier  et  Chantreuil  avaient  obtenu  chez  les  animaux  des  ré- 
sultats contradictoires.  Pinzani  expérimentant  chez  des  nourrices, 
conclut  que  la  morphine  prise  à  dose  thérapeutique  ne  passe  pas 
dans  le  lait  à  l'état  de  morphine  et  si  elle  y  passe  c'est  en  si  faible 
quantité   qu'elle  ne  détermine    pas  de  trouble  fonctionnel  chez 

Tenfant. 

P.  Mauclaibs. 

Sur  réUmination  de  l'antipyriae  par  la  glande  mammaire  chas  les 
nourrices.  (SuUa  eliminazione  dell  antipirina  per  la  glando  la 
mammaria  nella  donna  lattante).  Pinzani.  Ann.  di  ostetric.  e 
ginec.  Milano,  1890,  p.  58. 


YARIA  .  69- 

L*auieur  avait  remarqué  des  troubles  gastro  intestinaux  chez 
des  enfants  dont  les  nourrices  prenaient  de  Tantipyrine.  Pin^ani 
rappelle  l'opinion  de  Roncaglia  pour  qui  Tantipyrine  administrée! 
à  une  nourrice  n'est  pas  nuisible  pour  Tenfant,  et  Topiçion  de 
Teniu  qui  en  retrouva  à  peine  quelques  traces  dans  le  lait.  Enûn  : 
Ross  pensait  que  Tantipyrine  diminue  la  sécrétion  du  lait. 

De  ses  expériences,  Pinzani  conclut  que  Tantipyrine  passe  en 
faible  quantité  dans  le  lait  dont  elle  ne  diminue  pas  la  sécrétion* 

P.  Mauclaire.  : 

■  I      I      II  ■     ^^1—^ 

BIBLIOGRAPHIE 

Gontribiition  à  l'étude  de  rinrersion  utérine  par  traction  ma  le  covr 
don.  Dr  R  Bblin,  1891.  —  Ce  travail,  dans  lequel  Tauteur  étudie 
la  pathogénie,  les  symptômes,  le  diagnostic,  le  pronostic  et  le 
traitement  (prophylactique  et  curatif)  de  l'accident  en  question, 
a  pour  point  de  départ  un  cas  d'inversion  ut&iHne  complète 
post'parlum,  due  à  des  tractions  intempestives  exercées  par  une 
sage  femme  sur  le  cordon.  Le  col  était  complètement  retourné,  et 
la  masse  de  Tutérus  et  du  placenta  pendait  à  la  vulve  ;  le  placenta 
fut  détaché  cotylédon  par  cotylédon,  ce  qui  fut  extrêmement  diffi- 
elle,  le  délivre  étant  fortement  adhérent.  Puis  des  tentatives  de 
réduction  furent  faites,  elles  échouèrent.  L'accouchée  fut  envoyée 
à  l'hôpital  où  elle  expira  quelques  minutes  après  son  anîvée. 

En  ce  qui  concerne  le  traitement  des  formes  aiguës,  l'auteur, 
suivant  la  pratique  du  reste  généralement  admise,  donne  la  préfé« 
rence  à  la  réduction  manuelle  pratiquée  avec  douceur.  Mais  il 
importe  depréciser  avant  l'intervention,  s'il  s'agit  d'une  inversion 
complète  (col  entièrement  retourné)  ou  incomplète  (la  portion  cer- 
vicale restant  en  totalité  ou  presque  complètement  dans  ses  rapports 
normaux).  Dans  cette  seconde  éventualité,  comme  il  existe  au 
niveau  du  pédicule  deux  cylindres  emboîtés,  l'un  cervical,  l'autre 
formé  par  la  partie  inversée,  le  mieux  est  de  tenter  la  réduction 
à  la  façon  de  la  réduction  herniaire,  c'est-à-dire,  de  faire  rentrer  le 
cylindre  interne  petit  à  petit  dans  la  cavité  cervicale  non  inversée, 
faisant  parcourir  ainsi  en  sens  inverseàla  portion  del'utérusinver- 
séeles  diverses  phases  de  l'inversion.  Dans  les  cas  d'inversion  com- 
plète, la  réduction  par  refoulement  du  fond  est  le  procédé  de  choix. 
.  Contre  les  formes  chroniques,  les  procédés  que  l'auteur  énu- 


70  INDEX  BIBLIOGRAPHIQUE  TRIMESTRIEL 

mère  rapidement  sont  multiples  :  a)  procédés  de  force  (taxis  ma* 
huel  ou  avec  un  Instrument,  débridement  du  col,  réduction  après 
laparotomie...);  b)  procédés  de  douceur  (pessaire  à  air,  colpeu« 
rynter,  tamponnement  à  la  gaze  iodoformée....).  Pour  les  formes 
rebelles,  l'excision  de  la  partie  inversée  est  justifiée.      R.  L. 

:  Dtt  traitement  général  de  la  septicémie  paerpérale,  avec  conaidéra- 
tlons  spéciales  sur  trois  cas  observés  à  la  «  Konigl.  ond  Universitats 
Fraoenklinik  v  à  OOttingen.  (Die  AUgemeinbehandlung  der  puerpe- 
ralen  Sepsis,  etc  )  A.  Lor.Kxz 


INDEX  BIBLIOGRAPHIQUE  TRIMESTRIEL 


GYNECOLOGIE 


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ge$/ragen.  Wiesbaden,  1891.  —  Nenhans.  Ge/ahren  der  sexueUen  od^ 
Oeechlechtukrankheiten,  Mûnchen,  1891.  —  Péan.  Quelques  considéra- 
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et  de  ses  annexes  par  la  voie  vaginale.  Gaz.  des  hôp.,  1891,  n«  76, 
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GYNÉCOLOGIE  71 

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OBSTÉTRIQUE 

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und  pMtliologie  der  Portio  vaginalis  uteri.Zeî/  /.  geh.  u.gyn.,  BdXLI, 
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Versuch  der  prakiischen  VerwerthungdesNuchweises  von  Eiterkokken 


OBSTÉTRIQUE  7.7 


in  Sohweisse  Septiëcher.  CetU./,  gyn.^  no'40,  p.  804.  -^  Hâssë.  Die 
WanderuDg  des  luenBchlichen  Eies.  Zeitsch.  /.  g^h,  u.  gyn,^  Bd  XXII, 
Hft  1.  p.  406.  —  Keilmann.  Zur  Elarung*  der  Gerviaefrage.  Zeits.  f. 
geb.  u.  gyfi,y  Bd  XXII,  Hft  I,  p.  106.  —  Klein.  Entwickelung  utid 
Ruckbildon^  dcr  Decidua.  ZeiU.  f.  geb,  u.gyn,^3à  XXVII,  Hft  \, 
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intra-utérine  de  Dt»léris  modifiée.  Nouv.  Arch.  d'obst.  et  de  gyn.,  n^  12, 
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una  presentazione  di  vertice  in  posizione  0.  I.  S.  A.  Riformu  med,, 
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1891,  VII,  pt.  2,  337.  —  Fedorow.  Traitement  du  travail  dane  les  haèstm 
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salmente  rvBXreito.Stud.éUostet  e  ginec.,  Milano,  1890,45. —  Marqnezy. 
Des  difficultés  du  diagnostic  des  fibromes  de  la  paroi  postérieure  de  V  utérus 
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in  Pakrmo,  1891,  87. 

CIR4MSMWBSSE.  — ■  Gaviglia.  A  proposito  di  un  nuovo  segno  per  lo  diagnosi 
di  morte  del  feto  ncir  utero.  Stud,  di  ostet,  e  ginec,  Milano,  1890,  379. 
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1891,  II,  610. 

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nartz,  Neuwied,  1891.  —  Hall.  Report  of  a  case  of  extra-uterine  pre- 
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1891,  VII,  189.  ~-  HalUdy  Croom.  The  diagnosis  of  Ëarly  extra- 
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11,300  gr.,  long  de  0,70  c.  et  large  d'un  acromion  à  Fautre  de  19 
centiro.  Nouv.  Arch,  d'obst.  et  de  gyn.,  no  10,  p.  481.  —  Pestalozza. 
Un  caso  di  migrazione  interno  ;  gravidanza  tubarica  ;  laparotomia  ; 
guarizione.  J^i/orma  mecf.,  Napoli,  1891,  VII,  pt.  2,  782.  —  Rééd. 
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Gynee.  Ass.,  1890,  Phil.,  1891,  III,  110.  —  Wie8el.i>te  Extrauterine 
SchuxuigerschaftundihreBehandlung.ln.  diss.  lena,  1891.  — Wyder. 


78  INDBX  BIBLIOGRAPHIQUS  TRIMESTRIRL 

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point  de  vue  médico-légal.  Ann:  (tBpg,  Paris,  1891,  XXVI,  152.  — 
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Arch,/.  Gyn.,  Bd  XLI,  Hft  1  et  2,  p.  1.  ^ 

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ment  laborieux  (administration  intempestive  du  seigle  ergoté);  mort 
des  deux  fœtus.  BulUim  de  la  Soc.  de  Jasfy^  mars  1891,  p.  65. 

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genita,  Diss.,  Kônigsberg,  1891.  —  Bonnaire.  Des  inhalations  d'oxy- 
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Un  cas  de  céphalœmatome  triple.  Arch,  de  tocoL,  n*»  10,  p.  721.  — 
Schlegel  [J^).Zur  CasuisHk  d.  angeb.  Damiveischltisses  u.d.JfœtalettPe- 
ritonitis.  Inaug.  Diss.  Bern  ,  1891.  —  Sctaldoni.  Un  caso  di  duplicita 
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1891,  p.  535.  —  Tnrraxza.  Sulla  inf ezione  ombelicale  dei  neonati.  Giom. 
p.  le  levati-ici,  Milano,  1891,  V,  31-)  ;  44.  —  Vamier.  Abcès  multiples 
des  nourrissons.  Rev.  prat.  d'obitt.  et  d^hyg.  de  Venf.,  novembre  1891, 
p.  339  ;  362.  —  Villa.  Un  caso  d'acondroplasia  o  del  cosi  detto  racbi- 
tismo  micromelico  sidramnios  a  rapide  sviluppo.  AnncUi  di  ostet.  t  gi- 
nec.,  1891,  p.  653.  —  Wltzl.  Ueber  Enlstehung  des  sogenannten  ange- 
borenen  muskularën  Schiefhalses.  Arch.  f.  Gyn.,  Bd  XLI,  Hft  1-2. 
p.  124.  —  Zeutler.  Des  rapports  du  poids  du  fœtus  au  poids  du  pla- 
centa. Th.  de  Paris,  1891. 

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Austraius  M.  Gaz.,  Sydney,  1890-91,  X.  259.  —  Boaai.  Etude  expé- 
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tion  de  la  pâte  de  Canquoin  dans  la  cavité  utérine.  Nour,  Arch, 
dobst.  et  degyn.,  n**  12,  p.  577.  —  Bonnaire.  Sur  la  dilatation  arti- 
ficielle du  col  de  lutérus  dans  raccouchement  ;  Técarteur  utérin  Tar- 
nier.  Arch.  de  tocol.  et  de  gyn.,  n^  18,  p.  764.  -  Barrongha.  Caesa- 
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Galderini.  Del  parto  prematuro  artificialmente  prov.o«;ato  in  Itidia  : 
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conservatrice  dans  la  salpingo-ovarite.  Nouv.  Arch.  d'obst.  et  de 
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1991,  XVII^  1011.  -  Harria  ^Robert  P.).  The  possible  résulta  of 
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OBSTÉTRIQUE  79 

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des  Utérus  nach  eingetretener  Schwangerschaft  Cent./,  gyn,,  n<>  50, 
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of  a  four  montbs  fœtus.  Med,  Rec,,  N.-Y.,  1891,  II,  570.  —  Lutz. 
Confinem*int  closely  f  ollowing  erysipelas.  St- Louis  clinique,  1 89 1 ,  IV,  31 1 . 

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Le  Gérant  ;  G.  Steinheil. 


mPBIMXBIS    I<aMALX    BT   C*«,  HAVBJI 


ANNALES 

DE  GYNÉCOLOGIE 


Février  1892 


TRAVAUX   ORIGINAUX 


MAISON  D*ACGOUCIlEMENTS  BAUDELOCQUE. 
CLINIQUE  DE  LA  FACULTÉ 

Professeur  A.  Pinard. 


DE  LA  SYMPHYSÉOTOMIE 

A  l'heure  actuelle,  lorsque  nous  nous  trouvons  en  pré- 
sence d  une  femme  en  travail  ayant  un  rétrécissement  du 
bassin,  et  que  nous- avons  constaté  soit  par  le  seul  palper 
mensurateur,  soit  après  l'emploi  infructueux  du  forceps,  Tim- 
possibilité  de  l'expulsion  ou  de  Textraction  du  fœtus  parles 
voies  naturelles,  nous  sommes  réduits  à  choisir,  pour  déli- 
vrer cette  femme,  entre  les  deux  moyens  suivants  :  ou  broyer 
la  tête  et  terminer  l'accouchement  par  les  voies  naturelles, 
ou  pratiquer  Topération  césarienne. 

Quand  Tenfant  est  mort,  la  situation  est  nette.  L'indica- 
tion du  broiement  est  formelle,  acceptée  par  tous  et,  grâce 
au  basiotribe,  ce  merveilleux  instrument  dont  nous  sommes 
redevables  à  M.  Tarnier,  l'embryotomie  céphalique  se  fait 
avec  autant  de  facilité  que  de  sécurité.  Tous  ceux  qui  ont 
manié  ou  vu  manier  le  basiotribe,  m'accorderont  que  la  ba- 
siotripsie  est  une  opération  souvent  plus  facile  qu'une  appli- 

An.  DC  «!>•  —  VOb  ZZ3CVIX.  • 


82  DS  LA  STMPHTSÉOTOMIE 

cation  de  forceps  régulière  au  détroit  supérieur,  et  que  le 
pronostic  pour  la  mère  en  est  tout  aussi  favorable.  Les  ré- 
sultats que  j'ai  publiés  en  1887  (l),ceux  que  j*ai  pu  enregistrer 
depuis  cette  époque,  ne  me  laissent  aucun  doute  à  ce  sujet. 

Notre  situation  estr  tout  autre  quand  Tenfant  est  vivant. 
Le  broiement  est  discutable  et  très  discuté  par  les  partisans 
de  l'opération  césarienne.  Tandis  que,  s'appuyant  sur  les 
résultats  de  la  basiotripsie,  les  accoucheurs  français,  à  peu 
d'exception  près,  sacrifient  l'enfant  dans  tous  les  cas  pour 
sauver  la  mère,  un  grand  nombre  d'accoucheurs  étrangers 
se  prononcent  pour  l'opération  césarienne,  lorsque  la  situa^ 
tion  n'a  pas  été  compromise  par  des  tentatives  d'extraction 
par  les  voies  naturelles. 

Quels  sont  les  résultats  de  ces  différentes  manières  d'agir. 
•  Sur  50  femmes  saines  chez  lesquelles  on  pratique  la  ba- 
siotripsie, l'enfant  étant  vivant,  nous  avons  : 

Femmes  guéries 50 

Enfants  sacrifiés 50^ 

Sur  28  femmes  saines  chez  lesquelles  on  pratique  l'opé- 
ration césarienne  nous  avons,  d'après  la  statistique  la  plus 
favorable,  celle  de  Léopold  (jusqu'en  1890). 

Femmes  guéries.      25       Mortes. •    3 
Enfants  sauvés..      28 

Ainsi,  aujourd'hui  encore,  malgré  les  progrès  considéra- 
bles réalisés  depuis  quinze  ans,  en  présence  du  cas  que  je 
vous  ai  signalé  au  début  de  cet  entretien,  nous  sommes 
réduits  soit  à  pratiquer  une  opération  qui  sauve  la  mère  aussi 
sûrement  qu'elle  tue  l'enfant,  soit  à  pratiquer  une  opération 
qui  sauve  l'enfant  en  compromettant  la  vie  de  la  mère. 

Resterons-nous  toujours  en  face  de  cettte  cruelle  alterna- 
tive ?  Serons-nous  longtemps  encore  condamnés  à  ce  sup- 
plice, qu'il  faut  avoir  enduré  pour  savoir  ce  qu'il  est,  de  tuer 
des  enfants  bien  portants  ou  de  faire  courir  à  la  mère  les 
dangers  encore  redoutables  de  l'opération  césarienne  ? 

(1)  Union  Médicale,  1887. 


PINARD  83 

J'espère  que  non,  Messieurs  ;  je  crois  que  cette  fatalité 
peut  disparaître  grâce  à  une  opération,  la  Symphyséotomie, 
imaginée  en  1768  par  un  de  nos  compatriotes»  étudiant  en 
chirurgie,  Sigault,  qui  la  pratiqua  pour  la  première  fois  et 
avec  succès  en  1777  sur  la  femme  d*un  soldat  du  guet  nommé 
Souchot. 

Cela  vous  étonne,  je  le  comprends; et  vous  vous  demandez 
sans  doute  pourquoi  je  fonde  aujourd'hui  de  si  grandes  espé* 
rances  sur  le  réveil  d'une  opération  que  certains  d'entre  vous 
savent  délaissée  depuis  si  longtemps,  et  dont  les  autres  igno- 
rent presque  le  nom. 

C'est,  Messieurs,  ce  que  je  désire  vous  exposer  aujourd'hui. 

Bien  que  je  ne  veuille  ni  ne  puisse  vous  faire  ici  Thistori- 
que  complet  de  la  section  de  la  symphyse  du  pubis,  il  m'est 
impossible  de  ne  pas  vous  en  rappeler  les  grands  traits,  car 
c'est  seulement  ainsi  que  j'espère  vous  faire  comprendre 
les  causes  de  la  grandeur,  de  la  décadence  et  de  la  résurrec- 
tion de  cette  opération. 

Ainsi  que  je  vous  le  disais  il  y  a  un  instant,  c'est  à  Sigault 
que  revient  le  mérite  de  la  conception  et  de  l'application  de 
la  symphyséotomie  et  nullement,  comme  on  a  cherché  à  Tin- 
sinuer,  à  Séverin  Pineau. 

Mal  accueillie  dès  le  début  (1768)  par  l'Académie  de  chi^ 
rurgie,  mais  pratiquée  avec  succès  par  son  auteur  en  1777, 
l'opération  nouvelle  eut  bientôt  un  immense  retentissement 
et  provoqua  un  enthousiasme  extraordinaire.  La  Faculté  de 
médecine  ne  crut  pas  trop  récompenser,  en  faisant  graver 
une  médaille  en  son  honneur,  Sigault  qui  fut  considéré  par 
bien  des  gens  comme  un  bienfaiteur  de  l'humanité. 
Comme  toujours  quand  on  préconise  une  opération  nouvelle, 
les  cas  prétendus  justiciables  de  la  symphyséotomie  se  mul- 
tiplièrent à  Tenvie  à  Paris,  dans  les  provinces  et  à  l'étran- 
ger. Mais  bientôt  une  réaction  se  produisit  et  Ton  put  assis* 
ter  à  une  lutte  ardente  entre  les  symphysiens  et  les  césariens, 
lutte  à  laquelle  prirent  part  les  accoucheurs  de  tous  les 
pays. 


81  DE  LA   SYMPHYSÉOTOMIE 

Parmi  les  adversaires  acharnés  de  la  symphyséotomie  j*ai 
le  regret  d'être  obligé  de  vous  citer,  en  première  ligne,  Bau- 
delocque.  Ayant,  en  1778,  soutenu  une  thèse  dans  la- 
quelle il  se  prononçait  contre  Topération  de  Sigault,  il  ne 
voulut  jamais  revenir  sur  ce  premier  jugement.  Peut- 
être  est-ce  la  cause  de  sa  persistance  dans  ce  que 
je  considère,  moi,  comme  une  erreur.  Quoi  qu'il  en  soit, 
Baudelocque  qui  avait  cependant  fait  de  nombreuses  'expé- 
riences cadavériques  et  des  remarques  très  judicieuses  en 
vint  à  dire,  en  résumé,  que  quand  les  femmes  opérées 
de  symphyséotomie  mouraient,  c'était  incontestablement 
l'opération  seule  qu'il  fallait  incriminer  ;  qu'on  trouvait  à 
l'autopsie  des  lésions  aussi  nombreuses  qu'effroyables, 
telles  qu'un  médecin,  ce  pauvre  M.  de  Mathiis,  assistant  à 
l'autopsie  d'une  de  ses  opérées  «  à  la  vue  de  tant  de  désor- 
dres fut  tellement  ému  qu'il  s'en  trouva  mal  et  tomba  en 
syncope  ».  Quant  aux  femmes  guéries,  peut  être  quelques- 
unes,  dit  Baudelocque,  n'ont-elles  pas  été  opérées  ;  et  pour 
celles  chez  qui  il  ne  peut  nier  l'opération,  il  affirme  qu'elles 
ont  été  opérées  inutilement.  L'accouchement  aurait  eu  lieu 
spontanément  comme  en  témoignent  les  signes  d'immatu- 
rité des  enfants. 

Bref,  l'opération  recommandée  par  Sigault  ne  peut  donner 
de  bons  résultats  puisque,  d'après  ses  expériences,  Baudeloc- 
que affirme  que  les  symphyses  sacro-iliaques  se  déchirent 
pour  un  écartement  des  os  pubis  de  moins  de  deux  pouces  et 
demi  et  que  malgré  cet  écartement  l'augmentation  des  dia- 
mètres antéro-postérieurs  est  insuffisante  pour  laisser 
passer  Tenfant. 

L'anathème  de  Baudelocque  fut  répété  par  M"*«Lachapelle. 
Aussi,  bien  qu'Antoine  Dubois  eût  opéré  pour  la  deuxième 
fois  avec  succès  la  femme  Delaplace,  et  malgré  le  judi- 
cieux plaidoyer  de  Gardien  en  faveur  de  la  symphyséoto- 
mie, cette  opération  ne  tarda  pas  à  disparaître  de  la  pratique 
des  accoucheurs  français.  P.  Dubois  et  Désormeaux  la  con- 
damnent à  peu  près.  Si  Velpeau,  Jacquemier,  Cazeaux  ne 


PINARD  '  85 

la  repoussent  pas  absolument  et  pensent  même  qu'elle  peut 
avoir  ses  indications  dans  quelques  cas,  ils  ne  la  pratiquent 
pas.  Stoltz,  bien  qu'il,  ait  imaginé  un  procédé  nouveau  de 
symphyséolomie,  lui  préfère  l'opération  césarienne.  lien  est 
de  même  de  M.  Tarnierqui  cependant  a  écrit  dans  le  texte 
qui  accompagne  TAtlas  de  Lenoir,  M.  Sée  et  Tarnier  «  qu'il 
n'est  peut-être  pas  audacieux  ni  téméraire  de  penser  que  la 
symphyséotomie  sera  un  jour  le  complément  de  Taccouche- 
ment  prématuré  ».  J'ajouterai  enfin  que  M.  Bouchacourt  qui, 
dans  Tarticle  Symphyséotomie  du  Dictionyiaire  encyclopédi- 
que des  sciences  médicales,  article  très  intéressant  dont  je 
vous  recommande  la  lecture,  rapporte  qu'il  a  fait  avec 
M.  Folosson  des  expériences  sur  ce  sujet  et  se  montre  favo- 
rable à  l'opération,  surtout  en  s'appuyant  sur  les  résultats 
obtenus  par  l'école  de  Naplcs,  n'y  a  jamais  eu  recours. 

En  Allemagne,  E.  G.  J.  de  Siebold  a  formulé  peu  après  Bau- 
delocque  cette  appréciation  sur  la  symphyséotomie  :  a  il  y  a, 
dit-il,  une  grande  vérité  dans  le  jugement  de  Baudelocque 
qui  dit  a  que  toutes  les  fois  qu'on  a  sauvé  l'enfant  on  a 
tué  la  mère  ou  quand  on  a  sauvé  la  mère  on  a  tué  l'enfant. 
Quandles  deux  individus  ont  été  sauvés,  l'opération  n'était 
pas  nécessaire  ».  Et  plus  loin,  en  terminant  les  considéra- 
tions sur  l'opération,  il  ajoute  :  «  L'expérience  et  le  temps 
sont  suffisants  aujourd'hui  pour  permettre  de  porter  un 
jugement  définitif.  Pour  tous  ceux  qui  ne  sont  pas  aveu- 
gles, elle  ne  reste  plus  qu'une  curiosité  historique  et  c'est  à 
elle  qu'on  peut  appliquer  ce  précieux  proverbe  :  «  Félix  quem 
jaciunt  aliéna  pêricula  cautum  !  »  (1). 

C'est  à  peine  si  actuellement,  en  Allemagne,  il  est  question 
de  la  symphyséotomie,  même  à  titre  historique.  Zweifel  écrit, 
en  1889,  que  l'idée  même  en  est  fausse. 

Fehling  {î)  dit  :  «  Quand  la  femme  ne  vient  consulter  qu'à 


(1)  Euai  d'une  histoire  de  Vohstétricie  par  Siebold,  traduite  avec  additions, 
figures  et  appendices  par  le  professeur  F.-J.  Herrgott  (sous  presse). 

(2)  MuLLBB.  Handhirh  der  OeburtshUl/e,  1889. 


86  DK  La  symphyséotomib 

terme,  l'opération  césarienne  conservatrice  (opération  de  San- 
ger),  si  l'enfant  est  vivant  et  la  craniotomie  s'il  est  mort,  vau- 
drontbeaucoupmieuxquelasymphyséotomie.Jesuisd'accord, 
sur  ce  point,  avec  tous  les  accoucheurs  allemands,  anglais 
et  français  ». 

Winckel  (1889)  la  condamne  également.  Dans  la  4*  édition 
de  Fritsch  (de  Breslau),  1888,  il  n*estpas  question  de  lasym- 
physéotomie,et  dans  la  10*  édition  du  traité  de  Schrôder,  revue 
par  Olshausen  et  J.  Veit,  le  mot  n^existe  même  pas  à  la  table 
des  matières. 

Même  réprobation  de  la  part  des  accoucheurs  anglais. 

En  Italie,  au  contraire,  la  symphyséotomie  qui  avait  été 
dès  le  début,  acclamée  cojnme  un  bienfait  du  ciel,  prit  racine. 
Elle  y  fut  pratiquée  nombre  de  fois  depuis  le  commencement 
du  siècle  et,  depuis  quelques  années,  presque  exclusivement 
par  rÉcole  napolitaine.  Les  résultats  obtenus  furent  à  plu* 
sieurs  reprises  publiés  par  le  professeur  Morisani  (Congrès  de 
Londres,  Annales  de  Gynécologiey  1881  et  Annali  di  Obste- 
tricia,  1886)  quia  bien  voulu  m'en  voyer  les  résultats  obtenus 
depuis  1887  jusqu'à  ce  jour  et  dont  je  vous  donnerai  connais-* 
sance  dans  quelques  instants  (1). 

J'adresse  à  ce  sujet  au  Directeur  de  la  Clinique  obstétricale 
de  Naples  mes  plus  sincères  remerciements. 

Je  ne  m'arrêterai  à  discuter  pour  le  moment  ni  les  causes 
qui  ont  fait  abandonner  et  condamner  la  symphyséotomie  par 
le  plus  grand  nombre  des  accoucheurs,  ni  les  raisons  pour 
lesquelles  TÉcole  obstétricale  de  Naples  affirme  que  c'est  une 
opération  utile,  bienfaisante,  et  appelée  à  tenir  une  large 
place  en  obstétrique  opératoire.  Je  vous  rappellerai  seule- 
ment que  Tavènement  de  Tantisepsie  a  rendu  possibles  et  in- 
offensives, une  foule  d'opérations  jadis  graves  si  non  toujours 
mortelles  et  que  la  symphyséotomie  paraît  être  du  nombre. 

Dans  ces  nouvelles  conditions,  l'intérêt  du  débat  ré- 
side tout  entier  dans  la  solution  des  questions  suivantes  : 


(1)  Voyes  Annales  de  gf/nècologU:  et  éTohnêtt iquâ,  jtoiyier  1892. 


PINARD  87 

1*^  Peut-on  par  la  symphyséotomie  obtenir,  sans  lésions 
graves,  un  agrandissement  notable  dubassia?  Quel  peut-être 
cet  agrandissement? 

2^  La  symphyséotomie  est-elle  à  la  portée  de  tous  les 
accoucheurs  et  comment  doit- on  la  pratiquer  ? 

3**  Qu'elles  sont  les  suites  de  Topération  relativement  à  la 
consolidation  du  bassin,  à  la  station  debout,  à  la  marche  et 
à  des  grossesses  ultérieures. 

I.  —  Quant  à  la  première  question,  les  résultats  publiés 
par  Baudelocque  et  par  ceux  qui,  depuis  Baudelocque,  ont 
cherché  à  élucider  cette  question  paraissent  absolument  con- 
tradictoires. 

Pour  les  uns  la  symphyséotomie  ne  ferait  gagner  que 
quelques  millimètres  aux  diamètres  antéro-postérieurs.  Pour 
les  autres,  ces  diamètres  augmenteraient  bien  davantage. 
Mais  ceux-là  même  qui  concèdent  cet  agrandissement  pen- 
sent qu'il  ne  peut  être  obtenu  sans  que  les  ligaments  des 
symphyses  sacro-iliaques  se  déchirent,  sans  une  véritable 
dislocation  du  bassin  aux  conséquences  redoutables.  Tâchons 
d'expliquer  ces  contradictions  et  cherchons  la  vérité  à 
l'aide  des  documents  anciens  et  de  quelques  expériences  que 
j'ai  faites  avec  la  collaboration  du  professeur  Farabeuf  et  de 
mon  chef  de  Clinique,  le  D*^  Varnier. 

Sans  tirer  de  conclusions,  voyez  d*abord  cette  coupe  faite 
suivant  le  plan  du  détroitsupérieur  d  un  bassin  de  10  c.  8  pro- 
venant d*une  femme  morte  de  néphrite  9  jours  après  un 
accouchement  à  terme,  et  que  M.  Labadie-Lagrave,  médecin 
de  la  Maternité  et  M.  Gouget,  son  interne,  ont  mis  gracieuse* 
ment  à  ma  disposition  (pi.  I  et  II).  Moyennant  un  écartement 
pubien  de  6  centimètres,  ce  bassin  de  10  c.  8  est  devenu  un 
bassin  de  12  c.  4,  c'est-à-dire  que  le  diamètre  antéro-postérieur 
a  gagné  14  millimètres.  L'articulation  sacro-iliaque  est  béante 
en  avant  ;  les  puissants  ligaments  postérieurs  sont  intacts  et 
ne  sauraient  souffrir  de  Técartement  des  pubis  quelle  qu'en 
soit  l'étendue  ;  le  mince  ligament  antérieur  qui,  lui,  résiste 
à  Técartement  n'est  même  pas  déchiré,  mais  simplement 


86  DE   LA    SYMPHYSÉOTOMIE 

décollé  de  la  face  antérieure  de  l'os  iliaque.  J'enlève  Tindex 
de  bois  qui  fixait  Técartement  et  je  referme  le  bassin  (pi.  II); 
les  surfaces  de  l'articulation  sacro-iliaque  se  rapprochent  et 
il  faut  y  regarder  de  près  pour  retrouver  traces  du  décolle- 
ment. 

Voyez  cette  autre  coupe  qui  intéresse  aussi  bien  le  chirur- 
gien que  l'accoucheur.  Elle  a  été  moins  heureuse  que 
la  précédente  ;  la  scie  a  notablement  dévié  sur  la  gauche 
du  plan  du  détroit  supérieur.  Vous  pouvez  voir  néanmoins 
que  pour  un  écarteraent  de  3  centimètres  les  ligaments  anté- 
rieurs des  symphyses  sacro-iliaques  ne  sont  même  pas  décol- 
lés. Pourtant,  Messieurs,  il  s'agit  là  d  un  bassin  de  vieille 
femme,  morte  en  dehors  de  tout  état  puerpéral. 

Ainsi,  sur  ces  deux  bassins  dont  l'un  est  vicié  et  l'autre 
normal,  dont  l'un  appartenait  à  une  femme  âgée  non  puer- 
pérale, et  l'autre  à  une  femme  morte  en  couches,  vous 
pouvez  faire  des  constatations  presque  identiques  et  vous 
persuader  :  1**  que  l'agrandissement  est  possible  ;  qu'il  est  no- 
table ;  2''  que  maintenu  dans  des  limites  utiles,  il  se  fait  sans- 
autre  altération  du  bassin  qu'un  décollement  des  ligaments 
antérieurs  des  symphyses  sacro-iliaques. 

Pour  vous  rendre  compte  de  l'agrandissement  des  bassins 
viciés  moyennant  un  écartement  inter-pubîen  de  six  centi- 
timètres,  il  vous  suffira  de  regarder  les  deux  figures  ci- 
jointes  (fig.  1  et  fig.  2)  qui  ont  été  construites  par  M.  Fa- 
rabeuf  pour  schématiser  les  résultats  que  nous  avons  ob- 
tenus et  que  l'on  doit  toujours  obtenir,  mathématiquement. 
Vous  y  verrez,  ce  que  Baudelocque  avait  déjà  constaté  :  un 
agrandissement  d'autant  plus  considérable  que  le  rétrécisse- 
ment est  plus  accusé.  Et  les  légendes  suggestives  qui  les 
accompagnent  compléteront  ma  pensée. 

Je  laisse  de  côté  d'autres  points  secondaires  qui  sont  à 
l'étude.  11  me  suffit  pour  l'instant  de  vous  avoir  montré  ce 
que  peut  vous  donner  sans  grands  désordres  articulaires  la 
symphyséotomie. 

II.  —  La  plupart  de  ceux  qui  ont  pratiqué  cette  opération^ 


FiG.  I.  —  Coupe  pusIlÈle  au  plan  du  détroit  Bupérieur  d'un  bissin  trèn 
rétréci  ni-flot  un  dinmètrc  promonto- pubien  <Ic  <S  cent.  —  reprfeentË  gria 
ft^-ant  In  section  delà  sympliyse  et  blanc  aprèa  l'écartcnicnt  de  60  inillim. 
perfliis:par  cette  Mction. 

Le  diamètre  de  la  sphère  blnncbe  acocptîe  par  le  bassin  Cc3rt£  est  au 
dûinètre  de  la  sphère  BT'ai:  ajUBtêe  au  basiîu  intact  comme  81  :  60.  Le 
YoluiDe  de  la  sphère  blanche  est  au  volume  de  la  ipbère  grise  :  :  310  :  1J3 
preique  le  triple  ! 


DE  LA  SYHPHTSâOTOMIE 


Fia.  2.—  Coupe  panUlèk  au  détroit  supérieur  d'un  basaiD  moJfrâiueDt 
rétréci,  ayant  un  diamètre  proinonto-pubien  de  S  cent.  —  représenté  srû 
avant  la  symphyséotomie,  blanc  aprte  l'écartement  de  60  miUim.  permla 
par  cette  opératiua. 

Le  diamùtre  de  la  sphère  blanche,  acceptée  par  le  baesÎD  dilaté,  est  ou 
diamètre  de  la  ephère  sriee  ajustée  au  bas^ia  Intact,  comme  OS  ;  80.  Le 
volume  de  la  sphère  blanche  est  A  celui  delà  sphère  griie  :  :  483:  2S7, 
presque  le  double.  Autrement  :  un  fœtas  de  3000  gr.  sera  plus  petit  pour  le 
bassin  coupé  qu'un  ftctos  de  2000  gr.  pour  le  bassin  Intact. 


PINARD  91 

la  considèrent  comme  relativement  facile,  quel  qne  soit  le 
manuel  opératoire  mis  en  œuvre.  M.  le  D'  Spinelli,  ancien 
assistant  du  professeur  Morisani,  a  bien  voulu  non  seule- 
ment me  donner  les  renseignements  les  plus  complets  sur 
les  différents  procédés  eaiployés  en  Italie,  mais  encore 
exécuter  devant  nous  cette  opération  sur  le  cadavre  telle 
qu'on  Texécute  à  Naples.  Je  lui  adresse  à  ce  propos  mes 
remerciements,  car,  fervent  apôtre  de  la  symphyséoto- 
mie,  il  a  tout  fait  pour  entraîner  notre  conviction.  Je  cfois 
que  ce  manuel  opératoire  peut  être  simplifié  et  rendu 
plus  sûr;  je  suis  convaincu  que  dans  la  plupart  des  cas,  la 
symphyséotomie  sera  facile;  qu'on  peut  sectionner  la  sym- 
physe sans  craindre  de  léser  ni  la  vessie,  ni  le  péritoine,  et 
qu'il  n'est  pas  nécessaire  d'avoir  à  sa  disposition  un  appa- 
reil instrumental  compliqué. 

Ce  qui  me  parait  raisonnable,  le  voici  : 

Je  ne  repousse  pas  formellement  les  instruments  ostéo- 
tomes  employés  ordinairement;  je  crois  même  qu'il  est  sage 
et  prudent  de  les  avoir  à  sa  disposition. 

Mais  j'estime  que  le  simple  bistouri  à  lame  courte,  solide 
et  pourtant  assez  mince,  suffira  et  sera  préférable  dans  la 
majeure  partie  des  cas. 

Toutes  les  précautions  antiseptiques  prises^  tous  les  ins- 
truments chirurgicaux  et  obstétricaux  préparés,  je  placerais 
la  femme  dans  le  décubitus  dorsal  parfait  au  bord  d*un  lit  de 
hauteur  modérée  afin  de  pouvoir  la  dominer  de  mon  regard 
tombant  à  pic  sur  la  ligne  médiane  qu'il  s'agit  d'inciser.  Je 
me  placerais  à  droite  de  la  patiente  très  rapprochée  de  moi. 

Ayant  rasé  le  pubis  et  marqué  au  besoin  au  cordeau  et  à  la 
teinture  la  ligne  médiane  stemo-clitoridienne,  j'inciserais 
les  téguments  et  la  graisse  prépubienne  attentivement,  sur 
cette  ligne,  en  tenant  mon  bistouri  incliné  et  marchant  rigou- 
reusement dans  le  plan  vertical  médian. 

Une  incision  de  8  à  10  cent,  me  paraît  convenir  :  elle  abou- 
tirait au-dessus  du  clitoris  et  là  seulement  elle  se  dévierait 
légèrement  pour  épargner  cet  organe  et  ses  vaisseaux. 


92  DE  Là  SYHPHYSÉOTOMIE 

Je  séparerais  alors  les  muscles  droits  dans  la  partie  sapé* 
rieure  de  la  plaie  pour  permettre  au  doigt  d'entrer  dans  la 
cavité  prévéslcale,  de  protéger  la  vessie  et  de  sentir  le  bour- 
relet. Alors,  ayant  repris  notion  nette  de  la  ligne  médiane, 
j'inciserais  la  symphyse  de  haut  en  bas  et  d'avant  en  arrière 
par  plusieurs  traits  de  bistouri. 

Si  j'en  juge  d'après  le  cadavre,  quand  la  symphyse  est 
coupée,  les  pubis  s'écartent  un  peu  d'eux-mêmes.  Au  besoin 
je  ferais  solliciter  cet  écartement  par  deux  aides  agissant 
sur  les  cuisses. 

Je  réserverais  le  ligament  sous-pubien  pour  la  fin  ;  je  n'y 
porterais  la  pointe  qu'avec  réserve,  j'essaierais  d'abord  de  le 
forcer  avec  le  doigt.  Je  ne  m'arrêterais  qu'après  avoir  pu 
passer  à  l'aise  le  doigt  entre  les  pubis  dans  toute  leur  hauteur. 
Et  même  je  voudrais  alors,  avant  toute  tentative  obstétri- 
cale, m'assurer  en  provoquant  une  prudente  abduction  des 
cuisses  que  la  section  est  complète,  qu'il  ne  reste  rien  en 
avant  dont  le  foetus  ait  à  triompher  par  la  violence  et  au 
péril  de  sa  vie,  c'est-à-dire  que  les  pubis  peuvent  s'écarter 
de  4  à  6  cent. 

Après  m'être  assuré  ainsi  que  les  pubis  sont  libres,  que 
les  ligaments  antérieurs  sacro-iliaques  permettent  un  écar- 
tement notable,  je  remplirais  et  couvrirais  la  plaie  antisep- 
tiquement  (pansement  provisoire)  et  je  redeviendrais  accou- 
cheur. 

III.  —  Ceci  étant  dit,  j'arrive  à  la  3*  question  :  Dans  quelles 
conditions  s'observe  et  s'effectue  la  consolidation  du  bassin 
après  la  symphyséotomie  ? 

Nous  savons  déjà,  par  des  observations  assez  nombreuses, 
qu'après  la  rupture  spontanée  ou  artificielle  de  la  symphyse 
pubienne,  pendant  le  travail,  la  consolidation  du  bassin  est 
la  règle.  J'ai  eu  pour  ma  part  l'occasion  d'en  observer  un 
bel  exemple.  Le  25  décembre  1883,  en  faisant  une  applica- 
tion de  forceps  dans  mon  service  à  Lariboisière,  chez  une 
femme  avant  un  rétrécissement  du  bassin,  j'entendis  au 
moment  où, avec  un  seul  doigt,  je  faisais  exécuter  à  l'instru- 


PINARD  93 

ment  et  à  la  tête  le  mouvement  de  rotation,  un  craquement 
sonore.  Après  l'extraction  complète,  n*ayant  constaté  aucun 
enfoncement  sur  la  tète  de  Tenfant  qui  se  portait  très  bien, 
je  pratiquai  le  toucher  et  reconnus  avec  effroi  que  la  sym- 
physe était  rompue  et  qu'on  pouvait  loger  deux  doigts  dans 
Técartement  des  pubis.  Six  semaines  après,  sans  application 
d'aucun  appareil  contentif,  cette  femme  quittait  ma  Mater- 
nit-é,  marchant  aussi  bien  qu'avant  son  accouchement.  J'ajou- 
terai que  devenue  enceinte  une  seconde  fois,  cette  femme 
quiavaitun  rétrécissement  assez  prononcé,  accoucha,  à  terme 
et  spontanément. 

J'étais  donc  déjà  confiant  dans  une  certaine  mesure  et 
cette  observation  m'avait  donné  beaucoup  à  réfléchir.  De 
plus,  je  savais  qu'Antoine  Dubois  avait  pratiqué  la  symphy- 
séotomie  chez  une  femme  qui  la  subissait  pour  la  2*  fois  et 
qui  cependant  se  rétablit  parfaitement.  Mais  les  résultats 
tout  récents  observés  àNaples,  et  rapportés  en  particulier 
par  Morisani,  ne  laissent  plus  planer  aucun  doute.  A  la  suite, 
de  la  symphyséotomie,  la  consolidation  du  bassin  s'effectue 
et  même,  d'après  les  renseignements  qui  m'ont  été  four- 
nis par  le  D'  Spinelli  et  le  P'  Morisani,  dans  un  laps  de 
temps  assez  court,  environ  un  mois.  Il  est  évident  qu'il  faut 
s'efforcer,  pendant  la  cicatrisation,  d'immobiliser  le  bassin 
soit*  à  l'aide  de  la  ceinture  plâtrée  qui  a  fait  ses  pi'euves, 
soit  à  Taide  d'une  ceinture  mécanique,  d'une  gouttière  de 
Bonnet,  etc.  Voilà  ma  réponse  à  la  3*  question. 

Or  si  ces  trois  réponses  sont  vraies,  si  la  section  du  pubis 
constitue  une  opération  relativement  facile,  si  un  écartement 
de  six  centimètres  donne  Tagrandissement  que  je  vous  ai 
annoncé,  si  ta  consolidation  consécutive  du  bassin  ne  fait 
pas  défaut,  je  me  demande  pourquoi  nous  laisserions  l'Ecole 
de  Naples  jouir  seule  de  ces  bienfaits. 

N'est-il  pas  temps  de  lutter  et  de  réagir  contre  Tanathème 
formulé  par  Baudelocque?  N'est-on  pas  autorisé  à  l'heure 
actuelle,  avec  les  éléments  dont  nous  disposons,  à  réviser  les 
jugements  de  nos  anciens  ?  Est-ce  que  les  méfaits  attribués 
à  la  symphyséotomie  ne  relevaient  pas  le  plus  souvent  de 


94  DE  LA  SYMPHYSÉOTOMIE 

rinfection  et  non  de  Topération  en  elle-même  ?  Est-ce  que 
les  Dubois,  les  Désormeaux  qui,  sans  condamner  la  symphy- 
séotomie  ne  la  pratiquaient  pas,  n'avaient  pas  pris  ce  parti 
parce  qu'ils  savaient  combien  alors  toute  opération  pratiquée 
pendant  le  travail  était  dangereuse  ?  Qui  sait  si  le  basiotribe 
lui-même,  n'aurait  pas  été  incriminé  et  vilipendé  s'il  avait 
vu  le  jour  en  même  temps  que  l'opération  de  Sigault? 

Les  succès  nombreux  de  l'opération  césarienne  sont-ils 
dus  exclusivement  aux  modifications  apportées  très  heureu- 
sement Je  le  reconnais, par  Porro  et  Sânger?  Assurément  non. 
Ils  sont  dus  surtout  à  Tantisepsie.  Eh  bien,  ne  peut-on  faire 
pour  la  symphyséotomie  ce  qui  a  été  fait  pour  l'opération  cé- 
sarienne ?  Est-ce  que  nos  collègue^  de  Naples  ne  nous  ont 
pas  montré  Texemple  ?  Comment,  quand  je  recevais  hier  une 
statistique  du  professeur  Morisani  dans  laquelle  je  lis  que  sur 
12  symphyséotomies pratiquées  à  la  clinique  obstétricale  de 
Naples,  il  a  eu  12  mères  guéries  et  onze  enfants  vivants,  je  ne 
•devrais  rien  faire  pour  suivre  un  tel  exemple  et  obtenir  de 
pareils  résultats  !  Tel  n'est  point  mon  avis. 

Et  si  je  ne  me  trompe,  la  symphyséotomie  qui  a  eu  la  mau- 
vaise fortune  d'être  enfantée  par  un  homme  sans  autorité  en 
accouchements  et  qui  ne  pouvait  que  la  compromettre,  s  ap- 
puyant aujourd'hui  sur  l'antisepsie,  s'éclairant  des  connais- 
sances plus  exactes  que  nous  possédons  sur  les  rétrécisse- 
ments du  bassin,  guidée  par  la  sûreté  de  nos  procédés 
d'exploration,  profitant  des  perfectionnements  de  nos  techni- 
ques opératoires  deviendra,  comme  l'a  prédit  M.  Tarnier,  le 
complément  de  l'accouchement  prématuré  dans  bien  des  cas. 
et  se  substituera  à  l'embryotomie  et  à  l'opération  césarienne 
dans  bien  d'autres,  en  ne  laissant  à  celles-ci  qu'un  champ  très 
restreint  où  elles  régneront  seules  sans  partage. 

Et  je  souhaite  ardemment  de  ne  pas  me  tromper,  car  si  je 
suis  dans  la  vérité,  la  vie  de  bien  des  femmes  et  de  bien  des 
enfants  sera  sauvegardée  et  les  accoucheurs  n'auront  plus 
à  s'imposer  le  supplice  de  broyer  des  enfants  pleins  de  vie 
quils  ont  mission  de  sauver. 


MORE  HADBEN  95 


DES  MAUIlDIES  des   TROMPES    DE    FALLOPE    ET    DE 

LEUR   TRAITEMENT 

Par  Th.  More  Sladden  (1).  Traduction  par  le  D'  R.  Labusquiëre. 


C  est  seulement  dans  ces  dernières  années  qu'on  est  arrivé 
à  réunir  les  éléments  du  diagnostic  différentiel  des  maladies 
des  trompes  de  Fallope,  et  à  leur  opposer  un  traitement 
radical,  eflBcace.  Ces  progrès,  on  les  doit  surtout  à  rensei- 
gnement et  à  la  pratique  de  L.  Tait,  ainsi  qu'à  quelques  autres 
chefs  de  Técoie  moderne  de  la  chirurgie  abdominale.  Toute- 
fois, il  n'est  pas  inutile  de  rappeler,  détail  ignoré  par  un  grand 
nombre,  que  les  troubles  des  annexes  de  Tutérus  étaient 
assez  connus  de  beaucoup  d'auteurs  anciens.  La  pathologie 
de  ces  organes  fut  étudiée  en  détail  plus  particulièrement  par 
Astruc  (2)  (de  Paris)  en  1761,  et  par  Kruger  (3)  (de  GOttin- 
gen)  en  1782,  tandis  que,  de  leur  côté,  d'autres  auteurs  com- 
muniquaient des  exemples  remarquables  d'affections  tubaires 
désignées  aujourd'hui  sous  les  noms  de  pyosalpinx,  d'hydro- 
salpinx,  etc.  Ainsi  Portai  (4)  emprunte,  inter  alla,  un  cas  de 
de  Haen  d*  «  abcès  de  la  trompe  gauche  qui  contenait  dix- 
huit  pintes  de  pus  »,  et  un  autre  de  Munieks  d'  «  énorme 
tumeur  kystique^  tubaire^  dont  le  contenu  dépassait  cent 
gallons  l  »  Il  cite  également,  d'après  Harden,  l'exemple  d'une 
femme  «  dont  Vune  des  trompes^  kystique,  contenait  cent^ 
quarante  livres  d'un  liquide  aqueux  l  »  Bayley  (5), 
Hooper  (6)...,  etc.,  relatèrent  également  des  f^its  de  cet  ordre 
et  surtout,  un  peu  plus  tard,  Davis  (7),  qui  exposa  très  net- 

(1)  I%e  Dubh  J,o/med.  Sciences,  janvier  1892,  p.  18. 

(2)  ASTRCG.  Trait,  des  mal.  des  femmes  ,  Paris,  1701. 

(3)  KbuoXB.  Patholog.  Otat,  Mnliehrum.  Gôtt,  1782. 

(4)  POUTAL.  Cours  d'anatQmie  méd.,  t.  V,  p.  540. 

(5)  Bailky.  Diseases  of  the  vtervs,  etc. y  p.  r)04. 

(6)  HooPSB.  3forb,  Anat.  of  the  Suman  Utérus,  p.  3. 

(7)  Davib.  Obst  medio.  and  Diseases  of  womb,,  vol.  II,  p.  7,760. 


96       MALADIES   DES  TROMPES   DE;  FALLOPE.    TRAITEMENT 

tement  les  symptômes  et  la  pathologie  des  trompes  comme 
on  les  comprenait  alors  ."On  peut  faire  dater  de  cette  époque 
la  conception  médicale  que  les  trompes  de  Fallope,  qui  ont 
avec  la  matrice  des  connexions  si  étroites  de  structure  et  de 
fonctions,  sont  aptes  à  devenir  le  siège  de  processus  inflam- 
matoires analogues  à  ceux  qui  affectent  cet  organe,  quelles 
que  soient  d'ailleurs,  les  différences  symptomatiques  qui  déri- 
vent de  Torganisation  et  des  rapports  qui  leur  sont  propres. 
Les  maladies  qui  peuvent  ainsi  se  propager  aux  trompes 
non  seulement  par  leur  orifice  utérin,  mais  encore  par  leur 
extrémité  péritonèale  libre,  ou  bien  qui  peuvent  naître  dans 
leur  tissu,  sont  d*abord  Tinflammation,  ou  salpingite,  avec 
ses  conséquences,  pyo  et  hydro-salpinx,  dont  les  causes  les 
plus  habituelles  sont  vraisemblablement  Tinfection  gonor- 
rhéique  et  la  septicémie  puerpérale.  Indépendamment  de  ces 
infections,  la  trompe  peut  être  le  siège  de  tumeurs  enkystées, 
fibro-muscuiaires  et  malignes. 

I.  —  Salpingite  AIGUË 

On  peut  passer  d'autant  plus  rapidement  sur  la  salpingite 
aiguë  que,  la  plupart  du  temps,  l'affection  tubaire  n'est  sou- 
mise à  Texamen  gynécologique  que  lorsqu'elle  est  déjà  deve- 
nue chronique.  Le  plus  souvent,  elle  se  rencontre  dans  l'état 
puerpéral  où  elle  s'installe  comme  complication  ou  consé- 
quence de  la  septicémie.  Son  développement  se  manifeste 
par  des  douleurs  profondes,  lancinantes,  irradiant  do  la 
région  iliaque  vers  les  aines  et  les  cuisses,  et  par  de  la  tumé- 
faction et  de  la  sensibilité  le  long  des  ligaments  larges,  con- 
ditions appréciables  par  l'exploration  bimanuelle.  Il  est  pos- 
sible, dans  cet  examen,  de  reconnaître  les  contours  sinueux 
des  trompes  hyperhémiées,  et  augmentées  de  volume.  La  ter- 
minaison la  plus  habituelle  de  la  salpingite  aiguë,  c'est  son 
passage  à  l'état  chronique.  Elle  peut  aussi  être  suivie  de 
guérison,  aussi  bien  qu'amener  l'oblitération  du  canal  tubaire 
sur  un  point  quelconque  de  son  trajet,  par  soudure  de  ses 


MOnfi   MADDEN  97 

parois  par  des  exsudais  inflammatoires^  plastiques.  En  ce 
qui  concerne  le  traitement  de  ces  formes,  je  ne  connais  rien 
en  dehors  des  opiacés  pour  calmer  la  douleur,  et  de  l'usage 
comËiné  de  la  quinine  et  de  Tiodure  de  potassium  ou  du 
bichlorure  de  mercure.  Les  irrigations  d'eau  chaude  vaginales, 
rectales,  les  fomentations  externes,  sont  évidemment  indi- 
quées, mais  elles  sont  plus  propres  à  se  montrer  efficaces 
dans  les  cas  desalpingite  catarrhale,  aiguë.  Par  contre,  il  est 
fort  difficile  de  voir  quel  bénéfice  peut  résulter  de  la  contre- 
irritation  produite  par  les  vésicatoires  ou  par  les  larges  onc- 
tions mercurielles,  moyens  qui,  bien  qu^encore  employés 
dans  ces  cas,  sont  plus  capables  d'ajouter  aux  malaises 
du  patient  que  de  guérir  son  mal. 

IL  —  Salpingite  chronique 

La  salpingite  peut  être  uni-  ou  bilatérale.  Le  plus  souvent, 
elle  est  bilatérale,  bien  qu'à  des  degrés  divers  d'intensité.  Elle 
reconnaît  des  causes  extrinsèques  (gonorrhée,  infection 
puerpérale,  processus  catarrhal)  ou  locales  (dépôts  tubercu- 
leux et  cancéreux  dans  les  trompes).  En  outre,  ce  qu'on  pou- 
vait facilement  prévoir,  la  salpingite  et  ses  complications  se 
rencontrent  plus  communément  chez  les  femmes  qui  sont 
dans  la  première  période  de  la  vie  maritale,  en  pleine 
activité  génitale,  que  chez  les  sujets  plus  avancés  en  âge  et 
peu  passionnés.  Aussi  le  D<*  Bland  Sutton  qui,  au  cours  de 
ses  recherches  pathologiques,  a  eu  souvent  l'occasion  d'exa- 
miner les  organes  de  femmes  de  mauvaise  vie,  a  constaté 
dans  la  plupart  des  cas  l'existence  d'hydro-  et  pyo-salpinx,  et 
dans  quelques-uns  la  réduction  de  la  trompe  à  un  cordon 
imperméable,  en  même  temps  que  les  ovaires  étaient  atro* 
phiés,  parfois  même  méconnaissables.  La  fréquence  de  ces 
affections  tubaires  de  20 à  35  ans,  et  leur  rareté  passé  40  ans, 
l'ont  conduit  à  penser  que  lorsque  les  sujets  survivent  aux 
dangers  inhérents  à  l'inflammation  et  à  la  distension  de  la 
trompe,  les  parties  malades  s'atrophient. 

Â3V,  DS  QY^.  —  VOU  ZZZVII.  7 


98        MALADIES   DES  TROMPES  DE  FALLOPE.   TRAITEMENT 

Ssrxnptômes.  —  Les  symptômes  généraux  de  la  salpingite 
chronique  avant  que  la  maladie  ait  abouti  éventuellement  à 
la  formation  d'un  pyo-ou  hydro-salpinx  se  distinguent  à  peine 
de  ceux  de  1  ovarite  qui  coexiste  en  général.  Plus  tard,  ses 
effets  et  ses  phénomènes  cliniques  sont  presque  identiques  à 
eeux  de  la  cellulite  ou  de  la  périmétrite  pelvienne,  et  dans  les 
premiers  jours,  on  la  confond  avec  cette  maladie.  De  ces 
symptômes  de  la  phlegmasie  chronique  des  oviductes,  le  plus 
knportant  consiste  dans  la  répétition  d'accidents  ménorrha- 
gigues,  ne  comportant  pas  d^autre  explication  et  compliqué 
soit  de  dysménorrhée,  soit  de  menstruation  prolongée  ou  pro- 
ftise.  Dans  ces  cas,  la  patiente  accuse  en  outre  une  douleur 
intrapelvienne  spéciale,  profonde,  lancinante,  se  faisantsen- 
tir  dans  les  régions  sacrée  et  inguinale,  et  irradiant  vers  les 
cuisses.  A  ce  moment,  on  peut  observer  encore  des  troubles 
généraux  avec  réaction  fébrile,  des  frissons  signes  de  sup- 
puration, et  dans  quelques  cas  des  hémorrhagies  ou  des 
écoulements  aqueijx  se  faisant  par  Tutérus  dans  les  périodes 
inter menstruelles.  Il  est  également  possible,  à  cette  époque, 
de  constater  de  la  tuméfaction  et  de  la  sensibilité  au  niveau 
de  la  trompe. 

La  pathologie  du  pyo  :  et  hydro*  salpinx  a  été  récemment  soi 
gneusement  étudiée  par  un  éminent  pathologiste,  et  je  ne 
puis  mieux  faire  que  de  lui  emprunter  le  passage  suivant  (1)  : 
«  PyO'Salpinx.  »  Dans  les  cas  graves  de  salpingite  après 
occlusion  de  Vostium  abdominale,  laquelle,  en  général,  est 
associée  à  la  sténose  de  Vostium  uterinum,  le  pus  est  aussi 
sûrement  circonscrit,  enclos  dans  la  trompe  que  s*il  s^agis* 
sait  d*un  abcès  profond,  et  il  évolue  à  la  manière  d*un  abcès. 
Les  parois  de  la  trompe  distendues  par  le  pus  de  plus  en  plus 
abondant,  s'amincissent  peu  à  peu,  et  contractent  des  adhé- 
rences avec  les  organes  voisins  :  ovaire,  utérus,  rectum, 
intestin  ou  ligament  large.  La  paroi  de  la  trompe  continue  à 
s'amincir  jusqu*à  ce  que,  sous  Tinfluence  d*un  léger  effort, 

(1)  Lancet,  6  décembre  1891. 


MORE   MADDEN  .    99 

elle  crève.  Si  le  pus  tombe  dans  la  cavité  péritonéale,  il  sur- 
vient une  péritonite  infectieuse,  rapidement  mortelle.  Le 
pyo-salpinx  a  une  grande  tendance  à  s^ouvrir  dans  le  rec- 
tum. Quand  un  pyo-salpinx  est  en  contact  avec  Tintestin, 
son  contenu  purulent  devient  extrêmement  fétide  par  osmose 
des  gaz  intestinaux.  Les  rapports  du  pyo-salpinx  avec  le 
rectum  doivent  être  étudiés  en  même  temps  que  les  abcès 
tubo-ovariques.  Le  premier  effet  de  la  salpingite  sur  l'ovaire 
consiste  dans  Tépaississement  de  la  capsule  de  cet  organe,  et 
s*ily  a  épanchement  de  lymphe,  il  peut  se  produire  des  adhé- 
rences périmétriques  étendues  et  organisées.  Les  consé- 
*quences  de  l'épaississement  de  la  capsule  ovarique  sont  de 
.deux  ordres.  D'abord,  il  empêche  la  rupture  des  follicules 
ovariques  mûrs,  et  la  tension  développée  est  Torigine  de 
troubles  sérieux  et  de  vives  souffrances.  D*autrepart;  comme 
les  follicules  ne  peuvent  déverser  leur  contenu,  il  arrive  que 
les  ovaires^  qui  sont  longtemps  le  siège  d'une  péri-ovarite, 
se  transforment  largement  en  espaces  kystiques,  et  que  deux 
ou  plusieurs  de  ces  espaces  fusionnant,  ils  forment  une  cavité 
kystique  ayant  les  dimensions  d'une  noix.  Comme  ce  kyste 
tend  à  se  rapprocher  de  la  surface  par  résorption  de  tissu,  il 
arrive  assez  fréquemment  qu'il  prend  contact  avec  la  poche 
purulente,  tubaire,  contact  qui  est  favorisé  par  l'action  du 
ligament  tubo-ovarique.  Puis  des  phénomènes  de  résorption 
se  produisant  au  niveau  des  parois  de  contact  de  ces  poches, 
la  communication  s'établit,  donnant  lieu  à  un  kyste  tubo- 
ovarique,  qui,  éventuellement,  peut  s'ouvrir  et  écouler  à 
intervalles  réguliers  son  contenu  dans  le  rectum. 

Lorsque  la  virulence  du  pus  d'un  pyo-salpinx  n'est  pas 
grande,  il  ne  provoque  que  peu  de  symptômes.  C'est  cette 
forme  de  pyo-salpinx  qui,  suivant  l'opinion  du  D'  Sutton, 
distendu  peu  à  peu  par  du  liquide,  se  transforme  éventuel- 
lement en  hydro-salpinx,  lequel,  en  général,  peut  être  regardé 
comme  un  stade  tardif  du  pyo-salpinx. 

Il  est  des  attaques  plus  légères,  qui  méritent  d'être  décrites 
sous  le  nom  decafarrhe  de  la  trompe  et  qui, comme  le  catarrhe 


100     MALADIES   DBS  TROMPES   DE   FALLOPE.   TRAITEMENT 

nasal)  gastrique,  disparaissent  sans  laisser  aucane  trace. 
Mais  si  Tinflammation  est  assez  intense  pour  prodnire  Fobli* 
tération  des  orifices  tubaires  la  lésion  est  définitive,  et  si 
les  deux  trompes  sont  affectées^  elles  perdent  leur  fonction,  et 
deviennent  une  source  de  graves  dangers.  Les  orifices 
tubaires  oblitérés,  Toviducte  ressemble  à  un  uretère  obstrué  ; 
plus  d'écoulement  pour  le  liquide  sécrété  par  ses  glandes  ou 
exsudé  passivement  dans  sa  cavité,  d'où:  production  de 
kystes  par  rétentioii.  Le  liquide  est  tantôt  décoloré,  tantôt 
verdâtre,  par  suite  de  la  présence  de  cholestérine. 

En  quelques  cas,  le  liquide,  ainsi  qu'il  a  été  établi  précé- 
demment, peut  s'écouler  à  intervalles  irréguliers  par  l'utérus, 
constituant  ce  qu'on  a  appelé  Vhydropisie  tubaire  pro^ 
fluente^  conséquence,  selon  le  D'  Sutton,  d'une  fistule  tu- 
baire. En  d'autres  cas,  Técoulement  peut  se  faire  par  l'ori- 
fice tubaire  abdominal,  provoquant  tantôt  une  péritonite, 
tantôt  un  hydro-peritoneurriy  qu'A.  Doran  a  défini  :  une  col^ 
lection  liquide  dans  la  cavité  péritonéale  qu'on  ne  peut 
rapporter  à  aucune  maladie  organique  appréciable^  sauf 
à  une  salpingite  chronique  avec  perméabilité  de  la  trompe. 

Traitement.  —  Dans  le  traitement  de  la  salpingite 
chronique,  et  dupyo-oude  l'hydro-salpinx  qui  la  compliquent, 
il  semble  qu'on  oublie  trop  souvent  que  le  gynécologue  doit 
viser  tout  à  la  fois  la  restauration  de  l'intégrité  fonctionnelle 
et  anatomique  de  Torgane,  et  ne  se  contenter  de  la  première 
que  lorsqu'il  y  a  impossibilité  à  obtenir  les  deux.  Se  plaçant 
à  ce  point  de  vue,  on  a  préconisé  plusieurs  modes  d'inter- 
vention :  a)  évacuation  du  contenu,  purulent  ou  séreux,  au 
moyen  de  l'aspiration  (Routh,  M.  Madden)  ;  b)  incision  par 
le  vagin,  suivie  du  lavage  de  la  trompe  évacuée  (Sainclair); 
c)  curettage  de  l'endometrium  autour  de  l'ostium  uterinum 
delà  trompe  et  opération  d'Emmet;  d)  traitement  électrique 
suivant  la  méthode  d'Apostoli  ;  e)  laparotomie  conservatrice, 
c'est-à-dire,  section  abdominale  dans  le  but  d'aspirer  le  con- 
tenu des  trompes  kystiques,  ou,  suivant  la  proposition  émise 
par  A.  Doran,  pour,  dans  quelques  cas,  détruire  les  adhé- 


MORE  MADOEN 


101        3 


rences  et  libérer  les  organes  malades  ;  f)  section  de  la  trompe 
(opération  de  Skutsch)  ;  g)  massage  d'après  la  méthode  de 
Thure-Brandt. 

Je  ne  m'attarderai  pas  sur  chacun  de  ces  procédés,  sauf 
sur  ceux  que  j'ai  appliqués  moi*méme  et  dont  j'ai  reconnu 
les  avantages.  Ainsi,  je  mentionnerai  simplement  la  salpingo- 
tomie  à  propos  de  laquelle,  comme  au  sujet  d'autres  «  opé- 
rations fantaisistes  »^  plus  faciles  à  exposer  théoriquement 
qu*à  réaliser  sur  le  malade,  je  rappellerai  la  critique  de 
Ooodell  :  «  On  ne  peut,  dans  la  laparotomie,  toucher  aux 
organes  malades,  sans  courir  de  grands  risques.  Souvedt,  la 
trompe  est  extrêmement  distendue  et  ses  connexions  avec  les 
organes  voisins  sont  intimes.  Aussi,  malgré  les  soins,  rovi- 
ducte  peut-il  être  rupture,  l'intestin  déchiré,  et  des  foyers 
purulents  primitivement  circonscrits  être  répandus  ».  Quant 
au  massage,  en  admettant  qu'il  soit  inoffensif,  il  faudrait  le 
proscrire  pour  les  raisons  que  j'ai  développées  autre  part. 
Sans  compter  que  dans  les  cas  qui  nous  occupent,  de  l'aveu  de 
Brandt  lui-même,  son  application  même  prudente,  peut  pro- 
voquer «  un  écoulement  dans  la  cavité  péritonéale,  à  la  suite 
duquel  se  développent  rapidement  des  symptômes  de  péri- 
tonite ». 

Quittons  ces  conceptions  bizarres,  émanant  d'esprits  pure- 
ment métaphysiques  ou  trop  enthousiastes,  et  abordons  les 
questions  plus  terre  à  terre  de  la  pratique  gynécologique  ; 
quel  est  le  traitement  rationnel  de  l'hydro-  et  du  pyo-salpinx  ? 
Il  me  semble  qu'il  n'existe  aucune  raison  pour  se  départir 
des  principes  fondamentaux  de  la  chirurgie,  et  pour  se 
résoudre,  tout  d'un  coup,  à  une  décision  extrême,  à  l'extir- 
pation complète  des  annexes  de  l'utérus.  Si  la  glande  mam- 
maire devient  le  siège  d'un  abcès,  ou  si,  comme  le  suggère 
Spencer  Wells,  la  tunique  vaginale  du  testicule  devient  le 
siège  d'une  hydrocèle,  n'est-il  pas  plus  judicieux  d'ouvrir 
l'abcès  ou  de  ponctionner  l'hydrocèle  que  d'enlever  le  seiu 
ou  le  testicule  ?  Devons-nous  faire  entrer  dans  la  pratique 
courante  une  conduite  essentiellement  différente  quand,  en 


102      MALADIES   DES   TROMPES    DE  FALLOPE.   TRAITEMENT 

réalité,  il  s*agit  d'affections  analogues  affectant  des  organes 
non  moins  importants? 

Aussi,  réglant  ma  conduite  sur  ces  principes,  j*ai,  depuis 
plusieurs  années,  traité  un  nombre  considérable  de  cas  de 
pyo-  et  d'hydro-salpinx  par  l'aspiration  ou  par  d'autres  pro- 
cédés conservateurs.  J'ai  montré  les  résultats  heureux  que 
j'ai  ainsi  obtenus,  non  dans  tous  les  cas  il  est  vrai,  dans  mon 
service  à  la  Mater  Misericordiae  Hôpital,  La  majorité  des 
cas  de  cette  nature  furent  traités  par  cette  méthode,  dont 
j*ai  parlé  ailleurs,  avant  que  ses  avantages  fussent  reconnus. 
Ce  traitement,  même  s'il  n'est  pas  aussi  certain,  aussi  radi- 
cal d^ns  ses  résultats  curatifs  que  la  salpingotomie,  est  tout 
aussi  avantageux  dans  la  classe  spéciale  des  cas  pour  les- 
quels il  devrait  être  réservé.  D'autre  part,  il  contraste 
heureusement  par  la  facilité  de  son  exécution  et  son  inno- 
cuité avec  les  dangers  de  la  salpingotomie  qui,  dans  d'autres 
cas,  ou  après  l'échec  du  premier  procédé  peut  devenir  non 
moins  utile.  En  conséquence,  je  me  permets  d'entrer  dans  les 
détails  d'une  opération  moins  grave  qui,  à  mon  avis,  dans  bon 
nombre  de  cas,  fournira  des  résultats  satisfaisants,  toutes  les 
fois  qu'il  sera  possible  d'aborder  les  collections  tubaires  par 
le  vagin.  La  malade  est  d'abord  endormie,  ce  qui  permet  les 
manœuvres  nécessaires,  puis  placée  dans  la  position  gyné- 
cologique habituelle,  c'est-à-dire,  couchée  sur  le  côté  gauche . 
Le  chirurgien  introduit  l'index  et  les  premiers  doigts  de  la 
main  gauche  [dans  le  rectum,  en  haut  et  en  avant,  suivant 
les  contours  de  l'utérus,  dont  un  assistant  refoule  le  fond  en 
bas  à  l'aide  d'une  main  agissant  à  travers  la  paroi  abdomi* 
uale.  De  cette  façon,  on  réussit  promptement  à  palper 
trompes  et  ovaires,  et  lorsqu'il  existe  une  tuméfaction  inflam- 
matoire ou  kystique  de  Toviducte,  on  la  reconnaît  sous  la 
forme  d'une  tumeur  tortueuse,  allongée,  en  boudin,  ou  sphé- 
rique  et  fluctuante  qui,  comme  le  dit  Doran,  «  de  la  partie 
latérale  de  l'utérus  se  dirige  en  dehors  dans  la  direction  des 
ligaments  larges,  et  en  arrière  vers  l'espace  de  Douglas  ». 
La  position  du  pyo-  ou  hydro-salpinx  bien  exactement  déter- 


MORE   MADDEN  103 

minée,  Topérateur  conduit  sous  le  contrôle  de  l'index  droit 
une  fine  aiguille  fixée  à  l'aspirateur  jusqu'à  la  voûte  du  cul- 
de-sac  postérieur,  la  fait  pénétrer  dans  la  fosse  rétro-vagi* 
nale,  puis,  la  dirige  avec  l'index  gauche  agissant  à  travers 
le  rectum,  sur  la  portion  la  plus  proéminente  de  la  tumeur, 
qu'il  ponctionne.  L'instrument  aspirateur  est  mis  enjeu,  et  Té* 
coulement  du  contenu  tubaire  peut  être  facilité  à  l'aidé 
d'une  pression  lente  exercée  par  un  assistant  à  travers  la 
paroi  abdominale.  Cela  fait,  on  assure  Tasepticité  du  vagin 
par  des  insufflations  d'iodoforme.  Sauf  des  irrigations 
d*eau,  il  n'est  besoin  d'instituer  aucun  autre  traitement,  si 
ce  n'est  dans  les  cas  où  le  liquide  delà  trompe  se  reproduit* 
En  général,  la  quantité  de  liquide  qui  se  reproduit  est  moin- 
dre, et  l'on  peut  répéter  le  même  procédé  opératoire  jusqu'à 
ce  que  Toviducte  soit  revenu  à  son  volume  normal. 

Curettage  des  orifices  utérins  de  la  trompe  ;  traitement 
par  rélectricité.  —  Abstraction  faite  des  altérations  malignes 
et  d'autres  processus  dégénératifs  des  trompes,  la  cause 
immédiate  la  plus  commune  des  productions  kystiques  danâ 
les  cas  de  salpingite  chronique,  c'est  Vobstruction  mécani- 
que de  l'ostium  uterinum  associée  à  l'une  des  anomalies 
suivantes  de  l'utérus,  a)  endométrite  folliculaire,  chronique  ; 
b)  flexion:  c)  hyperinvolution.  A  ces  conditions  correspon- 
dent successivement  :  a')  la  dilatation  suivie  du  curettage  ; 
b')  le  redressement  delà  flexion;  c')  la  faradisation  (Apostoli, 
Milne-Edwards,  d'Edimbourg). 

Extirpation  Hes  annexes  de  Vutérus,  —  Dans  les  cas  plus 
graves,  qui  sont  plus  rares  qu'on  ne  le  croit  en  général,  où, 
à  cause  de  l'importance  des  altérations  tubairés,  de  compli- 
cations coexistantes,  de  la  gravité  des  symptômes,  il  est 
impossible  de  remédier  à  la  situation  par  les  procédés 
précédemment  décrits,  il  ne  nous  reste  pour  ultime  ressource 
que  l'extirpation  complète  des  annexes  de  l'utérus.  Cette 
opération  est  devenue  en  vogue  pour  d'autres  conditions  que 
celles  précisées  ici.  Elle  a  été  recommandée,  en  effet,  par  un 
grand  nombre  de  gynécologistes  qui   l'ont   proclamée   la 


lOi     MALADIES  DK8  TAOMPRS  D«   FALtOPB»  TRAtTEMSNT 

méthode  non  seulemeot  la  plos  efficace^  mais  auHsi  la  plas 
sûre  contre  les  afFectioas  tnbaires  ;  il  8*ensmt  qu'elle  d)9vrait 
être  généralement  adoptée.  Cette  doctrine^  je  n'y  puis  sous- 
crire sans  réserve,  étant  parfaitement  convaincu  qu'en 
certains  cas  les  suites  de  la  salpingite  sont  curables  en 
dehors  de  tout  traitement  actif,  et  que  dans  d'autres,  on  peut 
les  amender  par  les  procédés  moins  offensifs  que  j'ai  signa- 
lés. Toutefois,  dans  cet  hôpital  comme  ailleurs,  j'ai  observe 
des  cas  dans  lesquels  il  n*y  avait  pas  d'autre  alternative  que 
la  mort  rapide  pour  le  sujet  par  le  fait  d'une  affection  de  la 
trompe,  ou  que  l'extirpation  totale  des  annexes,  c'est-à*dire 
«  l'opération  de  Tait  »,  du  nom  de  l'éminent  chirurgien  qoi 
l'a  introduite,  et  qui  l'a  pratiquée  avec  le  plus  de  bonheur 
dans  ce  pays.  Avant  de  décrire  brièvement  cette  opération, 
tout  au  moins  sa  technique  opératoire,  je  rappelle  qu*à  mon 
sens,  l'ovaire  et  la  trompe  sont,  tous  les  deux,  deux  facteurs 
essentiels  de  la  menstruation.  Il  découle  de  ce  principe  que 
la  salpingotomie  doit  être  combinée  avec  l'oophorectomie,  si 
l'on  veut  éviter  les  conséquences  associées  à  un  processus 
d'ovulation  anormal.  Les  temps  successifs  préliminaires  de 
cette  intervention  étant  identiques  à  ceux  de  l'ovariotomie,  je 
me  contenterai  de  mettre  en  relief  les  points  sur  lesquels  les 
deux  opérations  font  contraste.  Tout  d'abord,  et  le  plus  sail* 
lant,  la  petitesse  de  l'incision  dans  l'extirpation  des  annexes. 
Il  suffit  qu'elle  permette  l'introduction  des  deux  premiers 
doigts  delà  main  gauche  de  l'opérateur,  qui  vont  à  la  recher- 
che du  fond  de  l'utérus,  point  de  repère  à  Itiide  duquel  ils 
trouveront  facilement  les  trompes  et  les  ovaires.  Dans  ces 
recherches,  il  faut  procéder  avec  beaucoup  de  circonspection 
pour  ne  pas  courir  le  risque  de  crever  la  trompe  extrêmement 
tendue  en  certains  cas,  et  pour  éviter  l'épanchement  du  con- 
tenu d*unpyo- ou  hydro-salpinx  dans  le  péritoine.  On  peut 
chercher  à  pré  venir  cet  accident,  a)  en  évacuant  par  l'opération 
le  contenu  tubaire,  précaution  très  utile,  avant  d'essayer 
d'attirer  la  trompe  malade  dans  la  plaie  abdominale,  ce  qui 
est  le  temps  suivant  de  l'opération  ;  b)  quand  on  n'est  pas  arrêté 


* 


MORE  UADDBN  105 

par  deë  adhérences  inflammatoires  étendues.  La  trompe  et 
l'ovaire  ayant  été  attirés  aussi  4oin  qu'on  peut  le  faire  sans 
danger,  et  de  façon  à  former  une  sorte  de  pédicule  avec  le 
ligament  large,  on  lie  ce  pédicule  (l^e  mode  de  ligature  varie), 
on  l'excise  un  peu  au-dessus  delà  ligature^  après  quoi,  on 
peut  l'abandonner  dans  la  cavité  abdominale.  Les  autres 
détails  de  l'intervention  sont  exactement  les  mêmes  que 
dans  Tovariotomie. 

Cette  opération,  en  général  accessible  à  tous  les  chirur* 
giens;  peut  en  certains  cas  embarrasser  les  plus  experts  (dis- 
tension extrême  de  la  trompe  rendant  la  rupture  presque 
inévitable,  fusion,  coalescence  des  ovaires,  des  trompes,  des 
ligaments  larges^  de  Tutérus,  et  des  autres  organes  voisins). 

Résultats.  —  L'excellence  des  résultats  immédiats  aussi 
bien  que  la  faible  mortalité  de  cette  opération,  sont  des  points 
mis  absolument  hors  de  doute  par  les  importantes  statisti- 
ques de  Tait,  de  Banto^k  et  d'autres  chirurgiens  éminents. 
En  ce  qui  concerne  les  résultats  définitifs,  les  appréciations 
émises  par  des  hommes  d'une  autorité  non  moins  grande,  ne 
sont  pas  aussi  ^séduisantes.  «  En  général,  dit  A.  Doran, 
l'oophorectomie  pratiquée  pour  des  affections  chroniques  des 
annexes  est  suivie  d'une  convalescence  rapide.  Malheu* 
reusement,  la  guérison  définitive  n'est  pas  tellement  fréquente. 
Des  troubles  psychiques  se  développent  parfois  après  une 
oophorectomie  double.  Les  cas  dans  lesquels  le  pédicule  sup- 
pure sont  particulièrement  fâcheux.  Des  trajets  fistuleux 
s'ouvrent,  se  ferment,  s'ouvrent  de  nouveau  dans  la  plaie 
abdominale,  et  persistent  durant  des  mois  en  écoulant  du  pus. 
Ces  cas  s'observent  dans  d'autres  cabinets  de  consultation, 
dans  d'autres  services  hospitaliers  que  ceux  où  l'opération 
a  été  faite  ;  comme  l'opérateur  n'en  entend  plus  parler,  il  les 
suppose  guéris,  et  lui  ou  les  registres  de  l'hôpital  les  consi- 
gnent comme  «  guérisons  » . 

Un  certain  nombre  de  malades  se  plaignent  de  la  persis- 
tance des  douleurs  qu'elles  ressentaient  avant  l'opération;  fait 
qui  résulte  sans  doute  de  l'existence  d'adhérences  intesti* 


106  INFECTION   CONSÉCUTIVE   A  UN  AVORTEMENT 

nules,  ou  de  la  présence  d*exsudats  inflammatoires  compri* 
mant  des  rameaux  nerveux.  Enfin,  les  ligatures  peuvent  être 
le  point  de  départ  des  accidents  observés  en  quelques  cas. 
De  même,  Goô  a  pu  dire  :  «  Il  est  un  assez  grand  nombre  de 
femmes,  qui  suivent  les  diverses  cliniques  de  New-York, 
auxquelles  on  a  enlevé  trompes  et  ovaires,  et  qui  précisé* 
ment  accusent  les  mêmes  douleurs  qu'elles  éprouvaient  jadis. 
En  fait,  je  puis  citer  des  cas  dans  lesquels,  en  dépit  de 
Tabsence  de  menstruation,  les  souffrances  sont  plus  vio- 
lentes que  par  le  passé  »  (1). 


REVUE  CLINIQUE 


INFECTION  PUERPÉRALE  CONSÉCUTIVE  A  UN  AVORTE- 
TEMENT.  —  RÉTENTION  DE  DÉBRIS  PLACENTAIRES.— 
CURAGE.  —  INFECTION  A  FORME  DIPHliËROIDE.  — 
IRRIGATION  CONTINUE.  —  GUÉRISON. 


Par 


R.  S...,  22  ans,  entre  le  5  aoilt  1800,  dans  le  service  de  M.  le 
Dr  Terrier,  à  l'hôpital  Bichat,  salle  Chassaignac,  n»  2,  pour  des 
accidents  fébriles  à  point  de  départ  utérin. 

En  interrogeant  cette  malade,  nous  apprenons  que  les  règles,  qui 
devaient  venir  le  23  mal,  ont  manqué  t\  cette  époque,  que  le  20  juil- 
let elle  a  commencé  à  avoir  des  pertes  blanches  abondantes,  qui 
ont  été  traitées  en  ville  par  des  injections  boriquécs  biquotidiennes 


(1)  En  terminant,  Vautour  recommande  à  nouveau  de  ne  paa  entreprendre 
trop  facilement  une  opération  aussi  grave  que  l'extirpation  dc«  annexes.  Il 
convient  de  réfléchir  mûrement  avant  d'entreprendre  une  telle  opération  qui 
fait  des  êtres  insexués.  La  faire  résolument  quand  les  circonstances  Tim- 
posent,  mais,  dans  les  cas  moins  graves,  et  il  sont  aasea  nombreux,  recourir 
à  des  procédés  moins  offensifs  et  plus  conservateurs. 


HBVUÉ  CLtNKJUE  —  HARTMANN  107 

«t  Jes  a[>pllc&tiona  de  tampons  iodofoimés ;  dans  ces  derniers" 
temps,  le  médecin  qui  la  enignait,  voyant  les  pertes  blanches  con- 
tinuer,-lit  dans  l'utérus  des  applications  de  crayons  iodoformés. 
La  dernière  application  de  crayon  remonte  au  samedi  2  août;  le 
col  était  alors  le  siège  d'une  ulcération  sanguinolente  a^sez  étendue; 
c'est  dans  la  nuit  suivante,  du  S  au  3  noùi,  qu'éclatèrent  les  acci- 
dents sons  forme  d'une  hémorrhagie  abondante,  qui  dura  jusqu'au 
soir  du  3  et  s'accompagna  de  l'expulsion  de  caillots.  Les  jours  sui- 
vants la  malade  se  eent  plus  mal  et  est  amenée  à  l'hôpital  par  son 
médecin,  le  C.  La  température  est  le  soir  de  son  entrée  de  40°. 


C,  Cunige  utérin  le  10.  Le  grisé  clnir  indique  la  période  d'irrigation  ictermit 
tente.  Le  griaé  ioucê  la  période  d'irrigation  continus. 

'  Le  7  au  matin,  nous  l'examinons  ;  la  fièvre  est  tombée,  le  col  est 
ramolli  mais  fermé,  l'utérus  est  un  peu  gros,  ie  ventre  un  peu 
sensible,  surtout  dans  la  fosse  iliaque  droite.  Les  seins  contiennent 
du  colostrum.  Diagnostic  :  Infection  jiuerpérale  consécutive  A  un 
avortemeot.  Traitemcnl  :  lujections  vaginales  antiseptiques, 
repos. 

Les  jours  suivants,  la  température  monte  le  soir  à  38", ô;  38» ,6  ; 
on  voit  autour  de  l'orilice  du  col  des  plaques  grisâtres;  il  coule  de 
l'utérus  un  liquide  sanieux,  rougeiUre;  des  injections  Intra-utéri- 
nes antiseptiques  n'amènent  pas  d'abaissement  de  la  température. 

Aussi,  le  10,  après  avoir  chloroforme  la  malade,  faisons-nous. 


108  INFECTION   CONSÉCUTIVE  A  UN   AVORTKIIENT 

avec  le  dilatateur  de  Sims,  la  dilatation  du  col  et  le  curage  de  la 
cavité  utérine;  nous  ramenons  ainsi  des  débrie  placentaires.  Irri- 
gation intra-utérine  avec  une  solution  de  sublimé  à  1  pour  5000. 
Tamponnement  iodoformé  de  la  cavité. 

Le  soir,  la  température  reste  normale. 

Mais  le  lendemain,  elle  remonte,  présentant  chaque  soir  une 
exacerbation. 

On  renouvelle  le  tamponnement  iodoformé  matin  et  soir,  fai- 
sant chaque  fois  une  irrigation  intra-utérine  avec  une  solution  de 
sublimé  à  l  pour  4,000.  Cette  thérapeutique  reste  sans  résultat. 
Bien  plus,. les  exsudats  diphtéroldes  reparaissent  sur  l'orlûce  du 
col  et  s'étendent  rapidement  jusqu'à  la  vulve.  Les  fausses  mem- 
branes recouvrent  toute  l'étendue  du  vagin,  les  petites -lèvres,  une 
partie  de  la  face  interne  des  grandes.  Elles  ont  une  coloration  gri- 
sâtre, une  épaisseur  de2à3  millim.  environ  et  laissent  à  nu,  lors- 
qu'on les  détache,  une  surface  légèrement  excoriée,  siège  d'un 
suintement  sanguin  très  minime,  rappelant  celui  des  plaques  de 
psoriasis  qu'on  vient  de  gratter  avec  l'ongle. 

Le  14,  nous  supprimons  le  tamponnement  iodoformé  du  vagin 
et  de  l'utérus,  nous  plaçons  un  drain  dans  Tutérus  et  nous  fai- 
sons, toutes  les  3  heures,  une  injection  intra-utérine  alternative- 
ment avec  de  l'acide  borique  et  avec  u^e  solution  de  sublimé  à 
1  pour  5000.  La  température  le  soir,  monte  moins  haut  et  n'arrive 
qu'à  38o,l^ 

Le  15,  nous  installons  chez  cette  malade  Tirrigation  continue 
suivant  le  procédé  du  professeur  Pinard  (1). 

Pendant  une  1/2  heure  nous  faisons  passer  un  courant  de  sublimé 
à  1/10000,  puis  nous  nous  contentons  de  faire  de  Virrigation  con^' 
tinue  avec  de  Veau  bouillie.  Une  grande  quantité  de  fausses  mem- 
branes salissent  l'eau  qui  s'écoule  pendant  la  première  journée. 
L'infection  semble  toutefois  immédiatement  arrêtée.  Le  soir,  la 
température  reste  normale;  des  fausses  membranes,  recueillies  et 
soumises  à  des  essais  de  culture  par  notre  ami  F.  Widal,  restent 
stériles. 

Le  lendemain  matin,  le  vagin  est  à  peu  prés  entièrement  débai*- 

(1)  Voir  PiMABO  et  Vabiïisr.  De  l'irrigatioD  continue  comme  traitement 
prophylactique  et  curatîf  de»  infections  puerpérales.  Annalen  de  gynécologie 
1H85,  décembre,  p.  451  et  1^86,  janvier,  p  19. 


RÊVUK   CLINIQUE  —  HAIITMANN  109 

rassé  de  ses  fausses  membranes  ;  le  sôii*  il  n'y  en  a  plus  du  tout. 

Nous  continuons  encore  Tirrigation,  toujours  avec  de  l'eau  bouil- 
lie, pendant  la  journée  du  16  «t  la  suspendons  définitivement  le 
17  au  matin. 

La  guérison  a  lieu  sans  aucun  incident. 

Le  20"  jour,  la  malade  quitte  l'hôpital. 

Le  19  octobre  nous  la  revoyons  porteuse  d^uue  syphilide  papulo- 
squameuse.  Les  régies  sont  revenues  sans  accident  le  18  septembre 
et  ont  duré  jusqu'au  l«r  octobre.  Le  col  est  sain,  sans  aucun  écou- 
lement. Il  n'y  a  pas  trace  de  métrite  ni  de  périmétrite. 

Depuis  lors,  nous  avons  eu  à  différentes  reprises  l'occasion  de 
voir  cette  malade,  à  propos  d'accidents  spécifiques  divers  ;  il  n'y  a 
pas  eu  le  moindre  symptôme  du  côté  de  l'utérus.  Pas  trace  de 
métrite  consécutive. 

Comme  on  le  voit  à  la  lecture  de  cette  observation,  les 
accidents,  qui  avaient  résisté  aux  injections  intra-utérines 
intermittentes»  après  avoir  cessé  passagèrement  à  la  suite 
du  curage  antiseptique  de  la  cavité  utérine,  ont  repris 
24  heures  après,  plus  intenses  qu'auparavant,  accompagnés 
cette  fois  de  productions  pseudo-membraneuses  jusque  dans 
le  vagin  et  sur  la  vulve,  pour  céder  immédiatement  et  défini- 
tivement à  Virrigation  continue  faite  suivant  la  méthode 
préconisée  par  MM.  Pinard  et  Varnier.  Celle-ci,  pratiquée 
pendant  48  heures,  a  suffi  pour  débarrasser  complètement 
Tutérus  des  germes  septiques  qu'il  contenait.  Y  aurait-il  eu 
avantage  à  faire  d'emblée  cette  irrigation  ?  Nous  ne  le 
croyons  pas.  Le  curage  préalable,  outre  qu'il  aTavantage  de 
débarrasser  d  un  coup  la  cavité  utérine  de  débris  qui  peuvent 
être  longs  à  s'éliminer,  suffit  le  plus  souvent  pour  faire  cesser 
complètement  l'infection  (1).  Dans  le  cours  de  l'année  1891, 
nous  avons  eu  Toccasion  d  y  recourir  plusieurs  fois  dans 
le  service  de  notre  maître,  M.  Terrier,  pour  des  acci- 
dents infectieux,  consécutif»,  soit  à  Taccouchement  à 
terme,  soit  à  l'avortement,  toutes  les  malades  ont  guéri. 


(1)  Chabtieb  (Akdbb).  Traitement  de  la  septicémie  pwrpérahi  par  le 
enrage  de  Vutéru»,  Paris,  Steinheil,  1887. 


JIO  DBS  RBTRODÉVIATIONS   DE  l'uTÉRCS 

Une  seule  fois  il  y  a  eu,  après  le  curage,  production  de 
pseudo^membranes,  localisées  au  col  et  disparaissant  après 
'48  heures  d'injections  intra-utérines  initennittefites.  Dans 
tous  les  cas,  nous  avons  fait  suivre  le  curettage  d'une 
irrigation  avec  une  solution  de  sublimé  à  1/10000,  puis 
d*un  écouvillonnàge  de  la  cavité  utérine  avec  une  solution 
de  chlorure  de  zinc  à  1/10.  Une  fois  l'opération  terminée, 
un  gros  drain  était  placé  dans  Tutérus  et  le  vagin  bourré 
de  gaze  iodoformée.  Quant  à  Tirrigation  continue,  nous 
l'avons  faite,  dans  le  cas  où  nous  y  avons  eu  recours,  en  sui- 
vant exactement  le  manuel  opératoire  indiqué  par  le  pro- 
fesseur Pinard.  Le  seul  point  particulier  est  qu'après 
avoir  lavé  pendant  une  demi-heure  la  cavité  utérine  avec 
une  solution  de  sublimé  à  1  pour  20000,  nous  nous  sommes 
contenté  de  recourir  à  une  irrigation  continue  avec  de  l'eau 
bouillie  pendant  les  48  heures  qui  ont  suivi.  Ces  irrigations 
d'eau  stérilisée  ont,  du  reste,  déjà  été  préconisées  par 
Gottschalk  qui  croit  qu'en  diluant  les  ptomaïnes  elle  les  rend 
innocentes.  Point  n'est  besoin  d*aller  chercher  pareille  expli* 
cation^  la  simple  action  mécanique  du  courant  d'eau^  ren- 
dant suffisamment  compte  de  la  cessation  des  accidents . 


REVUE  GÉNÉRALE 


DES  MÉTHODES  DE  TRAITEMENT  DE  SGHULTZE 
CONTRE  LES  RÉTRODËVIATIONS  DE  L'UTÉRUS 

Par  le   D'  B.    LabnM|Ml«re. 

(diaprés  une  leçon  de  SCHULTZB)  (1). 


Les  rétrodéviations  de  la  matrice  se  classent  en  deux 
grands  groupes  :  Â),  rétrodéviations  mobiles,  faciles  à  con- 
tenir, B),  rétrodéviations  adhérentes  ou  rebelles. 

(1)  Zor  Thérapie  hartn&ckiger  Retrofiexion  der  Geburmutier.  SatnmL  kl  in, 
Vortrage,  n<»  24,  ISSl. 


•REYUK  GÉNÉRALE .—  LABUSQUIÈRE 


m 


I 


A)  Traitement  des  rétrodéviations  mobiles^  faciles  à  coti" 
tenir.  A  Taide  de  deux  doigts  introduits  soit  dans  le  vagin, 
soit  dans  le  rectum,  le  chirurgien  soulève  le  corps  de  Tutérus, 
manœuvre  qui  s'exécute  sous  le  contrôle  constant  de  l'autre 
main,  qui  suit  l'organe  à  travers  la  paroi  abdominale  (fig.  1). 


Fio.  1. 


Quand  le  corps  de  la  matrice  a  été  remonté  jusqu'au  détroit 
supérieur,  résultat  qu'il  n'est  pas  souvent  facile  d'obtenir, 
mais  auquel  on  peut  efficacement  aider  à  l'aide  d  une  pres- 
sion exercée  sur  le  col,  dans  la  direction  de  la  flèche  (fig.  2), 
les  extrémités  des  doigts  de  la  main  hypogastrique  reçoivent 
le  fond  de  Tutérus  (fig.  3)  et  ramènent,  très  prudemment,  plus 
eu  avant,  de  façon  à  le  conduire  peu  à  peu  dans  sa  situation 


112 


DES  RÉTRODÉYIATIONS  DE  L^UXÉaUS 


Fia.  2. 


FiG.  3. 


BEVUE   GfiNÉHALE  ^   LÂBaSQUlERE 


113 


normale,  en  arrière  de  la  symphyse.  Durant  ce  temps,  les 
doigts  qui  sont  dans  le  vagin,  se  plaçant  comme  il  est  indiqué 
dans  la  figure  4,  reconnaissent  si  lapartie  supérieure  du  col  a 
conservé  sa  souplesse,  sa  flexibilité  normale.  Mais,  la  repo* 
si tion  de  la  matrice  dans  sa  situation  normale  ne  fait  pas  dispa- 
raître le  relâchement  des  moyens  de  fixité  de  Tutérus,  véri- 
table cause  de  la  rétroversion.  Et  si  Ton  ne  se  préoccupait  pas 


Fio.  4. 


d'assurer  la  contention  de  Torgane  redressé,  il  n'est  pas  dou- 
teux que  le  déplacement  se  reproduirait.  Il  faut  donc  substi- 
tuer à  Taction  contentive,  perdue^  des  ligaments  utéro-sacrés 
une  action  ayant  pour  efïet  de  maintenir,  en  arrière,  le  col  de 
l'utérus.  Et  Ton  y  arrive,  soit  en  fixant  directement  le  col  en 
arrière  à  l'aide  d'un  support  direct,  soit  en  refoulant,  en  dis- 
tendant le  cul-de-sac  postérieur  du  vagin.  On  réalise  ces  con- 
ditions par  le  tamponnement  du  vagin  avec  de  la  gaze  ou  de 
Touate  ou  par  l'application  de  pessaires  de  formes  diverses. 
Le  pessaire  de  Hodge,  celui  de  Thomas  maintiennent  le  col 
en  arrière  par  la  tension,  le  refoulement  eu  haut  du  cul-de-sac 


AXX.  OB  QTV.  ^  fOL.  XXXVn. 


8 


114  DES  BÉTHODÉVÎATIONS   DE  L'UTÉRUS 

vaginal  postérieur.  On  peut  aussi  en  agissant  sur  la  portion 
vaginale,  fixer  le  col  en  arrière,  au  moyen  des  pessaires  en  8 
de  chifïre  et  en  traîneau  (pessaires  de  Schultze).  Mais,  quels 
que  soient  les  appareils  employés,  il  importe  que  l'utérus 
puisse  obéir  aux  déplacements  qui  lui  sont  alternativement 
transmis  par  la  vessie  et  le  rectum. 

Le  retour  de  Tutérus  dans  son  antéflexion  normale,  les 
organes  voisins  étant  en  état  de  vacuité,  est  assuré  par  le 
pessaire,  grâce  à  l'élasticité  et  à  la  contractilité  du  plancher 
périnéal  sur  lequel  il  repose. 

D*une  manière  générale,  il  convient  de  façonner,  de 
modeler  le  pessaire  sur  chaque  cas  que  l'on  a  à  traiter,  et 
pour  cela,  ce  qu'il  y  a  de  mieux,  ce  sont  les  anneaux  flexi- 
bles malléables.  D'autre  part,  de  toutes  les  substances  em- 
ployées jusqu'ici^  c'est  le  celluloïd  qui  paraît  posséder  le 
plus  de  qualités. 

II 

B)  Rétrodévisitions  adhérentes  ou  rebelles.  —  Ce  sont 
les  rétrodéviations  qui  résistent  aux  tentatives  de  reposi- 
tion, ou  qui,  la  reposition  effectuée,  se  reproduisent  tou- 
jours, malgré  l'application  d'un  pessaire  aussi  bien  choisi 
que  possible  pour  chaque  cas.  Les  obstacles  à  la  réduction 
aussi  bien  que  les  causes  de  la  reproduction  du  déplacement 
utérin  peuvent  être  reconnus  au  moyen  d'un  examen  minu- 
tieux, exploration  digitale  par  le  rectum  ou  le  vagin  combinée 
avec  la  palpation  abdominale  (1).  Us  sont  constitués  tantôt 
par  des  adhérences  superficielles,  larges,  tantôt  par  des 
membranes  en  forme  de  cordons,  qui  unissent  l'utérus  à  la 
paroi  postérieure  du  bassin  ou  au  rectum,  les  trompes  et  les 
ovaires  au  plancher  de  l'espace  de  Douglas,  à  la  surface 
postérieure  des  replis  de  Douglas,  ou  à  la  paroi  latérale  du 
bassin.  En  d'autres  cas,  on  constate  par  le  même  examen 

(1)  Ueber  Palpation  der  fieckenorganen  U.  S.  W^jJe/iai*.  ZcîUch./,  Afed^ 
NaturteiëitHschû/L  Bd  V  Hft.  1. 


REVUE  GÉNÉRALE  —  LABUSQUIÈRE  115 

minutieux  que  le  revêtement  pôritonéal  de  Tutérus  et  de  ses 
annexes  est  entièrement  dépourvu  d'adhérences.  L'utérus 
se  laisse  bien  remettre  en  antéversion  ou  en  antéâexion, 
mais  pour  reprendre  sa  position  normale  dès  que  le  doigt  du 
chirurgien  se  retire,  ou  bien  peu  après.  Dans  ces  cas,  les 
obstacles  à  la  contention  de  la  réduction  sont  sous-périto- 
néaux  et  siègent  dans  le  tissu  cellulaire  pelvien  ou  dans  le 
tissu  cellulaire  du  péritoine  lui-même,  cicatrices  de  péri  ou 
paramétrites  aiguës  ou  chroniques,  indurations  et  rétractions 
qui  affectent  en  partie  le  feuillet  péritonéal  de  l'utérus,  en 
partie  le  feuillet  séreux  qui  va  de  Tutérus  à  la  paroi  pelvienne. 
Ces  anomalies,  le  doigt  explorateur  les  reconnaît  parfois, 
mais  souvent  le  chirurgien  ne  les  devine  qu*en  tenant  compte 
de  la  manière  spéciale  dont  Tutérus,  redressé,  revient  tou- 
jours dans  sa  mauvaise  situation. 

Tandis  que  les  obstacles  de  la  première  catégorie  fixent  le 
fond  de  Tutérus  en  arrière,  au  contraire  ceux  qui  rentrent 
dans  la  seconde  fixent  le  col  en  avant;  tandis  que  les  pre- 
miers (exception  faite,  des  adhérences  avec  Tintestin),  s'op- 
posent la  plupart  du  temps  aux  tentatives  de  reposition,  les 
autres  au  contraire  n'empêchent  pas  cette  reposition,  seule- 
ment ils  ne  permettent  pas  le  maintien  de  la  position  normale 
de  la  matrice.  En  certains  cas,  ces  obstacles  de  nature 
diverse  coexistent. 

Conditions  spéciales  d*oà  découlent  les  indications  pour 
le  traitement  des  rétroflexions  rebelles. 

1)  Adhérences  péritonéales  et  cordons  membraneux. 

2)  Indurations  et  cicatrices  situées  à  la  surface  du  péri- 
toine, ou  au-dessous  de  la  séreuse  dans  le  paramétrium. 

3)  Relâchement  ou  paralysie  des  moyens  de  fixité  nor- 
maux de  l'utérus.  Car,  même  dans  les  cas  où  ce  relâchement 
des  moyens  de  fixité  n*est  pas  la  cause  originelle  du  déplace- 
ment, la  tonicité  de  ces  tissus  se  perd  par  le  fait  même  de  la 
suppression  trop  prolongée  de  leur  fonction. 

\]  Traitement  dans  le  cas  d'adhérences  et  de  cordons  péri- 


116.  DES  RÉTRODÉVIATIONS   DE   L'UTÉRUS 

tonéaux.  On  peut,  en  beaucoup  de  cas,  faire  disparaître 
Tobstacle,  par  le  décollement  des  adhérences  anormales^ 
exécuté  dans  la  narcose,  au  moyen  des  doigts  des  deux 
mains,  introduits  soit  dans  le  vagin,  le  rectum,  au  besoin 
dans  le  col  de  Tutérus  primitivement  dilaté,  et  agissant  les 
uns  contre  les  autres  (1).  11  est  encore  possible  de  détruire 
les  adhérences  péritonéales  par  le  massage  fait  suivant  la 
technique  de  Thure-Brandt.  Dans  certains  cas  enfin,  il  est 
indiqué  de  recourir  au  décollement,  à  la  destruction  directe 
des  adhérences  péritonéales  après  laparotomie  (Olshausen, 
Czerny,  Leopold,  Klotz,  Sanger).  Schultze  avait  jadis 
proposé,  avec  Tidée  d'éviter  la  laparotomie,  d'ouvrir  le  cul- 
de-sac  postérieur  du  vagin,  et,  après  destruction  des  adhé- 
rences, de  fixer  le  col  en  arrière  au  moyen  d'une  suture  (2). 
Il  concède,  toutefois,  avec  Kustner,  que  dans  le  plus  grand 
nombre  des  cas  où  il  est  nécessaire  d'ouvrir  le  péritoine 
pour  détruire  les  adhérences,  il  est  préférable  de  faire  la 
laparotomie. 

La  laparotomie  faite,  les  adhérences  détachées,  et  Tutérus 
ramené  dans  sa  position  normale,  quel  procédé  appliquer 
pour  assurer  la  réduction  :  fixer  Tutérus  à  la  paroi  abdomi- 
nale antérieure,  raccourcir  les  ligaments  ronds  (Wylie,  etc.), 
les  ligaments  utéro-sacrés  (Frommel),  les  ligaments  ronds 
dans  le  canal  inguinal  (Alquié),  ou  bien  —  suivant  lo  conseil 
de  Kustner, — fixer  au  moyen  d'un  pessaire  le  col  en  arrière, 
et,  do  cette  manière,  assurer  le  maintien  de  la  position  nor- 
male ?  Schultze  estime  qu'il  est  impossible  d^adopter  un 
procédé  unique  pour  tous  les  cas,  mais  il  considère  que  le 
meilleur  plan  à  suivre,  consiste  à  assurer  la  situation  nor- 
male de  la  matrice  par  le  raccourcissement  des  replis  de 
Douglas  ou  par  l'application  d'un  pessaire.  Seulement,  il 
faut  avant  s'être  bien  assuré,  les  adhérences  anormales  une 


(1)   Volkmann't  Samml.  klin.   Vortnig,,  n»  176,  1879.  Cent,   f,  Ûyn.j  1883; 
ZeiUch.f.  6t'h.  u.  Gyn.  Bd  XIV,  Hft  1,  1872. 
(2.  ZeiUch.f.  Geh,  «•  (?y«.  Bd  XIV,  Hft  1,  1S37. 


REVUE  GÉNÉRALE  —  LABUSQUIÊRE         117 

fois  détruites,  qu'abstraction  faite  du  relâchement  des 
moyens  ordinaires  de  fixité,  il  n'existe  aucune  autre  condi- 
tion anormale  qui  force  l'utérus  à  reprendre  sa  position  anor- 
male (indurations,  cicatrices  paramétriques).  Si  Ton  consta- 
t^vit  des  altérations  de  cet  ordre,  il  serait  prudent  de  fixer 
l'utérus  en  pratiquant  une  des  opérations  précédemment 
citées. 

2)  Indurations  et  cicatrices  situées  à  la  surface  du  péri^ 
toine  ou  au-dessous  de  la  séreuse  dans  le  paramétrium.  — 
Ces  altérations,  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  n'empê- 
chent pas  le  chirurgien  de  ramener  lutérus  dans  sa  position 
normale,  mais  ce  à  quoi  elles  s'opposent,  c  est  à  la  conten- 
tion permanente  de  l'organe  réduit.  Un  cordon  cicatriciel  qui, 
du  col  de  l'utérus,  se  continue  librement  vers  l'épine  sciati- 
que,  peut  constituer  l'obstacle. 

Plus  un  cordon  cicatriciel  se  dirige  en  avant  vers  la  paroi 
pelvienne,  plus  il  éloigne  la  portion  vaginale  de  la  ligne  mé- 
diane, plus  il  place  l'utérus  dans  une  direction  oblique,  et 
plus  aussi  les  obstacles  au  maintien  de  la  réduction  sont 
considérables.  Contre  ces  lésions,  Schulze  a,  depuis  quatre 
années,  pratiqué  avec  de  grands  avantages  le  massage  sui- 
vant la  méthode  de  Thure-Brandt  et  combiné  avec  remploi 
des  pessaires.  Quand  on  se  borne  à  faire  exclusivement  le 
massage,  quand  on  laisse,  même  pendant  un  intervalle  de 
quelques  heures  seulement,  l'utérus  sans  soutien,  on  retrouve 
habituellement  à  chaque  séance  Tutérus  dans  la  même  posi- 
tion qu*il  avait  avant  la  séance  précédente. 

Au  contraire^  si  Ton  a  soin  d'assurer,  après  chaque  séance 
de  massage,  le  bénéfice  obtenu  par  Tapplicatiou  d'un  pes- 
8aire,ou,  au  cas  d'intolérance  pour  cet  appareil,  d'un  tampon 
d'ouate  ou  de  gaze,  on  arrive  promptément  au  but.  En 
ré?umé,  Schultze  accorde  une  grande  importance  à  remploi 
combiné  du  massage  et  des  moyens,  appropriés  (1),  de  con- 
tention. 


(1)  SoQTeiit,  dans  des  cas  où  la  contention  de  Tutérus,  redressé,  par  des 


118  BES   RÉTRODÉVIiiTIONS   DE  L*UT£RU3 

Quand  ces  moyens  ne  suffisent  pas,  quand  on  est  obligé  de 
faire  la  rétroposition  intra-utérine  de  l'utérus,  il  faut,  au 
préalable,  laver  Tutérus,  et  quand  il  est  étroit,  le  dilater.  Il 
importe  également  de  rechercher  si  Tendométrium  n*a  pas 
une  tendance  trop  manifeste  à  se  laisser  léser^  et  s'il  n'est 
pas  trop  sensible.  Une  sonde  souple,  non  élastique,  une  tige 
en  métal,  à  faible  courbure,  légèrement  conique,  et  de 
5  à  7  millimètre  de  diamètre  constituent  les  instruments 
utiles^.  Avec  cela,  une  antisepsie  rigoureuse,  l'impossibilité 
assurée  de  porter  les  sécrétions  vaginales  dans  l'utérus, 
sont  des  conditions  complètement  indispensables. 

La  femme  étant  placée  dans  la  position  génu-pectorale,  la 
portion  vaginale  bien  en  vue  dans  un  spéculum  en  forme  de 
cuiller,  on  saisit  la  lèvre  antérieure  avec  une  pince  à  griffe, 
on  abaisse  un  peu  la  portion  vaginale,  puis  on  introduit  la 
sonde  conique  dans  la  cavité  utérine,  la  courbure  de  Tins* 
trument  étant  dirigée  en  arrière.  On  retourne  ensuite  lente- 
ment l'instrument,  et  Ton  pousse  l'utérus  au  dehors  du  bassin 
en  le  dirigeant  du  côté  vers  lequel  ce  mouvement  est  plus  fa- 
cile, détail  dont  il  faut  s'être  primitivement  assuré  par  la 
palpation  bimanuelle.  L'instrument  retiré,  la  femme  ayant 
repris  le  décubitus  dorsal,  on  complète  la  réduction,  c'est-à- 
dire  qu'on  ne  s'arrête  que  quand  le  fond  de  l'utérus  repose 
en  arrière  de  la  symphyse.  Immédiatement  après,  on  pro- 
cède à  un  massage  qui  doit  durer  de  2  à  4  minutes  au  plus. 
Enfin,  on  assure  la  contention  de  l'organe  soit  par  un  pes- 
saire  approprié,  soit  par  un  tamponnement  à  la  gaze  ou  à 
l'ouate,  chargée  ou  non  de  substances  médicamenteuses. 

pesBaires,  est  douloureuse,  intolérable,  il  est  possible  de  l'assurer  par  le  tam- 
ponnement du  vagin  :  avec  de  Touate,  par  exemple.  Les  tampons  sont  avan- 
tageusement appliqués,  la  femme  étant  dans  la  position  génu-pectorale.  Schultae 
se  sert  d'ouate  salicylée  à  4  0/0,  ou  bien  il  ajoute,  au  traitement  ortho- 
pédique, Taction  de  certaines  substances  médicamenteuses.  A  cet  effet,  Touote 
est  imprégnée  soit  de  glycérine,  de  solutions  ioduréee,  ou  d'ichthyol,  der- 
nière substance  qui  a  Tavantage  de  fortifier  pour  ainsi  dire  la  muqueiMe 
vaginale  et  de  la  rendre  plus  apte  à  supporter  les  agents  mécaniques  em- 
ployé». 


RKVDE  âÉNËRALE  —   LABUSQUIÂRE  119 

Pendant  les  règles,  il  est  évident  que  le  tamponnement  da 
vfigiu  n'est  pas  de  mise.  Queind  la  femme  peut  supporter  un 
pessaire  en  celluloïd,  le  pessaire  maintient  l'antéversion  ; 
mais,  si  l'instniment  n'est  pas  toléré,  il  arrive*  malheureu- 
sement quelquefois  que  l'utérus  se  replace  en  rétroflexion. 
Le  massage,  à  condition,  bien  entendu,  qu'il  n'ait  pas  été 
suivi  antérieurement  d'effets  fâcheux,  ne  doit  pas  être  sus- 
pendu pendant  la  menstruation.  L'interruption  du  massage, 
avant  qn'on  ait  obtenu  un  résultat  positif,  éloigne  le  succès. 
Scbuitze,  dans  le  cas  où  le  tampon  est  laissé  4  jours,  masse 
sur  le  tampon  ;  aussi  le  tamponnement  ne  doit-il  pas  être  si 
serré  qu'on  ne  puisse  introduire  un  doigt  entre  le  tampon 
et  la  paroi  du  vagin.  L'auteur  masse  également  sur  le  pes- 


saire vaginal.  Il  a  obtenu  de  cette  pratique  des  résultats  très 
favorables. 

Quand  l'utérus  tend  invinciblement  à  reprendre  la  forme 
rétrofiéchie,  ce  qui  n'est  pas  rare  dans  les  cas  de  rétroilexion, 
tendance  qui  se  manifeste  même  quand  on  a  réussi  à  fixer  la 
portion  vaginale  en  arrière,  Schultze  emploie  concuremment 
une  tige  intra-utérine  (en  ivoire  ou  en  celluloïd)  qui  est  des- 
tinée à  empêcher  l'utérus  de  prendre  la  forme  rétrofléchie, 
et  le  pessaire  en  8  de  chiffre,  qui  remplit  son  but  ordinaire, 
la  fixation  du  col  en  arrière.  Les  figures  (5  et  6)  montrent  la 
disposition  réciproque  de  la  matrice  et  des  deux  instruments. 


120  DES  BÉTRODéVIÀTIONS   DE   L*UTÉRUS 

D*autre  part,  dans  les  dernières  années,  Schultze  a  plusieurs 
fois .  massé  Tatérus  sur  la  tige  d'ivoire  intra-utérine,  et  il  a 
retiré  de  cette  pratique  des  résultats  très  favorables,  pré- 
cisément dans  les  cas  de  rétroflexion  essentiellement  rebelles 
auparavant.  Dans  deux  cas,  il  a  même  continué  avec  avan- 
tage  cette  manière  de  faire  pendant  la  menstruation.  En 
terminant  cette  description  du  massage,  l'auteur  insiste  sur 
les  précautions  minutieuses  dont  il  doit  être  entouré,  sur 
l'expérience,  Thabileté,  la  patience  qu'il  requiert,  conditions 
au  défaut  desquelles  la  méthode  comporte  do  réels  dangers 
et  est  exposée  à  un  discrédit  injustifié. 

III 

Traitement  chirurgical.  —  Bon  nombre  de  cicatrices  qui 
fixent  le  col  latéralement,  et  beaucoup  plus  en  avant  qu*il 
n'est  dans  sa  position  normale,  sont  les  suites  de  déchirures 
cervicales,  survenues  au  cours  de  l'accouchement.  Certaines 
de  ces  déchirures  affectent  les  culs-de-sac  du  vagin  et  se  pro- 
longent jusque  dans  le  paramétrium,  et  les  cicatrices  aux- 
quelles elles  donnent  lieu  s'étendent  aussi  loin.  Les  autres 
déchirures  ne  sont  pas  aussi  profondes,  mais  la  paramé- 
trite  développée  durant  les  suites  de  couches  devient  le  point 
de  départ  du  tissu  cicatriciel  qui  fixe  anormalement  l'utérus. 
Contre  ces  cicatrices  cervicales,  contre  l'ectropion  cervical 
qui  en  résulte,  on  fait  l'opération  d'Emmet,  à  laquelle  on  a 
en  outre  attribué  (Van  de  Warker,  Vuillet,  Dudley,  Sinclair, 
Sanger,  Martin)  le  mérite  d'exercer  une  inâuence  heureuse 
sur  la  rétroversion  elle-même. 

Ce  résultat  complémentaire  de  l'opération  d'Emmet  ne 
peut  s*expliquer  que  si  Ton  admet  qu'au  cours  de  cette  opé-* 
ration,  on  a  libéré  le  col  des  cicatrices  qui  le  maintenaient 
anormalement  fixé.  Il  est  évident  que  ce  résultat  heureux 
sera  d'autant  plus  sûrement  obtenu  que  le  chirurgien  l'aura 
fait  rentrer  parmi  les  indications  sur  lesquelles  il  fonde  sa 
méthode  d'intervention.  Lorsque  la  cicatrice  s'élève  très 


REVUE  GÉNÉRALE  —  LABUSQUIÈRE  121 

haut  dans  le  paramétrium,  Schultze  conseille  d'avoir  recours 
à  Topera tion  indiquée  par  Martin  (l).  Dans  les  cas  de  rétro- 
déviations  sbus  la  dépendance  d'une  brièveté  infantile  de  la 
paroi  vaginale  antérieure,  il  faut  suivre  la  méthode  opé- 
ratoire que  Skntsch  a  appliquée  avec  succès  contre  la  brièveté 
infantile  du  vagin  (2)  :  il  incise  transversalement  la  paroi  du 
vagin,  écarte  fortement  les  bords  de  la  plaie,  les  réunit  par 
des  sutures  transversales^  obtient  une  cicatrice  longitudi- 
nale, perpendiculaire  à  la  direction  de  Tincision.  L'allonge- 
ment ainsi  obtenu  de  la  paroi  antérieure  du  vagin  permet  de 
ramener  le  col  en  arrière,  ec  par  Tapplication  d*un  pessaire 
en  8  de  chiffre,  de  maintenir  Tutérus  dans  l'antéflexion  nor- 
male. 

Quand  on  n*a  réussi  par  aucune  des  méthodes  précédentes, 
on  peut,  en  certains  cas,  pratiquer  la  vieille  opération  d'Âl- 
quié,  le  raccourcissement  des  ligaments  ronds.  Encore  faut- 
il  que  ces  ligaments  soient  accessibles  et  fortement  dévelop- 
pés. Cette  opération,  d'ailleurs,  malgré  la  vogue  dont  elle 
jouit  en  Amérique,  n'est  susceptible  que  d'une  application 
limitée.  Schultze  a  relevé  plusieurs  cas  d'insuccès  indé- 
niables. Ily  aaussi  l'opération  de  Schacking,mais  ce  procédé 
opératoire,  malgré  les  perfectionnements  qu'on  lui  a  fait 
subir  dans  le  but  d'éviter  les  blessures  de  la  vessie,  comporte 
encore  trop  de  risques  pour  le  voir  entrer  dans  la  pratique 
courante.  En  somme,  l'opération  de  choix  pour  le  plus  grand 
nombre  des  chirurgiens,  consiste  à  fixer,  après  laparotomie, 

(1)  «  Je  saisis  rutéros  mis  à  découvert  et  j'exerce  sur  lui  des  tractions  aussi 
oonsidérables  que  le  permet  la  continuité  des  parties  dans  le  sens  opposé  aux 
adhérences.  Puis  j*excise  la  cicatrice  de  la  surface  externe  du  col  à  l'aide 
d'une  section  en  oroissani,  embrassant  la  partie  latérale.  D^habitude^  j'en- 
fonce de  dehors  en  dedans,  et  le  long  du  col,  un  couteau  pointu,  à  deux 
tranchants,  que  je  promène  assez  loin  et  assez  profondément  autour  de 
Fntérua  pour  le  débarrasser  des  brides  cicatricielles.  La  plaie  s*ouvre  large- 
ment et  la  matrice  tombe  alors  dans  le  milieu  du  bassin,  eto...]>.  Traité  cli^ 
nique  des  maladie*  des  femmes.  Trad.  française,  par  Varnieb  et  Wkiss, 
p.  424. 
-    (2)  Verhandl,  der  deuUclL  QeeelUJ,  Qyn.,  II,  188S,  p.  184. 


122  SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Tutérus  en  avant,  en  unissant  soit  le  fond  de  l'utérus,  soit  les 
cornes  utérines  à  la  paroi  abdominale  antérieure  (hystéro- 
pexie  directe  ou  indirecte). 


REVUE  DES  SOCIÉTÉS  SAVANTES 


SOCIÉTÉ  OBSTÉTRICALE  ET  GYNÉCOLOGIQUE  DE  PABIS 

Séance  du  H  janvier  1892. 

• 

Suite  de  la  discussion  sur  raccommodation  en  obstétriqne. 

LovioT.  —  Faits  cliniques  :  1)  Rupture  spontanée  des  membranes 
avec  écoulement  lent  du  liquide  amniotique  à  la  fin  du  8«  mois  de  la 
grossesse.  Septicémie  passagère  avant  le  travail  par  omission  des 
précautions  antiseptiques.  Entant  vivant.  Insertion  du  placenta  sur  le 
segment  inférieur.  —  Fait  observé  chez  une  Illpare,  âgée  de  26  ans. 
Le  travail  se  déclara  5  jours  environ  après  le  début  de  Técoule* 
ment  du  liquide  amniotique,  lequel  s*était  produit  inopinément, 
sans  intervention  d'aucune  circonstance  extérieure  appréciable. 

Expulsion  d*un  enfant  vivant,  du  poids  de  2,G50  gr.  Délivrance 
normale.  A  l'examen  du  délivre,  on  constata  qu^elles  étaient  rom- 
pues non  loin  de  sa  périphérie,  ce  qui  indiquait  que  le  placenta 
s'insérait  très  bas,  circonstance  favorable  à  la  rupture  prématurée 
des  membranes  ;  2)  ÂppUcation  du  forceps  pour  une  O.I.D.P.  après 
réduction  manuelle,  cinq  circulaires  autour  du  cou.  Longueur  du 
cordon  1  m.  25  ;  3)  Ovulation  sans  menstruation,  grossesse  mécon- 
nue par  rintéressée....  36  ans.  premières  règles  à  16  ans,  depuis, 
menstruation  toujours  régulière,  durant  do  8-10  jours.  Il  y  a 
14  mois  environ,  cessation  de  la  menstruation,  et  à  un  certain 
moment,  gonflement  du  ventre,  que  la  malade,  très  rhumatisante, 
met  sur  le  compte  du  rhumatisme.  Après  être  restée  14  mois  sans 
être  réglée,  la  femme  est  prise  de  douleurs  de  travail,  et  Ton  ex- 
trait par  le  forceps  un  fœtus  vivant,  dont  le  développement  phy- 


SOCIÉTÉ   OBSTÉTRICALE   ET  GYNÉCOLOGIQUE  DE   PARIS     123' 

8ique  correspond  à  6  1/2-7  mois  de  vie  intra-utérine  au  plus,  et 
qui  s'élôve  parfaitement,  quoique  au  biberon.  L*auteur  fait  remar- 
quer qu'il  serait  intéressant  de  savoir  si  cette  femme  sera  de 
nouveau  menstruée  ;  4)  réduction  spontanée  pendant  la  grossesse 
d'un  fibrome  utérin  remplissant  le  cnl-de-sac  latéral  gauche  du  vagin. 
Rnptnre  des  membranes,  avec  écoulement  brusque  du  liquide  am- 
niotique 4  Jours  1/2  avant  racconchement,  mort  du  lœtns. 

M.  le  Dr  E.  Blanc  lit  un  travail  sur  les  rapports  des  inflammations 
péri-ntérines  avec  la  grossesse  et  racconchement 

Les  auteurs  classiques  n'ont  paf?  encore  porté  leur  attention  sur 
ce  coin  de  pathologie  obstétricale.  Tous  les  gynécologues  ou  accou- 
cheurs signalaient  les  dangers  que  court  la  grossesse  dans  les  cas 
où  Tutérus  est  dévié  ou  fixé  par  des  adhérences.  MM.  Pinard  et 
Varnier,  dans  leur  importante  étude  sur  la  rétroversion  de  l'utérus 
gravide,  font  une  distinction  très  juste  entre  les  adhérences  para- 
utérines,  c'est-à-dire  unissant  Tutérus  aux  parois  et  viscères  pel- 
viens, et  les  adhérences  extra-utérines,  effectuée  en  dehors  de  cet 
organe,  mais  à  son  voisinage  immédiat.  Tandis  que  les  premières 
tendent  à  s'amollir,  à  se  résorber  et  à  disparaître  durant  la  grossesse, 
les  secondes  ne  subissent  pas  ou  presque  pas  Tinfluence  modificà* 
trice  de  la  gestation.  -Mégrat,  dans  son  travail  sur  la  péritonite 
durant  la  grossesse,  ne  fait  qu'effleurer  ce  sujet,  et  Tauteur  qui  s'en 
est  le  plus  occupé,  c'est  Pierre  Delbety  dans  son  traité  «  Des  suppu- 
rations pelviennes  chez  les  femmes  >.  Il  consacre  en  effet  deux 
pages  à  ce  sujet  et  relève  8  cas  de  péritonites  purulentes  détermi- 
nées par  l'ouverture  de  salpingites  ou  ovarites  anciennes. 

M.  Blanc  a  pu  réunir  50  observations  d'inflammations  péri- uté- 
rines compliquant  la  grossesse  ou  l'accouchement.  De  ces  obser- 
vations, 12  lui  sont  personnelles.  Il  les  groupe,  d'après  le  diagnos- 
tic clinique  ou  d'après  l'examen  anatomique,  en  4  catégories  : 
l^* phlegmons  du  ligamentlarge  (11  cas)  ;  2<>  salpingo-ovarites  (18  cas)  ; 
3<»  pelvi-péritonites  (13  cas).  5  cas  se  rapportent  à  des  lésions  tuber- 
culeuses des  annexes  ou  du  péritoine  pelvien,  et  constituent  une 
véritable  rareté  pathologique. 

Quelle  est  l'influence  de  la  grossesse  sur  les  lésions  inflamma- 
toires du  petit  bassin  ?  Elle  est  très  fâcheuse.  Il  suffit  pour  le 
démontrer  de  dire  que  la  mortalité  maternelle  atteint  le  chiffre  de 
49  0/0  dans  tous  les  cas  pris  en  bloc.  Le  taux  de  cette  mortalité 
varie  d'ailleurs  beaucoup  avec  les  diverses  catégories  d'affections 


124  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

établies.  Tandis  que  dans  les  10  cas  de  phlegmons  du  ligament 
large  dont  le  résultat  est  connu,  l'auteur  ne  trouve  que  3  morts  à 
mettre  pins  ou  moins  directement  sur  le  compte  de  cette  compli- 
cation, soit  une  mortalité  de  30  0/0,  il  arrive  avec  les  saipingo* 
ovarites  au  chiffre  de  11  morts  sur  18,  ou  62  0/0  et  avec  les  pelvi- 
péritonites  à  celui  de  55  0/0  ou  8/13.  Une  statistique  comparative 
empruntée  à  Delbet  et  portant  sur  391  cas  de  salpingo-ovarites 
en  dehors  de  la  grossesse  donne  une  mortalité  maternelle  de  200/0 
et  celle  de  33  0/0  pour  les  abcès  pelviens  non  traités  et  ouverts 
dans  le  vagin.  Cette  grande  différence  dans  le  pronostic  est  juslitiée 
théoriquement.  En  effet,  les  collections  incluses  dans  le  ligament 
large^  isolées  par  une  poche  kystique  épaisse,  complètement 
fermée,  subissent  d'une  façon  moins  directe  'et  en  tout  cas  moins 
dangereuse,  l'effet  du  déplacement  et  de  la  distension  de  Tutéros 
gravide. 

Comment  agit  la  grossesse  pour  provoquer  avec  autant  de  faci- 
lité le  réveil  ou  une  aggravation  de  ces  accidente  inflammatoires? 

Il  faut  évidemment  d'abord  compter  avec  les  modifications 
puerpérales  des  liquides  de  l'économie,  et  surtout  de  la  zone 
pelvienne.  Mais  il  faut  tenir  un  compte  essentiel  des  rapports 
nouveaux  que  prend  l'organe  de  la  gestation,  et  de  la  rupture 
relativement  fréquente  des  adhérences  qui  limitent  et  protègent 
les  collections  grandes  ou  petites,  situées  dans  son  pourtour.  Au 
fur  et  à  mesure  que  l'œuf  se  développe,  Tutérus  quitte  l'excavation 
pelvienne  pour  remonter  dans  l'abdomen,  et  par  cela  même  entraine 
et  tiraille  ses  annexes,  déplace  ses  culs-de-sac,  exerçant  des  effets 
identiques  sur  les  poches  kystiques  qui,  accidentellement,  l'envi- 
ronnent et  gênent  sa  distension.  Que  cette  affection  soit  le  résultat 
d'une  pelvi-péritonite  ou  d'une  inflammation  tubaire,  elle  peut, 
dans  ces  conditions,  se  déverser  à  la  surface  de  la  séreuse  périto- 
néale.  M.  Blanc  trouve  que  dans  les  salpingo-ovarites,  la  mort  a 
lieu  très  fréquemment  (50  0/0)  par  rupture  de  la  poche  kystique. 
Cette  même  cause  de  mort  n'intervient  en  dehors  de  la  grossesse 
que  dans  11  0/0  des  cas. 

Dans  les  salpingites,  l'éruption  intra-ahdominale  du  liquide, 
peut  se  faire  d'une  autre  façon  :  par  expre.ssion  de  ce  liquide  d 
travers  Vostium  abdominale,  sous  l'influence  de  l'augmentation 
de  pression  que  crée  l'utérus  en  voie  de  développement,  et  peut- 
être  aussi  de  la  traction  exercée  sur  les  trompes.  Un  fait  intëres- 


SOCIÉTÉ  OBSTÉTRICALE   KT   GYNÉCOLOGIQUE   DE   PABI3     '25 

sant  à  signaler  c'est  que  dans  un  certain  nombre  de  cas  (5)  la  rup- 
ture des  collections  ne  s'est  faite  qu'après  Taccouchement^  soit 
dans  les  premiers  jours  de  couches,  soit  même  plus  tard,  21  jours  : 
cas  de  S&nger,  15  jours  après  un  avortement. 

Il  est  probable  enfin  que  la  grossesse  peut-être  cause  de  rup- 
ture tubaire^  en  réalisant  la  fermeture  du  trajt^t  par  lequel  s'écou- 
lait d  une  façon  intermittente  le  pus  accumulé  dans  les  trompes, 
c'est-à-dire  en  fermant  la  cavité  utérine. 

Si,  au  moment  où  la  femme  devient  enceinte,  il  ne  reste  comme 
vestiges  de  l'inflammation  ancienne  du  petit  bassin,  que  des  adhé- 
rences fibreuses,  maintenant  l'utérus  dévié  en  divers  sens  et  sur- 
tout en  arrière,  Teilet  de  la  grossesse  sur  ces  trousseaux  fibreux 
sera  favorable.  Elle  les  assouplit,  les  amollit,  comme  elle  fait 
pour  les  fibromes,  et  rend  possible  leur  distension. 

Dans  un  certain  nombre  de  cas,  qu'il  est  impossible  d'apprécier 
par  le  moyen  des  statistiques,  la  grossesse  a  évolué  en  n'exerçant 
sur  l'inflammation  péri-utérine  qui  la  précédait,  aucune  influence 
de  quelque  gravité. 

Les  inflammations  et  collections  pelviennes  à  leur  tour  témoi- 
gnent leur  présence  durant  la  grossesse  ou  raccouchement  par 
des  effets  tout  aussi  sérieux  quoique  de  nature  diiTérente.  La 
grossesse  est  interrompue  dans  plus  de  la  moitié  des  cas,  55  0/0, 
et  presque  toujours  cette  interruption  est  un  avortement.  La  plus 
grande  part  de  cette  fâcheuse  influence  revient  aux  pelvi-péritonites 
(76  0/0)  et  la  plus  faible  aux  lésions  des  annexes  (3!o  0/0).  Quant  à 
la  cause  de  Tavortement  il  faut  chercher  parmi  divers  facteurs 
qui  peuvent  agir  isolément  ou  simultanément  :  poussées  inflam- 
matoires, situation  vicieuse  de  l'utérus,  adhérences,  etc..  Parfois 
c'est  dans  l'œuf  ou  la  cavité  utérine  elle-même  (endométrite)  que 
réside  la  cause  de  l'avortement,  ainsi  que  Tauteur  en  relate  un 
exemple  très  net. 

Après  quelques  considérations  générales  sur  les  marches  de  ces 
alTection.s,  l'auteur  s'occupe  de  leur  diagnostic.  Il  montre  combien 
dans  ces  conditions  est  difficile  le  diagnostic  do  la  grossesse  à  ses 
trois  premiers  mois.  Les  affections  qui  peuvent  le  plus  souvent 
donner  lieu  à  une  méprise,  sont  :  la  grossesse  rétro-utérine,  la 
rétroversion  de  l'utérus  gravide,  la  présence  dans  le  cul-de-sac  pos- 
térieur d'un  fibrome  ou  d'un  kyste  de  l'ovaire  enflammés,  Théma- 
tocèle  dont  M.  Blanc  rapporte  une  observation  au  3«  mois  de  la 
grossesse. 


126  SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Helativement  au  traitement,  il  convient,  eu  égard  à  la  gra- 
vité du  pronostic»  de  défendre  la  grossesse  à  toutes  femmes 
porteurs  d'une  des  lésions  inflammatoires  relatées  ci-dessus. 
Durant  la  gestation,  le  traitement  sera  le  même  qu*à  Tétat  de 
vacuité.  Mais  la  laparotomie  a  été  pratiquée  pour  ruptures  des 
trompes  et  péritonite  suraiguê.  Une  seule  femme  a  guéri,  et  la 
grossesse  a  continué  son  cours.  Deux  fois  la  lésion  inflammatoire 
a  été  cause  de  dystocie.  Dans  un  cas  de  Felsenreich  (obs.  IX), 
un  phlegmon  du  ligament  large  obstruait  en  partie  Texcavation 
pelvienne  ;  on  ût  la  craniotomie  ;  l'enfant  était  mort  d'ailleurs. 
Dans  un  second  cas  (obs.LX,  Vincent),  une  tumeur  kystique,  suite 
de  pelvi-péritonite,  obstruait  le  cul-de-sac  de  Douglas  et  dût  être 
ponctionnée  par  le  vagin,  au  moment  de  l'accouchement. 

Dans  les  suites  de  couches  certaines  formes  de  septicémie  ne 
sont  que  l'expression  d'une  infection  produite  par  l'extension,  ou 
par  le  développement  d'une  collection  purulente,  dont  la  femme 
était  porteur  durant  sa  grossesse. 

Discussion.  Budik  ne  veut  pour  le  moment  s'occuper  que  des  acci- 
dents qui  surviennent  après  Taccouchement.  Ces  accidents  avant 
l'introduction  de  la  méthode  antiseptique  en  obstétrique  étaient  con- 
fondus avec  ceux  de  la  ûèvre  puerpérale  proprement  dite.  A  son  avis, 
ils  sont  plus  précoces,  en  général,que  ne  semble  l'indiquer  M.  Blanc. 
M.  Budin  les  a  vus  survenir  parfois  24-48  heures  après  l'accouche- 
ment. Dans  un  1^'  fait,  il  s'agissait  d'une  femme  qui,  antérieure- 
ment atteinte  d'accidents  péri-utérins,  présenta  48  heures  après 
l'accouchement  des  troubles  graves,  malgré  une  antisepsie  rigou- 
reuse. Cette  femme  évacua  peu  après  par  le  rectum  une  abondante 
quantité  de  pus,  évacuation  qui  fut  suivie  de  la  cessation  des  acci- 
dents. Dans  un  second  cas,  les  accidents  fébriles  survinrent  égale- 
ment 48  heures  après  l'accouchement.  L'accouchée  avait  eu  aupa- 
ravant delà  suppuration  de  la  fosse  ischio-rectale,  suppuration  qui 
se  reproduisit  après  l'accouchement.  Ces  accidents  sont  dus  à  une 
disposition  spéciale,  mise  en  relief  il  y  a  déjà  longtemps,  de  la 
femme  en  était  puerpéral  à  fabriquer  du  pus.  Cette  disposition  se 
manifeste  non  seulement  sur  les  lésions  anciennes  ayant  leur  siège 
dans  la  sphère  génitale,  mais  encore  sur  celles  situées  en  d'autres 
régions  du  corps  (récidive  après  l'accouchement  d'une  dacryo-cys- 
tite  suppurée,  suppuration  de  veines  variqueuses,  etc.).  Il  y  a  comme 
un  réveil  des  accidents,  qu'on  invoque  ou  non  ce  que  Verneuil  a 


SOCIÉTÉ  OBSTÉTRICALE  ET  GYNÉCOLOGIQUE   DE  PARIS     127 

appelé  le  microbisme  latent.  Guéniot.  Ces  accidents  ne  peuvent 
actuellement  8*expliquer  que  par  le  réveil,  sous  Tinfluence  de  la 
débilitation  inhérente  à  la  grossesse  ou  du  traumatisme  de  Tac- 
couchementy  d'une  infection  antérieure.  Plus  exceptionnellement, 
il  peut  s'agir  non  plus  d'accidents  locaux,  mais  d'infections  géné- 
ralisées ou  dlntoxications  qui,  engendrées  au  cours  delà  grossesse, 
ne  se  manifestent  qu'après  la  délivrance  (empoisonnement  produit 
par  le  voisinage  d'une  fosse  d'aisances).  L.  Championniére,  estime 
que  le  pronostic  qui  se  dégage  du  travail  de  M.  Blanc  est  trop 
sombre  ;  que  d'après  spn  expérience,  il  n'est  pas  douteux  que 
bon  nombre  de  femmes  atteintes  de  lésions  péri-utérines  traversent 
plusieurs  grossesses  et  accouchements  sans  être  exposées  à  des 
accidents  aussi  sérieux.  U  reconnaît  avec  lui  que  ces  sujets  ont 
une  disposition  très  marquée  à  Tavortement.  Porak,  n'a3'ant 
jamais  observé  de  fait  analogue,  avait  pensé  que  les  lésions  péri 
utérines  devaient  être  une  cause  importante  de  stérilité,  il  serait 
intéressant  d'étudier  la  question  sous  ce  point  de  vue. 

R.  L. 

S.  Bonnet.  —  Note  sur  un  mode  de  préparation  antiseptique  des 
tiges  de  laminaire  et  des  éponges  dilatatrices. 

On  sait  quel  rôle  important  joue  aujourd'hui  dans  la  thérapeuti- 
que gynécologique  la  dilatation  progressive  de  la  cavité  utérine. 
De  toutes  les  substances  utilisées  dans  le  but  de  l'obtenir,  tiges  de 
tupelo,  racine  de  gentiane,  ivoire  décalcifié,  laminaires,  épon- 
ges préparées,  etc.,  les  deux  dernières  sont  les  plus  généralement 
employées. 

Mon  intention  n'est  de  faire  ici  Thistoire,  ni  de  la  dilatation, 
ni  de  ses  moyens  :  de  nombreux  mémoires  l'ont  faite,  et  je  ren- 
voie aux  indications  et  aux  expériences  communiquées  ici  môme, 
en  1887,  par  M.  Porak.  Je  veux  indiquer  simplement  le  mode  de 
préparation  antiseptique  économique  et  simple  que  j'ai  coutume 
d'employer. 

Les  tiges  de  laminaire,  destinées  à  la  dilatation  utérine,  se  trou- 
vent, dans  le  commerce,  sous  forme  de  bâtonnets  tournés,  lisses, 
perforés  d'après  le  procédé  de  Greenhalg  ou  pleins,  de  calibre  pro- 
gressif, mais  de  longueur  uniforme.  On  n'en  trouve  guère,  je  crois, 
que  de  6,  et  plus  difficilement,  de  8  centimètres.  Elles  sont  généra- 
lement munies,  à  leur  bas»3,  d'une  soie  destinée  à  en  faciliter  le 


128  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

retrait,  et  dont  l'utilité  est  fort  contestable.  Le  principal  avantage 
de  ces  tiges  consiste  dans  la  facilité  de  leur  introduction,  en  rai- 
son de  l'unité  de  leur  surface  ;  mais  elles  présentent,  en  revanche, 
un  double  inconvénient  : 

1»  Étant  de  longueur  égale,  elles  ne  correspondent  pas  aux 
dimensions  de  tous  les  utérus  ;  il  en  résulte  que,  trop  longues, 
elles  peuvent  venir  lutter  contre  la  paroi  vaginale  postérieure, 
et  y  déterminer,  surtout  si  la  malade  marche,  soit  une  perfo- 
ration de  la  cloison,  soit  une  ulcération  plus  ou  moins  pro- 
fonde. 

M.  Pichevin  vient  de  publier  un  cas  de  ce  genre  et  il  m'a  été 
donné  aussi  de  constater  ce  petit  accident. 

Trop  courtes,  elles  s'enclavent  pendant  leur  turgescence  sur- 
tout  chez  les  nuUipares,  au-dessus  de  Torifice  du  museau  de  tan- 
che  :  on  peut  éprouver  alors  une  difficulté  considérable  à  les  retirer. 
J^ai  vu  plusieurs  fois  M.  Doléris  —  et  je  me  suis  trouvé  moi-même 
dans  la  même  nécessité  —  obligé  de  faire  une  section  bilatérale  du 
col  pour  arriver  à  les  extraire.  Au  début  d'une  opération  et 
lorsque  la  malade  est  sous  le  chloroforme,  le  désagrément  est  de 
mince  importance,  mais  il  est  autrement  ennuyeux  lorsqu'on  le 
rencontre  dans  son  cabinet,  sans  aides,  sur  une  malade  inquiète  et 
soutirant. 

2o  En  second  lieu,  ces  tiges,  très  lisses  et  parfaitement  cylin- 
driques à  Tétat  sec,  révèlent,  en  se  dilatant,  tous  leurs  défauts, 
c'est-à-dire  des  nœuds,  des  aspérités  qui  s'accrochent  à  la  paroi 
et  au  relief  de  Torifice  interne,  ce  qui  peut  rendre  leur  retrait  fort 
difficile  et  très  douloureux. 

Il  n'est  pas  nécessaire  d^avoir  fait  un  bien  grand  nombre  de  dila- 
lations  pour  s'être  trouvé  aux  prises  avec  ces  diverses  petites  com- 
plications. 

On  trouve  les  épongea  préparées  de  deux  manières  ;  sous  formes 
de  petits  cônes  sans  aspérités,  et  sous  la  forme  ancienne  d'épongé 
à  la  ficelle. 

Les  cônes  sont  ordinairement  trop  courts,  et  en  raison  de  leur 
forme  et  de  leurs  dimensions,  s'ils  sont  d'introduction  aisée,  ils  ne 
dilatent  guère  que  la  cavité  cervicale. 

A  ceux-ci,  comme  A  l'éponge  à  la  ficelle,  on  peut  également 
adresser  un  double  reproche.  C'est  qu'on  n'est  jamais  ab.solunient 
sûr  de  leur  asepsie  et  qu'ils  ne  sont  pas  toujours  consciencieuse- 


SOCIÉTÉ   OBSTÉTRICALE  ET  GYNÉCOLOGIQUE  DE  PARIS    129 

ment  préparés,  avec  une  seule  éponge.  Il  est  arrivé  que,  croyant 
retirer  Téponge  tout  entière  de  la  cavité  utérine,  on  y  en  a  laissé 
un  fragment,  et  il  est  facile  de  pressentir  les  dangers  d'un  lel  acci- 
dent. 

Enfin,  laminaires  et  éponges  ainsi  préparées  sont  d'un  prix  rela- 
tivement élevé  et,  pour  secondaire  qu'elle  soit,  cette  considération 
peut  ne  pas  être  négligeable. 

J'ai  essayé,  pour  mon  usage  personnel,  de  remédier  d'une  façon 
pratique  et  économique  a  ces  quelques  desiderata,  et,  depuis  bien- 
tôt deux  ans,  mon  collègue  le  Dr  Petit  et  moi,  nous  nous  servons, 
avec  une  entière  satisfaction,  de  laminaires  et  d'épongés  préparées 
de  la  façon  suivante  : 

1«  Laminaires  :  Celles  que  j'emploie  sont  les  tiges  brutes  du 
commerce,  achetées  au  poids,  simplement  séchées  et  vierges  de 
tout  apprêt.  Il  est  bon  de  choisir  les  plus  lisses  et  les  plus  dures, 
car  quelques-unes,  d'aspect  terreux,  se  montrent,  après  gonfle- 
ment, molles,  friables  et  pourraient  s'écraser  dans  l'utérus  sous  la 
pression  de  la  pince. 

On  les  divise  alors  en  segments  de  différentes  longueurs,  de  6 
à  8  ou  9  cent,  en  tenant  compte  ainsi  de  leur  allongement  pendant 
le  gonflement.  Après  les  avoir  brossées  et  lavées,  afln  de  les  débar- 
rasser des  matières  étrangères  qui  peuvent  adhérer  à  leur  sur- 
face, on  les  plonge  dans  une  solution  froide  de  sublimé  au  1/1000* 
et  dans  un  vase  propre,  de  dimensions  assez  grandes  pour  que 
leur  dilatation  ne  soit  pas  contrariée.  Il  est  bon  de  couvrir  le 
vase  afin  de  soustraire  la  préparation  aux  germes  de  l'atmos- 
phère. 

Les  tige^  n'atteignent  leur  maximum  de  turgescence,  dans  la 
solution  froide,  qu'au  bout  de  12  à  24  heures  et  même  davantage. 
Cette  différence  tient  à  plusieurs  causes  :  volume  de  la  tige,  tem- 
pérature de  la  saison  ou  de  l'appartement,  etc.. 

11  n'y  a  nul  inconvénient,  du  reste,  à  les  y  laisser  séjourner  plus 
longtemps,  et  on  peut,  par  contre,  en  hâter  le  gonflement  en  les 
plongeant  tout  d'abord  dans  une  solution  tiède. 

Je  les  lave  alors  dans  de  l'eau  stérilisée  et  je  les  laisse  macérer 
de  nouveau,  pendant  un  temps  indéterminé,  24  heures  au 
moins,  dans  de  Teau  naphtolée  au  1/1000°  que  j'obtiens  par  addi- 
tion de  20  c.  c.  par  litre  d'une  solution  alcoolique  de  naphtol 
au  1/20«. 

âjou  SB  on;  —  vob.  tzztu.  9 


130  SOCIETES   SAVANTES 

Il  n'y  a  plus  qu'à  les  retirer  de  ce  bain,  en  arrondir  une  extré- 
mité avec  une  lame  tranchante  et  les  laisser  sécher.  Cette  dessic- 
cation ne  doit  pas  s'opérer  à  Tair  libre  où  leur  surface  pourrait  se 
contaminer  de  nouveau  ;  on  peut  les  envelopper  dans  une  gaze 
ou  dans  de  l'ouate  antiseptique.  Mais,  par  ce  moyen,  ce  temps 
de  la  préparation  est  assez  long  et  demande  de  5  à  10  jours,  sui- 
vant la  température  ambiante  et  le  calibre  des  tiges.  On  peut 
obtenir  beaucoup  plus  rapidement  ce  résultat  à  l'étuve  modéré» 
ment  chaulTée,  ou,  ce  qui  est  mieux  à  la  portée  de  tout  le  monde 
dans  un  simple  four  de  cuisine,  à  condition  de  les  y  exposer  dans 
un  récipient  propre. 

Quel  que  soit  le  procédé  adopté,  il  est  bon  de  les  surveiller  et 
de  ne  pas  les  laisser  arriver  à  un  degré  de  sécheresse  extrême,  ce 
qui  les  rendrait  dures,  cassantes  et  plus  difilciles  à  introduire. 
Alors  qu'elles  sont  encore  souple  et  malléables,  bien  qu'à  peu 
prés  totalement  rétractées,  je  les  plonge  dans  de  l'éther  addi- 
tionné de  naphtol  à  1  0/0  ou  d'iodoforme  à  5  0/0.  Là  elles  finissent 
de  se  contracter  tout  en  conservant  leur  souplesse  et  peuvent 
y  être  conservées  indéliniment,  jusqu^au  moment  de  leur 
emploi. 

En  résumé  :  choix,  segmentation  et  lavage  des  tiges  brutes  ; 
immersion  dans  une  solution  de  sublimé  au  1/1000*  jusqu'à  dila- 
tation maxima;  lavage  à  l'eau  bouillie  et  macération  nouvelle 
dans  l'eau  naphtolée;  enfin,  dessiccation  et  conservation  dans 
l'éther  iodoformé  ou  naphtolé  ;  telle  est  la  série  des  manipula- 
tions qui  doivent  être  faites,  bien  entendu,  avec  des  mains  anti- 
septiques. 

Ainsi  préparées,  ces  tentes  sont  souples  et  sûrement  antisepti- 
ques. Il  est  facile,  après  l'hystérométrie,  de  les  choisir  de  dimen- 
sions convenables  à  chaque  cas  particulier  :  on  peut  facilement  les 
raccourcir  d'un  coup  de  ciseaux. 

Enfin,  il  est  un  petit  pointeur  lequel  je  demande  la  permission 
de  revenir.  Ces  tentes  sont  d'aspect  assez  inégal  et  ne  flattent  pas 
l'œil  tout  d'abord  comme  les  tiges  tournées  du  commerce  ;  mais, 
à  l'inverse  de  celles-ci,  ellos  ont  les  qualités  de  ce  défaut.  Elles  se 
dilatent  en  un  cylindre  parfait,  absolument  li^sc,  sans  aucune 
des  Inégalités  qui  se  révèlent  pendant  la  turgoscence  de  celles-là 
et  qui  en  rendent  parfois  l'extraction  si  douloureuse.  Cotte  net- 
teté (\p  leur  surfacp  assure  parfaitement  l'écoulement  des  sécré- 


SOCIÉTÉ   OBSTÉTRICALE   ET   GYNÉCOLOGIQUE  DE   PARIS     131 

tions  et  rend  inutile  la  perforation  centrale.  Leur  retrait  est  tou- 
jours très  facile. 

Quant  à  leur  introduction,  la  souplesse  qu'elles  conservent  les 
rend  également  faciles  et,  dans  le  cas  où  on  les  aurait  laissées  trop 
sécher,  il  est  facile  de  les  rendre  malléables  en  les  trempant  pen- 
dant quelques  secondes,  dans  une  solution  chaude  de  sublimé. 

2o  Eponges.  —  J'en  emploie  de  deux  sortes  :  les  petites  éponges 
indiennes,  fournissant  une  seule  tente,  et  une  variété  peu  appré- 
ciée dans  le  commerce. 

Celles-ci  sont  formées  d'une  base  grossière  dont  émergent  de 
longues  branches  coniques  plus  ou  moins  divisées  et  volumi- 
neuses. 

Chacun  de  ces  cônes,  isolé  et  régularisé  aux  ciseaux.,  servira  à 
préparer  une  longue  tige  dans  laquelle  on  pourra  tailler  plusieurs 
tentes.  Réduites  par  la  ficelle,  elles  ne  sont  guère  plus  grosses 
que  des  laminaires  de  gros  et  même  de  moyen  calibre.  Très 
résistantes,  elles  ne  se  déchirent  pas  sous  la  traction  de  la  pince 
et  produisent  une  très  bonne  dilatation  cylindrique. 

Moins  lisses  que  les  cônes  préparés,  les  éponges  à  la  ûcelle 
seraient  sans  doute  plus  difficiles  à  introduire  comme  premier 
agent  de  dilatation,  mais  on  ne  s'en  sert*  généralement  que 
lorsque  la  voie  a  été  préalablement  ouverte  par  une  ou  plu- 
sieurs laminaires  successives  :  elles  pénétrent  alors  sans  diffi- 
culté. 

Je  les  fais  blanchir  avant  qu'elles  ne  me  s^oient  livrées.  Comme 
on  emploie  pour  cela  le  permanganate  de  potasse  et  le  sulfite  de 
soude,  c'est  déjà  une  préparation  antiseptique  qui  les  débarrasse 
des  germes  qu'elles  ont  pu  recueillir  au  magasin. 

Après  avoir  été  taillées  et  débarrassées,  s'il  y  a  eu  lieu,  de  leurs 
calcaires,  elles  sont  soumises  aux  mêmes  manipulations  que  les 
laminaires,  c'est-à-dire  immergées  pendant  [plusieurs  jours  dans 
de  la  liqueur  de  Van  Swieten,  lavées  à  l'eau  bouillie  et  plongées 
de  nouveau  dans  l'eau  naphtolée. 

Il  n'y  a  plus  qu'à  les  exprimer  et  à  les  comprimer  à  la  ficelle. 

Je  n'insiste  pas  sur  ce  dernier  temps  de  la  préparation  :  il  n'est 
pas  nouveau.  11  faxit  .employer  de  la  ficelle  de  fouet,  c'est-à-dire 
très  tordue  et  ne  s'aplatissant  pas.  Je  la  laisse  immergée  pendant 
quelques  jours,  comme  les  éponges,  dans  une  solution  de  sublimé. 
Les  tours  de  spire  doivent  ôtre  très  serrés  ôt  partout  en  contact. 


132  REVUE  ANALYTIQUE 

On  obtient  ainsi  de  longues  tiges  aseptiques,  suffisamment  rigides, 
qu'on  coupe  à  la  longueur  voulue  et  qu'on  arrondit  grossièrement 
à  UDe  extrémité,  qui  pénétrent  facilement  dans  la  ca\'ité  utérine 
préablement  ouverte  par  la  laminaire,  et  se  dilatent  cylindri- 
quement. 

Je  donne  pour  ce  qu'il  vaut  ce  procédé  de  préparation  sans  le 
prétendre  meilleur  qu'un  autre  et  sans  le  discuter  théoriquement. 
Je  sais  que  la  simple  immersion  dans  Téther  iodoformé  sufQt 
ordinairement  à  assurer  l'asepsie  des  tentes  qu'on  emploie,  quelle 
que  soit  leur  provenance;  mais  j'ai  néanmoins  plus  de  confiance 
en  celles  que  j'ai  préparées  moi -môme. 

D'autre  part,  si  je  ne  me  contente  pas  de  la  première .  immer- 
sion dans  le  sublimé,  c'est  qu'il  m*est  arrivé  d'observer  sur  le  col 
de  petites  ulcérations  caractéristiques,  après  avoir  employé  des 
tentes  ayant  séjourné  dans  la  solution  au  1/1000«.  C'est  ce  qui 
m'a  engagé  à  les  débarrasser  par  le  lavage,  de  la  majeur*^  partie 
au  moins  des  sels  mercuriels;  comme  aussi  à  ne  plus  me  servir 
pour  les  enduire,  de  vaseline  au  sublimé. 

Enfin  la  régularité  de  la  dilatation  que  donnent  ces  tentes,  en 
dehors  de  la  sécurité  qu'elles  confèrent,  me  semble  encore  justifier 
leur  emploi. 


REVUE  ANALYTIQUE 


DE   LA   GROSSESSE   EXTRA.-UTÉRINE 

De  l'anatomie  de  la  trompe  gravide.  (Zur  Ânatomie  der  schwan- 
geren  Tube).  G.  Klein,  Zcitsch.  f,  Geb.  u  Gyn,  Bd  XX,  Hft  2. 
p.  288. 

D'un  examen  microscopique  très  minutieux  (et  à  cette  occasion 
l'auteur  insiste  sur  les  grands  avantages  des  coupes  en  séries  qui 
lui  ont  permis  d'interpréter  certaines  particularités  dont  la  signi- 
fication eût  échappé  avec  des  coupes  isolées)  d'un  œuf  âgé  d'un 
mois  et  demi,  Klein  déduit  les  propositions  suivantes  : 

1)  L'œuf  peut  occuper  un  point  excentriijue  de  la  trompe,  se 
nicher  dans  une  des  dépressions  formées  par  les  replis  tubaires. 


DE   L^  GROSSESSE  EXTRA-UTÉRINE  133 

A  ce  niveau,  la  paroi  tubaire  est  amincie  et  prédisposée  à  la  rup- 
ture. La  paroi  opposée  est  hypertrophiée.  Le  développement  de 
l'œuf  peut  ultérieurement  produire  Tamincissement  de  la  paroi 
primitivement  hypertrophiée. 

2)  Dans  l'ensemble,  la  caduque  tubaire  ressemble  à  la  caduque 
utérine,  mais  elle  en  dififère  par  deux  points  :  elle  contient  dans  sa 
portion  inférieure,  entre  les  amas  de  cellules  déciduales,  des  trac- 
tus  connectifs^  qui  correspondent  à  la  structure  de  la  muqueuse 
tubaire  normale.  Elle  possède,  en  outre,  près  de  la  musculeuse, 
une  zone  interoiédiaire,  dans  laquelle,  cellules  déciduales,  fais- 
ceaux musculaireset  conjonctifs, peuvent  se  mêler: sous-muqueuse 
tubaire, 

3)  Il  existe,  entre  les  villosités  choriales  et  la  caduque  tubaire, 
une  connexion  des  plus  intimes.  La  caduque  engaine  les  extrémités 
villeuses,  s^inainue  et  s*élôve  en  certains  endroits  entre  les  villo- 
sités (Caduque  int&t^villeuse)  et  peut,  frappée  de  nécrose,  former 
des  noyaux  nécrotiques  (infarctus)  avec  les  villosités  incluses, 
comprimées.  Les  villosités  représentent  Vêlement  passif,  la  cadu- 
que Vêlement  actif. 

4)  Il  n'y  avait  pas  de  caduque  réflexe  dans  le  cas  actuel.  Les 
faits  communiqués  par  Winckel  et  Frommel  (1)  ne  sont  pas  con- 
cluants. Le  plus  grand  nombre  des  auteurs  n'ont  pas  trouvé  de 
réflexe  tubaire. 

5)  La  déchéance  de  Tépithélium  tubaire,  son  passage  d'épithé- 
lium  cylindrique  à  un  épithélium  polygonal,  cubique,  presque 
pavimenteux,  constitue,  comme  on  le  sait,  un  caractère  important 
de  la  grossesse,  aussi  bien  dans  la  gestation  extra-utérine  qu'intra- 
utérine. 

6)  Les  vaisseaux  tubaires  (vaisseaux  tubo  placentaires)  s  ou- 
vraient librement,  dans  le  cas  actuel,  dans  les  espaces  intervilleux. 
Comme  il  n'a  pas  été  trouvé  de  caduque  réflexe,  ce  placenta  repré- 
senterait un  3o  type  de  placenta  des  mammifères.  E.  L. 

De  ranatomia  de  la  grossesse  tubaire  ;  considérations  sur  le  déve- 
loppement du  placenta  humain.  (Zur  Anatomie  der  Ëileiterschwan- 
gei'schaft  nebst  Bemerkungen  zur  Entwicklung  der  menschlichen 
Placenta),  K.  Abel.  Arch,  f  Gyn.,  Bd  XXXIX,  Hft  3,  p.  393. 

L'auteur  a  utilisé  pour  cette  étude,  des  pièces  pathologiques  pro- 

(1)  Lehrb.der  Ochurtêh,  Leipzig,  1S89,  p.  263. 


134  REVUB  ANALYTIQUE 

veriant  de  2  grossesse»  ectopiques  qui  évoluèrent  d'une  façon  bien 
différente. 

Ob8.  1.  —  X...,  21  ansy  est  prise,  après  une  suppression  des  règles 
de  2  mois,  de  douleurs  dans  le  ventre,  qui  durent  quelqi\p8  heures, 
puis  cessent.  Revenant  à  Berlin  d'un  voyage  en  Suisse,  elle  res- 
sentit au  sortir  du  vagon  un  choc  violent  dans  le  ventre  et  éprouva 
du  ténesme,  phénomènes  qui  furent  immédiatement  suivis  de 
décoloration  de  la  face,  d'agitation,  d*anxiété,  de  vertige  et  de 
perte  de  connaissance.  On  la  transporta  à  son  domicile,  située 
à  1/4  d^heure  de  la  gare,  et  au  S**  étage.  Elle  se  coucha,  mais  la 
faiblesse  alla  en  augmentant  et  elle  mourut  peu  après.  A  l'autopsie, 
faite  12  heures  après  la  mort,  on  constata  que  la  trompe  droite 
était  le  siège  d'un  sac  fœtal,  situé  près  de  l'angle  de  Tutérus,  et 
présentant  une  déchirure  de  1,8  cent,  de  long  sur  0,7  cent,  de 
large,  de  laquelle  s'échappait  un  caillot  sanguin  et  une  masse 
lobée,  légèrement  jaune,  le  placenta.  Le  caillot  et  le  placenta 
écartés,  on  apercevait  distinctement  Tœuf  avec  ses  membranes 
intactes,  et  à  travers  celles-ci  un  embryon.  A  l'ouverture  du  ventre, 
il  s'était  écoulé  4-5  litres  de  sang  liquide^  et  il  tiy  avait  que 
quelques  caillots  dans  Vcspace  de  Douglas. 

Diagnostic.  —  Après  la  rupture  du  sac,  ce  ne  peut  être  qu'un 
diagnostic  de  probabilité,  que  Ton  fonde  sur  les  symptômes  et  sur 
Tanamnèse  plus  que  sur  les  signes  objectifs.  Car  il  est  impossible, 
quand  rhémorrhagie  est  assez  abondante,  de  faire  une  exploration 
suffisante.  Le  ventre  surdistendu  s'y  oppose. 

Il  convient  aussi  de  noter  que,  malj^ré  Tabondance  (4-5  litres 
dans  le  cas  actuel)  de  l'hémorrhagie,  le  sang  échappe  à  la  palpa- 
Uon,  pour  les  mêmes  raisons  que  le  liquide  ascitique.  Il  n'en  est  pas 
de  môme  quand  le  sang  est  coagulé.  Mais,  dans  le  cas  actuel,  il  n'y 
avait  que  quelques  caillots  dans  Tespaoe  de  Douglas  il).  D  ailleurs, 
il  faut  bien  se  garder  d'escompter  sur  cette  coagulation,  qui  se 
fait  assez  rarement,  mais  qui  peut  être  tardive,  tandis  que  les  grands 
dangers  menacent  le  sujet  pendant  les  24  heures  qui  suivent  la  rup- 
ture du  kyste  fœtal. 

Obs.  2.—  X...,28ans,  après  14  jours  de  maladie,  fut  prisede  phé- 
nomènes si  graves  de  collapsus,  que  l'entourajire  considéra  la  mort 
comme  prochaine.  La  menstruation,  supprimée  depuis  2  mois, 


(1)  Voir  Annal,  de  çfn,  et  d'ohsi.,  janvier  1892,  pi  67. 


DE  LA   GROSSESSE    EXTRA-UTÉRINE  135 

s'était  montrée  quelques  heures  le  jour  môme  de  la  perte  de  con- 
naissance. Des  renseignements  et  de  l'aspect  icterique  de  la  femme, 
on  songea  à  une  hémorrhagîe  interne,  au  cours  d  une  grossesse 
extra-utérine^  dont  le  sac  s^était  rompu  14  jours  auparavant,  mais 
8*éiait  ensuite  refermé.  Le  ventre  était  distendu  et  sensible  à  la 
pression.  La  malade  fut  transportée  à  Thôpital,  où  elle  se  remit 
d'abord,  puis  déclina  de  nouveau  :  tympanisme  abdominal,  pouls 
iiliforme,  vomissements  ;  en  résumé,  signes  d'une  nouvelle  hémor- 
rhagie  interne.  Diagnostic  de  grossesse  extra-utérine,  confirmé 
peu  après  Tappaiition  des  symptômes  précédents  par  l'expulsion 
en  masse  d'une  caduque. 

A  cause  de  Tétat  de  faiblesse  extrême  où  se  trouvait  la  femme, 
on  dut  renoncer  à  faire  la  laparotomie  et  se  borner  à  administrer 
les  stimulants  ordinaires.  Guérison.  Quelques  jours  après  ces  acci- 
dents formidables,  on  sentaitune  tumeur  remontant  jusqu'à  l'ombi- 
lic, tumeur  qui  alla  toujours  en  diminuant,  jusqu'à  se  réduire  aune 
faible  tuméfaction  dans  le  cul- de-sac  de  Douglas. 

Ce  cas  démontre  que  môme  dans  les  cas  les  plus  graves  la  gué- 
rison, sans  opération,  est  encore  possible  par  l'enkystement  du 
point  déchiré  et  la  barrière  formée  par  le  sang  coagulé  (1).  Il 
prouve  également,  ainsi  que  d'autres  faits  de  môme  ordre,  qu'il 
serait  injuste  de  reprocher  à  un  médecin  de  n'avoir  pas  fait  la 
laparotomie  après  rupture  de  la  trompe,  surtout  si  ce  médecin  se 
trouve  dans  l'impossibilité  d'entourer  l'intervention  d'une  anti- 
sepsie rigoureuse.  Il  en  est  tout  autrement,  quand  la  grossesse 
extra-utérine  est  reconnue  avant  la  rupture  du  sac  fœtal.  Dans 
ce  cas,  c'est  une  obligation  de  prévenir  les  dangers  énormes  liés  à 
la  rupture  du  sac,  en  l'extirpant. 

Ck>NCLt;sioN8.  — Dans  la  grossesse  tubaire,  âgée  de  4  à  5  semaines, 
on  a  relevé  les  particularités  suivantes  :  1)  l'en  dôme  trium  est  au 
début  du  processus  de  sa  transformation  en  caduque. 

2)  L'épithélium  de  la  caduque  utérine,  au  milieu  du  deuxième 
mois,  est  encore  conservé,  bien  que  fortement  altéré  dans  sa  forme. 

3)  Les  vaisseaux  situés  dans  les  couches  superficielles  de  la 
caduque  utérine  sont  très  vraisemblablement  des  artères  et  des 
veines.  Il  n'existe  pas  de  ramifications  vasculaires,  capillaires. 

4)  La  trompe  et  l'ovaire  du  côté  opposé  au  kyste  fœtal  ne  sont 


(1)  Voîp  ^fiîi,  de  gyn.et  d'ohtt.y  jam-ier  1802,  p.  60. 


136  REVUE  ANALYTIQUE 

pas  modifiés,  à  condition  pourtant  qu'il  n'y  ait  pas  eu  migration  de 
Tœuf.  L'ovaire^  qui  renferme  le  corps  jaune  de  la  grossesse,  est 
augmenté  de  volume. 

5)  Comme  cause  de  la  grossesse  extra- utérine,  en  l'absence  de 
tout  processus  pathologique,  on  peut  admettre  soit  la  formation 
d'undiverticule  entre  les  replis  tubaires,  soit  la  torsion  accasée  de  la 
trompe.  (A.  Freund  (1)  a  démontré  sur  de  nombreuses  préparations, 
qu'au  cours  du  développement,  la  trompe  subit  une  torsion,  en 
tire-bouchon,  sur  elle-même;  spires  qui,  généralement,  s'effacent 
plus  tard.  Mais  un  certain  nombre  peuvent  persister  qui  sont  de 
nature  à  gêner  la  progression  de  l'œuf.) 

6)  La  portion  tubaire,  extérieure  à  l'œuf,  ne  subit  en  général 
aucune  modification. 

7)  Dans  le  voisinage  du  sac  fœtal,  la  muqueuse  tubaire  se  trans- 
forme en  caduque  vraie  ;  elle  est  surtout  développée  au  point  de 
réunion  du  cborion  frondosum  et  de  la  caduque,  placenta  futur. 
Dans  les  autres  points,  particulièrement  dans  ceux  où  la  pression 
est  maxima^  on  peut  à  la  vérité  reconnaître  encore  la  caduque  en 
tant  que  sérotine,  tandis  que  le  reste  de  la  paroi  en  parait  dépour- 
vu (atrophie  mècaniqHé).  L'épithélium  superliciel  de  la  caduque 
sérotine  a  disparu  et  est  remplacé  par  l'endothélium  des  vaisseaux 
capillaires  s'ouvrant  librement.  L'épithélium  normal  de  la  muqueuse 
tubaire  peut  encore  persister  dans  la  profondeur  des  replis  de  la 
trompe. 

8)  Dans  la  majorité  des  cas,  il  n'y  a  pas  formation  de  caduque 
tubaire  réflexe.  Lorsqu'il  s'en  forme  une,  elle  se  distingue  essen- 
tiellement de  la  réflexe  utérine  par  l'absence  de  vaisseaux. 

9)  L'union  des  villosités  choriales  avec  la  caduque  tubaire  est 
dans  les  premiers  temps  de  la  {grossesse  très  faible.  Cependant,  en 
certains  points,  la  fusion  est  complète  (villosités  adhérentes. 
Haftzotten).  L  auteur  n'admet  pas  la  pénétration  des  villositéa 
dans  la  couche  musculaire. 

10)  L'épithélium  des  villosités  choriales  est  triple.  Sur  nne  dou- 
ble couche  épithéliale  d'origine  fœtale,  on  distingue  avec  un  fort 
grossissement,  une  couche  fine,  constituée  par  rendothôlium  vas- 
culaire  maternel. 


(1)   Fbbuno.   Ueber  die    ladieutionen   zur  operativen  Behandlang   der 
erkraukten  Tulwn.  VolhmautCê  Samml,  kliu,  Voriraff.,n^  323. 


DR   LA  GROSSESSE   EXTRA-UTÉRINE  137 

11)  Les  espaces  intervilleux  sont  formés  par  les  vaisseaux  capil- 
laires maternels,  fortement  développés.  Les  villosités  choriales  ne 
traversent  pas  leurs  parois. 

R.  L. 

Variétés  et  causes  de  la  grossesse  extra-otérine  (Varieties  and 
causes  of  extra-uterine  Pregnancy),  par  Zinkë,  de  Cincinnati. 
Amer,  J.  ofObst,,  1890,  février,  p.  128. 

Zinke  donne  la  classification  suivante  : 

I.      Ovarique.  »^..       1.  Intra-ovarique. 

2.  Extra-ovarique. 

3.  Ovaro-abdominale. 

4.  Ovaro-tubaire. 
n.    Tubaire 5.  Tubaire  vraie. 

6.  Tubo-abdominale. 

7.  Tubo-ovarique. 

8.  Tubo-ovaro-abdomimale. 

9.  Sous-péritonéo-pelvienne. 

III.  Interstitielle.      10.  Interstitielle  vraie. 

11.  Utero -abdominale. 

12.  Utéro-tubaire. 

13.  Utéro-tubo- abdominale. 

IV.  Abdominale..      14.  Hématocèle  extra-péritonéale. 

15.  Hématocèle  intra-pérltonéale. 

Les  causes  citées  par  les  auteurs  sont  : 

1.  Choc  et  frayeur  au  moment  de  la  fécondation. 

2.  Coup  reçu  peu  après  le  coït  fécondant. 

3.  Malformation  de  la  trompe,  paralysie,  spasme  de  ce  con- 
duit; longueur  on  ^riere^e  excessive;  engorgement,  gonflement^ 
ulcération  de  ses  parois;  induration,  rétraction  des  franges. 

4.  Fausses  roiites  conduisant  de  la  trompe  dans  l'ovaire. 

5.  Inflammations  pelviennes. 

6.  Salpingite  desquamative,  (Virchow  et  Tait).  A.  C. 

Leçon  cliniqne  sur  la  grossesse  extra-atérine  (Clinical  lecture  on 
extra- utérine  gestation),  par  W.  Duncan.  Lance  t.  Lond.,  1890, 
1,449. 

Trois  observations  de  grossesses  extra  utérines,  dont  deux  gros- 


138  REVUE  ANALYTIQUE 

sesses  tubaires,  suivies  de  laparotomie.  La  première  de  ces  mala- 
des, opérée  in  extremis^  mourut  quelques  heures  après  l'opération; 
les  deux  autres  guérirent. 

Ces  trois  cas  servent  de  thème  à  une  intéressante  leçon  ;  dont 
nous  détachons  les  points  saillants. 

L'auteur  pense  que  les  grossesses  tubaires  sont  presque  inva- 
riablement destinées  à  se  rompre  avant  la  12«  semaine.  Aussi,  si 
la  nature  de  la  tumeur  est  reconnue  dès  le  début,  faut-il  l'opérer 
le  plus  tôt  possible. 

Quand  le  fœtus  vit  et  s'accroît,  si  le  moment  de  la  viabilité  appro- 
che, il  faut  temporiser  pour  tâcher  de  sauver  à  la  fois,  mère  et 
enfant.  Mais  si  la  grossesse  n'a  pas  dépassé  le  4«  ou  le  5«  mois,  on 
ne  peut  faire  affronter  à  la  mère  les  hasards  d'une  aussi  longue 
attente  ;  il  faut  opérer. 

L'incision  sur  la  ligne  blanche  est  généralement  adoptée  ;  mats 
quand  la  tumeur  est  volumineuse  et  a  pu  soulever  et  décoller  le 
péritoine,  incluse  qu*elle  est  dans  le  ligamenMarge,  l'auteur  pense, 
avec  Lawson  Tait,  qu'il  y  a  avantage  à  inciser  directement  sur  le 
point  le  plus  saillant  delà  tumeur,  on  peut  ainsi  éviter  de  pénétrer 
dans  la  cavité  péritonéale. 

L'extraction  immédiate  du  placenta  est  une  source  de  graves 
hémorrhagies  et  laisse  une  large  porte  ouverte  à  l'infection.  Cette 
dernière  sera  combattue  par  des  lavages  antiseptiques.  Mais  la 
peur  de  Thémorrhagie  ne  doit  cependant  pas  faire  imiter  la  con- 
duite de  certains  opérateurs  qui  attendent  pour  intervenir  que  le 
f«ptus  soit  mort  depuis  un  certain  temps. 

Mieux  vaut,  comme  le  recommande  Lawson  Tait,  après  avoir 
lié  le  cordon  le  plus  près  possible  du  placenta  et  enlevé  de  Tinté- 
rieur  du  kyste  tous  les  liquides  qu'il  pouvait  contenir,  réunir  très 
exactement  les  lèvres  de  l'incision  de  la  poche  et  renfermer  le  pla- 
centa dans  son  intérieur. 

L'incision  abdominale  sera  presque  toujours  préférée  à  l'incision 
vaginale,  môme  lorsque  le  kyste  fœtal  se  trouve  dans  le  cul-de  sac 
de  Douglas. 

J.  Faure. 

Diagnostic  de  la  grossesse  tobaire  (Zur  diagnoso  der  Tubengra- 
'viditas).  Keler.  Zeitsch.  f.  Geb,  n,  Gyn,  Bd.  XIX,  Hft.  I  et  Crni. 
f,  Gyn»  1890,  n<»  47,  p.  a"j3. 


DE  LA  GROSSESSE  EXTRA-UTÉRINE  139 

Le  diagnostic  de  la  grossesse  tubaire  peut  être  sûrement  établi, 
grâce  à  la  mise  en  évidence  par  Texamen  microscopique  de  villo-^ 
sites  choriales,  ou  de  leurà  produits  de  transformation.  Mais  la  non 
constatation  de  ces  éléments  sur  des  coupes  faites  suivant  le  plus 
grand  méridien  du  sac  tubaire,  n'infirme  pas  ce  diagnostic, 
parce  qu'ils  peuvent  exister  sur  d'autres  p'oints.  L*épithélium  des 
villosités  est  détaché  partiellement  ou  en  totalité  par  l'hémorrhagie. 
L*épithélium  encore  adhérent,  se  trouble,  se  gonfle  et  se  désagrège  ; 
le  noyau  peut  soit  résister  longtemps  ou  mourir  à  son  tour,  et  la 
couche  épithéliale  se  trouve  transformée  en  une  couche  homogène 
striée.  La  substance  fondamentale  des  villosités  est  tantôt  granu- 
leuse, tantôt  striée,  et  les  cellules  du  stroma  perdent  leur  aptitude 
à  la  coloration,  c'est-à-dire,  meurent.  Mais  il  n'est  pas  possible  de 
constater  une  succession  spéciale  de  ces  phénomènes  de  dégénéra- 
lion.  Les  vaisseaux  sanguins  des  villosités  ne  fournissent  aucun 
signe  diagnostique.  En  effets  les  lacunes  que  présentent  les  cail  • 
lots  ûbrineux,  formés  du  sang  épanché,  donnent  lieu  aux  mêmes 
formes  histologiques.  On  n'est  pas  en  droit,  parce  qu'on  n'aura 
trouvé  dans  un  hématome  tubaire,  ni  villosités  choriales,  ni  cellules 
déciduales,  d'exclure  en  tant  que  cause  possible  de  sa  production, 
une  grossesse  tubaire,  car  ces  éléments  peuvent  avoir  simplement 
disparu  avec  le  temps. 

Dans  ce  môme  travail,  Keller  donnait  la  description  microscopi- 
que de  3  préparations  provenant  de  grossesses  tubaires  aux  pre- 
miers mois.  A  propos  de  ces  données  anatomîques,  Klein,  dont  les 
recherches  sont  plus  récentes,  fait  les  remarques  qui  suivent  :  Les 
résultats  de  mes  recherches  concordent,  sur  beaucoup  de  points, 
avec  les  siens.  Ainsi  Keller  signale  aussi  que  t  Vépithélium  de  la 
caduque  était  d'ordre  inférieur,  cubique  ou  presque  plat,  » 
Egalement  il  a  constaté  l'union  intime  de  la  caduque  et  des  vil- 
losités. «...  Nous  avons  trouvé  les  cellules  décidicales  tantôt  réu- 
nies en  amas  apposés  aux  villosités  choriales^  tantôt  les  entou- 
rant à  la  manière d^ un  anneau  ».  Dans  cette  disposition  impor- 
tante réside  précisément  la  condition  étiologique  des  «  infarctus  » 
ou  plutôt  des  «  noyaux  nécrotiques  »,  qu'on  rencontre  si  fréquem- 
ment dans  les  placentas  utérins.  Keller  donne  une  description  très 
exacte  de  l'aspect  de  ces  noyaux,  mais  il  les  considère  comme  cons- 
titués par  un  dépôt  de  «  ûbrine  »  sur  les  villosités,  et  envisage  au 
fond  le  processus  comme  une  a  nécrose  anémique  >.  Des  recherchea 


140  REVUE  ANALYTIQUE 

de  Steffecksur  les  placentas  utérins,  et  des  mémoires  sur  des  trom 
pes  gravides,  il  ressort  que  cette  explication  de  la  nature  du  pro- 
cessus  <  nécrose  anémique  >  est  parfaitement  justiûée. 

Par  contre,  on  ne  peut  admettre  qu'il  s'agit  de  dépôts  de  fibrine. 
En  réalité,  ces  noyaux  sont,  la  plupart  du  temps,  sinon  toujours 
constitués  par  la  caduque  nécrosée  et  les  villosités  nécrosées  éga- 
lement qu'elle  englobe.  Plus  loin,  Keller  signale  <  des  vaisseaux 
nombreux  dans  la  musculeuse  et  dans  la  muqueuse  >. 

Un  autre  point  sur  lequel  Klein  est  tout  à  fait  en  désaccord  avec 
Keller,  c'est  sur  l'existence  admise  par  celui-ci,  se  fondant  sur  une 
pièce  dont  il  a  donné  le  dessin  dans  son  travail,  d'une  caduque 
tubaire.  Pour  Klein,  ce  que  Keller  prend  pour  une  caduque,  ne 
serait  que  deux  replis  tubaires,  étalés,  par  l'œuf  inséré  dés  le 
principe  dans  leur  diverticule. 

R.  L. 

Du  diagnostic  de  la  grossesse  extra-utérine  précoce  (Tbe  diagno- 
SIS  of  early  extra-uterîne  gestation,  with  illustrative  cases). 
H.  Croom.  Edinb.  Mcd.  /.,  octobre  1891,  p.  314. 

D'une  manière  générale,  on  s*accorde  à  reconnaître  les  difficul- 
tés dont  est  entouré  le  diagnostic  de  la  grossesse  ectopiqi^e  au  dé- 
but. Il  est  néanmoins  curieux  de  constater  les  divergences  qui 
existent  encore  à  ce  sujet.  Suivant  L.  Tait.,  il  serait  impossible 
de  faire  le  diagnostic  avant  la  rupture  du  sac  fœtal.  Au  contraire, 

Aveling  déclare  qu*  »  elle  a  des  symptômes  si  tranchés, si carac» 
térisliques  que  son  diagnostic  est  plus  facile  que  celui  de  la 
grossesse  normale  dnrant  les  premiers  tnois  •.  Barnes  soutient 
que  le  diagnostic  de  la  grossesse  tubaire  peut  être  fait  facilement 
de  la7«  à  la8«  semaine.  Se  fondant  9ur  les  notions  généralement 
acceptées,  Tauteur  résume  de  la  manière  suivante  les  éléments 
classiques  de  ce  diagnostic  : 

c  a)  Symptômes  généraux  et  réflexes  de  la  grossesse,  surtout 
quand  la  grossesse  survient  après  une  longue  période  de  stérilité; 
b)  troubles  menstruels,  en  particulier,  métrorrhagies  coexistant 
avec  des  symptômes  de  gros^îessc  ;  écoulemeiits  brusques  de  sang 
s'accompagnant  de  vives  douleurs  pelviennes  ;  c)  fortes  douleurs 
dans  le  bassin;  crises  pelviennes  douloureuses,  suivies  d'une  sen- 
sibilité pathologique  localisée  dans  Tune  ou  Tautre  des  régions 
iliaques,  et  autres  symptômes  d'inHanunation  pelvienne  ;  d)  existence 


DE   LA  GROSSESSE  EXTRA-UTÉRINE  14! 

d'une  tumeur  ;  cette  tumeur  présentant  les  caractères  d'un  kyste 
rénitent,  sensible  au  toucher,  à  battements pulsatiles  actifs;  déve- 
loppement constant,  régulier  de  la  tumeur  ;e)  on  &ce  externe  béant, 
utérus  déplacé  et  libre  ;  f)  douleurs  paroxystiques,  violentes,  de 
nature  spasmodiqu'e,  dans  le  bassin,  avec  des  symptômes  généraux 
de  collapsus  ;  g)  expulsion  partielle  ou  totale  de  la  caduque. 

Obs.  1.  — 32  ans,  avait  eu  2  enfants,  le  dernier  âgé  de  6  ans. 

Après  une  suppression  de  règles,  et  à  l'époque  présumée  de  la 
seconde  période  menstruelle,  la  femme  fut  prise  de  vives  douleurs 
pelviennes,  localisées  au  côté  droit,  accompagnées  d'un  léger  écou- 
lement de  sang  par  l'utérus,  écoulement  qui  s'était  produit  à  plu- 
sieurs reprises  pendant  les  deux  mois  précédents.  Le  lendeniain, 
symptômes  nets  d'hémorrhagie  interne  et  de  collapsus;  abdomen 
distendu  et  manifestement  rempli  de  sang.  Au  toucher  vaginal, 
utérus  mou  et  augmenté  de  volume;  empâtement  léger,  bien 
qu'appréciable,  du  cul- de-sac  droit,  grossesse  tubaire  rompue  ou 
hématocèle  ?  L'auteur  diagnostiqua  une  grossesse  ectopique  (sup- 
pression menstruelle,  intervalle  de  stérilité,  symptômes  brusques 
et  aigus  de  collapsus,  utérus  mou,  gros),  et  ût  la  laparotomie. 
L'abdomen  était  rempli  de  sang  frais  et  d'énormes  caillots.  Après 
une  toilette  partielle»  les  annexes  utérines  furent  minutieusement 
examinées  et  enlevées.  Il  fut  impossible  de  découvrir  un  sac  fœtal, 
et  de  mettre  en  évidence  le  foyer  de  l'hémorrhagie.  Après  la  fer- 
meture du  ventre^  l'hémorrhagie  continua  et  tua  la  femme.  Dans 
cd  cas,  les  symptômes  dominants  étaient  tels  qu'à  l'occasion  l'auteur 
malgré  la  non  confirmation  après  l'ouverture  du  ventre  du  dia- 
gnostic fait,  inclinerait  à  faire  le  même  diagnostic. 

Obs.  2.  — X,  a  eu  un  enfant  4  années  auparavant.  Elle  a  des 

hémorrhagies  irrégulières,  qui  se  sont  montrées  six  semaines 
environ  avant  une  suppression  de  règles  pendant  deux  mois.  Ejle 
accuse  des  douleurs  constantes  dans  le  côté  droit  du  ventre,  dou- 
leurs de  nature  nerveuse.  Par  la  palpation  abdominale,  on  recon- 
naît dans  cette  région  une  tuméfaction  réni tente  et  douloureu.se.  A 
l'auscultation,  on  perçoit  sur  toute  la  surface  un  bruit  bien  mar- 
qué. Par  l'examen  vaginal,  on  constate  que  l'utérus  est  refoulé  en 
haut,  à  gauche  et  en  arriére,  qu'il  est  augmenté  de  volume  et  que 
l'orifice  externe  est  béant.  A  l'examen  bimanuel  la  masse  parait 
avoir  le   volume  d'une  noix  et  l'utérus   augmenté  de  volume. 

Pendant  la  semaine  qui  suit  ce  premier  examen,  la  tumeur 


142  REVUE  ANALYTIQUE 

semble  augmenter  de  volume,  et  les  pulsations  dont  elle  est  le 
siège  sont  non  seulement  senties  par  le  vagin,  mais  elles  sont  visi- 
bles et  constatables  à  travers  la  paroi  abdominale.  D'autre  part, 
le  bruit  de  souffle,  auquel  on  attache  une  si  grande  importance, 
perçu  à  l'auscultation  est  plus  fort.  La  femme  a  eu  des  hémorrba- 
gies  irrégulières,  mais  rien  ne  permet  d'afQrmer  qu'il  y  ait  eu 
expulsion  de  débris  déciduaux.  Diagnostic  :  grossesse  extra*uté- 
rine  de  la  12*  à  la  15*  semaine.  Jjaparotomie  :  Le  ventre  ouvert 
on  tombe  sur  une  masse  sombre,  volumineuse,  située  dans  le  côté 
droit  du  bassin.  Les  adhérences  détruites,  et  la  masse  libérée  aprè« 
de  pénibles  efforts,  le  chirurgien  l'attire  au  dehors»,  mais  elle  se 
rompt  laissant  échapper  une  grande  quantité  de  sang  dans  l'ab- 
domen. On  ligature  le  pédicule,  on  sectionne,  et  l'on  enlève  la 
tumeur,  qui  est  examinée  très  soigneusement  au  «  Collège  of 
Physician's  laboratory  ».  Or,  on  ne  constata  pas  la  moindre  trace 
de  grossesse  ;  la  tumeur  était  constituée  par  une  distension  con- 
sidérable de  la  trompe  par  du  sang,  il  s'agissait  d'un  hématome. 

Et  cependant,  sauf  l'expulsion  de  débris  déciduaux,  on  avait 
constaté  tous  les  autres  symptômes  attribués  généralement  à  la 
grossesse  extra- utérine. 

L'auteur  se  demande  s^il  s'agit  d'une  grossesse  dont  Tœuf  a  été 
résorbé;  mais  il  n'y  avait,  dans  cet  hématome  tubaire,  vestiges 
ni  de  chorion,  ni  de  caduque.  Ce  point  du  reste,  Croom  ne  veut 
pas  le  discuter  autrement,  se  bornant  à  constater  que  les  signes 
physiques  ordinaires  de  la  grossesse  manquaient  totalement  dans 
cette  tumeur. 

Obs.  3.  —  Dans  cette  observation,  il  y  avait  eu,  indépendamment 
des  symptômes  précédents  (suppression  des  règles,  existence  dans 
Tune  des  régions  iliaques  d'une  tumeur  élastique,  pulsatile^  à 
développement  continu  ;  ramollissement  du  col  de  l'utérus,  aug- 
mentation de  volume  et  déplacement  de  la  matrice,  crises  paroxys- 
tiques douloureuses,  pertes  de  sang  irrégulières...),  expulsion  d'un 
cylindre  décidual,  complet.  Le  diagnostic  de  grossesse  ectopiqae 
fut  confirmé  après  laparotomie.  L'examen  de  la  tumeur  permit 
de  constater  qu'il  s'agissait  d'une  grossesse  arrivée  environ  à  la 
8«  semaine.  Guéri spn  parfaite. 

Obs.  4.  —  Cas  analogue  au  précédent. 

De  l'analyse  des  faits  l'auteur  conclut  :  que  le  diagnostic  de  la 
grossesse  ectopique  est  le  plus  souvent  entouré  de  difficultés  con* 


DE   LA   GROSSESSE   EXTRA-UTÉRINE  143 

sidérables  (les  2  premières  observations  le  démontrent)  ;  que  cepen- 
dant» contrairement  à  l'affirmation  absolue  de  L.  Tait,  on  peut, 
en  certains  cas»  établir  ce  diagnostic  avant  la  rupture  du  kyste 
fœtal.  Mai«,  pour  cela,  il  importe  d'être  appelé  de  bonne  heure  et 
de  suivre  très  attentivement  l'évolution  des  symptômes.  D'une 
manière  générale  ce  diagnostic  repose  sur  la  constatation  des  phé- 
nomènes suivants  : 

lo  Signes  généraux  de  la  grossesse,  —  par  exemple,  suppression 
des  régies. 

2»  Déplacement  de  l'utérus  par  une  tumeur  se  développant  d'une 
manière  continue. 

^  Expulsion  partielle  ou  totale  de  la  caduque,  et  hémorrhagies 
irrégulières.  * 

4<»  Apparition  d'accès  douloureux,  paroxystiques,  siégeant  dans 
un  côté  du  bassin,  bien  que  non  localisés  sur  un  seul  point. 

Toutes  ces  conditions  doivent  être  réunies,  mais  les  cas  pré- 
cédents démontrent  que  le  fait  capital,  c'est  l'expulsion  de  la 

caduque. 

R.  L. 

Un  cas  de  grossesse  extra -utérine  du  côté  gauche.  Laparotomie  14 
jours  après  la  mort  dn  fœtus  à  terme  ;  extirpation  dn  sac  fœtal  aussi 
complète  que  possible;  gnèrlson.  (Ein  Fall  von  linkseitiger  Extra- 
utérin  schwangerschaft.  Bauchschnitt  14  Tage  nach  Abstcrben 
der  reifen  Frucht;  Exstirpation  des  Fruchtsackes  so  weit  môglich; 
Genesung.)  Th.  Volgt.  Cent,  f.  gyn,,  1891,  n^  6,  p.  121. 

X...,  37  ans,  a  eu  3  accouchements  normaux,  le  dernier  13  an- 
nées auparavant.  Dernières  règles  le  13  octobre  1888.  Depuis  la 
mi-novembre,  douleurs  dans  le  côté  gauche  de  l'abdomen,  région 
où,  peu  après,  la  femme  sentit  comme  une  nodosité.  Douleurs, 
par  moments  si  fortes,  que  la  marche  et  la  station  verticale  étaient 
impossibles;  vomissements,  anorexie,  diarrhée,  repos  au  lit.  Fin 
janvier,  on  diagnostiqua  à  l'hôpital  :  grossesse  et  tumeur  ovarique. 
Commencement  de  mars,  perception   des  mouvements   fœtaux. 

Jusqu'en  avril»  et  aux  dates  des  règles,  écoulements  sanguins 
peu  abondants. 

En  mai,  relèvement  de  l'état  général  suffisant  pour  que  la 
femme  recommence  à  aller  et  venir.  Au  commencement  de  juin, 
nouvelle  atteinte  dans  l'état  général,  aggravation  des  douleurs. 
Dans  la  première  moitié  du  mois  de  juillet,  ainsi  vers  le  terme  nor- 


144  REVUE  ANALYTIQUE 

mal  de  la  grossesse,  expulsion  d'une  masse  sanguine  épaisse 
(caduque?).  Entrée  à  l'hôpital,  le 3 août  1889;  depuis  14 jours  envi- 
ron le  médecin  traitant  avait  constaté  la  mort  du  fœtus  (cessation 
des  mouvements  fœtaux,  et  disparition  des  doubles  battement»). 
Résultats  fournis  par  l'examen  au  moment  de  rentrée  à  l'hôpital  : 
T.  37'>,5.  L'utérus  refoulé  à  droite,  a  le  volume  du  poing  d'an 
adulte,  et  dépasse  la  symphyse  de  2-3  doigts.  A  gauche,  accolée  à 
lui  une  tumeur  volumineuse,  sphérique,  unie,  qui  en  haut  atteint 
presque  à  l'ombilic,  en  bas,  emplit  complètement  la  moitié 
gauche  du  petit  bassin.  Tôte  fœtale,  à  gauche,  nettement  palpa- 
ble, et  paraissant  comme  placée  immédiatement  sous  la  pai'oi 
abdominale.  Diagnostic  :  grossesse  extra-utérine  du  côté  gauche. 

Laparotomie.  Le  ventre  ouvert,  voici  ce  que  l'on  constate  :  Le 
corps  de  l'utérus  est  déjeté  obliquement  à  droite,  il  dépasse  la 
symphyse  de  2-3  travers  de  doigt.  Il  est  recouvert  par  le  péritoine 
sur  sa  face  antérieure,  son  fond,  et  sur  la  plus  grande  partie  de 
sa  face  postérieure.  La  dépression  vésico -utérine,  par  la  raison 
que  l'utérus  est  soulevé  hors  du  petit  bassin,  est  plus  aplatie  qu'à 
l'état  normal.  Le  sac  fœtal  est  directement  accolé  au  côté  gauche 
de  la  matrice.  Les  deux  ligaments  larges  déplissés,  passent  de  l'uté- 
rus sur  le  sac  fœtal.  Celui-ci  s'élève,  sous  forme  de  tumeur  rénitente, 
presque  jusqu'à  Tombilic.  A  gauche,  il  est  immédiatement  accolé 
à  la  paroi  abdominale,  à  droite,  il  laisse  entre  elle  et  lui  un  peUt 
espace.  Pas  d'adhérences.  L'S  iliaque  et  la  portion  inférieure  du 
côlon  descendant,  sont  déviés  de  leur  situation  normale  de  telle 
manière  que  le  côlon  se  dirige  à  droite,  suivant  le  bord  supérieur 
du  sac  fœtal  et  de  là  s'infléchit  en  bas,  tandis  que  l'S  iliaque  se 
trouve  dans  le  petit  bassin  à  droite  de  la  tumeur.  Cette  portion  de 
l'intestin  s'adosse  à  la  tumeur,  que  recouvrent  les  feuillets  déplis- 
sés de  son  mésentère.  A  gauche,  sur  la  portion  inférieure  de  la 
tumeur,  cheminent  des  branches  veineuses,  très  gorgées  de  sang. 
A  droite,  on  découvre  les  annexes  qui  sont  normales. 

A  gauche,  nul  vestige  de  la  trompe  et  de  l'ovaire. 

L'extirpation  du  sac  fœtal,  qui  ne  put  être  que  partielle,  fut 
très  laborieuse  et  se  compliqua  d*hémorrhagios  multiples.  Le  pla- 
centa slnsérait  largement  sur  la  surface  antéro-inférieure  du  sac, 
dont  il  paraissait  former  la  paroi  pour  la  plus  grande  part.  Le 
fœtus  mort  ne  présentait  pas  de  traces  de  putréfaction.  La  portion, 
de  beaucoup  la  plus  petite  du  sac  fœtal,  qui  n'avait  pu  être  enle- 


DE  LA  GROSSESSE  EXTRA-UTÉRINE  145 

vée,  fut  suturée  à  la  cavité  abdominale,  et  la  cavité,  du  volume 
d'un  œuf  d*oie,  qu'elle  formait  fut  bourrée  de  gaze  iodoformée. 

L'opérée  qui,  au  cours  de  l'opération  et  dans  les  heures  qui  sui- 
virent, avait  présenté  des  phénomènes  de  collapsus,  put  quitter 
rhôpital,  considérée  comme  guérie,  le  13  septembre,  c'est-à-dire 
un  mois  et  9  jours  après  avoir  été  opérée;  elle  avait  eu  son  retour 
de  couches  le  10  septembre.  ] 

En  terminant,  l'auteur  fait  les  remarques  suivantes  :  14  jours 
après  la  mort  d'un  fœtus  à  terme,  on  a  pu,  avec  succès,  procéder  à 
Textirpation  presque  totale  du  sac  fœtal.  L'extirpation  complète 
était  impossible  parce  que,  d*une  part,  la  tumeur  reposait  large- 
ment dans  le  tissu  cellulaire  pelvien,  et  que,  d'autre  part,  circons- 
tance capitale,  dans  les  tentatives  faites  pour  Ténucléer  de  son 
revêtement  séreux,  on  mit  en  danger  la  vitalité  de  Tintestin,  en 
le  privant,  par  suite  de  déchirures  séreuses  inévitables^  d'un  cer- 
tain nombre  de  ses  vaisseaux  nourriciers.  On  dut  ainsi  se  conten- 
ter de  l'ablation  de  la  portion  proéminente  de  la  paroi  du  sac  et 
de  l'extirpation  de  la  portion  inférieure  placentaire,  intervention 
toujours  grave,  et  qui  parait  seulement  justifiée  par  l'état  d'asep- 
Ucité  parfaite  du  sac  fœtal  et  de  son  contenu.  R.  L. 

Deux  cas  de  grossesse  extra-utérine.  Opération  le  fœtus    mort. 

(Zwei  FftUe  von  Ëxtrauterinsschwangerschaft.  Opération  bei 
todter  Frucht),  W.  Matlakowski.  Arch.  f,  gyn.  Bd  XXXVIII, 
Hft.  3,  p.  367. 

Obs.  I.  —  Grossesse  tubaire  gauche  chez  une  femme  de  40  ans, 
ayant  eu  5  accouchements  à  terme,  le  dernier  1  an  1/2  auparavant,  et 
restée  mal  portante,  un  certain  temps,  après  ce  dernier  accouche- 
ment. Laparotomie.  Extirpation  partielle  du  sac  fœtal  ;  mort  par 
occlusion  intestinale.  L'auteur  fait  suivre  la  description,  très  minu- 
tieuse,  des  symptômes  observés  pendant  la  vie  aussi  bien  que  des 
particularités  an  atomiques  relevées  sur  les  parties  de  la  tumeur 
enlevées  pendant  l'opération  et  sur  celles  enlevées  après  nécropsie, 
des  considérations  suivantes,  qui  nous  paraissent  résumer  les 
points  les  plus  intéressants  de  l'observation  :  1)  diagnostic.  Deux 
symptômes  se  sont  manifestés  auxquels  on  n'a  pas  accordé  assez 
d'attention  :  a)  la  sécrétion  lactée  ;  b)  l'augmentation  et  le  ramol- 
lissement de  la  matrice.  Aussi,  les  douleurs  violentes  et  l'hémor- 
rhagie  utérine,  indices  d'un  début  de  travail. 

AVH.  01  aT».  —  toi»  xzxm*  10 


146  REVUE   ANALYTIQUE 

De  môme,  la  diminution  ultérieure  du  ventre,  sur  laquelle  la 
malade  attirait  très  nettement  l'attention  devait,  en  même  temps 
que  d'autres  symptômes,  faire  incliner  vers  le  diagnostic  de  gros- 
sesse  extra-utérine,  bien  que  ce  symptôme  n'ait  pas  toute  Tim- 
portance  diagnostique  que  lui  attribue  Pariy. 

Beaucoup  de  sujets,  en  effet,  atteints  d'affections  abdominales 
diverses  n'accusent  que  trop  souvent  une  semblable  diminution 
du  volume  du  ventre.  Les  difficultés  du  diagnostic  dans  tous  les 
cas  de  gi'ossesse  extra-utérine  étaient  dans  celui-ci  augmentées 
parce  que,  depuis  la  mort  du  fœtus  jusqu'à  l'opération,  il  s'était 
écoulé  4  mois,  et  que  durant  cet  intervalle,  les  signes  caracté- 
ristiques de  la  grossesse  s'étaient  atténués,  qu'ils  avaient  même 
disparu,  et  qu'il  n'y  avait  dans  l'abdomen  qu'une  tumeur  rétrac- 
tée, qui  ne  manifestait  son  origine  par  aucun  signe  nettement 
appréciable. 

2)  Il  est  vraisemblable,  en  tenant  compte  de  la  suppression  des 
règles,  que  la  conception  eut  lieu  en  octobre  ;  que  les  fortes  dou- 
leurs survenues  vers  la  fin  juin  étaient  des  douleurs  du  travail  ; 
et  que  le  fœtus  succomba  pendant  le  travail  ou  peu  après.  Il  est 
certain  qu'il  avait  cessé  de  vivre  avant  le  mois  de  juillet.  L'opéra- 
tion, pratiquée  le  20  octobre,  fut  donc  faite  quatre  mois  après  la 
mort  du  fœtus. 

3)  Phénomènes  cliniques  :  a)  la  femme  n'avait  pas  eu  de  symp- 
tômes subjectifs  de  grossesse  ;  b)  après  une  suppression  mena- 
truelle  de  2  mois,  la  menstruation  se  lit  régulièrement  durant 
3  mois,  et  fut  remplacée  les  2  mois  suivants  par  une  hémorrbagie 
qui  dura  18  jours  ;  c)  déjà  durant  le  second  mois,  il  y  eut  des  symp- 
tômes de  péritonite  ;  d)  4  mois  après  la  mort  du  fœtus,  on  cons- 
tata formellement  que  le  sein  gauche  sécrétait  du  lait  ;  quant  au 
sein  droit,  déjà  dans  des  grossesses  antérieures,  il  n'en  n'avait  pas 
fourni  ;  e)  relativement  à  la  caduque,  nulle  donnée  ;  seulement,  à 
l'autopsie  on  trouva  la  muqueuse  utérine  ramollie  et  fortement 
congestionnée  ;  f)  la  matrice  était  légèrement  augmentée  de  vo- 
lume. 

Dans  ce  cas,  pas  de  rupture  du  kyste  fœtal,  pas  traces  de  déchi- 
rure vasculaires,  pas  d'extra  va-dation,  pas  de  décoloration.  D'après 
L.  Tait,  toute  grossesse  tubaire  doit  aboutir  à  la  rupture  de  la 
trompe  avant  la  pénétration  du  produit  de  conception  entre  les 
feuillets  du  ligament  large,  proposition  en  désaccord  avec  le  cas 


DS  LA  GROSSESSE   EXTRA-UTÉRINE  147 

actuel,  ainsi  que  le  démontra  Texamen  attentif  des  rapports  du 
sac  fœtal. 

Ob8  U.  —  Grossesse  tubaireintra-ligamenteuse  droite.  Laparoto- 
mie. Extirpation  de  tout  le  sac.  Incision  de  Turetère.  Néphrecto- 
mie  droite  ;  guérison. 

X...,  36  ans,  première  grossesse  16  années  auparavant.  Mariée  il 
y  a  12  ans,  se  sépare  de  son  mari  après  5  ans  d'une  union  restée 
stérile.  Elle  se  remarie.  Menstruée  jadis  régulièrement,  ilya  llmois 
1/2, elle  a  tous  les  7-10  jours  de  légères  pertes  de  sang;  elle 
pense  qu'elle  est  enceinte.  A  5  mois  de  cette  grossesse  présumée, 
les  pertes  de  sang  s'arrêtent,  et  ne  reparaissent  plus  durant  3-4 
mois.  Elles  reparaissent  alors,  et,  au  dire  de  la  malade,  il  aurait 
été  expulsé  à  cette  époque,  quelque  chose  qu^elle  compare  à  un 
morceau  de  foie;  cessation  des  hémorrhagies.  Durant  le  l«'mois 
de  la  grossesse  présumée,  vomissements,  douleurs  légères,  pas  de 
fièvre.  Il  y  a  12-14  semaines,  pour  la  V^  fois,  douleurs  fortes, 
qui  durent  quelques  semaines,  et  simultanément,  des  vomisse- 
ments après  chaque  repas.  Puis  les  vomissements  s'arrêtent,  et  il 
ne  reste  qu'une  sensibilité  légère  dans  le  flanc  gauche  et  dans  la 
moitié  gauche  de  la  région  épigastrique.  Les  mouvements  fœtaux  et 
les  doubles  battement  ont  été  formellement  constatés,  d'où  le  dia- 
gnostic de  grossesse  extra- utérine,  à  cause  de  la  durée  anormale  de 
la  gestation*  Toutefois,  la  femme  n'a  remarqué  aucune  diminu- 
lion  du  volume  du  ventre.  Résultats  de  l'examen  au  moment  de  l'en- 
trée à  rhôpital  :  aspect  souffrant.  Ligne  blanche  légèrement  brune, 
glandes  manunaires  flasques  et  pondantes  ;  par  la  pression,  on  fait 
sourdre  quelques  gouttes  de  lait.  Circonférence  abdominale  au 
niveau  de  l'ombilic,  90  cent.  ;  distance  de  la  symphyse  à  l'ombilic, 
12 cent.;  de  l'ombilic  àrappendicexiphoïde,17  cent.  1/2;  ventçe,au 
niveau  de  l'ombilic  très  proéminent,  ombilic  aplati  ;  la  moitié  laté- 
rale droite  du  ventre  au-dessus  du  ligament  de  Poupart  est  très 
proéminente,  plus  aplatie  par  contre  dans  l'hypochondre  droit  ;  à 
gauche,  c'est  Tin  verse  quia  lieu.  La  paroi  abdominale  est  très  dis- 
tendue au  niveau  delà  tumeur,  qui  est  lisse  et  non  douloureuse  au 
toucher.  Il  n'est  que  deux  points  douloureux,  Tun  au-dessus  de  la 
symphyse,  l'autre  au  niveau  de  Tépigastre.  La  tumeur  parait  uni- 
formément tendue,  elle  est  le  siège  d'une  fluctuation  vague,  et 
hemble  plus  dure,  plus  résistante  le  long,  du  muscle  droit,  au-des- 
sus de  Tombilic,  que  dans  les  autres  points  ;  à  droite  de  la  ligne 


148  REVUE  ANALYTIQUE 

blanche,  dans  la  région  abdominale  située  au-dessous  de  Tonibi- 
lie,  crépitation  légère.  Tumeur  ûxée,  sauf  dans  la  région  inférieure 
qui  est  légèrement  mobilisable.  Matité  sur  toute  la  surface  de  la 
tumeur;  au-dessus  de  TE.  I.  S.  D.,  de  la  crête  iliaque  droite,  dans 
la  région  lombaire/le  long  des  dernières  côtes  droites,  au  niveau 
de  répigastre,  et  le  long  des  dernières  côtes  gauches,  sonorité  ; 
dans  la  région  lombaire  gauche,  submatité.A  TauscultatioD,  psisdç 
souffle  au  niveau  de  la  tumeur.  Organes  génitaux  externes  nor- 
maux, muqueuse  vagino-vulvaire  normalement  colorée  ;  utérus 
assez  bas  ;   portion  vaginale  courto  et  petite  ;  oriûce   externe  en 
ectropion,  dur,  très  petit,  n'admettant   pas   la   pulpe   du  doigt. 
Déchirures  latérales,  suites  du  l«r  accouchement.  Direction  géné- 
rale de  l'utérus,  à  droite  et  en  avant,  fond  de  l'orig^ane  bien  appré- 
ciable à  travers  le  cul-de-sac  antérieur,  et  peu  mobile.  Par  le  cul- 
de-sac  droit  et  à  travers  la  paroi  abdominale,  constatation  facile 
d'une  tumeur  dure  et  élastique.  Culs-desac  postérieur  et  latéral  ' 
gauche  souples.  La  tumeur,  sans  rapports  directs,  intimes  avec  le 
vagin,  est  en  connexion  avec  les  annexes  utérines  droites.  Située 
en  grande  partie  au-dessus  du  détroit  supérieur,  elle  descend  dans 
le  petit  bassin  ;  espace  de  Douglas  libre.  Cœur,   poumons  nor- 
maux, intestins  paresseux.  Urines  légèrement  albumineuses. 

Laparotomie.  —  Elle  fut  assez  laborieuse,  en  raison  surtout  d'une 
union  intime  que  la  tumeur  avait  contractée  avec  la  corne  de  l'uté- 
rus. Gomme  elle  présentait  quelques  traces  de  putréfaction,  il  fal- 
lut l'extirper  en  totalité.  Sur  la  face  antérieure  du  sac  fœtal,  exis- 
tait un  cordon  qui,  émanant  de  Tangle  supérieur  droit  de  la  ma- 
trice, se  dirigeait  en  haut  et  à  droite  et  se  perdait  dans  la  tumeur. 
La  partie  la  plus  difûcile  de  l'intervention  consista  dans  la  recher- 
che et  dans  la  ligaturé  des  points  saignants  sur  l'épiploon,  le  mé- 
sentère, l'intestin,  dans  la  fosse  iliaque  et  autour  de  l'utérus. 
Entre  temps,  une  méprise  donna  lieu  à  un  accident,  qui  fut  par 
la  suite  l'origine  de  complications  sérieuses.  Le  chirurgien  ayant 
aperçu  une  sorte  de  cordon,  cheminant  de  haut  en  bas  et  d  arrière 
en  avant,  dans  la  fosse  iliaque,  le  saisit  et  le  sectionna  entre  deux 
pinces,  c'était  Turetère.  Il  fallut,  plus  tard,  après  des  tentatives 
opératoires  qui  échouèrent,  pratiquer  la  néphrectomie.  L'opérée 
néanmoins  guérit  parfaitement.  Opérée  le  4  juin^  elle  put  quitter 
l'hôpital,  en  parfaite  santé,  le  21  août.  Le  fœtus,  extrait  du  sac  à 
terme  et  bien  développé,  pesait  2,7^  grammes. 


DE   LA  GROSSESSE   EXTRÂ-UTéHINE  149 

Réflexions,  —  1)  La  l'«  grossesse  remontait  à  16  ans.  Plus  tard, 
la  femme  s'était  mariée  et  était  restée  5  ans  stérile.  Divorcée,  puis 
remariée,  elle  avait  eu  une  seconde  grossesse,  mais  extra-utérine. 
Il  y  avait  donc  eu  une  longue  période  de  stérilité,  circonstance  qui 
a  été  relevée  depuis  longtemps  et  de  nouveau  mise  en  relief  par 
Parry.  L.  Tait  insiste  beaucoup  sur  cette  particularité  à  laquelle 
il  accorde  une  haute  valeur  diagnostique.  Peut-être  une  grossesse 
extra-utérine  terminée  heureusement  crée-t-elle  une  prédisposi- 
tion à  une  nouvelle  grossesse  ectopique  ?  Jusquici,  on  ne  connaît 
qu'un  fait  de  cette  nature  (L.  Tait).  Dans  ce  cas,  la  trompe  droite, 
et  simultanément  un  œuf  de  trois  mois,  avait  été  enlevée  après  rup- 
ture, la  femme  guérit.  18  mois  après  la  1^  opération,  la  femme 
mit  au  monde  un  enfant  à  terme.  Mais,  15  mois  après,  devenue 
do  nouveau  enceinte,  elle  succomba  au  4e  mois  de  la  grossesse, 
avant  qu'elle  put  avoir  aucun  secours  médical.  A  Tautopsie,  on 
releva  comme  cause  de  la  mort  la  rupture  d'un  kyste  fœtal,  déve- 
loppé dans  la  trompe  gauche. 

2)  La  malade  avait,  dès  le  début  de  la  grossesse,  pensé  qu'elle  était 
enceinte  mais^  sauf  les  quelques  pertes  de  sang  irrégulières,  rien, 
durant  les  4  premiers  mois,  n'indiquait  une  grossesse  extra-utérine. 
Dans  la  plupart  des  cas,  il  est  impossible  de  faire  un  diagnostic  as- 
suré, ferme.  C'est  aussi  l'opinion  très  formelle  de  L.  Tait.  «  Fort  de 
mon  expérience,  dit  cet  auteur,  je  tne  crois  autorisé  à  montrer 
quelque  scepticisme  en  ce  qui  concerne  la  rectitude  du  diagnos- 
tic de  ces  gens,  qui  parlent  avec  une  si  grande  facilité  de  la 
possibilité  de  faire  le  diagnostic  exact  de  la  grossesse  extra- 
utérine avant  la  rupture  du  kyste  fœtal,  et  d'obtenir  la  guéri- 
son  au  moyen  de  la  potiction  et  par  Vemploi  de  Vélectrolyse.  » 

3)  La  grossesse  est  arrivée  à  terme,  sans  aucun  phénomène  sub- 
jectif. 

4)  A  la  fin  du  neuvième  mois  de  la  grossessp,  se  sont  manifestés 
des  phénomènes  «érieux  (douleurs,  vomissements),  et,  à  cette 
époque,  il  est  très  probable  que  l'utérus  expulsa,  en  même  temps 
que  du  sang,  une  caduque. 

5)  L'expression  par  les  seins  d'une  certaine  quantité  de  lait, 
constitue  un  signe  diagnostique  important  de  la  grossesse,  surtout 
dann  la  dernière  période  de  la  gestation,  et  môme  après  la  mort  du 
fœtus.  Chez  un  nombre  considérable  de  malades  (î200)  atteintes  de 
tumeurs  abdominales,  l'auteur  n'a  jamais  constaté  la  sécrétion 


150  REVUE  ANALYTIQUE 

lactée.  Elle  existait,  au  contraire,  dans  3  cas  de  grossesse  extra- 
utérine, ainsi  que  dans  une  observation  intéressante,  rapportée 
par  Sweigbaum,  où  Ton  avait  porté  le  diagnostic  de  grossesse 
extra-utérine,  tandis  qu'il  s'agissait  d'une  grossesse  utérine  com- 
pliquée d*uu  gros  ûbrome  de  la  matrice. 

Traitement  de  la  grossesse  ectopique.  —  Après  un  parallèle 
rapide  des  opinions  et  de  la  technique  de  L.  Tait  et  de  Werth, 
l'auteur  résume  de  la  manière  suivante,  sa  manière  de  voir  :  A. 
rheure  actuelle,  il  est  impossible  de  formuler  des  règles  absolues 
pour  le  traitement  de  la  grossesse  extra-utérine.  Les  statistiques» 
sur  ce  point,  perdent  de  leur  valeur.  Il  importe  par-dessus  tout, 
d'étudier  très  exactement  les  conditions  anatomiques  dans  chaque  - 
cas  particulier,  pour  en  déduire  le  procédé  opératoire  le  plus  ap- 
proprié. Le  plus  simple,  le  plus  facile,  le  plus  rapide  consiste  dans 
l'incision  de  la  paroi  abdominale  et  du  sac  fœtal,  dans  Tattraction 
au  dehors  du  fœtus  et  du  sac,  ou  dans  le  drainage  lorsque,  ce  qui 
est  fréquent,  le  sac  adhère  à  la  paroi  abdominale.  Quand  le  sac 
fœtal  ne  présente  aucune  adhérence,  on  le  suture.  On  peut  encore, 
à  Texemplc  de  Martin,  extirper  la  plus  grosse  portion  du  sac,  et 
suturer  le  bord  de  la  portion  qu'on  laisse  aux  lèvres  de  la  plaie 
abdominale.  11  est  entendu,  que  Vopéralion  n'est  de  mise  (abs- 
traction des  cas  de  rupture  et  d*hémorrhagie)  que  si  le  fœtus  est 
mort.  On  doit  s'efforcer  d'enlever  d'un  coup  le  fœtus  et  le  sac,  pour 
que  celui-ci  ne  soit  pas  exposé  à  une  suppuration  trop  prolongée. 
Ici,  comme  dans  la  myomotomie,  le  traitement  extra-péritonéal 
du  pédicule  est  plus  facile,  il  exige  moins  de  temps  et  offre  une 
mortalité  moins  élevée. 

Lorsque  l'opérateur  s'est  décidé  i\  une  opération  radicale,  à  l'ex- 
tirpation totale  du  sac,  il  Fcmble  qu'il  ne  pourra,  que  dans  des  cas 
rares  où  il  existe  un  pédicule  ou  dans  les  premiers  mois  de  la 
grossesse,  suivre  ce  conseil  de  Werth  :  assurer  d'abord  l'hémos- 
tase médiate  du  pédicule,  faire  la  ligature,  puis  extirper  le  sac. 
Dans  les  cas  d'adhérences,  et  lorsqu'il  n'existe  pas  de  pédicule,  il 
est  plus  facile  de  décoller  le  sac  fœtal  jusqu'aux  points  non  recou- 
verts de  péritoine.  Cela  devient  plus  facile,  si  Ion  ouvre  d'abord 
le  sac,  et,  en  enlevant  le  fietus,  si  l'on  diminue  le  volume  de  la 
tumeur,  qu'on  décolle  de  tous  côté»  jusqu'à  ses  points  d'union  avec 
l'utérus  et  la  base  des  ligaments,  Alors,  seulement,  après  Thémos- 
tasie  médiate  ou  immédiate  des  vaisseaux,  on  enlève  le  sac  fœtal. 


DE  LA  GROSSESSE   EXTRA- UTÉRINE  151 

Si  ce  procédé  paraissait  dangereux,  oa  pourrait,  comme  pis  aller, 

fixer  ce  qui  reste  du  sac  dans  Tangle  inférieur  de  la  plaie,  ainsi 

qu'on  le  fait  éventuellement  dans  la  myomotomie. 

xi.  Li» 

Hématome  de  la  trompe  par  grossesse  tnbaire.  (Ein  Fall  von 
Tubenhaematom  bedingt  durch  Tubengravidstat),par  Theilhaber, 
Munch,  med.  Wochenschr.y  1891,  n^SS,  p.  412. 

Une  femme  qui  a  eu  trois  enfants,  le  dernier  il  y  a  huit  ans,  est 
prise  après  un  retard  des  régies  d*hémorrhagie  et  de  douleurs 
expulsives.  Au  bout  de  deux  jours,  il  sort  par  le  vagin  un  caillot 
en  forme  d'un  œuf,  qui  ne  fut  pas  examiné. 

L'hémorrbagie  ne  s'arrêta  pas  et  la  malade  continuait  à  perdre 
du  sang  presque  tout  les  jours.  En  môme  temps  apparurent  des 
douleurs  dans  le  bas-ventre  avec  ténesme  vésical. 

  Texamen  on  trouvait  dans  le  cul-de-sac  gauche  une  tumeur 
ronde,  mobile,  molle,  non  fluctuante, des  dimensions  d'une  orange. 
La  tumeur  pouvait  être  nettement  délimitée  de  l'utérus  et  de 
l'ovaire.  Diagnostic  :  tumeur  de  la  trompe,  très  probablement  par 
grossesse  tubaire. 

On  ordonna  du  repos  et  un  traitement  médical.  Mais  comme  la 
malade  continuait  à  perdre  du  sang  et  à  s'affaiblir,  on  se  décida  à 
enlever  la  tumeur. 

Laparotomie  médiane.  La  tumeur  est  bien  située  dans  la  trompe 
et  se  continue  avec  l'utérus  et  l'ovaire.  Ablation  de  la  trompe  entre 
deux  ligatures.  Suture  de  la  plaie,  suites  opératoires  simples.  Gué- 
rison  en  18  jours. 

A  l'examen  de  la  pièce  on  trouva  que  la  tumeur  se  composait 
des  parois  épaissies  de  la  trompe  renfermant  un  caillot  sanguin 
dur,  adhérent.  L'examen  microscopique  ne  montra  pas  la  présence 
des  membranes  de  l'œuf. 

Orossesaeextra-Qttoine.  (Two  cases  of  extra -utérine  Pregnancy), 
par  W.  Hamilton  et  Ch.  Hamilton.  The  N.-York  med,  Journ., 
22  août  1891,  p.  207. 

Obs.  I.  —  Grossesse  extra-utérine  ;  laparotomie  le  12«  mois  ; 
Guérison,  —  M™«  F...,  44  ans,  mariée  depuis  25  ans,  a  eu  2  faus- 
ses couches  et  6  enfants,  le  dernier  en  août  1884.  Signes  nets  de 
grossesse  extra-utérine  :  mouvements  fœtaux,  douleurs  dans  les 
aines;  lait  dans  les  seins. 


152  REVUE  ANALYTIQUE 

Opération  11  novembre  1890  ;  l'incision  faite  et  le  doigt  intro- 
duit dans  la  plaie  perçoit  une  jambe  ;  on  extrait  un  fœtus  macéré 
atteint  d'hydrocéphalie  et  de  spina  biûda.  Au  moyen  de  sutures 
de  soie  on  unit  le  sac  aux  2/3  inférieurs  de  Tincision  superficielle. 
Lavage,  drainage.  Les  débris  du  placenta  furent  entraînés  ulté- 
rieurement par  des  lavages  successifs.  Guérison. 

Il  s'agit  probablement  d*une  grossesse  tubaire  dans  le  ligament 
large. 

Obs.  II.  —  Grossesse  tubaire^  rupture.  Laparotomie.  Guéri- 
son.  —  Mm«  J.  J...,  30  ans,  mariée  depuis  10  ans;  a  eu  3  grosses- 
ses. La  dernière  et  seule  grossesse  arrivée  à  terme  est  celle  de 
1885.  A  la  suite  de  légers  troubles  généraux  permettant  de  songer 
à  une  grossesse,  le  5  février  elle  eut  par  le  vagin  une  petite  perte 
rosée,  durant  24  heures  d'une  fa<;on  intermittente  ;  pouls  petit  et 
fréquent,  faiblesse  générale,  anxiété,  extrémités  froides,  douleur 
vive  dans  la  hanche  gaxiche. 

Diagnostic  :  Rupture  de  grossesse  tubaire. 

Laparotomie  faite  par  M.  Ch.-S.  Hamilton;  la  trompe  rompue, 
de  la  grosseur  d'un  œuf  de  poule,  fut  liée  et  coupée. 

Guérison. 

Oro8868a6  tubaire,  mptnre  da  sac,  mort  (Case  of  tubal  Pre- 
gnancy;  rupture,  death),  par  A.  F.  Fuchs,  d'Ëllensburg,  Am.  J, 
ofObst,,  1891,  p.  573. 

La  malade  avait  eu  deux  pertes,  au  moment  de  ses  règles;  la 
première,  assez  abondante. 

Aux  environs  du  troisième  mois,  elle  manda  Fuchs,  croyant 
avoir  une  indigestion. 

Elle  succomba  subitement,  la  nuit  suivante. 

L'autopsie  révéla  Texistence  d'une  grossesse  t\ibaire,  dont  le  sac 
s'était  rompu  dans  le  péritoine.  L'embryon  ne  parait  pas  avoir 
plus  de  6  semaines. 

La  malade  n'a  été  enceinte  qu'une  fois,  avant  Taccident,  et  a 
nourri  son  enfant  jusqu'au  jour  de  sa  mort. 

Fuchs  croit  que  la  grossesse  ectopique  est  plus  fréquente  & 

droite  qu'à  gauche* 

A.  C. 

Deux  cas  de  grossesse  tubaire  avec  remarques  sur  la  grossesse 
ectopique.  (Two  cases  of  tubal  Gestation,  with  rcmarkson  ectopie 


DE   LA   GROSSESSE   EXTBA-UTÉRINE  153 

Gestation),  par  IL  Bavoa,  de  Chicago,  Am.  J.  o/"  Oô^^.,  janvier 
1891,  p.  33. 

.  La  première  malade  n'avait  pas  eu  de  suspension  de  ses  règles  ; 
elle  n'a  eu  qu'un  retard  de  6  jours  ;  Tembryon  n'avait  que  5  se- 
maines. 

Dans  le  second  cas,  le  sac  se  rompit,  et  c^usa  un  hémato-sal- 
pinx  ;  la  malade  eut  de  la  fièvre.  Après  Topération,  elle  eut  du  tym- 
pan isme  et  la  température  monta  à  39<*,4,  le  second  jour»  Elle  se 
remit,  après  l'expulsion  de  gaz  intestinaux,  au  moment  où  Bauga 
allait  rouvrir  l'abdomen. 

Le  diagnostic  de  la  grossesse  ectopique  au  début  est  difficile; 
les  points  principaux  sont  :  une  irrégularité  dans  les  règles,  de  vives 
douleurs  abdominales,  localisées  dans  un  côté,  et  plus  constantes 
que  celles  d'un  avortement,  puis  unç  perte  de  sang,  contenant  des 
lambeaux  de  caduque  ;  le  toucher  fait  reconnaître  un  col  légère- 
ment ramolli,  une  augmentation  de  volume  de  l'utérus  et  l'exis- 
tence d'une  tumeur,  généralement  située  d'un  côté  ;  enfin,  Tabsence 
de  fièvre,  jusqu'au  moment  où  le  sac  crève. 

Quant  au  traitement,  Bauga  recommande  la  laparotomie,  aus- 
sitôt que  le  diagnostic  est  établi.  L'électrisation  n'est  pas  assez 

sûre,  suivant  lui. 

A.  Cordes 

Suites  et  traitement  de  la  grossesse  tubalre  (Esiti  e  trattamento 
délia  gravidanza  tubaria),  Piccinini.  Annali  di  Ost,  e  gynec, 
Milano  1891,  p.  272. 

L'auteur  décrit  plusieurs  cas  dans  lesquels  la  rupture  de  la 
trompe  fut  suivie  de  mort  rapide.  Il  rapporte  ensuite  une  obser- 
vation de  grossesse  tubaire  avec  rupture  de  la  trompe  vers  la 
9o  semaine  avec  bématocèle  pelvienne  et  péritonite  consécutive.  Il 
enleva  les  membranes  fœtales  avec  les.  annexes,  fit  un  lavage  du 
péritoine  et  tamponna  avec  la  gaze  iodoformée.  Celle-ci  fut  enlevée 
six  jours  après  et  remplacée  par  un  drain  et  lo  malade  fut  rapide- 
ment guérie. 

P.  Mauclaire. 

Grossesse  extra-utérine  avec  perforation  de  Tlntestin  (Laparotomie 
bei  alter  Extrauterinschwangerschaft  mit  Darmperforation  ;  Hei- 
lung),  Flotamann  Beuts,  med.  Woch.^  1891,  n«  17,  p.  594. 

B.S...,âgéede34ans,nullipare,devientenceinte  en  juin  1882.  En 


154  REVUE  ANALYTIQUE 

février  1885  surviennent  les  douleurs  d'expulsion,  il  se  fait  un 
écoulement  de  sang  par  le  vagin,  mais  raccouchement  ne  se  fait 
pas.  En  mars  elle  entre  à  Thôpital,  reste  pendant  quelque  temps; 
elle  s'en  va  ne  voulant  passe  soumettre  à  un  examen  sous  le  chic- 
roforme.  Sa  santé  se  rétablit,  les  règles  réapparaissent,  mais  le 
ventre  reste  toujours  gros.  En  mai  .1889,  la  malade,  do  nouveau 
souffrante,  rentre  à  ThôpitaLOn  fait  une  laparotomie  exploratrice, 
mais  la  vue  de  la  tumeur,  de  môme  que  Taspect  cachectique  de  la 
malade,  faisant  penser  à  un  carcinome  inopérable,  on  referme  la 
plaie,  et  la  malade  quitte  l'hôpital  le  6  juin. 

Le  4  septembre,  la  malade  est  prise  de  diarrhée  et  rend,  avec  des 
selles  liquides,  une  grande  quantité  de  petits  osselets.  M.  Flothmann 
fait  le  diagnostic  d'ancienne  grossesse  extra-utérine  avec  perfo- 
ration de  l'intestin  siégeant  au  niveau  de  la  jonction  du  rectum 
avec  rS  iliaque  à  25  ce.  au-dessus  de  Tanus. 

Laparotomie  le  30  septembre.  A  l'incision  de  la  paroi  abdomi- 
nale on  trouve  latumeur  immobilisée  dans  le  bassin  avec  impossibi- 
lité  absolue  de  la  rapprocher  jusqu'aux  lèvres  de  l'incision  abdomi- 
nale. Ouverture  du  sac  au  bistouri.  On  retire  une  masse  de  matières 
fécales  et  un  certain  nombre  d'osselets,  les  uns  libres,  les  autres 
soudés  aux  parois  du  sac  et  fort  difficiles  à  enlever.  Le  sac  est 
lavé  et  suturé  à  la  plaie  abdominale  fortement  rétrécie  en  haut. 
Pendant  trois  semaines»  les  matières  fécales  aortaient  ppr  le  sac  et 
Torifîce  abdominal  ;  plus  tard,  lorsque  le  sac  se  rétrécît  et  fut 
comblé  do  granulations,  les  matières  fécales  reprirent  leur  chemin 
ordinaire,  par  le  rectum.  La  malade  a  guéri  et  quitta  l'hôpital  le 
25  novembre,  après  avoir  augmenté  de  20  livres. 

Deux  cas  récents  de  grossesse  tobaire.  Laparotomie  (Two  récent 
cases  of  tubal  Pregnancy,  abdominal  section),  par  W.  D.  Hamil- 
TON.  the  XeiO'York  med,  and  surg.  Journal,  8  février  1890» 
YolLI,p.  143. 

Cet  article  contient  les  observations  détaillées  de  deux  cas  de 
grossesse  tubaire  dont  l'un  accompagné  de  rupture.  La  laparo- 
tomie fut  pratiquée  avec  succès  chez  ces  deux  malades. 

L'auteur  conclut  que  cette  affection  est  beaucoup  plus  fréquente 
qu'on  ne  le  croit  et  que  cns  symptômes  passent  souvent  ina- 
perçus. 

P.  N. 


DK  LA   GHOSSBSSJfi   SXTAA-UT^BINS  155 

Grossesse  extra-ntérine  sans  symptômes  carsctàristiqiies  (a  case 
of  ectopic  Gestation  without  cbaracteristic  symptoms),  par 
J.  M.  Baldy.  Médical  News.  Philadelphia,  16  février  1890, 
A.  C.  vol.  LVI,  p.  169. 

Cet  article  est  l'observation  d'une  femme  de  24  ans,  chez  laquelle 
on  avait  diagnostiqué  une  pyosalpingite  double  :  on  trouva  après 
laparotomie,  à  gauche  un  petit  kyste  de  Tovaire,  à  droite  une 
grossesse  tubaire.  Le  fait  est  remarquable  en  ce  qu'aucun  symp- 
tôme ne  pouvait  faire  penser  à  la  grossesse,  l'utérus  étant  d'un 
volume  normal. 

P.  N. 

La  laparotomie  et  réleotricité,  dans  la  grossesse  ectopiqne  (Lapa- 
rotomy  versus  electricity  in  ectopic  Pregnancy),  par  le  D'  Wathen, 
de  Louisville.  Tr,  State  med.  Soc,  15  octobre  1890. 

On  n'emploie  que  rélectricité,  comme  moyen  féticide,  dans  la 
grossesse  ectopique,  et  on  ne  l'applique  guère  après  le  3«  ou  le 
4*  mois. 

La  mortalité  maternelle,  suite  de  l'électro-ponction  est  tellement 
élevée  que  les  avocats  les  plus  chauds  de  l'électricité  craignent  de 
plonger  une  électrode  dans  le  sac  gravide.  L'auteur  croit  donc  que, 
malgré  Thabileié  et  la  science  des  médecins  qui  continuent  à 
remployer,  cette  méthode  sera  bientôt  complètement  abandonnée. 

Le  D'  Brothers  a  publié  dans  VAnat.  Joum.  of  Obst,  de  février 
1890,  un  article  très  éloquent  pour  cette  méthode,  dans  lequel  il 
a  passé  sous  silence  ses  dangers. 

Les  statistiques  fournies  par  Brothers  démontrent  nettement 
qu'elle  est  beaucoup  plus  périlleuse  que  la  laparotomie, 

D'autre  part,  il  est  toujours  difficile  et  souvent  impossible  de 
reconnaître  la  gestation  extra-utérine  à  son  début,  de  sorte  qu'il 
y  a  certainement  des  cas  où  l'électricité  a  été  appliquée,  alors  que 
la  grossesse  ectopique  n'existait  pas.  Lorsque  la  laparotomie  a 
été  faite,  le  diagnostic  n'a  pu  être  erroné. 

Lorsque  l'embryon  ou  le  fœtus  ont  été  tués  par  le  courant  élec- 
trique, les  organes  pelviens  n'en  restent  pas  moins  dans  un  état 
anormal  et  dangereux  ;  tandis  que  la  laparotomie  permet  d'enle- 
ver tout  organe  malade,  et  d'éviter  toute  chance  d'abcès  pelvien, 
de  fistule  vaginale,  rectale  ou  vésicale. 

La  laparotomie  ne  donne  que  50/0  de  morts;  et  le  plus  grand 


156  REVUE  ANALYTIQUE 

nombre  deR  opérées  ont  été  guéries  complètement,  tandis  que  rjÛO/O 
des  femmes  qui  ont  subi  Télectrisation  ont  conservé,  soit  une 
tumeur,  soit  un  npaississement  des  tissus  pelviens  qui  peut  exiger 
la  laparotomie. 

La  laparotomie,  dans  les  cas  de  grossesse  ectopique  arrivée  au 
3«  ou  au  4«  mois,  présente  des  conditions  de  simplicité  toutes  par- 
ticulières, et  faite  sur  plus  de  50  malades  opérées  après  la  rupture 
du  sac,  n'a  eu  que  2  morts  ;  encore  les  causes  de  la  mort  ne  sont- 
elles  pas  imputables  à  l'opération. 

On  avance,  comme  raison  en  faveur  de  l'électrisation,  que  la 
laparotomie  exige  un  spécialiste  ;  mais  il  en  est  de  môme  de  l'éleo 
trisation. 

L^auteur  termine  sa  communication  par  la  présentation  des  deux 
pièces. 

L'une  de  ces  pièces  est  un  fœtus  avec  son  placenta,  provenant 
d'une  laparotomie  faits  par  Wathen,  pour  une  grossesse  tubaire 
dont  le  sac  avait  crevé  dans  le  ligament  large. 

L'autre  est  un  utérus  avec  sps  annexes,  enlevés  après  la  mort. 
La  malade  n'a  consenti  à  se  laisser  opérer  que  très  tard  et  Watben 
ne  l'a  vue  qu'à  l'article  de  la  mort. 

A.  C. 

RéddiTe  de  grossesse  extra-utérine  (  Wiederholte  Tubenscbwan- 
gerschaft),  par  R.  Krommkl.  Deustche  med,  Woch,,  5  juin  1890, 
no  23,  p.  49i. 

Dans  un  travail  récent,  Olsbausen  a  cité  un  fait  où  il  a  du  faire 
deux  fois  la  laparotomie  à  une  femme  pour  deux  grossesses  extra* 
utérines  successives,  et  il  a  réuni  plusieurs  observations  analo* 
gués.  Frommel  y  ajoute  un  fait  personnel,  relatif  à  une  femme  qui, 
en  1883,  a  subi  avec  succès  la  laparotomie  pour  une  grossesse 
tubaire  droite,  puis  a  eu  en  1887  dos  phénomènes  de  grossesse 
exta  utérine  (avec  expulsion  de  caduque)  terminés  par  des  acci- 
dents brusques  et  graves  d'hématocèle,  qui  finalement  a  guéri. 

Un  cas  de  laparotomie  aa  10  mois  d'une  grossesse  extra-utériiie. 
Prof.  G.  E.  Rein. 

Communication  faite  à  la  Société  d'obstétrique  et  de  gynécolo- 
gie de  Kieff,  le  28  février  1890.  Femme  de  35  ans,  6*  gross^^sse.  Au 
début  du  2*  mois- apparurent  divers  phénomènes  morbides:  métrer- 


DE   LA  GROSSESSE   EXTRA-UTÉRINE  157 

rhagie  avec  syncopes,  douleurs  abdominales,  fièvre,  vomissements 
qui  cédèrent  vers  le  milieu  du  80  mois  pour  ne  reprendre  quelque 
intensité  qu'au  9^  mois,  à  la  lin  duquel  la  malade  se  présenta  à 
l'hôpital.  Les  signes  objectifs  étaient  cai^actéristiques,  le  ventre 
développé  comme  dans  une  grossesse  à  terme,  asymétrique,  aplati 
à  droite.  Le  palper  abdominal  fait  reconnaître  le  fœtus  en  posi- 
tion oblique;  ses  mouvements  sont  vifs,  son  cœur  bat  150  fois  par 
minute;  le  souffle  placentaire  s'entend  à  gauche  et  la  main  appli* 
quée  à  ce  niveau  perçoit  une  sorte  de  frémissement  cataire.  Le 
kyste  fœtal  est  peu  mobile,  au-devant  de  lui  et  remontant  jusque 
vers  Pombilic  se  trouve  Tutérus.  L'hystéromètre  y  pénètre  à 
17  cent.  1/2  et  se  dirige  vers  Tangle  gauche;  le  col  est  ouvert  et 
le  doigt  entre  facilement  au  delà  de  Forifice  interne.  Diagnostic  : 
grossesse  tubaire, transformée  au  2«mois  enintra-ligamenteuse  par 
rupture  de  la  trompe  ;  fœtus  vivant.  L'opération  fut  exécutée  le 
14  février  90,  huit  jours  après  l'entrée  de  la  malade,  au  10^  mois  de 
la  grossesse.  Elle  présenta  les  particularités  suivantes  :  Tincision 
du  kyste  porta  sur  le  placenta  d'où  hémorrhagie  abondante  aussi- 
tôt arrêtée  par  la  compression  digitale  des  bords  de  la  plsùe;  l'en- 
fant fut  enlevé  vivant;  rénucléation  du  kyste  fœtal  présenta  des 
difiicultés  considérables,  car  il  se  trouvait  intimement  adhérent 
au  méso  de  PS  iliaque,  à  Tépiploon,  à  l'utérus.  L'opération  dura 
1  h.  4  m.  Un  tube  à  drainage  en  verre  fut  laissé  dans  la  cavité 
de  Douglas.  Dans  le  cours  de  la  convalescence  il  n'y  a  à  noter  que 
l'expulsion  très  douloureuse  de  fragments  de  la  caduque  ulérine. 
La  température  ne  dépasse  pas  38%7  ;  les  sutures  furent  enlevées 
le  8«  jour;  au  moment  de  la  communication  l'opérée  est  absolu- 
ment apyrétique  et  en  voie  de  rétablissement,  tout  en  portant 
encore  un  petit  drain.  L'enfant,  venu  au  monde  avec  un  poids  de 
S200  gr.  pèse  actuellement  3170,  se  porte  bien.  Son  crâne  est 
asymétrique,  aplati  à  gauche.  Le  poids  du  placenta  était  de 
1152  gr. 

M.  WlLBOUCHEVITCH. 

Résultats  définitifs  des  cas  de  grossesse  extra-utérine  traités  par 
l'électricité  (Subséquent  behawior  of  cases  of  extra-uterine  Pre- 
gnancy  treated  by  electricity),  par  le  D*  A.  Bkothers  de  Bellevue 
Hôpital  (New- York).  Am,  J,  ofObsô.,  février  1800,  p.  113. 

Aux  43  cas,  dont  l'auteur  a   publié  le   résumé  dans  Amer. 


158  .      BIBLIOGRAPHIE 

Joum,  of  Ohst.  de  1888),  il  en  ajoute  10  autres,  2  malades  seule- 
ment moururent  ;  chez  les  8  autres,  la  tumeur  disparut  ou  fat 
réduite  de  beaucoup  :  au  total,  5  morts  ;  dans  8  cas,  le  fœtus  a  été 
probablement  chassé  dans  la  cavité  utérine  ;  dans  2  cas,  la  suppu- 
ration survint  et  le  fœtus  s*élimina  par  morceaux. 

Gill  Wylie  n*a  jamais  employé  rélectricité  dans  ces  cas  et  il 
est  nettement  opposé  à  son  emploi.  Il  a  trois  fois  fait  la  laparoto- 
mie, après  que  l'électricité  avait  échoué. 

La  plupart  des  gynécologistes  à  qui  Brothers  a  demandé  quel 
est  l'état  des  femmes  traitées  par  cet  agent,  sont  favorables  &  son 
application. 

Une  maUde  a  été  revue,  8  ans,  les  autres,  entre  3  et  1  an,  après 
le  traitement. 

L'auteur  termine  son  travail  par  un  index  bibliographique  très 

complet. 

A.  C. 


BIBLIOGRAPHIE 


De  l'hydronèphrose  intermittente,  par  Félix  Terrier  et  Marcel 
Baudouin. 

MM.  Terrier  et  Baudouin  viennent  de  réunir  en  un  volume  la 
série  d'articles,  qu'ils  avaient  publiés  Tan  dernier  dans  la  Revue  de 
chirurgie,  y  ajoutant  un  certain  nombre  d'observations  nouvelles 
et  le  résumé  des  travaux  publiés  pendant  ces  derniers  mois  sur 
la  question. 

Jusqu'à  ces  dernières  années,la  nature  intime  de  Thydronéphroee 
semblait  avoir  éciiappé  à  la  plupart  des  observateurs.  On  n'avait 
pas  été  frappé  de  ce  fait  qu'il  s'agissait  là  d'une  simple  rétention 
dans  la  première  partie  des  voies  d'excrétion  de  l'urine;  on  ne 
voyait  guère  dans  toute  tumeur  hydronéphrotique  qu'une  collée* 
tion  liquide  plus  ou  moins  comparable  à  un  kyste  vulgaire.  MM. 
Félix  Terrier  et  Marcel  Baudouin,  dans  le  long  travail  où  ils  ont 
décrit  avec  force  détails  la  variété  clinique'  d'hydronéphroso  con- 
nue sous  le  nom  d'hydronéphrose  intermittente,  se 'Bunt  efforcés 
de  bien  mettre  en  relief  l'essence  même  de  cet  état  pathologique. 
Ils  ont  voulu  montrer  que,  dans  la  grande  majorité  des  cas,  l'hy- 


BIBLIOGBAPHIE  159 

dronépbrose  banale,  fermée,  pour  employer  le  mot  propre,  n'était 
en  somme  qu'un  des  modes  de  terminaison  de  l'hydronéphrose 
intermittente,  et  que  cette  forme,  avec  ses  deux  variétés,  Thydro- 
néphrose  intermittente  type  avec  crises  de  rétention  et  l'hydroné- 
phrose intermittente  à  évacuation  brusque,  était  celle  qui  méritait 
de  devenir  classique.  Ils  ont  prouvé  en  outre  la  facilité  d'infection 
de  ces  rétentions  d'urine  aseptiques  dans  le  bassinet,  et  mis  en  évi- 
dence l'importance  énorme  de  la  mobilité  rénale  envisagée  comme 
cause  de  l'hydronéphrose  pour  les  cas  que  jadis  on  décorait  du 
nom  d'hydronéphrose  idiopathique. 

Peut-être  n'ont-ils  pas  fait  une  place  assez  large  aux  rétentions 
rénales  intermittentes  liées  à  des  uretéro-  pyélites  légères,  variété 
de  rétention  sur  laquelle  insiste,  ajuste  titre,le professeur  Guyon. 

Après  avoir  fait  comprendre  pourquoi  les  hydronéphroses  des 
reins  mobiles,  liées  à  des  coudures  ou  à  des  torsions  de  l'uretère 
pendant  la  ptôse  rénale,  doivent  toujours  commencer  par  être  in- 
termittentes, ils  ont  décrit,  avec  précision  les  lésions  et  les  symptô- 
mes si  typiques  de  cette  variété  classique  si  curieuse.  On  se  rendra 
compte  de  Fimportance  d'une  œuvre  d'aussi  longue  haleine,  quand 
on  verra  la  quantité  des  documents  consultés,  la  conscience  avec 
laquelle  ils  ont  été  utilisés,  quand  on  saura  enfin  que  c'est  le  pre- 
mier ouvrage  qui,  dans  notre  pays,  parait  sur  ce  sujet  aussi  inté- 
ressant   qu'ignoré. 

Du  curetage  de  l'atéms,  sa  technliiae  et  sa  valeur,  par  le 
D'  Berlin  (de  Nice). 

En  terminant  son  intéressant  travail,  l'auteur  formule  les  con- 
clusions suivantes  : 

Au  point  de  vue  de  la  technique  : 

l^  Le  curettage  nécessite,  dans  la  généralité  des  cas,  l'anesthésie 
chloroformique  et  la  dilatation  préalable  de  l'utérus  au  moyen  de 
tiges  de  laminaire. 

2o  L'opération  doit  être  faite  avec  les  mêmes  soins  et  les  mêmes 
précautions  antiseptiques  que  les  opérations  abdominales  les  plus 
importantes.  Elle  ne  doit  être  entreprise  que  par  un  chirurgien 
exercé  et  outillé  en  vue  de  cette  antisepsie  rigoureuse.  A  cette 
condition  seule,  elle  présente  une  innocuité  à  peu  près  absolue. 

80  Les  soins  antiseptiques  post-opératoires  sont  de  la  plus 
haute  importance  ;  leur  omission  est  la  cause  d'un  grand  nombre 
d'insuccès. 


460  BIBLIOGRAPHIE 

Au  point  de  vue  des  indications  : 

!•  Le  curettage  est  le  traitement  par  excellence  de  Tendomé- 
trite  corporéale.  Considéré  comme  procédé  de  la  médication  intra- 
utérine,  il  est  incomparablement  supérieur  à  tous  les  autres,  au 
double  point  de  vue  de  la  bénignité  opératoire  et  de  l'efûcacité  des 
résultats. 

2o  II  ne  saurait  avoir  la  prétention  d^étre  infaillible,  de  confé- 
rer dans  tous  les  cas  et  du  premier  coup  la  guérîson  radicale 
d'une  affection  aussi  essentiellement  rebelle  que  Test  la  métrite 
chronique  dans  la  plupart  de  ses  formes.  Mais  il  nous  donne  prise 
sur  des  formes  de  métrites  contre  lesquelles,  il  y  a  peu  d'années, 
la  gynécologie  était  impuissante  ;  il  nous  fournit  chaque  jour  des 
guérisons  incontestables  là  où  les  méthodes  anciennes  avaient 
échoué. 

30  Même  lorsquMl  ne  produit  pas  d'emblée  la  guérison  absolue 
de  tous  les  symptômes,  il  procure  toujours  une  amélioration 
notable  ;  il  n'y  a  aucun  inconvénient  et  il  y  a  souvent  grand  avau- 
tages  à  le  renouveler  plusieurs  fois. 

40  II  importe  au  plus  haut  degré  de  ne  pas  considérer  le  curet- 
tage comme  le  traitement  banal  de  toutes  les  affections  de  Futérus 
dans  lesquelles  peuvent  se  rencontrer  des  symptômes  d'endo- 
métrite. 

50  Diverses  catégories  de  cas  doivent  être  distinguées  :  —  ceux, 
où  le  curettage  réalise  à  lui  seul  Taction  curative  ;  —  ceux  où  il 
constitue  un  traitement  palliatif;  —  ceux  où  il  doit  être  associé, 
à  titre  d'adjuvant,  à  telle  ou  telle  opération  ;  —  ceux  enfin  où  il 
est  dangereux  ou  inutile  et  où  Ton  doit  s'en  abstenir  complètement. 

60  La  condition  essentielle  d'un  emploi  judicieux  du  curettage 
est  une  précision  aussi  rigoureuse  que  possible  dans  le  diagnostic 
anatomique  et  symptomatique  de  ch£u^ue  cas  particulier. 

Traité  À  Tnsage  dea  sages-femmeB  (Lehrbuch  der  Uebammen- 
kunst)  par  le  Df  B-S.  Schultzk  d'Iéna.  Ëngelmann,  Leipziz,  1892. 

A  la  librairie  Nierstraz  (Liège).  Vademecmn  de  Gynécologie,  par 
le  D«"  D0HR88EN,  traduit  par  le  D'  Van  Aubkl.  Petit  in-18  de  175  p. 


Le  Gérant  :  Q.  Steinheil. 


IMPBIMSBIB  LBMALB  ET  0^«,  UAVBB 


Annales  de  Gynécologie 
ET  D'Obstétrique 

JANVIER    1892 


Planche  II 


ANNALES 

DE  GYNÉCOLOGIE 


Mars  1892 


TRAVAUX   ORIGINAUX 


DU  MÉCANISME  DE  L'ACCOUCHEMENT  DANS  LES 
PRÉSENTATIONS  DU  FRONT 

Par  le  D'  Aii|^st«  PoUoaaon 

Chirurgien  de  la    Charité    de  Lyon, 


Les  réflexions  que  nous  a  inspirées  la  lecture  des  nom- 
breux travaux  parus  sur  ce  sujet,  l'observation  d'un  cas 
d'accouchement  par  le  front,  et  quelques  recherches  expéri- 
mentales, nous  ont  conduit  à  admettre  un  mécanisme  un  peu 
différent  de  celui  qui  a  été  décrit  jusqu'à  ce  jour.  Telles  sont 
les  raisons  qui  ont  motivé  ce  travail. 

Les  présentations  du  front  ontété  longtemps  rangées  soit 
parmi  celles  de  la  face,  soit  parmi  celles  du  sommet  ;  les 
accidents  dystociques  qui  surviennent  fréquemment  ont 
attiré  sur  cette  question  Tattention  des  observateurs  et  les 
ont  conduits  à  faire  une  nouvelle  classe  de  présentation 
céphalique. 

Les  auteurs  sont  absolument  d'accord  sur  deux  points  que 
nous  voulons  rappeler  tout  d'abord.  Ce  sont  :  V  la  descrip- 
tion des  parties  accessibles  au  toucher,  c'est-à-dire  Ténumé- 
ratioD  des  signes  qui  font  faire  en  clinique  le  diagnostic  de 

An.  DK  0T5.  —   VOL.  XXXVII.  U 


162     ACCOUCHEMENT  DANS  LES   PRÉSENTATIONS   DU   FRONT 

présentation  du  front  ;  2*  le  mode  tout  particulier  du  déga- 
gement. 

1^  Dans  les  présentations  dufront^  les  parties  accessibles 
au  doigt  explorateur  sont  :  la  grande  fontanelle,  la  partie 
antérieurede  la  suture  sagittale, le  front,  les  orbites,  les  yeux, 
le  nez,  une  portion  variable  du  rebord  alvéolaire  du  maxil- 
laire supérieur.  Ce  qui  les  sépare  des  présentations  du  som- 
met, c'est  qu'on  n  atteint  pas  la  petite  fontanelle  ;  ce  qui  les 
distingue  des  présentations  de  la  face,  c'est  qu'on  n'atteint 
ni  la  bouche  ni  le  menton  ; 

2""  Le  dégagement  dans  les  présentations  du  front  est 
absolument  caractéristique,  et  aucun  autre  ne  lui  estcompa- 
parable.  Dans  les  présentations  du  sommet^  Tocciput  venant 
apparaître  sous  la  symphyse,  le  dégagement  se  fait  par  un 
mouvement  de  déflexionqui  a  pour  centre  un  point  sous-occi- 
pital, et  les  divers  diamètres  sous-occipitaux  viennent  suc- 
cessivement se  mettre  en  rapport  avec  le  diamètre  coccy- 
pubien.  Dans  les  présentations  de  la  face,  le  menton  venant 
apparaître  sous  la  symphyse,  le  dégagement  se  fait  par  un 
mouvement  de  flexion  qui  a  pour  centre  un  point  trachéli- 
que,  et  les  divers  diamètres  trachéliques  viennent  successi- 
vement correspondre  audiamètreantérO'postérieur  du  détroit 
inférieur.  Dans  les  présentations  du  frontale  dégagement  est 
différent  et  bien  spécial  :  le  nez  vient  se  montrer  sous  la 
symphyse  ;  le  maxilliaire  supérieur  ou,  d'une  manière  plus 
précise,  la  partie  alvéolaire  du  maxillaire  supérieur  vient 
s'arc-bouter  contre  la  partie  inférieure  de  la  symphyse,  et  le 
dégagement  a  lieu  par  un  mouvement  de  flexion  qui  a  pour 
centre  le  maxillaire  supérieur  et  les  divers  diamètres  qui 
partent  du  maxillaire  supérieur  pour  aller  à  la  grande  fonta- 
nelle, à  la  suture  sagittale,  à  l'occiput,  viennent  successive- 
ment apparaître  sous  la  symphyse.  L'issue  du  menton  se  fait 
en  dernier  lieu,  par  un  mouvementde  déflexion. 

Nous  voyons  donc  que  les  présentations  du  front  peuvent 
être  dëflnies  en  clinique  :  1®  par  la  description  des  parties 
qu'atteint  le  doigt  ;  i""  par  le  mode  particulier  du  dégage* 


r 


POLLOSSON  163 

ment,  point  capital  et  typique  du  mécanisme  de  l'accouche- 
ment par  le  front. 

Dans  la  description  du  mécanisme,  nous  pensons  qu'il  faut 
laisser  de  côté  les  présentations  du  front  diagnostiquées  au- 
dessus  du  détroit  supérieur  sur  une  tète  non  engagée,  et  qui 
se  sont  transformées  au  moment  de  l'engagement  en  une 
présentation  delà  face  ou  du  sommet. 

Nous  ne  tiendrons  pas  compte  davantage  des  cas  où  une 
tète  très  petite  ou  très  molle  a  permis  dans  Texcavation  une 
transformation  spontanée  de  la  présentation. 

Les  présentations  du  front  au-dessus  du  détroit  supérieur 
et  les  présentations  mobiles  et  variables  des  tètes  petites  et 
molles  ont  multiplié  d'une  manière  exagérée  les  cas  d'accou- 
chements par  le  front  etontcontribuéà  obscureirla  question 
du  mécanisme. 

Nous  n'aurons  donc  en  vue  que  les  cas  où  une  tête  s'est 
engagée  en  front,  est  descendue  en  front  et  s'est  dégagée  en 
front. 

Nous  laisserons  également  de  côté  les  cas  dans  lesquels 
un  rétrécissemest  du  bassin  est  venu  compliquer  et  modifier 
les  difficultés  mécaniques. 

Un  premier  point  en  discussion  mérite  de  nous  arrêter  un 
moment.  Parmi  les  auteurs  qui  se  sont  occupés  de  la  ques^ 
tien,  les  uns  prétendent  que  c'est  le  front  qui  occupe  le  cen- 
tre de  l'excavation  ;  les  autres,  au  contraire^  affirment  que  le 
centre  de  la  présentation  est  représenté  par  la  grande  fon- 
tanelle ou  du  moins  par  un  point  voisin  de  cette  grande  fon- 
tanelle. 

Disons  immédiatement  que  c'est  à  cette  dernière  opinion 
que  nous  nous  rattachons.  La  manière  de  voir  que  nous 
adoptons  est  basée,  tout  d'abord,  sur  les  observations.  On 
peut  voir,  en  effet,  que  la  présence  de  la  grande  fontanelle 
au  centre  de  la  présentation  est  maintes  fois  signalée  ;  elle 
est  basée,  en  outre,  sur  la  considération  suivante  :  dans  les 
présentations  du  front  au  moment  où  le  dégagement  va  com- 
mencer le  diamètre  fœtal  qui  appuie  contre  les  parois  de 


164     ACCOUCHEMENT  DANS  LES  PRÉSENTATIONS  DU  FRONT 

rexcavation  est  celui  qui  s'étend  du  rebord  alvéolaire  du 
maxillaire  supérieur  à  un  point  de  la  suture  sagittale  voisin 
de  la  petite  fontanelle  ;  le  centre  de  la  présentation  est  donc 
représenté  par  un  point  situé  à  égale  distance  des  extrémi- 
tés de  ce  diamètre  ;  il  est  facile  de  constater,  en  considérant 
une  tête  de  fœtus,  que  ce  point  correspond  à  peu  près  exacte- 
ment à  la  grande  fontanelle.  En  outre,  si  le  front  occupait 
le  centre  de  l'excavation,  comme  la  distance  de  ce  front  au 
menton  est  à  peine  de  six  centimètres  on  devrait  atteindre 
avec  le  doigt  explorateur  la  boucheetle  menton,  ce  quin*est 
pas. 

Nous  admettons  donc  que  le  centre  de  la  présentation  est 
représenté  par  la  grande  fontanelle.  Si  le  front  n'occupe  pas 
le  centre  de  la  présentation,  il  en  représente,  du  moins,  la 
partie  la  plus  déclive  et  la  plus  facilement  accessible. 

Si  nous  nous  sommes  arrêtés  un  instant  pour  discuter  la 
situation  du  front,  c*est  parce  que  certains  auteurs  ont  été 
conduits,  par  Tidée  que  le  front  était  au  centre  de  l'excava- 
tion, à  une  idée  erronée  sur  le  mécanisme  de  l'engagement 
et  de  la  descente. 

Il  est  pourtant  une  circonstance  dans  laquelle  le  centre 
de  la  présentation  est  à  peu  près  représenté  par  le  front  et 
dans  laquelle  la  fontanelle  bregmatique  est  déjetée  à  la  péri- 
phérie, c'est  lorsque  la  descente  se  fait  avec  ouverture  de  la 
bouche.  Nous  reviendrons,  en  détail,  sur  cette  situation  par- 
ticulière. 

Dans  la  discussion  qui  va  suivre,  nous  admettrons  renga- 
gement dans  un  bassin  cylindrique,  et  accepterons  l'idée 
d'après  laquelle  l'axe  de  l'excavation  se  confond  avec  celui 
du  détroit  supérieur. 

D'autre  part,  quand  nous  parlerons  d'une  tête  fœtale^  et  de 
la  possibilité  qu'elle  a  à  s'engager  de  telle  ou  telle  manière, 
nous  prendrons  comme  type  la  tête  non  déformée  d'un  en- 
fant extrait  par  une  opération  césarienne  ;  en  pratique  nous 
utiliserons  le  dessin  que  M.  Budin  a  donné  dans  sa  thèse. 


POLLOSSON  165 

I.  —  Du  diamètre  occipito-mentonnier  ou  du  diamètre 
maximum  considéré  pendant  l'engagement. 

M''**'  Lachapelle  prétendait  que,  dans  les  présentations  du 
front,  le  diamètre  occipito-mentonnier  devait  s'engager  pa- 
rallèlement au  plan  du  détroit  supérieur  et  que  c*était  là  la 
raison  qui  rendait  Taccouchement  par  le  front  si  difficile. 

La  plupart  des  auteurs  qui  se  sont  occupés  de  la  question, 
Mangiagalli  surtout,  constatent  Timpossibilité  de  cet  enga- 
gement et  prétendent  avec  juste  raison  que  le  diamètre  occi- 
pito-mentonnier s'engage  obliquement  dans  Texcavation. 

«  L'extrémité  mentonnière  du  diamètre  occipito-menton- 
«  nier,  dit  Mangiagalli,  s'engagera  dans  la  filière  pelvienne 
«  avant  l'extrémité  occipitale  de  ce  diamètre,  rendant  ainsi 
a  possible  la  descente  ultérieure  de  la  partie  qui  se  présente, 
a  puisque  le  diamètre  occipito-mentonnier  s'insinue  oblique- 
a  ment  dans  l'anneau  qui  représente  le  détroit  supérieur.  • 

M.  Devars  (1)  admet  la  descente  suivant  le  mode  décrit 
par  Mangiagalli. 

D'après  cette  description,  au  moment  où  va  commencer  le 
dégagement,  le  menton  se  trouve  donc  dans  Texcavation,  & 
un  niveau  inférieur  à  celui  de  l'occiput.  Or  le  dégagement, 
dans  les  présentations  du  front,  se  fait  de  telle  façon  que 
l'occiput  sort  bien  avant  le  menton,  celui-ci  étant  la  der- 
nière partie  céphalique  qui  se  dégage.  Si  le  menton  est  des- 
cendu le  premier  dans  l'excavation,  et  si,  d'autre  part,  l'oc- 
ciput se  dégage  avant  le  menton,  il  est  nécessaire  que  le 
diamètre  occipito-mentonnier  bascule  dans  l'excavation. 

M.  Devars  a  vu  cette  difficulté  et  la  tranche  de  la  manière 
suivante  :  «  Les  difficultés  réelles  n'existeront  qu'au  détroit 
«  inférieur  où  ce  diamètre  (roccipito-mentonnier)  est  obligé 
«  de  basculer,  mais  là,  la  rétropulsion  du  coccyx  viendra 
«  favoriser  ce  mouvement  et  rendra  possible  ce  dégagement 
0  de  l'occiput  ». 


(1}  Thèse  de  Lyon,  1885. 


166     ACCOUCHEMENT  DANS  LES   PRÉSENTATIONS   DU   FRONT 

Cette  explication  est  évidemment  insuffisante  car  Tocci- 
put,  avant  d'avoir  atteint  le  coccyx,  est  obligé  de  parcourir 
une  partie  de  l'excavation  qui  n'est  nullement  douée  de  la 
même  mobilité. 

Si  nous  reprenons  le  schéma  de  Mangiagalli  (fîg.  1),  et  si 
dans  la  section  cylindrique  ÂBCD-  nous  introduisons  le 
triangle  schématique  occipito-fronto-mentonnier  OFM,  en 
faisanC  engager  le  menton  M  avant  l'occiput  0,  nous  voyons 
que  si  Tocciput  doit  se  dégager  avant  le  menton,  le  diamètre 
OM  devra  basculer  dans  le  cylindre  ABCD  ;  et  si  nous  repré- 
sentons le  coccyx  par  la  distance  HB  mobile  au  point  de 
pouvoir  occuper  la  direction  HB',  nous  voyons  que  l'occiput, 
avant  d'atteindre  la  portion  HB  mobile,  devra  parcourir  une 
partie  de  la  distance  OH  qui  n'est  nullement  susceptible 
d'être  repoussée. 


Fio.  1 


L'explication  de  M.  Devars  est  donc  illusoire  et  il  est  ab- 
solument nécessaire  pour  que  le  point  O  devienne  inférieur 
au  point  M  que  le  menton  M  se  dégage  (ce  qu'on  n'observe 
pas  dans  les  présentations  du  front  dégagées  suivant  le  mode 


décrÎT  .  ou  lueL  auti*  flanutTT^'rîC'jurfC'û»*  £ia>V^T:^^*«-4  ^N 
oe  gui  ih-  ù:\n  tr:*'t  j»i>s*ihjjî  ni»  itLX<  Lîs  rvk>  ^T^r;^ .,'*  •■,  v 
M.  Blaur        uaimr  r''^:  îtioirôkrillili  I'^5i>^v  ;•>*  .*>' ,.' .  .^ 
du  dianH-^^  ii::".nini*-iiKnn:Qa^iii!  ^i^fC  l' iXiZ*^  r.wV'f'  v.\"V,v,v/ - 

cette  diSi-L^v-  c  on-  Hiia  «fc»*  ii-rn  vL5erf::3«i>  sî>«'»  M.  IVx^^ï-j^. 
Mais  K«iiŒ5'liCKL-:»i-!îiH-i  rir*  nw  T:^--5^cti*tu  ^^xîor,^,^^  ^,;^',)^^n'^ 

U  réalité  d**  îi^-f  :  î^^^rrT*. 

ment,  c  esî-Â-Hiii:*  i3i;i>  [a  des*:rp:2H>a  du  l^iu|^s  \ii^  \\^lM\^'^\\ 
que  M.  hl'jkzz  j "ice  I^  s-î^rîe  des  lran>formAÙxni5;  \\^  ys^'^Wh^w 
qui  pennet:rj!it  à  la  tête  de  se  dé^î^iît^r,  i'o;ji  trvin>(onu>\- 
tioos  de  position  djus  ont  paru  tellement  oompl^tt»;*»  \\\\^ 
nous  nous  croyons  obligés  de  transcrire  en  f>\\\w  ot^ttt^  \y<^^\^ 
de  son  mémoire. 

«  Le  troisième  temps  de  rotation  est  plus  complt^xa.  H  il  U» 
c  même  but  et  le  même  résultat  que  pour  uuh  pn^aâutHiivU 
«  de  la  face  ou  du  sommet;  c'est-à«dire  qu'il  anuMia  4iu)ti  Ih 
«  symphyse  pubienne  la  partie  qui  doit  »«  ilt^^^iii^ar  U\  prti- 
«  mière,  pour  qu*ensuit6  l'expulsion  soit  pnHHÎlilH,  at  ijua 
«  des  diamètres  plus  petits  que  rocripiio-mAUloinûtir  hu 
«  mettent  en  rapport  avec  le  coccy-pul)i«ii  du  dtWriiil.  infrt 
«  rieur.  Prenons  par  conséquent  la  tAto  au  iirt^rtHulatiou 
«  frontale,  dans  la  situation  où  elle  h«  trouva  h  la  (lu  iU\ 
«  deuxième  temps,  c'est-à-dire  le  front  vars  l«  cnnira  d»  I'hx- 
t  cavation,le  menton  en  avant  et  à  gûuche,8ur  le  milieu  de  la 
«  distance  pubio-ischiatique,  l'occiput  libre  ou  arri^^îia  et  «ri 
«  haut.  Il  est  à  remarquer  d'abord  que  le  mouvement  de  roi  a 
a  tion  autour  d'un  axe  vertical  ne  peutH'e/fectuerdire'UîUKîUt 
«  car  l'occiput  non  descendu  viendrait  buUircofilTfîbî|/n/iu'in- 
«  toire.  De  plus,  lorsque  sur  le  cadavre  ou  /îfî-/jye  d^iuj/^jj/iîr 
a  la  tête  d'un  fœtus  à  terme,  placée,  t'JfUnnH  nouh  le  «uppo- 
«  sons,  en naso*iliaque gauche antéri^'ure, de «/l'ioi^r^; k  nitm - 


1)  ycmrelU»  ArrkirrM  rf".  hr***r  //#^  tf  th  Q*jHtf  hhuju ^  1^>J/. 


168     ACCOUCHEMENT  DANS   LES  PRTÎSENTATIONS  DU  FRONT 

<r  ner  rextrémité  postérieure  du  diamètre  occipito-frontal, 
«  ou  celle  du  grand  diamètre  de  Budin  en  rapport  avec  la 
«  paroi  pelvienne  sous-jacente,  on  éprouve  des  diflGicultés 
«  considérables,  à  moins  d'une  tête  petite  ou  d'un  bassin 
«  grand.  Et,  en  effet,  il  faut,  pour  que  Tocciput  puisse  des- 
«  cendre  dans  Texcavation  et  gagner  la  courbure  sacrée,  que, 
«  par  un  mouvement  inverse,  le  menlon  remonte  le  long  de 
«  la  paroi  pelvienne  antérieure  et  se  dégage  au-dessus  du 
c  détroit  supérieur.  Avant  même  que  les  points  sus-indiqués 
a  de  Tocciput  aient  glissé  sous  la  ligne  innominée,  le  menton 
«  est  remonté  et  libre.  Â  cet  instant  du  mécanisme,  la  base 
a  du  crâne  s'incline  en  bas  et  en  arrière^  de  telle  sorte  qu'au 
«  fur  et  à  mesure  que  Tocciput  se  loge  dans  la  concavité  du 
c  sacrum,  le  menton  s'élève  de  plus  en  plus  en  avant.  Aussi, 
a  tandis  qu'au  moment  de  l'engagement  du  triangle  cépha- 
I  lique  de  Mangiagalli,  aux  deux  premiers  temps  de  l'accou* 
«(  chemenc  par  le  front,  l'extrémité  mentonnière  est  le  point 
tt  le  plus  déclive  de  la  base  du  triangle,  au  troisième  temps 
«  c'est  l'occiput.  Le  plan  de  la  base  du  crâne  s'est  donc 
«  incliné  en  sens  inverse,  regarde  maintenant  en  haut  et  en 
«  arrière  et  non  plus  en  avant  et  en  haut  >  (1). 

Cette  page,  on  le  voit,  comprend  des  phénomènes  extrô- 
mement  complexes.  Essayons  de  les  analyser.  Dans  Tétude 
des  phénomènes  mécaniques  de  Taccoucheraent,  il  faut  dis- 
tinguer trois  espèces  de  mouvements  :  1<*  les  phénomènes 
de  progression  en  masse  exécutés  parallèlement  à  Taxe  du 
bassin  et  qui  constituent,  à  proprement  parler,  la  descente  ; 
2"^  les  mouvements  de  rotation  de  la  partie  qui  se  présente 
autour  de  son  axe  vertical,  c'est-à-dire  la  rotation  propre- 
ment dite,  et  3<^  les  mouvements  de  rotation  autour  d*un  axe 
transversal,  mouvements  qui,  pour  la  tète,  consistent  dans 
la  flexion  ou  dans  la  déflexion. 


(1)  Faisons  remarquer  que  les  idées  émises  par  M.  Blanc  sont  à  peu  prèâ 
semblables  à  celles  de  Marchionneschi  {Annati  di  Oêtrtricin,  1884).  L*unet 
Tautrede  ces  auteurs  admettent  la  descente  de  Mangiagalli  et  supposent  que 
le  menton  remonte  ultérieurement  pour  permettre  la  descente  de  i  occiput. 


POLLOSSON  169 

Dans  la  description  de  son  temps  de  rotation,  M.  Blanc 
comprend  des  mouvements  appartenant  à  ces  trois  espèces 
et  ceux  du  deuxième  groupe,  c'est-à-dire  les  mouvements  de 
rotation  proprement  dits,  sont  loin  d'être  les  plus  impor- 
tants. 

Si  nous  con-sidërons  les  mouvements  de  progression  de  la 
tète  parallèlement  à' Taxe  du  bassin,  nous  voyons  qu  après 
avoir  exécuté  sa  descente,  Tovoïde  crânien  remonte  dans 
l'excavation  et  va  reprendre  momentanément  sa  position 
première  au-dessus  du  détroit  supérieur.  Le  menton,  en  effet, 
remonte,  d'après  M.  Blanc^  le  long  de  la  paroi  pelvienne 
antérieure,  et  se  dégage  au-dessus  du  détroit  supérieur.  Or 
ce  menton^  descendu  premier^  ne  peut  remonter  au-dessus 
du  détroit  supérieur  qu'à  la  condition  que  Vocciput  y  re- 
monte  avec  lui  et  même  avant  lui^  à  moins  que  dans  cette 
ascension  du  menton  le  diamètre  occipito-mentonnier  ne 
vienne  à  6ascu/er  dans  Vexcavation,  ce  que  M.  Blanc  n'ad- 
met pas.  Ainsi^  après  avoir  exécuté  sa  descente,  la  tête 
remonte  au-dessus  du  détroit  supérieur,  et  l'accouchement, 
au  point  de  vue  mécanique,  n'est  pas  plus  avancé  qu'avant 
qu'il  ait  débuté.  Un  mouvement  de  flexion  s'exécute  alors 
au-dessus  du  détroit  supérieur.  Â  ce  moment  commence  une 
descente  toute  nouvelle  dans  laquelle  le  diamètre  occipito- 
mentonnier  s'engage  dans  l'excavation,  l'occiput  situé  plus 
bas  que  le  menton.  Il  n'est  donc  pas  très  exact  de  dire  que, 
tandis  qu'aux  deux  premiers  temps  de  Taccouchement  par 
le  front,  l'extrémité  mentonnière  est  le  point  le  plus  déclive 
de  la  base  du  triangle,  au  troisième  temps  c'est  l'occiput.  Ce 
qu'il  faudrait  dire,  si  on  admettait  la  description  de  M.  Blanc, 
c'est  que,  dans  les  accouchements  par  le  front,  il  se  fait  une 
première  descente,  le  menton  situé  plus  bas  que  l'occiput, 
puis  la  tète  ne  pouvant,  dans  cette  position,  ni  se  dégager, 
ni  opérer  sa  rotation,  remonte  hors  de  l'excavation,  s'y  flé- 
chit et  descend  alors  d'une  nouvelle  façon,  l'occiput  plus  bas 
que  le  menton  ;  dans  cette  nouvelle  position,  la  tôte  peut 
heureusement  et  tourner  et  se  dégager. 


170  ACCOUCHEMENT  DANS  LES  PRÉSENTATIONS  DU  FRONT 

Mais  ces  deux  descentes,  séparées  par  une  ascension,  n*ont 
été  relatées  par  aucun  accoucheur,  nous  ne  la  trouvons  dans 
aucune  des  observations  et  nous  ne  lavons  pas  constatée 
dans  deux  cas  d'accouchement  par  le  front  que  nous  avons 
pu  suivre. 

Quant  au  mouvement  de  bascule^  imaginé  par  M.  Blanc, 

^  et  d'après  lequel  le  menton  situé  d*abord  plus  bas  que  Tocci- 

put  lui  deviendrait,  en  second  lieu,  supérieur,  il  placerait  le 

triangle  occipito-fronto-mentonnier  dans  la  position  0'M*F' 

(fig.  2)  au  lieu  de  la  position  OMF  occupée  primitivement). 

Or,  dans  ces  deux  positions  les  parties  accessibles  au  doigt 
doivent  être  bien  différentes.  Tandis  que  dans  la  première 
position  OMF,  le  menton  et  la  bouche  devaient  être  facile- 
ment accessibles  au  doigt,  ils  ne  doivent  plus  être  accessi- 
bles dans  la  position  O'M'F*. 


Fio.  2. 


Or,  dans  les  présentations  du  front  qui  ne  se  traii.sfurmont 
pas,  les  parties  perceptibles  au  toucher  demeurent  les  mêmes 
pendant  toute  la  descente  et  jusqu'au  dégagement.  Ce  mou- 
vement de  flexion  ne  s'observe  pas  (sauf  dans  les  fronts 
transformés  en  sommets)  et  nous  croyons  qu*il  s'est  imposé 


POLLOSSON  171 

à  Tesprit  de  M.  Blanc,  comme  une  nécessité  théorique  plutôt 
que  comme  un  fait  observé. 

Nous  n'admettons  donc  pas  la  descente  suivant  la  descrip- 
tion de  Mangiagalli,  c'eslh-à-dire,  la  descente  avec  le  menton 
situé  plus  bas  que  Tocciput.  Nous  la  rejetons  parce  que  le 
dégagement  ne  pourrait  pas  s'effectuer  suivant  le  mode  ob- 
servé dans  les  présentations  du  front,  sans  une  bascule  du 
diamètre  occipito-mentonnier  dans  Texcavation,  ce  qui  n'est 
pas  possible  dans  les  cas  ordinaires. 

La  raison  que  nous  venons  de  faire  valoir  ne  serait  évi- 
demment pas  suffisante  pour  tous  les  auteurs  ;  il  en  est  quel- 
ques-uns, en  effet,  pour  qui  le  diamètre  maximum  ne  mérite 
môme  pas  d'être  pris  en  considération  car  il  ost  déformé  et 
réduit  par  des  phénomènes  plastiques  de  modelage.  Nous 
reviendrons  tout  à  l'heure  sur  ce  point.  Mais  nous  avons  un 
autre  motif  pour  rejeter  l'idée  de  Mangiagalli  acceptée  par 
presque  tous  les  auteurs,  et  pour  considérer  comme  fausse 
l'attitude  qu'il  suppose  à  la  lête  au  moment  de  l'engagement, 
ce  motif  est  le  suivant  :  le  trisingle  occipito-fronto-menton' 
nier  descendant  comme  le  décrit  M artgiagalli  ne  constitue 
pas  une  présentation  du  fronts  mais  une  présentation  de  la 
face. 

Si,  en  effet,  au  lieu  de  représenter  simplement  le  triangle 
schématique  OMF  nous  dessinons  la  tète  dans  laquelle  est 
inscrit  ce  triangle  nous  obtenons  la  figure  ci-contre  (fig.  3). 

Or,  nous  ne  pouvons  absolument  pas  admettre  que,  dans 
une  présentation  semblable  le  doigt  explorateur  se  borne  à 
percevoir  le  front,  les  orbites,  les  yeux  et  le  nez  et  ne  puisse 
pas  atteindre  la  bouche  et  le  menton.  Ces  parties  sont,  en 
effet,  situées  très  bas  ;  le  menton  est  à  peu  près  au  môme 
niveau  que  la  grande  fontanelle  et  rien  n'empêche  qu'on  le 
sente  facilement  ;  quand  à  la  bouche,  elle  devrait  en  tout 
cas  être  facilement  touchée.  Or  les  présentations  du  front 
sont  précisément  caractérisées  par  ce  fait  que  le  doigt  explo- 
rateur n'atteint  ni  la  bouche,  ni  le  menton.  En  second  lieu, 
la  grande  fontanelle  se  trouve  rejetée  loin  du  centre  de  Tex- 


172     ACCOUCHEMENT  DANS   LES  PRÉSENTATIONS  DU   FRONT 

cavation,  tandis  que  dans  les  présentations  du  front,  c^est 
elle  qui  doit  occuper  le  centre  de  Texcavation.  En  troisième 
lieu,  si  la  présentation  était  telle  que  nous  la  dessinons 
d*après  le  schéma,  nous  ne  voyons  absolument  pas  quelle 
raison  pourrait  empêcher  qu'on  aille  accrocher  le  menton 
avec  un  doigt,  exagérer  tant  soit  peu  Textensisn  de  la  tête, 
et  faire  avec  la  plus  grande  facilité  une  présentation  de  la 
face,  si  tant  est  que  ce  n'en  soit  pas  déjà  une  que  Von  ait 
sous  les  yeux.  Or  nous  savons  qu'une  pareille  transformation 
est  chose  difficile,  sinon  impossible.  En  quatrième  lieu,  nous 
ne  voyons  pas  ce  qui  pourrait  empocher  le  menton  de  des- 


Fio.  8. 


cendre  jusqu'à  ce  qu'il  vienne  apparaître  sous  la  symphyse 
et  permettre  ainsi  aux  diamètres  trachelo-bregmatique,  tra- 
chelo-occipital,  etc.  de  se  dégager  au  détroit  inférieur  comme 
cela  se  passe  dans  les  présentations  de  la  face. 
Nous  sommes  donc  conduit  à  supposer  une  autre  attitude 


POLLOSSON 


173 


à  la  tète  qui  se  présente  et  qui  s'engage  en  front  et  les  idées 
que  noos  allons  exposer  maintenant  ne  sont  pas  purement 
hypothétiques, car:  1*  elles  sont  en  rapport  avec  les  fait^  cli** 
niques  observés,  et  2*  elles  ont  pu  être  vérifiées  expérimen* 
talement. 

Nous  croyons  que,  dans  les  présentations  du  front,  le  dia- 
mètre occipito-mentonnier  s'engage  obliquement  dans  Toxca- 
vation  ;  mais  de  telle  façon  que  Textrémité  occipitale  du 
diamètre  occipito-mentonnier  pénètre  avçint  l'extrémité  men» 
tonnière  de  ce  même  diamètre  (fig.  4).  L'obliquité  du  diamè- 


FlO.  4. 


tre  occipito-mentonnier  n'est  évidemment  pas  très  grande 
et  se  rapproche  plus  de  Tfaorizontale  que  de  la  verticale. 


174   ACCOUCHEMENT  DANS  LES  PRÉSENTATIONS  DU  FRONT 

Elle  est  telle,  en  tous  cas,  que  la  position  de  la  tète  diffère 
encore  beaucoup  de  celle  que  Ton  observe  dans  les  présen- 
tations du  sommet.  Il  suffit,  d'ailleurs,  que  Tobliquité  soit 
suffisante  pour  permettre  au  diamètre  de  pénétrer  dans  Tex- 
cavation.  La  tète  descend  dans  l'excavation  dans  la  position 
représentée  dans  la  figure  ci-jointe.  Cette  position  est  pos- 
sible puisque  le  diamètre  occipito-mentonnier  pénètre  obli- 
quement. Et  cette  positionnons  rend  absolument  compte  des 
parties  senties  par  le  doigt  dans  les  présentations  du  front. 
La  grande  fontanelle  occupe  approximativement  le  centre 
de  Texcavation,  le  front  représente  la  partie  la  plus  déclive. 
Les  arcades  orbitaires,  les  yeux,  la  racine  du  nez  peuvent 
être  atteints  par  le  doigt;  mais  la  boucbe  et  le  menton  sont 
inaccessibles  au  toucher.  Telles  sont  bien  les  conditions 
nécessaires  pour  constituer  une  présentation  du  front  telle 
qu'on  Tobserve  en  clinique.  Nous  avons  représenté  le  bassin 
ÂBCD  avec  son  inclinaison  pour  rendre  compte  d'une  illu- 
sion trompeuse.  L'occiput,  en  effet,  tout  en  étant  situé  plus 
bas  que  le  menton  de  la  distance  00"  semble  toutefois  occu- 
per une  position  plus  élevée  que  l'extrémité  mentonnière,  car 
lorsqu'on  dit  qu'un  point  est  plus  élevé  qu'un  autre  on  a 
l'habitude  d'apprécier  ces  positions  relatives  comme  si  la 
femme  était  debout. 

Dans  cette  position,  la  descente  quoique  difficile  est  pos« 
sible  et  le  dégagement  peut  s*effectuer  sans  que  le  diamètre 
occipitomentonnier  ait  à  basculer  dans  Texcavation  et  sans 
que  les  deux  descentes  de  M.  Blanc,  descentes  qu*on  n'a 
jamais  observées,  soient  nécessaires  pour  permettre  le  déga- 
gement. La  deuxième  descente  de  M.  Blanc  n'est,  d'ailleurs, 
pas  autre  chose  que  celle  que  nous  admettons. 

Dans  la  discussion  que  nous  venons  de  faire,  nous  avons 
parlé  du  diamètre  occipito-mentonnier  en  appelant  occiput 
et  menton  les  extrémités  de  ce  diamètre.  Si  nous  avons 
adopté  ces  dénominations  c'est  pour  conserver  les  expres- 
sions des  auteurs  dont  nous  discutions  les  opinions.  II  est 
bien  évident  que,  dans  la  réalité  des  faits,  c'est  du  diamètre 


POLLOSSON  175 

maximum  qu'il  s'agit  toutes  les  fois  qu'il  est  parlé  du  dia- 
mètre occipito-meutonDier.  Or  ce  diamètre  maximum  a  une 
de  ses  extrémités  au  menton,  mais  son  autre  extrémité  n'est 
pas  représentée  par  la  pointe  de  l'occiput  ;  elle  siège  en  un 
point  variable  qui  est  presque  toujours  situé  sur  la  suture 
sagittale  entre lapointede rocciputetlafontanelleantérieure. 
C'est  ce  diamètre  maximum  qui  est  dans  Timpossibilité  de 
s'engager  parallèlement  au  plan  du  détroit  supérieur^  c'est 
lui  qui  est  obligé  de  s'insinuer  obliquement  dans  l'excavation  ; 
c'est  lui  que  Mangiagalli  veut  faire  descendre  avec  son  extré- 
mité mentonnière  en  bas  et  que  nous  voulons  faire  descen- 
dre avec  son  extrémité  mentonnière  en  haut.  La  question  de 
mécanique  est  la  même  si  Ton  substitue,  dans  la  discussion, 
le  terme  diamètre  maximum  à  celui  de  diamètre  occipito- 
mentonnier.  Il  sera  toutefois  plus  rigoureusement  vrai  de 
dire  que,  dans  l'engagement  des  présentations  du  front,  c'est 
le  diamètre  maximum  qui  s'insinue  dans  le  cylindre  pelvien 
avec  une  obliquité  telle  que  l'extrémité  mentonnière  pénètre 
la  dernière. 

Si  nous  faisons  cette  modification  aux  faits  que  nous  avons 
exposés  dans  la  première  partie  du  travail  c'est  qu'il  a  son 
importance  au  point  de  vue  des  choses  qu'il  nous  reste  à 
étudier. 

Les  présentations  du  front,,  si  on  accepte  le  mode  d'enga- 
gement et  de  descente  que  nous  avons  décrit,  se  rapprochent 
donc  davantage  des  présentations  du  sommet  que  des  pré- 
sentations de  la  face.  La  tête  en  s'engageant  par  le  front 
pourra  présenter  peut-être  une  flexion  ou  une  déflexion  plus 
ou  moins  marquée  suivant  les  cas  ;  mais  une  limite  séparera 
toujours  cette  présentation  de  celle  de  la  face,  et  cette  limite 
est  constituée  par  le  diamètre  maximum  qai,pour  les  présen- 
tations de  la  face,  fait  pénétrer  son  extrémité  mentonnière  la 
première,  tandis  que  pour  les  présentations  du  front,  l'extré- 
mité occipitale  du  même  diamètre  s'engage  avant  le  menton. 
D'après  cette  manière  de  voir,  les  transformations  de  front 
en  face  et  de  face  en  front  pourront  bien  s'observer  au-des- 


176     ACCOUCHEMENT  DANS   LES   PRéSENTATIONS  DU  FRONT 

SUS  du  détroit  supérieur,  c'est-à-dire  avant  tout  engagement, 
mais  elles  ne  pourront  pas  se  produire  dans  Texcavatidn  car 
elles  nécessiteraient  la  bascule  in  situ  du  diamètre  maximum  ; 
ou  du  moins,  si  pareilles  transformations  se  produisent  ce 
n'est  qu'avec  des  têtes  très  petites,  très  molles  et  très  réduc- 
tibles évoluant  dans  un  grand  bassin.  Les  transformations 
du  fronton  face  étant  considérées  comme  impossibles,  sauf 
dans  les  cas  de  têtes  molles,  il  est  évident  que  ce  change- 
ment ne  devra  pas  être  tenlé  par  l'accoucheur.  Il  est  bien 
entendu  que  si  une  tête  située  au-dessus  du  détroit  supérieur 
se  présentait  comme  un  front,  avant  que  rengagement  fût 
effectué,  on  aurait  absolument  le  droit  de  chercher  à  corri* 
ger  cette  présentation. 

Nous  venons  de  voir  quelle  est  la  limite  qui  différencie  les 
présentations  du  front  de  celles  de  la  face,  voyons  mainte- 
nant ce  qui  les  sépare  de  celles  du  sommet.  La  différence  est 
constituée  par  la  position  du  diamètre  occipito-frontal  maxi- 
mum dans  l'une  et  dans  l'autre  présentation.  Mais  il  importe 
de  préciser  la  définition  et  de  dire  exactement  de  quel  dia- 
mètre nous  parlons.  Si  Ton  considère  la  tête  avant  toute 
modification  de  forme,  on  voit  que  le  diamètre  FP  (fig.  4), 
qui  relie  la  racine  du  nez  à  la  pointe  de  l'occiput,  est  à  peu 
près  le  plus  grand  des  diamètres  qui  passent  par  le  front  ; 
toutefois,  un  diamètre  qui  aboutit  en  arrière  un  peu  au-des- 
sous de  la  pointe  de  l'occiput,  est  un  peu  plus  grand  que  le 
précédent  de  quelques  millimètres.  On  peut  encore  considé- 
rer un  autre  diamètre  F'  P^  allant  du  point  le  plus  élevé  du 
front  à  un  point  sous-occipital  encore  plus  reculé  que  le 
point  P,  diamètre  que  l'on  pourrait  appeler  sus-fronto-sous- 
occipital.  Tous  ces  diamètres  sont  à  peu  près  de  12  centi- 
mètres sur  une  tête  moyenne,  c'est-à-dire  qu'ils  sont  de  ceux 
qui  peuvent  à  la  rigueur  basculer,  mais  qui  ne  basculent  pas 
facilement  dans  Texcavation.  Or,  dans  la  présentation  du 
front,  tous  ces  diamètres  pénètrent  obliquement  dans  le  bas- 
sin en  engageant  leur  extrémité  frontale  la  première^  tan^ 
dis  que  dans  les  présentations  du  sommet,  cest  leur  extré* 
mité  occipitale  qui  descend  tout  d'abord. 


POLLOSSON  177 

Pour  passer  de  la  présentation  du  front  à  celle  du  sommet, 
il  faudrait  donc  que  le  plus  grand  des  diamètres  occipito- 
frontaux  basculât  dans  l'excavation,  ce  qu'il  peut  faire  à  la 
rigueur,  mais  avec  difficulté. 

Si  Ton  considère  la  tête  au  début  du  travail  en  présenta- 
tion du  front,  on  voit  donc  que  sa  transformation  en  sommet 
ne  serait  pas  mécaniquement  impossible  ;  mais  la  tête  subit 
rapidement  des  phénomènes  de  déformation  et  de  modelage 
qui  modifient  plus  ou  moins  quelques-uns  de  ses  diamètres. 
Tandis  que  les  diamètres  qui,  du  menton  ou  du  maxillaire 
supérieur,  vont  à  la  région  sus-occipitale,  sont  diminués,  on 
voit  au  contraire  s'allonger  les  diamètres  qui  vont  du  front 
àTocciput  ou  au  sous-occiput.  Le  diamètre  le  plus  important 
est  à  ce  moment  constitué  par  la  ligne  F'  0'  (fig.  7)  qui  va  du 
point  le  plus  élevé  du  front  à  un  point  de  l'occiput  situé  en 
arrière  de  la  petite  fontanelle.  Celte  distance  devient  longue 
de  13  centimètres  environ  et  constitue  le  plus  grand  diamè- 
tre de  la  tête  fœtale.  Ce  diamètre  maximum  ne  peut  basculer 
dans  l'excavation  ;  il  empêche  donc,  d'une  manière  absolue, 
la  transformation  d'une  présentation  du  front  en  présentation 
du  sommet. 

Nous  voyons  donc  que  si  l'on  considère  la  tète  en  présen- 
tation du  fronts  et  n'ayant  pas  subi  de  phénomènes  plastiques 
qui  la  déforment,  sa  position  est  plus  différente  des  présen- 
tations de  la  face  que  des  présentations  du  sommet;  mais  si 
on  considère  la  tôte  modifiée  et  déformée  (de  telle  façon  que 
le  diamètre  mento-sincipital  est  diminué,  tandis  que  le  dia- 
mètre sous-occipito-frontal  est  augmenté),  sa  position  est 
plus  différente  des  présentations  du  sommet  que  de  celles  de 
la  face. 

L'axe  de  la  présentation,  c  est-à-dire  l'axe  de  la  tête,  qui, 
pendant  l'engagement  et  la  descente,  vient  se  confondre  avec 
l'axe  de  l'excavation,  est  représenté  par  une  ligne  allant  du 
trou  occipital  à  la  partie  antérieure  de  la  grande  fontanelle; 
les  plans  d'engagement,  c'est-à-dire  les  plans  de  section  de 
la  tôte  qui  viendront  successivement  se  mettre  en  rapport 

Anr.  m  otr.  —  tol.  xxxvn.  19 


178  ACCOUCHEMENT  DANS  LES  PRÉSENTATIONS  DU  FRONT 

avec  le  détroit  supérieur,  sont  évidemment  perpendiculaires 
à  cetaxe;  ils  seront  représentés  par  les  circonférences  fronto« 
sous-occipitale,  naso-occipitale  etmento-sous-occipitale.  Lies 
grands  diamètres  de  ces  circonférences  sont  à  peu  près  égaux 
entre  eux  et  ne  dépassent  guère  12  centimètres  si  on  les  con- 
sidère sur  une  tête  qui  n'a  p£(s  été  déformée.  L'extrémité 
postérieure  de  ces  diamètres  correspond  à  la  partie  la  plus 
reculée  de  la  suture  sagittale  et  à  la  région  de  la  petite  fon- 
tanelle, c'est-à-dire  à  la  région  du  crâne  la  plus  susceptible 
de  se  modifier  par  les  pressions.  Ces  diamètres  successifs, 
étant  à  peu  près  égaux  entre  eux  avant  le  modelage,  sont 
égalisés  encore  par  les  phénomènes  plastiques,  il  en  résulte 
la  constitution  sur  la  tête  fœtale  d*un  cylindre  de  3  ou  4  cen- 
timètres de  hauteur  que  M.  le  professeur  Fochier  (i)  a  bien 
décrit.  Nous  renvoyons  le  lecteur  aux  leçons  de  ce  maître, 
qui  a  bien  montré  l'importance  de  ce  cylindre  relativement 
à  la  descente  et  à  la  rotation  dans  les  présentations  du 
front. 

Quant  au  dégagement  dont  nous  avons  plus  haut  rappelé 
le  mode  particulier,  il  présente,  en  effet,  des  difficultés  plus 
grandes  que  dans  les  présentations  du  front  ou  du  sommet, 
car  les  diamètres  naso-sincipital,  naso-occipital  sont  plus 
grands  que  les  diamètres  sous-occipitaux  dégagés  dans  les 
présentations  du  sommet  et  que  les  diamètres  trachéliques 
dégagés  dans  les  présentations  de  la  face. 

Nous  avons  rappelé  au  début  de  ce  travail  le  mécanisme 
du  dégagement  en  front.  Ce  mécanisme  ressemble,  à  certains 
points  de  vue,  à  celui  que  l'on  observe  dans  les  positions 
occipito-sacrées  du  sommet;  dans  ce  dernier  cas,  en  effet, 
Tencoche  naso-frontale,  venant  appuyer  sous  la  symphyse, 
l'occiput  se  dégage  premier  à  la  commissure  postérieure  de 
la  vulve  par  un  mouvement  de  flexion  exagéré  ;  ultérieure- 
ment, par  un  mouvement  de  déflexion,  la  face  puis  le  menton 


(1)  Pn^rinee  médicale,  juillet  1890* 


POLLOSSON  179 

apparaissent  sous  la  symphyse.  Il  semble  que  la  similitude 
soit  complète  avec  le  dégagement  du  front.  Mais  il  existe  des 
différences  que  nous  devons  signaler.  Dans  les  sommets  en 
position  occipito-sacrée,  la  descente  se  fait  dans  une  attitude 
de  flexion  très  prononcée  ;  cette  descente  doit  être  très  pro- 
fonde et  l'occiput  doit  refouler  et  faire  bomber  d'une  manière 
très  prononcée  le  périnée  postérieur  ;  dans  ce  cas,  Tocciput 
se  trouve  situé,  avant  et  pendant  le  dégagement,  notable- 
ment plus  bas  que  le  front.  Dans  les  présentations  du  front, 
au  contraire,  la  descente  se  fait  moins  profonde  ;  au  moment 
où  va  commencer  le  mouvement  de  flexion  du  dégagement, 
Tocciput  se  trouve  situé  notablement  plus  haut  que  le  front, 
d'autant  |)lus  que  les  phénomènes  plastiques  ont  exagéré  la 
longueur-du  diamètre  occipito- frontal. 

«  Le  point  de  la  présentation  le  plus  proéminent  en  arrière, 
o  dit  M.  Pochier  (la  protubérence  occipitale  externe),  ne 
c  distend  pas  encore  le  périnée  postérieur  au  début  du  déga- 
<  gement  comme  dans  le  sommet.  » 

On  verra  dans  un  chapitre  ultérieur  le  dégagement  tout 
particulier  et  plus  favorable  qui  se  produit  lorsque  la  bouche 
du  fœtus  est  ouverte. 

II.  — Déformations  de  la  tête  dans  les  accouchements  par 

le  front. 

En  discutant  le  mode  de  pénétration  de  la  tête  dans  Tex- 
cavation  nous  sommes  arrivés  à  conclure  que  le  diamètre 
maximum  s'insinuait  obliquement  et  que  son  extrémité  pos- 
térieure descendait  avant  son  extrémité  mentionnière;  nous 
avons  basé  cette  conclusion  sur  une  série  de  considérations 
de  mécanique  obstétricale  et  sans  tenir  compte  d'une  con- 
dition qui  a  pourtant  une  grande  importance,  nous  voulons 
parler  des  phénomènes  plastiques  qui  viennent  modifier  la 
forme  delà  tête.  Ce  modelage  de  la  tête  pendant  Taccouche- 
ment  mérite  de  nous  arrêter  maintenant;  il  a,  en  effet, 
une  importance  puisqu'il  modifie  notablement  Timportance 
de   certains    diamètres.   Ces  phénomènes  plastiques   ont 


180  ACCOUCHEMENT  DANS  LES  PRÉSENTATIONS  DU  FRONT 

frappé  Tattention  de  presque  tous  les  observateurs.  Quel- 
ques auteurs  out  môme  été  conduits  à  penser  que  les 
modifications  des  divers  diamètres  de  la  tête  rendaient 
absolument  futile  toute  discussion  sur  la  manière  dont  ces 
diamètres  se  comportaient  à  leur  passage. 

M.  Auvard  (1),  par  exemple,  pense  que  grâce  au  modelage 
de  la  tètO;  le  diamètre  maximum  peut  pénétrer  dans  Texca- 
vation  en  engageant  indifféremment  la  première  son  extré- 
mité mentonnière  ou  son  extrémité  occipitale. 

M.  Fochier  (2)  s'exprime  d'une  manière  fort  analogue  : 
<r  II  est  singulier,  dit-il,  de  voir  les  auteurs  s'escrimer  pour 
«  expliquer  la  progression  du  diamètre  occipito-mentonnier  ; 
«  admettre  des  oscillations  du  diamètre  qui  n'existe  pas,  ou 
«  qui  n'existe  plus,  puisque  dans  la  présentation  du  front, 
«  ses  dimensions  sont  supprimées  par  la  déformation  de  ses 
«  deux  extrémités.  » 

Il  ne  nous  viendra  pas  à  Tesprit  de  nier  les  déformations 
de  la  tête  observées  par  tous  les  auteurs  dans  les  présen- 
tations du  front  ;  nous  ne  songeons  pas  davantage  à  nier  la 
modification  des  diamètres  céphaliques  et  spécialement  la 
réduction  du  diamètre  maximum  sur  lequel  les  auteurs  et 
nous  après  eux,  avons  longuement  discuté.  Mais  nous  pen- 
sons que  les  déformations  n'enlèvent  rien  de  leur  valeur  aux 
arguments  que  nous  avons  invoqués  pour  expliquer  l'attitude 
de  la  tète  au  moment  de  son  engagement  et  pendant  sa  des- 
cente. 

Faisons  remarquer  tout  d'abord  que,  en  admettant  l'enga- 
gement que  nous  avons  décrit,  l'accouchement  peut  se  faire 
dans  un  bassin  normal  sans  exiger  théoriquement  une  défor- 
mation bien  prononcée  de  la  tête,  puisque  le  diamètre  maxi- 
mum 8*est  engagé  obliquement  et  puisque  d'après  notre 
exposé,  ce  diamètre  n'est  point  obligé  à  basculer  dans  Tex- 


(J;  Tratauj^  é^ohgtétrique.i,  III,  1S89. 
(2)  Prorince  médicale,  28  juiHet  1889. 


POLLOSSON  181 

cavation  pour  se  dégager  suivant  le  mode  particulier  aux 
présentations  du  front. 

De  ce  que  cette  descente  est  possible  sans  exiger  des  défor- 
mations de  la  tête,  faut-il  conclure  que  ces  déformations  ne 
se  produiront  pas  ?  Évidemment  non.  En  effet,  nous  savons 
que,  même  dans  les  présentations  de  la  face  et  du  sommet, 
on  observe  des  déformations  caractéristiques  de  la  tête.  Or, 
dans  ces  présentations  les  déformations  ne  sont  évidemment 
pas  dues  à  la  résistance  du  détroit  supérieur  ou  de  Texca- 
vation,  du  bassin  osseux  en  un  mot  ;  la  circonférence  sous- 
occipito-bregmatique,  dont  le  plus  grand  diamètre  est  de 
10  cent,  à  10  cent.  1/2,  représente  la  plus  grande  circonfé- 
rence de  la  tête  en  présentation  du  sommet  ;  elle  peut  évoluer 
sans  difl9culté  dans  l'excavation  et  au  détroit  supérieur  ;  et 
pourtant  une  tête  qui  se  présente  subit  ainsi  des  modifications 
de  forme.  Ces  modifications  sont  dues  à  la  résistance  des  par- 
ties molles  représentées  par  le  segment  inférieur  de  l'utérus, 
le  col  utérin,  le  plancher  périnéal,  la  vulve.  Cette  résistance 
des  parties  molles  est  plus  grande  chez  les  primipares,  le 
travail  s'en  trouve  retardé  et  les  déformations  de  la  tète  sont 
plus  accentuées  que  chez  les  multipares. 

Nous  i^avona  donc  que  les  déformations  s'observent  même 
avec  une  attitude  de  la  tête  telle  que  le  bassin  osseux  n'offre 
aucune  résistance. 

Quoi  d'étonnant  alors  à  ce  que,  dans  les  présentations  du 
front,  on  observe  des  déformations,  même  si  Ton  constatait 
que  le  bassin  osseux  n'a  pas  été  obligé  de  les  produire. 

De  ce  que  dans  une  attitude  donnée  de  la  tête  certains  dia- 
mètres se  déforment,  faut-il  conclure  que  cette  attitude 
n'existait  pas?  Évidemment  non.  Nous  pensons  même  que 
raititude  de  la  /e/e,  c'est-à-dire  le  degré  précis  de  sa  dé- 
flexion  dans  les  présentations  du  front,  légitimera  des 
déformations  déterminées  et  que  ces  déformations  seraient 
autres  dans  une  attitude  différente. 

Les  modifications  de  forme  de  la  tête  pourront  se  faire  soit 
au  moment  de  l'engagement,  soit  au  moment  du  dégagement. 


182  ACCOUCHEMENT  DANS  LES  PRÉSENTATIONS  DU  FRON^Ç 

Celles  qui  se  feront  au  moment  du  dégagement  auront  pour 
agent  exclusif  le  périnée,  c'est-à-dire  les  parties  molles; 
celles  qui  se  feront  au  moment  de  l'engagement  ou  pendant 
la  descente  pourront  avoir  pour  agent  la  résistance  du  bassin 
lui-même  et  la  résistance  de  certaines  parties  molles  repré- 
sentées surtout  par  le  col  utérin  et  le  segment  inférieur  de 
l'utérus. 

Il  est  difficile  de  faire  la  part,  sur  une  tète  expulsée  avec 
des  déformations,  des  causes  diverses  qui  ont  pu  influer  sur 
ces  changements  de  forme. 

On  peut  dire,  toutefois,  que  les  résistances  apportées  par 
le  bassin  osseux  lui-môme  au  moment  de  l'engagement  ne 
pourront  agir  que  sur  des  diamètres  de  plus  de  12  cent,  et 
que  ces  résistances  ne  pourront  pas  réduire  ces  diamètres  à 
plus  de  12  centimètres.  Il  semblerait  d'après  cette  considé- 
ration que  la  plus  grande  part  des  déformations  devraient 
être  rapportées  au  temps  du  dégagement. 

S'il  en  est  ainsi,  et  si  les  modifications  de  forme  ont  pris 
naissance  aussi  tard,  c'est-à-dire,  après  la  descente,  tous  les 
raisonnements  que  nous  avons  appliqués  à  Tobliquité  du  dia- 
mètre maximum,  garderaient  toute  leur  valeur  ;  à  ceux  qui 
nous  objecteraient  la  diminution  de  longueur  du  diamètre 
maximum,  nous  pourrions  répondre  que  ces  diamètres  n'ont 
perdu  leur  longueur  et  leur  importance  qu'au  moment  du  dé- 
gagement, mais  qu'ils  n'étaient  pas  modifiés  au  moment  de 
l'engagement  et  pendant  la  descente  et  que,  par  conséquent, 
ils  ne  pouvaient  pas  basculer  d'une  manière  indifférente  dans 
^'excavation . 

Mais  ce  procédé  de  raisonnement  ne  serait  pas  parfaite- 
ment légitime,  car  nous  pensons  que  le  bassin  osseux 
doublé  des  parties  molles  peut  opposer  une  résistance  à  des 
diamètres  inférieurs  à  12  et  que,  par  conséquent,  des  défor- 
mations pourront  se  produire  au  moment  de  l'engagement 
et  pendant  la  descente. 

Nous  croyons,  toutefois,  que  les  déformations  qui  se  cons- 
tituent au  moment  de  l'engagement  ne  permettent  pas  de 


P0LL03S0N 


183 


dire qae  lattitude  de  la  tête  est  indifférente,  que  Timpor- 
tance  du  diamètre  maximum  ou  de  Toccipito-mentonnier  ne 
mérite  aucune  considération.  En  effet,  le  diamètre  maximum 
ne  peut  s'engager  et  par  conséquent  ne  peut  pas  être  directe- 
ment modifié  au  moment  de  l'engagement,  s'il  subit  une  ré- 
duction, ce  n'est  qu'indirectement  et  ces  déformations  indi- 
rectes n'enlèvent  pas  sa  valeur  à  Vobliquité  du  diamètre 
maximum  au  moment  oà  il  pénètre  dans  V excavation. 
Pour  être  plus  précis  ou  plus  clair  supposons(fig.  5)  la  tête 


FlO.  6. 


normale  pénétrant  dans  un  bassin  ÂBCD,  dans  l'attitude 
que  nous  avons  décrite,  avec  son  diamètre  maximum  oblique 
et  le  point  sincipital  S  descendant  avec  le  menton  M.  Sup- 
posons maintenant  que  la  tête  ait  à  subir  une  résistance  de 
la  part  du  bassin;  les  choses  se  passeront  comme  si  elle 
avait  à  descendre  dans  un  bassin  plus  petit,  dans  le  bassin 
S'BT'D'  par  exemple. 


184  ACCOUGHKMENT  DANS  LES  PRÉSENTATIONS  DU  FRONT 

.  Les  résistances  agiront  tout  d'abord  sur  le  diamètre  sin- 
cipito-frontal  SF  et  le  réduiront  à  la  dimension  S'F.  De  ce 
fait,  le  point  S  étant  venu  en  S',  le  diamètre  maximum  SM 
sera  devenu  S'M,  c'est-à-dire,  aura  été  réduit,  mais  indi- 
rectement. Â  ce  moment,  des  déformations  de  la  tète  lui  au- 
ront donné  une  forme  nouvelle  représentée  en  pointillé. 
Eh  bien,  la  tête  pourra-t-elle  profiter  de  la  réduction  de  son 
diamètre  maximum  pour  modifier  son  attitude,  pour  se  dé- 
fléchir par  exemple  ?  Non,  évidemment,  car  les  déformations 
de  la  tète  auront  créé  deux  nouveaux  diamètres  ME  et  MF, 
plus  grands  qu  MS*  et  Ton  comprend  que  le  diamètre  MF 
8*opposera  tout  aussi  bien  que  le  diamètre  maximum  primitif 
à  la  défiexion  de  la  tète  qui  descend.  Lorsque,  ultérieure- 
ment, le  diamètre  G  H  s'engagera  grâce  'lune  déformation 
nouvelle,  le  même  raisonnement  sera  applicable  et  nous 
pourrons  dire  encore  que  la  tète  déformée  est  obligée  de  gar- 
der son  attitude.  Ainsi  la  tête  s'engagera  subissant  progres- 
sivement des  déformations,  modifiant  et  réduisant  ses  dia- 
mètres primitifs,  mais  constituant  à  chaque  temps  de  sa  dé- 
formation des  diamètres  nouveaux  qui  maintiendront  le  de* 
gré  de  déflexion  qu'elle  avait  au  début. 

Des  déformations  de  la  tète  résultera  la  constitution  d*un 
cylindre  engagé  dans  le  cylindre  pelvien  et  l'on  comprend 
que  cette  disposition  s'opposera  à  toute  modification  de  la 
présentation  soit  dans  le  sens  de  la  flexion,  soit  dans  le  sens 
de  la  déflexion. 

En  tous  cas  l'extrémité  sincipitale  du  diamètre  maximum 
s'est  engagée  la  première  et  malgré  les  déformations  succes- 
sives subies  par  ce  diamètre,  cette  extrémité  sincipitale  d'ua 
diamètre  réduit  sera  toujours  (pendant  l'engagement  et  la 
descente)  située  plus  bas  que  l'extrémité  mentonnière. 

Comment  va  se  déformer  la  tète  pendant  son  engagement 
et  sa  descente?  Les  pressions  qu'elle  aura  subies  seront 
dirigées  perpendiculairement  à  l'axe  de  la  présentation  par 
une  série  de  forces  concentriques  (forces  qui  ne  sont  que  la 
résistance  des  parois  pelviennes  à  l'effort  utérin).  Ces  forces 


POLLOSSON  185 

auront  pour  effet  de  rapprocher  le  front  du  sinciput,  le 
maxillaire  supérieur  et  le  maxillaire  inférieur  de  la  région 
occipitale,  et  comme  les  parties  postérieures  du  crâne  sont 
les  plus  facilement  réductibles  il  en  résultera  un  aplatisse- 
ment de  la  région  sincipitale  et  de  la  partie  supérieure  de 
Toccipital.  En  même  temps  que  les  diamètres  susindiqués 
se  réduiront,  la  tète  augmentera  ses  dimensions  dans  un 
sens  perpendiculaire  aux  compressions,  c'est-à-dire  dans  le 
sens  de  l'axe  de  la  présentation  ;  le  front  bombera  d*une  ma- 
nière exagérée  et  la  partie  postérieure  de  Tocciputsera  re- 
jetée en  arrière.  Les  déformations  ainsi  déduites  théorique- 
ment du  mode  d'engagement  et  de  descente  que  nous  avons 
décrit^  sont  bien  en  réalité  celles  que  nous  a  révélées  la  cli- 
nique^ ce  dont  il  est  facile  de  se  convaincre  en  jetant  les 
yeux  sur  un  des  nombreux  dessins  qu'on  a  donnés  des  têtes 
venues  en  présentation  du  front. 

Bien  que  la  tàte  ait  subi  diverses  modifications  de  forme 
pendant  rengagement  et  la  descente,  elle  en  subii*a  de  nou- 
velles au  moment  du  dégagement.  A  ce  moment,  les  forces 
qui  produiront  des  déformations  agiront  successivement  sur 
le  front,  le  sinciput,  l'occiput  et  le  sous-occiput  et  tendront 
à  rapprocher  ces  différents  points  du  rebord  alvéolaire  du 
maxillaire  supérieur,  c'est-à-dire  du  centre  de  rotation  du 
dégagement.  Ces  forces  déformantes  ne  sont  pas  tout  à  fait 
identiques  à  celles  qui  ont  agi  pendant  rengagement  et  la 
descente,  mais  en  somme  elles  n'en  diffèrent  pas  très  sensi- 
blement. 

Nous  dirons  à  nouveau  qu'il  est  difficile  de  faire  la  part 
des  déformations  qui  se  sont  produites  pendant  l'engage- 
ment et  de  celles  qui  se  sont  faites  au  moment  du  dégage- 
ment. On  ne  peut  pas  savoir  quelles  sont  celles  qui  ont  été 
le  plus  importantes.  Nous  pensons  toutefois  que  les  phéno- 
mènes de  modelage  sont  plus  prononcés  pendant  le  dégage- 
ment et  nous  basons  notre  opinion  sur  un  fait  clinique  ob- 
servé par  nous.  Il  s'agit  d'une  femme  multipare  qui  eut  un 
accouchement  par  le  front.  La  poche  des  eaux  s'étant  rom- 


186   ACCOUCHEMENT  DANS  LES  PRÉSENTATIONS  DU  FRONT 

pue  tardivement,  la  descente  s'effectua  assez  rapidement 
(moins  de  3  heures);  le  travail  s'étant  alors  arrêté,  nous 
fîmes  le  dégagement  au  forceps»  suivant  le  mécanisme  clas- 
sique, c*6st-à  dire  en  produisant  une  flexion  de  la  tête  autour 
du  maxillaire  supérieur  appliqué  sous  la  symphyse.  Or  dans 
ce  cas,  il  s'agissait  d'un  enfant  bien  développé,  dont  la  tète 
n*était  nullement  molle  et  les  déformations  du  crâne  étaient 
presque  nulles.  Nous  pensons  que  le  modelage  classique 
était  peu  marqué  en  raison  de  la  descente  et  du  dégagement 
rapides',  c'est-à-dire  parce  que  les  parties  molles  n'avaient 
pas  agi  assez  longtemps,  pour  déformer  la  tête.  Toutefois^' 
comme  il  s'agissait  d'un  accouchement  dans  un  grand  bassin^ 
nous  ne  voudrions  pas  trop  généraliser  notre  conclusion  et 
nous  admettons  qu'une  partie  des  déformations  se  font  pen- 
dant l'engagement. 

Si  on  admettait  la  descente  de  Mangiagalli,  la  résistance 
des  parois  pelviennes  agissant  tout  d'abord  sur  le  menton 
descendu  premier,  aurait  comme  effet  de  le  repousser  vers 
le  centre  de  l'excavation,  d'exagérer  la  déflexion  de  la  tête 
et  d'accentuer  encore  la  présentation  de  la  face. 

Dans  les  présentations  du  sommet  en  position  occipito- 
sacrée,  on  voit  que  la  descente  se  faisant  en  flexion  exagérée, 
la  résistance  du  bassin  en  diminuant  certains  diamètres, 
aura  comme  résultat  d'allonger  le  diamètre  longitudinal  de 
la  présentation,  c'est-à-dire  l'occipito-mentonnier.  Cette  dé- 
formation diffère  donc  essentiellement  de  celle  que  l'on  ob- 
serve dans  les  présentations  du  front. 

I/accouchemeut  par  le  front  se  fait  donc  avec  un  méca- 
nisme spécial  et  grâce  à  des  déformations  spéciales  L'ovoïde 
crânien  présentait  primitivement  un  pôle  mentonnier  et  un 
pôle  occipital.  Grâce  aux  phénomènes  plastiques,  le  menton 
se  rapprochera  de  l'occiput  et  la  forme  de  la  tète  sera  re- 
présentée par  un  nouvel  ovoïde  dont  les  pôles  seront  le  front 
et  le  sous-occiput. 

Le  degré  des  déformations  nécessitées,  sera  influencé  par 
la  durée  du  travail  ;  il  le  sera  surtout  par  les  rapports  de  di- 
mension de  la  tète  et  du  bassin. 


POLLOSSON  187 

«  Aus3i  serait-ce  une  exagération  que  d^assigner  aux  pré* 
a  sentations  du  front,  un  rang  d'égalité  avec  celles  du  som- 
«  met  ou  de  la  face.  Ces  dernières,  en  effet,  peuvent  être 
a  observées  avec  des  têtes  quelconques,  et  dans  des  bassins 
i  quelconques,  tandis  que  le  mécanisme  spécial  des  accou- 
rt chements  par  le  front,  ne  pourra  être  réalisé  que  dans  des 
a  conditions  spéciales;  il  exige  certaines  dimensions  du 
«  bassin  et  de  la  tête,  et  surtout  une  plasticité  particulière 
«  de  cette  tête.  Ces  conditions  doivent  se  trouver  réunies, 
a  Des  relations  spéciales  entre  ces  trois  facteurs  sont  abso- 
«  lument  nécessaires.  »  (Professeur  Pinard.  Communie, 
orale,) 

m.    —  De  rouverture  de  la  bouche  du  fœtus  dans  les 

accouchements  par  le  iront. 

Nous  voulons  maintenant  appeler  Tattention  sur  un  phé- 
nomène très  particulier  qui  se  produit  quelquefois,  souvent 
peut-être^  et  qui,  à  notre  avis,  modifie  sensiblement  les  con- 
ditions mécaniques  de  Taccoucbement  par  le  front,  nous 
voulons  parler  de  Touverture  de  la  bouche  du  fœtus  et  de 
rélevation  du  menton. 

Cette  ouverture  de  la  bouche  a  été  observée  cliniquement, 
et  nous  avons  constaté,  en  outre,  qu'elle  se  produisait  fré- 
quemment dans  les  tentatives  expérimentales. 

Parlons  d'abord  des  faits  cliniques. 

Dans  une  des  observations  rapportées  par  M.  Fochier  dans 
son  mémoire,  le  dégagement  se  fit  d'une  manière  toute  par- 
ticulière :  «  Le  point  3x6,  le  point  autour  duquel  se  fit  la  ro- 
«  talion  caractéristique  du  dégagement  se  trouva  intra- 
«  buccal,  l'enfant  semblait  mordre  la  symphyse  du  pubis..., 
«  le  menton  se  dégagea  le  dernier.  » 

Dans  ce  cas,  l'ouverture  de  la  bouche  fut  constatée  avec  la 
plus  grande  évidence  ;  il  nous  semble  incontestable  que  cette 
ouverture  n'a  pas  pu  se  produire  pendant  la  descente  ou  au 
moment  du  dégagement,  mais  qu'elle  a  dû  se  faire  plus  tôt  et 
au  moment  même  de  l'engagement. 


188     ACCOUCHEMENT  BANS   LES  PRÉSENTATIONS  DU  FRONT 

Remarquons  que  la  tête  de  l*enfant  présentait  après  la 
naissance  des  caractères  particuliers  qui  rappelaient  le  mode 
particulier  du  dégagement  :  la  lèvre  et  le  maxillaire  inférieurs 
étaient  refoulés  en  arrière,  la  bouche  se  maintenait  un  peu 
ouverte,  le  cou  paraissait  continuer  le  menton. 

Dans  le  mémoire  d'Henricius,  une  figure  représente  les 
déformations  caractéristiques  de  la' tête  venue  en  front,  or 
nous  pouvons  précisément  remarquer  sur  cette  figure  Tou*^ 
verture  de  la  bouche  et  rabaissement  du  menton  ;  il  n'est  pas 
possible  d'admettre  que  cette  attitude  du  menton  ait  été  re- 
présentée ainsi  par  hasard  ;  il  est  plus  logique  d*admettre 
que  dans  ce  cas,  comme  dans  celui  de  M.  Fochier,  l'ouver- 
ture de  la  bouche  s'était  produite  pendant  Taccouchement 
et  que  Tenfant  avait  conservé  immédiatement  après  sa  nais- 
sance une  attitude  de  la  bouche,  acquise  pendant  Taccou- 
chement. 

D'ailleurs  Henricius  signale  incidemment  dans  son  mé- 
moire la  possibilité  de  cette  ouverture  de  la  bouche,  mais 
sans  insister  en  aucune  façon  sur  ce  problème  et  sans  en 
montrer  les  conséquences. 

Dans  l'observation  si  intéressante  et  si  complète  rappor- 
tée par  M.  Budin  dans  sa  thèse,  il  nous  semble  que  les  mêmes 
choses  se  sont  produites  et  même  que  le  changement  de  po* 
sition  du  menton  a  été  constaté  au  moment  de  rengagement. 
Nous  rapportons  les  principaux  passages  de  cette  observa- 
tion: 

tf  Après  la  rupture  de  la  poche  des  eaux,  la  partie  fœtale 
«  est  très  élevée.  On  arrive  sur  la  fontanelle  antérieure  qui 
c  est  juste  au  centre  du  bassin,  la  suture  sagittale  est  placée 
a  tout  à  fait  transversalement.  En  la  suivant  on  arrive  à 
«  gauche  sur  le  front  qui  e^t  à  rextrémité  transversale  du 
tt  détroit  supérieur.  On  peut  même,  en  enfonçant  la  main, 
oc  atteindre  Tarcade  sourcilière  et  la  racine  du  nez.  —  Les 
a  douleurs  étant  devenues  assez  vives  à  3  h.  40,  on  trouva 
cr  la  fontanelle  antérieure^  non  plus  au  centre  du  bassin^ 
«  mais  rapprochée  du  bord  droit  du  détroit  supérieur  ;  le 


POLLOSSON  189 

«  front  est  donc  au  centre  du  bassin.  A  gauche,  on  trouve 
«  le  nez  et  Ton  arrive  jusqu'à  Tarcade  alvéolaire  du  maxil- 
a  laire  supérieur.  La  suture  frontale  est  encore  placée  trans- 
«  versalement,  le  menton  restant  toujours  au-dessus  du 
«  bord  gauche  du  détroit  supérieur.  » 

Plus  loin,-  à  propos  du  dégagement  : 

«  Le  bord  alvéolaire  du  maxillaire  supérieur  est  appliqué 
a  sous  le  bord  inférieur  de  la  symphyse.  Le  vertex,  puis 
«  l'occiput  se  dégagent  au-devant  de  la  commissure  anté- 
«  rieure  du  périnée.  Cela  fait,  la  tête  s'abaisse  et  le  maxil- 
«  laire  inférieur  qui  était  resté  derrière  la  symphyse  pel- 
«  vienne  sort  à  son  tour. 

a  Venf&nt,  pourrait^on  dire,  mordait  la  symphyse.  » 

Voilà  donc  des  observations  cliniques  qui  montrent  la 
possibilité  du  dégagement  et  probablement  de  l'engagement 
de  la  tète,  la  bouche  étant  ouverte. 

Nous  pouvons  ajouter  qu'en  expérimentant  sur  le  manne- 
quin au  moyen  d'une  tète  de  fœtus  nous  avons  constaté  que 

m 

ce  même  phénomène  se  produisait  facilement  et  souvent.  Â 
en  juger  par  l'expérimentation,  nous  tendrions  à  croire  que 
cet  écartement  du  maxillaire  est  fréquent.  Il  est  fort  possible 
qu'il  se  produise  souvent  aussi  en  clinique,  mais  qu'il  passe 
inaperçu.  En  effet,  le  dégagement  par  rotation  de  la  tête  au- 
tour d'un  point  intra-buccal  est  exceptionnel  ;  le  point  de  ro- 
tation autour  duquel  se  fléchit  la  tête  pour  se  dégager  est 
habituellement  le  rebord  alvéolaire  du  maxillaire  supérieur; 
dès  lors,  l'ouverture  de  la  bouche,  quand  même  elle  existe^ 
raii,  serait  impossible  à  constater.  Peut  être,  si  Von  exagé^ 
rait  la  descente  avant  de  faire  le  dégagement^  constaterait'* 
on  plus  souvent  cette  ouverture  de  la  bouche  et  un  déga- 
gement semblable  à  celui  qu*ont  conseillé  M.  Fochier  et 
M.  Budin. 

Faisons  remarquer,  immédiatement,  que  cette  ouverture 
de  la  bouche  élève  notablement  le  niveau  du  menton  dans  la 
présentation  du  front  et  que  cette  élévation  est  un  argumc^nt 
an  faveur  de  l'idée  que  nous  avons  soutenue  sur  l'obliquité 


190     ACCOUCHEMENT  DANS   LES   PRÉSENTATIONS   DU  FRONT 

du  diamètre  maximum,  dont  l'extrémité  occipitale  ou  sincipi- 
tale  s'engage  avant  l'extrémité  mentonnière. 

En  étudiant  sur  les  têtes  de  foetus  l'ouverture  de  la  bouche, 
nous  avons  constaté  que  cet  écartement  des  mâchoires 
atteignait  un  degré  vraiment  considérable  ;  le  maxillaire 
inférieur  devient  presque  vertical  et  vient  s'appliquer  contre 
la  colonne  cervicale  ;  l'écartement  peut  atteindre  5  centimè- 
tres et  on  peut  immédiatement  prévoir  que  les  diamètres  qui 
partent  du  menton  seront  sensiblement  modifiés  par  cette 
position  nouvelle.  Nous  avons  dessiné  d'après  des  empreintes 
les  ji]odifications  apportées  à  la  forme  de  la  face  par  l'ouver- 
ture forcée  de  la  bouche. 

Étudions  maintenant  d'une  manière  analytique  les  modifi- 
cations que  ce  mouvement  de  la  mâchoire  peut  apporterais 
présentation  et  à  la  descente. 

La  première  conséquence  consistera  dans  la  possibilité 
d'un  certain  degré  de  défliexion  ;  le  maxillaire  supérieur,  n*é- 
tant  plus  solidaire  du  maxillaire  inférieur,  pourra  s'abaisser 
davantage.  Les  parties  accessibles  au  toucher  seront  modi- 
fiées par  ce  fait  dans  leur  position  ;  on  verra  le  front  (fig.  6) 
se  rapprocher  du  centre  de  l'excavation  et  du  même  fait,  la 
grande  fontanelle  quitter  sa  position  centrale  pour  se  rap- 
procher de  la  périphérie. Ces  changements  sont  évidents  dans 
l'observation  de  M.  Budin.  Au  début  du  travail,  en  effet,  la 
grande  fontanelle  est  notée  comme  occupant  juste  le  centre 
du  bassin  ;  plus  tard,  quand  l'ouverture  de  la  bouche  s'est 
produite,  la  grande  fontanelle  se  rapproche  du  bord  du  détroit 
supérieur  et  le  front  est  au  centre  du  bassin  ;  à  ce  moment, 
te  menton  est  senti  au-dessus  du  bord  du  détroit  supérieur^ 
L  ouverture  de  la  bouche  s'est  donc  produite  au  moment  de 
l'engagement.  Il  est  remarquable  que  ce  fait  et  ses  consé- 
quences soient  aussi  bien  indiqués  dans  une  observation 
dont  l'auteur  n  avait  nullement  en  vue  les  idées  que  nous 
soutenons  aujourd'hui. 

Par  le  fait  de  la  déflexion  légère  qui  se  produit,  Textré- 
mité  sincipitale  du  diamètre  maximum  se  trouve  relevée  ; 


P0LL03S0N 


191 


mais  comme  l'extrémité  mentonnière  est  également  relevée 
par  le  mouvement  de  la  mâchoire,  Tobliquité  du  diamètre 
reste  approximativement  semblable  à  ce  qu'elle  était  primi- 
tivement. On  peut  constater  en  même  temps  que  ce  diamètre 
maximum  M  S'  se  trouve  un  peu  diminué  par  la  position 
nouvelle  du  menton  ;  il  n'a  plus  que  125  millimètres  au  lieu 
de  130.  On  verra^  en  outre,  que  l'extrémité  sincipitale  du  dia- 
mètre maximum  se  trouve  reportée  un  peu  plus  en  avant  ; 
tandis  que  le  diamètre  maximum,  la  bouche  étant  fermée^ 
était  représenté  par  la  ligne  M  S,  il^e  trouve,  la  bouche 
étant  ouverte,  représenté  par  la  ligne  M' S'.  Les  plus  grands 
diamètres  de  la  présentation  «e  trouvant,  en  somme,  réduits, 
l'engagement  se  fera  avec  plus  de  facilité. 


La  dé^exion  rendra  plus  facilement  accessible  les  yeux  et 
le  nez  ;  mais  le  menton  ne  sera  nullement  perçu  ;  la  grande 
fontanelle,  rejetée  en  une  position  plus  périphérique^  sera 
toujours  accessible  ;  la  petite  fontanelle  sera  plus  encore  en 
dehors  de  la  portée  du  doigt  explorateur. 


192     ACCOUCHEMENT  DANS   LES  PRÉSENTATIONS  DU   FRONT 

L'axe  de  la  présentation  sera  modifié  par  la  position 
nouvelle  ;  tandis  qu'il  était  représenté  avant  l'ouverture  de 
la  bouche  par  une  ligne  allant  du  trou  occipital  à  l'extré- 
mité antérieure  de  la  grande  fontanelle  (xy,  fig.  4],  il  sera 
représenté  maintenant  par  la  ligne  (xy,  fig.  6),  allant  du 
sous-occiput  en  un  point  situé  plus  près  des  bosses  frontales 
que  de  la  fontanelle  antérieure.  Les  plans  de  la  présentation 
étant  perpendiculaires  aux  axes  dont  nous  venons  de  parler 
seront  également  modifiés  légèrement  et  couperont  la  tète 
suivant  des  circonférences  un  peu  différentes  suivant  que  la 
bouche  sera  ouverte  ou  fermée. 

Les  phénomènes  plastiques  seront  également  modifiés 
légèrement  puisque  la  tête  ne  sera  pas  comprimée  tout  à 
fait  dans  la  même  direction. 

Si  nous  prenons  la  tête  dessinée  par  M.  Budin  immédiate- 
ment après  un  accouchement  par  le  front  et  si  nous  ajou- 
tons à  ce  dessin  le  tracé  de  la  mâchoire  inférieure  écartée 
(fig.  7),  nous  verrons  que  les  plus  grands  diamètres  de  la 
présentation  sont  représentés  par  les  distances  naso-sinci- 
pitaleet  mento-sous-occipitale.  Ces  distances  sont  à  peu  près 
égales  entre  elles  et  sont  inférieures  à  i  1  centimètres.  Entre 
ces  deux  diamètres  s'en  trouvent  toute  une  série  qui  sont  à 
peu  près  de  dimension  semblable  de  telle  façon  que  la  partie 
engagée  est  représentée  par  un  cylindre  étendu  entre  les 
deux  plans  perpendiculaires  à  Taxe  de  la  présentation  et  pas- 
sant Tun  par  le  menton,  Tautre  par  le  rebord  alvéolaire  du 
maxillaire  supérieur. 

Nous  pouvons  dire  dès  à  présent  que  le  dégagement  sera 
modifié,  lui  aussi,  et  qu'Usera  facilité.  Les  diamètres  cépha- 
liques  qui  viendront  successivement  se  mettre  en  rapport 
avec  le  diamètre  coccy-pelvien  seront  en  effet  représentés  par 
les  diamètres  bucco-sincipital|  bucco-occipital  et  bucco* 
sous-occipital,  lesquels  sont  évidemment  inférieurs  aux  dia- 
mètres analogues  naso-sincipital,  naso-occipital  et  naso- 
sous-occipital. 

La  variété  de  présentation  du  front  avec  ouverture  de  la 


POLLOSSON 


193 


bouche  se  rapproche  un  peu  plus  de  Tattitude  de  la  tété  en 
présentation  de  la  face,  mais  diffère  d'une  manière  frappante 
des  présentations  du  sommet  en  position  occipito-sacrée. 


FiG.  7. 

Si  nous  avons  insisté  aussi  longuement  sur  les  modifica- 
tions apportées  aux  accouchements  en  présentation  du  front 
par  l'ouverture  de  la  bouche,  c'est  parce  que  nous  pensons 
que  ce  phénomène  n*est  pas  rare;  c'est  aussi  parce  que  ces 
modifications  rendent  compte  de  quelques-unes  des  diver- 
gences que  Ton  peut  constater  dans  les  observations. 


Am.  XXB  OTK*  —  vol.  ZXXTII. 


13 


194       DE  LA  VENTROFIXATION   DE  L*UTéRUS  PROLABÉ 


DE  LA  VENTROFIXATION  DE  L'UTÉRUS  PROLABÉ 

Par  Otto  Engstrom  (de  rUnivenité  d'Hebingfon), 
Communication  faite  à  la  Société  de  gynécologie  anglaise  (10  décembre  1891), 

Traduction  par  le  D^  R.  Labusquiàbb. 


Un  utéras  prolabé  est  l'origine  de  troubles  multiples  et 
de  grandes  souffrances.  Aussi,  a-t-on,  entre  tempsi  proposé 
et  mis  en  œuvre  bon  nombre  de  moyens  chirurgicaux  ou  non 
chirurgicaux.  Dans  le  but  de  supprimer  ou,  tout  au  moins, 
de  diminuer  ces  accidents.  Mais,  le  fait  est  bien  connu,  les 
résultats  n'ont  pas  toujours  été  satisfaisants  et  on  n'a  pas 
obtenu  une  guérison  définitive  du  déplacement  en  question. 

Parmi  les  moyens  qui,  dans  ces  dernières  années,  et  dans 
certains  cas  de  prolapsus  de  Tutérus,  ont  été  employés,  il 
me  semble  que  la  fixation  du  fond  de  Tutérus  à  la  paroi  abdo- 
minale  antérieure  çffre  certaines  garanties  pour  la  guérison 
définitive  du  déplacement. 

Il  est  inutile  d'entrer  dans  des  explications  détaillées. 
Beaucoup  de  chirurgiens  ont  suivi  l'exemple  de  Koeberlé. 
Cet  opérateur  avait  réussi  à  guérir  d'une  façon  définitive  une 
rétroflexion  de  Tutérus  compliquée  de  tumeur  ovarique,  et 
cela,  en  fixant,  après  ablation  de  la  tumeur,  le  pédicule  dans 
Tangle  inférieur  de  la  plaie.  Or,  après  lui,  ses  imitateurs 
s'appliquèrent,  à  Toccasion  de  laparotomies  faites  pour 
répondre  à  d'autres  indications,  à  combattre  par  des  procé- 
dés analogues  des  déplacements  concomitants  de  la  matrice. 

La  question  toutefois  peut  être  abandonnée,  jusqu'à  ce 
qu'Olshausen  (1),  au  congrès  des  naturalistes  tenu  à  Berlin 


(l)  R.  Olshausen.  Ueber  ventrale  Opération  bel  Prolapsus  und  Retroversio 
Uterî.  Cent./.  Gyn,,  188r,,  n"  13. 


OTTO  ENGSTROM  195 

en  1886,  la  reprit.  Il  relata,  à  cette  époque,  deux  cas  dans 
lesquels  il  avait  fait  la  laparotomie  pour  traiter  exclusive* 
ment  des  déplacements  de  l'utérus,  et  suturé  à  la  paroi  abdo- 
minale dans  le  premier  cas  un  utérus  en  rétroversion,  dans 
Vautre  un  utérus  prolabé.  Le  résultat  de  l'opération  parut 
tout  d'abord  être  satisfaisant,  mais,  plus  tard,  le  prolapsus 
récidiva. 

Depuis,  ce  procédé  opératoire  jouit  d'une  vogue  réelle,  et 
des  observations  multiples  démontrent  qu'il  est  entré  dans 
la  gynécologie  moderne.  Dans  la  plupart  des  cas,  cependant, 
semblable  ventrolîxation  de  l'utérus  a  été  pratiquée  après 
des  laparotomies  faites  pour  d'autres  raisons,  et  consécuti- 
vement à  l'extirpation  des  ovaires  ou  des  trompes. 

Parmi  les  gynécologistes  qui  ont  pratiqué  l'hystéropexie, 
nous  citerons  :  Assaky  (1),  P.  Muller  (2),  F.  Terrier  (3), 
O.  KûstnerCO,  L.  Kleinwachter  (5).  Or,  le  nombre  des  opé- 
rations faites  jusqu'à  ce  jour  n'est  pas  considérable,  et  les 
résultats  n'ont  pas  toujours  été  satisfaisants. 

Obs.  L  —  ...48  ans,  Ilpare^deux  accouchements  a  ternie, terminés 
par  la  naissance  de  2  enfants  vivants,  le  dernier  accouchement  a 
eu  lieu  14  années  auparavant.  Six  heures  seulement  après  ce  se- 
cond accouchement,  la  femme  quitta  le  lit,  et  lit  un  ellbrt  qui  fut 
suivi  de  la  procidence,  à  travers  les  parties  {s'énitales  externes,  de 
la  matrice,  qui  y  forma  une  tumeur  du  volume  environ  d'un  œuf.  A 


(1)  ASSAKT.  De  l'hystéropexie  extra-péritonéale.  Verhandl.  <l.  X.  Internat. 
Med.  Kongresses.  Berlin,  7-9  août  1890,  Bd  III,  8  Abth. 

(2)  A.  Btbblix.  Die  ventrale  Fixation  ait  Mittel  zur  Hehttng  des  Pro- 
lapsMs  uteri.  DÎBsert.  inaug.,  Bem,  1 890. 

(8)  F.  Tbbbibb.  Fixation  de  la  paroi  antérieure  de  l'utéruB  à  la  face  pos- 
térieure de  la  paroi  abdominale  antérieure  dans  le  traitement  du  prolapsus 
utérin.  Jfev.de  ehirurg,^  1889,  n«>  8. 

(4)  O.  Ki78l!NBR.  Die  Behandlung  komplicirter  Retroflexionen  und  Prolapse 
besonders  durch  ventrale  operatlonen. 

(6)  L.  KLEiyWACHTEB.  Zur  Prage  der  Ventrofixatioals  Mittei  sur  Hebuug 
des  Prolapsus  uteri.  ZeUech*/.  Oeh,  u.  ^^i».,  XXI,  237.  Volkmann't  Saminl. 
hlinl*ch,  Vortrage,  Neue  Folge,  n«  9. 


196       DE  LA  VENTROFIXATION  DE  L'UTÉRUS  PROLABÉ 

la  suite,  douleurs  hypogastriques  violentes  et  chute.  Il  fallut  re- 
mettre la  femme  au  lit,oùelle  resta  un  mois.et  fut  traitée  par  applica- 
tions de  sangsues  autour  de  la  vulve  et  par  des  injections  vagina- 
les. On  essaya  des  pessaires,  mais  on  dut  y  renoncer  à  cause  des  souf- 
frances qu'ils  provoquaient.  Dès  que  la  malade  bougeait  dans  son  lit, 
la  matrice  sortait;  depuis,  prolapsus  utérin  qui  s'accusa  de  plus  en 
plus,  et  qui  se  compliqua  de  troubles  et  de  difficultés  de  la  mic- 
tion, de  la  défécation,  et  de  douleurs  abdominales.  Le  coït  devint 
à  la  longue  im)>08sible,  et  le  prolapsus  irréductible  (décem- 
bre 1884).  Examen  le  9  juin  1886,  utérus  long  de  14  cent,  presque 
totalement  prolabé  et  constituant  avec  le  vagin  complètement 
inversé,  un  corps  en  forme  de  boudin,  épais  de  9  cent.  Par  le 
cathétérisme,  la  matrice  saigne  un  peu,  elle  est  sensible,  et  ne  peut 
être  aisément  réduite.  Portion  vaginale  bleu  rouge  et  assez  épaisse. 
Autour  de  ToriCce  externe^  large  ulcération,  à  bords  nécrosés, 
sécrétion  sanguino-purulente,  fétide.  Cystocèle  accusée,  rectocèle 
légère.  Sensibilité  très  accusée  au  niveau  de  Thypogastre.  Vives 
douleurs  durant  les  tentatives  de  réduction. 

10  juin  1885.  Réduction^  après  évacuation  de  la  vessie  et  de  l'in- 
testin, et  dans  la  position  génu-pectorale,  de  l'utérus  prolabé.  Pas 
de  réaction  inflammatoire. 

12  juin.  Curettage  et  amputation  élevée  du  col,  pas  de  compli- 
cations. 

20  juin.  Colporrhaphie  antérieure  et  colpo-périnéorrhaphie. 
Réunion  par  première  intention.  Le  16  août  la  femme,  en  appa- 
rence, parfaitement  guérie,  retourne  chez  elle. 

21  juin  1889.  La  femme  se  présente  de  nouveau  et  raconte  que, 
peu  après  son  arrivée  chez  elle,  un  Incendie  s'étant  déclaré  dans 
le  voisinage,  elle  s'était  fatiguée  et  livrée  à  des  efforts  assez  vio- 
lents, à  l'occasion  desquels  la  matrice  était  de  nouveau  descendue 
à  la  vulve,  et  qu'à  la  suite,  elle  avait  ressenti  de  fortes  douleurs 
dans  le  ventre,  qu'elle  avait  eu  de  nouveau  des  troubles  de  la  mic- 
tion et  de  la  défécation,  et  qu'^l  lui  était  impossible  de  se  livrer  t\ 
un  travail  quelque  peu  pénible.  Examen.  L'utérus  mesurait  7  cent, 
était  en  antéllexion  légère,  complètement  prolabé,  et  pouvait  ôtre 
facilement  réduit,  mais  il  retombait  dès  que  la  femme  se  levait. 
Col  épais.  Sécrétion  utérine  muco-purulente.  Inversion  complète 
de  la  paroi  antérieure  du  vagin,  presque  totale  de  la  paroi  posté- 
rieure. Cul-de-sac  vaginal  postérieur  îl  deux  centimètres  environ 


OTTO  ENGSTROM  197 

du  plancher  périnéal.  Oriûce*  vaginal  large,  périnée  épais  à 
peine  d'un  travers  de  doigt. 

3  aoiU  1889,  ventrofixation  de  Vutérus  :  a)  de  chaque  côté,  fine 
ligature  de  soie  comprenant  le  ligament  rond  et  une  petite  portion 
du  tissu  utérin,  une  portion  de  la  couche  musculeuse  de  la  paroi 
abdominale  et  ressortant  à  2  cent.  1/2  environ  de  la  plaie  abdo- 
minale ;  b)  i\  droite  et  à  gauche  ligature  de  catgut,  embrassant  une 
mince  couche  de  la  face  latérale  de  l'utérus  et  une  portion  corres- 
pondante de  la  paroi  abdominale.  Fermeture  et  suture  de  Tabdomen' 
Pansement  avec  de  la  gaze  iodoforraée  et  compression  légère. 
Tamponnement  du  vagin  avec  de  la  gaze  iodoformée. 

Suites  opératoires  presque  apyrétiques.  Le  20  août  l'opérée  quit- 
tait le  lit.  A  l'heure  actuelle,  deux  années  après  Vopèration,  dia- 
prés les  renseignements  reçus,  le  prolapsus  n'a  pas  récidivé. 

Obs.  il  — ...  50  ans,  II  pare,  le  dernier  accouchement  remonte  à 
13  années  auparavant.  6  mois  environ  après  la  naissance  du 
deuxième  enfant,  le  prolapsus  commença  à  s'accuser.  Depuis, 
douleurs  de  plus  en  plus  fortes  dans  le  ventre  et  les  lombes,  qui 
graduellement  unirent  par  rendre  tout  travail  impossible.  Cessa- 
tion de  la  menstruation  depuis  environ  deux  ans,  mais,  à  la 
moindre  fatigue,  hémorrhagie.  Cavité  utérine,  7  cent.  Utérus  on 
antéflexion  normale,  mais  faisant  sous  la  plus  petite  pression 
saillie  à  la  vulve.  Inversion  complète  de  la  paroi  vaginale  anté- 
rieure, et  presque  complète  de  la  postérieure.  Le  prolapsus,  de  la 
grosseur  environ  du  poing,  se  reproduit  dès  que  la  malade  se  lève. 

Le  27  février  1890,  ventrofixation  de  Vutérus  prolabé.  Trois 
fines  sutures  de  soie  sont  passées  à  travers  le  tissu  du  fond  de 
TutéruB,  et  les  extrémités  des  fils  embrassant  le  péritoine  et  la 
musculeuse  de  rincision  abdominale  du  même  côté,  toutes  se  trou- 
vant dans  la  partie  la  plus  inférieure  de  cette  incision.  Fermeture 
de  la  partie  supérieure  de  la  plaie  abdominale  au  moyen  de  sutu- 
res profondes,  après  quoi  on  noue  et  sectionne  les  ligatures  qui 
fixent  l'utérus,  et  l'on  complète  la  suture  de  la  plaie  de  l'abdomen. 
Suites  opératoires  bonnes.  Sous  l'inlluence  d'un  rhume,  reproduc- 
tion d'un  certain  degré  de  prolapsus  du  vagin,  bien  que  l'utérus 
reste  ù\è  au-dessus  du  pubis.  Le  14  mars,  colporrhaphie  a7ité- 
rieure  et  périnéorrhaphie  (méthode  de  L.  Taiti.  Deux  ans  après 
environ,  le  fond  de  Vutérus  était  toujours  au-dessus  de  la  sym- 
physe. 


108       DE  LA  VKNTROFIXATION  DK  L  UTÉRUS   PROLABÉ 

Obs.  III.  —...4^3  ans,  6  enfants  vivants,  le  dernier  accouchement 
Vi  années  auparavant.  Au  1^  accouchement,  rupture  du  périnée, 
et  durant  les  suites  de  couches,  fort  rhume.  Deux  mois  après, 
à  l'occasion  d'un  effort,  saillie  du  vagin  à  la  vulve  et,  graduelle- 
ment,  installation  d'un  prolapsus  utérin.  On  dut  à  cause  des  dou- 
leurs provoquées,  renoncer  à  l'emploi  des  pessaires.  Les  douleurs 
et  les  malaises  (douleurs  hypogastriques,  lombaires,  troubles  de  la 
miction)  allèrent  en  augmentant  et  finirent  par  rendre  tout  travail 
impossible.  Examen  :  Cavité  utérine,  10  cent.  ;  sous  Tinlluence 
d'une  pression  exercée  ù  travers  la  paroi  abdominale,  la  matrice 
se  montre  presque  entièrement  au  dehors  de  l'orifice  vaginal.  Por- 
tion vaginale  augmentée  de  volume,  déchirée  à  droite.  Paroi  vagi* 
nale  antérieure  totalement  inversée,  la  postérieure  presque  totale- 
ment. Périnée  large  de  4  centimètres. 

Le  30  juin  1891,  ventrofixation  de  Vutévus  pt'vlabé.  Le  ventre 
ouvert,  on  gratte  avec  un  couteau  le  péritoine  qui  recouvre  le  fond 
de  l'utérus.  Puis  on  passe  trois  Unes  sutures  de  soie,  immédiate- 
ment au-dessus  de  la  symphyse,  sutures  qui  comprennent  d'abord^ 
une  faible  portion  de  la  couche  musculaire,  le  fascia,  et  le  péritoine 
de  la  lèvre  gauche  de  la  plaie  abdominale,  puis  le  tissu  utérin  sur 
la  partie  antérieure  du  fond  de  l'organe,  et  finalement  le  péritoine^ 
le  fascia  et  une  faible  portion  de  la  musculcuse  de  la  lèvre  droite 
de  la  plaie  de  l'abdomen.  La  suture  supérieure  chemine  entre  les 
racines  des  ligaments  ronds.  La  portion  supérieure  de  la  plaie  est 
fermée  au  moyen  de  sutures  profondes  à  la  soie  ;  on  noue  ensuite 
les  fils  destinés  à  Qxer  l'utérus,  on  les  coupe,  et,  par  des  sutures 
superficielles,  on  coapte  bien  exactement  les  bords  cutanés  de 
l'incision.  Suites  opératoires  excellentes,  réunion  par  première 
intention. 

0ns.  IV.  —  X...,  47  ans,  8  accouchements  à  terme  et  deux  fausses 
couches,  le  dernier  accouchement  remontant  à  4  années  aupara- 
vant, la  dernière  fausse  couche  à  2  années.  Au  premier  accouche* 
ment,  rupture  du  périnée  (datant  de  19  années),  et,  à  la  suite, 
produj'tlon  gra<luelle  d'un  prolapsus  qui,  à  partir  du  second  accou* 
chement,  fut  le  point  de  départ  de  malaises  constants.  H  y  a 
14  ans,  p^^inéorrhaphiBy  mais  après  un  autre  accouchement,  pro- 
lapsus utérin  qui  provoqua  de  grands  malaises  (douleurs  lombaires, 
envies  fréquentes  d'uriner,  etc.). 


OTTO   ENG8TR0M  199 

Le  10  août  1891,  venlrofi,vation  de  Vutcrus  prolabê.  Le  ventre 
ouvert,  fine  suture  de  soie,  commençant  ^  la  partie  inférieure  du 
bord  gauche  de  la  plaie  abdominale,  comprenant  d'abord  une 
faible  portion  de  la  musculeude  de  la  paroi  abdominale,  le  fascia , 
le  péritoine,  cheminant  ensuite  dans  le  tissu  utérin,  entre  Torigine 
des  trompes,  puis  traversant  le  péritoine,  le  fascia,  et  unç  faible 
couche  de  la  musculeuse  du  bord  droit  de  la  plaie  abdominale.  Deusc 
autres  sutures,  suivant  un  trajet  parallèle,  passèrent,  l'une  à  travers 
le  tissu  de  la  face  antérieure,  l'autre  à  travers  le  tissu  de  la  face 
postérieure  de  l'utérus.  La  fin  de  l'opération  marcha  comme  dans 
les  cas  précédents.  L'opérée  quittait  l'hôpital  le  16  octobre  1891. 


Les  détails  énumérés  plus  haut  montrent  que  la  ventro- 
fixation  de  Tutérus  à  la  paroi  abdominale  antérieure  était 
pleinement  indiquée.  En  de  telles  conditions,  lorsque  la 
matrice  est  à  peu  près  totalement  prolabée  et  le  vagin  inversé , 
les  opérations  vaginales  usuelles  ne  peuvent  qu'exception- 
nellement suffire  à  guérir  le  déplacement.  Le  prolapsus  se 
produit  à  la  moindre  pression  des  muscles  abdominaux.  On 
peut,  au  début,  par  la  colporrhaphie  et  la  périnéorrhaphie 
rétrécir  le  vagin,  rendre  ses  parois  plus  rigides.  Mais,  ces 
opérations  ne  permettent  pas  une  restauration  complète  du 
support  de  la  matrice.  Les  premiers  efforts  physiques  dépla- 
ceront l'utérus  jusqu'à  un  certain  degré,  s'ils  ne  le  chassent 
pas  d*un  coup  hors  de  Torifice  vaginal,  et  les  fatigues  ulté- 
rieures amèneront,  plus  ou  moins  tôt,  la  reproduction  du 
prolapsus. 

Il  n'existe  pas  de  pessaires  qui  soient  capables  de  soute- 
nir lutérus  d'une  femme,  obligée  à  de  durs  travaux,  quand 
les  supports  naturels  de  Torgane  ont  été  affaiblis,  pour  ne 
pas  dire  détruits.  En  semblables  conditions,  le  traitement  par 
le  massage,  suivant  la  méthode  de  Brandt,  ne  peut,  non  plus, 
procurer  une  amélioration  notable.  Sans  doute  l'innocuité 
de  ce  traitement,  si  on  le  compare  à  la  laparo-hystéropexie, 
militerait  fort  en  faveur  de  son  application.  Mais,  il  ne  faut 


200       DE  LA  VENTROFIXATION  DE  l'uTÉRUS  PROIAbÉ 

pas  oublier  qu*il  est  long,  qu'il  exige  beaucoup  de  temps,  et 
qu'il  convient  surtout  aux  personnes  fortunées,  qui,  préci- 
sément, sont  rarement  atteintes  de  prolapsus  graves.  Quant 
aux  femmes  pauvres,  obligées  par  leur  condition,  de  se  livrer 
à  un  travail  plus  ou  moins  dur,  il  leur  est  impossible  de  recou- 
rir à  un  traitement  coûteux  et  long.  Il  devient  rationnel, 
nécessaire  de  choisir  pour  elles  un  traitement  chirurgical, 
plus  dangereux  même  que  celui  qu*on  peut  instituer  pour 
leurs  sœurs  plus  fortunées. 

L'extirpation  de  Tutérus,  combinée  avec  la  résection  du 
vagin,  a  donné  dans  des  cas  particulièrement  graves  des 
résultats  favorables  et  définitifs.  Mais  ce  procédé  opératoire 
supprime  toute  vie  sexuelle.  Il  me  semble  donc  qu'il  n'est 
applicable  que  dans  les  cas  où  cette  vie  sexuelle  est  termi- 
née ou  sur  le  point  de  l'être. 

Ici^  même  dans  les  cas  de  prolàpsxis  les  plus  compliqués^ 
le  chirurgien  doit,  comme  toujours,  viser  à  la  restitutio  ad 
irttegrum. 

En  conséquence,  le  gynécologue  doit-^'efiforcer  de  fixer 
l'utérus  dans  sa  situation  normale,  ou,  tout  au  moins,  dans 
une  position  favorable.  Divers  procédés,  imaginés  dans  ce 
but,  ont  été  proposés  par  Byford,Péan,Freund,Frommel,  etc. 
De  ces  procédés,  je  n'ai  aucune  expérience  personnelle, 
mais  il  me  semble  que  la  ventro-fixation  est  une  opération 
moins  compliquée  et  plus  facile.  Et,  s'il  m'est  permis  de  tirer 
des  conclusions  de  ma  pratique  personnelle,  je  crois  qu'elle 
suffit  dans  certains  cas  à  guérir  définitivement  des  prolap« 
sus  graves,  et  à  permettre  aux  opérées  de  vaquer  plus  tard 
à  des  travaux  pénibles. 

Les  chirurgiens  sont  encore  divisés  sur  les  détails  de  la 
technique  opératoire.  Il  est  probable,  pourtant,  que  peu 
d'entre  eux  préfèrent  Thystéropexie  «  extra- péri tonéale  ». 
Avec  ce  procédé  opératoire,  les  sutures  sont  faites  pour  ainsi 
dire  à  l'aveugle,  on  ne  peut  gratter  le  péritoine  qui  tapisse 
le  fond  de  l'utérus,  etc. 


OTTO  ENGSTROM  '  201 

En  général,  dans  l'hystéropexie,  on  ouvre  la  cavité  abdo- 
minale^ ce  qui  permet  d'inspecter  minutieusement  Texcava- 
tion,  deserendxe  un  compte  exact  des  conditions  pathologi- 
ques existantes,  et  de  prendre  toutes  précautions  pour  les 
traiter  efficacement.  Il  existe  deux  méthodes  principales  do 
Sxalion  de  l'utérus,  en  rétroversion  ou  prolabé,  à  la  paroi 
abdominale  antérieure.  Celle  préconisée  par  Olshausen 
(adoptée  par  Sânger  (1),  etc.),  dans  laquelle  chaque  corne 
utérine  est  fixée  à  la  paroi  abdominale  par  deux  ou  trois 
points  de  suture.  La  supérieure  est  passée  autour  du  liga- 
ment rond,  l'inférieure  à  travers  le  feuillet  antérieur  du  liga- 
ment large  ;  tous  les  points  de  suture  embrassent  profon- 
dément les  muscles  de  la  paroi  abdominale,  on  les  noue 
ensuite  séparément. 

D  autres  passent  les  fils  fixateurs  à  travers  le  tissu  du 
corps  de  lutérus,  soit  du  fond,  soit  de  la  face  antérieure  de 
l'organe  (Leopold  (2),  Czerny  (3),  Terrier). 

On  a  objecté  contre  le  l"  procédé,  que  les  sutures  avaient 
une  prise  peu  fixe  en  raison  de  1  extensibilité  des  ligaments 
ronds  et  du  ligament  large,  condition  fâcheuse,  de  nature  à 
favoriser  Tincarcération  de  l'intestin.  Contre  le  second,  on  a 
dit  que  Tutérus  était  fixé  d'une  façon  trop  invariable  entre 
rincisiou  abdominale.  Mais,  ces  appréciations  ne  peuvent 
être,  à  l'heure  actuelle,  considérées  que  comme  purement 
théoriques.  L'avenir  seul,  et  probablement  dans  un  temps 
peu  éloigné,  permettra  de  décider  quelle  est  la  méthode  de 
fixation  la  meilleure,  sous  le  double  point  de  vue  de  la  durée 
du  résultat  et  du  pronostic  d'une  grossesse  consécutive. 

t\)  Saengeb.  Ueber  operative  Behandiung  der  Retroflexio  uteri.  C^nt.f. 
tfyn.,  188Ô,ii<»  2. 

(2)  Leopold.  Ueber  die  Annuhnng  der  retroflertirten  aufgerichtelen  Gebiir- 
mutterander  vorderen  Bauchwand.  VolkmaniCt<  éSamml.  klinhfh.  Vortrdge, 
n«  ;î33.  Leipzig,  1889. 

<3,)  CZBRNY.  Teber  die  Voroiihung  der  riickwiirts  gelagerten  Gebarmutter. 
Beitr,  zur.  klin.  Chirurgie,  IV,  L  Tubingen,  1888. 


202        DE  LA  VENTROFIX/VTION  DE   L*UTÉRUS   PROLABÉ 

La  ventrofixation  n'est  naturellement  pas  applicable  dans 
les  cas  où  le  col  de  Tutérus  est  allongé  et  où,  en  dépit  d'ane 
procidence  accusée  de  la  partie  inférieure 'de  Tutérus,  le 
fond  de  l'organe  est  resté  à  sa  hauteur  normale  ou  seulement 
un  peu  au-dessous.  Il  est  évident  qu'il  n'y  a  aucune  utilité 
â  fixer  alors  le  fond  de  la  matrice  au-dessus  de  la  symphyse. 
Le  fixerait-on  même  plus  haut,  on  n'en  serait  pas  davantage 
à  l'abri  d'un  prolapsus  sous  la  dépendance  d'un  allongement 
continu  du  col. 

Dans  les  cas  ordinaires,  il  ne  sufïit  pas  non  plus  toujours 
que  le  fond  de  l'utérus  soit  fixé  au-dessus  de  la  symphyse 
pour  supprimer  tous  les  accidents.  En  effet,  quand  le  vagin 
est  large,  relâché,  il  peut  encore,  sous  l'influence  des  élé- 
vations de  la  pression  abdominale,  se  produire  une  inversion 
de  la  portion  inférieure  du  vagin.  Contre  ces  complications, 
la  colporrhaphie  et  la  périnéorrhaphie  sont  indiquées. 

En  ce  qui  concerne  le  résultat  secondaire  de  là  ventro- 
fixation, il  ressort  des  travaux  publiés  qu'il  n^est  pas  tou- 
jours satisfaisant.  Les  raisons  des  échecs  sont  multiples. 
Mais,  il  est  évident  que  si  Ton  veut  prévenir  la  récidive  du 
prolapsus,  il  faut  s'efforcer  d'obtenir  une  union  intime  entre 
le  fond  de  l'utérus  et  la  paroi  abdominale,  connexion  qui  ne 
peut  se  produire  qu'à  la  faveur  d'une  inflammation  adhésive. 
Or,  pour  provoquer  celle-ci,  il  me  paraît  nécessaire  de  détruire 
la  séreuse  sur  les  surfaces  destinées  à  être  mises  en  contact. 
On  y  arrive  par  le  grattage  avec  un  bistouri  de  la  séreuse 
qui  tapisse  le  fond  de  la  matrice,  et  de  la  séreuse  pariétale 
quand  celle-ci  n'a  pas  été  déjà  détruite  au  cours  des  mani- 
pulations déjà  faites.  J'estime  encore  qu'il  ne  faut  pas  em- 
ployer pour  les  sutures  des  fils  trop  facilement  résorbables, 
et  qu'en  particulier  les  fils  de  soie  méritent  la  préférence. 
Les  fils  de  suture  ont  en  outre  l'avantage  d'entretenir  dans 
le  voisinage  une  irritation  légère,  qui  y  produit  une  vascu- 
larisation  plus  active,  favorable  à  la  production  rapide  des 
adhérences  utiles. 


SOCIÉTÉ  DE   GHIRtJRCxIE  203 

Sans  doute,  la  fixation  ainsi  effectuée  d'un  utérus  pro- 
labé  ne  peut  être  considérée  comme  réalisant  une  «  opération 
idéale  ».  Mais^  d'une  part,  le  sujet  ne  parait  en  être  aucune- 
ment incommodé,  et,  d'autre  part,  le  procédé  est  relative- 
ment béuin.  En  résumé,  Thystéropexie  est  susceptible  de 
rendre  de  réels  services  dans  des  cas  de  prolapsus  contre 
lesquels  les  autres  moyens  ont  échoué,  elle  paraît  tout  au 
moins  supprimer  les  accidents  associés  à  Tectopie  utérine. 


REVUE  DES  SOCIETES  SAVANTES 


SOCIÉTÉ  DE  CHIRURGIE 

Séances  de  janvier- février  1892. 

Ëlythrotomle  exploratrice. 

M.  Seoond.  —  L'observation  que  nous  a  communiquée  M.  Néla- 
ton  est  particulièrement  intéressante,  d'abord  comme  exemple 
d'occlusion  intestinale  caufiée  par  une  rétroversion  utérine  avec 
pelvi-péritonite  congestive  ;  ensuite  parce  qu'elle  détruit  un  des 
arguments  opposés  par  les  laparotomlstes  aux  interventions  par 
la  voie  vaginale.  Moi  aussi  j'ai  eu  à  intervenir  dans  un  cas  analo- 
jfiie  chez  une  femme  de  35  ans  que  je  croyais  atteinte  de  rétrover- 
sion utérine  avec  fibrome  du  fond  de  l'utérus.  Je  pus,  avec  la  main 
introduite  dans  le  rectum,  déloger  la  tumeur  et  provoquer  une 
débâcle.  Plus  tard,  j'entrepris  l'hystérectomie  vaginale,  et  dans 
cette  opération  je  courus  sus  à  la  tumeur  qui  bombait  en  arrière; 
or,  ce  n'était  pas  un  fibrome,  mais  une  grossesse  extra-utérine  dé- 
veloppée dans  la  trompe  droite.  Comme  l'autre  trompe  était  ma- 
lade, je  l'enlevai,  et  l'utérus  avec  elle.  Mais,  en  somme,  par  Tinci- 
sion  postérieure,  j'avais  fort  bien  pu  y  voir. 

CequVm  reproche  surtout  à  l'intervention  vaginale,  c'est  qu'une 
fol»  commencée  elle  doit  se  terminer  par  l'ablation  totale  de  l'uté- 
rus et  des  annexes.  Le  fait  de  M.  Nélaton  prouve  qu'il  n'en  est 


204  SOCIÉTÉS  SAVANTES 

rien,  et,  à  ce  point  de  vue,  j'ai  par  devers  moi  trois  erreurs  de  dia- 
gnostic intéressantes.  Une  fois,  je  diagnostiquai  un  fibrome  utérin 
volumineux  :  je  commençai  mon  incision  sur  la  tumeur,  comme 
c'est  de  règle,  et  je  trouvai  un  kyste  de  Tovaire  ;  j*en  ai  simplement 
fait  Tablation.  Une  autre  fois,  je  croyais  à  une  suppuration  pel- 
vienne. J'incisai  sur  une  tumeur  qui  bombait  en  arrière  :  c'était  une 
hématocèle  que  j'ai  lavée,  drainée,  et  cette  femme  peut  repeupler 
la  France.  Une  autre  fois,  entin,  j'admettais  des  fibromes,  de  la  va- 
riété pelvienne  de  Pozzi,  électrisés  sans  succès  depuis  18  mois  ;  il 
y  avait^  il  est  vrai,  une  ascite  qui  avait  nécessité  15  ponctions  : 
c'étaient  des  tumeurs  ovariennes  végétantes  et  je  pus  tout  enlever 
avec  Tutérus,  par  la  voie  vaginale. 

M.  Pozzi  se  demande  si,  dans  le  cas  de  M.  Nélaton,  la  réduction 
manuelle  de  la  rétroversion  n'eut  pas  suffi.  Mais  il  reconnaît  que 
riucision  exploratrice  tétait  ici  parfaitement  justifiée  et  que  les  phé- 
nomènes locaux  conduisaient  très  rationnellement  à  la  voie  vagi- 
nale. Mais'c'est  exceptionnel  et  on  ne  saurait  en  conclure  que  c'est 
une  incision  exploratrice  commode,  recommandable.  Non,  c'est 
une  incision  petite,  au  fond  d'un  entonnoir,  et  aucune  comparai- 
son n'est  possible  avec  la  laparotomie  exploratrice. 

M.  Reclus  accorde  que  par  l'incision  abdominale  on  voit  mieux, 
mais  par  le  vagin  on  y  voit  assez  bien.  Récemment,  ayant  diagnos- 
tiqué une  salpingite,  il  entreprit  Thystérectomie  et  du  cul-de-sac 
vit  sortir  un  Ilot  de  sang  :  il  put  explorer  fort  bien  avec  le  doigt 
les  parois  de  cette  hématocèle^  trouva  les  annexes  malades  et  les 
enleva.  D'autre  part,  on  peut  terminer  ces  opérations  sans  enlever 
entièrement  utérus  et  annexes  :  une  fois,  au  cours  d'une  opération 
mal  engagée,  il  fut  inquiété  par  l'hémorrhagie,  et  il  se  borna  à 
tamponner  les  incisions.  Les  suites  furent  bonnes  et,  ce  qui  est 
plus  curieux,  c'est  que  depuis  4  mois  1/2  les  souffrances  ont  cessé. 
11  ne  donne  d'aileurs  pas  cet  exemple  comme  bon  à  imiter. 

M.  Seooxd.  —  Je  n'ai  jamais  dit  que  l'incision  vaginale  explo- 
ratrice fût  plus  commode  que  la  laparotomie  ;  j'ai  seulement  dit 
que  l'élythrotomie  pouvait  être  exploratrice  et  ne  conduisait  pas 
fatalement  à  l'hystérectomie  totale. 

M.  Pozzi.  —  Je  ne  songe  pas  à  prêter  à  M.  Segond  une  propo-. 
sition  qui  en  elTet  est  absurbe.  Mais  pour  que  l'interN  ention  par 
la  voie  vaginale  puisse  rester  exploratrice,  il  faut  que  M.  Segond 
modifie  le  manuel  opératoire  que  lui-même  nous  a  décrit  naguère 


SOCIÉTÉ  DE  CHIRURGIE  205 

et  qui  consistait  à  circoncire  le  col,  à  décoller  la  vessie,  puis  à 
effondrer  le  cul-de-sac  postérieur  :  à  ce  moment  on  ne  saurait 
guère  s'arrêter  en  route. 

M.  RouTiEH  insiste  sur  ce  dernier  argument.  Il  reconnaît  que 
si  M.  Segond  commence  par  ouvrir  le  cul-de-sac  postérieur,  il  peut 
ne  pas  toujours  tout  enlever  et  qu^ainsi  s'atténue  un  des  argu- 
ments des  laparotomistes,  parmi  lesquels  il  s'est  rangé  lors  de  la 
première  discussion. 

M.  Lucas-Championniérë  pense  que  les  erreurs  de  diagnostic 
sont  «  le  pain  bénit  de  la  chirurgie  abdominale  i  et  c'est  précisé- 
ment pour  cela  qu'il  préfère  la  laparotomie.  Il  insiste  sur  les 
difficultés  de  ces  opérations,  quelle  que  soit  la  voie  choisie  :  c'est 
pour  beaucoup  une  affaire  d'expérience  personnelle. 

M.  Second.  —  Deux  mots  sont  à  rayer  de  cette  discussion  : 
toujours  et  jamais.  Et  souvent  tout  cela  est  loin  d'élre  idéal,  par- 
dessus aussi  bien  que  par-dessous  le  pubis.  J'ai  toujours  dit  que 
la  voie  vaginale  était  difficile.  Quant  à  modiiler  mon  manuel 
opératoire,  je  dis  qu'il  faut  obéir  aux  indications  suivant  les  cas 
particuliers  :  quand  quelque  chose  de  gros  bombe  dans  le  vagin, 
c'est  par  là  qu'il  faut  attaquer. 

Occlusion  intestinale. 

M.  KiRMissoN  du  fait  de  M.  Nélaton  retient  surtout  l'occlusion  et 
communique  à  ce  propos  une  observation  pour  prouver  les  bons 
résultats  de  là  médication  opiacée.  En  octobre  1889,  entra  à  l'Hôtel. 
Dieu  une  femme  de  26  ans,  ayant  eu  en  juin  son  quatrième 
accouchement,  suivi  de  pelvi-péritonite.  Elle  entra  dans  le  service 
de  M.  Proust  pour  des  accidents  d'occlusion  et  fut  passée  eu  chi- 
rurgie, le  14  octobre  au  soir.  A  cette  date,  elle  rendait  encore  des 
gaz  par  l'anus  et  dès  lors,  le  lendemain  matin,  M.  Kirmisson  ne 
crut  pas  la  laparotomie  indiquée.  Il  prescrivit  l'opium  à  haute 
dose  et  vit  cesser  les  vomissements  et  les  douleurs,  tandis  que 
diminuait  le  météorisme.  Mais  le  19  octobre  —  10e  jour  des  acci- 
dents —  le  météorisme  reprit  et  l'intervention  fut  décidée.  Ici,  on 
avait  un  diagnostic  précis  :  occlusion  par  bride  de  péritonite, 
siégeant  dans  la  fosse  iliaque  droite,  un  peu  empi^tée.  On  put 
aller  droit  à  l'obstacle,  le  lever  et  l'opération,  terminée  avec  une 
grande  rapidité,  fut  suivie  d'une  prompte  guérison. 


206  SOGlâTÉS   SAVANTES 

Occlusion  intestinale  post-opâratoire. 

M.  Lucab-Championniére  communique  six  cas  d'occlusion 
intestinale  post-opératoire.  Ces  faits  sont  d'ailleurs  fort  variables 
de  degré«  de  nature  même:  il  y  a  des  étranglements  vrais  et  des 
obstructions  simples.  Mais  en  général  on  est  frappé  de  la  nature 
insidieuse  des  accidents,  môme  quand  l'obstacle  est  très  marqué. 

La  première  observation  est  celle  d'une  femme  opérée  d'ovario- 
tomie  eu  pleine  péritonite,  et  qui  alla  fort  bien  pendant  8  jours, 
puis  eut  des  vomissements,  des  douleurs,  les  selles  se  supprimèrent 
et  48  heures  après  Tocclusion  était  caractérisée.  La  laparotomie 
fut  pratiquée  à  la  12^  heure,  et  il  fallut  disséquer  aux  ciseaux 
des  anses  intestinales  englobées  dans  un  tissu  fibreux  dense  et 
adhérentes  à  l'épiploon.La  guérison  se  maintient  depuisians  1;2. 

Le  second  cas  est  celui  d'un  homme  opéré  d'une  épiplocèle  gan- 
greneuse qui  ne  causait  d*ailleurs  pas  de  phénomènes  d'étranglé* 
ment.  Il  fut  attiré  audehors  et  réséqué  le  plus  possible  d'épiploon. 
Vers  le  Séjour  survinrent  quelques  douleurs,  jusqu'au  11«  des  vo- 
missements quidevinrentfécaloîdes.Par  la  laparotomie  futobservé 
et  ouvert  un  abcès  occupant  l'épiploon  évidemment  mal  désinfecté 
lors  de  la  l»"*  opération;  guérison. 

Les  deux  opérations  suivantes  concernent  un  homme  qui  se  pré- 
senta avec  une  hernie  inguinale  gauche  irréductible  ;  il  racontait 
qu'il  en  avait  eu  une  à  droite,  guérie  depuis  quelque  temps,  mais 
qu'il  ressentait  des  douleurs  de  ce  côté.  On  ne  sentait  rien  en  cette 
région  à  la  palpation,  et  on  lit  la  cure  radicale  de  la  hernie  gau- 
che. De  ce  côté  tout  alla  bien,  mais  les  douleurs  à  droite  persis- 
tèrent, de  l'empâtement  y  devint  manifeste  et  au  1G«  jour  une 
incision  oblique  mit  à  découvert  une  anse  intestinale  pincée  dans 
la  profondeur  du  canal  inguinal;  en  outre,  il  y  avait  là  un  foyer 
purulent.  Pour  le  bien  drainer  et  désinfecter,  une  incision  médiane 
fut  ajoutée  à  lapremière.  L'homme  partit  quelque  tempsaprès  pour 
Yincennes;  12  jours  après  on  l'en  ramena  avec  des  accidents  d^é- 
tranglement,  pour  lesquels  fut  entreprise  une  nouvelle  laparoto- 
mie; des  anses  agglutinées  furent  libérées  et  une  selle  fut  obtenue. 
Mais  les  accidents  reprirent  et  5  jours  après,  nouvelle  incision, 
pour  l'établissement  d'un  anus  contre  nature.  Il  resta  une  fistule 
Btercorale. 

Le  cinquième  cas  est  relatif  à  un  vrai  fait  de  compression.  Un 


SOGTÉTÈ  DE  CHIRURfiIE  207 

homme,  opéré  de  cure  radicale  pour  une  épiplocèle,  se  leva  au 
8«  jour,sanH  permiSBion  ;  à  partir  de  ce  moment  il  souffrit,  les  selles 
Re  raréfièrent  et  8  jours  pins  tard  il  était  en  état  d'occlusion  (çrave^ 
avec  une  tuméfaction  douloureuse  dans  la  fosse  iliaque  droite  ; 
par  une  incision  fut  évacué  un  volumineux épanchenient  sanguin 
et  la  guéribt)n  fut  rapide. 

Le  sixième  malade  enûn  est  un  homme  que  M.  Delagoniére  avait 
opéré  de  hernie  étranglée  ;  une  ligature  au  catgut  avait  été  mise 
sur  un  point  sphacélé  de  l'intestin  et  Tanse  avait  été  réduite.  Les 
selles  se  rétablirent  mal,  les  gaz  étaient  rendus  difficilement,  et 
finalement,  comme  les  souffrances  persistaient,  M.  Championnière 
fit  la  laparotomie.  Il  trouva  une  anse  adhérente  au  péritoine  pa- 
riétal, circonscrivit  cette  adhérence  et  libéra  l'unse  en  détachant  la 
région  adhérente  de  la  paroi,  sutura  cette  perte  de  substance  et 
obtint  un  excellent  résultat. 

Enfin,  une  fois,  après  une  opération  de  cure  radicale,  le  sujet 
présenta  des  accidents  dont  M.  Championnière  ne  fut  pas  averti  et 
il  mourut  en  3  jours,  sans  avoir  été  laparotomisé  :  à  l'autopsie, 
une  anse  fut  trouvée  étranglée  par  une  bride. 

M.  Championnière  communique  ces  observations  pour  combattre 
Topinion  de  M.  Kirmisson  sur  l'utilité  de  Topium  et  les  méfaits  des 
purgatifs  dans  l'occlusion.  Tous  les  opérés  ont  été  purgés  et  ne 
s'en  sont  pas  plus  mal  trouvés.  Pour  les  occlusions  i)ost-opératoi- 
res,  Lawson  Tait  a  dit  que  la  purgation  est  le  véritable  traitement. 
M.  Championnière  a  coutume  après  toutes  ses  laparotomies,  toutes 
ses  cures  radicales  de  hernie,  de  purger  le  sujet  au  plus  tard  le 
lendemain  matin.  Il  les  purge  même  quand  ils  vomissent  et  cela 
arrête  les  vomissements.  CVst  là  un  moyen  de  diagnostic  pour 
savoir  s'il  y  a  ou  non  occlusion.  En  elfet,  en  cas  d'occlusion  il  faut 
intervenir  à  temps.  A  cet  égardj  l'étude  de  la  température  est 
importante  :  dés  qu'elle  commence  à  baisser,  il  faut  opérer.  En 
outre,  il  faut  faire  des  incisions  très  larges,  de  fa^on  à  bien  y  voir. 

M.  KiR.Mi8S0N  se  borne  à  répondre  que  l'argumentation  de 
M.  Championnière  le  vise  à  tort.  lia  parlé  des  méfaits  de  la  pur- 
gation dans  l'occlusion  spontanée,  et  il  n'a  jamais  dit  un  mot  des 
occlusions  post-opératoires,  ni  des  indications  respectivps  de 
Topiiim  ou  de  la  purgation  après  les  laparotomies  ot  cures  radi- 
cales de  hernies. 

M.  F&uzET  s'élève  contre  la  systématisation  du  purgatif  après 


208  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

les  opérations  sur  le  ventre,  car  la  systématisation  est  la  néga- 
tion  de  la  clinique.  L'opinion  de  M.  Champîonnière  est  intéres- 
sante, sans  doute,  mais  elle  est  toute  personnelle,  et  M.  FélizAtne 
saurait  s'y  rallier. 

M.  Terrillon.  —  U  y  a  deux  choses  dans  la  communicatiou  de 
M.  Championnière  :  Tocclusion  post-opératoire,  la  pulsation  post- 
opératoire. 

Pour  rocclusion,  je  rapporterai  deux  faits,  où  cette  complication 
a,  il  est  vrai,  été  tardive.  Dans  les  deux  cas,  elle  était  liée  à  cer- 
taines particularités  anatomiques  de  la  lésion  contre  laquelle  avait 
été  dirigée  la  laparotomie  première.  Le  premier  fait  date  de  mars 
1889,  époque  où  j^opérai  une  salpingite  qui  adhérait  à  l'appendice 
iléo-cœcal;  je  dus  mettre  une  ligature  sur  le  bord  de  cet  appen- 
dice; or,  18  mois  plus  tard,  cette  dame  fut  prise  d'une  occlusion 
subaiguë,  pour  laquelle  je  lopérai  au  8«  jour,  après  échec  du  trai- 
tement médical,  et  je  trouvai  qu'une  anse  d'intestin  grêle  était  en- 
gagée entre  le  détroit  supérieur  et  l'appendice,  adhérent  par  sa 
pointe  à  la  partie  droite  de  la  symphyse  pubienne;  je  réséquai 
cette  fois  l'appendice  ^à  la  base  et  depuis  la  guérison  ne  s^eat  pas 
démentie.  L'autre  cas  est  relatif  à  une  femme  que  je  débarrassai 
il  y  a  2  ans  1/2,  d'un  fibrome  pesant  14  kil.  et  auquel  adhérait 
l'épiploon,  extraordinairement  hypertrophié;  9  mois  plus  tard 
(après  quelques  crises  vite  calmées)  éclatèrent  des  accidents  d'oc- 
clusion aiguë  ;  au  Ô«  jour  j'opérai,  je  vis  des  anses  d'intestin  com- 
primées dans  un  gt\teau  épiploique  adhérent,  je  dégageai  ces  adhé- 
rences et  immédiatement  la  circulation  des  matières  et  des  gaz 
reprit  son  cours;  la  malade  se  porte  aujourd'hui  très  bien. 

Quant  au  purgatif  immédiat,  je  suis  un  peu  moins  précoce  que 
M.  Championnière,  mais  il  est  bien  rare  que  je  laisse  passer  le 
ÎJc  ou  le  3«  jour  sans  l'ordonner  ;  et  surtout  je  le  prescris  dès  que 
je  vois  la  température  monter  à  38°,  o8o,*2;  le  calomel  est  le  pur- 
gatif que  je  préfère.  Je  n'ai  jamais  eu  d'accidents  dus  au  purgatif, 
au  lieu  qu'au  début  de  ma  pratique,  j'en  ai  eu  par  Topium. 

M.  Reynikr  de  même  purge  vite  ses  laparotomisés,  au  plus  tard 
le  3«  jour.  Après  les  hernies  étranglées,  surtout  chez  les  vieillards 
et  pour  les  hernies  ombilicales,  on  observe  assez  souvent  des  pa- 
résies  intrslinales  graves,  contre  lesquelles  il  a  même  eu  à  lutter 
par  le  lavement  électrique;  il  ne  les  observe  plus  dejmis  qull 
purge  les  opérés  dès  le  lendemain. 


SOCIÉTÉ   DE   CHIRURGIE  209 

M.  QuÊNU.  —  Il  importe  d'établir  une  distinction.  D'une  façon 
générale,  je  buîb,  comme  mon  maître  Terrier,  partisan  de  la  pur- 
gation  rapide,  môme  dés  le  2«  jour.  Mais  quand  on  a  opéré  pour 
occlusion,  pour  hernie  étranglée  il  faut  avant  tout  tenir  grand 
compte  do  Tétat  de  Tintestin  :  quand  on  a  réduit  un  intestin  un 
peu  douteux,  il  faut  l'immobiliser  le  plus  possible.  De  môme  après 
Tablation  de  salpingites  suppurées  qui  adhéraient  au  rectum  resté 
très  aminci,  une  purgation  trop  précoce  pourrait  déterminer  une 
perforation  intestinale  mortelle. 

M.  Routier.  — J'ai  précisément  observé  un  cas  où  au  3«  jour  je 
purgeai  une  opérée  de  salpingite  qui  allait  fort  bien  ;  2  heures 
après  débuta  une  péritonite  suraiguë,  et  à  Tautopsie  je  trouvai  une 
petite  perforation  au  niveau  d'une  anse  éraillée  pendant  l'opéra- 
tion. D'ailleurs,  je  ne  crois  pas  qu'après  les  laparotomies  les  mala- 
des meurent  de  parésie  intestinale  :  dans  ces  conditions  je  pense 
qu'il  y  a  toujours  de  la  péritonite. 

M.  Berger.  —  Chez  une  vieille  femme  que  j'avais  opérée  de  her- 
nie crurale  étranglée  avec  réduction  de  l'intestin  en  assez  bon  état, 
j'ordonnai  au  5«  jour  un  purgatif,  la  malade  se  portant  bien  mais 
n'allant  pas  à  la  selle.  Le  lendemain  matin  je  la  trouvai  morte,  et 
l'autopsie  me  lit  voir  une  petite  perforation  entourée  d'adhérences 
récentes  que  le  purgatif  avait  fait  rompre. 

M.  Terrier.  —  Au  début  de  ma  prati([ue,  imitant  en  cela  certains 
chirurgiens  anglais,je  cherchai  à  immoblDser  Fintestia  par  l'opium^ 
et  j'ai  eu  ù,  m'en  repentir.  J'ai  eu  des  décès  par  ses  prétendues 
parésies  intestinales,  sur  lesquelles  je  partage  d'ailleurs  TopiDion 
de  M.  Routier  jusqu'au  jour  où  on  m'apportera  des  observations 
complètes  avec  stérilité  scientifiquement  prouvée  des  exsudais 
péritonéaux.  Je  me  suis  alors  rallié  à  la  nianière  do  faire  de  Law- 
son  Tait  et  au  moindre  malaise  j'ordonne  un  purgatif  salin,  ^de 
préférence  du  citrate  de  magnésie  avec  de  la  glace.  Mais  il  ne  faut 
pas  agir  à  l'aveugle,  et  j'adopte  absolument  le  critérium  donné  par 
M.  Quénu;  il  faut  obéir  aux  indications,  en  sachant  ce  que  l'on  a 
fait  du  côté  du  tube  digestif.  Une  fois,  le  purgatif  m'a  joué  un  tour 
terrible;  ma  surveillante  a  purgé  sans  mon  ordre,  au  5"  jour, 
une  femme  allant  très  bien,  opérée  de  salpingite  suppurée,  et  une 
perforation  rectale  causa  la  mort  en  24  heures.  Dans  les  cas  de  ce 
genre,  il  faut  donc  retarder  la  purgation  autant  que  possible  et 
c'est  ce  que  j'ai  fait  tout  récemment,  administrant  au  contrnirc 

▲XX.  DM  OTX.  "  roU  XXXVII  14 


210  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

de  ropium  ;  et  en  effet  la  purgation  a  déterminé  une  petite  fistule 
stercorale,  actuellement  guérie  sans  autre  complication,  car  ces 
adhérences  solides  protégeaient  le  péritoine. 

M.  Championnière.  — M.  Félizet  ne  veut  pas  qu'on  ait  de  sys- 
tème, c'est  une  erreur.  Tous  les  laparotomistes  ont  un  système  et 
font  bien.  M.  Félizet  m'objecte  de  grandes  théories  de  pathologie 
chirurgicale  générale  ;  cela  m'est  bien  égal.  En  somme,  il  n'admet 
pas  la  chirurgie  abdominale  moderne,  ce  qui  m'est  encore  égal. 
J'accorde  les  réserves  émises  par  MM.  Quénu,  Berger,  Terrier, 
mais  je  n*avais  pas  voulu  lever  ce  lièvre  dans  ma  communication  ; 
mon  seul  but  était  d'indiquer  une  règle  générale  qui  me  réussit 
parfaitement.  M.  Routier  ne  croit  pas  à  la  parésie  intestinale, 
moi  j'y  crois. 

M.  PÉRiER.  — L'histoire  de  la  constipation  des  opérés  n'est  pas 
neuve.  En  1857  j'étais  externe  chez  Chassaignac  qui  nous  répétait 
bien  souvent: quand  un  opéré  a  un  frisson  il  faut' songera  trois 
choses  :  l'infection  purulente,  l'érysipèle,  la  constipation.  Et  au 
premier  frissou  il  administrait  un  purgaiif.  Aujourd'hui,  la  cons- 
tipation seule  reste  et  j'ai  coutume  d'insister  sur  cette  cause 
d'hyperthermie. 

M.  Villeneuve  (de  Marseille)  a  fait  une  néphrectomie  transpé- 
ri tonéale  pour  cancer  avec  mort  au  20*  jour,  sans  accidents  septi- 
ques,  par  accidents  d'occlusion  intestinale.  Il  a  différé  la  laparo- 
tomie et  s'en  repent  car  il  a  trouvé  une  occlusion  incomplète  du 
duodénum  par  des  anses  intestinales  agglutinées  qu'il  aurait  sans 
doute  pu  libérer. 

Opération  césarienne. 

M.  Ledru  (de  Clermont-Ferrand)  communique  un  succès  de 
l'opération  césarienne,  chez  une  femme  de  24  ans,  pour  rétrécis- 
sement rachitique  du  bassin.  L'enfant  a  été  extrait  mort.  L'opé- 
ration a  été  terminée  par  une  castration  double,  fort  laborieuse, 
il  est  vrai,  pour  éviter  toute  grossesse  ultérieure.  M.  Ledru  n'a 
pas  mis  de  ligature  élastique  d'attente  et  cependant  l'hémorrhagie 
a  été  faible;  il  n'a  pas  accouché  l'utérus  par  la  plaie  pariétale  et 
a  pu  bien  protéger  le  péritoine.  La  suture  à  étages  de  la  paroi 
utérine  a  été  terminée,  sans  résection  de  la  tranche  en  biseau,  par 
un  simple  plan  de  suture  de  Lembert 

M.  Marchand  a  fait  en  1889  une  césarienne  pour  tumeur  pel- 


SOCIÉTÉ   OBSTÉTRICALE   ET   GYNÉCOLOGIQUE   DE   PARIS     211 

vienne  adhérente.  Il  a  accouché  l'utérus  mais  n'a  pas  mis  de 
ligature  élastique.  L'enfant  vécut  ;  en  1801,  la  mère  vivait  encore. 
La  seule  complication  fut  une  diarrhée  due  sans  doute  à  un 
léger  degré  d'intoxication  parle  sublimé.. 

M.  BouiLLY.  —  On  est  aujourd'hui  d*accord  sur  les  indications 
respectives  du  Porro  et  de  la  césarienne.  Le  premier  convient  aux 
cas  où  on  intervient  après  le  début  du  travail  sur  un  utérus  déjà 
infecté  ;  la  seconde  aux  opérations  faites  au  moment  de  choix  sur 
un  utérus  aseptique.  Pour  éviter  la  grossesse  ultérieure,  il  suffit,  ce 
qui  est  bien  plus  simple  que  la  castration,  de  couper  la  trompe 
entre  deux  ligatures. 

Hystérectomie  pour  cancer. 

M.  Marchand  communique  15  hystérectomies  vaginales  totales 
pour  cancer  qu'il  a  pratiquées  depuis  1889,  avec  2  décès  seulement. 
Ce  n'est  donc  pas  plus  grave  que  les  amputations  du  col.  Mais  la 
récidive  est  à  peu  près  constante  et  rapide,  et  elle  n^est  pas  moins 
pénible  pour  la  malade  que  le  cancer  livré  à  lui-môme.  D'où 
M.  Marchand  conclut  que  pour  les  petits  cancers  limités  il  faut 
n'adresser  à  l'amputation  partielle,  moins  mutilante  et  quelquefois 
môme  capable  de  permettre  la  grossesse. 

A.  Broca. 


Société  obstétricale  et  ginécologique  de  Paris. 
Séance  du  18  février  1892. 

Présentations,  — Guéniot.  Deux  femmes  opérées  et  guéries  par  la 
césarienne.  —  1)  Femme  à  bassin  ostéomalacique,  opérée  à  terme. 
Actuellement,  3  mois  après  l'opération,  la  femme  est  guérie  de  l'af- 
fection ostéomalacique,  sans  avoir  subi  aucune  mutilation  spécia- 
lement dans  ce  but  ;  2)  femme  opérée  parce  qu'il  existait  une  afTec- 
tion  carcinomateuse  avancée  du  col  de  l'utérus.  Enfants  vivants 
dans  les  deux  cas. 

Discussion,  —  Pajot  tout  en  félicitant  son  collègue  pour  ses 
2  8uccè8>  est  certain  cependant  qu'ils  seront  l'origine  de  bon  nombre 
de  revers.  Il  a  connaissance  de  plusieurs  opérations  césariennes^ 
terminées  par  la  mort,  et  non  encore  publiées.  D'une  manière  gêné- 


212  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

raie,  il  condamne  surtout  Topôration  césarienne  faite  sur  la  demande 
de  la  femme,  qui  n'a  aucune  idée  de  la  gravité  de  l'opération 
césarienne. 

Lucas-Championnièrk  espère  que  M.  Guéniot  fera  une  commu- 
nication plus  complète  de  ces  deux  faits,  à  l'occasion  de  laquelle 
on  pourra  discuter  les  procédés  opératoires.  D'autre  part,  il  ne 
partage  pas,  en  raison  du  nombre  des  faits  heureux  publiés,  Thor- 
reur  de  Pajot  pour  la  césarienne,  horreur  explicable  seulement 
par  le  souvenir  des  résultats  si  malheureux  de  jadis. 

« 

DoLÉRis.  Avortement  provoqué  rapide  ou  brusqué,  par  le  coret- 

tage  pour  affection  cardiaque  grave.  —  Le  fait  concerne  une  jeune 
femme,  atteinte  depuis  l'enfance  d'une  affection  cardiaque,  aor- 
tique,  grave,  et  à  laquelle,  en  raison  de  cette  lésion,  on  avait  con- 
seillé d'éviter  soigneusement  toute  grossesse,  sous  peine  des 
accidents  les  plus  sérieux.  Or,  cette  jeune  femme  étant  deve- 
nue enceinte,  l'aflection  cardiaque,  dès  les  premiers  moments,  prit 
une  allure  inquiétante  :  anhélation  continuelle,  hypertrophie  ra- 
pide et  déplacement  marqué  du  cœur,  syncopes  à  chaque  vomisse- 
ment, insomnie,  impossibilité  absolue  d'alimentation,  etc.,  au  bout 
de  2  mois,  cachexie  réelle.  En  présence  de  cet  état  inquiétant, 
Tauteur  pensa  qu'il  y  avait  urgence  absolue  à  interrompre  la 
grossesse,  et,  à  cause  de  Tanémie  profonde,  à  adopter  un  mode 
d'intervention  qui  mit  le  plus  possible  à  labri  de  toute  hémor- 
rhagie. 

En  conséquence,  au  lieu  de  provoquer  Vavortement,  il  V effec- 
tua :  dilatation  progressive  avec  la  laminaire  et  curettage  de  la 
matrice  gravide.  En  moins  de  36  heures,  la  grossesse  était  inter- 
rompue. Suites  excellentes. 

Discussion,  Guéniot,  L.  Cuampionnikre,  Pajot,  Dumontpal- 
LiEu  citentun  certain  nombre  d'observations  qui  tendraient  à  éta- 
blir que  l'association  des  alfeotions  cardiaques  et  de  la  grossesse 
ne  comporte  pas  un  pronostic  aussi  sombre  qu'on  l'admettait  jadi». 
M.  Guéniot  cite^  en  particulier,  3  observations  de  femmes  qui,  bien 
iju'atteintes  de  lésion  organique  du  cœur,  menèrent  à  terme  plu- 
sieurs grossesses,  sans  que  l'affection  cardiaque  ait  été  notable- 
ment aggravée  par  la  gestation.  Loviot  fait  remarquer  que,  si  le 
procédé  opératoire  adopté  par  Dolêris  est  applicable  à  2  mois  do 
grossrsse,  il  paraît  devoir  beaucoup  convenir  pour  les  cas  où  le 


SOCIÉTÉ   OBSTÉTRICALE   ET  GYNÉCOLOGIQUE   DE   PARIS    213 

placenta  est  déjà  assez  développé,  et  devoir  céder  le  pas  aux  pro- 
cédés usuels.  L.  Ohampîonniére,  tout  en  constatant  le  plein  succès 
obtenu,  ne  croit  pas  non  plus  que  ce  procédé  ait  un  grand  avan- 
tage sur  ceux  qui  sont  de  pratique  courante.  Porak,  dont  on 
connaît  la  thèse  sur  Tinfluence  réciproque  des  maladies  du  cœur 
et  de  la  grossesse,  a  été  conduit  à  penser,  par  Texamen  attentif 
des  faits,que  toute  l'importance  pronostique  des  lésions  valvulaires 
réside  dans  Tétat  du  myocarde. 

Labusquiére.  Rapport  snr  une  communication  faite  aa  nom  dn 
D**  Bmcy  (de  Gien)  :  monstre  monomphalien  xlphopage  ;  expulsion 
spontanée.  Considérations  an  point  de  vue  anatomiqne,  obstétrical  et 
chimrgical.  —  L'observation  est  relative  à  cet  exemple,  intéres- 
sant à  cause  de  sa  grande  rareté,  de  monstre  double,  appartenant 
û  la  famille  des  monomphaliens  et  à  la  variété  des  xiphopagcs, 
monstre  qui  fut  présenté  à  la  Société  par  M.  Charpentier,  dans 
la  séance  de  novembre.  Ce  monstre,  constitué  par  la  réunion 
de  deux  jumeaux  m^les,  mort-nés,  parfaitement  à  terme  et 
régulièrement  conformés,  rappelant  le  cas  si  connu  des  frères 
Siamois,  avait  été  expulsé  par  une  femme  primipare,  sponta- 
nément, après  un  travail  assez  laborieux.  Les  deux  corps  se 
présentaient  par  le  siège,  et  le  premier  médecin  appelé  avait 
constaté,  à  son  arrivée,  qu'un  des  enfants  avait  tout  le  bassin  hors 
de  la  vulve,  avec  le  dos  en  avant.  Ayant  soulevé  ce  premier  enfant, 
il  avait  vu  que  le  second  enfant,  dont  le  pied  gauche,  la  fesse 
gaucheeties  organes  génitaux  étaient  déjà  hors  delà  vulve,  se  trou- 
vait en  position  sacro-sacrée,  conditions,  d'après  la  majorité  des 
auteurs,  relativement  favorables.  Quelques  heures  après,  l'accou- 
chement se  terminait  spontanément,  au  cours  d'un  voyage  en  voi- 
ture à  la  recherche  d'un  lieu  d'asile  d'assistance.  Or,  les  deux 
enfants  étaient  à  terme,  et  après  huit  jours  de  macération  dans 
l'alcool,  leurpoids  total,  cordon  et  placenta  compris,  s'élevait  à 
5kîl.220  gr.  Les  deux  jumeaux  sont  unis  par  la  base  de  l'apo- 
physe xiphoïde,  apophyse  qui  existe  chez  chacun  d'eux,  par  une 
sorte  de  pont  constitué  par  du  tissu  hépatique  qui  réunit  les  deux 
foies;  de  plus^  détail  importantjes  vaisseaux  ne  sont  pas  communs. 

M.  le  D"*  Brucy  s'est  demandé  comment  une  masse  aussi  volu- 
mineuse avait  pu  être  expulsée  spontanément  sans  lésion  des  or- 
ganes génitaux,  comment  surtout  les  deux  têtes  avaient  pufran- 


214  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

chir  les  obstacles  naturels  ?  Or,  il  donne,  croyons-nous,  la  véri- 
table explication  de  ce  fait,  en  établissant,  ainsi  qu'on  Ta  établi 
pour  d'autres  cas  antérieurs,  que  les  extrémités  céphaliques  ont 
dû  franchir  l'une  après  l'autre  la  filière  pelvi-gônitale.  «  Ayant 
trouvé  les  deux  fœtus  entre  les  jambes  de  la  femme,  je  remar- 
quai, écrit-il,  que  la  tête  du  fœtus  droit,  c'est-à-dire  celui  situé 
auprès  de  la  cuisse  droite  de  la  femme,  était  fléchie  et  occupait 
l'espace  situé  entre  le  menton  et  la  partie  supérieure  du  sternum 
du  fœtus  gauche.  La  face  de  celui-ci,  le  front  et  le  nez  surtout, 
étaient  fortement  aplaties.  Le  fœtus  droit  s'est  donc  dégagé  le  pre- 
mier, franchissant  les  obstacles  en  glissant  sur  le  fœtus  gauche...  « 

Étudiant,  à  l'occasion  de  ce  fait,  la  meilleure  conduite  à  suivre, 
en  semblable  occasion,  encouragé  d'ailleurs  par  le  résultat  observé, 
M.  le  Dr  Brucy  formule  la  conclusion  suivante,  sur  laquelle  il 
désire  avoir  l'avis  de  la  Société  :  «  Je  conclus  en  disant  que  chez 
une  femme  no7^7nalement  constituée  Vinto^ention  n*a  pas  de 
raison  d'être.  » 

N'ayant  aucune  expérience  personnelle  de  ces  sortes  de  faits,  j'ai 
interrogé  les  divers  traités  que  j'avais  sous  la  main,  et  j'ai  constaté  : 
que  les  auteurs  s'accordent  à  conseiller  l'expectation.  que  le  plus 
souvent  les  forces  naturelles  sufllscnt  à  terminer  l'accouchement, 
que  cependant  il  n'en  est  pas  toujours  ainsi,  qu'en  certains  cas. 
par  conséquent,  l'expectation  a  une  limite,  et  qu'on  doit  s'en  dé- 
partir résolument,  dès  que  la  santé  ou  la  vie  de  la  mère  sont  en 
danger.  Quant  au  procédé  d'intervention,  les  particularités  pro- 
pres à  chaque  cas  ne  permettent  pas  d'en  formuler  un  qui  convienne 
à  tous;  le  plus  souvent  il  faudra  pratiquer  l'un  des  modes  de 
mutilation  du  fœtus.  Nous  pensons  donc  qu'il  y  a  lieu  de  modilier 
la  formule  du  Dr  Brucy  de  la  faron  suivante  :  c  Chez  une  femme 
normalement  constituée,  l'intervention  n'a  pas  de  raison  d'être, 
tant  que  la  santé  ou  la  vie  de  la  mère  ne  sont  pas  en  danger  ». 

En  raison  de  l'étendue  relativement  peu  considérable  des  moyens 
d'union  des  deux  fœtus  et  de  l'indépendance  des  vaisseaux.  M.  le 
D'  Brucy,  tout  en  faisant  des  réserves  sur  les  contre-indications 
fournies  peut-être  par  l'Age,  se  demande  si  le  chirurgien,  fort  de 
la  sécurité  fournie  dans  les  laparotomies  par  l'observation  rigou- 
reuse des  précautions  antiseptiques  et  par  les  progrès  réalisés  dans 
les  méthodes  d'hémostase,  ne  serait  pas  autorisé  A  tenter  de  libérer 
les  attaches  des  deux  fœtus  et  de  leur  asburer  une  vie  indépen- 


THÉRAPEUTIQUE  GYNÉCOLOGIQUE  215 

dante.  C'est  là,  croyons-nous^  une  tentative  fort  séduisante. 
Etant  donné,  malgré  quelques  exemples  aussi  fameux  que  rares  de 
longévité  relative,  l'avenir  si  incertain  de  ces  monstres,  il  nous 
semble,  quel  que  fût  le  résultat  d'une  semblable  intervention,  qu'il 
y  aurait  fort  peu  de  médecins  pour  la  condamner. 

Clopatofsky.  Observation  de  placenta  prsBvia,  compliqné  d'adhé- 
ence  anonnale  par  dégénérescence  calcaire.  —  Femme  Ilpare,  prise 
d'une  bémorrhagie  brusque  à  7  mois  de  grossesse.  Expulsion  d'un 
enfant,  qui  vécut  seulement  5  heures.  Délivrance  laborieuse.  Le 
placenta  était  complet  ainsi  que  les  membranes  qui  étaient  déchi- 
rées à  5  centim.  de  son  bord.  Entre  ce  bord  et  le  centre  du  gâteau 
placentaire,  il  existait  une  plaque  blanchâtre,  plus  blanche  au 
centre,  dure,  pierreuse,  résultat  d'une  dégénérescence  calcaire, 
qui,  d'après  l'auteur,  était  le  produit  avancé  de  Tinflammation  de 
Tendométrium.  Nouvelle  grossesse  un  an  et  demi  après  au  cours 
de  laquelle  la  femme  fut  soumise  à  un  traitement  bromo-ioduré. 
Cette  grossesse  se  termina  par  un  accouchement  à  terme  et  une 
délivrance  normale^  terminaison  heureuse  attribuable,  peut-être, 
au  traitement  institué.  En  terminant,  Fauteur  signale  l'analogie 
qui  existe  entre  cette  dégénérescence  calcaire  et  la  production 
d'ostéophytes  sous  la  voûte  du  crâne  pendant  la  gestation. 

Discussion.  —  Dolérib  pense  qu'il  s'agit  non  de  dégénérescence 
mais  de  dyalise  calcaire.  La  constitution  doit  jouer  un  rôle  im- 
portant dans  ces  phénomènes,  qui  sont  peut-être  à  rapprocher  des 
dépôts  uratiques  chez  les  goutteux.  R.  L. 


REVUE  ANALYTIQUE 


I.  —  THÉRAPEUTIQUE  GYNÉCOLOGIQUE 

Remarques  sur  le  traitement  des  tumeurs  utérines  par  l'électricité  ; 
son  effet  sur  les  petites  tumeurs.  (Remarks  on  the  treatment  of 
utérine  tumours  by  electricity  :  its  efTect  on  small  tumours).  Thomas 
Keith.  Brit.  rned.  Journ.  Lond.,1891,  p.  337. 

Nouvel  article  enthousiaste  et  plaidoyer  chaleureux  en  faveur  de 
la  méthode  d'Âpostoli. 


216  REVUE  ANALYTIQUE 

L'auteur  apporte  sept  observations  de  petites  tumeurs  fibreuses 
dont  plusieurs  donnaient  lieu  à  de  très  graves  accidents  d*hémor- 
rbagie.  Toutes  les  malades  ont  été  guéries,  et  chez  cinq  d'entre 
elles  non  seulement  les  symptômes  douloureux  et  les  hémorrha- 
gies  ont  cessé,  mais  encore  la  tumeur  a  entièrement  disparu.  En 
présence  de  tels  résultats,  ajoutés  à  ceux  qu'il  a  déjà  vus,  il  peut 
encore  y  avoir  place  pour  Thystérectomie,  mais  Textirpation  des 
ovlires  doit  être  bannie,  ou  à  peu  prés. 

L'auteur  résume  d'ailleurs  ainsi  ses  conclusions  : 

L'électricité  ne  doit  pas  être  essayée  dans  les  tumeurs  fibro-cys- 
tiques  ; 

Dans  les  cas  d'hydrorrhée  considérable,  elle  ne  semble  pas  don- 
ner de  guérisons  radicales  ; 

Les  meilleurs  résultats  s'obtiennent  dans  les  petites  tumeurs 
hémorrhagiques  ; 

Dans  les  tumeurs  anciennes,  volumineuses,  le  traitement  est 
plus  long  ; 

Presque  toujours  ce  traitement  enlève  la  douleur; 

Presque  toujours  il  amène  une  diminution  de  la  tumeur,  —  par- 
fois rapidement; 

Presque  toujours  il  arrête  les  hémorrhagies,  —  parfois  rapi- 
dement ; 

Presque  toujours  les  résultats  sont  permanents  et  la  tumeur 
si  elle  ne  diminue  pas,  cesse  de  s'accroître.  La  santé  générale  est 
très  améliorée. 

Par  presque  toujours  Th.  Keith  entend  dire  dix-neuf  fois  sur 
vingt. 

R.  Faubr. 

Qnelqnes  obsenrationB  sur  rélectrothéraphie  en  gynécologie; 
remarqaes  sur  le  traitement  de  la  dysménorrhée  mécanique  et  des 
obstacleB  à  la  conception  par  le  cathétérisme.  (Binige  Beobachtun- 
gen  liber  die  Elektrotherapie  in  der  Gynakologie  nebst  Bemer- 
kung  tiber  die  Behandlung  der  behindertcn  Menstruation  in  con- 
nection mittels  Sondirung),  Nagel.  Arch,  f,  Gj/n,,  Bd  XXXVIII, 
Hftl.p.  81. 

Les  expériences  et  les  recherches  sur  lesquelles  reposent  cet 
important  travail  ont  été  faites  à  la  policlinique  du  professeur 
Gusserow,  durant  une  année.  C'est  avant  tout  une  étude  de  con- 


THÉRAPBUTIOUK  GYNÉCOLOGIQUE  217 

trùle,  d'appréciation  de  la  valeur  réelle  du  traitement  électrique  en 
gynécologie  ;  l'auteur  est  arrivé  aux  conclusions  suivantes  : 

1)  Pelvi-périUmites  :  Il  est,  en  beaucoup  de  cas,  possible  de  répri- 
mer, au  moyen  du  courant  constant,  des  états  inflammatoires  chro- 
niques du  petit  bassin,  à  condition  pourtant  que  leur  début  ne 
soit  pas  trop  ancien.  On  peut  également  combattre  une  tuméfac- 
tion inflammatoire  de  Tovaire  et  de  la  trompe  (en  tant  que  phéno- 
mène concomitant  d*une  pelvi-péritonite),mai8^  lorsque  le  processus 
inflammatoire  est  ancien,  lorsqu'il  a  produit  des  altérations  anato- 
miquee  des  organes,  c*est  à  peine  si  Ton  peut  espérer  tirer  quelque 
bénéfice  du  traitement  électrique.  Toutefois,  il  peut  amener  la 
résorption  d'exsudats  intra-péritonéanx^  quand  ces  exsudats  sont 
petits  et  récents.  Dans  les  cas  de  déviations  u  térines,  le  trsdte- 
ment  doit  être  dirigé  contre  les  phénomènes  inflammatoires  con- 
comitants ;  aussi,  les  propositions  émises  au  sujet  de  la  pelvi-péri- 
tonite  trouvent-elleS)  ici,  également  leur  place.  Dans  la  plupart 
des  cas  de  peivi-péritonite  chronique,  le  courant  constant  procure 
une  amélioration,  bien  que  souvent  passagère,  des  douleurs,  et 
agit,  par  elle,  favorablement  sur  Tétat  général. 

2)  Dysménorrhée  mécanique.  —  Nftgel  est  d'avis  qu'il  ne  faut 
employer,  dans  ces  cas,  le  traitement  électrique  qu'avec  circons- 
pection, par  la  raison  qu'on  ne  peut  empêcher  l'action  caustique 
du  courant.  Mieux  vaut,  en  général,  recourir  au  cathétérisme  du 
col,  dont  les  avantages  ont  été  démontrés  par  les  résultats  très 
satisfaisants  consignés  sur  un  total  de  25  observations.  Dans  quel- 
ques cas,  la  conception  eut  lieu  peu  après  le  traitement  ;  dans 
un  seul  le  cathétérisme  resta  sans  résultat,  il  s'agissait  de  douleurs 
dysménorrhéiques  utérines. 

3)  Myômes  utérins,  —  Il  ne  faut  pas  voir  dans  le  traitement  élec- 
trique, dirigé  contre  les  myômes  utérins,  plus  qu'un  traitement 
symptomatique.  Le  courant  constant  peut  supprimer  un  phéno- 
mène, souvent  concomitant,  les  douleurs,  quand  elles  sont  le  fait 
d'une  péritonite  circonscrite.  Pour  obtenir  ce  résultat,  il  ne  parait 
pas  toujours  nécessaire  à  l'auteur,  d'appliquer  l'électrode  dans  la 
cavité  utérine.  L'influence  favorable  exercée  sur  la  péritonite 
chronique  est  souvent  suivie  d'une  plus  grande  mobilité  de  la  tu- 
meur et  d'une  diminution  de  la  distension  de  la  paroi  abdominale. 

En  beaucoup  de  cas,  l'usage  du  courant  constant  permet  de  res- 
treindre l'hémorrhagie.  Mais  on  n'est  en  droit  d'espérer  un  résultat 


218  REVUE  ANALYTIQUE 

» 

définitif  que  lorsqu'il  est  possible  de  traiter  la  muqueuse  utérine 
sur  toute  son  étendue. 

Sous  l'influence  de  la  suppression  des  douleurs,  de  la  diminu- 
tion des  hémorrhagies,  aussi  bien  que  sous  celle  de  Faction  exer- 
cée sur  l'activité  intestinale,  Tétat  général  des  malades  s'améliore. 
Mais,  Nâgel  n^a  jamais  olset^vé  une  diminution  de  la  tumeur, 
possible  toutefois,  jusqu'à  un  certain  degré. 

Somme  toute,  l'auteur  pense  qu'on  peut,  en  certains  cas,  retirer 
une  action  relativement  curative  du  traitement  électrique.  Que, 
toutefois,  les  résultats  qu'il  fournit  ne  sont  pas,  pris  dans  Tensem- 
ble,  supérieurs  à  ceux  qu'on  obtient  à  l'aide  des  autres  méthodes 
thérapeutiques  connues,  surtout  si  l'on  applique  celles-ci  avec  la 
même  persévérance  que  l'on  met  dans  le  premier.  Vis-à  vis  de  ces 
méthodes,  le  traitement  électrique  a  en  outre  le  désavantage  d'être 
beaucoup  plus  compliqué,  plus  coûteux.  Mais  ces  inconvénients 
seraient  de  médiocre  importance,  si  les  résultats  obtenus  étaient 
suffisamment  durables  ;  la  décision  de  ce  point  exige  de  nouvelles 
observations. 

R.  Xj. 

I 

Contribution  à  l'étnde  de  l'action  da  courant  galvanique  snr  les 
fibromes  utérins.  (Beitrag  zur  Wirkung  des  galvanischen  Stromes 
auf  die  Fibromyome  der  Gebarmiitter),  J.  Backer.  Cent,  f. 
Ginàk.,  1891,  n»  28,  p.  586. 

L'histoire  des  myômes  utérins,  soumis  au  traitement  électrique, 
met  principalement  en  relief  ce  fait  que  les  tumeurs  interstitielles 
se  transforment  assez  fréquemment  en  tumeurs  sous-muqueuses, 
qui,  par  la  continuation  du  traitement,  sont  ensuite  expulsées.  Il 
serait  intéressant  de  déterminer  dans  quel  rapport  de  fréquence 
cette  évolution  heureuse  s'accomplit  suivant  qu'on  applique  la 
méthode  d'Apostoli  ou  les  autres.  Cette  détermination  est  difficile. 
Mais,  à  juger  d'après  les  cas  publiés  par  certains  auteurs  (Delétang, 
La  Torre)  et,  malgré  l'opinion  absolument  opposée  de  Sccheyron, 
il  semble  que  l'observation  attentive  des  faits  démontre  une  rela- 
tion étiologique  réelle  entre  l'emploi  du  courant  galvanique  et  ces 
modifications  des  fibromes  utérins.  Après  avoir  résumé  plusieurs 
observations  déjà  publiées,  l'auteur  en  relate  une  qui  lui  est  per- 
sonnelle. 

Obs.  —  X...,  42  ans,  réglée  à  12  ans,  menstruation  toutes  les 


THÉRAPEUTIQUE  GYNÉCOLOGIQUE         219 

» 

4  semaines,  durant  3-4  jours,  multipare.  Depuis  2  années,  règles 
plus  abondantes  durant  4-8  jours,  et  dans  rintervalle  des  règles, 
hémorrhagies  durant  de  1  -2  jours.  Augmentation  du  volume  du 
ventre  ;  un  peu  plus  tard  hémorrhagies  presque  continuelles,  et 
affaiblissement  extrême;  diagnostic  :'&bro-myôme  utérin,  inters- 
titiel très  vraisemblablement.  Tumeur  proéminant  dans  le  vagin, 
et  s'élevant  1  cent.  1/2  au-dessus  du  nombril.  Traitement  par  le 
courant  galvanique,  avec  une  intensité  de  50  -—  140  milliampères, 
suivant  la  tolérance  que  présenta  la  malade  aux  différentes  pério- 
des du  traitement.  Sous  Tinfluence  de  ce  traitement,  les  hémor- 
rhagies cessèrent  pour  ainsi  dire  d'un  coup,  l'écoulement  de  sang 
ne  se  montra  plus  qu'aux  époques  menstruelles,  et  encore  en  petite 
abondance.  L'état  général  se  releva  rapidement,  et  la  malade  n'ac- 
cusa plus  ni  écoulements,  ni  douleurs.  Pourtant,  au  bout  d'un  mois 
survint  un  écoulement  muqueux,  qui  peu  à  peu  devint  plus  abon- 
dant, plus  séreux  et  qui  conserva  ce  caractère  pendant  le  second 
mois.  Au  3«  mois,  il  était  purulent.  Simultanément,  la  tumeur  di- 
minua de  moilié  et  cette  diminution  coïncida  avec  l'expulsion  ré- 
pétée de  fragments  de  tissu,  plus  ou  moins  gros  (jusqu'à  la  gros- 
seur d'une  aveline).  A  la  fin  du  3^  mois,  les  phénomènes  ayant 
cessé,  l'état  cachectique  s'amenda  rapidement  et  ût  place  à  un  état 
de  bien-être  général  excellent  et  qui  ne  s'est  pas  démenti  depuis 
4  mois.  Examen  des  fragments  :  tissu  compacte,  fascicule,  parais- 
sant provenir,  d'après  l'aspect  microscopique,  d'un  tissu  réticulé 
composé  de  faisceaux  de  tissu  connectif  et  de  faisceaux  de  cellules 
musculaires  lisses.  Les  tractus  connectifs  sont  larges,  immédia- 
tement accolés  les  uns  aux  autres,  et  ne  présentent  entre  eux  que 
quelques  très  rares  cellules  ;  les  faisceaux  de  cellules  musculaires 
lisses  sont  en  assez  grande  quantité,  et  envahis  sur  bon  nombre  de 
points  par  des  corpuscules  calcaires.  Les  noyaux  cellulaires  ne  pren- 
nent aucune  coloration,  ce  qui  semble  indiquer  qu'on  se  trouve  en 
présence  d'un  tissu  frappé  de  nécrose.  Sur  les  coupes,  provenant 
des  couches  superficielles,  on  constate  des  germes  de  la  putréfac- 
tion et  une  infiltration  de  petites  cellules.  Ces  éléments  paraissent 
d*ailleurs  manquer  dans  les  autres  régions.  Diagnostic  rétrospec- 
tif :  fibrome  pétrifié  y  avec  nécrose  consécutive, 

A  quoi  attribuer  le  processus  de  nécrose?  Cohnheim  admet  que 
la  nécrose  d'une  tumeur  peut  relever  d'une  des  causes  suivantes  : 
1)  obstacles  à  la  circulation;  2)  atteinte  portée  à  l'activité  fonction- 


220  REVUE  ANALYTIQUE 

nelle  des  cellules  ;  3)  oscillations  considérables  de  la  température. 

Il  est  généralement  admis  que  le  courant  constant  exerce  aussi 
une  action  thermique,  fait  qu'on  s'explique  aisément,  puisqu'on 
sait  qu'il  détermine  une  décomposition  chimique,  laquelle  s'ac- 
compagne nécessairement  d'un  développement  de  chaleur.  Mais, 
ici,  la  dififérence  thermique  ne  peut-être  assez  marquée  pour  sufûro 
à  expliquer  la  nécrose  observée. 

D'autre  part,  tous  les  auteurs  qui  ont  étudié  le  mode  d'action 
du  courant  électrique,  Tont  considéré  comme  double  :  action  élec- 
trolytique  et  action  polaire,  phénomènes  qui,  au  fond,  sont  de 
môme  nature.  C'est  un  fait  bien  connu  que  le  courant,  dirigé  à 
travers  des  liquides,  y  développe  un  processus  chimique  de  décom- 
position, et  réduit  les  solutions  à  l'état  de  combinaisons  en  leurs 
éléments  simples  qui,  une  fols  transportés  au  pôle,  y  exerconi 
l'action  polaire  (gai vano- caustique  chimique).  Certains  autours 
(Bigelow,  Ford)  admettent  aussi  que  le  courant  électrique,  dans 
son  trajet  à  travers  la  tumeur,  coagule  les  éléments  albuminoldes 
du  tissu,  décompose  en  leurs  éléments  simples  les  substances  com- 
posées, et  favorise  ensuite  la  résorption  de  ces  éléments.  On  pour- 
rait, sur  cette  opinion,  classer  la  dégénérescence  ou  nécrose  des 
myômes  dans  le  second  groupe  de  Cohnheim.  Malheuseusement, 
il  resterait  trop  de  faits  qui  échapperaient  à  cette  explication.  Si 
le  courant  galvanique  est  vraiment  capable  de  décomposer  chimi- 
quement les  albuminoldes  des  tissus  dans  1/3  des  cas,  pourquoi 
n'agirait-il  pas  de  la  même  façon  dans  les  autres?  D'ailleurs,  les 
faits  observés  montrent  quel  rôle  considérable  joue  le  hasard  dans 
l'action  du  courant  galvanique. 

Presque  tous  les  auteurs  constatent  un  résultat  favorable  en  ce 
qui  concerne  les  symptômes.  Mais,  tandis  que  certains  mention- 
nent que,  dans  presque  tous  les  cas,  la  tumeur  n'a  pas  été  modifiée, 
d'autres  signalent  que  dans  la  moitié,  le  tiers,  ou  même  dans  un 
moins  grand  nombre  de  cas,  ils  ont  observé  une  diminution  de 
volume,  plusieurs  enfin  (Apostoli,  etc.).  que  la  tumeur  devient 
souvent  sous-muqueuse. 

Or,  ces  effets  si  différents,  démontrent  que  l'action  du  courant 
galvanique  est  subordonnée  à  l'intervention  de  circonstances  mul- 
tiples^ ce  qui  ne  permet  pas  d'accepter,  pour  expliquer  la  nécrose, 
la  pathogénie  correspondante  au  2^  groupe  de  Cohnheim.  Reste 
celle  qui  correspond  au  1«'  (obstacle  à  la  circulation),  et  qu'adopte 


THÉRAPEUTIQUE   GYNÉCOLOGIQUE  221 

Fauteur.  U  attribue  Faction  exercée  sur  les  myômes  par  le  courant 
galvanique  à  l'intluence  polaire,  thrombosique,  du  courant. 

R.  L. 

Un  cas  de  tumeur  du  petit  bassin  traitée  par  la  galvano-poncture  ; 
guôrison.  (A  ca.so  bf  pelvic  tumour  treated  by  galvano-puncture  ; 
cured),  par  J.  Inglis  Parsons.  Brilish  med.  /owrn. ,  13  avril  1889, 
p.  824. 

Malade  de  44  ans,  mariée,  portant  entre  la  vessie  et  Tutérus  une 
tumeur  du  volume  d'une  tête  de  fœtus,  dépassant  le  pubis,  refou- 
lant la  paroi  antérieure  du  vagin,  mais  libre  de  toute  connexion 
avec  Tutérus.  Dans  l'espace  de  deux  mois  et  demi  la  malade  fut 
soumise  à  28  séances  d'électro-puocture  :  deux  aiguilles  de  pla- 
tine reliées  au  pôle  positif  étaient  enfoncées  dans  la  tumeur  à 
travers  la  paroi  antérieure  du  vagin  ;  une  large  électrode  placée 
sur  l'abdomen  communiquait  avec  le  pôle  négatif.  La  durée  de 
cbaque  séance  était  de  20  ou  30  minutes  et  Tintensité  du  courant 
variait  de  100  à  150  milliampères  ;  à  la  suite,  pansement  vaginal 
antiseptique.  Un  an  après,  la  tumeur  avait  diminué  des  2/3  et  les 
signes  fonctionnels  avaient  disparu. 

r/auteur  insiste  sur  la  nécessité  d'isoler  le  corps  de  Taiguille  et 
de  ne  laisser  libre  que  l'extrémité  qui  sera  enfoncée  dans  la  tumeur  ; 
la  portion  de  muqueuse  vaginale  en  contact  avec  l'aiguille  ne  sera 
pas  détruite  ;  Tocclusion  sera  très  rapide  et  les  chances  d'infection 
diminuées. 

P.  N. 

Notes  sur  la  clliiiqne  d'Apostoli.  (On  Apoatoli's  Clinic),  par  le 
D'  Alin  Hall.  Am,  Journ.  of  Obst,,lSiid,  décembre,  p.  1254. 

La  méthode  d'Apostoli  ne  parait  pas  avoir  un  grand  succès 
auprès  des  Anglais  et  des  Américains^  néanmoins  Sugelmann, 
Martin,  Lapthorn,  Smith,  Keith  et  Spencer  Wells  font  d'honora- 
bles exceptions,  sans  doute  parce  qu'ils  savent  se  servir  de  Télec- 
tricité,  et  observent  tous  les  détails  nécessaires  au  succès. 

•  On  ne  peut  douter  qu'Apostoli  obtient  des  efifets  remarquables  et 
«  durables,  grâce  à  l'attention  qu'il  donne  aux  détails  de  son  anti- 
•  sepsie  rigoureuse,  et  au  soin  qu'il  met  ù,  adapter  la  force  du  cou- 
«  rant  à  la  force  de  la  malade  et  aux  particularités  du  cas.  Il  semble 
«  que  l'électricité  peut  tout  faire,  on  est  enthousiasmé puis  on 


222  REVUE   ANALYTIQUE 

(  arrive  à  conclure  que  ce  n'est  pas  l'électricité  seule  qui  fait  ces 
«  merveilles,  c'est  l'électricité  appliquée  par  une  intelligence 
«  patiente  et  attentive.  Les  fibromes  diminuent,  et  parfois  dispa- 
«  raissent;  les  exsudats  pelvieivs  se  résorbent,  mais  cet  agent  ne 
«  fait  pas  grand  bien  au  prolapsus,  aux  vaisseaux  et  aux  flexions.  • 
L'auteur  cite  deux  cas  qui  n'ont  rien  de  caractéristique.  La  mé- 
thode étant  connue  en  France,  je  ne  crois  pas  devoir  entrer  dans 
les  détails  techniques.  A.  0. 

Traitement  de  la  blennorrhagie  de  la  femme  par  les  courants  con- 
tinus. (Die  Behandlung  des  friscbes  Trippers  beim  Weibe  mit 
dem  constanten  Strom),  par  L.  Prochownick.  Mûnch.  med, 
Woch.,  8  juiUet  1890,  n«  27, 467. 

L'auteur  a  soumis  quatre  femmes  aux  courants  continus  (j.  à 
120  milliampères,  séances  de  8  à  10  minutes)  pour  les  traiter  d'une 
blennorrhagie  aiguë,  principalement  utérine  et  il  a  constaté 
d'excellents  effets  qu'explique  bien  l'action  microbicide  des  cou- 
rants continus.  A.  Bkoca. 

Le  massage  en  gynécologie.  (Manual  Treatment  in  Gynecology), 
par  le  Dr  H.  J.  Boldt.  A7n,  J.  ofObst,,  juin  1889,  p.  579. 

Boldt  commence  par  citer  les  auteurs  qui  ont  traiti^  cette  ques- 
tion. Profanter  et  Schultze,  Resch,  Seiffert,  Schauta,  Van  Preue-^ 
chen^  Theilhaber,  Lindblorn,  etc. 

Les  indications  sont  :  La  péri-  et  la  paramétrite  chronique  et 
subaiguê.  Toute  inflammation  non  aiguë  de  l'utérus.  L'oophorite 
chronique  et  subaiguë.  La  salpingite  catarrhale. 

Tous  les  déplacements  utérins,  avec  ou  sans  adhérences.  La 
rectocéle  et  la  cystocéle. 

Les  hémorrhagies  utérines  ne  dépendant  pas  des  néoplasmes  ou 
de  la  grossesse. 

L'incontinence  de  Turine  due  à  un  relâchement  du  sphincter 
vésical. 

L'hématocéle.  Le  rein  flottant.  Le  prolapsus  du  rectuuL 

Contre-indications  :  Tout  processus  inflammatoire,  sauf  ceux 
qui  peuvent  survenir  pendant  le  traitement. 

La  dilatation  des  trompes,  sauf,  d'après  Brandt  et  Nissen,  celle 
qui  coïncide  avec  une  assez  grande  largeur  de  l'orifice  tubo- 
utérin. 


THÉRAPEUTIQUE   GYNÉCOLOGIQOE  223 

Tout  état  faisant  soupçonner  la  suppuration. 

A.  Cordes. 

Arendt,  traitement  des  maladies  des  femmes  par  le  massage.  (Die 
Behandlung  der  Frauenkrankenheiten  nach  Thure-Brandt).£er2. 
klin.  Woch.,  1890,  n»»  1,  2,  et  3.  p.  11,  31  et  57  ;  discussion,  p.  36. 

Long  mémoire  destiné  à  l'exposé  minutieux  de  la  méthode 
qu'Arendt  a  été  apprendre  près  de  Ïhure-Brandt  lui-môme. 

A.  B. 

Da  massage  contre  les  rétroflexions  fixes.  (Zur  Massage  bel  ûxirten 
Retroflexionen).  S.  Stocker.  Cent,  f,  Gyn,,  1892,  n»  2,  p.  25. 

Les  indications  sont  à  peu  prés  les  mêmes  que  celles  posées  par 
Schultze  (1).  L'auteur,  d'ailleurs,  combine  aussi  le  massage  avec 
l'emploi  des  pessaires.  Un  point  spécial  de  sa  pratique,  c'est  qu'il 
opère,  systématiquement,  le  redressement  de  Tutérus  rétro-dévié,  à 
l'aide  d'une  longue  pince  (modèle  de  Frankenaûser),  entourée 
d'ouate  à  son  extrémité,  celle-ci  étant  imbibée  de  glycérine  phé- 
niquée  à  5  0/0.  Ce  procédé  a  plusieurs  avantages  :  le  revêtement 
d'ouate  prévient  les  lésions  traumatiques  de  la  muqueuse  utérine^ 
la  glycérine  phéniquée  désinfecte  le  canal  cervical  et  tue  les  germes 
qui,  éventuellement,  se  déposent  sur  l'instrument.  Quant  au  mas- 
sage, il  est  pratiqué  sur  la  sonde. 

R.  L. 

De  l'abaissement  artificiel  de  l'atérus.  (ArtlÛcial  prolapse  of  the 
utérus,  its  dangers)  par  H.  Coe.  Med.  liée,  New- York,  9  août  1890, 
t.  XXXVm,  p.  141. 

Le  gynécologiste  a  recours  à  l'abaissement  artificiel  de  l'utérus 
dans  deux  cas  : 

1«  Pour  permettre  de  faire  un  diagnostic  ; 

29  Pour  rendre  le  champ  opératoire  plus  facilement  accessible 
au  cours  d'une  intervention  chirurgicale. 

Cinq  observations  où  ces  manœuvres  ont  été  suivies  d'accidents 
inflammatoires,  montrent  qu'il  ne  faut  pas  en  abuser,  surtout 
lorsqu'il  s'agit  simplement  de  faire  un  diagnostic. 

II.  M. 

Le  traitement  lecal  des  femmes  non  mariées.  (Remarks  of  the 


(1)  Ann,  de  gyn,  et  (VohH^  févriei'  1892,  p.  110. 


•    •   •••  •• 


224  REVUE  ANALYTIQUE 

local  treatment  of  the  unmaried),  par  Gehrung.  H.  D.,  de  Si* 
Louis.  Am.  J.  ofObst.,  1889,  p.  927. 

Le  traitement  doit  être  le  môme  *que  chez  la  femme  mariée,  les 
maladies  des  filles  étant,  à  peu  de  chose  prés,  les  mômes  que  celles 
de  la  femme  mariée. 

L'auteur  a  remarqué  que  la  malade  et  son  entourage  sont  recon- 
naissants au  médecin  qui  propose  l'examen  et  le  traitement 
locaux.  (Gehrung  étant  connu  comme  spécialiste,  on  ne  lui  amène 
sans  doute  que  les  ûlles  décidées  à  subir  l'examen.) 

Le  spéculum  est  d'un  petit  volume.  Son  embouchure^  lorsqu'il 
est  ouvert,  a  7  centim.  de  circonférence.  Gehrung  applique  les  pes- 
saires,  lorsque  cela  est  nécessaire,  et  leur  introduction  n'est  pas 
fort  difficile.  A.  C. 

Résultats  obtenus  dernièrement  par  rélectricité  en  gynécologie. 

(My  récent  expérience  with  electricity  in  Gynecology),  par  P.  F. 
MuNDK,  de  New-York.  Am.  /.  of  Obst,y  1890,  juin,  p.  fiGl. 

L'auteur  emploie  l'électrisation  depuis  15  ans  au  moins,  et  s^en 
sert  de  plus  en  plus  ;  il  a  déjà  publié,  en  1885  sur  ce  sujet,  dans 
VAîner.  Joutm.  of  ObsL,  t.  XVIII,  p.  1263,  un  mémoire  très  connu. 
  cette  époque,  il  n'avait  pas  vu  la  clinique  d'Apostoli,  qu^il  a 
visitée  en  1886. 

Dans  le  même  journal  (t.  XIX,  p.  1^20),  Munde  a  raconté  cette 
visite.  Tout  en  considérant  Àpostoli  comme  parfaitement  sincère, 
il  le  regardait  comme  fort  enthousiaste. 

Pour  Munde,  la  faradisation  est  utile  :  dans  les  cas  d'utérus  et 
d'ovaires  incomplètement  développés,  l'aménorrhée,  la  subinvo- 
lution  utérine  et  la  ménorrhagie,  et  dans  les  fibromes  sous-mu- 
queux  de  l'utérus. 

La  galvanisation  réussit  dans  :  l'hyperplasie  utérine,  l'oophorite 
chronique  et  la  pachysalpingite,  la  pelvi-cellulite  et  la  péritonite 
pelvienne,  la  névralgie  pelvienne  locale  et  réflexe,  la  dysménorrhée 
névralgique  par  obstruction,  et  les  fibromes  utérins. 

L'auteur  cite  8  cas. 

Le  cas  I  est  un  fibrome  interstitiel,  dans  lequel  l'aiguille  galva- 
nique a  nécrosé  les  tissus;  Munde  fut  obligé  de  faire  un  nettoyage 
avec  la  curette.  Un  an  après  la  tumeur  avait  disparu. 

Cas  II.  Ménorrhagie  ;  insuccès  de  tous  les  traitements,  succès 
de  la  galvano-ponction. 


THÉRAPEUTIQUE  GYNÉCOLOGIQUE  225 

Ca«  III.  Myôme.  Ponction  galvanique.  Au  bout  de  8  mois  la 
tumeur  avait  disparu.  La  malade  n'est  restée  que  2  mois  à  Thô- 
pital. 

Cas  IV.  Fibrome.  250  millîampères  ;  traitement  suspendu.  Malgré 
cette  interruption  la  tumeur  avait  disparu  8  mois  plus  tard. 

Cas  V.  Périoophorite;  grossesse,  a vortement provoqué.  Galvano- 
ponction,  250  milliampères.  Le  traitement,  fatiguant  la  malade, 
dut  être  interrompu  et  n'eut  aucun  effet  utile  sur  la  maladie. 

Cas  VI.  Effet  nul  après  2  mois  de  traitement. 

Cas  VIL  Fibrome  pédicule.  Galvano-ponction  vaginale,  250  mil- 
liampères. Pas  de  diminution  de  volume  de  la  tumeur. 

Cas  VIII.  Tumeur  pelvienne  molle,  ménorrhagie.  Ce  symptôme 
a  été  amendé  par  le  traitement,  la  tumeur  n'a  pas  diminué. 

L'auteur  fait  quand  il  le  peut,  les  ponctions  par  le  vagin,  préa- 
lablement arrosé  de  sublimé  à  1/5000.  A.  C. 

Limites  de  la  thérapeuUqne  intra-utérine.  (What  are  the  rational 
Limitations  of  intra-uterine  therapeutica),  par  Andrew  F.  Currier, 
in  ihe NetC'York  med.  and  Surg,  Journal^  15  février  1890,  t.  LI 
p.  177.  * 

Les  affections  utérines  peuvent  être  rangées  sous  quatre  groupes 
relativement  à  la  thérapeutique  à  leur  opposer  :  affections  justi- 
ciables d'applications  locales  ou  de  courants  électriques;  affections 
justiciables  de  la  curette  ;  affections  justiciables  d'opérations  plas- 
tiques ;  affections  justiciables  d'une  extirpation  étendue. 

P.N. 

Un  cas  de  mort,  causée  par  rintrodaction  d'un  dUatateur  utérin, 
avec  remarques  sur  l'emploi  de  cet  instrument.  (A  death  caused  by 
a  utérine  dilator,  with  some  remarks  as  to  the  proper  method  of 
using  the  dUator),  par  H.  A.  Kelly,  de  Baltimore.  Am,  J.  of 
Obêù,,  janvier  1891,  p.  42. 

Un  confrère  emprunta  à  Kelly  deux  dilatateurs  utérins,  puis 
quelques  jours  après,  l'appela  pour  voir  la  malade  qu'il  avait 
opérée.  Kelly  enleva  du  col  un  fragment  d'épongé  puante  ;  au-des- 
sus de  l'orifice  externe,  il  trouva  une  perforation  de  la  paroi  uté- 
rine  postérieure  longue  de  2  centimètres,  qui  conduisait  dans  le 
péntome,  et  faite  par  Imstniment. 

L'utéru8  était  antéfléchi.  Le  mnfri^n^  ^^  ^^^      i-^  i  i     ^ 

•  ^^  coinrere  ne  consentit  il  la  hipuro- 

ÂKx.  dS  anr.  —  tol«  xxzm. 


226  REVUE  ANALYTIQUE 

tomie  que  cinq  jours  plus  tard.  A  ce  moment,  Kelly  trouva  dans 
l'abdomen  un  litre  de  sérum  sanguinolent  fétide,  contenant  des 
flocons  de  l3rmphe.  L'opérée  succomba  au  bout  de  4  heures. 

Kelly  conclut  qu'il  faut  rejeter  les  dilatateurs  dont  l'extrémité 
est  aiguë,  et  ne  se  servir  que,  de  ceux  qui  ont  un  ressort  destiné  à 
rapprocher  les  branches,  lorsque  Topérateur  cesse  la  pression  sur 
les  manches.  Il  faut,  dit-il,  dilater  successivement  dans  diverses 
directions,  en  déplaçant  chaque  fois  l'Instrument  de  quelques 
degrés  d'arc.  A.  Cordes. 

Des  applicaiions  du  dermatol  dans  la  pratique  gynècologiqae.  (Die 

Verwendbarkeit  des  Dermatols  in  der  GynAkologischen  Praxis), 
R.  AscH.  Cent.  /*.  Gyn.,  1892,  n»  1,  p.  6. 

Le  dermatol  est  un  médicament  sui  generis,  doué  de  propriétés 
tout  à  fait  spéciales,  différentes  de  celles  de  l'iodoforme.  Sa  place 
n'est  pas  celle  de  l'iodoforme,  mais  à  côté,  et  son  champ  d'appli- 
cation est  étendu.  Il  ne  parait  pas  posséder  un  pouvoir  antisepti- 
que considérable,  mais,  à  cause  de  ses  propriétés  siccatives  remar- 
quables, il  peut  indirectement  favoriser  la  guérison  aseptique  des 
plaies.  Car,  il  empêche  le  développement  des  germes  arrivés  acci- 
dentellement sur  les  parties  lésées,  en  soustrayant  ou  modlQant  les 
milieux,  les  éléments  favorables  à  ce  développement.  Il  accélère 
en  outre  la  guérison  des  plaies  au-dessous  de  l'eschare  sèche.  D'au- 
tre part,  il  irrite  au  minimum  les  régions  avoisinantes,  et  mèm^", 
guérit  rapidement  les  eczémas  produits  par  d'autres  substances 
médicamenteuses  (sublimé,  iodoforme).  Il  est,  de  plus,  dépourvu 
de  toute  action  toxique,  peut  subir,  sans  altération  aucune,  les 
procédés  de  stérilisation,  et  n'a  pas,  comme  l'iodoforme,  une  odeur 
fâcheuse.  U  convient  admirablement  pour  maintenir  l'asepticité  de 
certaines  plaies,  dans  des  cas  où  ce  but  serait  difûcilement  réalisa- 
ble  par  les  pansements  ordinaires  (déchirures  périnéales  récentes, 
suturées,  etc.).  Contrairement  àGlaeser  qui  pense  que  l'emploi  du 
dermatol  dans  la  laparotomie  permet  d'enlever  plus  tôt  les  sutures 
de  la  plaie  abdominale,  l'auteur  estime  qu'il  permet  de  les  laisser 
plus  longtemps,  par  la  raison  qu'on  a  moins  à  craindre  une  infec- 
tion secondaire  par  des  fils  absolument  socs.  Asch  a  obtenu  de 
bons  résultats  du  tamponnement  du  vagin  avec  de  la  gaze  au 
dermatol  dans  les  cas  de  catarrhes  du  va^nn.  Il  a  vu  également, 
sous  le  pansement  au  dermatol,  un  ulcère  «jui  intéressait  la  por- 


THÉRAPEUTIQUE  GTNÉGOLOGIQUE         227 

9 

tion  vaginale  et  les  culs-de-sac  vaginaux  cicatriser  rapidement. 
L'intertrigo  cède  parfois  avec  une  rapidité  surprenante  aux  appli- 
cations de  poudre  de  dermatol,  après  une  seule  ou  deux  applica- 
tions en  certains  cas.  R.  L. 

La  dermatol  (1)  ne  remplace  pas  riodcforme.  (Dermatol,  kein 
Jîrsatz  fur  lodoform),  E.  Glaeser,  Cent,  [f.  Gyn.,  1891,  n^  40, 
p.  801. 

Le  dermatol  ne  peut  être  substitué  complètement  à  Tiodo forme, 
loin  de  là  !  L'observation  démontre  que  l'iodoforme  est  bien  supé- 
pour  le  pansement  des  plaies  putrides,  en  voie  de  suppuration, 
tandis  que  le  dermatol  est  indiqué  dans  les  cas  de  plaies  asepti- 
ques, propres,  par  instruments  tranchants  et  en  processus  de  gra- 
nulation. L'action  des  deux  substances  est  tout  à  fait  différente. 
L'iodoforme  active  plutôt  la  sécrétion,  le  dermatol  la  supprime. 
Il  importe  donc  de  bien  déterminer  d'avance  le  but  à.  attein  • 
dre,  si  Ton  veut  faire  un  emploi  judicieux  de  ces  deux  substances. 

R.  L. 

De  Thydrastinine  (2)  contre  les  hémorrhagies  utérines.  (Hydrasti- 
nin  bei  Gebarmutterblutungen).  A.  Czkmpin.  Cent.  f.  Gyn.y  1891, 
n«  45,  p.  905. 

L'auteur  a,  dans  l'espace  de  9  mois,  employé  cette  substance 
dans  53  cas.  5  de  ces  cas  ne  peuvent  servir  à  juger  le  médicament. 
Des  47  autres,  12  se  rapportaient  à  de  Vendométrite  secondaire  ; 
c'est-à-dire  à  une  hémorrhagie  utérine  sous  la  dépendance  d'une 
phlegmasie  plus  ou  moins  aiguë  des  annexes  de  l'utérus.  5  fois, 
le  résultat  observé  fut  très  bon,  c'est-à-dire  que  les  hémorrha- 
gies, jusque-là  abondantes,  cessèrent  sous  l'influence  du  médica- 
ment, au  bout  de  24-36  heures.  3  fois,  résultat  assez  bon  seule' 
ment,  c'est-à-dire  que  Thémorrhagie  diminua  un  moment  sous 
rinfluence  du  médicament,  mais  se  reproduisit,  quoique  en  petite 
abondance,  ou  bien,  qu'elle  ne  cessa  que  peu  à  pou,  seulement  après 
4-5  jours.  2  fois,  l'action  fui  très  bonne  contre  une  première  hé- 


(1)  Cette  substance  qui,  au  point  de  vue  chimique,  est  un  gallate  de 
bismuth,  a  été  préconisée  par  Heinz  (de  Brefilau). 

(2)  Obtenue   par  oxydation  de  l'hydrastine,  prinei{>e  actif  de  Vhydnutis 
eanad^jiff. 


2*28  REVUE  ANALYTIQUE 

morrhagie  survenue  dans  l'évolution  ultérieure  de  la  maladie. 
2  fois,  résultat  négatif. 

20  fois,  il  s'agissait  à'endométrite  chronique,  allant  jusqu'à 
Tendométrite  hémorrhagique.  13  fois,  résultat  très  bon  ;  6  fois, 
assez  bon  ;  1  fois,  complètement  négatif.  Dans  4  cas,  il  s'agissait 
de  myômes,  et,  là,  le  résultat  fut  complètement  négatif.  11  fois 
Fauteur  eut  affaire  à  des  états  congestifs  de  l'utérus  ;  il  s'agissait 
2  fois  d'une  première  menstruation  post-partum  excessive,  résultat 
très  bon.  2  fois  on  eut  affaire  à  une  première  menstruation  excès- 
sive  après  avortement,  le  résultat  fut  mauvais.  Par  contre,  Ter- 
gotine  fut  employée  avec  succès.  Dans  7  cas,  il  s'agissait  d'états 
congestifs  divers  :  hémorrhagies  chez  des  vierges,  hémorrhagies 
après  une  longue  aménorrhée  à  la  suite  de  maladies  consomp- 
tives,  etc.  3  fois  résultat  très  bon,  2  fois  complètement  négatif.  Au 
total,  sur  47  malades,  26  résultats  très  bons»  9  médiocres,  11  négatifs. 

Conclusions,  —  En  aucun  cas,  on  n'a  constaté  un  effet  fâcheux 
de  l'usage  du  médicament.  Il  agit  —  d'après  les  recherches  de 
Falli  —  par  ses  propriétés  vaso-constrictives,  et,  particulière- 
ment, sur  les  petits  vaisseaux  de  la  muqueuse.  Aussi,  Thydrasti- 
nine  ne  peut-elle  entrer  en  concurrence,  dans  tous  les  cas,  avec 
l'ergot  ou  l'ergoti ne.  Elle  doit  être  rejetée  quand  il  y  a  indication  à 
agir  sur  la  musculature,  de  l'utérus,  par  conséquent,  dans  les  cas 
de  subinvolution  puerpérale  ou  dans  ceux  d'hémorrhagies  utérines 
par  atonie  de  l'utérus  après  l'accouchement  ou  l'avortement  Par 
contre,  elle  convient  très  bien  dans  les  états  congestifs  de  la  mu- 
queuse utérine,  compliqués  de  méno  et  métrorrhagie,  liés  soit  à 
des  troubles  fonctionnels  des  ovaires  (ménopause,  hémorrhagies 
chez  des  vierges),  soit  à  des  processus  pathologiques  des  annexes. 
Également,  dans  les  cas  d'affections  catarrhales  chroniques  de  la 
muqueuse  utérine,  quand  il  y  a  tendance  marquée  à  des  mens- 
truations prof  uses  ou  à  des  hémorrhagies  atypiques. 

R.  L. 

De  l'hydrastinine  oontrs  les  hémorrhagies  ntérines.  (Hydrastinin 
bei  Gebarmutterblutungen),  E.  Falk.  Cent.  f.  Gyn.,  1891,  n»  49, 
p.  985.  —  Les  conclusions  de  l'auteur  concernant  les  indications 
et  les  effets  respectifs  de  l'hydrastinine  et  de  l'ergot  ou  de  Tergo- 
tine,  concordent  avec  celles  de  Czempin. 

R.  L. 


TRAUMATISME  ET   GROSSESSE  229 

De  remploi  du  tannin  iodof  orme  contre  les  exsudats  liquides  et  du 
tannin  boiiqnd  contre  les  hémorrhagies.  (Ueber  die  Anwendung  der 
lodoformtanninB  bel  ilûsdigen  Exsudation  und .  Bortannins  bei 
Blutungen).  G.  K,  Ter-Grjgoiua.ntz.  Cent,  f,  Gyn.,  1891,  n«  46, 
p.  921. 

Dans  un  cas  d'exsudat  périmétrique,  durant,  malgré  les  traite** 
ments  employés,  depuis  6  ans,  l'u^^age  du  tannin  iodoformé  sous 
forme  de  sac,  amena  en  2  mois  la  disparition  de  cet  exsudât.  Un 
an  après,  Texamen  n'en  laissa  constater  aucune  trace.  Dans  un 
autre  cas,  où  Texsudat  périmétrique  liquide,  avait  persisté,  malgré^ 
tout,  dans  le  cul-de-sac  de  Douglas,  on  obtint  également  la  résor- 
ption après  2  mois  du  même  traitement.  Les  exsudats  péri-ovariques 
sont  également  résorbés  rapidement.  Les  tuméfactions  de  lovaire, 
jusqu'à  2  et  3  fois  le  volume  deTorgane,  qui  sont  à  Toccasion  de  la 
menstruation  le  point  de  départ  de  douleurs,  diminuent  aussi  par 
l'emploi  dô  ces  sacsd'iodoforme.  La  menstruation  s'effectue  ensuite 
sans  déterminer  de  souffrances.  L'auteur  emploie  aussi  ces  sachets 
médicamenteux  contre  les  exsudats  récents,  sans  recourir  simul- 
tanément aux  injections  chaudes.  Dans  2  cas  de  phlébites  utérines, 
un  de  ces  sachets  fut  appliqué  dans  les  2  culs-de-sac  vaginaux. 
Les  deux  malades  guérirent  ;  Tune,  chez  laquelle  l'affection  était 
très  intense,  au  bout  de  25  jours,  l'autre  au  bout  de  15.  Le  tannin 
iodoformé  n'a  aucune  efficacité  contre  les  salpingites  anciennes. 

Dans  les  cas  d'hémorrhagiea,  l'auteur  a  appliqué  des  sachets  de 
tannin  buriqué  sur  la  portion  vaginale,  et  11  en  a  obtenu  des 
résultats  excellents  alors  que  d'autres  moyens  avaient  échoué. 

/  H.  L. 

IL   —  TRAUMATISME    ET  GROSSESSE 

Cancer  dn  ool,  grossesse  de  trois  à  quatre  mois  ;  insertion  viciense, 
bystérectomie  vaginale  ;  guérison.  (A  case  of  cancer  of  the  car vix  uteri, 
with  coexisting  pregnancy  of  three  and  an  half  to  four  months  ; 
placenta  praevia,  vaginal  hysterectomy  ;  recovery),  par  Mary  A. 
Smith,  de  Boston.  Am.  J.  of  Obst.,  1890,  septembre,  p.  941. 

Malade  de  39  ans,  ayant  3  enfants,  le  dernier  dgé  de  18  mois. 
Dès  octobre  1889,  elle  s'aperçoit  que  ses  règles  sont  fort  abondan- 
tes,  qu'elle  perd  dans  l'intervalle,  puis  que  l'écoulement  est  pres- 
que incessant. 


230  REVUE   ANALYTIQUE 

Le  diap^nostlc  de  la  grossesse  ne  fut  pas  posé  positivement  avant 
Topération. 
Précautions  antiseptiques.  Opération  le  6  février  1890, 
La  température  n'a  jamais  dépassé  «S8%9.  L*auteur  remarque, 
que  si  Ton  avait  attendu  quelques  semaines  rhystérectomie  vagi  • 
naîe  n'aurait  plus  été  possible^  A.  C. 

Plaie  par  arme  à  feu  d'un  ntAras  gravide  ;  laparoHmie.  Chièrison. 

(Gunshot  wound  of  the  pregnant  utérus  ;  opération.  Recovery). 
Ghaulks  Bradley.  North  American  practitioner.  Chicago,  dé- 
cembre 181K),  t.  II,  p.  568. 

Une  jeune  femme  de  20  ans,  enceinte  de  6  mois,  se  tire  un  coup 
de  revolver  à  4  pouces  à  droite  de  Tombilic.  Choc  modéré.  Moins 
do  1^  heures  après  Taccident,  laparotomie  médiane.  L'abdomen 
contient  du  sang  et  des  débris  de  vêtements.  On  trouve  une  per- 
foration unique  siégeant  sur  le  fond  de  Tutérus  en  avant  de  Tin- 
sertiôu  de  la  corne  droite.  Pas  de  trou  de  sortie  ;  pas  de  blessure 
de  rintestin.  La  plaie  utérine  est  fermée  par  3  points  de  Lembert  : 
drainage  du  péritoine.  Le  lendemain,  expulsion  d*un  fœtus  de 
G.  mois  traversé  de  part  en  part. 

La  balle  n'a  pas  été  retrouvée;  la  mère  a  guéri.         P.  N*. 

Trois  opérations  césariennes,  parD.  O.  Ott.  Vralch,  1891,  n<*  8, 
p.  221,  et  n»  9.  p.  245. 

Dans  le  premier  cas  Topération  césarienne  est  pratiquée  pour 
un  iibro-myôme  énorme  occupant  presque  tout  le  petit  bassin  et 
empécliaut  la  sortie  de  Tenfant.  Castration,  le  fibro-myôme  étant 
inopérable.  Le  tamponnement  de  Futérus  par  l'iodoforme  n'a  paa 
prévenu  l'hémorrhagie  consécutive  ;  l'auteur  conseille,  dans  des 
cas  analogues,  de  faire  la  ligature  en  bloc  de  toutes  les  parties  de 
Tutérus  dont  les  vaisseaux  donnent;  7  mois  après  l'opération,  \^ 
Iibro-myôme  n'a  que  peu  diminué  le  volume.  Dans  le  2«  cas,  il 
sugit  d'un  bassin  rachitî<{ue  très  rétréci.  Les  suites  opératoires 
furent  normales.  L'enfant  à  terme  se  développe  bien.  Chez  la 
dernière  femnip,  avec  un  bassin  atropliique  justo-minor,  l'opéra- 
tion de  Porro  fut  exécutée  pendant  Téclampsie.  Mort  CO  heures 
après  d'urémi«\  A  l'autopsie  on  constate  une  néphrite  paren* 
eliymateuse  aiguë.  L*enfant  est  bien  portant. 

Cancer  de  1  atéms  ches  une  femme  enceinte.  (Cancer  of  the  cervix 


rnAUMATISME   ET  GROSSESSE  231 

uterî  wîth  coexisting  pregnancy  ;  vaginal  hysterectomy;  recovei7), 
par  Taylor.  Médical  Record,  28  février  1891,  p.  259. 

Madame  L.  O'y,  41  ans,  réglée  à  14  ans»  mariée  à  24  ans,  a  eu 
six  enfants  et  deux  fausses  couches.  Elle  est  un  peu  p&le  et  a 
quelques  douleurs  dans  le  bassin,  mais  l'état  général  parait  bon. 
On  trouve  l'utérus  volumineux  :  le  fond  se  fait  sentir  au-dessus 
du  pubis;  le  col  est  extrêmement  dur  et  la  palpation  bimanuelle 
montre  que  Tutérus  en  entier  forme  un  tout  inflexible.  Au  spécu- 
lum on  voit  que  le  col  est  allongé,  présente  des  nodosités  et  une 
coloration  rouge  vif;  Tensemble  a  les  caractères  d'une  tumeur 
maligne.  La  femme  ne  se  considérait  pas  comme  étant  enceinte; 
aucune  modification  du  côté  des  seins,  le  volume  de  l'utérus  peut 
(Hre  dû  à  la  tumeur  ;  les  règles  font  défaut.  On  lui  explique  qu'il 
est  possible  qu'elle  soit  enceinte^  mais  que  dans  ce  cas  la  marche 
naturelle  de  la  grossesse  entraînera  la  mort. 

Le  4  juin  1890,  on  pratique  Thystérectomie.  En  isolant  l'utérus 
en  avant,  on  lit  une  déchirure  de  la  paroi  vésicale.  Par  l'incision 
faite  en  arrière  du  col,  on  introduisit  une  éponge  pour  maintenir 
les  intestins  dans  la^  cavité  abdominale.  Le  ligament  large  était 
très  élevé  et  le  doigt  ne  put  reteni/  son  bord  supérieur;  mais  le 
doigt  fut  introduit  à  travers  le  ligament  large  du  côté  gauche  et 
fwec  des  ciseaux  on  Ut  une  ouverture  en  avant  à  travers  le  péri- 
toine au  niveau  de  la  pointe  du  doigt  servant  de  guide  et  on  com- 
pléta la  séparation  do  l'utérus  et  de  la  vessie.  On  lia  alors  le  liga- 
ment large.  On  libéra  le  côté  droit  de  Tutérus  comme  on  l'avait 
fait  pour  le  côté  gauche.  L'utérus  put  alors  être  enlevé  ainsi  que 
l'ovaire  et  la  trompe  du  côté  gauche,  tandis  que  les  annexes  du 
côté  droit  avaient  été  laissées  en  place  et  liées  en  même  temps 
que  le  ligament  large  du  même  côté.  Il  y  eut  une  hémorrhagie 
assez  intense  qu'on  arrêta  du  reste  par  des  pinces  qu'on  laissa 
ensuite  en  place. 

L'opération  dura  une  heure  un  quart.  La  malade  supporta 
assez  bien  l'opération.  Pendant  20  heures  les  urines  furent  san- 
glantes. La  dernière  pince  fut  enlevée  60  heures  après  l'opération. 
La  malade  put  quitter  l'hôpital  au  bout  de  20  jours.  Elle  se  porte 
très  bien  actuellement. 

L'examen  de  la  pièce  enlevée  montra  bien  que,  comme  on  l'avait 
pensée  il  s'agissait  d'un  carcinome  de  l'utérus.  L'utérus  contenait 
en  outre  un  fœtus  d'environ  2  mois. 


232  REVUE  ANALYTIQUE 

De  la  conduite  à  tenir  dans  la  grossesse  et  racconchement  com- 
pliqués de  flbro-myômes  du  petit  bassin.  V.  V.  Soutouguine. 
Vratch,  n«  1, 1891. 

L'auteur  est  partisan  de  la  plus  large  application  de  la  myômo- 
tomie  vaginale,  rénucléation  des  tumeurs  libromyomateuses  étant 
plus  souvent  praticable  qu*on  ne  le  croit  généralement. 

Dans  le  cours  de  la  grossesse  on  n'interviendra  qu'en  cas  d'in* 
dications  urgentes  ;  mieux  vaut  éloigner  la  tumeur  au  terme  de  la 
grossesse  et  cela  avant  d'avoir  essayé  le  forceps  ou  la  version. 

Obs.  —  Fibro-myôme  du  col  dé  l'utérus,  avortement  spontané, 
énucléation  de  la  tumeur,  guérison.  M.  W. 

Cancer  du  col  utérin.  Grossesse  concomitante.  Hystérectomie  T«gi- 
nale.  Guérison.  (Cancer  of  the  cervix  uteri  with  coexisting  pre- 
gnancy;  vaginal  hysterectomy  ;  recovery),  par  Wallace  Tatlob, 
Med.  Record,  N.-Y,  28  février  1891,  p.  259. 

Femme  de  42  ans,  n'ayant  pas  eu  ses  régies  depuis  deux  mois. 
Le  col  avait  tous  les  caractères  de  Tépithélioma,  le  corps  aug- 
megté  de  volume,  était  dur  comme  du  bois<  L'hystérectomie  fut 
faite  sans  autre  incident  qu'une  hémorrhagie  au  niveau  du  liga- 
ment large  gauche  mal  lié.  Guérison  sans  incidents. 

Cette  pratique,  au  début  d'une  grossesse,  semble  actuellement 
la  plus  rationnelle.  Attendre  le  terme  expose  â  l'avortement  ou 
tout  au  moins  à  l'opération  césarienne  avec  mort  certaine  de  la 
mère,  au  bout  d'un  court  délai,  même  dans  l'hypothèse  la  plus 
favorable.  H.  H. 


Cancer  de  l'utèms  compliqué  de  grossesse  de  3  mois  et  demi  A 
4  mois.  Hystérectomie  vaginale.  Guérison.  (A  case  6t  cancer  of  the 
cervix  uteri  with  coexisting  pregnancy  of  three  and  one  half  to  four 
months;  placenta  prœvia;  vaginal  hysterectomy;  recovery),  par 
Mary  Axmiha  Smith.  Ame?'.  J,  of  obstetr.,  N.-Y.,  septembre 
1890,  p.  941. 

A  propos  de  son  observation  personnelle,  l'auteur  réunit  11  cas 
d'hystérectomie  vaginale  pour  cancer  compliqué  de  grossesse: 
Spencer  Wells,  Galabin,  Berthod  (rhyatérectomie  fut  faite  24  jours 
après  l'accouchement  prématuré  à  6  mois),  Greig,  Smith,  Korn, 
Theim-Cottlus,  L.  Landau,   Hofmeier,  Brennecke,  Kaltenbach. 


TRAUMATISME  ET  GROSSESSE  233 

Dans  too6  les  cas  Thystérectomie  fut  suivie  de  guérison,  aussi 
peut-on  se  dire  aujourd'hui  pleinement  autorisé  à  rejeter  les  opé* 
rations  palliatives^  telles  que  l'excision  du  col  qui  expose  à  Tavor- 
tement  et  à  tous  les  dangers  de  Tinfection  de  surfaces  récemment 
avivées.  H.  H. 

Kyste  de  Tovaire  et  grossesse.  (An  ovarian  cyst,  complicating 
pregnancy;  obstructing  labor  and  becoming  gangrenons  in  the 
puerpéral  state).  Barton  Cooke  Hirst.  Médical  News  Philadel- 
phia,  12  juillet  1890,  t.  LVII,  p.  37. 

Femme  porteur  depuis  plusieurs  années  d'une  tumeur  abdomi- 
nale :  à  un  certain  moment  apparaissent  tous  les  signes  rationnels 

d'une  grossesse  qui  ne  s'affirme  qu'au  7«  mois. 
A  8  mois  1/2  Tauteur  pratique  à  travers  la  paroi  vaginale  une 

ponction  qui  donne  issue  à  un  liquida  foncé  et  grumeleux,  et  qui 

permet  de  faire  la  version. 

Mais  des  phénomènes  d^infection  surviennent  et  nécessitent  une 

laparotomie  d'urgence.  On  trouva  un  gros  kyste  à  parois  noirâtres, 

adhérant  à  l'utérus  et  plein  d'un  pus  fétide.  L'ablation  étant  im- 

possible,  la  poche  fut  suturée  â.  la  paroi  et  la  malade  guérit. 

P.  N. 

Des  corps  fibreux  compliqués  de  grossesse.  S.  Pozzi.  Gazette  mé- 
dicale de  Paris,  24  mai  18î)0,  t.  VIT,  p.  241. 

La  grossesse  donne  souvent  une  impulsion  très  vive  au  déve- 
loppement des  fibromes  et  cette  hypertrophie  peut  déterminer  des 
accidents  qui  réclament  une  intervention.  Les  corps  fibreux  sous- 
péritonéaux  du  fond  de  l'utérus,  pédicules  ou  sessiles,  gênent  rare- 
ment la  parturition  et  on  peut  souvent  se  dispenser  d'intervenir. 
Dans  quelques  cas  cependant  on  pourra  tenter  une  opération  par- 
tielle (mycMnotomie)  compatible  avec  la  continuation  delà  grossesse 
si  le  fibrome  est  pédicule  ou  si,  étant  sessile,  il  siège  franchement 
sur  le  milieu  du  fond  de  la  matrice.  Dans  les  corps  fibreux  inters- 
titiels à  évolution  abdominale  Tavortement  provoqué  est  une  grande 
ressource  ;  mais  si  des  raisons  particulières  militent  en  faveur  d'une 
intervention  précoco  on  aura  le  choix,  suivant  les  cas,  entre  l'ampu- 
tation supra-vaginale  et  l'opération  césarienne  toujours  plus  grave. 
L'ablation  des  polypes  et  des  corps  fibreux  du  col  peut  se  faire  sans 
gêner  en  rien  la  marche  de  la  grossesse.  P.  N. 


234  REVUE  ANALYTIQUE 

Grossesse  et  néoplasmes.  (SchwangerschAft  und  Neubildun^), 
GoRDEs.  Zeit.  f.  Geb.  w.  G.,  1890,  Bd  XX,  Hft  1,  p.  100. 

Le  but  do  co  travail  est  de  rechercher  la  meilleure  conduite  & 
suivre  dans  les  cas  de  néoplasmes  qui  se  compliquent  de  grossesse. 
Les  matériaux  qui  lui  servent  de  base  ont  été  réunis  dans  Ift 
clinique  d'A.  Martin.  Tout  d'abord,  Tauteur  met  en  relief  la  rareté 
de  cette  association,  néoplasmes  et  grossesse,  à  Taide  des  chilTres 
suivants  :  sur  un  total  de  330  laparotomies,  pratiquées  dans  le  ser* 
vice  de  Martin,  depuis  le  milieu  de  Tannée  1887  jusqu'A  la  fin 
de  1889,  —  y  compris  les  grossesses  extra-utérines  traitées  par  Tin- 
cision  abdominale  —  13  seulement  se  rapportent  à  cette  association, 
soit  une  proportion  de  4  p.  0/0. 

lo  Tumeurs  des  organes  pelviens,  —  Des  tumeurs  ovariques  et 
tubaires^  îJO  p.  0/0  étaient  situées  à  gauche,  pas  tout  à  fait  25  p.  0/0 
il  droite,  et  les  autres  étaient  bilatérales.  L'ablation  de  ces  tumeurs 
est  indiquée,  quand  certaines  complications,  par  exemple  des 
adhérences  ' étendues  avec  la  matrice,  n'y  mettent  pas  obstacle. 
La  grossesse  n*est  pas  de  ce  fait  troublée  dans  sa  marche,  et,  point 
essentiel,  l'utérus  est  garé  contre  les  complications  qui  auraient 
pu  naître  de  la  présence  de  la  tumeur  ;  réduction  doTespace  néces- 
saire il  son  «iéveloppement  physiologique,  troubles  de  nutrition 
résultant  d*une  torsion  du  pédicule.  Dejnôme,Fehling  est  partisan 
de  Tovariolomie  pendant  la  grossesse  ;  pendant  le  travail,  il  con- 
seille de  tenter  la  reposition  de  la  tumeur  ou  de  faire  la  ponction, 
la  parturiente  ayant  été  préalablement  endormie. 

2^  Tumeurs  appartenant  à  la  matrice.  Myômes.  —  Cette  asso- 
dation  de  myômes  et  de  grossesse  fut  observée  9  fois,  chiffre  rela- 
tivement élevé,  étant  donnée  la  rareté  de  la  conception  dans  le  cas 
d'utérus  myômateux.  Ce  sont  surtout  les  my(Sme8  sous-muqueux, 
et  1^8  gros  myômes  interstitiels  qui  entraînent  la  stérilité,  et  lors- 
qu'ils ne  Tout  pas  empêchée,  ils  provo<iuent  très  souvent  l'avorte- 
ment.  Aussi,  la  crainte  d'interrompre  la  grossesse  ne  doit-elle  inlluer 
d'aucune  façon  sur  le  choix  du  mode  d'intervention.  La  grossesse 
est  moins  exceptionnelle  dans  les  cas  de  my(^mea  sous-séreux. 

En  ce  qui  concerne  la  conduite  à  tenir,  on  pourrait  songer  A 
l'accouchement  prématuré.  Mais  il  comporto  des  dangers  souvent 
considérables  :  hémorrhagies,  surtout  quand  l'insertion  placen- 
taire correspond  au  siège  de  la  tumeur  (défaut  de  contraction  du 
tissu  utérin  correspondant),  jproftf.v,vM*  j)/^rrjit'/v/«.c.  Aussi,  est-il 


TRAUMATISME    ET   GROSSESSE  235 

préférable  de  recourir  à  des  procédés  moins  simples,  mais  moins 
inoertains,  aux  procédés  chirurgicaux. 

Mais  en  principe,  Veœtirpation  chirurgicale  des  myômes  n*est 
indiquée  que  lorsqu'ils  menacent  de  troubler  le  développement 
de  V utérus  ou  la  marche  de  la  grossesse. 

L'expulsion  d'un  enfant  à  te)*me  n'est  pas  empêchée  par  des 
myômes  de  petit  volume,  quand  ils  siègent  au-dessus  de  Van- 
neau de  contraction.  En  conséquence^  ce  n*est  qu'au  cas  d'in- 
dications spéciales,  qu'il  y  a  lieu  de  procéder  à  Vextirpation 
de  ces  petites  tumeurs. 

Les  myômes  sous-séreux  deviennent,  grâce  à  la  laparotomie, 
parfaitement  accessibles  au  chinirgien.  Et  l'on  est  en  droit  d'es- 
pérer que  l'opération  ne  sera  pas  suivie  d'avortement,  surtout  si 
les  tumeurs  sont  franchement  pédiculées.  L'avorteraent  est  beau- 
coup plus  à  plaindre  quand  il  s'agit  de  myômes  à  insertion  large, 
e*enfonçant  entre  les  éléments  musculaires  de  la  matrice,  et  il  peut 
se  compliquer  des  dangers  graves  signalés  plus  haut  :  hémorrha- 
gies,  phénomènes  de  putréfaction  in  utero  avec  leurs  conséquences. 
Il  importe  donc,  dans  les  cas  de  myômes  sous-séreux,  de  résoudre 
cette  question  :  faut-il  intervenir,  faut-il  attendre  ?  Quand  les 
tumeurs  sont  pédiculées,  Tintervention  est  indiquée.  Dans  le  cas 
contraire,  on  doit  attendre  aussi  longtemps  que  des  phénomènes 
de  compression  deTuténis,  des  annexes,  des  vaisseaux  ne  viennent 
pas  forcer  la  main,  à  cause  des  chances  d'avortement^  avec  les 
dangers  graves  qu'il  comporte  dans  ces  conditions  spéciales. 
S'agit-il  de  myômes  sous-muqueux  ou  interstitiels,  ceux  qui 
entraînent  le  plus  souvent  l'avortement,  les  plus  rares  heureuse- 
ment, il  ne  reste  qu'à  pratiquer  l'extirpation  simultanée  de  l'uté- 
rus et  de  la  tumeur.  Mais,  il  est  bien  entendu,  qu'ici  encore  on 
n'opère  que  si  les  douleurs  sont  telles  qu'il  est  impossible  d'atten- 
dre plus  longtemps,  qu'il  n'y  a  plus  d'espoir  de  compter  sur  les 
bénéfices  d'une  opération  césarienne  ultérieure.  Au  cas  de  douleurs 
modérées,  on  peut  attendre,  mais  il  faut  surveiller  très  attentive- 
ment l'évolution  de  la  grossesse,  pour  ne  pas  risquer  de  laisser 
passer  le  moment  «  le  plus  propice  »  pour  une  opération  césa- 
rienne. Si  l'on  en  arrive  à  cette  opération,  on  ne  fera  l'opéra- 
tion césarienne  classique  que  s'il  est  possi])le  d'erilever  la  tumeur 
en  totalité.  Cette  condition  étant  irréalisable  ou  bien  si  de  nouvelles 
grossesses  devaient  entraîner  de  grands  risques  (au  cas,  par 
exemple,  d'ostéomalacie),  on  pratiquerait  soit  l'opération  de  Porro, 


236  REVUE  ANALYTIQUE 

8oit  Textirpation  vaginale  de  Tutérus,  suivant  la  technique  de 
Martin. 

.  3^  Tumeurs  soi-disant  malignes  de  V  utérus  »  Carcinomes,  — 
Avant  tout,  il  8*agit  de  carcinomes  du  col.  Dans  queLfues  cas, plus 
compliqués,  on  se  trouve  en  présence  de  cancers  des  ovaires  ou 
des  viscères  abdominaux  propagés  A  l'utérus.  D*une  manière 
générale,  en  présence  de  semblables  tumeurs,  si  l'on  reconnaît 
qull  est  possible  d'enlever  les  tissus  carcinomateux  après  ouver- 
ture du  ventre,  il  faut  pratiquer  la  laparotomie,  sans  se  préoccu- 
per le  moins  du  monde  du  sort  de  l'œuf.  Quand  le  carcinome  est 
inopérable,  seule,  malheureusement,  l'expectatlon  est  de  mise. 
Quand  il  est  justiciable  d*une  opération^  et  que  la  grossesse  nVst 
qu'à  un  mois  environ  de  son  terme  normal,  peut-on  la  laisser  évo- 
luer jusqu'au  bout?  Le  mieux  est  de  provoquer  immédiatement 
Taccouchement,  puis  de  faire  une  opération  radicale,  seule  con- 
duite capable  de  sauver  les  deux  existences. 

Tumeurs  intra-ligamentaires. — Les  indications  sontà  peu  près 
les  mêmes  que  lorsqu'il  s'agit  de  tumeurs  des  annexes,  non  adhé- 
rentes à  l'utérus.  Il  faut  opérer  quand  il  est  facile  d'isoler  les 
tumeurs  intra-ligamentaires  de  la  matrice. 

R.  L. 

Fibro-myôme  du  corps  de  rutéras  compliqaant  une  grossena, 

D.  Bbklin.  Arch.  de  Toc,  18<K),  n«  10,  p.  700. 

C'est  à  environ  8  mois  de  grossesse  que  l'auteur  fut  appelé  à 
examiner  la  femme  qui  fait  le  sujet  de  cette  observation. 

Agée  de  42  ans,  mariée  depuis  20  ans,  restée  stérile  jusqu'alors, 
cette  personne  avait  remarqué,  2  à  3  années  auparavant,  la  pré- 
sence d'une  tumeur  abdominale,  dure,  de  la  grosseur  d'une  orange, 
qui  d'ailleurs  ne  lui  causait  aucun  mal.  Jusqu'en  janvier  1889. 
elle  avait  été  parfaitement  menstruée,  mais,  en  février  et  en  mars, 
les  règles  manquèrent,  et,  d*autro  part,  la  tumeur  prit  un  accrois- 
sement considérable.  Elle  consulta  alors  plusieurs  médecins,  et 
en  particulier  Labbé  et  Rendu,  qui  soupçonnèrent  un  début  de 
grossesse  et  mirent  sur  celle-ci  le  développement  rapide  de  la 
tumeur,  qu'ils  jugèrent  être  un  librome  utérin.  Ils  Qrent  entrevoir 
ù  leur  cliente,  qu'il  serait  peut-être  prudent  de  provoquer,  à  un 
certain  moment,  l'accouchement  prématuré  pour  prévenir  les  dan- 
gers que  le  néoplasme  pourrait  entraîner  dans  un  accouchement  à 


TRAUMATISME   ET   GROSSESSE  237 

terme.  Mais  la  femme  exprima  la  volonté  formelle  que  la  gros- 
sesse ne  fût  point  interrompue. 

6r,à  8  mois  environ,  le  Dr  Berlin  faisait  les  constatations  suivan- 
tes :  existence  de  2  tumeurs  abdominales,  situées  approximative- 
ment de  chaque  côté  de  la  ligne  médiane.  A  gauche,  tumeur  offrant 
la  consistance  d'un  utérus  gravide,  à  droite  tumeur  beaucoup  plus 
dure,  descendant  jusqu'au  voisinage  des  fausses  côtes,  i*emplissant 
Thypocbondre  droit,  et  paraissant  nettement  reliée  à  la  précédente. 
A  gauche,  tète  fœtale,  non  engagée,  foyers  des  doubles  battements 
fœtaux  au-dessous  de  l'ombilic  et  à  gauche.  Col  conique,  oriûce 
lenticulaire;  tumeur  inaccessible  par  le  vagin.  Le  12  septembre 
les  diamètres  maxima  du  néoplasme  étaient  :  en  hauteur  42  cent., 
en  largeur  33  cent.  Le  20  octobre,  début  du  travail.  Dilatation 
fort  lente.  Application  de  forceps  au  détroit  supérieur,  et,  sous 
Tinlluence  de  tractions  assez  énergiques,  engagement  de  la  tète 
dans  le  bassin,  mais  comme  la  tète  ne  tourne  pas,  le  forceps  est 
retiré,  et  l'auteur,  ayant  introduit  la  main  dans  le  vagin,  réussit, 
À  l'aide  de  pressions  sur  la  bosse  pariétale  gauche  à  tourner  Toc- 
ciput  en  avant  ;  2«  application  de  forceps,  laborieuse,  mais  qui 
amène  un  enfant  du  poids  de  3600  grammes,  en  état  d'asphyxie, 
mais  que  quelques  flagellations  suffisent  à  ranimer.  Quelques 
minutes  après,  une  hémorrhagie  assez  abondante  nécessite  l'extrac- 
tion manuelle  du  délivre.  Ergot  de  seigle,  injections  chaudes  de 
biiodure  d'hydrargyre.  Il  ne  se  produit  plus  d'hémorrhagie.  Suites 
de  couches  apyrétiques,  à  peu  près  normales.  Pourtant,  à  2  ou 
3  reprises  l'accouchée  se  plaint  de  sensations  d'étouflfement  pen- 
dant la  nuit.  La  tumeur  suit  le  mouvement  d'involution  de  Futé- 
rus,  car  ses  diamètres  sont  réduits,  le  25  octobre,  à  32  cent,  et 
29  cent. 

Malgré  révolution  très  rassurante  des  suites  de  couches  (l'auteur 
avait,  avant,  pendant  et  après  le  travail,  institué  une  antisepsie 
rigoureuse),  l'accouchée,  sans  s'être  levée,  sans  avoir  commis  la 
moindre  imprudence,  fut  prise,  brusquement,  le  31  octobre,  dans 
la  soirée,  de  suffocation  et  succomba  en  quelques  instants, proba- 
blement (pas  d'autopsie)  par  embolie  cardio-pulmonaire. 

R.  L. 

Rapporta  de  la  grossesse  masquée  avec  la  chirurgie  abdominale. 

(Conciliated  Pregnancy;  its  relations  to  abdominal  surgery),  par 


238  REVUE  ANALYTIQUE 

A.  Van  dkr  Veer,  professeur  au  collège  médical  d'Albany.  Amer, 
/.  ofObst.,  1889,  nov.,  p.  1121. 

L'auteur  rapporte  deux  cas  personnels,  et  huit  autres  cas  qu'il 
a  pu  réunir,  dans  lesquels  le  médecin  fit  la  laparotomie,  sans 
avoir  diagnostiqué  la  gestation. 

Quatre  des  opérées  moururent  peu  après  Topération,  cinq  sur- 
vécurent.. L'auteur  ne  connaît  pas  le  sort  de  la  dixième. 

Les  opérateurs  étaient  :  Van  dcr  Veer  (fibrome^  sarcome)  ; 
C,  Kellock,  R.  Barnes,  Gran ville,  Bantock  (sarcomes);  Péan, 
Fauvel,  A.  Patterson  (libro-myômes)  ;  J.  U.  Etheridge,  L.  Washif 
(fibromes  multiloculaii'es). 

L'auteur  croit  que,  dans  tous  les  cas,  les  symptômes  indiquaient 
l'opération,  et  il  s*appuie  sur  l'opinion  énoncée  par  L.  Tait  : 
t  Lorsque  la  vie  est  menacée,  ou  insupportable,  que  le?  traite- 
ci  ments  ordinaires  sont  impuissants,  le  diagnostic  exige  une 
t  incision  exploratrice,  qui  le  fixera  et  ouvrira  la  voie  au  traite - 
<  ment  >. 

Puis  Van  der  Veer  discute  les  détails  de  68  cas  de  ce  genre  et 
conclut  ainsi  : 

!•  Les  conditions  étaient  telles  que,  si  elles  se  rencontrent  dans 
d'autres  cas,  on  ne  pourra  pas  éviter  la  même  erreur. 

2©  et  3«  Avant  d'opérer,  le  chirurgien  s'entourera  de  toutes  les 
sources  de  lumières  qui  seront  à  sa  portée,  et  examinera  soigneu- 
sement la  malade. 

4o  Lorsqu'il  aura  le  moindre  soupçon  de  grossesse,  il  en  fera 
part  à  la  malade  ou  à  son  entourage. 

5*  Il  exposera  aux  intéressés  la  nécessité  de  l'intervention. 

6^  n  est  nécessaire  de  rapporter  en  détail  tous  les  cas  de  ce 
genre,  afin  d'en  éclairer  Thistoire. 

7oOn  doit  reconnaître  que  surtout  jusqu'au  5«  ou  au  G«  mois, 
la  grossesse  peut  être  niasi^uée  par  quelque  maladie  abdominale. 

A.  C. 

Tamear  fibrenae  empêchant  raoconohement  ;  opération  césarienne. 

(Laborcomplicatedby  a  ûbroid  tumor  ;  caisarean  opération).  Gmu. 
Médical  Neios,  Philadelphia,  29  mars  1890,  vol.  LVI,  p.  333, 

Primipare  de  35  ans  ;  bassin  normal  ;  présentation  de  la  tète  en 
position  gauche.  Au  bout  de  48  heures,  les  contractions  ont  cessé 
et  on  trouve  une  tumeur,  située  au  niveau  du  détroit  supérieur  et 


TRAUMATISME   ET  GROSSESSE  239 

empochant  de  sentir  le  col.  La  laparotomie  est  pratiquée ,  le  tissu 
utérin,  pâle  et  parsemé  de  grosses  veines,  est  incisé  sur  une  lon- 
gueur de  4  à  5  pouces  ;  l'enfant  est  rapidement  extrait  et  ramené 
à  la  vie.  Réunion  de  la  plaie  utérine  par  10  sutures  profondes  et 
10  sutures  superficielles  de  Lembert.  Ablation  d'une  tumeur 
fibreuse  fixée  par  un  fin  pédicule  à  la  face  postérieure  du  corps 
utérin.  La  malade  meurt  55  heures  après  d'une  péritonite,  véritiée 
à  l'autopsie. 

L'auteur  rappelle  que  sur  les  17  cas  d'opération  césarienne  réu- 
nis par  Harris,  cette  opération  a  été  pratiquée  3  fois  pour  tuniour 
fibreuse,  une  fois  pour  cancer  du  col,  une  fois  pour  tumeur  du 
sacrum.  De  ces  cinq  opérées,  2  ont  guéri.  P.  N. 

Hernie  crurale  étranglée  chez  une  femme  en  couches.  (Strangulaiod 
fémoral  hernia  after  parturition  ;  opération  ;  recovery),  par 
C.  KiDD.  Lancet,  21  juin  1890,  t.  I,  p.  1352. 

Une  femme  de  41  ans,  qui  portait  depuis  longtemps  une  hernie 
crurale  droite,  fut  prise  au  sixième  jour  de  son  accouchement  d'ac- 
cidents d'étranglement.  C.  Kidd  opéra  et  trouva,  derrière  Tépi- 
ploon,  une  petite  anse  qu'il  réduisit.  Il  termina  par  l'extirpation 
du  sac.  La  malade  guérit.  Les  cas  de  ce  genre  sont  exceptionnels  : 
C.  Kidd  n'a  pu  trouver  comme  fait  semblable  qu'une  observation 
de  hernie  ombilicale  étranglée  chez  une  femme  en  couches,  publiée 
par  Bracey  en  1882  à  la  Société  médicale  de  Midland. 

Myôme  et  grossesse,  opération  césadenne.  (Ëin  Fali  von  conserva- 
tivemKaiserschnitt),  par  Everkk.  Deutsche  med,  Woch,,  17  juil- 
let 1890,  n«  29,  p.  630. 

On  discute  encore  sur  la  meilleure  conduite  à  tenir  dans  les  cas 
e  dystocie  par  myôme  utérin.  Dans  son  observation  personnelle, 
Everke  a  fait  la  laparotomie  à  terme,la  dystocie  ayant  été  reconime 
lorsque  les  douleurs  avaient  déjà  commencé. 

L'enfant  fut  extrait  vivant  et  l'utérus  fut  suturé.  Mais  il  dovlnt 
alors  évident  que  le  myôme  était  cervical  et  ne  pouvait  être  atteint 
par  cette  voie.  Immédiatement,  il  fut  doncénucléé  par  la  voie  va;^i- 
nale. 

La  femme  a  guéri,  Penfant  a  vécu. 

Il  est  à  noter  qu'en  outre  cette  malade  souffrait  d'un  goitre  ex- 
ophthalmique.  A.  B. 


240  REVUE  ANALYTIQUE 

Orossesse  et  oTariotomie.  (A  case  of  ovariototny  complicated  by 
pregnancy),  par  H.  Richardson.  The  Boston  med,  and  surg. 
Journal^  14  novembre  1889,  vol.  CXXI,  p.  480, 

Cet  article  est  la  relation  d'une  laparotomie  où  l'auteur  croyant 
ponctionner  un  kyste  de  Tovaire,  ponctionna  un  utérus  gravide 
de  quatre  mois  environ;  il  s'écoula  une  bonne  quantité  de  sang  et 
il  fallut  fermer  cette  plaie  utérine  à  Taide  de  deux  points  de 
suture  au  catgut. 

Mais  il  existait  en  même  temps,  un  kyste,  développé  au-dessus 
de  l'ovaire  droit,  à  long  pédicule,  qui  fut  enlevé  facilement.  La 
malade  guérit  parfaitement  et  sa  grossesse  a  continué  à  évoluer 
normalement.  P.  N. 

Grossesse  et  intervention  chirurgicale.  (Pregnancy  and  ope^aUye 
surgery,  their  mutual  relations).  S.  C.  Gordon,  Boston  med,  and 
surg.  Journal,  17  octobre  1889,  vol.  CXXI,  p.  385. 

Des  ovariotomies,  des  castrations  tubo-ovariennes,  des  tracbé- 
lorraphies  ont  montré  que  Ton  pouvait  agir  impuném'^nt  sur  les 
organes  même  les  plus  voisins  d'un  utérus  gravide. 

Suit  une  observation  de  laparotomie  pratiquée  sur  une  femme 
enceinte  pour  ablation  d'un  fibrome  développé  aux  dépens  de  la 
face  antérieure  de  l'utérus.  La  malade  guérit  et  accoucha  au  neu- 
vième mois  sans  incident.  P.  N. 

Un  cas  de  tolérance  particnllère  d*nn  ntèras  gravide.  (A  case  of 
unusual  tolerancy  of  the  pregnant  utérus).  Charles  L.  Lakg. 
Med.  liée,  N.-Y.,  1889,  II,  707. 

Femme  en  traitement  depuis  3  mois  pour  un  engorgement  uté- 
rin avec  périmétrite  (applications  locales  sur  le  col,  douches 
chaudes,  etc.).  L'utérus  avait  le  volume  d'une  grossesse  de  4  mois; 
pour  le  mesurer  plus  exactement,  on  inti'oduisit  dans  sa  cavité 
une  curette,  5  mois  plus  tard  la  femme  accouchait  à  terme  d'un 
superbe  bébé. 

(Xous  avons  de  même  vu  une  grossesse  de  3  mois  continuer 
après  un  cathétérisme  de  Tutérus.)  H.  U. 


Le  Gérant:  G.  Steinheil. 


IMPBIMEBIB     LEMALE     ET    C<%     HAVRE 


ANNALES 

DE  GYNÉCOLOGIE 


Avril  1892 


TRAVAUX   ORIGINAUX 


Cliniqub  Obstétbioale  db  l'Ûnivebsitb  db  Naples. 


DE  LA  SYMPHYSÉOTOMIE 

CONFÉUENCBDU  PROFESSEUR  0.  MORISANl(l) 


Messieurs, 

Je  n'ai  pas  Tintention  de  vous  faire  aujourd'hui  l'histoire  de 
lasymphyséotomie  ni  de  vous  exposer  les  vicissitudes  de  cette 
opération  depuis  Tépoque  où  elle  fut  proposée  par  Sigault 
jusqu'à  l'heure  présente.  Je  ne  vous  donnerai  pas  non  plus  les 
statistiques  de  la  section  de  la  symphyse  :  cela  a  été  déjà 
fait  dans  d'autres  opuscules  que  j'ai  publiés.  Je  me  propose 
seulement  d'exposer  devant  vous  :  1®  le  mécanisme  de  Vaug- 
mentation  de  capacité  du  bassin  qu'on  peut  obtenir  à  la 
suite  et  par  l'effet  de  la  section  de  la  symphyse  du  pubis  ; 
2*  les  limites  de  V indication  de  cet  acte  opératoire;  3**  la  com- 
paraison de  cette  opération  avec  celles  qu'on  pourrait  lui 
substituer;  4*   les  causes  qui  ont  i^endu  jadis   la   sxjm- 


(1)  Cette  conférence  fut  faite  le  13  février  dernier  en  présence  du  D*"  Char- 
pentier, de  Paris.  Je  la  publie  afin  que,  en  ce  moment  où  la  question  de  la  sym- 
physéotomie  e<t  examinée  et  discutée  par  plusieurs  den  hommes  qui  font 
autorité  en  obstétrique,  chacun  sache  quelles  sont  sur  cette  opération  les 
opinions  de  ceux  qui  n'ont  jamaii*  cessé  de  défendre  son  emploi  avec  foi  et 
conviction. 

« 

AKar*  DE  «TX.  ^  VOL.  xxxvri.  16 


242  DE    LA.  SyMPHYSÉOTOMIE 

physéoiomie  si  grave  pour  les  femmes  et  pour  les  enfants. 

Je  fonde  mon  jugement  sur  12  opérations  de  symphyséo- 
tomie  pratiquées  par  moi  dans  cette  clinique  (I)  depuis  la  pu- 
blication de  la  dernière  statistique  présentée  au  congrès  natio- 
nal d'obstétrique  et  de  gynécologie  tenu  à  Rome  en  1886.  Je 
sais  que  quelques-uns  de  mes  collègues  ont  pratiqué  de  sem- 
blables opérations  avec  d'excellents  résultats;  je  sais  aussi 
que  quelques-uns  de  mes  aides  en  ont  fait  un  certain  nombre  en 
ville  avec  plein  succès.  Le  temps  viendra  où  toutes  ces  obser- 
vations seront  rassemblées  et  publiées.  Pour  le  moment  per- 
mettez-moi de  n'invoquer  que  mes  12  opérations  dans 
lesquelles  j'obtins  pour  12  mères  la  guérison  et  je  sauvai  les 
12  enfants  (2). 

I.  — En  1863,  dansmon  mémoire  sur  iesRctrécissemeyits du 
bassin,  je  cherchai,  en  m'appuyant  sur  quelques  expériences 
faites  sur  des  cadavres  de  femmes,  à  établir  le  mécanisme 
de  l'augmentation  des  diamètres  du  détroit  supérieur  du 
bassin  après  la  section  de  la  symphyse  et  les  limites  de  cette 
augmentation.  Je  n'ai  rien  ou  peu  de  chose  à  ajoutera  ce  que 
j'écrivis  alors;  les  observations  et  les  expériences  faites 
depuis  ont  confirmé  mes  appréciations. 

Lorsqu'on  a  incisé  le  cartilage  interpubien  chez  une 
femme  en  travail  ou  sur  un  cadavre  de  femme  morte  en  cou- 
ches,  les  deux  pubis  s'écartent  de  3  à  4  centimètres.  L'écar- 
tement  a  lieu  spontanément  avec  les  cuisses  fléchies  sur  le 
bassin  et  les  jambes  sur  les  cuisses.  Si  l'on  écarte  les  cuisses 
par  une  légère  pression  sur  leur  face  'interne,  l'écartement 
peut  aller  avec  une  grande  facilité  à  6  et  même  à  7  centi- 
mètres sans  produire  aucune  'lésion  des  symphyses  sacro- 
iliaques.  Celles-ci  sont,  à  vrai  dire,  un  peu  écartées,  les  lames 
fibreuses  superficielles  un  peu  distendues,  mais  les  tissus  qui 


(1)  Voyez  le  n«  de  janvier  des  AnnalcM  de  gynécologie. 

(2)  Un  des  enfants  fut  exlrait  par  la  version  après  un  long  travail  et  alors 
que  les  membranes  étaient  rompues  depuis  24  heures.  Il  naquit  asphyxia*  ;  il 
fut  ranimé  parles  moyens  convenables,  mais  il  mourut  nu  bout  de  12  heurei. 


MORISANI  243 

forment  rarticulation  se  conservent  parfaitement  intacts  et 
indemnes. 

Par  des  pressions  énergiques  et  lentes,  l'écartement  entr§ 
les  pubis  peut  être  encore  plus  considérable.  Giraud  est 
arrivé,  sur  des  cadavres  de  nouvelles  accouchées,  jusqu'à  81 
millimètres;  mais  alors  les  symphyses  sacro-iliaques  éprou- 
vent des  désordres  et  des  lésions  plus  ou  moins  considérables 
et  graves,  lesquels  varient  du  reste,  en  raison  du  plus  ou 
moins  de  souplesse  et  d'élasticité  des  attaches  fibreuses. 

Cela  étant  admis,  voyons  quelle  est  l'influence  de  l'écarté- 
ment  des  pubis  sur  les  diamètres  du  bassin. 

Tous  ceux  qui  se  sont  occupés  de  la  symphyséotomie  ont 
admis  que  les  pubis  divisés  se  portaient  en  avant  à  mesure 
qu'ils  s'écartaient,  et  que  c'était  ainsi  que  se  trouvait  aug- 
menté le  diamètre  antéro-postérieur.  Nous  ne  partageons 
pas  cet  avis.  Tout  d'abord,  si  nous  voulons  parler  rigoureu- 
sement, l'augmentation  de  ce  diamètre  antéro-postérieur 
n'existe  pas,  puisque  la  symphyse  où  devrait  aboutir  ce  dia- 
mètre est  elle-m^me  détruite.  Si  Ton  considère  comme 
diamètre  antéro-postérieur  la  ligne  qui  finit  sur  le  point  où  se 
trouvait  la  symphyse,  et  où  correspondent  les  parties  molles 
après  l'opération,  cette  ligne  est  augmentée  autant  que  le 
permet  la  distention  des  parties  molles  ;  mais  cette  aug- 
mentation ne  peut  pas  contribuer  seule  à  faciliter  l'accou- 
chement. 

Donc  l'accroissement  de  longueur  ne  porte  pas  sur  le  dia- 
mètre antéro-postérieur,  mais  sur  deux  lignes  qui  du  milieu 
du  promontoire  vont  aboutir  à  chacun  des  pubis  écartés. 

Ces  deux  lignes  sont  réellement  augmentées  mais  non  par 
une  projection  en  avant  des  os  disjoints.  En  effet,  la  force 
capable  de  pousser  en  avant  les  os  iliaques  devrait  être  ap- 
pliquée de  dehors  en  dedans  sur  la  moitié  postérieure  du 
bassin,  ou  bien  de  dedans  en  dehors  sur  la  moitié  antérieure  ; 
or,  il  n'existe,  que  je  sache,  aucune  force  dans  la  partie 
postérieure  du  bassin  ni  dans  la  partie  antérieure.  L'écar- 
tement  des  pubis  a  lieu  par  TefTet  de  l'élasticité  des  liga- 


24i  DE  LA   SYMPIITSÉOTOHIE 

ments  des  articulations  sacro-iliaques,  mise  en  jeu  par  Tac- 
tion  des  masses  musculaires  qui  entourent  le  bassin  et  par  la 
pression  exercée  sur  les  cuisses;  ces  forces  sont  toutes 
appliquées  latéralement  aux  os  qui  tournent  et  n'ont  par 
conséquent  aucune  influence  pour  les  pousser  en  avant. 

L'augmentation  de  longueur  des  deux  lignes  sacro-pubien- 
nes tient  donc  à  une  cause  tout  à  fait  différente*  Réfléchissez 
en  effet  que  la  ligne  tendue  entre  le  milieu  du  promontoire  et 
le  sommet  de  la  symphyse  est  une  ligne  droite,  tandis  que  les 
pubis  une  fois  divisés,  les  deux  lignes  qui  vont  du  milieu 
du  promontoire  jusqu'à  chacune  des  extrémités  des  os  sépa- 
rés sont  obliques. 

Les  deux  os  iliaques  représentent  les  deux  arcs  d'une  figure 
curviligne  qui  s'éloignent  Tun  de  l'autre  en  prenant,  lorsque 
leur  extrémité  antérieure  est  devenue  mobile,  un  point  d'ap- 
pui sur  leur  extrémité  postérieure  qui  est  la  symphyse  sacro- 
iliaque,  et  en  roulant  en  quelque  sorte  sur  un  corps  fixe  qui 
est  le  sacrum.  On  conçoit  tout  naturellement  que,  plus 
grande  sera  la  rotation  effectuée  par  les  arcs,  plus  longues 
seront  aussi  les  cordes  de  ceux-ci^  ou,  ce  qui  revient  au  même, 
les  deux  lignes  qui  du  centre  fixe  vont  aux  extrémités  mo- 
biles. 

Le  calcul  de  l'augmentation  de  longueur  a  déjà  été  fait  par 
Leroy  et  mes  expériences  confirment  à  peu  près  ce  calcul. 
Pour  chaque  centimètre  d'écartement  pubien,  on  obtient  une 
augmentation  de  presque  2  millim.  et  demi,  de  sorte  que,  avec 
6  ceutim.  de  distance  interpubienne,  les  lignes  sacro-pubien- 
nes gagneraient  13  à  15  millim.  de  longueur. 

Non  seulement  ces  lignes  s'allongent,  mais  proportion- 
nellement s'accroissent  aussi  toutes  les  autres  que  du  milieu 
du  promontoire  on  pourrait  tirer  à  chaque  point  de  la  moitié 
antérieure  du  bassin,  comme  les  branches  horizontales  du 
pubis,  les  cavités  cotyloïdes,  etc.  Cette  augmentation  n'a  pas 
été  très  étudiée  par  les  auteurs,  mais  elle  est  très  utile  À 
connaître  étant  donné  que  souvent,  sur  les  bassins  viciés, 
toute  la  portion  antérieure  du  canal  pelvien  est  étroite^  et 


MORISANI  245 

que  Tobstacle  au  passage  de  la  tête  existe  non  seulement 
entre  le  sacrum  et  les  pubis,  mais  aussi  dans  toute  la  lon- 
gueur des  branches  horizontales  et  jusqu'au  delà  des  cavités 
cotyloïdes. 

C'est  pourquoi  nous  pouvons  dire  d'une  manière  générale 
que,  par  la  section  de  la  symphyse  pubienne,  on  obtient  une 
augmentation  réelle  dans  la  capacité  de  Taire  pelvienne. 

Il  y  a  plus.  La  tête,  poussée  par  les  contractions  utérines, 
descend  dans  le  bassin  et  une  de  ses  bosses  pariétales 
(rantérieure)  s'engage  dans  le  vide  existant  entre  les  pubis 
divisés.  De  là  résulte  une  augmentation  indirecte  des  lignes 
pelviennes  antéro-postérieures,  par  diminution  relative  du 
diamètre  bipariétal  de  la  tête  fœtale.  Cette  augmenta- 
tion peut  être  évaluée  à  6  ou  8  millimètres,  ce  qui  fait  en 
somme  un  accroissement  des  lignes  antéro-postérieures  de 
20  à  22  millimètres. 

En  outre,  les  diamètres  transverse  et  obliques  sont 
aussi  très  allongés  et  cet  allongement  peut  être  évalué  au 
quart  ou  à  la  moitié  de  Técartement  des  pubis,  selon  que 
nous  nous  éloignons  ou  nous  approchons  des  extrémités  du 
diamètre  transversal. 

II.  —  De  ce  que  nous  venons  de  dire,  découle  l'exacte  ap- 
préciation des  limites  dans  lesquelles  doit  être  établie  Tindi- 
cation  de  l'opération  qui  nous  occupe. 

Réfléchissons,  en  effet,  que  l'écartement  des  pubis  ne  doit 
pas  dépasser  6  centimètres,  si  l'on  veut  conserver  l'intégrité 
des  articulations  sacro-iliaques;  avec  cet  écartement,  les 
lignes  sacro-pubiennes  gagnent  13  à  15  millimètres  :  l'enga- 
gement de  la  bosse  pariétale  antérieure  nous  fournit  une  ré- 
duction qui  ne  dépasse  pas  plus  de  6  à  8  millimètres,  ce  qui 
fait  gagner  en  somme  de  20  à  22  millimètres.  Premier  résultat. 

D'autre  part,  songeons  que  le  diamètre  bipariétal  d'un 
f(i?tus  à  terme  est  en  moyenne  de  95  millimètres  et,  avec 
un  peu  de  réduction,  de  90  millim.  et  nous  comprendrons 
facilement  que,  avec  la  section  de  la  symphyse,  Taccou- 
chement  sera    possible,  mais    avec   quelques    difficultés, 


246  ^  DE  LA   SYMPHYSÉOTOMIE 

dans  les  rétrécissements  de  67  millim.  de  conjugué,  et  facile 
avec  ceux  de  70  millim.  C'est  la  limite  inférieure  de  la 
syraphyséotomie,  et  c'est  dans  ces  sortes  de  rétrécissements 
que  l'opération  peut  être  utile  et  bienfaisante.  Au  delà,  elle 
n'est  plus  indiquée  et,  bien  qu'on  en  ait  obtenu  quelques 
avantages  dans  des  circonstances  exceptionnelles,  son  em- 
ploi n'est  plus  logique  ni  rationnel. 

La  limite  supérieure  s'établit  généralement  à  88  millim. 
On  ne  doit  pas  objecter  que  avec  81,  et  encore  plus  avec  88, 
l'accouchement  est  possible  à  la  rigueur  par  les  seuls  efforts 
naturels  ou  par  Tapplication  du  forceps.  Certes,  dans  des  cir- 
constances exceptionnelles,  avec  une  tête  de  fœtus  petite  ou 
très  réductible,  les  forces  naturelles  suffisent  parfois  à 
vaincre  Tobstacle,  et  à  compléter  l'expulsion  ;  mais  dans  les 
conditions  normales  il  n'en  est  pas  ainsi. 

Je  sais  bien  que  les  tractions  énergiques,  violentes,  pro- 
longées avec  le  forceps  ont  suffi  dans  certains  cas  pour 
extraire  la  tête  fœtale  dans  ces  conditions  d'étroitesse;  je 
me  rappelle  encore  d'une  époque  où  Ton  ajoutait  à  la  force 
déjà  grande  de  Taccoucheur,  celle  d'un  assistant  non  moins 
vigoureux  et  robuste;  on  tirait  alors  sans  relâche  avec 
l'énergie  combinée  de  quatre  mains,  et  avec  la  volonté  de 
personnes  qui  savaient  fort  bien  que  l'insuccès  de  leurs  ten- 
tativesentraineraitforcémentla  nécessité  de  perforer  le  crâne 
et  de  broyer  la  base.  Il  arrivait  souvent  que  les  difficultés 
cédaient  à  de  tels  déploiements  de  forces;  les  obstacles 
étaient  vaincus  et  on  parvenait  à  extraire  la  tête  ;  mais  alors 
on  obtenait  rarement  un  enfant  vivant  :  ou  bien  il  était  déjà 
mort,  ou  bien  il  présentait  de  telles  lésions  sur  les  os  du 
crâne,  qu'il  succombait  en  quelques  heures. 

Alors  le  forceps  n'est  plus  un  instrument  de  s^ilut;  il  n'est 
qu'un  agent  fœticide  et  l'opération  devient  une  céphaio- 
tripsie  déguisée;  notez  que  cette  dernière  opération  aurait 
été  pour  les  organes  maternels  moins  grave  et  moins  offen- 
sive. 


MORISANI  2n 

Depuis  1863,  je  proposai  dans  des  circonstances  sembla- 
bles, après  avoir  accordé  le  temps  nécessaire  à  Texpectation, 
de  faire  précéder  la  section  de  la  symphyse  d  une  discrète 
et  prudente  tentative  d'extraction  par  le  forceps,  lequel  de- 
vrait être  mis  de  r.ôté  aussitôt  que  les  tractions  modérées 
nous  auraient  démontré  une  grande  difficulté  à  l'engagement 
de  la  tète. 

IIL  —  On  ne  peut  plus  accepter  aujourd'hui  certains 
parallèles  établis  entre  la  symphyséotomie  et  quelques  au- 
tres opérations  obstétricales.  En  effet,  on  ne  peut  pas  com- 
parer la  section  delà  symphyse  avec  Taccouchement  préma- 
turé. A  vrai  dire,  l'accoucheur  qui,  en  présence  d'une  femme 
dans  le  septième  ouïe  huitième  mois  de  sa  grossesse,  et  avec 
un  rétrécissement  du  bassin,  lui  conseillerait  d'attendre 
la  fin  de  sa  grossesse  pour  lui  ouvrir  la  symphyse,  ferait  de 
la  mauvaise  chirurgie.  L'accouchement  prématliré  est  en 
pareil  cas  préférable  si  nous  voulons  écouter  les  suggestion  s 
de  la  science  et  de  la  conscience. 

Mais  quand  la  grossesse  est  arrivée  à  terme,  et,  plus 
encore,  quand  l'accouchement  est  commencé,  il  est  clair 
que  la  seule  ressource  pour  l'homme  de  l'art  sera  la  sym- 
physéotomie. 

Je  ne  m'étendrai  pas  plus  longuement  sur  la  comparaison 
entre  la  symphyséotomie  et  l'opération  césarienne.  Les 
limites  des  deux  opérations  sont  nettement  établies.  L'une 
commence  là  où  Vautre  finit.  Nous  ne  pouvons  pas  accepter 
l'extension  qu'on  a  voulu  donner  à  Thystérotomie  en  ces 
derniers  temps.  Éblouis  et  presque  séduits  par  une  statis- 
tique à  laquelle  il  eût  été  folie  de  songer  jadis,  quelques 
accoucheurs  n'ont  pas  hésité  à  inciser  le  ventre  et  l'utérus 
avec  une  facilité  exagérée,  presqu'à  la  légère.  Nous  restons 
fidèles  à  l'indication  de  l'opération  césarienne  là  où  le  con- 
jugué est  inférieur  à  67  millim. 

La  seule  opération  qu'on  puisse  comparer  à  la  section  de 
la  symphyse  est  la  perforation  du  crâne  et  le  broiement  de 


248  DE   LA   SYMPHTSÉOTOMIE 

sa  base.  Or,  on  ne  peut  pas  dire  que  cette  opération  soit 
inoffeusive  pour  la  mère. 

Je  sais  bien  que,  grâce  aux  perfectionnements  apportés 
aux  instruments  embryotomiques  dans  ces  dernières  années^ 
à  Thabileté  des  opérateurs  et  à  l'usage  des  moyens  antisep- 
tiques, on  obtient  d'excellents  résultats  ;  je  n'ignore  pas 
que  le  savant  directeur  de  la  clinique  obstétricale  de  Paris, 
le  professeur  Pinard,  a  pratiqué  un  grand  nombre  de  basio- 
tripsies,  sans  aucune  mortalité  pour  les  mères.  Je  concède 
qu'il  en  soit  ainsi  ;  mais  tous  les  fœtus  sont  sacrifiés. 

Sur  12  basiotripsies,  par  exemple,  on*  obtient  12  femmes 
guéries  et  12  enfants  morts. 

Or,  rappelez-vous  la  statistique  de  la  sympbyséotomie 
que  je  vous  donnais  en  commençant  et  dans  laquelle,  sur  12 
opérations,  on  a  eu  12  femmes  guéries  et  12  enfants  vivants, 
et  vous  conclurez  facilement  que  les  avantages  sont  pour  la 
section  de  la  symphyse. 

IV.  —  Pour  bannir  de  la  pratique  la  symphyséotomie,  on 
a  invoqué  les  tristes  résultats  de  cette  opération  relevés  par 
la  statistique.  Or,  desétudes  rigoureuses  soigneusement  fai- 
tes d'après  les  cliiffres  invoqués,  je  crois  qu'on  peutconclure  : 
1^  que  les  résultats  de  la  symphyséotomie  ont  été  très  graves 
pour  les  mères  alors  que  Topération  était  pratiquée  au  delà 
des  limites  inférieures  à  son  indication  ;  2*^  que  même  dans 
les  justes  limites,  les  insuccès  étaient  peut-être  dus  à  l'époque 
du  travail  à  laquelle  on  opérait  et  à  la  technique  opératoire  î 
3"*  que  les  accidents  consécutifs  tenaient  souvent  aux  lésions 
des  parties  génitales  qui  précédaient  l'acte  opératoire,  ou  au 
manque  des  précautions  antiseptiques  ;  4**  que  la  mort  des 
fœtus  doit  être  attribuée  bien  plus  aux  moyens  accessoires 
employés  pour  l'extraction  qu'à  l'opération  elle-même.  En 
résumé,  selon  la  phrase  de  Jacolucci  :  «  la  statistique  de 
«  la  symphyséotomie  comprend  les  résultats  de  l'opération 
«  et  ceux  des  fautes  des  opérateurs  ». 

Je  ne  parle  que  pour  mémoire  des  lésions  de  Turèthre  ou 
de  la  vessie  consécutives  à  l'opération,  parce  qu'il  est  de 


MORISANI  249 

toute  évidence  que  celles-là  ne  doivent  pas  être  attribuées  à 
l'acte  opératoire,  mais  plutôt  au  manque  de  prudence  de 
celui  qui  l'exécutait  :  «  delVartefice  son  colpa  e  non  del 
arie  ». 

J'ajouterai  enfin  que  la  réunion  de  la  symphyse  divisée  et 
la  consolidation  du  bassin  s'effectuent  généralement  en  deux 
ou  quatre  semaines  après  l'opération,  et  que  les  femmes  opé- 
rées ne  présentent  aucun  trouble  de  la  marche. 

Vous  avez  eu  l'occasion  de  vous  rassurer  sur  ce  point  par 
Texamen  de  la  femme  que  je  vous  ai  présentée,  ;laquelle  a 
été  déjà  opérée  deux  fois  ;  et  par  celui  des  autres  femmes  qui 
ont  été  opérées  dans  la  clinique  et  que  vous  avez  eu  ToGca- 
sion  d^observer  avant  leur  départ. 

Le  manuel  opératoire  est  le  suivant  :  La  femme  est  pla- 
cée sur  le  bord  du  lit  dans  la  position  classique,  et.enciormie. 
L'opérateur  se  place  devant.  Ayant  rasé  et  soigneusement 
désinfecté  les  parties  génitales  et  l'bypogastre,  on  introduit, 
dans  la  vessie  une  sonde  de  femme  en  métal  ;  puis  on  fait,  à 
deux  centimètres  du  bord  supérieur  de  la  symphyse,  une  inci- 
sion verticale  de  2-3  centimètres  de  long  ;  les  tissus  sont  inci- 
sés jusqu'à  ce  qu'on  arrive  au  bord  supérieur  de  l'articulation; 
on  décolle  les  tissus  rétro-pubiens  en  rasant  la  face  postérieure 
de  la  symphyse,  et  par  cette  voie  on  introduit,  sous  le  con- 
trôle du  doigt,  l'instrument  que  vous  voyez  et  qui  n'est  autre 
que  la  faucille  deGalbiati,  sorte  de  bistouri  fort,  boutonné  et 
recourbé  sur  le  tranchant.  Le  bouton  dépasse  le  bord  infé- 
rieur de  l'articulation,  sur  laquelle  vient  appuyer  le  tran- 
chant courbe  de  l'instçument  :  ensuite  avec  un  mouvement 
d'élévation  et  d'inclinaison  en  avant  du  manche,  la  jointure 
est  divisée  de  bas  en  haut  et  d'arrière  en  avant. 

J*ajouterai  que  Je  n'ai  pas  toujours  employé  la  faucille 
pour  diviser  l'articulation  ;  plus  d'une  fois,  je  me  suis  servi 
d'un  bistouri  boutonné  à  lame  courte  et  résistante  et  l'ar- 
ticulation fut  attaquée  d'avant  en  arrière.  J'eus  recours* 
pour  la  première  fois  à  ce  procédé  pour  un  accident  arrivé  au 
milieu  d'une  opération;  la  faucille  se  Cassa  au  moment  où  je 


250  DE  LA   SYMPHYSÈOTOMIE 

commençais  la  section  de  Tarticulation  ;  Topération    fui 
achevée  sans  difficulté  et  sans  inconvénient. 

Lorsqu'on  a  fait  la  section  de  la  gyûiphyse,  on  abandonne 
Taccouchementàlanature,  si  les  contractions  utérines  sont 
suffisamment  énergiques  et  efficaces.  Dans  le  cas  contraire, 
on  fait  Textraction  avec  le  forceps  en  ayant  soin  d'exercer 
une  pression  modérée  sur  les  trochanters  pendant  la  trac- 
tion, afin  d'éviter  Técartement  brusque  des  os  iliaques. 

L'accouchement  terminé,  on  nettoie  la  plaie,  on  fait  des 
lavages  antiseptiques  après  Thémbstase  et  on  applique  une 
suture  à  points  séparés.  Le  pansement  se  fait  avec  du  coton 
et  une  ceinture. 

Je  ne  parlerai  pas  de  quelques  modifications  apportées  à 
ce  procédé  parce  que  je  les  considère  comme  sans  impor- 
tance. J'indiquerai  seulement  que,  dans  la  dernière  séance 
du  Congrès  d'obstétrique  et  de  gynécologie,  le  D*"  Mancusi, 
ancien  assistant  de  cette  clinique^  a  proposé  de  substituer  à 
la  faucille  un  scalpel  avec  deux  guides  protecteurs,  afin  d'at- 
taquer Tarticulation  de  haut  en  bas  d  une  façon  qu'il  croit 
plus  facile  et  plus  rapide. 

Je  vous  présente  aussi  un  instrument  que  le  D'  Spinelli  a 
fait  construire  par  Mathieu  à  Paris.  Il  est  formé  d'un  scalpel 
et  d'un  manche. 

La  lame  du  scalpel  est  triple  ;  chaque  lame  est  de  longueur 
différente  pour  répondre  aux  différences  de  longueur  que  peut 
présenter  la  symphyse. 

Le  manche  est  unique  et  peut  être  vissé  à  chaque  lame. 
Sur  une  des  faces  des  scalpels  on  trouve  une  échelle  graduée 
et  un  curseur  qui  sert,  une  fois  fixé,  à  limiter  le  tranchant 
d'après  les  diverses  hauteurs  de  la  symphyse  mesurée  d'a- 
vance. Chaque  lame  est  de  plus  pourvue  d'un  double  guide 
protecteur  qui  empêche  h\  lésion  des  tissus  placés  devant  ou 
derrière  l'articulation. 

Je  vous  ai  déjà  fait  quelques  remarques  à  propos  de  cette 
manière  d'ouvrir  la  symphyse  avec  le  scalpel,  et  il  n'est  pas 
nécessaire  d'y  revenir.   Certainement   cet  instrument  de 


ETIENNE  251 

Spinelli  est  ingénieux  et  même  élégant  et,  à  conditions  éga- 
les, pourrait  être  préféré  à  un  autre  semblable. 

Je  finirai  en  vous  remerciant  de  l'attention  bienveillante 
avec  laquelle  vous  avez  bien  voulu  suivre  cette  conférence , 
et  en  faisant  des  vœux  pour  que,  triomphant  enfin  de  la 
défiance  et  du  discrédit,  avec  la  coopération  de  nos  illustres 
collègues,  l'opération  de  lasymphyséotomiereprennedans  la 
pratique  la  place  qu'elle  mérite.  Ce  sera  la  meilleure  dés 
récompenses  du  travail  et  du  temps  employés  pour  la  mettre 
en  lumière  et  la  faire^  justement  apprécier  (1). 


CONTRIBUTION  A  l^'ÉTUDE  DE  L'INFLUENCE  DU  TRAI 
TEMENT  DES  MÈRES  SYPHILITIQUES,  SURTOUT  PEN 
DANT  LA  GROSSESSE,  SUR  LA  SANTÉ  DES  NOUVEAl^ 

NÉS 

Par  Georges    Etienne,  interne  des  hôpitaux  de  Nancy. 


Depuis  quelques  années,  on  a  beaucoup  étudié  les  rap- 
ports réciproques  de  la  syphilis  et  de  la  grossesse  ;  les  tra- 
vaux de  M.  le  professeur  Fournier,  surtout,  ont  imprimé  à 
toute  cette  partie  de  la  syphiligraphie  un  véritable  essor. 
Ainsi  qu'il  Ta  démontré,  si  la  grossesse  complique  la  syphilis 
et  lui  donne  un  véritable  coup  de  fouet,  en  revanche,  sous  la 
double  influence  de  la  vérole  et  de  la  grossesse  s'établit 


(1)  J'avatR  déjà  fait  cette  conférence  quand  j'eus  l'occasion  de  lire  la  sa- 
vante leçon  faite  par  le  B^  Pinard  i\  la  Clinique  obstétricale  de  Paris  {Annaleg 
dv  gynéeologhy  15  février  1892).  La  question  y  est  magistralement  exp(»sée  ; 
je  désire  que  l'illustre  chef  de  la  Clinique  français»  puisse  au  plus  tôt  se  con- 
vaincre sur  la  femme  vivante  îles  bienfoits  de  la  section  de  la  symphyse. 

En  attendant,  je  le  prie  de  vouloir  bien  agréer  l'expression  de  mes  plus 
sincères  remerciements  pour  les  paroles  pleines  de  courtoisie  qu'il  m'adresse 
au  cours  de  sa  leçon . 


•252      INFLUENCE    DU   TRAITEMENT  PENDANT  LA   GROSSESSE 

ua  état  général  grave  qui,  à  son  tour,  réagît  sur  la  grossesse 
et  peut  amener  soit  Texpulsion  d'un  fœtus  avant  le  terme  de 
sa  viabilité^  soit  Texpulsion  au  terme  normal  d'un  fœtus 
mort  ou  qui,  s'il  naît  vivant,  ne  tarde  pas  à  succomber. 
Fréquence  de  ravortement  et  mortalité  énorme  des  enfants 
nés  vivants,  tel  est,  en  deux  mots,  le  résultat  de  l'action  de 
la  syphilis  sur  la  grossesse.  Nous  pensons  que  cette  fré- 
quence est  encore  bien  plus  grande  en  réalité  qu'on  ne  le 
croit  généralement  en  se  basant  sur  les  statistiques  publiées 
jusqu'à  présent. 

Heureusement,  à  côté  de  cette  effrayante  mortalité,  nous 
connaissons  l'influence  favorable  du  traitement  spécifique 
sur  les  avortements  dus  à  la  syphilis. 

Néanmoins,  si  Ton  est  d'accord  sur  le  fond  même  de  ces 
questions,  on  constate  chez  les  auteurs  de  très  grandes  diver- 
gences d'opinion  sur  certains  points  de  détail  qui  demandent 
encore  à  être  élucidés.  C'est  pourquoi  nous  voudrions  rap- 
porter ici  une  statistique  qui  nous  paraît  très  concluante  et 
qui  démontre  The^ureuse  influence  du  traitement  delà  mère  sur 
la  vitalité  du  nouveau-né  au  moment  même  de  l'accouche- 
ment. 

Nous  avons  systématiquement  et  minutieusement  recher- 
ché les  accidents  ou  les  antécédents  syphilitiques  chez  toutes 
les  femmes  qui  ont  étéàla  Maternité  de  Nancy  pendant  notre 
année  d'internat  dans  le  service  de  M.  le  professeur  Alph. 
Herrgott.  Nous  avons  pu  ainsi  observer  trente-deux  cas  de 
grossesse  chez  des  femmes  syphilitiques.  Ce  sont  eux  que 
nous  allons  rapporter  ici. 

Nous  avons  divisé  nos  observations  en  3  catégories  : 

i)  Syphilis  non  traitée. 

2)  Syphilis  traitée  avant  la  grossesse. 

3)  Syphilis  traitée  pendant  la  grossesse. 

Puis,  après  avoir  donné  les  résultats  obtenus  par  notre 
statistique  personnelle  au  point  de  vue  de  l'influence  du  trai* 
tement,  nous  chercherons  à  les  contrôler  par  ceux  que  nous 
fourniront  les  archives  de  la  Maternité  do  Nancv.  et  enfin 


ETIENNE  î253 

nous  profiterons  de  ces  recherches  pour  apporter  sur  d'au- 
tres points  intéressants  de  Phérédo-syphilis  quelques  don- 
nées, nouvelles,  croyons-nous,  parce  que  noua  partirons 
toujours  de  ce  double  point  de  départ  :  syphilis  traitée, 
syphilis  non  traitée. 

I.  —  Syphilis  non  traitée. 

Dans  cette  première  catégorie  nous  avons  17  femmes  qui 
depuis  le  début  de  leur  syphilis  ont  eu  21  grossesses.  Malgré 
Tinnombrable  quantité  d'observations  de  ce  genre  publiées, 
nous  devons,,  pour  la  clarté  des  conclusions^  rapporter  ici  les  \ 

principaux-traits  de  nos  17  cas. 

Obs.  1.  —  22  ans,  primipare,  ouvrière.  Chancres  aux  parties  gé- 
nitales ily  a  5  ans.  Non  traitée.  Terme  vers  le  30  janvier.  Ne  sent 
plus  remuer  depuis  vers  le  l»**  novembre  ;  ballottement  fœtal  de- 
puis cette  époque. 

Accouche  le  24  novembre  d'un  fœtus  de7mois,maceV^.  Placenta 
granulo-graisseux  avec  trace  d'hémorrhagies  anciennes. 

Dans  ce  cas,  cette  syphilis  non  traitée  n'a  encore  subi,  depuis 
5  ans,  aucune  atténuation  du  fait  du  temps. 

Obs.  2.  —  21  ans,  primipare,  domestique.  Dans  les  premiers 
temps  de  sa  grossesse,  cette  femme  présente  des  manifestations 
spécifiques  très  nettes  :  chancre  auK  grandes  lèvres,  ganglions  in- 
guinaux, roséole  sur  le  thorax,  alopécie. 

Accouche  le  28  septembre  1891,  d'un  fœtus  pesant  180  gr.  Pla- 
centa ayant  subi  la  dégénérescence  granulo-graisseuse  complète 
et  pesant  2îJ0  gr.  (1).  (Expulsion  de  Tœuf  en  bloc.) 

Obs.  3.  —  20  ans,  primipare,  domestique.  A  son  entrée  dans  le 
-service,  elle  présente  sur  les  parois  abdominales,  les  cuisses,  les 
bras,  des  éruptions  discrètes  de  papules  lenticulaires  bien  carac- 
térisées. 

Expulsion  le  3  janvier  1891  d'un  fœtus  de  300  gr.  Dégénéres- 
cence granulo-graissouse  du  placenta. 


(1)  Pour  le  poids  de  ces  placentas,  voir  plus  loin. 


254     INFLUENCE  DU   TRAITEMENT    PENDANT   LA   GROSSESSE 

Ob8.  4.  —  19  ans,  primipare,  ouvrière.  Au  2«  mois  de  sa  gros- 
sessG;  elle  constate  la  présence  d'un  chancre  siégeant  aux  parties 
génitales  externes,  avec  ganglions  dans  le  pli  de  l'aine,  puis  ro- 
séole, maux  de  gorge  persistants,  céphalée  intense.  Accouche  à 
6  mois  d'un  fœtus  macéré. 

Le  placenta,  blanc  jaunâtre,  très  volumineux,  pesant  900  gr.,  a 
subi  la  dégénérescence  granulo-graisseuse. 

Obs.  5.  —  19  ans,  brodeuse,  primipare.  Alopécie  depuis  le  début 
de  la  grossesse  ;  plaques  muqueuses  à  l'ombilic  ;  syphilides  papalo- 
hypertrophiques  sur  la  face  externe  des  grandes  lèvres,  sur  la 
face  interne  de  la  cuisse  gauche,  et  dans  le  sillon  génito -crural, 
ganglions  volumineux  dans  Taine. 

Accouche  à  7  mois  1/2  d'un  enfant  mort,  sclérosé  ;  placenta  gra- 
nulo-graisseux. 

Obs.  g.  —  20  ans,  primipare.  Chancre  i)as8é  inaperçu.  Depuis  le 
3«  mois,  alopécie,  céphalées  nocturnes,  mal  de  gorge.  Depuis  cette 
époque  elle  a  présenté  sur  le  thorax,  le  dos,  la  nuque,  des  papules 
non  prurigineuses,  laissant  comme  traces  de  petites  taches  bru- 
nâtres, cuivrées,  vernissées. 

Accouche  à  7  mois  1/2  d'un  enfant  macéré. 

A  Tautopsie  de  l'enfant,  on  trouve  dans  la  cavité  abdominale 
une  grande  quantité  de  liquide  citrin;  foie  jaunâtre  à  la  coupe, 
reins  décolorés,  pâles.  Rate  volumineuse,  congestionnée.  Dégéné- 
rescence  granulo-graisseuse  complète  du  placenta  qui  pèse  970  gr. 

Obs.  7.  —  21  ans,  primipare.  Chancre  induré  débutant  au 
4«  mois  de  la  grossesse. 

Accouche  à  7  mois  d'un  enfant  macéré.  Placenta  granulo- grais- 
seux. 

Obs.  8.  —  22  ans,  primipare,  caissière.  Ne  sait  quand  elle  a  ea 
le  chancre.  A  son  entiée  au  service,  présente  des  plaques  hyper- 
trophiques des  grandes  lèvres;  la  grande  lèvre  gauche  est  tumétiée 
et  sclérosée;  c'est  un  vrai  type  de  Vœdème  dur  des  grandes  lèvres, 
décrit  d'abord  par  Martin  et  Belhomme,  véritable  lymphangite  da 
tissu  cellulaire. 

Khagades  profondes  à  sa  face  externe.  Ganglions  dans  Faine 
gauche* 

Accouche  d'un  fœtus  maceVe  pesant 2,(340  gr.  Placenta  dégénéré. 


ETIENNE  255 

Ob8.  9,  —  20  ans,  primipare.  Terme  vers  le  15  janvier.  Pendant 
les  3  premiers  moi.s  de  la  grossesse,  céphalées,  angine,  grande  fai- 
blesse. 

«  Bouton  ■  aux  parties  avec  adénopathie  inguinale.  Traces  de 
papules  aux  niveau  de  la  face  interne  des  grandeslôvres.  Éphé- 
lides  syphilitiques.  Aurait  senti  remuer  à  4  mois  1/2. 

Le  27  décembre,  premières  douleurs  à  6  heures  du  soir.  Accou- 
che d'un  fœtus  macéré  qu'elle  ne  sentait  plus  remuer  depuis  une 
dizaine  de  jours. 

Obs.  10.  ^  31  ans  ;  7e  grossesse.  Pendant  ea  première  grossesse, 
la  parturiente  est  atteinte  d'une  fièvre  continue  grave,  qui  dès  les 
premiers  jours  provoque  l'expulsion  à  8  mois  d'un  gar(;on  mort-né. 

Puis,  5  grossesses  normales,  la  dernière  en  avril  1800.  Pendant 
l'hiver  1890,  son  mari  contracte  un  chancre  induré  ;  roséole,  érup- 
tions papuleuses;  angine.  Traité  une  première  fois  à  l'hôpital  de  la 
maison  de  secours,  il  vient  d'y  rentrer  pour  des  plaques  muqueu- 
ses qu'il  présente  actuellement  à  la  bouche. 

La  femme  a  eu  des  rapports  avec  son  mari  dès  le  début  de  cette 
syphilis.  Elle  se  serait  aperçue,  dès  le  commencement  de  sa  gros- 
sesse, de  la  présence  de  ganglions  inguinaux. 

Depuis  3  mois,  céphalée  intense,  surtout  nocturne  ;  névralgies  ; 
au  même  moment  anémie  très  prononcée  ;  insomnie  ;  angine  et 
laryngite. 

A  son  entrée  à  la  Maternité,  elle  présente  des  papules  dissémi- 
nées, petites,  non  prurigineuses  ;  papule  hypertrophique,  érosive, 
très  volumineuse  à  la  face  interne  de  la  grande  lèvre  droite,  exis- 
tant depuis  environ  un  mois  ;  éphélides  du  cou. 

Accouche  d'un  enfant  macéré,  ftgé  de  7  mois  1/2.  Placenta  dégé- 
néré. 

Obs.  11.  —  23  ans  ;  primipare.  L'accident  primitif  parait  au 
3«  mois  de  la  grossesse.  Roséole  ;  syphilides  papuleuses  des  gran- 
des lèvres.  Hydramnios. 

Accouche  prématurément  d'un  enfant  vivant  pesant  1,640  gr. 
et  ne  présentant  pas  de  lésions  spécifiques. 

Placenta  volumineux,  dégénéré.  Ue7ifant  meurt  au  8«  jour  ; 
hémorrhagies  dyscrasiques  nasales  et  buccales. 

Obs.  12.  —  23  ans,  ouvrière  en  chaussures  ;  3«  grossesse. 

Les  accidents  syphilitiques  ont  débuté  il  y  a  4  ans,  quelque 


256     INFLUENCE  BU   TRAITEMENT  PENDANT   LA  GROSSESSE 

temps  après  son  mariage,  par  un  chancre  aux  parties  ;  puis  ro- 
séole, plaques  muqueuses  à  la  gorge,  alopécie.  lr«  grossesse  en 
1888.  Accouche  à 6 mois  I/2enS.I.G.A.  d'une  fille  pesant  1,100  gr. 
mort-née. 

A  ce  moment  la  mère  présentait  des  papules  hypertrophiques. 

2«  grossesse,  1889.  Accouche  d'un  garçon  moi*t  à  4  mois, 

3«  grossesse,  1891.  La  femme  n'aurait  plus  présenté  d'accidents 
spécifiques. 

Accouche  d'une  fille  vivante  pesant  2,670  gr. 

Au  11<>  jour  après  la  naissance,  on  constate  la  présence  sur  Fen 
fant  de  taches  érythémateuses  légèrement  papuleuses. 

A  la  fin  du  l*'  mois,  ér>' thème  spécifique,  scarlatiniforme  ; 
2  papules  hien  caractérisées  à  la  région  inguinale  ;  fissures  de  la 
commissure  labiale  et  de  l'anus  ;  pendant  le  courant  du  2«  mois, 
gommes  cutanées.  Mort. 

Ods.  13.  — 19  ans,  primipare.  Fin  des  dernières  règles  le  25  mars. 
Terme  vers  le  30  novembre. 

Trois  semaines  avant  son  accouchement,  éruption  papuleuse  à 
la  face  et  ù.  la  partie  antérieure  de  l'abdomen  et  du  thorax. 

28  novembre.  Accouche  en  S.I.D.P.  d'une  fille  vivante  pesant 
2,840  gr. 

12  décembre.  L'enfant  présente  un  érythème  spécifique  des 
fesses,  au  pourtour  de  l'anus  et  des  cuisses. 

Traitement  mercuriel,  guérison. 

Obs.  14.  —  24  ans,  domestique.  2«  grossesse. 

l^e  grossesse  à  20  ans.  Accouche  au  7«  mois  d'un  garçon  qui  a 
crié  et  est  mort  immédiatement. 

Bulles  de  pemphigus  aux  mains  et  aux  pieds  ;  gomme  suppurée 
au  sommet  du  poumon  droit. 

2«  grossesse.  Normale.  Accouclie  à  terme  d'un  garçon  vivant 
pesant  3,050  gr.  Délivrance  normale. 

Pleurésie  pendant  les  suites  des  couches.  Quelques  jours  après 
l'accouchement,  l'enfant  présente  une  lésion  squameuse  siégeant 
au-dessous  et  à  droite  de  la  cavité  buccale. 

Hémorrhagies  nasales  et  buccales.  Purpura.  Mort  nul'  jour. 

Obs.  15.  —  Éruption  de  petites  papules  non  prurigineuses  à  la 
face  et  û  la  partie  antérieure  du  thorax.  La  parturiente  affirme 
n'avoir  jamais  eu  aucune  léMon  aux  parties  génitales. 


ETIENNE  '257 

Accouche  le  P^  mars  1891»  sans  autre  cause  connue,  d'un  fœtus 
de  5  mois  macéré.  Placenta  granulo-graisseux. 

Obs.  16.  —  18  ans,  primipare.  Pour  toute  lésion  spécifique,  cette 
femme  présente  des  éphélides  syphilitiques  bien  nettes  ;  c'est  un 
réticulum  pigmenté,  formé  parla  juxtaposition  de  taches  bistrées, 
se  touchant  et  se  fondant  sur  les  bords,  en  englobant  des  Ilots  de 
peau  blanche  ;  la  lésion  siège  exclusivement  sur  les  parties  laté- 
rales du  cou.  Dans  ces  conditions,  ces  éphélides  doivent  être  con- 
sidérées comme  caractéristiques  (1). 

Cette  femme  diV n'avoir  jamais  eu  d'autres  manifestations,  no- 
tamment pas  de  chancre. 

Accouche  le  28  novembre  1890  d'un  fœtus  viacéré  pesant 
2,130  gr.  Placenta  blanchâtre,  granulo-graisseux. 

Dans  ces  deux  dernières  observations  (15  et  16),  la  question  de 
la  syphilis  par  conception  peut  évidemment  se  poser,  puisque 
chez  des  femmes  enceintes,  présentant  des  lésions  spécifiques 
récentes,  accouchées  d'enfants  morts  du  fait  de  la  syphilis,  on  ne 
trouve  pas  trace  de  l'accident  primitif. 

Obs.  17. — 22  ans,  3"  grossesse.  Deux  grossesses  précédentes 
ont  été  normales. 

3«  grossesse.  —  Expulsion  d'un  fœtus,  âgé  de  4  mois,  retenu 
dans  l'utérus  pendant  5  mois  après  sa  mort^  qui  est  survenue  sans 
cause  appréciable. 

La  femme  ne  présente  actuellement  aucune  trace  de  lésion  syphi- 
litique et  nie  absolument  tout  antécédent.  Mais  elle  nous  dit  que 
son  mari  a  été  malade  ;  que  ses  cheveux  sont  tombés  tout  à  coup  ; 
qu'il  a  eu  plusieurs  éruptions  de  boutons  sur  le  corps  et  le  front, 
de  fréquents  maux  de  gorge;  eniln  elle  sait  qu'il  s'est  fait  soi- 
gner à  son  insu.  U  faut  donc  très  probablement  mettre  sur  le 
compte  d'une  syphilis  paternelle  cet  avortement  inexpliqué. 

Si  à  ces  17  observations  qui  nous  donnent  20  enfants  sus- 
ceptibles d'être  entachés  de  syphilis  nous  joignons  un  enfant 
né  avant  rintervention  du    traitement  dans  l'observation 


(i)  BSKAULT.  Société  française  de  dermatologie  et  syphili graphie  ;  séance 
du  23  jaiUet  1891.  FouBNiBa  Spillmann...  —  Saintik.  Thèse  de 
Kaocy,  1884. 

▲XH.  m  OTX.  —  TOL.  zxxvn.  17 


258   INFLUENCE  DU  TRAITEMENT  PENDANT  LA  GROSSESSE 

n*^  22  ci-dessous,  nous  arrivons  au  total  de  21  enfants,  don  t 
le  sort  est  résumé  par  le  tableau  suivant  ; 

,  Avorteraentfl  ...  7  ©a  32,25  0/0 
Syphilis     ('''^JSu?"ro';a"'iA-«'«>''<=l'I.rémat.9     41.75  0,0  J76.5  0/0. 

non  traitée,  /  A  terme 0         »      »   ) 

22  i 

f  Enfants  vivants  5,  f  Aocouch.prémat.  4     19      0/Ov«os  ft/n 

^        aoit  23,6  U/0.        \  a  terme l       4,5   0/0  \    '    ^ 

De  ces  5  enfants  vivants  i  sont  morts  rapidement  ;  le  5*  a 
présenté  des  lésions  manifestement  syphilitiques. 

Ajoutons  encore  que  très  souvent  nous  avons  noté  une 
augmentation  très  considérable  du  volume  du  placenta,  ainsi 
que  Corréa  Diaz  (1)  Ta  déjà  indiqué.  En  effet,  si,  d*après 
Zentler(2),  chez  des  enfants  sains  et  à  terme,  on  trouve  que 
sur  des  enfants  dont  le  poids  moyen  est  de  2,776  gr.,  le  poids 
moyen  du  placenta  est  de  479  gr,  Corréa  Diaz  a  trouvé  que  : 

Ckfi  34  refaots  srpkilitiqi^s  à  l^rne  pf<ant  m  Boyenoe  S,9I9  gr.,  le  ^\un\ti  ^uii  ei  str^iM  681  cr. 

—  —  «03 

—  -  632 
~                 -  35U 

—  161» 

—  -  180 

Or,  dans  trois  de  nos  cas,  l'hypertrophie  du  placenta  dégé- 
néré était  vraiment  énorme  : 

Obs.  n**  2  fœtus  pesant    150  gr.        placenta  pesant  230  gr. 
Obs.  nM  —  1500  —  —  900  — 

Obs.  n«  6  âgé  de  7  mois  1/2  .  —  970  — 


- 

iui  le  8«  um 

— 

3,3*21 

- 

-- 

dus  If  7«  fiirtis 

— 

1,547 

•» 

— 

daBS  le  6*  Bivi^ 

— 

830 

2 

— 

dus  le  5*  Boit 

- 

675 

1 

à4  I  2 

200 

II.  —  Ssrphilis  traitée  avant  la  grossesse. 

Obs.  18.  —  22  ans,  ûlle  publique,  primipare.  Il  y  a  un  an,  cette 
femme  a  été  traitée  pendant  4  mois  au  service  des  vénériennes 
(pil.  (1p  protoiodure).  20 janvier  181V2.  Expulsion  d*un  fœtcA  ma.céré. 


{1}  De  rhyjKîrtropbie  du   placenta  dans  Ic8ca9  de  syphilis.  ParLs,  Th.  1891. 
(2)  Tb,  Purig,  1891. 


ETIENNE  2Ô9 

âgé  de  6  mois.  Placenta  granulo-graisseux,  complètement  dégé- 
néré. Elle  ne  sentait  plus  remuer  depuis  15  jours. 

Obs.  19.  —  29  ans,  tille  publique,  primipare.  En  juillet  1889, 
séjour  de  2  mois  au  service  «les  vénériennes;  traitement  par  des 
pilules  de  protoiodure  pour  un  chancre  et  des  accidents  secon- 
daii-es,  ces  derniers  ayant  débuté  15  jours  avant  son  entrée.  Elle 
n'aurait  plus  eu  d'accidehts  depuis  cette  époquQ.  Antécédents  al- 
cooliques. Claudication  bilatérale;  ensellure  lombaire.  (Type  bassin 
à  double  luxation,  léger  rétrécissement.)  A  son  entrée  à  la  Mater- 
nité (8  janvier  189:^),  albuminurie,  vomissements,  céphalée  persis- 
tante. 

11  janvier.  Accouche  en  O.I.D.P.  d'une  fille  vivante  pesant 
2,000  gr.  Délivrance  normale. 

Obs.  20.  —  19  ans,  ouvrière  en  dentelles,  primipare.  En  no- 
vembre 1889,  chancre  induré  de  la  grande  lèvre  droite  ;  roséole  un 
mois  après.  A  ce  moment  elle  suivit  un  traitement  qui  ne  fut  pas 
renouvelé. 

Le  2(3  février  18i)l,  ello  accouche  normalement  en  O.I.G.A.  d'une 
lille  pesant  3,200  gr.  parfaitement  constituée.  Elle  nous  dit  avoir  eu 
une.  éruption  pendant  le  .>  mois  de  sa  grossesse. 

Obs.  21.  —  32  ans,  ouvrière  en  chaussures,  7®  grossesse,  l»^» gros- 
sesse à  19  ans,  fausse  couclie.  Depuis,  5  grossesses  normales.  A  eu, 
en  1889,  un  chancre  induré  avec  ganglions  inguinaux,  suivi  d'une 
anémie  très  prononcée,  puis  d'une  éruption. 

Elle  a  été  traitée  en  ce  moment  au  service  des  vénériennes  par 
des  frictions  mercurielles,  des  pilules  de  protoiodure  et  de  Tiodure. 

Le  i.  mars  1891,  elle  accouche  normalement  d'un  {^arcon  pesant 
3,250  gr.,  parfaitement  constitué. 

Obs.  22.  —  25  ans,  domestique,  secondipare.  A  eu  un  chancre 
aux  parties  en  1888,  puis  une  roséole  légère  et  une  éruption  du 
cuir  chevelu.  Enceinte  à  ce  moment,  elle  accouclie  prématurément 
d'un  garçon  macéré  (S.I.D.P.)  à^'é  de  7  mois;  placenta  dégénéré, 
blanc,  lardacé.  Elle  fut  alors  traitée  pendant  2  mois  au  service  des 
vénériennes  (protoiodure).  Pas  de  nouveau  traitement  depuis  cette 
époque. 

Accouche  le  8  avril  1891  de  deux  jumeaux  à  tcvmo. 


260      INFLUENCE    DU   TRAITEMENT   PENDANT   LA   GROSSESSE 

Voici  le  bilan  de  cette  2«  catégorie  : 

/A vertement 1,  soit  16,50/0 

/Enfants  mort-nés  1)  .^^^„^v    „,<^„a-.,j;       h 
Syphilia  traitée  i      soit  i6,6  0/0.      ^^<'co"ch•  prématuré...  0 

antérieurement  J  \  A  terme 0 

àlagr^sease,    /  g^j^^^^^,.^^^^^.  (Accouch.  prématuré.. .  1,  soit  16.60/0 

soit  83  0/0        (A  terme 4(doat2jum.) 

Boit  66,50/0 


III.  —  Ssrphilis  traitée  pendant  la  grossesse. 

Nous  avons  10  observations  qui  rentrent  dans  ce  cas  : 

Obs.  23.  —  20  ans,  lingère.  Primipare.  Aurait  commencé  à  sen- 
tir remuer  vers  la  lin  de  septembre,  névralgie  dentaire  très  dou- 
loureuse pendant  presque  tout  le  cours  de  la  grossesse  (1). 

A  son  entrée  dans  le  service,  au  7«  mois  de  la  grossesse,  elle 
présente  des  papules  lenticulaires  à  la  partie  interne  des  cuisses 
et  à  la  face  externe  des  grandes  lèvres;  ganglions  indurés  dans 
raine  ;  cicatrices  aux  conunissures  labiales  :  éruption  papulo- 
croùteuse  du  cuir  chevelu  et  de  la  nuque. 

Traitement  par  le  protoiodure  de  mercure,  6  centigr.  par  jour. 

Traces  d'albumine  dans  Turine. 

!•«•  février.  Accouche  prématurément  à  8  mois,  d'un  en  faut  vi- 
vant, mais  malingre,  pesant  2,400  gr. 

Obs.  24.  —  22  ans,  domestique,  primipare.  En  1890,  elle  a  con- 
tracté un  cliancre  induré  à  la  partie  interne  de  la  petite  lèvre 
gauche  ;  œdème  considérable  des  petites  lèvres.  Pléiade  ganglion- 
naire dans  l'aine,  manifestations  secondaires.  En  outre,  vaginite 
blennorrhagique  et  métrite  légère. 
Tuberculose  pulmonaire  au  début.  • 

L'accident  primitif  a  paru  2  mois  avant  le  début  de  la  grossesse. 


(1)  M.  le  professeur  Angagneur  attribue  une  très  grande  importance  dia- 
gnostique à  la  présence  de  ces  névralgies  pendant  la  grossesse.  «  Jamais  vona 
ne  verrez  les  douleurs  névralgiques  plus  violentes  que  chez  les  femmes  groa- 
ses  atteintes  d'une  syphilis  récente.  Parfois  c'est  le  principal  sjrmptôme  et 
je  vous  engage,  quand  vous  serez  consultés  par  une  femme  récemment  mariée 
au  débnt  d'une  grossesse,  souffrant  d'intolérables  névralgies,  ù  rechercher  la 
syphilis.  J>  Prorince  médicale,  1891. 

De  fait,  noust  avons  plusieurs  fois  observé  ce  phénomène. 


ETIENNE  261 

—  Elle  entre  alors  au  service  des  vénériennes,  où  elle  est  traitée, 
pendant  tout  le  cours  de  la  gestation,  par  les  pilules  de  protoiodure 
et  des  frictions  mercurielles. 

Elle  accouche  à  la  Maternité,  à  terme,  d'un  garron  pesant 
3,400  gr.,  très  bien  portant. 

Obs.  25.  —  19  ans,  couturière,  primipare.  En  janvier  1890,  cette 
ûlle  a  eu  un  chancre  induré  à  la  petite  lèvre  gauche,  un  mois  en- 
viron après  le  coït  suspect.  Roséole  2  mois  après  le  début  du 
ohancre;  puis  éruption  papuleuse.  ^ 

Entre  au  service  des  vénériennes  en  février  et  y  est  traitée  par 
des  pilules  de  protoiodure.  Sortie  du  service  en  juillet,  elle  y  rentre 
au  2*  mois  de  sa  grossesse,  présentant  des  papules  hypertrophiques 
de  la  vulve. 

Pilules  de  protoiodure,  puis  sirop  de  Gihert;  sortie  en  décembre, 
elle  continue  à  prendre  du  sirop  de  Oibert  et  se  fait  des  frictions 
mercurielles.  • 

Elle  accouche  le  24  juin,  à  terme,  d'une  fille  pesant  3,070  gr.,  tïx*s 
bien  constituée.  Placenta  normal. 

Obs.  2C.  —  20  ans,  domestique.  Primipare.  Au  2«  mois  de  sa 
grossesse,  elle  constate  la  présence  de  <  boutons  »  à  la  grande 
lèvre  gauche,  alopécie. 

Elle  se  présente  au  service  des  vénériennes  pendant  le  7*  mois 
de  sa  grossesse.  D'un  pli  génito-crural  à  l'autre  et  sur  tout  le 
périnée,  toute  la  surface  est  occupée  par  une  masse  d'énormes 
papules  végétantes,  serrées  les  unes  contre  les  autres,  ayant  abso- 
lument la  forme  et  la  couleur  des  efllorescences  du  papillome  ou 
chou-fleur.  Entre  ces  paquets,  on  trouve  des  papules  indépen- 
dantes, plus  petites,  bien  caractérisées.  Suintement  très  abondant, 
sanieux  ;  par  places,  desquamation  épithéliale  avec  petites  ulcéra- 
tions. 

Plaques  muqueuses  de  la  bouche  et  des  lèvres  ;  angine  spéci- 
fique. 

Traitement  énergique  par  des  frictions  mercurielles  et  l'iodure 
de  potassium;  lavage  des  lésions  suintantes  avec  une  solution  de 
permanganate  de  potasse. 

Les  végétations  ont  déjà  notablement  diminué  de  volume  et  de 
nombre  après  7  jours  de  traitement  mercuriel  ;  elles  continuent 
ensuite  à  décroître  progressivement. 


•Jj*2      INFLUENCE   DU   TRAITEMENT    PENDANT   LA   GROSSESSE 

Accouche  le  7  février,  '^n  O.I.G.A,  d'un  garçon  pesant  3,100  gr., 
bien  portant, 

Ob8.  27.  —  î^8  ans.  Primipare.  Entrée  au  service  des  vénériennes 
on  jan\'ier  1891,  au  3«»  mois  de  sa  grossesse,  présentant  des  acci- 
dents syphilitiques  précoces  ;  éruption  papuleuso. 

Traitement  énergique  par  des  pilules  de  protoiodure. 

Lorsque  la  femme  arrive  à  la  Maternité,  on  constate  la  présence 
de  papules  hypertrophiques  des  grandes  lèvres  ;  elle  n'en  accouclie 
pas  moins  normalement  dlu ne  fille  pesant  ^,000  gr,,  bien  portante, 
qui  prospère. 

Obs.  '28,  —  21  ans.  Primipare.  Entré(î  le  27  février  au  service 
des  vénériennes.  3«  mois  de  sa  grossesse  ;  érosion  de  la  face 
interne  des  petites  lèvres  ;  papules  hypertrophiques.  Vaginite. 

Elle  est  soumise  à  un  traitement  actif. 

Accouche  à  terme  d'un  garçon  pesant  3,180  gr.,  bien  portant, 
prospère.  * 

Obs.  29.  —  24  ans,  domestique.  Primipare.  A  été  traitée  à  Thù- 
pital  civil,  en  mars  1889,  par  des  frictions  mercurielles^  pour  uno 
roséole,  une  angine  et  l'adénite  spécifique.  Sortie  après  2  mois  de 
traitement. 

Rentrée  à  l'hôpital  civil  en  juillet  1890.  pour  une  tuberculose 
pulmonaire  au  début.  Evacuée,  elle  est  admise  à  la  Maternité  le 
iW  décembre  et  soumise  au  traitement  mercuriel  (protoiodure 
OjOT)  centigr.  par  jour). 

Accouche  s"i  terme  le 28  mars  d'un  (jargon  vivant  pesant  3,3Ô0  gr., 
bien  constitué.  Cordon  très  volumineux  et  court. 

Obs.  30.  —  20  ans,  domestique.  Primipare.  Vers  le  4*  mois  de  sa 
grossesse,  apparition  ù.  la  grande  lèvre  droite,  d'o'dème  et  d'un 
chancre  induré  dont  il  persiste  une  cicatrice  blanchâtre  ;  ulcéra- 
tions. 

Entrée  alors  au  service  des  vénériennes,  cette  malade  est  sou- 
mise à  un  traitement  prolongé  (protoiodure)  jus([u'à  la  fin  de  sa 
grossesse. 

.\ccouche  le  21  novembre  (l'une  fillr  rivnntt*  pesant  2,(380  gr. 
Lôj^ère  hémorrhagie  de  la  délivrance. 

Obs.  31.  —  22  ans.  Secondipare.  Première  grossesse  normale  en 
1886.  2'*  grossesse.  A)>purition  du  chancre  au  5«  mois  de  la  grossesse. 


ETIENNE  263 

Traitée  depuis  le  6*  mois  à  l'hôpital  de  la  Maison  de  secours; 
syphilides  vulvaires.  Gale,  eczéma  parasitaire  des  mamelons. 

Accouche  à  term^  d'une  fille  pesant  '^,840  gr.,-  bien  portante. 
Allaitement  artificiel. 

Obs.  33.  —  21  ans.  Secondipare.  1'©  grossesse,  normale,  à  19  ans  ; 
accouche  d'une  fille  actuellement  bien  portante. 

Grossesse  actuelle,  normale  jusque  dans  la  courant  du  8®  mois  ; 
ûce  moment,  elle  se  présente  au  service  des  vénériennes,  avec  un 
chancre  induré  extra-génital  de  la  lèvre  supérieure,  très  récent, 
typique,  de  la  grosseur  d'une  pièce  de  1  franc. 

Les  ganglions  sous-maxillaires  sont  indurés;  puis  on  voit  se 
développer  des  syphilides  papulo-hypertrophiques  des  replis 
génito-cruraux.  ;  syphilides  croùteuses  des  grandes  lèvres  ;  syphi- 
lides papuleuses  lenticulaires  sous  les  seins  ;  alopécie  latérale  carac- 
téristique (S"  degré,  d'après  M.  Fournier)  (1). 

On  applique  immédiatement  le  traitement  mercuriel,  3  frictions 
par  semaine  ;  1  gr.  d'iodure  de  potassium  tous  les  jours.  La  par- 
turiente  accouche  à  terme  d'une  fille  bien  portante  pesant 
3,640  gr.  Délivrance  normale. 

L'enfant  a  une  hémorrhagie  gastro-intestinale  au  2«  jour.  Pla- 
cé au  biberon. 

Le  20  janvier  1892,  l'enfant  est  atteint  d'hémorrhagie  du  voile 
du  palais  ;  on  découvre  la  présence  d'une  petite  plaque  ulcérée. 

Le  22,  l'ulcération  s'est  étendue  à  la  partie  postérieure  de  T^r- 
cade  dentaire  supérieure  droite  ;  autre  petite  ulcération  le  long  de 
l'arcade  dentaire  supérieure  en  avant.  Sirop  de  Gibert,  une  1/2  cuil- 
lerée à  café  par  jour. 

La  mère  est  atteinte  d'une  pneumonie  très  grave. 

Cette  dernière  observation  offre  un  très 'grand  intérêt 
parce  qu'elle  montre  un  enfant  présentant  des  hémorrhagies 
dyscrasiques  précoces,  puis  des  ulcérations  de  nature  spéci- 
fique chez  une  femme  infectée  seulement  dans  le  courant  du 
8«  mois,  alors  que  la  plupart  des  auteurs  s'accordent  à  décla- 
rer qu'à  ce  moment  l'infection  du  fœtus  ne  se  fait  plus  et 

(1)  Gazette  médicale  de  PnrU,  1888. 


264      INFLUENCE    DU   TRAITEMENT  PENDANT  LA   GROSSESSE 

que,  dans  ce  cas,  l'enfant  naît  sain;  "Neumann  déjà  a  rap- 
porté un  fait  semblable. 

Nous  devrons  revenir,  du  reste,  plus  loin  sur  ce  sujet. 

Voici  le  résumé  de  ces  tO  observations  : 

Avortement 0. 

SyphiliB  traitée  ^Enfantu  mort-né».  jAccouch.  prématuré..  0. 

pendant  le  cours)  .  a  terme 0. 

^  *    '  /  Enfants  vivants. 

<A  terme 8,    —     80  0/0. 


de  la^o^sesse,  \  enfants  vivants.  ^Accouch.  prématuré..  2,  eoit  :  20  0/0, 

V  100  0,0.  W    fprniA  -    s      —       SO  0/1). 


On  voit  donc,  en  somme,  que  nous  arrivons  à  une  propor- 
tion de  76,5  0/0  d  enfants  mort-nés,  dont  32  0/0  avant  le 
6*  mois,  alors  que  la  mère  atteinte  de  syphilis  n*a  jamais  subi 
l'influence  du  traitement. 

Des  5  enfants  nés  vivants,  4  ont  très  rapidement  succombé, 
et  le  5*  était  manifestement  syphilitique,  c'est  donc  :  une 
mortalité  de  95  0/0,  et  une  morbidité  de  100  0/0. 

Cette  mortalité  tombe  à  16,5  0/0  quand  la  femme  a  été 
traitée  antérieurement  A  sa  grossesse,  et  dans  66  0/0  des  ras 
le  fœtus  est  né  à  terme. 

Sur  10  cas,  nous  arrivons  à  une  mortalité  nulle,  quand 
la  syphilis  se  produit  pendant  la  grossesse  et  qu'elle  a  été 
influencée  par  le  traitement  pendant  le  courant  même  de  la 
grossesse,  et  dans  80  0/0  des  cas,  la  grossesse  a  complète- 
ment atteint  son  terme,  en  donnant  des  enfants  parfaitement 
bien  portants  et  parfois  même  d'un  poids  supérieur  à  notre 
moyenne. 

C'est  là  certainement  le  plus  beau  résultat  auquel  il  soit 
possible  d'arriver,  surtout  si  l'on  remarque  que  dans  la  plu- 
part de  ces  observations,  nous  avons  affaire  à  une  syphilis 
récente,  dans  sa  première  année,  «  l'année  terinble  »,  et 
même  ayant  souvent  débuté  avec  la  grossesse. 

M.  Fournier  (1)  déjà  a  démontré  ces  excellents  eff*ets  du 
traitement.  S'il  arrive  à  une  mortalité  à  peu  près  nulle  quand 
letraitement  des  parents  a  été  très  prolongé,  il  trouve  encore 


fl)  Fournier.  Vh/réâitê  9yphf}itiqu*\  p.  135. 


ÉTIENNK  265 

unemortalicéde  36  0/0  quand  le  traitement  a  été  moyen,  c'est- 
à-dire  s'élevant  à  plus  d'une  année.  Dans  nos  cas,  la  médi- 
cation spécifique  a  presque  toujours  eu  une  durée  beaucoup 
moindre,  maise//e  est  intervenue  pendant  révolution  même 
de  la  grossesse. 

Nous  savons  que  le  traitement  mercuriel  nous  donne  ce 
résultat  de  deux  façons  :  i**  d'abord  par  amélioration  de  l'état 
général  de  la  mère  ;  2°  par  action  directe  sur  le  fœtus.  En 
effet,  MM.  Cathelineau  etStef  (1)  nous  ont  démontré  que  le 
mercure  passe  de  l'organisme  maternel,  à  travers  le  placenta, 
dans  l'organisme  fœtal,  fœtus  et  annexes  où  ils  l'ont  retrouvé 
par  l'électrolyse.  «En  résumé,  concluent-ils,  nous  voyons  que 
le  passage  du  mercure  de  la  mère  au  fœtus  est  nettement 
établi  ;  que  ce  mercure  se  retrouve  non  seulement  dans  le 
fœtus,  mais  encoredans  le  placenta  et  le  liquide  amniotique.  » 

Nous  voici  bien  loin,  on  le  voit,  de  l'opinion  de  ceux  qui, 
comme  Colson  après  les  anciens,  admettaient  que  le  mercure 
absorbé  par  la  mère  peut  être  une  cause  d'avortement  !  «  Dans 
les  cas  de  grossesse,  disait-il,  l'usage  des  préparations  mer- 
curielles  est  extrêmement  pernicieux  pour  la  mère  et  le 
fœtus  »  (2). 

Huguier  défendait  cette  même  théorie  à  la  tribune  de  l'Aca- 
démie des  sciences  :  «  L'a  vertement  chez  les  femmes  véro- 
lées  est  plutôt  la  conséquence  de  l'usage  des  mercuriaux  que 
de  la  maladie  elle-même  »  (3). 

Rappelons  que,  même  en  1878,  Fonssagrives  soutenait  en- 
core cet  avis  (4). 

On  sait  que  Ricord  fut  le  premier  à  déclarer  d'une  manière 
absolue  que  le  mercure  convient  à  la  grossesse  syphilitique. 

Le  mercure  peut,  il  est  vrai,  avoir  une  action  abortive 


(1)  Cathelineau  et  Stbp.  Annale«  de  dermatologie,  1890,  p.  972  et  siiiv. 
—  Stef.  Mereurei!tgroftite»»v.T)i.V9,T\^,  1891. 

(2)  ÀrchireJtde  méd,,  1828.  1"'  série,  t.  XVIIl. 

(3)  Comptes  rèniuê  de  V Académie  des  seiencet,  1840 
(I)  Dictionnaire  encycl.  des  sciences  niéd. 


266      INFI.LKNCE   DU   TRAITEMENT   PENDANT   LA   GROSSESSE 

réelle,  mais  c^est  quand  son  emploi  arrive  à  produire  une 
véritable  intoxication,  comme  Lizé  (du  Mans)  Ta  observé 
chez  les  ouvrières  chapelières  qui  manient  continuellement 
des  produits  hydrargyriques. 
Dans  ces  cas,  il  a  observé  en  effet  : 

1)  Quand  le  père  seul  est  soumis  àTinflueuce  du  mercure, 
sur  10  grossesses  :  2  accouchements  prématurés;  2  mort- 
nés  ;  2  enfants  morts  de  4  mois  à  2  ans  ; 

2)  Quand  le  père  et  la  mère  sont  soumis  à  Tinfluence  du 
mercure,  sur  14  grossesses  :  5  accouchements  prématu- 
rés ;  5  mort-nés  ;  6  morts  avant  5  ans  ; 

3)  Quand  la  mère  seule  est  soumise  à  l'influence  du  mer- 
cure, sur  7  grossesses  :  3  avorteraents,  1  mort-né  ;  I  mort 
avant  3  ans  1/2. 

Mais  si  le  mercure  est  employé  à  doses  thérapeutiques  et 
avec  prudence,  les  chiffres  que  nous  venons  de  rapporter 
démontrent  de  la  façon  la  plus  éclatante  la  fausseté  de  ces 
hypothèses. 

Quelques  statistiques,  cependant,  n'accordent  pas  au  trai- 
tement des  résultats  aussi  extraordinairement  favorables 
que  la  nôtre  ;  celle  de  M.  Vallois  (1),  entre  autres,  trouve 
8  enfants  morts  pour  17  femmes  traitées. 

Cet  auteur  a  : 


Enfants  vivante. 
—        morte. 


Femmes  traitées. 
63  0/0. 

47. 


Fenmies  non  traitto. 
40  0/  0. 

60. 


îSoit  un  bénéfice  de  13  0/0  en  faveur  des  femmes  traitées; 
Mewiz  (2)  trouve  une  augmentation  de  10  0/0  dans  le  nombre 
des  enfants  nés  à  terme. 


•  1)  Contrihvtwn  à  Vétnâc  dr  la  typhilis  ck^  la  femme  enceinte.  Tb.  Nancy, 
1 888. 
'2)  MKW18.  ZcH4çh,  f.  GehurUK  m,  Gyntck,  Bd  IV,  heft  l,  p.  10, 1881. 


ETIENNE  267 

Ka8sow'itz(l)  obtient  les  résultats  suivants,  bien  plus  con- 
sidérables, et  se  rapprochant  plus  des  nôtres  : 

Femmes  traitées  par  les  frictions  niercurielles  ;  couches  normales,  100  0/0 

—  —      le  biohlorure  ;  —  —         85 

—  —      Kl  ou  traitement  mixte  ;  —  —         70 

Soit  une  moyenne  de  75  couches  normales  pour  100. 

Si  maintenant  nous  considérons  seulement  les  2  premières 
catégories,  nous  trouvons  une  proportion  de  92  couches 
normales  chez  des  femmes  traitées  par*  le  mercure,  propor- 
tion identique  à  celle  que  nous  rapportons  plus  loin  à  la  sta- 
tistique générale  de  la  Maternité  de  Nancy.  Cette  statistique 
de  Kassowitz  nous  amène  à  rapporter  encore  celle  de  We- 
ber  (2), de  Saint-Pétersbourg,  dont  les  résultats  sont  bizarres. 

Sir  35  fefeBfs  sy^Mlit.  nfriales  ^oi^rM  «iapUi^nt  Ufileient  ci  pas  4n  tout:  90  0.0  4'im<  &Tut   Umt. 
ti          —                                pir  dei  frirtioBS  extmfls  :  pat  de  lr«aM«$. 

98  —  —  H  nd'mi  exterus  M  II  :  87  0  0  ATut  t«rie. 

1»  —  —  »  El  «ubliié  iDtn  :  16  0  0. 

17  —  --  J»  U  s*«l  :  40  0  0. 

Ainsi  il  y  aurait  plus  d'avortements  avec  un  traitement 
par  l'iodure  de  potassium  joint  aux  frictions  mercurielles, 
que  quand  il  n'y  a  pas  de  traitement,  et  Weber  conclut  : 
a  L'action  désastreuse  du  traitement  général  ne  correspond 
en  aucune  manière  à  la  durée,  mais  plutôt  à  son  action  sur 
les  organes  de  la  digestion  ». 

Dans  les  cas  rapportés  dans  notre  travail,  les  femmes  ont 
été  traitées  soit  par  les  frictions,  soit  par  les  pilules  depro- 
toiodure,  soit  par  le  sirop  de  Gibert,  et  on  peut  voir  que  nous 
n'avons  observé  aucun  résultat  semblable,  puisque  notre 
statistique  est  la  plus  favorable  que  nous  ayons  pu  trouver  : 
mortalité  à  la  naissance  =  0. 

Après  avoir  donné  les  chiffres  que  nous  avons  obtenus  et 
qui  établissent  de  la  façon  la  plus  nette,  Tinfluence  heureuse 
du  traitement  sur  la  marche  de  la  grossesse  chez  les  femmes 


(1)  Die  Vererbung  âer  Syphilis  in  Striclters  Jahrhiicher.  1875,  p.  469. 
'2i  AUgew.  mcd.  Cent,  /titung,  26  février  1875. 


268      INFLUENCE   DU   TRAITEMENT  PENDANT   LA   GROSSESSE 


syphilitiques,  nous  devons  rapporter  l'observation  suivante 
qui  montre  Tatténuation  progressive  de  l'action  spécifique 
par  le  temps  seul,  en  dehors  de  tout  traitement  ;  on  voit  que, 
comme  dit  M.  Fournier,  le  temps  use,  atténue  Tinfluence 
hérédo-syphilitique. 

Obs.  33.  —  Femme  de  30  ans,  domestique.  Syphilitique. 

1'"  grossesse,  à  20  ans.  Enfant  mort  vers  le  septième  mois  de 
la  grossesse;  macéré.  Placenta  dégénéré. 

2«  grossesse,  à  21  ans.  Enfant  mort  au  huitième  mois  de  la 
grossesse;  macéré.  Placenta  dégénéré. 

8«  grossesse.  Enfant  vivant,  faible;  mourut  le  jour  de  sa  nais- 
sance. 

4«  grossesse.  Enfant  vivant,  mort  à  2  mois;  accidents  laryngée. 

5°  grossesse.  Fille,  actuellement  bien  portante,  âgée  de  i  ans. 

a^  grossesse  (10  ans  après  la  première).  Grossesse  gémellaire: 
accouche  spontanément  de  deux  Ulles  à  terme.  Les  enfants  pros- 
pèrent. 

Cette  influence  du  temps  peut  se  montrer  même  pendant 
l'évolution  do  la  syphilis,  dans  la  période  tertiaire. 
L'observation  suivante  en  fait  foi. 

Obs.  34.  —  Femme  âgée  de  35  ans.  A  24  ans,  elle  a  eu  son  pre- 
mier enfant  à  terme,  gan.-on  actuellement  vivant. 

Elle  se  marie  ensuite  avec  un  homme  qui  n'était  pas  le  père  de 
ce  premier  enfant.  Depuis  ce  moment  :  • 

2«  grossesse.  Un  avortement  à  C  mois,  sans  cause  connue. 

3"  grossrssr.  Vn  avortement  i\  7  mois,  sans  cause  connue. 

4«  grossesse,  ù  32  ans.  Accouche  à  teume  d'un  garçon  actuelle- 
ment vivant 

5«  grossesse,  à  Î33  ans.  Accouche  ù  terme  d'une  fille  actuelle- 
ment vivante. 

0«  grossesse,  à  3ô  ans.  Elle  se  présente  à  la  Maternité,  préaen- 
tunt  une  céphalalgie  intense,  des  vomissementK,  des  vertiges: 
démarche  diflicile  :  elle  tombe  tantôt  d'un  côté,  tantôt  d'un  autre. 
saiiH  rétro  ou  antéro-pulsion.  Diplopie.  Disparition  presque  com- 
plète de  la  partie  droite  du  voile  du  {lalain:  elle  dit  avoir  eu  des 


ETIENNE  269 

ulcérations  dans  la  bouche  il  y  a  deux  ans,  pendant  la  5«  gros- 
sesse (pas  de  traitement),  ^ 

Frictions  à  l'onguent  mercuriel,  4gr.  par  jour,  énorme  amélio- 
ration en  huit  jours,  déjà  apparente  dès  le  4«  jour;  guérison. 

Accouche  2  mois  plus  tard  d'un  garçon  pesant  3/280  gr.  ;  bien 
portant. 

Cette  observation,  des  plus  intéressantes,  nous  montre 
donc  : 

1)  La  nocivité  de  la  syphilis,  par  deux  avortements  suc- 
cessifs ; 

2)  La  possibilité  de  Tatténuation  de  la  diathèse  héréditaire 
de  la  S37)hilis  avec  le  temps,  sans  intervention  du  traitement, 
comme  dans  Tobservation  précédente. 

3)  Que  l'atténuation  avec  le  temps  peut  se  faire,  la  mère 
restant  en  puissance  d'une  syphilis  continuant  à  évoluer.  Si 
cette  conclusion  ne  peut  se  tirer  de  la  6"  et  dernière  gros- 
sesse, puisqu'il  y  a  eu  un  traitement  énergique  institué,  elle 
ressort  avec  évidence  de  la  5"  grossesse,  à  la  suite  de  laquelle 
la  femme  accouche  d'un  enfant  à  terme  actuellement  bien 
portant,  et  pendant  laquelle  cependant  elle  a  présenté  des 
lésions  de  la  bouche. 

4)  Enfin,  et  réciproquement,  que  des  enfants  indemnes  ne 
sont  pas  un  brevet  de  sécurité  pour  les  parents. 

5)  Il  est  à  remarquer  que  des  accidents  tertiaires  graves 
ont  coïncidé  avec  l'évolution  de  ses  deux  dernières  grosses- 
ses, 5«  et  6*. 

Cette  observation  est  malheureusement  la  seule  que  nous 
puissions  apporter  pour  l'étude  de  l'hérédité  syphilitique  à 
l'époque  tertiaire.  Des  auteurs  ont  avancé  qu'à  ce  moment 
l'enfant  naît  à  peu  près  toujours  sain,  opinion  qui  nous  sem- 
ble exagérée;  mais  d'autre  part,  quand  Neumann  (1)  donne 
une  proportion  de  69  0/0  d'enfants  nés  syphilitiques,  après 


(1)  Nbumaxn.  Société  império-royale  de   médecine  de  Vienne^  séance  du 
8  janvier  1893. 


270       INFLUENCE   DU   TRAITEMENT   PENDANT   LA  GROSSESSE 

avoir  été  procréés  à  la  période  tertiaire  de  la  syphilis  mater- 
nelle, on  peut  être  étonné  d'une  semblable  morbidité,  la 
maladie  ayant  généralement  subi  l'atténuation  du  temps  et 
du  traitement. 

En  revanche  si  l'atténuation  peut  se  produire  pendant  l'é- 
volution même  de  la  syphilis,  l'influence  nocive  peut  exister 
en  dehors  de  tout  accident  spécifique  pendant  le  cours  de  la 
grossesse.  «  Un  certain  nombre  de  femmes,  dit  Foumier, 
avortent  par  le  fait  exclusif  de  la  syphilis,  sans  présenter  en 
même  temps,  sans  même  avoir  présenté  depuis  un  temp?^ 
plus  ou  moins  reculé,  de  symptômes  spécifiques  appréciables  ; 
c'est  la  syphilis  latente,  » 

Dans  ces  cas,  parfois,  les  enfants  peuvent  naître  à  terme, 
sains  en  apparence,  mais  frappés  d'une  sorte  «  d'inaptitude 
à  la  vie  »  ;  c'est  alors  sous  la  forme  d'une  polymortalitr 
infantile  tout  à  fait  anormale  que  peut  se  révéler  la  syphilis, 
comme  dans  l'observation  suivante  : 

Ors.  35.  —  Femme  do  3C  ans,  6e  grossesse. 

l*"*  grossesse.  Elle  accouche  à  terme  d'un  enfant  bien  constitué. 

QUI  EST  ACTUELLEMENT  BIEN  PORTANT. 

Elle  se  marie  ensuite  ;  le  mari  n*est  pas  le  père  de  ce  premier 
enfant,  et  est  probablement  sypliilitique. 

2"  grossesse.  Accouche  d'un  enfant  vivant,  faible  ;  meurt. 

3«  grossesse.  Knfant  vivant  ;  mort  à  4  mois  (convulsionîj}. 

4«  grossesse.  Enfant  \ivant;  mort  en  bas  i\ge. 

5«  grossesse.  Enfant  vivant  ;  mort  à  6  semaines  (convulsion^», 

{)"  grossesse.  Accouche  d'une  Olle  pesant  1.530  gr.  ;  morte  .»u 
îh?«  jour  (athrepsie). 

Bien  plus,  parfois  môme,  dans  ces  cas  de  syphilis  latente, 
Tenfant  est  mort-né,  ainsi  que  Neumann  et  Friedin^er  (  1 1, 
entre  autres,  l'ont  observé. 

Aprôs  avoir  établi  cette  statistique  personnelle,  nous  avon> 
cherché  à  la  contrôler  en  consultant  les  nombreuses  obser* 
vations  de  syphilis  conservées  dans  les  archives  de  la  Mater- 


1)  (\tmviuntcation  à  la  Soe.  iiupèrio-roynle  dv  tnédt'cine  de  ri'ii«if,»i<«uc 
(Ui  8  janvier  I8î»2. 


ETIENNE  271 

nité  de  Nancy.  Nous  avons  réuni  86  cas,  pour  lesquels  les 
détails  sont  suffisants  et  affirment  le  diagnostic.  Nous  ajou- 
terons  que  la  plupart  des  femmes  dont  nous  avons  les  obser- 
vations ont  été  traitées  au  service  des  vénériennes  de 
rhôpital  de  la  Maison  de  secours,  dirigé  successivement  par 
MM.  les  professeurs  Spillmann,  Schmidt  et  Vautrin,  remar- 
que importante  puisqu'elle  donne  la  plus  grande  somme  de 
garanties  au  double  point  de  vue  du  diagnostic  et  des  soins 
apportés  au  traitement. 

Voici  les  résultats  que  nous  avons  obtenus  :  D'abord,  d'une 
FAÇON  GÉNÉRALE,  la  fréquence  de  Vavortement  dans  la 
syphilis.  ^ 

8G  femmes  ont  eu,  après  le  moment  où  elles  ont  contracté 
la  syphilis,  103  enfants  en  101  grossesses.  Si  nous  ne  nous 
occupons  que  des  86  grossesses  dont  nous  avons  les  obser- 
vations en  mains,  nous  avons  86  enfants.  Sur  ceux-ci,  nous 
trouvons  : 

84  nf.  à  terM  (42  0  0)  dont  29  dtas  m  m  utisF.  (34 0/0)  3  lyphil.  à  letr  Btiss.  (3 1/2  0/0)  1  lort-aé  (1 1/4  0, 0) 
24—  àli«S(26S/4)  —    14         -       —       {161/2)8     —  —         (81/2)    7      —     (81/4). 

14—  â7—  (16  1,8)  —     6  TivMti  (7  0.0)  8     —    (91/2  »  ) 

13— lT.U7-a.(15  1;2)        _^  J£    —(161/2»  ) 

04  49         670/0  r  29  86  0,0 

55  Vivants  :  64  0/0 

On  voit  que  la  proportion  des  accouchements  prématurés 
est  de  43  0/0,  celle  des  avortements  proprement  dits  de  15  i/2; 
en  réunissant  ces  deux  chiffres,  58  0/0  des  enfants  sont  venus 
avant  terme.  Dans  les  mêmes  conditions,  Fournier  trouve 
dans  une  statistique  de  Lourcine  (64  cas),  une  proportion  de 
65  0/0  ;  Diday  61  0/0  ;  Stoltz  donne  66  0/0  ;  M.  Vallois  (1),  à 
Nancy  en  1883,  trouvait  plus  encore  :  09  0/0  (sur  24  cas),  tan- 
dis que  Witehead  donne  seulement  45  0/0  ;  Aneth  14  0/0  et 
Potton  10  0/0. 

Sur  781   cas,  en  réunissant  de  nombreuses  statistiques 

(Dunal,  Fournier,  Lepileur,  Vallois ),  Charpentier  trouve 

302  grossesses  interrompues  avant  terme,  par  accouchement 
prématuré  ou  par  avortement,  soit  42  0/0. 

•  1  /  Loc,  cii. 


272      INFLUENCE   DU   TRAITEMENT  PENDANT   LA  GROSSESSE 

D'autre  part,  nous  trouvons  que  35  fois  sur  100,  le  produit 
de  la  conception  était  mort-né.  Ce  chiffre  se  rapproche  beau- 
coup de  celui  donné  parBlaise  (1)  36,8  0/0,  sur  1,013  cas  pro- 
venant de  8  séries  dues  à  divers  auteurs. 

Mais  si,  comme  nous  pensons  Pavoir  démontré  par  des 
chiffres,  le  traitement  spécifique  a  une  action  manifeste  sur 
révolution  de  la  grossesse  chez  les  femmes  syphilitiques,  il 
faut  bien  reconnaître  que  les  statistiques  ainsi  établies  ont 
quelque  chose  d'artificiel  ;  il  y  a  là  une  donnée  dont  il  est 
absolument  nécessaire  de  tenir  compte.  Si  Ton  veut  étudier 
Taction  de  la  vérole  sur  la  grossesse,  c'est  donc  à  des  partu- 
rientes  syphilitiques  non  traitées  qu'il  faut  s'adresser.  Nous 
en  avons  trouvé  quarante-deux  dansée  cas.  Des  42  enfants 
nés  de  ces  femmes  26  étaient  mort-nés,  16  seulement  vivants; 
et  parmi  ces  16  enfants  vivants,  7  étaient  porteurs  d'acci- 
dents syphilitiques  au  moment  de  la  naissance,  ou  dans  les 
premiers  jours  qui  Tout  suivie,  et  9  sont  morts  avant  leur 
sortie  de  la  Maternité,  soit  une  mortalité  minima  de  83  0/0. 
M.  Fournier  (2)  dans  les  mêmes  conditions,  trouve  82  et 
83  0/0.  Il  estimpossible  que  notre  résultat  soit  plus  identique 
à  celui  publié  par  le  professeur  de  l'hôpital  St-Louis. 

Onze  enfants  seulement  étaient  à  terme,  dont  3  mort-nés^ 
3  portant  des  accidents  syphilitiques  ;  20  étaient  nés  préma- 
turément,  dont  12  mort-nés  et  8  vivants,  et  parmi  ces  der- 
niers 2  syphilitiques  ;  enfin  il  y  eut  1 1  avortements. 

Voici  cette  statistique  sous  forme  de  tableau  : 

/sains  (du  moins  ' 

.à  terme  |  en  apparence)  37,10  %li/2  dea\ 

,   vivante    l       "*^      Whililiques  à^         ^  J^i^^HsS  %  dunom- 
a  6)      ;  ^    la  iiajsuance  o  11,  9%  >     brctotid 

l  /prématu-SsaJns  (Jtl.)         614,28  %>  \ 

42       1                  '    rés^8)    ?Hvphili tiques   2  4.76  %i     ^*^- 
enfants;  |^  ^^^^^ 3  ^  j^  ,^. 

f  mortpnéfl  JprématuK'S 12  28,56  %[  62 


\       ^26)      (avortements Il  26,18  % 


<1)  Thèee  d'agrégation,  1883,  p.  88. 

r2)  Fourni KB.  Hérédité  syphilitique,  1S9],  p.  137. 


,0 


ÉTIENNK  273 

Si  Ton  additionne  la  proportion  des  avortements,  des 
accouchements  prématurés  et  des  enfants  à  terme  mort-nés, 
on  arrive  à  Ténorme  proportion  de  81  grossesses  anormales 
sur  100.  Et  on  voit  que  9  enfants  seulement  (22  0/0)  sont,  en 
apparence,  sains  au  moment  de  leur  naissance,  dont  6  nés 
prématurément,  et  4  au  moins  de  ceux-ci  sont  morts  dans 
les  deux  premiers  mois,  donc  39  enfants  sur  42,  soit  92,5  0/0 
se  ressentent  de  l'hérédité  syphilitique.  Ajoutons  que  plu- 
sieurs fois  nous  avons  observé  des  avortements  à  répétition. 
C'est  que,  en  eflfet,  «  parmi  toutes  les  causes  d'avortelnent 
à  répétition,  nous  dit  M.  Schuhl  (1),  la  syphilis  est  celle  qui 
a  l'influence  la  plus  considérable  sur  Tinterruption  répétée 
de  la  grossesse  ». 

En  regard  de  cette  statistique,  et  à  Tappui  de  la  première 
partie  de  ce  travail,  nous  allons  placer  celle  de  la  grossesse 
chez  des  femmes  syphilitiques  qui  se  sont  traitées. 

Nous  avons  ici  44  cas,  répartis  en  deux  catégories  :  les 
femmes  qui  se  sont  traitées  pendant  le  cours  de  leur  grossesse; 
et  celles  qui  se  sont  traitées  à  un  moment  quelconque  de 
leur  syphilis,  mais  non  pendant  leur  grossesse. 


32  femmeg      (  En^nts  vi  vantB>  terme  ...  19  «'«l-à-dire  63  0/0  t      ^  ^ 
traitée»  dans    >  ^^'  'prématurés.   9        —27  0/0' 

le  courant      )  à  terme..       1        —        3,13  \ 

de  leur  grossesse.lEnfantfl  morts,  4.Î  "  12  1/2  0,0 

®  (avortements  3(1)    —        9,39  ) 

Si  nous  défalquons  le  cas  visé  par  la  note  ci-dessous  (2), 
nous  avons  seulement  une  proportion  de  : 


(1)  D""  SCHU H L,  ancien  chef  de  clinique  obstétricale  à  la  Faculté  de  méde- 
cine de  Nancy.  De  l'avorte  meut  A  répétition  (Prix  Ca,puron).  Annales  de 
gynécologie,  1891.  et  Bemve  médicale  de  CExt  ;  Arc?iires   de  tocologie,  1^92, 

(2)  L*nne  des  3  femmes  n'a  été  traitée  que  pendant  les  10  derniers  jours  de 
sag^ossesm;  fœtus  de  1,650  gr.,  macéré,  mort  depuis  un  certain  nombre  de 
joura  ;  placenta  altéré . 

AjrX.  Dt  OTN-,  —  VOL.  ZXXVII.  18 


274   INFLUENCE  DU  TRAITEMENT  PENDANT  LA  GROSSESSE 

10  0/0  d'enfants  morts,  au  lieu  de  62  0/0  chez  les  femmes 
non  traitées  et  une  proportion  de  90  0/0  d'enfants  vivants, 
au  lieu  de  38  0/0. 

Parmi  ces  enfants  vivants,  1/3  seulement  est  né  prématu- 
rément au  lieu  de  1/2  :  aucun  de  ces  enfants  ne  portait  à  sa 
naissance  d'accidents  spécifiques  ;  2  seulement  sont  morts 
syphilitiques,  4  athrepsiques  ;  1  autre  est  mort  à  3  mois 
d'une  broncho-pneumonie,  sa  mère  était  tuberculeuse.  En 
tout,  7  enfants  dont  la  mort  a  été  constatée  dans  le  service, 
soit*l/4;  tout  à  l'heure  nous  trouvions  la  moitié  (4  sur  9). 
Ajoutons  que  18  fois,  soit  60  0/0,  l'enfant  est  né  indemne  de 
toutes  manifestations  syphilitiques  et  n'en  a  pas  présenté 
pendant  tout  le  temps  qu'il  a  pu  être  observé,  quelques-uns 
pendant  plusheurs  mois. 


II 


.'Enfants  vivants Aà  terme. ...    7  cVil-i-diM  56  0/0  > 

12  femmes  u.  ^prématurés.   4        -      38  00)'^ 

traitées  avant    \  * 

leur Kro8s,.s»e.    (  g^j,^^^  .prématuré..    1        -      110,0 

^avortements  0 

Cette  statistique  se  rapproche  beaucoup  de  la  précé- 
dente. 

Enfin,  comme  point  de  comparaison,  voici  une  statistique 
faite  sur  une  série  d'un  môme  nombre  (40)  de  femmes  indem- 
nes de  maladie  vénérienne. 

!-,   ,     ^      .       ,      u  terme 31  eVil-à-dire  77  (►  0 
Enfants  vivants,  i     , 
(prématurés S        ^       20  0,  o 
(prématurés 1        —      23  U/0 
—       morts.     > 
favortements 

Si  Ton  pouvait  douter  encore  de  l'influence  néfaste  de  la 
vérole  sur  la  grossesse,  voici  le  résumé  de  l'observation  de 
femmes  ayant  contracté  la  syphilis  après  avoir  déjà  eu  des 
enfanfs  et  en  ayant  eu  depuis  : 


ETIENNE 


275 


Avortementa 

AccoucheinentR  prématurés... 
—  âl  tei'me 


AVANT 

l'isfwtiok 

VKNBRIRNirB 


4(1) 

0 
25 


29 


AI'UKS 
L'INKBCTION  VKNKRlJ'.N'NK 


KON   TRAtTBIS 


9 
0 
0 


9 


TiurrKB 


0 
2 
G 


Voici  à  ce  sujet  encore  3  observations  démonstratives  : 

Obs.  36.  —  Femme  de  28  ans,  5"  grossesse.  lr«  grossesse  1884. 
Accouchement  à  terme  d'une  lUle,  actuellement  bien  portante. 

:2«  grossesse,  188G.  A  la  suite  d'une  chute  en  portant  un  fardeau 
avortement  il  3  mois. 

3«  grossesse  1887.  Accouchement  à  terme  d'un  garçon. 

'i°  grossesse,  1888.  Accouchement  à  terme  d'un  garçon,  actuelle- 
ment bien  portant. 

î»"  grossesse,  1890.  Contracté  la  syphilis  ;  plaques  muqueuses 
«le  la  langue.  Traitée  depuis  le  mois  de  mars  (au  sirop  de  Gibert). 

Accouche  le  23  mai  d*un  garçoa  de  1,260  gr.  mort  9  jours  après, 
d'atlirepsie,  sans  trace  d'éruption. 

Obs.  37.  —  Femme  de  37  ans;  T^**  grossesse. 

Irc  grossesse.  Accouche  à  terme  d'une  lille  actuellement  bien 
portante. 

2«  grossesse,  3  ans  plus  tard.  Accouche  à  terme  d'un  garçon  ac- 
tuellement bien  portant. 

3**  grossesse,  2  ans  après.  Accouche  à  terme  d'un  garçon,  mort 
de  convulsions  à  8  semaines. 

'i"  grossesse,  l'année  suivante.  Avortement  gémellaire  à  3  mois 
(à  la  suite  d'une  frayeur). 

.>  grossesse,  l'année  suivante.  Accouche  à  termo  d'un  garçon, 
actuellement  bien  portant. 

(jo  grossesse.  Tannée  après.  Avortement  à  3  mois  (frcayeur). 

7«  grossesse,  Tannée  suivante.  Accouche  à  terme  d'un  ;rirçon 
nctuellement  bien  portant. 


I    Frayeur  et  traumatisâmes  invoqués. 


276      INFLUENCE   DU   TRAITEMENT   PENDANT   LA   GROSSESSE 

8e  grossesse,  Tannée  suivante.  Accouche  à  terme  d'un  garçon 
mort  à  3  mois  d'entérite. 

9«  grossesse,  l'année  suivante.  Accouche  à  terme  d*une  fille, 
morte  à  6  mois  d'entérite. 

IQo  grossesse,  Tannée  suivante.  Accouche  à  terme  d*une  fille, 
actuellement  bien  portante. 

Ile  grossesse,  2  ans  plus  tard.  Accouche  à  terme  d'un  garçon, 
mort  à  5  ans  de  la  fièvre  typhoïde. 

12*  grossesse,  6  ans  plus  tard.  Son  mari,  atteint  d  un  chancre, 
au  mois  de  janvier,  contamine  sa  femme,  qui  présente  la  roséole 
en  avril.  I7n  médecin  consulté  prescrit  le  sirop  de  Gibert  et  des 
pilules  de  protoiodure  d'hydrargyre. 

Accouche  2  mois  plus  iarày  prématurément,  d'un  garçon,  pla- 
centa dégénéré. 

Obs.  î38  (1).  —  Femme  de  25  ans,  4e  grc^ssesse.  3  grossesses  nor- 
males ;  accouche  à  terme  d'enfants  jusqu'à  présent  très  bien  por- 
tants. En  juin  1882,  premiers  accidents  spécifiques.  N'a  suivi 
aucun  traitement,  Blennorrhagie  le  16  février;  entrée  à  la  Mater- 
nité ;  à  ce  moment,  elle  présente  la  pléiade  ganglionnaire  dans 
Taine  droite;  érosion  a  la  face  interne  de  la  grande  lèvre  droite; 
la  face  externe  des  grandes  lèvres  et  les  plis  génito-cruraux  sont 
couverts  de  papules  hypertrophiques.  A  la  nuque  syphilides  pa- 
pulo-squameuses  circinées, non  prurigineuses;  adénopathie  cervi- 
cale (frictions  mercurielles).  Accouche  prématurément  a  6  mois  1/2 
le  7  mars  en  O.I.G.A.  d'une  fille  pesant  1,1G0  gr.,  morte  2ï  heures 
après  la  naissance.  Placenta  altéré. 

Dans  une  statistique  établie  sur  les  mômes  bases,  Le  Pi- 
leur  (2)  trouve  les  chiffres  suivants  : 

AVAXT  LA  S  Vn II  LIS  APJtÈS 

Avortements  0  21 

Enfants  mort-nés  0  6 

Enfants  vivants  27  3 

Si  maintenant  nous  recherchons  à  quel  moment  de  la  gros- 


(1)  Observé  A  la  Maternité  de  Xamy  par  M.  Vallois,  obs.  n"  ô  de  sa  thèse. 

(2)  Delà  mortalité  infautile  par  la  Mpliilis.  éSocnte  ohntêtricale  de  ParU^ 
1888. 


ETIENNE 


277 


sesse  se  produit  la  mort  de  Tenfant,  nous  trouvons  les  résul- 
tats suivants: 


VOim  DES  S%PAXT9 

MOMKKT 
DS  LA  OROaSESSE 

NOMBitE 

DE  nmva 

MORTM 

UEBULTAI-B 

OBTENUS 

PAR  liUOR 

£nfai)t«  pesant  plus  de  3. O00.gr. 

38«  semaine 

1 

3 

—               —             2.500 

34«      — 

2 

(> 

—               —             2.000 

32«      — 

r> 

12 

—               —             1.500 

'Zl"      — 

6 

19 

—               —             1.000 

7 

19 

—               —                 500 

7 

9 

—              moins  de      500 

1 

8 

• 

Total. 

. ...  29 

C'est-à-dire  que  21  enfants,  soit  72,5  0/0,  sont  morts  avant 
la  fin  du  7*  mois  de  la  grossesse  et  que  28  sur  29  ou  96  0/0 
sont  morts  avant  8  mois  et  demi  ;  résultats  en  somme  con- 
formes à  ceux  obtenus  par  Cari  Ruge. 

La  clientèle  des  Maternités  est  un  milieu  qui  se  prête  fort 
peu  à  Tétude  de  la  syphilis  paternelle;  aussi  n  avons-nous 
pu  réunir  de  matériaux  satisfaisants  à  ce  sujet.  Le  plus 
souvent,  nous  n'avons  pu  déterminer  quelle  part  revenait 
au  père  dans  Tinfection  du  fœtus.  Nous  avons  seulement 
trouvé  dans  les  observations  anciennes  de  la  Maternité  trois 
cas  dans  lesquels,  nettement,  l'enfant  était  atteint  par  la 
diathèse  alors  que  la  mère  était  très  vraisemblablement 
saine. 

0b8.  89.  —  Dans  Tun  de  ces  cas,  le  père  de  l'enfant  est  syphili- 
tique ;  la  mère  ne  présente  et  n'aurait  jamais  présenté  de  symp- 
tômes de  syphilis,  mais  elle  est  accouchée  à  7  mois  1/2  d'un  fœtus 
macéré. 

Obs.  40.  —  Dans  un  second  cas,  la  mère  n'aurait  pas  présenté  «le 
lésions  spécifiques,  et  l'enfant  est  perdu  de  vue  après  avoir  pré- 
senté des  érythèmes  suspects,  Su  coryza  et  du  pemphîgus  de  la 
face  plantaire  des  pieds. 

Obs.  41.  —  Ëntin,  dans  le  troisième  cas,  sans  que  la  mère  accuse 
aucun  symptôme  suspect,  l'enfant,  pesant  à  la  naissance  2,'-ilô  gr., 


278      INFLUENCE    DU   TRAITEMENT  PENDANT   LA   GROSSESSE 

fut  atteint  au  7e  jour  de  pemphigus  palmaire  et  plantaire,  d*une 
éruption  papuleuse  sur  les  membres  inférieurs,  le  siège  et  le  dos, 
et  succomba  au  onzième  jour. 

Sans  vouloir  tirer  de  conclusions  d'un  aussi  petit  nombre 
de  faits,  nous  ferons  seulement  remarquer  que  dans  aucun 
de  ces  trois  cas  de  syphilis  paternelle,  il  n'est  intervenu  de 
traitement  et  que  cependant  dans  un  tiers  seulement  des  cas, 
soit  33  0/0,  Tenfant  est  mort-né,  au  lieu  de  66  0/0  pour  l'en- 
semble des  autres  cas  de  femmes  non  traitées  ;  ce  qui  est 
contraire  aux  assertions  de  von  Bœrensprung,  (1)  mais  con- 
forme à  celles  de  Fournier,  Biaise,  Keyfel,  Vogel  et  Kasso- 
witz  ;  ce  dernier,  dans  sa  statistique  personnelle,  trouve 
une  proportion  24  0/0  de  naissances  avant  terme  quand  le 
père  seul  est  syphilitique  et  51  0/0  quand  les  2  parents  sont 
contaminés.  Mais  si  la  mortalité  est  moindre,  il  est  vrai  que 
les  deux  enfants  nés  vivants  étaient  manifestement  syphili- 
tiques ;  ajoutons  encore  que  dans  un  cas  personnel  (obs.  17) 
nous  avons  observé  un  avorteraent. 

L*une  des  questions  sur  lesquelles  Taccord  est  le  moins 
établi  est  celle  de  savoir  jusqu'à  quel  point  le  pronostic  varie 
pour  l'enfant  suivant  Pépoque  de  la  grossesse  à  laquelle  se 
fait  la  contamination  syphilitique  de  la  mère. 

Alors  que  Mandran  et  Kassowitz  nient  toute  espèce  de 
transmission  par  voie  placentaire,  ce  qui  revient  à  dire  que 
Tenfant  ne  peut  être  atteint  que  si  la  syphilis  remonte  aux 
premiers  mois,  nous  voyons  Cullerier  (2)  et  Œvre  prétendre 
que  l'infection  de  Tenfant  peut  se  faire  pendant  tout  le  cours 
de  la  grossesse,  et  ce  dernier  allait  jusqu'à  conseiller  Tac-» 
couchement  prématuré  lorsque  Tinfection  a  lieu  à  une  époque 
où  le  fœtus  est  viable. 

Entre  ces  opinions  extrêmes  se  rangent  les  autres  auteurs  ; 
ce  sont  :  Diday  qui  nous  dit  :  «  Il  me  suffit  d'indiquer  le 


(1)  Die  hiréditâre  SypkilU.  Berlin,  1864. 

(2)  Cdllkbier.  De  l'hérédité  de  Itt  syphilii».  Mémoire*  âe  la  S»^f\èii  é^ 
chirhrg.  de  Parti,  1S51,  t.  IV. 


KTIENNE  279 

quatrième  mois  au  delà  duquel  on  peut  voir  survenir  l'in- 
fection sans  trop  redouter  Tavortement.  « 

Puis  Parrot  (1)  :  «  Plus  le  moment  de  la  contamination  se 
rapproche  du  terme  do  la  grossesse,  dit-il,  moins  il  y  a  de 
chances  que  Tavortement  se  produise,  il  est  très  peu  pro^ 
bable  lorsque  la  femme  est  infectée  au  5*  mois.  » 

Hirigoyen  (2)  qui,  dans  7  cas  de  syphilis  survenue  du 
6*  au  9*  mois  de  la  gestation',  a  vu  quatre  enfants  vivants  et 
3  mort-nés,  conclut  que  «  la  gravité  de  la  syphilis  con- 
tractée dans  les  trois  derniers  mois  est  beaucoup  moins 
grave  pour  le  fœtus  que  celle  de  la  syphilis  des  six  premiers 
mois  ». 

Reimonencq.(3)  déclare  que  quand  la  syphilis  intervient 
à  la  fin  de  la  grossesse,  l'enfant  naît  généralement  vivant  et 
sain,  bien  que  sur  cinq  cas,  il  ait  "Z  mort-nés  et  un  accou* 
chement  prématuré. 

Enfin,  selon  Mauriceau,  Bassereau  (4),  Ricord,  Franck, 
Abernetly,  Zeissl,  Vajde,  Behrend,  la  syphilis  ne  fait  sentir 
son  influence  que  jusqu'au  7'  mois  de  la  grossesse,  limite  que 
Chaballier  (5)  amène  jusqu'au  commencement  du  8*  mois. 
Neumann  (6)  cependant  cite  le  cas  d'un  enfant  manifeste- 
ment syphilitique  né  d'une  mère  qui  avait  contracté  la  syphi- . 
lis  au  8*  mois  de  sa  grossesse. 

Notre  observation  n^  32,  rapportée  plus  haut,  est  dans  le 
même  cas. 

(1)  Pabbot.  De  ravortement  et  de  Taccouchement  prématuré  dans  la 
syphilis  héréditaire.  Progrès  médical^  1877,  p.  881. 

(2)  HIBIOOTBN.  Syphilis  et  grossesse.  Journal  dé  médecine  de  Bordeaux, 
et  Archivée  de  tocolagie^  1886. 

(3)  Reimonencq.  Contribution  à  V étude  de  V influence  de  la  syphilis  sur 
la  grossesse.  Th.  Bordeaux,  1885. 

(4/  Leorand.  Si/ph,  et  grossesse.  Essais  sur  la  syphilis  j^ost'Coneeption-' 
nelle.  Th.  Paris,  1886. 

(5)  Chaballier.  Transmission  de  la  syph.  de  la  mère  &  l'enfant  au  8*  mois 
de  la  grossesse.  Oaz,  méd.  de  Lyon,  1864. 

(G)  NSUMANN.  Wien.  médical  Presse,  1885,  et  Arch,  de  torologie,  1886, 
p.  73. 


280      INKLUENCK   DU    THAITEMEXT   PENDANT    LA   GROSSESSE 

Nous  avons  les  observations  de  36  femmes  chez  lesquelles 
nous  avons  pu  déterminer  exactement  Tépoque  d'invasion 
d*une  syphilis  acquise  pendant  la  grossesse.  V'oici  les  résul- 
tats que  nous  avons  pu  tirer  de  leur  étudo  au  point  de  vue 
qui  nous  occupe  actuellement. 

Femmen  non  traitées:  21  cat. 


KXFASTS 

VIVANTS 

A  TIBUB 

AVAXT  TERSIl 

Syphiliâ  acquise  dan8 
les  3  premiers  muis. 

•• 

O 

4  (19  0/0; 

4"  et  5*  mois 

1  (4,750/0) 

1 

6c     — 

» 

» 

7c     _ 

1 

» 

Se      — 

9 

» 

fl«      — 

D 

» 

MORI^NI» 


A  TKItMS 


1 
» 


AVAKT  mUII 

11  (52  0/0) 
2(8,600/0) 


Ftmmei  traitévë:  15  cas. 


Syphilis  acquise  dans 
les  3  premiers  muis. 

4'  et  5*  mois 

6«     — 

7-     — 

8«     — 

î>*     — 


hXKAN'l'S    VIVANTS 


A  TKIIMK 

3  (20  0/0) 
6  (40  0/0, 

)) 
1 
1) 


AVANT  TERME 


1  (tî,5  0/0, 

3 

» 

1 


UURI'^N'Bd 


ATSnME 


I) 


AVANT  mm 


Le  premier  de  ces  tableau.^  nous  montre  que  quand  la 
syphilis  survient  dans  les  3  premiers  mois  de  la  grossesse 
et  n*est  point  influencée  par  le  traitement  : 

II  enfants  sur  15  sont  mort-nés,  soit  73  0/0  ; 

4  naissent  vivants,  mais  avant  terme,  et  tous  les  4  ont  suc* 
combé  dans  les  premiers  jours  après  leur  naissance. 

C'est-à-dire,  en  somme,  une  mortalité  de  100  p.  100. 


ETIENNE  281 

Ce  résultat  est  de  beaucoup  plus  déplorable  encore  que 
celui  que  nous  trouvions  pour  la  statistique  générale  où  la 
proportion  des  mort-nés  était  de  62  0/0  et  où  1/5  des  enfants 
naissaient  encore  et  vivants  et  à  terme. 

L'invasion  se  produisant  pendant  les  4®  et  5^  mois,  nous 
avons  3  mort-nés  sur  5  cas,  soit  60  0/0,  et  parmi  les  2  enfants 
vivants.  1  est  à  terme  ;  ce  résultat  est  un  peu  plus  favorable 
que  celui  de  la  statistique  générale. 

Enfin,  dans  un  cas  où  la  syphilis  s'est  déclarée  au  7®  mois, 
Tenfant  est  né  vivant  et  à  terme. 

De  là  nous  pourrons  conclure  que  Diday  et  Parrot  sont 
peut-être  trop  absolus  dans  les  proportions  que  nous  rappor- 
tions plus  haut. 

Dans  le  second  tableau,  quand  les  femmes  ont  été  traitées 
nous  voyons  immédiatement  que  nous  n*avons  plus  de  mort 
nés  Même  pour  une  syphilis  des  3  premiers  mois,  que  nous 
venons  de  voir  si  terrible,  sur  4  cas,  nous  avons  3  enfants 
vivants  et  à  terme,  soit  75  0/0,  un  vivant  mais  né  prématuré- 
ment. 

La  syphilis  étant  intervenue  dans  les  4*  et  5'  mois,  sur 
9  cas,  nous  trouvons  0  enfants  vivants,  à  terme,  soit  66  0/0  et 
3  nés  prématurément.  Ces  résultats,  absolument  conformes 
à  ceux  que  jusqu'à  présent  nous  avons  toujours  obtenus  du 
traitement,  démontrent  avec  la  dernière  évidence  combien 
est  inexacte  la  conclusion  de  Hirigoyen  (I),  qui,  des  9  cas 
qu'il  rapporte,  a  cru  pouvoir  conclure  : 

«r  Toutes  nos  observations  sont  assez  nettes  pour  qu'on 
puisse  dire  que  la  syphilis  prise  au  début  de  la  grossesse 
jusqu'au  4®  mois  amène  la  mort  ou  Texpulsion  du  fœtus  du 
6*  au  8*  mois  ;  on  pourrait  ajouter  :  malgré  le  traitement, 
qui,  dans  ce  cas,  semble  sfulement  retarder  un  peu  le  mo" 
ment  de  la  mort  et  de  Vexpulsion.  » 

D'après  nos  recherches  il  nous  est  impossible,  dans  cette 
statistique  générale  de  la  Maternité  de  Nancy,  comme  déjà 

(l)  HXBIOOTKN.  Loc.  cit. 


282   INFLUENCE  DU  TRAITEMENT  PENDANT  LA  GROSSESSE 

nous  Tavons  indiqué  pour  notre  statistique  personnelle,  d'at- 
tribuer au  traitement  interne  les  résultats  déplorables  que 
Wéber  dit  avoir  observés.  La  plupart  de  nos  femmes  ont 
été  traitées  par  le  protoiodure  de  mercure,  parfois  joint  à 
riodure  de  potassium,  quelquefois  même  par  le  sublimé,  et 
certes,  cette  statistique  est  des  plus  heureuses,  la  nôtre  étant 
même  la  plus  favorable  que  nous  avons  pu  trouver  : 

Mortalité  à  la  naissance  chez  les  femmes  traitées  =  0. 

Certainement,  parmi  tous  ces  enfants  que  nous  avons  vus 
naître  dans  un  état  satisfaisant  et  qui  ont  été  perdus  de  vue, 
un  grand  nombre  sont  destinés  à  payer  tribut  à  la  tare  héré- 
ditaire terrible  qu'ils  ont  apportée  en  naissant.  Par  bonheur, 
nous  savons  aussi  que  le  traitement  antisyphilitique,  rigou- 
reusement appliqué  aux  enfants  nés  dans  ces  conditions, 
lutte  souvent  énergiquement  contre  la  diathèse  et  peut  en 
détruire  les  conséquences.  C'est  vers  ce  but  que  doivent 
tendre  les  efforts  du  médecin  traitant,  alors  qu'il  est  déjà 
arrivé  à  ce  grand  résultat  :  obtenir  des  enfants  vivants. 

Nous  pouvons  donc  conclure  que  : 

1)  Si  chez  la  femme  dont  la  syphilis  n'a  jamais  été  traitée, 
la  mortalité  infantile  est  toujours  énorme,  au  moment  de  la 
naissance  pouvant  atteindre  une  proportion  de  76,5  0/0  pour 
arriver  môme  au  chiffre  terrifiant  de  95,5  0/0  si  l'on  compte 
jusqu'au  moment  où  l'enfant  est  perdu  de  vue,  cette  morta- 
lité peut  immédiatement  tomber  à  16,5  0/0  et  même  à  1 1  0/0 
si  la  syphilis  maternelle  a  été  à  un  moment  quelconque,  in- 
fluencée par  un  traitement  sérieux. 

Que  si,  maintenant,  le  traitement  est  appliqué  pendant  le 
cours  même  de  la  grossesse,  nous  pouvons  espérer,  du 
moins  au  point  de  vue  de  la  mortalité  à  la  naissance^  une 

IMMUNITÉ   PRESQUE    COMPLÈTE,    puisqUO   SUr    10   CaS,    DOQS 

n'avons  pas  un  seul  enfant  mort-né,  et  que  dans  une  autre 
série  de  32  observations,  la  mortalité  dans  ces  conditions 
n'est  que  de  9  0/0;  en  outre  dans  la  grande  majorité  des  cas, 
l'enfant  naît  à  terme,  80  0/0  dans  notre  statistique  person- 
nelle. 


i 


ETIENNE  283 

Un  tableau,  résumant  les  observations  de  10  femmes  ayant 
eu  des  enfants  avant  çt  après  leur  infection  syphilitique, 
nous  amène  à  la  même  conclusion  relativement  à  l'influence 
du  traitement  :  (8  accouchements,  8  enfants  vivants),  après 
nous  avoir  montré  ainsi  avec  évidence  la  terrible  influence 
de  la  syphilis  non  traitée  sur  la  grossesse. 

2)  C'est  vers  les  5%  G*  et  7*  mois,  de  la  vie  intra-utérine, 
que  la  syphilis  frappe  surtout  ses  victimes  ;  en  effet,  nous  ne 
trouvons  que  i  fœtus  (4  0/0)  pesant  moins  de  500  gr.  et  72,5 
des  enfants  sont  morts  avant  la  fin  du  7*  mois  :  un  seul  pe- 
sant 3,000  gr. 

3)  Sans  vouloir  tirer  de  conclusions  des  cas  trop  peu  nom- 
breux de  syphilis  paternelle  que  nous  avons  pu  relever,  sa 
nocivité  nous  a  cependant  paru  notablement  inférieure  à 
celle  de  la  syphilis  maternelle. 

4)  Relativement  à  la  question  de  savoir  quelle  est  la  gra- 
vité du  pronostic  pour  Tenfant  suivant  Tépoque  de  la  gros- 
sesse à  laquelle  se  fait  la  contamination  syphilitique  de  la 
mère,  nous  trouvons  que  : 

a)  Quand  l'infection  survient  pendant  les  3  premiers  mois 
de  la  grossesse,  et  n'est  pas  influencée  par  le  traitement,  la 
nocivité  atteint  son  maximum  :  dès  les  premiers  jours  qui 
suivent  l'accouchement,  la  mortalité  arrive  à  100  0/0. 

b)  L'infection  se  produisant  pendant  les  4*»  et  5«  mois,  le 
le  résultat  est  un  peu  plus  favorable  que  celui  de  la  statis- 
tique générale. 

c)  Dans  un  cas  de  contamination  pendant  le  8®  mois,  Ten- 
fant,  vivant,  paraissait  être  sain  ;  dans  un  cas  personnel 
(obs.  32),  où  l'infection, semble  remonter  au  8*^  mois,  Tenfant 
est  né  sain  en  apparence,  mais  présenta  plus  tard  des  acci- 
dents syphilitiques. 

Dans  tous  les  cas  où  le  traitement  est  intervenu,  la  mor- 
talité à  la  naissance  a  été  nulle. 

5)  Dans  aucun  cas  nous  n'avons  constaté  les  résultats  dé- 
favorables que  certains  auteurs  ont  attribués  au  traitement 
interne. 


284  SUCIÉTÉS   SAVAMt.S 


REVUE  DES  SOCIETES  SAVANTES 


ACADÉMIE    DE  MÉDECINE 

Séance  des  l*r^Setiô  mars, 

GuÉNioT.  —  Dn  méphitisme  de  l'air  comme  cause  de  septicémie 
puerpérale.  Cette  communication  repose  essentiellement  sur  ï  ob- 
servations de  septicémie  puerpérale,  à  laquelle,  après  investiga- 
tion minutieuse,  Tauteur  n^aurait  pu  trouver,  comme  étiologie, 
que  la  contamination  par  des  matières  en  décomposition  de  Tair 
ambiant.  Los  conclusions  de  ce  travail  sont  les  suivantes  :  1«  En 
viciant  Tair  des  appartements,  les  émanations  méphitiques,  quelle 
qu'en  soit  la  source — fo&sesou  cabinets  d'aisan ce, égouts,  plombs, 
chambres  borgnes  ou  de  débarras,  etc.  —  deviennent  une  cause 
active  de  fièvre  et  d'accidents  puerpéraux. 

2""  L^intoxication  méphitique,  pendant  la  grossesse,  s'effectue 
surtout  par  les  voies  respiratoires  ;  après  l'accouchement  elle  se 
produit  plutôt  par  les  surfaces  saignantes,  au  contact  des  liquides 
et  des  solides  contaminés. 

3»  La  septicémie  (^ui  en  résulte  n'est  pas  de  nature  8uppui*ative; 
son  foyer  principal  réside  dans  la  cavité  même  de  Tutérus  où,  sans 
doute  à  la  faveur  des  produits  du  méphitisme^  le  vibrion  sep- 
tique  parait  trouver,  pour  son  développement,  des  conditions  ex- 
ceptionnellement propices. 

4«  Pour  réaliser,  à  cet  égard,  une  bonne  hygiène  préventive,  on 
doit  s'efforcer  de  maintenir  toujours  pure  l'atmosphère  des  apparte- 
ments ;  dans  ce  but,  il  importe  de  veiller  non  seulement  à  l'aéra- 
tion et  à  la  propreté  de  toutes  leurs  parties  —  les  cabinets  d*ai- 
sance  et  de  toilette  en  particulier  —maife  encore  de  condamner  les 
plombs,  certaines  pièces  de  décharge,  etc.,  et  de  remédier  ou  de 
se  soustraire  aux  tiltrations  malsaines  du  voisinage. 

5®  Enfin, dans  le  cas  où  ces  pratiques  auraient  été  omises  où  Ton 
aurait  à  combattre  une  septicémie  de  semblable  origine,  les  moyens 
principaux  du  traitement  devraient  consister  : 

a)  Dans  la  suppression  immédiate  et  absolue  des  sources  du  mé- 
phitisme: 


ACADÉMIE   DK   MÉDECINE  285 

b)  Dans  la  purification,  aussi  complète  que  possible,  de  tout  l'ap- 
partement ; 

c)  Dans  l'emploi  delà  quinine,  des  alcooliques  à.  haute  dose  et 

des  antiseptiques  sous  toutes  les  formes, mais  spécialement  des  so* 
luttons  phéniquées  en  injections  intr a- utérines. 

Discussion  :  Elle  a  été  longue  et  il  nous  est  impossible,  faute 
d'espace,  de  la  reproduire  ici  ;  le  point  spécial  sur  lequel  elle 
à  principalement  porté,  est  la  voie  par  laquelle  les  agents  patho- 
gènes ont  pénétré  dans  Vorganisme.  A.  Guérin  repousse  abso- 
lument ridée  que  les  germes  ont  pénétré  par  la  voie  pulmonaire 
ou  par  répiderme.  Dans  tous  les  cas  dont  il  a  été  question,  les  ac- 
cidents se  sont  toujours  produits  après  Taccouchement,  et  alors, 
toutes  ces  malades  présentaient  au  moins  une  plaie,  la  plaie  uté- 
rine. C'étaient  des  blessées  t  Chez  toutes  il  existait  donc  une  voie 
d'effraction.  «  Quand  une  porte  est  ouverte,  à  quoi  bon  se  de- 
mander si  une  personne  qui  est  dans  la  maison  est  entrée  par 
une  fenêtre  fermée.  »  Si  les  agents  de  la  septicémie  sont  entrés 
par  les  voies  aériennes,  pourquoi  aucune  des  femmes  n'a-t-elle 
éprouvé  d'accidents  pendant  la  grossesse,  comment  se  fait-il  que 
les  personnes  de  leur  entourage  qui  respiraient  le  môme  air  souillé 
n'aient  pas  été  le  moins  du  monde  malades.  Enfin,  chez  les  ac- 
couchées qui  auraient  été  empoisonnées,  11  suffisait  de  faire 
des  injections  antiseptiques  dans  la  cavité  utérine  pour  que  la 
lièvre  se  calmîlt.  Comment  expliquer  la  défervescence  observée  si 
l'empoisonnement  s'était  produit  par  les  voies  respiratoires  ? 
Charpentier  ne  croit  pas  non  plus  t\  la  pénétration  des  agents 
pathogènes  par  les  voies  aériennes,  et  son  argumentation  diffère 
peu  de  celle  de  Guérin.  En  ce  qui  concerne  le  traitement  de  la 
septicémie  puerpérale,  il  pose  en  principe  qu't7  faut  agir  vite  et 
fort.  Débuter  d'abord  par  les  injections  intra-utérines,  voilà  la 
règle.  Mais  si  elles  n'amènent  pas  une  détente  immédiate,  «e  pas 
perdre  du  temps  et  avoir  recours  au  curettage  qui  amène  presque 
certainement  la  guérison.  Hervieux  qui  a  pris  une  large  part  à  la 
discussion  se  rangea  l'opinion  de  Guéniot,  c'est-à-dire, qu'il  admet 
que,  dans  certains  cas,  rares  sans  doute,  l'infection  peut  se  faire 
par  une  autre  voie  que  la  voie  génitale. 

A  GuÊiUN  demande  pourquoi  les  agents  toxiques  de  la  septicémie 
seraient  si  facilement  absorbés  par  la  peau  et  par  les  cellules  pul- 
monaires dans  les  salles  d'accouchement,  quand  jamais  pareille 


586  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

observation  n'a  été  faite  dans  les  salles  de  chirurgie  où  Tinfection 
purulente  faisait  des  ravages  qui  n'étaient  pas  moindres  que  dan> 
les  Maternités. 
Il  réclame  une  démonstration  de  cette  hypothèse  sans  fon- 
— dément  jusqu'ici  que  les  microbes  pénètrent  dans  Vorganisme 
par  des  cellules  pulmonaires  parfaitement  saines.  Si  nos  tissus 
ne  nous  préservaient  pas  de  l'action  des  microbes  pathogènes, 
il  y  a  longtemps  que  les  espèces  animales  auraient  disparu  du 
globe.  MM  GuÉNiOT  et  Hervieux  reviennent  sur  quelques  points 
de  leur  argumentation  qu'ils  développent^  Ils  tiennent  surtout 
à  persuader  M.  Guérin,  qu'ils  n'ont  pas  le  moins  du  monde 
songé  à  substituer  à  la  théorie  de  la  pénétration  des  germes  patho- 
gènes par  la  voie  génitale  celle  de  la  pénétration  par  l:i  voit» 
pulmonaire  ou  cutanée.  Comme  lui,  ils  considèrent  que  c'est  sur- 
tout par  la  voie  génitale  que  l'infection  fe  produit,  mais,  l'obser* 
vaiion  des  faits  anologues  à  ceux  qu'ils  ont  publiés,  les  ont  conduits 
à  admettre  comme  porte  A' ^niTée exceptionnelle  les  voies  respira- 
toires. 

M.  Tarniku  présente  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  Pinard, 
une  brochure  intitulée:  De  la  Sy}nphyséotomie.  C'est  le  tirage  à 
part  d'une  ler;on  faite  le  7  décembre  18J1,  et  publiée  le  15  février 
dernier  dans  \e)i  Xnnales  de  gynécologie 

Dans  cette  lei;on,  après  avoir  dit  que  le  mérite  de  la  conception 
et  de  l'application  de  la  symphyséotomie  revient  à  un  étudiant  eu 
chirurgie  français,  Sigault,  qui  l'imagina  en  1708  et  l'exécuta  avec 
succès  en  1777,  M.  Pinard  rappelle  l'enthousiasme  provoque  par 
ce  succès,  et  la  réaction  qui  se  produisit  ensuite,  de  telle  sorte  que 
les  accoucheurs  de  tous  les  pays  se  trouvèrent  bientôt  partagés  ou 
deux  camps,  les  partisans  et  les  adversaires  de  la  symphyséotomie. 
Baudeloccpie  était  parmi  ces  derniers,  et  son  autorité  pesa  si  puis- 
sauïment  dans  la  (piestion,  que  la  symphyséotomie  fut  presijue 
partout  abaiulonnée. 

En  Italie,  cependant,  le  professeur  Morisani,  de  Xaples,  s'est 
toujours  montré  le  partisan  de  cette  opération  ;  après  l'avoir  faite 
de  temps  en  temps  avec  succès,  il  en  dovint  bient«H  le  défenseur 
convaincu  et  la  régularisa;  c'est  ainsi  que  sur  12  opérations  prall- 
quê»\s  dopuis  1SS8  seulement,  il  compte  1*2  mèros  guéries  et  11  en- 
fants vivants.  Il  sut  communiquer  ses  convictions  à  sos  élèves,  cl 
l'un  d'eux,  M.  le  D'  i>pinelli,  a  publié  dans  les  Annales  de  gyné- 


ACADÉMIE   DE    MÉDECINE  287 

cologie  du  15  janvier  1892,  un  Mémoire  dans  lequel  il  rapporte 
24  observations  de  symphyséotomie,  y  compris  celles  du  profes- 
seur Morisani,  avec  24  résultats  favorables  pour  la  mère,  et  23 
pour  Tenfant. 

Incontestablement,  ce  sont  là  de  magnifiques  résultats,  M.  le 
Dr  Spinelli,  dans  un  récent  voyage  à  Paris,  a  attiré  sur  eux  l'at- 
tention de  M.  Pinard  et  a  répété  devant  lui  la  symphyséotomie 
sur  le  cadavre.  Telle  est  l'origine  de  cette  leçon,  dans  laquelle  le 
professeur  a  exposé  le  manuel  opératoire  qui  lui  parait  le  meilleur, 
et  figuré  Tagrandissement  du  bassin  qu'il  a  observé .  après  les 
opérations  de  symphyséotomie,  qu'il  a  pratiquées  avec  MM.  Fa- 
rabeuf  et  Varnier  sur  le  cadavre. 

M.Pinard  pense  que  lasymphyscotomie  «deviendra le  complément 
de  l'accouchement  prématuré  dans  bien  des  cas,  et  se  substituera 
à  l'embryotomie,  et  à  l'opération  césarienne  dans  bien  d'autres  ». 

A  milieu  des  développements  qu'il  a  donnés  à  son  sujet,  M.  Pi- 
nard a  bien  voulu,  dit  M.  Tarnier.citer  l'une  des  phrases  d'un  cha- 
pitre dans  lequel  j'ai  émis,  il  y  a  longtemps  déjà,  des  idées  favo- 
rables à  la  symphyséotomie.  Voici  le  passage  dont  cette  phrase 
est  tirée  : 

«  Chez  une  femme  arrivée  au  terme  de  la  grossesse,  la  symphy- 
séotomie pourrait  donc  être  mise  en  parallèle  avec  l'opération  césa- 
rienne ou  l'embryotomie  ;  mai8,pendaLtle  cours  môme  de  la  gros- 
sesse, on  devra  toujours  accorder  la  préférence  à  l'accouchement 
prématui'é  qui  est  précisément  applicable  aux  mômes  cas,  et  qui 
est  plus  avantageux  sous  tous  les  rapports.  De  ce  qui  précède,  on 
pourrait  encore  conclure  qu'il  ne  serait  peut-être  pas  déraison- 
nable de  songer  à  associer  l'accouchement  préma^turé  artiliciel  à 
la  symphyséotomie,  dans  les  rétrécissenierits  de  0  ù  7  centimètres 
d'étendue.  »  [Atlas  de  tous  les  traités  d\iccoicchefnents,  pM'  Le- 
noîr,  Marc  Sée  etTarnier.  Paris,  18G5,  p.  278.) 

J'ajouterai  que  depuis  la  publication  de  sa  leron,  M.  Pinard  a 
pratiqué  deux  fois  la  symphyséotomie.  Sa  première  malade  a  été 
opérée  le  4  février  dernier  ;  elle  est  aujourd'hui  complètement  gué- 
rie et  marche  avec  facilité  ;  mais  son  enfant  a  succombé  le  troi- 
sième jour  de  sa  naissance.  Sa  seconde  malade  a  été  opérée  le  25 
février;  elle  est  aujourd'hui  en  pleine  convalescenco,  et  son  enfant 
est  magnifique.  J'ai  vu  et  examiné  hior  ce>  deux  mabidos,  et  je 
les  ai  trouvées  dans  l'état  que  je  viens  de  dire. 


288  SOCIÉTÉS   SAVANTKS 

De  tels  faits  commandent  au  plus  haut  point  l'attention  de  tous 
les  accoucheurs,  et,  grâce  à  Tantisepsie,  une  ère  nouvelle  semble 
s'ouvrir  pour  la  symphyséotomie.  Si  cette  opération  reprend  faveur 
ce  sera  un  grand  honneur  pour  le  professeur  Morisani,  et  M.  Pi- 
nard aura  le  mérite  incontestable  d'avoir  ramené  cette  opération 
en  France,  où  son  exemple  sera  probablement  suivi  ;  c'est  do 
moins  ce  que  je  suis  disposé  à  faire.  > 

Charpentikr.  —  De  la  symphyséotomie.  Nouveau  plaidoyer  eu 
faveur  de  cette  opération,  dont  l'auteur  est  allé  contrôler  à  Naples 
les  résultats  publiés  par  Spinelli  dans  le  numéro  de  janvier  de» 
Annales  de  Gynécologie  (1). 


SOCIÉTÉ   OBSTÉTUICALE  ET  GYNÊCOLOGIQUK  DE  PARIK 

Séance  du  14  mars  WJ2. 

Chaput.  —  Traitement  de  la  rétroflesion  par  la  laparotomie.  — 

Après  un  exposé  parallèle  et  critique  des  différents  procédés  opé- 
ratoires appliqués  au  traitement  des  rétrodéviations  utérines, 
l'auteur  résume  sa  manière  de  voir  de  la  façon  suivante  :  ♦  Je 
conclus  en  disant  qu'on  devra  essayer  le  pessaire  contre  les  dévia- 
tions simples  et  mobiles  (sans  préjudice  du  curage  et  des  répara- 
tions périnéo-vaginales)  et  que  tous  les  cas  rebelles  au  pessaires 
seront  guéris  facilement  et  constamment  par  la  laparotomie. 

Cette  opération  parait  préférable  à  l'iiystéropexie,  car  elle  permet 
de  clioisir  entre  le  redressement  simple,  la  castration  avec  ou  sans 
fixation,  et  la  fixation  sans  castration.  La  ûxation  do  Tutérus  lui- 
môme  ayant  quel(|ues  inconvénients,  l'auteur  conseille  de  suturer 
à  la  plaie  pariétale  les  pédicules  de  la  castration^  ou  bien  le  rac- 
courcissement intra-péritonéal  des  ligaments  ronds  si  la  castration 
n'est  pas  nécessaire. 

Il  relate  ensuite  dans  le  détail  4  cas,  sur  lesquels  re]>ose  son 
ti'avail,  et  dans  lesquels  il  a  obtenu  la  guérison.  Ces  cas  se  répar- 
tissent ainsi  :  1)  Rétroflexion.  Utérus  énorme^  fibromateux,  cas- 
tration et  hyslérojirxic ;  2)  liétro flexion.  Laparotomie,  Castra- 
tion unilalérale,  Ifysléropexie.  Guérison;  ii)  Rétroflexion  eau- 
séc  par  des  fibromes.  Castration  sans  hystéropcxie,  guérison  ; 
4)  Rétroflexion  adhérente  fixée  par  une  9nas$e  salpingicnne 

(1)  Voir  Ann.  df  g  y  née.  et  â'ohst.^  février  1892,  p.  81. 


SOCIÉTÉ   OBSTÉTRICALE  ET   GYNÉCOLOGlQUi:    DE   PAHIS     2fcU 

énorme.  Laparotomie,  ablation  des  annexes  droites.  Pas  d^hys- 
tèropexie.  Guérison. 

Discussion.  —  Guèniot  exprime  sa  surprise  que  l'aulour  ait  fait 
le  curage  utérin  préalable  chez  ses  opérées.  Il  ne  ressort  pas  de 
la  description  des  faits  que  cette  opération  fût  nettement  indiquée. 
D'ailleurs  il  est  vroi  que  cette  intervention  —  excellente  dans 
beaucoup  de  cas —  est  trop  souvent  faite,  et  qu'elle  n'est  pas,  quoi 
qu'on  affirme,  absolument  inofifensive.  Charpentier  pense  que 
contre  la  rétrotlexion  simple  ou  compliquée  d*un  peu  d'endo- 
métrite,ilFuflira  souvent  de  la  dilatation  prolongée  et  d'un  curet- 
tage,  mais  que  contre  la  rétroversion  compliquée  de  lésions  des 
annexes  le  curettage  et  la  dilatation  sont  insuffisants  ;  que,  dans 
ces  cas,  il  faut  résolument  intervenir  par  des  actes  plus  chirur 
gicaux. 

En  ce  qui  concerne  le  curettage,  il  le  considère  comme  un  moyen 
merveilleusement  efficace  dans  les  cas  appropriés,  et,  d'une  manière 
générale,  comme  dépourvu  de  tout  danger,  à  condition  que  l'anti- 
sepsie soit  ligoureuse.  P.  Petit  défend  l'opération  d'Alexander. 
Ce  qui  tend  à  la  discréditer,  c'est  qu'on  l'applique  souvent  sans 
une  analyse  judicieuse  des  cas  qu'on  a  à  traiter,  des  indications 
multiples  qu'il  est  nécessaire  de  remplir.  On  peut  ôtre  amené  à 
pratiquer  dans  la  môme  séance,  le  curettage,  l'amputation  anaplas- 
tique  du  col,  la  colporrhaphie  antérieure,  la  colpopérinéorrhaphie, 
et  le  raccourcissement  des  ligaments  ronds.  En  somme,  l'opération 
d'Alexander,  recommandable  a  priori  en  ce  qu'elle  agit  dans  un 
sens  éminemment  physiologique  et  qu'elle  ne  peut  offrir  de  dangers 
sous  le  couvert  de  l'antisepsie,  a  des  indications  propres  qui  se 
résument  en  l'absence  de  lésions  péritonéales.  Ce  qui  importe, 
avant  dp  faire  son  choix  entre  cette  intervention  et  la  laparotomie, 
c'est  d'établir  scrupuleusement  les  détails  du  diagnostic,  ce  qui  est 
le  plus  souvent  possible  sans  ouvrir  le  ventre.  Orientant  son  inter- 
vention d'après  ses  principes,  Petit  a  pratiqué  l'Alex ander  6  fois  ; 
1  fois  pour  prolapsus,  4  fois  pour  rétroversion  mobile  avec  ou  sans 
rétroflexion,une  fois  pour  rétrotlexion  résistante  ;  au  total,  4  résul- 
tats heureux  qui  paraissent  définitifs,  2  heureux  au^:si  mais  encore 
trop  récents. 

A  propos  de  l'hystéropexie,  il  cite  un  cas  d'éventration  avec 
persistance  de  douleurs  observé  chez  une  femme  hystéropexiéo  par 
un  des  plus  habiles  chirurgiens  des  hôpitaux  de  Paris,  et  un  cas 

Am.  DE  OTX.  —   vol.  XXX vir.  10 


290  REVUB  ANALYTIQUE 

do  mort,  par  hémorrhagie  interne  consécutive  à  la  section  de 
l'utérus  par  les  ûls  fixateurs,  sous  l'influence  des  secousses  produi- 
tes par  les  vomissements  causés  par  le  chloroforme.  Dolêbis  insiste 
également  sur  Timportance  capitale  qu'il  y  a  à  faire  un  diagnostic 
aussi  complet  que  possible  des  lésions.  Il  observe  aussi  qu'il  n'est 
pas  toujours  nécessaire  de  s'attaquer  aux  annexes  pour  les  guérir 
et  parmi  les  divers  procédés  conservateurs  auxquels  on  peut  avoir 
recours,  se  place  en  première  ligne  la  dilatation  que  Ton  prolongera 
durant  5  et  6  jours,  et  que  l'on  renouvellera  s'il  est  nécessaire. 
Chaput,  malgré  le  jugement  de  M.  Guéniot  persiste  à  penser 
que  le  curottage  est  une  opération  inoffensive  en  soi.  En  ce  qui 
concerne  l'opération  d'Alexander  qui,  dit-on,  réussit  quand  on  a 
fait  le  diagnostic  de  toutes  les  lésions,  il  pense  que  précisément 
ce  diagnostic  est  souvent  fort  difficile,  impossible  même,  et  que, 
dans  certains  cas,  la  laparotomie  seule  permet  de  l'établir  sufiisam- 
ment  pour  bien  orienter  l'intervention.  Il  remercie  enfin  M.  Petit 
des  2  faits,  inédits,  qu'il  lui  a  fournis  contre  Thystéropexie. 

R«  la» 


REVUE  ANALYTIQUE 


AFFECTIONS  DU  REIN,  ALBUMINURIE,  ÉCLAMPSIE 

De  Tétat  anatomique  des  reins  dans  réclampsie  puerpérale.  (Ueber 
das  Verhallen  der  Nieren  bei  der  puerperalen  Eklampsie), 
W.  Prutz.  Zeituch.  f.  Geb.  w.  Gyn.,  Bd  XXUI,  Hft.  1,  p.  1. 

Après  un  historique  rapide  et  complet  consacré  aux  nombreux 
travaux  suscités  par  l'étude  de  la  pathogénie  de  Téclampsie  et  du 
rein  gravidique,  l'auteur  relate  2*^  cas  qui  lui  ont  servi  pour  étudier 
l'état  anatomique  des  reins  dans  l'éclampsie  puerpérale.  Il  fait 
suivre  cette  relation  des  considérations  suivantes  :  t  Si  Ton  veut 
essayer  de  déterminer,  d'après  les  états  anatomiques  observés, 
l'influence  étiMlogi<iue  des  altérations  rénales,  il  importe  de  com- 
parer ces  états  avec  ceux  que  présentaient  communément  les  sujets 
emportés  par  l'urémie,  d'origine  rénale,  i^i,  d'une  manière  gêné- 


AFFECTIONS   DU   REIN,   ALBUMINURIE,   ÉGLAMPSIE     201 

raie»  on  veut  expliquer  un  cae  d*éclanipsie  en  disant  qu'il  s'agit  au 
fond  d'un  cas  d*urémie,  il  devient  nécessaire  que  les  altérations 

« 

rénales  correspondent  par  leur  intensité  et  leur  étendue  à  celles 
qui  se  produisent  d'ordinaire  dans  l'urémie. 

Toutefois»  il  n'est  pas  possible  d'estimer  ces  lésions  d'une  façon 
absolument  précise,  parce  que  les  degrés  différents  du  processus 
se  suivent  d'une  manière  continue,  et  que,  de  deux  états  anato- 
miques  très  rapprochés,  nous  ne  pouvons  affirmer  que  Tun,  et  non 
l'autre,  est  susceptible  de  provoquer  l'urémie.  » 

t  Des  observations  relatées,  les  huit  premières  correspondent  à 
des  altérations  inflammatoires  qui,  lorsqu'elles  se  produisent  chez 
un  sujet  non  gravide,  peuvent  parfaitement  amener  la  mort 
par  urémie.  D'autre  part,  on  n'est  pas  en  droit  d'affirmer  qu'une 
semblable  terminaison  ne  se  produirait  pas  avec  les  lésions  dont 
il  est  question  dans  les  faits  suivants.  Sur  les  3  derniers  cas,  dans 
lesquels  il  existait  des  complications,  il  convient  de  suspendre  tout 
jugement  définitif.  Dans  le  cas  XX,  il,  n'y  avait  que  des  altérations 
inflammatoires  récentes  et,  en  raison  de  l'insuffisance  de  Tansun- 
nése,  il  est  impossible  de  dire  si  elles  étaient  antérieures  à  l'ac- 
couchement ou  si  elles  étaient  sous  la  dépendance  d'une  endocar- 
dite verruqueuse  développée  postérieurement. 

Dans  le  cas  XXI  (septicémie  puerpérale)  les  altérations  anciennes 
sont  insignifiantes,  tandis  que  les  récentes  sont  très  étendues  ;  or, 
il  n'est  pas  aisé  d'établir  nettement  quel  rapport  ces  dernières  ont 
avec  le  processus  infectieux.  Dans  le  dernier  cas,  les  deux  accès 
éclamptiques  éclatèrent  après  une  injection  de  solution  au  sublimé. 
A  cette  époque,  la  néphrite  toxique  devait  être  déjà  complètement 
constituée.  Et  l'apparition  tardive  de  l'éclampsie  incline  à  croire 
qu'elle  a  été  en  relation  étiologique  étroite  avec  la  néphrite  causée 
par  l'intoxication  mercurielle. 

Sur  les  autres  cas,  on  ne  peut  également  avancer  rien  de  formel. 
Dans  certains  d'entre  eux,  les  altérations  constatées  sont  si  mini- 
mes que,  dans  un  certain  sens,  l'état  anatomique  s'éloignait  peu 
de  l'état  normal.  Car  on  retrouve  de  semblables  altérations  chez 
des  sujets  qui  ont  succombé  à  telle  affection  tout  à  fait  indépendante 
d'une  influence  rénale,  et  qui,  jamais,  durant  leur  vie,  n'ont  pré- 
senté de  symptômes  d'une  affection  des  reins. 

L'observation  XIX  mérite  une  mentionspéciale.  Elle  se  distingue 
en  eff'et  par  l'absence  complète  d'altérations  inllaramatoires,  —  en 


292  .  .   j^pyyg   ANALYTIOÎJE 

particulier  répithélium  sécréteur  est  tout  à  fait  normal.  Par  con- 
tre, les  cylindres  rénaux  sont  en  quantité  considérable  et  les 
canaux  urinifères  extrêmement  dilatés.  En  ce  qui  concerne  l'origine 
de  cylindres  rénaux,  on  doit,  à  cause  de  Tabsence  de  toute  lésion 
phlegmasique  et  de  la  dilatation  et  de  la  réplétion  des  reines  et 
capillaires,  la  chercher  dans  une  exsudation  par  stase  sanguine.  Il 
n'existe  de  sang  que  dans  quelques  canaux  rayonnes  médullaires, 
et  rien,  dans  ce  cas,  ne  permet  de  supposer  que  ces  cylindres  sont 
des  cylindres  hémàtiques,  c'est-à-dire  des  formations  anatomiques 
semblables  à  celles  décrites  par  Langhans  qjui,  dans  un  cas.  put 
suivre  la  transformation  de  cylindres  hématiques  en  cylindres 
homogènes,  transparents.  Se  fondant  sur  ces  constatations  Langhans 
avait  révoqué  en  doute  la  formation  des  cylindres  aux*  dépens  du 
sérum  transsudé  ;  mais  l'observation  actuelle  démontre  que  cette 
origine  ne  doit  pas  être  systématiquement  écartée.  Elle  trouve 
d*ailleurs  dans  l'observation  XIII  un  nouveau  témoignage  à 
son  actif,  car,  on  put  dans  ce  cas  constater  que  les  exsudais  dans 
l'espace  du  glomérule,  exsudats  issus  certainement  du  peleton  glo* 
mérulaire,  se  continuaient  directement  dans  les  tubuli  contorti 
correspondants.  D'autre  part,  il  existait  en  d^autres  points  des 
canaux  u  ri  ni  fères  des  exsudats  tout  à  fait  semblables.  Il  y  avait 
également  obstruction  de  plusieurs  canaux  d'union,  et  d'autres 
canaux  plus  élevés  par  des  cylindres  é))ais  et  longs  en  même  temps 
qu'une  dilatation  des  voies  urinifères.  On  nota  encore  quelques 
modifications  inflammatoires,  mais  élites  étaient  minimes.  Il  est 
permis  de  penser  que  dans  ces  conditions,  c'est-à-dire  quand  bon 
nombre  de  canaux  d'union  et  de  canaux  supérieurs  sont  déformés 
par  de  volumineux  et  nombreux  cylindres,  il  existe,  sinon  un  obs* 
tacle  absolu,  du  moins  une  grande  gène  à  la  circulation  de  l'urine, 
qui  a  pour  conséquence  les  dilatations  remarquables  observées,  et 
que  les  cylindres  agissent  sur  le  développement  de  l'urémie  par 
simple  action  mécanique. 

Dans  le  cas  III,  il  fut  possible  d'établir  d'une  façon  formelle 
l'existence  d'embolies  graisseuses,  qui  intéressaient  aussi  bien  les 
anses  glomérulaires  que  les  capillaires  intercanaliculaires.  Dans 
le  cas  VIII,  on  constata  çà  et  h\  des  éléments  graisseux  qui  parais* 
saient  siéger  dans  les  anses  glomérulaires;  et  la  perméabilité 
conservée  des  vaisseaux  du  glomérule  n'infirme  pas  cette  interpré- 
tation parce  que,  d'après  Virchow,  la  graisse  danslVmboUe  grais- 


i 


AFFECTIONS    DU    UKIN,    ALBUMINURIE,    ÉGLAMPSIÉ      293 

seuse  se  divise  en  lines  gouttelettes.  En  ce  qui  concerne  le  cas  III, 
il  est  certain  que  Tembolie  graisseuse  n'a  aucune  relation,  étiolo- 
^ique  avec  Féclampsie.  Par  exemple,  dans  les  cas  de  lésions 
osseuses  étendues,  des  quantités  beaucoup  plus  cons-idérables  de 
graisse  concourent  à  la  formation  d'embolies,  et  cependant  jamais 
ces  accidents  ne  se  traduisent  par  l'apparition  des  convulsions. 

En  aucun  cas,  on  ne  constata  la  présence  de  ^nicro-ovgani^ 
mes  dans  le  rein. 

D'autre  part^  on  releva  une  disproportion  remarquable  entre  la 
gravité  des  cas  observés  et  l'intensité  et  l'étendue  des  lésions,  c'est- 
à-dire  des  éclampsies  légères  avec  des  altérations  rénales  profon- 
des et  vice  versd. 

Il  est  impossible,  dans  un  très  grand  nombre  de  cas,  d'expliquer 
le  développement  des  convulsions  par  les  seules  alfections  rénales. 
D'autres  facteurs  entrent  certainement  en  jeu.  Mais  l'auteur  ne 
s'est  pas  proposé  de  les  déterminer.  La  seule  conclusion  qu'il  tire 
de  ses  recherches,  c'est  qu'on  n'est  autorisé  à  admettre  la  possibi- 
lité de  l'influence  étiologîque  des  maladies  du  rein  vis-à-vis  de 
l'éclampsie  que  dans  un  petit  nombre  de  cas. 

R.  L. 

De  l'éclampsie  (Ueber  Eklampsie),  R.  Olshausen.  Sammî.  kli- 
nisch.  Vûrlrage,  18^2,  n®  3G,  p.  325. 

fttude  basée  sur  200  cas  d'éclampsie,  observés  du  l^""  septembre 
188.")  jusqu'au  17  avril  1891,  ainsi  en  l'espace  de  5  ans  1/2.  Les 
200  cas  se  répartissent  sur  un  intervalle  de  2,054  jours,  soit  en 
moyenne  3  cas  par  mois.  Mais  la  considération  plus  minutieuse 
des  dates  permet  de  consigner  cette  particularité,  d'ailleurs  déjà 
relevée  (Delore)  (I),  que  l'éclampsie  se  manifeste,  pour  ainsi  dire, 
par  périodes  (épidémies  d'éclanjpsie).  Le  fait  reste  inexpliqué. 

Conditions  étiologiques.  —  Sur  les  200  cas,  il  y  eut  primipa- 
res 145;  fnultipares  51  ;  4  fois  le  nombre  des  accouchements  ne 
fut  pas  noté;  proportion  des  primipares  éclamp tiques  74 0/0.  Voici 
des  moyennes  indiquées  par  d'autres  auteurs  :  Lôhlein  a)  85,4  0/0, 
b)  75  0/0;  Schauta  82,6  0/0;  Brummerstiidt  80,50  0/0;  0.  Braun 
86,3  0/0.  De  ces  145  primipares,  37,  soit  25,50  0/0,  étaient  des  pri- 
mipares âgées,  c'est-à-dire  âgées  de  28  ans  ou  plus. 

(1)  Dklorb.  Lyon  méd.,  10,  XII;  1884. 


294  REVUE  ANALYTIQUE 

Des  pluripares,  32  avalent  eu  de  2-4  accouchements,  19  cinq 
accouchements  et  plus.  Cinq  avaient  accouché  dix  et  onze  fois. 

Sur  les  200  accouchements,  il  y  eut  16  accouchements  gémellai- 
res, soit  6  0/0,  au  lieu  de  la  moyenne  ordinaire  1 1/4  0/0(Lôhlein, 
6,2  6/0  ;  Winckel,  11  0/0  ;  Schauta,  9  O'O). 

Olshausen  n'a  pas  pu,  des  faits  qu'il  a  observés,  déduire  la  pro- 
portion des  femmes  devenues  éclamptiques  déjà  pendant  la  gros^ 
sesse,  parce  que,  d'une  part,  presque  toutes  avaient  déjà  eu  un 
plus  ou  moins  grand  nombre  d'accès  et  que  le  plus  grand  nombre 
étaient  déjà  en  travail  quand  il  fut  appelé  auprès  d'elles.  LOhlein 
donne  la  proportion  de  4,7  0/0,  Schauta  14  0/0,  Braun  24  0/0.  Pour 
l'auteur,  c'est  ce  dernier  chiffre  qui  se  rapprocherait  le  plus  de  la 
vérité,  encore  lui  paralt-il  trop  faible,  et  devrait-il  être  porté  à 
40  0/0  (Olshausen  base  son  jugement  sur  la  considération  du  poids 
des  enfants,  et  tient  pour  avant  terme  ceux  chez  lesquels  ce  poids 
reste  au-dessous  de  2,500  gr.,  de  2,000  gr.  pour  les  jumeaux).  Il  a 
vu  l'éclampsie  éclater  au  3«  et  au  4«  mois. 

Il  est  plus  facile  d'établir  la  proportion  de  l'éclampsie  puerpé- 
rale au  sens  strict  du  mot,  c'est-à-dire  des  convulsions  apparues 
après  l'accouchement.  Sur  les  200  cas,  il  y  en  eut  28  ==  14  O./Q 
(Winckel  17  0/0,  Lôhlein  23 0/0,  Schauta  26,4  0/0,  C.  Braun 24  0/0). 

Sur  les  200  cas,  5  fois  Téclampsie  cessa  sans  avoir  provoqué 
l'accouchement.  ^ 

Et  la  grossesse  se  termina  par  l'expulsion  d'enfants  macérés 
sans  que  les  convulsions  reparussent,  circonstance  qui,  d'ailleurs, 
ne  fait  que  confirmer  les  observations  déjà  faites  sur  ce  point. 
L'éclampsie  est  souvent  associée  avec  la  mort  du  fœtus,  et  cette 
association  a  suggéré  l'idée  que  la  maladie  convulsive  pouvait 
résulter  d'une  intoxication  produite  par  des  éléments  issus  du 
fœtus  vivant.  En  faveur  de  cette  idée  militent  non  seulement  les 
faits  dans  lesquels  on  voit  les  convulsions  éclater  quelques  heures 
ou  plus  tard  après  la  naissance  de  l'enfant,  mais  aussi  ceux  dans 
lesquels  le  fœtus  avait  succombé  déjà  depuis  longtemps  avant 
leur  apparition. 

Si  le  retour  de  l'éclampsie,  après  une  accalmie  de  24  heures, 
constitue  une  éventualité  rare,  elle  est  néanmoins  possible.  Ainsi, 
une  primipare,  âgée  de  21  ans,  avait  eu  le  jour  qu'elle  accoucha 
d'un  enfant  avant  terme  (1,300  gr.)  vivant,  le  24  mai,  plusieurs 
acccés  éclamptiques.  (Traitement  :   morphine  0,02  cent.,  chlo- 


AFFECTIONS  DU  REIN,  ALBUMINUHIB,   ÉGLAMPSIE      295 

ralSgr.).  Or,  Téclampsie  récidiva  le  31  mai,  c'«Bt-à-dire  le  7«  jour 
des  suites  de  couches  (2  accès),  puis  le  8  Juin.  L'urine  était  très 
albumineuse  et  contenait  un  grand  nombre  de  cylindres  hyalins 
et  granuleux.  Autre  exemple  :  après  11  accès  d'une  éclampsie 
puerpér^e  survint  une  accalmie  qui  dura  36  heures.  Mais,  consé- 
cutivement à  la  palpation  de  l'utérus,  éclatèrent  un  douzième  et 
un  treizième  apcès.  Nouvelle  accalmie  de  24  heures  qui,  à  Tocca- 
sion  de  la  même  circonstance,  fut  suivie  d'accès  répétés  (104)  aux* 
quels  la  malade  succomba.  Leudet  (1)  a  également  vu  l'éclampsie 
cesser,  Talbumine  disparaître,  et  2  mois  après  les  convulsions 
éclater  de  nouveau. 

Le  retour  de  l'éclampsie  dans  un  accouchement  ultérieur  cons- 
titue également  une  grande  rareté.  Sur  200  cas,  2  fois  il  était  noté 
que  les  femmes  avaient  déjà  eu  des  convulsions.  Dans  l'un  des  cas, 
il  s'agissait  d'une  Ilpare^  chez  laquelle  le  l*"*  accès  survint  36  heu* 
res  seulement  après  Faccouchement.  Dans  l'autre,  d'une  Vpare 
chez  laquelle  l'accouchement  se  fît  24  jours  après  la  cessation  des 
convulsions. 

Symptomatologie.  —  Rien  de  spécial  à  noter  (douleur  gastrique, 
céphalalgie^  amaurose).  Etat  de  Vurine,  Il  a  pu  être  noté  dans 
168  cas  :  4  fois  albumine  en  très  petite  quantité  ou  seulement  à 
l'état  de  traces  ;  les  4  femmes  étaient  primipares.  L'une  d'elles 
n'eut  qu'un  accès  ;  la  seconde  3  accès  anle  partùm^  la  troisième 
4  Vico^%  post  particm,  en  somme,  trois  éclampsies  légères.  Mais  la 
4«,  qui  était  atteinte  d'hydramnîos  eut  en  5  jours  1/2  23  accès,  fut 
accouchée  au  forceps  7  heures  après  le  dernier  accès  d'un  enfant 
mort  depuis  peu,  et  guérit. 

Dans  tous  les  autres  cas  l'albumine  était  en  quantité  notable,  et 
môme  dans  la  plupart  des  cas  en  très  grande  abondance.  En  ce 
qui  concerne  la  présence  d'éléments  figurés  dans  l'urine,  cette 
recherche  n'a  été  faite  que  dans  59  cas.  7  fois  seulement  elle  fut 
négative.  Dans  les  autres,  on  constata  toujours  des  cylindres  plus 
ou  moins  nombreux,  tantôt  hyalins,  tantôt  granuleux  ;  souvent 
des  éléments  épithéliaux  du  rein,  et  4  ou  5  fois  des  globules  san- 
guins. 

Uictère  fut  noté  2  fois.  L'un  des  cas  se  termina  par  la  mort 
L'autre  fut  suivi  de  guérison  après  10  accès  survenus  après  la 


(1)  Lbudbt.  Gaz.  A^ô^^OT.,  1854, 1,  28. 


29G  REVUE   ANALYTIQUE 

naissance  de  2  jumeaux  ^ivants.  Braun  avait  déjà  "constaté  l'appa- 
ritiou  de  Tictère,  et  de  ce  fait,  avait  supposé  urte  écîampsie  choie- 
mique.  Récemment,  Stumpf  a  attiré  Tattention  sur  cette  compli- 
cation, qu'il  place  sous  la  dépendance  de  déchirures,  vasculaires  et 
d'hémorrhagies  dans  le  tissu  du  foie. 
Olshausen  signale  aussi  chez  certaines  femmes  une  verte  rela^ 

m 

tive  de  la  mémoire^  s'étendant  non  spulementsur  l'intervalle  écoulé 
depuis  le  1«»'  accès,  jusqu'au  retour  il  la  conscience,  mais  aussi  sur 
un  certain  laps  de  tomps  antérieur  à  ce  premier  accès. 

A7iatomie  jmtholoyique.  —  Dans  presque  lous  les  cas  qui  don- 
nèrent lieu  à  un  examen  nécropsique,  il  existait  des  altérations 
des  reins.  Dans  22  sur  37,  on  constata  au  niveau  dos  reins  les  phé- 
nomènes d'un  processus  aigu  ou  subaigu,  siégeant  dans  le  paren- 
chyme rénal,  tantôt  se  manifestant  surtout  par  une  dégénérescence 
graisseuse  aiguë  des  éléments  épithéliaux  de  la  substance  corti- 
cale, tantôt  par  une  altération  profonde  du  parenchyme  rénal.  Dans 
deux  cas  les  modiilcatione  patholo^i(|ues  étaient  faibles.  Dans 
d'autres  cas,  il  existait  une  néphrite  interstitielle  chronique  à 
laquelle  s'étaient  surajoutées  des  altérations  parenchymateuses 
aiguës.  Dans  un  cas,  il  y  avait  ncplirite  interstitielle  chronique 
gauche  et.  à  droite,  néphrite  parenchymateuse  récente.  Habituel- 
lement les  lésions  parenchymateuses  étaient  bilatérales.  En  un 
certain  nombre  des  cas  de  néphrite  parenchymateuse  simple  ou 
compliquée,  le  parenchyme  était  le  siège  de  nombreuses  aj^o- 
plexies  ;  dans  un  cas,  il  existait  de  la  néphrite  gloYnérulaire.  Dans 
deux  cas,  on  ne  trouva  que  de  Thyperhémie  rénale  ;  Tune  des  mala- 
des étoit  morte  29  jours  seulement  après  l'accouchement  (de  pyo- 
pneumothorax),  et  les  altérations  rénales  pouvaient  bien  avoir 
rétrocédé. 

Chez  une  seule  malade,  on  ne  releva  aucune  altération  du  rein. 
Ellle  avait  eu  21  accès  éclamptiques,  dont  la  moitié  après  l'accou- 
chement. Elle  mourut  de  pneumonie  cinq  jours  après  avoir  accou- 
ché, peut-être  les  lésions  avaient-elles  aussi  rétrocédé.  L^uriae  en 
effet  avait  contenu  beaucoup  d'albumine,  un  grand  nombre  de 
cylindres  hyalins  et  granuleux  et  des  globules  rouges. 

Dans  un  de  ces  87  cas,  les  deux  reins  étaient  profondément  alté- 
rés, et  ce  CHS,  au  point  de  vue  de  la  signilication  de  réclampsif», 
offrait  un  intérêt  spécial.  Le  rein  droit  était  un  rein  kystique  fœ- 
tal (futaie  cj'stenniere)  du  volume  d'un  u'uf  île  pigeon.  L'uretère 


AFFECTIONS   DU    UEIN^   ALBUMINUHIK,    ÉCLAMI'SIE      "237 

droit  était  d'une  minceur  normale,  filiforme.  Le  rein  gauche  était 
le  siège  d'une  hydropisie  assez  accusée,  il  était  formé  d'une  seule 
pyramide.  L*uretère  gauche,  au  détroit  supérieur  et  en  remontant, 
était  notablement  dilaté. 

Étal  des  uretères,  —  Dans  5  cas,  l'uretère •  droit  était  dilaté, 
généralement  d'une  façon  assez  modérée,  sans  hydronéphrose  ou 
avechydronéphrose  minime.  Une  fois,  léger  degré  d'hydronéphrose 
droite  sans  dilatation  de  l'uretère  droit;  dans  un  autre  hydroné- 
phrose gauche  avec  dilatation  de  l'uretère  correspondant  avec  rein 
cystique  droit  (obs.  citée  plus  haut). 

État  du  cerveau.  —  30  cas  furent  utilisés  pour  ces  recherches. 
Dans  IG,  œdème  de  la  substance  cérébrale  et  de  la  pie-mère,  mais, 
en  général,  à  un  faible  degré.  Dan»  5  cas,  état  apoplectique  du 
cerveau,  dans  deux  hématomes  volumineux  de  la  pie-mère,  dans 
5  autres  hypérémie  du  cerveau  et  la  plupart  du  temps  de  ses  enve- 
loppes. Dans  les  autres  cas,  la  vascularisation  cérébrale  et  la  quan- 
tité du  liquide  céphalo-rachidien  ne  s'écartaient  pas  trop  des  con- 
ditions normales. 

Olshausen  mentionne  les  altérations  du  tissu  hépatique^  si 
fréquentes  chez  les  éclamptiques,  et  qui  sont  le  point  de  départ  de 
rictère  qui  parfois  se  jiéveloppe  après  l'éclampsie.  Ces  altérations 
donnent-elles  encore  lieu  à  d'autres  désordres  graves,  qui  contri- 
bueraient à  amener  la  mort,  ce  point  reste  douteux.  Mais  on  con- 
sidère aujourd'hui  comme  chose  très  vraisemblable  que  les 
embolies  graisseuses  constatéos  dans  les  poumons  et  les  reins 
d'éclamptiques,  sont  sous  la  dépendance  de  ces  altérations  hépati- 
ques (relation  soupçonnée  par  Virchow  dès  188C).  Et  la  démons- 
tration par  Jtirgens  de  la  production  d'embolies  de  cellules  hépa- 
tiques est  venue  fortifier  cette  opinion. 

Mortalité.  —  Des  200  éclamptiques,  50  moururent.  Multipares  ou 
primipares  furent  frappées  dans  la  mi>me  proportion  de  léthalité, 
contrairement  aux  moyennes  établies  par  d'autres  observateurs, 
Sehauta  par  exemple,  donne  les  chiffres  suivants  :  mortalité  pour 
les  multipares  44,8  0/0,  pour  les  primipares  37,3  0/0;  Lôhlein  pour 
les  multipares  33,3  0/0,  pour  les  primipares  20,5  0/0. 

9  fois  la  femme  succomba  pendant  la  grossesse  ou  Taccouche- 
ment  ;  une  fois,  on  fit,  sur  la  femme  mourante,  la  section  césa- 
rienne dans  Tespoir  de  sauver  Tenfant.  Dans  les  40  outres  cas,  la 
mort  survint  durant  les  suites  de  couches; 


298  REVUE  ANALYTIQUE 

'     Lel«*"jour,    15  fois. 
Le  2«     —        9  — 
I,A  3e     —        6  — 

Le4«     —       4  — 

14%  15;  29«;  aV;  14»,  une  fois. 

Dans  10  cas,  Tissue  fatale  ne  fat  la  conséquense  ni  de  l'éclamp- 
sie  ni  de  ses  suites  directes,  mais  de  processus  divers  (granalie 
aiguë,  néphrite  parenchymateuse,  septicémie  aiguë,  septicénûe. 
endocardite  chronique,  stéatose  cardiaque,  pleurésie  suppurée, 
infection  septique,  endocardite  ulcéreuse,  etc.). 

Ces  faits  étant  écartés,  le  chiffre  de  la  mortalité  par  éclampsie 
tombe  à  25  0/0,  chiffre  relativement  peu  élevé  en  comparaison 
des  statistiques  antérieures  :  Dohrn,  29  0/0  ;  Lôblein,  28  0/0  ;  Scan- 
zoni,  32,9  0/0  ;  C.  Braun,  31,8  0/0  ;  Hugenberger.  35,1  0/0;  Bmm- 
merstadt,  37,8  0/0  ;  Hofmeier,  39,4  0/0.  Toutefois,  d'autres  statis- 
tiques récentes  sont  encore  beaucoup  plus  favorables,  Winckel, 
7  —  10  0/0  ;  G.  Veifc  accuse  2  morts  sur  6G  cas  et  J.  Veit  pousse  Top- 
timisme  jusqu'à  dire  qu'on  est  en  droit  d'espérer  une  issue  heureuse 
dans  cette  affection.  La  plus  récente  statistique  de  LQhlein  donne 
23,7  0/0.  Olshausen  fait  remarquer  qu'il  faut  pour  apprécier  jos* 
tement  la  mortalité  qu'il  a  observée  (25  0/0)  tenir  compte  de  ce 
fait  que  la  plupart  du  temps  il  s'agit,  à  l'hôpital,  d'éclampsies  par- 
ticulièrement graves. 

Pronostic,  —  Il  est  très  difficile  de  l'établir.  Les  opinions  des 
auteurs  sont  très  divergentes.  Olshausen  considère  que  l'éclampsie 
puerpérale,  au  sens  strict  du  mot,  peut  être  très  légère  et  extrême- 
ment grave.  Un  accès  éclate-t-il  tout  de  suite  après  l'accouchement, 
assez  souvent  il  reste  isolé  ou  n'est  suivi  que  de  quelques  autres. 
Toute  la  maladie  se  joue  en  1  ou  2  heures.  Par  contre,  les  con* 
vulsions  apparaissent-elles  beaucoup  de  temps,  une  demi-journée 
par  exemple,  ou  davantage  après  Taccouchement,  la  maladie  est 
habituellement  tout  à  fait  grave. 

Le  nombre  des  accès  qui  ont  déjà  eu  lieu  a  une  importance 
pronostique  considérable.  Quand  il  s'élève  à  15  ou  au  delà,  le  pro- 
nostic est  défavorable.  De  36  malades  qui  eurent  plus  de  15  accès 
20  succombèrent.  Winckel  dit  qu'il  n'a  jamais  observé  la  guérison 
après  18  accès.  Pourtant,  sur  les  10  cas  de  guérison  relatifs  à  des 
femmes  qui  avaient  eu  de  nombreux  accès,  6  d'entre  elles  en 
avaient  eu  de  22  à  39.  Néanmoins,  dans  les  cas  d'accès  nombreux. 


AFFECTIONS   DU  REIN,  ALBUMINURIE,   ÉCLAMPSIE      299 

il  ne  reste  pour  ainsi  dire  d'espoir  de  guéi*ison  que  lorsque  la 
maladie  afifecie  une  allure  pour  ainsi  dire  chronique,  c'est-à-dire 
quand  les  accès  ne  se  succèdent  pas  à  intervalles  très  courts. 

Indépendamment  du  nombre,  le  caractère  des  accès  importe 
beaucoup  (intensité  excessive,  succession  rapide,  résistance  absolue 
môme  à  une  thérapeutique  énergique).  De  môme,  l'élévation  con- 
sidérable de  la  température,  est  toujours  un  symptôme  défavo- 
rable. Dans  37  cas,  la  température  monta  à  39<>  et  au  delà,  soit 
pendant  les  accès  ou  durant  le  coma. 

De  ces  37  femmes,  15,  soit  40,5  0/0  succombèrent.  D'une  manière 
générale,  Thyperthermie  dépend  beaucoup  du  nombre  des  accès. 
Ainsi,  dans  39  cas  daAs  lesquels  la  température  atteignit  ou  dépassa 
39^,  le  nombre  moyen  des  accès  fut  de  15.  Dans  les  130  autres  où 
la  température  resta  au-dessous  de  39^,  le  nombre  ne  fut  que  de  9. 
Plus  importants  encore  sont  les  caractères  du  pouls.  Sa  petitesse 
et  sa  grande  fréquence,  durant  les  accès  ou  après  leur  cessation, 
assombrissent  beaucoup  le  pronostic.  Dans  la  majorité  des  cas, 
le  pronostic  reste  douteux  non  seulement  pendant  les  accès,  mais 
aussi  durant  le  coma.  D'autre  part,  les  maladies  secondaires,  parmi 
lesquelles  les  alfections  pulmonaires  et  la  septicémie  jouent  le 
principal  rôle,  doivent  être  prises  en  considération. 

La  fréquence  de  la  septicémie  chez  les  éclamptiques  ressort 
de  presque  toutes  les  statistiques.  (Lôhlein,  106  éclamptiques, 
morte  40,  septicémie  4  cas;  Brummerstadt  135  éclamptiques, 
morts,  51,  processus  puerpéraux  divers,  13;  C.  Braun,44  éclamp- 
tiques, processus  puerpéraux  9,  avec  5  terminaisons  fatales.)  Par 
contre,  dans  la  récente  statistique  de  LOhlein  il  n'est  noté  sur 
325  cas  d'éclampsie  que  4  cas  de  septicémie  et  de  pyémie.  Cette 
fréquence  des  processus  puerpéraux  chez  les  éclamptiques  peut 
Bans  doute  s'expliquer  par  la  fréquence  des  interventions  rendues 
nécessaires,  mais  elle  peut  être  aussi  sous  la  dépendance  d'une 
prédisposition  spéciale  de  ces  malades  à  Tintoxication  septique, 
ce  qui  est  aussi  le  cas  pour  les  sujets  atteints  d'anémie  aiguë. 

Le  chiffre  de  la  niortalilé  infantile  est  encore  plus  élevé  que  celui 
de  la  mortalité  maternelle.  Abstraction  faite  des  cas  d'éclampsie 
puerpérale  au  sens  absolu  du  mot,  des  cas  dans  lesquels  réclamp<- 
sie  n'interrompit  pas  la  marche  de  la  grossesse,  de  ceux  dans 
lesquels  la  femme  mourut  avant  la  terminaison  de  l'accouchement, 
de  ceux  enfin  dans  lesquels,  au  moment  de  l'interruption  de  la 


300  •  rkvi:k  ANALvrnjUK 

grossesse,  le  fœtus  n'était  pas  encore  viable,"  il  reste  153  enfants 
dont  43  vinrent  mort-nés,  soit  28  0/0,  au  lieu  de  25  0/0  chiffre  de 
la  mortalité  maternelle.  Le  nombre  et  la  succession  rapide  des 
accès  sont  encore  plus  fatales  aux  fœtus  ;  en  général,  après  12-15 
accès  l'enfant  a  succombé.  Toutefois  cette  formule  souffre  desexcpp- 
lions.  Ainsi,  2  fois  l'enfant  vint  vivant,  bien  qu'il  y  eut  eu  î^  accès. 
Les  agents  médicamenteux  employés  (morphine;  exercent  aussi 
une . influence  sur  la  vitalité  infantile.  Ainsi,  on  a  vu  des  enfants 
venir  au  inonde  dans  un  véritable  état  de  7iarcose  inorphiniqu*'. 
Malgré  l'absence  de  tout  symptôme  d'asphyxie,  les  mouvements 
respiratoires  sont  superliciels  et  lents,  il  en  est  de  même  des  mou- 
vements des  membres.  La  pupillo  est  parfois 'fixe  et  contractée,  et. 
â  un  examen  superficiel,  on  pourrait  méconnaître  la  cause  réelb^ 
de  cet  état. 

Traitement  de  Véclampsie,  —  Ce  traitement  est  encore  euipi 
rique.  A  la  narcose  chloroforraique  si  en  vogue.  Olshauson  préfère 
en  général,  Tusage  de  la  morphine  à  hautes  doses,  comme  Ta 
préconisé  G.  Veit.  Comme  première  dose,  0.03  cent,  en  injection 
sous-cutanée,  qu'on  fait  suivre  d'une  nouvelle  dose  si  les  accès  ne 
sont  pas  arrêtés  ;  il  est  rare  que  la  quantité  totale  de  morphine 
employée  dcp9,sse  0,00  centigrammes  ;  toutefois,  dans  les  cas,  à 
évolution  pour  ainsi  dire  chronique,  c'est-à-dire  se  prolongeant 
plusieurs  jours,  la  dose  totale  a  pu  arriver  à  0.27  centigr.  et  la 
femme  a  guéri.  Quand  Tétat  des  pupilles  (pupilles  très  contractées) 
ou  du  pouls  (petit)  parait  contre-indiquer  la  morphine,  on  a  recours 
aux  lavements  de  chloral  (2-3  grammes).  La  narcose  chloroformi- 
que  doit  être  réservée  pour  les  cas,  relativement  assez  rares,  dans 
lesquels  les  accès  se  répètent  à  des  intervalles  assez  réguliers. 
Dans  les  autres,  il  faut  ou  maintenir  très  longtemps  la  malade  sous 
riïilluence  du  chloroforme  ce  que  l'auteur  ne  juge  pas  recomman- 
dable,  ou  bien  on  donne  le  chloroforme  aux  premiers  symptômes 
d'un  accès,  et  alors  il  vient  trop  tard  et  ne  le  coupe  pas. 

D<^s  diaphorétiques,  préparations  bromurées,  bains,  etc..  il  n*est 
fait  aucun  usage  pondant  Tattutiue  d'êclampsie,  on  supprime  soi- 
gneusement toutes  mam^^uvres  inutiles,  parce  que  trop  souvent 
elles  provo(iuent  Taccè^î.  On  observe  des  cas  dans  lesquels  la  pal" 
pation  même  prudente  de  Tutérus,  l'expression  du  placenta,  la 
piqûre  faite  avec  raiguillo  de  Pravaz,  etc.  suffisent  à  déterminer 
les  convulsions.  Quand,  dans  l'état  comateux,  la  respiration  au 


AFFECTIONS   DU   REIN^   ALUUMINURIE,    ECLAMPSIE      301 

niveau  des  voies  respiratoires  supérieures  s'accoinpagneMi'uii  bruit 
de  râle  constant,  il  convient  d'attirer  hors  du  lit  la  partie  supé- 
rieure du  corps  de  la  malade  et  d'abaisser  fortement  sa  tête.  U 
n'est  pas  rare  alors  de  lui  voir  rendre  des  quantités  colossales  de 
mucus,  évacuation  qui  est  suivie  d'une  respiration  plus  facilo 
et  d'une  diminution  de  la  cyanose. 

'  En  ce  qui  concerne  le  traitement  chirurgical.Vfiwi^Mr  le  résume 
de  la  façon  suivante  :  Chez  les  multipares  percer  aussitôt  que  pos- 
sible la  poche  des  eaux  pour  provoquer  ou  accélérer  Taccouche- 
ment.  Quand  Torifice  externe  n'oppose  plus  d'obstacles,  intervenir 
avec  le  forceps.  Il  faut  ne  recourir  à  la  version  et  aux  incisions  de 
Torifice  externe  qu'avec  beaucoup  de  circonspection.  Dans  quelques 
câs^  on  peut  dans  l'intérêt  de  la  mère,  ou  dans  l'intérêt  de  l'enfant, 
la  mère  étant  mourante,  faire  la  césarienne  ;  mais,  à  ce  point  de 
vue,  il  est  impossible  de  formuler  des  règles  précises. 

Nature  de  la  maladie.  —  L'éclampsie  consiste  en  une  intoxi- 
cation, conséquence  d'un  trouble  fonctionnel  du  rein  en  général 
assez  aigu.  Ce  trouble  fonctionnel  est  lui-même,  dans  le  plus  grand 
nombre  des  cas,  sous  la  dépendance  d'altérations  aiguës  ou  subai- 
gués  du  parenchyme  rénal,  surtout  de  l'épithélium  des  canaux 
urinifôres.  Il  est  plus  rare  que  les  troubles  de  la  sécrétion  rénale 
relèvent  de  néphrites  parenchymateuses  chroniques  (mal  déBright) 
ou  de  néphrites  interstitielles.  En  certains  cas,  à  une  néphrite 
chronique  interstitielle  se  surajoute  une  dégénérescence  graisseuse 
aiguë,  et  rassociation  des  deux  processus  détermine  d'autant  plus 
facilement  les  accidents  éclamptiques.  Exceptionnellement,  d'au- 
tres états  pathologiques  des  reins,  à  la  faveur  de  circonstances 
particulièrement  favorables  (par  exemple,- trouble  fonctionnel 
antérieur  de  l'un  des  reins),  sont  susceptibles  de  provoquer  des 
troubles  aigus  de  la  sécrétion  urinaire  (compression  des  uretères, 
hydronéphrose).  Il  faut  encore  signaler  Tinfluence  pathogénique 
des  altérations  du  parenchyme  rénal  produites  par  des  substances 
toxiques  (acide  phénique,  sublimé).  La  connaissance  de  ces  der- 
nières altérations  est  venue  donner  à  la  théorie  de  l'intoxication 
un  nouveau  fondement.  R.  L. 

De   la  théorie  de  réclampsie  (Zur    Théorie  der  Eklampsie), 
0.  Herff.  Cent,f.  Gyn,,  1892,  no  12,  p.  230. 
Si  l'on  compare,  abstraction  faite  de  leur  étiologie,  les  accès  con- 


302  REVUE  ANALYTIQUE 

vulsifs  de  Tépilepsie,  de  l'éclanipûe  et  de  Ftirémie,  on  trouve  entre 
eux  une  très  grande  Bimiliiude.  En  réalité,  il  s'agit  là  d'un  com- 
plexus  symptomatique,  qui  peut  être  créé  par  des  causes  diverses, 
mais  dont  le  point  de  départ  doit  être  recherché  dans  les  centres 
cérébraux  psychomoteurs  et  dans*  les  cellules  ganglionnaires  sous- 
corticales.  D'autre  part^  des  laits  cliniques  nombreux  démontrent 
que  ce  complexus  syniptomatique  exige  souvent,  pour  se  produire, 
une  excitabilité  spéciale  des  centres  nerveux  cérébraux. 

Or,  cette  disposition  particulière  peut  résulter  de  conditions 
diverses,  les  unes  congénitales,  les  autres  acquises,  et  qui  peuven 
être  rangées  en  divers  groupes  :  1)  les  intoxications  et  en  pre 
mière  ligne  l'intoxication  uratique;  2)  les  infections;  3)  les mala- 
dise  du  système  cit^culatoire  (rinfluence  étiologique  de  ces  malades 
vis*à-vi8  de  la  disposition  aux  convulsions  est  peu  connue)  ;  4)  les 
affections  du  systètne  nerveux. 

On  observe  des  cas  d'éclampsie  dans  lesquels  les  troubles  du 
côté  du  rein  sont  minimes,  non  plus  accusés,  ainsi  que  le  faisait 
remarquer  encore  récemment  Virchow,  que  dans  une  infinité  de 
faits  qui  ne  donnent  pas  lieu  à  Téclampsie.  Il  faut  donc  admettre 
dans  les  premiers  une  condition  toute  spéciale,  une  disposition 
éclamptigène  c  eklamptischen  Lahilitat  >,  particulière  à  la  ges- 
tation, et  principalement  aux  primipares,  que  cette  disposition 
soit  Tefifet  d'une  tare  neuro-ou  psychopathiqùe  (cas  héréditaires)» 
qu'elle  soit  acquise  (intoxications,  infections,  autres  états  patho- 
logiques), ou  qu'elle  soit  la  conséquence  de  Tirritabilité  physiolo- 
gique liée  à  la  grossesse  elle-même.  Cette  manière  de  voir  est  for- 
tifiée par  le  fait  qu'on  a  constaté  un  développement  considérable 
de  faisceaux  nerveux  au  niveau  des  organes  génitaux  durant  la 
gestation. 

Nous  devons  d'autant  moins  facilement  repousser  cette  hypothèse 
d'une  «  disposition  éclamptigène  »,  créée  par  Tirritabilité  physiolo- 
gique delagrosse8se,qu'elle  nous  permet  de  comprendre  la  fréquence 
plus  grande  de  l'éclampsie  chez  les  primipares,  au  cours  des  gros- 
sesses gémellaires,  chez  les  femmes  &  bassin  étroit,  dans  les  cas 
d'hydramnios,  aussi  bien  que  son  apparition  en  l'absence  de  toute 
ailection  organique.  L*auteur  range  ces  éclampsies  sous  l'étiquette 
d'  «  éclampsie  de  la  gestation  ». 

Les  primipares  deviennent  plus  souvent  éclamptîques  parce 
que,  du  fait  de  la  grossesse,  elles  subissent  des  irritations  tout  & 


VARIÉTÉS  303 

fait  nouvelles,  les  femmes  mal  nourries^  mal  développées  parce 
que  ces  irritations  physiologiques  sont  malgré  tout  dispropor- 
tionnées à  leurs  forces,  les  femmes  atteintes  de  grossesse  gémel^ 
lairCf  d'hydramnios  parce  qu'elles  subissent  d^s  irritations  exa- 
gérées, et  que  ces  irritations  mettent,  par  voie  réflexe,  les  centres 
p&ycho-moteurs  dans  un  état  spécial,  propre  à  produire  les  con- 
vulsions. Il  se  crée  une  sorte  d*opportunité  morbide,  et  cette  façon 
d'interpréter  les  choses,  permet  en  outre  de  comprendre  comment 
une  excitation  môme  légère  peut  ôtre  la  cause  occasionnelle  des 
accès  les  plus  violentsv 

R.  L. 


VARIETES 

Société  obstétricale  de  France. 

Comité  d'initiative.  —  Composé  des  professeurs  de  Clinique 
d'accouchements  des  Facultés  et  des  Membres  de  la  Section  d'ac- 
couchements de  l'Académie  de  médecine. 

Présidents  d'honneur:  Bouchacourt,  F.-J.  Herrgott,  Stoltz. 

Président  :  Tarnier. 

Membres  :  Barthez,  Budin,  Charpeiîtier,  Fochier,  Gaulard, 
Grynfeltt,  Guéniot,  a.  Herrgott,  Hervieux,  Moussons, Pinard 
Bouvier  (de  Beyrouth),  de  Villiers. 

Crouzat  (de  Toulouse),  Secrétaire. 

ÂRTiGUB  premier.  —  La  Société  obstétricale  de  France  a  pour 
but  de  grouper  les  accoucheurs  désireux  de  mettre  en  commun  les 
résultats  de  leurs  recherches  personnelles  et  de  leur  expérience 
professionnelle. 

Art.  2.  —  Les  Membres  de  la  Société  se  réuniront  en  session, 
une  fois  par  an,  à  Paris,  pendant  la  semaine  de  Pâques;  chaque 
session  comprendra  un  nombre  de  séances  llxé  d'avance. 

Art.  3,  —  Seront  de  droit  Membres  fondateurs  ;  les  Professeurs 
honoraires  et  titulaires  d'accouchements,  les  Membres  de  la  Sec- 
tion d'accouchements  de  l'Académie  de  médecine,  les  Agrégés 
en  accouchements,les  Chefs  de  services  d'accouchements,  les  Méde- 
cins et  les  Chirurgiens  dirigeant  ou  ayant  dirigé  une  Maternité  ou 
un  Service  d'accouchements,  les  Accoucheurs  du  Bureau  central. 


304  INDEX   BIBLIOGRAPHIQUE   THIMESTRIEL 

les  Chefs  et  anciens  Chefs  de  clinique  d'accouchements,  qui  auront 
adhéré  à  la  fondation  de  la  Société  avant  la  première  session  (1892). 

Art.  4.  —  Seront  Membres  titulaires  les  docteurs  en  médecine 
qui  en  auront  fait  la  demande  ;  celle-ci  devra  seulement  être  agréée 
par  la  majorité  des  Membres  fondateurs,  lors  de  la  première 
séance.  Ils  ne  seront  pas  tenus  de  présenter  un  travail  à  Tappui 
de  leur  candidature,  condition  qui  deviendra  obligatoire. après  la 
première  session. 

Art.  5.  —  La  cotisation  annuelle  sera  de  20  francs. 

Avant  la  première  session,  les  Membres  fondateurs  et  titulaired 
recevront  un  Projet  de  Statuts  et  de  Règlement. 

Au  commencement  de  la  première  session,  la  Société  élira  son 
Bureau. 

Cette  première  session  aura  lieu  à  la  Faculté  de  Médecine  de 
Paris  (salle  Laëni.'ec)  les  21,  22  et  23  avril  1892.  —  La  première 
séance  sera  ouverte  le  jeudi  21  avril  à  2  heures. 


INDEX   BIBLIOGRAPHIQUE  TRIMESTRIEL 


GYNÉCOLOGIE 

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GYNÉCOLOaiE  305 

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OBSTÉTRIQUE  311 


OBSTÉTRIQUE 

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OBSTâTniQUE  3t3 

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BerL  1891.  —  Ferrata.  Descrizione  di  un  bacino  tras  versai  mente  ri- 
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BIBLIOGRAPHIE 

Vient  de  paraître.  —  G.  Steinheil,  éditeur. 

Études  d'anatomie  obstétricale  normale  et  pathologique  ;  Délivrance. 
Utérus  bicorne.  Grossesse  extra-utérine.  Grossesse  utérine  de 
deux  mois  et  demi.  Présentation  du  siège,  mode  des  fesses. 
Brides  amniotiques.  Décollement  prématuré  du  placenta  nor- 
malement inséré.  Position  occipito-sacrée.  Engagement  au  dé- 
troit supérieur,  par  A.  Pinard  et  H.  Varnier.  1  volume  in  folio 
raisin  de  vu-104  pages,  avec  tigures,  et  1  atlas  contenant 
44  planches  demi-raisin  en  chromolithographie,  15  planches  en 
phototypie,  et  31  planches  explicatives  en  lithographie.  Le 
volume  et  Tatlas  reliés  demi-chagrin,  avec  coins,  tête  dorée.  — 
Prix  :  300  fr. 

De  lliématocèle  pelvienne  Intrapéritonéale  considérée  particulière- 
ment dans  ses  rapports  avec  la  grossesse  tubaire.  Anatomie  patho- 
logique. Aperr-u  patlicj^ônique  et  tabloau  clinique.  Traitement, 
par  le  D»"  J.  William  Hinaud.  Prix  :  Tj  fr. 

De  la  péritonite  blennorrhagiq[ue  cbez  la  femme.  Périmétrite.  Péri- 
salpingite,  par  le  D»*  Paul  CiiARKiiiu.  Prix  :  4  fr. 

De  la  périnéorriiaphie  pratiquée  immédiatement  après  la  délivrance 
dans  tous  les  cas  de  déchirures  vagino  -périnéales,  par  le  D^  G.  Bar- 
bier. Prix  :  2  fr.  50. 


BIBLIOGRAPHIE  3t9 

Dn  daneer  primitif  du  côrpa  de  roteras  (diagnostic  précoce  ; 
traitement),  par  A.  P.  Bisch. 

De  rhématocèle  pelvienne  intra-péritonéale  considérée  particu- 
lièrement   dans  ses  rapports    avec  la  grossesse    tobaire,   par 

W.  BiNAUD. 

Gonrs  d'acconcbements,  par  le  Dr  N.  Charles,  professeur  d*ac- 
CQUchemcnts  à  Liège,  2»  édition.  Paris^  1892,  2  vol.  avec  figures. 
Prix  :  15  fr.  J.  B.  Baillièrk  et  fils,  19,  rue  Hautefeuille^ 
Paris. 

La  gymnasticpie  des  demoiselles,  par  ângehstein  et  ëckler.  J.-B. 
Baillière,  Paris,  1892. 

Dans  ce  livre,  les  auteurs  étudient  la  gymnastique  chez  la 
femme.  Ils  passent  Kuccessivement  en  revue  les  exercices  de  la 
gymnastique  de  chambre  chez  les  jeunes  filles  et  chez  les  femmes^ 
en  bonne  santé  ou  malades,  lis  terminent  par  l'indication  de^ 
exeixices  applicables  à  des  affections  ou  à  des  difformités  déter- 
minées. 

Massage  dans  les  affections  da  voisinage  de  l'ntérus  et  de  ses  an- 
nexes, par  G.  NoRSTROM.  Babé  et  C»e,  Paris,  1891. 

Après  avoir  insisté  sur  les  difficultés  que  rencontre  actuellement 
l'adoption  du  massage  en  gynécologie,  Norstrôm  indique  son  ma- 
nuel opératoire,  puis  ses  applications  dans  les  paramétrées,  les 
périmétrites,  les  changements  de  direction  et  de  situation  de  Tuté- 
rus,  les  maladies  des  trompes  et  des  ovaices. 

Les  vices  de  conformation  des  organes  génitaux  et  orinaires  de  la 
femme,  par  Ch.  Debierre.  J.-B.  Baillière,  Paris,  1892. 

L'ouvrage  du  professeur  Debierre  comprend  trois  parties  :  la 
première  a  trait  à  Tanatomie  des  organes  génitaux  de  la  femme  ;  la 
deuxième^  à  leur  développement,  c'est  seulement  alors  que  l'auteur 
étudie  les  vices  de  conformation,  anomalies  des  ovaires,  malfor- 
mation des  trompes,  des  ligaments  ronds,  des  liframents  larges,  de 
Tutérus,  du  vagin,  de  Thymen.  11  termine  par  la  pathogénie  de 
ces  malformations  qu'il  fait  suivre  d'un  exposé  des  anomalies  de 
la  vi^ve  et  de  celles  de  la  mamelle» 


320  BIBLIOGRAPHIE 

L'estomac  et  le  corset,  par  Chapotot,  J.-B.  Bailliôre,  Paris,  1892. 

Elève  de  Bouveret,  de  Lyon,  M.  Chapotot  expose  dans  ce  mé- 
jDoire  les  inconvénients  du  corset,  son  influence  dans  les  déviations, 
les  dislocations  et  les  troubles  fonctionnels  de  l'estomac.  Il  termine 
par  un  exposé  de  la  thérapeutique  des  siccidents  dyspepsiques  de' 
la  femme  dont  bon  nombre  sont  dus  au  port  d'un  corset,  serré  et 
fabriqué  sur  une  forme  dififérente  de  la  forme  naturelle. 

Transactions  of  the  american  gynecological  Sodety.  Philadelphia, 
1891. 

Le  volume  de  574  pages,  représentant  le  compte  rendu  du  Con- 
grès de  la  Société  gynécologique  américaine,  est,  comme  les  autres 
années,  luxueusement  édité.  On  y  trouve  d'importantes  discus- 
sions sur  les  hémorrhagies  accidentelles  pendant  le  travail,  les 
tumeurs  malignes  des  ligaments  larges,  l'opération  césarienne,  le 
cancer  du  col  utérin,  les  suites  éloignées  de  la  laparotomie,  de 
l'ablation  des  annexes  utérines,  le  mécanisme  de  la  rupture  du  pé- 
rinée, le  diabète  de  la  grossesse,  les  fibromes  utérins,  la  grossesse 
extra-utérine,  les  abcès  pelviens  ouverts  dans  le  rectum,  la  lapa- 
rotomie dans  la  lièvre  puerpérale,  les  rapports  de  la  salpingite  et 
de  la  grossesse,  la  péritonite  tuberculeuse,  l'étiologie  des  ante- 
flexions  utérines,  etc. 


Le  Qéfant:  G.  Stkinheil. 


XMPBIMBBIK   LEKALE    ET    0^%  HAVRE 


ANNALES 

DE  GYNÉCOLOGIE 


Mai  1892 


TRAVAUX   ORIGINAUX 


DE  L'HYSTÉREGTOMIE  VAGINALE  PAR  SECTION 
MÉDIANE  DE  L'UTÉRUS  DANS  LE  TRAITEMENT  DES 
SUPPURATIONS  PELVIENNES. 

Par  E.  Qaénn,  professeur  agrégé,  chirurgien  de  Phôpital  Coohin. 


En  1890,  M.  Péan  fit  connaître  à  rAcadémie  de  médecine 
une  nouvelle  méthode  de  traitement  des  phlegmasies  péri- 
utérines.  Au  lieu  de  pratiquer  Tablation  des  annexes  malades 
par  laparotomie,  M.  Péan  opérait  par  le  vagin,  enlevait 
l'utérus,  puis,  suivant  les  cas,  faisait  ou  non  suivre  cette 
castration  utérine  de  Textirpation  des  trompes  et  des  ovaires. 

L'opération  de  Péan  avait  au  début  fait  peu  de  prosélytes, 
lorsqu'en  février  1891,  devant  la  Société  de  chirurgie, 
M.  Segonds'en  fit  le  défenseur  enthousiaste.  Depuis,  ce  der- 
nier n'a  pas  cessé  de  la  vulgariser  soit  dans  ses  cours,  soit 
dans  ses  communications. 

On  peut  assurément  dire  que  le  manuel  opératoire  de  Péan 
a  été  pratiquement  appris  à  tous  nos  collègues  des  hôpitaux 
par  M.  Segond,  à  la  salle  d'opérations  de  la  maison  d'ac- 
couchement Baudelocque. 

C'est  par  morcellement  qu'il  agit,  en  se  conformant  scru- 
puleusement aux  règles  données  par  le  père  de  la  méthode. 

Ainr.  X»  un.  —  tou  zzxvil  si 


322  HYSTÊREGTOMIE  VAGINALE 

Dans  celle-ci,  après  avoir  circulairement  incisé  la  mu- 
queuse vaginale  comme  dans  toute  hystérectomie,  on  libère 
le  col  aussi  haut  que  possible,  puis  on  saisit  dans  une  pince  la 
portion  de  ligaments  larges  correspondant  au  segment  utérin 
rendu  accessible.  Alors  on  divise  cedernier  en  2  valves  qu'on 
excise  successivement.  On  répète  une  manœuvre  identique 
sur  la  portion  restante  du  corps  utérin  jusqu'à  extirpation 
totale.Tel  est  en  peu  de  mots  le  procédé  opératoire  suivi  par 
Péan  et  Segond.  Le  morcellement  de  Tutérus  le  caractérise,  et 
ce  morcellement  s'obtient  en  incisant  progressivement  l'uté- 
rus sur  ses  parties  latérales,  après  décollement  des  faces,  et 
après  application  préalable  de  pinces  en  étages  sur  les  liga- 
ments larges.  Le  but  essentiel  de  ce  morcellement  est  de 
rendre  mobilisable  un  utérus  qui  paraissait  immobile  et  ina- 
bordable. 

Dans  mes  premières  hystérectomies  vaginales  pour  salpin- 
gites Je  me  conformai  religieusement  aux  recommandations 
de  Péan-Segond,  mais  je  ne  tardai  pas  à  remarquer  qu'il  y 
avait  un  moyen  beaucoup  plus  simple  de  faire  descendre 
l'utérus  que  le  morcellement,  c'était  d'inciser  progressive- 
ment l'utérus,  sur  la  ligne  médiane.  J'en  fis  la  remarque  à  la 
séance  du  8  juillet  1891  de  la  Société  de  chirurgie,  à  propos 
d'une  présentation  de  pièces  (1). 

Au  mois  de  novembre  1891,  le  traitement  des  suppuration» 
pelviennes  fut  remis  sur  le  tapis  par  Terrillon  (-2)  Au  cours 
d'un  travail  basé  sur  1 1  observations  dans  lequel  je  donnai 
mon  opinion  sur  les  indications  de  l'opération  de  Péan,  j'in* 
diquai  les  modifications  que  j'avais  apportées  à  la  technique 
opératoire.  Je  conseillai  d'inciser  le  col  non  pas  sur  les  par- 
ties latérales,  mais  sur  la  ligne  médiane  au  fur  et  à  mesure 
de  son  décollement.  Je  distinguai  alors  2  cas  ;  si,  disais-je^ 
Tutérus  se  laisse  tant  soit  'peu  descendre,  on  peut  arriver 


(1)  Hyetérectomie  vaginale  pour  fibrome  utérin.  De  la  section  médiane  de 
r  utérus  comme  procédé  de  morcellement 

(2)  Sœ,  de  ehir,,  novembre  1891. 


QUÉNU  323 

jusqu'au  fond  sans  avoir  fait  de  morcellement  ;  si  l'utérus 
continue  à  ne  pas  descendre,  il  faut  morceller,  mais  prati- 
quer ce  morcellement  sur  la  ligne  médiane,  sans  se  rappro- 
cher des  bords  de  Tutérus. 

La  communication  de  M.  Routier  (1)  au  Congrès  de  chi- 
rurgie, et  une  communication  orale  de  M.  Schwartz  me 
prouvent  que  j'ai  fait  des  adeptes  et  que  la  section  médiane 
de  Tutérus  est  devenue  le  procédé  de  Cochin.  J'ai  eu  peine  à 
entendre  que  le  procédé  que  j'ai  suivi  et  décrit  était  qualifié 
de  procédé  de  Millier. 

MûUer  a,  je  le  reconnais,  conçu  le  premier  l'idée  de  divi- 
ser l'utérus  en  deux  ;  mais  Millier  ne  s'occupait  que  d'utérus 
cancéreux,  il  ne  s'agissait  pas  alors  d'abaisser  un  utérus  fixé 
et  enclavé.  Péan  n'avait  pas  découvert  son  opération  ;  il  en 
résulte  que  le  but  de  Millier  était  tout  autre  que  celui  que  j'ai 
poursuivi,  et  que  s'il  est  vrai  que  j'utilise  comme  lui  la  sec- 
tion médiane,  j'exécute  cette  section  médiane  dans  un  autre 
dessein,  d'une  façon  différente  et  à  un  autre  temps  de  Topë- 
ra(ion.  J'espère  ainsi  démontrer  que,  dans  le  traitement  des 
salpingites  adhérentes,  le  procédé  Millier  ne  serait  justement 
pas  exécutable. 

La  préoccupation  de  Millier  qui,  je  le  répète,  n'avait  en  vue 
que  les  utérus  cancéreux,  a  été  surtout  l'hémostase  ;  ayant 
remarqué  (2)  que  la  ligature  du  second  ligament  large  est 
plus  facile  que  celle  du  premier,  il  conseilla  de  diviser  l'uté- 
rus en  deux  moitiés,  symétriques  et  verticales;  il  ajouta  en- 
suite à  cette  pratique  la  compression  de  l'aorte  abdominale 
depuis  le  début  jusqu'à  la  fin  de  l'opération  (3).  Notre  but 
principal  est  d'amener  à  la  vulve  le  fond  de  l'utérus. 

Mûller  commence  par  faire  descendre  l'utérus  et  même  par 
le  renverser  à  travers  rincisioti»du  cul-de  sac  vaginal  posté- 
rieur, puis  il  l'incise.  Nous  incisons  dès  le  début  et  avant 

(1)  M.  Routier  eut  l'occasion  de  suivre  ce  procédé  de  section  médiane 
dans  mon  propre  service  et  aidé  par  mes  internes  en  août  et  novembre  1891. 

(2)  MULLEB.  Contralhl  /.  Gynak^  1882. 
(3j  Httllbb.  Wiener  med.  Woek.^  1884. 


324  HYSTÉRECTOMIE  VAGINALE 

que  Tutérus  ne  soit  descendu,  puisque  c^est  justement  pour 
le  faire  descendre  que  nous  incisons. 

Nous  partageons  du  reste  Topinion  de  MûUer  au  sujet  des 
facilités  d^hémostase  que  donne  Thystérotomie  médiane  et 
nous  ne  comprenons  guère  les  critiques  que  lui  a  adressées 
Zweifel  (1).  Ce  chirurgien  prétend  que  les  deux  moitiés  de 
l'utérus  saignent  au  point  de  nécessiter  Tapplication  des 
pinces  de  Billroth.  Nous  ne  pouvons  expliquer  cet  accident 
arrivé  à  Zweifel  qu*en  supposant  ou  bien  qu'il  a  eu  affaire  à 
une  forme  très  vasculaire  de  néoplasme  utérin,ou  bien  qu*il 
n'a  pas  fait  sa  section  sur  la  ligne  médiane.  Cette  faute  opé- 
ratoire est  en  effet  facile  à  commettre,  la  matrice  étant  la 
plupart  du  temps,  non  pas  médiane,mais  inclinée  et  refoulée 
latéralement.  Il  suffit  pour  l'éviter  de  s'assurer  de  la  direc- 
tion de  l'organe  au  moyen  d'un  hystéromètre.  En  somme,  le 
manuel  opératoire  est  des  plus  simples  :  on  débute  par  l'in- 
cision circulaire  de  la  muqueuse  vaginale  comme  dans  tout 
procédé  d*hy stéréotomie.  Je  conseille  de  mettre  quelques 
pinces  sur  la  muqueuse  qui  saigne,  puis  on  dénude  une 
certaine  étendue  du  col  en  arrière  et  en  avant  ;  assez  sou- 
vent il  est  possible  d'atteindre  vite  le  cul-desac  recto-uté- 
rin et  de  le  défoncer.  Quoiqu'il  en  soit  de  ce  dernier  point,  on 
place  deux  pinces  à  traction  sur  les  côtés  du  col  et  on  in- 
cise verticalement  et  au  milieu  la  portion  du  col  libérée.  Il 
est  capital  de  ne  prendre  les  ciseaux,  que  lorsque  la  dénu- 
dation  est  bien  nette.  On  peut,  au  fur  et  à  mesure  de  l'ou- 
verture de  la  cavité  utérine,  toucher  la  muqueuse  avec  une 
solution  de  chlorure  de  zinc  au  iO«  ;  on  reporte  alors  ses 
pinces  à  traction  un  peu  plus  haut,toujours  sur  les  côtés  :  la 
section  utérine  figure  ainsi  un  triangle  dont  la  base  s'élargit 
par  l'écartement  des  deux  moitiés  du  col  incisé.  L*abais8e- 
ment  d'une  nouvelle  portion  d'utérus  permet  au  doigt  d'ac- 
complir une  nouvelle  dénudation,  suivie  d'une  nou- 
velle   section    antéro-postérieure  ;    bientôt    le    fond    de 


(1)  ZwsiFSL.  OfHtralb,/.  Gy/ueM,,  1884. 


ROUTIER  325 

l'utérus  apparaît  et  semble  comme  plonger  au  milieu, 
on  raccroche,  avec  le  doigt  introduit  par  le  cul-de-sac 
qui  a  été  ouvert  et  on  achève  l'incision  médiane.  Il  faut  à  ce 
moment  saisir  près  du  fond  chaque  moitié  utérine  avec  une 
bonne  pince  de  Richelot  et  l'attirer  au  dehors  en  lui  faisant 
subir  un  mouvement  de  torsion  :  les  deux  pinces  à  traction 
sont  ainsi  rejetées  sur  les  côtéS  et  au  dehors,  tenues  par  un 
aide,  et  le  chirurgien  n'a  plus  à  s'occuper  que  du  nettoyage 
de  sa  cavité  péritonéale,  de  l'ouverture  ou  de  l'ablation  des 
poches,  etc.  On  termine  l'opération  en  assurant  Thémostase 
définitive  soit  au  moyen  de  pinces,  soit  au  moyen  de  liga- 
tures, et  on  résèque  chaque  moitié  d'utérus.  Je  crois  bon,  à 
l'exemple  de  Martin, de  Berlin, de  suturer  le  péritoine  du  cul- 
de-sac  postérieur  à  la  muqueuse  vaginale.  J'ai  également  dans 
plusieurs  cas,  dès  le  début  do  l'opération,  placé  une  ligature 
à  l'aide  d'une  aiguille  courbe  sur  l'étage  inférieur  des  li- 
gaments larges. 


DU  TRAITEMENT  DES  SUPPURATIONS  PELVIENNES 

Parle  D'  A.  Routier,  chirurgien  des  hôpitaux  de  Paris. 


Si  j'aborde  de  nouveau  devant  le  congrès  la  question  du 
traitement  des  suppurations  pelviennes  chez  la  femme,  c'est 
qu'il  m'a  paru  que  l'accord  n'était  pas  encore  fait  entre  les 
chirurgiens  et  qu'il  serait  cependant  bien  temps  de  poser 
des  indications  précises. 

Quand  cette  question  fut  discutée  à  la  Société  de  chirurgie 
de  Paris,  après  la  communication  de  notre  excellent  collègue 
et  ami  Segond,  on  se  partagea  en  deux  camps  bien  tranchés, 
laparotomistes  et  hystérectomistes,  s'il  m'est  permis  d'em- 
ployer cet  expression,  cette  dernière  catégorie  ne  comptant 
guère  qu'un  seul  membre  dans  la  Société. 

Il  est  permis  d'en  découvrir  facilement  la  cause  dans  la 


326        TRAITEMENT  DES   SUPPURATIONS  PELVIENNES 

communication  môme  de  M.  Segond  qui,  malgré  tout  le 
talent  qu'il  sait  apporter  dans  ses  discours,  n*entralna  pas 
ce  jour-là  la  conviction  parmi  nous. 

Sa  communication  avait  bien  pour  titre  :  De  Thystërec- 
tomie  vaginale  dans  le  traitement  des  suppurations  péri« 
utérines,  mais  comme  le  lui  fit  remarquer  mon  excellent 
maître  M.  Terrier,  en  reprdtiant  une  &  une  ses  observations, 
il  y  avait  seulement,  parmi  les  faits  cités  dans  son  travail, 
quelques  cas  de  vraies  suppurations  pelviennes,  pour  les- 
quels la  mortalité  n'était  pas  inférieure  à  celle  que  nous  ne 
pouvions  éviter  en  pareil  cas  par  la  laparotomie,  le  progrès 
ne  sautait  pas  aux  yeux. 

A  ce  mode  d'action  par  la  voie  vaginale,  on  faisait  en 
outre  un  grave  reproche,  c'est  que  dans  les  cas  douteux, 
on  n'avait  plus  comme  dans  la  laparotomie  un  premier  temps 
permettant  de  compléter  un  diagnostic  incertain  sans  rien 
compromettre.  En  effet,  si  on  voulait  suivre  les  préceptes  de 
de  M.  Péan,  acceptés  par  M.  Segond,  dès  qu'on  avait  fait  le 
diagnostic  de  la  bilatéralité  des  lésions  des  annexes,  il  fal- 
lait sans  hésiter  attaquer  l'utérus,  Tenlever  par  morcel- 
lement suivant  la  technique  de  M.  Péan,  après  quoi,  on 
,  enlevait  ou  on  n'enlevait  pas  les  annexes  suivantque  celles-ci 
étaient  ou  n'étaient  pas  adhérentes,  ce  qui,  pour  les  chirur- 
giens habitués  à  ce  genre  de  lésions,  pouvait  se  traduire  par 
ceci  :  les  annexes  malades  étant  toujours  ou  presque  tou- 
jours adhérentes,  par  la  voie  vaginale  on  enlèvera  l'utérus, 
mais  on  n'enlèvera  jamais  ces  annexes  malades. 

Cette  réflexion  inévitable,  choqua  forcément  tous  ceux  qui 
jusque-là  avaient  pour  habitude  défaire  une  opération  ayant 
précisément  pour  but  d'enlever  ces  annexes  malades.  Il  était 
bien  permis  de  s^i  demander  si  Tabandon  de  ces  organes 
malades  dans  le  bassin  ne  rendait  pas  Topération  inutile. 

Mais  il  fallait  au  moins  essayer  la  méthode,  et  ne  pas  en 
rester  à  la  discussion  théorique. 

Pour  ma  part,  ayant  déjà  fait  un  certain  nombre  d'hysté- 
rectomies  vaginales  pour  cancer,  cette  opération  ne  me  sur- 


ROUTIER  327 

prenait  pas,  il  s'agissait  seulement  de  modifier  la  façon  de 
faire  poursuivre  la  technique  indiquée  du  morcellement. 

Grâce  à  Tobligeance  de  mon  ami  Segondje  pus  assister  à 
plusieurs  de  ses  opérations  ;  malgré  Thabileté  qu'il  y  dé- 
ploya, je  ne  fus  pas  convaincu,  le  morcellement  ne  me  sédui- 
sit pas  ;  je  trouvai  cette  opération  brutale  et  aveugle  ;  de 
plus,  cette  hystérectomie  comme  opération  préliminaire  me 
paraissait  peu  satisfaisante. 

J'avais  déjà  à  plusieurs  reprises  ouvert  par  la  voie  vagi- 
nale des  collections  pelviennes,  sanguines  ou  purulentes, 
j'ai  rapporté  plusieurs  de  ces  observations,  soit  à  la  Société 
de  chirurgie,  soit  dans  des  publications  de  la  Semaine  médi- 
cale; parmi  ces  collections,  les  unes  étaient  franchement 
dans  le  cul-de-sac  de  Douglas,  les  autres  dans  des  trompes 
distendues  ou  des  ovaires  abcédés.  J  ai  fait  ces  ouvertures 
tout  simplement  au  bistouri,  car  j'estime  que  le  trocart  qui 
a  fait  baptiser  ce  mode  d'intervention,  méthode  du  profes- 
seur Laroyenne  à  Lyon,  me  parait  au  moins  inutile. 

Au  cours  de  ces  interventions,  j'ai  été  frappé  précisément 
de  ce  que  peut  fournir  le  toucher  pratiqué  à  travers  la  bou- 
tonnière vaginale  rétro-utérine  ;  quand  on  a  l'habitude  de  la 
chirurgie  du  petit  bassin,  quand  on  a  enlevé  un  certain  nom- 
bre d'annexés  malades,  on  retrouve  relativement  assez  bien 
les  divers  types  de  lésions  avec  le  doigt  ;  on  peut  toujours, 
dans  tous  les  cas,  affirmer  l'état  sain  ou  pathologique  des 
annexes,  savoir  si  un  seul  côté  ou  si  les  deux  sont  atteints,  de 
sorte  que  sans  pouvoir  comparer  absolument  la  boutonnière 
vaginale  rétro-utérine  à  la  laparotomie  exploratrice,  elle 
fournit  cependant  un  moyen  d'exploration  qu'il  faut  savoir 
utiliser  et  dans  tous  les  cas  ne  jamais  négliger. 

L'hystérectomie  par  morcellement,  a*ton  dit,  est  difficile  ; 
j'ajoute  qu'elle  est  aveugle  et  aléatoire  :  on  est  à  la  merci 
d'une  pince  et  l'accident  grave  à  redouter,  l'hémorrhagie 
survenant,  soit  par  la  chute,  soit  par  le  déplacement  d'un 
clamp,  peut  mettre  en  danger  les  jours  de  la  patiente,  et  fait 
dans  tous  les  cas,  passer  un  mauvais  moment  au  chirurgien. 


328        TRAITEMENT  DES   SUPPURATIONS  PELVIENNES 

Je  crois  qu^on  peut  éviter  tous  ces  inconvénients  en  enle- 
vant Tutérus  par  moitié,  après  section  sur  la  ligne  médiane  ; 
par  ce  procédé,  en  outre,  on  peut  dans  la  très  grande 
majorité  des  cas  enlever  les  annexes  malades  sinon  en  tota* 
lité,  au  moins  en  grande  partie. 

Ce  procédé,  décrit  par  Muller,  dans  le  but  de  rendre  l'hé- 
mostase plus  facile,  ce  qui  est  en  effet  réalisé,  m*a  été 
montré  pendant  que  je  faisais  à  Cochin  le  remplacement  de 
M.  Quénu;  c'est  là  que  je  Tai  appris,  et  depuis  je  remploie 
de  préférence  à  tout  autre. 

Avec  ces  deux  modifications,  boutonnière  vaginale  rétro- 
utérine  et  hystérectomie  par  section  médiane,  j'ai  employé 
plus  volontiers  Thystérectomie  vaginale  dans  le  traitement 
non  seulement  des  suppurations  pelviennes,  mais  encore  dans 
le  traitement  des  ovario-salpingites,  mais,  et  c'est  le  but  spé- 
cial de  ma  communication,  je  voudrais  bien  affirmer  qu*il  n'y 
a  pas  une  méthode  unique  ;  soit  qu'il  faut  savoir  suivant 
les  cas  : 

Se  contenter  de  Tincision  vaginale  simple; 

Faire  Thystérectomie  vaginale  avec  ablation  des  annexes  ; 

Soit  rester  fidèle  à  la  laparotomie.  Je  ne  puis  cependant 
me  défendre  d*afïirmer  ici  que  l'intervention  par  la  voie  vagi- 
nale, toutes  choses  égales  d'ailleurs  comme  on  dirait  en 
sciences  exactes,  m*a  toujours  paru  infiniment  moins  grave 
que  la  laparotomie,  et  je  puis  dire  sans  crainte  d'être  con- 
tredit que  mes  résultats  par  la  voie  abdominale  peuvent 
supporter  la  comparaison  avec  les  statistiques  les  meilleures. 

L'hémorrhagie,  je  le  répète,  est  le  grand  danger  de  lopé- 
ralion  vaginale,  si  on  Tévite,  j'estime  qu'on  a  fait  la  moitié 
du  chemin  vers  la  guérison. 

Leshockest  infiniment  moindre  et,  nous  le  savons  depuis 
longtemps,  le  péritoine  du  petit  bassin  a  de  ces  tolérances 
inconnues  à  la  grande  séreuse. 

Cependant  il  faut  l'avouer  aussi,  les  clamps  laissés  & 
demeure  fatiguent  les  malades  et  les  font  souffrir;  cette 
particularité  était  si  bien  connue  des  malades  dans  le  service 


ROUTIER  329 

de  Cochin  dont  j'ai  été  chargé  ces  vacances^  que  toutes  les 
malades  auxquelles  je  conseillais  l'opération,  me  deman- 
daient à  être  opérées  par  Tincision  abdominale,  et  je  dois 
dire  que  j'ai  eu  beau  pour  lutter  contre  ce  courant,  leur 
parler  de  Tabsence  de  cicatrice,  de  la  conservation  de  la 
beauté  plastique  de  leur  ventre,  elles  résistaient  ;  il  faut 
croire  que  le  public  féminin  auquel  je  m'adressais  était  plus 
sensible  à  la  douleur  qu  à  la  coquetterie.  J'ai  eu  souvent  fort 
à  faire  pour  les  convaincre  et  leur  faire  accepter  Thystérec- 
tomie  quand  je  la  croyais  préférable  à  la  laparotomie. 

J'accepte  comme  indication  à  cette  hystérectomie  vaginale 
la  formule  :  «  quand  il  est  manifestement  démontré  que  la 
maladie  des  annexes  est  bilatérale  »,  faisant  bien  entendu 
la  réserve  sous-entendue  que  la  nécessité  d'une  intervention 
est  démontrée. 

II  y  a  cependant  plusieurs  catégories  de  cas  ;  passons-les 
rapidement  en  revue  :  Pour  les  maladies  les  plus  simples, 
quand  on  a  de  petites  salpingites,  des  ovaires  scléro-kysti- 
ques,  j'avoue  que  je  reste  laparotomiste;  comme  mon  maître 
M.  Terrier,  je  trouve  alors  cette  opération  courte  et  facile. 
et  avec  les  précautions  que  nous  sommes  habitués  à  prendre, 
on  n'a  pas  d'accidents,  la  castration  ovarienne  dans  ce  genre 
de  faits  n'est  pas  plus  grave  qu'une  cure  radicale  de  hernie, 
la  mortalité  est  nulle. 

Je  sais  bien  que  pour  de  pareilles  lésions  Thystérectomie 
telle  que  je  la  conseille  serait  aussi  très  simple  et  rapidement 
exécutée,  et  par  conséquent  bénigne  ;  mais  la  possibilité  de 
l'hémorrhagie  par  une  pince  qui  lâche,  les  douleurs  que  ces 
pinces  causeront  à  la  malade  pendant  les  deux  premiers 
jours  me  font  préférer  la  laparotomie. 

Si  nous  passons  aux  salpingites  franchement  purulentes, 
ou  aux  grosses  salpingites  contenant  soit  du  sang,  soit  de 
Teau,  je  sais  bien  que  lorsque  la  collection  est  franchement 
enkystée,  qu'il  y  a  peu  d'adhérences,  on  en  a  vite  terminé 
avec  la  laparotomie,  mais  ici,  il  y  a  une  source  d'mfection 
toute  prête  à  se  répandre,  les  moignons   sont  septit^ues. 


330         TRAITEMENT   DES   SUPPURATIONS   PELVIENNES 

bien  qu*on  les  désinfecte  avec  le  thermocautère,  on  peut 
avoir  des  accidents  ;  je  commence  à  préférer  pour  ces  cas  la 
voie  vaginale. 

Je  la  préfère  surtout  lorsqu'on  a  affaire  à  ces  petits  bas- 
sins remplis,  où  tout  parait  adhérent,  où  il  y  a  non  seulement 
du  pus  dans  les  trompes,  mais  encore  des  abcès  ovariques  et 
péri-ovariques,  dans  ce  qu'on  peut  vraiment  appeler  la  pelvi- 
péritonite. 

La  laparotomie  dans  ces  cas  acquiert  une  forte  gravité, 
les  adhérences  intestinales  viennent  souvent  augmenter  les 
difficultés  et  quelquefois  compromettre  le  succès. 

Par  la  voie  vaginale,  mettons  les  choses  au  pire,  et  sup- 
posons qu'au  cours  de  Topération  on  produise  une  perforation 
intestinale,  celle-ci  peut  parfaitement  guérir  spontanément, 
dans  la  suite,  et  ne  sera  certainement  pas  mortelle. 

Si  nous  passons  aux  cas  où  l'abcès  pelvien  est  devenu 
fistuleux,  le  choix  ne  me  parait  plus  permis,  la  voie  vaginale 
s'impose  ;  j'ai  eu  le  plaisir  de  voir  guérir  simplement  et  sans 
encombre  plusieurs  cas  semblables,  dans  lesquels  je  n'aurais 
entrepris  la  laparotomie  qu'en  tremblant. 

Il  serait  trop  long  de  raconter  en  détail  toutes  mes  obser- 
vations, mais  je  ne  puis  résister  au  désir  d'en  citer  au  moins 
une  : 

Il  s'agissait  d  une  jeune  femme  ayant  eu  à  la  suite  d*un 
accouchement  fort  difficile  en  septembre  1891  des  accidents 
infectieux  qui  se  traduisirent  par  un  phlegmon  du  ligament 
large  droit,  puis  par  un  autre  phlegmon  à  gauche,  celui-ci 
avait  gagné  peu  à  peu  et  avait  dû  envahir  le  psoas,  car  lors- 
que je  vis  la  malade  cinq  mois  après  le  début  des  accidents, 
la  cuisse  était  fortement  fléchie  sur  l'abdomen,  lextension 
impossible  et  toute  tentative  pour  la  produire  extrêmement 
douloureuse.  Cette  jeune  femme  était  arrivée  au  dernier 
degré  de  maigreur. 

L'utérus  était  immobilisé  entre  deux  grosses  masses,  la 
droite  fort  dure,  la  gauche  fort  résistante;  lapalpation  abdo- 
minale permettait  de  sentir  ces  indurations,  la  gauche  mon- 


BOUTIER  331 

tait  à  quelques  travers  de  doigts  de  rombilic,  et  on  sentait 
au  niveau  de  l'émergence  du  psoas,  sous  Tarcade,  un  prolon- 
gement dur  et  douloureux.  La  fièvre  était  continue  avec  des 
axacerbations  vespérales. 

Une  laparotomie  eût  certainement  été  désastreuse.  Je  fis 
rhystériectomie  :  j'enlevai  la  totalité  des  annexes  droites, 
rendues  méconnaissables  par  la  suppuration  ;  je  ne  pus  avoir 
qu'une  partie  des  annexes  gauches,  mais  avec  le  doigt  je 
pus  sentir  loin  en  arrière,  dans  la  région  de  la  symphyse 
sacro-iliaque  gauche,  un  trou  donnant  accès  dans  une  cavité, 
et  quand  je  pressais  sur  le  psoas,  ou  sur  la  tuméfaction  cru- 
rale, il  sortait  du  pus.  Je  drainai  tout  cela  avec  de  la  gaze 
iodoformée. 

Les  suites  furent  simples  :  le  6'  jour,  il  y  eut  une  élévation 
de  la  température,  qui  était  du  jour  de  Topération  retombée 
à  la  normale.  Je  pratiquai  le  toucher,  et  pus  conduire  une 
canule  dans  le  trou  profondément  situé  à  gauche,  faire  res- 
sortir du  pus,  laver,  et  la  guérison  survint  rapidement. 

Vingt  jours  après,  la  malade  étendait  sa  cuisse  sans  dou- 
leur, se  levait,  marchait.  Aujourd'hui  elle  est  fraîche  et 
grasse,  et  a  repris  la  plus  belle  santé. 

Chez  une  malade  qui  avait  un  abcès  en  communication  avec 
l'intestin,  et  qui  depuis  3  ans  avait  tous  les  mois  environ  des 
poussées  de  fièvre  et  de  pelvi-péritonite  se  terminant  par 
l'issue  d'une  notable  quantité  de  pus  par  Tanus  je  me  mis  en 
devoir  d'enlever  rutérus,mais  celui-ci  était  tellement  friable 
et  dégénéré  que  je  pus  enlever  la  moitié  à  peine  en  hauteur, 
ce  qui  me  conduisit  dans  une  vaste  poche  purulente  que  je 
bourrai  de  gaz  iodoformée. 

Les  jours  suivants,  et  3  semaines  durant,  il  s^écoula  des 
matières  fécales  par  le  vagin,  mais  cette  fistule  stercorale  a 
guéri  sans  nouvelle  intervention,  et  la  malade  a  repris  se» 
forces  et  sa  santé,  elle  a  même  ses  règles  tous  les  mois  par 
son  tronçon  d'utérus. 

Même  l'opération  incomplète  peut  comme  on  le  voit  don- 
ner d'excellents  résultats.  Qu'aurait  donné  en  pareil  cas  la 
laparotomie  la  mieux  conduite  ? 


332         TRAITEMENT  DES  SUPPURATIONS   PELVIENNES 

N*étant,  grâce  à  notre  organisation,  chargé  que  par  rares 
périodes  d'un  service  d'hôpital,  ma  statistique  est  très  mo- 
deste, elle  n'en  a  pas  moins  de  valeur. 

J'ai  opéré  par  Thystérectomie  vaginale  16  cas  de  lésions 
doubles  des  annexes  se  décomposant  ainsi  : 

4  0 varie- salpingites  interstitielles  ou  hématiques: 

4  guérisons; 

12  salpingo-ovarites  purulentes  ou  abcès  du  petit  bassin 
mal  localisés  : 

12  guérisons. 

Je  sais  ce  que  vaut  une  série,  et  la  possibilité  qu'il  y  a  de 
voir  en  quelques  jours  noircir  les  plus  beaux  résultats,  ceux- 
ci  n'en  sont  pas  moins  acquis. 

Je  termine  en  vous  rapportant  un  cas  d'opération  certai*- 
nement  incomplète  et  qui  m'a  donné  un  résultat  inespéré. 

11  s'agissait  d'une  femme  de  50  ans  perdant  du  pus  par  le 
vagin  depuis  six  mois  environ,  et  arrivée  au  dernier 'degré  du 
marasme  et  de  la  cachexie. 

Quand  on  examinait  le  vagin,  on  voyait  en  arrière  du  col 
utérin  un  orifice  par  où  s'écoulait  en  très  grande  abondance 
et  continuellement  du  pus  infect. 

Si  on  pratiquait  le  toucher,  on  était  étonné  de  trouver  un 
utérus  à  col  long  et  net  immobilisé  comme  dans  un  bloc 
de  plâtre  et  repoussé  contre  le  pubis.  En  arrière,  une  tu- 
meur dure  remplissait  le  petit  bassin,  et  on  retrouvait  cette 
tumeur  par  la  palpation^  débordant  surtout  à  gauche,  et 
dépassant  l'ombilic. 

L'histoire  pathologique  de  cette  malade  était  intéressante, 
elle  montrait  une  consultation,  prise  chez  le  professeur  De- 
paul  datée  de  mai  1870,  où  il  était  dit  qn^elle  avait  un  abcès 
rétro-utérin  ouvert  dans  le  rectum. 

Elle  était  guérie  de  cette  infirmité  en  3  ans,  par  des  soins 
de  propreté. 

Puis  plu.s  tard,  1888,  elle  avait  été  curettée  dans  le  but  de 
guérir  des  salpingites  ;  enfin  elle  se  présentait  à  nous  ainsi 
que  je  l'ai  rapporté. 


MALLY  333 

C'est  par  une  incision  rétro-utérine^  au  niveau  de  la  fistule 
que  je  pus  extraire  plus  d'un  bassin  de  matières  épithéliales, 
je  ne  m'arrêtai  qu'au  contact  des  intestins,  quand  je  crus 
avoir  tout  enlevé,  avec  la  conviction  que  j'avais  eu  affaire  à 
un  épitbélioma  de  l'ovaire  gauche. 

Il  y  eut  consécutivement  une  fistule  stercorale,mais  après 
quelques  péripéties,  cette  fistule  s*oblitéra  spontanément,  la 
malade  reprit  des  forces  et  aujourd'hui,  7  mois  après,  elle  va 
et  vient,  ayant  les  apparences  d'une  bonne  santé. 

Il  est  incontestable  qu'une  intervention  par  toute  autre 
voie  eût  été  fatalement  mortelle. 

Je  conclus  donc  en  disant  qu'il  faut  en  face  des  lésions  des 
annexes  et  du  petit  bassin,  savoir  varier  ses  moyens  d'atta- 
que, recommandant  dans  tous  les  cas  de  ne  jamais  faire 
d'hystérectomie  sans  avoir  au  préalable  pratiqué  l'explora- 
tion par  la  boutonnière  rétro-utérine. 


UN  NOUVEAU  STÉRILISATEUR 
Par  le  D'  Hlally. 


L'appareil  dont  la  description  va  suivre  est  destiné  à  réa- 
liser la  stérilisation  des  instruments  de  chirurgie  par  voie 
humide.  Ce  procédé  a  pour  avantage  d'être  à  la  fois  plus  sûr 
et  plus  rapide  que  ceux  en  usage  jusqu'à  présent  et  qui  repo- 
sent sur  l'emploi  de  Tair  chaud,  ou  de  la  vapeur  d'eau  sous 
pression. 

Le  principe  de  l'appareil  repose  sur  la  réalisation  d'un 
bain  liquide  maintenu  à  la  température  constante  de  130  de- 
grés centigrades  et  à  l'air  libre. 

Il  n'existe  pas  de  corps  bouillant  aux  environs  de  130  de- 
grés que  Ton  puisse  chauffer  directement  à  ébullition  dans 
un  vase  ouvert,  ce  qui  eût  été  la  façon  la  plus  simple  de  ré- 
soudre le  problème  ;  les  uns  ne  sont  pas  stables,  d'autres 


334  NOUVEAU  STÉHILtSATEUB 

émettent  des  vapeurs  dangereuses,  d'autres  enfin  attaque- 
raient les  instruments.  Un  artifice  de  laboratoire  assez  sim- 
ple et  déjà  employé  par  M.  Sorel  pour  chauffer  des  étuves  à. 
air  et  des  autoclaves  permet  ici  de  surmonter  cette  difficulté. 

Ou  prend  deux  liquides,  l'un  bouillant  à  140°  le  xylëne 
dont  on  condense  les  vapeurs  dans  un  réfrigérant  et  destiné 
à  chauffer  un  second  liquide,  la  glycérine,  dont  le  point  d'é- 
buUition  est  plus  élevé  et  dans  lequel  on  pourra  plonger 
directement  les  instruments  &  stériliser. 

L'appareil  se  compose  de  deux  récipients  embottés  l'un 
dans  l'autre  et  de  forme  prismatique.  Le  premier  contient 
lexylëue;  il  est  représenté  ouvert  sur  le  dessin  pour  montrer 
la  couche  io  liquide  reposant  au  fond  et  destinée  à  être  por- 


tée à  l'ébuUition  par  la  rampe  à  gaz  Ë.  11  est  fermé  de  toutes 
parts  etporte  un  tube  à  dégagement  qui  traverse  le  réfrigé- 
rant A  et  s'ouvre  à  l'air  libre  en  D.  Le  réfrigérant  est  par- 
couru par  un  courant  d'eau  qui  entre  en  B  et  sort  en  C. 


MALLY  335 

* 

Le  second  récipient  de  même  forme  que  le  premier  est 
emboîté  dans  celui-ci,  il  contient  de  la  glycérine  G  et  peut- 
être  fermé  par  le  couvercle  articulé  H. 

Ceci  posé,  le  fonctionnement  de  Tappareil  est  le  suivant. 
On  établit  un  courant  d'eau  dans  le  réfrigérant  et  on  al- 
lume la  rampe  à  gaz.  Le  xylène  entre  en  ébullition,  les  va- 
peurs se  répandent  dans  l'espace  clos  compris  entre  les  deux 
récipients,  échauffent  la  glycérine  qui  tend  à  se  mettre  en 
équilibre  de  température,  et  vont  se  condenser  dans  le  réfri- 
gérant. Elles  retombent  à  Tétat  liquide  dans  la  chaudière^ 
indéfiniment;  de  sorte  qu*il  ne  s'en  échappe  aucune  partie 
dans  l'atmosphère  par  le  tube  D,  et  que  la  provision  de  xylène 
enfermée  dans  la  chaudière  se  conserve  indéfiniment. 

Lorsque  l'équilibre  de  température  est  obtenu^  c'est-à-dire 
lorsque  la  glycérine  est  à  130  degrés,  au  bout  d'une  demi- 
heure  environ  (on  peut  s'en  assurer  à  l'aide  d'un  thermo- 
mètre à  main  T),  on  soulève  le  couvercle  et  on  plonge  dans 
le  bain  Tinstrument  à  stériliser;  au  bout  de  quelques  secon- 
des, cet  instrument  peut  être  retiré  à  l'aide  d'une  pince  mé- 
tallique puis  plongé  dans  une  cuvette  contenant  de  Teau  tiède 
stérilisée  par  filtration  et  ébullition  et  enfin  transporté  ainsi 
à  la  portée  du  chirurgien. 

Cet  appareil  fonctionne  régulièrement  tous  les  jours  à 
l'hôpital  Bichat  dans  le  service  du  D'  Terrier.  On  le  met  en 
marche  dès  l'arrivée  du  chirurgien,  et  à  n'importe  quel  mo- 
ment de  la  visite  on  peut  stériliser  en  2  ou  3  minutes  l'ins- 
trumentation complète  d'un  curettage  utérin,  d'une  cure  ra- 
dicale de  hernie,  d'une  laparotomie  avec  les  fils  à  suture  et 
les  drains  de  caoutchouc.  Le  débit  de  l'eau  et  celui  du  gaz 
étant  réglés  une  fois  pour  toutes,  le  fonctionnement  devient 
automatique  et  ne  demande  aucune  surveillance. 

Ce  procédé  présente  donc  les  avantages  suivants  : 

Le  fonctionnement  est  permanent. 

Il  permet  de  stériliser  presque  instantanément  une  instru- 
mentation complète,  y  compris  les  accessoires  en  caoutchouc 
(tubes  à  drainage,  sondes  en  gomme,  etc.). 


336  GROSSESSE  EXTRA- UTÉRINE 

Enfin,  le  contact  de  la  glycérine  n'altère  pas  le  poli  des  ins- 
truments nickelés  comme  Teau,  ni  la  trempe  des  instruments 
tranchants  comme  Tair  chaud,  ni  le  caoutchouc  élastique  et 
les  sondes  en  gomme. 


GROSSESSE  EXTRA-lîTÉRINE.  —  LAPAROTOMIE  PRATI- 
QUÉE 5  MOIS  APRÈS  LA  MORT  DU  FŒTUS  A  TERME. 
—  GUÉRISON. 


Par  le  D'  DetelsMment. 


Le  15  mars  18B9,  mon  confrère,  le  Dr  Cassine,  me  présente  une 
jeune  fille  sur  laquelle  il  veut  bien  me  donner  les  renseignements 
suivants  : 

«  Mii«  L...,  20  ans,  modiste,  de  bonne  constitution,  de  tempé- 
rament nerveux,  est  réglée  pour  la  dernière  fois  le  ^  février  1888 
et  ne  tarde  pas  à  présenter  les  symptômes  d'une  grossesae  qui  paratt 
évoluer  normalement.  En  mars,  vomissements,  dyspepsie,  gonfle- 
ment des  seins,  sécrétion  de  colostiiim.  Vers  le  10  juillet,  L...  perçoit 
les  mouvements  du  fœtus.  Le  15  décembre  1888,  je  suis  appelé  pour 
lui  donner  des  soins.  Depuis  2  jours,  elle  ressent  les  douleurs  prépa- 
rantes de  Taccouchement.  Le  ventre  présente  des  vergetures,  les 
seins  sont  gorgés  de  colostrum.  Autour  des  mamelons,  tubercules 
de  Montgomery  très  développés. 

La  palpation  du  ventre  fait  constater  des  mouvements  actifs  du 
fœtus.  L'auscultation  permet  de  percevoir  les  battements  du  cœur 
fœtal  à  quelques  centimètres  au-dessous  de  l'ombilic.  On  entend 
également  le  souffle  placentaire.  Tout  jusque-là  parait  normal.  Le 
toucher  vaginal  nous  procure  une  surprise.  Le  col  utérin  n*est  pas 
volumineux.  Il  n'est  ni  ramolli  ni  largement  entr'ouvert.  11  eHt 
petite  dur  et  ressemble  absolument  au  col  utérin  d'une  vierge. 
L'orifice  externe  seul  est. un  peu  dilaté.  Je  quitte  la  malade  en  me 
proposant  de  la  revoir  le  lendemain. 

16  décembre.  Les  douleurs  diminuent  peu  à  peu  puis  cessent 
complètement. 

Le  17.  L'orifice  externe  du  col  est  refermé,  absence  complète  de 
douleurs. 


DELAISSEMENT  337 


». 


L....,  ne  souffrant  plus,  s'abstient  de  venir  me  voir  et  je  la  perds 
de  vue  jusqu'au  15  mars  1889.  Je  la  vois  alors  avec  le  EK  Délais- 
sement. Elle  nous  dit  que  la  menstruation  s'est  rétablie,  que  ses 
règles  sont  revenues  plus  longues  et  plus  abondantes  que  d'habi-  ^ 

tude  le  25  janvier,  le  24  février,  le  20  mars  et  le  12  avril.  • 

15  mars.  Je  constate  l'existence  d'une  tumeur  volumineuse,  immo. 
bile,  dirigée  de  droite  à  gauche  et  de  bas  en  haut,  remplissant  tout 
l'hypochondre  gauche.  Cette  tumeur  a  la  consistance  d'un  volu-  ' 

mineux  fibroipe.  Pas  de  fluctuation  manifeste.  Le  D**  Cassine  et  L... 
affirment  que  la  tumeur  a  beaucoup  diminué  de  volume.  Auscul- 
tation négative.  Pas  de  battements  de  cœur  fœtal,  plus  de  souftle 
utéro-placen taire.  Au  toucher  vaginal,  le  col  utérin  présente  tous 
les  caractères  du  col  d'un  utérus  vierge.  Il  est  porté  en  avant,  der- 
rière le  pubis.  L'utérus  n'est  pas  mobile.  Il  parait  faire  corps  avec 
la  tumeur.  Celle-ci  n'est  pas  engagée  dans  le  petit  bassin.  Les  seins 
contiennent  encore  un  peu  de  liquide  laiteux. 

L'état  général  est  assez  bon.  Pouls  fréquent,  mais  pas  de  lièvre. 
Douleurs  dans  l'hypochondre  gauche.  L...  a  pAli  notablement  et 
un  peu  maigri.  Fonctions  digestives  bonnes. 

Nous  posons  le  diagnostic  de  grossesse  extra-utérine  et,  en  l'ab- 
sence d'accidents,  nous  décidons  de  revoir  encore  la  malade  avant 
d'intervenir. 

8  avril.  L...  va  consulter  M.  le  professeur  Pinard  qui  diagnos- 
tique une  grossesse  extra-utérine  probable  et  conseille  de  prati- 
quer le  cathétérisme  utérin  pour  éclairer  le  diagnostic. 

Le  12.  Elle  consulte  le  D^  Dumontpallier  qui  essaye  en  vain  le 
cathétérisme»  diagnostique  une  grossesse  utérine  avec  rétention 
du  fœtus,  et  conseille  de  faire  Taccouchenjent  forcé. 

Le  20.  Nous  essayons  de  pratiquer  le  cathétérisme  utérin.  Impos- 
sible d'introduire  l'hystéromètre.  Une  sonde  en  gomme  pénètre  à 
0  ou  10  centim.  environ,  et  parait  se  diriger  à  gauche.  Une  sonde 
métallique  introduite  dans  la  vessie,  nous  indique  que  cet  organe 
est  reporté  à  droite.  Nous  maintenons  notre  diagnostic  de  gros- 
sesse extra-utérine.  L...  est  un  peu  fatiguée.  Elle  souil're  du  ventre 
de  temps  en  temps.  Le  pouls  est  fréquent;  l'état  général  est  moins 
bon.  Nous  lui  proposons  de  la  débarrasser  de  sa  grossesse  par  la 
laparotomie.  Le  28,  j'eus  l'occasion  de  la  présenter  à  M.  le  profes- 
seur GuyoD  qui  voulut  bien  l'examiner  et  nous  aider  de  ses  con- 
seils. L'hystéromètre  ne  pénètre  pas  dans  l'utérus.  La  sonde  en 

AJOI.  Dl  OTK.  ~  VOL.  XXXVII.  29 


338  GROSSESSE   EXTRA-UTÉRINE 

gomme  y  pénètre,  comme  nous  Tavons  dit  plus  haut.  M.  Guyon 
nous  fait  constater  l'existence  d'une  petite  tumeur  située  à  gauche 
de  la  ligne  médiane,  s'élevant  à  5  ou  6  centim.  au-dessus  du  pubis 
et  paraissant  indépendante  du  kyste  fœtal.  Cette  tumeur  parait 
se  contracter.  Nous  pensons  que  c'est  l'utérus  dévié  à  gauche. 
M.  Guyon  est  d'avis  qu'il  faut  pratiquer  la  laparotomie.  Il  n'y 
avait  pas  lieu  de  songer  à  Télytrotomie.  Nous  décid&mes  d'ouvrir 
simplement  le  kyste  fœtal  et  de  le  laisser  en  plac^.  La  lecture  dos 
intéressantes  observations  publiées  par  M.  le  professeur  Pinard 
dans  les  Annales  de  gynécologie,  Texcellence  des  résultats 
obtenus  nous  engageaient  à  choisir  ce  procédé. 

Nous  pratiquâmes  l'opération,  le  7  mai,  avec  le  concours  des 
Dr*  Cassine,  Desprez  et  Billaux.  Toutes  les  précautions  furent 
prises  pour  faire  une  opération  aussi  aseptique  que  possible.  Inci- 
sion de  la  paroi  abdominale  sur  la  ligne  médiane  s'étendant  de 
l'ombilic  à  0,04  centim.  au-dessus  du  pubis.  On  tombe  sur  le  kysto 
fœtal  qui  n'a  contracté  aucune  adhérence  avec  la  paroi  abdominale. 
Au  sommet  du  kyste,  on  trouve  un  point  lluctuant.'  Pas  de  fluc- 
tuation dans  le  reste  de  la  tumeur.  Isolement  de  la  cavité  périto- 
nôale  par  20  points  de  suture  en  commençant  par  l'ungie  supé- 
rieur. Par  les  oritices  des  deux  premières  sutures,  sortie  d'un  peu 
de  liquide  brunâtre.  La  paroi  du  kyste  est  épaisse  et  très  dure, 
comme  fibreuse,  d'un  blanc  grisâtre.  L'incision  entre  les  deux  ran- 
gées de  sutures  donne  issue  à  un  liquide  brunâtre,  assez  épais, 
peu  abondant  (un  verre  environ).  Le  fœlus,  tète  à  gauche,  est 
dirigé  transversalement.  Le  placenta,  très  épais,  est  inséré  sur  la 
face  antéro-inférieure  du  kyste.  Il  est  dur  comme  s'il  avait  macéré 
dans  Falcool.  Il  n'est  pas  vasculaire.  L'extraction  du  fœtus  fut 
facile.  II  fallut  seulement  agrandir  un  peu  l'incision  pour  faciliter 
la  sortie  de  la  tète.  Fœtus  mâle,  bien  conformé,  à  terme.  Poids  : 
2,500  grammes. 

Le  placenta,  très  épais,  est  fort  adhérent  dans  toute  son  étendue. 
Une  hémorrhagie  fournie  par  une  petite  artère  interkysto-placen» 
taire  est  arrêtée  par  une  ligature.  La  poche  est  largement  lavée 

avec  de  l'eau  chloroformée  chaude. 
Après  avoir  fermé  par  trois  points  de  suture  la  partie  supérieure 

de  l'incision,  je  place  un  gros  drain  et  le  pansement  est  complété 

par  l'application   de   gaze  phéniquôe   et  d'une  épaisf^e  couche 

d'ouate. 


DELAISSEMENT  339 

Après  l'opération,  grog,  Champagne. 

Dan»  la  journée,  la  malade  se  plaint  d'éprouver  des  douleurs 
(battements)  qui  vont  en  augmentant  jusqu'au  lendemain.  Dans 
la  nuit  du  mardi  au  mercredi,  vomissements  fréquents  de  muco- 
sités blanches  et  tantôt  de  matières  verdàtres.  Subdelirium,  in- 
somnie. Le  mercredi  matin,  je  trouve  la  malade  très  abattue.  La 
peau  est  froide,  le  pouls  un  peu  lent.  Les  vomissements  persistent, 
hoquet,  angoisse  épigastrique.  L'opérée  demande  de  l'air,  soif 
vive,  ventre  sensible,  sans  ballonnement.  Les  douleurs  changent 
de  caractère.  Il  semble  à  la  malade  que  tout  va  se  déchirer.  Ces 
douleurs  sont  presque  continues.  Prescription  :  vin  de 'Champagne, 
glace,  potion  avec  chloroforme  et  sirop  diacode. 

Les  vomissements  persistent  pendant  toute  la  nuit  du  mercredi 
au  jeudi.  Le  ventre  est  un  peu  plus  gros,  sensible  à  la  pression. 
Mercredi  soir,  pouls  plus  fréquent,  petit,  peau  plus  chaude. 
Jeudi  matin,   fièvre    intense.  Peu    de  vomissements,   grande 
anxiété.  Le  soir,  les  douleurs  sont  un  peu  moins  fortes,  mais  la 
lièvre  est  toujours  intense.  Peau  chaude  et  sèche,  soif  ardente.  La 
langue  est  nette  et  humide. 
Application  de  coUodion  et  de  glace  sur  le  ventre. 
L'écoulement  prend  une  odeur  extrêmement  fétide  malgré  les 
irrigations  faites  avec  de  l'eau  chloroformée. 
■  Jeudi  soir.  Les  vomissements  ont  complètement  cessé.  La  fièvre 
ne  diminue  pas.  Les  douleurs  ont  disparu.  La  respiration  est  plus 
facile. 

Vendredi  matin.  La  nuit  a  été  meilleure.  La  malade  a  dormi, 
elle  se  trouve  assez  bien,  renvois  assez  fréquents,  mais  pas  de 
vomissements. 

Le  soir,  grand  accablement.  T.  40«.  P.  130.  Pas  de  douleurs  de 
ventre-  L'écoulement  devenant  de  plus  en  plus  fétide,  on  fait  de 
fréquentes  irrigations  avec  la  solution  de  naphtol  B.  Le  placenta 
commence  à  se  détacher  samedi  malin,  nuit  assez  bonne.  P.  110. 
Quelques  renvois.  Ventre  peu  sensible.  Le  placenta  continue  à  se 
décoller,  j'en  enlève  chaque  jour  quelques  fragments.  A  partir  de 
samedi,  il  ne  se  présente  plus  aucun  incident  notable.  La  fièvre 
tombe.  L'état  général  s'améliore.  L'appétit  revient.  La  malade 
reprend  des  forces.  Le  6  juin,  il  ne  reste  plus  rien  du  placenta. 
L'état  général  est  excellent.  La  malade  se  lève. 
20  juin:  Cicatrisation  presque  complète.  Il  reste  seulement  un 


à40  GROSSESSE   EXTRA-UTÉRINE 

peu  de  suppuration  au  niveau  de  trois  points  de  suture.  La  malade 
se  promène. 

Le  l'i*  juillet,  hi  cicatrisation  est  complète.  Dans  les  dernier^ 
jours  de  juillet  les  règles  reparaissent. 

Revient  me  voir  plus  d'un  an  après  l'opération.  Sa  santé  est 
excellente.  Elle  est  parfaitement  réglée.  Je  trouve  une  légère  éven 
tration  à  gauche  et  en  bas  de  la  cicatrice.  Je  prescris  l'application 
d'un  bandage  qui  empêche  Téventration  de  s'étendre. 

Cette  observation  est  intéressante  à  plus  d'un  titre.  Ainsi, 
voilà  une  grossesse  ectopique  qui  a  évolué  exactement  comme 
une  grossesse  utérine  normale.  Elle  montre  que  le  diagnostic, 
en  pareil  cas,  n'est  pas  toujours  facile.  Le  D' Dumontpallier, 
n'ayant  pas  pu  pénétrer  dans  Tutérus,  conclut  à  une  réten- 
tion du  fœtus  mort  dans  Tutérus.  Le  professeur  Pinard  dia- 
gnostique une  grossesse  extra-utérine  probable.  Le  cathété- 
risme  utérin  digital  étant  impossible  ainsi  que  l'introduction 
de  l'hystéromètre,  nous  ne  pouvions  obtenir  aucun  rensei- 
gnement de  ce  mode  d'exploration.  L'introduction  d'une 
sonde  en  gomme  nous  faisaitbienpenserque  la  cavité  utérine 
était  libre,-mais  ce  n'était  pas  une  certitude.  Notre  diagnostic 
était  basé  surtout  sur  l'ensemble  des  phénomènes 'observés. 
La  déviation  de  la  vessie  en  arrière  et  à  droite,  la  présence 
d'une  petite  tumeur  contractile  au-dessus  du  pubis  et  un 
peu  à  gauche,  nous  convainquirent  que  nous  avions  sous  les 
yeux  une  grossesse  extra-utérine. 

La  circulation  interkysto-placentaire  étant  interrompue 
depuis  longtemps  et  la  santé  général  de  L...  commençant  à 
s'altérer,  nous  n'hésitâmes  pas  à  proposer  l'intervention  chi- 
rurgicale. Mais  quelle  devait  être  cette  intervention  ?  Il  ne 
fallait  pas  songer  à  l'élytrotomie.  Fallait-il  enlever  le  kyste 
fœtal  en  totalité  ?  Nous  avons  préféré  l'inciser  et  le  laisser 
en  place.  Comme  le  dit  fort  justement  le  professeur  Pinard: 
«  enlever  tout  le  kyste  est  peut-être  plus  chirurgical,  c'est 
moins  prudent  ».  Le  kyste  était  si  intimement  uni  à  Tutérus 
qu'il  aurait  probablement  fallu  enlever  cet  organe.  L'inci« 
sion  simple  était  beaucoup  moins  dangereuse. 


SIXIÈME   CONGRÈS   FRANÇAIS  D£   CHIRURGIE  341 

Nous  avons  vu  éclater  une  péritonite  qui  nous  inspira  les 
plus  grandes  inquiétudes.  L'antisepsie  avait  été  aussi  parfaite 
que  possible.  Quel  était  donc  le  point  de  départ  de  cette  pé- 
ritonite? A  la  partie  supérieure  du  kyse  fœtal,  la  paroi  très 
mince  fut  traversée  par  Taiguille  dans  les  deux  premiers 
points  de  suture.  Il  s'échappa  probablement  par  le  trou  de 
sortie  de  l'aiguille  quelques  gouttes  de  liquide  kystique  qui 
tombèrent  dans  la  cavité  péritonéale  et  déterminèrent  les 
accidents  observés.  De  la  découle  Tindication  absolue  de 
faire  cheminer  Taiguille  dans  l'épaisseur  de  la  paroi  du  kyste 
sans  jamais  la  traverser. 

lime  reste  à  signaler  un  petit  incident  opératoire.  L'ex- 
traction de  la  tête  du  fœtus  étant  assez  difficile,  je  voulus 
agrandir  l'ouverture  en  prolongeant  l'incision  du  côté  du 
pubis.  Je  tombai  sur  le  fond  de  Tutérus  qui  faisait  corps  avec 
le  kyste  fœtal.  J'hésitai  d*autant  moins  à  abaisser  Tincision 
que,  d'après  la  direction  de  la  sonde  dans  le  cathétérisme 
utérin  pratiqué  antérieurement  je  croyais  que  Tutérus  était 
situé  un  peu  à  gauche  de  la  ligne  médiane.  Quant  à  la  vessie, 
j*étais  certain  de  ne  pas  la  rencontrer.  Du  reste,  cet  incident 
ne  présentait  rien  de  grave.  Il  n'en  est  pas  moins  préférable 
de  ne  pas  trop  descendre  l'incision,  l'utérus,  dans  les  gros- 
sesses extra-utérines,  s'élevant  le  plus  souvent  au-dessus 
du  pubis. 


REVUE  DES  SOCIÉTÉS  SAVANTES 


SIXIEME  (  'ONORÈS  FRANÇAIS  DE  CHIRURGIE 
Session  tenue  à  Paris  du  17  au  2'^  arril  189^ 

Laparotomie  pour  péritonite  aigué. 

M.  Jacob8  (Bruxelles).  —  Je  fus  appelé  il  y  a  quelques  semaines 
auprès  d'une  femme  alitée  depuis  3  semaines  et  présentant  depuis 


342  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

quelques  jours  des  symptômes  de  péritonite  aiguë  généralisée. 
Cette  femme  portait  depuis  longtemps  un  fibrome  jusqu'alors  indo- 
lent. Les  accidents  dataient  d*un  refroidissement  ayant  provoqué 
un  arrêt  brusque  des  règles  et  la  péritonite  aiguë  avait  éclaté  après 
une  chute.  L'état  était  très  grave  quand  j'arrivai  :  vomissements 
continus,  pouls  à  144,  température  à  39û,2.  La  laparotomie  fut  pra- 
tiquée quelques  heures  plus  tard,  les  anses  intestinales  furent 
nettoyées  des  fausses  membranes  ;  Tépiploon  gangrené  fut  réséqué. 
II  existait,  outre  le  fibrome  utérin,  un  kyste  suppuré  du  ligament 
large  rompu  dans  le  péritoine.  Lavage  du  péritoine,  tamponnement 
de  Mikulicz.  L'opération  avait  duré  2  h.  1/4  et  la  malade  succomba 
dans  la  soirée. 

M.  Pozzi  a  déjà  signalé  à  la  Société  de  chirurgie  un  cas  de  pel- 
vipérîtonite  aiguë  guéri  par  la  laparotomie.  Il  y  a  deux  mois,  en 
pleine  épidémie  d'influenza,  une  femme  atteinte  de  salpingite 
ancienne  fut  prise  d'inlluenza  accompagnée  de  phénomènes  de 
péritonite.  Après  laparotomie,  M.  Pozzi  trouva  les  anses  intesti- 
nales agglutinées,  les  décortiqua  et  les  lava.  Cette  malade  guérit, 
et  sans  l'opération  il  est  à  peu  près  certain  <|u'elle  serait  morte. 

Ck>ntribation  à  l'histoire  des  fibromyômes  da  ligament  large. 

M,  Gross  (de  Nancy).  —  Les  tumeurs  solides  du  ligament  large 
sont  des  productions  infiniment  rares  et  leur  mode  d'origine  est 
encore  imparfaitement  connu.  Pour  ce  qui  est  des  fibromyômes, 
leur  point  de  départ  a  été  pendant  longtemps  et  est  souvent  encore 
rapporté  à  l'utérus  C'est  Virchow  qui,  le  premier,  a  établi  que  des 
tumeurs  fibreuses  pouvaient  se  développer  directement  dans  le 
ligament  large.  Schetelig,  Langenbeck,  Gayet,  Billroth,  Schrœder, 
Tédenat,Ptc.,  ont  rapporté  des  observations  de  tibrooiyômes  inlra- 
lif/awe)Haires  sans  connexion  apparente  avec  Tutéras;  mais  pour 
des  tumeurs  de  ce  genre,  il  sera  toujours  difficile,  sinon  impos- 
sible, de  distinguer  si  la  néopiasie  a  une  origine  intra-utérine  ou 
utérine.  Les  tumeurs  pédiculéos  sont  infiniment  plus  démonstra- 
tives; mais  elles  sont  extrêmement  rares.  On  n'en  connaît  encore 
que  cinq  obsprvations  dues  à  Mikulicz,  Ssenger,  Barker,  BilÛnger 
et  Doran.  M.  Gross  en  rapporte  un  nouvel  exemple.  Il  eut  occasion 
d'extirper,  par  la  laparotomie,  un  llbromyùme  de  '^.rvJO  gr.  dont  le 
pédicule  était  inséré  sur  le  ligament  large  du  côté  droit. 


SIXIEME   CONGRÈS   FRANÇAIS   DE   CHIRURGIE  343 

Quant  an  point  d'origine  de  ces  tumeurs,  M.  Gross  le  place,  avec 
Sœnger,  dans  les  éléments  musculaires  du  ligament.  Il  réfute  la 
théorie  de  Grohe  et  Klebs  qui  ont  considéré  ces  néoplasmes  comme 
étant  nés  dans  Tovaire  ou  dans  un  ovaire  accessoire,  il  n'admet 
pas  davantage  Topinion  de  Mikulicz,  qui,  dans  son  observation,  a 
incriminé  le  parovaire. 

Le  diagnostic  dos  tumeurs  pédiculées  du  ligament  large  est  dif- 
cile^  il  n'a  été  fait  que  dans  un  cas  par  Breisky  ;  dans  les  autres 
observations,  on  a  toujours  cru  à  une  tumeur  ovarique.  L'erreur 
ne  saurait  avoir  d'importance  au  point  de  vue  opératoire,  ces 
tumeurs  s'enlèvent  comme  les  tumeurs  ovariques  ;  la  seule  diffé- 
rence proNient  de  la  constitution  du  pédicule  qui  sera  traité  comme 
celui  des  fibromes  utérins  sous-péritonéaux. 

Traitement  des  sapparationa  pelviennes. 

M.  Routier  (de  Paris).  Voir  plus  haut  page  325  cette  commu- 
nication reproduite  in  extenso. 

De  répispadias  chez  la  femme. 

M.  AuFFRET  a  vu  une  jeune  fille  atteinte  d'une  incontinence 
d^urine  congénitale.  Elle  perdait  ses  urines  dans  toutes  les  posi- 
tions, et  surtout  dans  la  position  horizontale  ;  elle  en  gardait 
cependant  un  peu  dans  la  vessie.  A  l'examen  local,  on  constatait 
une  raaltormation  évidente.  Le  méat  était  transformé  en  une  fente 
transversale  d'un  centimètre  environ,  au-dessus  de  laquelle  il  n'y 
avait  pas  de  clitoriB  ;  l'hymen  dilaté  laisse,  dans  la  position  verti- 
cale, l'utérus  tomber  en  prolapsus.  De  chaque  côté  les  grandes  et 
petites  lèvres  sont  divergentes  par  en  haut.  En  introduisant  le 
doigt  dans  la  fente  qui  remplaçait  le  méat,  on  entrait  directement 
dans  la  vessie  et  on  constatait  que,  les  parois  inférieure  et  laté- 
rale de  l'urèthre  existant,  la  paroi  supérieure  manquait.  Il  n'y  avait 
pas  de  disjonction  dans  la  symphyse.  M.  Auffret  a  trouvé  un  cas 
semblable  dans  la  thèse  de  Nunez,  inspirée  par  M.  Guyon.  Ce  cas, 
d'ailleurs,  n'a  pas  été  opéré,  tandis  que  M.  Auffret  a  soumis  sa 
malade  à  une  intervention  chirurgicale.  Ayant  constaté  que  la 
fente  uréthrale  avait  une  lèvre  inférieure,  faisant  pour  ainsi  dire 
la  moue,  il  eut  l'idée  d'exagérer  encore  cette  disposition  de  faire, 
&  créer  devant  Turine  une  sorte  de  digue.  11  y  parvint  en  avivant 


344  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

de  chaque  c(Nté  une  surface  à  peu  près  elliptique  et  en  suturant 
d'arrière  en  avant.  Il  a  obtenu  ainsi  une  amélioration  indéniable, 
mais  il  reste  à  compléter  le  résultat,  d'une  part  pour  rétrécir 
Turèthre  en  tentant  de  refaire  une  paroi  supérieure,  et  d'autre 
part,  en  s*attaquant  au  prolapsus  utérin. 

Hernie  inguinale  de  rntèras  maUormè.  Absence  dn  Tagin. 

M.  ScHWARTZ  (Paris)  communique  une  observation  fort  analogue 
à  celle  que  M.  Roux  (Lausanne)  a  publiée  l'an  dernier.  Il  8*agit 
d^une  femme  de  25  ans,  porteuse  de  deux,  hernies  inguinales  irré- 
ductibles, constituées  par  des  masses  dures  et  allongées,  en  avant 
desquelles  descendent  l'intestin  et  Tépiploon.  Le  vagin  est  absent 
et  c'est  pour  cela  que  la  malade  vient  consulter  ;  M.  Schwartz 
jugea  qu'il  était  en  eifet  possible  de  faire  un  vagin  artificiel.  L'opé- 
ration  réussit  fort  bien  et  ultérieurement  fut  pratiquée  la  cure 
radicale  des  hernies,  en  deux  séances  ;  on  y  trouva  des  deux  côtés 
un  gros  cordon  musculaire  et  érectile  ;  à  droite  il  y  avait  en  outre 
la  trompe  et  plus  loin  l'ovaire,  et  de  Tangle  antérieur  partait  le 
ligament  rond  ;  c'était  donc  une  corne  utérine  restée  indépendante. 

Infection  dn  rein  et  dn  bassinet  consècntive  à  la  compression  de 

l'nretère  par  rntems  gravide. 

M.  Reblaud  (Paris).  —  On  néglige  ordinairement  l'étude  des 
pyélonéphrites  consécutives  aux  rétentions  rénales  dues  à  la  com- 
pression de  l'uretère  par  l'utérus  gravide.  Je  crois  donc  devoir 
relater  cinq  observations  que  j'ai  recueillies  dans  le  8er\ice  de 
M.  Guyon.  La  première  est  celle  d'une  femme  de  30  ans  qui  fut 
prise  au  5«  mois  de  sa  grossesse  d'accidents  que  l'on  attribua  à 
une  cystite  ;  mais  un  examen  circonstancié  prouva  que  la  vessie 
était  saine  et  que  le  pus  venait  du  rein  droit.  Ma  seconde  malade 
fut  prise  vers  4  mois  1/2  d'un  trouble  de  Turine  qu'ici  encore  son 
médecin  attribua  à  une  cystite  ;  en  réalité  le  rein  droit  était  on 
cause  ;  le  simple  repos  amena  la  cessation  des  symptômes.  Ma  troi- 
sième malade  fut  prise,  encore  vers  le  i>  mois,  d'une  pyélouéphrite 
droite;  aujourd'hui  depuis  deux  mois  stationnaire,  fort  intéres- 
sante parce  qu'elle  a  succédé  à  une  attaque  fébrile  avec  troubles 
digestifs  intenses.  Enûn  mes  deux  dernières  observations  sont 
relatives  à  des  néphrotomies  pour  pyonéphroses  du  rein  droit,  les 


SIXIEME  CONGRÈS   FRANÇAIS   DE   CHIRURGIE  34b 

accidents  ayant  eu  manifestement  leur  début  pendant  les  derniers 
mois  de  la  grossesse.  Chez  aucune  de  ces  femmes,  à  une  époque 
quelconque,  il  n'y  a  eu  de  phénomènes  de  cystite. . 

Je  crois  incontestable  que  dans  ces  cas  lorigine  de  tout  est  la 
rétention  rénale  bien  connue,  consécutive  à  la  compression  de  Ture- 
tère  par  Tutérus  gravide  et  c^est  pour  cela,  en  raison  de  l'inclinaison 
à  droite  de  l'utérus  gravide,  que  le  siège  est  exclusivement  à  droite* 
Cette  hydronéphrose  s'infecte  presque  certainement  par  voie  san- 
guine, et  non  par  voie  ascendante,  le  rein  distendu  étant  un  lieu 
de  moindre  résistance.  Il  est  à  noter  que  dans  mes  5  cas  l'agent 
microbien  causal  était  le  hacterium  coli  commune,  et  à  cet  égard 
l'observation  où  la  maladie  a  commencé  par  des  troubles  intesti- 
naux aigus  me  parait  spécialement  intéressante. 


De  la  Toie  ischio-rectale  pour  aborder  les  flstnlea  Yésico-Yagixiales 

difficilement  accessibles. 

M.  P.  Michaux  (de  Paris).  —  Il  y  a  peu  d'infirmités  plus  péni- 
bles pour  les  malades  que  les  fistules  vésico-vaginales;  il  en  est 
peu  qui  nécessitent  plus  de  persévérance,  plus  d'ingéniosité  de  la 
part  du  chirurgien  ;  souvent  cinq  ou  six  opérations  sont  néces- 
saires pour  arriver  aies  fermer. 

Ces  considérations  s'appliquent  surtout  aux  fistules  cervicales 
ou  juxtacervicales,  environnées  de  tissus  cicatriciels,  et  difficile- 
ment accessibles.  Dans  ces  conditions,  l'opération  vaginale  directe 
est  souvent  impossible  et  il  a  fallu  tourner  la  difficulté  en  prati- 
quant l'occlusion  de  la  vulve  et  du  vagin. 

Cette  méthode  palliative  n'est  pas  sans  inconvénients  et  sans 
dangers;  ce  n'est  qu'avec  la  plus  grande  répugnance,  dit  Pozzi, 
que  les  femmes  consentent  à  se  laisser  priver  de  vagin  ;  il  est 
arrivé  fréquemment  qu'après  y  avoir  consenti,  elles  ont  demandé 
:\  revenir  à  leur  état  d'infirmité  première. 

Nous  pouvons,  je  crois,  faire  mieux  en  utilisant  la  voie  ischio- 
rectale,  opération  absolument  neuve  dans  son  application  à  la 
cure  des  fistules  vésico-vaginales.  Voici  comment  j'ai  été  conduit 
à  recourir  à  ce  procédé.  Une  femme  atteinte  de  fistule  vésico- 
vaginale  juxtacervicale  entourée  de  tissu  cicatriciel  entre  dans  le 
service  de  mon  maître  le  D'  Labbé  à  Thôpiial  Beaujon.  J'essaie 
de  l'opérer  par  les  voies  naturelles  ;  après  une  heure  de  tentatives 


346  SOCIÉTÉS   SAVANTRS 

infructueuses,  je  suis  obligé  d'y  renoncer.  En  l'explorant  avec  plus 
de  soin  dans  le  décubitus  latéral  gauche^  je  suis  frappé  de  la  pro- 
ximité du  doigt  vaginal  et  du  doigt  déprimant  les  parties  molles 
ischio-rectales.  J'expérimente  sur  le  cadavre,  je  suis  surpris, 
étonné  du  jour  ainsi  obtenu  pour  éclairer  et  aborder  la  fistule. 

Je  pratique  l'opération,  je  ferme  la  fistule,  mais  le  résultat  n'est 
pas  complet  ;  je  viens  de  faire  une  nouvelle  opération  et  j'ai  tout 
lieu  de  croire  que  j*auraf  un  bon  résultat. 

Voici  en  quelques  lignes  les  principaux  temps  de  l'opération. 

Situation  :  Femme  couchée  sur  le  côté,  le  tronc  et  la  tôte  incli- 
nés en  avant,  la  cuisse  correspondante  plus  fléchie  que  celle  du 
c(^té  opposé. 

l^r  temps.  Incision  périnéale.  —  Parallèlement  aujillon  inter* 
fessier  et  à  un  gros  travers  de  pouce  au-dessus  de  ce  sillon,  condui» 
sez  une  incision  de  dix  centimètres,  commençant  en  arrière  à  peu 
près  au  niveau  de  l'anus  et  finissant  en  avant  à  peu  près  au  croi- 
sement de  la  grande  lèvre  correspondante  et  de  l'arcade  osseuse 
ischio- pubienne.  Cette  incision  vous  conduit  dans  la  graisse  ischio- 
rectale,  facile  i\  décoller,  et  vous  ne  rencontrez  aucun  organe 
important,  ni  non  en  arrière  le  nerf  hémorrhoîdal  et  les  vaisseaux 
hémorrhoïdaux  inférieurs,  faciles  à  respecter.  Sur  la  face  Infé- 
rieure de  votre  ouverture,  vous  touchez  facilement  le  doigt  intro- 
duit dans  le  vagin,  que  recouvrent  supérieurement  les  fibres 
antéro-postérieuros  du  releveurde  l'anus. 

Telle  est  la  voie  ischio-reclale,  conseillée  autrefois  par  Hégar 
pour  aller  à  la  recherche  des  abcès  pelviens,  et  recommandée  ausiii 
par  Sjenger,  ^eViwe^'o/omie  verticale  de  Pozzi, 

Jamais  à  ma  connaissance  elle  n'a  été  appliquée  à  la  cure  des 
fistules  vésico* vaginales,  peut-être  même  pourrait-on  étendre  ses 
indications 

2«  temps.  Incision  du  vagin  à  sa  partie  supérieure,  —  Dans 
une  étendue  do  .")  à  6  centimètres,  sur  le  milieu  de  la  face  latérale, 
incisez  le  vagin  que  vous  indiquent  les  doigts  ou  des  tampons 
iodoformés  introduits  dans  sa  cavité.  Deux  pinces  A  forcipressure 
saisissent  les  deux  lèvres  de  la  boutonnière  et  maintiennent  la 
fentHre  ouverte. 

Vous  avez  alors  sous  les  yeux,  et  peu  éloignés,  le  col  de  l'utérus 
que  vous  pouvez  attirer  à  vous^  la  région  juxtacerdcale  et  toute  la 
paroi  antérieure  du  vagin. 


SIXIÈME  GÛNGRâS   FRANÇAIS   DE   CHIRURGIE  347 

Au  besoin,  si  cela  était  utile,  rien  ne  s'opposerait  à  ce  que  Ton 
fendit  d'un  coup  de  ciseaux  prolongeant  Tincision  supérieure  toute 
la  grande  lèvre  correspondante,  on  aurait  alors  sous  les  yeux  toute 
la  paroi  vésico-vaginale.  Cette  variante  de  l'opération  mériterait 
d'être  étudiée  plus  longuement. 

La  simple  boutonnière  supérieure,  telle  que  je  Tai  pratiquée, 
donne  déjà,  je  puis  le  certifier,  un  jour  vraiment  surprenant  et 
remarquable. 

Ces  temps  exécutés,  on  avive  et  on  suture  la  fistule  vésico- 
vaginale  comme  dans  les  procédés  classiques;  la  manœuvre  des 
instruments  est  facile;  puis  on  ferme  par  une  suture  en  surjet  la 
boutonnière  vaginale,  on  met  dans  la  fosse  ischio-rectale  une  petite 
mèche  de  gaze  iodoformée  et  on  suture  au  crin  de  Florence  ou  à  la 
sole  la  plaie  périnéale. 

Cette  opération  offre  certainement  au  chirurgien  des  moyens  de 
réparation  directe  qui  lui  faisaient  jusqu'ici  défaut  et  elle  restrein- 
dra à  un  ipninimum  insignifiant  le  nombre  des  cas  justiciables  de 
roccluflion. 

Débridemeiit  ^nlvo-Yaginal,  comme  opération  préliminaire. 

M.  Chaput  (de  Paris)  rapporte  d'abord  une  observation  dans 
laquelle  il  s'agissait  d'une  femme  atteinte  d'un  fibrome  volumineux 
remontant  à  trois  travers  de  doigt  du  pubis  et  compliqué  d'acci- 
dents de  compression  vésicale,  de  cystocèle  et  d'abaissement  du  col. 
L'auteur,  après  avoir  essayé  en  vain  l'énucléation  de  la  tumeur, 
fit  l'extirpation  totale  de  l'utérus  et  du  fibrome.  L'opération,  d'a- 
bord très  difficile,  devint  extrêmement  simple  après  qu'on  eut  fait 
le  débridement  vulvo- vaginal. 

Sur  uneligne  dirigée  du  centre  de  la  vulve  à  l'ischion,  à  5  centim. 
au-dessous  de  la  vulve,  on  ponctionne  la  peau  avec  un  couteau  à 
longue  lame;  on  fait  ressortir  la  pointe  dans  le  vagin  à  un  ou  deux 
centim.  du  col  utérin,  et,  le  tranchant  étant  tourné  en  haut,  on  sec- 
tionne rapidement  les  parties  molles  de  bas  en  haut. 

Les  deux  lèvres  de  la  plaie  sont  comprimées  par  les  doigts  de 
l'opérateur  et  de  son  aide  ;  on  place  ensuite  une  pince  sur  les  quatre 
angles  du  losange  cruenté,  on  étale  la  plaie  et  on  en  fait  l'hémostase 
temporaire  avec  les  pinces  à  forci  pressure.  On  laisse  tomber  les 
pinces  par  leur  propre  poids,  et  on  place  par-dessus  un  écarteur  ; 
on  exécute  alors  dans  de  bonnes  conditions  l'opération  principale. 


348  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

Celle-ci  linio,  oti  suture  le  débridement  avec  Taiguille  d*£mmet. 
On  commence  par  placer  un  crin  de  Florence  au  niveau  des  angles 
latéraux  du  losange  pour  servir  de  repère.  On  suture  ensuite  la 
région  vaginale  au  catgut  et  la  région  cutanée  au  crin  de  Florence. 
Gomme  pansement,  il  suffit  d'insuftler  de  riodoforme  sur  la  plaie 
cutanée.  *  • 

Ce  qu'il  y  a  de  particulier  dans  cette  technique,  c'est  retendue 
considérable  du  débridement,  la  manière  de  l'exécuter  (par  trauH- 
lixion),  l'hémostase,  et  aussi  la  description  méthodique  des  temps 
opératoires. 

L'auteur  a  fait  le  débridement  quatorze  fois,  le  plus  souvent 
unilatéral,  quelquefois  des  deux  côtés. 

Le  débridement  est  indiqué  toutes  les  fois  que  les  opérations 
sur  l'utérus  sont  difficiles  en  raison  de  la  disproportion  entre  le 
volume  de  l'organe  et  le  diamètre  de  la  vulve. 

Dans  les  extirpations  de  l'utérus  pour  salpingites,  cette  manœu- 
vre rend  facile  Tenlèvement  secondaire  des  annexes:  l'auteur 
l'a  encore  employée  dans  les  extirpations  pour  cancer,  pour  fibrome, 
pour  prolapsuf^,  dans  un  cas  de  polype  chez  une  \1erge,  pour  répa- 
rer une  fistule  vésico-vaginale  inaccessible.  Enûn  le  débride- 
ment présente  encore  de  nombreuses  applications  à  l'obstétrique 
qui  ont  été  développées  par  Diihrssen  dans  un  remarquable 
mémoire. 

M.  PicQUÉ.  —  Le  débridement  est  souvent  utile  pour  les  fistules 
vésico-vaginales  avec  vagin  èTcatriciel,  mais  non  point  pour  le» 
opérations  pratiquées  sur  l'utérus.  Avec  de  bons  aides  et  de  bons 
écarteurs^  et  le  morcellement,  il  n'est  pas  de  ces  opérations  que 
l'on  ne  puisse  achever  sans  recourir  au  débridement. 

Du  traitement  intra-péritonéal  dn  pédicmle  dans  Hiystèrectomie 

abdominale. 

M.  Girard  (Grenoble).  —  Les  règles  que  je  suis  habituellement 
sont  les  suivantes  : 

Je  me  mets  à  l'abri  de  l'hémorrhagie  primitive  ou  secondaire  en 
liant  vigoureusement,  avec  des  fils  de  soie,  le  pédicule  divisé  en 
autant  de  parties  qu'il  est  nécessaire.  Je  ne  fais  pas  do  ligatnrc 
provisoire  du  pédicule  et  je  n'emploie  pas  habituellement  les  pincea 
de  Richelot;  je  préfère  lier  de  suite  entre  deux  fils  ;  Je  gagne  du 


SIXIÈME  CONGRÈS  FRANÇAIS  DE   GHIRl/RGIE  349 

temps,  et  le    champ  opératoire  est  débarrassé  d'une  masse  de 
pinces. 

J'évite  les  accidents  de  septicémie  par  une  désinfection  préalable 
de  rintestin,  de  la  peau  et  du  vagin. 

Quant  à  la  désinfection  du  segment  de  Tutérus  laissé  en  place^ 
des  trompes  et  des  ovaires,  je  l'obtiens  en  excisant  la  muqueuse 
utérine  et  en  enlevant  les  trompes  et  les  ovaires,  s'ils  sont  altérés. 
Quand  ces  précautions  ont  été  prises,  je  ne  crois  pas  nécessaire 
de  recouvrir  le  pédicule  d'un  capuchon  péritonéal.  Ce  capuchon 
est  inutile  si  l'asepsie  est  parfaite,  et,  dans  le  cas  contraire,  il  ne 
peut  offrir  qu'une  barrière  incomplète  aux  microbes,  si  rappro- 
chées que  soient  les  ligatures. 

Je  ne  cautérise  pas  le  pédicule  quand  la  cavité  utérine  a  été 
ouverte,  parce  que  je  crains  de  couper  les  âls  de  soie  avec  le  ther-* 
mocautère.  Si  cette  cavité  n'a  pas  été  ouverte,  je  considère  cette 
cautérisation  comme  inutile  et  même  fâcheuse,  car  elle  gône  l'éta* 
blissement  rapide  d'adhérences  de  voisinage,  qui  assureront  la 
nutrition  de  la  partie  du  pédicule  située  au-dessus  de  la  ligature, 
dont  il  faut  éviter  la  nécrobiose  trop  rapide. 

Je  laisse  les  ovaires  en  place  quand  ils  sont  sains,  car  il  me 
semble  nécessaire  de  liiuitcr  la  mutilation  de  la  femme  au  strict 
indispensable,  et  de  diminuer  le  traumatisme  dans  la  mesure  du 
possible  ;  les  suites  opératoires  ne  peuvent  en  être  que  meilleures. 

Par  toutes  ces  ^simplifications  opératoires  qui  ne  paraissent  pas 
nuire  à  Fhémostase  et  à  l'antisepsie,  on  diminue  singulièrement 
la  durée  de  l'opération  et  partant  le  shock,  la  troisième  cause 
principale  de  mort  après  l'hystérectomie. 

Pyo-salplnz  double  ;  laparotomie;  guérison  ;  occlnaion  intestinale 

consécntiTe  ;  laparotomie  ;  guérison. 

M,  PoTHERAT  (Paris).  —  Il  s'agit  d'une  femme  de  trente-huit 
ans.  entrée  dans  le  service  de  M.  Bouilly  pour  un  pyo-salpinx 
double,  consécutif  à  une  métrite  ancienne  d'origine  puerpérale.  Je 
fis  la  laparotomie  et  enlevai  deux  tumeurs  de  pyo-salpingite  ;  les 
tumeurs  se  rompirent  et  versèrent  dans  le  ventre  un  pusjaunAtre, 
un  pus  grumeleux,  sans  odeur.  Lavage  abondant  avec  une  solu- 
tion de  sublimé  à  1/1000,  étendue  d'eau  bouillie  ;  drainage  de  Mic- 
kolicz  et  fermeture  de  l'abdomen.  Suites  simples  ;  suppressiœi  du 


350  SOCIÉTÉS  SAYANTKS 

drainage  au  bout  de  quarante-huit  Iieures,  des  fils  au  bout  de  huit 
jours.  La  malade  était  guérie,  se  levait,  allait  sortir^  quand  écla* 
térent  des  accidents  d'occlusion  intestinale  à  marche  rapide  et  de 
la  plus  extrême  gravité. 

.  Je  fis  in  extremis  une  nouvelle  laparotomie,  trouvai  une  anse 
intestinale  adhérente  à  la  paroi,  la  détachai  et  déroulai  Tintestin 
grêle,  que  je  trouvai  tordu  sur  lui-môme;  je  le  détordis  et  je  fer- 
mai complètement  l'abdomen.  Cinq  heures  plus  tard,  la  malade 
rendait  des  garde-robes.  Elle  se  releva  peu  à  peu  et  tlnit  par  gué- 
rir. Elle  est  restée  aujourd'hui  encore  complètement  guérie. 

Un  cas  de  gynatréde. 

M.  Paul  Petit  (Paris).  —  Il  s*agii  d'une  femme,  mariée  à  vingt- 
trois  ans  et  qui  accoucha  en  juin  1878.  Le  travail  ne  marchant  pas, 
un  médecin  fut  appelé.  11  reconnut  l'existence  d'un  obstacle  dans 
le  vagin,  le  divisa  avec  le  bistouri  et  termina  par  une  application 
de  forceps. 

Quelques  mois  après,  la  malade  fut  examinée  par  M.  P.  Petit,  et 
voici  ce  qu'il  put  constater  par  le  toucher.  Il  existait  à  6  centimè- 
tres de  la  vulve,  un  rétrécissement  cicatriciel  sous  forme  de  cylin- 
dre avec  un  trajet  central.  Un  stylet  pénétrait  par  l'orifice,  et  au 
bout  de  2  centimètres  de  parcours,  tombait  dans  une.  cavité  aAsez 
spacieuse.  La  malade  avait  perdu  fort  peu  au  moment  de  ses  règlea, 
et  chaque  fois  elle  sentait  une  pesanteur  dans  le  ventre,  une  gône 
qui  devint  très  forte  et  pour  laquelle  M.  P.  Petit  fut  consulté.  On 
trouva,  outre  le  rétrécissement  du  vagin,  une  tumeur  abdominale, 
volumineuse,  fixe,  mate.  On  pensa  à  un  hématomètre  et  l'on  fit  la 
dilatation  du  trajet  vaginal,  pour  permettre  4'écoulementdu  liquide 
et  le  nettoyage  de  la  cavité  postérieure.  Il  se  développa  rapidement 
des  accidents  de  péritonite  et  Ton  pratiqua  la  laparotomie.  On 
trouva  une  poche  volumineuse  de  laquelle  on  retira  un  litre 
de  pus.  La  poche  fut  réséquée  le  plus  possible  et  marsupialisée.  La 
malade  guérit.  Plus  tard,  on  fit  l'incision  du  rétrécissement  et  la 
dilatation  avec  des  bougies.  La  malade  est  actuellement  en 
bon  état. 

De  la  cocalkie  dans  las  inJectioiiB  utârines. 

M.  Lkdiberoer  (de  Lorient)  emploie  souvent  les  injections 
intra-utérines  de  teinture  d'iode,  et  pour  éviter  la  douleur  pro- 


SIXIÈME  CONGRÈS   FRANÇAIS   DE   CHIRURGIE  351 

daite  par  ces  injections,  il   fait  usage  de  la  cocaïne,  non  pas  en 
injections  interstitielles,  mais  de  la  façon  suivante. 

La  canule  de  la  seringue  de  Braun  est  introduite  jusqu'au  fond 
de  Tutérus  ;  on  la  retire  lentement  en  poussant  la  solution  de  co- 
caïne à  1»  2  ou  3  0/0,  de  manière  à  remplir  la  cavité  utérine.  La 
canule  reste  à  l'orifice,  qu'elle  tient  bouché  pendant  deux  ou  trois 
minutes;  le  contact  de  la  solution  de  cocaïne  avec  la  muqueuse 
suffit  pour  amener  Tanesthésie.  M.  Lediberder  cite  plusieurs  ob- 
servations dans  lesquelles  cette  injection  préalable  de  cocaïne  a 
rendu  complètement  indolentes  les  injections  intra-utérines  de 
teinture  d'iode. 

Qaelqaes  formes  cliniques  de  la  torsion  du  pôdicole  dans  les  kystes 

de  royaire. 

M.  Boursier  (Bordeaux)  désire  attirer  l'attention  sur  la  patho- 
génie des  accidents  qui  surviennent  à  la  suite  de  la  torsion  du 
pédicule.  Tous  les  auteurs,  et  surlout  M.  ïerrillori  (de  Paris), 
attribuent  les  symptômes  à  rétrauglement  des  vaisseaux  qui  par- 
courent le  pédicule  pour  se  rendre  à  la  tumeur.  Mais  M.  Boursier 
n'admet  pas  l'opinion  qui  veut  que  la  torsion  soit  toujours  brus- 
que. D'après  les  faits  qu'il  a  observés,  M.  Boursier  propose  de 
distinguer  deux  genres  de  torsions;  les  torsions  avec  ou  sans 
étranglement  des  vaisseaux. 

La  première  observation  est  celle  d'une  femme  ayant  présenté 
déjà  quatre  crises  d'accidents  au  moment  où  elle  fut  adressée  à 
M.  Boursier,  par  le  médecin  qui  constata  l'existence  d'un  petit 
kyste  de  l'ovaire.  L'ovariotomie  fut  pratiquée  le  23  novembre  1891, 
dans  le  servicede  M.  le  professeur  Démons;  le  kyste  contenait  un 
liquide  hémorrhagique  et  le  pédicule  était  tordu. 

La  «econde  observation  est  celle  d'une  jeune  lille  de  dix-neuf 
ans,  dont  le  kyste  prit  brusquement,  mais  sans  douleur,  un  volume 
énorme.  On  retira  par  la  ponction  un  liquide  hémorrhagique^  et  l'on 
trouva,  dans  la  fosse  iliaque  droite,  une  masse  solide  faisant  par- 
tie de  la  tumeur.  Le  lendemain,  cette  masse  s'était  rapprochée  de 
Fombilic  ;  elle  passa  ensuite  à  gauche  de  la  ligne  médiane  et  fina- 
lement se  plaça  dans  la  fosse  iliaque  gauche. 

L'ovariotomie  fut  pratiquée  le  21  mars  1829.  Le  pédicule  n'avait 
subi  qu'une  torsion  d'un  demi-tour  de  spire  ou  plutôt  s'était 
détordu. 


352  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

M.  Boursier  dit  qu'il  y  a  lieu  de  distinguer  deux  sortes  de  cas. 
Dans  les  premiers,  les  accidents  sont  brusques  et  graves  d  emblée  ; 
dans  d'autres,  il  y  a  des  accès  successifs,  avec  aggravation  crois- 
sante et  progressive  des  symptômes.  Généralement,  les  crises  se 
répètent  à  intervalles  plus  ou  moins  longs;  ces  récidives  se  pro- 
duisent soit  par  torsions  successives  s'ajoutantles  unes  aux  autres, 
soit  par  torsion  et  détorsion  alternatives.  Ce  dernier  cas  est  celui 
de  la  jeune  fille.  Ce  qui  semble  confirmer  ce  mécanisme,  c'est  le 
phénomène  constaté,  dans  les  deux  cas,  de  translation  d*un  kyste 
de  Tovaire  gauche  vers  le  côté  droit,  d*oii  cnse  par  torsion,  et  dans 
le  second  cas,  le  fait  du  déplacement  d'un  kyste  à  pédicule  tordu, 
du  côté  droit  au  côté  gauche,  d'où  cessation  des  phénomènes. 

A.  Broca. 

Une  des  deui  questions  proposées  à  la  discussion  pour  le 
prochain  congrès  qui  auralieu  en  1893  à  Paris  pendant  la  semaine 
de  Pâques,  est  Tumeurs  fibreuses  de  Vulériis, 


SOCIETE  OBSTETRICALE  DE  FRANCE 
Ire  session  tenue  à  Paris  du  21  au  23  avril. 

Présidence  de  M.  Tarniër. 

La  l*'*  séance  ouverte  le  21  avril  à  2  heures  dans  le  petit  am- 
phithéâtre de  la  Faculté,  a  été  tout  entière  consacrée  à  la  discus- 
sion des  statuts,  â  la  nomination  de  membres  titulaires,  et  à 
Télection  des  deux  vice-présidents,  MM.  Moussons,  professeur  de 
clinique  obstétricale  â  la  Faculté  de  Bordeaux  et  Guéniot^  chirur- 
gien en  chef  de  la  Maternité  de  Paris. 

Parmi  les  membres  fondateurs  présents  nous  remarquons  : 
M.  llervieux,  les  professeurs  Fochier,  Gaulard,  Herrgott,  Pinard  : 
MM.  Ribemont-Dessaignes,  Maygrier,  Champetier  de  Ribes, 
Porak,  Budin,  Charpentier,  Doléris,  Lefour  (de  Bordeaux);  Guil- 
lemet (de  Nantes),  Salmon  (de  Chartres),  Queirel  (de  Marseille), 
Duchamp  (de  Saint-Etienne),  Thierry  (de  Rouen),  etc.,  etc. 

Nous  donnons  ci-dessous  l'analyse  détaillée  des  communications 
les  plus  importantes  faites  au  cours  des  trois  séances  : 


SOCIÉTÉ   OBSTÉTRICALE  DE  FRANGE  353 

Des  accidents  syncopanxet  de  la  mort  subite  pendant  les  injections 

intra-utérines  post-partum. 

M.  Tarnier.  —  J'ai  fait  conserver,  dans  mon  service,  Tusage  des 
injectîons*iitérînes  après  la  délivrance  ;  et,  s^ans  vouloir  discuter 
l'utilité  de  cette  manière  de  faire  que  certains  accoucheurs  contes- 
tent, je  dois  dire  que  je  suis  très  heureux  de  cette  pratique,  d'après 
ce  que  me  démontrent  les  résultats  delà  clinique  et  les  recherches 
de  laboratoire  que  j'ai  fait  entreprendre. 

Mais^  faisant  des  injections  utérines  avec  du  sublimé,  il  m'est 
arrivé  deux  intoxications,  en  1886  et  en  1890,  qui  m'ont  décidé 
définitivement  à  proscrire  l'emploi  de  cet  agent  en  injections  intra- 
utérines. 

Je  me  suis  adressé  à  d'autres  liquides  et  j'ai  eu  une  fois  une 
mort  presque  subite  quelques  heures  après  une  injection  intra- 
utérine  de  sulfate  de  cuivre  à  5  0/0,  due  à  une  syncope  dont  la 
cause  m'a  échappé.  J'ai  grande  crainte  que  le  sulfate  de  cuivre  ne 
doive  être  incriminé. 

D'autres  fois,  avec  l'eau  phéniquée  à  2  0/0  des  accidents  synco- 
paux  se  sont  manifestés,  ayant  bien  certainement  pour  cause  la 
pénétration  du  liquide  dans  le  milieu  sanguin. 

Je  ne  doute  point  que,  dans  certaines  circonstances,  le  liquide 
de  l'injection  ne  pénètre  immédiatement  et  en  grande  abondance 
par  les  sinus  veineux  dans  lacirculation  générale.  Les  expériences, 
dont  on  nous  parlait  il  y  a  un  instant,  sont  en  faveur  de  cette  opi- 
nion. 

J'ai  voulu  savoir  comment  les  liquides,  en  arrivant  dans  le  sang 
déterminaient  cea  accidents  syncopaux  et  si  tous  à  titre  égal  les 
provoquaient. 

J'ai  donc,  avec  mon  chef  de  laboratoire,  M.  Vignal,  institué  des 
expériences  qui  consistaient  en  l'injection  veineuse  des  diverses 
solutions  dont  nous  usions  dans  le  service. 

Or.  j'ai  trouvé  et  mis  en  évidence  ceci  :  que  l'acide  plié  nique, 
le  sulfate  de  cuivre,  le  biiodure  de  mercure^  injectés  dans  la 
veine  de  l'oreille  du  lapin,  déterminent  par  irritation  spéciale  de 
l'endocarde  ou  par  coagulation  de  sang  et  embolie  des  accidents 
immédiats* et  de  la  dernière  gravité,  mortels  si  la  dose  est  sufli- 
sante. 

Les  simples  injections  d'air  font  de  môme  si  l'air  est  poussé  en 
quantité  suffisante. 

AJor.  m  onr.  ^  vou  xxxvxi.  33 


354  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

Si  l'on  se  sert  de  sublimé,  on  pourra  déterminer  une  intoxica- 
tion qui  portera  ses  effets  sur  le  rein  ou  sur  l'intestin  et  pourra 
tuer  ranimai,  mais  on  n'a  pas  ces  accidents  soudains  obtenus  avec 
l'acide  phénique,  le  sulfate  de  cuivre  ou  le  biiodure. 

Je  ne  m'en  suis  pas  tenu  là,  vous  le  pensez  bien.  Faisant  injec- 
ter successivement  du  permanganate  de  potasse,  de  lamicrocidine, 
de  l'acide  salicylique,  je  n'ai  produit  aucun  accidenL 

Cela  répond  absolument  à  ce  qu'on  observe  en  clinique. 

Les  accidents  subits  sont  communs  avec  l'eau  pbéniquée,  le 
sulfate  de  cuivre,  avec  le  perchlorure  de  fer  également. 

Dans  la  récente  thèse  de  Sylvestre,  beaucoup  d'observations  sont 
relatées  où  vous  pourrez  vérifier  ce  que  je  viens  de  vous  dire. 
Vous  trouverez  pourtant  un  exemple  d'accident  syncopal  survenu 
avec  l'acide  salicylique,  mais  il  s'agit  d'un  fait  complexe  :  la  femme 
avait  perdu  une  grande  quantité  de  sang  et  l'action  de  l'injection 
n'est  pas  certaine. 

Quant  au  mode  selon  lequel  le  liquide  injecté  pénètre  dans  les 
veines,  j'ai  cru  remarquer,  pour  ma  part,  et  je  trouve  signalé  dans 
la  plupart  des  observations  qu'au  moment  où  l'accident  apparaît, 
l'utérus  venait  de  se  contracter  énergiquement  sur  la  sonde.  Je 
croirais  que  l'utérus,  revenant  violemment  sur  lui-même,  chasse  le 
sang,  et  comme  le  passage  de  reflux  est  étroit,  il  le  chasse  en 
même  temps  dans  sa  propre  épaisseur,  c'est-à-dire  que  cet  utérus 
s'injecte  en  quelque  sorte  lui-nième. 

M.  BuDiN.  —  La  très  importante  communication  que  vient  de 
nous  faire  M.  Tarnier  laisse  un  doute  dans  mon  esprit,  en  ce  qui 
concerne  l'interprétation  des  accidents.  M.  Tarnier  nous  dit  : 
quand  l'utérus  se  contracte  énergiquement,  il  pousse  le  liquide 
dans  les  sinus  utérins.  Or,  cela  me  parait  en  contradiction  avec 
tout  ce  que  l'anatomie  et  la  physiologie  nous  enseignent.  Nous 
avons  tous  appris,  en  effet,  que  quand  l'utérus  se  contracte  les  sinus 
se  ferment.  Cependant  M.  Tarnier  croit  que  c'est  dans  ces  condi- 
tions que  le  liquide  pénètre  ;  je  ne  nie  certainement  pas  rexplication 
de  M.  Tarnier,  mais  je  voudrais  avoir  de  nouveaux  faits. 

Les  expériences  de  M.  Tissier,  faites  sur  un  utérus  flasque,  dont 
les  sinus  sont  certainement  béants,  ne  prouvent  pas  la  pénétration 
possible  dans  un  utérus  qui  se  contracte. 

En  résumé,  je  ne  nie  pas  l'interprétation  de  M.  Tarnier,  mais 
elle  ne  me  satisfait  pas  complètement. 


SOCIÉTÉ   OBSTÉTRICALE   DE   FRANGE  355 

M.  CiLVMPETiER  DE  RtBES  (Paris).  —  J'ai  observé  également  des 
cas  dans  lesquels  Tutérus  se  contracte  énergiquement  au  moment 
où  pénètre  l'injection  ;  or,  dans  ces  circonstances  j'ai  vu,  en  géné- 
ral, sortir  à  ce  moment  un  jet  de  sang,  ce  qui  tendrait  bien  à 
prouver  que  les  vaisseaux  sont  compj4més  et  non  béants. 

Les  accidents  syufl^paax  ne  sont  pas  les  seuls  que  l'on  observe 
au  momenrtrde  la  pénétration  d'une  injection  intra-utérine  ;  j'ai  vu 
d«tf  frissons,  de  la  dyspnée,  etc.  Tout  cela  prouve  que  ce  n'est 
pas  seulement  en  pénétrant  dans  les  sinus  qu'une  injection  intra- 
utérine  peut  provoquer  des  accidents.  ^ 

M.  Tarnier.  —  Je  répondrai  très  brièvement  :  il  est  possible 
que  la  pénétration  du  liquide  dans  les  sinus  utérins  au  moment 
où  l'utérus  se  contracte  paraisse  en  contradiction  avec  les  données 
admises;  cependant,  deux  arguments,  et  je  laisse  de  côté  les  expé- 
riences de  M.  Tissier,  me  paraissent  plaider  en  faveur  de  l'inter- 
prétation de  la  patbogénie  des  accidents  syncopaux,  telle  que  je 
la  propose. 

Le  premi*^r  est  un  argument  expérimental  :  les  liquides  qui  ont 
produit  des  accidents  syncopaux  chez  nos  malades  ont  provoqué 
des  syncopes  chez  les  animaux  auxquels  ont  les  a  injectés  dans  les 
veines. 

Le  second  est  tiré  de  l'observation  clinique  :  dans  tous  les  cas  où 
nous  avons  vu  des  accidents  syncopaux  se  produire,  nous  avons 
observé  en  même  temps  une  violente  contraction  de  l'utérus  sur  le 
liquide  retenu  dans  son  intérieur.  Or,  on  peut  admettre  que  quand 
Tutérus  ne  se  contracte  pas  à  vide,  les  sinus,  au  moins  quelques* 
uns  d^entreeux,  restent  béants. 

M.  TiBSiER.  —  Des  faits  d'intoxication  soudaine,  grave  ou  légère, 
survenus  immédiatement  après  des  injections  utérines,  des  recher- 
ches cliniques  faites  en  injectant  divers  liquides  dans  l'utérus  im- 
médiatement après  la  délivrance  —  établissent  la  pénétration  des 
liquides  d'injection  dans  l'organisme. 

En  multipliant  les  expériences  sur  des  femmes  mortes  le  lende- 
main ou  le  surlendemain  de  leur  accouchement,  j'ai  pu  me  con- 
vaincre que  sans  la  moindre  pression  (de  30  à  400/0  cent,  d'eau  par 
exemple),  les  liquides  injectés  dans  l'utérus  fusaient  aussitôt  dans 
la  circulation  générale  si  les  voies  de  retour  du  liquide  étaient 
fermées.  Peut-il  en  être  de  même  sur  le  vivant  f 

Assurément,  si  la  tension  veineuse  est  diminuée  par  des  hémor- 


356  SOCIÉTÉS  SAVANTES 

I 

rhagies,  si  quelque  caillot  ou  débris  vient  boucher  Torifice  du  col, 
et  s'il  survient  une  brusque  contraction  utérine,  grùce  à  laquelle 
Tutérus  pressé  sur  le  liquide  incompressible  s'injecte  lui-môme  en 
quelque  sorte. 
Aussi  faut-il  : 

a)  Avoir  soin  de  ne  pas  employer  comme  liquide  à  injecter  un 
produit  très  toxique  et  n'en  pas  faire  passer  d*énormes  quantités. 

b)  Ne  jamais  élever  le  vase  à  injection  à  plus  de  30  cent  au- 
dessus  du  siège  de  la  malade.  Il  n'est  besoin  que  de  laisser  baver 
le  liquide  dans  l'intérieur  de  la  cavité  utérine.  Le  but  de  l'injection 
est  de  baigner  et  d'imbiber  toute  la  surface  utérine,  d'enlever  les 
mucosités  sanguinolentes,  de  faire  contracter  l'utérus.  Mais  on  ne 
peut  enlever  de  vive  force  par  la  violence  du  jet  les  débris  qui  res- 
teraient adhérents  aux  parois. 

c)  Si  l'utérus  se  contracte  énergiquement  —  ce  que  Ton  sent  avec 
la  main  laissée  au-dessus  du  pubis  et  ce  que  Ton  voit  en  consta- 
tant l'arrêt  de  l'écoulement  à  la  vulve  -^  il  faut  aussitôt  faire 
abaisser  le  vase  à  injection  jusqu'au  niveau  du  siège. 

d)  Choisir  une  sonde  qui  favorise  le  rellux  du  liquide  —  à  double 
courant  ou  plate  du  modèle  de  M.  Tarnier  —  tout  en  sachant 
qu'une  sonde  quelle  qu'elle  soit,  ne  donne  à  cet  égard  qu'une  in- 
complète sécuri  té 

Traitement  de  rinfection  paerpérale  par  la  proTOcation  de  phleg* 

mons  BOus-catanéB. 

M.  FocHiER  (Lyon).  —  Je  viens  de  conseiller  et  d'indiquer  le 
moyen  de  provoquer  artificiollement  la  formation  d'abcès  dans 
l'infection  puerpérale  où  Ton  peut  voir  se  produire  spontanément 
des  suppurations,  et  où  ces  suppurations,  traitées  chirurgicale- 
ment,  peuvent  guérir  en  contribuant  parfois  d'une  façon  mani- 
feste à  la  guérison  de  l'état  infectieux. 

Je  n'ai  nullement  la  prétention  de  faire  appel  aux  [données  de 
la  microbiologie,  et,  me  plaçant  exclusivement  au  point  de  vue 
clinique,  je  dis  qu'une  infection  pyogène  généralisée  est  une  mala- 
die où  l'on  peut  voir  se  produire  à  la  fois  plusieurs  abcès  dans 
divers  organes  ou  dans  dilTérentes  régions  du  corps;  telle  est  l'in- 
fection puerpérale. 

La  remarque  clinique  fondamentale  qui  m'a  amené  au  traite^ 


SOCIÉTÉ   OBSTÉTRICALE   DE   FRANCE  357 

ment  que  je  propose  est  la  suivante  :  il  y  a  des  cas  de  ilèvre  puer- 
pérale, qui  sont  l'exception  sans  être  absolument  rares,  dans  les- 
quels on  voit  une  infection  généralisée  sans  lésion  importante 
appréciable  subir  une  amélioration  soudaine  en  môme  temps  que 
se  manifestent  les  signes  d'une  suppuration  localisée  ;  par  exemple, 
un  phlegmon  du  sein  ou  de  la  fosse  iliaque  ou  du  tissu  cellulaire 
sous-cutané, 'OU  bien  une  monoarthrite»  une  péritonite  localisée 
tardive,  une  salpingo-ovarite.  L'abcès  ou  les  abcès  qui  se  forment 
alors  méritent  le  nom  que  je  leur  donne  depuis  douze  ans,  d'abcès 
de  fixation.  Ils  sont  parfois  des  abcès  critiques  au  sens  ancien  du 
mot,  mais  ils  s'en  distinguent  le  plus  souvent  et  constituent  à  eux 
seuls  une  affection  grave,  plus  immédiatement  menaçante  parfois 
que  rinfection  généralisée.  Us  sont  cependant  le  salut  d'une  façon 
bien  manifeste  s'ils  sont  traités  chirurgicalement  en  cas  de  marche 
aiguë,  et  si  on  les  laisse  évoluer  en  cas  de  développement  chro« 
nique  ou  subaigu. 

A  côté  de  ces  faits,  il  en  est  d'autres  où  l'on  voit  non  seulement 
des  inflammations  viscérales  se  révéler  par  des  signes  indubitables, 
puis  rétrocéder  rapidement  sans  qu'il  y  ait  amélioration  de  l'état 
général,  mais  où  l'on  voit  aussi  des  phlegmons  diffus  sous>cutanés 
affecter  la  môme  mobilité  sous  l'œil  et  môme  sous  le  bistouri  do 
l'observateur.  La  tendance  à  la  fixation  est  manifeste  et  cette  fixa- 
tion avorte  plusieurs  fois  avant  d'aboutir,  ou  plus  souvent,  dans 
cette  forme,  la  mort  arrive  avant  la  suppuration. 

La  mort  arrive  parfois  avant  toute  fluxion  locale,  mai»  ce  sont 
là  des  cas  rares  se  rattachant  aux  précédents  par  des  transitions 
insensibles. 

C'est  en  comparant  ces  deux  types  :  le  premier  où  l'amélioration 
coïncide  avec  une  localisation  suppurée,  le  second  où  la  mobilité 
des  fluxions  est  au  contraire  d'un  fâcheux  pronostic,  que  je  suis 
arrivé  à  me  poser  comme  indication  thérapeutique  la  nécessité  de 
provoquer  des  abcès  faciles  à  traiter  dans  les  formes  graves  'd'in- 
fection puerpérale. 

Ces  deux  types  sont  loin  cependant  de  constituer  la  généralité 
de  ces  formes  graves.  Le  plus  souvent,  on  peut  saisir  et  une  lésion 
locale  servant  de  point  de  départ,  et  des  lésions  de  continuité  et  de 
contiguïté,  et  enfin  des  suppurations  pour  lesquelles  il  faut  admet- 
ire  la  métastase,  comme  on  disait  autrefois,  le  transfert  de  micro- 
bes pyogènes,  comme  on  dit  maintenant.  Les  suppurations,  dans 


358  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

CCS  cas,  mériteraient  le  nom  d'abcès  de  diffusion  par  opposition 
avec  les  abcès  de  tixation,  mais  il  faut  d*emblée  faire  remarquer 
•que  la  distinction  est  diflicile  à  faire,  sur  la  limite,  .entre  ces  deux 
ordres  d'abcès,  et  qu'à  la  rigueur  on  peut  traiter  de  fixations  mul- 
tiples les  abcès  d'un  si  fâcheux  pronostic  alors  que  les  fixations 
uniques  sont  d*un  si  heureux  augure. 

Je  ne  m'attarderai  pas  davantage  au  développement  de  cette  con- 
ception générale  des  accidents  puerpéraux  ;  il  m'entraînerait  trop 
loin.  Ce  que  j'en  dis  me  suffit  pour  les  conclusions  que  j'ai  à  en 
tirer,  ou  plutôt  pour  expliquer  comment  je  suis  arrivé  à  appliquer 
un  traitement  paradoxal  à  une  infection  pyogène. 

J'en  ai  conclu  que  l'épuration  du  sang  pouvait  se  faire  par  le 
moyen  d'une  large  poche  abcédée,  et  qu'à  défaut  de  cette  suppura- 
tion salutaire,  le  sang  restait  chargé  d'humeurs  mauvaises,  hu- 
meurs peccantes  pour  parler  comme  autrefois,  qui,  séjournant 
dans  le  torrent  circulatoire,  continuaient  d'empoisonner  l'orga» 
nisme  et  tuaient  la  malade. 

Pour  fixer  ces  éléments  nocifs,  je  me  suis  depuis  longtemps 
efforcé  de  provoquer  des  abcès  périphériques,  en  injectant  au  début 
du  sulfate  de  quinine,  plus  tard  une  solution  de  nitrale  d'argent  à 
1/5,  maintenant  de  l'essence  de  térébenthine.  J'avais  même  pensé, 
pour  déterminer  plus  souvent  la  formation  d'abcès,  à  faire  des 
injections  microbiennes  atténuées. 

Tous  les  cas  d'infection  puerpérale  ne  sont  pas,  bien  entendu» 
justiciables  de  cette  thérapeutique. 

Dans  les  cas  simples  où  la  maladie  ne  se  décèle  que  par  Thyper- 
thermie,  il  faut  se  contenter  d'un  traitement  local,  de  purgatifs 
salins,  de  révulsifs  avec  alimentation,  alcool  et  sulfate  de  qui- 
nine à  dose  moyenne. 

Dans  les  cas  plus  compliqués  avec,  je  suppose^  une  poussée  vers 
les  poumons  menaçant  d'asphyxier  la  malade,  vous  ôtes  autorisés 
à  recourir  aux  injections  d'essence  de  térébenthine. 

Môme  dans  les  cas  où  vous  avez  déjà  une  localisation  du  mal, 
localisation  spontanée,  si  l'état  général  reste  mauvais,  créez  en 
quelque  sorte  un  nouvel  exutoire  en  provoquant  ailleurs  un  autre 
abcès. 

Actuellement  les  infections  puerpérales  ne  ressemblent  plus 
guère  aux  infections  de  jadis.  Grâce  au  traitement  antiseptique 
génital,  rarement  la  maladie  se  cantonne  dans  la  zone  utérine^  elle 


SOCIÉTÉ   OBSTÉTRrCALE   DE  FRANCE  359 

ne  trouve  plus  à  s'y  implanter  ou  du  moins  à  s'y  développer.  Mais 
quand  la  femme  a  été  envahie  par  le  mal,  elle  peut  n'avoir  ni 
métrite,  ni  périmôtrite,  ni  lymphangite,  ni  phlébite  ;  elle  n'en  est 
pas  moins  infectée.  L'infection,  chassée  des  voies  génitales,  se 
réfugie  hors  d'atteinte  dans  la  profondeur,  et  plus  lentement,  par- 
fois très  tardivement,  les  malades  succombent  avec  des  accidents 
d'allure  inconnue. 

De  telle  sorte  qu'on  a  pu  parfois  être  porté  à  considérer  que  des 
accouchées  mourant  sans  lésions  utérines,  avec  des  symptômes 
anormaux,  étaient  des  femmes  victimes  des  antiseptiques.  C'est, 
qu'en  eflfet,  cette  marche  de  l'infection  ne  s'observe  que  chez  des 
femmes  traitées  antiseptiquement. 

Mais,  pour  mourir  à  longue  échéance,  avec  des  signes  d'hépa- 
tite, on  de  néphrite,  ou  de  myélite,  ou  d'encéphalite,  ces  accouchées 
n'en  meurent  pas  moins  et  méritent  d'être  traitées  autrement 
que  par  les  soins  locaux,  incapables  de  porter  lo  remède  là  où  est 
le  mal. 

Dans  ce  cas,  essayez  des  abcès  artificiels.  Je  ne  m'occupe  pas  de 
ce  qu'en  peuvent  penser  les  histologistes  ou  les  bactériologistes, 
qui  n'ont  pas  qualité  pour  élever  la  voix,  quand  il  s'agit  de  théra- 
peutique. Nous  seuls,  cliniciens,  sommes  juges  de  ce  qu'il  convient 
de  faire. 

Parfois,  il  arrive  qu'une  injection  pyogène  pratiquée  chez  des 
sujets  très  atteints  ne  détermine  pas  la  suppuration.  C'est  que  la 
réaction  est  en  rapport  avec  l'état  général,  et  que,  de  môme  que 
les  malades  profondément  infectées  n'ont  que  des  poussées  phleg- 
moneuses  spontanées  sans  suppuration,  de  la  même  manière,  des 
malades  pres(iue  in  extremis  nepeuventplus  répondre  par  uu  abcès 
aux  injections  irritantes  sous-cutanées. 

On  pourrait  alors  m'objecter,  il  est  vrai,  que  mes  injections 
n'ont  qu'une  valeur  pronostique  et  témoignent  si  une  malade  est 
incapable  ou  non  de  faire  du  pus,  c'est-à-dire  est  plus  ou  moins 
atteinte.  J'estime,  d'après  mon  expérience,  que  ma  méthode,  indé- 
pendamment de  sa  valeur  de  pierre  de  touche,  présente  encore  une 
valeur  thérapeutique  réelle. 

Comment  agit  le  traitement?  Il  est  probable  que  tout  à  l'entour 
du  foyer  purulent,  il  est  sécrété  des  produits  solubles  qui  vacci- 
nent l'organisme. 

Et  cela  me  parait  si  vrai,  que  je  crains  d'ouvrir  une  issue  au  pus, 


360  SOCIÉTÉS  SAVANTES 

parce  que,  le  pus  évacué,  ses  propriétés  bienfaisantes  disparaissent. 
Je  conseillerais  plutôt,  avant  d'ouvrir  un  abcès,  d'en  créer  au 
préalable  un  autre  dans  le  voisinage. 

Après  plusieurs  tentatives  inutiles  avec  les  acides  et  le  nitrate 
d'argent  je  me  suis  arrêté  à  l'emploi  de  l'essence  de  térébenthine 
qui  provoque  facilement  des  phlegmons  lorsqu'on  Tinjecte  dans  le 
tissu  cellulaire  sous-cutané. 

Je  n'insisterai  pas  sur  la  technique  de  ces  injections  de  térében- 
thine. Elles  doivent  être  poussées  dans  le  tissu  cellulaire  lâche  au 
voisinage  de  l'aponévrose,  mais  elles  peuvent  aussi  sans  inconvé- 
nients s'infiltrer  dans  le  tissu  adipeux.  On  peut  pousser  un  ou  plu- 
sieurs centimètres  cubes  d'essence  par  la  môme  piqûre  ;  je  n'ai  pas 
dépassé  trois  centimètres  cubes,  et  je  n'en  pousse  qu*un  le  plus 
souvent.  Je  n'ai  pas  observé  d'inliltrations  dermiques;  il  est  cer- 
tain qu'elles  provoqueraient  un  sphacèle  du  derme.  Lorsque  l'on 
veut  ménager  une  issue  spontanée  au  pus,  il  n'y  a  qu'à  retirer 
Taiguille  sans  maintenir  la  peau,  l'essence  ressort  en  préparant 
un  canal  de  sortie  au  pus. 

L'injection  n'est  pas  plus  douloureuse  qu'une  injection  de  mor- 
phine, mais  la  douleur  inflammatoire  apparaît  rapidement,  de  une 
heure  à  six  heures  après  l'injection. 

Lorsque  l'injection  a  été  poussée  sous  une  couche  épaisse  de  tissu 
adipeux,  la  tuméfaction  peut  rester  masquée  pendant  plusieurs 
jours.  La  rougeur  de  la  peau  ne  se  prononce  que  le  troisième  jour, 
et  alors  les  phénomènes  sont  essentiellement  variables.  L'abcès 
prend  tantôt  les  allures  d'un  véritable  abcès  chaud,  tantôt  celles 
d'un  abcès  froid,  ou  du  moins  Ich  allures  d'un  abcès  qui  n'a  aucune 
tendance  à  ulcérer  la  peau.  Ces  allures  se  retrouvent,  mais  moins 
accusées,  dans  certains  abcès  de  fixation  de  la  fièvre  puerpérale. 
Dans  l'un  et  l'autre  cas  le  pus  s'épaissit,  et  trois  fois,  en  attendant 
longtemps  pour  intervenir,  j'ai  vu  à  l'incision  un  véritable  mastic 
purulent  sortir  de  l'abcès  artificiel.  Ce  mastic,  je  l'avais  rencontré 
plusieurs  fois  à  l'autopsie,  notamment  dans  les  annexes,  et  on  le 
retrouve  dans  certaines  salpingo-ovarites  lors  de  l'opération. 

Lorsc^u'on  incise  de  bonne  heure,  on  trouve  un  abcès  à  loge  an- 
fractuou^e,  et  dont  la  paroi  est  constituée  par  une  mince  couche 
dé  tissu  sphacélé  et  iuliltré  de  pus,  analogue  i\  la  paroi  d'un  abcès 
froid  sur  dilTérents  points,  ressemblant  sur  d'autres  au  bourbillon 
du  furoncle.  Il  peut  y  avoir  des  décollements  assez  étendus,  mais 


SOCIÉTÉ   OBSTÉTRICALE  DE  FRANGE  361 

# 

qui  ne  paraissent  pas  jusqu^ici  pouvoir  provoquer  des  fusées  enva- 
hissantes. Il  est  certain  que  si  l'injection  était  poussée  au-dessous 
de  l'aponévrose,  elle  entraînerait  le  sphacéle  de  la  membrane.  La 
térébenthine  ne  parait  pas  se  résorber,  puisque,  au  bout  de  quinze 
jours,  on  retrouve  son  odeur,  mais  on  ne  voit  pas  de  gouttelettes 
distinctes  au  milieu  du  pus. 

Ces  abcès  sont  assez  lents  à  guérîr,  ou  du  moins  leur  marche 
est  très  variable,  suivant  qu'ils  ont  évolué  rapidement  vers  Tulcé- 
ratioQ,  ou  qu'au  contraire  ils  ont  affecté  des  allures  torpides.  Dans 
ce  dernier  cas,  il  faut  les  inciser  largement  pour  pouvoir  explorer 
et  panser  toute  la  poche.  Je  n'insiste  pas  sur  ces  détails;  ils  ne 
laisseront  pas  désarmé  un  praticien  qui  possède  et  sait  appliquer 
les  éléments  de  la  chirurgie,  et  je  me  borne  à  formuler  les  précep- 
tes suivants,  qui  pourront  être  modifiés  par  l'expérience,  mais 
dont  les  grandes  lignes  me  paraissent  acquises. 

Les  abcès  de  fixation  doivent  être  ouverts  plus  ou  moins  tardi- 
vement suivant  les  allures  qu'ils  affectent,  mais  pour  peu  que  l'état 
général  persiste,  il  faut  en  provoquer  de  nouveaux  sans  attendre. 
Dans  certains  cas  môme,  on  fera  bien  d'avoir  recours  à  cette  pro- 
vocation un  ou  plusieurs  jours  avant  l'incision  des  premiers.  C'est 
là  une  condition  de  fixation  permanente,  ou  plutôt  continue^  qui 
me  parait  essentielle  pour  le  succès  de  la  méthode  dans  les  cas 
très  graves. 

Il  faudra  provoquer  plusieurs  abcès  à  la  fois,  si  l'infection  s'an- 
nonce comme  menaçante  à  brève  échéance,  et  c'est  là  le  cas  de 
l'infection  purulente  à  grands  frissons  répétés.  Dans  l'érysipèlc, 
qui  n'est  qu'exceptionnellement  pyogène,  mais  qui  se  juge  manifes- 
tement parfois  par  des  abcès^  il  faudrait  provoquer  ces  abcès  à  la 
périphérie  de  la  rougeur  envahissante;  mais  je  donne  le  conseil 
de  ne  le  faire,  pour  commencer,  que  dans  les  cas  très  menaçants, 
puisque  je  n'ai  aucune  expérience  personnelle  à  ce  sujet. 

Il  est  bon  de  prévoir  les  objections  qu'on  peut  me  faire.  Les  uns 
diront  :  comment  oser  provoquer  la  suppuration  sur  un  organisme 
qui  a  déjà,  par  malheur,  trop  de  tendance  à  suppurer  ?  Et  je 
répondrai  :  le  jour  où  vous  m'aurez  apporté  un  moyen  de  réprimer 
cette  tendance  à  la  suppuration,  je  ne  la  provoquerai  plus. 

D'autres  allégueront:  votre  méthode  n'est  pas  nouvelle,  elle 
s'appelait  révulsion  ou  dérivation,  et  le  vésicatoire,  le  cautère  et  le 
Béton  faisaient,  sinon  tout,  du  moins  une  partie  de  ce  que  font  vos 


362  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

injections  do  térébenthine.  —  Je  répondrai  :  accumulez  les  Buccès 
déjà  acquis  par  le  séton  ou  le  cautère,  je  les  accepte,  ils  seront  un 
motif  de  plus  pour  faire  accepter  les  abcès  artificiels  de  fixation, 
ils  ne  serviront  qu'à  faire  ressortir  leur  supériorité  et  &  établir  la 
conviction.  J'ajouterai,  du  reste,  que  dans  plusieurs  cas  qui  pou- 
vaient être  considérés  comme  désespérés,  j'ai  obtenu  des  résultats 
très  satisfaisants. 

M.  Salmok.  —  Je  partage  absolument  la  manière  de  voir  de 
M.  Fochier.  Depuis  près  de  quarante  ans,  à  tous  les  malades  atteints 
de  septicémie  chirurgicale,  de  phlegmon  diffus  on  particulier,  je 
fais  de  grands  badigeonnages  avec  du  nitrate  d'argent,  et  quand 
cela  ne  suffit  pas,  j'insinue  sous  la  peau  du  nitrate  d'ai*gent  pour 
solliciter  la  suppuration. 

Ck>mme  M.  Fochier,  j'ai  noté  que  si  les  malades,  malgré  ces 
efforts,  n*arrivaient  pas  à  suppurer,  cet  échec  comportait  le  plus 
mauvais  pronostic. 

M.  Thiéry  (Rouen).  —  J'approuve  d'autant  plus  volontiers  la 
méthode  préconisée  par  M.  Fochier  que  j'ai,  de  mon  côté,  obtenu 
dans  les  mêmes  conditions,  des  résultats  favorables.  J'avais  d*abord 
essayé  de  provoquer  des  suppurations  sous*cutanéee  au  moyen 
des  injections  de  nitrate  d'argent  à  20  0/0;  mes  résultats  étaient 
incomplets.  Depuis,  j*ai  employé  l'essence  de  térébenthine  et,  dans 
mes  douze  derniers  cas,  les  effets  ont  été  excellents. 

M.  TiiiBRRY.  —  Dans  les  états  infectieux  j'ai  essayé  sans  succès 
des  vésicatoires  de  20  centimètres  de  côté,  des  sétous  de  18  centi* 
mètres  de  long,  et  une  vingtaine  de  cautères  placés  les  uns  à  côté 
des  autres,  tandis  que  les  abcès  provoqués  fournissaient  les  meil- 
leurs résultats. 

Trois  cas  de  symphjséotoniia. 

M.  Pinard.  —  Les  beaux  succès  obtenus  par  le  professeur  Mo- 
risani  à  la  clinique  de  Naples,  les  recherches  que  j'ai  faites  sur  le 
cadavre  en  collaboration  avec  MM.  Farabeuf  et  Varnier,  m^ont 
engagé  à  pratiquer  la  symphyséotomie  sur  la  femme  vivante,  le 
cas  échéant. 

L'occasion  s'étant  offerte,  j'ai  fait  cette  opération  sur  trois  femmes 
atteintes  de  rétrécissement  du  bassin.  C'est  le  résumé  de  ces  trois 
observations  que  je  désire  vous  communiquer  sans  commentaires. 

!'•  observation,  —  Femme  de  32  ans,  secondipare* 


SOCIÉTÉ  OBSTÉTRICALE  DE  FRANCE  303 

Bassin  rachitique  canaliculé;  diamètre  promonto-soas-pubien, 
9  cent.  7  millim.  Lors  du  premier  accouchement,  à  terme,  il  y  eut 
présentation  de  l'épaule  et  procidence  du  cordon  ;  Tenfant  suc- 
comba pendant  le  travail.  M.  Ribemont-Dessaignes  pratiqua  Tem- 
bryotomie  rachidienne  et  ne  put  extraire  la  tête  dernière  qu'après 
une  basiotripsie. 

Cette  femme  étant  enceinte  pour  la  seconde  fois,  Je  provoquai 
l'accouchement  à  8  mois  1/2  à  l'aide  du  ballon  de  Champetier  de 
Ribes.  La  dilatation  étant  complète,  et  la  pocher  des  eaux  intacte, 
je  tentai  à  diverses  reprises  de  ramener  la  tôte  au  niveau  du  dé- 
troit supérieur  par  manœuvres  externes;  l'excès  de  liquide  amnio- 
tique lit  échouer  ces  tentatives.  Je  me  décidai  alors  à  pratiquer 
d*emblée  la  symphyséotomie  et  à  extraire  ensuite  le  fœtus  par  la. 
version  par  manœuvres  internes. 

Après  rincision  de  la  symphyse,  les  pubis  s'écartèrent  sponta- 
nément de  1  cent,  et  je  ne  jugeai  pas  à  propos  d^ugmenter  cet 
écartement,  laissant  au  fœtus  le  soin  de  s'ouvrir  le  passage.  Je 
fia  l'extraction  par  les  pieds.  Le  tronc  et  les  membres  supérieurs 
passèrent  sans  difficultés;  la  manœuvre  de  Champetier  de  Ribes 
dut  être  employée  pour  l'extraction  de^la  tète,  extraction  qui  fut 
précédée  d'un  double  ressaut. 

L'enfant,  du  poids  de  3,350  grammes,  mesurant  52  cent.,  né  en 
état  de  mort  apparente,  présentait  un  enfoncement  profond  du 
pariétal  postérieur.  Il  fut  ranimé  par  insuffiaticn,  mais  succomba 
le  3*  jour,  avec  les  symptômes  classiques  de  Thémorrhagie  mé- 
ningée. 

La  plaie  pubienne,  suturée,  réunit  par  première  intention.  Une 
ceinture  plâtrée  suffit  à  assurer  la  coaptation  des  pubis.  Suites  de 
couches  normales.  L'opérée  se  lève  le  25«  jour  et  marche  sans  dou- 
leurs. Pas  de  mobilité  anormale  de  la  symphyse. 

2«  observation.  —  Primipare  ;  bassin  aplati,  promontoire  acces- 
sible. Entrée  à  la  clinique  à  \erme  et  en  travail.  Enfant  vivant, 
présentant  le  sommet,  non  engagé;  gros  œuf. 

Rupture  artificielle  des  membranes  à  10  heures  1/2  du  soir,  le 
24  février.  Dilatation  complète  à  4  heures  1/2  du  matin.  La  tôte  ne 
s'engageant  pas  à  7  heures  1/2  du  matin,  M.  Lepage,  répétiteur 
de  garde,  fait  sans  succès  deux  applications  régulières  de  forceps 
au  détroit  supérieur.  A  9  heures  1/2  du  matin  le  25,  je  pratiquai  la 
symphyséotomie.  Les  pubis  s'écartent  spontanément  de  1  cent.  Je 


364  SOCIÉTÉS  SAVANTES 

fais  porter  les  cuisses  dans  l*abduction  jusqu'à  ce  que  l'écariement 
soit  de  3  cent.  1/2.  Extraction  très  facile  par  le  forceps,  en  quatre 
minutes,  d'un  gardon  vivant  de  4,630  grammes.  Pendant  l'engage- 
ment et  la  descente  de  la  tête,  Técartement  des  pubis  a  été  porté 
À  6  cent.  5. 

Suture.  Pansement  comme  ci-dessus.  Suites  de  couches  physio- 
logiques. L'opérée  se  lève  le  3oe  jour  et  marche  sans  douleur.  Pas 
de  mobilité  anormale.  L'enfant  se  porte  très  bien. 

3«  obset^valion.  r-  Femme  de  30  ans,  arrivée  au  8«  moirf  1/2  de 
sa  4«  grossesse. 

Bassin  aunelé.  Diamètre  promonto-sous -pubien,  9  cent. 

Premier  accouchement  à  terme,  artiliciel,  enfant  mort-né  (Ma- 
ternité de  Lyon). 

Deuxième  accouchement  provoqué  à  8  mois  et  terminé  artifi- 
ciellement; enfant  mort  le  3*  jour  (Maternité  de  Lyon). 

Troisième  accouchement,  à  terme  ;  application  de  forceps  faite 
par  M.  Fochier,  à  la  clinique  obstétricale  de  Lyon.  Enfant  vivant 
pesant  3,220  grammes.  Bipariétal  7  cent.  Enfant  mort  le  lô<^  jour, 
en  nourrice. 

Cette  fois  j'ai  provoqué  l'accouchement  vers  8  mois  1/2  à  Taide 
du  ballon  de  Champetier  de  Hibcs.  M.  le  professeur  Fochier  qui 
avait  bien  voulu  m 'assister  fit,  sans  pouvcdr  engager  la  tète,  deux 
applications  de  forceps;  j*en  fis  une  troisième,  sans  plus  cie  succès. 

C'est  alors  que  je  pratiquai  la  symphyséotomîe.  Il  y  eut  un 
écartement  spontané  des  pubis  de  1  cent.  ;  je  le  fis  porter  à  4  c.  8 
par  l'abduction  des  cuisses  et  je  pus  alors  extraire  à  l'aide  du 
forceps  un  enfant  vivant  de  2,730  grammes  qui,  né  en  état  de  mort 
apparente,  fut  rapidement  ranimé  et  est  aujourd'hui  eu  parfait 
état.  Le  maximum  de  l'écartement  des  pubis  pendant  l'extraction 
a  été  G  cent.  5. 

Sutures  et  pansement  comme  ci-dessus. 

Suites  de  couches  normales  ;  l'opérée  se  lève  le  29«  jour  et  marche 
sans  douleur.  Pas  de  mobilité  anormale  des  pubis. 

Je  n'ajouterai  qu'un  mot.  Ceux  de  mes  collègues  qui  voudront 
bien  venir  demain  matin  à  la  clinique  liaudelocque,  pourront 
examiner  ces  trois  opérées  et  se  rendre  compte  par  eux-mêmes 
des  résultats  de  la  symphyséotomie. 


SOCIÉTÉ  OBSTETRICALE  DE  FRANCE  365 

Pathogénle  de  l'éclampsie. 

M.  Herrgott  (de  Nancy).  —  Le»  causes  de  Téclampsie  avaient 
été  rangées  par  Depaul  sous  quatre  chefs  :  a)  congestion  ce  ré- 
Orale,  b)  névrose f  c)  lésion  rénale,  d)  alléralion  du  sang.  Les 
trois  premiers  doivent  être  abandonnés.  Reste  la  dernière  cause. 
Mais  cette  altération  du  sang,  quelle  est-elle  ? 

M.  Delore  (de  Lyon)  avait  été  frappé  par  les  nombreux  carac- 
tères semblant  devoir  rapprocher  les  maladies  bactériennes  et 
l'éclampsie,  et  il  lut  une  note  dans  ce  sens  au  Congrès  de  Blois. 

Doléris,  déjà,  avait  fait  la  recherche  des  microbes;  il  avait  cru 
les  trou  ver  et  les  avait  décrits.  Plus  tard,  avec  Butte,  il  revint  sur 
ses  précédentes  conclusions  et,  laissant  de  côté  l'élément  micro- 
bien, incrimina  les  substances  toxiques  qu'on  trouve  dans  le 
sang. 

Chambrelent^  dans  des  expériences  récentes,  insisle  sur  la  toxi- 
cité du  sérum  du  sang. 

Blanc,  en  1889,  découvrit  à  son  tour  un  microbe  dont  Faction 
pathogène  lui  sembla  évidente. 

J'ai  résolu  de  faire  des  recherches  analogues  sur  14  éclamptiques 
venues  dans  mon  service;  7 seulement  purent  servir  aux  expé- 
riences. 

Dans  les  7  cas,  l'ensemencement  avec  du  sang  est  devenu  sté- 
rile. De  môme  l'ensemencement  avec  des  parties  de  placenta,.de 
rate,  de  foie,  de  reins  est  resté  négatif. 

L'ensemencement  avec  les  urines,  dans  5  cas,  ne  donna  rien  ; 
mais,  deux  fois,  les  ensemencements  furent  positifs  et,  dans  ces 
deux  cas,  nous  trouvâmes  un  seul  élément  microbien  qui  se  pré- 
senta sous  diverses  formes,  mais  presque  toujours  un  bâtonnet 
trapu,  ressemblant  à  un  biscuit,  quelquefois  plus  allongé  et  sus- 
ceptible de  s'incurver,  ressemblant  assez,  en  délinitive,  au  micro- 
organisme décrit  par  Blanc. 

Je  ne  trouvai  pas,  à  côté,  de  spores  libres. 

Je  fis  des  inoculations  à  des  lapins  et  à  des  lapines  pleines. 

Les  lapines  moururent  sans  présenter  de  symptômes  éclampti- 
fonnes  bien  nets  et  on  put,  avec  les  lapines  mortes,  faire  de  nou- 
velles cultures  et  retrouver  le  micro-organisme  décrit  plus  haut. 

Les  lapins  furent  moins  atteints  :  deux  ne  moururent  pas.  On 
put  retrouver  dans  les  organes  des  lapins  morts,  le  microbe  patho- 
gène. 


366  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

Si  j'ajoQte  à  ces  résultats  expérimentaux  d'autres  faits  tels  que 
ceux  de  Scarlînî,  produisant  des  convulsions  chez  des  chiens  avec 
de  Farine  éclamptique  ;  de  Fabre,  trouvant  dans  les  infarctus  blancs 
des  placentas  d^éclamptiques  des  micrococci»  je  me  crois  en  droit 
d'inférer  que  Téclanipsie  est  une  maladie  produite  par  un  microbe 
spécial. 

Est-ce  le  micro-organisme  qui  est  la  cause  directe  delà  maladie» 
ou  bien  est-ce  la  toxine  qu'il  sécrète  ?  En  me  basant  sur  ce  qu'on 
observe  avec  le  microbe  de  Roux  et  Yersin,  je  serais  assez  disposé 
à  considérer  que  Téclampsie  est  l'intoxication  du  système  nerveux 
parles  produits  de  sécrétion  du  micro-organisme  pathogène. 

M.  Chambrfxknt.  —  Il  y  aurait  intérêt  à  savoir  si  M.  Herrgott, 
avant  de  faire  ses  recherches  sur  le  sang  éclamptique.  avait  com- 
mencé par  traiter  ses  malades  et  par  leur  donner  en  particulier 
du  chloral. 

M.  Blanc  me  disait  récemment  que  l'administration  du  chloral 
avait  pour  effet  de  faire  disparaître  les  éléments  micro-organiques 
du  sang. 

M.  Herrgott.  —  Je  ne  saurais  rien  affirmer.  Quand  une 
éclamptique  m'arrive,  je  vais  au  plus  pressé,  c'est-à-dire  que  je 
mets  la  malade  au  traitement  classique  qui  comprend  l'adminis- 
tration du  chloral. 

Plus  tard,  je  m'occupe  des  expériences,  en  sorte  que  je  ne  sau- 
rais répondre  d'une  manière  précise. 

M.  Guillemet.  —  L'éclampsie  n'est  pourtant  pas  contagieuse, 
tout  en  étant  maladie  microbienne. 

M.  Herrgott.  —  Il  est  difficile  de  se  prononcer  à  cet  égard.  On 
voit  souvent  les  éclamptiques  affluer  dans  un  service  coup  sur 
coup  et  l'on  se  contente  d'invoquer  la  loi  des  séries.  Je  n'ai  pas  pu 
ne  pas  remarquer  qu'il  m'en  était  venu  cette  année  quatre  à  peu 
près  en  même  temps  provenant  toutes  quatre  du  même  quartier.  Je 
pourrais  dire  de  la  môme  rue  de  la  ville  ;  j'ai  vu  de  plus  il  l'hôpital, 
je  ne  dis  pas  un  cas  de  contagion,  mais  une  malade  toute  voisine 
d'une  éclamptique  être  prise  de  convulsions  éclamptiques. 

M.  Gaulard.  —  Ces  bourrasques  d'éclampsies  qui  font  parler 
d'épidémies  élalent  connues  déjà  par  Mm»  Lachapelle.  Rien  ne  me 
semble  cependant  établir  la  réalité  de  la  contagion  de  Téclampsie. 

J'ai,  par  contre,  cru  trouver  un  certain  rapport  entre  les 
éclampsics  des  femmes  enceintes  et  le  tétanos  des  blessés.  Enfin, 


SOCIÉTÉ  obstétbigâlb  de  frange  367 

M..Gley  a  communiqué  dernièrement  à  la  Société  de  biologie  un 
travail  venant  de  la  Faculté  de  Lille,  où  était  notée,  entre  autres 
choses,  Tiniluence  microbicide  du  chloral  sur  le  sang  éclamptique. 

M.  DoLÉRis.  —  C'est  une  erreur,  à  mon  sens,  d'aller  chercher, 
quand  il  s'agit  d'une  maladie  générale,  le  mic;;'obe  pathogène  de 
la  maladie  dans  un  réservoir  urinaire. 

Dans  ces  maladies,  tous  les  déchets  de  l'organisme  provenant 
de  l'usure  incomplète  des  éléments  cellulaires  aboutissent  aux 
reins,  où  peuvent  par  surcroît  se  développer  des  éléments  micro- 
biens divers,  qu^on  serait  mal  fondé  à  regarder  comme  caractéris- 
tiques. C'est  ailleurs  qu'il  faut  porter  les  recherches. 

Or,  j'ai  cru  trouver  des  microbes,  et  j'ai  longtemps  multiplié  mes 
efforts  pour  déceler  leur  action. 

J'avoue  que  j'ai  fait  fausse  route  et  que  je  n'ai  pu  aboutir  dans 
cette  voie. 

Cependant,  il  ressort  de  mes  études  un  fait  que  je  regarde  et  qui 
est  regardé  comme  vrai,  c'est  que  dans  Téclampsie,  il  y  a  dans 
l'organisme  une  substance  toxique  bien  définie  que  j'ai  pu  isoler, 
qui  est  capable  de  reproduire  les  accidents  convulsifs  et  de  tuer,  et 
qui  est  la  cause  immédiate  des  accidents.  Cette  toxine  provient 
assurément  de  quelque  part  ;  elle  est  élaborée  dans  quelque  atelier 
que  je  n'ai  pu  découvrir.  Et  j'en  reste  sur  ce  point  aux  hypothèses  : 
ou  bien  cette  substance  est  le  déchet  des  cellules  organiques 
malades,  ou  bien  elle  est  le  produit  créé  par  des  mîcro-orgauismes 
éphémères,  dont  on  ne  retrouve  pas  trace,  ou  cachés  en  des  organes 
que  nous  n'avons  pas  explorés. 

U  ne  s'ensuit  pas,  de  ce  que  la  maladie  est  une  toxémie,  qu'on 
doive  la  regarder  comme  contagieuse. 

Le  seigle  ergoté  et  les  acconchears. 

M.  QuEiREL  (de  Marseille).  —  La  question  de  la  dépopulation  de 
la  France,  question  vitale,  à  été  longtemps  à  l'ordre  du  jour  de 
l'Académie  de  médecine  et  n'est  point  déplacée  dans  notre  Société. 

J'estime  que  c'est  ne  pas  s'en  éloigner  qu'aborder  la  question 
connexe  des  méfaits  du  seigle  ergoté,  attendu  que  si  l'on  pouvait 
préserver  les  vies  humaines  compromises  par  ce  médicament,  ce 
serait  autant  de  sauvé  :  il  n'y  a  pas  de  petites  économies. 

Tous  les  accoucheurs  sont  d'accord  :  le  seigle  ergoté  est  d'un 
emploi  dangereux.  Il  est  d'habitude  déplorablement  prescrit  et 


368  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

manié  par  les  sages- femmes  qui  l'emploient  sans  mesure  en  toutes 
circonstances. 

Aussi,  je  pense  qu'il  serait  de  notre  rôle  de  prendre  Tinitiative 
d'une  mesure  qui  aboutirait  à  faire  retirer  aux  sages-femmes  la 
faculté  de  se  faira  délivrer  le  seigle  ergoté  dans  les  pharmacies. 

M.  Gaulard.  —  Quant  au  fond,  nous  sommes  d'accord.  On  mé- 
suse  généralement  du  seigle  ergoté.  Mais  à  la  campagne,  dans 
quelques  cas,  les  sages-femmes  privées  de  toute  aide  peuvent  avoir 
besoin  quelquefois  d'y  recourir.  Il  faut  donc  ne  pas  leur  retirer  le 
droit  de  prescrire  le  médicament,  mais  leur  apprendre  par  tous  nos 
efforts  à  s'en  mieux  servir. 

M.  Pinard.  —  Je  suis  en  accord  parfait  avec  M.  Queirel  sur  les 
méfaits  du  seigle  ergoté  et  j'estime  que  les  avantages  en  sont  très 
discutables.  J  ai  banni  l'ergot  de  ma  clinique  depuis  7  ou  8  ans  et 
je  n'ai  pas  eu  un  seul  cas  de  mort  par  hémorrhagie,  ce  qui  prouve 
que  l'on  peut  se  passer  de  ce  médicament.  Nous  avons  pour  le 
remplacer  un  remède  souverain,  l'eau  chaude.  J'ai  deux  ennemis 
que  je  combats  à  outrance:  le  seigle  ergoté  et  le  tampon.  Vis-à-vis 
de  celui-ci  tout  le  monde  ne  partage  pas  mon  sentiment.  Je  suis 
fermement  convaincu  que  le  tampon  a  plus  d'inconvénients  que 
d'avantages,  comme  l'ergot.  Cependant  je  ne  voudrais  pas  en- 
lever aux  sages-femmes  le  droit  qu'elles  ont  de  prescrire  l'ergot. 
Nous  devons  plutôt  prêcher  d'exemple  et.  apprendre  aux  sages- 
femmes  à  se  passer  du  seigle  ergoté. 

M.  Tarnier.  —  Rapporteur  à  l'Académie  quand  il  s'est  agi  de 
savoir  si  Ton  maintiendrait  aux  sages- femmes  le  droit  de  prescrire 
le  seigle  ergoté,  je  n'ai  pas  voulu  m'opposer  à  ce  maintien.  Sans 
doute,  il  y  a  beaucoup  de  moyens  qui  permettent  de  se  passer  du 
seigle,  mais  les  sages-femmes,  lentes  à  apprendre  les  nouveautés, 
ne  connaissent  guère  et  appliquent  mal  ces  moyens.  Il  ne  faut  pas 
les  priver  de  tout  secours,  tout  en  laissant  se  propager  les  pro- 
cédés d'hémostase  meilleurs.  M.  Pinard  est  très  catégorique,  il  ne 
veut  ni  du  seigle,  ni  du  tampon.  Il  est  trop  absolu.  Si  l'on  ne 
veut  plus  qu'on  emploie  le  tampon,  nombre  tle  femmes  sont  expo- 
sées à  mourir,  qu'on  eût  peut-être  sauvées  en  les  tamponnant. 
Supposez  un  médecin  ou  une  sage-femme  se  trouvant  devant  une 
hémorrhagie  formidable,  comme  on  en  voit  parfois  —  il  faudra 
alors  qu'ils  regardent  couler  le  sang  en  se  croisant  les  bras, 
sans  essayer  de  faire  un  tamponnement  parce  que  M.  Pinard  Ta 


SOCIÉTÉ  OBSTÉTRICALE   DE   FRANGE  369 

défendu!  A  la  clinique  d'accouchements, pas  plus  qu'à  la  clinique 
Baudelocque,  on  n'est  partisan  du  seigle.  Mais  les  conditions  où 
noua  opérons  sont  spéciales  et  ne  peuvent  être  comparées  à  la 
pratique  privée  d'une  sage- femme.  Cependant  je  ne  bannis  pas 
absolument  Tergot.  Il  m'arrive,  une  ou  deux  fois  l'an,  d'injecter 
de  l'ergotinine  sous  la  peau,  pour  tarir  une  hémorrhagie  qui  ré- 
siste aux  injections  chaudes,  à  l'évacuation  et  à  la  stimulation  de 
la  cavité  utérine,  etc.  J'ai  dû  y  recourir,  il  y  a  à  peine  trois  se- 
maines, et  me  suis  bien  trouvé  de  n'avoir  pas  un  si  grand  exclu- 
sivisme. Pourquoi  alors  priver  les  sages-femmes  d'un  moyen  dont 
il  m'arrive  de  me  servir?  Cette  question  du  seigle  ergoté  est  grosse 
de  conséquences.  Je  ne  crois  pas  pour  ma  part,  sans  méconnaître 
les  méfaits  du  médicament,  que  le  moment  soit  venu  d'en  proposer 
la  suppression.  Mieux  vaut  perfectionner  l'éducation  des  sages- 
femmes. 

M.  Pinard.  —  Je  ne  défends  rien,  je  n'interdis  rien,  ni  seigle, 
ni  tampon.  Je  ne  procède  que  par  exemples  en  essayant  de  faire 
entrer  la  conviction  dans  les  esprits.  Mais  s'il  fallait  supprimer 
quelque  chose,  ce  serait,  à  mon  avis«  le  tamponnement,  toujours 
mal  fait,  le  plus  souvent  inefiicace,  source  fréquente  d'infection 
et  Ton  sauverait  ainsi  bien  des  femmes. 

M.  Salmon  (de  Chartres).  —  Pourquoi  parler  de  ce  qui  se  passe 
dans  les  cliniques  et  les  Maternités?  Il  semble  que  vous  ignoriez 
comment  procèdent  les  malheureuses  sages-femmes,  seules,  inca- 
pables de  se  faire,  je  ne  dis  pas  aider,  mais  comprendre  par  l'entou- 
rage. Et  je  voudrais  y  voir  M.  Pinard.  —  On  est  bien  heureux, 
dans  ces  cas,  d'avoir  à  côté  de  soi  un  tampon  à  placer  avant 
l'accouchement,  et  du  seigle  pour  donner  après  la  délivrance. 

M.  Gaulard.  —  J'ai  longtemps  exercé  en  province,  à  la  cam- 
pagne, c'est  pourquoi  je  suis  loin  d'être  aussi  radical  que  M.  Pi- 
nard. Il  est  possible  que  les  femmes  soient  souvent  mal  tampon- 
nées; mais  ce  mauvais  tampon  a  souvent  arrêté  un  peu  ou  diminué 
rhémorrhagie.  M.  Pinard  n'a  vu  arriver  à  sa  clinique  que  des 
femmes  mal  tamponnées.  Mais  si  elles  ne  l'avaient  pas  été  du  tout, 
peut-être  n'aurait-on  pu  les  amener  à  la  clinique  Baudelocque, 
qui  n'est  pas  faite  pour  recevoir  les  mortes.  Il  faut  apprendre  à 
bien  faire  le  tampon,  voilà  tout.  Il  y  a  bien,  pour  le  remplacer, 
des  manœuvres  excellentes,  mais  très  difâciles,  qui  demandent  du 
savoir,  de  la  détermination.  Demanderez-vous  à  une  sage-femme 

AH».  OB  OTV.  "  VOL.  ZXXVU.  34 


370  SOCIÉTÉS  9AVANTKS 

cbs  faire  la  version  bipolaire,  manœuvre  excellente?  Ces  manœuvres 
ne  sont  pas  &  sa  portée.  Au  contraire,  le  tamponnement  est  une 
opération  relativement  facile. 

M.  Lefour.  —  Je  ne  partage  pas  Tavis  de  M.  Pinard.  J'ai  tou- 
jours eu  beaucoup  à  me  louer  du  tampon.  Bien  fait,  et  on  arrive  à 
le  bien  faire,  antiseptiquement  fait,  il  m'a  permis  de  ne  jamais 
perdre  une  femme  d'hémorrhagie  pendant  la  grossesse. 

M.  Pinard.  —  Je  persiste  à  soutenir  que  le  tampon  tel  qu'il  est 
appliqué  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas  à  la  ville  ou  àlacam* 
pagne,par  les  praticiens  ou  les  sages-femmes,  a  plus  dMoconvénients 
que  d'avantages,  et  qu'il  y  a  mieux  à  enseigner  aujourd'hui  quant 
au  traitement  du  placenta  praevia,  môme  en  province  et  à  la  campa- 
gne. Les  manœuvres  que  comporte  ce  traitement  sont  beaucoup 
moins  difQciles  et  beaucoup  plus  à  la  portée  des  sages-femmes  que 
ne  semble  le  croire  M.  Gaulard  qui  en  est  encore  à  la  version  bi- 
polaire. J'ai  montré  comment  la  rupture  prématurée  et  la  large  dé* 
cbirure  des  membranes,  manœuvre  où^nous  le  savons  tous,les  sages* 
femmes  n'excellent  que  trop,  assure,  mieux  que  le  tampon,  la  ces- 
sation de  l'hémorrhagie.  Mais  je  ne  veux  pas  insister  aujourd'hui 
sur  ce  point  accessoire  dans  la  discussion  présente.  J'apporterai 
Tan  prochain' ma  statistique  et  j'invite  les  partisans  du  tampon  à 
faire  de  môme.  Nous  pourrons  alors  discuter  faits  en  mains. 

M.  QuEiREL.  —  Puisque  tous,  nous  trouvons  que  le  seigle  ergoté 
est  dangereux  et  cause  de  grands  méfaits  dans  la  pratique  obsté  • 
tricale,  je  voudrais  que  cette  opinion  fi\t  exprimée  par  la  Société 
d'une  manière  qui  frappe  et  qui  indique  que  nous  voudrions  voir, 
dans  une  large  mesure,  restreindre  l'emploi  de  ce  médicament 

M.  Tarnier.  —  C'est,  en  effet,  conforme  au  sentiment  exprimé 
par  l'unanimité  des  membres  de  la  Société. 

M.  QuEiREL.  —  Voici  la  proposition  que  je  soumets  au  vote  de 
la  Société  :  La  Société  obstétricale  de  France,  considérant  les  dan- 
gers que  le  seigle  ergoté  peut  faire  courir  à  la  mère  et  à  l'enfant, 
rappelle  que  ce  médicament  ne  doit  être  administré  qu'après  la 
délivrance  et  lorsque  l'utérus  est  complètement  évacué. 

Cette  proposition  est  votée  à  l'unanimité. 

Pneumonie  et  grotsaaia. 

M.  Oaulard  (de  Lille).  —  Grisolle,  Bourgeois,  Châtelain,  Ricau, 
GOsserow,  Wernich,  Fasbender,  etc.,  sont  d'accord  pour  admettre 


SOCIÉTÉ  OBSTÉTRICALE  DE  FRANCE  371 

que  Fétat  de  grossesse  aggrave  la  pneumonie.  Les  femmes  grosses, 
atteintes  de  pneumonie,  sont  exposées  à  une  dyspnée  véritable^ 
nient  suffocante  du  fait  de  la  diminution  de  profondeur  du  thorax 
oik  par  rinsuf^ance  d*action  du  cœur. 

ïout  le  monde  est  également  d'accord  pour  reconnaître  que  la 
pneumonie  entraîne  fréquemment  Huterruption  de  la  grossesse  et 
la  mort  du  fœtus.  Mais  il  y  a  divergence  quant  à  l'influence  exercée 
^r  raccouchement  sur  la  marche  de  la  maladie,  favorable  ou  nui- 
sible. 

Cette  dernière  opinion  est  celle  de  Châtelain,  Ricau,  Fasbender. 
L'autre  est  adoptée  par  Gûsserow,  Wernich  et  Flatté. 

Ceux-ci  accusent  les  contractions  du  travail  de  déterminer  des 
troubles  respiratoires  et  de  surmener  le  cœur. 

J'ai  recueilli  dans  mon  service  trois  faits  qui  ne  me  permettent 
pas  de  partager  leur  sentiment.  J'estime  au  contraire  que  Taccou- 
chement  exerce  sur  la  pneumonie  une  influence  heureuse. 

Au  point  de  vue  de  la  pratique,  Il  y  aurait  grand  avantage  à  ce 
qu'on  fût  pourtant  fixé.  En  effet  si  l'interruption  de  la  grossesse 
agit  favorablement  sur  la  marche  de  la  pneumonie,  il  ne  faudrait 
pas  hésiter  à  la  provoquer. 

Je  ne  votidrais  pas,  dans  une  question  de  ce  genre,  tirer  de 
quelques  observations  des  conclusions  immuables,  mais  je  crois 
qu^on  peut  sans  danger  tenter  la  provocation  de  l'accouchement 
prématuré,  voire  de  l'avortement,  chez  les  femmes  pneumo- 
niqnes. 

On  fait  disparaître  ainsi  les  modifications  profondes  imprimées 
par  la  grossesse  aux  appareils  respiratoire  et  circulatoire.  L'éva- 
cuation de  l'utérus  donne  plus  de  profondeur  aux  poumons. 

Le  résultat  ne  sera  pas  toujours  heureux.  Il  y  a  des  pneumonies 
particulièrement  graves,  les  pneumonies  infectieuses  que  l'accou- 
chement provoqué  ne  rendra  certes  pas  bénignes. 

L'&ge  de  la  pneumonie  au  moment  de  Texpulsion  doit  avoir  une 
certaine  influence  sur  le  résultat  final,  dé  même  que  l'étendue  de  la 
lésion  pulmonaire,  la  durée  du  travail  spontané  ou  provoqué.  Au 
dernier  point  de  vue,  il  faudra  recourir  aux  méthodes  rapides.  Le 
ballon  de  Champetier  trouvera  ici  son  emploi.  Dés  que  le  col  sera 
suffisamment  ouvert,  il  faudra  terminer  l'accouchement. 

M.  PiNABD.  —  Sans  désavouer  M.  Flatté,  je  dois  dire  que  je 
n'accepte  pas  toutes  les  conclusions  contenues  dans  sa  thèse. 
Néanmoins,  deux  faits  qui  se  sont  mal  terminés  m'influencent  et 


372  SOCIÉTÉS  SAVANTES 

je  n'interviendrais  pas  volontiers  pour  hâter  raccouchement  chez 
des  pneumoniques. 

Un  autre  point  important  de  la  question  est  celui  de  la  survie 
des  enfants  nés  de  femmes  pneumoniques  et  Tinfection  possible  de 
ces  enfants  soit  in  utero  par  le  passage  des  pneumocoques  à  tra- 
vers le  placenta,  soit  plutôt  pendant  que  les  enfants  tettent  leur 
nlère  et  puisent  le  pneumocoque  avec  le  lait. 

M.  Gàulard.  —  L*un  des  deux  enfants  dont  je  me  souviens  est 
resté  un  très  bel  enfant  qui  a  survécu,  mai»  j'avais  beaucoup  insisté 
pour  que  sa  mère  ne  le  nourrit  pas.  J'appréhende,  en  effet,  le  pas- 
sage des  pneumocoques  dans  la  mamelle  et  dans  le  lait  des  pneu- 
moniques. 

M.  LoviOT  (de  Paris).  —  Pour  expliquer  la  rémission  qui  suit 
raccouchement,  M.  Gaulard  a-til  tenu  compte  de  la  saignée  phy- 
siologique qui  se  produit  pendant  la  délivrance  ?  Si  oui,  ne  pense- 
t-il  pas  qu'on  pourrait  obtenir  un  effet  suffisant  chez  une  femme 
enceinte  et  pneumonique  par  une  simple  saignée  ?  J'ai  lu  dans  une 
thèse  de  Montpellier,  de  Barthélémy,  je  crois,  qu'une  femme  dans 
ces  conditions  par  qui  la  proposition-  d'accouchement  provoqué 
avait  été  refusée,  se  trouva  promptement  améliorée  dès  qu'on  eut 
pratiqué  l'ouverture  de  la  veine. 

M.  Gaulard.  —  La  saignée  peut  jouer  son  rôle  ;  mais,  comme  je 
crois  meilleur  de  vider  Futérus  et  qu'au  moment  de  l'accouchement 
d'ailleurs,  nous  aurons  par  surcroit  la  saignée,  je  ne  pense  pas 
qu'il  soit  utile  de  faire  d'abord  une  saignée  du  bras. 

M.  Guillemet  (de  Nantes).  —  J'ai  noté  chez  une  pneumonique 
enceinte  de  six  mois,  avec  prolapsus  utérin  énorme  (presque  tout 
l'utérus  se  trouvant  entre  les  cuisses),  une  amélioration  presque 
immédiate  à  la  suite  d'un  accouchement  provoqué  artiliciellement. 

M.  Tarnier.  —  11  y  a  deux  conditions  différentes  à  séparer. 

A  la  fin  de  la  grossesse,  l'enfant  est  viable  ;  on  peut  sans  grand 
dommage  avancer  le  terme  en  provoquant  l'accouchement.  On 
détermine  en  môme  temps  avec  une  saignée,  une  notable  déplé- 
tion  du  ventre.  Mais  dans  les  débuts,  que  peut-on  obtenir?  Ce 
n'est  pas  parce  que  Futérus  aura  été  vidé  que  les  poumons  auront 
plus  de  place  pour  se  dilater  ;  si,  dans  ce  cas,  c'est  la  saignée  qu'on 
cherche,  autant  ouvrir  la  veine  du  bras. 

M.  Gaulard".  —  Il  va  de  soi  que  j'y  regarderais  à  deux  fois  avant 
de  pratiquer  l'avortemont.   Cependant,  je  me   rappelle    que  la 


ACADÉMIE  DE  MÉDECINE  373 

pneumonie  est  assez  souvent  une  cause  d'avortement  et  qu'assez 
souvent  aussi,  sans  causer  Tavortement,  elle  fait  mourir  Tenfant 
in  utero. 

D'ailleurs,  c'est  moins  par  la  diminution  du  volume  absolu  du 
ventre  que  raccouchement  est  avantageux  que  par  la  suppression 
des  modiâcations  réflexes,  circulatoires  et  respiratoires  gravi- 
diques. 


ACADÉMIE  DE  MÉDECINE 

Séance  du  19  avril  1892. 

Extirpation  d'un  utérufi  et  d'une  trompe  hernies  chez  on  homme. 

• 

M.  J.  Bœckel  (de  Strasbourg).  —  Un  jeune  homme  de  20  ans 
vint  me  consulter  pour  une  hernie  congénitale^  le  faisant  beaucoup 
souffrir  malgré  un  bandage.  Au  cours  de  l'opération  de  la  cure  radi- 
cale, je  trouve  le  sac  herniaire  vide,  la  paroi  postérieure  renferme 
un  corps  triangulaire  recouvert  par  le  péritoine  qu'on  prend  tout 
d'abord  pour  un  diverticule  intestinal.  Mais  le  canal  inguinal  est 
vide  :  Torgane  en  question  n'a  aucun  rapport  avec  le  tube  diges- 
tif. En  comprimant  l'abdomen  au-dessous  de  l'anneau,  on  fait  sail- 
lir à  travers  l'orifice  inguinal  externe  un  corps  ovoïde,  blanc  nacré, 
rappelant  le  testicule  ;  parallèlement  et  au-dessus  de  lui  se  trouve 
anaexé  un  corps  frangé,  kystique,  qui  ne  peut  être  autre  chose 
qu'une  trompe. 

Je  dissèque  et  isole  tous  ces  organes  et,  après  avoir  formé  un 
pédicule,  les  extirpe  d'une  seule  pièce.  Puis,  ligature  du  sac  her- 
niaire au-dessus  de  l'anneau  et  réunion  de  la  peau  par  des  sutu- 
res. Guérison  au  bout  d'une  dizaine  de  jours. 
.  Â  l'examen  anatomique  de  la  pièce,  la  portion  réséquée  se  com- 
pose de  trois  parties  :  lo  un  utérus  bicorne,  avec  cavité  tapissée 
d'une  muqueuse  recouverte  de  cils  vibratiles  ;  2o  une  trompe  et  un 
testicule  avec  un  épididyme  et  un  canal  déférent;  3«  un  ligament 
large  reliant  et  renfermant^ces  deux  organes. 

Il  n'y  a  pas  d'autre  exemple  d'organes  génitaux  femelles  inclus 
dans  les  bourses  d'un  homme,  d'ailleurs  bien  conformé,  ayant 
toutes  les  attributions  de  son  sexe. 


374  SOGIÉTÉa  SAVANTES 

ROGIÊTE   DE    CHIRURGIE 

Séances  d'avril  18d2. 

OroMêtaa  extra-utérin  • 

M.  Marchand  rapporte  une  observation  de  groMssse  extra- 
utérine  traitée  par  la  laparotomie  en  juin  1891.  Il  s'agit  d'une 
femme  de  30  ans  qui,  8  ans  auparavant,  avait  eu  un  enfant  vivant  ; 
à  un  moment  donné,  ses  règles,  jusque-là  régulières,  se  supprimè- 
rent ;  six  semaines  environ  après  cet  arrêt,  elle  fut  prise  d'acci- 
dents caractérisés  par  une  sensation  syncopale  et  des  pliénomènes 
de  péritonite  localisée.  Cet  état  dura  quelque  temps,  puis  tout  se 
calma.  Nouvelle  poussée  qui  nécessita  l'admission  de  la  malade  à 
la  Maison  de  santé  où  Ton  fit  le  diagnostic  d'hématocèle  rétro- 
utérine  ou  de  grossesse  extra-utérine.  Lamfilade  présenta,  à  partir 
de  ce  moment,  des  phases  successives  de  santé  normale  et  d'acci- 
dents péritonitiques.  Quand  M.  Marchand  vit  cette  femme,  elle 
était  à  son  cinquième  accès  :  il  y  avait  de  la  fièvre  ;  le  ventre  était 
très  régulièrement  tuméfié  dans  la  région  sous-ombilicale  qui  fai- 
sait une  notable  saillie.  Il  n'y  avait  pas  de  rétention  d'urine.  Dans 
le  cul-de-sac  de  Douglas  existait  une  tumeur  qui  le  remplissait 
complètement  ;  le  col  de  Tutérus  difficilement  accessible  était  fixé 
au-dessus  de  la  symphyse»  il  y  avait  des  douleurs  vives.  M.  Mar- 
chand fit  le  diagnostic  d'hématocèle  suppures.  La  laparotomie  fut 
pratiquée  le  11  Juin  1891  ;  immédiatement  en  arrière  de  la  paroi 
abdominale,  M.  Marchand  tomba  sur  une  cavité  anté-utérlne  qu'il 
nettoya  complètement.  L'utérus  avait  le  volume  d*ua  utérus  de 
femme  grosse  de  3  mois  1/2,  ce  qui  fit  songer  de  suite  à  une  gros- 
sesse extra-utérine  ;  après  avoir  décollé  cet  organe,  M.  Marchand 
tomba  dans  un  kyste  fœtal,  put  en  extraire  tous  les  caillots,  mais 
ne  trouva  tout  d'abord  aucun  fœtus  ;  mais,  après  avoir  décollé  un 
placenta  membraneux,  arrêté  l'hémorrhagie  qui  se  produisit  alors, 
il  vit  poindre  deux  petits  pieds  à  la  partie  supérieure  du  kyste  ;  il 
fit  à  ce  moment  une  véritable  extraction  obstétricale  par  les  pieds 
d*un  fœtus  vivant,  ftgé  de  5  mois,  qui  a  vécu  une  heure  et  demie  ; 
il  s'agissait  donc,  dans  ce  cas,  d'une  grossesse  tubaire  rompue  et 
dont  Tœuf  avait  passé  dans  la  grande  cavité* abdominale.  IL  Mar- 
chand sutura  une  partie  de  Ift  plaie  abdominale  et  tamponna  la 
cavité  avec  de  la  gaze  iodoformée.  Les  urines  furent  normales  pen* 


SOCIÉTÉ  DE  CHIRURGIE  37^ 

dant  quatre  jours;  au  deuxième  pansement  les  urines  devinrent 
moitié  moins  abondantes  que  les  jours  précédents  et  on  constata 
que  l'ouate  et  les  tampons  de  gaze  étaient  imprégnés  d'urine  :  il 
s'était  donc  formé  une  fistule  vésico-abdominale.  M.  Marchand  ne 
pense  pas  que,  dans  le  cas  particulier,  on  ait  eu  affaire  à  une  dé- 
chirure opératoire  de  la  vessie,  puisque  la  fistule  ne  se  produisit 
qu'au  quatrième  jour.  Il  plaça  une  sonde  à  demeure  et,  deux  mois 
après,  la  fistule  était  fermée.  Quand  il  enleva  pour  la  première  fois 
cette  sonde,  la  malade  eut  un  frisson  intense  et  de  grandes  douleurs 
dans  le  ventre;  il  la  fit  sonder  trois  fois  par  jour  et  tout  cela  dis- 
parut. L'opérée,  qui  peu  de  temps  après  sa  guérison  avait  encore 
des  mictions  très  fréquentes,  urine  normalement  aujourd'hui.  Ac- 
tuellement elle  est  complètement  guérie. 

Péritonite  tabercaleiise. 

M.  RiCHËLOT  communique  un  cas  de  péritonite  tuberculeuse 
traitée  par  la  laparotomie  dans  lequel,  au  cours  d'une  seconde 
opération^  il  a  pu  vérifier  la  réalité  de  la  guérison.  Dans  ce 
fait  toute  la  surface  péritonéale  était  envahie  lors  de  la  première 
intervention  par  do  nombreuses  granulations  et  l'abdomen  était 
rempli  de  liquide  puriforme.  Il  se  produisit  ultérieurement  chez 
cette  malade,  qui  n'avait  que  22  ans,  une  éventration  assez  consi- 
dérable  que  M.  Bichelot  dut  traiter  par  la  cure  radicale.  Au  cours 
de  cette  seconde  laparotomie,  il  constata  qu'il  n'existait  pas  la 
moindre  trace  de  granulations  inflammatoires  :  la  péritonite  tuber- 
culeuse était  parfaitement  guérie  sans  qu'on  puisse  trop  savoir  par 
quel  mécanisme.  M.  Richelot  a  cité  ce  fait  parce  qu'il  n'avait  pas 
connaissance  d'observation  analogue. 

M.  Routier,  qui  a  eu  l'occasion  de  faire  une  revue  sur  la  péri- 
tonite tuberculeuse,  a  relevé  un  cas  analogue  à  celui  que  vient  de 
citer  M.  Richelot,  et  qui  est  dû  à  un  chirurgien  étranger.  Il  s'agis- 
sait d'un  enfant  atteint  d'une  péritonite  tuberculeuse  ;  dans  lo 
liquide  contenu  dans  l'abdomen  on  avait  trouvé  des  bacilles  tuber- 
culeux. Un  an  après  cet  enfant  présenta  de  l'ascite  ;  on  refit  la 
laparotomie  et  on  ne  trouva  qu*un  liquide  sans  bacille  ;  cet  enfant 
est  resté  guéri.  M.  Routier  cite  en  outre  le  cas  d'une  jeune  fille  à 
laquelle  il  fit  une  laparotomie  pour,  péritonite  tuberculeuse.  Le 
ventre  ouvert,  la  séreuse  Lui  parut  couverte  dans  toute  son  étendue 
de  granulations  comme  un  ulcère  mal  soigné.  Cette  personue 


376  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

guérit  et  gagna  25  livres  en  poids  dans  l'espace  de  quelques 
semaines.  Elle  a  été  revue  il  y  a  quelque  temps  :  elle  va  très 
bien  ;  son  ventre  est  très  souple  et  certainement  ce  n*est  pas  par  la 
formation  d'adhérences  que  la  guérison  s'est  produite. 

Bec-de-lièfre. 

M.  MoNOD  lit  un  travail  de  M.  Phocas  sur  la  position  de  Rose 
dans  Vopération  du  bec-de-lièvre  complcjre.  Quand  on  opère  le 
bec-de-liôvre  par  le  procédé  classique,  c'est-à-dire  Tenfaut  étant 
assis  sur  les  genoux  de  sa  mère/  on  ne  peut  pas  endormir  le  petit 
malade.  M.  Phocas,  dans  un  cas  assez  complexe,  a  opéré  Tenfant 
couché  et  la  tète  renversée;  de  cette  façon,  il  a  pu  faire  de  larges 
débridements  au  bistouri,  exercer  facilement  et  avec  force  une 
compression  sur  les  parties  saignantes.  Le  sang  tombe  dans  le 
pharynx  et  non  dans  la  trachée,  la  bouche  est  plus  facile  à  ouvrir, 
la  suture  plus  commodément  faite  et  les  aides  moins  gênants. 

M.  Pozzi  communique  le  relevé  statistique  des  opérations  pra- 
tiquées à  Vhùpital  Lourcine- Pascal  pendant  les  deux  années  de 
1890-1891,  Tannée  commençant  l«r  février. 

M.  Michaux  présente  2  blessés  atteints  de  fracture  sans  plaie  de 
Volécrdne  chez  lesquels  il  a  fait  la  suture  osseuse.  Ces  malades, 
opérés  depuis  peu  de  temps,  sont  parfaitement  guéris;  les  fonctions 
de  l'articulation  du  coude  sont  aujourd'hui  normales. 

HjBtérectomie  pour  sappnration  pelvienne. 

M.  QuÉNU  présente  l'utérus  d'une  femme  qu'il  a  opérée  pour 
suppuration  pelvienne  dans  un  état  général  tel  que  personne  n'eût 
osé  lui  faire  la  laparotomie.  L'opération  a  été  faite  par  section 
médiane  de  Tutérus,  ce  qui  est  dans  ces  cas  le  procédé  de  choix. 
De  la  sorte,  en  elTet,  Tutérus  s'abaisse  très  facilement,  l'opération 
se  fait  en  dix  nnnutes  et  sans  perte  de  sang,  on  a  sous  les  yeux  des 
ligaments  larges,  qu'on  peut  lier  à  la  soie. 

M.  Skgosd.  —  Il  y  a  à  cet  égard  trois  catégories  d'utérus  : 

V  Ceux  qui  sont  aisément  abaissables  :  leur  ablation  est  trè» 
facile  par  tous  les  moyens  ; 

2o  Ceux  qui  ont  Tair  enclavés  et  qui  cependant  descendent  :  ici 
la  section  médiane  fait  merveille,  mais,  par  habitude  sans  doute, 
je  préfère  Tévidement  central  ; 


PATHOLOGIE  DE  LA  TROMPE  ET  HÉMATOCÈLE    377 

3o  Ceax  qui  ne  descendent  pas  du  tout  ;  ceux-là  sont  d'ailleurs 
très  rares  ;  ce  sont  les  gros  utérus  à  corps  rende,  situés  au  fond 
du  vagin  des  femmes  grasses.  Pour  ceux-là,  j'affirme  que  le  seul 
moyen  de  les  avoir  consiste  à  les  évider  au  centre  et  à  les  faire 
descendre  peu  à  peu  en  les  morcelant  au  fur  et  à  mesure. 

D'ailleurs,  quel  que  soit  le  procédé,  cela  saigne  très  peu,  sauf 
rindsion  vaginale,  ce  dont  on  ne  doit  pas  s'occuper. 

M.  RouTiKR  rappelle  sa  communication  au  Congrès  de  chirurgie 
(voy.  plus  haut,  p.  825).  Il  préfère  les  pinces  à  demeure  sur  les  liga- 
ments larges  parce  que  dans  le  foyer  septique  les  ligatures  sont 
forcément  éliminées. 

M.  QuÉKu  admet  que  Ton  doit  morceler  les  utérus  volumineux, 
mais  en  restant  sur  la  ligne  médiane,  car  c'est  la  zone  non  sai- 
gnante. 


REVUE  ANALYTIQUE 


PATHOLOGIE  DE  LA  TROMPE  ET  HÉMATOCELE. 

Contribution  à  Tétude  de  l'anatomie  normale  et  pathologique  de 
la  trompe.  (Beitrage  zu  der  normalen  und  pathologischen  Ânatomie 
der  Tuben),  W.  Williams.  Am,  Journ.  f,  the  med,  se. y  octobre 
1891,  p.  377,  et  Cent,  /.  gyn.,  n«  14,  p.  212. 

L'auteur,  à  l'exemple  d'Henle,  divise  la  trompe  en  trois  parties  : 
a)  l'isthme,  b)  l'ampoule,  c)  l'infundibulum,  et  donne  comme  dia- 
mètre du  canal  tubaire  au  niveau  de  Tisthme  2-3millim.,  au  niveau 
de  l'ampoule  6-10.  Dans  toutes  les  portions  de  l'oviducte,  c'est  la 
couche  musculaire  qui  est  la  plus  épaisse.  Elle  comprend  presque 
toujours  deux  couches  nettement  séparées  Tune  de  l'autre,  couche 
à  fibres  longitudinales,  couche  à  libres  circulaires,  celle-ci  en 
dedans  de  celle-là.  Au  niveau  seulement  de  l'infundibulum  les 
deux  couches  fusionnent,  en  quelques  cas,  la  fusion  se  fait  sur 
toute  l'étendue  de  l'organe.  Indépendamment  de  ces  deux  couches, 
existent  entre  la  circulaire  et  la  muqueuse  une  8e  couclie  de  libres 
longitudinales,  dont  la  plus  grande  épaisseur  correspond  au  voi- 
sinage immédiat  de  la  corne  utérine,  et  qui  de  là  va  en  s'amin* 
cissant  de  plus  en  plus  et  finit  par  disparaître. 


378  REVUE  ANALYTIQUE 

La  muqueuse  eat  la  partie  essentielle  de  la  trompe.  Il  n'est  pos- 
sible  de  la  bien  étudier  que  sur  des  coupes  en  séries.  Les  coupes 
pratiquées  dans  la  région  de  la  corne  utérine,  mettent  en  évi- 
dence une  lumière  étoilée,  constituée  par  quelques  replis  de  la 
muqueuse,  la  plupart  du  temps  4.  Dans  les  premiers  temps  de  la 
vie  fœtale,  toute  la  trompe  présente  cette  disposition  anatomique. 
Plus  tard,  à  une  certaine  distance  de  l'utérus,  se  forment  des 
replis  secondaires,  et  peu  à  peu.  au  niveau  de  l'ampoule,  ces  replis 
se  ramifient»  jusqu'à  ce  que  ia  lumière  de  l'oviducte  soit  remplie 
de  plis,  offrant  à  la  coupe  un  aspect  arborescent.  Cette  ramification 
est  le  plus  prononcée  au  niveau  de  la  portion  la  plus  épaisse  de 
Tampoule;  de  là»  elle  va  en  diminuant  pour  se  réduire*  avec  l'ex- 
trémité des  franges,  aux  replis  primitifs.  Sur  une  coupe  transver- 
sale, la  moqueuse  parait  être  pourvue  de  plis  et  de  glandes  inter- 
médiaires, analogues  aux  follicules  clos  de  Lieberkûhn.  Ces  plis  se 
composent  de  tissu  connectif  semés  de  quelques  fibres  muscu- 
laires; les  plus  volumineux  renferment  des  vaisseaux  lymphatiques 
de  dimensions  notables  et  souvent  de  larges  espaces  lymphatiques. 
L'épithélium  est  cylindrique,  à  une  seule  couche,  à  cils  vibratiles, 
et  repose  sur  une  membrane  propre  incomplètement  développée. 
Les  cils  sont  aussi  longs  ou  plus  longs  que  les  cellules  elles-mêmes 
et  se  meuvent  encore  plusieurs  heures  après  la  mort. 

Chez  les  multipares,  jamais  chez  les  nullipares,  l'auteur  a  sou- 
vent vu  des  artères  de  loviduete  atteintes  d*endartérite, processus 
analogue  ù.  celui  que  Ton  trouve  sur  les  vaisseaux  de  Tutérus  con- 
sécutivement à  la  prolifération  conjonctive  connexe  du  dévelc^pe- 
ment  vasculaire  énorme  durant  la  grossesse.  Parmi  les  déforma- 
tions pathologiques  de  la  trompe,  l'auteur  signale  des  diverticules 
qui  s'enfoncent  dans  la  paroi,  jusqu'au  revêtement  séreux. Ce  sont 
des  déformations  bien  disposées  pour  retenir  l'œuf  et  favoriser 
la  production  de  grossesses  extra- utérines  (1).  Il  ne  faut  pas  les 
confondre  avec  les  orifices  tubaires  accessoires  dont  ils  se  distin- 
guent par  l'absence  d'orifice  extérieur.  D'autre  part,  s'ils  facilitent 
la  grossesse  extra-utérine,  on  conçoit  qu'ils  favorisent  également 


(1)  L.  LAxnAU  a  également  signalé  la  présence  dans  un  cas  observé  par  lui 
d'an  de  ces  diverticules  tubaires,  et  mis  en  relief  la  condition  favorable  ainsi 
créée  à  la  production  d'une  grossesse  eitra-utérine.  Arch.f^fyn.^  BdZXXIX, 
Hft2. 


PATHOLOGIE  DE  LA  TROMPE  ET  HÉMATOGÉLE        379 

la  rupture  de  Toviducte  par  son  amincissement  extrême  à  leur 
niveau.  L'auteur  a  également  observé  la  disposition  en  tire-bou- 
chon delà  trompe,  constatée  par  Freund  chez  le  fœtus  de  5-8  mois, 
disposition  qui  commence  au  niveau  de  l'extrémité  utérine»  se 
poursuit  en  donnant  lieu  à  6-7  tours  1/2.  Ce  n'est  qu'à  la  puberté 
que  cette  disposition  auatomique  s'efface.  Lorsqu'elle  persiste,  elle 
crée  une  condition  pathologique  et  peut  être  l'orîgino  de  divers 
étals  morbides,  oblitération,  hydrosalpinx,  etc.,  etc.      R.  L. 

Des  kystes  tnbairea,  étnde  clinique.  (Ueber  Tubensftcke,  eine  kli- 
nische  Studie),  L.  Landau.  Arch.  f.  Gyn,,  Bd  XL,  Hft  1,  p.  1,  et 
Cent.  f.  Gyn.,  1892,  no  1,  p.  11. 

1)  Il  est  impossible  de  déduire  de  la  considération  de  la  nature 
du  contenu  tubaire,  la  condition  étiologique  primitive  de  la  col- 
lection. Elle  peut  être  l'effet  de  causes  extrêmement  diverses. 

2)  L'appréciation  de  la  nature  du  contenu  est  elle-même  sujette 
à  maintes  causes  d'erreur.  Ainsi,  un  contenu  riche  en  cellules  du 
pus  peut  paraître  séreux,  et,  en  réalité,  il  est  difficile  d'établir  nne 
ligne  de  démarcation  nette  entre  les  collections  séreuses,  san- 
guines et  purulentes. 

S)  La  dénomination  spéciale  d'après  l'aspect  du  contenu  semble 
impliquer  qu'il  a  toujours  une  étiologie  différente. 

4)  U  est  des  sacs  tubaires  qui  paraissent  grumeleux,  caséeux, 
pourvus  de  concrétions  calcaires.  Or,  si  l'on  veut  avoir  des  idées 
nettes  sur  ses  états  macroscopiques  divers,  il  ne  faut  pas  se  borner 
  étudier  le  contenu  tubaire.  U  faut  rechercher  les  facteurs  étiolo- 
giques  qui  président  à  la  production  de  ces  collections  de  nature 
variée,  le  mécanisme  de  l'enkystement,  les  altérations  des  parois 
tubaires  ainsi  que  les  conséquences  anatomo-pathologiques  qui  en 
dérivent. 

a)  PathogéniBy  étiologie,  anatomie  pathologique.  —  Landau 
considère  les  kystes  par  rétention  comme  les  plus  fréquents,  et, 
il  estime  que  la  grossesse  tubaire  est  la  cause  la  plus  importante 
des  hydro  et  pyosalpinx.  Il  s'occupe  ensuite  des  causes  de  l'altéra- 
tion des  parois  tubaires,  catarrhe  et  phlegmasie  de  la  trompe.  Il 
étudie  ensuite  de  très  près  les  sources  et  les  voies  de  l'infection  et 
af&rme,  avec  raison,  que  ces  infections  ont  souvent  leur  point  de 
départ  dans  les  interventions  utérines  et  intra-utérines,  cautéri- 
sation, curettage,  scarifications,,  amputation  du  col... 


380  REVUE  ANALYTIQUE 

La  formation  du  sac  tubaire  n'exige  pas  toujours  l'existence 
d^une  oblitération  anatomique  de  Toviducte;  il  sufât  en  certains 
cas  d'une  oblitération  purement  mécanique.  On  observe  fréquem- 
ment des  collections  tùbaires  intermittentes,  mais  une  hydrosal* 
pingite  intermittente  peut  devenir  permanente,  et  quand  il  y  a 
oblitération  anatomique  de  la  trompe,  cette  condition  peut  être 
soit  congénitale,  soit  acquise.  Dans  ce  cas,  11  s'agit  plus  fréquem- 
ment de  sacs  tùbaires  petits  et  multiloculaires  que  de  pyo  etl^ydro- 
salpinx.  Le  contenu  tubaire  reste  rarement  identique  à  lui-môme 
sous  le  double  point  de  vue  de  la  qualité^et  de  la  quantité. 

b)  Symptômes  et  marche.  —  Les  symptômes  et  la  marche 
présentent  des  différences  considérables.  L'hydrosalpingite,  non 
compliquée,  est  une  affection  légère,  susceptible  de  guérir  sponta- 
nément. Dans  le  pyosalpinx  aigu  surviennent  des  douleurs  : 
1)  coliques  tùbaires  (faibles  dans  les  processus  puerpéraux  en 
raison  de  la  grande  extensibilité  de  Toviducte;  2)  douleurs  de 
pelvipéritonite  associées  à  un  état  nauseux;3)  douleurs  sem- 
blables à  des  crampes  siégeant  dans  l'hypochondre,  sans  cause 
anatomique.  La  pyosalpingite  chronique  donne  lieu  à  des  moda- 
lités cliniques  multiples  qui  cependant,  suivant  Landau,  se  diffé- 
rencient nettement  les  unes  des  autres  et  sont  bien  reconnaissables. 

c)  Diagnostic,  —Le  signe  capital,  selon  Landau,  est  fourni  par 
le  développement  et  le  siège  du  sac,  surtout  dans  l'hydrosalpinx. 
Dans  ce  cas,  le  sac  tubaire  est  situé  en  arriére  de  l'utérus,  lequel 
est  élevé  et  en  antétlexion  marquée.  Cherche-t-on  à  repousser 
l'utérus  en  arrière,  on  a  la  sensation  comme  sMl  reposait  sur  un 
coussin  rempli  d*air  ou  d'eau.  Le  2e  signe  pathognomique  est  tiré 
de  la  possibilité  de  faire  sourdre  le  contenu  tubaire  à  travers 
l'utérus. 

Le  diagnostic  du  pyosalpinx,  indépendamment  de  la  situation 
de  la  collection  tubaire  en  arrière  et  contre  l'utérus  et  de  la  possi- 
bilité en  certains  de  ces  cas  de  percevoir  l'origine  de  la  trompe, 
repose  essentiellement  sur  la  considération  de  la  forme  de  la  tu^ 
fueur,  bilatérale,  et  si  étrangement  contournée. 

c)  Diagnostic  différentiel.  —  A  signaler  ce  point:  dans  les  cas 
d'une  tumeur  douteuse,  la  consistance  kystique  plaide  plus  pour 
une  grossesse  tubaire,  la  consistance  solide  pour  un  sac  tubaire. 
Comme  moyen  d'assurer  le  diagnostic,  Landau  préconise  la  ponc- 
tion exploratrice. 


PATHOLOGIE  DE  LÀ  TROMPE  ET  HÉMATOGÉLE    381 

d)  Pronostic.  —  Très  variable,  il  est  subordonné  aux  maladies 
fondamentales,  à  la  nature  du  contenu,  à  l'importance  des  adhé« 
renées,  etc. 

e)  Traitement.  —  Landau  pense  qu'il  faut  au  minimum  recou- 
rir à  une  opération  radicale,  parce,  qu'elle  ne  donne  pas  toujours 
la  guérison,  que  souvent  elle  est  le  point  de  départ  de  nouvelles 
souffrances,  et  qu'en  réalité,  on  réussit  souvent  par  des  méthodes 
conservatrices  à  guérir  les  malades.  Dans  ThydrosalpinK,  lasalpin- 
geûtomie  est  contre-indiquée.  On  réussit  souvent  alors  par  les 
moyens  orthopédiques  (correction  d  une  déviation  utérine,  massage 
associé  à  Thydrotérapie  et  à  remploi  des  narcotiques).  Au  cas 
d'échec,  ponction  par  le  vagin  à  l'aide  d'un  long,  trocart  conduit 
sous  le  contrôle  du  doigt. 

Dans  le  cas  de  pyosalpinx,  Landau  fait  une  large  incision  par  le 
vagin,  toujours  sous  le  contrôle  du  doigt,  plus  rarement  par  la 
paroi  abdominale.  Ënûn,  l'auteur  ne  procède  à  l'extirpation  des 
trompes  que  dans  les  cas  de  pyosalpinx  multiloculaires  et  dans 
ceux  d'inflammation  simultanée  des  organes  voisins  avec  ou  sans 
participation  des  ovaires.  Quant  a  ces  organes,  il  ne  les  enlève  que 
s^ils  sont  eux-mêmes  malades.  R.  L. 

Inflammations  et  kystes  par  rétention  des  trompes  de  Fallope.  (Entzûn- 

dungundRetentioncystenderFallopischenTuben),  Slawjansky. 

Cent,  f.Gyn.,  1892,  n*  11,  p.  215^  et  Vorles.  in  der  Acad.  in 

Petersb.  gehalten. 

Les  inflammations  des  trompes  sont  le  plus  souvent  le  résultat 
delapropagationd'unephlegmasiede  l'utérus.  Il  faut  en  rechercher 
les  causes  dans  Tinfeclion  (infection  puerpérale,  interventions 
intra-utérines)^  la  gonorrhée  et  plus  rarement  la  tuberculose. 
Après  s'être  occupé  du  diagnostic  et  du  traitement  des  phlegma- 
sies  tubaires,  l'auteur  passe  à  l'étude  des  kystes  de  la  trompe,  par- 
tie la  plus  importante  de  son  travail.  A  son  avis,  il  ne  peut  se 
produire  d'accumulations  considérables  de  liquide  dans  les  trom- 
pes que  si  la  trompe  est  oblitérée,  toutefois,  la  perméabilité  de 
Vostium  uterinum  n'est  pas  incompatible  avec  ces  accumulations 
abondantes.  Ces  kystes  tubaires  appartiennent  surtout  à  la  vie 
génitale  de  la  femme  (de  20-40  ans)  ;  durant  cette  période,  ils  cons- 
tituent une  des  affections  les  plus  communes.  Néanmoins,  on  les 
observe  encore^  plus  tôt  et  plus  tard,  mais  moins  fréquemment. 


382  REVUS  ANALYTIQUE 

Lorsque^  comme  il  advient  très  souvent  dans  les  cas  de  kystettrès 
volumineux,  l'orifice  utérin  est  aussi  oblitéré,  le  kyste  se  rompt  au 
cours  de  son  développement  et  les  conséquences  de  Tirrâption  du 
contenu  tubaire  dans  la  cavité  abdominale,  varient  suivant  Is  qualité 
de  ce  contenu  (hématocèle  rétro- utérine,  périmétrite  iatéf  aie»  kyste 
tubo-ovarique,  etc. 

Le  traitement  de  ces  affections  tubaires  s'est  de  beauooop  amé^ 
lioré  depuis  qu'on  fait  la  salpingectomie.  Comme  on  ne  sait  jamais 
si  l'oblitération  de  l'orifice  tubaire  est  de  nature  organique  ou  sim- 
plement accidentelle,  il  faut  toujours  commencer  le  traitement  en 
s'efforçant  de  rétablir  la  perméabilité  de  cet  orifice  (redressement 
de  rùtérusi  massage  de  la  trompe,  hydrastis  canadensis;  ergot« 
dilatation  de  l'utérus  (Doléris),  etc.);  mais  quand  ce  traitement 
échoue,  ou  quand,  dés  le  début,  une  intervention  plus  radicale 
s'impose,  il  faut  se  décider  à  l'extirpation  chirurgicale  de  l'ovi* 
ducte  ;  parce  que  la  ponction,  sauf  dans  des  cas  très  exceptionnels, 
est  à  rejeter.  Dans  cette  intervention,  le  chirurgien  doit  sa  souder 
non  seulement  de  libérer  les  adhérences,  mais  encore  d'éviter  soi- 
gneusement l'irruption  du  contenu  tubaire  dans  le  Ventre..  Car^  si 
Taccident  n'a  pas  en  général  la  gravité  qu'on  lui  accorde,  il  peut  en 
certain  cas  déterminer  une  péritonite  généralisée,  mortelle.  En 
principe,  il  est  préférable,  quand  on  se  résout  à  la  laparotomie, 
de  faire  une  grande  incision  abdominale,  et  de  no  pas  toucher  aux 
ovaires,  au  cas  même  où  Ton  enlève  les  deux  trûmpee.  Lorsqu'il 
est  impossible  de  faire  l'extirpation  totale  da  la  tumeur  tubaire, 
mieux  vaut  l'évacuer  et  mettre  un  drain,  que  taire  l'extirpation 
partielle.  Slawjansky  déconseille  le  procédé  en  detlx  temps  d'Hégar 
et  Kaltenbach  ainsi  que  l'évacuation  de  la  trompe  par  le  vagin,  et 
il  n'accorde  aucun  crédit  au  genre  d'intervontion  suggérée  par 
SchrOder  et  qui  consistait  ft  tenter  de  restaurer  la  perméabilité  de 
l'oviducte.  R.  L. 

Recherches  expérimentalea  sur  la  formatioii  dw  hjdro  et  pyoaai* 
pinz.  (Experimentelle  Untersuchungen  ûber  die  Pyo  und  Hydre • 
salpinxbildung  bel  den  Thieren),  Woskressensky.  Cent.  f.  Gyn.^ 
1894,  n«  42,  p.  849. 

A  l'instigation  de  Slawjansky,  l'auteur  a  institué  uncertain  nom* 
bre  de  recherches  expérimentales  sur  des  animaux  (lapins,  co- 
bayes...) pour  tAcher  d'élucider  la  question  de  la  formation  des 


PATH0L06IB  DE  LA  TROMPE    ET  HÉMÂTOGÈLE        383 

hydro  et  pyosalpinz.  On  «ait  que  Kehrer  et  Landau,  se  basant  sur 
des  faits  cliniques,  ont  nié  Tinfituence  étiologique  prépondérante 
de  l'oblitération  des  orifices  tubaires,  et  que  Kehrer  a  incriminé 
une  <  salpingite  exsudative  ». 

L'auteur  a  fait  en  tout  15  expériences,  dont  11  sur  des  lapins, 
2  sur  des  cobayes,  2  sur  des  cochons  de  lait.  Les  lapins  et  las 
cobayes  étaient  déjà  adultes,  c'està-diro,  tous  ftgés  au  moins  d'un 
an  ;  les  cochons  de  lait  âgés  seulement  de  3  semaines.  Technique 
expérimentale  :  Fixation  de  l'animal  sur  la  table  de  Czermark  ; 
ouverture  de  la  paroi  abdominale  avec  observation  rigoureuse  des 
précautiona  antiseptiques;  ligature  des  trompes.  Les  oviductes 
furent  liés  :  1»  à  leur  extrémité  utérine  ;  29  à  leur  extrémité  abdo- 
minale; 3<»  simultanément  à  leurs  extrémités  utérine  et  tubaire; 
4«  au  niveau  de  leur  union  avec  les  cornes  utérines.  D'autre  part, 
on  étudia  les  effets  d'une  inflammation  provoquée  avec  le  staphy- 
lococcus  pyogenes  citreus  et  avec  de  l'huile  de  croton.  Les  staphy- 
locoques provenaient  d'une  culture  sur  agar-agar,  dont  on  fit  une 
dilution  aqueuse  pour  les  besoins  de  Texpérience.  Quant  à  l'huile 
de  croton,  on  se  servit  d'un  mélange  à  1/S  d'huile  et  de  glycérine. 
Ces  liquides  furent  injectés  à  travers  une  incision  pratiquée  dans 
la  corne  utérine,  dans  la  première  portion  de  Toviducte.  Il  y  eut 
en  somme  deux  séries  d'expériences  :  a)  ligatures  des  trompes  sans 
avoir  au  préalable  provoqué  unef  inflammation  ;  b)  provocation  d'une 
inflammation  au  moyen  de  l'huile  de  croton  et  des  staphylocoques. 

Conclusions  :  1«  Il  existe  dans  la  trompe  d'un  lapin  adulte  un 
contenu,  qui  évidemment  est  sécrété  par  la  muqueuse  de  la  trompe 
elle-même,  et  qui,  après  double  ligature,  peut  en  4-6  semaines 
donner  lieu  à  un  hydrosalpinx  abondant. 

29  Dans  les  cas  observés,  la  sécrétion  tubaire  paraissait  se  diriger 
de  préférence  vers  l'abdomen,  et  la  ligature  de  la  trompe  au  niveau 
de  son  extrémité  abdominale,  eut  pour  conséquence  la  formation 
d'un  hydrosalpinx. 

S^  Les  injections  d'huile  de  croton  dans  la  corne  utérine,  aussi 
bien  que  de  dilutions  de  staphylococcus  citreus  soit  dans  la  corne 
utérine,  soit  dans  la  trompe,  provoquent  une  inflammation  locale 
sans  propagation  au  péritoine  et  sans  répercussion  sur  la  santé 
générale. 

4<>  Le  nombre  limité  des  expériences  implique  de  grandes  réser- 
ves dans  l'appréciation  des  résultats  obtenus.  En  général,  elles 


384  REVUE  ANALYTIQUE 

confirment  les  opinions  de  Slawjansky  et  sont  en  désaccord  avec 
les  recherches  de  Kehrer  et  avec  les  observations  de  L.  Landau. 

R.  L. 

Salpingo-ovarites.  (Ovaro-salpingiti),  par  Decio.  Annali  di  OsL  e 
Gynec,  sept.  1890,  p.  527. 

Sur  23femmes  observées,  20avaîenteu  un  ou  plusieurs  enfants  et 
presque  toujours  Taccouchement  avait  été  suivi  de  complications 
du  côté  de  Tappareil  génital.  Parmi  ces  salpingo-ovarites,  deux 
étaient  tuberculeuses,  et  deux  d'origine  blennorrhagique.  Enfin 
cinq  fois  l'aiTection  était  bilatérale,  huit  fois  à  droite,  dix  fois  à 
gauche.  Parmi  les  observations  que  Decio  rapporte  ensuite  citons- 
en  une  dans  laquelle  on  ût  5  applications  de  courants  électriques 
ne  dépassant  pas  100  milliampères  ;  la  tumeur  se  réduisit,  au 
volume  d'une  noix  sans  que  les  séances  fussent  suivies  de  perte. 
Chez  une  autre  malade  on  lit  deux  applications  électriques  de 
40  milliampères,  mais  les  séances  furent  suivies  de  pertes  très 
abondantes  qui  durent  faire  cesser  ce  mode  de  traitement.  Enlin 
chez  une  malade  on  se  contenta  de  détruire  les  adhérences  par  des 
manœuvres  abdominales  et  vaginales  combinées. 

P.  Mauclaire. 

Pyosalpingite  doable  ;  ablation  des  deux  trompes  et  des  deux  ovai- 
Tes  par  la  laparotomie;  guérison.  (Pyosalpingite  doppia  ;  ablazione 
con  la  laparotomia  délie  due  trombe  cistiche  e  délie  due  ovaia  ; 
guarigione),  parleD'^TuRRiiTTA.  Criornale  internat,  délie  se.  med. 
Napoli,juin  1890,  p.  441.      • 

Observation  typique  de  pyosalpingite  double,  car  la  malade  per- 
dait par  intermittence  du  pus  par  le  vagin,  mais  ce  qui  est  rare 
dans  le  cas  de  salpingite,  les  règles  n'avaient  jamais  été  interrom- 
pues, ni  irrégulières.  Pendant  Topération  un  peu  de  pus  s'écoula 
dans  la  cavité  péritonéale  qui  fut  lavée  avec  une  solution  phéni- 
quée  au  centième.  La  guérison  fut  parfaite.  Au  point  de  vue  de 
Tétiologie  Turreta  ne  pense  pas  comme  ïerrillon  que  Tinilammation 
des  trompes  succède  toujours  à  une  lésion  utérine  par  voie  de  pro- 
pagation. Malgré  les  recherches  de  Martin,  Ortman,  Werlh,  le  cùté 
bactériologique  dos  j)yosalpingite8  est  peu  connu.  Dans  le  cas 
actuel  Turretta  n*a  pas  trouvé  de  gonocoques  si  souvent  invoqués. 

P.  Mauclaire. 


PATHOLOGIE   DE  LA  TROMPE   ET  IIÉMATOCÈLE        385 

Contribution  au  diagnostic  de  la  salpingo-ovarite.  (Beitrag  zur 
Diagnose  derSalpingo-oophoritis),  S.  Mich^omv. Cent,  f.  Gyn.,  1890, 
no  32,  p.  563. 

En  examinant,  à  plusieurs  reprises,  une  malade,  on  constata  les 
particularités  suivantes  :  au  premier  examen,  par  exemple,  on 
avait  trouvé,  à  droite,  une  tumeur  dont  les  caractères  faisaient 
penser  à  une  salpingo-ovarite,  tandis  qu'à  gauche  on  ne  percevait 
que  des  adhérences,  des  brides,  des  nodosités  vagues.  Puis,  à  un 
nouvel  examen^  pratiqué  à  quelque  temps  du  l"^  on  ne  trouvait 
plus  à  droite  de  tumeur  mais  des  cordons  mal  accusés,  tandis  qu'à 
gauche,  on  constatait  une  tumeur,  bien  dessinée,  donnant  l'im- 
pression d'une  salpingo-ovarite.  Or,  les  recherches  et  les  remar- 
ques faites  dans  plusieurs  cas,  montrèrent  que  ces  changements 
sont  en  rapport  avec  les  phénomènes  menstruels.  Au  début  de  la 
menstruation,  la  tumeur  salpingo-ovarique  augmente  de  volume, 
après  les  règles  ses  dimensions  diminuent  et  elle  peut  môme  dis- 
paraître. Souvent,  cette  augmentation  est  unilatérale,  et  il  est  à 
remarquer  qu'elle  se  produit  tantôt  d'un  côté,  tantôt  de  l'autre,  ce 
qui  frappe  en  conséquence,  c'est  Vapparition  périodique,  alter- 
nante^ de  la  tumeur.  Ces  modilications,  ces  altérations  de  formes 
sont  particulièrement  appréciables  dans  les  tumeurs  de  petit 
volume,  toutefois,  elles  sont  également  utiles  pour  le  diagnostic 
des  grosses  tumeurs. 

En  certains  cas,  seul  le  phénomène  en  question  permit  d'établir 
le  diagnostic.  Enfin,  il  permet  de  conclure  aune  tumeur  unilatérale 
quand  l'examen,  réitéré  aux  périodes  menstruelles,  montre  tou- 
jours que  l'un  des  côtés  est  sain. 

H.  lu. 

Traits  cliniques  dn  pyo-salpinx.  (The  clinical  features  of  pyo-sal- 
pinx),par  M.  Waldo.  Am.J,  ofObst,,  mars  1890,  p.  291. 

Dans  la  moitié,  au  moins,  des  autopsies  de  femmes  de  tout  tige, 
on  trouve  une  inflammation  des  trompes. 

L'auteur  rapporte  2  cas  ;  l'un  est  celui  d'une  fille  publique,  dont 
l'état  fut  amélioré  par  les  douches  et  des  applications  d'iode  et  de 
glycérine.  Malgré  une  salpingite  double,  due  à  une  blennorrhagie, 
elle  devint  enceinte  et  se  fit  avorter. 

Le  pyo-salpinx  peut  succéder  à  une  hydropisie  ou  à  un  catar- 
rhe de  la  trompe. 

ARK.  mt  oTir.  —  Yùu  zxzm.  S5 


386  REVUE   ANALYTIQUE 

Si  les  symptômes  ne  sont  pas  urgents,  Waldo  ne  fait  pas  la  lapa- 
rotomie. 

Parfois,  on  peut  faire  sortir  le  pus  dans  Tutérus  en  pressant  sur 
la  trompe  malade,  qu'on  sent  sous  la  forme  d'une  tumeur  fusi- 
forme.  A.  C. 

Hydro-salpingite  double,  par  Faidherbe.  Journ.  des  Se.  iné.d., 
LUle,  mai  1890,  p.  438. 

Elle  était  due  à  l'oblitération  des  deux  extrémités  des  trom|>e8 
par  la  métrite  et  la  périmétrite  dont  les  traces  étaient  manifestes 
et  dont  les  symptômes  étaient  survenus  après  Tunique  accouche- 
ment de  la  malade.  La  dissection  dans  le  cas  d'ntervention  eût  été 
très  laborieuse,  à  cause  des  adhérences.  La  tumeur  gauche  était 
formée  de  deux  parties,  Tune  inférieure  formée  par  la  trompe  elle- 
même,  et  l'autre  supérieure,  provenant  d'une  formation  kystique 
de  l'ovaire  de  ce  côté.  P.  Mauclaire. 

La  Balpingo-oophorectomie  et  ses  résultats.  (Salpingo-oophorecto- 
mîe  and  its  results),  par  H.-J.  Boldt.  Med.  Kec,  N.-Y.,  17  mai  1800, 
t.  1,  p.  545. 

Tout  en  admettant  que  le  plus  grand  nombre  des  salpingites 
catarrhales,  que  les  formes  ordinaires  de  l'ovarite,  que  certaines 
salpingites,  suppurées  ou  non,  mais  se  vidant  par  l'utérus,  peuvent 
guérir,  grâce  d  un  traitement  approprié  sans  laparotomie,  Holdt 
per.se  qu'il  existe  néanmoins  une  série  de  cas  où  l'ablation  des 
annexes  est  indiquée. 

C'hez  les  malades  qui  traînent  une  vie  chétive,  malgré  un  traite- 
ment bien  dirigé,  et  qui,  de  temps  à  autre,  ont  des  poussées  de 
pelvi-péritonite,  la  salpingo-oophorectomie  cjonne  de»  résultats 
merveilleux,  lors  môme  qu'elle  a  été  faite  pour  une  affection  sans 
suppuration. 

On  dit  que  dos  malades  restéos  souflVantes  après  l'ablation  des 
annexes  ont  guéri  définitive  ment  à  la  suite  d'un  traitement  médical 
ou  électrique.  C'est  vrai,  mais  ces  malades  auraient  guéri  tout  aussi 
bi«n  sans  ce  traitement.  La  salpingite  constitue  la  lésion  capitale, 
causale  ;  mais  elle  s'accompagne  d'exsudats  divers  qui  ne  se 
résorbent  qu'avec  le  temps,  une  fois  les  trompes  enlevées;  quel- 
quefois même,  la  décliirure  d'adhérenros  au  cours  de  l'opération, 
cause  un  léger  degré  d*hématocèle  qui  ne  disparait  que  peu  à  peu. 


PATHOLOGIK    DE   LA   TROMPE   ET   HÉMATOCÈLE  387 

I 

Aussi  lo  retour  complet  à  la  santé  n*a-t-il  lieu  qu'au  bout  d'un 
certain  nombre  de  mois,  quelquefois  même  après  un  an  et  plus. 

Boldt  a  observé,  chez  certaines  femmes,  à  la  suite  de  l'opération, 
des  vertiges,  des  pesanteurs  céphaliques,  comme  après  la  méno- 
pause. Jamais  il  n'a  eu  de  fistule,  ce  qu'il  attribue  à  ce  qu'il  lie  les 
pédicules  avec  du  catgut  et  non  avec  de  la  soie  ;  une  seule  fois^  il 
a  vu  une  hernie  ventrale. 

Suit  le  résumé  de  112  ablations  d'annexés,  08  pour  pyosalpinx, 
24  pour  salpingites  catarrhales,  2  pour  salpingites  tuberculeuses, 
9  pour  hydro  et  hémo-salpinx,  9  pour  des  affections  diverses 
(hcmorrhagies  utérines,  hystéro-épilepsîes,  fibromes  utérins).  Résul- 
tats :  58  guérisons,  24  améliorations,  10  insuccès,  8  morts,  12  résul- 
tats définitifs  insuffisamment  guéris  ou  datant  d'une  époque  encore 
trop  rapprochée  pour  qu'on  puisse  rien  conclure  de  définitif. 

H.  H. 

Relations  pathologiques  de  la  pelyi-péritonite  et  de  la  pyo-salpin- 
gite,  par  Duret.  J.  des  Se.  méd.,  14  mars  1890,  p.  250. 

Toute  pelvi-péritonite  accompagnée  de  tumeur  para-utérine 
(maladie  de  Bernutz)  a  pour  foyer  central  Tovaire  et  la  trompe 
enflammés,  altérés  et  souvent  suppures  :  il  importe  dans  nombre 
de  cas,  pour  amener  la  guérison,  d'aller  rechercher  ces  deux 
organes  et  de  les  extirper. 

L'opération  se  justifie  parce  que  Tovario-salpingite  provoque 
souvent  des  recrudescences  d'inflammation  péritonéale  à  chaque 
menstruation  et  toutes  les  fois  que  la  malade  commet  des  excès, 
supporte  des  fatigues  ou  môme  se  livre  à  une  marche  un  peu  pro- 
longée. 

L'opération,  lors  môme  que  les  difficultés  sont  telles  qu'on  n'a 
pu  extirper  l'ovaire  et  la  trempe,  peut  améliorer  l'état  des  malades. 
En  décollant  les  adhérences,  en  çvacuant  le  pus  infiltré,  enfin  en 
modifiant  par  le  drainage  et  le  curage  des  foyers  purulents  l'état 
général,  on  favorise  la  disparition  de  la  fièvre  hectique,  des  dou- 
leurs et  de  la  cachexie  progressive  souvent  suivie  de  tuberculose. 

P.  Mauclaire. 

Péritonite  snraignd  an  cours  d'une  double  pyosalpingite  blennor- 
rhagiqne  latente,  par  Thiroloix.  France  ynéd,  Paris,  28  novem- 
bre 1889,  t.  II,  p.  1639. 


388  REVUE  ANALYTIQUE 

La  malade,  entrée  dans  le  service  de  M.  Balzer,  à  Lourcine.pour 
une  vagino-métrite  blennorrhagique,  semblait  en  voiedeguérison, 
lorsqu'elle  fut  prise  brusquement  de  péritonite  avec  phénomènes 
de  pseudo-étranglement,  ayant  amené  la  mort  en  26  heures.  A  Tau- 
topsie,  péritonite  sans  exsudât  autre  que  de  très  minces  fausses 
membranes  iibrineuses.  Trompes  doublées  de  volume,  pleines  d*un 
pus  bien  lié,  jaunâtre  qu'on  retrouve  dans  le  fond  de  la  cavité 
utérine.  H.  H. 

Suppuration  pelvienne.  (Ueber  die  Wichtigkeit  der  frûhzeitigen 
Erkentniss  des  Pyosalpinx  als  Ursache  der  eitrigen  Beckenent- 
zûndungen),  par  A. -P.  Clarke.  Deutsch.  tned.  M'^ochenscfi.,  1891, 
n»  16,  p.  564. 

Les  collections  purulentes  situées  dans  les  ligaments  larges  ou 
autour  d'eux,  guérissent  par  l'incision  et  le  drainage  du  cul-de-sac 
de  Douglas.  Mais  lorsque  les  annexes  sont  malades  en  môme  temps 
on  voit  survenir  des  récidives  et  ce  sont  justement  ces  récidives 
qui  indiquent  de  leur  côté  que  les  annexes  sont  malades.  Dans 
ces  cas,  il  est  indiqué  de  faire  l'ablation  des  annexes.  Bien  qu'une 
coque  fibreuse  sépare  la  collection  purulente  du  grand  péritoine,  le 
danger  de  péritonite  généralisée  n'en  est  pas  moins  grand,  surtout 
aux  époques  menstruelles.  Le  succès  de  l'opération  est  certain 
quand  la  collection  purulente  n'est  pas  sortie  des  ovaires.  Dans  les 
cas  de  pyo-salpingite  post-puerpérale,  la  laparotomie  précoce  peut 
sauver  la  vie  des  malades.  A.  B. 

PnenmocoqaeB  dans  le  pas  des  pyosalpinx  (Pneumoniekokken  in 
Eiter  bei  Pyosalpinx),  Frommel.  Cent,  f,  Gyn.,  1892,  n»  11,  p.  20û 

Jusqu'ici,  Zweifel  seul  avait  constaté  la  présence  de  pneumoco- 
ques dans  le  pus  de  collections  tubaires.  Frommel,  à  son  tour,  vient 
d'i  faire  la  môme  constatation  dans  un  cas  qui  s'est  terminé  par  la 
mort.  Il  s'agissait  d'une  femme  qui  avait  accouché  7  fois,  et  qui, 
depuis  son  dernier  accouchement,  où  la  délivrance  fut  artiûcielle, 
avait  toujours  souffert  dans  le  ventre.  Après  examen  et  constatation 
de  la  présence  d'annexés  malades,  on  fit  la  laparotomie.  L'ovaire 
droit  était  le  siège  d'un  petit  kyste,  et  la  trompe  du  môme  côté  était 
le  siège  d'une  collection  suppurée  ;  il  existait  également  des  adhé- 
rences assez  nombreuses.  Après  libération  des  adhérences,  on 
procéda  à  l'extirpation  des  annexes  malades.  Mais  à  ce  moment,  il 


PATHOLOGIE   DE   LA   TROMPE    ET  HÉMATOGÉLE        389 

se  produisit  un  incident  fâcheux.  La  ligature  appliquée  sur  Tex- 
trémité  utérine  de  la  trompe,  sectionna  la  paroi  extrêmement 
friable  et  l'on  ne  put  empocher  l'irruption  d^une  certaine  quantité 
du  pus  tubaire  dans  la  cavité  abdominale.  Or,  malgré  les  précau- 
tions antiseptiques  prises  rigoureusement,  malgré  la  désinfection 
minutieuse  de  la  région  du  péritoine  avoisinant  le  point  rupture  de 
la  trompe  aussi  bien  que  du  moignon,  le  surlendemain  de  l'opéra- 
tion la  température  était  à  39^,4  et  le  pouls  à  140.  La  mort  survint 
(iO  heures  après  l'intervention.  Autopsie  :  Pas  d'état  pathologique 
net»  pas  de  pus,  pas  d'exsudat,  avec  cela  une  bonne  apparence  du 
pédicule,  et  seulement  une  injection  légère  des  anses  intestinales 
météorisées.  En  aucun  autre  point  de  l'organisme,  à  Texception 
d'un  œdème  modéré  des  poumons,  rien  de  spécial  à  noter.  Un  exa- 
men bactériologique  du  contenu  de  la  cavité  abdominale  resta 
absolument  négatif;  pas  de  mise  en  évidence  d'organismes  patho- 
gènes. Il  n'y  avait  que  des  bactéries  intestinales,  dont  la  présence 
tenait  vraisemblablement  à  ce  que  Taulopsie  ne  fut  faite  que 
48  heures  après  la  mort.  Examen  du  pus  tubaire  :  Il  contenait  en 
grand  nombre  des  coccus  encapsulés,  réunis  pour  la  plupart  deux  à 
deux,  sous  forme  de  diplocoques,  et  qui  par  leurs  caractères  micros- 
copiques correspondaient  tout  à  fait  aux  pneumocoques  de  Frânkel. 
Les  cultures  sur  plaques  vinrent  militer  en  faveur  de  cette  ressem- 
blance, et  permirent  de  constater  la  virulence  de  ces  organismes, 
car,  plusieurs  animaux  inoculés  avec  les  produits  de  ces  cultures 
succombèrent  tous  à  bref  délai.  D'autre  part,  Frânkel  à  qui  on 
envoya  un  échantillon  de  ces  cultures,  confirma  l'identité  de  ces 
organismes  avec  le  pneumocoque. 

L'auteur  insiste  sur  la  virulence  extrême  de  ces  organismes, 
à  laquelle  il  faut  rapporter  la  mort  de  Topérée.  Le  fait  que  l'exa- 
men bactériologique  du  contenu  abdominal  est  resté  négatif,  n'est 
pas  concluant.  On  peut  penser,  qu'en  très  peu  de  temps,  les  micro- 
organismes ont  pu  fabriquer  une  substance  essentiellement  délé- 
tère pour  l'organisme,  et  qu'après  la  mort  de  la  femme,  ils  ont  eux- 
mêmes  rapidement  péri.  En  ce  qui  concerne  la  présence  des  micro- 
organismes dans  la  trompe,  comme  ni  dans  le  cas  actuel  ni  dans 
celui  de  Zweifel,  il  n'existait  de  pneumonie,  il  est  probable  qu'ils 
sont  venus  dans  cette  région  en  suivant  la  voie  génitale. 

R.  L. 


390  .    REVUE  ANALYTIQUE 

Un  cas  de  fibrolde  de  la  trompe.  (Ein  B'all  von  Fibroid  tles  Eilei 
ters),  F.  Spaeth.  Arch.  f.  Gyn.,  BdXXI,  Hft.  2,  p.  263. 

Observation  extrêmement  rare  que,  pour  cette  raison,  nous 
reproduisons  en  détail.  X...^  femme  âgée  de  39  ans,  réglée  à  18  ans, 
menstruation  régulière  au  début,  durant  4  jours,  assez  abondante 
et  non  douloureuse.  A  21  ans,  sans  cause  connue,  la  menstruation 
se  supprime  pendant  quelques  mois,  puis  redevient  normale.  Il 
y  a  10  ans,  fièvre  gastrique  dont  elle  soullrit  longtemps.  Mariée 
depuis  8  ans,  elle  eut  il  y  a  7  années  un  enfant  vivant  ;  accouche- 
ment facile  et  suites  de  couches  normales.  Jamais  plus  de  gros- 
sesse. 

Depuis  environ  2  ans  elle  est  fréquemment  sujette  à  des  vomis- 
sements et  ressent  constamment  des  douleurs  dans  le  côté  gauche 
du  bas-ventre,  douleurs  qui  ne  s'exaspèrent  pas  du  faitdes  règles. 
La  menstruation  resta  toujours  régulière,  mais  néanmoins  se 
montra,  en  comparaison  de  ce  qu'elle  était  par  le  passé,  relative- 
ment profuse.  Dans  l'intervalle,  il  se  fit  par  le  va^n  des  écoule- 
ments modérés^  toujours  blancs,  jamais  jaunes.  Jamais  de 
douleur  en  urinant.  Selles  régulières,  appétit  bon.  Il  y  a  un  an 
elle  entra  à  la  maternité  de  Stuttgart,  se  soumit,  à  cause  des  dou- 
leurs abdominales,  à  un  examen,  et  on  lui  appliqua  un  pessaire  do 
Hodge  qu'elle  porta  jusqu'il  y  a  huit  jours.  Cependant,  aprûs 
quelques  mois,  les  douleurs  anciennes  ainsi  que  les  vomissements 
avaient  reparu.  Nouvel  examen,  la  femme  étant  endormie,  le  8 
février  1891:  femme  grande,  ossature  développée,  peu  d'embon- 
point, mais  apparence  de  bonne  santé.  Au  cou,  ganglions  lym- 
phatiques assez  développés;  organes  thoraciques  sains,  ventre 
souple,  paroi  abdominale  mince,  vergetures  nombreuses.  L'utô- 
rus  est  en  rétroversion  légère  et  un  peu  déjeté  à  droite.  Dans  le 
cul-de-sac  vaginal  postérieur,  on  sent  une  tumeur  peu  mobile,  non 
fluctuante,  légèremont  bosselée,  dure  comme  la  pierre,  irrégulière 
et  du  volume  d'une  noix.  Elle  paraît  reposer  sur  la  paroi  posté- 
rieure de  Tutérus,  et  par  sa  portion  inférieure  elle  empiète  sur  la 
face  péritonéale  du  cul-de-sac  de  Douglas.  A  gauche  de  la  matrice, 
étroitement  accolée  à  cet  organe  et  le  repoussant  à  droite,  on  per- 
çoit une  tumeur  volumineuse,  qui  offre  ù.  peu  près  la  môme  con- 
sistance que  la  tumeur  rétro -utérine.  La  trompe  gauche  semble  se 
perdre  dans  cette  tumeur,  et  l'on  ne  réussit  pas  à  isoler  par  le 
toucher  Tovaire  de  ce  côté.  En  raison  des  adhérences  formées,  la 


PATHOLOGIE   DE  LA  TROMPE   ET   HÉMATOGÉLE         391 

masse  de  la  tumeur  ne  présente  qu'une  mobilité  minime.  Les 
annexes  de  droite  paraissent  saines.  Pas  d*ascite. 

Laparotomie.  Incision  sur  la  ligne  médiane.  Dans  le  ventre,  pas 
de  liquide  libre.  La  masse  gauche  est  tellement  prise  dans  les  adhé- 
rences que  son  énucléation  est  extrêmement  difûcile,  qu'on  ne  la 
fait  qu'avec  beaucoup  de  difûcultés  et  encore  que  d'une  manière 
incomplète.  Ses  connexions  à  la  paroi  pelvienne  latérale  ne  sont 
détruites  que  péniblement,  et  comme  la  manœuvre  est  dangereuse, 
on  coupe  aux  ciseaux  après  avoir  posé  plusieurs  ligatures.  De 
même,  pour  la  partie  reliée  à  Tutérus.  Puis  on  procède  à  Textirpa- 
tion  de  la  petite  tumeur  située  en  arrière  de  l'utérus.  Comme  il 
existait  en  outre  un  petit  fibrome  dans  la  paroi  utérine,  les  annexes 
de  droite  furent  également  enlevées.  A  cause  d'hémorrhagies 
parenchymateuses  étendues  dans  le  cul-de-sac  de  Douglas,  tam- 
ponnement avec  de  la  gaze  iodoformée  et  drainage  (le  drain 
aboutissant  dans  Tangle  inférieur  de  la  plaie  abdominale),  etc.,  etc. 

Le  drain  fut  retiré  le  2<'jour  après  l'opération.  Suites  opératoires 
bonnes  ;  si  ce  n'est  qu'au  3«»  jour  il  se  produisit  le  soir  une  éléva- 
tion de  la  température,  en  rapport  avec  un  léger  exsudât  autour 
du~  moignon  de  gauche,  exsudât  qui  fut  rapidement  résorbé. 
4  semaines  après,  la  femme  quittait  Thôpital. 

Pièce  pathologique.  —  Tumeur  de  la  trompe  gauche,  de  forme 
régulière, ronde,  mesurant:  longueur  5  cent.  1/2,  larg.  4 cent.  1/2, 
épaisseur  dans  tous  les  points  4  cent.  Extérieurement,  la  tumeur 
est  revêtue  par  la  séreuse  en  certains  points  entamée,  partout 
épaissie.  Un  stylet  introduit  par  Torilice  utérin  pénétre  par  une 
ouverture  assez  large  dans  le  canal  tubaire,  lequel  se  termine  en 
cul-de-sac  et  qui  mesure  seulement  3  cent,  est  un  peu  dilaté,  à 
parois  lisses,  et  revêtu  dans  sa  totalité  par  une  muqueuse  assez 
épaissie  mais  nullement  développée  en  forme  de  tumeur.  Pavillon 
et  franges  font  complètement  défaut.  L'ovaire  gauche  est  un  peu 
hypertrophié,  le  siège  de  dégénérescence  à  petits  liystes,  et  mon- 
tre quelques  corps  jaunes.  Il  est  soudé  à  la  trompe  par  des  adhé- 
rences péritonitiques.  La  paroi  tubaire,  uniformément  épaissie,  a 
macroscopiquement  l'apparence  tubaire.  L'oviducte  ne  contient 
aucune  sorte  de  liquide. 

La  tumeur  rétro-utérine  est  constituée  par  un  fibroïde  tout  à  fait 
commun,  calcifié  superficiellement  dans  sa  portion  marginale.  Les 
annexes  de  droite  sont  absolument  normales. 


392  REVUE   ANALYTIQUE 

Examen  microscopique,  —  Il  s'agit  d'une  paroi  tubaire  extrô- 
niement  épaissie,  et  l'hypertrophie  intéresse  au  minimum  la 
muqueuse,  et  au  maximum  la  portion  conjonctive  et  musculaire. 
Cela  a  tout  Taspect  d'un  ilbro-myôme  de  Tutérus.  La  muqueuse  est 
très  épaissie  ;  ses  plis,  ses  saillies  papillaires  sont  en  grande  partie 
eiïacés,  l'épithélium  a  perdu  ses  cils  vibratiles,  et  ses  éléments  sont 
plutôt  cubiques.  Pas  traces,  en  aucune  portion  de  la  paroi  tubaire, 
d'un  processus  phlegmasique  ;  pas  d'iniiltration  de  petites  cellules 
comme  on  en  observe  dans  le  pyosalpinx  ;  rien  qui  rappelle  les 
proliférations,  les  arborescences  si  caractéristiques  dans  la  sal- 
pingite. 

Réflexions.  —  Cette  tumeur  appartenant  à  un  état  pathologique 
des  plus  rares  de  la  trompe,  il  va  de  soi  qu'on  n'ait  pas  fait  le  vrai 
diagnostic.  Les  signes  objectifs  de  cette  tumeur,  entourée  de  nom- 
breuses adhérences,  de  même  que  T&ge  de  la  malade  rendaient 
assez  rationnelle  l'hypothèse  d'un  néoplasme  malin.  D^ailleurs,  un 
certain  nombre  de  symptômes  importants  manquaient  pour  affir- 
mer ce  diagnostic  (cachexie,  ascite,  engorgement  ganglionnaire,  etc.). 
Contre  l'idée  d'un  pyo  ou  hydrosalpinx  militaientla  dureté  remar- 
quable de  la  tumeur,  l'irrégularité  de  sa  surface,  et  l'absence 
absolue  de  fluctuation.  D'autre  part,  l'anamnèse  ne  fournissait 
rien  en  faveur  d'une  semblable  hypothèse.  Les  douleurs  ressenties 
2  ans  durant  par  la  malade,  ne  ressemblaient  en  rien  aux  douleurs 
dysménorrhéiques,  si  connues,  qui  accompagnent  d'ordinaire  les 
tumeurs  tubaires  d'origine  inflammatoire.  Elle  affirmait  nettement 
que  ces  douleurs  n'étaient  pas  exaspérées  par  la  menstruation.  On 
doit  en  réalité  les  faire  dépendre  de  la  pelvi-péritonite  gauche, 
chronique,  adhésive,  non  infectieuse,  provoquée  par  la  tumeur 
augmentant  lentement  de  volume,  et  peut-être  de  la  rétroveraion 
utérine  observée. 

La  malade  n'avait  accouché  qu'une  fois,  accouchement  facile  et 
suites  de  couclies  normales.  Donc  pas  de  processus  puerpéral  à 
invoquer  pour  expliquer  les  troubles  morbides.  Il  n'y  a  pas  eu  non 
plus  d'infectiou  gonorrliéique.  S'agissait-il  d'un  fibrome  sous-pé- 
ritoncal,  qui  parti  de  l'utérus  se  serait  insinué  entre  les  feuilles  du 
ligament  large  ?  Mais  ces  néoplasmes,  avec  des  dimensions  analo- 
gues à  celles  de  la  tumeur  constatée,  ne  déterminent  pas  des  dou- 
leurs aussi  continues,  et  se  distinguent  surtout  par  des  hémorrha- 
gies  abondantes  à  la  manière  des  myômes  de  l'utérus. 


PATHOLOGIE   DE   LA  TROMPE  ET  HÉMATOGELB        393t 

Somme  toute,  les  douleurs  continues  et  les  vomissements 
réflexes  qui  rendaient  la  femme  incapable  de  tout  travail,  justi- 
fiaient sufûsamment  la  laparotomie,  d'autant  plus  indiquée,  qu'on 
était  autorisé  à  craindre  le  développement  d'une  affection  maligne. 
Enfin,  à  l'avenir,  dans  des  conditions  analogues,  si  Ton  n*a  à 
invoquer  ni  processus  puerpéral  antérieur,  ni  gonorrhée,  ni  pro- 
cessus malin  (absence  d'ascite  et  d'adénites),  on  pensera  à  la  possi- 
bilité d'un  fibro-myâme  de  la  trompe,  diagnostic  rétrospectif, 
post-opératoire  qu^établirent  l'examen  macro  et  microscopique. 

R.  Là, 

t 

Ovaro-salplngite  morbillense.  Soc.  Med.  hop,  22«  année  1892. 

M.  Gallu-rd.—  J'ai  observé  une  vierge  de  21  ans,  qui  au  12® 
jour  d'une  rougeole  grave  compliquée  de  ménorrhagie,  fut  prise 
de  douleurs  dans  la  région  iliaque* droite,  puis  de  symptômes  de 
péritonite  généralisée,  auxquels  elle  succomba  le  25"  jour.  A  l'au- 
topsie, on  trouva  une  péritonite  à  streptocoques  causée  par  la 
rupture,  d'un  petit  abcès  de  Tovaire  droit.  La  trompe  correspon- 
dante était  épaissie  et  dilatée.  Dans  l'abcès  ovarien,  on  trouva  de 
nombreux  streptocoques  mélangés  à  quelques  cocci  isolés. 

Faut-il  admettre,  au  lieu  d'une  complication  de  la  rougeole, 
une  simple  exaspération  des  lésions  anciennes  latentes  qui,  sans 
la  rougeole,  auraient  pu  échapper  longtemps  à  l'observation? 
Cest  fort'discutable.  S'agit-il  au  contraire  d'une  détermination  du 
virus  morbilleux,  ou  d'une  infection  secondaire  survenue  à  V occa- 
sion de  la  rougeolel  Les  résultats  de  l'examen  bactériologique 
sont  en  faveur  de  cette  dernière  hypothèse. 

Ck)ntribation  à  la  pathogénie  et  an  traitement  de  l'hématocèle  intra- 
péritonèale.  (Contributo  alla  pathologia  e  terapia  dell'ematocele 
intra-peritoneale),  par  Roncaglia.  Annali  di  Ostetr.  e  Ginec, 
1890,  p.  51.  Milano. 

Dans  la  première  des  deux  observations  rapportées,  l'auteur  lit 
d'abord  une  ponction  aspîratrice  avec  un  gros  trocart.  mais  la  liè- 
vre étant  apparue  il  fit  un  nettoyage  complet  de  la  cavité  hémor- 
rhagique  par  la  voie  vaginale  avec  lavage  au  sublimé  et  un  tam- 
ponnement iodoformé.  La  guérison  fut  parfaite. 

Dans  la  deuxième  observation  il  maintint  une  vessie  de  glace  en 
permanence  sur  l'abdomen  et  la  malade  guérit. 


394  REVUE  ANALYTIQUE 

Eiivlsageaut  à  ce  propos  les  différents  traitements  de  Thémato- 
cèle,  Roncaglia  reconnaît  que  l'abstention  avec  application  de  la 
glace  sur  le  ventre  donne  assez  souvent  de  bons  résultats.  Quant 
à  la  ponction^  elle  est  insuffisante  à  cause  des  caillots.  Le  nettoyage 
par  la  voie  vaginale  avec  les  doigts  surtout,  ce  qui  évite  les  hénior- 
rhagies,  est  une  bonne  opération.  On  peut  à  l'exemple  de  Doléris 
et  Apostoli  faire  d'abord  une  eschare  avec  le  galvano-cautère  que 
Ton  incise  ensuite  avec  le  thermocautère.  Les  injections  antisepti- 
ques avec  un  double  drain  pour  éviter  de  rompre  le  kyste  par  une 
trop  grande  pression  et  le  tamponnement-drainage,  doivent  com- 
pléter Topération.  Roncaglia  préfère  ce  procédé  opératoire  à  la 
laparotomie  soit  abdominale  soit  sous-péritonéale  de  Pozzi  au 
drainage  vaginal,  parce  que  dans  le  nettoyage  par  la  voie  vaginale 
le  péritoine  est  ménagé  et  les  hémorrhagies  sont  peu  à  craindre 
si  on  intervient  au  bout  d'un  certain  temps  quand  les  membranes 
ont  bien  enveloppé  le  kyste  sanguin  ;  si  même  l'hémorrhagie  sur- 
vient le  tamponnement  et  les  irrigations  chaudes  l'arrêtent  facile- 
ment. P.  Mauclaire. 

Sur  les  épanchements  sanguins  intra-péritonéanx.  (Ueber  intra- 
perîtoneale  Blutergûsse),  Ve!T.  Samml,  klin.  Vorlrag.,  1891,  n*  14, 
et  CenL  f,  Gyn.,  1891,  n»  ^i.  p.  650. 

Veit  propose  des  dénominations  précises  pour  les  diverses  es* 
pèces  d'épanchements  sanguins  qui  se  font  dans  le  voisinage  des 
organes  génitaux  de  la  femme  :  a)  hémorrhagie  intra-périto^ 
néaley  quand  l'hémorrhagie  se  fait  librement  dans  la  cavité  abdo* 
minale  ;  b)  hématocèle  pour  les  hémorrhagies  enkystées  dans  la 
cavité  pelvi-abdominale  ;  c)  hématomes  pour  les  épanchements 
sanguins  dans  le  tissu  cellulaire  pelvien.  La  première  variété,  au 
moins  en  tant  qu'elle  intéresse  le  gynécologue,  a  la  plupart  du 
temps  pour  point  de  départ  une  grossesse  tubaire;  elle  est  le 
résultat  d'hémorrhagies  qui  se  font  au  niveau  du  sac  fœtal^  au 
point  de  son  insertion  sur  la  muqueuse;  peut-être  provient-elle 
aussi  de  quelques  rameaux  artériels  de  la  trompe.  Habituelle- 
ment, rhémorrhagie  se  fait  lentement  et  ne  s'arrête  que  très  diffî- 
cilement,  parce  que  la  coagulation  est  très  lente,  qu'il  n'exista 
dans  la  cavité  abdominale  aucune  contre-pression  sérieuse,  et  que, 
dans  le  cas  d'une  grossesse  tubaire,  les  conditions  pour  rhéron- 
tose  spontanée  par  contractions  vasculaircs,  sont  rarement  réali* 


PATHOLOGIE  OE  LA  TROMPE   ET  HÉMATOGÉLE         395 

sées.  mais  si  la  mort  par  liémorrhagie  n'est  pas  constante,  si  môme 
elle  est  rare,  c'est  que  la  plupart  du  temps,  la  cavité  abdominale 
était  le  siège  d'altérations  pathologiques  qui,  au  moment  où 
rhémorrhagie  se  fait,  sont  favorables  àl'enkystement  du  sang,  par 
suite  à  l'hémostasie.  Car,  lorsque  Thémorrhagie  se  fait  librement 
dans  une  cavité  péritonéale,  absolument  saine  jusque-là,  la  mort 
par  hémorrhagie  est  la  règle. 

La  production  de  Thématocèle  se  trouve  favorisée  quand  le 
point  qui  donne  le  sang  était  déjà,  par  avance,  comme  encapsulé, 
ou  bien,  lorsque  l'écoulement  sanguin  se  fait  lentement  dans  une 
cavité  abdominale,  plus  ou  moins  semée  d'adhérences,  traversée 
de  brides;  ces  brides,  ces  adhérences  favorisent  la  formation  des 
caillots,  et  le  complet  enkystement  de  Thémorrhagie,  le  plus  sou- 
vent dans  l'espace  de  Douglas  (Hém.  rétro-utérine).  Quand  il 
s'agit  d'une  hémorrhagie  artérielle,  intense,  Tenkystement  n'a 
pas  lieu. 

Dans  rhématome,  Thémostase  est  réalisée  par  la  pression 
qu'exerce  le  tissu  connectif  tapissé  par  le  péritoine.  Le  diagnostic 
de  rhémorrhagie,  libre,  dans  la  cavité  abdominale,  est  basé  sur 
les  symptômes  généraux  d'anémie,  en  l'absence  de  tout  phéno- 
mène objectif  du  côté  de  l'abdomen,  quand  on  peut  exclure  tout 
autre  espèce  d'hémorrhagie.  Le  sang  épanché  librement  dans  le 
ventre,  qu'il  soit  liquide  ou  coagulé,  ne  peut  être  constaté;  ce 
n'est  que  dans,  le  cas  de  quantités  considérables  qu'on  en  peut  par 
la  percussion  démontrer  la  présence.  Lorsque  les  signes  d'une 
hémorrhagie  existant,  on  perçoit  une  tumeur,  on  peut  compter 
sur  l'hémostase  spontanée  par  enkystement  et,  en  général,  faire 
de  Texpectation.  Quand  il  s'agit  d'héniorrhagie  intra-péritonéale 
libre,  que  l'examen  ne  donne  aucun  renseignement,  et  qu'il  existe 
des  symptômes  généraux  graves,  il  faut  faire  la  laparotomie.  Veit 
conseille  d'utiliser  dans  ces  cas  la  position  élevée  du  siège,  et  pour 
assurer  complètement  l'hémostase  (quand  le  sang  vient  de  la 
trompe)  de  faire  la  ligature  des  artères  utérine  et  spermatique  ;  il 
a  laissé  le  sang  épanché  dans  la  cavité  abdominale. 

R.  L. 


396  OBSTÉTRIQUE 


OBSTÉTRIQUE 


VARIA 

Des  forceps  à  tractions  suivant  l'axe.  (Die  Achsenzugzange),NAGEL. 
Cent.  f.  Gyn,,  1892,  no  17.  p.  331. 

L'auteur  base  ce  nouveau  travail  sur  une  nouvelle  série  d'obser- 
vations faites  à  la  policlinique  de  Gusserow.  Il  donne  la  préfé- 
rence au  forceps  de  Simpson,  instrument  léger,  commode,  et  pourvu 
d'une  poignée  de  traction  mobile  dans  tous  les  plans,  ce  qui  lui 
permet  de  réaliser  tous  los  desiderata  indiqués  par  Tarnier.  D'ail- 
leurs, le  succès  n'est  pas  lié  exclusivement  à  un  instrument  spé-  • 
cial,  mais,  le  point  capital,  c'est  qu'il  soit  construit  suivant  le 
principe  de  Tarnier,  c'est  surtout  que  l'appareil  de  traction  soit 
pourvu  d'une  courbure  périnéale,  pour  que  l'accoucheur  puisse 
tirer  assez  en  arrière  pour  entraîner  une  tôte  fœtale  située  au 
détroit  supérieur  suivant  l'axe  du  bassin.  L'efficacité  des  forceps 
à  tractions  axiles  tient  à  cette  possibilité  de  tirer  suivant  Taxe 
pelvien  et  aussi  à  la  force  considérable  développée  avec  ces  instru- 
ments, force  qui,  le  cas  échéant,  peut  devenir  dangereuse.  Par 
l'utilisatioti  exclusive  de  la  poignée  de  traction  mobile  dans  tous 
les  plans,  comme  dans  le  forceps  de  Simpson,  le  danger  est  nota- 
blement évité  par  le  fait  qu'on  supprime  l'action  de  levier. 

Bien  que  ces  forceps  ne  présentent  aucun  avantage  spécial  quand 
la  tète  est  profondément  engagée,  il  est  préférable,  une  fois  qu'on 
s'est  résolu  à  s'en  servir  dans  les  accouchements  difficiles,  de  les 
employer  dans  tous,  aûn  d'une  part  de  se  les  rendre  familiers,  et 
d'autre  part,  pour  n'avoir  pas  à  emporter  2  forceps.  L'auteur  a 
jusqu'à  présent  appliqué  les  forceps  à  tractions  axiles  dans  80  cas, 
29  fois  sur  la  tête  élevée  (1  fois  le  forceps  Tarnier  sans  succès, 
1  fois  celui  de  Brose,  27  fois  celui  de  Simpson).  Des  mères,  une  a 
succombé  à  une  septicémie  aiguë,  mais,  quand  elle  arriva  à  la 
policlinique,  elle  avait  déjà  une  lièvre  vive,  l'infection  était  un 
fait  accompli.  Toutes  les  autres  femmes  guérirent  ;  chez  12  (7  fois 
lo  forceps  fut  appliqué  sur  la  tôte  profondément  engagée,  5  foi» 


VARIA  397 

sur  la  tête  élevée)  survinrent  des  accideuts  passagers  (ûèvre, 
fétidité  des  lochies),  comme  il  s'en  produit  après  des  accouche- 
ments spontanés. 

Des  mères  qui  subirent  une  application  de  forceps  sur  la  tôte 
élevée,  4  présentèrent  une  déchirure  périnéale  du  2«  degré,  7  une 
du  1«'  degré,  et  une  déchirure  vaginale  longue  de  4-5  centim.  Sur 
les  27  cas  terminés  avec  le  forceps  de  Simpson,  sur  ceux  où  la  tôte 
était  élevée,  4  fois  rextrémité  céphalique  pointait  si  peu  dans  l'ex- 
cavation qu'il  fallut  presser  sur  l'utérus  pour  la  ûxer  ;  18  fois  la 
tète  était  engagée  soit  au  tiers,  soit  au  quart,  ô  fois  à  moitié.  A 
l'exception  d'un  cas,  où  le  forceps  n*eut  aucune  prise  sur  la  tète 
volumineuse,  dure,  située  au-dessus  du  détroit  supérieur  et  où 
finalement  la  crâniotomie  s'imposa,  dans  tous  les  autres  Textrac  • 
tion  réussit,  mais  n'amena  pas  toujours,  il  est  vrai,  un  enfant  vi- 
vant. 7  fois,  en  effet,  l'enfant  vint  mort,  mais,  4  fois,  l'enfant  était 
fort  compromis,  avant  l'intervention.  Dans  4  cas,  il  y  eut  fracture 
du  crÀne  soit  d'un  os  frontal,  soit  d'un  pariétal;  dans  3,  des 
dépressions  sur  le  frontal  situé  en  arrière  ;  dans  4,  paralysie  faciale  ; 
dans  3,  ecchymoses  sous-conjonctivales;  dans  8,  érosions  cutanées, 
et  autres  lésions  de  peu  d'importance;  11  fois^  on  ne  constata 
aucune  lésion  fœtale. 

L'auteur  s'est  servi  des  deux  forceps,  forceps  ordinaire  et  for- 
ceps à  tractions  axiles,  en  bon  nombre  de  cas  (71  et  80).  De  son 
expérience,  il  conclut  que  le  jugement  sévère  porté  récemment 
encore  sur  les  forceps  à  tractions  suivant  l'axe  par  des  accoucheurs 
allemands  émérites  n'est  pas  justifié.  Ce  forceps  est  surtout  utile, 
efficace  dans  les  cas  où  après  des  contractions  prolongées,  l'état 
de  la  mère  exige  une  prompte  terminaison  de  l'accouchement,  où 
la  tète  est  encore  au  détroit  supérieur  et  quand  l'enfant  est  vivant. 
Bien  qu'un  certain  nombre  de  ces  enfants  succombent  ensuite  du 
fait  des  lésions  produites  par  l'instrument,  il  n'en  est  pas  moins 
vrai  qu'on  augmente  cependant  le  chiffre  de  survis.  C'est  là  une  cir- 
constance qui  mérite  d'être  d'autant  plus  prise  en  considération 
que  manié  par  un  accoucheur  habile,  conscient  de  la  force  qu'il 
pourrait  déployer,  et  partant  de  la  circonspection  qu'il  faut  mettre 
dans  son  intervention,  le  forceps  n'exposera  que  fort  peu  la  femme 
à  des  lésions. 

Ce  travail,  communiqué  à  la  Société  obstétricale  et  gynécologi- 


398  OBSTÉTRIQUE 

que  de   Berlin  (1),  a  suscité  la  discussion  suivante  :  Olshausen 
n'a  jamais  employé  les  forceps  à  traction  axile  parce  qu'il  n'a  pas 
pu  vaincre  les  appréhensions  que  lui  causent  ces  sortes  dlnstni- 
ments  (grand  bras  de  levier,  impossibilité  d'apprécier  la  force  dé- 
ployée). Il  exprime  sa  surprise  du  grand  nombre  de  fois  que  le  for- 
ceps a  été  employé  sur  la  tête  restée  élevée.  Dans  ces  cas,  ce  n'est 
pas  avec  le  forceps  ordinaire  qu'il  faut  fairela  comparaison  ;  il  serait 
plus  juste  de  la  faire  avec  les  cas  de  terminaison  spontanée  de  l'ac- 
couchement après  qu'on  a  constaté  que  la  tôte  est  restée  longtemps 
élevée.  —  Brôse  s'étonne  aussi  de  la  proportion  considérable  des 
applications  de  forceps  sur  la  tête  élevée  (28  :  80).  Il  se  demande 
si  dans  ces  cas,  la  version  n'était  plus  possible  ou  si  Nagel  songe 
à  substituer  dans  beaucoup  de  cas  l'application  du  forceps  à  la  ver- 
sion. —  GussEROw  a  délibérément  autorisé  les  expériences  avec  le 
forceps  à  traction  axile,  parce  que  le  principe  lui  en  a  paru 
rationnel.  D'autre   part,  dans  les  cas  encore  assez  fréquents  où 
l'enfant  étant  vivant  et  la  tète  restant  élevée,  une  indication  four- 
nie par  la  mère  exige  une  prompte  terminaison  de  Taccouchement, 
n'est-on  pas  autorisé  à  chercher  comme  intervention  quelque  chose 
de  mieux  que  la  perforation  ou  que  l'application  du  forceps  ordi- 
naire dans  ces  conditions?  Toutefois,  il  importe  que  l'auteur  re- 
cueille des  renseignements  plus  complets  sur  le  sort  des  enfants 
qu'il  a  mis  au  monde  avec  le  forceps  discuté.  — Mackknrodt, mal- 
gré l'importance  du  service  obstétrical  de  Martin,  n'est  pas  encore 
arrivé  à  se  convaincre  de  l'utilité  des  forceps  à  traction  axile.  Si 
l'on  utilise  largement  et  judicieusement  la  méthode  qui  consiste, 
par  des  pressions  à  travers  la  paroi  abdominale,  durant  la  narcose 
complète,  à  refouler  la  tôte  dans  le  bassin,  on  réussit  souvent, 
môme  dans  les  cas  où  Ton  n'espérait  pas  un  tel  résultat,  à  abaisser 
^suffisamment  l'extrémité  céphalique   pour  la    pouvoir   en.^^uite 
extraire  avec  le  forceps  ordinaire.  GrAce  à  cet  expédient,  les  appli- 
cations du  forceps  sur  la  tôte  élevée  seront  très  restreintes  et  non 
au  préjudice  de  la  parturiente.  Dans  les  bassins  plats,  c'est  la 
version  qu'il  faut  faire.  Si  elle  est  irréalisable  par  suite  d'un  enga- 
gement trop  marqué  de  la  tête,  l'application  du  forceps  ordinaire 
sufQra.  Dans  les  cas  de  bassins  généralement  rétrécis,  Texpectation 


(1)  Séance  du  25  mars  1892. 


VARIA  399 

est  la  meilleure' méthode.  Ënfiii)  quand  on  n'a  pas  réussi  par  la 
pression  exercée  sur  la  tôte  fœtale  à  travers  la  paroi  abdominale, 
à  l'engager  dans  le  détroit  supérieur,  ni  le  forceps  long,  ni  le  for- 
ceps à  traction  axile  ne  permettront  dé  l'entraîner  sans  dom- 
mage. —  Naoel  objecte  à  Olshausen  et  à  BrOse  que  dans  les  cas  où 
il  est  intervenu,  sûrement,  on  ne  pouvait  pas  compter  sur  la  ter- 
minaison spontanée  de  Taccouchement.  Il  s'agissait  d'accouche- 
ments prolongés,  la  poche  des  eaux  était  rompue  depuis  long- 
temps, et  la  situation  de  la  parturiente  était  critique.  Au  fond,  il 
importe  que  l'accoucheur  n'oublie  pas  la  puissance  excessive  dont 
il  dispose  à  Taido  de  ses  instruments,  et  qu'il  n'en  dispose  qu'avec 
beaucoup  de  circonspection.  A  Mackenrodt,  il  réplique  que  B'il  n'a 
jamais  compris  l'utilité  de  l'emploi  des  forceps  à  traction  axile, 
c'est  qu'il  a  été  plus  heureux  que  ses  confrères.  Il  sufQt  de  s'être 
trouvé  dans  la  douloureuse  nécessité  de  faire  la  cràniotomie  sur 
l'enfant  vivant,  pour  être  désireux  de  posséder  un  instrument  su- 
périeur au  forceps  ordinaire.  Quant  à  la  crainte  qu'il  a  exprimée 
qu'il  pourrait  être  impossible  dans  les  cas  de  bassin  généralement 
rétréci,  de  porter  suffisamment  haut  le  forceps  pour  L'insinuer 
entre  la  tète  fœtale  et  le  bassin,  c'est  sans  doute  là  une  opinion 
émise  à  la  légère  ;  les  études  de  ce  siècle  ont  en  effet  montré  ce 
qu'il  faut  penser  de  la  théorie  de  l'enclavement.  Quant  au  procédé 
qui  consiste  à  forcer  la  tôte  dans  le  bassin  à  l'aide  de  pressions 
exercées  à  travers  la  paroi  abdominale,  l'expérience  personnelle  a 
montré  à  Nagel  qu'il  ne  réussit  que  dans  les  cas  faciles,  dans  ceux 
où  cette  pénétration  aurait  eu  lieu  spontanément.  Si  le  procédé 
était  efficace,  il  y  a  longtemps  qu'il  serait  entré  dans  la  pratique, 
et  les  accoucheurs  n'auraient  plus  à  parler  ni  de  version,  ni  de 
cràniotomie,  ni  de  forceps  sur  la  tète  élevée. 

R.  L. 

Des  applications  de  forceps  sur  la  tète  restée  élevée.  (Zur  hohen 
Zangenoperation),  J.  Futh.  Cent.f.  Gyn.,  1892,  n»  14,  p.  271. 

L'auteur,  dans  un  cas  de  bassin  rétréci,  faisait  une  application 
de  forceps  sur  une  tète  au  détroit  supérieur.  Malgré  la  bonne  direc- 
tion des  tractions  et  la  force  déployée,  la  tôte  ne  descendait  pas. 
Il  eut  alors  l'idée  de  tirer  sur  le  forceps  d'une  seule  main,  tandis 
que  de  l'autre  il  exerçait  sur  la  tôte  fœtale  à  travers  la  paroi  abdo- 
minale des  pressions  dirigées  en  bas.  Immédiatement,  la  tôte 


400  BIBLIOGRAPHIE 

franchit  facilement  le  détroit  supérieur.  Frappé  du  résultat,  il  expé- 
rimenta le  procédé  sur  le  mannequin,  et  ses  expériences  le  confir- 
mèrent dans  l'idée  qu^il  était  bon,  aussi  le  recommande-t-il  pour 
les  cas  analogues  (1). 

R.-L. 


BIBLIOGRAPHIE 


Trois  observations  d*hydrorrh6e  décidaale,  in-S»  (extrait  de  la  Ga» 
zette  des  hôpitaux)^  par  le  D^  Ë.  Bonn  aire,  accoucheur  des 
hôpitaux. 

Topographie  et  examen  clinique  du  bassin  chez  la  femme  rachitiqne. 

BoNNAiRE.  In-8*,  1892. 

Di  âlcone  laparotomie.  (Ëstratto  dalla  JRifoi^ma  Medica^  n.  6I-G2- 

63.  Marzo,  1892),  par  A.  Turetta. 

« 

Splenectomia  per  milza  mobile  ipertroflca.  (Communicazione  fatta 
alla  VIII»  adunanza  délia  Società  Italiana  di  Ghirurgia  in  lioma 
1891),  par  A.  Turetta. 

Die  Kechanik  nnd  Thérapie  des  Utems  nnd  Stoheidengewôlberlsse. 

H.  Freund. 

Beitrage  sur  intrauterinen  Thérapie.  A.  Mackenrodt.  (Separatab^ 
druck  ans  «  SammL  klin.  Vortr.  »,  avril  1892.) 

Ueber  die  vaginale  EnoUeation  der  Utemsmyome.  R.  Crobak.  {Sepa^ 
'  ratabdruck  aus  t  Samml.  klin,  Yorlmge  »,  1892.) 

(1)  On  voit  qu*il  ressemble  au  procédé  préconisé  aussi  par  Mackenrodt,  et 
que  d^ailleurs  beaucoup  de  médecins  ont  déjà  eu  l'idée  d'utiliser. 


Le  Gérant  :  G.  Steinheil. 


IMPBIMEBXa    LBHALE    JiT    C*«,    HAVRE 


ANNALES 

DE  GYNÉCOLOGIE 


Juin  1892 


AVIS  AUX  LECTEURS 


— tii 


L'année  1892  comptera  parmi  les  bonnes  pour  les  Annales 
de  Gynécologie,  Nous  avons  à  enregistrer  depuis  notre 
dernier  numéro  trois  succès.  • 

M.  le  professeur  Pinard  a  été,  le  14  juin,  nommé  membre 
de  l'Académie  de  médecine,  par  57  voix  sur  66  votants. 

Le  D'  Varnier  a  été  nommé  professeur  agrégé  d'accou- 
chements à  la  Faculté  de  Paris,  et  le  D"^  Hartmann  chirur- 
gien des  hôpitaux. 


AITN.  DB  OTH.  ^  VOI*  ZXX7II.  S6 


402     ABLATION  DE  l'utÉRUS  POUR  TUMEURS  FIBREUSES 


TRAVAUX  ORIGINAUX 


DE  L*ABLATION  TOTALE  DE  L*UTËRUS  POUR  LES 
GRANDES  TUMEURS  FIBREUSES  ET  FIBRO-CYSTI- 
QUES    DE    CET    ORGANE 

Pftr  m.  Péon  (1). 


Depuis  que  nous  nous  somme6  occupés  du  traitement  des 
tumeurs  fibreuses  et  fibro-cystiques  de  Tutérus,  nous  avons 
constamment  poursuivi  la  recherche  des  moyens  les  plus 
propres  à  rendre  leur  ablation  facile  et  peu  dangereuse. 

Âprôs  avoir  démontré  qu*il  est  possible  d'enlever  sans  trop 
de  danger  les  tumeurs  pédiculées,  sous-muqueuses,  du  col 
et  du  corps  de  l'utérus,  nous  sommes  arrivés  à  imaginer  des 
méthodes  qui  nous  ont  permis  d'extraire  presque  aussi  sim- 
plement les  fibromes  interstitiels  et  sous-péritonéaux  du 
corps  de  cet  organe. 

Pour  les  petites  tumeurs^  c'est-à-dire  pour  toutes  celles 
dont  le  volume  ne  dépasse  pas  sensiblement  celui  d'une  tôte 
de  fœtus  à  terme,  nous  avons  démontré  qu'on  peut  les  enlever 
presque  sans  danger  par  la  voie  vaginale,  en  conservant  ou 
non  l'utérus  suivant  les  indications. 

Mais  lorsque  le  volume  de  la  masse  morbide  dépasse  cehii 
que  nous  venons  d'indiquer,  le  chirurgien  recourt  habituel- 
lement à  la  voie  abdominale. 

Pour  les  grandes  tumeurs,  en  efiet,  nous  avons  prouvé  le 
premier,  par  des  faits  suffisamment  nombreux,  qu'on  peut 
les  enlever  avec  des  chances  sérieuses  de  succès,  en  les  met- 
tant à  découvert  par  une  incision  médiane  faite  à  la  paroi 


(1)  Commuiiioation  à  l'Académie  de  médecine,  féance  du  7  jaio  1892. 


PÉAN  403 

abdominale,  en  les  attirant  au  dehors  après  avoir  détaché 
leurs  adhérences  et  les  avoir  morcelées,  si  cela  est  utile,  en 
les  liant  aussi  bas  que  possible  et  en  les  réséquant  au-des- 
sous du  lien. 

Et  alors  si  la  tumeur  est  sous-péritonéale  et  pédiculée, 
l'opération  n'offre  pas  plus  de  danger  que  s'il  s'agissait  d'un . 
kyste  de  l'ovaire  ou  des  ligaments  larges  {myomeotomie). 

Si  au  contraire  elle  est  interstitielle,  il  faut  placer  le  lien  sur 
le  corps  de  l'utérus  et  ses  annexes  et  les  enlever.  En  pareil  cas, 
le  col  et  une  petite  portion  du  corps  sous-jacente  à  la  liga- 
ture forment  un  moignon  plus  ou  moins  long  qu'il  convient, 
suivant  les  cas,  de  fixer  à  l'angle  inférieur  de  la  plaie  abdo- 
minale {méthode  extra-péritonéale)  ou  de  réduire  après  Ta  voir 
ou  non  recouvert  du  péritoine  voisin  {méthode  intra-périto- 
néale).  La  méthode  extra-péritonéale  a  sur  l'autre,  quand 
elle  est  applicable,  les  avantages  suivants  :  elle  est  d'une 
exécution  rapide,  n'expose  pas  le  péritoine  à  être  souillé  par 
les  surfaces  de  section  et  permet  au  chirurgien  de  surveiller 
l'hémostase  et  le  pansement. 

C'est  pour  tous  ces  motifs,  et  aussi  parce  qu'elle  a  donné 
des  guérisons  plus  nombreuses,  que  cette  méthode  a  été  con- 
sidérée comme  la  méthode  de  choix  par  la  plupart  des  chi- 
rurgiens, depuis  que  nous  l'avons  créée. 

Cependant  il  est  des  malades  chez  lesquelles  le  moignon 
est  tellement  large,  tellement  court,  que  la  méthode  extra- 
abdominale n'est  pas  applicable.  En  pareil  cas,  nous  avons 
démontré  qu'il  est  préférable  de  réduire  le  pédicule  après 
l'avoir  lié  en  deux  moitiés  et  après  avoir  fermé  la  surface  de 
section  par  des  points  de  suture  à  anses  séparées. 

Quelques  chirurgiens  ont  cherché  à  généraliser  cette  mé- 
thode aux  dépens  de  la  précédente,  en  l'appliquant  à  toutes 
les  malades,  mais  ils  n'ont  pas  obtenu  des  résultats  assez 
favorables  pour  justifier  leur  conduite. 

Enfin,  il  est  des  cas  où  la  tumeur  occupe  à  la  fois  le  corps 
et  le  col  de  l'utérus.  Nous  avons  démontré  dans  le  travail 
que  nous  avons  publié  en  1873,  avec  mon  interne,  M.  Urdy, 


404     ABLATION  DE   l'UTÉRUS   POUR   TUMEURS  FIBREUSES 

qu'il  ne  faut  pas  hésiter,  dans  ces  circonstances,  à  pratiquer 
Tablation  totale  dé  Torgane. 

Dès  1868  j'ai  mis  le  premier  cette  méthode  à  exécution. 
L'année  suivante,  la  malade  fut  présentée  à  l'Académie  de 
médecine.  L'opération  avait  été  faite  pour  une  grosse  tumeur 
fibro-cystique. 

Depuis  cette  époque,  nous  avons  eu  maintes  fois  recours 
à  cette  méthode  et  nous  en  avons  obtenu  de  bons  résultats. 

Voici  comment  nous  procédions  autrefois  chez  ces  malades. 

Après  avoir  mis  à  découvert  la  tumeur  par  une  incision 
abdominale^  nous  saisissions  do  chaque  côté  avec  nos  pinces 
à  mors  longs,  droits  ou  courbes,  les  ligaments  larges  que 
nous  coupions  entre  deux  rangées  de  pinces  ;  puis  après  avoir 
lié  et  réséqué  ces  ligaments,  nous  placions  un  lien  métallique 
au-dessous  de  la  tumeur,  aussi  près  que  possible  du  col.  Nous 
coupions  ensuite  Tutérus  au-dessus  du  lien. 

Nous  avions  soin  au  préalable,  quand  cela  était  nécessaire, 
de  détacher  la  vessie  et  le  rectum.  11  ne  nous  restait  plus 
alors  qu'à  ouvrir  les  culs-de-sac  antérieur  et  postérieur  du 
vagin,  soit  de  haut  en  bas  par  la  voie  vaginale  et  à  enlever 
le  col  après  avoir  placé  sur  la  partie  inférieure  des  ligaments 
larges  d'autres  pinces,  plus  petites,  dont  l'extrémité  libre 
sortait  par  la  vulve  :  ces  dernières  suffisaient  pour  assurer 
rhémostase  préventive  et  définitive. 

Cette  méthode  nous  a  donné  de  bons  résultats  :  elle  a  trouvé 
dans  divers  pays  de  chauds  partisans. 

Après  y  avoir  mûrement  réfléchi,  nous  avons  pensé  que 
son  manuel  pouvait  être  encore  simplifié.  Voici  comment 
nous  procédons  aujourd'hui  : 

Après  avoir  ouvert  l'abdomen,  nous  attirons  la  tumeur  au 
dehors,  suivant  notre  coutume,  à  l'aide  d'un  trocart  long  et 
courbe  de  notre  modèle.  Nous  plaçons  ensuite  un  lien  en  J 

caoutchouc  au-dessous  d'elle,  le  plus  près  possible  du  col. 
Nous  fixons  ce  lien  avec  nos  pinces  à  mors  longuets  et  nous 
réséquons  la  tumeur  à  quelques  centimètres  au-dessus  de 
lui.  S'il  y  a  plusieurs  lobes,  nous  les  enlevons  après  avoir 


PÉAN  405 

successivement  appliqué  des  liens  de  caoutchouc  le  plus  bas 
possible. 

Lorsqu'il  ne  reste  plus  que  le  col  et  la  partie  inférieure  du 
corps  de  Tutérus,  nous  avons  soin,  quand  cela  est  nécessaire, 
de  dégager  la  vessie  et  le  rectum  et  do  pincer  ou  de  lier  les 
petits  vaisseaux  qui  leur  appartiennent.  Nous  plaçons 
ensuite,  soit  au-dessus,  soit  au-dessous  du  lien  de  caoutchouc, 
suivant  les  cas,  un  fil  métallique  que  nous  serrons  fortement 
et  que  nous  tordons  à  Taide  d'un  ligateur  do  notre  modèle. 
Grâce  à  ce  ligateur,  le  lien  métallique  se  rompt  après  quel- 
ques tours  de  torsion,  juste  à  un  centimètre  en  dehors  de 
Tutérus.  Nous  réséquons  alors  le  moignon  aussi  près  que 
possible  en  ayant  soin  d'évider  la  muqueuse,  afin  de  diminuer 
le  plus  possible  le  volume  sans  exposer  cependant  ce  lien  à 
l'abandonner  par  glissement;  puis  nous  réduisons  le  moignon 
et  nous  fermons  par  suture  la  plaie  abdominale. 

Il  ne  nous  reste  plus  alors  qu'à  enlever  le  col  de  Tutérus, 
le  moignon  et  le  lien  métallique.  Cette  extirpation  se  fait 
aisément  par  la  voie  vaginale  en  suivant  les  règles  que  nous 
avons  depuis  longtemps  posées  pour  l'ablation  des  petites 
tumeurs  utérines,  c'est-à-dire  en  ayant  recours  au  pincement 
des  ligaments  larges  et  au  morcellement. 

En  raison  des  résultats  que  nous  avons  obtenus  de  cette 
nouvelle  méthode  d'ablation  totale  de  l'utérus  dans  ces  der- 
nières années,  nous  en  sommes  arrivé  à  poser  les  conclusions 
suivantes  : 

1**  Toutes  les  fois  qu'il  est  indiqué  d'enlever  une  grande 
tumeur  fibreuse  ou  fibro-cystique,  interstitielle  du  corps  de 
l'utérus,  il  convient  de  recourir  à  notre  méthode  d'ablation 
totale  de  cet  organe  par  la  voie  abdominale  et  par  la  voie 
vaginale  combinées  ; 

2**  Cette  méthode  permet  d'enlever  plus  rapidement  l'uté- 
rus malade  et  ses  annexes  que  les  méthodes  intra  et  extra- 
péritonéales  ; 

3°  Elle  agrandit  le  domaine  de  la  chirurgie  en  augmentant 
le  nombre  des  guérisons. 


406      LAPAROTOMIE   DANS  LA  PÉRITONITE  TUBERCULEUSE 


LA    LAPAROTOMIE    DANS    LA   PÉRITONITE  TUBERCU- 
LEUSE   DE    L'ENFANT 

Par  HeBii  HarUnana,  chirurgien  des  hôpitaux,  et  Arthur  AldUbert, 

ancieo  interne  des  hôpitaux. 


Faite  d'abord  à  la  suite  d'erreurs  de  diagnostic  (I),  la  lapa- 
rotomie dans  la  péritonite  tuberculeuse  ayant  été  suivie  de 
succès  inespérés,  on  a,  de  parti  pris,  ouvert  l'abdomen  dans 
le  but  de  guérir  des  tuberculoses  péritonéales  bien  diagnos- 
tiquées. Parmi  ceux  qui  ont  défendu  avec  le  plus  d'énergie 
le  traitement  opératoire  de  la  péritonite  tuberculeuse,  nous 
devons  citer  Kummel  (2)  et  surtout  Kœnig  (3)  qui,  dans  deux 
travaux  consécutifs,  a  soutenu  la  cause  de  la  laparotomie. 

Envisagée  plus  spécialement  chez  Tenfant,  la  laparotomie 
dans  la  péritonite  tuberculeuse  a  été  plus  rarement  prati- 
quée. Comme  chez  ladulte,  elle  a,  au  début,  été  faite  par 
suite  d'erreurs  de  diagnostic.  Pétri  (4),  en  1874,  ouvre  le 
ventre  d'une  fillette  de  14  ans,  croyant  à  un  kyste  de  Tovaire. 
Malgré  un  retour  de  l'épanchement,  l'année  suivante,  des 
poussées  successives  de  tuberculoses  osseuses  et  ganglion- 
naires, la  malade  restait  encore  guérie  en  1886.  Dorhn  (5), 
en  1878,  opère  une  enfant  de  4  ans,  qu'il  regardait  comme 
atteinte  de  kyste  de  l'ovaire,  et  trouve  une  péritonite  tuber- 
culeuse diffuse  ;  un  an  après,  la  guérison  se  maintenait  par- 
faite. Il  nous  faut  toutefois  aller  jusqu'en  1887  pour  voir 
Roosenburg(6)  intervenir  de  propos  délibéré  dans  un  cas  de 

(1/  Le  premier  cas  est  dû  à  Spencer  Wells.  TurntHrê  de  Voraire,  etc  ^ 
1883,  p.  110. 

(2;  Kummel.  Centralbl.f.  (hir.,  1887,  n»  25;  Arch,  f.  klin,  Chir.  Berlin. 
1888,  p.  39  ;  DtutM^he  m  éd.  Woch.,  1889. 

(3)  Kœnig.  Centralhl,/,  TAir.,  1«90. 

(4)  Cité  par  Kummel.  Loc.  cit. 
(6)  Deuttehe  med.  Woch.,  1879. 

(6)  Twee  gevalle  van  périt,  tub.  genezen  door  laparotomie  ;  h^tUbundel 
a  I\  G.  Dtmder:t.  Amsterdam,  188><,  p.  211. 


HARTMANN   feT  ALDIBERT  407 

péritonite  tuberculeuse  à  forme  ascitique  :  deux  ans  après, 
la  malade  n'avait  pas  la  moindre  récidive.  Depuis  cette 
époque,  les  opérations  se  sont  multipliées  ;  MM.  Pinard  et 
Kirmisson  (i)  en  ont,  ici  môme,  publié  des  cas  intéressants, 
et  Ion  trouvera,  au  cours  de  ce  travail,  un  tableau  relatant 
48  opérations  faites  chez  des  enfants  (2). 

Dans  un  autre  ordre  d*idées,  on  a  vu,  tout  récemment, 
appliquer  à  la  tuberculose  péritonéale  des  traitements  réser- 
vés jusqu'ici  à  des  séreuses  moins  importantes.  La  paracen- 
tèse de  Tabdomen,  suivie  d'un  lavage  avec  une  solution  anti- 
septique, vient  d'être  préconisée  par  le  professeur  Debove. 
Les  faits  sont  encore  trop  peu  nombreux  pour  permettre  de 
conclure, et,  comme  nous  le  verrons,  de  nombreux  arguments 
peuvent  être  invoqués  contre  cette  pratique  plus  simple  en 
apparence,  mais  peut-être  moins  inoffensive  qu'on  ne  l'a  dit. 

Notre  intention  n'est  pas  de  donner  ici  une  étude  d  en- 
semble de  la  laparotomie  dans  la  péritonite  tuberculeuse. 
On  la  trouvera  dans  la  thèse  de  l'un  de  nous  (3).  Nous 
désirons  simplement  rapporter  quelques  faits  nouveaux  de 
laparotomies  dans  des  péritonites  tuberculeuses  infantiles, 
et  en  tirer  quelques  conclusions. 

Grâce  à  l'obligeance  de  notre  maître,  M.  F.  Terrier,  nous 
avons  pu  opérer  nos  trois  malades  dans  son  service  de 
l'hôpital  Bichat.  Le  temps  écoulé  depuis  l'intervention  nous 
paraît  suffisant  pour  nous  permettre  d'en  publier  les  résul- 
tats. De  plus,  dans  deux  de  ces  cas,  nous  avons  établi  par 
des  inoculations  la  nature  bacillaire  de  l'affection,  ce  qui  nous 
paraît  important,  car  il  est  établi  qu'il  existe  chez  l'enfant 
des  péritonites  chroniques  revêtant  l'aspect  macroscopique 
de  la  péritonite  bacillaire.  Il  nous  suffira  de  rappeler  les  tra- 


(1)  Annales  de  gynécologie^  Paris,  1891,  t.  II,  p.  171. 

(2)  L'un  de  nous  a,  dans  un  mémoire  tout  récent,  publié  in  extenso  ces 
opérations  (Aldibbbt,  De  la  laparotomie  dans  la  péritonite  tuherculeriëe. 
Parifl,  Steinheil,  1892).  Dans  le  même  travail,  oc  trouve  réunis  274  cas  de 
laparotomies  pour  péritonite  tuberculeuse  obez  des  adultes. 

(3)  Aldibebt.  Loc,  ait. 


408     LAPAROTOMIE   DANS   LA  PÉRITONITE  TUBERCULEUSE 

vaux  de  Henoch  qui  a  démontré  histologiqaement  que,  dans 
certaines  péritonites,  macroscopiquement  identiques  à  la 
péritonite  bacillaire,  les  granulations  étaient  uniquement 
constituées  par  des  éléments  conjonctifs  et  ne  contenaient 
aucun  élément  tuberculeux  (1). 

La  première  de  nos  observations  se  rapporte  à  une  périto- 
nite tuberculeuse  à  évolution  assez  rapide,  accompagnée  de 
fièvre  et  d'un  état  général  mauvais.  Bien  que  ce  cas  parût 
peu  favorable  à  l'intervention,  la  laparotomie  a  amené  dans 
révolution  du  processus  tuberculeux  péritonéal  un  arrêt  qui» 
après  un  an,  semble  définitif. 

Observation'  I.  —  Le  nommé  M...,  Henri,  âgé  de  12  ans,  entre 
le  27  mars  1891  dans  le  service  de  notre  maître,  M.  Terrier,  à 
rhôpital  Bichat.  Élevé  au  biberon,  cet  enfant  a  toujours  joui  d'une 
excellente  santé  ;  il  n'a  jamais  eu  de  gourmes  dans  son  enfance, 
jamais  d'accident  suspect  au  point  de  vue  de  la  tuberculose  :  il 
n'accuse  qu'une  croissance  rapide  depuis  un  an,  qui  l'a  un  peu 
fatigué.  Son  jière  est  bien  portant  et  sa  mère  n'a  eu  qu^une  légère 
atteinte  de  rhumatisme  en  1879. 

La  maladie  actuelle  a  commencé  dans  les  premiers  jours  de 
janvier,  alors  qu'il  était  encore  à  Dampierre  (Haute-Saône).  Dés 
ce  moment,  il  perd  rai)pétit,  les  dige&tions  deviennent  diriidles; 
après  les  repas,  le  ventre  se  ballonne;  il  éprouve  des  coliques 
sourdes  pendant  toute  la  i)ériode  digestive  ;  les  garde-robes  sont 
liquides  et  fréquentes.  Son  état  général  se  modilie  :  il  reste  triste, 
somnolent  toute  la  journée  et  ne  peut  plus  supporter  les  marches 
un  peu  prolongées,  qui  augmentent  ses  douleurs  abdominales  :  la 
nuit,  il  a  des  transpirations  très  abondartes.  Il  part  avec  sa  mère 
pour  Paris,  le  2'2  janvier  1891,  déjà  très  pâle  et  amaigri.  Pendant 
un  mois,  il  continue  à  se  jdaindre  du  ventre,  qui  reste  ballonné 
d'une  façon  permanente  ;  les  douleurs  qui  ne  sont  plus  passagères, 
persistent  môme  en  dehors  de  la  période  de  digestion;  l'amaigris- 
sement enQn  fait  de  rapides  progrès  et  la  mère  se  décide  &  le  pré- 
senter à  la  consultation  de  l'hnpital  Trousseau. 

Il  entre  le  20  février  181H,  dans  le  service  de  notre  excellent 

(1)  Henocb.  In  Soc.  de  méd.  interne  de  Berlin^  séance  du  16  novem- 
bre 1891. 


HARTMANN  ET  ALDIBERT  409 

maître,  M.  Cadet  de  Gassicourt.  qui  a  bien  voulu  nous  donner 
oralement  les  renseigfnements  qui  suivent.  A  son  entrée,  cet  enfant 
ne  paraissait  pas  très  malade  et  ses  troubles  digestifs  pouvaient 
faire  croire  à  une  simple  dilatation  de  l'estomac.  Mais  après  un 
examen  méticuleux  et  répété,  se  basant  sur  Texistence  d'un  léger 
ballonnement  abdominal,  sur  les  douleurs  pendant  la  digestion, 
sur  la  persistance  de  la  diarrhée,  malgré  l'absence  de  vomiase- 
ments*  notre  maître  songea  à  un  début  d'affection  péritonéale  ;  ce 
diagnostic  eût  été  très  hasardé,  tellement  les  symptômes  étaient 
peu  concluants  à  cette  époque,  si  on  n'avait  constaté  un  léger 
épanchement  pleurétique  à  la  base  gauclie  ;  cette  pleurésie  per- 
mettait d'affirmer  une  péritonite  tuberculeuse  au  début. 

Cette  péritonite  a  marché  excessivement  vite.  Dès  le  8  mars,  en 
effet,  elle  se  présentait  avec  les  signes  de  la  période  d'état  et  on 
pouvait  constater  dans  l'abdomen  la  présence  d'une  ascite  libre, 
remontant  jusqu'à  l'ombilic  et  donnant  nettement  la  sensation  de 
Ilot.  Les  fonctions  digestives  étaient  encore  plus  compromises  :  des 
vomissements  alimentaires  et  bilieux  avaient  apparu  et  étaient 
excessivement  fréquents  ;  les  douleurs  étaient  beaucoup  plus 
aiguës  ;  les  selles  restaient  liquides  et  fétides,  malgré  l'administra- 
tion de  naphtol;  enfin,  la  température  présentait  de  grandes 
oscillations  quotidiennes  entre  37*,4  le  matin  et40>,4  le  soir  ;  quant 
à  la  pleurésie  gauche,  elle  restait  station naire. 

Du  20  au  27  mars,  la  température  oscille  encore  entre  SS''  et  40'». 
mais  Tascite  se  résorbe  en  partie,  les  vomissements  et  la  diarrhée 
s'arrêtent;  les  douleurs  deviennent  moins  violentes.  L'abattement, 
il  est  vrai,  persiste  et  l'amaigrissement  surtout  fait  de  rapides 
progrès. 

Devant  cet  état  qui  s'aggrave  de  jour  en  jour  et  qui  menace 
d'enlever  rapidement  le  malade,  M.  Cadet  veut  bien  nous  adresser 
l'enfant  à  l'hôpital  Bichat,  pour  essayer,  par  la  laparotomie,  d'en- 
rayer ce  processus  aigu. 

Le  28.  État  actuel  :  En  examinant  cet  enfant,  on  est  frappé  de 
son  aspect  souffreteux  et  misérable,  de  la  pilleur  cireuse  de  son 
visage  avec  légère  bouffissure  des  paupières  qui  lui  donne  un 
faciès  albuminurigue.  Ses  joues  creuses  font  ressortir  la  saillie  des 
08  malaires  ;  sa  peau  est  partout  flasque,  ridée,  rugueuse;  la  couche 
adipeuse  sous-cutanée  a  disparu  et  les  masses  musculaires,  dimi- 
nuées de  volume,  exagèrent  le  relief  des  saillies  osseuses  ;  les 


410      LAPAROTOMIE   DANS   LA  PÉRITONITE  TUBERCULEUSE 

cuisses  à  leur  partie  moyenne  ne  mesurent  que  24  centim.  et  les 
bras  13  centim.  Le  poids  de  Tenfant  est  de  22  kilogr.  100. 

L'abdomen  au  contraire,  très  augmenté  de  volume,  bombe  en 
avant,  sans  s'étaler  ;  Tombilic,  qui  n^est  pas  déplissé  complètement, 
se  soulève  à  cbaque  effort  de  toux.  La  peau  est  sèche  et  squameuse  ; 
la  circulation  veineuse  sous-cutanée  est  un  peu  plus  développée  que 
normalement  dans  les  régions  sous-ombilicales.  La  mensuration 
donne  61  centim.  comme  circonférence  ombilicale;  de  l'ombilic  au 
pubis  12  centim.  ;  à  l'appendice  xiphoîde  16  ;  à  Tépine  iliaque  anté- 
rieure et  supérieure  droite  13  ;  à  l'épine  iliaque  antérieure  et  supé- 
rieure gauche  14  centim. 

La  percussion  indique  un  tympanisme  très  marqué  dans  les 
régions  sus-ombilicales  ;  une  sonorité  normale  dans  l'hypogastre  ; 
de  la  matité  dans  les  fosses  iliaques  et  les  flancs,  se  déplaçant 
lorsqu'on  modifie  le  décubitus. 

La  palpation  est  rendue  difficile  par  la  tension  des  muscles  de  la 
paroi  ;  il  semble,  cependant,  qu'il  existe  dans  la  région  ombilicale 
des  inégalités  de  résistance,  une  espèce  de  giXteau  empâté  et  diffus 
dont  on  ne  peut  apprécier  la  limite  exacte.  On  ne  perçoit  pas  de 
froissements  amidonnés,  mais  on  provoque  des  borborygmes  fré- 
quents. Nulle  part  on  ne  trouve  de  fluctuation. 

Le  foie  ne  dépasse  pas  les  fausses  côtes  ;  la  hauteur  de  sa  matité 
est  normale.  La  rate  est  un  peu  grosse  et  donne  lieu  à  unesubma- 
tité  dans  une  étendue  de  3  centim.  carrés  environ. 

L'examen  du  thorax  indique  l'intégrité  du  poumon  droit;  à 
gauche,  en  arrière,  il  y  a  de  la  submatité,  de  Tobscurité  du  mur* 
mure  vésiculaire,  sans  frottements,  à  la  base  (reliquat  de  sa  pleu- 
résie) ;  et  au  sommet,  en  avant  comme  en  arrière,  il  existe  une 
sonorité  tympanique  avec  expiration  prolongée,  mais  moelleuse. 
Les  bruits  du  cœur  sont  normaux. 

heh  urines  sont  peu  abondantes  (650  cent,  cubes  par  jonr^  et 
contiennent  17  gr.50  d'urée  par  2ï  heures. 

L'enfant  reste  en  observation  et  est  préparé  pour  l'opération 
jusqu'au  15  avril.  Pendant  cette  période,  on  le  voit  toujours  triste 
et  abattu,  blotti  dans  son  lit,  somnolent,  ne  s'intéressant  à  rien  de 
ce  qui  l'entoure.  Sa  tempéralure  à  plusieurs  reprises  présente  de 
grandes  oscillations  atteignant  le  soir  39^  et  40<>.  Il  ne  mange 
presque  plus;  il  accuse  sans  cesse  des  douleurs  abdominales  très 
aiguôs  sous  forme  de  coliques  et  vomit  fréquemment  le  peu  d'ali- 


HARTMANN   ET  ALDIBERT  411 

mflntB  OU  le  lait  qu'il  ingère  ;  ses  selles  restent  liquidas,  fétides,  nu 
nombre  de  2  ou  3  par  jour. 

On  lui  fait  prendre  plusieurs  baina  savonneux,  on  recouvre  son 
ventre  d'une  faç^n  permanente  avec  nn  pansement  antiseptique 
et  on  lui  donne  des  paquets  de  bétel  et  de  salicytate  de  bismuth. 

Le  15  avril,  laparotomie  par  M.  Hartmann  aidé  par  M.  Aldibert. 
Une  incision  sous -ombilicale  de  5  A  6  cent,  environ,  sectionne 
rapidement  la  peau  et  la  couche  sous-cutanâe  très  mince,  privée 
de  graisse  ;  l'aponévrose  du  droit  antérieur  est  incisée  et  on 
décolle  le  bord  interne  du  droit  antérieur  du  côté  droit.  On  aper- 
iv)it  alors  une  couche  de  graisse  finement  lobulée  et  serrée,  rapp»' 
lant  le  grand  épiploon,  que  l'on  sectionne  prudemment  et  lente- 
ment à  tout  petits  coups  de  pointe;  on  met  ainsi  à  nu  et  on  incise 
un  feuillet  plus  résistant,  mais  peu  net,  dans  lequel  il  est  diflicile 
de  reconnaître  le  péritoine  et  qui  présente  sur  la  lèvre  droite  de 


l'incision  l'ouraque,  du  volume  d'une  plume  de  coq,  incomplète- 
ment oblitéré. 

Au-dessous  de  ce  feuillet  se  trouve  une  masse  linement  granulés 
et  lobulée,  couverte  de  granulations  jaunes  avec  petits  amas 
cnséeuxdu  volumed'un  pois  ;  cette  couche  sajgnr  au  moindre  coup 
de  bistouri  et  elle  est  constituée  par  le  grand  épiploon  adhérent 
à  la  paroi.  On  essaie  d  abord  de  le  décoller  en  haut  et  à  droite  ;  on 
ne  peut  y  arriver.  Palpant  alors  les  parties  voisines  de  rincision 
avec  l'index  gauche  pendant  que  le  droit,  maintenu  dans  la  plaie. 


412     LAPAROTOMIE   DANS   LA  PÉRITONITE   TUBERCULEUSE 

va  à  sa  rencontre,  on  constate  un  gâteau  très  étendu  en  haut  et  à 
droite,  très  limité  au  contraire  à  gauche  de  Tincision.  Muni  do  ce 
précieux  renseignement,  on  peut  alors  facilement  et  assez  vite 
décoller  avec  l'ongle  les  adhérences  épiploïques  sur  la  lèvre  gau- 
che de  l'incision  et  pénétrer  dans  la  cavité  ahdominale.  Aucun 
liquide  ne  s'écoule  par  la  plaie. 

Le  doigt  introduit  dans  l'abdomen  montre  que  Tintestin  adhère 
lui-même  à  1  epiploon  dans  toute  la  région  ombilicHle  et  ces  adhé- 
rences  ne  lui  permettent  pas  d'explorer  la  moitié  droite  de  la 
cavité  abdominale;  à  gauche  on  sent  un  péritoine  verruqueux, 
hérissé  de  saillies  que  Ton  retrouve  sur  la  surface  de  l'intestin. 
L'anse  intestinale  qui  se  présente  au  fond  de  la  plaie  et  le  péritoine 
pariétal  sont  couverts  de  granulations  tuberculeuses  opaques,  un 
peu  jaunâtres. 

On  fait  un  lavage  avec  de  l'eau  borîquée,  à  37»  environ  ;  le  liquide 
sort  d'abord  un  peu  rougi  par  le  sang  qui  s'écoule  du  décollement 
épiploique,  mais  bientôt  après  il  se  présente  à  la  sortie  avec  une 
clarté  parfaite.  On  fait  ainsi  passer  deux  litres  de  liquide  environ. 
Pendant  le  lavage,  le  pouls  n'a  pas  augmenté  de  fréquence. 

On  excise  un  fragment  d'épiploon  pour  l'inoculer  et  on  fait  une 
suture  à  trois  étages,  les  deux  profondes  (une  pour  le  péiitoine, 
une  autre  pour  le  plan  musculo-aponévrolique)  à  la  soie,  celle  de 
la  peau  au  crin  de  Florence.  Pas  de  drainage. 

17)  avril.  Soir.  L'enfant  a  soutî'ert  un  peu  au  niveau  de  la  plaie; 
a  eu  des  nausées  et  un  vomissement.  Temp.  30o.  Pouls  à  104. 
Champagne  glacé.  Potion  avec  5  cenligr.  d'extrait  thébaïque. 

Le  10.  Matin.  Temp.  37«»,6.  Pouls  à  100.  A  passé  une  assez  bonne 
nuit,  ni  nausées,  ni  vomissements.  A  uriné  s^ul  500  gr.  depuis 
l'opération. 

Soir.  Temp.  :  3/0,8.  Pouls  à  lO'i.  Il  n'accuse  aucune  douleur  dan» 
l'abdomen;  il  ne  soulTre  qu'un  peu  au  niveau  de  la  plaie.  D 
demande  à  manger.  Champagne.  Lait  et  eau  de  Vichy. 

Le  17.  Matin.  Temp.  :  37o,4.  Pouls  i\  V«8.  Le  malade  rend  des 
gaz  par  l'anus,  sans  canule.  GOO  grammes  d'urine. 

Soir.  Temp.  :  370,8.  Pouls  a  lOi.  L'enfant  va  très  bien. 

Temp.  matin,  3/»;  soir,  37o,'i. 

Le  petit  malade  va  très  bien,  il  n'éprouve  aucune  douleur  et 
désire  ardemment  manger.  Pas  de  selles  depuis  l'opération.  Urine, 
800  gr.  Lait.  Œufs.  Suppression  de  la  potion  à  l'extrait  thébaïque. 


HARTMANN   ET   ALDIBERT  413 

Le  âO.  Température  reste  normale;  l'enfant  n'accuse  aucune 
douleur  ;  son  état  général  est  excellent  ;  il  a  eu  une  selle  copieuse 
après  un  lavement  borique.  On  lui  donne  de  la  viande  blanche,  du 
lait  et  des  œuf8. 

Le  23.  Le  malade  est  toujours  très  bien  et  la  température  nor- 
male. Il  est  gai,  souriant,  n'éprouve  aucune  douleur  et  a  un  excel- 
lent appétit;  à  le  voir,  on  nedîrait  pas  qu'il  a  été  laparotomisé. 
On  fait  son  premier  pansement;  on  enlève  tous  les  fils  :  la'réunion 
est  complète.  L'abdomen  est  partout  souple,  indolore. 

7  mai.  La  température  est  toujours  restée  normale  oscillant 
entre  36o,8  et  37o,4;  un  soir  seulement  elle  a  atteint  38*»,  à  la  suite 
d^une  indigestion  qui  s'est  traduite  encore  par  uU'Vomissement  et 
une  débâcle  intestinale.  L'enfant  n'a  éprouvé  aucune  colique 
depuis  l'opération;  il  mange  avec  appétit,  môme  avec  voracité;  il 
est  gai,  content  et  se  lève. 

Au  second  pansement,  fait  le  1°^  mai,  la  plaie  est  cicatrisée 
complètement;  on  lui  laisse  la  ceinture  de  flanelle  pour  maintenir 
son  ventre. 

Le  15.  Sa  mère  vient  le  chercher  pour  remmener  chez  elle,  à 
Dampierre.  L'enfant  a  conservé  son  teint  pâle  et  blafard;  l'amai- 
grissement a  peu  diminué,  son  poids  est  de  22  kilog.  et  la  circon- 
férence de  ses  cuisses  ou  de  ses  bras  est  identique  à  celle  de  son 
entrée. 

L'abdomen  présente  une  cicatrice  de  7  c^ntim.,  arrivant  à 
2  centim.  de  l'ombilic,  souple,  sans  éventration;  la  circonférence 
ombilicale  a  diminué  d'un  centim.  et  ne  mesure  plus  que  60  centim.; 
on  trouve  de  Tombilic  au  pubis  10  centim.  1/2;  du  môme  point  à. 
l'appendice  xiphoïde  15;  à  l'épine  iliaque  antérieure  et  supérieure 
droite -12  1/2;  à  l'épine  iliaque  antérieure  et  supérieure  gauche 
131/2;  ces  divers  rayons  ont  donc  tous  diminué  depuis  l'opéra- 
tion. A  la  palpation,  le  ventre  est  souple,  absolument  indolore,  et 
on  ne  perçoit  que  fort  mal  Tempàtement  péri-ombilical  qui  existait 
avant  l'intervention.  La  sonorité  est  normale  partout,  il  n'y  a  pas 
de  tympanisme. 

Localement,  les  modifications  apportées  par  la  laparotomie  ne 
sont  pas  considérables,  quoiqu'il  y  ait  une  diminution  réelle  du 
volume  du  ventre;  il  n'en  est  pas  de  môme  en  ce  qui  concerne 
l'état  général  et  les  fonctions  digestives.  Cet  enfant  qui  restait 
confîné  au  lit,  dans  Timpossibilité  de  se  tenir  debout,  qui  était 


414     LAPAROTOMIE  DANS   LA  PÉRITONITE  TUBEAGULBUSB 

toujours  triste  et  somnolent,  qui  ne  pouvait  supporter  que  le  régime 
lacté,  qui  était  sans  cesse  tourmenté  par  des  coliques  intestinales 
très  aiguës,  avait  une  température  à  39®  et  40®,  aujourd'hui  se  lève 
et  marche  toute  la  journée,  reste  apyrétique,  mange  avec  un 
excellent  appétit  et  même  avec  voracité  et  n'éprouve  plus  aucune 
douleur;  cette  suppression  des  phénomènes  douloureux  si  pénibles 
est  pour  le  petit  malade  le  bénéfice  le  plus  net  de  Tintervention  et 
il  est  enchanté  d'avoir  été  opéré. 

Les  notes  suivantes  nous  ont  été  communiquées  par  le  docteur 
Coillot  : 

Il  s'est  développé  pendant  Tété  au  niveau  de  la  cicatrice  une 
ulcération  grande  comme  une  pièce  de  cinq  francs  non  ûstuleuse; 
Tascite  ne  s'est  pas  reproduite  (24  décembre). 

Le  26  février  1892  :  il  n\v  a  pas  d'ascite»  ni  de  gâteaux  indurés 
dans  le  ventre,  l'ulcération  de  la  paroi  est  à  peu  près  complète- 
ment fermée.  Circonférence  ombilicale  :  0,49  centim.  ;  dislance  de 
l'ombilic  à  l'appendice  xiphoîde  0,13;  aux  épines  iliaques  0,11 
(les  mômes  dimensions  au  moment  de  sa  sortie  étaient  :  60,  15  et 
13  centim.). 

Le  ventre  a  donc  diminué  beaucoup  de  volume  et  la  péritonite 
parait  guérie.  Mais  l'enfant  a  maigri,  il  ne  pèse  plus  que 
20  kilogr.  150  au  lieu  de  22  à  sa  sortie  de  Bichat,  et  parait  assez 
émacié. 

Nous  pouvons  nous  demander  si  l'amaigrissement  provient  de 
mauvais  soins  hygiéniques  ou  d'une  tuberculose  viscérale  extra- 
péritonéale  latente;  n'ayant  pas  examiné  Tenfant  nousméme^ 
nous  ne  pouvons  nous  prononcer. 

Examen  bactériologique.  —  Inoculation,  le  15  avril,  du  frag- 
ment épiplolque,  à  un  cobaye  sous  la  peau  de  Tabdomen;  le 
20  mai,  la  plaie,  réunie  d'abord  par  première  intention,  s'ouvre  et 
laisse  échapper  du  pus  granuleux  d'aspect  caséeux  ;  elle  persiste 
encore  lorsqu'on  sacrifie  l'animal  le  27  juillet.  Elle  a  environ 
1  centim.  carré,  repose  sur  une  base  un  peu  indurée  située  dans 
répaisseur  des  muscles  et  présente  à  la  coupe  des  granulations 
jaunes  très  nettes. 

Les  ganglions  des  aines  et  des  aisselles  sont  très  augmentés  de 
volume;  les  plus  gros  sont  dans  l'aisselle  gauche,  où  se  rendc^nt 
les  lymphatiques  du  point  inoculé  et  ils  y  atteignent  le  volume 
d'une  amande  ;  tous  présentent  à  la  coupe  l'aspect  de  marron  cru 


HARTMANN   ET  ALDIBERT  415 

et  dans  Taine  gauche  l'an  d^eux  est  le  siège  d  un  abcès  caséeux 
ramolli,  où  l'on  trouve  des  bacilles  de  Koch. 

Le  foie  qui  pèse  75  gr.,  est  farci  de  granulations  grises^  que  l'on 
constate  aussi  en  très  grand  nombre  dans  la  rate.  Les  poumons 
sont  farcis  de  tubercules  plus  gros  et  grîsàtres,  dont  quelques-uns 
ont  les  dimensions  d'un  gros  grain  de  plomb.  ' 

Cette  observation  présente,  au  double  point  de  vue  clinique 
et  opératoire,  quelques  particularités  sur  lesquelles  il  nous 
paraît  utile  d'insister. 

Il  s'agissait  d'une  péritonite  tuberculeuse  subaiguô,  à 
marche  rapide.  La  température  élevée,  à  grandes  oscilla- 
tions, atteignant  le  soir  39**  et  même  40®  ;  les  douleurs  vives 
et  presque  continues  qu  éprouvait  cet  enfant,  les  vomisse- 
ments incessants  et  la  diarrhée  rebelle  qu'il  avait,  ne  lais- 
saient que  peu  d'espoir  sur  les  résultats  de  la  laparotomie. 
Le  malade  a  cependant  retiré  un  grand  bénéfice  de  l'inter- 
vention :  sa  température  est  tombée  à  la  normale,  dès  le 
lendemain  de  Topération  ;  les  vomissements  et  la  diarrhée  se 
sont  arrêtés,  l'appétit  a  reparu,  les  douleurs  ont  complète- 
ment cessé;  l'enfant  a  pu  se  lever,  courir  et  jouer,  comme 
s'il  était  complètement  guéri  de  son  affection  péritonéale. 
Aujourd'hui  encore,  dix  mois  après  l'opération,  son  ventre 
ne  présente  ni  ascite,  ni  gâteaux  indurés,  et  paraît  absolu- 
ment normal.  L'enfant,  il  est  vrai,  après  avoir  repris  tous 
les  attributs  de  la  santé,  a  de  nouveau  maigri,  et  a  perdu, 
dans  ces  derniers  temps,  deux  kilogrammes  ;  mais  cet  amai- 
grissement est  peut-être  dû  aune  alimentation  défectueuse, 
et  une  hygiène  bien  comprise  l'aurait  probablement  arrêté. 
Sa  péritonite,  dans  tous  les  cas,  paraît  complètement  guérie, 
et  ce  succès,  obtenu  dans  des  conditions  si  défavorables, 
prouve  la  valeur  réelle  de  l'incision  abdominale. 

Nous  devons  attirer  aussi  l'attention  sur  une  complication 
post-opératoire  qui  est  survenue,  l'ulcération  tuberculeuse 
de  la  plaie.  Cette  ulcération  secondaire  s'explique  facile- 
ment dans  ce  cas  ;  l'adhérence  de  l'épiploon  tuberculeux  à  la 
paroi  au  niveau  de  l'incision  a  permis,  selon  toute  probabilité, 
rinoculation  de  la  plaie  par  continuité. 


416      LAPAROTOMIE  DANS  LA  PÉRITONITE  TUBERCULEUSE 

Au  point  de  vue  opératoire,  il  n'est  pas  inutile  de  faire 
remarquer  que  nous  avons  eu  une  certaine  difficulté  à  recon- 
naître les  divers  plans  de  la  paroi  et  que  le  péritoine,  en 
particulier,  était  à  peu  près  impossible  à  distinguer.  L*adhé- 
rence  à  la  paroi  du  tablier  épiploique  a  encore  compliqué 
rintervention  ;  il  a  fallu  explorer,  avec  un  doigt  dans  la 
plaie  et  un  autre  dans  le  voisinage^  Fétendue  de  ses  adhé- 
rences dans  toutes  les  directions,  et  ce  n'est  qu'après  avoir 
constaté  qu'elles  étaient  très  limitées  à  gauche  de  l'incision, 
que  nous  avons  pu  agir  en  ce  point,  décoller  l'épiploon,  et 
pénétrer  dans  l'abdomen.  Remarquons,  en  outre,  que  dans 
ce  cas,  la  ponction  n*eût  pas  été  sans  danger.  L'épiploon,  en 
effet,  adhérait  à  la  paroi  sur  une  grande  étendue,  dans  les 
points  où  on  pratique  d'habitude  la  paracentèse  ;  l'intestin 
était  lui-même  collé  au  tablier  épiploïque  ;  or  ces  adhérences 
ne  pouvaient  être  diagnostiquées  avant  l'opération,  car  on 
ne  sentait  que  d'une  façon  diffuse,  un  épaississement  de  la 
paroi  au  niveau  de  la  région  ombilicale.  Une  ponction,  faite 
dans  ces  conditions,  aurait  eu  par  conséquent  les  plus 
grandes  chances  de  léser  Tépiploon  et  l'intestin. 

Notre  seconde  observation  a  trait  à  une  péritonite  tuber- 
culeuse suppurée,  enkystée  dans  la  partie  inféro-latérale  de 
l'abdomen. 

Observation  II.  —  La  petite  S...,  Aurélie,  âgée  de  9  ans  et 
demi,  nous  est  envoyée  do  la  consultation  des  Enfants-Malades 
par  notre  ami  Triboulet,  et  elle  ontro  à  Bichat,  le  20  juin  1891. 

Son  père  est  bien  portant;  sa  mère  a  depuis  5  ans  une  laryngite 
chronique  suspecte  ;  deux  autres  enfants  sont  en  bonne  santé  ;  un 
est  mort  à  18  mois  des  suites  d'une  laryngite  diphtérilique. 

Elle  a  eu  la  rougeole  t\  8  mois;  la  coqueluche  à  1  an  1/2;  une 
fracture  de  cuisse  à  2  ans;  la  varicelle  à  3  ans;  jamais  elle  n*a 
présenté  ni  gourme,  ni  kératites,  ni  adénites  chroniques.  Depuis 
l'âge  de  4  à  5  ans  elle  est  sujette  à  des  bronchites  qui  se  répètent, 
mais  qui  ont  une  courte  durée. 

Sa  mère  fait  remonter  le  début  de  Taffection  actuelle  au  13  mai 
et  l'attribue  à  un  coup  de  pied  que  Tenfant  aurait  reçu  à  Técole. 
D'après  elle,  jusqu'à  cette  époque,  l'enfant  n'avait  accusé  aucun 


lURTMANN   ET  ALDlBERT  417 

trouble  digestif,  aucune  douleur  abdominale  ;  ce  jour-là  elle  se 
serait  alitée  avec  un  ventre  ballonné  et  douloureux,  une  fièvre 
vive,  des  sueurs  abondantes  et  des  vomissements  très  fréquents. 
(Jes  accidents  aigus  se  sont  amendés  lentement  :  le  volume  du 
ventre  a  un  peu  diminué,  les  douleurs  abdominales  se  sont  atté- 
nuées et  les  vomissements  arrêtés  ;  la  diarrhée  du  début  a  fait 
place  à  une  constipation  opiniâtre;  mais  l'enfant  a  énormément 
maigri.  Depuis  une  huitaine,  les  accidents  ont  repris  une  certaine 
acuité;  la  diarrhée  a  reparu  avec  des  coliques  intermittentes  très 
violentes,  persistant  un  jour  ou  deux,  et  une  ûèvre  intense;  la 
mère  se  décide  alors  à  conduire  sa  fille  à  l'hôpital. 

2ï)juin.  —  État  actuel  :  Cette  enfant  pâle,  chétive  et  malingre 
présente  un  amaigrissement  extrêmement  marqué  ;  sa  peau,  flasque 
et  ridée,  recouvre  des  membres  squelettiques  :  les  cuisses  mesu- 
rent 22  ceotim.  1/2  à  leur  partie  moyenne  et  le  bras  11  centim.  Son 
poids  est  de  16  kilogr. 

Son  abdomen  volumineux  et  distendu  contraste  avec  le  peu  de 
dévoloppemeut  et  l'amaigrissement  de  son  thorax.  La  peau,  squa- 
meuse et  rugueuse,  présente  dans  la  région  sous-ombilicale  trois 
cicatrices  produites  par  l'application  de  mouches  de  Milan  ;  on 
aperçoit  une  légère  dilatation  du  réseau  veineux  sous-cutané 
80U8*ombilical.  Le  ventre,  qui  n'est  pas  étalé  et  qui  bombe 
en  avant,  est  partout  augmenté  de  volume;  mais  il  existe  juste 
au-dessous  de  Tombilic  une  zone  large  d'uu  travers  de  main  qui 
fait  en  avant  une  saillie  spécialement  marquée.  La  circonférence 
ombilicale  est  de  55  centim.;  il  y  a,  de  l'ombilic  au  pubis,  10  centim. 
à  l'appendice  xiphoide  12  centim.,  à  l'épine  iliaque  antérieure  et 
supérieure  droite  13  centim.,  à  Té pine  correspondante  gauche 
12  centim. 

La  percussion  donne  de  la  matité  dans  une  zone  large  de  trois 
travers  de  doigt  dans  la  fosse  iliaque  gauche  et  l'hypogastre  et  d'un 
travers  de  pouce  dans  la  fosse  iliaque  droite  ;  elle  prend  ainsi 
la  forme  d'un  croissant  à  concavité  supérieure  plus  large  à  gauche, 
allant  en  s'eflilant  dans  la  fosse  iliaque  droite.  Cette  percussion 
est  douloureuse  sur  toute  cette  étendue,  mais  elle  Test  surtout 
dans  la  fosse  iliaque  gauche  où  pratiquée  légèrement  et  superli- 
cieilement  elle  fait  pleurer  la  malade.  Cette  matité  est  fixe  et  ne 
86  déplace  pas  dans  les  décubitus  latéraux.  Dans  tous  les  autres 
points  la  sonorité  est  tympanique^ 


418      LAPAROTOMIE   DANS   LA    PÉRITONITE   TUBERCULEUSE 

A  ïa  palpation,  on  eent,  au  niveau  et  un  peu  au-dessous  de  Tom- 
bîlic,  sur  une  étendue  transversale  de  10  centim.  et  verticale  de 
5centim.,  un  gâteau  d'empâtement,  un  plastron  dur,  à  limites 
périphériques  diffuses,  très  douloureux  et  faisant  corps  avec  la 
paroi  ;  nu  niveau  de  la  fosse  iliaque  gauche,  les  muscles  sont  ten- 
dus et  la  moindre  pression  est  si  douloureuse  qu'on  ne  peut  palper 
les  parties  prorondes  ;  dans  la  fosse  iliaque  droite,  on  ne  sent  rien 
d'anormal.  On  ne  constate  nulle  part  ni  cris  intestinaux,  ni  frotte* 
menls. 

La  màtité  hôpatique,  de  6  centim.  sur  la  ligne  mamelonnaire, 
ne  dépasse  pas  les  fausses  côtes  ;  la  rate  n'est  pas  sensible  à  la 
percussion.  % 

'  L*examen  du  thorax  ne  révèle  aucune  trace  de  pleurésie  ;  la 
respiration  est  pure  pariout,  sauf  dan»  la  fosse  sus-épineuse  gau* 
ehe  où  rinspvration  et  rexpîratiôn  sont  un  peu  plus  rudes  q\i*à 

« 

droite,  sans  être  prolongées,  sans  s^accompagner  de  modification 
appréciable  dé  sonorité.  Lès  battements  cardiaques  sont  normaux. 

Les  urines,  normales  comme  quantité,  contiennent  13  gr.  d'urée 
par  2\  heures. 

Dans  les  plis  inguinaux  et  les  régions  carotidiennes,  il  existe 
plusieurs  ganglions  peu  volumineux. 

Les  troubles  fonctionnels  sont  très  accusés;  la  malade,  triste  et 
abattue,  éprouve,  depuis  son  entrée,  des  douleurs  sous  forme  de 
coliques  violentes,  localisées  dans  la  fosse  iliaque  gauche  et  la 
zone  péri -ombilicale  voinine;  elle  a  pleuré  et  crié  toute  la  nuit. 
Elle  ne  prend  aucune  nourriture,  ne  supporte  qu*un  peu  de  lait  ; 
elle  n'a  pas  vomi  et  a  eu  4  ou  5  selles  liquides  et  fétides. 

Du  20  au  25  jujn,  Tétat  se  modiûe  peu  .l'enfant  a  une  tempéra- 
ture qui  atteint  le  soir  39'  et  40o,  les  douleurs  abdominales  inter- 
mittentes persistent  avec  la  même  intensité,  rendant  tout  repos 
impossible;  la  diarrhée  continue  ;  la  malade  pleure  et  crie  jour  et 
nuit  et  ne  s'alimente  plus.  Ayant  été  désinfectée  pendant  c-ette 
période,  on  l'opère  le  25  juin. 

Laparotomie,  le  25  juin,  par  M.  Hartmann,  aide  par  M.  Aldi* 
bert;  le  chloroforme  donné  par  M""*  Magnus  est  très  bien  sup* 
porté. 

On  fait  une  incision  sous-ombilleale  de  5  centimètres  environ  et 
on  sectionne  lentement  les  divers  plans  successifs  qui  sont  très 
vasculairesy  ce  qui  nécessite  l'application  de  nombreuses  pinces. 


HARTMANN  ET  ALDIDERT  4lO 

Après  avoir  détaché  de  sa  gaine  le  muscle  droit  antérieur  dn  côté 
droit,  ou  trouve,  en  haut,  un  tisBU  lisse  et  gris&trt^,  dépourvu  de 
graisse,  saignant  en  nnppe  au  moindre  coup  de  bistouri  qui  va  avec 
la  plus  grandn  prudence,  d  tout  petits  coups  de  pointe;  cette  sur- 
face adhère  intimement  de  chaqui^  citté  aux  lèvres  de  l'incision. 
Craignant  que  ce  ne  soit  l'intestin  adhérent,  on  revient  à  la  partie 
inférieure  de  la  plaie.  On  constate,  &  ce  niveau,  quelques  pelotons 
adipeux  jaunfttres,  assez  gros  ;  mais  ii  est  difficile  de  se  rendre 
compte  s'ils  appartiennent  ù  l'épiploonou  A  la  graissn  propérito- 


Le  trait  pointillé  se  rsjiporte  A  la  période  antù-vpératoire.  Le  (mit  plein 
indique  U  température  après  l'opératioa. 

néale.  Cette  couche  mince  est  incisée  à  petits  coups  de  pointe  ; 
prorondément  on  aperçoit  alors  une  petite  masse  d'aspect caséeux, 
(lu  volume  d'un  pois.  Lrt  soniie  cannelée,  portée  en  ce  point, 
déchire  une  paroi  très  mince  et  donni?  immédiatement  issue  A  du 
pus  un  peu  séreux  qui  «échappe  avec  quelques  bulles  gazeuses  ; 
après  l'issue  d'un  verre  à  madère  de  ce  pus,  il  sort  un  liquide  puri- 
forme  plue  jaun&tre,  ayant  les  caractères  du  contenu  intestinal. 

Le  petit  doigt  introduit  par  cet  oriiice,  reconnaît  l'existence  d'une 
poche  s'entonçant  vers  la  fosse  iliaque  gauche,  dépassant  un  peu 
A  droite  la  ligne. médiane  et  remontant  jusqu'il  l'ombilic  où  elle 
parait  fermée  par  des  adhérenc?s  de  l'épiploon  &  la  paroi  abdomi* 
nal";  quant  à  sa  poroi  profonde,  elle  parait  constituée  par  les 


i20      LAPAROTOMIE    DANS  LA. PÉftITONITE' TUBERCULEUSE 

anses  intes-tinales  accolées,  lisses  et  rougeàtres,  sans  granulations 
tuberculeuses  apparentes  En  résumé,  11  existe  à  la  partie  inférieure 
gauche  de  l'abdomen,  une  poche  purulente  paraissant  communi- 
quer avec  l'intestin  et  coinplélement  isolée  du  reste  de  la  cavité 
péritonéiilo.  Elle  est  lavée  avec  un  litre  d'eau  boriquée  stérilisée 
et  bouillie,  jusjuM  c^  que  le  liquide  ressorte  clair;  un  drain  du 
volume  du  petit  doigt  est  introduit  dans  le  fond  de  la  cavité  > 
sutures  à  trois  étages,  les  deux  profonds  (péritoine  et  muscle)  à  la 
soie,  le  superficiel  (peau)  au  crin  de  Florence.  Un  fragment  de  la 
paroi  de  la  poche  est  inoculé  le  jour  même  sous  le  péritoine  d'un 
cobaye. 

Le  25j  soir.  T.  37o,4,  pouls  120,  assez  fort,  respiration  40.  La  pe- 
tite malade  ne  souffre  pas  du  ventre;  elle  n'a  pas  eu  de  vomisse- 
ments et  n'est  pas  abattue.  Le  pansement  est  complètement 
traversé  par  un  suintement  jaunâtre,  très  abondant,  contenant  des 
grumeaux  de. même  couleur  et  ayant  une  odeur  intestinale  très 
nette.  Diète  absolue.  Potion  avec  cinq  centigr.  d'extrait  thébaïque. 

Le  26,  matin  :  T.  37o,  pouls  128.  L'enfant  a  passé  une  assez 
bonne  nuit  et  a  reposé;  elle  n'accuse  aucune  douleur  abdominale 
et  ne  vomit  pas.  £lle  urine  seule.  Le  pansement  est  encore  traversé 
par  un  suintement  analogue  à  celui  de  la  veille.  Potion  de  ïodd 
avec  cinq  centigr.  d'extrait  tliébaique  ;  bétolet  salicylatede  bis- 
muth 2  gr.  en  deux  fois.  Lait.  Soir  :  on  refait  le  pansement  qui  est 
encore  traversé. 

Du  27  au  3  juillet,  la  température  reste  normale  et  le  pouls  re- 
>ient  à  sa  fréquence  habituelle  dès  le  28.  L'enfant  n'éprouve  aucune 
douleur ,  les  coliques  si  vives  qu'elle  avait  avant  l'opération  ont 
cessé  complètement;  l'état  général  est  bon.  Notre  excellent  collè- 
gue et  ami,  M.  Michon,  dans  le  service  de  qui  elle  se  trouve,  lui 
fait  son  pansement  deux  fois  par  jour  ;  le  suintement  est  toujours 
extrêmement  abondant  et  a  les  caractères  du  contenu  intestinal  ; 
il  a  produit  un  érythème  considérable  de  la  paroi,  que  Ton  combat 
avec  de  la  vaseline  à  l'acide  borique  et  à  l'oxyde  de  zinc. 

L'enfant  est  alimentée  exclusivement  avec  du  lait  et  des  œufs  et 
prend  toujours  3  gr.  de  bélol  et  de  salicj'late  de  bismuth. 

Le  3.  On  raccourcit  un  peu  le  drain  et  on  enlève  les  crins  :  la 
réunion  primitive  de  la  plaie  est  complète,  malgcé  le  suintement 
intestinal  très  abondant. 

Du  4  {lu  13.  Un  drain  de  calibre  inférieur  est  placé  dans  la  plaie  ; 


HARTMANN  ET  ALDIBERT  421 

le  suintement  est  toujours  très  abondant  et  nécessite  deux  panse- 
ments par  jour.  A  deux  reprises,  on  lui  donne  du  bleu  de  méthyle, 
pour  savoir  si  la  fistule  communique  avec  l'intestin,  mais  on  n'ob- 
tient aucune  coloration  du  suintement.  On  augmente  l'alimenta- 
tion, l'enfant  prend  de  la  viande  et  du  pain,  môme  médication. 

Du  13  au  23.  On  ne  fait  plus  qu'un  pansement  par  24  heures,  la 
température  reste  toujours  normale  ;  les  forces  reviennent,  l'état 
général  est  excellent,  la  petite  malade  engraisse.  Elle  se  lève  le 
23  juillet  et  le  1^'  août  elle  n'a  dans  son  trajet  fistuleux  qu'un  tout 
petit  drain  de  4  cent,  de  long,  qui  laisse  écouler  un  liquide  jau- 
nâtre, séreux,  analogue  à  du  liquide  intestinal,  en  quantité  très 
faible. 

14  août.  La  petite  malade  est  emmenée  par  sa  mère.  Sa  cica- 
trice a  4  centim.  de  longueur,  arrive  à  3  cent,  de  la  symphyse  et 
ne  présente  pas  d'éventration  ;  sur  sa  partie  moyenne  se  trouve 
l'oriflce  fistuleux,  en  cul-de-poule,  admettant  un  tout  petit  drain, 
qui  laisse  écouler  une  sérosité  jaunâtre  peu  abondante,  tachant  à 
peine  le  pansement.  L'abdomen  ne  tombe  plus  en  avant;  il  est 
plutôt  étalé  et  la  saillie  de  la  région  ombilicale  a  disparu  complè- 
tement. La  peau  n'est  plus  lisse,  squameuse,  elle  a  repris  ses  ca- 
ractères normaux  ;  le  réseau  yeineux  sous-cutané  a  un  développe- 
ment à  peu  près  normal .  La  mensuration  donne  ;  de  l'ombilic  au  pu- 
bisScent.  1/2  ;  à  l'appendice  xiphoïde,  12  centim.;  àl'épineiliaque 
antérieure  et  supérieure  droite,  12  cent,  l/'i;  à  l'épine  correspon- 
dante gauche,  12  centim.  La  pression  est  absolument  indolore, 
alors  qu'avant  l'opération,  la  moindre  palpation  suffisait  pour 
faire  crier  l'enfant  ;  on  peut  actuellement  saisir  l'abdomen  à  plei- 
nes mains  et  le  palper  très  profondément  sans  qu'elle  accuse  la 
moindre  douleur.  Cette  palpation  fait  constater  un  vaste  gâteau 
occupant  la  partie  moyenne  du  ventre,  allant  du  pubis  presque 
jusqu'à  l'appendice  xiphoïde  :  ce  gâteau  induré  commence  à  gau- 
che, un  peu  en  dehors  de  Tépine  iliaque  antérieure,  pour  remonter 
vers  la  première  côte  flottante;  à  droite,  il  suit  à  peu  près  le  bord 
externe  du  muscle  droit  antérieur  et  envoie  un  prolongement  dans 
la  fosse  iliaque  correspondante;  enbas,  il  descend  jusqu'au  pubis; 
en  haut,  il  se  perd  au-dessus  de  l'ombilic.  Tout  ce  plastron  pré- 
sente une  surface  irréguliér^,  noueuse,  indolore,  immobile  sur  les 
plans  profonds,  tandis  que  la  paroi  glisse  facilement  sur  lui;  en 
le  prenant  entre  les  deux  mains,  on  constate  facilement  sonimmo- 


422     LAPAROTOMIE  DANS  LA  PÉRITONITK  TUBEUGULEUSK 

bilité  absolue  sur  les  plans  profonds.  Cette  palpation  bimanuelle 
fait  aussi  percevoir  que  son  bord  gauche  est  constitué  par  une 
arête  \ive,  dure  et  tranchante  qui  doit  être  constituée  par  le  grand 
épiploon  induré  et  tendu  comme  une  corde.  Les  flancs  sont  abso- 
lument souples.  Dans  ces  recherches,  on  ne  provoque  ni  gargouil- 
lements, ni  froissements  amidonnés.  Quant  à  la  percussion,  elle 
donne  de  la  sonorité  partout,  sauf  dans  les  fosses  iliaques  et  Thy- 
pogastre  où  il  existe  de  la  submatité  à  la  percussion  superficielle 
et  une  sonorité  normale  à  la  percussion  profonde. 

La  diminution  de  volume  de  l'abdomen,  l'absence  de  reproduc- 
tion du  liquide,  démontrent  Theureux  olfet  de  l'intervention  sur 
rétat  local  ;  les  modilications  de  l'état  général  sont  encore  plus 
manifestes  et  Tenfant  est  presque  méconnaissable..  Cette  petite 
malade,  squeletlique.  au  faciès  décharné,  triste  et  maussade,  im- 
mobilisée au  lit  avec  de  violentes  douleurs  abdominales  lui  arra- 
chant des  cris  et  des  larmes  et  rendant  tout  repos  impossible,  ne 
s*alimentant  plus,  vomissant  sans  cesse  et  ayant  tous  les  soirs 
une  température  de  39o  à  40^  actuellement  se  lève,  court,  joue  et 
rit  toute  la  journée;  sa  température  est  normale,  ses  douleurs  ont 
disparu,  son  appétit  est  excellent  et  ses  fonctions  digestives  se 
font  régulièrement.  Elle  pèse  20  kilogr.,  et  a  par  conséquent  aug- 
menté de  4  kilogr.  en  un  mois  et  demi  ;  la  circonférence  de  ses 
cuisses  mesure  20  centiin.,  celle  de  ses  bras  15  centim.,  ce  qui  donne 
une  augmentation  d'un  bon  tiers.  Les  ganglions  carotidiens  ont 
disparu  prestjue  complètement,  ainsi  que  la  rudesse  respirat(>ire  et 
la  submatité  du  sommet  du  poumon  gauche.  En  somme,  à  la  voir 
^ïnsï  engraibiiée,  courir  et  jouer  dans  la  salle,  on  ne  pourrait  sup- 
poser rétat  si  défectueux  dans  lequel  elle  se  trouvait  avant  l'opé- 
ration. 

Novembre.  L'enfant  revient  pour  montrer  sa  listule  qui  persiste 
toujours  et  qui  donne  lieu  à  un  suitement  jaunâtre  peu  abondant  ; 
le  stylet  pénètre  encore  en  haut  et  à  gauche  à  une  profondeur  de 
5  centimètres  environ,  dans  une  espèce  de  poche  rétropariétale  ;  il 
permet  à  sa  sortie  Tissue  d'une  sérosité  rouss&tre  chargée  de  petits 
grumeaux  d'aspect  caséiforme.  Le  ventre  est  partout  souple  et' 
indolore;  on  ne  sent  plus  d'empâtement  en  aucun  point. 

L'état  général  reste  excellent.  La  malade  pèse  21  kilogr.  ;  elle 
mange  avec  beaucoup  d'appétit,  court  toute  la  journée  et  demande 
à  rentrer  à  l'école. 


HARTMANN  BT.ALOIBERT-  -  .   .        *     423 

3  février  1892^  La  ûstule  est  complètement  fermée,  depuis^  troi^ 
semaines.  Ventre  absolument  souple,  sans  la  moindre  tracée  d'iur 
duraUon,  plat,  indolore.  Poids,  21  kilogr.  500.  Circonféreaco 
ombilicale,  ^  cehtim.  1/2.  Circonférence  à  la  partie  moyenne  des 
cuisses»  54  ceutim.,  den  bras,  16  centimètres.  Excellent  état  généy 
rai.  La  malade  va  à  Técole  depuis  un  mois. 

Bonamen  bactériologique,  —  Inoculation  :  Le  cobaye  inoculé 
avec  le  fragment  de  la  paroi  de  la  poche  suppurée  est  sacrifié  le 
14  août.  Cet  animal^  très  amaigri,  ne  présente  rien  d'anormal  dans 
le  tissu  sous-cutané,  ni  dans  le  système  ganglionnaire  superûciel. 

Sur  le  péritoine  pariétal,  au  point  d'inoculation,  se  trouve  ua 
poyfLU  gros  comme  un  pois,  très  induré,  auquel  adhère  le  grand 
épiploon;  au  voisinage  existent  deux  granulations  jaunes  très 
nettes. 

Les  viscères  abdominaux  sont  presque  tous  atteints,  mais  la 
tuberculose  présente  une  prédominance  excessivement  marquée 
dans  le  foie  ;  on  y  constate  de  nombreux  tubercules  dont  quelques- 
uns  ont  le  volume  d'une  lentille.  Sur  la  rate  il  existe  quelques 
granulations  grises  très  unes,  ainsi  que  sur  le  poumon  gauche. 

En  somme,  les  lésions  tuberculeuses  sont  manifestes,  mais  elles 
prédominent  dans  le  foie. 

Il  n'est  pas  inutile  de  revenir  sur  certaines  particularités 
que  présente  cette  observation.  Le  mode  de  début  brusque i 
succédant  à  un  traumatisme,  est  anormal  mais  la  nature 
tuberculeuse  de  Tabcès  nous  semble  bien  établie  par  les 
résultats  très  nets  des  inoculations.  On  peut  donc  se  deman- 
der si  on  n'a  pas  eu  affaire  à  une  péritonite  tuberculeuse 
latente,  et  si  le  traumatisme,  en  rompant  un  intestin  altéré, 
n'a  paa  donné  lieu  à  des  symptômes  péritonitiques  aigus  que 
Ton  a  considérés  comme  marquant  le  début  de  la  tuberculose 
péritonéale;  l'existence  de  la  communication  préopératoire 
de  l'intestin  avec  le  foyer  suppuré  plaide  en  faveur  de  cette 
manière  de  voir. 

Il  faut  faire  remarquer  encore  la  difficulté  et  mème~  IHirt" 
possibilité^  dans  laquelle  on  se  trouve,  de  poser  le  diagnoS" 
tic  d'une  péritonite  tuberculeuse  suppurée.  Cette  petite 
malade  avait  bien  de  la  fièvre,  des  douleurs  très  aiguës,  et 


424     LAPABOTOMIB  DANS  LA  PiBTTONTTB  TUBSRGDLSnSB 

des  vomisBements,  mais  ces  mêmes. symptômes  existûent 
dans  notre  première  observation  où  cependant  le  liquide 
intra-abdominal  était  franchement  ascitique. 

II  est  inutile  d'insister  sur  le  merveilleux  résultat  qu  a 
donné  la  laparotomie  dans  ce  cas.  Cette  enfant  squelettique, 
avec  une  température  de  39""  et  40^,  immobilisée  au  lit  par 
des  douleurs  très  violentes,  s*alimentant  à  peine,  est  actuel^ 
lement,  huit  mois  après  l'opération,  forte,  grasse  et  apyré* 
tique  ;  elle  a  pu  reprendre  les  jeux  et  occupations  de  son  âge  ; 
son  ventre  est  indolore,  souple  partout  et  ne  présente  plus 
ces  gâteaux  d*induration  si  marqués  au  moment  de  son  entrée. 

Au  point  de  vue  opératoire,  il  faut  signaler  encore  ici  la 
difficulté  que  Ton  a  eue  de  reconnaître  les  plans  profonds 
de  la  paroi  ;  la  nécessité,  dans  laquelle  on  s'est  trouvé, 
d'abandonner  la  partie  supérieure  de  l'incision, de  crainte  de 
léser  Tintestin  adhérent  et  de  revenir  à  la  partie  inférieure  où 
la  voie  paraissait  plus  facile,  grâce  â  la  présence  de  pelotons 
adipeux  d'apparence  épiploïque.  Notons,  enfin,  que  la  fistule 
intestinale  préopératoire  s'est  spontanément  fermée  après 
une  durée  de  sept  mois.  Cette  oblitération  spontanée  plaide 
en  faveur  de  l'abstention  dans  la  cure  de  ces  fistules,  d'au- 
tant plus  que  les  cas  dans  lesquels  on  a  fait  une  tenta- 
tive de  restauration  chirurgicale  ont  été  malheureux.  La 
sinuosité  des  trajets,  les  adhérences  parfois  nombreuses  et 
serrées  des  anses  intestinales  entre  elles  et  la  paroi,  les  alté* 
rations  des  tuniques  elles-mêmes  de  l'intestin,  rendent 
compte  de  la  difficulté  opératoire  et  des  insuccès  de  ces 
tentatives  d'oblitération  dans  les  cas  de  péritonites  tubercu* 
leuses  (1). 

Notre  troisième  cas  est  plus  complexe  et  d'une  interpréta- 
tion plus  délicate.  11  s'agit,  en  effet,  d  un  enfant  de  6  ans,  que 
l'un  de  nous  a  observé  d'abord  à  Trousseau,  puis  à  Bichat 


(1)  youa  avoDi.  de  même,  obaervé  danfl  un  certain  nombre  <Ie  cas  laguéri> 
son  de  fistulea  stercorales  post- opératoires  après  des  salpingectoiuies^  guéri* 
0on  tantôt  spontanée,  tantôt  consécutive  à  la  dilatation  et  au  drainage  tem* 
poraire  do  la  fistule. 


HARTMANN  ET  ALDIBfiRT  '435 

pendant  une  période  de  4  mois.  Ce  petit  garçon,  a  présenté» 
durant  cet  intervalle,  tous  les  signes  d'une  péritonite 
tuberculeuse  classique  :  Début  par  une  période  de  tympa- 
nisme  avec  coliques  et  vomissements»  suivie  d'une  période 
ascitique  en  voie  de  résorption,  lors  de  son  entrée  à  l'hô- 
pital Bichat.  Le  diagnostic  de  péritonite  bacillaire  avait 
été  posé  par  M.  Cadet  de  Gassicourt  et  pair  tous  ceux  qui 
avaient  examiné  le  malade.  Nous  ouvrons  labdomen  et 
nous  ne  constatons  dans  la  région  sous-ombilicale  aucune 
granulation  tuberculeuse  ;  il  n'existait  qu*un  grand  nombre 
de  ganglions  mésentériques,  augmentés  de  volume,  mais  ne 
constituant  pas  de  tumeur,  il  n'y  avait  qu'une  faible  quantité 
de  liquide  ascitique.  Nous  n'avons  trouvé  aucun  tissu  suspect 
que  l'on  put  enlever  pour  l'inoculer  ou  l'examiner  au  micros- 
cope et  démontrer  la  nature  vraie  de  l'a ffection,  en  présence  de 
laquelle  nous  nous  trouvions.  S'agissait-il  réellement  d'une 
péritonite  tuberculeuse  ?  avait-on  affaire,  au  contraire,  à  une 
tuberculose  ganglionnaire  mésentérique  et,  dans  ce  cas,  y 
avait-il  de  Tentérite  bacillaire  ?  L'examen  opératoire  a 
démontré  qu'il  n'y  avait  pas  de  granulations  dans  la  région 
sous-ombilicale,  mais  nous  ne  pouvons  pas  affirmer  qu'il 
n'existait  pas  de  lésion  de  ce  genre  dans  les  parties  sus- 
ombilicales,  la  péritonite  localisée  dans  ces  régions  n'est,  on 
le  sait,  pas  rare  chez  l'enfant.  L'existence  d'une  tuberculose 
ganglionnaire  mésentérique  est  certaine.  Certes  il  ne  s'a- 
gissait pas  de  ganglions  volumineux,  formant  des  tumeurs 
grosses  comme  le  poing,  comme  le  fait  s'observe  souvent  ; 
nous  nous  trouvions  en  face  de  cette  forme,  bien  décrite 
par  Barthez  et  Sanné,  forme  dans  laquelle  beaucoup  de  gan- 
glions sont  tuberculeux,  mais  restent  isolés  et  petits  et  ne 
coDliennent  qu'un  ou  deux  tubercules.  Y  avait-il  del'eatérite 
bacillaire  ?  C'est  loin  d'être  certain,  car,  d'après  les  mêmes 
auteurs,  cette  entérite  spécifique  n'existerait  que  dans  les 
2/3  des  cas  environ  de  phtisie  mésentérique.  Les  troubles 
digestifs  qu'avait  le  petit  malade,  peuvent  parfaitement  être 
expliqués  par  une  entéro -colite  simple,  si  fréquente  chez 


426     LAPAROTOMIE  DANS  LA  PÉRITONITE  TUBERCULEUSE 

Tenfant.  On  sait,  du  reste,  que  chez  lui  le  diagnostic  d'enté-^ 
rite  tuberculeuse  est  très  difficile  à  porter,  car  peu  de  symp- 
tômes la  caractérisent.  La  diarrhée  rebelle,  les  douleurs  au 
niveau  des  côlons  pendant  la  digestion,  sont  communes  à 
toutes  les  variétés  d*entérite  chronique,  le  mélaena  seul, 
indiquant  l'existence  d'ulcérations  intestinales,  permet  d'af- 
firmer la  nature  bacillaire  de  Taffection.  Nous  croyons  donc, 
que  dans  le  cas  particulier  dont  nous  allons  donner  lV>b8er* 
vation  il  s*agissait  d'une  tuberculose  ganglionnaire  mésenté-^ 
rique  compliquée  peut-être  d'une  péritonite  tuberculeuse  sus- 
ombilicale. 

Observation  III.  —  Le  nommé  C...,  Louis,  âgé  de  6  ans,  entre 
à  Trousseau,  le  10  décembre  1890,  dans  le  service  de  notre  mattre 
M.  Cadet  de  Gassicourt  Ses  antécédents  héréditaires  n'offrent 
aucun  intérêt  spécial  :  son  père  est  bien  portant  et  sa  mère  rhu- 
matisante ;  deux  sœurs  ont  succombé  à  des  affections  indétermi- 
nées. Tune  en  naissant,  Tautre  à  2  ans,  après  3  mois  de  maladie. 
Quant  à  lui,  il  a  eu  de  la  gourme  dans  sa  première  enfance  et  une 
kérato-conjonctivite  qai  a  persisté  deux  ans  et  dont  il  porte  encore 
les  vestiges  ;  à  Tàge  de  4  ans>  il  a  eu  une  bronchite  d'une  assez 
courte  durée,  mais  qui  revient  assez  fréquemment. 

Son  affection  actuelle  a  débuté  dans  les  premiers  jours  de  no- 
vembre insidieusement:  son  ventre  s'est  ballonné  progressivement  ; 
808  digestions  sont  devenues  difficiles  et  se  sont  bientôt  accompa* 
gnées  de  vomissements  qui,  d'abord  rares,  se  sont  ensuite  répétés 
presque  tous  les  soirs  ;  ses  garde-robes  sont  devenues  liquides  ; 
son  caractère  s'est  modifié  :  il  a  cessé  de  jouer,  et  est  resté  triste 
et  somnolent.  Le  20  novembre,  a  apparu  de  l'œdème  des  pieds, 
qui  peu  à  peu  a  gagné  les  deux  membres  inférieurs  en  totalité. 

A  son  entrée  à  Trousseau,  on  constate  un  œdème  très  marqué 
des  membres  inférieurs,  plus  léger  aux  mains.  L'abdomen  est 
volumineux,  peu  douloureux  à  la  palpation  et  présente  une  ascite 
abondante,  libre.  L'enfant  a  peu  d'appétit,  il  ne  vomit  pas  mais  il 
a  des  selles  liquides,  fréquentes  et  fétides.  Il  tousse  légèrement, 
quoique  l'auscultation  ne  révèle  rien  d'anormal  du  côté  des  plèvres 
ou  du  poumon  ;  les  bruits  du  cœur  sont  normaux.  Les  urines  ne 
contiennent  pas  d'albumine. 


HARTMANN  ET  ALDIBBRt  427 

Pendant  son  séjour  à  Trousseau,  du  10  décembre  au  30  marS; 
on  voit  d'abord  disparaître  rœdéme  des  membres  trois  jours  après 
son  entrée  et  Tascite  dés  la  un  de  décembre  ;  on  assiste  à  deuK 
poussées  aiguës  du  côté  de  Tabdomen,  d*une  durée  d'une  huitaine 
avec  réaction  péritonéale  intense  :  pendant  ces  périodes,  en  effet, 
le  ventre  augmentait  énormément  de  volume,  Tenfant  accusait  de 
violentes  douleurs  abdominales  spontanées  sous  forme  de  coli- 
ques, exaspérées  par  la  moindre  pression^vomissait  absolument  tout 
ce  qu'il  ingérait,  avait  des  selles  liquides  et  très  fétides,  pendant 
que  sa  température  oscillait  entre  38o  et39<>.  Dans  l'intervalle  de 
ces  poussées,  le  ventre  redevenait  normal,  indolore,  les  digestions 
se  faisaient  à  peu  près  régulièrement,  et  la  température  redescen- 
dait entre  37o  et  38<*.  A  la  fin  de  février,  l'ascite  reparaît,  assez 
abondante,  mais  cloisonnée  en  apparence,  et  le  thermomètre 
remonte  au-dessus  de  d8<*  ;  cet  épanchement  se  résorbe  lentement 
et  l'enfant  conserve  un  ventre  volumineux,  sensible  à  la  palpation, 
de  r«norexie,  des  vomissements  passagers,  de  la  diarrhée,  et  un 
léger  mouvement  fébrile. 

En  présence  de  cet  état  qui  va  sans  cesse  en  s'aggravant, 
M.  Cadet  de  Gassicourt  veut  bien  nous  confier  cet  enfant  qui  entre 
le  30  mars  dans  le  service  de  notre  excellent  maître  M.  Terrier 
pour  y  être  laparotomisé. 

A  son  entrée  à  Bichat,  on  constate  un  arrêt  de  développement 
et  un  amaigrissement  extrême  de  Tenfant.  11  a  à  peine  la  taille 
d^un  enfant  de  4  ans  ;  la  peau  des  membres  est  flasque  et  ridée, 
squameuse  ;  les  saillies  osseuses  sont  partout  excessivement  mar- 
quées, le  tissu  adipeux  a  disparu  presque  complètement  et  les 
masses  charnues  elles  mêmes  sont  atrophiées;  la  circonférence 
des  cuisses  à  la  partie  moyenne  ne  mesure  que  17  cent.,  celles 
des  bras  10  centimètres.  Son  poids  est  seulement  de  13kilogr.  300. 
Il  a  perdu  toute  gaieté,  refuse  de  jouer,  et  toujours  somnolent 
il  reste  enfoui  sous  les  draps,  pelotonné  en  chien  de  fusil. 

Son  abdomen  est  uniformément  saillant  et  tendu;  il  ne  présente 
pas  de  circulation  veineuse  collatérale  notable  ;  il  existe  une  éven- 
tration  sus  et  sous-ombilicale  d'un  gros  travers  de  doigt.  La  men- 
suration donne  55  c.  5  comme  circonférence  ombilicale  ;  de  l'ombi- 
lic au  pubis,  10  cent.,  à  l'appendice  xiphoïde  15  cent.,  à  l'épine 
iliaque  antérieure  et  supérieure  droite  12  cent,,  à  Tépine  iliaque 
antérieure  et  supérieure  gauche  11  cent. 


428     LAPAROTOMIE   DANS  LA  PÉRITONITE  TUBERCULEUSE 

La  palpation  est  indolore  ;  elle  ne  fait  reconnaître  ni  tumeur, 
ni  induration  profonde,  ni  empâtement,  ni  froissement  péritonéal; 
on  trouve  partout  une  résistance  élastique  uniforme.  On  sent 
déborder  au-dessous  des  fausses  côtes  la  rate  d'un  demi-centimé- 
tre  et  le  foie  d'un  travers  de  pouce  environ. 

La  percussion  dénote  un  tympanisme  étendu  presque  à  la  tota» 
lité  de  l'abdomen  ;  à  droite  seulement,  dans  le  flanc  et  la  fosse  ilia« 
que  correspondante  on  trouve  une  matité  très  nette  qui  arrive 
jusqu'à  la  ligne  médiane  et  qui  se  déplace  fort  peu  lorsqu'on  modi- 
fie le  décubitus  de  Tenfant  :  on  n'y  perçoit  aucune  fluctuation. 

L'examen  de  la  poitrine  démontre  l'intégrité  du  cœur  et  de  la 
plèvre  ;  les  poumons  eux-mêmes  paraissent  sains,  à  l'exception  du 
sommet  droit  où  Ton  constate  sous  la  clavicule  de  la  submatité 
avec  une  respiration  un  ppu  plus  rude  qu'à  gaucbf»;  mais  il  existe 
des  symptômes  manifestes  d'adénopathie  trachéo-bronchiqu^,  un 
souffle  broucbique  très  rude  des  deux  côtés,  plus  accentué  à  gau- 
cbe,  de  la  matité  dans  la  région  interscapulaire  et  une  toux  sèche, 
fréquente  survenant  par  quintes. 

Les  urines  sont  normales. 

Dans  la  période  préopératoire  du  30  mars  au  9  avril,  l'enfant  a 
eu  encore  une  crise  de  douleurs  abdominales  très  aiguës,  lui  arra- 
chant sans  cesse  des  cris,  avec  vomissements  incoercibles  et  diar- 
rhée fétide,  très  abondante,  qui  a  duré  trois  jours.  Les  vomisse- 
ments et  les  douleurs  ont  ensuite  cessé,  les  selles  sont  restées 
fréquentes  et  liquides,  lappétit  est  un  peu  revenu  et  la  tempéra* 
ture  a  oscillé  entre  36o,8et  87«,4. 

On  pose  le  diagnostic  de  péritonite  tuberculeuse  chronique  avec 
très  peu  de  liquide,  peut-être  enkysté,  et  on  le  désinfecte  par  des 
bains  savonneux  répétés,  des  pansements  boriques  maintenus  cons- 
tamment sur  l'abdomen  et  l'administration  de  paquets  contenant 
un  gramme  de  bétoletde  salicylate  de  bismuth. 

Le  9  avril,  laparotomie  par  M.  Hartmann,  aidé  par  M.  Aldi- 
bert.  Une  incision  de  5  cent,  est  faite  è  égale  distance  du  pubis  et 
de  l'ombilic  et  met  à  nu  successivement  la  gaine  du  muscle  droit 
et  la  graisse  sous-péritonéale  assez  abondante.  Le  péritoine  est 
saisi  et  sectionné  entre  deux  pinces;  la  boutonnière  est  agrandie 
aux  ciseaux  sur  une  étendue  de  4  c^nt.  Le  péritoine  ne  présente 
ni  injection,  ni  épaississement  ;  il  est  blanc  pâle  et  a  l'aspect  lisse 
etlavé;  1«  grand  épîploou  très  mince   et  d'apparence  normale  st» 


HARTMANN   ET  ALDIDKHT  429 

pi'éHenle  au-devant  rie  Uplaie;  il  est  refoulé  avec  une  époitye  uioti- 
Me.  On  n'aperçoit  aucune  granulation  luberculeuse  sur  le  péritoine 
pariélal  voisin  de  l'incision,  ni  sur  le  grand  épiploon,  ni  sur  l'in- 
testin qui  est,  lui  anssi,  p&l'^,  lisse  et  lavé.  L'index  introduit  dans 
l'abdomen  ne  sent  nulle  part  d'emp&tement,  d'adhérences,  de  fauS' 
ses  membranes,  mais  il  rencontre  un  assez  grand  nombre  de  gan- 
glions indurés  et  hypertrophiés  dont  quelques-uns  ont  le  volume 
d'une  noisette. 

!1  ne  s'écoule  aucun  liquide  au  moment  de  l'incision  péritonéale; 
on  fait  un  lavage  avec  deux  litres  d'eau  boriquée,  stérilisée  et 
bouillie  îi  k  0/0,  A  37"  et  cette  eau  ressort  d'abord  teintée  légère- 
ment en  jaune,  ce  qui  prouve  qu'il  existait  un  peu  d'aacite  dans 
les  parties  déclives.  Pendant  celte  injectioii,  le  pouls  monte  de  80 
à  100  et  110  et  revient  à  80  dés  que  l'on  cesse  l'irrigation. 

On  suture  à  la  soie  le  péritoine  d'abord,  puis  le  muscle  droit  et 
Ha  gaine;  la  peau  est  réunie  avec  du  crin  de  Florence.  Pas  de  drai- 
nage. 

9  avril  soir.  Temp.  :  38».  Pouls  ù  120,  fort,  régulier.  Un  vomisse- 
ment bilieux.  Urine  seul  une  heure  après  l'opération.  L'enfanta 


d'abord  accusé  quelques  douleurs  abdominales  et  a  essayé  d'enle- 
ver son  pansement;  sous  l'inlluence  d'une  potion  avec  &centigr. 
d'extrait  thébalque  il  est  devenu  tranquille  et  a  dormi  dans 
l'après-midi. 

Le  10.  Bon  état;  nuit  très  calme  ;  a  uriné  spontanément  deux 
foia.  Temp.  :  malin.  37i>,4;  soir,  3/°,8. 

Le  12.  Le  petit  malade  n'accuse  aucune  douleur;  il  est  apyréti- 
queet  il  demande  sans  cesse  à  manger  ;  il  a  eu  hier  soir  une  selle 
abondante.  Suppression  de  l'extrait  thébaïque.  Lait.  Potages. 


430     LAPAROTOMIE   BANS  LA   PÉRITONITE   TtTBERCULKUSE 

Le  14.  Excellent  état;  temp.  normale.  Absence  complète  de  dou< 
leurs.  Deux  selles  par  ^  heures.  Appétit  vorace,  crie  constamment 
pour  avoir  une  nourriture  plus  copieuse. 

Le  19.  Premier  pansement  :  on  enlève  tous  les  points  de  suture  ; 
réunion  complète  par  première  intention.  Le  ventre  est  souple, 
moins  volumineux,  indolore  partout  Absence  de  toute  colique. 
La  température  est  toujours  normale  ;  le  16  seulement  il  a  d8<»,2,  à 
la  suite  d'une  indigestion  par  excès  if  alimentation  ;  Tenfaot,  en 
effet,  est  toujours  glouton  et  manget*ait  sans  cesse. 

Le 25.  Apyrexte.  Le  petit  malade  reprend  des  forces;  sou  état 
général  est  meilleor^ses  joues  sont  pUtscoioréPs,  il  est  moins somno* 
lent  et  commence  à  jouer  sur  son  lit. 

Le  39.  Difficile  à  surveiller,  il  a  eu  encore  hier  une  indigestion 
et  a  vomi  deux  fois;  il  demande  constamment  A  manger  et  dévore 
tout  ce  qu^on  lui  donne. 

7  moi.  L'enfant  se  lève  depuis  le  4  mai  (il  n'avait  pas  quitté 
le  lit  depuis  le  10  décembre  1890)  ;  son  état  général  est  excellent, 
son  faciès  est  plus  rose,  sa  figure  moins  émaciée. 

L'abdomen  est  souple  partout  ;  la  submatité  du  Aanc  et  de  la  fbssc 
iliaque  droits  a  disparu. 

La  circonférence  ombilicale  a  diminué  d*un  centimètre  et  ne 
mesure  que  ï>ï;  la  mensuration  donne  de  l'ombilic  ou  pubis  7  cen« 
tim.,  à  Vappendlce  xiphoTde  12centim.,A  Tépine  iliaque  antérieure 
et  supérieure  gauche  10  1/2. 

Les  membres  sont  aussi  plus  gros,  les  cuisses  mesurent  20  cen- 
tim.  et  les  bras  11  centim.  Enûn,  son  poids  est  de  13  kil.  800;  il  a 
par  conséquent,  gsgné  500  gr.  en  un  mois. 

L^amélioration  porto  surtout  sur  l'état  des  fonctions  digestives; 
depuis  Topération,  lenfant  dévore  et  digère  facilement,  alors  que 
souvent  auparavant  il  ne  gardait  môme  pas  le  lait  ;  il  n'a  pas 
non  plus  depuis,  éprouvé  ces  douleurs  vives,  ces  coliques  qui 
duraient  plusieurs  jours  et  lui  arrachaient  des  cris  et  des  larmes. 
Enfin,  la  reprise  de  ses  jeux,  le  retour  de  sa  gaieté,  la  disparition 
de  sa  somnolence  prouvent  encore  raniélioration  considérable  que 
lui  a  valu  la  laparotomie.  Quant  à  83s  lésions  pulmonaires  et 
médiastines,  elles  ne  sont  en  rien  modiûées. 

Il  quitte  Bichat  et  l'entre  queLiues  jours  à  Trousseau  pour 
ensuite  aller  à  Forges. 

Examen  le  Si  janvier  1892. 


HARTMANN    RT   ALDIBERT  431 

Enfant  fort  et  en  bonne  santé.  Poids,  15  kil.  7(X).  Circonférence 
ombilicale,  53;  circonférence  des  cuisses  à  la  partie  moyenne, 
25  centim. 

Ventre  souple,  indolore,  sans  induration,  sans  ascite. 

Ëtat  général  excellent  :  l'enfant  joue  toute  la  journée;  il  éprouve 
seulement  encore  à  Tocoasion  d'écarts  de  régime  quelques  coliques 
intestinales  qui  durent  peu. 

Le  résultat  qu*a  donné  la  laparotomie,  dans  ce  cas,  est 
excellent  ;  cet  enfant  immobilisé  au  lit  avec  de  violentes 
douleurs,  se  lève  et  court  aujourd'hui  toute  la  journée  ;  il  ne 
souffre  plus  qu'à  de  rares  intervalles,  à  la  suite  probablement 
d'une  alimentation  défectueuse.  Nous  ne  voudrions  pas  en 
conclure  que  Tincision  abdominale  suivie  de  lavage  a  eu  une 
action  directe  sur  l'évolution  de  cette  tuberculose  ganglion- 
naire ;  car,  dans  ce  cas  particulier,  nous  ne  pouvons  pas 
affirmer  qu'il  n'existait  pas  de  péritonite  tuberculeuse  sus« 
ombilicale.  Mais  nous  croyons  que  la  laparotomie  s'impose 
dans  tous  les  cas  analogues.  D'une  part,  en  effet  cet  enfant  avait 
présenté  tous  les  signes  d  une  péritonite  bacillaire,  d'autre 
part,  rien  ne  prouve,  qu'en  même  temps  qu'une  tuberculose 
ganglionnaire  évidente  il  n'existait  pas  une  péritonite  sus- 
ombilicale  cachée.  En  tous  cas,  l'enfant  a  bénéficié  de  l'in- 
tervention. C'est  là,  pour  lui,  le  point  important. 

Tels  sont  les  trois  cas  de  péritonite  tuberculeuse  infantile 
que  nous  avons  eus  à  traiter  Tan  dernier  dans  le  service  de 
notre  maître  M.  F.  Terrier.  Les  résultats  de  l'incision  ab- 
dominale ont  été  favorables  dans  ces  trois  cas.  Ne  nous 
croyant  toutefois  pas  le  droit  de  conclure  de  l'étude  isolée  de 
trois  faits,  nous  nous  appuierons  sur  Tèxamen  des  observa- 
tions antérieurement  publiées,  laissant  toutefois  de  côté  les 
opérations  faites  pour  des  accidents  d'occlusion  intestinale 
survenus  au  cours  de  la  péritonite  tuberculeuse. 


432     LAPAROTOMIE   DANS  LA   PÉRITONITE  TUBERCULEUSE 


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HARTMANN  ET  ALDIBERT  437 

Le  tableau  ci-joint,  outre  nos  trois  cas  personnels  ren- 
ferme quarante-cinq  observations.  Sur  ces  48  enfants  laparo- 
tomisés,  nous  trouvons  46  guérisons  et  2  morts  immédiates 
soit  une  mortalité  de  4,16  0/0.  Parmi  les  guérisons  un  cer- 
tain nombre  n'ont  pas  été  suivies  et  ne  peuvent  compter 
que  comme  succès  opératoires,  nous  les  laisserons  de  côté. 
Nous  ne  prendrons  que  celles  qui  ont  été  constatées  après 
un  an  et  plus;  dans  ce  dernier  groupe,  nous  trouvons  10  cas 
qui  étaient  guéris  encore  un  an  après  et  trois  deux  ans 
après,  soit  1 1  guérisons  sur  46  ou  environ  une  sur  quatre  qui 
peuvent  compter  comme  définitives. 

On  peut  reprocher,  à  cette  statistique,  de  comprendre  des 
cas  qui  peuvent  n*ètre  que  des  péritonites  chroniques 
simples.  Il  est  donc  nécessaire  de  faire  un  second  triage  et 
de  ne  faire  entrer  en  ligne  de  compte  que  des  péritonites 
démontrées  bacillaires  par  Thistologie  ou  des  inoculations 
bactériologiques.  Notre  tableau  nous  donne  18  cas  qui  offrent 
ces  conditions  de  certitude.  Or  sur  18  cas,  nous  avons  18  gué- 
risons dont  deux  se  maintenaient  après  un  an,  trois  après 
un  an  et  demi,  et  une  après  deux  ans  :  cela  fait  6  cas  sur 
18  ou  un  tiers  dont  la  guérison  peut  être  regardée  comme 
assurée. 

Ces  chiffres  se  passent  de  commentaires  ;  ils  prouvent 
d'une  façon  éclatante  que  la  laparotomie  donne  d'excellents 
résultats  dans  la  péritonite  tuberculeuse  de  TenTant. 

Comment  produit-elle  ses  résultats?  Quel  est  son  mode 
d  action  ? 

Il  est  encore  difficile  de  le  déterminer  exactement,  malgré 
le  très  grand  nombre  d'hypothèses  qui  ont  été  émises  sur  ce 
sujet.  Pour  Lauenstein,  la  sécheresse  et  la  lumière  étant 
nuisibles  au  bacille,  la  laparotomie  n'agirait  que  par  la  sous- 
traction du  liquide  et  l'exposition  du  péritoine  à  la  lumière 
solaire.  Pour  Cameron,  l'action  curative  s'obtient  en  enle- 
vant les  ptomaïnes  qui  résultent  de  l'évolution  du  bacille,  s'ac- 
cumulent dans  le  liquide  ascitique,  qui  résorbées  favorisent 
la  propagation  de  la  maladie  dans  d'autres  organes.  Pour  van 


438     LAPAROTOMIE   DANS   LA  PÉRITONITE  TUBERCULEUSE 

de  Warker,  le  tubercule  déterminerait,  par  sa  présence,  nn 
processus  phlegmasique  sur  la  séreuse  et  celle-ci  enflammée 
deviendrait  ainsi  un  excellent  terrain  de  culture  pour  le 
bacille  ;  en  combattant  ce  processus  inflammatoire,  on  favo- 
riserait la  régression  de  Tinfection  spécifique.  Pour  Vierordt, 
rincision  agit  surtout  en  combattant  Vascite  :  elle  supprime 
les  gênes  circulatoire  et  respiratoire  et  fait  cesser  Tinfluence 
paralysante  de  la  séreuse  enflammée  sur  les  muscles  sous- 
jacents,  faisant  ainsi  cesser  l'auto-intoxication  qui  résulte 
de  la  rétention  du  contenu  intestinal. 

Le  plus  grand  nombre  des  auteurs  admet  que  la  laparoto- 
mie favorise  seulement  la  régression  et  la  transformation 
fibreuse  du  tubercule,  par  un  mécanisme,  il  est  vrai,  indé- 
terminé. Cette  manière  de  voir  paraît  réellement  établie,  car 
elle  est  démontrée  par  des  autopsies  faites  plus  ou  moins 
longtemps  après  la  laparotomie,  à  la  suite  de  morts  par  ma- 
ladies intercurrentes.  Quant  au  mécanisme  intime  par  lequel 
se  fait  cette  transformation,  il  est  encore  incertain.  On  peut 
cependant  supposer  que  les  adhérences  généralisées  et  éten- 
dues  qui  se  développent  rapidement  sur  le  péritoine  après 
l'opération  (comme  le  démontrent  de  nouvelles  interventions 
faites  peu  après  les  premières  pour  des  récidives),  entrent 
pour  une  large  part  dans  la  formation  secondaire  de  cette 
sclérose  périgranulique. 

La  laparotomie  n'agit  pas  seulement  par  la  soustraction 
du  liquide  car  elle  est  curatrice  dans  les  formes  sèches  aussi 
bien  que  dans  les  formes  ascitiques  ;  elle  n'agit  pas  non  plus 
par  remploi  des  lavages  ou  des  poudres  antiseptiques,  car 
bien  des  succès  ont  été  obtenus  sans  ces  modificateurs.  Elle 
paraitseulement  favoriser  le  développement  d'adhérencesgé- 
néralisées  qui,  comme  nous  l'avons  dit,  doivent  jouer  un  cer- 
tain rôle  dans  la  transformation  fibreuse  ultérieure  que  subit 
le  tubercule. 

En  tous  cas,  quel  que  soit  le  mode  d'action  de  la  laparo- 
tomie dans  la  péritonite  tuberculeuse  de  Tenfant,  la  seule 
que  nous  étudions  ici,  un  fait  est  certain  c'est  qu'elle  agit 


HARTMANN   ET  ALDIBERT  '439 

réellement  et  d'une  manière  favorable.  Faut-il  se  contenter  ' 
de  la  simple  incision  ?  Faut-il  faire  ensuite  un  lavage  ? 
Faut-il  drainer  ?  Autant  de  questions  qui  ne  sont  pas  encore 
définitivement  tranchées.  Quant  à  nous,  nous  faisons  suivre 
rincision  d'un  favage  avec  une  solution  boriquée.  Ce  lavage 
ne  complique  guère  l'intervention  et  nous  paraît  rationnelle- 
ment indiqué,  car  il  assure  Télimination  plus  complète  du 
liquide  tuberculeux,  fait  important  aujourd'hui  que  l'on  sait 
que  les  bacilles  même  morts  continuent  à  conserver  une  ac- 
tion délétère  énergique  (1). 

Le  drainage,  à  part  le  cas  de  péritonite  suppurée,  nous 
parait,  au  contraire,  contre-indiqué.  Il  est  inutile  et  ne  peut 
qu'être  le  point  de  départ  d'infections  secondaires,  de  fistules 
longues,  etc. 

Faite  dans  ces  conditions,  la  laparotomie  dans  la  péritonite 
tuberculeuse  de  l'enfant  nous  parait  destinée  à  assurer  la 
guérison  de  nombreux  malades. 

Il  ne  faudra  toutefois  pas  se  laisser  aller  à  opérer  toutes 
les  péritonites  tuberculeuses  que  l'on  observera.  L'interven- 
tion n'est  indiquée  que  lorsque  l'état  péritonéal  semble 
occuper  une  place  des  plus  importantes  dans  les  manifesta- 
tions tuberculeuses.  Cette  année  même,  nous  avons  refusé 
d'opérer  deux  enfants,  l'un  parce  que  les  symptômes  intes- 
tinaux étaient  absolument  rebelles  à  tout  traitement  métho- 
dique, Tautre  parce  qu'il  présentait  quelques  jours  après  son 
entrée  dans  le  service  des  signes  d'angine  tuberculeuse  aigui^ 
Dans  les  deux  cas,  la  mort  rapide  en  nous  permettant  decons- 
taterde  msuTexistence  d'ulcérations  intestinales  multiplesou 
d  unegranulie,nous  a  montré  que  l'opération  était  bien  réelle- 
ment contre-indiquée.  Au  contraire,  la  fièvre  et  l'état  cachée* 
tique  bien  loin  de  contre-indiquer  l'opération,  nous  parais- 
sent dans  les  cas  où  ils  sont  principalement  en  rapport  avec 
Tétat  péritonéal  une  indication  formelle  et  urgente  à  l'inter- 
vention quelle  que  soit  la  forme  de  péritonite  en  présence  do 
laquelle  on  se  trouve. 

(1)  Strauss  et  Qamalkia.  Contribution  à  Tétude  du  poison  tuberculeux. 
Arrh,  de  méâ,  expérim.  Paria,  1*"  novembre  1891,  t.  III,  p.  705. 


RECHERCHES  SUR    l'ENDOMÉTRITS   PUERPÉRALE 


RECHERCHES    HISTOLOGIQUES    SUR  L*ENDOMÉTRITE 

PUERPÉRALE 

ParE.  Bamm  (1). 
Traduction  par  le  Dr  R.  Labusquiâre. 


Lorsque,  dans  des  cas  de  fièvre  puerpérale  qui  ont  eu  pour 
résultat  une  infection  générale  et  une  issue  funeste,  on 
s  applique  à  déterminer  la  voie  qu'ont  suivie  les  germes 
pathogènes,  on  s'accorde  à  reconnaître  comme  porte  d'entrée: 
Yendométrium. 

Widal  (2)  a  pu,  dans  12  cas  de  septicémie  puerpérale  ter- 
minés par  la  mort,  constater  que  12  fois  les  germes  étaient 
partis  de  l'endométrium  que,  pour  ce  fait,  il  dénomme  la 
porte  d'entrée  de  Vinfection.  De  mon  côté,  dans  5  observa- 
tions où  il  m'a  été  donné  de  me  livrer  sur  les  cadavres  à  des 
recherches  minutieuses,  j'ai  fait  les  mêmes  constatations. 
Dans  tous  les  cas,  l'endométrium  m'a  paru  être  le  point 
spécial  d'où  était  partie  Finfection  générale.  A  la  rigueur,  il 
ne  sort  rien  de  neuf  de  ces  constatations  ;  toutefois,  ces 
notions  histologiques  exactes  viennent  fortifier  Topinion 
admise  que  Yendométrite  est  la  compagne  habituelle  de  la 
septicémie  puerpérale  et  qu'elle  comporte  de  grands  dangers. 
Fristch  a,  dans  ces  derniers  temps,  donné  à  cette  notion  une 
sanction  pratique,  par  le  fait  qu'il  conseille  de  débuter  tou- 
jours, dans  les  cas  de  fièvre  vive  au  commencement  des 
suites  de  couches,  par  une  irrigation  intra-utérine  (3). 

L'importance  capitale  que  possède,  au  point  de  vue  de  la 
généralisation  de  l'infection,  la  plaie  de  l'utérus  puerpéral, 

(1)  Arch.  f.  Gyn.,  1891.  Bd  XL.  Hft  3,  p.  398. 

(2)  Etude  êur  VinfeHion  puerpérale.  Th.  de  Paris,  lSi^9. 

(3)  VerhanM,  der  gynakvlog.  Section  de*  X  internat.  Congreu  zu  Berlin^ 
1890. 


BUMM  441 

n'exclut  pas  cependant  la  possibilité  de  Tinfection  par  une 
autre  voie.  De  même  que  n'importe  quelle  solution  de  conti- 
nuité à  la  surface  du  corps,  les  lésions,  les  plaies  situées  sur 
une  région  quelconque  des  voies  génitales  (périnée,  vagin. ..)» 
peuvent  aussi  être  le  point  de  départ  d'un  érysipèle,  d'une 
infection  générale.  Mais,  ordinairement,  les  processus  déve- 
loppés au  niveau  du  périnée,  du  vagiu  restent  circonscrits 
dans  ces  régions.  Lorsque  le  virus  ne  s'élève  pas  jusqu'à 
Tendométrium,  les  processus  puerpéraux  guérissent  après 
avoir  déterminé  une  réaction  fébrile  plus  ou  moins  vive.  Et 
même,  dans  les  cas  où  la  propagation  s'est  effectuée  jusqu'à 
la  cavité  utérine,  dans  lesquels  s'est  déclarée  une  septi- 
cémie générale,  les  plaies  des  régions  profondes,  de  mauvais 
aspect  et  qui  manquent  rarement,  n'ont  la  plupart  du  temps 
qu'une  importance  locale.  On  trouve  à  la  vérité  dans  les  débris 
nécrotiques  des  plaies  du  vagin  et  du  périnée,  indépendam- 
ment de  germes  extrêmement  nombreux,  de  véritables  strep- 
tocoques, mais  ils  ne  dépassent  pas  les  limites  des  solutions 
de  continuité  et  ne  pénètrent  pas  dans  les  tissus  environ 
nants. 

En  ce  qui  concerne  les  voies  suivant  lesquelles  les  germes 
de  l'infection,  parties  de  l'endométrium,  se  portent  plus  loin 
et  finissent  par  envahir  l'organisme  tout  entier,  on  était  déjà 
renseigné  à  une  époque  où  l'on  ignorait  les  véhicules  spé- 
ciaux de  l'infection  :  les  bactéries.  Nous  connaissons  depuis 
longtemps  le  développement  dans  les  parois  de  l'utérus  de 
thromboses  suppurées,  qui  conduisent  le  virus  septique  direc- 
tement dans  le  sang  et  donnent  lieu  à  la  forme  classique  de 
la  pyémie  puerpérale.  On  connaissait  aussi  les  suppurations 
développées  dans  les  espaces  lymphatiques,  qui  propagent 
l'infection  au  paramétrium  et  au  péritoine  :  infection  par  les 
vaisseaux  sanguins^  infection  par  les  vaisseaux  lymphati-> 
ques^  telle  était  la  notion  ancienne  qu'on  trouve  exposée  dans 
tout  traité  d'accouchement,  et  qui  manifestement  est  exacte, 
car,  il  est  diflBcile  d'entrevoir  une  troisième  voie  de  Tinfection. 

Les  perfectionnements  considérables  apportés  dans  la 


442      RBGHERGHES   SUR   l'ENDOHÉTRITE   PUERPArALE 

technique  microscopique  nous  permettent  de  reprendre  ces 
notions  générales,  et  de  suivre  de  très  près  les  processus 
délicats  qui  évoluent  à  Toccasion  de  la  nidation  et  de  la 
diffusion  des  micro-organismes  dans  le  tissu  utérin.  Or,  il  ne 
faut  pas  croire  que  les  recherches  ont  été  souvent  orientées 
dans  ce  sens.  Abstraction  faite  de  quelques  remarques  de 
Léopold  (1),  de  Winckel  (2),  et  de  son  disciple  Hartmann  (3), 
nous  n^avons  trouvé  des  notions  précises  sur  Tétat  des  mi- 
crobes  septiques  dans  le  tissu  de  Tutérus  puerpéral  que  dans 
le  travail  déjà  cité  de  Widal  (4).  Et  cependant,  il  nous  im- 
porte beaucoup  non  seulement  dans  un  sens  spéculatif,  mais 
et  un  point  de  vue  éminemment  pratique,  d'être  renseignés 
sur  ce  sujet.  La  base  de  notre  thérapeutique  locale  dans 
Vendométrite  c'est  le  traitement  de  Vendométrium,  et  celui' 
ci  repose  essentiellement  sur  les  idées  que  nous  nous  fai" 
sons  de  la  nidation  et  de  la  pénétration  des  germes  dans 
Vendométrium.  Plus  exactes  et  plus  pré^nses  seront  ces  idées 
et  plus  aussi  sera  efficace  notre  action  thérapeutique. 

II.  —  Formes  de  la  maladie 

Jusqu'ici,  c*est  en  se  basant  surtout  sur  les  modifica- 
tions anatomiques,qu*on  a  décrit  plusieurs  formes  de  l'endo- 
métrite  puerpérale  (suppurée,  croupale,  diphtérique,  pu- 
tride, etc.),  mais  je  crois  qu'il  est  préférable,  à  l'exemple  de 
Kehrer  de  baser  cette  classification  sur  les  notions  étiologi- 
ques.  La  classification  devient  alors  très  simple  :  Â)  en- 
dométrite  putride;  B)  endométrite  sep  tique, 

A)  —  Endométrite  putride. 

Sous  cette  étiquette,  dans  l'état  actuel  de  nos  connais- 
sances, on  range  ces  formes  d'endométrite  puerpérale  dans 


(1)  Arrh.f.  Oyn.y  1877,  Bd  XX,  8.  16. 

(2)  Verhand.  dtr  deutsek.  GeselU.  /.  ffyn.  Oonf/rcM,  1S86,  S.  78. 
(S)  Arck.  /  Hygien,,  1887,  Bd  VII. 

(4)  Loc,  ciu 


BUMM  443 

lesquelles  — qa'il  y  ait  ou  non  rétention  de  débris  ovulaires  — 
survient,  sous  Tinâueuce  de  germes  saprophytes,  une  décom* 
position  de  la  caduque,  mais  sans  qu'il  y  ait  intervention  de 
germes  septiques.  La  décomposition  peut  intéresser  seule- 
ment les  couches  superficielles  de  la  caduque  qui,  les  condi^ 
tiops  étant  physiologiques,  sont  expulsées  sans  avoir  subi 
de  travail  de  putréfaction  ;  mais,  elle  peut  aussi  s'étendre 
plus  profondément.  Les  substances  chimiques,  produits  de  la 
putréfaction,  résorbées  dans  la  cavité  utérine  causent  la  fièvre 
et  les  autres  symptômes  de  Tintoxication  putride. 

Nous  ne  nous  occuperons  pas  dans  ce  travail  de  Torigine 
ou  de  la  nature  des  germes  de  la  putréfaction.  Il  s'agit  tou- 
jours d*un  mélange  de  bactéries,  bacilles  et  coccus,  qu'on 
peut  ensemencer  en  grand  nombre  en  utilisant  les  lochies 
fétides,  mais  dont  Tétude  exacte  exige  beaucoup  de  travail 
et  de  temps.  Us  déterminent  par  leur  développement  sur  des 
milieux  nutritifs  contenant  des  albuminoldes  tantôt  de  la 
putréfaction,  tantôt  des  substances  toxiques  sans  fétidité. 

Il  semble  ressortir  de  l'observation  clinique  que  les  cas  d'en* 
dométrite  putride  ne  sont  nullement  rares.  Et  cependant,  les 
recherches  bactériologiques  rigoureuses  nous  enseignent  le 
contraire.  En  effet,  dans  la  très  grande  majorité  des  endb* 
métrites  après  des  avortements  ou  des  accouchements  sur- 
venus à  terme,  et  qu  en  raison  de  la  fétidité  des  lochies  et  de 
la  chute  rapide  de  la  fièvre  après  le  curettage  de  la  cavité 
utérine,  on  étiquette  facilement  endométrites  putrides,  on 
trouve,  indépendamment  des  germes  de  la  putréfaction,  des 
micro-organismes  septiques,  ainsi  des  streptocoques,  des 
staphylocoques  pyogènes  :  somme  toute,  il  s'agit  alors  de 
formes  mixtes,  d  endométrite  septique  et  putride.  Sur  i  i  cas 
d'endométrite,  en  apparence  purement  putride,  je  n*ai  vu 
que  dans  3  les  germes  pathogènes  ne  pas  se  développer.  Et 
encore,  même  vis  à  vis  de  ces  3  faits  négatifs,  n'ai-je  pas  de 
certitude  absolue,  par  la  raison  que  je  ne  disposais  que  d'une 
très  petite  quantité  de  substance  putride  pour  Tensemence- 
ment. 


444   BGGHBRGHES  SUR  L'E^^DOMÉTRITE  PUERPÉRALE 

Altérations  histologiques.  —  La  couche  superficielle  de  la 
caduque  est  semée  de  nombreux  organismes,  bâtonnets, 
longs  filaments,  coccus  de  toutes  dimensions,  lis  sont  sou- 
vent développés  en  colonies,  qui  couvrent'  complètement  la 
substance  fondamentale  de  la  caduque.  Aussi  loin  que  les 
champignons  pénètrent,  et  0,1  millim.  au  delà,  le  tissu  est 
frappé  de  nécrose,  de  dégénérescence  vitreuse,  trouble.  Les 
noyaux  ne  se  colorent  plus.  A  cette  zone,  qui  déjà,  à  Toeil  nu, 
apparaît  comme  la  couche  interne  graisseuse,  décolorée  de 
l'utérus,  fait  suite  une  zone  d'infiltration  cellulaire.  Petites 
cellules,  qui  n*ont  aucun  rapport  avec  les  éléments  stables 
de  la  caduque,  et  qui,  par  tout  leur  aspect,  se  présentent 
comme  des  corpuscules  sanguins  décolorés,  extravasés.  For- 
mant une  couche  épaisse  de  0,3  à  0,5  millim.,  elles  sont  si  inti- 
mement accolées  les  unes  aux  autres,  qu'il  ne  reste  presque 
plus  rien  de  visible  de  la  substance  fondamentale.  L'infiltra- 
tion cellulaire  cesse  au  niveau  de  la  musculeuse.  Ses  fais* 
ceaux  les  plus  superficiels  sont  bien  çà  et  là  dissociés  encore 
par  des  amas  de  cellules,  mais  bientôt  les  lamelles  muscu- 
laires reprennent  leur  aspect  normal  et  leur  disposition 
régulière. 

Les  micro-organismes  ne  pénètrent  pas  dans  la  couche  de 
granulationy  zone  de  réaction.  —  Il  n*est  pas  douteux  que 
rinfiltration  de  cellules  rondes  doit  être  considérée  comme 
une  sorte  de  réaction  de  l'organisme  qui,  ici,  comme  partout 
ailleurs,  oppose  aux  germes  une  paroi  granuleuse  séparant 
ce  qui  est  mort  de  ce  qui  est  vivant,  et  écartant  le  danger  (1). 


(1;  Il  eût  été  intéressant,  remarque  Taiiteur,  de  poursuhTe  l'état  des  ger- 
mes de  la  putréfa(;tion  au  niveau  de  l'insertion  placentaire.  On  doit  admettre 
que  la  mas^e^  qui  Bubit  le  processus  de  tlirouibose,  aussi  longtemps  qu*el!e 
ne  s'est  pas  organisée,  renferme  des  tii^sus  morts  ou  profondément  atteints 
dans  leur  vitalité,  et  qu'elle  ne  crée  pas  en  conséquence  un  obstacle  au  déve- 
loppement des  germes  de  la  putréfaction.  Survient-il  dans  l'end ométrite 
putride  une  décomposition  putride  des  éléments  des  thrombns  an  nivt^u 
de  Taire  placentaire  1  Faut-il  chercher  dans  cette  hypoth^8e  la  raison  des 
élévations  sulfites  de  la  température  et  des  frissons  qui  offrent  une  si  grande 
analogie  avec  les  phénomènes  observés  à  la  suite  de  l'injection  de  solutions 


BUMM  Vih 

B)  —  Endométrite  septique. 

Où  désigne  sous  ce  nom  les  cas  d'endométrite  puerpérale 
dans  lesquels  les  microbes  de  la  septicémie  humaine  ont 
élu  domicile  sur  ou  dans  la  caduque. 

L'aspect  anatomique,  grossier  de  la  muqueuse  infectée 
varie  beaucoup  suivant  les  cas. 

Dans  les  cas  légers,  on  ne  constate  sur  les  fragments  de 
muqueuse  obtenus  par  le  curettage  rien  de  spécial^  ou  bien 
sa  couche  superficielle  est  légèrement  jaunâtre,  couverte  de 
pus.  Même  dans  les  cas  graves,  les  altérations  de  Tendomé- 
trium  peuvent;  à  Tœil  nu,  ne  pas  paraître  très  étendues, 
tandis  que,  sous  le  champ  du  microscope,  il  apparaîtra 
comme  farci  de  streptocoques.  Souvent,  dans  les  infections 
graves,  il  se  forme  des  dépôts  membraneux,  ou  bien  le  revê- 
tement muqueux  de  la  cavité  utérine  se  trouve  totalement 
transformé  en  une  masse  graisseuse,  mal  colorée,  qui  se 
laisse  facilement  détacher  au  bistouri  de  la  musculeuse  sous- 
jacente.  Dans  ces  derniers  cas,  on  constate  la  présence 
simultanée  de  nombreux  germes  de  la  putréfaction.  Toute- 
fois, si  grandes  que  soient  les  différences,  quand  on  les  envi- 
sage au  point  de  vue  étiologique,  les  endométrices  suppurées, 
croupales,  putrides  rentrent  dans  le  même  groupe,  ce  sont 
les  diverses  modalités  cliniques  de  l'endométrite  septiquo. 

Mais  c'est  le  streptocoque  qiVon  rencontre^  de  beaucoup 
le  plus  souvent,  dans  Vendométrite  septifiue  puerpérale. 
Cette  proposition  dont  Czerniewski  (1)  a  démontré  l'exactitude 
pour  les  maternités,  mes  observations  la  démontrent  égale- 
ment vraie  quand  il  s'agit  de  la  pratique  privée.  Parfois, 
indépendamment  du  streptocoque,  on  trouve  les  staphyloco- 
ques pyogènes,  particulièrement  le  doré.  Je  n'ai  vu  que  deux 
fois  des  staphylocoques^  seuls.  Il  s'agissait  de  cas  à  évolution 

putrides  dans  les  veines  des  animaux  en  expérience  ?  C'est  là  un  point  que^ 
faute  de  matériaux,  Tauteur  n'a  pu  élucider. 

(1)  Zur  Frage  der  puerperalen  Erkrankungen.  Arch^f,  Gyn,,  B.  XXXVIII, 
p.  7.3. 


446      BECUBRGHES  SUR   L^BNDOMÉtRITfi  PUERPÉRALE 

béoignei  ce  qui  concorde  avec  les  données  de  Fehling  (1)  que 
les  staphylocoques  ne  se  rencontrent  que  dans  les  cas  légers. 
Que  le  staphylocoque  doré  puisse  cependant  donner  lieu  à 
une  infection  générale  mortelle,  le  fait  n'en  reste  pas  moins 
démontré  par  les  observations  de  Brieger  (2). 

Czerniewski  a  trouvé  le  streptocoque  seul  dans  35  cas  non 
terminés  par  la  mort,  et  associé  à  d'autres  espèces  de  bacté- 
ries dans  13.  Je  suis  arrivé  dans  la  pratique  privée,  où  d'ail- 
leurs les  condition&de  recherches  sont  beaucoup  plus  défavora- 
bles, à  des  résultats  un  peu  différents.  Je  n'ai  obtenu  que  dans 
5  cas  (dont  3  d'infection  générale  mortelle)  des  cultures 
pures  de  streptocoques.  Dans  12  observations,  les  cultures 
sur  plaques  donnèrent,  outre  le  streptocoque,  quelques  rares 
staphylocoques.  Dans  8  cas,  les  germes  de  la  putréfaction 
étaient  en  nombre  extrêmement  grand  (forme  mixte  d'endo* 
niétrite  putride  et  septique).  Deux  se  terminèrent  par  péné- 
tration des  streptocoques  dans  les  veines  thrombosées  avec 
pyémie  mortelle»  consécutive. 

a)  Endométrite  septique  localisée. 

Altérations  histologiques  des  cas  où  Vinfection  septique 
se  cantonne  sur  Vendométrium Si  l'on  pratique  des  cou- 
pes sur  des  fragments  de  muqueuse  obtenus  par  le  curettage 
dans  des  cas  d'endométrite  septique  localisée,  et  qu'on  traite 
les  coupes  obtenues  par  des  méthodes  qui  permettent  d'étu- 
dier en  même  temps  Tétat  des  tissus  et  celui  des  micro-orga- 
nismes, on  obtient  des  aspects  histologiques  qui  ressemblent 
à  ceux  de  l'endométrite  putride.  La  couche  la  plus  superfi- 
cielle de  la  caduque  est  également  semée  de  bactéries,  et,  au 
voisinage  de  la  puUulation  bactérienne,  et  même  un  peu  au 
delà,  en  état  de  nécrose. 

Indépendamment  des  germes  de  la  putréfaction,  plus  ou 
moins  nombreux  suivant  les  cas,  on  aperçoit  les  formes 


(1)  Die  PhyHol.y.  Path.des  Woekenh,,  1890,  p.  85. 

(2)  Chanié^Annalen.  XUI  JfthrgaDg,  p.  198. 


bumM  447 

caractéristiques  des  coccus  en  chainette.  Sur  la  préparation, 
la  zotle  de  Tinvasion  bactérienne  ne  s'accuse  souvent  que 
sous  la  forme  d*un  fin  ourlet,  coloré  en  bleu.  Dans  les  points^ 
où  par  le  décollement  des  membranes,  est  restée  une  portion 
plus  considérable  de  caduque,  la  zone  nécrotique  est  plus 
épaisse.  Tout  le  tissu  trabéculaire  de  la  zone  spongieuse  de 
la  caduque  est  en  certains  points  le  siège  de  llnvasion  bac- 
térienne, et  participe  à  la  nécrose  ;  il  se  présente  alors  sous 
forme  de  débris  villeux,  opaques,  qui  sont  farcis  de  microbes. 

  la  zone  qui  correspond  à  la  pullulation  bactérienne  fait 
suite,  aussi  dans  Tendométrite  septique,  localisée  à  Ten- 
dométriura,  une  zone  de  réaction,  d'infiltration  de  cellules 
rondes.  Suivant  toutes  les  courbures,  toutes  les  inflexions 
de  la  couche  nécrotique,  elle  peut  atteindre  une  épaisseur  de 
H  millim.,  et  affecter  les  couches  les  plus  profondes  de  la 
caduque  et  les  plus  superficielles  de  la  musculeuse.  Cette 
infiltration  cellulaire  varie  beaucoup  comme  étendue  sur  les 
différents  points  d'une  même  préparation,  mais,  en  général, 
elle  est  d'autant  plus  complote  que  le  processus  est  plus 
ancien. 

Les  bactéries  ne  pénètrent  pas  dans  la  couche  de  granu^ 
lation  formée  Cette  couche  joue  le  rôle  d'une  barrière  de 
protection  contrôles  streptocoques,  comme  contre  les  germes 
de  la  putréfaction.  Il  faut  donc  attribuer  la  fièvre  observée 
dans  les  cas  d'endométrite  septique,  circonscrite,  à  la 
résorption  de  substances  chimiques  fabriquées  au  niveau  de 
la  couche  nécrotique  par  les  streptocoques  ou  les  staphylo- 
coques. 

Par  quel  mécanisme,  dans  cette  forme  de  Tendométrite 
puerpérale,  s'opère  la  guérison,  je  n'ai  pu  le  découvrir  sur 
les  préparations.  Il  est  probable  qu'après  avoir  empêché 
l'invasion  plus  profonde  des  germes  septiques,  et  permis  aux 
tissus  frappés  de  nécrose  de  se  séparer  pour  s'éliminer  avec 
les  lochies,  la  paroi  granuleuse  rétrocède,  et  que  la  régéné- 
ration s'accomplit  aux  dépens  do  ce  qu'il  restait  du  stroma. 
Le  revêtement  épithélial  se  reconstitue  sans  doute  à  l'aide 


448  SOCIÉTÉS  SAVANTES 

des  restes  de  cellules  épithéliales  qu'on  retrouve  dans  les 
points  profonds  de  la  muqueuse  infectée,  et  qui  sont  assez 
souvent  bien  conservées.  (A  suivre.) 


REVUE  DES  SOCIÉTÉS  SAVANTES 


Société  obstétricale  et  gynécologique  de  Paris 
Séance  du  14  avril  1892. 

Présentations.  —  Charpentier.  1)  Œuf  de  six  semaines  expulsé 
dans  son  entier,  à  la  suite  d'une  injection  intra-utérine  antisep- 
tique que  s'était  administrée  la  femme  elle-même. 

2)  Exemple  de  dégénérescence  flbro-gralssense  dn  placenta,  prove- 
nant de  Taccouchement  d'un  fœtus  mort-né  de  3  mois,  retenu  de- 
puis le  môme  temps  dans  la  cavité  utérine. 

'  Maygrier.  Placenta  pesant  680  gr.  et  présentant  au  niveau  de 
rinsertion  du  cordon  une  ectasie  de  la  veine  ombilicale  dn  volnme 
d'an  cenl  de  pigeon,  l*enfant  ne  pesait  à  sa  naissance  que  1780  gr.  — 

A  l'occasion  de  ce  fait,  l'auteur  formule  les  conclusions  suivantes  : 
1)  il  y  a  une  évidente  disproportion  entre  le  fœtus  et  le  placenta  ; 
le  premier  ne  pesait  que  1780  gr.,  alors  que  le  second  a  le  volume 
et  les  dimensions  du  placenta  à  terme,  le  fait  a  par  lui-même  une 
certaine  importance  au  point  de  vue  médico-légal. 

2o  Le  fœtus,  bien  que  petit,  est  vivace  et  présente  certains  des 
caractères  d'un  fœtus  arrivé  près  du  terme,  Tossilication  de  son 
crâne  en  particulier.  L'époque  exacte  du  début  de  la  grossesse 
n'ayant  pu  être  déterminée,  on  peut  se  demander  si  cet  enfant 
n'est  pas  plus  avancé  en  âge  que  son  poids  ne  semble  Tindiquer. 

Ajoutons  qu'il  n'a  nullement  souffert  depuis  sa  naissance.  Il  tetle 
vigoureusement  et  augmente  chaque  jour  de  poids. 

3o  Dans  ces  conditions,  n^  a-t-il  pas  lieu  de  penser  que  le  déve- 
loppement du  fœtus  a  pu  être  entravé  par  la  gêne  circulatoire 
consécutive  à  Tectasie  veineuse  située  sur  le  trajet  de  la  veine 
ombilicale  ?  Nous  posons  la  question  sans  la  résoudre,  mais  cette 
hypothèse  nous  parait  vraisemblable. 


SOCIÉTÉ   OBSTÉTRIGALB   &T  GYNÉCOLOGIQUE  DE   PARIS    449 

PoiTOU-DuPLR88Y.  —  1)  PrèsenUtlon  de  la  face.  Poiition  mento- 
poatéiienre  persistante.  —  X...,  primipare,  32  ann,  présentation  de 
la  face  eu  M.  I.  G.  P.  L'auteur  a  été  appelé  à  intervenir  une  qua- 
rantaine d'heures  après  le  début  du  travail.  Les  eaux  étaient  écou- 
lées depuis  plusieurs  heures.  Il  dut  faire  3  applications  successives 
de  forceps,  entre  lesquelles  il  laissa  un  intervalle  assez  long.  Par 
la  première  application,  la  petite  courbure  de  Tinstrument  étant 
dirigée  vers  la  cuisse  droite  de  la  parturiente,  il  transforma  la  po- 
sition en  mento-transversale,  puis  termina  par  une  seconde  appli- 
cation, la  petite  courbure  du  forceps  regardant  cette  fois  vers  la 
cuisse  gauche.  L'auteur  insiste  sur  ce  point,  qu!il  a  procédé  avec 
une  lenteur  extrême  et  avec  de  grands  intervalles  de  repos.  Ce 
qui  lui  a  été  possible  surtout  à  cause  de  Tanesthésie  obtenue  et 
pour  laquelle  il  emploie  une'^méthode  spéciale. 

2)  Nouveau  procédé  d'anesthésie  mixte.  —  Cette  méthode  que  l'au- 
teur applique  avec  avantages,  depuis  deux  ans,  consiste  dans  rem- 
ploi successif  de  deux  anesthésiques  différents  :  a)  le  bromure  d*é- 
thyle  ;  b)  le  chloroforme. 

Verser  sur  le  cornet  (1)  extérieur  modifié,  le  bromure  d'éthyle 
asses  largement  (bien  que  goutte  à  goutte).  Faire  reposer  pendant 
2  ào  minutes.  Dés  que  la  malade  commence  à  perdre  (sans  excita- 
tion) le  sentiment  des  choses  extérieures,  substituer  le  chloroforme, 
versé  sur  le  même  cornet,  d'une  façon  méthodique  (10  à  lô  gout- 
tes par  1/i  de  minute).  On  obtient  assez  vite  TaneRthésie,  quel- 
quefois directement,  quelquefois  en  traversant  une  période  d'exci-^ 
tation  très  modérée  et  très  courte. 

Bientôt  on  a  la  résolution  musculaire  complète,  l'aboli tion  des 
rétlexes  (réllexes  palpébral,  cornéen,  etc.),  et  il  ne  reste  plus  qu'à 
entretenir  cette  anesthésie»  eu  versant  sur  le  cornet  quelques 
gouttes  de  chloroforme,  en  moyenne  5  à  6  par  1/4  de  minute  (=  1/3 
à  1/2  centim.  cube  par  minute)  (2). 

Discussion.  —  Championniére  a  exposé  et  abandonné  comme 
dangereux  les  procédés  complexes  d'auesthésie.  Bien  que  très  dis- 
posé à  expérimenter  la  méthode  de  M.  Poitou-Duplessy,  il  estime 
que  l'exposé  théorique  invoqué  est  très  attaquable.  De  sa  vie,  il 

(1)  Le  cornet  employé,  c'est  le  cornet  de  la  marine  légèrement  modifié. 

(2)  L'auteur  a  foit  précéder  cette  deocription  de  sa  méthode  de  Texpoei- 
tion  defl  dangera  associéB  à  la  méthode  ordinaire  de  l'anesthésie  chloroformi- 
qne  ainsi  que  des  procédés  divers  imaginés  pour  les  prévenir. 

ÂXir.  m  «TV.  —  vou  zzzvil  29 


450  SOCIÉTÉS  SAVANTES 

n'a  observé  la  syncope  cardiaque  que  l'auteur  vise  particulière- 
ment, et,  d'accord  avec  Vulpîan,  il  ne  croit  qu'à  la  i-éalité  de  la 
syncope  respiratoire.  En  ce  qui  concerne  le  bromure  d'éthyle,  il 
l'a  essayé,  et  cet  anesthésique  lui  a  paru  irritant  pour  la  mu- 
queuse respiratoire.  A  raison  de  40  gouttes  de  chloroforme  pour  éta- 
blir Tanesthésie  et  de  20  gouttes  pour  Tobtenir,  Poitou-Duplessy 
dépense  80  grammes  de  chloroforme  à  Theure,  c'est-à-dire  une 
dose  supérieure  à  celle  de  l'anestbésie  courante.  Pajot  a,  depuis 
50  ans,  appliqué  ou  fait  appliquer  le  chloroforme  aux  femmes  en- 
ceintes ou  en  travail  plusieurs  centaines  de  fois.  Il  emploie  le 
cornet  de  la  marine  en  recommandant  de  ne  pas  Tappuyer  sur  la 
face  de  façon  à  largement  assurer  l'accès  de  l'air.  Dès  que  Tanes- 
thésie  est  produite,  il  fait  supprimer  l'appareil  jusqu*à  ce  que  la 
femme  indique  par  un  grognement  qu*eile  va  se  réveiller.  Il  fait 
donner  le  chloroforme  à  la  manière  de  Simpson,  commençant  par 
d'assez  fortes  doses  qui  suppriment  la  période  d'excitation  et  con- 
tinuant par  des  doses  faibles.  En  suivant  ces  préceptes,  il  n'a  eu 
d'accidents  qu^une  fois  pour  une  intervention  qui  ne  regardait  pas 
l'obstétrique,  encore  Taccident  se  borna-t-il  à  une  simple  alerte. 
Poitou- Du PLESSY  tout  en  reconnaisssant  que  la  syncope  respira- 
toire est  la  plus  fréquente,  persiste  à  croire  à  la  réalité  de  la  syn- 
cope cardiaque,  accident  du  début  de  l'anesthésie.  Il  est  convaincu 
que  le  bromure  d*éthyle  n*a  pas  seulement  pour  effet  de  prévenir 
les  accidents  graves  de  l'anesthésie,  mais  qu*il  diminue  les  vomis- 
sements pendant  et  après  Topération  ;  qu'en  somme  avec  cet  agent, 
l'anesthésie  est  plus  rapide,  plus  facile  et  d'excitation  moindre. 

LovioT.  —  I)  Acconchement gémellaire  artificlelà  5  mois,  5  mois  1/2 
de  grossesse  environ  chez  une  primipare  de  40  ans.  Premier  fœtus 
se  présentant  par  Tépaole  profondément  engagée  dans  le  vagin,  le 
second  mobile  et  sans  présentation.  Double  version  podaliqne.  En- 
fants dn  même  sexe  (deux  garçons)  ajrant  survécui  Tun  denx  henres, 
l'antre  qnarante-hnit  heures.  Arrière-faix  complètement  distincts. 
Expulsion  du  placenta  et  des  membranes  du  premier  œul,  le  second 
était  encore  intact. 

2)  Accouchement  gémellaire  artificiel  à  8  mois  1/2  environ  de  gros- 
sesse ches  une  secondipare.  Fœtus  mobiles  sans  présentation.  Doubla 
version  podaliqne.  Qarçon  et  flUe  vivants.  Poids  total  des  enfsnta 
3,150  grammes,  le  garçon  pesant  125  grammes  de  plus  <iue  la  fille. 
Masse  placentaire  unique  sans  pont  membraneux.  Enfants  élevés  an 


SOCIÉTÉ  OBSTÉTRICALE  ET  GYNÉCOLOGIQUE  DE  PARIS    451 

aein,  la  fille  par  la  môre,  le  garçon  par  une  noonice.  Cloisonnement 
constitué  par  4  feuillets. 

L'auteur  a  relaté  ces  2  faits  d'accouchement  gémellaire  artificiel 
surtout  en  raison  de  la  disposition  des  arrière-faix  et  du  sexe  des 
enfants.  Dans  le  premier  cas,  arriére-faix  entièrement  distinct^ 
2  garçons;  dans  le  second,  masse  placentaire  unique,  cloison  à 
4  feuillets,  fille  et  garçon.  Mais  la  masse  placentaire  unique  à  Tœil 
nu  n'implique  pas  l'existence  d'une  circulation  commune  et  il  est 
très  vraisemblable,  vu  la  cloison  complète,  qu'il  n'y  a  qu'accole- 
ment  des  2  œufs.  L'auteur  regrette  de  ne  pas  s'en  être  assuré  en 
injectant  les  2  cordons.  Dans  les  deux  faits,  très  probablement, 
deux  ovules  appartenant  à  deux  vésicules  distinctes  du  même 
ovaire  (ce  qui  est  le  plus  ordinaire)  ayant  été  fécondées,  les  œufs 
auxquels  elles  ont  donné  naissance  sont  restés  en  simple  relation 
de  voisinage  dans  le  premier  cas,  tandis  qu'ils  se  sont  juxtaposés 
très  intimement  dans  le  second. 

Ces  dispositions  en  apparence  très  différentes  des  deux  arrière- 
faix  ne  constituent  en  réalité  que  des  nuances  et  relèvent  de  la 
même  cause.  Deux  vésicules  de  Graaf  appartenant  à  un  seul  ovaire, 
arrivent  simultanément  à  maturîté,  subissent  leur  évolution  et 
laissent  échapper  chacun  un  ovule,  total  :  deux  ovules. 

Conséquemment  il  n'y  a  aucune  relation  à  établir,  dans  l'espèce, 
entre  le  sexe  des  enfants  et  la  disposition  des  œufs,  les  deux  œufs 
séparés  auraient  pu  contenir  des  fœtus  de  sexe  différent  et  les  œufs 
accolés  des  fœtus  du  même  sexe  comme  cela  s'est  vu  en  maintes 
circonstances. 

3)  Septicémie  générale  consécntive  à  la  rétention  d*an  fœtas  putré- 
fié. Physométrie.  Tète  fœtale  spontanément  expulsée,  tronc  retenu. 
Décollation  extra-vulvaire.  Dégagement  artificiel  des  deux  bras. 
Extraction  du  fœtus.  Mort  de  la  femme.  —  Quand  Fauteur  fut  appelé 
la  situation  était  déjà  perdue.  L'œuf  était  ouvert  depuis  plusieurs 
jours,  le  fœtus  mort  et  putréfié.  La  parturiente,  primipare  de  25  ans, 
avait  une  fièvre  vive,  de  la  dyspnée la  tête  fœtale  était  expul- 
sée, le  tronc  retenu.  11  fallut  pratiquer  d'abord  la  section  du  cou 
pour  pouvoir  aller  saisir  et  dégager  les  deux  bras  afin  de  diminuer 
le  volume  des  épaules  et  avoir  une  prise  solide  pour  exercer  des 
tractions  méthodiques.  Malgré  les  soins  antiseptiques  rigoureuse- 
ment donnés  au  cours  de  cette  intervention  laborieuse,  la  mort  par 
nepticémie  survint  en  quelques  heures. 


452  REVUE  ANALYTIQUE 

4)  O.I.D.P.  chei  une  prisiiparo  à  terme.  Rédaction  mannelle.  AppU- 
cation  de  forceps.  Enfant  virant^  fille  de  3,975  grammes.  Rozion 
b1  mammaire  très  intense  chez  le  nonvean-né,  résolation. 

5)  Ertraction  manuelle  d*an  arrière-faix  retenu  depuis  27  heures 
et  en  voie  de  putréfaction.  Septicémie  commençante.  Guérison.  — 
^observation  montre  que  la  putréfaction  de  l'arriôre-faix  peut 
commencer  à  se  produire  et  à  faire  sentir  ses  elTets  moins  de 
24  heures  après  Texpulsion  du  fœtus  et  qu'une  antisepsie  relative 
et  incoinpléte  est  impuissante  à  la  conjurer;  d'autre  part,  qu'une 
trop  longue  temporisation  est  illogigue  et  dangereuse,  la  délivrance 
ou  l'extraction  artificielle  devant  être  pratiquée  beaucoup  plus  tôt. 

G)  Application  de  forceps  ayant  sauvé  la  vie  à  sept  personnes, 
raccottchenr  y  compris.  —  L'auteur  n'a  pas  cru  nécessaire  de  préciser 
s]il  s'était  servi  d'un  forceps  ordinaire  ou  d'un  forceps  à  tractions 
suivant  Taxe.  Il  eût  peut-être  fourni  un  argument  original  à  Tuu 
des  partis  irréconciliables  de  ces  2  espèces  de  forceps.  En  réalité,  le 
secret  du  titre  singulier  de  cette  observation  réside  dans  le  fait  que 
l'auteur,  malgré  les  résistances  d'une  parturiente,  dégagea  avec  le 
forceps  une  tète  qui,  depuis  deux  heures,  était  sur  le  périnée.  Or, 
cette  extraction  a  permis  de  quitter  et  de  faire  quitter  à  la  femme 
l'endroit  où  s'était  efifectué  l'accouchement,  endroit  qui  fut  peu 
après  particulièrement  mis  à  mal  par  une  explosion  de  dynamite. 
€  Tout  est  bien  qui  finit  bien  !  »  R.  L. 


REVUE  ANALYTIQUE 


I.    —   0KGANE9    GÉNITAUX    EXTERNES 

Hydrocèle  de  la  femme.  (Ueber  hydrocele  muliebris),  W.  Weou- 
SELMANN.  Arch,  f,  kltH,  Chir.,  1890,  t  XLIII,  fasc.  3,  p.  578. 

A  l'occasion  de  deux  faits  opérés  par  Madelung,  Fauteur  passe 
en  revue  les  observations  anciennement  publiées  sous  le  nom 
d'hydrocèle  chez  la  femme,  et  dues  à  l'accumulation  de  liquide 
dans  le  canal  de  Nuck  imparfaitement  oblitéré.  Il  réunit  ûnsi 
Cl  cas.  A  ce  propos  il  montre  que^  malgré  la  thèse  relativement 
récente  de  Rabère,  les  investigations  anatomiques  modernes  n'ont 
pas  conllrmé  celles  qui,  en  1865,  avaient  conduit  S.  Duplay  à  nier 


ORGANES  GÉNITAUX  EXTERNES  453 

rexietéoce  du  canal  de  Nuck.  Il  termine  par  une  étude  clinique  et 
thérapeutique  de  ces  hydrocéles,  dont  l'extirpation  antiseptique 
est  le  meiUeur  traitement. 

A.  B. 

Hémorrhagle  mortelle  par  yarioes  Tolyaires.  (Tœdtliche  Blutung 
bei  einer  Hochschwangeren  ^us  einem  varîx  der  vulva,  sectio 
cœsarea  post  mortem),  Nahmmacuer.  Berl,  hlin,  Woch.,  1890, 
no  42,  p.  968. 

Observation  d'une  femme  de  35  ans,  VI  pare  qui,  lavant  du 
linge,  tomba  sans  que  Ton  sache  comment,  et  qui  mourut  d'hé- 
morrhagie  génitale,  en  moins  d'une  heure,  au  dernier  mois  de  sa 
grossesse.  Nahmmacher  pensa  à  une  hémorrhagie  utérine,  peut- 
être  par  placenta  prsBvia»  mais  la  malade  mourut  entre  ses  mains 
5  à  6  minutes  après  son  arrivée.  Il  ût  alors  avec  la  plus  grande 
rapidité  possible  Topération  césarienne,  mais  l'enfant  était  mort. 
Il  eut  après  cela  le  loisir  de  chercher  la  source  du  sang;  il  la 
trouva  dans  une  plaie  d'une  grosse  varice  vulvaire.  Il  croit  à  une 
lésion  traumatique  que  la  femme  se  serait  faite  au  moment  de  la 

chute,  en  tombant  probablement  sur  un  pieu. 

A.  B. 

Hémorrhagie  des  organes  génitaux.  (Pudendal  hsBmorrbage), 
F.  Flintermann.  Médical  Standard.  Chicago,  août  1889,  p.  41. 

Cet  article  traite  des  hémorrhagies  venant  des  organns  génitaux 
externes  :  elles  sont  graves  en  raison  du  tissu  érectile  qui  leur 
donne  naissance  ;  et  leur  véritable  origine  est  souvent  méconnue, 
malade  et  médecin  les  prenant  pour  des  hémorrhagies  utérines. 
Elles  reconnaissent  comme  étiologie  les  manœuvres  obstétricales, 
une  chute  sur  le  périnée,  un  coït  intempestif,  etc...  Aussi  l'auteur 
conscille-til  dans  tous  les  cas  douteux  do  se  rendre  compte  de 
visu  de  la  provenance  de  l'écoulement  sanguin.  P.  N. 

Hémorrhagie  vulvaire  ou  vaginale  chez  le  nouveau-né.  (Yulvar  or 
vaginal  heroorrhagein  the  newly-born),par  S.  Buscy,  de  Washing- 
ton. Amer,  J.  ofObst.,  1891,  p.  495. 

La  variété  la  plus  fréquente,  est  la  sueur  hematica  précoce.  La 
seconde  variété  est  constituée  par  des  pertes  irrégulières,  ne  se 
reproduisant  plus  au  delà  du  dix-huitième  mois  et  ne  s'accompa- 
gnant  d'aucun  attribut  de  la  puberté.  La  troisième  est  caractéri- 


454  REVUE  ANALYTIQUE 

sée  par  unehémorrhagie  réellement  yulvaire  ou  vaginale  qui  ne  86 
produit  pas  après  le  premier  mois. 

L'auteur  rapporte  un  cas  de  cette  dernière  variété,  il  en  a  déjà 
cité  un,  en  1874,  dans  TAm.  Journ,  of  Obs.,  vol.  VI,  p.  46. 

L'enfant  qui  fait  le  sujet  de  la  dernière  observation  vint  au 
monde  asphyxié,  présenta  au  cinquième  jour  une  hémorrhagie 
vulvaire,  qui  dura  quelques  heures.  Buscy  ût  faire  des  applications 
d*alun  et  administrer  deux  gouttes  de  l'extrait  fluide  d'hydrastis 
canadensis,  toutes  les  4  heures.  Elle  se  remit  parfaitement. 

L'auteur  attribue  cet  accident  à  la  faiblesse  de  l'enfant,  né 
avec  des  circulaires  autour  du  cou. 

L'auteur  cite  le  travail  de  Puech,  publié  dans  la  Gazette  obsté^ 
tricale,  A.  C. 

Deux  cas  d'hématome  ▼nlvo-vaginal.  (Ematoma  vulvo-vaginale, 
due  casi),  par  Decio.  Annaîi  di  Ostet,  e  Ginec.  Milano,  févr.  1890, 
p.  103. 

Dans  la  première  observation  l'accouchement  fut  très  rapide, 
l*enfant  vint  par  la  tôte  ;  chez  la  deuxième  femme  également  primi- 
pare, Tenfant  se  présenta  par  les  fesses  et  le  travail  fut  très  long. 
Dans  les  deux  cas  pas  de  traces  de  varices.  L'auteur  pense  que 
celles-ci  ne  jouent  pas  toujours  un  rôle  capital.  Ainsi  dans  l'accou- 
chement précipité  la  distension  du  périnée  étant  trop  rapide,  un 
de  ses  vaisseaux  peut  se  rompre;  de  même  dans  le  cas  d'accou- 
chement prolongé  le  simple  arrêt  circulatoire  suffit  évidemment 
pour  déterminer  la  rupture  d'un  vaisseau  sans  varices  préalables. 
Hervieux,  Perret,  Dubois  et  Laborie  ont  cité  des  faits  analogues. 

P.  Mauclaire. 

Éléphantiasis  du  clitoris  et  flstnle  vésico-Taglnala  de  causa  non 
tranmatiqua  chez  une  femme  syphilitique.  (Elefantiasi  del  clitoride 
e  ûstola  vesico  vaginale  da  causa  non  traumatica  in  donna  siûli- 
ticaX  par  Lauro.  Annali  di  Ost,  e  Ginec.  Milano,  mars  1890, 
p.  194. 

Les  causes  invoquées  pour  expliquer  l'hypertrophie  du  clitoris 
sont  très  nombreuses  :  un  vice  de  conformation,  Tonanisme,  l'abus 
du  coït,  la  syphilis  et  l'éléphantiasis.  Dans  Tobservation  qu'il 
rapporte,  Lauro  fait  intervenir  des  ulcérations  répétées,  des  bien- 
norrhagies  fréquentes,  la  syphilis,  les  excès  de  coït,  Tonanis- 


ORGANES  GÉNITAUX  BXTBRNES  455 

me,  etc.,  avoués  par  la  malade.  La  cliforidectomie  fut  faite  au 
bistouri  et  la  guérison  fut  rapide.  P.  Mauclaire. 

Lupus  hypertrophique  et  perforant  de  la  Tulve.  H.  Hœbbrlin. 
Archiv.  f.  Gyn.,  Bd  XXXVII.  Hft  1,  p.  16. 

Hœberlin  donne  d'abord  l'observation  d'une  jeune  femme  de 
27  ans.  Il  faut  lire  dans  l'original  le  détail  des  lésions  étendues 
qtd  avaient  envabi  vite  la  vulve,  le  périnée  et  le  rectum.  Une  partie 
de  la  tumeur  fut  enlevée  pour  être  examinée  histologiquement. 
On  y  a  trouvé  un  tissu  de  granulation  assez  semblable  à  celui  des 
gommes  syphilitiques,  mais  ni  bacille,  ni  follicule  tuberculeux. 
La  marche  de  cette  affection  rare  est  très  lente.  Le  pronostic  au 
point  de  vue  de  la  guérison  est  très  défavorable.  Le  seul  traite- 
ment eflicace,  c'est  l'ablation  ou  la  cautérisation  de  tout  le  mal  ; 
mais,  il  n'est  pas  toujours  applicable.  P.  Delbet. 

Recherches  cliniques  et  histologiqnes  sur  le  lupus  de  la  vulve. 

(Klinische  und  histologische  Untersuchungen  Qber  Lupus  vuIvsb), 
ViATTE.  Arch.  f.  Gyn. jBd XL,  Hft 3,  p.  474, et  Cent. /.  Gyn.y  1872, 
no  2,  p.  47. 

L'auteur  décrit  minutieusement  2  cas  de  lupus  vulvaire.  Dans 
le  Ur  csLSj  existaient  au  niveau  de  la  vulve  3  ulcères  qui  détrui- 
saient en  profondeur  les  tissus  du  voisinage  et  avaient  créé  des 
trajets  iistuleux.  A  la  périphérie  des  ulcères,  et  en  des  points  plus 
éloignés,  se  voyaient  des  hypertrophies  cutanées  polypiformes. 
Le  diagnostic  de  «  lupus  vulvaire  >  fut  confirmé  par  l'examen 
microscopique  :  les  polypes  étaient  constitués  par  du  tissu  con- 
nectif  œdémateux,  finement  fascicule,  riche  en  vaisseaux  avec  des 
proliférations  cellulaires  périvasculaires  ;  mais  il  ne  contenait  ni 
cellules  géantes,  ni  foyers  caséeux,  ni  bacille  de  la  tuberculose.  Par 
contre,  les  ulcères  renfermaient  le  bacille  pathognomonique.  Le 
cas  2  était  absolument  semblable,  si  ce  n'est  que  le  bacille  en 
question  faisait  défaut  dans  les  ulcères.  Pas  de  syphilis  à  invo- 
quer. Dans  les  2  cas,  révolution  de  l'infection  fut  la  même  :  opéra- 
tions répétées,  raclage,  cautérisation,  extirpation,  excision,  mais 
toujours  avec  un  résultat  passager,  récidive  constante. 

Les  injections  avec  la  tuberculine  de  Koch  provoquèrent  la 
réaction  connue  dans  l'un  des  cas,  mais  pas  dans  l'autre.  Elles 
n'amenèrent  pas  la  guérison.  R.  L. 


456  REVUE  ANALYTIQUE 

.  Épithélioma  primitif  de  la  grande  lèvre  droite  chei  nne  feamie 
syphilitique  âgée  de  46  ans.  Ablation  an  thermocautère.  Â.  Bel- 

LENGHiEN.  Joumal  des  sciences  médicales  de  Lille  ^  n»  30, 
p.  85. 

Ces  tumeurs  seraient  plus  fréquentes  qu'on  ne  le  croit  puisque 
le  D' Maurel  a  pu  en  rapporter  35  exemples  dans  sa  thèse  de  1888. 

Le  siège  du  néoplasme  était  ici  à  droite  contrairement  aux  cas 
observés.  La  glande  de  Bartholin  souvent  incriminée  doit  être  mise 
hors  de  cause  dans  ce  cas,  car  il  s'agissait  d'un  épithélioma  à  glo- 
bes épidermiquesqui  peut  bien  se  développer  aux  dépens  de  la  peau 
ou  d'une  muquepse,  mais  jamais  aux  dépens  du  revêtement  interne 
des  glandes. 

Le  point  de  départa  peut-être  été  une  plaque  muqueuse  ayant 
déterminé  un  loctts  minoris  resistentiœ.  Mauclairb. 

Fibrome  diflns  des  petites  lèvres.  (Fibroma  diflusum  of  the 
Labia  minora),  par  H.  L.  Collyer,  de  New- York.  Am«  J,  of  Obst,^ 
p.  1251. 

La  malade,  âgée  de  25  ans,  n'avait  eu  qu'un  enfant  ;  elle  a  eu  la 
syphilis.  Trois  ans  avant  d'entrer  à  l'hôpital,  elle  a  reçu  un  coup 
de  pied  dans  les  parties  génitales.  La  tumeur  est  pédiculée. 

Collyer  lui  proposa  de  l'opérer,  elle  partit  en  disant  quelle  allait 
demander  l'autorisation  à  son  mari,  elle  ne  revint  pas. 

L'auteur  donne  une  chromolithographie  de  Taspect  de  la  tumeur 
dont  il  est  difficile  de  donner  une  idée  exacte  sans  gravure. 

C.  A. 

Rupture  centrale  du  périnée.  Épisiotomie]etèpisiopérinèorrhapliie. 

(Rottura  centrale  del  périneo.  Episiotomia  ed  episioperineoplas- 
ticorafia),  G.  Marta.  Monographie  Venezia,  1889. 

Marta  passe  en  revue  les  causes  de  cette  variété  de  déchirure 
périnéale.  Celles  sur  lesquelles  la  plupart  des  auteurs  ont  insisté 
sont  les  suivantes  :  hauteur  exagérée  de  la  symphj'se  pubienne 
(d'où  direction  vicieuse  de  la  vulve),  la  forme,  l'extensibilité  par- 
ticulière du  périnée,  défaut  d'inclinaison  du  bassin  et  surtout  du 
sacrum  et  du  coccyx.  Dans  le  cas  qu'il  rapporte  le  périnée  était 
peu  élastique,  rigide  même  au  niveau  de  la  commissure  inférieure 
où  un  tissu  cicatriciel  empêchait  la  dilatation  de  l'anneau  vuivaire. 
Le  traitement  à  employer   serait,  d'après  l'auteur,  rinoision  du 


ORGANES  GÉNITAUX  EXTERNES  457 

périnée  jusqu'à  la  commissure  (épisiotomié)  puis  la  suture  comme 
dans  une  périnéorrhaphie  ordinaire. 

P.  Mauglaire. 

Proposition  d'une  modifloation  opératoire  à  la  périnéorrhaphie  à 
lambeaux.  (Operative  VorschlAge),  H.  Stratz.  Cent,  f.  Gyn,,  1890, 
no  14,  p.  233. 

La  périnéorrhaphie  à  lambeaux,  procédé  de  Tait,  est  supérieure 
aux  autres  méthodes.  Elle  a  cependant  quelques  défectuosités 
(tiraillement  exagéré  du  plancher  pelvien,  difficulté  pour  l'opé- 
rateur d'apprécier  le  tissu  en  excès  qu'il  serait  utile  d'exciser). 
Ces  défectuosités,  d'après  Fauteur,  tiennent  à  ce  que  le  chirurgien 
opère,  pour  ainsi  dire,  àTaveugle.  Pour  supprimer  cette  condition 
défavorable,  il  procède  de  la  façon  suivante  :  S'agit-il  d'une 
déchirure  étendue  mais  non  complète,  il  fait,  à  partir  des  points 
dont  la  réunion  doit  correspondre  à  la  commissure  postérieure, 
future,  deux  incisions  qui  vont  se  réunir  angulairement  sur  la 
ligne  médiane,  un  peu  en  avant  de  Tanus.  Cela  fait,  il  décolle 
la  paroi  vaginale  avec  le  doigt,  aussi  haut  qu'il  est  nécessaire. 
Puis  il  saisit  cette  paroi  vaginale  décollée,  entre  deux  longues 
pinces,  très  rapprochées  Tune  de  l'autre,  et  incise  sur  la  partie  mé- 
diane. La  section  opérée,  on  a  ainsi  deux  lambeaux  postérieurs, 
qu'on  enroule  autour  des  pinces,  manœuvre  qui  a  pour  eflfet  de 
découvrir  le  champ  opératoire,  d'une  façon  très  nette,  et  qui  ne 
s'accompagne  d'aucune  hémorrhagie.  En  beaucoup  de  cas,  le  cul- 
de-sac  de  Douglas  vient  faire  une  saillie  arrondie  dans  Técar- 
tement  des  lambeaux,  et  l'on  réussit  le  plus  souventàle  séparer  des 
tissus  voisins  et  il  est  possible,  quand  il  est  trop  spacieux,  lorsqu'il 
existe  une  rétroversion,  de  le  réséquer  ou  d'en  produire  l'atrophie, 
par  l'application  de  quelques  sutures. 

Pour  terminer,  si  l'on  a  soin  de  dérouler  lentement  les  lambeaux, 
le  chirurgien  peut,  soit  les  réunir,  soit  en  réséquer,  suivant  les 
indications,  une  portion  plus  ou  moins  considérable. 

Dans  les  cas  de  rupture  complète,  le  principe  de  la  méthode  est 
le  même.  Seulement,  on  commence  par  inciser  en  avant  les  limites 
de  la  muqueuse  intestinale,  puis  des  deux  points  extrêmes  on 
dirige  en  avant  et  en  dehors  deux  incisions  qui  se  terminent  aux 
points,  dont  la  réunion  forme  la  commissure  postérieure.  On 
termine  comme  dans  le  cas  précédent.  R.  L. 


458  REVUE  ANALYTIQUE 

CSorps  étranger  da  ya^tin.  (Zur  Casuistik  der  Fremdkœrper  in  der 
Vagina),  par  C.  Habit.  Wien.  fned.  Preste^  1801,  n«  10,  p.  373. 

Histoire  d'un  pessaire  spécial,  peesaire  de  Breisky,  oublié  pen- 
dant 5  ans  dans  le  vagin  d'une  femme  de  63  ans,  et  retiré  à  Taide 
d'une  pince  spéciale,  sorte  de  forceps,  recommandée  par  l'inventeur 
du  pessaire. 

Oblitération  du  ?agin,  pathologie  et  traitement.  (On  atresia  of  the 
vagina,  its  pathology  and  treatment).  Th.  M.  Madoen.  Lancei, 
Lond.,  1890,  p.  238. 

Après  avoir  rappelé  les  principales  observations  d'oblitération 
du  vagin,  accompagnée  la  plupart  du  temps  de  rétention  des 
règles,  Fauteur  se  range  aux  conclusions  suivantes,  établies  par 
Graily  Hewit  :  deux  cas  se  présentent,  suivant  qu'il  y  a  ou  non  > 
des  signes  de  rétention  menstruelle.  Si  oui,  il  faut  opérer,  eu 
suivant  Tintervalle  qui  sépare  le  rectum  de  la  vessie,  ce  qui  n'est 
pas  toujours  facile  ;  si  non,  il  faut  s'abstenir,  quand  bien  même 
l'exploration  par  la  vessie,  le  rectum  et  la  paroi  antérieure  de 
l'abdomen  aurait  fait  reconnaître  la  présence  de  l'utérus.  Celui-ci 
et  ses  annexes  peuvent  en  effet  présenter  des  malformations  diver- 
ses, causes  de  Tabsence  de  règles.  Dans  ce  cas  il  n'y  aura  pas 
d'accidents,  et  mieux  vaudra  ne  pas*  opérer,  malgré  l'opinion 
d'Ëdis  qui  pense  que  quand  le  vagin  manque,  il  faut  le  créer,  et 
le  maintenir. 

L.  Faure. 

CSicatrices  Taginales  multiples.  (Gicatrici  vaginall  multiple),  Decio. 
Annali  di  Osiet.  e  Ginec,  Milano,  mars  1890,  p.  233. 

L'utérus  était  en  rétroversion,  le  col  encapuchonné  par  de  nom- 
breuses brides  cicatricielles  partant  de  la  paroi  postérieure  et  des 
parois  latérales,  ces  brides  furent  rompues  sous  le  chloroforme  et 
l'utérus  replacé  en  position  normale.  Mais  les  troubles  hystériques, 
des  adhérences  et  la  rétroversion  reparurent  rapidement. 

P.  Mauglaibe. 

Rupture  du  vagin  pendant  racconchement.  (Ein  Fall  von  spontaner 
perforirender  Scheidenzerreissung,  mit  vollstœndigem  Austritt 
des  Kindes  und  der  Placenta  in  die  Bauchhœble,  Genesung),  par 
EVERKE.  BerL  klin.  Woch.,  30  juin  1890,  n«  26,  p.  591. 


ORGANBS  GÉNITAUX  EXTERNES  459 

Cette  rupture  eut  lieu,  sans  aucune  intervention  instiumentale, 
chez  une  femme  de  81  ans,  scoliotique  depuis  l'âge  de  14  ans» 
mais  qui  en  était  à  son  7«  enfant*  Pour  le  premier  seul  le  forceps 
avait  été  nécessaire.  La  déchirure»  très  étendue,  avait  laissé  l'on- 
fant  passer  dans  la  cavité  péritonéale,  d'où  il  fut  extrait  par 
Everke.  L'hémorrhagie  était  intense,  le  collapsus  grave,  les  dou- 
leurs violentes.  La  déchirure,  qui  siégeait  sur  la  paroi  postérieure 
du  vagin,  fut  suturée  ;  le  vagin  fut  tamponné  à  la  gaze  iodo formée. 
La  femme  guérit,  avec  un  utérus  normal,  des  ligaments  larges 
souples  et  des  règles  régulières.  A.  B. 

Contribution  à  lliistoire  clinique  des  déchirures  du  vagin  durant 
le  coït.  (ZurKasuistikder  Scheidenverletzungen  durchden  Coi  tus), 
HiMMELFARB.  Cent,  f,  gyn,^  1890,  n»  28,  p.  395. 

En  général,  on  a  beaucoup  contesté  la  possibilité  de  la  produc 
tion  de  déchirures  vaginales  par  le  coït,  chez  les  femmes  dont  les 
organes  génitaux  sont  normaux.  Et  Ton  a  été  plutôt  enclin  aies 
rapporter  à  des  circonstances  que  les  malades  préfèrent  tenir 
cachées.  Cependant^  on  a  cité  récemment  des  faits  qui  semblent 
démontrer  la  production  de  ces  lésions  durant  le  coït  (Zeiss, 
Frank).  A  ces  faits  l'auteur  ajoute  une  observation  nouvelle. 

Une  femme  de  24  ans,  mariée  depuis  peu,  aurait  eu,  à  la  suite 
dupremier  coït,  une hémorrhagie  abondante  et,  depuis  ce  moment, 
aurait  ressenti  de  vives  douleurs  dans  le  bas-ventre.  Malgré  Thé- 
morrhagie  persistante,  et  les  douleurs  dont  ils  s'accompagnaient, 
le  mari  n'avait  pas  voulu  cesser  les  rapports  sexuels.  De  ce  fait, 
exacerbations  des  douleurs  et  accidents.  A  l'entrée  à  l'hôpital,  la 
femme,  quoique  d'une  forte  constitution,  parait  très  affaiblie.  Elle 
a  de  la  fièvre,  une  anorexie  absolue,  et  accuse  des  douleurs  abdo- 
minales spontanées,  et  des  douleurs  en  urinant.  La  région  péri- 
uréthrale  est  congestionnée,  et  il  s'écoule  par  la  vulve  du  sang 
fétide,  décomposé.  En  outre,  à  l'union  du  tiers  moyen  et  du  tiers 
supérieur  du  vagin,  au  point  où  la  paroi. postérieure  se  continue 
avec  la  paroi  gauche,  on  constate  une  perte  de  substance,  à  bords 
lisses,  à  fond  déchiqueté,  il  en  existe  une  autre  dans  le  cul-de-sac 
postérieur.  Tous  les  culs-de-sac  sont  résistants  et  extrêmement 
douloureux  ;  la  portion  vaginale  est  à  peine  reconnaissable.  Mort^ 
malgré  les  lavages  antiseptiques  et  le  tamponnement  du  vagin 
avec  de  la  gaze  iodoformée,  le  11<^  jour  après  son  entrée  à  l'hôpital, 
avec  des  signes  de  collapsus  cardiaque. 


460  REVUE  ANALYTIQUE 

•  Autopsie  :  Elle  permit  de  constater  :  deux  pertes  de  substance 
du  vagin,  qui  constituaient  de  véritables  solutions  de  continuité 
et  qui  s'ouvraient  directement  dans  le  paramétrium  gauche  ;  une 
augmentation  et  une  infiUration  œdémateuse  de  Tutérus  ;  la  pré- 
sence dans  la  paroi  antérieure  de  la  portion  supra-vaginale  du  col 
d'un  abcès,  du  volume  environ  d'une  noix  ;  un  épalssissement  de 
la  paroi  vésicale  antérieure,  et  une  infiltration  sanguine  entre 
cette  paroi  et  Tenveloppe  séreuse.  La  ca\âté  pleurale  contenait  une 
certaine  quantité  de  pus  fétide,  et  les  deux  poumons  étaient  le 
siège  d'abcès  petits  et  très  nombreux.  Rate  augmentée  d'un  tiers 
de  son  volume,  et  d'une  coloration  sombre,  ardoisée  ;  en  résumé  : 
déchirures  du  vagin,  para  etpérimétrile  aiguës,  pyémie consé- 
cutive. 

R.  L. 

Emphysème  vaginal.  (A  case  of  vaginitis  withgirs  cysts,  or  so 
called  «  emphysematous  vaginitis  •),  Ernest Herman.  The  Lancet, 
6  juin  1891,  p.  1252. 

Une  nullipare  de  28  ans,  mariée  depuis  9  ans,  a  subi  il  y  a 
6  mois  une  dilatation  du  col  pour  dysménorrhée.  Rien  au  vagin  & 
cette  époque.  Depuis  3  semaines  elle  souffre  et  a  des  pertes  roses. 
On  sent  une  grosseur  à  droite  de  l'utérus,  les  parois  du  vagin 
sont  inégales  et  comme  semées  de  nodules  durs,  nombreux  sur- 
tout en  arrière  et  en  haut.  Vus  au  spéculum  ils  ont  une  colora- 
tion gris  noirâtre;  ce  sont  des  vésicules  de  la  grosseur  d'un  grain 
de  chanvre  jusqu'à  celle  d'un  pois.  Quand  on  pique  une  vésicnje, 
elle  s'affaisse  avec  un  petit  bruit  sec,  mais  sans  qu'aucun  liquide 
s'écoule.  Quand  on  verse  de  l'eau  dans  le  spéculum  et  la  cavité  du 
vagin,  et  qu'on  pique  une  de  ces  vésicules,  une  petite  bulle  gazeuse 
émerge  de  l'eau.  On  vida  ainsi  toutes  les  vésicules  visibles.  Il  n'y 
en  avait  aucune  sur  le  col  de  l'utérus.  8  Jours  après  ces  vésicules 
n'avaient  point  reparu,  et  les  pertes  avaient  cessé.  La  grosseur 
perçue  à  droite  de  l'utérus  et  qui  devait  être  une  trompe  enflam- 
mée avait  aussi  disparu.  Le  mari  soigneusement  interrogé  ne  pré- 
sentait aucune  trace  d'affection  des  organes  génitaux. 

On  ne  trouve  aucun  cas  semblable  dans  la  littérature  médicale 
anglaise.  M.  Gervis  a  décrit  à  la  Société  obstétricale  de  Londres 
un  cas  de  vésicules  semblables  siégeant  sur  le  col  de  Tùiérus  ;  mais 
le  vagin  était  absolument  Intact. 

Dans  la  littérature  allemande  on  trouve  au  coutrûre  quelques 


ORGANBS   GÉNITAUX   EXTERNES  461 

cas  analogues.  Braun  le  premier  a  décrit  de  semblables  vésicules 
aériennes  du  vagin  chez  une  femme  enceinte.  Il  y  avait  en  môme 
temps  une  blennorrhée. 

En  1871  Winckel  décrit  cette  affection  et  lui  donne  le  nom  de 
«  colpo-hyperplasie  kystique  * .  Il  en  a  publié  3  cas,  tous  3  chez 
des  femmes  enceintes  présentant  un  catarrhe  vaginal  ;  quelques- 
uns  des  kystes  contenaient  un  liquide  séreux  ou  sanguinolent. 
Nftcke  en  décrit  aussi  3  cas. 

Pour  lui  il  s'agit  de  petites  fissures  du  vagin,  Tair  on  quelque 
sorte  aspiré  par  le  vagin  pénètre  dans  ces  fissures  dont  les  bords 
guérissent  ensuite  et  se  rejoignent,  emprisonnant  le  gaz.  Eppinger 
accepte  à  peu  près  cette  théorie  et  fait  de  cette  affection  une  forme 
spéciale  d'emphysème. 

Chenevière  a  vu  et  décrit  3  cas  absolument  semblables  à  ceux 
de  l'auteur  et  n'en  différant  que  parce  qu'il  R*agit  dans  les  3  de 
femmes  enceintes.  Il  adopte  lui  aussi  la  théorie  de  l'emphysème. 

Zweifel  en  décrit  aussi  3  cas  chez  des  femmes  enceintes,  il  met 
en  doute  les  rapports  de  cette  affection  avec  la  gonorrhée.  Des 
recherches  cliniques  qull  a  entreprises  sur  le  contenu  des  vésicules, 
il  conclut  que  le  gaz  qui  est  enfermé  est  de  la  trimé thylamine  ; 
pour  lui  ce  gaz  est  normalement  formé  par  les  glandes  vaginales; 
que  leur  conduit  vienne  à  se  boucher,  les  vésicules  se  constituent. 

Schrœder  croit  que  les  vésicules  se  forment  sous  l'inffuence 
d'une  hyperhémie  vaginale  due  à  la  grossesse  ;  les  sécrétions  de 
follicules  se  décomposent,  d*où  formation  de  gaz. 

L'auteur  se  rallie  à  l'opinion  de  Schrœder. 

Kystes  du  vagin.  Degio.  Annali  di  ost,  e  ginec,  Milano, 
mars  1890.  p.  231, 

l""*  observation.  —  Kyste  ayant  pour  origine  un  repli  de  la  mu- 
queuse d'après  l'auteur. 

2«  observation.  —  Kyste  latéral  gauche,  suppuré,  compliquant 
une  grossesse  au  troisième  mois.  Ce  kyste  présentait  la  grosseur 
d'un  œuf  de  dinde;  l'incision  donna  lieu  à  une  quantité  considé- 
rable de  pus.  La  guérison  fut  parfaite  sans  que  la  grossesse  fût 
interrompue. 

3«  observation.  —  Kyste  gazeux.  A  l'examen  au  spéculum  on 
note  sur  la  paroi  antérieure  du  vagin  près  du  col,  un  kyste  gros 
comme  une  petite  noix,  qui  donnait  lieu  à  de  la  crépitation  ;  il 
s'affaissa  de  lui-môme.  P.  Mauglaire. 


46^  RKVUE  ANALYTIQUE 

Fibro-myôme  de  la  paroi  antérieure  du  vagin.  (Entfernung  eines 
kindeskopfgrosseu  Fibromyom  der  vorderen  Vaginalwand  durch 
elastische  Ligatur),  Hofmokl.  Wien.  med.  Presse,  1891,  n«  3:^, 
p.  1229. 

Femme  de  49  ans  ;  a  eu  il  y  a  15  ans,  une  adénite  suppurée  de 
l'aide  gauche.  En  1883,  prolapsus  du  vagin  pour  lequel  elle  porta 
jusqu'en  1890  un  pessaîre. 

Se  présente  le  3  juin  1891  pour  un  écoulement  de  sang  du  vagin. 
A  Texamen,  on  trouve  à  5  centim.  au-dessus  du  vestibule  du 
vagin  resté  normal,  une  tumeur  des  dimensions  d'une  tête  d'en- 
fant, dépendant  de  la  paroi  antérieure  du  vagin.  La  tumeur  est 
rouge,  couverte  par  la  muqueuse  lisse  au-dessous  de  laquelle  on 
voit  un  grand  nombre  de  veines  dilatées,  résistantes  et  presque 
fluctuantes.  L'utérus  ne  peut  être  atteint  ;  la  vessie  parait  déplacée 
en  haut.  Le  toucher  rectal  et  l'exploration  bimanuelle  ne  four- 
nissent aucun  renseignement. 

Après  une  ponction  exploratrice  qui  donne  issue  à  du  sang  pur, 
et  l'incision  de  la  tumeur,  on  pénètre  dans  une  cavité  des  dimen- 
sions d'une  noix,  inégale,  rugueuse,  cloisonnée.  L*examen  micros- 
copique d*une  parcelle,  montre  la  présence  du  tissu  fibreux,  des 
cellules  fusiformes  ressemblant  à  des  fibres  musculaires  lisses  et 
des  cellules  étoilées.  Diagnostic  :  ûbro-myôme  de  la  paroi  anté- 
rieure du  vagin.  Application  d'une  ligature  élastique  sur  le  pédi- 
cule de  la  tumeur  qui  se  détache  au  5«  jour.  Guérison.       A.  B. 

Gancrolde  de  la  vulve  et  de  la  portion  antérieure  dn  vagin:  Ilym- 
photomie,  résection  nréthro* vaginale.  (Cancroide  délia  vulva  e  por- 
zione  anteriore  délia  vagina.  Ninfotemia,  resezione  uretro  vaginale, 
parDEGio.  Annali  di  oslet.  e  ginec,  Milano,  fev.  1890,  p.  107. 

Vaste  tumeur  ayant  envahi  tout  le  vestibule,  le  clitoris,  le  méat 
urinaire,  les  2/3  supérieurs  de  la  grande  et  petite  lèvre  et  la  partie 
antérieure  du  vagin.  Dans  le  cours  de  l'opération  l'opérateur  dut 
enlever  une  partie  de  l'urèthre  ;  l'hémostase  fut  assez  laborieuse. 
Guérison  momentanée  parfaite. 

P.  Mâuclaibe. 

Un  cas  de  sarcome  primitil  da  vagin.  (Ein  Fall  von  prim&ren 
Scheidensarkome),  G.  Kalustow.  Arch,  f.  gyn.  Bd  40,  Hft  3, 
p.  499. 

Femme  âgée  de  23  ans,  réglée  à  15  ans  (menstruation  toujours 


ORGANES  GÉNITAUX  EXTERNES  463 

régulière,  facile),  mariée  à  17  ans,  ayant  eu  4  grossesses,  dont 
2  fausses  couches,  et  2  accouchements  spontanés,  à  terme.  Suites 
de  couches  toujours  normales.  Pas  de  maladies  antérieures,  pas 
d'antécédents  héréditaires  spéciaux,  pas  d'alcoolisme,  de  syphilis, 
de  tuberculose.  Un  an  environ  avant  son  entrée  à  Thôpital,  après 
une  époque  menstruelle,  venue  à  la  date  voulue,  les  règles  se 
continuèrent  8  semaines.  Puis,  un  peu  plus  tard,  s'établit  un 
écoulement  sanguin,  continu,  tantôt  modéré,  tantôt  abondant, 
avec  expulsion  de  caillots.  Quelques  mois  après,  la  femme  cons- 
tatait une  tumeur,  qui  faisait  saillie  hors  du  vagin.  Examen  à 
Vhôpital  :  ossature  extrêmement  forte,tissu  adipeux  bien  développé, 
peau  et  muqueuses  pâles.  Pouls  très  précipité  et  petit.  Langue  nette 
mais  sèche.  Peau  chaude.  A  l'entrée  du  vagin,  un  gros  caillot  et 
dans  le  vagin  Un  tampon  d'ouate  ;  le  vagin  dégagé,  survint  une 
violente  hémorrhagie  dont  le  foyer  était  une  masse  sphacélée, 
située  sur  la  paroi  antérieure  du  vagin.  Cette  hémorrhagie  faillit 
emporter  la  malade.  Nouvel  examen  quelques  jours  après.  Sur 
la  paroi  antérieure  du  vagin  se  voyait  une  eschare  solide,  sèche, 
gris  noirâtre,  de  forme  quadrangulaire,  commençant  à  environ 
1  cent,  en  arrière  du  méat  urinaire,  se  prolongeant  en  haut  jusque 
dans  le  cul-de-sac  antérieur^  et  occupant  toute  la  largeur  de  la 
paroi  antérieure.  Par  ses  bords  unis,  saillants,  elle  tranchait 
vigoureusement  sur  les  tissus  voisins  dont  elle  était  séparée  par 
un  sillon  profond,  linéaire  ;  surface  de  l'eschare  sillonnée  de 
fissures  longitudinales  et  transversales.  Des  bords  et  des  fissures 
de  l'eschare  s'écoulait  un  liquide  fétide.  Le  reste  de  la  muqueuse 
avait  l'aspect  normal,  et  ne  présentait  aucune  trace  d'inflam- 
mation. Utérus  un  peu  gros,  non  douloureux  et  tout  à  fait  mobile, 
portion  vaginale  œdémateuse.  Paramétrium  et  périmétrium  sains, 
également  les  autres  régions  des  organes  génitaux.  Fonction  vé- 
sicale  normale,  mais  urine  parfois  sanguinolente.  Selles  régulières. 
Pas  d'engorgement  ganglionnaire  appréciable.  Au  cœur,  souffle 
anémique.  Appétit  modéré,  soif  exagérée.  Sommeil  bon.  La  femme 
n'accuse  pas  de  douleurs.  Fièvre  septique  continue,  le  matin  tempé- 
rature 37« ,8-390,2,  le  8oir38o-39o,8. 

Au  début,  il  se  détacha  de  l'eschare  de  petits  fragments  noi- 
râtres, puis  de  plus  gros^  jusqu'à  ce  qu'enfin  l'eschare  se  détach&t 
en  totalité,  phénomènes  qui  se  compliquèrent  à  deux  reprises 
dliémorrhagies  violentes.  Au-dessous  de  l'eschare,  apparut  la 


464  REVUE  ANALYTIQUE 

paroi  vagiaale  antérieure,  saine,  à  surface  régulière,  sauf  sur  la 
ligne  médiane  où  resta  une  fente  linéaire,  qui  semblait  la  partager 
en  deux.  La  fente  paraissait  avoir  la  longueur  de  Teschare,  la 
môme  profondeur,  et  présentait  des  bords  presque  à  pic.  Son  fond, 
constitué  par  ce  qui  restait  du  septum  vésico-vaginal,  était  tisse 
et  jaune  clair.  Les  bords  et  les  parois  de  la  solution  de  continuité 
ne  présentaient  pas  de  granulations,  mais  une  masse  gris-rouge, 
granuleuse  et  sèche. 

De  cet  examen  il  semblait  résulter  :  que  la  masse  sphacélée 
était  une  tumeur  maligne^  ou  le  résultat  de  la  fusion  de  plu» 
sieurs  tumeurs.  Le  néoplas7ney  quel  qu'ait  été  son  mode  de 
formation,  paraissait  partir  du  tissu  connectif  de  la  paroi 
vésicO'Vaginale,  en  sorte  que  la  muqueuse,  tme  fois  perforée, 
parait  étroitement  Veyiserrer  comme  un  pédicule.  D'autre  part, 
cette  interprétation  explique  le  peu  d'étendue  de  la  fente  en 
comparaison  des  dimensions  de  l'esçhare. 

En  môme  temps  que  se  produisit  la  chute  de  Teschare  appa- 
rurent 2  tumeurs  métastatiques,  Tune,  de  la  grosseur  d'une  noi- 
sette, au  niveau  de  la  fesse  gauche,  l'autre  un  peu  plus  petite, 
au  niveau  de  la  face  externe  du  fémur  droit.  Elles  étaient  dures, 
non  douloureuses  à  la  pression,  et  situées  dans  le  tissu  cellulaire 
sous-cutané.  Ces  tumeurs  grossirent  lentement.  Utérus  et 
organes  voisins  restèrent  dans  Tétat  primitif. 

Quelques  jours  après  la  chute  de  Teschare,  récidive  du  néoplasme 
au  niveau  de  la  fente  persistante,  sous  la  forme  de  tumeurs 
sphériques  isolées,  de  coloration  rouge  sombre,  extrêmement 
molles  et  très  mobiles,  assez  semblables  à  des  varices,  qui  peu  à 
peu  grossirent  (volume  d*une  cerise  à  une  noix)  et  commencèrent 
à  s'ulcérer.  Peu  à  peu,  Tulcération  lit  des  progrés  ;  la  fonction 
urinaire  se  troubla,  il  survint  d(^s  envies  fréquentes  d'uriner,  la 
*  miction  devint  douloureuse,  etc.  ;  toutefois,  il  ne  se  produisit  pas  de 
listule  vésico-vaginale.  A  certains  moments,  on  constata  une 
induration  dans  le  paramétrium  droit  et  la  femme  mourut  dans  le 
marasme.  La  première  manifestation  du  processus  pathologique 
(menstruation  prolongée  durant  4  semaines)  s'était  produite  six 
mois  environ  avant  Cissue  fatale. 

De  Vexamen  microscopique  y  aussi  bien  de  fragments  du  tissu 
néoplasique  du  vagin  que  des  deux  tumeurs  métastatiques  (A  la 
fesse,  et  au  niveau  de  la  cuisse),  Tautcur  conclut  qu'il  s'est  trouvé 


INFLAMMATIONS   PÉRI-UTÉRINES  465 

en  présence  d'un  sarcome  télangiectasique  ou  angiomaleux, 
hémorrhagique. 

R.  L 


II.  —   INFLAMMATIONS  PÉH1-U';'KRINES.  MALADIES  DE  LA  TROMPE 

ET  DE   l'ovaire 

Induration  consécûtiTe  à  la  pelvi-celluUte  chez  la  femme  ;  son  irai* 
tement  par  le  galvanisme.  (Induration  foUowîng  pelvic  coUulitis 
in  the  female  and  lis  treatment  by  galvanîsm.),  par  Edward 
Sanders,  de  New  York.  Amer.  J.  of,  Obst.,  mars  1892,  p.  289. 

L'auteur  fonde  ses  conclusions  sur  200  cas,  sur  lesquels  9  seu- 
lement présentèrent  une  prompte  résolution  ;  25  malades  ont  été 
perdues  de  vue.  11  en  reste  donc  166  qui  ont  passé  à  Tétat  chroni- 
que, 20  de  ces  cas  étaient  des  abcès  pelviens;  1,  une  tumeur  kysti- 
que ;  18,  des  .épaississements  avec  raccourcissement  des  ligaments 
larges  ;  127  se  sont  terminés  par  ce  qu'on  est  convenu  d'appeler 
l'induration. 

Sanders  s'est  servi  d'un  appareil  constitué  par  60  piles,  Axo- 
Léclanché,  dont  on  peut  à  volonté  réunir  un  nombre  quelconque 
dans  le  courant. 

L*électrode  extérieure  est  en  argile  ou  en  feutre,  soutenue  par 
une  plaque  de  fer-blanc  ou  de  plomb  ;  au  moment  de  l'appliquer, 
on  la  chauffe  légèrement. 

I^'électrode  interne  est  mousse,  Sanders  croyant  que  la  ponction 
présente  quelque  danger.  Lorsqu'elle  correspond  au  pôle  négatif, 
l'électrode  est  faite  de  cuivre  nickelé,  et  de  charbon  recouvert 
d'argile  si  elle  communique  avec  le  pôle  positif. 

Le  rhéostat  est  fait  de  graphite  pulvérisé,  mélangé  à  de  la 
pierre  de  savon. 

Le  pôle  positif  étant  calmant^  c'est  celui  que  Sanders  place  à 
l'intérieur  lorsqu'il  cherche  à  agir  contre  la  douleur  ;  s'il  recherche 
Tabsorption  de  produits  inflammatoires,  il  applique  le  pôle  néga- 
tif, qui  est  dispersant  (fondant). 

Sanders  place  rarement  une  électrode  dans  l'utérus  ;  la  méthode 
intra-vaginale  étant  moins  douloureuse,  et  permettant  l'emploi  des 
courants  plus  forts. 

Il  fait  varier,  suivant  les  cas,  la  force  du  courant,  entre  75,  et 
150  milliampères. 

àMÊU  DB  o'nr.  —  TOL.  xzzvn  80 


466  REVUE  ANALYTIQUE 

La  durée  de  rapplication  est  en  général  en  raison  inverse  de  la 
face  du  courant  et  varie  ainsi  de  8  à  3  minutes. 

Après  la  séance,  le  vagin  est  lavé  avec  une  solution  antiseptique. 
Sanders  fait  2  ou  3  séances  par  semaine,  et  n'en  fait  pas,  pendant 
les  règles. 

Dans  Vinduralion  simple,  les  résultats  sont  très  favorables  ;  la 
douleur  surtout  disparaît  rapidement.  Dans  ces  cas,  Sanders  n*a 
jamais  été  obligé  de  continuer  pendant  plus  de  5  mois  et  demi  ;  il 
a  réussi  parfois  en  2  semaines. 

Sanders  donne  ITiistoire  de  5  succès,  et  il  ajoute  «  aucune 
«  méthode  ne  m'a  donné  des  succès  aussi  complets  et  aussi  régu- 
•  liers  ».  A. C. 


Paquet  variqueux  du  ligament  large.  (A  case  of  varicose  veins  of  the 
broad  ligament),  par  Reynoldh  Wilson.  Médical  NewSj  Philadel- 
phia,  20  juin  1891,  t.  LVIII,p.  694. 

C^ost  la  description  de  la  laparotomie  pour  ablation  des  annexes  ; 
les  trompes  étaient  normales,  les  ovaires  kystiques,  le  droit  plus 
volumineux  que  le  gauche. 

Des  deux  côtés  on  trouva  dans  le  ligament  large  un  paquet  as.sez 
volumineux  constitué  par  des  veines  dilatées  et  tortueuses  sans 
nodosités.  L'auteur  pratiqua  l'excision  après  avoir  placé  une  double 
ligature. 

Suivent  quelques  indications  bibliographiques. 

P.  N. 

Sur  rin^Mrtance  de  la  blennorrhagie  comme  cause  d'inflammation 
des  organes  pelviens.  (On  the  importance  of  gonorrhœa  as  a  cause 
of  inflammation  of  the  pelvic  organs),  par  G.  Bantock.  Brit,  med, 
Journ,,  Lond.,  1891, 1, 749. 

G.  Bantock,  après  un  historique  intéressant  de  la  question 
s'élève  vigoureusement  contre  l'assertion  de  Nœggerath  qui  prétend 
que  la  plupart  des  inflammations  péri -utérines,  et  que  presque  tous 
les  cas  de  stérilité  sont  dus  à  la  persistance  d'une  blennorrhagie 
latente  chez  la  femme  ou  chez  l'homme. 

D'après  Bantock  ce  serait  là  une  exagération  considérable.  Le 
fait  existe,  mais  il  serait  eu  réalité  fort  rare. 

L.-U.  Faukk. 


INFLAMMATIONS   PÉRI-UTÉRINES  467 

Métrorrhagles  secondaires.  (Ueber  secondâre  Uterusblutungen), 
par  CzEMPiN.  Dent,  med,  Wochenscfir. ,  1891,  n®  35,  p.  1036. 

Sous  le  nom  de  métrorrhagies  secondaires,  l'auteur  comprend 
les  hémorrhagies  atypiques  de  Tutérus  dues  à  une  affection  des 
annexes,  la  muqueuse  utérine  restant  saine.  Ces  métrorrhagies 
sont  fréquentes,  puisque  sur  500  malades  de  sa  clinique,  prises  au 
hasard,  cette  affection  a  existé  22  fois. 

Comme  traitement,  repos,  tamponnement  iodo formé  du  vagin, 
et  hydrastis  canadensis  12  jours  avant  l'apparition  des  régies. 

Abcès  pelviens  chez  la  femme.  (Cases  of  pelvic  abcess  treated  by 
abdominal  section),  par  Mayo  Robson.  Brit,  med.  Journ., 
26  avril  1890, 1. 1,  p.  944). 

Ce  travail  est  fondé  sur  dix  observations  (dont  six  rapportées 
in  extenso)  où  la  laparotomie  a  permis  d'évacuer  et  de  guérir 
détiniti veulent  des  abcès  pelviens.  Les  résultats  sont  d'autant  plus 
encourageants  qu'il  s*agit  la  plupart  du  temps  de  cas  graves.  Deux 
fois,  TabcèH  se  vidait  depuis  six  ans  dans  le  rectum;  un  autre  avait 
ulcéré  Turetére  et  il  avait  fallu  commencer  par  la  néphrectomie. 
Trois  fois  au  moins  la  péritonite  était  sûrement  tuberculeuse. 

A.  B. 

Traitement  de  rinflammation  pelvienne.  (How  shall  we  do  with  our 
ca.sps  of  pelvie  inflammation  ?;,  par  R.  B.  Maury,  de  Memphis. 
Am.  J,  of  Obst,  janv.  1891,  p.  1). 

L*auteur  cite  d'abord  avec  éloge  le  mémoire  de  Bernutz,  qui  date 
de  1862,  où  celui-ci  démontre  que  ces  affections  ne  sont  pas  des 
inflammations  du  tissu  cellulaire  pelvien,  mais  le  résultat  d'une 
péritonite  pelvienne.  La  salpingite  était  le  trait  constant  reconnu 
à  Tautopsie. 

Dans  ces  dernières  années,  Tait  a  fait  la  môme  démonstration 
et  guéri  les  malades  en  faisant  Fablation  des  trompes  enilammées. 
Il  a  prouvé  aussi  que  la  pelvi- cellulite  est  rare. 

Maury  passe  aussi  en  revue  les  mémoires  de  Polk,  de  Coe,  de 
M.  Duncan,  de  Grisolle,  de  Valleix,  de  Gallard,  de  Marchai  (de 
Calvi),  de  Price,  etc.    . 

Maury  cite  deux  cas  personnels,  dans  lesquels  les  malades  ont 
été  guéries  par  l'ablation,  ou  le  détachement  des  trompes  malades. 
Puis  il  donne  un  extrait  des  registres  du  Woman's  Hospital 
de  New-York,  dans  lequel,  en  prenant  le  service,  le  médecin 


468  HEVUE  ANALYTIQUE 

témoigne  sa  surprise  de  trouver  30  malades  affectées  de  pelvi- 
cellulite  et  soumises  à  un  traitement  par  les  douches,  le  curettage, 
riole^  rélectricité.  Il  les  opéra  toutes  avec  succès. 

L*auteur  conclut  qu'il  faut  rayer  de  la  nomenclature  médicale, 
le  mot  cellulite  en  dehors  des  cas  d'inflammation  venant  à  la  suite 
d'un  accouchement. 

Le  traitement  banal  non  opératoire,  a  souvent  bon  effet  sur  les 
affections  inllammatoires  ;  mais  son  action  est  nulle  sur  les  trompes. 

Lorsque  la  péritonite  récidive,  il  est  fort  probable  qu'il  exista 
une  fuite  dans  la  trompe.  Dans  ce  cas,  si  une  vigoureuse 
purgation  saline  n'amène  pas  promptement  une  grande  améliora- 
tion, il  faut  opérer. 

Maury  n'a  rien  obtenu  du  traitement  électrique  dans  les  inllam* 
mations  pelviennes.  Quant  à  Vaipiralion^  il  croit  qu'elle  ne  peut 
avoir  aucun  effet  utile.  A.  C. 

Périmétiites  et  reliquats  de  périmétrites.  Pelvi-pèritonitas.  (Peri- 
metrite  e  suoi  reliquat!,  pelvie-péritonite),  par  Degio.  Annali  di 
OsL  e  Ginec,  sept.  1890^  p.  532. 

Les  différentes  causes  dans  les  cas  observés  furent  des  trauma- 
tismea,  l'abus  du  coït,  la  blennorrhagieet  la  puerpéralité  ;  l'ablation 
des  annexes  fut  suivis  de  succès  dans  deux  cas  ;  chez  une  autre 
malade  la  guérison  survint  après  une  ouverture  spontanée  dans 
le  rectum.  Les  autres  malades  guérirent  avec  des  antiphlogistiques 
et  des  résolutifs  appliqués  sur  la  paroi  abdominale.  P.  M. 

Paramétiites  (Parametriti).  Ibidem,  p.  526. 

Decio  appelle  ainsi  l'inflammation  du  tissu  cellulaire  sous-péri- 
tonéal  de  l'excavation  pelvienne.  Sur  53  observations,  la  lésion 
siégeait,  25  fois  A  gauche,  9  fois  à  droite,  17  fois  en  arrière,  3  fois 
en  avant,  et  chez  cinq  malades  on  pouvait  la  considérer  comme 
totale.  La  cause  est  presque  toujours  la  puerpéralité.  De  simples 
traitements  antiphlogistiques  au  début,  puis  des  résolutifs  (iodure 

l'intérieur)  donnent  souvent  de  bons  résultats.  L'électrisation  a 
donné  aussi  quelques  succès.  Finalement,  quand  ces  méthodes 
de  traitement  étaient  insuffisantes,  on  eut  recours  à  l'incision  soit 
abdominale,  soit  vaginale  même  avant  que  la  fluctuation  fût  dis- 
tincte. 

P.  Mauclairb. 


INFLAMMATIONS  PÉRI-UTÉRINES  469 

Des  modifications  des  trompes  et  des  OTsdres  pendant  la  grossesse 
et  les  suites  de  couches.  jUeber  Verânderungcn  der  Tuben  und 
Ovarien  in  dnr  Schwangerschaft  und  in  Puerperium),  H.  Thompson. 
Zeit,  f,  Geb.  u.  Gyn.,  18$H).  Bd  XVIII,  Hft  1,  p.  31. 

Des  recherches  faites  sur  des  lapines  en  état  de  vacuité  et  en 
état  de  gestation,  Tauteur  tire  les  conclusions  suivantes  :  1)  les 
trompes  subissent  pendant  la  gi'ossesse  et  les  suites  de  couches  des 
altérations  anatomiques  profondes.  Durant  la  grosset^se,  le  tissu 
conjonctif  a  une  vascularisation  plus  abondante  ;  il  est  plus  œdé- 
mateux et  sa  masse  parait  plus  considérable.  La  musculeuse 
8*hypertrophie  comme  la  musculeuse  de  Tutérus,  mais  à  un  moindre 
degré.  Pendant  les  suites  de  couches,  ces  altérations  rétrocèdent 
peu  à  peu,  les  cellules  musculaires  subissent  un  processus  de 
régression  ;  2)  durant  la  grossesse,  le  puerperium,  les  ovaires  ne 
subissent  pas,  quant  à  leur  structure,  d'altérations  appréciables. 

Iv.  Jj. 

Analyse  clinique  et  microscopique  de  vingt-cinq  ovaires,  spécia- 
lement  an  point  de  vue  de  l'hématome.  (Ciinical  and  microscopical 
analysis  of  twenty-five  extirpated  ovaries,  with  spécial  référence 
tohematoma),  par  Francis  Foerster,  de  New  York.  Am.  J.  of 
Obst.  mai  189?,  p.  577. 

L'aut«ur  croit  que  ce  qu'on  a  nommé  corps  jaune  est  un  endo- 
théliome,  toujours  pathologique  lorsqu'il  tend  à  l'hématome  ;  le 
corps  jaune  ph5'^siologique  ou  endothélîomc  de  la  grossesse  est 
Tunique  exception.  Les  corps  blancs  (1),  les  gyromes  ne  sont  pas 
toujours  le  stade  final  des  corps  jaunes;  sous  l'influence  de  ToO" 
phorite  chronique,  ils  peuvent  représenter  le  stade  initial  de 
Tendothéliome.  Foorster  partage  l'opinion  de  M.  D.  Jones,  qui  dit 
que  la  plupart  des  hématomes  ovariques  sont  la  niche  d'un  endo- 
théliome,  du  sang  sorti  de  l'endothéliome  se  ramassant  dans  sa 
cavité.  I/exiatence  de  fibrine  signalée  au  centre  de  Tendothéliome 
est  un  fait  encore  obscur,  que  l'auteur  espère  éclairer  par  des 
recherches  ultérieures. 

Dans  ses  25  cas,  il  a  trouvé  la  preuve  de  ce  qu'il  avance. 


(1)  Il  semble,  d'après  le  contexte  que  Foerster  désigne  par  ces  mots  la 
cicatrice  que  laisse  le  corps  jaune  après  sa  disparition  quoique,  d'après  les 
dictionnaires,  ces  mots  désignent  deux  corps  situés  A  la  base  du  cerveau. 

A    COBDBS. 


470  REVUE  ANALYTIQUE 

Puis  il  donne  8  figures,  montrant  l'aspect  au  microscope  dos 
ovaires  enlevés  à  cause  des  douleurs  éprouvées  par  les  malades. 
Les  lésions  sont  rarement  reconnaissables  à  l'œil  nu. 

A.  C. 


Résultats  de  roophorectomie  dans  lliyBtèro-épilepsie.  (My  expe- 
rienceof  oophorectomy  for  the  cure  ofhystero-epilepsy),  parMuNDB 
de  New- York,  Am.  J,  ofObst  ;  avril  1892,  p.  454. 

Munde  ne  parle  que  des  convulsions  qui  se  produisent  aux 
époques  menstruelles  et  semblent  être  sous  la  dépendance  de 
l'ovulation  et  de  la  menstruation. 

Il  a  fait 5  fois  l'oophorectomie  pour  des  cas  de  ce  genre. 

Dans  le  1*'''  cas  la  malade  a  été  améliorée  en  ce  qui  concerne 
rhystéro-épilepsie,  mais  l'opération  n'a  eu  aucun  etlet  sur  son 
état  mental. 

Les  4  autres  cas  sont  des  succès. 

Munde  s*exprime  très  prudemment  au  sujet  de  l'indicHtion 
d'opérer  après  Tiusuccès  des  autres  traitements. 

A.  G. 

Quarante  cas  d'excision  et  d'extirpation  des  annexes  de  l'nténis 

(Vierzig  FSllle  von  Abtragung  und  Ëntfernung  def  Anhânge  der 
Gebarmutter) ,  A.  IIosthohn.  Arch,  f.  Gyn,,  1890,  Bd  XXXVII, 
Hft  3,  p.  338. 

40  cas  d'extirpation  des  annexes  malades  servent  de  base  à  ce 
travail.  Deux  de  ces  opérations  ont  été  faites  par  Breisky,  les 
autres  par  ses  assistants  Lihotzki  et  Rosthorn.  C'est  parce  que  ce 
mode  d'intervention  est  resté  longtemps  sans  avoir  de  partisans 
en  Autriche,  que  Rosthorn  a  utilisé  ces  40  cas  pour  un  travail  d'en- 
semble, dans  lequel  il  fait  une  étude  relativement  complète  des 
maladies  des  annexes  :  étiologie  (très  partisan  des  idées  de  Nog- 
gerath,  il  accorde  une  part  étiologique  importante  à  la  gonorrhée)  ; 
marche  de  la  maladie,  symptômes  ;  diagnostic  ;  anatomie  patho- 
logique; traitement  technique  opératoire  (dans  tous  les  cas  (il)  où 
TutéruB  a  été  trouvé  en  rétrodéviation,  on  a  fait  suivre  l'extirpatioa 
des  annexes  de  Thystëropexie,  Résultats  :  1)  la  guérison  complète, 
idéale,  avec  suppression  de  toutes  les  douleurs  a  été  obtenue  20  fois. 

2)  13  fois,  le  résultat  a  été  extrêmement  favorable,  mais  non 


INFLAMMATIONS  PBRI-UTÊRINES  \1\ 

idéal.  C'est-à-dire  que  les  femmes  ont  accusé  plus  tard  un  certain 
nombre  de  malaises,  imputables  à  une  ménopause  prématurée 
(troubles  associés  au  molimen  menstruel,  douleurs  légères  loca- 
lisées dans  la  région  sacrée,  d^'^spepsie  passagère,  écoulement 
rebelle). 

3)  1  fois,  guérison  seulement  transitoire.  Au  bout  de  2  mois,  tous 
les  symptômes  morbides  avaient  reparu. 

4)'  Dans  2  cas  la  formation  d'exsudats  étendus  compromit  mo- 
mentanément le  succès. 

5)  Echec  complet  1  fois  ;  pourtant  les  accidents  s'amendèrent, 
avec  le  temps,  d'une  faoon  notable. 

6)  2  cas  de  mort  par  péritonite  par  perforation. 

Résultat  immédiat,  — -  D'une  manière  générale,  il  fut  excellent, 
Les  douleurs  furent  supprimées  et  toute  une  série  de  phénomènes 
hystériques,  de  l'espèce  la  plus  grave  (affections  gastriques  datant 
de  plusieurs  années,  troubles  accusés  de  Tétatgénéral)  furent  comme 
coupés  au  couteau.  Guérison  définitive,  obtenue  dans  la  moitié 
des  cas.  Menstrualioji.  Ch^z  aucune  des  femmes  qui  subirent 
la  castration  bilatérale,  complète,  les  régies  ne  se  montrèrent  con- 
sécutivement. Par  contre,  la  menstruation  se  rétablit  d'une  manière 
générale,  chez  celle  où  l'on  n'avait  pratiqué  que  la  castration  unila- 
térale ou  qu'une  résection  partielle  des  ovaires.  Hi/stéropexie,  Les 
résultats  furent  excelle nt^'.  La  matrice  conserva  son  attitude  d'an- 
téversion  et  récupéra  peu  à  peu  une  mobilité  sufisante.  En  aucun 
cas,  il  ne -fut  accusé  de  douleurs,  pas  môme  du  côté  de  la  vessie 
(aussi  l'auteur  estime-Ml  que  Thystéropexie  est  le  complément 
obligé  de  l'extirpation  des  annexes  toutes  les  fois  que  l'utérus  est 
rétrodévié).  Traitement  post-opératoire.  Les  pessaires  sont  dan- 
gereux immédiatement  après  l'opération.  Ils  sont  de  nature  à  pro  ■ 
duire  une  inflammation  du  péri  et  paramétrium,  plus  disposés  à 
s'enflammer,  après  lu  laparotomie.  Mieux  vaut,  à  ce  moment, 
amener  la  réduction  de  l'utérus  au  moyen  de  tampons  assez  volu- 
mineux, auxquels  plus  tard,  quand  toute  trace  de  sensibilité 
* 

exagérée  des  tissus  aura  disparu,  il  sera  loisible  de  substituer  l>\s 
pessaires.  R.  L. 


Le  Gérant:  G.  Steinheil. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


DES  MATIERES  CONTENUES  DANS  LE  TOME  XXXVI î 


Janvier  à  Juin  1892. 


Accommodation  en  obstétrique  'De 

1'—),  42,  122. 
Accouchement     (V.    Intiammatiom 

péri-ntérines.  Fronts  Face), 
Accouchement  (  Du  mécanisme  de  V — 
■    dans  les  présentations  du  front',  161  • 
Accouchement    K^inellaire    artificiel 

(Cas  d  — ),  450. 
Accouchement  prématuré  (Etude  sur 

les  principales  méthodes  de  provo- 
cation de  l'—,,  15. 
Adhérences    péritonéales    après    la 

lai)arotoinie,  18. 
Albuminurie  gravidique,  290,  365. 
Anesthésie  mixte  (Nouveau  procédé 

d'— ),  449. 
Appareils   à  stérilisation;   quelques 

considérations  sur  la  désinfection 

dans  les  cliniques,  47. 
Avortement  V.  Infection  puerpérale^  ^ 

1()6. 
Avortement  (2  cas  d'—  manqué..,  62. 
Avortement  provoqué  pour  affection 

cardiaque  grave,  212. 


Chirurgie  abdominale  iV.  OrasseMc 
masquée)  t  47,  61. 


Curettage  de  Tutérus  (Du  — ),  l.'>9. 

D 

Dermatol  (Du  —  en  gynécologie  ,  226, 
227. 


E 


Eclampsie  gravidique,  291. 
Elylhrotomie  exploratrice,  203. 
Épanchements   sanguins  intra-péri- 

tonéaux  fDes  — },  .>6. 
Ergot  de  seigle  /De  l'emploi  de  V  — -/, 

367. 


Face  (Présentation  de  la  -  ),  449. 
Fièvre  puerpérale     Du   méphitisme 

de  l'air  comme  cause  de  — .,  2Kk 
Fistules  vésico- vaginales  (De  la  voie 

iscliio-rectale    pour    aborder    les 

—  difficilement  accessibles'',  34.>. 
Forceps    Du  — ,^96. 
Front  Présentât  ion  du  - ,  mécanisme 

de  Taccouchementi,  161. 

a 

Grossesse  iV.  Albuminurie^  Éf-lamp- 
#iV,  Traumatisme,  Pncumeniet  Jn* 
fia  m  m  at  ions  péri-ut érines) . 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


473 


Grossesse  compliquée  de  corps  fibreux 
de  Tutérus,  de  cancer,  de  kystes  âP 
l'ovaire,  229,  232,  233,  236. 

Grossesse  extra-utérine  {De  la  — ).  V. 
Hématomey  132,  336,  374. 

Grossesse  masquée  (Rapports  de  la  — 
avec  la  chirurgie  abdominale),  61, 
237. 


H 


Hématocèle  (De  1'—).  iV.  Épanche- 
mnnU  sanguinty  etc.)t  56,  377. 

Hématome  de  la  trompe  par  grossesse 
tubaire,  151. 

Hémorrhagies  des  organes  génitaux 
externes,  452. 

Hydrastine  (De  T— ,  etc.),  227,  228. 

Hydronéphrose  intermittente  (  De  1' — ) 
I5S. 

Hystérectomie  (V.  Vulve^  Pédicule^ 
Ligature  élastique,  Suppurations 
pelviennes),  38,  42,  43,  6."),  322. 

I 

Index  bibliographique  trimestriel,  70, 

304. 
Infection  puerpérale  consécutive  à  uu 

avortement,  etc.,  106. 
Infection  puerpérale  consécutive  à  la 

rétention  d'un  fœtus  putréfié,  451. 
Inflammations  péri-utérines  en  rap- 
port avec  la  grossesse  et  Taccou- 

chement,  123. 
Inflammations  péri -utérines,  465. 
Injections  intra-utérines  pott  partum 

(De  la  mort  subite  pendant  les  — ), 

352. 
Inver^tion  de  l'utérus  par    traction 

sur  le  cordon,  69. 
Irrigation  continue  (De  1' — ),  43. 


Lait  (Passage  des  médicaments  dans 
l6Hi  68. 


Laminaire  (Notes  sur  un  mode  de 
préparation  antiseptique  des  tiges 
de  — ,  et  des  éponges  dilatatrices), 
127. 

Laparotomie  (V.  Asepsie,  Adhérences 

.  péritonéales,  Grossesse  extra^uté' 
rin^j  Occlusion  intestinale,  Rétro- 
f ex  ion.  Péritonite)  ^  47,  51,53,54, 
63,  841. 

Ligaments  larges  (fibro-myômes  des 
-),342. 

Ligature  élastique  (De  la  — ),  67. 


M 


Malformations  congénitales,  bec-de- 

lièvre,  376. 
Malformations  génitales,  350. 
Massage  (Du  —  en  gynécologie),  222. 


N 


Névroses  (De  l'état  auatomique  des 
ovaires  dans  les  névroses),  53 . 


0 


Occlusion  intestinale  (de  1' — ),  205. 
Opération  césarienne,  210,  211,  230, 

288,  239. 
Ovaires  (V.  Névroses),  53. 

—  (De  la  torsion  du  pédicule  dans  les 
kystes  de  T— ),  351. 

—  (kystes  de  T— ),  (V.  Grossesse). 


Pédicule  (Traitement  du  — ),  65,  67, 

348. 
Périnéorrhaphie  (Procédé  de  — ),  457. 
Péritonite  aiguÔ  (Laparatomie  pour 

-),  341. 
Péritonite  tuberculeuse,  375. 


474 


TABLE   ALPHABÉTIQUE 


Placenta  (Cas  de  dégénérescence 
graÎBseuse  du  — ),  448. 

Placenta  'Cas  d'ectasie  de  la  veine 
ombilicale  au  niveau  du  — ;,  448. 

Placenta  pnevia  (cas  de  —,  avec  adhé- 
rences anormales  par  dégénéres- 
cence calcaire),  215. 

Pneumonie  et  grossesse,  370. 


K 


Iléirodéviations  utérines  (Des  métho- 
des de  traitement  de  Schultze  con- 
tre les—),  110. 

Rétroflexion  de  l'utérus  (Traitement 
de  la  —  par  la  laparotomie),  2S8. 

Rupture  8|)ontanée  des  membranes 
pendant  la  grossesse,  122. 


S 


Salpingite   iV.    Trompe»  de  FalUpe 

Hématome),  î>5. 
Septicémie  pueri>érîile,  UK>,  451,  452. 
Septicémie  puerpérale  Du  traitement 

delà— par  la  provocation  de  phleg 

mons  80iis-cutané8i,:i56. 
Société  obstétricale  de  France,  303, 

352. 

Sonde  intra-utérine,  43. 

Stérilisateur  (Nouveau  —  ),  333. 

Suppurations  pelviennes  (De  l'hysté- 
rectomie  vaginale  |)»r  section  de 
Tutérus  dans  le  traitement  des  — ), 
321,  325. 

Symphyséotomie  <  Delà  -,  2,  81. 241, 
362. 

Hyphilis  et  grossesse  (Influence  des 


mères  syphilitiques  sur  la  santé  des 
nouveau-néa),  261. 


Tératologie  (Cas  de  — ),  213. 

Thérapeutique  gynécologique  (V.  Trai- 
tement clectriqtitt^  Massage^  Derma- 
toi,  Hydroêtine),  215. 

Traitement  électrique  en  gynécologie, 
215. 

Traumatisme  et  grossesse,  229. 
Trompe  de  Fallope  (Pathologie  de  la 
— ),  y?,  377. 


U 


Utérus  (V.  Inversion,  Jiygtérectomie, 
Pédicule,  Ligature  élantif/ve^Rétro- 
détiation,  Cttrettnge,  Ventrofxa- 
tion,  Traitement  Heetrique], 

Utérus  mal  formé  /Hernie  inguinale 
de  r—  .  344. 


Vagin  (Corps  étrangers  du  — ),  458. 

—  (Cicatrices  multiples  du  —  ), 
45S. 

—  (Emphysème  du  — ),  460. 

—  (Oblitération  du  -),  468. 

—  (Rupture  du  — ),  468. 

—  (Sarcome  du  — ),  462. 

—  (Tumeurs  du  — ),  462. 
Ventrofixation   «le  Tuténis  prolabé, 

194. 

Vulve  iDu  débridement  de  la  — 
comme  opération  préliminaire . 
43. 

—  (Du  lupus  de  la  — ),  465. 


TABLE  DES  MATIÈRES 


CONTENUES  DANS   LE  TOME  XXXVII 


Janvier  à  Juin  1892. 


MEMOIRES  ORIOINAUX 

BUMM.  Recherches  hi^tologiques  sur 
rendométrite  puerpérale,  440. 

DÉLAISSEMENT.  Grossesse  extra-uté- 
rine. Laparotomie  pratiquée  5  mois 
après  la  mort  du  fœtuB  à  terme. 
Guérison,  33G. 

EN66TB0M  (Otto).  De  la  ventrofixa- 
tion  de  l*utéru8  prolabé,  194. 

Etienne.  Contribution  à  l'étude  de 
l'influence  du  traitement  des  mères 
syphilitiques,  surtout  pendant  la 
grossesse,  sur  la  santé  des  nouveiiu- 
néft,  261. 

Çabtmann  et  Aldibebt.  La  lapa- 
rotomie dans  la  péritonite  tuber- 
culeuse de  Tenfant,  406. 

Mally.  Un  nouveau  stérilisateur,  3.33. 

MoBE  Madden.  Des  maladies  des 
trouipes  de  Fallope  et  de  leur  trai- 
tement, 9.'). 

MOBIZANNI.  De  la  symphyséotomie. 
241. 

Oui.  Etude  sur  les  principales  métho- 
des de  provocation  de  l'accouche- 
ment prématuré,  15. 

PéAN.  De  Tablation  totale  de  Tutérus 


pour  les  grandes  tumeurs  fibreuses 
et  fibro-cystiques  de  cet  organe,  402. 

PiNABD.  De  la  symphyséotomie,  81. 

POLOSSON.  Du  mécanisme  de  Taccou- 
chement  dans  les  présentations  du 
front,  161. 

QuÉNU.  De  rhystérectomie  vaginale 
par  section  médiane  de  l'utérus  dans 
le  traitement  des  suppurations  pel- 
viennes, 321. 

ROUTIEB.  Du  traitement  des  suppu- 
rations pelviennes,  325. 

Spinelli.  Les  résultats  de  la  sym- 
physéotomie antiseptique  à  l'école 
obstétricale  de  Naples,  2. 

BEVUE  CLINIQUE 

Habtmann.  Infection  puerpérale  con- 
sécutive à  unnvorteiiient.  Rétention 
de  débris  placentaires  ;  infection  à 
forme  dii)htéroïde.  Irrigation  con- 
tinue, guérÎHon,  106. 

BEVUE  GÂNÉRALE 

Labusquière.  Des  méthodes  de  trai- 
tement de  Schultze  contre  les  ré- 
trodéviations  de  Tutérus,  110. 


476 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


SOCIÉTÉS  6AVAKTE8 

Sixième  congrès  français  de  chinir- 
gie,  341. 

Société  obstétricale  de  France,  308, 
352. 

Académie  de  médecine,  284. 
Société  de  chirurgie,  38,  208. 
Société  obstétricale  et  gynécologique 
de  Paris,  42, 122, 214,  288,  448. 


BBVUB  AKALTTIQUB 

Affections  du  rein,albaminurie,éclam- 
psie,  290. 

Chirurgie  abdominale,  47. 

De  la  grossesse  extra-utérine,  132. 

Force]»,  397. 

Inflammations  péri-utérines,  patho- 
logie de  la  trompe  et  de  l'ovaire, 
465. 

Organes  génitaux  externes,  452. 
Pathologie  de  la  trompe  et  hémato- 
cèle,  377. 

Thérapeutique  gynécologique,  215. 
Traumatisme  et  grossesse,  229. 


BIBLIOGBAPBTS 

Beitrage  zur  intrauterine  Thérapie. 

Mackbnbodt. 
Contribution  à  l'étude  de  PinTeraion 

utérine  par  traction  sur  le  cordon. 

Bbuk,  69. 

De  rhydronéphrose  intermittente.  F. 

Terribb  et  M.  Baudocik,  15^<. 

Di  alcune  laparatomie.  A.  Tcbbtta. 

Die    Mechanlk    and    Thérapie   des 

Utérus  und  Scheîdengevôlberisse, 

Fbeund. 

Du  curettage  de  l'utérus.  Bkblin, 
169. 

Du  traitement  général  de  la  septicé- 
mie puerpérale,  etc.  A.  Lorbnz,  7a 

Splenectomia  per  milza  mobile  iper- 
trofica.  Tcbbtta. 

Topographie  et  examen  cUnique  du 
bassin  chea  la  femme.  Bonnaibb, 
400. 

Trois  observations  d'hydrorrhée  décî- 

duale.  BoNNAlBE,  400. 
Ueber  die  vaginale  Enakleation  der 

Uterusmyome.  R.  Cbobak. 

INOBX    BtBLIOGBAPHIQaB,   70,  904 


impbiubbib  lbm&le  bt  c^,  bat 


BB 


ANNALES 


DB 


GYNÉCOLOGIE 


TOME  XXXVIII 


CONDITIONS  DE  L'ABONNEMENT 


Les  Annalss  de  Gynécologie  paraisBent  le  15  de  chaque  mois 
par  fascicules  de  80  pages»  formant  chaque  année  deux  volumes 
avec  titre  et  table  des  maiiàres.  Des  planches  sont  ajoutées  au 
texte  toutes  les  fois  que  cela  est  nécessaire. 


Prix  de  rabonnemesi  : 


Pour  Paris 18  fjrancs. 

Pour  les  départements 20     — 

Pour  l'Europe 22     — 

Pour  les  États-Unis  d'Amérique 23     — 

Pour  les  autres  parties  du  monde. . .  2â     — 


Les  abonnements  sont  reçus  à  Paris,  à  la  librairie  G.  Stkinukil, 
2,  rue  Casimîr-Delavigne.  — £npro>ince  et  à  Tétranger,  chez  tous 
les  libraires. 

Tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  doit  être  envoyé  à  M.  le 
Dr  Hartmann,  80,  rue  Miromesnil,  pour  la  partie  gynécologique; 
à  M.  le  Dr  Varnieb,  6,  rue  Herschel,  pour  la  partie  obstétricale, 
ou  à  M.  G.  Steinheil,  éditeur,  2,  rue  Casimir-Delavlgne. 


ANNALES 


DE 


GYNÉCOLOGIE 

ET  D'OBSTÉTRIQUE 

PUBUéBS  SOUS  LA  DIRECTION 
DE  MM. 

PAJOT.  TILLAUX,  PINARD.  LEBLOND 

Rédacteurs  en  chef: 

H.  VARNIER  ET  H.  HARTMANN 


TOME   XXXVIII 

Contenant  des  travaux  de 

MM.  Berry  Hart,  Chalot,  Charrier,  Farabeup,  Galabin, 

Jabob8,  Lauwers^  Lëopold,  Mârta»  Martin  (Berlin), 

MuLLERHEiM,  Ott  (de),  Oui,  Pinard,  Porak,  Rudolf  Beneke, 

Segqnd,  Stapfkr,  TARNiEXi,  Tarnier  et  Chambrelent, 

F.  Terrier,  Thiriar  (Bruxelles),  Toujan, 


■*  ^^^  *s.^»  ^^•>  ^ 


1882 

(3»    SEMESTRE) 


r  ^U~W%^*/'H 


PARIS 

G.  STEINHEIL,  ÉDITEUR 

2,  BUE  CASUCIB-DELAVIGNE,  2 
1892 


ANNALES 

DE   GYNÉCOLOGIE 


JuUlet  1892 


TRAVAUX  ORIGINAUX 


NOUVEAUX  DOCUMENTS  POUR  SERVIR  A   L'HISTOIRE 
DE  LA  GROSSESSE  EXTRA-UTÉRINE 

« 

Far  le  Professeur  A. 


En  1889,  je  publiais  dans  les  Annales  de  gynécologie  (1), 
trois  observations  de  grossesse  extra-utérine  que  je  faisais 
précéder  des  lignes  suivantes  :  «  La  grossesse  extra-utérine 
peut  présenter,  dans  sa  symptomatologie,  dans  son  évolution 
des  différences  assez  tranchées  pour  lui  imprimer  des  physio- 
nomies diverses,  et  assez  peu  connues  encore  à  Theure 
actuelle  pour  rendre  dans  certains  cas  le  diagnostic  sinon 
impossible,  du  moins  extrêmement  difficile. 

De  même,  la  conduite  à  tenir^  dans  les  cas  'de  grossesse 
ectopique,  le  moment  de  l'intervention,  quand  cette  dernière 
est  jugée  nécessaire,  sont  autant  de  points  très  discutés 
aujourd'hui  mais  non  encore  résolus.  » 

Les  nouvelles  observations  que  je  publie  dans  ce  mémoire 
démontrent  que  l'histoire  de  ce  grand  chapitre  de  la  patho- 
logie obstétricale  est  loin  d'être  achevée  et  ne  pourra  s'édi- 
fier que  par  un  nombre  considérable  de  faits  exposés  jusque 
dans  leurs  moindres  détails. 


(1)  Voyez  :  Documents  pour  servir  à  l'histoire  de  la  grossesse  extra-utérine, 
Annales  de  gynécologie^  avril  1889,  p.  241. 


▲m.  Di  anr.  —  tol,  xxxvin 


2  DOCUMENTS   POUR   LA  GROSSESSE,  EXTRA-UTERINE 

Comme  dans  mon  premier  travail,  je  donne  d'abord  ici  la 
relation  in  extenso  des  cas  observéSi  en  faisant  suivre  cha- 
cun d'eux  de  réflexions  dégageant  les  particularités  les  plus 
intéressantes,  tant  au  point  de  vue  des  symptômes,  du  dia- 
gnostic, qu'au  point  de  vue  de  l'évolution,  de  l'anatomie 
pathologique  et  du  traitement.  Je  le  termine  par  quelques 
considérations  générales  concernant  ces  différents  points. 

Observation  IV  ^l).  —  Grossesse  extra-utërine  remontant  à 
12  mois  environ.  Laparotomie.  Rétention  du  placenta  dans 
le  kyste  fœtal,  Guérison  sans  fistule, 

La  femme  Nicolie,  âgée  de  39  ans,  domiciliée  à  Blignencourt 
(Oise),  entre  à  la  Maternité  Baudelocque  le  17  juillet  1889  (envoyée 
par  le  D'  Branthomme,  de  Méru). 

Cette  femme  est  accouchée  deux  fois  à  terme,  d'enfants  vivants. 
Le  dernier  accouchement  remonte  à  10  ans.  Jamais  de  fausses 
couches.  Une  pelvi-péritonite  (salpingite  droite  ?)  en  1885.  Un  mois 
au  lit.  Bonne  santé  habituelle.  Menstruation  régulière. 

Elle  a  eu  ses  règles  pour  la  dernière  fois  le  7  juillet  1888,  et 
depuis  lors,  dès  le  10  août,  elle  a  toujours  été  souffrante  (douleurs 
dans  le  bas-ventre)  ;  à  aucun  moment  elle  n'a  eu  d'écoulement 
sanguin,  ni  de  crise  aiguë.  Mais  elle  a  dû  cesser  tout  travail  et 
garder  le  lit  presque  constamment. 

2  premiers  mois  :  troubles  de  la  miction  et  de  la  défécation. 

Au  mois  d'avril  dernier,  c'est-à-dire  au  terme  de  sa  grossesse, 
elle  fut  prise  de  douleurs  c  comme  pour  accoucher  > .  La  sage- 
femme  fut  mandée,  mais  s*en  retourna  après  avoir  déclaré  que 
c'était  une  fausse  alerte.  La  nuit  suivante,  N...  cessa  de  percevoir 
les  mouvements  actifs  du  fœtus  qu'elle  sentait  nettement  jusque- 
là.  Inquiète,  elle  fit  appeler  un  médecin  qui  constata  la  mort  du 
fœtus  (3  jours  après  le  faux  travail). 

Quatre  ou  cinq  jours  après,  il  y  eut  une  montée  laiteuse.  Le 
ventre  diminua  de  volume. 

Après  avoir  gardé  le  lit  pendant  un  mois,  N...,  se  trouvant 
mieux,  se  leva  pour  reprendre  ses  occupations,  attendant  toujours 

(1/  Trois  observations  étant  publiées  dans  mon  premier  mémoire,  je  conti- 
nue la  numération  pour  qu'il  n*y  ait  aucune  eonfusion. 


PINARD  3 

sa  délivrance.  Puis  il  y  a  quinze  jours,  fatiguée  d'attendre  et 
inquiète,  elle  alla  consulter  le  Dr  Branthomme  qui  Tadressa  à 
M.  Pinard. 

.  Examen  à  Ventrée.  —  État  général  peu  satisfaisant.  N...  dit 
avoir  beaucoup  maigri.  Lait  dans  les  seins. 

Le  ventre  est  régulièrement  développé.  Le  palper  y  fait  recon- 
naître une  tumeur  sphérique  occupant  tout  le  bas-ventre  et  dont 
la  partie  culminante  remonte  à  5  travers  de  doigt  au-dessus  de 
Fombilic  (9  centimètres  au-dessus  de  l'ombilic,  24  centimètres  au- 
dessus  de  la  symphyse). 

Cette  tumeur  est  sans  bosselures.  Immobile,  dure  surtout  à  sa 
partie  supérieure  droite. 

A  trois  travers  de  doigi  au-dessus  de  Tarcade  de  Fallope  droite, 
on  perçoit  dans  la  tumeur  une  crépitation  très  nette  ;  au  même 
point  les  doigts  sentent  une  région  fœtale  très  superficielle  ayant 
les  [caractères  de  l'extrémité  céphalique.  Auscultation  :  silence 
complet. 

Le  palper  ne  détermine  aucune  douleur  ;  pas  de  douleurs  spon- 
tanées. 

La  miction  et  la  défécation  s'exécutent  normalement. 

TouoHER.  —  Le  col  est  mou,  refoulé  à  gauche  et  en  arrière  ;  le 
cul-de-sac  latéral  gauche  est  souple. 

Le  cul-de-sac  latéral  droit  est  eifacé,  bombe  dans  l'excavation  : 
on  y  sent  une  région  fœtale  dont  on  ne  peut  distinguer  les  carac- 
tères. 

Les  mouvements  communiqués  par  le  palper  à  la  tumeur  abdo- 
minale sont  transmis  au  doigt  explorant  le  çul-de-sac  droit,  mais 
non  au  col. 

Nulle  part  on  ne  sent  le  corps  de  l'utérus  qui  doit  être  en  arrière 
du  kyste. 

Le  cathétérisme  de  l'utérus  montre  que  sa  cavité  est  vide. 

Je  pratiquai  la  laparotomie  le  30  juillet  1889.  Incision  de  lapai'oi 
abdominale  jusqu'au  niveau  du  kyste.  Sutures  des  parois  de  ce 
dernier  à  la  paroi.  Incision  du  kyste,  extraction  d'un  fœtus  macéré 
pesant  2200  grammes.  Liquide  amniotique  épais,  peu  abondant  et 
non  purulent.  Lavage  du  kyste  avec  la  solution  de  naphtol.  Drai- 
nage  et  pansement. 

Il  n'y  eut  aucune  élimination  du  placenta  (le  cordon  avait  été 
au  moment  de  l'extraction  du  fœtus  coupé  au  ras  de  la  face  fœtale). 


4  DOCUMENTS  POUR  LÀ   GROSSESSE   EXTRÂ-UTÉRINB 

Les  parois  kystiques  s'accolèrent,  la  plaie  se  ferma  et  le  placenta 
s'enkysta  à  nouveau  sans  présenter  trace  de  suppuration. 

Cette  femme  quitta  le  service  le  30  novembre  bien  portante  et 
ne  présentant  qu'une  induration  au  niveau  de  la  fosse  iliaque  gau- 
che, induration  du  reste  diminuant  progressivement. 

L'utérus  avait  repris  sa  place  et  sa  mobilité  normales. 

Le  Dr  Bran thomme  m'écrivit,  en  1890,  que  la  santé  de  cette  femme 
était  très  bonne. 

Parlicularilés.  --^  AupoinidQ  vue  des  antécédents  pathologiques, 
il  faut  noter  ici  une  salpingite  droite  survenue  quatre  ans  avant  la 
grossesse  extra-utérine.  Le  tableau  symptomatologique  a  été  le 
suivant  :  Douleurs  abdominales,  troubles  de  la  miction  et  de  la 
défécation  survenant  aussitôt  après  les  dernières  règles.  Ni  écou- 
lement  sanguin^  ni  expulsion  de  caduque  pendant  toute  la 
durée  de  la  grossesse.  Faux  travail  apparaissant  au  terme  de  la 
grossesse.  Fluxion  mammaire  survenant  quelques  jours  après.  Un 
mois  après,  cessation  des  douleurs.  Enfin  au  point  de  vue  des  suites 
de  l'opération,  la  rétention  du  placenta. 

Observation  V.  —  Grossesse  extra^utérine  ayant  évolué  jus^ 
qii^au  8«  mois  environ.  Laparotomie  neuf  mois  après  la  mort 
de  l'enfant.  Guérison  avec  persistance  d'une  petite  fistule, 

La  nommée  L...,  &gée  de  32  ans,  primipare,  entre leS  février  1889 
à  la  Maternité  de  Lariboisière,  salle  Mauriceau,  lit  n^  8.  Cette 
femme  a  eu,  il  y  a  trois  ans,  une  ûèvre  typhoïde  assez  grave,  dit- 
elle,  qui  l'a  retenue  45  jours  au  lit  ;  c'est  la  seule  maladie  qu'elle 
ait  faite. 

Elle  a  toujours  été  bien  réglée  avec  quelques  petites  avances, 
mais  jamais  elle  n'a  eu  d'hémorrhagies  ni  de  pertes  blanches.  A  la 
lin  de  mai  1888,  elle  n'a  pas  eu  ses  règles  qu'elle  attendait  à  ce 
moment  ;  elle  éprouve  des  douleurs  dans  le  bas-ventre  et  entre  le 
30  juin  dans  le  service  du  docteur  Siredey.  On  porta  le  diagnostic 
de  fibromes -utérins.  Elle  séjourna  trois  mois  dans  le  service  et 
quand  elle  le  quitta  on  lui  dit  qu'elle  était  enceinte. 

Pendant  son  séjour  à  Lariboisière,  elle  avait,  nous  dit-elle, 
perdu  pendant  trois  semaines  un  liquide  clair  comme  de  l'eau.  Les 
mois  suivants  elle  vit  son  abdomen  augmenter  de  volume,  sentit 
son  enfant  remuer  et  aucun  incident  ne  vint  marquer  le  cours 
régulier  de  la  grossesse,  si  ce  n'est  dans  les  derniers  jours  de  jan- 


PINARD  5 

vier.  Voici  à  ce  sujet  les  renseignements  qu^elle  nous  donne  lors 
de  son  entrée  le  3  février  1889  : 

Depuis  quatre  jours,  elle  n*a  pas  senti  remuer  âon  enfant  et  elle 
éprouve  une  douleur  siégeant  au  voisinage  et  au-dessus  de  Tom- 
bilic.  Tous  ces  phénomènes  ne  pouvaient  être  rapportés  à  au^un 
incidentparticulier  ;  elle  se  croit  en  travail  et  c'est  pour  cette  raison 
qu'elle  est  venue  dans  le  service. 

Examen.  —  État  général  bon,  ni  œdème,  ni  varices,  squelette 
bien  conformé,  seins  bien  développés  et  contenant  du  colostrum 
en  abondance.  L'abdomen  est  développé  comme  chez  une  femme 
à  terme.  Il  contient  une  tumeur  occupant  surtout  la  fosse  iliaque 
et  le  flanc  droit,  remontant  au-dessus* de  l'ombilic  sans  atteindre 
pourtant  le  rebord  des  fausses  côtes.  Cette  tumeur  semble  immo- 
bilisée dans  l'excavation,  mais  est  mobile  dans  ses  segments  moyen 
et  supérieur.  Au  point  de  vue  des  sensations  fournies  par  le  palper, 
on  peut  considérer  trois  régions  différentes  dans  cette  tumeur  :  une 
grande  masse  donnant  la  sensation  d'un  utérus  gravide  ;  puis,  au 
voisinage  de  l'ombilic,  faisant  corps  avec  la  tumeur  principale,  une 
saillie  ayant  environ  le  volume  d'une  orange,  offrant  une  consis- 
'tance  ûbreuse  au  niveau  de  laquelle  on  obtient  la  sensation  de 
frottements  péritonéaux  (ce  point  est  très  douloureux);  la  troi- 
sième région  est  constituée  par  une  tumeur  qui  parait  naître  de 
la  tumeur  principale  dans  la  région  sus-pubienne  droite  et  se  con- 
tinue dans  la  fosse  iliaque  du  môme  côté  ;  celte  tumeur  offrant  la 
même  consistance  que  la  tumeur  supérieure. 

Entre  ces  deux  régions  s*étend  la  tumeur  principale  fournissant 
au  palper  les  sensations  d'un  utérus  gravide.  Cette  tumeur  se  con- 
tracte assez  souvent  et  prend  au  moment  de  la  contraclion  la  con- 
sistance ligneuse.  On  est  assez  souvent  obligé  d'interrompre  l'ex- 
ploration et  d'attendre  que  la  contraction  soit  terminée. 

Il  est  fort  difficile  de  reconnaître  par  ce  moyen  d'exploration  les 
diverses  parties  fœtales.  On  obtient  pourtant  dans  la  partie  infé- 
rieure de  la  tumeur,  et  par  la  pression,  une  sensation  très  nette 
de  crépitation  osseuse  qui  indique  la  présence  de  la  tète.  A  l'aus- 
cultation, on  ne  découvre  aucun  battement  fœtal  sur  toute  l'étendue 
de  la  tumeur. 

Au  toucher,  on  trouve  un  col  encore  long  mais  mou  ;  dans  le 
cul-de-sac  antérieur,  se  prolongeant  à  droite,  on  sent  une  tumeur 
lisse,  arrondie  ayant  la  consistance  demi-molle  des  fibromes  per- 
dant la  grossesse. 


T)  DOCUMENTS   POUR   LA   GROSSESSE  EXTRA-UTÉRINE 

La  température  est  à  SB»  ;  elle  se  maintient  à  ce  niveau  les  jour 
suivants  puis  redescend  à  la  normale. 

M.  Pinard  porte  le  diagnostic  d'enfant  mort  depuis  quelque 
temps  chez  une  femme  ayant  des  tumeurs  fibreuses.  La  femme 
reste  dans  le  service  pendant  presque  deux  mois  sans  qu'on  note 
aucun  incident  particulier. 

Le  26  mars»  elle  éprouve  des  coliques  ;  son  linge  est  taché  de 
sang.  Au  toucher,  on  atteint  difficilement  le  col  qui  est  fermé  et 
se  trouve  situé  très  haut  en  arrière  et  à  gauche.  Pendant  trois  ou 
quatre  jours,  léger  écoulement  sanguin. 

Le  28  mars  le  col  parait  plus  accessible,  plus  mou  ;  le  ûbrome 
antérieur  parait  plus  ramolli.  Le  30  mars,  le  segment  inférieur 
s'est  beaucoup  abaissé,  le  col  est  à  peine  saillant,  Toriflce  externe 
n'est  pas  ouvert. 

Les  jours  suivants,  le  toucher  donne  les  mêmes  résultats.  L'écou- 
lement sanguin  a  cessé. 

24  avrîl.  Légère  hémorrhagie  durant  trois  jours  ;  le  toucher  ne 
permet  de  constater  aucune  particularité  nouvelle. 

17  mai.  Nouvelle  hémorrhagie  durant  quatre  jours,  mais  appari- 
tion de  la  fièvre  et  de  douleurs  abdominales.  La  température  monte 
à38o  et  390.  Cet  état  dure  huit  jours.  La  tumeur  devient  immobile. 
Depuis  ce  moment,  tous  les  mois  se  produisent  les  mômes  phéno- 
mènes: écoulement  sanguin,  fièvre,  nausées.  Ces  symptômes  du- 
rent huit  jours  environ.  A  la  suite  de  chaque  poussée  pêritonitique, 
la  tumeur  s'immobilise  de  plus  en  plus.  Cette  femme  quitte  la  ma- 
ternité de  Lariboisière  et  entre  à  la  clinique  Haudelocque. 

La  dernière  poussée  péritonitique  est  du  6  septembre  :  la  tempé- 
rature s'est  élevée  à  ce  moment  jusqu'à  39«.  Depuis  son  arrivée  à 
la  clinique  Baudelocque,  la  femme  a  maigri  considérablement;  le 
faciès  est  pâle  et  légèrement  bouffi.  M.  Pinard  pense  qu'il  est  né- 
cessaire d'intervenir. 

L'utérus  et  la  vessie  sont  repoussés  du  côté  gauche  ;  en  prati- 
quant le  cathétérisme  vésical  on  retire  100  grammes  d'urine  nor- 
male sans  albumine.  Le  cathétérisme  utérin  est  impossible  en  rai- 
son de  la  situation  du  col  qui  est  à  gauche,  en  avant,  très  élevé  et 
inaccessible  pour  ainsi  dire.  M.  Pinard  pratique  la  laparotomie  le 
22  octobre  à  9  heures  et  demie  du  matin  après  avoir  pris  les  pré- 
cautions antiseptiques  les  plus  complètes. 

*  Après  avoir  incisé  l'épaisseur  de  la  paroi  abdominale,  on  arrive 
sur  une  tumeur  paraissant  lisse  A  la  surface  et  contenant  le  fœtus 


PINARD  7 

On  fait  alors  des  sutures  avec  la  soie  phéniquée  pour  réunir  cette 
tumeur  kystique  à  la  face  profonde  delà  paroi  abdominale.  En  in- 
cisant ensuite  la  tumeur  fœtale,  il  semble  qu'on  est  sur  l'utérus 
gravide  ;  pourtant  après  Tincision  et  Textraction  du  fœtus,  les  pa- 
rois ne  reviennent  pas  rapidement  sur  elles-môme^  etneprennent 
pas  une  épaisseur  plus  considérable. 

L'épaisseur  de  la  paroi  kystique  parait  à  peu  près  uniforme  et 
atteint  environ  un  centimètre  â  un  centimètre  et  demi.  Plusieurs 
artères  assez  volumineuses  ont  été  sectionnées  ;  il  s'écoule  de  la 
cavité  kystique  une  asseis  grande  quantité  de  pus  ;  on  retire  le  fœ- 
tus du  sexe  féminin,  pesant  1520  grammes  ;  il  est  adhérent  par 
points  à  la  face  interne  de  la  poche  kystique  ;  le  cuir  chevelu  est 
particulièrement  adhérent  et  reste,  pour  ainsi  dire,  en  totalité 
dans  la  cavité  kystique. 

Après  avoir  fait  de  grands  lavages  avec  la  solution  de  naphtol, 
on  laisse  le  placenta  en  place,  on  bourre  la  poche  de  gaze  iodofor- 
mée,  on  laisse  sept  pinces  à  demeure,  on  ne  ferme  ni  le  kyste  ni  la 
paroi  abdominale^  mais  on  résèque  une  petite  portion  de  la  paroi 
kystique  pour  l'examiner  au  microscope  afin  de  savoir  si  on  a  in- 
cisé l'utérus  ou  un  kyste  fœtal.  On  fait  un  pansement  avec  de 
Touate  iodoformée  et  on  applique  une  ceinture  de  flanelle  exer- 
çant une  compression  assez  forte  pour  immobiliser  la  paroi  et  les 
intestins. 

Le  soir  de  l'opération,  la  malade  est  assez  bien;  pas  de  réaction 
péritonéale;  pouls  petit,  faible,  102;  température  38«,3. 

L'opérée  n'a  pas  eu  de  vomissements  ;  le  sommeil  chloroformique 
a  été  très  bien  supporté  sans  nausées  ni  vomissements  :  il  a  duré 
une  heure  et  quart  environ  et  il  n'a  été  donné  que  50  grammes  de 
chloroforme,  mais  on  avait,  un  quart  d'heure  avant  l'opération, 
pratiqué  une  injection  sous-cutanée  avec  un  centimètre  cube  de  la 
solution  suivante,  comme  l'a  conseillé  le  professeur  Dastre  : 

Chlorhydrate  de  morphine 0. 10  centigr . 

Sulfate  d'atropine 0.05  mill. 

Eau  distillée 10.  --  gr. 

23  octobre.  Le  faciès  est  mauvais;  le  pouls  est  petit  et  fréquent, 
temp.  38o,9;  il  y  a  eu  deux  vomissements  ;  miction  spontanée.  On 
change  le  pansement  :  il  ne  s'est  pas  fait  d'écoulement  sanguin.  On 
enlève  les  pinces  à  forcipressure  el  la  pièce  de  gaze  iodoformée  ;  on 


8  DOCUMENTS  POUR  LA  GROSSESSE  EXTRA-UTÉRINE 

place  dans  la  cavité  deux  gros  tubes  à  drainage  en  caoutchouc  ; 
pendant  toute  la  durée  des  pansements,  on  fait  de  larges  lavages 
avec  la  solution  de  naphtol. 

Le 23 octobre  soir, la  malade  est  encore  plus  déprimée;  pouls  120, 
très  petit  ;  temp.  39^  ;  pas  de  douleurs. 

Le  26,  état  assez  satisfaisant  ;  la  malade  prend  du  Champagne 
et  du  bouillon,  pouls  90. 

Jusqu'au  28  octobre,  on  fait  deux  pansements  par  Jour  ;  mais  il 
est  curieux,  si  on  a  ouvert  l'utérus,  de  ne  voir  s'écouler  ni  sang 
ni  lochies  par  le  vagin,  ni  une  goutte  de  la  solution  de  naptol  avec 
laquelle  on  lave  largement  le  kyste. 

Le  28,  l'état  général  est  très  bon.  Malgré  les  lavages,  il  ne  s'éli- 
mine aucune  portion  de  cotylédons  ni  membranes  et  la  cavité  se 
rétrécit  considérablement  ;  cependant  elle  mesure  encore  en  pro- 
fondeur 10  centim.  et  en  hauteur  12  centim.,  car  elle  remonte  sous 
la  paroi  abdominale  à  trois  travers  de  doigt  au-dessus  de  l'ombilic. 

Le  11  novembre,  la  malade  qui  perdait  du  sang  chaque  mois  à 
cette  époque  n'a  encore  rien  vu.  Le  placenta  ne  s'élimine  que  très 
lentement,  par  très  petits  fragments,  entraînés  par  le  liquide  de 
l'injection  qui  ressort  louche. 

Le  20,  l'élimination  placentaire  est  toujours  lente  et  ne  se  fait 
que  par  une  sorte  de  macération.  État  général  excellent. 

Le  22,  le  professeur  Pinard  pratique  le  toucher  vaginal  :  le  col 
a  repris  sa  place  habituelle  ;  il  occupe  le  centre  du  canal  vaginal, 
et  l'excavation  qui  était  remplie  et  semblait  occupée  par  de  pré- 
tendus fibromes  se  trouve  libre. 

Quant  à  la  plaie,  elle  se  rétrécit  chaque  jour  ;  le  fond  de  la  cavité 
se  comble  également,  mais  il  est  anfractueux  et  il  semble  qu'avec 
le  doigt  introduit  par  llncision,  on  enfonce  dans  les  cotylédons. 
On  laisse  toujours  les  deux  tube&  à  demeure  et  on  fait  chaque  jour 
un  grand  lavage  dans  la  cavité.  Depuis  l'opération,  il  ne  s'est 
écoulé  par  la  vulve  ni  sang  ni  eau. 

1«'  décembre.  La  malade  qui  avait  ses  règles  tous  les  mois  avant 
d'être  opérée  n'a  rien  vu  depuis  l'opération  ;  nous  approchons  de 
l'époque  des  règles,  le  sang  devra  se  montrer  par  la  plaie  si  l'utérus 
a  été  incisé. 

Le  9,  les  règles  qui  n'avaient  pas  paru  le  mois  dernier  appa- 
raissent aujourd'hui  ;  le  sang  vient  en  quantité  normale  et  s'écoule 
par  la  vulve  ;  il  ne  se  fait  aucun  écoulement  sanguin  par  la  plaie 


PINARD  9 

ni  dans  Tîntérieur  du  kyste  ;  du  reste  l'examen  microscopique  fait 
par  le  Dr  Darier  montre  que  la  portion  du  kyste  qui  a  été  réséquée 
n*a  pas  les  caractères  de  la  paroi  utérine. 

Le  13  décembre  les  régies  cessent  ayant  présenté  leur  abondance 
et  leur  durée  habituelle.  Plus  de  poussée  du  côté  du  péritoine. 

Depuis  huit  jours,  on  fait  deux  grands  lavages  par  jour,  en  raison 
de  l'odeur  qui  résulte  de  Télimination  de  débris  placentaires  assez 
volumineux  ;  on  retire  avec  des  pinces  des  portions  de  cotylédons 
du  volume  d'un  petit  œuf. 

Le  16,  la  malade  va  très  bien  et  engraisse  ;  le  ventre  a  repris  en 
grande  partie  sa  souplesse,  et  il  semble  que  les  fibromes  dont  on 
avait  constaté  la  présence  pendant  la  grossesse  aient  subi  un  tra- 
vail considérable  de  régression,  car  il  serait  difficile  aujourd'hui 
d'affirmer  leur  existence. 

Du  20  décembre  au  4  janvier,  on  continue  de  faire  une  injection 
chaque  jour  dans  la  cavité  qui  se  rétrécit  du  reste  beaucoup  ;  le 
tube  est  toujours  laissé  en  place  parce  que  le  liquide  revient  encore 
sale  et  un  peu  louche. 

Le  15  février  on  retire  définitivement  le  tube  pour  permettre  à 
la  cavité  de  se  combler  et  à  Torifice  de  se  fermer,  car  le  liquide 
injecté  revient  clair  et  il  ne  s*élimine  plus  aucune  portion  de  pla- 
centa. 

Le  trajet  fistuleux  persiste,  mais  la  femme  se  lève,  se  promène 
et  l'état  général  est  excellent. 

Elle  quitte  le  service  le  3  mai  1891  pour  aller  au  Vésinet  et  n*a 
pas  été  revue  depuis  cette  époque. 

Examen  histologique  de  la  paroi  du  kyste  fœtal,  —  Cet 
examen  fut  fait  par  M.  le  D^  Darier,  répétiteur  au  laboratoire  d'his- 
tologie du  Collège  de  France.  Voici  les  deux  lettres  qu'il  adressa 
le  4  et  le  12  novembre  à  M.  le  Dr  Pinard  : 

Parie,  le  4  novembre. 
Monsieur, 

M.  Malassez  m'a  confié  l'examen  d'une  pièce  que  vous  nous  avez 
envoyée  avec  la  mention  :  «  Fragment  de  paroi  <Vun  kyste  fœtal. 
Est-ce  la  paroi  de  Vutérus  gravide  ? 

Sur  les  coupes  de  ce  fragment,  on  trouve  sur  une  des  faces  une 
séreuse,  le  péritoine  sans  doute  ;  sur  l'autre  des  bourgeons  vascu- 


10  DOCUMENTS  POUR   LA  GROSSESSE   EXTRA-UTÉRINE 

laires  dont  les  éléments  sont  en  dégénérescence  graisseuse.  Il  n'y 
a  aucune  trace  d'épithélîum  à  la  surface  de  ces  bourgeons,  aucun 
prolongement  glandulaire  non  plus. 

La  paroi  du  kyste  est  dans  son  ensemble  presque  exclusivement 
composée  de  tissu  fibreux  avec  vaisseaux  assez  gros  et  nombreux. 

11  y  a  fort  peu  de  ûbres  musculaires  lisses  qui  sont  grêles  et  dis- 
posées en  tout  petits  faisceaux  dissociés  par  le  tissu  fibreux. 

£n  somme,  on  peut  affirmer  qu'il  ne  s'agit  pas  de  la  paroi  uté- 
rine, ni  vraisemblablement  d'une  trompe  utérine  dilatée,  à  cause 
de  la  rareté  des  éléments  musculaires. 

Toutefois,  je  ne  trouve  dans  ce  fragment  aucun  élément  assez 
caractéristique  pour  faire  reconnaître  dé  quelle  variété  de  kyste 
il  s'agit.  M.  Malassezt\  qui  j'en  ai  parlé  pense  que  Ton  peut  trouver 
une  structure  de  ce  genre  dans  la  paroi  de  n'importe  quel  kyste 
do  cette  région. 

Dans  l'espoir  que  ces  quelques  renseignements  pourront  voua 
être  utiles,  je  vous  prie,  etc. 

D'  Darier. 

Paris,  le  12  novembre. 
Monsieur  et  cher  maître, 

J'ai  montré  mes  préparations  à  M.  Malassez  ;  il  est  tombé  d'ac- 
cord avec  moi  qu'il  n'y  avait  pas  'dans  cette  paroi  l'aspect  ordinaire 
de  Tutérus  normal  ou  gravide.  Cependant,  il  m'a  dit  avoir  l'im- 
pression que  certains  éléments  fusiformes  très  allongés  disposés 
au  sein  de  la  couche  fibreuse  pourraient  bien  être  des  fibres  mus- 
culaires lisses.  Elles  n'ont  pas  l'apparence  ordinaire  de  ces  fibres, 
elles  sont  séparées  par  des  faisceaux  conjonctifs  et  non  groupés  en 
tissu  ;  mais  si  M.  Malassez  a  vu  des  dispositions  analogues  danslea 
fibro-myônies  de  l'utérus,  il  est  parfois  extrêmement  diflicile  selon 
lui  d*affirmer  la  nature  musculaire  de  ces  éléments;  parfois  on  ne 
peut  dire  s'il  s'agit  d'un  libro-myôme  ou  d'un  fibro-sarcome. 

La  question  importante  était  donc  d'élucider  si  possible  la  nature 
de  C08  éléments.  J'ai  employé  une  des  techniques  qui  réussit  le 
mieux  dans  ces  cas  (safranine  et  potasse  à  400/0)  et  j'ai  vu  nette- 
ment ces  cellules  allongées.  Il  est  possible  que  ce  soient  des  fibres 
musculaires. 

J'ajouterai  même  que  le  renseignement  que  vous  m'avez  donné 


CHALOT  1  i 

de  la  coniractilité  de  la  paroi  en  question  rend  le  fait  très  pro- 
bable puisque  nous  n*y  trouvons  aucun  autre  élément  musculaire. 

En  résumé,  il  n'est  pas  impossible  que  la  paroi  examinée  soit 
Tutérus  (probable  d'après  Tobservation  clinique?),  mais  en  tous 
cas,  si  c'est  Tutérus,  il  est  profondément  moditié  dans  sa  structure, 
laquelle  se  rapproche  de  celle  de  certains  fibro-myômes  ;  j'ajou- 
terai qu'on  ne  trouve  dans  ce  fragment  aucun  élément  (épithéliura 
ou  glande)  qui  soit  caractéristique,  ainsi  que  je  vous  l'avais  écrit. 

Veuillez  agréer,  etc.  Darier. 

Cette  observation  mérite  d'être  longuement  discutée,  car 
il  s'agit  d'établir  à  quelle  variété  de  grossesse  nous  avons  eu 
affaire.  {A  suivre.) 


LES   KYSTES  WOLFFIENS   DU   VAGIN 

ÉTUDE   PATHOLOGIQUE    ET  CLINIQUE 

Par  M.  le  D'  ¥.  ChaloC,  professeur  de  clinique  chirurgicale  à  la  Faculté 

de  médecine  de  Toulouse. 


A  l'heure  actuelle,  d'après  l'ensemble  des  faits  colligés 
successivement  par  Winckel,  Breisky,  Johnston,  Poupinel, 
d'après  quelques  autres  plus  récents,  on  doit  admettre  que 
les  kystes  du  vagin,  en  général,  reconnaissent  des  origines 
fort  diverses.  Nous  laissons  de  côté  la  colpohyperplasie 
cyslique,  qui  ne  rentre  réellement  pas  dans  le  sujet  et  dont 
rimportance  clinique  est  d'ailleurs  à  peu  près  nulle.  Ainsi 
l'on  a  : 

l^Desfti/sfes  glandulaires ^  toujours  superficiels,  peu  volu- 
mineux, étudiés  d'abord  par  Huguier,  et  dont  l'existence  est 
désormais  consacrée  par  les  observations  microscopiques  de 
V.  Preuschen,  deHeitzmann,  de  Htlckel.  La  muqueuse  vagi- 
nale est  parfois  pourvue  de  véritables  glandes  dont  le  canal 
excréteur  s'oblitère  et  qui  deviennent  des  kystes  par  réten- 
tion. 

2*  Des  kystes  lymphatiques,  sous-muqueux,  tapissés  à  l'in- 


12  LES   KYSTES  WOLFPIENS  DU  VAGIN 

térieur  par  un  endothélium  et  qui  proviennent  de  lacunes 
conjonctives  ou  de  vaisseaux  lymphatiques  dilatés  (Winckel, 
Klebs). 

3"*  Des  hygrom&Sj  développes  dans  des  bourses  séreuses 
accidentelles  sous  l'influence  du  coït,  d'un  traumatisme  quel- 
conque (Verneuil,  Eustache,  Tillaux). 

4*»  Des  collections  séreuses  formées  par  décollement  trau- 
matique,  au  moment  de  Taccouchement,  par  exemple  comme 
«  à  la  Morel-Lavallée  »  (Ladret  de  la  Gharrière,  Thorn). 

5®  Des  kystes  consécutifs  à  des  hématomes. 

6*  Des  kystes  wolffiens,  c'est-à-dire  développés  dans  des 
vestiges  inférieurs  d'un  canal  de  Wolff,  vestiges  que  Rieder 
et  quelques  autres  observateurs  ont  mis  hors  de  doute  à  tous 
les  âgeS;  mais  qui»  en  tout  cas,  n'ont  rien  à  voir  avec  les 
tubes  périurétraux  dits  de  Skene,  ainsi  que  je  Tai  montré,  il  y 
a  quelques  années,  à  la  Société  de  médecine  et  de  chirurgie 
pratique  de  Montpellier. 

T*»  Des  kystes  mullériens,  c'est-à-dire  des  collections  de 
mucus,  de  sang,  de  pus  (mucocolpos,  hématocolpos,pyocol- 
pos  latéraux)  qui  se  font  dans  des  restes  ou  rudiments  de  la 
partie  inférieure  ou  vaginale  d'un  canal  de  MûUer  (Freund, 
Kleinwachter,  Pozzi,  W.  Kûmmel). 

8*  Si  Ton  veut  les  ajouter  à  la  précédente  liste,  les  kystes 
hydatiques  paravaginaux  (Hil,  Elridge,  Porak,  etc.)- 

Tel  est  le  canevas  pathogénique  des  kystes  du  vagin  envi- 
sagés dans  leur  ensemble. 

Je  ne  veux  m'occuper  ici  que  d'une  de  leurs  espèces, 
des  kystes  wolfHens,  dont  le  rôle,  entrevu  par  J.  Veit  dès 
1867,  s'affirme  de  plus  en  plus  depuis  dix  années,  grâce  au 
concours  indispensable  des  données  embryogéniques  et  de 
rhistologie  méthodique.  Pozzi  a  même  pu  écrire,  dans  son 
très  remarquable  Traité  de  gynécologie^  «  que  tous  les 
kystes  dépassant  le  volume  d'une  noisette  doivent  être  rat- 
tachés à  une  origine  wolffienne  ».  Peut-être  cette  opinion 
est-elle  un  peu  excessive,  devant  le  petit  nombre  des  obser- 
vations valables  connues  en  ce  moment.  Mais,  en  tout  cas, 


CHALOT  13 

elle  aura  le  mérite  de  provoquer  et  d'accumuler  les  recher- 
ches nouvelles  de  tous  ceux,  chirurgiens,  anatomistes,  ou 
tératologistes,  qui  s'intéressent  de  près  ou  de  loin  aux  pro- 
grès scientifiques  de  la  gynécologie. 

Pour  mon  compte,  je  suis  heureux  de  pouvoir  présenter 
l'observation  d'une  malade  que  j'ai  opérée  en  1890.  Je  la 
ferai  suivre  d'une  courte  esquisse  relative  au  diagnostic  ana- 
tomique  et  histologique  des  kystes  wolffiens,etje  terminerai 
par  quelques  considérations  sur  le  traitement  opératoire  de 
certains  d'entre  eux,de  ceux  qui  ont  des  connexions  intimes 
avec  les  gros  vaisseaux  du  vagin  et  qui  se  prolongent  plus 
ou  moins  haut  vers  la  base  des  ligaments  larges. 

Observation.  —  Kyste  muqueuœ  wolffien  de  la  paroi  aniéro' 
latérale  droite  du  vagin.  Opération,  Examen  histologique^  gué- 
rison  confirmée,  avec  2  figures.  (C«tte  observation  est  relatée  en 
partie  dans  la  thèse  de  Villebrun,  un  de  mes  anciens  élèves,  Mont- 
peUier,  28  juillet  1890). 

M"«  Aurélie  Laf...,  40  ans,  est  venue  me  consulter  le  22  mai  1890 
pour  une  tumeur,  soi-disant  une  hernie,  qu'elle  avait  remarquée 
depuis  quelques  années  à  rentrée  des  parties  vaginales,  et  pour  des 
pertes  blanches. 

Elle  a  eU  trois  grossesses,  qui  sont  toutes  parvenues  à  terme/la 
première  il  y  a  quatorze  ans,  la  dernière  il  y  a  six  ans.  Accouche- 
ments et  suites  de  couches  normaux  ;  jamais  de  fausses  couches. 

Réglée  pour  la  première  fois  à  l'âge  de  14  ans  et  demi,  W^^  L...  a 
ses  menstrues  tous  les  mois,  pendant  huit  jours,  sans  douleur, 
avec  une  perte  de  sang  assez  abondante.  Bon  état  général.  Rien 
de  particulier  à  noter  dans  ses  antécédents  personnels  et  hérédi- 
taires. 

A  Texamen  local,  on  voit  proémlner  entre  les  petites  lèvres  à 
l'extrémité  antérieure  de  la  paroi  vaginale  antérieure,  immédiate- 
ment à  droite  de  la  colonne,  derrière  les  débris  latéraux  et  supé- 
rieurs de  l'hymen,  une  tumeur  sphéroïde,  arrondie,  nettement 
délimitée,  du  volume  d'un  gros  marron,  recouverte  d'une  muqueuse 
blanc  rosé,  lisse  en  avant  et  en  bas,  et  qui  est  légèrement  ridée 
par  places  en  arrière,  dans  le  sens  transversal.  Cette  tumeur  em- 
piète de  1  cent,  seulement  par  son  implantation  sur  la  partie  laté- 


14  LES   KYSTES   WOLFPLENS   DU   VAGIN 

raie  droite  du  vagin.  Elle  eet  molle,  Huctuante,  indolente,  opaque, 
absolument  mate  ;  n'augmente  ni  par  la  station  verticale  ni  sous 
l'inHuence  des  efforts  et  de  la  toux  ;  diminue  sensiblement  par 
la  pression  en  s'allongeant  vei-s  lapartie  supérieure  du  vagin; 
s'aplalil  facitemenl  aoua  une  valve  de  Sima  placée  contre  la  paroi 


Eyite  wolSeo  de  la  partie  laténle  droite,  opéré  par  le  prof.  ChAlot. 

correspondante  du  vagin.  Par  le  tiers  environ  de  son  volume,  elle 
fait  corps  avec  cette  paroi,  et  il  semble  qu'elle  siège  dans  le  tisttu 
80U8-muqueux  de  la  muqueuse  vaginale.  Une  sonde  introduite 
dans  l'urèthre  montre  que  ce  dernier  est  normal  et  qu'il  n'a  aucune 
connexion  avec  la  tumeur.  Un  stylet  de  Bov.-man  permet  égale- 
ment de  reconnaître  l'existence  et  la  perméabilité  normale  des 
deux  tubes  périurétraux  de  Skene  ;  ceux-ci  sont  donc  indépendants 
de  la  tumeur.  Vestibule  du  vagin  normal. 


CHALOT  15 

Diagnostic  :  Kyste  du  vagin  développé  très  probablement  dans 
le  canal  de  Wolff  droit. 

On  constate  ensuite  que  les  pertes  blanches  sont  dues  à  une 
ondométrite  muco-purulente  du  coi^ps  et  du  col.  Le  cathétérisme 
et  le  palper  combiné  démontrent  que  l'utérus  est  simple  et  cons- 
titué comme  à  l'ordinaire. 

Traitement  :  1©  le  30  mai,  curettage  utérin  complet^  suivi  de 
badigeonnage  au  chlorure  de  zinc  au  1/20;  je  n'ai  pas  à  décrire 
cette  première  opération. 

2«  Le  5  juin,  excision  presque  totale  du  liyste,  raclage  com- 
plémentaire de  ce  qui  en  reste. 

Après  les  précautions  ordinaires  d'asepsie,  la  malade  étant  en 
position  sacro-dorsale,  une  valve  de  Sims  déprimant  la  paroi  pos- 
térieure du  vagin  et  le  périnée,  j'introduis  Tindex  gauche  dans  le 
vagin  et  le  ramène  en  crochet  derrière  le  kyste  pour  le  maintenir 
et  le  faire  bien  saillir  en  avant,  puis  je  le  ponctionne  de  la  main 
droite  avec  le  bistouri  sur  sa  face  antérieure.  Il  s'écoule  aussitôt, 
mais  lentement,  une  grande  cuillerée  d'un  liquide  gommeux,  épais, 
filant,  visqueux,  clair  jaunâtre,  homogène,  qui  est  recueilli  dès  sa 
sortie  dans  un  flacon  stérilisé  en  vue  de  l'examen  microscopique 
et  chimique. 

L'évacuation  à  peu  près  terminée,  j'introduis  dans  l'ouverture 
la  pointe  mousse  de  longs  ciseaux  droits  et  divise  la  poche,  deve- 
nue flasque,  dans  tout  son  diamètre  antéro-postérieur. 

Pour  conserver  intact  l'épithélium  de  la  face  interne  du  kyste, 
en  cas  qu'il  y  en  eût  un,  aucune  manœuvre  d'extraction  intérieure 
n'est  pratiquée.  Je  constate,  et  fais  constater  à  mes  assistants, 
D'  L.  Coste  et  mes  élèves,  A.  Coste,  D.  Capman,  Fabre  et  Ville - 
brun,  sur  la  coupe  longitudinale  de  la  paroi  du  kysle,  que  cette 
paroi  est  formée  successivement  de  bas  en  haut  :  \^  par  la  mu- 
queuse vaginale  ;  2^  par  une  mince  couche  de  tissu  conjonctif 
lâche  ;  3*>  par  une  membrane  fibroîde  blanchâtre,  très  nette,  résis- 
tante, qui  forme  liseré  sur  chaque  lèvre  de  l'incision  et  qui  est 
bien  la  membrane  propre  du  kyste.  Chaque  moitié  de  la  poche 
est  excisée  successivement  au  ras  de  la  paroi  vaginale  et  plongée 
immédiatement  dans  un  flacon  d'alcool  absolu.  Hémorrhagie  vei- 
neuse assez  abondante,  qu'on  réussit  vite  à  modérer  par  l'irriga- 
tion d'eau  bouillie  très  chaude  et  par  le  tamponnement  provisoire 
du  vagin  au  coton  salicylique.  Chaque  lambeau  excisé  montrait 


16  LES  KYSTES  WOLFFIENS  DU  VAGIN 

nettement  une  membrane  interne  lisse,  ayant  les  caractères  pré- 
cités. 

Dès  que  l'hémostase  m'a  paru  suffisante,  j'ai  enlevé  le  tampon, 
disséqué  et  excisé  la  moitié  inférieure  au  moins  de  ce  qui  restait 
de  membrane  interne  ;  Thémorrhagie  veineuse  a  reparu  encore 
abondante,  et  comme  la  gouttière  consécutive  à  Vexcision  de  la 
paroi  vaginale  se  prolongeait  beaucoup  en  arrière  vers  le  côté 
du  col  utérin  {au  moins  jusqu'à  2  cent,  1/2  de  lui),  dans  la  crainte 
d'une  perte  de  sang  trop  considérable^  j'ai  renoncé  à  pousser  plus 
haut  la  dissection  de  la  membrane  propre,  dissection  complémen- 
taire qui  ne  m'a  pas  paru  du  reste  nécessaire  pour  la  cure  radi- 
cale. Nouvelle  hémostase  par  l'eau  chaude  et  le  tamponnement 
provisoire. 

Dix  minutes  après,  les  tampons  enlevés,  je  racle  énergiquement 
avec  une  petite  curette  de  Sims  la  face  interne  du  restant  de  mem- 
brane propre  du  kyste.  L'hémorrhagie  continuant,  quoique  en 
quantité  moindre,  je  me  suis  hâté  de  faire  un  dernier  lavage  du 
vagin  et  de  le  tamponner  avec  de  la  gaze  iodoformée  et  du  coton 
salicylé,  sans  avoir  appliqué  aucun  point  de  suture.  Aucune  liga- 
ture niforcipressure  d'artère  n'a  été  nécessaire  pendant  l'opération. 
Celle-ci  a  été  faite  sans  anesthésie  locale  ni  générale  ;  elle  a  été 
peu  douloureuse.  Durée  3/4  d'heure. 

Les  suites  de  l'opération  ont  été  absolument  normales,  sans  le 
moindre  symptôme  dUnilammation  ni  de  lièvre.  Régime  ordinaire 
dès  le  soir  même  de  l'opération.  Par  exception,  comme  les  tam- 
pons étaient  tout  imprégnés  de  sang  et  que  Ton  pouvait  craindre 
une  décomposition  de  ce  liquide,  le  premier  pansement  a  été  fait 
au  bout  de  48  heures.  Deuxième  pansement  à  la  gaze  iodoformée 
et  au  coton  salicylé  le  huitième  jour  ;  pas  la  moindre  suppuration  ; 
plaie  allongée,  granuleuse,  très  rapetissée.  Troisième  et  dernier  pan- 
sement le  dix-septième  jour;  la  cicatrisation  était  àpeu  près  complète. 

L'opérée  est  partie  en  bonne  santé  ce  jour  même,  après  que  je 
lui  ai  recommandé  de  ne  retirer  le  tampon  que  dans  cinq  jours  et  de 
se  pratiquer  ensuite  deux  fois  par  jour  des  irrigations  d'eau  bouillie 
chaude  au  sublimé  0,25  0/00. 

Je  l'ai  revue,  il  y  a  trois  mois.  La  guérison  s'est  achevée  sans  le 
moindre  incident.  Â  la  place  du  kyste,  la  paroi  antérieure  du  vagin 
présente  une  cicatrice  blanche,  lisse,  peu  apparente,  légèrement 
elliptique,  et  il  n^y  a  aucune  trace  de  récidive. 


CUALOT  17 

Examen  histologique  des  segments  du  kyste  excisés,  —  Ces 
segments  ont  été  durcis  par  immersion  successive  dans  Talcool, 
Tacide  picrique,  la  gomme  et  Talcool.  Les  coupes  ont  été  colorées 
au  picro-carminate  d'ammoniaque  et  montés  dans  la  glycérine 
formiquée  à  1/100. 

"Le  microscope  montre  que  la  paroi  totale  du  kyste  est  formée 
par  une  lame  épaisse  de  tissu  conjonctif  et  de  fibres  musculaires 
lisses  comprise  entre  deux  revêtements  épithélîaux. 

En  allant  de  la  surface  vaginale  vers  la  face  interne  du  kyste, 
ou  trouve  :  1^  une  couche  d'épithélium  pavimenleux  stratifié 
identique  à  répithélium  vaginal  ordinaire,  mais  présentant  par 
places  une  épaisseur  un, peu  plus  considérable  qu'à  Tétat  normal. 
Au  niveau  de  ces  points  épaissis  il  y  a  une  prolifération  abon- 
dante de  la  couche  profonde  du  corps  muqueux,  qui  s'est  laissé 
pénétrer  ïiussi  par  des  leucocytes. 

2©  Le  derme  de  ta  muqueuse  vaginale^  qui  dans  ses  couches 
6upei*ûcielles  est  extrêmement  riche  en  fibres  éktstiques.  Dans 
certains  points  correspondant  en  général  aux  épaississements 
précités  de  l'épithélium,  il  est  riche  en  éléments  embryonnaires  ; 
ailleurs  il  est  normal.  A  mesure  qu'on  avance  dans  la  profondeur 
des  tissus,  les  vaisseaux  deviennent  plus  volumineux;  on  aperçoit 
de  larges  veines  béantes  gorgées  de  globules  sanguins,  quelques- 
unes  possédant  une  paroi  conjonctive  très  épaisse. 

3o  A  mi-épaisseur  de  la  paroi  totale,  wn  plan  constitué  surtout 
par  des  faisceaux  de  fibres  musculaires  lisses  coupés  dans 
toutes  les  directions  et  séparés  par  du  tissu  conjonctif.  Çà  et  là, 
des  veines  énormes  et  nombreuses  donnant  l'aspect  de  tissu 
caverneux. 

40  Le  derme  de  la  membrane  propre  du  kyste,  riche  en  élé- 
ments cellulaires  et  en  fibres  musculaires  lisses;  formé  en  outre 
de  tissu  conjonctif  et  de  matière  amorphe. 

50  Une  couche  simple  d'épithélium  cylindrique ^  doublée  çà  et 
là  d'un  plan  sous-jacent  de  petites  cellules  rondes  ou  ovales.  Les 
cellules  cylindriques,  très  allongées,  n'ont  pas  de  cils  vibratiles; 
elles  ont  un  protoplasma  clair  et  un  gros  noyau  ovalaire  vers  leur 
extrémité  libre.  Par  places,  l'épithélium  s'invagine  dans  l'épais- 
seur de  la  membrane  propre,  formant  tantôt  de  simples  dépres- 
sions qui  ont  à  peine  un  ou  deux  centièmes  de  millim.,  tantôt  des 
digitations  tabulées  profondes,  simples  ou  ramifiées.  Cesinvagi- 

AXH.  m  om,  —  VOL.  xxxvnx.  2 


18  LES   KYSTES   WOLPPIENS   DU   VAGIN 

nations  sont  tapissées  d'une  simple  couche  de  cellules  cylindriques, 
excepté  au  fond  de  nombreux  culs-de-sac,  où  l'on  trouve  au- 
dessous  de  ces  cellules  de  petites  cellules  rondes  ou  ovales.  Aucune 
cellule  caliciforme. 

Examen  micro-chimique  du  liquide  extrait,  —  Grande  quan- 
tité de  niucinn  précipitée  par  Tacide  acétique.  Nombreuses  pla- 
quettes de  cholestérine.  Nombreux  globules  graisseux  de  0,13  à 
0,25  gr.  avec  noyau.  Autres  globules  analogues,  mais  plus  petits 
et  sans  noyau  distinct.  Petits  éléments  arrondis,  un  peu  crénelés 
et  paraissant  être  des  cadavres  d'hématies.  Une  multitude  de  gra- 
nulations graisseuses  libres. 


Comme  on  vient  de  le  voir,  Texamen  histologique  a  dé- 
montré que  le  kyste  opéré  est  tout  à  fait  indépendant  de  la 
muqueuse  vaginale,  et  qu'il  est  lui-même  constitué  comme 
membrane  propre  par  une  véritable  muqueuse.  Il  s'agit  donc 
d'un  kyste  congénital.  Mais  ces  caractères  sont  tous  deux 
communs  aux  kystes  wolffiens  et  aux  kystes  muUérlens. 
Comment  donc  les  distinguer  à  leur  tour  entre  eux?  Com- 
ment affirmer  ou  du  moins  présumer  avec  quelque  raison 
qu'il  s'agit  dans  un  cas  donné  d'un  kyste  wolfficn  plutôt  que 
d'un  kyste  mullérien,et  réciproquement?  Le  problème  n'est 
pas  toujours  facile  à  résoudre,  parce  que  l'étude  précise  de 
ces  kystes  est  encore  à  peine  ébauchée  et  que  nous  n'avons 
pas  de  critérium  constant. 

Diagnostic  différentiel.  —  Disons  tout  d'abord  que  la 
nature  du  contenu  et  les  éléments  figurés  qu'on  y  rencontre 
n'ont  aucune  valeur  diagnostique;  ce  point  me  paraît  désor- 
mais hors  de  conteste.  La  structure  elle-même  de  la  paroi 
du  kyste  n'a  rien  d'absolument  caractéristique.  D'une  ma- 
nière générale,  il  est  vrai,  on  a  considéré  comme  wolffiens 
les  kystes  qui  présentent  un  épithélium  cylindrique,  et 
comme  muUériens  ceux  qui  sont  tapissés  par  un  épithélium 
pavimenteux  stratifié  ;  mais  il  ne  faut  pas  oublier  qu'on  a 
décrit  sur  la  paroi  postérieure  du  vagin  des  kystes  où  Tépî- 
thélium  était  cylindrique,  même  à  cils  vibratiles,  et  qu'on  a 


CHALOT  19 

observé  des  kystes  antérieurs  où  Tépithélium  était  pavimen- 
teux  stratifié  ou  métatypîque. 

La  forme  de  répiihélium  n'a  donc  pas  toute  l'importance 
que  beaucoup  lui  ont  assignée  jusqu'à  présent.  Les  invagi- 
nations épithéliales  simples  ou  ramifiées  n'ont  pas  davantage 
de  domaine  exclusif.  La  présence  de  papilles  semble,  au 
contraire,  être  spéciale  aux  kystes  muUériens  ;  malheureuse-' 
ment  elle  n'est  pas  constante. 

Peut  être  y  a-t-il  lieu  de  songer  à  une  troisième  variété 
de  kystes  congénitaux  constituée  par  une  invagination  téra- 
tologique  de  Vectoderme  dans  l'épaisseur  des  parois  vagi- 
nales. Voilà  pour  l'histologie. 

La  topographie  éclaire-t-elle  davantage  le  diagnostic?  Lès 
kystes  wolffiens  ne  peuvent  occuper  que  la  paroi  antérieure 
ou  mieux  antéro-latérale  du  vagin;  mais  les  kystes  muUé- 
riens peuvent  aussi  s'y  développer,  quoique  très  rarement. 
La  disposition  en  série,  en  chapelet,  de  plusieurs  kystes,  n'a 
rien  non  plus  de  particulier.  Il  en  est  autrement  de  l'étendue 
verticale:  un  kyste  ou  ujie  série  de  kystes  qui  règne  sur  la 
paroi  antérieure  du  vagin,  passe  au-devant  ou  à  côté  du  col, 
et  se  prolonge  dans  la  base  du  ligament  large,  est  toujours 
d'origine  wolffienne;  le  kyste  mullérien  ne  dépasse  jamais 
le  fornix  du  vagin.  Mais  les  prolongements  paracervicaux 
ou  cervico-ligamentaires,  trouvés  par  Wath,  Johnston,  Wal- 
ther,  ne  sont  pas  la  règle. 

Enfin,  dans  quelques  cas,  la  duplicité  de  l'utérus  fera 
plutôt  admettre  un  kyste  mullérien,  bien  qu'elle  puisse  égale- 
ment coïncider  avec  l'autre  espèce  de  kyste. 

En  résumé,  voici  les  propositions  que  j'essayerai  de  for- 
muler et  qui  jetteront  peut-être  quelque  lumière  sur  le  dia- 
gnostic différentiel  en  question  : 

1**  Un  kyste  qui  occupe  la  paroi  antéro-latérale  du  vagin, 
se  prolonge  vers  ou  jusque  dans  le  ligament  large  corres" 
fondant  et  présente  un  épithélium  cylindrique,  cilié  ou 
non^  est  sûrement  un  kyste  wolffïen; 

2*  Un  kyste  qui  a  même  siège  et  même  prolongement,  mais 


20  LES  KYSTES   WOLFFIENS  DU  VAGIN 

non  un  épUhélium  cylindrique  ou  cylindrique  pur,  est  éga- 
lement  d^origine  wolffienne  ; 

3^  Un  kyste  qui  a  môme  siège,  un  épUhélium  cylindrique^ 
mais  n'a  aucun  prolongement  ou  pas  de  prolongement 
assez  élevé  pour  atteindre  le  fornix,  reconnaît  très  proba- 
blement la  même  origine.  Mon  cas  appartient  précisément, 
je  crois,  à  cette  catégorie; 

4**  Un  kyste  quia  même  siège,  mais  un  épithélium  diffé^ 
rent  et  pas  de  prolongement^ne  peut  être  classé.  La  présence 
de  papilles  trancherait  pourtant  la  question  d'identité  en  fa- 
veur de  la  provenance  muUérienne. 

Traitement. —  Le  traitement  des  kystes  wolffiens  ne  dif- 
fère guère  de  celui  des  autres  kystes  du  vagin,  lorsqu'ils 
sont  peu  étendus  et  facilement  accessibles.  Les  meilleurs 
moyens  sont  :  l""  Texcision  de  la  partie  saillante,  suivie  de  la 
membrane  propre  à  la  muqueuse  vaginale,  selon  la  méthode 
de  Schrôder  ;  2*  Textirpatiou  totale,  précédée  de  Tincision 
large  ou  de  la  réplétion  de  la  poche  par  du  blanc  de  baleine 
(après  évacuation  du  contenu),  selon  la  méthode  de  Pozzi. 

Mais,  lorsque  les  kystes  sont  haut  placés  ou  quHlsse  pro^ 
longent  vers  le  fornix  ou  au  de/à,  il  est  préférable,  à  mon 
avis,  de  modifier  la  technique  précédente  ainsi  que  je  vais 
rindiquer.  L'extirpation  totale  est,  en  effet,  malaisée,  et  sur- 
tout elle  expose  à  des  hémorrhagies  sérieuses  comme  celles 
que  j'ai  eu  à  combattre  chez  mon  opérée  et  qui  [m'ont  obligé 
plusieurs  fois  à  suspendre  l'opération.  La  suture  régulière 
du  reste  de  kyste  «  à  la  Schrœder  »  peut  aussi  n'être  pas 
facile  dans  la  profondeur  du  vagin,  malgré  la  précaution 
qu^on  aura  prise  d'abaisser  fortement  Tutérus  et  de  bien 
ouvrir  le  vagin  avec  des  valves  appropriées. 

Je  recommande  donc  pour  les  kystes  haut  placés  la  sim^ 
pie  incision  de  la  partie  saillante,  accompagnée  du  curettage 
méthodique  et  du  tamponnement  lâche  à  la  gaze  iodoformce. 
Si  les  kystes  ont  un  prolongement  élevé,  on  excisera  d'abord 
la  parité  inférieure  saillante;  puis,  au  lieu  de  disséquer  au 
loin  la  membrane  propre  comme  je  l'ai  fait,  on  la  laissera  en 


MARTA  ai 

p/ace,  on  soumettra  au  curettage  sa  face  interne  dans  toute 
son  étendue,  et  Ton  terminera  encore  ici  par  un  tamponne- 
ment lâche.  L'opération  devient  ainsi  beaucoup  plus  courte, 
beaucoup  moins  agressive,  tout  en  offrant  les  mêmes  garan- 
ties curatives. 

INDEX  BIBLIOGRAPHIQUE 

Watts.  —  Am.  J.  of  Ohtt.,  p.  884,  1881. 

J.  Veit.  —  Zeittch./.  Geb,  n.  Gyn.,  VIII,  471,  1882, 

Max  Gb^fb.  —  Jbid,,  VIII,  460,  et  XIV,  119. 

Warrsn.  —  Trans.  of  Maine  med,  Asêoe.^  Portland,  XIII,  115,  1883. 

SCHRAUM.  —  Cent,  f,  GyruBh,  164.  1883. 

Kleinwaciiter.  —  Zjîts,  /.  Geb.  ii.  Gyn.,  XI,  254,  1885,  et  XVI,  1888. 

WiNCKKL.  —  Lehrb.  der  Frauenkr.,  152,  1886. 

Bbeiskt.  —  fiandb.  der  Fravenkr.,  III,  7.3,  1886. 

Lannelonqce  et  Aghakd.  —  Traité  de  kystes  congénitaux,  p.  442,  1886. 

Beau  cas  de  kyste  congénital  antérieur  chez  une  fillette  de  1  mois  et  trois 

jours  i[il.  X,  fig.  1),  mais  pas  d'examen  histologique. 
Baumgartbn.  —  Vircliow's  Arch.^  CVII,  528,  1887. 
JoHKSTON.  —  Ain.  J.  of  Obêt,,  XX,  p.  1144, 1887. 
W.  KUMMEL.  —  Virchtncs  Areh.,  CXIV,  416,  1S88. 
Richelot.  —  Un.  méd.,  16  oct.  1888,  et  Soc,  chir.,  589,  1888. 
POUPINEL.  —  Rer.  de  cA/r.,  juillet,  août  1889. 
Reboul.  —  Aîin.  gynéc.y  1889. 
Santoni.  —  Th.  Paris,  1890. 
Villebrun.  —  Th.  Montpellier,  1890. 
Walthbr.  —  éSoc.  anat.f  17  oct.  1890. 
POZZI.  —  Traité  de  gynéc.^  884, 1890. 
Kleis.  —  Zeitnch.f.    Geb.  u.  Gyn.,  XVITI,  82,  189D;  il  s'agit  ici  surtout 

d'un  kyste  wolffien  pirautérin. 
Rhutkbfobd.    —    ObsMrical    Transact,    of  London,   1891,   p.  864.   vol. 

XXXIII. 


BASIOTRIPSIE 
DANS  ITN  CAS  DE  GRAVE  RÉTRÉCISSEMENT  DU  BASSIN 

Par  M.  Marfa  (de  Venise). 


Le  29  mai  de  Tannée  dernière^  à  deux  heures  après  midi, 
je  fus  appelé  par  mon  confrère  M.  le  docteur  Galante  à  l'aide 


22        BASIOTBIPSIE   POUR   RÉTRÉCISSEMENT  DU   BASSIN 

d'une  femme  primipare  âgée  de  24  ans,  nommée  R...  V.- 
Cette  femme  se  trouvait  en  travail  depuis  25  heures,  assis- 
tée par  une  accoucheuse  qui,  cela  va  sans  dire,  avait  négligé 
les  prescriptions  antiseptiques  conseillées  par  le  médecin. 
J'ai  trouvé  la  femme  en  couches  surexcitée  ;  elle  criait  à 
tue-tête  ;  sa  peau  était  brûlante  ;  sa  langue  sèche  ;  son  pouls 
présentait  des  battements  faibles  et  fréquents  ;  sa  physiono- 
mie  était  abattue.  Cette  femme  qui  exerce  le  métier  de  blan- 
chisseuse, ifa  commencé  à  marcher  qu'à  Tâge  de  trois  ans 
et  a  été  assujettie  de  bonne  heure  au  travail.  Sa  taille 
est  petite;  elle  ne  présente  aucune  trace  visible  de  rachi- 
tisme. Sa  colonne  vertébrale  est  droite  ;  point  de  dépression 
au  sacrum.  Le  ventre  est  gros,  mais  pas  tombant,  et  très 
sensible  à  la  pression  ;  Tutérus  est  en  état  tétanique.  On  ne 
perçoit  pas  les  battements  du  fœtus,  et  il  n*y  a  plus  de  mou- 
vements depuis  quelques  heures.  Les  membranes  s'étaient 
rompues  prématurément,  et  le  cordon  ombilical,  sans  batte- 
mentS;  pendait  en  dehors  jusqu'à  l'ouverture  vulvaire.  Le 
conjugué  diagonal  mesurait  de  75  à  BO  millimètres  ;  la  tête 
était  jau  détroit  supérieur.  Voilà  ce  que  j'ai  constaté  à 
mon  arrivée,  et  qui  suffisait  à  tracer  ma  conduite  en  pareil 
cas.  Après  une  soigneuse  désinfection,  j'endors  la  patiente 
et  je  m'apprête  à  la  perforation  avec  le  céphalotome  courbe 
de  Smellie.  Ayant  retiré  l'instrument  et  après  de  vains 
efforts  pour  accrocher  l'ouverture  que  j'avais  faite  afin 
de  défléchir  la  tète,  j'applique  le  céphalotribe  Guyon  et  il 
sort  sous  la  pression  des  cuillères  une  partie  de  la  subs- 
tance  cérébrale.  Après  une  traction  assez  courte  à  cause  de 
la  préhension  qui  n'aurait  pu  tenir  longtemps,  la  tète  est 
défléchie.  J'enlève  alors  le  céphalotribe  Guyon  et  j'introduis 
dans  l'ouverture  du  crànc  le  perforateur  du  basiotribe  Tarnier 
et  bientôt  après  la  branche  gauche.  J'obtiens  ainsi  le  petit 
broiement,  mais  (ce  qui  arrive  presque  toujours)  il  est  très 
petit  et  je  n'ai  ressenti  aucune  résistance  pendant  que  je 
fixais  le  crochet  do  la  branche  au  manche  du  perforateur* 
Ensuite  j^applique  la  deuxième  branche  ou  branche  droite, 


MARTA  •  23 

et  Tappareil  corapresseur,  qui  fonctionne  toujours  parfaite- 
ment, fît  sortir  le  reste  de  la  substance  cérébrale  et  écrasa 
avec  force  les  os  du  crâne.  L'extraction  a  été  prompte  et 
facile  sans  déchirure  du  périnée.  Après  cela,  j'introduis  la 
main  et  j'extrais  le  placenta,  car  l'utérus  inerte  saignait  et 
la  patiente  n'était  guère  en  état  de  perdre  encore  du  sang. 
Ayant  fait  une  irrigation  intra-utérine  à  50**  avec  une  solu- 
tion de  sublimé  corrosif  à  1  0/00,  je  tamponne  l'utérus  et 
le  vagin  selon  la  coutume  avec  de  la  gaze  iodoformée.  La 
fille  que  je  venais  d^extraire  pesait  4300  grammes,  atteignait 
une  longueur  totale  de  50  centimètres,  et  de  30  centimètres 
depuis  le  vertax  à  l'ombilic.  J'ai  fait  sur  le  champ  le  modèle 
en  plâtre  de  la  tète  écrasée  avec  l'instrument  en  place.  Les 
suites  découches  furent  normales  ;  après  dix  jours  la  patiente 
quitta  le  lit;  au  quinzième  jour  elle  reprit,  au  moins  en  partie 
ses  occupations  de  blanchisseuse. 

C'était  la  troisième  basiotripsie  que  je  faisais  pour  grand 
rétrécissement  du  bassin,  et  cette  fois  encore  le  résultat  de 
l'opération  ne  pouvait  êtro  plus  satisfaisant.  Il  s'agissait 
d'un  bassin  plat  et  rachitique  généralement  rétréci,  mais 
particulièrement  dans  le  diamètre  ajitéro-postérieur  du 
détroit  supérieur.  J'ai  mesuré,  ainsi  que  je  viens  de  le  dire, 
le  conjugué  diagonal  de  75  à  SO  millimètres,  mais  comme  le 
bassin  est  un  peu  incliné,  je  pense  qu'il  faut  déduire  plus 
d'un  centimètre  et  demi  pour  obtenir  le  diamètre  minimum. 
Le  promontoire  avait  une  forme  acuminée  et  sa  pointe  me 
parut  se  trouver  sur  sa  ligne  médiane.  Au  moment  où  j'ai 
extrait  avec  la  main  le  placenta,  adhérent  en  grande  partie 
au  fond  de  la  matrice,  j'ai  pu  remarquer  que  la  main  passait 
à  peine  au  travers  de  l'entrée  de  la  cavité  pelvienne.  En  effet 
je  n'avais  pas  réussi  avant  Topération  à  porter  la  main  dans 
l'aire  du  détroit  supérieur,  ce  qui  m'aurait  permis  de  cons- 
tater avec  plus  d'exactitude  le  degré  d'étroitesse  de  la 
cavité.  D'asymétrie  pelvienne  point,  quoique  j'eusse  lieu  de 
la  soupçonner  au  moment  de  l'opération,  la  raicrocorde  gau- 
che m'ayant  paru  plus  petite  que  celle  de  droite.  De  fait  la 


24       BASIOTRIPSIB   POUR   RÉTRÉCISSEMENT  DU  BASSIN 

moitié  gauche  de  Faire  du  détroit  supérieur  était  vide  en 
grande  partie,  ce  qui  donnait  sujet  de  croire  que  la  tête  avait 
trouvé  une  position  plus  aisée  dans  la  moitié  droite.  Pour- 
tant après  un  examen  rigoureux  de  l'attitude  de  la  tète  et  de 
sa  position  on  comprenait  que  celle-ci  était  très  fléchie  6t 
quelque  peu  enfoncée  vers  la  fosse  iliaque  droite.  Un  peu  à 
droite  (ou  si  vous  aimez  mieux  à  ma  gauche  en  regardant  la 
patiente)  de  la  ligne  moyenne  de  l'ouverture  supérieure  de 
la  petite  cavité  pelvienne  on  touchait  la  fontanelle  posté- 
rieure ;  la  suture  sagittale  se  trouvait  à  peu  près  parallèle  à 
la  paroi  latérale  antérieure  du  petit  bassin,  vers  laquelle  elle 
était  tournée.  La  face  était  fortement  serrée  contre  la  paroi 
thoracique  antérieure.  Les  pariétaux  chevauchaient,  et  le 
pariétal  antérieur  posait  sur  le  bord  supérieur  de  la  sym- 
physe pubienne.  La  perforation  tomba  sur  le  pariétal  anté- 
rieur à  peu  de  distance  de  la  suture  sagittale  qui  en  fut  néces- 
sairement atteinte.  Dans  cette  posture  l'application  des 
branches  du  basiotribe  aurait  été  malaisée  et  sans  succès  : 
il  fallait  tâcljer  de  défléchir  la  tète  :  j*ai  introduit  dans  l'ou- 
verture du  crâne  d'abord  le  doigt  et  puis  un  instrument  à  T 
mobile  dans  sa  branche  transversale  el  qui  fonctionne  comme 
le  tire-tète  de  Danavra  ;  tout  cela  n'eut  point  de  succès.  Enfîn 
je  parvins  à  mon  but  parTapplication  du  céphalotribeGuyon 
et  ensuite  du  basiotribe  Tarnier.  La  préhension  par  ce  der- 
nier instrument,  faite  un  peu  dans  le  diamètre  oblique,  ne 
pouvait  être  plus  forte,  plus  sûre,  et  mieux  postée.  Sous  la 
traction  l'instrument  a  tourné  tout  seul  de  manière  que  sa 
courbure  pelvienne  est  venue  en  avant. 

Pour  compléter  mes  recherches  anamnestiques  et  l'exa- 
men objectif  de  la  malade,  j'ajouterai  ici  quelques  notices. 
V.  R,..  a  commencé  de  marcher  assez  tard,  seulement  à 
trois  ans,  et  jusqu'à  l'âge  de  vingt  ans  elle  s'était  mal  tenue 
sur  ses  jambes.  Elle  n'est  pas  boiteuse,  et  son  allure  n'est 
point  du  tout  vacilLmte.  Ses  parents  se  souviennent  que, 
pendant  son  enfance,  elle  avait  toujours  le  ventre  très  gros 
et  que,  assujettie  de  bonne  heure,  ainsi  que  je  l'ai  dit,  aux 


MARTA  25 

travaux  de  son  métier,  elle  devait  porter  sur  ses  épaules  de 
lourds  fardeaux.  Toutefois  le  sacrum  ne  me  parut  pas  des- 
cendre entre  les  îles,  ni  tournée,  et  les  épines  iliaques  pos- 
térieures-supérieures ne  me  semblèrentpas  non  plus  descen* 
dues  plus  en  bas  de  la  fossette  lombaire.  De  prime  abord  la 
femme  ne  présente  aucune  marque  évidente  de  rachitisme,  ' 
hormis  un  petit  raccourcissement  des  extrémités  inférieures 
et  un  léger  renflement  de  quelques  extrémités  épiphysaires. 
Ainsi  l'on  trouve  un  peu  grossies  les  régions  lïialléolair^s  avec 
proéminence  des  malléoles  internes  et  avec  l'attitude  du  pied 
comme  dans  le  pied  valgus.  Du  reste,  point  de  déviation  de 
la  colonne  vertébrale  ;  point  de  dépression  du  sacrum;  les 
bosses  pariéto-frontales,  ni  les  maxillaires  ne  présentent 
aucune  proéminence  ;  nulle  courbure  n'est  à  remarquer  dans 
les  extrémités  inférieures.  Le  bassin  est  un  peu  incliné  ;  la 
hauteur  de  la  symphyse  pubienne  est  d'environ  quatre  cen- 
timètres. 

Hauteur  de  la  personne mètre  1 .390 

Diamètre  -biacromial 0.355 

Circonférence  pelvienne 0.830 

Écartement  des  épines  iliaques  anté- 
rieures-supérieures.   0.230 

Écartement  des  crêtes  iliaques  (environ)  0 .  227 

—           grands  trochanters ....  0 .  302 

Conjugué  externe. .  * 0. 173 

—  diagonal 0.073 

—  minimum 0.060 

D'après  tout  ce  qu'on  vient  de  dire,  on  doit  conclure  que 
dans  ce  cas,  malgré  le  manque  de  symptômes  réels  de  rachi- 
tisme sur  le  squelette,  il  s'agissait  bien  d'un  type  grave  de 
déformation  rachitique  du  bassin.  C'est-à-dire  d'un  bassin 
rachitique  aplati,  uniformément  rétréci,  avec  rétrécissement 
maximum  au  niveau  du  diamètre  conjugué  du  détroit  supé* 
rieur. 


26  RECHERCHES   SUR   l'eNDOMÉTRITE   PUERPÉRALE 


RECHERCHES    HISTOLOGIQUES    SUR  L'ENDOMÉTRITE 

PUERPÉRALE 

[Suite  et  fin.) 

ParE.  Banun  (1). 
Traduction  par  le  Dr  R.  Labusquibbe. 


b)  Endométrite  septique  aven  infection  générale 

consécutive. 

Je  n'ai  eu  malheureusement  pour  étudier  cette  forme  Je 
rendométritè,  que  5  utérus.  Dans  trois,  rinfection  avait 
suivi  la  voie  lymphatique,  dans  les  2  autres  la  voie  vasculaire. 

Parmi  les  cas  d'infection  lymphatique  il  en  est  un  remar- 
quable par  lextrème  rapidité  de  son  évolution  (mort  déjà 
au  4*  jour,  après  un  accouchement  spontané,  et  avec  les 
symptômes  delà  péritonite  septique  à  streptocoques).  L'état 
anatomique  ol^servé  cadre  bien  d'ailleurs  avec  la  marche 
foudroyante  de  l'infection.  . 

L'examen  macroscopique  ne  révèle  rien  de  spécial  sur 
l'utérus.  A  la  coupe,  la  paroi  utérine  parait  régulière,  pas 
d'espaces  lymphatiques  contenant  du  pus,  pas  de  thromboses 
veineuses.  L'endométrium  présente  une  couche  très  adhé- 
rente, d'épaisseur  variable,  gris  blanc,  qui  existe  aussi  au 
niveau  des  pla^iiîs  du  col  et  à  l'orifice  du  vagin.  La  surface 
séreuse  de  la  matj'ice  est  recouverte  de  dépôts  fibrineux.  Il 
en  surnage  de  semblables  dans  Texsudat  péritonéal  jaune 
clair,  d'ailleurs  limpide.  Ce  liquide,  le  sang,  la  rate,  le  foie, 
les  reins  et  l'endométrium  fournissent  de  riches  cultures  de 
streptocoques. 

Examen  microscopique.  —  La  muqueuse  qui,  qh  et  là, 
présente  encore  des  restes  de  la  couche  spongieuse,  est  éga- 
lement semée  de  streptocoques  (en  culture  pure)  et  nécroti- 

(1)  Voir  Ahh.  de  (?y».,  juio  18ii2,  p.  440. 


BUMM  27 

que.  On  reconnaît?  que  la  couche  gris  blanc  observée  à  Texa- 
men  macroscopique  est  constituée  parla  caduque.  Les  coccus 
gont  tantôt  disposés  en  couches  minces,  tantôt  développés 
en  colonies  importantes.  Quant  à  la  zone  de  réaction,  c*està 
peine  si  Ton  en  découvre  en  certains  points  quelques  vesti- 
ges ;  en  tout  cas,  elle  n'est  en  rien  comparable  à  celle  qui 
se  produit  dans  l'endométrite  localisée.  Souvent,  les  accu- 
mulations de  cellules  rondes  manquent  complètement,  et  le 
tissu  nécrotique  se  continue  alors  sans  démarcation  distincte 
avec  le  tissu  voisin.  Précisément,  en  ces  points,  les  strepto- 
coques pénètrent  dans  la  paroi  musculaire,  ils  la  traversent 
simplement.  Il  semble  que  des  foyers  de  germes  situés 
à  la  surface,  la  pullulation  des  coccus  pousse  comme  une 
sorte  de  réseau  arachnoïdien  entre  les  faisceaux  musculaires, 
tantôt  8*épais6issant  dans  les  grosses  gaines  conjonctives, 
tantôt  se  réduisant  en  de  fines  chaînettes.  Le  tissu  conjonc- 
tif  interfasciculâire  est  par  endroits  remarquablement  relâ- 
ché (œdème  inflammatoire  de  Hoffa,  qui  ouvre  les  espaces 
lymphatiques  aux  coccus  et  favorise  leur  diffusion).  Dans  les 
points  où  raccumulation  des  coccus  est  plus  marquée,  le 
tissu  musculaire  paraît  trouble  et  en  voie  de  dégénérescence. 
Dans  le  voisinage  existe  un  faible  amas  de  cellules  rondes. 

En  certains  points,  on  aperçoit  aussi  de  larges  espaces 
lymphatiques  qui  sont  remplis  d'amas  de  coccus.  Au  niveau 
de  l'aire  placentaire,  la  plupart  des  espaces  veineux  sont 
bien  fermés,  libres  de  thromboses  et  de  coccus.  Seules,  quel- 
ques fines  lumières  veineuses  au  voisinage  de  la  superficie 
sont  le  siège  de  thromboses  légères  et  contiennent  quelques 
coccus. 

Si  Ton  envisage  les  choses  dans  l'ensemble,  on  voit  que 
dans  ce  cas  les  germes  infectieux  partis  de  certains  points 
de  Tendométrium,  et  cheminant  suivant  les  fins  canaux  lym- 
phatiques entre  les  éléments  des  tissus,  ont  pénétré  dans  la 
paroi  de  l'utérus,  et  à  travers  celle-ci  gagné  la  surface 
séreuse  pour,  finalement,  provoquer  la  péritonite  mortelle. 
Il  n'est  pas  douteux  que  ce  mode  de  propagation  correspond 


28  RECHERCHES   SUR  L'eNDOMÉTRITE   PUERPÉRALE 

à  celui  qu'on  observe  dans  l'érysipèle  cutané,  et  je  suis  con- 
vaincu, par  ces  constatations  histologiques,  que  la  dénomi- 
nation à*  «  érysipèle  interne  »  proposée  par  Winckel,  reste 
justifiée  pour  ce  cas  et  les  cas  semblables,  si  même  la  dis- 
tinction entre  un  streptocoque  érysipélateux  et  pyogène  n'est 
plus  soutenable  aujourd'hui. 

Les  deux  autres  préparations  d'infection  lymphatique  que 
j'ai  pu  étudier,  correspondent  au  type  habituel,  la  propaga- 
tion de  l'infection  se  fait  par  les  gf^os  vaisseaux  lymphali^ 
qnes. 

Entrant  dans  le  détail,  je  constate  ici  également  que  la 
caduque  dans  sa  couche  superficielle  est  semée  de  colonies 
de  streptocoques  et  dans  un  état  de  nécrose  qui  s'étend  sou- 
vent 0,2  millim.  au  delà  de  la  zone  bacillaire.  Aussi  loin  que 
s'étend  le  processus  nécrotique,  le  tissu  décidual  est  trans* 
formé  en  une  masse  friable  dans  laquelle  les  contours  cel- 
lulaires sont  mal  dessinés,  et  où  les  noyaux  ne  sont  plus 
visibles.  Les  corps  cellulaires,  frappés  de  mort,  sont  englo- 
bés par  un  dn  réseau  réticulaire  qui  ne  se  colore  pas  par 
la  méthode  de  coloration  de  la  fibrine  de  Weigert.  Les  pré- 
parations prises  sur  les  points  de  la  caduque,  qui,  à  l'œil  nu, 
paraissaient  le  siège  de  membranes  montrent  qu'il  s'agissait 
en  réalité  de  la  caduque  nécrosée.  Elles  paraissent  blanclià- 
très,  solides,  semblables  aux  membranes  diphtériques,  bien 
qu'elles  dérivent  uniquement  de  l'action  des  streptocoques. 
Lorsque,  simultanément,  des  germes  saprophytes  provo- 
quent des  phénomènes  de  putréfaction,  les  eschares  sont 
plus  molles,  brunâtres,  en  tout  semblables  à  des  masses 
putrides. 

La  zone  de  réaction  est  partout  visible,  mais  peu  étendue. 
(Juand  la  muqueuse  est  frappée  de  nécrose  dans  toute  son 
épaisseur,  la  zone  d'infiltration  intéresse  la  couche  la  plus 
externe  de  la  musculeuse,  et  on  reconnaît  aisément  qne  les 
éléments  musculaires  restent  entièrement  passifs  et  que  la 
zone  d'infiltration  cellulaire  est  due  à  une  extravasation  de 
leucocytes.  Dans  les  points  où  une  portion  seulement  de  la 


BUMM  29 

caduque  participe  au  processus  de  coagulation  et  où  la  zone 
de  réaction  siège  encore  en  partie  dans  la  muqueuse,  il  est 
plus  difficile  de  trancher  la  question  du  rôle  des  éléments 
fixes  du  tissu  dans  la  formation  de  la  zone  cellulaire.  Mais,  à 
mon  avis,  les  cellules  fixes  de  la  caduque  restent  également 
passives  et  la  zone  d'infiltration  se  constitue  aussi  au  moyen 
d'éléments  extravasés. 

Si  Ton  examine  un  grand  nombre  de  coupes,  on  réussit 
toujours  à  surprendre  le  passage  des  germes  de  la  superficie 
dans  les  fentes  lymphatiques.  On  voit  comment  une  fente 
lymphatique,  à  bords  coagulés,  tapissée  d'amas  de  germes,  et 
située  à  la  superficie,  s'enfonce  de  plus  en  plus  profondé- 
ment dans  la  paroi  musculaire,  et  Ton  peut  démontrer,  à 
l'aide  des  coupes  en  séries,  que  cette  fente  lymphatique  se 
réunit  encore  plus  loin  dans  la  musculeuse  avec  des  orifices 
vasculaires  lymphatiques,  infectés.  On  peut  sur  les  pi'épa- 
rations  bien  colorées  par  la  méthode  de  Gram  reconnaître 
ces  détails,  même  à  Tœil  nu. 

L'état  des  vaisseaux  lymphatiques  infectés,  dans  la  paroi 
utérine,  est  très  variable  :  les  étroites  fentes  lymphatiques 
sont  seulementàla  paroi  pourvues  d'une  fine  traînée  de  ger- 
mes, dans  le  restant  elles  sont  libres  ou  remplies  de  masses 
granuleuses.  Dans  le  voisinage,  rien  qui  rappelle  une  zone 
de  réaction.  Sur  d'autres  points,  les  fines  fentes  lymphati- 
ques sont  complètement  remplies  de  germes,  comme  injec- 
tées et  l'on  voit  alors  les  coccus  pénétrer  dans  le  tissu  voi- 
sin, qui  déjà  est  coagulé  et  constitue  autour  des  germes 
comme  un  large  ourlet.  En  d'autres  points,  l'invasion  des 
tissus  voisins  est  encore  plus  avancée.  Au  centre  se  trouve  le 
vaisseau  lymphatique  rempli  de  coccus,  et  de  ce  foyer  les 
germes  rayonnent  en  traînées  épaisses  vers  la  substance 
musculaire.  Au  voisinage,  on  remarque  déjà  une  zone  de 
réaction,  représentée  par  une  accumulation  de  cellules  ron- 
des. L'inflammation  délimitante  peut,  lorsque  la  mort  arrive 
assez  tardivement,  amener  la  liquéfaction  de  toute  la  masse 
infectée  et,  à  la  faveur  d'une  diapédèse  de  globules  blancs, 


30  RECHERCHES   SUR   L'BNDOMÉTRITB  PUERPÉRALE 

la  transformer  en  une  cavité  purulente,  qui  affecte  une  dis- 
position vulvaire  en  rapport  avec  la  direction  des  vaisseaux 
lymphatiques  correspondants.  Ce  que  l'on  a  décrit  comme 
des  espaces  lymphatiques  remplis  de  pus  dans  la  paroi  de 
Tutérus  septique  ne  correspond  pas  en  réalité  simplement  à 
des  espaces  lymphatiques,  mais  à  des  cavités  purulentes, 
effets  de  la  destruction  du  tissu  musculaire  avoisinant. 

L'aire  placentaire  présent^cit  dans  les  deux  préparations 
décrites  un  état  différent.  Sur  Tun  des  utérus,  les  lumières 
des  vaisseaux  veineux  sont  bien  fermées,  en  grande  partie 
vides  de  sang,  et  non  infectées.  Sur  Tautre  préparation,  il' 
existe  des  thromboses  veineuses  plus  nombreuses,  et  elles 
renferment  eu  partie  dans  leur  centre  des  colonies  de  coccus 
(forme  mixte  d^infection  lymphatique  et  thrombosique).  Mais 
sur  les  2  préparations,  et  au  niveau  de  Taire  placentaire,  se 
remarquent  des  vaisseaux  lymphatiques  nombreux  et  impor- 
tants qui  tous  sont  remplis  par  des  masses  de  coccus. 

Dans  les  3  cas  que  nous  avons  étudiés  d'infection  lympha- 
tique, il  s'est  développé  une  péritonite  septique  à  streptoco- 
ques et  toujours  les  germes  se  sont  propagés  jusqu'à  la 
séreuse  par  une  voie  directe,  c'est-à-dire  à  travers  la  paroi 
utérine.  Si  ni  Kellermann  (1)  ni  moi  n'avons  réussi  à  démon- 
trer la  propagation  directe  des  coccus  de  la  paroi  utérine  à 
la  séreuse,  nous  avons  du  moins  plusieurs  fois  pu  suivre  le 
tissu  musculaire  semé  de  coccus  et  les  espaces  lymphatiques 
infectés  jusqu'au  voisinage  de  la  couche  séreuse.  En  tout  cas, 
il  est  resté  démontré  pour  ces  3  cas  que  les  trompes  dans 
leur  moitié  interne  étaient  libres  de  germes  et  tapissées 
d'une  muqueuse  saine.  Sur  des  coupes  heureuses,  on  voyait 
nettement  comment  la  puUulation  des  coccus  s'étendait 
dans  l'infundibulum  tubaire  et  au  delà  pour  cesser  brus* 
quement  au  niveau  de  la  portion  rétrécie.  Il  s'ensuit  que, 
même  dans  les  cas  d'infection  septique  de  l'endométrium,  la 
sténose  normale  constituée  par  Vostium  uterinxnn,  remplit 


(1)  ^ur,  Aetiolog,  der.  puerper^  Peritonitiê,  Wurzboug,  1890. 


DUMM  31 

en  quelque  sorte  T office  d'une  soupape  qui  empêche  l'inva- 
sion des  germes  à  ce  niveau. 

Tincline  donc  à  croire  que  d'une  manière  générale  la 
péritonite  à  streptocoques  résulte  de  la  pénétration  directe 
à  travers  la  paroi  lUérine  jusquà  la  séreuse  des  germes 
infectieux,  et  que  la  propagation  par  Voviducte  est  abs^a- 
ment  exceptionnelle.  Cette  dernière  n*a  lieu  que  lorsque  la 
trompe  a  subi  des  altérations  pathologiques  et  qu  elle  com- 
munique déjà  avec  la  cavité  utérine  par  un  large  orifice, 
Dans  tous  les  cas,  Tinfection  s'était  propagée  à  la  portion 
externe  de  la  trompe  par  la  cavité  abdominale.  Le  revêtement 
séreux  de  la  matrice  était  partout  semé  de  traînées  de  coc- 
CU3,  et  les  germes  étaient  surtout  accumulés  au  niveau  des 
dépôts  fibrineux. 

Description  des  ienxpréparations,  dans  lesquelles  la  diffu- 
sion des  germes  de  l'infection  s'était  faite  par  les  veines  de 
ruféru5(formethrombosiquedelafièYrepuerpérale,pyohémie 
puerpérale). 

Les  modifications  au  niveau  de  Tendométrinnl'  sont  vite 
représentées.  Dans  les  deux  cas  il  s'agit  d'une  endométrite 
septico  putride,  iocahsee.Le  revêtement  décidual  de  la  cavité 
utérine  est  semé  de  germes  et  nécrosé.  Indépendamment 
des  streptocoques,  il  existe  de  nombreux  germes  de  la  putré- 
faction tantôt  isolés,  tantôt  réunis  en  colonies.  On  devait 
a  priori  s'attendre  à  la  présence  de  ces  derniers,  parce  que 
l'endométrium  présentait  déjàmacroscopiquemenl  un  aspect 
graisseux,  brun  noir,  et  que  dans  un  cas,  observé  3  heures 
seulement  après  la  mort,  il  existait  une  fétidité  marquée. 
Sur  le  tissu  nécrosé,  il  fut  impossible  de  reconnaître  la  dis- 
position primitive  des  tissus  préexistants,  car  ils  étaient 
transformés  en  une  masse  homogène. 

La  portion  nécrosée  est  partout  séparée  du  tissu  sain  par 
une  couche  épaisse  de  cellules  multinucléées.  Les  germes  ne 
pénètrent  pas  dans  la  zone  de  réaction  nettement  constituée  ; 
la  musculeuse  de  Tutérus  paraît  normale,  et  les  vaisseaux 
lymphatiques  et  sanguins  paraissent  indemnes  de  germes. 


32  RECHERCHES   SUR  L*ENDOM£TRIT£   PUERPERALE 

Toutefois,  Taire  placentaire  fait  exception  à  cet  état.  A 
rœil  nu,  Taire  d'insertion  du  délivre  correspond  à  l'aspect 
du  reste  de  Tendométrium.  Dans  les  2  cas,  le  décollement 
du  placenta  s'est  effectué  de  la  façon  la  plus  régulière,  et 
on  n'en  a  constaté  sur  la  face  interne  de  Tutérus  aucun  ves- 
tige. Sur  la  coupe,  on  voit  de  nombreuses  lumières  de  vais- 
seaux, sièges  de  thromboses,  qui  se  laissent  poursuivre  d'une 
part  jusqu'à  la  surface  de  la  muqueuse,  et  d'autre  part  jus- 
qu'aux ligaments.   . 

Examen  microscopique  de  la  coupe.  —  La  couche  nécro- 
tique de  la  zone  de  réaction  se  comporte  au  niveau  de 
Taire  placentaire  exactement  comme  sur  les  autres  points 
de  Tendométrium.  Des  vaisseaux  utéro-placentaires,  les 
artères  sont  partout  parfaitement  rétractées,  indemnes  de 
thromboses  et  non  infectées.  Par  contre,  on  peut  étudier  de 
la  façon  la  plus  nette  sur  les  veines  thrombosées  tous  les 
degrés  de  Tinfection. 

Les  thrombus  ont  cette  disposition  anatomique  connue: 
les  globules  rouges  du  sang  sont  englobés  dans  un  réseau  de 
fibrine  finement  fascicule,  dans  lequel  sont  semés  des  leu- 
cocytes isolés.  Dans  les  points  où  les  germes  se  sont  déjà 
fortement  multipliés,  commence  une  désagrégation  gra- 
nuleuse de  la  masse  du  thrombus.  Dans  la  portion  des 
thrombus  qui  avoisine  la  surface  de  la  caduque,  on  ren- 
contre, outre  les  streptocoques,  des  germes  de  la  putré- 
faction. Plus  profondément,  dans  le  parenchyme  utérin,  on 
ne  voit  plus  au  niveau  des  thromboses  que  des  chaînettes. 
En  résumé,  les  saprophytes  restent  en  arrière,  tandis  que 
les  germes  septiques  pénètrent  plus  profondément  (1). 

(1)  Bien  que  ce  fait  panU  absolument  démontré  sur  les  deux  prépara* 
tions  que  j'ai  étudiées,  je  me  ^rderai  de  trop  généraliser.  J*ai  déjà  insisté 
plus  haut  sur  cette  partie ulart té  que  les  thrombus  offrent  un  tissu  à  vita- 
lité amoindrie,  qui  autorise  à  i>enscr  que  plusieurs  sortes  d^organismes 
peuvent  y  trouver  un  terrain  de  culture  favorable.  Kn  faveur  de  cette 
hypothèse,  plaident  ces  cas  de  pyohémie  où  les  abcès  métastatiques  présentent 
d'emblée  un  caractère  de   putridité  et  dans  lesquels  on  trouve,  outre  les 


BUMM  33 

Règle  générale,  Tinvasion  des  coccus  se  fait  suivant  Taxe 
des  thrombus.  Au  centre  de  la  masse  thrombosique,  appa- 
raissent les  premières  fines  traînées  de  coccus,  de  là  les 
germes  rayonnent  vers  la  périphérie,  vers  la  paroi  veineuse. 
La  dégénérescence  granuleuse  de  la  masse  du  thrombus 
suit  parallèlement  la  diffusion  des  germes.  Au  début,  la 
paroi  veineuse  paraît  normale,  mais,  à  mesure  que  les  ger- 
mes se  multiplient,  elle  s'infiltre  de  cellules  rondes.  Celles- 
ci  envahissent  la  lumière  du  vaisseau  qui,  finalement,  ren- 
ferme un  détritus  complexe,  des  restes  de  la  masse  du 
thrombus,  des  leucocytes  et  des  germes.  Enfin,  sur  certaines 
veines,  on  peut  constater  les  premiers  degrés  de  la  multipli- 
cation des  germes  dans  la  paroi  de  ces  vaisseaux. 

Sur  l'état  de  Tendothélium  des  veines,  il  m'a  été  impos- 
sible de  me  créer  des  notions  précises.  Il  semble  cependant 
qu'avec  les  progrès  de  Tinfection,  il  soit  frappa  de  nécrose. 
Sur  les  deux  préparations,  les  veines  des  ligaments  larges 
sont  également  le  siège  de  thromboses  infectées.  Elles 
donnent  les  mêmes  figures  que  les  thromboses  observées  sur 
la  paroi  utérine. 


III 


Coup  d'œil  général  sur  les  résultats  obtenus  —  Dans  nos 
observations,  nous  avons  toujours  retrouvé  une  môme  lé* 
sion  :  la  couche  superficielle  de  Vendôme triwn  sur  laquelle 
les  germes  s'implantent  primitivement  et  dans  laquelle  ils 


atreptocoqaes,  des  germes  de  la  putréfaction.  En  ce  qui  concerne  la  forme 
lymphatique  de  l'infection  puerpérale,  la  proposition  suivante  formulée  par 
Widal  :  «  la  vtuquense  utérine  agit  à  la  façon  d'un  filtre^  qui  laitte  seule- 
ment passer  le  streptocoque pyoghie,  à  Vexclusio7i  des  autres  microbes  conte' 
nus  anormalement  dans  la  cavité  de  la  matrice  j>  s'applique  sans  doute  sans 
restriction,  maii»,  à  l'heure  actuelle,  et  pour  la  forme  thrombosique,  son  appli- 
cation comporte  des  réserves. 

A»».  DB  BTK.  —   vol.   XVXVIII.  3 


M         RECHERCnSS  SUR   l'ENDOMÉTRITE   PUERPÉRALE 

se  développent  plus  complètement  est  frappée  de  nécrose  - 
elle  se  transforme  en  eschare.  Tel  est  le  caractère  anato- 
inique  commun  à  tous  les  cas,  voici  maintenant  où  les  diffé- 
rences s'accusent. 

Dans  Tendométrite  septique,  mais  localisée,  la  couche  à 
germes  et  nécrosée  est  séparée  des  tissus  sains  par  une  zone 
de  réaction,  épaisse  paroi  formée  de  cellules  rondes.  On 
observe  pareille  condition  anatomique  dans  la  forme  throm- 
bosique  de  la  fièvre  puerpérale.  La  paroi  de  granulation 
protectrice  est  ici  également  bien  développée  ;  les  germes 
ne  pénètrent  pas  plus  loin,  si  ce  n'est  au  niveau  de  Taire 
placentaire  où  les  thromboses  veineuses  fournissent  un 
milieu  nutritif  favorable  à  leur  développement. 

Cette  paroi  granuleuse  est  bien  moins  développée  dans 
les  cas  où  la  diffusion  des  germes  se  fait  par  la  voie  lympha- 
tique; elle  fait  presque  complètement  défaut  dans  les  formes 
sévères  de  la  septicémie,  où  les  coccus  partis  de  Tendomé- 
trium,  et  semblablement  à  ce  qui  se  passe  dans  Térysipèle 
cutané,  traversent  simplement  la  paroi  utérine. 

Les  germes  sont  toujours  les  mêmes,  il  s*agit  dans  tous 
les  cas  du  streptocoque  septique. 

Comment  expliquer  les  différences  observées  ?  Bien  qu'il 
s'agisse  toujours  des  mêmes  micro-organismes,  toujours  de 
la  même  plaie  puerpérale,  l'infection  dans  un  cas  reste  lo- 
calisée,  dans  un  autre  elle  se  généralise,  les  germes  infec- 
tieux se  diffusant  tmtôt  par  les  vaisseaux  lymphatiques, 
tantôt  par  les  vaisseaux  sanguins. 

Dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  ces  différences 
s'expliquent  ainsi  :  tout  démontre  que  la  cause  de  Vévolu^ 
tion  diverse  de  Vinfection  réside  dans  l  agent  morbigène, 
dans  les  bactéries. 

Le  nombre  des  micro-organismes  n'a  qu'une  influence  tout 
à  fait  secondaire.  Tout  au  moins,  je  n'ai  pas  trouvé  de  diffé- 
rences notables  dans  le  nombre  des  micro-organismes  occn* 
pant  la  zone  nécrosée  dans  les  formes  bénignes  ou  malignes. 


BUMM  35 

D*autre  part,  c'est  un  fait  bien  connu,  que  les  plus  petites 
quantités  de  substance  toxique  peuvent,  avec  des  plaies  très 
minimes,  donner  lieu  aux  formes  les  plus  sévères  de  la  sep- 
ticémie. 

Reste  le  degré  de  virulence  des  bactéries.  Widal  (f)  et 
Chantemesse  (2)  ont  étudié  ce  point  spécial,  sur  lequel  je  me 
suis  étendu  beaucoup  moi-même  dans  un  travail  antérieur  (3). 
Ce  que  Ton  doit  entendre  par  virulence,  ainsi  qu'il  ressort 
des  recherches  de  Smirnow  (4),  n'est  pas  une  propriété  spé- 
ciale, indépendante  des  autres  fonctions  vitales  des  bactéries 

—  quelquechose  comme  une  facultédesécrétion  de  poison,etc. 

—  mais  un  accroissement  de  la  force  de  résistance  des  bac- 
téries, une  exagération  de  la  puissance  de  toutes  leurs  fonc- 
tions vitales,  qui  permet  aux  agents  pathogènes  une  fois 
qu'ils  ont  pénétré  dans  l'organisme  de  résister  victorieuse- 
ment à  l'action  défavorable  des  humeurs  et  des  tissus  et  de  se 
multiplier  en  dépit  d'elle.  Bouchard  (5)  s'est  exprimé  de  la 
façon  suivante  sur  les  modifications  des  tissus  au  niveau  de 
la  porte  d'entrée  de  l'infection  par  rapport  à  la  virulence 
des  agents  infectieux:  «  Si  l'immunité  est  nulle  ou  si  la  viru- 
lence est  excessive,  la  lésion  locale  peut  faire  défaut,  l'in- 
fection est  d'emblée  générale  ;  si  l'immunité  <3st  absolue  ou 
si  la  virulence  est  nulle,  la  lésion  locale  peut  faire  défaut, 
mais  l'infection  générale  manque  également  ;  si  l'immunité 
est  relative  ou  si  la  virulence  est  modérée,  il  y  a  grande 
chance  pour  qu'il  se  produise  une  lésion  locale  et,  dans  le 
cas  où  cette  lésion  locale  sera  effectuée,  l'infection  générale 
sera  épargnée  ;  elle  apparaîtra,  au  contraire,  s'il  n'y  a  pas 


(1)  Eod,  loe. 

(2)  Areh,  de  toc,  1890,  XVII,  p.  623. 
(8)  Areh.  f.  Oyn,  Bd  XXXIV,  Hft  3. 

(4)  ZeiUoh,  /*.  Hygian.,  1884,  VI. 

(5)  Rôle  et  mécanisme  de  la  lésion  locale  dans  les  maladies  infectieuses. 
Compt.  rend,  de  VAcaâ,  des  Science»,  1889, 109,  p.  691. 


36  RECHERCHES   SUR  l'eNDOMÉTRITE  PUERPÉRALE 

eu  de  lésion  locale  ».  Or,  les  lésions  observées  sur  l'endomé- 
trium  cadrent  bien  avec  ces  propositions. 

Ce  n'est  qu'en  seconde  ligne  que  se  place  Vinfluence  des 
conditions  anatomiques  locales  sur  la  diffusion  des  micro- 
organismes. 

C'est  une  notion  banale  que  l'infection  septique  générali- 
sée est  une  éventualité  rare  à  la  suite  des  fausses  couches, 
tandis  que  Tendométrite  est  une  de  leurs  complications  assez 
fréquentes.  Il  faudrait  rechercher  la  cause  de  ce  fait  dans  le 
peu  de  développement  des  vaisseaux  sanguins  et  lymphati- 
ques aux  premiers  mois  de  la  grossesse  (Chantemesse). 

Par  contre,  consécutivement  aux  grossesses  gémellaires 
et  au  défaut  de  rétraction  de  la  matrice,  l'infection  septique 
généralisée  s'installe  plus  facilement.  D'autre  part,  sur  les 
3  préparations  provenant  d'infection  lymphatique,  je  cons- 
tatai au  niveau  de  Taire  placentaire  des  espaces  lymphatiques 
en  si  grand  nombre  que  j'incline  à  penser  que,  même  dans 
les  conditions  physiologiques,  le  système  lymphatique  doit 
être  plus  fortement  développé  dans  cette  région  de  l'utérus 
que  dans  les  autres.  Il  est  possible  d'ailleurs  que  la  rétrac- 
tion de  la  paroi  utérine  soit  plus  imparfaite  au  niveau  de 
Taire  placentaire,  et  que  ce  soit  là  une  condition  favorable  à 
la  pénétration  des  germes  dans  les  larges  espaces  lympha- 
tiques. 

Mais  où  je  crois  que  les  conditions  anatomiques  locales  ont 
une  importance  évidente  sur  la  diffusion  des  germes,  c'est 
dans  la  forme  thrombosique  de  la  fièvre  puerpérale. 

Cette  forme  de  septicémie  puerpérale,  si  on  la  compare  à 
la  forme  lympho-septicémique,  est  relativement  bénigne.  A 
cause  d'un  défaut  de  contraction  et  de  rétraction  de  l'utérus, 
les  veines  ne  sont  pas,  comme  il  le  faudrait,  oblitérées  sim- 
plement par  Taccolement  de  leurs  parois,  mais  par  des  masses 
thrombosiques.  Or,  ces  masses  contenant  des  tissus  morts 
ou  du  moins  non  organisés,  constituent  un  milieu  nutritif,  un 
terrain  favorable  sur  lequel  les  germes  infectieux  peuvent  se 
propager  au  delà  du  foyer  primitif. 


BUMM  37 

En  terminant,  une  remarque  :  Nul,  plus  que  moi,  n'a  par- 
faite conscience  que  mes  recherches  sur  les  conditions  his- 
tologiques  et  bactériologiques  de  Tendométrite  puerpérale, 
offrent  de  grandes  lacunes.  Je  les  ai  néanmoins  publiées, 
d'une  part,  parce  que  j'ignore  si  je  disposerai  bientôt  des 
matériaux  nécessaires  pour  m'efforcer  de  les  combler  et, 
d'autre  part,  pour  susciter  de  nouvelles  recherches  sur  la 
question.  Que  d'intéressants  matériaux  restent  inutilisés! 
Ce  n*est  pourtant  qu'à  force  de  recherches  bactério-histolo- 
giques  prolongées  qu'on  pourra  arriver  à  rectifier  les  classi- 
fications artificielles,  schématiques  encore  acceptées  aujour- 
d'hui, qu'on  réussira  à  voir  clair  dans  la  symptomatologie  si 
protéique  de  la  fièvre  puerpérale  et  à  établir  des  divisions 
conformes  à  la  réalité.  Widal,  dans  son  travail  maintes  fois 
cité,  a  adopté  une  classification  nouvelle,  qu'il  a  basée  sur 
le  mode  d'action  des  germes  morbides  sur  les  tissus  :  a)  sup^ 
purée,  b)  diphtériiiqiie^  c)  sopticémique.  Il  m'est  impos- 
sible, d'après  les  notions  acquises  jusqu'ici,  de  juger  décisive 
la  raison  de  cette  classification,  aussi  j'ai  conservé  pour  le 
moment  la  division  ancienne  qui,  elle,  a  pour  base  la  notion 
du  mode  de  diffusion  de  ces  germes,  de  la  voie  qu'ils  suivent 
pour  envahir  l'organisme  (1). 


(1)  Au  travail  de  Bumm  sont  annexées  plusieurs  planches  coloriées  qui 
figurent  bien  les  constatations  bactérîo-histologîques  faites  par  l'auteur. 


38  DEUX  CAS   DE   MONSTRUOSITÉS  FŒTALES 


REVUE  CLINIQUE 


DEUX   CAS  DE  MONSTRUOSITÉS  FŒTALES 
Par  le  D'  Toiiian  (de  Toulouse). 


I.  —  HYDROCÉPHALE.  —  PHOGOMÈLE.  —  EGTOMÈLE. 

Le  27  novembre  dernier,  à  onze  heures  du  soir,  M*^«  Sacrére, 
sage-femme  àCastanet,  me  faisait  prier  d'aller  terminer  un  accou- 
chement au  village  de  F...,  situé  à  quinze  kilomètres  de  Toulouse. 

La  parturiente,  M"»»  R...,  âgée  de  28  aus,  multipare,  était  à  sa 
quatrième  couche. 

Les  premières  avaient  donné  naissance  ù  un  enfant  qui  mourut 
quatre  ans  plus  tard  sans  avoir  jamais  ni  marché,  ni  parlé.  Sa 
tête  dépassait  le  volume  normal. 

Les  deuxièmes  couches  avaient  été  gémellaires.  L'un  des  deux 
jumeaux  ne  vécut  que  deux  mois.  L'autre  jumeau  et  l'enfant  des 
troisièmes  couches  sont  vivants  et  bien  portants. 

M"®  R...,  rude  paysanne,  de  taille  au-dessus  de  la  moyenne, 
fortement  charpentée,  n'avoue  aucun  antécédent  pathologique  ou 
spécifique. 

État  de  la  mère.  —  A  mon  arrivée,  je  trouvai  la  parturiente 
dans  le  décubitus  dorsal,  en  travail  depuis  soixante  heures. 

La  poche  des  eaux  s'était  rompue  viugt  heures  auparavant.  Se 
trouvant  seule  chez  elle,  M"»e  u...,  croyar»t  à  l'expulsion  très  pro- 
chaine de  l'enfant,  avait  appelé  au  secours.  Respiration  facile, 
pouls  à  100  pulsations,  ventre  en  besace. 

État  du  fœtus.  —  L'auscultation  du  c<pur  fœtal  ne  me  donne 
aucune  indication,  je  ne  pus  parvenir  à  l'entendre.  La  mère  me 
raconta  alors  qu'elle  avait  re<;u  quinze  jours  auparavant  un  coup 
de  tète  de  bœuf  dans  la  région  abdominale,  tandis  qu'elle  se  ren" 
dait  à  une  fontaine  voisine. 

Cet  accident  avait  été  suivi  de  troubles  nombreux.  Le  fœtus 
était  mort. 


REVUE   CLINIQUE.   —    TOUJAN  39 

Au  toucher  vagiual,  je  sentis  une  tumeur  molle,  fluctuante,- 
située  à  trois  centimètres  en  arriére  de  Tanneau  vulvaire,  tumeur 
qui  pouvait  ôtre  facilement  prise  pour  une  bosse  séro-sanguine. 
En  avant,  je  constatai  qu'elle  occupait  Texcavation  entière. 

Je  me  demandai  si  je  ne  me  trouvais  pas  en  présence  d'une  pré- 
sentation de  V^bdomen  ou  plus  simplement  d'une  dilatation  de  la 
vessie. 

Mon  hésitation  ne  fut  pas  de  longue  durée.  Je  pus,  avec  Tindex 
et  le  médius  de  ma  main  droite,  pénétrer  au  niveau  de  la  symphyse 
sacro-iliaque  gauche  contre  laquelle  je  sentis,  en  inclinant  mes 
doigts  en  forme  de  crochet,  une  oreille  et  l'angle  du  maxillaire 
inférieur  du  fœtus.  Je  trouvais,  en  outre,  une  fluctuation  de  la 
tête  avec  rallongement  caractéristique  de  la  dolicocéphalie. 

Je  diagnostiquai  une  hydro-dolicocéphalie  en  position  occipito- 
iliaque  gauche  antérieure,  en  rotation  non  terminée. 

Je  devais  intervenir.  Après  avoir  pris  toutes  les  mesures  de  l'an- 
tisepsie la  plus  rigoureuse,  je  fls  une  application  du  forceps  Tar- 
nier. 

Pour  cela,  j'introduisis  d'abord  ma  main  droite  qui  servit  de 
guide  protecteur  à  la  branche  gauche  de  l'instrument  jusqu'à  la 
symphyse  sacro-iliaque  gauche.  Cette  branche  était  en  rapport  avec 
la  tôte  du  fœtus  de  telle  façon  que  l'oreille  fœtale  était  dans  la 
fente. 

La  branche  droite,  occupant  une  position  analogue  de  l'autre 
côté  de  la  tôte,  était  en  rapport  avec  le  ligament  sacro-sciatique. 

Le  forceps  était  ainsi  enfoncé  jusqu'à  la  poignée  et  les  branches 
de  traction  se  perdaient  sur  le  quart  antérieur  du  plancher  péri- 
néal.  Je  les  fixai  avec  le  manche  à  verrou  sans  aucune  difficulté. 

Le  temps  principal  de  l'application  du  forceps  ainsi  terminé,  il 
ne  me  restait  plus  qu'à  extraire  la  tète  sans  l'endommager  et  sans 
causer  de  lésions  des  parties  maternelles. 

Assis  sur  une  chaise,  j'exerçai,  dans  l'axe  du  bassin,  des  trac- 
tions lentes  et  mesurées  correspondant  à  chaque  contraction  nou- 
velle de  l'utérus. 

Après  cinq  ou  six  eflbrts,  j'aperçus  une  partie  du  cuir  chevelu 
se  présentant  en  forme  d'ampoule  à  Torifice  vulvaire. 

En  ce  moment  je  pratiquai  une  petite  rotation  d'un  demi-quart 
de  cercle.  Malheureusement,  le  forceps  menaçait  de  lâcher  prise. 
Je  prévoyai  même  le  moment  où  les  branches  allaient  déraper.  Je 


40  DEtIX   CAS   DE  MONSTRUOSITÉS   FŒTALES 

n'ai  pas  attendu  davantage.  J'ai  désarticulé  l'inetrument  et  Je  l'ai 

enlevé  pour  en  faire  une  seconde  applitation. 

L'opération  terminée,  j'ai  pu  extraire  la  tête  et  le  corpe  du  fœtus 
sans  dommage  pour  la  niére.  M"°  Sacrère,  en  aide  intelligente  et 
avisée,  soutenait  le  périnée  pour  éviter  autant  que  possible  toute 
déchirure. 


La  délivrance  opérée,  je  procédai  ù  un  abondant  lavage,  au 
bichlorure  de  mercure  en  solution  nu  millième,  des  organes  géni- 
taux internes  et  externes. 

Lintervention  et  l'accouchement  n'avaient  pas  duré  plus  de 
trente  minutes. 

Examen  du  fœlus.  —  Le  foetus  présentait  un  double  cas  de 


REVUE   CLINIQUE.   —  TOUJAN  41 

monstruosité.  Ayant  demandé  et  obtenu  rautorisatioii  de  le  gar- 
der, j^ai  pu  l'examiner  à  mon  aise. 

Je  l'ai  porté,  dès  le  lendemain,  à  la  Faculté  de  médecine  où  M.  le 
Df  Charpy,  le  savant  professeur  d'anatomie,  voulut  bien  nous  con- 
sacrer une  partie  de  sa  leçon  à  Tamphithéàtre. 

Voici  sa  description  : 

Poid*;  2300  grammes.  Longueur  totale  :0,5'a  centimètres. 

T(Ue.  —  Circonférence  de  la  tête 0,49  — 

Diamètre  occipito-frontal 0,165  millimètres 

—  bitemporal 0,1 10         — 

—  occipito-mentonnier..    0,120         — 

—  bifrontal '   0,100        — 

Le  crâne  était  rempli  d'un  liquide,  ressemblant  à  de  la  bouillie 
sanguinolente,  décomposé.  Le  cuir  chevelu  était  très  résistant  ; 
les  fontanelles  présentaient  un  écartement  considérable.  L'anté- 
rieure n'avait  pas  moins  de  0,08  centimètres  dn  longueur.  Les 
deux  pariétaux  chevauchaient  l'un  sur  l'autre. 

Exophtalmie  à  droite. 

Cou.  —        Longueur  du  cou 0,058  millimètres 

Circonférence 0,1G0         — 

Thorax.  —  Diamètre  bi-acromial 0,090         — 

Grande  circonférence  thoracique .  0,30  centimètres 

Grand  diamètre  transversal 0,10  —    • 

Diamètre  antéro-postérieur 0,06  — 

Bras  gauche,  —  Longueur 0.065  millimètres 

Avant-bras  gauche.  —  Longueur 0,045  — 

Main  gauche.  —  Trois  doigts,  le  plus  externe  double  portant 
deux  ongles  très  marqués  à  la  hauteur  de  la  phalangine. 

Bras  droit.  —  Longueur  0,058  millimètres.  Il  est  remarquable 
par  sa  brièveté,  les  malformations  sont  portées  à  un  plus  haut 
degré  qu'à  gauche. 

L'avant-bras  est  complètement  absent  et  la  main  malformée 
semble  s'attacher  directement  sur  le  bras,  ce  qui  donne  à  l'ensem- 
ble du  membre  supérieur  l'aspect  saisissant  d'une  nageoire. 

La  main  droite  possède  quatre  doigts,  les  deux  derniers  en  syn- 
dactylie. 

Les  organes  génitaux  sont  normaux  et  du  sexe  masculin. 


42  DEUX   CAS   DE   MONSTRUOSITÉS   FŒTALES 

Les  membres  inférieurs  semblent  bien  conformés. 
Le  reste  du  corps  était  couvert  de  plusieurs  plaques  de  sphacèles 
de  différentes  dimensions  indiquant  une  mort  déjà  éloignée. 
L'orilice  anal  laissait  iiltrer  une  certaine  quantité  deméconium. 
Il  y  avait  donc  à  la  fois,  hydrocéphalie,  phpcomélie  et  ectromélie. 

Il  m'a  été  impossible,  malgré  les  recherches  les  plus  mi- 
nutieuses, de  découvrir  une  cïiuse  quelconque  pouvantexpli- 
quer  la  patbogénie  d'une  semblable  malformation.  Le  trouble 
d'évolution  qu'ont  subi  les  membres  supérieurs,  ne  saurait 
être  rattaché,  cela  va  sans  dire,  au  traumatisme  du  dernier 
temps  de  la  grossesse,  car  l'évolution  et  la  formation  de  ces 
parties  s'accomplit  à  une  époque  bien  antérieure.  C'est  vers 
la  quatrième  semaine  que  se  détache  du  tronc  le  bourgeon 
qui  doit  former  le  membre  supérieur  ;  à  l'extrémité  se  dessi- 
nent les  bourgeons  digitaux  dont  la  division  s'effectue  vers 
le  second  mois  de  la  vie  intra-utérine.  En  sorte  que  toute 
cause  susceptible  de  troubler  l'évolution  normale  des  mem- 
bres, doit  agir  dans  les  deux  premiers  mois  et  l'on  ne  saurait 
légitimement  invoquer  un  accident  survenu  plus  tard. 

Je  ne  parle  que  pour  mémoire  des  impressions  morales, 
des  objets  vus,  redoutés  ou  désirés,  toutes  causes  dont  l'in- 
âKence  va  tous  les  jours  diminuant,  et  dont  nous  ne  pourrions 
nous  expliquer  le  mode  d'action. 

Parmi  les  causes  capables  d'altérer  le  plus  profondément 
la  formation  normale  des  membres  supérieurs,  je  dois  citer 
les  adhérences  qui  se  font  entre  ces  bourgeons  embryonnai- 
res et  les  membranes  de  l'œuf.  L'atrophie,  le  défaut  de  divi- 
sion des  bourgeons  (syndactylie),  la  fusion  des  deux  bour- 
geons voisins  en  un  seul  (ectrodactylie)  sont  la  conséquence 
presque  certaine  de  ces  adhérences  embryo-amniotiques. 

Quant  à  appjécier  les  causes  plus  éloignées  qui  ont  pu 
amener  ces  adhérences  elles-mêmes,  nous  devons  avouer  ici 
notre  impuissance,  et  dire  qu'en  dehors  des  traumatismes, 
d'une  influence  héréditaire,  encore  mal  appréciée,  nous  no 
savons  absolument  rien.  La  syphilis  ne  parait  pas,  plus  qu'un 
autre  vice    constitutionnel,  être  un  facteur  fréquent  des 


REVUE   CLINIQUE.   —  TOU/AN  43 

malformations,  à  moins  cependant,  que  la  conception  ait  lieu 
dans  une  période  très  virulente  de  la  maladie,  sinon  les  fœtus 
hérédo-syphilitiques,  sont  cacochymes,  vieillots,  mais  géné« 
ralement  exempts  de  malformations. 

Dans  le  cas  que  je  viens  de  rapporter,  aucune  des  influen- 
ces connues  ne  paraissait  avoir  exercé  une  action  spéciale. 

Seule  Thydrocéphalie  et  l'absence  de  développement 
intellectuel  du  premier  né  semblent  indiquer  chez  les  pro- 
créateurs,  peu  développés  eux-mêmes  au  point  de  vue  intel- 
lectueli  une  tendance  à  donner  le  jour  à  des  enfants  à  sys- 
tème nerveux  défectueux,  peu  développé  ou  malformé. 

II.  —  PARENCÉPHALIE  ÀVKG  MALFORMATIONS  MULTIPLES 

Le  20  novembre  1891,  vers  onze  heures  du  soir,  M»"«  Tailland, 
sage-femme,  me  priait  de  l'assister  auprès  de  M"®  Suzanne  B..., 
en  travail  depuis  neuf  heures  du  matin. 

La  poche  des  eaux  était  rompue  à  deux  heures  de  raprès-midi. 
A  mon  arrivée,  j'aperçus  la  parturiente  dans  le  décubitus  dorsal, 
laissant  voir,  entre  ses  cuisses,  les  trois  quarts  du  corps  d'un  fœtus 
en  présentation  du  siège,  dos  on  arrière. 

M""»  Suzanne  B...  me  parut  bien  constituée  et  de  bassin  noi*- 
mal.  J'ai  su  plus  tard  qu'elle  avait  marché  à  dix-huit  mois,  avait 
été  réglée  à  onze  ans  et  avait  joui  d'une  excellente  santé  jusqu'à 
l'époque  de  son  mariage  survenu  le  23  mai  dernier.  Les  règles 
avaient  apparu  pour  la  dernière  fois  un  mois  jour  pour  jour  après 
le  mariage. 

Accouchement.  — Au  moment  d'intervenir,  je  remarquai,  cou- 
vrant les  grandes  et  les  petites  lèvres,  une  véritable  pléiade  de 
taches  et  de  plaques  de  mauvais  aloi  sur  lesquelles  je  reviendrai 
tout  à  l'heure. 

J'introduisis,  pour  atteindre  le  cou  du  fœtus,  l'index  et  le  mé- 
dius de  ma  main  droite  dans  le  vagin,  au  niveau  de  la  fourchette» 
tandis  que  de  ma  main  gauche,  je  soulevai  les  deux  pieds  déjà 
expulsés  et  pendants  au  dehors.  Cette  manœuvre  était  à  peine 
commencée,  avec  toute  la  douceur  et  la  lenteur  désirables  en  pareil 
cas^  qu'à  ma  grande  stupéfaction  le  tronc  se  détacha  de  lui-même 
el  tomba,  retenu  seulement  par  le  cordon  ombilical  demeuré  intact. 


44  DEUX   CAS   DE   MONSTRUOSITÉS   FŒTALES 

Ce  cordon  sectionné,  j'allai  à  la  recherche  du  placenta  et  de  la 
tète  fœtale  qui  étaient  restés  dans  la  cavité  utérine. 

A  Taide  du  spéculum  à  large  valve  de  CoUin,  éclairé  par  une 
simple  lampe  et  guidé  par  le  cordon,  je  vis  successivement  :  lo  col 
de  Tutérus  toujours  en  dilatation,  la  partie  placentaire,  à  laquelle 
adhérait  Textrémité  supérieure  du  cordon  et  une  petite  masse 
blanchâtre  qui  me  parut  être  Tovoïde  céphalique. 

Que  devais-je  enlever  tout  d'abord  ?  Le  placenta  s'engageant  le 
premier,  mon  hésitation  ne  pouvait  être  de  longue  durée.  Je  le  saisis 
avec  la  pince  à  faux-germe  de  Pajot  et  l'amenai,  en  le  détachant 
du  segment  inférieur  de  la  muqueuse  utérine  auquel  il  adhérait. 

Quant  à  la  tête,  je  la  fixai,  sans  aucun  effort,  avec  le  crochet  sou- 
ple de  Delore,  de  Lyon,  et  m'aidant  de  la  pince  à  faux-germe,  par  un 
mouvement  de  traction,  je  pus  l'extraire  sans  causer  la  moindre 
lésion  des  parties  maternelles. 

Je  terminai  l'accouchement  par  un  large  lavage  antiseptique  au 
bichlorure  de  mercure  des  organes  génitaux  internes  et  externes 
de  la  parturiente. 

État  de  la  m<)re.  —  J'ai  mentionné  l'existence  de  plaques  et  de 
taches  couvrant  les  grandes  et  les  petites  lèvres  do  M"«  Su- 
zanne B... 

La  délivrance  achevée,  j'examinai  plus  attentivement  la  malade. 
Les  ganglions  de  Taine  étaient  saillants  et  douloureux,  ceux  de  la 
région  cervicale  et  sous-maxillaire  faisaient  également  saillie  on, 
plus  exactement. présentaient  uneinduration  prononcée,  caractéris- 
tique. A  la  bouche  la  lèvre  inférieure  portait,  à  gauche,  la  cicatrice 
d'une  ulcération  relativement  récente.  Enfin  M"«  B...  me  parut 
manifestement  avoir  perdu  la  plus  grande  partie  de  ses  cheveux. 

Je  cherchai  autour  d'elle,  des  renseignements  qui  pouvaient 
confirmer  le  diagnostic  de  syphilis  secondaire  qui  me  paraissait 
évident. 

J'appris  que  la  parturiente  avait  été  couverte  d'une  éruption 
analogue  à  celle  de  la  roséole,  que  ses  cheveux  étaient  effective- 
ment tombés  en  quantité  considérable. 

Enfin  son  mari  m'avoua  s'être  marié  atteint  de  syphilis,  porteur 
d'un  chancre  induré  et  unique  à  la  lèvre  inférieure.  Il  avait  encore 
des  plaques  muqueuses  dans  la  bouche,  comme  sa  femme  du  reste, 
et  sa  gorge  présentait  au  niveau  des  piliers  antérieurs,  l'inilam- 
matiou  caractéristique  en  forme  de  coeur  de  carte  i\  jouer. 


REVUE   CLINIQUE  —   TOUJAN  45 

Le  diagnostic  se  confirmait,  et  Taccouchernent  prématuré  de 
M'"*  B...  avait  été  provoqué  par  son  état  pathologique  spécial. 

Autopsie  du  fœtus.  —  Le  fœtus,  de  six  mois  et  demi  environ, 
me  parut  mort  depuis  une  quinzaine  de  jours,  laps  de  temps  pen- 
dant  lequel  sa  mère,  qui  ne  le  sentait  plus  remuer,  subit  des  trou- 
bles profonds. 

Il  portait  sur  le  corps  des  marques  évidentes  de  putréfaction  au 
début,  taches  bleuâtres,  ulcérations  sur  les  fesses. 

Dans  ces  conditions,  ne  pouvant  songer  à  le  garder  davantage, 
je  résolus,  quoique  l'heure  fût  avancée  (minuit  et  demi),  d'en  faire 
sur-le-champ  l'autopsie . 

Il  pesait  2200  grammes,  mesurait  quarante-trois  centimètres  de 
longueur  et  vingt  centimètres  de  circonférence  thoracique. 

Voici  le  résultat  de  la  nécropsie  : 

Tête.  —  La  tôte  était  bien  au-dessus  du  volume  normal  d'un 
fœtus  de  cet  âge  ;  en  la  saisis^^ant  entre  les  mains,  on  sentait  une 
masse  pleine  de  liquide,  prenant  la  forme  aplatie  par  une  légère 
compression.  La  face  était  lisse,  on  aurait  dit  que  la  ûgiire  était 
recouverte  d'un  voile;  on  ne  constatait  aucune  trace  des  ouver- 
tures buccale,  nasale  et  oculaire. 

En  ballottant  la  tête,  on  percevait  le  bruit  d'un  choc  de  liquide 
contre  les  parois. 

À  rouverture  du  crâne,  pratiquée  avec  de  simples  ciseaux,  il  s'est 
écoulé  environ  150  grammes  d'un  liquide  séro-sanguinolent.  Le 
cerveau  manquait  dans  sa  presque  totalité.  Des  vestiges  du 
chiasma  des  nerfs  optiques  existaient.  Le  lobe  gauche  du  cervelet 
était  à  moitié  apparent,  à  rencontre  du  lobe  droit  qui  était  absent. 
Le  bulbe  paraissait  entièrement  formé. 

Cou,  —  La  tête  était  reliée  au  thorax  par  un  pédicule  de  trois 
centimètres  de  long  sur  quatre  centimètres  d'épaisseur  contenant 
deux  carotides,  deux  jugulaires  d'un  calibre  très  petit,  entourant 
un  cordon  qui  me  parut  un  reste  de  l'œsophage. 

Des  vertèbres  cervicales,  on  ne  voyait  que  l'axe  antérieur  do 
l'atlas. 

Thorax.  —  Poumons  incomplètement  développés,  lobe  supérieur 
absent. 

Cœur.  —  Le  cœur  gauche  seul  existait.  La  veine  cave  inférieure 
se  bifurquant  à  quatre  centimètres  du  cœur  en  deux  branches, 
l'inférieure  allant  au  trou  de  Botal,la  supérieure  s'abouchant  avec 


46  DEUX   CAS   DE   MONSTRUOSITÉS  FOETALES 

une  crosse  aortique  de  cinq  centimètres  de  long  sur  doux  de  large 
en  son  plus  grand  diamètre. 

Le  diaphragme  est  représenté  par  deux  petites  lames  à  la  base 
du  thorax. 

Abdomen.  —  Les  intestins  sont  constitués  par  un  tube  renflé  à 
sa  partie  supérieure^  renilement  représentant  probablement  la  poche 
stomacale  et  se  terminant,  après  plusieurs  circonvolutions,  dans 
le  bassin. 

Foie.— Le  foie  est  excessivement  développé,  remplissant  presque 
toute  la  cavité  abdominale. 

Organes  génitaux,  —  Les  organes  génitaux  sont  du  sexe  mas- 
culin et  bien  conformés. 

Telles  sont  les  remarques  que  j'ai  pu  faire  au  cours  de  cette  au- 
topsie hâtive  mais  consciencieusement  pratiquée. 

Je  dois  déclarer,  en  terminant,  que  les  suites  de  couches  ont  été 
très  heureuses  et  complètement  apyrétiques. 

Un  traitement  antisyphilitique,  institué  dès  le  lendemain,  a  déjà 
donné  d'excellents  résultats. 

M"*  B...  s'est  levée  pour  vaquer  i\  ses  occupations  ordinaires  le 
dix-huitième  jour  après  sa  délivrance. 

Tels  sont  les  deux  cas  de  monstruosité  qu'il  m'a  été  donné 
d'observer  dans  la  même  semaine.  Dans  cette  dernière 
observation,  c'est-à-dire  chez  M"«  B...,  l'influence  combinée 
de  la  syphilis  du  père  et  de  la  syphilis  de  la  mère  doit  seule 
être  incriminée.  L'action  virulente  de  la  maladie  s'est  tra- 
duite chez  l'enfant  par  des  malformations  multiples  dont 
Tatrophie  des  bourgeons  de  la  face  est  le  trait  le  plus  sail- 
lant. 

Il  est  donc  légitime  de  dire,  en  manière  de  conclusion,  et 
d'après  les  deux  observations  que  je  viens  de  rapporter,  que 
si  la  syphilis  des  procréateurs,  déjà  ancienne,  atténuée  par 
conséquent,  tue  le  fœtus  en  apportant  un  obstacle  grave  à  la 
nutrition,  la  syphilis  précoce,  virulente,  entrave  le  dévelop- 
pement d'une  façon  si  considérable  que  l'évolution  noi:male 
s'en  trouve  enrayée. 


SOCIÉTÉ   DE  GHIBURGIE  47 


REVUE  DES  SOCIETES  SAVANTES 


80CIKTÉ   DE  CHIRURGIE 

Séance  du  22  jum  181)2. 

Fistules  recto-vaginales. 

M.  Routier,  après  avoir  insisté  sur  les  diflicultés  de  l'oblitéra- 
tion de  ces  fistules,  après  avoir  montré  les  divers  inconvénients 
des  procédés  vantés  dans  ces  derniers  temps,  en  particulier  par 
MM.  Le  Dentu,  Quénu,  etc.,  cite  l'observation  suivante  :  Une 
femme,  ftf^ée  de  23  ans,  ayant  présenté  une  déchirure  du  périnée 
après  un  accouchement  par  le  siège,  subit  une  périnéorrhaphie. 
Le  périnée  étant  très  épais,  la  restauration  se  fit  très  bien  en  bas, 
mai«  manqua  dans  le  haut.  Il  en  résulta  une  fistule  située  au-dessus 
du  sphincter,  à  1  centimètre  1/2  de  la  vulve  ;  puis  une  rectite  avec 
débftcle  glaireuse  se  déclara.  Dans  ces  conditions,  on  opéra  d'abord 
cette  malade  par  Tavivement  simple  de  la  suture  de  la  fistule. 
Insuccès  complet.  C'est  alors  que  M.  Routier  vit  la  malade  et 
Topera,  le  7  décembre  1891,  par  le  procédé  de  M.  Félizet.  Il  n'ob- 
tint qu'un  résultat  pitoyable.  Il  dut  alors  faire  la  section  du  péri- 
née et  une  périnéorrhaphie,  après  résection  des  bords  de  la  fistule. 
Guérison.  Cette  observation  démontre  qu'en  somme  le  meilleur 
procédé  de  traitement  pour  les  fistules  recto- vaginales  est  la  péri- 
néorrhaphie et  que  le  procédé  de  M.  Félizet  lui  est  bien  inférieur. 

M.  Pozzi.  —  Le  dédoublement  simple  du  périnée  sans  sutures 
ultérieures,  c'est-à-dire  le  procédé  ancien  qui  remonte  à  Sauce- 
rotte  (1801),  n'a  donné  jusqu'ici  que  de  notoires  insuccès.  A  son 
avis,  le  seul  traitement  de  ces  fistules  recto-vaginales  est  la  péri- 
néorrhaphie faîte  sans  préoccupation  de  la  fistule.  Reste  à  savoir 
maintenant  quel  est  le  meilleur  procédé  de  périnéorrhaphie  à 
employer  quand  le  périnée  est  compromis,  c'est-à-dire  quand  il 
y  a  rupture  sous-cutanée  du  périnée  ;  le  meilleur  procédé  est 
celui  de  Lawson  Tait,  c'est-à-dire  le  dédoublement  très  larf>:e 
du  périnée,  qui  ménage  la  région  et  permet  cependant  le  dépla- 
cement et  la  mobilisation  du  rectum.  La  méthode  de  Tait  est 
applicable  dans  tous  les  cas,  mais  surtout  quand  le  périnée  est 


48  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

très  Uasque  ;  pourtant,  quand  ce  dernier  est  solide  et  intact,  ce 
procédé,  quoique  très  liardl,  est  encore  indiqué.  Quand  la  ûstule 
siège  très  haut,  tout  près  du  col  de  l'utérus,  Sœnger  a  démontré 
que  la  périnéotomie  transversale  permettait  de  les  guérir,  à  con- 
dition de  faire  des  décollements  considérables.  Dans  les  cas  ana- 
logues à  celui  de  M.  Routier,  la  périnéorrhaphie  pourrait  peut-être 
être  remplacée  par  une  opération  plus  simple  :  la  suture  directe  de 
la  fistule  parle  vagin,  cette  suture  étant  faite  soit  par  le  procédé 
de  Fristch,  soit  grâce  à  l'aide  du  perfectionnement  indiqué  par 
Saenger. 

M.  Bazv,  quand  il  a  à  traiter  une  ûstule  recto-vaginale,  néglige 
de  s'occuper  de  la  fistule  et  fait  la  périnéorrhaphie  ;  dans  un  cas 
où  le  périnée  était  détruit,  il  a  employé  le  procédé  d'Ëmmet  ; 
quand  le  périnée  est  conservé,  il  a  recours  au  procédé  de  Lawson 
Tait. 

M.  Marc  Sée.  —Chez  une  femme  jeune,  ayant  une  fistule  recto- 
vaginale,  suite  d'un  accouchement,  mais  ayant  le  périnée  encore 
intact  au-dessous  de  la  fistule  très  haut  placée  et  dans  laquelle 
pouvait  pénétrer  l'index,  il  fondit  en  arrière  le  sphincter  anal  et 
se  créa  ainsi  une  large  voie  pour  arriver  sur  la  cloison  recto-vagi. 
nale.  Il  put  alors  aviver  la  ûstule  et  suturer  la  muqueuse  rectale 
en  fermant  la  fistule  de  ce  côté  ;  puis  par  le  vagin  il  ût  de  môme. 
Il  ne  referma  pas  l'incision  faite  en  arrière  du  rectum  et  tam» 
ponna  ce  dernier  avec  de  la  gaze  iodoformée.  La  malade  guérit 
très  bien  et  ne  présenta  jamais  d'incontinence  des  gaz. 

M.  Terbier  a  opéré,  il  y  a  plus  d'un  an,  une  ûstule  recto-vagi- 
nale d'une  variété  spéciale  par  un  procédé  qui  lui  semble  nouveau. 
Il  n'a  pas  été  satisfait  du  résultat,  mais  il  pense  que  cela  est  dû  à 
ce  que  son  opération  a  été  forcément  incomplète.  U  s'agissait  d'une 
femme  présentant  une  collection  purulente  dans  le  petit  bassin, 
collection  communiquant  d'une  part  avec  le  vagin,  d'autre  part 
avec  le  rectum.  Il  en  résultait  qu'à  certains  moments  le  rectum 
communiquait  avec  le  vagin  par  une  ûstule  très  haut  placée.  M.  le 
D'  Terrier  résolut  d'attaquer  cette  ûstule  par  la  voie  sacrée.  Âpres 
avoir  dénudé  le  vagin  et  le  rectum,  il  ouvrit  la  poche  purulente, 
aperçut  les  orifices  de  communication  du  rectum  et  de  la  poche  au 
fond  d*un  infundibulum  très  profond.  Il  ût  une  suture  au  niveau 
du  rectum.  Au  contraire,  au  niveau  du  vagin,  il  ne  pratiqua  au- 
cune suture  :  ce  qu'il  aurait  dà  songer  à  faire  à  ce  moment-là.  La 


DU   PLACENTA  49 

malade  est  restée  guérie  1  mois  après  cette  intervention  ;  mais 
une  fistule  survint  alors,  mais  elle  était  très  petite.  M.  Terrier 
est  convaincu  que,  s'il  avait  fait  la  suture  du  vagin,  la  malade  se- 
rait complètement  guérie. 

M.  Lucas-Championniâre  ne  partage  pas  l'optimisme  de  la  plu- 
part des  auteurs  sur  le  traitement  des  fistules  recto- vaginales. 
Les  malades  ne  se  ressemblent  pas  du  tout.  Il  y  a  des  cas  très 
difficiles,  ainsi  que  le  prouvent  plusieurs  opérations  que  dte 
M.  Championnière.  Il  ne  comprend  pas  pourquoi  les  auteurs  hésitent 
à  pratiquer  la  périnéorrhaphie  dans  ces  cas.  Le  périnée  ne  manque 
jamais  :  ce  qui  manque,  c'est  la  fistule.  M.  Labbé  et  d'autres 
auteurs  ont  fait  à  diverses  reprises  l'opération  qu'a  décrite  M.  Sée. 

M.  Marchand  a  opéré  cinq  cas  de  fistules  recto- vaginales.  Dans 
un  cas,  la  malade  opérée  deux  fois  de  suite  ne  fut  pas  guérie.  Danji 
trois  autres  cas,  la  section  du  périnée  donna  trois  guérisons. 

M.  Régnier  a  fait  deux  opérations  de  périnéorrhaphie  avec 
succès,  dans  des  cas  analogues.  Il  appuie  les  remarques  de 
M.  Lucas-Ohampionnière. 

M.  Pozzi  insiste  pour  qu'on  remarque  bien  la  différence  qu'il  y 
a  entre  les  diverses  opérations  qui  ont  été  proposées  pour  la  cure 
des  fistules  recto-vaginales.  Pour  lui,  on  n'est  pas  au  même  point 
où  Ton  en  était  il  y  a  quelques  années,  quoi  qu'en  dise  M.  Cham- 
pionnière. On  sait  qu'il  y  a  des  cas  qui  doivent  être  plutôt  traités 
par  un  procédé  que  par  un  autre. 

M.  Routier.—  Les  remarques  formulées  par  M.  Pozzi  sont  très 
exactes.  Je  n'ai  cité  mon  observation  que  pour  montrer  llnfériorité 
de  certains  procédés  et  la  supériorité  de  quelques-uns,  entre  autres 
la  périnéorrhaphie. 

A.  B. 


REVUE  ANALYTIQUE 


I.  —  DU  PLACENTA 

Études  nouvelles  sur  le  développement  du  placenta  humain.  (Wei- 
tere  Studien  ûher  die  Entwicklung  der  menschlichen  Placenta), 
Gk)TTSCHALK.  Arch.  f,  Qyn.y  Bd  XL,  Hft  2,  p.  209. 

Il  s'agit  d*une  étude  très  laborieuse,  dont  nous  analyserons  seu- 

A».  Dl  OTX    —  fOL.  XZXTXZL  é 


&0  REVUE  ANALYTIQUE 

lement  quelques  chapitres,  car  il  nous  parait  diilicile  de  donner, 
ici,  un  aperçu  suffisant  de  l'œuvre  complote  :  1)  Paroi  limitante 
déciduale.  Sinus  coronaire.  Circulation  sanguine  placentaire. 
Sous  le  nom  de  ^  paroi  limitante  déciduale  >,  Gottschalk  désigne 
la  portion  de  caduque  appelée  aussi  «  caduque  placentaire  sous- 
choriale  »  (KôlUker),  «  anneau  d'occlusion  »,  Schlussringe  (Wal- 
deyer).  La  sérotine  forme';une  certain  nombre  de  saillies,  mais,  en 
dehors  de  ces  saillies,  il  s'en  rencontre  une  plus  élevée,  circulaire, 
et  qui  siège  au  point  de  conjonction  de  la  sérotine,  de  la  caduque 
réfléchie  et  de  la  caduque  vraie.  Sur  une  pièce  pathologique  décrite 
par  l'auteur,  elle  était  haute  de  16  millim.  et  épaisse  de  1  à 
1-2  1/2  millim. 

Ce  relief  circulaire  qui  marche  à  la  rencontre  du  chorion  se 
dirige  en  haut  et  en  dedans,  et  forme  une  sorte  de  cône  tronqué, 
dont  le  sommet  est  constitué  par  le  chorion  et  la  base  par  la  séro- 
tine. Histologiquement,  ce  relief  circulaire,  cette  c  paroi  Wmi- 
tante  >  est  constituée  par  la  couche  cellulaire  de  la  caduque 
vraie  qui  borde  la  sérotine  ;  c'est  la  caduque  vraie,  non  la  séro- 
tine, qui  la  forme.  La  couche  glandulaire,  comprenant  quelques 
orifices  glandulaires,  concourt  à  cette  formation  qu'on  peut  se 
représenter  de  la  façon  suivante  :  le  relief  décidual,  en  massue, 
développé  autour  de  la  sérotine  et  aperçu  par  Tauteur  dés  la  pre- 
mière moitié  du  second  mois  de  la  grossesse  exerce,  à  mesure  qull 
se  développe^  une  traction  sur  la  couche  cellulaire  de  la  porUon 
sous-jacente  de  la  caduque  vraie.  Sous  Tinfluence  de  cette  trac- 
tion la  couche  spongieuse  subit  d'abord  un  mouvement  centripète 
vers  le  fœtus,  mais,  à  la  limite  de  son  extensibilité,  le  tissu  de 
cette  couche  cède,  se  déchire^  et,  de  ce  fait,  il  se  produit^  dans  l'in- 
térieur de  la  caduque  vraie,  une  fente»  une  solution  de  continuité 
dont  rétendue  est  évidemment  proportionnelle  au  degré  de  la 
traction  imprimée  par  la  couche  cellulaire.  Cette  fente  a  sa  plu« 
grande  largeur  au  pourtour  de  la  sérotine  et  s'amincit  de  plus  en 
plus  à  mesure  qu'elle  s'en  écarte.  Ce  processus  de  division,  de 
lamination  déciduale  dans  l'intérieur  de  la  caduque  vraie^ 
conséquence  delà  fonnation  de  la  paroi  limitante,  possède  une 
grande  impot^tance  relativement  au  développement  en  surface 
du  placenta;  d'autre  part,  c'est  à  ce  pi^ocpssus  que  le  sinus 
coronaire  (Ringsinus)  doit  aussi  sa  production. 

Sur  le  tiers  supéU'ieur  de  la  paroi  limitante^  et  sur  sa  face 


DU  PLACENTA  5i 

\ 

externe  se  trouvaient,  faiblement  accolées,  quelques  villosités  ; 
elles  ne  pénétraient  pas  le  tissu.  Or,  si  ces  villosités  s'étaient 
ultérieurement  développées  davantage,  elles  auraient  évidem^ 
ment  atteint  la  portion  marginale  de  la  caduque  réfléchie  et 
fusionnée  avec  elle.  En  conséquence,  même  dans  le  processus 
physiologique,  il  peut  se  rencontrer  dans  la  caduque  réfléchie, 
marginale^  des  villosités  émanées  du  chorion  touffu. 

En  ce  qui  concerne  le  système  vasculaire,  voici  ce  que  l'auteur  a 
observé  :  sur  une  coupe  intéressant  la  paroi  limitante,  et  le  tissu 
sous-jacent,  il  y  avait  une  artère  très  sinueuse,  qui  allait  en  se 
dilatant  de  plus  en  plus  à  mesure  qu'elle  s'avançait  vers  Tœuf  ; 
par  contre,  ses  parois  devenaient  de  plus  en  plus  minces,  et  elle 
finissait  par  se  résoudre  en  un  réseau  qui,  à  la  surface  de  la  paroi 
limitante,  déversait  le  sang  par  quelques  orifices  entre  cette  paroi 
et  la  caduque  réfiéchie.  Des  capillaires  veineux  et  des  veines,  qui 
se  dilataient  de  plus  en  plus  en  cheminant  vers  le  placenta,  se 
réunissaient  dans  un  espace  dépourvu  de  parois,  de  forme  varia- 
ble, Tespace,  résultant  de  la  solution  de  continuité  produite  au 
niveau  de  la  couche  spongieuse  par  la  formation  de  la  paroi  limi- 
tante et  correspondant  à  Tangle  formé  par  la  base  de  cette  paroi 
et  la  base  de  la  fente  adjacente. 

Cet  espace  sanguin,  au  résumé,  s^alimente  de  tout  un  plexus 
de  vaisseaux  veineux,  et  constitue  le  sinus  commun  pour  les 
veines  du  bord  placentaire  et  de  la  paroi  limitante, 

La  dénomination  de  c  sinus  marginal  »,  que  lui  ont  donnée 
les  auteurs  est  donc  parfaitement  appropriée. 

L'auteur  ne  se  range  pas  à  Topinion  de  KMliker  que  presque 
tout  le  sang  veineux  s'écoule  par  le  sinus  coronaire.  Ce  sinus  reçoit 
spécialement  le  sang  veineux  des  régions  périphériques  du  déli- 
vre ;  toutefois,  il  est  en  connexion  avec  tous  les  sinus  sanguins 
par  les  espaces  fœtaux  interviileux.  Survient-il  dans  un  sinus 
sanguin  des  phénomènes  de  stase  sanguine,  immédiatement  le  sang 
peut  trouver  une  issue  à  travers  les  espaces  fœtaux  villeux,  et 
s'écouler  dans  les  sinus  voisins  ou  môme  dans  le  sinus  marginal. 
Toute  stase  sanguine  prolongée  se  trouve  ainsi  prévenue.  En  cer- 
tains cas,  il  peut  survenir,  au  môme  moment,  une  obstruction  telle 
d'un  grand  nombre  des  orifices  utérins  de  dégagement  des  sinus 
sanguins  que  presque  tout  le  sang  s'écoule  forcément  dans  le 
sinus  marginal,  qui  devient  la  voie  efférente  obligée. 


62  REVUE  ANALYTIQUE 

Mais,  dans  les  conditions  ordinaires,  il  est  avéré  que  chaque 
sinus  sanguin  a  ses  vaisseaux  afférents  et  efférents.  D'une 
manière  générale^  et  conformément  à  l'opinion  de  Bumm,  c'est 
le  mouvement  de  vis  à  tergo  imprimé  au  sang  dans  chaque  sinus 
par  Fondée  artérielle  qui,  surtout,  régularise  la  circulation  pla- 
centaire. 

8)  Le  l'accroissement  en  surface  du  placenta.  —  Hofmeier 
dit  que  c  dans  les  tout  à  fait  premières  semaines  de  la  grossesse, 
aussi  longtemps  que  Tœuf  ne  s^est  pas  encore  étalé  sur  une  très 
grande  partie  de  la  muqueuse  »,  il  est  vraisemblable  que  les  cou- 
ches de  la  caduque  vraie  s'étirent,  se  décollent  et  continuent  la 
caduque  réfléchie,  et  que,  simultanément,  les  villosités  choriales 
bourgeonnant  s'implantent  dans  les  couches  profondes,  élargissant 
ainsi  la  zone  d'insertion  primitive  de  l'œuf. 

Tadmets,  dit  Gottschalk,  ce  p7*ocessus,  mais  sous  cette  réserve 
importante,  qu'il  continue  non  seulement  pendant  lespre* 
mières  semaines  de  la  grossesse,  mais  jusqu'à  ce  que  Vœuf  ait 
rempli  complètement  la  cavité  utérine^  c'ôs^-d-dîre  jusqu'au 
commencetnent  du  troisième  mois.  La  caduque  réfléchie,  en 
effet,  ne  peut  suivre  le  développement  de  l'œuf^  qu'à  condition  de 
soulever  les  couches  superficielles  de  la  caduque  vraie  et  de  les 
attirer  à  elle.  Elle  trouve  ainsi  les  éléments  nécessaires  à  sa  pro- 
pre structure  et,de  plus,elle  facilite  l'extension  des  villosités  par  la 
solution  de  continuité  qu'elle  produit  au  niveau  de  la  couche  spon- 
gieuse. On  conçoit  aussi  que  cette  membrane  soit  plus  mince,  plus 
atrophiée  au  niveau  du  pôle  de  l'œuf  opposé  à  la  zone  d'implanta- 
tion, plus  épaisse  au  contraire  en  son  point  de  réflexion  au  ni- 
veau de  la  caduque  vraie. 

C'est  seulement  lorsque  la  caduque  réfléchie  s'accole  intime- 
ment à  la  caduque  vraie,  lorsqu'aussi  il'œuf  remplit  complètement 
la  cavité  utérine,  que  la  caduque  réfléchie  est  allégée  dans  un  cer-» 
tain  degré  de  la  pression  exercée  par  l'œuf,  pression  qui,  alors,  se 
répartit  aussi  sur  la  paroi  utérine.  Alors  seulement  la  caduque 
réfléchie  a  atteint  son  point  de  départ  définitif  de  la  caduque 
vraie,  alors  seulement  aussi  est  terminé  le  rudiment  de  la 
caduque  réfléchie. 

Dans  la  suite  de  la  grossesse,  la  caduque  réfléchie  ne  s'empare 
plus  de  tissus  appartenant  à  la  caduque  vraie.  Dès  lors,  elle  se 
développe  parallèlement  à  l'utérus,  o'est^à'Klire  qu'elle  s'étira  et 


DU  PLACENTA  53 

s'amincit  de  plus  en  plus.  Seulementy  avec  la  terminaison  corn- 
pîète  du  rudiment  de  cette  membrane,  V extension  de  la  sera- 
tine  n'est  pas  complètement  achevée.  L'aire  de  la  caduque  utéro- 
placentaire  s'accroît  en  efifet,  et  grâce  au  processus  de  formation  de 
la  paroi  limitante,  car  la  séparation  que  ce  processus  entraîne  au 
niveau  de  la  caduque  vraie,  favorise  la  pénétration  et  l'implanta* 
tion  à  ce  niveau  de  nouvelles  villosités.  En  résumé,  Vachèvement 
de  la  sérotine  coïncide  avec  celui  de  la  paroi  limitante. 

L'auteur,  se  basant  sur  les  notions  précédentes,  étudie  ensuite 
une  foule  de  points  qui  ont  trait  à  la  pathologie  du  placenta  : 
placenta  prœvia^  placenta  marginata,  succenturié,  etc.,  etc.,  et 
termine  par  une  étude  du  chorion  touffu  et  de  ses  villosités  au 
3*  mois  de  la  grossesse. 

xv«  L. 

L'accroissement  prétendu  du  placenta  après  la  mort  du  fœtus,  dans 
la  grossesse  extra-utérine.  (Oh  the  allegedgrowth  of  the  placenta  in 
extra-uterine  gestation  after  the  death  of  the  fœtus.)  D.  Berry 
Hart,  d'Edimboucg.  Am,  J.  of  ObsL,  juin  1892,  p.  721. 

Hart  cite  un  passage  où  L.  Tait  dit  que  les  descriptions  des  auteurs 
établissent  le  fait,  Textrait  d'une  discussion  qui  eut  lieu  en  1887  à 
la  Société  obstétricale  de  Londres  (06s^.2Vans.,XXIX,  p.  506  ;  puis 
il  cite  Kn.  Thornton  (Brit,  Cryn.  Journ.,  IV,  p.  37,  Fr.  Barbour 
(Gynecology)  et  Bland  Sutton  (Disea^es  of  the  Ovaries)  qui  admet 
la  possibilité  du  fait. 

Mais  il  ne  Faccepte  pas  lui-même.  Il  faudrait,  dit  il,  avant  tout, 
prouver  : 

•  1»  Que  le  placenta,  lorsque  le  fœtus  est  vivant,  est  distincte- 
«  ment  plus  petit  que  dans  les  cas  où  le  fœtus  est  mort  quelque 
c  temps  avant  l'examen. 

«  2'»  La  partie  qui  a  continué  de  s'accroître  doit  être  démontrée 
c  par  des  préparations  microscopiques.  » 

Cette  preuve  n'a  pas  été  faite. 

Puis  Hart  discute  en  détail  quelque  cas,  et  donne  des  figures  à 
Tappui  de  son  dire.  A.  Cordes. 

Delà  production  du  placenta  pr^evia.  (Die  Enstehungder  placenta 
prsevia),  Ahlpeld.  Zeitsch.  f  Geb,  u.  Gyn,  Bd  XXI,  Hft  2, 
p.  335. 

On  sait  qu'Hofmeier  se  fondant  sur  les  constatations  faites  sur 


54  RKVUE  ANALYTIQUE 

un  œuf  abortif ,  gémellaire,  est  arrivé  à  cette  conclusion  :  le  pla- 
centa prcevia  n'est  autre  chose  qu'un  placenta  formé  aux  dépens 
de  la  caduque  refléchie  qui  co^Tespond  au  pôle  infétHeur  de 
Vœuf,  placenta  qui,  ultérieurement,  fusionne  avec  la  caduque 
vraie  du  segment  inférieur  de  la  matrice.  On  sait  aussi  que 
Kaltenbach  a  fait  des  constatations  analogues  à  celles  d'Hofmeier 
eur  deux  utérus  extirpés  pour  cause  de  dégénérescence  cancéreuse, 
et  qu'il  s'est  absolument  rallié  à  la  nouvelle  théorie  :  «  le  placenta 
estpran)ia  quand  les  villosités  choHales  persistent  ou  se  refor- 
ment dans  la  caduque  réfléchie  au  niveau  du  pôle  inférieur 
de  Vœuf;  cette  anomalie  placentaire  est  le  résultat  d'un  processus 
à  Taide  duquel  le  fœtus  cherche  à  s'assurer  l'oxygène  et  les  prin- 
cipes nutritifs  qui  lui  sont  nécessaires  ». 

Par  contre,  Ahlfeld  combat  la  nouvelle  théorie  et  il  résume,  dans 
ce  travail,  ses  objections  de  la  façon  suivante  :  a)  l'œuf  gémellaire 
sur  lequel  Hofmeier  a  voulu  trouver  la  démonstration  anatomique 
de  sa  théorie  a  été  tellement  lésé,  qu'on  est  en  droit  de  douter 
de  la  légitimité  des  conclusions  tirées  de  l'état  anatomique 
observé. 

h)  Si  môme  la  manière  de  voir  d'Hofmeier  s'était  réalisée,  c'est-à- 
dire  qu'au  bout  d'un  certains  temps  il  se  fût  formé  dans  cet  œuf 
un  lobe  placentaire  au-dessus  de  l'orillce  interne,  ce  n'eût  jamais 
été  qu'un  «  placenta  prœvia  spuria  ». 

c)  Vraisemblablement,  il  n'y  aurait  pas  môme  eu  formation  d'un 
^  placenta  prœvia  apparent  »  (spwrw),  mais  le  tissu  placentaire 
de  la  portion  de  caduque  réfléchie  située  profondément  se  serait, 
dans  la  suite  du  développement  de  l'œuf,  atrophié,  et  on  n'aurait 
plus  trouvé  à  ce  niveau  qu'une  réflexe  épaissie  ainsi  qu'on  en 
observe  très  fréquemment  à  la  périphérie  de  l'arrière-faix. 

d)  Quant  aux  deux  utérus  enlevés  par  hystérectomie  vaginale 
pour  dégénérescence  cancéreuse,  ils  sont  encore  moins  propres  à 
servir  de  fondement  à  la  théorie  d'Hofmeier-Kaltenbach  ;  car,  il 
est  fort  probable  qu'il  s'agit  U  d'un  processus  de  développement 
normal,  car,  d'une  part,  Tœuf  ne  s'insérait  pas  anormalement  bas 
et  que  d'autre  part  la  transformation  du  chorion  frondosum  en 
chorion  lœve  n'était  pas  terminé. 

La  théorie  nouvelle  ne  permet  pas  d'expliquer  les  phénomènes  les 
plus  importantes  qui  se  manifestent  au  cours  du  placenta  prrevia, 
elle  ne  fournit  en  effet  aucune  explication  sufQsante. 


DU   PLACENTA  55 

a')  Du  relâchement,  da  ramollissement  du  segment  inférieur  de 
Tutérus  et  du  col. 

&*)  De  rhémorrhagle  durant  la  grossesse. 

&)  De  la  formation  de  thromboses,  constatables  sur  l'utérus  puer- 
péral» au  niveau  de  l'orifice  interne. 

d')  De  l'adhérence  solide,  si  fréquemment  observée^du  lobe  situé 
le  plus  bas,  avec  la  caduque. 

«')Derinsertionmarginale  sur  laportion  placentaire  se  présentant 
la  première,  insertion  si  commune  dans  les  cas  de  placenta^praevia. 

/')  Des  nombreuses  anomalies  de  forme  du  placenta  prœvia. 

g^  De  la  production  réitérée  du  placenta  praevia  dans  les  gros- 
sesses successives  ;  récidive  si  souvent  relevée. 

Les  raisons  invoquées  par  Hofmeier  et  Kaltenbach  contre  la 
théorie  ancienne  sont  impuissantes  à  la  ruiner. 

1)  La  nidation  primitive  de  l'œuf  dans  le  voisinage  et  même  au- 
dessus  de  Torifice  interne  f^st  parfaitement  possible,  parce  que,  dés 
le  début  de  la  grossesse,  l'orifice  externe  est  rétréci  du  fait  du  déve- 
loppement de  l£^  caduque  ;  il  n'y  a  plus  de  sécrétion  venant  de  la 
cavité  utérine. 

2)  A  mesure  que  s'accomplit  le  développement  excentrique  de  la 
cavité  utérine,  l'œuf  peut  très  bien  se  développer  de  bas  en  haut. 

3)  On  comprend  aussi  que  le  chorion  d'un' œuf  à  insertion  très 
basse  peutse  développer  ultérieurement  sur  l'orifice  interne,  si  l'œuf 
met  à  s'entourer  de  la  caduque  réfléchie  plus  de  temps  qu'on  ne 
le  croit  en  général. 

4)  La  théorie  ancienne  élucide  suffisamment  les  phénomènes  qui 
signalent  l'évolution  du  placenta  prœvia  par  le  fait  que  la  portion 
la  plus  basse  du  segment  inférieur  de  la  matrice  est  réellement 
transformée  en  caduque;  enfin,  elle  explique  mieux  que  la  nou- 
velle les  faits  cliniques  anatomiques  énumérés  de  a'  g\ 

R.  L. 

Nouvelle  contrlbation  à  l'étude  du  placenta  prsBvia  (Ein  neuer  Bci- 
trag  zur  Lehre  von  der  Placenta  praevia),  F.  Ahlfeld.  Cent,  f. 
Gyn.,  1892,  n»  12,  p.  225. 

Ahlfeld  relate  une  observation  destinée  à  démontrer  que  Vœuf 
s'est  primitivement  inséré  sur  le  segment  inférieur  de  Vutérus, 
et  que  le  placenta  de  cet  œuf  s'est  développé  jusqu'à  Vorifice 
interne. 


56  REVUE  ANALYTIQUE 

Ob8.  —  Elle  concerne  une  femme  qui  fut  apportée  à  la  clinique 
parce  qu'à  8  mois  environ  de  grossesse  elle  avait  été  prise  d'une 
hémorrhagie  abondante.  Lors  de  son  admission,  on  put,  à  travers 
la  cavité  cervicale  qui  admettait  un  doigt,  sentir  le  tissu  placen- 
taire. L'hémorrhagie  cessa  sous  Tinfluence  du  repos,  mais,  un  mois 
après  environ,  elle  se  reproduisit  à  deux  reprises,  et  la  seconde 
fois  si  violente  que  la  nécessité  de  faire  l'accouchement  s'im- 
posa. Orifice  externe  admettant  2  doigts  et  dilatable.  Immédiate- 
ment au-dessus  de  la  symphyse,  on  arrive  sur  les  membranes.  Les 
autres  points  de  la  partie  accessible  du  pôle  inférieur  de  Tœuf  ne 
donnent  la  sensation  que  d'un  tissu  villeux.  Rupture  des  mem- 
branes à  ce  niveau,  saisie  d'un  pied,  version,  extraction  lente.  Enfant 
vivant.  80  minutes  après,  délivrance  par  expulsion  du  placenta.' 

Placenta  et  membranes  complets.  L'arrière-faix  a  la  forme  d'un 
triangle,  dont  l'extrémité  correspondait  à  l'orifice  interne.  La  base, 
longue  de  17  centim.,  était  située  en  haut,  les  2  côtés  mesurent 
14,5  et  12  centim.  Poids,  550  grammes,  en  rapport  avec  celui  de 
l'enfant  8,150  gr.  L'épaisseur  est  celle  d'un  délivre  normal,  un  peu 
plus  forte  cependant  au  niveau  de  la  pointe  inférieure.  D'autre 
part,  cette  pointe  regarde  vers  la  face  fœtale,  de  sorte  que^  le 
délivre  reposant  sur  une  table,  elle  s'en  écarte  un  peu.  Cette  dis- 
position éveille  l'idée  qu'elle  devait  reposer  sur  l'orifice  interne, 
et  par  conséquent  faire  un  coude  avec  le  reste  du  placenta  inséré 
sur  la  paroi  postérieure  de  la  matrice.  Le  cordon  slnsôre  dans  le 
voisinage  de  l'angle  supérieur  droit  du  placenta. 

Ahlfeld  conclut  des  constatations  faites,  que  ce  placenta  ne  pou- 
vait s'insérer  que  sur  le  segment  inférieur  de  l'utérus.  La  pointe 
inférieure  reposait  sur  l'orifice  en  train  de  s'ouvrir,  car  il  n'exis- 
tait d'ouverture  du  sac  fœtal  que  dans  le  point  au  niveau  duquel 
la  main  du  chirurgien  avait  pénétré  dans  l'œuf.  L'arrière-faix 
reposait  sur  la  paroi  postérieure  et  latérale,  car,  les  membranes 
n'étaient  accessibles  qu'en  avant,  au-dessus  de  la  symphyse.  La 
distance  de  l'extrémité  placentaire  qui  reposait  sur  l'orifice  interne 
à  la  base  du  délivre  était  seulement  de  10  centim.  Et  comme  la 
hauteur  totale  de  l'utérus  était  de  27-28  centim.^  t7  s'ensuit  que 
le  tiers  inférieur  seulement  de  la  paroi  utérine  donnait  inser- 
tion à  l'arrière- faix. 

Un  examen  pratiqué  8  jours  après  fournit  les  renseignements 
suivants  : 


DU  PLACENTA  63 

•  Le  col,  presque  complètement  reformé,  admet  un  doigt.  L'orifice 
interne  donne  la  sensation  d'un  anneau  très  distinct.  Au-dessus 
de  Torifice,  existent  des  masses  molles,  dont  on  enlève  de  quoi 
remplir  le  creux  de  la  main  (caillots  sanguins,  thrombus).  On  per- 
çoit très  nettement  le  siège  de  Tinsertion  placentaire.  Elle  occupe 
seulement  le  tiers  inférieur  de  la  paroi  postérieure  et  des  parois 
latérales,  et  circonscrit  une  zone  d'environ  3,5  centim.  de  hauteur. 
Sur  la  paroi  antérieure,  au-dessus  de  l'orifice  interne,  la  muqueuse 
est  absolument  lisse  comme  dans  les  autres  régions  de  la  cavité 
utérine  encore  spacieuse.  Les  thrombus  arrivent  jusqu'à  l'orifice 
interne,  à  ce  point  que  plusieurs,  sous  forme  de  petits  polypes, 
proéminent  dans  le  col.  Nouvel  examen  2  jours  aprôs^  qui  confirme 
les  constatations  précédentes. 

En  résumé,  toutes  les  particularités  relevées  sur  le  placenta 
(dimensions,  forme,  distribution  des  vaisseaux)  aussi  bien  que 
sur  l'utérus  en  processus  d'involution,  témoignent  que  l'arrière- 
faix  s'insérait  seulement  sur  le  tiers  inférieur  de  Tutérus  et  arri- 
vait jusqu'à  l'orifice  interne.  R.  L. 

Sar  le  décoUement  prématuré  du  placenta   normalement  inséré 

(Ueber  vorzeitige  Lôsung  der  Placenta  bel  normalen  Sitz) , 
M.  Graepb.  Zeitsch.  f.  Geb.  u,  Gyn.j  Bd  XXIII,  Hft  2,  p.  437. 

On  accordait  jadis,  dans  l'étiologie  du  décollement  prématuré  du 
placenta  normalement  inséré,  un  rôle  prépondérant  au  trauma- 
tisme, traumatisme  qui,  disait-on,  avait  pour  effet  direct  ou  indi- 
rect (par  déchirures  vasculaires,  hémorrhagie,  et  effort  sanguin) 
ce  décollement.  Plus  tard,  avec  Winter,  Veit,  Fehling,  Cohn- 
Carsten,  etc.,  on  plaça  la  cause  principale  de  ces  décollements 
prématurés  dans  des  altérations  de  l'arrière-faix  (altérations 
déciduales,  etc.).  De  son  côté  Tauteur  a  pu  également  constater  sur 
un  placenta,  qui  était  normalement  inséré,  et  prématurément  décollé 
des  modifications  pathologiques.  En  un  de  ses  points  et  sur  une 
étendue  d'environ  10  cent,  le  tissu  placentaire  débordait  d'une 
façon  notable  la  ligne  dlnsertion  des  membranes.  Et  ce  fut  préci- 
sément ce  lobe  erratique  qui  se  décolla  primitivement.  Les  cail- 
lors  sanguins  noirâtres  et  solidement  adhérents  à  ce  lobe^  qui  de 
plus  tranchaient  vigoureusement  sur  les  caillots  récents  répartis 
sur  le  reste  la  surface  de  Tarrière-faix,  aussi  bien  que  la  dépres- 
sion profonde  qu'ils  avaient  produite  à  ce  niveau,  ne  laissaient 


58  REVUE  ANALYTIQUE 

aucun  doute  à  cet  égard.  Ce  fut  là,  suivant  Graefe,  la  condition 
principale  du  décollement  placentaire;  quant  à  la  cause  détermi- 
nante, elle  fut  représentée  par  une  brièveté  du  cordon  qui,  au  lieu 
de  la  longueur  moyenne  de  50  cent,  n'en  mesurait  que  31. 

A  l'occasion  de  ce  cas,  Graefe  étudie  la  symptomatologie,  le  dia- 
gnostic, le  pronostic  et  le  traitement  de  la  complication  en  question. 
En  ce  qui  concerne  le  traitement,  voici  en  résumé  ce  qu'il  conseille. 
Que  rhémorrhagie  soit  interne  ou  externe,  notre  conduite  doit 
être  réglée  d'après  l'abondance  de  l^émorrhagie.  Quand  elle  n^est 
pas  menaçante  pour  la  mère,  il  ne  faut  pas,  sous  prétexte  qu'elle 
peut  le  devenir  ou  que  Tenfant  est  en  danger,  forcer  Taccouche- 
ment.  Le  plus  souvent,  la  vie  de  Tenfant  est  déjà  hors  de  cause 
avant  que  le  médecin  puisse  intervenir. 

On  doit  attendre,  tout  en  se  préoccupant  soigneusement  de  l'état 
de  la  femme.  Ooodel  a  donné  le  conseil  de  rompre  les  membranes, 
dans  le  double  but  :  1)  de  permettre  à  l'utérus,  grâce  à  une  éva- 
cuation partielle,  de  se  contracter  et  de  diminuer  ainsi  la  surface 
saignante  ;  2)  d'accélérer  et  de  fortifier  la  mise  en  jeu  des  contrac- 
tions. On  a  objecté  à  ce  conseil,  que  cette  évacuation  partielle  de 
Tutérus  devait  avoir  pour  résultat  de  diminuer  la  pression  intra^ 
ovulaire,  qui  s'oppose  à  la  continuation  de  l'hémorrhagie,  et  par 
conséquent  de  favoriser  la  production  d'une  hémorrhagio  interne. 
En  réalité^  il  faut  beaucoup  tenir  compte  do  l'activité  utérine,  de 
la  régularité  des  contractions.  Quand  l'activité  utérine  est  soutenue, 
que  les  contractions  sont  bonnes,  on  est  en  droit  d'espérer  que  la 
rupture  de  la  poche  des  eaux  aura  pour  effet  de  fortilier  encore 
l'énergie  des  contractions. 

La  poclie  des  eaux  étant  intacte,  on  peut  essayer  du  tamponne- 
ment du  vagin,  lequel  est  susceptible  d'apporter  un  obstacle  à  un 
nouvel  écoulement  de  sang  au  dehors.  Mais  il  ne  faut  pas  oublier 
qu'une  hémorrhagie  interne  est  à  la  rigueur  possible,  et  par  con- 
séquent il  importe  de  bien  surveiller  parturiente  et  utérus. 

Dans  les  cas  où  rhémorrhagie  s'accompagne  rapidement  des 
symptômes  menaçants  d'une  anémie  aiguO,  Tintervention  doit  être 
énergique  :  ai  aocouchement  forcé;  h)  opération  césarienne. 

Comme  le  plus  souvent  il  s'agit  de  multipares,  les  conditions 
sont  en  général  assez  favorables  pour  l'accouchement  forcé.  La 
cavité  cervicale  admet  facilement  'Z  ou  même  3  doigts,  ce  qui  rend 
possible  la  version  combinée.  Parfois,  cependant,  à  cause  de  la  réni- 


DU  PLACENTA  59 

tence  au  niveau  de  l'utérus  produite  par  le  sang  accumulé,  Faction 
dévolue  à  la  main  abdominale  est  difficile  à  remplir.  La  vereion 
accomplie,  il  est  des  cas  où  l'extraction  n'est  possible  qu'après 
qu'on  a  pratiqué  à  l'orifice  externe  des  incisions  profondes,  opé- 
ration qui,  sous  le  couvert  d'une  antisepsie  rigoureuse,  a  perdu 
beaucoup  de  son  ancienne  gravité. 

Quand  les  conditions  sont  défavorableb  (col  long,  étroit,  dur,  etc.) 
à  l'accouchement  forcé  et  que  le  danger  est  imminent,  la  césa- 
rienne s'impose.  R.-L. 

Du  décollement  prématuré  du  placenta.  (Die  vorzeitige  Losung 
der  Placenta  von  normalen  Sitz).  Karrespondenzblatt  f.  schtoei- 
zer  Arzete,  1891,  no  7,  et  CenL  f,  Gyn.,  1892,  no  21,  p.  407. 

L'auteur  relate  en  détail  4  exemples  de  cette  complication,  sur- 
venue dans  tous  les  cas  vers  la  fin  de  la  grossesse.  Subitement, 
les  femmes  sont  prises  d'un  sentiment  de  défaillance,  allant 
parfois  jusqu'à  la  perte  de  connaissance.  *Elles  accusent  de  la 
pesanteur,  de  la  plénitude,  des  douleurs,  des  tiraillements  dans  le 
bas-ventre.  La  plupart  du  temps,  il  s*écoule  par  le  vagin  du  sang 
liquide,  mais  peu  de  sang  en  caillots.  L'exploration  digitale  permet 
d'écarter  l'hypothèse  d'un  placenta  praevia.  Le  pronostic  pour  l'en- 
fant est  mauvais  (2  vinrent  morts,  5  durent  être  perforés).  Pour  la 
mère,  il  est  très  grave.  L'une  des  femmes  fut  emportée  par  une 
abondante  hémorrhagie  utérine. 

Les  3  autres  tombèrent  dans  un  état  d'anémie  profonde,  dont 
elles  se  relevèrent  néanmoins  peu  à  peu.  Dans  2  cas,  Taccident  fut 
précédé  de  traumatismes.  Dans  aucun  il  n'y  avait  de  Valbumi- 
nurie.  2  fois  l'auteur  parvint  à  constater  au  niveau  de  la  couche 
de  séparation  de  la  caduque  de  ces  altérations  qu*on  étiquette  : 
endométrite  déciduale.  En  ce  qui  concerne  le  traitement,  il  con- 
siste à  terminer  au  plus  tôt  Tâccouchement. 

Mais,  en  certains  cas,  l'expectation  est  obligée  à  cause  de  l'état 
de  l'orifice  externe.  Faut-il  faire  la  césarienne?  L'auteur  la  décon- 
seille, parce  que  d'une  part  l'enfant  aura  généralement  déjà  suc- 
combé et  que  la  femme  est  trop  faible  pour  supporter  un  trauma- 
tisme aussi  grave.  Le  tamponnement  du  vagin  est  inefficace.  Quand 
l'orifice  externe  est  fermé,  il  faut  s'efforcer  autant  que  possible  de 
conserver  intacte  la  poche  des  eaux,  jusqu'à  ce  qu'on  puisse  intro- 
duire deux  doigts.  A  ce  moment,  on  rompt  les  membranes  et,  si 


60  REVUK   ANALYTIQUE 

rétat  de  la  femme  l'exige,  il  est  possible  de  procéder  à  révacua- 
tion  de  Tuiérus.  L'accouchement  terminé,  on  t&che  de  réveiller  les 
contractions  utérines,  et,  le  cas  échéant,  on  combat  Thémorrhagie 
par  le  tamponnement  de  Tutérus.  R.  L. 

Deux  cas  de  myxo-flbrome  dn  placenta.  (Zwei  Falle  von  sogenann- 
tem  myxoma  ûbrosum  placentœ),  R.  Steinbuchel,  1892.  Cent.  f. 
Gyn,y  n»  25,  p.  465. 

L'un  des  placentas  fut  extrait  à  la  suite  d'un  accouchement 
spontané  à  terme,  parce  qu'il  y  avait  hémorrhagie.  Le  second  fut 
spontanément  expulsé  à  la  suite  d'un  accouchement  gémellaire, 
survenu  vers  le  7«  mois  de  la  gestation.  Dans  ce  cas,  les  2  pla- 
centas confluaient  ;  la  masse  totale  du  double  délivre  pesait 
1,620  grammes  ;  elle  mesurait  32  centim.  en  longueur  et  25,5  en 
largeur.  Sur  la  Ire  pièce,  il  y  avait  une  tumeur  plus  grosse  qu*un 
poing  d'adulte,  qui  était  unie  au  tissu  placentaire  par  un  pédicule, 
court,  ayant  Tépaisseur  du  petit  doigt  et  constitué  par  des  vais- 
seaux. La  surface  de  cette  tumeur  était  nodulaire,  lobulée,  et  les 
nodosités  étaient. séparées  par  des  sillons  d'inégale  profondeur. 
Sur  la  seconde  pièce  existaient  plusieurs  tumeurs  analogues,  qui 
en  certains  points  soulevaient  le  chorion.  Des  examens  macrosco- 
pique et  microscopique,  il  ressort  que  ces  tumeurs  ressortissent  à 
ces  cas  qui  ont  été  déjà  décrits  par  Virchow  et  Breus  et  qu'ils  ont 
dénommés,  à  cause  de  leur  structure  anatomique,  myxo-fibromes 
du  placenta.  Ces  néoplasmes  n'apportent  en  général  aucun  trouble 
dans  révolution  de  la  grossesse;  il  suffît,  pour  le  praticien,  de 
savoir  qu*ils  sont  susceptibles  de  donner  lieu,  au  moment  de  la 
délivrance,  à  des  hémorrhagies  abondantes  (1).  R.  L. 

II.  — •  OPÉRATION  CÉSARIENNE 

Opération  césarienne.  (A  case  of  caesarean  section),  par  Wyman. 
Médical  Record,  !•'  août  1891,  p.  125. 

M.  J...,  primipare,  arrivée  au  terme  de  sa  grossesse,  a  des  douleurs 
et  la  dilatation  du  col  se  fait  très  lentement.  Le  médecin,  essavant 


(1)  On  Bftit  que  Virchow  a  décrit  le  premier  la  atruoture  histologîque  de 
cen  tameurs,  qui  consistent  esisentiellement  dans  une  hy|>ortrophie  dei  viUo- 
sites  choriales  avec  dégénérescence  fibreuse  du  tissu  muqueux  des  viUosîtés. 


OPÉRATION   CÉSARIENNE  61 

d'activer  les  choses,  s'aperçoit  que  la  dernière  vertèbre  lombaire 
proémine  fortement  en  avant  et  s'oppose  d'une  manière  complète 
à  l'expulsion  du  fœtus.  Opération  césarienne  :  incision  commen- 
mençant  à  5  cent,  au-dessus  de  l'ombilic  et  se  prolongeant  jusqu*au 
pubis;  Tutérus  apparaît  et  on  trouve  que  le  placenta  s'attache  à 
l'angle  gauche  du  fond;  incision  de  l'utérus;  la  tète  du  fœtus  se 
montre  la  première  ;  extraction  du  fœtus  et  aussitôt  après  du  pla- 
centa. Peu  d'hémorrhagie.  ^intestin  ne  se  montra  pas  une  fois 
dans  la  plaie.  Suture  de  l'atérus  ;  toilette  du  péritoine,  suture  de 
la  peau.  Pansement  à  l'iodoforme.  L'enfant  est  mort.  La  mère 
mourut  aussi  48  heures  après  l'opération,  ayant  de  l'œdème  pul- 
monaire et  de  la  cyanose,  par  suite  d'épuisement  cardiaque  ou  du 
travail  exagéré.  On  voit  donc  combien  il  est  important  de  faire  de 
bonne  heure  le  diagnostic  de  ces  dystocies  et  de  ne  pas  laisser  la 
malade  s'épuiser  en  efforts  inutiles. 

Un  cas  d'opération  césarienne.  (A  case  of  Porro.  Csesarean  opéra- 
tion), F.  Baldwin.  Médical  News,  Philadelphia,  9  août  1890, 
vol.  LVn,  p.  138. 

Femme  de  24  ans,  rachitique,  à  peu  près  au  terme.  Son  bassin 
est  rétréci  dans  tous  les  sens  et  le  diamètre  antéro -postérieur  est 
réduit  à  1  pouce  1/4.  Quelques  jours  après,  début  de  travail  et 
5  heures  après  opération  par  la  méthode  de  Tait.  Immédiatement 
après  l'ouverture  du  ventre,  l'opérateur  glisse  autour  du  col  uté- 
rin une  ligature  élastique  qu'il  serre,  ouvre  lutérus,  enlève  le  fœtus 
et  le  placenta  et  résèque  au-dessus  de  la  ligature  le  corps,  les 
trompes  et  les  ovaires.  La  malade  guérit  sans  encombre. 

L'auteur  insiste  sur  la  nécessité  d'une  intervention  immédiate. 

P.  N. 

Qnatrième  opération  césarienne  avec  conservation  de  rntéms.  Gaé- 
rison  avec  enfant  vivant.  (Quarto  operazione  cesarea  con  conserva- 
zione  dell'  utero.  Madré  e  fîglio  salvi),  par  Bompiani.  Eivista  di 
OsL  e  Ginec,  1891,  no8. 

Dans  ce  cas  il  fallut  rompre  les  membranes  par  la  voie  vaginale 
pour  pouvoir  extraire  l'utérus  par  la  plaie  de  la  paroi  abdominale. 
La  suture  musculo-séreuse  fut  faite  sur  deux  plans  avec  un  jil  de 
soie  continu  et  par  un  surjet  j  l'utérus  fut  bourré  à  la  gaze  iodo- 
formée. 

Opération  césarienne  avec  extirpation  de  l'atéms  et  des  ovaires  et 


62  REVUE   ANALYTIQUE 

réduction  du  pédicule.  Gnéiison  avec  enfant  vivant.  (Vaglio  cesareo 
con  extirpazione  delF  utero  e  délie  ovario  ed  affondamento  del  pe- 
duncolo.  Madré  e  figlio  salvi),  par  Bosnie  Riv,  di  Os  t.  e  Ginec, 
1890. 

Dans  cette  opération  Bossi  fit  comme  pour  la  laparo-hyetérecto- 
mie  la  réduction  du  pédicule.  Il  soutient  ensuite  que  ne  pas  vouloir 
faire  le  traitement  intra-péritonéal  du  pédicule  est  aussi  erroné 
que  de  vouloir  guérir  actuellement  les  plaies  ordinaires  par  troi- 
sième intention.  P.  Mauglàire. 

Trois  opérations  de  Porro  avec  réducticn  du  pédicule.  (Relazione  di 
tre  operazioni  Porro  di  cui  due  con  affondamento  delpeduncolo), 
par  Bektazzoli.  Annali  di  Ost.  e  Ginec,^  Milano,  1892,  p.  118. 

L'auteur  passe  en  revue  toutes  les  opérations  de  Porro  qui  ont 
été  faites  avec  réduction  du  pédicule  de  1878  à  1891  et  il  donne 
avec  détails  tous  les  modes  de  ligatures  employés  pour  le  pédicule, 
la  ligature  pure  et  simple  donne  de  bons  résultats  mais  la  méthode 
de  Schrœder  réduit  le  volume  du  pédicule  et  ferme  mieux  la  com- 
munication entre  la  cavité  cervicale  et  la  cavité  përitonéale.  Lors- 
que la  cavité  utero- vaginale  n'est  pas  infiltrée  il  vaut  mieux  aban- 
donner le  pédicule  dans  la  cavité  péritonéale.        P.  Mauclairk. 

Opération  Porro-Mûller.  (A  Buccessful  Porro-Mttller  opération  for 
malformation  of  the  utérus  and  vagina),  par  Ahston.  Médical 
Neics,  4  avrU  1891,  p.  369. 

Sophie  D...,  2G  ans,  mariée  depuis  un  an,  enceinte  de  7  mois  1/2. 
Depuis  sa  grossesse,  elle  a  eu  des  hémorrhagies  vaginales  tous  les 
28  jours.  En  examinant  cette  dame,  on  trouva  que  le  vagin  n'avait 
que  5  cent,  de  long  et  qu'il  paraissait  se  terminer  en  cul-de-sac  ; 
cependant  avec  plus  de  soin  on  arriva  à  sentir  plusieurs  élevures 
rayonnant  dans  toutes  les  directions  à  partir  d'une  dépression 
centrale  paraissant  être  l'orifice  du  col  utérin.  On  était  donc  en 
présence  d'une  malformation  du  segment  supérieur  du  vagin  et 
du  segment  inférieur  du  vagin,  et  il  paraissait  peu  probable  par 
suite  que  Taccouchement  pût  se  faire  naturellement.  L'auteur  con- 
seilla donc  l'opération  de  Porro.  Incision  longue  de  15  cent,  sur  la 
ligne  médiane.  On  attire  l'utérus  et  on  entoure  le  col  d'une  liga- 
ture élastique  ;  on  ouvre  alors  la  face  antérieure  de  l'utérus,  on 
rompt  les  membranes  et  on  retire  l'enfant.  On  serre  alors  le  col 
pour  empêcher  toute  hémorrhagie,  et  on  enlève  le  placenta  et  les 


BIBLIOGRAPHIE  63 

membranes.  On  commence  à  placer  les  sutures  de  la  paroi  abdo- 
minale. On  couvre  alors  Tutérus  au-dessus  du  constricteur  de  Tait 
mis  sur  le  col  à  la  place  de  la  ^ligature  élastique.  Guérison.  L'en- 
fant jouit  d'une  excellente  santé. 

Au  cours  d0  l'opération,  Fauteur  s'est  aperçu  que  l'utérus  n'était 
réuni  au  vagin  que  par  un  reflet  du  péritoine  ;  si  donc  on  eût 
laissé  aller  les  choses,  lors  de  l'accouchement  l'enfant  aurait 
brisé  cette  faible  adhérence  et  serait  tombé  dans  la  cavité  abdo- 
minale. A.  B. 

(A  suivre.) 

BIBLIOGRAPHIE 


Du  décollement  prématiuré  dn  placenta  inséré  normalement,  L.  Du- 

MARCET.  Thèse  de  Paris,  1892. 
Le  sujet  choisi  à  l'instigation  du  professeur  Pinard,  par  le 
D'Dumarcet  pour  sa  thèse,  est  certainement  des  plus  intéressants. 
11  s'agit,  en  effet,  d'une  complication  grave,  assez  peu  connue,  très 
peu  étudiée  dans  les  classiques,  et  qui,  en  pratique,  est  le  plus  sou- 
vent l'occasion  d'une  erreur  de  diagnostic.  L'auteur  a  pris  soin  de 
réunir  des  observations  démonstratives,  en  particulier,  une  de 
Winter  qui,  le  premier,  a  eu  le  mérite  de  démontrer  sur  un  utérus 
conjg^elé  la  réalité  de  cette  complication  que  des  accoucheurs  émi- 
neats  (Stolz,  1878)  avaient  niée  jusqu'en  ces  dernières  années.  Ily  a  en 
tout  treize  observations,  dont  un  certain  nombre  très  complètes.  11 
en  est  une  tout  à  fait  remarquable  qui  met  hors  de  doute  l'action 
étiologique  de  la  brièveté  du  cordon  dans  le  décollement  prématuré 
du  placenta.  Une  planche,  figurant  la  disposition  réciproque  du 
fœtus,  des  annexes  fœtales  et  de  l'utérus,  telle  qu'elle  a  été  obser- 
vée après  congélation  et  section  de  la  matrice,  accompagne  cotte 
observation.  Nous  reproduisons,  ici,  cette  planche,  en  raison  de  sa 
netteté  et  de  sa  valeur  démonstrative  (1).  Après  avoir  successive 
ment  étudié  :  a)  Vétiologie  et  pathogénie,  b)  Vanatomie  patholo- 
gique, c)  les  symptômes  et  diagnostic,  d)  le  pronostic  et  e)  le 
traitement,  l'auteur  formule  les  conclusions  suivantes  : 


(I)  Oette  planche  edt  empruntée  à  l*ouvroge  de  MM.  Pinard  et  Varnier  : 
Émdâ*  d'antUomiâ  ohHHricale  et  pathologique. 


64  BIBLIOGRAPHIE 

1)  Parmi  les  causée  auxquelles  on  a  attribua  la  production  du 
décollement  du  placenta  normalement  inséré,  il  en  est  deax  seule- 
ment qulBoient  démontrées,  l'une  directe,  l'autre  indirecte,  ce  sont: 
l'albuminurie  et  la  brièveté  du  cordon  ombilical. 

2)  Le  diagnostic  de  cet  accident,  bien  qu'offrant  dans  certaine  cas 


{Figure  réduite  à  11  a.  de  h»ul«ar.) 

de  grandes  difllcultés  peut,  le  plus  souvent,  être  fait,  car  l'ensem- 
ble des  symptômes  observés  parait  être  toujours  le  même. 

3)  Le  pronostic  est  très  sérieux  pour  les  mères  et  très  grave  pour 
les  enfants  (on  voit  en  effet,  dans  l'historique,  que  Goode!  qui  a 
publié,  en  1870,  les  etatistiques  les  plus  considérables  sur  ce  sujet, 


BIBLIOQRAPHIK  65 

a  troiTvé  que  sur  107  enfants  101  étalent  morts,  et  sur  106  fem- 
mes, 54). 

4)  Le  traitement  qui  donne  les  meilleurs  résultats  est  la  large 
déchirure  des  membranes,  suivie  ou  non,  suivant  les  cas,  de  l'appli- 
cation" d'un  ballon  dilatateur.  R.  L. 

Recherches  historiques  et  critiques  sur  la  symphyséotomie,  P.  Des- 
FORGES,  Thèse  de  Paris,  1892.  —  Née  en  France,  et  après  des 
fluctuations  diverses,  la  symphyséotomie  était  tombée,  dans  ce 
pays,  dans  un  oubli  tel  que  c'est  à  peine  si  les  traités  classi- 
ques d'accouchement  lui  consacraient  une  courte  mention.  Par 
contre,  adoptée  dès  le  principe  en  Italie,  elle  continua  d'y  jouir 
de  la  même  faveur,  et,  quand  la  méthode  antiseptique  vint  exer- 
cer sur  la  pratique  obstétricale  son  influence  si  salutaire,  elle 
bénéficia,  elle  aussi,  de  Tinter vention  de  cette  puissante  auxi- 
liaire. A  Naples,  en  particulier,  Novi  et  Morizani  obtinrent  de  la 
pubiotomie  des  résultats  extrêmement  remarquables.  Ce  sont 
les  succès  des  deux  éminents  accoucheurs  italiens  qui  ont  décidé 
le  prof.  Pinard  à  réintroduire  dans  son  pays  d'origine  l'opération 
de  Sigault,  dans  Tespoir  que  bien  réglée,  et  pratiquée  potcr  des  in- 
cations  bien  précises,  elle  permettrait  de  sauver  un  grand  nom- 
bre d'enfants  fatalement  sacrifiés  avec  la  basiotripsie  et  d'éviter, 
dans  des  cas  judicieusement  déterminés,  aux  femmes  les  dangers 
toujours  liés  à  la  césarienne.  Le  prof.  Pinard  a  déjà  pratiqué  plu- 
sieurs fois  l'opération  et  toujours  avec  des  résultats  excellents  dont 
il  a  communiqué  un  certain  nombre  à  l'Académie  de  médecine,  au 
congrès  d'obstétrique,  etc.  Aussi  la  question  de  la  symphyséotomie 
est-elle  à  l'ordre  du  jour,  et  c'est  ce  regain,  très  justifié,  d'actua- 
lité qui  a  inspiré  au  D^  Desforges  le  choix  de  sa  thèse.  On  ne  peut 
que  le  féliciter  de  son  entreprise  qui  était  «  d'écrire  surtout  Vhis- 
toire  française  d'une  opération  née  en  France  »,  et  de  la  façon 
dont  il  Ta  conduite.  La  thèse  est  divisée  en  deux  parties  :  la  pre- 
mière, consacrée  à  l'histoire  de  la  symphyséotomie;  la  seconde,  à 
une  étude  critique  comportant  le  résumé  des  observations  les  plus 
importantes  et  l'analyse  des  ouvrages  nombreux  qui  furent  publiés 
vers  la  fin  du  XVIII«  siècle.  Faire  une  analyse  circonstanciée  de 
cette  œuvre  historique  et  critique,  est  évidemment  impossible.  Il 
faut  la  lire,  et  nous  assurons  qu'il  est  difficile  de  faire  une  lecture 
plus  instructive  et  plus  attachante;  car,  indépendamment  des  faits 

AXy.  DH  OYV.  —  VOL.  XXXTIII.  6 


$6  ^BIaLIOÇHAPHI^ 

très  instrucUfK  qu'elle  contient,  elle  fait  revivre  une  époque  parti- 
culièrement intéressante,  retrace  une  querelle  qui,  avec  ses  côtés 
canecdoctiques,  eût  certainement  inspiré  à  un  Molière,  un  peu  aux 
dépens  de  la  pi'ofession,  quelques  nouvelles  scènes  immortelles,  et 
démontre  une  fois  de  plus  combien  toute  idée  neuve  et  juste  ren- 
contre, même  de  la  part  des  esprits  tenus  pour  les  plus  éminents, 
des  résistances  éti'oites,  combien  elle  a  de  peine  à  faire  son  che- 
min. L'autour  conclut  de  la  manière  suivante  : 

t  Nous  n'avons  pas  l'intention  de  plaider  en  faveur  d'une  opéra- 
tion que  M.  le  professeur  Pinard  vient  de  ressusciter  en  France. 
Nous  nous  sommes  occupé  du  passé  et  nous  tenons  à  rester  dans 
notre  rôle.  Mais  il  nous  est  permis  de  tirer  une  conclusion  di» 
cette  histoire  de  la  symphyséotomie.  Les  faits  et  les  observations 
que  nous  avons  résumés  expliquent  peut-être  l'abstention  ties 
anciens,  mais  ne  justifient  pas  le  dédain  et  TindilTérence  des  mo- 
dernes. Que  signifient  maintenant  les  vieilles  statistiques  de  Bau- 
delocque  et  de  Lauverjat,  que  valent  ces  arguments  puisés  dans 
l'enseignement  traditionnel,  que  faut-il  penser  de  ces  polémiques 
où  les  opérateurs  tiennent  plus  de  placn  que  leurs  uiala<les  ? 
Pourquiâ  attribuer  à  Técartement  des  pubis,  tous  les  désastres 
que  nous  savons  aujourd'hui  n'avoir  qu'une  seule  cause,  l'infec- 
tion? Au  lieu  de  se  transmettre  d'âge  en  Age,  des  vérités  banales, 
dont  la  base  est  une  erreur,  il  eût  été  plus  sage  do  faire  appel  à 
la  clinique  et  à  l'expérience.  Au  lieu  de  commenter  le  traité  clas- 
sique de  Baudelocque,  on  aurait  pu  s'inspirer  des  résultats  si  re- 
marquables, publiés  par  l'École  de  Naples.  Nous  no  citerons  pas 
des  chiffres  ni  des  faits,  malgré  leur  éloquence  et  nous  passerons 
sous  silence  les  succès  merveilleux  des  accoucheurs  italiens. 

Les  opérations  pratiquées  récemment  par  M.  le  professeur  H - 
nard,  à  la  clinique  Baudelocque,  justifient  les  espérances  de  ceux 
qui  croient  comme  nous  à  la  renaissance  définitive  de  la  vieille 
opération  de  Sigault. 

Si  nous  applaudissons  aux  efforts  du  présent,  si  noua  saluons 
avec  confiance  les  triomphes  de  l'avenir,  qu'il  nous  soit  permis,  en 
terminant,  de  faire  un  retour  vers  c^  passé,  qui  possède,  i>our 
ceux  qui  l'interrogent,  le  charme  particulier  des  choses  dis- 
parues. • 

R.  L. 


BIBLIOGRAPHIE  67 

Considératloiis  sar  la  choroXdite  métastatiqae  puerpérale,  G.  Ran- 
.  CTJREL.  Thèse  de  Paris,  1892. 

A  l'occasion  d'un  cas  de  choroïdite  métastatique  observé  par  lui 
au  cours  d'une  septicémie  puerpérale,  M.  le  Dr  G.  Rancurel  a  réuni 
d'autres  observations  pour  faire  de  ce  sujet  une  étude  d'une  réelle 
valeur.  Son  travail  est  bien  fait,  bien  documenté,  il  met  bien  en 
vue  la  nature  de  la  maladie  due  à  des  embolies  microbiennes.  En 
effet,  rinfection  de  la  choroïde  par  des  germes  pyogénes  peut  venir 
du  dehors  (infection  ectogi^ne)  ou  du  corps  lui-môme^  par  auto-in« 
fection  (infection  endogène). 

La  choroïdite  étudiée  par  M.  Rancurel  rentre  dans  la  première 
catégorie. 

Dans  certains  cas  la  marche  de  cette  affection  est  telle  qu'on  peut 
la  confondre  avec  les  néoplasmes  du  globe  ;  il  y  a  un  peu  d'inflam- 
mation extérieure  et  tout  semble  marcher  à  froid,  comme  dans  cer- 
tains cas  do  néoplasme  du  corps  vitré  et  surtout  dans  les  gliomes 
qui  naissent  sur  la  rétine.  Ces  cas,  qui  peuvent  ainsi  prêter  à  la 
confusion,  ont  été  désignés  sous  le  nom  de  pseudo-glîomes.  La  res- 
semblance entre  ces  affections  peut  donc^  dans  certains  cas,  être 
très  grande.C'est  pourquoi  nous  aurions  désiré  que,  dans  le  travail 
que  nous  analysons  bien  rapidement,  l'auteur  ne  négligeât  pas  le 
diagnostic  différentiel  et  fit  ressortir  l'importance  de  la  pression 
intra-oculaire  comme  élément  de  ce  diagnostic.  En  cas  de  gliome 
il  faut  énucléer  et  aussitôt  que  possible  ;  dans  les  cas  douteux,  la 
vie  du  malade  est  en  danger  ;  de  là  importance  du  diagnostic  diffé- 
rentiel facile  à  concevoir. 

S'il  y  a  inflammation  extérieure,  gonflement  et  ptosis,  il  est  à 
peine  besoin  de  signaler  la  conjonctivite  purulente  et  l'ophtalmie 
blennorrhagique.  La  marche  de  ces  affections,  la  sécrétion^  les  am- 
nésiques, feront  reconnaître  la  maladie. 

Le  chapitre  concernant  le  traitement  est  un  peu  écourté  ;  l'auteur 
ne  s'occupe  que  du  traitement  général,  s'attaquant  à  la  cause 
première.  Assurément  l'antisepsie  du  foyer  primitif  est  l'indication 
primordiale.  Mais  l'œil  exige  un  traitement  local;  il  est  douloureux 
il  est  infecté;  on  devra  donc  calmer  les  douleurs,  appliquer  des 
compresses  chaudes  et  avoir  recours  aux  injections  antiseptiques 
sous-conjonctivales  préconisées  dans  ces  derniers  temps. 

Malheureusement  l'affection  est  grave,  l'œil  est  très  compromisi 
il  est  menacé  d'atrophie. 


68  BIBLIOGRAPHIE 

M.  Bancurel  se  prononce  contre  l'énucléation  pendant  la  période 
aiguë  parce  que  les  résultats  de  Ténucléation  sont  fort  discutables. 
Nous  approuvons  son  abstention,  mais  pas  pour  les  mêmes  raisons 
que  lui;  car  nous  adoptons  en  principe  que  Ténucléation  bien 
faite,  surtout  faite  avec  toutes  les  précautions  antiseptiques,  donne 
toujoursde  bons  résultats,  mais  elle  est  formellement  contre-indiquée 
lorsqu'il  y  a  infection  ectogène  ou  endogène  du  sujet. 

Ces  réserves  faites,  la  tbése  de  M.  Rancurel  reste  un  travail 

très  consciencieux  qui  sera  consulté  avec  proiit  par  tous  ceux  qui 

s'occupent  de  pathologie  oculaire. 

A.  Péchin. 

Des  craniotabes  on  ramollissement  des  os  dn  crâne  ches  les  {eimes 
enfants,  M.  Paley.  Thèse  de  Paris,  1892.  —  L'auteur  a  recueilli, 
soit  à  rhospice  des  Enfants-Malades,  soit  à  la  crèche  de  l'hos- 
pice des  Enfants-Assistés,  62  observations  qui  lui  ont  permis  de 
faire  une  élude  complète  du  craniotabes  ou  ramollissement  du 
cn\ne,  cette  affection  curieuse  dont  on  doit  la  connaissance 
au  médecin  allemand,  EUa^sser  (18'i3).  Ëlssesser  avait  décrit  d'une 
manière  remarquable  la  maladie  en  question,  qull  rattachait  étroi- 
tement au  rachitisme  et  à  laquelle  il  attribuait  des  accidents  très 
graves  (convulsions,  spasmes  de  la  glotte,  etc.),  et  en  conséquence 
un  pronostic  sévère.  Depuis  Elsa^sser,  un  certain  nombre  d'auteurs 
(Hauff,  Lasègue,  Vogel^  Broca,  Parrot,  Renaut...)  s'en  étaient  éga- 
lement occupés,  et  Parrot,  en  particulier,  Tavait  placée  en  dépen- 
dance directe  avec  la  syphilis.  Disons  tout  de  suite,  qui»  le  D'  Pa- 
ley s'est  efforcé  de  rechercher  la  réalité  de  cette  association  indiquée 
par  Parrot^  et  que  loin  de  la  constater,  il  a  vu  que  les  enfants  atteints 
de  craniotabes,  étaient,  autant  du  moins  qu'une  enquête  minutieuse 
permet  de  se  prononcer,  absolument  indemnes  de  syphilis  hérédi- 
taire, tandis  que  sur  des  enfants  sûrement  8>'philitiques,  et  dont  il  ré- 
sume 4  observations,  il  ne  trouva  jamais  les  altérations  cn\niennes 
caractéristiques.  En  ce  qui  cencerne  les  opinions  d'Eisa^sser  sur  le 
craniotabes,  il  les  résume  comme  il  suit:  <  a)  le  craniotabes  par  sa 
nature  intime  doit  être  rattaché  au  rachitisme,  la  lésion  du  crAne 
marquant  le  début  des  autres  lésions  qui  doivent  atteindre  le  rachi- 
tique. 

6)  Les  convulsions  et  le  spasme  de  la  glotte  sont  des  phénomènes 
secondaires,  dus  à  ce  que  les  centres  nerveux  ne  sont  plus  suin* 
samment  protégés  par  des  os  ramollis. 


BIBLIOGRAPHIE  69 

c)  Les  conséquences  de  Taffection  sont  tellement  graves,  que  sur 
29  cas  qu^îl  a  observés,  14  malades  ont  succombé,  c'est-à-dire  la 
moitié. 

L'auteur  s'attache,  àsontour,àétudier  de  prés  la  nature  de  la  ma- 
ladie, sa  fréquence,  et  sa  réelle  gravité.  Il  s'est  occupé  également  du 
traitement,  et  à  ce  sujet,  il  a  fait  au  D^Comby  des  emprunts  qui  lui 
ont  permis  de  tracer  un  chapitre  intéressant  d'hygiène  et  de  prophy- 
laxie, chapitre  très  utile  à  lire.  D'une  manière  générale,  il  est  bien 
moins  pessimiste  que  l'auteur  allemand,  ainsi  qu'il  ressort  des  con- 
clusions formulées  à  la  lin  de  son  intéressant  travail. 

Conclusions,  —  !<>  Le  cranio tabès  est  une  affection  fréquente  et 
presque  banale  de  la  première  enfance. 

2o  Le  craniotabes  n'est  pas  forcément  lié  au  rachitisme  ;  beau- 
coup d'enfants  peuvent  être  affectés  du  craniotabes  sans  devenir 
rachitiques. 

do  Le  craniotabes  ne  donne  pas  lieu  aux  convulsions  ni  au  spasme 
de  la  glotte. 

4^^  Le  craniotabes  n'est  en  aucune  façon  lié  à  la  syphilis  hérédi^ 
taire. 

50  Le  craniotabes  est  une  affection  bénigne  dont  la  guérison  est 
la  règle  et  il  n'est  lui-même  la  source  d'aucun  danger  sérieux. 

R.  L. 

Des  enfoncements  et  des  fractures  du  crâne  chez  le  fœtus  pendant 
racconchement,  Ë.  Leliêvre.  Thèse  de  Paris,  1892.  —  C'est  une 
observation  personnnelle  recueillie,  dans  le  service  d'accouche- 
ment de  M.  Maygrier,  qui  a  suggéré  à  M.  Lelièvre  le  choix 
de  sa  thèse.  Il  s'agissait  d'une  femme  I Vpare,  dont  les  3  premiers 
accouchements  avaient  dû  être  terminés  par  une  application  de 
forceps.  Des  3  enfants,  le  premier  n'avait  pu  être  ranimé,  le 
second  était  mort  cinq  semaines  après,  le  troisième  était  vivant. 
La  femme  a  un  rétrécissement  du  bassin,  avec  un  diamètre  antéro- 
postérieur  de  97  millimèlros,  sans  déduction.  Au  4«  accouchement, 
la  poche  des  eaux  étant  rompue  depuis  plusieurs  heures,  et  les 
doubles  battements  fœtaux  devenant  irréguliers  et  s 'affaiblissant, 
Tauteur  se  décida  à  terminer  par  le  forceps.  Lors  de  l'application,  la 
suture  sagittale  occupait  le  diamètre  oblique  gauche,  mais  la  tète 
était  peu  engagée  et  encore  mobile.  Application  de  forceps  oblique 
et  extraction  très  laborieuse  d'abord;  a  enfin,  après  des  tractions 


70  BIBLIOGRAPHIE 

énergiques,  une  secousse  se  produit,  me  donnant  la  sensation 
d'une  résistance  vaincue,  la  tète  avait  franchi  le  rétrécissement; 
quelques  secondes  après,  elle  était  à  la  vulve  et  l'extraction  se 
faisait  sans  difûculté  et  sans  dommage  pour  le  périnée  ».  La 
tète  fœtale  présentait  des  déformations  considérables  :  c  le  côté 
gauche  aplati  se  trouvait  plus  bas  que  le  côté  dtvit  par  rapport 
à  un  plan  horizontal  passant  par  le  sommet  de  la  tête;  mais  ce 
qui  attirait  surtout  Vattention  c'était  une  dépression  p»*ofonde 
de  2  cent,  environ j  large  à  sa  base  de  2  cent.  1/3  à  3  centim,  qui 
siégeait  sur  la  portion  gauche  et  antéro-supérieure  du  frontal,  » 

Tel  est,  résumé,  le  fait  observé  par  l'auteur.  Il  en  a  rassemblé,  en 
tout,  31  analogues  et  ce  sont  ces  matériaux  qui  lui  ont  fourni  les 
éléments  d'un  travail  très  complet  sur  les  lésions  en  question 
(historique;  anatomie  pathologique;  causes  et  mécanisme;  symp- 
tômes, marche  et  pronostic;  diagnostic;  traitement). 

Conclusions.  —  1»  Les  enfoncements  du  crâne,  chez  le  fœtus, 
se  présentent  sous  deux  formes  principales  :  la  forme  d'un  sillon 
ou  d'une  gouttière  et  la  forme  d'un  godet,  d'un  entonnoir  ou  encore 
d'une  cuiller.  La  première  est  la  plus  fréquente  et  la  moins  dan- 
gereuse, la  seconde  la  plus  rare  et  la  plus  grave. 

2?  Les  fractures  accompagnent,  le  plus  souvent,  mais  non  tou- 
jours, les  dépressions  et  particulièrement  les  dépressions  de  la 
seconde  catégorie.  Dans  quelques  cas  elles  siègent  à  la  base  du 
crâne,  dans  les  points  les  plus  faibles. 

3®  Les  enfoncements  et  les  fractures  s'observent  aussi  bien  à  la 
suite  d'un  accouchement  simple  dans  un  bassin  normal,  ou  plutôt 
dans  un  bassin  vicié,  qu'à  la  suite  'd*un  accouchement  terminé  par 
le  forceps  ou  la  version. 

4»  Les  causes  qui  les  déterminent  sont  imputables  :  à  la  mère,  au 
fœtus,  dans  quelques  cas  exceptionnels  à  l'accoucheur. 

5*  Les  signes  par  lesquels  ils  se  traduisent  sont  locaux  et  géné- 
raux. 

6^  Les  conséquences  qui  en  résultent  sont  variables  dans  leurs 
manifestations  et  dans  leur  durée. 

7o  Le  meilleur  traitement  est  le  traitement  préventif,  et  il  faut 
entendre  par  là  l'accouchement  provoqué  dans  le  cas  où  Ton  se 
trouvera  en  présence  de  bassins  rétrécis  U.  L. 


GYNÉCOLOGIE  71 

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OBSTÈTRIQtJE  79 

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TBÉRAFEVTIQIJE  ET  AIVTISEPSIE.  —  BaonUD.   Hydrastinin  in 


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vnd  Studiremle,  WJl. 


Le  gérant  :  G.  Steiniikil. 


IMPftlMlERIE    LKMALB    ST    O^» ,    UAVKK 


ANNALES 

DE  GYNÉCOLOGIE 


Août  1892 


TRAVAUX   ORIGINAUX 


LA  KINÉSITHÉRAPIE  GYNÉCOLOGIQUE  (1} 

TBAITBMSNT  SU^OIB  DBS  MALADIES  D£S   FEMMES 

(Méthode  de  Th.  Brandi.) 

Par  ■.  Atepfer,  ex-chef  de  clinique  obstétricale  de  la  Faculté  de  Paria,  chargé 

de  miaslon  en  Suède,  1891. 


I.  —  Préftmbale. 

Depuis  quelques  années,  on  parle  beaucoup  de  massage 
gynécologique.  On  en  parle  trop  et  pas  assez.  Trop,  parce 
que  la  plupart  des  écrits  qui  le  mentionnent  sont  inspirés 
par  des  travaux  allemands,  et  qu'en  Allemagne  le  traite- 
ment original  suédois  a  été  presque  partout  dénaturé.  Pas 
assez,  parce  qu'il  s'agit  en  réalité  d'une  découverte  de  haute 
importance,  que  l'intérêt  des  malades  et  de  la  science  doit 
faire  étudier  à  fond. 

Pour  entreprendre  cette  étude  et  m'acquitter  de  ma  mis- 
sion, j'ai  fait  deux  voyages  en  Suède,  l'un  pendant  l'été  de  1891, 
l'autre  à  la  fin  de  l'hiver  1892.  Dans  l'intervalle  et  depuis 
mon  retour  je  me  suis  occupé  de  la  question  théorique,  de 

(1)  Bapport  adressé  à  6.  £.  le  Ministre  de  rinstruction  publique,  et  lu 
devant  TAcadémie  de  médecine  dans  la  séance  du  26  juiUet  1892. 

XKH,  PI  QTN.  —  TOU  XXZV1U  0 


82  TA  KINESITHERAPIE   GYNÉCOLOGIQUE 

la  bibliographie  déjà  encombrée,  et  j'ai  mis  pratiquement  à 
Tessai  les  notions  que  j'avais  acquises. 

C'est  à  GOteborg  ou  non  loin  de  cette  ville,  dans  une 
station  balnéaire  du  nom  de  Marstrand  que  j'ai  été  initié  à  la 
méthode  par  le  D""  Helleday,  élève  de  Brandt  inventeur  du 
traitement.  Le  D'  Helleday  est  un  praticien  justement  réputé 
en  pays  Scandinave  pour  sa  compétence  scientifique  et  son 
honorabilité.  Je  me  plais  à  lui  rendre  ici  un  juste  hommage. 

Cette  année,  je  me  suis  rendu  auprès  du  maitre  lui-môme, 
auprès  de  Brandt  que  j'ai  trouvé  exerçant  son  art  du  matin 
au  soir  malgré  ses  soixante-quatorze  ans.  «  Soyez  le  bien- 
venu, m'a-t-il  dit.  Je  vous  avais  fait  écrire  de  ne  pas  entre- 
prendre ce  long  voyage,  parce  que  je  ne  parle  pas  votre  lan- 
gue. Vous  êtes  venu  quand  môme.  Ce  n'est  pas  ma  bonne 
volonté  qui  vous  manquera.  » 

En  effet,  Brandt  après  m'avoir  envoyé  un  premier  mes- 
sage pour  me  dire  qu  il  se  tenait  à  ma  disposition,  m'en  avait 
adressé  un  second  dans  lequel  il  me  déconseillait  de  venir. 
Je  suis  parti  quand  même  et  ne  l'ai  pas  rejrretté.  Ne  con- 
naissant pas  Brandt  personnellement,  et  connaissant  par 
contre  le  jugement  sommaire  porté  jadis  en  France  sur 
sa  méthode,  je  m'étais  demandé  si  son  désistement  de  la 
dernière  heure  n'avait  pas  d'autre  cause  que  l'obstacle  ma- 
tériel de  la  langue.  C'était,  en  réalité,  simple  excès  de 
scrupule  d'un  homme  qui  pousse  la  conscience  à  l'extrême, 
car  —j'ai  hâte  de  le  dire  —j'ai  conçu  pendant  mon  séjour  en 
Suède,  une  singulière  estime  pour  son  élévation  morale.  On 
ne  saurait,  je  crois,  pousser  la  sincérité,  le  dévouement  au 
bien,  et  le  désintéressement  plus  loin  que  ce  praticien  qu'on 
vient  consulter  die  tous  les  points  de  l'Europe  sans  qu'il  ait 
jamais  songé  à  s'enrichir. 

Ce  sont  là  des  gages  à  la  confiance.  La  probité  scientifique 
peut  se  mesurer  à  la  probité  morale.  Reste  l'utopie  toujours 
possible.  Brandt  est-il  un  utopiste  ?  Je  viens  de  faire  une 
première  réponse  à  cette  hypothèse.  Si  l'utopie  existe,  elle 
dure  et  prospère  depuis  plus  de  trente  ans,  période  durant 


STAPFER  83 

laquelle  Brandt  en  pleine  activité  a  vu  parfois  cent  malades 
par  jourà  sa  consultation.  Sil'utopie  existe,  elleesten  train 
de  faire  le  tour  du  monde.  C'est  TAUemagne  qui  la  première 
accueillit  les  idées  de  Brandt.  Il  ne  s'occupait  guère  que  de 
la  propagande  des  faits,  toujours  plus  éloquents  que  les  bro- 
chures et  les  mémoires,  lorsque  l'université  d'Iéna  le  fit 
venir  et  donna  le  baptême  officiel  à  sa  méthode.  Il  est  natu- 
rel que  les  sympathies  de  Brandt  soient  acquises  au  corps 
professoral  qui  Taconsacré.  Aussiai-je  été  touché  de  la  façon 
dont  il  m'accueillit  malgré  son  grand  âge,  moi  qui,  sur  86 
médecins  venus  à  Stockholm  pour  étudier  sa  méthode,  étais 
le  premier  Français  d'origine.  J'ai  été  touché,  dis-je,  mais 
non  étonné.  Professeurs  de  faculté,  médecins  praticiens,  tous 
ont  tenu  à  me  témoigner  ou  le  souvenir  qu'ils  avaient  con- 
servé de  notre  école  à  laquelle  plusieurs  se  sont  formés,  ou 
la  haute  estime  dont  ils  honorent  la  science  médicale  fran- 
çaise, ou  simplement  la  sympathie  populaire  que  les  Sué- 
dois, ces  Français  du  Nord,  conservent  pour  notre  pays. 

Je  tenais  à  m'enquérir  de  l'opinion  du  corps  médical  et 
surtout  de  ses  membres  les  plus  autorisés  sur  leur  compa- 
triote, professeurs,  agrégés  de  la  Faculté,  assistants  ou  pri- 
vât docenten  de  l'Institut  central  et  des  policliniques,  et  je 
la  résume,  pour  l'honneur  de  la  Suède,  dans  ces  mots  de  l'un 
des  gynécologues  les  plus  autorisés  de  Stockholm  :  «  les 
bienfaits  de  la  méthode  de  Brandt  ne  sont  plus  discutables  »  ; 
mais  je  m'aperçus  vite  que  si  son  mérite  n'était  plus  contesté 
il  était  volontiers  diminué  par  beaucoup  de  praticiens.  La 
chose  s'explique  aisément.  Un  reste  de  vieux  levain  fer- 
mente encore  contre  lui.  Nul  n'est  prophète  dans  son  pays 
quand  il  est  séparé  de  l'Église.  Or  Brandt  n'est  pas  docteur. 
Il  appartient  à  une  catégorie  de  médecins  spéciale  à  la  Suède, 
catégorie  comparable  à  celle  de  nos  officiers  de  santé  avec  une 
instruction  et  surtout  une  situation  sociale  supérieures.  Les 
docteurs  Scandinaves  ont  de  la  peine  à  avouer  que  quelque 
chose  de  bon  puisse  venir  de  Nazareth,  Malgré  l'éloquence 
des  faits,  malgré  le  brevet  donné  par  l'Allemagne,  malgré 


84  LA   KINÉSITHÉRAPIE   GYNÉCOLOGIQUE 

rhonneur  fait  au  pays,  ils  ne  se  résignent  pas  tous  à  recon- 
naître la  supériorité  d'un  empirique. 

Combien  de  Français  auraient  été  Suédois  sur  ce  point? 

On  ne  devrait  pas  oublier  que  les  qualités  d'observation 
ne  se  mesurent  pas  aux  titres  acquis ,  et  la  vanité  doctorale  se 
trouverait  bien  de  méditer  ces  paroles  de  Priestley  qui,  lui 
aussi,  fut  un  grand  aventurier  de  la  science  :  «  il  arrive  à  la 
chasse,  que  ceux  qui  ont  le  plus  battu  lo  terrain,  et  qui  par 
conséquent  le  connaissent  le  mieux,  se  fatiguent  inutilement 
sans  faire  lever  le  gibier,  qui  peut  partir  dans  les  jambes  d'un 
simple  promeneur  ».  Un  jour  la  Suède  entière  s'honorera 
du  nom  de  Brandt. 

II.  —  Blalorlqae  et  crltiqne  bibliographique. 

Voici  la  curieuse  origine  du  traitement.  En  1847,  quatre 
ans  après  que  Brandt  eut  terminé  ses  études  de  médecin- 
gymnaste  à  rinstitut  central  de  Stockholm,  un  homme  at- 
teint de  chute  récente  du  rectum  réclama  ses  soins.  Il  n'y 
avait  pas  de  docteur  dans  la  localité  où  Brandt  exerçait. 
Désireux  de  soulager  ce  malade,  il  pensa  que  s'il  réussissait 
à  exercer  des  tractions  de  bas  en  haut  sur  TS  iliaque,  il  re- 
mettrait peut-être  les  choses  en  place.  Utilisant  les  notions 
anatomiques  et  physiologiques  qu'il  possédait,  il  Ht  prendre  à 
cet  homme  une  position  analogue  à  celle  qu'on  donne  pour 
l'opération  de  la  taille  périnéale,  mais  en  relevant  un  peu  le 
tronc  de  façon  à  rapprocher  les  côtes  de  la  symphyse  pubienne 
pour  faciliter  le  relâchement  de  la  sangle  abdominale.  Puis 
il  se  mit  à  droite  du  malade  et  lui  recommandant  de  ne  ré- 
sister nullement,  de  se  laisser  aller,  de  respirer  à  Taise,  il 
enfonça  avec  prudence,  mais  très  profondément  la  main  dans 
la  fosse  iliaque  gauche.  Alors  faisant  cheminer  les  doigts, 
et  entraînant  le  paquet  intestinal  dans  la  direction 
de  Tépaule  droite,  avec  un  léger  mouvement  vibratoire 
il  eut  la  satisfaction  de  voir  que  son  idée  n'était  pas  une 
chimère.  Le  rectum  rentra  dans  l'excavation  et  y  resta. 
Cette  manœuvre  d'élévation  viscérale  devait  devenir 


STAPPER  85 

plus  tard  une  des  inventions  les  plus  originales  de  Brandt 
dans  le  traitement  des  affections  du  bas-ventre  de  la  femme. 

A  la  même  époque,  Brandt  traitait  un  grand  nombre  de 
femmes  par  le  massage  général  combiné  avec  la  méthode 
gymnastique  de  Ling.  Parmi  elles,  il  en  voyait  beaucoup  at- 
teintes de  diverses  misères  que  la  sience  doctorale  ne  guéris- 
sait pas.  Toujours  dans  la  pensée  de  soulager  —  c'a  été,  je 
crois,  la  préoccupation  dominante  de  sa  vie  —  il  chercha  à  se 
débrouiller  dans  le  chaos  des  affections  gynécologiques.  L'une 
d'elles,  la  plus  simple,  toute  mécanique,  d'un  diagnostic  aisé, 
de  même  nature  et  de  même  nom  que  Taffection  guérie  par 
lui  en  1847,  captiva  d'abord  son  attention.  Je  veux  parler 
du  prolapsus  utérin.  Il  se  mit  à  étudier  la  configuration, 
les  rapports  et  surtout  les  moyens  de  fixation  des  organes 
génitaux  et  il  lui  vint  cette  idée  bizarre,  en  contradiction 
avec  ce  que  nous  savons  ou  croyons  savoir  des  causes  du 
prolapsus,  qu'il  suffirait  d'élever  l'utérus  comme  il  avait 
élevé  le  bout  inférieur  de  l'intestin  pour  le  faire  rentrer  défi- 
nitivement et  le  remettre  en  place.  Le  10  août  1861,  il  put 
exécuter  son  projet.  Il  fit  pénétrer  ses  deux  mains  ouvertes 
et  en  supination  au  niveau  des  épines  iliaques  antéro-supé- 
rieures,  saisit  le  corps  de  l'utérus  et  Téleva  doucement.  Cette 
manœuvre  fut  répétée  le  lendemain  et  les  jours  suivants  et 
en  peu  de  temps  le  miracle  fut  obtenu.  La  réduction  se  main- 
tint. Brandt  pensa  que  ce  qui  avait  réussi  pour  un  prolap- 
sus réussirait  à  plus  forte  raison  pour  de  simples  abaisse- 
ments. Il  eut  plus  de  succès  que  d'échecs. 

Le  scepticisme  avec  lequel  ces  faits  furent  accueillis  se 
devine.  Cependant  plusieurs  étaient  hors  de  contestation, 
en  particulier  celui  de  la  femme  sur  laquelle  fut  inauguré  le 
traitement.  Elle  portait  l'utérus  prolabé  dans  un  filet.  Point 
n'était  besoin  de  compétence  professionnelle  pour  un  tel  dia- 
gnostic; mais  la  plupart  des  médecins  haussèrent  les  épaules 
sans  rien  examiner.  Quelques-uns  seulement  se  donnèrent 
la  peine  de  réfléchir,  d'aller  voir,  et  d'expérimenter  eux-mê- 
mes. Le  D'  Levin  fit  une  communication  à  la  Société  de  mé- 


86  LA.  KINÉSITHÉRAPIE  GYNÉCOLOGIQUE 

decîne  de  Stockholm.  Une  discussion  suivit  et  certains  faits 
ne  paraissant  plus  contestables,  on  contesta  la  nouveauté 
du  procédé.  Il  était  cependant,  certes,  assez  original;  mais 
c'est  la  marche  ordinaire  de  la  critique  envieuse. 

Hartelius,  professeur  à  l'Institut  central,  esprit  droit,  prit 
la  défense  de  son  compatriote  (i)  et  lui  donna  le  judicieux 
conseil  de  faire  précéder  tout  traitement  d'une  exploration  mi- 
nutieuse et  d'un  diagnostic  exact  contrôlé  par  les  médecins. 
Or,  la  majorité  de  ceux-ci  refusa  le  contrôle  et  la  minorité 
fut  si  violemment  critiquée  par  la  presse,  que  Braudt  n'osa 
plus  exposer  ses  amis  à  pareille  mésaventure  :  «  Je  me  con- 
tenterai, disait-il,  de  la  guérison  des  malades.  Heureuse- 
ment, c'est  quelque  chose  ». 

Il  sut  mettre  à  profit  les  conseils  d'Hartelius.  Toutes  les 
abandonnées  de  la  gynécologie  —  et  il  n'en  manquait  pas 
alors  —  affluant  chez  lui,  il  s'exerça  au  diagnostic,  se  créa 
une  méthode  d'exploration  et  acquit  une  prodigieuse  habi- 
leté. Peu  à  peu,  et  par  une  expérience  toujours  croissante, 
il  conçut  tout  un  traitement  fondé  sur  l'exactitude  et  la 
finesse  du  diagnostic.  Il  s'aperçut  que  par  le  massage  direct 
de  l'utérus  on  modifiait  son  volume,  sa  consistance,  ses  sé- 
crétions, que  par  les  manœuvres  d'élévation  on  rendait  dans 
certaines  circonstances  aux  ligaments  leur  tonicité,  que  les 
organes  adhérents  pouvaient  être  dissociés  et  rendus  libres. 
Au  massage,  il  joignit  comme  moyen  curatif  en  les  modifiant, 
les  divers  mouvements  gymnastiques  de  Ling,  et  puisa  dans 
ses  succès  cette  confiance  que  les  confrères  lui  avaient  re- 
fusée. Sa  seule  satisfaction  était  de  guérir  ce  qui  était  réputé 
inguérissable  et  peut-être  aussi,  à  mesure  qu'il  passait  maî- 
tre dans  l'exploration,  de  rectifier  quelques-uns  de  ces  dia- 
gnostics dont  on  lui  avait  refusé  l'attestation  écrite. 

J*ai  dit  que  Brandt  se  contentait  de  la  propagande  des 
faits.  Je  me  trompe.  En  1864,  il  avait  publié  une  brochure  : 


(1)  Hygisea.  —  Journal  SuédoU.  Mars,   1865.,  p.  53. 


STAPFER  87 

affections  utérines  et  prolapsus  (1).  En  1868,  il  en  publia  une 
seconde  et  —  chose  curieuse  —  notre  pays  en  eut  la  primeur. 

Il  eut  en  effet  la  malencontreuse  idée  de  faire  traduire,  ou 
plutôt  travestir  en  français  un  petit  livre  offert  sous  un 
aspect  tel  qu'il  était  fatalement  destiné  à  être  lu  avec  le 
pouce  et  jeté  au  panier  en  compagnie  des  réclames  de  char- 
latan. L'auteur  semble  ignorer  les  termes  élémentaires  de  la 
gynécologie  et  être  incapable  d'énoncer  un  diagnostic.  Il  est 
question  dans  son  travail  d'  «  endurcissements  de  la  matrice  » 
comme  dans  les  traités  du  XVP  siècle.  La  méthode  est 
qualifiée  de  magnétique.  Comme  dans  certains  prospectus 
d'origine  non  douteuse,  on  y  trouve  quantité  de  certificats 
de  guérison  donnés  par  X.  Z.  ou  N.  Enfin,  l'auteur  se  pré- 
sente comme  un  major  de  l'armée  suédoise,  chevalier  de 
Tordre  de  l'épée,  capitaine  du  régiment  d'infanterie  de  Ska- 
raborg.  Ces  titres  devaient  paraître  le  comble  du  ridicule 
aux  Français,  surtout  aux  Français  assez  nombreux  qui  con- 
fondent Jes  Suédois  et  les  Lapons,  et  produire  l'irrésistible 
effet  d'un  traité  d'obstétrique,  dont  l'auteur  s'intitulerait  : 
B.,  accoucheur  au  7«  zouaves.  Donc  ce  mémoire  portant  sa 
condamnation  sur  la  couverture  môme,  passa  inaperçu  ou  à 
peu  près.  Il  fut  l'objet  d'un  article  de  journal  qui  traita  Brandt 
de  a  malhonnête  »,  ses  malades  de  «  femmes  éhontées  »  et 
prit  soin  de  lui  faire  parvenir  ce  compliment.  Brandt  rentra 
dans  sa  coquille.  Malmené  et  même  vilipendé  à  l'étranger 
comme  dans  sa  patrie,  il  s'abstint  de  parler  et  d'écrire. 

Aujourd'hui,  après  vingt-quatre  ans  écoulés,  et  pour  qui 
connaît  Brandt  et  sa  méthode,  cette  brochure  a  l'intérêt 
d'une  curiosité.  Elle  contient  son  traitement  en  germe,  à 
l'état  embryonnaire  et  confus.  Elle  est  le  miroir  de  ses 
défauts  et  aussi  de  ses  qualités  innées  d'observateur.  On 
sent  que  rien  n'est  copié  dans  les  livres,  et  tel  tableau  étio- 
logique  des  maladies  des  femmes  a  la  franche  saveur  d'une 

(1)  Poiir  toute  la  bibUographie,  consultez  l'index. 


88  L'A   KINÉSITHÉRAPIE  GYNÉCOLOGIQUE 

page  de  Maurîceau  ;  mais  ce  n'est,  je  le  répète,  qu'une  curio- 
sité. 

En  1873,  Brandteut  la  satisfaction  de  voir  un  médecin  de 
Christiania,  le  D'Nissen,  se  mettre  délibérément  à  son  école. 
Ce  fut,  je  crois,  son  premier  élève.  Il  resta  son  ami  dévoué. 
Nous  le  retrouverons  compagnon  et  collaborateur  de  Brandt 
quand  l'université  allemande  le  fit  venir  à  léna.  Un  an  aupa- 
ravant, le  professeur  Skôldberg,  de  Stockholm,  frappé  des 
résultats  obtenus,  l'avait  engagé  à  s'établir  dans  cette  ville 
pour  donner  à  sa  méthode  la  publicité  et  la  sanction  dont  il 
la  jugeait  digne.  Brandt  jouait  de  malheur.  Le  professeur 
mourut  dans  le  cours  de  la  même  année,  au  moment  où  il 
signalait  aux  étudiants,  Timportance  du  traitement.  Â  la 
même  époque,  ou  vers  la  fin  de  1871,  un  Suédois,  devenu 
depuis  Parisien,  mais  qui  exerçait  alors  à  Stockholm  et 
s'adonnait  à  la  gynécologie,  constata  la  guérison  complète 
de  femmes  atteintes  d'affections  chroniques  des  organes 
génitaux.  Ces  femmes,  après  avoir  erré  de  médecin  en  méde- 
cin, de  traitement  palliatif  en  traitement  palliatif,  s'étaient  en 
définitive  adressées  à  Brandt.  Il  comprit  l'importance  de 
cette  trouvaille  et  sans  étudier  à  fond  les  principes  du  trai- 
tement, se  contentant  de  Tidée  de  massage  dont  il  appréciait 
la  justesse,  convaincu  sans  doute  que  ce  qu'un  empirique 
avait  inventé,  lui,  docteur,  le  réinventerait  sans  peine  en  le 
simplifiant  et  le  perfectionnant,  il  se  composa  une  méthode 
hybride  et  incomplète.  Je  parle  du  D'  NorstrOm,  et  j'insiste 
sur  son  erreur,  parce  que  la  plupart  des  Allemands,  Proch- 
ovnick  en  particulier,  l'ont  commise  à  leur  tour,  et  qu'on 
la  commettrsiit  facilement  en  France.  Les  publications  de 
Norstrôm  sont  nombreuses  :  communication  à  l'Académie 
en  1876,  mémoire  consécutif,  collaboration  à  une  thèse  qui 
fut  présentée  mais  non  soutenue  à  la  Faculté  et  qui  valut 
à  l'auteur  une  réprimande  analogue  à  celle  que  Costa  s'attira 


STAPFER  89 

en  proposant  Taccouchement  prématuré  (1);  deuxième,  troi- 
sième et  quatrième  mémoire  sur  le  massage  des  affections  de 
l'utérus  et  des  annexes  en  1889,  1891  et  1892.  Quatorze  ans 
séparent  les  premières  monographies  des  dernières  en  raison 
de  l'accueil  fait  à  celles-là.  Norstromn'en  reprit  le  cours  qu'a- 
près Tadoption  de  la  méthode  de  Brandt  par  l'Allemagne.  Il 
s*enhardit  alors  et  publia  une  série  d'observations  prises 
pour  la-  plupart  dans  le  service  du  D^  Péan,  à  l'hôpital 
St-Louis.  Quelles  que  soient  les  critiques  qu'on  puisse  faire 
de  ses  ouvrages,  ils  ont  une  valeur  documentaire,  et  Nors- 
trOm  est  chronologiquement,  après  Topuscule  original  de 
Brandt,  le  premier  qui  ait  cherché  à  introduire  en  France  une 
sorte  de  massage  gynécologique,  mais  il  n'a  pas  rendu  hom- 
mage à  son  compatriote^  et  s'est  constamment  écarté  de  ses 
principes. 

Les  principes  de  la  méthode  suédoise  ont  fait  le  sujet  d^un 
livre  publié  par  Brandt  en  1884  à  Stockholm.  Je  tenais  beau- 
coup à  le  connaître,  car  c'est  le  seul  qui  soit  écrit  de  sa  main. 
D'autres  ont  été  publiés  depuis  en  Allemagne,  et  d'après  ce 
livre,  avec  des  changements,  des  corrections  et  même  des 
perfectionnements  ;  mais  ils  ne  sont  plus  de  l'homme  même 
et  je  voulais  connaître  l'homme  même.  On  me  déconseillait 
ce  travail  comme  au  moins  inutile.  «  Le  livre,  me  disait-on, 
est  mal  fait  ;  il  n'a  rien  de  scientifique  ;  certains  passages 
sont  incompréhensibles.  »  J'ai  tenu  bon.  Point  n'est  besoin 
de  voir  un  médecin  à  l'œuvre  pour  juger  s'il  est  observateur 
et  clinicien.  Un  livre  de  sa  composition,  parfois  une  simple 

(I)  L'accouehemeDt  prématuré  artificiel,  cette  découverte  qui  a  sauvé  et 
sauve  tant  d'existences,  fut  condamné  au  nom  de  la  morale.  Ladite  thèse  fut 
condamnée  au  feu,  pour  sacrilège,  mais  sans  Tintervention  du  bourreau, 
parce  qu'on  vivait  en  plein  XIX«  siècle.  A  ce  propos  je  ferai  remarquer  que 
je  n*ai  pas  traité  une  seule  fois  dans  ce  rapport  la  question  puérile  et  anti- 
scientifique de  convenance  et  d'inconvenance  du  traitement  dont  parlent 
les  auteurs.  Le  palper  est  inconvenant,  le  toucher  est  inconvenant,  le  spé- 
culum est  inconvenant,  toute  la  gynécologie  et  la  tocologie  sont  inconve- 
nantes. Quant  au  danger  d'excitation  génitale,  tout,  dans  la  méthode  de 
Brandi^  ut  combiné  pour  le  conjurer. 


90  L\  KINÉSITHÉRAPIE  GYNÉCOLOGIQUE 

communication  suffisent.  Si  Brandt  avait,  comme  je  le 
croyais,  ce  sens  inné,  ce  don  qu'on  appelle  esprit  clinique, 
son  livre,  fût-il  imparfait,  devait  en  porterie  sceau,  comme  il 
devait  garder  le  reflet  de  sa  stricte  probité.  Je  ne  m'étais  pas 
trompé.  J'accorde  que  le  livre  est  mal  construit,  incomplet, 
nullement  didactique  et  qu'il  manque  de  plan  et  d'ensemble, 
mais  la  science  médicale  consiste  avant  tout  dans  Tobser- 
vation  et,  à  ce  point  de  vue,  le  livre  de  Brandt  est  génial. 
Seulement  dans  l'intérêt  même  de  la  méthode  et  pour  sa 
propagation,  il  était  nécessaire  de  refondre  l'ouvrage  qui  a 
tantôt  perdu,  tantôt  gagné  à  ces  remaniements  dont  les  élè- 
ves de  Brandt  et  les  Allemands  se  sont  chargés. 

C^est  en  1886  que  l'université  d'Iéna  invita  Brandt  à  venir 
prouver  au  lit  des  malades  que  son  traitement  n'était  pas 
une  utopie.  Schultze  fit  cette  proposition,  sur  la  demande 
de  Profanter,  que  le  bruit  des  guérisons  opérées  par  Brandt 
avait  attiré  à  Stockholm.  Le  voyage  de  Profanter  eut  lieu 
dans  l'hiver  de  1885  à  1886.  Après  avoir  constaté  Texcellence 
de  la  méthode,  il  demanda  à  Brandt  s'il  ne  consentirait  pas  à 
venir  en  Allemagne  pour  la  soumettre  au  contrôle  de  l'auto- 
rité gynécologique  du  professeur  Schultze.  Brandt  accepta 
et,  au  mois  de  novembre  1886,  se  rendità  lénaavecle  D'Nissen, 
son  élève,  uneaide  femme,  M"'  Johanson,etle  D'  Profanter. 
On  réunit  seize  cas  divers  dont  on  demanda  d'abord  à  Brandt 
le  diagnostic.  Malgré  le  témoignage  de  Profanter,  l'incrédu- 
lité générale  et  même  le  parti  pris  d'opposition  de  quelques 
médecins  présents  dominaient.  «  Sait-il  seulement  faire  un 
examen,  disait-on  ?  » 

Brandt  examina  à  sa  façon  et  sans  chloroforme.  Les 
Allemands  examinèrent  à  leur  tour,  à  leur  façon,  et  pen- 
dant la  narcose.  Grande  fut  leur  stupéfaction.  L'empiri- 
que par  sa  palpation  et  son  toucher  fins  et  délicats,  était 
arrivé,  en  pleine  veille,  en  pleine  résistance  des  malades,  aux 
mêmes  résultats  que  les  gynécologues  de  profession  par  lex- 
ploration  bimanuelle  forcée,  en  pleine  résolution.  C'était  à 
croire  que  ses  doigts  avaient  des  papilles  spéciales.  «  Il 


STAPPER  91 

explorait  les  ovaires  aussi  bien  que  nous,  dit  un  témoin  ocu- 
laire allemand,  Skutsch.  Ses  diagnostics  avaient  la  préci- 
sion des  nôtres.  Il  examinait  avec  une  aisance  remarquable 
les  cas  les  plus  difficiles.  »  Bref,  on  nota  par  écrit  l'état  des 
malades.  Le  professeur  Schultze  fit  des  dessins  schémati- 
ques ;  puis  les  femmes  furent  confiées  au  traitement  suédois 
dont  les  effets  restaient  à  démontrer. 

Au  nombre  des  cas,  il  en  était  un  typique  de  paramétrite. 
Profanter,  dans  sa  brochure  sur  le  massage  gynécologique, 
en  a  donné  une  description  dont  la  précision  laisse  peu  à 
désirer.  Les  schémas  de  Schultze  accompagnent  cette  obser- 
vation, écrite  au  jour  le  jour. 

Il  s'agissait  (fun  exsudât  occupant  toute  la  largeur  du 
bassin,  c'est-à-dire  l'étendue  des  ligaments  larges.  L'utérus 
était  en  latéro-version  gauche  ;  son  col  fixé  ;  le  corps  reve- 
nant en  arrière  et  à  gauche  avec  la  force  d'un  ressort,  quand 
on  le  soulevait  pendant  la  narcose.  Les  ovaires  étaient 
englobés  dans  la  masse  paramétritique.  La  malade  souffrait 
du  côté  gauche,  avait  du  ténesme  vésical,  une  miction  et  une 
défécation  douloureuses  ;  les  règles  ne  Tétaient  pas  moins  et 
des  attaques  hystériques  les  précédaient.  Le  traitement  fut 
institué  le  22  novembre.  Le  26,  l'utérus  était  devenu  assez 
mobile  pour  se  laisser  pousser  dans  la  ligne  médiane.  Le 
ténesme  vésical  avait  disparu  ;  les  garde-robes  étaient 
indolores.  L'exsudat  s'amollissait.  Le  23  décembre,  c'est-à- 
dire  un  mois  après  le  début  du  traitement,  les  règles  com- 
mencèrent. L'époque  prémenstruelle  avait  été  un  peu  dou- 
loureuse, l'époque  menstruelle  fut  indolore.  Le  7  janvier 
l'utérus  était  redressable,  son  corps  porté  à  droite,  le  col  à 
gauche.  Abandonné  à  lui-même,  il  reprenait  la  position  pri- 
mitive. Le  12  janvier  on  pouvait  palper  l'ovaire  gauche 
encore  fixé  comme  l'ovaire  droit,  gros  et  douloureux  à  la 
la  pression.  On  les  avait  perçus  à  travers  les  brides,  l'un  le 
i"  décembre,  Tautre  le  24.  Le  23  janvier  ils  étaient  mobiles 
tous  deux,  de  grosseur  normale,  non  douloureux  et  occu- 
paient le  bord  du  psoas.  Le  traitement  avait  duré  52  jours. 


92  LA  KINÉSITHÉRAPIE  GYNÉCOLOGIQUE 

Daûs  lôs  quinze  autres  cas  soignés  par  Brandt  à  léna,  les 
Allemands  citent  celui  d'un  utérus  rétrofléchi,  irréductible, 
adhérent  au  rectum,  qui  fut  séparé  de  Tintestin,  réduit  et  mis 
en  antéversion  normale  dans  l'espace  d'un  mois,  et  d'un  héma- 
tome gros  comme  le  poing  dont  la  résorption  se  fît  rapide- 
ment. Brandt  ne  fut  pas  aussi  favorisé  dans  toutes  les  affec- 
tions qu'il  traita  en  Allemagne  ;  mais  il  eut  toujours  au  moins 
une  amélioration,  et^  chose  importante  ànoter,  la  chronique 
ne  relate  aucun  accident.  Elle  s'empresse  même  d'en  signa- 
ler l'absence,  et  on  rechercha  avec  soin  la  moindre  éléva- 
tion do  température.  Un  assistant,  ennemi  juré  de  la  méthode 
avant  de  laconnaitre  et  difficile  à  convertir,  poursuivait  les 
malades  le  thermomètre  à  la  main. 

Une  des  guérisons  les  plus  remarquées  et  les  plus  remar- 
quables fut  celle  d'un  prolapsus  utérin  total.  La  descente 
de  l'organe  avait  commencé  onze  ans  auparavant.  Elle  ne 
compléta  huit  ans  après,  à  la  suite  d'efforts  faits  en  soule- 
vant un  pesant  fardeau.  La  malade  était  relativement  jeune  : 
34  ans.  Le  périnée  mesurait  un  centimètre  et  demi.  Pas  de 
rectocèle.  Lo  vagin  prolabé  et  l'utérus  se  laissaient  refouler 
profondément  dans  le  bassin  pendant  la  narcose.  Orifice  cer- 
vical large,  en  ectropion.  Ulcère  de  la  lèvre  antérieure,  allon- 
gée. Ténesme  vésical.  Urines  douloureuses.  Violentes  souf- 
frances pendant  la  menstruation.  Le  30  déceml^re  1886, 
Brandt  commença  le  traitement  par  les  manœuvres  dites 
d'élévation.  Dès  le  lendemain,  Tutérus  se  maintenait  dans  le 
bassin.  Par  le  toucher,  on  sentait  les  replis  de  Douglas  for- 
tement tendus.  Du  l*'au  30  janvier  on  constata  que  la  situa- 
tion et  le  volume  du  corps  et  du  col  se  rapprochaient  peu  à 
peu  de  la  normale.  Le  31  janvier,  on  congédia  la  malade  qui, 
d'ailleurs,  avait  fait  de  nombreuses  promenades  à  Thôpital 
dès  le  premier  jour  du  traitement.  Elle  revint  un  an  et  trois 
semaines  plus  tard,  après  avoir  repris  sans  inconvénient  ses 
travaux,  lavant,  récurant,  portant  des  fardeaux.  Le  col  se 
trouvait  un  peu  au-dessus  de  la  ligne  des  épines  sciatiques. 
La  lèvre    antérieure  était  égale  en  longueur  à  la  posté- 


STAPFER  93 

rieure.  Le  paramètre  était  souple  et  indolore;  Tovaire  gau- 
che près  de  la  symphyse  sacro-iliaque,  le  droit  dans  le 
cul-de-sac  de  Douglas,  tous  deux  insensibles  à  la  pression. 
L'utérus  était  en  rétroversion,  et  pour  cette  raison,  Brandt 
ne  considère  pas  le  résultat  comme  parfait  ;  ce  qui  prouve 
qu*il  est  difficile  et  exigeant  pour  lui-môme,  car,  comme  on 
vient  de  le  voir  et  suivant  les  rapports  de  la  clinique  d'Iéna, 
les  résultats  obtenus  étaient  comparables  à  ceux  de  la  plus 
heureuse  opération  chirurgicale. 

Après  ces  officielles  preuves  de  sa  découverte,  Brandt  ren- 
tra dans  son  pays  presque  aussi  obcurément  qu'il  en  était 
sorti.  Le  bruit  qui  était  né  et  qui  grandissait  en  Allemagne 
autour  de  son  nom  était  cependant  parvenu  jusqu'en  Suède; 
il  se  renforça  plus  tard  par  les  rumeurs  de  la  presse  germa- 
nique, mais  les  médecins  suédois,  qui  se  tiennent  avec  un  soin 
remarquable  au  courant  des  moindres  productions  étrangères, 
semblèrent  peu  soucieux  de  cette  découverte  nationale  que 
les  Allemands  proclamaient.  Un  peu  plus  de  justice  et  de 
considération  aurait  honoré  la  patrie  d'Olaûs  Rudbeck,  de 
Retzius,  de  Ling,  de  Berzélius  et  de  Linné. 

Les  médecins  allemands  accoururent  à  Stockholm  et  se 
mirent  à  Técole  de  Brandt.  Bientôt,  de  nombreuses  brochu- 
res, articles  de  journaux,  leçons  officielles,  observations  va- 
riées, parurent  à  Vienne  et  à  Berlin.  Ces  publications  sont 
postérieures  pour  la  plupart,  au  mémoire  de  Profanter  que 
précède  une  préface  de  Schultze.  Quelques-unes  cependant 
et  d'autres  d'origine  différente,  sont  antérieures,  comme 
celles  de  Prochovnick  qui,  plus  tard,  a  réuni  en  un  volume 
ses  expériences  personnelles  et  ses  résultats,  très  inférieurs 
à  ceux  de  Brandt  dont  il  ignore  la  méthode,  bien  qu'il  pré- 
tende la  connaître.  On  formerait  aisément  deux  autres  volu- 
mes avec  le  reste  des  travaux  allemands.  Il  y  a  dans  ce  pays 
une  sorte  de  démangeaison  de  se  voir  imprimer.  Tous  les 
auteurs,  à  l'exception  unique,je  crois,  du  professeur  Schauta, 
dénaturent  le  traitement  suédois.  Quand  l'erreur  d'un  écri- 
vain consiste  seulement  en  faits  cliniques  insuffisamment 


94  LA  KINÉSITHÉRAPIE  GYNÉCOLOGIQUE 

décrits  ou  mal  constatés,  le  lecteur,  s'il  a  lintelligence  cri- 
tique, fait  vite  la  part  des  valeurs  et  des  non-valeurs  ;  mais 
quand  l'erreur  est  commise  sur  les  principes  mêmes  d'une 
méthode,  elle  risque  de  s'accréditer  et  de  faire  tort  à  la 
méthode,  à  son  inventeur  et  aux  malades.  Je  sais  par  expé- 
rience combien  il  est  difficile  à  un  étranger  de  s'assimiler  les 
idées  et  la  manière  de  Brandt  ;  je  ne  voudrais  pas  me  poser 
en  redresseur  de  toutes  les  fautes  publiées  et  je  n'ai  pas  la 
prétention  de  posséder  intellectu  manuque^  un  traitement 
qui  est  l'œuvre  de  trente  ans  d'expérience  ;  mais  déjà  main- 
tenant, je  suis  en  mesure  de  prouver  que  dès  l'apparition 
des  premiers  travaux  sur  le  sujet,  on  a  tronqué  la  méthode. 
Prenons  par  exemple  un  bon  livre  allemand,  le  livre 
princeps,  à  dater  du  séjour  à  léna,  celui  de  Profanter.  Ce 
n'est  qu'un  recueil  d'observations  ;  la  méthode  n'est  pas  dé- 
crite. Il  semble  donc  hors  de  critique  à  cet  égard  ;  mais  son 
titre  seul  prouve  que  l'auteur  n*a  pas  saisi  l'ensemble  du 
traitement.  Il  est  intitulé  :  Le  massage  en  gynécologie. 
—  Die  massage  iii  der  Gynœhologie,  —  Or,  le  massage 
n'est  qu*une  fraction  du  traitement  et,  de  plus,  dans  le  mas- 
sage même  et  dans  l'exploration,  les  Allemands  ne  se  confor- 
ment pas  à  la  technique  suédoise. 

Deux  éditions  de  l'ouvrage  do  Brandt  ont  été  imprimées 
en  Allemagne,  l'une  à  Vienne,  l'autre  à  Berlin.  La  traduction 
viennoise  du  D'  Resch  sabre  les  chapitres  relatifs  à  la  gym- 
nastique, et  pour  le  reste  est  souvent  inexacte,  mais 
dans  quelques  bonnes  parties  on  retrouve  les  qualités  du 
livre  original.  La  traduction  de  Berlin  est  une  transforma- 
tion à  laquelle  un  docteur  suédois,  Lindblom,  élève  de  Brandt, 
a  pris  part.  Elle  est  plus  complète  que  Touvrage  suédois  et 
Brandt  la  considère  comme  supérieure.  En  ce  moment,  le 
professeur  Schauta  s'occupe  d'une  nouvelle  refonte  dont 
Brandt  a  fourni  les  matériaux.  Le  texte  a  été  mis  en  alle- 
mand à  Upsal.  Ce  sera  le  meilleur  livre,  suivant  lui. 

Les  travaux  suédois,  très  peu  nombreux,  se  bornent  à  quel** 
ques  monographies  :  une  du  D' Nissen  ;  une  autre  du  D''  Jo- 


STAPFEn  95 

sephson  et  deux  du  D*"  Lindblom.  Ces  dernières  ont  été  pu- 
bliées en  allemand. 

Les  travaux  français  se  composent,  outre  ceux  deNorstrôm, 
d'un  article  du  D""  Goldspiegel-Sosnowska  qui  s'est  loua- 
blement  efforcé  de  donner  une  idée  des  principales  pratiques 
de  Brandt,  et  d'ouvrages  Genevois,  le  mémoire  de  Vuillet  peu 
conforme  à  la  pratique  suédoise  et  le  livre  des  D"  Jentzer  et 
Bourcart,  trop  schématique,  mais  dont  les  auteurs,  soucieux 
des  principes  gymnastiques,  ont  cherché  à  être  exacts  et  à 
faire  valoir  l'importance  des  mouvements  musculaires.  Je  ne 
dois  pas  oublier  le  D' Stas,  d'Anvers,  qui  a  communiqué  à  la 
Société  de  médecine  de  cette  ville  la  traduction  de  l'ouvrage 
de  Resch.  Quanta  nos  traités  de  gynécologie,  ou  bien  ils  ne 
mentionnent  pas  la  méthode  de  Brandt,  ou  bien  ils  déclarent 
ne  pas  la  connaître,  ou  bien  ils  en  nient  les  résultats,  ou  bien 
ils  en  donnent  une  description  moitié  tudesque,  moitié  fan- 
taisiste. 

J'aborde  maintenant  l'étude  du  traitement. 

Les  chapitres  qui  suivent  sont  le  résumé  des  notions  gé- 
nérales de  pratique,  acquises  par  moi  en  une  seule  année. 
Je  ne  prétends  pas  n'avoir  commis  aucune  erreur,  aucun 
oubli.  Je  prétends  seulement  donner  une  vue  d'ensemble  de 
la  méthode  telle  que  je  la  conçois  aujourd'hui,  et  j'ajoute,  une 
vue  clinique.  Les  schémas,  les  théories,  labibliomanie  et  les 
statistiques  ne  sont  pas  mon  affaire.  On  ne  doit  point  juger 
cette  brochure  avec  la  sévérité  d*un  traité  didactique  que 
plusieurs  années  de  travail  peuvent  seules  mener  à  bien. 

III.  —  Traitement. 

Dénomination.  —  Je  l'appelle  kinésithérapie  pour  faire 
comprendre  qxiHl  n'est  pas  uniquement  constitué  par  le 
massage. 

Définition.  —  La  kinésithérapie  gynécologique  est  l'art 
de  guérir  les  troubles  fonctionnels  et  les  maladies  des 
femmes,  en  agissant  sur  les  organes  génitaux  et  leur  circu- 
lation^ par  des  mouvements  (xIvT^di;)  tantôt  directs  (mas- 
sage, élévation),  tantôt  indirects  (gymnastique). 


96  LÀ   KINÉSITHÉRAPIE   GYNÉCOLOGIQUE 

But.  —  La  kinésithérapie  gynécologique  a  pour  but  la 
libération  des  organes  génitaux  et  le  rétablissement  de 
leur  intégrité  anatomo-physiologique ,  sans  opération 
tranchante,  sans  appareils  chirurgicaux,  sans  médication, 
sans  repos  absolu  ni  prolongé. 

Tel  est  l'idéal  visé  ;  on  l'atteint  dans  plus  d'un  cas. 

Durée.  —  Elle  est  fort  variable;  exceptionnellement 
courte  ;  parfois  très  longue  ;  trois  mois  en  moyenne.  En 
général,  plus  Taffection  est  ancienne,  plus  les  progrès  sont 
lents. 

INDICATIONS 

Le  traitement  est  indiqué  pa^  les  simples  troubles  fonc- 
tionnels, parles  déviations  organiques,  déplacements  de  Tuté- 
rus  et  de  ses  annexes,  prolapsus,  versions  et  flexions  qui 
altèrent  la  santé  ;  par  les  adhérences  et  fixations  anormales, 
par  la  brièveté  acquise  ou  la  contracture  des  ligaments,  par 
leur  défaut  de  tonicité,  par  les  exsuda ts  péri  et  paramétriti- 
ques,  lymphatiques  et  sanguins,  par  les  inflammations  chro- 
niques et  subaiguës  du  parenchyme  et  de  la  muqueuse  du 
corps  et  du  col  utérin,  formes  multiples  de  la  métrite  et  ses 
conséquences,  leucorrhée,  hémorrhagies,  fongosités  et  ulcè- 
reS;  par  les  inflammations  chroniques  et  subaiguôs  des  ovai* 
res  et  des  trompes,  oophorites,  périoophorites  et  salpingites  ; 
enfin,  par  tout  ce  qu'on  peut  réunir  sous  le  nom  de  mi- 
sère gynécologique,  misère  telle  dans  certains  cas,  que  le 
praticien  à  bout  de  ressources,  se  décide  après  temporisa-» 
tion  àdes  opérations  plus  ou  moins  graves  qui  ne  réussissent 
pas  toujours  et  parfois  compromettent  ou  suppriment  la  vie 
génitale. 

CONTRE-INDICATIONS 

Le  traitement  est  contre-indiqué,  relativement^  par  l'état 
aigu  ;  absolument^  par  la  purulence  et  les  néoplasmes  malins 
ou  bénins.  Sont  exceptées  cependant  dans  cette  dernière 
catégorie,  les  petites  et  moyennes  tumeurs  utérines  dont 
Téliminatiou  ou  l'atrophie  pourrait  être  favorisée  par  la  mé- 


STAPFER  97 

thode  suédoise  ou  qui  seraient  la  source  d'accidents  qu'elle 
conjuré  ou  atténue.  Tels  sont  certains  polypes  et  leurs 
hémôrrhâgies. 

CONDITIONS  NÉCESSAIRES  POUR  ÊTRE  BON  OPÉRATEUR 

Outre  la  connaissance  exacte  des  mouvements  gymnasti- 
ques  spéciaux  institués  par  Brandt,  d'après  les  principes 
généraux  de  Ling,  outre  un  tact  exercé  et  l'habitude  du  dia- 
gnostic, toutes  choses  qui  s'acquièrent  par  la  pratique  et  se 
perfectionnent  singulièrement  par  Tapplication  rigoureuse, 
dé  la  méthode,  le  médecin  doit  avoir  des  qualités  de  main 
particulières,  grande  souplesse  articulaire,  écart  considéra- 
ble du  médius  et  de  Tindex  de  la  main  gauche  qui  seule  sert 
au  toucher. 

.  La  main  droite  exclue  de  Texploration  interne,  Textenr 
sion  de  tous  les  doigts  au  lieu  de  la  flexion  du  médius, 
de  Tannulaire  et  de  Tauriculaire  en  usage  dans  tous  les 
pays,  m*ont  frappé  et  même  choqué  lors  de  mon  premier 
voyage,  et  à  l'arrivée,  comme  une  bizarrerie  ;  mais  j'ai 
vite  compris  Futilité  de  cette  attitude,  pour  une  pénétra- 
tion profonde,  et  ce  que  faisait  gagner  l'écart  du  médius 
et  de  l'index.  Je  fus  surpris  de  voir  que  le  D'  Helleday  dont 
les  doigts  étaient  moins  longs  que  les  miens,  explorait 
plus  haut  et  plus  loin.  J'examinai  ses  mains  et  je  constatai 
qu'il  obtenait  à  force  d'habitude  et  par  le  seul  effort  muscu- 
laire, sans  pression  adjuvante,  un  écart  du  médius  et  de  l'in- 
dex supérieur  au  mien  de  près  de  trois  centimètres.  Cela 
s'acquiert  encore  par  l'exercice,  fort  heureusement,  car  par 
la  grandeur  de  cet  écart  on  atténue  dans  une  certaine  mesure, 
mais  dans  une  certaine  mesure  seulement,  un  inconvénient 
presque  irréparable.  Je  veux  parler  de  la  brièveté  naturelle 
de  l'index.  Inutile  de  songer  à  pratiquer  le  traitement  quand 
on  a  des  doigts  courts,  et  c'est  ce  qui  fait  l'infériorité  de  la 
plupart  des  femmes  dans  ce  genre  de  pratique,  autant  et 
même  plus  que  le  défaut  de  force.  Brandt  doit  en  partie  son 
extraordinaire  habileté  à  sa  conformation  physique.  Ses  mains 

AXS  xn  OTK.  —  VOL.  xxxmi.  7 


'98  LA  KINÉSITHÉRAPIE   GYNÉCOLOGIQUE 

ont  une  mollesse,  une  flaccidité  qui  frappent  la  première  fois 
qu*on  les  saisit,etson  index  mesure  de  Tinterligne  articulaire 
métacarpo-phalangien  à  la  pulpe,  dix  centimèt.,  c'est-à-dirè 
huit  millimèt.  de  plus  que  la  moyenne  générale,  même  chez 
les  hommes  de  sa  taille,  que  j'évalue  approximativement  à 
1  m.  80  c.  Je  donne  la  longueur  absolue  de  l'index  de  Brandt, 
la  longueur  du  squelette.  Elle  représente  à  peu  près  chez  lui 
la  longueur  utile.  Celle-ci  doit  être  mesurée  du  milieu  du  pli 
inter-digital  refoulé  en  arrière.  Ce  pli  et  la  petitesse  d'écart, 
du  médius  et  de  Tindex  font  perdre  plusieurs  millimètres  de 
longueur  ;  mais  par  Texercice  on  regagne  le  terrain  perdu. 
Donc,  bien  que  les  dimensions  congénitales  du  doigt  aient 
une  grande  importance  surtout  quand  le  bassin  est  profond, 
et  les  tissus  gras  ou  résistants,  on  peut,  &  condition  de  se 
conformer  à  la  technique  Suédoise,  devenir  habile  praticien, 
avec  un  index  moyen,  un  peu  d*adresse,  beaucoup  de  pa- 
tience, et  l'esprit  d'observation  qui  enseigne  comment  en 
modifiant  Tattitude  de  la  femme,  on  parvient  à  atteindre  des 
organes  qui  semblaient  inaccessibles. 

Le  traitement  de  Brandt  n'exige  aucun  appareil,  aucoa 
instrument  spécial.  Une  chaise  longue  et  un  tabouret  for- 
ment tout  l'attirail,  les  doigts,  les  seuls  outils  ;  cependant 
pour  un  traitement  complet  on  ne  saurait  se  passer  d'aide. 
C'est  l'unique  complication  de  toute  cette  simplicité  mais 
c'est  une  réelle  ^complication.  Un  aide  suffit.  Il  doit  avoir 
l'expérience  non  seulement  des  exercices  musculaires,  mais 
de  la  manipulation  spéciale  dite  élévation  de  l'utérus.  On 
choisit  d'ordinaire  une  femme.  Elles  sont  très  aptes  à  bien 
faire  l'élévation.  Dans  le  choix  de  l'aide  il  faut  encore 
avoir  égard  à  la  conformation  de  la  main  ;  mais  point  n'est 
besoin  de  longs  doigts.  Au  contraire,  une  main  courte  et 
mousse  est  préférable. 

BÈGLE  DU  TRAtTBMENT 

• 

Les  séances  sont  d'ordinaire  quotidiennes.  Toute  intemip* 
tion  prolongée  est  préjudiciable.  On  ne  les  suspend  pas 


PINARD  99 

pendant  la  menstruation,  surtout  en  cas  d'adhérences, 
pour  bénéficier  de  Tassouplissement  des  tissus  auquel  ce 
phénomène  prédispose  comme  la  grossesse.  Il  est  préfé- 
rable que  la  malade  se  rende  chez  le  médecin^  car  en 
principe  elle  ne  doit  pas  s'aliter,  et  faire  chaque  jour  un 
exercice  proportionné  à  ses  forces.  Le  rectum  doit  être 
vide  autant  que  possible  en  tous  cas  la  vessie^  et  la  diges-' 
lion  faite.  Les  séances  se  composent,  si  le  traitement  est 
complet  :  1"*  de  mouvements  gymnastiques  ;  2""  du  massage 
et  de  la  manœuvre  d'élévation  ;  S"*  de  mouvements  gymnas- 
tiques. 

Chaque  traitement  est  précédé  et  chaque  séance  est  accom- 
pagnée de  l'exploration,  qui  doit  être  pratiqpiée  suivant  la 
méthode  créée  par  Brandt  ;  position  de  la  main  de  Topé- 
rateur  ;  attitude  de  la  femme.  (A  suivre.) 


NOUVEAUX  DOCUMENTS  POUR  SERVIR  A   L*HISTOIRE 
DE  LA  GROSSESSE  EXTRA-UTÉRINE 

(Suite)  (1) 
Par  le  ProfeBfleur  A.  Pinard. 


Le  résumé  de  la  longue  observation  qui  précède  peut  être 
donné  ainsi  :  Femme  primipare  toujours  bien  réglée  ;  a  une 
suppression  à  la  fin  de  mai  1888  et  éprouve  bientôt  après  des 
accidents  qui  la  font  entrer  dans  le  service  du  D**  Siredey  où 
elle  reste  trois  mois  et  où  on  porte  le  diagnostic  de  grossesse 
et  de  fibromes  utérins.  Puis  cessation  des  accidents  jusqu'à  la 
fin  de  janvier  1889.  A  ce  moment  les  mouvements  de  Tenfant 
ne  sont  plus  perçus,  des  douleurs  apparaissent  et  cette  femme 
entre  à  la  Maternité  de  Lariboisière  où,  en  raison  de  la  pré- 
sence :  i""  d'une  tumeur  mobile  contenant  un  fœtus,  et  se  con- 

(1)  Voir  AnnaUê  de  gyMcologie^  juillet  1892,  p.  1. 


100     DOCUMENTS   POUR   LA  GROSSESSE   EXTRA-UTiRINB 

tractant  d'une  façon  assez  manifeste  pour  prendre  une  con- 
sistance ligneuse;  2<>  de  tumeurs  solides  et  immobilisées  dans 
l'excavation,  je  porte  le  diagnostic  de  rétention  d'un  fœtus 
mort  dans  la  cavité  d'un  utérus  fibromateux.  Aucun  incident 
pendant  les  mois  de  février  et  mars.  Mais  à  la  fin  de  ce  mois, 
apparition  de  quelques  gouttes  de  sang  ;  écoulement  sanguin 
qui  apparaît  ensuite  à  peu  près  périodiquement  tous  les  mois 
et  qui  détermine  chaque  fois,  à  partir  du  mois  de  mai,  des 
poussées  de  péritonite  ;  accidents  inflammatoires  immobili- 
sant progressivement  la  tumeur  contenant  le  fœtus  et  ame- 
nant aune  intervention.  Opération  montrant  l'épaisseur  con- 
sidérable des  parois  kystiques,  dénotant  la  présence  d^artères 
volumineuses  dans  l'épaisseur  de  ces  parois.  Ënfin^  élimina- 
tion lente  du  placenta,  résorption  de  toutes  les  tumeurs  qui 
avaient  été  prises  pour  des  fibromes. 

Si,  au  point  de  vue  de  la  symptomatologie,  nous  consta- 
tons ici,  pendant  la  grossesse,  une  marche  assez  fréquente 
(accidents  pendant  les  trois  premiers  mois,  puis  cessation  des 
symptômes  anormaux),  il  n'en  est  plus  de  même  après  la  mort 
du  fœtus. 

Tout  d'abord  j^ai  commis  une  erreur  de  diagnostic  et  j'ai 
cru  qu'il  s'agissait  d'une  rétention  du  fœtus  mort  dans  un 
utérus  fibromateux,  et  cela  pour  les  raisons  suivantes  :  Cette 
femme  avait  été  soignée  dans  le  service  du  D'  Siredey  et 
arrivait  avec  le  diagnostic  de  ce  service,  grossesse  et  fibro- 
mes. Mon  examen  me  démontrait  :  i*^  la  présence  d'une  tumeur 
mobile  dans  sa  partie  supérieure  et  se  contractant  (tumeur 
qui  contenait  un  fœtus  mort,  puisque  j'avais  la  sensation  de 
crépitation  osseuse  de  la  tête)  ;  2<>  l'existence  de  tumeurs 
dures  et  immobiles  remplissant  l'excavation. 

Je  pensais  avoir  affaire  aune  rétention  prolongée  du  fœtus 
semblable  à  celle  que  mon  ami  le  professeur  Alphonse 
Herrgott  a  cru  observer  et  dont  il  a  publié  la  relation  (1).  Et 
comme  lui,  j'attendis  que  le  travail  se  déclarât.  Pendant 


(1)  Voyez  Bulletin  de  VAcadèmie^  1889,  et  AnnaleM  de  gynècolcgie,  1890. 


PINARD  101 

cette  expectation  j'eus  roccasion  de  montrer  cette  femme  à 
M.  Tarnier,  aux  professeurs  F.-J.  Herrgottet  A.  Herrgottet 
le  môme  diagnostic  fut  porté  par  tous. 

Si  j'avais  eu  à  cette  époque  l'expérience  que  j*ai  aujour- 
d'hui, je  n'aurais  pas  hésité  à  reconnaître  mon  erreur  en 
voyant  un  écoulement  sanguin  apparaître  le  i6  mars,  puis 
ensuite  à  peu  près  périodiquement  tous  les  mois.  J'aurais 
affirmé  la  grossesse  extra-utérine  et  j'aurais  opéré  cette 
femme  beaucoup  plus  tôt. 

Mais,  je  le  répète  et  j'insiste  beaucoup  sur  ces  points,  d'une 
part  je  ne  pouvais  croire  qu'un  kyste  fœtal  pût  se  contracter 
avec  autant  d'énergie,  et  d'autre  part,  je  croyais  à  une  réten- 
tion prolongée  causée  par  la  présence  de  fibromes.  Je  me 
trompais  et  je  crois  que  l'observation  du  professeur  Â.  Herr- 
gott  ne  doit  pas  être  acceptée  avec  son  titre.  Malgré  le  long 
rapport  lu  à  l'Académie  de  médecine  dans  la  séance  du  3  dé- 
cembre 1889,  je  ne  puis  admettre  cette  observation  comme 
un  cas  de  rétention  fœtale  prolongée  dans  un  utérus,  et  il 
serait  facile  de  démontrer,  je  pense,  qu'il  s'agissait  simple- 
ment d'une  grossesse  extra-utérine. 

Pour  terminer  cette  discussion,  je  tiens  à  faire  remarquer 
le  retour  des  règles  survenant  deux  mois  environ  après  la 
mort  du  fœtus  et  déterminant  d'abord  simplement  de  la  ten- 
sion du  kyste  (voy.  observations  précédentes),  puis  consécu- 
tivement des  phénomènes  péritonitiques.  Ce  sont  là  des  élé- 
ments qui  doivent  servir  au  point  de  vue  des  indications 
opératoires 

Obs,  VI  (1).  —  Grossesse  extra-utérine  ayant  évolué  jiisqu^au 
6«  mois.  Rupture  du  kyste  fœtal.  Laparotomie  in  extremis. 
Mort,  —  Je  dois  ces  renseignements  à  mon  ami  le  D"^  Emile 
Turquet,  do  Méry-sur-Seine,  qui  a  soigné  et  m'a  adressé  cette 
femme. 

Madame  A ,  âgée  de  37  ans. 


(1)  Les  deux  observations  précédentes  et  celles  qui  suivent  ont  été  rédi* 
géespar  nos  chefs  de  clinique,  MM.  Boissard,  Potockî,  Varnier  et  Lepage, 


i02    DOCUMENTS   POUR   LA  GROSSESSE   EXTRA-UTÉRINE 

Antécédents  héréditaires,  —  Nuls. 

A7itécédents  personnels.  —  12  ans  de  raariage  sans  grossesse, 
réglée  régulièrement  toutes  les  3  semaines;  quelques  accidents  de 
hiétrîte  chronique.  Pendant  les  règles,  les  seins  sont  toujours  gon- 
flés et  douloureux. 

l«f  mai  1889.  Apparition  des  dernières  règles. 

Le  2.  Arrêt  brusque  des  règles  à  la  suite  d'une  émotion  très  vive; 
pas  d'acci lents  consécutifs;  les  seins  restent  gonflés  et  sensibles. 

Le  2.3.  Deuxième  époque  des  règles;  elles  ne  paraissent  pas;  lé- 
ger écoulement  leucorrhéique  acconipagné  de  quelques  tranchées. 

8  ou  15  jours  après  surviennent  quelques  douleurs  de  ventre.  Le 

9  juin  elles  durent  4  heures. 

14  juin.  Pas  de  règles,  mais  douleurs  violentes  dans  toute  la  ré- 
gion abdominale  sans  localisation.  Ventre  un  peu  sensible  dans 
toute  sa  surface;  au  toucher  rien  d^anormal;  les  seins  sont  tou- 
jours gonflés;  faciès  pàlt^,  pas  de  fièvre,  pouls  normal,  langue  lé- 
gt^rement  saburrale,  constipation,  dysurie  légère. 

Repos  au  lit,  injections  de  morphine.  Amélioration  rapide  au 
bout  de  quelques  jours,  mais  le  bas-ventre  reste  sensible,  la  cons- 
tipation reste  opiniâtre;  au  bout  de  cinq  semaines  la  malade  se 
lève  et  s'occui^e  de  son  ménage. 

20  juillet.  Phénomènes  péritonitiques  :  vers  midi, la  malade  étant 
couchée  est  prise  subitement  et  sans  cause  aucune  d*une  violente 
douleur  dans  le  bas- ventre  avec  forte  envie  d'uriner;  les  douleurs 
reviennent  par  crises  toute  la  journée  sans  nausées  ni  vomisse- 
ments, pas  d'écoulement  utérin.  A  rexamen,le  lendemain,  le  ventre 
est  ballonné  et  il  existe  un  empA,tement  manifeste  dans  le  flanc 
droit  et  la  région  de  la  fosse  iliaque  droite;  la  douleur  est  aussi 
beaucoup  plus  vive  à  ce  niveau;  au  toucher  le  ol  de  lutérus  est 
au  centre  du  bassin.  L'utérus  n'est  pas  douloureux,  douleur  légère 
dans  le  cul-de-sac;  pas  de  lièvre,  léger  embarras  gastrique,  défé- 
cation douloureuse,  mictions  répétées  et  difiiciles. 

Les  jours  suivants,  les  douleurs  continuent  par  crises  surtout  le 
soir.  L'empîUement  augmente  et  une  induration  apparaît  au-des- 
sus de  l'arcade  de  Fallope. 

Le  24.  Le  I)*^  Théveny,  de  Plancy,  est  appelé  en  consultation  et 
constate  que  i  induration  enveloppe  Tutérus.  Traitement  :  révul- 
sifs sur  le  bas-ventre,  injections  vaginales  au  naphtol,  purgatifs 
répétés. 


PINARD  iOà 

Du  2  juillet  au  23  août.  Les  douleurs  vives  au  début,  diminuent 
sensiblement  ;  l'induration  fait  des  progrès  surtout  à  droite  et  re- 
monte jusqu'à  deux  travers  de  doigt  au-dessous  de  Tombilic;  la 
constipation  et  la  dysurie  augmentent,  l'embarras  gastrique  con« 
tinue. 

Du  23  août  au  7  septembre.  Les  douleurs  disparaissent,  l'indu- 
ration n'augmente  plus,  Tempatement  de  la  paroi  abdominale  s'ef- 
face, l'état  général  devient  meilleur,  l'appétit  renaît  et  à  ce  moment 
le  Dr  Théveny  et  moi  nous  constatons  : 

A  la  palpation,  une  tumeur  d'une  dureté  ligneuse,  lisse,  immo* 
bile,  insensible  à  la  pression,  remplissant  l'excavation  à  droite, 
remontant  dans  la  cavité  abdominale  jusqu'à  deux  travers  de  doigt 
au-dessous  de  l'ombilic,  dépassant  légèrement  la  ligne  médiane 
pour  descendre  obliquement  à  gauche  jusqu'à  deux  travers  de 
doigt  au-dessus  de  la  branche  horizontale  du  pubis  et  se  prolou* 
géant  à  gauche  le  long  de  cette  branche.  A  ce  niveau,  la  tumeur 
semble  plus  molle,  se  durcit  parfois  et  fait  alors  une  saillie  mani- 
feste sur  la  paroi  abdominale. 

A  l'auscultation  de  la  tumeur  à  droite,  on  entend  des  bruits  de 
frottements  péritonéaux  et  un  souffle  léger  analogue  à  un  souffle 
maternel. 

Au  toucher,  le  col  est  un  peu  remonté  et  dévié  à  gauche  ;  il  est 
légèrement  ramolli  et  perméable  ;  le  cul-de-sac  postérieur  est  rem- 
pli par  une  tumeur  indépendante  de  Tutérus  qui  est  déplacé  en 
masse  en  haut  et  à  gauche  sous  la  branche  pubienne;  il  existe  un 
sillon  entre  le  col  et  la  tumeur. 

14  septembre.  Le  professeur  Pinard  veut  bien  nous  accompagner 
le  D*"  Théveny  et  moi,  pour  examiner  la  malade;  il  nous  fait 
remarquer  la  forme  lisse  et  globuleuse  de  la  tumeur,  son  indépen- 
dance bien  nette  avec  l'utérus  ;  de  plus,  il  constate  que  la  tumeur 
est  fluctuante  et  très  tendue.  Il  fait  alors  le  diagnostic  de  tumeur 
liquide  développée  au  niveau  des  annexes  de  l'utérus  et  pouvant 
faire  penser  à  un  kyste  fœtal,  extra-utérin  ou  à  une  hydro  salpin- 
gite, mais  il  croit  plutôt  à  une  grossesse  extra-utérine. 

Le  21.  M.  Pinard  revoit  la  malade;  la  tension  du  kyste  a  nota- 
blement diminué,  la  fluctuation  est  très  manifeste,  la  tumeur 
semble  se  réduire. 

Les  23  et  24.  Quelques  phénomènes  douloureux  du  ventre  ;  les 
seins  deviennent  durs  et  sensibles;  éruption  d'acné  sur  le  dos 


104     DOCUMENTS   POUR  LA   GROSSESSE  EXTRA-UTÉRINÉ 

(phénomènes  se  produisant  habituellement  chez  la  malade  à  ri^>- 
proche  des  règles).  Le  kyste  a  sensiblement  augmenté  de  volume. 
Il  fait  une  saillie  en  avant,  la  tension  est  devenue  très  grande. 
.  Le  27.  M.  Pinard  revient  une  troisième  fois,  accompagné  de 
M.  le  Dr  Vannier  ;  ce  dernier  non  prévenu  examine  la  malade  et 
fait  le  diagnostic  de  grossesse  ectopique.  Ce  diagnostic  est  con- 
firmé par  M.  Pinard.  En  effet,  en  pressant  le  mamelon  du  côté 
droit,  on  fait  sourdre  une  goutte  de  lait;  l'auscultation  de  la  tumeur 
fait  entendre  un  souflle  maternel,  mais  pas  de  bruits  du  cœur  fœtal. 

15  octobre.  Le  kyste  a  augmenté  de  volume,  il  remonte  à  trois 
travers  de  doigt  au-dessus  de  l'ombilic  ;  la  tension  en  ce  moment 
est  un  peu  moins  forte  ;  on  commence  à  sentir  à  la  surface  de  la 
tumeur  quelques  inégalités. 

Le  19.  Le  souffle  maternel  augmente  d'intensité,  toujours  pas  de 
bruits  du  cœur  fœtal,  mais  on  perçoit  manifestement  des  mouve- 
ments actifs  du  fœtus  ;  la  mère,  non  encore  prévenue  du  diagnos- 
tic, dit  sentir  des  battements  en  bas  et  à  droite  ;  au  toucher,  le  col 
est  très  mou,  la  tumeur  fait  de  plus  en  plus  saillie  dans  le  cul-de^ 
sac,  on  y  sent  des  parties  dures. 

Le  21.  Époque  des  règles  annoncée  par  des  douleurs  très  vives, 
frissons,  accélération  du  pouls  sans  ûèvre.  Le  ventre  est  ballonné, 
sensible  à  la  pression,  le  kyste  est  excessivement  dur  et  tendu; 
la  défécation  est  douloureuse,  dysurie.  La  grande  tension  du  kyste 
rend  l'auscultation  difficile  et  ne  permet  pa8  d'entendre  les  bruits 
du  cœur  fœtal. 

Le  25.  La  tension  du  kyste  a  diminué  et  pour  la  première  fois 
on  entend  manifestement  les  bruits  du  cœur  fœtal  ;  le  foyer  d'aus- 
cultation siège  un  peu  à  gauche  do  la  ligne  médiane  et  À  4  travers 
de  doigt  du  pubis. 

10  novembre.  Le  kyste  dépasse  l'ombilic  de  4  travers  de  doigt  ; 
la  forme  du  ventre  est  irrégulière  :  globuleux  à  droite,  il  est  aplati 
à  gauche  ;  à  droite  et  en  bas,  grosse  saillie  molle  au  niveau  de 
laquelle  on  entend  un  souffle  très  prononcé  ;  en  haut,  tumeur 
moins  saillante^  mais  dure  et  rénitente  ;  ù.  gauche  et  en  bas,  la 
petite  tumeur  formée  parTutérus  ;  au-dessus  on  sent  des  parties 
dures  et  résistantes,  c'est  à  ce  niveau  que  se  trouve  le  maximum 
des  bruits  du  cœur  qui  deviennent  très  forts. 

Le  13.  La  malade  se  plaint  de  démangeaisons;  éruption  ortiée  à 
la  face,  au  cou,  aux  membres  inférieurs. 


PINAIID  105 

.  Le  21.  L^éruption  s*atténue,  les  démangeaisons  disparaissent; 
vers  le  soir,  les  mouvements  actifs  du  fœtus  qui  habituellement 
étaient  très  fréquents  et  très  prononcés,  cessent  tout  à  coup,  sans 
aucun  motif;  le  lendemain  à  rauscultation,  on  ne  peut  retrouver 
l^  moindre  battement  du  cœur  fœtal. 

Les  22, 23, 24.  L'auscultation  attentive  et  répétée  ne  révèle  aucun 
bruit  du  cœur;  les  mouvements  actifs  n'ont  pas  reparu  ;  le  ventre 
semble  s'affaisser.  Il  est  sorti  de  la  vulve  à  plusieurs  reprises  des 
débris  de  membranes,  sans  une  goutte  de  sang.  L'état  général  est 
satisfaisant,  malgré  un  état  nauséeux  depuis  le  22. 

Le  29.  Frisson  violent  qui  dure  une  heure  environ. 

Le  30.  Nouveau  frisson  moins  fort,  le  faciès  s'altère,  tempéra- 
ture 38o,5,  P.  100,  amaigrissement,  perte  d'appétit^  le  ventre  n'est 
pas  sensible. 

l***  décembre.  L'état  général  s'altère  avec  une  très  grande  rapi- 
dité^ les  yeux  s'excavent.  Pendant  la  nuit,  frisson  violent  qui  a 
duré  4  heures;  température  du  matin  38o,8,  P.  V^,  Le  ventre  est 
légèrement  ballonnô  et  sensible  surtout  â  gauche,  l'utérus  se  con  - 
tracte  souvent  ;  écoulement  par  la  vulve  d*un  liquide  sanguino- 
lent. 

En  présence  de  Taltération  rapide  et  croissante  de  l'état  géné- 
ral depuis  deux  jours,  on  décide  de  partir  le  jour  môme  à  Paris  ; 
le  voyage  est  très  bien  supporté  sans  souffrance,  et  la  malade 
arrive  à  la  Clinique  Baudelocque  à  10  heures  du  soir. 

La  température  est  de  39<»,  le  pouls  fréquent  et  petit  ;  faciès 
abdominal. 

Examen.  —  Du  côté  des  seins,  modifiés  comme  à  l'ordinaire 
dans  la  grossesse,  il  s'écoule  quelques  gouttes  de  colostrum  en 
pressant  la  base  du  mamelon. 

Le  ventre  présente  une  forme  irrégulière,  la  tumeur  remonte  à 
un  travers  de  doigt  au-dessus  de  l'ombilic,  et  offre  sa  plus  grosse 
saillie  en  haut,à  droite  de  la  ligne  médiane;  à  gauche  saillie  moins 
volumineuse  séparée  de  la  précédente  par  un  méplat. 

Par  le  palper,  on  a  la  sensation  du  ballottement  fœtal  ;  le  siège 
occupe  la  grosse  partie  de  la  tumeur  kystique,  la  tète  est  en  bas  et 
donne  une  sensation  de  crépitation. 

Par  le  toucher,  on  arrive  sur  le  col  en  partie  ramolli,  abaissé  et 
nullement  dévié;  l'utérus  facile  ù,  délimiter  est  assez  mobile  et  re- 
monte à  deux  travers  de  doigt  au-dessus  de  la  symphyse.  Le  cul- 


106     DOCUMENTS  POUR  LA  GROSSESSE  EXTRA-UTÉRINE 

de-sac  postérieur  est  en  grande  partie efifacô  et  est  occupé  par  la  tdie 
fœtale  sur  laquelle  on  arrive  facilement,  car  elle  n'est  pas  séparée 
du  doigt  qui  explore  par  une  grande  épaisseur  de  parties  molles,  si 
bien  qu'on  pourrait  peut-être  donner  la  préférence  à  Télytrotomie. 

3  décembre.  Soir^temp.  40".  Le  ventre  est  extrêmement  tendu  et 
douloureux.  Temp.  dS'^fi  ;  à  midi  ^,2.  A  deux  heures  et  demie 
brusquement  la  malade  est  prise  de  douleurs  abdominales  horri- 
bles et  ne  cesse  plus  de  crier;  la  malade  prend  le  faciès  péritonéal, 
les  extrémités  se  refroidissent,  et  le  pouls  est  incomptable. 

Diagnostiquant  une  rupture  du  kyste  fœtal,  le  professeur  Pinard 
fait  à  4  heures  et  demie  la  laparotomie  d'urgence. 

Opération.  —  On  fait  à  la  malade  une  injection  sous-cutanée 
avec  1  cent,  cube  de  la  solution  suivante  : 

Morphine 0.  10  cent. 

Atropine 0.005  milligr. 

Eau  de  laurier-cerise 10  gr. 

et  on  donne  le  chloroforme. 

On  fait  une  incision  longitudinale  de  9  à  10  centimètres  à  droite 
de  la  ligne  blanche,  pour  éviter  de  blesser  les  anses  intestinales  ex- 
trêmement distendues  parles  gaz. 

On  arrive  directement  sur  le  kyste  fœtal  qui  est  réuni  à  la  paroi 
abdominale  par  15  sutures  de  soie  phëniquée  ;  ceci  fait,  on  incise 
le  kyste  d'où  il  sort  des  gaz  fétides  et  un  liquide  sanieux  et  infect; 
on  retire,  après  avoir  fait  de  grands  lavages  avec  la  solution  au 
naphtol,  un  fœtus  macéré,  météorisé,  du  sexe  masculin ,  pesant 
950  grammes. 

En  introduisant  la  main  dans  la  cavité  kystique  on  cherche  le 
siège  de  la  rupture,  mais  on  n'obtient  aucun  renseignement  positif 
à  ce  sujet;  on  sent  seulement  à  la  partie  supérieure,  à  travers  la 
paroi  du  kyste,  le  paquet  intestinal  qui  est  extrêmement  distendu 
par  des  gaz 

On  laisse  le  placenta  en  place  et  quatre  pinces  à  forcipressure; 
on  place  trois  tubes  à  drainage  et  on  fait  un  pansement  à  la  gaze 
et  au  coton  iodoforraé.  L'opération  a  duré  près  d'une  heure.  On 
replace  la  malade  sur  son  lit;  faciès  péri tonéal,  refroidissement 
des  extrémités,  pouls  à  180,  irrégulier. 

La  malade  meurt  dans  la  nuit,  à  une  heure. 

Le  5.  Autopsie,  faite  le  matin  à  10  heures.  —  On  enlève  le  panse- 
ment qui  est  imbibé  de  sang  seulement  à  sa  partie  profonde  ;  on 


PINARD  107 

fait  en  fer  à  cheval  une  incision  sur  la  paroi  abdominale,  de  façon 
à  pouvoir  rabattre  de  haut  en  bas  toute  cette  paroi;  ceci  fait, on 
constate  que  le  péritoine  et  les  anses  intestinales  sont  piquetés  dé 
taches  noirâtres  ;  au  niveau  de  la  fosse  iliaque  droite,  il  existe  un 
divertîculum  rempli  d'un  liquide  sanieux^  purulent;  à  la  partie 
profonde,  on  trouve  un  orifice  qui  permet  l'introduction  du  médius 
et  qu'on  pourrait  prendre  tout  d'abord  pour  une  solution  de  con- 
tinuité du  kyste  ;  un  examen  plus  complet  permet  de  reconnaître 
que  cet  orifice  est  dû  au  non  affrontement  en  cet  endroit  de  la  paroi 
antérieure  du  kyste  à  la  partie  profonde  de  l'abdomen  ;  au  contraire, 
sur  toute  la  longueur  de  l'incision,  il  y  a  déjà  un  commencement 
de  réunion  entre  les  lévi*es  de  la  section  do  la  paroi  abdominale  et 
la  face  antérieure  du  kyste-,  on  coupe  les  file  de  suture.  La  paroi 
abdominale  enlevée,  le  kyste  fœtal  apparaît  ;  il  a  le  volume  d'une 
tête  de  fœtus  à  terme  ;  sa  paroi  antérieure  grisâtre  est  parcourue 
par  une  anse  intestinale  en  fronde,  si  fortement  adhérente  surtout 
son  trajet  qu'on  ne  peut  la  décoller  et  qu^on  aurait  pu  couper  si 
l'incision  avait  été  faite  sur  la  ligne  blanche.  Le  kyste  présente  des 
adhérences  sur  presque  toute  son  étendue,  surtout  à  la  partie  pos- 
térieure :  celles  de  la  paroi  abdominale  sont  au  contraire  peu  mar- 
quées. Les  parois  du  kyste  ont  une  épaisseur  de  2  centim.  environ  ; 
le  placenta  parait  volumineux  et  est  inséré  sur  la  face  postérieure  ; 
en  faisant  basculer  le  kyste  pour  le  sortir  de  l'abdomen,  on  cons- 
tate l'existence  d'une  rupture  sur  la  paroi  postérieure  ;  l'orifice  de 
la  rupture  est  irrégulièrement  circulaire  et  permet  l'introduction 
de  l'index  ;  on  consts^te  en  môme  temps  la  présence  d'une  grande 
quantité  de  sang  dans  la  cavité  péritonéale. 

Pour  mieux  étudier  la  pièce,  chercher  à  se  rendre  compte  de  la 
variété  de  grossesse  ectopique  à  laquelle  on  a  affaire,  on  enlève  le 
kyste  attenant  à  Tutérus  et  on  fait  congeler  toute  la  pièce  ;  on  fait 
alors  quatre  coupes  qui  permettent  de  voir  très  nettement  les  modi- 
fications dont  l'utérus  est  le  siège,  et  de  préciser  le  siège  de  la  rup- 
ture  kystique  et  le  lieu  où  s'est  développée  cette  grossesse  ectopique. 

Ces  coupes  ont  été  publiées  dans  notre  atlas  (1)  et  démon- 
trent que  le  kyste  fœtal  s'est  développé  sous  le  péritoine, 
entre  celui-ci  et  la  paroi  postérieure  de  Tutérus,  dont  il  Ta 

(1)  Voyez  :  Études  d'anatomie  ohêtétricale  normale  et  patholoçique,  par 
Pinard  et  Vabkieb,  1892,  planches  XIV  à  XXII  et  texte,  p.  39. 


108     DOCUMENTS  POUR  LA  GROSSESSE   EXTRA-UTÉRINE 

décollé  dans  le  sens  vertical  jusqu'à  neuf  centimètres  au- 
dessus  du  cul-de-sac  postérieur  du  vagin.  Il  s'agit  donc 
d'une  grossesse  ectopique  sous-péritonéale,  intra-ligamen- 
teuse,  mais  qui,  à  un  moment  donné,  a  dépassé  de  beau- 
coup les  limites  de  ce  ligament. 

Elles  font  ressortir  également  la  texture  de  l'énorme  masse 
placentaire  dont  les  dimensions  totales  sont  les  suivantes.  : 

Hauteur,   19  centim.  5. 

Épaisseur,  8  centim.  4. 

Largeur,  18  centim. 

Remarques. —  Cette  observation  montre  chez  une  femme 
primipare  sans  antécédents  pathologiques  :  des  accidents  se 
produisant  dès  le  début  et  se  continuant  pendant  toute  la 
durée  de  la  grossesse;  la  mort  de  l'enfant  survenant  au  7" 
mois  quelques  jours  après  l'apparition  d'une  éruption  ortiée; 
la  purulence  envahissant  le  kyste  fœtal  immédiatement  après 
la  mort  du  fœtus  ;  la  rupture  du  kyste  existant  dans  la  loge 
placentaire  derrière  le  placenta  et  non  dans  la  loge  fœtale  ; 
enfin,  les  rapports  du  kyste  avec  l'intestin  (passage  d'une 
anse  en  cravate  et  adhérences  sur  la  face  antérieure  du  kyste) 
et  avec  le  péritoine. 

Obs.   VII.  —  Grossesse   extra-utérine  ayant  évolué  jusqu'au 
6«  mois  environ.  Laparotomie  2  mois  environ  après  la  mœH  du 
fœtus,  par  le  Df  Ribemont-Dessaignes.  Extraction  de  la  tête 
le  Id^jour,  par  le  Prof.  Pinard.  Guérison  sans  fistule, 
La  femme  qui  fait  le  sujet  de  la  7'  observation  est  une  femme 
âgée  de  32  ans  ayant  eu  déjà  un  accouchement  spontané  et  à  terme 
et  n'ayant  aucun  antécédent  pathologique.  Généralement  bien 
réglée,  elle  vit  apparaître  ses  règles  pour  la  dernière   fois   le 
15  avril  1889.  Après  avoir  présenté  la  symptomatologie  ordinaire, 
cette  femme  entra  à  la  Maternité  de  Beaujon  où  mon  collègue  le 
Dr  Ribemont-Dessaignes  ne  tarda  pas  à  faire  le  diagnostic  de  gros- 
sesse extra-utérine  et  c'est  avec  son  agrément  que  je  publie  cotle 
observation. 

Mal  installé  pour  opérer  dans  son  service,  il  fit  transporter  cette 
malade  à  la  Clinique  Baudeloeque  le  2  décembre.  Il  pratiqua  la 
laparotomie  le  4. 


PrNARD  109 

Le  kyste  fœtal  ayant  été  mis  à  nu  et  suturé,  fut  incisé.  L'extrac- 
tion du  fœtus  fut  extrêmement  laborieuse.  L'extrémité  pelvienne 
correspondant  à  l'incision  fut  saisie,  mais  le  fœtus  ne  put  être 
dégagé  dans  son  entier.  A  la  partie  inférieure  du  kyste  siégeait 
un  étranglement  qui  correspondait  au  cou  du  fœtus,  de  telle  sorte 
que  la  détroncation  fut  indispensable.  Le  tronc  ayant  été  enlevé, 
la  tète  siégeait  à  une  profondeur  considérable.  Le  rétrécissement 
était  tel  à  ce  niveau  que  M.  Ribemont-Dessaignes  préféra  laisser 
la  tôte  plutôt  que  d'exposer  la  femme  à  un  traumatisme  dangereux. 
Le  placenta  et  la  tète  du  fœtus  furent  donc  laissés  dans  le  kyste. 
Ce  dernier  fut  irrigué  au  naphtol  matin  et  soir.  Le  12»  jour  l'élimi- 
nation du  placenta  commença  et  je  fis  l'extraction  complète  le 
16«  jour.  Quant  à  la  tète,  je  la  broyai  avec  de  fortes  pinces  et  pus 
enfin  l'extraire  en  totalité  le  19*  jour.  A  partir  de  ce  moment  les 
parois  du  kyste  se  rapprochèrent  rapidement. 

Cette  femme,  sortie  le  2  mars  en  très  bon  état,  revint  dans  hion 
service  il  y  a  quelques  jours,  et,  sauf  la  cicatrice  de  réunion  qui 
n'est  nullement  saillante,  et  qui  ne  présente  ni  fistule  ni  éventra- 
tion,  il  ne  lui  reste  aucune  trace  de  sa  grossesse  extra-utérine. 
L'utérus  est  tout  à  fait  mobile,  bien  au  centre  de  Texcavation.  Les 
règles  sont  régulières,  l'état  général  est  excellent  et  cette  femme 
travaille  aux  champs  du  matin  jusqu'au  soir,  aussi  bien  qu'elle  le 
faisait  auparavant. 

Remarques.  —  La  particularité  la  plus  saillante  de  cette 
observation  consiste  dans  la  disposition  du  sac  fœtal  qui  pré- 
sentait une  forme  bilobée  avec  étranglement  au  niveau  du 
cou.  C'est  cette  disposition  rare  qui  rendit  l'extraction  in- 
complète au  moment  de  la  laparotomie  et  qui  nécessita  le 
broiement  de  la  tête  19  jours  après.  Enfin,  il  faut  remarquer 
que,  malgré  cette  complication,  la  guérison  fut  complète  et 
rapide  et  que  la  cicatrice  fut  parfaite  et  l'est  encore  aujour- 
d'hui. 

Ob8.  VIIL  — Grossesse  extra^ulérine  ayant  évolué  jusqu*atc 
6«  mois.  Elytrotomie.  Guérison. 

La  nommée  Boud...,  âgée  de  31  ans,  entre  le  18  janvier  1890  à  la 
Maternité  Baudelocque,  service  de  M.  le  professeur  Pinard. 
Cette  femme  est  née  à  Paris  ;  son  père  est  mort  à  68  ans,  sa  mère 


110     DOGUMENtS  POUB   LA.  GROSSESSE  EXTRA-UTÉRIKS 

à  55  ans,  sa  sœur  et  ses  trois  frères  sont  vivants  et  bien  por- 
tants. 

Quant  à  elle,  elle  a  toujours  été  d'une  bonne  santé;  réglée  4 
13  ans  et  demi  et  depuis  toujours  très  régulièrement,  elle  est  déj4 
accouchée  deux,  fois  :  la  première  fois  en  1879,  la  seconde  en  1881. 
Ces  deux  accouchements  à  terme  ont  été  faciles  et  spontanés  ;  lee 
suites  de  couches  ont  toujours  été  physiologiques.  Les  deux  en- 
fants mis  en*  nourrice  ont  vite  succombé.  Depuis  son  dernier  ac- 
couchement, les  régies,  non  douloureuses,  viennent  périodiquement 
d'une  façon  très  régulière. 

Le  10  avril  1889,  la  malade  voit  ses  règles  pour  la  dernière  fois 
et,  en  raison  de  la  régularité  antérieure  de  la  menstruation,  croit 
qu'elle  commence  une  troisiémo  grossesse  ;  mais  le  début  de  cette 
grossesse  probable  ne  ressemble  en  rien  aux  deux  grossesses  pré- 
cédentes, en  raison  des  douleurs  qui  ne  tardèrent  pas  à  se  mon- 
trer. La  malade  va  alors  consulter  au  mois  de  juin,  à  l'hôpital 
Lariboisière  :  là  on  affirme  l'existence  de  la  grossesse;  mais,  d'a- 
près le  dire  de  la  malade,  on  ne  put  entendre  les  bruits  du  cœur. 
On  conseille  des  bains.  A  partir  de  ce  moment,  la  malade  se  sent  de 
plus  en  plus  fatiguée  et  les  douleurs  deviennent  plus  vives  ;  ces 
douleurs  de  ventre  sont  intermittentes,revenant  par  crises,  durant 
deux  et  trois  heures.  A  partir  d'octobre,la  malade  commence  à  mai- 
grir; il  y  a  un  peu  de  fièvre  et  les  nuits  sont  sans  sommeil;  en 
outre,  il  y  a  perte  de  l'appétit  et  des  vomissements  fréquents  plus 
marqués  encore  au  moment  des  crises  douloureuses. 

Au  commencement  de  novembre,  en  se  mettant  sur  le  bassin^ 
elle  est  prise  de  douleurs  violentes  qui  Tempèchent  de  se  relever. 
IJne  sage-femme  appelée  à  ce  moment  pense  que  l'accouchement 
se  fera  dans  la  nuit  ;  elle  affirme  que  le  fœtus  est  vivant  et  que 
l'extrémité  céphalique  est  en  bas.  Bientôt  les  douleurs  se  calmè- 
rent, mais  la  femme  n'accoucha  toujours  pas.  Un  médecin,  appelé 
huit  jours  après  la  visite  de  la  sage-femme,  pense  que  l'accouche- 
ment ne  peut  tarder  à  se  faire. 

Les  choses  restèrent  à  peu  près  dans  le  même  état  quand  le 
10  janvier  se  montra  un  premier  écoulement  de  sang  ;  la  perte  fut 
peu  marquée  ;  mais,  depuis,  tous  les  jours,  la  femme  perd  du  sang, 
ce  qui  n'avait  jamais  eu  lieu  jusqu'alors;  ces  écoulements  de  sang 
sont  accompagnés  ou  non  de  coliques  ;  jamais  il  n'y  a  eu  d'expol* 
sion  de  peau  ou  de  membranes  à  la  connaissance  de  la  malade. 


PINARD  1 1 1 

Étal  actuel,  —  18  janvier.  Amaigrissement  assez  marqué,  pouls 
petit  et  assez  fréquent  (100),  température  37<>,4;  l'appétit  est  un 
peu  revenu»  plus  de  vomissements;  miction  facile,  assez  fré- 
quente; constipation;  pas  d'œdéme  des  membres  inférieurs; 
les  urines  ne  renferment  pas  d'albumine. 

Seins  assez  développés;  quatre  mois  après  les  dernières  règles, 
écoulement  de  colostrum  qui  tache  la  chemise  ;  depuis  deux  mois 
les  seins  ont  beaucoup  diminué  de  volume  ;  mais,  à  la  pression  de 
la  base  du  mamelon,  on  fait  sortir  facilement  du  lait. 

Le  ventre  présente  une  forme  irrégulière;  il  a  diminué  depuis 
lin  mois  dans  des  proportions  assez  considérables.  Par  le  palper 
on  délimite  une  masse  remontant  jusqu'à  l'ombilic  :  cette  masse, 
cette  tumeur,  est  bilobée,  présentant  deux  grosses  extrémités  de 
chaque  côté  de  la  ligne  médiane,  qui  font  penser  à  un  utérus  bi- 
corne ;  mais,  à  aucun  moment,  on  ne  perçoit  de  contraction  dans 
cette  tumeur.  Dans  la  grosse  extrémité  gauche  on  perçoit  très 
nettement  et  superficiellement  une  crépitation  osseuse;  sensation 
d'empâtement  dans  la  grosse  extrémité  droite.  La  totalité  de  la 
masse  n'est  point  mobile  et  parait  adhérente  à  la  face  profonde  de 
la  paroi  abdominale.  De  plus^  on  sent  au-dessus  de  la  symphyse 
du  pubis,  légèrement  inclinée  à  gauche,  une  autre  masse  pyri- 
forme  à  grosse  extrémité  supérieure  remontant  à  quatre  travers 
de  doigt  au-dessus  de  la  symphyse.  Il  est  vraisemblable  que  cette 
masse  est  constituée  par  l'utérus  augmenté  de  volume;  cepen- 
dant, on  ne  peut  percevoir  de  contractions  pendant  Texameu. 
-L'exploration  dé  l'abdomen  par  le  palper  est  peu  douloureuse. 

A  ranseuliailon,  on  n'entend  aucun  bruit,  aucun  souffle. 

Toucher,  —  Léger  écoulement  sanguin  par  les  organes  géni- 
taux. L'excavation  est  remplie  par  une  masse  irrégulière,  assez 
volumineuse,  immobile,  occupant  tout  le  cul-de-sac  postérieur;  le 
doigt  arrive  de  suite  sur  cette  masse,  directement  pour  ainsi  dire, 
n'étant  séparé  d'un  plan  résistant  que  par  une  très  petite  épais- 
seur de  parties  molles  ;  il  semble  même  qu'on  puisse  reconnaître 
la  présentation  de  l'extrémité  pelvienne. 

Le  col  de  l'utérus  a  toute  sa  longueur,  il  est  ramolli  dans 
presque  toute  son  étendue  ;  Torifice  externe  seul  perméable  permet 
l'introduction  de  la  première  phalange;  il  est  rejeté  en  avant 
derrière  la  symphyse  ;  et  en  imprimant  des  mouvements,  on  sent 
qu'ils  sont  transmis  à  la  main  appliquée  sur  la  paroi  abdominale 


112     DOCUMENTS  POUR   LA  GROSSESSE  EXTRA-UTÉRINE 

au  niveau  de  la  masse  à  quatre  travers  de  doigt  au-dessus  du  pubis. 
Cette  massd  est  donc  bien  Tutérus  incliné  à  gauche  et  augmenté 
de  volume;  Futérus  est  vide;  on  fera  du  reste  le  cathétérisme 
utérin.  En  présence  de  ces  signes,  le  professeur  Pinard  diagnos- 
tique une  grossesse  ectopique. 

24  janvier.  Léger  écoulement  de  sang  ;  exploration  par  le  cathé- 
térisme vésical,  combiné  au  toucher  vaginal  ;  la  vessie  se  trouve 
refoulée  à  droite,  latéralement  à  l'utérus  refoulé  bien  à  gauche. 
Désinfection  du  vagin  par  injections  toutes  les  quatre  heures. 
Asepsie  du  tube  digestif  (paquets  de  cascara  et  naphtol). 

Le  25.  En  raison  des  résultats  obtenus  par  les  différents  moyens 
d'exploration,  lo  professeur  Pinard  pratique  Télytrotomie  en  pré- 
sence du  professeur  Slawiansky,  de  StPétersbourg.  Injection  sous- 
cutanée  de  solution  d'atropo-morphine.  Après  avoir  tendu  avec 
deux  doigts  la  paroi  postérieure  du  vagin,  le  professeur  Pinard 
fait  entre  ses  deux  doigts  une  incision  à  gauche  et  en  arriére  et 
d'arrière  en  avant  sur  un  pied  du  fœtus  qu'on  sent  à  travers  la 
paroi  qui  est  très  peu  épaisse.  On  arrive  sur  les  membranes  qu'on 
rompt  et  on  agrandit  la  plaie  avec  les  doigts  en  produisant  un 
léger  écartement  des  parties  molles.  On  arrive  sur  le  fœtus  qui  est 
extrait  par  le  siège;  il  est  du  sexe  féminin  et  pèse  1180  grammes. 
Immédiatement  après  l'extraction,  grands  lavages  avec  plusieurs 
litres  d'une  solution  de  naphtol,  tamponnement  du  kyste  fœtal 
et  du  vagin  avec  une  bande  de  quatre  mètres  de  gaze  iodoformée. 
Durée  de  l'opération,  35  minutes. 

Le  soir  la  malade  a  eu  quelques  vomissements  ;  pouls  120,  temp. 
380,2. . 

26  jan vier>  Encore  un  vomissement  le  matin  ;  pouls  130»  temp. 
39«  ;  pas  de  douleurs  ni  d'écoulement.  Op,  sonde  la  malade  deux 
fois  par  jour  :  urines  foncées. 

Le  27.  La  nuit  a  été  bonne,  une  peu  d'excitation  mise  sur  le 
compte  du  pansement  iodoformé  ;  on  détamponne  alors  la  malade 
et  on  fait  un  grand  lavage  avec  la  solution  de  naphtol.  Tampon 
de  gaze  iodoformée  dans  le  vagin. 

Le  28.  On  supprime  le  tampon  de  gaze  iodoformée  qu*on  rem- 
place par  du  coton  hydrophile  trempé  dans  une  solution  de  biio- 
dure  de  mercure  à  1/4000. 

Le  30.  L'écoulement  a  manifestement  de  l'odeur,  on  fait  qua- 
tre  irrigations  par  jour.  L'état  général  est  excellent.  La  malade 
s'alimente  volontiers. 


PINARD  113 

5  février.  En  raÎRon  du  rétrécissement  de  la  plide,  le  profes- 
seur Pinard,  après  «voir  constaté  la  présence  de  la  membrane 
granuleuse  interposée  entre  le  placenta  et  la  paroi  du  kyste,  fait 
donner  du  chloroforme  et  introduit  toute  la  main  dans  le  vagin  ; 
avec  deux  doigts  introduits  dans  le  kyste  fœtal,  il  va  décoller  le 
placenta  :  il  introduit  ainsi,  doucement  et  sans  violence,  successi- 
vement et  alternativement  cinq  fois  la  maip  gauche  ou  la  main 
droite  et  extrait  la  totalité  du  placenta  qui  est  étalé  et  présente 
une  grande  surface.  Aucun  écoulement  sanguin. 

Dans  la  journée,  la  malade  a  eu  quelques  vomissements,  mais 
Tétat  général  est  très  bon  et  il  n'y  a  point  de  fièvre. 

Le  10.  La  malade  va  de  mieux  en  mieux.  Les  forces  revien- 
nent vite.  Presque  plus  d'écoulement  par  le  vagin.  Deux  injeotioas 
vaginales  seulement  pas  jour.  Temp.  37o. 

Le  13.  La  malade  veut  se  lever  et  demande  à  sortir.  A  l'exa- 
men fait  au  spéculum  on  constate  l'existence  d'un  petit  orifice  là 
où  a  porté  l'incision  :  il  s*écoule  encore  un  peu  de  liquide  séro- 
sanguinolent. 

Par  le  palper,  on  ne  retrouve  aucune  trace  du  kyste  fœtal;  le 
col  et  le  corps  de  l'utérus  ont  repris  leur  situation  normale. 

Le  19.  La  malade  veut  abaolument  sortir  ;  on  signe  son  exeat 
sur  sa  demande. 

Cette  femme  a  été  revue  six  mois  après.  Son  état  général  était 
excellent  Au  point  de  vue  local,  l'utérus  était  en  place,  mobile  et 
le  kyste  complètement  résorbé.  Je  l'ai  revue  il  y  a  quelques  jours; 
sa  santé  est  florissante. 

Remarques.  — Dans  cette  observation,  on  doit  remarquer 
la  disposition  du  kyste  fœtal,  qui  plongeant  dans  Texcavation 
et  ayant  déplacé  l'utérus  et  la  vessie,  commandait  l'indica- 
tion de  l'élytrotomie. 

Ensaite  une  véritable  délivrance  artificielle  fut  pratiquée 
dix  jours  après  l'ouverture  du  sac  et  sans  qu'il  y  eut  le  moin- 
dre écoulement  sanguin. 

Obs.  IX.  —  Grossesse  extra-utérine  ayant  évolué  jusqu'au 
8«  mois  environ.  Laparotomie  sept  semaines  après  la  mort  de 
Venfant.  Guérison, 

La  nommée  L...,  âgée  de  28  ans,  est  entrée  à  la  Clinique  Bau- 
.  delocque  le  25  octobre  1890. 

ÀMM»  PB  9ÏÏM»  <—  voito  znynL  8 


114     DOCUMENTS  POUll  LA  GROSSESSE  EXTHA-UTÉRtNE 

Antécédents  héréditaires.  —  Parents  vivants  et  bien  portants. 
Un  frère  vivant,  une  sœur  morte  de  tuberculose  pulmonaire  il  y 
a  un  an.  Pas  de  vices  de  conformation  dans  la  famille. 

Antécédents  personnels,  —  Née  à  terme,  nourrie  au  sein  par  sa 
mère  pendant  18  mois.  A  marché  à  11  mois  et  toujours  marché 
depuis  cet  âge.  Rougeole  à  cinq  mois.  Aucune  maladie  depuis  cette 
époque.  N^a  jamais  gardé  le  lit,  sauf  à  l'occasion  delà  grossesse 
actuelle.  Réglée  pour  la  première  fois  à  T&ge  de  14  ans  ;  l'établis- 
sement de  la  menstruation  n*a  été  signalé  par  aucun  accident.  Les 
règles  ne  reviennent  pas  à  époques  fixes,  elles  sont  séparées  par 
des  intervalles  variant  de  1  mois  à  6  semaines  et  deux  mois. 
L'écoulement  menstruel  ne  dure  ordinairement  que  vingt-quatre 
heures  et  n'est  accompagné  d'aucune  douleur.  Jamais  la  malade 
n'a  eu  d'affection  des  organes  génitaux  ni  d*affection  abdominale. 

Cette  femme  est  mariée  depuis  10  ans  ;  et  quoiqu'elle  désire  avoir 
des  enfants  et  que  son  mari  soit  bien  portant,  elle  n'a  jamais  été 
enceinte  avant  cette  année.  Son  mari  est  vigoureux,  il  est  d*une 
famille  de  13  enfants*  et  ses  frères  et  sœurs  ont  tous  des  enfants. 

En  résumé,  jusqu  au  15  janvier  1800, 11  n'y  a  dans  l'histoire 
médicale  de  cette  femme  aucune  particularité  digne  d'attirer  l'at- 
tention. 

Les  dernières  règles  ont  eu  lieu  le  15  janvier  de  cette  année  ; 
depuis  cette  époque,  cette  femme  n'a  pas  perdu  de  sang.  Toutefois 
comme  sa  menstruation  était  assez  irrégulière,  elle  ne  se  croyait 
enceinte  ni  en  février  ni  en  mars. 

Dès  les  premiers  jours  de  février,  notre  malade  est  prise  de  phé- 
nomènes douloureux  dans  le  bas-ventre  accompagnés  de  vomis- 
sements alimentaires  et  de  malaise  général,  qui  la  forcent  à 
garder  le  lit.  A  ce  moment- là,  elle  habite  le  Havre.  Ces  accidents 
ont  duré  une  partie  du  mois  de  février,  trois  semaines,  nous 
assure  la  malade,  et  ils  se  sont  reproduits  jusqu'à  ce  jour  à  diffé- 
rentes reprises  ;  il  y  aurait  eu  depuis  le  mois  de  février  six  crises 
douloureuses  semblables.  Ces  crises  douloureuses  ont  toutes  été 
marquées  par  l'apparition  de  douleurs  abdominales,  de  vomisse* 
ments,  de  faiblesse  et  chaque  fois  la  malade  a  été  obligée  de  gar- 
der le  repos  au  lit.  Elle  assure  que  les  crises  ont  présenté  des  du- 
rées décroissantes,  de  telle  façon  qu*en  juillet  1890,  la  crise  n'a 
duré  que  deux  ou  trois  jours,  mais  par  contre  les  douleurs  deve- 
naient de  plus  en  plus  vives.  En  somme,  pendant  la  moitié  envi- 
ron de  sa  grossesse,  oette  femme  a  été  obligée  de  garder  le  repos  aa 


PINARD  115 

.  •  •  V        »       • 

lit.  Jamais  il  ti*y  a  eu  d'écoulement  de  sang  par  les  organes  ^ém<* 
taux,  la  femme  esh  très  affirmative  à  cet  égard;  à  aucun  moment 
non  plus  elle  n'aurait  expulsé  de  caduque. 

A  la  Un  du  mois  de  mars,  cette  femme  se  croit  enceinte,  ma^ 
le  médecin  qui  la  soigne  ne  reconnaît  pas  de  signe  certain  de 
grossesse.  Sur  ces  entrefaites,  elle  quitte  le  Havre  et  vient  habiter 
St-Denis.  Au  mois  de  mai,  reprise  d'accidents  abdominaux,  elle 
appelle  M.  le  Dr  Dupuis,  de  St-Denis,  qui  la  trouve  trop  malade 
pour  être  transportée  à  l'hôpital.  Dans  la  note  qu'il  m'a  remise^ 
je  lis  en  effet  : 

•  Appelé  le  13  mai,  chez  la  femme  L...,  jela  trouve  couchée 
dans  le  décubitus  dorsal,  le  faciès  grippé^  accusant  une  vive  dou- 
leur dans  la  fosse  iliaque  gauche;  le  pouls  est  petit  et  fréquent; 
il  y  a  des  vomissements  porracés.  L'examen  du  ventre  est  presque 
impossible  tant  la  pression  est  douloureuse.  La  peau  est  normale 
mais  il  y  a  de  l'empâtement  et  une  tuméfaction  diffuse  dans  la 
fosse  iliaque  gauche.  > 

Sous  rinûuence  du  traitement,  l'état  s'améliore  peu  à  peu  et  le 
19  mai  la  femme  put  être  transportée  à  l'hôpital  de  St-Denis,  daps 
le  service  du  Dr  Dupuis.  Quatre  ou  cinq  jours  après  son  admis- 
sion, tout  état  fébrile  avait  disparu,  la  fosse  iliaque  n'était  plus 
douloureuse  et  pouvait  être  explorée  facilement.  M.  Dupuis  y 
constata  la  présence  d'une  tumeur  asse?  nettement  arrondie, 
dont  la  partie 'gauche  était  fluctuante  et  dont  la  partie  droite 
moins  volumineuse  et  dure  rappelait  un  corps  fibreux.  La  tumeur 
augmenta  assez  vite  de  volume,  dit  M.  Dupuis,  et  quand  elle  eut 
atteint  le  niveau  de  l'ombilic,  on  entendit  à  son  niveau  un  souffle 
isochrone  au  pouls  et  analogue  au  souffle  utérin.  Au  commence- 
ment de  juillet,  on  perçut  les  battements  du  fœtus.  D'ailleurs 
depuis  les  derniers  jours  de  juin,  la  femme  sentait  remuer.  La 
grossesse  était  donc  absolument  certaine.  Le  31  juillet  cette  femme, 
qui  jouissait  à  ce  moment  d'un  état  assez  bon,  quitta  l'hôpital  où 
elle  ne  rentra  que  le  3  septembre  (la  femme  dit  le  24  septembre). 

A  cette  date,  elle  fut  prise  de  douleurs  abdominales  survenant  à 
intervalles  réguliers  et  dont  quelques-unes  avaient  même  le  carac- 
tère expulsif  ;  comme  elle  se  savait  enceinte,  on  crut  à  l'établis- 
sement du  travail  et  on  l'admit  à  la  Maternité  de  l'hôpital.  Elle  y 
resta  vingt-quatre  heures,  mais  le  D^  Dupuis  ne  constata  aucun  . 
signe  de  travail;  le  col  restait  long,  mou,  perméable;  la  première 


116     DOCUMENTS   POUR   LA   GROSSESSE  BXTRA-UTÊRINE 

'  phalange,  qui  pouvait  y  pénétrer  facilement,  n'y  rencontrait  aucune 
partie  fœtale. 

Les  douleurs  disparurent  et  la  femme  fut  mise  en  observation 
dans  le  service  de  médecine. 

Il  s'agissait  donc  d'un  faux  travail,  mais  il  n'y  eut  ni  sang  ni 
caduque  expulsés.  Toutefois,  à  partir  de  ce  moment,  les  mouvements 
du  fœtus  cessèrent  d'être  perçus  par  la  femme  et  l'auscultation  ne 
fit  plus  rien  entendre  ;  l'enfant  était  donc  mort.  Le  Dr  Dupuis, 
qui  en  juillet  soupçonnait  déjà  la  possibilité  d'une  grossesse  extra- 
utérine, crut  être  autorisé  à  poser  le  diagnostic.  En  septembre  et 
octobre,  rien  de  particulier  ;  fièvre  légère  le  soir,  survenant  très 
irrégulièrement  d'ailleurs.  La  femme  quitte  l'hôpital  de  St-Denis 
le  23  octobre  et  est  adressée  par  M.  Dupuis  à  M.  le  professeur 
Pinard. 

État  actuel,  le  9  novembre  1890.  —  Femme  de  taille  moyenne,  de 
bonne  constitution,  jouissant  actuellement  d'une  excellente  santé  ; 
Tappétit  est  bon,  les  digestions  sont  normales.  Constipation.  Mic- 
tion normale.  Cœur  et  poumons  sains.  Le  squelette  a  été  légère- 
ment touché  par  le  rachitisme  (incurvation  des  fémurs,  sternum 
à  face  antérieure  convexe,  quelques  nodosités  costales  ;  atrophie 
cupuliforme  des  incisives  inférieures).  Seul,  l'examen  de  l'abdomen 
et  des  organes  génitaux  fournit  donc  des  renseignements  impor- 
tants. 

Le  ventre  est  développé  comme  à  huit  mois  de  grossesse  environ. 
La  peau  mince  est  sillonnée  de  nombreuses  vergetures  et  par- 
courue par  des  veines  sous-cutanées  très  apparentes  ;  elle  est  peu 
résistante;  aussi  quand  la  femme  s'assied  sur  son  lit,  le  ventre 
retombe-t-il  presque  au  contact  des  cuisses. 

L'abdomen,  dont  la  plus  grande  saillie  est  au  niveau  de  Fombilic, 
est  élargi  transversalement  par  la  tumeur  qu'il  renferme.  Sa 
grande  circonférence  passant  par  l'ombilic  est  de  95  centim.  ;  la 
distance  de  son  extrémité  supérieure  au  pubis  est  de  35  centim.  et 
l'ombilic  en  occupe  exactement  le  milieu. 

Vu  do  face,  le  ventre  n'est  pas  régulier;  on  trouve  en  effet  un 
sillon  vertical  assez  apparent  qui  sépare  une  petite  tumeur  située 
à  droite  de  la  tumeur  principale  qui  est  à  gauche. 

Cette  tumeur  a  une  consistance  générale  mollasse,  analogue  à 
celle  d'un  utérus  contenant  un  fœtus  macéré  ;  elle  n'offre  pas  cette 
résistance  que  présente  si  souvent  le  kyste  fœtal  extra-utérin  quel- 


PINARD  117 

que  temps  après  la  mort  du  fœtus.  Sur  la  lif^ne  médiane,  au-des- 
sous et  à  gauche  de  l'ombilic,  on  perçoit  avec  une  grande  netteté 
la  crépitation  osseuse  qui  indique  à  ce  niveau  la  présence  de  la 
tète  du  fœtus  dont  les  os  chevauchent  les  uns  sur  les  autres.  On 
ne  distingue  pas  d'autre  partie  fœtale. 

A  droite  et  en  bas,  dans  la  fosse  iliaque,  on  trouve  une  tumeur 
plus  dure  que  le  kyste  fœtal,  régulière,  piriforme,  qui  remonte  à 
quatre  travers  de  doigt  au-dessus  du  pubis  :  c'est  l'utérus  augmenté 
de  volume,  séparé  par  un  sillon  très  net  de  la  tumeur  principale. 

A  deux  reprises  différentes  pendant  ses  examens,  M.  Pinard  a 
pu  surprendre  des  contractions  de  l'utérus  qui  devenait  absolu- 
ment ligneux  pendant  une  à  deux  minutes.  L'auscultation  est 
négative,  on  ne  trouve  pas  de  souffle  maternel.  La  vulve  est  nor« 
maie,  sans  œdème,  sans  coloration  violacée.  Au  fond  du  vagin,  on 
trouve  le  col  de  Tutérus  long  de  2  cent,  environ,  dirigé  en  arrière 
et  en  bas.  Il  n'est  pas  directement  appliqué  contre  le  pubis,  et  on 
peut  interposer  facilement  le  doigt  entre  lui  et  l'arcade  pelvienne 
antérieure.  Les  mouvements  qu'on  imprime  à  l'utérus  situé  dans 
la  fosse  iliaque  droite  se  transmettent  au  col.  Le  col  utérin  est 
ramolli,  son  orifice  externe,  qui  est  entr'ouvert,  offre  un  petit 
tubercule  sur  sa  lèvre  postérieure.  Le  col  est  porté,  ainsi  que  le 
corps  de  l'utérus^  à  droite  du  bassin.  Aussi  le  cul-de-sac  latéral 
droit  est-  il  petit  en  comparaison  du  cul-de-sac  gauche. 

Dans  le  cul-de-sac  latéral  gauche,  on  perçoit,  mais  profondément, 
une  tumeur  dure,  irrégulière  qui  n'est  autre  chose  que  la  partie 
inférieure  du  kyste  fœtal.  Elle  est  séparée  du  doigt  qui  pratique  le 
toucher  par  une  assez  grande  épaisseur  de  tissu  appartenant  au 
ligament  large. 

La  vessie  forme  le  plancher  de  la  tumeur,  et  occupe  tout  le 
cul-de-sac  latéral  gauche,  ce  que  le  doigt  permet  de  constater 
quand  ce  réservoir  est  à  demi  distendu  par  Turine,  et  ce  que  dé- 
montre l'exploration  avec  le  cathéter.  La  vessie  est  donc  libre, 
ce  qui  explique  l'absence  de  troubles  de  la  miction. 

Ce  kyste  fœtal  rejoint  en  avant  et  en  arrière  les  parois  du  bassin 
et  s'y  trouve  enclavé  solidement.  Les  rapports  du  kyste  avec  la 
vessie  ainsi  que  la  profondeur  à  laquelle  il  est  situé,  contre-indi- 
quent  l'ouverture  par  le  vagin.  Celle-ci  est  encore  contre-iadiquée 
par  un  autre  motif  que  M.  Pinard  fait  remarquer.  Le  toucher  dé- 
montre en  effet  que  la  partie  fœtale  accessible  est  l'épaule  ;  si  dans 


118     UNE  OBSERVATION  D*ANUS  VAGINAL  DE  L*S  ILIAQUE 

ces  conditions  on  incisait  par  le  vagin  le  kyste  fœtal,  on  arrive- 
rait sur  Tépaule  et  il  serait  extrômement  difficile  de  faire  évoluer 
le  fœtus  pour  l'extraire. 

'  La  seule  voie  par  laquelle  il  est  possible  de  Tattaquer  est  donc 
la  paroi  abdominale.  Cathétérisme  utérin  qui  donne  une  profon- 
deur de  11  centim. 

Je  pratique  la  laparotomie  le  12  novembre  1890.  Âpres  avoir  sec- 
tionné la  paroi  abdominale,  j'arrive  sur  le  kyste,  adhérent  en  bas, 
libre  à  la  partie  supérieure.  Avant  de  l'ouvrir,  je  le  suture  à  toute 
l'a  circonférence  de  la  plaie,  puis  je  Tincise  et  fais  l'extraction  par 
les  pieds  d'un  fœtus  pesant  S?20  gr.  Jlncise  le  cordon  au  ras  du 
placenta.  Je  lave  largement  le  kyste  au  naphtol,  etc.  Les  suites 
opératoires  furent  simples  mais  le  placenta  ne  fut  complètement 
éliminé  que  le  11  décembre.  Le  30  janvier,  lors  de  la  sortie  de  la 
femme,  on  ne  constatait  plus  trace  du  kyste  fœtal  et  l'utérus  était 
revenu  sur  la  ligne  médiane. 

Remarques.  —  Cette  observation  est  surtout  intéressante 
par  la  netteté  du  faux  travail  qui  fit  croire  à  un  accouchement 
prochain  et  par  le  développement  normal  du  fœtus  qui  pesait 
3220  gr.  (A  suivre.) 


UNE  OBSERVATION  D*ANUS  VAGINAL  DE  L*S  ILIAQUE 

Par  Em.  Laniwera  (de  Courtrai). 


.  Sidonie  \V...,  âgée  de  32  ans,  mariée,  mère  de  trois  enfants,  me 
fut  envoyée  en  février  1892,  par  son  médecin,  avec  prière  de  la 
guérir  d'une  déchirure  conjplète  du  périnée.  Lo  dernier  accou- 
chement de  la  malade  datait  de  six  mois,  et  depuis  cette  époque 
çlle  souffrait  d'incontiner.co  des  matières  fécules. 

A  l'examen,  je  constatai  une  rupture  totale  du  périnée,  enta- 
mant la  cloison  recto-vaginale  À  2  ou  3  cent,  de  hauteur. 

Le  17  février,  je  lis  la  périnéorraphie  par  lo  procédé  à  lambeaux 
de  Lawson  Tait. 

Le  quatrième  jour,  en  pratiquant  une  irrigation  vaginale,  je  fus 

« 

étonné  de  voir  des  selles  moulées  s'échapper  en  grande  abondance 


LAUWERS  li9 

le  long  de  la  canule,  La  plaie  périnéale  avait  bel  aspect.  Je  ûs  / 
toucher  vagi|ial  :  il  existait,  très  haut,  à  la  paroi  postérieure  du 
.vagin,  une  fistule  à  bords  très  épais,  admettant  aisément  l'extré- 
mité de  l'index.  Les  jours  suivants,  je  pratiquai  des  irrigations 
abondantes,  entraînant  les  matières  fécales  épanchées  dans  le 
vagin.  Le  8^  jour,  la  plaie  périnéale  était  guérie  sans  trace  de  sup: 
puration. 

Deux  mois  plus  tard,  le  30  avril,  persuadé  que  la  cicatrice  péri* 
néale  était  assez  solide  pour  suppoi*ter  un  large  écartoment  des 
lèvres  de  l'orifice  vulvaire,  je  procédai  à  l'oblitération  de  la  fistule. 
Comme  les  bords  de  la  perforation  étaient  très  gros,  bien  ôtotfés, 
je  réussis  à  pratiquer  un  large  avivement  et  à  faire  une  suture 
correcte  et  minutieuse. 

Le  second  jour  à  partir  de  l'opération,  la  malade  accusa  de  vio- 
lentes douleurs  à  l'hypogastre,  le  pouls  s'éleva  à  140  pulsations  à 
la  minute  et  la  température  monta  à  40o  C.  Rétention  absolue  des 
matières  fécales  et  des  gaz.  Au  moment  où  je  me  disposais  à  enle- 
ver les  points  de  suture  pour  faire  cesser  l'étranglement,  la  plaie 
éclata  et  les  matières  fécales  s'écoulèrent  abondamment  par  le 
vagin.  Le  lendemain,  la  fièvre  avait  cessé  et  les  douleurs  avaient 
disparu. 

Quelques  jours  plus  tard,  j'examinai  la  malade  sous  le  sommeil 
anesthésique  :  pratiquant  le  toucher  vaginal  et  rectal  combinés, 
je  m'aperçus  que  la  fistule  donnait  accès  à  une  cavité  intestinale» 


Fia.  1.  —  AnuB  vaginal  de  TS  iliaque^ 

absolument  indépendante  et  séparée  du  rectum  (flg.  1).  Jd  savâlfi 
ddjA  du  reste,  que,  contrairement  ati  dire  de  la  malade,  les  mftttêrM 


120     UNE  OBSERVATION  D*ANUS  VAGINAL  DE   L*S  ILIAQUE 

venaient  en  totalité  par  le  vagin  :  les  phénomènes  d'étranglement, 
qui  avaient  succédé  à  roblitération  de  la  fistule,  et  l'examen  direct 
de  la  malade,  pratiqué  à  différentes  reprises  au  moment  de  Pexpul- 
sien  des  selles,  ne  laissaient  aucun  doute  à  ce  sujet. 

Je  soumis  la  malade  à  un  nouvel  interrogatoire  et  J'appris  qu'a- 
près l'accouchement  il  était  sorti  <  quelque  chose  qui  avait  beau- 
coup effrayé  le  médecin  >,  et  que  le  huitième  jour  un  lambeau  de 
chair  putréfiée  avait  été  expulsé  par  le  vagin. 

Enfin,  tenant  compte  de  la  consistance  et  de  la  coloration  des 
celles,  je  fus  amené  à  admettre  : 

1*  Qu'après  l'accouchement  une  anse  intestinale  s'était  enga- 


Fio.  2.  —  Application  de  l'entérotome  après  perforation  de  la  cloifon 

entéro-rectale. 


gée  dans  une  déchirure  du  cul-de-sac  postérieur  du  vagin,  s'y  était 
étranglée  et  avait  été  éliminée  après  gangrène  ; 

2^  Que  cette  anse  devait  appartenir  à  TS  iliaque  ; 

3«  Qu'en  résumé  il  s'agissait,  non  pas  d'une  fistule  recto-vagi- 
nale, mais  d'un  anus  vaginal  de  TS  iliaque. 

Pour  amener  la  guérison,  il  fallait  évidemment  commencer  par 
détruire  la  cloison  entérorectale,  c'est-ù  dire  la  cloison  formée  par 
l'accolement  de  la  paroi  postérieure  de  l'S  iliaque  et  de  la  paroi 


LAUWERS  121 

antérieure  du  rectum,  puis,  au  besoin,  oblitérer  la  fistule  par  Ta- 
yîvement  et  la  suture. 

J'imaginai  et  pratiquai  l'opération  suivante  :  avec  Tindex  de  la 
main  gauche,  introduit  par  le  vagin  dans  la  fistule,  je  déprimai 
fortement  en  bas,  jusque  dans  l'ouverture  anale,  la  cloison  entéro- 
rectale  dans  laquelle  je  pratiquai  une  large  boutonnière  transver- 
sale. J'introduisis  dans  cette  boutonnière  à  travers  le  rectum,  une 
des  branches  de  Tentérotome  de  Dupuytren  et  je  la  glissai  sur  le 
doigt  jusque  dans  l'intestin  ;  j'introduisis  l'autre  branche  dans  le 
rectum,  et  après  m'ètre  assuré  que  la  cloison  à  diviser  était  seule 
comprise  entre  les  mors,  je  serrai  la  vis  (fig.  2). 

L'instrument  se  détacha  le  septième  jour,  entraînant  un  lambeau 
sphacélé  de  8  centim.  de  longueur  environ. 

Dès  le  lendemain,  les  matières  fécales  furent  en  majeure  partie 
expulsées  par  Tanus  (fig.  3). 


Fig.  3.  —  Fistule  recto-Taginale,  persistant  après  la  chute  de  rentérotome. 

La  fistule  vaginale  s'oblitéra  spontanément  trois  semaines  plus 
tard. 

Les  observations  du  genre  de  celle  que  je  viens  de  publier 
sont  très  rares.  Dans  son  Traité  de  gynécologie  (1),  Pozzi 
dit  cependant  qu'on  a  aussi  observé  des  fistules  de  TS  ilia- 
que, et  il  ajoute,  au  paragraphe  Diagnostic,  «  que  si  les  sel- 
les surviennent  longtemps  après  les  repas  et  offrent  une  con- 
sistance solide,  un  aspect  fécal,  la  perforation  siège  dans  TS 
iliaque  ». 


(1)  p.  947,  V  édition. 


122     UNE   OBSERVATION   d'aNUS   VAGINAL  DE   l'S   ILIAQUE 

Dans  le  cas  présent,  il  s'agissait  manifestementi  non  pas 
d'une  fistule,  ou  d'une  perforation,  mais  d*un  anus  vaginal^ 
donnant  issue  à  la  totalité  des  matières  stercorales. 

C*était,  en  plus,  un  anus  anormal  sans  éperon.  Une  cloison 
complète  séparait  la  poche  intestinale  aboutissant  à  la  fis- 
tule, de  la  cavité  du  rectum  ;  Tindication  était  formelle  :  il 
fallait  détruire  cette  cloison.  Pour  arriver  à  ce  but,  Casa- 
mayor  (1)  imagina  une  pince  spéciale,  dont  un  mors  fut  in- 
troduit dans  rintestin,  par  la  fistule,  et  Tautre  dans  le  rectum. 
Verneuil  (2)  a  proposé  de  perforer  la  cloison  entéro-rectale 
en  deux  points,  distants  de  3  centim.^  de  passer  des  tubes  de 
caoutchouc  à  travers  ces  deux  orifices  ;  il  réunirait  solide- 
ment les  deux  chefs  rectaux,  de  manière  à  obtenir  une  anse 
à  deux  chefs  sortant  par  le  vagin.  Il  n*y  aurait  qu'à  serrer 
ces  deux  fils  pour  opérer  la  section. 

Chaput  (3)  propose  le  procédé  suivant  :  avec  une  sonde 
d*homme  introduite  dans  la  fistule,  déprimer  Tintestin  et  la 
paroi  rectale  de  façon  à  faire  une  saillie  dans  le  rectum.  Sai- 
sir ce  diverticule  avec  une  pince  à  longs  mors  introduite  dans 
le  rectum,  qui  ferait  office  d'entérotome. 

L'opération  quej*ai  pratiquée  me  paraît  moins  compliquée, 
d'une  exécution  plus  facile  et  plus  efficace  que  ces  trois  mé- 
thodes dont  la  première,  seule,  a  été  mise  en  pratique.  Après 
la  chute  de  Tentérotome,  le  cours  des  matières  s'est  rétabli 
aussitôt  et  la  fistule  s'est  oblitérée  rapidement. 


(1)  Pozzi,  p.  9Ô0. 

(2)  Pozzi,  p.  950. 

(3)  Traité  de  chirurgie^  publié   bous  la  direction  de  DuPLATet  Rkclub, 
t.  VI,  p.  869. 


JAGOBS  123 


DE    L'HYSTÉRECTOMIE    VAGINALE 

SÉRIE  DB 
CINQUANTE-DEUX  CAS  CONSÉCUTIFS,  SUIVIS  DE  GUÉRISON  OPÉRATOIRE 

Par  le  D'  Jacobs  (de  Bruxelles)  (1). 


^  J'ai  l'honneur  de  vous  présenter  les  résultats  de  cinquante- 
deux  bystérectomies  vaginales  consécutives,  suivies  de 
guérison  opératoire.  J'ai  suivi  onze  fois  la  méthode  par  li- 
gatures progressives,  vingt-sept  fois  la  méthode  par  forci- 
pressure,  quatorze  fois  la  méthode  par  morcellement. 

Ces  opérations  ont  été  pratiquées  dans  les  cas  suivants  : 
Cancer  du  col,  22  cas,  8  récidives  (après  une  période  de 

3  ans)^  6  cas  non  suivis,  8  guérisons. 
Cancer  du  corps,  3  cas,  1  récidive  (après  1  an  6  mois),  1  cas 

non  suivi),  1  guérison. 
Métrites  à  hémorrhagies  ou  endométrites  douloureuses,  ayant 

résisté  à  tout  traitement,  6  cas. 
Myôme  utérin,  4  cas. 

Annexites  et  inflammation  pelvienne,  14  cas. 
Adénome  malin,  1  cas. 
Métropéritonite  puerpérale,  1  cas. 
Hématocèle  suppurée,  1  cas. 

Depuis  plus  d'un  an  j'ai  abandonné  la  méthode  par  liga- 
tures progressives  et  n'emploie  plus  que  la  forcipressure.  Je 
crois  que  c'est  là  la  méthode  d'avenir,  à  cause  de  sa  facilité 
d'exécution,  de  sa  rapidité  et  des  résultats  qu'elle  donne. 
J'attribue  les  résultats  que  j'ai  obtenus  au  modus  faciendi, 
aussi  tiensjeà  vous  le  décrire  rapidement. 

Après  avoir  saisi  le  col  avec  deux  pinces  de  Museux  et 
placé  les  valves  vaginales,  je  pratique  toujours  l'incijjion  de 
la  muqueuse  vaginale  au  moyen  du  thermocautère.  J'opère 
ainsi  très  rapidement  et  j'évite,  dans  la  plupart  des  cas,  les 

(]}  Communication  faite  îi  la  Société  belge  de  Gynécologie,  le  26  juin. 


124  DE  L'HYSTéREGTOMIE  VAGINALE 

hémorrhagies  que  donne  Tincision  au  couteau  ;  je  ne  place 
aucune  ligature  sur  cette  muqueuse.  Je  décolle  ensuite  avec 
le  doigt,  la  muqueuse  aussi  haut  que  possible,  et  j'ouvre,  éga« 
lement  avec  le  doigt,  le  péritoine  des  culs  de  sac  antérieur  et 
postérieur.  Suivant  les  indications,  je  fais  alors  le  bascule- 
ment de  Tutérus,  ou  bien,  plaçant  les  petites  pinces-lon- 
guettes de  Péan  sur  les  ligaments,  alternativement  à  droite 
et  à  gauche  J'extrais  la  matrice,  ordinairement  sans  hémor- 
rhagie  aucune. 

Pendant  toute  Topération.  je  me  sers  du  courant  continu 
d'eau  stérilisée.  Aucun  antiseptiaue. 

J'ai  abandonné  complètement  les  pinces  de  Richelot  et 
celles  que  j'ai  fait  construire  dans  le  même  but,  pour  les  pe- 
tites pinces  droites  de  Péan.  Leur  emploi  est  plus  facile  et 
assure  mieux  l'hémostase. 

L'utérus  enlevé,  autant  que  faire  se  peut  je  fais  Tablation 
des  annexes.  Je  place  ensuite  le  pansement.  Dans  la  méthode 
par  ligatures  progressives  on  a  fort  discuté  s'il  fallait  ou  non 
refermer  le  fond  du  vagin,  c'est-à-dire  drainer  ou  non  le  pé- 
ritoine. Avec  l'emploi  de  la  forcipressure,  cette  question 
n'est  plus  de  mise,  il  faut  drainer  la  cavité  péritonéale.  A  cet 
effet,  je  place  dans  le  petit  bassin  plusieurs  bandelettes  de 
gaze  à  riodoforme,  qui  vont  recouvrir  l'extrémité  des  pinces 
et  abriter  par  le  fait  les  anses  intestinales  ;  elles  produiront 
également  quelques  adhérences  entre  les  anses  inférieures 
et  les  empêcheront  ainsi  de  s'engager  dans  l'ouverture  vagi* 
nale  après  que  Ton  aura  enlevé  les  pinces,  ou  encore  d'être 
blessées  dans  les  efforts  de  vomissements  post-chlorofor- 
miqnes.  Ce  pansement  remplit  aussi  un  rôle  hémostatique. 
Je  maçonne  ensuite,  avec  de  la  gaze  à  riodoforme,  les  pinces 
dans  la  cavité  vaginale,  j'entoure  leurs  extrémités  de  ouate 
neutre  et  place  enfln  une  sonde  vésicale  à  demeure  de 
Pezzer. 

Après  un  temps  variant  de  quarante-huit  heures  à  trois- 
quatre  jours^  j'enlève  les  pinces  sans  toucher  au  pansement 
vaginal.  Je  n'enlève  celui-ci  que  le  lendemain,  je  le  remplace 


REVUE  CLINIQUE.   —  TERRIER  125 

par  une  simple  bandelette  de  gaze  à  riodoforme,  qui  est  en- 
levée le  lendemain.  La  malade,  dès  lors,  se  lève  et  se  donne 
quatre-cinq  fois  par  jour  des  injections  vaginales  d'eau  sim- 
ple. Le  neuvième  ou  dixième  jour,  en  général,  les  eschares 
tombent,  et  la  guéri  son  est  complète  le  quinzième  jour,  l'ou- 
verture vaginale  cicatrisée. 

J'attache  à  ces  détails  opératoires  et  de  pansements  une 
grande  importance,  c'est  ce  qui  m'a  engagé  à  vous  les  rap- 
porter. 


REVUE  CLINIQUE 


ANOMALIE    DE    LA    MENSTRUATION 
Fftr  Félix  Terrier. 


Mme  X...,  a  eu  ses  règles  pour  la  première  fois  en  mai  187i,  à 
l'âge  de  14  ans. 

Deuxième  apparition  des  règles,  en  septembre  1874. 

Troisièmes  règles,  en  août  1875.  Quatrièmes  règles  en  septem- 
bre 1876. 

23  mois  s'écoulent  alors  sans  aucune  apparition  de  règles.  A  ce 
moment,  après  un  traitement  hydrothérapique,  les  règles  repa- 
raissent, en  août  1878.  La  malade  cesse  alors  de  prendre  des  dou- 
ches et  ne  voit  rien  paraître  jusqu'en  novembre  1879. 

Le  2  mai  1881,  jour  de  son  mariage,  elle  voit  de  nouveau  appa- 
raître le  flux  menstruel.  Puis,  sans  qu*aucun  écoulement  se  soit 
produit,  elle  devient  enceinte  en  septembre  1881  et  accouche  en 
juin  1882. 

Pour  la  huitième  fois,  les  règles  viennent  en  mars  1883;  le  mois 
suivant^  début  d'une  grossesse  qui  se  termine  normalement  en 
janvier  1884. 

Dans  le  mois  qui  suit  la  neuvième  apparition  des  règles,  cette 
dame  commence  une  troisième  grossesse,  en  juin  1885,  et  accouche 
à  terme  en  mars  1886. 


126  tJN  CAS  DE  SYMPHVSÉOtOHlS 

Une  quatrième  grosseesse  sait  la  dixième  apparition  des  règles, 
venues  le  10  février  1887.  Cette  grossesse  se  termine  le  II  décem- 
bre 1887.  Depuis  lors,  il  n'y  a  plus  eu  de  grossesse,  bien  que,  à  la 
suite  d'un  traitement  hydrothérapique,  les  règles  soient  venues 
à  intervalles  plus  rapprochés,  en  janvier  1888,  juillet  et  octo- 
bre 1888,  janvier  et  avril  1889,  janvier  et  octobre  1890,  avril  et 
jmn  1891.  Rien  n'est  apparu  depuis  cette  époque. 

L'examen  local  ne  révèle  rien  d'anormal.  A  aucun  moment,  il 
n'y  a  eu  de  tlux  supplémentaire,  et  cotte  dame,  à  part  l'état  tout 
spécial  de  la  menstruation,  qui  n*a  eu  lieu  que  18  fois  en  18  ans, 
ce  qui,  du  reste,  ne  Ta  pas  empochée  d'avoir  quatre  enfants,  pré- 
sente  toutes  les  apparences  de  la  santé.  Pas  de  signes  d'hystérie. 


UN    CAS    DE    SYMPHYSËOTOMIE 

Fïir  le  professeur  8.  Taroler  (1). 


La  malade,  âgée  de  31  ans,  est  rachitique  et  ses  tibias  sont  très 
déformés  ;  elle  est  boiteuse  depuis  son  enfance.  Son  bassin  me- 
sure  9  centimètres  dans  le  diamètre  promonto-sous-pubien,  ce  qui 
me  fait  évaluer  le  diamètre  sacro-pubien  à  7  centimètres  1/2. 

A  une  première  grossesse,  en  1881,  l'accouchement  fut  terminé, 
à  la  Maternité,  par  une  céphalotripsie  pratiquée  par  M.  Marchand, 
chirurgien-adjoint. 

A  une  deuxième  grossesse,  l'accouchement  fut  terminé  à  la  Cli- 
nique, en  1882.  par  une  céphalotripsie  pratiquée  par  M.  Char- 
pentier. 

A  une  troisième  grossesse,  l'accouchement  fut  terminé,  en  1881, 
par  une  céphalotripsie  pratiquée  par  M.  Doléris. 

A  une  quatrième  grossesse,  l'accouchement  fut  terminé,en  1887, 
par  une  basiotripsio  pratiquée  par  M.  Pinard 

En  résumé,  il  y  avait  eu  quatre  accouchements  terminés  parle 
broiement  de  la  tète  fœtale. 

A  sa  cinquième  grossesse,  cette  femme  entra  dans  mon  service 
le  2^  mai  dernier,  enceinte  de  huit  mois  environ.  Je  décidai  que  je 

(1)  Communication  faite  à  1* Académie  de  médecine,  séance  du  28  juin 
ia92. 


REVUE  CLINIQUE.   —  TARNIER  l27 

provoquerais  sans  retard  raccouchement  prématuré,  et  que  si  la 
tôte  ne  s'engageait  pas  spontanément  dans  Texcavation  pelvienne, 
je  pratiquerais  la  symphyséotomie. 

Après  avoir  aseptisé  le  vagin  pendant  trois  jours,  je  provoquai, 
le  26  mai,  raccouchement  prématuré,  par  l'introduction  successive 
de  mon  ballon  et  de  celui  de  M.  Champetier  de  Ribes.  I^e  moût  de 
Vénus  avait  été  rasé  ;  la  vulve  avait  été  savonnée  et  lavée  antisep- 
tiquement. 

Le  27'  mai,  à  dix  heures  du  matin,  la  dilatation  étant  à  peu  près 
complète,  je  retirai  le  ballon  de  M.  Champetier  de  Ribes,  les  mem- 
branes furent  rompues  et  après  leur  rupture,  la  tète,  qui  se  pré- 
sentait en  O.  I.  D.,  n'avait  aucune  tendance  à  s'engager.  Je  ne  fis 
aucune  tentative  d'extraction  fœtale,  dans  la  crainte  de  nuire  à  la 
vie  de  l'enfant,  et  je  pratiquai  la  symphyséotomie,  qui  fut  très 
simple. 

J'incisai  les  parties  molles  de  la  partie  supérieure  du  pubis  au 
clitoris,  par  un  seul  coup  de  bistouri  ordinaire.  Puis,  un  bistouri 
boutonné  fut  placé  .immédiatement  au-dessus  de  Tinte rligne  arti- 
culaire et  dirigé  d'avant  en  arrière  et  de  haut  en  bas.  LUndex  de 
la  main  gauche,  introduit  dans  le  vagin  et  recourbé  derrière  la 
symphyse  pubienne,  alla  à  la  rencontre  de  l'extrémité  boutonnée 
de  ce  bistouri,  pressa  sur  celle-ci,  et  cet  instrument,  ainsi  tenu  par 
les  deux  mains,  incisa  la  symphyse  de  haut  en  bas  et  d'arrière  en 
avant.  Après  l'incision,  je  pla<;>ai  entre  les  deux  pubis  l'écarteur  en 
forme  de  lyre  que  M.  le  D'  Tuffier  a  fait  construire,  et  les  deux 
branches  de  cet  instrument  furent  écartées  à  leur  maximum,  de 
sorte  que  les  deux  pubis  étaient  séparés  par  une  distance  de  57  mil- 
limètres. 

Cela  fait,  la  tète  ne  s'engageant  pas,  je  fis  une  application  de 
forceps  qui  fut  très  simple;  mais  le  col  offrant  une  certaine  résis- 
tance, je  le  débridai  d'un  coup  de  ciseaux.  L'accouchement  put 
alors  être  terminé  très  facilement.  L'enfant  pesait  2,230  grammes  ; 
son  diamètre  bipariétal  mesurait  9  centimètres. 

Les  os  iliaques  furent  rapprochés  ;  cinq  points  de  sutures  furent 
appliqués  sur  les  lèvres  de  l'incision  faite  au-devant  des  pubis,  et 
le  bassin  fut  immobilisé  par  un  bandage  en  tarlatane  et  par  une 
bande  de  caoutchouc,  qui  furent  remplacés,  le  lendemain, par  l'ap- 
pareil de  M.  Pinard. 

Les  suites  de  l'opération  furent  très  simples.  Il  n'y  eut  aucune 


128      NOTE  SUR  UN  CAS  DE  SYMPHYSÉOTOMIB 

suppuration,  et  jamais  la  température  ne  dépassa 37«,8-  Les  points 
de  suture  furent  enlevés  le  quatorzième  jour,  et  la  malade  se  leva 
le  vingt-sixième  jour. 

Elle  est  aujourd'hui  bien  portante,  ainsi  que  vous  pouvez  le  voir; 
elle  marche  aussi  facilement  que  par  le  passé.  Son  enfant  est  bien 
portant  et  pèse  2,635  grammes. 

C'est  un  succès  de  plus  à  enregistrer  en  faveur  de  la  symphy- 
séotomie. 


NOTE  SUR  UN  CAS  DE  SYMPUYSÉOTOMIE 

Par  le  IK  Robert  HlIlleriMim. 

Assifitantàla  Clinique  gynécologique  de  Strasbourg. 


L'auteur  méditait  les  travaux  récents  de  Morisani,  de  Spinelli  et 
de  Pinard  sur  la  symphyséotomie  quand  Toccasion  s'offrit  à  lai  de 
pratiquer  cette  opération  dans  le  cas  suivant  : 

La  parturiente  est  une  femme  de  34  ans  qui  n'a  marché  qa*à 
trois  ans  et  demi  et  n*offre  cependant  aucun  stigmate  de  rachitisme. 

Son  premier  accouchement  (1887)  fut  très  lent.  D*après  les  ren- 
seignements fournis  par  Je  médecin  Tenfant  succomba  pendant  le 
travail  et  par  suite  de  la  prolongation  de  l'accouchement. 

Le  second  accouchement  (1889), qui  traîna  également  en  longueur, 
fut  terminé  par  une  application  de  forceps.  L'enfant  vit  et  est 
bien  portant. 

La  grossesse  actuelle  n'avait  présenté  aucune  complication.  Der* 
nières  règles  en  juillet  1891. 

Le  23  avril  1892  au  soir  apparaissent  les  premières  douleurs, 
D^abord  de  faible  intensité  et  de  courte  durée  elles  allèrent  en  aug* 
mentant  chaque  jour  et  le  27  au  matin  les  membranes  se  rompi* 
rent  spontanément.  Les  douleurs  s'accrurent  encore  après  cette 
rupture  sans  que  cependant  le  médecin  put  constater  le  moindre 
progrés  dans  le  travail.  C'est  pourquoi  dans  la  nuit  du  29  avril, 
c'est-à-dire  alors  que  le  travail  durait  déjà  depuis  près  de  six  jours, 
le  médecin  traitant  ût  transporter  la  femme  à  la  Clinique  gyné- 
cologique de  Strasbourg  (professeur  Freund)  dans  le  but  de  faire 
pratiquer  l'opération  césarienue  à  laquelle  la  parturiente  était  ré* 
signée. 


REVUE   CLINIQUE.   —   MULLERHEIM  129 

A  son  arrivée  le  matin  du  29  avril,  après  un  trajet  de  cinq  heures 
en  voiture,  la  malade  est  très  épuisée. 

Taille  petite  ;  squelette  peu  développé. 

Mensurations  du  bassin  : 

Entre  les  épines  iliaques 24  c.  1/2 

»      les  crêtes  iliaques 27 

»      les  trochanters 31 

Conjugué  externe 18  c.  1/2 

Conjugué  diagonal  ou  promonto-sous- 
pubien 10  c. 

Le  ventre  est  un  peu  pendant  ;  la  paroi  utérine  est  assez  tendue 
et  se  contracte  toutes  les  deux  minutes  si  énergiquement  que  le 
palper  est  rendu  difficile.  Le  fœtus  se  présente  par  le  sommet  en 
position  gauche  ;  la  tête  est  encore  mobile  au-dessus  du  détroit 
supérieur.  Les  battements  du  cœur  fœtal  sont  normaux. 

Il  y  a  un  certain  degré  de  prolapsus  des  parois  vaginales  anté- 
rieure et  postérieure.  L'orifice  utérin  est  dilaté,  de  la  largeur  d'une 
pièce  de  5  francs. 

Poche  des  eaux  rompue.  Dans  Torifice  on  sent  la  tète  encore 
mobile. 

Le  sacrum  est  fortement  abaissé  et  le  promontoire  facilement 
accessible. 

La  tôte  présente  une  bosse  séro*satiguine  sur  le  pariétal  droit, 
qui  est  accessible  dans  une  plus  grande  étendue  que  le  gauche.  La 
suture  sagittale  est  transversalement  dirigée  et  voisine  du  pro- 
montoire ;  la  petite  fontanelle  à  gauche,  la  grande  à  droite,  mais 
difficilement  accessible. 

On  est  frappé  de  la  dureté  anormale  des  os  <lu  crâne,  de  la  peti- 
tesse des  fontanelles,  de  l'étroitesse  des  sutures. 

De  8  à  9  heures  du  matin  les  douleurs  sont  fortes  et  fréquentes. 
Les  battements  du  cœur  restant  bons,  on  décide  d'attendre  encore 
dans  l'espoir  que  la  tète  finira  par  se  réduire  et  s'accommoder. 

Vers  onze  heures  du  matin  un  nouvel  examen  ne  révélant  aucun 
progrès  dans  le  travail  malgré  des  contractions  énergiques,  Tépui- 
sement  de  la  parturiente  augmentant,  le  segment  inférieur  mena- 
çant de  se  rompre  (anneau  de  contraction  au  niveau  de  l'ombilic), 
on  se  trouve  dans  l'obligation  de  terminer  cet  accouchement  qui 
dure  depuis  six  jours. 

La  dystocie  est  due  à  la  disproportion  qui  existe  entre  les  dimen- 

AVX.  Dg  QTX.  —  TOU  XXXVIII.  9 


130  NOTE  si:r  un  cas  de  symphyséotomie 

sîon.s  du  bas8in  aplati  et  celles  de  la  tête  fœtale  dont  l'excès  de 
volume  et  la  dureté  anormale  paraissent  devoir  ôtre  rapportés  à 
la  prolongation  de  la  grossesse.  La  patiente  dit  avoir  dépassé  son 
terme  de  3  semaines  ;  de  plus,  elle  est  multipare. 

L'indication  d'une  intervention  était  formelle  et,  en  raison  des 
travaux  récents  auxquels  Tauteur  fait  allusion  dans  l'introduction 
de  sa  note,  il  est  décidé  qu'on  aura  recours  non  pas  à  l'opération 
césarienne,  mais  à  la  symphyséotomie,  qui  est  pratiquée  A  midi  1/2 
le  29  avril. 

Après  s'être  assuré  par  dos  mouvements  communiqués  au  bassin, 
de  la  mobilité  des  articulations  pubienne  et  sacro-iliaques,  avoir 
rasé  le  mont  de  Vénus  et  pratiqué  la  désinfection  habituelle  intus 
et  extra,  l'opérateur  fait  une  incision  prépubienne  médiane  inté- 
ressant la  peau  jusqu'à  quelques  centimètres  au-dessus  du  bord 
supérieur  des  pubis.  Couche  par  couche  il  arrive  jusqu^au  plan 
osseux  en  liant  les  vaisseaux  qui  saignent  moyennement.  Un 
cathéter  introduit  dans  la  vessie  ayant  permis  d'en  préciser  le 
siège,  les  parties  molles  sont  décollées  du  périoste  et  le  cartilage 
incisé  sans  difliculté  d'arrière  en  avant,  à  laide  d'un  bistouri falci- 
forme  solide  et  boutonné. 

Les  pubis  s'écartent  de  1  centim.  ;  on  coupe  alors  l:i  partie  supé- 
rieure  du  ligament  arqué  et  l'articulation  8*ouvre  largement. 

L'opérateur,  craignant  que  rengagement  de  la  tète  ne  produisit 
une  disjonction  trop  violente  et  trop  couKidèrable  des  symphyses 
Bacro*iliaques,  enroule  autour  du  bassin,  aussitôt  après  Tincision 
du  libro-cartilage,  une  bande  d'Ësmarch,  depuis  les  crêtes  iliaques 
jusqu'aux  trochanters.  Cette  bs^nde  est  destinée  à  prévenir  un 
écartement  brusque. 

Avant  d'appliquer  cette  bande  on  ferme  la  plaie  cutanée  par 
quelques  sutures  et  on  la  protège  avec  de  la  gaz^e  au  thymol.  Après 
l'application  de  la  bande  la  suture  de  la  plaie  est  parachevée  aveo 
de  la  soie. 

Au  bout  de  quelques  miautes,  la  tète  s'engagea  dans  le  petit 
bassin,  puis  elle  s'abaissa  lentement  à  chaque  douleur,  comme 
dans  uu  accouchement  normal.  A  ce  moment,  comme  la  lèvre 
antérieure  du  col,  refoulée  par  la  tète,  apparaissait  à  la  vulve, 
on  la  repoussa  avec  la  main  gauche,  pendant  que  deux  doigts  de 
la  main  droite  opéraient  la  manoeuvre  de  Ritgen,  rendue  nécessaire 
par  raffaiblissement  des  bruits  du  cœur»  La  tète  se  dégagea  obli* 


REVUE   CLINIQUE.   —  MULLERHEIM  131 

quement,  la  rotation  étant  restée  incomplète.  La  face  tourna  à 
droite  et  l'épaule  droite  se  dégagea  la  première. 

L'opération  (jusqu'à  la  terminaison  de  l'accouchement)  avait 
duré  à  peine  quinze  minutes. 

Délivrance  spontanée  un  quart  d'heure  après.  L*utérus  se  rétracte 
énergiquement.  On  applique  un  bandage  ouaté,  fait  de  fortes 
bandes,  et  par-dessus  on  replace  la  bande  de  caoutchouc. 

Les  surfaces  articulaires  de  la  symphyse  sont  étroitement  réap- 
pliquées. 

L'enfant  (garçon),  né  en  état  de  mort  apparente,  mais  rapide- 
ment ranimé  par  les  moyens  ordinaires,  pèse  4000  grammes  et 
mesure  51  centim.  II  y  a  une  grosse  bosse  sanguine  sur  le  pariétal 
droit.  L'ossification  est  très  avancée  et  les  fontanelles  très  petites. 
Sur  le  pariétal  gauche,  au  voisinage  de  la  suture  sagittale,  on  voit 
une  eschare  de  la  largeur  d'une  pièce  de  dix  sous. 

Diamètres  de  la  tète  : 

Bi-temporal 10 

Bi-pariétal 11 

Occipito- frontal 12 

Occipito-mentonnier 14 

S.  B 10 

Circonférence 37 

L'opérée  sortie  de  la  narcose  n'accuse  aucune  douleur.  L'urine 
retirée  par  le  cathétérisme  est  un  peu  sanguinolente.  Une  heure 
après  l'opération,  la  grande  lèvre  droite  est  très  enflée  et  sa  peau 
bleuit.  Sur  la  symphyse  et  la  région  supra-pubienne,  on  place  une 
vessie  de  glace.  Les  jambes  sont  maintenues  rapprochées  par  une 
cravate. 

Trois  heures  après  l'opération,  la  patiente  se  plaignant  d'être 
incommodée  par  la  bande  d'Ësmarch,  celle-ci  est  enlevée.  A  la 
place  du  caoutchouc  on  applique  étroitement  autour  des  hanches 
une  serviette. 

Le  30.  L'opérée  a  dormi  avec  quelques  interruptions.  L'héma- 
tome de  la  grande  lèvre  droite  a  augmenté.  Le  voisinage  des  arti- 
culations sacrO'iliaques  est  spontanément  sensible  et  très  doulou- 
reux à  une  pression  moyenne  sur  le  sacrum.  Les  fonctions  sont 
normales.  L'opérée  allaite  son  enfant. 

L'après-midi  la  serviette  qui  réunissait  étroitement  les  cuisses 
au-dessus  des  genoux  est  enlevée.  Les  jambes  de  l'opérée  sont 


132  NOTE   SUtl   ON  CAS   DE   SYMPHVSÉOTOMIE 

c  comme  paralysées  >  dans  la  rotation  en  dehors.  Elle  ne  peut  les 
remuer  et  se  plaint  de  douleurs  au  voisinage  des  symphyses  sacro- 
iliaques.  Quaud  deux  filles  de  service  la  soulèvent,  la  défécation, 
la  miction  et  les  toilettes  se  font  sans  douleurs. 

2  mai.  Le  gonûement  de  la  grande  lèvre  droite  est  moindre.  Il 
n'y  a  plus  aucune  douleur  dans  le  voisinage  des  articulations 
sacro-iliaques;  à  la  sj^'mphyse  pubienne  t  un  peu  de  brûlure  ». 

Le  4. 1«'  pansement.  Les  bords  de  la  plaie  sont  sans  irritation, 
bien  affrontés.  Toutes  les  fonctions  sont  normales. 

Le  8.  L'opérée  montre  qu'elle  peut  bien  remuer  et  plier  leB 
jambes  sans  éprouver  la  plus  légère  douleur. 

Le  9.  Enlèvement  des  satures  de  soie.  La  plaie  est  cicatrisée  par 
première  intention,  sauf  au  niveau  du  trajet  de  suture  le  plus  élevé 
qui  laisse  suinter  un  peu  de  pus. 

Le  11  (14«  jour).  L'opérée  se  trouve  si  bien  qu'elle  pourrait  «  se 
tenir  debout  parfaitement  ». 

Le  12.  La  pression  sur  la  symphyse  ne  donne  pas  la  plus  légère 
sensation  d'écartement  et  ne  détermine  aucune  douleur. 

Du  côté  de  la  grande  lèvre  droite,  le  gonllement  est  de  nouveau 
un  peu  plus  considérable  que  dans  les  derniers  jours.  La  nuit 
l'en  faut  est  très  agité  ;  aussi  l'accouchée,  malgré  les  recommanda- 
tionsqu'on  lui  fait,  se  penche  vers  le  berceau  pour  prendre  l'enfant. 

Le  18  (16*  jour).  Douleurs  le  matin  au  voisinage  de  la  symphyse. 
A  midi,  38^,5.  C^est  la  première  fois  que  la  température  s^élève 
depuis  l'opération. 

La  grande  lèvre  droite  et  son  voisinage  présentent  de  l'œdème 
et  de  la  sensibilité  à  la  pression.  Ëcoulement  vaginal  abondant, 
fétide,  jaune. 

Soir,  SO'»,?.  L'œdème  s'étend  aux  2  grandes  lèvres.  Ëcoulement 
de  mauvaise  odeur.  Injection  de  créoline. 

Le  14.  matin,  38^2.  Douleurs  dans  la  grande  lèvre  droite  et  le 
pli  inguinal  droit. 

Midi,  39^.  Ëcoulement  fétide.  Injection  à  la  créoline. 

Soir,  380,9. 

Le  15,  matin,  37* ,3.  Du  vagin  sort  abondamment  un  liquide 
purulent.  Sur  la  paroi  vaginale  antérieure^  en  arrière  de  la  branche 
horizontale  droite  du  pubis,  on  sent  une  dépression  du  volume 
d'un  pois  qui  est  considérée  comme  le  lieu  d'ouverture  de  Théma- 
tome  de  la  grande  lèvre  droite. 


RBVUE  CLINIQUE.   —   MULLERUBIM  133 

Midi,  37s5.  Soir,  38»,9. 

Le  16.  L'œdème  est  moindre,  l'écoulement  a  diminué.  Il  n'y  a 
plus  de  ûèvre.  Les  jambes  sont  de  nouveau  remuées  sans  dou- 
leurs, etc.  La  malade  se  soulève  seule  pour  la  défécation  et  i 
miction. 

Le  17.  L'œdème  de  la  grande  lèvre  droite  est  en  grande  partie 
disparu.  Les  fonctions  de  raccouchée  sont  normales. 

Le  19  (21«  jour).  L'opérée  est  sortie  de  son  lit  avec  une  ceinture 
de  cuir  ;  elle  peut  se  tenir  debout  seule. 

Le  21.  L'opérée  est  tout  à  fait  solide;  eHe  fait  quelques  pas  sans 
soutien  et  reste  assise  10  minutes  sans  la  moindre  fatigue. 

Le  23.  Après  Tapplication  d'un  bandage  de  corps  élastique 
autour  du  bassin  l'opérée  reste  plusieurs  heures  hors  du  lit  et  va 
et  vient  dans  la  chambre.  Sa  marche  est  assez  sûre. 

Le  24.  Une  tentative  de  monter  les  escaliers  ne  réussit  que  mé- 
diocrement. Aujourd'hui  l'opérée  est  restée  4  à  5  heures  hors  du 
lit;  elle  est  restée  assise  puis  a  marché  portant  son  gros  enfant  de 
9  livres. 

Le  20  (29«  jour).  La  femme  reste  toute  la  journée  hors  du  lit  ; 
elle  a  seule  descendu  et  monté  les  escaliers  qui  conduisent  au  jar- 
din en  portant  son  enfant.  Le  soir,  douleurs  sacrées  ;  état  général 
arfait 

Le  27.  L'opérée,  considérée  comme  guérie,  est  présentée  par  le 
professeur  Freund  à  la  Société  des  sciences  naturelles  et  médica- 
les  de  Strasbourg. 

Le  29.  Quitte  la  clinique.  A  l'examen  de  sortie  on  peut  sentir 
sur  la  symphyse  un  cordon  de  plusieurs  millimètres  de  large  qui 
est  uni  à  la  peau  et  parait  être  un  épaississement  périostique.  Au 
niveau  de  la  symphyse  on  sent  un  léger  écartement. 

Par  1  écartement  des  menibres  inférieurs  dans  le  décubitus  e^ 
par  le  transport  du  tronc  d'une  hanche  à  l'autre  dans  la  station 
debout  on  perçoit  une  légère  mobilité  dans  les  articulations  pu- 
biennes et  sacro -iliaques.  Le  fonctionnement  de  la  vessie  est  normal. 
La  marche  est  sûre. 

Il  existe  un  prolapsus  assez  prononcé  de  la  paroi  vaginale  anté- 
rieure et  postérieure,  mais  ce  prolapsus  a  été  noté  avant  l'opération 
iors  de  l'entrée  à  la  clinique. 

Los  parties  génitales  sont  bien  revenues.  A  la  place  de  l'hénia- 
tonio  dans  lu  grande  lèvre  droite  on  sent  un  épaississement. 


134  SOCIÉTÉS  SAVANTES 

L^endroitpar  où  le  pus  s'est  fait  jour  dans  le  vagin  est  fermé. 

L'enfant  s'élève  bien.  La  peau  du  crâne  est  tombée  là  où  existait 
l'eschare  ;  il  y  a  en  ce  point  une  plaie  recouverte  de  granulations. 

La  femme  est  revenue  à  la  clinique,  il  y  a  quelques  jours  ;  elle 
présentait  l'apparence  d'une  personne  tout  à  fait  bien  portante. 
D'après  son  dire,  elle  a  pu  reprendre  tous  ses  travaux  de  ménage, 
môme  les  plus  pénibles. 


REVUE  DES  SOCIETES  SAVANTES 


ACADÉMIK   DE  MÉDECINE 

Séances  du  19  juillet  et  du  21  juillet. 

Femme  ayant  subi  la  symphystetomle. 

PoRAK.  —Femme  primipare,  rachitique  avec  déformations  carac- 
téristiques du  squelette.  Diamètre  promonto-sous-pubien,  9  cen- 
tim.  6;  diamètre  utile,8centim.  environ. Travail  datant  de  18  heu- 
res ;  dilatation  complète,  poche  des  eaux  rompue,  tôte  en  G.  I.  D. 
P.,  mobile  au-dessus  du  détroit  supérieur,  enfant  vivant.  Applica- 
tion de  forceps  infructueuse  ;  symphyséotomie,  après  laquelle  nou- 
velle application  de  forceps  qui  permit  d'extraire  très  facilement 
un  enfant  vivant  du  poids  de  2600  grammes.  Suites  de  couches 
des  plus  simples  ;  la  femme  peut  marcher  sans  la  moindre  dou- 
leur dès  le  20*  jour. 

Ovariotomie  double  ches  une  femme  enceinte,  continoation  de  la 
grossesse.  Âccoadiement  k  terme  d*iin  enfant  vivant. 

PoLAiLLON.  —  L'opération  fut  pratiquée  à  environ  3  mois  1/2 
de  grossesse.  11  s'agissait  d'une  femme  de  29  ans,  blanchisseuse, 
qui,  six  années  auparavant,  avait  déjà  constaté  que  son  ventre 
augmentait  rapidement  de  volume.  Menstruation  irrégulière, 
jamais  de  grossesse,  jamais  de  fausse  couche.  5  mois  environ  avant 
l'entrée  à  l'hôpital,  suppression  des  règles  ;  quelques  jours 
avant  son  admission,  douleurs  violentes  dans  le  ventre  qui,  en 
ville,  firent  penser  à  une  péritonite.  Amaigrissement  considérable, 
douleurs  incessantes,  vomissements,  fièvre.  A  l'hôpital,  on  cons- 
tata facilement  l'existence  d'un  kyste  de  Tovaire  qui  dépassait 


SOCIÉTÉ  ANATOMIQUE   DE  PARIS  135 

rombillc  de  3  à  4  travers  de  doigt,  et,  de  plus,  par  le  toucher, 
l'existence  d'une  tumeur,  de  la  grosseur  d'une  orange,  située  dans 
la  concavité  du  sacrum.  Le  col  de  l'utérus  parut  œdéraatié,  mou, 
d'où  le  dmgnoMc  :  possibilité  d^une  grossesse  compliquant  un 
kyste  de  Vovaire.  —  Laparotomie  :  à  gauche,  le  kyste  et  l'ovaire 
gauches,  celui-ci  étant  dégénéré  et  gros  comme  un  rein,  avaient  un 
pédicule  lamelliforme,  qui  fut  lié  en  deux  faisceaux  par  un  fil  de 
soie  plate;  après  quoi,  kyste  et  ovaire  furent  enlevés.  A  droite, 
la  trompe  qu'on  avait  dû  libérer  d'adhérences  qu'elle  avait  con* 
tractées  avec  la  tumeur,  et  l'ovaire,  qui  était  gros  comme  un  œuf  de 
poule,  bosselé,  kystique,  furent  également  enlevés  après  décolle- 
ment de  nombreuses  adhérences  avec  l'épiploon,  l'intestin,  décol- 
lement qui  donna  lieu  à  d'abondantes  hémorrhagies  en  nappe. 
Suites  opératoires  excellentes,  c'est  à  peine  si  la  température 
8*éleva  à  38°  le  lendemain  de  l'opération.  5  mois  1/2  après,  l'opé- 
rée mettait  naturellement  au  monde  une  fille  à  terme  et  bien 
constituée.  Délivrance  normale. 

Discussion.  —  Péan  exprime  sa  surprise  que  la  femme  ait  perdu 
beaucoup  de  sang  au  cours  de  l'opération.  Il  lui  semble  que  l'hé- 
morrhagîe  peut  être  considérablement  réprimée,  quand  on  a  la 
précaution  de  ne  sectionner  les  adhérences  qu'entre  deux  pinces 
placées  préventivement.  —  Polaillon  répond  qu'il  a  utilisé  le 
pincement  préventif,  mais  que  le  procédé  s'est  montré  insuffisant 
contre  un  écoulement  sanguin  qui  se  faisait  en  nappe.  Il  a  alors 
cherché  à  obtenir  l'hémostase  par  la  compression,  au  moyen 
d'épongés  phéniquèes,  ce  qui  a  réussi.  D'autre  part,  il  ne  faut  pas 
oublier  qu'à  cause  môme  de  la  grossesse,  les  vaisseaux  des  trom- 
pes et  de  tous  les  organes  placés  dans  le  voisinage  étaient  consi- 
dérablement dilatés.  R.  L. 


SOCIÉTÉ  ANATOMIQUE  DE  PARIS 

Kystes  dennoldes  de  l'ovaire. 

M.  Répin  présente  deux  kystes  dermoïdes.  Sur  la  paroi  interne 
de  l'un  d'eux,  constituée  par  une  couche  cutanée  dépourvue  de 
papille?,  on  voit  un  gros  bourgeon.  Celui-ci,  du  volume  d'une  noix, 
est  recouvert  d'une  peau  épaisse,  rugueuse,  hérissée  de  longues 
papilles  ucuminées  et  de  poils  réunis  en  faisceau.  Sur  une  coupe 


136  SOCIÉTÉS  SAVANTES 

OQ  voit  de  petiteB  cavités  râmplies  de  mastic,  des  noyaux  osseux 
et  carlil  agi  Deux.  Sur  la  paroi  interne  de  l'autre  kyste  ae  trouve 
une  protubérance  beaucoup  plus  volumineuse  et  remarquable  par 
la  présence  de  quatre  appendices  inégalement  développés  et  d'une 
extrémité  renllée  portant  des  dents.  En  disséquant  cette  produc- 
tion, on  trouve  sous  une  épaisse  couche  de  tissu  adipeux,  une  char- 
pente osseuse  daos  laquelle  il  est  impossible  de  méconnaître  un 
squelette  eu  miniature.  Ce  squelette,  bien  que  très  ru dimeu taire. 


Fia.  1.  —  Squelette.  Orandeur  naturella. 
comprend  quatre  membres  dont  les  extrémités  terminales  surtout 
étaient  si  reconnaissables  que  l'on  pouvait  aisément  compter  les 
phalanges  des  orteils  et  les  os  du  tarse  du  pied  droit,  ainsi  quelea 
phalanges  de  la  main  droite.  11  n'y  avait  aucune  trace  de  viscères 
thoraciques,  ni  abdominaux,  mais  seulement  une  glande  salivairo 
du  volume  d'une  noisette  annexée  au  massif  osseux  qui  portait  les 
dents.  Le  système  nerveux  n'était  représenté  que  par  deux  cor- 
dons suivant  le  trajet  des  sciatiques.  Enlin,  dans  le  même  kyste 


SOCIËTÉ  ANATOUIQUE   DE  PARIS  131 

existait  sur  la  paroi  interne,  mais  en  dehàrs  de  l'embryon,  une 
tmse  intestinale  du  calibre  d'une  plume  d'oie. 


Fis.  2.  —  Coupe  de  l'intestin. 
Rapprochant  ce  caa,  où  l'on  trouve  une  ébauche  d'embryon 
nettementindividualisé,  de  la  série  des  autres  faite  où  l'on  n'a  que 
dea  vestiges  squelettiques  moins  aisément  reconnaissables,  de  ceux 
où  l'on  ne  trouve  que  des  pièces  osseuses  informes,  enfin  des  pro- 
ductions tératoidea  analogues  à  celles  du  premier  kyste,  Répin 
arrive  à  cette  conclusion  que  tous  les  Icystea  dermoldes  de  l'ovaire, 
du  plus  simple  au  plus  complexe,  ont  la  même  signification  et  que 
chacun  d'eux  représente  l'ébauche  d'un  embryon,  La  physionomie 
clinique  des  dermijïdes  de  l'ovaire,  leur  bilatéralité  fréquente  les 
éloigne  de  l'inclusion  foetale.  Dans  l'inclusion  abdominale  il  s'agit 
de  deux  jumeaux  univitellins;rallantoide  de  l'embryon,  en  retard 
sur  l'autre,  pénétre  dans  la  cavité  abdominale  de  ce  dernier  et  y 
contracte  avec  l'intestin  des  adhérences  vasculaires.  C'est  un  mons- 
tre acardiaque  et  toujours  le  kyste  fuital  parasitaire  est  en  rapport 
avec  l'intestin  de  l'autosite  IDareste).  Rien,  dans  l'étude  des  kystes 
parasitaires,  ne  permet  donc  de  songer  ù  une  inclusion  ovarienne 
pourexpliquer  les  kystes  dermoïdea  de  l'ovaire.  Ceux-ci  s'expli- 
quent, au  contraire,  très  bien  par  le  développement  parthéuogéné- 
tlque  de  l'ovule,  comme  l'avait  déjà  énoncé  Mathias  Duval  La 
segmentation,  sans  fécondation  préalable,  des  ovules  d'oiseaux,  de 
mammifères,  mènje  de  l'homme  (Moret)  est  un  fait  aujourd'hui 
démontré.  A  l'appui  de  la  théorie  parthènogénétique  des  kystes 


138  SOCIÉTÉS  SAVANTES 

dermoides  de  l'ovaire  vient  encore  ce  fait  que,  dans  certains  kystes 
dermoTdes,  au  début,  on  a  constaté  que  le  bourgeonnement  corn* 
mençait  par  une  petite  saillie  occupant,  dans  le  follicule  deGraaf, 
exactement  la  place  où  se  trouve  l'ovule  avant  l'imprégnation 
(Steinlin,  Lee). 

Dans  un  cas  présenté  par  M.  Tison,  la  rupture  d'un  hyste  der^ 
moïde  pendant  Taccouchement  a  été  suivie  d'une  péritonitA  mor- 
telle. On  ne  peut  toutefois  rien  conclure  de  ce  fait,  dit  M.  A.  Broca, 
la  malade  pouvant  fort  bien  avoir  succombé  à  une  péritonite  puar- 
])érale  ayant  pris  sa  source  dans  l'utérus,  sans  qu'on  soit  en  droit 
d'invoquer  la  septicité  du  liquide  du  kyste. 

M.  Malherbe  montre  un  kyste  dermoïde  huileux  de  t ovaire, 
La  tumeur  nettement  fluctuante  contenait  une  masse  fondant  dans 
l'étuve  à  36«. 

Fibrome  du  ligament  large. 

M.  Gou(îLT  montre  un  iibrome  utérin  inclus  dans  ie  ligament 
large  droit,  comprimant  l'uretère  et  causant  une  hydronéphrose 
avec  népbrite  interstitielle  atrophique  (1). 

Torsion  dn  pédicule  dans  on  cas  de  salpingite. 

M.  Pierre  Dblbet  montre  une  salpingite  dont  le  pédicule  s'était 
tordu  et  qui  avait  été  le  point  de  départ  d'accidents  aigus  ayant 
simulé  une  occlusion  intestinale.  Au  premier  moment,  après  ouver> 
ture  du  ventre,  la  tumeur  avait  fait  croire  à  l'existence  d'une  anse 
d'intestin  volvulée.  A  ce  propos,  M.  Delbet  fait  remarquer  que  si 
la  torsion  despédicules  de  l'ovaire  est  connue,  celle  des  salpingites, 
dont  le  pédicule  est  généralement  large,  est  ju8(|ulci  ignorée  (2). 

Polypes  glandulaires  de  raténis. 

M.  CoRNiL  montre  des  coupes  établissant  qu'il  existe  deux  varié- 
tés de  polypes  glandulaires  : 

(1)  Nous  avoiiB,  à  diverses  reprises,  observé  des  liions  rénales  à  la  suite  de 
renclarement  de  tumeurs  dans  les  ligaments  larges.  (H.  H.). 

(2)  A  notre  connaissance,  il  existe  au  moins  un  cas  de  torsion  nette  du  pédi* 
cule  d'une  hydro-salpingite.  Il  est  figuré  et  relaté  dans  Blamd  Suttox, 
Surgic,  dh,  ff  i\e  oraneê,  London,  1891,  p.  357.  Dans  cv  c»B  le  pédicule 
tUit  tordu  de  3  tours  et  demi.  (H.  H.^ 


SOCIÉTÉ  ANATQMIQUB   SB   PARIS  139 

La  première,  où  l'on  trouve  des  glaDdea  dilatées  sous  forme 
d'œufs  de  Nabotli  (voir  la  âg.). 


La  seconde,  où  il  s'agit  de  maesea  pleines  et  solideti.  Dans  celle-ci, 
les  glandes  ne  sont  pas  dilatées.  Elles  présentent  une  couche 
unique  d'épitliélîum  cylindrique  qui  se  répète  sur  toute  la  hauteur 
Je  la  glnude.  On  y  trouve  une  organisation  plus  libreuse  que  dans 
la  variété  précédente  De  plus,  ue  tiusu  fibreux  est  œdématié, 
myxomateux. 


140  SOCIÉTÉS  SAVANTES 

C'est  à  cette  derniôre  variété  que  se  rattache  un  cas  dityper- 
trophie  polypolde  du  col  chez  une  enfant  de  14  ans^  cas  pré- 
senté par  MM.  Jalaguier  et  Aghard. 

Sarcome  de  Tovaire. 

M.  Maurice  Bureau  présente  un  sarcome  de  Tovaire  ;  la  mort 
était  survenue  brusquement  le  lendemain  d'une  ponction  d'ascite 
par  embolie  pulmonaire.  Il  croit  que  la  ponction  a  favorisé  la  coa- 
gulation veineuse,  ce  que  conteste  M.  Cornil  (1). 

Éclampsie.  Léaiona  du  foie  et  des  reins. 

MM.  PiLLiET  et  Delansorme  présentent  des  pièces  établissant 
l'existence  dans  le  foie  de  lésions  déjà  décrites  par  Tun  d'eux 
(nécrose  parenchymateuse  avec  hémorrhagie)  (2).  Les  lésions 
rénales  portaient  surtout  sur.  les  branches  descendantes  des  pyra- 
mides de  Ferrein  ;  on  rencontrait  là,  de  même  que  sur  la  partie 
inférieure  des  tubes  contournés,  des  groupements  de  tubes  dans 
lesquels  les  cellules  ne  se  coloraient  absolument  plus,  n^avaient 
de  contours  distincts  et  remplissaient  la  lumière  du  tube  d'une 
masse  granuleuse  indifférente.  H.  H. 


SOCIÉTÉ  BELGE  DE  GYNÉCOLOGIE  ET  D*OBSTÈTRIQUE 

(36  juin  1892). 
Polype  fibreux  de  la  corne  ntèrine.  Hystérectomie  Taginale. 

M.  GiTTADiNi  présente  un  utérus  qu'il  a  dû  enlever  pour  des 
métrorrhagies  profuses,  rebelles  au  curettage  et  à  la  dilatation, 
entretenues  par  un  petit  fibrome  pédicule  de  la  corne  utérine. 
L'échec  dos  traitements  antérieurs  avait  fait,  croire  à  une  dégéné- 
rescence maligne. 


(1  )  Nous  avons,  dans  deux  eu,  yvl  de  même  la  mort  par  embolie  pulmo- 
naire suivre  à  bref  délai  la  ponction  d'une  ascite  consécutive  à  une  tumenr 
du  petit  bassin,  et  nous  établissons  de  même  un  lien  entre  la  ponction  et 
l'embolie.  Nous  pensons  qu'il  s'agit  non  d'une  coagulation  déterminée  par 
l'évacuation  de  l'ascite,  matrt  du  détachement  de  caillots  antérieurement 
formés  à  la  suite  des  changements  de  tension  vasculaîrc  abdominale  et  des 
mouvements  imprimés  aux  organes  intra-alKlominaux.  (H.  H.^ 

(2)  Voir  Lauradoub.  Th.  de  Paris,  1890,  et  Boupfk.  Th.  1891. 


SOCIÉTÉ   BELGE  DE  GYNÉCOLOGIE  ET  d'OBSTÉTRIQUE      141 

Ujàme  sons-muqDenx  gangrené. 

M.  Jagobs,  chez  une  femme  porteuse  d'une  tumeur  abdominale  et 
très  anémiée,  lit  le  curettage  de  la  cavité  utérine  pleine  de  débris 
putréfiés.  Mais  il  lui  fut  impossible  de  détacher  quantité  de  débris 
solides,  incrustés  dans  les  parois  et  sur  lesquels  la  curette  en 
passant  donnait  la  sensation  de  portions  osseuses  ou  cartilagi- 
neuses. En  fin  de  compte  il  fit  le  tamponnement  iodoformé  de  la 
cavité  et  craignant  l'absorption  de  matériaux  septiques,  Thysté- 
rectomie  abdominale  avec  lixation  externe  du  pédicule. 

Sappnrations  tnbo-péritonéales  et  tobo-ovariqnes. 

M.  L.  Desguin  montre  :  !<>  une  pyosalpingite  à  pavillon  ouvert 
communiquant  avec  une  cavité  intra-péritonéale  enkystée  ;  2**  une 
pyosalpingite  communiquant  avec  un  kyste  ovarique  du  volume 
d'une  noix. 

Grossesse  et  my6mes  utérins. 

M.  Lâuwers  :  Dans  deux  cas,  hystérectomie  abdominale  avec 
pédicule  externe,  2  guérisons.  Chez  une  3«  femme  en  travail  à 
7  mois  1/2,  la  mort  survint  par  syncope  avant  Topération.  L'au- 
topsie montra  que  celle-ci  eût  été  facile.  Une  4«  malade  hystérec- 
tomiée  guérit  malgré  une  2®  laparotomie  nécessitée  par  une  occlu- 
sion intestinale  par  coudure  d'une  anse  adhérente  au  pédicule. 

Lauwers  conclut  :  En  présence  d'un  myôme  compliquant  une 
grossesse,  attendre,  sauf  à  intervenir  s'il  survient  des  phénomènes 
de  compression,  des  hémorrhagies  ou  d'autres  accidents.  Dans  ce 
cas,  intervenir  chirurgicalement,  rejetant  Tavortement  médical 
qui,  dans  la  grossesse  compliquée  de  myômes,  expose  à  de  graves 
hémorrhagies  et  qui,  de  plus,  est  irrationnel  car  il  consiste  à 
enlever  à  la  femme  le  fœtus,  qu'on  devrait  lui  laisser,  et  à  lui 
laisser  la  tumeur  qu'on  devrait  lui  enlever. 

M.  Rouffàrt  présente  un  flbro-my6me  de  22  livres  développé 
dans  le  ligament  large  ;  plusieurs  pièces  de  salpingites,  dont  une 
suppurée  est  inléfessante  par  le  développement  de  la  masse  fon- 
gueuse qui  la  remplit. 

Dans  un  prochain  numéro,  nous  analyserons  les  communica- 
tions sur  les  indications  de  raccoachement  prématuré,  Topération 
césarienne  et  Tembryotomie,  la  discussion  n'étant  pas  encore 
close.  H.  H, 


142  REVUE  ANALYTIQUE 


REVUE  ANALYTIQUE 


FIBROMES  UTÉRINS 


Sur  le  dôyeloppement  simiiltaBô  des  fibro-myôrnes  0i  du  cancer  de 
lulénis.  (Ueber  das  gleichzeitige  Auftreten  von  Fibromyom  und 
Carcinom  am  Utérus),  Sghramm.  Cent*  f.  Gyn.,  1892,  n«  12,  p.  2^. 

Bien  qu'un  certain  nombre  d'auteurs  (Simpson,  Winckel.Gusse- 
row,  Lôhlein,  etc.)  aient  signalé  comme  fréquente  Tassociation  des 
myômes  utérins  et  du  cancer,  les  observations  de  ce  genre  restent 
fort  rares.  Si  Ton  songe  à  la  prédilection  en  quelque  sorte  des 
fibro-myômes  pour  le  fond  de  l'utérus,  on  serait  conduit  à  admettre 
la  fréquence  du  cancer  dans  cette  région.  Or,  il  n*en  est  rien. 
D'autre  part,  le  cancer  frappe  surtout  le  col  qui  est  la  région  la 
moins  envahie  par  les  myômes.  Quant  à  l'opinion  qu'un  myôme 
peut  se  transformer  en  cancer,  elle  a  été  rejetée  avec  raison,  tan- 
dis qu*on  admet  la  dégénérescence  sarcomateuse.  Quand  un  can- 
cer se  développe  dans  le  voisinage  d'un  myôme,  on  peut  néanmoins 
le  considérer  comme  une  conséquence  de  celui-ci.  Une  hyperhéniie 
prolongée,  phénomène  habituel  dans  les  cas  de  myôme,  favorise 
en  effet  des  bourgeonnements  muqueux  et  glandulaires  qui  prédis- 
posent à  l'éclosion  du  cancer.  Il  est  clair  toutefois  qu'entre  un 
myôme  du  fond  de  Tutérus  et  un  cancer  du  col  il  n'existe  aucun 
rapport  étiologique,  il  y  a  coïncidence  simplement. 

Schramm  a  enlevé,  par  hystérectomie  vaginale,  un  utérus  sur 
lequel  se  constatait  cette  association  d'un  myôme  et  d'un  cancer. 
Au  niveau  du  fond  de  l'organe  existait  un  ûbrome,  épais,  sphéri- 
que,  gros  comme  une  bille  de  billard,  séparé  seulement  de  la 
muqueuse  de  la  cavité  utérine,  par  une  couche  de  tissu  normal, 
épaisse  d'environ  1  millim.  La  paroi  interne  de  la  cavité  utérine 
était  partout  tapissée  par  une  masse  néoplasique,  blanchâtre,  vil- 
leuse,  molle.  Cette  masse  néoplasique  était  séparée  du  myôme  par 
une  épaisseur  d'éléments  musculaires  conservés  de  1  millim.  L'exa- 
men microscopique  permit  de  constater  qu'il  s'agissait  d'un  carci- 
nome papillaire  à  cellules  cylindriques. 

La  pièce  provenait  d'une  femme  non  mariée  Agée  de  6i  ans,  qui. 
Jusque  dans  les  dernières  années,  avait  été  bien  portante.  Réguliè- 


FIBROMES   UTÉRINS  1  i3 

rement  menstruée  jusqu'il  54  ans  où  la  ménopause  s'établit,  clic 
fut  sujette  à  partir  de  la  soixantaine,  à  des  hémorrhagies  génitales 
irrégulières,  et  à  des  douleurs  abdominales.  A  l'exploration,  Tuté- 
rus  n'a  point  augmenté  de  volume  et  l'examen  microscopique  des 
fragments  de  muqueuse  obtenus  par  curettage  confirma  le  dia- 
gnostic clinique  de  cancer.  R.  L. 

De  la  dégénérescence  carcinomatenee  primitive  des  fibre -myômes 
de  rateras  (Die  primdre  carcinomatOse  Degeneration  der  Fibro- 
myome  des  Utérus),  Ehrendofer.  Cent.  f.  Gyn.,  1808,  n*  27, 
p.  513. 

Il  s'agit  là  d'un  processus  peu  connu,  aussi  l'auteur  en  reprend -il 
l'histoire,  et  fait-il  un  examen  critique  des  cas  analogues  publiés  jus- 
qu'ici. Il  relateensuite  un  cas,non  douteux,qu'il  a  observé  lui-même  : 
fibro-myôme  relativement  volumineux,  pourvu  d'un  pédicule  assez 
fin,  issu  d'une  des  lèvres  deTorifice  externe,  et  présentant  sur  une 
grande  étendue  de  sa  surface  des  bourgeons,  dépressibles  à  une 
pression  légère  et  se  prolongeant  à  2  centimètres  environ  dans 
la  tumeur.  L'examen  microscopique  démontre  qu'on  se  trouvait 
en  présence  d'une  tumeur  mixte,  fibro-myôme  et  carcinome  à 
épithélium  pavimenteux  développé  de  la  surface  vers  les  parties 
profondes.  £n  raison  de  l'absence  de  toute  altération  appréciable 
au  niveau  de  la  portion,  aussi  bien  que  dans  le  restant  de  l'utérus, 
et  de  la  dégénérescence  très  avancée  au  niveau  de  la  tumeur,  l'au- 
teur se  trouve  autorisé  à  conclure  qu'il  s'agissait  d'une  dégénères^ 
cence  cancér^euse  primitive,  isolée.  Suit  la  description  microsco- 
pique détaillée  de  la  pièce  pathologique.  H.  L. 

De  la  présence  simultanée  des  flbro-myômes  et  da  carcinome  nté- 
fins.  (Ueberdasgleichzeitige  Vorkommenvon  MyofibromundQar- 
cinom  in  der  Gebarmuttei'i,  EhueiNdofer.  Zeilsch.  f.  Geb.  h.  Gyn., 
1892,  no  XLII,  Hft  2,  253. 

Le  sujet  étudié  par  l'auteur  a  une  portée  pratique  très  réelle. 
Car  du  plus  ou  moins  do  fréquence  de  Tassociation  dont  il  s'agit, 
découlent  évidemment  des  indications  importantes.  Ehrendofer 
relate  4  observations  intéressantes,  et  formule  les  conclusions  sui- 
vantes : 

1)  La  présence  simultanée  des  fibro-myômes  et  du  cancer  de  la 
matrice  est  plus  fréquente  qu'on  ne  l'a  dit  jusqu'à  ce  jour  ;  clinique- 


144  REVUE  ANALYTIQUE 

ment,  cette  association  mérite  donc  plus  d'attention  qu^on  ne  loi 
en  a  accordé. 

2)  Dans  toute  extirpation  de  iibro-myômes  (hystéro-myomecto- 
mie),  il  faut,  avant  de  procéder  au  traitement  du  pédicule  et  immé- 
diatement  après  Tablation  de  la  tumeur,  rechercher  soigneusement 
si  le  corps  utérin  ne  renferme  pas  des  éléments  cancéreux. 

Quelques  incisions  profondes  intéressant  la  paroi  altérée  de  la 
matrice  et  ouvrant  la  cavité  utérine  permettront,  en  général,  de  re- 
connaître, même  à  l'œil  nu,  une  dégénérescence  maligne  tant  soit 
peu  avancée. 

3)  Quand  il  y  a  coexistence  de  fibro-myôme  et  de  caifcer  de  la 
matrice,  ou  qu'on  a  des  raisons  de  suspecter  le  cancer,  il  faut  re- 
noncer à  constituer  un  pédicule  ;  ce  qui  s'impose,  c'est  Textirpation 
totale  de  la  matrice,  conduite  d'ailleurs  généralement  adoptée  dans 
les  cas  de  coexistence  de  cancer  du  col. 

4)  Il  n'est  aucune  sorte  de  traitement  du  pédicule  (^ui  puisse, 
dans  les  cas  de  dégénérescence  cancéreuse  de  la  muqueuse  du 
corps,  môme  après  curettage  et  cautérisation  à  fond  de  la  cavité 
du  moignon,  mettre  à  l'abri  d'une  récidive;  or,  la  récidive,  d'une 
manière  générale,  exclut  tout  espoir  de  guérison. 

5)  Quand,  en  môme  temps  qu'il  existe  des  tibro-myômes  de  Tu- 
térus,  il  se  fait  un  écoulement  abondant  séreux,  muqueux  ou  lou* 
che,  ou  qu'il  se  produit  des  hémorrhagies  violentes  accompa- 
gnées de  douleurs  intolérables,  comme  expulsives,  surtout  si  ces 
accidents  se  manifestent  à  l'époque  de  la  ménopause,  vers  la  cin- 
quantaine, ils  doivent  faire  soupçonner  la  coexistence  d'une  dégé- 
nérescence maligne  de  la  muqueuse  utérine.  Et,  en  semblables 
conditions,  il  importe  de  peu^conseiller  un  traitement  symptoma- 
tique,  et  de  se  décider  résolument  au  traitement  chirurgical. 

G)  Il  ne  serait  pas  sans  intérêt,  en  se  basant  sur  des  faits  nom- 
breux,  de  tAcher  de  déterminer  si  le  cancer  de  Tutérus  se  montre 
plus  fréquemment  associé  à  des  fibro-myômes,  qu'isolément. 

R.  L. 

Des  modifications  de  la  maqneose  utérine  dans  les  cas  de  carci- 
nome de  la  portion  iraginale.  J.  Ellircher.  Zeitsch.  f.  Geb,  u.  Oyn,^ 
Bd  XXII,  Hft  1  p.  15. 

D'examens  miscroscopiques  de  la  muqueuse  utérine  pratiqués 
dans  8  cas  de  cancer  de  la  portion  vaginale,  Fauteur  déduit  les 
oonolusions  suivantes  : 


FIBROMES  UTÉRINS  145 

1)  Lorsqu'il  y  a  'cancer  de  la  portion  vaginale,  la  muqueuse  du 
corps  subit  des  altérations  qui  sont  la  conséquence  de  métaiiaaes 
ou  le  produit  de  processus  inflammatoires  chroniques. 

2)  La  dégénérescence  sarcomateuse  de  la  muqueuse  (circonscrite 
ou  diffuse),  en  dépit  de  la  diversité  des  cas  observés,  n'a  jamais  été 
constatée. 

8)  Les  altérations  de  la  muqueuse  peuvent,  par  leurs  caractères 
propres^  servir  au  diagnostic  basé  sur  Texamen  de  fragments,  et  jus- 
tifier Textirpation  totale,  aussi  précoce  que  possible,  de  la  matrice, 

XV«   La 

De  la  genèse  des  tamenrs  fibro-cystiqnes.  (Zur  genèse  der  fibro- 
cystischen  Geschwûlste),  Friedrich  Uter.  Cent,  f,  Oyn,,  1892, 
n'>28,p.541. 

L'auteur  cite  un  cas  de  dégénérescence  kystique  d'un  fibro* 
myôme  de  l'utérus,  par  un  mécanisme  encore  non  décrit.  Tumeur 
plus  grosse  qu'une  tète  d'enfant  et  à  peu  près  sphérique.  Sa  sur- 
face était  en  totalité  recouverte  par  le  péritoine,  fortement  injecté 
dans  la  partie  antéro-supérieure  ;  elle  présentait  aussi  des  traces 
d'adhérences.  Une  coupe  ayant  été  faite  suivant  le  centre  de  la  tu- 
meur, on  constata  un  espace  kystique,  ayant  les  dimensions  d'une 
cerise,  et  qui  était  en  partie  rempli  par  un  fragment  de  tissu  rat* 
taché  à  la  paroi  par  une  sorte  de  pédicule  ;  le  reste  de  la  cavité  était 
occupé  par  une  matière  en  bouillie,  d'un  aspect  gris  sale.  Le  frag- 
ment de  tissu  pédicule  était  d'une  consistance  plus  molle  que  celle 
de  la  masse  générale  de  la  tumeur.  La  face  interne  de  la  vacuole 
était  irrégulière,  bosselée.  On  voyait,  en  outre,  sur  cette  pièce  des 
points  nombreux  et  circonscrits  qut  tranchaient  par  leur  colora- 
tion rouge  accusée  sur  les  régions  voisines. 

Examen  microscopique.^  Pour  la  plus  grande  part,  la  tumeur 
est  composée  de  tissu  musculaire  et  de  tissu  connectif,  celui-ci  peu 
abondant.  En  beaucoup  de  points,  les  éléments  constituants  ont 
subi  des  modifications  régressives.  En  effet,  au  lieu  de  faisceaux 
musculaires  on  aperçoit  des  tractus  connectifs  disposés  en  longues 
bandes^  au  milieu  desquels  apparaissent  des  cellules  fusiformes, 
pourvues  de  noyaux  longs  et  ovales.  Les  parties  intermédiaires 
aux  faisceaux  ont  une  coloration  rouge  très  nette,  mais  sans  tissu 
figuré.  Plus  en  dehors,  se  trouve  une  zone  de  tissu  nécrosé,  au  sein 
duquel  apparaissent  des  espaces  cellulaires  volumineux,  sembla- 

Ajm.  DB  onr.  —  rou  zzzTin.  10 


I4è  REVUE  ANALYTIQUE 

bles  à  des  vacuoles,  et  contenant  un  ou  plusieurs  noyaux,  lesquels 
sont  pour  la  plupart  situés  à  la  périphérie.  Sur  d'autres  points,  on 
découvre  au  centre  de  sembla'bles  foyers  de  nécrose  une  apparence 
3e  tissu,  avec  dégénérescence  granuleuse  du  protoplasma  des  cel- 
lules, tandis  qu'à  la  périphérie  on  retrouve  les  altérations  précé« 
dentés. 

Yers  le  centre  de  la  tumeur,  le  tissu  est  manifestement  composé 
de  faisceaux  musculaires  et  connectifs,  mais  faiblement  colorés  en 
comparaison  de  la  coloration  des  autres  régions.  Sur  des  coupes 
intéressant  la  paroi  de  la  cavité  centrale  et  le  fragment  de  tissu 
qui  y  était  logé,  on  constate  les  mêmes  modifications. 

En  résumé,  il  s'est  agid*une  formation  kystique  au  sein  dUtn 
fibrome,  par  nécrose  de  la  tumeur.  Le  pîx^cessus  nécrotique 
doit  être  lui-même  attribué  aux  troubles  de  nutrition  consécu- 
cutifs  à  la  gène  circulatoire  résultant  de  Venclavement  de  la 
tumeur  dans  le  petit  bassin.  R.  L. 

Gontribntion  à  la  discussion  sur  le  traitement  rétro-péritontol  du 
pédicule,  selon  la  méthode  de  Ghrobak,  dans  les  opérations  de  myô- 
mes  par  voie  abdominale.  (Ëin  Beitrag  zur  Discussion  ûber  die 
retroperitoneale  Stielversorgung  nach  Chrobak  bei  den  abdomi- 
nalen  Myomoperationen),  V.  Johannovsky.  Arch.  f.  Opn.,  1892, 
n«  XLII,  Hft  n,  p.  353. 

Le  procédé  opératoire  de  Chrobak  est  surtout  destiné  à  empêcher 
l'infection  du  péritoine  par  le  moignon  utérin. 

La  particularité  capitale  de  ce  procédé  consiste,  comme  on  le 
sait,  dans  la  dissection  de  deux  lambeaux  séreux,  inégaux.  Iné- 
gaux^ pour  qu'une  fois  suturés,  la  ligne  de  suture  se  ti'vuve 
notablement  en  deçà  ou  en  delà  de  la  plaie  cervicale.  De  plus, 
comme  lo  fait  remarquer  Johannovsky,  les  lambeaux  n'étant  pas 
unis  au  col,  ne  faisant  pas  partie  intégrante  du  moignon  (ce  qui 
est  une  innovation  réelle),  les  chances  d'infection  sont  plus  sûre- 
ment  écartées.  Quant  au  drainage  que  Chrobak  considère  comme 
facultatif,  ou  plutôt  comme  utilisable  suivant  l'appréciation  du 
chirurgien,  l'auteur  estime  qu'il  importe  de  l'appliquer  dans  tous 
les  cas.  Chrobak  a  fait,  suivant  ce  procédé,  17  hystérectomles  sans 
un  seul  cas  de  mort,  ce  qui  est  un  résultat  fort  encourageant.  De 
son  côté,  Tautour  relate  cinq  opérations  r^  opérations  pour  myômes, 
et  8  opérations  césariennes  suivant  la  méthode  de  Porro),  dans 


FIBROMES  UTÉRINS  147 

lesquelles  il  a  traité  le  pédicule  à  la  manière  de  Chrobak.  Or,  les 
5  opérées  ont  guéri  dans  un  temps  relativement  court  (trois  semai- 
nes) ;  les  suites  opératoires  ont  été  très  satisfaisantes,  en  certains 
cas  absolument  apyré tiques,  et  tous  les  autres  avec  quelques  élé- 
vations légères  (au  plus  38«,6)  et  passagères  de  la  température.  En 
somme,  Tauteàr  fait  un  chaud  plaidoyer  en  faveur  de  la  méthode. 

R.  L. 

Traitement  du  pédicule  dans  rhystérectomie  abdominale.  (The  treat- 
ment  of  the  pedicle  in  abdominal  hysterectomy)  par  Fu.  H.  Martin, 
de  Chicago.  Amer,  Jonrn.  ofObst.,  juin  1892,  p.  715. 

Après  Texamen  des  méthodes  connues,  Martin  adopte  celle  de 
Eastman,  qui  lie  les  ligaments  larges,  les  annexes  y  comprises, 
ouvre  le  vagin  en  arriére,  attache  les  bords  de  la  plaie  vaginale 
avec  de  longs  fils  qui  servent  ensuite  à  les  attirer  dans  le  canal  et 
retranche  progressivement  le  col  et  le  moignon.  Il  suture  le  péri- 
toine sur  le  pédicule  retourné,  ferme  la  plaie  du  ventre  et  panse  la 
plaie  vaginale  comnie  celle  de  l'hystérectomie  vaginale.  Si  la  masse 
delà  tumeur  est  gênante, on  peut  Tenlever  avant  d'ouvrir  le  vagin, 
et  placer  une  ligature  élastique  d'attente. 

Cette  méthode  n*a  pas,  comme  on  le  croit^  Tinconvénient  d'ex- 
poser l'opérée  à  une  hernie  vaginale.  Cet  accident  est  très  rare. 

^  A.  C. 

Contribution  à  rhistoire  des  opérations  pour  myômes.  (Zur  Kasuis* 
tik  der  Myomoperationen),  Ascher.  Zeitsch.  f,  Geb,  u,  Gyn.j 
Bd  XX,  Hft  2,  p.  307,  et  Cent.  f.  Gyn.y  1891,  n»  10,  p.  300. 

Ce  travail  repose  sur  28  opérations  ;  la  castration  seule  n'était 
pas  possible  dans  ces  cas  et  le  traitement  électrique  était  resté 
inefficace.  L'auteur  pose  comme  indications  à  l'intervention  :  la 
disposition  à  l'expulsion  par  les  voies  naturelles,  Taccroissement 
rapide  de  la  tumeur  chez  des  sujets  jeunes,  la  coexistence  d'altéra- 
tions malignes  de  la  muqueuse  et  la  dégénérescence  maligne  de  la 
tumeur  elle-même.  Dans  10  cas,  les  myômes  furent  énucléés  et  la 
perte  de  substance  réunie  au  moyen  de  sutures  à  points  séparés, 
à  la  soie,  ^  en  étages  ;  le  péritoine  fut  suturé  au-dessus  avec  du 
catgut;  1  cas  de  mort  après  une  opération  pratiquée  durant  les 
suites  de  couches,  par  hémorrhagie  secondaire.  Dans  15  cas,  ampu- 
tation supra- vagin  aie,  10  fois  avec  ti'aitement  intra-péritonéal  et 
5i  fois  avec  traitement  extra-périionéal.  Stu*  les  10  cas  de  la  pre- 


J48  REVUE  ANALYTIQUE 

mière  série,  4  morts  :  3  par  hémorrhagie  secondaire  ou  septicémie 
consécutive,  1  par  embolie  pulmonaire  ;  sur  les  5  de  la  seconde 
série,  2  morts  :  par  septicémie  ou  intoxication  iodoformée.  Dans 
Fun  des  cas  suivis  de  guérison,  la  plaie  abdominale  céda  au  8«  jour 
(la  suture  avait  été  enlevée  le  7«)  après  l'administration  d*un  laxa- 
tif et  apparition  de  météorisme  abdominal.  La  plaie  fut  de  nou« 
veau  refermée.  Peu  après,  production  d'une  fistule  intestinale  avec 
Roulement,  à  travers  Tutérun  et  le  col,  de  matières  stercorales. 
La  fistule  guérit  spontanément  au  bout  de  quelques  jours.  Dans 
les  trois  autres  observations,  il  s'agissait  de  tumeurs (  malignes: 
a)  2  cysto-myômes  dégénérés  ;  b),  1  enchondro-myôme  en  voie  d'os- 
sification ;  ils  se  terminèrent  par  la  mort.  H.  L. 

Du  traitement  intra-péritonéal  du  pédicule  après  la  myotomie. 

(Ueber  intra-peritoneale  Stielversorgung  nach  Myotomie),FRnscH. 
Cent.  f.  Gyn,,  1891,  n«  18,  p.  361  (1). 

Au  point  de  vue  de  la  gynécologie  opératoire,  le  temps  où  nous 
vivons  est  plein  d'intérêt.  Dans  les  cas  chirurgicaux  comment 
opére-t-on,  chacun  le  sait  :  le  mode  d'intervention,  dans  tous  les 
pays  du  monde,  est  à  peu  près  le  même.  Mais  chaque  gynécologue 
a  sa  méthode  à  lui,  et  pas  une  fois  les  indications  ne  sont  formelle- 
ment établies.  Certes,  on  peut  admettre  que  dans  100  ans,  nos 
opérations  seront  parfaitement  réglées^  mais,  pour  Tinstant,  il  n'en 
est  rien.  Aussi,  ai-je  pris  pour  principe  de  faire  toutes  les  opéra- 
tions, car  ce  n'est  qu'après  avoir  répété  un  acte  opératoire  qu'on 
est  à  même  de  l'apprécier.  Lorsqu'il  arrive  que  d*autres  opérateurs 
obtiennent  des  résultats  plus  favorables,  sans  doute  la  différence 
peut  dépendre  soit  du  hasard,  soit  d'une  habileté  plus  grande, 
mais  il  n'est  pas  impossible  qu'elle  tienne  aussi  à  la  méthode 
suivie.  Pour  cette  raison,  j'ai  abandonné  des  procédés  qui  m'avaient 
donné  de  mauvais  résultats  pour  en  adopter  de  différents  qui  eu 
avaient  donné  de  favorablen  à  d'autres  chirurgiens.  Me  guidant 
d'après  ce  principe,  j'avais  abandonné  le  traitement  intra-péri- 
tonéal du  pédicule  et  adopté  le  traitement  extra-péritonéal,  et  de 
2^  0/0  le  chiffre  de  la  mortalité  était  tombé  à  8  0/0.  Malgré  tout,  ce 
dernier  procédé  me  causait  toujours  de  la  répugnance.  Dans  mon 
ancienne  clinique,  où  je  disposais  de  peu  de  ]>lace,  j'étais  dans  la 
nécessité  de  renvoyer  les  opérées  au  bout  de  peu  de  temps.  Or,  de 


(1)  Communication  à  Ift  Sor.  obst.  de  gyn,  tfe  Berlin. 


FIBROMES  UTÉRINS  149 

celles  qui  étaient  guéries,  un  certain  nombre  revenaient  plus  ou 
moitïH  de  temps  après  qui  se  plaignaient  d'avoir  encore  une  petite 
fistule.  Dans  la  profondeur,  il  y  avait  peut-ôtre  une  anse  de  fil  qu'il 
n'était  pas  facile  d'enlever.  Quand  pour  faire  l'opération  on  s'y 
prend  comme  moi,  qu'on  amène  en  dehors  du  péritoine  le  pédicule 
des  ligaments  larges,  il  y  a  souvent  nécessité  d'abandonner  dans 
la  profondeur  des  fils  de  soie,  qu'il  est  ultérieurement  difficile 
d'enlever.  J'adoptai  alors  avec  enthousiasme  l'énucléation  et  je  l'ai 
pratiquée  même  dans  des  cas  de  fibromes  plus  gros  qu'une  tête 
d*adulte.  Souvent  l'utérus,  ainsi  traité,  prend  une  forme  tout  à  fait 
bizarre!  Les  résultats  à  la  vérité  étaient  bOTis;  mais,  il  faut  bien 
le  dire,  ce  qui  justifie  Vénucléalion^  c'est -qu^ on  se  propose^  par 
elle,  de  conserver  à  la  femme  un  organe  capable  de  i^mplir 
sa  fonction.  Et,  il  existe  incontestablement  des  cas  où  la  gros- 
sesse et  l'accouchement  ont  été  observés  après  l'énucléation.  Mais, 
quand  il  s'agit  d'une  vieille  femme  ou  d'une  vieille  fille,  de  sujets 
chez  lesquels  il  n'y  a  aucune  indication  à  conserver  l'utérus,  pour 
quelle  raison  viser  ce  but,  surtout  quand  le  procédé  opératoire  se 
complique  de  réelles  difficultés  techniques?  Bn  fait,  l'énucléation 
n'est  justifiée  que  si  elle  comporte  un  pronostic  plus  bénin,  que  si 
elle  est  d'une  exécution  facile.  J'ai,  maintes  fois,  trouvé  un  grand 
nombre  de  petits  myômes  en  des  régions  de  l'utérus  où,  anté- 
rieurement, on  ne  les  avait  ni  vus  ni  perçus.  Or,  ces  •  germes  », 
ces  nodules  myomateux  s'accroissent  plus  tard,  et  il  m'est  arrivé, 
on  certains  cas,  de  devoir,  après  plusieurs  années,  pratiquer  une 
seconde  myomotomie.  Pour  ces  motifs,  j'estime  aujourd'hui  qu't7  est 
parfaitement  rationnel  de  faire  Vënucléation,  mais  quHl  faut 
la  réserver  pour  les  petites  tumeurs^  et,  d'une  manière  géné- 
rale, ne  la  faire  que  s'il  y  a  un  réel  intérêt  à  conserver  au 
sujet  un  organe  apte  à  remplir  sa  fonction. 

Plus  tard,  j'ai  accepté  avec  enthousiasme  l'extirpation  totale, 
que  Bardenheuer,  le  premier,  a  pratiquée  (1880  )et  dont  Â.  Martin 
a  eu  le  mérite  de  faire  une  opération  parfaitement  réglée.  Cette 
opération  donne  de  bons  résultats.  D'autre  part,  la  grande  ques- 
tion du  traitement  péritonéal  ou  intra-péritonéal  est  du  coup  élu- 
dée, puisqu'on  supprime  le  moignon.  Ce  fut  là  une  idée  très 
inffénieuse  de  Martin,  mais,  il  faut  avouer  que  de  décider  si  le  col 
doit  ou  non  rester,.c'est  une  affaire  d'opportunité. 

Ëst'il  plus  avantageux  pour  la  technique  opératoire,  pour  les 


150  REVUE   ANALYTIQUE 

suites  immédiates,  pour  Tavenir  de  le  laisser  eu  place,  on  le  laisse. 
Sinon,  la  portion  vaginale  sous  le  double  point  de  vue  de  la  vie  et 
de  la  santé  n'a  plus  de  but.  J'ai  pratiqué  cette  opération  de  la 
façon  suivante  :  excision  par  en  haut  de  l'utérus,  suture,  appli- 
cation d'une  éponge,  fem#ture  de  Tabdomen,  extirpation  du  col 
par  le  vagin,  enlèvement  4e  l'éponge.  La  plupart  des  cas  guéris- 
saient d'une  façon  remarquable.  J'ai  aussi  fait  une  fois  l'opération 
suivant  le  procédé  de  Martin.  Évidemment  l'opération  est  tout  à 
fait  praticable,  mais  elle  constitue  vraiment  une  intervention 
grave.  Les  jeuneB  sujets  la  supportent,  mais  c'est  à  peine  si  l'on 
peut  y  songer  quaad  Jl  s'agit  de  sujets  âgés. 

Lorsque  j'ai  enlevé  le  myôme  et  laissé  seulement  le  col  facile  à 
suturer,  je  suis  toujours  pénétré  de  cette  idée  qu'il  faut,  dès  ce 
moment,  terminer  rapidement  l'opération,  et  qu'au  fond  la 
deuxième  opération  (ablation  du  col),  est  parfaitement  inutile.  Pour 
quelle  raison  enlever  ce  petit  moignon  inoffensif  ?  Ce  supplément 
d'intervention,  le  danger  créé  par  la  prolongation  de  l'intervention 
me  paraissent  injustifiés. 

D'autre  part,  l'énticléation  m'avait  appris  beaucoup  de  chos<^8. 
Dans  l'énucléation,  le  chirurgien  abandonne  dans  le  ventre  une 
quantité  notable  do  substances  à  suture.  Jadis,  j'avais  pensé  que 
la  méthode  de  Sch rôder  était  fâcheuse,  parce  que  le  péritoine  s'irri- 
tait, qull  perdait  son  aptitude  fonctionnelle,  qu'il  restait  dans  le 
ventre  une  masse  considérable  de  sutures,  et  qu'il  se  faisait  des 
sécrétions  susceptibles,  le  cas  échéant,  de  se  décomposer.  Or,  ce 
que  j'ai  appris  en  pratiquant  l'énucléation,  m'oblige  à  confesser 
que  je  me  trompais.  Finalement,  il  se  présenta  un  cas  qui  me 
décida  à  abandonner  la  méthode  extra-péritonéale.  Je  dus  pra- 
tiquer la  césarienne  sur  une  femme  qui  l'avait  déjà  subie  une 
fo's.  (3r,  en  avant  de  l'utérus  et  jusqu'à  la  symphyse,  les  intestins 
étaient  situés  dans  une  hernie  de  la  ligne  blaiicho.  Je  disséquai 
l'intestin  de  la  jieau  sur  une  hauteur  do  20  contim.  et  sur  une 
largeur  de  10  contim.,  puis  je  le  séparai  do  l'utérus;  il  se  pro- 
duisit une  hémorrhagio  abondante.  Je  ne  songeai  pas  à  faire  la 
césarienne  parce  que  la  paroi  antérieure  do  la  matrice  donnait  du 
sang  et  je  lis  l'opération  de  Porro.  Mais  je  dus  abandonner  le 
pédicule  dans  le  ventre,  parce  que  si  j'avais  adopté  la  méthode 
extra-péritonéale,  il  serait  survenu  nécessairement,  à  cause  des 
adhérences  de  l'intestin  à  la  vessie,  à  la  paroi  abdominale  «  des 


«ûmpresflLonfi  de  cet- organe.  La  femme  avait  perdu  beaucoup  dé 
sang  et  était  très  faible.  J'abandonnai  donc  le  pédicule,  et  referhiài 
la  paroi  abdominale.  Le  8«  jour,  quand  le  bandage  fut  enlevé,,  je 
constatai  que  le  cul-de-sac  de.  Douglas  proéminait  fortement  et 
%u'il  existait  une  grosse  tumeur  abdominale.  Le  cul-de-çac  de 
Douglas  ayant  été  incisé  par  le  vagin,  il  s'écoula  environ  1  1/^ 
litre  de  sang  absolument  aseptique.  La  femme  guérit.  Ce  fait  four- 
nit la  preuve  que  dans  un  cas  où  il  n'avait  été  employé  aucune 
sorte  d*antiseptique,  mais  seulement  de  l'eau  stérilisée,  tout  resta 
aseptique,  malgré  l'étendue  des  surfaces  cru  entées,  le  nombre  dei 
fils  de  suture,  en  dépit  de  2  litres  environ  de  substances  nutritives 
(milieu  de  culture).  J^étais  par  là  autorisé  à  formuler  cette  con- 
clusion :  le  moignon  peut  être  laissé  en  place  (l).  Mais,  je 
m'applique  à  réduire  autant  que  possible  le  moignon  cervical.  En' 
tésuiné,  après  avoir  abandonné,  en  considération  des  résultats 
exprimés  par  les  statistiques^  la  méthode  intra-péritonéale 
pour  Vextra-péHtonéale,  je  suis  revenu  à  la  première  aj^)rè s 
que  j'ai  eu  acquis  la  conviction  qu'on  pouvait  sans  danger 
abandonner  des  fils  dans  le  ventre  (2).  R.  L. 

Contribution  an  traitement  chirurgical  des  flbro-myômea  utérins. 

(Contributo  alla  cura  chirurgica  dei  fibromiomi  dell'  utero).  Bom- 
piANi.  Annal,  di  Ost.  e  Gin.  Milano,  189â,  p.  100. 

L'auteur  se  prononce  contre  le  curettage,  les  injections  intra- 
utérines  caustiques,  contre  l'électrolyse.  La  castration  est  limitée 
aux  cas  où  la  tumeur  ne  peut  être  extraite  de  l'excavation  pel- 
vienne. Dans  rhystérectomie,  il  fixe  toujours  le  pédicule  à  l'extré- 
mité inférieure  de  la  plaie  abdominale,  les  autres  procédés  lui 

paraissant  dangeureux . 

P.  Mauclaire. 

Énucléation  parla  laparotomie  de  neuf  fibromes  utérins  interstitiels, 
par  Ja6oulay.  Lyon  méd.,  1892,  p.  374. 
Cette  opération,  l'énucléation  intra  utérine  de  fibromes,  semble  à 

(1)  A  Tobjection  possible  que  par  l'eDlèvenient  du  moignon  on  cherche  à 
assurer  le  drainage  du  péritoine,  Fritsch  répond  que  «  la  êérdvêe,  Maine ^  te 
draine  elle-même  ». 

(2)  Cette  communication  a  été  le  point  de  dépari  d'une  discussion  diititf 
laquelle  Gussetow  et  Olshausen  ont  félicité  Fritsch  d*étre  retenti  A  une 
méthode  qu'ils  considèrent  comme  la  méthode  de  choix. 


I5t  ftVVUB  AKALTTIQnS 

M.  Jaboulay  devoir  remplacer  rhystérectomie  et  leâ  différents  pro- 
cédés, même  les  meilleurs,  pour  exécuter  cette  opération.  Enlever 
l\itérus  pour  une  tumeur  bénigne  équivaut  à  amputer  un  membre 
pour  des  néoplasmes  non  malins  ;  les  difficultés  opératoires  ne  doi- 
vent pas  entrer  en  ligne  de  compte.  La  cavité  utérine  devra  tou- 
jours au  préalable  être  désinfectée  et  curettée. 

P.  Mauclaibb. 

.  Le  lacs  élastique  dans  le  traitement  intrapéritonéal  des  pédicules 
dans  les  laparotomies.  (Il  laccio  elastica  nel  trattamento  intraperi* 
toneale  del  peduncolo  nelle  laparotomie),  par  Cuzzi.  Annali  di 
Ost.  e  Ginec.  Milano,  1892,  p.  236. 

Le  lacs  élastique  est  supérieur  à  la  ligature  à  la  soie  en  ce  qui 
concerne  l'hémostase,  la  rapidité  opératoire,  et  Fantisepsie.  Cu2&l 
décrit  au  point  de  vue  macroscopique  et  microscopique  deux  moi- 
gnons utérins  provenant  d'opérées  mortes,  l'une  le  2«  jour,  l'autre 
le  Séjour  après  l'opération.  Ces  pièces  prouvent  que  la  compres« 
sion  élastique  ne  détermine  pas  nécessairement  la  chute  dans  la 
cavité  péritonéale  du  fragment  utérin  placé  au-dessus  du  lacs  élas- 
tique ce  qui  faciliterait  la  marche  de  l'infection  venant  delà  cavité 
utérine.  P.  Mauglaire. 

Hjstérectomies  abdominales  pour  fibromes  utérins,  par  M.  Duret. 
/.  de  tnéd,  Lille,  1892,  p.  291. 

Dans  ce  nouveau  mémoire,  M.  Duret  rapporte  quatre  nouvelles 
observations  qui  lui  permettent  de  conclure  que  les  inconvénients 
du  traitement  du  pédicule  par  la  méthode  externe  dans  Thysté- 
rectomie  abdominale  se  réduisent  à  peu  de  chose  et  peuvent  être 
évités  la  plupart  du  temps.  Ils  perdent  aisément  de  leur  impor- 
tance si  on  les  compare  à  la  sûreté  des  résultats  que  donnent  les 
statistiques  des  opérations  où  Ton  a  suivi  cette  méthode. 

P.  Mauclaire. 

Fibromes  utérins,  laparotomie,  par  Curtillet.  Lyon  médical, 
1891,  p.  325. 

A  l'examen  de  l'abdomen  le  librome  formait  une  tumeur  du 
volume  d*un  utérus  gravide  au  cinquième  mois,  médiane,  régu- 
lière, de  consintance  ferme  et  uniforme,  mais  dans  la  position  genu 
pectorale  le  fibrome  basculait  en  avant  et  se  distinguait  nettement 
de  l'utérus. 


PIBROMES   UTÉRINS  153 

L^opération  vérifia  le  diagnostic  porté  par  M.  Tripier  :  corps 
fibreux  utérin  sous-péritonéal  pédicule.  Dans  le  choix  du  procédé 
employé  pour  le  traitement  du  pédicule,  M.  Tripier  se  base  sur  la 
longueur  et  le  volume  de  celui-ci,  le  procédé  de  Schrœder  ou 
méthode  de  traitement  intra-péritonéal  est  réservé  aux  pédicules 
étroits  ;  le  procédé  de  Wolfler  et  Haocker  ou  procédé  mixte  est 
réservé  aux  pédicules  larges  et  courts  ;  le  procédé  de  Hégar  ou 
méthode  extrapéritonéale  doit  être  employée  pour  les  pédicules 
larges  et  longs.  P.  Mauclaire. 

Deu  cas  d'élimination  du  lacs  Mastique  et  de  la  partie  étranglée  du 
pédicole  à  travers  nn  moignon  ntérin  à  la  suite  dliystèrectomie  sas- 
vaginale  pour  flbto-mjOmes.  (Due  casi  di  eliminaziohe  del  laccio 
elastico  e  délia  parte  strozzata  del  peduncolo  attravesso  la  càvita 
del  monione  uterino  in  seguito  d*isterectomia  sopravaginalc  per 
fibromiomi),  par  D*  Lauro.  In  Annaîi  di  Gynec,  e  Obst.  Milano, 
1891,  p.  540. 

Après  avoir  rapporté  ces  deux  observations  intéressantes,  Lauro 
conclut  que  la  ligature  élastique  perdue  du  pédicule  dans  les  hys- 
tërectomies  supra-vaginales  est  un  perfectionnement  dans  la  pra- 
tique gynécologique.  Mais  si,  dans  la  plupart  des  cas,  le  lacs  et  la 
partie  étranglée  du  pédicule  restent  encapsulés  dans  la  cavité 
abdominale,  dans  quelques  cas  ils  peuvent  être  éliminés  par  le 
canal  cervical  du  moignon.  Le  mécanisme  de  cette  expulsion  est 
dû  à  la  perméabilité  de  ce  canal,  à  la  pression  intra-abdominale 
et  aux  efforts  faits  par  la  malade.  La  portion  éliminée  du  pédicule 

est  plus  ou  moins  mortifiée. 

P.  Mauclaire. 

Extirpation  vaginale  dn  pédicnle  de  rhystèrectomie  abdominale, 

par  P.  GouiLLiouD.  Lyon  médical,  n«  48,  18  octobre  1891,  p.  215. 

Après  Bardenheuer,  A.  Martin  et  d'autres,  l'auteur  se  montre 
partisan  de  Thystérectomie  totale.  Avec  elle,  on  évite  les  inconvé- 
nients dn  traitement  extra  ou  intra-péritonéal  du  pédicule  ;  elle 
permet  de  plus,  de  drainer  la  cavité  péritonéale  en  son  point  le 
plus  déclive  et  de  faire  une  hémostase  directe  et  complète,  enfin, 
elle  assure  mieux  l'antisepsie,  en  supprimant  les  causes  d*infection 
qui  peuvent  venir  de  la  cavité  cervicale. 

L*hystéreciomie  totale  peut  être  :  lo  uniquement  abdominale,  ou 
bien,  2^  abdominale  avec  extirpation  vaginale  du  pédicule. 


|54  ^ByUB.  ANALYTI0U£ 

.  Par  le  premier  procédé,  on  put,  soit  enlever  Tutérus  en  entier 
sans  sectionner  Tisthme,  soit  extirper  le  pédicule  parla  voie  abdo- 
minale après  Tablation  du  corps  de  Tutérus  fibromateux.  L'inr 
cision  de  Tinsertion  vaginale  sur  le  col  de  lutérus  se  fait  sans 
instrumentation  spéciale  (A.  Martin,  Guermonprez)  ou  sur  un  insr 
irument  en  forme  de  T  dont  la  branche  transversale  forme  sonde 
çs^nnelée. 

Vhystérectomie  abdominale  avec  extirpation  vaginale  du pé* 
dicule  SL  été  faite  surtout  par  A.  Martin;  M.  Bouilly  Ta  pratiquée 
chez  une  femme  atteinte  à  la  fois  de  cancer  du  col  et  de  ûbrome 
àù  corps  dé  Futérus;  enfin  ^.  GoulHioud  rapporte  une  observa- 
^n  personnelle.  D^apréB  ce  dernier,  cette  opération  diminue  la 
gravité  de  l'hystérectomie  et  les  chances  d'infectioh. 

Voici  comme  il  propose  dé  régler  llntervenUon  ;  •  *  '  > 
1 1***  temps.  Laparotomie,  ligature  élastique  sur  Ti^thmeHs-llut^ 
rus,  section  au-dessus  de  la  ligatute^  cautérisation  de  la  caviiè 
cervicale;  fermeture  de  la  cavité  péritonéale  par  un  suijet.  ■  • 
'  2«  temps.  Extirpation  du  pédicule  utérin  d'après  le  procédè'de 
l'hystérectoraie  vaginale.  ._•  « 

3«  temps.  Achèvement  de  la  suture  abdominale,  couchie^poné->* 
vrotique  et  peau.  .     ' 

Dans  l'opération  qu'il  a  pratiquée  sur  une  femme  robuste)  âf\ 

41  ans,  M.  Gouillioud,  par  suite  de  la  présence  d'un  hydrosalpinx 

et  du  développement  en   partie   intraligamenteux  du  fibrome,* 

éprouva  quelques  difficultés  qui  lui  firent  interposer  les  diverà 

temps  opératoires.  La  malade  sortit  guérie  le  25<  jour,  ayant  pré- 

sente  deux  complications  indépendantes  du  mode  de  traitement 

du  pédicule  ;  un  petit  abcès  de  la  paroi  abdominale  et  une  mono- 

plégie  brachiale  du  côté  gauche  attribuée  par  l'auteur  à  Thystéro- 

traumatisme. 

R.  Sebillottk. 

Myômes  utérins.  (The  treatment  of  large  myomattus  tumors  of 
the  utérus.  Myomotomy  and  hysteromyomectomy),  par  Kelly. 
Bulletin  of  (he  Johns  Hophins  hospital.  Baltimore,  avril  1897, 
p.  4o. 

Obs.  I.  —  My<^me  utérin  (ayant  pour  dimensions  25  X  20  X  17 
centim.)  chez  une  négresse.  Otte  tumeur  était  attachée  au  fond  de 
l'utérus  du  c<^té  ilroit  par  un  court  pédicule  contenant  quelques 
vaisseaux. 


iMBROMËs  nTÉKi^rs  ISS 

Mais  les  principaux  vaisseaux  de  la  tumeur' provenaient-  de  VêpU 
plboD  au-dessous  du  côlon  transversç  ;  plusieurs  vaisseaux'  prove-^ 
naient  en  outre  de  l'intestin  grêle.  Il  s'agit  donc  là  d'une  sorte- de 
tumeur  parasite.  Les  tumeurs  de  cette  sorte  ne  sont  pas  très  rares. 

£n  général,  l'auteur  s'occupe  en  dernier  li^ci  du  pédiciile  naturel 
de  la  tumeur;  mais  ici,  en  raison  de  difticultés  spéciales,  il  lève 
d'abord  le  pédicule  utérin.  Il  put  ensuite  lier  aisément  les  plus  gros 
vaisseaux  de  la  face  supérieure  de  la  tumeur  ;  mais  en  dessous,  il 
y  avait  des  adhérences  contenant  de  gros  vaisseaux  et  unissant  le 
myôme  aux  intestins.  En  tirant  sur  la  tumeur,  l'auteur  créa  ainsi 
une  sorte  de  pédicule  qu'il  put  lier.  Mais,  plus  loin,  les  adhérences 
devenant  plus  larges,  le  noyau  ne  suffisait  plus,  l'auteur  détacha 
alors  les  adhérences  en  disséquant  des  bandelettes  dans  la  tu- 
meur. On  arrête  alors  Thémorrhagie  en  unissant  entre  eux  par 
des  sutures  à  la  soie  les  bords  parallèles  de  ces  lanières.  Pas  de 
fièvre.  Quérison. 

Obs.  il  —  Myéme  utérin  volumineux,  produisant  des  palpita- 
tions, un  peu  de  dyspnée,  de  l'albuminurie,  comprimant  la  vessie, 
amenant  une  dépression  mentale  marquée. 

Opération,  le  4  février  1891.  —  Incision  longue  de  80  centim. 

La  tumeur  est  soulevée  hors  de  l'abdomen  tendant  de  chaque 
côté  les  ligaments  larges;  on  place  sur  ceux-ci  des  pinces  au  voi- 
sinage de  1  utérus  et  des  ligatures  près  des  parois  du  bassin  et  on 
coupe  à  travers  les  2  ligamenls  larges  obliquement  au-dessous  de 
la  tumeur,  jusqu'au  col  de  l'utérus.  Ce  dernier  forma  le  pédicule 
sur  lequel  on  plaça  une  ligature  élastique;  on  coupa  alors  toute  la 
masse  au-dessus,  enlevant  ainsi  la  tumeur,  le  corps  de  l'utérus  et 
la  partie  supérieure  du  col.  Le  pédicule  de  4  centim.  de  diamètre 
fut  cautérisé  au  fer  rouge  et  suturé  au  catgut.  On  passa  ensuite  des 
sutures  en  fil  d'argent  qu'on  tordit  autour  du  pédicule,  on  lia  les 
2  artères  utérines  et  on  lâcha  alors  la  ligature  élastique  du  pédi- 
cule ;  on  dut  ajouter  2  sutures  supplémentaires  et,  dès  lors,  aucune 
hémorrhagie  ne  se  montra  à  la  surface  du  pédicule. 

Lavage  de  l'abdomen.  Drainage.  Suture  du  péritoine  du  pédi- 
cule au  péritoine  pariétal. 

Pansement  iodoformé. 

Quérison. 

Obs.  III.  —  Myôme  utérin  de  18  centim.  sur  13  centim.  causant 
des  hémorrhagies  extrêmement  abondantes. 


156  REVUE  ANALYTIQUE 

Incision  de  20  centim.  On  soulève  la  tumeur  ;  on  lie  les  ligamento 
larges  formant  un  pédicule  qui  est  traité  comme  dans  le  cas  pré- 
cédent, tube  à  drainage.  Guérison. 

Obs.  IV.  —  Myôme  chez  une  femme  un  peu  âgée;  on  trouva  une 
adhérence  avec  le  fond  de  la  vessie  ;  du  reste,  l'opération  fut  con- 
duite exactement  comme  les  précédf^ntes.  Guérison. 

Quelques  remarques  sur  rétiologie  des  myômes  et  sur  la  tachniqiM 
de  la  myomotomie.  (Einige  Bemerkungen  zur  Âetiologie  der  Myome 
und  zur  Méthode  der  Myomotomie),  H.  Fehling.  Cent,  f.  Gyn,^ 
1890,  no  29,  p.  513. 

L'opinion  générale  est  que  les  myômes  se  rencontrent  plus  fré- 
quemment chez  les  femmes  mariées  que  chez  les  non  mariées.  Or, 
Wînckel  a  formulé,  le  premier,  Topinion  contraire.  Afin  de  vérifier 
de  quel  côté  est  la  vérité,  Fehling  a  fait  entreprendre  à  la  clinique 
de  Bàle  do  nouvelles  recherches  sur  ce  sujet.  Il  fait  remarquer, 
qu'il  est  irrationnel  de  déduire  la  fréquence  relative  de  Taffection 
myomateuse  chez  les  femmes  mariées  et  non  mariées,  en  ne  tenant 
compte  que  des  malades  atteintes  de  myômes.  Il  faut  tenir  compte 
du  nombre  des  femmes  mariées  et  non  mariées  entrées  à  la  cli- 
nique. Cette  réserve  faite,  voici  les  chiffres  trouvés  :  sur  1754  fem- 
mes, atteintes  d'affections  g}'nécologiques,  83  0/0  femmes  mariées 
17  0/0  non  mariées  =  5/1.  Sur  189  cas  de  myômes  95,6  0/0  mariées 
34,4  0/0  non  mariées  =  2/1.  Sur  l'ensemble  des  malades,  âgées  de 
21-60  ans  on  comptait  3  feinmes  mariées  pour  1  non  mariée;  de  30- 
50  ans,  3,4  mariées  pour  1  non  mariée;  chiffres  qui  établissent, 
d'une  manière  indiscutable,  que  les  myômes  sont  plus  fréquents 
chez  les  femmes  non  mariées  que  chez  les  autres. 

Dans  le  but  de  hâter  la  cicatrisation  dans  le  traitement  extra- 
péritonéal  du  pédicule,  Fehling  excise  avec  les  ciseaux  le  moignon, 
quand  cela  est  possible  du  14-21*  jour,  immédiatement  au-dessous 
du  lien  élantique.  A  condition  de  sectionner  très  près  du  lien  élas- 
tique, on  n*a  aucune  hémorrhagie  à  craindre.  Dés  que  Tentonnoir 
s'est  réuni  et  rétréci  dans  la  portion  inférieure,  il  procède  i\  la 
réunion  des  parois  abdominales  laissées  intactes  dans  la  l***  inter- 
vention, en  évitant  soigneusement  le  péritoine.  L*entonnoir,  après 
désinfection  soigneuse,  ainsi  que  la  peau  environnante  sont  raclés, 
puis,  on  avive  légèrement  les  bords  de  la  plaie  abdominale  et  on 
les  réunit  au  moyen  de  sutures  superficielles  et  profondes.  On  place 
un  drain,  mince  dans  la  région  de  la  cavité  cervicale.  GrAce,  à  ces 


FIBROMES  UTÉRINS  157 

inodiûcationa  opératoires,  la  durée  de  la  convalescence  serait  re- 
marquablement abrégée. 

L'auteur,  sur  30  cas  de  traiten^ent  exti*a*péritonéal  du  pédicule 
après  myomotomie,  n*auràit  eu  que  3  morts,  =  10  0/0. 

Ht  L. 

Sur  un  procédé  d'amputation  des  èorps  fibreux  de  rateras. 
Ch.  Sudry.  Lyon  mêd.^  1891,  p.  14. 

Cest  le  procédé  de  M.  Laroyenne  que  Tauteur  décrit.  Pour  les 
corps  fibreux  intra-utérins,  la  dilatation  du  col  étant  faite,  la  mu- 
queuse doit  être  incisée  de  manière  à  en  conserver  une  véritable 
manchette  qui  est  suturée  et  réappliquée.  Dans  les  fibromes  sous- 
péritonéaux  séniles.  M.  Laroyenne  laisse  une  collerette  de  péri- 
toine qui  est  également  suturée  et  réappliquée.  Ce  procédé  dimi- 
nue l'hémorrhagie,  car  la  surface  disséquée  est  bien  moins  étendue 
que  si  on  incise  la  muqueuse  sur  le  sommet  de  la  tumeur,  et  il  est 
préférable  au  procédé  de  Kaltenbach  qui  incise  circulairement  la 
knuqueuse  du  pédicule  au  niveau  du  sillon  qui  sépare  l'utérus  de 
la  tumeur. 

Un  cas  de  flbro-myônie  kysti(iae  de  l'atérad.  (Di  un  caso  di  fibro- 
mioma  cistico  dell'  uteroj,  par  L.  Clivio.  Annali  di  ost.  e  ginec. 
Milano,  décembre  1891,  p.  856. 

Les  recherches  microscopiques  de  Tauteur  le  portent  à  penser 
que  ces  kystes  dérivent  du  fond  des  glandes  restées  renfermées 
dans  la  néoformation  fibromateuse. 

P.  M. 

Gontrilratlon  à  la  pathogénie  des  cystomyômes  atérina.  Gsratô* 
mjàme  maltilocalaire,  bilatéral,  symétriqne,  ayant  oblitéré  la  por- 
tion utérine  des  trompes  de  Faliope,  par  L.  Baraban.  Rev.  méd,  de 
VEst.,  15  octobre  1891,  p.  609. 

La  pathogénie  des  cysto-myômes  utérins  est  encore  obscure,  car 
si  la  nature  ûbro-musculaire  des  tumeurs  est  toujours  facile  à  éta- 
blir, il  n'en  est  pas  de  même  pour  Torigine  des  cavités  kystiques. 

L^hypothèse  de  Torigine  lymphatique  des  kystes  de  certains 
myômes  utérins  s'appuie  sur  des  preuves  très  sérieuses  (faits  dd 
Kœberlé,  Léopold  et  Fehling;  Rein;  W.  MOUer),  cependant  le 
professeur  Baraban  «  a  eu  Toccasion  de  surprendre  à  son  éclosion, 
pour  ainsi  dire,  la  formation  d'un  cysto-myôme  utérin,  qui  établit 


158  '    6lBXîO&aAl>HI|;    , 

sans  conteste  i'exlëtenoe  d'^ine  seconde  'variété  ayant  pour  origine 
répithélium  tubaire  *.  Un  utérus  avait  été  enlevé  pour  un  épithé-* 
libmë  du  ool  ;  la  muqueuse!  du  corps éiftit  sarne» mais  il-exislait  symé- 
triquement ut)  épaississenient  à  rinsertion  des.  trompes.  Il  s'agin- 
sait  de  deux  myômes  symétriques,  renfermant  des  kystes 
microscopiques,  à  conten^  finement  grenu.  Les  parois  étaient 
tapissées  par  un  épithélium  parfois  atrophié,  ailleurs  proliférant 
avec  des  cellules  cylindriques  à  noyaux  multiples,  quelquefois  avec 
des  cellules  ciliées. 

La  symétrie  des  lésions  observées  amène  l'auteur  a  concevoir  Id 
possibilité  d'une  origine  congénitale  pour  les  éléments  épithéliaux 
des  cysto-myômes  utérins.  R.  Sbbillotte. 

Un  cas  particnlier  de  flbro-myôme  sonB-miiqneiiz  de  Tnlénis.  (Un 
caso  particolare  di  fîbromioma  sottomucoso  deU'utero).  Gattork. 
Annaîi  di  Ost.  e  Gin.  Milano,  1892,  p.  100. 

C'est  l'histoire  clinique  de  l'énucléation  par  la  voie  vaginale  d'un 
volumineux  fibrome,  sousmuqueux  (975  grammes).  L'opération 
dura  3/4  d'heure,  fut  faite  par  morcellement,  et  fut  accompagnée 
d'une  inversion  partielle  de  Tutérus  et  de  rupture  superficielle  du 
périnée  et  du  vagin.  Guérison  parfaite  sans  fièvre. 

P.  Mauglairjs.  , 

(A  suivre.) 


BIBLIOGRAPHIE 


Traité  de  gynécologie  cUniqae  et  opératoire,  par  S.Pozzi, deuxième 
édition,  Paris,  1892. 

-  Loraque  parut,  il  y  a  18  mois,  le  traité  magistral  de  M.  Pozzi,- 
nous  disions  ici  même  que  ce  livre  si  bien  écrit,  si  clair  grâce  à  la 
coordination  parfaite  des  nombreux  matériaux  qui  y  sont  accumu* 
lés,  était  en  même  temps  qu'une  œuvre  d'érudition  un  livre  d'ensei- 
gnement. Nous  lui  prédisions  donc  le  plus  grand  succès,  heureux 
de  voir  publier  en  France  le  premier  traité  complet  de  gynécologie 
moderne.  Les  faits  ont  montré  la  justesse  de  nos  prévisions.  Le 
ttaité  de  gynécologie  de  M.  Pozzi,  traduit  presque  immédiatemeni 
en  allemand,  en  anglais,  en  espagnol  et  en  italien,  a  été  rapide- 
ment épuisé.  Dés  aujourd'hui,  M.  Pozzi  nous  en  donne  un  seconde 
édition  rQvue,  corrigée  et  complétée.  Nous  citerons,  parmi  les 


> • 


VARIETES 


15b 


choses  nouvelles,  Fanatomie  pathologique  de  l'ovarite,  le  traite- 
ment des  fistules  recto- vaginales,  la  description  de  divers  procé- 
dés d'hystéropexie,rhy8térectoniîe  vaginale  dans  le  traitement  de's 
suppurations  pelviennes,  des  statistiques  récentes  sur  diverses 
opérations,  etc.  H.  H. 

Annnal  of  the  nniversal  médical  sciences,  par  Charles  E.  Sajous: 
Philadelphia,  1893. 

UAnnuàl  of  the  universal  médical  sciences  vient  de  publier  sa 
cinquième  série  de  volumes.  Conçu  dans  le  même  esprit  que  les 
années  précédentes,  il  nous  donne  groupées  et  rapprochées  en  des 
sortes  de  revues  lesanalyses  des  travaux  médicaux  publiés  pendant 
Tannée  1891.  Cinq  volumes,  luxueusement  édités,  illustrés  de  nom- 
breuses gravures  dont  quelques-unes  en  couleur,  permettent  au 
lecteur  de  se  rendre  compté  du  mouvement  scientifique  en  même 
temps  qu'elles  lui  donnent  l'indication  bibliographique  des  tra« 
vaux  qu'il  désirerait  plus  spécialement  consulter. 

4 

VARIÉTÉS 


Ck>ngrès   international  de  gynécologie  et  d'ébcitétrique.  Brazelles, 

septembre  1892.' 

Le  premier  congrès  international  de  gynécologie  et  d'obstétri- 
que se  réunira  à  Bruxelles  sous  la  présidence  du  professeur  Kuf- 
ferath. 

Ce  congrès  dont  les  présidents  d'honneur  sont,  pour  la  France, 
MM.  Budin,  Démons,  Fochier,  Gaulard,  Grynfelt,  Herrgott, 
Laroyenne,  Le  four,  Péan,  Tarnier,  s'annonce  comme  un  grand 
succès,  car  il  y  a  déjà  plus  de  200  adhésions. 

Ci-joint  le  programme  détaillé  des  actes  du  Congrès. 

Mardi  13  septembre,  9  heures  du  soir:  raout- concert  offert  A 
MM.  les  membres  du  Congrès  par  la  Société  belge  de  gynécologie 
et  d'obstétrique  à  TUniversité  de  Bruxelles. 

Mercredi  14  septembre,  2  heures  du  soir  :  séance  d'ouverture  du 
Congrès;  ouverture  de  l'Exposition. 

Cette  exposition  comprend  :  l»  l'exposition  internationale 
d'instruments  et  appareils  se  rapportant  à  la  gynécologie  et  à 
l'obstétrique  aux  palais  des  Académies  ;  2^  une  exposition  parti- 


160  VARIÉTÉS 

culière  comprenant  les  collections  d'instruments,  pièces  anatomi- 
ques,  etc.,  des  Universités  belges,  à  la  Maternité  de  Bruxelles. 
7 heures  du  soir:  Fête. 

Jeudi  15  septembre,  8  heures  du  matin:  Visite  des  hôpitaux; 
expositions.  10  heures  du  matin.  Séance  du  Congrès.  Communica- 
tions diverses  ;  2  heures  du  soir.  Séance  du  Congrès.  Discussion 
de  la  lr«  question  à  Tordre  du  jour  : 

Des  suppurations  pelviennes.  9  heures  du  soir.  Réception  des 
membres  du  Congrès  par  M.  le  Ministre  des  Travaux  publics  en 
son  hôtel  ministériel. 

Vendredi  16  septembre,  8  heures  du  matin  :  Visite  des  hôpitaux; 
expositions.  10  heures  du  matin.  Séance  du  Congrès.  Discussion 
dela2«  question  à  l'ordre  du  jour  :  Des  grossesses  extra  utérines. 
7  heures  du  soir.  Représentation  de  gala  à  TOpéra. 

Samedi  17  septembre,  8  heures  du  matin  :  Visite  des  hôpitaux  ; 
exposition.  10  heures  du  matin.  Séance  du  Congrès.  Communica- 
tions et  démonstrations.  2  heures  du  soir.  Séance  du  Congrès. 
Discussion  de  la3«  question  à  Tordre  du  jour  :  Du  placenta  prse- 
via.  4  heures  du  soir.  Séance  de  clôture.  7  heures  du  soir.  Banquet 
offert  aux  Membres  du  Congrès  parla  Société  belge  de  Gynécologie 
et  d'Obstétrique. 

Dimanche  18  septembre.  Excursions  diverses. 

Les  communications  et  démonstrations  doivent  autant  que  pos- 
sible être  annoncées  avant  le  l^"  août  1892. 

Pour  tous  renseignements  s'adresser  à  M.  le  D*"  Auvard,  secré- 
taire spécial  pour  la  France,  58  rue  de  la  Boëtie,  à  Paris,  ou  au 
secrétariat  général  à  Bruxelles. 


Nous  recevons  le  premier  numéro  d*une  nouvelle  Revue  de  chi- 
rurgie française  ;  les  A  }^hives  pi'ovinciales  de  chirurgie,  parais- 
sant tous  les  mois  à  Paris.  Fondée  par  un  certain  nombre  déjeunes 
chirurgiens  de  province,  cette  revue  a  pour  rédacteur  en  ehef  notra 
confrère,  M.  le  Dr  Marcel  Baudouin,  secrétaire  de  la  rédaction  du 
Progrès  médical.  C'est  une  véritable  tentative  de  décentralisation 
chirurgicale,  qui  s'explique  par  les  progrès  croissants  de  la  chi- 
rurgie moderne. 

Lé  gérant  :  G.  Steinheil. 


IMPSIliBBIB    LBKALB    BT    0*« ,    HAVBB 


ANNALES 

DE  GYNÉCOLOGIE 


Septembre  1892 


TRAVAUX   ORIGINAUX 


TROIS  CAS  D'OPÉRATION  CÉSARIENNE 
Par  le  D'  de  Ott,  professeur  à  l'inâtitiit  clinique  de  Saint- Péterabourg. 


II  y  a  quelques  années,  j'ai  publié  un  cas  d'opération  césa- 
rienne (i)  chez  une  femme  ayant  un  fibro-myôme  deTutérus; 
la  tumeur  remplissait  presque  totalement  le  petit  bassin,  ce 
qui  empêchait  absolument  Taccouchement  par  les  voies  natu* 
relies.  Dans  ces  derniers  temps,  j*ai  eu  dans  ma  pratique  un 
cas  analogue  où  j'ai  du  recourir  aussi  à  l'opération  césa- 
rienne comme  moyen  unique  de  terminer  la  parturition. 
Voici  rhistoire  de  ce  cas  in  extenso. 

Gh.  L...,  femme  d*un  médecin,  âgée  de  30  ans,  fut  réglée  à 
12  ans  et  vit^  jusqu'à  l'âge  de  17,  revenir  ses  époques  régulière- 
ment. Mais  plus  tard  le  llux  menstruel  devint  plus  abondant  et 
elle  ressentit  des  douleurs  dans  les  cuisses  et  les  lombes.  A  vingt 
et  UD  ans,  on  a  constaté  chez  la  malade,  la  présence  d'une  tumeur 
fibreuse  de  l'utérus,  et  on  a  institué  un  traitement  approprié,  des 
injections  hypodermiques  d'ergotine,  etc.  Cependant,  l'écoulement 
menstruel  continuait  à  être  très  abondant,  et  sa  durée  était  de  7  A 
B  jours,  bien  que  les  époques  fussent  généralement  en  retard  de 
4  à  5  jours.  Dans  les  derniers  temps  les  pertes  sanguines,  tout  en 
étant  très  fortes,  ne  duraient  pas  au  delà  de  3,  4  jours,  surtout  si 

^■^  ■■■■■I  ■!■ . 

(1)  Le  journal  WraUch  (en  nis*e),  1888,  n°  52. 

▲nr.  DB  OTH,  —  TOI.  XXXYTU  11 


162  TROIS   CAS  D^OPÉRATION  CÉSARIENNE 

la  malade  gardait  un  repos  parfait.  La  malade  ne  s'est  jamais 
plainte  de  douleurs.  Elle  s^est  mariée  à  TÀge  de  24  ans,  et  resta 
stérile  pendant  les  six  premières  années  du  mariage.  Dans  le  cou- 
rant de  la  septième  année,  les  menstrues  qui  revenaient  jusqu'alors 
à  des  intervalles  très  réguliers  n^apparurent  point  (pour  la  der- 
nière fois  elles  eurent  lieu  du  10  au  13  mai  1889);  en  même  temps 
se  manifestèrent  d'autres  symptômes  de  grossesse,  et  la  malade 
fut  particulièrement  incommodée  par  des  vomissements  graves 
qui  durèrent  jusqu'au  4«  mois.  Je  fus  appelé  chez  la  malade  au 
moment  où  commencèrent  les  premières  contractions  du  tra* 
vail.  Voici  ce  que  je  constatai  :  M™«  L...  est  de  taille  moyenne, 
bien  constituée,  bien  nourrie,  le  pannicule  graisseux  est  assez  dé- 
veloppé. A  l'inspection  extérieure  de  Tabdomen,  du  côté  droit  de 
l'utérus  gravide,  dans  la  région  hypogastrique  et  partiellement 
dans  la  région  abdominale  moyenne,  on  constate  la  présence  d'une 
masse  distincte  beaucoup  plus  compacte  que  l'utérus  avec  lequel 
elle  se  confond  sans  délimitation  bien  marquée.  Il  est  impossible 
de  déterminer  sa  limite  à  l'inspection  extérieure,  vu  que  cette 
masse  se  prolonge  dans  la  cavité  du  petit  bassin;  elle  n'est  que  très 
peu  mobile.  L^utérus  présente  tous  les  symptômes  d'une  grossesse 
arrivée  au  terme  normal  de  son  évolution;  on  perçoit  très  bien  lea 
battements  du  cœur  et  les  mouvements  du  fœtus.  La  position  du 
fœtus  est  longitudinale  avec  présentation  de  la  tète.  Au  toucher 
vaginal  on  trouve  le  col  de  Tutérus  un  peu  raccourci  et  ne  per- 
mettant pas  l'entrée  du  doigt;  le  col  est  dévié  à  gauche  et  très  diffi- 
cilement accessible  à  cause  de  sa  position  élevée  dans  le  bassin. 
En  même  temps  que  le  col,  occupant  presque  en  totalité  l'entrée 
du  petit  bassin,  on  parvient  à  percevoir  le  segment  inférieur  de  la 
tumeur  libreuse  ci-dessus  mentionnée.  Cette  tumeur  a  la  grosseur 
de  deux  poings,  elle  est  compacte,  peu  mobile  à  cause  de  son  adhé* 
rence  intime  aux  parties  environnantes.  Comme  elle  occupait  à 
peu  près  complètement  l'entrée  et  la  cavité  du  petit  bassin,  en  fai* 
sant  dévier  l'utérus  du  côté  opposé,  elle  empêchait  non  neulement 
la  tète  de  s'engager,  mais  en  rétrécissant  le  canal  de  la  parturition 
rendait  impossible  l'accouchement  d'un  fœtus  vivant,  en  excluant 
aussi  l'idée  de  la  délivrance  par  le  procédé  de  rembr\'otomie. 

J'ai  essayé  à  plusieurs  reprises  de  soulever  la  tumeur  pour  frayer 
le  passage  au  produit  de  la  conception,  mais  chaque  fois  mes  elTorts 
ont  échoué    à  cause   de  l'union  intime  de  la  tumeur  avec  les 


DE    OTT  163 

parties  environnantes.  Par  conséquent,  l'opération  césarienne 
était  absoluTuent  indiquée.  Je  m'assurai  par  Tinspection  de 
l'état  parfaitement  sain  du  cœur  et  des  autres  viscères  de  la 
malade. 

Pendant  toute  la  journée  du  4  mars  et  au  début  de  la  journée 
suivante  les  douleurs  étaient  si  peu  intenses  et  revenaient  à  de  si 
longs  intervalles  qu'il  était  impossible  de  se  prononcer  pour  le 
commencement  de  Taccouchement.  Mais  elles  s'accentuèrent  vers 
la  fin  de  la  journée  et  commencèrent  à  revenir  à  des  intervalles 
réguliers;  dans  la  nuit  du  6,  je  procédai  donc  à  l'opération,  à  domi- 
cile chez  la  malade.  Après  les  préparations  préalables,  la  malade 
chloroformée,  le  vagin  soigneusement  lavé  par  un  désinfectant  et 
bouché  au  moyen  d'un  tampon  à  Tiodoforme,  il  n'y  avait  pas 
de  changements  appréciables  dans  l'orifice  du  col,  ni  dans  la 
position  du  fœtus.  Suivant  le  plan  de  l'opération  il  a  été  décidé  de 
profiter  de  l'ouverture  de  la  cavité  abdominale  pour  enlever  s'il 
y  a  moyen  la  tumeur,  afin  de  conserver  à  la  malade  la  faculté 
de  la  délivrance  normale  à  l'avenir.  Au  cas  où  cette  combinaison 
échouerait  il  a  été  décidé  de  procéder  à  la  castration  afin  d'ar- 
rêter le  développement  de  la  tumeur  fibreuse  et  de  préserver 
la  malade  contre  les  mauvaises  chances  d'une  nouvelle  gros- 
sesse. 

Comme  j'avais  à  craindre  dans  mon  cas  une  contraction  peu  éner- 
gique de  l'utérus  pendant  la  période  qui  suivrait  l'opération  je 
résolus  de  placer  à  demeure  dans  la  cavité  utérine,  avant  l'appli- 
cation des  sutures,  un  tampon  à  l'iodoforme  plié  en  zigzag  et  de 
la  grosseur  d'un  œuf  de  poule  ;  le  long  bout  de  ce  tampon  devait 
passer  dans  le  vagin  pour  en  faciliter  l'extraction  en  cas  d'urgence. 
Je  comptais  essayer  ce  tamponnement  préservatif  dans  l'opéra- 
tion césarienne  que  j'ai  pratiquée  en  1889,  mais  comme  dans  ce  cas 
la  contraction  de  l'utérus  se  fit  spontanément,  la  nécessité  du  tam- 
ponnement fut  éludée. 

Toutes  les  précautions  antiseptiques  étant  bien  prises  et  sitôt  la 
cavité  abdominale  ouverte,  je  procédai  à  l'extirpation  des  ovaires, 
vu  que  l'examen  de  la  tumeur  et  de  ses  rapports  avec  les  parties 
environnantes,  à  cause  de  son  développement  intraligamentaire, 
rendait  son  énucléation  douteuse  et  dans  tous  les  cas  extrêmement 
dangereuse.  Une  fois  les  ovaires  enlevés,  l'utérus  fut  amené  au 
dehors  et  entouré  d'une  bande  en  caoutchouc,  retenue  par  Tins- 


164  TROIS  CAS  d'opération  césarienne 

trument  de  Pozzi  ;  la  cavité  utérine  fut  ouverte  par  une  incision 
qui  en  intéressait  la  face  antérieure  et  môrae  le  fond.  Il  me  fut 
impossible  d'agrandir  Tincision  par  en  bas  à  cause  de  la  tumeur. 
Bien  que  Tincision  ait  été  pratiquée  au-devant  du  placenta,  on  a  pu 
extraire  sans  trop  de  peine  Tenfant  et  le  placenta  avec  ses  annexes. 
A  l'inspection  de  la  cavité  utérine  on  a  pu  voir  très  distinctement 
la  boursouflure  de  sa  paroi  antérieure  produite  par  la  position 
correspondante  de  la  tumeur  qui  se  réunissait  à  Tutérus  princi- 
palement dans  sa  portion  sus-vaginale.  Avant  la  suture  de  la 
plaie,  le  tampon  ci-dessus  mentionné  fut  introduit  dans  la  cavité 
utérine  et  le  bout  de  ce  tampon  ramené  dans  le  vagin  au  moyeu 
d'une  pince  à  crochets  ;  avec  une  autre  pince  on  le  ût  ressortir 
au  dehors.  Puis  on  s'appliqua  à  réunir  la  plaie  de  Tutérus  par 
une  série  de  sutures  en  ûl  de  soie  profondes  et  superficielles  n'in* 
téressant  pas  la  caduque.  En  même  temps  la  malade  reçut 
deux  injections  hypodermiques  par  la  seringue  de  Pravaz  de  la 
solution  aqueuse  au  dixième  de  l'extrait  d'ergot  de  seigle.  L'in- 
cision de  la  paroi  abdominale  fut  suturée  par  le  procédé  ordi- 
naire. 

Malgré  le  tamponnement  de  lutérus  et  l'emploi  de  l'ergotine, 
sitôt  que  la  ligature  élastique  fut  retirée  après  la  fermeture  de  la 
cavité  utérine  par  les  sutures,  il  se  déclara  une  assez  forte  hémor- 
rhagie  que  n'avait  pu  prévenir  un  massage  énergique  de  Tuté- 
rus,  exercé  après  la  réunion  de  la  plaie  abdominale.  L'hémorrhagie 
ne  cédant  pas  même  à  l'injection  hypodermique  réitérée  de  l'ergo- 
tine,  j'enlevai  le  tampon  en  en  tirant  doucement  le  bout  et  je  ils 
à  de  petits  intervalles  deux  injections  vaginales  à  l'eau  chaude. 
L'hémorrhagie  avait  cessé  presque  complètement.  On  appliqua  à 
la  malade  un  bandage  compressif  et  on  la  transporta  au  lit 
préalablement  réchauffé.  L^enfant  qu'on  venait  d*extraire  était  une 
fillette  bien  saine,  très  robuste  et  bien  développée. 

Il  n'y  eut  pas  de  mouvement  fébrile  les  premiers  9  jours  qui  sui- 
virent l'opération  ;  le  durcissement  des  seins  fut  insignifiant  ; 
puis  les  quinze  jours  suivants  la  température  se  tint  constamment 
un  peu  au-dessus  de  la  normale.  Le  pouls  tout  en  restant  plein 
marquait  les  premiers  3-4  jours  130  et  même  un  plus  grand  nom* 
bre  de  pulsations  à  la  minute  ;  à  partir  du  quatrième  jour  le  pouls 
devint  plus  lent  et  bientôt  rentra  dans  l'ordre  normal.  L'état  sub- 
jectif delà  malade  resta  en  général  très  satisfaisant  bien  que  .lans 


DE   OTT  165 

les  premiers  jours  qui  suivirent  l'opération  elle  ait  souffert  d'une 
gastrite  caractérisée  par  le  pyrosis  et  les  éructations.  Il  faut  aussi 
noter  l'œdème  de  la  jambe  droite  accompagné  d'une  faible  dou- 
leur lorsqu'on  exerçait  une  pression  sur  les  gros  vaisseaux.  La 
présomption  d'une  phlébite  au  début  ne  se  confirma  pas  et  très 
probablement  cet  œdème  était  dû  à  la  compression  exercée  par 
la  tumeur  fibreuse.  ^ 

On  changea  le  pansement  au  9«  jour;  il  y  eut  un  écartement  de 
la  plaie  à  l'angle  inférieur,  mais  sur  une  très  petite  étendue,  et  la 
cicatrisation  s'opéra  par  seconde  intention.  L'examen  de  la  malade 
per  vaginam  avait  démontré  Tabsence  de  tout  état  morbide  dans 
la  région  sexuelle. 

L'examen  de  la  malade,  7  mois  plus  tard,  démontra  que  la  tumeur 
avait  très  peu  diminué.  Les  muscles  droits  s'écartent  un  peu  dans 
la  région  ombilicale.  La  sensibilité  est  tout  à  fait  satisfaisante, 
surtout  depuis  la  dernière  perte  de  sang  (menstrues  ?).  Les  dou- 
leurs dans  la  jambe  gauche  dont  la  malade  se  plaignait  pendant 
la  grossesse  ne  cessent  de  l'incommoder.  L'enfant  va  bien. 

Un  point  est  surtout  intéressant  dans  le  cas  que  je  viens 
de  décrire,  c'est  le  tamponnement  préventif  de  l'utérus. 
Dûhrssen  fut  le  premier  à  appliquer  ce  moyen  dans  les 
hémorrhagies  de  l'utérus  par  atonie  de  cet  organe  après  lac- 
couchement.  Le  moyen  Dtthrssen,  comme  toute  méthode 
nouvelle,  demande  à  être  expérimenté  et  étudié  afin  de  ren- 
dre plus  compréhensibles  les  conditions  dans  lesquelles  il 
est  indiqué.  Il  est  vrai  que  Dilhrssen  appliquait  son  tampon- 
nement lorsque  l'hémorrhagie  existait  déjà,  tandis  que  le 
mien  devait  jouer  le  rôle  de  préservatif  contre  l'hémorrha- 
gie même;  néanmoins  le  principe  reste  le  même.  Si  les  con- 
ditions du  tamponnement  dans  l'opération  césarienne  diffè- 
rent du  tamponnement  ordinaire  (car  l'atonie  consécutive 
de  l'utérus  est  favorisée  par  l'ouverture  de  la  cavité  abdomi- 
nale, par  l'application  de  la  ligature  élastique  amenant  l'is- 
chémie de  l'utérus,  par  la  narcose,  etc.),  cependant  le  tam- 
ponnement peut-être  appliqué  plus  complètement  dans  ce 
cas  que  lorsqu'on  l'exécute  par  le  vagin.  Dans  le  cas  que  je 
viens  de  décrire  la  contraction  de  Tutérus  pouvait  être 
influencée  par  la  présence  du  corps  fibreux,  ce  qui  est  un 


166  TROIS  CAS  d'opération  CÉSARIENNE 

fait  exceptionnel  ;  je  me  garderai  donc  de  toutes  conclusions, 
en  constatant  seulement  que  le  tamponnement  de  Tutérus 
ne  m'a  pas  réussi  après  Taccouchement.  Cependant  Thé- 
morrhagie  que  j*ai  observée  dans  ce  cas  était  sans  aucun 
doute  le  résultat  de  Tatonie  de  l'utérus,  vu  que  la  plaie  de  la 
paroi  sectionnée  était  solidement  contenue  par  des  sutures 
soigneusement  appliquées.  Les  lèvres  de  la  solution  de  con- 
tinuité sont  parfaitement  rapprochées  et  maintenues  en 
.contact,  ce  qui  rend  inutile  la  suture  beaucoup  plus  compli- 
quée de  Sânger  (Sero-serôse  naht). 

  mon  avis,  pour  obvier  aux  hémorrhagies  produites  par 
Tatonie  deTutérusdans  l'opération  césarienne,  il  serait  peut- 
être  plus  avantageux  de  recourir  à  un  procédé  chirurgical 
généralement  employé  dans  les  hémorrhagies,  c'est-à-dire 
à  Toblitération  immédiate  de  la  lumière  des  vaisseaux  qui 
saignent,  en  les  piquant  par  exemple.  Ce  procédé  pourrait 
rendre  un  véritable  service  ;  comme  le  sang  s'écoule  de  la 
portion  de  Tutérus  où  était  fixé  le  placenta,  il  faut  diriger 
nos  efforts  de  ce  côté  pour  effectuer  l'oblitération  de  la 
lumière  des  vaisseaux  ouverts  au  moment  de  la  séparation 
du  placenta.  Â  cet  effet  l'application  d'une  suture  continue 
au  catgut  sur  toute  la  portion  d'où  le  sang  s'écoule  me 
parait  le  moyen  le  plus  rationnel.  L'étendue  de  la  partie  où 
s^attachait  le  placenta,  après  la  contraction  de  l'utérus  vidé, 
diminue  à  tel  puint  qu'on  peut  aisément  piquer  toute  cette 
portion  où  reposait  le  placenta  de  2à3  rangs  parallèles  de 
sutures  continues.  Dans  l'accouchement  par  les  voies  natu- 
relles ce  procédé  présenterait  des  difficultés  énormes  ;  son 
application  ne  devient  possible  que  dans  le  cas  d'inversion 
de  l'utérus;  tandis  que  dans  l'opération  césarienne  la 
cavité  utérine  est  facilement  accessible  et  l'application  des 
sutures  ne  saurait  présenter  une  difficulté  quelconque.  Dans 
ces  cas  où  il  est  difficile  de  compter  sur  la  contraction  spon- 
tanée de  la  paroi  utérine  au  point  d'insertion  du  placenta, 
par  exemple  s'il  existe  en  dessous  de  cette  portion  de  iuté« 
rus  une  tumeur  fibreuse  qui  exclut  toute  possibilité  de  la 
contraction  spontanée  de  la  lumière  des  vaisseaux,  le  pro- 


BE    OTT?  1-67 

cëdë   ci-dessus   mentionné   serait  peut-être   le   meilleur. 
Tout  en  recommandant  cette  méthode,  je  suis  le  premier 
à  reconnaître  que  la  pratique  seule  pourrait  résoudre  la 
question  de  son  utilité  réelle. 

Dans  mon  second  cas  l'opération  césarienne  a  été  indiquée 
par  l'étrcitesse  extrême  du  bassin. 

Marie  W...,  28  ans,  native  du  gouvernement  de  St-Pétersbourg, 
a  été  racbitique  dans  l'enfance.  Fut  réglée  à  17  ans;  le  flux  mens- 
truel revenait  toutes  les  3-4  semaines  et  durait  6  jours.  Eut  ses 
dernières  époques  au  mois  de  janvier  1888.  Au  moment  des  pre- 
mières douleurs  la  malade  s^adressa  à  une  sage-femme  du  voisi- 
nage, puis  se  présenta  à  Tasile  d'accouchement  d*où  elle  fut 
transportée,  pour  subir  l'opération,  à  l'Institut  Clinique. 

Marie  W...,  est  de  très  petite  taille  (132  centim.),  très  mal  con- 
formée à  cause  des  modifications  morbides  dans  son  système 
osseux.  La  colonne  vertébrale  présente  une  scoliose  très  prononcée 
unie  à  une  cyphose  dans  la  région  de  la  série  inférieure  des  vertè- 
bres dorsales  et  des  vertèbres  lombaires  supérieures  ;  la  série  infé- 
rieure des  vertèbres  lombaires  conjointement  avec  le  sacrum  pré- 
sente une  lordose.  Tout  le  corps  est  déjeté  et  les  os  iliaques  ne  se 
trouvent  pas  à  la  même  hauteur  :  le  bord  supérieur  de  la  crête  de 
l'os  iliaque  d'un  côté  est  de  4,5  centim.  plus  élevé  que  celui  de 
l'autre  ;  en  môme  temps  l'os  sacrum  présente  dans  sa  partie  supé- 
rieure une  forte  dépression  en  avant,  ce  qui  permet  à  vue  d'œU  de 
supposer  le  rétrécissement  de  la  dimension  antéro-postérieure  du 
bassin.  L'extrémité  inférieure  du  sacrum  est  fortement  déjetée  en 
arrière.  Les  deux  moitiés  de  la  cage  thoracique  sont  inégales  : 
celle  du  côté  droit  est  beaucoup  plus  développée  que  celle  du  côté 
gauche.  Les  côtes  touchent  presque  les  os  iliaques.  Le  sternum  est 
fortement  déjeté  en  avant.  Les  extrémités  supérieures  sont  dispro- 
portionnellement  longues  ;  les  extrémités  inférieures  sont  recour- 
bées, surtout  dans  les  os  des  jambes,  les  fémurs  présentent  aussi 
une  courbure  en  arc  en  avant.  Les  trochanters  ne  se  trouvent  pas 
ù  la  même  hauteur  :  celui  du  côté  droit  est  plus  élevé  que  celui  du 
côté  gauche.  Les  dimensions  du  bassin  ayant  une  position  oblique 
senties  suivantes  : 

Distance  des  crêtes 21,5  centimètres. 

»  des  ép.  antéro-sup 23,5  • 


168  TROIS  CAS  d'opération  césarienne 

Distance  des  trochanters 25,5  centimètres. 

Hauteur  de  la  symphyse  pubienne  .      4,5  » 

Diamètre  antéro-postèrieur 14,5  > 

Conjugué  diagon 5,5  » 

•        vrai 4,3  » 

L'exploration  de  la  cavité  pelvienne  a  démontré  sa  plus  grande 
capacité  dans  la  moitié  gauche  par  rapport  à  la  moitié  droite.  A. 
Texamen  vaginal  on  perçoit  la  dilatation  complète  de  Porifice  du 
col  ;  il  y  a  présentation  de  la  tète  qu'on  peut  facilement  soulever 
en  haut;  la  poche  des  eaux  s'est  vidée  la  veille  au  soir.  Les 
mouvements  et  les  battements  du  cœur  du  fœtus  sont  très  bien 
perçus.  La  plus  grande  circonférence  du  ventre  est  de  81  centim.» 
la  hauteur  du  fond  de  l'utérus  est  de  36  centim.  ;  la  distance  du 
pubis  à  l'ombilic  est  de  18,  la  distance  du  pubis  à  l'appendice 
xiphoide  est  de  41  centim.  La  paroi  abdominale  flasque  est  extrè* 
mement  amincie.  Les  organes  intérieurs  paraissent  sains. 

Ce  bassin  vicié,  dévié,  rachitique  ne  laissait  pas  d'antre  expé- 
dient pour  terminer  Taccouchement  que  l'opération  césarienne 
(indication  absolue).  Je  pratiquai  donc  cette  opération  le  20  octo- 
bre 1889  en  présence  de  mes  élèves.  L'incision  de  la  paroi 
abdominale,  à  cause  de  la  forme  particulière  du  ventre,  a  été  faite 
en  grande  partie  entre  l'ombilic  et  l'appendice  xiphoide.  Une  fois 
Tutérus  amené  au  dehors  de  la  cavité  abdominale,  on  s'est 
empressé  de  réunir  momentanément  les  bords  de  la  plaie  abdo* 
minale  par  des  sutures  afin  d'empêcher  l'issue  de  l'intestin. 
L'utérus  fut  serré  par  la  ligature  élastique  et  incisé  à  sa  face 
antérieure  ;  en  même  temps  le  placenta  qui  adhérait  à  cet  endroit 
fut  intéressé.  Après  l'extraction  d'un  enfant  vivant,  la  muqueuse  a 
été  raclée  avec  un  scalpel  sur  toute  la  surface  ds  l'utérus  et  la 
ca^ité  utérine  essuyée  avec  de  l'ouate  au  sublimé,  puis  saupou- 
drée avec  de  l'iodoforme.  Comme  la  contraction  de  l'utérus  s'effec- 
tua spontanément,  le  tamponnement  préventif  était  inutile,  je 
procédai  donc  à  Tapplication  des  sutures  d'après  la  méthode  du 
cas  précédent.  Une  fois  la  cavité  abdominale  fermée  et  le  bandage 
appliqué,  la  malade  fut  transportée  au  lit.  Garçon  bien  à  terme, 
sain,  pesant  2500  grammes. 

La  marche  des  phénomènes  consécutifs  à  l'opération  fut  tout  à 
fait  satisfaisante.  Dès  le  jour  suivant  le  pouls  était  revenu  ù,  son 
état  normal  ;  la  température  ne  s'est  élevée  qu'une  seule  fois 
(au  7«  jour)  a  38o,3  C.  Les  sutures  furent  enlevées  le  11«  jour. 


DE   OTT  169 

L'incision  8*était  cicatrisée  dans  toute  son  étendue  par  première^ 
intention.  Le  durcissement  des  seins  ne  fut  accompagné  d'aucun 
désordre.  Après  trois  semaines  et  quelques  jours  la  malade  se 
trouvait  en  état  de  sortir  de  Tlnstitut  clinique.  Son  enfant  fut 
placé  aux  Enfants- Trouvés  où  il  mourut  deux  mois  plus  tard. 

J'ai  eu  l'occasion  de  voir  la  malade  11  mois  plus  tard;  elle  m'a 
dit  que  ses  règles  étaient  plus  abondantes.  A  Tezamen  vaginal  je 
n*ai  rien  trouvé  d'anormal. 

Le  troisième  cas  d'opération  césarienne  que  j'ai  pratiquée 
avait  pour  sujet  une  primipare,  chez  laquelle  les  dimensions 
du  bassin  étaient  les  suivantes  : 

Distance  des  crôtes 25,0  centim. 

—  des  épines  antéro-supérieures.  23,0      — 

—  des  trochanters 30,0      — 

Diamètre  antéro-postérieur 17,5      — 

Conjugué  diagon 8,0      — 

—  vrai 6,5      — 

Hauteur  de  la  symphyse  pubienne 4,0      — - 

M.  N...,  âgée  de  23  ans,  native  du  gouvernement  d'Olonetz. 
Bien  constituée  et  bien  nourrie.  Faciès  œdémateux;  paupières 
inférieures  bouffies.  Jambes  tumétiées. 

Fut  réglée  à  18  ans  et  depuis  les  époques  revenaient  très  régu- 
ièrement  toutes  les  3  semaines  et  duraient  7  jours  ;  pour  la  der- 
nière fois  elle  les  a  eues  le  15  mai  1888.  Les  douleurs  commencèrent 
le  10  février  1889  ;  le  matin  du  11,  au  dire  de  la  sage-femme  qui 
avait  amené  la  malade  à  TAsile  d'accouchements,  Torifice  du  col 
permettait  l'entrée  de  deux  doigts  ;  le  soir  du  même  jour  la  poche 
des  eaux  s^était  vidée.  A  Texamen  de  la  malade  (matin  du  12  fé- 
vrier), je  constatai  que  la  tète,  qui  se  présentait  la  première, 
n'était  pas  enclavée  dans  l'entrée  du  bassin,  malgré  les  contrac- 
tions énergiques  de  l'utérus  ;  les  bords  de  rorifice  du  col  sont 
extrêmement  dilatables  et  ilasques.  Le  promontoire  et  les  autres 
parois  du  bassin  étaient  très  accessibles  au  toucher  ce  qui  s'ex- 
plique par  le  rétrécissement  de  toute  la  cavité  pelvienne;  il  s'écoule 
du  vagin  un  peu  de  sang  mélangé  de  petits  débris  de  tissus.  La 
plus  grande  circonférence  du  ventre  est  de  95  centim.;  la  hauteur 
du  fond  de  l'utérus  est  de  35,  la  distance  du  pubis  à  l'ombilic 
est  de  10  et  celle  du  pubis  à  l'appendice  xiphoïde  de  39  centim. 
Le  ventre  est  flasque  dans  une  certaine  mesure.  L'introduction  du 


170  TROIS   CAS   D'OPÉRATION  CESARIENNE 

cathéter  est  extrêmement  laborieuse  à  cause  de  la  forte  pression 
sur  la  vessie  exercée  par  la  tôte.  L'urine  est  trouble,  mélangée  de 
sang;  elle  contient  de  Talbumine.  La  malade  est  en  pleine  cou- 
naissance.  Les  battements  du  cœur  du  fœtus  sont  perçus  très 
distinctement  Comme  le  bassin  de  cette  primipare  présentait  un 
rétrécissement  général  il  était  de  toute  évidence  que  la  terminai- 
son naturelle  de  l'accouchement  (qui  durait  déjà  depuis  à  peu  près 
48  heures)  était  impossible.  Il  n'y  avstit  donc  que  la  ressource 
d^une  opération  ;  le  choix  se  posait  entre  la  perforation  de  la  tète 
d'un  enfant  vivant  et  l'embryotomie  consécutive  et  l'opération 
césarienne.  Dans  le  premier  cas,  en  dehors  du  danger  pour  la 
mère,  à  cause  des  difficultés  techniques  inévitables,  la  vie  de  l'en* 
fant  était  fatalement  sacrifiée.  Nous  avons  donné  la  préférence  à 
l'opération  césarienne  quoique  plus  dangereuse  pour  la  mère  à 
cause  de  Taffection  des  reins  qui  existait  déjà  et  qui  pouvait  deve- 
nir mortelle;  cela  nous  imposait  le  devoir  de  sauver  l'enfant. 
Ayant  bien  pesé  toutes  ces  considérations  et  m'étant  prononcé 
pour  l'opération  césarienne,  à  laquelle  la  malade  avait  donné  son 
consentement,  je  ûs  l'opération  par  le  procédé  de  Porro.  L'amputa- 
tion de  l'utérus  dans  notre  cas  était  indiquée  à  cause  des  modi6- 
cations  de  ses  parois  produites  par  la  pression  prolongée  de  la 
tète  du  fœlus,  ce  qui  pouvait  donner  lieu  consécutivement  à  des 
processus  de  septicémie.  De  plus,  en  amputant  l'utérus  nous  pré- 
servions la  malade  de  la  possibilité  d'une  grossesse  nouvelle.  Cette 
opération  ne  présenta  pas  de  complications.  Le  moignon  fermé  par 
des  sutures  étagées  fut  replacé  dans  la  cavité  abdominale.  Il  n'y 
eut  pas  d'hémorrhagie  après  l'opération.  Un  garçon  à  terme  fut 
extrait  en  l'état  d'asphyxie  légère  ;  il  fut  vite  ramené  à  la  vie.  Son 
poids  était  de  3500  grammes.  Sa  longueur  49  centimètres. 

Dès  le  premier  jour  après  l'opération  l'état  de  la  malade  donna 
lieu  à  de  sérieuses  appréhensions,  Elle  n'urinait  presque  pas;  l'in- 
troduction du  cathéter  ne  donnait  que  quelques  rares  gouttes  que 
la  chaleur  coagulait  en  un  caillot  compact  à  cause  de  la  présence 
dana  l'urine  d'une  forte  quantité  d'albumine.  Le  faciès  de  la  ma- 
lade devint  encore  plus  bouftl.  L'œdème  des  extrémités  s'accentua 
et  le  jour  suivant  la  malade  tomba  dans  le  coma,  accompagné  de 
convulsions  cloniques.  Cet  état  alla  en  empirant,  la  malade  ne 
reprit  pas  connaissance  jusqu'à  la  mort  qui  eut  lieu  2  jours  et  demi 
après  l'opération.  La  température  pendant  tout  ce  temps  resta 
normale;  le  pouls  devint  plus  fréquent  (de  120  à  140  pulsations)  le 


PINARD  171 

dernier  jour  seulement.  La  quantité  totale  de  Turine  obtenue 
pendant  les  jours  qui  suivirent  l'opération  ne  dépassa  pas  trois 
cuillères  à  thé.  L'issue  mortelle  dans  ce  cas  fut  le  résultat  d'une 
néphrite  parenchymateuse  aiguë;  ce  diagnostic  fut  aussi  conUrmé 
à  Fautopsie^  faite  par  M.  le  professeur  Afanassieff.  Tous  les  autres 
organes  étaient  sains.  La  plaie  abdominale  avait  eu  le  temps  de 
8*agglutiner  solidement.  Le  moignon  utérin  se  présenta  réuni  par 
première  intention;  le  péritoine  dans  toute  son  ét'indue  ne  pré- 
sentait rien  de  pathologique.  Les  dimensions  du  squelette  pelvien 
confirmèrent  les  mensurations  prises  pendant  la  vie. 

Ce  dernier  cas  présente  un  intérêt  tout  particulier,  car, 
malgré  la  délivrance  hâtive  de  l'utérus,  Téclampsie  n'en  fut 
pas  moins  fatale  el  la  malade  succomba  à  Turémie.  Par  con- 
séquent notre  cas  dément  les  résultats  favorables  présentés 
par  M.  Halbertsma  dans  son  rapport  au  X**  congrès  interna- 
tional «  sur  l'opération  césarienne  dans  Téclampsie  » .  Néan- 
moins il  est  de  toute  évidence  que  dans  notre  cas  toute  autre 
fnçon  d*agir  aurait  été  condamnable.  Sans  l'opération  césa- 
rienne l'enfant  était  sacrifié  et  la  mère  n*y  gagnait  rien,  car 
elle  devait  succomber  à  sa  néphrite.  Donc,  des  deux  maux 
nous  avons  choisi  le  moindre  et  nous  avons  sauvé  la  vie  de 
Tenfant. 


NOUVEAUX  DOCUMENTS  POUR  SERVIR  A   L'HISTOIRE 
DE  LA  GROSSESSE  EXTRA-UTÉRINE 

(Fin)  (1) 
Par  le  Professeur  A.  Pinard. 


Ob8.  X.  —  Grossesse  extra-utérine  ayant  évolué  jusqu'au 
6®  mois.  Rupture  du  sac.  Fœtus  à  nu  dans  la  cavité  abdo- 
minale. Laparotomie  trois  mois  après  la  mort  du  fœtus ^  par 
MM.  Pinard  et  Segond.  Guérison. 

Femme  âgée  de  38  ans,  multipare,  entrée  à  la  Clinique  Baude- 
locque,  le  15  janvier  1891. 
Cette  femme  a  eu  deux  accouchements  spontanés  et  à  terme,  le 

(1)  Voir  Anfutles  de  gynécologie,  1892,  juillet,  p.  1,  et  août,  p.  99. 


172     DOCUMENTS  POUR  LA  GROSSESSE   EXTRA-UTÉRINE 

dernier,  il  y  a  huit  ans.  Les  8uites  de  couches  ont  été  normales  et 
la  menstruation  a,  depuis  cette  époque,  toujours  été  régulière 
jusqu'au  mois  de  mars  1890. 

A  la  fin  du  mois  de  mars,  elle  éprouve  des  douleurs  dans  le  bas 
ventre,  douleurs  persistant  pendant  le  mois  d'avril,  mais  ne  Tem- 
péchant  pas  toutefois  de  vaquer  à  ses  occupations.  Le  15  mai,  brus- 
quement, à  deux  heures  de  Taprès-midi,  elle  est  prise  d*une  dou- 
leur violente  qui  lui  arrache  des  cris  et  la  rend  incapable  de  tout 
mouvement.  Elle  ne  perd  pas  cependant  connaissance.  Cinq  ou  six 
de  ces  accès  se  reproduisirent,  dit-elle,  dans  le  mois  de  mai.  On 
crut  alors  à  une  péritonite  causée  par  une  tumeur  et  elle  entra 
dans  un  service  de  chirurgie  où  le  chef  de  service  ne  voulut  pas 
pratiquer  la  laparotomie,  en  raison  du  mauvais  état  général  de 
cette  femme. 

Rentrée  chez  elle,  son  état  s'améliora  et  le  25  août,  elle  perçut 
nettement  les  mouvements  de  son  enfant,  ce  qui  l'étouna  beaucoup» 
car  jusque-là,  ni  les  médecins  qui  Tavaient  examinée,  ni  elle-même 
n'avaient  pensé  à  une  grossesse. 

Quoiqu'elle  fût  obligée  de  garder  le  lit,  son  état  général  se  modi- 
fia heureusement  pendant  les  mois  de  septembre  et  d*octobre. 
Le  15  octobre,  elle  perçut  les  mouvements  de  son  enfant  pour  la 
dernière  fois,  et  aussitôt  les  phénomènes  douloureux  et  réaction- 
nels  disparurent  et  cette  femme  put  alors  quitter  le  lit  et  vivre  de 
la  vie  ordinaire.  Il  n'y  eut  pas  de  faux  travail,  pas  de  montée  lai- 
teuse, pas  d'hémorrhagie. 

Le  25  janvier,  cette  femme  vint  à  notre  consultation  afin  de 
savoir  quand  elle  accoucherait,  et  si  on  ne  devait  pas  lui  enlever 
la  tumeur  dont  on  lui  avait  parlé,  avant  ou  après  son  accouchement. 
Le  T>'  Potocki,  clief  de  clinique,  qui  l'examina  tout  d'abord,  n'hé- 
sita pas  à  porter  le  diagnostic  de  grossesse  extra-utérine  et  le  pro- 
fesseur Pinard  confirma  ce  diagnostic  le  lendemain.  En  effet,  le 
A'entre  de  cette  femme  était  développé  comme  il  l'est  généralement 
à  6  mois  de  grossesse,  mais  il  présentait  un  aspect  irrégulier.  La 
palpation  permettait  de  reconnaître  une  tumeur  très  mobile,  placée 
en  diagonale  de  haut  en  bas,  et  de  gauche  à  droite.  De  plus,  on 
percevait  en  un  point  de  cette  tumeur  une  crépitation  osseuse 
manifoste.  Une  autre  tumeur  placée  sur  la  ligne  médiane  et  8*élc- 
vant  à  quelques  centimètres  au-dessus  de  la  symphyse  était  immo- 
bile. L*au8Cultation  était  négative. 

Le  toucher  fit  rencontrer  le  col  en  avant,  derrière  la  symphyse,  et 


PINARD  173 

en  combinant  le  toucher  au  palper^  il  fut  facile  de  reconnaître 
que  la  tumeur  inférieure  et  médiane  était  constituée  par  l'utérus. 
Le  cathétérisme  de  cet  organe  montra  qu'il  était  vide  et  mesurait 
9  centim.  5. 

Si  le  diagnostic  de  grossesse  extra-utérine  était  relativement 
facile,  un  fait,  cependant,  préoccupait  le  D*"  Pinard,  c'était  la  mobi- 
lité de  la  tumeur  supérieure,  circonstance  qui  ne  se  rencontre 
guère  dans  le  cas  de  kyste  fœtal.  Aussi  se  proposa-t-il  d'explorer 
la  cavité  abdominale  avant  de  suturer  le  kyste,  en  pratiquant  la 
laparotomie. 

Pendant  qu'on  aseptisait  cette  femme,  elle  eut  ses  règles  qui 
commencèrent  le  28  janvier,  c'est-à-dire  trois  mois  après  la  mort 
de  l'enfant.  Ces  règles  durèrent  trois  jours  et  déterminèrent  pen- 
dant ce  temps  un  état  fébrile,  la  température  monta  à  38^,8. 

Pour  ces  raisons,  cette  femme  ne  fut  opérée  que  le  4  février  avec 
l'assistance  du  D"  Segond.  M.  Pinard  pratiqua  une  incision  sur  la 
ligne  médiane  et  allant  de  l'ombilic  à  deux  travers  de  doigt  au- 
dessus  de  la  symphyse  car  la  vessie  remontait  assez  haut.  Le 
péritoine  était  extrêmement  épaissi  et  vasculaire.  Dès  que  ce  der- 
nier fut  incisé,  la  tète  du  fœtus  apparut  libre  au  milieu  des  anses 
intestinales.  La  main  introduite  permet  de  constater  que  lo  fœtus 
est  libre  et  à  nu  dans  la  cavité  abdominale  et  qu'il  n'y  a  d'adhé- 
rences qu^avec  des  tractus  membraneux  qui  vont  se  perdre  dans 
l'excavation.  Ces  tractus  s'insèrent  sur  la  tète,  la  jambe  et  le  pied 
gauches.  On  procède  avec  lenteur  à  l'extraction  en  détruisant  faci- 
lement les  adhérences  sans  produire  aucune  hémorrhagie. 

Le  fœtus  pesant  580  gr.  n'était  plus  relié  au  placenta  par  le  cor- 
don. Ce  dernier  avait  disparu. 

La  main  réintroduite  alla  à  la  recherche  soit  du  kyste  fœtal  soit 
du  placenta,  mais  ne  rencontra  qu'une  masse  considérable  rem- 
plissant toute  la  partie  gauche  de  Texcavation.  Cette  masse  pla- 
centaire pesant  450  gr.  fut  enlevée  avec  la  main  sans  produire 
d'hémorrhagie. 

Quelques  ligatures  furent  appliquées  sur  de  minces  pédicules 
membraneux  ;  la  cavité  pelvienne  fut  nettoyée  avec  des  éponges. 
De  la  gaze  iodoformée  fut  introduite  jusqu'au  fond  du  bassin,  la 
plaie  abdominale  fut  suturée  dans  ses  2/3  supérieurs  et  un  panse- 
ment compressif  fut  appliqué.  L'opération  dura  40  minutes.  Les 
suites  opératoires  furent  des  plus  simples.  Un  seul  jour,  le  troi* 


174     DOCUMENTS  POUR  LA  GROSSESSE  KXTRA-UTÉRINR 

sième,  la  température  atteignit  38<>.  La  gaze  iodoformée  fut  retirée 
le  11  février  c'est-à-dire  le  G«  jour  après  Topération  et  remplacée 
par  un  petit  tube  à  drainage  et  le  28  février,  24  jours  après  Topé- 
ration,  la  cicatrisation  était  complète  et  la  femme  se  levait. 

Le  14  mars,  jour  de  son  départ,  on  constatait  qu'il  n'y  avait  plus 
trace  d*induration  dans  le  petit  bassin. 

Remarques.  —  Cette  observation  est  extrêmement  inté- 
ressante puisqu'elle  montre  que  le  kyste  fœtal  peut  se  rom* 
pre  sans  déterminer  ni  hémorrhagie  ni  péritonite. 

Elle  prouve  aussi  la  tolérance  de  Tintestin  en  rapport 
avec  un  liquide  amniotique  normal  et  un  fœtus  simplement 
macéré.  L'action  absorbante  des  cellules  du  péritoine  est  ici 
manifeste  puisque  les  parois  du  kyste  avaient  presque  dis- 
paru ainsi  que  le  cordon  ombilical. 

Il  faut  encore  remarquer  la  facilité  et  Tinnocuité  de  l'ex- 
traction immédiate  du  placenta  qui  ne  fut  suivie  d'aucune 
hémorrhagie. 

C'est  sur  les  instances  de  mon  excellent  ami  et  collègue  le 
D'  Segond  que  fut  décidée  cette  extraction  immédiate  qui 
n'était  pas  sans  m'effrayer  quelque  peu.  Ce  n'est  pas,  du  reste, 
la  seule  fois  que  j*aie  eu  à  me  louer  de  sa  précieuse  colla- 
boration. 

Obs.  XI.  —  Grossesse    extra-uiérine  ayant   évolué  jusqu'au 

7«  mois.  —  Laparotomie.  —  Guérison, 

Cl...»  âgée  de  28  ans,  primipare,  mariée  depuis  deux  ans.  Pas 
d'antécédents  héréditaires.  Ne  sait  à  quoi  Age  elle  a  marché.  Pas 
d'antécédents  pathologiques. 

Elle  a  été  réglée  à  onze  ans  ;  depuis  cette  époque,  elle  a  été  régu- 
lièrement réglée  (quatre  ou  cinq  jours)  niais  avec  douleurs  le 
premier  jour  pendant  deux  ou  trois  houres. 

Ses  dernières  règles  ont^  dit-elle,  eu  lieu  du  16  9u  âO  août  18111; 
mais  les  dernières  règles  sont  probablement  du  25  ou  26  juin  car  11 
n*y  a  pas  eu  de  menstruation  au  mois  de  juillet.  Au  mois  de  juillet, 
en  présence  de  ce  retard,  elle  se  croit  enceinte  bien  qu^elle  n*éprouve 


'     PINARD  175 

aucun  phénomène  sympathique.  Pas  de  douleur^B  pelviennes  ni  de 
compression. 

A  l'époque  où  les  règles  ont  manqué  (86  juillet)  la  malade  à 
assisté  à  l'accident  de  St-Mandé. 

Les  dernières  règles  (?)  du  10  au  20  août  se  sont  montrées  comme 
d'habitude,  môme  quantité,  même  coloration,  môme  durée.  Le 
22  août  l'écoulement  de  sang  ayant  complètement  cessé,  vers  6  h. 
du  soir,  Cl...  a  ressenti  des  douleurs  dans  la  région  lombaire,  dou- 
leurs qui  ont  irradié  bientôt  dans  l'abdomen  en  descendant  vers  le 
petit  bassin  et  qui  ont  nécessité  immédiatement  le  repos  au  lit.  Ces 
douleurs  allaient  en  augmentant  d'intensité  et  elles  revotaient  la 
forme  de  brûlures  avec  sensation  de  constriction.  La  palpation  du 
ventre  était  extrêmement  pénible.  Vers  9  h.  du  soir,  il  se  produisit 
une  rémission  notable.  Le  lendemain,  nouvelle  crise,  exigeant 
encore  le  repos  au  lit,  moins  forte  que  celle  de  la  veille,  et  ne 
durant  que  deux  heures.  En  dehors  des  crises,  simple  courbature, 
pas  de  phénomènes  pathologiques. 

Le  27  août«  à  la  suite  d'efforts  pour  aller  à  la  garde-robe,  nou- 
velle crise  compliquée  d'une  lipothymie  assez  prolongée  (1/2  heure). 
Un  médecin  appelé  ordonna  une  piqûre  de  morphine.  Vomis- 
sements muqueux.  Cl...,  fut  obligée  de  garder  le  lit  pendant 
une  quinzaine  de  jours,  tl  cause  de  la  fatigue  qu'elle  éprouvait,  (las- 
situde, faiblesse  générale,  brisure  de  jambes).  Elle  peut  ensuite, 
reprendre  son  travail  et  se  porte  bien  jusqu'au  7  octobre. 

De  temps  en  temps,  cependant^  elle  éprouvait  des  élancements 
dans  la  région  hypogastrique,  surtout  à  gauche,  et  elle  avait  à  ce 
niveau  une  sensation  de  pesanteur  continuelle.  La  défécation  était 
très  douloureuse  et  les  besoins  d'uriner  très  fréquents.  Il  n'existait 
pas  de  troubles  digestifs  et  l'appétit  était  satisfaisant. 

Le  7  octobre,  crise  douloureuse  beaucoup  moins  violente  que  les 
précédentes,  mais  persistant  le  lendemain  et  le  surlendemain. 
Piqûre  de  morphine.  Cl...  fut  obligée  de  garder  le  lit,  et  le  12  oc- 
tobre, elle  eut  une  autre  attaque  très  vive  avec  tendance  à  la  syn- 
cope. Les  jours  suivants,  sensation  de  serrement  dans  l'abdomen. 

Au  commencement  de  novembre,  elle  a  ressenti  une  douleur 
plus  vive,  et  elle  a  commencé  ù.  perdre  du  sang  en  petite  quantité 
et  ayant  la  môme  coloration  que  le  sang  menstruel.  Pas  de  caillots. 
Le  médecin  parlait  de  fausse  couche. 


176     DOCUMENTS  POUR  LÀ  GROSSESSE   EXTRA-UTÉRINE 

Vers  le  10,  elle  expulsa  sans  effort  et  sans  augmentation  de 
rhémorrhagie  «  des  débris  de  membranes  en  petite  quantité  > .  Le 
médecin  prescrivit  un  bain.  Il  appela  en  consultation  uu  confrère 
qui  conseilla  •  de  ne  pas  pratiquer  l'avortement  par  crainte  decom- 
plications  péritonitiques  >.  Ils  ont  discuté  la  grossesse  extra*utérine 
et  paraissent  avoir  pensé  plutôt  à  la  rétroversion  de  Tutérus  gra- 
vide. Repos  absolu.  Injections  antiseptiques  très  chaudes. 

Vers  le  milieu  de  décembre,  les  phénomènes  douloureux  ont 
disparu.  La  malade  se  levait  de  son  lit,  mais  ne  pouvait  marcher 
que  très  peu  et  se  fatiguait  très  facilement.  Elle  perdait  conti* 
nuellement  un  liquide  de  couleur  routfse,  d'abondance  variable. 
Aucune  douleur. 

Cependant,  son  ventre  avait  augmenté  de  volume,  surtout  aux 
dépens  de  la  portion  latérale  gauche.  Dans  le  décubitus  latéral 
gauche,  il  tombait  tout  de  ce  côté  où  il  existait  une  tumeur  ar- 
rondie, régulière,  s'élcvant  jusqu'au  niveau  de  l'ombilic.  L'amai- 
grissement n'était  pas  très  prononcé,  mais  la  faiblesse  toujours 
grande. 

Mêmes  symptômes  pendant  les  mois  de  janvier  et  février  1892. 
A  partir  du  22  février,  elle  a  perdu  pendant  4  ou  5  jours  du  sang 
rouge  sans  caillots. 

Pas  de  douleurs.  Depuis  cette  époque,  aucun  phénomène  dou- 
loureux, aucune  perte  de  sang. 

La  malade  a  senti  remuer  pendant  trois  semaines  dans  le  courant 
de  février;  Tenfant  a  cessé  de  remuer  quelques  jours  après  la  ces- 
sation de  rhémorrhagie  de  février;  le  ventre  est  alors  tombé 
rapidement  ainsi  que  les  seins.  Il  ne  semble  pas  qu'il  y  ait  eu  de 
fluxion  mammaire  après  la  mort  du  fœtus.  Ne  souffre  plus  depuis 
janvier.  , 

Le  20  mars,  dans  la  nuit,  commence  à  perdre  du  sang  en  petite 
quantité. 

A  son  entrée  dans  le  service,  le  20  mars,  on  trouve  cette  femme 
bien  conformée;  elle  ne  présente  pas  d'œdème  des  jambes^  mais 
simplement  quelques  varicosités.  La  pression  des  seins  fait 
sourdre  quelques  gouttes  de  colostrum  ;  légère  pigmentation  de 
l'aréole;  ligne  brune  du  ventre  assez  marquée  ;  ventre  irrégulière- 
ment développé,  saillant,  surtout  du  côté  gauche.  Au-dessous  de 
l'ombilic,  plaques  pigmentées  à  gauche  et  à  droite,  traces  de  vécd- 
catoires  appliqués  le  27  août.  Vergetures  marquées  à  la  partie 


PINARD  177 

supérieure  et  externe  des  cuissos.  Les  parois  abdominales  sont 
minces,  se  déplacent  aisément  dans  tous  les  points.  Matité  remon- 
tant sur  la  ligue  médiane  à  un  travers  de  main  au-dessus  de  la 
symphyse  pubienne,  dépassant  à  droite  la  ligne  médiane  de  deux 
travers  de  doigt,  et  à  gauche  d'un  travers  de  main  ;  le  bord  supé- 
rieur de  cette  tumeur  remonte  à  deux  travers  de  doigt  au-dessous 
de  l'ombilic.  Nulle  part  on  ne  perçoit  de  crépitation  péritonitique. 
Palper  douloureux,  surtout  à  gauche.  Lfi  tumeur  donne  la  sensa- 
tion d'un  kyste  bien  tendu  dans  lequel  il  est  impossible  de  perce- 
voir le  moindre  ballottement.  Cette  tumeur  n'a  aucune  mobilité  ; 
elle  a  l'apparence  d'un  utérus  gravide  de  quatre  mois  en  latérover- 
sion  gauche.  Pas  de  coloration  particulière  des  organes  génitaux 
externes,  vaginisme.  Par  le  toucher  et  le  palper  combinés,  on  sent 
à  la  partie  inférieure  droite  de  la  grosse  tumeur  que  nous  venons 
de  décrire,  une  sorte  d'annexé  qui  est  le  corps  de  l'utérus  hyper- 
trophié, remontant  à  trois  travers  de  doigt  au-dessus  du  pubis 
droit  et  paraissant  faire  corps  avec  la  tumeur. 

Le  cul-de-sac  latéral  gauche  postérieur  est  occupé  par  le  pôle 
inférieur  de  la  tumeur. 

Plusieurs  jours  avant  l'opération,  on  donne  à  la  malade  du 
naphtol  et  du  cascara,  un  purgatif  et  un  grand  bain. 

Opération^  le  l*^""  avril  1892.  —  Incision  de  la  paroi  abdominale 
sur  la  ligne  médiane  ;  incision  du  kyste  fœtal  ;  suture  à  la  soie  des 
parois  du  kyste  à  la  paroi  abdominale.  Incision  du  placenta  qui  se 
trouve  inséré  sur  la  face  antérieure  du  kvste  et  extraction  d'un 
fœtus  macéré  de  290  gr. 

Le  placenta  est  laissé  dans  le  kyste  ;  on  nettoie  le  kyste  avec  dos 
éponges  trempées  dans  la  solution  phéniquée  au  1/20  et  on  appli- 
que le  pansement. 

M.  Pinard  ne  put  faire  qu'une  petite  incision  du  kyste  en  raison 
d'une  anse  intestinale  qui  passait  en  cravate  au  devant  de  celui-ci 
et  qui  présentait  des  adhérences  qui  ne  purent  être  détruites.  Il 
put  cependant,  en  pratiquant  des  tractions  très  douces  et  lentes, 
extraire  le  fœtus  après  avoir  mis  un  point  de  suture  pour  empo- 
cher Imcision  de  s'agrandir  et  de  léser  l'anse  intestinale. 

10  avril.  Pour  la  première  fois  depuis  l'opération,  c'est-à-dire 
10  jours  après,  M.  Pinard  fait  le  pansement,  les  bords  de  la  plaie 
sont  d'un  rouge  vif,  normal.  M.  Pinard  enlève  la  gaze  iodoformée 
qui  se  trouve  dans  le  kyste  et  remarque  que  le  cordon  ombilical  a 

Aini .  Dit  OTK.   —  VOU  XXXVllU  18 


178      DOCUMENTS   POUR   LA   GROSSESSE   EXTRA-UTÉRINE 

contracté  des  adhérences  avec  ce  dernier,  adhérences  qu*il  détruit- 
Il  remplace  la  gaze  iodoformée  et  ne  fait  aucunn  tentative  pour 
décoller  le  placenta.  Température  normale. 

Le  17.  Quantité  de  pus  assez  considérable  sortant  du  kyste,  sans 
odeur.  Nouveau  pansement,  température  normale. 

Le  18,  matin.  M.  Pinard  veut  pratiquer  la  délivrance  artiOcielle.  IL 
ne  parvient  à  extraire  que  60  gr.  de  placenta,  mais  il  décolle  l'au- 
tre partie  qui  reste  adhérente  encore  par  une  petite  portion  et  laisse 
les  choses  en  état. 

Lavage  à  l'eau  naphtolée.  Pansement. 

Le  19.  M.  Pinard  ne  peut  retirer  que  quelques  petits  fragments 
de  placenta  (40  gr.).  Deux  pansements  par  jour. 

Le  ^1.  20  gr.  de  placenta. 

Le  24.  60  gr.  — 

Le  26.  30  gr.  — 

Le  30.  60  gr.  — 

Tout  le  placenta  est  extrait.  On  sent  nettement  les  parois  lisses 
du  kyste,  peux  pansements  par  jour.  Le  premier  jet  de  liquide  est 
trouble. 

Sortie  le  29  mai,  ayant  encore  un  petit  trajet  ûstuleux  duquel  il 
ne  sort  rien. 

Remarques.  —  Cette  observation  est  surtout  intt^ressante 
parce  qu'elle  montre  une  fois  de  plus  (voyez  obs.  VI)  l'exis- 
tence d'anses  intestinales  passant  en  fronde  sur  la  face  anté- 
rieure du  kyste  fœtal. 

Obs,  XII.  —  Grossesse  extra-utérine  ayant  évolué  jusqu*au 
septième  )nois.  Rupture  du  hyste.  Fœtus  à  nu  dans  la  cavité 
abdominale.  —  Laparotomie.  Guérison. 

Mme  X...,  âgée  de  32  ans,  ne  présente  aucun  antécédent  hérédi- 
taire important  :  son  père  est  vivant  ;  sa  mère  est  morte  à  68  ans. 
ayant  eu  huit  enfants  dont  deux  jumeaux. 

Parmi  les  trois  sœurs  de  la  malade,  deux  n'ont  pas  eu  de  jrros- 
sesse  ;  la  troisième  a  eu  dix  enfants. 

Élevée  au  sfin  par  sa  mère,  M"»«  X...  a  marché  à  18  mois  et  n*a 
fait  aucune  maladie  grave  dans  rcnfance.  A  23  ans  elle  aurait  eu 
une  «  lièvre  muqueuse  ». 

La  menhtruatioii  s'csl  établie  vers  la  treizième  année ,  d'une  fa- 


1 


PINARD  179 

çon  régulière,  sans  grandes  douleurs.  L'écoulement  sanguin  dure 
habituellement  trois  jours,  sans  s'accompagnerjamais  de  douleurs 
ni  de  caillots  sanguins.  Pas  d'écoulement  leucorrhéique  dans  l'in- 
tervalle des  règles. 

Mariée  à  25  ans,  cette  jeune  femme,  n'ayant  pas  de  grosset^se, 
alla  consulter  M.  Pinard  en  novembre  1886,  pour  savoir  quelle 
était  la  cause  de  cette  absence  de  grossesse.  M.  Pinard  lui  répondit 
que  la  conception  était  parfaitement  possible  sans  aucun  traite- 
ment spécial.  ^ 

La  malade  devint  enceinte  Tannée  suivante;  les  règles  apparu- 
rent pour  la  dernière  fois  le  29  août  1887.  La  grossesse  ne  fut  mar- 
quée par  aucun  incident,  Taccoucheuient  eut  lieu  à  terme  à  la  suite 
d'un  travail  qui  dura  27  heures  ;  le  fœtus  se  présentait  par  le  siège 
complet  et  succomba  pendant  l'extraction  faite  avec  le  forceps  ap- 
pliqué sur  le  siège.  L'enfant,  du  sexe  féminin^  n'a  pas  été  pesé, mais 
était  très  gros  et  mesurait  50  cent,  de  longueur.  Les  suites  de  cou 
chesont  été  bonnes; les  règles  ont  reparu  deux  mois  après  Taccou- 
chement;  depuis  cette  époque  la  menstruation  a  été  régulière,  peu 
abondante  et  d'une  durée  de  deux  jours  chaque  mois. 

La  santé  est  restée  bonne ,  il  n'y  a  guère  à  noter  qu'un  certain 
amaigrissement.  La  malade  a  maigri  en  elfet  de  plus  de  10  kilog. 
pendant  les  3  ou  4  années  qui  ont  suivi  ce  premier  accouchement. 

En  1891,  la  malade  a  ses  règles  comme  à  l'ordinaire  le  12  mai  ; 
elle  ne  perd  pas  de  sang  dans  le  mois  de  juin,  ne  ressent  aucune 
douleur,  mais  éprouve  des  phénomènes  sympathiques  de  la  gros- 
sesse (nausées,  vomissements,  dégoût  pour  certains  aliments  et 
boissons,  etc.).  Le  13  juillet  cette  jeune  femme  ressent  des  douleurs 
dans  le  bas-ventre,  douleurs  extrêmement  vives,  qui  ressemblent 
aux  douleurs  de  l'accouchement;  ces  douleurs  sont  survenues 
brusquement  et  avec  une  intensité  très  marquée.  La  sage-femme 
qui  soigne  la  malade,  M"»»  Largeot,  est  appelée,  pense  qu'il  s'agit 
d'un  avortement  imminent  et  administre  pluHieuns  lavements 
laudanisés  ;  ce  qui  n'empêche  pas  qu'au  bout  de  48  heures  du  sang 
apparaît,  sang  i  ouge,  môle  de  quelques  caillots  ;  cet  écoulement, 
qui  s'accompagne  de  douleurs,  est  bientôt  suivi  (le  20  juillet)  de 
rexjmlsion  ■  d'une  caduque  complète  sans  embryon  qui  roprodui- 
saità  merveille  le  moule  de  la  cavité  utérine  ».  La  sage-femme 
n'avait  jamais  vu,  dit-elle,  «  de  délivrance  aussi  bien  formée  dans 
un  avortement  ».  Lorsque  cette  expulsion  fut  faite,  la  malade per- 


180      DOCUMENTS   POUR   LA   GUOSSESSK   EXTRA-UTÉRIN K 

dit  moins  de  sang  et  put  se  lever  le  8  août.  L'écoulement  sanguin 
fut  moins  abondant  que  dans  une  fausse  couche  ordinaire.  A  cotte 
époque  la  sage-femme  était  convaincue  que  Tavortement  avait  eu 
lieu  et  qu'il  n'y  avait  plus  de  grossesse. 

M™û  X...  quitte  Paris  le  15  août  pour  se  rendre  au  bord  df>  la 
mer;  à  la  suite  du  voyage  en  chemin  de  fer,  elle  souffre  un  peu  du 
ventre  et  est  obligée  de  prendre  le  lit  en  arrivant.  Cependant  pen- 
dant son  séjour,  elle  peut  faire  quelques  courses;  mais  après  cha- 
que e.\cursion,  elle  éprouve  quelques  douleurs  dans  le  bas-vontre. 
Elle  rentre  à  Paris  le  le  septembre, souffrant  très  peu  du  ventre; 
c'est  seulement  le  25  septembre  que,  continuant  à  ressentir  quel- 
ques malaises  sympathiques  de  la  grossesse  (en  particulier  un  dé- 
goût marqué  pour  le  cidre),  elle  consulte  à  nouveau  M"»»  Lar- 
geot  ;  les  règles  ne  sont  pas  venues  en  septembre  et  la  malade  pense 
qu'il  s'agit  d'une  seconde  grossesse.  M"«  Largeot  en  exami- 
nant, est  surprise  de  trouver  un  gros  utérus,  débordant  notable- 
ment la  symphyse  pubienne,  et  conclut  à  l'existence  d'une  gros- 
sesse de  trois  mois  et  demi  ;  c  et  pourtant,  dit- elle,  j'étais  sûre 
d'avoir  eu  une  délivrance  de  deux  mois  le  20  juillet  ».  Elle  émet 
l'idée  qu'il  y  avait  grossesse  gémellaire  et  que  l'un  des  deux  fœtus 
ayant  été  expulsé,  l'autre  a  continué  à  se  développer. 

La  grossesse  évolue  normalement  en  apparence  ;  la  femme  per- 
çoit les  mouvements  actifs  le  20  octobre  et  les  a  perçus  d'une 
manière  très  nette  jusqu'au  24  novembre.  Le  20  novembre,  elle 
perd  un  peu  de  sang  et  se  met  au  lit,  éprouvant  d'ailleurs  quel- 
ques  douleurs  dans  le  ventre.  Le  25  novembre,  en  raison  du  froid, 
on  allume  un  poêle  Choubersky  dans  sa  chambre  ;  il  s'éteint  dans 
la  nuit  en  répandant  une  assez  mauvaise  odeur  ;  on  le  rallume 
dans  la  journée  du  26  novembre;  le  soir.  A  8  heures,  la  malade, 
qui  était  restée  toute  la  journée  dans  son  lit,  est  prise,  en  man- 
geant le  potage,  d'une  syncope,  puis  de  douleurs  extrêmement 
vives  dans  le  ventre  et  de  vomissements  intenses.  M*"*  Lar* 
geot,  appelée  en  toute  hûte,  arriva  cinq  minutes  après  le  début  de 
la  crise  ;  la  malade  souffrait  dans  le  ventre  et  criait  à  tel  point 
qu'on  renten<iait  du  bas  de  l'escalier  :  t  Déjà,  il  n'y  avait  plus  tic 
pouls,  lo  faciès  était  dêlipfuré  comme  dans  la  péritonite  aiguP,  los 
yeux  tournés  et  vitreux,  les  menibres  froids  ;  elle  criait  et  vomis- 
sait sans  interruption  et  je  puis  dire  que  je  n'ai  jamais  vu  pareille 
crise,  t 


PINARD  181 

Le  médecin  de  la  famille,  Le  D'  J...,  que  l'on  était  allé  chercher 
en  même  temps  que  la  sage-femme,  arriva  peu  de  temps  après  ; 
tous  deux,  jugeant  la  situation  grave,  craignant  une  intoxication 
par  l'oxyde  de  carbone,  demandèrent  une  consultation  pour  le 
soir  môme.  Un  accoucheur  de  profession  examina  la  malade,  en- 
tendit les  battements  du  cœur  fœtal  et  <  conclut  à  un  embarras 
gastrique  avec  constipation  et  conseilla  de  donner  des  lavements 
et  de  la  purger  plusieurs  jours  de  suite  ».  Une  piqûre  de  mor- 
phine fut  faite  dans  la  soirée  par  le  D""  J...,  qui  s'assura  d'abord 
que  l'urine  ne  contenait  pas  d'albumine.  C'est  seulement  après 
cotte  piqûre  et  cinq  heures  après  le  début  de  la  crise  que  la  ma- 
lade recouvra  un  peu  de  calme,  que  le  pouls  redevint  perceptible 
et  que  la  malade  se  réchaulTa.  Les  douleurs  s'étai'înt  un  peu  cal- 
mées, mais  étaient  surtout  localisées  dans  la  partie  supérieure  du 
ventre  et  du  côté  gauche.  Irradiations  douloureuses  de  chaque 
côté  de  la  poitrine,  «  à  huit  heures  du  matin  le  pouls  était  à  140, 
la  température  était  de  41».  Le  D'  J...,  croyant,  en  raison  des  dou- 
leurs vives,  à  une  crise  de  colique  hépatique,  demanda  en  consul- 
tation un  médecin  des  hôpitaux  qui  vint  vers  dix  heures  du 
matin  ;  après  examen  de  la  malade,  il  conclut  à  l'existence  d'une 
colique  hépatique,  entendit  les  bruits  du  cœur,  les  compta  même 
et  émit  l'idée  que  la  grossesse  était  plus  avancée  qu'on  ne  le 
supposait  ;  il  émit  un  pronostic  favorable  au  point  de  vue  de  la 
marche  de  la  grossesse. 

La  malade  continua  à  souffrir  beaucoup  pendant  toute  la  jour- 
née du  27  ;  les  vomissements  bilieux  persistèrent  pendant  trois  ou 
quatre  jours.  Des  injections  de  morphine  furent  pratiquées  tant 
que  durèrent  les  phénomènes  douloureux  ;  le  pouls  resta  à  120 
pendant  plus  de  trois  semaines  et  la  température  se  maintint 
entre  39«  et  40^'.  La  malade  n'eut  de  rétention  d'urine  que  pen- 
dant quelques  heures  ;  le  cathétérisme  ne  fut  pratiqué  qu'une  fois. 
L'intestin  fonctionna  toujours  régulièrement.  Peu  à  peu  la  tem- 
pérature revint  à  la  normale;  le  pouls  resta  petit  et  rapide  jus- 
qu'à la  fin  de  janvier. 

En  décembre  la  femme  n'éprouvait  guère  d'autre  malaise  qu'une 
certaine  difficulté  pour  se  mettre  sur  le  côté  gauche. 

A  partir  du  î^4  décembre,  la  malade  commença  à  perdre,  d'une 
façon  intermittente,  par  les  organes  génitaux  un  liquide  couleur 
chocolat:  cet  écoulement  dura  jusqu'au  ï27  janvier.  Peu  îl  peu 


182      DOCUMENTS   POUR  LA  GROSSISSE   EXTRA-UTÉRINE 

'état  de  la  malade  s'améliora  ;  elle  put  se  lever  le  7  février  et  com- 
mença à  reprendre  son  train  de  vie  ordinaire.  Pendant  toute  la 
durée  du  séjour  au  lit,  aucun  examen  n'avait  été  pratiqué,  parce 
que  la  femme  souffrait  du  ventre  et  qu'elle  perdait.  Le  15  février, 
^ruv  Largeot  croyant  l'époque  du  terme  proche,  pratique  le  t«)ii- 
cher  et  constate  qu'il  nV  a  pas  de  partie  fœtale  engagée. 

A  G  heures  du  matin  le  20  février,  la  femme,  se  croyant  en 
travail,  envoie  chercher  M™«  Largeot  ;  en  arrivant,  celle-ci  cons- 
tate que  les  douleurs  sont  précipitées,  reviennent  toutes  les  2  ou 
8  minutes,  et  qu'elles  ont  tous  les  caractères  des  douleurs  de  la 
période  d'expulsion.  Elle  se  félicite  de  ce  que  cet  accouchement  va 
durer  peu  de  temps  ;  la  malade  poussait  ;  au  grand  étonnement 
de  la  sage-femme,  en  touchant  elle  constate  que  «  le  col  est  long 
et  ne  ressemble  en  rien  à  un  col  de  grossesse  à  terme  •.  A  midi  les 
douleurs  commencent  à  diminuer  d'intensité  pour  cesser  complè- 
tement vers  six  heures  du  soir. 

Le  21  février,  apparition  des  règles  qui  durent  deux  jours. 

Convaincue  qu'il  y  avait  là  un  cas  anormal,  Mn»«  Largeot  fait 
appeler  à  nouveau  le  D'  J....;  ils  émettent  tous  deux  l'hypothèse 
ou  bien  d'une  grossesse  utérine  prolongée  ou  d'une  grossesse  ecto- 
j)ique  et  décident  de  m 'appeler  en  consultation.  Je  vois  la  malade 
le  8  mars  et,  après  avoir  recueilli  tous  les  commémoratifs  et  exa- 
miné la  malade,  je  conclus  à  l'existence  d'une  grossesse  extra- 
utérine avec  foitus  mort.  Par  la  percussion,  j'avais  délimité  dans 
toute  la  partie  gauche  de  l'abdomen,  une  tumeur  assez  régulière, 
remontant  à  un  travers  de  main  au-  dessus  de  l'ombilic  et  au  niveau 
de  laquelle  je  sentais  des  parties  irrégulières  ressemblant  à  des 
parties  fœtales.  Cette  tumeur  n'était  pas  tendue;  le  palper  en  est 
d'ailleurs  rendu  assez  difiicile  par  l'épaisseur  de  Ja  paroi  abdomi- 
nale ;  on  arrive  cependant  à  délimiter  à  droite  de  cette  tumeur  une 
autre  saillie  qui  remonte  à  un  travers  de  main  au-dessus  de  la 
symphyse  et  qui  semble  être  Tutérus.  L'auscultation  ne  me  permet 
d'entendre  ni  bruits  du  cœur  fo»tal,  ni  bruit  de  souftle.  Au  toucher 
le  col  se  trouve  à  droite  de  la  ligne  médiane,  est  très  peu  ramolli  ; 
l'oriflce  externe  est  perméable.  Combinant  le  palper  au  toucher, 
je  constate  que  l'utérus  pst  élevé,  que  c'est  vraisemblablement  lui 
qui  se  trouve  accolé  à  droite  de  la  tumeur  principale.  Pour  éclairer 
le  diagnostic,  nous  prenons  rendez-vous  pour  soumettre  le  len- 
demain matin  la  malade  à  Tanesthésie  chloroformique. 


PINARD  183 

L'examen  pratiqué  pendant  Tanesthésie,  me  permet  de  bien 
sentir  entre  les  doigts  l'utérus,  qu'il  est  cependant  impossible  de 
détacher  nettement  de  la  tumeur  voisine  ;  je  ne  pratique  ni  le 
cathétérisme  utérin,  ni  le  cathétérisme  vésical,  proposant  à 
Mme  Largeot  et  au  D»*  J...  de  faire  venir  le  plus  rapidement  pos- 
sible le  professeur  Pinard,  pour  qu'il  examine  la  malade  et  nous 
donne  son  avis. 

La  consultation  a  lieu  le  lendemain  :  M.  Pinard  affirme  le  dia- 
gnostic de  grossesse  ectopique,  juge  inutile  de  chloroformiser  la 
malade  et  demande  à  la  revoir  au  moment  de  ses  prochaines 
règles. 

La  malade  se  porte  bien  j  elle  ne  souffre  pas  ;  la  température, 
priso  régulièrement  matin  et  soir,  est  normale.  Les  urines  ne  con- 
tiennent pas  d'albumine. 

Les  règles  apparaissent  le  30  mars  sans  douleurs  ;  elles  durent 
jusqu'au  l^r  avril.  La  malade  ne  souffre  pas  du  tout  et  continue  à 
se  promener  tous  les  jours. 

Dans  le  courant  du  mois  de  mars,  M«ne  x...  est  allée  consulter  le 
professeur  Tarnier,  qui  a  réservé  son  diagnostic,  demandant  à 
examiner  la  malade  dans  son  lit. 

Une  nouvelle  consultation  a  lieu  le  3  avril  ;  une  consultation 
est  rédigée  dans  laquelle  :  l»  le  diagnostic  de  grossesse  extra-uté- 
rine est  affirmé  ;  2°  une  opération,  sans  urgence,  est  nécessaire 
en  raison  des  accidents  probables  et  doit  être  faite  dans  le  plus 
bref  délai  possible. 

Sur  la  demande  de  la  malade,  cette  opération  est  pratiquée  par 
le  Dr  Pinard,  assisté  des  D"  Potocki  et  Poupinel,  en  présence  du 
professeur  A.  Herrgott  (de  Nancy).  Le  D'  Lepage  donne  le  chloro- 
forme. 

Le  20  avril  1892,  à  10  heures  1/4,  la  malade  est  apportée  endormie 
à  la  salle  d'opération  ;  le  cathétérisme  de  la  vessie  montre  qu'elle 
remonte  à  3  travers  de  doigt  au-dessus  du  pubis  et  qu'elle  est 
fortement  déviée  à  gauche.  Le  cathéter  introduit  dans  l'utérus 
pénètre  à  une  profondeur  de  9  centim.  1/2. 

Après  les  soins  antiseptiques  d'usage,  incision  à  1  centim.  à  gau- 
che de  la  ligne  médiane;  le  tissu  cellulaire  sous-cutané  est  abon- 
dant et  épais;  quelques  difficultés  pour  découvrir  le  péritoine 
recouvert  d'une  épaisse  couche  de  graisse.  L'incision  cutanée  est 


t84      DOCUMENTS   POUR   LA  GROSSESSE   EXTRA-UTÉRINE 

agrandie  en  haut  et  en  bas;  elle  remonte  à  hauteur  de  Tombilic. 
La  face  antérieure  du  kyste  fœtal  est  violacée,  recouverte  d'épi- 
ploon  adhérent  et  enflammé. 

Après  avoir  mis  le  plus  possible  à  découvert  la  face  antérieure 
du  kyste,  M.  Pinard  commence  la  suture  du  kyste  à  la  partie  pro- 
fonde de  la  paroi  ;  celle-ci  est  extrêmement  mince  et  friable  et  se  dé- 
chire très  facilement.  En  présence  de  cette  complication,  M.  Pinard 
incise  le  kyste  et  atteint  en  même  temps  le  bras  du  fœtus  qui  est  sous- 
jacent  à  Tincision.  Il  ne  s'écoule  pas  de  liquide.  La  paroi  du  kyste 
est  intimement  appliquée  à  la  surface  du  fœtus;  avec  le  doigt 
M.  Pinard  cherche  à  mobiliser  un  peu  le  fœtus,  à  détruire  les 
adhérences  qui  existent  entre  lui  et  la  paroi  du  kyste;  il  constate 
avec  le  doigt  que  le  kyste  est  rompu  ou  plutôt  que  la  paroi  du  kyste 
est  usée  en  arrière  et  que  le  doigt  est  eu  contact  direct  avec  les  anses 
intestinales.  Lorsque  le  fœtus  est  rendu  suffisamment  libre  dans 
le  kyste,  M.  Pinard  amène  Tun  après  l'autre  les  deux  pieds  et 
extrait  ainsi  peu  à  peu  le  fœtus  entier.  La  paroi  du  kyste  est 
anf  ractueuse,  fait  défaut  par  places  ;  les  intestins  apparaissent  en 
plusieurs  points.  En  bas,  on  trouve  une  surface  irrégulière,  kysti- 
(jue,  de  coloration  noirâtre,  à  laquelle  adhère  encore  un  débris  de 
cordon  de  couleur  terreuse  et  d'une  longueur  de  5  à  6  centim.  :  c'est 
le  placenta  qui  est  adhérent  par  sa  partie  interne  avec  Tutéru». 
M.  Pinard  le  décolle  peu  à  peu,  sans  grande  difûculté,  sans  déter- 
miner d'hémorrhagie.  Il  bourre  ensuite  la  cavité  kystique  avec  de 
la  gaze  iodoformée.  Quatre  points  de  suture  profonds  au  lil  d'argent 
sont  appliqués  à  la  partie  supérieure  de  Tincision  ;  plusieurs  points 
de  suture  au  crin  de  Florence  sont  faits  superliciels.  Pansement 
avec  la  gaze  iodoformée  et  de  Touate  aseptique. 

L'opération  (anesthésie  non  comprise),  commencée  à  10  heures  30, 
est  terminée  à  11  heures  ^5.  Sauf  une  légère  intoxication  due  à 
riodoforme,  les  suites  de  Topération  furent  très  simples.  Le  5»  jour 
la  gaze  iodoformée  fut  retirée  et  remplacée  par  un  drain.  M»«  S... 
se  leva  le  22*  jour,  ne  conservant  qu'une  petite  fistule. 

Cette  dame,  revue  le  20  juillet,  a  une  santé  parfaite.  Elle  ne  con- 
serve qu'une  listulette  qui  suinte  à  peine,  mais  qui  laisse  sourdre 
un  peu  de  sang  à  Tépoque  des  règles.  L'utérus  a  repris  sa  place  au 
centre  de  Texcavation  où  il  est  mobile  et  de  volume  normal. 

Examen  des  pièces  (1).  —  Le  fœtus  pèse  450  gr.  et  mesure 
80  centim.  de  longueur  ;  il  est  dépouillé  de  son  épiderme  sur  près- 


PINARD  185 

que  toute  la  surface  du  corps,  sauf  au  niveau  de  la  partie  anté- 
rieure du  thorax  et  de  l'abdomen.  Le  membre  supérieur  gauche  est 
complètement  appliqué,  accolé  à  la  paroi  thoracique.  Tous  les 
membres  sont  aplatis. 

La  tôte  est  très  inclinée  sur  l'épaule  droite  :  elle  est  recouverte 
par  les  membranes  fœtales  ;  au  niveau  de  la  région  sous-menton- 
nière droite  il  existe  une  empreinte  due  à  la  pression  exercée  par 
répaule.  La  voûte  crânienne  est  déformée,  irrégulière  ;  les  os  sont 
très  rapprochés  les  uns  des  autres  et  il  est  impossible  de  les  dépla- 
cer. Le  fœtus  appartient  au  sexe  féminin. 

La  masse  placentaire  pèse  240  gr.  et  présente  une  épaisseur  de 
7  centim.  et  une  forme  elliptique;  sa  circonférence  est  de  24  cent. 

La  surface  est  formée  par  des  saillies  irrégulières;  sa  surface 
fœtale  est  mamelonnée  et  présente  3  ou  4  kystes  dont  deux  sont 
déjà  affaissés.  La  partie  du  placenta  qui  était  en  connexion  avec 
l'utérus  offre  une  coloration  charnue  qui  contraste  avec  celle  de  la 
partie  externe  moins  colorée.  Le  cordon  est  grêle,  de  coloration 
grisâtre,  et  mesure  seulement  une  longueur  de  5  centim.  ;  il  était 
en  voie  de  résorption. 

Remarques.  —  Cette  observation  rappelle  jusqu'à  un  cer- 
tain point  Tobservation  IX,  puisque  dans  l'un  et  Tautre  cas, 
le  kyste  fœtal  fut  trouvé  rompu  et  le  fœtus  à  peu  près  libre 
dans  la  cavité  abdominale.  Il  existe  cependant  ici  une  diffé- 
rence consistant  dans  les  accidents  qui  ont  probablement 
coïncidé  avec  la  rupture  du  kyste  et  qui  ont  rendu  ici  le 
diagnostic  difficile  à  ce  moment  et  pendant  les  jours  qui 
ont  suivi. 

L'extraction  du  placenta  eut  lieu  sans  hémorrhagie  comme 
dans  l'observation  IX,  mais  il  faut  remarquer  que  le  fœtus, 
dans  les  deux  cas,  était  mort  depuis  au  moins  trois  mois. 

Enfin,  en  terminant,  il  faut  noter  comme  particularité  inté- 
ressante Tapparition  du  sang  au  moment  des  règles,  au 
niveau  de  la  fistule  minuscule  qui  existe  encore  trois  mois 
après  Topération. 


{Il  Ces  pièces  ont  été  montrées  par  le  D'  Lepagb  à  la  séance  du  Concret 
obstétrical  du  25  avril  1892. 


186      DOCUMENTS   POUR   LA  GROSSESSE   EXTRA-UTÉRINE 

CONSIDÉRATIONS   GÉNÉRALES 

Sans  relever  ici  toutes  les  particularités  de  ces  observa- 
tions, je  suis  autorisé,  je  pense,  à  présenter  les  conclusions 
suivantes  : 

1°  Au  point  (le  vue  de  l'étiologie,  si  dans  quelques  cas  une 
maladie  antérieure  de  l'appareil  génital  a  été  observée,  rien 
de  semblable  n'a  été  noté  daii.s  les  autres. 

2'  Les  premiers  accidents  et  les  troubles  fonctionnels  ont 
débuté  dans  toutes  les  observations  dès  la  fin  du  premier  mois 

S'*  Ces  accidents  ont  été  constitués  par  des  phénomènes 
péritonitiques  et  des  troubles  fonctionnels  du  côté  de  Tintestin 
et  de  la  vessie. 

4'*  L'expulsion  d'une  caduque  a  manqué  dans  la  plupart 
des  cas. 

b""  Les  règles  sont  toujours  supprimées  pendant  la  gros- 
sesse extra-utérine  et  ne  reparaissent  que  deux  ou  trois  mois 
après  la  mort  du  fœtus 

6°  Les  rapports  de  l'utérus  avec  le  kyste  fœtal  sont  abso- 
lument variables  ;  si  l'utérus  est  le  plus  souvent  repoussé 
en  avant,  on  peut  le  rencontrer  en  arrière,  sur  les  côtés  et 
même  il  peut,  comme  le  prouve  une  de  mes  observations,  ne 
pas  être  déplacé  et  rester  au  centre  de  l'excavation. 

V  Les  fœtus  meurent  souvent  avant  leur  complet  déve- 
lop])einent  puisqu'une  seule  l'ois  le  fœtus  fut  trouvé  avec  un 
poids  normal. 

S""  Le  kyste  fœtal,  le  plus  souvent  immobilisé  par  des 
adhérences  dans  la  cavité  abdominale,  peut  être  mobile 
comme  dans  mon  observation  V.  11  peut  même,  fait  sur 
l(Mjuel  j'insiste,  car  je  ne  l'ai  vu  noté  nulle  part,  présenter 
des  contractions  aussi  fréquentes  et  aussi  énergiques  que 
l'utérus. 

9«  Le  kyste  fu'tal  peut  être  entouré  par  des  anses  intesti- 
nales passant  en  avant  et  tellement  adhérentes  qu'on  ne 
puisse  les  décoller  (obs.  VI  et  XI). 


PINARD  187 

10*  Le  kyste  fœtal  présente  toujours  deux  loges,  Tune  fœ- 
tale, l'autre  placentaire,  pouvant  se  rompre  séparément. 

1 1"  Quelquefois  la  loge  fœtale  peut  être  bilobée,  présenter 
des  étranglements  et  rendre lextraction du  fœtus  difficile  ou 
impossible,  comme  le  montre  la  VII*  observation. 

12*  Le  kyste  fœtal  dans  certains  cas,  par  ses  rapports 
avec  le  bassin,  la  vessie  et  Tutérus,  est  plus  facilement  acces- 
sible par  la  voie  vaginale  que  par  la  voie  abdominale.  Ce 
sont  ces  dispositions  qui  doivent  imposer  soit  l'élytrotomie, 
soit  la  laparotomie. 

13*  Ces  observations  montrent  les  dangers  que  peut  offrir 
la  méthode  qui  consiste  à  vouloir  toujours  enlever  le  kyste 
et,  au  contraire,  les  avantages  de  V extériorisation  simple  du 
kyste, 

14*  Elles  mettent  en  évidence  ce  fait  que,  dès  que  la  mem- 
brane granuleuse  apparaît  à  la  face  interne  du  kyste  on  peut 
et  on  doit  pratiquer  la  délivrance  artificielle. 

15*  Les  observations  X  et  XII  sont  des  exemples  bien  nets 
de  la  rupture  du  kyste  à  une  époque  avancée  de  la  grossesse 
sans  production  d'hémorrhagie  ni  de  péritonite  et  de  la  tolé- 
rance des  intestins  en  rapport  avec  un  fœtus  à  nu  dans  la 
cavité  abdominale.  Elles  semblent  prouver  également  qu'a- 
près le  3*  mois  qui  suit  la  mort  du  fœtus,  on  peut  procéder 
sans  danger  à  l'extraction  immédiate  du  placenta. 

16*  L'observation  VI  doit  appeler  Tattention  sur  les  acci- 
dents graves  qui  peuvent  se  montrer  quelques  jours  après  la 
mort  du  fœtus. 

17*  Enfin,  toutes  ces  observations  mettent  en  relief,  je  pense, 
les  grands  bénéfices  que  l'on  peut  retirer  d'une  intervention 
judicieuse  dans  le  car^  de  grossesse  extra-utérine  puisque, 
rassemblant  les  observations  qui  précèdent  et  celles  publiées 
antérieurement  (!)  j  ai  le  tableau  ci-dessous  qui  donne  sur 
12  femmes  opérées  11  femmes  guéries.  La  seule  femme  qui 
ait  succombé  a  été  opérée  in  extremis. 


(1)  Voyez  Annales  de  gynécologUy  avril  188U. 


188      DOCUMENTS   POUR   LA   GROSSESSE   EXTRA-UTÉRINK 


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STAPPER  189 


LA  KINÉSITHÉRAPIE  GYNÉCOLOGIQUE  (Fin)  (1) 

TRAITEMENT  SUEDOIS  DR8  MALADIES  DES    FEMMES 
(MéfJiodc  de  Th.  Brandt.)      ' 

Par  H.  Ntapfer,  ex-chef  de  clinique  obstétricale  de  la  faculté  de  Paris,  chargé 

de  miasion  en  Suède,  1891. 


EXPLORATION 

Je  considère  la  position  de  main  de  Brandt  comme 
une  véritable  trouvaille.  Je  ne  sache  pas  que  d'autres 
l'aient  imaginée^  ou  du  moins  l'aient  décrite  avant  lui.  En 
tous  cas  elle  n'est  pas  classique.  Elle  mérite  de  le  deve- 
nir, pour  l'exploration  gynécologique.  Au  prém,ier  essai, 
comme  toute  chose  7iouvelle  elle  paraît  incommode;  il  faut 
s'y  habituer.  Alors  on  constate  sa  supériorité. 

J*ai  raconté  coiument  les  médecins  allemands  à  léna 
avaient  été  surpris  de  voir  à  quelle  précision  de  diagnostic 
Brandt  parvenait  sans  employer  la  narcose.  Le  fait  mérite 
réflexion.  Ce  n'est  pas  seulement  par  la  position  de  la  main, 
par  l'habileté,  par  la  patience  et  la  douceur  que  Brandt 
arrive  à  ce  résultat  :  c'est  par  un  certain  degré  de  massage, 
sur  lequel  j'insisterai  et  qui  accompagne  toute  exploration. 
Il  a  pour  effet  d'atténuer  puis  de  supprimer  la  douleur  ou, 
en  tous  cas,  les  hyperesthésies  gênantes,  et  de  vaincre  les 
résistances.  Alors  pourquoi  employer  le  chloroforme?  Pour 
aller  vite  ?  La  rapidité  du  diagnostic  n'a,  d'ordinaire,  aucune 
utilité  et  n'est  pas  toujours  possible  dans  le  genre  d'affec- 
tions que  vise  le  traitement.  Donc  il  vaut  mieux  ne  pas 
employer  la  narcose  qui  souvent  ne  hâterait  rien,  et  qui  peut 
supprimer  d'utiles  éléments  de  diagnostic. 

La  force  est  formellement  exclue  de  toute  bonne  explora^ 
lion  gynécologique  ou  obstétricale.  Il  est  un  axiome  Je  méca- 
nique que  j'ai  métamorphosé  pour  mon  usage  d'accoucheur 

(1)  Voir  Annales  de  gynécologie ,  août  1892,  p.  81. 


190  LA  KINÉSITHÉRAPIE  GYNÉCOLOGIQUE 

et  dont  Tétude  da  traitement  suédois  me  fait  encore  plus 
apprécier  la  justesse.  Cet  axiome  est  le  suivant  :  ce  que  Von 
gagne  en  force  on  le  perd  en  finesse.  Douceur,  patience, 
longueur  de  temps,  au  besoin  massage  préparatoire,  tels  sont 
les  moyens  qui  permettent  de  vaincre  les  résistances.  Il  n*y 
a  guère  que  les  difficultés  dues  aux  épaisseurs  adipeuses  dont 
on  ne  vienne  pas  à  bout. 

L*examen  se  fait  :  P  dans  la  station  verticale  ;  2<>  dans  le 
décubitus.  Le  médecin  est  toujours  assis. 

Je  n'ai  pas  à  décrire  ici  les  précautions  d* usage,  en  parti- 
culier les  soins  germicides.  Le  médecin  sera  particulière- 
ment exigeant  pour  lui-même  (t),  et  j'iusiste  sur  une  petite 
mais  excellente  mesure  préventive.  II  ne  se  contentera  pas  de 
tremper  son  index  dans  le  pot  de  vaseline  et  de  l'introduire 
immédiatement  dans  les  cavités,  laissant  au  corps  gras  anti- 
septique la  liberté  de  se  répandre  au  basard  et  inégalement 
sur  la  peau.  Il  Teindra  soigneusement,  de  la  pulpe  à  la  racine 
et  au  delà  de  la  racine,  en  frottant  avec  un  doigt  de  Tautre 
main  pour  imprégner  les  sillons  et  faire  pénétrer  la  graisse 
dans  les  sillons  et  les  orifices  glandulaires.  De  cette  façon 
il  se  désinfectera  plus  facilement  par  les  lavages,  après  con- 
tact de  produits  septiques  ;  les  malades  en  bénéficieront  et 
lui-même  évitera  les  foUiculites  (2). 

J*ai  dit  que  Texamen  se  faisait  d'abord  dans  la  station 
verticale.  Donc  la  femme  est  debout,  habillée,  mais  {e  cor- 


(1)  J'emploie  soit  la  solution  de  biiodure  iodarê  en  usage  à  la  clinique 
Baudelocque,  soit  la  solution  de  sublimé,  chlorure  de  sodium,  sulfate  de 
cuivre  et  acide  tartrique  qui  est  toute  préparée  dans  le  commerce  sous  le 
nom  de  chlorol  marye  ;  mais  j'ajoute  à  Tune  ou  à  l'autre  de  la  glycérine  ponr 
empêcher  le  dessèchement  de  la  peau  et  les  excoriationi*. 

(2)  J  aieu  Toccasion  dans  un  article  de  l' Cnion  (24  mars  1891),  en  décrÎTant 
Tantisepsie  de  la  femme  enceinte,  parturiente  et  accouchée,  de  montrer  oom* 
bien  il  étiit  difficile  d'aseptiser  le  doigt  après  contact  de  matières  infectieuses, 
et  par  quelles  précautions  on  pouvait  le  purifier  prompteroent.  Le  petit 
moyen  que  j'indique  ici,  et  qui  n'est  pas  nouveau,  puisqu'on  le  recommandât 
jadis  pour  préserver  des  virus  syphilitiques,  est  certainement  l'un  des  plus 
sûrs  et  des  plus  simples. 


STAPFER  191 

sage  et  le  corset  dégrafés  jusqu'en  haut,  les  jupes  dénouées 
et  lâches.  Elle  doit  respirer  à  Taise.  De  la  main  droite  elle 
tient  ses  jupes,  la  gauclie  s'appuie  sur  l'épaule  droite  du  mé- 
decin assis  devant  elle,  et  lui  transmettra  les  impressions 
douloureuses  qui  seraient  ressenties  au  cours  de  Toxplo- 
ration. 

C'est  avec  la  main  gauche  que  le  médecin  touche.  Il  a 
graissé  non  seulement  l'index,  de  la  façon  que  j'ai  décrite, 
mais  le  bord  radial  du  médius,  le  pouce  et  les  plis  interdigi- 
taux correspondants.  Son  bras  étant  passé  sous  les  jupes, 
l'index  pénètre  dans  le  vagin.  Tous  les  doigts  sont  dans  l'ex- 
tension ;  le  médius  loge  son  bord  radial  dans  le  sillon  inter- 
fessier, Tannulaire  et  l'auriculaire  embrassent  la  convexité 
de  la  fesse  gauche,  le  pouce  est  à  un  centimètre  environ  du 
vestibule,  le  bord  cubital  de  l'index  déprinie  la  commissure 
postérieure.  Cette  position  de  la  main  est  la  même  pour 
Texploration  et  le  massage.  J'ai  insisté  sur  ses  avantages, 
et  j'ajoute  qu'elle  épargne  aux  femmes  les  douleurs  que  cause 
une  forte  pression  de  l'angle  de  flexion  des  trois  derniers 
doigts  fléchis  et  fermés  dans  la  paume,  suivant  l'ordinaire 
coutume. 

De  sa  main  droite  qui  est  libre  le  médecin  soutient  la  région 
lombo-sacrée. 

Au  toucher  vaginal  succède  le  toucher  rectal  qui  permet 
d'explorer  la  presque  totalité  de  la  face  postérieure  de 
l'utérus,  les  replis  de  Douglas,  le  sacrum,  les  parties  laté- 
rales du  bassin  et  de  percevoir  les  ovaires  disloqués  ou 
adhérents,  les  trompes  prol.ibées  qu'on  ne  saisirait  pas  par 
une  autre  voie.  On  combine  aussi  avec  avantage  le  toucher 
rectal  au  toucher  vaginal  dans  certains  cas,  l'index  et  le 
pouce  étant  introduits  simultanément,  celui-ci  dans  le  vagin, 
celui-là  dans  le  rectum.  Le  toucher  vaginal  et  rectal  simples 
ou  combinés,  dans  la  station  debout,  alors  que  les  viscères 
et  les  mouvements  respiratoires  exercent  leur  pression  ordi- 
naire sur  les  organes,  est  un  utile  appoint  à  la  palpation 
bimanuelle. 


192  LA   KINÉSITHÉRAPIE   GYNÉCOLOGIQUE 

Celle-ci  est  vagiao-abdomiiiale  ou  recto-abdominale,  ou 
vagino-recto-abdominale. 

Elle  se  pratique  dans  le  décubitus  dorsal  ;  mais  non  dans 
le  décubitus  dorsal  à  plat.  La  situation  de  la  femme  est  exac- 
tement celle  d'une  parturiente  à  l'heure  d*expulsion,  quand 
le  dos  n'est  pas  horizontal^  mais  un  peu  relevé  par  des  oreil- 
lers. L'inclinaison  du  dos  doit  être  telle  que  le  paquet  intes- 
tinal ne  soit  pas  entraîné  dans  le  pelvis  par  la  pesanteur,  et 
puisse  être  refoulé  avec  la  main  vers  le  haut  de  la  cavité 
abdominale;  eu  un  mot,  juste  ce  qu'il  faut  pour  rapprocher 
les  côtes  du  bassin  et  relâcher  la  sangle  musculaire.  Pour 
obtenir  le  maximum  du  relâchement,  le  médecin  ne  négligera 
aucun  moyen.  Tel  est  la  latéroflexion  du  tronc  avec  incli- 
naison de  la  tête  du  même  côté.  Cette  attitude  détend 
les  obliques,  et  facilite  l'examen  du  ligament  large  sous- 
jacent  (conseil  de  Brandt).  Notre  vieille  coutume  française 
de  faire  placer  en  arrière  des  ischions,  sous  le  sacrum,  les 
poings  fermés  et  verticaux  de  la  malade,  rend  à  mon  avis 
un  signalé  service  dans  la  pratique  de  la  méthode  suédoise. 
Pour  épargner  la  fatigue  on  peut  les  remplacer  par  un  cous- 
sin dur. 

Donc  la  femme  est  étendue  dans  la  situation  dépeinte,  sur 
une  chaise  longue  sans  bras,  à  dossier  incliné,  très  ferme, 
les  jambes  et  les  cuisses  à  demi  fléchies,  en  légère  abduction. 
Détente  absolue  de  tout  le  corps.  On  l'obtient  presque 
toujours,  môme  chez  les  nerveuses,  à  force  de  patience,  par 
l'attitude,  l'accoutumance  et  le  massage  préparatoire. 

Le  médecin,  toujours  assis  sur  son  tabouret,  contre  la 
chaise  longue,  du  côté  gauche,  vis-à-vis  des  hanches  et  des 
cuisses  de  la  malade,  un  peu  plus  haut,  un  peu  plus  bas,  selon 
nécessité,  les  jambes  écartées  pour  se  rapprocher  davantage, 
mais,  avant  tout,  commodément  installé;  le  médecin,  dis-je, 
passant  Tavant-bras  gauche  sous  la  cuisse  gauche  de  la 
femme,  introduit  un  seal  doigt,  Tindex  gauche,  dans  le  vagin 
et  place  sa  main  dans  la  position  à  laquelle  restera  attaché 
le  nom  de  position  de  Brandt. 


STAPFEH  493 

Beaucoup  de  médecins,  surtout  à  Tétranger,  ont  l'habitude 
de  faire  l'exploration  interne  avec  l'index  et  le  médius.  Ils 
croient  gagner  ainsi  1  cent,  de  longueur.  Leur  illusion  est 
certaine,  s*ils  placent  la  main  dans  la  position  de  Brandt, 
parce  que  Técart  entre  le  médius  et  Pannulaire  est  d'ordinaire 
moindre  ({u*entre  Tindex  et  le  médius.  S'ils  emploient  la 
méthode  commune,  ils  gagnent  moins  en  réalité  qu'en  appa- 
rence, parce  que  la  flexion  énergique,  isolée,  du  petit  doigt 
et  de  l'annulaire  est  plus  difficile  à  maintenir  que  la  flexion 
du  petit  doigt  de  l'annulaire  et  du  médius  réunis,  et  en  tous  cas 
l'effort  nécessaire  et  le  fait  seul  de  la  réunion  des  deux  doigts 
enlèvent  au  tact  de  sa  finesse.  De  plus,  comme  le  fait  remar- 
quer Brandt,  avec  deux  doigts  on  élargit  le  vagin  et  à  travers 
sa  voûte  tendue  les  sensations  perçues  sont  moins  nettes. 

Pendant  Vexploration  bimainuelle  comme  pendant  le 
toucher  simple,  la  femrne  conserve  tous  ses  vêtements^  flot* 
tants  et  lâches.  La  main  libre  de  l'opérateur  se  pose  à  nu  sur 
le  ventre,  qu'il  est  inutile  de  découvrir.  Cette  main  libre  est 
la  main  droite.  Je  me  suis  demandé  s'il  n'y  aurait  pas  avan- 
tage à  se  servir  alternativement  de  l'une  et  de  l'autre  comme 
nous  le  faisons  en  obstétrique,  l'index  gauche  explorant 
mieux  la  moitié  droite  du  pelvis  et  l'index  droit  la  moitié 
gauche.  Jai  essayé,  je  n'ai  pas  réussi.  Il  faudrait  que  le  bras 
gauche  fût  aussi  fort  que  le  droit. 

Je  dis  fort;  je  devrais  dire  habile,  puisque  je  parle  en 
ce  moment  de  l'exploration.  Dans  le  massage  il  faut  quel- 
quefois employer  la  force  bien  réglée  :  jamais  dans  Vexplo^ 
ration,  qui  est  œuvre  de  dextérité.  Si  l'index  qui  touche  ne 
pénètre  pas  assez  loin,  s'il  perd  constamment  et  peu  à  peu 
du  terrain  par  l'élasticité  et  l'épaisseur  des  tissus  qui  repous- 
sent le  pli  interdigital  du  médius  et  de  l'index,  on  fixera 
le  coude  en  l'appuyart  sur  la  cuisse  gauche.  On  supprimera 
ainsi,  on  diminuera  l'effort  qui  nuit  à  la  délicatesse  des  sen- 
sations. De  même  avec  la  main  extérieure,  celle  qui  palpe, 
on  ne  doit  pas  déprimer  d'emblée  et  rapidement  les  tissus, 
mais  lentement,  progressivement  et  en  les  faisant  trembloter. 

AKX.  DE  QYS.   —  VOL.   XXXVIIl  18 


19*  LA  KINÉSITHÉRAPIE   GYNÉCOLOGIQUE 

Si  on  ne  réussit  pas,  si  la  malade  ne  sait  pas  ou  ne  peut  pas 
respirer  posément,  si  elle  tend  ses  muscles  abdominaux,  et 
surtout  si  elle  souffre,  on  accoutume  en  une  ou  plusieure 
séances  quotidiennes  mais 'courtes,  cette  paroi  rebelle  dont 
la  pression  exagère  la  contraction  ou  la  souffrance,  et  par 
degrés  on  arrive  au  but.  On  n'échoue  d'ordinaire  que  faute 
de  patience  ou  si  l'adiposité  est  trop  grande  ;  cependant  cer- 
taines malades  arrivent  difficilement  à  respirer  avec  le  calme 
indispensable,  ou  peut-être  ont  les  mouvements  diapbrag- 
matiques  plus  accentués  qu'ils  ne  sont  d'ordinaire  chez  la 
femme. 

On  explore  successivement  l'utérus,  le  paramètre  et  les 
organes  y  contenus.  L'opérateur  aura  toujours  présent  à  les- 
prit  un  critérium,  celui  des  organes  normaux  de  la  femme 
adulte,  nuUi,  uni  et  multipare,  situation,  volume,  consis- 
tance, mobilité,  élasticité,  sensibilité  de  l'utérus,  des  ovaires, 
des  trompes  et  de  tous  les  ligaments.  Nos  traités  de  gynéco- 
logie donnent  de  ce  critérium  une  description  plus  ou  moins 
exacte.  Il  serait  impardonnable  de  ne  pas  songer  avant  tout 
à  la  grossesse,  et,  eu  cas  de  doute,  de  ne  pas  s'abstenir  jus- 
qu'à éclaircissement.  Rien  ne  doit  échapper.  Pas  de  bon 
traitement  sans  un  diagnostic  complet;  mais  le  diagnos- 
tic ne  sera  pas  toujours  complet  d'emblée,  soit  parce  que  la 
malade  aura  d'involontaires  résistances,  soit  parce  qu'elle 
souffrira  réellement,  soit  parce  que  les  organes  plus  ou 
moins  déplacés,  seront  adhérents  ou  emprisonnés  dans  des 
exsudats  qui  en  masqueront  la  forme  et  les  rapports. 

Que  Ton  saisisse  bien  ma  pensée.  Il  faut  un  diagnostic 
complet  et  précis  pour  mener  à  fond  et  à  bien  le  traitement. 
Exploration  et  traitement  exigent  et  développent  la  délica- 
tesse et  la  sûreté  de  mains;  l'opérateur  doit  arriver  à 
savoir  exactement  ce  qu'il  tient  entre  les  doigts,  la  forme, 
la  place,  le  genre  de  fixation  de  l'utérus  et  des  organes 
annexés,  la  part  que  chacun  prend  à  ces  tumeurs  chroni- 
ques ou  subaiguî^s  qu'on  englobe  sous  le  nom  générique 
de  paramétrites,  exsudats,  péri-métro-salpiiîgites,  oopho- 


STAPFER  195 

ro-salpingites,  lympho-adénites,  comme  elles  englobent 
elles-mâmes  les  organes  génitaux  en  totalité  ou  en  partie  ; 
mais  on  ne  débrouille  pas  le  chaos  en  une  fois.  Plusieurs 
explorations  sont  parfois  nécessaires,  et  une  ébauche  de 
traitement.  Prudence  et  patience.  Ne  pas  aller  au  hasard  et 
toujours  débuter  par  ce  que  j'appelle  massage  préparatoire 
analgésique.  Il  importe  d'insister  sur  les  effets  calmants,  de  la 
méthode  Suédoise  et  de  les  bien  mettre  en  lumière.  Aussi 
est-ce  par  les  préliminaires  analgésiques  que  j'aborde  Tétude 
du  massage. 

MASSAGE 

Massage  analgésique  préparatoire.  —  La  femme  étant 
dans  la  même  situation  que  pour  l'exploration  bimanuelle, 
le  médecin  assis,  prend  la  position  de  Brandt,  fixe  et  immo- 
bilise la  pulpe  de  l'index  dans  un  cul*de-sac  ou  sur  la  paroi 
rectale,  non  pas  sur  le  point  le  plus  douloureux,  mais  à  côté  : 
puis  de  la  main  libre,  avec  le  plat  des  quatre  phalangettes,  il 
exécute  sur  la  partie  correspondante  de  Tabdomen,  non  pas 
sur  le  point  le  plus  douloureux,  mais  à  côté,  tout  autour, 
en  remontant  toujours  dans  le  sens  des  courants  lymphati- 
ques et  sanguins,  et  en  restant  quelques  secondes  à  la  même 
place,  des  petites  frictions  circulaires  dans  lesquelles  la 
peau  et  les  tissus  se  meuvent.  Le  doigt  intérieur  suit  de 
«on  mieux  la  main  extérieure.  Le  coude  droit  de  l'opérateur 
tremblote  continuellement.  Voilà  pourquoi  j'ai  appelé  ces 
frictions  tremblotantes.  La  force  est  nulle  pour  commencer 
et  n'est  augmentée  que  par  degrés  en  une  ou  plusieurs 
séances,  à  mesure  que  l'analgésie  se  montre.  On  surveille 
attentivement  le  visage  de  la  malade.  S'il  y  a  des  femmes 
hyperesthésiques,  il  en  est  qui  sont  dures  au  mal.  Qu'une 
douleur  vive  se  lise  sur  les  traits,  aussitôt  la  main  se  déplace, 
se  fait  plus  légère,  ou  s'arrête,  pour  reprendre  un  instant 
après.  On  n'échoue,  je  le  rappelle,  que  faute  de  patience,  et 
c'est  par  degrés  qu*on  arrive  au  but.  Il  est  utile  de  temps  en 
temps,  quand  on  sent  la  paroi  se  contracter  ou  quand  les 


196  LA  KINéSITHERAPIE   GYNÉCOLOGIQUE 

ligaments  utérins  sont  roidis,  d'exercer,  la  main  posée  à  plat, 
l'avant-bras  tendu,  le  carpe  creusant  avec  une  force  conti- 
nue, mais  contenue,  la  sangle  abdominale^  une  pression 
accompagnée  d'une  vibration  presque  invisible  du  poignet. 
Ne  jamais  ôter  brusquement  la  main.  Il  est  indispensable  que 
la  digestion  soit  Taite,  ou  du  moins  qu*il  n'y  ait  pas  de  tym- 
panisme.  J'ai  dit  que  cette  précaution  était  une  règle  géné- 
rale du  traitement. 

Massage  curatif.  Généralités.  —  La  main  extérieure  seule 
masse.  L'index  vaginal  ou  rectalsert  de  point  d^appui,  main- 
tient et  soutient  les  organes,  les  pousse  en  haut  vers  la  main 
extérieure  ;  mais  par  le  rectum  il  sert  également  à  i'e/'/Ieurage. 
Les  mouvements  exécutés  par  la  main  qui  palpe  se  bornent 
dans  la  majorité  des  cas,  aux  frictions  circulaires. 

Quant  à  la  percussion,  appelée  tapotement  dans  les  livres 
spéciaux,  on  ne  Texécute  pas  sur  la  paroi  abdominale,  mais 
sur  la  région  sacro-fessière  et  le  long  de  la  colonne  verté- 
brale. Elle  appartient  à  la  gymnastique  proprement  dite  et 
sera  décrite  avec  elle.  C'est  à  dessein  que  je  ne  prononce  pas 
le  mot  de  pétrissage,  pour  bien  montrer  que  la  violence  est 
exclue  du  traitement.  Cependant  il  est  indiqué  par  exception. 

Donc,  refBeurage  et  les  frictions  circulaires  constituent 
presque  toute  la  technique  générale  de  la  méthode  suédoise 
en  ce  qui  concerne  le  massage  direct  et  immédiat  des  orga- 
nes. L'effleurage  se  fait  avec  le  doigt  qui  touche,  par  le  rec- 
tum, sur  les  organes  malades  ou  sur  les  parois  latérales  du 
bassin,  de  bas  en  haut  dans  le  sens  des  gros  courants  vei- 
neux et  lymphatiques.  Brandt  pour  expliquer  ce  mouvement 
du  doigt  le  compare  à  celui  qu'on  fait  pour  tracer  des  raies 
sur  la  buée  d  une  vitre,  en  appuyant  et  vibrant  légèrement. 
Il  y  attache  une  grande  importance  ainsi  qu*aux  pressions 
exercées  de  haut  en  bas  sur  les  nerfs  sacrés,  à  leur  sortie 
des  trous,  pour  calmer  les  douleurs  des  femmes  qui  ne  peu- 
vent s'asseoir  sans  souffrir.  Les  frictions  circulaires  s'exé- 
cutent, comme  je  Tai  dit  à  propos  des  préliminaires  anal- 
gésiques, non  avec  l'extrémité  de  la  pulpe,  mais  avec  la 


STAPFER  197 

pulpe  entière  et  une  partie  de  la  phalangette  de  Tindcx, 
du  médius  et  de  l'annulaire.  Un  continuel  tremblotement 
du  coude,  leur  communique  une  vibration  dont  je  juge 
inutile  de  faire  catégorie  à  part^  mais  qui  est  essentielle 
et  doit  être  recherchée  dans  toutes  les  manœuvres.  Les 
meilleurs  résultats  s*obtiennent  en  saisissant  le  mieux  ijossi- 
ble  la  région  qu'on  doit  masser ,  en  évitant  toute  dépense  inu- 
tile de  force,  et  par  des  séances  courtes,  trois,  six f  huit,  dix  mi- 
nutes au  plus.  Les  novices  dans  cet  art  spécial  sont  tentés 
d'agir  avec  énergie  et  persistance  surtout  dès  qu'une  amé- 
lioration se  manifeste,  dans  l'espoir  d'abréger  la  cure.  C'est 
une  erreur  qui  expose  aux  accidents,  aux  retards,  aux  reculs, 
à  la  nécessité  de  revenir  sans  cesse  au  massage  analgésique. 

Brandt  a  parlé  excellemment  de  son  art  en  termes  géné- 
raux. «  On  commence,  dit-il,  avec  légèreté  autour  de  la  partie 
malade  pour  arrivergraduellement  sur  celle-ci  ;onn'augmente 
la  force  qu'après  disparition  de  la  plus  grande  sensibilité.  Do 
courtes  pauses  sont  nécessaires.  La  main  se  fait  de  plus  en 
plus  légère  vers  la  fin  de  la  séance,  qu'on  termine  en  appli- 
quant la  paume  et  les  doigts  étendus  sur  la  région  malade 
et  en  exécutant  une  très  douce  vibration.  Un  traitement  sem- 
blable exige  un  temps  assez  long;  mais  le  résultat  en  est 
excellent.  Aujourd'hui  tout  le  monde  masse  et  on  se  figure 
que  pour  avoir  une  action  il  faut  provoquer  la  douleur;  il  est 
étonnant  qu'on  ne  fasse  pas  plus  souvent  tort  aux  malados. 
On  se  figure  aussi  que  le  traitement  est  facile  à  exécuter  et 
à  comprendre.  La  moindre  expérience  prouve  le  contraire. 
Combien  de  temps  ne  faut-il  pas  pour  apprendre  à  explorer 
et  pour  acquérir  sûreté  et  dextérité  dans  la  pratique  du 
massage!  d 

Ces  quelques  lignes  renferment,  à  mon  avis,  le  meilleur 
de  cette  chose  presque  indescriptible  qu'on  appelle  technique 
du  massage  gynécologique.  J'ajouterai  seulement  que  même 
entre  praticiens  habiles^  instruits  et  rompus  au  métier,  il  y 
aura  toujours  des  différences  tenant  aux  qualités  innées 
d'adresse,  sans  parler  des  conformations  de  main.  Ladexté- 


198  LA   KINÉSITHÉRAPIE  GYNÉCOLOGIQUE 

rite  me  semble  jouer  dans  la  kinésithérapie,  le  rôle  capital 
qu'elle  jouait  autrefois  en  chirurgie. 

Massage  de  Vxitérus,  —  Le  massage  commence  et  se  ter- 
termine  d'habitude  par  Tutérus.  Il  varie  du  tout  au  tout  sui- 
vant l'effet  à  produire,  tantôt  léger,  si  léger  qu'on  frôle  à 
peine  la  paroi  utérine  (métrite  hémorrhagique,  utérus  petits 
et  durs,  ou  gros  mais  mous)  :  tantôt  vigoureux,  mais  jamais 
d'emblée  (utérus  gros  et  coriaces,  métrite  chronique  paren- 
chymateuse).  On  agit  de  préférence  sur  la  face  postérieure, 
le  fond,  Tisthme  et  le  col  avec  la  main  externe.  L'index 
vaginal  logé  dans  le  cul-de-sac  antérieur,  le  plus  haut  pos- 
sible, refoule  l'isthme  en  haut  et  en  arrière  avec  une  force 
suffisante  pour  maintenir  l'organe,  mais  sans  exciter  une 
vive  douleur,  tandis  que  les  doigts  de  l'autre  main  répar- 
tissent également  les  frictions  circulaires  dans  Tordre  sui- 
vant :  fond,  corps  et  col,  «auf  indication  de  localiser  la 
manœuvre  (métrite  cervicale,  ulcérations).  Eu  frictionnant 
on  incline  le  fond  vers  la  symphyse.  Par  conséquent  le  mas 
sage  est  précédé  ou  accompagné  de  la  réduction  de  l'organe 
s*il  n*est  pas  fixé.  S'il  est  fixé,  c'est  par  le  massage  des  fixa- 
tions qu'on  débute.  Je  vais  examiner  successivement  les 
deux  cas. 

Réduction  de  Vutérus  incliné^  fléchi  ou  verséy  mais  mo- 
bile. —  Brandt  a  imaginé  divers  moyens  de  ramener  sans 
violence  en  antéversion,  l'utérus  anormalement  placé,  mais 
libre.  Il  a  donné  de  ces  différentes  manœuvres,  une  nomen- 
clature dont  je  ne  reproduirai  pas  les  termes  intraduisibles 
dans  notre  langue  (1).  Déplus,  cette  nomenclature  me  semble 
simplifiable.  Je  dis  la  nomenclature  ;  je  ne  dis  pas  les  ma- 
nœuvres, indispensables  à  connaître  si  Von  veut  bien 
opérer.  Ces  exercices  sont  très  utiles  aux  commençants. 
C'est  une  bonne  initiation  à  un  traitement  duquel  les  vio- 
lences sont  proscrites,  et  où  la  force  doit  être  ménagée  et 

(1)  Lc8  principaux  sont  :  Oappning  :  balance  ou  bascule;  Kl&mning:  ser- 
rement,  étreinte  ;  ZkroWningr  :  accrochement  ;  Redrefaionstryck  :  pression 

redressante. 


STAPFBR  199 

calculée.  Je  vais  essayer  de  les  expliquer  d'une  façon  som- 
maire, clinique  et  claire. 

La  réduction  s'opère  par  le  vagin  et  l'abdomen,  ou  par  le 
rectum,  le  vagin  et  l'abdomen. 

Réduction  vagino-abdominale,  —  Si  l'utérus  est  petit  et 
rigide,  si  le  renversement  n'est  pas  très  prononcé,  la  femme 
étant  couchée  dans  la  situation  de  Texploration  bimanuelle 
et  du  massage,  le  médecin  assis  applique  la  pulpe  de  l'index 
sur  la  face, antérieure  du  col  qu'il  refoule  d'avant  en  arrière 
et  en  bas.  En  même  temps  la  main  qui  palpe  cherche  très 
délicatement  le  fond  de  l'utérus.  Si  la  perception  est  nette, 
on  accroche  doucement  le  fonds,  puis  la  face  postérieure,  et 
on  ramène  l'organe  vers  le  pubis.  Si  la  perception  n'est  pas 
nette,  on  déprime  sans  force  les  'tissus  à  droite,  à  gauche 
et,  au  milieu,  en  exécutant  les  frictions  circulaires  trem- 
blotantes sur  toute  Tétendue  des  ligaments  larges,  mais  sans 
insister  longtemps  sur  la  même  place,  et  bientôt,  pour  peu 
que  la  paroi  abdominale  ne  soit  pas  trop  grasse,  et  à  condi- 
tion, bien  entendu,  que  le  mode  de  réduction  soit  celui  qu'il 
fallait  choisir,  on  sent  Vutérus  qui  monte  vers  cette  paroi 
comme  un  corps  flottant.  Alors  on  accroche  le  fond.  On 
éprouve  parfois  quelque  difficulté  à  parfaire  la  réduction, 
puis,  brusquement,  elle  se  complète.  Brandt,  auquel  je  décri- 
vais cette  sensation,  me  disait  dans  un  langage  pittoresque  : 
«  Oui,  c'est  comme  un  chien  de  fusil  qu'on  relève  ;  on  a  de  la 
peine  jusqu'au  milieu  du  parcours,  puis,  brusquement,  il 
tombe  dans  son  cran  ».  Brandt  croit  que  l'arrêt  correspond 
au  maximum  d'extension  des  ligaments  ronds  ou  plutôt  de 
tout  le  revêtement  péritonéal  antérieur,  c'est-à-dire,  si  je 
saisis  bien  sa  pensée,  à  ce  qu'on  appelle  le  point  mort 
dans  le  parcours  d'une  bielle  mécanique.  La  contracture  du 
feuillet  postérieur  du  ligament  large  peut  du  reste  jouer  le 
même  rôle  et  s'opposer  à  la  réduction.  Aussi  jHnsiste  dans 
tous  les  modes  de  réduction  sur  Vutilité  du  massage  des 
ligaments  larges  pour  les  détendre  et  assouplir. 

Si  Tutérus,  plus  long  que  dans  le  cas  précédent,  mais  encore 


200  LA  KINÉSITHÉRAPIE   GYNÉCOLOGIQUE 

rigide,  ne  bascule  pas  par  simple  pression  cervicale,  soit  parce 
que  le  col  haut  placé  derrière  la  symphyse  es t  difficile  à  attein- 
dre, soit  parce  que  le  col  raccourci,  fournit  un  bras  de  levier 
insuffisant  pour  enlever  le  fond  de  l'organe  enfoui  dans  la 
concavité  sacrée,  on  procède  de  la  façon  suivante  :  Avec  la 
pulpe  ou  le  bord  radial  de  la  phalangette  de  Tindex,  on  sou- 
lève le  fond  utérin.  Simple  soulèvement,  graduel,  mesuré, 
préparé  par  le  massage  qui  relâche  les  ligaments.  On  ne 
pousse  pas  violemment  ;  on  se  garde  aussi  de  pousser  on 
arrière,  manœuvre  par  laquelle  on  cale  le  fond  sous  le  pro- 
montoire. On  soulève  seulement  après  massage  et  tout  en 
massant,  La  femme  ne  doit  éprouver  d'autre  douleur  que  la 
douleur  supportable,  caractéristique,  qui  appartient  à  la  face 
postérieure  de  tout  utérus  rétroversé.  Son  visage  doit  donc 
tout  au  plus  trahir  par  un  froncement  de  sourcils  la  sensibi- 
lité qu'éveille  la  pression  du  doigt.  Si  la  souffrance  est  vive, 
si  l'utérus  semble  fixé,  on  s'abstient  de  tout  redressement  et 
on  pratique,  pendant  une  ou  plusieurs  séances,  le  massage 
préparatoire  analgésique  et  antiphlogistique.  Si  Tutérus  est 
soulevable,  on  le  soutient  du  doigt.  En  même  temps,  les 
quatre  doigts  de  la  main  libre  mise  en  pronation  appliquent 
leur  pulpe  au-dessus  du  pubis,  poussent  vers  lui  la  peau  du 
ventre  de  façon  à  éviter  les  tiraillements,  puis  pénètrent 
dans  Texcavation,  la  vessie  étant  vide,  jusqu'au  contact  de 
l'isthme  qu'ils  chassent  vers  la  concavité  sacrée.  Ils  sont 
puissamment  aidés  par  la  tension  du  revêtement  péritonéal 
antérieur  qu'ils  produisent  et  qui  tire  le  fond  en  avant.  Dès 
que  risthme  recule,  le  doigt  intérieur  qui  soulevait  le  fond 
de  l'utérus  passe  en  avant  du  col  et  le  presse  en  arrière  et 
en  bas.  A  ce  moment,  l'utérus  est  à  moitié  redressé,  et  la 
main  extérieure  abandonnant  l'isthme,  remonte  avec  légè- 
reté sur  la  face  antérieure  de  Torgane,  accroche  le  fond  et 
le  conduit  vers  l'arcade  pubienne.  La  manœuvre  a  donc  cinq 
temps  : 

l""  Soulèvement  du  fonds  par  le  doigt  qui  touche  ; 

2""  Pression  sur  l'isthme  par  la  main  qui  palpe  ; 


STAPFER  201 

3"*  Passage  du  doigt  qui  touche  sur  la  face  antérieure 
du  col; 

.  4''  Le  doigt  qui  touche  et  la  main  qui  palpe,  refoulent  vers 
le  sacrum  et  en  bas,  le  col  et  Tisthme  pendant  quelques 
secondes  ; 

5"^  La  main  qui  palpe  accroche  le  fond  et  termine  la 
bascule. 

Cette  manœuvre  réussit  à  merveille,  surtout  si  Tutérus 
est  rigide.  Il  faut  qu'il  soit  placé  dans  Taxe.  Elle  mérite  un 
nom  spécial,  et  comme  le  nom  Suédois  traduit  littéralement 
est  peu  expressif,  je  propose  de  l'appeler  pression  ou  ten- 
sion péritonéale  antérieure.  Elle  n'agit  pas  seulement  en 
redressant  l'utérus^  elle  assouplit  et  tonifie  l'appareil  liga- 
menteux. Elle  joue  un  des  premiers  rôles  dans  le  traitement 
et  est  comme  la  préface  de  ce  que  je  décrirai  sous  le  nom 
d'élévation. 

Réduction  recto-vagino-abdominale.  —  Elle  convient  aux 
utérus  gros  et  mous,  rétrofléchis  ou  rétroversés,  mais  dont 
le  col  cède  aux  pressions,  ou  n'offre  aucune  prise.  Elle  con- 
vient aussi  aux  utérus  de  consistance  molle  ou  ferme  que 
des  tentatives  de  réduction  mal  conduites  ont  refoulés  en 
arrière  et  en  haut,  et  dont  le  redressement  ne  peut  être 
achevé.  On  la  commence  et  on  la  termine  dans  la  station 
verticale,  ou  bien  on  la  commence  dans  la  station  verticale 
et  on  l'achève  dans  le  décubitus  dorsal,  ou  bien  on  l'exécute 
en  entier  dans  le  décubitus  dorsal. 

Le  médecin,  assis  et  soutenant  de  la  main  droite  la  région  • 
lombo-sacrée,  introduit  l'index  gauche  dans  le  rectum,  et 
fait  glisser  le  pouce  sur  le  périnée  jusqu'à  l'orifice  vaginal 
où  il  pénètre.  L'index  agit  autant  que  possible  sur  le  fond 
de  l'utérus,  en  tous  cas  sur  la  plus  grande  partie  de  la  face 
postérieure  du  corps  qu'il  chasse  en  avant  par  des  pressions 
ménagées,  pendant  que  le  pouce  chasse  en  arrière  la  face 
antérieure  du  col  qui  dans  nombre  de  cas  retrouve  sa  lon- 
gueur à  mesure  que  le  redressement  s'opère.  Quand  le  fond 
est  difficilement  accessible,  parce  que  l'index  se  heurte  aux 


202  LA   KINÉSITHÉRAPIE   GYNÉCOLOGIQUE 

culs-de-sac  de  l'ampoule  rectale  ;  il  cherche  et  trouve,  avec 
difficulté  parfois,  le  sphincter  d*O^Beirne,  situé  le  plus  sou- 
vent à  gauche  du  sacrum,  le  dépasse  et  arrive  sur  le  fond. 

La  réduction  peut  être  complète  d'emblée  dans  la  station 
verticale.  Dans  ce  cas,  le  médecin,  sans  lâcher  prise,  fait 
asseoir  puis  étendre  la  femme  (1),  et  commence  le  massage. 
Si  elle  n'est  pas  complète,  il  l'achève  par  les  manipulations 
externes,  massage  des  ligaments,  pression  péritonéale  anté- 
rieure. Quand  par  exception,  le  fond  de  Tutérus  est  à  une 
hauteur  telle  que  ni  l'index  rectal  ne  puisse  l'atteindre,  ni  la 
main  qui  palpe  accrocher  l'organe,  on  refoule  d'abord  le 
fond  vers  la  pointe  sacrée,  puis  on  commence  ou  recom- 
mence l'opération.  Quand  l'utérus  très  mou  et  ballant  se 
plie  en  cornue,  la  manœuvre  est  difficile,  mais  neuf  fois  sur 
dix,  elle  échoue  par  la  faute  de  l'opérateur  qui  est  trop 
pressé,  va  au  hasard,  fait  des  efforts,  et,  suivant  l'expression 
de  Brandt,  «  bat  la  bouillie  d'avoine  sur  le  ventre  des 
malades  ». 

Brandt  indique  six  procédés  de  redressement  ;  je  les  ai  fait 
tous  rentrer  dans  ma  description,  plus  courte  que  la  sienne, 
parce  qu'il  me  semble  inutile  de  multiplier  les  catégories 
sans  nécessité  didactique  ou  clinique. 

Ces  ingénieuses  combinaisons  de  levier,  ces  manipula- 
tions délicates,  constituent  certainement  une  des  parties 
originales  de  l'œuvre  de  Brandt.  Je  répète  qu'elles  ont  une 
importance  capitale. 

Utérus  fixé.  —  Quand  Tutérus  est  ou  paraît  adhérent,  la 
réduction  immédiate  est  contre-indiquée  ;  toute  violence  est 
proscrite  du  traitement.  On  délimite  la  position  exacte  de 
l'organe,  l'étendue  et  la  nature  des  fixations;  mais  en  gé- 
néral on  ne  les  reconnaît  qu'à  la  longue.  J'ai  dit  :  quand  l'uté- 
rus est  ou  parait  adhérent,  parce  qu'à  mon  avis  la  fixation  de 
certains  utérus  n'est  qu'apparente,  et  s'explique  par  une  con- 


(1)  A  ce  moment,  la  malade  passe  son  pied  par  deast»  le  bras  du  médecin 
qui  se  trouTe  alors  dans  la  situation  réglementaire  :  bra«  tout  la  ruwe  gauche^ 


STAPFER  203 

tracture  ligameateuse.  Dans  ce  cas  ou  agit  en  massant  la 
périphérie  de  Tutérus  et  les  ligaments  larges.  A  mesure  que 
la  douleur  disparait,  la  main  descend  de  plus  en  plus  pro- 
fondément, opérant  sur  les  côtés  de  l'organe.  Le  doigt  qui 
touche  soutient  Tisthme  en  arrière  et  soulève  le  col  en  haut, 
comme  pour  exagérer  la  rétroversion,  manœuvre  impor- 
tante, surtout  quand  la  contracture  ligamenteuse  joue  un 
rôle,  car  si  Ton  essaye  trop  tôt  et  trop  brusquement  de 
redresser  Torgane,  la  contracture  se  reproduit  :  il  y  a  une 
sorte  de  tétanisation  et  Tutérus  s'immobilise.  J'ai  vu  des 
essais  de  redressement  ou  des  mouvements  de  gymnastique 
favorables  à  la  bascule  en  avant,  mais  prématurément  em- 
ployés, fixer  de  nouveau  l'utérus  pour  plusieurs  jours  et 
raviver  les  douleurs  disparues.  On  ne  devra  donc  tenter  la 
réduction  que  très  doucement,  et  quand  on  sentira  flotter  le 
corps  utérin. 

Si  Tutérus  est  véritablement  adhérent,  fixé  par  des  brides, 
on  débute  de  la  même  façon  (massage  des  ligaments  et  de 
la  périphérie  utérine).  On  s'en  tient  à  lui  et  à  la  gymnastique 
dérivative  aussi  longtemps  qu'il  est  nécessaire,  c'est-à-dire 
jusqu'à  ce  qu'on  sente  le  corps  utérin  trembler  dans  sa 
loge  comme  uu  clou  qu'on  veut  arracher  et  que  les  doigts 
ont  ébranlé  par  trépidation;  c'est  du  moins  ce  que  j'ai  fait 
et  je  m'en  suis  bien  trouvé  ;  alors  seulement  on  rompt  les 
adhérences,  ou  plutôt  on  les  étire  avec  grandes  précautions, 
sans  jamais  se  départir  du  sage  précepte  de  Brandt  :  plutôt 
trop  peu  que  trop  en  une  fois. 

Les  adhérences  occupent  le  corps  ou  le  col,  ou  le  corps  et 
le  col.  Qu'elles  existent  en  avant,  en  arrière  ou  sur  les 
côtés,  Brandt  opère  suivant  les  circonstances  par  le  rectum, 
par  le  vagin,  par  la  paroi  abdominale,  soit  avec  l'index 
gauche  seul,  soit  avec  le  pouce  seul,  soit  avec  l'index  et  le 
pouce,  soit  bimanuellement,  et  dans  la  station  verticale  ou 
dans  le  décubitus  dorsal.  Le  principe  général  consiste  à 
pénétrer  avec  prudence  entre  les  organes  soudés  et  à 
étendre  leurs  attaches,  opération  toujours  précédée^  accom* 


204  .  LA  KINÉSITHÉRAPIE   GYNÉCOLOGIQUE 

pagnée  ou  suivie  de  massage  et  de  gymnastique  dérivative 
Il  faut  résister  à  l'envie  d'aller  vite  dès  que  le  succès  se  pré- 
pare. Ziegenspeck  et  tous  ceux  qui,  à  son  exemple,  n*ont  pas 
su  se  soumettre  aux  impatientantes  lenteurs  de  la  méthode 
de  Brandt,  s*en  sont  repentis.  La  déchirure  des  tissus, 
des  hématomes  plus  ou  moins  graves  ont  été  la  consé- 
quence d*une  trop  grande  hâte  et  d*une  force  mal  calculée. 

Il  serait  également  imprudent  d*interrompre  ou  de  cesser 
le  massage  dès  que  Tutérus  est  libéré,  car  il  se  fixerait  plus 
solidement  que  par  le  passé,  et  tout  serait  à  recommencer 
avec  plus  de  difficultés.  D'ordinaire  une  sensation  de  des- 
cente suit  la  libération.  La  manœuvre  d'élévation  y  remédie. 

Massage  des  trompes ^  des  ovaires  et  des  exsudats  para- 
métritiques.  —  Le  principe  est  le  même  que  pour  le  massage 
de  l'utérus,  c'est-à-dire  qu'il  faut  saisir  les  organes  entre  le 
doigt  qui  touche  et  la  main  qui  palpe^  que  cette  dernière 
seule  se  meut,  à  moins  qu'on  n*ait  à  pratiquer  Teffleurage 
rectal,  et  que  la  force  doit  être  employée  à  bon  escient,  gra- 
duellement, après  disparition  de  la  plus  grande  sensibilité. 

Le  traitement  des  masses  paramétritiques  englobant  les 
annexes,  quand  ces  masses  sont  accessibles  et  saisissables 
sans  peine,  n'est  pas  des  plus  difficiles  parce  qu'au  fur  et  à 
mesure  qu'elles  fondent,  Tovaire  et  son  ligament  et  les  trom- 
pes englobées  s'y  dessinent  sous  le  doigt  explorateur  qui 
guide  la  main  extérieure  et  lui  marque  le  pas. 

La  nature  des  tuméfactions  et  remplacement  des  annexes 
étant  reconnus,  on  agit  sur  elles  à  tour  de  rôle.  Les  trompes 
sont  massées  autant  que  possible  de  dehors  en  dedans  pour 
faire  cheminer  les  sécrétions  vers  Vostium  uteri.  Si  j'en  juge 
par  mon  expérience  personnelle,  rien  n'est  plus  difficile  à 
masser  que  les  trompes  régulièrement  augmentées  de  volume 
et  prolabées  dans  le  cul-de-sac  de  Douglas,  parce  qu  elles 
glissent  entre  les  doigts  comme  un  macaroni  cuit  et  gluant. 
Lesexsudats  très  volumineuxdurscommele  bois,  remplissant 
.  et  bouchant  l'excavation  au  point  que  la  défécation  semble 
extraordinaire,  a  écrit  Brandt,  exigent  l'emploi  d'une  grande 


STAPFER  205 

force,  mais  avec  le  temps  seulement.  Il  lui  est  arrivé  de  se 
servir  du  carpe  pour  leur  pétrissage,  le  bras  raide  pour  ac- 
croître la  pression. 

Il  semble  que  dans  des  tuméfactions  aussi  considérables, 
le  point  d  appui  interne  soit  superflu.  L'expérience  a  dé- 
montré le  contraire  à  Brandt,  et  la  chose  ne  me  surprend 
pas.  Je  crois  que  la  passivité  du  doigt  intérieur  n*est  qu'ap- 
parente. Je  m'expliquerai  sur  ce  point. 

Le  massage  de  la  périphérie  au  centre  est  une  règle  dont 
on  ne  doit  pas  se  départir,  car  il  est  indispensable  d'ouvrir  la 
voie  aux  stagnations  centrales.  Il  n*est  pas  moins  essentiel 
de  faire  et  refaire  le  diagnostic  à  chaque  séance,  de  tout  sur- 
veiller  et  de  ménager  et  régler  la  force  qu'on  déploie.  En  se 
conformant  à  ces  règles  on  peut  dans  certains  cas  avoir 
un  bon  résultat  sans  grand*peine.  D'autre  fois  une  véritable 
virtuosité  de  mains  est  nécessaire,  en  particulier  quand  il  faut 
reconnaître  et  détacher  un  ovaire,  petit,  déplacé,  adhé- 
rent à  la  paroi  du  bassin^  centre  d'irradiations  douloureuses 
et  cause  de  diverses  erreurs  de  diagnostic.  Brandt  m*a  recom- 
mandé de  placer  un  doigt  sous  Torgane  à  travers  les  parois 
vaginales  ou  rectales,  de  faire  glisser  l'ovaire  sur  ce  doigt  par 
la  palpation  et  de  l'étirer  doucement  en  avant  en  même  temps 
qu'on  le  pousse  en  bas.  J'ai  très  bien  réussi  dans  un  cas,  qui 
m'a  permis  de  me  rendre  compte  de  la  manœuvre.  On  fabri- 
que à  l'ovaire,  par  extensions  graduelles  et  prudentes,  un 
véritable  méso  analogue  à  celui  qui  le  relie  normalement  à 
la  paroi  pelvienne.  On  peut  aussi,  comme  me  l'a  con- 
seillé le  D^  Helleday,  exercer  des  tractions  sur  le  ligament  de 
l'ovaire  qu  on  doit  s'habituer  àreconnaitre  età  suivre  du  doigt 
ou  de  la  main  dans  le  toucher  et  le  palper  gynécologiques  ; 
mais  ce  procédé  rend  surtout  service  dans  les  dislocations 
d'ovaire,  quand  cet  organe  augmenté  de  volume  et  doulou- 
reux, prolabé  dans  le  cul-de-sac  de  Douglas,  plus  ou  moins 
comprimé  par  le  fond  de  l'utérus  rétroversé,  devient  la  source 
de  crises  névralgiques  ;  dans  ce  cas  la  principale  difficulté 
n'est  pas  d'accrocher  le  ligament  utéro-ovarien  et  d'éloigner 


Wt  '  >t 


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V    KINÉSITHÉRAPIE   GYNÉCOLOGIQUE 

w:>  i  '  le  maiuteair  éloigné.  On  est  alors  aidé  par 
..it)  Jue  élévation  de  l'utérus,  dont  les  applica- 
.    K  liiureuses  en  kinésithérapie  gynécologique. 

BLÊVATION 

%..^  il  viscérale  est  la  conception  la  plus  originale 

)  :ii  tacouté  dans  la  partie  historique  comment 

;au»  sou  esprit  Diversement  modifiée,  il  l'applique 

devios  ou  prolabés,  au  rectum,  à  Tutérus,  au 

.   i.u.  Il\  a  donc  une  élévation  rectale,  une  élévation 

luo  vde\utiou  rénale.  Ces  opérations  ont  pour  but 

-V  <vi\aUaches  musculo-ligamenteuses  la  puissance 

.1»  A  Nv)uplesse  élastique,  Ténergie  contractile  né- 

X     '^^  ne  parlerai  ici  que    de  l'élévation  utérine. 

x.o  vlau{»  une  manœuvre  spéciale  par  laquelle  on 

.    i.  NO  l'utérus  avec  deux  mains  à  travers  la  paroi 

...n.  l.ile  N  12^0  le  retour  à  la  tonicité  des  ligaments 

.    .   NKui  ou  réveillant  la  contraction  par  de  brèves 

.. .,  ^olt  au  contraire  en  apaisant  la  contracture  par 

..sui«ptogcitr#-indication8. —  La  principale  indi- 

i.\L;%^o(nout  absolu,  c'est-à-dire  le  prolapsus 

.    .   lo  Tutôrus  et  du  vagin.  Viennent  ensuite 

.Ki  r%.'latifs  et  momentanés  par  contracture, 

*i.  .  ^'uvulatoires  ou  de  compressions  et  de  dou- 

.  a^»i\  ^  lui  Landau,  de  Berlin,  ont  employé  avec 

.  .  a  ^  outre  les  malaises  et  accidents  locaux  ou 

.     X  ,...  .i.x  dtuia  le  premier  stade  de  la  grossesse  et 

oaiUUoH   menaces  d'avortement.  Viennent 

^  'Ivxious. 

,    x>auv> indiquée  par  les  tumeurs  de  voisi- 

.  IV  a  J^;»  organes  paramétriques.  Elle  est 

^s\4^^  v>ut  perdu  toute  vitalité. 

■.        a^nifi*rr  à  ropération.  —  La  vessie  doit 

»,   \  »  aM.rulérus  mobile,  corps  et  col,  pas 


'\  «* 


STAPFER  207 

trop  petit.  Un  aide  exercé  est  indispensable.  C'est  lui  qui 
soulève  l'utérus;  le  médecin  surveille  Topération  par  le 
toucher,  la  dirige,  la  modifie  au  besoin,  la  suspend  au  mo- 
ment propice,  en  un  mot  la  règle. 

La  femme^  sans  corset  et  les  vêtements  lâches,  se  met  dans 
le  décubitus  dorsal,  tronc  et  tête  légèrement  relevés  ;  c'est 
la  situation  du  massage  et  de  l'exploration  bimanuelle  ;  mais 
de  plus,  la  flexion  des  cuisses  est  complète,  sans  qu'il  y  ait 
effort  pour  les  maintenir  ;  jambes  fléchies,  tal6ns  mollement 
rapprochés  et  lâchement  appliqués  contre  le  siège;  les  pieds 
ne  posent  pas  ou  tout  au  moins  n'appuient  pas  sur  le  canapé. 
Restriction  faite  de  l'application  des  talons  contre  le  siège, 
cette  attitude  est  celle  de  la  taille  ou  de  la  dissection  péri- 
néale. 

Le  médecin  assis  au  côté  gauche,  a  placé  sa  main  gauche 
dans  la  position  de  Brandt,  Tindex  appuyé  sur  la  face 
antérieure  du  col,  le  plus  près  possible  de  l'isthme,  forte- 
ment, mais  sans  causer  d'autre  douleur  que  la  douleur  sup- 
portable spéciale  à  cette  région  Sa  main  droite  déprime  les 
parois  abdominales,  refoule  en  bas  la  peau  pour  éviter  les 
tiraillements,  et  s'applique  en  pronation  sur  la  face  anté- 
rieure de  l'utérus,  de  façon  que  seule  la  pulpe  des  doigts 
appuie,  et  exclusivement  sur  l'isthme.  Cette  main  sert  à  indi- 
quer à  l'assistant  où  est  le  corps  utérin.  Elle  ne  peut  faire 
basculer  l'organe  en  arrière,  puisqu'elle  n'appuie  pas  sur  le 
fond,  mais  sur  Tisthme.  Elle  exerce  la  pression  ou  tension 
péritonéale  antérieure.  J'ai  décrit  cela  à  propos  du  redres- 
sement. De  plus,  l'index  qui  touche  et  tend  à  faire  bas- 
culer le  col  vers  le  sacrum;  complète  le  mouvement  de 
levier  qui  met  à  l'abri  de  la  rétroversion. 

L'assistant  se  place  à  genoux  sur  le  canapé,  vis-à«vis  et 
contre  les  membres  inférieurs  fléchis  de  la  femme,  de  façon 
que  les  genoux  de  celle-ci  touchent  les  hanches  de  l'aide  qui 
les  pousse  en  forte  flexion,  et  se  met  en  équilibre  tel  qu*il 
puisse  à  un  moment  donné  incliner  le  tronc  entier  vers  la 
malade  et  le  placer  au  besoin  horizontalement  sans  tomber 


208  LA  KINÉSITHÉRAPIE   GYNÉGOLOOIQUE 

en  avant.  Si  Tassistant  est  petit,  surtout  s*il  a  les  jambes 
courtes,  il  se  met  à  deux  genoux  sur  le  canapé;  s'il  est 
grand,  il  ne  met  qu'un  genou,  le  gauche  de  préférence,  et 
place  son  pied  droit  à  terre  contre  le  bord  du  canapé  très  en 
avant,  en  calant  son  jarret  contre  la  face  interne  du  genou 
gauche  du  médecin.  De  cette  façon  Téquilibre  est  assuré 
et  la  manœuvre  peut  être  exécutée. 

Manœuvre.  —  Elle  comprend  trois  temps  : 

l*"  Pénétration  des  mains  dans  la  cavité  pelvienne  et 
saisie  de  Tutérus  ; 

2^  Soulèvement  de  Tutérus  ; 

3®  Abandon  de  l'utérus. 
.  1®  Pénétration  des  mains  dans  la  cavité  pelvienne  et  saisie 
de  Vutérus.  —  Les  avant-bras  et  les  bras  en  forte  exten- 
sion, les  mains  en  supination  et  extension  complètes,  un  peu 
écartées,  ou  en  contact  par  leurs  petits  doigts,  suivant  les 
cas,  Tassistant  applique  la  paume  de  ses  mains  sur  la  face 
dorsale  de  la  main  du  médecin.  Il  se  penche  en  avant,  très 
en  avant,  son  visage  touche  presque  celui  de  la  malade,  et 
ce  faisant,  la  pulpe  de  ses  doigts  descend  derrière  le  pubis, 
dans  le  fossé  préparé  par  la  main  du  médecin  et  le  creuse 
davantage,  non  par  effort  brusque,  mais  par  effort  continuât 
contenu,  la  pesanteur  bien  dirigée  et  mesurée  du  tronc  incliné 
agissant  seule.  C'est  la  pression  péritonéale  antérieure 
poussée  à  ses  extrêmes  limites. 

Alors  le  médecin  retire  sa  main  droite  désormais  inutile, 
la  manœuvre  ayant  été  bien  faite.  De  Tindex  gauche  qui  n'a 
pas  quitté  le  cul-de-sac  antérieur  et  le  col,  il  perçoit  à  tra- 
vers les  tissus  le  bout  des  doigts  de  Taide,  qui  se  recourbent 
légèrement  et  appuient  sur  Tutérus  le  plus  bas  possible.  A 
ce  moment  le  corps  utérin  est  fortement  incliné  dans  les 
mains  de  Taide  qui  sent  Tisthme  reculer.  Le  médecin  qui, 
lui  aussi,  sent  fuir  le  col,  dit  à  Tassistant  :  a  allez  »  ;  à  la 
malade  :  «  ne  respirez  plus  »,  et  le  second  temps  com- 
mence. 

2*^  Soulèvement  de  Vutérus.  —  Relevant  le  tronc  et  les 


STÀPFER  209 

bras  tout  d*une  pièce  par  la  seule  action  des  muscles  dorso- 
lombaires,  et  retirant  le  siège  en  arrière —  mouvement  qu'on 
fait  pour  s'asseoir  sur  les  talons  —  Taide  qui  tient  Tutérus 
en  avant  et  des  deux  côtés  à  la  fois,  dans  ses  mains  ani- 
mées d'une  vibration  légère^  fait  remonter  le  col  en  arrière 
le  long  de  la  concavité  sacrée,  comme  s'il  y  gravissait  des 
échelons  ;  en  même  temps  le  corps,  dont  la  bascule  anté- 
rieure se  maintient,  s*él^ve  graduellement  et  d'autant  plus 
haut  que  les  ligaments  sont  plus  lâches.  A  l'instant  précis 
où  la  résistance  est  perçue,  l'aide  s'arrête  et  le  troisième 
temps  commence  sur  Tordre  du  médecin. 

2*  Abandon  de  Vutérus,  — Il  consiste  à  laisser  aller  l'or- 
gane, tantôt  lentement,  ^an(d^  rapidement,  suivant  l'effet 
à  produire:  excitation  à  la  contraction,  ou  suppression  de  la 
contracture,  mais  toujours  sans  brusquerie.  Donc  les  mains 
de  l'aide  tantôt  reculent  vivement  vers  le  pubis,  tantôt 
retiennent  doucement  la  descente. 

Sensations  perçues  par  l'assistant.  —  Jusqu'au  moment 
où  le  médecin  retire  sa  main  appliquée  sur  la  face  anté- 
rieure de  l'utérus,  l'assistant  ne  perçoit  pas  l'utérus.  Il  se 
préoccupe  uniquement  de  se  mettre  en  équilibre,  et  se  guide 
sur  la  main  du  médecin  pour  placer  les  siennes.  Quand  le 
médecin  a  retiré  sa  main,  l'assistant  doit  sentir  le  foâd,  la 
face  antérieure  et  les  côtés  de  l'utérus  qui  bascule  en  avant 
comme  tiré  par  un  ressort,  phénomène  produit  par  la  tension 
du  revêtement  péritonéal  antérieur.  Cette  sensation  doit 
persister  pendant  le  soulèvement.  Si  elle  ne  persistait  pas, 
c  est  que  les  doigts  auraient  glissé.  Jamais  ils  ne  doivent 
glisser.  L'assistant  perçoit  l'ascension  de  Torgane,  qui  n'a 
d'autre  limite  que  celle  de  la  résistance  ligamenteuse,  fort 
variable  suivant  les  cas.  Pendant  le  troisième  temps  l'aide 
a  la  sensation  d  une  descente  rapide  ou  lente. 

Sensations  perçues  par  le  médecin.  —  Lorsque  les  mains 
de  Taide,  plongeant  derrière  le  pubis,  tendent  par  leur  pres- 
sion le  revêtement  péritonéal,  le  médecin  sent  Textrémité 
des  doigts  en  contact  avec  son  index;  en  même  temps  le  col 

ASm.  DU  OTK.  -   VOt.  XOTin,  14 


210  LA  KINÉSITHÉRAPIE   GYNÉCOLOGIQUE 

s'éloigne  ;  parfois  se  dérobe  et  fuit  vers  la  concavité  sacrée. 
Il  doit  raccompagner  et  ne  pas  le  quitter.  Le  vagin  s'al- 
longe, se  rétrécit  plus  ou  moins^  se  tend  au  voisinage  de 
l'isthme  et  ses  parois  enserrent  dans  certains  cas  le  doigt, 
exceptionnellement  la  vulve  même  peut  sUnvaginer  ;  puis  on 
éprouve  une  résistance,  indice  des  limites  d'extension  pru- 
dente des  diverses  attaches.  Le  médecin  dit  alors  «  arrêtez  », 
puis  après  cinq  ou  six  secondes  :  «  laissez  aller  ».  De  son 
doigt  il  accompagne  la  descente,  et  la  face  antérieure  de 
lutérus  abandonné  par  Taide  à  la  fin  du  parcours,  retombe 
mollement  sur  ce  doigt. 

Sensations  perçues  par  la  femme.  —  L'élévation  bien 
faite  est  indolore.  Douloureuse,  elle  est  mal  faite.  On  no 
doit  entendre  aucune  plainte  de  la  patiente  ;  on  ne  doit  saisir 
sur  son  visage  d'autre  impression  que  celle  du  désagrément 
et  de  l'appréhension,  et  seulement  chez  les  nerveuses  ou  dans 
les  premières  séances,  alors  que  la  femme  ne  s'abandonne 
pas  avec  confiance  et  n'a  pas  encore  constaté  par  expérience, 
que  mieux  elle  se  laisse  aller,  plus  la  manœuvre  est  aisée  et 
les  résultats  satisfaisants.  La  femme  qui  a  un  bon  opérateur 
éprouve  donc  tout  au  plus  un  malaise  de  quelques  secondes, 
et  quand  on  lui  demande  compte  de  ses  sensations,  elle  ré- 
pond :  tt  je  sens  que  vous  tirez  en  haut  les  organes  » .  i^a  femme 
qui  a  un  mauvais  opérateur,  se  plaint,  contracte  ses  muscles 
abdominaux,  chasse  les  mains  de  l'assistant  et  s'écrie  : 
c  oh  !  vous  m'arrachez  ».  Quand  l'aide  ou  le  médecin  com- 
mettent la  faute  de  laisser  échapper  l'utérus,  la  femme, 
éprouve  une  vive  douleur. 

Remarcfues  complémentaires.  —  Agir  avec  douceur  et 
circonspection,  en  ne  quittant  pas  des  yeux  le  visage  de  la 
malade  qui  jamais  ne  doit  s'altérer.  Dans  les  commence- 
ments ne  pas  saisir  l'utérus.  Exercer  seulement  la  pression 
ou  tension  péritonéale  antérieure. 

L'élévation  n'est  très  prononcée  que  dans  les  cas  de  pro- 
lapsus avec  relâchement  considérable  des  ligaments,  du 
vagin  et  du  releveur.  Elle  est  courte  dans  les  cas  de  version 


STAPFER  211 

OU  flexion,  elle  est  presque  insensible  dans  le  cas  de  contrac- 
ture, lors  des  premières  séances. 

On  élève  jusqu'à  résistance  et  tension  des  attaches  au  voi- 
sinage de  Visthme.  On  ne  la  dépasse  que  s'il  s'agit  de  sup- 
primer une  contracture,  et  très  graduellement,  un  peu  chaque 
jour. 

Si  Tutérus  n'est  pas  dans  Taxe,  le  médecin  l'y  remet  et 
Taide  fait  une  élévation  oblique  de  façon  à  allonger  les  liga-. 
ments  raccourcis.  On  ne  doit  pas  faire  l'opération  à  l'aveu- 
glette. Dans  tops  les  cas  le  but  visé  est  le  rétablissement  de 
la  tonicité  ;  mais  ou  l'atteint  tantôt  par  la  tension  brève  et 
Tabandon  rapide,  tantôt  par  la  tension  prolongée,  quotidien- 
nement augmentée,  et  l'abandon  lent.  Enfin,  tantôt  on  agit 
sur  la  totalité  des  attaches,  tantôt  sur  une  partie,  ligaments 
de  Douglas,  ligament  large  droit  ou  gauche,  revêtement 
péritonéal  antérieur. 

L'assistant  doit  être  convaincu  qu'il  ne  saurait  saisir  trop 
bas  l'utérus,  que  le  col  et  l'isthme  utérin  doivent  remonter 
le  long  de  l'arc  sacré  ;  le  médecin,  qu'il  doit  mettre  l'utérus 
pour  ainsi  dire  entre  les  mains  de  l'assistant,  accompagner 
le  col  et  l'isthme  dans  l'ascension  et  la  descente,  surveiller  la 
tension  des  attaches  ;  la  femme,  qu'elle  facilite  l'opération 
par  la  détente  absolue,  et  qu'elle  la  rend  impossible  en  fai- 
sant une  inspiration  pendant  le  second  temps. 

Jadis  Brandt  exécutait  la  manœuvre  sans  assistant.  Il  ne 
le  fait  plus,  l'expérience  lui  ayant  enseigné  que  l'utérus  n'é- 
tait pas  toujours  saisi  ou  que,  mal  saisi,  il  glissait  et  surtout 
basculait  en  arrière.  L*aide  est,  à  son  avis,  indispensable, 
sauf  lorsque  l'utérus  est  très  gros.  Dans  ce  cas  et  surtout 
s'il  y  a  grossesse  le  médecin  peut  faire  l'élévation  lui-même. 
En  toute  autre  circonstance  il  se  borne  à  contrôler  par  le 
vagin  toute  l'opération.  Par  la  pression  de  bas  en  haut  et 
d'avant  en  arrière,  il  empêche  l'utérus  de  fuir  ou  de  se  ren- 
verser ;  il  le  fixe  et  les  sensations  de  l'aide,  très  obtuses  qtland 
l'organe  n'est  pas  maintenu,  deviennent  nettes.  Il  indique  et 
rectifie  les  fautes  et  se  tient  prêt  à  retenir  l'utérus  s'il 


212  LA   KINÉSITHÉRAPIE  GYNÉCOLOGIQUE 

échappe  à  Tassistant  ;  mais  il  n'en  est  pas  toujours  maître, 
car  ses  mouvements  ne  sont  pas  libres^  son  doigt  ne  pénètre 
pas  très  profondément,  Tavant-bras  étant  serré  entre  la  fesse 
gauche  de  la  malade  et  la  cuisse  de  l'aide  ;  aussi  celui-ci 
doit  être  bien  persuadé  qu'il  est  responsable  de  la  descente. 

Le  D'  Helleday  exécute  Télévation  de  deux  façons,  seul  et 
avec  un  aide.  Seul,  il  agit  de  la  façon  suivante  :  Assis  à  côté 
de  la  malade  il  introduit  l'index  gauche  dans  le  vagin,  et  le 
place  sur  la  face  antérieure  du  col.  Delà  main  droite  libre,  il 
exerce,  à  travers  les  parois  abdominales,  la  pression  périto* 
néale  antérieure  qui  fait  basculer  le  corps  en  avant  ;  mais 
continuant  cette  pression,  il  repousse  le  col  vers  la  conca- 
vité sacrée  et  élève  en  même  temps  le  corps.  Il  faut  que  le 
coude  décrive  un  arc  de  cercle  dont  le  centre  est  représenté 
par  le  point  d'application  des  doigts.  Le  D'  Helleday  pense 
que  l'élévation  est  plus  régulièrement  faite  avec  un  aide  et  ne 
s'en  passe  qu'exceptionnellement. 

J'ai  dit  que  l'aide  en  faisant  pénétrer  ses  mains  en  supina- 
tion et  extension  dans  la  cavité  pelvienne,  les  tenait  un  peu 
éloignées,  ou  au  contraire  jointes  par  le  bord  cubital  des 
petits  doigts.  En  effet,  on  peut  pénétrer  soit  au  niveau  des 
épines  iliaques,  soit  derrière  la  symphyse  pubienne.  Dans  le 
premier  cas  on  saisit  latéralement  l'utérus,  dans  le  second 
les  petits  doigts  touchent  la  face  antérieure  qu'ils  ne  sentent 
guère  ;  l'annulaire,  le  médius  et  même  l'index  suivant  le  vo- 
lume utérin,  enveloppent  les  faces  antéro-latérales  qu'ils 
sentent  nettement.  Aujourd'hui,  Brandt  emploie  constam- 
ment le  second  procédé,  à  moins  que  l'utérus  ne  soit  très 
gros.  Jadis,  au  contraire,  il  saisissait  toujours  l'utérus  par 
les  côtés  et  l'élevait  directement,  mais  ayant  remarqué  que 
de  cette  façon  le  fond  avait  une  tendance  à  basculer  en  ar- 
rière, il  adopta  le  second  procédé  qui  permet  en  élevant  l'u- 
térus de  Vantéverser  énergiquement  par  la  tension  du  revê- 
tement péritonéal  antérieur. 

La  manœuvre  est  repétée  trois  fois  à  chaque  séance.  Il  est 
préférable  de  mettre  dix  minutes  d'intervalle,  mais  on  peut 


REVUE  CLINIQUE.   —  PORAK  213 

se  contenter  d*un  court  repos  entre  les  élévations.  L'opéra- 
tion est  complétée  par  des  mouvements  musculaires  que  je 
vais  étudier  avec  les  divers  exercices  gymnastiques  qui 
complètent  le  traitement.  (.4  suivre.) 


SYMPHYSÉOTOMIE  PRATIQUÉE  CHEZ  UNE  FEMME  RA- 
CHITIQUE  EN  TRAVAIL  AU  TERME  DE  LA  GROSSESSE. 
SUCCÈS  POUR  LA  MÈRE  ET  POUR  L'ENFANT 

Par  le  D'  Porak,  accoucheur  de  l'hôpital  Lariboisière. 


La  femme  X...,  âgée  de  25  ans,  primipare,  est  atteinte  de  rachi- 
tisme; elle  a  marché  vers  sa  troisième  année.  Les  déformations  de 
son  squelette  sont  caractéristiques.  Les  deux  tibias  sont  convexes 
en  dedans,  plus  à  droite  qu'à  gauche,  tandis  que  les  fémurs  oiTrent 
une  convexité  exagérée  en  dehors,  plus  marquée  à  gauche  qu'il 
droite.  Le  thorax  présente  une  saillie  exagérée  du  sternum  en 
avant  avec  le  chapelet  assez  peu  marqué  formé  par  Tintumesconce 
des  articulations  chondro-costales.  La  colonne  vertébrale  olTre 
une  légère  scoliose  à  concavité  gauche. 

Cette  femme  est  petite  ;  sa  taille  mesure  1  m.  42.  Le  bassin  est 
mal  conformé,  il  est  légèrement  asymétrique.  L'épine  supérieure 
et  antérieure  est  un  peu  plus  rapprochée  du  pubis  à  gauche  qu'à 
droite  (15  centim.  contre  16  centim.). 

L'épine  supérieure  et  postérieure  est  aussi  plus  rapprochée  do  la 
ligne  des  épines  sacrées  à  droite  qu'à  gauche.  Au  toucher  vaginal 
le  côté  gauche  du  bassin  est  un  peu  plus  accessible  que  le  droit. 
De  plus  le  promontoire  est  proéminent.  La  distance  promonto- 
sous-pubienne  mesure  9  centim.  6. 

Cette  femme  était  à  terme  et  en  travail  depuis  quelques  heures 
lorsqu'elle  est  entrée  le  10  juin  dernier  à  l'hôpital  Lariboisière. 

La  poche  des  eaux  se  rompit  spontanément  vers  minuit  et  la 
dilatation  du  col  était  complète  le  11  juin  dans  la  matinée.  L'en- 
fant présentait  le  sommât  en  G.  I.  D.  T.  La  tète  surplombait  le 
pubis. 

Comme  les  battements  du  cœur  fœtal  étaient  normaux,  je  réso- 
lus de  tenter  tout  d'abord  une  application  de  forceps  quelque  in- 
fructueuse qu'elle  parût  devoir  être. 


214  SYMPHYSÉOTOMIE.   —  SUCCÈS 

Les  marques  que  nous  avons  constatées  plus  tard  sur  la  tôte  du 
fœtus  ont  démontré  que  la  prise  avait  été  pratiquée  à  peu  prés 
symétriquement  au  voisinctge  des  oreilles,  la  concavité  des  cuil- 
lers regardant  la  face.  Des  tractions  énergiques,  prudentes,  mais 
sans  succès  me  démontrèrent  qu^il  était  impossible  d'engager  la 
tète  de  l'enfant  dans  l'excavation  pelvienne. 

Rejetant  toute  indication  d'opération  césarienne,  je  me  trouvais 
dans  l'alternative  de  sacriûer  l'enfant  en  recourant  à  l'embryo- 
tomie  ou  de  tenter  une  seconde  application  de  forceps  après  avoir 
préalablement  pratiqué  la  symphyséotomie.  Je  suivis  le  second 
parti. 

La  femme,  qui  avait  été  placée  en  travers  du  lit,  fut  maintenue 
dans  cette  situation.  Je  désarticulai  le  forceps.  Je  pratiquai  de 
nouvelles  injections  vaginales  après  avoir  rasé,  savonné,  nettoyé 
minutieusement  le  pénil  et  les  organes  génitaux  externes.  J  intro- 
duisis alors  une  sonde  à  travers  l'urèthre  jusque  dans  la  vessie, 
de  façon  à  maintenir  cet  organe  aussi  écarté  que  possible  de  la 
face  postérieure  du  pubis.  Une  incision  de  5  à  6  centimètres  sur 
la  ligne  médiane  au-devant  de  la  symphyse  me  permit  de  la  dé- 
couvrir rapidement  dans  toute  son  étendue.  Je  détachai  alors  le 
ligament  triangulaire  de  ses  insertions  médianes  dans  une  étendue 
suffisante  pour  passer  la  pulpe  du  doigt  en  arrière  de  l'articula- 
tion. A  l'aide  d'un  bistouri  boutonné  placé  entre  la  pulpe  di\  doigt 
qui  garantissait  les  organes  placés  en  arrière  et  la  symphyse,  j'in- 
cisai celle-ci  par  petits  coups  de  bas  en  haut. 

Lorsque  la  symphyse  fut  séparée  dans  toute  son  étendue,  il  se 
produisit  un  craquement,  et  les  deux  os  iliaques,  entraînés  par  les 
membres  inférieurs  modérément  portés  en  dehors,  s'écartèrent  de 
2  à3  travers  de  doigt,  c'est-à-dire  de  4  centimètres  au  plus. 

L'hémorrhagie  fut  très  modérée.  Au  fond  de  la  plaie,  elle  se 
produisait  en  nappes  aux  dépens  des  vaisseaux  du  tissu  cellulaire 
de  la  cavité  de  Retzius.  Une  compression  avec  un  peu  de  gaze 
placée  dans  la  plaie,  exercée  entre  deux  doigts,  l'un  placé  en  dehors, 
Tautre  dans  le  vagin^  permit  d'en  venir  facilement  à  bout. 

L'enfant  put  alors  être  extrait  avec  la  plus  grande  facilité  d 
l'aide  du  forceps.  Les  cuillers,  placées  symétriquement,  ne  lais- 
sèrent aucune  trace  sur  la  face  de  l'enfant.  On  fut  obligé  de  le 
fustiger  légèrement  pour  provoquer  la  respiration  qui  ne  tarda  pas 
à  se  produire  régulièrement.  Je  réunis  les  bords  de  la  plaie  à 


REVUE   CLINIQUE.   —   PORAK  215 

Taide  de  six  points  de  suture  avec  de  la  soie  plate.  La  délivrance 
ne  présenta  rien  de  particulier.  L'enfant  pesait  2620  gr.  Au  mo- 
ment de  la  naissance,  sa  tète  présentait  un  apLatiseefnent  très 
marqué  suivant  le  diamètre  transversal.  Le  pariétal  gauche  che- 
vauchait au-dessus  du  pariétal  droit. 

Je  ûxai  les  membres  inférieurs  après  avoir  appliqué  sur  le  bassin 
une  plaque  d'ouate  et  une  beinture  de  flanelle  très  serrée.  Pendant 
les  quatre  premiers  jours  la  malade  eut  de  Tlncontinence  d'urine, 
qui,  un  peu  louche,  contenait  du  pus  en  très  petite  quantité,  mais 
en  peu  de  jours  l'urine  reparut  tout  à  fait  limpide. 

La  température  oscilla  les  premiers  jours  un  .peu  au-dessus 
de  38*;  une  seule  fois  elle  atteignit  38<^,6.  Le  pouls  pendant  le  môme 
temps  restait  au-dessus  de  100  pulsations  et  marqua  une  seule 
fois  128  pulsations  (voy.  p.  216). 

Dès  le  4«  jour  la  température  et  le  pouls  restèrent  Jiormaux. 

Le  6*  jour  on  enleva  les  sutures.  La  plaie  s'est  réunie  par  pre- 
mière intention. 

Le  7«  jour  la  symphyse  du  pubis  était  solide.  Je  ne  pus  pas 
constater  de  chevauchement  des  os  iliaques  au  niveau  de  Parti- 
culation  en  iniprimant  des  mouvements  alternatifs  sur  les  deux 
crêtes  iliaques. 

Je  permis  à  la  malade  de  se  lever  le  20«  jour,  avec  d'autant 
moins  de  crainte  que  j'avais  appris  qu'elle  s*était  déjà  à  plusieurs 
reprises  levée  contre  nos  ordres,  sans  inconvénient. 

L'enfant,  qui  avait  perdu  175  grammes  de  son  poids  le  4«  jour 
après  sa  naissance,  avait  retrouvé  son  poids  initial  le  10*  jour  ; 
le  16«,  il  avait  gagné  165  grammes  sur  le  poids  qu'il  possédait  au 
moment  de  sa  naissance* 

M°>*  X...  a  quitté  le  service  le  13  août.  Elle  marchait  absolu- 
ment comme  avant  sa  grossesse,  sans  ressentir  de  douleur  au 
niveau  de  la  symphyse  pubienne. 

Examinée  le  15  juillet,  j'ai  cependant  constaté  qu'il  existait  une 
mobilité  des  pubis  un  peu  plus  marquée  que  celle  qu'on  constate 
habituellement  à  cette  époque. 

L'enfant  qui,  faute  d'un  allaitement  «suffisamment  surveillé, 
avait  périclité  pendant  quelque  temps,  a  repris  une  santé  tout  à 
fait  satisfaisante  dès  qu'il  a  été  confié  à  d'autres  soins.  Il  est  en- 
voyé en  nourrice  bien  portant  le  11  août.  • 


216  SYMPHYSÉOTOMIE.  —  SUCCÈS 

Cette  observation  apporte  donc  un  nouveau  succès  à  la 

sympbyséotomie  pour  la  mère  et  pour  Tenfant.  Elle  démontre 
la  facilité  de  l'opération  et  probablement  son  innocuité  sous 
le  couvert  d*une  antisepsie  rigoureuse. 

MA.TIN 

Temp.  Pouls 

11  Juin 120 

12 380  116 

13 38«,3  120 

14 370,4  104 

15 37«,8  100 

16 370,4  100 

17 370,2  100 

18 37»  96 

19 370  96 

20 360,6  88 

21 370  100 

22 370  88 

23 360,8  94 

24 360,8  92 

25 3G«,6  76 

26 36«,8  88 

27 360,8  88 

28 360,8  86 

29 360,6  80 

30 360,8  68 

1"  Juillet 370  80     . 

2 •    370  80 

3 370  80 

4 37*  72 

5 37»  80 

6 37*  84 

7 37*  80 

8 37*,5  88 

0 37*  80 

10 360,8  80 

11 36*,9  80 

12 860,8  74 


SOIR 

Temp. 

Pouls 

37«.6 

120 

380 

128 

38«,4 

116 

380,6 

116 

380,6 

104 

38* 

120 

370,4 

100 

370,4 

104 

370 

100 

370 

100 

* 

37* 

88 

360.8 

96 

36«,8 

80 

370 

88 

37« 

72 

360,8 

88 

370 

90 

370 

92 

380 

100 

370 

100 

370,2 

76 

370 

80 

1 

370 

80 

37»  ,6 

88 

370.4 

100 

i 

370 

82 

390,4 

120 

370,5 

88 

360,8 

74 

360,8 

86 

370 

80 

360,8 

74 

REVUE   GÉNÉRALE.   —  CHARRIER  217. 


REVUE  GÉNÉRALE 


DE  LA 
PÉRITONITE   BLENNORRHAGIQUE  CHEZ  LA   FEMME 

PÉRIMBTRITE  —  PÉRIOVARITE  —  PÊRISALPINGITE 

Par  le  D'  P.-R.  Charrier, 

Ancien  interne  du  service  chirurgical  de  gynécologie  de  Lourcine- Pascal, 


Nous  avons  souvent  entendu  répéter  à  notre  cher  maître, 
le  professeur  Dieulafoy,  que  rien  n'était  plus  utile  pour  un 
médecin  que  de  bien  connaître  l'histoire  naturelle  des  mala- 
dies, c'est-à-dire  leur  marche,  leur  évolution,  etc.  Ce  pré- 
cepte, dont  nous  avons  toujours  vérifié  la  justesse,  est  parti-, 
cnlièrement  exact  en  ce  qui  concerne  la  blennorrhagie  chez 
la  femme.  Grâce  à  des  travaux  tout  récents,  nous  pouvons 
presque  affirmer  d'une  façon  absolue,  l'exactitude  et  la  vé- 
rité de  notre  interprétation  en  ce  qui  concerne  la  localisation 
de  l'infection  gonococcique  sur  le  péritoine  qui  tapisse  le 
petit  bassin  et  les  organes  qui  y  sont  contenus  chez  la  femme. 
Le  titre  de  péritonite  blennorrhagique  ne  nous  convient  ce- 
pendant qu'à  demi.  Rarement,  en  effet,  la  grande  cavité  périto- 
néale  est  atteinte,  et  le  mot  de  péritonite  répond  à  l'inflamma- 
tion totale  de  la  séreuse  abdominale  ;  le  mot  de  pelvi-périto- 
nite  ne  nous  plait  pas  davantage^  car  il  correspond  à  une 
sorte  d'entité  morbide  qui  pour  nous  n'existe  pas;  pour 
nous,  l'infection  du  péritoine  pelvien  chez  la  femme  ne  peut 
pas  naître  spontanément  ;  les  grandes  poches  de  péritonites 
suppurées,  les  grands  abcès  pelviens  circonscrits  par  des 
loges  péritonéales,  reconnaissent  pour  cause,  en  dehors 
de  la  tuberculose  et  du  cancer,  une  lésion  de  l'intestin, 
avec  issue  du  contenu  intestinal  dans  la  cavité  péritonéale; 
c'est  cette  variété  de  péritonite  qui  succède  aux  perfora- 
tions, aux  typhlites,  appendicitesi  etc.;  on  la  rencontre  dans 


218     PÉRITONITE   BLENNORRHAGIQUE   CHEZ   LA   FEMME 

les  deux  sexes.  Nous  n*en  parlerons  pas.  Â  côté  de  cette 
forme,  il  existe  chez  la  femme  un  type  d'infection  périto- 
néale  auquel  on  a  donné  le  nom  de  pelvi-péritonite,  qui  offre 
à  nos  yeux  des  variétés  très  nettes,  mais  qui  n*existent  pas, 
comme  on  Ta  dit,  sans  lésions  de  Tutérus  ou  des  annexes. 
La  pelvi-péritonite  est  tantôt  de  la  péri  ou  de  la  paramétrite; 
tantôt  de  la  périsalpingite,  tantôt  de  la  périovarite.  Cela 
revient  à  dire  qu'une  femme  qui  présente  des  accidents  péri- 
tonitiques,  sans  lésions  de  l'intestin^  sans  traumatisme  sep* 
tique,  sans  tuberculose  péritonéale,  ou  sans  carcinose^  doit 
ces  accidents  péritonitiques,  soit  à  une  infection  de  Tutérus 
et  des  annexes î  soit  à  une  infection  utérine  simple. 

Or,  nous  croyons  qu*aujourd'hui,grâce,comme  nous  l'avons 
dit,  à  des  travaux  tout  récents,  la  périmétro-salpingite  est 
due  à  deux  ordres  de  causes  :  les  unes  dépendent  tantôt  d'un 
acte  physiologique  qui  manque  à  Thomme,  c'est  la  parturi- 
tion,  alors  c'est  la  péritonite  puerpérale  qui  succède  tou- 
jours à  une  infection  d'origine  utérine,  qu'elle  soit  post 
partum,  ou  post  abortum  ;  ces  mêmes  causes  et  la  même 
péritonite  peuvent  succéder  à  un  traumatisme  utérin,  cathé- 
térisme  ou  autre;  je  dis  ces  mêmes  causes,  je  veux  dire  ces 
mêmes  micro-organismes,  car,  dans  tous  ces  cas,  la  périto* 
nite  de  l'accouchée,  de  l'avortée,  de  la  curetée,  est  une  péri- 
tonite consécutive  à  une  lésion  de  l'utérus,  soit  après  une 
délivrance  incomplète,  un  accouchement  sale,  etc.,  etc.  Cette 
péritonite  que  nous  appelons  puerpérale,  est  le  type  de  la 
péritonite  purulente  à  streptocoques  qui  était  autrefois  si  ra- 
pidement et  si  fatalement  mortello  jusqu'aux  lavages  du 
péritoine  qui  une  fois  sur  deux  arrachent  les  malades  à  la 
mort.  On  comprend  que  tous  les  degrés  se  voient  dans  la 
périmétro-salpingite  puerpérale  suivant  le  degré  de  viru* 
lence  du  streptocoque,  suivant  la  quantité  de  micro-orga- 
nismes, etc.,  etc.  ;  aujourd'hui  les  formes  mortelles  sont  bien 
plus  rares. 

Eh  bien,  à  côté  de  cette  forme,  existe  une  autre  variété 
de  périmééro-salpingite,  c*est  la  pelvi-péritonile  blennorrha- 


REVUE   GÉNÉRALE.   —  CHARRIER  219 

gique  de  Bernutz,  c'est  Tinfection  par  le  gOQOcoque  du  péri-* 
toine  pelvien  chez  la  femme  ;  cette  sorte  de  péritonite  mérife 
vraiment  d'être  une  espèce  morbide,  car  c'est  à  l'infection 
du  péritoine  qui  les  entoure  qu'est  due  toute  la  symptoma- 
tologie  douloureuse,  bruyante  de  l'infection  blennorrhagique 
des  trompes  et  des  ovaires.  11  n'y  a  pas  de  péritonite  puer- 
pérale sans  métrite  puerpérale  ;  il  n'y  a  pas  non  plus  de  péri- 
tonite blennorrhagique  sans  qu'il  y  ait  eu  métrite  et  salpin- 
gite auparavant.  Seulement  autant  les  troubles  fonctionnels 
deviennent  graves,  sérieux  lorsque  la  blennorrhagie  atteint 
le  péritoine,  autant  ils  sont  peu  marqués  lorsque  Tutérus  est 
seul  touché.  Il  faut  avoir  suivi  des  malades  comme  nous 
l'avons  fait  à  Lourcine,  depuis  le  début  de  leur  vaginite  go- 
norrhéique  jusqu'aux  accidents  métritiques  puis  salpingiens, 
puis  péritonitiques  ;  il  faut  avoir  vu  ces  blennorrhagies  du 
col,  si  rebelles,  si  interminables,  ne  se  manifestant  que  par 
un  écoulement  verdâtre  très  peu  abondant,  sans  vaginite 
appréciable;  il  faut  avoir  vu  ces  métrites  cervicales  gonor- 
rhéiques  être  tout  à  coup  le  point  de  départ  d'accidents  pé- 
ritonéaux  formidables,  avec  ballonnement  du  ventre,  vomis- 
sements verdâtres,  etc.;  il  faut  avoir  vu  ces  cas  aussi  vite 
apaisés  que  vite  déchaînés,  pour  comprendre  qu'il  y  a  une 
périmétro-salpingite  blennorrhagique,  aussi  importante  à 
connaître  que  difficile  à  traiter  et  qui  doit,  il  nous  semble, 
être  surtout  traitée  par  la  prophylaxie. 

L'histoire  de  la  péritonite  infectieuse  en  général  est  de 
date  récente,  l'histoire  de  la  péritonite  blennorrhagique  est 
encore  plus  récente.  Je  parle  pour  l'une  et  pour  l'autre  de 
l'histoire  bactériologique.  Au  point  de  vue  clinique,  Ricord, 
Depaul,  Bernutz,  Noggerath,  en  1872  déjà,  et  plus  près  de 
nous,  à  ce  double  point  de  vue  clinique  et  bactériologique, 
Sânger,  Bumm,  Menge,  et  surtout  Wertheim  (de  Prague)  ont 
bien  étudié  la  question  qui  nous  occupe  ;  nous  renvoyons 
pour  l'historique  détaillé  à  notre  thèse  (1). 

(!)  De  la  pérUnnite  hlen7wrr7uigiquc  chez  la  femniti.  Périmétrite.  PérUaU 
pingite,  par  le  D'  P.  Chabbieb^  (Steinheil,  édit.,  18^2.) 


220     PÉRITONITE  BLKNNORRHAGIQUE  CHEZ   LA  FEMME 

.  Nous  allons  chercher  ici  à  résumer  les  opinions  variées 
qui  se  sont  fait  jour.  Bernutz,  avec  un  sens  clinique  admi-* 
rable  et  grâce  au  milieu  spécial  où  il  vivait,  a  bien  vu  et  bien 
décrit  les  accidents  péritonéaux  chez  la  femme  atteinte  de 
blennorrhée^  il  a  comparé  ces  accidents  à  ceux  qui  frappent 
le  testicule  chez  rhomme,  il  a  même  appelé  orchite  féminine 
la  péri-ovarite  et  la  péri-salpingite  blennorrhagique.  Ber- 
nutz  avait  remarqué  ces  cas  soudains  auxquels  nous  avons 
fait  allusion  et  le  volume  de  la  tumeur  Tavait  frappé  comme 
tous  ceux  qui  ont  examiné  après  lui  des  cas  semblables. 
Mais  où  Bernutz  a  eu  moins  de  bonheur,  c*est  quand  il  a 
décrit  une  pelvi-péritonite  menstruelle,  congressive,  c'est» 
à-dire  par  excès  de  coït  ;  pour  nous  ce  sont  là  des  variétés  de 
la  péritonite  blennorrhagique,  presque  toujours  au  moins, 
car  dans  les  cas  où  on  ne  retrouve  pas  la  blennorrhée,  il 
suffit  de  chercher  pour  constater  Tinfection  d'origine  puer* 
pérale.  Bernutz  lui-même,  dans  les  observations  qu'il  cite 
comme  des  types  de  péritonite  menstruelle,  signale  antérieu- 
rement l'existence  de  la  blennorrhagie. 

C  est  surtout  les  travaux  de  Wertheim  (de  Prague)  que 
nous  allons  analyser  ici,  car  ils  n'avaient  pas  encore  com- 
plètement paru  au  moment  où  nous  avons  fait  notre  thèse. 

Lorsqu'on  étudie  attentivement  ses  expériences,  on  est 
frappé  de  la  précision  qu'on  y  rencontre  et  des  résultats  qui 
s'accordent  merveilleusement  avec  les  faits  cliniques  (1). 
Ce  qui  augmente  à  nos  yeux  la  valeur  de  ce  mémoire,  c'est 
révolution  de  Bumm.  Après  en  avoir  combattu  les  conclu- 
sions, soit  au  congrès  de  Berlin,  soit  à  celui  de  Bonn  dans 
des  discussions  restées  fameuses,  Bumm  admettait  que  l'in- 
fection blennorrhagique  ne  pouvait  à  elle  seule  entraîner 
les  lésions  périmétro-salpingiennes  et  salpingo-ovariennes, 
que  Wertheim  lui  attribuait.  Il  niait  que  le  gonocoque  eût 
une  action  durable  sur  les  tissus  et  prétendait  que  les  sup- 

(1)  Die  ascendirende  Gonorrhire  beim  Weibe.  BacieriologiBche  u.  klinische 
Studicn  zur  Biologie  des  Gonococcns  Neiflser.  Archit.fûr  Gynœeologie,  Bd 
XLII,  1,  1892. 


» 


REVUK   GÉNÉRALE.   —  CHARRIER  231 

purations  pelviennes  au  cours  de  la  blenuorrhagie  étaient 
de  véritables  inrections  secondaires,  dans  Tétiologie  des- 
quelles le  gonocoque  avait  joué  un  rôle  de  cause  prédispo- 
sante et  non  déterminante.  Telle  était  Topinion  de  Bumm 
jusqu'au  dernier  mémoire  de  Wertheim;  depuis  ce  dernier 
travail  et  avec  une  franchise  qui  lui  fait  honneur,  Bumm  a 
contrôlé  avec  succès  les  expériences  de  Wertheim,  et,  aban- 
donnant ses  premières  conclusions,  il  a  adopté  tout  à  fait 
celles  do  Wertheim. 

Ces  conclusions  sont  les  suivantes  : 

En  dehors  de  la  puerpéralité  les  lésions  des  annexes  et  du 
péritoine  pelvien  chez  la  femme  sont,  dans  la  très  grande 
majorité  des  cas,  dues  à  l'infection  gonococcique.  La  présence 
de  gonocoques  dans  le  pus  ou  dans  les  exsudats  se  constate 
toujours  quand  on  emploie  la  méthode  dont  Wertheim  s'est 
servi.  Sur  7  cas  de  pyo-salpinx  il  a  trouvé  7  fois  dans  le  pus, 
le  gonocoque.  Alors  même  que  le  gonocoque  n'est  pas  facile 
à  déceler  par  les  examens  microscopiques  il  suffit  d'employer 
la  méthode  des  cultures  pour  le  mettre  en  évidence.  C'est 
sur  de  Tagar  mélangé  à  du  sérum  de  sang  humain,  sérum  de 
sang  placentaire,  que  Wertheim  a  pu  cultiver  le  gonocoque. 
La  virulence  de  ce  microbe  est  extrêmement  variable  mais  elle 
présente  ce  caractère  particulier  qu'elle  persiste  très  long- 
temps. On  ne  doit  jamais  nier  qu'une  salpingite  suppurée 
avec  périmétro-salpingite  est  gonoccique  en  invoquant,  pour 
cette  négation,  l'absence  de  gonocoques,  sous  le  microscope  ; 
il  suffit  d'ensemencer  ce  pus  en  apparence  sans  microbes 
pour  avoir  de  belles  cultures  de  gonocoques.  Wertheim  a 
employé  tous  les  procédés  dont  les  autres  auteurs  se  sont 
servis  pour  les  microbes  pyogènes  et  il  a  obtenu  avec  le 
gonocoque  des  résultats  analogues  à  ceux  obtenus  avec  les 
autres  micro-organismes,  il  est  même  arrivé  à  provoquer  sur 
lui-même  une  lymphangite  avec  abcès  sous-cutané  à  gono- 
coques en  se  faisant  une  inoculation  de  culture  pure  de  gono- 
coques. 

Mais  de  tous  les  résultats  obtenus  par  Wertheim  ceux  qui, 


222     PÉRITONITE  BLENNORRHAGIQOE   CHEZ  LA  FEMME 

à  nos  yeux,  ont  vraiment  la  grande  plus  importance  au  point 
de  vue  spécial  qui  nous  occupe,  c'est  la  détermination  chez 
les  animaux,  surtout  la  souris  blanche  et  le  cobaye,  d'une 
péritonite  spéciale  à  gonocoques.  Voici  comment  proche 
Wertheim.  Après  incision  de  rabdomen  et  âa  péritoine  de 
ranimai,  incision  faite  avec  toutes  les  précautions  d*asage, 
il  introduit  dans  la  cavité  péritonéale  une  culture  pure 
de  gonocoques  sur  milieu  solide  de  sérum  mélangé  à  de 
Tagar.  Trente-six  heures  après  il  obtient  une  péritonite  loca- 
lisée, adhésive,  sèche,  et  suivant  laquantitéde  culture  la  péri- 
tonite est  ou  n'est  pas  mortelle.  Les  caractères  sur  lesquels 
insiste  Wertheim  dans  ces  péritonites  expérimentales  sont 
justement  ceux  sur  lesquels  nous  avons  insisté  dans  notre 
thèse  :  c'esirà-dire,  la  localisation  de  la  péritonite,  les  adhé- 
rences excessives  qn'onobserve,  et  qui  ont  le  caractèred'adhé- 
rences  plastiques,  tandis  que  dans  les  autres  formes  de  périto- 
nite Texsudat  est  toujours  liquide,  séro-purulent,  purulent,  et 
les  adhérences  secondaires  à  Texsudat  liquide.  Wertheim 
non  seulement  avec  des  cultures  de  gonocoque  a  reproduit  des 
péritonites  sèches,  partielles,  mais  avec  des  parcelles  prises 
sur  les  exsudats  péritonitiques  de  ces  péritonites  il  a  obtenu 
des  cultures  nouvelles  de  gonocoque. 

Nous  croyons  donc  que  la  preuve  est  faite,  il  nous  reste  à 
décrire  rapidement  comment  se  présente  cliniquement  Tin- 
fection  gonococcique  des  annexes  et  du  péritoine  qui  les 
entoure. 

La  cause  déterminante  c'est  l'infection  blennorrhagique. 
Cette  infection  se  fait  par  les  rapports  sexuels  et,  disons-le 
bien  haut,  elle  est  extrêmement  fréquente.  Depuis  trois  mois 
un  des  élèves  distingués  de  la  clinique  des  voies  urinaires  à 
Necker  a  entrepris  des  recherches  sur'la  métrite  à  gonoco- 
ques. Ces  recherches  sont  extrêmement  intéressantes,  il  nous 
a  communiqué  quelques  résultats  que  nous  voulons  énoncer 
ici  car  ils  nous  paraissent  jeter  un  jour  nouveau  sur  la  patho* 
génie  et  Tétiologie  indirecte  des  accidents  périmétro-salpin- 
giens  gonorrhéiques. 


REVUE   GÉNÉRALE.   —  CHARRIER  223 

Dans  quatre  cas,  il  a  constaté  la  présence  intermittente  du 
gonocoque.  Ce  microbe,  dont  les  premières  atteintes  remon- 
taient à  plusieurs  mois,  ne  se  retrouvait  pas  dans  les  liquides 
vaginaux  ou  dans  la  leucorrhée  cervicale,  sauf  au  moment 
des  règles  et  dans  la  semaine  qui  les  suit. 

Dans  un  cas,  M.  Reymond,  pendant  4  mois,  a  examiné  les 
sécrétions  d'une  femme  ayant  de  la  leucorrhée  sans  y  trou- 
ver de  microbe  pathogène,  pendant  ces  4  mois  la  femme  n'eut 
pas  ses  règles  et  son  amant  put  sans  danger  cohabiter 
avec  elle;  au  bout  du  4*"  mois  les  époques  reviennent  très 
abondantes  mais  sans  fausse  couche  ;  aussitôt  qu'elles  eurent 
cessé,  Tamant  de  cette  femme  contracte  avec  elle  une  bien- 
norrhagie  à  gonocoque  ;  il  prend  du  pus  dans  le  col  de  sa 
maîtresse,  le  porte  à  Reymond.  Gonocoques  abondants  qui 
disparurent  le  V  jour  après  les  règles.  Chez  trois  autres 
femmes,  môme  apparition  inteimittente  du  gonocoque  après 
les  règles. 

Sans  vouloir  généraliser  des  faits  encore  en  trop  petit 
nombre,  nous  dirons  .qu'aujourd'hui,  grâce  aux  travaux  de 
Técole  de  Necker,  on  sait  combien  longtemps  virulente  est 
cette  goutte  miliisiire;  il  suffit  de  lire  le  récent  mémoire  de 
notre  ami  Janet,  pour  voir  combien  doit  être  fréquente  la 
contamination  de  femmes  saines  par  des  hommes  en  appa- 
rence guéris,  c'est  ce  que  nous  avons  appelé  la  péritonite 
des  jeunes  mariées.  Insistons  également  sur  Timportance 
de  la  menstruation  comme  cause  très  favorable  à  la  pullu- 
lationdes  gonocoques  anciens,  au  rajeunissement  des  vieilles 
endométrites  en  apparence  guéries.  Insistons  enfin  sur  les 
excès  sexuels  qui,  eux  aussi,  par  la  congestion  qu'ils  provo- 
quent, rendent  plus  facile  le  développement  de  l'agent  infec- 
tieux. Enfin,  prenons  un  exemple  entre  mille,  et  voyons  com- 
ment ces  choses  se  passent.  Une  jeune  femme  se  marie,  son 
mari  depuis  longtemps  n'a  plus  d'écoulement,  ne  tache  plus 
son  linge,  il  a  eu  toutefois  à  plusieurs  reprises  la  blennor- 
rhagie  et,  en  réalité,  s'il  n'a  pas  d'écoulement  il  conserve  un 
léger  degré  d'uréthrite  postérieure. 


224     PÉRITONITE   BLENN0RHHA6IQUE   CHEZ  LA  FEMME 

Sous  rinfluence  de  rapports  sexuels  nombreux,  il  voit  ap« 
paraître  un  peu  d'écoulement  qu'il  qualifie  d'échaufFement, 
en  même  temps  sa  femme  constate  un  peu  de  vaginite,  met- 
tons les  choses  au  mieux.  Un  médecinestappelé,  conseille  des 
injections^du  repos,  etc.  La  vaginite  s'apaise,  il  reste  un  peu 
plus  de  pertes  blanches  chez  la  jeune  femme  qu'avant  son 
mariage,  elle  ne  s'en  inquiète  pas  ;  vient  la  1"  époque  mens- 
truelle, les  pertes  blanches  augmentent  avant  et  après,  et  si 
on  examine  à  ce  moment  l'utérus  au  spéculum,  il  est  rare 
qu'on  ne  constate  pas  un  léger  degré  d'endométrite,  parfois 
même  un  peu  d'ulcération  de  l'orifice  utérin.  A  ce  moment  la 
femme  est  atteinte  de  vaginite  et  de  métrite  gonorrhéique  ; 
suivant  le  terrain,  les  choses  restent  ainsi  plus  ou  moins 
longtemps,  puis  un  jour,  après  quelques  fatigues,  un  voyage 
de  noces,  etc.,  lafemmeest  prise  tout  d'un  coup  d'une  violente 
douleur  abdominale,  c'est  le  cri  d'alarme  de  Bernutz,  il  y  a 
du  météorisme,  de  la  constipation,  des  vomissements,  etc. 
et  si  Ton  vient  à  toucher  la  malade  on  constate  de  Tempâte- 
ment,  l'utérus  est  comme  figé  au  milieu  d  une  vraie  gangue 
inflammatoire,  avec  prédominance  des  phénomènes  doulou- 
reux d'un  côté,  car  dans  la  blennorrhagie  les  lésions  péri- 
utérines  sont  d*abord  unilatérales,  ce  n'est  qu'ensuite  que 
les  deux  côtés  se  prennent.  La  douleur  du  début  de  la  pelvi- 
péritonite  n'a  nullement  l'intensité  de  celle  de  l'hématocèle, 
il  n'y  a  pas  non  plus  la  sensibilité  exquise  de  l'abdomen  qu'où 
observe  dans  la  forme  dite  puerpérale. 

On  n'a  jamais  non  plus  les  frissons  répétés,  intenses  de  ces 
formes  puerpérales.  D'ailleurs,  nous  renvoyons  pour  plus  de 
détails  à  notre  thèse.  Ce  que  nous  voulons  ici  mettre  en 
lumière,  c'est  le  début  des  accidents  péritonéaux  après  une 
période  plus  ou  moins  longue  d'accidents  vaginaux  ou  uté- 
rins. Le  jour  où  la  trompe  se  prend,  le  péritoine  se  prend 
aussi.  La  prise  de  possession  du  côté  le  premier  touché  par 
l'infection  coïncide  très  souvent  avec  la  1"  époque  mens- 
truelle qui  suit  la  contamination.  Un  mois  plus  tard,  à  la 
2*  époque  après  la  contamination,  la  trompe  de  l'autre  côté 


REVUE  GÉNÉRALE.  —   CHARRIER  225 

se  prend  à  son  tour,  et  avec  elle  le  péritoine  qui  Tentoure. 

Une  fois  les  deux  côtés  pris,  on  assiste  à  des  poussées 
péri  ton  itiques  menstruelles  successives  et  suivant  c(ue  la  ma* 
lade  se  soigne,  garde  le  lit,  évite  toutes  les  causes  de  con- 
gestion ou  bien,  au  contraire,  se  fatigue  et  continue  à  se 
livrer  à  des  excès  de  tout  genre,  on  constate  dans  le  premier 
cas  une  atténuation  dans  les  symptômes  qui  peut  simuler  la 
guérison  ;  ou  bien  il  y  a  exagération  dans  les  troubles  fonc« 
tionnels,  la  tumeur  s'accroît,  et  il  est  rare  que  la  situation  de 
s'aggrave  pas  au  point  de  commander  une  intervention. 

On  peut  donc,  ea  résumé,  décrire  deux  formes  de  péritonite 
blennorrhagique  ;  l'une  suraiguë,  fluxionnaire,  apparaissant 
très  brusquement  pour  diminuer  ou  disparaître  de  même; 
une  seconde  forme  moins  tapageuse,  peut  cependant  offrir 
un  début  analogue,  puis  faire  rapidement  place  à  ce  qui  est 
le  type  de  notre  description,  c'est-à-dire  à  une  péritonite 
très  localisée  au  début,  unilatérale  en  commençant,  plus 
douloureuse  que  grave,  procédant  par  poussées  inflamma- 
toires qui  sont  souvent  en  rapport  avec  les  époques  mens- 
truelles. C'est  cette  forme  qui  a  reçu  le  nom  de  forme  rémit- 
tente de  Nôggerath. 

Les  conséquences  de  cette  péritonite  blennorrhagique  sont 
des  adhérences  très  nombreuses  qui  entraînent  avec  elles 
des  déviations  de  l'utérus  et  une  stérilité  presque  constante. 

On  ne  peut  guère  confondre  la  péritonite  blennorrhagique 
qu'avec  la  péritonite  puerpérale  subaigué.  Toutefois,  les 
antécédents,  l'existence  d'avortements  ou  d'accouchements, 
suffisent  à  faire  poser  le  diagnostic  de  puerpéralité.  Alors 
même  que  la  femmenierait  toute  poussée,  l'absence  de  rémis- 
sion, la  fièvre  dite  de  suppuration^  la  gravité  de  l'état  général 
feront  penser  à  l'existence  d'une  infection  à  streptocoque. 
Disons  enfin,  avant  de  donner  les  conclusions  de  notre  thèse, 
qu'à  côté  de  la  forme  dite  puerpérale  pure  ou  gonococcique 
pure  il  existe  une  forme  intermédiaire  caractérisée  par  les 
deux  formes  surajoutées,  fusionnées.  Certaines  malades 
ayant  été  infectées  légèrement  au  moment  de  leur  couches 

M  QTK    —  VOtm  15 


Ô26     PÉRITONITE  ÊLENNORRtîAGIQUE   CHEZ   LA   PEMME 

et  contractant  ultérieurement  une  blennorrhagie  ou  bien 
étant  devenues  enceintes,  ce  qui  est  rare,  avec  des  lésions 
anciennes  ou  récentes  de  périraétro-salpingite  blennorrhagi- 
que,  peuvent  présenter  des  symptômes  de  périmétro-salpin- 
gite  puerpéro-gonorrhéique. 

C'est  dans  ces  cas  que  Ton  observe  ces  sortes  de  salpingi- 
tes avec  poches  purulentes  enkystées.  Il  semble  que  la  sup- 
puration d'origine  puerpérale  rencontre  pour  se  diffuser  des 
barrières  causées  par  les  adhérences  d  origine  blennorrha- 
gique. 

Pour  terminer  nous  pouvons  conclure  : 

1*»  Par  la  disposition  anatomique  de  ses  organes  génitaux, 
la  femme  met  en  communication  avec  l'extérieur  sa  cavité 
péritonéale,  par  l'intermédiaire  des  trompes  et  de  Tutérus  ; 
l'extrême  fréquence  des  infections  salpingiennes  et  périmé- 
tro-salpingiennes  est  due  à  cette  disposition. 

2°  Deux  formes  de  péritonites  septiques  existent  chez  la 
femme  et  n'existent  pas  chez  l'homme. 

3^  L'une  de  ces  formes  dite  puerpérale  est  due  à  l'infection 
du  péritoine  pelvien  consécutivement  à  l'infection  de  l'uté- 
rus soit  après  l'accouchement  soit  après  l'avortement  ;  on 
peut  faire  naître  une  péritonite  identique  en  dehors  de  tout 
état  gravide,  en  infectant  la  cavité  utérine  soit  par  un  cathé- 
térisme,  soit  par  un  examen.  Le  streptocoque  pyogène  est 
le  microbe  ordinairement  pathogène  de  cette  péritonite. 

4«  A  côté  de  cette  péritonite  existe  une  péritonite  spéciale 
quant  à  son  siège,  car  elle  mérite  le  nom  de  périmétro- 
oophoro-salpingite,  et  qu'elle  est  toujours  localisée  dans  le 
péritoine  qui  tapisse  le  petit  bassin  et  les  organes  qu'il  con- 
tient. Cette  péritonite  autrefois  appelée  pelvi-péritonite  est 
également  spéciale  quant  à  la  nature  de  son  exsudât  ;  c'est 
un  exsudât  plastique,  adhésif,  qui  fait  de  cette  péritonite 
une  sorte  de  péritonite  sèche  présentant  des  lésions  périto- 
néales  analogues  aux  lésions  des  autres  séreuses,  synoviales 
articulaires,  tendineuses  au  cours  du  rhumatisme  blennorrha- 
gique. 


REVUE   GÉNÉRALE.   —  CHARRIER  22t 

Cette  péritonite  est  aussi  spéciale  quant  à  ses  causes  car 
elle  succède  à  Tinfection  gonococcique  des  voies  génitales 
inférieures,  vulve,  glande  de  Bartholin  (vagin,  col  et  corps 
de  l'utérus,  trompe,  ovaire). 

5**  Cette  péritonite  procède  par  poussées,  mérite  le  nom  de 
rémittente,  et  ses  poussées  coïncident  avec  la  menstruation 
ou  les  excès  sexuels.  Aussi  a-t-elle  été  décrite  jadis  sous  les 
noms  de  pelvi-péritonite  menstruelle  congressive,  etc. 

Nous  avons  appelé  cette  péritonite  blennorrhagique,  go- 
norrbéique,  on  peut  également  l'appeler  vénérienne. 

6*^  On  rencontre  quelquefois  une  forme  intermédiaire  entre 
la  péritonite  puerpérale  à  streptocoque,  et  la  péritonite  véné- 
rienne à  gonocoque.  C'est  la  péritonite  puerpérale  gonor- 
rhéique  qui  emprunte  aux  deux  formes  qui  l'engendrent  sa 
symptomatologie  et  ses  lésions. 

7*  Le  diagnostic  des  lésions  périmétro-salpiugiennes  au 
cours  de  la  blennorrhagie  est  très  important,  il  faut  toujours 
redouter  l'extension  de  la  gonorrhée  chez  la  femme  et  trai- 
ter très  éiiergiquement  les  manifestations  les  plus  légères  de 
la  blennorrhagie  féminine. 

8"  Il  faut  surtout  poursuivre  avec  la  dernière  énergie 
ces  formes  torpides,  latentes  d'endométrite  cervicale  à  gono- 
coque, les  injections  intrautérines  de  teinture  d'iode,  de  per- 
manganate au  1/100  (je  dis  au  centième),  sont  très  efficaces. 

Les  travaux  récents  ne  permettent  plus  d'ignorer  qu'au 
point  de  vue  de  la  reproduction  de  l'espèce  non  seulement  la 
blennorrhagie  est  redoutable  par  les  lésions  qu*elle  exerce 
sur  le  testicule,  mais  qu'elle  est  non  moins  à  craindre  par  les 
lésions  de  tout  genre  qu'elle  détermine  sur  l'appareil  génital 
de  la  femme,  que  ces  lésions  soient  utérines,  tubaires,  ova- 
riennes, périutérines,  périovariennes  et  péritubaires. 


228  REVUE  ANALYTIQUE 


REVUE  ANALYTIQUE 

I.  —  Fibromes  utérins  (1) 

Sur  la  structure  de  quelques  fibromes  kystiques  et  sur  la  néolor- 
mation  des  fibres  cellules  musculaires  dans  les  fibromes  utérins. 

(Sulla  struttura  di  alcuni  ûbromiomi  iluttuanti  c  nella  neoforina- 
eione  délie  fibrocellule  muscolari  nei  fibromi  deir  utero),  parTusiNi. 
In  Annali  di  Ost.  c  Ginec.  Milano,  1891,  p.  473. 

Dans  les  six  cas  qu'il  a  observés,  Tusini  a  constaté  que  cette 
néoformation  se  produit  le  plus  souvent  par  segmentation  indi- 
recte et  exceptionnellement  par  scission  directe.  Il  a  voulu  d'autre 
part  vérifier  les  recherches  de  Galippe  et  Landouzy  sur  les  micro- 
organismes des  fibro-myômes.  Or.  il  n'a  trouvé  ces  microbes  qu'à 
la  périphérie  des  fragments  de  tumeur,  jamais  au  centre. 

P.  Mauclaire. 

Petit  fibrome  utérin  sous*séreux  causant  une  grande  intolérance 
Tésicale.  (Small  sub-serous  fibroid  of  utérus  the  occasion  of  great 
intolérance  of  the  bladder).  par  W.  H.  Baker.  Boston  med,  and 
surg.  /.,  20  août  1891,  p.  189. 

Très  grande  fréquence  des  mictions  sans  douleur  le  jour,  aggra- 
vation des  troubles  par  la  fatigue  ;  diminution  par  le  repos  au  lit 
et  par  le  port  d'un  pessaire.  Le  corps  de  Tutérus  était  en  rétro- 
version ;  il  y  avait  en  avant  et  à  gauche  de  lui  un  petit  fibrome 
mobile  du  volume  d'un  œuf  de  poule.  Les  symptômes  persistant 
pendant  des  années,  les  pessaires  finissant  par  être  mal  supportés, 
Baker  fait  la  laparotomie,  enlève  le  petit  fibrome;  guérîson.  Les 
symptômes  vésicaux,  évidemment  d'origine  réflexe,  disparaissent 

définitivement. 

H.  H. 

Ouérison  spontanée  d'un  myôme  utérin  Tolnmineuz.  (Ein  Fall  spon- 
taner  Heilung  einer  grossen  Fibromyoms  der  Gebflrmutter),  par 
A.  PopoFF  et  O.  Stopf.  Deut,  med.  Wochenscht\,  1891,  n«  22, 
p.  730. 

Femme  d'une  trentaine  d'années,  atteinte  depuis  cinq  ans  d'un 

(1)  Voir  AnnaUê  de  Gynécologie,  août  1892,  p.  142. 


FIBROMES   UTÉRINS  229 

ûbro-myôme  volumineux  de  l'utérus  traité  sans  résultat  par  Té- 
lectricité,  les  injections  d'ergotine,  le  perchlorure  de  fer,  etc.  Ktat 
général  très  mauvais  avec  amaigrissement  excessif.  En  1890,  atta- 
que d'iniluenza  avec  broncho-pneumonie  très  grave.  Â.  ce  mo- 
ment il  se  produit  un  écoulement  utérin  abondant  et  la  tumeur 
commence  à  diminuer,  et  12  jours  après,  expulsion  d'un  fragment 
putréfié  de  la  tumeur  mesurant  12  centim.  de  longueur  sur  8  de 
largeur  et  3  d'épaisseur.  Le  lendemain,  expulsion  d'autres  frag- 
ments moins  volumineux.  Disparition  complète  de  la  tumeur; 
l'utérus  reprend  ses  dimensions  normales.  Guérison. 

L'examen  microscopique  du  fragment  a  montré  qu'il  s'agissait 
d'un  fibro-myôme.  A.  B. 

Cas  extraordinaire  de  torsion  de  l'atéms,  qui  servait  de  pédicnle 

à  nn  gros  fibrome  datant  de  plusieurs  années.  (An  extraordinary 

case  of  twisting  of  the  Utérus,  as  the  pedicle  of  a  large  ûbroid 

tumor  of  many  years  existence),  par  John  Homans,  de  Boston. 

Am.  /.  ofOhst.y  mars  1891,  p.  339. 

La  malade,  tVgée  de  58  ans,  avait  son  Ubrome  depuis  IG  ans.  Elle 
fut  prise  subitement  d'une  très  violente  douleur.  Le  lendemain 
seulement  la  température  monta  îi  37<»,8  et  le  pouls  à  9(V>,  et  elle 
commença  à  vomir  ;  elle  n'avait  pas  d'obstruction  intestinale. 
Homans  proposa  la  laparotomie,  qui  fut  refusée. 

Dix  jours  plus  tard,  la  température  atteignait  40",  et  le  pouls  130. 
Homans  alors  refusa  d'opérer,  et  la  malade  succomba. 

A  l'autopsie  on  constata  une  péritonite  purulente  et  la  torsion 
de  Tutérus,  si  serrée,  que  la  circulation  y  était  complètement 
arrêtée^  <  le  fond  utérin  était  séparé  du  col  ». 

A.  Cordes. 

Torsion  multiple  de  l'atéras.  (Ucber  einen  Fall  von  mehrfacher 
Achsendrehung  der  Utérus  bei  Myom  der  Fundus),  par  F.  Fick. 
Prag,  med.  Wochenschr.,  1891,  n*  19,  p.  219. 

A  l'autopsie  d'une  femme  de  56  ans,  entrée  à  l'bôpital  pour  une 
pneumonie,  on  trouva,  à  côté  d'un  fibro-myôme  utérin,  l'utérus 
tordu  4  fois  sur  son  axe,  chaque  tour  mesurant  180<^.  Le  pédicule 
formé  entre  le  corps  et  le  col  de  l'utérus  mesurait  1  centim.  de 
longueur  sur  15  de  circonférence.  La  cavité  contenait  du  sang 
liquide;  les  veines  étaient  le  siège  d'une  thrombose  récente.  Les 
ovaires  et  les  trompes  étaient  infiltrés  de  sang.  A.  B. 


230  REVUE  ANALYTIQUE 

Gontribation  à  l'étude  de  la  rotation  antoor  deleor  axe  des  tameon 
abdominales.  (Contributo  allô  studio  délia  roiazione  aesile  dei 
tumori  abdominali),  par  Piccinini.  Annali  di  Ost.  e  Ginec.  Mi- 
lano,  1892,  p.  132. 

Après  avoir  rapporté  plusieurs  observations  et  la  plupart  des 
opinions  émises  sur  ce  sujet,  Piccinini  conclut  que  les  causes  de 
torsions  du  pédicule  des  tumeurs  abdominales  sont  nombreuses 
et  agissent  souvent  simultanément. 

Ce  sont  les  mouvements  des  intestins,  de  la  vessie,  de  l'utérus  et 
enfin  les  chocs  et  compressions  de  la  paroi  abdominale. 

P.  Mauclaibe. 

Sur  on  cas  de  fibromes  multiples  de  Tutérus  compliquant  la  gros- 
sesse, par  le  D«"  Carlo  Decio.  Milan,  1891.  Extrait  dagli  atti 
delV  Associazione  medica  Lombarda,  n^  2. 

L'auteur  cite  Tobservation  d'une  femme  âgée  de  35  ans,  primi- 
pare, qui  vint  accoucher  dans  le  service  d'obstétrique  de  Milan,  di- 
rigé par  le  professeur  Mangiagalli. 

Cette  femme  était  atteinte  de  fibromes  multiples  de  Tutérus  in- 
terstitiels et  souft-péritonéaux. 

La  présence  de  ces  tumeurs  gêna  fort  peu  la  grossesse  ;  et  Tac- 
couchement  se  fit  sans  difficultés.  L'enfant  était  vivant  et  bien 
portant. 

Les  suites  de  couches  furent  aussi  fort  simples.  Mais  les  tumeurs 
fibreuses  n'ayant  aucune  tendance  il  disparaître,  le  professeur 
Mangiagalli  se  disposa  à  en  faire  l'ablation  par  la  laparotomie. 

Cette  opération  fut  pratiquée  dix-neuf  jours  après  Taccouchement. 
Elle  ne  présenta  aucun  incident.  Les  deux  tumeurs  principales 
étaient  volumineuses,  de  la  grosseur  d'une  tète  fœtale  et  sessiles. 
Une  seule  était  pédiculée  et  plus  petite  que  les  autres. 

Le  pédicule  utérin  résultant  de  l'ablation  des  fibromes  fut  laissé 
hors  de  Tabdomen  après  avoir  été  lié  avec  un  lien  élastique  et  le 
ligateur  de  Pozzi;  cautérisé  au  thermocautère. 

Les  suites  de  lopération  furent  normales.  Un  jour,cependant,la 
température  monta  à  39^,  mais  tout  rentra  dans  Tordre;  la  malade 
guérit  fort  bien  et  put  quitter  l'hôpital  cinq  semaines  environ 
après  l'intervention. 

L'auteur  fait  suivre  cette  observation  de  réflexions  sur  la  pré- 
disposition à  la  stérilité  produite  par  les  tumeurs  Ûbreuses  de 


CANCER  DE  L*UTÉRUS  231 

.l'utérus,  Bur  lés  causes  de  diminution  des  fibrotnes  après  les  cou- 

•ches,  et  sur:  la  conduite  à  tenir  dans  les  cas'  de  tumeurs  ûbreuses 

de  Tutértis  compliquant  la  grossesse. 

M.  Pébaibe. 

IL  —  Cancer  de  l'utérus 

De  la  méthode  d'amputation  sapra-vaginale  de  Schrftder  dans  le 
cas  de  carcinome  de  la  portion  vaginale.  (Ueber  die  Schrœder'sche 
supra  vaginale  Amputation  bel  Portiocarcinom),  G.  Winter. 
Zeilsch.  f.  Geb.  m.  Gyn.,  Bd  XXII,  Hft  1,  p.  196. 

L'opération  préconisée  par  Schrôder  (amputation  sus-vaginale) 
semble  presque  complètement  délaissée.  De  fait,  hormis  Hofmeier 
qui  a  fait  en  sa  faveur  ues  plaidoyers  très  documentés,  la  plupart 
des  chirurgiens  se  sont  nettement  déclarés  partisans  de  Thystérec- 
toniie  totale.  On  a  élevé  contre  le  premier  mode  opératoire  un 
certain  nombre  d'objections,  les  unes  un  peu  secondaires  (possi- 
bilité de  grossesses  futures,  mais  anormales,  avec  prédisposition 
aux  avortements,  aux  fausses  couches;  dystocies  à  craindre  en 
raison  de  la  malformation  artificielle  de  l'utérus;  le  moignon  uté- 
rin deviendrait  le  point  de  départ  de  douleurs  parfois  violentes; 
coexistence  d'altérations  de  la  muqueuse  utérine  avec  le  carcinome 
de  la  portion  vaginale,  altérations  qui,  une  fois  le  col  enlevé,  pour- 
raient devenir  la  source  d'accidents,  etc.);  une  capitale^  qui  suf- 
firait à  discréditer  la  méthode  de  Schrôder,  si  elle  était  fondée: 
Vassociation  signalée  du  carcinom.e  de  la  portion  vaginale  et  de 
noyaux  cancéreux  du  corps  de  Vutérus. 

Or,  Winter  reprend  une  à  une  toutes  les  objections  formulées, 
et  les  soumet  au  contrôle  des  faits  cliniques.  A  propos  de  la  pre- 
nnère  (évolution  de  la  grossesse  chez  une  femme  qui  a  subi  l'opé- 
ration de  Schrôder)  il  cite  un  cas  très  intéressant. 

Obs.  —  Le  27  janvier  1885,  Schrôder  opéra  une  femme  âgée  de 
82  ans  pour  un  cancer  de  la  portion  vaginale.  Le  néoplasme  cons  • 
tituait  une  saillie  aplatie,  à  bords  durs,  située  sur  la  lèvre  posté- 
rieure, s'étendant  jusqu'au  voisinage  du  cul-de-sac,  et  qui  saignait 
au  moindre  contact.  La  lèvre  postérieure  fut  amputée  très  haut, 
sans  ouverture  cependant  du  cul-de-sac  de  Douglas,  tandis  que  la 
lèvre  antérieure  fut  taillée  en  forme  de  coin,  et  seulement  par 
une  section  sous- vaginale.  Convalescence  régulière;  la  femme 
quitta  rhôpital  17  jours  après  avoir  été  opérée.  Toutefois,  la  lèvre 


232  REVUE  ANALYTIQUE 

postérieure  n'avait  pas  guéri  par  première  intention,  et,  au  mo- 
ment de  la  sortie  de  la  malade,  on  voyait,  au  lieu  de  la  portion  va- 
ginale, une  dépression  circulaire,  ayant  les  dimensions  d*un  mark, 
en  processus  de  granulation,  avec  des  bords  élevés  et  en  partie 
sphacélés.  Durant  une  année,  la  femme  s'abstint  de  rapports 
sexuels.  Puis,  la  guérison  s'étant  affirmée,  ils  furent  repris.  Une 
grossesse  survint  ;  dernières  règles  vers  le  milieu  de  mars  1889.  ku 
commencement  de  novembre,  la  femme  rentrait  à  l'hôpital,  et 
donnait  sur  l'évolution  de  la  grossesse,  les  renseignements  sui- 
vants :  6  semaines  environ  après  la  suppression  des  règles,  étaient 
survenus  des  vomissements,  mais  qui  avaient  peu  duré.  Depuis  la 
fin  de  juillet,  elle  avait  senti  des  douleurs  lancinantes,  qui  irra- 
diaient de  la  région  lombaire  vers  la  jambe  (côté  droit),  et  qui,  en 
dépit  de  prescriptions  variées,  étaient  allées  en  augmentant.  Le 
9  août  elle  avait  senti  les  mouvements  de  l'enfant,  qui  étaient 
perçus  surtout  à  droite,  et  qui  augmentaient  de  beaucoup  les 
douleurs  signalées  (perte  du  sommeil).  En  outre,  depuis  quel- 
que temps  la  femme  ressentait  une  autre  espèce  de  douleurs, 
qui  de  la  région  lombaire  droite  irradiaient  vers  le  bas-ventre, 
survenaient  périodiquement,  surtout  la  nuit  et  duraient  4-5  mi- 
nutes. 

La  femme  paraissait  malade,  fort  anémique,  dans  un  état  de 
déchéance  peu  explicable  par  le  seul  fait  de  la  grossesse.  Exa- 
men :  fond  de  l'utérus  au-dessous  des  côtes  ;  liquide  amniotique 
abondant,  této  fœtale  mobile  au  détroit  supérieur.  Orifice  vaginal 
large  ;  absence  de  portion  vaginale  ;  entrée  du  col  transversale, 
perméable  pour  1-2  doigts.  Canal  cervical  court,  long  environ  de 
1  cent.  ;  en  arrière,  c'est  à  peine  s'il  existe  un  peu  de  col.  Le  tissu 
cervical  est  mou,  relAché  ;  la  poche  des  eaux  bombe,  comme  sur  le 
point  de  se  rompre. 

En  ce  qui  concerne  les  douleurs,  elles  étaient  de  deux  natures  : 
les  premières  apparues  étaient  sûrement  de  nature  névralgique, 
les  autres  étaient  le  résultat  de  contractions  utérines.  Celles-ci  cé- 
dèrent au  viburnum  prunifoiium  et  aux  préparations  opiacées,  tan- 
dis que  les  premières  ne  firent  qu'empirer.  Le  17  novembre,  accou- 
chement facile,  d'un  enfant  qui  pesait  3650  gr. 

Examen  5  jours  après  l'accouchement  :  l'auteur  constata,  au  ni- 
veau de  la  région  rénale  droite,  un  empâtement  diffus  qui,  dans  les 
jours  qui  suivirent,  aboutit  à  une  tumeur  rénale  circonscrite,  en 


CANCER   DE   l'uTÉRUS  233 

même  temps  qu'il  survint  des  besoins  impérieux  d'uriner.  Au  dire 
de  la  malade,  cette  tumeur,  qu'elle  avait  remarquée,  aurait  alter- 
nativement augmenté  de  volume  et  diminué  à  la  suite  d'abon- 
dantes mictions  ;  il  s'agissait  incontestablement  d'une  hydroné- 
phrose  siégeant  à  droite.  Par  le  toucher,  on  trouva  que  l'utérus, 
en  voie  d'involution,  était  encore  plus  volumineux  qu'à  Tétat  nor- 
mal et  parfaitement  mobile.  Mais,  adroite  et  en  arrière  de  Tutérus, 
il  y  avait  des  masses  dures,  constituant  une  tumeur  grosse  comme 
le  poing,  qui  paraissait  siéger  à  droite  de  la  colonne  vertébrale  et 
qui  s'étendait  en  avant  jusque  vers  la  région  moyenne  de  Tos 
iliaque.  Le  10  janvier,  nouvel  examen  ;  l'utérus  était  bien  revenu 
sur  lui-même,  un  peu  repoussé  à  gauche  par  la  tumeur  qui,  de 
consistance  osseuse  et  étroitement  adhérente  à  l'os  iliaque,  attei' 
gnait  l'acétabulum.  Par  le  palper  abdominal,  on  pouvait  suivre 
son  extrémité  supérieure  jusqu'à  l'ombilic.  La  tumeur  résultant 
de  l'hydronéphrose  était  moins  volumineuse.  État  général  mau- 
vais. Mort  le  15  mars  1890,  avec  des  accidents  péritonitiques.  (Il 
y  avait  eu  récidive  du  cancer  et  hydronAphrose  par  compression 
de  Vuretère.) 

Cette  observation  montre  :  1»  que  la  conception  est  possible 
après  V amputation  supra^vaginale  ; 

2»  Que  la  grossesse  évolue  sans  troubles  particuliers  ^  et  qu^elle 
peut  arriver  près  du  terme  ; 

B<>  Que  môme  cinq  années  après  l'opération,  on  peut  constater 
une  récidive  locale  ; 

4»  Que  la  récidive  pelvienne  est  fâcheusement  inlluencôe  par  la 
grossesse,  l'accouchement,  et  les  suites  de  couches. 

L'auteur  insiste  particulièrement  sur  Timportance  des  deux  pre- 
mières propositions.  Il  relate  ensuite  brièvement  une  observation 
analogue  communiquée  par  Veit,  et  rappelle  les  très  rares  cas  de 
ce  genre  qu'il  a  pu  relever  dans  la  littérature  médicale. 

Ayant  réiléchi  que  l'amputation  sus-vaginale  avait  été  pratiquée 
fort  souvent,  il  s'enquit  patiemment  de  ce  qu'étaient  devenues  un 
assez  grand  nombre  d'opérées  (43),  et  constata  avec  surprise  d'a- 
bord, que  pas  une  n^ était  devenue  enceinte  (sauf  un  cas,  encore 
douteux,  d'avortement).  Mais,  à  la  réflexion,  le  fait  s'expliqua. 
De  ces  43  femmes,  23  déjà  au  moment  de  l'opération  étaient,  soit 
arrivées  à  la  ménopause,  soit  veuves,  ou  bien  avaient  évité  le  coït 
par  peur  d'une  grossesse,  en  somme  ne  s'étaient  jamais  mises  dans 


234  REVUE  ANALYTIQUE 

le  cas  de  devenir  enceintes.  Quant  aux  20  autres,  qui  étaient  dans 
la  période  de  la  vie  génitale,  leur  stérilité  s'expliqua,  dans  les  cas 
où  l'examen  put  être  fait,  parla  rétraction,  Tétroitesse  cicatricielle 
de  Torifice  cervical. 

Winter  passe  ensuite  successivement  en  revue  les  autres  objec- 
tions élevées  contre  la  méthode  de  Schrôder  et,  après  une  critique 
documentée,  leur  oppose  les  propositions  suivantes: 

a)  L'appréhension  de  voir  survenir  des  douleurs  menstruelles 
ne  doit  pas  nous  efnpècher  do  laisser  un  vioignon  utérin, 
parce  qu'une  cicatrisation  favorable  (qu'on  assure  par  une 
bonne  technique  opératoire)  en  met  les  femmes  à  Vabri, 

b)  Les  troubles  généraux,  qu'on  doit  attribuer  à  une  métrite 
du  corps  (celle  qui  coexiste  avec  le  cancer  de  la  portion  vaginale) 
ne  persistent  pas  après  Vopération,  ou  bien  ils  s'^arnendeni,  tôt 
et  spontanément, 

cj  Au  point  de  vue  de  la  pratique^  il  est  très  important  de 
savoir  que  la  coexistence  du  cancer  de  la  portion  vaginale  et 
du  corps  de  l'utérus  constitue  une  éventualité  tout  à  fait  rare. 
(Sur  des  centaines  de  cas,  Ruge  ne  l'aurait  pas  rencontrée  une 
seule  fois.) 

Winter  présente  ensuite  un  tableau  synoptique,  indiquant  les 
résultats  fournis  ipar  l'opération  de  Schrôder,  depuis  l'époque  où 
llofmeier  communiqua  ses  statistiques  sur  le  même  sujet.  (Les 
deux  statistiques  se  complètent.) 

En  tout,  il  a  été  fait  155  extirpations  partielles;  10  femmes  sont 
mortes  de  Topération,  soit  6.5  0/0,  et  13  ont  été  perdues  de  vue. 
Voici  ce  que  fournissent  les  13*2  autres  : 

Durant  la  lf«  année,  récidive 57 

—  2»       —         —      10 

—  3«       —         -      5 

—  4«       —         —      5 

Tje  .  Q 

%J  *•.........•■..••..  V 

—  G*        —         —       0 

—  7«        —         —      0 

—  8«-12«     —         —      _0^ 

Nombre  total  (ies  récidives 80 

Au  total,  52  femmes  n'ont  pas  encore  eu  de  récidives;  3  il  est 
vrai  ont  été  opérées  durant  les  deux  dernières  années  ;  49  restent 
guéries   depuis  plus  de  deux  ans,  soit  38  0/0  ;  proportion  assez 


CANCER  DE  l'UTÉRUS  235 

satisfaisante  et  qui  défie  la  comparaison  avecles  résultats  fournis 
par  rhystérectomie  totale.  L'important,  c'est  do  savoir  choisir  les 
cas  auxquels  convient  Topération  de  Schrôder  et  de  ce  choix,  tout 
chirurgien  hahile  est  capable. 

Conclusions,  —  Il  n'est  pas  juste,  ainsi  que  le  font  aujourd'hui 
la  plupart  des  opérateurs,  de  condamner  l'amputation  supra-vagi- 
nale. Car,  il  est  indiscutable  que  cette  opération  est  înoins  dan- 
gereuse  que  Vhyslérectomie  totale,  et  que,  pratiquée  dans  des 
cas  judicieusement  choisis,  elle  fournit  des  résultats  aussi 
définitifs  que  sa  rivale.  D'autre  part,  quand  on  a  affaire  à  des 
femmes  en  pleine  période  d'activité  génitale,  c'est  l'extirpation 
partielle  qu'il  faut  préférer,  parce  qu'après  l'opération,  ces  femmes 
peuvent  concevoir  et  mener  à  bien  la  grossesse.  En  réalité,  l'opé- 
ration de  Schrôder  n'est  pas  surannée;  seulement,  sa  vogue  revien- 
dra quand  les  cancers  de  la  portion  vaginale  s'offriront  aux  méde- 
cins, alors  que  Taffection  est  à  son  début. 

H.  L. 

Deux  cas  d'hystérectomie  vaginale  ponr  sarcome  de  rateras.  (On 

two  cases  of  vaginal  hysterectomy  for  sarcome  of  the  utérus), 
Brkwis.  Edinb.  med.  /.,  5  juin  1802,  p.  1083. 

Obs.  1.  —  Femme  âgée  de  43  ans,  qui  avait  eu  un  enfant  16  an- 
nées auparavant.  Restée  bien  portante,  jusqu'à  il  y  a  quelques 
mois,  quand  elle  fut  prise,  en  dehors  des  époques  menstruelles, 
d'un  écoulement  sanguin,  rouge  clair  d'abord,  puis  sale,  fétide, 
qui  s'accompagnait  de  l'expulsion  de  masses  plus  ou  moins  volu- 
mineuses. L'examen  permit  de  constater  Texistenco  dans  le  vagin 
d'une  masse  de  consistance  spongieuse,  friable,  qui  remontait,  à 
travers  l'orifice  externe,  dans  l'utérus.  A  plusieurs  reprises  on 
enleva,  autant  que  possible,  les  tissus  anormaux,  puis,  comme  le 
néoplasme  repullulait  avec  une  rapidité  remarquable,  et  s'accom- 
pagnait des  mômes  accidents  (écoulement  abondant,  ichoreux, 
avec  altération  de  la  santé  générale),  on  procéda  à  une  extirpa- 
tion aussi  complète  que  possible  do  la  tumeur,  l'on  termina  par 
l'extirpation  vaginale  totale  de  l'utérus,  parce  qu'une  exploration 
minutieuse  avait  laissé  Tespoir  que  les  régions  péri-utérines  étaient 
indemnes.  La  femme  put  quitter  l'hôpital  un  mois  après  avoir  été 
opérée,  et  se  sentait  à  ce  moment  bien  portante  et  forte. 

Examen  microscopique  de  la  tumeur.  —  Examen  des  coupes 


236  REVUE  ANALYTIQUE 

intéressant  la  base  du  pédicule  de  la  tumeur  :  stroma  ûbro-cellu- 
laire,  renfermant  des  acini  nombreux,  les  uns  de  petit,  les  autres 
de  considérable  volume.  Ces  acini  étaient  tapissés  par  un  épithé- 
lium  cylindrique,  reposant  sur  une  membrane  basale  homogène, 
et  dont  les  cellules  contenaient  un  noyau  et  un  nucléole,  près  de 
la  base.  Ces  cellules,  dans  un  grand  nombre  d*acini  étaient  en  vole 
de  dégénérescence;  d'autre  part,  bon  nombre  des  cavités  aci- 
neuses  renfermaient  des  cellules  dégénérées  et  des  corpuscules 
connectifs  en  prolifération,  et  qui  avaient  traversé  leurs  parois. 
L'examen  d'une  portion  de  la  tumeur  enlevée  un  mois  environ 
avant  l'opération,  fit  établir,  à  ce  'moment,  le  diagnostic  de  myxo- 
sarcome,  avec  prédominance  du  tissu  myxomateux. 

Examen  de  plusieurs  coupes  de  la  tumeur  :  a)  près  de  Tinser- 
tioD  du  pédicule,  restes  de  tissu  adénomateux,  avec,  sur  certains 
points,  des  cellules  rondes  de  sarcome  ;  b)  plus  loin  de  la  base,  cel- 
lules rondes  de  sarcome,  pas  d'acini  ;  c)  plus  loin  encore,  sur  cer- 
tains points,  disparition  des  cellules  de  sarcome,  et  substitution  de 
tissu  myxomateux. 

Obs.  2.  —  Femme  âgée  de  49  ans,  mère  de  8  enfants,  le  dornier 
Agé  de  11  ans.  Depuis  deux  années  environ,  atteinte  d*hémorrha- 
gies  parfois  profuses;  écoulement  dépourvu  d'abord  de  fétidité  dès 
le  principe,  mais  plus  tard  devenu  fétide.  Le  curettage,  qui  permit 
par  l'examen  microscopique  des  tissus  enlevés,  lesquels  étaient  de 
consistance  molle  et  d'aspect  cérébri forme,  de  faire  le  diagnostic, 
apporta  quelque  soulagement.  Mais  les  accidents  ayant  bient<)t 
reparu,  l'hystérectomie  vaginale  complète  fut  pratiquée.  L'opérée 
succomba  le  4^  jour  après  l'opération.  A  l'autopsie,  on  constata  que 
la  cavité  abdominale  était  tapissée  de  lymphe  récemment  exsudée, 
et  que  les  intestins  étaient  soudes  entre  eux.  Elle  contenait  aussi  un 
liquide  faiblement  coloré.  Pas  d'obstruction  mécanique  de  l'intestin. 

Examen  microscopique  de  Vidérus  :  1)  d'un  lin  lambeau,  coloré 
au  picro-carmin  :  nombreuses  cellules  rondes  et  fusiformes,  pas 
de  glandes  dans  cette  pièce;  2)  d'un  autre  fragment,  durci  dans 
l'alcool,  et  monté  dans  la  parafline  :  hyperplasie  remarquable  des 
glandes  utriculaires,  tapissées  par  un  épithélium  cylindrique  avec 
basement-membrane,  chaque  cellule  contenant,  près  de  la  base, 
noyau  et  nucléole.  Dans  quelques  glandes  les  cellules  étaient  en 
état  de  tuméfaction  trouble,  dans  d'autres  en  voie  de  dégénéres- 
cence. Tissu  counectif  cellulaire,  semé  sur  certains  points  de  cel- 


CANCER  DE   L'uTÉRUS  237 

Iules  rondes  volumineuses,. et,  en  d'autres  points,  entièrement 
remplacées  par  elles.  Une  section  de  la  paroi  utérine  permit  de 
constater  que  la  musculeuse  était  hypertrophiée ,  mais  normale. 
Quant  à  la  muqueuse,  enlevée  par  les  curettages,  elle  manquait 
entièrement. 

Remarques.  —  Dans  le  premier  cas,  il  s'agissait  d'un  sarcome 
circonscrit^  dans  le  second,  d'un  sarcome  diffus.  Dans  les  deux, 
pas  de  douleurs.  Le  trait  clinique  le  plus  frappant  dans  le  pre- 
mier, c'est  la  rapidité  de  la  repullulation,  c'est  là  un  caractère 
spécial  au  sarcome  circonscrit.  D'ailleurs,  cette  tendance  à  la  réci- 
dive était-elle  encore  plus  accusée  dans  ce  cas,  en  raison  de  certains 
rapports  de  la  tumeur  avec  le  myxome  :  à  conclure  de  l'examen 
microscopique,  il  semble  qu'il  s'est  agi  au  début  d'un  adénome 
qui,  ultérieurement,  a  subi  la  dégénérescence  myxomateuse.  Dans 
le  cas  2,  l'épithélium,  à  la  profondeur  de  4  millim.  environ,  était 
uniformément  épaissi  par  un  tissu  blanc,  cérébriforme  qui,  au 
microscope,  parut  essentiellement  composé  de  cellules  rondes  et 
fusiformes  avec  prédominance  des  premières.  En  ce  qui  concerne 
le  traitement,  l'auteur  conclut  à  la  supériorité  de  l'extirpation  de 
l'utérus.  Il  attribue  d'ailleurs  la  mort  de  la  seconde  opérée  à 
une  péritonite,  suite  d'une  infection  accidentelle  et  qu'on  aurait 
pu  éviter. 

R.  L. 

(jommimication  provisoire  sur  le  traitement  palliatif  du  cancer  de 
l'atéms  par  ralcoôl.  (VorlaUûge  Mittheilung  ûber  die  palliative 
Behandlung  des  Carcinoma  uteri  mit  Alkohol).  A.  Schultz.  Cent, 
f.  Gyn  ,  1892,  n»  13,  p.  255. 

L'auteur  a  songé  à  employer  l'alcool  contre  le  cancer  en  escomp- 
tant sa  double  propriété  :  a)  de  tuer  les  bactéries  ;  b)  de  coaguler 
les  éléments  albuminoïdes.  Par  cette  double  action,  cet  agent 
répondait  aux  deux  théories  admises  sur  l'origine  du  cancer  : 
1)  théorie  parasitaire;  2)  théorie  de  la  prolifération  cellulaire. 

Il  a  appliqué  sa  méthode  à  10  cas,  mais  il  n'en  relate  que  2, 
dans  lesquels  le  traitement  est  pour  l'instant  terminé. 

Obs.  1.  —  Femme  âgée  de  40  ans,  sujette  depuis  plusieurs  mois  à 
des  hémorrhagies  fréquentes,  suivies  de  l'écoulement  d'un  liquide 
fétide,  et  à  des  douleurs  très  accusées  dans  le  bas-ventre,  dans  la 
région  sacrée;  en  plus,  affaiblissement  très  marqué. 


238  RBVUÉ  ANALYTIQUE 

Eccamen  au  début  du  traitement.  —  La  lèvre  antérieure  dfi  la 
portion  vaginale  est  transformée  en  un  néoplasme,  gros  comme 
une  noix,  irrégulier,  et  qui  saigne  au  moindre  contact.  Latérale- 
ment, le  néoplasme  tranche  vigoureusement  sur  les  tissus  voisins. 
Toutefois,  une  petite  ulcération  s'étend  quelque  peu  sur  le  cul-de- 
sac  gauche.  La  lèvre  postérieure  à  moitié  ulcérée,  parait  cependant 
iK)rmale.  Traitement  :  les  injections  furent  faites  avec  une  seringue 
ayant  environ  5  fois  les  dimensions  d'une  seringue  de  Pravaz 
ordinaire  ;  Faiguille  était  enfoncée  de  3  à  4  centimètres  dans  le 
tissu  de  la  lèvre  antérieure.  Dès  le  principe,  on  fit  des  injections 
tous  les  jours,  puis  à  des  intervalles  plus  éloignés.  Après  chaque 
injection,  application  dans  le  vagin  d'une  bande  de  gaze  iodofor- 
mée  qui  était  enlevée  le  lendemain.  Après  10-12  injections  le  néo- 
plasme présentait  une  surface  nette,  granuleuse,  beaucoup  moins 
disposée  à  saigner.  A  ce  premier  résultat  s'ajoutait  une  diminution 
remarquable  des  douleurs.  Après  20  injections,  le  néoplasme  était 
diminué  de  moitié,  sa  surface  était  nette,  granuleuse,  les  phéno- 
mènes hémorrhagiques  avaient  complètement  disparu,  et  l'écoule- 
ment, encore  abondant,  n'était  plus  fétide.  Après  la  45«  injection 
la  lèvre  antérieure  avait  son  volume  normal,  elle  était  seulement 
sans  épithélium.  L'aiguille  pénétrait  difficilement  sous  le  tissu 
devenu  fibreux.  Au  bout  d'un  mois  1/2,  la  femme  se  trouvait  com- 
plètement guérie.  Plus  d'hémorrhagies,  plus  d'écoulement  ;  la  por- 
tion vaginale  est  dépourvue  d'épithélium,  enfin  encore  après 
4  mois^  l'état  de  la  femme  reste  encore  excellent. 

Obs.  2.  —  Dans  ce  second  cas,  il  s'agissait  d'un  cancer  plus  avancé, 
ayant  déjà  envahi  une  bonne  portion  de  la  paroi  antérieure  du 
vagin,  et  par  conséquent  inopérable.  Or,  le  même  traitement  (il 
fut  fait  48  injections),  amène  encore  une  amélioration  remarquable 
(cessation  des  hémorrhagies,  diminution  considérable  de  l'écoule- 
ment, état  de  bien-être). 

Remarques,  —  Les  injections  furent  toujours  pratiquées  la  ma- 
lade étant  dans  la  décubitus  latéral,  après  que  la  portion  vaginale 
eût  été  mise  bien  en  vue  à  l'aide  du  spéculum  de  Sims.  Pour  pro- 
téger le  méat  urinaire  contre  l'action  caustique  de  l'alcool^  il  fut 
recouvert  avec  de  l'ouate.  On  se  servit  pour  les  injections  d'alcool 
absolu,  5  cent,  pour  chacune,  et  Ton  en  lit  une  à  deux  à  chaque 
séance. 

Plusieurs  malades  accusèrent  des  douleurs  pendant  les  injections 
Burtout  quand  l'aiguille  était  enfoncée  profondément,  mais  ces 


CÀNCÊR  DE   l'utérus  239^ 

douleurs  duraient  peu.  Il  est  à  remarquer  que  la  plus  grande  par- 
tie de  l'alcool  injecté  reflue,  entraînant  beaucoup  de  tissu  dégénéré, 
parfois  rnôme  des  fragments  nécrotiques,  volumineux.       R.  L. 

Cas  très  rare  de  développement  précoce  d  un  cancer  du  col  utérin 
chez  une  jeune  femme  de  18  ans.  (Un  caso  rarissimo  di  sviluppo 
précoce  di  cancro  del  coUo  dell'utero  in  giovano  di  18),  par 
Spinklli.  Giorn.  inlernaz,  délie  Se.  med.^  sept.  1891,  p.  672. 

La  malade  a  refusé  Thystérectomie  du  col  utérin,  récidive 
au  bout  de  deux  ans.  L'auteur  n'a  relevé  dans  la  littérature  médi- 
cale que  trois  ou  quatre  cas  de  développement  aussi  précoce  de 
cancer  utérin,  la  moyenne  survenant  entre  30  et  50  ans. 

P.  Mauclaihe. 

Gontribntion  à  l'étude  da  sarcome  de  Intérus  (Contributo  allô 
studio  dei  sarcomi  deU'utero),  par  Pestalozza.  3for^a^ni,  sept.  189L 

Parmi  les  métastases  nmltiples,  celles  du  vagin  se  sont  produites 
par  le  mécanisme  de  l'embolie  rétrograde.  Dans  les  deux  cas 
rapportés  avec  examen  histologique,  il  s'agit  d'une  variété  de 
sarcome  utérin  hèmorrbagique  qui  avait  infecté  toute  l'économie 
avec  une  rapidité  extraordinaire.  Le  point  de  départ  de  la  tumeur 
était  peut-être  des  restes  de  la  caduque. 

P.  Mauclaire. 

Hystérectomie  vaginale  dans  le  cancer.  (Vaginal  hysterectomy  for 
cancer),  par  E.  W.  Cctshing,  de  Boston,  Amer,  J,  Obst.,  1892, 
avril,  p.  433. 

Discutée  assez  vivement  à  Washington,  en  1887,  elle  a  été 
acceptée  en  1890,  à  Berlin. 

Mais  Lawson  Tait  la  désapprouve  fortement,  t  La  mortalité, 
«  dit-il,  est  très  considérable,  et  le  petit  nombre  de  cas  dans  les- 
«  quels  le  mal  ne  récidive  pas,  sont  simplonient  des  erreurs  de 
c  diagnostic.  » 

Cushing  n'accepte  pas  les  conclusions  de  Tait. 

Comme  il  n'est  guère  possible  de  savoir  avant  l'opération  jus-; 
qu'où  le  mal  s'étend,  l'auteur  recommande  l'ablation  totale  aussi- 
tôt que  le  diagnostic  est  posé  ;  «  de  môme  que  le  chirurgien  enlève 
t  le  sein  entier,  quand  il  a   reconnu  l'existence    d'un  cancer 
(  localisé  dans  une  partie  de  la  mamelle  > . 


240  RKVUB   ANALYTIQUE 

Pour  le  diagnostic  précoce,  la  frîabilité  du  tissu,  sa  facilité  à 
saigner  etTexamen  microscopique  lui  paraissent  suflisants. 

Pour  se  procurer  la  pièce  nécessaire  à  Texamen  au  microscope, 
il  ne  craint  pas  d'enlever  un  lambeau  cunéiforme,  ce  qui,  dit-il, 
est  peu  douloureux,  et  peut  être  fait  après  une  application  de 
cocaïne.  Il  fait  sur  la  plaie  un  pansement  à  la  gaze,  et  s'il  le  faut 
un  point  de  suture. 

L'hystérectomie  totale  est  le  seul  traitement  qui  permette  d'es* 
pérer  la  guérîson.  Il  l'a  faite  30  fois  pour  un  cancer  et  un  adénome 
malin  de  Tutérus.  Sur  ce  nombre,  15  malades  opérées  depuis  plus 
d'un  an,  sont  parfaitement  portantes  ;  les  autres,  ou  bien  ont  suc- 
combé à  des  accidents  divers  ou  bien  ont  été  opérées  trop  récem- 
ment pour  qu'on  puisse  en  parler  au  point  de  vue  de  la  récidive, 

Cushing  se  sert  moins  souvent  qu'autrefois  des  pinces  ;  il  fait  le 
plus  souvent  des  ligatures  au  catgut,  et  laisse  le  fond  du  vagin 
ouvert  en  y  plaçant  un  drain  de  gaze  iodoformée. 

Les  contre-indications  sont  la  cachexie,  les  maladies  graves  des 
organes  voisins,  l'extension  du  cancer  au  vagin,  au  rectum  ou  à 
la  vessie. 

Chez  les  femmes  à  vagin  fort  étroit,  l'utérus  ne  pouvant  passer, 
il  faut  après  un  curage  soigneux,  faire  Thystérectomie  abdomi- 
nale. A.  Cordes. 

Sur  la  question  du  traitement  et  de  la  corabllité  da  cancer  de  rate- 
ras. (Zïir  Frage  der  Behandlung  und  Heilbarkeit  der  Carcinoma 
uteri),  par  Hofmeier.  Mûnchener  medic.  Wochenschr,,  1890, 
nos  42,  4Î3. 

L'auteur  revient  de  nouveau  au  parallèle  des  résultats  fournis 
par  les  opérations  partielles  et  par  lextirpation  totale  de  la  ma- 
trice, dans  le  cas  de  cancer  de  Futérus.  De  ses  nouvelles  observa- 
tions, il  conclut  que  :  d'une  manière  générale,  les  guérisons 
définitives,  après  l'extirpation  totale,  se  limitent  aux  cas  dans  les- 
quels^ vraisemblablement,  l'intervention  partielle  aurait  suffi. 
Selon  lui,  il  ne  faut  pas  espérer  des  résultats  meilleurs,  soit  d'une 
vulgarisation  plus  grande  de  l'hystérectomie  totale,  soit  d'une  in- 
tervention encore  plus  large.  R.  L. 


Le  Gérant  :  G.  Steinhbil. 


IMPBIXSBIB    LXMALB    ST    0<%     HAVRE 


ANNALES 

DE  GYNÉCOLOGIE 


Octobre  1892 


TRAVAUX   ORIGINAUX 


LES  SUPPURATIONS  PELVIENNES  (1) 

Résumé  et  conclusions  générales  du  rapport  de  M.  Paul  S«gond  (de  Paris) 


L'étude  si  actuelle  des  suppurations  pelviennes  soulève 
les  questions  les  plus  variées.  Leur  classification,  la  nature 
et  le  mode  de  progression  des  agents  infectieux  qui  les 
engendrent,  le  siège  exact  de  leur  localisation,  leurs  carac- 
tères anatorao  pathologiques,  leur  évolution  clinique  et  leur 
diagnose  parfois  si  délicate  sont  en  eflfet  autant  de  chapitres 
qui  méritent  Tattention.  Toutefois,  sous  l'impulsion  des  pro- 
grès de  la  gynécologie  opératoire,  il  est  certain  que  la  thé- 
rapeutique de  ces  lésions  complexes  est  aujourd'hui  devenue 
l'objectif  principal  de  nos  recherches  ;  et,  si  j'ai  bien  compris 
la  mission  que  mes  collègues  de  Bruxelles  m'ont  fait  le 
grand  honneur  de  me  confier,  j'imagine  que  l'étude  du  trai- 
tement devra  constituer  la  dominante  de  mon  rapport.  C'est 
tout  au  moins  dans  cet  esprit  que  je  l'ai  rédigé,  et  la  môme 
tendance  va  se  trouver  plus  nette  encore  dans  la  note  que 
voici.  On  y  trouvera  seulement  l'exposé  rapide  des  doctrines 
générales  ou  des  points  de  pratique  opératoire  qui  partagent 
encore  nombre  d'entre  nous,  et  sur  lesquelles  le  Congrès  ne 
manquera  pas  de  porter  son  attention  plus  particulière. 

(I)  Congre*  international  périodique  de  gynécologie  et  d'obstétrique, 

AUX.  Dl  OTX,  —  TOI*    X.VXVni  16 


242  LES   SUPPURATlOxNS   PELVIENNES 

Tout  d  abord,  que  devons  nous  entendre  par  suppurations 
pelviennes  ?  Sous  cette  dénomination  fort  amplexive>  on  doit 
sans  doute  comprendre  tous  les  états  pathologiques  carac- 
térisés par  la  présence  du  pus  dans  le  pelvis  de  la  femme; 
et,  prenant  je  suppose  le  siège  primitivement  extra  ou  intra- 
péritonéal  des  collections  purulentes  comme  caractère  diffé- 
rentiel, on  peut  à  l'exemple  de  Jacobs,  en  dresser  un  tableau 
général  complet.  Je  crois  cependant  qu'il  est  préférable  de 
simplifier  un  peu  moins,  et  qu'il  est  en  particulier  nécessaire 
de  distinguer  les  suppurations  pelviennes  qu'on  pourrait 
dire  secondaires  et  celles  qui  sont  primitives. 

Celles-ci  correspondent  aux  collections  péri-utérines  pro- 
prement dites.  Elles  ont  pour  point  de  départ  un  processus 
inflammatoire  siégeant  soit  dans  les  annexes,  soit  dans  le 
tissu  cellulaire  péri-utérin  ;  les  classifications  basées  sur  la 
localisation  intra  ou  extrapéritonéale  du  pus  leur  conviennent 
absolument,  et  c'est  aux  collections  de  cette  nature  qu'on 
devrait,  me  semble-t-il,  réserver  d'une  manière  exclusive  la 
dénomination  de  suppurations  pelviennes  proprement  dites. 
Je  ne  ferai  d'exception  qu'en  faveur  de  Yhématocèle  sup^ 
purée,  dont  le  diagnostic  différentiel  est  parfois  tellement 
ardu  qu'il  devient  pour  ainsi  dire  impossible  de  savoir  si  la 
suppuration  est  primitive  ou  consécutive  à  un  épanchement 
sanguin. 

Tout  autres  sont  les  collections  purulentes  développées  à 
l'intérieur  ou  bien  autour  d'une  tumeur  préexistante.  Celle-ci 
peut  être  un  kyste,  un  fibrome,  voire  même  un  cancer  de 
l'utérus  ou  une  grossesse  ectopique,  peu  importe  ;  le  cas  n'en 
reste  pas  moins  spécial,  et  les  suppurations  intra  ou  périnée- 
plasiques  observées  dans  ces  conditions  veulent  être  envi- 
sagées séparément.  Leur  étude  peut  être  d'ailleurs  assez 
rapide,  car  au  point  de  vue  de  leur  traitement,  je  n'aurai 
guère  de  divergences  à  relever.  En  effet,  si  l'on  excepte  cer- 
tains cas  rares  de  kystes  suppures  du  ligament  large,  qu'il 
est  peut  être  avantageux  de  traiter  par  incision  simple;  si 
l'on  excepte  encore  certaines  collections  purulentes  secon^ 


SEGOND  243 

daires,  qu'il  est  parfois  prudent  d'évacuer  avant  de  songer 
à  l'ablation  des  tumeurs  qui  les  accompagnent,  on  peut  dire 
d'une  manière  générale,  qu'en  présence  d'une  femme  atteinte 
à  la  fois  de  suppuration  et  de  tumeur  abdominale,  la  laparo- 
tomie est  bien,  pour  tous  les  chirurgiens,  l'opération  de 
choix. 

Toutefois,  me  basant  sur  quelques  observations  person- 
nelles, j'aurai  l'occasion  de  montrer  que  dans  ce  premier 
groupe  de  faits,  Thystérectomie  vaginale  peut,  aussi  bien 
que  dans  les  suppurations  pelviennes  proprement  dites, 
trouver  des  indications  nettes  et  rendre  les  plus  éclatants 
services.  Je  ne  parle  pas  seulement  ici  des  cas  biens  rares 
de  cancers  utérins  compliqués  de  suppuration  pelvienne;  il 
est  clair  que  Thystérectomie  vaginale  est  la  seule  opération 
qui  leur  convienne.  Ce  que  je  me  propose  surtout  d'établir 
c'est  que  la  même  opération  est  encore  très  souvent  l'opéra- 
tion de  choix,  lorsque  la  suppuration  s'observe  chez  des 
femmes  atteintes  de  fibromes  de  gros  volume,  à  la  condition 
bien  entendu  que  ce  volume  ne  soit  pas  excessif  et  que  la 
limite  supérieure  de  l'utérus  ou  des  fibromes  ne  dépasse  pas 
le  niveau  de  l'ombilic. 

Ces  premières  considérations  posées,  j'en  arrive  aux  sup-- 
purations  pelviennes  proprement  dites.  Ici  encore,  et  tou- 
jours pour  ne  parler  que  du  traitement,  il  est,  à  la  vérité, 
nombre  de  points  de  pratique  sur  lesquels  on  no  discute  plus. 
Mais  combien  d'autres  restent  litigieux  ?  Je  sais  bien  qu'il  y 
a  des  principes  généraux  sur  lesquels  chacun  s'entend,  ou  à 
peu  près.  On  reconnaît  par  exemple  «  que  la  thérapeutique 
des  affections  des  annexes  est  étroitement  solidaire  de  celle 
des  affections  de  l'utérus,  comme  ces  affections  elles-mêmes 
sont  solidaires  de  celles  de  la  matrice  »,  et  que,  «  d'une  fa- 
çon générale,  les  grandes  interventions  chirurgicales  doi- 
vent être  réservées  autant  que  possible  pour  les  formes  chro- 
niques » .  Rien  de  plus  juste  que  ces  deux  axiomes  récemment 
invoqués  par  Le  Dentu.  Mais  les  textes  de  loi  les  meilleurs 
ne  sont  pas  tout,  et  s'il  est  naturel  d'en  accepter  la  signifi- 


244  LES  SUPPURATIONS  PELVIENNES 

cation  générale,  il  ne  s'ensuit  pas  que  leur  interprétation 
soit  toujours  fort  aisée.  Et  cela,  parce  qu'il  nous  faut  à  cha- 
que pas  compter  soit  avec  les  difficultés  indiscutables  que 
nous  réserve  la  juste  appréciation  des  cas  particuliers,  soit 
avec  les  tendances  variées  des  chirurgiens  les  plus  conscien- 
cieux. 

Chacun  peut  juger  de  ce  que  j'avance  en  parcourant  nos 
publications  les  plus  récentes.  Qu'il  s'agisse  d'éhicider  le 
diagnostic  des  suppurations  pelviennes  ou  de  déterminer  la 
part  qu'il  convient  de  faire  à  leur  thérapeutique  conserva-^ 
trice;  qu'il  s'agisse  de  se  prononcer  sur  les  indications  d*une 
chirurgie  plus  radicale  ou  sur  le  choix  de  Vintervention  la 
meilleure^  les  opinions  les  plus  diverses  se  croisent  aussitôt, 
et  dans  ces  conditions,  il  devient  assez  délicat  d'exposer 
avec  précision  l'état  actuel  de  la  question.  Je  m'efforcerai 
néanmoins  de  le  faire  de  mon  mieux,  et  ce  n'est  qu'après 
avoir  scrupuleusement  consigné  Tavis  de  tous  les  chirur- 
giens compétents,  que  je  me  permettrai  de  soumettre  au  con- 
trôle des  membres  du  Congrès  les  conclusions  auxquelles 
je  me  suis  personnellement  rallié  et  dont  voici  Texposé  gé- 
néral : 

En  premier  lieu,  il  doit  être  bien  entendu  que,  dans  le 
traitement  des  suppurations  pelviennes,  les  interventions 
graves  comme  la  laparotomie  ou  Vhystérectomie  seront  tou- 
jours scrupuleusement  réservées  aux  femmes  chez  lesquelles 
il  est  manifestement  impossible  de  se  contenter  d*une  chi-- 
rurgie  plus  conservatrice ^  soit  qu'on  ait  la  conscience  d'en 
avoir  épuisé  les  ressources,  soit  que  Turgence  du  cas  parti* 
culier  défende  toute  temporisation.  Je  m'excuse  presque  de 
souligner  un  précepte  aussi  formel  ;  mais  l'insistance,  sou- 
vent  trop  significative,  avec  laquelleon  l'a  réédité  ces  derniers 
temps  et  le  désir  d'éviter  tout  malentendu  m'en  ont  démon- 
tré  la  nécessité. 

En  rappelant  les  droits  imprescriptibles  de  la  thérapeuti^ 
que  prudente  et  conservatrice,  je  n'entends  certes  pas  faire 
le  moindre  retour  vers  l'expectation  systématique  ou  rési. 


âEGOND  245 

gnée,  mais  déplorable  de  nos  anciens  maîtres.  Je  veux  sim- 
plement témoigner  de  mes  tendances  personnelles,  et  mon- 
trer en  particulier  que,  d'accord  avec  les  chirurgiens  qui 
protestent  contre  les  opérations  excessives,  j'estime  qu'on 
doit  tout  mettre  en  œuvre  pour  en  limiter  sévèrement  les 
indications.  A  plus  forte  raison  doit-on  s'efforcer  d'en  pré- 
venir la  nécessité  si  je  puis  ainsi  dire,  et  je  crois  qu'à  cet 
égard  on  ne  saurait  trop  insister  sur  Tinfluence  salutaire 
d'une  thérapeutique  utérine  bien  dirigée^  c'est-à-dire  «  con- 
duite avec  rigueur  et  ténacité  à  partir  du  premier  moment 
où  des  signes  d'infection  apparaissent  dans  l'appareil  géni- 
tal ».  Doléris  Ta  spécifié  très  justement,  et  je  pense  avec  lui 
que  Vantisepsie  vaginale^  le  curettage^  la  dilatation  large 
et  le  drainage  de  Vutérus  sont,  au  point  de  vue  préventif, 
des  armes  toutes  puissantes.  Il  n'est  pas  douteux  qu'en  sa- 
chant bien  les  manier,  on  pourrait  diminuer  de  beaucoup  le 
nombre  des  cas  justiciables  des  grandes  opérations. 

Est-ce  à  dire  qu'il  faille,  en  présence  d'une  suppuration 
périutérine  avérée,  raisonner  de  la  môme  manière  et  préco- 
niser V emploi jsijstématique  des  ynéthodes  indirectes,  qui  per- 
mettent d'obtenir  i'ëuacua^ion  dupus  par  voie  utérine  ?  Je  ne 
le  crois  pas.  Non  point  que  je  mette  en  doute  les  faits  démon- 
trant l'efficacité  de  la  méthode  de  Valton  ;  je  les  conteste  si 
peu  qu'à  mon  avis  on  a  presque  le  devoir  d'essayer  toujours 
cette  méthode  à  la  période  initiale  des  pyosalgingites,  lors- 
que le  volume  de  la  tumeur  n'est  pas  trop  considérable,  lors- 
que le  péril  n'est  pas  imminent  et  surtout  lorsqu'il  reste  un 
doute  sur  la  nature  du  contenu  de  la  poche,  ce  qui  n'est  point 
rare.  Mais  c'est  tout  ce  que  Ton  peut  dire,  et  j'estime  qu'il  y 
aurait  péril  à  généraliser  davantage.  Bref,  les  indications  de 
la  méthode  de  Valton  sont,  à  mon  sens,  exceptionnelles  dans 
le  traitement  des  suppurations  pelviennes  ;  et,  pour  peu  que 
les  désordres  péri-utérins  aient  quelque  importance,  il  est 
souvent  plus  prudent  de  faire  d'emblée  de  la  chirurgie  di- 
recte que  de  risquer  un  curettage  préalable. 

La  part  du  traitement  prophylactique  et  de  la  thérapeu^ 


246  LES    SUPPUnATIONS   PEI.VIENNKS 

tique  indirecte  des  abcès  péri-utérins  étant  ainsi  tracée, 
nous  restons  en  présence  de  la  chirurgie  opératoire  propre- 
ment dite,  dont  il  faut  étudier  les  armes  et  les  indications. 
Quant  à  la  nécessité  d'intervenir  chirurgicalement  toutes  les 
fois  qu'il  y  a  du  pus  autour  de  Tutérus,  je  pense  qu'elle  n'est 
plus  à  démontrer. 

Deux  mélhodes  fort  distinctes  se  trouvent  ici  en  présence. 
L'une  se  propose  d'obtenir  la  guérison  par  simple  évacua- 
tion du  pus  ;  l'autre,  plus  radicale,  réalise  à  la  fois  cette  éva- 
cuation et  la  suppression  plus  ou  moins  complète  du  foyer 
générateur  du  mal.  Je  ne  voudrais  en  aucune  façon  con- 
tester les  avantages  de  la  première  manière  de  faire.  Elle 
trouve  ses  indications  fort  nettes  dans  certains  cas  particu- 
liers ;  et  lorsqu'on  se  trouve  par  exemple  en  présence  d'une 
collection  purulente  qui  s*est  d'elle-même  rapprochée  d\in 
point  accessible,  c'est-à-dire  de  la  paroi  abdominale  ou  des 
culs-de-sac  vaginaux,  il  est  clair  qu'on  n'a  pas  à  discuter  le 
choix  de  l'intervention.  Il  faut  d'abord  inciser  et  draine?-, 
quitte  à  agir  plus  tard  sur  la  lésion  causale.  Mais,  si  nom- 
breuses que  soient  les  voies  proposées  pour  permettre  l'inci- 
sion simple  des  collections  pelviennes,  je  ne  crois  pas  qu'on 
y  trouve  autre  chose  qu'une  méthode  d'exception.  C'est 
qu'en  effet,  pour  qu'on  soit  autorisé  à  inciser  un  abcès  peN 
vien^il  ne  suffit  pas  que  l'incision  soit  possible,  il  faut  encore 
et  surtout  qu'elle  soit  rationnelle  et  suffisante.  Or,  si  Ton 
excepte  les  collections  phlegmoneuses  récentes,  ou  mémo 
certaines  hématocèles  suppurées  dont  l'incision  s'impose 
comme  unique  méthode  de  traitement  raisonnable,  nous 
trouverons  tout  au  plus  comme  justiciables  du  même  pro- 
cédé les  quelques  rares  variétés  d'abcès  pelviens  d*origine 
ovaro'salpingienne  dont  Bouilly  a  dernièrement  pris  le  soin 
de  spécifier  les  caractères.  Sur  ce  point  je  ne  pense  donc 
pas  qu'il  y  ait  matière  à  longues  discussions. 

Quant  à  la  valeur  intrinsèque  des  procédés  conseillés  pour 
atteindre  le  pus  dans  le  pelvis  ;  je  ne  crois  pas  qu'il  soit  non 
plus  très  difficile  de  la  déterminer.  Ils  sont  à  la  vérité  fort 


SEGOND  247 

nombreux;  et  même,  sans  parler  de  la  ponction  simple j 
qu*on  doit,  à  mon  sens,  toujours  déconseiller  ici  comme  en 
beaucoup  d'autres  circonstances,  nous  avons  encore  à  juger 
les  divers  modes  de  Tincision,  suivant  qu'elle  procède  par 
voie  vaginale,  rectale,  sacro-coccygienne^  périnéale,  in^ 
guinO'Sous*péritonéale  ou  pariétale  proprement  dite.  Or, 
S.  Bonnet  Tobserve  avec  raison,  tous  les  procédés  compris 
dans  cette  liste  comptent  sans  doute  des  succès  qui  en  sont 
la  justifîcation,  mais  tous  aussi  sont  passibles  de  la  même 
réflexion  :  «  Ils  ne  peuvent  être  généralisés  »,  et  leur  utilité 
ne  se  mesure  qu'au  «  nombre  restreint  de  cas  particuliers 
auxquels  chacun  d'eux  peut  répondre  ». 

Le  fait  est  évident  pour  les  incisions  pariétales  simples. 
Leurs  indications  particulières  sont  les  mêmes  pour  tous  les 
chirurgiens,  et,  que  Tincision  soit  hypogastrique^  iliaque^ 
inguinale,  crui^ale  ou  fessière,  elle  n'est  jamais  que  Tappli- 
cation  particulière  d'une  loi  fort  élémentaire  :  on  donne  issue 
au  pus  dans  la  région  où  il  est  venu  pointer  de  lui-même. 
Bref,  on  traite  la  collection  pelvienne  comme  un  abcès  vul- 
gaire, et  rien  n'est  plus  légitime.  Mais  il  y  a  plus,  et  dans  la 
série  des  procédés  en  question  il  en  est  plusieurs  qui  peuvent 
être  jugés  beaucoup  plus  sommairement  ;  ce  sont  les  inci- 
sion» par  voie  rectale,  périnéale  et  sacro-coccyf7tenne. 

Pour  les  premiers,  point  d'hésitation  possible  :  toute  éva- 
cuation opératoire  d'un  abcès  pelvien  par  voie  rectale  est 
sûrement  une  mauvaise  opération.  Pour  les  interventions 
sacro'coccygienne  ou  périnéale  que  certains  chirurgiens 
semblent  vouloir  préconiser  depuis  quelques  temps  à  la 
suite  de  Wiedow,  d'Hégar  et  de  Otto  Zuckerkandl,  il  est 
peut-être  sage  de  surseoir  à  leur  jugement  définitif.  Toute- 
fois, on  peut  observer  dès  maintenant  que,  de  l'aveu  même 
de  leurs  défenseurs,  les  indications  de  ces  incisions  com- 
plexes semblent  singulièrement  exceptionnelles,  et,  pour 
ma  part,  quels  que  soient  les  enseignements  de  l'avenir,  je 
ne  crois  pas  qu'ils  soient  jamais  de  nature  à  nous  faire  pré- 
férer les  larges  débridements  que  nécessite  la  périnéotomie 


248  LES   SUPPURATIONS  PELVIENNES 

OU  la  résection  sacro'»coccygienne  aux  conditions  vraiment 
si  parfaites  dans  lesquelles  nous  placent  la  laparotomie  ou 
Vintervention  par  les  voies  naturelles. 

Tout  compte  fait,  les  deux  seuls  procédés  de  la  méthode 
évacuatrice  pure  qui  soient  susceptibles  d'une  certaine  gé- 
néralisation sont  rincision  par  voie  inguino-sous-périto^ 
néale  et  Vincision  par  voie  vaginale.  Comme  je  Tai  dit  plus 
haut,  Tune  et  lautre  trouvent  leurs  indications  nettes  dans 
plus  d'un  cas  particulier  et  notamment  dans  les  collections 
phlegmoneuses  proprement  dites,  ou  même  dans  certaines 
hématocèles  suppurées.  Je  rappelle  enfin  que  leur  manuel 
opératoire  est  fort  simple.  L'évacuation  par  voie  inguinale 
s* adressant  aussi  bien  aux  collections  à  plastroyi  abdominal 
qu'aux  abcès  plus  profonds,  dont  Taccès  exige  un  décolle- 
ment sous-péritonéal  plus  ou  moins  étendu,  il  s'ensuit  qu*au 
point  de  vue  de  l'opération  nécessaire,  on  doit  s'attendre  à 
tous  les  intermédiaires  qui  peuvent  séparer  le  débridement 
le  plus  banal  de  la  laparotomie  souS''périto7iéale  telle  que  la 
comprend  Pozzi. 

A  son  tour,  Vévacuation  par  voie  vaginale  présente  deux 
variétés  principales,  suivant  qu'elle  s'exécute  avec  ou  sans 
ouverture  du  péritoine.  Mais  dans  le  premier  cas,  alors  môme 
qu'on  prend  le  soin  de  suturer  à  la  plaie  vaginale  les  bords 
de  l'incision  faite  à  la  poche  non  adhérente  qu'on  a  voulu 
atteindre  par  cette  voie,  je  crois  l'intervention  passible  des 
plus  graves  objections.  La  seule  incision  vaginale  recom- 
mandable  est  celle  qui  permet  Tévacuation  du  pus  sans 
ouverture  du  péritoincy  ainsi  qu'il  arrive  pour  les  abcès 
pelviens  proprements  dits  et  pour  les  pyosalpingites  adhé- 
rentes.  Dans  ces  conditions,  son  manuel  opératoire  ne  pré- 
sente aucune  difficulté.  Le  cul-de-sac  vaginal  étant  mis  h 
découvert  par  des  écarteurs  appropriés,  il  suffit  d'inciser 
droit  devant  soi  et  je  ne  crois  pas  du  tout  qu'il  soit  néces- 
saire de  recourir  à  l'instrumentation  spéciale  imaginée  par 
Laroyenne.  Avec  une  pince  pour  fixer  Tutérus,  des  écar- 
teurs pour  y  voir  ou  décoller  les  tissus,  un  bistouri  et  ses 


doigts,  on  a  largement  tom  ce  qcL  iau:  pour  iûtiL  iaire et 
même  pour  ti'ès  bien  faire. 

Si  la  métbode  à'évaciiaiioh  par  iiLc.st'.n-  :<imj'U-  don  res- 
ter limitée  dans  ses  applicationE  pt^Sîdijit^.  L  en  esî  u»Dt 
autrement  pour  les  deux  £rrande£  ojKiraii'HiS  quf-  je  dois 
maintenant  juger,  et  jf  ne  crois  pai^  lvoiî  à  rapj»ei^r  com- 
ment la  laparoi'^mie  et  YfiusU'-^ifCh'^mii  ccnstirueni,  dans  la 
majorité  des  cas.  Je  tTiuxem^ux  df  'Loir  ô^h  suppurations. 

Pour  la  laparoioviie,  la  démoii^traii'jL  i.'^^x  jilus  à  faire. 
Il  est  en  effet  de  noiuriéîé  c:»uraii;<^  çL*eli*f  sait  rêp'jiizvir  n 
toutes  les  indicatioDS  :  et,  k  k  îraÎTenjeiiî  deh  ¥i'ppur£Li''OfLS 
inlra-péritonéales  enhysié^^s  i'.'.'re^  ou  peu  adhérerites  (ontï- 
titueson  triomphe  iu'libcutai'îe,  elle  L*esî  j.uf  aojiii  cajta- 
ble  de  donner  des  succès  men  elUeui  daLt  les  circorai>tauce> 
beaucoup  plus  complexée  qui  fe  obserreixt  en  cas  depyîisâ/- 
ping  lies  adhérentes,  de  pelftpériioniie^  à:'uém'dLiottle  sap- 
purée  ou  de  suppurations  mixtes  k  la  fois  intra  et  sous- 
péritonéales- 

Pour  Yhysiéreciomie^  c  eët  â-dire  pour  Topération  de 
Péan,  raccord  est  loin  détre  au-si  parfait,  et  peu  de  ques- 
tions ont  eu  le  secret  de  susciter  polémiqae  plus  violente  ; 
on  a  même  avancé  qu'elle  avait  eu  les  honneurs  dupa77îph/et 
ce  qui  est  peut-être  beaucoup  dire  î  En  tous  cas,  si  Ton  en 
croyait  les  assertions  de  quelques-uns  de  ses  adversaires, 
assertions  qui,  soit  dit  en  passant,  semblent  d'autant  plus 
formelles  que  leurs  signataires  ont  moins  d'expérience  per- 
sonnelle, l'hystérectomie  vaginale  appliquée  au  traitement 
des  suppurations  pelviennes  devrait  être  à  jamais  condam- 
née, ou  peu  s'en  faut.  Pour  les  uns,  c'est  une  intervention 
«  aveugle  et  brutale  »,  un  «  recul  de  la  chirurgie  française  », 
ou  bien  encore  «  un  produit  plus  ou  moins  inavoué  d'erreurs 
de  diagnostic  parfois  grossières  ».  D'autres,  perdant  toute 
mesure,  s'en  prennent  aux  hystérectomistes  eux-mêmes,  ot, 
paraît-il  «  devant  une  nouvelle  hystérectomio  à  commet- 
tre »,  leur  délicatesse  professionnelle  à  jamais  étciiito 
n'éprouve  plus  l'ombre  d'une  «  perplexité  »,etc.,  etc.  J'eu 
passe  et  des  meilleures. 


250  LES   SUPPURATIONS    PELVIENNES 

L'avenir  de  l'hystérectomie  serait-il  donc  à  ce  point  com- 
promis? Non  certes.  Et  pour  s'en  convaincre  il  suffit  de 
mesurer,  sans  parti  pris,  le  chemin  parcouru  depuis  le  jour 
où  j'ai  pris  la  défense  de  l'opération  de  Péan  devant  la 
Société  de  chirurgie.  Peu  après,  nos  adversaires  ont  sans 
doute  multiplié  leurs  objections,  et  dans  les  publications 
successives  de  Pozzi,  de  Le  Denlu  et  de  Doléris,  pour  ne 
mentionner  que  les  principales,  rien  n'a  été  négligé  pour 
accumuler  les  arguments  destinés  à  nous  perdre.  Mais, 
encore  une  fois,  je  ne  vois  pas  que  la  campagne  menée  con- 
tre nous  ait  réussi.  Tout  ce  qui  s'écrit,  se  dit,  ou  se  passe, 
le  démontre. 

L'hystérectomie  reste  à  l'ordre  du  jour,  et  ce  rapport  en 
est  la  preuve;  aux  critiques  de  ses  adversaires,  elle  peut 
opposer  maintenant  les  communications  concluantes  de 
Reclus,  de  Terriilon,  de  Richelot  et  de  Quénu  à  Paris  ;  de 
Jacobs  et  de  Rouflfart  à  Bruxelles  ;  pas  un  de  ses  premiers 
adeptes  ne  manque  à  l'appel  ;  plusieurs  de  mes  collègues  de 
Paris  lui  doivent,  chaque  jour,  de  nouveaux  succès  ;  enfin, 
parmi  ceux  qui  la  condamnaient  sans  appel  au  début,  il  en 
est  qui  déjà  se  montrent  singulièrement  moins  sévères. 
Pozzi  lui-même  compte  au  nombre  de  ces  convertis.  Je  sais 
bien  qu'il  en  convient  comme  à  regret  et  qu'il  entoure  ses 
concessions  de  toutes  les  restrictions  possibles  ;  mais,  pour 
être  aussi  partielle  qu'on  voudra,  sa  conversion  n'existe  pas 
moins.  Plus  d'une  fois  déjà  il  a  posé  lui-même  les  indica- 
tions de  l'hystérectomie;  il  l'a  pratiquée  avec  succès,  et 
dans  la  dernière  édition  de  son  livre  on  peut  lire  en  toutes 
lettres  que,  «  dans  certains  cas  déterminés  de  suppuration 
diffuse,  l'hystérectomie  vaginale  est  parfois  supérieure  à 
l'intervention  par  l'abdomen  ».  Pratiquée  dans  ces  condi- 
tions, dit-il  encore,  v  elle  met  les  opérées  dans  de  très  bon^ 
nés  conditions  de  (juérison  »,  et  «  elle  permet  un  largo 
drainage  dont  la  déclivité  assure  l'efficacité  ». 

Dira-t-on  maintenant  que  nos  arguments  ne  valent  même 
plus  qu'on  s'y  attarde,  que  la  cause  est  entendue  et  notre  pro- 
cès perdu  ?  Ceux  qui  le  pensent  ou  désirent  le  faire  croire 


SEGOND  251 

s'abusent  étrangemeat,  et  pour  qui  douterait  encore  j'espère 
que  les  documents  bibliographiques  dont  mon  rapport  ne 
manquera  pas  de  faire  mention  seront  enfin  des  arguments 
décisifs.  En  fait,  on  peut  dire  qu'à  Theure  actuelle  tous  les 
chirurgiens  qui  ont  bien  voulu  consentir  à  mettre  eux-mêmes 
ri^ystérectomie  à  Tépreuve  acceptent  résolument  la  netteté 
de  ses  indicatioes  d'une  part,  dans  les  récidives  de  suppu- 
ration pelvienne  après  laparotomie,  et  d'autre  part  dans  les 
pelvipéritonites  suppurées  avec  enclavement  de  Vutérus, 
adhérences  étendues  et  poches  purulentes  multiples.  A  cet 
égard,  pas  de  contestation  possible,  et  ceux-là  même  dont 
les  préférences  pour  la  laparotomie  sont  le  moins  déguisées 
en  conviennent.  J'en  veux  pour  témoignage  la  conclusion 
générale  d'un  très  bon  article  publié  il  y  a  quelques  mois  par 
S.  Bonnet.  L'hystérectomie,  dit-il,  «  sera  la  ressource 
suprême  contre  les  cas  complexes,  heureusement  rares,  de 
pyosalpinx  ou  d'ovaro-salpingites  compliquées  de  pachy- 
pelvi'péritonite^  de  suppuration  secondaire  du  tissu  cellu- 
laire avec  ou  sans  fistules.  Elle  sera  aussi  Vopération  de 
choix  après  échec  on  insuffisance  de  la  laparotomie.  Limitée 
à  ces  indications,  à  côté,  mais  non  à  la  place  de  la  laparoto- 
mie, elle  échappera  à  tous  les  reproches  qu'elle  a  pu  encou- 
rir et  rendra  d*incontestables  services  ». 

Nous  voici  bien  loin  des  affirmations  pessimistes  dont  j'ai 
parlé,  et  l'hystérectomie,  dût-elle  se  contenter  dans  l'avenir 
de  ces  premières  et  capitales  conquêtes,  que  nous  aurions 
encore  la  conscience  d'avoir  combattu  le  très  bon  combat. 
Mais  on  sait  que  notre  ambition  est  plus  grande.  Dans  les 
cas  précités,  la  valeur  de  l'hystérectomie  est  pour  nous  trop 
évidente  pour  exiger  de  nouvelles  preuves,  et  ce  que  nous 
aurions  à  cœur  de  montrer  c'est  que  la  supériorité  de  l'hys- 
térectomie se  retrouve  avec  autant  de  netteté  dans  le  traite- 
ment des  poches  purulentes  énucléables.  Bref  nous  vou- 
drions voir  triompher  la  formule  que  j'ai  proposée  à  la 
Société  de  chirurgie  en  disant  que  Vhy stéréotomie  est  indi" 
quée  dans  tous  les  cas  de  suppuration  pelvienne  qu'il  est 


252  LES   SUPPURATIONS   PELVIENNES 

aujourd'hui  classique  de  traiter  par  laparotomie  avec  ab/a- 
tion  bilatérale  des  annexes. 

Les  trois  considérations  sur  lesquelles  nous  basons  notre 
manière  de  voir  sont,  on  le  sait,  la  gravité  moindre,  Vef/i  - 
cacité  supérieure  et  Vabsence  de  cicatrice.  Les  chirurgiens 
qui  ne  veulent  pas  de  Topération  de  Péan,  ripostent,  je  ne 
l'ignore  pas,  avec  des  arguments  contradictoires  dont  plu- 
sieurs ont  une  sérieuse  valeur.  Mais,  pour  des  raisons  pré- 
cises dont  je  m'efforcerai  d'établir  toute  la  validité,  nos 
préférences  pour  l'hystérectomie  n'en  demeurent  pas  moins 
formelles.  Pour  ma  part,  mes  convictions  sont  chaque  jour 
plus  positives.  Il  est  faux  que  j  aie  tenté  jamais  le  moindre 
changement  de  front,  ainsi  qu'on  a  voulu  l'insinuer  dans  un 
article  très  spirituel  peut-être,  mais  parfaitement  inexact  au 
double  point  de  vue  des  interprétations  et  des  citations. 

Bref,  je  suis  plus  que  jamais  certain  que  Topération  de 
Péan  est  supérieure  à  celle  de  Lawson  Tait  dans  les  condi- 
tions que  j'ai  spécifiées.  C'est  qu'en  effet,  pour  appuyer  mes 
conclusions,  je  n'ai  plus  seulement  les  23  faits  de  ma  pre* 
mière  communication  et  ce  que  Pozzi  baptisait  jadis  mon 
a  vain  appel  à  Ta  venir,  sans  valeur  pour  le  présent  o.  Je 
possède  maintenant  plus  de  92  observations  personnelles  : 
elles  ne  m'ont  donné  que  8  morts,  et  j'ai  le  ferme  espoir 
qu'avec  l'aide  de  ces  documents  il  me  sera  possible  de  réfu- 
ter, mieux  que  je  n'ai  pu  le  faire  lors  de  la  première  discus* 
sion,  les  objections  qui  nous  ont  été  faites  aussi  bien  sur  le 
pronostic  immédiat  et  le  pronostic  d'avenir  que  sur  les 
difficultés  ou  les  dangers  de  l'opération. 

La  tâche  me  sera  d'autant  plus  facile  que  parmi  ces  objec- 
tions il  en  est  plus  d'une  dont  la  valeur  est  purement  théo- 
rique. Tout  ce  qu'on  a  dit  par  exemple  sur  Vimpossibilité 
d'y  voir,  sur  l'encombrement  par  les  pinces,  sur  Vinfidélité 
de  rhémostase,  sur  la  fréquence  des  complications  opéra* 
toires^  ou  bien  encore  sur  le  caractère  incomplet  de  Vinter* 
vention,  est  loin  d'être  exact.  Sans  doute  l'hystérectomie  a, 
tout  comme  la  laparotomie,  ses  écneils^  ses  dangers,  ses 


SEGOND  253 

imperfections,  ses  difficultés  ou  même  ses  impossibilités  ; 
mais,  considération  bien  significative,  celles-ci  comme  ceux- 
là  s'observent  en  des  conditions  qui  sont  à  peu  près  les 
mêmes  pour  les  deux  opérations.  Nous  prétendons  en  outre 
que,  dans  le  traitement  des  suppurations  pelviennes,  Thysté- 
rectomie  réalise  mieux  que  toute  autre  intervention  les  con- 
ditions d'une  guérison  durable^  aussi  bien  quand  elle  est 
complète  que  dans  les  conditions  inverses. 

Quand  la  nature  des  lésions  permet  Vablation  totale  de 
l'utérus  et  des  annexes,  ce  qui  est  infiniment  plus  fréquent 
qu'on  ne  semblé  le  croire,  le  fait  est  trop  clair.  Lorsque 
rétendue  des  lésions  s'oppose  k  l'ablation  complète  des 
annexes,  la  supériorité  thérapeutique  du  résultat  opératoire 
est  moins  évidente,  mais  elle  n'existe  pas  moins.  Et,  qu'on 
le  note  bien,  nos  convictions  à  cet  égard  ne  sont  plus  seu- 
lement théoriques.  Lorsque  nous  affirmons  qu'on  peut,  après 
l'hystérectomie,  compter  sur  V atrophie  et  la  transformation 
cicatricielle  des  parties  respectées  sans  qu'il  reste  nulle  part, 
sauf  exception  très  rare,  une  épine  quelconque  susceptible 
de  réveiller  les  lésions,  nous  en  avons  maintenant  des  preuves 
cliniques  indéniables.  Nous  pensons  même  que  cette  mort 
anatomique  et  physiologique  des  annexes,  une  fois  l'utérus 
enlevé,  est  plus  certaine  que  ne  peut  l'être  celle  de  l'utérus 
après  l'ablation  des  annexes,  et  c'est  précisément  pourquoi 
nous  estimons  qu'il  est,  d'une  manière  générale  plus  sur 
denlever  Vutérus  sans  les  annexes  que  les  annexes,  sans 
Vutérus.  D'autant  que,  pour  ma  part,  j'ai  peu  à  peu  acquis 
la  conviction  que  là  où  l'ablation  complète  des  annexes  est 
impossible  ou  dangereuse  par  la  voie  vaginale,  il  ,y  a  bien 
des  chances  pour  qu'il  en  soit  à  peu  près  de  même  par  la 
voie  sus-pubienne.  On  sait  du  reste  que,  dans  l'hystérectomie 
pour  suppurations  pelviennes,  on  respecte  de  parti  pris 
les  adhérences  qui  sont  d'habitude  la  cause  de  ces  impos- 
sibilités opératoires,  et,  qu'on  le  veuille  ou  non,  on  est  bien 
contraint  de  reconnaître  que  de  ce  chef  l'hystérectomie  se 
trouve  exonérée  de  l'un  des  plus  cruels  écueils  de  la  lapa- 
rotomie. 


254  LES    SUPPURATIONS   PELVIENNES 

La  conclusion  s'impose  donc,  cl  pour  nous  il  est  démontré 
qu'au  point  de  vue  de  la  sécurité  comme  à  celui  des  res- 
sources opératoires,  l'hystérectomie  ne  le  cède  en  rien  à  la 
laparotomie.  Tout  opérateur  expérimenté  qui  voudra  bien 
s'exercer  au  nouveau  manuel  de  Topération  en  conviendra 
très  vite  ;  et,  bien  entendu,  je  parle  uniquement  ici  de  Vhys* 
térectomie  par  morcellement,  de  Péan,  laquelle  est,  on  le 
sait,  caractérisée  par  la  combinaison  variable  de  deux  ma- 
nœuvres fondamentales  :  le  morcellement  par  résections 
transversales  successives  des  deux  valves  utérines  obtenues 
par  section  transversale  de  Vorgane  après  solide  hémostase 
préventive^  et  le  morcellement  par  évidement  central  sans 
hémostase  préalable  de  la  zo7ie  utérine  correspondante.  Je 
suis  en  effet  persuadé  que  ces  deux  manœuvres  peuvent 
triompher  pour  le  mieux  de  toutes  les  difficultés,  sans  qu^il 
soit  avantageux  de  leurs  substituer  la  section  médiane  de 
Millier  que  Quénu  et  Routier  voudraient  remettre  en  faveur, 
ou  de  les  faciliter  parles  débridements  vulvaires  que  Chapat 
vient  de  conseiller. 

La  section  médiane  de  Quénu  est  à  la  vérité  très  corn* 
mode  quand  elle  est  possible^  mais  le  morcellement  par  évi^ 
dément  central  lui  est  toujours  supérieur.  Quant  aux 
débridements  vulvaires,  ils  donnent  sans  doute  du  jour, 
mais  on  peut  très  bien  s*en  passer  quand  on  fait  du  vrai 
morcellement.  Dans  ces  conditions,  j'estime  que,  pour  le 
simple  agrément  d'être  un  peu  plus  à  Taise,  on  ne  possède 
aucune  bonne  raison  d'infliger  aux  opérées  un  traumatisme 
supplémentaire  et  de  les  priver  en  même  temps  de  cette 
intégrité  parfaite  des  formes  extérieures  qui  n'est  point  l'un 
des  moindres  privilèges  de  la  méthode  que  nous  préconisons. 
Pour  ma  part,  depuis  que  j  ai  appris  l'hystérectomie  par 
morcellement,  les  voies  naturelles  m'ont  toujours  sufS  non 
seulement  en  cas  de  lésions  inflammatoires  péri-utérines, 
mais  aussi  chez  nombre  de  femmes  à  vulve  très  étroite  hysté- 
rectomisées  pour  de  volumineux  fibromes.  Mon  expérience 
actuelle  portant  sur  plus  de  150  hystérectomies,  j'espère 


SECOND  255 

qu'on  voudra  bien  accorder  quelque  valeur  à  cette  décla- 
ration. 

Pour  rinstant,  je  dois  me  borner  à  ces  considérations. 
Toutefois,  et  sans  préjudice  de  mon  plaidoyer  ultérieur,  il 
est  deux  objections  générales  que  je  tiens  à  relever  ici,  car 
longtemps  encore  on  ne  manquera  sans  doute  pas  de  nous 
les  opposer.  La  première  est  basée  sur  ce  fait  que  Thysté- 
rectomfe  serait,  comme  le  disait  autrefois  Pozzi,  «  une  opé- 
ration de  certitude  qui  suppose  Tinfaillibilité  du  diagnostic  s. 
Ici  par  conséquent  o  point  d'incision  exploi^atrice  ;  le  pre- 
mier coup  de  bistouri  entraîne  la  perte  fatale  de  la  fécon- 
dite  » .  Partant  de  là,  tout  ce  qu'on  a  pu  dire  sur  les  «  opérations 
ùon  justifiées  »  ou  sur  «  les  mutilations  irréparables  »  se 
devine  aisément.  Le  thème  prête  à  coup  sûr  aux  digressions 
les  plus  humanitaires,  et  si  jamais  1  hystérectomie  leur  devait 
sa  perte,  elle  conserverait  au  moins  le  mérite  d'une  coïnci- 
dence singulière  mais  positive  avec  ce  réveil  de  notre  solli- 
citude pour  la  pureté  des  diagnostics  et  la  conservation  des 
facultés  génératrices. 

Mais,  tout  dictés  qu'ils  soient  par  un  sentiment  des  plus 
respectables,  les  cris  d'alarme  que  nous  avons  provoqués  ne 
me  semblent  pas  moins  excessifs.  Et  d'abord,  il  n'est  pas 
juste  d'avancer  que  par  les  voies  naturelles  le  premier  coup 
de  bistouri  entraîne  fatalement  la  perle  de  la  fécondité. 
Non  point  que  je  veuille  ici  prétendre,  qu'au  point  de  vue  de 
l'exploration,  la  voie  vaginale  soit  en  aucune  manière  une 
rivale  de  la  laparotomie.  Semblable  affirmation  serait  une 
absurdité.  Je  prétends  simplement,  en  me  basant  sur  des 
faits  déjà  signalés  à  la  Société  de  chirurgie  à  propos  d'une 
communication  de  Nélaton,  je  prétends,  dis-je,  qu'avec  un 
peu  d'expérience,  l'incision  du  culde  sac  postérieur  peut  être, 
elle  aussi,  daus  certains  cas,  utilement  exploratiHce  et  que, 
môme  après  avoir  commencé  une  hystérectomie,  on  peut 
encore  s'arrêter  à  temps.  Au  surplus,  et  pour  ne  rien  exa- 
gérer, laissons  à  l'argument  l'incontestable  portée  qu'il  peut 
avoir  en  maintes  circonstances.  En  résulte-t  il  que  l'hysté- 


256  LES   SUPPURATIONS   PELVIENNES 

rectomie  puisse  être  proscrite  à  l'égal  d'un  nouvel  et  dan- 
gereux facteur  de  dépopulation  ?  Je  ne  le  pense  pas  et  Je  puis 
répéter  ce  que  j'écrivais  à  Pozzi  l'an  dernier  : 

Nous  savons  très  bien  ce  que  des  personnalités  peu  ins- 
truites ou  insuffisamment  scrupuleuses,  peuvent  faire  des 
meilleures  opérations.  Il  est  aussi  bien  certain  que  nos  dia- 
gnostics les  plus  travaillés  ne  sauraient  prétendre  à  Tinfail- 
libilité  et  de  même  que  les  laparetomistes  ont  plus  d'une 
fois  supprimé  des  annexes  qui  ne  demandaient  qu'à  vivre, 
de  même  les  hystérectomistes  sont  exposés  à  pareil  mé- 
compte. Mais  quels  que  soient  ces  abus  ou  ces  erreurs,  je  ne 
vois  pas  que  l'avenir  de  Thystérectomie  puisse  en  souffrir 
davantage  que  celui  de  la  laparolomie  et  c'est,  me  serable- 
t-il,  abuser  un  peu  des  droits  de  la  discussion  que  de  remettre 
en  cause,  pour  juger  la  valeur  spéciale  d'une  opération,  tout 
ce  qui  peut  avoir  trait  aux  indications  générales  de  l'inter- 
vention chirurgicale  dans  le  traitement  des  affections  des 
annexes.  Ici  comme  toujours,  il  faut  agir  selon  sa  conscience 
de  clinicien  et  franchement  si  l'hystérectomie  est  réservée 
aux  seuls  cas  dans  lesquels  la  bilatéralité  des  lésions  ovaro- 
salpingiennes  semble  aussi  nettement  avérée  que  leur  incu- 
rabilité  médicale,  je  ne  crois  pas  que  l'intervention  vaginale 
mérite  jamais  le  reproche  d'être  plus  compromettante  que 
la  laparotomie  pour  la  reproduction  de  l'espèce. 

Tout  ceci  me  conduit  à  là  deuxième  objection  générale 
qui  nous  est  si  souvent  opposée  :  je  veux  parler  des  diffi- 
cultés du  diagnostic  et,  cette  fois,  je  suis  le  premier  à 
reconnaître  le  bien-fondé  de  cet  argument  capital  sur  lequel 
Lucas-Championnière  a  l'un  des  premiers  très  judicieusement 
insisté.  «  Admettons,  disait-t-il,  que  l'hystérectomie  soit 
l'intervention  de  choix  dans  le  traitement  des  suppurations 
pelvienne,  soit.  Mais  alors,  comment  affirmer  le  diagnostic 
de  la  présence  du  pus  ?  Sur  quels  signes  nous  guiderons- 
nous  pour  préférer  au  contrôle  de  la  laparotomie,  ce  qu'il 
peut  y  avoir  d'irrémédiable  dans  l'hystérectomie.  »  Rien  de 
plus  juste.  Aussi  bien  serais-je  très  embarrassé  pour  répon- 


SEGOND  257 

dre,  si  la  suppuration  était  à  mes  yeux  la  seule  indication 
de  riiystérectomie.  Mais  tel  n  est  point  mon  avis. 

A  mes  yeux,  comme  à  ceux  Je  Péan,  les  indications  de 
riiystérectomie  sont  les  mêmes  que  celles  de  l'ablation  des 
annexes  par  laparotomie.  Ce  qui  nous  importe  pour  décider 
rintervention,  ce  n'est  donc  pas  le  fait  de  la  purulence,  c'est 
la  bilaiéralité  et  Vincurabilité  médicale  des  lésions  péri- 
ulérines,  et  dès  lors  Tobjection  tombe  d'elle-même.  Je  ne 
conteste  point  que  les  indications  de  Thystérectomie,  ainsi 
précisées,  ne  puissent  encore  laisser  place  à  Terreur  et  j'ac- 
cepte très  bien  qu'il  faille  donner  la  préférence  à  la  laparo- 
tomie chaque  fois  qu'un  diagnostic  paraît  douteux.  Mais  je 
n'en  maintiens  pas  moins  ma  conclusion  et  je  le  répète  :  si 
rhystérectomie  est  réservée  aux  seuls  cas  dans  lesquels  la 
bilatéralité  des  lésions  semble,  de  par  les  données  cliniques, 
aussi  nettement  assurée  que  leur  incurabilité  médicale,  j'es- 
time que  rintervention  par  les  voies  naturelles  conserve 
toutes  les  garanties  d'une  opération  rationnelle  et  pleinement 
justifiée. 

Tels  sont  les  divers  points  que  je  m'efforcerai  de  démon- 
trer par  l'analyse  de  nos  documents  personnels.  Sans  m'exa- 
gérerleur  portée,  j'espère  cependant  que  mon  argumentation 
pourra  trouver  quelque  crédit  même  auprès  des  chirurgiens 
qui  suspectent  le  plus  le  bien-fondé  de  nos  assertions.  En 
tous  cas,  il  verront,  preuves  en  main,  que  nos  résultats  thé- 
rapeutiques sont  bons  et  durables;  ils  constateront  qu'en 
nombre  de  circonstances  nous  triomphons  des  lésions  sup- 
puratives  les  plus  graves;  ils  reconnaîtront  même  que  nos 
opérées  ont  plus  de  sécurité  et  de  satisfaction  sans  cicatrice 
qu'avec  le  plus  séduisant  des  surjets  ;  et  lorsqu'ils  sauront 
enfin  que  Thystérectomie  est  souvent  moins  grave  que  la 
laparotomie  peut  être  aurai-je  la  satisfaction  infinie  de  voir 
plus  d'un  nouvel  adepte  se  rallier  à  notre  cause. 


▲UN.  D«  QTX.  —  TOU  XXXVIII  17 


258  DES  GROSSESSES   EXTRA-UTÉRINES 


DES  GROSSESSES  EXTRA-UTERINES  (1) 

Par  A,  Martin  (Berlin). 


Dans  Tétiologie  de  la  grossesse  ectopique,  les  obstacles 
ihécaniques  à  la  progression  normale  de  l'œaf,  jouent  un 
rôle  capital,  toutefois,  on  ne  réussit  pas  à  en  démontrer  la 
présence  dans  tous  les  cas.  De  toute  manière,  il  faut  que  le 
point  d'implantation  de  Tœuf,  le  terrain  de  nutrition  soit  à 
peu  près  sain.  Le  sperme  doit,  à  travers  la  cavité  utérine, 
arriver  jusque  dans  la  trompe.  L'étiologie  restera'  dans  le 
domaine  de  Thypothèse  aussi  longtemps  qu'on  n*aura  pas 
réussi  à  préciser  le  point  où,  physiologîquement,  se  fait  la 
rencontre  du  spermatozoïde  et  de  lovule. 

L'insertion  ovarique,  bien  que  relativement  très  rare,  est 
indiscutable.  L'insertion  tubaire  est  de  beaucoup  la  plus  fré- 
quente, et,  ici,  la  région  ampullaire  fournit  le  plus  habituel- 
lement le  point  do  greffe.  Sur  56  cas  de  grossesses  tubaires, 
il  en  fut  ainsi;  34  fois  l'œuf  était  dans  la  trompe  droite, 
2i^  fois  dans  la  droite. 

Immédiatement  après  la  nidation  de  l'œuf,  la  caduque 
tubaire  apparaît,  et,  généralement,  elle  se  forme  d'une  façon 
irrégulière  :  1  œuf,  semble-t-il,  n'est  jamais  complètement 
enveloppé.  La  sérotine  est  constituée  par  une  membrane 
moins  uniforme  que  celle  in  utero.  Le  placenta  fœtal,  d'après 
les  recherches  faites  jusqu'ici,  ne  diffère  pas  du  placenta 
fœtal  utérin.  La  musculeuse  tubaire  ne  se  modifie  pas,  ne  se 
développe  pas  peu  à  peu,  mais  présente  plutôt  une  atrophie 
accusée.  Le  péritoine  est  plus  ou  moins  enflammé.  La  por- 
tion restante  de  la  trompe  n'a  pour  ainsi  dire  pas  subi  de 
modifications,  seulement  lexlrémité  frangée  est  relâchée. 

Sur  53  cas  observés  par  Martin,  1 1  fois  seulement  le  siège 

(1)  Communication  au  Congrès  de  gynécologie  et  dVbstétrique  de  BruxeUes, 
septembre  1892,  d'après  le  «  CenLf,  Gyn,  »,  n°  39,  p.  771.  B.  L. 


MARTIN 


259 


de  rinsertion  de  Tœuf  était  sur  le  côté  de  la  trompe  tourné 
vers  le  ligament  large.  L'utérus  augmente  en  volume,  et  se 
trouve  en  état  d'hypertrophie  générale.  Constamment,  et 
sous  l'influence  d'une  sorte  de  solidarité  physiologique,  il  y 
a  formation  d'une  caduque  utérine,  qui,  à  la  vérité,  n*est 
pas  absplument  régulière.  Elle  peut  en  particulier  rétrocéder 
tandis  que  l'œuf  ectopique  continue  à  se  développer. 

La  grossesse  ectopique,  en  général,  se  termine  par  auor- 
tement  tubaire.  Et  celui-ci  se  fait,  habituellement,  durant 
les  3  premiers  mois  : 


1" 

mois. 

15  fois. 

Dans  le  6«  mois. 

2  fois 

20 

— 

13   — 

—         7e     — 

1   — 

3« 

— 

Il    — 

—         8»     — 

2    — 

4e 

.— 

7    — 

—         90     — 

1    — 

5e 

.^ 

4    -^ 

Une  seule  fois,  Martin  est  intervenu,  Tenfant  étant  vivant. 

Le  plus  souvent,  l'interruption  de  la  grossesse  est  la  con- 
séquence inévitable  du  défaut  de  parallélisme  entre  le  déve- 
loppement de  rœuf  et  de  son  contenant. 

Vavortement  iubaire  —  c'est-à  dire  l'évacuation  de  Toeuf 
à  travers  Vostium  abdominale  —  est  très  fréquent.  Martin 
pense  que  le  durcissement  de  la  trompe  et  les  coliques  tu- 
baires  sont  les  effets  de  l'irruption  du  sang  par  l'oviducte. 

L'avortement  a  lieu  parce  que  les  vaisseaux  nouvellement 
formés,  et  à  parois  délicates,  éclatent  à  cause  de  l'absence 
d'une  musculature  vigoureuse.  Il  ajoute  qu'on  observe  nom- 
bre de  guéfisons  sans  qu'on  ait  opéré,  mais  en  faisant  soi- 
gneusement remarquer  que,  dans  ces  cas,  la  guérison  est 
toujours  fort  lente,  et  que  même,  tout  danger  de  shock  ayant 
disparu,  on  n'est  pas  à  l'abri  d'accidents  de  putréfaction,  de 
suppuration. 

Très  souvent,  il  existe  de  la  péritonite  circonscrite,  loca- 
lisée dans  le  bassin. 

Martin  cite,  d'après  Schauta,  241  cas  livrés  à  eux- 
mêmes  : 


200  DES   GROSSESSES   EXTRA-UTÉRINES 

HupUirc,  liémorrhagie  libre  dans  la  cavité  abdominale..  128 

Rupture  avec  formation  d'hématocèle,  péritonite 22 

Hupturo  dans  Tinicstin 34 

Rupture  dans  la  vessie 9 

Rupture  à  travers  la  paroi  abdominale 5 

Rupture  dans  le  vagin 4 

Expulsion  par  l'utérus 6 

Incarcération  (iléus) 4 

Lithopœdion  sans  douleurs 9 

241 

Lui-mônfio  a  observé  5  cas,  tous  suivis  de  mort.  Rarement, 
on  observe  le  complexus  symptomatique  de  la  grossesse  nor- 
male, mais,  toujours,  il  existe  quelques  symptômes  de  ges- 
tation. Au  début,  la  menstruation  est  irrégulière,  souvent 
elle  se  supprime  durant  un  temps  plus  ou  moins  long  ;  en 
beaucoup  de  cas,  elle  est  excessive  ou  diminuée,  fréquem- 
ment enfin  survient  une  hémorrhagie  continue.  Durant  les 
3  premiers  mois,  il  s*agit  d*un  diagnostic  de  probabilité.  Les 
symptômes  essentiels  consistent  dans  rapparition^périodique 
des  douleurs  et  dans  le  collapsus  d  origiue  anémique. 

Retativeraent  .'U  pronostic^  l'enfant  n'entre  pas  en  ligne 
de  compte,  car,  la  plupart  du  temps,  il  meurt  avant  le  terme. 
Quand,  par  hasard,  Tenfant  survit  jusqu'au  terme,  la  vie  do  la 
mère  et  celle  de  l'enfant  sont  encore  exposées  à  tant  d'éven- 
tualités, qu'il  faut,  dans  l'intérêt  de  la  mère,  se  désintéresser 
de  l'enfant.  Le  pronostic  pour  la  mère  varie  beaucoup.  Sur 
241  cas,  où  l'on  intervint,  31  0/0  mères  guérirent,  68,8  0/0 
succombèrent.  Sur  585  cas,  où  l'on  intervint,  7b,6  0/0  mères 
guérirent,  23  0/0  succombèrent.  Martin  a  réuni  les  chiffres 
de  Schauta  jusqu^en  1892,  et  il  a  trouvé  que  sur  265  cas, 
abandonnés  à  eux-mêmes,  36,9  0/0  mères  furent  sauvées  et 
sur  515  où  l'on  intervint,  76,7  0/0. 

II  faut  intervenir  toujours  de  bonne  heure  par  la  laparo- 
tomie, à  défaut  de  quoi  les  femmes  sont  exposées  aux  ennuis 
et  aux  risques  d'un  long  marasme. 

Martin  ne  croit  pas  les  injections  de  morphine  (méthode 


THIRIAR  2G1 

de  Winckel)  suffisamment  efficaces,  parce  que,  même  après 
la  mort  du  fœtus,  des  hém(»rrhagies  avec  toutes  leurs  con- 
séquences graves,  peuvent  survenir. 

L'électricité,  il  la  rejette.  Avec  Tait,  Veit,  Werth  et  Pozzi, 
il  est  pour  l'extirpation  complète  de  l'œuf. 

En  réalité,  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  l'énucléa- 
tion  totale  de  l'œuf  est  possible,  rarement,  Ton  se  trouvera 
dans  la  nécessité  de  recourir,  comme  dernière  ressource,  à 
la  suture  de  la  poche  ovulaire  à  la  paroi  abdominale  et  au 
drainage  par  le  vagin  (suivant  la  méthode  proposée  en  1881, 
par  l'auteur,  au  Congrès  de  Londres). 


PnOGÉDÉ   OPÉRATOIRE  POUR  GUÉRIR   LES  FLEXIONS 
UTÉRINES  (CUNÉIHYSTÉRECTOMIE) 

Par  le  professeur  Thirlwr  (BruzeUes)  (1). 


Messieurs,  nos  moyens  chirurgicaux,  orthopédiques  ou 
opératoires,  nous  permettent  actuellement  de  remédier  com- 
plètement à  certaines  déviations  utérines,  telles  que  le  pro- 
lapsusy  la  rétroversion  ou  la  rétrofiexion;  seule,  lantéflexion 
de  l'utérus  n'a  pas  encore  bénéficié  des  progrès  de  la  gyné- 
cologie opératoire.  Son  traitement  a  peu  varié,  il  se  résume 
:i  faire  disparaître  dans  la  mesure  du  possible,  les  symp- 
tômes morbides  accusés  par  la  malade. 

Tous  les  moyens  employés  contre  Tantéflexion  ont  été 
jusqu'ici  infidèles,  quelques-uns  sont  mêmes  dangereux  et, 
si  on  réussit  quelquefois  à  soulager  la  patiente,  on  n'a  guère 
Tespoir  de  guérir  radicalement  cette  déviation.  Seule  la 
méthode  de  Brandt  (massage  suédois)^est  peut-être  assez 
efficace,  mais  elle  exige  beaucoup  de  temps  et  de  patience  de 
la  part  de  la  malade,  beaucoup  d'expérience  et  certaines 
aptitudes  spéciales  chez  le  gynécologiste.  Ce  sont  là  des 

•  1)  (Joiiimiinication  au  congrès  de  gynécologie  et  d'obstétrique  de  Bruxelles, 
septembre  1892. 


262  FLEXIONS  UTÉRINES   (CUNÉIHYSTÉRECTOMIE) 

conditions  que  les  malades  de  la  classe  riche  peuvent  ren- 
contrer, mais  qu'il  est  bien  difficile  d*accorder  aux  malheu- 
reuses qui  ont  besoin  de  travailler  pour  vivre.  Ce  sont  ces 
considérations  qui  m*ont  conduit  à  pratiquer  la  cure  radicale 
de  Tantéflexion  utérine  par  une  opération  que  j'appellerai 
cunéihystérectomie. 

Cette  opération  consiste  à  faire  subir  au  point  le  plus 
saillant  d'une  courbure  de  flexion  utérine  une  perte  de  sub- 
stance cunéiforme  à  base  ellipsoïde.  En  suturant  les  bords 
de  l'avivement,  on  obtient  ainsi  le  redressement  et  le  main- 
tien de  l'organe  dans  sa  position  physiologique. 

C'est  là  le  but  de  la  thérapeutique  et  la  cunéihystérectomie 
réalise  un  progrès  sérieux.  En  résumé,  j'ai  appliqué  aux 
flexions  utérines  la  résection  cunéiforme  qui  réussit  si  bien 
dans  les  ankyloses  angulaires  du  genou. 

La  malade  que  j'ai  opérée  de  la  sorte  est  une  femme  de 
22  ans  sans  profession,  accouchée  normalement  il  y  a  18  mois. 
Les  règles  ont  toujours  été  douloureuses  ;  mais  c'est  depuis 
5  mois  seulement  qu  elle  a  de  véritables  crises  à  l'époque 
menstruelle  :  vives  douleurs,  nausées,  vomissements.  Dans 
l'intervalle  des  époques,  la  leucorrhée  était  abondante  et  la 
miction  était  toujours  difficile. 

Entrée  dans  mon  service  le  21  juin  dernier,  il  me  fut  facile 
de  constater  l'existence  d'une  antéflexion  complète.  Le  col 
était  fléchi  sur  le  corps  à  angle  aigu. 

L'hystéromètre  redressait  cette  déviation;  j'essayai  l'em- 
ploi d'un  pessaire  qui  ne  fut  pas  supporté. 

Le  7  juillet  je  pratiquai  la  cunéihystérectomie.  Je  fis  une 
incision  de  12  centimètres  à  la  paroi  abdominale. 

Mon  1*'  assistant,  le  docteur  Du  Pré,  refoula  les  intestins 
de  façon  à  vider  le  fond  du  bassin  et  j'attirai  le  plus  possible 
l'utérus  au  dehors  au  moyen  d'une  pince  érigne  Sur  l'angle 
postérieur  saillant  de  la  flexion,  je  fis  un  avivement  elliptique 
de  2  centimètres  environ  de  large  et  comprenant  toute  la 
largeur  de  la  matrice.  Le  lambeau  enlevé  comprenait  tout  le 
tissu  utérin  jusque  la  muqueuse  non  comprise. 


THIRIAR  263 

L'hémorrhagie  fut  peu  abondante;  jo  réunis  alors  les 
bords  de  cet  avivement  au  moyen  de  5  points  de  suture  en 
catgut  n*  2.  L'utérus  fut  dès  lors  parf  litement  redressé 
et,  abandonné  à  lui  même,  il  conservait  sa  position  nouvelle. 
Le  ventre  fut  refermé  par  3  plans  de  suture  et  un  tampon  de 
gaze  iodoformée  fut  placé  dans  le  vagin  pour  soutenir  l'or- 
gane opéré. 

Les  suites  de  cette  opération  furent  des  plus  heureuses. 
La  plus  haute  température  observée  fut  de  3 7**, 6. 

Â>  différentes  reprises  je  constatai  le  résultat  parfait  de 
mon  opération.  L'opérée  quitta  l'hôpital  le  4  août. 

Le  6  septembre,  Tex-malade  me  fit  savoir  qu'elle  n'éprou- 
vait absolument  plus  aucune  douleur.  Elle  avait  eu  ses  règles 
la  semaine  précédente  sans  aucune  difficulté  ;  «  elle  était 
admirable  de  santé  »,  selon  son  expression. 

Cette  opération  vient,  jo  pense,  combler  une  lacune  dans 
le  traitement  des  déviations  utérines  ;  elle  est  tout  aussi 
applicable  à  la  rétroflexion  qu'à  l'antéflexion.  A  la  rétro- 
flexion  nous  pouvons  déjà  opposer  Phystéropexie  ou  Topé- 
ration  de  Deneffe-Alexander  ;  nous  étions  à  peu  près  désar- 
més contre  l'antéflexion. 

La  cunéihystérectomie  n'est  pas,  il  est  vrai,  très  facile  à 
exécuter;  après  la  laparotomie,  il  faut  vider  en  quelque  sorte 
le  petit  bassin  et  réséquer  le  coin  utérin  dans  la  pi'ofondeur 
de  rabdomen,mais,  avec  un  peu  d'habitude,  on  y  parvient 
et  on  a  tout  au  moins  la  perspective  de  procurer  une  guéri- 
son  radicale  à  des  malheureuses  qui,  sans  cela,  sont  condam- 
nées à  souffrir  indéfiniment.  On  peut  également  comprendre 
la  muqueuse  utérine  dans  la  résection,  il  faut  alors  au  préa- 
lable assurer  l'antisepsie  parfaite  de  la  cavité  utérine  par 
un  curettage  soigné  et  une  désinfection  minutieuse  ;  le 
redressement  utérin  serait  ainsi  plus  complet  et  la  stabilité 
de  la  position  physiologique  de  là  matrice,  plus  certaine. 

On  ne  peut  pas  encore  actuellement  porter  d'appréciution 
sur  la  valeur  du  procédé,  car  il  n'a  été  mis  en  pratique  que 
dans  un  seul  cas. 

L'avenir  nous  édifiera  sur  son  importance. 


2C4  LA  KINÉSITHÉRAPIE  GYNÉCOLOGIQUE 


LA  KINÉSITHÉRAPIE  GYNÉCOLOGIQUE  (Fin)  (1) 

TBAITBMENT  SUÉDOIS  DBS  HALADIBS  DBS   FBMUBB 

(Méthode  de  TK  Brandt) 

Par  ■.  Himpterj  ex-chef  de  clinique  obstétricale  delà  Faculté  de  Paris,  chargé 

de  mission  en  Suède,  1891. 


GYMNASTIQUE 

On  devrait  généralement  savoir  que  le  Suédois  Ling  est 
Tinventeur  célèbre  d'une  gymnastique  fort  différente  de  la 
nôtre,  car  les  exercices  de  force  et  d'adresse  en  sont  à  peu 
près  exclus.  Elle  recherche  l'équilibre  des  fonctions  par  un 
travail  égal  des  groupes  musculaires  et  convient  également 
aux  forts  et  aux  débiles,  aux  enfants,  aux  adultes,  aux  vieil- 
lards. La  médecine  devait  tirer  parti  de  cette  idée  géniale  ; 
elle  y  ajouta  le  massage  dont  certaines  pratiques  étaient  déjà 
comprises  dans  le  système  de  Ling  Ainsi  se  trouva  créée 
en  Suède  une  thérapeutique  nouvelle  qui  prit  essor  sous 
rimpulsion  de  docteurs  et  de  professeurs  distingués.  Le 
système  est  fondé  sur  le  principe  des  mouvements  à  résis- 
tance. Celle-ci  est  exercée  par  le  gymnaste  ou  par  des  ma- 
chineâ  (école  de  Sanders)  ;  mais  quel  que  soit  le  mérite  de 
ces  ingénieux  mécanismes,  le  gymnaste  moins  automate 
conserve  sa  supériorité.  Les  appareils  dont  il  se  sert  sont 
peu  nombreux,  simples  et  bien  imaginés.  La  plupart  des 
procédés  aujourd'hui  usités  un  peu  partout  pour  le  redres- 
sement des  déviations,  sans  violence  ni  emprisonnement  du 
corps,  ont  une  origine  suédoise,  et  telle  invention  née  à 
Stockholm,  y  revient  parfois  par  la  Russie,  l'Allemagne  ou 
la  France,  dénaturée  plus  souvent  que  perfectionnée ,  quel- 
quefois adaptée  à  des  usages  différents  de  l'usage  original. 
Tel  est  l'appareil  suspenseur  dont  on  a  fait  usage  pour  les 
ataxiques. 


(1)  Voir  Annales  de  gyrUcdogie^  1892,  août,  p.  81,  et  septembre,  p.  189. 


STAPFER  265 

Le  principe  de  la  gymnastique  suédoise,  est  donc  la  mise  en 
jeu,  isolément,  des  divers  groupes  musculaires.  Jamais  on  ne 
pousse  les  exercices  jusqu'à  la  lassitude  et  ils  sont  précédés, 
suivis  et  accompagnés  de  mouvements  respiratoires  profonds 
qui  activent  la  circulation,  la  vivifient  et  procurent  une  sen- 
sation de  détente.  C'est  peut-être  à  l'emploi  de  la  gymnas- 
tique de  Ling  que  Suédois  et  Suédoises  doivent  la  conser- 
vation de  leur  belle  prestance  atavique  ;  mais  c'est  en  tous 
cas  à  elle  —  et  ceci  nous  intéresse  particulièrement  au  point 
de  vue  médical  —  que  beaucoup  d'entre  eux  sont  redevables 
de  ne  pas  souffrir  de  divers  excès.  Elle  est  hygiénique  par 
excellence.  Plusieurs  nations  possèdent  aujourd'hui  des 
établissements  semblables  à  ce  qu'on  nomme  à  Stockholm, 
instituts  de  gymnastique  et  de  massage.  La  France  est,  je 
crois,  le  seul  grand  pays,  qui  ait  abandonné  leur  création  à 
l'initiative  individuelle.  C'est  un  officier  de  l'armée  suédoise, 
du  nom  de  Schenstrôm,  notre  hôte  il  y  a  peu  d'années,  qui, 
sans  se  laisser  rebuter  par  les  difficultés,  fonda  en  1874  un 
établissement  do  ce  genre,  et  par  sa  conviction  persuasive, 
'par  son  honorabilité,  surtout  par  les  preuves  péremptoires 
qu'il  donna  des  bienfaits  du  système  de  Ling,  sut  se  conquérir 
et  lui  conquérir  l'estime  des  médecins  auxquels  il  la  fit 
connaître. 

Brandt  a  eu  lidée  d'associer  la  gymnastique  de  Ling  à  son 
traitement  des  maladies  des  femmes.  Il  Ta  fait  d'une  intelli- 
gente et  heureuse  façon.  On  peut  dire,  tant  les  résultats  sont 
encourageants,  que  les  mouvements  musculaires  sont  le 
complément  indispensable  du  massage.  Sans  eux  on  n'aura 
dans  bien  des  cas  que  des  demi- succès,  et  ils  sont  capables  à 
eux  seuls  de  guérir  certains  troubles  de  fonction.  Ils  agissent 
localement,  sur  les  organes  génitaux.  Je  parle  par  expé- 
rience. Avant  de  les  connaître,  je  me  figurais  qu'ils  avaient 
tout  au  plus  une  action  générale  tonique,  et  j'étais  disposé, 
à  rimage  des  médecins  allemands,  à  les  rejeter  comme  un 
inutile  impedimentum^  ou  à  les  abandonner  aux  hommes  de 
profession.  Je  comprends  aujourd'hui  que  c'est  une  grosse 


266  LA   KINÉSITHÉRAPIE   GYNÉCOLOGIQUE 

faute,  née  d*uû  jugement  superficiel.  On  la  commet  d'autant 
plus  volontiers  que  les  mouvements  musculaires  exigent 
une  véritable  et  toute  nouvelle  étude,  et  leur  pratique  une 
attention  soutenue,  sans  parler  de  la  dépense  de  force.  Si 
l'opérateur  ou  le  malade  sont  distraits  et  agissent  machina^ 
lement,  la  gymnastique  se  borne  à  des  attitudes  grotesques, 
à  des  gestes  télégraphiques  ridicules  pour  qui  n'en  saisit  pas 
le  sens,  et  ses  effets  sont  nuls. 

Je  classerai  les  mouvements  d'après  Tinterprétation  phy- 
siologique très  générale  qu'on  en  peut  donner,  comme  j'en 
résumerai  autant  que  possible  la  description  d'après  le  nom 
anatomique  des  groupes  musculaires  mis  en  jeu.  Cette  nomen- 
clature me  semble  au  point  de  vue  didactique  préférable  à  la 
terminologie  suédoise  d'ailleurs  presque  intraduisible.  Ainsi, 
au  lieu  de  dire  :  écart  et  rapprochement  alternatif  des  cuis- 
ses, je  dirai,  si  le  groupe  des  abducteurs  doit  se  contracter 
seul  :  mise  en  jeu  des  abducteurs  avec  résistance  du  méde- 
cin à  l'écart  des  genoux  et  résistance  du  malade  à  leur 
rapprochement.  De  cette  façon  il  n'y  a  pas  d'erreur  possible  ; 
mais  il  faut  savoir  que  les  mouvements  gymnastiques  se 
montrent  beaucoup  mieux  qu'ils  ne  se  décrivent  dans  un 
livre  ou  se  représentent  par  des  figures. 

La  gymnastique  gynécologique  doit  être  divisée  en  trois 
séries  de  mouvements  ;  la  première  décongestionnante  des 
organes  pelviens;  la  seconde  congestionnante;  la  troisième 
destinée  à  fortifier  la  musculature  pelvienne. 

Je  me  bornerai,  dans  cette  brochure,  aux  mouvements 
gynécologiques  proprement  dits,  les  plus  essentiels  faisant 
ressortir  l'importance  de  la  gymnastique  comme  moyen 
curatif  local  et  génital  ;  mais  il  importe  de  savoir  qu'à  côté 
de  ceux-là  il  en  est  d'autres  relevant  de  la  gymnastique  gé- 
nérale su(''doise  qui  employés  avec  le  massage  constituent  un 
précieux  secours  contre  les  réflexes  dont  souffrent  les  femmes 
atteintes  d  affections  du  bas-ventre. 

Mouvements  décongestionnants.  —  Dans  cette  série  on 
fait  agir  isolément  ou  simultanément  le  groupe  des  abduc- 


STAPFER  267 

tenrs  fémoraux  et  les  muscles  du  dos.  Médecin  et  malade 
sont  tous  deux  actifs.  L'effort  général  est  interdit.  La  malade 
doit  respirer  librement.  Les  deux  exercices  les  plus  impor- 
tants sont  les  suivants  : 

1"  Action  réunie  des  abducteurs  fémoraux  et  des  mus^ 
des  du  dos.  —  La  femme  est  couchée  sur  le  dos  dans  Tatti- 
tude  qu*elle  prend  pour  le  massage  ;  mais  les  pieds  un  peu 
renversés  sur  leur  bord  externe,  se  touchent  et  se  fixent  Tun 
contre  l'autre  par  leur  bord  interne.  Sur  Tordre  du  médecin, 
la  femme  soulève  le  siège  en  haut  en  prenant  son  point  d'ap- 
pui sur  la  nuque  et  les  épaules  Elle  se  cale  à  droite  et  à 
gauche  au  moyen  des  coudes.  Alors  le  médecin  rapproche 
les  genoux  jusqu'au  contact,  la  malade  contractant  les  ab- 
ducteurs fémoraux  pour  résister  à  l'effort  de  Topérateur. 
Puis  elle  écarte  les  cuisses,  le  médecin  résistant  à  son  tour. 
Le  va-et-vient  est  répété  huit  à  dix  fois,  avec  intervalle  de 
repos  s'il  y  a  lieu.  Le  médecin  est  assis  à  gauche  de  la  ma- 
lade  ;  sa  main  droite  embrasse  le  genou  gauche,  sa  main 
gauche  est  posée  à  plat  sur  la  face  externe  du  genou  droit  et 
bien  au  milieu  de  façon  à  faire  porter  Teffort  ou  la  résis- 
tance sur  une  large  surface  ;  mais  sans  exercer  de  pesée.  Si 
la  malade  exécute  mal  le  mouvement,  résiste  par  soubre- 
sauts, ou  inégalement,  une  cuisse  travaillant  plus  que  l'autre, 
le  médecin  se  mettra  en  face  d'elle,  un  genou  sur  le  canapé, 
ou  debout  et  courbé  ;  mais  cette  attitude  est  fatigante  pour 
lui.  La  malade  doit  respirer  librement.  Ce  n'est  pas  un 
effort  général,  c'est  un  effort  local. 

i^Actiondesmuschsdu  dos  seuls,  —  La  femme  est  assise 
sur  un  tabouret  au  bord  même  du  siège,  jambes  écartées. 
Elle  se  penche  en  avant  et  étend  ses  bras  en  avant  et  en 
haut,  la  tête  en  extension.  Le  médecin  placé  à  une  hau- 
teur suffisante  pour  dominer  la  malade,  saisit  ses  mains  par 
le  carpe,  alors  la  malade  fléchit  les  avant-bras  et  ramène 
les  coudes  très  en  arrière,  les  faisant  passer  à  distance 
du  corps.  Le  médecin  résiste  à  ce  mouvement,  pendant 
lequel   la  malade  efface  la  poitrine.   Puis  elle  revient  à 


268  LA   KINÉSITHÉRAPIE   GYNÉCOLOGIQUE 

sa  première  position.  La  manœuvre  est  répétée  cinq  ou 
six  fois  et  toujours  terminée  en  flexion  des  avant-bras. 
Quand  elle  est  bien  exécutée,  la  malade  éprouve  une  sen- 
sation de  chaleur  marquée  le  long  de  la  colonne  verté- 
brale dans  la  région  dorsale. 

Afouremen^s  congestionnants,  —  Dans  cette  série  on  n'a- 
git pas  sur  des  groupes  musculaires  isolés.  On  provoque 
Tafflux  du  sang  vers  le  bassin  par  Taction  simultanéede  plu- 
sieurs groupes^  par  des  attitudes  fatigantes,  par  l'excitation 
directe,  par  Teffort,  ou  au  contraire  par  des  mouvements 
passifs.  La  malade  est  tantôt  fortement  active,  tantôt  inerte 
ou  passive. 

Voici  quelques  types  de  ces  diverses  variétés  : 

1°  Mouvement  actif.  Attitude  fatigante.  Effort.  —  La 
malade,debout  devantun siège,  tabouretde  hauteur  moyenne, 
auquel  elle  tourne  le  dos,  fléchit  une  jambe  et  pose  la  face 
dorsale  des  orteils  sur  le  tabouret.  Elle  est  donc  en  équili- 
bre sur  un  seul  pied.  Le  mouvement  est  composé  de  quatre 
temps  :  1"  temps  :  la  femme  se  dresse  sur  la  pointe  du  pied  ; 
2*  temps  :  elle  fléchit  la  jambe  et  la  cuisse  ;  3«  temps  :  elle 
redresse  la  jambe  et  la  cuisse;  4**  temps  :  elle  pose  le  talon  à 
terre. 

Cet  exercice  se  répète  alternativement  sur  les  deux  mem- 
bres. Il  peut  être  exécuté  par  la  femme  seule  qui  alors  place 
les  mains  sur  les  hanches  en  effaçant  la  poitrine  et  tenant 
la  tête  droite;  mais  il  est  plus  actif  si  les  bras  sont  dressés 
verticalement  au-dessus  de  la  tête.  Seulement  l'équilibre 
devenant  instable,  la  femme  doit  être  légèrement  maintenue 
à  droite  et  à  gauche,  ou  mieux  encore  par  les  deux  mains 
qu'elle  lève  haut. 

2°  Mouvement  passif.  —  La  femme  étant  étendue  sur  le 
dos,  à  demi  relevé,  elle  fléchit  la  cuisse  sur  le  bassin.  L'opé- 
rateur saisit  le  talon  d'une  main,  la  plante  du  pied  s'ap- 
puyant  sur  lavant-bras  ;  de  l'autre  main,  il  empoigne  la 
jambe  sous  la  rotule  et  fait  exécuter  des  mouvements  de  cir- 
cumduction  à  l'articulation    coxo-fémorale,  de  dedans  en 


STAPFER  269 

dehors.  Un  aide  maintient  l'autre  membre.  L*exercice  est 
répété  alternativement  sur  chaque  membre.  Plus  le  cercle 
tracé  par  le  genou  du  membre  mis  en  rotation  est  re^gulier, 
meilleur  est  le  gymnaste. 

3**  Excitation  directe.  —  Oa  Tobtient  par  la  percursioii 
dorsale  et  sacro-iliaque.  C'est  l'exercice  décrit  dans  les  livres 
de  massage  sous  le  nom  de  hachures  et  tapotements.  La  per- 
cussion du  dos  se  fait  de  haut  en  bas  et  de  bas  en  haut  à 
droite  et  à  gauche  de  la  colonne,  à  quatre  ou  cinq  reprises, 
avec  le  bord  cubital  des  mains,  poignet  très  souple,  avant- 
bras  et  bras  fixes,  doigts  écartés,  l'auriculaire  frappant  le 
premier  et  par  sa  phalangette.  Elle  est  précédée  de  deux  ou 
trois  passes  rapides  de  Iiaut  en  bas,  de  la  paume  des  mains 
embrassant  dans  leur  concavité  Tépine  dorsale. 

Pour  la  percussion  sacro-iliaque  on  se  sert  du  poing  hl- 
chement  fermé.  On  frappe  avec  la  face  dorsale  des  phalan- 
gettes, à  trois  reprises  différentes  et  dans  trois  directions  : 
oblique,  sacrée  et  transverse  :  i*'  de  la  crête  iliaque  droite 
ou  gauche  au  côté  correspondant  de  la  pointe  sacrée;  2"*  sur 
la  crête  sacrée  de  la  base  au  sommet  ;  3^  sur  la  base  du  sa- 
crum. Le  poignet  doit  ôtre  délié,  les  coups  toujours  fermes, 
quelquefois  forts,  mais  élastiques,  point  trop  rapides  et 
donnés  avec  d'autant  plus  d'insistance  qu'on  veut  pro- 
duire plus  de  congestion.  Pendant  la  percussion  sacro- 
iliaque,  Topérateur,  placé  à  gauche  de  la  malade,  soutient 
le  bas-ventre  de.  sa  main  libre.  La  femme  est  debout  et 
droite,  les  mains  appliquées  au  mur,  les  jambes  ècsurtées. 

Mouvements  développaiit  la  musculature  pelvienne,  — 
Destinés  surtout  aux  prolapsus,  ils  consistent  :  1^  dans  la 
mise  en  jeu  des  adducteurs  fémoraux  et  du  plancher  péri- 
néal  ;  2''  dans  les  excitations  directes. 

1*  Action  des  adducteurs  fémoraux  et  du  plancher  péri- 
néal.  —  La  position  de  la  femme  et  du  médecin  est  celle  que 
j*ai  décrite  pour  le  jeu  des  abducteurs.  Seulement  le  méde- 
cin résiste  au  rapprochement  et  non  à  l'écart  des  genoux. 
Drandt  et  le  professeur  Preuschen  disent  que  dans  cet  exer- 


270  LA   KINÉSITHÉRAPIE   GYNÉCOLOGIQUE 

cice  le  releveur  se  contracte.  Cela  est  probable,  en  eflfet,  puis- 
que par  le  rapprochement  énergique  des  cuisses  on  a  la  sensa- 
tion nette  d'une  contraction  des  muscles  périnéaux  inférieurs. 
Brandt  recommande  aux  malados  atteintes  de  prolapsus  du 
rectum,  de  croiser  plusieurs  fois  par  jour  les  jambes  et  d'exé- 
cuter le  mouvement  qu'on  fait  pour  retenir  une  selle.  Même 
conseil  pour  le  prolapsus  utérin.  La  clinique  nous  enseigne 
que  certaines  femmes,  dont  le  périnée  est  à  peine  entamé, 
ont  la  sensation  d'une  insuffisance  de  soutien  et  un  degré 
variable  de  prolapsus,  tandis  que  d'autres  ont  un  cloaque, 
avec  déchirure  de  quatre  ou  cinq  centimètres  de  la  cloison, 
sans  que  l'utérus  s'abaisse  d'une  ligne.  Cela  prouve  que 
la  couche  musculaire  du  périnée  joue  un  rôle  secondaire 
dans  le  maintien  des  organes  génitaux,  mais  elle  jo^)e  un 
rôle  et  c'est  sur  elle  qu'agit  la  gymnastique  de  Brandt. 

2**  Excitation  directe.  —  On  l'obtient  par  la  percussion 
dorsale  et  sacro-iliaque  que  j'ai  décrite  plus  haut  ;  mais  la 
femme  n'est  plus  en  station  verticale.  Elle  est  sur  pieds, 
mais  tellement  penchée  en  avant,  qu'elle  tomberait  si  elle 
n'avait  un  appui  pour  ses  mains,  et  la  percussion  est  prati* 
quée  rapidement,  sans  insistance.  Ce  n'est  plus  une  excita- 
tation  forte  qu'on  cherche,  mais  une  excitation  légère,  et 
partant  un  effet  directement  opposé,  la  contraction  et  non  la 
dilatation  des  vaisseaux,  la  décongestion  et  non  la  conges- 
tion. 

La  femme  conserve  ses  vêtements,  dénoués,  dégrafés,  flot- 
tants, pendant  les  exercices  gymnastiques.  Ils  se  pratiquent 
d'ordinaire  par  séries,  toujours  terminées  et  quelquefois 
interrompues  par  ce  qu'on  appelle  mouvement  indifférent  ou 
de  repos,  c'est-à-dire,  par  exemple,  quelques  mouvements 
respiratoires  passifs,  profonds  qui  procurent  une  sensation 
de  détente  et  de  bien-ôtro. 

Les  exercices  appliqués  par  Brandt  à  la  gynécologie  sont 
nombreux.  Ils  exigent  de  la  part  de  l'opérateur  du  savoir^  de 
Vexpérience  et  surtout  une  constante  attention;  delapart 
de  Vopérée plus  d'intelligence  quon  ne  croirait  et  la  même 


STAPFEB  271 

constante  attention.  Autrement,  ce  sont  Je  le  répète,  d'inuti- 
les et  ridicules  gestes  télégraphiques.  J'insiste  encore  sur 
ce  point.  La  première  fois  que  j'en  ai  été  spectateur,  je  n'ai 
pu  me  défendre  d'une  grande  incrédulité.  Quand  je  les  ai  expé- 
rimentés, mon  scepticisme  s  est  évanoui.  Leur  puissance  est 
remarquable  ;  mais  il  faut  qu'ils  soient  bien  exécutés.  U  n 
des  médecins  qui  se  sont  le  plus  occupés  de  cette  gymnasti- 
que, le  D'Liudblom,  m'écrivait  récemment  à  ce  sujet  :  «  l'effet 
des  mouvements  est  d'ordinaire  excellent;  quelquefois  il  est 
nul  ».  Ai-je  eu  personnellement  ce  qu'on  appelle,  série  heu- 
reuse? Je  ne  sais,  mais  je  pense  actuellement  que,  dans  les 
cas  où  TetTet  est  nul,  les  mouvements  sont  mal  exécutés.  Je 
dis  mal  exécutés,  je  ne  dis  pas  mal  donnés,  puisque  le 
D'  Lindblom  opère  à  l'Institut  central  de  Stockholm,  d'où 
sortent  les  meilleurs  gymnastes.  J'ai  remarqué  que  quel- 
ques malades,  nerveuses,  molles,  peu  attentives,  arrivent 
avec  peine  à  une  bonne  exécution,  quand  elles  y  arrivent.  Il 
faut  que  le  médecin  soit  très  patient,  jamais  pressé  d'en  finir 
et  sache  enseigner.  De  plus,  dans  certains  cas,  en  particu- 
lier dans  les  hémorrhagies,  les  exercices  doivent  être  ré- 
pétés deux  et  trois  fois  par  jour.  C'est  du  moins  ce  que  j'ai 
fait  ee  je  m'en  suis  bien  trouvé. 

y.  —  Elfets  physiologiques  du  trattementa 

.  A)  Massage.  —  Le  premier,  le  plus  constant,  parfois  le 
seul  effet  du  massage  est  la  disparition  de  la  douleur.  J'in- 
siste de  nouveau  sur  la  propriété  analgésique  de  l'opération 
bien  conduite.  La  douleur  qu'elle  fait  subir  doit  être  aisé- 
ment supportée  et  cesser  en  même  temps  que  l'opération.  Un 
massage  dans  lequel  la  force  est  employée  d'emblée,  outre 
les  inconvénients  locaux  auxquels  il  expose,  produit  durant 
les  heures  qui  suivent  la  séance,  des  troubles  généraux  : 
courbature,  sueurs  froides,  tremblements.  Tout  cela  est 
évité  par  ce  que  j'ai  appelé  préliminaires  analgésiques. 
Comment  agit-on?  Sans  nul  doute  sur  l'innervation  et  le 


?72  LA   KINÉSITHÉRAPIE   GYNÉCOLOGIQUE 

système  circulatoire,  mais  ce  massage  préparatoire  est  par- 
fois si  superficiel,  que  je  me  demandais  lors  de  mes  premiers 
essais,  si  en  réalité  j'avais  une  action  quelconque.  Tous 
ceux  qui  m'imiteront  se  poseront  la  même  question,  et,  après 
quelques  séances,  se  rendront  à  l'évidence.  Je  crois  qu'on 
agit  non  seulement  par  la  main  extérieure,  mais  par  le  doigt 
qui  touche.  Il  ne  fournit  pas  seulement  un  point  d*appui. 
Lorsque  j  ai  visité  les  salles  de  massage  de  l'Institut  central 
de  Stockholm,  j  ai  été  très  frappé  du  fait  suivant  :  Une  ma- 
lade était  assise  devant  un  élève  qui  appuyait  sur  la  région 
du  cœur,  la  pulpe  de  trois  doigts.  Tous  deux  étaient  plus 
immobiles  que  des  statues.  Je  demandai  au  D'  Levin  qui 
m'accompagnait,  pourquoi  on  prolongeait  ainsi  ce  qui  me 
semblait  être  une  simple  exploration.  «  Ce  n'est  pas  une 
exploration,  me  répondit-il,  c'est  du  massage  »  ;  et  lisant 
sur  mon  visage  plus  que  de  la  surprise,  il  posa  lui-même  la 
pulpe  de  trois  doigts  sur  la  face  dorsale  de  ma  main.  Je 
perçus  aussitôt  dans  la  profondeur  des  tissus  une  sensation 
de  thrill  caractéristique.  Impossible  cependant  de  saisir  la 
plus   légère    vibration  apparente  des   doigts.    Puis  il  me 
conduisit  près  d'une  malade  et  me  dit  de  prendre  son  pouls 
que  je  trouvai  petit  et  irréguiier.  Le  D'  Levin  appliqua  ses 
doigts  à  nu  à  gauche  du  sternum,  et  peu  après,  les  pulsa- 
tions se  régularisaient,  prenaient  de  lampleur,  et  dimi- 
nuaient de  fréquence.  Tous  ceux  qui  ont  visité  l'Institut 
central  de  Stockholm,  ont  été  témoins  de  faits  analogues. 
Je  suppose  que  dans  le  massage  des  organes  «génitaux  le 
doigt  intérieur,  bien  qu'immobilisé,  agit  par  une  vibration 
inaperçue,  analogue  à  celle  dont  je  viens  de  parler. 

Quoi  qu*il  en  soit,  alors  môme  que  la  main  extérieure  et  lo 
doigt  qui  touche  ne  se  transmettent  aucune  sensation 
parce  que  les  tissus  sont  trop  douloureux  pour  être  déprimés, 
ils  opèrent  efficacement  l'un  et  Tautre  et  probablement  l'un 
par  l'autre.  J'ai  toujours  vu,  jusqu'à  présent,  par  le  massage 
préliminaire,  les  réflexes  exaltés  se  calmer.  J'admets  qu'il  y 
ait  une  part  à  faire  à  raccoutumance;  mais  il  y  a  certaine* 


STAPFER  273 

ment  effet  analgésique.  Il  convient  mâme  d'ajouter  antiphlo- 
gistique.  L'opérateur  sent  quelquefois  dès  la  seconde  ou 
troisième  séance,  d'ordinaire  après  plusieurs,  mais  en  tous 
cas  d'autant  plus  vite  que  [l'affection  est  plus  récente,  un 
changement  de  consistance  des  masses  paramétritiques.  Il  y 
a  déplétion  vasculaire  lymphatique  et  sanguine,  à  condition 
que  le  traitement  soit  bien  conduit,  car  l'opérateur  est 
maître  de  congestionner  ou  décongestionner  le  pelvis,  soit 
par  le  massage,  soit  par  les  mouvements  musculaires. 

Par  un  massage  léger,  superficiel  et  court,  on  excite  les 
vaso-constricteursy  on  empêche  les  stases  sanguines,  on  pré- 
cipite les  courants.  Par  un  massage  vigoureux,  on  produit 
Teffet  contraire.  On  augmente  les  hémorrhagies,  on  paralyse 
momentanément  les  vaisseaux.  Le  D' Lindblom  (1)  dans  une 
brochure  où  il  a  minutieusement  décrit  l'augmentation  de 
volume  de  l'utérus  par  le  massage,  s'étonne  de  ce  que  l'hé- 
morrhagie  s'arrête  malgré  la  congestion  de  Tutérus.  Il  me 
semble  que  l'explication  que  je  viens  de  donner  est  plausible. 
En  tous  cas^  elle  est  d'accord,  aussi  bien  que  mes  observa- 
tions, avec  des  faits  connus  et  incontestés. 

J'ai  observé  les  phénomènes  suivants,  dans  les  cas  de 
métrorrhagies  :  au  moment  où  l'index  est  introduit,  sa  pulpe 
appliquée  dans  le  cul-de-sac  vaginal  droit,  perçoit  les  batte- 
ments de  l'artère  utérine  dont  les  pulsations  sont  énergiques. 
Après  un  massage  court,  et  très  léger,  une  sorte  d'effleu- 
rage  de  la  face  utérine  postérieure,  les  pulsations  sont  moins 
fortes,  puis  elles  disparaissent  et  ne  peuvent  plus  être  per- 
çues par  le  toucher  seul  ;  mais  elles  reparaissent  par  l'explo- 
ration bimanuelle,  en  comprimant  l'organe  entre  les  deux 
mains.  A  Taffaiblissement  des  pulsations,  correspond  une 
contraction  de  l'organe  ;  à  leur  disparition,  une  diminution 
de  volume  qui  peut  être  de  moitié,  même  pour  un  utérus 
petit.  A  ce  moment  Torgane  est  mou;  on  dirait  que  les  parois 
se  sont  vidées.  Que  le  massage  soit  léger  et  bref,  qu'il  soit 

(1)  Publication  aUemande  :  <r  Zeitschrifi  fur  OeburtëhiUfe  und  Oynâko» 
logù  )>.  Band  XXII.  Heft  1. 

▲MM.  DB  OTM.  —  VOL.  XXXVIII  18 


274  LA  KINÉSITHÉRAPIE   GYNÉCOLOGIQUE 

fort  et  prolongé,  on  observe  dans  les  deux  cas,  à  de  rares 
exceptions  près  :  l"*  une  turgescence,  une  sorte  d*érectioa 
de  Torgane  qui  s'élargit  et  dont  les  cornes  s'accusent;  2^  une 
contraction  pendant  laquelle  l'utérus  se  rapproche  de  la 
forme  sphéroldale;  3**  une  diminution  parfois  considérable 
de  l'utérus  redevenu  mou.  Ce  dernier  phénomène  est  d'au- 
tant plus  marqué,  et  plus  prompt  à  paraître,  que  le  massage 
a  été  plus  léger  et  plus  rapide.  Donc  dans  les  deux  sortes  de 
massage,  léger  et  fort,  on  congestionne  au  début,  mais  dans 
la  première  sorte  la  déplétion  est  rapide. 

On  doit  tirer  parti  de  cotte  notion  pour  le  traitement  des 
métrites  hémorrhagiques  ;  elle  explique  comment  Brandt, 
en  bon  clinicien,  recommande  en  pareil  cas  la  légèreté  de 
main.  Elle  explique  encore  comment  ceux  qui  confondent 
massage  et  pétrissage,  ont  pu  écrire  que  le  traitement  aug- 
mentait les  écoulements  mensti^uels  et  abrégeait  la  période 
intercalaire,  tandis  que  c'est  le  contraire  qui  est  vrai,  lors^ 
qu'on  sait  conduire  Vopération,  et  qu'on  pratique  le  trai- 
tement complet,  massage  et  gymnastique. 

Quant  aux  exsudats,  ce  n'est  pas  seulement  par  le  degré 
de  force  employée  qu'on  les  congestionne  ou  décongestionne, 
c'est  surtout  par  le  massage  central  et  périphérique.  Ce 
dernier  ouvre  et  prépare  les  voies  efférentes  qui  restent 
fermées,  si  on  agit  sur  le  centre  de  la  tumeur,  d'emblée. 
Lorsque  j'ai  commencé  à  pratiquer  le  traitement  de  Brandt, 
je  ne  m'expliquai  pas  pourquoi  des  tumeurs  œdémateuses 
paramétriques,  tantôt  grossissaient,  pendant  la  séance, 
tantôt  disparaissaient  au  point  de  s'évanouir  presque  com- 
plètement. CTest  en  analysant  ma  manière  de  procéder  que 
j'ai  compris  l'importance  du  massage  périphérique.  Ces  phé- 
nomènes de  congestion  et  de  décongestion,  d'accélération  et 
de  régularisation,  ou  de  ralentissement  et  de  stase  des  cou- 
rants, ont  une  importance  capitale,  et  je  conçois  maintenant 
comment  Brandt,  avec  sa  main  incomparable,  ait  pu  tirer 
parti  de  cette  observation  pour  tenter  le  développement 
d'utérus  infantiles  et  y  réussir,  à  ce  qu'il  m'a  affirmé. 


STAPFER  275 

A  ces  effets  sur  Tinnervation  vasculaire  et  par  un  naturel 
contre-coup  s'ajoutent  d'autres  effets  sur  la  fibre  musculaire 
et  sur  les  muqueuses.  On  sent  sous  la  main  l'utérus  et  les 
trompes  hypertrophiées  se  contracter.  On  assiste  à  la  modi- 
fication des  sécrétions  du  corps  et  du  col,  à  Tinvolution  et 
régression  de  l'organe.  Ce  n'est  pas  tout,  on  agit  puissamment 
sur  les  ligaments  dont  l'intégritô  au  point  de  vue  des 
libres  fonctions  de  l'appareil  génital  est  aussi  importante 
que  rintégrité  de  la  plèvre  pour  le  Jeu  des  poumons. 
Le  massage,  des  extensions  prudentes  détachent  les  adhé- 
rences, et  l'élévation  rend  au  système  suspenseur  utéro- 
tubo-ovarien,  sa  tonicité. 

B)  Élévation.  —  Les  effets  physiologiques  de  l'éléva- 
tion se  résument  en  effet,  à  mon  sens,  dans  le  rétablissement 
de  la  tonicité  ligamenteuse  à  laquelle  il  convient  d*ajouter 
pour  les  prolapsus,  l'involution  de  l'utérus  hypertrophié  par 
le  retour  de  la  circulation  normale. 

La  contraction  des  appareils  ligamenteux  qui  relient 
l'utérus  au  bassin  est  indiscutable.  Boivin,  Deville,  Hélie 
(de  Nantes),  Luschka,  Rouget,  Spiegelberg  ont  démontré 
Tabondance  des  fibres  musculaires  et  décrit  leurs  nappes  et 
faisceaux,  augmentés  de  nombre  et  de  volume  pendant  la 
grossesse.  Velpeau  affirmait  l'action  des  ligaments  ronds. 
Thévenot  a  mis  la  chose  en  lumière  dans  un  mémoire  très 
intéressant.  J'ai  moi-même  publié  plus  de  vingt  observations 
personnelles  (i)  qui  prouvent  cliniquement  le  fait;  mais  il 
ne  faut  pas  limiter  l'action  contractile  aux  ligaments  ronds 
qui,  à  mon  avis,  ne  jouent  pas  de  rôle  prépondérant.  Cette 
action  s'étend  à  tout  le  système  qui  enveloppe  l'utérus 
comme  le  ^et  enveloppe  un  ballon.  Il  ne  faut  pas  davantage 
croire  qu*elle  se  manifeste  seulement  pendant  la  grossesse  ; 
elle  existe  pendant  la  vacuité  utérine.  La  gravidité  la  déve- 
loppe ou  la  diminue,  mais  ne  la  crée  pas. 

J'ai  parlé  à  diverses  reprises,  en  décrivant  l'élévation, 

(1)  Étude  clinique  sur  les  variations  quotidiennes  du  degré  d*engagement 
de  Tutérus  gravida  Union  médieàley  h,  7,  12  juillet  1887« 


276  LA   KINÉSITHÉRAPIE   GYNÉCOLOGIQUE 

d'ejctensions  prudentes,  arrêtées  au  point  précis  où  la 
résistance  commence,  ou  qui  la  dépassent  très  doucement, 
et  de  vibrations  légères.  Que  fait-on  pendant  Télévation? 
Dans  le  premier  temps  —  ascension  —  on  exécute  une 
légère  vibration,  puis  tantôt  on  suspend  la  manœuvre  au 
moment  où  la  tension  se  manifeste,  en  la  maintenant  un 
court  espace  de  temps,  cinq  ou  six  secondes.  Tantôt  on  la 
dépasse  si  un  allongement  est  nécessaire  mais  très  graduel- 
lement. Dans  le  second  temps  —  abandon  —  on  laisse  aller 
Tutérus  tantôt  rapidement  tantôt  lentement.  Que  fait-on? 
Dans  le  premier  cas  on  réveille  la  contractilité.  Les  cinq 
secondes  de  tension,  la  descente  rapide  jouent  le  rôle  d*un 
stimulant.  Dans  le  deuxième,  par  des  élongations  paré- 
siantes,  on  lutte  contre  la  contracture. 

Ce  serait  une  erreur  de  restreindre  l'élévation  au  prolapsus 
utérin  et  aux  déviations.  Étant  donnée  la  constitution  anato* 
mique  de  l'appareil  suspenseur,  je  rappelle  au  point  de  vue 
anatomo-pathologique  combien  il  est  rare  dans  les  dissec- 
tions et  autopsies  de  trouver  le  système  génital  sans  altéra- 
tions et  sans  adhérences,  au  point  de  vue  clinique,  combien 
on  est  fréquemment  consulté  par  des  femmes  qui  souffrent  et 
chez  lesquelles  une  exploration  sans  finesse,  ne  découvre 
rien  ou  peu  de  chose,  et  une  exploration  délicate,  des  roi* 
deurs,  des  duretés,  des  épaississements,  des  tiraillements 
douloureux,  là  où  doit  régner  la  souplesse  et  où  Tétirement 
ne  doit  pas  causer  de  souffrances,  je  rappelle  enfin,  au  point 
de  vue  physiologique,  ce  que  j'ai  dit  plus  haut,  qu*à  mon 
sens  rintégrité  de  la  séreuse  utéro-tubo-ovarienne  avait 
Vimportance  de  l'intégrité  de  la  séreuse  pulmonaire  et  Ton 
comprendra  le  rôle  capital  que  joue  la  manœuvre  de  Brandt. 
L'élévation,  par  ses  extensions  mesurées,  contribue  à  cette 
libération  dos  organes^  sans  laquelle  il  n'y  a  point  de  santé 
génitale,  et  qui  est  à  mon  avis  l'un  des  bienfaits  du  traite- 
meut.  Elle  substitue  la  contraction  au  relâchement,  l'élasti- 
citû  à  la  contracture.  C'est  le  retour  à  la  tonicité  sans  laquelle 
il  n'ost  point  d'innervation  ni  de  circulation  normales. 


STAPFER  277 

C)  Gymnastique.  —  Les  mouvements  musculaires  dont 
Faction  est  locale,  sont  dérivatifs  ou  congestionnants.  Je  ne 
veux  pas  sortir  de  ces  généralités  physiologiques  et  préfère 
démontrer  simplement  le  bien-fondé  de  cette  classification 
en  disant  à  quels  résultats  cliniques  ils  m'ont  conduit.  On 
comprendra  alors  pourquoi  je  les  prône  et  quelles  raisons 
j'ai  d'en  avoir  bonne  opinion. 

VI.  —  RésnlUils  cUnlqaes  du  traitement. 

Pour  être  au  clair  sur  Tefficacité  de  la  gymnastique, 
comme  moyen  curatil  local,  j*ai  pensé  qu'il  n'y  avait  rien 
de  mieux  que  de  traiter  par  elle  seule  des  cas  d'irrégu- 
larités menstruelles.  Il  s'agissait  de  femmes  ou  de  vierges 
mal  réglées  et,  dans  la  majorité  des  cas,  de  menstruation 
trop  fréquente.  Parmi  elles  je  signale  une  femme  soignée 
depuis  quatre  mois  par  le  repos  absolu  au  moment  des 
époques  que  quinze  jours  à  peine  séparaient.  Lorsqu'elle 
se  levait,  l'écoulement  augmentait  et  avait  peine  à  tarir. 
Un  seul  exercice  gymnastique  fut  institué,  celui  des  ab- 
ducteurs fémoraux  et  des  muscles  dorsaux,  mais  bien 
exécuté  et  cela  trois  fois  par  jour.  Dès  le  premier  mois 
l'écoulement  ne  reparut  qu'à  l'époque  normale  (vingt-hui- 
tième jour)  et  ne  dura  que  cinq  jours  au  lieu  de  huit  ou  dix. 
Il  y  eut  une  sorte  de  lutte  vers  le  vingtième  jour,  le  moli- 
men  hémorrhagicum  fit  apparition,  mais  non  pas  le  sang.  Le 
mois  suivant  les  mouvements  furent  exécutés  sans  soin  puis 
abandonnés  par  la  malade  qui  se  croyait  régularisée  pour 
toujours.  Le  sang  reparut  le  vingt-deuxième  jour  et  elle 
se  mit  au  lit.  Je  fis  reprendre  de  suite  les  mouvements  et 
lui  dis  de  se  lever.  L'écoulement  dura  cinq  jours  et  depuis 
la  menstruation  s'est  régularisée.  Je  pourrais  citer  encore 
d*autres  faits.  Je  me  contente  d'ajouter  que  la  même  gym- 
nastique a  réussi  d'emblée  sur  plusieurs  jeunes  filles  inuti- 
lement traitées  par  les  médicaments  et  l'hydrothérapie,  et 
je  dirai  tout  à  Theure  comment  j'ai  vu  le  massage  employé 


X  LA   KINÉSITHÉRAPIE   GYNÉCOLOGIQUE 

v^>..    vl.ouer  dans  des  cas  de  raétrorrhagies  et  réussir  dès 

.^.  .s»5^  mouvements  dérivatifs  lui  vinrent  en  aide.  Bref  y  bien 

0  'te  sois  vus  encore  ait  ctair  sur  certains  points  du 

•  .*.  i-iiicni  de  Brandty  je  le  suis,  de  par  les  faits,  des  main- 
■  .."it  sur  la  valeur  ourative  locale  de  la  gymnastique. 

Elle  couatitue  un  puissant  moyen  thérapeutique. 

Jo  :uo  propose  de  publier  in  extenso  mes  observations  pri- 
soci  au  jour  le  jour,  en  notant  ce  que  je  faisais  ou  constatais. 
i,'o;ii»jo  crois,  avec  la  démonstration  clinique  et  orale,  le  meil- 
\'Ui'  luoN ou  d'enseigner  la  technique  du  traitement;  mais  ici 
\o  uo  horuorai  à  indiquer  les  résultats. 

VprOs  mon  premier  voyage,  j'ai  débuté  dans  la  pratique 
•>a:  d.tN  ous  .simples,  propres  à  exercer  la  main.  A  cette  épo- 

•  ,.c  ;  luus  disposé,  comme  beaucoup  de  ceux  qui  ont  abordé 
U  iK  mo  étude»  àconsidérer  le  massage  non  seulement  comme 
!^4  Muio  capitale  du  traitement,  mais  comme  la  seule  qui 
<  u  [iultiuo  importance.  Les  cas  que  j*ai  traités  alors  Tont 
.  ...  ic  pur  le  massage  seul.  Il  s'agissait  d'utérus  en  subin* 
\ ..u,  'U  uvoo  métrorrhagies,  et  de  rétroversions  mobiles 
..,  ^  ii'aIi»urouses. 

\i  'uviui(>re  métrorrhagie  que  j'ai  soignée  avait  pour 

.     .\.   DiohaMe  une  fausse  couche  datant  de  trois  mois. 

\^        ,a  .V  ;;v*r  rotard  de  règles  la  femme  avait  perdu  du  sang 

^  ..\>  caillots,  ce  qui  ne  lui  arrivait  jamais  ;  croyant  au 

.V  \i  luoastruation,  elle  ne  s'était  pas  alitée.  La  con- 

a  quolutérus  continuaàsaignerpar  intermittence. 

.  .:  ,ai  par  un  traitement  justement  réputé  :  injection 

.  ,  repos  absolu  et  prolongé  pendant  six  semaines. 

.  ^  suspendus  pendant  le  repos,  reprirent  lors- 

>»o  leva.  C'est  alors  que  je  la  soumis  au  mas- 

,  ^^aut  liberté  d*aller  et  venir.  Le  traitement 

u^-»  environ  et  ne  fut  pas  quotidien.  Le  mas- 

A;.viUiV  ^  la  mode  allemande,  debout  avec 

.      iiN  d:u\s  le  vagin  ;  je  déployai  trop  de  force 

X  IminU  dos  troubles  do  l'innervation.  Le 

ix  o\coUtMjt.  Les  pertes  disparurent  et 


I       V 


STAPFKR  279 

ne  revinrent  pas.  Depuis,  la  menstruation  s'est  rétablie  avec 
régularité.  Le  volume  général  du  ventre  diminua,  et  la  femme 
affirme  qu'elle  a  une  liberté  et  une  légèreté  de  mouvements 
qu'elle  n*avait  pas  eues  depuis  ses  premières  couches,  qui 
remontent  à  trois  ans. 

Après  ce  succès,  je  m*enhardis  et  me  persuadai  que  nulle 
métrorrhagie  par  subinvolution  ne  résisterait  à  mes  doigts. 
J'eus  promptement  la  preuve  du  contraire.  Mon  traitement 
était  incomplet  et  de  plus  jlgnorais  les  sages  préceptes  de 
Brandt.  Depuis  mon  retour,  j'ai  modiSé  ma  pratique  et  j^ai 
réussi  rapidement  dans  trois  cas  de  métrite  bémorrhagiquOi 
mais  encore  trop  récents  pour  que  je  les  considère  comme 
acquis.  Je  ne  suis  pas  éloigné  de  croire  aujourd'hui  que 
j'aurais  pu  abréger  la  durée  du  massage  chez  la  première 
malade  dont  j'ai  parlé  et  même  la  guérir  par  les  mouvements 
musculaires  seuls  employés  dès  le  début,  et  lui  épargner  six 
semaines  de  lit  et  quantité  d'injections.  J*ai  vu  à  Stockholm 
une  femme  qui  avait  été  curettée  trois  fois  et  que  le  massage 
employé  seul  améliora,  mais  qui  ne  fut  guérie  qu*avec  le 
secours  des  mouvements  musculaires  dérivatifs. 

Je  me  suis  attaqué  à  des  cas  dans  lesquels  Tintervention 
chirurgicale  légère  ou  grave  avait  été  proposée  ou  était  pro- 
posable.  J'ai  cité  les  trois  cas  de  métrite  hémorrhagique.  Ils 
étaient  justiciables  du  curettage,  en  particulier  celui  d'une 
femme  qui  perdait  depuis  sept  mois,  peu  à  la  fois  mais  presque 
continuellement.  Elle  se  disposait  à  se  rendre  à  l'hôpital  pour 
être  opérée.  L'utérus  était  gros  comme  un  très  gros  poing 
et  mollasse.  Le  lendemain  de  la  première  séance,  il  était  di- 
minué de  moitié,  et  le  sang  arrêté.  Je  répète  que  je  ne  con- 
sidère pas  encore  la  guérison  comme  acquise.  Je  ferai 
seulement  remarquer  que  cette  femme,  qui  se  disposait  à 
quitter  son  travail  de  domestique,  n'a  pas  quitté  sa  place  et 
sauf  le  frottage  des  parquets,  que  j'ai  interdit,  a  continué  son 
service  du  matin  au  soir  sans  interruption. 

Je  joins  à  ces  faits  celui  d'une  métrite  catarrhalp  avec 
ulcération  profonde  du  col,  grande  comme  une  pièce  de 


280  LA  KINÉSITHÉRAPIE  GYNÉCOLOGIQUE 

deux  francs,  vouëe  à  ropération  de  Schrœder.  Le  traite-, 
ment  a  commencé  il  y  a  cinq  semaines.  A  la  septième  séance 
j*ai  été  très  surpris  de  voir  que  l'ulcération  avait  complète- 
ment disparu.  Elle  n'a  pas  reparu  ;  mais  le  catarrhe  n'est  pas 
encore  tout  à  fait  guéri.  Le  traitement  a  été  quotidien, 

J'ai,  par  contre,  complètement  échoué  dans  mes  essais  de 
réduction  et  de  maintien  en  autéversion  d'utérus  rétroversés, 
mobiles  mais  douloureux.  Le  seul  résultat  a  été  l'atténuation 
ou  la  disparition  de  la  douleur,  mais  à  condition  de  continuer 
le  traitement  ou  d'y  revenir.  Je  dois  dire  qu'il  a  été  incom- 
plet car  n'ayant  pas  encore  d'aide  expérimenté,  je  m'abste- 
nais de  faire  l'élévation.  Or,  c'est  par  elle  que  Brandt  réussit 
en  pareil  cas.  Il  y  met  une  ténacité  particulière,  fort  louable, 
puisque  l'utérus  rétroversé,  même  non  douloureux  constitue 
une  vulnérabilité.  Suivant  lui,  la  durée  du  traitement  est  très 
variable  et  l'échec  possible.  Josephson  (voy.  Index),  regarde 
le  succès  comme  très  problématique  ;  mais,  dans  ses  expé- 
riences, il  s'esta  en  général,  lassé  plus  vite  que  Brandt.  Le 
maintien  de  Vantéversion  serait  plus  souvent  obtenu  quand 
la  rétroversion  était  fixe,  (Communication  de  Brandt  et  de 
Lindblom.)  C'est,  il  me  semble,  une  question  de  vitalité  et  de 
ressort  des  ligaments  parfois  difficile  à  trancher  d'emblée. 

J'ai  actuellement  en  cours  de  traitement  six  cas  de  péri- 
métro-salpingites.  Je  citerai  seulement  celui  dans  lequel  la 
guérison  complète  me  semble  imminente.  On  va  en  juger. 

U  s'agit  d'une  femme  de  20  ans,  accouchée  en  mars.  Au 
commencement  de  mai,  elle  se  rendit  à  la  consultation  de  la 
Salpôtrière  où  on  l'engagea  h  rester  deux  mois  au  lit  et  à  se 
faire  opérer  si  le  repos  absolu  ne  la  guérissait  pas.  Je  l'en* 
gageai  À  se  confier  à  mes  soins.  La  tumeur,  grosse  comme  la 
tète  d'un  fœtus  à  terme,  occupait  la  moitié  droite  du  bassin. 
Elle  partait  du  pli  de  laine  et  remontait  jusqu'à  l'ombilic. 
Elle  adhérait  à  l'utérus.La  sensibilité  était  très  vive  à  la  pres- 
sion; cependant  cette  femme  pouvait  faire  de  courts  trajets 
à  pied  sans  souffrir  spontanément.  Elle  était  pâle,  amaigrie, 
sans  appétit,  allaitait  son  enfant,  mais  le  biberon  faisait  les 


STAPFER  281 

principaux  frais  de  la  nourriture.  Je  rengageai  à  ne  pas  se* 
vrer,  conseil  qui  lui  avait  été  déjà  donné  par  son  médecin. 
Au  lieu  de  la  mettre  au  lit,  je  lui  dis  de  venir  tous  les  jours 
me  voir  et  de  ne  garder  chez  elle  qu'un  repos  relatif.  Le  trai- 
tement, commencé  le  19  mai,  visait:  1^  la  disparition  de  la 
douleur  ;  2"^  le  diagnostic  exact  de  la  composition  de  la  tumeur  ; 
3"*  sa  disparition  et  la  libération  des  annexes  et  de  Tutérus. 

Le  massage  analgésique  exigea  six  séances  et  à  ce  mo« 
ment  je  constatai  sans  difficultés  que  la  tumeur  se  composait 
de  trois  parties  distinctes  ;  la  trompe,  grosse  comme  le  pouce 
dans  sa  partie  moyenne  mais  régulièrement  hypertrophiée 
4e  Vostium  uterinum  au  pavillon,  longeait  le  bord  supérieur 
de  la  paroi  pelvienne  antérieure.  Un  sillon  la  séparait  du 
ligament  de  l'ovaire,  hypertrophié  lui-même,  mais  recon- 
naissable  à  sa  consistance  fibreuse,  sans  alternative  de  con- 
traction et  de  relâchement.  Il  conduisait  au  seul  point  de  la 
tumeur  qui  restât  sensible.  Là  devait  être  Tovaire,  impos- 
sible à  délimiter.  Un  exsudât  volumineux  coiffait  comme  un 
casque  le  pavillon,  et  ce  que  je  présumais  être  Tovaire,  et 
descendait  profondément  et  loin  en  arrière.  Je  ne  pouvais 
atteindre  que  par  le  rectum  les  limites  postérieures  de  la 
tumeur.  L*utérus  accolé  à  elle,  inséparable,  facileà  distinguer 
par  sa  consistance  propre,  en  latéro-version  droite,  n'était 
pas  gros.  Il  avait  bénéficié  de  Tallaitement. 

Le  massage  curatif,  auquel  je  joignis  la  gymnastique  déri- 
vative,fut  mené  de  la  façon  suivante  :  Chaque  jour,  pendant 
six  à  sept  minutes,  trompe,  exsudât,  utérus  étaient  saisis 
à  tour  de  rôle  et  massés  avec  prudence,  la  trompe  de  dehors 
en  dedans,  Texsudat  et  Tovaire  périphériquement,  puis  cen- 
tralement,  Tutérus  au  point  de  soudure  avec  la  tumeur.  Dans 
la  journée  qui  suivit  le  premier  massage  de  la  trompe,  la 
malade,  qui  n'avait  point  de  leucorrhée,  perdit  la  quantité  de 
deux  à  trois  dés  à  coudre  d'une  matière  caséiforme. 

Le  lendemain  la  trompe  avait  diminué  de  volume  et  se 
contractait  énergiquement.  Le  même  phénomène  se  repro- 
duisit pendant  quelques  jours,  mais  surtout  pendant  les 


282  LA  KINÉSITHÉRAPIE   GYNÉCOLOGIQUE 

séances.  Je  faisais  contracter  Tutérus  et  mon  doigt  revenait 
chargé  de  cette  matière  grumeleuse  blanchâtre,  qui  s'accu- 
mulait dans  sa  cavité  pendant  la  journée.  Cette  matière 
changea  un  jour  de  coloration  ;  elle  était  brune.  Cette  expul- 
sion fut  suivie  de  trois  ou  quatre  gouttes  de  sang  et  depuis 
lors  plus  rien  ne  s'écoula.  A  la  douzième  séance  la  trompe 
avait  diminué  de  moitié  ;  Texsudat  amolli  perdait  aussi  du 
terrain  et  je  sentais  les  contours  de  Tovaire,  gros  mais  in- 
sensible. L'utérus  était  toujours  fixé.  Il  fut  libéré  et  redressé 
à  la  quatorzième  séance.  Â  la  vingtième,  la  trompe  qui  dans 
l'origine  touchait  la  paroi  antérieure  du  bassin,  occupait  le 
diamètre  transverse.  J'oublie  de  dire  que  dès  le  huitième  jour 
de  traitement,  cette  femme,  qui  mangeait  à  peine,  dévorait 
et  que  son  lait  remontait- en  telle  quantité  que  le  biberon 
devenait  inutile.  Elle  n'est  pas  encore  tout  à  fait  guérie.  Il 
reste  à  libérer  l'ovaire  adhérent  à  la  paroi  postérieure. 

J'ai  été  favorisé  dans  ce  cas  par  l'origine  récente  de  la  tu- 
meur, par  sa  mobilité  relative,  par  sa  disposition  même  et  la 
facilité  avec  laquelle  on  saisissait  les  diverses  parties.  Enfin, 
la  guérison  est  toute  récente.  Je  ne  veux  pas  la  considérer 
encore  comme  radicale,  mais  quoi  qu'il  en  soit,  et  tout  en 
regardant  le  fait  comme  une  exception,  pour  ne  rien  hasarder, 
mes  vingt  jours  de  traitement  sans  repos  absolu  ont  bien  valu 
les  deux  mois  de  lit  de  la  Salpêtrière,  en  admettant  qu'ils 
eussent  abouti  à  un  résultat  analogue. 

Je  pourrais  citer  encore  le  cas  d'un  utérus  fixé  et  doulou- 
reux depuis  onze  ans  et  que  j'ai  libéré,  après  disparition  com- 
plète des  souffrances;  mais,  comme  je  l'ai  dit,  je  préfère 
attendre  les  succès  ou  les  demi-succès,  ou  les  insuccès  avérés 
et  confirmés.  Je  m'engage  à  ne  publier  que  des  statistiques 
intégrales.  Mon  principal  souci  est  de  contribuer  à  faire  la 
lumière  sur  la  valeur  d'un  traitement  qui  est  déjà,  de  par  les 
faits,  riche  de  promesses  et  de  l'étudier  à  fond  comme  il 
en  est  digne.  J'ajouterai  seulement  que  je  n'ai  eu  jusqu'à  pré- 
sent aucun  accident,  bien  que  je  me  sois  décidé  à  traiter  les 
salpingites  même  au  moment  des  poussées  aiguës,  mais  non 


STAPFER  283 

en  pleine  et  continue  fébricité.  Brandt,  qui  est  la  prudence 
même,  m'a  affirmé  qu'il  n'avait  jamais  eu  à  le  regretter. 
D*ailleurs,  dans  aucun  cas,  il  n'a  eu  d'accidents  mortels. 
Cela  prouve  la  bénignité  du  traitement  bien  conduit. 

VII.  —  Conclusions. 

La  kinésithérapie  gynécologique  (méthode  suédoise  de 
Brandt),  par  ses  résultats  cliniques,  par  ses  exigences  de 
diagnostic,  par  la  dextérité  qu'elle  exige,  par  son  innocuité 
relative,  peut  rendre  les  plus  grands  services. 

Si  la  gynécologie  telle  qu'on  la  pratique  aujourd'hui  nous 
fait  voir  les  bienfaits  de  Tantisepsie,  elle  nous  montre  aussi 
le  revers  de  cette  belle  médaille.  Le  bistouri  propre,  est  une 
invention  dont  il  ne  faut  médire  ;  mais  il  me  semble  que 
moins  on  s'en  servira  pour  les  organes  génitaux  mieux  cela 
vaudra,  surtout  chez  les  femmes  jeunes,  surtout  en  France, 
où  la  natalité  n'est  pas  brillante. 

Si  la  kinésithérapie  gynécologique  délivre  les  femmes  d'un 
certain  nombre  de  drogues,  de  caustiques,  des  expectations 
prolongées  dans  le  repos  absolu,  et  fait  du  couteau  un  objet 
de  nécessité  et  non  de  choix,  je  crois  qu'elles  ne  se  plain- 
dront pas,  et  que  le  nom  du  Suédois  Brandt  comptera  parmi 
les  initiateurs  de  la  science  et  les  bienfaiteurs  de  l'huma- 
nité. 

Je  souhaite  pour  ma  part,  qu'en  France,  entre  mes  mains 
et  dans  celles  des  autres,  des  succès  bien  confirmés,  fassent 
honneur  à  Brandt  et  au  pays  ami  qui  lui  a  donné  naissance. 

Je  me  suis  efforcé  dans  ce  rapport  de  donner  une  idée  juste 
quoique  sommaire  de  ce  traitement.  Je  ne  me  dissimule  ni 
les  insuffisances,  ni  les  imperfections  de  mon  mémoire  ;  mais 
tel  quel,  il  peut  rendre  service.  Voilà  pourquoi  je  le  publie. 
Pour  le  moment,  malgré  un  an  de  recherches  et  de  pratique 
qui  représente  un  assez  gros  labeur,  mon  inexpérience  rela- 
tive et  aussi  une  juste  réserve  scientifique,  font  que  je  réclame 
en  terminant  le  droit  de  contredire  dans  la  suite  ce  que  ce 
travail  peut  renfermer  de  téméraire  ou  d'erroné.  Je  me  borne 


284  LA  KINÉSITHÉRAPIE  GYNÉCOLOGIQUE 

donc  aux  quatre  conclusions  suivantes,  qui  me  semblent 
aujourd'hui  indiscutables  : 

l""  Il  est  urgent  que  la  méthode  de  Brandt  —  massage  et 
gymnastique  —  soit  mise  à  l'étude  dans  notre  pays. 

2**  C'est  exclusivement  à  elle  qu'il  convient  d'avoir  recours. 
On  ne  doit  la  modifier  et  perfectionner  s'il  y  a  lieu,  que  plus 
tard,  quand  on  la  connaîtra  à  fond,  après  expérience  consom- 
mée. Toutes  les  méthodes  similaires,  en  particulier  les 
méthodes  Allemandes,  sont  des  procédés  bâtards.  Les  résul- 
tats obtenus  par  elles  prouvent  simplement  que  le  principe 
même  du  massage  est  génial,  mais  ils  sont  inférieurs  à  ceux 
du  traitement  Suédois. 

S""  La  kinésithérapie  exige  une  main  souple,  des  doigts 
longs,  une  inaltérable  patience,  la  force  contenue,  la  dexté- 
rité et  la  finesse  du  diagnostic.  Ces  deux  dernières  qualités 
se  développent  par  la  mise  en  pratique  et  la  connaissance 
exacte  de  la  méthode,  —  qui  ne  s'apprend  pas  en  un  jour. 

4""  Exercée  avec  prudence  par  des  mains  compétentes,  la 
kinésithérapie  n^expose  nullement  les  malades.  Elle  est 
fondée  sur  des  succès  cliniques,  nombreux,  anciens  et  con- 
firmés. Par  elle  le  nombre  des  opérations  chirurgicales 
pourra  être  restreint. 

BIBLIOGRAPHIE  (1). 

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Smaland,  août  1866. 

Th.  Brandt.  —  Nouvelle  méthode  gymn<utiqtie  et  magnétiqne ponr  le  tmi- 
temtnt  des  waladies  dtê  arganeêdu  biusin  et  principalement  des  a  feeti^ns 
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NorstrÔm. —  Conununication  ^V Académie  de  médecine  de  Par/>,  18  jan- 
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Norstrdm.  —  Thèse  de  Paris,  par  X...,  présentée  mais  non  soutenue, 
1876  (?). 

(Ij  J'ai  suivi  autant  que  possible,  dans  cet  index^  Tordre  chronologique. 


STAPFER  285 

Asp.  —  Om  Lifmoder  massage.  Helsingfors.  yord,   med.   Archiv,  Bd  X, 

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Ghissenbauer.  —  Prag,  med,  Wochengchri/tj  II,  3, 1881. 
Beitsmann.  —  Die  Entzundung  des  BeokenhauchfelU  beim  Weibe,  mit  77 

Abbildungen.  W.  Braumûller,  Wien,  1883. 
Peters,  Bauge,  Bandl,  Reibmayer^  Winii^arter^  Ghrobak  cités 

par   SOHAUTA  et  par  Jentzbk  et  Boubcabt. 
Th.  Brandi.  —  OymnaHiken  tasoin  hotmedel  vutt  quinliga  waderîifisjuk- 

domar^  jemte  strbia  anteckningar  i  allman  sjukgymnoitik.   Stockholm. 

Albert  Bonnier  ;  Tryckt  i  centraltryokeriet,  1884. 
Nissen.  —  Norks  magasin  for  Lœgevidenskalen.  Vol.  V,  cahier  1-4  (cité  par 

Bi*  Goldspiegel). 
Procho^^nick.  —  Zur  Behandlung  alter  Beckenexsudaten.  Deutech  med, 

Wochensehrtft,  32-33, 1884.  Communication  au  conçrès  de  Magdehourç, 
Procho^vnick.  Die  massage  in  der  Gynakologie.  Ouvrage  traduit  en   fran- 
çais (voyez  plus  loin). 
Reibmayr.  —  Die  Tecknik  der  maesaye,  1884. 
Profanter.  —  Die  masioge  in  der  GynœkoUgie,  mit  einer  Vorrede  des  prof' 

Schultze,  in  lena,  34  abbildungen.  Wien.  W.  Braumuller,  1887. 
Skutach.  — *  Fortichfitte  der  mediein.  Berlin,  1  Juli  1887. 
Resch.  —  Ueber  die  Anwendung  der  massage.  Centralblatt  fur  Oyn.^  n^  32, 

1887. 
Resch.  —  Traducti<m  du  Gymnastiken  de  Brandt,  1888. 
Preuschen.  Die  schwedische  Heilmethode  in  der  Gynakologie,  von  Prof. 

Preuschen  in  Greifswald,  1888  (?). 
Preuschen.'  —  Die  Heilung  der  Vorf ailes  der  G^barmutter  durch  Gymnas- 

tik  der  Beckensmnsculatur  und  methodische  Utérus  Hebung.  Centralblatt 

fUr  Gyn,,  n9  13,  1888. 
Voillet.  Journal  de  médecine  de  Paris,  1888,  cité  par  Norstrôm. 
Preuschen.  —  Weitere  drei  Ifalle  von  Heilung  des  Vorfalles  der  Gebar- 

mutter  durch  Gymnastik  der  Beckens  musculatur  und  methodische  ute- 

rushcbung.  Centralblatt  fiir  Gyn.,  1888,  n^  30. 
Lindblom.  —  Gymnastik  Gyn.  Milnchner  med.,  Wochenschriftf  46,  47,  48. 

1888. 
Seiifart.  —  Die  matmge  in  der  Gynœkologie.  Stuttgart,  1888. 
Winawer.  —  Ueber  die  Th.  Brandt'sche  Méthode,  als  Mittel  die  erkrank- 

ten  Tûben  palpiebar  zu  machen.  Centralblatt  fur  Gyn.,  1888,  52,*  id,  Kro- 

nika  Lekarska,  1888.  Varsovie.  ' 
FrttnkeL  —  Ueber  meine  Behandlung  der  Scheidengebftrmutter  Vorfalle. 


286  LA  KINÉSITHÉRAPIE   GYNÉCOLOGIQUE 

Theilaber.  —  Artz,  ZciUchr.  Berlin,  1888,  10.  Thure  Brandt's  méthode. 

Mûnch,  mcd.  Wochenschrift,  n«»«  27,  28,  1888. 
Buxn.  —  Traitement  manuel  des  maladies  des  femmes.  Wiener  med.  Pretw^ 

n»  40, 1888,  n«  1-2, 1889,  cité  par  Jbntzeb  et  Boubcabt. 
Bchauta.  —  Ueber  gynacologische  massage.  Mediciniêche  Wander^Vortrâge. 

Januar  1889. 
Oit.  —  Massaj  1  gymnastika  kak  lietchebnyi  sposob  pri  boliesniak  jeiiskoi 

polovoi  sphery.  Vratch^  1889,  n»  6.  Cité  par  NORSTBoK. 
SexnianikoT.  —  Résultats  obtenus  à  la  clinique  du  prof.  Slayiansky  à 

Pétersbourg.  Communication  faite  avec  celle  de  Oit  au  3*  congrès  de  mé" 

decins  rvjuet  (Nobstbôm). 
Macnaughton  Jones.  —  Communication  à  la  Société  gynécologique  de 

Londres,  1889  (?).  Norstrôm. 
Norstrôm.  —  Massage  de  Vutérvs.  Paris,  Lecrosnier  et  Babé,  1889. 
Goldspiegel.  —  Traitement  manuel  des  maladies  des  femmes.  Archives  di* 

tocologie,  1889,  Paris. 
Gielsky.  —  CèrUralbl/ur  Oyn.,  n»  U,  1889. 
"Weinenberg.  —  CentraU.  fur  Oyn,,  n<>28,  1889. 
Yeliner.—  Klinische  Zeitschr.  Wien,  1889.  Bd  III,  4,  11. 
Von  Branm  Fern'V7ald.  —  Klhiisehc  Beitrâge  zur  manueUen  Behand- 

lung.  Wien,  1889.  i 

Reibma3rr.  —  Unterleibs  massage  mit  speo,  BerHokstehtignng  der  Anwcn» 

dung  in  der  Oyruekologie,  1889. 
Fellner.  —  KlinUche  Beitrâge  sur  BrandVschen  méthode.  Wien,  1890. 
Landau.  —  Vortrag  in  der  Berl.  med.j  Gesellseh,,\\  juin  1890.  (Anal3'sé 

in  Jent7«eb  et  Boubcabt). 
Landau.  —  Die  Gynask.  Palpation.  Therapevt.  Monatshafte,  Juli  1890. 
Frendenberg .  —  Traitement   des  tnmeurs  abdominales   (Jsntzeb  et 

Boubcabt). 
Ziegenspeck.  —  Ueber  BrandVs  Verfahren  der  Behandlung  von  Fraaen- 

leiden.  Sammlung  Klinisch^r  Vortrâge,  n«"  358-54.  Leipsig,  1890. 
Lindblom.  —  Beobacbtungen  iiber  Verânderlichkeit  in  den  weiblichen 

BeokenoTganen.Zeitschriftfûr  OeburtshUl/eund  Ognâkologie,Baaà  XXII, 

Heft  1. 
Norstrdm.  —  Traité  thécrique  et  pratique  du  massage.  Paris,  LecnM- 

nier,  1891. 
Josephson.  —  Om  den  m^inuela  behandlingen  af  gynâh*logisha  lidanden, 

Stockholm.  Isaac  Marcus,1891. 
Stas.  —  Traduction  française  du  livre  de  Bbsch.  Anvers,  Imprimerie  Bus* 

chnmnn,  rempart  de  la  porte  du  Rhin,  1891. 
Vuillet.  —  Massage  en  gynécologie,  1890. 
Jentaser  et   Bouroart.    —    Gymnastique   gynécologique^    méthode   de 

Th.  Brandt  1.891.  Genève,  H.  Georg.  Paris,  Georges  Carré. 


REVUE   CLINIQUE.  —  LÉOPOLD  287 

Th.  Brandi.  Behandlang  weiblicherGeachlechtskrankheiten;  mit  37  Abbil- 
dongen  im  texte.  Berlin  Fiacher's  med.  Buch.  H.  Kornfeld,  1891. 

Nitot  et  Keller.  —  Massage  en  gynéeologUj  traduction  du  traité  de  Pro- 
CHOWNICK,  1892.  Doin. 

Norstrtfm.  —  Massage  dans  les  affections  de  voisinage  de  Vutérus  et  de 
ses  annexes.  Paris,  Y*  Babé,  1892. 


REVUE  CLINIQUE 


DEUX  SYMPHYSÉOTOMIES 
AVEC  ISSUE  HEUREUSE  POUR  LA  MÈRE  ET  L'ENFANT 

Par  G.  Léopold. 

Traduit  d'après  le  d  Cent*/,  Gynaekologieii  (1),  par  le  D'  B.  Labusquiebe. 

Plus  j'ai  pratiqué  Popération  césarienne  dans  ces  der- 
nières années,  et  moins  Topération  elle-même  m'a  satis- 
fait, bien  que  les  résultats  se  soient  montrés  également 
bons  pour  la  mère  et  pour  l'enfant.  La  création  de  deux 
voies  non  naturelles  (paroi  abdominale  et  utérus),  si  néces- 
saire qu'elle  soit  dans  les  cas  d'indication  absolue,  m'a  tou- 
jours paru,  dans  les  cas  d'indication  relative,  un  expédient 
hazardeux,  un  pis-aller.  Aussi,  mon  attention  a-t-elle  tou- 
jours été  de  nouveau  dirigée  vers  l'utilisation  judicieuse  des 
voies  naturelles. 

Les  résultats  remarquables  obtenus  avec  la  symphyséo- 
tomie,  dans  les  cliniques  de  Morisani  à  Naples  et  de  Pinard 
à  Paris,  m'ont  conduit  à  la  pratiquer  dans  des  cas  bien  dé- 
terminés, et  dans  le  but  de  me  faire  un  jugement  personnel 
8ur  cette  opération  ancienne  et  décriée.  Or,  dans  ces  der- 
niers temps,  Toccasion  de  Pexpériraenter  me  fut  fournie  par 
deux  multipares,  à  bassin  rétréci,  chez  lesquelles  la  sténose 
pelvienne  constituait  une  «  indication  relative  à  l'opération 
césarienne  ». 


(Ij  Ctnt.f,  Oyn.,  n»  30,  1892,  p.  685, 


288     SYMPHYSÉOTOMIES.  SUCCÈS   POUR   MÈRE   ET  ENFANT 

Chez  ces  deux  femmes,  au  lieu  de  la  césarienne;  je  fis  la 
symphyséotomie,  qui  eut  l'issue  la  plus  heureuse  pour  la 
mère  et  pour  Tenfant.  qui,  en  outre,  me  parut  d'une  exé- 
cution aisée,  et  au  point  de  vue  de  sa  gravité,  de  ses  dangers 
bien  éloignée  de  Topération  césarienne  ou  d'une  laparo- 
tomie. Voici  les  deux  observations  : 

Obs.  I.  —  Ernestine  Sch.,  âgée  de  37  ans,  2  accouchements  en 
1884  et  en  1888;  enfants  à  terme,  forceps,  morts.  8«  accouchement 
en  1890,  accouchement  prématuré.  Accouchement  naturel.  Enfant 
mort  in  utero. 

Naine,  taille  1  m.  35,  dernière  menstruation,  18  août  1891.  Bas- 
sin généralement  rétréci,  plat,  rachitique  :  22, 24, 28;  17 1/2  ;  8  3/4  ; 
6  3/4. 

Premières  douleurs  le  25  mai,  7  heures  30  minutes  du  matin. 
Rupture  des  membranes  1  heure  1/2  auparavant.  Tête  élevée  et 
lixe  au  détroit  supérieur.  A  2  heures  50  de  Taprès-midi,  symphy- 
séotomie ;  à  3  heures,  extraction  de  l'enfant  avec  le  forceps  ap- 
pliqué sur  la  tète  restée  élevée.  Terminaison  de  l'opération,  après 
suture  complète  de  la  symphyse  et  de  la  paroi  abdominale  à 
3  h.  30  (en  tout  40  minutes).  Ëcartcmentau  niveau  de  la  symphyse 
de  3  centim.,  mais  qui,  au  cours  de  l'extraction,  d'après  une  men- 
suration rigoureuse,  alla  jusqu'à  7  centim. 

La  symphyse  sectionnée,  le  ligament  sous-pubien  fut  acciden- 
tellement coupé,  ce  qui  donna  lieu  à  une  hémorrhagie  abondante 
par  lésion  du  bulbo  caverneux  du  clitoris;  hémostase  réalisée  par 
suture  et  compression.  Suture  de  la  symphyse  avec  trois  fils  de 
soie,  des  parties  molles  avec  4  points  profonds  et  7  superficiels. 
Pendant  toute  l'opération,  compression  latérale  sur  les  grands 
trochanters  et  les  os  innominés;  bandage  pelvien  pendant 
3  semaines. 

L'enfant,  une  fille,  pesait  3565  grammes.  Diamètres  céphaliques 
transverses,  9  3/4  et  8  3/4  ;  circonférence  horizontale  S4  cent 

Suites  de  couches  normales  ;  la  femme  se  lève  le  24«  jour;  dès 
le  30*'  va  et  vien^  le  plus  aisément  du  monde  ;  pas  le  moindre 
trouble  ni  du  côté  de  la  locomotion  ni  du  côté  de  la  fonction  url- 
naire. 

Obs.  IL  —  Andr.,  37  an^.  En  1891,  perforation  d'un  enfanta 
terme.  Dernières  règles,  fin  septembre  1891.  Premiers  mouvements 


BEVUE   CLINIQUE.    —   LÉOPOLD  289 

de  renfant,  14  février  1892.  Entrée  à  rhôpitalle29  juin,  3  h.  16  in. 
du  matin.  Bassin  :  22  ;  25  ;  30 1/2  ;  16  ;  8  1/2  ;  6  3/4. 

Premières  douleurs  le  2S  juin,  à  6  heures  l'après-midi.  Rupture 
des  membranes  le  29,  à  1  heure  du  matin. 

Tôle  volumineuse,  dure,  immobile  au  détroit  supérieur,  dans  la 
moitié  droite  du  bassin. 

A  4  h.  5,  syraphyséotomie.  Extraction  de  l'enfant  avec  le  for- 
ceps appliqué  sur  la  tète  élevée,  très  rapidement  et  facilement  à 
4  h.  16.  Terminaison  de  l'opération  à  4  h.  50  (durée  totale,  34  min.). 

Le  ligament  triangulaire  ne  fut  pas  sectionné. 

Écartement  symphysien,  3  centim.  ;  au  cours  de  l'extraction, 
d'après  une  mensuration  exacte,  65  millim. 

Hémorrhagie  pour  ainsi  dire  nulle.  Suture  et  bandage  comme 
dans  le  cas  I^  garçon  mesurant  51  centim.  et  du  poids  de  3310  gr. 
Diamètres  céphaliques  transverses,  9  3/4  cent.,  8  1/2  cent.  ;  cir- 
conférence horizontale,  35  1/4  cent. 

Suites  de  couches  normales.  Bronchite  légère  (narcose  avec 
Téther).  Le  17»  jour,  plaie  cutanée  guérie,  enlèvement  de  toutes 
les  sutures.  Locomotion  parfaite  ;  aucune  douleur  par  les  mouve- 
ments. Pas  le  moindre  trouble  du  côté  de  la  vessie. 

Quand  version  et  forceps  ne  sont  pas  applicables,  la  sym- 
physéotomie  doit  être  substituée  à  la  perforation  de  Tenfant 
vivant  et  à  la  césarienne  pour  indication  relative.  Des  2  faits 
relatés  ci-dessus,  j'emporte  déjà  l'impression  que  le  domaine 
de  l'opération  césarienne  est  appelé  à  se  circonscrire  singu- 
lièrement, et  à  se  réduire  aux  limites  qui,  de  tout  temps, 
lui  ont  appartenu  :  c'est-à-dire  qu'elle  sera  réservée  aux  cas 
d'étroitesse  pelvienne  absolue  (conjugué  vrai  de  6  centim. 
et  au-dessous,  Tenfant  étant  à  terme).  Le  chiffre  de  mor- 
talité de  la  césarienne  est  et  reste  plus  élevé  que  celui  de  la 
perforation  et  de  la  symphyséotomie.  C  est  là  un  fait  que  ne 
peuvent  modifier  même  la  faible  mortalité  de  0  0/0  à  5  0/0  de 
la  césarienne  entre  les  mains  de  quelques  opérateurs. 

Morisani,  d'après  sa  dernière  statistique,  sur  un  total  de 
22  symphyséotomies,  n'a  pas  perdu  une  seule  opérée,  et 
tous  les  enfants  ont  vécu.  Également,  Pinard  a,  dans  3  cas, 
obtenu  semblable  résultat. 

AUX    DX  QTV.  "  VOL.  ZXXYin  19 


290      SYMPHYSéOTOMIES.  SUCCÈS   POUR   H^HK  ET   ENFANT 

Des  deux  cas  qui  me  sont  personnels,  et  surtout  du 
deuxième,  je  reste  persuadé  que  Topératiân  n'est  pas  diffi- 
cile. La  parturiente  est  couchée  sur  une  table,  le  siège  en 
avant.  Tout  doit  être,  d'avance,  préparé  pour  terminer  Tac- 
couchement  avec  le  forceps  ou  par  la  version  suivant  les 
cas.  2  assistants  soutiennent  les  membres  inférieurs  au- 
dessous  des  genoux,  ceux-ci  étant  légèrement  écartés,  et  de 
leur  main  libre  pressent  vigoureusement  sur  les  trochanters. 
Incision  cutanée  commençant  au  niveau  du  bord  supérieur 
de  la  symphyse  et  se  continuant  jusqu'à  un  centimètre  au- 
dessus  du  clitoris.  Division  des  parties  molles  jusqu'à  Tarti- 
culation  et  section  des  insertions  des  muscles  droits, 
seulement  sur  une  largeur  suflSsante  pour  que  l'opérateur 
puisse  glisser  Tindex  gaucho  en  arrière  de  U  symphyse. 
Lindex  étant  conduit  en  arrière  et  au-dessous  de  la  sym- 
physe jusqu'au  ligament  sous-pubien^  le  chirurgien  divise 
lentement  la  symphyse  avec  un  bistouri  courbe  (en  serpette) 
et  boutonné.  Immédiatement  les  2  surfaces  articulaires 
s'écartent  de  3  centim.,  et,  grâce  à  une  abduction  pru- 
dente des  genoux  et  à  la  légère  diminution  de  la  pression 
exercée  sur  les  trochanters,  Técartement  va  jusqu'à  7  cen- 
timètres, et  en  tout  cas  si  loin,  que,  dans  le  second  fait,  la 
tête  fœtale  y  volumineuse,  pénétra  immédiatement  dans  le 
bassin  et  put  être  extraite  avec  le  forceps  doucement  et 
comme  en  se  jouant. 

Sitôt  après,  les  deux  assistants  pressent  vigoureusement 
sur  les  trochanters  de  façon  à  amener  au  contact  les  sur- 
faces articulaires.  Avec  du  fil  d'argent  ou  de  la  soie  forte, 
les  extrémités  osseuses  ainsi  que  les  parties  molles  sont 
coaptées,  suturées,  et  Ton  ferme  le  reste  de  la  plaie.  Enfin, 
une  ceinture  très  large  et  munie  d'une  boucle  assure  durant 
les  3  semaines  suivantes  la  contention  du  bassin  ;  la  cein- 
ture est,  s'il  est  besoin,  de  plus  en  plus  serrée. 

Il  est  inutile  d'opérer  la  section  du  ligament  sous  pubien, 
ainsi  qu'il  fut  fait  dans  le  premier  cas.  Il  ne  sera  pas  même 
toujours  nécessaire,  ainsi  que  j'ai  pu  m'en  rendre  compte 


CONGRÈS   DE   GYNECOLOGIE   ET    d'ODSTÉTRïQUE        29l 

dans  la  deuxième  observation,  de  diviser  rarticalation  sur 
toute  sa  hauteur,  parce  que,  déjà  après  la  section  de  la 
moitié  ou  des  deux  tiers  supérieurs,  les  extrémités  pu- 
biennes s*écartentde  3  centim. 

Dans  les  bassins  dont  il  est  ici  question,  c^est-à-dire  dans 
ceux  viciés  par  le  rachitisme,  les  directions  de  la  symphyse 
et  de  la  partie  supérieure  du  sacrum  convergent  fortement 
en  haut,  Tobstacle  à  rengagement  de  la  tète  réside  dans  la 
proéminence  excessive  en  dedans  de  la  portion  supérieure 
de  la  symphyse,  d'où  il  suit  qu'il  suffit  d'ouvrir  à  ce  niveau 
autant  qu'il  convient  dans  chaque  cas. 

Aussi,  je  me  propose,.à  la  prochaine  occasion,  d'ouvrir 
seulement  la  moitié  supérieure  de  la  symphyse,  de  faire 
écarter  un  peu  les  genoux  de  la  parturiente,  et  de  faire 
pénétrer  la  tète  fœtale  dans  le  bas-in.  La  tète  ayant  franchi 
le  point  étroit,  tout  le  reste  de  l'opération  sura  conduit 
d  après  les  règles  connues  (1). 


REVUE  DES  SOCIETES  SAVANTES 


premier  congrès  international  de  gynécologie  et 

d'obstétrique 

Tenu  à  Bruxelles  du  11  au  17  septembre  1892. 

Des  suppurations  pelviennes. 

Segond  (2)  (Paris),  rapporteur.  (Voir  plus  haut,  p.  241.) 
Discussion  :  Péan,  après  avoir  décrit  sa  technique  opératoire  et 

exposé  les  résultats  qu'il  a  obtenus  jusqu'en  janvier  1892,  formule 

les  conclusions  suivantes  : 
lo  Les  suppurations  pelviennes  étudiées  dans  cette  communica- 


(1)  L'auteur  se  propose  d'étudier  plus  tard,  et  de  près,  les  indications  de 
la  symphyséotomie,  les  conditions  où  elle  est  applicable  et  sa  situation  res- 
pective vis-à-vis  des  autres  opérations  rivaleâ. 

(2)  Afinal.de  gyn.  et  d'ohH.t  mars  1891,  p.  161. 


292  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

tion  sont  celles  qui  ont  pour  point  de  départ  l'appareil  génital 
interne  de  la  femme  ; 

2»  On  peut  les  diviser  en  suppurations  types  (il  n'existe  pas 
d'autres  lésions  pelviennes  que  la  suppuration),  suppurations 
mixtes  (accompagnées  d'une  affection  quelconque  des  organes 
voisins  :  sténose  vaginale  ou  utérine,  tumeur  utérine)  et  suppu- 
rations compliquées  avec  ouverture  du  foyer  dans  une  cavité 
splanch nique  ; 

3°  Les  plus  difficiles  à  traiter  sont  celles  qui  durent  depuis  long- 
temps et  qui  ont  provoqué  des  désordres  graves  du  côté  de  l'utérus 
et  de  ses  annexes  ; 

4o  La  discussion  principale  relative  au  meilleur  mode  de  trai- 
tement porte  aujourd'hui  sur  la  question  suivante  :  vaut-il  mieux 
enlever  les  annexes  seules  par  la  voie  abdominale  en  laissant  l'uté- 
rus en  place,  ou  enlever  l'utérus  et  les  annexes  par  la  voie 
vaginale? 

5o  L'extirpation  de  l'utérus  et  des  annexes  par  la  voie  vaginale 
(méthode  de  Péan)  est  préférable  à  l'extirpation  isolée  des  annexes 
par  la  voie  abdominale  pour  les  raisons  suivantes  : 

a)  Elle  est  d'une  exécution  facile  dans  les  cas  simples,  beaucoup 
plus  facile  dans  les  cas  graves  ou  compliqués  ; 

b)  Elle  est  plus  ûdéle  dans  ses  résultats, permet  beaucoup  mieux 
d'évacuer  complètement  les  foyers  purulents,  de  les  laver  et  de  les 
drainer;  elle  expose  beaucoup  moins  à  la  continuation  et  aux  réci- 
dives du  processus; 

c)  Elle  donne  une  voie  beaucoup  plus  favorable  à  l'écoulement 
du  pus  et  des  liquides  morbides; 

d)  Elle  n'expose  pas  à  la  suppression  d'une  fonction  qu'il  serait 
possible  de  conserver;  car,  par  des  incisions  exploratrices  conve- 
nablement faites  dans  les  culs-de-sac  vaginaux,  on  peut  se  rendre 
compte  de  l'unilatéralité  ou  de  la  bilatéralité  des  lésions  et  régler 
son  intervention  ; 

e)  La  mortalité  est  presque  nulle  et  les  résultats  éloignés  sont 
plus  favorables  qu'avec  l'extirpation  abdominale; 

/)  Elle  supprime  les  dangers  d'éventration  avec  lesquels  il  faut 
compter  à  la  suite  des  laparotomies  ; 

g)  Dans  les  suppurations  pelviennes  mixtes  et  compliquées,  l'ex- 
tirpation par  la  voie  vaginale  est  la  seule  méthode  qui  convienne  ; 
la  technique  opératoire  comporte  des  modifications  légères  d'après 


CONGRÈS  DE   GYNÉCOLOGIE   ET  d'OBSTÉTRIQUE        293 

la    nature   des  affections  concomitantes   et   des  complications. 

WiLLEMS  (de  Gand)  estime  que  M.  Segond  a  jugé  trop  rapide- 
ment et  trop  sévèrement  la  périnéotomie.  Cette  opération  qui  con- 
siste dans  une  incision  profonde,  faite  en  avant  de  l'anus,  avec 
dédoublement  du  septum  recto- vagin  al,  permet  d'atteindre  dans  le 
cul-de-sac  de  Douglas,  de  faire  une  exploration  méthodique,  et  de 
mesurer  l'intervention  à  l'importance  et  à  la  multiplicité  des  lésions. 
Si  les  poches  purulentes  sont  situées  en  arrière,  rien  de  plus  aisé 
que  de  les  ouvrir,  et  d'assurer  le  drainage.  Si  pourtant  elles  sont 
trop  étendues,  si  elles  siègent  en  avant,  le  chirurgien  a  toute  lati- 
tude pour  compléter  son  intervention  par  la  castration  utérine. 

William  Travers  (de  Londres)  pense  que  la  laparotomie  permet 
aussi  bien  que  Thystérectomie  de  traiter  les  suppurations  pelviennes 
et  d'évacuer  le  pus.  Il  considère  la  seconde  intervention  comme  plus 
dangereuse.  Jacobs  (de  Bruxelles)  pense  que  contre  les  suppurations 
intra-péritonéales,  d'une  manière  générale,  la  laparotomie  est  l'opé- 
ration de  choix.  Mais  que,  quand  les  annexes  des  deux  côtés  sont 
atteintes,  l'hystérectomie  est  préférable.  D'autre  part,  quand  on  se 
trouve  en  présence  de  lésions  graves  et  étendues,  la  laparotomie 
ne  permet  souvent  que  de  faire  constater  son  impuissance  ;  or,  dans 
ces  cas  et  particulièrement  dans  ceux-là.  l'hystérectomie  est  utile. 
Plus  sûrement  que  la  laparotomie,  elle  met  à  l'abri  de  nouvelles 
interventions.  Le  moignon,  d'autre  part,  obtenu  dans  une  salpin- 
geçtomie,  malgré  tout  le  soin  qu'on  met  ^  le  cautériser  peut  s'en- 
flammer, et  l'inflammation  gagner  l'utérus:  d'où  la  nécessité  d'in- 
tervenir à  nouveau.  Jacobs  a  pratiqué  159  laparotomies  pour 
suppuration  des  annexes  avec  3,7  0/0,  et  61  hystérectomies  avec 
3,2  0/0  de  mortalité.  Deghilage  (de  Mons)  croit  qu'on  fait  beau- 
coup d'opérations  inutiles. 

Richelot  (de  Paris).  —  J'ai  traité  144  malades  atteintes  de  suppu- 
ration pelvienne  et  j'ai  eu  9  morts,  soit  6,25  0/0  de  mortalité.  Dans 
24  cas  il  s'agissait  de  fibromes  compliqués  d'abcès  ;  les  120  autres 
se  rapportaient  à  des  affections  des  trompes.  Sur  ces  120  cas,  il  y 
avait  39  cas  de  suppuration  grave  et  j'eus  4  morts.  Deux  fois  la 
mort  survint  parce  que  je  ne  fus  pas  assez  habile  ou  assez  heureux  ; 
deux  fois  parce  qu'elle  était  inévitable  et  qu'il  s'agissait  de  femmes 
opérées  in  extremis.  Toujours  je  mo  suis  servi  des  pinces  à 
demeure  qui  nem'ontdonné  aucun  mécompte,  n'ayant  jamais  dérapé 
et  ayant  toujours  parfaitement  assuré  l'hémostase. Enfin,  j'ai  tou» 


294  SOCIÉTÉS   SAVANTKS 

jours  opéré  par  morcellement.  Sur  les  39  eas  d«  suppuration,  j  ai 
fiiit  12  fois  Fablation  totale  des  annexes  ;  5  fois,  j  ai  fait  Tablation 
unilatérale;  enfin,  chez  les  22  autres  malades,  j'ai  laissé  trompes 
et  ovaires.  La  rétraction  s^est  opérée  avec  une  promptitude  remar* 
quable,  sans  accident  de  rétention  et  sans  fistules.  C'est  une  opé- 
ration qui  me  parait  bien  supérieure  aux  incisions  préconisées  par 
M.  Laroyenne.  Quant  au  parallète  à  établir  entre  Thystérectomie 
et  la  laparotomie,  je  crois  que,  faute  de  bien  connaître  l'opération, 
ou  a  été  au  début  tenté  d'exagérer  la  gravité  opératoire  de  la  cas- 
tration utérine.  D'ailleurs,  les  deux  opérations  ne  s'opposent  pas 
mais  se  complètent.  C'est  précisément  quand  les  adhérences  inex- 
tricables ont  rendu  Topération  par  Tabdomen  impossible,  que 
riiystérectomie  donne  les  meilleurs  résultats. 

J'ai  dû  15  fois  faire  une  castration  utérine  après  avoir  fait  la  sal- 
pingotomie  qui  n'avait  pas  suffi  ù.  guérir  les  malades  ;  c'est  qu'il  y 
a  des  utérus  qui  ne  s'atrophient  pas  après  l'ablation  des  annexes 
et  qu'il  faut  enlever.  Ma  conclusion  est  que,  dans  les  affections 
suppuratives t  Vhy stéréotomie  est  la  méthode  de  choix:  dans  les 
affections  non  suppurativesy  la  laparotomie  peut  donner  de 
très  bons  résultats.  Saenuer  (de  Leipzig)  considère  que  Thystéreo- 
tomie  doit  rester  une  opération  exceptionnelle;  il  est  toutefois  dé- 
cidé à  l'expérimenter  dans  les  cas  de  fistules  du  vagin,  d'abcès 
étendus,  multiples...  Il  déclare  qu'en  Allemagne,  Landau  s'occupe 
auKsi  de  cette  opération  (1).  M.  Madden  (de  Dublin)  insiste  sur  l'im- 
portance qu'il  y  a  à  tenir  compte  du  siège  et  de  la  nature  de  la  sup- 
puration, et,  avec  ses  compatriotes,  W.  Travers,  Heywood  Smith, 
se  prononce  résolument  en  faveur  de  la  laparotomie  contre  l'hysté- 
rectomie.  Il  pense  en  outre  que  bon  nombre  de  ces  afTections  sont 
justiciables  d'interventions  moins  radicales  (2).  Gouluoud  (de 
Lyon)  défend  la  méthode  de  Laroyenne  (3)  (incisions  pratiquées 


(1)  Lamdau  Tient  de  publier,  en  effet,  dans  le  Ont.  /.  6'yn.,  n«  3,  p.  689, 
un  article  intéressant  intitulé  :  «  Du  iraitevtefU  det  iuppuratitms  pelrieHnes 
chroniques  :  résection  de  l'utérus  »  ;  il  y  relate  deux  obBervations  dana  les- 
quelles  ce  mode  d'intervention,  qu'il  réserve  pour  des  cas  particulièrement 
graves,  a  donné  des  résultats  excellents.  R.  L. 

(2)  Ann,  de  gyn,  et  d'ohst.,  février  1892. 

(3)  Larotkkne.  De  la  péritonite  chronique  compliquée  d*un  épanchement 
latent,  de  nature  purulente,  séreuse  ou  hématique.  Ljfon  médical,  21  fé- 
vrier 1886. 


CONGRÈS   DE   GYNÉCOLOGIE   KT  D'OBSTÉTRIQUE        295 

au  fond  du  vagin)  qui  se  montre  efûcace  môme  dans  des  cas  com- 
plexes, collections  multiples,  suppurées II  a  observé  48  faits  de 

guérisons  durables,  suivis  pendant  des  années,  et  sur  lesquels, 
4  fois  la  grossesse  est  survenue.  Piohevin  (de  Paris)  juge  la  for- 
mule de  Segond  t  hystérectomie  toutes  les  fois  que  la  bilatéra- 
lité  et  Vincuràbilitê  médicale  des  lésions  péri-utérines  sont 
constatées  »,  excessive.  Dans  plusieurs  cas,  où  Ton  croyait  avoir 
constaté  nettement  la  bilatéralité  des  lésions  annexielles,  la  lapa- 
rotomie permit  de  reconnaître  que,  d'un  côté,  il  s'agissait  de 
lésions  peu  importantes  (simples  adhérences),  que  les  annexes  de- 
vaient être  laissées  en  place  ;  dans  un  autre  cas,  on  enleva  une 
vieille  salpingo-ovarite  d'un  côté  et  l'on  put  énucléer  un  kyste  du 
ligament  large  :  ovaires  et  trompes  furent  respectés.  Toutes  ces 
femmes  peuvent  avoir  des  enfants.  L'élytrotomie  exploratrice  (inci- 
sion du  cul- de-sac  postérieur)  ne  suffit  pas  à  éviter  ces  erreurs  de 
diagnostic.  D'autre  part,  l'hystéroctomie  est  impuissante  à  guérir 
des  abcès  haut  situés,  ou  telles  autres  lésions  telles  qu^adhéren- 
ces,  abcès  de  Tépiploon  ;  d'une  manière  générale,  on  doit  la  ré- 
server pour  les  suppurations  larges,  diffuses,  disséminées  dans  des 
poches  péri-utérines  multiples  et  difficiles  à  énucléer.  Elle  est  éga- 
lement applicable  aux  femmes  ayant  des  fistules  qui  font  commu- 
niquer une  poche  buppurée  du  bassin,  soit  avec  l'intestin,  soit 
avec  la  vessie  ou  encore  le  vagin.  Enfin,  la  castration  utérine  est 
une  dernière  ressource  que  l'on  doit  tenter  quand  l'extirpation  des 
annexes  par  voie  abdominale  n'a  pas  donné  le  résultat  suffisant. 
Delageniérë  (du  Mans),  se  basant  sur  18  laparotomies  qui  ont 
donné  un  chiiTre  de  mortalité  de  5,55  0/0  au  lieu  de  8,690/0,  accusé 
par  Segond,  formule  les  conclusions  suivantes  : 

1»  La  laparotomie,  dans  les  cas  de  suppurations  pelviennes,  est 
moins  grave  que  l'hystérectomie  ; 

2o  Les  résultats  définitifs  paraissent  équivalents,  sinon  supé- 
rieurs, dans  la  laparotonrie  : 

3«  L'inconvénient  de  la  cicatrice  abdominale  est  plus  que  large- 
ment compensé  par  l'éventualité  de  l'ouverture  de  la  vessie  dans 
l'hystérectomie. 

Pour  ce  qui  a  trait  aux  indications  opératoires,  je  diviserai  mes 
observations  en  trois  groupes  : 

a)  Le  pus  est  collecté  dans  les  annexes,  l'opération  est  simple 
(10  observations  parmi  lesquelles  un  cas  de  mort)  ; 


296  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

• 

b)  Le  pus  siège  non  sf  ulement  dans  les  annexes,  mais  dans  le 
péritoine  pelvien,  où  il  est  collecté  en  foyers  plus  ou  moins  consi- 
dérables (pelvi -péritonite).  L'opération  devient  complexe.  Il  faut 
non  seulement  enlever  les  annexes  malades,  mais  évacuer  et  drai- 
ner les  foyers  de  pelvi-péritonite  (6  opérations,  6  guérisons)  ; 

c)  Un  ou  plusieurs  foyers  purulents  communiquent  avec  la  ca- 
vité d'un  organe  quelconque  ;  il  y  a  fistule  interne.  L'opération 
devient  très  complexe  et  la  laparotomie  seule  peut  permettre  de 
remédier  aux  lésions  (2  observations,  2  guérisons). 

Pour  toutes  ces  raisons,  l'auteur  considère  l'hystérectomie  pour 
suppurations  pelviennes,  comme  une  opération  de  très  rare 
exception.  Elle  ne  parait  indiquée  que  dans  les  cas,  certainement 
fort  rares,  où  une  laparotomie  préalable  n'aurait  pas  donné  utj 
résultat  thérapeutique  satisfaisant. 

VuLLiET  (de  Genève),  comme  GouUioud  et  M.  Madden,  se  pro* 
nonce  catégoriquement  pour  le  traitement  des  suppurations  pel- 
viennes par  ponctions,  incisions,  lavages  et  drainage.  Si  Ton  a  eu 
des  récidives  fréquentes  après  ce  mode  d'intervention,  et  il  en  a  eu, 
c'est  qu'on  ne  s'est  pas  toujours  elforcé  de  faire  un  diagnostic 
précis,  aussi  complet  que  p<  ssible.  Depuis  qu'il  y  emploie  tousses 
soins,  il  a  obtenu  d'excellents  résultats,  dont  il  a  été  le  premier 
surpris.  Sur  18  cas,  il  a  eu  12  guérisons  d'emblée.  Dans  les  6  autres 
cas,  il  a  fait  une  seconde  ponction  avec  injection  de  sublimé;  3  de 
ces  malades  ont  guéri.  Cliez  les  3  autres,  il  a  ponctionné,  débridé, 
puis  drainé  en  pansant  avec  de  la  gaze  iodoformée.  Walïon  (de 
Bruxelles)  rappelle  les  bms  résultats  qu'il  a  obtenus  au  début  de 
ces  affections,  avec  la  méthode  qu'il  a  préconisée  dès  1887  (dilata- 
tion de  l'utérus,  curettage,  drainage).  Doyen  (de  Reims),  comme  con- 
clusion d'une  communication  basée  sur  des  chiffres  statistiques 
importants,  déclare  qu'à  son  avis,  Ihy stéréotomie  vaginale  est 
nécessaire  toutes  les  fois  qnHl  est  évident  que  la  lésion  est  bila^ 
ter  aie  et  qu'on  enlèverait  par  la  laparotofnie  les  annexes  des 
deux  côtés,  Rouaffert  (de  Bruxelles)  a  fait  21  fois  l'ablation  de 
Tutérus  par  morcellement,  avec  un  seul  décès.  Comme  accidents 
opératoires,  une  fistule  guérie  en  15  jours,  et  une  lésion  de  l'ure- 
tère. En  ce  qui  concerne  les  résultats  définitifs,  l'avantage  reste- 
rait à  l'hystérectomie. 

Le  Bec  (de  Paris)  recommande  de  commencer  le  traitement 
des  lésions  utérines  par  le  massage,  Télectrolyse,  dont  il  a  pu 


CONGRÈS   DE   GYNÉCOLOGIE   ET  d'OBSTÉTRIQUE        297 

constater  l'efficacité  en  certains  cas.  Si  Ton  échoue,  on  peut  alors 
essayer   des  incisions^  de  la  laparotomie  ou  de  Thystérectomie 
Lauwers  (de  Courtrai)  est  partisan  de  l'hystérectomie,  tout  en* 
faisant  des  réserves  pour  les  cas  où  il  s'agit  d'affections  péri-uté- 
rines de  nature  tuberculeuse.  Chéron  (de  Paris)  rappelle  les  avan- 
tages d'un  traitement  médical  précoce,  et  les  bons  résultats  que 
fournit  l'emploi  judicieux  de  la  curette,  du  massage,  de  Télec- 
trolyse,  de  Tignipuncture.  Mangiagalli  (de  Milan),  qui  a  fait 
des  expériences  sur  les  animaux,  dans  le  but  do  déterminer  la 
voie  de  propagation  des  phlegmasies  de  l'utérus  à  la  trompe,  et 
qui  a  constaté  que  d'ordinaire  c'étaient  les  vainsnaux  sanguins  ou 
lymphatiques,  trouve  dans  cette  constatation  un  argument  en  fa- 
veur   de   l'hystérectomie.  Goubaroff   (de    Russie)   motive    son 
opinion  sur  une  étude  spéciale  de  la  répartition  du  tissu  cellulaire 
pelvien,  étude  anatomique  à  laquelle  son  compatriote  Sneguireff 
aurait  fourni  la  sanction  clinique.  Le  tissu  cellulaire  pelvien  pré- 
sente une  disposition  particulière;  il  forme  des  cloisons  qu'ils 
appellent  mésentères  cellulaires.  Or,  le  mésentère  cellulaire  du 
ligament  rond  aurait  une  importance  capitale,  parce  qu'il  divise- 
rait toutes  les  inflammations  du  tissu  cellulaire  pelvien  en  deux 
groupes  :  à)  ai^téro-latérales ;  &)  postéro> latérales.  Se  guidant  sur 
ces  notions  anatomiques,  Goubaroif  et  Sneguireff  ont  cherché  des 
procédés  qui  permissent  d'atteindre  toutes  les  collections  purulentes 
du  tissu  cellulaire  pelvien,  par  la  méthode  extra-péritonéale  ou 
para-péritonéale.  Dans  4G  cas,  Sneguireff  aurait  opéré  avec  succès. 
Goubaroff  adopte  donc  l'incision  pour  ces  sortes  de  suppuration. 
BoisLEUX  (de  Paris)  fait  une  communication  sur  Vélylrotomie 
interligamentaire,  suivie  du  drainage  du  cul-de-sac  de  Dou-- 
glas,  pour  servir  au  traitement  des  abcès  pelviens^  des  adhé- 
rences de  Vutérus  et  de  ses  annexes,  soit  entre  eux,  soit  avec 
les  organes  voisins^  et  en  particulier  pour  le  traitement  des 
rétro-déviations  utérines,  ^rétroversions  et  rétroflexions  mobiles 
ou  fixées. 

Des  grossesses  extra -utérines. 

A.  Martin.  (Voir  plus  haut,  p.:<?58.) 

Discussion,  —  A.  Doran  (Londres)  estime  que  rien,  jusqu'à  ce 
jour,  n'autorise  à  admettre  comme  siège  primitif  de  l'œuf  ecto- 
pique  d'autre  région  que  la  trompe.  Le  siège  primitif  le  plus  fré- 


298  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

quent  est  incontestablement  la  portion  moyenne  de  la  trompe.  On 
a  donné  comme  argument  en  faveur  de  la  grossesse  ovarique  la 
situation  du  ligament  de  Tovaire  par  rapport  à  Tutéms  et  au  sac 
o^nilaire.  Mais,  un  sac  tubaire  repousse  l'ovaire  contre  l'utérus  et 
l'enveloppe  souvent  dans  la  paroi,  en  sorte  que  ce  ligament  de 
l'ovaire  va  de  la  matrice  au  sac  :  cependant,  il  ne  s'agit  pas  de 
grossesse  ovarique.  L'examen  histologique  présente  un  grand 
intérêt.  La  présence  des  villosités  confirme  et  éclaire  le  diagnostic^ 
qui  est  souvent  fort  difficile.  Doran  est  partisan  d'one  intervention 
hâtive. 

Dmitri  de  Ott  fSt'Pétersbourg)  croit  que,  au  sujet  de  la  con- 
duite à  tenir  dans  les  cas  graves^  l'accord  est  fait  :  intervenir  réso« 
lumen t  par  la  laparotomie.  Aussi,  l'objet  de  sa  communication  est- 
il  autre  :  déterminer  ce  qu'il  con^ient  de  faire  dans  les  cas,  en 
quelque  sorte,  de  <  grossesse  extra-utérine  chronique  »,ou  bien 
d'arrêt  d'évolution  de  la  grossesse  ectopique,  en  tenant  compte  de 
toutes  les  éventualités  possibles,  de  tous  les  phénomènes  qui  sui- 
vent cet  arrêt  après  la  toute  première  période  de  la  gestation. 

c  Â.  Phénomènes  provenant  des  modifications  qui  ont  lieu  dans 
la  poche  fœtale  même  et  dans  son  contenu  : 

l^  Reprises  d'hémorrhagies  internes,  qui  exposent  la  vie  de  la 
malade  à  un  danger  sérieux  ; 

2»  Symptômes  qui  sont  dus  à  la  présence  d'un  corps  étranger 
dans  la  cavité  abdominale  et  se  manifestent  par  des  troubles 
dans  les  fonctions  des  organes  voisins,  par  des  douleurs  et  par  des 
troubles  généraux  dans  la  nutrition.  Parfois  la  rétention  de  l'œuf 
a  pour  suite  l'impossibilité  de  couches  normales,  ainsi  que  Ta 
décilt  Scbanta,  et  ainsi  que  j'ai  pu  l'observer  moi-môme  ; 

dfi  Lésions  inflammatoires  de  toute  espèce,  dans  le  péritoine  et 
dans  le  tissu  cellulaire,  provoquées  par  la  présence  d'un  corps 
étranger.  Dana  ces  cas,  on  observe  assez  fréquemment  une  péri- 
tonite mortelle  ; 

40  Passage  de  la  tumeur  à  la  suppuration  ou  à  la  gangrène, 
avec  toutes  ses  conséquences. 

B.  Phénomènes  dus  à  des  modifications  consécutives  dans  les 
autres  parties  de  l'appareil  sexuel  et  particulièrement  dan» 
Tutérus  : 

Transformation  de  la  muqueuse  en  caduque  ;  hypertrophie  et 
hyperplasie  des  éléments  musculaires  ;  le  sang  y  afflue  plus  éner- 
giquement. 


CONGRÈS   DE   GYNÉCOLOGIE    BT   DOBSTÉTRIQUE        2R9 

Phénomënes  analogues  à  ceux  de  Tavortement  intra-utérin 
incomplet;  subinvolution,  élimination  de  la  caduque,  ou,  ce  qui 
est  probablement  plus  fréquent,  atrophie  graduelle  sans  déta- 
chement. 

Ainsi  donc,  le  point  important  réside  dans  les  symptômes  dus  à 
la  rétention  dans  l'appsu'eil  sexuel,  de  l'œuf  avorté  ;  dans  ces  cas, 
rhémorrhagie,  qui  dure  souvent  des  mois  entiers,  constitue  cer- 
tainement le  symptôme  le  plus  caractéristique. 

L'hémorrhagie,  dans  l'avortement  tubaire,  est  surtout  dange- 
reuse lorsqu'elle  est  due  non  seulement  à  des  modiUcations 
dépendant  de  Tétat  de  grossesse  même,  mais  lorsqu'elle  est  en 
oulre  compliquée  par  un  trouble  de  la  circulation,  trouble  causé 
généralement  par  un  déplacement  de  l'utérus  qui  est  refoulé  par 
le  sac  o^oilaire. 

Aux  époques  de  Thyperhémie  menstruelle,  le  tableau  de  la 
maladie  s'accuse  de  plus  en  plus,  et  la  femme  épuisée  est  sujette 
à  une  reprise  d'hémorrhagie.  • 

Au  résumé,  l'arrêt  de  la  grossesse  extra- utérine  ne  saurait 
écarter  les  dangers  qui  menacent  la  vie  de  la  malade.  D*où,  comme 
indication  thérapeutique  rationnelle  :  l'ablation  complète  de  l'œuf 
et  de  tous  les  tissus  voisins  altérés.  Comme  opération  de  choix, 
la  laparotomie  qui,  seule,  permet  d'apprécier  de  visu  ce  que  doit 
être  l'action  chirurgicale.  Rkiss  (de  Kiew),  montre  des  dessins  et 
des  planches  qui,  à  son  avis,  démontrent  incontestablement  la 
réalité  de  la  grossesse  abdominale  primitive.  Dans  2  cas,  il  a 
trouvé  le  fœtus  encore  vivant,  l'un  d*edx,  bien  conformé  et  vigou- 
reux, pesait  8200  grammes.  De  ces  2  faits,  il  conclut  que  le  chirur- 
gien n'est  pas  absolument  autorisé  à  se  désintéresser  dans  tous 
les  cas  du  sort  de  l'enfant.  Pichevin  a  observé,  en  ISmois^  8  gros- 
sesses extra-utérines.  Sauf  dans  2  cas,  complexes  à  la  vérité,  il 
put  établir  le  diagnostic.  Sur  les  8  cas,  il  y  eut  2  décès  ;  l'un  par 
hémorrhagie  (on  avait  fait  i'hystérectomie  vaginale),  l'autre  par 
péritonite,  causée  vraisemblablement  par  une  rupture  de  l'intes- 
tin. PAWLACKi-B£Y  (Goustantinople)  a  observé  5  grossesses  ecto- 
piques.  Il  est  persuadé  que  rhématocèle  est  toujours  la  consé- 
quence de  la  rupture  d'un  kyste  fœtal  extra-utérin.  Camëbon  (de 
Glasgow)  accorde,  dans  l'étiologie  des  grossesses  ectopiques,  un 
rôle  important  aux  affections  de  l'utérus  et  des  trompes  de 
Fallope.  Commo  traitement,  il  a  recours  soit  à  l'injection  dans  le 
sàc  de  substances  toxiques,  soit  à  l'électricité.  P.  Petit  (de  Paris), 


300  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

dans  tous  les  faits  d'hémato-salpinx  de  petit  volume  (C  à  8  envi- 
ron) qu'il  a  eu  l'occasion  d*examiner,  n'a  jamais  manqué  de  cons- 
tater la  présence  de  villosités  et  d*un  lit  de  cellules  déciduales 
caractéristiques  d'une  grossesse  extra-utérine.  De  plus,  de  faits 
tirés  de  sa  pratique,  il  serait  tenté  de  conclure  que  la  grossesse 
ectopique  a  une  part  importante  dans  la  genèse  d'affections 
annexielles,  qu'on  serait  porté  à  attribuer  à  toute  autre  cause. 
A  la  demande  faite  par  Le  Bec,  s'il  est  toujours  possible  de 
diagnostiquer  le  siège  du  placenta,  Martin  répond  qu'on  ne 
peut  formuler  ce  diagnostic  qu'après  large  ouverture  du  ventre. 
J.  ËNGELMANN  (St-Louîs)  montre  des  planches  qui  mettent  en 
évidence  des  conditions  anatomiques  qui  ont  favorisé  la  gros- 
sesse ectopique.  L'ovule,  parti  de  l'ovaire  gauche,  avait  traversé 
la  cavité  abdominale,  et  de  là  gagné  la  trompe  où  il  avait  été 
fécondé.  Du  côté  opposé,  des  adhérences  rendaient  impossible 
l'application  de  Vostium  abdominale  sur  l'ovaire  correspondant. 

Du  placenta  prsBvia. 

Berry  Hart  (d'Edimbourg)  (1). 

Pathogénie  de  réclampsie. 

Ohambrelent  relate  le  résultat  d'expériences  faites  sur  les  ani- 
maux dans  le  but  d'éclairer  la  pathogénie  de  Téclampsie.  De  ces 
recherches  il  résulte  :  a)  que  la  toxicité  du  sérum  sanguin,  si  on  la 
compare  à  la  toxicité  du  sérum  sanguin  physiologique,  laquelle  a 
été  établie  par  Rummo,  est  augmentée  chez  les  éclamptiques  ; 
b)  que  la  toxicité  de  l'urine  des  éclamptiques  varie  en  raison 
inverse  de  celle  du  sérum  sanguin.  Ces  résultats  militent  en  faveur 
de  la  théorie  de  l'auto-intoxication,  et  d'autre  part,  les  notions 
acquises  pourraient  servir  à  établir,  dans  chaque  cas,  le  pronostic 
de  Téclampsie. 

Discussion.  —  Bar  conteste  que  la  démonstration  de  l'auto- 
infection  soit  faite  par  ces  résultats.  Pourquoi»  dans  le  cas  d'une 
hétéro-infection  la  toxicité  du  sérum  sanguin  ne  pourrait-elle  pas 
être  accrue?  D'ailleurs,  les  expériences  qu'il  a  lui-môme  entre- 
prises lui  ont  donné  des  résultats  semblables  à  ceux  obtenus  par 
Chambrelent.  Il  reste  intéressant  de  déterminer  la  toxicité  du  sang 
chez  les  albuminuriques  gravidiques,  etc. 

(1)  La  communication  de  Habt  (rapporteur)  âeni  publiée  in  e^tento  dans 
lo  prochain  numéro  du  journal.  R.  L. 


CONGRÈS   DE  GYNÉCOLOGIE   ET   D'OBSTÉTRIQUE        301 

Du  traitement  abdominal  du  p6dicale  après  rhystérectomie. 

Delétrëz  est  partisan  du  traitement  abdominal  du  pédicule 
après  rhystérectomie  pour  fibromes.  Il  emploie  un  lien  élastique 
bien  aseptisé  qu'on  laisse  à  demeure.  Sa  statistique  per&onuelle 
est  de  18  cas  avec  G  0/0  de  mortalité. 

Kyste  OTariqne  compliqué  de  grossesse. 

Debaisieux  relate  l'observation  d'une  femme  de  40  ans,  atteinte 
depuis  2  années  environ  d'une  tumeur,  prise  pour  un  ûbrome  de 
la  matrice.  Devenue  enceinte,  et  le  travail  ayant  débuté  à  terme, 
M.  Debaisieux,  estimant  l'accouchement  par  les  voies  naturelles 
impossible,  pratiqua  l'opération  de  Porro.  Mais,  au  lieu  d'un 
ûbrome  utérin,  il  constata  un  kyste  de  l'ovaire  qu'il  enleva.  Trai- 
tement des  2  pédicules  kystique  et  utérin  par  la  méthode  de 
Mikulicz.  Hémorrhagie  secondaire,  due  sans  doute  à  la  section  trop 
rapide  par  le  lien  élastique  vers  le  lô^'  jour,  qui  se  traduisit  par 
une  collection  tluctuante  dans  le  cul- de-sac  de  Douglas.  Ponc- 
tion évacuatrice  par  le  rectum  et  guérison. 

Si  le  diagnostic  vrai  eût  été  fait,  Tauteur  de  la  communication 
eût  pratiqué  de  bonne  heure  rovariotomie,  persuadé  qu'il  est  de 
Tinnocuité  de  cette  intervention  par  rapport  à  la  marche  de  la 
grossesse. 

Traitement  chirorgical  des  cancers  utérins  inopérables. 

HouzEL  (de  Boulogne).  —  A  l'aide  d'instruments  tranchants  (bis- 
touri, curette,  ciseaux),  il  enlève  tout  ce  qu'il  peut  des  tissus  dé- 
générés, et  quand  il  arrive  sur  des  tissus  simplement  infiltrés,  il  a 
recours  à  la  suture  qui  donne  des  réunions  par  première  inten- 
tion. Comme  topique,  lise  sert  d'acide  lactique.  D'après  ses  statis- 
tiques, la  survie  moyenne  obtenue  serait  d'une  année. 

De  la  basiotripsie. 

Heixricius  recommande  le  basiotribe  dans  les  cas  de  rétrécisse- 
ments légers  du  bassin,  pour  lesquels  la  craniectomie  s'impose. 

Discussion  :  Bar  résume  les  avantages  du  basiotribe  qui  sont 
ceux  du  cranioclaste  et  du  céphalotribe  réunis.  Le  craniocl.iste 
prenait  bien  et  écrasait  mal,  le  céphalotribe  prenait  mal  mais 
écrasait  bien.  Pour  obtenir  les  meilleurs  effets  du  basiotribe,  il 


302  SOCIÉTÉS   SAVANTKi 

faut  s'efforcer  de  saisir  la  tète  fœtale  obliciuemant,  de  l'apophyse 
mastoîde  d'un  côté  à  l'os  malaire  de  l'autre  côté. 

Deux  cas  de  chirurgie  obstétricale. 

Delagénière  a  pratiqué  l'opération  de  Porro  dans  un  cas  d^ac- 
couchement  compliqué  par  un  fibrome  de  l'utérus.  Il  résume, 
comme  il  suit,  les  indications  de  cette  opération  :  1  )  obstacle  per- 
manent siégeant  dans  la  matrice,  de  telle  sorte  que  l'obstacle  dis- 
paraît avec  l'utérus;  2)  impossibilité  ou  difQculté  tr>p  grande  de 
faire  la  castration  après  l'opération  césarienne;  3)  hémorrhagie 
considérable  de  la  cavité  utérine  après  l'extraction  du  fœtus  et  du 
placenta;  4)  inertie  de  la  matrice. 

Dans  un  second  fait,  il  s'agissait  d'un  kyste  multiloculalre  de 
l'ovaire  droit  compliqué  d'une  grossesse  au  3«  mois.  Sous  Tin- 
ûuence  du  développement  de  l'utérus,  il  y  eut  torsion  du  pédicule 
avec  symptômes  généraux  graves.  Ovai-iotomie.  Continuation 
normale  de  la  grossesse,  accouchement  normal  6  mois  après.  Â 
l'occasion  de  ce  fait  et  d'autres,  l'auteur  formule  les  propositionn 
suivantes  : 

\^  A  l'état  de  grossesse  s'ajoutent  des  symptômes  graves  de 
péritonite,  d'étranglement  interne,  etc.  :  alors  il  n'y  a  pas  d'hési- 
tation possible,  l'opération  s'impose  ; 

2«  Il  n*y  a  pas  de  symptômes  alarmants  ;  on  découvre  un  beau 
jour  une  tumeur  abdominale  chez  une  femme  enceinte^  ou  bien, 
on  soupçonne  une  grossesse  quand  il  y  a  indication  précise  à  la 
laparotomie  :  dans  ces  différentes  conditions  on  doit  encore  inter- 
venir car  : 

a)  La  grossesse  n'est  pas  compromise  par  l'opération,  tandis 
qu'elle  Test  par  la  coexistence  de  la  tumeur; 

b)  L'abstention  fera  courir  à  la  malade  des  risques  d'accidents 
péritonéaux  et  d'avortement,  qui  sont  autant  de  complications 
graves  surajoutées  à  l'opération  dont  les  indications  subsisteront 
quand  même. 

Varicocèle  ches  U  ienixne. 

Paul  Petit  a  étudié  les  altérations  anatomiques  provoquées 
chez  la  femme  par  le  varicocèle  pelvien.  A  la  phase  initiale,  dont 
il  a  pu  étudier  un  cas  type,  on  ne  constate  que  de  l'œdème  et  des 
pseudo-kystes  par  dissociation  du  tissu  conjonetif.  Plus  tard,  en 


CONGRÈS  DE   GYNÉCOLOGIE   ET   d'oBSTÉTRIQUE        303 

môme  temps  que  rœdème  persiste  en  partie,  la  sclérose  survient 
et  par  suite  les  follicules  s'enkystent.  La  dégénérescence  scléro- 
kystique,  lésion  si  importante  et  si  fréquente  en  gynécologie,  n'a 
donc  point  comme  facteur  indispensable/la  péri-oophorîte.  Sans 
compter  les  congestions  actives  et  répétées,  il  faut  tenir  compte  de 
la  stase  veineuse  prolongée. 

Salpingite  kystique;  échec  de  la  dilatation;  imperméabUité  da  la 
moitié  interne  des  trompes  à  l'examen  des  pièces. 

FouRNBL  (de  Paris).  —  L'imperméabilité  tubaire  fut  constatée 
après  ablation,  après  laparotomie,  de  la  trompe  kystique.  L'occlu- 
sion complète  siégeait  à  la  partie  moyenne  de  Toviduete,  qui  parais- 
sait transformé  en  un  cordon  fibreux.  Cet  état  anatomique  explique 
trop  bien  l'échec  de  la  dilatation,  etc.  Il  est  probable  qu'on  se 
trouve  souvent  en  présence  de  conditions  analogues. 

Discussion  :  Vullibt  (de  Genève)  est  persuadé  que  dilatation 
et  tamponnement  de  Tutérus  ne  sont  que  des  moyens  très  insuffi- 
sants contre  les  collections  tubaires. 

Traitement  dn  prolapsos  ntèiia. 

WssTERMARK  (de  Stockholm)  recommande  contre  le  prolapsus 
utérin,  un  procédé  opératoire  qui  lui  a  donné  de  bons  résultats  : 
a)  excision  du  col,  si  cet  organe  est  hypertrophié;  b)  colporrhaphie 
antérieure  destinée  à  corriger  la  cystocèle  ;  c)  colporrhaphies  laté- 
rales, droite  et  gauche,  pratiquées,  dans  le  but  non  seulement  de 
rétrécir  le  vagin,  mais  d^obteuir  la  rétraction  du  tissu  conjonctif 
des  ligaments  larges,  qui  ont  subi  un  certain  allongement  du  fait 
du  prolapsus.  Les  sutures  ne  sont  nouées  qu'après  réduction  du 
prolapsus. 

En  tout,  l'auteur  a  opéré  25  malades  par  cette  méthode.  Un  cer- 
tain nombre  de  ces  opérations  datent  de  1887.  11  n'y  a  pas  eu  de 
récidives. 

Sur  un  signe  de  rétro-déviation  niérina. 

PiCHEviN  (de  Paris).  —  Ce  signe,  indiqué  par  Le  De ntu,  consiste 
dans  la  constatation,  par  le  toucher  vaginal  combiné  ou  non  avec 
le  palper  abdominal,  de  la  crête  médiane  qui  existe  sur  la  face 
postérieure  de  l'utérus. 

t  Lorsque  les  doigts  explorateurs  sont  arrivés  dans  l'angle  formé 


304  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

par  le  cul-de-sac  postérieur,  on  doit  les  diriger  lentement  de  haut 
en  bas,  sur  la  partie  médiane  de  la  masse  arrondie  représentant  le 
corps  de  l'utérus.  En  même  temps  les  doigts  dépriment  un  peu  la 
muqueuse  vaginale,  en  la  faisant  glisser  transversalement  sur  la 
tumeur.  On  parvient  ainsi  à  sentir  une  crête  mousse  souvent  très 
nette,  qui  divise  la  masse  globuleuse  en  deux  parties  latérales 
symétriques.  Tantôt  la  saillie  est  peu  marquée,  difilcilement 
perceptible^  tantôt  la  crête  est  saillante  et  très  nette,  surtout  dans 
la  portion  voisine  de  Tangle  de  Uexion. 

En  suivant  cette  crête  avec  le  doigt,  on  peut,  dans  certains  cas, 
reconnaître  que  le  corps  de  Tutérus  ne  se  trouve  pas  sur  la  ligne 
médiane.  On  peut  ainsi  diagnostiquer  aisément  une  rétro -latéro- 
déviation  >. 

De  rachondroplasie. 

PoRAK  (de  Paris).  —  Cette  communication  tend  à  établir  l'indivi- 
dualité propre  de  Tachondroplasie,  qu'il  ne  faut  confondre  ni  avec 
le  nanisme  ni  avec  le  rachitisme. 

Communications  diverses  :  Chéron.  Drainage  prolongé  de  Taté- 
iHB  au  moyen  de  crina  de  Florence. 

Këiffër  (Bruxelles).  Fibro-myômes  utérins  soos-sérenx  dans  on 
cas  d  arrêt  de  développement  de  rateras,  avec  prolapsus  total  ex- 
terne de  la  matrice  et  des  organes  voisins. 

Consolas  (A.thènes).  Malformations  utérines. 

Boursier  et  Jacobs  pitent  deux  observations  dans  lesquelles 
l'ablation  des  annexes  supprima  des  crises  dyuménorrhéiques  chez 
des  femmes  dont  le  vagin  et  rateras  étaient  absents  on  imparfaite- 
ment développés. 

Vallin.  Un  cas  dé  péritonite  tabercalease  guérie  par  la  laparoto- 
mie ;  opération  datant  de  quatre  ans.  —  De  ce  fait,  Tauteur  tire  les 
conclusions  suivantes  : 

lo  La  forme  ascitique  de  la  péritonite  tuberculeuse  ofifre,  en  cer- 
taines circonstances,  des  difticultés  diagnostiques  insurmontables  ; 

2o  Cette  observation  est  une  preuve  de  plus  de  la  possibilité, 
non  expliquée,  de  la  guérison  de  la  péritonite  tuberculeuse  par 
l'incision  péritonéale  ; 

I3û  Elle  va  à  rencontre  de  la  pensée  de  ceux  qui  croient  que  la 
forme  ascitique  répond  û  la  tuberculose  péritonéale  primitive  ; 

4"  Elle  parait  bien  démontrer  la  réalité  de  la  contagion  de  la 
tuberculose  par  les  rapports  sexuels. 


CONGHÈS  DE   GYNÉCOLOGIE   ET  D*OBSTÉTRIQUE        305 

Laurent  (de  Bruxelles).  La  persistance  de  la  menstraation  après 
rhystôrectomie,  peut  être  observée.  Pour  que  le  phénomène  sus- 
ceptible d'entraîner  des  accidents  se  produise,  il  faut  qu'il  reste 
une  certaine  quantité  de  muqueuse  utérine.  Et  peut-être  n'est-il 
pas  nécessaire  que  les  annexes  soient  restées  en  place.  Pour  éviter 
les  accidents  possibles,  il  importe  donc  de  détruire  toute  la 
muqueuse  utérine,  et  d'autre  part,  pour  se  mettre  en  garde  contre 
toute  possibilité  de  grossesse,  d'extirper  les  ovaires.  L'auteur  a  vu 
la  menstruation  survenir  après  une  résection  de  l'utérus  pour 
;  myômes,  au  cours  de  laquelle  il  avait  enlevé  les  parois  antérieure 

et  latérales  de  l'utérus  et  un  ovaire. 

Faucon  (Lille).  Un  cas  de  prolongation  de  grossesse,  de  3  semaines 
au  moins,  observé  chez  une  femme  à  bassin  rachitique.  Accouche- 
ment à  terme,  présentation  du  tronc,  version,  enfant  du  poids  de 
11  livres. 

VuLLiET.  Utéms  traité  par  le  cblomre  de  zinc,  et  présentant  ane 
oblitération  complète  dn  col. 

AuvARD  (de  Paris)  préconise  le  tamponnement  utérin  avec  de  la 
gaze  iodoformée  dans  les  conditions  suivantes  : 

1)  Hémorrhagies  après  accouchement; 

2)  Hémorrhagies  après  avortement  ; 

3)  Hémorrhagies  du  posl-partum  ; 

4)  Hémorrhagies  après  curettage  ; 

5)  Hémorrhagies  après  myomectomie  vaginale. 
Hendrickx  (de  Bruxelles)  présente  deux  enfants  laparotomisés 

Ton  et  l'antre  pour  nne  péritonite  tuberculeuse  ;  et  un  troisième 
enfant  chez  qui  fut  pratiquée  à  Tâge  de  quinze  mois  une  laparo- 
tomie  pour  ablation  d'un  sarcome  du  rein. 

Mbndés  DE  LÉON  (d'Amsterdam)  lit  une  note  sur  le  traitement 
des  myômes  ntérins,  dans  laquelle  il  reconnaît  que  la  myotomie 
est  une  excellente  opération  qui  ne  donne  qu'une  mortalité  de  8  % , 
mais  se  déclare  partisan  de  l'ablation  des  annexes. 

Verrier  (de  Paris)  conseille  l'emploi  de  l'anesthésie  mixte  en 
gynécologie,  et  estime  que  l'association  du  chloroforme  et  du  chlor- 
hydrate de  morphine  est  de  beaucoup  plus  préférable  aux  autres 
modes  d'anesthésie. 

Apostoli  (de  Paris)  recommande  l'emploi  préalable  dn  traite- 
ment électrique  dans  les  cas  de  maladies  des  annexes,  sans  préju- 
dice des  autres  procédés  chirurgicaux,  auxquels  il  sera  toujours 

Ainr.  DB  OTV.  «  TOL.  ZZZTin  SO 


306  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

temps  d'avoir  recours  si  la  sédalion   faradique  ou  la  réaction 
gnlvanique  inlra-utérine  ne  donnent  pas  de  résultat  satisfaisant. 

Daxion  (de  Paris)  communique  les  résultats  de  ses  observations 
relatives  à  l'action  de  Télectricité  sar  les  hémorrhagies  produites 
par  les  fibromes. 

GoLLMOUD  conseille  Textirpatlon  par  la  vole  vaginale,  sans  hys- 
térectomie  préalable,  des  petites  pyosalpingo-ovarites  unilatérales 
simples,  avec  peu  d'adhérences,  et  lorsque  le  cul-de-sac  de  Dou- 
glas est  facilement  accessible. 

DuRET  (de  Lille)  fait  une  communication  sur  les  tameurs  végé- 
tantes de  rovaire.  Ces  tumeurs  ont  une  histoire  à  part  et  une 
évolution  toute  spéciale,  mais  on  peut  les  reconnaître  clinique- 
ment,  grâce  à  la  sensation  de  fongosités  par  laquelle  elles  se 
caractérisent,  et  la  survie  qui  accompagne  souvent  leur  extirpa- 
tion suffît  pour  justifieprintervention  chirurgicale. 

Bossi  (de  Gênos)  communique  les  résultats  de  ses  recherches 
expérimentales  et  cliniques  sur  les  divers  processus  de  répara- 
tion de  la  muqueuse  utérine  détruite  par  le  raclage  ou  par  des 
applications  de  pâte  de  Canquoin. 

Des  formes  frustes  et  anormales  de  la  septicémie  puerpérale. 

Labadie-Lagrave  (1)  et  Basset  (Paris).  —  Après  avoir  rappelé 
l'influonce  si  elFicace  de  la  méthode  antiseptique,  non  seulement 
au  point  de  vue  de  la  disparition  de  certains  accidents  puerpé- 
raux, mais  aussi  de  Tatténuation  de  certaines  complications  encore 
observées  (salpingite,  phlegmatia  alba  dolens,  etc.,  etc.),  les 
auteurs  résument  dans  quelques  propositions  les  résultats  de 
recherches  bactériologiques  qu'ils  ont  faites  : 

1*  Fi'examen  direct  ou  des  cultures  montre  au  début  de  l'affec- 
tion, dans  le  sang  et  les  lochies,  des  miorocoques,  des  diplocoques 
mobiles  et  des  chaînettes  de  streptocoques  ayant  8  et  10  éléments; 

2o  Lorsque  la  fièvre  s'abaisse  et  après  un  traitement  approprié, 
les  chaînettes  diminuent  et  n'ont  plus  que  3  ou  4  éléments.  Elles 
disparaissent  avec  l'état  aigu,  mais  les  microcoques  persistent  et 
la  malade  ne  peut  être  considérée  comme  guérie  que  lorsque  ces 
organismes  ont  complètement  disparu  du  milieu  sanguin  ; 

3»  Le  microcoque  reproduit,  dans  les  cultures  en  série,  les  chaî- 


(1)  Annal  de  gynècol,  et  d'oMét-,  octobre  1891,  p.  244. 


CONGRÈS  DE   GYNÉCOLOGIE  ET  D*OBSTÉTRIQUE        307 

nettes  de  8  à  10  points  :  c'est  donc  une  forme  atténuée  du  strep- 
tocoque ; 

4«  Dans  les  formes  prolongées,  on  trouve  au  début  les  mêmes 
caractères  que  précédemment,  mais  ici  les  microcoques  ot  diplo- 
coques  persistent  malgré  l'apyrexie.  S'il  se  produit  une  localisa- 
tion, le  streptocoque  on  chaînettes  de  8  à  10  éléments  reparaît 
pendant  la  période  aiguë  pour  disparaître  au  déclin  de  Tétat 
fébrile.  D*où  cette  conclusion  :  le  streptocoque  en  chaînettes  est 
la  forme  virulente  du  microbe  puerpéral,  il  apparaît  avec  l'état 
aigu  et  disparaît  avec  lui; 

5»  Une  deuxième  conclusion  peut  être  tirée  de  ces  constata- 
tions :  c'est  que  tant  qu'il  y  aura  des  microcoques  dans  le  sang, 
on  peut  craindre  le  retour  de  l'état  aigu  ;  la  réapparition  des  chaî- 
nettes dans  le  sang  après  leur  disparition  indique  que  la  malade 
est  en  imminence  d'une  nouvelle  localisation  ou  d'une  nouvelle 
poussée  aiguë; 

6«  La  série  de  ces  phénomènes  peut  se  produire  trois  ou  quatre 
fois  pour  une  même  malade  suivant  le  nombre  des  localisations 
successives. 

Hémorrhagies  consécutives  à  ropération  de  la  fistule  vésicoTaginale. 

ZiEMUiCKi  formule  les  conclusions  suivantes  : 

1°  Ces  hémorrhagies  arrivent  h  la  fin  du  deuxième  au  cinquième 
jour.  Elles  peuvent  déterminer  la  mort  des  malades  par  suite  de 
l'anémie  suraiguê^  ; 

2<»  Los  moyens  palliatifs  et  médicaux  sont  insuffisants  pour  les 
maîtriser.  Le  broiement  et  l'aspiration  constituent  une  méthode 
illusoire  ; 

3o  Contrairement  à  l'avis  de  Hegar,  de  Kaltenbach  et  de  Pozzi, 
elles  ne  sont  pas  généralement  d'origine  artérielle,  mais  pro- 
viennent des  plexus  veineux; 

40  La  cause  prédisposante  réside  dans  les  phlébectasies  consé- 
cutives à  la  grossesse  ; 

b"  La  cause  directement  efficiente  parait  due  à  la  section  des 
veines  par  l'anse  du  ûl  de  suture  métalli  jue  ; 

6<»  On  ne  peut  pas  admettre,  comme  le  veulent  Hegar  et  Pozzi, 
que  ces  hémorrhagies  soient  toujours  imputables  aux  chirurgiens 
et  à  une  faute  de  technique  opératoire  ; 

70  La  taille  hypogastrique  pratiquée  à  temps  arrête  l'hémor- 


r 


308  SOCIÉTÉS   SAVANTES 

rhagie  en  faisant  passer  la  vessie  de  l'état  de  contraction  conti- 
nuelle à  rétat  de  rétraction  et  de  repos  :  elle  est  donc  au  premier 
chef  hémostatique  ;  en  second  lieu,  elle  peut  assurer  la  première 
intention  de  l'opération  plastique  faite  par  le  vagin  et  éviter  un 
échec  imminent. 

Dégagement  de  la  tète  dans  les  accouchements  par  le  front. 

Heinricius  (d'Uelsingfors)  cite  une  observation  dans  laquelle  le 
dégagement  se  fit  par  un  mécanisme  particutier  :  X...,  23  ans» 
primipare,  en  travail.  Tête  fœtale  dans  l'excavation  pelvienne, 
suture  frontale  parallèle  au  diamètre  transverse.  Accès  éclamp- 
tique.  Terminaison  de  l'accouchement  avec  le  forceps;  l'instru- 
ment est  appliqué  entre  les  diamètres  antéro-postérieur  et 
oblique  droit.  Rotation  de  la  tête,  qui  se  place  de  telle  façon  que 
le  bord  alvéolaire  du  maxillaire  inférieur  s'applique  sur  le  bord 
inférieur  de  la  symphyse.  Le  dégagement  se  fait  suivant  les  dia- 
mètres mento-frontal,  mento-bregmatique  et  mento-occipital.  (Cas 
analogue  dans  la  thèse  de  Devars,  Lyon,  1885.) 

Sur  rénncléation  des  fibromes. 

ËNtiSTROM.  —  De  préférence  à  la  castration  ou  à  l'hystérectomic 
supra-vaginale  ou  totale,  opérations  graves  et  essentiellement 
mutilatrices,  Tauteur  conseille  Ténucléation  qui  convient  dans  le 
cas  de  myôme  peu  volumineux  ou  de  noyaux  fibromateux  peu 
nombreux.  Sur  21  opérations,  il  n'a  eu  qu'un  décès,  encore  a-t-îl 
été  causé  par  des  accidents  purement  intestinaux. 

Doyen  (de  Reims).  NouTeau  procédé  d'hystérectomie  abdomi- 
nale, permettant  d'enlever,  par  laparotomie,  l'utérus  en  totalité  : 
incision  en  long  et  d'un  seul  coup  du  cuUde-sac  péritonéal  posté- 
rieur et  de  la  surface  péritonéale  du  fibrome;  puis  incision  cir- 
culaire, partie  de  la  première  et  la  rejoignant  en  circonscrivant 
le  segment  supérieur  de  la  tumeur  et  passant  au-dessus  des  pédicu- 
les ovariens.  Décortication  sous-péritonéale,  sans  forci- pressure, 
ligature  des  pédicules  annexiels,  extirpation  complète  de  Tu  té- 
rus  :  11  opérations  avec  1  mort. 

Note  sur  la  «ymiAysôctomie. 

PoRAK.  Communication  à  Toccasion  de  2  symphyséotomies, 
avec  succès  pour  les  mères  et  les  enfants. 


CONGRÈS   DE   GYNÉCOLOGIE   ET  d'OBSTÉTRIQUB        «309 

La  symphyséotomie  constitue,  avec  l'opération  césarienne,  une 
opération  conservatrice  de  l'enfant  sans  faire  courir  à  la  mère 
les  risques  de  cette  grave  intervention. 

L'étendue  de  ses  indications  constitue  un  problème  dont  les 
éléments  sont  complexes,  aussi  bien  quant  au  degré  et  à  la  variété 
du  vice  de  conformation  pelvienne,  qu'en  ce  qui  est  relatif  à  l'ap- 
préciation du  volume  do  l'enfant.  La  limite  inférieure  du  degré 
de  rétrécissement  est  encore  sujette  à  discussion  ;  il  sera  prudent, 
pour  fixer  sa  limite  supérieure,  de  recourir  dans  les  cas  douteux 
à  une  application  de  forceps  qui  lournira  avec  précision  Timpos- 
sibilité  de  franchir  le  rétrécissement  sans  compromettre  la  vie 
de  Tenfant.  Le  champ  de  Tcmbryotomie  se  trouve  donc  circons- 
crit d'une  façon  presque  générale  au  cas  où  l'enfant  est  mort. 

L'expérimentation*  sur  le  cadavre  fournit  les  notions  néces- 
saires à  fixer  la  pratique  du  manuel  opératoire.  Le  ligament 
triangulaire  est  puissant  et  inextensible  et  ne  permet  qu'un 
très  faible  écartement  angulaire  de  la  symphyse  tant  qu'il  est 
conseroé  (1). 

Lorsqu'on  porte  en  abduction  les  cuisses,  surtout  d'une  façon 
brusque,  après  la  section  du  ligament  triangulaire,  il  se  peut  que 
le  diastasis  d'une  des  articulations  sacro-iliaques  se  produise 
avec  lésion  du  ligament  antérieur  après  un  très  faible  écart  des 
pubis.  Le  diastasis  ne  se  produit  sur  la  seconde  articulation 
sacro-iliaque  qu'après  un  écart  plus  considérable  des  pubis, 
mesurant  de  7  à  8  centimètres.  Il  se  fait  alors  sur  le  tissu  cel- 
lulaire post-pubien  des  tiraillememts  tels  qu'on  peut  craindre 
des  lésions  des  voies  urinaires,  surtout  de  Turèthre.  La  répara- 
tion des  lésions  du  diastasis  sacro-iliaque  semble  plus  facile  que 
celle  des  lésions  pubiennes. 

On  a  proposé  de  nombreux  procédés  opératoires,  mais,  en  réa- 
lité, les  plus  simples,  accomplis  avec  le  bistouri,  sont  les  meil- 
leurs. Ils  sont  dififérents  suivant  qu'on  opère  la  malade  dans  le 
décubitus  dorsal  ou  dans  la  position  en  travers  du  lit.  On  devra 
toujours  pratiquer  les  sections  dans  le  décubitus  dorsal,  parce 
qu'on  rapproche  d'une  façon  plus  certaine  Tun  des  pubis  de 
Tautre. 

La  symphyséotomie  ne  présente  ordinairement  pas  de  compli- 

A  rapprocher  de  Topinion  émise  par  Léopold.  Voir  p.  290.  R.  L. 


310  SOCIÉTÉS  SAVANTES 

cations  graves  ;  il  se  produit  quelquefois,  immédiatement  après 
l'opération,  une  hémorrhagie  ordinairement  modérée;  la  fièvre 
est  nulle  ou  négligeable,  l'incontinence  d'urine  rare  est  habituel- 
lement de  courte  durée  ;  l'échec  de  la  réunion  de  la  plaie  par 
première  intention  est  également  possible. 

Tardivement,  la  conséquence,  qui  a  le  plus  préoccupé  a  priori, 
consistait  en  la  possibilité  et  la  persistance  de  la  mobilité  des 
articulations  pelviennes  et  dans  la  gêne  consécutive  de  la  mar- 
che. Dans  les  deux  cas  dont  je  viens  de  parler,  quoique  la  mobi- 
lité des  articulations  ait  été  certainement  plus  prononcée  qu'à 
rétat  normal,  la  marche  s'est  accomplie  facilement,  et  la  douleur 
aux  symphyses  est  restée  nulle  ou  légère,  aussi  bien  à  la  suite 
de  la  pression  qu'à  la  suite  de  la  fatigue. 

Note  sur  ropération  césarienne. 

Cameron  (de  Glasgow).  —  Dans  les  bassins  rétrécis,  au-dessous 
de  7  cent.  1/2  la  césarienne  doit  être  faite,  non  «omme  opéra- 
tion de  nécessité,  mais  comme  opération  de  choix.  Mieux  vaut 
attendre  un  début  du  travail,  pour  bénéficier  des  contractions 
utérines  et  d'un  certain  degré  do  dilatation  pour  le  drainage  des 
liquides.  Comme  précaution  contre  l'hémorrhagie,  l'auteur  con- 
seille l'application  dans  le  vagin,  quand  on  fait  la  première  inci- 
sion, d'un  pessaire  qu'on  retire  dès  que  l'ouverture  est  assez  large 
pour  admettre  le  doigt. 

Da  ballon  de  Petersen  en  gynécologie. 

Llprévost  (Havre).  —  Ce  ballon,  qu'on  applique  tantôt  dans  lo 
vagin,  tantôt  dans  le  rectum,  est  destiné  à  faciliter  certaines  opé- 
rations qui  se  pratiquent  dans  le  petit  bassin,  sur  la  portion 
vaginale  du  col,  dans  le  cul-de-sac  de  Douglas,  en  rendant  ces 
régions  plus  accessibles.  Introduit,  par  exemple,  dans  le  vagin, 
l'appareil  refoule  le  fond  de  l'utérus  vers  l'angle  sacro- vertébral, 
ouvre,  étale  en  queUiuc  sorte  le  cul-de-sac  vésico-utérin  et 
amène  la  partie  supra->  agiuale  du  coi  dans  le  champ  de  l'incision 
abdominale  ;  en  même  temps  ,il  immobilise  l'utérus  d'une  façon 
plus  égale  et  plus  continue  que  ne  saurait  le  faire  la  main  d*un 
aide.  Il  facilite  également  l'enlèvement  des  liquides  par  Té  telle- 
ment des  parties  déclives  où  ils  ont  une  tendance  à  se  collecter. 


GYNÉCOLOGIE  311 

Toutefois,  Tusage  du  ballon  exige  beaucoup  de  surveillance,  si 
Ton  veut  prévenir  des  de?chirures  d'aulant  plus  à  craindre  que  le 
plancher  pelvien  aura  perdu  de  sa  souplesse  et  de  son  extensi- 
bilité. 


INDEX  BIBLIOGRAPHIQUE  TRIMESTRIEL 


GYNÉCOLOGIE 

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OYNéCOLOGIE  315 

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OBSTÉTRIQUE  317 

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ber die  Aetiologie  der  sogenannten  intruuterinen  Fracturea  an  den 
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—  Boialinière.  Craniotomy  or  Cœsarean  Section?  Am.  gynec.  J.,  To- 
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dendammeinschuitte.  Cent,/,  Gyn,,  1892,  XVI,  141.  —  Desiderins 
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XXIV,  Hft  2,  p.  185.  —  Everke.  Ein  Fall  von  Porro- opération  we- 
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DES  SUITES  DE  COLXHES.  —  Arnaud.  Des  éruptions  scarlati- 
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der  Molenschwangerscha/t,  Leipzig  und  Wien.  —  Desprez.  Décolle- 
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318  INDEX   BIBLIOGRAPHIQUE  TRIMESTRIEL 

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thode der  Neplirectomie  belinfs   Herabsetzung  ibrer  nocb  geltenden 
bohen  SterblichkeitBziffer  imd  eine  Genèse  der  bunten  Niere;  cinebak- 
teriologische-experiiiientelle    Lintorsuchiing  an    H  klinificbeii    Fflllen. 
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OBSTÉTRIQUK  319 

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320  BIBLIOGRAPHIE 


BIBLIOGRAPHIE 


De  raccouchement  spontané  chez  les  femmes  à  bassin  coxalgiqae, 

par  le  Df  F.  Buuneau.  Thèse  de  Paris,  1892. 

\^  La  coxalgie  laisse  sur  le  bassin  des  traces  de  son  passago, 
traces  qu'il  est  important  de  connaître  pour  le  pronostic  de  raccou- 
chement. Les  lésions  sont  subordonnées  à  la  forme  de  la  coxalgie, 
à  i'&ge  auquel  est  survenue  Taffection,  à  l'intensité  du  processus, 
aux  complications,  au  traitement. 

2o  Le  plus  souvent,  quand  la  lésion  est  simple,  c*està-dire 
quand  on  se  trouve  en  présence  d'un  bassin  vicié  par  la  coxalgie, 
sans  synostose  sacro-iliaque  ou  sans  viciation  surajoutée  (rachi- 
tisme, etc..)  aucun  obstacle  ne  se  produit  dans  l'accouchement 
qui  se  fait  alors  comme  dans  les  bassins  normaux. 

«i'>  La  grossesse  est  rarement  influencée  par  le  processus  mor- 
bide. 

4<>  Le  pronostic  est  le  plus  souvent  bénin  pour  la  mère  et  l'enfant. 

5«  Pour  arriver  à  formuler  un  pronostic  exact,  il  est  essentiel 
d'examiner  chaque  parturiente  qui  a  été  atteinte  de  coxalgie,  par 
le  toucher  manuel  pratiqué  dans  l'anesthésie  et  de  se  rendre  compte 
de  la  situation  générale  du  bassin,  de  sa  forme,  de  sa  déviation, 
de  ses  dimensions,  de  l'étendue  du  diamètre  bi-ischiatique  et  de 
la  longueur  du  diamètre  promonto-sous-pubien. 

G^  Les  interventions  forment  la  minorité  des  cas.  Elles  sont 
variées  et  sont  subordonnées  à  la  multiplicité  des  lésions  et  à  l'Âge 
de  la  grossesse. 

n  microorganlsmo  délia  nitriflcazione  e  i'osteomalacia.  M.  Pk- 

TRONE. 

Frammenti  di  ostetricia.  F.  L\  Torre. 

Le  Gérant  :  G.  Stbinheil. 


mPBIMEllIB    LBMALB    BT    C^%     HAVRB 


ANNALES 

DE  GYNÉCOLOGIE 


Novembre  1892 


TRAVAUX   ORIGINAUX 


DE  LA 

TOXICITÉ    DU    SÉRUM    SANGUIN    CHEZ    LES    FEMMES 

ATTEINTES  D*ÉCLAMPSIE  PUERPÉRALE 

Par  Tarnler,  professeur  de  clinique  obstétricale  à  Paris, 
et  Chambreleiit,  professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine  de  Bordeaux. 


L'éclampsie  puerpérale  est  généralement  considérée 
comme  une  maladie  rés.ultant  d'une  auto-intoxication,  et  les 
belles  recherches  du  professeur  Bouchard  ont  aujourd'hui 
montré  qu'il  y  a  dans  cette  maladie  une  diminution  très  sen- 
sible de  la  toxicité  urinaire  ;  on  en  a  conclu  que  les  produits 
toxiques  non  éliminés  par  les  reins  devaient  s'accumuler 
dans  l'organisme,  et  contribuer  à  produire  les  phénomènes 
convulsifs  caractéristiques  de  la  maladie,  en  agissant  très 
probablement  sur  le  système  nerveux  par  l'intermédiaire  du 
sang,  puisque  celui-ci  est  le  réceptacle  de  tous  les  poisons 
fabriqués  dans  l'organisme.  Il  était  donc  intéressant,  pour 
confirmer  la  théorie  de  l'auto-intoxication  éclamptique,  de 
rechercher  directement  la  présence  de  poisons  convulsifs 
dans  le  sang  des  femmes  atteintes  d'accidents  éclamptiques. 

C*est  dans  ce  but  que  nous  avons  institué  à  la  Clinique 
d'accouchements  de  Paris,  une  série  d'expériences  destinées 
à  déterminer  la  toxicité  du  sang  des  diverses  éclamptiques 

AVM.  OK  OTV.  —  TOI»  ZXZTin.  91 


322  TOXICITÉ   DU   SÉRUM   SANGUIN 

que  nous  avons  eu  occasion  d'observer,  et  à  comparer  la 
toxicité  de  ce  sang  à  celle  du  sang  normal. 

On  sait  en  effet  que  le  sang  normal  est  lui-même  toxique, 
et  les  expériences  de  Rummo  (I)  ont  fixé  d'une  manière 
bien  nette  la  toxicité  du  sérum  sanguin  recueilli  pendant 
l'état  physiologique.  L'évaluation  de  cette  toxicité  est  four- 
nie par  la  dose  de  sérum  nécessaire  pour  amener  la  mort  de 
l'unité  de  poids  d'un  animal  d'une  espèce  déterminée;  or 
cette  dose  est  de  tO  centim.  cubes,  pour  le  lapin,  par  kilo- 
gramme d'animal. 

Part'int  de  ces  données,  nous  avons  recherché  quelle 
était  la  dose  de  sérum  du  sang  de  nos  éclamptiques  néces« 
saire  pour  amener  la  mort  de  un  kilogramme  de  lapin. 

Le  manuel  opératoire  que  nous  avons  suivi,  sur  les  conseils 
du  professeur  Richet,  qui  a  bien  voulu  nous  laisser  faire 
dans  son  laboratoire  nos  deux  premières  expériences,  est  le 
suivaut : 

Le  sang  de  la  malade  était  recueilli  directement  et  aussi 
aseptiquement  que  possible,  soit  par  la  saignée,  soit  par 
Tapplication  de  ventouses  scarifiées  ;  il  était  introduit  dans 
un  récipient  bouché  à  la  ouate,  et  laissé  au  repos  pendant 
24  heures  à  la  température  ordinaire  du  laboratoire,  de  façon 
à  obtenir  la  formation  du  caillot  et  la  séparation  du  eérum. 

Ce  sérum  était  alors  puisé  à  Taide  d'une  seringue  graduée, 
puis  injecté  directement  et  à  dose  variable  dans  la  veine 
auriculaire  d'une  série  de  lapins.  L'injection  était  poussée 
très  lentement,  trente  secondes  environ  par  centim.  cube  ; 
c'est  là  une  précaution  qui  nous  a  paru  indispensable,  et 
sans  laquelle  on  pourrait  s*exposer  à  des  erreurs  graves  d*in- 
terprétation. 

Observation  I.  —  Femme  primipare,  enceinte  de  huit  mois  et 
demi,  amenée  à  la  Clinique  obstétricale  de  M.  le  professeur  Tar- 
nier,  le  l**"  février  18U2,  à  dix  heures  du  matin. 

Cette  femme  a  déjà  eu  deux  attaques  d'éclampsie  en  ville. 


(1)  UVUMO.  Rifçrma  medica,  18S9. 


TÂRNIER  ET  GHAMBRELENT  323 

Dès  son  arrivée  à  la  Clinique,  elle  est  soumise  aux  inhalations 
de  chloroforme  et  à  la  médication  chloralée. 

Nouvelle  attaque  à  deux  lieures  de  Taprès-midi  devant  le  per- 
sonnel de  la  Clinique,  ce  qui  permet  de  constater  qu'il  s'agit  bien 
là  d'attaques  d'éclampsie. 

A  quatre  heures  de  l'après-midi,  c'est-à-dire  deux  heures  après 
la  dernière  attaque,  saignée  de  300  grammes. 

Le  sang  est  recueilli  dans  un  vase  stérilisé  et  laissé  au  repos 
jusqu'au  lendemain  matin.  Le  sérum  est  alors  complètement  sé- 
paré. 

Expériences.  —  Ce  sérum  est  injecté  dans  la  veine  auriculaire 
d'une  série  de  lapins. 

a)  Un  premier  lapin  du  poids  de  2850  grammes,  reçoit  14  cent, 
cubes,  soit  5  cent,  cubes  par  kilogr.  Ce  lapin  succ<)mbe  dix  minutes 
après  l'injection  en  présentant  des  convulsions. 

P)  Un  deuxième  lapin,  pesant  2110  grammes,  reçoit  9  cent,  cubes 
de  ce  même  sérum,  soit  4  c.  c.  3  par  kilogramme. 

Au  bout  d'un  quart  d'heure,  la  respiration  devient  haletante, 
l'animal  se  couche  sur  le  flanc,  puis  au  bout  de  2ô  minutes,  sur- 
viennent des  convulsions  et  l'animal  succombe. 

f)  Un  troisième  lapin,  pesant  1500  grammes,  reçoit  5  cent,  cubes 
do  ce  même  sérum,  soit  3  c.  c.  3  par  kilogramme. 

L'animal  parait  malade  après  l'injection,  mais  il  ne  tarde  pas 
à  se  remettre,  et  les  jours  suivants  il  est  en  parfaite  santé. 

Nous  pouvons  donc  estimer  que  la  toxicité  du  sérum  expéri- 
menté dans  ce  cas,  est  comprise  entre  3  c.  c.  3,  dose  insuffisante 
pour  amener  la  mort  de  1  kilogramme  du  lapin,  et  4  c.  c.3,  dose  à 
laquelle  1  kilogramme  d'animal  a  succombé. 

Il  était  intéressant  de  rechercher  quel  était  au  môme  moment  la 
toxicité  urinaire  de  la  malade  qui  fait  le  sujet  de  cette  obser- 
vation. 

Voici  ce  que  l'expérience  nous  a  donné  à  ce  sujet. 

Pendant  les  24  heures  qui  ont  suivi  son  entrée  à  l'hôpital,  la 
malade  a  seulement  rendu  450  c.  c.  d'urine. 

Cette  urine  injectée  à  la  veine  auriculaire  du  lapin,  a  amené  la 
mort  de  l'animal,  à  raison  de  40  cent,  cubes  par  kilogramme.  Le 
poids  de  cette  femme  étant  de  62  kilogrammes,  nous  avons  pour 
coefficient  d'urotoxie  calculé  d'après  la  méthode  de  Bouchard,  0,18. 

Ce  coefficient  d'urotoxie  est,  comme  on  le  voit,  bien  au-dessous 


324  TOXICITE  DU   SÉÏ^UM  SANGUIN 

de  la  moyenne  0,4G,  et,  fuit  intéressant  à  signaler,  il  serait  à  cette 
moyenne  physiologique  dans  un  rapport  inverse  à  celui  que  nous 
avons  trouvé  pour  la  toxicité  du  sérum  sanguin  de  cette  femme, 
comparé  à  celui  de  l'état  physiologique,  si  nous  admettons  le 
chiffre  de  10  cent,  cubes  donné  par  Ruramo.  En  un  mot,  Taugmen- 
tation  de  la  toxicité  du  sang  de  notre  malade  est  proportionnelle 
à  la  diminution  de  la  toxicité  urinaire. 

Pour  compléter  cette  observation,  nous  devons  ajouter 
que  cette  femme,  qui  n'a  plus  eu  de  nouvel  accès  d'éclampsie, 
est  accouchée  spontanément  le  lendemain  d'un  enfant  mort; 
un  léger  degré  de  macération  indiquait  que  la  mort  de  cet 
enfant  devait  remonter  à  peu  près  à  la  veille. 

Les  suites  de  couches  ont  été  normales,  et  la  malade  a 
pu,  au  bout  de  douze  jours,  quitter  le  service  parfaitement 
remise. 

Observation  II.  —  Femme  primipare,  enceinte  de  huit  mois  et 
demi  ;  entrée  à  la  Clinique  obstétricale  de  M.  le  professeur  Tarnier, 
le  4  février  1892,  à  dix  heures  et  demie  du  soir. 

Cette  femme  très  albuminurique  a  eu  deux  attaques  d'éclampsie 
dans  la  journée.  Elle  est,  à  son  arrivée  à.  l'hôpital,  dans  un  état 
demi-comateux. 

Elle  est  soumise  à  la  médication  chloralée.  Il  n'y  a  pas  de  début 
de  travail. 

L'auscultation  permet  de  reconnaître  que  l'enfant  est  vivant. 

Le  lendemain  de  son  arrivée  à  l'hôpital  la  malade  n*a  pas  eu  de 
nouvelles  attaques,  mais  cependant  l'état  demi-comateux  persiste. 

Teinte  subictérique.  On  pratique  une  saignée  de  300  grammes. 

Expériences.  —  Le  sérum  recueilli  aseptiquement  est  injecté  au 
bout  de  24  heures  à  deux  lapins. 

a)  Le  premier  lapin,  pesant  l.xSO  gr.,  re«;oit  dans  la  veine  auri- 
culaire 10  cent,  cubes  de  sérum,  soit  0  c.  c.  3  par  kilogr. 

11  succombe  au  bout  iFune  demi-heure  api  es  avoir  présenté  des 
convulsions. 

J;)  Le  deuxième  lapin,  pesant  H'iO  gr.  re(;oit  5  cent,  cubes  de  ce 
même  sérum,  soit  3  c.  c.  4  par  kilogr.,  cet  animal  succombe  au 
bout  de  quelques  heures. 

Nos  deux  animaux  étant  morts,  nous  n'avons  pas  ici^  comme 


TAUNIER  ET  GHAMBRELENT  325 

dans  l'expérience  précédente,  de  limite  minima  de  la  toxicité  du 
sérum  de  cette  éclamptique,  mais  nous  p^^uvons  dire  que  la  toxicité 
du  sérum  sanguin  chez  cette  malade  était  supérieure  à  3  c.  c.  4 
par  kilogr.,  c'est-à-dire  bien  au-dessus  de  la  toxicité  physiolo. 
gique,  et  supérieure  aussi  à  la  toxicité  du  sérum  de  Téclamptique 
précédente,  bien  que  cette  dernière  ait  eu  un  plus  grand  nombre 
d'attaques. 

Dans  ce  cas  encore  nous  avons  voulu  rechercher  quelle  était  au 
même  moment  la  toxicité  urinaire,  et  nous  avons  injecté  l'urine 
des  24  heures  dans  l'appareil  circulatoire  d'un  lapin  ;  nous  avons 
pu  ainsi  établir  un  coefficient  d'urotoxie  égal  seulement  à  0,11, 
coefficient  comme  on  le  voit  bien  inféri»*ur  au  coefficient  physio- 
logique que  nous  rappelons  être  de  0,40.  Inférieur  aussi  à  celui  que 
nous  avions  trouvé  pour  la  malade  qui  fait  le  sujet  de  la  précé- 
dente observation. 

De  sorte  qu'encore  ici  nous  avons  la  démonstration  du  rapport 
inverse  qui  existe  entre  la  toxicité  du  sérum  sanguin  et  la  toxicité 
urinaire  chez  les  éclamptiques. 

Pour  compléter  cette  observation  nous  devons  ajouter  que 
la  malade  est  accouchée  deux  jours  après  son  entrée  à  l'hô- 
pital, c'est-à-dire  le  lendemain  du  jour  où  nous  avons  expé- 
rimenté sur  le  sang. 

L'enfant  était  vivant,  c'est  aussi  là  un  point  intéressant 
à  noter,  car  on  se  rappelle  que  dans  l'observation  précé- 
dente, où  cependant  la  toxicité  du  sérum  était  moindre, 
l'enfant  était  né  mort  et  macéré. 

Les  suites  de  couches  ont  d'ailleurs  été  régulières  et  la 
malade  a  pu  quitter  la  clinique  parfaitement  rétablie,  au  bout 
d'une  quinzaine  de  jours. 

Observation  III.  —  Femme  primipare,  arrivée  au  terme  de  sa 
grossesse,  entrée  dans  le  service  d'accouchemoiits  de  M.  le  D»"  Bar, 
à  l'hôpital  St-Louis,  le  24  juin  1802,  à  cinq  heures  du  matin. 

Cette  femme  a  été  prise  chez  elle  d'une  première  attaque  d'éclanip- 
sie  le  2'i  juin  à  une  houre  du  matin. 

Cotte  attatiuo  a  été  suivie  de  huit  nouveaux  accès  jusqu'au  mo- 
ment où  on  l'a  amenée  à  l'hôpital. 


3?6  TOXICITÉ  DU   SÉRUM  SANGUIN 

A  son  arrivée  à  Thôpital  on  constate  de lanasarque  généralisée 
et  la  présence  de  l'albumine  dans  l'urine,  0,75  c.  c.  par  litre. 

La  malade  est  dans  un  état  demi-comateux.  Elle  boit  facilement. 
Enfant  vivant.  Elle  a  six  nouveaux  accès  depuis  son  entrée  à  Thô- 
pital  jusqu'à  3  heures  de  Taprôs-midi.  A  ce  moment  on  pratique 
une  saignée  de  500  grammes. 

Expériences.  —  Le  sérum  est  inoculé  le  lendemain  à  une  série 
de  trois  lapins. 

a)  Un  lapin  du  poids  de  1750  grammes  reçoit  le  25  juin  à  3  heu- 
res de  Taprés-mldi,  c'est-à-dire  vingt-quatre  heures  après  la  sai- 
gnée, 10  cent,  cubes  de  sérum,  soit  environ  6  cent,  cubes  par  kilo^ 
gramme. 

L'animal  ne  tarde  pas  à  ce  coucher  sur  le  flanc,  puis  il  est  pris 
de  convulsions  et  succombe  une  demi-heure  après  le  début  de 
l'expérience. 

P)  Un  lapin  du  poids  de  1900  grammes  reçoit  à  3  heures  de 
l'après-midi,  le  même  jour,  8  cent,  cubes  de  sérum,  soit  4  c.  c.  2 
par  kilogramme.  L'animal  présente  bientôt  des  phénomènes  ana- 
logues au  précédent,  mais  après  un  temps  plus  long,  et  il  succombe 
au  bout  de  3  heures. 

y)  Un  lapin  du  poids  de  2270  grammes  reçoit  à  3  heures  et  demie 
de  l'après-midi,  le  même  jour,  8  cent,  cubes  de  sérum,  soit  3  c.  c.  5 
par  kilogramme.  L'animal  succombe  dans  la  nuit. 

On  voit  donc  que  dans  ce  cas  encore  la  toxicité  du  sang  était 
bien  supérieure  à  la  toxicité  physiologique,  puisqu'elle  était  supé- 
rieure à  3  c.  c.  5  par  kilogramme. 

Après  la  saignée  de  la  malade  il  n'y  a  pas  eu  de  nouvel  accès, 
mais  la  malade  est  restée  dans  le  coma  et  a  succombé  le  lendemain 
matin  à  8  heures. 

Nous  devons  ajouter  que  1  accouchement  avait  eu  lieu  le 
24  juin  à  4  heures  de  Taprès-midi.  L'enfant  dont  les  batte- 
ments du  cœur  avalent  été  bons  jusqu'à  trois  heures,  parut 
souffrir  à  partir  de  ce  moment. 

On  fait  une  application  de  forceps.  Enfant  en  état  de  mort 
apparente,  mais  qui  est  bientôt  ranimé.  Il  pèse  3800  gr. 

Dans  cette  observation,  on  voit  encore  combien  la  toxicité 
du  sérum  sanguin  était  supérieure  à  l'état  physiologique. 


TABNIER  ET  CHAMBRELENT  327 

Cette  toxicité  nous  avait  même  permis  de  porter  un  pro* 
nostic  très  réservé,  malgré  les  signes  cliniques  qui  ne  parais- 
saient pas  indiquer  une  éclampsie  très  grave. 

Observation  IV.  —  Femme  primipara  arrivée  au  terme  de  sa 
grosBCsse,  entrée  dans  le  service  d'accouchements  de  M.  le  Dr  Bar, 
à  Thôpital  Saint-Louis,  le  14  juillet  1892,  à  6  heures  du  matin. 

Cette  femme,  kgée  de  36  ans,  a  eu  une  grossesse  normale  jusqu'à 
ces  derniers  jours.  Il  y  a  huit  jours  elle  a  été  prise  d'un  œdème  des 
membres  inférieurs,  de  douleurs  de  tète  s'accompagnant  de  ver- 
tiges et  de  bourdonnements  d'oreille. 

Il  existe  une  assez  grande  quantité  d'albumine  dans  Furine. 

Le  travail  marche  régulièrement  et  sans  accidents.  L'ausculta- 
tioQ  permet  de  constater  que  Tenfant  est  vivant. 

A  4  heures  de  l'après-midi,  dilatation  complète.  A  partir  de  ce 
moment  les  battements  du  cœur  fœtal  se  ralentissent. 

A  6  heures  du  soir  les  battements  disparaissent  complètement, 
on  fait  alors  une  application  de  forceps. 

L'enfant  ne  peut  être  ranimé.  Il  pèse  seulement  2750  grammes. 

n  y  a  des  traces  d'hémorrhagie  récentes  au  niveau  du  placenta, 
ce  qui  parait  expliquer  la  mort  de  l'enfant. 

Après  l'accouchement,  la  malade  parait  tranquille  et  s'endort, 

A  11  heures  du  soir  le  môme  jour,  elle  se  réveille  en  poussant 
un  cri  et  est  prise  aussitôt  d'une  attaque  d'éclampsio. 

L'interne  du  service  prévenu  aussitôt  fait  une  saignée  de 
450  grammes. 

Il  n'y  a  pas  de  nouvelles  attaques,  les  suites  de  couches  sont 
régulières. 

Expériences.  —Le  sérum  est  injecté  le  surlendemain  16  juillet, 
c'est-à-dire  36  heures  après  la  saignée,  à  une  série  de  lapins. 

a)  Un  lapin  du  poids  de  2100  grammes  reçoit  10  cent,  cubes  de 
ce  sérum,  soit  un  peu  moins  de  5  cent,  cubes  par  kilogramme. 
L'animal  est  bientôt  pris  de  phénomènes  de  paralysie  et  succombe 
environ  une  heure  après  l'injection. 

P)  Un  lapin  de  1^^  grammes  reçoit  7  cent,  cubes  de  ce  même 
sérum,  soit  un  peu  moins  de  4  cent,  cubes  par  kilogramme.  L'ani- 
mal ne  tarde  pas  à  présenter  les  mômes  phénomènes  que  le  précé- 
dent, et  succombe  un  quart  d'heure  après  le  premier. 

y)  Un  lapin  pesant  ,1710  grammes,  reçoit  5  cent,  cubes  du  même 


328  TOXICITÉ  DU   SÉRUM  SANGUIN 

sérum,  soit  un  peu  moins  de  3  cent,  cubes  par  kilogramme,  il  pré- 
sente aussi  quelques  phénomènes  de  parésie,  mais  ne  tarde  pas  à 
se  remettre  complètement. 

Dans  cette  observation,  la  toxicité  du  sérum  était  donc  comprise 
entre  3  et  4  cent,  cubes. 

Cette  observation  présente  cela  d'intéressant  à  noter, 
c'est  que  la  malade  qui  en  fait  le  sujet  n'avait  absorbé  aucun 
médicament  au  moment  où  la  saignée  a  été  pratiquée.  Elle 
réfute  donc  complètement  l'objection  qui  aurait  pu  être  faite 
à  nos  expériences  précédentes,  relativement  à  l'influence 
que  pourrait  avoir  la  médication  sur  la  toxicité  du  sang 
expérimenté. 

Observation  V.  —  Femme  primipare,  âgée  de  22  ans,  enceinte 
de  7  mois  et  demi. 

Le  11  juillet  le  D'  Bar,  à  l'obligeance  duquel  nous  devons  cette 
observation,  est  appelé  auprès  d'elle  pour  des  attaques  d^éclampsie 
dont  elle  vient  d'être  atteinte. 

A  son  arrivée  auprès  d'elle  cetle  dame  a  déjà  eu  sept  attaques 
d'éclampsie. 

Elle  est  dans  un  état  comateux  très  prononcé.  La  température 
axillaire  est  de  38<».  Urines  contenant  de  l'albumine  eu  grande 
quantité. 

L'auscultation  de  l'abdamen  ne  permet  pas  de  percevoir  les  bat- 
tements du  cœur  du  fœtus. 

Le  D'  Ear  pratique  une  saignée  dont  il  nous  envoie  le  sang  qui 
nous  permet  de  faire  le  lendemain  les  expériences  suivantes  : 

Expériences.  —  l'o  série  : 

Le  sérum  est  inoculé  à  une  série  de  trois  lapins. 

a)  Un  premier  lapin  pesant  2130  grammes  reçoit,  le  12  juillet  & 
oh.  25  du  soir,  10  cent,  cubes  de  sérum. 

L'animal  présente  bientôt  deTessoufllement,  puis  des  phénomè- 
nes de  paralysie  et  succombe  à  6  h.  45,  c'est-à-dire  environ  une 
heure  après  l'injection. 

p)  Un  deuxième  lapin  pesant  lO'iO  grammes  reçoit  à  G  heures  du 
soir  le  même  jour  8  cent,  cubes  do  ce  môme  sérum,  noit  environ 
4  cent,  cubes  par  kilogr.  L'animal  meurt  à  7  heures  10  du  soir. 

y;  Un  troisième  lapin  pesant  1740  grammes  reçoit  5  c.  c.  2  de  ce 


TARNIER   ET  CHAMBUELENT  329 

même  sénim,  soit  3  cent,  cubes  par  kilogramme.  L'animal  présente 
de  l'oppression,  puis  quelques 'phénomènes  de  paralysie.  Maïs  au 
bout  de  quelques  heures  il  se  remet  complètement;  et  les  jours 
suivants  il  reste  en  parfaite  santé. 

La  toxicité  du  sérum  de  cette  éclamptique  est  donc  comprise 
entre  3  cent,  cubes,  dose  à  laquelle  1  kilogr.  de  lapin  a  résisté,  et 
4  cent,  cubes^  dose  qui  a  amené  la  mort  de  1  kilogr.  de  lapin. 

La  malade  continue  à  avoir  des  attaques  après  la  saignée,  mais 
elles  sont  cependant  moins  rapprochées  qu'auparavant. 

Le  13  juillet  la  température  se  maintient  à  38^.  La  malade  urine 
peu  et  Turine  est  toujours  albumineuse.  Elle  peut  cependant  absor- 
ber une  certaine  quantité  de  lait. 

Le  lendemain,  13  juillet,  même  état.  La  malade  a  eu  une  nouvelle 
attaque  d*éclampsie.  Le  travail  se  déclare  mais  marche  lentement. 
Pour  l'activer  on  introduit  un  ballon  Champetier,  et  la  malade 
accouche  le  lendemain  14  juillet  à  6  h.  1/2  du  matin.  L*enfant  est 
mort  ^t  présente  un  léger  degré  de  macération. 
.  Pendant  Taccouchement  la  malade  a  présenté  quelques  phéno- 
mènes convulsifs,  mais  pas  d'attaques  proprement  dites. 

Mais  une  demi-heure  après  Taccouchement  survient  une  nouvelle 
attaque  d'éclampsie,  puis  deux  heures  après  une  autre  atta([ue. 

Le  Dr  B.ar  pratique  alors  une  nouvelle  saignée  dont  il  nous  fait 
parvenir  le  sang.  Le  sang  est  laissé  en  repos  pendant  vingt-quatre 
heures  et  nous  pouvons  ainsi  en  séparer  le  sérum. 

Le  sérum  provenant  de  cette  seconde  saignée  est  inoculé  à  une 
nouvelle  série  de  lapins. 

Expériences.  —  2«  série  : 

a)  Le  15  juillet,  à  G  h.  20  du  soir,  un  lapin  de  1920  gr.  reçoit 
10  c.  c.  de  sérum,  soit  un  peu  plus  de  5  c.  c.  par  kilogr.  L'animal 
résiste  à  cette  injection. 

p)  Le  15  juillet,  à  G  h  1/2  du  soir,  un  lapin  de  1970  gr.  reçoit 
8  c.  c.  de  ce  môme  sérum,  soit  4  c.  c.  par  kilogramme  ;  comme  le 
précédent  ce  lapin  résiste  à  Tinjection,  et  le  lendemain  il  est  en 
parfaite  santé. 

i)  Le  16  juillet,  à  9  heures  du  matin,  un  lapin  de  1990  gr.  reçoit 
12  c.  c.  de  ce  môme  sérum,  soit  G  c.  c.  par  kilogramme.  Après  l'in- 
jection l'animal  présente  une  grande  oppression.  Puis  des  symp- 
tômes de  paralysie  ne  tardent  pas  à  «e  montrer.  A  10  heures  du 
maân,  c'est-à-dire  une  heure  après  l'injection,  l'animal  étendu  sur 


330  TOXICITÉ   DU  SÉRUM   SANGUIN 

ses  quatre  membres  parait  complètement  paralysé.  Bientôt  après 
surviennent  des  convulsions  cloniques  puis  l'animal  succombe. 

3)  Le  16  juillet,  à  9  heures  85  du  matin,  un  quatrième  lapin  pesant 
1900 (îr.  reçoit  14  c.  c.  de  ce  môme  sérum,  soit  un  peu  plus  de?  c.  c. 
par  kilogramme.  Comme  le  précédent,  mais  beaucoup  plus  rapi- 
dement, l'animal  présente  des  phénomènes  de  paralysie,  puis  des 
convulsions  cloniques  et  succombe  moins  d*une  heure  après  Tin- 
jaction. 

Il  résulte  donc  de  cette  seconde  série  d'expériences  que  la  toxi- 
cité du  sérum  provenant  de  la  seconde  saignée  doit  être  considérée 
comme  comprise  entre  5  et  6  c.  c. 

C'est,  comme  on  le  voit,  une  toxicité  sensiblement  moindre  que 
celle  du  sérum  provenant  de  1a  première  saignée. 

Cette  diminution  manifeste  de  la  toxicité  du  sérum  à  trois  jours 
d'intervalle  sembla  nous  permettre  de  porter  un  pronostic  favo- 
rable que  confirma  l'observation  clinique.  En  effet,  après  cette 
seconde  saignée,  la  malade  n'eut  plus  d'attaques  d'éclampsle. 

La  fonction  urinaire  se  rétablit  en  partie  et  le  17  juillet  la  quan- 
tité d'urine  émise  dans  les  24  heures  atteignait  1500  gr.  La  malade 
prenant  3  litres  de  lait  dans  les  34  heures. 

Les  jours  suivants  l'amélioration  se  maintient  et  la  malade  fat 
complètement  rétablie  au  bout  d'une  quinzaine  de  jours. 

Le  point  qui  nous  parait  intéressant  à  noter  dans  cette 
observation  est  la  diminution  manifeste  de  la  toxicité  du 
sérum  dans  l'intervalle  des  deux  saignées,  bien  que  les  atta- 
ques d*éclampsie  aient  persisté  dans  cet  intervalle,  et  la 
coexistence  de  cette  diminution  de  la  toxicité  avec  une 
amélioration  de  Tétat  général  de  la  malade. 

Observation  VI.  —  Femme  «econdipare,  entrée  à  la  Clinique 
obstétricale  de  Bordeaux,  service  de  M.  le  professeur  Moussons, 
le  28  juillet  1892. 

Cette  femme  qui  a  déjà  eu  une  première  grossesse  normale  en 
1889,  ne  présente  à  son  arrivée  à  la  Clinique,  aucun  phénomène 
morbide. 

Trois  jours  après  son  entrée  à  la  Clinique,  elle  est  subitement 
prise  d'un  accès  d'éclampsie.  L'urine,  examinée  avec  soin  &  ce 
moment  ne  présente  pas  de  traces  d*aîbumine. 


TARNIER  ET  CHAMBRELKNT  331 

Enfant  vivant.  Pas  de  travail. 

Deux  heures  après  son  accès  d'éclampsie  qui  a  été  unique,  on 
pratique  une  saignée  de  350  grammes. 

Expériences.  —  Le  sérum  provenant  de  cette  saignée  est  injecté 
à  une  série  de  lapins. 

«)  Un  lapin  pesant  1270  grammes  reçoit  7  c.  c.  de  sérum,  soit 
environ  6  c.  c  par  kilogramme.  L'animal  présente  d'abord  de 
l'oppression,  puis  au  bout  d'une  heure  des  phénomènes  de  para- 
lysie, puis  des  convulsions  cloniques  et  Tanimal  'succombe  une 
heure  et  demie  après  Tinjection. 

P)  Un  deuxième  lapin  pesant  1150  grammes,  reçoit  4  cent,  cubos 
de  ce  même  sérum,  soit  un  peu  moins  de  4  c.  c.  par  kilogramme. 
L'animal  présente  quelques  phénomènes  de  parésie,  mais  ne  tarde 
pas  à  se  remettre  complètement. 

y)  Un  troisième  lapin  pesant  1500  grammes,  reçoit  7  c.  c.  de  ce 
môme  sérum,  soit  4  c.  c.  6  environ  par  kilogramme.  Comme  le 
précédent,  l'animal  résiste  à  cette  injection. 

La  toxicité  du  sérum  de  cette  éclamptique  paraît  donc  devoir 
être  comprise  entre  4  c.  c.  et  6  cent,  cubes.  Quoique  bien  supé- 
rieure à  la  toxicité  physiologique  du  sérum  sanguin,  cette  toxicité 
est  cependant  moindre  que  celle  que  nous  avons  observée  dans 
les  autres  cas  d'éclampsie,  dont  les  symptômes  cliniques  étaient 
aussi  beaucoup  plus  graves. 

La  malade  est  accouchée  deux  jours  après  d'un  enfant  vivant. 

Les  suites  de  couches  ont  été  normales,  et  cette  femme  ainsi 
que  son  enfant  ont  pu  quitter  la  Clinique  au  bout  d'une  dizaine 
de  jours  en  parfait  état. 

CONCLUSIONS 

De  cette  série  de  six  cas  d*éclampsie  puerpérale  bien 
observés,  et  ayant  fourni  matière  à  une  vingtaine  d'expé- 
riences, nous  croyons  pouvoir  conclure  que  la  toxicité  du 
sérum  sanguin  est  considérablement  augmentée  dans  cette 
affection,  ainsi  que  l'avait  du  reste  déjà  montré  Rummo  (I). 

Dans  les  cas  où  nous  avons  pu  expérimenter  la  toxicité 
urinaire  des  malades,  nous  avons  constaté  que  cette  toxicité 


(1)  BuiiMO.  Riforma  msdica,  1889. 


332     INFLUENCE   DU   SULFATE   DE   QUININE   DANS   LE    LAIT 

urinaire  était  directement  en  raison  inverse  de  la  toxicité  du 
sérum  sanguin. 

L'augmentation  de  la  toxicité  du  sérum  des  éclamptiques 
ne  saurait  être  attribuée  aux  médicaments  absorbés  par  les 
malades,  puisque  dans  deux  de  nos  observations,  n"  3  et  6, 
les  femmes  qui  en  font  le  sujet  n'avaient  encore  été  soumises 
à  aucune  médication  au  moment  où  la  saignée  a  été  pratiquée. 

Le  degré  de  toxicité  du  sérum  paraît  être  en  raison 
directe  de  la  gravité  de  la  maladie  et  pouvoir  ainsi  servir 
utilement  à  fixer  le  pronostic  de  l'affection. 

Enfin,  dans  certains  cas  où  le  diagnostic  d*éclampsie  pour* 
rait  paraître  douteux,  la  recherche  de  la  toxicité  du  sérum 
pourrait  peut-être  permettre  de  le  préciser. 


ÉTUDE  SUR  LE  PASSAGE  DU  SULFATE  DE  QUININE 
DANS  LE  LAIT,  ET  SON  INFLUENCE  SUR  LA  SANTÉ 
DES  NOURRISSONS 

Par  le  D' M.  Ool^  chef  de  clinique  obstétricale  à  la  Faculté  de  Bordeaux. 


En  1877,  Burdel,  de  Vierzon,  publiait  dans  les  Annales  de 
gynécologie  une  étude  fort  intéressante  sur  le  passage  dans 
le  lait,  du  sulfate  de  quinine  administré  aux  nourrices,  et 
sur  les  effets  produits  par  ce  lait  sur  la  santé  des  nour* 
rissons. 

S'appuyant  sur  les  travaux  récents  de  Lewald,  qui  avait 
retrouvé  dans  le  lait,  le  sulfate  de  quinine,  et  proposait 
môme  de  le  donner  aux  nourrices  pour  traiter  le  paludisme 
chez  les  nourrissons,  Burdel  considérait  le  problème  comme 
résolu,  et  ne  s'occupait  plus  que  des  effets  que  pouvait  pro- 
duire chez  les  nouveau-nés,  le  lait  quinisé. 

Sur  ce  point  important,  les  observations  du  médecin  de 
Vierzon  étaient  loin  d'être  concluantes. 

L'administration,  aux  nourrices  d'enfants  impaludés,  de 
doses  variables  de  sulfate  de  quinine  n'avait,  dans  la  plupart 
des  cas,  produit  aucun  résultat  favorable. 


OUI  333 

L'action  du  lait  quinisé  sur  les  enfants  en  bonne  santé 
avait  été  absolument  variable. 

Sur  les  67  enfants  observés,  Burdel  comptait  ; 

5  enfants  morts; 

17  enfants  qui,  après  avoir  été  plus  ou  moins  malades, 
avaient  cependant  guéri  ; 

45  enfants  ayant  conservé  une  santé  parfaite. 

Les  enfants  qui  avaient  succombé  étaient  âgés  de 
7à  15  jours.  Leurs  mères  étaient  atteintes  : 

!•  24  de  fièvre  puerpérale  grave  ; 

2**  1  de  cachexie  palustre  ; 

3<>  2  de  névralgies  avec  fièvre  intermittente. 

Au  total,  les  enfants  tétant  une  nourrice  ayant  absorbé 
du  sulfate  de  quinine  donnaient  une  morbiJité  générale  de 
34  0/0,  et  leur  mortalité  atteignait  le  chiffre  de  7,7  0/0. 

Cette  proportion  est  véritablement  colossale,  et  il  est 
difficile  d'attribuer  au  sulfate  de  quinine  un  effet  aussi  nui- 
sible, pour  peu  qu'on  ait  eu  à  l'employer  fréquemment  dans 
les  conditions  indiquées  par  Burdel. 

Il  existe,  d'ailleurs,  dans  ce  travail,  des  contradictions  qui 
démontrent  suffisamment  qu'il  faut  tenir  compte  d'éléments 
d'un  autre  ordre. 

Tout  d'abord,  Burdel  constate  que  les  effets  du  sulfate  de 
quinine  ont  été  extrêmement  variables.  Les  nourrices  ont 
pu,  dans  certains  cas,  absorber,  sans  que  la  santé  de  leur 
nourrisson  fût  altérée,  des  doses  considérables  de  ce  médi- 
cament. Dans  d'autres  cas,  au  contraire,  des  doses  très  mo- 
dérées ont  semblé  produire  des  accidents  graves  chez  les 
nourrissons. 

Pour  Burdel,  cette  différence  dans  les  résultats  tient  à 
deux  éléments,  qu'il  considère,  avec  raison,  comme  fort  im- 
portants. 

D'abord,  à  l'état  de  santé  de  la  nourrice.  Les  accidents  au- 
raient été  plus  fréquents  quand  les  nourrices  étaient  atteintes 
de  fièvre  puerpérale  grave,  ou  d'accès  palustres  pernicieux. 

Ensuite,  aux  conditions  dans  lesquelles  la  quinine  a  été 


334     INFLUENCE   DU   SULFATE   DE   QUININE   DANS  LE   LAIT 

administrée.  Le  lait  quinisé  aurait  eu  une  action  plus  défa- 
vorable, la  quinine  ayant  été  administrée  à  jeun.  Les  acci- 
dents, au  contraire^  auraient  été  moins  nombreux  quand  la 
quinine  avait  été  administrée  au  moment  des  repas. Ces  faits 
s'expliqueraient  par labsorption  plus  rapide  du  médicament 
administré  par  la  voie  stomacale,  en  dehors  de  la  période  de 
digestion.  Puis,  comme  s'il  tenait  à  donner  lui-même  un 
démenti  à  cette  dernière  explication,  l'auteur  nous  fait 
remarquer  que  Tadministration  à  la  nourrice  du  sulfate  de 
quinine  par  la  voie  hypodermique  n'a  jamais  eu,  à  sa  con- 
naissance, d'influence  fâcheuse  sur  Tenfant. 

L'absence  totale  d'observations  précises,  dans  un  travail 
de  cette  importance,  ne  pouvait  passer  inaperçue,  et,  la 
même  année,  dans  les  Annales  de  gynécologie,  le  docteur 
Saint-Vel  protestait  énergiquement  contre  les  affirmations 
de  Burdel.Il  déclarait  n'avoir  jamais  observé  d'accidents  dus 
au  lait  quinisé,  et  attribuait  la  cause  véritable  de  l'énorme 
mortalité  infantile  constatée 'par  Burdel,  non  pas  à  l'intoxi- 
cation par  le  sulfate  de  quinine,  mais  bien  plutôt  à  l'état  de 
maladie  des  mères,  ou  à  Tinfluence  du  milieu  palustre  dans 
lequel  son  confrère  s'était  trouvé  placé. 

La  protestation  du  D"  Saint-Vel,  basée  d'ailleurs,  il  faut 
le  reconnaître,  sur  de  simples  affirmations,  n'eut  pas  d'écho. 
Bien  que  déjà,  avant  Burdel,  Lediberder  se  fût  occupé  de  la 
question,  et  n'eût  jamais  observé  d'accidents  dus  au  sulfate  de 
quinine,  les  opinions  du  médecin  de  Vierzon  prédominèrent, 
et,  dans  leur  Traité  de  Tart  des  accouchements,  MM.Tarnier 
et  Budin  les  acceptèrent,  et  conseillèrent  comme  lui,  les  pré- 
cautions suivantes  : 

l""  Donner  de  préférence  la  quinine  au  moment  des  repas, 
l'absorption  étant  alors  moins  rapide  et  la  quinine  passant 
moins  vite  dans  le  lait  ; 

2^  Vider  artificiellement  le  sein  de  la  mère  trois  heures 
environ  après  l'absorption  du  médicament.  De  la  sorte  l'en- 
fant ne  prend  pas  le  lait  qui,  étant  le  plus  chargé  de  sulfate 
do  quininO;  se  trouve  être  le  plus  dangereux. 


OUI  335 

«  Toujours  est*il,  disent  en  terminant  MM.  Tarnier  et 
Budin,  que  les  médecins  ne  doivent  pas  oublier  les  risques 
que  l'on  fait  courir  à  Tenfant  quand  on  donne  du  sulfate  de 
quinine  à  la  mère  pendant  Tallaitement.  o 

J'avais  eu  Toccasion,  il  y  a  déjà  plusieurs  années,  d'obser- 
ver dans  un  milieu  palustre,  de  nombreux  cas  de  fièvre  in* 
termittente  pendant  les  suites  de  couches,  et  l'administra- 
tion  du  sulfate  de  [quinine  aux  nourrices  ne  m'avait  pas 
semblé,  d*une  façon  générale,  avoir  d'effet  nuisible  sur  la 
santé  des  nourrissons. 

Je  n'avais  pu,  à  ce  moment,  pousser  plus  loin  mes  obser- 
vations ;  mais,  pensant  que  les  opinions  de  Burdel  étaient 
au  moins  exagérées,  j'ai  voulu,  cette  année,  en  contrôler 
l'exactitude  aussi  rigoureusement  que  possible. 

Au  service  de  la  clinique  d'accouchements,  le  sulfate  de 
quinine  est  libéralement  distribué  aux  femmes,  à  la  moindre 
élévation  de  température.  J'ai  donc  pu,  dans  un  laps  de  temps 
relativement  court.,  observer  un  nombre  de  cas  suflSsantpour 
me  faire  une  conviction. 

J'ai  laissé  systématiquement  de  côté  la  part  d'influence 
que  pouvait  avoir  sur  l'enfant  l'état  de  santé  de  la  mère.  Cer- 
tes, à  l'heure  actuelle,  le  passage  de  nombreux  microbes 
dans  le  lait  est  un  fait  bien  prouvé,  et  on  ne  saurait  mettre 
en  doute  l'influence  sur  les  nourrissons  des  maladies  infec- 
tieuses qui  peuvent  atteindre  les  nourrices.  Mais  l'organisa^ 
tion  môme  de  mon  service,  ne  me  permettait  pas  d'observer 
des  cas  graves  d'infection  palustre  ou  septique.  Les  quel- 
ques cas  de  réveil  du  paludisme  que  j'ai  pu  observer  ont  été 
peu  importants.  D'un  autre  côté,  je  n'ai  eu  à  traiter  que  des 
cas  légers,  très  légers  même  d'infection  septique,  tous  les 
cas  graves  étant  évacués  immédiatement  au  service  d'isole*- 
ment,  et  confiés  aux  soins  de  M.  le  D'  Rivière. 

Il  m'a  donc  été  impossible,  dans  ces  conditions,  d'attri- 
buer une  influence  sérieuse  à  la  santé  de  la  nourrice,  et  hors 
les  cas  d'insuffisance  de  la  sécrétion  lactée  chez  la  mère,  ou 
de  faiblesse  congénitale  de  l'enfant.  Je  me  suis,  dès  le  début 


336     INFLUENCE  DU   SULFATE  DE   QUININE   dXnS   LE   LAIT 

de  cette  étude,  promis  de  reporter  au  sulfate  de  quiniuo  la 
cause  de  tous  les  accidents  qui  pourraient  survenir  chez  les 
nourrissons. 

Deux  questions  devaient  être  étudiées  : 

1®  Le  sulfate  de  quinine  passe-t-il  dans  le  lait?  Dans 
quelles  proportions  Vj  retrou ve-t-on? 

2"*  Le  lait  contenant  du  sulfate  de  quinine  est-il  réellement 
nuisible  aux  enfants  ? 

Nous  avons  étudié  de  la  façon  suivante  la  première  ques- 
tion : 

Chaque  fois  qu'une  femme  nourrissant  son  enfant,  a  ab- 
sûrbé  du  sulfate  de  quinine,  le  lait  a  été  recueilli^  en  faisant 
varier  Tintervalle  qui  s^écoulait  entre  l'administration  du 
médicament,  et  le  moment  où  le  lait  était  recueilli. 

Le  sulfate  de  quinine  a  été  administré  presque  toujours  à 
jeun,  à  des  doses  variant  de  75  centigr.  à  un  gramme,  beau- 
coup plus  rarement  à  la  dose  de  50  contigr.  Dans  un  certain 
nombre  de  cas,  le  lait  n'a  été  recueilli  qu'après  une  tetée 
efifectuée  par  Tenfant. 

M.  le  professeur  agrégé  Denigès  a  eu  Tobligeance  de  faire 
lui-môme  toutes  les  analyses  nécessitées  par  cette  étude. 
C'est  dire  que  les  résultats  de  ces  recherches  doivent  ins- 
pirer la  confiance  la  plus  absolue. 

En  même  temps  que  le  lait,  les  urines  ont  été  recueillies, 
par  le  cathétérisme,  et  analysées  également  par  M.  Denigès. 
Le  sulfate  de  quinine  y  a  toujours  été  trouvé  en  quantité 
très  notable. 

Dans  un  seul  cas,  le  sulfate  de  quinine  n*a  pas  été  constaté 
dans  le  lait,  malgré  les  recherches  les  plus  minutieuses.  Ce 
lait  avait  été  recueilli  deux  heures  après  l'administration  de 
50  centigr.  du  sel  quinique  (feuille  n^  1). 

Dans  toutes  les  autres  analyses,  sauf  deux  qui  doivent 
attirer  plus  spécialement  Tattention,  on  n'a  constaté  que  des 
traces  douteuses  d'alcaloïde  (reuille  n^'  2),  ou  des  quantités 
non  dosables. 

Dans  un  cas^  où  le  lait  fut  recueilli  2  heures  après  Tadrai- 


OUI  337 

nistration  de  80  centigr.  de  sulfate  de  quinine,  il  ne  renfer- 
mait que  de  faibles  quantités  d'alcaloïde  :  2  ou  3  milligr.  au 
plus,  pour  100  c.  c.  de  lait  (feuille  n"^  3). 

Entin,  dans  une  observation  Je  fis  recueillir  le  lait  4  heures 
après  l'absorption  de  80  centigr.  de  sulfate  de  quinine,  Ten- 
fant  ayant  fait  une  tetée.  Il  n'existait  pas  dans  le  lait  trace 
d'alcaloïde  (feuille  n^  4). 

Administré  à  la  dose  de  75  centigr.  à  un  gramme,  le  sulfate 
de  quinine  se  retrouve  donc  dans  le  lait,  mais  en  très  petite 
quantité,  puisqu'il  n'a  été  possible  de  le  doser  qu'une  seule 
fois.  Encore  n'a- 1- on  pu  le  trouver  que  dans  la  proportion 
de  2  à  3  milligr.  par  100  cent,  cubes.  Une  seule  tetée  de 
Tenfant  semble  d'ailleurs  suffire  pour  épuiser  le  lait  quinisé. 
Ces  analyses  nous  amènent  donc  aux  résultats  accusés  déjà 
par  Lewald;  mais  nous  ne  pouvons,  comme  lui,  croire  que 
le  sulfate  de  quinine  passe  dans  le  lait  en  assez  grande  quan- 
tité pour  guérir  le  paludisme  chez  les  enfants. 

Le  lait  chargé  de  sulfate  de  quinine  at-il  réellement  une 
action  nuisible  sur  la  santé  du  nouveau-né. 

Le  meilleur  moyen  d'apprécier  d'une  façon  exacte  Tétat 
de  santé  du  nouveau-né,  est  indubitablement  la  balance. 

Mais  les  auteurs  qui  ont  étudié  cette  question  ne  sont  pas 
absolument  d'accord  sur  les  variations  normales  du  poids  de 
l'enfant  après  sa  naissance,  et  il  nous  était  ainsi  impossible 
de  nous  baser  sur  des  données  exactes,  acceptées  par  la  géné- 
ralité. Aussi  ai-je  procédé  par  comparaison  entre  des  enfants 
nés  et  nourris  à  la  clinique,  de  manière  à  pouvoir  établir  une 
relation  entre  le  développement  des  enfants  ayant  teté  Une 
nourrice  soumise  au  sulfate  de  quinine,  et  ceux  dont  la  nour- 
rice a  toujours  eu  une  santé  satisfaisante. 

Ces  deux  catégories  de  nouveau-nés  ont  été  divisées  en 
trois  séries,  suivant  le  poids  constaté  au  moment  de  la  nais- 
sance, et  nous  ont  donné  les  résultats  suivants  : 

l"  Série.  —  Poids  initial  :  2,500  à  3,000  gr. 

Â.  —  La  nourrice  a  absorbé  du  sulfate  de  quinine.  Le  poids 
initial  est  reconquis  le  5'  jour. 

AXV.  Dl  GTir.  —  TOL.  ZXZTin  SS 


338     INFLUENCE  DU  SULFATE  DE  QUININE   DANS   LE   LAIT 

A  partir- du  jour  où  les  enfants  ont  cessé -de  diminuer, 
l'augmentation  moyenne  du  poids  a  été  par  jour  de  53  gr. 

B.  —  La  nourrice  n'a  pas  pris  de  sulfate  de  quinine.  Le 
poids  initial  est  regagné  le  6'  jour. 

L'augmentation  moyenne  du  poids  est  de  50  gr. 

2«  SÉRIE.  —  Poids  initial  :  3,000  à  3,500  gr. 

Â.  —La  nourrice  a  pris  du  sulfate  de  quinine.  Le  poids 
initial  est  regagné  le  5**  jour,  sauf  une  exception,  que  nous 
examinerons  plus  loin. 

L'augmentation  moyenne  du  poids  est  de  50  gr.  par  jour. 

B.  —  La  nourrice  n'a  pas  pris  de  sulfate  de  quinine.  Les 
enfants  regagnent  leur  poids  initial  en  moyenne  le  6''  jour. 

Ils  croissent  en  poids  de  41  gr.  par  jour,  en  moyenne. 

3*  Série.  —  Poids  initial  :  plus  de  3,500  gr. 

A.  —  La  mère  a  pris  du  sulfate  de  quinine.  Le  poids  pri- 
mitif est  regagné  en  moyenne  le  V  jour. 

L'augmentation  moyenne  du  poids  a  été  de  43  gr.  par  jour. 

B.  —  La  mère  n'a  pas  pris  de  sulfate  de  quinine.  Les 
enfants  regagnent  leur  poids  initial  en  moyenne  le  5*  jour. 

L'augmentation  moyenne  du  poids  a  été  de  52  grammes 
par  jour. 

Si,  maintenant,  nous  réunissons  les  résultats  obtenus, 
nous  trouvons  que  la  moyenne  générale  d'augmentation  du 
poids  a  été  pour  les  deux  catégories  d'enfants  exactement  la 
même  :  46  grammes  par  jour. 

Le  temps  moyen  nécessaire  aux  enfants  pour  regagner 
leur  poids  primitif  est  exactement  le  môme  (5  jours  1/2)  pour 
les  deux  catégories.  Je  dois  ajouter  que  les  observations  ont 
été  recueillies  pour  les  enfants  de  l'une  et  de  l'autre  caté- 
gorie, à  la  même  époque  de  Tannée,  c*est-à-dire  dans  les 
mêmes  conditions  de  température  et  d'hygiène  générale. 

D'un  autre  côté,  tous  les  enfants  destinés  à  servir  de 
termes  de  comparaison,  ont  été  choisis  avec  soin.  Leurs 
mères  étaient  bonnes  nourrices,  et  ils  étaient  tous  bien  dé- 
veloppés. Au  contraire,  j'ai  observé  sans  en  excepter  un 


OUI  *  339 

3eu{  tous  les  enfants  dont  les  môres  ont  pris  du  sulfate  de 
quinine. 

Aussi,  vais*je  maintenant  signaler  les  quelques  cas  où  le 
développementdesnouveau^nés  ne  s'est  pas  effectué  réguliè- 
rement, et  montrer  les  caue.es  véritables  de  ces  irrégularités. 

G*est;  d'abord,  dans  un  groupe  de  4  enfants  pesant  moins 
de  2,500  grammes  (l'un  d'eux  ne  pesait  même  que  1,970  gr.)i 
3  enfants  qui  sortent  sans  avoir  reconquis  leur  poids  initial  ; 
mais  ce  sont  des  enfants  mal  développés,  et  sur  les  feuilles 
de  2  d'entre  eux,  je  trouve  la  mention  suivante  :  More  mau- 
vaise nourrice.  Insuffisance  des  tétées.  Le  3*  avait  com- 
mencé à  augmenter  le  6*  jour,  le  4^  avait  regagné  son  poids 
initial  au  bout  de  5  jours. 

C'est,  maintenant,  dans  le  groupe  des  enfants  variant 
entre  3,000  et  3,500  grammes,  un  enfant  sorti  le  5''  jour,  con- 
tinuant à  perdre  de  son  poids.  Là  aussi,  je  trouve  une  note 
qui  sufnt  pour  indiquer  la  cause  de  cet  état  de  souffrance  : 
Mère  insuffisante  comme  nourrice.  Tétées  variant  entre  30, 
20  et  même  10  grammes.  Allaitement  mixte  avec  du  lait  de 
vache  non  stérilisé. 

En  résumé,  sur  4  cas  où  les  feuilles  de  pesées  des  enfants 
soumis  au  lait  quinisé  ont  accusé  un  accroissement  insuffi- 
sant ou  une  dcperdiliou  de  poids  exagérée,  je  puis  dire  que 
3  fois  ce  résultat  était  dû  soit  à  la  faiblesse  congénitale,  soit 
à  TinsuSisance  des  nourrices,  et  que,  dans  le  4*  cas,  Texcès 
de  déperdition  a  été  peu  considérable  (250  grammes  au  lieu 
de  200  grammes,  la  moyenne  normale). 

Les  onze  autres  enfants  de  cette  catégorie  ont  présenté 
dans  leur  développement  la  même  régularité  que  ceux  dont 
les  mères  étaient  saines,  et,  il  faut  remarquer  que  toutes  les 
femmes  soumises  au  sulfiite  de  quinine,  ont  pris,  en  très 
grande  majorité,  pendant  4  ou  5  jours,  des  doses  variant 
entre  0,75  centigr.  et  1  gr.  50  dans  deux  cas. 

Enfin,  pas  une  seule  fois  je  n'ai  observé  de  symptômes 
d'intoxication.  Il  n'y  a  pas  eu  un  seul  cas  de  diarrhée. 

Je  crois  donc  pouvoir  conclure  que  le  sulfate  de  quinine, 
bien  que  passant  dans  le  lait,  ne  s'y  retrouve  pas  en  quantité 


340     INFLUENCE  DU  SULFATE  DE  QUININE  DANS   LE  LAIT 


suffisante  pour  agir  défavorablement  sur  la  santé  des  nour- 
rissons. 

Cette  conclusion  ne  peut  s  appliquer  d'ailleurs  qu'aux  cas 
où  ce  médicament  a  été  administré  à  des  doses  modérées. 
Mes  recherches  ne  me  permettent  pas  de  préciser  le  danger 
qui  pourrait  survenir  à  la  suite  de  l'administration  de  doses 
très  considérables. 

Je  n'ai  pas  la  prétention  d  avoir  élucidé  complètement 
cette  question,  les  maladies  graves  de  la  mère  et  surtout 
l'insuffisance  fonctionnelle  des  émonctoires,  pouvant,  dans 
certains  cas,  augmenter  les  chances  d'intoxication.  Mais  je 
considère  comme  prouvé  que  ce  serait  un  grand  tort  de  re- 
noncer, dans  la  pratique,  à  employer  chez  les  nourrices  un 
médicament  aussi  actif  et  aussi  utile  que  le  sulfate  de  qui- 
nine, et  de  céder  à  des  craintes  absolument  imaginaires,  qui 
ne  sont  basées  sur  aucune  observation  précise. 

N«  1.  —  Garçon  de  4150  gr.  La  mère  est  multipare.  Bonne  nour- 
rice. Septicémie  légère.  Le  sulfate  de  quinine  n  a  pas  été  retrouvé 
dans  le  lait  recueilli  deux  heures  après  rabsorption  du  médi- 
cament. 

N       1       2       3       4        5       G       7 


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Les    leitres  SQ  et  les  chiffres  marqués  Uaiiâ  Ki*  coloniif^^  des  différente 
tableaux  indiquent  les  doses  de  sulfate  de  quinine  administrées  à  la  nourrice. 


OUI 


341 


No 


2.  —  Garçon  de  2480  gr.  Mère  très  indocile  :  est  sortie  pour 
K      i      o      o       A       K         éviter  que  son  enfant  fût  mis 
^       ^      ^         dans    la  couveuse.    Insuffi- 
sance de  la  sécrétion  lactée. 
Allaitement  mixte. 
25Q()     1^      j  */.o«^|  w.»,.|       |^.«r.rprT^         Analyse   :   Urines  renfer- 
mant de  grandes  quantités 
de  sulfate  de  Quinine.  Le  lait 

2450     I I  "^  I       [       [        I        I     recueilli  3  heures  après  l'ab- 

^ sorption   de  75  centigr.   de 

^r — sulfate  de  quinine,  l'enfant 

2400     — *- \ n'ayant  pas  teté,  ne  renferme 

que  des  traces  douteuses  du 
médicament.    La   dose    de 

2360     I 1 1        I  ^^  I        1^   I      1  gr.  50  marquée  au  5*»  jour 

a  été  administrée  par  erreur. 

,        ,        ,       ,       III      ^^^   ^^^®   ^^   ^»^^  centigr. 
2300    I       I        I       I       I 1 1      prescrite  le  matin,  et  absor- 
bée à  ce  moment,   fut  par 
confusion   renouvelée   à   la 
visite  du  soir. 

N»  4.  —  Fille  de  3265  gr.  Lait  recueilli  4  heures  après  Tabsorp» 
tion  de  80  centigr.  de  sulfate  de  quinine,  l'enfant  ayant  fait  une 
tetée.  On  ne  trouve  pas  traces  du  sel  quinique  dans  le  lait.  Les 
urines  en  contiennent  une  quantité  très  appréciable. 

N123        456789       10 


3050 

3000 

2950 

2900 

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2750 

2700 

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342     INFUJSKÛK  BU  SULtFATË  DE  QUININE    DANS  LE  LAIT 


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3600 
3550 
3500 
3450 
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3350 
3300 
3250 
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00 

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Km 

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3200 
3150 

31C0 
3050 
3000 
2950 


N*>  8.  —  Garçon 
de  27C0  gr.  Le  7* 
jour,  dose  de  I  g.  55 
donnée  par  erreur. 
Lait  recueilli  2  h. 
après  Tabsorption 
de  0,80  de  sulfate 
de  quinine.  Ce  lait 
ne  renferme  que  de 
très  faibles  quan- 
tités du  médica- 
ment. De  dosaçes 
comparatifs  fait[s 
avec  du  lait  normal 
additionné  de  sul- 
fate de  quinine,  il 
résulte  c^ue  le  lait 
examiné  ne  renfer- 
me cas  plus  de  2  à 
3  milligr.  de  sul- 
fate de  quinine  par 
100  c.  c. 


niciiELOT  3S3 


DE  L'INTERVENTION  CHIRURGICALE 
DANS  LES  GRANDES  NÉVRALGIES  PELVIENNES  (1; 

Far  L.-«.  Richclot. 


On  a  discuté  récemment,  au  Congrès  gynécologique  de 
Bruxelles,  les  suppurations  du  petit  bassin  et  leur  traite- 
ment chirurgical.  On  a  parlé,  chemin  faisant,  des  affections 
non  suppurées.  Mais  il  y  a  un  point  sur  lequel  on  n'a  fait 
aucune  digression,  sans  doute  parce  qu'il  n'était  pas  en 
relation  étroite  avec  la  question  proposée,  mais  aussi  parce 
qu'il  n'est  pas  de  sujet  plus  délicat  et  plus  dangereux  à  trai- 
ter :  je  veux  parler  des  névralgies  pelviennes. 

Le  chirurgien  qui  propose  une  opération  pour  combattre 
les  douleurs  sine  materiâ  dont  souffrent  l'utérus  et  les 
ovaires,  prend  une  grave  responsabilité.  Les  femmes  qui  ont 
ces  douleurs  ont  des  organes  sains  ou  peu  malades,  elles 
sont  souvent  jeunes  et  peuvent  avoir  des  enfants  ;  de  sorte 
qu'une  mutilation  n*est  justifiée  que  si  elle  est  absolument 
nécessaire.  Quand  la  femme  a  passé  un  certain  âge,  il  reste 
encore,  pour  modérer  Tardeur  des  chirurgiens  entrepre- 
nants, la  gravité  immédiate  de  Topération  et  Tincertitude  du 
résultat  thérapeutique. 

Il  est  évident  que,  si  les  opérations  radicales  doivent  tou* 
jours  céder  le  pas.  aux  moyens  conservateurs,  tant  que  ceux- 
ci  n'ont  pas  démontré  leur  impuissance,  c'est  bien  en  pré- 
sence des  névralgies  pures  que  cette  loi  trouve  sa  meilleure 
application.  D'ailleurs,  la  phrase  est  toute  faite,  et  il  n'est 
pas  de  chirurgien  qui  propose  d'extirper  un  organe  avant 
d'avoir  «  épuisé  toutes  les  ressources  de  la  thérapeutique  ». 
Le  difficile  est  de  s'entendre  sur  le  moment  précis  où  la  thé- 
rapeutique est  épuisée. 
.  Je  prie  mes  collègues  de  croire  que,  dans  mes  observa- 

il)  Communication  faite  à  la  Société  de  chirurgie  le  2  novembre. 


344     INTERVENTION  DANS  LES  NÉVRALGIES  PELVIENNES 

tions,  les  termes  dont  je  me  sers  sont  exactement  pesés  et 
que  rien  n'est  écrit  à  la  légère.  Quand  je  dis  que  les  douleurs 
sont  violentes  et  continuelles,  qu'il  y  a  un  état  de  nervo- 
sisme  intolérable  ou  une  incapacité  de  travail  absolue,  cela 
ne  veut  pas  dire  quQ  la  malade  pout  encore  travailler  ni 
qu'elle  souffre  modérément.  Cela  veut  dire  que  jeTai  opérée 
parce  que  j'ai  eu  la  conviction  qu'elle  ne  pouvait  guérir  par 
d'autres  moyens.  A  cette  règle  de  conduite,  je  n'admets 
qu'une  réserve.  Nous  sommes  souvent  mis  en  demeure  de 
guérir  par  les  voies  rapides  de  pauvres  femmes  pour  qui 
Féloignement  de  leur  ménage  est  un  désastre,  et  qui  ne  sau- 
raient dire  lequel  de  ces  deux  maux  est  le  plus  funeste,  ou  la 
maladie  elle-même  ou  les  soins  prolongés  qu'elle  exige. 
Pour  elles,  la  chaise  longue  ou  le  repos  au  lit,  les  traite- 
ments d'attente,  les  essais  thérapeutiques  ne  sont  pas  de 
mise.  Nous  sommes  donc  amenés,  à  l'hôpital  et  plus  rare- 
ment en  ville,  à  proposer  des  interventions  que,  plus  libres, 
nous  pourrions  éviter  ou  différer  de  quelques  mois. 
Dans  ces  conditions,  d'où  peuvent  sortir  de  grandes 
imprudences  ou  de  grands  bienfaits,  c'est  à  notre  bon  sens 
de  nous  dire  de  quelles  hardiesses  notre  main  est  devenue 
capable,  et  à  notre  conscience  de  nous  éclairer  sur  les 
entreprises  légitimes. 

J'ai  noté  avec  soin  Tâge  des  malades,  le  nombre  de  leurs 
enfants  et  de  leurs  fausses  couches,  afin  qu'on  apprécie 
dans  quelle  mesure  l'ablation  des  organes  peut  être  considé- 
rée comme  un  sacrifice. 

Enfin,  je  déclare  expressément  n'avoir  en  vue  que  les 
névralgies  pelviennes,  c'est-à-dire  les  phénomènes  doulou^ 
reux  graves,  permanents,  rebelles,  qui  ont  pour  siège  l'uté- 
rus et  les  ovaires,  ne  correspondent  à  aucune  lésion  définie, 
et  s'accompagnent  d'un  état  névropathique  plus  ou  moins 
accentué.  Je  ne  sais  comment  faire,  parmi  les  nerveuses,  des 
catégories  nettes  et  tranchées  ;  mais  mon  intention  formelle 
est  de  laisser  de  côté  l'hystérie  vraie,  à  grandes  attaques, 
sans  localisations  douloureuses  dans  le  petit  bassin. 


RIGHELOT  345 

J'ai  eu  cependant  un  beau  succès,  par  la  castration  ova- 
rienne, chez  une  femme  dont  j*ai  raconté  l'histoire  au  Congrès 
de  chirurgie  (i).  II  s'agissait  d'un  cas  vraiment  désespéré, 
sans  douleurs  pelviennes,  avec  grandes  attaques,  tentatives 
de  suicide,  etc.  Les  circonstances  m*ayant  amené  à  tenter 
Topération,  la  malade  fut  absolument  transfigurée  ;  elle  devint 
calme,  sérieuse,  exempte  de  tout  phénomène  nerveux,  et  sa 
guérison,  qui  pouvait  être  considérée  comme  une  rémission 
trompeuse,  ne  s'est  pas  démentie  depuis  trois  ans.  Mais  un 
fait  pareil  est  exceptionnel  et  en  désaccord  avec  beaucoup 
d'autres  faits  ;  j'ai  dû  l'entourer  des  réserves  les  plus  formel- 
les, j'ai  dû  me  défendre  de  vouloir  le  généraliser  tant  soit 
peu,  prévoyant  les  attaques  dont  il  devait  être  l'objet,  et  qui 
d'ailleurs  n'ont  pas  manqué  de  se  produire. 

Pour  les  névralgies,  la  question  n'est  plus  la  même.  On 
aura  beau  s'étonner  qu'un  chirurgien  enlève  des  ovaires 
douloureux  tandis  qu'il  n'ampute  pas  un  bras  pour  une  dou- 
leur de  l'épaule  ;  on  aura  beau  dire,  pour  expliquer  les  suc- 
cès de  l'intervention,  qu'avec  les  nerveuses  il  faut  s'attendre 
à  tout,  qu'elles  guérissent  à  propos  d'une  opération  comme 
à  propos  de  rien,  quand  on  s'occupe  d'elles  et  qu'on  les  satis- 
fait; pour  moi,  si  une  femme  a  été  longuement  traitée,  si  on 
la  satisfaite  ou  martyrisée  par  tous  les  moyens  sans  calmer 
sa  douleur,  si,  clouée  dans  son  lit  avant  l'opération,  elle  voit 
après. celle-ci  disparaître  son  mal,  se  lève  et  reprend  la  vie 
commune,  il  m'est  bieii  difficile  de  ne  pas  considérer  cette 
transformation  comme  un  résultat  positif  et  un  bienfait  de 
la  chirurgie. 

La  question  posée  en  ces  termes,  il  est  bien  entendu  que  je 
veux  parler  des  grandes  interventions  contre  les  grandes 
douleurs  :  laparotomie  ou  hystérectomie  vaginale. 

La  première  peut  rester  purement  exploratrice,  ou  mener 
à  la  rupture  de  simples  adhérences,  à  la  résection  partielle 


(1)  Congrès  français  de  chirurgie,  6«  seBsion,  1891,  p.  201. 


346      INTERVENTION  DANS   LES   NÉVRALGIES   PELVIENNES 

d'un  ovaire,  à  la  castration  unilate5rale,  enfin  à  l'extirpation 
double  des  ovaires  et  des  trompes.  De  son  côté,  Thystérec- 
tomie  vaginale  peut  être  bornée  à  Tablation  de  Tutérus  ou 
comprendre  en  même  temps  les  annexes. 

Parmi  toutes  ces  farons  d'agir,  la  plus  réservée  peut  vain- 
cre des  accidents  graves,  et  la  plus  radicale  manquer  son 
but,  tant  sont  bizarres  et  capricieux  les  troubles  dont  il  s*agit. 
Mais  les  opérations  complètes  et  rationnelles  donnent  le  plus 
souvent  de  bons  résultats,  et  c'est  ce  que  je  veux  démontrer. 

Toutes  les  batailles  se  sont  livrées  jusqu'ici  autour  de  la 
laparotomie,  les  uns  publiant  des  faits  indéniables  de  gué- 
rison,  les  autres  s'appuyant,  pour  la  condamner,  sur  des 
échecs  thérapeutiques  non  moins  réels.  Or,  à  mon  sens,  elle 
ne  mérite  ni  enthousiasme  ni  réprobation  ;  les  exemples  que 
je  vais  citer  en  font  foi.  On  y  verra  comment  elle  peut  réus- 
sir et  donner  la  guérisou  durable;  comment  elle  peut  sus- 
pendre un  instant  et  laisser  revenir  les  accidents  nerveux, 
ce  que  faisaient  prévoir  les  conditions  anatomo-physiologi- 
ques  des  organes  pelviens  ;  comment  enfin  Ihystérectomie 
vaginale,  cette  nouvelle  venue  dans  la  thérapeutique  des  af- 
fections non  cancéreuses  du  petit  bassin,  peut  compléter  son 
œuvre  quand  elle  est  restée  impuissante,  ou  fournir  d'emblée 
des  résultats  supérieurs. 

1)  J'aî  des  nouvelles  récentes  d'une  malade  opérée  à  28  ans,  le 
22  octobre  18iH.L  Elle  avait  un  enfant  de  7  ans  et  était  malade  de- 
puis cinq  années,  avec  des  perles  blanches,  des  niétrorrhagies 
répétées,  des  douleurs  violentes,  toujours  nettement  localisées  du 
côté  gauche.  On  ne  sentait  pas  d'annexés  volumineuses,  mais 
l'examen  éveillait  une  très  vive  sensibilité.  Par  Tincision  abdomi- 
nale, je  trouvai  à  droite  un  ovaire  un  peu  gros,  sans  adhérence, 
et  une  trompe  normale  ;  après  ablation,  j'arrivai  à  découvrir  dans 
le  tissu  ovarien  deuxoa  trois  petits  kystes  insignifiants.  A  gauche, 
là  ôû  je  m'attendais  a  trouver  des  lésions  positives,  rien:  petit 
ovaire  sain^  trompe  saine,  si  bien  que  je  les  ropla^tVi  dans  l'abdo- 
men. CVtait  sans  <loute  un  scrupul»^  exagéré  dans  l'espèce,  et 
môme  une  imprudence.  Mais  je  n'eus  pas  à  m'en  repentir;   la 


HIGHELOT  347 

malade  fut  guérie  instantanément  et  complètement.  Avant  de 
quitter  Avignon  c'était  une  impotente,  immobilis(^e  à  chaque  ins* 
tant  et  condamnée  par  tout  le  monde  ;  on  la  croyait  morte,  quand 
elle  annonça  son  retour  de  Paris  ;  on  vint  la  chercher  à  la  gare 
avec  une  voiture,  pensant  qu'elle  ne  pouvait  marcher,  mais  elle 
rentra  chez  elle  d'un  pas  ferme,  à  la  stupéfaction  générale.  Ainsi, 
la  castration  unilatérale  portant  sur  un  ovaire  à  peu  près  sain, 
non  sensible,  et  épargnant  Tovaire  douloureux,  avait  fait  dispa- 
paraitre  une  névralgie  rebelle,  vieille  de  cinq  ans  et  sans  aucune 
lésion  matérielle. 

ô)  J*ai  revu  dernièrement  une  fille  de  23  ans,  opérée  le  10  mars 
1891.  {"auBse  couche  à  17  ans  ;  grande  nerveuse,  longtemps  soi-* 
gnée  à  Thôpital,  ayant  des  attaques  fréquentes  et  une  humeur 
capricieuse,  rendant  la  vie  intolérable  à  ceux  qui  l'entouraient,  et 
qu'on  n'osait  plus  laisser  sortir.  Elle  avait  une  sensibilité  ova- 
rienne excessive,  prise  dans  un  service  de  médecine  pour  une 
salpingite  grave.  Laparotomie  d'un  quart  d'iieure,  ablation  d'ovai- 
res sains  et  mobiles,  cessation  complète  des  douleurs  et  des  trou- 
bles nerveux.  Aujourd'hui,  elle  est  tranquille,  elle  vit  régulière- 
ment, elle  travaille  et  la  guérison  ne  s'est  pas  démentie. 

8)  Enfin,  j'ai  retrouvé  le  18  octobre  dernier  une  religieuse  de 
27  ans  dont  j'avais  perdu  la  trace  après  lui  avoir  enlevé  des 
ovaires  sans  lésions  le  6  mai  1890.  Elle  soutirait  depuis  cinq  ans  d'une 
névralgie  pelvienne  qui  Tempôchait  de  marcher  et  de  vaquera  ses 
ocupations,  la  tenait  au  lit  la  majeure  partie  de  son  temps,  reve- 
nait par  crises  violentes  sans  la  quitter  jamais,  et  s'accompagnait 
de  métrorrhagies  abondantes.  J'en  avais  eu  de  bonnes  nouvelles 
pendant  quelques  mois  après  l'opération;  je  sais  maintenant 
qu'elle  est  toujours  guérie  et  complètement  débarrassée  de  ses 
doulAurs. 

Parmi  les  cas  où  j'ai  moins  bien  réussi  par  la  voie  sus- 
pubienne,  il  y  en  a  qui  datent  d'une  époque  antérieure  aux 
applications  nouvelles  de  rhystérectomie  vaginale,  et  d'au- 
tres plus  récents  où  j*avais  des  raisons  —  j'en  aurais 
encore  aujourd'hui  —  pour  choisir  rincision  abdominale, 
c'est-à-dire  une  opération  d'abord  exploratrice  et  qui  per- 
met d'éviter  les  sacrifices  iautilei5. 


348     INTERVENTION  DANS  LES  NÉVRALGIES  PELVIENNES 

4)  Une  jeune  fille  de  20  ans  m'est  amenée  par  sa  mère  ;  toutes 
deux  sont  à  bout  de  patience  et  préparées  à  tout.  La  jeune  fille 
est  vierge,  elle  a  des  organes  parfaitement  sains  d'apparence  ; 
mais,  depuis  Tâge  de  13  ans,  elle  a  des  ménorrhagies  prolongées» 
douloureuses,  et  no  peut  faire  aucun  travail,  a  Enlevez-lui  la 
grappe  »,  me  dit  la  mère.  Naturellement,  je  me  fais  prier  ;  je  la 
tiens  en  observation,  je  fais  une  dilatation  et  un  curage  inutiles; 
enfin,  à  la  longue  et  sur  de  nouvelles  instances,  je  me  décide  à 
intervenir.  Naturellement  encore,  je  préfère  la  laparotomie,  par 
laquelle  j'éviterai  toute  mutilation  ou  la  ferai  aussi  restreinte 
que  possible.  L'incision  me  conduit  sur  deux  ovaires  polykysti- 
ques,  absolument  dégénérés,  sans  un  atome  de  tissu  normal  ;  je 
les  enlève  sans  scrupule  (26  mars  1891).  Les  hémorrhagies 
s'arrêtent,  mais  la  douleur  revient  au  bout  de  quatre  mois  et  per* 
siste  aussi  vive,  si  bien  qu'il  faut  en  venir  à  l'extirpation  de 
l'utérus  (14  juin  1892).  Aujourd'hui  la  jeune  fille  est  parfaitement 
guérie.  Donc,  le  sacrifice  était  nécessaire^  et  j'aurais  eu  avantage  & 
faire  immédiatement  Thystérectomie  vaginale.  Mais  il  faut  avouer 
que  je  n'en  savais  rien  ;  aucun  signe  ne  me  prouvait  la  dégéné- 
rescence des  ovaires,  et  c'était  bien  le  moins,  chez  une  vierge  de 
20  ans,  de  ne  pas  choisir  d'emblée  le  chemin  qui  conduit  à  la 
suppression  des  fonctions  génératrices. 

5)  Une  femme  de  35  ans  souffre  cruellement,  et  depuis  neuf 
années,  au  niveau  de  l'ovaire  gauche  ;  règles  fréquentes  et  extrê- 
mement pénibles.  C'est  une  mère  de  famille  au  caractère  doux, 
régulier,  docile,  n'ayant  pas  les  allures  d'une  hystérique,  néan- 
moins très  hypnotisable  ;  quand  elle  souffre  trop,  elle  vient 
demander  à  son  médecin  de  l'endormir  pour  obtenir  quelque  sou-* 
lagement.  Je  ne  lui  trouve  rien  d'anormal  dans  les  annexes, 
Futérus  est  à  peu  près  sain.  La  persistance  et  l'acuité  de  la  douleur 
déterminent  son  médecin  et  elle-même  à  recourir  à  la  chirurgie; 
la  fixité  de  ce  symptôme,  toujours  à  gauche^  m'engage  A  une 
castration  unilatérale,  que  j'entreprends  sans  avoir  un  diagnostic 
absolu,  mais  croyant  plutôt  à  un  ovaire  altéré.  Je  trouve  deux 
organes  d'une  intégrité  parfaite  ;  je  laisse  le  droit  et  j'enlève  le 
gauche,  qui  est  de  volume  ordinaire,  sans  adhérences,  et  dont  la 
coupe  nous  montre  un  tissu  normal  avec  le  corps  jaune  de  la  der- 
nière menstruation.  Le  confrère  qui  m'avait  amené  cette  malade 
était  presque  confus  de  m'avoir  poussé  à  une  opération  qui  main- 


RICHELOT  349 

tenant  lui  semblait  à  peine  justifiée.  Néanmoins,  la  douleur  fut 
supprimée  pendant  sept  ou  huit  mois.  Malheureusement,  les  règles 
venaient  encore  trop  souvent,  presque  tous  les  quinze  jours,  et  je 
me  repentais  d'avoir  épargné  l'autre  ovaire  ;  puis  la  névralgie 
reparut  à  son  tour,  aussi  vive  et  aussi  rebelle,  ce  qui  nous  con- 
duisit, le  5  décembre  1891,  à  une  hystérectomie  vaginale  secon- 
daire suivie  d'une  guérison  complète. 

6)  J'ai  traité  avec  la  même  réserve,  le  10  octobre  1891,  une  fille 
de  28  ans,  habituée  à  la  morphine  et  ayant  une  douleur  extrême 
et  permanente  au  niveau  deTovaire  gauche,  mais  chez  laquelle  un 
minutieux  examen  ne  me  révélait  rien  d'anormal.  Après  plusieurs 
séjours  inutiles  dans  des  services  de  médecine,  la  chirurgie  était 
mise  en  demeure  d'intervenir  ;  sa  famille  et  ses  médecins  croyaient 
à  des  lésions  graves,  et  me  demandaient  une  opération  radicale, 
qu'elle-même  désirait  ardemment.  Mais  je  ne  me  souciais  pas  d'aï* 
1er  si  vite,  je  voulais  voir  ses  ovaires  et  ne  l'en  priver  qu'à  bon 
escient  ;  je  voulais  exploiter  la  confiance  qu'elle  avait  dans  Topé- 
ration,  en. me  bornant,  si  possible,  à  une  de  ces  laparotomies 
exploratrices  qui  donnent  quelquefois  des  résultats  inattendus. 
Je  trouvai  l'ovaire  gauche,  où  existait  la  douleur,  absolument 
sain  ;  le  droit  avait  le  même  aspect,  mais  il  était  allongé  par  un 
petit  kyste  occupant  son  extrémité  externe  et  doublant  son  volume. 
C'était  un  vieux  corps  jaune  rempli  de  sérosité  ;  je  l'enlevai  et 
suturai  le  tissu  avec  du  catgut,  puis  je  bornai  là  mon  intervention, 
et  la  malade  garda  ses  deux  ovaires.  Sortie  de  l'hôpital,  elle 
retourna  en  province,  eut  les  mêmes  douleurs  et  se  remit  à  la 
morphine,  dont  elle  fit  un  tel  abus  qu'elle  devint  blafarde,  sans 
appétit,  sans  sommeil  et  sans  forces.  Bientôt  elle  me  fut  ramenée 
dans  un  état  pitoyable,  et  je  ne  vis  plus  d'autre  parti  à  prendre 
que  celui  auquel  je  m'étais  refusé  d'abord  :  l'hystérectomie.  J'en- 
levai l'utérus  en  quelques  minutes  (2  juin  18D2).  Dès  ce  moment, 
la  malade  ne  soullrit  plus,  et,  paraissant  déshabituée  do  la  mor- 
phine, elle  prit  dans  mon  service  le  métier  d'infirmière,  qu'elle 
exerça  tout  d'abord  avec  zèle  et  sans  se  plaindre.  Malheureuse- 
ment, l'amour  de  la  morphine  datait  chez  elle  de  trop  loin  pour 
s'éteindre,  et  bientôt  je  découvris  que,  malgré  rabsenco  de  dou- 
leurs pelviennes,  elle  continuait  de  s'empoisonner.  Je  ne  pourrai 
donc  jamais  vous  montrer  en  elle  une  malade  guérie  par  mon 
intervention  ;   et  je  ne  rapporte  le  fait  qu'au  point  de  vue  des 


350  INTERVENTION  DANS  LES  NÉVRALGIES  PELVIENNES 

indicaiioûs  respectives  de  la  laparotomie  et  de  rhyAtérectomie 
vaginale.  Ici,  la  réserve  que  j'avais  apportée  dans  mes  actes,  en 
évitant  d'abord  une  mutilation,  a  manqué  son  but,  et  j'aurais  pu 
aller  plus  vite  en  besogne  ;  mais  je  ne  crois  pas  avoir  eu  tort  de 
procéder  avec  lenteur  et  de  me  laisser  forcer  la  main  par  une 
situation  de  plus  en  plus  grave  et  compromettant  la  vie.  J'aurais 
pu  agir  autrement  si  Tàge  de  la  malade  m'avait  imposé  moina  de 
ménagements,  ou  si,  dès  le  début,  son  état  physiologique  m'avait 
paru  désespéré. 

Je  pourrais  citer  d'autres  faits,  si  Je  ne  craignais  les  redi- 
tes inutiles;  car  j'ai  fait  15  fois  ïhystéreclomie  vaginale 
secondaire  sur  des  malades  incomplètement  guéries  par  la 
castration  ovarienne.  Sur  ce  nombre,  j'en  mets  trois  à  part 
chez  qui  la  laparotomie,  faite  pour  des  lésions  matérielles 
sérieuses  (salpingoovariteavecmétrorrhagies,  pyosalpinx), 
avait  laissé  après  elle  de  gros  utérus  fongueux  et  saignants, 
rétrofléchis,  adhérents  au  cul-de-sac  de  Douglas,  et  des  dou- 
leurs qui  n'étaient  pas  de  la  névralgie  pure.  Mais  il  y  en  a 
sept  chez  qui  la  névralgie  est  seule  à  considérer,  car  leurs 
annexes  étaient  presque  saines  ;  trois  d'entre  elles  avaient 
gardé  un  utérus  congestionné,  hémorrhagiquo,  et  les  autres 
un  utérus  petit,  atrophié  et  purement  douloureux.  Enfin,  il  y 
en  a  cinq  que  j'avais  opérées  pour  des  lésions  positives,  mais 
qui  n'avaient  aucun  reliquat  inflammatoire,  leurs  utérus 
étaient  petits  et  mobiles  avec  une  muqueuse  saine,  et  cepen- 
dant elles  souffraient  cruellement,  preuve  que  l'élément 
névralgique  dominait  la  situation.  Or,  toutes  ces  malades  — 
avec  la  seule  réserve  que  j'ai  dû  ftiire  au  sujet  d'une  morphi- 
nomane—  sont  aujourd'hui  parfaitement  guéries. 

Voilà  des  observations  qui  montrent  que  l'utérus  laissé  en 
place  peut  être  une  entrave  à  la  guérison,  et  son  ablation 
mettre  fin  à  des  maux  que  la  suppression  des  ovaires  n'avait 
pas  dissipés.  Mais,  encore  une  fois,  cela  ne  veut  pas  dire  qu'il 
eût  fallu,  dans  tous  ces  cas,  faire  d'emblée  rhystérectomie  ; 
car  il  peut  être  sage,  pour  des  raisons  multiples,  de  corn* 
mencer  par  une  laparotomie  discrète  et  n'entraînant  qu'un 
sacrifice  limité. 


RICHELOT  351 

Je  vais  maintenant  rapporter  des  exemples  d'hystérecto- 
mîes  vaginales  entreprises  d'emblée  contre  les  grandes  névral- 
gies pelviennes.  Il  y  a  longtemps  que  j'ai  pensé  aux  avantages 
que  pourrait  avoir  une  extirpation  complète.  On  l'a  vu  par 
un  fait  bien  antérieur  aux  discussions  actuelles,  puisqu'il 
date  du  10  octobre  1887. 

7)  C'était  une  fille  de  27  ans,  qui,  avant  de  me  tomber  entre  les 
mains,  avait  déjà  subi  plusieurs  opérations,  curage,  raccourcisse- 
ment des  ligaments  ronds,  et  qui  souffrait  toujours.  Elle  n'avait 
ni  métrite,  ni  déviation,  ni  tuméfaction  péri  utérine,  et  la  douleur 
n'avait  pas  de  localisation  précise.  L'ablalion  des  ovaires  seuls  me 
parut  de  valeur  douteuse  contre  cette  névralgie  sine  tnateriây  et 
je  résolus  d'enlever  l'utérus  et  les  annexes  par  la  voie  vaginale. 
Avant  mon  intervention,  elle  était  dans  un  état  pitoyable,  elle  ne 
pouvait  ni  marcher  ni  à  peine  sortir  de  son  lit;  aussitôt  après, 
elle  fut  engagée  comme  infirmière.  A  deux  reprises,  et  à  quelques 
mois  d'intervalle,  elle  accusa  des  douleurs  dans  le  ventre  et  prit 
un  lit  pendant  huit  j  urs  dans  le  service  de  Landouzy,  à  l'hôpital 
Tenon.  Elle  n'avait  aucun  accident  sérieux,  mais  au  toucher,  le 
doigt  causait  de  la  douleur  en  arrivant  sur  la  cicatrice;  et  Lan- 
douzy, qui  ne  la  connaissait  pas  avant  l'opération  et  n'avait  d'au- 
tres renseignements  que  les  miens  sur  les  grands  symptômes  de 
cette  époque,  me  disait  :  «  Elle  nous  débite  aujourd'hui  la  menue 
monnaie  des  accidents  nerveux  qu'elle  a  présentés  jadis  ».  Après 
quelques  jours  de  repos,  elle  reprenait  son  dur  métier  et  s'en 
acquittait  sans  fatigue.  Le  second  orage  passé,  il  ne  fut  plus  ques- 
tion ni  d'état  nerveux  ni  de  soulYrances  locales;  je  la  revis  souvent, 
bien  portante  et  travaillant  toujours;  enfin,  deux  ans  plus  tard, 
elle  partit  pour  la  campagne,  d'où  elle  m'écrivit  pour  me  demander 
la  permission  de  se  marier.  Il  ne  s'agit  donc  pas  d'une  femme  qui, 
toujours  nerveuse  et  mal  guérie,  serait  de  guerre  lasse  retournée 
dans  son  pays  pour  y  retrouver  le  calme  et  la  sarité,  mais  bien  d'une 
malade  que  la  chirurgie  a  mise,  du  jour  au  lendemain,  en  état  de 
travailler  activement,  et  qui  longtemps  après,  pour  des  raisons 
toutes  personnelles,  a  quitté  Paris  et  continue  là-bas  de  se  bien 
porter. 


352     INTERVENTION  DANS  LES  NÉVRALGIES  PELVIENNES 

Tels  sont  les  termes  ne  varietur  de  cette  observation,  que 
je  tenais  à  fixer  parce  qu'ils  montrent  la  valeur  de  Thysté- 
reclomie  vaginale  contre  des  accidents  que  d'autres  soins  et 
même  des  opérations  n'avaient  pu  guérir,  et  afin  qu'ils  ne 
puissent  être  altérés  légitimement  à  Tavenir,  même  sans 
mauvaise  intention  et  dans  Tentrainement  d'une  cause  à 
défendre. 

Depuis  les  succès  récents  de  Thystérectomie  vaginale,  j'y 
suis  revenu  et  Tai  faite  plusieurs  fois  sur  la  même  indication, 
alors  que  lôs  circonstances  la  rendaient  légitime,  et  ayant 
toujours  ridée  qu'elle  me  donnerait  des  résultats  plus  sûrs 
que  l'ablation  des  ovaires  seuls. 

8)  Le  19  mai  1891,  femme  de  33  ans  qui,  depuis  une  première 
couche  heureuse  à  l'âge  de  20  ans,  a  été  enceinte  deux  fois  et  n'a 
pu  mener  ses  grossesses  à  terme  ;  ménorrhagies,  douleurs  névral- 
giques  violentes  et  continuelles  sans  lésion  apparente,  sensibilité 
extrême  à  lexamen,  constipation,  état  nerveux.  Elle  s'est  fait  soi- 
gner depuis  longtemps,  mais  comme  peuvent  le  faire  les  •  ménagè- 
res 9  qui  fréquentent  nos  services.  Faut-il  la  faire  venir  à  Thôpital 
de  semaine  en  semaine,  pour  lui  donner  des  conseils  illusoires  et 
des  remèdes  ineflicaces?  Les  souffrances,  qui  durent  depuis  la  pre- 
mière fausse  couche,  en  1889,  n'ont  rien  de  banal  et  ne  ressemblent 
pas  aux  douleurs  ordinaires  de  la  métrite  ;  elles  contrastent  singu- 
lièrement avec  rinté^^^rité  anatomique  des  organes;  leur  intensité 
et  leur  permanence  me  décident  à  enlever  l'utérus  mobile,  les  trom- 
pes saines,  les  ovaires  contenant  une  ou  deux  petites  vacuoles 
insigniiiantes.  L  opération  réussit  pleinement,  et  nous  revoyons  la 
malade  à  la  lin  de  Tannée,  très  bien  portante  et  ne  se  plaignant 
de  rien.  Malheureusement,  je  n'ai  pas  de  nouvelles  plus  récente», 
car  elle  a  changé  de  domicile  et  j'ai  perdu  sa  trace. 

9)  Le  ir>  octobre  1891,  fenimo  de  î20  ans,  un  enfant  et  deux  faus- 
ses couches;  «loiilf'urs  abdominales  progressives  depuis  sept  ans, 
ayant  umoné  un  éuit  de  nervo^i^mo  intolérable.  Ici  les  soins  n'ont 
pas  manqué  ;  la  mulu'lr»  e>t  domestique  dans  xm  cliAteau,  choyée 
par  une  maltre>se  bi«Mïveillante  et  dirijjfén  par  un  médecin  des  plus 
éclairés,  mais  rien  n'a  pu  réussir.  L*inten»ité  du  mal  a  fait  croire 
à  une  pyosalpingite  ;  les  cuU-de  sac  vaginaux  sont  très  sensibles, 


RIGHELOT  353 

mais  sans  tumeur  ni  empâtement.  L'opération  est  faite  en  un  quart 
d'heure  :  utérus  volumineux,  trompes  et  ovaires  à  peu  près  sains. 
Retournée  dans  son  pays,  la  malade  se  plaint  encore  un  peu  ;  mais  en 
novembre,  «  elle  n*a  plus  de  douleurs,  elle  mange  et  dort  très  bien  ». 
Dans  le  cours  de  l'année  1892,  à  diverses  reprises  elle  m'annonce 
des  troubles  nerveux  et  sa  prochaine  arrivée  à  Paris  ;  mais  elle  ne 
vient  pas.  Je  la  vois  enfin  le  23  octobre  1892  :  elle  est  bien  por- 
tante et  n'a  plus  trace  de  névralgie  pelvienne.  Seulement,  toujours 
nerveuse,  elle  se  plaint  d'une  douleur  singulière  autour  de  l'ombilic, 
qui  «  Tempèche  de  s'asseoir  »  et  contre  laquelle  je  dirige  en  ce 
moment  une  thérapeutique  des  plus  inoUensives. 

10)  Le  17  novembre  1891,  femme  de  41  ans,  deux  grossesses  nor- 
males et  une  fausse  couche.  Après  avoir  eu  des  attaques  d'hysté- 
rie dans  sa  jeunesse,  elle  est  restée  très  nerveuse,  et  a  eu  des  dou- 
leurs vives  depuis  son  premier  accouchement.  Les  règles  sont 
anormales  :  aménorrhée  complète  de  février  en  mars,  et  depuis 
cette  époque,  métrorrhagies  peu  abondantes  mais  à  peu  près  con- 
tinues. Il  y  a  de  plus  des  troubles  dyspeptiques,  des  vomissements 
opiniâtres,  une  incapacité  de  travail  absolue.  De  nombreux  méde- 
cins l'ont  traitée  avec  acharnement,  mais  ce  qui  parait  avoir 
dominé,  c'est  la  cautérisation  répétée  de  prétendus  ulcères  du  col. 
L'état  névropathique  s'est  encore  accentué  depuis  quelques  mois; 
la  malade  croit  avoir  une  tumeur,  elle  est  sans  courage  et  sans 
forces.  Devant  cette  pénible  situation,  et  malgré  l'absence  de  lé- 
sions pelviennes,  je  n'hésite  pas  à  prendre  les  voies  rapides,  en 
enlevant  l'utérus  et  les  annexes.  L'opération,  très  facile  et  de 
onze  minutes  de  durée,  est  suivie  d'une  prompte  guérison  ;  la  dys- 
pepsie, les  douleurs  pelviennes  et  avec  elles  le  découragement  dis- 
paraissent; je  revois  la  malade  le  18  mai  1891  en  parfait  état,  elle 
ne  souffre  plus  et  s'applaudit  sans  réserves  d'avoir  subi  l'opération. 

11)  Le  21  novembre  1891,  femme  de  28  ans,  trois  enfants.  Il  se- 
rait difficile,  je  crois,  de  trouver  un  cas  plus  démonstratif  que 
celui-ci  en  faveur  de  l'intervention  chirurgicale.  La  malade  est, 
depuis  huit  ans,  presque  toujours  couchée;  la  souffrance  est  si 
grande  qu'elle  peut  à  peine  quitter  son  lit  quelques  heures  de 
suite  et  qu'elle  marche  pliée  en  deux.  Les  règles,  très  diminuées 
aujourd'hui,  étaient  fort  abondantes  et  constamment  douloureuses; 
les  trois  grossesses  ont  eu  lieu  dans  ces  conditions  et  se  sont  heu- 
reusement terminées.  Depuis  deux  ans,  elle  ne  se  lève  plus  du 

uns.  Di  OTN.  —  Tou  zxxvni  28 


354     INTERVENTION  DANS  LES  NÉVRALGIES  PELVIENNES 

tout;  elle  se  nourrit  à  peine  et  a  beaucoup  maigri.  Toutes  les 
ressources  de  la  thérapeutique  ont  été  épuisées  ;  on  l'a  portée  en 
Suisse,  mais  elle  n'a  retiré  du  voyage  aucun  profit.  Félizet,  l'ayant 
vue  en  province,  a  constaté  chez  elle  une  forme  grave  d'hystérie, 
avec  douleurs  pelviennes  excessives,  antéflexion  mobile,  crises 
vésicales  sans  lésions  de  l'appareil  urinai re.  Quelques  mois  après 
cet  examen,  elle  vient  à  Paris  et  se  remet  entre  mes  mains  ;  je  lui 
trouve  un  utérus  petit  et  mobile,  penché  en  avant,  une  sensibilité 
exquise  du  tissu  utérin,  des  culs-de-sac  vaginaux  et  de  la  paroi 
abdominale  au  niveau  des  fosses  iliaques,  le  moindre  contact  pro- 
voquant des  nausées  ;  une  cystalgie  violente  revenant  par  accès, 
avec  fréquence  des  mictions  et  sans  altération  de  l'urine.  Elle 
est  faible,  pâle,  immobile  dans  son  lit  et  se  nourrit  d'un  peu  de 
lait  et  de  bouillon. 

L'opération  est  faite  avec  l'assistance  de  Félizet,  et  dure  dix 
minutes  ;  ablation  intégrale  de  l'utérus  et  des  annexes.  Le  troi- 
sième jour,  elle  n'a  plus  l'air  d'une  opérée,  à  peine  d'une  malade  ; 
elle  boit  du  Champagne,  du  lait  stérilisé,  accepte  bientôt  des  ali- 
ments solide»,  ne  souffre  plus  à  la  palpalion,  oublie  sa  vessie, 
reprend  des  couleurs  et  des  forces.  Avant  son  départ,  cependant, 
une  nouvelle  crise  vésicale  la  tient  au  lit  quelques  jours;  mais  elle 
est  bientôt  sur  pieds,  marche,  va  et  vient,  et  retourne  chez  elle 
absolument  transformée.  Depuis  ce  moment,  il  y  a  eu  quelques 
retours  atténués  de  la  cystalgie,  quelques  plaintes  relatives  au 
sommeil  ou  aux  fonctions  digestives;  le  contraire  ne  serait  pas 
vraisemblable.  Il  faut  dire  qu'elle  n'a  pas,  au  fond  de  sa  province, 
les  distractions  et  les  plaisirs  qui  lui  feraient  sans  doute  oublier 
tous  ses  maux.  Mais  elle  vit,  en  somme,  dans  des  conditions  nor- 
males, s'occupe,  se  promène  :  les  lettres  qu'elle  m'adresse,  les  per- 
sonnes qui  la  voient  me  la  dépeignent  comme  une  ressuscitée. 

12)  Le  2G  novembre  1891,  femme  de  39  ans,  trois  enfants  et  une 
fausse  couche.  Les  douleurs,  qui  durent  depuis  treize  ans,  ont 
doublé  après  la  fausse  couche  ;  elles  sont  continuelles,  paradoxales, 
étant  données  la  mobilité  de  l'utérus  et  l'intégrité  des  annexes.  Le 
col  est  un  peu  gros  et  scléreux,  l'ensemble  de  l'organe  légèrement 
hypertrophié  ;  rien  de  plus.  Il  n'y  a  pas  d'indications  pour  le 
curage  utérin,  et  je  ne  sais  quel  autre  moyen  conservateur  adop- 
ter qui  ait  chance  d'être  efficace.  L'&ge  de  la  malade,  qui  rend 
l'utérus  inutile,  me  décide  t\  une  opération  radicale  et  en  même 


lUCHELOT  355 

temps  fort  simple  ;  elle  est  achevée  en  cinq  minutes,  et  cette  fois 
je  laisse  dans  le  ventre  les  deux  ovaires,  petits  et  mobiles,  auxquels 
je  n'attache  pas  d'importance.  La  malade  nous  quitte  à  la  fin  de 
décembre  en  parfait  état,  sans  douleur  ;  puis  elle  m'échappe  et 
je  la  cherche  en  vain.  Heureusement,  elle  est  venue  se  montrer  il 
y  a  deux  mois  environ,  et  j'ai  pu  constater  la  solidité  de  sa  guéri- 
son. 

13)  Le  10  avril  1892,  femme  de  37  aiis,  deux  grossesses  diffi- 
ciles. Mariée  à  17  ans,  malade  aussitôt  après.  Sa  mère  affirme 
qu'elle  n'était  pas  nerveuse  :  c'est  une  manière  de  parler,  mais 
il  semble  bien  qu'elle  a  eu  pour  la  première  fois  une  «  attaque  de 
nerfs  »  en  1891.  Elle  était  cependant  très  souffrante,  et  se  plai- 
gnait sans  cesse  de  son  ventre.  Elle  a  mené  une  existence  agitée, 
cherchant  partout  la  guérison,  commençant  jadis  par  Depaul, 
allant  de  Bourges  à  Paris  et  'X  Bordeaux,  passant  en  revue  les 
guérisseurs  et  les  médecins  de  bonne  renommée.  L'électricité,  à 
deux  reprises,  lui  a  fait  quelque  bien  ;  lavages  de  l'estomac,  cau- 
térisations du  col,  plaques  dynamodérmiques,  tout  y  a  passé. 
Elle  s'adresse  à  moi  en  mars  1891  ;  je  lui  trouve  un  utérus  légère- 
mont  adhérent,  une  grande  sensibilité  avec  pou  de  lésions,  somme 
toute  une  névralgie  pelvienne  invétérée.  Elle  reste  encore  une 
année  à  la  campagne,  puis,  lasse  de  souff'rir  et  encouragée  par 
son  médecin,  elle  revient  à  Paris  et  subit  l'opération.  L'utérus, 
retenu  par  quelques  vieilles  adhérences  au  cul-de-  sac  de  Douglas, 
est  enlevé  par  morcellement,  et  les  annexes  avec  lui  ;  les  trompes 
sont  normales,  un  ovaire  scléro-kystique  et  l'autre  augmenté  de 
volume  par  un  kyste  hématique  de  la  grosseur  d'une  petite  man- 
darine. Rien,  dans  ces  quelques  altérations,  n'est  en  rapport  avec 
la  violence  et  l'ancienneté  des  douleurs. 

L'opération  eut  naturellement  les  suites  les  plus  bénignes; 
de  plus,  la  douleur  disparut  franchement,  et  déjà  la  malade 
s'applaudissait  du  résultat  obtenu,  lorsqu'au  bout  d'une  quin- 
zaine de  jours  elle  fut  prise  d'étouffements  et  d'accès  fébriles 
que  rien  ne  pouvait  expliquer.  Je  lui  connaissais  bien  une  aryth- 
mie cardiaque  singulière,  que  son  médecin  m'avait  signalée  ;  mais 
elle  ne  s'accompagnait  ni  de  souffio  ni  d'aucun  symptôme  alar- 
mant, nous  l'avions  considérée  comme  un  phénomène  nerveux  et 
nous  étions  loin  d'y  voir  le  signe  d'une  sérieuse  afi'ection  du  cœur* 
La  malade  retourna  en  province,  délivrée  de  sa  névralgie  pelvienne 


356     INTERVENTION  DANS   LES   NÉVRALGIES  PELVIENNES 

et  ne  sentant  plus  son  ventre,  mais  encore  ébranlée  par  ces  trou  • 
blés  inattendus. 

J^ai  souvent  de  ses  nouvelles  depuis  son  départ;  elle  a  mainte- 
nant une  insuffisance  mitrale  avérée,  avec  souffle  intense,  œdème 
malléolaire,  albuminurie,  cachexie  progressive.  Je  ne  crois  pas 
que  les  ennemis  les  plus  déclarés  de  rhystérectomie  vaginale 
l'accusent  d'engendrer  les  maladies  organiques  du  cœur;  je  n'ai 
donc  qu*à enregistrer  cette  coïncidence  malheureuse,  en  regrettant 
amèrement  qu'elle  vienne  rendre  inutile  une  intervention  dont  le 
résultat  s'annonçait  comme  très  nettement  favorable. 

14)  Le  24  mai  1892,  femme  31  ans,  une  fausse  couche  et  un 
accouchement  labQrieux.  Depuis  ce  dernier,  c'est-à-dire  depuis 
cinq  ans,  douleurs  utérines  violentes,  avec  leucorrhée,  sans 
métrorrhagies  ;  traitements  variés,  qui  ne  changent  rien  à  son 
mal  et  qui  la  laissent  découragée.  En  avril  1892,  conseillée  par 
une  ancienne  malade  de  Tenon,  elle  quitte  le  département  du 
Var  et  vient  à  Paris.  C'est  une  femme  qui  souffre  constamment, 
qui  marche  pliée  en  deux  ;  ce  n'est  pas  une  hystérique.  L'utérus 
et  les  ovaires  sont  mobiles,  sans  lésions  apparentes,  et  d'une 
sensibilité  exquise.  Après  une  opération  d'un  quart  d'heure  et 
l'ablation  d'organes  à  peu  près  sains,  elle  cesse  de  souffrir  et  retourne 
chez  elle  bien  portante.  En  septembre,  on  m'écrit  que  le  mieux 
s'est  toujours  accentué.  Il  est  vrai  qu'elle  a  eu,  dans  un  avant-bras, 
des  douleurs  vives  surtout  la  nuit,  qui  ont  duré  deux  semaines  et 
qui  ont  passé  avec  de  Tantipyrine  et  des  manches  de  llanelle;  il  est 
vrai  qu'un  peu  plus  tard,  elle  a  été  reprise,  en  se  redressant, 
d^une  douleur  aiguë  c  dans  le  bas  du  dos  et  vers  le  côté  >,  qui  lui 
a  fait  garder  le  lit  pendant  quelques  jours,  et  qui  m'a  l'air  d'un 
simple  lumbago.  J*en  conclus  qu'elle  est  rhumatisante;  mais 
l'opération  n'en  a  pas  moins  supprimé  une  névralgie  pelvienne 
rebelle  et  qui  durait  depuis  cinq  ans. 

15)  Le  16  juillet  1892,  femme  de  3C  ans,  mère  de  plusieurs  en- 
fants, déjà  venue  à  l'hôpital  Tenon  pour  se  faire  soigner 
d'une  «  métrite  simple  >.  Le  curage,  fait  par  un  de  mes  internes 
le  23  mai,  ne  donne  pas  de  résultat;  il  est  vrai  qu'on  n'a  pas  fait 
d'opération  sur  le  col,  qui  est  dur  et  très  augmenté  de  volume. 
Deux  mois  après,  devant  la  continuité  des  douleurs,  j'hésite  sur 
la  conduite  à  tenir;  une  amputation  sus-vaginale,  destinée  à 
supprimer  les  tissus  sclérosés  et  à  produire   Tatrophio  du  corps 


RicnELOT  357 

utérin,  serait  assez  bien  indiquée  dans  Tespèce.  Toutefois,  l'in- 
tensité et  la  continuité  des  douleurs,  l'âge  de  la  malade,  l'état 
nerveux  très  accentué,  y  compris  la  sensation  de  boule  hystéri- 
que, le  souvenir  de  cas  semblables  où  j'ai  dû  faire,  après  une  inter- 
vention limitée,  l'hystérectomie  vaginale  secondaire,  enfin  la 
certitude  que  Tablation  d'un  utérus  mobile  n'est  pas  plus  grave 
qu'une  opération  du  segment  inférieur,  me  déterminent  à  aller 
plus  loin.  L'utérus  est  enlevé  d'un  seul  bloc,  malgré  les  adhérences 
molles  du  cul-de-sac  de  Douglas,  et  avec  lui  les  deux  ovaires 
scléro-l^ystiques  et  les  trompes  saines.  La  malade,  qui  est  con- 
cierge, retourne  à  sa  loge  et  d'abord  je  la  crois  guérie  ;  mais, 
tout  récemment,  son  fils  m'apprend  qu'elle  se  plaint  toujours,  se 
désole  et  s'attribue  une  maladie  grave.  Bref,  l'état  nerveux  n'est 
pas  modifié,  et  l'opération  parait  avoir  manqué  son  but. 

Aux  faits  qui  précèdent  s'ajoute  un  cas  où  la  mort  vint 
dénouer,  après  opération  la  plus  simple,  une  situation 
désespérée,  Ce  n'est  pas  la  chirurgie  qu'il  faut  accuser, 
c'est  la  malade  elle-même,  c'est  la  peur  exagérée  de  l'opé- 
ration, qui  porte  un  si  grand  nombre  de  malheureuses  à 
repousser  nos  soins  tant  qu'elles  ne  sont  pas  à  bout  de 
forces,  et  à  les  réclamer  quand  il  n'est  plus  temps. 

16)  Cette  malade,  âgée  de  35  ans  et  vierge,  était  venue  me  voir 
en  1889,  fatiguée  par  ses  visites  à  TF^xposition  et  ayant  de  vives 
douleurs  dans  le  côté  gauche  du  ventre.  Elle  pensait  avoir  eu,  en 
1886,  une  péritonite  (?)  qui  l'avait  tenue  neuf  mois  au  lit.  C'était 
une  grande  nerveuse  sans  attaques,  déjà  très  souffrante  et  décou- 
ragée, mais  n'ayant  pas  trop  mauvaise  mine.  Je  ne  lui  trouvai  pas 
de  lésions  abdominales,  mais  une  névralgie  pelvienne  inquiétante 
par  ses  retours  et  son  intensité  ;  je  conseillai  un  traitement 
palliatif,  car  je  n'étais  nullement  disposé  à  recourir  d'emblée  aux 
moyens  extrêmes.  Mais  je  n'aurais  pas  voulu  qu'elle  attendit  si 
longtemps:  elle  passa  dans  son  lit  presque  toute  l'année  suivante; 
au  mois  d'avril  1891,  elle  m'appela  en  Seine-et  Oise  et  je  la  trouvai 
immobilisée  par  la  douleur.  Elle  vivait  sans  manger,  buvait  un 
peu  de  bouillon,  et  toutes  ses  fonctions  semblaient  ralenties, 
immobilisées  comme  elle.  La  situation  me  parut  si  grave,  que  je 
proposai  d'intervenir  au  plus  vite;  mais  elle  refusa  net.  Puis  elle 


358      INTERVENTION   DANS   LES   NÉVRALGIES   PELVIENNES 

resta  dans  son  lit.  On  m'apprit  à  la  un  de  Tannée  qu'elle  allait  un 
peu  mieux  et  prenait  quelque  nourriture  ;  mais  en  1892,  il  y  eut 
une  telle  aggravation  qu'elle  se  décida  et  me  lit  venir  le  24  juillet. 
Elle  était  couchée  depuis  23  mois,  souffrait  sans  repos  ni  trêve  et 
continuait  à  ne  pas  manger.  Quand  je  voulus  l'examiner,  elle  ne 
pouvait  à  peine  tourner  la  léte  vers  moi  ;  elle  était  très  amaigrie 
et  beaucoup  plus  faible  que  je  ne  l'avais  encore  vue  ;  son  ventre 
était  creux  et  d'une  extrême  sensibilité  au-dessus  du  pubis.  En  pareil 
état,  l'opération  était  bien  risquée,  sans  doute;  cependant  comme 
elle  devait  être  assez  simple  et  rapidement  faite,  je  comptais  un 
peu  (lu'elle  n'excéderait  pas  la  résistance  de  cet  organisme  appau- 
vri mais  sans  fièvre,  sans  altération  de  Turine,  sans  lésions  maté* 
rielles.  Ajoutons  que  je  ne  pensai  à  la  castration  ovarienne  que 
pour  la  rejeter  comme  insuffisante,  et  que  je  résolus  d'extirper  à 
la  fois  l'utérus  et  les  annexes. 

L'opération,  faite  le  24  juillet  1802,  ne  fut  gênée  que  par  Tétroi- 
tesse  du  vagin  ;  ovaires  et  trompes  enlevés  des  deux  côtés,  la 
malade  fut  remise  dans  son  lit  en  très  bon  état  et  sans  avoir 
perdu  de  sang.  Pendant  un  jour  et  demi,  tout  alla  bien,  elle- 
même  se  croyait  sauvée.  Mais,  dans  l'après-midi  du  second  jour, 
le  pouls  faiblit  à  diverses  reprises,  malgré  les  injections  d'éther. 
Il  n'y  avait  ni  ballonnement,  ni  douleur,  ni  la  moindre  élévation 
de  température,  mais  simple  collapsus,  et  la  mort  vint  doucement 
au  bout  de  quarante-huit  heures. 

Je  ne  crois  pas  avoir  besoin  d'insister  beaucoup  pour 
montrer  que,  dans  cette  issue  malheureuse,  la  chirurgie 
n'a  rien  à  se  reprocher,  que  la  malade  abandonnée  h  elle- 
même  était  absolument  perdue,  qu'une  certaine  opération 
était  dangereuse  mais  avait  encore  des  chances  de  succès, 
et  qu'un  chirurgien  capable  de  la  faire  n'avait  pas  le  droit  de 
s'abstenir. 

Je  dirai  mon  avis,  pour  conclure,  sur  la  meilleure  méthode 
chirurgicale  applicable  aux  grandes  névralgies  pelviennes. 
J'ai  cité  des  exemples  de  laparotomies  suivies  de  guérison 
durable  ;  mais  j'ai  montré  aussi,  par  des  faits,  que  l'incision 
abdominale  suivie  d'une  opération  sur  les  annexes  ne  réussit 
pas  toujours  à  supprimer  les  douleurs.  Quels  sont,  d'autre 


RIGHELOT  359 

part,  les  résultats  de  rhystérectomie  vaginale  ?  II  est  bien 
entendu  qu'il  ne  faut  pas  s'attendre  à  des  succès  constants, 
absolus.  Néanmoins,  ceux  que  j'ai  relatés  ont  une  réelle 
valeur.  Sur  neuf  observations,  —  sans  parler  des  hystérec- 
tomies  vaginales  secondaires,  qui  m'ont  donné  des  résultats 
complets, — il  y  en  a  huit  où  le  succès  n'est  pas  contestable, 
une  seule  (15)  où  je  n'ai  pas  atteint  mon  but.  Parmi  les  huit, 
il  faut  faire  des  catégories  :  une  malade(13)  nesouifre  plus  du 
ventre,  mais  elle  sera  bientôt  emportée  par  une  maladie  du 
cœur  :  deux  (9, 14),  après  disparition  des  douleurs  abdomi- 
nales, se  plaignent  de  quelques  points  névralgiques  dans 
d'autres  régions,  n'ayant  pas  à  beaucoup  près  la  même 
importance  ;  cinq  (7, 8, 10, 11, 12)  sont  des  exemples  de  gué- 
rison  franche,  constatée  au  bout  de  six  mois,  dix  mois,  onze 
mois  et  cinq  ans.  Toutes  sont  dans  un  état  d'intégrité  fonc- 
tionnelle qui  n'inspire  aucune  réserve  pour  l'avenir;  deux 
(7,  11)  sont  des  femmes  que  l'opération  a  tirées  merveilleu- 
sement d'une  situation  des  plus  graves,  sinon  désespérée 
comme  la  dernière  que  j'ai  décrite  (16). 

Si  donc  je  me  fonde  sur  la  simplicité  relative  de  l'opéra- 
tion dans  les  cas  de  ce  genre^  sur  l'inutilité  de  conserver 
l'utérus  après  l'ablation  des  ovaires,  sur  les  raisons  théori- 
ques qui  militent  en  faveur  de  l'extirpation  totale,  enfin  sur 
mes  observations,  je  pense  qu'il  faut  regarder  rhystérec- 
tomie vaginale  comme  la  plus  sûre  des  deux  méthodes  con- 
tre des  névralgies  pelviennes.  Encore  une  fois,  je  ne  recom- 
mande pas  de  l'appliquer  toujours,  sans  autre  examen.  Bien 
au  contraire,  les  malades  de  cette  catégorie  ne  peuvent  se 
traiter  sommairement;  les  conseils  d'abstention, de  réserve, 
d'intervention  exploratrice  et  limitée  doivent  être  écoutés  et 
obéis  comme  je  l'ai  fait  plus  d'une  fois.  Mais  il  faut  bien 
avouer  qu'il  y  a  des  cas  où  la  souffrance  et  le  désespoir  des 
malades  imposent  un  complet  sacrifice,  et  c'est  alors  que  les 
chirurgiens  sans  timidité  et  sans  système  ont  le  devoir 
d'abandonner,  s'il  le  faut,  leurs  vieilles  habitudes  pour  sui- 
vre jusqu'au  bout  l'indication  vraie. 


360  PLACENTA  PRiEVIA 

PLACENTA  PRiEVIA  (1) 

Par    Berrj    Hari   (d'Edimbourg). 
Traduit  d'après  le  terte  original^  par  le  D'  B.  Labusquibrb. 


Définition.  —  Qu'est-ce  que  le  placenta  prœvia  ?  On  peut 
définir  le  placenta  prsevia  l'insertion  d  une  portion  du  déli- 
vre à  une  certaine  distance  de  Torifice  interne,  ou  son  inser- 
tion sur  cette  région  de  Tu/érus  proprement  dii  (c'est-à-dire 
la  matrice,  exclusion  faite  du  col),  qui  est  étirée  et  étendue 
durant  le  travail.  Ces  définitions  exigent  quelque  explication 
et  nous  prenons  d'abord  la  seconde,  définition  fonctionnelle, 
pour  une  raison  spéciale. 

Les  résultats  fournis  par  Texamen  de  sections  faites  sur 
des  cadavres  congelés  de  femmes  mortes  pendant  le  travail, 
nous  ont  montré  que  l'utérus  proprement  dit  est  divisé  par 
Tanneaude  contraction  en  deux  régions  nettement  distinctes, 
offrant  un  contraste  accusé.  Tout  ce  qui  est  au-dessus  de 
Tanneaude  contraction  est  actif  pendant  le  travail,  tandis 
qu  une  certaine  portion  du  canal  développé  au-dessous  de 
Tanneau  est  le  segment  inférieur  do  Tutérus,  passivement 
dilaté.  Où  se  trouve  la  ligne  do  conjonction  de  la  portion 
inférieure  de  ce  segment  et  de  la  portion  supérieure  du  canal 
cervical  ?  C'est  là  une  question  difficile  à  résoudre,  bien  que 
la  section  de  (]hiari  ait  jeté  quelque  lumière  sur  ce  point  : 
cette  ligne  correspondrait  à  la  limite  supérieure  de  Tarbre 
de  vie. 

Définition  fonctionnelle.  —  Dans  les  utérus  post  parium^ 
examinés  durant  les  12  premières  heures  qui  suivent  laccou- 
chement,  on  peut  constater  nettement  que  la  portion  passi- 
vement distendue,  étirée  au-dessous  de  l'anneau  de  contrac- 
tion estdiviséepresqueégalementcusc(;men/  utérin  inférieur 

(1)  Communication  au  Congre»  de  gynécoloffîe  et  éTobsttHrh/ue  de  Bruxellfê, 
septembre  1892. 


BERRT  HAHT  361 

et  canal  cervical.  Nous  pouvons  en  conséquence  définir  le 
placenta  prjevia  :  une  insertion  telle  dCune  portion  du  p/a- 
centa  qu'elle  repose  sur  cette  région  de  la  paroi  utérine  pro- 
prement dite  dont  la  limite  supérieure  pendant  le  travail 
est  Vanneau  de  contraction.  Comme,  pendant  le  travail, 
cette  région  se  trouve  distendue,  la  définition  précédente 
n'est  en  somme  que  la  vieille  définition  de  Rigby  exprimée 
en  termes  d'anatomie  moderne. 

Segment  inférieur  de  l'utérus.  —  Nous  avons  main- 
tenant à  aborder  une  question  plus  difficile,  savoir  :  quelle 
portion  de  Vutérus  à  la  fin  de  la  grossesse  correspond  à  la 
portion  de  Vutérus  qui  durant  le  travail  est  limitée  supérieur 
rement  par  Vanneau  de  contraction  ?  La  réponse  est  :  «  le 
segment  inférieur  de  Vutérus  »,  et  il  me  faut,  maintenant,  défi- 
nir cette  portion  importante  deTutérus  gravide,  à  terme.  Le 
segment  inférieur  de  l'utérus  est  une  portion  semi-sphéroï- 
dale,  dont  l'orifice  interne  représente  le  point  le  plus  bas,  et 
dont  la  ligne  supérieure  sur  la  paroi  utérine  est  à  2  1/2  à 
3  1/2  pouces  environ  de  ce  point.  On  donne  généralement 
comme  caractères  propres  de  ce  segment  inférieur  :  l**laxité  de 
son  revêtement  péritonéal  ;  2*  dissociation  possible  de  ses  cou  ■ 
ches  ;  S**  présence  d'une  veine  à  son  bord  supérieur  ;  4*  min- 
ceur plus  grande  en  comparaison  de  la  portion  supérieure  de 
la  paroi  utérine. 

Mais,  pas  un  seul  de  ces  caractères  n'est  suffisant  dans 
tous  les  cas.  La  laxité  du  péritoine  est  nettement  marquée 
en  avant,  mais  moins  bien  en  arrière.  La  limite  supérieure 
varie,  et  la  veine  coronaire  n'existe  pas  toujours  en  arrière 
et  manque  parfois  en  avant.  Pour  des  considérations  prati- 
ques, cependant,  nous  pouvons  considérer  cette  région 
semi-sphéroïdale  de  Tutérus  comme  représentant  un  seg- 
ment spécial,  et,  en  manière  de  déduction,  formuler  cette 
définition,  la  plus  courte  et  la  meilleure  du  placenta  pra}via  : 
«  insertion  d'une  portion  du  placenta  sur  une  étendue  plus 
ou  moins  grande  du  segment  inférieur  de  Vutérus  ». 

Définition  anatomique  du  placenta  praevia.  Définition  de 


k.J 


362  PLACENTA   PR.EVIA 

Kaltenbach. — Hofmeier  a  récemmentpublié  un  travail  relatif 
à  un  utérus  gravide  de  quatre  mois,  utérus  où  il  paraissait  y 
avoir  un  placenta  prœvia.  La  portion  prœoisL  s'était  déve- 
loppée dans  la  réflexe  qui  n*adhérait  pas  encore  à  la  caduque 
vraie.  Et,  Kaltenbach  a  proposé  une  définition  du  placenta 
praîvia,  basée  sur  ce  spécimen  décrit  par  Ilofmeier  et  sur 
d*autres  observés  par  lui  :  le  placenta  est  prœvia,  quand  il 
s'insère  sur  le  pôle  inférieur  de  la  réflexe  (...the  placenta  la 
prsDvia  when  inserted  over  the  lower  pôle  of  the  reflexa). 
Cette  définition  a  été  acceptée  par  Olshausen  dans  la  der* 
nière  édition  du  «  Traité  d*acco^ichement  »  bien  connu  de 
SchrOder  (8«  édition),  en  sorte  qu'elle  a  Tappui  de  personnes 
dont  Topinion  est  d*un  grand  poids. 

Nature  de  la  réflexe.  —  Ceci  soulève  une  importante 
question  de  pratique,  et  aussi  une  question  d'un  grand  intérêt 
scientifique.  On  n'a  pas  trouvé  un  seul  œuf,  si  jeune  qu'il  fût, 
qui  n'eût  sa  caduque  réfléchie.  La  réflexe  est  une  extension 
sur  l'œuf  delà  sérotine,  et  se^bords  dans  les  premières  pério- 
des de  la  grossesse  sont  retenus  par  de  nombreuses  villosités. 
Sur  un  spécimen  de  grossesse  de  six  semaines,  que  j'ai  soi- 
gneusement examiné  avec  Taide  de  mon  assistant,  le  D^  Loveli 
Gulland,  la  caduque  réfléchie  avait  environ,  au  niveau  de 
sa  jonction  avec  la  sérotine,  1/8  millième  de  pouce,  puis  elle 
s'amincissait  de  plus  en  plus  au  delà  jusqu'à -se  réduire 
à  1/10  mill.  Sur  plusieurs  utérus  gravides  de  2  mois,  on  a 
constaté  des  villosités  bien  développées  sur  le  pôle  inférieur 
de  lacaduque  réfléchie  (Hofmeier,  Kaltenbach),  tandis  que  sur 
un  spécimen  de  grossesse  de  4  mois  (1),  le  placenta  était  tout  à 
fait  évident  sur  l'extrémité  inférieure  de  la  caduque  réfléchie. 
Je  désire  ici  résumer  brièvement  l'idée  que  je  me  suis  faite  de 
la  caduque.  Je  considère  l'œuf  humain  comme  un  œuf  essen- 
tiellement enfoui  (embedded)  —  un  œuf  implanté  dans  la 
caduque  —  la  caduque  sérotine  étant  composée  d'une  por- 
tion profonde,  voisine  de  la  paroi  utérine  et  d'une  portion 


(1;  L'auteur  montre  un  dessin  de  ce  cas. 


BBRRY   HART  363 

superficielle  —  la  caduque  réfléchie.  Cet  enfouissement  (em- 
bedding),  cette  insertion  de  Tœuf  fécondé  ne  se  rencontre 
que  chez  les  mammifères  élevés  dans  Téchelle  animale,  et 
chez  les  insectivores.  Ainsi,  chez  le  hérisson,  Hubrecht  a  vu 
que  l'œuf  fécondé,  lorsqu'il  prend  contact  avec  la  sérotine 
(tropho-spongia),  détruit  manifestement  Tépithélium  et  bien- 
tôt après  s'enfonce  dans  la  sérotine,  qui  alors  se  referme 
au-dessus  de  lui,  constituant  ainsi  une  caduque  réfléchie. 
Comment  se  forme  la  caduque  réfléchie  pour  l'œuf  humain, 
on  l'ignore.  Mais,  j'incline  à  penser  qu'elle  se  forme  comme 
chez  le  hérisson,  ou  bien  que  Tœuf  humain  se  greffe  sur  une 
portion  de  sérotine  dépourvue  d'épithélium  et  qu'ensuite  la 
sérotine  se  complète  au-dessus  de  l'œuf.  Au  niveau  du  lieu 
de  fuflion  de  ce  qu'on  nomme  caduque  réfléchie  avec  la 
sérotine  proprement  dite,  on  trouve  des  villosités  au  début 
bien  développées,  tandis  que  ce  développement  est  moins 
marqué  à  mesure  qu'on  se  rapproche  du  point  le  plus  élevé 
I  de  la  caduque  réfléchie  (1). 

Dernières  modifications  dans  le  placenta  réflexe.  -- 
Ce  développement  de  villosités  au  niveau  de  la  réflexe 
n'est  que  temporaire,  et,  finalement,  survient  une  atrophie, 
qu'on  pourrait  dénommer  :  atrophie  du  «  placenta  réflexe  ». 
Ces  changements  proviennent,  d'une  part,  de  ce  que  l'apport 
nutritif  sanguin  à  la  caduque  réfléchie  est  moindre  que  celui 
qui  se  fait  vers  la  sérotine  proprement  dite,  et,  d'autre  part, 
en  conséquence  d'une  propriété  active  des  villosités,  mise  en 
relief  dans  un  travail  récent  sur  le  placenta  par  le  D""  Gul- 
land  et  par  moi-môme.  Au  point  où  les  terminaisons  vil- 
leuses  touchent  la  sérotine  proprement  dite,  tout  le  monde 
peut  constater  un  faisceau  de  tissu  dense  et  dégénéré  dû  à 
une  action  active  et  vraisemblablement  phagocytique  des 
villosités.  Cela  nous  permet  de  comprendre  comment  le 
«  placenta  réflexe  •  s'atrophie  à  mesure  que  la  grossesse 
poursuit  son  cours,  enfin  que  la  portion  de  la  caduque  réflé- 

(1)  Présentation  de  dessins  confirmatifs. 


364  PLACENTA  PRiEVIA 

chie  au-dessus  de  Torifice  interne  peut  rester  seulement 
comme  une  portion  épaissie  des  membranes  sur  le  bord  du 
placenta  vrai(l). 

Cause  du  placenta  prœvia.  —  L'origine  du  placenta  prae- 
via,  c'est  l'implantation  primitive  de  Tœuf  fécondé  sur  la 
région  inférieure  de  l'ulérus  ou  même  sur  Torifice  interne. 
L'objection  vigoureuse  que  fait  Kaltenbach  à  cette  opinion 
ne  me  parait  pas  tout  à  fait  valide.  Il  préfcend  que  le  petit 
œuf  passerait  dans  la  cavité  cervicale  et  qu'il  serait  perdu. 
Or,  nous  devons  nous  rappeler  que  la  caduque  hypertro- 
phiée et  plissée  doit  oblitérer  Porifice  interne,  et  que  par 
conséquent  Timplantation  peut  se  faire  au-dessus.  Mais, 
pour  quelle  raison  cette  insertion  basse  se  produit-elle?  Nous 
savons  seulement  quelle  est  plus  apte  à  se  produire  dans  les 
cas  où  la  muqueuse  utérine  a  été  malade.  Or,  je  voudrais 
émettre  l'hypothèse,  seulement  une  hypothèse,  que  Vœuf 
humain  ne  peut  se  greffer  que  sur  une  surface  dénudée, 
qu'ainsi  il  ne  se  greffe  pas  sur  la  trompe  de  Fallope,  mats 
seulement  sur  un  point  de  la  cavité  utérine  oit  l^épilhélium 
a  été  enlevé  par  la  menstruation.  Et,  une  quelconque  des 
variétés  du  placenta  praevia  serait  réalisée  quand  l'œuf  n'au- 
rait pu  prendre  contact  avec  des  éléments  connectifs  que 
dans  une  partie  inférieure  de  la  cavité  utérine. 

Au  résumé,  le  placenta  prœvia  est  Vimplantation  primi- 
tive de  Vœuf  sur  le  segment  inférieur  de  lutérus.  Les  Ira- 
vaux  remarquables  d'Hofmeier  et  de  Kaltenbach  ne  me 
paraissait  pas  avoir^  du  moins  encore,  ruiné  Vopinion 
classique  que  j  ai  pris  sur  moi  de  défendre.  Il  n'est  pas 
douteux ^cepejidant,  que  toutes  les  pièces  pathologiques  rela- 
tives à  cette  question^  doivent  être  examinées  avec  un  soin 
minutieux. 

Mais  qu'est-ce  qui  fait  cette  insertion  anormale  du  pla- 
centa si  dangereuse  pour  la  mère  et  pour  Tenfaut?  La  réponse 

(1)  Ce  processus  de  il^'générescence  et  d'amincissement  étiit  tr^â  nettement 
indiqué  sur  Tœuf  de  4  mois  auquel  Tauteur  a  déjîV  fait  allusion. 


BERRY  IIART  365 

est  évidemment:  r/iémorrhagte;  aussi,  je  vais  étudier  main- 
tenant : 

I.  —  L'anatomie  microscopique  spéciale  du  placenta 

INSÉRÉ  sur  le  segment  INFÉRIEUR  DE  l'UTÉRUS. 

II.  —  La  cause  de  la  séparation  de  la  portion 

PR.«VIA. 

Anatomie  spéciale.  —  I.  Anatomie  microscopique  spé^ 
ciale  du  placenta  inséré  sur  le  segment  inférieur  de  VutéruSj 
étudiée  dans  ce  qu'elle  a  d*intéressant  au  point  de  vue  du. 
décollement  duplacentaet  de  Vhémorrhagie.  Cette  descrip- 
tion est  basée  sur  Texamen  de  plusieurs  opérées,  mais  prin- 
cipalement sur  celui  d'une  grossesse  de  quatre  mois  environ, 
où  le  bord  inférieur  du  placenta  était  à  un  pouce  de  Torifice 
interne.  Dans  ce  cas,  la  réflexe  n'avait  pris  aucune  part 
spéciale  à  la  formation  de  la  portion  prœvia,  bien  que  le  fort 
épaississement  de  la  caduque  vraie  entre  le  bord  inférieur  du 
placenta  et  l'orifice  interne  constituât  une  condition  de 
nature  à  favoriser  la  formation  d'un  placenta  réflexe. 

Les  parties  qui  méritent  une  mention  spéciale  sont  : 
1®  la  paroi  musculaire  ;  2°  la  couche  spongieuse  ;  3°  la  couche 
à  grosses  cellules  et  son  union  intime  avec  les  extrémités 
villeuses;  4*  Vapport  sanguin. 

1®  La  paroi  musculaire  du  segment  inférieur  de  Tutérus 
est  caractérisée,  anatomiquement.  par  la  direction  longitu- 
nale  de  ses  fibres  et,  fonctionnellement,  par  sa  propriété  de 
distension  mécanique  ;  caractères  auxquels  il  a  été  fait  suffi- 
samment allusion  plus  haut. 

2**  La  couche  spongieuse  est  très  bien  marquée  dans  les 
premières  périodes  de  la  grossesse,  mais  elle  est  moins  large 
quand  la  gestation  est  plus  avancée.  A  tous  les  âges  de  la 
grossesse  elle  est  bien  marquée,  et  Ton  sait  aujourd'hui 
qu'elle  est  constituée  par  les  fonds  des  glandes  utérines 
dilatées  :  elle  est  de  la  plus  haute  importance  parce  qu'elle 
représente  la  couche  oii  s'effectue  la  séparation  du  placenta. 

3®  La  couche  à  grosses  cellules  et  son  intime  union  avec 
les  extrémités  villeuses.  A  ce  niveau  de  la  section  placen- 


366  PLACENTA  PR.*:VIA 

taire,  nous  notons  une  union  intime  des  villosités  avec  la 
couche  à  larges  cellules  de  la  sérotine.  Ce  détail  a  été  déjà 
signalé,  mais  il  est  important,  parce  qu'il  empêche  que  la 
séparation  ne  s'effectue  à  ce  niveau. 

4"*  L'apport  sanguin  dans  la  région  du  segment  inférieur 
de  Vutérus.  Sur  cette  question  des  voies  sanguines  afféren- 
tes vers  le  placenta  nous  possédons  beaucoup  de  documents  ; 
et,  à  rheure  actuelle,  grâce  aux  travaux  de  John  Hunter,  de 
Farre,  de  W.  Turner,  Waldeyer,  Bumm,  Hofmeier,  etc.,  nos 
connaissances  sur  ce  point  sont  sérieuses  et  importantes. 
L'apport  sanguin  au  segment  inférieur  de  l'utérus  et  au  pla- 
centa maternel,  quand  il  s'insère  sur  cette  région,  est  fourni 
par  Tartère  utérine  et  principalement  par  une  branche  de 
cette  artère  qui  d'abord  passe  à  travers  la  portion  contractile 
de  l'utérus.  Les  artères  hélicines  déversent  le  sang  dans  les 
espaces  intervilleux,  tandis  qu'il  retourne  à  la  circulation 
maternelle  par  le  sinus  de  Meckel  et  par  les  veines  habi- 
tuellement situées  dans  la  substance  des  cotylédons. 

Les  points  spéciaux  qui  nous  intéressent  cependant,  sont  : 
a)  quelest  i état  des  parois  des  vaisseaux  sanguins  au  niveau 
de  la  ligne  de  séparation^  c'est-à-dire,  de  la  couche  spon- 
gieuse ?  b)  quelle  est  la  source  de  Ihémorrhagie  ?  Notre 
réponse  à  la  première  question,  c'est  que  les  parois  des  vais- 
seaux sanguins^  artères  et  veines,  au  niveau  du  plan  de 
séparation  sont  des  parois  minces,  et  par  suite  disposées  à 
se  laisser  facilement  déchirer. 

Sur  ce  point,  Farre  et  Waldeyer  sont  très  catégoriques, et 
mes  pièces  anatomiques  confirment  parfaitement  leur  ma- 
nière de  voir.  Un  détail  qu'il  faut  particulièrement  retenir, 
c'est  l'abondante  vascularisation  veineuse  du  segment  infé- 
rieur de  l'utérus  dans  les  cas  de  placenta  prœvia.  (I) 

Source  del'hémorrhagie.  —  La  source  de  Théinorrhagie 

(1)  IIart  a  montré  le  det^sin  d'une  »eolion  vcrtic-nle  nié<liane  pratiquée 
pur  le  cadavre  d'une  femme  atteiuto  de  placenti  juavia^  et  qui  mourut  «le 
pneumonie,  le  a**  jour  ap^^B  i'acrouehement.  Ce  dessin  met  liien  en  évidence 
cett^i  richcâse  de  la  vasetdamation  veineuse. 


BEllRY  HART  367 

réside  essentiellement  dans  les  vaisseaux  maternels^  amin- 
ces  parois j  situés  dans  la  couche  spo7igieuse  de  la  sérotine, 
et  déchirés.  Toute  autre  source,  comme  le  sinus  de  Mcckel, 
est  insignifiante. 

Il  résulte  de  tout  ce  que  j'ai  dit  que  l'arrêt  de  Thémorrha- 
gie  dans  le  placenta  pr^evia  est  dû  aucollapsus  des  vaisseaux 
à  minces  parois  déchirés  et  à  la  compression.  La  musculeuse 
du  segment  inférieur  de  l'utérus  n'est  pas  douée  de  contrac- 
tion active,  bien  que  la  contraction  utérine,  pour  les  raisons 
exposées  précédemment,  puisse  agir  sur  la  principale  voie 
artérielle  afférente. 

II.  Cause  du  décollement  de  la  portion  prœvia  du  p/a- 
centa.  —  Elle  a  été  d'abord  indiquée  par  Matthews  Duncan, 
et,  avec  quelques  courtes  additions,  sa  manière  de  voir  est 
la  suivante  :  le  segment  inférieur  semi-sphéroïdal  de  Tuté- 
rusà  terme  est  transformé,  durant  le  travail,  en  un  canal 
tubulaire  :  la  surface  utérine  est  augmentée  et  la  distension 
transversale  est  d'autant  plus  accusée  qu'on  se  rapproche 
davantage  du  segment  inférieur.  La  portion  du  placenta 
insérée  sur  ce  segment  ne  peut  pas  suivre  parallèlement  l'é- 
talement, la  distension  de  celui-ci,  et  conséquemment  les 
connexions  filamenteuses  de  la  couche  spongieuse  cèdent, 
c'est-à-dire  que  la  portion  prœvia  du  placenta  se  sépare  : 
des  déchirures  vasculaires  résulte  la  complication  que  nous 
dénommons,  hémorrhagie  inévitable.  Ce  mécanisme  est 
accepté  par  tous  comme  étant  celui  qui  s'opère  pendant  Tac- 
coucheraent  dans  les  cas  de  placenta  prsevia  à  terme. 

Pouvons-nous  fournir  quelques  données  plus  précises  ? 
Qu'avons-nous  besoin  de  connaître  :  1)  Taire  superficielle  du 
segment  inférieur  de  l'utérus  à  terme;  2)  Taire  superficielle 
du  canal  tubulaire  en  lequel  ce  segment  se  trouve  transformé 
quand  il  est  complètement  canalisé  ? 

Ces  données,  malheureusement,  on  ne  les  possède  pas 
encore,  parce  qu'on  n'a  pas  encore  pris  un  moule  en  pUître 
de  la  cavité  de  Tutérus  à  terme  mais,  heureusement,  nous 
possédons  des  moules  d'utérus  à  d  mois,  et  du  canal  génital 


368  PLACENTA  PR-EVIA 

vers  la  fin  de  la  seconde  période  du  travail.  Ces  moules,  mes 
amis  Barbour  et  Webster  les  ont  mis  à  ma  disposition  et  je 
les  ai  utilisés  de  la  façon  suivante  : 

Sur  le  moule  de  Tutérus  de  8  mois  de  grossesse,  je  délimi- 
tai le  segment  inférieur  comme  s'étendant  approximativement 
à  6  centim.  2/5  de  Torifice  interne.  La  portion  semi-spbéro!- 
dale  fut  recouverte  avec  du  papier,  puis  le  papier  aplati  et 
mesuré:  sa  surface  mesurait  15  pouces  carrés. 

Pour  le  segment  inférieur  de  l'utérus  développé  (avec  pro- 
bablement partie  du  canal  cervical)  je  trouvai,  en  procédant 
de  même  façon,  37,75  pouces  carrés.  Ces  données  sont  sans 
doute  imparfaites,  parce  que  l'utérus  gravide  était  un  utérus 
de  huit  mois,  et  queBarbour  et  Webster  furent  dansTimpos- 
sibilité  de  fixer  rigoureusement  les  limites  inférieures  du 
segment  inférieur  pendant  le  travail.  Cependant,  ces  men- 
surations ne  doivent  pas  exagérer  de  beaucoup  le  degré  d'ex- 
tension du  segment  inférieur  pendant  le  travail,  d'autant  plus 
que  la  partie  canalisée  est  fortement  distendue  pendant  les 
douleurs.  J'espère  que  de  nouveaux  observateurs  réussiront, 
au  moyen  des  moules  en  plâtre,  à  obtenir  des  données  plus 
exactes  et  plus  complètes. 

Mais  Thémorrhagie,  dans  les  cas  de  placenta  praevia,  sur- 
vient souvent  au  7'  ou  au  8''  mois  de  la  gestation.  Et  beau- 
coup d  auteurs,  dont  Bayer,  ont  essayé  de  trouver  l'explica- 
tion de  ce  fait  dans  la  théorie  d'après  laquelle  «  la  transfor- 
mation de  la  portion  supra-vaginale  du  col  qui  viendrait  à 
continuer  Tutérus,  déterminerait  le  décollement  du  placenta 
et  partant  Thémorrhagie  ».  Je  n'incline  pas  à  accepter  cette 
interprétation,  mais,  la  question  est  complexe,  elle  reste 
encore  sub  judice^  tout  au  moins  en  ce  qui  touche  aux 
hémorrhagies  du  7''  mois.  L'état  des  bords  du  placenta  dans 
ces  cas,  c'est-à-dire  son  état  d  atrophie,  reste  un  champ 
ouvert  aux  investigations,  particulièrement  sous  le  point  de 
vue  de  la  persistance  de  la  réflexe. 

Relation  du  placenta  preevia  avec  l'accouchement  nor- 
mal. —  Le  placenta  praevia  ne  constitue  pas,  à  vrai  dire,  une 


BERRY  HART  36& 

chose  tout  à  fait  nouvelle  pendant  raccouchement.  A  la  fin 
de  la  grossesse,  normalement,  les  membranes  tapissent  le 
segment  inférieur;  on  a  en  quelque  sorte  des  membranes 
prœvia.  Dans  l'accouchement  normal,  ces  membranes  sont 
séparées  jusqu'au  niveau  de  l'anneau  de  contraction,  décol* 
lement  qui  donne  lieu  à  cette  hémorrhagie  légère,  qui  mar- 
que, et  qui  est  un  symptôme  si  caractéristique  des  premières 
contractions.  Dans  le  premier  stade  de  Tavortement,  c'est 
la  caduque  vraie  épaissie  qui,  au  niveau  du  segment  inférieur, 
se  décoUO;  produisant  ainsi  l'bémorrhagie  plus  abondante  de 
la  fausse  couche  précoce.  Dans  les  cas  de  placenta  praevia, 
c'est  la  portion  prœvia  du  délivre  qui  se  sépare  du  seg-, 
ment  inférieur  anorn^alement  vasculaire,  d'où  Thémorrhagie 
effroyable  en  comparaison  de  Tliémorrhagie  diagnostique  du 
travail  normal. 

Traitement.  —  Il  est  impossible  de  faire  plus  que  d'indi- 
quer les  principes  fondamentaux  qui  doivent  nous  guider  en 
de  semblables  conditions. 

Des  faits  anatomiques  et  physiologiques  que  je  vous  ai 
présentés  il  ressort  nettement  :  que  le  meilleur  moyen  d'arrê- 
ter l'hémorrhagie  c'est  la  compression,  et  qu41  faut  en  outre 
s'efforcer  d'employer  un  agent  mécanique  qui,  également, 
canalise  le  segment  inférieur  de  l'utérus  et  le  canal  cervical. 
Mais,  ce  ne  sont  pas  là  les  seuls  principes  sur  lesquels  il  faut 
baser  son  intervention.  Dans  toute  méthode  de  traitement, 
il  faut,  avec  la  plus  grande  rigueur,  appliquer  la  méthode 
antiseptique,  et  l'on  conçoit,  qu'avec  les  procédés  qui  traî- 
ent  en  longueur,  on  risque  davantage  de  tomber  en  défaut 
dans  la  réalisation  de  cette  condition  essentielle  de  toute 
opération.  Un  dernier  point  que  nous  oublions  trop  facile- 
ment, c'est  que  le  plus  grand  nombre  des  placentas  prsevia 
sont  traités  par  les  praticiens  ordinaires  qui,  pour  se  diriger, 
demandent  au  spécialiste  la  méthode  la  plus  simple  et  la 
plus  sûre  de  traitement. 

Importance  de  la  version  bipolaire  précoce.  —  Je  suis 
convaincu  que  la  méthode  de  traitement  la  plus  sûre  dans  la 

AXN.  Dl  OTir.  —  VOL.  ZXXYm  S4 


370  PLACENTA  PRifiVÎA 

majorité  des  cas  consiste  dans  la  version  bipolaire  de  Brax* 
ton  Hicks,  pratiquée  dès  que  la  dilatation  ou  la  dilatabilité 
des  voies  maternelles  la  rend  praticable.  On  la  fait  suivre 
de  Textraction  rapide  ou  lente  de  Tenfant^  suivant  les  cas. 
Les  avantages  de  cette  méthode  thérapeutique  sont  les  sui- 
vants :  1)  elle  peut  être  exécutée  même  avec  une  faible  dila- 
tation du  col  ;  2)  elle  arrête  absolument  Thémorrhagie  ;  3)  les 
membres  inférieurs  et  le  siège  abaissés  dilatent  les  voies 
maternelles  ;  4)  elle  n'augmente  pas  visiblement  les  dan- 
gers courus  par  la  mère  ;  5)  ce  n'est  que  dans  les  cas  de  rigi- 
dité des  tissus  ou  de  prolapsus  du  cordon  qu'elle  augmente 
les  risques  courus  par  Tenfant;  6)  elle  permet  une  antisepsie 
rigoureuse  ;  7)  elle  n'exige  ni  délai  dans  les  cas  urgents^  ni 
outillage  spécial.  / 

Au  résumé,  c'est  le  traitement  que  je  préconise,  sauf  pour 
les  cas  légers  où  la,  rupture  des  membranes  suffît. 

Tamponnement.  — Je  ne  rejette  pas  systématiquement  les 
autres  méthodes  thérapeutiques.  Le  tamponnementdu  vagin, 
jusqu'à  ce  qu'on  ait  obtenu  une  dilatation  suffisante  pour 
faire  la  version  bipolaire,  a  donné  de  bons  résultats  à  plu- 
sieurs accoucheurs. 

Quant  au  décollement  du  placenta,  méthode  qui  a  pour 
elle  la  grande  autorité  de  Barnes,  je  n'en  ai  aucune  expé- 
rience. Toutefois,  d'après  ce  que  j'en  ai  appris, il  me  semble 
qu'elle  n'a  pas  reçu  encore  une  sanction  suffisante  pour  la  pré- 
coniser. 

Cas  difficiles. —  Les  cas  difficiles  se  rencontrent  chez  les 
primipares  âgées  ou  chez  les  femmes  dont  la  placenta  occupe 
presque  la  totalité  du  segment  inférieur  de  Tu térus (placenta 
prœvia  central).  Dans  les  premiers  cas,  on  retire  de  bons  ré- 
sultats de  l'usage  de  dilatateurs  en  caoutchouc  (Keiller,Bar- 
nes,  etc.)  introduits  dans  le  col,  et  suivi  de  la  version  pra* 
tiquée  aussitôt  que  possible,  le  travail  étant  ensuite  aban- 
donné à  lui-même,  ainsi  qu'il  a  été  dit.  Dans  les  autres  (pi. 
central)^  le  mieux  est  de  traverser  Je  placenta,  d'abaisser  un 
pied,  et  pour  le  reste,  de  tenir  compte  des  indications  par- 
ticulières à  chaque  cas. 


BERRY  HART  371 

Le  salut  de  la  mère  d'abord,  Tenfant  vient  en  seconde 
ligne.  Aussi,  ne  faut-il  pas  perdre  trop  de  temps  dans  rem- 
ploi des  dilatateurs,  parce  qu'il  en  peut  résulter  une  grande 
perte  de  sang.  11  ne  faut  pas  non  plus  extraire  trop  rapide- 
ment, car  on  risquerait  de  déchirer  les  tissus  maternels  et 
de  provoquer  un  complément  d'hémorrhagie. 

Stimulation  et  transfusion  sous-cutanée. — Après  la 
version,  la  chose  la  plus  importante  c'est  la  stimulation. 
On  est  souvent  appelé  quand  déjà  la  parturiente  a  perdu  beau- 
coup de  sang,  les  stimulants  sont  de  rigueur.  Pour  cette 
indication,  rien  ne  vaut  les  injections  sous-cutanées  d'éther 
sulfurique  et  Tauto-transfusion.  Je  préconise  particulière- 
ment les  injections  sous-cutanées  salées  avec  Tappareil  de 
Munchmeyer.  La  méthode  est  simple,  efficace,  et,  surtout, 
ce  n'est  pas  un  moyen  en  dernier  ressort.  A  mon  avis,  son 
principal  mérite  c'est  qu'elle  peut  être  appliquée  avant  qu'il 
y  ait  des  indications  urgentes,  qu'elle  est  inoffensive  même 
dans  les  mains  d'un  praticien  jeune  et  inexpérimenté,  et 
qu  elle  n'exige  pas  les  indications  absolues  nécessaires  pour 
la  transfusion  veineuse.  Avant  tout,  c'est  une  méthode  de 
pratique. 

Je  considère  comme  un  avantage  important,  qu'elle  nous 
permette,  même  en  l'absence  d'indications  graves,  d'augmen- 
ter la  masse  du  sang  maternel. 

Précautions  a  prendre  après  l'accouchement.  — 
Même  quand  la  délivrance  est  complètement  terminée,  les 
préoccupations  de  l'accoucheur  ne  prennent  pas  fin.  Il  doit 
se  tenir  soigneusement  en  garde  contre  l'éventualité  pos- 
sible d'une  hémorragie  post  parlum.  Comme  l'hémorrhagie, 
le  plus  souvent,  provient  de  déchirures  cervicales,  on  pourra 
avoir  recours  à  la  compression  exercée  avec  les  doigts  ou 
même,  s'il  est  nécessaire,  à  la  suture  des  lèvres  déchirées. 
Si  la  source  de  l'hémorrhagie  est  au  niveau  du  segment  infé- 
rieur de  l'utérus,  le  tampon  à  la  gaze  iodoformée  (méthode 
de  Duhrssen)  sera  avantageusement  essayé. 


372  CAS   DE   GROSSESSE  TUBAIRE 


REVUE  CLINIQUE 


CAS  0E  GROSSESSE  TUBAIRE,  LES  DEUX  TROMPES 
GRAVIDES,  OPÉRATION,  GUËRISON 

Par  A.  1-  CSalabln 

Traduit  d'après  le  BritUh  medwal  {!),  par  le  D^  R  LabusquiâRB 


Le  7  août  1891,  la  femme  S...,  âgée  de  38  ans,  était  admise  au 
«  SI  Maty's  Hnspital  »  (Manchester).  Elle  se  plaignait  de  douleura 
abdominales,  de  défécation  et  de  menstruation  douloureuses.  Elle 
était  restée  mariée  dix  ans,  et  la  première  grossesse  était  survenue 
un  an  après  le  mariage;  la  dernière  datait  de  quatre  ans  environ. 
La  seconde  grossese  se  termina  par  avortement,  la  troisième  par 
accouchement  prématuré  (enfant  putréfié^  mais,  les  première, 
quatrième  et  cinquième  arrivèrent  à  terme,  et,  de  plus,  accouche* 
ments  et  suites  de  couches  furent  normaux.  Première  menstrua- 
tion à  14  ans,  et  jusqull  y  a  deux  années,  menstruation  régulière 
bien  que  douloureuse.  Depuis  lors,  règles  trop  fréquentes  et  excès* 
sives. 

La  dernière  menstruation,  avant  l'admission  de  la  femme  à 
l'hôpital,  avait  eu  lieu  en  juillet,  après  un  intervalle  de  8  à  9  semai- 
nes, c'est-à-dire  que  les  règles  avaient  manqué  en  mai  et  juin. 
Tout  le  mois  de  juin,  elle  avait  gardé  le  lit,  éprouvant  des  douleurs 
dans  le  ventre,  qui  se  produisaient  surtout  à  Toccaslon  de  la  défé- 
cation. A  la  même  époque,  elle  souffrit  aussi  de  nausées,  ressentit 
des  douleurs  dans  les  seins^  mais  sans  que  jamais  l'idée  lui  vint 
qu'elle  fût  enceinte. 

Examen  :  Utérus  normal  comme  volume  et  comme  position  ; 
mobilité  légèrement  diminuée.  Au  niveau  du  ligament  large  gau- 
che et  tout  près  de  Tutérus.  on  constate  une  masse,  du  volume 
d'une  orange.  Mais,  à  cause  de  la  sensibilité  extrême,  de  la  dou- 
leur développée  par  la  palpation  bimanuelle,  il  ne  fut  pas  possible 
de  la  délimiter  exactement.  La  laparotomie  fut  proposée  à  la  ma- 
il) JSrUiih  med.  Joum^  10  octobre  1899,  n»  1G57,  p.  732. 


REVUE  CLINIQUE.  —   GALABIN  373 

lade,  et  acceptée.  Mais,  pour  des  motifs  spéciaux,  la  femme  dut 
quitter  Thôpital  sans  avoir  été  opérée. 

Elle  y  retourna  le  14  décembre  1891.  A  cette  époque,  elle  était 
très  fatiguée  par  une  bronchite.  Elle  soulfrait  encore  pendant  la 
défécation,  mais  d'autre  part,  les  règles  s'étaient  montrées  régu- 
lièrement depuis  la  dernière  semaine  de  juillet.  A  Texamen  bi- 
manuel,  on  constata  ({ue  l'utérus  était  tel  qu'il  avait  paru  dans 
l'examen  précédent.  Quant  &  la  tumeur  qui  siégei^it  au  niveau  du 
ligament  large,  et  qui  put  être  délimitée,  elle  avait  la  grosseur 
d'un  œuf  de  poule  et  parut  demi-kystique. 

Les  symptômes  pelviens  étant  moins  accusés  que  jadis,  on  jugea 
quMl  était  préférable  de  remettre  l'opération  jusqu'à  ce  que  la  toux 
se  fût  améliorée.  En  conséquence,  la  femme  ne  rentra  ù.  l'hôpital 
que  le  19  février  1892.  On  apprit  alors,  qu'elle  avait  eu  ses  règles 
en  décembre,  mîiis  qu'elles  avaient  manqué  en  janvier,  et  s'étaient 
montrées  de  uouveau,  en  février,  deux  jours  avant  la  réadmission. 
Durant  les  sept  semaines  d'aménorrhée,  la  femme  avait  été  sujette 
à  beaucoup  de  malaises. 

Le  21  février,  après  cessation  de  l'écoulement  menstruel,  nouvel 
examen  qui  indiqua  les  modifications  suivantes:  l'utérus  était 
toujours  normal  comme  grosseur  et  comme  situation,  la  tumeur 
au  niveau  du  ligament  large  se  présentait  avec  les  mêmes  caractè- 
res, mais,  à  droite  de  l'utérus,  on  constatait  une  tuméfaction, 
paraissant  kystique,  et  qui  s'étendait  transversalement  en  arrière 
de  la  matrice. 

L'opération  fut  décidée  pour  le  26  février.  Le  25,  on  administra 
à  la  malade  un  laxatif  qui  provoqua  plusieurs  garde-robes.  A  onze 
heures  du  soir,  elle  fut  tout  à  coup  prise  de  vives  douleurs  dans 
le  bas-ventre,  eut  des  vomissements  et  se  sentit  tout  à  fait  faible. 
Le  chirurgien  deThôpital,  lo  D^  Heime,  la  vit  et  constata  une  grande 
excitation.  Il  pratiqua  un  examen  vaginal,  et  trouva  les  choses 
dans  le  môme  état  qu'auparavant  ;  seulement,  la  paroi  abdomi- 
nale était  plus  contractée,  et  le  palper  plus  douloureux.  Pouls  à 
100  et  faible.  On  pensa  qu'il  s'était  produit  une  rupture  tubaire 
Néanmoins,  la  femme  se  remit  promptement,  et  le  lendemain  je  ûs 
la  laparotomie. 

Opéra  lion.  —  Incision,  longue  de  trois  pouces  suivant  la  ligne 
blanche.  Dès  l'incision  du  péritoine,  on  constata  que  les  bords  de 
la  séreuse  étaient. épaissis.  Au  même  moment,  il  s'écoula  du  sang 


374  CAS  DE   GROSSESSE   TUBAIRE 

liquide  mêlé  de  caillots.  Passant  les  doigts  à  travers  l'incision, 
j'explorai  les  organes  pelviens,  et  durant  cette  manœuvre,  il 
s'écoula  en  plus  grande  abondance  du  sang  qui  était  demi-coagulé. 
L'utérus  était  en  position  normale  et  non  augmenté  de  volume.  Il 
y  avait  au  niveau  du  ligament  large  gauche  une  tuméfaction  kys- 
tique, de  la  grosseur  d'une  orange  ;  à  droite,  et  en  arrière  de  Puté- 
rus,  il  en  existait  une  autre  semblable. 

Comme  les  deux  tuméfactions  adhéraient  aux  organes  voisins, 
et  qu'il  était  difficile  de  les  libérer  de  leurs  connexions,  j'introduisis 
dans  le  vagin  deux  doigts  de  la  main  droite,  avec  lesquels  je 
pressai  sur  la  voûte  vaginale,  tandis  que  de  la  main  gauche,  je 
détruisis  les  adhérences  ;  la  manœuvre  me  fut  d'un  grand  secours  (I). 
Je  séparai  d*abord  la  tumeur  droite.  L'attirant  alors  au  niveau  de 
l'incision  abdominale,  je  vis  qu'elle  était  de  couleur  roiige  sombre 
et  qu'elle  était  constituée  par  la  trompe  de  Fallope  distendue  par 
du  sang.  L'ovaire  droit,  plus  petit  qu'à  l'état  normal,  sain  da 
reste,  adhérait  à  la  trompe.  Après  ligature  du  ligament  large  droit, 
extirpation  de  la  trompe  et  de  l'ov'aire. 

Passant  au  côté  gaucho,  je  constatai  que  la  tumeur  était  un  peu 
plus  volumineuse  ot  un  peu  plus  molle.  Les  adhérences  détruites, 
la  trompe  gauche  se  trouva  presque  énucléée,  et  il  suffit  de  jeter  une 
simple  ligature  sur  son  pédicule.  L'ovaire  gauche  était  petit  et 
aplati,  et  si  adhérent  au  ligament  large  qu'il  ne  fut  fait  aucune 
tentative  pour  l'enlever.  Je  lavai  ensuite  le  ventre  avec  de  l'eau 
chaude  à  la  température  de  IH^F.  (ïôocent.)  ce  qui  entraîna  un 
certain  nombre  de  caillots  restés  cachés  <?ntre  les  anses  intestinales 
et  (jui,  sûrement,  n'auraient  pas  été  évacués  si  je  m'étais  contenté 
d'éponger  la  cavité  pelvienne.  L'irrigation  abdominale  fut  conti- 
nuée jusqu'à  ce  que  Teau  revint  limpide.  Drainage,  au  moj'en 
d'un  tube  en  verre.  Fermeture  de  la  plaie  abdominale  au  moyen 
de  bonnes  sutures,  et  pansi^ment  sec  avec  du  coton  sublimé. 

Suites  opératoires.  —  L'opérée  ne  présenta  j>a8  de  symptômes 

accusés  deshock.  Elle  se  remit  vite  de  l'anesthésie  et  du  traunia- 

•  tisme  opératoire.  Mais,  plusieurs  jours  durant,  elle  accusa  des 

douleurs  et  des    malaises   (nausées).  Pendant  les  24  premières 

heures,  le  liquide  évacué  par  le  tube  à  drainage  était  du  sang  pur, 


(1)  L'auteur  A  réalij.é  avec  sed  doigt*  ce  que  l'ou  cherche  à  obtenir  avec  le 
ballon  de  Petersen  :  rendre  lett  parties  plus  accet^ibles. 


HEVUK   CLINIQUE.  —  GALABIN  375 

dans  lea  S4  henies  qtiî  suivirent  ce  fut  an  liquide  aéro-aanguin  ; 
13  heures  après  il  ne  s'écoulait  plos  que  du  sàrum;  le  tube  fut 
enlevé. 

La  températurQ  offrit  peu  d'irrâgolaiités.  Le  aoir  de  l'opéra- 
tion, elle  atteignit  10O',2  F.  (SS"  cent.),  le  pouls  était  à  104.  Le 
maumum  thermique  fut  100o,4,  il  fut  atteint  le  quatrième  Boir.  Le 
pouls  se  tint  entre  80  et  90,  sauf  dans  3  circonstances  où  il  dé- 
passa 100. 

Le  lendemain  de  l'opération,  les  réglée  se  montrèrent.  Elles 
durèrent  3  jours  ;  dès  qu'elles  eurent  pris  ftn,  l'état  nauséeux  dis- 
parut et  les  douleurs  devinrent  moine  pénibles.  Le  7*  jour,  on 
enleva  un  certain  nombre  Je  Butures,  lea  autres  le  12'. 

L'opérée  quitta  l'hàpitat  le  2ti  mars.  Revue  le  3C  juillet,  on  put 
constater  que  son  état  général  s'était  grandement  amélioré.  Elle 
avait  engraissé  et  respirait  la  santé,  et  elle  avait  pu  vaquer  aux 
affaires  de  son  ménage.  Depuis  sa  sortie  de  l'hàpital,  la  mens> 
trualion  s'était  faite  régulièrement  et  avec  peu  de  souffrances. 
Comme  elle  était  justement  réglée  à  cette  date,  on  s'abstint  d'exa- 
men vaginal. 

Examen  des  pièces.  —  Il  fut  fait  par  Biaud  Sutton  qui  écrivit 
à  ee  sujet  le  rapport  suivant  :  •  J'ai  reçu  du  D' Walter  deux  trompes 
de  Faliope  oblitérées  et  distendues.  La  gauche  était  be^coup  plus 


Fia.  1.  —  Trompe  gauche  en  coupe, 
considérable  que  la  droitej  et  présentcUt  près  de  son  extrémité 


376  CAS   DE  GROSSESSE  TUBA.IRE 

externe,  dans  répaîssniir  de  sa  paroi,  une  déchirure  qui  laissait 
voir  quelques  caillots  sanguins,  fermes.  L'oviducte  était înterrompa 
dans  sa  longueur  et  principalement  occupé  par  un  œuf  apoplec- 
tique (mAle  tubaire);  la  cavité  amniotique  contenait  un  embryon 
long  de  6  cent.  L'embryon  était  si  saturé  de  sang  que,  par  sa 
couleur,  11  ressemblait  aux  caillots  dont  il  était  entouré,  (  Voirfig.  1.) 
-  A  l'examen  de  la  trompe  droite,  on  constata  que  l'extrémitù 


Fio.  2.  —  Trompe  droite. 

abdominale  était  complètement  oblitérée,  elque  les  paroi»  tubaîres 
étaient  parraitemeiit   intactes.    Intérieurement,  l'oviducte  était 


FiQ.  3.  —  Trouii*  droite  e 


occupé  par  une  môle  tubaire.  La  cavité  nmniolique  existait  encore 
mais  on  ne  put  découvrir  d'embryon.  (Voir  tig.  2et  jlg.  ii.)  ' 


REVUE   CLINIQUE.  —   GALABIN  377 

Une  portion  de  la  trompe  et  de  la  môle  fat  préparée  pour  être 
soumise  à  l'examen  microscopique.  Cet  examen  permit  de  consta- 
ter des  villosités  choriales  réunies  en  amas,  et  fournit  la  preuve 
formelle  que  le  caillot  organisé  dans  la  trompe  droite  était  une  môle 
tubaire.  Dans  ce  cas,  on  a  eu  affaire  à  une  double  grossesse  tubaire, 
mais  beaucoup  plus  avancée  dans  la  trompe  gauche.  L'état  des 
parties  n'a  pas  permis  de  déterminer  Tâge  respectif  des  deux 
grossesses. 

Réfexions.  —  A  ma  connaissance,  c'est  le  premier  exem- 
ple, formel,  d'une  grossesse  tubaire  bilatérale.  On  a  cité 
3  caS;  dans  lesquels  le  fait  s*était  peut-être  produit,  mais  la 
démonstration  ne  fut  pas  complète. 

Rowan  a  décrit  un  cas,  dans  lequel  il  avait  opéré  une 
femme  âgée  de  23  ans,  qui  présentait  tous  les  signes  d'une 
rupture  de  la  trompe  gravide.  La  trompe  droite  était  dilatée 
jusqu'au  volume  d'un  œuf  de  poule,  et  à  la  section  il  cons- 
tata une  masse  de  tissu  placentaire  qui  adhérait  solidement 
à  l'une  des  parois  de  Toviducte.  11  ne  douta  pas  qu^il  se  trou- 
vait en  présence  d'une  grossesse  tubaire  de  six  ou  sept  se- 
maines en  voie  de  régression.  D'autre  part,  la  trompe  gauche 
était  transformée  en  un  kyste  du  volume  d'une  orange  plein 
de  sang  grumeleux. 

Doran  a  donné  une  relation  très  détaillée  d'un  cas  dans 
lequel  il  avait  opéré  et  trouvé  la  trompe  droite  occupée  par 
une  môle  typique,  l'ostium  tubaire  était  largement  béant. 
L'oviducte  gauche  était  en  outre  dilaté  et  rupture.  Il  y  avait 
beaucoup  de  sang  libre  dans  la  cavité  péritonéale,  mais  il 
fut  impossible  de  découvrir  le  moindre  vestige  ovulaire. 

D'  Savage  a  montré  un  exemple  probable  de  grossesse 
tubaire  bilatérale.  A  droite,  la  trompe  était  rompue  dans  sa 
portion  centrale  donnant  issue  à  une  môle  apoplectique.  A 
gauche,  on  trouva  une  tumeur,  grosse  comme  un  poing  fermé 
et  pleine  de  sang  noir,  qui  adhérait  à  Tépiploon  et  à  l'intestin. 
L'aspect  de  l'oviducte,  distendu  dans  sa  portion  ampullaire, 
faisait  penser  à  un  «  ayortement  tubaire  ». 

Il  est  regrettable  qu'on  ne  se  soit  pas  appliqué,  dans  ce 


378     PATHOLOGIE   DES  CANCERS  GÉNITAUX  DE  LA  FEMME 

cas,  à  avoir  la  démonstration  absolue  quUl  s'agissait  bien 
d'un  second  œuf. 

Au  total,  dans  aucune  de  ces  3  observations,  l'existence 
d'une  double  grossesse  tubaire  na  été  rigoureusement 
démontrée  (1). 


REVUE  GÉNÉRALE 


TRAVAUX  RÉCENTS  SUR  LA  PATHOLOGIE  DES  DIVERS 
CANCERS  DES  ORGANES    GÉNITAUX    DE   LA    FEMME 

(1885-1891)  (2). 

Par  Rudolf  Beneke. 

Traduction  par  le  D'  B.  Labusquiebe. 

I.  —  Ovaires. 

Dans  l'important  travail  de  Cohn  (3)  sur  les  tumeurs  ma- 
lignes de  Tovaire,  travail  qui  fut  fait  suii;out  à  un  point  de 
vue  chirurgical  et  avec  100  cas  de  la  clinique  de  Scbrôder 
(sur  un  ensemble  de  600  ovariotomies),  ces  tumeurs  sont 
classées  de  la  façon  suivante  :  1)  Sarcome,  très  rare  ;  2)  Car- 
cinomes VRAIS,  solides,  également  rares  ;  en  général,  ces 
néoplasmes  affectent  la  forme  de  Tovaire;  histologiquement, 


(1)  Depuis  que  ce  travaii  a  éi('  fait,  Mackenrodt  {XeiUch.  f,  Oeh,  u,  Gjfn. 
Bd  XXIII,  Hft  1,  p.  301)  a  publié  un  cas  de  grossesse  tubaire  bilatérale, 
qu'il  a  observée  chez  une  femme  âgée  de  32  ans.  En  mai  1890,  la  femme  fut 
priiie  de  symptômcnv  militants  en  faveur  de  la  rupture  d'une  tromi>e  gravide  ; 
l'opération  est  refusée.  £n  o<'tobre  1891,  mêmes  symptômes.  A  cette  occasion, 
la  laparotomie  fut  faite.  On  trouva  :  1)  la  trompe  gauche  gravide,  ayant  les 
dimensions  d'un  cruf  d^oie  ;  2)  la  trompe  droite,  contenant  des  os  de  fœtus. 

(2)  La  traduction  que  nous  publions  ici  contient  tout  ce  qui  peut  inté- 
resser nos  lecteurs  dans  un  travail  général  sur  la  PathMogîe  du  cancer^ 
travail  publié  dans  le  «  Schmidt'i  Jahrhû**her  »  de  cette  année  (N.DX.R.). 

(3)  CoHK.  Die  bôsartigen  Geschwûlste  d.  Eierstocke,  Tom  klinisohen 
Standpunkt  betrachtet.  ZeitJtcKf,  Grh.  m.  Oyn^  XIII,  1,  p.  89, 1886. 


REVUE   GÉNÉRALE.   —  UENEKE  379 

les  constituent  plusieurs  variétés  (squirrhe,  carcinome  mé- 
dullaire). Ils  s'accroissent  lentement,  mais  son.t  d*une  grande 
malignité  en  raison  de  leur  tendance  à  intéresser  de  bonne 
heure  tissu  cellulaire  pelvien,  ganglions  et  péritoine.  La  plu- 
part du  temps  le  processus  est  bilatéral  et  se  rencontre  dans 
Tâge  avancé  bien  qu'on  puisse  aussi  l'observer  chez  des  en- 
fants ;  3)  Kystomb  aveci  dégénérescence  garcinoma- 
TEUSE,  souvent  de  grande  malignité,  et  très  sujet  à  récidiver. 
En  beaucoup  de  cas,  la  dégénérescence  ne  frappe  qu'un  seul 
point  delà  paroi,  ou  bien  il  arrive  que  quelques  kystes  seuls 
sont  pleins  d'éléments  cancéreux  ;  4)  Papillomes  qui  dans 
toutes  les  formes  anatomiques  vont  du  néoplasme  de  bonne 
nature  au  néoplasme  malin,  mais  qui,  cliniquement  et  dans 
l'ensemble,  en  raison  du  danger  toujours  existant  d'une 
dégénérescence  maligne,  doivent  être  traités  comme  malins  ; 
le  plus  souvent,  le  papillome  est  bilatéral  et  son  accroisse- 
ment lent  ;  il  peut  infecter  le  péritoine  ;  5)  Papillome  pur 
(très  rare),  dans  lequel  les  papilles,  à  la  surface  de  l'ovaire, 
proéminent  librement  dans  la  cavité  péritonéale  ;  6)  Myxo- 
mes  de  nature  maligne,  mais,  histologiquement,  de  carac  • 
tère  indéterminé. 

Diagnostic.  —  1)  Les  sarcomes  se  distinguent  par  leur 
évolution  rapide  et  l'émaciation  précoce  ;  néanmoins,  le  dia- 
gnostic reste  incertain,  les  menstrues  ne  présentent  aucune 
déviation  caractéristique  du  type  normal  ;  2)  les  carciiwmes, 
sont,  non  toujours,  bilatéraux.  Les  règles  sont  tôt  suppri- 
mées, et  de  bonne  heure  apparaissent  ascite  et  œdèmes. 
L'existence  dans  l'espace  de  Douglas  de  masses  compressi- 
bles est  significatif  (Schroder)  ;  3)  la  dégénérescence  can- 
céreuse de  kystes  glandulaires  devient  probable,  quand  de 
ces  tumeurs,  après  être  restées  longtemps  slationnaires,  se 
mettent  à  augmenter  rapidement  de  volume  et  que  l'on  voit 
survenir  de  l'ascite,  des  œdèmes  et  la  cachexie  ;  4)  la 
forme  papillaire  ne  peut  être  distinguée  des  précédentes  que 
lorsque  les  végétations  papillaires  apparaissent  à  la  sur- 
face ;  le  fait  qu'elle  est  souvent  bilatérale  doit  être  égale- 
ment pris  en  considération. 


380     PATHOLOGIE  DES   CANCERS   GÉNITAUX  DE  LA  FEMME 

•  Quant  à  la  ponction  exploratrice,  Cohn  la  considère,  non 
seulement  comme  inutile,  mais  comme  réellement  dange* 
reuse  en  raison  de  l'infection  possible  du  péritoine;  par  con- 
tre, il  conseille,  dans  les  cas  douteux,  de  recourir  à  la 
laparotomie  exploratrice. 

Freund  (1),  d'une  manière  générale,  ne  pense  pas  que  les 
tumeurs  malignes  de  Tovaire  soient  aussi  fréquentes  que  le 
dit  Cohn.  Si,  dans  les  faits  cliniques  utilisés  par  ce  dernier,  il 
s'est  rencontré  une  forte  proportion  de  ces  tumeurs  malignes, 
c'est  que  la  plupart  des  femmes  atteintes  d'affections  à 
évolution  bénigne  se  font  traiter  chez  elles.  Relativement 
au  diagnostic,  Freund  signale  l'existence  d'un  épanche- 
ment  pleurétique  qu'il  a  constaté  10  fois  sur  12;  il  s*agit 
d'un  simple  transsudat  (se  propageant,  d'après  Freund,  de 
l'abdomen),  qui  apparaît  assez  tard  au  cours  de  la  maladie, 
et  aussi  bien  dans  les  cas  de  papillomes  carcinomateux  que 
de  carcinomes  véritables  et  de  sarcomes.  En  général,  Freund 
a  constaté  que  les  règles  n'étaient  pas  troublées  dans  les  cas 
de  tumeurs  malignes. 

Lerch  (2)  résume  la  symptomatologie  d'après  l'histoire 
clinique  de  22  cas  de  cancer  de  l'ovaire.  Selon  cet  auteur,  le 
cancer  se  développerait  de  préférence  sur  les  ovaires  kysti- 
ques ;  très  fréquemment  il  est  bilatéral  (d'après  Lerch  dans 
le  rapport  de  22  :  14,  d'après  Léopold  de  63  :  33).  La  forme 
dés  tumeurs  est  sphérique,  bosselée  ou  lisse.  De  22  femmes 
18  étaient  mariées,  cependant,  la  valeur  étiologiquo  de  cette 
condition  n'est  pas  définitivement  établie.  La  plupart  du 
temps  le  cancer  survient  pendant  ou  après  la  ménopause, 
(d'autres  auteurs  acceptent  une  date  encore  plus  précoce, 
par  exemple,  le  moment  de  la  plus  grande  activité  sexuelle). 
L'allure  du  développement  fut  très  différente.  Les  règles 
furent  tantôt  excessives  tantôt  diminuées.  Durée  très  varia- 


(1)  Fbeuno.  Ueber  d.  Behand.  bonart.  Kieratock8Kes<^'hwu8lte.  Ztitêch,  f, 
Oeh,  u.  Gyn.,  XVIL  1.  18^9. 

(2)  Lkbch.  Beitrag  xur  Kenotni»!.  u.  B6lmndlun^  des  Carciaonia  der  Ova> 
rien.  Arch,  /.  Gyn^  XXXIV,  S,  1889,  et  Inaug.  Di».  Bern.,  1889,  Uubcr. 


REVUE  GÉNÉRALE.  —  BENEKE  381 

ble  de  révolution  morbide.  Âscite,  très  souvent  métastases 
hépatiques. 

Leopold  (1)  a  trouvé  une  proportion  relativement  élevée 
de  tumeurs  ovariques  malignes.  Ainsi  sur  116  tumeurs  ova- 
riques,  19  cystomes  papillaires  ou  carcinomes. 

Krukenberg  (2)  a  décrit,  en  môme  temps  que  rassemblé  les  faits 
analogues,  un  cas  de  présence  simultanée  sur  le  môme  ovaire  de 
carcinome  et  de  kyste  dermoïde.  Il  s^agissait  d*une  femme  de 
43  ans.  La  tumeur  ovarique  de  la  grosseur  d*une  tôte  d'enfant  était 
composée  de  deux  kystes  dermoïdes  ;  dans  le  plus  volumineux^ 
les  cônes  épithéliaux  étaient  en  partie  étranglés  et  se  prolongeaient 
dans  la  couche  connective  externe  de  la  tumeur.  Sur  la  plus  grande 
portion  de  la  paroi  kystique,  on  constatait  du  cancer  à  épithélium 
pavimenteux  avec  globes  épithéliaux  ;  d'autre  part^  le  cancer 
proéminait  librement  en  dehors  de  la  paroi.  En  outre,  il  existait 
sur  l'épiploon,  des  métastases  de  nature  cancéreuse.  Dans  la  plu- 
part des  cas  recueillis  dans  la  littérature  médicale,  il  s'agissait 
aussi  de  dégénérescence  cancéreuse  du  réseau  de  Malpîghi,  et  éga* 
lement  de  cancroide. 

Relativement  à  la  production  de  formations  cancéreuses  sur  la 
cicatrice  abdominale  à  la  suite  de  l'extirpation  de  kystes  ovariques 
de  bonne  nature,  Frank  (3)  a  fait  une  communication  basée  sur 
2  cas.  Dans  ces  2  cas  Chiari  avait,  de  par  l'examen  histologique, 
conclu  à  des  kystes  de  bonne  nature,  qui  aboutirent  ultérieu- 
rement à  un  adéno-carcinome. 

Gruss  (4)  a  publié  un  cas  observé  par  Ahlfeld,  dans  lequeUa 
femme  mourut  de  cancer  du  péritoine  et  de  la  vésicule  biliaire, 
5  mois  après  l'extirpation  d'un  kyste  multiloculaire,  absolument 
de  bonne  nature  (Marchand)  ;  évidemment,  le  néoplasme  malin 
existait  déjà  à  Tépoque  de  l'opération. 


(1)  Leopold.  Ueber  die  Hâufigkeit  der  inalignen  Ovarialtumoren  u.  ihre 
operative  Behandlung.  Deutsch  mcd.  Woch8eh.y  XIII,  4,  1887. 

(2)  Ebukbnbebg.  Ueber  das  gleichzeitige  Yorkomuieii  von  Carcinom  u. 
Dermoidcysie  in  ein  u.  demsellen  Organ.  Arch,f.  Oyn.,  XXX,  2, 1837. 

(3)  FbaKK.  Prager  med,  Wehschr,  XVl,  22,  1891. 

(4)  Gbuss.  Uèber  Carcltwm  der  U/Uerleih^organe.  Inaug.  Diss.  Marburg 
1886. 


382     PATHOLOGIE  DES  GANGBRS  GÉNITAUX  DE  LA  FEMME 

II.  —  Trompes  de  Fallope. 

A  la  Société  obstétricale  et  gynécologique,  Orthraann  (I] 
a  communiqué  un  travail  sur  le  cancer  primitif,  très  rare  de 
la  trompe.  Dans  ce  travail^  il  a  condensé  ce  qui  a  paru  dans 
la  littérature  médicale  sur  la  question.  Il  a  observé  lui- 
même  un  cas  de  carcinome  papillaire  dans  lequel,  simulta- 
nément, étaient  survenus  deux  abcès  de  l'ovaire  avec  dégé- 
nérescence partielle,  secondaire  de  la  paroi  Au  cours  de  la 
discussion,  plusieurs  des  chirurgiens  s'accordèrent  à  recon- 
naître la  rareté  du  cancer  primitif  de  Toviducte. 

Eberth  et  Kaltenbach  (2)  ont  signalé  comme  stade  prémonitoire 
du  carcinome  vrai,  un  papillome  de  la  trompe,  avec  structure  pa- 
pillaire typique  môme  au  niveau  des  espaces  kystiques  étranglés, 
le  papillome  n'avait  qu'en  partie  pénétré  dans  la  musculeuse,  et 
on  n'était  pas  encore  justifié  à  le  dénommer  carcinome  vrai.  Kal- 
tenbach (3)  a  également  décrit  un  carcinome  bilat&t^al  de  la  trompe. 
Schedc  a  vu  (4)  un  carcinome  tubaire,  primitif,  qui  avait  son  point 
de  départ  dans  une  corne  utérine  ;  enfin,  Doran  (5)  opéra  un  cas  de 
ce  genre,  de  la  trompe  droite;  déjà,  au  moment  do  l'intervention, 
il  existait  de  petits  foyers  métastatiques  sur  Tovaire  droit.  Lorsque 
la  femme,  âgée  de  48  ans,  succomba  9  mois  plus  tard  des  suites 
d'une  récidive  sur  le  moignon  opératoire  et  sur  la  muqueuse  uté- 
rine, ou  constata  que  les  foyers  métastatiques  consistaient  en 
cancer  alvéolaire,  avec  grosses  cellules  rondes.  La  tumeur  princi- 
pale paraissait  vraisemblablement  être  partie  des  glandes  de  la 
trompe,  peut  être  comme  stade  ultérieur  du  développement  d'un 
papillome  inflammatoire.  Doran  signale  la  lenteur  du  développe- 
ment de  cette  variété  de  carcinome  secondaire,  lequel  est  en  tout 
cas  beaucoup  plus  lent  que  celui  du  cancer  primitif  de  Tovaire. 


(1)  Obthuanx.  ZeitêcKf,  Och.  n,  Gyn.,  XV,  1,  p.  212,  1888. 
(2/  Eberth  et  Kaltenbach.  Pupillomd.  Tuben.  Zeitsch,  f.Qeh  m.  Oym. 
XVI,  2,  p.  357, 18S9. 

(3)  Kaltenbach.  Berl.  klin.  WclMchr.y  XXVI,  25,  1889. 

(4)  FCHEDE.  DvuUch,  med,  Wchschr..  XVI,  23,  1890. 

f6)  DoRAN.  Primary  cancer  of  the   Fallopian  tube.  Tran,  of  fht  pathvl. 
Soc.  of.  Lond.,  XXXIX,  p.  208  ;  1888,  et,  XL,  p.  221  ;  1889. 


REVUE  GÉNÉRALE.  —  BENEÎtE  383 

III.  —  Utérus. 

Les  notions  introduites,  dans  les  dernières  années,  par 
Abel  et  Landau  (1)  sur  la  dégénérescence  sarcomateuse  do 
la  muqueuse  utérine  dans  les  cas  de  carcinome  de  la  portion 
vaginale  suscitèrent  un  vif  intérêt.  Abel  avait,  dans  6  cas, 
trouvé  la  muqueuse  utérine  en  voie  de  prolifération  ;  on  y 
voyait  des  cellules  fusiformes,  susceptibles  do  se  trans- 
former en  cellules  épithéliales  volumineuses,  ou  des  cellules 
rondes.  Ces  bourgeonnements,  ainsi  que  leurs  rapports  avec 
les  vaisseaux  sanguins  furent  d'autant  plus  facilement  con- 
sidérés par  Abel  et  Landau  comme  du  sarcome,  que  Wal- 
deyer,  lui  aussi,  s'était  dans  un  cas  semblable  rallié  à  la  môme 
interprétation. 

L'opinion  première  que  la  dégénérescence  sarcomateuse 
est  la  règle,  se  trouva  dans  la  suite  modifiée  par  les  auteurs, 
et  Ton  admit  qu'elle  peut  se  produire  dans  certains  cas,  mais 
que  dans  les  autres,  il  s'agit  de  processus  purement  inflam- 
matoires. Anatomiquement,  on  n'est  pas  autorisé  à  exclure 
le  diagnostic  de  sarcome  dan<«  ces  cas  qui  se  distinguent  par 
la  présence  de  cellules  fusiformes  en  voie  de  transformation, 
de  petites  cellules  rondes  jusqu'aux  volumineux  éléments 
épithélioïdes,  alors  que  Virchow  lui-même  a  déjà  décrit  une 
infiltration  sarcomateuse,  diffuse  de  la  muqueuse  utérine. 
Peut-être  s'agit-il  dans  ces  cas  d'un  stade  prémonitoire  du 
cancer,  hypothèse  en  harmonie  avec  l'origine  connective  de 
ce  dernier.  Quant  aux  cellules  de  l'endométrite  fongueuse 
et  aux  cellules  déciduales,  la  différence  est  nette  :  les  cel- 
lules sarcomateuses  sont  ovoïdes,  plus  petites  que  les  cel- 
lules déciduales,  et  se  disposent  en  tractus  épais  caracté- 
ristiques. 

Contre  les  idées  émises  par  Abel  et  Landau  s'élevèrent 

(1)  Abel  et  Landau.  Ueber  das  Verhalten  der  Schleiinhaut  des  Utérus' 
korpera  bel  Carcinom  der  Portio.  Arch,f,  Oijnœk.^  XXXII,  2,  1883;  Beitrag 
znr  pathol.  Anat.  d.  Bndom.  Arch.  /.  Oyn.,  XXXIV,  4,  1888;  Aroh.f» 
Gyn.,  XXXV,  2, 1889. 


384     PATHOLOGIE  DES  GANCEHS  GÉNITAUX  DE  LA  FEMME 

de  tous  côtés  des  objections,  qui  visèrent  Tinterprétation 
adoptée  par  eux  que  ces  bourgeonnements  de  la  muqueuse 
utérine  étaient  du  sarcome,  mais  non  Tétat  anatomique  qu'ils 
avaient  décrit.  Ainsi  Eckard  (1)  considéra  qu'il  s'agissait  de 
prolifération  de  bonne  nature  du  tissu  interglandulaire,  et 
de  même  Frânkel  (2)  qui  avait  observé  le  môme  état  ana- 
tomique. Thiem  (3),  Saurenhaus  (4)  qui  se  basèrent  sur  des 
séries  importantes  de  recherches,  faites  dans  50  cas,  et  qui, 
s'ils  trouvèrent  toujours  un  développement,  souvent  très 
accusé,  de  cellules  fusiformes  dans  le  tissu  iaterglandulaire, 
ne  constatèrent  jamais  du  sarcome  vrai  ;  il  s'agissait  seule* 
ment  de  formes  différentes  d'endométrite  de  bonne  nature. 
Elischer  défendit  la  même  manière  de  voir,  et  décrivit 
plus  minutiausement  les  formes  de  cette  endométrite  dans 
8  cas  (dont  deux,  avec  métastases  carcinomateuses  sur  la 
muqueuse  utérine,  ainsi  qu'Abel  et  Landau  en  avaient 
observé),  et  en  facilita  Tintelligence  par  un  certain  nombre 
de  planches  instructives.  Pour  cet  auteur,  le  fait  capital 
consiste  dans  une  prolifération  réelle,  conséquence  d'une 
irritation  chronique  de  la  muqueuse  dont  Texistence  peut 
être  démontrée  par  Texamen  de  fragments  de  muqueuse. 
Cette  irritation  chronique  produit  Tendométrite  interstitielle 
atrophique,  Tendométrite  glandulaire,  en  outre  les  formes 
mixtes  de  ces  deux  variétés,  et  une  atrophie  réelle  de  la 
muqueuse  ;  cette  endométrite  est  identique  à  celle,  spéciale, 
dont  parle  Hofmeier  (Schrôder  s  Handbuck,  10  Aufl.)<  Elis- 
cher constata  le  même  état  anatomique  qu  Abel,  mais  jugea 
Tinterprétation  erronée,  et  attribua  l'erreur  d'interprétation 

(1)  ECKA&DT.  Verhandi.  der  2  YerBamml.  der  Gjnakologen.  HaUe,  1888, 
Arch.f.  Gyn.,  XXXII,  1888.  ' 

(2)  Fbabnkel.  Ueber  die  Veranderangen  der  Endometrium  bei  Oaroinoma 
cerricis  uterL  ArcKf,  Oyn,^  XXXIII,  1,  1888. 

(3y  Thibm.  Katurfonehervenammlung.  Coin,  1888,  ArrA./.  fi^yn.,  XXXIU, 
1H88. 

(4)  S^AtJBENHAUS.  Ueber  das  Verhalten  d.  Endometrium  bei  Carcinom 
der  Portio  vaginalis.  ZeiUeh  f.  Oehurt.  u.  Gyn,,  XVUI,  1,  p,  9,  1890. 


à  un  défûuï  de  technique  "dans  lé  tT*aIteniéht  des  coupes* 
De  Vàdénome  de  la  muqueuse,  Abel  et  Landau  (I)  ont  dit 
qu'il  n*est  malin  que  lorsqu'il  a  envahi  la  musctlleuse  oa 
quil  a  donné  lieu  à  des  métastases  ;  sa  structure  ànato- 
mîque  ne  permet  pas  de  poser  formellement  le  diagnostic 
du  cancer,  lorsqil'on  dispose  en  particulier  de  fragments  de 
tissu  dans  lesquels  la  musculeuse  n'est  paâ  intéressée. 

'  Fûrst  (2)  A,  sur  cette  question/ fouriii  un  travail  clinique  inté^ 
ressaut  :  il  a  observé  line  femme  atteinte  d*un  adénome  du  eol, 
lequel  ne  donnait  au  début  lieu  qu*â  des  symptômes  très  légers 
alors  que  déjà  le  microscope  décela  Une  prolifération  glandulaire 
atypique  avec  strotaa  conjoriciîf  Jeune  (Hubert).  L'opération  fut 
refusée;  mort  1  heure  1/2  après  par  cancer  utérin.  De  ce  fait 
FUrst  conclut  à  la  nécessité  de  l'extirpation  totale  dès  lés  premières 
périodes,  reconnalssables  seulement  avec  le  secours  du  microscope» 
de  l'adénome  cervical  suspect. 

Comme  signes  macroscopiques  du  cancer  de  la  portion 
Taginale  au  début  Stratz  (3)  donne  :  Partout,  délimitation 
nette  des  points  su$$pects  par  rapport  aux  tissus  voisina  ;  2) 
différence  de  niveau  des  tissus  dégénérés  et  des  tissus  voi«* 
sins  ;  3)  coloration  jaune,  légère,  régulière  du  carcinome  ;  4)  la 
plupart  du  temps,  on  constate,  sur  quelques  points  au  moins 
du  carcinome,  des  inégalités  jaune-blanchàtre,  finement  gra- 
nuleuses. 

Veit  (4)  a  fait  un  travail  dans  lequel  il  dit  que  le  caixinome 
du  corps  attaque  surtout  les  nullipares,  mais  que  cependant^ 
on  le  rencontre  aussi  chez  des  femmes  qui  ont  accouché  ; 
en  sorte  qu'on  ne  saurait  établir  à  ce  point  de  vue  un  rap- 


(1)  Abkl  et  LANDAU.  Beitr.  zur  Pathol.-Anat.  d.  Endometrium.  Areh. 
f.  Gyn,,  XXXIV,  4  ;  1888. 

{%)  FUBST.  Tlnber  Ruspektes  u.  malignes  Cervix-adenom.  .^«piï^^A. /.  Oeh.  u 
Gyn,,  XIV,  2,  p.  352,  1888. 

(3)  Stratz.  Zur  Diagnose  der  beginnenden  Erebs  an  der  Portio.  Zeitsch 
/,  Geh.  «,  Gyn.,  XIII,  1,  p.  89  ;  1886. 

(4)  Vkit.  Zur  Kenntniss  d.  Carcinoma  corporîs  uteri.  ZeiUch.  /.  Geh.  «. 
Gyn.,  XII,  2,  p.  455  ;  1886. 

Ami*  DB  «TK.  —  ?0I»   XXXTIIX  35 


38f)     PATHOLOGIE  DES  CANCERS  GâNITAUX  DE  LA  PEMMB 

port  .étiologique  certain/  Chez  les  femmes,  atteintes   de 

cancer  utérin,  la  ménopause  se  serait  en  général  établie  très 

tardivement,  la  plupart  du  temps  vers  49  ans. 

.    Krysinsky  (1)  signale  Taugmentation  de  volume  du  corps 

de  l'utérus  du  fait  du  cancer  du  corps  de  l'organe. 

•  •  .  " 

Dans  un  cas,  il  y  avait  cancer  glaadulaire  chez  une  nuUipare, 

dont  Tutérus  depuis  8  ans  déjà  était  augmenté  de  volume.  L'utérus, 
qui  fut  enlevé,  était  très  volumineux,  et  Thypertrophle  résultait: 
1)  d'une  eudométrite  chronique,  et  2)  de  la  néoplasie  cancéreuse. 
Les  organes  voisins  n'étaient  pas  atteints  ;  Krukenberg  (2)  à  dé- 
crit 5  cas  de  cancer  primitif  du  corps  de  Tutérus. 

Ont  publié  encore  descas  spéciaux  :  Flaischlen  (3),  un  cas  decur- 
cinome  avec  coexistence  de  myômes,  2  cas  de  carcinome  du  col 
avec  cancer  du  corps;  Hofmeier  (4)  un  cas  de  cancer  de  la  portion 
,avec  cancer  glanduleux  de  la  muqueuse  du  col  ;  Charrier  (b)  can- 
cer glandulaire  du  corps  avec  cancer  paviincuteux  au  début  du 
col  ;  Ullmann  (6),  prolapsus  total  de  l'utérus  chez  une  femme  àgèe 
de  81  ans  avec  carcinome  de  l'oriflce  (très  rare]  ;  Hofmeier  (7), 
cancer  de  Tutérus  avec  myôme.  De  cette  même  association  se  sont 
également  occupés  Venu  (8),  et  Wagnei*  (9)  lequel  ne  considère  pas 
comme  déûnitivement  établie  la  relation  étiolo/iqu<)  entre  le 
myôme  et  le  carcinom''*.  Le  myôme,  d'après  son  expérience,  peut 
être  complètement  tnivcrs»î  par  le  carcinom  ;  ou  iioi,  même  quand 


(1)  Kbysinsky.  Kin  Fidl  vou  Sclileimhautkrebs  der  Utérus.  Zeitêoh.J. 
Geh.  %i,  Gyn.,  XII,  p.  1  ;  1886. 

(2)  Kbukenberg.  Falle  von  pr  marem.  Uteru^^kôrperciroinom.  Aùder' 
rhcin,  GetelUch.  Bom  17  mû  IST.,  rt  B'rl.  kl-n,  Wrïwhr,  XXIV,  14, 
1S87. 

(3)  Flaischlen.  Zur  lia  likal opération  deé  C^rcinoma  utcri.  DeuUek, 
«ted.  Woc/tMch.  XVI,  30,  KSIK). 

/4)  HoiTMEIBB.  ZtritArh.f.  Geh,  v    G»jn.  XîII.  H*«;. 

(5)  Chabbieb  Ëpithélioau  du  cor|)B  de  l'ut 'rus.  Bull,  de  la  Soc.  anat,^ 
octobre  1890. 

((i)  Ullmann.  C;ir.îno:na  nteri  prolapsi.  Wien.  nud.  Pfcêt,  XXX,  50, 
1889. 

(7)  Hopmeieb.  litrK  kliH,  WcfMchr,  XX! V,  3;,  18S7. 

(S)  Venn.  Inaug.  Disserl.  Gie«;ien.  1S89. 

(9)  Waonkb.  DevUch,  vteJ,  IfVA^rAr.,  XIV,  29,  n"  30,  IhSî^. 


REYUB  GÉNÉRALE»  -^  BENERE  387 

la  capsule  elle-même  est  tout  à  fait  afifectée.  Benckiser  (1)  Récrit 
ua  cas  dans  lequel  toule  la  muqueuse  utérine,  indépendamment 
d*un  polype  inséré  sur  le  fond  de  Torgane,  était  superficielle- 
ment envahie  par  un  carcinome,  sans  que  le  néoplasme  affect&t 
les  couches  profondes.  Le  travail  de  Berns  (2)  possède  un  intérêt 
surtout  chirurgical.  Mayer  (3)  trouva  chez  une  femme  qui  fut 
emportée  par  des  hémorrhagies  qui  persistèrent  après  extirpation 
d'une  môle  vésiculaire,  des  foyers  de  cellules  épithéliales  avec 
dégénérescence  hyaline,  dans  les  vaisseaux  lymphatiques,  dans  la 
couche  musculeuse,  et  au  centre  des  cellules  connectives  ;  la 
muqueuse  manquait.  Mayer  étiquette  ce  cas,  épithëliome  papil' 
laire. 

IV.  — -  Vagin  et  vulve. 

Au  point  de  vue  de  l'étiologie  du  cancer  du  vagin,  Mayer  (4) 
relate  un  cas  dans  lequel  un  cancer  se  serait  développé  sur  Ja 
paroi  vaginale  postérieure  à  la  suite  de  Tusage  du  port  prolongé 
d'un  pessaire.  Zigold  (5)  en  observa  un  du  volume  d'une  tête 
d'enfant,  consécutif  au  frottement  contre  la  cuisse  dans  un  cas  de 
prolapsus,  et  affectant  la  forme  d'un  cancroïde  ulcéré,  plat.  Il 
attribue  la  rareté  relative  du  cancer  du  vagin  en  comparaison  de 
celui  de  Tutérus,  à  la  rareté  des  glandes  vaginales  et  à  la  faible 
irrigation  artérielle  de  Tépithélium  vaginal.  Torggler  (6)  décrit 
3  cas  de  cancer  primitif  du  vagin,  Fischer  un.  Mundé  décrit  2  cas 

« 

de  cancer  primitif  de  la  vulve  et  du  vagin. 


(1)  Benokiseb.  Zeit$ch,f.  Geb.  u.  Oyn,^  XXII,  p.  336,  1891. 

(2)  Beuns.  Ueber  Exstirpation  u.  Amputationen  wegen  carcinoma  Uteri. 

(3)  Mateb.  Ein  Fali  von  zerstôrender  Wacherung  zarûckgebliebeûef 
myxomatÔBer  Chorioniidtten  (Epithelioma  papillare).  Arch.f.  Oyn,^  XXXlt, 
1,  1888 

(4)  Mateb.  Zut  Aetiologte  des  ScbeideDkrebses.  Zeittch.  f.  Qéh,  v.  Gyn,, 
.XXII,  1,  p.  179,1891. 

(5)  Zigold.  Primare  Krebs  der  Vagina.  Mûnch,  med,  Wckfchr,^  XXXVL 
.6, 7;  1889. 

(6)  TOBOOLEB.  3  Falle   von    primaren  Scheiden-carcinom.  BtrioM  d, 
çeburUh.  gynah.  Klinik  in  Innfbruek,  Prag.,  1888. 


Sfe  SOCIÉPÉS   SAVANTES 

Bex  (  I  ),  Dauriac  (2)  et  Maurel  (3)  on t  publié  des  travaux  cons  - 
ciencieuxsur  le  carcinome  de  la  vulve.  Bex  a  décliré  qu'au 
niveau  du  vestibule,  du  clitoris,  des  grandes  et  petites  lèvres 
surviennent  des  processus,  semblables  à  la  leucoplasie  buc- 
cale, qui  peuvent  se  transformer  en  cancer.  Maurel  admet 
cette  origine.  En  d'autres  cas,  le  cancer  serait  causé  par  des 
traumatismeS)  des  ulcères  syphilitiques,  etc.  Le  carcinome 
peut  atteindre  la  grosseur  d  un  œuf  de  poule  et  sa  surface 
s'étaler  en  chou-ileur  ;  il  est  pédicule  ou  s'insère  largement. 
La  plupart  du  temps,  le  cancer  du  clitoris  s'accompagne 
d'infiltration  des  lèvres  ;  plus  tard,  surviennent  des  ulcéra- 
tions irrégulières  qui  saignent  facilement.  L'évolution  est 
très  lente  ;  la  guérison  même  doit  être  possible.  Dauriac  a 
également  confirmé  cette  lenteur  de  l'évolution.  Ënfini  le 
cancer  en  chou-fleur  du  clitoris  peut  souvent  se  propager 
aux  tissus  voisins  et  dans  un  large  rayon. 

REVUE  DES  SOCIÉTÉS  SAVANTES 


SOCIÉTÉ  OBSTÉTRICALE   ET   GYNÉCOLOGIQUE  DE  PARIS 

Séance  de  juillet  1892. 

Présentations  :  Budin,  au  nom  de  Roverdîn  («le  Gonèvo)  : 
a)  dilatateur  irrigateur,  b)  trocart  irrigateor. 

LoviOT  1)  fait  de  grossesse  prolongée,  observée  chez  une  primi- 
pare, Agée  de  21  ans  qui,  toujours,  avait  été  très  régulièrement 
menstruée.  Accouchement307  jours  après  le  dernier  jour  des  rèjçles  ; 
donc,  durée  minima  de  la  grossesse  :  284  jours.  Constatation  d'un 
demi  effacement  du  col  utérin  1  mois  avant  le  début  du  travail 
proprement  dit,  d'un  effacement  complet  11  jours  avant  ce  début. 
O.  I.  D.  P.  non  réduite  spontanément.  Réduction  manuelle  par  le 

(\)  Bex.  Leucopla.sîe  et  cancroMes  de  la  muqueuse  vulvo  vaginale,  1887. 
'  Ànn.  de  Dcrmat,  et  Ûe  Syph,^  1888. 

(2)  Daubxac.  Du  cancer  primitif  delà  région  cHtoridicnne.  AHn4  de  Derm^ 
rt  de  Syph,/\SSS. 

(3)  Maurel.  De  r^pithéliome  mlTaire  primaire.  Ann,  de  Derm.  et  d$ 
SypK,  1888. 


SOCIÉTÉ  OBSTÉTRICALE  ET   GYNÉCOLOGIQUE   DE   PARIS     38i* 

procédé  de  Fauteur.  Glissement  des  cuillers  pendant  le  décroi sè- 
ment des  branches  (la  branche  droite  ayant  été  introduite  la  pre- 
mière après  la  transformation  de  TO.  I.  D.  P.  en  0. 1.  D.  A.),  d'où 
retour  de  l'occiput  en  arrière  et  reproduction  de  la  variété  posté- 
rieure. Dégagement  en  0.  sacrée.  Enfant  vivant,  pesant  3,300  gr., 
organes  maternels  intacts. 

2)  L'échec  éprouvé  dans  le  cas  précédent  du  fait  du  glissement  des 
cuillers  pendant  le  décroisement  des  branches,  a  conduit  l'auteur 
à  imaginer  une  nouvelle  articalatiOD  pouvant  convenir  à  tous  les 
forceps  à  branches  croisées,  pour  permettre  à  la  branche  femelle 
placée  en  dessous  de  s'articuler  avec  la  branche  mâle  sans  décroise- 
ment préalable  et  ne  nécessitant  pas  une  brisure  de  Tune  des  bran- 
ches, et  au  niveau  de  cette  brisure  une  charnière  comme  dans  le 
forceps  de  Tarsitaux  M.  Lovi<  t  présente  un  forceps  dans  lequel 
la  modilication  dont  il  s'agit  a  été  réalisée. 

BuDiN  présente  une  pièce  pathologique  qui  a  été  expulsée  par  une 
primipare.  La  femme  dont  il  s'agit  avait  eu  ses  dernières  règles 
1 1  mois  auparavant,  et,  en  raison  des  phénomènes  observés,  on 
pensa  à  Texistence  d'une  grossesse.  Elle  présenta  ensuite  des  acci- 
dents, dont  des  hémorrhagies  répétées  et  persistantes.  Examinée 
dans  les  derniers  temps  par  M.Budin,il  pensa,  de  par  l'analyse  des 
symptômes  et  des  signes  fournis  par  l'examen  obstétrical,  qu'il  s'agis- 
sait bien  d'une  grossesse^  mais  avec  mort  du  fœtus  et  rétention  del'ouf . 
Ou  fit  l'accouchement  provoqué  qui  se  termina  par  l'expulsion  delà 
pièce  pathologique  eu  question.  Au  résumé,  il  s'agissait  bien  d'un 
œuf,  mais  qui  avait  subides  altérations  considérables;  il  avait 
une  apparence  charnue  et  pesait  300  gr.  Il  présentait  deux  parties 
distinctes,  a)  l'une  extérieure,  b)  l'autre  intérieure.  L'intérieure, 
représentant  les  parois  d'une  cavité,  était  constituée  par  l'amnios, 
qui,  par  places,  était  refoulé  vers  l'intérieur,  de  façon  à  former 
13  tumeurs,  pyriformes,  du  volume  d'une  grosse  noix  et  dont  la 
masse  centrale  était  du  sang  coagulé.  L'extérieure,  qui  envelop- 
pait de  toutes  parts  la  précédente,  était  formée  par  des  caillots 
librineux  anciens.  Dans  l'œuf,  il  n'y  avait  plus  traces  ni  de  fœtus 
ni  de  cordon,  ni  de  liquide  amniotique;  ces  parties  s'étaient 
résorbées. 

Beknukin  lit  un  mémoire  sur  une  observation  de  fœtus  mort  et 
momifié.  Séjour  du  produit  de  conception  pendant  onze  mois  dans 
l'utérus  normal.  Accouchement  provoqué.  Gnérison. 

HL.. 


390  REVUE  ANALYTIQUE 


REVUE  ANALYTIQUE 


CANCER  UTÉRIN 

Sur  une  forme  rare  de  carcinome  secondaire  de  rméras  (Ueber 
eine  seltene  Art  von  secundareus  carcinom  des  UteruskOrpers), 
A.  Benckiser.  ZeUsch.  f,  Geb.  u.  Gyn,,  Bd.  XXIL  Hft  2,  p.  837. 

Dans  ce  cas  le  néoplasme  s'est  exclusivement  localisé  sur  Tépi- 
thélium  superficiel,  ce  qui  est  une  variété  extrêmement  rare.  Ruge 
a  bien  signalé  cette  invasion  secondaire  de  la  muqueuse  du  corps 
de  Tutérus,  mais  en  la  signalant  comme  tout  à  fait  exceptionnelle. 

Obs.  —  Femme  de  59  ans,  mère  de  4  enfants,  le  dernier  âgé  de 
20  ans.  Depuis  3  mois  environ,  elle  avait  un  écoulement  d*abord 
aqueux,  puis  sanguinolent  et  fétide.  Survinrent  des  hémorrhagies 
irrégulières  et  de  Tamaigrissement.  Examen  :  carcinome  étendu 
du  col,  en  voie  de  nécrose,  ayant  transformé  la  plus  grande  por- 
tion du  col  en  une  cavité  pleine  de  masses  ichoreuses  et  en  décom- 
position.  Bord  de  Toriôce  externe  indemne.  Après  curettage  des 
tissus  dégénérés,  extirpation  totale  de  l'utérus  par  le  vagin.  Or, 
depuis  environ  2  ans  que  Vopération  a  été  faite,  la  femme  est 
bien  portante  et  Von  ne  découvre  pas  la  moindre  trace  de  réci- 
dive. 

Examen  macroscopique,  —  Utérus  de  dimensions  moyennes  ; 
de  roriûce  externe  au  fond  de  Torgane  10  cent,  épaisseur  moyenne 
des  parois  1  r2  cent.  Sur  tous  les  points  de  Torifice  externe,  épi-, 
thélium  normal.  Immédiatement  au-dessus  de  Torilice  externe, 
commence  le  processus  de  destruction  profonde,qui  s'étend  à  5  cent, 
en  hauteur.  La  paroi  est,  du  fait  du  curettage,  réduite  à  5  millim. 
d'épaisseur,  elle  est  rugueuse  et  irrégulièrement  recouverte  de 
caillots  sanguins.  Cet  amincissement  de  la  paroi  du  col  sépare 
Toriûce  externe,  par  une  ligne  dentelée,  de  la  portion  conservée 
de  la  muqueuse  de  la  cavité  du  corps.  Uue  portion  du  corps  utérin 
est  donc  prise  par  le  processus  de  destruction. 

Dans  la  cavité  du  corps,  pas  de  caillots  sanguins.  La  continuité 
de  la  muqueuse  parait  partout  conservée.  Cependant,  sa  surface 
est  irrégulière.  Sur  toute  son  étendue  existent  des  saillies  entou- 
rées et  traversées  par  de  petites  dépressions.  Ces  saillies  proémi- 
nent peu  et  ont  un  aspect  finement  granuleux.  Sur  les  préparations, 


CANCER  UTÉRIN  391 

saillies  et  dépressions  présentent  des  différences  accusées  de  colo<^ 
ration  :  les  dépressions  s^accusent  sous  forme  d'un  réseau  à  lignes 
très  rouges  ;  les  ^îllîes  sous  l'aspect  d'un  Usso  blanchâtre»  trouble, 
moins  transparent. 

*  Plus  haut,  ail  niveau  du  fond  de  l'utérus,  slnsère  un  polype  long 
de  1  \/'l  cent.»  large  de  1  cnnt.  aplati  d'avant  en  arriére,  et  dont  la 
surface  est  exactement  semblable  à  celle  de  Tendométrium.  La  mu- 
queuse du  corps  présente  partout  une  épaisseur  moyenne  de 
3  millim.  et  se  sépare  nettement  de  la  musculeuse.  Pas  d'altéra^ 
tions  de  la  musculeuse  ou  du  revêtement  péritonéal. 

Examen  microscopique,  —  Ce  qui  reste  de  la  paroi  ulcérée  du 
col»  présente  une  pénétration  de  cette  paroi  par  des  traînées  de 
cellules  épithéliales.  Ces  traînées  sont  sur  certains  points  consti- 
tuées par  quelques  cellules.  8ur  d'autres,  par  des  éléments  épithé- 
HauK  agglomérés  en  masses  affectant  un  aspect  fungiforme  et 
reliées  les  unes  aux  autres  de  façon  à  figurer  un  réseau.  Dans  les 
mailles  de  ce  réseau,  apparaissent  les  éléments  persistants  du  col. 
Cette  disposition  anatomique  se  poursuit  jusqu'à  Toriflce  externe 
mais  sans  se  continuer  avec  répithélium  normal  de  la  portion. 

Dans  la  portion  conservée  de  la  cavité  du  corps  de  Vutérus, 
la  muqueuse  présente  partout  Vaspecl  suivant  :  sur  les  saillies 
déjà  décrites,  l'épi Ihélium  BuperQciel  s'est  transformé  en  une 
couche  plus  ou  moins  épaisse  de  cellules  épithéliales  d'inégal  vo- 
lume ;  à  no3'aux  clairs,  de  dimensions  variables,  qui  permettent 
de  constater  :  d'une  part  la  disposition  manifestement  réticulée  de 
la  substance  chromophile  et  d'autre  parties  différentes  phases  du 
processus  progressif  et  régressif.  La  forme  des  cellules  varie,  tantôt 
elles  sont  en  ovales, allongées,  tantôt  polygonales  par  compression 
réciproque.  Sur  certains  points,  on  voit  cette  couche  partir  des 
éléments  épiihéliaux  cubiques  et  normalement  disposés  de  la 
muqueuse  saine,  et  sur  d'autres,  on  voit  entre  lee  cellules  de  la 
couche  néoplasique  des  noyaux  de  cellules  migratrices  en  voie  de 
segmentation.  En  beaucoup  de  points,  au  niveau  des  dépressions, 
se  voit  un  épithclium  cubique,  normal,  bien  commencé,  qui  se  con- 
tinue brusquement  avec  le?  éléments  épithéliaux  de  la  couche 
anormalp.  Tout  le  reste  de  la  muqueuse  est,  jusqu'à  la  musculeuse, 
le  siège  d'une  infiltration  de  petites  cellules.  Dans  l'ensemble, 
on  constate  une  diminution  considérai  de  des  glandes.  Il  n'existe 
qu'un  petit  nombre  de  glandes  en  tubes,  ramifiées  en  parties,  et 
pourvues  d'un  épithélium  cylindrique  bien  conservé.  Quelques 


902  REIYUK  ANALYTIQUE 

S^ftbdefsont  diUté^i.i^^^arciaoaie  n'a  pas  pénétré  danslea  glandta, 
:  Au  tii  V9aa  du  point  de  pa^sagd  de  l\  çiylté  par  proo3â9as  ulcératif 
i,la  muqu^QB  du  Corps  de  ruierus,  et  seulement  à  oe  niveau,  on 
aperçoit  des  racines  qui,  émanant  de  la  couche  épithéliale,  poussent 
jusque  daiis  la  muSculeuse  ;  eUe4  sont  form^^es  dea  mêmes  él<5- 
ments  éplthélîaux  que  cette  couche. 

>  Le  polype  Inséré  sur  le  fond  de  l'organe  est  beaucoup  plus  pris 
par  la  néoplasie  épithéliale  que  le  reste  du  corps  de  Tutérua.  Il  est 
littéralement  traversé  par  les  éléments  néoformés  ;  ces  éléments 
ont  réduit  à  de  petits  espaces  les  glandes  nombreuses  situées  à  la 
base  et  au  sommet  du  polype.  Ici  aussi,  les  éléments  glandulaires 
sont  entourés  par  des  zones  plus  ou  moins  étendues  d*inâltrats  de 
petites  cellules,  qui,  à  plusieurs  reprises,  enserrent  les  glandes. 
Il  en  résulte,  indépendamment  des  glandes  ramifiées  pourvues 
d'épithélium  cubique  ou  cylindrique,  des  espaces  qui  tantôt  révé« 
Lent  leur  origine  glandulaire  parce  qu'ils  possèdent  enaore  un  peu 
de  leur  épithélium  normal  et  tantôt  ont  expulsé  cet  épithéiium  au 
niveau  de  leur  orifice  excréteur.  On  aperçoit  d'autres  espaces,  qui 
paraissent  provenir  de  vaisseaux  dilatés,  parce  qu*on  voit  dans 
leur  intérieur  des  globules  rouges.  Les  glandes  en  communication 
avec  la  surface  sont  en.  partie  envahies  déjà  par  le  néoplasme  : 
des  préparations  permettent  de  constater  nettement  que  Tépithé- 
lium  glandulaire  est  en  voie  de  prolifération  et  que  ce  processus 
va  de  roriûce  des  glandes  vers  leur  profondeur. 

Remarques.  •—  Il  s*est  agi,  dans  le  cas  actuel,  d*un  carcinome 
du  col,  qui  a  détruit  la  plus  grande  partie  de  la  substance  de  cet 
organe.  De  Texamen  de  la  piéce^  il  n*est  pas  permis  de  dire,  d'une 
façon  formelle^  si  le  néoplasme  a  débuté  sous  form3  de  noyau 
cancéreux  du  col  ou  de  cancer  de  la  muqueuse.  La  dernière  hypo- 
thèse, en  raison  du  mode  de  propagation  par  en  haut,  est  la  plus 
vraisemblable. 

Le  trait  essentiel  dans  la  marche  du  néoplasme,  c'est  que,  de 
toute  la  muqueuse  du  corps  de  Tutérus,  seul  Tépithélium  superfi^ 
ciel  a  été  d'abord  alleclé  :  glandes  et  tissu  connectif  sont  restéi 
indemnes.  Les  choses  se  comportent-elles  de  la  môme  façon  dans 
la  carcinome  primitif  du  col,  il  est  impossible  de  Taflirmer  d'après 
cette  pièce  pathologique.  Mais,  Il  est  permis  de  considérer  l'éven- 
tualité comme  possible.  La  dispodition  anatomique  constatée  au 
nWeau  du  passage  de  la  cavité  par  processus  destructif  à  la  mu« 
queuse  du  corps  milite  dans  ce  sens.  A  ce  niveau,  en  effet,  exls* 


C^NGBR  UTÉniN  393 

talent  des  probngamihts  épithéltaux  ea  misse  Ainj^n^^ut  directe- 
ment de  la  couche  épUbéliale  néoplasique  et  poussant  Jusque  dans 
la  mueculeuai,  tandie  que  de  rares  glandes  situâe^  dau$  le  voisi- 
nage étaient  indemnes.  Cette  origine  exclusive  du  ciQcar  primitif 
dans  l'épithélium  superûeiel  n'a  pas  été  signalée  ;  et  la  question  ne 
peut  ôtre  encore  déûoitlvement  résolue.  r.  l. 

Épithélioma  da  col  utérin.  ( Flystérectomle  vaginale),  par  M.  Ro- 
bin-MasSé.  Jour,  des  sciences  méd.  de  Lille,  16  octobre  1801, 
p.  372. 

Femme  de  41  ans,  M.  Duret  fit,  le  6  mai,  à  cause  d'un  épithéiima 
du  col,  une  extirpation  de  l'utérus  par  la  voie  vaginale.  Après  les 
précautions  antiseptiques,  l'utéras  abaissé  fut  libéré  de  ses  atta- 
ches vaginales  par  l'incision  des  culs-de-sac  antérieur  et  postérieur, 
Le  ligament  large  gauche,  puis  le  droit,  furent  saisis  dans  deux 
ligatures  au  ûl  de  soie;  la  cavité  laissée  par  Tablation  de  l'utérus 
fut  drainée  avec  la  gaze  iodo formée. 

Le 8  mai.  l«r  pansement  :  Pendant  une  injection  de  sublima  à 
1/2000,  la  malade  est  prise  d'état  syncopal  avec  sueurs  abondun- 
tes.  Aussitôt,  on  fait  sortir  le  liquide  au  moyen  du  spéculum  et  en 
inclinant  le  bassin  de  la  femme,  néanmoins,  il  y  eut  le  lendemain 
de  la  stomatite  mercurielle;  haleine  fétide,  goût  métallique,  liséré 
gingival,  légères  ulcérations  des  lèvres  ;  la  température  tombée  à 
36o,2  remonta  le  lendemain  à  37o. 

La  malade  sortit  en  bon  état  en  juin,  après  avoir  présenté  une 
fistule  vésico-vaglnale  qui  guérit  par  Tapplication  d'uue  sonde  à 
demeure  pendant  10  jours. 

L'examen  histologique  montra  qu3  tout  le  tissu  utérin  était  en- 
vahi par  répithélioma.  R.  S. 

Dn  cUtgaosUc  précoce  du  cancer  da  l'atéroB,  par  Winteh.  Centrbl. 
f.  Gyn,,  1891,  no  32,  p.  mï. 

Les  méthodes  suivies,  actuellement,  po jr  le  traitement  radical 
du  cancer  de  l'utérus,  sont  : 

lo  L'amputation  supra-vaginale  pour  le  carcinom'î  de  la  portion 
tout  à  fait  au  début  ; 

2»  L'extirpation  totale  pour  toutes  les  variétés  de  cancer  de  l'u- 
térus ; 

2fi  L'opération  de  Freund  dans  les  cas  d'utérus  trop  volumineux 
pour  permettre  leur  extirpation  par  le  vagin. 

Les  résultats  immédiats  de  l'extirpation  totale  sont,  aujourd'hui. 


394  REVUE  ANALYTIQUE 

à  peu  près  8-10  0/0  comme  chiffre  de  mortalité  ;  mais  ils  peuvent 
encore  s'améliorer  et,  sons  peu,  arriver  à  5  0/0;  on  aura  toujours 
à  enregistrer  quelques  cas  de  morts  par  péritonite  septique.  L'am- 
putation supra- vaginale  donne  encore  de  meilleurs  résultats,  en- 
viron 6^5  0/0.  Les  résultats  définitifs  sont  aujourd'hui  satisfaisants, 
mais  ils  sont  en  réalité  trop  optimistes.  Cela  tient  à  ce  que  la 
période  d'observation  de  2  ans,  sur  laquelle  sont  basées  la  plupart 
des  statistiques,  est  trop  courte.  A  mesure  que  cette  période  d*ob- 
servation  se  prolonge,  les  résultats  définitifs  deviennent  plus  mau- 
vais ;  moyenne  des  guérisons  définitives  25  0/0. 

Mais  ce  résultat  perd  de  sa  valeur,  si  l'on  réfléchit  qu'à  l'heure 
actuelle,  1/4  seulement  de  toutes  les  femmes  atteintes  de  cancer 
sont  encore  opérables  quand  elles  se  décident  à  consulter  le  méde- 
cin; or,  si  de  ce  quart,  1/4  seulement  sont  définitivement  guéries,  il 
en  résulte  qu'en  réalité  on  réussit  à  guérir  définitivement  7  0/0  ma- 
lades ;  ce  qui  revient  à  dire  que  le  cancer  de  l'utérus  tue  encore 
dans  la  proportion  de  93  0/0. 

On  ne  peut  espérer  améliorer  ces  résultats,  qu'en  s'efTorçant 
d'établir  un  diagnostic  précoce. Thorns  a  utilisé  G2  cas,  pour  tâcher 
de  déterminer  qui  a  été  conduit  à  faire,  le  premier,  le  diagnostic 
de  cancer,  et  aussi  quel  intervalle  s'est  écoulé  entre  le  moment 
où  le  diagnostic  fut  fait  et  l'apparition  des  premiers  symptômes. 

Six  femmes  vinrent  d'abord  à  la  Konig,  Universitalsfraueri' 
Kliniky  4  d'entre  elles  étaient  opérables,  soit  66  0/0;  47  femmes 
s'adressèrent  à  leur  médecin  ordinaire,  et  subirent,  sous  sa  direc- 
tion, des  traitements  fort  divers,  parfois  môme  très  peu  judicieux. 

Dans  25  cas,  Texamen  fut  pratiqué  immédiatement,  et  les  ma- 
lades furent  envoyées  à  la  clinique;  38  0/0  opérables. 

Dans  6  cas,  Texamen  fut  fait  tout  de  suite,  et  vraisemblable- 
ment, le  diagnostic  fut  rigoureusement  établi  ;  mais  la  plupart  du 
temps,  les  malades  se  dérobèrent  au  traitement;  1  opérable. 

Dans  15  cas,  il  ne  fut  pas  fait  d'examen;  on  se  contenta  d'insti- 
tuer un  traitement  symptomatiquo,  jusqu'au  moment  où  les  ma- 
lades entrèrent  à  la  clinique;  20  0/0  opérables. 

En  beaucoup  de  cas,  on  doit  attribuer  le  diagnostic  tardif  du 
cancer  à  une  certaine  négligence  de  la  part  du  médecin  ;  beaucoup, 
malheureusement,  n  apprécient  pas,  comme  il  conviendrait,  les 
symptômes  caractéristiques  de  l'affection;  alors  qu'au  contraire 
ces  symptômes  devraient  les  mettre  en  éveil  sur  la  gravité  de  la 
maladie  et  les  conduire  à  procéder  à  un  examen  immédiat 


CANCER  UTÉRIN  395 

Neuf  malades  s'adressèrent  d'abord  à  des  sages-femmes  ;  2  seu- 
lement de  ces  dernières  adressèrent  leurs  clientes  à  des  médecins, 
les  7  autres  les  traitèrent  longtemps  elles-mêmes  :  résultat  :  de 
toutes  ces  malades,  une  seule  opérable  (le  traitement  des  affec- 
tions abdominales  devrait  être  absolument  interdit  aux  sages- 
femmes,  pour  cause  dlncompétence). 

L'obstacle  le  plus  sérieux  au  diagnoetic  précoce  du  cancer  de 
Tutérus,  c'est  l'insouciance  des  sujets  vis-à-vis  des  douleurs  qu'il 
cause.  Il  serait  extrêmement  important  que  le  médecin  surveillât 
très  soigneusement  ses  malades,  et  qu'il  fut  bien  instruit  de 
certains  symptômes  de  l'affection  cancéreuse. 

Mais  toute  une  série  de  cancers  —  en  particulier,  le  cancer  du 
col  —  se  développent  pour  ainsi  dire  silencieusement,  sans  symp- 
tômes révélateurs;  quand  ceux-ci  se  montrent,  le  cas  est  déjà 
inopérable. 

De  toute  manière,  un  grand  pas  serait  fait,  si  les  femmes  con- 
sultaient à  temps  leur  médecin,  et  si  celui-ci  procédait  à  un 
examen  immédiat.  Le  diagnostic  du  cancer  —  par  exemple,  de 
celui  de  la  portion  vaginale  —  est  en  général  facile,  et,  à  condition 
d'une  certaine  expérience,  peut  être  porté  avec  certitude  {Cent,  f, 
Gyn.y  1891,  n»  32,  p.  664).  il.  L. 

Hystèrectomie  pour  cancer  3  et  prolapsus  utérin  5,  par  Gouilloud. 
In  Lyon  med.,  7  juin  1891,  p.  192. 

Dans  son  procédé  d'hémostase  Gouilloud  fait  quatre  pédicules 
correspondant  aux  deux  artères  utérines  et  aux  deux  artères 
utero  ovariennes.  A  l'aide  du  doigt  replié  en  crochet  on  détermine 
facilement  le  pédicule  des  artères  utérines  ;  puis  l'utérus  est  abaissé 
fortement  de  manière  à  pouvoir  contourner  l'origine  des  trompes 
c'est-à-dire  le  bord  supérieur  des  ligaments  larges  et  il  est  alors 
facile  de  faire  le  pédicule  des  artères  utero- ovarien  nés. 

A  propos  de  cette  communication  OUier  fait  remarquer  que  les 
opérations  anciennes  d'hystérectomies  partielles  ne  donnaient  que 
des  succès  assez  rares.  Peut-être  obtiendra- t-on  davantage  par 
l'ablation  totale  et  précoce.  Il  faut  cependant  se  rappeler  que  l'évo- 
lution particulière  de  chaque  tumeur  domine  le  pronostic  ;  cer- 
taines ont  une  marche  naturellement  rapide,  d'autres  lente.  Il 
faut  tenir  compte  de  ce  fait  dans  les  résultats  des  hystérectomies. 
Quant  à  l'ablation  du  pédicule  par  la  voie  viigiuale  dans  l'hystô- 
rectomie  abdominale  c'est  augmenter  inutilement  la  gravité  de 
l'opération  P.  Mauglaire. 


396  R5VUE  ANALYTIQUE 

Traitement  du  cancer  de  rutéma  dans  la  groaaease  et  raccoucbe- 
ment.  V.  V.  Soutouguine.  Vratchy  n^*  10-11, 1890. 

Dans  le  cours  de  la  grossesse  le  cancer  est  une  complication  rare 
mais  fort  grave  malgré  le  peu  d'étendue  des  lésions.  On  n'observe 
en  général  que  le  cancer  du  col  utérin  avec  ou  sans  envahissement 
du  vagin.  Les  femmes  succombent  dans  plus  de  la  moitié  des  cas 
en  avortant  (hémorrhagie,  infection)  ou  en  accouchant  à  terme 
(rupture  de  TutérusK  De  plus,  l'accouchement  a  sur  la  marche  du 
cancer  une  influence  désastreuse.  Quant  aux  enfants  ils  sont  mort- 
nés,  macérés,  putréfiés  ou  sacrifiés  au  moment  de  l'accouchement 
dans  riutérèt  de  la  mère.  Des  nombreux  travaux  compulsés  et 
cités  par  lui  l'auteur  tire  les  conclusions  suivantes  : 

1.  Utérus  gravide  de  moins  de  4  mois  l/*2,  seul  atteint  ihysté- 
rectomie.  2.  Après  4  mois  l/î2  Thystérectomie  vaginale  ne  peut  plus 
être  faite  qu'après  l'avortement  provoqué.  Pour  peu  que  le  néo- 
plasme soit  en  voie  de  désintégration  c'est  l'opération  de  Freund 
qu'il  faudra  exécuter.  Ablation  du  corps  de  l'utérus  par  voie 
abdominale  et  amputation  consécutive  du  col  b.  A  la  fin  de  la 
grossesse,  que  l'enfant  soit  mort  ou  vivant.  Opération  de  Porro. 
4^  Pendant  le  travail,  si  le  col  est  dilatable,  on  peut  se  borner  à 
enlever  toutes  les  parties  malades,  à  désinfecter  rigoureusement 
et  à  terminer  rapidement  raccouchcment.  Si  le  col  n'est  pas  dila- 
table facilement  :  opération  de  Porro. 

Obs.  1.  —  Femme  de  ^12  ans,  lie  grossesse  à  terme,  en  O.I.G.P. 
Cancer  du  col  avec  infiltration  cancéreuse  des  culs-de-sac  posté- 
rieur et  latéraux  ;  écoulement  sanieux  et  fétide.  L'opération  de 
Porro  a  été  exécutée  de  10  février  1881^  :  incision  de  5  cent,  sur  la 
ligne  médiane,  l'utérus  est  attiré  au  dehors,  recouvert  de  com- 
presses chaudes  et  la  partie  supérieure  de  la  plaie  suturée.  Une 
ligature  élastique  ett  appliquée  .^ur  le  segment  inférieur  de  l'utérus 
et  serrée  au  moment  de  l'incision  de  la  paroi  antérieure.  L'enfant 
retiré  légèrement  asphyxié  est  aussitôt  ranimé  ;  l'utérus  avec  ses 
annexes  est  enlevé  et  le  moignon  fixé  dans  l'angle  inférieur  de  la 
plaie.  Premier  pansement  lo  10«  jour,  la  plaie  e^jt  réunie  par  pre- 
mière intention,  le  lien  élastique  tombe  le  28«  jour.  Mais  dés  le 
2«  jour,  on  voit  se  développer  une  cystite  et  la  malade  meurt  le 
42e  jour  avec  les  symptômes  d'une  pneumonie.  L'autopsie  révèle 
une  cystite  pseudomemb/aneuse,  une  pleurésie  j)uruleiite  droite  en 
rapport  avec  un  foyer  de  nécroôC  pulmonaire.  Le  cancer  n'a  pas 
dépassé  le  tissu  cellulaire  péiiutérin. 


CANCER   UTÉRIN  397 

Ob8.  2.  -^  Femme  de  30  ans,  6«  grossessô  à  tertae  probàbremeiit, 
en  OIGP.  Cancer  étendu  du  col  et  du  vagin.  La  malade  se  présente 
en  travail  et  Topération  de  Porro  est  faite  le  2  mars  1889,  comme 
dans  le  premier  cas.  On  constate  que  les  membranes  et  les  eaux 
sont  sales,  verd^tres,  aussi  la  cavité  pôritonéale  est  elle  désinfec- 
tée; cependant  la  température  s'élève  dès  le  2«  jour  et  la  malade 
succombe  le  8®  jour. 

Autopsie  ;  Péritonite  purulente  ayant  pour  point  de  départ  une 
ulcération  cancéreuse  de  la  portion  sas- vaginale  du  col.  La  plaie 
opératoire  est  réunie  par  première  intention. 

L'enfant  ne  vécut  que  deux  mois  et  demi. 

M.  WiLBOUSCHEVITCH. 

Sur  on  signe  précoce  da  cancer  de  latéras.  Ch.  Auory.  Lyon  méd., 
22  nov.  1890,  p.  406. 

Toutes  les  fois  que  dans  une  surface  suspecte  du  col  ou  de  la 
cavité  cervicale  on  pourra  enfoncer  Tongle  et  ramasser  quelques 
débris  de  tissus,  on  est  autorisé  à  affirmer  la  nature  épithélioma- 
teuse  de  la  maladie. 

Ce  signe  sert  à  différencier  le  col  cancéreux  au  début  des  différents 
cols  de  la  métrite  chronique.  P.  M. 

Dn  traitement  conBécntif  de  Textirpation  vaginale.  (Zur  Nachbe- 
handlung  der  vaginalen  utérus  extirpation)  S.  Gottsch\lk.  Cent, 
f,  Gyn.,  1890,  no  25,  p.  443. 

D'une  façon  générale,  quand  Topôra^ion  a  été  régulière,  les 
opérées  présentent,  dans  les  jours  qui  suivent  l'opération  un  état 
presque  aussi  satisfaisant  qun  celui  des  nouvelles  accouchées. 
Aussi  leur  permet-on  de  se  lever  après  une  période  de  temps  rela- 
tivement fort  courte,  du  10«  au  14e  jour  (Frîtsch),  après  le  10^  (Mar- 
tin). Pourtant,  il  y  aurait  quelque  danger  à  adopter,  d'une  façon 
systématique,  un  délai  de  repos  aussi  court.  Ainsi,  Gottschalk  a 
vu  une  double  synovite  séreuse,  de  l'articulation  du  genou,  sur- 
venir chez  une  femme,  à  laquelle  il  avait  pratiqué  heureusement 
rhystérectomie  pour  un  cancer  du  col  et  chez  laquolle  les  suites 
opératoires  avaient  été  parfaites,  quelques  heures  après  qu'il  l'a- 
vait autorisée  à  se  lever  (14«  jour  après  l'intervention).  1/2  heure 
après  avoir  quitté  le  lit,  elle  fut  prise  de  violentes  douleurs  dans 
les  genoux,  et  dès  le  lendemain  elle  présentait  un  épanchemcnt 
bilatéral  considérable  dont  la  nature  purement  séreuse,  était 
démontréepar  l'absence  d'hyperthermie.  Il  est  vrai  que  cette  Temmo 
pétait,  au  moment  de  l'opération,   dans  un   état  de   faiblesse  et 


398  REVUE  ANALYTIQUE 

d'amaigrissement  extrêmes.  En  conséquence,  ranieur  est  d'avis 
qu'il  semt  prudent  de  maintenir  au  lit  de  tels  sujets  au  moins 
20  jours.  R.  L. 

UttitM  de  lliystérectoiiiie  vaginale  dans  les  cas  de  cancer  ntéflii. 

(Limitsof  vaginal  hysterectomy  for  cancer  of  the  utérus),  parCoE, 
de  New- York.  Am.  J.  of  Ohst,,  juin  1890,  p.  587. 

L'auteur  fait  remarquer  que  cette  opération  ne  prolonge  guère 
la  vie  de  la  malade  (un  an  seulement  environ),  d'après  Martin,  sur 
214  femmes  opérées,  5  seulement  étaient  vivantes,  au  bout  de 
4  ans.  La  récidive  est  rapide,  et  laisse  l'opérateur  désarmé,  à  cause 
de  Textension  du  mal.  Coe  adopte  Topinion  de  R.  Jackson  : 
t  100  femmes  affectées  de  cancer  donneront  un  total  d'années  de  vie 
t  plus  grand,  sans  opération  (left  atone)  que  si  on  les  soumet  à 
1  rhystérectomie  »• 

Yerneuil;  dans  une  lettre  à  l'auteur,  dit  que  :  c  la  survie  après 
«  rhystérectomie  vaginale^  qui  n'est  pas  toujours  innocente,  n'est 
t  pas  plus  longue  qu'après  l'ablation  du  col  seul  ».  Pawlick,  de 
Prague,  n'eu  eat  guère  partisan  ;  de  même  Hofmeler,  de  Wûrs,Conig 
et  H.  T.  Byford,  de  Chicago  ;  Lane,  de  San -Francisco,  sur  12  cas, 
n'a  pas  eu  de  récidive,  en  7  ans. 

Dudley  dit  qu'il  n'est  pas  encore  temps  de  se  prononcer. 

A.  Ck)RDES. 

Un  cas  dliystérectomie  laparo-vaginale.  (Laparo  vaginal  hysterec- 
tomy, with  the  report  of  a  case),  par  C.  Clevkla.nd,  à  New- York. 
Am.  J,  ofObsL,  1890,  p.  503. 

La  malade  avait  un  cancer.  L'utérus  étant  trop  gros  pour  pou- 
voir être  enlevé  par  la  voie  vaginale,  l'auteur  renonça,  après 
osHui,  il  le  faire  par  cette  voie,  et  procéda  aussitôt  à  la  laparotomie. 

L'opérée  se  remit  sans  avoir  eu  plus  de  38o,33  de  température. 

A.  Cordes. 

Qanoer  de  1  utérus  (Zur  Radical,  opération  des  carcinoma  uteri), 
par  U.  Flaischlkn.  Deutsche  med  Woch.y  2i  juillet  1890,  n®  30, 

KluiîicliltMi  publie  sa  statistique  et  celle  de  P.  Ruge.  Elle  con- 
ti»*iit  JOhysiêrecto  nies  totales  et  2  amputations  sus-vaginales  du  col. 

L"s  -V  hYfïtéreclomies  ont  donné  3  morts  par  accidents  septiques 
^doi.l  deux  nu  dobut  do  l'exercice  des  auteurs),  7  morts  par  récidive 
vl.i<i>  Iv  couraut  de  la  nuée  et  10  cas  sans  récidive  au  bout  de  5  ans 
tn  t  uuÙM,  ^;  AUit  et  \^  mois  ;  3  ans  et  2  mois  ;  3  ans  et  1  mois  ;  2  ans 


CANCER  UTÉRIN  399 

et  Q  mois  ;  1  an  et  11  mois  ;*  1  an  et  2  mois  ;  I  an  ;  10  mois  ;  4  mois. 
Dans  ces  cas,  deux  fois  il  a  été  trouvé  dans  le  corps  des  noyaux 
indépendants  de  ceux  du  col.  Les  deux  amputations  du  col  ont 
fourni  1  survie  (4  ans  et  4  mois)  et  1  mort  de  récidive  après 
2  ans  1/2  de  bonne  santé.  Néanmoins  les  autres  prennent  parti 
pour  rhystérectomie  totale  ;  mais  on  ne  doit  l'entreprendre  que  si 
les  ligaments  larges  ne  sont  nullement  envahis.  Â.  B. 

L*extirpatloii  du  tissu  cellalaire  périntôrin  dans  les  cancers  dn  col 
de  la  matrice,  par  Charles  Pawlik.  Internationale  Klinische 
Rundschau,  1889,  n»*  26,  27  et  29,  et  Arch.  de  tocol.  Paris, 
mai  1890,  p.  257. 

Frappé  de  ce  fait  qu'après  l'ablation  du  col  utérin,  la  récidive  a 
lieu  dans  le  tissu  cellulaire  voisin  et  non  dans  le  moignon,  Pawlik 
conclut  que,  dans  le  plus  grand  nombre  des  cancers  cervicaux, 
l'ablation  totale  de  la  matrice  n'est  pas  nécessaire  et  qu'il  faut 
surtout  extirper  le  paramétrlum.  Le  danger  est  la  lésion  des  ure 
tères,  grâce  à  l'introduction  de  cathéters  dans  leur  intérieur,  on 
peut  les  reconnaître  et  extirper  le  tissu  cellulaire  malade. 

Suivent  4  opérations  d'hystérectoraie  totale  avec  ablation  du  pa- 
ramétrlum. Résultat  :  1  malade  perdue  de  vue,  1  récidive  après 
16  mois,  1  revue  guérie  encore  après  8  mois»  1  sans  récidive  après 
1  an  ;  cette  dernière  a  une  fistule  urétéro-vaginale.(ruretère  n'avait 
pas  été  cathétérisé  au  moment  de  l'opération).  Â.ucun  des  4  utérus 
extirpés  ne  contenait  de  noyau  cancéreux  dans  le  corps;  aussi 
l'extirpation  totale  dans  les  cancers  cervicaux  lui  semble-t-elle 
inutile.  H.  H. 

HjBtérectomie  laparo-vaginale  (Laparo-vaginal  hysterectomy, 
with  the  report  of  a  case),  par  Clément  Cleveland.  AmerJ,  of 
Obstetr.,  N.-Y.,mai  1890,  p.  502. 

Dans  le  cas  où  le  vagin  est  petit  et  où  l'utérus  est  difficile  à  abais^ 
ser,  Cleveland  pense  qu'il  est  bon  de  commencer  par  faire  une 
petite  incision  abdominale  sur  la  partie  inférieure  de  la  ligne 
blanche  et  d'ouvrir  une  boutonnière  au  péritoine.  On  maintient 
momentanément  fermée  cette  ouverture  à  l'aide  d'un  clamp  et  l'on 
couvre  d'une  compresse  antiseptique.  Puis  on  procède  à  l'hysté- 
rectomie  vaginale  ;  quand  arrive  le  moment  d'appliquer  les  pinces 
longues  sur  les  ligaments  larges,  on  guide  leur  extrémité  à  l'aide 
de  Tjndex  gauche  introduit  dans  la  plaie  abdominale  ;  rhystérec- 
tomie est  terminée  comme  à  l'ordinaire  et  la  plaie  abdominale  fer- 


RËVUÊ  ANALYTrQUE 

méâ  après  Uh  Iftvàgé  abaominô-VAglnal.  Si  rutérus  eembUlt  trop 
gros  pour  sortii'  par  le  vagin,  on  agrandirait  rincisiod  abdominale 
et  on  re&trairait  par  cette  InciBîon.  Une  observation  de  cancer 
utérin  opéré  par  cette  méthode  et  guéri.  H.  H. 

Traitement  du  cancer  de  rutérua.  (Treatraent  of  utérine  cancer), 
par  Th.  More  Madden.  In  the  Prov.  med.  Joum,  Leicester,  i889> 
p.  585. 

L^auteur^  qui  parie  presque  incidemment  de  rélcctrolysn  ei  du 
curettage  de  Tutérus  fait  surtout  un  parallèle  entre  rhystércctomia 
totale  et  Thystérectomie  pardelle,  sous^vaginale  ou  supra^vagl* 
nale.  Il  apporte  une  statistique  de  22  cas  d'opérations  partielles 
pratiquées  dans  les  dix  dernières  Années.  Sur  ces  22  cas  11  y  a  eu 
huit  récidives  dont  quatre  dans  la  première  année»  deux  au  bout 
de  deux  ans  et  deux  au  bout  dé  deux  ans  1/2.  Los  quatorze  autres^ 
opérées  sont  encore  en  bonne  santé. 

L'auteur  ne  cache  pas  ses  préférences  pour  l'hystérectomle  par- 
tielle, l'hystérectoroie  totale  vaginale  ou  abdominaiCi  beaucoup 
plus  grave  comme  opération,  donnant  autant  de  récidives.  Il  faut 
la  réserver  à  certains  cas  particuliers»  et  ne  la  pratiquer  que  lors- 
qu'on ne  peut  faire  autre  chose. 

8i  on  veut  avoir  par  une  opération  quelconque  un  succès  dura- 
ble, il  faut  opérer  tout  à  fait  au  début  du  mal,  lorsqu'il  commence 
A  peine  et  qu'on  ne  constate  guère  qu'une  induration  de  rorilice 
cervical  avec  fissures  sur  son  pourtour,  ou  bien,  si  la  maladie  oom* 
mence  par  les  glandes  ;  de  petits  nodules  sous-muqueux  ou  saiU 
lants  sur  la  surface  d'une  ulcération. 

C'est  alors,  après  s'être  aidé  au  besoin  du  microscope,  quïl  faut 
intervenir.  S'il  s'agit  d'un  cancer,  il  faut  agir,  et  agir  sans  retard, 
car  on  a  alors  quelques  chances  de  Ten lever  complètement.  Mais 
danscecasThystérectomie  partielle  su  flit.  En  effets  le  mal  s'é tendant  ' 
plus  rapidement  cucoro  aux  cuU-de<sac  vaginaux  et  aux  gan- 
glions qu'au  corps  de  Tutérue,  s'il  est  trop  tard  pour  faire  l'abla- 
tion partielle  parce  que  le  mal  remonte  trop  haut,  il  est  également 
trop  tard  pour  entreprendre  l'ablation  totale  parce  qu'il  s'étend 
trop  au  large.  Mieux  vaut  donc,  en  thèse  générale,  tenter  Thysté- 
rectomie  partielle,  aussi  efficace  et  bien  moins  dangereuse. 


Le  Gérant:  O.  Steinheîl. 


I2>l'PBIMB1lIE  LEMALC  ET  C^*,  HAV&K 


ANNALES 

DE  GYNÉCOLOGIE 


Décembre  1892 


TRAVAUX   ORIGINAUX 


DE    L'AGRANDISSEMENT    MOMENTANÉ    DU    BASSIN 
OBLIQUE   OVALAIRE  PAR  ISCHIO-PUBIOTOMIE 

AVEC  CONSIDÉRATIONS  SUR  LA  PUISSANCE  NOCIVE  DU  FORCEPS,  ETC. 

Par  L.-H.  Parabenl. 

Il  y  a  un  an  à  quelques  jours  près,  un  dimanche,  Varnier 
vint  me  dire  :  «  Nous  avons  à  Paris  Spinelli  élève  de  Mori- 
sani  de  Naples  ;  ils  font  là-bas  la  symphyséotomie  depuis 
plusieurs  années  avec  succès  ;  il  presse  votre  ami  Pinard 

d*cntreprendre  cette  opération ;  je  viens  chercher  des 

objections  ou  des  encouragements  anatomiques  ». 

Les  objections  affluèrent  tout  de  suite,  inspirées  par  le  pré- 
jugé. La  symphyséotomie,  une  opération  réprouvée  ! 

Les  compétents  qui  la  repoussaient  avec  tant  de  dédain  et 
d'obstination,  devaient  savoir  à  quoi  s*en  tenir.  Morisani  avait 
parlé  au  Congrès  de  Londres,  en  1881,  en  pleine  période  anti- 
septique ;  de  môme  ces  Annales,  après  lui  et  d'après  lui. 

Charpentier  qui,  dans  la  première  édition  de  son  traité,  1883, 
s'était  montré  parfaitement  renseigné  et  néanmoins  défavo- 
rable, n  avait  pas,  malgré  les  statistiques  italiennes,  changé 
d'opinion  dans  sa  récente  édition,  1890. 

Et  pourtant,  avec  l'asepsie,  l'opération  m'apparaissait  un 
jeu  pour  l'opérateur  et  pour  l'opérée.  Mais  dans  mon  ip;no- 
rance,  je  doutais  que  les  symphyses  sacro-iliaques  pussent 

AXK.  DK  OTX.  '-  TOL.  XZZTIII.  26 


402     AGRANDISSEMENT  DU   BASSIN   PAR  ISGHIO-PUBIOTOMIE 

permettre  un  écartement  suffisant;  je  n'avais  jamais  songé 
à  étudier  le  bassin  à  ce  point  de  vue.  J'aurais  levé  mes  doutes 
anatomiques  à  la  minute,  si  j'avais  su  que  j'avais  sous  lamain, 
dans  le  vieux  et  remarquable  dictionnaire  en  60  vol.,  un 
article  excellent  de  Murât,  écrit  dans  le  temps  même  où  tout 
le  monde  connaissait  bien  cette  question^  en  1821. 

Mais  je  ne  savais  rien  de  ce  qui  avait  été  écrit  de  sérieux 
sur  ce  sujet.  Par  conséquent,  en  présence  des  affirmations 
de  Spinelli,  il  n'y  avait  qu'une  <r  conduite  à  tenir  »,  comme 
disent  les  accoucheurs  :  aller  voir. 

Dix  minutes  après,  nous  étions  dans  mon  laboratoire  : 
j'y  constatais  que  l'opération,  sûrement  facile,  serait  inof- 
fensive et  efficace  ;  et  tout  de  suite  nous  disions  avec  bonheur 
que  notre  ami  Pinard  devait  être  et  allait  être,  qu'il  fallait 
qu'il  fût  le  restaurateur  de  la  symphyséotomie  en  France. 

Aussi  la  question  fut-elle  rapidement  mise  à  l'étude.  Noos 
pûmes  faire  quelques  expériences  et  exercices  opératoires, 
surtout  des  mensurations,  des  tracés  et  des  calculs  d'après 
des  bassins  rétrécis  de  grandeur  variée.  Tout  ce  qu'avaient 
dit  les  partisans  de  l'opération,  au  commencement  du  siècle, 
était  vrai.  Et  nous,  nous  avions  l'antisepsie  I  Pour  moi,  ce 
fut  de  l'enthousiasme  et  ma  naturelle  impatience  maugréa 
bientôt  après  l'occasion  qui  tardait  à  se  présenter. 

Il  ne  suffisait  pas,  en  effet,  que  M.  Pinard  préparé, 
comme  c'était  son  devoir,  eut  fait  sa  leçon  publique  du  7  dé- 
cembre 1891  (i),  ni  qu'il  y  eut  proclamé  devant  un  grand 
nombre  d'élèves  et  d'accoucheurs,  que  c'était  chose  mûrie, 
pesée,  délibérée,  qu'il  fallait  reprendre  la  symphyséotomie, 
qu'il  y  était  fermement  résolu  et  qu'il  attendait,  armé  et 
plein  de  confiance.  Je  désirais  des  opérations  :  les  premières 
eurent  lieu  les  4  et  25  février  1892.  —  D'autres  suivirent 


(l)  Cette  leçon,  annoncée  ici  le  lô  janvier  à  propos  de  la  publication  de 
Spinelli,  fut  publiée  dans  le  numéro  du  15  février  1892,  le  jour  même  où 
M.  Charpentier  recevait  la  flamme  de  la  bouoh  •  de  Morisani  (V.  Sulla  Sinfl- 
siotomia,  Conferenza  del  profea^or  Ottavio  Morisani,  Riforma  medica,  n"  60, 
mars  1892.  Questa  conferenza  fu  tenuta  nel  di  15  febbraio  con  lo  intervento 
del  chiaro  ostetrico  franrese,  dott.  Charpentier.) 


FARABEUF  40H 

aujourd'hui  treize,  par  Pinard  et  ses  élèves)  qui  n'ont  donné 
que. des  succès  pour  les  mères.  Trois  enfants  ont  péri, 
l'un  malade  et  prématuré,  immédiatement  jugé  inviable,  un 
autre  tiré  par  les  pieds  avec  la  rapidité  indispensable,  est 
mort  de  la  résistance  d'un  bassin  incomplètement  libéré 
et  le  dernier  d'une  application  irrégulière  du  forceps. 

Certes,  la  cause  était  plaidée,  entendue,  gagnée,  lorsque  le 
15  mars  la  tribune  académique  retentit  pour  la  première 
fois.  Dans  une  communication  sine  materia,  M.  Charpentier, 
nouveau  Saint  Paul,  croyant  sans  doute  que  tout  était  à 
faire,  se  montra  enthousiaste  de  ce  qu'il  avait  vu  à 
Naples  d'où  il  arrivait.  On  sent  qu'il  avait  été  peu  et  mal 
informé  par  ses  amis  de  ce  que  disait  et  faisait  M.  Pinard. 
Cependant  celui-ci  opérait  et  enseignait  publiquement 
depuis  3  mois;  sa  brochure  avait  paru  le  15  février;  et 
par  un  hasard  intelligent  et  malin,  cette  relation  de  ses 
premiers  succès  venait  d'être  déposée  sur  le  bureau  de 
l'Académie  au  début  même  de  la  séance.  De  tels  dépôts  se 
font  sans  bruit,  tandis  que  l'écho  des  communications  orales 
des  membres  de  l'Académie  est  répercuté  par  toute  la 
presse.  Beaucoup  de  personnes  ont  donc  pu  ignorer  pendant 
quelques  semaines,  que  Pinard  le  premier  en  France,  avait 
repris  l'étude,  la  pratique  et  la  description  de  la  symphyséo- 
tomie  ;  et  tout  à  l'heure,  au  Congrès  de  Bruxelles,  quelques- 
uns  qui  ne  pouvaient  l'ignorer,  l'avaient  déjà  oublié. 

A  présent,  tout  le  monde  s'y  est  mis  ;  je  m'amuse  de 
ces  records  pour  arracher  un  championnat  solidement  main- 
tenu. Dans  le  désir  d'innover,  il  en  est,  sous  d'autres  rap- 
ports très  distingués,  qui  étalent  naïvement  des  notions  bien 
imparfaites  sur  les  moyens  d'union  des  os  du  bassin,  sur  ce 
qui  a  été  fait  ou  tenté  il  y  a  longtemps  déjà  et,  ce  qui  est 
plus  grave  pour  des  accoucheurs,  sur  la  dangereuse  puis- 
sance du  forceps  employé  comme  appareil  de  force. 

La  question  si  bien  étudiée  par  nos  grands-pères,  la  sym- 
physéotomie,  maintenant  que  la  voilà  restituée,  est-elle 
pour  le  moment  tout  à  fait  épuisée  ? 


404     AGRANDISSEMENT  DU   BASSIN   PAR   ISCIIIO-PUBIOTOMIB 

Je  ne  le  crois  plus.  Il  y  a  60  ans,  le  bassin  oblique  ovalaire 
n'était  guère  connu  que  de  Nœgelé.  Les  pubiotomistes  du 
commencement  du  siècle  ne  pouvaient  songer  à  triompher 
par  leur  méthode  de  cette  variété  de  rétrécissement. 

Je  parle  du  bassin  oblique  ovalaire  rétréci  d'un  côté  seu* 
Icment,  asymétrique,  avec  insuffisance  de  développement 
d  une  aile  sacrée,  anhylose  sacro-iliaque  unilatérale  précoce, 
symphyse  pubienne  déjetée  au  delà  de  la  ligne  médiane  dans 
le  côté  resté  large...  Que  vient-il  faire  ici? 

Vous  allez  voir,  puisque  justement  j'apporte  quelques  men- 
surations et  calculs  concernant  cette  difformité  et  de  nature 
à  suggérer  aux  accoucheurs  le  meilleur  mode  de  section  pel* 
vienne  pour  extraire  de  tels  bassins  un  fœtus  à  terme,  de 
volume  normal  et  vivant. 

Rappelons-le  d'abord  :  la  symphyséotomie  s'adresse  aux 
bassins  rétrécis  ordinaires,  c'est-à-dire  aplatis,  symétriques 
et  non  ankylosés. 

Elle  utilise  le  jeu  des  deux  symphyses  sacro-iliaques. 

Pinard  et  Varnier  en  France,  en  Autriche  et  en  Améri- 
que, ont  utilisé  au  commencement  de  cette  année,  les  deux 
figures  que  j'ai  faites  pour  montrer  le  gain  résultant  de  la 
symphyséotomie.  Je  prie  le  lecteur  de  se  rappeler  que 
l'agrandissement  du  diamètre  conjugué  (antéro-postérieur) 
qui  est  le  diamètre  insuffisant,  n'est  pas  uniformément  pro- 
portionnel à  l'écartement  des  pubis  séparés  ;  que  cet  agran- 
dissement est  accéléré,  c'est-à-dire  que  minime  pour  les 
premiers  centimètres  d'écartement  pubien,  il  croit  de  plus 
en  plus  pour  chaque  nouveau  centimètre  qui  vient  s'ajouter 
aux  précédents.  Par  exemple,  si  un  écartement  pubien  de 
3  centimètres  allonge  le  diamètre  antéro-postérieur  prati- 
cable de  8  millim.,  trois  centimètres  d'écartement  en  plus 
rallongeront  de  12  millim.  et  non  de  8  seulement. 

La  figure  1  montre  le  bénéfice  des  grands  écartements, 
5,  6  et  7  centimètres,  résultant  delà  symphyséotomie  appli- 
quée à  une  série  de  six  bassins  gradués,  ayant  dans  leur  dia- 
mètre promonto -pubien,  5,  6,  7,  8,  0  et  10  centimètres. 


Fia.  1.  —  Béaultats  de^b  ByinpLyâéoloiuie  appliquée  i  des  bassins  de 
5,  6,  7,  8,  9,  10  cQiitiin^trea  <)oiit  la  cnpucitë  primitive  eut  indtquËe  par 
le*  cercles  teiotÉs.  Le  diaiiitlre  des  cercles  praticable!  obUoua  après  écsr- 
teooeDl  pubien  de  6,  6  ou  T  centimètrea  est  inscrit  en  miltimètraa. 


406      AGRANDISSEMENT   DU   BASSIN   PAR   ISCHIO-PUBIOTOMIE 

L'accoucheur,  après  avoir  mesuré  autant  que  faire  se  peut, 
le  bassin  de  la  femme,  pourra  voir  sur  ce  tableau  le  diamètre 
du  cercle  praticable  que  lui  donnera  la  symphyséotomie. 
Comme  il  connaît  approximativement  le  diamètre  bipariétal 
fœtal  à  tous  les  âges,  il  verra  s'il  peut  attendre  le  terme  ou 
S'il  doit  provoquer  l'accouchement  prématuré  et  à  quel  mois. 

Mais  d'autre  part,  nous  n'oublions  pas  qu'un  petit  écarte- 
ment  pubien  donne,  absolument  cela  va  sans  dire,  mais  aussi 
relativement,  moins  qu'un  grand  écartement. 

Eh  bien!  un  bassin  ankylosé  d'un  côté  ne  peut  donner  qu*un 
demi-écartement  interpubien,  c'est-à-dire  3  centimètres,  à 
quelques  millimètres  près,  sans  aléa  dangereux.  Et  si  l'on 
réfléchit  que  dans  ce  bassin  oblique  ovalaire,  le  pubis  du 
coté  ankylosé  va  rester  là,  malgré  l'opération,  invincible  jetée 
dépassant  la  ligne  médiane  et  embarrassant  la  partie  large 
seule  perméable  du  bassin,  l'on  comprendra  que  la  sym- 
physéotomie perde  ici  plus  de  la  moitié  de  ses  avantages  et 
que  j'aie  tout  de  suite  voulu  chercher  mieux. 

La  fusion  osseuse  sacro-iliaque  de  N»gelé  supprime  une 
charnière  sur  deux.  Après  séparation  des  pubis,  un  seul  os 
iliaque  au  lieu  de  deux,  s'entr'ouvrirait  comme  un  volet. 

Si  nous  sciions  la  ceinture  pelvienne  du  côté  rétréci,  qu'ar- 
riverait-il ? 

La  partie  ankylosée  ne  bougerait  ;  mais  le  reste?  Le  reste, 
grâce  à  la  symphyse  sacro-iliaque  s'écarterait,  et  grâce  à  la 
souplesse  de  la  symphyse  pubienne  ouvrirait  sa  courbe.  Nous 
aurions  conservé  2  charnières  flexibles  et  nous  aurions  dilaté, 
rendu  praticable,  non  seulement  le  côté  large,  mais  aussi 
une  grande  partie  du  côté  rétréci  (v.  fig.  13,  p.  430). 

Mais  pourquoi  s'acharner  à  étendre  le  domaine  de  la 
symphyséotomie,  opération  simple,  en  créant  des  variantes 
plus  compliquées,  des  pubiotomies,  des  ischio-pubiotomies? 
N  avons-nous  pas,  en  dehors  d'elle,  et  quand  elle  n'est  pas 
applicable,  à  choisir  parmi  quatre  méthodes  rivales? 

Hélas  oui,  nous  les  avons  ;  et  c'est  parce  que  nous  n'avions 
qu'elles,  que  la  symphyséotomie  vient  d'être  si  bien  ac- 


FARABEUF  407 

cueillie  à  Paris»  venant  de  Napies,  et  dans  l'Europe  entière, 
venant  de  Paris. 

Relativement  aux  résultats  des  méthodes  dont  la  sym- 
physéotomie  va  restreindre  singulièrement  remploi,  je  ne 
sais  que  ce  qui  se  dit  ou  s'écrit,  car  je  ne  suis  pas  praticien. 

Eh  bien,  en  matière  de  bassins  rétrécis  et  d'opérations 
conservatrices  de  la  mère  et  de  l'enfant,  la  statistique  dit  que 
Vopération  césarienne^  en  ne  prenant  que  les  résultats  des 
opérateurs  propres,  mais  en  les  prenant  tous  et  pas  seulement 
ceux  d'un  Léopold,  reste  très  dangereuse  pour  la  mère... 

Que  VaÀ^couchement  prématuré  provoqué  donne  une  mor- 
talité fœtale  inattendue... 

Enfin,  que  le  forceps  au-dessus  du  détroit  supérieur  pour- 
tant jugé  ici  moins  dangereux  que  la  version^  est  un  instru- 
ment meurtrier. 

Ne  retenant  que  ce  dernier  point  Je  me  demande  comment 
il  en  serait  autrement  avec  l'instrument  employé  et  Tapplica- 
tioD  défectueuse  qu'on  est  obligé  d'en  faire,  soit  en  travers 
du  bassin,  sur  un  grand  diamètre  céphalique,  soit  obliquement, 
sur  un  diamètre  oblique,  soit  d'avant  en  arrière,  régulière- 
ment, sur  le  bipariétal.  Dans  ces  derniers  modes,  proclamés 
à  Paris  les  moins  offensifs,  le  forceps  n'a  qu'une  manière  de 
servir,  la  traction  ;  il  en  a  deux  de  nuire  :  il  ponte  et  sup- 
prime la  concavité  sacrée,  empêchant  la  tète  de  l'utiliser  en 
s'engageant  ;  il  aplatit  la  tête  et  la  défonce,  particulièrement 
le  pariétal  ou  le  frontal  antérieur.  Et  les  deux  préceptes 
pourtant  si  chers  à  M.  Tarnier  sont  violés,  puisque  la  tête 
ne  reste  pas  libre,  le  périnée  fixant  le  forceps,  et  que  la  pince 
devient  un  instrument  réducteur,  un  mauvais  céphalotribe. 

Le  sujet  vaut  que  je  m'y  arrête,  ne  serait-ce  que  pour 
combattre  ceux  qui  demi-symphyséotomistes  par  timidité, 
confient  au  forceps  et  à  la  tête  incluse,  le  redoutable  soin  de 
terminer  par  arrachement  la  séparation  des  pubis. 

Les  accoucheurs  enseignent  que  la  traction  d'un  homme, 
pouvant  aller  sans  ou  avec  appui  à  40  ou  80  kilogr.,  ne  donne 
qu'une  compression  de  la  tête  moitié  moindre,  20  ou  40  kilogr. 


408     AGRÂNDISSENENT   DU  BASSIN   PAR  ISGHIO-PUBIOTOMIB 

«  La  pression  exercée  par  les  cuillères  de  forceps  est  donc 
égale  à  la  moitié  environ  de  la  traction.  »  Telle  est  la  phrase 
classique.  Vous  allez  voir  si  cela  peut  être  vrai  dans  cer- 
taines circonstances  «alors  que  l'instrument  doit  ètre^  comme 
Ta  fait  Pajot,  comparé  à  un  porte-crayon  serré  par  sa  virole. 

C*est  le  cas  très  fréquent,  on  le  sait,  des  applications  de 
force  au-dessus  du  détroit  supérieur  rétréci.  Un  forceps  est 
chargé  d'une  tête  ferme,  bien  saisie,  accommodée  et  réduite 
le  plus  possible.  L'ensemble  est  fortement  engagé  dans  l'an- 
neau osseux  ;  tout  est  bien  lubréfié  et  glissant;  un  millimètre 
de  largeur  en  plus  au  contenant  ou  en  moins  au  contenu, 
cela  passerait.  Mais  le  contenant  et  le  contenu  sont  ar- 
rivés à  la  limite,  l'un  de  son  extensibilité^  l'autre  dosa  corn- 
pressibilité.  Les  cuillères  glissent  bien  et  leur  convexité  est 
très  faible;  ne  voyez-vous  pas  que  c'est  un  coin  extrêmement 
allongé  qui  se  trouve  tiré  entre  deux  points  résistants  ? 

Dans  ces  conditions,  le  bassin  serre  la  tête,  souvent  au  point 
de  l'effondrer  avec  son  promontoire  ou  d'y  enfoncer  les  cuiU 
1ères  du  forceps,  vous  l'avez  vu  ;  la  tête  tend  à  faire  éclater 
le  bassin  et  y  réussit  quelquefois,  même  sous  une  traction 
modérée,  vous  l'avez  entendu  dire.  Pourtant  les  accoucheurs 
ne  sont  pas  des  chevaux;  il  faut  donc  que  leur  faible  traction 
en  devenant,  dans  les  conditions  que  je  viens  d'exposer,  à  la 
fois  écrasante  pour  la  tête  et  brisante  pour  le  bassin,  loin 
de  diminuer  s'accroisse  considérablement.  Il  m'a  semblé 
qu'elle  devait  se  décupler  facilement  et  qu'en  tirant  modé- 
rément sur  un  forcepsi  coin  devenu  incompressible  engagé 
dans  un  anneau  inextensible,  on  arrivait  à  placer  sur  la  tète 
un  poids  de  quelques  centaines  de  kilogrammes  et  dans  le 
bassin  une  force  dilatatrice  d*égale  puissance  !  Pajot,  avec 
son  génie  intuitif,  avait  senti  que  lorsque  le  détroit  osseux 
arrivait  à  serrer  le  forceps,  il  se  produisait  de  ce  fait,  sous 
l'influence  d'une  traction  pure,  eut-elle  lieu  avec  des  lacs, 
sur  un  instrument  abandonné,  sans  vis  ni  ficelle  rapprochant 
les  poignées,  une  énorme  constriction  de  la  tête,  et  par  réac- 
tion, une  tendance  égale  à  l'écartèlement  du  bassin. 


t'iG.  2.  --  Montru  co:u:iicnt  et  dans  quelles  proi>ortii>iia  le  fortepa  tira  de 
force  A  travers  l'anneau  i>elïicii,  amplifie  la  t-iction,  tonipriroe  la  tOte  et 
dilate  le  biuaia. 


410     AGRANDISSEMENT   DU   BASSIN   PAR   ISGHIO-PUBIOTOMIE 

Cette  symphyse  qui  éclate  avec  bruit,  cet  œil  expulsé  et 
ramassé  sous  la  table,  des  centaines  de  pariétaux  défoncés, 
auraient  dû,  sinon  éclairer  tout  le  monde,  du  moins  pousser 
les  accoucheurs  à  demander  à  la  géométrie  quelque  lumière. 
Au  lieu  de  cela,  c'est  la  phrase  ci-dessus  rapportée,  qui  se 
répète  d*année  en  année. 

J'ai  demandé  à  un  mathématicien  la  solution  du  problème 
suivant  :  Étant  donnée  telle  traction,  que  peut-elle  produire 
comme  force  constrictive  de  la  tête  et  dilatatrice  du  bassin  ? 

Je  pourrais  imprimer  ici  sa  réponse  raisonnée,  car  il  s'agit 
de  géométrie  très  élémentaire,  une  question  de  triangles 
semblables,  en  laissant  de  côté  quelques  petits  détails  rela- 
tifs à  la  compression  de  la  tête.  Je  me  borne  à  la  formule 
brute  éclairée  par  la  figure  2  sur  laquelle  elle  est  inscrite. 

Le  forceps  passe  dans  un  anneau  qui  le  serre  à  quelques 
millimètres  au-dessous  de  la  partie  la  plus  large.  Deux 
tangentes  à  la  convexité  des  cuillères  sont  menées  aux 
points  de  contact  de  ces  cuillères  et  de  Tanneau  ;  ce  sont 
elles  qu'il  faut  considérer  pour  le  calcul.  On  les  voit  se  rap- 
procher comme  les  faces  d'un  coin  dirigé  vers  les  manches 
de  l'instrument.  Écartées  de  100  millim.,  au  niveau  des  points 
de  contact,  elles  no  le  sont  plus  que  de  90  à  peu  près  à  un 
décimètre  plus  bas  : 

100  millim.y  c'est  le  grand  Êcartement  E  ;  90  millim.  c'est  le 
petit  êcartement  e;  la  longueur  1  des  faces  du  coin  entre  E 
et  e  est  1  décimètre,  100  millim. 

Si  nous  appelons  p  lo  poids  suspendu  au  forceps,  c'est-à- 
dire  la  traction,  et  P  la  Puissance  qui  en  résulte  compri- 
mant la  tête  et  dilatant  le  bassin,  la  formule. 

«        V,     1     j         «        V,     JOO  ,^  100         ^^  ,^ 

P  =  pXË:^donneP  =  pX-jôô::9Ô  =  pX^  =  pX10. 

Si  la  traction  de  l'accoucheur  est  modérée,  p  =  30  kilogr.  et 

P  =  30X  10  =  300  kilogr. 
Si  elle  est  forte,  p  =  80  kilogr.  et 
P=80X  10  =  800  kilogr. 
Et  nunc  erudimini! 


FARABEUF  411 

Quand  les  conditions  matérielles  s'y  prêtent,  Taccoucheur 
a  dans  la  main  une  puissance  à  laquelle  nul  bassin  ne  résiste- 
rait si  la  tête  ne  cédait  presque  toujours  la  première. 

Tenez,  si  vous  êtes  aveugle  pour  les  formules,  venez  dans 
mon  laboratoire.  Entre  deux  bornes  dont  Tune  actionne  un 
dynamomètre,  je  tiens  tout  prêt  et  engagé  un  forceps  chargé 
d'une  tête  arrivée  à  Tirréductibilité.  Les  visiteurs  que  cela 
intéresse  tirent  sans  appui,  à  leur  gré,  quelquefois  d  une  seule 
main....  le  dynamomètre  accuse  une  force  dilatatrice  de 
75,  100, 150  kilogr.  et  plus.  Cependant  tout  est  rouillé,  rien 
n*est  graissé,  Texpérience  est  faite  pour  qu'on  puisse  conclure 
a  fortiori. 

Ce  n'est  pas  exagéré  que  de  dire  :  l'action  de  l'anneau  pel- 
vien sur  le  forceps  trouve  souvent  Toccasion  de  déciipler  la 
force  de  traction.  Vous  vous  croyez  modéré  en  ne  dépassant 
pas  40  kilogr.,  mais  vos  dizaines  deviennent  des  centaines 
et  c'est  avec  400  kilogr.  que  vous  écrasez  la  tête  ou  brisez  le 
bassin. 

Je  crois  que  le  perspicace  et  lumineux  Pajot  n'avait  pan 
calculé  cette  force  ;  mais  il  la  connaissait  bien,  il  en  avait 
grand'peur  et  savait  se  comporter  en  conséquence.  On  dirait 
qu'aujourd'hui,  devenue  quantité  négligeable  pour  les  clas- 
siques, elle  ne  préoccupe  plus  personne.  Si  nos  maîtres  du 
jour  ont  compris  et  n'ont  pas  oublié  l'enseignement  de  Pajot, 
ils  sont  vraiment  coupables  d'en  si  peu  parler. 

En  raison  de  ces  considérations  théoriques  mais  positives, 
corroborées  par  les  accidents  innombrables  (1  )  connus  de  tout 
le  monde,  lorsqu'un  rétrécissement  est  tel  que  l'on  doit  at- 
teindre les  limites  de  la  compressibilité  et  de  Textensibilité 


(1)  D'où  vient  donc,  deuiAndai-je  récemment  au  naturaliste  Tramond,  cette 
collection  de  pariétaux  défoncés  qui  sont  dans  votre  vitrine  ?  (i  Un  peu  de 
partout,  monsieur,  ce  sont  de  beaux  gros  enfants  morts,  quelques  jours 
après  leur  naissance,  de  convulsions,  de  pneumonie » 

C*est  ce  môme  Tramond  qui  à  la  demande  d*un  bassin  normal,  c'est-à-dire 
ajrant  la  forme  et  les  diamètres  indiqués  naguère  encore  dans  tous  les  livres , 
répondit  devant  moi  :  u  Je  ne  tiens  pas  cet  article-là  )). 


412     AGRÂNDISSENENT  DU   BASSIN.  PAR  ISGHIO-PUBIOTOMIE 

au  moment  où  le  gros  de  Tappareil  n*a  plus  que  quelques 
millimètres  à  parcourir  pour  franchir  le  détroit,  le  forceps 
est  doué  d'une  puissance  nocive  effrayante  qui  peut  dépasser 
le  centuple  de  la  traction...  ou  delà  poussée  utérine. 

Lorsque  la  tête  vient  dernière  et  qu*elle  passe  le  détroit 
supérieur  avec  tant  de  peine  qu'il  faut  deux  personnes,  Tune 
pour  la  tirer,  l'autre  pour  la  pousser,  cette  tête,  elle  aussi, 
peut  faire  coin  et  multiplier  les  forces  qu'elle  reçoit  au  point 
de  s'écraser,  si  sa  résistance  est  moindre  que  celle  du  bassin. 

Je  ne  m'étonne  donc  pas  que  les  demi-symphyséotomistes 
réussissent  à  obtenir  finalement  un  écartement  suffisant  et 
même  considérable  des  pubis. 

Je  demande  si  c'est  prudent,  si  c'est  raisonnable. 

J'ai  eu  ces  jours-ci,  après  avoir  relu  4  observations  éton- 
nantes venant  de  trois  accoucheurs  allemands,  la  naïveté  de 
couper  une  symphyse  à  moitié^  puis  aux  trois  quarts,  pour 
voir  si  l'impossible  n'était  pas  possible.  Est-il  besoin  de  le 
dire,  tant  que  les  moyens  d'union  des  pubis  ne  sont  pas  cou- 
pés touSf  aucun  écartement  notable  ne  se  produit  et  ne  peut 
être  produit  sans  violence.  La  symphyse  d'un  vieux  débris 
cadavérique  datant  de  plusieurs  mois  et  coupée  aux  trois 
quarts  a  supporté  un  poids  de  30  kilogr.  sans  se  rompre. 

Demi-symphyséotomistes,  la  crainte  d'un  mal  vous  fait 
tomber  dans  un  pire.  Vous  avez  peur  de  verser  quelques 
gouttes  du  sang  de  la  mère  et  vous  exposez  l'enfant  à  périr 
de  l'effraction  dont  vous  le  chargez. 

  la  suite  de  nos  exercices  opératoires^  Pinard  a  écrit  : 
a  Je  ne  m'arrêterais  qu'après  avoir  pu  passer  à  l'aise  le  doigt 
entre  les  pubis  dans  toute  leur  hauteur.  Et  même  je  voudrais 
alors,  avant  toute  tentative  obstétricale,  m'assurer,  en  pro* 
voquant  une  prudente  abduction  des  cuisses,  que  la  section 
est  complète,  qu'il  ne  reste  rien  dont  le  fœtus  ait  à  triompher 
par  la  violence  et  au  péril  de  sa  vie,  c'est-à-dire  que  les  pubis 
peuvent  s'écarter  de  4  à  6  centimètres  ».  Il  est  d'une  im- 
portance capitale  d'imposer  d'abord  cet  écartement,  6  cen- 
timètres, aux  tissus  antérieurs  et  aux  liens  sacro-iliaques. 


FARABEUF  413 

Il  y  a  eu  et  il  y  aura  des  morts  par  oubli  de  ce  précepte  : 
blessure  par  imprudence  ayant  occasionné  la  mort  sans 
intention  de  la  donner,  pénal  ité  légère. 

Mais  vous  qui  ne  faites  qu'entailler  à  demi  la  symphyse, 
comptant  pour  l'ouvrir  sur  la  puissance  dilatatrice  effrayante 
du  forceps  appuyé  sur  la  tôte,  ou  qui  négligez  de  produire, 
à  l'aide  des  cuisses  ou  d'un  instrument,  Técartement  néces- 
saire, vous  écraserez  souvent  cette  tête  ;  je  le  sais.  Vous 
causerez  la  mort  en  employant  inutilement  et  sciemment  un 
procédé  capable  de  la  donner. 

Quand  m^est  arrivé  le  journal  français  rapportant  les  qua- 
tre observations  allemandes  ci-dessus  visées,  j'ai  cru  que  le 
-traducteur  seul  était  responsable  des  énormités  qui  me  cho- 
quaient. Vérification  faite,  sa  traduction  se  trouve  exception* 
nellement  bonne  :  il  n'y  a  qu'un  contre-sens. 

Malgré  l'autorité  des  auteurs  de  ces  observations,  malgré 
le  respect  que  j'ai  pour  les  Allemands,  ordinairement  sérieux 
et  réfléchis,  je  m'insurge  contrera  symphyséotomie  incom- 
plète parce  qu'il  est  facile  à  ceux  qui  craignent  de  faire  une 
échappade  dans  les  veines  en  coupant  le  ligament  sous- 
pubien,  de  désinsérer  celui-ci  à  la  rugine  en  serrant  de  près 
lune  des  branches  descendantes  des  pubis,  parce  que  la 
disjonction  des  articulations  sacro-iliaques  ne  peut  rompre 
aucun  ligament  utile  ;  parce  que  je  redoute  pour  la  tète, 
première  ou  dernière,  le  périlleux  honneur  de  suppléer  à 
l'insuffisance  de  l'opérateur.  (Voyez  fig.  7  à  14,  p.  427  et  suiv.) 

Ennemi  de  toute  violence  aveugle,  j'espère  du  reste  qu'on 
renoncera  bientôt  h  employer  le  forceps  actuel  pour  engager 
la  tète  dans  le  détroit  supérieur  rétréci.  J'en  veux  même 
à  M.  Tarnier,  qui  connaît  les  mérites  du  levier  mieux  que 
personne,  de  ne  pas  avoir  encore,  pour  cette  besogne  spéciale, 
accroché  son  forceps  au  clou  avec  tous  les  autres. 

Le  levier,  qui  ménage  laconcavité  sacrée,  sur  lequel  on  peut 
tirer  avec  ce  qu'il  y  a  d'admirable  dans  le  forceps  Tarnier 
avec  le  tracteur  arqué  flottant,  me  parait  injustement  dédai- 
gné.  Avec  cet  instrument,  c'est-à-dire  avec  une  cuillère  de 


414      AGRANDISSEMENT   DU   BASSIN   PAR   ISCHIO-PUBIOTOMIE 

forceps  (droit  de  préférence)  emboîtant  la  bosse  pariétable 
antérieure  et  maniée  comme  un  levier,  on  fixe  et  Ton  appuie 
la  tête  sur  le  promontoire  qui  commence  aussitôt  Tindispen- 
sable  dépression  de  la  tempe  postérieure  ;  par  la  traction 
ajoutée,  l'engagement  se  produit;  au  moins  il  s'amorce,  pour 
être  ultérieurement  complété  par  l'utérus,  si  les  dimensions 
du  détroit  peuvent  le  permettre.  Car  cela  exige  et  exigera 
toujours  un  bassin  modérément^  très  m,odérément  rétréci. 

Que  faire  donc  à  ces  autres  bassins  trop  étroits  pour  la 
version,  le  forceps,  le  levier,  même  pour  Taccouchement  pro- 
voqué d'un  enfant  assez  avancé  pour  être  sûrement  viable  ? 

Éliminons  les  rétrécissements  extrêmes  et  étendus  au 
détroit  inférieur,  les  bassins  qui  ont  ce  degré  d'étroitesse  et 
de  difformité  qui  semble  ôter  aux  malheureuses  contre* 
faites  le  droit  à  la  fécondation.  Ces  cas  sont  réservés  à  Topé- 
ration  césarienne  ou  à  la  castration  de  Porro  à  la  fois  cura- 
tive  et  prophylactique. 

Ce  sont  les  bHSsins  d'étroitesse  moyenne,  ceux  que  l'on  ne 
pouvait  traiter  jadis  que  par  l'accouchement  trop  prématuré, 
qui  m'occupent  en  ce  moment.  Car  Taccoucbeur  peut,  par 
la  section  de  la  ceinture  pelvienne,  les  agrandir  assez  pour 
en  extraire  vivant  un  fœtus  à  terme  normal. 

La  symphyséotomie  a  fait  ses  preuves  pour  les  bassins 
non  ankylosés. 

J'espère  que  l'ischio-pubiotomie  les  fera  bientôt  pour 
les  obliques  ovalaires  ankylosés  (1). 

Les  figures  suivantes  ont  été  dessinées  pour  faire  partager 
au  lecteur  mon  espoir  et  ma  confiance.  Toutes,  elles  repré- 
sentent le  même  bassin  oblique  ovalaire  moyennement  rétréci 
(84  millim.  entre  le  promontoire  et  le  pubis)  appartenant  à  la 
Clinique  Baudelocque  el  considéré  comme  type  de  ces  bas- 
sins trop  petits  pour  le  forceps  et  la  version,  assez  grands 
pour  ne  pas  imposer  l'opération  césarienne,  c* est -à-dire 
justiciables  de  l'agrandissement  momentané  de  la  ceinture 
pelvienne  par  section. 


(1)  Elle  les  a  faite»  le  mercredi  9  novembre  1892  et  depuis.  Yoy.  p.42<j. 


Ii^a.  3.  —  BM*in  oblique  ovalaire  ankyloeé  et  rétrévi  A  gauche  ;  diamètre 
promonto-pubien,  84  tnillim.  Cuupe  avoUinant  le  plan  du  détroit  supérieur. 

I.  —  Oh  i|iaque  intact,  blanc. 

II.  —  Le  même  ofl  iliaque  teiaté,  écarté  au  maiimum  prudent,  30  luillim., 
après  aymphyséotomie. 

Cette  figure  montre  le  gain  de  ta  Bympliyséotomie  (le  croissant  teinté)  iiui 
i'ajouleàlaturfoce  blanche  ellipsoïde  seule  praticable  dnas  le  bimsin  inlnct. 
CeIIe^i,abloDgue,  mraureil  peine  85  millim.  dans  un  sens,  93  dnas  l'autre;  tan- 
dis que  les  diamëtrefi  de  la  surbcc  totale  dépassent  9G  et  lOâmiUim.  End'autres 
lenDCB,  la  surbce  praticable  initiale  mesure  61  cent,  carrés,  suffistmt  juste  A 
une  sphère  de  368  ceut.cubes  ;  In  surface  praticable  acquise  61  +  lS^76cent 
carré*  uù  peut  passer  uns  sphère  de  196  cent,  cubée. 


416     AGRANDISSEMENT  DU   BASSIN   PAR  ISCHIO-PUBIOTOMIE 

La  figure  3,  comme  point  de  départ,  représente  en  blanc  la 
surface  oblongue  oiierte  à  la  tête  par  le  bassin  tel  quel,  avant 
toute  opération.  Cette  surface  limitée  par  des  arcs  tangents 
au  contour  osseux  et  appartenant  à  un  cercle  de  90  millim.de 
diamètre,  inférieur  pourtant  à  celui  d'une  tête  normale 
moyenne,  mesure  61  centimètres  carrés,  il  en  faudrait  près 
de  80. 

J'ai  apprécié  les  surfaces  en  les  pesant.  En  les  pesant?  Oui, 
après  avoir  tracé  aussi  exactement  que  possible  les  espaces 
praticables  sur  des  feuilles  de  papier  ou  de  carton  ou  de  métal, 
bomogènes  et  d'épaisseur  régulière,  je  les  découpe  et  je  les 
pèse.  Ayant  auparavant  déterminé  le  poids  d  un  décimètre 
carré  de  Téchantillon  employé,  j'obtiens  vite  un  résultat  que 
la  géométrie  m'eût  donné  moins  exact  et  plus  difficilement. 

Lorsque  après  la  symphyséotomie,  le  pubis  du  côté  mobile 
a  subi  à  peu  près  le  maximum  d'écartement  prudent,  30  mil- 
lim.,  la  surface  praticable  s'est  accrue  de  15  centimètres  car* 
rés,  ce  qui  donne  en  tout  76.  Ce  serait  juste  suffisant  si  ce 
n'était  évidemment  trop  juste  et  par  conséquent  aléatoire 
et  dangereux.  A  fortiori  avec  un  bassin  plus  petit. 

La  figure  4  ne  nous  arrêtera  pas  longtemps  :  elle  établit 
comparaison  entre  la  symphyséotomie  et  Tischio-pubio- 
tomie  du  côté  large  non  ankylosé^  c'est-à-dire  la  section  au 
droit  du  trou  ischio-pubien  de  Tos  resté  mobile.  Après  le 
sciage  de  la  branche  horizontale  du  pubis  et  du  pilier  ischia- 
tique  correspondant  de  Tarcade,  une  valve  pubienne  P  est 
créée  qui  joue  grâce  à  la  souplesse  de  la  symphyse  pubienne 
et  se  porte  en  avant.  L'examen  de  cette  figure  montre  que 
cette  ischio-pubiotomie  ne  tentera  sans  doute  personne  puis- 
qu'elle n'arrive  tout  au  plus  qu'à  donner  la  même  place  que 
la  simple  et  facile  symphyséotomie. 

On  n*en  peut  dire  autant  de  l'ischio-pubiotomie  du  côté 
ankylosé  et  étroit  :  la  figure  5  fait  sauter  aux  yeux  le  grand 
croissant  blanc  que  cette  opération  ajoute  à  la  surface  grise 
qui  serait  donnée  par  la  symphyséotomie. 

C'est  ici  que  je  veux  appuyer. 


Fia,  4.  —  HËme  baasin  oblique  ovalure  nnkyloBé  et  rétréci  A  g»uche  ; 
diamètre  promonto-pubien,  84  millim.  Coupe  AToisinaot  le  plan  du  détroit 
Bupérleur. 

I.  —  Os  iliaque  intact 

n.  —  Le  même  ob  iliaque  écarté  à  peu  près  au  maximum  prudent  après 
lymphyBËotomle. 

Cette  figure  montre  que  t'espace  praticable  gris,  ainsi  obtenu  par  sy mphy- 
•éotomie  pourrait  l'Etre  aussi  par  l'ostéotomie  du  cOté  large,  moyennant  que 
la  tdte  arrive  A  jeter  en  prépulsion  Idans  te  sens  de  la  flèche)  le  pubig  F  ici 
représenté  en  blanc  et  jouant  comme  un  Tolet,  une  valve  de  charnière,  grâce 
i,  la  BOUpIe«Be  de  la  symphyse. 


418     AGRANDISSEMENT  BU  BASSIN   PAH  ISGHIO-PUBIOTOHIE 

Ce  bassin  de  84  millim.  de  diamètre  promonto-pubien, 
était  tout  à  fait  insuffisant.  La  symphyséotornie  qui,  je  le 
répète,  perd  ici  plus  de  la  moitié  de  ses  avantages,  à  cause 
de  Tankylose,  n'arrive  qu'à  le  rendre  tout  juste  suffisant 
et  n'y  arriverait  pas  si  le  diamètre  promonto-pubien  avait 
quelques  millimètres  de  moins,  ce  qui  s*est  vu  et  se  verra 
souvent,  ni  si  la  tête  était  très  dure  et  dépassait  un  tant 
soit  peu  le  volume  moyen.  Une  femme  à  terme  portant  un 
fœtus  de  volume  moyen  ou  gros  au-dessus  d'un  tel  bassin, 
n*accouchera  pas  par  la  symphyséotornie  sans  que  le  forceps 
ou  la  pression  sur  la  tête,  si  on  a  recours  à  la  version,  inter- 
vienne avec  une  force  dangereuse.  Et  quand  on  sera  averti 
avant  terme,  il  faudra,  si  Ton  veut  ne  recourir  qu'à  la  sym- 
physéotomie,  provoquer  l'accouchement  prématuré.  Or  nous 
savons  ce  qu'il  donne. 

L'ischio-pubiotomie  du  côté  rétréci  représentée  ci-contre 
parla  figure  5,  est  heureusement  là  qui,  dans  le  bassin  étudié, 
donne  17  centimètres  en  plus  du  strict  nécessaire  :  latitude 
et  sécurité  !  C'est  incontestable  si  le  pubis  scié  peut  s'écar- 
ter des  30  millimètres  que  permet  la  symphyse  sacro-iliaque 
restée  mobile  et  si  la  symphyse  pubienne  est  souple.  L'ex- 
périence cadavérique  répond  :  cela  est. 

Prévoyant  des  obstacles  imaginaires,  des  imperfections 
opératoires,  etc.  j'ai  voulu  voir  ce  que  donnerait  celte  ischio- 
pubiotomie  avec  la  moitié  seulement,  15  millim.,  de  l'écar  - 
tement  possible.  Eh  bien,  la  figure  6  montre  qu'avec  un 
demi-écartement,  l'ischio-pubiotomie  du  côté  ankylosé  donne 
encore  une  plus  grande  surface  praticable  que  la  sy mphyséo- 
tomie  avec  l'écartement  complet  de  30  millim. 

J'ajouterai  que,  grâce  au  jeu  de  la  symphyse,  le  côté  étroit 
élargi  par  la  section  osseuse,  peut  devenir  plus  grand  d'avant 
en  arrière  que  le  côté  large.  L'occiput  pourra  donc  des* 
cendre  indifféremment  d'un  côté  ou  de  l'autre.  Je  crois  même 
que  si  placé  primitivement  au-dessus  du  côté  large,  et  tiré 
par  le  forceps,  l'occiput  tardait  à  s^engager,  il  faudrait  songer 
à  l'amener  par  rotation  au-dessus  du  côté  élargi. 


Fia.  5.  —  MËme  bikssia  oblique  ovnlaira  aDkylosË  et  rC'tiéci  à   gauche  ;      ûi: 
mètre   protnonto-pubien,  84  millim.  Coupe  avoiaioant  k  plan  du  détroit 
supérieur. 

I.  —  Oa  iliaque  en  place,  bassin  intact. 

II.  —  Le  même  os  iliaque  écarté  au  maximum  prudent,  sût  après  la  aym- 
phyeéotoinie  (partie  teintée),  soit  après  iscbio-pubiotomie  (même  partie 
teiatée  avec  l'autri^  |)ut>ia  P,  blanc,  en  plus);  *  trait  de  scie. 

La  figure  montre  lyu'ii  éj^litê  d'écartement,  30  millim.,  l'ischio-pubiotomie 
du  côté  rétréci  ankylosé  donne,  grtïce  au  jou  de  la  symphyse  pubienne,  une 
sur&ce  praticable  (ellipse  cernée  d'un  gros  trait  noir,  c'est-à-dire  gnmd  cercle 
gris  plus  oroiwant  blanc)  l)caucoup  plus  grande  que  colle  de  la  symphyséo- 
tomie,  ici  teintée  eu  gris  et  à  peu  près  circulaire. 

Ces  surfaces  sont  sûrement  praticables  puisqu'elles  ont  des  diamètres  suffi- 
WDts  et  que  leurs  contours  sont  formés  d'arcs  tangents  &  l'anneau  pelvien 
osseux  et  appartenant  A  un  cercle  ayant  un  diamètre  un  peu  plus  grand  que 
te  bij>ariélal  fœtal  évalué  à  93  millim. 


420      AGRANDISSEMENT  DU  BASSIN  PAR  ISCHIO-PtlBIOTOMIE 


FlQ.  G.  —  HËme   bassin,  inêiiie  coupe,  loËmea   opérations,  <-'eat-A-dire  Bjm- 
pbygéolomie  et  ischio-pubiotoiuie  du  côtf  ankjlosé;  *  tmit  de  Mie. 

I.  —  Ob  iliaque  en  place,  bawio  inlact. 

II.  —  Le  mEine  ob  iliaque,  en  blanc,  ft)»nt  subi  seulement  un  demi-étarte- 
oient,  1^  iiiillim,,  après  isthio-pubiotomie  du  coté  rétréci  anbj'iosé. 

III  —  Le  luéme  08  iliaque,  en  gris,  écarta  il  pea  près  nu  iiiaiimum,  80  inlllim., 
apris  Bympbyséotomie. 

Le  réeultnt  utile  de  la  sjnipbyséotoinie  est  reprépentê  par  la  «ur&ce  grise 
à  peu  près  circulaire  cernée  d'un  double  trait  fin  ;  il  est  encore  iuférieur  à 
celui  de  l'iscbio-pubiotomic  A  demi-fi-artement  entouré  d'un  gros  Irait  plein 
qui,  s'il  prend  un  peu  moins  dans  le  c6tii  large,  s'avance  benucoup  plus  dans 
le  côté  primitivement  étroit.  Le  L-roisAnot  blanc  i|iic  le  lecteur  voit  A  sa  drmte 
ett  manifestement  plui  srand  que  l'étroit  croissant  gris  du  côté  oppoeé. 


FARABEUF  421 

Je  conclurai  disant  aux^accoucheur^s  :  J'ai  fait  ces  tracés, 
ces  calculs  et  les  figures  suivantes,  afin  de  vous  fournir  le 
substratum  anatomique  et  positif  dont  vous  avez  besoin  et 
pour  oser  et  pour  vous  abstenir,  au  mieux  des  intérêts  de  vos 
deux  clients.  La  connaissance]du  possible  et  de  l'impossible 
peut  SQule  empêcher  les  audacieux  de  se  livrer  à  des  tenta- 
tives vaines,  folles,  dangereuses,  et  pousser  les  sages  à  saisir 
les  occasions  d'heureuse  et  utile  intervention.  Elle  féconde 
et  justifie  la  hardiesse,  dénonce  et  supprime  la  témérité. 

Donc  rischio-pubiotomie  du  côté  rétréci  ankylosé  se  pré- 
sente comme  le  procédé  de  choix  pour  agrandir  momentané- 
ment, d'une  quantité  considérable,  le  détroit  supérieur  et 
l'excavation  des  bassins  obliques  ovalaires  dits  de  Nœgelé. 

Cette  opération,  on  va  le  voir,  tout  médecin  propre  l'exé- 
cutera sans  peine  et  sans  risques.  Elle  est  plus  facile  que 
riliotomie  oblique  rétrocotyloïdienne  qui,  n'étaient  les  liga- 
ments sacro-sciatiques,  remédierait  aussi  aux  rétrécissements 
du  détroit  inférieur;  plus  facile  surtout  que  la  disjonction  au 
ciseau  de  la  symphyse  ankylosée,  etc.,  etc. 

L'ischio-pubiotomie  peut  se  faire,  comme  je  l'ai  faite  d'em- 
blée sur  le  cadavre,  avec  la  plus  grande  facilité. 

Scier  les  os,  la  branche  de  Tischion  et  Thorizontale  du 
pubis  ;  détruire  les  parties  fibreuses  (arcade  crurale  et  mem- 
brane obturatrice)  qui  s'opposeraient  à  leur  écartement  ; 
tenir  la  cuisse  de  manière  que  les  muscles  adducteurs  re- 
lâchés permettent  cet  écartement,  tel  est  le  programme. 

Instruments  :  bistouri,  ciseaux,  pinces  hémostatiques,  écar- 
teurs,rugines, scie  à  chaîne  et  ses  accessoires,  aiguille  mousse 
flexible,  passe-fil  emmanché  ;  si  Ton  veut  faire  des  sutures  : 
perforateurs  et  fils  métalliques,  aiguilles  et  fils  divers. 

Les  incisions  tégumentaires  doivent  se  trouver  sur  une 
ligne  parallèle  à  la  ligne  médiane  et  distante  de  4  centimè- 
tres. C'est  là  que  le  cadre  osseux  du  trou  ischio-pubien  sera 
dénudé  en  deux  points,  que  la  scie  à  chaîne  sera  passée  ;  c'est 


422     AGRANDISSEMENT  DU  BASSIN   PAR   ISCHIO-PUBIOTOMIE 

dire  :  1®  près  de  Tischion  au  côté  du  périnée,  au  droit  de  la 
fourchette,  pour  la  branche  ascendante  de  l'ischion  ;  2**  à  un 
doigt  en  dehors  de  Tépine  pubienne  tangible,  pour  la  branche 
horizontale  du  pubis. 

Donc  la  scie  est  successivement  passée  derrière  chacund 
de  ces  parties  osseuses,  à  4  cent,  de  la  ligne  médiane,  insiis  ce 
n'est  pas  là  qu'elle  doit  travailler  :  il  faut  refouler  les  parties 
molles,  les  chasser  en  dehors  en  serrant  Tos  et  tâcher  de 
faire  mordre  la  denture  à  plus  de  4  cent,  delà  ligne  médiane, 
le  plus  loin  possible.  On  arrive  facilement  ainsi  à  scier  le 
pilier  de  l'arcade  près  de  l'ischion,  et  la  branche  pubienne 
horizontale,  non  à  4  mais  à  5  cent,  de  la  symphyse,  créant 
ainsi  une  valve  de  charnière  mobile  de  5  cent.  ;  il  est  très 
important  d'y  donner  le  plus  d'ampleur  possible. 

Première  section,  ischion.  —  La  femme  est  en  position 
obstétricale,  au  bord  du  lit,  rasée  ;  l'opérateur  entre  les 
cuisses  relevées  par  des  aides  dont  un  au  moins  intelligent, 
celui  qui  se  tient  du  côté  opéré. 

Un  doigt  dans  le  vagin  (purifié  et  tamponné)  et  le  pouce 
dans  le  pli  qui  sépare  la  cuisse  de  la  grande  lèvre  ou  inver- 
sement, j'ai  pincé  tout  le  possible  (lèvres  et  bulbe  vaginal)  et 
senti  l'os  du  bout  de  mes  doigts.  J'ai  fait  alors  sur  l'os  même, 
une  incision  antéro-postérieure  de  4  cent,  (sujet  maigre) 
dont  la  partie  moyenne  était  au  droit  de  la  fourchette. 

Ayant  exposé  la  face  extérieure  de  l'os  en  donnant  un 
coup  de  bistouri  dans  le  sens  des  fibres  musculaires  qui  en 
partent,  j'ai  pris  la  rugine  courbe  pour  dénuder  dans  l'éten- 
due nécessaire  la  face  extérieure,  les  bords,  la  face  posté- 
rieure du  pilier  de  l'arcade,  et  enfin  pour  le  contourner  et 
le  charger  de  dedans  en  dehors,  en  faisant  apparaître  le 
bout  de  l'instrument  dans  le  trou  sous-pubien. 

Pendant  tout  ce  travail,  la  gauche  avait  maintenu  doigt 
dans  le  vagin,  doigt  dans  la  plaie,  et  me  disait  que  je  con- 
servais bien  à  la  paroi  vaginale  toute  son  épaisseur,  que 
je  ne  la  menaçais  aucunement. 

Ayant  passé  l'aiguille  et  la  scie  à  chaîne  de  dedans  en 


FARABEUF  423 

dehors  dans  la  voie  faite  derrière  Tos,  je  n'ai  scié  qu'après 
avoir  refoulé  les  parties  molles  le  plus  possible  en  arrière 
vers  la  tubérosité  de  rischion,  derrière  la  fourchette,  et 
j'ai  tâché  de  ne  pas  faire  de  pointes.  J'aurais  pu  employer 
une  bonne  cisaille»  mais  j'ai  eu  peur  d'avoir  des  esquilles. 

Alors  j'ai  pensé,  avec  le  doigt  et  avec  le  bout  d'une  rugine 
droite,  à  remonter  le  long  du  bord  interne  du  trou  ischio- 
pubien  pour  en  détacher  la  membrane  obturatrice  aussi  haut 
que  je  le  pourrais,  mais  sans  insister  pour  le  moment. 

Deuxième  section,  pubis. — Par  habitude  l'accoucheur  res- 
tera entre  les  jambes  de  la  femme,  un  chirurgien  se  mettrait 
peut-être  sur  le  côté  ;  le  sciage  en  serait  facilité. 

2^  Après  avoir  saisi  toute  la  motte  entre  le  pouce  et  les 
doigts  pour  sentir  sans  erreur  les  deux  épines  pubiennes, 
j'ai  marqué  celle  du  côté  opéré. 

J'avais  tracé  sur  le  ventre  une  longue  parallèle  à  4  cent 
de  la  ligne  médiane  et  sur  cette  ligne  qui  se  trouve  passer  à 
un  petit  doigt  en  dehors  de  l'épine,  j'ai  fait  une  incision 
de  5  cent,  ou  3  doigts  (sujet  maigre),  commencée  à  un 
grand  doigt  au-dessus  de  l'arcade  crurale,  c'est-à-dire  de  la 
ligne  des  épines  iliaque  supérieure  et  pubienne  toutes  deux 
tangibles,  touchées  et  marquées. 

Comme  dans  la  première  opération,  des  veinules  insigni- 
fiantes furent  coupées  et  bientôt  je  vis  les  fibres  blanches  de 
l'arcade  et,  au-dessous,  l'enveloppe  aponévrotique  du  muscle 
pectine  dont  je  détachai  l'arcade  et  le  ligament  de  Gimbernat 
pour  les  couper  dans  le  sens  de  Tincision  cutanée,  c'est-à- 
dire  perpendiculairement  à  leurs  fibres.  Il  faut  en  effet  diviser, 
et  cela  se  fait  en  dehors  de  l'orifice  inguinal  externe,  toutes 
les  fibres  que  l'on  voit  et  aussi  celles  des  ligaments  de  Gim- 
bernat et  de  Cooper  que  l'on  trouve  dans  la  profondeur  avec 
la  plus  grande  facilité,  tout  en  respectant  le  contenu  du  canal 
inguinal.  L'on  fend  alors  hardiment  sur  l'os,  le  pectine  ;  et  la 
surface  pectinéale  du  pubis  se  montre  à  nu  et  se  sent. 
Quelques  coups  de  rugine  sont  à  peine  nécessaires  pour  per- 
mettre de  passer  la  scie  à  chaîne  derrière  l'os  de  dessus  en 


424     AGRANDISSEMENT  DU  BASSIN  PAR  ISGHIO-PUBIOTOMtE 

dessous.  Mais  avant  de  scier,  la  rugine  sera  quelquefois 
rappelée  pour  refouler  en  dehors  les  parties  molles,  car  il 
faut  diviser  l'os  loin  de  la  ligne  médiane,  à  5  cent.  ;  la  tête 
du  fœtus  devra  sans  doute  être  soulevée  légèrement. 

Achèvement  de  la  séparation  des  os.  —  La  double  sec- 
tion osseuse  accomplie,  rien  ne  s'écarte  encore.  Il  faut 
que,  par  la  plaie  supérieure,  la  rugine  soit  poussée  de 
haut  en  bas  le  long  du  bord  interne  du  trou  pour  achever  la 
désinsertion  de  la  membrane  obturatrice;  il  faut  que  l'ex- 
ploration de  l'index  gauche,  à  mesure  que  l'écartemeut 
se  produit,  signale  les  brides  fibreuses  tendues  qui  persis- 
tent à  résister,  afin  que  la  droite,  à  l'aide  d'un  instrument 
mousse  et  fort,  une  rugine,  des  ciseaux  fermés,  charge  ces 
obstacles  et  les  rompe  en  faisant  une  pesée  appuyée  sur  le 
pubis,  etc.  Le  doigt  explorateur  fait  lui-même  bien  des 
choses  et  réussit  à  forcer  sans  danger,  par  exemple,  la  ban- 
delette d'insertion  du  releveur  si  on  la  juge  trop  résistante. 

Quand  le  doigt  a  senti  que  toute  l'arcade  crurale  superfi 
cielle  et  profonde,  y  comprise  la  bordure  de  Cooper  qui 
rampe  sur  la  crôte  pubienne,  est  parfaitement  divisée;  que 
rien  ne  reste  entre  les  deux  plaies  de  ce  qui  fut  la  membrane 
obturatrice,  etc.,  les  os  ne  s'écartent  pas  encore,  si  l'aide  qui 
tient  la  cuisse  la  tient  écartée.  Car  ainsi,  les  adducteurs  in- 
sérés au  corps  du  pubis  sont  distendus  et  retiennent  celui-ci 
rapproché  des  parties  dont  la  scie  vient  de  le  séparer. 

De  toute  nécessité,  il  faut  donc  que  la  cuisse  soit  tenue 
dressée,  c'est-à-dire  en  demi-flexion  et  en  abduction  très 
légère,  juste  suffisante  pour  permettre  à  l'accoucheur  de 
manœuvrer  librement.  Ainsi  les  muscles  adducteurs  non 
distendus  cesseront  de  s'opposer  à  l'écartement.  Il  faut  en 
outre  que  la  jambe  ne  soit  pas  immobilisée  afin  que  la  cuisse 
reste  libre  de  tourner^  c'est-à-dire  de  céder  aux  muscles 
obturateurs,  pour  que  ceux-ci  puissent  céder  au  pubis  qui, 
en  s'écartant,  emporte  une  partie  de  leurs  insertions. 

Ces  conditions  étant  réalisées,  l'opérateur  aura  à  se 
rendre  compte  de  la  souplesse  de  la  symphyse  pubienne  ;  il 


FARABEUF  425 

ne  lai  serait  pas  difficile  de  l'augmenter,  même  sans  davier, 
car  du  bout  des  doigts  on  arrive  à  luxer  en  avant  la  valve 
pubienne  mobile,  au  détriment  de  quelques  fibres  intra-pel- 
viennes  insignifiantes. 

J'estime  qu'on  obtiendra  facilement,  dut-on  faire  une  pesée 
entre  les  os  avec  un  ciseau,  un  écartement  transversal  de 
3  cent,  et  plus,  entre  les  surfaces  sciées.  Mais  plus  n*est 
pas  nécessaire  et  la  seule  symphyse  sacro-iliaque  restée  mo- 
bile ne  le  permettrait  peut-être  qu'avec  des  risques.  Avant 
de  prendre  le  forceps,  exigez  de  cette  symphyse  tout  ce 
qu'elle  doit  donner.  Je  le  répète  surtout  pour  la  section 
interpubienne,  et  non  sans  de  tristes  raisons  :  immédia- 
tement après  la  symphyséotomie,  il  faut  disjoindre  de  force 
les  deux  articulations  sacro-iliaques  ;  il  ne  faut  rien  laisser 
à  faire  à  la  tête  du  fœtus;  le  forceps  ne  doit  intervenir  que 
comme  suppléant  des  forces  expulsives  maternelles. 

A  la  suite  de  ces  opérations  judicieusement  entreprises, 
toutes  les  mères  non  infectées  par  des  manœuvres  anté- 
rieures, tous  les  enfants  sains  et  à  terme  doivent  survivre. 
L'opérateur  seul  peut  être  dangereux.  Le  public  saura  fuir 
et  blâmer  les  sales,  plaindre  et  écarter  les  maladroits. 

Après  Taccouchement,  quelques  opérateurs  croiront  utile 
de  perforer  les  deux  fragments  de  la  branche  horizontale  du 
pubis  de  haut  en  bas  pour  une  solide  suture  osseuse  métal- 
lique ou  autre.  Probablement  aussi  Ton  songera  à  réunir  par 
plusieurs  points  la  plaie  de  l'arcade  crurale  pour  favoriser  la 
reconsolidation  de  cette  région  herniaire. 

Je  n'ai  parlé  ni  de  la  racine  du  clitoris,  ni  de  la  veine  cru- 
rale, ni  de  Tartère  obturatrice.  Ces  derniers  organes  sont 
hors  d'atteinte  ;  et  dans  nos  exercices  cadavériques  impro- 
visés mais  réglés  comme  ci-dessus,  le  plus  inexpérimenté 
n'a  rien  vu  de  tout  cela,  rien  blessé,  rien  menacé.  La  décou- 
verte  des  os  se  fait  sans  qu'on  puisse  diviser  autre  chose  que 
des  artérioles  et  des  veinules  ;  ensuite  vient  la  rugine  courbe 
dont  le  front  ne  quitte  pas  le  contact  osseux. 


426     AGRANDISSEMENT   DU   BASSIN   PAR  ISCHIO-PUBIOTOMIB 

Post  scziptum.  —  J'ai  entrepris  cette  étude  à  Toccasion 
de  rentrée  à  la  Clinique  Baudelocque  d'une  femme  enceinte 
ayant  un  bassin  rétréci  oblique  ovalaire  ankylosé  d'un  côté. 
Elle  ne  pouvait  accoucher  à  terme  sans  opération  :  l'ex- 
ploration le  disait  et  le  passé  le  prouvait  quatre  fois.  La 
symphyséotomie  me  paraissant  devoir  être  insuflSsante,  je  fis 
les  calculs  ci-dessus  rapportés,  d  après  un  bassin  à  peu  près 
semblable  à  celui  de  cette  femme,  et  je  conclus. 

M.  Pinard  m'a  fait  Thonneur  de  partager  ma  foi  et  mon 
espérance. 

Le  9  novembre,  à  cinq  heures  du  matin,  après  ischio-pubio- 
tomie  du  côté  ankylosé,  à  cinq  centimètres  de  la  symphyse 
pubienne,  une  fille  dont  la  tête  n^avait  pu  s'engager  à  aucun 
degré  avant  l'opération,  une  fille  de  4000  moins  30  grammes 
saisie  par  le  forceps,  fut  extraite  en  quelques  instants  sans 
le  moindre  effort  ;  elle  tomba  presque  dans  les  mains  de 
mon  collègue  et,  par  ses  cris  et  ses  mouvements,  témoigna 
immédiatement  qu'elle  n'avait  pas  du  tout  souffert.  L'enfant 
prospère,  abondamment  allaitée  par  la  mère  ;  la  plaie  s*est 
réunie  par  première  intention;  le  bassin  est  consolidé  sans 
difformité. 

Je  souhaitais  à  ma  cause  une  preuve  de  plus  —  vœu  sacri 
lège  — je  souhaitais  qu'un  accoucheur  en  présence  d'un  bas- 
sin oblique  ovalaire  ankylosé,  ayant  telles  dimensions  qui 
rendent  Tischio-pubiotomie  indiquée  et  la  symphyséotomie 
insuffisante  (question  de  mensurations  et  de  calculs)  entre- 
prit néanmoins  de  s'en  tirer  par  la  simple  symphyséotomie, 
comme  s'il  s'agissait  de  démontrer  que  cette  opération-là  est 
inutile  et  que  cette  opération-ci  vaut  tout  autant.  Je  ne 
pouvais  demander  un  tel  essai  ;  mais  s'il  se  faisait  à  moo 
insu ? 

Eh  bien,  il  y  a  un  Dieu  ! 

La  symphyséotomie  d'un  bassin  oblique  ovalaire,  vient 
d'être  faite  ;  après  plusieurs  applications  do  forceps  ineffi- 
caces, il  fallut  broyer  la  tête  de  l'enfant.  Concluez. 


iK-hée.  - 


Bynipbyge  a  iloot  la 
CATice  occupe  la  moitié  de  la  hau- 
teur et  de  In  liirgeiir,  affleurant  le 
bord  postérieur.  L'on  ïoît  lee  cou- 
ches concentriques  i 
ayniphyaieiu.  ti  ' 


gniDd  droit. 


!n-deuou8,  - 


Fio.  8.  —  Face  dite  antérieure  de  la 
S.  —  D,  m.  grand  droit  ;  p,  m.  py. 
raniidal  ;  m,  iiiuven  adducteur  : 
g,  greie  ou  droit  interne.  —  ta 
veine  dorsale  du  clitoris  et  d'au- 
trea,  pénétrent  soiia  le  boni  int. 
ou  lig.  arqué  de  la  S,^  Après  în- 
cÎBLon  médiane  banliedel  en2,  le 
biBtonripnr  rrainU  ilei  rc/Bc^peut, 
ou  la  rugine,  fuir  obliquement  da 
a  en  3  et  uéfluinoins,  Umt  ctmptr. 


FlR.  0,  —  Trois  roupfs  perpendicu- 
laires aui  faeea  des  pubis  :  h,  en 
haut  ;  m,  au  milieu,  cavité  intéres- 
sée ;  b,  en  bas  A  travers  le  lig. 
arqué.  —  En  haut,  h,  les  os  écartés 
laissent  entrer  le  bist«uri  fncile- 
ment  ;  de  même  au  milieu  m, 
pourvu  qu'il  att.'uiue  en  avant,  car 
en  arriére  les  os  se  rapprochent, 
l'interligne  est  presque  linéaire. 


Fia.  10.  —  Coupp  trmsvrrsDle  paral- 
lèle aux  fat-es  des  piibî^,  anses . 
rapprochée  cle  la  face  pelvienne 
pour  ouvrir  la  cavité.  —  «  e',  pl»ce 
des  épines  pubiennes;  s,  libres  su- 
périeures formant  une  maxw  cunéi- 
forme facile  A  entamer  dnns  son 
fossé  osseux  :  a,  fibres  intérieures 
formant  le  ligament  arqué,  dit  en- 
core sous-pubien,  sous-symphyaien. 


AQRA.N  DIS  SEMENT  DU   BASSIN  PAR   ISCHIO-PUBIOTOMIE 


FiG.  H.  —  A.  Aprèi  lyiiipliyafutiiDiiG,  ilinjonctiuii  Kicru-ïlinque  uianuclte  ou 
instruiuentale  de  0",06,  U.03  pour  le  pubia  p  représenté  '2°  teuipi  rte  l'op^- 
mtioD).  En  agUsuot  par  les  cuiiued,  il  fnul,  pour  obtenir  digjoDPlion  égals 
de  chaque  côté,  nppuyer  seulement  te  fî-mur  dre^é  «ur  le  côté  pelvien 
qui  c^de.  (-carter  fortement  la  cuieae  du  ci'ité  i|Ui  ivsialiî.  La  iiérioste  d, 
KEament  antérieur,  érnillé,  (tiré,  «e  décolle»  d'arc  devenu  corde  il  penuet 
le  nécessaire  inot-enoant  un  décollement  de  0"',U4  au  moin<i.  L'îndUpen- 
sable  ligament  uii-ro-iliaque  ■•!  relikhé  reste  intact. 

B.  Cuupe  à  Imvers  la  I"  vertèbre  sncrée  et  la  symphyse  siicro-iliitque  d'un 
entant  de  trois  ans  :  n.  pi^e  neunile  ;  e,  pii>i'e  î.-<«tHie,  dévelop[>ée  ioeom- 
plèlenient  et  ordin.iireuient  ankvlosée  avec  l'os  iliaque,  dans  le  baasia 
oblique  OTalaire  ;  i,  épine  iliaque  postérieure  et  lupérieure  ;  tt,  apophyse  fpt- 
neose,  l'une  et  l'autre  encore  cartilagineuses. 


Fio.  12.  —  1°  Après  la  gymphyséotomie,  il  n 
lea  pubii  une  espèce  de  piucetW  élastique 
le  degré  de  l'ëcartement.  L'instriuneDt  a,  long  de  0'",15  eaviroa,  courba 
pour  tenir  sur  le  ventre,  a  les  eitrémitêg  terminées  par  des  boutoDS  hémis- 
phériqueB  garnis  d'uoe  point«  solide  qu'il  faut  enfoncer  bien  sur  la  partie 
plane  osseuse,  c'est-à-dire  uiË<liane  postérieure  des  faces  de  la  syinphjw, 

2>  Apris  la  section  interpubienne,  il  faut  vaincre  les  lioni  sacro-iliaques 
aDtérieurs  :  sj'uipbjséotoiuie  plus  iloub'e  svmpbyséocineie. 

L'inslrunient  b  est  un  écarteur  interpubien  à  via,  long  également  de  O^.IS, 
puissant  comme  le  désencasteleur  des  vélériiiiires  qui  m'en  a  donné  l'idée. 
On  vo^t  où  les  pointes  doivent  être  piacé<?a.  Dana  les  opérations  sur  la 
vessie,  l'écarleoient  est  maintenu  sans  aides  ;  le  champ  reste  libre  Bveo 
l'instrument  redressa  sur  la  ventre  ou  rabattu  sur  la  verge.  Tuffier  en  a 
été  fl-itisfait. 

L'iustrument  o  dont  l'action  peut  Otre  limitée  il  volonté,  est  beaucoup  plus 
puisKint  que  le  précédent.  Il  n'est  pas  fait  pour  rester  en  place  mais  pour 
produire,  au  degré  néoessairo,  l'écartement  immédiat  et  uioinentaué  que 
les  accoucheurs  doivent  provoquer  avant  de  saisir  la  tète  dans  le  forceps. 

L'écarlement  manuel  par  abduction  des  cuisses  n'est  pas  facile  à  régler  et 
si.  dans  la  crainte  d'aller  trop  loin  soit  des  deux  côtés,  soit  d'un  seul,  on  ne 
fait  pas  ta  oêceasaire,  on  tue  l'enfant  ou  du  moins  on  s'expo.e  à  le  tuer. 

La  vraie  symphyséotomie  n'est  pas  responsable  des  enfants  mécaniquement 


430     AGBANOISSBUENT  DU   BASSIN   PAR   I3GBI0-PUBI0T0B1IE 


FlO.  13.  —  Bwiiin  oblique  ovalaire  avHDt  aubi  lise hio-pubioUi mie  du  <^Oté 
nukyloBé  rétriici.  Ls  Burface  prntic&ble  aiiui  obtenue  est  blkocbe  otdé|>a«!U! 
de  beaucoup  lit  surface  y  iocluse  teintée  iiu'otTrnit  le  boBsin  itvant  ri^>£- 
rstioD.  (Voir  1m  calculs  et  les  Waeit  géométriques  daua  les  pages  prëcé- 

cente»,  fig.  3,  4,  -",  G.) 


J'ai  duDDé  duns  ce  travail  les  Êiémeuts  QËceBsiûrca  au  praticien  : 

1°  S'agit-il  d'un  bMsin  oriJiDHJre  et  pu  conséijuciit  d'une  simple  aympby- 
sfutomie. 

Si  l'ncooucbeur  est  cou»ul(£  clane  le  cou»  de  la  grosses^,  il  touchera  In 
femme  pour  estimer  le  dinmètre  pelvien  proiuonto^ us-pubien.  Avec 
cette  mesure  et  le  tablenu  de  la  figure  I,  il  saura  tout  de  suite  ce  gue 
donnera  la  srmpliyséotomie  et  s'il  peut  attendre  le  terme,  c'est-à-dire  *i  une 
t£te  de  95  mil],  pourra  païuer.  ou  bien  s'il  doit  provoquer  l'accouchement 
prÉmaturément,  —  Le»  élèves  retiennent  facilement  celte  donnée  approiima- 
iive  :  la  lî'le,  dans  ses  pvtitii  diamètres,  a  nutant  df  centimètres  que  do 
mds;  A  Tiuoix,  7  centim.;  à7  inoii  l.'â.7  ceiilim  1/2;  8  moiB,8  centim.,etc. 
La  prudence  commande  de  supi^sT  qu'on  a  pu  et  tromper  en  donnant 
toujours  trop  au  busain,  et  jamais  asHen  A  la  tï-te, 

2°  S'agit-il  d'un  bassin  ohlirgue  ovataire  ankyliisc  d'un  cûtil-. 

Le  mC-tiie  examen  précoce,  les  mêmen  calctilg  s'imposent. 

Quelquefois  |ieut-ctre,  la  symphys&ulouiie  combinée  i   l'accouchement  prv' 

mature  sera  sullisante. 
On  a  vu  plu»  haut  la  luaree  ijuu  donne  en  plus  rischio-pubiolomie,  l'opéni- 

ration  de  clioix,  ce  qu'elle  ■  dounf  à  Ilnard,  ce  rgue  la  synipbytéotonilo 

a  donné  à  X,  Sun  confrère. 


PINARD  431 


D£  LA 
SYMPHYSÉOTOMIE    A    LA    CLINIQUE    BAUDELOGQUE 

PENDANT  L*ANNËE  1892 

Par  A.  Pinard 

Professeur  de  Clinique  obstétricale  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris. 

Membre  de  PAcadémie  de  médecine  (1). 


Messieurs,  il  y  a  un  an,  le  7  décembre  1891,  je  com- 
mençais une  leçon  dans  cet  amphithéâtre  en  prononçant 
les  paroles  suivantes  :  <«  A  Theure  actuelle,  lorsque  nous 
«  nous  trouvons  en  présence  d'une  femme  en  travail  ayant 
a  un  rétrécissement  du  bassin  et  que  nous  avons  constaté 
«  soit  par  le  seul  palper  mensurateur,  soit  après  l'emploi 
c  infructueux  du  forceps,  Timpossibilité  de  l'expulsion  ou  de 
«  Textraction  du  fœtus  par  les  voies  naturelles,  nous  som- 
«  mes  réduits  à  choisir,  pour  délivrer  cette  femme,  entre  les 
a  deux  moyens  suivants:  ou  broyer  la  tête  et  terminer 
s  Taccouchement  par  les  voies  naturelles,  ou  pratiquer 
«  l'opération  césarienne  (2)  ».  Et  après  avoir  chiffré  les 
résultats  obtenus  par  les  partisans  de  Tune  et  de  l'autre 
manière  de  voir  et  de  faire,  je  continuais  en  disant  :  «  Ainsi, 
a  aujourd'hui  encore,  malgré  les  progrès  considérables  réa- 
€  lises  depuis  quinze  ans,  en  présence  du  cas  que  je  vous  ai 
a  signalé  au  début  de  cet  entretien,  nous  sommes  réduits 
a  soit  à  pratiquer  une  opération  qui  sauve  la  mère  aussi 
c  sûrement  qu'elle  tue  l'enfant,  soit  à  pratiquer  une  opéra- 
«  qui  sauve  l'enfant  en  compromettant  la  vie  de  la  mère. 

a  Resterons-nous  toujours  en  face  de  cette  cruelle 
«  alternative  ?  Serons-nous  longtemps  encore  condamnés  à 
«  ce  supplice  qu'il  faut  avoir  enduré  pour  savoir  ce  qu'il  est, 
«  de  tuer  des  enfants  bien  portants  ou  de  faire  courir  à  la 


(1)  Leçon  faite  le  7  décembre  1892. 

(2)  De  la  symphyséotomie.  Leçon  faite  le  7  décembre  1891,  publiée  dans 
les  Annales  de  gynécologie  y  le  15  février  1892  et  présentée  à  l*Âcadémie  de 
médecine  par  le  professeur  Tarnier  le  15  mars  1892. 


432  DE  LA  SYMPHYSÉOTOMIB 

a  mère    les    dangers  encore  redoutables   de    Topératioii 
«  césarienne? 

«  J*espère  que  non,  disais-je  ;  je  crois  que  cette  fatalité 
«  peut  disparaître  grâce  à  une  opération,  Isisymphyséotomie^ 
«  imaginée  en  1768  par  un  de  nos  compatriotes,  étudiant  en 
a  chirurgie,  Sigault,  qui  la  pratiqua  pour  la  première  fois 
a  et  avec  succès  en  1777  sur  la  femme  d*un  soldat  du  guet 
«  nommé  Souchot. 

«  Cela  vous  étonne,  je  le  comprends;  et  vous  vous  de- 
a  mandez  sans  doute  pourquoi  je  fonde  aujourd'hui  de  si 
«  grandes  espérances  sur  le  réveil  d'une  opération  que  cer- 
«  tains  d'entre  vous  savent  délaissée  depuis  si  longtemps, 
«  et  dont  les  autres  ignorent  presque  le  nom.  » 

J'exposai  alors  les  raisons  qui  me  faisaient  penser  et 
parler  ainsi,  et  qui  ne  sont  autres  que  la  solution  des  trois 
questions  suivantes  : 

i""  Peut-on,  par  la  symphyséotomie,  obtenir  sans  lésions 
graves,  un  agrandissement  notable  du  bassin  ?  quel  peut 
être  cet  agrandissement? 

2"*  La  symphyséotomie  est-elle  à  la  portée  de  tous  les 
accoucheurs  et  comment  doit-on  la  pratiquer  ? 

3<>  Quelles  sont  les  suites  de  Topération  relativement  à  la 
consolidation  du  bassin,  à  la  station  debout,  à  la  marche,  et 
à  des  grossesses  ultérieures  ? 

Enfin  je  terminais  en  disant  :  «  Si  je  ne  me  trompe,  la 
a  symphyséotomie,  qui  a  eu  la  mauvaise  fortune  d*ètre 
«  enfantée  par  un  homme  sans  autorité  en  accouchements, 
a  et  qui  ne  pouvait  que  la  compromettre,  s'appuyant  aujour- 
«  d'hui  sur  l'antisepsie,  s'éclairant  des  connaissances  plus 
«  exactes  que  nous  possédons  sur  les  rétrécissements  du 
«  bassin,  guidée  par  la  sûreté  de  nos  moyens  d'exploration, 
<t  profitant  des  perfectionnements  de  nos  techniques  opéra- 
<r  toires,  deviendra,  comme  Ta  prédit  M.  Tarnier,  le  complé- 
«  ment  de  l'accouchement  prématuré  dans  bien  des  cas, 
«  et  se  substituera  à  Tembryotomie  et  à  Topération  césarienne 
«  dans  bien  d'autres,  en  ne  laissant  à  celles-ci  qu*un  champ 
c  très  restreint  où  elles  régneront  seules  sans  partage  ». 


PINARD  '  433 

Eh  bien,  Messieurs,  je  désire  examiner  avec  vous  si,  dans 
l'année  qui  vient  de  s'écouler  depuis  le  moment  où  je  pro- 
nonçais ces  paroles,  mes  espérances  ont  été  dégues  ou  réa- 
lisées. Le  moment  est  venu  d'établir  notre  bilan  et  de  préciser 
l'actif  et  le  passif  de  la  symphyséotomie  à  la  Clinique  Bau- 
delocque  pendant  Tannée  1892. 

Tout  d'abord,  c'est  avec  une  satisfaction  dont  je  ne  cherche 
pas  à  vous  dissimuler  la  vivacité,  que  je  vous  déclare  que 
sur  dix -huit  cents  accouchements  effectués  dans  Tannée, 
je  n'ai  pas  pratiqué  une  seule  fois  Vembryotomie  sur  un 
enfant  vivant.  Et  cependant  nous  avons  eu  à  lutter  contre 
des  rétrécissements  du  bassin  en  nombre  considérable. 
Nous  n'avons  fait  dans  tous  les  cas  que  de  l'obstétrique  opé- 
ratoire conservatrice.  Mais  je  ne  veux  vous  parler  aujourd'hui 
que  des  cas  de  symphyséotomie  pratiqués  dans  le  service, 
et  vous  en  montrer  et  faire  apprécier  les  résultats. 

13  symphyséotomies  ont  été  pratiquées  à  la  Clinique  Bau- 
delocque  pendant  Tannée  1892. 

8  ont  été  pratiquées  par  moi-même  ; 

2       —  —        par  le  D' Varnier,  professeur  agrégé; 

1        —  —        par  le  D' Lepage,  chef  de  clinique  ; 

I        —  —        par  le  D' Wallich,  chef  de  laboratoire  ; 

1        —  —        par  le  D' Potocki,  ex-chef  de  clinique. 

J'ai  pratiqué  la  première  le  4  février;  M.  le  D' Potocki  a 
pratiqué  la  dernière  le  14  novembre. 

Je  vais,  Messieurs,  vous  montrer  ces  treize  femmes,  car 
elles  ont  bien  voulu  consentir  à  revenir  aujourd'hui  ;  de 
cette  façon  vous  pourrez  juger,  en  toute  connaissance  de 
cause,  des  résultats  immédiats  et  consécutifs  de  la  symphy- 
séotomie. 

Je  vais  vous  les  présenter  par  ordre  chronologique  en  vous 
exposant  pour  chacune  d'elles  le  résumé  de  Tobservation. 

Observation  I.  —  4  février  1892  (Pinard). 

Femme  B...,  32  ans,  secondipare.  Bassin  canaliculé;  pro- 
monto  sous-pubien  9,7. 

AXV.  DS  OTK.  —  TOL.  XXXVIU  ÎS 


434  DE   LA   SYMPHYSÉOTOMIE 

!•'  accouchement  :  13  juillet  1886,  à  terme  (Maternité). 

Présentation  de  Tépaule  ;  procidence  du  cordon,  enfant 
mort  et  macéré.  Embryotomie  rachidienne  par  M.  Ribemont- 
Dessaignes  avec  Tembryotome  de  Tarnier. 

La  tête  ne  put  être  extraite  qu'après  basiotripsie.  Cette 
femme  est  sortie  32  jours  après. 

2®  accouchement  :  3  février  1892;  dernières  règles  du 
1"  au  6  mai  1891. 

Le  fond  de  l'utérus  remonte  à  36  cent,  au-dessus  du  bord 
supérieur  de  la  symphyse.  Hydropisie  de  Tamnios;  fœtus 
mobile  ayant  tendance  à  se  présenter  par  le  siège  ;  parais* 
sant  volumineux.  Le  palper  mensurateur  accuse  une  dispro* 
portion  considérable. 

Introduction  d  emblée  du  ballon  Champetierà?  heures  1/2 
du  soir^  le  3  février.  A  minuit  1/4,  la  dilatation  est  complète 
et  Texpulsion  du  ballon  est  imminente. 

A  minuit  30,  chloroforme  ;  extraction  du  ballon;  la  poche 
des  eaux  est  intacte.  On  tente  à  plusieurs  reprises^  mais  sans 
succès,  de  ramener  eu  bas,  par  manœuvres  externes,  la  tôte 
du  fœtus  qui  se  présente  par  le  siège  en  droite  transversale. 

M.  Pinard  se  décide  alors  à  faire  l'extraction  par  les  pieds 
après  symphyséotomie  préalable.  A  minuit  50,  commence- 
ment de  rincision.  Après  symphyséotomie,  écartement 
spontané  de  1  cent. 

A  1  heure  15,  rupture  artificielle  des  membranes  et  com- 
mencement de  Textraction  ;  à  1  heure  20,  le  siège  est  hors 
de  la  vulve  ;  à  1  heure  24,  extraction  de  la  tête  par  la  manœu- 
vre de  Champetier,  extraction  difBciIe,accompagnée  de  deux 
ressauts  dont  le  dernier  est  le  plus  marqué.  L*écartement 
n'a  pas  été  mesuré.  Délivrance. 

A  1  heure  45,  la  suture  est  faite  et  le  pansement  fixé  par 
une  ceinture  plâtrée.  L'enfant  pèse  3350  grammes  et  mesure 
52  cent. 

Il  est  en  état  de  mort  apparente,  mais  ne  tarde  pas  à  être 
ranimé  par  simples  frictions  et  à  crier. 

Enfoncement  du  pariétal  postérieur,  le  droit,  siégeant  au 
lieu  d'élection,  profond  et  tel  que  tandis  que  le  diamètre  bi« 


PINARD  435 

pariétal  mesure  9  cent.  8,  le  diamètre  qui  va  du  fond  de  la 
dépressiou  à  la  bosse  pariétale  antérieure  mesure  8  cent.  9 
seulement. 

Enfant  mort  le  6  février  à  6  heures  du  soir  (3*  jour)  ayant 
présenté  les  symptômes  classiques  de  l'hémorrhagie  mé- 
ningée. Tête  conservée  au  Musée. 

Suites  de  couches  normales;  une  seule  fois,  le  5^  jour>  la 
température  a  atteint  38^,2.  Réunion  par  \^  intention. 

L'opérée  se  lève  le  23  février  (21«  jour)  et  marche  sans 
douleurs.  Pas  de  mobilité  anormale. 

Revue  le  7  décembre  1892.  Aucun  trouble  de  la  marche  ni 
de  la  miction. 

Observation  IL  —  22  février  1892  (Pinard). 

Femme  G...,  primipare.  Bassin  aplati,  promontoire  ac- 
cessible (Pinard). 

Dernières  règles  du  10  au  12  mai  1892.  Â  terme. 

Entrée  à  Baudelocque  à  9  h.  1/4  du  soir,  le  24  février,  la 
dilatation  étant  comme  1  franc;  membranes  intactes,  tendues. 

Le  fond  de  Tutérus  remonte  à  47  cent,  au-dessus  du  bord 
supérieur  de  la  symphyse. 

Gros  œuf.  Présentation  du  sommet  non  engagé  en  gauche 
transversale.  Enfant  vivant. 

Rupture  artificielle  des  membranes  à  10  h.  1/4  du  soir,  le 
24  février  ;  400  grammes  de  liquide. 

Dilatation  complète  à  4  h.  1/2  du  matin^  le  25  février.  La 
tâte  est  fixée  mais  non  engagée. 

A  7  h.  1/2  du  matin,  rengagement  ne  se  faisant  pas  malgré 
de  bonnes  contractions.  M.  Lepage,  répétiteur^  fait  sous  le 
chloroforme  une  première  application  de  forceps  (1).  Trac- 
tions pendant  15  minutes  sans  résultat. 

(1)  Toutes  les  applications  de  forceps  dont  il  s'agit  dans  ces  observations 
ont  été  faites  suivant  la  méthode  préconisée  par  moi,  c'est-à-dire  qu'on  s'est 
toujours  proposé  de  prendre  la  tête  régulièrement  en  plaçant  une  cuillère  en 
arrière  devant  le  promontoire  et  l'autre  en  avant,  derrière  la  symphyse.  Le 
forceps  employé  est,  al-je  besoin  de  le  dire,  le  forceps  de  Tarnier. 


436  DE  LÀ  SYMPHYSÉOTOHIE 

A  8  h.  4,  seconde  application  de  forceps.  Tractions  pen- 
dant 3  minutes  seulement;  aucun  progrès. 

M.  Pinard  prévenu  arrive  à  9  h.  1/2.  Chloroforme. 

Syniphyséotomie  (19  minutes)  donnant  immédiatement 
après  la  section  et  spontanément  un  écartement  de  1  cent., 
que  Tabduction  des  cuisses  porte  sans  difficulté  à  3  centi- 
mètres. 

3'  Application  de  forceps  et  extraction  extrêmement  facile 
en  4  minutes,  d*un  garçon  vivant  de  4630  grammes,  mesurant 
53  c.  t/2  et  dont  les  diamètres  céphaliques  sont  : 

O.M.      14S3.  S.O.F.        11S3. 

O.P.       12%7.  Bipariétal    9S3. 

S.O.B.  lOs  Bitemporal  8%?. 

Pendant  l'engagement  et  la  descente  do  la  tête  Técarte- 
ment  du  pubis  a  été  porté  à  6  centim.  1 . 

L'enfant  pèse  le  15  mars,  5970  gr. 

Suites  de  couches  normales  ;  4  fois  seulement  les  3*,  5*, 
10*  et  14*  jour,  la  température  a  atteint  38*.  Réunion  par 
1"^  intention. 

L'opérée  se  lève  le  30  mars  (33*  jour)  et  marche  sans  dou- 
leurs. Pas  de  mobilité  anormale. 

Revue  le  7  décembre  1892.  Aucun  trouble  de  la  marche  ni 
de  la  miction. 

Enfant  vivant  et  bien  portant,  actuellement  en  nourrice. 


Observation  IIL  —  23  mars  1892  (Pinard). 

Femme  P...,  30  ans,  IVpare.  Bassin  annelé.  Diam.  prom.- 
sous-pub.  9*. 

l*' accouc/iement,  en  1887  (Maternité  de  Lyon),  à  terme . 
Intervention  après  éthérisation.  Enfant  mort-né. 

2*  accouc/iemenf,  en  1888  (Maternité  de  Lyon),  provoqué 
à  8  mois.  Enfant  mort  le  3*  jour. 

3«  acœuchementf  en  avril  1890  (Charité  de  Lyon),  à  terme. 
Application  de  forceps  faite  par  M.  Fochier  qui  put  extraire 
un  garçon  pesant  3220  gr. ,  mais  dont  le  diamètre  biparié- 


PINARD  437 

tal  ne  mesurait  que  7  centim  (1).  Mort  au  bout  de  15  jours, 
en  nourrice. 

4*  accouchement,  23  mars  1892  (Clinique  Baudelocque). 

Dernières  règles  du  30  juin  au  2  juillet  1891. 

Le  fond  de  Tutérus  remonte  à  SG""  au-dessus  du  bord  supé- 
rieur de  la  symphyse. 

Présentation  du  sommet  en  G.  T.  (après  version  externe 
et  ceinture). 

Introduction  du  ballon  Tarnier  le  21  n^ars  à  10  h.  50  du 
matin;  expulsion  à  1  h.  de  l'après-midi. 

23  mars,  à  5  heures  du  matin,  introduction  du  ballon 
Champetier. 

A  11  heures  du  matin,  dilatation  complète;  extraction  du 
ballon  sous  le  chloroforme  ;  rupture  des  membranes. 

Au  bout  d'une  heure  (midi  1/4)  M.  Fochier  fait  successi- 
vement deux  applications  obliques  du  forceps  Tarnier  ;  puis 
M.  Pinard  fait  une  application  directe,  le  tout  sans  succès. 

A  midi  40.  Symphyséotomie  (7  njinutes). 

Les  pubis  s*écartent  spontanément  de  1  cent.  ;  par  abduc- 
tion des  cuisses  Técartement  est  porté  à  4  cent.  8. 

A  midi  50.  4^  application  de  forceps,  pendant  laquelle 
Técartement  est  porté  à  6  cent.  1/2. 

1  heure.  Extraction  d'un  garçon  de  2730  grammes  dont 
les  diamètres  céphaliques  mesurés  immédiatement  après  la 
naissance  sont  : 

O.M.      12S7.  Bipariétal.9',1. 

OF.      11S8.  B.  T.  7%9. 

S.O.B.  10S4.  S.M.B.       9S5. 

S.O.F.  10^6. 

Né  en  état  de  mort  apparente,  mais  rapidement  ranimé, 
l'enfant  pèse,  le  15  mars,  3000  grammes  et  est  en  parfait 
état. 

Suites  de  couches  normales.  Réunion  par  l'""  intention. 

I /opérée  se  lève  le  29«  jour  et  marche  sans  douleurs.  Pas 
de  mobilité  anormale. 

(1)  Observation  communiquée  par  M.  le  P*  Fochier. 


438  DE   LA   STMPHYSéOTOMIS 

Revue  le  7  décembre  1892.  Aucun  trouble  de  la  marche 
ni  de  la  miction. 
Enfant  vivant  et  bien  portant  (revu  le  7  décembre). 

Ces  trois  femmes  ont  été  présentées  à  TÂcadémie  de  méde- 
cine dans  sa  séance  du  21  mai  1892,  et  j'ai  lu  le  résumé  de 
ces  trois  observations  à  la  réunion  de  la  Société  obstétiûcale 
de  France. 

Observation  IV.  —  3  mai  1892  (Varnier). 

Femme  R...,  26  ans,  IVpare.  Taille  1»,46.  Bassin  rachiti- 
que  annelé.  Diamètre  promonto-sous-pubien,  9%8. 

1"  accouchement  en  1886  (Clinique  de  la  rue  d'Assas), 
terminé  par  embryotomie  après  deux  jours  de  travail. 

2«  accouchement  en  1887  (Maternité  de  Lariboisière,  ser- 
vice de  M.  Pinard),  provoqué  à  8  mois  environ,  terminé  par 
version  à  la  dilatation  complète  (tête  avec  procidence  du  cor- 
don, des  mains  et  d*un  pied).  Fille  en  état  de  mort  apparente, 
ranimée  sans  insufflation,  pesant  2400  gr.,  morte  le  lende- 
main. 

3^  accouchement  en  1890  (Maternité  de  Tenon,  service  de 
M.  Champetier  de  Ribes),  provoqué  à  8  mois,  terminé  par 
basiotripsie. 

4*  accouchement,  3  mai  1892  (Clinique  Baudelocque). 

Dernières  règles  du  3  au  5  août  1891. 

Le  fond  de  Tutérus  remonte  à  29  centim.  au-dessus  du 
bord  supérieur  de  la  symphyse.  Présentation  du  sommet 
en  G.  T. 

Vu  les  antécédents,  M.  Pinard  décide  de  provoquer  lac- 
couchement  et  de  pratiquer  la  symphyséotomie  avant  toute 
tentative  d'extraction. 

Introduction  du  ballon  Champetier  le  3  mai  à  5  heures  40 
du  matin;  à  10  heures  1/2  matin  dilatation  complète,  poche 
intacte,  sans  procidence,  tète  en  gauche  transversale,  non 
engagée. 

A  1 1  heures  48,  symphyséotomie  par  M.  Varnier  (7  minu- 
tes). Ëcartement  spontané  de  deux  travers  de  doigt  (3  cent.). 


PINARD  439 

Rupture  artificielle  des  membranes  et  à  1 1  heures  48  ap- 
plication de  forceps  en  gauche  transversale.  Extraction  fa- 
cile (pendant  laquelle  l'écartement  n'augmente  que  d'un 
demi-travers  de  doigt)  d'un  garçon  de  2130  gr.  dont  les 
diamètres  cépbaliques  sont  : 

O.M.      15%4  S.O.F.         9%8. 

O.F.       11%1  Bipariétal    8%2. 

S.O.B.    9^3  Bitemporal  7%5. 

Né  en  état  de  mort  apparente,  mais  ranimé  en  3  minutes 
sans  insufflation,  cet  enfant  paraît  chétif.  Il  est  mis  dans 
un  e  couveuse  à  36**.  Le  respiration  se  fait  mal  pendant  toute 
la  journée  du  3.  Cyanose.  Ne  tête  pas  mais  prend  et  garde  le 
lait  qu'on  lui  donne  à  la  cuillère.  ^ 

4  mai.  Même  état.  Respiration  accélérée  ;  la  cyanose  per-* 
siste.  Le  lait  est  rejeté. 

Mort  le  5,  à  6  heures  du  matin. 

Autopsie  faite  à  6  heures  du  soir. 

Poids  du  cadavre,  1950  gr.  Tous  les  viscères  paraissent 
sains.  La  tète  a  été  préparée  par  Tramond  et  est  conservée 
au  Musée.  Aucune  fracture  ou  fissure.  Os  wormiens. 

Suites  de  couches,  pathologiques  ;  abcès  de  la  grande  lè- 
vre gauche,  incisé  et  drainé  le  17*  jour,  sans  connexion  avec 
la  plaie  opératoire  dont  la  réunion  s'est  faite  par  première 
intention. 

L'opérée  se  lève  le  26«  jour  et  marche  sans  douleur;  sortie 
le  23  juin  en  parfait  état. 

Revue  le  7  décembre  1892.  Aucun  trouble  de  la  marche  ni 
de  la  miction. 

Obseiivation  V.  —  29  mai  1892  (Pinard). 

Femme  A...,  38  ans,  VIpare.  Bassin  annelé.  Diamètre 
proraonto-sous-pubien,  9,3. 

1"  accouchement  en  1885  (Maternité  de  Lariboisière,  ser- 
vice de  M.  Pinard),  à  terme,  terminé  par  basiotripsie  de  Ten- 
fant  vivant  après  73  heures  de  travail  et  une  application  de 
forceps  faite  par  M.  Pinard.  Poids  de  Tenfant,  3  kil.  520  gr. 


440  DE   L^  SYMPHYSÉOTOMIE 

2*  accouchement  en  1887  (Clinique  de  la  rue  d'Assas, 
M.  Pinard),  provoqué  à  7  mois  t/2.  Enfant  mort  pendant  le 
travail. 

i^  accouchement  en  1888  (Maternité  de  Lariboisière, 
M.  Pinard),  provoqué  à  7  mois,  terminé  par  une  application 
de  forceps  au  détroit  supérieur.  Garçon  de  2200  gr.,  mort 
dans  la  nuit.  Bipariétal  8,6. 

4*  et  5*  grossesses  (1890  et  1891),  avortements  de  2  mois  1/2 
et  3  mois. 

4''  accouchement,  29  mai  1892,  à  la  Clinique  Baudelocque. 

Dernières  règles  du  14  au  17  septembre  1891. 

Présentation  du  sommet  non  engagé  en  gauche  transver- 
sale. 

Vu  les  antécédents,  M.  Pinard  décide  d'attendre  le  terme 
et  de  pratiquer  la  symphyséotomie  avant  toute  tentative 
d'extraction. 

Début  du  travail  le  28  mai  à  5  heures  du  matin  (rupture 
prématurée  des  membranes);  dilatation  complète  le  29  à 
6  heures  du  matin. 

  10  h.  10,  symphyséotomie  par  M.  Pinard  (10  minutes). 
Écartement  spontané  de  2S5. 

A  10  h.  38,  application  de  forceps  en  gauche  transversale. 
Extraction  facile  à  10  h.  40  (pendant  laquelle  Técartement 
est  porté  à  4%5)  d'un  garçon  de  3110  gr.,  criant  de  suite  et 
dont  les  diamètres  céphaliques  sont  : 

O.M.      13%2  S.O.P.  10* 

O.P.      11S5  B.P.        9%! 

S.O.B.  10*^  B.T.        8S2 

Allaité  par  sa  mère  d'abord  aidée  par  une  nourrice,  cet 
enfant'pèse  à  sa  sortie  le  31^  jour  3850  gr. 

Suites  de  couches  normales  ;  2  fois  seulement  38*,  le  2"*  et 
le  7""  jour.  Réunion  par  première  intention. 

Se  lève  sans  autorisation  le  16'  jour  sans  éprouver  aucune 
gène;  sortie  le  30  juin  (31' jour)  en  parfait  état. 

Revue  le  7  décembre  1892.  Aucun  trouble  de  la  marche  ni 
de  la  miction.  L'enfant  est  bien  portant  (revu  le  même 
jour). 


PINARD  441 

Observation  VL  — 29  juin  1892  (Pinard). 

M.  F...,  32  ans,  primipare.  Taille  1  m.  35.  Bassin  généra- 
lement rétréci.  Diamètre  promonto-sous-pubien  :  9  centim. 

Dernières  règles  du  9  au  12  octobre  1891. 

Présentation  du  sommet  non  engagé  en  G.  T. 

Le  28  juin  1892,  vu  les  renseignements  fournis  parle  palper 
mensurateur,  la  mensuration  du  promonto-sous-pubien  et 
l'exploration  de  la  totalité  du  bassin,  M.  Pinard  décide  de 
provoquer  Taccotlchement  et  de  pratiquer  la  symphyséoto- 
mie  avant  toute  tentative  d'extraction. 

Introduction  du  ballon  Tarnier,  le  28,  à  10  h.  1/2  du  matin  ; 
du  ballon  Champetier  à  5  h.  1/2  du  matin,  le  29  (rupture  des 
membranes). 

Dilatation  complète  à  9  h.  du  soir;  l'extraction  du  ballon 
entraîne  une  déchirure  latérale  gauche  du  vestibule,  néces- 
sitant Tapplication  de  2  pinces  à  forcipressure. 

A  9  h.  15,  symphyséotomie  par  M.  Pinard  (3  minutes); 
écartement  de  3  cent.  5. 

A  9  h.  24,  application  de  forceps  en  G.  T.,  et  extraction 
facile  à  9  h.  42  (pendant  laquelle  Técartement  est  porté  à 
G  cent.  2)  d'un  garçon  de  2720  gr.,  criant  de  suite,  et  dont  les 
diamètres  céphaliques  sont  : 

O.M.      13«  S.O.F  10%3 

O.P.      11^  Bipariétal    9S4 

S.O.B.  10^  Bitemporal  8S2 

Allaité  par  une  nourrice,  cet  enfant  pèse^  à  sa  sortie,  le 
15»  jour,;  4000  gr. 

Suites  de  couches  normales.  Réunion  par  première  inten- 
tion. 

L'opérée  se  lève  le  20*^  jour  (27  juillet),  et  marche  sans  dou- 
leurs et  sans  difficultés.  Actuellement  elle  est  infirmière  dans 
le  service.  L'enfant,  revu  le  7  décembre  1892,  est  bien  por- 
tant. 

Observation  VII.  —  7  juillet  1892  (Pinard). 

A...,  23  ans,  primipare.  Taille  l'",42.  Bassin  annelé.  Dia- 
mètre promonto-sous-pubion  10,4. 


442  DE   LA   SYMPHYSÉOTOMIE 

Dernières  règles  du  25  au  30  septembre  189L 

Présentation  du  sommet  non  engagé  en  G.  T. 

Le  6  juillet  1892,  vu  les  renseignements  fournis  parle 
palper  mensurateur,  M.  Pinard  provoque  raccouchement  à 
l'aide  du  ballon  Tarnier  remplacé  le  7  juillet,  à  4  heures  du 
matin,  parle  ballon  Champetier. 

Dilatation  complétée  10  heures  1/4  du  matin  le  7  juillet. 

A  10  heures  40>  après  exploratipn  manuelle,  symphyséo- 
tomie  par  M.  Pinard  (7  minutes).  Écartement  spontané  de 

1  centim. 

À  10  heures  51,  rupture  artificielle  des  membranes  et  ap- 
plication de  forceps  en  G.  T.  ;  extraction  à  11  heures  4  (pen- 
dant laquelle  l'écartement  est  porté  à  5  centim.),  grâce  à  une 
deuxième  application  de  forceps,  la  première  menaçant  de 
déraper,  d  un  garçon  de  3300  gr.,  vivant,  dont  les  diamè- 
tres céphaliques  sont  : 

O.M.        13^  S.O.F.  12^ 

O.F.        12%2  Bipariétal    10^ 

S.O.B.    11^  Bitemporal    9^ 

Allaité  par  une  nourrice,  cet  enfant  pèse  à  sa  sortie,  le 

2  septembre,  4340  grammes. 

Suites  de  couches  légèrement  pathologiques  (oscillations 
autour  de  38«,5  pendant  les  7  premiers  jours.  Réunion  par 
première  intention. 

L'opérée  se  lève  le  24«  jour  ;  marche  sans  douleurs. 

Revue  le  7  décembre  1892.  Aucun  trouble  de  la  marche  ni 
de  la  miction.  L'enfant  est  bien  portant  (en  nourrice). 

Observation  VIIL  —  30  juillet  1892  (Lepage). 

M.  M...,  26  ans,  secondipare.  Bassin  annelé.  Diamètre 
promonto-sous-pubien,  9,7. 

!•'  accouchement  en  1887  (hospice  d'Amiens),  à  terme, 
spontané,  d'un  enfant  volumineux  (?)  actuellement  vivant  et 
bien  portant. 

2«  accouchement,  30  juillet  1892  (Clinique  Baudelocque). 

Dernières  règles  du  1*'  au  5  octobre  1891. 

Présentation  du  sommet  non  engagé  en  G.  T. 


PINARD  443 

A  l'arrivée  dans  le  service,  le  30  juillet  à  4  h.  44  du  matin, 
la  dilatation  est  presque  complète  ;  le  travail  a  débuté  le  29 
à  1 1  b.  du  soir,  les  membranes  sont  intactes. 

A  6  b.  45  du  matin,  rupture  artificielle  des  membranes. 

A  7  heures,  M.  Lepage,  répétiteur,  constate  :  dilatation 
complète,  tète  très  élevée  en  G.  T.  ;  liquide  vert,  procubitus 
du  cordon,  bruits  du  cœur  sourds  et  irréguliers. 

Après  une  application  de  forceps  restée  infructueuse 
(20  minutes  de  tractions)  M.  Lepage  prévient  M.  Pinard  qui 
lui  fait  faire  la  symphyséotomie,  à  10  heures  (13  minutes); 
section  de  la  symphyse  de  bas  en  haut.  Écartement  spon- 
tané de  26  millim. 

Application  de  forceps  et  extraction  facile  à  10  h.  18  (ex- 
traction pendant  laquelle  Técartement  a  été  porté  à  5  cent.) 
d'un  garçon  de  4000  grammes,  né  en  état  de  mort  appa- 
rente, insufflé,  ranimé  10  minutes  après  et  dont  les  diamètres 
céphaliques  sont  : 

O.iM.      13M  S.O.F.         11S3 

O.F.      11%5  Bipariéial     9^^ 

S.O.B.    9S8  Bitemporal    8%7 

Allaité  par  une  nourrice,  Tenfant  pèse  à  sa  sortie,  le  2  sep- 
tembre, 4090  grammes. 

Suites  de  couches  pathologiques.  Abcès  de  la  grande  lèvre 
droite,  incisé  et  drainé  le  10®  jour,  sans  connexion  avec  la 
plaie  opératoire  dont  U  guérison  s'est  faite  par  première 
intention. 

L'opérée  se  lève  le  30*  jour.  Sort  le  5  novembre  en  parfait 
état.  Revue  le  7  décembre  1892.  Aucun  trouble  de  la  marche 
ni  de  la  miction. 

L'enfant  est  bien  portant  (en  nourrice). 

Observation  IX.  —  13  septembre  1892  (Varnier). 

Femme  B...,  secondipare.  Taille  1™,39.  Bassin  rachitique 
annelé. 

Diamètre  promonto-sous-publien,  9^2. 

1"  accouchement  en  1889  (Maternité  de  Lariboisière,  ser- 
vice de  M.  Pinard),  à  terme,  terminé  par  basiotripsie  de  l'en- 


444  DE  LA   SYMPHYSÉOTOMIE 

fant  mort.  Femme  apportée  en  brancard,  dilatation  complète 
membranes  rompues,  procidence  du  cordon  et  du  bras  anté- 
rieur. Tête  non  engagée  en  G.  T.  M.  Varnier  dut  faire  deux 
broiements  ;  Textraction  ne  devint  néanmoins  possible  qu*a 
près  rétropulsion  du  bras  antérieur  et  il  fallut  pratiquer  la 
manœuvre  de  Ribemont  pour  extraire  le  tronc.  Poids  de 
l'enfant,  3350  grammes. 

2«  accouchement,  13  septembre  1892  (Clinique  Baude- 
locque). 

Dernières  règles  du  10  au  15  décembre  1891. 

A  rentrée  dans  le  service,  le  26  juillet,  grossesse  de?  mois 
environ.  Enfant  vivant,  sans  présentation  fixe;  la  tète  est 
maintenue  en  bas  à  l'aide  de  la  ceinture  eutocique  à  partir 
du  15  août.  Dès  ce  moment  le  palper  mensurateur  montre 
qu'il  y  a  disproportion. 

M.  Pinard  partant  en  vacances  laisse  à  M.  Varnier  le  soin 
de  fixer  la  date  à  laquelle  sera  pratiquée  la  symphyséotomie  ; 
M.  Varnier  décide  d'attendre  le  terme. 

Début  du  travail  le  12  septembre  1892,  à  7  heures  du  soir. 

La  dilatation  est  complète  le  13,  à  5  heures  40  du  soir. 

A  5  heures  40,  symphyséotomie  par  M.  Varnier  (6  minu- 
tes). Écartement  de  3  cent.  5  provoqué  par  abduction  des 
cuisses.  A  ce  moment,  rupture  spontanée  des  membranes. 

A  5  heures  49,  application  de  forceps  en  G.  T.  Extraction 
à  5  heures  55  (pendant  laquelle  Técartement  est  porté  à 
7  cent.)d*un  garçon  de  3,200  grammes,  criant  de  suite  et  dont 
les  diamètres  céphaliques  sont  : 

O.M.  12S5  Bitemporal  8%5 

S.O.B.         9S8  Circonf.  S.O.B.  34^ 

S.O.F.       11%4  —       S.O.F.  36^ 

Bipariétiil  9% 5 

Allaité  par  une  nourrice,  cet  enfant  pèse  3630  grammes  à 
sa  sortie  le  16  octobre. 

Suites  de  couches:  3  fois  seulement  les  3*,  4%  5*  jours  la 
température  a  atteint  38®,5.  Réunion  par  première  inten- 
tion. L'opérée  se  lève  le  19*  jour,  marche  seule  et  sans  dou- 
leurs. 


PINARD  445 

Et  cependant  il  faut  noter  que,  an  cours  de  Textraction, 
il  s'était  produit,  à  gauche  de  Turèthre,  intact  ainsi  que 
le  montra  le  cathétérisme,  une  déchirure  longitudinale  de  la 
paroi  antérieure  du  vagin  permettant  de  conduire,  par  le 
vagin^  l'index  entre  les  pubis  écartés.  La  plaie  opératoire 
communiquait  avec  le  vagin  qui  fut  tamponné  à  la  gaze  iodo- 
formée  laissée  en  place  pendant  3  jours. 

Sort  en  parfait  état  le  16  octobre.  Pas  de  mobilité  anor- 
male, pas  de  troubles  de  la  miction  ni  de  la  marche  ;  cica- 
trice vaginale  nettement  perceptible  au  toucher,  non  dou- 
loureuse. 

Revue  le  7  décembre  1892.  Aucun  trouble  de  la  marche  ni 
de  la  miction. 

L*enfant  est  bien  portant  (revu  le  même  jour). 

Observation  X.  —  i«'  octobre  1892  (Pinard). 

Â.  F...^  25  ans,  secondipare;  bassin  plat.  Diamètre  pro- 
monto-sous-pubien  10  cent. 

!•'  accouchement  en  1891  (Clinique  Baudelocque).  Albu- 
minurie et  éclampsie. 

Accouchement  gémellaire.  Extraction  par  les  pieds.  Enfants 
vivants,  morts  l'un  à  14  jours,  l'autre  à  4  mois  pesant  Tun 
2300  gr.  (bipariétal  8S5),  l'autre  1980  gr.  (bipariétal  8%4). 

2«  accouchement,  1"  octobre  1892  (Clinique  Baudelocque). 

Dernières  règles  du  15  au  18  décembre  1891. 

Présentation  du  sommet  non  engagé  en  gauche  transversale. 

Début  du  travail  le  29  septembre  à  7  heures  du  soir.  A  9  heu- 
res du  soir,  le  1*'  octobre,  la  dilatation  restant  stationnairo 
depuis  12  heures  (5  francs)»  les  membranes  étant  rompues, 
la  tête  nullement  engagée,  très  inclinée  sur  le  pariétal  pos- 
térieure, intermédiaire  à  la  flexion  et  à  l'extension,  M.  Var- 
nier  applique  un  ballon  Champetier  et,  lorsque  la  dilatation 
est  complète,  après  extraction  du  ballon  distendu  au  maxi- 
mum, fait  une  application  de  forceps  en  gauche  transversale 
qui  ne  fait  qu'accuser  la  déflexion.  Il  fait  alors  une  deuxième 
application  de  flexion  (forceps  à  Tenvers)  ;  la  flexion  est 
obtenue,  mais  malgré  de  soli destractions,  l'engagement  ne 


446  DE  LA   SYMPHYSÉOTOMIE 

se  produit  pas.  Ne  voulant  pas  faire  uae  application  de 
force,  M.  Varnier  va  chercher  M.  Pinard  qui,  à  10  h.  50,  les 
choses  étant  toujours  au  même  point,  pratique  la  sympby- 
8éotomie(12  minutes). 

Écartemeni  immédiat  de  3  centimètres. 

  11  h.  9,  application  de  forceps  en  gauche  transversale  et 
extraction  facile  (pendant  laquelle  Técartement  est  porté  à 
4%5)  d'un  garçon  de  3220  grammes,  criant  de  suite,  dont 
les  diamètres  céphaliques  sont  : 

S.O.B.         9%3  Bitemporal  7%8 

S.O.F.        10S6  Circonf.S.O.B.  31« 

Bipariétal    9^  —      S.O.F.  32*^ 

Allaité  par  une  nourrice,  cet  enfant  pèse,  à  sa  sortie, 
3420  gr. 

Suites  de  couches  normales.  Réunion  par  première  inten- 

» 

tion. 

L*opérée  se  lève  le  19*  jour,  marche  seule  et  très  bien  ;  sort 
le  6  novembre  en  parfait  état. 

Revue  le  7  décembre  1892.  Aucun  trouble  de  la  marche  ni 
delà  miction. 

L'enfant  est  bien  portant  (en  nourrice). 

Observation  XI.  —  6  octobre  1892  (Pinard). 

Â.  B...,  28  ans,  secondipare.  Bassin  rachitique  annelé. 
Diamètre  promonto-sous-pubien,  10  cent. 

1*'  accouchement  en  1889  (Maternité),  à  terme,  terminé 
par  une  application  de  forceps.  L'enfant  a  succombé  le 
27*  jour,  de  convulsions,  portant  encore  les  traces  de  Tap- 
plication  de  forceps. 

2«  accouchement,  9  octobre  1892  (Clinique  Baudelocque). 

Dernières  règles,  du  26  au  29  décembre  1891. 

Présentation  du  sommet  non  engagé  en  G.  T. 

Début  du  travail,  le  5  octobre  à  3  h.  du  matin.  Rupture 
spontanée  des  membranes  à  7  h.  20  du  soir.  Dilatation  com- 
plète à  1 1  h.  55  du  soir.  Application  de  forceps  en  gauche 
transversale  au  détroit  supérieur,  par  M.  Wallich  qui,  mal- 
gré des  tractions  énergiques,  ne  peut  engager  la  tête. 


PINARD  447 

Après  avoir  pratiqué  le  toucher  manuel,  M.  Varnier  ne 
voulant  pas  faire  une  seconde  application  qui  serait  une 
application  de  force,  prévient  M.  Pinard.  Celui-ci,  exactement 
renseigné  sur  l'état  de  la  mère  et  de  Tenfant,  conseille  d'at- 
tendre encore. 

A  10  h.  du  matin,  la  température  étant  à  38%8,  et  les  cho- 
ses étant  toujours  au  même  point,  M.  Pinard  pratique  la 
symphyséotomie  en  présence  du  professeur  Krassowski 
(2  minutes).  Écartement  immédiat  de  3  cent. 

Application  de  forceps  en  G.  T.  Extraction  facile  à  10  h.  25 
(pendant  laquelle  Técartement  est  porté  à  5  cent.  8)  d'un 
garçon  de  3750  gr.,  né  en  état  de  mort  apparente,  mais  rapi- 
dement ranimé  et  dont  les  diamètres  céphaliques  sont  : 
O.M.  13%6  B.T.        7%9 

O.F     11^  8.O.B.  10^3 

B.P.      8%4  S.O.F.  li%5 

Allaité  par  une  nourrice,  cet  enfant  pèse,  à  sa  sortie,  le 
15  novembre,  48  iO  gr. 

Suites  de  couches  :  La  température  a  oscillé  autour  de  38% 
sans  dépasser  38^,5,  pendant  les  12  premiers  jours. 

Réunion  par  première  intention. 

L'opérée  se  lève  le  29  octobre  (23*^  jour)  et  sort  le  15  no- 
vembre en  parfait  état. 

Revue  le  7  décembre  1892.  Aucun  trouble  de  la  marche  ni 
de  la  miction. 

L'enfant  est  bien  portant  (en  nourrice). 

Observation  XH.  —  21  octobre  1892  (Wallich). 

M...,  tertipare.  Bassin  annelé.  Diamètre  promonto-sous- 
pubien,  10,5 

l"accouchementenl886,  spontané,  à  terme,  enfant  vivant. 

2*  accouchement,  spontané  en  1889  ;  enfant  volumineux, 
mort  pendant  le  travail. 

3*  accouchement,  21  octobre  1892  (Clinique  Baudelocque). 

Dernières  règles  du  4  au  8  janvier. 

Présentation  du  sommet  non^engagé^en  G.  T. 


448  DE   L\  SYMPHYSÉOTOMIE 

Début  du  travail  le  19  octobre  à  8  heures  du  soir;  rupture 
spontanée  des  membranes  à  1  heure  du  matin  le  20. 

A  la  visite  le  matin,  20  octobre,  M.  Varnier  constate  que 
la  tête  qui  se  présente  en  G.  T.,  non  engagée,  en  attitude 
intermédiaire  à  la  flexion  et  à  l'extension,  est  inclinée  sur 
le  pariétal  antérieur  (obliquité  de  Naegelé).  Fœtus  volumi- 
neux. Dilatation  comme  5  francs.  Pronostic  impossible,  vu 
l'obliquité  de  Nœgelé,  la  déilexion,  le  rétrécissement  du  bas- 
sin et  le  volume  du  fœtus.  Si  les  choses  ne  se  corrigent  pas 
d'elles-mêmes,  inutile  et  dangereux  d'appliquer  le  forceps; 
on  fera  la  symphyséotomie  d'emblée  si  la  tête  ne  s'engage 
pas  d'elle-même. 

A  5  heures,  la  dilatation  est  complète. 

A  10  heures  du  soir,  l'exploration  manuelle  montre  que  la 
tête  n'a  pas  bougé  d^une  ligne. 

A  11  heures  50.  M.  Pinard  fait  pratiquer  la  symphyséoto- 
mie par  M.  Wallich,  répétiteur.  Écartement  immédiat  (à 
12  heures  10)  par  abduction  des  cuisses,  de  2  cent.  5.  Une 
première  application  de  forceps  (12  heures  15)  ayant  dérapé 
et  le  cordon  ayant  fait  procidence,  M.  Varnier  fait  une  se- 
conde application  rapide  en  flexion.  Extraction  à  12  heu- 
res 20  (pendant  laquelle  Pécartement  est  porté  à  4  cent.  5) 
d'un  garçon  de  3650  grammes,  né  en  état  de  mort  apparente, 
qui  commence  à  respirer  à  12  heures  27,  et  ne  pousse  son 
premier  cri  qu'à  12  heures  31. 

Les  diamètres  céphaliques  sont: 

O.M.       13S5  Bipariétal  9%5 

O.F.        12%3  Biiemporal  7S9 

S.O.B.     10%4  Circonf.  S.O.B.  33« 

S.O.F.     11S4  —      S.O.F.  35^^ 

Cet  enfant,  allaité  par  une  nourrice,  pèse  actuellement 
4610  gr. 

Suites  de  couches  :  38'*,5  les  5%  6*  et  ?•  jours.  Réunion  par 
première  intention.  Les  lils  sont  enlevés  le  29  octobre. 

L'opérée  se  lève  le  8  novembre  (le  19»  jour),  marche  bien 
et  sans  douleurs  jusqu'au  16  novembre.  Ce  jour*là,  38'',4  et 


PINARD  449 

le  lendemain  apparition  d*une  phlegmatia  alba  dolens  du 
membre  inférieur  gauche  pour  laquelle  elle  est  encore  ac- 
tuellement en  traitement  à  la  clinique  Baudelocque. 

Observation  XIII.  —  13  novembre  1892  (Potocki). 

M.  F...,  38  ans,  secondipare.  Bassin  rachitique  annelé. 
Diamètre  promonto-sous-pubien,  9,7. 

1*'  accouchement  en  1880  (Maternité),  à  terme,  céphalo- 
tripsie. 

2"  accouchement,  13  novembre  1892  (Clinique  Baude- 
locque). 

Dernières  règles  du  18  au  22  février  1892. 

Présentation  du  siège  transformé  par  manœuvres  en 
externes  0. 1.  D.  T. 

Début  du  travail  le  il  novembre,  à  11  heures  du  soir;  rup« 
tare  spontanée  des  membranes  à  minuit. 

Dilatation  complète  le  13  novembre,  à  8  heures  du  matin. 

Vu  les  renseignements  fournis  par  le  palper  mensurateur, 
M.  Pinard  fait  pratiquer  la  symphyséotomie  d'emblée  à 
9  heures  du  matin^  par  M.  Potocki  (9  minutes).  Écartement 
spontané  de  3  centim. 

A  9  h.  11,  application  de  forceps  et  extraction  à  9  h.  23 
(pendant  laquelle  Técartement  est  porté  à  5  cent.  7),  d'une 
fille  de  3,300,  née  en  état  de  mort  apparente,  insufflée  et  ra* 
nimée  ;  morte  à  1  heure  du  matin,  le  4  novembre. 

Les  diamètres  céphaliques  sont  : 

O.M.     13,6  B.P.  9,5 

O.P.      11,2  B.T.  8,4 

S.O.F.  10,7 

Prise  irrégulière,  oblique  ;  frontal  antérieur  présentant 
une  dépression  profonde  produite  par  la  cuiller  antérieure, 
dépression  qui  disparut  dans  la  soirée  en  même  temps  qu'ap- 
paraissaient des  mouvements  convulsifs  de  la  moitié  gauche 
de  la  face.  La  tête,  conservée  au  musée,  sera  décrite  ulté- 
rieurement. 

Suites  de  couches.  Température  oscillant  autour  de  38% 
les  cinq  premiers  jours. 

AXX.  DK  OTK.  —  VOU  ZXXVXII  29 


450  DE   LA   SYMPHYSÉOTOMIE 

Réunion  par  première  intention.  L'opérée  se  lève  U 
22*  jour.  Aucun  trouble  de  la  marche  ni  de  la  miction.  Est 
encore  à  la  Clinique. 

Vous  venez  de  voir  ces  treize  femmes  et  vous  avez  pu 
constater  que  leur  état  général  ne  laisse  rien  à  désirer.  II  ne 
reste  chez  elles  comme  stigmate  de  l'opération  qu'elles  ont 
subie,  qu'une  petite  cicatrice  à  peine  visible  au  niveau  de  la 
région  pubienne.  Chez  toutes,  le  bassin  est  aussi  solide  qu'a- 
vant l'opération.  Aucune  ne  présente  de  troubles  du  côté  de  la 
miction  ni  du  côté  de  la  station.  Le  résultat  est  donc  aussi 
satisfaisant  et  aussi  complet  que  possible  du  côté  maternel. 

Nous  avons  été  moins  heureux  du  côté  des  enfants,  car  si 
tous  ont  été  extraits  vivants,  je  n'ai  pu  vous  en  montrer  que 
dix,  aussi  beaux,  il  est  vrai,  les  uns  que  les  autres  ;  mais 
les  trois  autres  sont  morts  : 

Le  1",  le  3'  jour  après  la  naissance    (!'•    observation); 

Le  2*,  le  2*  jour    —  —  (4*    observation)  ; 

Le  3%  16  heures    —  —  (13«    observation). 

Si  nous  recherchons  la  cause  de  la  mort  de  chacun  de  ces 
enfants  nous  voyons  que,  pour  le  l**",  la  mort  a  été  produite 
par  une  fracture  d*un  pariétal  au  moment  de  l'extraction  de 
la  tête  dernière. 

L'écartement  préalable  du  bassin  n'était  certainement  pas 
suffisant,  vu  le  volume  de  la  tête  et  le  rétrécissement  pelvien. 
C'est  là  un  point  extrêmement  important  sur  lequel  je  re- 
viendrai. 

Le  2^  enfant  est  mort  de  faiblesse  congénitale,  car  il  ne 
présentait  à  Tautopsie  aucune  lésion.  Bien  que  son  poids  fut 
àlanaissancede2,130grammes,  sa  vitalité  étaitrudimentaire. 
Son  cri  était  faible,  son  ventre  volumineux.  Des  troubles  res- 
piratoires se  montrèrent  bientôt  et  il  mourut  cyanose.  On 
ne  peut  ici  incriminer  ni  l'opération  ni  l'opérateur.  S'il  y  a 
un  coupable  c'est  moi,  car  on  penf  m'adresser  le  reproche 
d'avoir  interrompu  trop  tôt  la  yiobsosse.  Mais  j'avais  été 
conduit  à  agir  ainsi  en  raison  de  ce  qui  s'était  passé  lors  des 
accouchements  précédents  (l"  accouchement  à  terme,  em- 


PINARD  451 

bryotomie;  2® accouchement  provoqué  à  8  mois, enfant  mort; 
3®  accouchement  provoqué  à  8  mois,  basiotripsie).  Je  revien- 
drai également  sur  ce  fait. 

Quant  au  3^  enfant,  il  succomba  comme  le  premier  à  la 
suite  d'une  fracture  portant  cette  fois  sur  le  frontal.  Bien 
que  Técartement  spontané  des  pubis  fût  avant  Textraction 
de  3  centimètres,  la  tête  s'engagea  difficilement,  car  elle 
était  volumineuse  (diamètre  B.  P.,  9,3),  mais  surtout  parce 
que  l'application  de  forceps  avait  été  irrégulière  (prise  obli^ 
que).  C'est  encore  là  un  point  que  nous  ne  devrons  pas  ou*- 
blier  tout  à  l'heure. 

Tels  sont  les  résultats  fournis  par  la  sympbyséotomie  dans 
cette  clinique  depuis  le  4  février  1892. 

Avant  d'entrer  dans  l'étude  détaillée  des  faits,  et  bien  que 
je  veuille  m'occuper  spécialement  de  ce  qui  s'est  passé  ici,  il 
me  semble  qu'il  peut  être  intéressant  de  jeter  un  coup  d'œil 
rapide  sur  ce  qui  s'est  fait  ailleurs  pendant  ce  même  laps  de 
temps  et  de  rechercher  si  nous  avons  été  suivi  dans  nos  tenta- 
tives. V6yons  donc  ce  qui  s'est  fait  en  France  et  à  l'étranger. 

Dès  le  15  mars,  M.  Tarnier;  en  me  faisant  l'honneur  de  pré- 
senter ma  leçon  à  l'Académie,  se  déclarait  partisan  de  l'opé- 
ration, après  avoir  vu  deux  de  mes  opérées.  Le  28  juin  il 
présentait  à  l'Académie  une  femme  chez  laquelle  il  avait 
pratiqué  la  sympbyséotomie  le  27  mai,  avec  un  succès  com- 
plet pour  la  mère  et  pour  l'enfant  (1). 

M.  Porak,  accoucheur  de  la  Maternité  de  LariboisièrOj  pré^ 
sentait  également  à  l'Académie,  le  19  juillet,  une  femme  opé- 
rée par  lui  avec  un  plein  succès  pour  la  mère  et  pour  l'en- 
fant(2).  Une  deuxième  observation  du  même  auteur  est  relatée 
dans  un  rapport  lu  à  l'Académie  le  6  septembre,  rapport  sur 
lequel  je  serai  obligé  de  revenir  dans  le  cours  de  cette  leçon. 

Mon  collègue  et  ami,  le  D'  Ribemont-Dessaignes^  accou^ 
cheur  de  la  Maternité  de  Beaujon,  a  pratiqué  déjà  quatre 
symphyséotomies  (communication  orale).  Mon  chef  de  cli- 

(1)  SuUetin  de  l'Académie  de  médecine^  26  juin  1892,  p.  873. 

(2)  Voyez  Annales  de  Gynécologie,  Tome  XXXVIII,  p.  213. 


452  DE   LA   SYMPHYSÉOTOMIE 

nique  a  fait  en  ville  avec  un  succès  complet  sa  2*  symphy- 
séotomie.  Cette  opération  a  été  exécutée  cette  année  trois 
fois  déjà  à  Marseille  (communication  orale  de  mon  collègue 
et  ami  le  D'  Queirel). 

J*en  sais  d'autres  pratiquées  en  France,  mais  comme  elles 
ne  sont  pas  encore  publiées,  je  n'en  parle  pas. 

A  l'étranger,  Mttllërheim,  assistant  du  professeur  Freund, 
en  fit  une  à  Strasbourg  (1). 

Léopold  en  pratiqua  deux  à  Dresde  (2)  et  sa  conduite  est 
bientôt  suivie  en  Allemagne  par  Desiderius  v.  Velits  (3)  et 
Zweifel  (4). 

The  Médical  News,  nMu  16  octobre,  contient  deux  obser- 
vations de  symphyséotomies  pratiquées  l'une,  la  première  en 
Amérique,  par  le  D'  Ch.  Jewett  (de  Brooklyn),  le  30  septem- 
bre 1892  ;  la  2*  le  1"  octobre  par  le  D'  Barton  Cooke  Hirst. 

J'ai  reçu  il  y  a  deux  jours  une  lettre  du  D'  Rodriguez  dos 
Santos,  m*apprenant  qu'il  venait  de  faire  avec  succès  la  pre- 
mière symphyséotomie  au  Brésil. 

Enfin  le  British  med.  Journal  rapporte  dans  son  numéro 
du  3  décembre  que  la  première  symphyséotomie  vient  d'être 
pratiquée  en  Angleterre  (5). 

Si  nous  joignons  à  tous  ces  cas,  les  opérations  faites  en  Italie 
parNovi,  Caruso,  Morisani  et  Truzzi,  je  ne  serai  pas  éloigné 
de  la*  vérité  en  disant  que  cinquante  symphyséotomies  au 
moins  ont  été  pratiquées  en  1892,  année  qui  pourra,  je  crois, 
être  appelée  année  de  ia  renaissance  de  la  symphyséotomie. 

Il  y  a  lieu  de  se  demander  maintenant  si,  en  dehors  des 
observations  publiées,  il  y  a  eu  des  travaux  scientifiques 
dans  lesquels  de  nouvelles  recherches  soient  venues  infir- 
mer ou  confirmer  ce  que  nous  avions  établi^  et  si  la  formule 


(1)  Centralb,/.  Gyndk.,  1892,  ii«  80,  p.  588. 

(2)  Ibid,y  p.  686. 

(3)  antralb,/,  Gyn.,  1892,  n»  40,  p.  777. 

(4)  Cant,/.  Gyn,,  n<»  44,  p.  857. 

(5)  L«  Centrahlatt /.  Gynàk,  du  10  décembre  contient  deox  obeer rations 
de  Bymphyi«éotomies  exécutées  le  5  septembre  et  le  4  octobre  par  le  D^  A. 
Trongreen,  à  Helsingfon. 


PINARD  453 

géométrique  du  professeur  Farabeuf  a  été  contestée.  Je  n'en 
vois  pas.  Le  professeur  Morisani  a  publié  une  confé- 
rence (1)  très  intéressante,  mais  où  il  rappelle  surtout  ce 
qu'il  avait  déjà  dit  dans  des  travaux  antérieurs.  Caruso  (2) 
nous  a  donné  une  statistique  qui  complète  celle  du  D'  Spi* 
nelli  et  expose  les  résultats  obtenus  à  Naples  du  25  août 
1887  au  7  février  1892.  J'ai  été  heureux  de  voir  Caruso  pré- 
coniser notre  manuel  opératoire.  Truzzi  (3)  en  publiant 
son  observation  se  livre  à  une  étude  purement  théorique. 
Enfin  Ho^rris,  in  The RemarkableResults  of  antiseptic  sym- 
physiotomy  (Gynecological  Transactions,  v.  XVII,  1892),  ne 
s'occupe  que  de  statistique. 

Nous  n'avons  donc  à  examiner  que  les  réflexions  qui 
accompagnent  les  observations  publiées.  Ces  réflexions  por- 
tent presque  tohtes  sur  le  manuel  opératoire  et  particuliè- 
rement sur  la  façon  dont  on  doit  attaquer  la  symphyse.  Les 
uns  attaquent  la  symphyse  de  bas  en  haut,  les  autres  de 
haut  en  bas,  et  d'arrière  en  avant. 

Quelques-uns  s'efforcent  de  sectionner  incomplètement 
la  symphyse,  ou  si  la  symphyse  est  coupée,  ils  essaient  de 
respecter  le  ligament  sous-pubien  (Léopold,  Zweifel). 

Quant  aux  moyens  contentifs,  on  a  proposé,  pour  favoriser 
la  consolidation  du  bassin,  la  suture  osseuse  (Léopold)  et 
différents  bandages  inamovibles  ou  pouvant  être  facilement 
enlevés  pour  faire  le  pansement. 

Voilà  le  résumé  rapide  de  ce  qui  a  été  fait  sur  la  question. 

Je  vous  demande  pardon,Messieurs,  j'omettais  quelque- 
chose.  Un  accoucheur  do  Paris  a  lu  à  l'Académie  de  méde- 
cine, dont  il  est  membre,  un  long  mémoire  sur  la  symphy- 
séotomie.  Dans  cette  communication  se  trouvent  trois 
choses  : 

1**  Un  résumé  de  l'article  Pubiotomie  publié  par  le  profes- 

(1)  Morisani.  Sulla  Sinfisiotomia.  Hi/urma  medica,  n°  60,  mars  1892. 

(2)  Caruso.  Contrîbuto  alla  pratica    délia   sinfisiotomia.   Annali  di  os- 
tetricia  e  Oynecologia,  t.  XIV,  n°  4,  avril  1892. 

(3)  Truzzi.  Per  la  RiahiUtazionc  délia  sinfisiotomia.  Milan,  1892,  2-  se- 
mestre. 


454  DE   LA   SYMPHYSÉOTOMIE 

seur  Bouchacourt  dans  le  Dictionnaire  encycloijédique  des 
sciences  médicales  ; 

2""  Un  plaidoyer  en  faveur  de  la  symphyséotomie  ; 

3"*  L'annonce  que,  dans  les  deux  premières  symphyséoto- 
mies  pratiquées  par  moi,  j'aurais  eu  un  accident  opératoire, 
et  que  des  deux  enfants,  Tun  serait  né  mort. 

Or  de  ces  trois  choses,  les  deux  premières  ne  sont  pas 
nouvelles,  car  Tarticle  du  P'  Bouchacourt  est  publié  depuis 
longtemps,  et  d'autre  part  le  plaidoyer  venait  un  peu  tardi- 
vement, —  le  15  mars,  —  alors  que  j'avais  fait  ma  leçon  le 
7  décembre  de  Tannée  précédente. 

Quant  à  la  troisième,  elle  est  simplement  fausse.  Je  n'ai 
jamais  eu  d'accident  opératoire  et  je  n'ai  jamais  extrait  un 
enfant  né  mort. 

Vous  voyez  que  je  n'étais  pas  bien  coupable  d'avoir  oublié 
cette  communication  en  énumérant  les  travaux  sérieux  faits 
sur  la  symphyséotomie.  Cependant,  pour  ne  rien  omettre,  je 
vais  encore  vous  signaler  un  rapport  fait  par  ce  même  accou- 
cheur et  lu  à  l'Académie  de  médecine  dans  la  séance  du 
6  septembre  1892. 

Vous  pourrez  lire  dans  ce  rapport  les  lignes  suivantes  (in 
Bulletin  de  V Académie  de  médecine,  page  399):  «  En  résumé, 
tous  les  opérateurs  jusqu'à  présent  procèdent  à  peu  près  de 
la  même  manière,  qu'ils  se  servent  de  la  faucille  de  Galbiati 
ou  du  simple  bistouri  boutonné.  Tous  attaquent  la  symphyse 
d'arrière  en  avant.  » 

Vous  entendez  bien,  Messieurs,  tous  les  opérateurs  atta- 
quent la  symphyse  d'arrière  en  avant,  d'après  cet  auteur  ; 
ceci  est  écrit  et  même  se  trouve  en  caractères  italiques  dans 
le  Bulletin  officiel  de  rAcadémie.|Et  alors  on  trouve  quelques 
lignes  plus  loin,  le  conseil  d'attaquer  la  symphyse  d'avant 
en  arrière,  après  avoir  décollé  les  tissus  rétro-pubiens  ! 

Il  y  a  un  mot  ou  plusieurs  pour  qualifier  cette  manière 
d'agir  ;  je  préfère  n'en  prononcer  aucun,  ayant  hâte  d'aban- 
donner ce  terrain  pour  revenir  à  mon  sujet  et  examiner  les 
trois  questions  suivantes  : 

lo  Que  nous  a  appris  Texpérience  ? 


PINARD  455 

2**  Quelle  place  doit  occuper  la  symphyséotomie  dans 
l'obstétrique  opératoire? 

3°  Quels  sont  et  quels  seront  ses  rapports  avec  les  autres 
opérations  ? 

1®  Que  nous  a  appris  V expérience? 

Nous  avons  appris.  Messieurs,  par  les  13  cas  qui  ont  été 
observés  dans  cette  clinique,  que  les  résultats  obtenus  sur 
le  cadavre  peuvent,  être  obtenus  de  la  môme  façon  sur  la 
femme  vivante  et  que  la  formule  géométrique  du  professeur 
Farabeuf  est  parfaitement  exacte. 

Nous  avons  appris  que  le  manuel  opératoire  que  nous 
avions  conseillé,  que  nous  avons  employé  et  que  je  vous  de- 
mande la  permission  de  rappeler  brièvement,  rend  l'opéra- 
tion facile  et  protège  absolument  les  organes  qui  ne  doivent 
pas  être  atteints. 

Toutes  les  précautions  antiseptiques  prises,  tous  les  ins- 
truments chirurgicaux  et  obstétricaux  préparés,  la  femme 
doit  être  placée  dans  le  décubitus  dorsal  parfait,  au  bord 
d'un  lit  résistant  et  de  hauteur  modérée,  afin  de  pouvoir 
dominer  du  regard,  tombant  à  pic,  la  ligne  médiane  qu'il 
s'agit  d'inciser.  Si  sur  le  cadavre,  on  peut  se  placer  à  droite 
pour  pratiquer  la  symphyséotomie,  sur  le  vivant,  il  vaut 
mieux,  en  raison  du  développement  du  ventre,  se  placer 
entre  les  jambes.  C'est  ainsi  que  j'ai  toujours  procédé  sur  le 
vivant.  Inciser  sur  la  ligne  médiane,  exactement  sur  cette 
ligne,  les  téguments  et  la  graisse  prépubienne  dans  une  éten- 
due de  8  centim.  environ.  L'incision  s'arrètant  au-dessus  du 
clitoris,  séparer  les  muscles  droits  dans  la  partie  supérieure 
de  la  plaie  et  immédiatement  au-dessus  de  la  symphyse, 
pour  permettre  au  doigt,  l'index,  de  pénétrer  dans  la  cavité 
prévésicale,  et  de  protéger  la  vessie.  Ce  doigt  joue,  pour  moi, 
un  rôle  capital  :  il  protège,  il  renseigne.  Il  protège  la  vessie 
par  sa  face  dorsale,  il  sent  souvent  le  bourrelet  de  la  sym- 
physe (mais  pas  toujours,  car  ce  dernier  est  quelquefois  si 
peu  accusé  que  sa  saillie  n'est  pas  appréciable)  et  alors  rend 


456  DE   LA  SYMPHYSÉOTOMIE 

facile  la  section.  Dès  que  le  bistouri  a  pénétré  dans  la  sym- 
physe c*est  ce  doigt,  sur  lequel  vient  buter  l'extrérnité  bou- 
tonnée de  rinstrument;  qui  rend  compte  des  progrès  de  la 
section  jusqu'aux  dernières  fibres  du  ligament  sous-pubien. 
Le  doigt  étant  ainsi  dans  la  cavité  prévésicale,  inciser  la 
symphyse  de  haut  en  bas  (1)  et  d'avant  en  arrière  par  plu*- 
sieurs  traits  de  bistouri,  en  laissant  ce  dernier  pénétrer  là 
où  il  trouve  le  moiiis  de  résistance.  Dès  qu'on  a  pénétré 
dans  la  symphyse,  il  faut  laisser  le  bistouri  nous  guider 
pour  ainsi  dire,  et  ne  pas  vouloir  lui  faire  suivre  la  ligne 
droite  d'une  façon  immuable. 

Ne  pas  s'arrêter  après  la  section  de  la  symphyse,  mais 
sectionner  complètement  le  ligament  sous-pubien.  Pour  cette 
section,  prendre  la  précaution  de  faire  introduire  une  sonde 
dans  l'urèthre  afin  de  récliner  ce  dernier  en  bas  vers 
le  côté;  puis  attaquer  avec  précaution  le  ligament  par 
petits  coups,  en  coupant  pour  ainsi  dire  fibre  par  fibre.  Le 
doigt  renseigne  sur  les  progrès  accomplis  et,  règle  générale, 
au  moment  où  le  doigt  apprend  qu'il  ne  reste  que  quelques 
fibresi  qu'une  petite  corde  résistante,  cette  corde  se  rompt,  et 
Técartement  spontané  qui  n'était  que  de  quelques  millimètres» 
augmente  subitement  et  atteint  deux  à  trois  centimètres. 
Une  prudente  abduction  des  cuisses  montre  alors  qu*un  écar- 
tement  plus  considérable  peut  être  facilement  obtenu.  Je  ne 
saurais  trop  répéter  qu'avant  toute  tentative  obstétricale  il 
faut  s'assurer  que  la  section  est  complètOi  qu'il  ne  reste  rien 
dont  le  fœtus  ait  à  triompher  par  la  violence  et  au  péril  de 
sa  vie,  c'est-à-dire  qu'il  faut  que  les  pubis  soient  écartés  de 
quatre  centimètres  au  moins  (2). 

(1)  Une  Benle  fols,  voyez  robseryaiion  VIII,  le  D*  Lepage  a  incisé  de  bas 
en  haut»  mais  U  n'a  plus  Tintention  de  recommenoer. 

(2)  Si  dans  noi  observations  nous  nous  sommes  arrêtés  presque  toujours 
au-dessous  de  quatre  centimètresi  l'expérience  et  les  expériences  nous  ont 
démontré  que  Ton  peut  et  que  l'on  doit  aller  plus  loin  avant  toute  inter- 
vention obstétricale  et  qu*un  ecartement  de  quatre  centimètres  au  moins  est 
nécessaire. 


PINARD  457 

Si  rabdactiOQ  des  cuisses  ne  suffit  pas  pour  produire  cet 
écartement,  Pécarteur  enregistreur  que  nous  avons  fait  cons- 
truire par  M.  GoIIin  et  que  je  vous  montre,  introduit  entre 
les  deux  surfaces  de  section,  produira  facilement  le  résultat 
désiré  et  indispensable.  Cela  fait,  remplir  la  plaie  et  la  recou- 
vrir avec  une  éponge,  avec  de  la  gaze  ou  de  la  ouate  antisep- 
tique. Vous  voyez  que  je  rejette  complètement  et  absolument 
la  section  sous-cutanée,  Tincision  de  la  symphyse  de  bas  en 
haut,  et  rincision  d'arrière  en  avant.  Vous  voyez  surtout  que 
je  suis  en  contradiction  formelle  avec  ceux  qui  préconisent 
la  section  incomplète  ou  le  respect  du  ligament  sous^pubien. 
Je  suis  convaincu  que  si  j'avais  obtenu  un  écartement  préa- 
lable de  4  centimètres  dans  ma  première  opération,  avant 
d'extraire  le  fœtus^  au  lieu  de  laisser  à  la  tète  dernière  le 
rôle  d'écarteur,  j*aurais  obtenu  un  meilleur  résultat. 

Cela  dit  pour  le  manuel  opératoire  de  la  symphyséotomie 
proprement  dite,  j'examine  une  question  obstétricale  et  je 
dis  :  avant  symphyséotomie  comme  après  symphyséotomie  il 
est  préférable  que  l'enfant  se  présente  par  le  sommet.  Une 
application  de  forceps  est  préférable  à  une  extraction  par 
les  pieds.  Telle  est  ma  conviction. 

Mais  ici  encore,  je  ne  saurais  trop  répéter  que  Tapplica* 
tion  de  forceps  doit  être  une  application  de  forceps  régu- 
lière. Introduisez  donc  la  main  assez  profondément  pour  pla- 
cer votre  première  cuiller  directement  en  arrière  au  niveau 
de  la  région  pré  auriculaire  ;  silatôteest  défléchie,  fléchissez- 
la  au  préalable  avec  la  main,  rien  n'est  plus  facile  ;  cela  fait, 
introduisez  l'autre  branche  sans  déplacer  ni  la  première  ni  la 
tète.  Rappelez-vous  que  si  les  deux  cuillers  introduites  et 
placées  ne  sont  pas  sur  le  même  plan,  si  vous  êtes  obligés 
de  faire  des  efforts  pour  articuler,  vos  cuillers  sont  mal  pla- 
cées; votre  tête  est  mal  prise,  et  tout  à  l'heure  en  tirant,  vous 
allez  sans  vous  en  douter,  faire  subir  localement  à  la  tète  des 
pressions  énormes  et  provoquer  des  fractures,  —  vous  vous 
rappelez  ce  qui  s'est  passé  dans  notre  13«  observation.  Donc, 
nécessite'  absolue  d'une  application  de  forceps  régulière 


458  DE   hk    SYMPHYSÉOTOMIE 

sur  une  tête  fléchie,  après  comme  avaut  symphyséotomie. 

De  même  qu'après  la  section  de  la  symphyse,  je  préfère  in- 
tervenir et  ne  pas  laisser  aux  contractions  seules  le  soin 
d'expulser  le  fœtus,  de  même,  après  Textraction  du  fœtus,  je 
ne  prolonge  pas  la  période  de  délivrance.  Si  après  un  quart 
d'heure  le  placenta  n'est  pas  décollé,  je  pratique  ladélivrance 
artificielle,  car  la  femme,  sous  Tiniluence  de  Tanesthésie 
chloroformique,  est  exposée  à  perdre  plus  de  sang,  et  il  est 
nécessaire  de  continuer  Tanesthésie  jusqu'à  la  fin  de  la  suture 
de  la  plaie. 

Aussitôt  après  la  délivrance,  je  fais  et  vous  conseille  de 
faire  une  injection  intra-utérine.  Lorsque  Teau  revient  claire 
et  que  Tutérus  est  bien  rétracté,  j'introduis  dans  le  vagin  de 
la  gaze  iodoformée  puis  je  nettoie  la  plaie  avec  une  éponge 
trempée  dans  une  solution  phéniquée  à  5  p.  0/0  et  je  pro- 
cède à  la  suture  des  parties  molles. 

Les  symphyses  rapprochées  et  bien  en  contact,  je  place 
quatre  fils  d'argent  profonds  rasant  la  face  antérieure  du 
pubis  et  quatre  superficiels  ;  et  je  recouvre  le  tout  d'iodoforme 
et  de  gaze  iodoformée. 

Puis,  les  jambes  ayant  été  rapprochées  et  maintenues  à 
Taide  d*un  lien  quelconque,  la  femme  est  placée  ici  soit  dans 
le  lit  que  j'ai  fait  faire  et  que  je  vous  montre  —  lit  qui  permet  à 
l'aide  de  ses  deux  tampons  latéraux  et  concaves  de  maintenir 
constant  le  rapprochement  des  os  du  bassin  —  soit  dans  une 
gouttière  de  Bonnet.  Si  cela  est  possible  dans  une  mater- 
nité, cela  peut  être  impossible  dans  la  pratique  ordinaire, 
aussi  je  crois  que  le  simple  rapprochement  des  jambes  avec 
un  bandage  de  corps  bien  appliqué  et  bien  serré  au  niveau 
du  bassin,  ou  un  bandage  plâtré,  comme  je  l'ai  fait  pour 
ma  première  opérée^  sont  parfaitement  sufiSsants. 

La  supériorité  de  mon  lit  ou  de  la  gouttière  de  Bonnet 
consiste  dans  la  facilité  avec  laquelle  le  corps  tout  entier 
peut  être  soulevé  sans  déterminer  le  moindre  mouvement 
du  côté  du  bassin. 

Le  8*  jour  les  fila  doivent  être  enlevés,  et  à  ce  moment  les 


PINARD  459 

femmes  se  retournent  déjà  dans  leur  lit  avec  facilité  et  sans 
douleur.  Si  une  de  nos  femmes  s'est  levée  à  notre  insu  le 
14*  jour  sans  qu'il  en  soit  résulté  le  moindre  accident,  je 
crois  prudent  de  ne  les  faire  lever  que  vers  le  20' jour.  Telle 
est  la  meilleure  conduite  à  tenir  selon  moi  pendant  et  après 
l'opération. 

L'expérience  m'a  démontré  que  je  ne  m'étais  pas  trompé 
lorsque  je  disais  il  y  a  un  an  :  «  M.  le  D'  Spinelli,  ancien 
assistant  du  professeur  Morisani,  a  bien  voulu  non  seulement 
me  donner  les  renseignements  les  plus  complets  sur  les 
différents  procédés  employés  en  Italie,  mais  encore  exécuter 
devant  nous  cette  opération  sur  le  cadavre  telle  qu'on  l'exé- 
cute à  Naples.  Je  crois  que  ce  manuel  opératoire  peut  être 
simplifié  et  rendu  plus  sûr  ».  La  section  de  la  symphyse  à 
ciel  ouvert,  de  haut  en  bas  et  d'avant  en  arrière,  qu'on  peut 
appeler  le  procédé  français^  est  une  opération  qui  ne  néces- 
site nullement  un  appareil  instrumental  compliqué. 

Un  bistouri  à  lame  courte,  solide  et  mince  et  un  bistouri 
boutonné  sont  absolument  suffisants.  Mais  je  ne  saurais  trop 
vous  recommander  d'avoir  à  votre  disposition  une  scie  à 
chaîne  et  l'écarteur  enregistreur.  La  scie  à  chaîne  sera  votre 
ressource  ultime  si  vous  ne  pouviez  par  hasard  sectionner  la 
symphyse.  On  a  dit  que  dans  certains  cas  la  symphyse  était 
ankylosée  ;  cela  peut  être,  car  je  n'ai  pas  la  prétention  d'avoir 
tout  vu,  mais  tout  ce  que  je  puis  vous  affirmer  c'est  que  j'ai 
sectionné  la  symphyse  sur  plus  de  100  cadavres  de  femmes 
âgées  sans  avoir  jamais  rencontré  d'ankylose. 

L'écarteur  enregistreur  vous  servira  surtout  à  suivre  les 
progrès  de  Técartement  pendant  l'extraction.  Nous  avons 
vu  dans  plusieurs  de  nos  observations  Técartement  dépasser 
6  centim.,  et  dans  ces  cas  la  consolidation  du  bassin  se  faire 
aussi  bien  et  aussi  vite  que  dans  les  cas  où  Técartement 
n'avait  pas  dépassé  4  centim. 

Je  crois  qu'il  serait  imprudent  de  dépasser  7  centim.-,  et 
qu'il  faut  redoubler  de  lenteur  dans  l'extraction  et  faire 
immobiliser  le  bassin  lorsque  l'aiguille  commence  à  dépasser 
6  centim.  Et  si  j'insiste  sur  ce  point,  c'est  bien  moins  dans  la 


460  DE   LA   SYMPHYSÉOTOMIE 

crainte  de  produire  des  lésions  au  niveau  des  symphyses 
sacro-iliaques,  que  dans  le  but  d'éviter  des  lésions  des  par- 
ties molles  au  niveau  de  la  vulve,  du  vagin  et  de  la  vessie. 
Nous  n'avons  jamais  observé  de  lésions  ni  de  Purèthre  ni  de 
la  vessie  ;  mais  dans  trois  cas  (voyez  les  obs.  VI,  IX,  XI),  nous 
avons  reconnu,  après  Textraction,  une  petite  déchirure 
vestibulo-vaginale,  communiquant  dans  un  cas  au  moins 
avec  la  plaie  opératoire.  Ces  déchirures  guérirent  rapide- 
ment et  sans  sutures,  mais  de  semblables  solutions  de 
continuité  pourraient  être  le  point  de  départ  de  lésions  plu8 
étendues,  plus  profondes  et  par  cela  m6me  beaucoup  plus 
graves. 

Voilai  Messieurs,  ce  que  nous  a  appris  notre  expérience. 

J^arrive  à  la  seconde  question  :  quelle  place  doit  occuper 
la  sijmphyséoiomie  dans  l'obstétrique  oi)ératoire  ? 

Aujourd'hui  l'on  peut  dire  que  non  seulement  la  symphy- 
séotomie  est  ressuscitée,  mais  encore  qu'elle  doit  tenir  une 
des  premières  places  parmi  les  opérations  obstétricales. 

Elle  doit  tenir,  dis-je,  une  des  premières  places,  parce 
qu'elle  est  surtout  et  avant  tout  une  opération  conservatrice. 
Elle  ne  lèse  et  ne  doit  léser  aucun  organe  important  de 
l'organisme  maternel.  Elle  peut  et  doit  soustraire  l'en- 
fant à  toutes  lésions  graves.  Est-ce  à  dire  que  les  statisti- 
ques n'enregistreront  pas  de  décès  maternels  ou  fœtaux  ? 
Assurément  non.  Mais  ira-t-on  incriminer  l'opération  dans 
tous  ces  cas?  On  pratiquera  la  symphyséotomie  sur  des 
femmes  ayant  déjà  subi  des  applications  de  forceps  et  déjà 
infectées;  ces  femmes  succomberont.  Auront-elles  suc- 
combé de  par  la  symphyséotomie?  Non.  L'embryotomie  ou 
l'opération  césarienne  n'auraient  pas  donné  de  meilleurs 
résultats.  Je  ne  me  fais  pas  d'illusion,  je  serai  combattu 
et  traité  d'enthousiaste;  mais  en  attendant  que  l'on  me 
démontre  qu'une  femme  est  morte  uniquement  de  et  par  la 
symphyséotomie,  je  persiste  dans  ma  conviction. 

J'ai  eu  la  joie  de  voir  mon  maître,  M.  Tarnier,  appuyer 
la  symphyséotomie  de  sa  grande  autorité.  J'ai  eu  la  joie 
non  moins  vive  de  voir  le  grand  césarien,  le  professeur 


PINARD  461 

Léopold,  adapter  et  mettre  en  pratique  notre  manière  de 
voir.  Je  vois  que  nombre  de  nos  collègues,  de  nos  confrères 
pensent  et  agissent  comme  nous.  Cela  me  suffit.  Je  laisse 
aux  faits  le  soin  d*entraîner  ou  de  convertir  les  autres. 

Il  nous  reste  à  examiner  la  troisième  question  :  Quels  sont 
et  quels  seront  les  rapports  de  la  sijmphyséotoinie  avec  les 
autres  opérations  obstétricales  ? 

Elle  en  aura  de  bons  avec  les  unes,  de  fort  mauvais  avec 
les  autres.  Parmi  ces  dernières,  je  cite  tout  d'abord  Tembryo- 
tomie  pratiquée  sur  le  fœtus  vivant.  Celle-là  a  vécu.  Nous 
sommes  à  jamais  débarrassés  de  ce  cauchemar! 

L'opération  césarienne,  suivie  ou  non  de  l'amputation 
utéro-ovarique,  deviendra  de  plus  en  plus  rare.  Elle  trouvera 
encore  ses  indications  dans  les  cas  de  tumeurs  utérines  ou 
autres  remplissant  Texcavation;  mais  heureusement  com- 
bien ces  cas  sont  peu  nombreux  !  Et  encore,  dans  quelques- 
uns,  la  symphyséotomie  pourra-t-elle  trouver  son  indication. 
C'est  ainsi  que  mon  chef  de  clinique  le  D'Lepage  a  pratiqué 
en  ville,  avec  succès  pour  la  mère  et  pour  Tenfant,  une 
symphyséotomie  dans  un  cas  où  une  tumeur  oblitérait  en 
partie  Texcavation. 

Pour  les  rétrécissements  du  bassin,  l'opération  césarienne 
no  doit  plus  reconnaître  comme  indication  qu'une  indica- 
tion absolue. 

Messieurs,  ces  bassins  à  indication  absolue  sont  tellement 
rares  que  vous  avez  toutes  les  chances  pour  n'en  rencontrer 
jamais. 

Si  les  rapports  de  la  symphyséotomie  avec  Tembryotomie 
fœticide  et  l'opération  césarienne  sont  faciles  à  délimiter,  la 
tâche  n'est  pas  encore  aussi  aisée,  quand  il  s*agit  d'établir 
les  rapports  do  la  symphyséotomie,  d'une  part  avec  Taccou- 
chement  provoqué,  d'autre  part  avec  les  applications  de 
forceps. 

Cependant  on  peut  dire,  je  crois,  dès  aujourd'hui,  que  la 
symphyséotomie  est  appelée  à  rendre  un  grand  service  à  l'ac- 
couchement provoqué.  Elle  nous  évitera  de  pratiquer  désor- 
mais des  accouchements  provoqués  par  trop  prématurés 


iG-2  DE    LA    SYMPHYSÉOTOMIE 

La  crainte  de  Tobstacle,  de  la  filière  pelvienne  rétrécie,  ne 
hantera  plus  autant  nos  esprits,  et  sachant  que  nous  avons 
la  faculté,  j  allais  dire  la  facilité  d'agrandir  la  voie,  nous 
attendrons  avec  calme  que  la  vitalité  du  fœtus,  que  son 
aptitude  à  vivre  de  la  vie  extra-utérine  soient  certaines. 

Le  point  délicat  et  qui  ne  sera  jugé  que  par  une  longue 
expérience,  par  un  nombre  considérable  de  faits  bien  obser- 
vés est  le  suivant  :  vaut-il  mieux  provoquer  un  accouchement 
à  8  mois,  comptant  sur  un  accouchement  spontané,  qued'at- 
tendrela  déclaration  du  travail  spontanéet  tempestif  etdepra- 
tiquer  la  symphyséotomieVJe  ne  me  reconnais  pas  le  droit  de 
vous  dire  aujourd'hui  quelle  est  mon  opinion  à  ce  sujet.  J'en 
ai  une  ;  mais  j'attends  pour  la  faire  connaître  que  des  obser- 
vations nombreuses  soient  venues  Tappuyer  ou  la  modifier. 

Si  la  symphyséotomie  doit  faire  disparaître  l'accouche- 
ment provoqué  trop  prématuré,  elle  doit  faire  disparaître 
également  toute  application  de  forceps  dite  de  force.  Que 
de  fois,  dans  la  crainte  de  pratiquer  Fembryotomie  et  dans 
Tespoir  d*ex traire  un  enfant  vivant,  n'avons-nous  pas,  n'ai-je 
pas,  pourrais-je  dire,  exercé  des  tractions  aussi  fortes  que 
longues  et  dont  le  résultat  n'était  autre  chose  qu'une  cépha- 
lotripsie  déguisée  ! 

La  symphyséotomie  doit  faire  abandonner  à  tout  jamais 
ces  tractions  meurtrières. 

Quand  une  application  de  forceps  régulière  n'aura  pu 
faire  engager  la  tête  après  des  tractions  modérées,  une  seule 
ohuse  est  à  faire  :  retirer  l'instrument  et  pratiquer  la  sym- 
physéotomie, comme  je  Tai  fait  chez  ma  deuxième  opérée 
duut  le  bassin  n'étant  pas  vicié  par  le  rachitisme  était 
peu  au-dessous  de  la  normale,  mais  dont  l'enfant  était 
extrêmement  volumineux, 

Vous  voyez,  Messieurs,  l'influence  déjà  exercée  par  la 

s\  mphyséotomie  sur  la  plupart  des  opérations  obstétricales. 

\  o  us  voyez  son  rôle  bienfaisant  s'exerçant  et  devant  s'exercer 

•  a  iiU'vSiiue  toutes  les  viciations  pelviennes  :  bassin  simple- 

/.  'K-ut  ou  aplati,  bassin  vicié  par  le  rachitisme,  c'est-à- 

.  \;>-iii  vicié  au  détroit  supérieur,  bassin  vicié  au  détroit 


CANCER  UTÉRIN  463 

inférieur,  celui-ci  gagnant  plus  que  le  détroit  supérieur  par 
la  symphyséotoraie.  Il  ne  reste  guère  après  cela  que  les 
bassins  asymétriques  et  surtout  les  bassins  obliques  o  valaires 
avec  synostose  d'une  symphyse  sacro-iliaque. 

Ici,  Messieurs,  lasymphyséotomie  perd  la  moitié  ou  la  tota- 
lité de  ses  droits,  cela  est  vrai  ;  mais  je  suis  heureux  de  vous 
dire  qu'on  peut  dans  ces  cas  pratiquer  avec  succès  une  opé- 
ration conçue,  imaginée  et  réglée  par  le  professeur  Farabeuf, 
Yischio  pubiotomie  que  j'ai  faite  pour  la  première  fois  le 
9  novembre  dernier  et  dont  j'aurai  Thonneur  de  vous  entre- 
tenir dans  une  prochaine  leçon. 

REVUE  ANALYTIQUE 


Cancer  utérin  (suite)  (1) 

Hyst^rectomie  vaginale  pour  prolapsus  et  pour  cancer.  Société 
médico- chirurgicale  de  Bologne,  par  Biondi.  Annali  di  OsteL  e 
Ginec.y  Milan,  mars  1890,  p.  287. 

.  Le  professeur  Biondi  a  opéré  ce  prolapsus  par  l'hystérectomie 
vaginale  parce  que  Thystéropexie  ne  lui  parait  pas  toujours  inof- 
fensive. La  crainte  de  voir  les  autres  viscères  faire  hernie  par  la 
cicatrice  du  vagin  lui  parait  fondée,  car  il  se  rappelle  un  cas  où  la 
masse  intestinale  s'était  insinuée  dans  le  vagin  et  sortait  par  la 
vulve.  P.  Mauclaire. 

Carcinome  d'an  ntéros  prolabé,  par  Emmericii  Ullmann.  Wien, 
med.  Presse,  1889,  n»  50,  p.  19C9. 

Chez  une  femme  de  81  ans  atteinte  à  la  fois  de  prolapsus  utérin, 
uréthral  et  rectal,  Ullmann  observa  un  carcinome  utérin.  Le  pro- 
lapsus datait  de  20  ans,  le  cancer  de  6  mois.  L'hystérectomie,  faite 
malgré  le  grand  âge  de  la  malade  à  cause  des  douleurs  vives  dont 
elle  souffrait,  fut  des  plus  faciles  et  sans  perte  de  sang. 

H.  H. 

Carcinome  utérin  ;  hystôrectomie  supra-vaginale  ;  gnérison,  remar- 
ques. (Carcinoina  utori  ;  supra-vaginal  hyslorectomy  ;  llecovery, 
remarks),  par  E.  Stanmore  Bishop.  In  Lancet,  Loiuloii,  1890, 
I,  p.  130. 

(1)  Voir  Ann.  de  Gyn,  et  d' OhH.  novembre  181)2,  p.  390. 


464  REVUE  ANALYTIQUE 

Observation  intéressante  parce  qu'on  vit  apparaître  six  semai- 
nes après  l'opération  une  hémorrhagie  menstruelle  absolument 
typique.  Dans  plusieurs  autres  cas,  Mayo,  Bobson,  Geathead  et 
Lawson  Tait  ont  noté  le  môme  phénomène.  J.-L.  Faurb. 

Hystérectomie  vaginale.  (Vaginal  Hysterectomy),  par  E.  E.  Mont- 
GOMERY,  de  Philadelphie.  Amer.  /.  of  Obst.,  mai  1889,  p.  1157. 

Bien  avant  Freund,  qui,  en  1878,  recommanda  Fablation  de  l'u- 
térus malade,  Andréas  Cruce  est  probablement  le  premier,  en 
1560,  qui  ait  exécuté  cette  opération,  Gutberlet,  en  1814,  obtint  un 
prix  pour  un  mémoire  sur  ce  sujet.  En  1822^  Sauter  (it  l'ablation 
de  l'utérus  par  le  vagin  ;  Langenbeck,  Blondell,  Récamier,  Timité- 
rent;  West  réunit  25  opérations^  avec  une  mortalité  de  22  opérées. 

La  mortalité  heureusement  a  diminué,  puisque  M.  Hache  (Rev, 
Se,  méd, ,XXlXy  p.  721,  739)  a  pu  réunir  495  opérations,  qui  n'ont 
donné  que  24,290/0  de  morts  (1),  26  seulement  des  opérées  étaient 
bien  au  bout  de  2  ans. 

Bewes  Jackson  (Congrès  de  Washington,  1887)  n'est  pas  partisan 
de  l'hystérectomie  ;  Montgomery  ne  partage  pas  sa  défiance.  Il 
décrit  son  procédé  dans  la  description  duquel  je  ne  puis  le  suivre. 

Puis  il  raconte  3  cas.  L'une  des  opérées  était  bien  au  bout  de 
10  mois.  Il  ne  dit  rien  de  la  sortie  de  la  seconde,  opérée  en  fé- 
vrier 1889.  La  troisième  mourut  le  7«  jour,  de  tétanos,  après  avoir 
joué  avec  son  chien. 

Montgomery  conclut  : 

1*  L'hystérectomie  est  la  seule  opération  justifiable  dans  les  cas 
de  cancer  limité  à  l'utérus. 

2o  Faite  avec  les  précautions  nécessaires,  elle  n'est  pas  plus  dan- 
gereuse que  Tovariotomie;  elle  doit  être  chaudement  recommandée. 

3»  Il  faut  la  faire  aussitôt  que  le  diagnostic  est  posé,  c  S*il  y  a 
doutey  la  malade  doit  en  avoir  le  bénéfice^  il  faut  enlever  la 
zone,  » 

40  On  doit  arrêter  l'hémorrhagie  avec  les  pinces  ou  le  clamp. 

A.  C. 

Doue  hystérectomies  vagiiiales.  Obserrations  et  réfleiioni.  (Dodici 
isterectomie  vaginalipercarcinoma,  osservazioni  e  considerazioni), 
professeur  L.  Mangiaoalu.  Annali  di  Ost,  e  Ginec,  1890,  p.  1. 

L'auteur  décrit  tout  d'abord  sa  technique  opératoire,  et  il  donne 

(1)  Dans  cet  article.  Hache  cite  Langenbeck  et  non  Lanoxhbuch.  Je 
n*ai  pas  bous  la  main  les  élément» nécensairei  au  contrôle  du  nom  (A.  Cordes). 


CANCER  UTÊRÎN  4ô& 

la  préférence  à  la  ligature  des  ligaments  larges,  qu'il  trouve  facile. 
Contrairement  à  Hofmeier,  il  laisse  les  ovaires  dans  la  plupart 
des  cas.  Mangiagalli  rapporte  ensuite  ses  douze  observations  sui- 
vies toutes  de  succès. 

Abordant  ensuite  les  indications  de  l'opération,  il  pense  avec 
Ruge,  Veit,  Schrœder  que  la  nature  du  cancer  importe  peu,  ce 
qu'il  faut  préciser  c'est  la  topographie,  le  point  de  départ  du 
cancer;  il  admet  la  classification  de  Ruge  en  cancer  de  la  portion 
vaginale  du  col,  cancer  de  la  muqueuse  du  col  et  cancer  du  col. 
Barraud  a  reproduit  aussi  la  môme  classification,  car  il  admet  la 
forme  superficielle,  la  forme  cavitaire  et  la  forme  parenchyma- 
teuse.  Or,  ces  différentes  formes  n'évoluent  pas  de  la  même  façon. 
La  forme  superficielle  peut  permettre  Tablation  superficielle  du 
viscère  ;  les  deux  autres  nécessitent  Thystérectomie  totale. 

Mangiagalli  rappelle  ensuite  les  statistiques  intéressantes 
d'Hofmeier  et  de  Pawlick  au  point  de  vue  de  la  récidive,  et  les 
nombreux  cas  rapportés  à  la  Société  de  chirurgie  de  Paris  en  1888. 
Il  rappelle  qu'Abel  a,  le  premier,  insisté  sur  des  altérations  éten- 
dues et  éloignées  de  la  muqueuse  du  corps  dans  le  cas  de  car- 
cinome  paraissant  limité  au  col^  lésions  qu'il  considérait  comme 
de  nature  carcinomateuse  tandis  que  Eckardt,  Frftnkel,  Orth- 
mann,  Olshausen,  Veit  et  Ruge  les  regardent  comme  de  simples 
lésions  inflammatoires.  Mais  Landau  et  Waldeyer  ont  confirmé 
l'opinion  d'Abel. 

Enfin  les  statistiques  montrent  que  les  cas  de  mort  due  à  l'opé- 
ration diminuent  tous  les  ans,  et  que  l'hystérectomie  totale  faite 
de  bonne  heure,  doit  sans  aucun  doute  être  préférée  à  l'amputa- 
tion partielle  du  col  pour  éviter  autant  que  possible  la  récidive. 

P.  Mauglâirb. 

Sur  le  traitement  palliatif  du  cancer  de  l'atéms  inopérable,  et  sur 
le  traitement  de  l'endométrite  chronique  par  le  chlorure  de  dnc. 

(SuUa  cura  palliativa  del  cancro  dell*  utero  inoperabile  et  sul 
trattamento  dell*  endometrite  cronica  col  cloruro  di  zinco),  par 
CuRATALO.  Annali  di  Ostet.  e  Ginec,  Milano,  1890,  p.  78. 

C'eèt  Marion  Sims  et  non  Varker  qui  employa  le  premier  le 
chlorure  de  zinc  dans  le  cas  de  cancer  inopérable.  Varker  lui 
avait  attribué  à  tort  une  action  spécifique.  Curatalo  l'a  employé 
chez  une  malade  enceinte  et  la  grossesse  ne  fut  pas  interrompue. 

AXK,  DI  ors*.  —  TOL.    XXXVHl  80 


466  REVUE  ANALYTIQUE 

Dans  un  autre  cas,  il  se  produisit  une  forte  hémorrhagie  après  la 
chute  de  Teschare. 

Dans  l'endométrîte  chronique,  les  cautérisations  au  chlorure  de 
zinc  ont  donné  de  très  bons  résultats  sans  aucun  accident. 

P.  Mauclaire. 

Obstmction  intestiiiale  consécntive  à  une  hystérectomie  vaginale; 
iaparotomie.  (Laparotomy  for  intestinal  obstruction  foilowing 
vaginal  hysterectomy),  par  H.  C.  Coe,  de  New- York.  Am,  J.  of 
Obst.,  1890,  février,  p.  144. 

L'opérée  succomba  le  lendemain  de  la  laparotomie. 

L'auteur  regrette  de  ne  pas  avoir  opéré  plus  tôt,  mais  le  pouls 
ne  battait  que  102,  et  la  température  n'a  pas  dépassé  38<>|5.  Ck>e 
cite  6  cas  terminés  par  la  mort.  A.  C. 

H^Btérectomle  vaginale  pour  affection  maligne  de  ratéms.  (Vaginal 
hysterectomy  for  malignant  disease  of  the  utérus),  J\nvrin.  The 
New-York  Journ.  of.  gyn,  and  obst,,  septembre  1892,  p.  813. 

C'est  du  cancer  utérin  que  Fauteur  s'occupe  ;  il  en  fait  une  clas- 
sification d'après  son  siège  et  son  mode  d'extension  :  1)  épithélioma 
développé  sur  le  col;  2)  épithélioma  s'étendant  jusqu'à  la  cavité 
cervicale  et  dans  cette  cavité;  3)  épithélioma  s'étendant  jusqu'au 
corps  de  l'utérus  et  dans  le  corps  de  l'organe  ;  4)  épithélioma  s'é- 
tendant jusqu'aux  tissus  (cellulaire  et  glandulaire)  péricervicaux  ; 
5)  épithélioma  se  propageant  à  la  muqueuse  vaginale  ;  6)  épithé- 
lioma s'étendant  par  en  bas  et  dans  ou  à  travers  la  paroi  vaginale  ; 
7)  épithélioma  ou  carcinome  se  développant  primitivement  sur 
Tendométrium;  8)...  gagnant  ensuite  le  corps  de  l'utérus;  9)  enfin, 
les  annexes  de  l'utérus. 

Les  variétés  1),  2),  3), 5),  7)  et  8)  sont  manifestement  justiciables 
de  rhystérectomie,  et  l'on  est  autorisé  à  espérer  l'absence  de  réel* 
dive.  Les  variétés  4)  et  6)  constituent  déjà  une  indication  moins 
nette  à  cette  opération  ;  quant  à  la  dernière,  elle  éveillera  bien 
difficilement  l'idée  de  l'hystérectomie.  En  ce  qui  concerne  les  cas 
où  le  processus  cancéreux  s'est,  à  travers  le  vagin,  propagé  à  la 
vessie  et  au  rectum,  l'auteur,  sans  la  condamner  formellement, 
ne  se  rallie  pas  à  la  proposition  de  Mickulicz,  que  c  il  7ie  faut 
pas  craindre  d'altaquer  largement  rectum  et  vessie,  quine  sont 
pas  des  organes  essentiels  à  la  vie  >.  Par  contre,  quand  le  pro- 
cessus n'a  fait  que  toucher  la  muqueuse  vaginale,  à  cette  phase 
précoce  où  la  nature  elle-môme  se  charge  d'opposer  une  barrière, 


SYMPHYSKOTOMIB  467 

provisoire  du  moins  à  Textension  du  mal,  Thystérectomie  est 
encore  de  mise,  à  condition  qu'on  enlève  en  môme  temps  que 
Tutérus,  une  portion  suffisante  de  la  muqueuse  du  vagin. 

Au  résumé,  il  faut  opérer  dans  tous  les  cas  où  le  processus  est 
cantonné  vers  Torilice  externe  ou  dans  le  col,  également  dans 
ceux  où  il  a  gagné  la  muqueuse  vaginale,  pourvu  qu'il  n'ait  pas 
envahi  les  tissus  profonds  de  la  paroi  du  vagin  ni  les  tissus  cellu- 
laires et  lymphatiques  ;  également,  dans  tous  les  cas  où  la  mala- 
die, primitivement  développée  dans  Tendométrium,  reste  confinée 
dans  le  corps  de  l'utérus,  et  n'a  atteint  ni  les  annexes  ni  le  péri- 
toine. 

L'auteur  décrit  ensuite  sa  technique  opératoire,  après  avoir 
minutieusement  insisté  sur  la  désinfection  préalable  du  vagin. 
Touchant  l'opération  elle-même,  nous  signalerons  que  pour  Thé- 
mostase,  il  préfère  la  méthode  des  ligatures  à  l'emploi  des  pinces, 
des  clamps  hémostatiques.  A  ce  sujet,  il  décrit  une  aiguille  qu'il  a 
fait  spécialement  contruire,  pour  les  cas  où  l'étroitesse  du  vagin,  le 
peu  de  mobilité  de  l'utérus,  d'élasticité  des  ligaments  larges,  etc. , 
rendent  l'application  des  ligatures  particulièrement  difficile. 

R.  L. 

8YMPHYSÉ0T0MIE 

Symphyséotomie  pratiquée  par  Jewett.  The  Med.  Netos,  n^  16, 
octobre  189:3,  p.  432(1). 

La  première  symphyséotomie,  faite  en  Amérique,  a  été  prati- 
quée par  Ch.  Jewett  (de  Brooklyn),  le  30  septembre  1892. 

La  femme,  une  Américaine,  primipare,  entra  en  travail  le 
30  septembre  à  1  heure  du  matin.  A  10  heures  du  matin  Tocciput 
arrivait  à  la  vulve,  mais  il  y  était  solidement  fixé  par  un  rap- 
prochement des  ischions,  qui  réduisait  le  diamètre  bi-ischiatique  à 
3  pouces  (soit  78  millim.  environ).  Neuf  heures  plus  tard,  le 
Dr  Jewett  voyait  la  parturiente.  Il  ût  une  application  vigoureuse 
de  forceps,  mais  sans  résultat.  La  symphyséotomie  fut  faite 
2  heures  1/2  après,  soit  11  heures  1/2  après  l'enclavement  de  la 
tète  au  détroit  inférieur.  L'expulsion  de  l'enfant  fut  ensuite  faci- 
litée par  des  pressions  exercées  au-dessus  de  la  symphyse  tandis 


(1)  II  est  parfaitement  regrettable  que  cette  observation  soit  relatée  d*une 
façon  aussi  iocomplète.  Pas  le  moindre  renseignement  sur  les  diamètres  de 
la  tête  fœtale,  sur  le  degré  d*écartement  obtenu  par  la  symphyséotomie,  etc. 

R.  L. 


468  REVUE  ANALYTIQUE 

que,  simultanément,  on  agissait  sur  la  tôte  fœtale  à  travers  le 
rectum.  La  femme  est  maintenant  en  bonne  santé.  Quant  à  l'enfant, 
malheureusement  il  mourut  24  heures  après  sa  naissance,  des 
suites  des  compressions  subies  par  la  tôte  pendant  son  enclave- 
ment au  détroit  inférieur.  R.  L. 

Symphyséotoinie  pratiquée  par  Barton  Cooke  Hirst.  The  Med, 
Netos,  n»  16,  octobre  1892,  p.  432. 

X...,  29  ans,  enceinte  pour  la  première  fois^  est  admise  à  la 
Maternité  le  24  septembre.  L'examen  obstétrical  permet  de  cons- 
tater que  l'enfant  se  présente  par  la  tète,  dos  à  droite. 

Mensurations  pelviennes  :  épines,  25  centim.;  crêtes,  27  centim.  ; 
transverse,  30  1/2  ;  conjugué  externe,  18  centim.  ;  conjugué  diago- 
nal, 9 1/2  centim;  conjugué  vrai,  7  3/4  centim. 

Début  du  travail,  le  samedi  matin,  l*'  octobre;  les  douleurs  qui 
continuent  tout  le  jour,  redoublent  le  dimanche.  Le  lundi  matin, 
Hirst  remarque  que  l'anneau  de  contraction  est  très  élevé,  et  que 
la  tète  fœtale  reste  mobile  au-dessus  du  détroit  supérieur.  Les 
membranes  sont  intactes.  Les  doubles  battements  fœtaux  sont  bons. 
Il  faut  opter  évidemment  entre  :  la  césarienne,  la  cr&niotomie,  ou 
la  symphyséotomie.  C'est  celle-ci  que  pratique  (1)  Uirst,  assisté  des 
D"  Norris  et  Harris. 

L*enfant  fut  extrait  avec  le  forceps  1  heure  et  4  minutes  après  le 
début  de  l'opération.  L'opérateur  prit  son  temps  à  dessein,  parce 
que  la  dilatation,  au  moment  où  il  intervint,  ne  dépassait  pas  un 
dollar,  et  que  dans  ces  conditions,  il  eût  été  dangereux  d'extraire 
rapidement. 

Diamètres  de  la  tète  fœtale  :  B.T.  7  1/2;  B.P.  9;  O.F.  12;  O.M. 
13  1/2;  circonférence  34  centim. 

Enfant  et  mère  en  bonne  santé  (2). 

Technique  opératoire.  —  Après  désinfection  du  vagin,  et  net- 
toyage minutieux  du  champ  opératoire,  l'opérateur  fait  une  courte 
incision  verticale  de  la  paroi  abdominale,  allant  à  environ  3/4  de 
pouce  au-dessus  de  la  symphyse.  Les  muscles  droits  sont  désin* 
sérés  juste  ce  qu'il  faut  pour  admettre  un  doigt.  L'indicateur 
gauche  est  alors  glissé  au-dessous  de  la  symphyse,  puis  un  bis- 
touri courbe  de  Galbiati  (voir  la  fig.)  est  conduit  sur  ce  doigt, 


(1)  Le  degré  d'éoartement  obtenu  n'est  pas  noté. 

(2)  On  ne  dit  pas  au  bout  de  combien  de  jours. 


BIBLIOGRAPHIE  469 

jusqu'à  ce  que  son  extrémité  courbe  arrive  au-dessous  et  en  avant 
de  la  symphyse.  L'articule^ion  est  alors  sectionnée  de  bas  en  haut 


et  de  dehors  en  dedans.  Pour  éviter  une  blessure  de  Turéthre,  on 
introduit  un  cathéter  à  l'aide  duquel  on  récline  le  canal  en  bas  et 
à  droite  tandis  que  le  bistouri  est  dirigé  un  peu  à  gauche  (1). 

Dès  que  l'articulation  est  incisée,  la  plaie  est  recouverte  avec 
de  la  gaze  iodoformée  et  l'enfant  est  extrait  avec  le  forceps,  ou  Ton 
laisse  Texpulsion  ne  faire  naturellement  suivant  les  cas.  Hirst 
préfère  l'emploi  du  forceps.  Il  est  bon  durant  le  passage  de  la  tète 
de  faire  exercer  une  contre-pression  sur  les  trochanters,  de  façon 
à  prévenir  une  lésion  des  articulations  sacro-iliaques  (2).  Dès  que 
l'accouchement  est  terminé,  on  suture  la  plaie.  Le  point  de  suture 
inférieur  peut,  si  on  le  désire,  comprendre  l'extrémité  de  la 
symphyse. 

La  plaie  réunie  et  pansée,  des  bandelettes  adhésives,  élastiques 
sont  disposées  autour  des  hanches  et  du  bas-ventre,  et  le  tout  est 
assujetti  par  un  bandage  solide.  R.  L. 

BIBLIOGRAPHIE 


De  l'usage  de  richtyol  dans  la  thérapeutique  des  femmes.  (Ueber 
die  Anwendung  des  Ichthyols  in  der  Frauenkunde),  par  R.  Her- 
MANK  (Gôrlitz). 

Ce  travail,  très  soigné,  a  pour  base  150  observations  recueillies 
à  la  clinique  et  à  la  policlinique  de  Strasbourg,  ou  tirées  de  la  pra- 
tique privée  de  Freund.  De  cet  ensemble  important  de  faits,  l'au- 
teur déduit  les  conclusions  suivantes  :  Si  de  ces  150  cas,  on  né- 
glige 2  fissures  du  mamelon,  pour  lesquelles  la  guérison  fut  rapide, 
et  6  cas  de  cancer  inopérable,  dans  lesquels  il  ne  fut  noté  qu'une 

(1)  Hirst  pense  qu'il  est  difficile,  avec  cet  instrument,  de  léser  soit  Turèthre, 
soit  le  plexus  veineux  roisin. 

(2)  Voir  plus  haut,  p.  412. 


470  BIBLIOGRAPHIE 

diminution  de  l'écoulement  ichoreux,  il  en  reste  142  d'affectionB 
inflammatoires  de  Tappareil  génital  de  la  femme.  Sur  ce  nombre  : 
22  cas  d'affections  de  l'utérus  lui-même  ou  de  sa  muqueuse,  dont 
11  guérisons,  9  améliorations,  3  échecs  ;  120  cas  dans  lesquels  les 
tissus  péri-utérins  étaient  affectés,  dont  59  guérisons,  56  amélio- 
rations, 5  échecs.  Dans  ce  groupe  rentrent  13  exsudats  périmé- 
triques  avec  9  guérisons  et  4  améliorations  ;  en  outre,  33  paramé- 
trites  chroniques  sans  affection  pérîtonéale  concomitante,  avec 
16  guérisons,  15  améliorations  et  2  échecs;  enûn,  14  cas  de  rétro- 
flexion  adhérente  dans  lesquels  le  redi*essement,  après  traitement 
préalable  par  Tichtyol,  réussit  toujours  sauf  dans  un  cas.      R.  L. 

Gontribntion  à  rétnde  des  rapports  morbides  de  Tœ!!  et  de  l'atô- 
ms,  par  Ch.  Janot  (Thèse  Montpellier,  1892). 

L'auteur  a  réuni  sur  ce  sujet  86  observations.  C'est  presqu'une 
bibliographie  complète. 

Dans  les  états  physiologiques  de  l'utérus,  qu*il  s'agisse  de  mens- 
truation normale,  de  la  puberté,  de  la  grossesse,  de  l'accouchement, 
de  l'état  puerpéral  et  enfin  de  la  ménopause,  l'œil  peut  subir  les 
atteintes  les  plus  diverses  et  les  plus  variées,  les  plus  minimes  et 
les  plus  graves,  l'œil  peut  même  être  définitivement  et  irrémé- 
diablement perdu.  Toute  la  pathologie  oculaire  y  passe.  Il  n*est 
pas  une  région  de  l'œil  qui  soit  assurée  de  rester  indemne  :  blé- 
pharites,  conjonctivites  phlycténulaires,  kératites  panneuses  et 
pustuleuses,  irilis  séreuse,  irido-choroïdites,  décollement  de  la  ré- 
tine, hémorrhagies  du  vitré  avec  accidents  glaucomateux,  névrite 
optique,  hémiopie  sans  lésion  ophtalmoscopique,  amblyopie  et 
amaurose,  asthénopie  accommodât! ve,  héméralopie,  myopie  et 
strabisme  liés  à  la  grossesse,  et  particulièrement  dans  l'état  puer- 
péral^ embolies  septiques  ou  non  avec  toutes  leurs  conséquences  : 
voilà  le  bilan  des  méfaits  dont  on  accuse  Tutérus  ! 

Dans  les  états  pathologiques  de  l'utérus  nous  devons  nous 
attendre  i\  trouver  au  moins  les  mêmes  lésions,  c'est  ce  qui  ressort 
de  nombreuses  observations.  Les  membranes  d'enveloppe  de  l'œil 
peuvent  être  atteintes,  mais  c'est  surtout  le  tractus  uvéal  qui  paie 
un  large  tribu,  les  irido-choroïdites  sont  en  effet  fréquentes.  L'a- 
natomie  du  tractus  uvéal  permettait  de  s'y  attendre. 

Ce  tableau  est  très  chargé,  malgré  cela  nous  citeions  le  cas 
récent  rapporté  par  Valude  dans  les  Annales  d'oculistique 
(avril  1892)  et  qui  prouve  qu'à  c<5té  des  atrophies  optiques  sccon- 


BIBLIOGRAPHIE  471 

daires  à  d'autres  lésions,  on  peut  rencontrer,  notamment  dans  la 
grossesse,  une  atrophie  optique  simple,  idiopathique  qui  survient 
sans  qu'il  existe  la  moindre  trace  de  rétinite,  la  moindre  hémor- 
rhagie,  la  moindre  dégénérescence  graisseuse  des  éléments  réti- 
niens. 

Pour  expliquer  tous  ces  troubles  on  a  eu  recours  à  plusieurs 
théories,  que  l'étroite  limite  de  notre  travail^  permet  seulement 
d'indiquer  sans  les  discuter. 

S.  Cohn  et  le^  anciens  auteurs  expliquaient  tout  par  la  conges- 
tion et  Tanémie^  théorie  dans  laquelle  on  peut  faire  entrer  celle 
des  réilexes. 

La  théorie  de  l'infection  a  pris  rang  récemment  £0us  les  aus- 
pices de  de  Wecker  et  Trousseau. 

Ces  théories  peuvent  toutes  revendiquer  des  faits  à  leur  actif, 
mais  ne  peuvent  avoir  la  prétention  de  s'exclure  mutuellement. 
Elles  ne  sont  déjà  pas  certaines  d'agir  seules  et  de  n'avoir  pas 
besoin  comme  cause  adjuvante  mais  nécessaire  d'un  autre  élément, 
soit  une  diathése,  soit  une  tare  quelconque  de  Tœil  malade. 

La  question  en  est  là  et  c'est  aux  observateurs  modernes  à 
s'aider  de  la  clinique,  de  la  pathologie  générale  et  de  la  bactério- 
logie  pour  élucidor  la  pathogénie  de  ces  affections.  C'est  à-dire  que 
tout  ou  presque  tout  reste  à  faire. 

M.  Janot  a  réuni  les  travaux  faits  précédemment,  les  a  groupés 
avec  méthode.  C'est  de  là  qu'il  faut  partir  pour  faire  de  nouvelles 
recherches,  qui  seront  aussi  les  plus  intéressantes.       A.  Péchin. 

Les  manifestations  ocolaires  de  l'hystérie.  Œil  hystérique,  par 

Pansier,  Paris,  Alcan,  18i)2. 

Dans  ce  travail,  l'auteur  étudie  successivement  l'œil  hystérique 
normal,  l'œil  hystérique  pathologique  (umblyopie,  kopiopie,  mi- 
graine ophtalmique, affections  hystériques  des  muscles  de  l'œil,  etc.) 
et  la  valeur  séméiologique  de  ces  divers  troubles  hystériques. 

Le  stigmate  de  la  névrose  se  trouve  dans  le  rétrécissement  con- 
centrique, régulier,  avec  inversion  des  champs  visuels  colorés; 
il  existe  toujours  dans  l'hyatérie,  et  jusqu'à  aujourd'hui  on  ne  l'a 
jamais  signalé  en  dehors  de  l'hystérie. 

Gombined  gynecological  operattons,  par  George  M.  ëdelbohls. 
(Extrait  de  V American  Journal  of  médical  Sciences,  Philad., 
.snptembre  18î)2.) 

L'auteur,  après  avoir  décrit  son  arsenal  instrumental   et  son 


472  OUVRAGES  REÇUS 

matériel  de  sutures,  insiste  sur  ce  fait  que  Ton  doit  toujours  exé- 
cuter en  une  même  séance  toutes  les  opérations  que  Ton  a  à  prati- 
quer, à  moins  que  parmi  elles  se  trouve  une  laparotomie,  celle-ci 
devant  toujours  être  pratiquée  seule. 

Opérations  obstétricales,  par  H.  Fritsgh.  —  Trad.  de  l'allemand 
par  F.  Stas. 

Travail  important  que  nous  nous  contentons  d^annoncer  pour 
le  moment,  mais  qui  mérite  une  analyse  circonstanciée. 

R.L. 

Le  volume  des  Procès-verbanx,  Mémoires  et  Discnssioiis  du  6* 
Congrès  français  de  chirurgie  tenu  à  Paris  au  mois  d'avril 
dernier,  sous  la  présidence  de  M.  le  professeur  Démons,  de  Bor- 
deaux, vient  de  paraître  à  la  librairie  Félix  Alcan,  publié  par  les 
soins  de  MM.  les  docteurs  S.  Pozzi,  secrétaire  général,  Pigquê, 
secrétaire  général  adjoint  du  Congrès. 

Ce  volume,  illustré  de  89  gravures,  contient  120  communications 
sur  les  sujets  les  plus  divers  concernant  la  chirurgie  et  particu- 
lièrement sur  les  trois  questions  à  l'ordre  du  jour  de  la  session  : 
Pathogénie  et  traitement  des  gangrènes  chirurgicales.  — 
Pathogénie  des  accidents  infectieux  chez  les  urinaires,  — 
Des  opérations  chirurgicales  sur  les  voies  biliaires.  On  y  trou- 
vera également  les  rapports  exposant  l'état  actuel  de  ces  impor- 
tantes questions,  dont  avaient  été  respectivement  chargés  MM. 
Jeannel,  Guyon  et  F.  Terrier,  (l  vol.  grand  in-8»  de  800  pages, 
16  fr.  Félix  Alcan,  éditeur.) 


OUVRAGES  REÇUS 


Henstmation  et  Fécondation.  —  Physiologie  et  Pathologie,  par 
le  Dr  A.  AuvARD,  accoucheur  des  hôpitaux  de  Paris. 

Ojnécologie,  Séméiologie  génitale,  par  A.  Auvard,  accoucheur 
des  hôpitaux. 

La  pratique  gynécologique  et  obstétricale  des  h^tanx  de  Paris, 

P.  Lefert. 


Le  Gérant  :  O.  Steinheil. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 

DES  MATIÈRES  CONTENUES  DANS  LE  TOME  XXXVIII 


Juillet  à  Décembre  1802. 


Accouchement  (V.  Crâne). 

Accouchement  par  le  front  (Du  déga- 
gement de  la  tête  dans  V — },  808. 

Achondroplasie  (De  1' — ),  304. 

Anesthésie  mixte  en  gynécologie  (De 
r— ),  806. 

Anus  vaginal  de  F  S  iliaque  (cas  d' — }, 

lis. 


B 


Basiotripsie,  21,  301. 


Cancer  de  T  utérus  (V.  Organes  géni- 

tanXf  utérut). 
Chlorure  de  eIuc  (traitement  par  le 

— ),  805. 
Choroïdite  métastatique  puerpérale, 

67. 
Crâne  (Enfoncement  et  fractures  du 

-»  chez  le  fœtus  pendant  Taccou- 

chement),  69. 
Craniotabes  (Du  — ),  68. 
Conéihystérectomie  (De  la  — ),  261. 

D 

Déviations  de  l'utérus  (V.  Cunéihyi" 
téreciomie),  261^  303. 


B 

Éclampsie,  300,  821. 

—  (Lésions  du  foie  et  des  reins  dans 
r— ),  140. 

Endométrite  puerpérale,  26. 

F 

Fièvre  puerpérale  (V.  Choroïdite,  en- 
dométrite). 

Fistules  recto- vaginales,  47. 

— vésico- vaginale  (Hémorrhagies  con- 
sécutives à  l'opération  de  la  — ), 
307. 

Fœtus  (V.  Crâne,  tératologie,  anuê). 

Forceps  (Nouveau  — ),  389. 

G 

Grossesse  et  myômes  utérins,  141. 

—  extra-ut.érine  (V.  Placenta). 

—  extra-utérine,  1,  58,  99,  171^  258, 
297,  372. 

—  prolongée^  388. 

—  (V.  Otariotomie), 

H 

Hystérectomie  (V.  Pédicule,  ment- 
truation,  utérus), 

—  abdominale  (Note  sur  V—),  308. 

—  vaginale  (De  1'—).  128,  140,  286, 
289,806. 


474 


TABLE   ALPHABÉTIQUE 


K 

Kinésithérapie     gynécologique    (La 
— ),  81,  189,  2C4. 


Ligament  large  (Fibrome  du  — ),  138, 
141. 

M 

Menstruation  (Anomalies  de  la  — ), 

125. 
—  (persistance  de  la  —après  l'hys- 

térectomie),  305. 

Monstruosités  fœtales  (V.  Tératologie, 

anU'S),  38. 

N 

Névralgies  pelviennes  (De  l'inter- 
vention chirurgicale  dans  les  gran- 
des—), 343. 

O 

Opération  césarienne,  161,  310. 

Opération  de  Porro  (V.  Traitement  du 
pédimle  — "),  62. 

Organes  génitaux  de  la  femme  (pa- 
thologie des  divers  cancers  des  — ), 
378. 

Ovaire   (Kystes  dermoïdes  de  1'—), 

136. 

—  (Sarcome  de  1'—),  140. 

—  (Tumeurs  végétantes  de  1* — ),  306. 
Ovariotomic   pendant  la    grossesse, 

134. 


Pédicule  (V.  JTystérectomie,  fibromes 
utérins). 

—  (Traitement  du  —  après  Thysté- 
rect<.mie),  301. 

Péritonite  blennorrhagique  chez  la 
femme  (De  la—),  217. 

Placenta  (Accroissement  prétendu 
du  —  après  la  mort  du  fœtus  dans 
la  grossesse  extra-utérine,,  63. 

—  (Décollement  du  —  normalement 
inséré),  67,  59,  63. 


—  (Deux  cas  de  fibro-myxcHnedu— ), 
60. 

—  (Du—),  49. 

—  humain   (études  nouvelles  sur  le 
développement  du—),  49. 

—  prœvia  (Du-),  53,  55,  360. 

R 
Rétention  de  Pœuf,  389. 

S 

Salpingo-ovarites,  141. 

Salpingite  (Torsion  du  pédicule  dans 

un  cas  de  — ),  138. 
Septicémie   puerpérale   (Des   formes 

frustes  de  la  — ),  806. 
Sulfate  de  quinine  (Du  passage  du  — 

dans  le  lait,  et  son  influence  sur  la 

santé  des  nourrissons),  332. 
Suppurations  pelviennes  (Les—),  241, 

291. 
Symphyséotomie,  65,  126,  128,  184, 
213,287,308,401,431. 


Tératologie  (V.  Monstruosités  fœtales, 
anns),  304. 

Toxicité  du  sérum  sanguin  chez  les 
femmes  atteintes  d'éclampsie  puer- 
pérale, 321 . 

Traitement  électrique  en  gynécologie. 

305. 

V 

Utérus  (V.  Orotsesse,  kystéreeUmie, 
endométrite). 

—  (Cancer  de  P— ),  281,  890. 

—  (Cancer  inopérable  de  P— ,  traite- 
ment), 301. 

—  (Fibromes  de  P— ),  1^.  228,  806. 
308. 

—  (Polype  fibreux  de  P— )i  1^<^- 

—  (Polypes  glandulaires  de  P— ),  138. 

—  (Tamponnement  de  T— ),  305. 


Vagin  (Kystes  wolflens  du  — ),  11. 
Viaroocèle  ches  la  femme,  802. 


TABLE  DES  MATIÈRES 


CONTENUES  DANS  LE  TOME  XXXVIII 


Juillet  à  Décembre  1892. 


MÉMOIRBS  OBIGINAUX 

Berby  Habt.  Placenta  prœvia,  360. 

BuMM.  Recherches  histologiques  but 
la  fièvre  puerpérale,  2»i. 

CUALOT.  Les  kystes  wolftiens  du 
vagin,  étude  pathologique  et  clini- 
que, 11. 

Fa  BABEUF.  De  l'agrandiBseuient  mo- 
mentané du  Impsin  oblique  ovalaire 
par  ischio-pubiotomie,  401. 

Jacobs.  DeThystérectomie  vaginale  ; 
série  de  cinquante-deux  cas  consé- 
cutifs, suivis  de  guérison,  123. 

La  u WEBS.  Une  observation  d'anus 
vaginal  de  TS  iliaque,  118. 

Mabta.  Bnsiotripsie  dans  un  cas 
grave  de  rétrécissement  du  bassin, 
21. 

Mabtin.  Des  grossesses  extra-uté- 
rines, 258. 

Ott  (De).  Trois  cas  d'opération  césa- 
rienne, 161. 

Oui.  Étude  sur  le  passage  du  sulfate 
de  quinine  dans  le  lait  et  son 
influence  sur  la  santé  des  nour- 
rissons, 332. 

PiNABD.  Nouveaux  documents  pour 
servir  à  Thistoire  de  la  grossesse 
extra-utérine,  I,  99,  171. 


PiNABD.  De  la  symphyséotomie  à  la 
clinique  Baudelocque  pendant  l'an- 
née 1892,  43L 

PoBAK.  Symphyséotomie  pratiquée 
chez  une  femme  rachitique  en  tra- 
vail au  terme  de  la  grossesse.  Suc- 
cès pour  la  mère  et  pour  l'enfant, 
213 

KiCHELOT.  De  rintervention  dans 
les  grandes  névralgies  pelviennes, 
343. 

Seoond.  Les  suppurations  pelvien- 
nes, 241. 

Stapfbb.  La  kinésithérapie  gynéco- 
logique, 81,  189,  264. 

Tabnieb  et  Chambbelent.  De  la 
toxicité  du  sérum  sanguin  chez  les 
femmes  atteintes  d'éclampsie  puer- 
pérale, 321. 

Thibiab.  Procédé  opératoire  pour 
guérir  les  flexions  utérines  (cunéi- 
hystérectomie),  261. 

BEVUES  CLINIQUES 

Galabin.  Cas  de  grossesse  tubaire  ; 
les  deux  trompes  gravides,  opéra- 
tion ;  guérison,  372. 

LÉOPOLD.    Deux    symphyséotomies