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Full text of "Annales de Haute Provence"

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Annales de Haute Provence 



Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes, Digne, 
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ItlMlVERSlTY or MICHIGAN 

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BULLETIN 



DB LA 



SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE ET UTTÉRAIRE 

DES BASSES-ALPES 



TOME IV 



1889-1890 



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I 



ANNALES DES BASSES-ALPES 

NOUVELLE SÉRIE 



BULLETIN 



DB IJl 



SOCSTI SCXINTiriQÏÏI IT LITRBAIBI 

DBS BilLSSE:S-A.]LiPSS 

TOME IV 



1880-1890 




DIGNE 

IMPRIMERIE CHASPOUL, CONSTANS «T v« BARBAROUX 
Plare de VEvêché, 20 



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OROA.IVISA.TIOIV 



DE LÀ 



Soeîété scientifique et littéraire des Basses-Alpes 

en 1889 



Président : M. Daimb, ingénienr des chemins de fer. 
Vice-Président : M. Gordb, directeur des domaines en retraite. 
Trésorier : M. Honnorat-Bastidb, naturaliste. 

!H. IsNARo, archiviste des Basses-Alpes. 
M. RocHK, inspecteur des postes et des télégraphes. 



Uffte des Hembres de lu Soeiété. 

Membres d'honneur. 
MM. 

LS PRiftFBT DBS BiSSBS-AlPBS. 

Mgr L'ÉrâQUB im Di6nb. 

Lk Maire de Digue. 

Bbbluc-Pbbussis (de), président honoraire, 

Fbbaud (l'abbé), id, 

C. GoRDB, a, 

A* Oluyibr, id, 

Lb TICOHTB DB Ck)LLByiLLB. 

Mabioic, directeur du Musée de Marseille. 
M18TBAL, poète à Maillanne. 

Palustrb Léon, ancien président de la Société d'Archéologie. 

1 



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— a- 
Mtmbras titulaires résidants. 

aknk» 

AiLLAuo Élie, receveur-rédacteur de renregistrement. 

Allard-Théus, propriétaire. 

Andribu (l'abbé), curé à Gaubert. 

Arnaud Jules, notaire. 

Arnaud Emile, avocat, juge suppléant au tribunal. 

AuBBRT François, caissier de la succursale de la Banque de France. 

Aubin Georges, professeur au lycée. 

AuDiBBRT (le R. P.), missionnaire gardiste. 

AusTAUD, sous-directeur des contributions indirectes. 

AuTRic Emile, #, chef d'escadron en retraite anx Sièyes. 

Baghblard Marins, chef de bureau du diamin de fer. 

Bassac Aman, ancien magistrat. 

Bernard Romuald, professeur au lycée. 

Blanc Jules, avoués conseiller général. 

BoNNBFOT (l'abbé), supérieur du petit séminaire. 

Carriârb Paul, inspecteur des forêts. 

Ghaix Prosper, banquier. 

Ghaspoul Edouard, imprimeur. 

Gliîment Gabriel, pharmacien. 

Daimb Louis, ingénieur des chemins de fer. 

Daimb Marins, ingénieur civil. 

Dbdoub (Mm« veuve). 

Delariviêrb, quartier de Cousson. 

Diomard André, professeur au lycée. 

Dorobbray, directeur des postes et des télégraphes. 

Dou Joseph, juge suppléant, président du conseil d'arrondissement. 

DuBOSG, 1er commis à la direction des contributions indirectes. 

EsMiOL François, conducteur des ponts et chaussées. 

Fbautribr a., teneur de livres à la succursale de la Banque de France. 

Fbraud (l'abbé), curé aux Sièyes. 

FoRTouL Fortuné, 0. ^, premier président de cour en retraite. 

Frison NoiU, notaire. 



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-3- 

Garon Odoa, avoué, conseiller général. 

Giràud Félix, imprimenr. 

GoRDS César, directeur de renregistrement en retraite. 

GoBDK Jules, clerc de notaire. 

Honnorat-Bastidb Edouard-Ferdinand, naturaliste. 

IsNARD Marie-Zéphirin, archiviste des Basses-Alpes. 

Jauffrbt Jules, pharmacien. 

liACoxBB, inspecteur de Tenregistremcnt. 

Lombard db Château- Arnoux (de), président du tribunal. 

LuTTON Gustave, architecte départemental. 

Lloubes, inspecteur d'académie. 

Maillot, directeur des contributions directes. 

Maisonnibr, directeur de la Banque de France. 

Mariaitd Fortuné, commis de direction des contributions indirectes. 

Marrot (M.'^^ veuve), rue de THubac. 

MoNBT Pascal, professeur au lycée. 

Ollivibr Antoine, docteur en médecine. 

Picard Jean-Auguste, trésorier de la caisse d'épargne. 

PoMMSRAYB Féllx, iuspecteur des enfants assistés. 

Rabkjag, directeur des domaines. 

Rébort Alexandre, docteur en médecine. 

Robert Amédée, greffier en chef du tribunal: 

Robert Marins, rentier. 

RoGHAS-AiGLUK (de), inspecteur des forêts. 

RoGBE Noël, inspecteur des postes et des télégraphes. 

Rolland Eugène, trésorier-payeur général. 

Rossi, proviseur du lycée. 

Roux Constant- Auguste, sous-inspecteur de Tenregistrement. 

RouGiER, percepteur en congé. 

Yadoux Jules, sous-chef de section des chemins de fer de l'État. 

Membres titulaires non résidants. 

MM. 

Andbixitx Louis, ^, député des Basses-Alpes à Paris. 
Abbaud Paul, au château de Rousset, près Gréoulx. 



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- 4 - 



Arnaud Camille, conseiller général, maire de Forcalquier. 

Arnaud François, notaire à Barcelonnette. 

Arnaud François, professeur au collège de Seyne. 

Arnaud (Charles), étudiant en médecine, 14, me Saint-Guilhem, 

à Montpellier. 
Arnoux Louis-Gabriel, ancien officier de marine^ aux Mées. 
AuBBRT Albert, procureur de la République à Sisteron. 
AuBBRT Pierre, inspecteur des contributions indirectes à Draguignan. 
AuBERT, docteur-médecin à Oraison. 
Ayasse Raphaël, avocat à Brignoles (Yar). 
Balp (l'abbé), curé à Moriez. 

Barbaroux James, docteur-médecin, conseiller général à Cohnars. 
Barlatibr (l'abbé), directeur du collège à Annot. 
Barlbt (de) Henri, rue Émeric-DaTid, 18, à Aix. 
Barriâre Léon, ingénieur à Atfé (Egypte). 
Barthélémy Henri, négociant à Yolonne. 
Bassac Auguste, notaire à Sisteron. 

Bâche André, ^, capitaine d'infanterie en retraite, à Arles. 
Berluq-Perussis (de) Léon, rue Cardinale, 25, à Aix. 
Bernard d'Honorat Henry, ^, ancien sous-préfet, rue Bourdeilies^ 

9, à Périgueux (Dordogne). 
Bbup (l'abbé), *, ancien aumônier du lycée Henri IV, à Riez. 
BoNGARçoN Auguste, vicaire à Forcalquier. 
Bongarçon Camille, 0. ^, colonel du génie à Grenoble. 
BoNGARçoN Emile, ingénieur civil à Gap, 
BoNNEFoy Jules, commissaire général du Haut-Harony (Guyane 

française). 
BosQ Ferdinand, notaire à Yalensole. 
BouRGOiN, rue Bugeaud (maison Rosso), à Bône (Algérie). 
BoYBR Désiré-Henri, notaire à Colmars. 
BuiLLY Joseph, receveur des contributions indirectes en retraite 

au Brusquet. 
Cantel Edouard (l'abbé), premier vicaire de Saint- Vincent-de-Paul, 

rue Belzunce, 5, à Paris. 
Castellane (marquis de) Boniface, ^, à Gréoux. 
Castrllanb (Mli« Blanche de), à Peipin. 



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— 5 — 

CASTBLLAivK-NoRAinrE Lionel (le marquis de), rue Monceau, 9, i 

Paris. 
C^ZANOVB (de) Adrien, arocat aux Mées. 

CHÂFrAUT (l'abbé du) Gaston, École Monthyon, Fontenay-sons-Bois, 
Chapfaut (comte du) Jules, avocat, rue de la Liberté, 13, à Marseille. 
Ghaix Eugène, notaire à Valensole. 
Ghaix Maurice, ancien magistrat à Riez. 

GoooRDAN Georges, 0. ^, ancien ministre plénipotentiaire, à Paris. 
GoNviRs, médecin à la Javie. 
GoNVBRS (Fabbé), curé aux Aygalades, près Marseille. 
(}ouTTOLBirG Henri, juge à Epernay (Marne). 
DAmcAN Phiudor (M>m«), rue Dubreuil, à Épinal (Vosges). 
DA5ZAS, inspecteur de l'enregistrement en retraite à Sistoron. 
ETSSJiRic Saint-Marcel, ancien magistrat à Sisteron. 
Fbbby (de) Jean-Baptiste, principal du collège à Seyno. 
Frison Amédée, docteur en médecine, rue de la Lyre, à Alger, 
FoRTouL Gharles, maître des requêtes au Conseil d*État en retraite, 

avenue de Villars, 15, quartier des Invalides, à Paris. 
FoRTouL (rabbô), vicaire de Saint Leu, rue Sébastopol, 57, à Paris. 
Fruchikr Raoul, avoué à Forcalquier. 
FuRST Sylvain, chef de section des chemins de fer du Sud & Vence 

(Alpes Maritimes). 
Garcin Edouard, négociant à Gastellane. 
Gassieb Aimé, ancien député, conseiller général à Barcelonnette* 
Gassibr Victor, rentier, château de Laval, à Gréoux. 
Gautibr, directeur des postes et des télégraphes en retraite k Gap. 
Gat Jean-François, instituteur à Villeneuve. 
GoMBERT(de) Antoine, avocat, nie Venture, 6, k Marseille. 
Goret, inspecteur dos forêts à Sidi-bel-Abbès (Algérie). 
Grandir Désiré, conseiller à la Cour d*Aix. 
Hbnrt (Fernand), avocat k Riez. 
IsoARo DB Chbnerillbs (d') Edmoud, propriétaire, rue des Quatre- 

Danphins, 10, à Aix. 
JuLLiANT Joseph, négociant à Manosque. 
JvLLiANT (rabbé), vicaire à Valensole. 
Laplanb Joseph, à Volonne. 



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— 6 - 

Làtil Auguste, propriétaire, au château de Tarelle (par les Mées). 
Laugibr-Villars (comte de) Henri, conseiller d'ambassade, rue de 

l'Université, 24, à Paris. 
LiiUTAUO Victor, félibre majorai à Yolonne. 
LiiUTAUD Casimir, diretor de colegio francès, rua de Yiscondo de 1 

Branco, Rio-de- Janeiro (Brésil). 
LouBAT Florimond, notaire à Saint-Michel. 
Maluai (de) Adrien, à Malijai. 

Mantin Georges, homme de lettres, quai de Biliy, 54, à Paris. 
MARGEU.m Augustin, docteur en médecine à Sausses. 
Martin Natal, notaire aux Mées. 

MARTiif Paul, artiste peintre, rue Montaux, 14, à Marseille. 
Maurbl Léon, receveur des douanes à Arles. 
MitoT Sauveur, pharmacien à Mostaganem (Algérie). 
Mignon, juge de paix à Beanrepaire (Isère). 
MoTNiSR Joseph-Auguste, notaire, conseiller général à Banon. 
Néviârb Jules, propriétaire aux Bons-Enfants (Peipin). 
Palustrb Henri, caissier de la Banque de France à Toulon. 
Paulon Jacques, ancien député, conseiller général à Volonne. 
Paux Arthur, principal du collège de Barcelonnette. | 

Plaughud Eugène, président de l'Athénée à Forcalquier. | 

Pbllissier Camille, avocat, rue Paradis, 76, k Marseille. 
Pbloux Félix, homme de lettres, rue Consolât, 170, à Marseille. 1 

PoNTàs, greffier en chef du tribunal à Forcalquier. i 

PouLiN, trésorier-payeur général à Rennes (lUe-et-Vilaine). I 

PiGHON Polycarpe, conducteur de la construction P.-L.-M. à | 

Reillanne. | 

Proal Balthazar, docteur-médecin à Marseille. I 

Proal Jules, député des BasMes- Alpes à Paris. 
Proal Louis, conseiller à la Cour d'appel d'Aix. 
Raymond Gaspard, #, conducteur des ponts et chaussées, rue Consolât, 

149, à Marseille. 
Rbnoux Louis, contrôleur des contributions directes à Aubenas 

(Ardèche). 
Rbtnx Elzéard, négociant à Oraison. 
Rbtnibr-Vignk Alfred, rue Renard, 42, k Marseille. 



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— 7 — 

RipsBT-MoifTGLAR (morquis de) François, 0. it^, consnl générû de 

France à Amsterdam. 
RATNOA.RD, notaire à Oraison. 

RoBBHT (Mme) Berthe, née Oilivier, rne Rochambeaa, 6, à Paris. 
RoGCAS J.-J., employé supérieur de renregistroment en retraitOi 

qnai de la Navigation, 16, à Ghalons-sur-Saône (SaAne-et-Loire). 
Roux Elle, propriétaire à Volonne. 
Sàlte (de) Ernest, 0. #, rectenr honoraire à Yaiensole. 
SxGDiN Charles, avocat, rue de la Darse, 28, à Marseille. 
Sardi, inspecteur adjoint des forêts, à Barcelonnette. 
Sellk (vicomte de), ^, ingénieur des mines, conseiller générai ft 

Fontienne. 
SiCARD, avoué à Forcalquier. 

Sghitz Robert, directeur de la Banque de France à Alais (Gard). 
SmiON Albert, agent des messageries maritimes à Aden (Arabie). 
SuQUBT Hippolyte, député des Basses-Alpes à Paris. 
SuRRELL, garde générai des forêts à Ghftteauneuf (Loiret). 
Thumin Auguste, félibre, boulevard Ghave, 27, à Marseille. 
Tbq« (du)^ avocat à la Gonr d'appel, rue Monsieur, 4, à Paris. 
YxTRiBR (du) Balthazar, capitaine de vaisseau en retraite, G. ^, 

rue Cardinale, 21, à Aix. 
YiLLENSuvE (marquis de) Christian, avenue Marceau, 27, à Paris. 
YnuiicBirvB (vicomte de) Edouard, à Aurabelle (par Gréoux). 
YrroN Jean-François, négociant, rue Sainte^Catherine, 34, à Bordeaux. 

Membres correspondante résidants. 

MM. 

Abos Jules, chef de bureau à la préfecture. 
AuTRic Jacques, conseiller municipal à Gaubert. 
AuzET (l'abbé), professeur au petit séminaire. 
Blanc Yictorin, employé des ponts et chaussées. 
BuiLLY Emile, receveur municipal. 
Chabot Fortuné, employé des postes en retraite. 
Chaspoul Louis, bibliothécaire. 



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— 8 — 

Ghaurànd Gabriel, clerc de notaire. 

CHAUTUf, employé de banque. 

GoLLOKB (l'abbé), aumônier de Saint-Domnin. 

CoLLOMB, orfèvre, i^r adjoint au maire. 

Ck)URBBT Antoine, greffier du conseil de préfecture. 

CoupiBR (Fabbé), chanoine. 

Daimb (M'n® Félicie), aux Fontainiers. 

Dbnoizb Jean-Félix, propriétaire à Gaubert. 

Dtrion Léon, ingénieur en chef des ponts 'et chaussées. 

Gàbiel Antoine. 0. ^, lieutenant-colonel en retraite. 

Garibl Jean-Baptiste, ancien conservateur des hypothèques. 

Gaudemar (de) Alexandre, ancien magistrat. 

Gaudemar (de) Adrien, avocat. 

GiRAUD Martin, instituteur public. 

Leclbrc Emile, premier commis des contributions directes. 

LyoNS Jules, étudiant, à la gare. 

Mariaud Casimir, percepteur en retraite aux Sièyes. 

Mille, contrôleur principal des contributions directes. 

Paret Pierre, conducteur des ponts et chaussées. 

Rebattu Florimond, huissier. 

Rbynaud Arthur, conducteur des ponts et chaussées. 

RiGAVY Michel, employé aux archives départementales. 

RicHAuo Aimé (Kabbé), vicaire. 

Richard Charles, procureur de la République. 

RivoiRE Joseph, conservateur des hypothèques. 

Rouan Frédéric, juge de paix en retraite. 

RousTAN Xavier, étudiant. 

Tartanson Ferdinand, chef de bureau à la préfecture . 

YiAL, imprimeur. 

Vieux, inspecteur des contributions directes. 

Membres correspondants non résidants. 

MM. 

Abbâs Ambroise, receveur de l'enregistrement à Barréme. 
AbbAs (l'abbé), curé à Moustiers. 



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- 9 — 

AiLHAUD, ingénieur civil, avenne de la Réserve, 4, à Marseille. 

Allard-Théus, avocat à Gap. 

Allard Ernest, colonel da 142^ dd ligne, 0. ^, à Lodève (Hérault). 

Allemand, receveur de l'enregistrement en retraite àManosque. 

Allibsrt Paul, rentier à Valensole. 

Allibxrt Vital, juge de paix à Valensole. 

Arânb Paul, rédacteur du Gil Bios, rue de Verneuil, 20, à Paris. 

Arnaud Marins, avocat à la Cour d'appel, rue des Écoles, à Aix. 

Aean Pierre-Théophile, receveur de l'enregistrement à Volonne. 

Ab^oux Louis (l'abbé), professeur au collège de Forcalquier. 

Aiuvoux, avocat t la Cour d'appel, rue des Écoles, 24, à Paris. 

Atza (l*abbé), vicaire à Forcalquier. 

Bsc Léon, conseiller général, docteur en médecine à Mezel. 

BBRniGuiBR Frédéric- Adrien, notaire à Peyruis. 

Berlib Honoré, notaire à Barcelonnette. 

Bernard Albin, receveur ds l'enregistrement à la Verpillière (Isère). 

Blanc Léopoid- Alphonse, étudiant à Mezel. 

Blangard Jules, publiciste à Saint-Paul-Trois-Cbâteaux (Drôme). 

BcBUF Hilarion, docteur médecin à Valensole. 

BoNNExÂRB Lionel, rue Notre-Dame-de-Lorette, 47, à Paris. 

BoNTOux Félix, ancien député, conseiller général, percepteur à 

Avignon. 
Bousquet (l'abbé), curé à Manosque. 
Bousquet Léopoid, receveur de l'enregistrement à Turriers. 
Bouteille Emile, commis des postes à Alger. 
Boter Antoine, receveur principal des contributions indirectes en 

retraite à Manosque. 
Boter Louis-Joseph, percepteur à Manosque. 
Brsmond (l'abbé), curé au Chaffaut. 
Brbsq (de) Louis, avocat k Aups (Var). 
Brion Camille, photographe, rue Saint-Ferréol, à Marseille. 
Brunias, receveur des postes et des télégraphes à Castellane. 
BucsLLE, notaire, conseiller général à Turriers. 
Gapxas Xavier-Emile, sous-inspecteur de l'enregistrement à Sisteron. 
Castellane (vicomte de) Elzéar, rue de Grenelle, 12i bis, à Paris. 
Castbllan Marins, employé des ponts et chaussées à Pnget-Théniers. 



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— 10 - 

Gauàbonicb Paul, sous-iaspeetenr de reuregistrement à Vendôme . 

Ghaix, conservateur des hypothèques en retraite à Mallemoisson. 

GHAUDomr Eugène, conseiller d'arrondissement, médecin à Mezel. 

Glàppibb Alexandre, ancien conseiller à la Gour d'appel d'Aix. 

GoDUB Eugène, commissaire à Monaco. 

GoDUR, sous-lieutenant au ier pontonniers à Sonk-el-Arba (Tunisie). 

GoLLON Georges, receveur de Tenregistrement au Dorât (H^o.yienne). 

CouoouROAN François, notaire à la Motte. 

Grozet (de) Ernest, propriétaire à Oraison. 

Dàubian, capitaine en retraite à Malijai. 

Davin Paul, instituteur à Salignac. 

DéMOLis Michel-Victor, conservateur des hypothèques à Forcalquier. 

Desgosss, ancien notaire, félibre à Forcalquier. 

DoNNADiEtj Frédéric, instituteur à Vaibelle. ^j 

DosTE Etienne, commis principal des postes et des télégraphes, 

bureau de la Bourse, à Marseille. 
Durand Léopold, boulevard du roi René, 21, à Aix. 
ËSTAYS Louis, #, commissaire de marine en retraite, ancien 

magistrat, rue Papassaudi, 27, à Aix. 
EsTAYs Melcbior, ^, directeur des domaines en retraite, rue 

Séguier, 22, à Mme8(Gard). 
Fabrs Laurent, juge de paix à Goimars. 
Faucher (de) Paul, homme de lettres à BoUène (Vaucluse). 
Feux Etienne, à Volonne. 
Fbraud Antoine, à Noranto (Ghaudon). 
Fbbaudv Ferdinand, notaire à Entrevaux. 
Fbbrebgbuf, entrepreneur à la Brillanne. 
FiouiAre Désiré, propriétaire au Jas-du-Moine (par Salignac). 
Frughibr Gharles, juge de paix à Mezel. 
Frughier Félix, receveur-rédacteur de Tenregistrement à Privas. 
Galfard Marins, sériciculteur à Oraison. 
Gargin (l'abbé), curé à Brunet. 

Gariel Auguste, ancien vérificateur des douanes à Peyruis. 
lîAUDBMAR (de) Ferdinand, propriétaire à Riez. 
GiLLT Charles, percepteur à Gimont (Gers). 
Girard, curé à Argens. 



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— il — 

Girard Joseph, curé à Montfort. 

GiRifeuD ialds, receveur de renregistrement à S^Jean-de-Maarieniie. 

Gravebr (l'abbé), curé à Sourribes. 

GuÉRîN Antoine^ géologae à Gastellane. 

GuiLLiBSRT (baron) Hyppolyte, bâtonnier de Tordre des avocats à Aix. 

GuiLLAUMS Paol, archiviste des Hantes- Alpes à Gap. 

IIoNNORAT Désiré-Satnrnin, chef de section à la compagnie des 

chemins de fer, me Tabarean, 4, à Lyon. 
HoNiroRAT Léon, avoué, conseiller général à Gastellane. 
HaGUBS Edmond, avocat à Gap. 
HuouBs Henri, conseiller à la Gour d'appel à Alger. 
Illb-Gantslmi (d*) Gharles, à Voix. 
Imbbrt Fabien, pharmacien à Sisteron. 

Jacob, architecte diocésain, boulevard Saint-Michel, 7i, à Paris. 
Jauffrbo Ferdinand, négociant, rue Rembrandt, 2, à Paris. 
JosBPH François, receveur de l'enregistrement aux Méss. 
Labnag, surnuméraire de l'enregistrement à Sisteron. 
Laugibr Félix, négociant à Oraison. 
Lbhsutbb, 0. 4^, lieutenant-colonel du 29» régiment territorial, 

rue Fromentin, 7, à Paris. 
LioTABD, avocat, conseiller général à Gap. 
LivoN Alexandre, négociant, rue Peirier, 17, à Marseille. 
LrvoN (M°i6) Laurence, à Marseille. 
Lombard Casimir, instituteur à Aubenas (Basses-Alpes). 
LoTH (de) Henri, rentier à Manosque. 
Martik, notaire à Moustiers. 
Mathieu Xavier, docteur en médecine à Entrevaux. 
Maurbl, sériciculteur à Sisteron. 
Madrbl (l'abbé) Joseph, curé à Ch&teau-Amoux. 
Maurbl Jules, juge honoraire à Mezel. 

Maurbl, conseiller général, pharmacien, avenue de la gare, S, à Nice. 
Maubras, ancien sous-préfet, 4i^, à Saint-Julien-de-Cbapteuîl (Haute- 
Loire). 
Michel Auguste, receveur de l'enregistrem'^ut à Solignae (Haute-Loire). 
MiLON, premier clerc de notaire, rue Beauvezet, 22, & Aix. 
Millou (l'abbé), curé à Lurs. 



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— 12- 

MiLLYy propriétaire à Yolonne. 

MoLBTTK DB MoRANGiÈs (de), inspecteur de l'enregistrement à Gahors. 

MoNBSTiER Paul, receveur de l'enregistrement à Peyruis. 

Neviâre (Fabbé), directeur de ^Institut Saiot-Louis à Forcalquier. 

Pascal, médecin à Forcalquier. 

Paul Frédéric, capitaine de gendarmerie en retraite à Yolonne. 

Paul, percepteur à Forcalquier. 

Patan, architecte à Aix. 

Pbllegbin François, notaire à Annot. - 

Pelussier (l'abbé), curé à Manosque. 

Pblloux Louis, boulevard Mérentié, 21, à Marseille. 

Pesetti Charles, professeur à l'École d'Arts et Métiers, à Aix. 

Peythieu (Mme), à Moustiers. 

PiAzzA, contrôleur des finances tunisiennes, cité Nissim-Samama, 
40, à Tunis. 

Pinongbly Eugène, directeur de l'école normale à Draguignan. 

Plan (de) Raoul, comte des Sièyes de Veynes, à Valence (Drôme). 

PussET Albert- Alfred, inspecteur de l'enregistrement à Grenoble. 

QuABTBAiE (de) Adrien, ingénieur en chef des ponts et chaussées en 
retraite à Sai ut-Maurice- Valais (Suisse). 

Raimbaud Maurice, aspirant de Tenregistremeot, félibre à Saint- 
Rémi (Bouches-du-Rhône). 

Rahel, inspecteur des poids et mesures en retraite à Forcalquier. 

Rbboul Robert, à Châteauneuf-sur-Sarthe (Maine-et-Loire). 

Réouis, docteur en médecine à Avignon. 

Renard Ernest, directeur des contributions directes âi Troyes (Aube). 

Renaud de Pniàux, receveur de l'enregistrement à Manosque. 

RÉviL Fernand, receveur de l'enregistrement sans gestion à Alger. 

Reynaud (l'abbé), curé à Saint- Vincent-du-Lauxet. 

Reynaud G'&bbé), curé à Volonne. 

Roche Gélestin, agent voyer d'arrondissement à Gap. 

Roman Frédéric, homme de lettres au château de Picomtal, près 
Embrun. 

Roman (l'abbé) Antoine, curé à Villeneuve. 

RouiT^ professeur de musique, rue Monsieur-le-Prince, 53, à Paris. 

RouQUBT Louis, professeur de physique et de chimie au lycée d'Auch. 



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- 18 - 

Salyan Joseph-Marins» receveur de l'enregistrement à Conrsegonles. 

Saubbl (l'abbé), chanoine, me du Cheval-Vert, li, à Montpellier. 

Saubin, avoué à la conr d'appel d'Alger. 

Sayt (l'abbé) Emile, chanoine à Forcalquier. 

Savt Martin, docteur en médecine à Vtlensole. 

SseoND (l'abbé), curé à Fontienne. 

SiGNORET Alexandre, receveur des douanes t Larche. 

Signoubt Daniel, receveur de l'enregistrement à Nant (Aveyron). 

SisTSRON (commune de). 

Tamizst de Larroqux Philippe, correspondant de l'Institut à 

Gontaud (Lot-et-Garonne). 
Taroisu Gustave, pharmacien à Sisteron. 

Tbllâni Emile, directeur du Petit Aixois, conseiller général, à Aix. 
Thbobnat Henri, prêtre de l'Oratoire, quai des Gélestins, %, à Paris. 
TouRNiAiRB, ^, ingénieur à Otstellane. 
Tbon, notaire à Revel. 
Valon, notaire aux Mées. 
ViTON notaire, conseiller général à Gastellane. 

Soeiétëfl eorrespondaiitefl. 

Sociétés françaises. 

An. — - Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres. 

Alais. — Société scientifique et littéraire. 

Albi. — Société des Sciences, Arts et Belles-Lettresi 

AuxBRRB. — Société des Sciences historiques et naturelles de l'Yonne. 

BéziBRS. -— Société archéologique, scientifique et littéraire. 

BoBDBAUX. — Société archéologique. 

BouRo. — Société littéraire, historique et artistique. 

Gabn. — Société française d'Archéologie, 

Gargassonnb. — Société des Arts et Sciences. 

DuoN. — Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres. 

DRAouiONAif. — Société d'Études scientifiques et archéologiques. 

FoRCALQUiBR. — Athéuée. 

Gap. — Société d'Études des Hautes- Alpes« 

Grbhoblb. — Académie delphinale. 

Lton. ^ Société de Botanique. 



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--14- 

MAO(m. — Académie des Sciences, Arts, Belles-Lettres et d'Agri- 

cQltve de Saône-et-Loire. 
Màrsbolb. — Société d'Horticaltare et de Betaniqne des Bouches- 

da-Rhône. 
MoicTAUBAK. — Société archéologique du Lot-et-^jaronne. 
MoNTPBLLisB. — Socîété potuT TÉtiide des langues romanes. 

— Académie des Sciences. 

NiGB. — Société des Lettres, Sciences et Arts. 
Niias. — Académie dn Gard, 
Pàus. -— Ministère de Tinstmction pobliqne. 

— Société des Jeanes Naturalistes, rue Pierre-Charron, 35. 

— Musée d'Ethnographie du Trocadéro. 

— Annuaire géologique, me de Toumon, 13. 
RoMAMS. — Bulletin d'Histoire ecclésiastique et d'Archéologie. 
Toulon. — Académie du Var. 

Toulouse. — Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres. 

— Société archéologique du Midi: de la France. 
Vbsoul. — Société d'Agriculture, Sciences et Arts. 

Sociétés étrangôres. 

SocniTi des Naturalistes à Kiew (Russie). 
Ottawa. — Institut canadien français. 
Wasinothon. — Smithsonian Institution. 
Turin. — Deputazione di Storia Patria. 



PBOCÈS-VEEBAUX DES SÉANCES 



52e SXSSION. — SiANGB DU 11 DÉGUfBRB 1888 



Présidence de M. Gorde 



La Société iciintifique et littéraire des Boises-Âlpes s'est réunie le 
11 décembre, à 4 heures et demie du soir, dans la grande salle de 
l'hdtel de ville. 



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Étaient prâsenta : MM. Ailland, Anbert, Bachelard^ Cazalet, 
Daime Louis, Daime Marins, Don, Isnard, Llonbes, Maillot, Mariaud, 
de Hipert-Monclar, de Rochas, Roche. 

Après lecture dn procès-verbal de la précédente séance, adopté 
sans observations, M. le président dépose sur 1b borean divers 
ouvrages et brochures, paroû lesquels: 

Le Programme des queetions eaumùes à MM, lee délégués des 
sociétés savantes en vue du congrès de 1889, transmis par M. le minis- 
tre de rinstruetîon publique ; 

Les Jeya publics el le Théâtre ehex Us Gaubis, offert par M. Lionel 
Bonnemère, membre de la Société ; 

Polémiques bas-alpines, par M. F. de L., de Gap. 

Règles de la Critique historique, par M. Tabbé Ulysse Chevalier. 

Des remerciements sont votés aux donateurs. 

r^iotification est faite de la démission de deux membres, MM. Pul- 
cien et Nugues. 

Seize nouveaux membres sont proposés et admis. 

Ce sont, comme titulaires : 

MM. du Yeyrier, capitaine de vaisseau en retraite, à Aix. 
Aubert, caissier de la Banque de France à Digne. 
Feautrier, teneur de livre de la Banque de France à Digne. 
Bernard, professeur du lycée à Digne. 
Monet, professeur du lycée à Digne. 
Yiton, négociant à Bordeaux. 
Bourgoin, à B<)ne. 
Robert, greffier du tribunal à Digne. 

Ck)mme correspondants : 
MM. de Faucher, homme de lettres à Bdlène (Yaucluse). 
Jauffred, négociant à Paris. 
Tabbé Maurel, curé à Château- Arnoux. 
Codur, commissaire ^ Monaco. 
Capmas, sous-inspecteur de l'enregistrement à Sisteroft. 
Tabbé Roman, curé à Villeneuve. 
Chaspoul, bildiothéeaire à Digne. 
Lamac, surnuméraire de l'enregistrement à Sisteron. 



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-16- 

M. le président annonçant que les pouvoirs du bureau expirent 
le 31 décembre de l'année courante, l'assemblée décide que les 
élections pour son renouvellement auront lieu le samedi 5 janvier 
1889 ; les membres titulaires seront convoqués pour cette date. 

Des lectures très intéressantes suivent et sont très applaudies. 

M. Aubert lit une Étude sur les Cours d'amour, 

M. Gorde : la Caverne de Peyroulet, près Noyers^ par M. Donna- 
dieu, instituteur à Valbelle. 

M. Mariaud : la Maison de Gassendi à Champtereier. 

M. Bachelard : une poésie intitulée : Couleurs d'automne dans les 
Alpes, 

M. Isnard : la Fin de la ligue à Digne, 

M. Aillaud : une fantaisie humoristique sur le Chien Pluton, par 
M. Gorde, et un conte provençal : lou eura Panissoun, 

La séance est levée à 6 heures et demie. 



53« Session. — SiAKCs du 5 ianviir 1889 



Présidence de M. Gorde 



La Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes s'est réunie 
le 5 janvier 1889, à 4 heures et demie du soir, dans la grande salle 
de l'hôtel de ville. 

Étaient présents : MM. Aillaud, Arnaud, Aubert, Bernard, 
Chaspoul, Daime, Gorde, Honnorat, Isnard, Jauffret, Mariaud, 
Monet, Olivier, Roche. 

Après lecture du procès-verbal de la précédente séance. 

M. le président annonce que l'assemblée a été convoquée pour 
procéder aux élections pour le renouvellement du bureau, en vertu 
de l'article 7 des statuts et de l'article 1er du règlement, dont il 
donne lecture. 

Le nombre des membres titulaires étant de 190, il faudrait, pour 
que les élections fussent valables, une majorité du tiers, c'est-il-dire 
de 63. 



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-17- 

Ge nombrp p'étaBt pas atteint par Ij^ persomies présentas» les 
élections définitives spnt l'envoyées au lundi 14 janvier courant. 

M. Honnoraty trésorier, présente ses comptes de l'exercice 1888, 
qui se balancent aipsi : 

Recettes 3,434 60 

Dépenses 2,866 15 

Reste en caisse 568 45 

Uae commission à reffet d'examiner ces comptes est nommée ; 
elle se compose de Ml||. Anbert, Aubin et Picard. 

Sur la proppsition d'un des membres présents, l'assemblée déci4e 
que les titres de rente appartenant à la Société seront désormais 
déposés entre les mains du président de la Société. En conséquence, 
il est remis, séance tenante, à M. Gorde, président, les quatre titres 
de rente 3 O/o suivant^ : n» 0,232,499 ; ao 0,090^520 ; nQ 0^097,618; 
no 0,097,619. 

M. le trésorier est invité à placer immédiatement en rente 3 O/q 
le reliquat restant en caisse de l'exercice 1888. 

M. Aubert, un des membres présents, propose de nommer membre 
d'bonneur M. de CoUevilIe, secrétaire général de la préfecture des 
Basses- Alpes, pour les services qu'il a rendus à la Société et pour les 
nombreux témoignages de sympathie qu'il lui a donnés. Cette 
proposition est adoptée & l'unanimité. 

La séance est levée à 6 heures. 



54^ Session. — Sbangb du 14 JÀirvisa 



Pré9idenc6 de MM. Gorde et Daime 



La Société seientifiqui et littéraire des Bassei-Alpei s'est réunie 
dans la grande salle de ThOtel de ville, le 14 janvier 1889, k 5 heures 
du soir. 

Ét^ent présents : MM. AUard-Théus, Aubert Albert, Anbert 

2 



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-18- 

François, Aubin» Ailland, Bassac» Bernard, Bachelard, de GazanoTe, 
Daûne Loois, Daime Marias, Dorgebray, Esmiol, Feautrier, Gorde 
César, Gorde Jules, Giraod, Honnorat, Isnard, Jaoffret, Llonbes, 
Lntton, Maillot, Mariaod, Monet, Ollivier, de Rochas, Roche, Rossi, 
Roux. 

M. le président annonce qn'il est chargé d'exprimer à l'assemblée 
les regrets de M. de Ck>ll6Tilie de ne pouvoir assister à la séance pour 
remercier la Société de la distinction dont il a été l'objet. 

MM. Picard, Aubin et Aubert, membres de la commission des 
comptes, ayant approuvé les comptes du trésorier, ce dernier, 
est prié de consacrer à l'achat d'une nouvelle rente sur l'Ëtat 
l'excédant en caisse de 568 ft. 45 c. 

Deux membres titulaires sont présentés et admis : 

MM. Delariviôre, quartier de Gousson, à Digne, 
l'abbé Barlatier, directeur du collège d'Annot. 

Avant de procéder au renouvellement du bureau définitif, le pré- 
sident donne lecture de nouveau des articles des statuts et du règle- 
ment relatif à l'élection ; puis il est procédé au vote, par 42 votants. 

Sont nommés : 

MM. Daime Louis, président, par 31 voix. 
Gorde, vice-président, par. 31 voix. 
Honnorat, trésorier, par 38 voix. 
Isnard et Roche, secrétaires par 34 et 38 voix. 

M. Gorde cède le fauteuil de la présidence à M. Daime, qui 
prononce l'aliocution suivante : 

c Messieurs, 

» Je vous remercie de l'honneur que vous me faites, en me 
jugeant digne de présider à nos réunions ; mais, il ne fsiut pas se le 
dissimuler, M. Gorde laisse un lourd héritage : faire mieux que lui 
est impossible ; faire aussi bien est difficile. 

» Si la Société scientifique et littéraire des Basses- Alpes est 
devenue prospère et a pris une importance considérable dans le 
département et môme en France, nous le devons à M. Gôrde, à son 



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-19- 

lèie in&tifable, à son actiTe propagande et snrtoat à sa bonté et à 
son amabilité ponr nous tous. 

> Je mettrai tous mes soins à ne pas laisser tomber ces traditions. 
Toutefois, je sens mon insuffisance et compte beaucoup sur yotre 
indulgent concours pour me faciliter cette lourde tâcbe. 

> Ce qui me rassure aussi, Messieurs, c'est que tous arez choisi 
pour seconder la présidence un bureau composé de collaborateurs 
aussi distingués qu'éprouvés : M. Gorde d'abord, qui prendra 
toujours une large part à la direction et aux travaux de la Société ; 
MM. Isnard, Roche et Honnorat, dont le zèle ne s'est jamais démenti, 
dont l'activité et le dévouement sont à toute épreuve. 

> Secondé par eux, soutenu par votre sympathie, je ferai. 
Messieurs, tous mes efforts pour me montrer digne des fonctions que 
je dois plus à votre aimable bienveillance qu'à mon mérite 
personnel. • 

Ces paroles sont vivement applaudies. 

Sur la proposition de M. Aillaud, M. Gorde, président sortant, est 
proclamé à l'unanimité président d'honneur. 

M. Gorde exprime sa vive reconnaissance pour cette distinction 
et ce témoignage de sympathie. 

Après deux lectures intéressantes et très applaudies faites par 
M, Gorde, sur un maire d'une commune des Hautet-Alpes, et par 
M. Honnorat, sur une forme nouvelle de céphalopode$ du néocomien 
supérieur des Basses-Alpes, étude que le savant confrère dédie à la 
mémoire de son père, la séance est levée à 6 heures et demie. 



ÉPHÉMÉRIDES BAS-ALPINES DE L'ANNÉE 1888 W 



i*^ JofWter. — Les cantons de Barcelonnette, du Lauzet 
et de Saint-Paxil passent du XV« au XIV« corps 
d*armée. 

(1) Sztiaft des ÉjpKéméridm Uu-aljnneÊ publiées annueUement ptr Pratoiur. 



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jer jamn^ier. ?r- Par déclsioQ épiscopale, MM- i^s euréa 
d'arrondissement et celui de Riez porteront 
désormais le titre d'arcMprAtre. 

7 Janptetr. -^ M. aorde, directeur de l'enregistrement^ 
admis à faire valoir ses droits à la retraite, est 
remplacé par M. Rabejac. 

iû Janvier. -^ M. Oiliiot, préfet des Basses-Alpes, per- 
ipute avec M. Tardy, préfet de l'Ardèche. 

24 janvier. — Décès, à F&ge de 88 ans, de M. Reooux 
ancien chef de division à notre préfecture, che- 
valier de la Légion d'honneur. 

9S Janpier. rr- Arrivée & Digne de M. Tardy, préfet. 

3i janvier. — M. Dorgebray, inspecteur des postes et des 
télégraphes i Vesoul, est nommé à Dignp comme 
directeur, en remplacement de M. Gauthier. 

4 février. — Décès, à Marseille, de M. Seguin, juge hono- 
raire au tribunal civil de cette ville. Il était né 
à Manosque, le 24 mai 1829. 

6 février. — M. de Séroka, est nommé trésorier-payeur 

général des Basses-Alpes, en remplacement de 
M. Manguier. 

B février. — Démission de M. Reynaud, conseiller 
généra} du panton de Saint-P^ul. 

15 février. — L'église concathédrale de Forcalquier est 
classée parmi les monuments historiques. 

3 mars. — Organisation, à Paris, boulevard Montmartre, 
d'une société, dite: Société amicale des Bas- 
Alpins d Paris. 

7 m^rs. — M. Maisonnier est nommé directeur de la 

succursale de la Banque de France de Digne, en 
remplacement de M. de Bretenières. 

i4 îMrs- — M, Richaud, adjoint au m£|,ire de M^rneille? 
ipeurt dans cette ville. Il était né à Seyne, en 1819. 

18 mars. — M. Oogordan, ancien ministre plénipoten- 
tiaire, est élu conseiller général du canton de 
3^tot-PjuL 



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— M — 

26 mars. -^ M. Rolland remplacé & Digne, eoume tréso 
rier-payeur général, M. de Séroka. 

25 avril. — Un crédit de 488,000 francs ést ouvert par 
M. le ministre de travaux publics, pour les che- 
mina de fer des Basses-Âlpes. 

29 avril. — Inauguration du pont d'Oraison ; six ft sept 
mille étrangers assistent ft cette fête. 

9 mai. — La Maintenance de Provence se réunit ft Digne, 
sous la présidence de M. Huot. 

iO mai. — Séance littéraire et musicale, à Digne^ par la 
Maintenance de ^Provence et la Société des 
Basses-Âlpes, précédée d'un bangtiet de soixante- 
cinq couverts. 

i5 mai. — Arrêté ministériel plaçant les Basses-Alpes 
dans la 26» conservation forestière et les 
divisant en quatre inspections: Barœlonnette, 
Digne-nord, Digne-sud et Sisteron. 

20 Juin. — M. Perrin, sous-préfet de Forcalquier, est 
remplacé par M. Dutrait. 

20 juin. — - M. Jaubert est nommé sous-préfet de Barce- 
lonnette, en remplacement de M. du Qaurroy. 

25 juin. — Un violent orage mêlé de grêle s'abat sur la 
ville et les environs de Digne et cause des 
dégâts, surtout aut travaux du pont en construc- 
tion sur le torrent des Baux-Obaudes. 

29 juin. — Décès» à Digne, dans la 68« année de son âge, 
de M. le chanoine Gruvellier, professeur de 
dogme au grand Séminaire, membre érudit et 
distingué de la Société scientifique et littéraire 
des Basses- Alpei et de plusieurs autres sociétés 
savantes. 

. . Juin. — M. Demandols, président du tribunal de 

Barcelonnette, passé en la même qualité â 

Sisteron. M. Ghabas-Allier, JUge au tribunal de 

Barcelonnette, le remplace. 

4 août. — Inauguration par Mgr Vigne, assisté de 



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— 22 — 

Mgr Mortier, du grand orgue donn6 par M. et 
Mme Latil à la paroisse de Sisterou^ 

i5 août. — M. Guillet, inspecteur d'Académie, passe de 
Digne à Ghàteauroux. M. Lloubes le remplace. 

. . (xoût — M. Oiacobbi est nommé sous-préfet de Gastel- 
lane^ en remplacement de M. Béchet. 

i4 septembre. — Collision entre les contrebandiers et les 
douaniers au col de TArgentière, dans la vanée 
de rUbaye ; un de ces derniers est blessé. 

ÎO septemJbre^ — Félibrée de la Brillanne organisée par 
l'Athénée de Forcalquier et l'École des Alpes. 
Près de 80 convives, parmi lesquels 21 dames ou 
demoiselles, répondent t l'appel. 

i«f novembre. — Une secousse forte mais très courte et 
sans suites, de tremblement de terre, se ressent 
à Digne, à 1 heure 36 minutes du matin. 

iO novembre.— Décès, à Marseille, de M. Gueyraud, agro- 
nome bas-alpin, créateur du canal de Pontoise, 
qui, le premier, introduisit dans le département, 
en 1840, les machines agricoles à vapeur. 

24 novembre. — Suppression définitive de la recette 

particulière de Sisteron. 

iw décemibre. — M. Leygues, sous-préfet de Sisteron, est 
remplacé par M. Ghénot. 

5 décembre. — Décès, à Forcalquier, de M. >iasson, 
fondateur du Journal de Forcalquier. 

22 décemibre. — Le département des Basses- Alpes est 
autorisé à faire un emprunt de 9,000 francs pour 
le transfert à Digne de l'école normale d'insti- 
tuteurs de Barcelonnette. 

25 décembre. — M. Jaubert, sous-préfet de Barcelonnette, 

meurt à Seyne, son pays natal, des suites d'un 
empoisonnement involontaire. 
27 décembre. — M. Flusin est nommé sous-préfet de 
Barcelonnette. 



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80VBCI SÏÏLIÏÏBIÏÏSI 

T>E& MII^ES DE! BIABAUX (1). 



Mémoire lu à V Athénée de Forealquier, dam ta séance 
du 5 novembre i888. 



Mesdames et Messieurs, 

Il y a plusieurs années déjà (2D, nous eûmes le plaisir de 
faire ensemble une promenade sur les bords de la Laye (3). 

Je vous montrai là, jaillissant dans le lit de la rivière, 
une source d'eau minérale, et je vous fis connaître le 
procédé dont se sert la nature pour transformer certaines 
eaux douces en eaux sulfureuses. 



(1) Biabanx est le nom d*an quartier de la commune de Saint-Hartin-d»- 
Renacas, arrondissement de Forcalqnier. 

(2) Cet article est la continnation de trayaux antërieurs entrepris par 
M. Planchud. Dans la séance da 18 mai 1877, il ayait la à TAthénée de 
Forcalqnier une Étude tur la formation d» «oti» wUnÂrcim wUfiunmm (brochore 
c^ies Masson, Imprimeur de rAthénëe, Forcalqnier). Dans cette Étud^, 
M. Planchud rendait compte d'expériences fiùtes par lai snr les eaux snlAi* 
renses de la Laye, expériences parfaitement conduites et qui rayaient amené 
à une grande et l)elle découTerte. Pasteur en flt Tobjet d'une communication 
à TAcadémie des Sciences (séance du 29 janTier 1877). Les idées de notre 
compatriote sur la formation des eaux sulfureuses minérales sont aujourd'hui 
admises sans contestation dans le monde saTant. 

(8) Torrent qui coule près de liane et Ta se jeter dans le Largue, à 
Dauphin. 



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Cette idée, presque encore hypothétique alors, mais 
étayée depuis sur de multiples eip6riences^ est devenue 
une vérité acceptée dans le monde savant. 

La question des eaux sulfureuses, partie de la source 
de la Laye, a fait son chemin ; elle a grandi, elle est 
devenue majeure, et vous m'excuserez si je réclame un 
peu d'indulgence pour les faiblesses d'un père heureux du 
succès de l'idée qu'il a conçue et lancée dans le monde. 

Aujourd'hui, je vous invite à une nouvelle excursion, 
intéressante, je l'espère, mais à coup sûr moins poétique. 
Il fait bien sombre dans les entrailles de la terre, où je 
veux vous conduire ; nous n'y verrons pas très clair à la 
lueur d'une torche fumeuse; nous n'aurons plus le ciel 
bleu pour dôme, mais la voûte basse et humide d'une 
galerie Souterraine, profonde de près de huit cents mètres. 

Nous prenons la tnéihe direction que la première fois, 
mais nous flranchissons la Laye, et, après avoir laissé le 
château de Sauvan à notre gauche et la tour de Porchères 
ft notre droite, nous arrivons à Marlgratte. Là, faisant un 
crochet à angle droit, nous descendons directement dans 
le Largue (1). 

AU pied de la côte, on traverse la voie ferrée qui reliera 
sous peu Apt et Forcalquier et on franchit la rivière sur 
iin pont provisoire. 

A une douzaine de mètres au-dessus de celle-ci, dans 
l'escarpement d'une haute berge bien boisée et couverte 
des fleurs les plus odorantes, s'ouvre un grand trou noir, 
exhalant une odeur acre et suffocante de bitume et de 
soufte. Un poète en ferait une entrée de l'enfer. Pour 
hous, c'est une simple galerie exploratrice percée dans les 
flancs de la montagne, pour aller voir ce qui s'y trouve. 

Eh bien I Mesdames et Messieurs, malgré le sombre 



(1) Bivière qui prend sa source dans la montagne de Lure, près dé Banbn, 
• Ta se jeter dans la Durance, à Voix. 



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-25 - 

aspect dé cette ouverture et Pôdeur fétide qui s'en dégage, 
soyons un peu curieux, et allons voir. 

Soyez sans crainte ! Nous avons pour guide M. Itnbert, 
l'intelligent directeur des travaux, et un puissant venti- 
lateur actionné par l'eau qui sort de la mine nous enverra, 
Jusqu'au tond de la galerie, l'air nécessaire à la respi- 
ration. 

Prenons chacun une lampe de mineur, et en avant ! 

Nous entrons en plein terrain tertiaire, dans ia molasse 
marine, sur un sol ferme ; les parois sont formées par la 
roche, dont 16S assises, soulevées du éud au nord, ont une 
inclinaison de 12o; à 180 mètres, cette inclinaison se relève 
à 250. A 803 mètres — Mesdames, c'est à mon grand 
regret ^e je crois devoir vous prévenir que le sol argi- 
leux et humide dans lequel nous allons barboter ne 
convient ni à vos petits pieds, ni à vos fines chaussures, 
et vous. Messieurs, chaussez vos meilleures bottes et 
retroussez vos pantalons. 

A 808 mètres, donc, nous entrons dans le terrain à 
charbon, dont les six filons, plus ou moins riches, alter- 
nent avec de la marne argileuse détrempée par les eaux 
qui suintent de toutes parts. 

A 480 mètres, l'aération laissant à désirer, on a percé, 
dans la montagne, une cheminée de 170 mètres de hauteur. 
Un grand fourneau, dans lequel chaque ouvrier jette en 
passant une pelletée de charbon, a été installé là pou^ 
activer lé tirage de la cheminée. Mais, quand le soleil 
darde d'aplomb ses rayons au sommet de ce long boyau, 
il se produit le phénomène que vous avez tous observé, 
l'été, danà les cheminées de vos maisons ; le courant se 
renversé, et les gaz délétère^, au lieu d'aller se perdre 
dans l'atmosphère, retournent dans la galerie, qui devient 
alors inabordable. 

A 250 mètres, une belle source d'eau douce sort du flanc 
droit dé la mine ; à 350, une véritable pluie tombe de la 
voûte et voua inonde, et, ôhemin faisant, cà et là, des 



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eaux ferrugineuses, des filons de bitume, de belles efflores- 
cences de couperose verte, dues & l'oxydation des pyrites 
de fer. 

Nous pénétrons maintenant dans le terrain & pl&tre ; 
C76 mètres de profondeur ; le relèvement des strates va de 
750 à 850 ; la température est excellente, et la respiration 
facile, grâce k la colonne d'air projetée par le ventilateur, 
dont le ronflement, pareil à un grand souffle de Mistral, 
nous arrive de plus en plus amoindri, à mesure que nous 
avançons ; mais un autre bruit, à peine perceptible tout 
à l'heure, s'accentue & mesure que nous nous enfonçons 
dans la montagne. Et, chemin faisant, nous traversons 
cinq filons de soufre, que l'on enflamme facilement avec 
la lampe et dont la puissance varie de 50 centimètres à 
4 mètres. 

Enfln nous voici au fond de la galerie. Le bruit que nous 
entendions naguère était produit par une masse d'eau 
tombant avec force du sommet de la voûte. Le débit de 
cette source est d'environ deux cents litres à la seconde, 
et son eau dégage des torrents d'hydrogène sulfuré, gaz 
auquel les œufs gâtés doivent leur odeur fétide. Chaque 
litre en contient 34 centimètres cubes. A cet endroit, l'air 
est tellement vicié qu'en se tenant quelques instants au 
point d'émergence on est pris de vertige, et l'évanouisse- 
ment s'ensuivrait, si on voulait persister à respirer cette 
atmosphère délétère. 

Après quelques heures de travail, les yeux des mineurs 
deviennent larmoyants, s'injectent de sang, et, quand ils 
sortent de la galerie, la lumière du jour leur occasionne 
des douleurs atroces. Ce sont de véritables ophtalmies 
que l'on contracte dans ce milieu. Il serait intéressant 
d'en rechercher le pourquoi. 

Quand un coup de mine fit jaillir cette source, elle coula 
bourbeuse, presque noire, pendant vingt-quatre heures; 
ensuite, une semaine durant, blanche comme du lait de 
chaux ; aujourd'hui, sa limpidité est parfaite. D'après tous 



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— 27 — 

les renseignements que j'ai pu recueillir, cette couleur 
devait avoir pour cause une accumulation de sulfuraires, 
algues microscopiques, dénommées barégine dans les 
Pyrénées, et que Ton trouve dans toutes les eaux 
sulfureuses. 

Avant les expériences sur les eaux de la Laye, dont je 
vous pariais tout à l'heure, on ignorait comment se 
sulfuraient les eaux ; on sait aujourd'hui que ces plantes 
en sont la cause. 

Je ne reviendrai pas sur les études qui me permirent 
alors d'établir ce fait aujourd'hui admis et enseigné 
partout ; mais, depuis, il a été fait de remarquables expé- 
riences sur l'action physiologique de ces infiniment petits. 
Je vais vous en entretenir quelques instants. 

Ces sulfuraires, vues au microscope, montrent un lacis 
inextricable de petits tubes transparents ; on dirait une 
poignée de cheveux. Ces tubes sont gorgés de fines granu- 
lations opaques, que je comparerais volontiers à des 
grains de poudre de chasse. 

Ces grains, dont je n'avais pas soupçonné la nature, 
furent reconnus être du soufre par M. Louis Olivier, 
jeune savant du plus grand mérite, qui daigna venir ici 
môme étudier le rôle physiologique des sulfuraires, en les 
cultivant à l'état de pureté. Depuis, M. Olivier n'a cessé 
de s'occuper de cette question, et c'est surtout du résultat 
de ses travaux que je vais vous parler. 

Quand on prend des sulfuraires et qu'on les conserve 
dans de Teau sulfatée, avec du plâtre par exemple, c'est- 
à-dire contenant du soufre combiné, elles continuent 
presque indéfiniment à donner de l'eau sulfureuse. Si, au 
contraire, on les plonge dans de l'eau pure, on voit 
disparaître, peu à peu, les granulations, ou mieux le 
soufre qu'elles contiennent, tout en continuant à sulfurer 
l'eau pure dans laquelle elles sont immergées. Mais, dès 
qu'elles ont usé leur soufre, toute sulfuration cesse, ces 
petits êtres dépérissent et finissent : même 'par mourir. 
Donc le soufre est nécessaire à leur existence. 



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Cherchons à expliquer ce phénomène. 

J'hésite ici. Je me suis demandé si j'avais le droit 
d'alourdir vos paupières, en vous introduisant dans le 
domaine de la science pure. Mais, réflexion faite, j'ai mifc 
de côté toute crainte, connaissant l'intelligence de l'audi- 
toire qui veut bien m'écouter. 

Vous savez tous que l'air, ou plutôt l'oxygène, est indis- 
pensable à l'entretien de la vie. Jusqu'à ces derniers temps, 
on avait cru la règle générale ; mais M. Pasteur a prouvé 
qu'elle souffre de nombreuses exceptions, et même que, 
pour certaines classes d'êtres inférieurs, l'air ett un vrai 
poison, au lieu d'être lin fluide vital. 

L'étude des sulfuraires nous met en présence d'un 
phénomène plus curieux encore : elle nous montre le soufre 
se substituant physiologiquement à l'oxygène, comme il 
s'y substitue chimiquement. 

Ces deux corps, soufre et oxygène, ont la môme fonction 
chimique ; leur analogie est complète ; on peut les rempla- 
cer l'un par l'autre sans rien changer aux édifices molécu- 
laires dans lesquels ils se trouvent engagés, tout comme 
dans une maison on peut substituer des moellons de 
marbre à des moellons de grès, sans que la forme de la 
construction en souffre, sans que la maison cesse d'être 
une maison. 

Pourquoi l'analogie cesserait-elle d'exister dans les 
fonctions des êtres vivants ? Ceux qui respirent de l'oxy- 
gène excrètent de l'acide carbonique et de l'eau, et nous 
nous trouvons en présence d'un être dont le produit de 
désassimilation est de l'hydrogène sulfuré. Ne pourrions- 
nous pas en déduire que, dans ce cas, le souft*e remplace 
l'oxygène dans la combustion de la matière vivante? 
Mais alors nous devrions avoir pour produit du sulfure 
de carbone ; ce qui n'est pas. 

Faisons végéter des sulfuraires dans un milieu privé 
d'oxygène libre ; nous trouvons qu'il se forme non seule- 
ment de l'hydrogène sulfuré, mais un volume égal d'acide 
carbonique. 



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-29- 

Ne s^Fîûa^-nAus pas en droit de conclure, de ce fait, que 
ce9 êtres mîorosoppiques, consommant & la fois du soufir^ 
et de ro:9Ly9ène pris aux sulfates alcalins, ont le privilège 
d'utiliser ces deux comburants, ne donnant comme produit 
de coQ^bustion ni acide carbonique, ni hydrogène sulfuré, 
mais de Voœysulfure de carbone^ gaz qui se transforme 
en acide sulfhydrique et en acide carbonique, en se eombi- 
nant aux éléments de l'eau ? 

La recherche de ce gaz à rémergence même de ia source 
offrirait un intérêt capital et trancherait la question; 
malheureusement, avec les moyens dont on peut disposer 
ici, de pareils travaux sont interdits. J'essaie pourtant, sur 
les indications de M. Olivier, de tourner la question. 
Réussirai-je ? Je me ferai un plaisir de vous tenir au 
courant des résultats, quels qu'ils soient. 

Dans un remarquable discours, M. Gh. Richet, professeur 
& la Faculté de Médecine de Paris, disait récemment : f II 
fai^t être aussi hardi dans les hypothèses que rigoureux 
dans leurs démonstrations. > Or^ il y a six ans, je pré- 
sentai àr l'Académie des Sciences un mémoire dans lequel 
j'avauQals que les gisements de soufre natif devaient, en 
général, avoir pour origine l'action des sulfuraires. Je 
me basais pour ce^ et sur des expériences microsco- 
piques, et sur l'action qu'exercent ces micro-organismes 
sur les sulfates, qu'ils réduisent pour s'emparer de leur 
soufre ; ce soufre est par eux transformé en hydrogène 
sulfuré, lequel, au contact de Pair et de l'eau, se décomr 
pose à son tour en abandonnant un dépôt de soufre. 

Je trouve aujourd'hui une grandiose confirmation de 
mon hypothèse dans cette source de Biabaux, jaillissant 
au milieu d'un filon de soufre de 4 mètres ; car, contrair 
rement & ce que Ton croit généralement, ce sont les eaux 
sulfureuses qui laissent précipiter du soufre, et non le 
soufre qui sulfure les eaux. 

Dans le même ordre d'idées, je vais plus loin : je croif 
fermement que la plupart des gisements de sulfures naé- 



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-30- 

talliques, zinc, plomb, antimoine, mercure, argent, etc., 
que l'on trouve dans la nature, n'ont pas d'autre origine, 
et que tous ces dépôts ont les sulfuraires pour cause 
première et principale, sinon unique. 

Et, si Je ne craignais d'abuser de votre attention^ je 
pourrais, peut-être, entrant de nouveau dans le champ des 
hypothèses, vous dire par quels mécanismes, inconnus 
jusqu'à présent, agissent les eaux sulfureuses, en tant que 
remède. Mais la supposition est des plus audacieuses ; aussi 
je me tais, attendant que l'expérience ait prononcé. 

Nous ne saurions quitter les mines de Biabaux sans 
exprimer le désir de voir bientôt utiliser leurs sources 
sulfureuses et ferrugineuses, ainsi que la richesse de leurs 
filons, et nous espérons voir bientôt la riante vallée du 
Largue s'enrichir d'une raffinerie de soufre, et le dépar- 
tement des Basses- Alpes compter une station balnéaire de 
plus. 

Et maintenant. Mesdames et Messieurs, je vous ferai 
remarquer quels gigantesques travaux peuvent effectuer 
ces infiniment petits, et ce n'est qu'un cas isolé. On dirait 
tiue leur puissance est en raison directe de leur petitesse. 
Le monde semble leur appartenir, que ce soit pour le bien 
comme pour le mal, et leur vertu prolifique leur donne 
une puissance qui tient du prodige. Que sont les luttes de 
l'homme contre les grands fauves, comparées aux attaques 
dont ces êtres inférieurs nous assaillent sans trêve ni 
repos, depuis que le monde est monde ? 

L'esprit est déconcerté, en présence des ravages qu'ils 
exercent sous le nom de charbon, de croup, de peste, de 
typhus, de choléra, de tuberculose, etc., etc. Les attaques 
incessantes des microbes contre les êtres supérieurs 
seraient dignes de tenter un grand poète k l'imagination 
ardente, au langage imagé. Que sont les batailles décrites 
par Homère, les invasions des Barbares, les chocs des 
peuples se ruant sur les peuples, à côté des combats que 
nous livrent ces êtres microscopiques? Et la démonstration 



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-ai- 
de cette action néfaste date d'hier ; elle nous a été donnée 
par M. Pasteur, dont la gloire, si grande déjà, ira gran- 
dissant encore dans l'ayenir, à mesure que s'éclaireront 
les horizons immenses entr'ouverts par son génie. Ne 
prononçons qu'avec respect le nom de ce Grand Français, 
antithèse des conquérants : toutes ses veilles, toutes ses 
pensées sont une lutte contre la mort, que les autres, 
alliés des microbes malfaisants, sèment & plaisir pour 
leur plus grande gloire personnelle et pour le malheur 
de l'humanité. 

Novembre 1888. 

EuaÊNE PLAUGHUD. 



LE COLONEL LÉON-NOEL PAYAN 



Nous allons essayer de retracer la vie d'un des enfants 
de notre pays alpin, dont la carrière militaire a été, sinon 
des plus brillantes, du moins des mieux remplies. 

Payan Léon-Noêl est né à Digne, le 11 avril 1824, de 
Joseph Payan et de Virginie Ësmingaud. Son père exerçait 
le modeste métier de maçon. 

Noël était le quatrième enfant d'une famille nombreuse. 
Après quelques années passées dans une école primaire, 
il fut placé au collège de Digne ; il y acheva avec succès 
son instruction classique. Son goût pour l'histoire fut 
souvent remarqué par ses professeurs. 

Bn sortant de la vie studieuse, allait arriver pour lui 
l'école de la vie. 

Il avait vingt ans I.... A cet âge, on se dévoue à la patrie, 
quand on est animé de la noble passion des armes. Payan 
en avait les instincts et la belle vocation. En Juillet 1844, 
il s'engagea et choisit le 8« régiment d'infanterie légère, 
en garnison en France, où il resta jusqu'en 1847, époque 



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«82- 

4 |ft<;|tlf)Ue U sollicita çoq incorporation .dans le batailloq 
de9 tirailleurs indigènes d'Alger. 

Son rôve venait dp se réaliser. 

Nomi^é sous-lieutenant ^u 1^^ régiment de zouaves en 
i851t ptti9 porte-drapeau en 1854, il fut le premier officier 
qui arbora les couleurs nationales sur la Tour de l'Aima, 
au moment où l'armée française opérait son débarquement 
en Crimée. L'étendard de la patrie ne pouvait être placé 
en 4^ meilleures mains. 

Pendant la période sanglante de cette gigantesque 
campagne d'Orient, où trois armées coalisées combattirent 
contre les cobortes formidables de la Russie, les repous- 
sèrent si souvent et les retrouvèrent toujours si braves, 
la vie de Payan fut remplie d'bérolques épisodes, de traits 
de courage et d'impressions douloureuses, car il perdit son 
plus Jeune frère, combattant & côté de lui, ^t combien 
de cbers et vaillants amis. 

Cependant, si souvent et si longtemps exposé aux 
dangers, le basard ne devait pas soustraire notre jeune 
béros ^ ses coups imprévus et le Dieu des combats le 
laisser indemne de toute blessure. A la prise de la Tour 
Malakof, il reçut une plaie contuse à l'épaule gauche et 
une plaie légère à la jainbe gauche, le 8 septembre 1855. 

Après la chute de Sébastopol, il retourna en Algérie. 
En 1858, il obtenait le grade de capitaine. 

A peu de temps de là, éclatait la guerre d'Italie, durant 
laquelle Payan devait cueillir de nouveaux lauriers, en 
3'exposant t des dangers bien des fois répétés. 

Qui ne sait que, par suite d'habiles combinaisons, 
qu'il est inutile de rappeler ici, le petit royaume de 
Sardaigne, placé sous le sceptre d'un monarque intrépide 
soldat, aidé d'un ministre diplomate accompli, était 
parvenu & conclure un traité d'alliance avec la France 
dans le but de chasser les Autrichiens du Milanais 
et de la Vénétie, alors sous leur joug. La conquête fut 
çompl.ète; l'armée française y déploya toute sa valeur, 



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r 



— 33 - 

maUieureusement sans profit pour la France, puisque notre 
alliée d'alors, notre amie devint plus tard notre ingrate 
Toisine. L'oubli des services rendus ne porte jamais 
bonheur. 

Au commencement des hostilités, les zouaves se 
trouvaient sur le théâtre de la lutte. En avril 1859, eut lieu 
le premier combat. Nos troupes montrèrent leur courage 
et leur intrépidité en face de l'ennemi; elles y firent 
merveille. Les zouaves s'y battirent comme des lions, 
suivant la parole d'un historien, et, pendant plusieurs jours, 
dans diverses actions, Payan eut encore ses moments 
d'héroïsme, lui qui en avait si souvent. 

— Quel est cet officier si intrépide, demandait un jour le 
général du corps d'armée au colonel du 1« zouaves? 

— Payan, répondit le colonel, toujours à la tôte de mes 
soldats; toujours prêt et victorieux. 

Un de nos vieux chroniqueurs, Brantôme, a écrit : 
t Parlez-moi de ces cœurs sans pitié ; une fois qu'ils ont 
sucé le lait de dame Bellone, ils ne s'en lassent jamais. > 
Tel était Payan. Pendant les plus chaudes journées, il 
donna raison à l'écrivain des Dames galantes. Aussi bien 
à Marignan qu'à Palestro, qu'à Magenta, sur les bords 
du Mincio, il fut d'un entrain admirable. Sur le grand 
champ de bataille de Solférino, là môme où l'aigle 
d'Autriche devait être blessée, il n'eut pas une minute de 
repos. Toute la journée à la tôte de son bataillon, il fit face 
à l'ennemi, le culbuta, le refoula, depuis l'aube jusqu'à 
l'heure où un violent orage vint embraser l'immense choc 
des armées et mêler l'artillerie de l'air, avec ses éclats 
électriques, au bruit retentissant et sinistre des engins de 
destruction!... L'heure était , suprême; la lutte acharnée, 
désespérée .Des masses compactes d'hommes s'entre-tuaient : 
c'était le combat dans toutes ses horreurs et ses terribles 
angoisses... Enfin les légions, comme épouvantées par le 
sourd grondement du tonnerre et ne pouvant manoeuvrer 
sous une pluie torrentielle, se retirèrent après de vains 

3 



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- 84 - 

efforts. La terre était arrosée aussi de sang bumiln. 
L'humanité avait perdu sa Journée, 

Mais au milieu de cette gigantesque bataille, où trois 
armées prirent part, notre jeune héros avait reçu des blés* 
sures profondes : une au genou droit, une à la cuisse droite 
et une plaie contuse à la main droite ; mais la plus grave fut 
celle qui l'atteignit à l'avant-bras gauche. 

La guerre d'Italie terminée, la paix conclue, il rejoif nit 
la garnison de Blidah, cette charmante petite ville, 
eurnommée la Petite Rose. De là il fit partie de deux expé- 
dition algériennes. On peut dire qu'il était dans son 
élément, car il connaissait la guerre d'Algérie dans toutes 
ses particularités ; il en savait les fatigues, les ruses et les 
obstacles. 

Ces opérations algériennes terminées, Payan Jouit 
d'un repos qui se prolongea Jusqu'en 1864. Cette année- 
là, il fut désigné pour remplir les fonctions de capitaine au 
77« de ligne, destiné à faire partie de l'armée expéditionnaire 
du Mexique. Il quitta l'Algériç. Il la quitta, disons-le, 
avec regret, n'approuvant pas le but de cette aventure sur 
des plages lointaines et inhospitalières ; mais soldat du 
devoir avant tout, ne s'occupant que de son métier exclusi- 
vement, n'ayantjamaisen vue que les ordres de ses chefs, 
il s'embarqua, le cœur plein de tristesse, pressentant 
qu'après avoir traversé l'Océan la France ne trouverait 
que mécomptes et mésaventures. Les événements vinrent 
lui donner raison. Qui ne se rappelle les désas- 
tres qu'elle subit dans cette folle expédition, où tant de 
sang fut versé sans profit, tant d'argent dépensé inuti- 
lement I... 

Dans cette guerre, les troupes françaises furent 
admirables. Au combat de Jiquilpan, le 25 septembre 1864, 
Payan conduisit l'avant-garde avec tant de vigueur et de 
sang-flroid qu'il culbuta une partie de la S« division 
ennemie. Il n'est pas inutile de faire connaître que, par 
cette brillante conduite^ il fut cité à l'ordre général du 



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— 35 - 

corps expéditionnaire. A la bataille d'Omexlea, aussi 
entraînant, aussi énergique, il reçut une fracture double 
du tibia et du péroné de la jambe gauche. Ce n'était pas 
tout, car , dans bien des affaires meurtrières, animé d'un 
élan irrésistible, toujours un des premiers en avant, un 
des derniers dans la retraite, il se montra le fidèle défenseur 
de notre étendard, jusqu'au jour où notre armée quitta 
le Mexique pour se diriger vers le continent européen. 

Rien n'est bienfaisant comme l'air de la terre natale. 
Il semble qu'une émanation de cette terre aimée nous suit 
dans tous nos voyages et qu'en nous rapprochant de 
ses contrées se réalise la gracieuse fable d'Anthée. 
Gomme tous les montagnards, notre héros, espérant que 
l'atmosphère vivifiante des régions de l'enfance réparerait 
la traînée de sang répandue sur trois continents du globe, 
86 rendit à Digne, aussitôt après son débarquement. 

Ce fut un jour de fête et de grande joie. Il revenait 
la poitrine constellée d'étoiles d'honneur!... Si son corps 
avait souffert, comme son cœur battait sous les coups 
de douces émotions !.... Mais il fallut quelque temps 
pour qu'un changement favorable s'opérât et que la 
gracieuse fiction du poète mantouan devint une réalité II.. 

Quand sa santé fut raffermie, il fut incorporé dans le 
4* régiment de voltigeurs de la garde et, à quelques temps 
de là, nommé chef de bataillon au 6e de ligne (1866). La 
vie active devait recommencer. La guerre éclata, et 
quelle guerre !.... 

A suivre d'un bout à l'autre ce fier soldat, on passe 
en revue presque tous les événements auxquels notre 
vaillante armée a pris part sur la frontière allemande 
et les bords du Rhin. On apprend à quelles terribles 
péripéties, à quels dangers elle fut exposée, k quelles 
vicissitudes elle fut soumise, à quels remarquables 
combats elle assista. Mais le sol de la patrie devait être 
pollué et arrosé de notre plus précieux sang. La fatalité 
le voulut et la destinée nous jeta dans les griffes de nos 



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-36 - 

cruels ennemis. Payaa ne perdit aucune occasion de se 
signaler. 

Cité à l'ordre général (n© 20) au 4e corps d'armée pour sa 
conduite les 14, 16 et 18 août 1870, à Metz, et à l'ordre 
général (no 24) du même corps d'armée les 31 août et 
1er septembre, il fut particulièrement remarqué par ses 
supérieurs, qui avaient pour lui la plus haute estime. 
Malheureusement, ainsi qu'à ses frères d'armes, on 
l'obligea à ronger son frein en lui imposant l'inaction, et 
un jour, après d'horribles souffrances morales, il rendit 
son épée : il la rendit, mais brisée, laissant sur la lame 
d'acier la trace du sang des ennemis irréconciliables de la 
patrie française, ne voulant pas que l'Allemagne la reçut 
intacte. Perdre l'épée qui avait brillé à tous les soleils du 
monde, c'était pour lui un deuil, une désespérance î... 

Prisonnier de guerre après la reddition de la courageuse 
cité de Metz, il fut conduit en Prusse. Quels cruels 
moments que ceux de la captivité!... La patience est 
souvent la vertu des forts; mais, pour bien d'autres, 
l'beure philosophique n'arrive jamais; elle s'absorbe dans 
d'éternelles angoisses. 

Cependant le jour de la liberté fût annoncé ; il abandonna 
avec une indicible joie cette maudite terre, tant exécrée, 
et, en mettant le pied sur le sol de la patrie, il jura de se 
venger. 

Mais les événements ayant interrompu Tordre normal 
des choses, sa captivité retardé son avancement, les 
récompenses auxquelles il avait droit ne lui furent pas 
décernées ; un moment d'oubli voila son nom héroïque ; 
enfin sa promotion au grade de lieutenant-colonel arriva, 
le 29 juin tô73 ; il fut placé dans le 106« de ligne. 
L'heure de la justice avait sonné et, le 28 juillet 1876, 
le grade de colonel au 74« de ligne lui était accordé. Ce 
n'était pas tout. Quelque temps après cette promotion, on 
lui décerna la croix de commandeur dans l'ordre national 
de la Légion d'honneur I 
Jl n'avait que 54 ans t 



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- 87 — 

Des soldats de la trempe de notre héros sont rares, 
môme en notre France, où la bravoure est une qualité de 
race, et certes les étoiles de général ne se seraient pas fait 
attendre longtemps pour Payan, si ses forces n'avaient 
été chancelantes. A son énergie native, avait succédé 
Fépuisement sous les coups redoublés de la souffrance. 
Cest en vain qu'il opposait au mal la résistance morale. 
Ck)mprenant enfin que la lutte était inutile, il prit la 
résolution de demander sa mise en disponibilité, puis sa 
retraite à titre d'ancienneté de service. 

Sa carrière était terminée. Les frémissements des 
combats avalent ruiné son corps. 

Il est beau de se retirer ainsi chargé de lauriers, la 
poitrine scintillante de signes glorieux ; il est beau surtout 
d'ajouter k ses vaillantes actions les précieuses qualités 
d'honnête homme. 

A Digne, il était très populaire. On admirait en lui le 
brillant soldat, modeste artisan de son œuvre, élevé et 
grandi par sa position vaillamment conquise, sans que 
jamais un atome de fierté eût altéré son noble caractère. 

En ces dernières années, il s'était fixé à Marseille, dans 
l'espoir que le soleil de la Basse-Provence retremperait 
ses forces, que les brises marines infuseraient à son 
corps mutilé un regain de sève nouvelle. Espoir déçu!.- 
La nature était épuisée. Il expira dans la cité phocéenne, 
sans môme pouvoir saluer une dernière fois ses vallées 
natales, qu'il aimait tant. 

Casimir MARIAUD. 



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ANCIENNES DIVISIONS TERRITORIALES 
de l'MrrondiMtemeiit de Forealqvi^r (1) 



MOYEN AGE 



« Dans la Gaule, la division par cités survécut à la 
division par provinces, et Ton trouve, sous la domi- 
nation des Francs, toutes les cités qui existaient sous 
celle des Romains. Chaque cité dans l'ordre civil forma 
un diocèse dans l'ordre ecclésiastique, de sorte que les 
termes de cité et de diocèse représentent la même 
division territoriale (2). » 

Les diocèses de la Gaule étaient au nombre de cent 
douze. 

Le territoire de Tarrondissement de Forcalquier appar- 
tenait aux diocèses de Sisteron, d'Apt et d'Aix. 

La ligne frontière qui séparait le diocèse de Sisteron 
de ceux d'Apt et d'Aix avait son point départ entre 
Corbières et Sainte-Tulle et passait à Touest de Pierrevert, 
de Saint-Martin-de-Renacas, de Lincel, d'Aubenas, du 
Revest-des-Brousses, ainsi que du Bourguet, petite com- 
mune annexée en 1846 à celle de Reillanne. Non loin de 
Lardiers, presque à la base du Castellard, elle décrivait 
une courbe et inclinait à Touest, en laissant au nord, dans 
le diocèse de Sisteron^ Saumane, la Rochegiron, THospi- 
talet, Redortiers et le Revest-du-Bion. Le Luberon séparait, 
sur une certaine distance, le diocèse d'Apt de celui ù'Aiœ. 
La ligne de démarcation passait entre Montjustin et Céreste 
et aboutissait au nord de Reillanne, à la montagne de 
Lubac, là même où on a élevé la chapelle de Notre-Dame 



(i) V. BuUelin de la Société acieniiJiqHê et ÎUtéraire dee Batêes-Alpee, t. III, p. 477. 
(2) Guérard, loe, eit., p. 87. 



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— 38 — 

du Bel-Âir. Ge point était commun aux trois évêchés (1). Au 
diocèse d'^liâ? appartenaient les communes de Gorbières, 
Montjustin, Montfuron, Villemus et Reillanne. A celui d'Apt 
celles de la vallée du Gaulon : Banon, Montsalier, Simiane, 
Garniol, Yalsaintes, Oppedette, Sainte-Groix, Vachères 
et Géreste. Toutes les autres : Sainte-Tulle, Pierrevert 
(moins l'arrière fief de Sainte-Marguerite), Manosque, 
Voix, Forcalquier, Mane, Limans, Saint-Michel, Lurs, Pey- 
ruis, Saint-Étienne-les-Orgues, Lardiers, Saumane, etc., 
relevaient du diocèse de Sisteron. 

Ces limites sont celles qu'indiquent la Oallia Chris- 
tiana (2), Reinaud de Fontvert (3), H. Bouche (4), Robert 
de Brlançon (5) et Achard (6>; on peut les considérer 
comme très exactes. 

L'auteur ûb la préface du Cartulaire de Saint- Victor (7) 
se trompe donc quand il dit, en parlant du diocèse de 
Sisteron : « La Durance lui servait de limite constante à 
l'est, depuis Sisteron au nord, jusqu'à Manosque au 
sud >. £t plus loin : c Le comté ou diocèse de Sisteron 
était séparé de ceux d'Aix et d'Apt par une ligne qui^ 
de Manosque, remontait au nord-ouest à Saint-Maime, 
à Forcalquier et à Ongles ». Est-il nécessaire d'ajouter 
que cette ligne passait beaucoup plus à l'ouest, entre les 
villages de Lincel et de Reillanne ? 

Le diocèse d'Aix, qui s'avançait en pointe au centre delà 



(!) n existe égalementi aux enTirons d*Allo8 CBanes-AlpeB), le pio des 
Trois-ÉTdchés. 

(2) Carte de VarekevêdU d'Aix et te» euffroffantê, 

(3) Carte dee eirconêcriptiam diocênimit avant 1789 dam Im m ne Utmm f¥9» 
vinee» eedémaêtiqtte» d'ÀHe», dTAix et d'Smbnm (Aiz, 1861, grand coIoabUr). 

(4) Hiatmre de Protfence, îy 289-240. 

(5) L'Étai de la Provmnoe, I, 154. 

(6) Géographie de la Pirovetuie, II, 883.. 

(7) P. LXXI. 



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-40- 

viguerie de Forcalquier, avait des limites peu conformes 
à la topographie des lieux. Cependant les communes 
situées au nord du Luberon ne formaient pas une enclave, 
ainsi que le disent certains auteurs, puisque les deux 
versants de la montagne du Luberon et les deux rives de 
la Durance, sur une assez grande distance, appartenaient 
au diocèse d'Aix. 

Jusqu'en 1801, date de la signature du Concordat, les 
diocèses de la France conservèrent, sauf quelques excep- 
tions, leurs antiques délimitations. 

Pendant le moyen âge, le mot cité^ civitas, fit place 
peu à peu à celui de comtés comitatus. Les comtés 
avaient la môme étendue que les diocèses^ et, sur les actes 
publics, on écrivait indifféremment, dit Papon, comitatus 
ou episcopatus (l). Ces comtés étaient administrés par 
des officiers du souverain qui prenaient le titre de comtes^ 
et plus tard, en Provence, celui de vicomtes, quand celui 
de comte eut été pris par le souverain. 

Les Bourguignons franchirent le Rhin vers Tannée 408 
et s'établirent dans la vallée de la Saône. Peu à peu, ils 
étendirent leurs conquêtes vers le sud et, en Tannée 450, 
ils prirent possession des territoires situés sur la rive 
droite de la Durance, où se trouve l'arrondissement de 
Forcalquier. En 517, les cités extrêmes du royaume bour- 
guignon étaient, au midi, dit Â. Longnon : Avignon, 
Cavaillon, Apt, Sisteron et Embrun (2). 

Sigismond, roi des Bourguignons, ayant été vaincu par 
les fils de Clovis, en 523, fut dépouillé d'une partie de ses 
États. Théodoric, Tallié des rois francs, déjà maître de la 
Basse-Provence, obtint pour lui la partie de la Bourgogne 
qui s'étendait de la Durance aux montagnes situées au 
nord de Gap (3). Enfin Yitiges, roi des Ostrogoths, céda la 



(1) ffittoire ginéraU de Provence, t. H. 

(fi) A. Longnon, loe, oit.» p. 49. 

(8) A. Longnon, loc, exL Voir les certes placées à la fin de cet ouvrage. 



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- 41 — 

Provence, en 536, aux successeurs de Clovis, dont il 
sollicitait l'appui. 

Les Romains ont possédé la Haute-Provence pendant 
cinq cent soixante-treize ans, de 123 (1) avant Jésus-Christ 
à 450 après Jésus-Christ ; les Bourguignons, pendant 
soixante-treize ans, de 450 à 523, et les Ostrogoths, pendant 
treize ans, de 523 à 536. 

A Thierry, déjà roi de Metz, en Austrasie, échut la 
Provence occidentale. Son fils Théodebert et ensuite son 
petit-fils Thibaud régnèrent après lui. Ce dernier, n'ayant 
pas de postérité, laissa ses États à. Clotaire, le plus jeune 
des fils de Clovis, qui devint ainsi seul roi de France, en 555. 

Gontran, fils de Clotaire I", posséda la Provence 
occidentale de 562 à 595. Après lui, elle passa sous 
l'autorité des rois fainéants et ensuite des rois carlo- 
vingiens : Pépin le Bref (752), Charlemagne (771), Louis 
le Débonnaire (814), Lothaire (840) et Charles (855). 

La ville de Forcalquier fut, selon toute probabilité, 
fondée au Vile ou au VIII» siècle, pendant les invasions des 
Lombards et des Saxons. 

Boson, gouverneur de la Provence, profitant de la 
faiblesse des rois de France, se déclara indépendant et 
prit le titre de roi en 879, à la suite du concile de Men- 
taUie. 

Louis II, son fils, surnommé VAveugle, lui succéda en 
89D. Hugues, gouverneur de la Provence sous le règne 
précédent, se fit reconnaître roi d'Arles. C'est lui qui céda 
la Provence à Rodolphe, roi de Bourgogne (932). 

Boson fut le chef d'une nouvelle dynastie qui a régné 
sur la Provence pendant cent soixante-quatre ans, t depuis 
948, époque probable de l'avènement de Boson, jusqu'en 
1112, où le comté de Provence passa dans la maison de 
Barcelone (2) >. 



(1) C'est en Tannée 128 que fut fondée la ville d'Aix. 

(2) Emai hiêtorique §ur le Oominaîat dam In v%Re de Digne, par Firmin 
Goichard, I, 4244. 



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- 42 — 

Pendant cette longue période et môme depuis Tannée 
879, rhistoire de Provence est des plus obscures et ne 
repose que sur de rares documents qui sont presque 
toijyours laconiques, confus et contradictoires. Cest par 
le même motif que la généalogie des princes qui ont régné 
sur la Provence est si mal connue. 

Les historiens les plus autorisés de notre époque : 
A. Fabre, Laplane, Ronchon - Guigues, Méry, D.-J. 
Vaissete, etc., fixent à Tannée 1054 Torigine du comté 
de Forcalquier, d'après Bertrand II, évêque de Sisteron, 
auteur d'une chronique. 

« Tandis que Qeofflroj fondait la branche des comtes 
de la Basse-Provence, siégeant à Arles, Bertrand fondait 
celle des comtes de la Haute-Provence, appelés plus 
tard comtes de Porcalquier. D'Eudiarde Évôze, sa femme, 
Bertrand eut deux fils : Guillaume-Bertrand et Geoffro5\ 
Ce dernier s'éteignit sans lignée. . Guillaume-Bertrand 
eut d'Adélaïde une fille qui reçut le nom de sa mère. 
Adélaïde II perdit, dans les dernières années du XI« siècle, 
son mari, Ermengaud d'Urgel, et elle gouverna la Haute- 
Provence pendant la minorité de son fils, Guillaume le 
Libéral. C'est à cette époque que cette princesse reçut 
le serment de fidélité d'Ërmessinde, vicomtesse d'Avi- 
gnon. > 

A la mort de Guillaume le Libéral, en 1129, c Adélaïde 
reprit de nouveau le pouvoir, mais elle s'en dessaisit, 
dans le cours de la même année, en faveur de ses deux 
petits-fils, Bertrand et Guignes, et dans l'acte de cession 
elle se qualifia comtesse d'Avignon et de Forcalquier (1) ». 

Giiigues ne régna pas et laissa le pouvoir k son frère 
Bertrand. Gehii-ci épousa Jausserande et fut père de trois 



(1) Betme dm •oeUtê» Mirante», 4* série, t X, pp. 466 et euiTiiites, 2« semestre, 
année 1869. Mémoire signé L. Blanoard. — Antsi du même auteur : Emai «wr 
Ut MommiM de Chaitim 7*'. 



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— 43 — 

enfants : Gaillaume le Vieux, Bertrand et Guillaume le 
Jeune, qui régnèrent successivement sur le comté de 
Forcalquier. D'après H. Bouche et L. de Berluc-Perussis (1), 
Bertrand n'eut que deux enfants : Bertrand, qui fit son 
testament en 1168, et Guillaume le Jeune, qui mourut le 
7 octobre 1309 et fut le dernier souTerain du comté de 
Forcalquier, que l'on annexa, partie au Dauphiné et partie 
au comté de Provence. Ce petit État eut une durée de cent 
cinquante-cinq ans, de Tannée 1064 à l'année 1209. D'après 
Bouche, il aurait existé pendant environ deux ceats ans, 
et, d'après Gaufridi, deux cent cinquante-neuf ans. 

Lie 16 septembre 1125, Alphonse, comte de Toulouse, et 
Raymond, comte de Barcelonne et d'Arles ou de la Basse- 
Provence, signèrent un traité de partage de toutes les 
terres provençales, avec la Durance pour limites (2). Ce 
traité, si connu, si célèbre, a été considéré jusqu'à ce 
Jour comme « une pièce fondamentale et véridique >. Parmi 
les historiens, les uns, tels que H. Bouche, Papon et 
Catel, l'ont publié in extenso ; d'autres l'ont analysé et 
commenté; tous en ont fait mention dans leurs écrits. Et 
cependant on ne peut que constater qu'il est absolument 
sans valeur. Oui sans valeur, parce qu'il n'a jamais été 
exécuté et que même il a induit en erreur de nombreux 
écrivains. Tous les documents de cette époque prouvent, 
en effet, « qu'avant comme après 1125 le comté de Forcal- 



(1) Daim <fo Comté de fhretdqttier, par L. de 6erhio-P«ni8fliifl, pantissant 
dam le wnati et Mttëraire Joiwnta im IbrcirfçiiMr (18Se-lS89). 

(2) n existe aox archiTee des Bonches-du-Bhône, B. 277, trois Tidimus et 
trots copies sur p arch e min de ce traita Peux des Tîdimos, déliTrâs par des 
archoTéques d'Aix, portent, I^un la date de 1274. et l'autre celle de 1807. L'ori- 
ginal manque. Cette charte a été publiée par Catel, Siêtoirû dea Oomtm de 
Toidcme, p. 88, d*après un cartnhire de Tégliae d'Arles ; — par Bouche, U, 105, 
d'après les archires dea comtes de Provence, alors à ATiynon, Cotjm d^o- 
matique, t I, part. I, p. 68, d'après l'original ; — par Fantoni, letoria dêfla 
eâfa ^Âviffmme^ IT, 48 ; — par Papou, Bûtotrt dt Provence, II, pp. Xi-xin. 



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- 44 - 

quier a existé avec ses souverains particuliers >. En 1125, 
c'étaient Adélaîs et son ûls Guillaume qui le possédaient, 
bien que le traité signé à cette date n'en fasse pas mention. 

Le comte Guillaume II ne reçut-il pas, en 1126 (mille- 
sîmo centesimo XX F/;, le serment de fidélité de Hugues 
de la Roque et Pierre et Aicard, ses fils, avec abandon 
par ces seigneurs à leur suzerain des châteaux de la 
Brillanne, de Niozelles, de Voix, etc. ? (1). 

Dans son testament de l'année 1129, ce même comte 
Guillaume ne prend-il pas le titre de comte de Forcal- 
quier ? 

C'est donc par erreur qu'Augustin Fabre, Dom J. Vais- 
sete et vingt autres auteurs ont écrit que les comtes de 
Toulouse avaient démembré à leur profit le comté de 
Forcalquier (2), ou bien qu'ils avaient possédé celui-ci en 
totalité pendant un certain nombre d'années, après 1125. 
Les seuls faits acquis à l'histoire sont que les comtes 
de Toulouse étaient, au commencement du XIII« siècle, 
coseigneurs de Forcalquier pour la quatrième partie (3) 
et qu'ils donnèrent pour armes à cette ville la croix de 
forme particulière qui figurait sur leur blason (4). 

Ici se place une question tout aussi importante que celle 
que nous venons d'examiner. Quelles étaient les limites du 
comté de Forcalquier ? 

Une charte de l'année 1177 nous apprend que la petite 
rivière appelée Saverasco^ située au nord du Çhampsaur 
(canton de Saint-Bonnet, Hautes-Alpes), formait l'une de 
ces limites. D'après ce document, « les envoyés de la 
population du Ghampsaur apportèrent à Guillaume IV, 



(1) Arch. des Bouches-du-Rhône» B. 278. Inventaire, p. 89. 

(2) Histoire de Provence^ par A. Fabre, 1138. Hittoire du Langwidoe, III, 664. 
(8) Arch. des Bouches-du-Rhône, B. 277, sans date, 1101 à 1110. Serment 

de fidélité. 
(4) Cette croiz figure sur les plus anciens sceaux des comtes de Toulouse. 



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-45- 

comte de Forcalquier, deux cents sous viennois pour 
leur cens comtal. Les deux cents sous furent aussitôt 
comptés devant la porte de Saint-Mary de Forcalquier 
par trois marchands, qui déclarèrent qu'il manquait 
quelques sous à la somme. Le comte passa outre, mais 
il fit constater que les gens du Ghampsaur étaient sous 
sa suzeraineté, puisqu'ils lui payaient le cens (1). > 

Le Ghampsaur s'appelait anciennement Campo-Sauro 
ou Campi-Sauri^ noms que M. Ladoucette traduit par 
Champ d'or à cause de la fertilité du sol. La Saverasca 
s'appelle aujourd'hui Sevraîsse ou Sevraise. Gette petite 
rivière a sa source au milieu des monts d'Olan, coule de 
l'est à l'ouest dans le Val-Gaudemar, sur une longueur de 
30 kilomètres, et se jette dans le Drac, presque à la limite 
du département des Hautes-Âlpes (2). 

Une charte de Tannée 1195 va nous fournir des indica- 
tions plus précises sur les limites de l'ancien comté de 
Forcalquier. En voici l'analyse : 

t Traité de paix et d'alliance défensive conclu entre 
Guillaume IV, fils de Jaucerande, comte de Forcalquier, et 
Raymond, fils de la reine Constance, comte de Toulouse. 
Abandon par Guillaume IV, en faveur de Raymond, de tout 
ce que le père de celui-ci avait donné dans le marquisat 
de Provence au comté de Forcalquier. 

> Indication des limites des États de Raymond, bornés par 
le Mont Alavemicus^ la Durance, le Rhône et l'Isère, et 
celle des États de Guillaume IV, partant du Mont Alaver- 
nicits et s'ét6ndant jusqu'au Mont Genèvre, le Pont-Haut 
et le Col de la Chèvre ou de Cabre. 

» Attribution par moitié à chacun des deux princes des 



(1) Arch. dei Boucbes-du-Rhône, B. 288. InTentaire, p. 92. 

C2) Biatoire H Topographie du départemaU d*Ê Haute$-Âlpe9, par Ladoucettei 
préfet. Notes, pp. 428 et 464. — Voir aussi J. Roman, Dietionnaire topogra^ 
phijue dm HawtefJlpef^ in-4^ Préface. 



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Tilles de risle et d'Avignon et à Guillaume de ce qu'il 
possède dans la ville de Germanicics^ avec retour à Ray- 
mond après Guillaume, au cas où celui-ci mourrait sans 
enfants. 

» En présence de l'évêque de Gavaillon, écrite par Pierre 
Laverenier, notaire du comte de Forcalquier, et scellée par 
Pierre Fulcodi, juge et chancelier du comte de Tou- 
louse (1). > 

Il existe, aux archives des Bouches-du-Rhône, trois 
exemplaires sur parchemin du traité de 1195, savoir : 
deux originaux et une copie. L'un des traités originaux 
a été surchargé; il porte encore le sceau en plomb du 
comte de Toulouse. L'autre est parfaitement intact. Sur ce 
dernier, les limites du Gomté Venaissin, ou marquisat de 
Provence, sont ainsi indiquées : Clauditur a Monte Ala- 
vemîco,usque ad Rodanum^ usqv^ ad Durenciam et 
/lumen Isère. Pour le comté de Forcalquier, on lit : 
Clauditur à Monte Alavernico^ t^que ad Montent 
Oenevum^ usque ad Pontem Altum et Coîlem Cappre ^). 

Ainsi l'ancien comté de Forcalquier avait pour bornes : 
au sud, la Durance ; à l'est, la Durance^ le Mont Oenèvre 
et les Alpes ; au nord, le Pont-Haut, à l'embouchure 
de la Sevralsse, et le Col Câpre ou de la Cabre 
(1180 mètres d'altitude), sur la route de Sisteron à Die et 
Valence, entre la Baume (Hautes-Alpes) et Baurières 
(Drôme) ; enfin, à l'ouest ou au sud-ouest, le Mont Alaver- 
n^cttô, dont la position n'est pas exactement connue. 

On ne peut admettre avec certains historiens que ce 
Mont Alavernicus fût le Mont de Vergues, dans le terri- 
toire d'Avignon, où se trouvent un petit hameau et un asile 
d'aliénés (8). Le Mont Saint-Jacques ou du Caveau, qui 



(1) Aroh. des Bouches-du-Khftne, «érie B, 297. Analjaée, Arch. des Bonclies- 
dn-BhOne, Tolnme B. 750, Forcalquier. 
(e) Arch. des Bonches-da-Rhôiie, liasse B. 297. Chartes. 
(8) Ce Hont de Vergues est peu éloig&é du Rh^hie et de la Durance. 



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r 



-47- 

domine la Tille <l6 Gayailloo, ne devait pas mieux que le 
précédent former la limite du comté de Forcalquier. Lee 
écrivains qui disent que le Mont Alavernicus était situé 
à Textrémité de la chaîne du Luberon ont peut-être raison, 
mais ils se trompent quand ils invoquent la charte de 1195, 
qui est muette sur ce point. 

Trois ouvrages différents : le Cartulaire de Saint- 
Victor, le Dictionnaire géographique^ d'Achard, et la 
Statistique des Bouches-du-Rhone^ par le comte de Ville 
neuve, disent que le Mont Alavernicus est le nom latin 
donné autrefois au petit village de Vernègues, situé au 
sommet d'une colline, sur la rive gauche de la Durance 
et à 6 kilomètres environ de cette rivière. 

La charte de Tannée 1253 relative à la réunion plénière 
des seigneurs du comté de Forcalquier, appelés à indiquer 
les chemins péagers, fait mention de Jacobus de Monte 
ilZawm^co(Vernègues)et de Pennaboue deValbonnette(l). 
tandis que les seigneurs des villes et villages situés dans 
les diocèses d'Orange et de Gavaillon ne figurent pas 
sur cet important document. 

11 existe donc de sérieuses présomptions en faveur de 
l'hypothèse qui placerait au Vernègues la limite com- 
mune du comté de Forcalquier et du Comté Venaissin ; 
cependant il serait téméraire d'affirmer que tel était le 
Mont Alavemici^^ le poteau indicateur de la charte de 
1195. Il est peu probable aussi qu'il fût situé à l'extrémité 
de la chaîne du Luberon, car on aurait eu autrefois 
deux Monts Alavernicus, placés à peu de distance, l'un 



(1) Par ]m soins de M. Victor LieutaaO, \% Bewe de MarêeSU et de ta 
/VoMnef, année 1S78, a pablié cette charte, avec texte latin et provençal. 
n y a on tirage à part. — Archives de Manosqne et des Bouches-dn-RhOne, 
B. 8, ^ 161. Valbonette, arrière-fief situé à Pextrémité nord dn territoire de 
Lamhesc. 



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sur la rive droite et l'autre sur la rive gauche de la 
Durance (1). 

Il ne serait pas impossible que ce Mont Alavernicus, 
que nous cherchons, fût situé dans le voisinage de la fon- 
taine de Vaucluse et du village de Gordes. C'est entre 
ces deux points que se trouvaient les limites du comté 
de Forcalquier et du Comté Venaissin ; on y voit encore 
les ruines d'un mur construit à l'époque de la peste 
de 1720. 

Les quatre diocèses d'Apt, de Sisteron, de Gap et 
d'Embrun, ainsi que l'extrémité nord de celui d'Aix, 
appartenaient au comté de Forcalquier. Quant au diocèse 
de Cavaillon, il est absolument certain qu'il a toujours 
fait partie du Comté Venaissin. A l'appui de cette opinion, 
on peut invoquer de nombreux documents et notamment 
une charte datée du mois de mai 1171, par laquelle Ray- 
mond, duc de Narbonne, comte de Toulouse et marquis de 
Provence, autorise Benoît, évoque de Cavaillon, à établir 
le canal dit de Saint-Julien, ayant sa prise à la Roque, 
pour aboutir à Gaumont. A fine territorii castelli de 
JRoca usque ad territorium Cavimontis (2). 

Après avoir perdu les deux diocèses d'Embrun et de 
Gap par le mariage de Béatrix avec le Dauphin Guignes 
(1202), le comté de Forcalquier fut, à la mort de Guillau- 
me IV, en 1209 ®, réuni à la Provence orientale. Cette 
date indique presque la fin de son existence politique. Il 
avait alors pour limites, au nord, le pont du Buech, près de 
Sisteron. 



(1) Une charte de Saint-Victor, n<* 481, fait mention de Monté Mavcmieo 
situé dans le diocèse de CaTaillon. Plusieurs localités situées sur la rive 
droite du Rhdne dépendaient, d'après L. Blancard, du diocèse d'Avignon. 

(2) Arch. de Tévôché de Cavaillon, série G. (Aux areh. de Vaucluse, à 
Avignon.) 

(8) D'après VObituaire de Saint-Mary, publié par J. Boman, Guillaume IV, 
comte de Forcalquier, serait mort en octobre 1209 et non en 1208. 



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- 49 — 

La division de la Provence en bailliages date du règne 
de Raymond Béranger. Le bailliage de Forcalquier existait 
déjà en 1225. Un document de Tannée 1245 fait mention 
du baïle d'Aix. En 1253, c'était Fouque de Puyricard qui 
exerçait ces mêmes fonctions à Forcalquier (1). Sous 
Charles !«% entre les années 1253 et 1257, sept bailliages, 
et parmi eux celui de Forcalquier, reçurent le nom de 
vigueries, M. Léon de Berlue pense avec raison que les 
baîles étaient placés sous la dépendance des viguiers, 
tout comme les sous-préfets le sont à regard des préfets (2). 

Dans cette hypothèse, les balles d'Apt, de Sisteron et 
probablement aussi de Digne, relevaient hiérarchiquement 
du viguier de Forcalquier, qui était, en 1257, Imbert d'Au- 
rons, en 1271, Adam de Gonessa, et en 1289, Jean Cor- 
nillon. 

Le nombre de vigueries de la Provence fut porté succes- 
sivement de sept à douze (3). 

Sous le règne de la reine Jeanne, les communes de 
Redortiers et du Revest-du-Bion furent détachées de la 
viguerie de Forcalquier et réunies au Dauphiné. 

Les limites de la viguerie de Forcalquier étaient formées 
à Test et au sud par la Durance, tandis que la montagne 
de Lure la séparait au nord du bailliage de Sisteron. A 



(1) n serait intéressant d'aToir la liste complète de ces fonctionnaires. 

(2) DaUa du comU de Forcalquier, par L. de Berluc-Perussis. 

(3) On trouve au registre Pergamenorum, B. 2, aux archives des Bouches. 
du-Bhône, ou mieux dans son origrinal, B. 148, f^ 10 à 12, des listes très 
précieuses pour la géographie historique de ProTence. — Guichard (Cominalat, 
II, 21 et 29) a publié les statuts et lieux du bailliage du diocèse de 
Digne, en 1237 (Pergamenonm, f 16 et 43). — Laplane (Histoire, I, 447; a 
publié ceux du bailliage de Sisteron de la môme année (ibid., t^ 14). — Il est 
fAcheux que rantique registre en parchemin ne contienne rien de pareil pour 
le bailliage de Forcalquier et que C. Arnaud ne se soit point préoccupé de 
cette question topographique dans son Siêtoire, malheureusement inachevée' 
d9 la Viguerie de Fortalquieir (Marseille, Camoin, 1874-1875, in-S^ 2 vol.). 

4 



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-50 - 

Fonest, ces limites suivaient une ligne très irrégulière, qui 
descendait du nord au sud, en passant à l'ouest des Omer- 
gues, de la Rochegiron, de Montsalier, de Céreste, de 
Montfuron et de la Bastide-des-Jourdans. Elle aboutissait 
k la Durance, entre la Bastidone et Pertuis. 

Voici, d'après l'état d'affouagement de l'année 1400, les 
noms des communes qui composaient la viguerie de 
Forcalquier : Fmxaîquerium^ Cezaresta^ Montem- 
Justînum^ Relania, Launcellum, Sanctus-Michaèl ^ 
Manoa, Sanctus-Maximus^ Villamuris^ Bastida-Jorda- 
noru7n^ Turris-Aygucs, Bastida-Saver^ici, Mircibellum^ 
Belmont et NoMlcs, Manuasca, Volsium, Dalphinum^ 
Rocha- Volsu , Le^irinhana , Petrosium et NoMles , 
Petrarua et NoMles, Podium Ganagohie, Crossium, 
Mon$-Lau7^s, Ungula, Limansium^ Revestum- Brosse y 
VacherHœ, Albenatium, Rocagironi, Mo^is-Salicus, 
Banonum, Amenicœ (Omergues). 

Castra inhaMtata vicariœ (villages dépeuplés et 
abandonnés de la viguerie) : Larderiœ, Corberiœ, Sanctce- 
Tuliœ, Fontiayna, Sanctus-Stephanus, Alzonicœ, Car- 
nîolus, Opedœ, Sancta-Cruœ, Revestus-Infangatus , 
Arissiwn, Yl)or7iicœ,Saumana, Espitaîetwn, Niusellœ, 
Sigonsa (1). 

Les communes de la viguerie de Forcalquier étaient 
donc, en 1400, au nombre de cinquante, en y comprenant 
celle de Lurs. 

Dans ce document, ne figurent pas les Castrum de 
Consonavîs et de Segrariis, qui furent complètement 
détruits de 1368 à 1392. 

A la fin du moyen âge, c'est-à-dire en 1453, îl ne restait 
plus que quelques châteaux inhabités dans la viguerie de 
Forcalquier. 



(1) Ardt. d«8 Bonches-du-Bhôn^, série B. t99 et 200. — Boèha-Vdni, ViBe- 
neuVe^Ies-VoIr, 



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- 51 — 
TEMPS MODERNES 



Pendant toute la durée des temps modernes, la Yiguerîe 
de Forcalquier ne subit aucun changement dans ses 
limites, mais le nombre des communes de son ressort 
varia fréquemment. A la fin du XVI« siècle, celle d'Also- 
nicis fut supprimée et son territoire réuni à celui de 
Saint-Étienne, qui depuis a été appelé Saint-Étienne-les- 
Orgues. 

Aux communes que nous avons indiquées pour Taffoua- 
gement de Tannée 1400, il faut ajouter les suivantes, qui 
figurent sur Tétat d'affouagement de 1776 : Lurs, Auges, 
Montfuron^ Montaigut, Mallefougasse, Malcol^ Saint- 
Martin-de-Renacas, Valsaintes, Sigonce et le Bour- 
guet (1). 

En 1789, le nombre des communes de la viguerie était 
de cinquante-huit. 

Aux termes de la loi du 4 mars 1790, toute la France 
fut divisée en départements, arrondissements ou districts, 
cantons et communautés. Forcalquier devint le cheMieu 
d'un arrondissement comprenant les cantons de Banon, 
de Saint-Étienne-les-Orgues, de Peyruis, de Forcalquier, 
de Reillanne et de Manosque ; il fut rattaché au départe- 
ment des Basses-Alpes. 

L'arrondissement de Forcalquier est un peu moins 
étendu que l'ancienne viguerie du môme nom ; les limites, 
à l'ouest et au sud, ont subi d'importantes modifications 
que nous allons indiquer, en faisant connaître les commu- 
nes qui ont été supprimées, retranchées ou ajoutées. 

(1) Les deroiers états d^affouagement ont été imprimés et se trouvent à la 
bibliothèque de Marseille, aussi bien que dans nombre de bibliothèques privées. 
Voir aussi Achard, Géographie^ au mot viguerie, et le Grand Dictionnaire 
hûtorique de» Gavle», par Ezpilly.— Plusieurs de ces communes appartenaient à 
révoque de Slsteron et ne furent par affouagées en 1400 et en 1471 ; les 
autres n'existaient pas encore à ces mêmes dates. 



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-52- 

Ont été supprimées : 

Malcol (2), annexée à Lardiers, en 1791. 

Montaigut (3), annexée à Manosque, en 1791. 

Aris, annexée à Sigonce, en 1791. 

Limaye, annexée à la Bastide-des-Jourdans, en 1793. 
Ont été retranchées : 

La Bastide-des-Jourdans, la Bastidone-de-Saveric, Beau- 
mont et les Nobles, Mirabeau et la Tour-d*Aigues, qui 
appartiennent actuellement à l'arrondissement d'Apt, 

Les Omergues, qui appartient actuellement à l'arron- 
dissement de Sisteron. 
Ont été ajoutées : 

Pierrevert et Simiane, dépendant autrefois de la viguerie 
d'Apt. 

Le Revest-du-Bion et Redortiers, dépendant autrefois du 
Dauphiné. 

C'est ainsi que le nombre des communes de l'arrondisse- 
ment de Forcalquier fut fixé à cinquante-deux, en 1790. 
Actuellement, il n'est plus que de cinquante, par suite de la 
suppression de deux petites communes qui sont celles des 
Ybourgues, annexée à Limans, eu 1818, et du Bourguet, 
annexée à RelUanne, en 1846. 

En 1801, date de la signature du Concordat, de nombreu- 
ses et profondes modifications furent également apportées 
à la division de la France en diocèses. On donna à celui 
d'Aix la Durance pour limites du côté nord, et on supprima 
ceux d'Apt et de Sisteron, qui existaient depuis environ 
quinze siècles. 

Le territoire formant l'arrondissement de Forcalquier 
cessa dès lors d'être fractionné, de relever de trois évôchés 
différents et fut rattaché à l'évêché de Digne, dont il fait 

partie depuis cette époque. 

L. PELLOUX. 



(2) Cette ancienne commune ét&it tâtaée an nord de celle de Lardien. 
(8) Montaigut, en latin MonU-AaUtu, était situé sur la montagne qui s*élèvo 
entre Manosque et Dauphin. 



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OBISIUM ISCHNOSCELES 




1(1) 



De la famille des Ghernetides, de l'ordre des Pseudoscor - 
pionides, de la classe des Arachnides, qui appartient 
au F« embranchement du règne animal, lequel com- 
mence par les Crustacés et se termine par les 
Insectes. 



Il y a cinquante ans, une souris était une petite bête; 
aujourd'hui, un moucheron, scientifiquement parlant, est un 
animal relativement énorme. C'est que, depuis un demi- 
siècle, la série animale s'est considérablement accrue et 
s'allonge toujours vers Tinfiniment petit, tandis qu'elle 
reste stationnaire du côté opposé. Le langage s'est donc 
modifié au fur et à mesure que le microscope, devenant 
plus puissant, nous faisait pénétrer dans un monde nouveau, 
infiniment petit quant à l'être pris isolément et considéra- 
blement étendu quant au nombre d'espèces. 

Me servant de notre vieille échelle des êtres, je vous dirai 
quo VObisium est une petite bête : deux millimètres la 
mesurent en tous sens. Elle habite nos maisons sans nous 
gêner, sans que nous nous apercevions de sa présence, se 
logeant dans les vieilles armoires, les bibliothèques, les 
collections d'animaux et de plantes. C'est donc à titre 



(1) Le trait Tertical indique la grandeur vraie. 



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— 54 — 

d'amie de la maison que je vous la présente. Sa taille 
exiguë, la façon discrète dont elle arrange sa vie me 
permettent de supposer que bien peu de vous, Amis 
Lecteurs, avez eu l'occasion de rencontrer ma petite amie, 
car c'est vraiment une amie que j'aime beaucoup et je 
vous en dirai les raisons. 

Le dessin placé à la tête de cet article me dispense d'en 
faire une longue et minutieuse description ; je dirai seule- 
ment que l'original d'après lequel ce dessin a été tracé a 
été capturé chez moi, aux Fontainiers, dans un vieux 
livre de ma bibliothèque ; l'Obisie est donc une compatriote, 
et j'espère qu'à ce nouveau titre elle vous paraîtra plus 
intéressante. 

Quoique petite, notre amie est bien douée ; elle a de 
puissantes armes offensives dans ces antennes portant à 
leur extrémité de redoutables pinces. Elle possède, en outre, 
des organes de manducation nommés chélicères et terminés 
aussi en pinces, mais situés en dessous, à la bouche, et 
très réduits. Quatre yeux pour concentrer le peu de 
lumière qui pénètre dans les feuillets des vieux livres ; ces 
yeux ou plutôt ces ocelles lui font apercevoir les mites 
qu'elle poursuit et dévore. Enfin une agilité surprenante 
lui permet de marcher dans tous les sens. 

Voyez comme cette petite obisie est compliquée : elle a 
les allures du crabe, allant comme lui de droite à gauche, 
en avant, à reculons, portant ses œufs collés sous 
l'abdomen; sa larve rappelle l'état de nauplius des 
crustacés ; elle a les palpes en pince du scorpion, s'en sert 
comme lui pour se défendre et attaquer, chercher et 
capturer la proie vivante. Enfin elle est munie de filières, 
comme l'araignée. 

Etonnons-nous, après cet amalgame bizarre, que ce 
petit animal ait donné bien du travail aux naturalistes, qui 
ne savaient où le classer t On Ta promené dans plusieurs 
ordres ; il s'est faufilé dans [[nombre de classes, allant 
des araignées aux scorpions et aux mites. Après tant de 



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— 55 — 

pérégmations, on a fini par loi trouver une famille, celle 
des Chemetides^ et on Ta logé définitivement dans Tordre 
des*Pseudoscorpions, où il faut espérer qu'il restera. 

Cette dénomination de pseudoscorpion lui convient bien ; 
son aspect rappelle de très près ce peu sympathique 
animal, mais c'est une enseigne trompeuse. Gomme le 
scorpion, l'oblsie possède de vraies pinces qu'on pourrait 
croire dérivées des pattes, tandis que ces animaux ont en 
réalité changé leurs antennes en pinces ; des outils du tact 
ils ont fait des cisailles robustes, et c'est un des côtés les 
plus curieux de leur conformation. On peut, en effet, 
constater à l'aide d'une simple loupe que ces fausses pattes 
partent du dessus de la tète, à la place où seraient les 
antennes. 

Mais Tobisie a une différence capitale avec le scorpion : 
à rencontre de celui-ci, elle ne possède aucun appareil veni- 
meux et ne doit sa nourriture qu'à une chasse loyale, sans 
armes empoisonnées. 

Cependant, il ne faut pas le dissimuler, les mœurs de 
l'oblsie sont féroces; elle ne se nourrit que de proies 
vivantes, passe sa vie à dépecer les petits êtres indom- 
modes qui hantent nos demeures, où ils font parfois de 
terribles ravages. C'est donc un précieux auxiliaire du 
savant et du bibliophile. A titre de conservateur du musée 
et de collectionneur, je lui ai voué une bonne et vieille 
amitié^ à cette bête du bon Dieu, domestique, ennemie 
intraitable de ces insaisissables mites qui dévastent vos 
herbiers, détruisent vos collections, percent vos livres et 
rongent vos étoffes. 

Aussi, Chers Lecteurs, si vous rencontrez ma petite 
protégée dans un coin obscur de votre bibliothèque, entre 
les pages d*un livre ancien, dans les feuilles d'une collection 
botanique ou les cartons d'insectes, ne lui faites aucun 
mal ; elle est là pour défendre vos précieux elzévirs, vos 
brillants papillons, vos plantes rares ou vos coléoptères 
recueillis aux lointains pays. 



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-56-- 

Nous serions heureux, si les quelques lignes que nous lui 
avons consacrées pouvaient lui conquérir parmi vous de 
nouveaux protecteurs. Tant d'invisibles ennemis nous 
causent de graves dommages qu'il est toujours bon d3 
connaître et protéger ceux de leurs congénères qui sont 
nos plus utiles alliés. 

DAIME. 



SUR LA CLOCHE DE SENEZ 

qui B*e8t brisée inopinément en sonnant les offices 
le 20 mai 1888, jour d« la Pentecôte 



O fatale nouvelle, ô cruelle surprise l 
L'harmonieux airain de notre vieille église. 
De qui. nous aimions tant la murmurante voix, 
Hélas I a raisonné pour la dernière fois. 
Hier, frappant les airs de sa note sonore, 
Une robuste main la balançait encore. 
Quand ses pieux accents, tout à coup suspendus^ 
Au sommet de la tour ne retentissent plus ! 
Pourquoi ce bris subit ? Je ne saurais le dire. 
Ainsi plus d'une fois les cordes de la lyre 
Se rompirent soudain sous le plectre étonné ; 
Ainsi plus d'une fois, 6 sort infortuné, 
Sans en avoir reçu le présage alarmiste. 
On a vu se briser un cœur à l'improviste I 
Pourtant, airain sacré, déjà depuis longtemps 
Tu chantais dans les airs tes refrains éclatants ; 
Tu connus de Senez la grandeur historique ; 
Tu vis sous les arceaux de notre église antique 
Les Pontifes s'asseoir ; souvent dans le lieu saint 
Ta voix fit accourir le vertueux essaim 



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-57- 

Des chanoines tremblants qui, revêtus d'hermines, 
Au coucher du soleil venaient chanter matines. 
Mais, que dis-je ? c'est toi dont les joyeux accents 
Saluèrent jadis l'aurore de mes ans. 
Ta voix se fit entendre à cette heure suprême 
Où je fus élevé sur les fonts du baptême. 
Plus tard, humble servant dans le temple divin,' 
Pour offrir à l'autel et l'encens et le vin, 
Souvent tu m'appelas et j'accourais, docile, 
Puis un jour arriva, précieux entre mille. 
Où, fortuné convive, au céleste banquet 
Pour la première fois Jésus me convoquait. 
Ah I prenant en ce jour ta plus grande volée. 
De tes plus beaux accents tu frappas la vallées- 
Mais le Ciel te créa pour des emplois divers, 
Et tu connais aussi les funèbres concerts : 
Ainsi, du noir destin, ô fatale ironie ! 
Des auteurs de mes jours tu sonnas l'agonie, 
Et c'est toi dont la plainte et les gémissements 
Guidèrent au tombeau leurs pâles ossements. 
Ainsi, tantôt joyeuse et tantôt désolée. 
Ta complaisante voix se trouva donc mêlée 
Tantôt à ma gaîté, tantôt à ma douleur. 
Ah ! tu méritais bien d'avoir un sort meilleur. 
Et le Ciel, prolongeant tes saintes destinées, 
Devait te réserver d'éternelles années ! 
Or, voilà que, muette et close désormais. 
Le trépas sur ta bouche a passé pour jamais. 
Et quoi I demain sera de Dieu la douce fête, 
A le glorifier déjà chacun s'apprête, 
En l'honneur de Jésus tous les clochers pieux 
Exhaleront demain des chants mélodieux ; 
Mais à ce grand concert des enfants de la terre, 
Hélas ! ta pauvre voix sera seule étrangère ! 
Mon Dieu, quelle tristesse en mon cœur je ressens 
Mais que je porte envie à tes derniers accents ! 



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-58- 

Tu meurs, et pour mourir Dieu te réserve l'heure 
Où par toi conviés, vers la sainte demeure, 
Vers le temple bénit, œuvre de nos aïeux. 
Volaient de toutes parts les fidèles joyeux. 
Tu meurs à l'instant môme où ta lèvre en prière 
Louait la majesté du Seigneur, notre père. 
Oui, mon cœur qui te pleure est jaloux de ton sort ! 
Gomme toi, je voudrais que l'ange de la mort 
Vint me frapper au pied des sacrés tabernacles. 
Quand je prêche du ciel les éternels oracles. 
Ou bien lorsque mon àme à l'ombre du saint lieu 
S'exhale en murmurant les louanges de Dieu 1 

Valensole2Juin 1888. 

M. JULLIANY. 



O O T A V B I S IV A li D 

ÉfHae de «ludèf» (l$0Mm) 



Les auteurs de la Gnllia Christiana (1) et, après eux, 
la plupart de ceux qui ont publié la vie ou la chronologie 
des évéques de Glandèves (2) font commencer Tépiscopat 
d'Octave Isnard en 1615 ou en 1616. Un document authen- 
tique, récemment découvert dans les archives de la séné- 
chaussée de Gastellane, nous permet de rectifier cette 



(1) Tome m, p. 1247. 

(2) Papon, Hùtoire de Provence» II, p. 445. — Fîsquot, La ISrance pontifi- 
cale. Métropole d'Aix, 2" partie, p. 329. — Forauâ, Souvenirt religietix de la 
SauU'P^ovenoey p. 288, etc. — H. Boacbe (Hittoire de J^ovence, I, p. 280) ne 
mentionno pas Tépiscopat de Clément Isnard et place *" Octavianue „ lonard en 
1609, immédiatement après ffugoniw MarteUi, 



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-59 — 

date et d'établir d'une manière certaine qu'Octave 
Isnard était évoque de Glandèves en 1609 (X). 

Nous trouvons la preuve de cette assertion dans 
un certificat de moralité délivré à Honnorat Albanelli, 
notaire ducal du Puget-Théniers (2), le 16 octobre 1609. 
Voici la copie textuelle de cet acte (3), portant la signature 
autographe d'Octave Isnard et muni de son petit seeau : 

Octavias Isoardas, Dei et Apostolicœ Sedis gratia, Ëpiscopiis 
Glaadatensis, nnÎTersis et singulis notnm faeimos et in veritate 
attestâmes slcnti egregius Honoratus AibaDelus, qai supra scriptum 
instraquentum signavit, est notarios dacalis publicns, bone moris, 
conditionis et fomœ. Sais scriptoris in judicio et extra datar piena 
fides. Et, ut nomini contiagat dabitarl, bas nostras conoessimos 
signatas et sigillé nostro parvo mnnitas in quorum fidem. 

Datum Pugeti, die décima sexta octobris millesimo sexcentesimo 
nono, 

Octavîus, Episcopns Glandatensis. 

De mandalo 
(Placé du sceau.) Reverendissimi Domini 

iaoobus Bocconus. 

La date de cette attestation semble donner raison à 
dom Martène, qui attribue à Octave Isnard l'union, en 
1(509, à la mense capitulaire, de tous les prieurés ruraux, 
sans charge d'àmes, du diocèse de Glandèves. Sans 
vouloir reprendre et soutenir ici cette thèse, combattue 
dans la Gallia Christiana (4), où l'on fait honneur de 



(1) Archives des Basses* Alpos, B. 712. 

(2) £n 1609, le Puget-Th^niers faisait partie à la fois dn duchi$ de Savoie 
et de réTéché de Glandèves. 

(8) Ce certificat se trouve à la suite de la copie (délivrée par ledit notaire) 
d*ane quittance de 200 écus, donn^ par Jean-Baptiste et Augustin Audibert 
à la commune de Sausses, représentée par messire Antoine Peyron, vicaive, 
et par noble Jacques de Montbiauc d'Agout (texte italien). 

(4) Loe, ett.— Et par Fisquet, Ifx. cit. 



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cette mesure à Clément Isnard, oncle et prédécesseur 
d'Octave, nous ferons observer que, si le savant bénédictin 
a pu être induit en erreur par une similitude de noms, il ne 
s'est pas trompé en plaçant Octave Isnard sur le siège 
épiscopal de Glandèves en 1609. 

En tous cas, ce petit document servira à éclaircir un 
point resté obscur dans la chronologie des évêques de 
Glandèves. Il supprime, en effet, une vacance inexpliquée 
de ce siège, que tous les auteurs avaient été obligés 
de laisser subsister jusqu'à ce jour, faute de preuves, 
entre la mort de Clément Isnard, arrivée à Nice le 
11 mai 1612, et 1615, date des premiers actes connus de 
répiscopat d'Octave Isnard, son successeur. 

M. ISNARD. 



LES DOMINICAINS 



Depuis que Laplane a publié (II, 887-91, 1844) sa notice 
sur le couvent de la Baume, personne n'a rien ajouté à 
son travail, — si ce n'est des erreurs, — môme Fisquet (1), 
C. Allard (2). etc., qui Tont tous copié et recopié t 
Tenvi, sans faire une seule recherche personnelle. 

Il serait cependant fort intéressant d'avoir pour ce 
monastère, — comme pour tous les autres, — une histoire 
succincte et une liste complète des prieurs et des moines 



(1) Framoi poiUi/ioaU, -- Diocèêe cU Gap (•. d.)i lû-B^. 

(2) Noiiee nr U CmkvmA dm Domnioaim de la Baumê-Ux-SieUron. — MarieiUe, 
OliTo, 1876, iii*18, 22 pp. Tirage k part de la OoMctte du Midi, 



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- 61 — 

qui en sanctiflôrent les murs, qui y attirèrent quelques 
rayons de la gloire humaine et de la gr&ce divine. 

La chose n'est pas plus facile pour cette maison que 
pour les autres couvents de Provence, dont le temps et 
les révolutions ont détruit ou dispersé & peu près toutes 
les archives. 

Cependant, grâce & quelques recherches personnelles 
sur de poudreux parchemins ou dans des imprimés, grâce 
surtout à la généreuse communication de M. Saint-Marcel 
Eysséric, le savant patriote sisteronais, auquel le couvent 
appartient aujourd'hui, communication portant sur lès 
noms de presque tous les moines et prieurs de 1584 à 1790, 
— communication dont les amis des études historiques 
ne sauraient trop le remercier, — grâce à quelques actes 
notariés, nous avons pu former une liste d'essai, dans 
les rangs de laquelle, au fur et â mesure des découvertes 
des érudits, viendront s'intercaler les noms ravis à l'oubli 
du tombeau. 

HISTOIRE. — Fondé le 8 août 1248, par Bôatrix de 
Savoie (i), comtesse douairière de Provence, pour le repos 
de l'àme de son défunt mari, Raimond Béranger, ce couvent 
dura jusqu'au 18 février 1790, jour où une loi de l'Assemblée 
nationale supprima les congrégations religieuses. Les six 
siècles de son existence s'écoulèrent dans la prière, le 
silence, le recueillement et l'exercice des vertus chré- 
tiennes. C'est dire que ses annales sont à peu près muettes. 



(I) Charte de fondation publiée dans Bouche, II, 808, et additions, p. 18. 
Le iceaa de la charte originale, gravé par Condier et représente à cette 
dernière page Ait, quoique un peu inexact, fldàlement reproduit dans Téglise 
dn couTent, où il se Toit encore, dans une fresque peinte le 81 août 1688, par 
Oardn, avec les armes de R. de Méyonillon, Touque, évèque de Toulon, et 
Pierre de Paparin, évéque de Gap, tous trois ensevelis dans cette église 
plus les armes du P. Dambruc, ce dernier nous ne saTons à quel titre. Les 
quatre derniers écunons ont disparu. 



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comme celles des gens et des peuples heureux. Quelques 
chapitres généraux de l'ordre y furent tenus en juin 1329, 
efc ; quelques démêlés avec réyéque de Gap, terminés le 
19 mai 1344. En 1427, un incendie consuma une grande partie 
des bâtiments. Vers 1502, le couvent fut réformé, avec les 
autres maisons françaises, par le cardinal d'Âmhoise. En 
1562, le couvent fut en grande partie détruit par les pro- 
testants, avec toutes les autres maisons religieuses du 
pays. C'est tout ce qu'elles renferment de plus saillant (1). 
Mentionnons en passant le fameux diamant de la reine 
Jeanne, qui brille aujourd'hui sur le clocher de Noyers. 

PERSONNEL. — D'après Laplane, dès 1248, ce monastère 
regorgeait de religieux. L'expression est assez vague, et 
nous eussions préféré k cette fleur de rhétorique un chiffre 
précis et l'indication du document qui l'a fourni. En 1470, il 
comptait quinze religieux. Depuis 1584, la moyenne était 
de trois ou quatre, — quoique, en 1687, on en trouve neuf par 
extraordinaire. Depuis 1750, ce nombre fut réduit à 
deux ou trois et, en 1790, le jour où la loi força les 
moines â sortir de l'asile qu'ils avaient choisi pour y 
passer leur vie, il ne s'y trouvait plus qu*un père : 
Jean-Joseph Béraud, prêtre, âgé de 59 ans, et deux frères 
convers : François Gfaailan, de Saint-Pons-de-Seyne, véné- 
rable vieillard, âgé de 84 ans, et Antonin Bameaud, de 
Pignale, en Vallouise, âgé de 75 ans» qui moururent 
bientôt après de douleur d'avoir été forcés de quitter 
leur monastère bien-aimé. 

OFFICES. — Le chef du monastère portait le titre de 
Prieur. Il était ordinairement nommé par le chapitre pro- 
vincial, pour trois ans. Dans le court intérim d'un prieur à 
Tautre, soit pour cause de mort, démission, retard de 
nomination ou d'arrivée, etc., le couvent était gouverné 



(l) V. encore Laplane, I. 87, 248, n. 268, 891, 496, 509, 592, «t Inventaire 
dee Ardiive» de* BweheÊ'dwEkÔne, B. 192, 649, 2,014. 



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- 63 - 

par un supérieur tempoTalre, appelé Vicaire en chef, 
lequel se voyait quelquefois nommé prieur quelques jours 
après : par exemple le père Etienne Fornier, arrivant 
le 19 juin 1687 du couvent de Pignerol, avec le titre de 
Vicaire en chef y et recevant, le 7 juillet suivant, sa patente 
de Prieur, dont le port coûta cinq sols. 

Au-dessous du prieur» 11 y avait encore le professeur 
ou Ma^ister in sax^ra pagina^ qui donnait gratis l'instruc- 
tion publique (J.-B. d'Abon, 1735-1740) (1), le prédicateur 
général, distribuant régulièrement la parole sainte aux 
fidèles (1735-1742, H. Silvy ; 1757-1759, Cl. Durand), le syndic 
ou procureur (1788, J.-T. Brunet; 1747-1760, F. Mieulle; 
1763, C. Durand), probablement occupé du matériel de la 
maison, et enfin les frères convers, au nombre d'un, deux 
ou trois, faisant fonctions de domestiques. 

Il va sans dire qae, par suite de la diminution progressive 
du nombre des religieux, ces divers offices furent souvent 
cumulés et remplis à tour de rôle par chacun d'eux, 
jusqu'à ce qu'en 1790 le père Béraud les réunit tous en 
sa personne. 

RANG. — Vers la fin du siècle dernier, Tordre des Frères- 
Précheurs se divisait en quarante-sept provinces, dont sept 
en France. Les couvents de nos pays appartenaient à la 
province de Toulouse et à celle de Provence. C'est de cette 
dernière que faisait partie la maison de la Baume, avec 
vingt-deux autres, qui sont, disposées par date de fonda- 
tion : le Puy, 1221 ; Marseille, 1225 ; Arles et Tarascon, 1231; 
Nice, 1234 ; Sisteron, 1248 ; Orange, 1271 ; Aix, 1272 ; Die 
et Grasse, 1275 ; Marvejols, 1285 ; le Buis, 1294 ; Toulon 
1304; Draguignan, 1305; Carpentras et Cavaillon, 1812; 
Gap, IdlS; Barcelonnette et Seyne, 1316 ; Briançon, 1626; 
Pignerol, 1630, et Fréjus, 1640. 



(1) Fisquet rZoc eitO prétend qu'il y avait dans notre conTont un professeur 
de physique dàs 18S8. Où peut-il bien avoir trouré cela ?.... 



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- 64 — 

Jusqu'en 1303, d'après Laplane» le prieur de la Baume 
tenait le neuvième rang dans les chapitres provinciaux. 
Depuis, il eut le sixième. 

(A suivre,) V. LIEUTAUD. 



IVÉOROLOOIES 

M. FEUX GUEYRAUD 



Un des membres les plus distingués de la Société s'est 
éteint à Marseille, le 20 novembre dernier, à l'âge de 
67 ans. 

M. Félix Gueyraud, marseillais de naissance, était bas- 
alpin d'adoption. Sorti ingénieur agronome de l'École 
centrale, il vint, en 1840, prendre possession du domaine 
de Pontoise (commune de Gréoux). Il créa, pour l'amélio- 
ration de cette grande propriété, un canal de 14 kilomètres 
de longueur. M. Gueyraud obtint, en 1867, la prime d'hon- 
neur au concours régional de Digne. C'est lui qui le 
premier avait introduit en Provence, dès 1863, la machi- 
nerie agricole à vapeur, qu'il perfectionna par son talent 
de mécanicien. On lui doit l'invention du pal-distributeur, 
si utile pour combattre le phylloxéra. 

Après avoir vendu, en 1882, son domaine de Pontoise, 
M. Gueyraud avait occupé la chaire d'économie rurale à 
la Faculté des Sciences de l'Université catholique d'Angers. 

Plus d'une fois, sa science de chimiste, de mécanicien et 
d'agronome le fit appeler à des missions lointaines : en 
Hongrie, en Egypte, en Tunisie, en Belgique, etc. 

Depuis près de deux ans, il était fixé à Manosque, où il 
avait épousé en secondes noces M^e veuve Bourg. 

Notre regretté confrère laisse les meilleurs souvenirs 
et de nombreux amis. Il était frère de M. Gueyraud, 
consul général du Saint-Siège à Marseille. 



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.4l1NTOIIVE3 BONOIL 



Antoine Bondil naquit à Moustiers (Basses-Alpes), le 
16 mai 1792, de Jean-Antoine Bondil et de Désirée Thomas. 

La naissance et la fortune ne peuvent, à notre avis, 
augmenter la valeur personnelle d'un individu, et, si nous 
nous permettons de dire un mot de la généalogie de la 
famille Bondil, c'est seulement comme fait historique 
local. 

Le grand-père paternel d'Antoine Bondil était né à 
Roumoules, canton de Riez, pays d'origine du chanoine 
Bondil, une des illustrations du clergé des Basses-Alpes. 
Il appartenait à une famille bourgeoise, alliée aux Chais, 
de Riez, qui peuvent s'honorer, avec juste raison, de la 
mémoire d'Auguste Chais, ancien procureur général, 
représentant du peuple en 1848, ami particulier du docteur 
Bondil. 
Dans la ligne maternelle, on trouve des alliances de la 

famille Bondil-Thomas avec les Clérissy (1), célèbres 
peintres faïenciers, avec les Arlot, dont un membre, 

Gaspard Arlot (2), était médecin de la duchesse d'Orléans, 

mère du régent. 
Dès l'année 1800, Bondil fut mis en pension à Riez, chez 

M. l'abbé Veyan, qui se bornait à enseigner à ses élèves 

les premiers éléments de la langue latine. 
Après queKïues années passées au pensionnat Veyan 

Bondil vint à Digne, où il trouva, comme condisciples, au 

collège très prospère de cette ville, M. Clappier, qui devint 

plus tard juge au tribunal de Marseille, M. du Chaffaut, qui, 

après avoir exercé les fonctions de sous-préfet à Arles, 



(1) Voix : Sùtoire deê/aïenccê de Mouët{cr$. par J. DaYillier, au sujet des 
Clérissy (Castei, éditeur, passage do l'Opéra, Paris). 

(2) Gaspard Arlot, mentionné dans la £iograj)hie d€« hotuMm rtmarquaUt» 
d€$ BoMu-Aljiea (Repos, éditeur, Digne, 1850). 



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de conseiller et de secrétaire général de préfecture â 
Digne, fut nommé représentant du peuple en 1848. 

Ses études classiques terminées, Bondil se rendit à 
Montpellier, pour suivre les cours de Técole de médecine 
(5 novembre 1809). Il n'avait que dix-sept ans et demi. 
Dumas, doyen de la faculté, professait alors la physiologie 
et Tanatomie. La chaire de pathologie chirurgicale était 
occupée par le célèbre Delpech, mort assassiné en 1832, et 
celle de botanique, par le professeur, non moins éminent, 
de Gandolle. 

Malgré toute sa bonne volonté, l'aspirant au doctorat 
n'était rien moins qu'assuré de pouvoir achever ses études. 
La conscription enlevait tous les jeunes gens valides, et, si 
quelqu'un échappait à cette loi rigoureuse, il risquait 
d'être enrôlé plus tard comme garde d'honneur. Cette 
considération lui fit prendre la grave résolution de se 
marier, même avant d'avoir obtenu le titre de docteur en 
médecine. 

Le 18 novembre 1812, il épousait, à Aix, la fille cadette 
de M. Thomas, conseiller doyen de la cour impériale de 
cette ville. Cette jeune personne était remplie d'excellentes 
qualités, et elle aurait contribué pour beaucoup au bonheur 
de son mari. La providence en avait décidé autrement. 
Une maladie chronique, qui dura 18 mois, l'enleva à l'affec- 
tion des siens, le 28 septembre 1814. 

M. Thomas Joseph-Antoine, beau-frère de Bondil, tenait 
alors le premier rang parmi les avocats de Marseille, dont 
il devint préfet, en août 1830. Parmi les témoins qu'il 
avait appelés au mariage de sa sœur, se trouvait le célèbre 
Manuel, alors avocat d'un rare mérite, qui siégea comme 
député pendant les Cent Jours et fut plus tard expulsé de la 
Chambre sur la proposition de MM. Forbin des Essarts et de 
La Bourdonnais, pour avoir, disaient-ils, cherché à justifier 
le régicide. 

Le 26 novembre 1813, Bondil obtint, à l'école de Montpel- 
lier, le titre de docteur en médecine. Il n'avait que 21 ans 



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— 67 — 

et 7 mois, bien qu'il eût interrompu le cours de ses études 
vers la fin de Tannée précédente, à roccasion de son 
mariage. La thèse qu'il avait eu à soutenir était intitulée : 
Essai sur quelques-unes des facultés intellectuelles de 
Vliomme^ ou physiologie et pathologie de l'entendement 
humain. 

Le choix d'un pareil sujet était une conséquence des 
vues du candidat sur la nécessité d'allier la médecine à la 
philosophie. En le traitant à fond, il ne resta pas au-dessous 
de la réputation de profond érudit qu'il s'était déjà acquise 
auprès de ses camarades. 

Avant de se livrer k la pratique de Tart de guérir, 
Bondil sentit vivement le besoin d'aller puiser dans 
l'école de médecine de Paris un supplément indispensable 
d'instruction. 

Il arrivait dans la capitale à la fin de décembre 1814. Il y 
suivit les leçons de tous les professeurs illustres de l'épo- 
que. Il entendit discourir sur les fonctions du cerveau le 
Oélèbre docteur Gall, auquel il avait été recommandé. 

Pendant son séjour à Paris, notre Bas- Alpin fut témoin 
de Tune des scènes politiques les plus extraordinaires des 
temps modernes. Laissons-le raconter lui-môme cet épisode 
important de sa vie : 

t Dans la nuit du 19 au 20 mars 1815, Louis XVIII partit 
de son palais des Tuileries pour se rendre à Gand, et 
le 20, & 10 heures du soir, Napoléon, de retour de l'île 
d'Elbe, vint s'installer de nouveau dans cette demeure 
impériale qu'il devait quitter pour toujours à la fin du 
mois de juin suivant. 

> J'étais sur la place du Carrousel au moment de son 
arrivée, et, le lendemain, 21 mars, je ne manquai pas de 
me rendre dans le jardin des Tuileries, où je trouvai une 
foule immense qui demandait à voir TEmpereur. Sa Majesté 
parut au balcon, avec la reine Hortense, et fut accueillie 
avec des vivats extraordinaires. Je savourais le plaisir de 
regarder le grand homme, et, pendant la durée des Cent 



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— 68- 

Jours, Je ûe laissais échapper aucune occasion de le voir 
d'aussi près que possible. > 

Rentré à Moustiers en mars 1817, Bondil ne tarda pas à 
être nommé adjoint au maire par M. le marquis de Ville- 
neuve, alors préfet des Basses-Alpes, qui lui écrivit, à cette 
occasion, une lettre très flatteuse, Le 31 mars 1819, il était 
installé dans les fonctions de maire. 

Ici vient se placer le récit d'un événement terrible qui 
obligea Bondil, tant en sa qualité de maire que de médecin, 
à faire plusieurs voyages à Châteauneuf, petite commune 
du canton de Moustiers. 

Le 11 juillet 1819, pendaQt que M. le curé disait la messe, 
la foudre pénétra par le clocher dans l'église, atteignit 
légèrement le prôtre, alla tuer les huit hommes qui étaient 
assis sur le banc des marguilliers et blessa, plus ou 
moins grièvement plus de quatre-vingts personnes. 

M. Arago, le célèbre astronome, fit mention de cet 
événement dans un long article sur les effets de la 
foudre (1). Un fait semblable était arrivé, le 17 août 1720, 
à Lurs, arrondissement de Forcalquier (2). 

Le séjour de Moustiers, quoique l'uniformité en fût 
interrompue par d'assez fréquents voyages à Marseille et 
même â Paris, n'offrait pas toujours des ressources suffi- 
santes pour calmer l'imagination ardente de notre docteur. 
Aussi, vers 1826, lui prit-il fantaisie de se rendre au Pérou 
pour y chercher fortune, comme on disait alors. Nous ne 
savons s'il eût réussi de ce côté. Dans tous les cas, nul 
doute qu'il n'eût acquis une très haute situation, avec 
l'esprit actif dont il était doué, avec ses connaissances 
étendues dans les arts d'agrément, comme dans l'art 
médical, et surtout grâce aux précieuses lettres de 



(1) Annuaire du Bnrtau da Longituda, aiui<k) 1838. 

(2) Géographie historique et biographique de$ Bcutêes-Alpes, pax Tabbë Foraud 
(Vial, 1844), p. 417. 



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recommandation dont il était porteur auprès du nouveau 
président de la République, le célèbre Bolivar. 

Deux de ces lettres émanaient de Lafayette ; elles étaient 
entièrement écrites de la main du général. Pour des pro- 
cédés aussi courtois et aussi bienveillants, Bondil s'em- 
pressa de témoigner à son puissant protecteur des senti- 
ments de la gratitude la plus vive. « Je vous prie, Monsieur 
le Lieutenant Général, disait-il, en terminant sa lettre du 
2i janvier 1827, d'agréer mes vœux pour la conservation 
de vos jours. Us sont précieux à l'amitié, à la liberté, car 
vous êtes seul en possession du bonheur inestimable 
d'intéresser à la fois les deux mondes, au suprême degré. > 

En présence des résistances légitimes que ses proches 
opposaient à un voyage aussi lointain, Bondil renonça au 
projet de s'expatrier et continua à exercer ses fonctions de 
médecin dans le canton de Moustiers, jusqu'au moment où 
la révolution de 1830 éclata. Il était partisan d'une sage 
liberté; aussi crut-on devoir lui offrir une sous préfecture, 
et, peu de jours après, une ordonnance du 31 août 1830 
le nomma sous-préfet de l'arrondissement de Forcalquier. 
En juin 1885, il passait, en la môme qualité, à Saint-Claude, 
département du Jura. Le 5 octobre 1839, il était nommé 
chevalier de la Légion d'honneur. 

Quelque agréable que fût pour lui cette haute distinction, 
témoignage de son zèle et de son intelligente activité, elle 
ne put le consoler de la perte immense qu'il avait faite, 
cette année, dans la personne de M. Thomas, son beau- 
frère, conseiller d'Etat honoraire, ancien député, ancien 
préfet des Bouches-du-Rhône, décédé à Marseille, le 
l«r août 1839. 

Pendant son long séjour à Saint-Claude, qui dura encore 
près de neuf ans, Bondil avait repoussé, plusieurs fois, les 
offres d'un changement avantageux. Il se disposait à 
demander son admission à la retraite, lorsqu'il apprit la 
révolution du 24 février 1848. Ce fut pour lui un motif de 
hâter l'exécution de ses projets, car il sentait qu'à un gou- 
nement nouveau il fallait des hommes nouveaux. 



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— 70- 

C'est à Moustiers, son pays natal, que Bondil vint 
passer les dernières années d'une vie entièrement 
consacrée, désormais, à l'étude et aux travaux littéraires. 
Là plupart des productions de son esprit, à la fois patient 
et fécond, sont restées manuscrites, soit que leur auteur, 
gêné par la maladie, ou surpris par la mort, ait manqué 
de temps pour les livrer à l'impression, soit que; cédant à 
une modestie exagérée, il ait craint, en dernier lieu, une 
publicité, sinon importune, du moins contraire à ses goûts. 

Dans l'introduction de son Étude sur le Mémoire 
historique de la ville de Moustiers par Jean Salomé^ 
M. Bondil nous explique ce qu'est véritablement l'amour 
de la patrie, après s'être fait Tapplication des paroles 
suivantes de l'estimable ecclésiastique : 

€ Je ne veux pas être dans ma patrie comme un étranger 
qui ne fait qu'y passer, sans s'intéresser à ce qui la touche, 
ou comme un enfant qui ne se borne qu'à ce qu'il voit. 

» Je répéterai, avec H. Bouche (1), ajoute le docteur, que 
ramour et la connaissance de la patrie doivent prévaloir 
sur tout. Il n'est rien de si naturel que l'amour de ce qui 
nous touche de si près, comme fait la patrie, et c'est ne pas 
l'aimer que de ne pas la connaître, puisque la connaissance 
est un des principes de l'amour. » 

A propos de renseignements incertains et souvent 
contradictoires relatés dans les dictionnaires biographi- 
ques, M. Bondil émet la judicieuse réflexion suivante : 

« La biographie universelle, branche essentielle de 
l'histoire, offrirait enfin de l'exactitude, si chaque départe- 
ment, chaque commune avait sa biographie locale, rédigée 
d'après les documents déposés dans les archives départe* 
mentales et communales. > 

» Grâce à celui qui a tracé ces lignes, nous possédons ce 
genre de biographie en ce qui concerne la petite ville de 



(1) DeterîpHon d* la Provence ikix, 1664). 



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-71 — 

Moustiers. Mais ce travail est encore inédit; il attend 
l'aide d'une main patiente pour être mis à jour, dans 
l'intérêt et pour l'agrément de ceux chez lesquels le culte 
du passé demeure toujours cher et vivant. « Le passé ! 
dit M. Charles de Ribbe, dans son Livre de famille, c'est 
la généalogie, ou, si l'on veut, la souche domestique et 
son histoire. > 

Le manuscrit relatant la Vie de M. Thomas^ député^ 
ancien préfet de Marseille, ne contient pas moins de 
quatre-vingts pages d'écriture fine et serrée. On peut juger 
de l'intérêt qui se serait attaché à un pareil document, s'il 
avait été livré à la publicité en temps opportun, c'est-à-dire 
dans les premières années qui ont suivi la mort de 
celui à la mémoire duquel ce pieux et modeste monu- 
ment venait d'être élevé par l'amitié et la reconnaissance. 
Les hauts personnages politiques, tels que Thiers, 
Guizot, Odilon-Barrot , Dupin, etc., dont il y est 
question fréquemment, continuaient à préoccuper l'opinion 
publique ; quelques-uns étaient encore à la tête des 
ministères où la royauté de 1830 les avait appelés. Avec 
quelle avide curiosité, les contemporains de cette époque 
n'auraient-ils point parcouru leur correspondance avec le 
préfet des Bouches-du-Rhône, tantôt secrète ou privée, 
tantôt se rattachant aux affaires de politique Intérieure 
ou de police générale du royaume ! 

La dernière étude approfondie et savante à laquelle 
M. Bondil consacra une partie de ses nobles loisirs se 
résume dans une longue lettre du 16 mai 1864, adressée à 
M. Davillier, auteur de VHistoire des fa^iences et porce- 
laines de Morutiers, de Marseille et autres fabriques 
méridionales (1). 

Le judicieux critique relève, dans cette histoire, un 
assez grand nombre d'inexactitudes de temps, de lieux et de 



(1) DATillier, {oc. cit. 



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-72- 

personnes, erreurs peu importantes au fond, mais qu'il ne 
veut pas laisser passer sans protestation, pour le simple 
amour de la vérité et de la réalité rigoureuse des faits. 

Par son testament, en date du i5 mars 18C9, écrit de sa 
main, quelques mois avant sa mort, survenue à Moustiers, 
le 5 décembre de la même année, le docteur Bondil 
léguait, comme l'avait fait avant lui son beau-frère 
Thomas, une somme de 1,000 francs à la chapelle dite 
Notre-Dame-de-Beauvoir, ou d'Entre-Roches, à Moustiers. 
Ces sommes, réunies à d'autres legs et offrandes, ont été 
affectées par M. Tabbô Andrau, de Digne, curé de la 
paroisse de Moustiers, vers cette époque, à l'acquisition 
de superbes vitraux, avec sujets se rapportant à l'histoire 
locale du sanctuaire en question et, à ce titre, dignes de 
fixer non seulement l'attention des étrangers, mais celle 
surtout de ceux « chez lesquels la connaissance de la 
patrie doit prévaloir sur tout », pour nous servir des 
expressions de l'historien Bouche. 

Terminons ici cette notice biographique d'un Bas- 
Alpin richement doué des qualités de l'intelligence, 
rehaussées par le culte des belles-lettres, par l'amour de 
la vraie science et par l'attachement le plus fidèle au sol 
natal. 

L. ESTAYS. 



NOTE 

SUE LA 8TAT1M PEÉHISmitUE W LA CAVKER DES PEmUEETS 

COMMUNE DE VALBELLE 



Je crois devoir signaler à l'attention des archéologues 
la présence, dans la commune de Valbelle, d'une caverne 



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-73~ 

ayant serri d'habitation à Thomme des temps préhis- 
toriques. 

Elle est située au sommet de l'un des contreforts qni 
courent parallèlement à Lure, dans la vallée du Jabron, 
à une altitude d'environ 1,300 mètres. 

Son accès est des plus difficiles. Un sentier de chèvre, 
grimpant dans le bois, conduit seul à son ouverture cachée 
par un mur de rochers presque à pic, où croissent quelques 
tilleuls rabougris et quelques buis qui la cachent en 
formant une sorte de rideau. A l'entrée de la caverne, se 
trouve une petite plate-forme qui devait certainement 
servir d'observatoire, car de ce lieu la vue embrasse toute 
la montagne et les environs. 

La caverne mesure environ quatre-vingts mètres de 
longueur, sur dix mètres de largeur et vingt mètres de 
hauteur. En un certain endroit, dans l'intérieur, l'eau suinte 
en assez grande quantité pour former un tout petit bassin 
dans le creux du rocher. Le bassin n'est jamais à sec, 
même au moment des plus grandes chaleurs. L'homme 
avait donc sous la main l'eau qu'il lui aurait fallu aller 
chercher, au prix des plus grandes difficultés, à une dis- 
tance considérable. 

Au fond de la caverne, où s'ouvrent des couloirs donnant 
accès à des étages supérieurs, se trouve une pierre de 
forme presque régulièrement cubique. L'imagination s'est 
donné un libre cours sur la destination de cette pierre. 
Les uns y ont vu un autel servant aux sacrifices; d'autres, 
tout simplement une table autour de laquelle les hommes 
prenaient leurs repas. Il n'en est rien, pour la raison bien 
simple qu'elle est tombée de la voûte à une époque relati- 
vement rapprochée de nous, époque à laquelle la caverne 
n'était plus habitée. D'ailleurs, si on se rappelle que, dans 
les cavernes ayant servi de lieu d'habitation à l'homme 
préhistorique, l'entrée seule était habitée, on ne voit pas 
la destination qu'aurait pu avoir une pierre située au fond. 

Les ennemis de la science du préhistorique, qui, soit dit 



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— Ti- 
en passant, voient de la supercherie partout, ont pu con- 
tester avec raison Tauthenticité des objets découverts dans 
certaine cavernes, dont le sol a été bouleversé et la 
symétrie des couches détruite. Il importe donc, avant d'en- 
treprendre des fouilles dans une caverne, en vue de 
découvrir des objets ayant appartenu à l'homme de l'âge 
de pierre, et pour ne pas s'exposer à voir contester 
l'authenticité des découvertes, il importe, dis-je, de s'as- 
surer que le sol n'a pas été bouleversé. C'est ce que j'ai fait 
pour la caverne des Peyrjurets; je puis affirmer que le sol 
est intact, que rien n'y a été dérangé dans la superposition 
des couches. 

Voici maintenant comment j'ai été amené à étudier cette 
station préhistorique. A mon arrivée à Valbelle, en octobre 
1886, j'appris que des fouilles pratiquées dans cette caverne, 
en 1883, par M. Victrice Maurel, l'archéologue et le paléo- 
graphe bien connu, avaient amené la découverte d'un silex 
et d'un manche de poignard ou de couteau, en corne. 

Je résolus de poursuivre ces recherches. Dans deux 
excursions que je fis à la caverne, dans le courant de 1887, 
je fus assez heureux pour retirer du sol un magnifique silex 
très remarquable par sa grandeur et par le fini du travail, 
à une profondeur d'environ quatre-vingts centimètres, et un 
autre beaucoup plus petit, à environ un mètre. 

Je recueillis également quelques os portant des traces 
d'instruments tranchants, de silex probablement, l'incision 
étant assez large. Ces os ont été égarés. Je compte, 
toutefois, m'en procurer de nouveaux dans une prochaine 
excursion. 

Je constatai également que les os sont très abondants 
et môles à -des cendres de foyer. Mes connaissances en 
ostéologie ne me permettent pas d'affirmer d'une manière 
précise les noms des animaux auxquels ils ont appartenu. 
Il m'a été, d'ailleurs, impossible de recueillir un seul os 
entier, tous étant brisés comme si on avait voulu en 
extraire la moelle. 



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— 75 — 

Les objets trouvés dans la caverne appartiennent tous à 
rage de la pierre polie, c'est-à-dire à l'époque de l'homme 
actuel ou époque robenhausienne, d'après la classification 
adoptée par Mortillet (1). Ils sont en roche éruptive des 
Alpes, d'une couleur d'un vert sombre, parsemés de grains 
brillants, très durs, très sonores et très lourds. 

La roche éruptive des Alpes est absolument étrangère à 
la commune et à la vallée, dont les roches sont essentielle- 
ment calcaires. Ces pierres doivent donc venir d'assez loin. 

En somme, quatre objets seulement ont été retirés de la 
caverne. On trouvera que c'est bien peu pour oser prétendre 
que c'est là une station préhistorique. Je crois pouvoir cepen- 
dant l'affirmer. L'homme préhistorique a dû être frappé des 
avantages que cette caverne lui présentait, — sa situation 
au sommet d'une montagne, sur les bords d'un petit plateau, 
probablement très giboyeux ; son entrée cachée par un pli 
du terrain ; son accès difficile, permettant facilement de la 
défendre contre les fauves ; l'eau dans l'intérieur, — et il a 
dû y faire son séjour. 

Les objets retrouvés, les ossements d'animaux, les traces 
de foyer, les os portant des traces d'instruments tranchants 
le prouvent surabondamment. L'importance de ces décou- 
vertes, qui pourra paraître bien minime, est cependant 
considérable si l'on tient compte de rinsigniflance des 
fouilles et de l'étendue qui reste à fouiller. 

De nouvelles recherches, bien ordonnées, faites sous la 
surveillance de personnes compétentes, viendraient, j'en 
suis certain, corroborer mon opinion, en amenant de 
nouvelles et plus importantes découvertes, et c'est à la 
Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes qu'il 
appartient d'en prendre l'initiative. 

Quoi qu'il arrive, je serais heureux, si, en signalant 
la caverne des Peyrourets à l'atention des personnes qui 



(1) Le iVMMtorigtie. — Àntùiuxté de l'homme, par Gabriel de Mortillet, roi. 
in-8«. 



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— 76 — 

s'occupent d'archéologie, j'avais contribué pour ma petite 
part à faire faire quelques progrès à la science du préhis- 
torique, qui est bien loin d'avoir dit son dernier mot dans 
nos pays (1). 

F. DONNADIEU. 



LE CAS GÉNÉRAL DU CARRÉ DE L'HYPOTÉNUSE 



Charles Bossut, dans son Histoire des Mathématiques^ 
s'exprime ainsi : 

« (An 590 avant Jésus-Glirist.) Le nom de Pythagore est 
Immortel, dans les annales de la géométrie, par la décou- 
verte qu'il fit de l'égalité du carré l'hypothénuse, dans le 
triangle rectangle, avec la somme des carrés des deux 
autres côtés. Quelques auteurs racontent que, transporté 
de joie et de reconnaissance envers les dieux de l'avoir si 
bien inspiré, il leur sacrifia cent bœufs. 

» La proposition de Pythagore tient un premier rang 
parmi les vérités géométriques, tant par la singularité du 
résultat que par la multitude et l'importance de ses appli- 
cations dans toutes les parties des mathématiques. > 

Marie, dans son ouvrage plus récent, sur les sciences 
mathématiques, dit à son tour : 

• On ne sait pas d'une façon certaine si Pythagore avait 
connaissance du théorème de l'équivalence entre le carré 
de l'hypoténuse d'un triangle rectangle et la somme des 
carrés des deux côtés de l'angle droit. Le fait est probable, 
puisque toute l'antiquité l'a affirmé; mais, en le supposant 
vrai, Pythagore avait-il découvert lui-môme cet important 



(1) Son premier mot a été Texcellent mémoire de M. S. Turdiea : le Trou 
d'Àrg«u (Tours, Boosrez), in-S^. 



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— 77 — 

théorème ou le tenait-il des Égyptiens ? On ne peut se pro- 
noncer à cet égard. » 

Quoi qu'il puisse en être de la paternité de la proposition, 
les démonstrations se sont multipliées sur une large 
échelle (1). 

M'occupant, depuis quelques années, de questions de 
psychologie et de métaphysique positive, je me suis figuré 
(probablement à tort) que j'avais trouvé certains procédés 
généraux pour la découverte qui seraient plus puissants 
que ceux que l'on possède aujourd'hui, et qui pourraient 
s'appliquer à toutes les sciences. 

Quels que puissent être ces procédés, avant d'en donner 
connaissance, il est nécessaire de leur faire faire leurs 
preuves et de ne les présenter au public que lorsque les 
résultats auront affirmé leur puissance. 

J'ai attaqué successivement des questions réputées très 
difficiles dans les sciences mathématiques, et elles n'ont 
pu résister (2). 



(1) M. Lacas [Réeriationt mathhnatiquegy T. 2, p. 130) cite une démonstration 
hindoue connue sous le nom de la Chaise de la iietUe mariée que Ton rencontre 
dans rouvrago de Bhascara (Bija-Ganita, § 146). Après ayoir tracé la figure, 
l'auteur hindou se contente de dire : ** Voyez. „ 

Le président des États-Unis d'Amérique, M. Garfield, s'était amusé à en 
donner une du même genre. La Revue êcientijique, dans ses numéros du 
13 octobre 1888, p. 477, 1« décembre 1888, p. 717, et 16 février 1889, p. 208, 
donne un grand nombre de d^monatratlonê vieueUee de cette proposition. 

Legendre, dans ses Élément» de Géométrie, adopte une autre méthode d« 
démonstration, mieux d'accord avec son système général; mais elle no peut 
s'isoler comme les autres et nécessite la connaissance des autres propositions 
antérieures de son ouvrage. 

N*ayant aucune bibliothèque à ma disposition, j'ignore ce que disent les 
traités les plus récents do géométrie. Je prie donc mes lecteurs de me par- 
donner mon défaut d'érudition. 

(2) Ainsi Fermât et bien d'autres mathématiciens, après lui, ont étudié la 
question des carrés magiques, sans pouvoir la résoudre, en employant toutes 



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— 78 — 

Lisant dans la Revoie scientifique les démonstrations du 
théorème dit de Pythagore, la fantaisie m'a pris de 
démontrer de visu la proposition fondamentale de la 
trigonométrie rectiligne : 

a« = b* + c* :g= 2 bc cos. A 

dont le théorème susdit est un cas particulier le plus simple 
de tous. 

Énoncé en français, ce langage hiéroglyphique se traduit 
de la façon suivante : 

« Prenez au hasard trois points dans l'espace et joignez- 
les par des lignes droites, il en résultera un triangle. Le 
carré construit sur Fun des côtés sera, en surface, égal à 
la somme des carrés faits sur les deux autres, plus ou 
moins deux fois le parallélogramme construit au moyen de 
ces derniers, comprenant entre eux le complément de 
Fangle opposé au premier. » 

L'énoncé est incontestablement plus long que la formule 
algébrique, mais il me semble que l'idée est plus claire et 
la représentation plus facile. C'est au public à en juger. 

Au point de vue géométrique, toute démonstration qui 
donne la preuve exacte de la proposition que Ton avance 



les ressources de Panalyse, ressources d'une puissanco inouTe. Je suis prêt à 
donner un procédé pour construire des espaces hypermagiquos à un nombre 
quelconque de dimensions à la portée de» en/arUt de* éeolet primaire»^ et 
rhypermagic est à la magie ce qu'est un homme dans la force do Tâge par 
rapport à un enfant au maiUot. 

Encouragé par cette étude arithmétique, qui comprend une très belle théorie, 
car on n'obtient poê de grand» rétultat» »an» une théorie d'une force équivalente, 
j'ai port^ mo3 études sur l'algèbre, et là j'ai attaqué le problème de la réso- 
lution des équations. Je pui», par de» procédé» toujour» à la portée de» élite» de» 
écol^M primaires, résoudre approximativement les équations algébriques de 
n'importe quel degré et je suis prêt à exposer sur l'algèbre des idées qui 
simplifierai ont au plus haut point la compréhension de cette science réputée 
gi ardue et permettraient do la faire entrer dan» Vin»tructioti élémentaire. 



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Google 



-79- 

est bonne; mais, au point de vue philosophique, d'autres 
conditions doivent être remplies. 

Il faut que le même procédé puisse servir à expliquer 
tous les cas particuliers, sans exception, môme les plus 
anormaux. On pourrait, pour certain cas, obtenir une 
méthode spéciale beaucoup plus élégante; mais l'esprit 
serait bien moins satisfait et la mémoire chargée d'un 
surcroît inutile. Aussi est-ce là un principe général que j'ai 
adopté dans toutes mes études, et je ne considère une 
question comme terminée que lorsque j-ai trouvé un 
système général qui englobe tous les cas particuliers, sans 
exception. 

Les diverses positions que peuvent prendre les trois 
côtés d'un triangle sont au nombre de sept. De ces diverses 
formes, il pourrait résulter une sorte de fatigue pour 
l'esprit ; mais il est très facile d'obvier à cet inconvénient, 
en conservant, dans chaque figure, une même lettre aux 
points analogues. 

La môme démonstration sert alors, quelle que soit la 
figure que Ton prend. 

Ainsi, dans chaque cas, ABGD est toujours le carré du 
côté isolé. Le point E le troisième sommet du triangle, 
dont G et D sont les autres sommets; le point K 
et le point G, les points où les deux carrés et les deux 
parallélogrammes se rencontrent; CEFG, le deuxième 
carré, et IBGH, le troisième. 

Bien que la môme démonstration serve dans les sept 
positions, l'esprit trouve toujours moins de difficulté, quand 
il aborde un sujet entièrement nouveau, à suivre une 
explication donnée sur le cas le moins anormal. Aussi 
engagerons-nous nos lecteurs à regarder d'abord le cas 
où l'angle opposé au côté isolé est obtus (figure 2). 

Voici la construction à exécuter : 

Soit D, G, E les trois points choisis; construisons d'abord 
le triangle DGE; sur le côté DG, faisons le carré DGBA. 

Admettons maintenant que la droite DG tourne autour 



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-80- 

du point G jusqu'à ce qu'elle arrive à la position BG et qae, 
dans ce mouvement, elle entraîne le triangle DGE. 

Arrivée à sa nouvelle position, le triangle sera situé 
en BGG. 

Faisons subir une nouvelle révolution, de manière que 
BG devienne BA, et BGG, BIA; puis, enfin, transportons le 
triangle BGG en AKD. 

Sur EG et en nous tournant vers le dedans du triangle, 
construisons le carré ËGGF ; sur IB, de la même façon, 
IBGH; joignons enfin le point K aux points H, G, F. 

Les angles GBG et DAK sont identiques par transport ; 
BG étant parallèle à AD, AK est parallèle à BG; les angles 
AKL et BGT sont égaux. 

Le côté AK étant identique à BG, les deux triangles 
BGT et AKL sont superposables et, par conséquent, égaux 
en surface. 

KA est égale et parallèle à BG, qui est égale.et parallèle 
à IH ; AIHK est donc un parallélogramme, d'où KH égale 
et parallèle à AI. 

Il en est de même de HG et de IB ; les angles KHG et 
ÂIB sont égaux. Les deux triangles AIB et KHG sont 
superposables et, par conséquent, égaux en surface. 

Ge que nous venons de faire pour la partie basse, faisons- 
le pour la partie haute, en renversant la figure du baut en 
bas. Les triangles DËG et KFG sont superposables et 
égaux en surface, tout comme les triangles KDL et GGT. 

Admettons, ce qui ne fait de doute pour personne, que 
l'ordre et le quantum sont cboses indifférentes l'une à 
l'autre, ou autrement dit qu'une cbose ne cbange pas en 
quantité quand on transpose ses parties, et notre démon- 
stration devient facile. 

Substituons KHG à AIB et, au lieu de la surface 
AIBGHKA, nous avons ABGKA. 

A AKL substituons GBT, et ABGKA se transforme en 
ABTL. 

Faisons en autant de l'autre côté, et DECGFKD devient 
DGTL. 



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81 — 



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- 82 - 

Réunissons les deux surfaces ABTL et DCTL, et nous 
avons le carré ABGD. 

Mais les parallélogrammes AIHK et KDEF ont pour 
angle AIH, complément de AIB, puisque leur différence est 
un angle droit, ce qui correspond au cas d'un angle obtus. 
Notre proposition est donc démontrée pour ce cas 
(flgure 2). 

Si le complément égale zéro, la surface des parallélo- 
grammes se réduit à une ligne droite et, par suite, à zéro. 
Nous avons le fameux théorème de Pythagore, le carré de 
l'hypoténuse, le pont aux ânes des écoliers (flgure 3). 

Si l'angle opposé égale zéro ou deux angles droits, on a 
le carré de la somme ou de la différence (figures 7 et 1). 

Dans le cas où l'angle est aigu (ûg. 4), les angles AIH et 
AIE sont toujours dit complémentaires; mais ici c'est leur 
p somme qui équivaut à un angle droit, et nous tombons 

J; dans le cas où les parallélogrammes doivent être retran- 

chés, ce qui correspond au signe — de la formule trigono- 
métrique. 

Nous avons dû, pour être correct, donner de longues 
explications géométriques ; mais^ tout aussi Men que le 
géomètre hindou, noies aurions pu notes contenter de 
dire : « Voyez. » 

Nous le demandons à ceux qui ignorent la géométrie, y 
aurait-il eu le moindre doute dans leur esprit ? 

Il nous reste à expliquer la correspondance de notre 
traduction et du texte algébrique. 

On démontre, en géométrie, que, quand un parallélo- 
gramme a ses angles droits, le rapport de la surface à 
l'unité de surface est égal au produit des rapports de chaque 
côté à l'unité de longueur. 

On peut donc, si a exprime la mesure du côté DG, repré- 
senter le carré ABGD par a" ; de même, pour GE et ED, 
nous obtenons b* et c*. 

Pour le parallélogramme AIHK, nous savons qu'il est 
égal à IRPH, ce qui lui donne pour mesure IH, qui mul- 
tiplie IR. 



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— 83 — 

IH n'est autre que b. 

Quant à IR, il est le côté de l'angle droit du triangle AIR, 

Appelons cosinus le rapport du côté de l'angle droit 
(adjacent à Tangle) à rhypothônuse, ou de la projection 
orthogonale d'une droite à la droite elle-même, et IR peut 
être considérée comme égale à AI multiplié par le cosinus 
de l'angle AIR. 

Admettons maintenant qu'une addition se représente par 
le signe +» ^^e soustration par le signe — . 

Au moyen de ce dictionnaire hyéroglyphique, traduisons 
notre proposition en langue française et nous obtenons la 
formule trigonométrique : 

a» = b» + c» zç: 2 bc cos. A. 

le signe + correspondant à un angle obtus, le signe — 
â un angle aigu. 

Les trigonomètres sont dans l'habitude de donner un signe 
à la droite IR, que l'on rapporte à AI. Ils disent alors que 
le cosinus est positif quand la projection tombe à droite 
et qu'il est négatif quand elle tombe à gaucbe. 

On implicite de cette façon le signe dans le cosinus. 
Alors, pour établir la correspondance dans la formule 
actuelle, comme IR tombant à droite correspond à la diffé- 
rence, à une soustraction, ils donnent le signe unique — à 
la formule trigonométrique et ils l'écrivent 

a* = b* -h c* — 2 bc COS. A. 

Cette façon de représenter les choses facilite considéra- 
blement les spéculations trigonométriques compliquées. 

Mais, comme dans cette exposition nous avions le désir 
de nous mettre à la portée des personnes qui n'ont pas 
l'habitude des mathématiques, nous avons préféré expli^ 
citer le signe^ ce qui donne au cosinus une signification 
purement numérique et rend la chose plus saisissante 
par l'application des signes + et —, si faciles à comprendre. 



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-84- 

Pour être conforme aux habitudes des trigonomètres, 
nous écrivons donc : 

a* = b» + c' z;= COS. A. 
ou a* = b» 4- c* — (rfc COS. A). 

Gomme facilité de calcul ou de spéculation sur les lon- 
gueurs et sur les angles, les symboles trigonométriques 
ont une puissance incomparable; leur pouvoir abréviatif 
est inappréciable, dès que ce que Ton a &leur faire dire est 
un peu compliqué (1); mais il est absolument nécessaire 
d'établir d'abord d'une manière certaine la correspondance 
entre les formules et les opérations. C'est ce que fait la 
démonstration. 

Les billets de banque de cinquante, cent ou mille francs 
sont bien commodes dans les relations d'argent; mais, si 
Je ne suis pas certain du remboursement de mon billet, 
si je ne puis à chaque instant l'échanger en bonnes espèces 
sonnantes, il ne m'inspirera aucune confiance. 

Toute formule doit^ à la première réquisition^ être 
transformable en une série d'opérations donnant des 
résultats toujours conformes à la réalité. Juge suprême 
et en dernier ressort de leur valeur. 

Et on ne peut être certain qu'il en sera toujours ainsi, 
tant que la démonstration n'a pas rangé toi^ les cas 
possibles sous des catégories ou types^ pour chacun 
desquels la vérification doit être faite avec soin. C'est 
alors seulement qu'on peut parler d'un cas quelconqvs^ 
qu'on peut dire : « Dans tout triangle » 

Les mots toujours et Jamais comprennent tout le 
possible^ positif ou négatif. 
Voilà pourquoi j*ai dû faire sept figures. 



(1) C*e8t mémo Tabsonce de eetto friture (^ui a ompôchéf en grando partie, 
les Orecs, qui ont été les premion géomdtres du monde, de fkire de grands 
ptogrèflu 



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-85- 

La preuve que j'ai donnée est à la portée de tout le 
monde; elle fait naître la certitude dans n'importe quel 
esprit, mathématicien ou non. 

Qu'un arpenteur, pour mesurer mon champ, se serve de 
cette formule, et j'aurai une confiance parfaite dans les 
résultats qu'elle donnera; je- ne me préoccuperai plus que 
de la vérification des fautes de calcul qull aura pu 
commettre. 

Si la formule en général est un moyen de puissance 
dans le combat de la vie, le strugle for life des Anglais, 
ceux qui en seront armés écraseront les autres; il serait 
donc & désirer que chacun, dans sa profession, pût s'en 
servir, et, pour cela, deux conditions sont nécessaires : 
comprendre ce qu'elle dit et être assuré de son exactitude. 
Faciliter ces deux opérations, les mettre à la portée du 
plus grand nombre possible d'intelligences me semble une 
oeuvre méritoire, et Ton doit être indulgent pour la per- 
sonne qui se propose ce but. 

Quant aux propositions avancées, le plus grand honneur 
qu'on puisse leur faire, c'est de leur faire subir l'épreuve 
à outrance et de chercher à les démolir par tous les moyens 
possibles. Celles qui résisteront auront une valeur réelle; 
quant aux autres, le plus tôt on les aura jeté à la voirie, le 
mieux cela vaudra. 

Une contradiction sérieuse doit donc être considérée 
comme un honneur que l'on veut bien rendre & votre travail. 
Bien loin d'en vouloir à l'homme qui vous critique, vous 
devez l'en remercier; il vous aide & faire une œuvre 
inattaquable. Que peut on désirer de plus ? 

Gabriel ARNOUX, 
ancien officier de marine. 



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-86 — 

LES DOMINICAINS 

I>B LA BAUM:E3-LiE225-SISTER01V 

(Suite) 



SCEAU, ARMOIRIES ET DEVISE. — Le couvent avoit pour 
sceau et armoiries ceux de Tordre. Sa devise était : Lucere 
et ardey^e perfectum. U Armoriai général de France de 
1697 les blasonne ainsi : no 127, le couvent des Jacobins 
de la Baume-lez-Sisteron porte : d'argent chape arrondi 
de sable, d'argent chargé d'un chien couché de gueules, 
tenant en sa gueule un flambeau de sable, allumé de 
gueules, enflammant un monde d'azur, ceintré et croisé 
d'or, et le sable chargé d'un lis au naturel et d'une palme 
d'or, passés en sautoir et surmontés d'une étoile d'or. 

LISTE DES PRIEURS. — G'ost la première fois qu'elle est 
dressée. Elle sera naturellement incomplète, mais elle 
l'eût été bien davantage sans les savantes notes que 
M. Eysséric nous a communiquées avec tant d'obli- 
geance, à partir de 1584. Qu'il soit encore une fois 
remercié. Tous les noms qui n'ont pas d'indication 
de source ont été fournis par lui. Ceux qui sont 
précédés d'un * sont tirés de Laplane (toc. cit.). Les 
autres sont le fruit de recherches personnelles. Nous indi- 
querons soigneusement les sources auxquelles nous les 
avons puisés, condition sine quà non de tout travail 
historique qui veut être pris au sérieux. 

8 août 1248 : Bertrand Attenoux^ (Bouche, II, 308) (1); 



(1) Ce prieur est tëmoîn dans une charte, en faveur de Boscodon, copiée 
dans le ms. lat. 12.663 de la Biblloth. nat. de Paris, où le document est 
daté du 5 des kalendes de janyier (28 décembre) 12J17. U doit y avoir erreur 
dans cette date, — quMl faut sans doute reporter à 1248, — puisque la 
fondation de notre couvent n'eut lieu qu'en cette année. Cette rectification 
apportée à la date d'un document étranger par la présence d'un de nos 
prieurs démontre l'utilité de la liste que nous essayons d'en dresser. 



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— »7 — 

le 27 mai 1254, il est choisi pour arbitre entre les consuls 
et l'archevêque d'Embrun avec Raimond, évoque de Senez, 
et Pierre Bonnom, de Seyne. — 1272 : Jacques Ardoyn 
rGuichard, Comînalat de Digne^ II, 60). — 1318 : Fouque 
Ghantelmi (Charte de Vélection du prieur de Chardavon^ 
non cotée, aux archives des Basses-Alpes). — 1378 : Jean 
Ebrard ; voici la courte charte encore inédite, qui nous 
fournit le nom de ce dignitaire : 

Anna i373, diebus 7 et 9 apiilis, Frater Johannes Eberardi, 
prior Fratrum Predicatorum de Balma ante Sistaricum, existens 
personaliter in presentia nligiosi Dni Ray^mudi de Monte-Orserio (i), 
prepositi ÀrelatensU^ — coram quo citatus fuerat tanquam coram 
judice commissario Dnorum prepositi et eanonicorum Sistarieensium 
Mubdelegato per R, in Chrisio patrem Dnum Johannem, olim Carpen- 
Umutêtuêm episcopum (2), nune autem arehiepiscopum Auxitanum, 
oUm consertatorem, per Urbanum(y)papam, priviîegiorum etjwHum 
eeeUtie Sistarieensis specialiter deputatum, —- interpeUationem posuit 
tum quia conservatoria expiraverat per mortem prefati Dni Urbani 
QtUnti (3), tum per translatûmêm dicti Dni Johannis ad arehiepis- 
eopatum Auxitanum (4).,», 

On pourrait peut-être trouver le nom du prieur de 1418 
dans le document cité par Laplane, I. 243. Celui de 1464 à 
1480 s'appelait Siffrein Petit-Jean (Id. II. 509). 

Lacune de 1473 à 1584. Un document aurait pu nous 
aider à la combler ; c'est le rôle des décimes du diocèse de 



(1) Sur ce personnagOi ancien chanoine sacristain de Senez, voir Bulktin de 
la SocUU êcientifique et littéraire des BoMet-Mpety II, 240. 

(2) Jean Roger de Beaufort, neveu de Clément VI, frère de Grégoire XI, 
papes d'Avignon, évêtiue de Carpentras, 1857-1871, archevêque d'Àuch, 27 juin 
1871-1375, et de Narbonne, 1875-1891. 

(8) Le 19 décembre 1870. 

(4) Protocole de L. Artaud, notaire d'Arles, dont copie ms. se trouve 
ad ecHean du précieux exemplaire de VHittoirt de VÉgliee d'Ârletj par Saxi, 
conservée à la bibliothèque de cette ville, avec une foule d'annotations 
de la main du docte chanoine Bonnemant, auquel cet exemplaire a appartenu. 



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— 88- 

Gap, publié par M. Tabbé Guillaume (1). Malheureusement, 
le prieur ne figure pas sur la cote, qui renferme seulement 
ces mots : Conventus predicatorum Balme ante Sis- 
taricum : 4 florins, payés à Filholi. 

1584-1590 : Jacques Gagnât — 1590-1573.... Cochet. — 
1593-1596: Gilles Ricard. — 1596-1602?: Antoine Vincent. 
— 1604-1605 : Gilles Ricard. — . . . .-1641 : Jean de Reynier, 
docteur en sainte théologie, vicaire en chef du 
couvent des Jacobins de la Baume (Semaine religieuse 
du Diocèse de Digne, 1884, p. 261). — . . . .-1678 : Berard, 
vicaire en chef. — 1678-1682 : François Abrigeon. — 
1682-1687? : François Parraud. — 1687: Sollié, vicaire en 
chef. — 4687 : Bégon. — 1687, 19 juin-7 juillet : Etienne 
Fornier, du couvent de Pignerol, vicaire en chef. — 
1687, 7 juillet-1684? : Etienne Fornier. — 1694, mars : Joseph 

Bollegon. — — 1735-1736 : Jean-Thomas Brunef. — 1737 : 

Jean-Baptiste d'Abon, vicaire en chef. — 1738-1740 : Ho- 
noré Silvy. — 1741-1742 : Jean-Baptiste d'Abon. — 1742, 
7 juillet : Pierre-Dominique Manuel ; il démissionna le 
22 septembre 1743. — 1743, 9 novembre-1744 : J.-T. Brunet. — 
1744, 7 novembre : H. Silvy, vicaire en chef — 1745 : Jean- 
Baptiste Saboul. — 1746, 3 janvier : J.-T. Brunet, vicaire 
en chef. — 1746, mai-1748 : Joseph Cottolenc, du couvent 
de Barcelonnette. — 1749, 24 janvier-i750 : Claude Durand. 

— 1750, 19 décembre-1752 : Charles Martelly ; il donne sa 
démission le 20 mai. — 1752, 20 mai-1753, 3 juin : François 
Mieulle, vicaire en chef, — 1753, 3 juin-1754 : Mathieu 
Penna. — 1754, 16 novembre-1757 : C. Durand. — n^7, 
5 novembre-1759 : Jean Perrinet. — 1760-1762 : G. Durand. 

- 1762, 25 décembre-1765 : F. Mieulle. — 1766-1775 : C Du- 
rand. — 1775, 1er juin-1776 ; Auguste Bermès. — 1776, 5 fé- 
vrier-1790, 13 février : Jean-Joseph Béraud. 



(1) BuUttin de ta Speiàé d'Études du HcwUt'AJpm, 1888, p. 88, et tmiye à 
part, p. 25, n^ 825. Ce docament est de Pan 1516. 



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— 89 — 
LISTE ALPHABÉTIQUE DES REUOIEUX (f. C =:: frère 

convers ; m. = maître ; p. = prédicateur ; P. = 
prieur; v. = vicaire en chef). — Abon (d*) Jean-Baptiste 
appartenait t une famille illustre de nos Alpes, 1735- 
1742 ; m. 1785-1787 ; v. 1737 ; P. 1741-1742. - Abon (d*) 
N., 1687. — Abrigeon François, P. 1678-1682. — * Arnaud 
Jean, procureur, 1563. (Laplane, II, 87.) — Augier Cyprien, 
15 mai 1283. (Gartul. de Bertaud, n© 116.) — Autric 
Pierre, 1318. (Charte de Télection de Cbardavon.) — 
• Avogrado Pierre, depuis évèque de Sisteron, — Barneaud 
Antoine, f. c. 1700. — Baume V. Raimbaud. — Begon, 
P. 1687. — Berard, v. 1678. — Beraud Jean-Joseph, né en 1731, 
P. 1776-1790. — Bermès Auguste, P. 1775. — Le bienheureux 
Biaise d'Auvergne, compagnon de saint Vincent Ferrier^ 
mort au couvent de la Baume, le 5 avril 1400, d'après les 
petits BoUandistes. Sur les prédications de l'illustre 
dominicain catalan à Sisteron, fin mai 1400 et 7 décembre 
1401, ef. Laplane, I, 227 et 325. — Bermond Claude^ 
1584-1605. — BoUegon Joseph, 1604. —Brunet Jean-Thomas, 
1735, t janvier 1752; P. 17351736 ; 1743-1744; v. 1746. — 
Caiailan François, f. c. 1730. — Qôment W., 1248. (Bouche, 
II, 308.) — Cochet, P. 1590. — Cottolenc Joseph, P. 1746- 
1748. — CucuUe Jean, 1684. — Dabon, v. Abon. — Dambruc, 
1688. — Demaris Honoré, 1590-1605. (Minutes de J. Peili- 
cier, notaire à Salignac, 1597, étude Toppin, à Volone.) — 
Durand Claude, P. 1749-1750; 1754-1757; 1760-1762; 1766- 
1775; p. 1757. — * Elzéar Boys, 1464. (Laplane, II, 508). — 
Font (de la) François, 1318. (Charte de Chardavon.) — 
Fornier Etienne, v. et P. 1687. — Gagnât Jacques, P. 1584. 
— Garnier, 1687. — Grange, 1678. — Guidy, 1687. — Imbert 
François, f. c. 1678. — Isoard, 1686. — * Jean Gobi 
junior, "1350. (Laplane, II, 525.)— * Jean de l'Hôpital, 
1448. (Laplane II, 470.) — Jossaud (de) Louis, ie»4. — 
Labaume, v. Raimbaud. — * Lamanon (de) Pierre, 1292, 
évèque de Sisteron ; f 1«' avril 1303 ou 1304. — Lascours 
(de), 1687. — Leclerc Dominique, 1687. — Louys,, 1678. — 



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-90 — 

Manon François, 1602-1605. — Manuel Pierre-Dominique, 
P. 1742-1743. — Marmon François, 1641 (Semaine reli- 
gieuse^ loc. cit)^ peut être le môme que François Manon. 

— Marques André, 8 février 1324 n. s. (Gartul de Bertaud, 
no 186.) — Martelly, 1687. - Martelly Charles, P. 1750-1752. 

— Martin Joseph, 1743-1744. — * Mévouillon (de) Raimond 
père, étant devenu veuf, prend l'habit au couvent de 
Sisteron, vers 1260. — * Mévouillon (de) Raimond fils 
prend Thabit audit couvent, en 1256, y professe la philoso- 
phie, professe à Paris, 1279, en Angleterre, 1280 (?), évoque de 
Gap, 1281-1289, archevêque d'Embrun, 1289, meurt au Buis, 
en revenant du chapitre de Montpellier, 28 juin 1294; est 
inhumé à son couvent de la Baume; auteur de divers 
ouvrages en grec. Tune des gloires de l'ordre de Saint- 
Dominique et des Basses-Alpes. — MieuUe François, 1747- 
1765 : s. 1747-1748; 1753-1762; v. 1752; P. 1762-1765. - 
Montalet (de), 1687. — Moustiers (de) Jacques, 8 février 
1324 n. s. (Gartul. de Bertaud, no 186), membre de l'une des 
plus nobles et des plus anciennes familles des Alpes, sur 
laquelle le cartulaire cité fournit de précieux et nombreux 
renseignements. — Nicolet, 1684. — Olone, 1678. — Oze 
Gyprien et Audifac (d'), mentionnés tous deux comme 
témoins, en 1318. (Gharte de l'élection de ChardavonO — 
Paret Antoine, 1590. — Parraud François, P. 1682. •— 
Penna Mathieu, P. 1753-1754. — Perrin Hyacinthe, 1694. — 
Perrinet Jean, P. 1757-1759. — Raimbaud de la Baume, 
1272. (Guichard, Cominalat, II, 60.) — Reynier (de) Jean, 
V, 1641. (Semaine religieuse, loc, cit,) — Ricard Gilles, 
P. 1593-1596 et 1604-1605. - Riqueti (de), 1687. - * Robert, 
ancien évoque de Gap. Il était dominicain. Il fut évoque de 
Gap, de 1236 à 1252. Ge fut probablement à ses instances 
qu'eut lieu la fondation du couvent de la Baume. On 
prétend qu'il en posa la première pierre le 1er décembre 
1248. Relevons ici une erreur de l'abbé Aucel, Th. Gauthier, 
Laplane, Fisquet, etc., affirmant qu'il fut enseveli dans ce 
monastère. Son épitaphe, en dix vers léonins, retrouvée 



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— 91 — 

naguère, prouve qu'il fut fut inhumé dans son église 
cathédrale. V. Congrès archéologique de France^ 
3l« session, p. 284, et Notice sur une pierre tumulaire 
trouvée dans les démolitions de la cathédrale de Gap 
en i866^ par MM. P. Mougins de Roquefort et A. Gazan. 
(Antibes, J. Marchand, 1870, in-8o, 16 pp., avec photographie.) 
— Roger, 1687. — Roubaud Pierre, 1760-1762. — Saboul, 
1744 ; P. 1745-1746. — Savournin, 1687. — Silvy Honoré, 
1735-1745: p. 1735-1737 ; 174M744 ; 1745; S. 1745; v. 1746 ; 
P. 1788-1740. Il mourut en janvier 1752. — Sollié, 1684; 
V. 1687. — * Umhert, évoque de Sisteron, 1251. — Vincent 
Antoine, P. 1596-1602. — Vincent François, 1584. — 
Voirier (?), 1682. 

De plus habiles doubleront certainement cet essai de 
nomenclature. Il y a peut-être quelque mérite à avoir 
ouvert la voie par ces soixante-dix noms, sur lesquels 
plus de cinquante sont dus à M. Eysséric. 

Gr&ces lui en soient rendues, ainsi qu'à M. Joseph 
Roman, qui veut bien nous signaler encore ces deux 
chartes intéressant notre sujet : 

16 juillet 1348, testament d'Osasica, l'un des plus grands 
seigneurs du pays à cette époque, ordonnant qu'on l'ense- 
velisse au couvent de la Baume et lui faisant un legs de 
dix florins. 

30 novembre 1361, Geofifroi Osasica, son fils, seigneur de 
Jarjaye (Hautes- Alpes), choisit aussi sa sépulture dans le 
môme monastère. (Archives de risère B. 3007.) 

Finissons cette étude par l'indication des documents 
suivants, conservés aux archives municipales de la ville de 
Sisteron, série GG, où ils forment le fonds des Dominicains : 

77, 1530-1539 : état des arrérages de tailles dues à la 
ville par les Frères Prêcheurs de la Baume et saisie de 
mulets faite dans leur couvent, par suite de leur refus de 
payer; 3 pièces. — 78, 1581-1604 : registre cartulaire 
des recettes et des dépenses, 375 fo«. — 79, 1679-1696 : idem, 
350 foi. — 80, 30 janvier 1703 : exploit fait à la ville pour le 
payement du 6» denier des biens ecclésiastiques, & raison 



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-92- 

des censés annuelles qu'elle avait acquises des Jacobins de 
la Baume. — 81, 1707-1725 : registre des messes célébrées 
jour par jour, 150 f««. — 82, 1734-1780: livre de raison ou 
registre des recettes et des dépenses, avec des détails 
très minutieux, 224 fo«. — 83, 1790, 25-30 avril, 1« mai : 
rapport dressé par les officiers municipaux de Sisteron sur 
rétat de situation des couvents des Gordeliers et Capucins de 
Sisteron et des Dominicains de la Baume. — 109, 1602-1683 : 
délibérations de la confrérie de Notre-Dame du Rosaire, 
qui se met, en 1616, sous le patronage des Frères Prêcheurs 
de la Baume et dont les assemblées se tiennent dès lors à 
leur couvent ; registre de 164 fo», couvert en parchemin, 
contenant le livre de sacristie ou des messes des Frères 
Prêcheurs. 

Ajoutons que la bulle du 27 septembre 1364, citée par 
Laplane (Essaie page 126, note) comme adressée au prieur 
du couvent de la Baume, ne donne pas le nom de ce 
dignitaire. Elle est conservée aux mêmes archives, Ee 
33, et offre encore un fragment du sceau armoriai du 
cavaillonais Philippe de Cabassole, patriarche de Jéru- 
salem, qui la donna à Garpentras, en présence de Bertrand 
d'Auriol, prieur du Revest, et de Bertrand Piccamole, 
chanoine et sacristain de Saint-Sirice, du diocèse de Gap. 
Sur ce fragment, on distingue fort nettement Técu de 
Philippe, qui porte une bande chargée de quatre losanges. 

Le couvent des Dominicains de Sisteron ne figure pas, 
nous ne savons pourquoi, dans le relevé, publié par 
M. Peigné-Delacourt (1), de tous les monastères de France, 



(1) TaU^au des ahbayea et dêê mowuùrtê d*\omme» en France h Vépoqtte de 
l'idit de 1798^ rdaix/ h VammJtJUe ffhUràfe du dergi de France. — LieU de» 
ahbayee rojfolet defiUm, -^ Diatrihfdion enivaia l'ordre alphcibêtique det diociee» 
(Ârras, A. Planque, 1876), în-4*>. Ce volame est complété par une autre publi- 
cation du môme auteur: le Mbwutieo» Gcdiioamm, coUeàtion de 168 fianeheê 
de vun iopoffrapkiqim de$ monatùru hénédiotin» de la Congrégation de Saint- 
Mamr^ wm dewc earteê dee êablieeemeiUe de Vordre de Saint'Ben<At, reproduites 
d'Apiî« Pon M)c))6l fiomain (1645-1694), îb4^ 



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d'après les manuscrits de la bibliothèque nationale, 
noi 13,846,— 13,858, dans lesquels chaque ordre religieux a un 
volume, avec le nombre des religieux existant dans chaque 
maison en 1768, relevé fait par ordre du clergé de France. 
Il figure, au contraire, sur la carte publiée à la fin du même 
volume, sous le titre de : Oallia Dominicana de 1700 à 
1720, d'après Echard : Scriptores ordinis predicatorum, 
t. IL — L. Charpentier fecit, 1765, dans la province de 
Provence et parmi ses vingt-un couvents. 

V. LIEUTAUD. 



NOTICE 

SUR LES F»JBNTAORINE3SI I>tJ LiIAS 

R SUft BBS I0BULK8 BU COL DE MUEZ 



ESSAI StTK LA SÉPARATION BIES EKGHINITES 

FOSSILISÉES ENSEMBLE SOUS FORME DE BILLES 

EN ARTICLES SIMPLES. 

Je m'étais souvent demandé s'il ne serait pas possible de 
séparer les tiges d'encrinites qu'on trouve sous forme de 
prismes en articles simples, comme ceux qui servent aux 
bijoutiers sous le nom de pierres de Saint- Vincent. A ce 
point de vue, la question ne manquerait pas d'un certain 
intérêt pratique. 

Si Ton essaie de briser ces prismes par le choc, la 
cassure se produit toujours suivant les plans de clivage 
du spath calcaire qui remplit le fossile ; j'ai môme pu 
obtenir, avec quelques précautions, des cassures suivant 
les trois plans de clivage correspondant à un angle 
trièdre du rhomboèdre calcaire ; mais jamais, sauf dans 
un seul cas, la cassure ne s'est produite perpendlculai- 



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--94- 

rement à Taxe du prisme, suiTant le plan de séparation 
de deux articles consécutifs, et encore était-elle irrégulière 
et Incomplète. J'ai remarqué que la cloison était alors de 
nature ferrugineuse. Il faut donc renoncer aux moyens 
mécaniques brutaux pour produire artificiellement cette 
séparation. 

C'est alors que j'ai cherché à imiter la nature dans le 
procédé à employer pour atteindre ce but: il est bien 
évident que, si les articles se détachent les uns des autres, 
c'est que l'eau doit s'infiltrer entre eux pendant les pluies 
ou les dégels et se solidifier ensuite pendant les gelées 
suivantes, en faisant éclater le prisme, qui se délitera ainsi 
en autant d'étoiles qu'il contient d'articles empilés. Mais, 
comme l'on trouve beaucoup de prismes encore entiers à 
côté d'étoiles détachées, il faut croire, que puisqu'ils ont 
résisté aux agents qui ont délité leurs voisins, c'est qu'ils 
n'étaient pas aptes, dans les conditions actuelles, à subir 
leur influence, c'est-à-dire à se laisser pénétrer par l'eau. 
Mon premier soin a donc été de chercher à rendre ces 
prismes capables de se laisser infiltrer ; or, si la nature 
atteint ce but, c'est à la longue, par l'action dissolvante 
combinée de l'eau et de l'acide carbonique sur le calcaire. 
J'ai donc fait agir sur eux un acide étendu, qui doit pro- 
duire en quelques instants le môme effet que les agents 
atmosphériques en plusieurs années ; j'ai laissé agir 
l'acide assez longtemps pour enlever une grande partie de 
la couche extérieure du fossile, formée par le têt des 
encrinites ; si donc le fossile peut être rendu infiltrable, 
ce but devait être atteint. 

J'ai fait ensuite bouillir les échantillons ainsi préparés 
(au nombre d'une vingtaine environ) dans une solution 
sursaturée de sulfate de soude ; une ébuUition prolongée 
avait pour but de faire se dégager les bulles gazeuses 
qui pouvaient s'opposer à l'infiltration de la dissolution, en 
obstruant les conduits capillaires du fossile, toujours de 
manière à remplacer l'action lente et continue de la 



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- 95 — 

nature par une action semblable, mais compensant la 
durée par l'énergie. Après ce double traitement, les échan- 
tillons ont été abandonnés à Tair sur une fenêtre. Or, si 
le sulfate de soude a pu pénétrer entre les articles, il 
doit les faire éclater en cristallisant par le refroidissement; 
je n'ai rien constaté de semblable, sur les vingt échan- 
tillons traités aucun ne s'est divisé. Pourtant le procédé 
que j'ai suivi est celui qui a été recommandé par M. Brard 
et qui réussit très bien pour reconnaître les pierres 
gélives. 

J'ai donc tout lieu de croire qu'il est impossible de 
déliter artificiellement les tiges d'encrinites. Gomme, d'un 
autre côté, j'ai usé des mêmes moyens que ceux que la nature 
peut mettre en jeu, qu'il n'y a entre eux qu'une seule 
différence, celle du temps, que je crois bien compensée 
par l'énergie des agents articiels employés, je suis porté 
à conclure que les articles séparés, sous forme d'étoiles, 
que Ton rencontre dans la nature, n'ont pas été séparés les 
uns des autres après la fossilisation, mais qu'ils ont 
fossilisé séparément. 

D'ailleurs, si l'on examine attentivement les cassures 
faites dans un prisme, on voit bien les plans de clivage 
changer de direction en passant d*un article à l'autre ; 
mais, entre deux articles consécutifs, il n'y a qu'une ligne 
de séparation à peine indiquée et aucun vide, ni aucune 
cloison. Si maintenant on trouve, chaque année, de nou- 
velles étoiles détachées, ce n'est pas une raison pour 
qu'elles se soient produites récemment par la séparation 
des prismes, car elles peuvent exister enfouies dans des 
marnes ou des rochers calcaires, d'où l'action érosive des 
eaux les extrait successivement. 

Peut-être quelques échantillons privilégiés pourront-ils 
se déliter. Si j'en rencontre ultérieurement, je m'empres- 
serai de le signaler, mais ce ne sera jamais, je crois, qu'une 
rare exception. 



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— 96- 

ANALTSE DE NODULES TROUVÉS DANS L^APTIEN 
AU COL DE HORIEZ. 

Au mois d'octobre dernier, je rapportai du col de 
Moriez des nodules mamelonnés trouvés au point cul- 
minant du col, dans des marnes noires dépendant du 
terrain aptien. En les cassant, on les trouve formés d'une 
couche grisâtre extérieure de deux à trois centimètres 
d'épaisseur, d'une couche intérieure de calcaire cristallisé 
en rhomboèdres d'environ un centimètre d'épaisseur et 
enfin, au centre, un vide; leur diamètre extérieur peut 
varier de huit à dix centimètres ; quand on les soulève, 
leur poids parait exagéré pour leurs dimensions. Aussi 
pouvait-on croire que l'enveloppe extérieure était formée 
de phosphate de chaux. Cette découverte n'aurait rien 
eu de surprenant, car on trouve dans cet étage des 
minerais de fer phosphaté (Ardennes) et quelques espèces 
fossiles en phosphate de chaux; au point de vue pratique, 
elle pouvait devenir importante, car souvent des nodules 
isolés de phosphate de chaux ont mis sur la voie de 
gisements étendus. Mais l'analyse de ces nodules est venue 
renverser mes espérances. 

. La couche intérieure est, avons-nous dit, du calcaire 
pur cristallisé en rhomboèdres. Voici la constitution de la 
couche grise extérieure ; elle ne contient même pas des 
traces de phosphate : 

Matières insolubles (silice) 60 

Acide carbonique 16 

Chaux 18 

Fer, alumine, manganèse, etc 6 

Total 100 

La silice examinée au microscope apparaît en petits 
grains transparents, qui ont tous le faciès des grains de 
sable quartzeux. 

Quant & l'origine de ces nodules dans les couches où 



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- 97 - 

nous les avons rencontrés, elle doit être celle de tous les 
nodules qu'on trouve dans les mêmes conditions. Leur 
formation est due au rassemblement en un point déterminé, 
des éléments quartzeux disséminés dans les couches de 
terrain, pendant qu'elles étaient encore à l'état pâteux. Le 
centre d'attraction a été généralement un corps organisé, 
un fossile en voie de formation ; ici le fossile qu'on devait 
trouver au centre a disparu. Son test, ainsi que le calcaire 
amorphe qui le remplissait à l'état de boue, ont été redissous 
par l'action de l'eau; ce calcaire a d'abord cimenté les 
grains de quartz de la couche extérieure entre eux, de 
manière à former J'enveloppe extérieure du nodule; puis 
le calcaire qui est resté à l'intérieur, en dissolution, 
s'est cristallisé, en se solidifiant. 

En somme, ces nodules sont des espèces de géodes dont 
les éléments seraient renversés : une gaîne de quartz 
amorphe à la périphérie et du calcaire cristallisé au centre, 
au lieu d'une gaîne de calcaire amorphe et d'un noyau 
de quartz cristallisé. 

A. DIOMARD. 



TYr»JES BAS-ALÏ^IIVS 



lie berger André 



Permettez-moi de vous parler un moment de mon ami 
André, ancien berger à Barrême. 

N'est pas berger de Barrême qui veut. Conduire, 
soixante ans de suite, un troupeau dans les bons pâturages 
et loin des précipices; lui dispenser le sel à propos ; 
connaître et guérir ses maladies ; trouver le bonheur et 

7 



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1 



l'aisance dans cette condition; tout cela n'est pas à la 
portée de tout le monde et les pasteurs des peuples 
pourraient prendre exemple sur André. Il est vrai que les 
pasteurs des peuples tiennent rarement la houlette 
soixante ans de suite. 

J'ai causé beaucoup avec mon ami André. Qu'un berger 
vous accorde sa confiance, vous ouvre son cœur, et il 
sortira de ses lèvres des mots profonds que la nature 
inspire aux contemplatifs. Être face à face avec Dieu et 
le ciel dans les solitudes, c'est vivre d'idéal et de sérénité. 
Gruvellier André, né à Barrôme, le 31 août 1808, d'une 
pauvre et honnête famille, n'a reçu aucune instruction. 
A sept ans, il gardait les chèvres. Entré, à l'âge de 
quinze ans, au service de la famille Abbès, il fut mis à la 
tête de cent vingt moutons, avec des gages de dix francs 
par mois. André avait à lui quelques brebis, dont le croît 
lui appartenait, et on lui fournissait la classique roupe^ 
manteau qui préserve du froid, de la pluie et du serein. 

Réformé pour défaut de taille, quoique très robuste, 
André n'a jamais été décoratif, ni ce qu'on appelle beau. Il 
n'a pas envié le sort du berger Paris et il se soucie 
comme d'une pomme, de la belle Vénus^ de la sage 
Minerve et de la flère Junon. J'en rougis pour lui, mais 
André manque absolument de mythologie. 

André a pensé une fois au mariage (il y a longtemps), 
mais, après réflexion, il revint à ses moutons et s'en est 
bien trouvé. Couchant dans la bergerie, entre deux 
planches remplies de paille, il n'aurait pu y faire place à 
personne. André, du reste, a toujours manifesté carrément 
ses opinions : « léu^ siéu ben qu'eme moun bestiari. » Je 
ne suis bien qu'avec Tnes bêtes. 

Jamais un mouton d'André n'a tondu dans le pré 
d'autrui la largeur de sa langue. En cas de peste, il 
serait injuste d'en dévouer un seul aux Dieux infernaux. 
I Aijamaifa manja de samena. > Telle a été la règle 



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de conduite d'André. Il parle avec mépris du berger 
Tistet^ qui égarait volontiers son troupeau dans le champ 
du voisin. < Anara en galero^ disait-il ; < farié manja la 
barbo de soun paire* > 

C'était chose touchante que d'entendre ce brave André 
causer amicalement, doucement avec les petits enfants : 
Se sias ben braves^ vous farai embrassa mes agnéus. 

Le dimanche, après avoir fait paître son troupeau, 
André, toujours proprement mis, assistait à la messe et, 
méprisant les ivrognes, homme d'intérieur avant tout, 
il rentrait au milieu des siens. 

Vous apprendrez avec surprise qu'André a manqué à 
toutes les traditions. Il n'a jamais eu de chien. Je lui ai 
fait remarquer toute l'incorrection de sa conduite, t Un 
chien m^nge trop pour le peu, de sei^vices qu'il rend. », 
m'a-t-il répondu. Venant d'une bouche aussi autorisée, 
cette opinion a de la gravité, et nous ne la contesterons, 
vous et moi, qu'au point de vue de l'art et du paysage. 

André a été décidément un novateur et un révolution- 
naire. Privé de chien, manquant de bergère, sa houlette 
était un gourdin noueux qui, jointe à la fronde, assommait 
loups et renards. 

André a payé cependant son tribut aux arts. Tout 
rêveur est philosophe, poète ou artiste. André chantait des 
chansons provençales oubliées depuis et sculptait des 
colliers soutenant les sonnailles^ dont le tintement 
berçait son âme. Mieux que cela et le crolriez-vous. 
Mesdames ? André tressait la laine et mariait artistement 
les nuances, sur des jarretières nulticolores qu'il offrait 
galamment aux jeunes filles. 

Dans la solitude des montagnes, André disait des 
choses tendres à ses bétes, qui lui répondaient par de 
tendres bêlements. Les béliers conducteurs recevaient 
avec fierté ses félicitations. Il recommandait à tous < de 
passa au diable », d'aller au diable, quand le boucher 
viendrait leur tàter les reins. 



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- 100 - 

Les scènes les plus comiques avaient lieu entre le 
maître et le berger qui défendait sa famille^ avec toute 
rénergie de son affection. Il fallait lui voler les moutons 
et les agneaux. André, n'admettant pas que les côtelettes 
et le gigot sont nécessaires, boudait et menaçait de rendre 
son tablier ou plutôt sa roupe. 

Estimé de tous, servant avec probité la même famille 
depuis longtemps, André a obtenu diverses médailles. 
Appelé à Digne, en 1862, au concours agricole, André 
monta sur l'estrade, avec quel battement de cœur, Dieu 
le sait ! M. le Préfet le félicita. C'était beau. André descend, 
achète du pain et retourne à pied en déjeunant, pour se 
livrer plus tôt à ses épanchements. Quelle scène de 
famille t Quelles embrassades, quels bonds d'allégresse, 
que de bô.ô.. éléments de triomphe t 

Ses gages accumulés permirent à André d'acheter une 
maison. Dans cette maison, il y aune belle chambre ; dans 
cette chambre, il y a une cheminée ; sur cette cheminée, 
il y a une belle vierge dorée. Le dimanche, André va dans 
sa maison, dins lou siéu^ et rend grâce à Dieu de son 
bonheur. Il faut être provençal pour bien comprendre 
toute l'énergie de ces mots : Dins lou miéu, dans le mien. 

André a aimé et respecté ses maîtres, qui l'ont toujours 
considéré comme un des leurs. Il portait le deuil à leur 
décès et voit prospérer, autour de lui, la quatrième 
génération de la famille Abbès. 

Une fois par an, le jeudi gras, André recevait. Les 
jeunes enfants Abbès allaient dîner chez lui. On y faisait 
la cuisine et beaucoup de tapage. Au comble de la joie, 
André présidait et, par son ascendant, maintenait ce petit 
monde dans une sagesse et une sobriété relatives. 

Depuis dix ans, André, devenu vieux, ne garde plus le 
troupeau. Il s'occupe activement du grenier et de la basse- 
cour. Plus de gages. Il n'en veut pas et n'accepte que la 
vido^ que la nourriture. 
La fortune d'André ne s'élevait pas à moins de dix mille fr. 



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— 101 — 

Ses maîtres ayant refusé de Taccepter, il s'en est débarrassé 
en faveur de neveux qui ont fort apprécié ce coup de pied 
avunculaire. 

N'est-ce pas charmant et original ? 

Un berger travaille toute sa vie à la prospérité d'une 
maison, gronde ses maîtres de leurs prodigalités envers lui 
et refuse des gages, malgré les services qu'il rend encore. 

Des maîtres qui aiment ce serviteur, qui lui fermeront 
les yeux (le plus tard possible) et qui, pour rester unis 
avec lui, môme dans la mort, lui donneront une place dans 
leur tombe. 

Voilà de consolants exemples, qu'il faut admirer et noter. 

Souhaitons à tous les serviteurs, et môme à tous les 
maîtres, d'atteindre à la hauteur morale du berger André. 

D.-G.-G. GORDE, 

Ih-énfUnt hanoraif dt la Société êcieiUtfiqne et littéraire 
deê SautÊ'AJpM, Félibre manêmèire. 



PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES 



55« SsSSIOIf. — SlfcANGB DU 12 MARS 1889 



Présidence de M. Daime 



La Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes s'est réunie le 
12 mars 1889, dans la grande salle de Thôtel de ville. 

Étaient présents : MM. Allard-Théas, Ailhaad, Amoax, Amand, 
Aabert, Bachelard, Cazalet, Diomard^ Daime Marias» Feantrier, 
Gorde César, Gorde Jules, Giraad, Mn« et M. Honnorat, Isnard, 
Janffret, Llonbes, Lieataud, Maillot, Monet, Mariaud, Pommeraye, 
Prost, de Rochas, Roux, Roche. 



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— 102 — 

Le procès-verbal de la dernière séance est In et adopté. 
Sont proposés et admis, membres titulaires : 
MM. Barrière, ingénieur en chef en Egypte. 
Diomard, professeur au lycée de Digne. 
Du Teil, avocat à Paris. 
Arnoux, ancien officier de marine aux Mées. 
Maurel, receveur des douanes à Arles. 
Bêche André, capitaine en retraite, chevalier de la Légion 
d'honneur, à Arles. 
Membres correspondants : 
MM. Perreti Charles, professeur à l'école des arts et métiers d'Aix. 
Blancard Jules, publicisteà Saint-Paul -Trois-Châteaux(Drôme). 
Jacques Henri, chef de section du chemin de fer à Norante. 
Démissionnaires : 
MM. Gouvan, à Saint-Étienne. 
Rougier, à Digne. 
Les titres de rente achetés par le trésorier avec le reliquat des 
cotisations de la Société, formant un total de 56 francs de rente, ont 
été remis au président ; ils se décomposent ainsi : 

Noi 406,648 20 francs de rente. 

93,893 3 - 

282,499 6 - 

90,520 9 - 

97,618 9 - 

97,619 9 - 

Total — 56 francs de rente. * 

Les ouvrages suivants, adressés à la Société, sont déposés sur le 
bureau : 

Historio de Sanct-Pontz, mystère en langue provençale du 
XV« siècle, publié d'après un manuscrit de cette époque, par l'abbé 
Paul Guillaume, archiviste des Hautes- Alpes. 

Annuaire géologiqtte universel de 1888^ par M. Dagincourt. 

Des remerciements sont votés aux donateurs. 

L'assemblée décide que la réunion publique annuelle aura lieu 
en mai et charge le bureau d'en fixer la date et le programme. 



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— 108 — 

La lecture des diverses lettres de M. le ministre de l*insfractioii 
publique suit. 

La Société académique indo-chinoise de France communique divers 
vœux. Il est décidé que» Tobjet de ces vœux ne faisant pas partie 
des études ordinaires de la Société, il n'y a pas liou de s*y associer. 

M. le président annonce en ces termes la mort d*un des membres 
honoraires de la Société : 

t Un de nos membres honoraires, Mgr Mortier, évoque de Digne, 
est mort; nous avons eu à peine le temps de goûter, comme nous 
l'aurions voulu, ses éminentes qualités, car, arrivé ici malade, 
Monseigneur n'a fait qu'y languir, pour nous quitter après un trop 
court séjour. Mais nous pouvons dire que les malheureux, les indi- 
gents, tous ceux qui souffrent ont pu apprécier sa bonté, son 
inépuisable charité; il laisse dans le pays le souvenir d'un homme 
de bien. Nous tenions à le constater, en exprimant tout le regret que 
cette mort inattendue a causé dans la ville de Digne et plus particu- 
lièrement dans notre Société. » 

La parole est ensuite donnée à M. Amoux, pour une conférence 
sur Yalgèbre graphique. 

M. Daime lit une étude sur Vobisium ischnosceles, insecte de la 
, classe des arachnides. 

M. Gorde : une étude dignoise, NineUe, et une gdejado provençale, 
intitulée Toni. 

M. Mariaud : Un Versifieateur bas-alpin. 

M. Honnorat : Études sur une nouvelle forme de Céphalopodes et 
sur une espèce de Chauve-Souris, 

M. Diomard : Analyse chimique de concrétions trouvées à Moriez ; 
essai sur le cltnage artificiel des encrines. 

M. Bachelard : Le Oigot du mercredi des cendres^ nouvelle. 

La conférence de M. Arnoux et les diverses lectures ont été très 
applaudies. 

La séance est levée à 7 heures. 



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L'EXPÉDITION DES PROVENÇAUX 

en Daupliiné, en tSII8-iSII9. 



Louis d'Anjou, écrit Ghorier, historien du Dauphiné, 
imputa à la reine Jeanne, comtesse de Provence, en 1860, 
d'être suspecte à la France. « Il assiégea la ville de 
Tarascon et lit faire de tous côtés des courses dans cette 
province. Des troupes qui avaient été assemblées en 
Dauphiné furent employées à cela, et presque tous ses 
desseins ayant réussi, le gouverneur de Provence fut 
contraint de demander la paix À celui du Dauphiné, et, 
à la fin, elle fut conclue entre les deux princes par la 
négociation d'Amelin d'Agouet, seigneur de Glaret (1). » 

Il y a dans ce peu de lignes à peu près autant d'erreurs 
que de mots, et jusqu'à ces dernières années on ne savait 
pas autre chose sur les événements militaires qui mirent 
aux prises, en 1368 et 1369, les Provençaux et les Dauphi- 
nois. 

Le premier, M. l'abbé Chevalier a publié, dans ses 
Documents inédits sur le Dauphiné (2), une enquête sur 
cette campagne. M. Lacroix, archiviste de la Drôme, Ta 
utilisée, en y ajoutant quelques documents nouveaux, 
dans un article inséré dans le Bulletin de la Société 
d'ArcJiéologie de la Drôme (3). Enfin M. le comte de 
Charpin-FeugeroUes en a fait l'objet d'une très intéressante 
publication intitulée : Docu^yient inédit relatif à la 
guerre qui eut lieu en 1368 entre les Dauphinois et les 
Provençaux (4). 

Quelques recherches heureuses dans diverses archives 



(1) ffistoire du Dauphiné, nouv. édit., t. 2, p. 363. 

(2) Lyon, Brun, 1874, p. 181. 
(8) T. 13, p. 181. 

(4) Lyon, Perrin, 1881, in-4». 



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— 105 — 

me permettent de donner sur ces événements, beaucoup 
plus graves qu'on ne pourrait le croire à la lecture du 
récit de Chorier, des détails nouveaux. 

Les hostilités, précédées par quelques circonstances qu'il 
ne rentre pas dans mon sujet de raconter, éclatèrent entre 
le duc d'Anjou et la reine Jeanne au milieu de l'année 
1368. Le prince français traversa le Rhône à Beaucaire et 
mit le siège devant Tarascon. Fouquet d'Agoult, sénéchal 
de Provence, était un véritable homme de guerre; il le 
prouva par la promptitude avec laquelle il répondit à cette 
attaque. Tarascon était bien armé et pourvu d'une bonne 
garnison; assailli vigoureusement par une armée dans 
les rangs de laquelle on remarquait du Guesclin (1) et qui 
possédait un matériel d'artillerie de siège des plus consi- 
dérables pour l'époque, il immobilisa cependant pendant 
un temps assez long la plus grande partie des troupes de 
Tagresseur. Le sénéchal ne chercha pas à en faire lever 
le siège, mais, rassemblant à la hâte les contingents pro- 
vençaux, il les jeta sur le Dauphiné, jugeant avec raison 
que le meilleur moyen de combattre l'ennemi, c'était de 
Tattaquer à son tour là ou l'attaque était la moins prévue. 
L'instant, il faut l'avouer, était merveilleusement choisi 
pour prendre l'offensive contre le Dauphiné. Depuis 
l'annexion de cette province à la France, c'est-à-dire 
depuis dix-neuf ans, elle avait joui d'une paix profonde, 
les fortifications des châteaux et les murailles des villes 
n'avaient pas été entretenues et tombaient la plupart en 
ruines. En outre, telle était la sécurité du gouverneur du 



(1) Cf. V. Lieutaud : Ncîea pour •erwr h VHUtoire de I^ovenee, n® 16 ; Priée 
de Tanu&m par Bertrand du Oueedin (8 avril 1368) (MarseillOi Boy, 1874- 
in-S"»). — Voir aussi Teissier : Hietoire de» Souveraine Ponti/ee qui ont eiéffê à 
Avignon, pp. 267-268-281, et nne lettre de du Oucsclin du 5 juillet 1368|8e rap- 
portant probablement au commencement du siège, adressée au sire de la Vonte, 
qui .défendait probablement Tarascon pour la reine Jeanne. Elle a été 
publiée dans la Bibliothlque de l'École det Chartee. 1884, pp. 302-808. 



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— 106 — 

Dauphiné que, malgré Tétat de guerre déclaré entre la 
France et la Provence, rien n'avait été préparé pour 
résister à une Invasion et aucune des précautions les plus 
indispensables n'avaient été-prises. 

Raoul de Louppy, c'était le nom de ce gouverneur, à la 
première nouvelle de l'approche des Provençaux, rassembla 
les contingents de la région menacée et les posta sur les 
passages les plus fréquentés, tels que les cols de la Croix- 
Haute et d'Aspres-lès-Corps. 

Le 14 juin, il était a Serres (1) ; il y passa plusieurs jours 
et y revint à diverses reprises pour en faire réparer les 
murailles et mettre une forte garnison dans le château. Il 
en donna le commandement à Rodolphe de Saint-Geoirs. 
De là, il inspecta rapidement les frontières, les abords du 
Ghampsaur et du Trièves, pressant la levée des recrues^ 
soldant les troupes déjà rassemblées et percevant une 
imposition de guerre qui s'éleva à 82,000 florins d'or (2). 

Cette activité épargna sans doute des malheurs au 
Dauphiné, mais ne put arrêter la marche triomphante des 
chevaliers provençaux. En vain, le gouverneur du Dau- 
phiné fit-il des avances pacifiques au sénéchal de Provence, 
en lui faisant savoir, le 25 juillet, que, malgré l'état de 
guerre déclaré entre leurs maîtres, il ne prétendait mettre 
aucune entrave au commerce entre la Provence et le Dau- 
phiné(3); tout fut inutile, et la neutralité que l'on demandait 
ainsi indirectement ne fut pas admise. 

Ce fut du côté des Baronnies, c'est-à-dire dans la partie 
limitrophe actuellement du département de la Drôme, que 



(1) La plupart des détails soiTants sont extraits des comptes de Baoal 
de Lonppy, publiés par MM. Tabbé ChoTalier et Maignien. 

(2) EoTiron 880,000 fraoct au poids de l*or. plus de 3 miUioDS à la 
puissance actuelle de Targent 

(3) Arch. des Boucbes-du-Rhôue, B. 5. 



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— 107 — 

se porta le principal effort des troupes envahissantes. Les 
châteaux de Saint-André de Rosans et du Châtelet, qui 
appartenaient au prieur de Saint-André, furent emportés 
d'assaut, malgré la garnison qui les défendait, puis pillés 
et rasés (i). De là, Tarmée provençale se porta directe- 
ment sur Gap, tournant la position de Serres, qui aurait 
exigé un siège long et difûcile. 

Tandis qu'une partie des Provençaux s'emparait en 
passant du bourg de Veynes, qu'elle mettait au pillage 
et dont elle détruisait les murailles (2), une autre poussait 
une pointe hardie sur le Trièves et parvenait à y pénétrer, 
en chassant les Dauphinois qui en défendaient les passages. 

Gap avait été mis à l'abri d'un coup de main. Aussi il ne 
semble pas que les Provençaux, dont la tactique consistait 
à ne s'attarder à aucun siège, aient tenté de s'en emparer; 
on les vit se préparer à remonter la vallée de la Duranoe, 
pour envahir TËmbrunais et le Briançonnais. 

Rien n'était prêt pour la défense de ces deux bailliages. 
Artaud d'Arces, chevalier d'une vieille et illustre famille 
du Graisivaudan, qui cumulait les fonctions de bailli du 
Gapençais, de l'Ëmbrunais, du Briançonnais et du Ghamp- 
saur, comprit qu'il n'était pas en mesure de résister, et, de 
l'aveu de Guy de Morges, lieutenant du gouverneur du 
Dauphiné, il demanda à conclure un traité particulier avec 
les Provençaux. 

Ces traités particuliers, qui nous paraîtraient aujourd'hui 
une énormité, étaient parfaitement admis par les mœurs 
du XIV« siècle. Le sénéchal de Provence accepta ces offres, 
et il fut convenu que l'Ëmbrunais, le Briançonnais et le 
Ghampsaur seraient préservés de tout pillage et de tout 
fait de guerre, moyennant une rançon de 6,000 florins 



(1) Inrentaire de la Chambre des comptes, requête da 80 juillet 1369. 

(2) Secousse, Ordomiances, t. VU, p. 440. 



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— 108 — 

d'or, c'est-à-dire d'environ 700,000 francs à la puissance 
actuelle de l'argent (1). 

Gomme on ne put pas payer immédiatement cette somme, 
fort considérable pour Tépoque et surtout pour le pays, les 
Dauphinois durent donner des otages ; ce furent, pour le 
Champsaur, Raymond de Laye, seigneur de Laye et du 
Buissard ; pour TËmbrunais, Guignes de Savines, Georges 
Athenulphi, seigneur de Prunières, et Pierre Bonnabel, 
consul d'Embrun et coseigneur de Ghâteauroux (2). 

Vers le môme moment, un traité semblable fut conclu 
entre les Provençaux et la contrée du Dauphiné nommé de 
Royanais, qui se racheta également du pillage moyennant 
une somme d'argent dont nous ne connaissons pas l'impor- 
tance. 

La guerre se trouva donc circonscrite dans les Baronnies 
et le Gapençais, et l'hiver qui s'approchait ne tarda pas à 
suspendre les événements militaires. Chacun se tint sur 
la défensive. 

Les villes du Haut-Dauphiné ne restèrent pas inactives 
pendant cette trêve et cette suspension d'armes. Embrun, 
qui se sentait particulièrement menacé, si la guerre se 
rallumait, voulut renforcer sa garnison et les consuls 
firent commencer des travaux sur la partie la plus faible 
du périmètre des murailles de leur ville, nommée lePlaniol; 
mais ils se heurtèrent à un mauvais vouloir absolu de la 
part de Pierre Amelii, leur archevêque (3). 

Ce prélat, prétendant que le terrain sur lequel devaient 
s'élever les nouvelles murailles lui appartenait, défendit 
de passer outre ; forts de l'approbation du gouverneur du 



(1) Arch. do risèro, B. S,007, p. 310. 

(2) Pierre Bonnabol était syndic ou consul d'Embrun en 1866 et il &Tait 
prôté hommage au Dauphin pour la cosoigneurie de Gbâteauroux, le 25 août 
1367. (Arch. munie d*Embnm et Arch. de Tlsère, B. 2,624.) 

(8) Nombreux documents dans les archives d*Embrun. 



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- 109 — 

Daiiphinê, les consuls ne tinrent aucun compte de cette 
défense (1). L'archevêque les excommunia ; ils n'en pour- 
suivirent pas moins leurs travaux, qui furent terminés à la 
fin de riiiver. et soudoyèrent une compagnie de quatre 
cents soldats étrangers, probablement italiens, pour ren- 
forcer la garnison. Bien leur en prit, comme on va le voir. 

Il est probable que les 6,000 florins garantis au sénéchal 
de Provence pour la rançon de l'Embrunais, du Briançon- 
nais et du Ghampsaur ne furent pas payés à l'époque fixée; 
les otages étaient toujours entre ses mains, mais il n'avait 
pas vu la couleur de l'argent promis. Les hostilités recom- 
nàencèrent avec une nouvelle furie, et ce fut exclusivement 
sur le Ghampsaur et TEmbrunais, c'est-à-dire sur les 
contrées précédemment épargnées, qu'elles se portèrent (2). 
Deux jours après la fête de Pâques en 1369, un mouvement 
en avant des troupes provençales se produisit; ce fut 
d'abord sur les châteaux et les terres des otages livrés 
qu'elles se jetèrent, suivant un usage admis par les lois 
de la guerre de cette époque. 

Le jeudi 3 avril elles attaquèrent le château de Laye, 
le ruinèrent et en pillèrent le mobilier, évalué à à50 florins 
d'or (près de 40,000 francs de notre monnaie) ; puis firent 
une razzia générale dans le Haut-Ghampsaur, forcèrent 
Etienne de Roux, seigneur de Prégentil, à se racheter 
moyennant ^0 florins (près de 25,000 francs), brûlèrent 
une belle ferme de Guignes de Savines et de Jean de 
Montorcier, que ces deux seigneurs avaient acquises trois 
ans auparavant, perte qui fut évaluée à plus de i,200 florins 
(125,000 francs environ) (3), tuèrent un homme, en saisirent 



(1) L'autorisation officielle du gouTernour du Dauphiné fut donnée le 
4 avril 1869. (â.rch. munie. d'Embrun.) 

(2) Documents inédits sur le Dauphiné, p. 181. ~ Antre enquête, arch. de 
risère, B. 8,007, p. 810. 

(8) Cette ferme ayait été Tendue en 1366 par les dames Chartreuses de 
Berthaud, qui elles-mêmes rayaient acquiso peu d'années auparavant par 
hérita^. 



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— 110 - 

plusieurs à Chabottes, Saint-Laurent, la Rochette et la 
Fare, auxquels ils ne rendirent la liberté qu'en échange 
de bonnes rançons, s'emparèrent de beaucoup de bestiaux 
et exercèrent leurs déprédations de Gap à Saint-Bonnet, 
sans que personne vint s*y opposer. 

Dans la vallée de la Durance, ils n'eurent pas le champ 
aussi libre ; ils pillèrent et rasèrent les châteaux de 
Savines et de Prunières, qui appartenaient à Guignes de 
Savines et Georges Athénulphi,ieurs otages, rançonnèrent 
la communauté des Crottes, incendièrent Saint-André 
d'Embrun, mais, lorsqu'ils tentèrent de s'emparer d'Embrun 
de vive force, ils furent repoussés avec perte, et les Embru- 
nais durent s'estimer heureux d'avoir réparé tout récem- 
ment les murailles de leur ville et d'avoir sensiblement 
augmenté sa garnison. 

Laissant Embrun derrière eux, les Provençaux se diri- 
gèrent sur Guillestre, bourg important et peu éloigné, 
l'emportèrent d'assaut et le mirent au pillage. 

Pendant que ces événements avaient lieu, les malheureux 
otages que le sénéchal de Provence tenait entre ses 
mains subirent mille outrages ; on les confina dans une 
dure prison, et non seulement on détruisit leurs châteaux 
et on ruina leurs terres, mais on ne leur rendit la liberté 
qu'après le paiement d'une rançon de 1,000 florins d'or 
(environ 100,000 francs). 

Tous ces événements se passèrent dans l'intervalle de 
dix jours, entre le 8 et le 13 avril 1369. 

Le 18 avril, la paix fut signée à Avignon, dans le Palais 
des Papes, entre le gouverneur du Dauphiné et le sénéchal 
de Provence (1). 

Le 28 du môme mois, un traité de paix particulier inter- 
vint grâce à l'intervention du cardinal Philippe entre 
Louis de Trians, vicomte de Tallard, qui avait pris fait et 



(1) Arch. da9 Bonches-da-BhôDe, B. 568L 



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— 111 - 

cause pour la Provence, et révoque de Gap, qui avait pris 
fait et cause pour le Dauphiné (1). 

Il était temps de mettre un terme à ces ravages ; les 
pertes subies par le Dauphiné par cette désastreuse cam- 
pagne furent évaluées officiellement à plus de 200,000 florins 
(soit 2 millions 400,000 ft^ancs de valeur nominale et 
plus de 20 millions de valeur efiTective). 

Les préliminaires de l2 paix furent soumis au roi de 
France et à la reine de Naples. Cette dernière les ratifia 
le 26 Juin' (2) ; le premier les approuva au mois de septem- 
bre 1369 (3). Cependant ce traité n'était encore que provi- 
soire ; ce fut seulement le 12 mai 1370 et, en dernier lieu, 
en 1371 que la paix fut définitivement consolidée par des 
traités solennels (4). 

Durant cet intervalle, le gouverneur du Dauphiné, 
instruit par la fâcheuse expérience qu'il venait de faire, 
avait pris ses mesures pour résister efficacement à une 
nouvelle agression, si elle devait se produire. Les princi- 
paux châteaux, les points stratégiques les plus importants 
avaient été occupés par des garnisons royales ; Saint- 
André de Rosans et Guillestre furent de ce nombre. 

Il se produisit^ à la suite de ces événements, dans tout le 
Haut-Dauphiné, un mouvement général pour se mettre à 
l'abri de surprises pareilles à celle qui venait de désoler la 
contrée. Les villes et les bourgs furent pris d'une fièvre 
de construction et de fortification; au lieu des vieilles 
murailles croulantes qui entouraient la plupart des villages. 



(1) Chorier, Kirtoire du DaujAiné, nouT. ëdit., t. II, p. 862. 

(B) Ârch. des Bouchea-da-Bhône, B. 568. 

(8) Dolisle, Mandement» de Charlea V, d9 589. — Arch. des Bonehos-du- 
RhOno, B. 568. 

(4) Arch. des Bouches-du-Rhône, B. 571 et 578. — Arch. de llsère, 
B. 8,006, 8/)13 et 8,24a 



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- 112 - 

on vit sortir de terre de bonnes ceintures de remparts et 
de tours. 

Il existe dans l'Ëmbrunais, le Briançonnais et le Champ- 
saur les restes d'une douzaine au moins d'enceintes 
fortifiées qui datent de cette époque ; pour plusieurs 
d'entre elles, nous connaissons la date exacte de leur 
construction, le nom de leurs entrepreneurs et le prix 
qu'elles ont coûté. Vingt-cinq ans après la guerre dont je 
viens de retracer les péripéties, les fortifications destinées 
à en prévenir le retour n'étaient pas achevées. 

La ville d'Embrun avait commencé, comme je l'ai dit 
plus haut, à réparer les siennes dès 1369 ; elles n'étaient 
pas terminées en 1373 et donnèrent lieu à de nombreuses 
difficultés dont je parlerai plus loin. 

La communauté des Grottes travaillait aux siennes en 
1373 (1) ; Corps, en 1374 (2) ; Montorcier, en 137G (3). 

La môme année 1376, Prunières donne l'adjudication de 
ses remparts aux maçons Isoard et Alard, qui n'avaient 
pas encore terminé leur œuvre en 1380 (4). 

Veynes n'avait pas encore terminé en 1392 les siennes, 
commencées depuis longtemps (5) ; la même année, le bourg 
de Guillestre donne l'adjudication des siennes aux maçons 



(1) Le 23 septembre 1373, le gouverneur du Dauphiné ordonne aux 
Embrunais, propriëtairea aux Crottes, do contribuer à ses fortifications. 
(Arch. munie. d'Embrun.) 

(2) Le 21 août 1874, le prieur de Saint-Firmin se plaint de ce que Ton 
force ses sujets à contribuer aux fortifications de Corps. (Arch. de Tlsère, 
B. 2,945.) 

(3) Le 26 juillet 1376, le geuremeur du Dauphiné contraint les habitants 
de Montorcier à contribuer pour 400 florins à la réparation du chftteau 
seigneurial. (Arch. de Tlsèro, B. 2,953.) 

(4) Arch. de Tlsère, B. 3,001. 

(5) Secousse, Ordonnances, t. VIU, p. 440. 



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— 113 — 

Agnus Delmas et Albert Réotier, et la construction s'en 
poursuit jusqu'en 1398 (1). 

Le 2 juin 1396, Etienne Voisin, maître des œuvres du 
Dauphiné, fait réparer le Château-Queyras par Pierre 
Delmas, entrepreneur ©. La môme année, le bourg de 
Tallard fait augmenter son enceinte par Arnaud de Tour- 
nefort, maître maçon de Narbonne (3). Briançon travaillait 
encore à la sienne en 1398 (4), et d'autres bourgs plus tard 
encore. 

Les villages trop pauvres pour s'entourer de murailles 
cherchent au moins à se ménager une retraite assurée 
derrière des murailles étrangères. Le 20 mars 1382, les 
habitants du Puy-Sanières et du Puy-Saint-Eusèbe traitent 
avec les consuls d'Embrun, qui promettent de leur donner 
asile en cas de guerre derrière leurs remparts, à condition 
qu'ils contribueront pour leur quote-part aux répara- 
tions (5). 

Les événements militaires que je viens d'esquisser 
donnèrent également lieu à plusieurs difficultés. 

Le prieur de Saint-André de Rosans, Delmas de Cor- 
nillon, se plaignait au Dauphin, dès le 30 juillet 1369, 
qu'après avoir subi d'énormes pertes d'argent, après avoir 
vu ses châteaux détruits par les Provençaux, il était 
encore obligé de subir une garnison royale, commandée 
par Jean de Montagny, et même de la payer (6). En 1371, le 
Dauphin transigea avec lui, fit reconstruire ses châteaux 
à ses dépens et' supporter les frais de la garnison aux 



(1) Àrch. munie, de Goillestre. 

(2) Arch. de l'Iràre, B. 8,010. 
(8) Arch. de M. Amat 

(4) Arch. munie, de Brian^n. 

(5) Arch. munie. d'Embrun. 

(6) InTentaire de la Chambre des comptes* 



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— 114 - 

habitants de la contrée ; comme ils s'élevèrent à 4,000 flo- 
rins d'or (environ 400,000 francs de notre monnaie), 
les malheureux durent être ruinés pour longtemps (1). 

A Embrun et à Guillestre, des différents dont la solution 
fut moins facile se produisirent entre le Dauphin, Tarche- 
vêque et les consuls. 

L'archevêque excommunia les Embrunais, qui avaient 
osé construire de nouvelles murailles sans son aveu ; ils 
en appelèrent au Pape, qui nomma des commissaires ; 
Taffaire traîna en longueur et le Souverain Pontife leva 
enfin l'excommunication et absolvit solennelleme;it les 
Embrunais le 6 septembre 13'79, à condition qu'ils paieraient 
pour les frais d'absolution 1,000 florins d'or, équivalant à 
100,000 francs environ (2). 

Le Dauphin fut également excommunié par Tarchevèque, 
pour avoir occupé sans sa permission le château de 
Guillestre et pour avoir fait servir les denrées qu'il 
renfermait à la subsistance de ses soldats. Il rendit le 
château sans indemnité, et cette querelle fut assoupie par 
un traité du 15 avril 1374 (3). 

Les nouvelles murailles construites autour des villes du 
Haut-Dauphiné, dans la deuxième moitié du xrv« siècle, 
devinrent peu à. peu vieilles, puis caduques. Elles n'empê- 
chèrent pas les troupes de Charles VIII, Louis XII et 
François I«f de prendre d'assaut quelques bourgs qui 
refusaient de les loger ou de leur fournir des vivres, et 
le canon de Lesdiguières en eut aisément raison, dans la 
seconde moitié du XVIe siècle. 

On comprit, à cette époque, la nécessité de les recon 
struire ; de nouvelles fortifications à la moderne s'élevèrent, 
basses, bien défilées et hérissées de bastions triangulaires. 



(1) Ârcb. nationales, JJ, 101, foL HO. 

(2) Arch. munie. d'Embrun. 
S) Ilnd. 



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— 115 — 

Plus tard, Richelieu fit raser beaucoup de places fortes dont 
la conservation n'était pas indispensable à la défense de la 
contrée et qui pouvaient, au contraire, servir de retraite 
aux protestants. 

L'invasion du duc de Savoie dans le Haut-Dauphiné, en 
1G92, en se ruant comme un torrent, en ruinant Embrun, 
Guillestre, Gap, Tallard, en incendiant et rançonnant les 
moindres villages sur une superficie de 600 kilomètres 
carrés, montra qu'il fallait pourvoir sérieusement à la 
défense des Alpes. 

Ce fut Tœuvre de Vauban ; il contruisit Mont-Dauphin, 
fortifia Embrun et Briançon. Depuis lors, les forteresses 
des Alpes, fort augmentées dès le XVI I» siècle, ont été 
décuplées ; des travaux remarquables ont été accomplis 
dans le cours de ces dernières années, et tout ira pour le 
mieux jusqu'à ce qu'un nouveau revirement dans la 
tactique, ou la découverte de quelque engin plus 
destructeur que ceux dont nous jouissons maintenant, 
vienne démontrer qu'il faut tout refaire sur des plans 
nouveaux et de nouveaux frais. 

J. ROMAN. 



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Intrerian dins uno grand salo 
De souréu touto enlumina, 
Aquito, uno moungeto palo 
Fahié Tescoro en de meinat. 

Ses uei soun coumo un rai de flamo 
Couleur d'azur, e soun tant clar 
Qu'au founs li vias touto soun amo 
Coumo viai loù ceu dins la mar. 

Ë su sa caro palinello 
Un bouon sourire s'espandis, 
Es ansin que lei virginello 
Devon sourire au paradis. 

E de soun det, un det de fado, 
Tourneja que dirias un fus, 
Coumo un vièi baile sa menado, 
Menavo aqueles pichoi gus. 

E ce que li a de pus estràngi, 
Es que lei fenat 'me 'nca pau, 
Aquito semblon toutei d'àngi, 
E mai siegon diable à l'oustau. 

— t Dia-nous un pau, bello moungeto, 
» Par mestreja tant d'enfantoun 

» Coumo pouai faire, eici, soureto ? ■ 

— « Lei gouvernou 'me de poutoun ; 

* Car me sèmblo que siéu sa maire, 

» Les acatou dins moun fouidiéu, 

» Lei faire bouon ei moun afaire, 

» E par aco lei barjouriéu. 

> Les enfant amon qu les amo ; 
» E, quand qu'aucun li fai de bèn, 
» Aco s'emprimo dins ses amo, 
» E li rèsto toujou ; tamben 

» M'oubeïsson qu'es pa de crèire 
» De me fa peno an toujou pou. 



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x^A. saiuTjIe: d'AuSiue: 



Nous entrâmes dans une vaste salle toute inondée de 
soleil ; là une nonnette au teint pâle faisait l'école à de 
tout petits enfants. 

Ses yeux sont comme un rayon de flamme couleur 
d'azur, et ils sont si clairs qu'au fond vous y voyez toute 
son âme comme vous voyez le ciel dans la mer. 

Et sur son pâle visage un bon sourire s'épanouit; 
c'est ainsi que les vierges doivent sourire dans le 
ciel. 

Et de son doigt, un doigt de fée, fait au tour — on dirait 
un fuseau — comme un vieux berger conduit son troupeau 
elle dirigeait ces petits drôles. 

Et ce qu'il y a de plus extraordinaire, c'est que ces 
espiègles fieffés, là, semblent tous des anges, bien qu'ils 
soient des diables à la maison. 

« Dites-nous un peu, belle nonnette, pour maîtriser tant de 
petits enfants, comment pouvez-vous faire, ici, toute 
seule ?» « Je les gouverne avec des baisers. 

» Car il me semble que je suis leur mère, je les enveloppe 
dans mon tablier. Les rendre bons c'est mon devoir, et 
pour cela je leur prodigue les caresses. 

• » Les enfants aiment qui les aime, et quand quelqu'un 
leur fait du bien, cela s'imprime dans leur âme et y reste 
à jamais : aussi 

» M'obéissent-ils : c'est à ne pas y croire. Ils ont toujours 



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-118- 

» Marchon ou pas, les anei vèire, 

> Canton coamo de roussignou. > 

E, sus un signe, la marmaio 
Souorte dei banc lei bras en Ter, 
Pièi fai lou brandou, e s'esparpaio 
Dins la cour, soui les aubrei vert. 

Mai n'en vaquito uno que crido ; 
La moungo parte coumo un lamp : 

— « Qu'es que t'an fa, ma Margarido ? » 

— « Ëi lou Chouas que m'a prei moun pan. 

— « Vène eici I Chouas. » Qunto flguro ! 
Despièi lou frouont Jusqu'où mentoun 
Ero vougnu de counflturo, 
Semblavo un pichot moustrihoun. 

fi la souorre voui lou netejo 1 
A-n-un vira d'uei siègue fa ; 
Mai l'enfant, trouvent l'aigo frejo, 
Bramo, creirias que Tan sauna. 

En lou baient, la sànto fremo : 

— € Anen, ploures plu ! li fagué, 

> Sies trop laid, seco tel lagremo, 
» Te dounarai un bèu juguet. » 

Ë lou rire deja pounchejo 
Dedins sei vistoun eigagnous ; 
Alor, oublidènt l'aigo frejo. 
Parte en virent e tout urous. 

— « Mai, ma sourreto, par estreno 

• Qu'esperès un jou ?» — « Me n'en sien 
» Jusqu'aro jamai mes en peno, 
» Aco regardo lou bouon Dieu ; 

> E, coumo Dieu es un bouon paire, 
» Quand l'anarai veire, eilamount, 

> De segur me dira de faire 

» L'escoro es pichots angeloun. » 



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— 119 — 

peur de me faire de la peine ; ils marchent au pas, vous 
allez les voir ; ils chantent comme des rossignols. > 

Et, sur un signe, la marmaille sort des bancs, les bras 
en l'air, puis fait le rondeau, et s'éparpille dans la cour 
sous les arbres verdoyants. 

Mais en voilà une qui crie ; la religieuse part comme un 
éclair : t Que f a-t-on fait, ma Marguerite ? ». t C'est François 
qui m'a pris mon pain. » 

t Viens ici, François I ». Quelle figure ! Depuis le front 
Jusqu'au menton il était barbouillé de confiture; il ressem- 
blait à un petit monstre. 

Et la sœur vous le nettoie ! Ce fut fait en un clin d'œil ; 
mais l'enfant, trouvant l'eau froide, pousse des cris t faire 
croire qu'on l'égorgé. 

En lui faisant une caresse^ la sainte femme : c Allons, ne 
pleure plus, lui dit-elle, tu es trop laid ; sèche tes pleurs, 
je te donnerai un beau jouet. » 

Et déjà l'on voit le rire naître dans ses yeux humides de 
larmes ; alors, oubliant l'eau froide^ il part en tournant sur 
lui-môme et tout heureux. 

< Mais, ma sœur, pour récompense qu'attendez-vous un 
Jour ? > t Jusqu'à présent je ne m'en suis pas mise en peine, 
cela regarde le bon Dieu. 

» Et, comme Dieu est un bon père, quand j'irai. le voir, 
là haut, certainement il me dira de faire l'école aux petits 
anges. > 

E. PLÀUCHUD. 



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A PROPOS DU P. PINY 



« On voit dans les Gazettes de Hollande, en 16d9 (Gazette 
d'Amsterdam^ correspondance de Paris du 5 juin, et 
Gazette de Leyde^ correspondance du 8 juin), que le Roi 
se plaignit à TArchevôque de Paris que le P. Piny (1), 
dominicain, bien réputé pour sa science et sa piété (il a 
son article dans le Moreri), lui eût écrit des lettres sur la 
prétendue misère du peuple et qu'il lui fit recommandation 
de ne plus s'en aviser. > 

Il résulte de cette note, si flatteuse pour le R. P. Piny, 
que ce fut ce religieux qui joua auprès du grand roi le rôle, 
le noble rôle faussement attribué à Racine. 

(Note extraite du tome Vides Mémoires de Saint-Simon 
publié par M. As. de Boislisle (Grands écrivains de la 
France^ 1888, p. 259). Appendice VIII : Racine et la 
Comédie.) 

Ph. TAMIZEY de LARROQUE. 



(1) Le P. Piny, Pin ou Pini (Alex&ndre), religiouz dominicain, né & Barce- 
lonnette, Yora Tan 1640, décédé à Paris, le 28 janyier 1709. docteur en 
théologie à 86 ans, autour de nombreux ourrages* 



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LE LÉOPARD DE SISTERON 



On appelait Léopards^ dans le style de la chancellerie 
provençale, une série de registres renfermant les résultats 
de l'enquête officielle faite sur les droits du domaine royal 
dans chacun des villages de Provence par Léopard de 
Fulginet, archiprêtre de Bénévent, commissaire à ce 
préposé par le roi Robert, comte de Provence, en ia32 
et 1333. 

Cette enquête fut fort désagréable aux contribuables de 
répoque, car elle ne servit guère qu'à aggraver leurs 
charges. Elle est aujourd'hui excessivement utile aux 
érudits recherchant les documents linguistiques et histo- 
riques du XlVe siècle, que l'on y trouve en masse, sur les 
noms de quartiers, de terres, de personnes de chaque lieu, 
sur les villages encore vivants ou morts depuis, sur les 
droits féodaux, l'histoire, etc., etc. 

La collection de ces Léopards^ composée de vingt-sept 
registres petit in-folio, est conservée aux archives des 
Bouches-du-Rhône , série B, no» 1089 à 1067. Chaque 
volume contient les résultats de l'enquête soit dans une 
ville, soit dans son dictrict ou bailliage. De là, le nom de 
chacun de ces registres : Leopardus Aquensis (B. 1041), 
Leopardus Nicie (1057), Leopardus Avinionis (1044), 
Leopardus Apte (1040), Leopardus de Barjolis (1046), etc. 
Un certain nombre de ces registres intéressent les 
Basses-Alpes. Ce sont le Léopard de la Baume-lez-Sisteron 
(B. 1045) et les deux Leopardus Sistarici (B. 1058, 1059), que 
Laplane (Essaie 110, note 2) prétendait perdus ; les trois 
Leopardus Castelane (B. 1048, 1049, 1050), relatifs à 
Castelane, Angles, la Palud, le Mont Sainte-Victoire, la 
Baume, Rayaup, Boades, etc.; au châtelain de Castelane, 
Hue de Levens ; à la Mure, Argens, Blieux, Courchons, 

8 



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— 122 — 

Demandols, Moriès, Taulane, Vauclause et autres lieux 
(lu bailliage ; le Leoimrdi^s Digne (B. 1051), avec des 
renseignements sur les trente-deux communes du ressort : 
Gaubert, Oise, Beaujeu et mOme Allos et Golmars (!), sur 
lequel on peut voir Guichard, Cominalat^ II, 417-422; le 
Leopardus Forcalquerii (B. 1053), où l'on trouvera des 
renseignements sur Forcalquier, Aubenas, Sigonce, Gana- 
gobie, Reillane, Saint-Michel, Peyruis, Manosque, Banon, 
Niozelles, Pierrerue, Revest, Gorbières et autres lieux de 
la viguerie; le Leopar^dus Mosteriorum (B. 1056), con- 
cernant Moustiers , Puimoisson , Albiosc , Valensole , 
Gréoulx, Rousset, Quinson, Riez, Roumoules, Majastres, 
Saint-Jurs, Saint-Martin-de-Brômes et autres lieux du 
district; le Leopardus Thîneay^^n (B. 1062), relatif à 
Puget-Théniers, Guillaumes, Annot, Glandèves, Gastelet- 
lez-Sausses, Villevieille , Entrevaux, Peyresc, Robion, 
Montblanc, Fugeret, Méailles, etc. ; le Leopardus Vau- 
melii (B. 1064), tout entier consacré aux empiétements du 
seigneur Guillem de Vaumeil dans ce pays, et enfin les 
deux Leopardus Vaviorum: B. 1065, où Ton trouve 
encore des renseignements sur Puymoisson^ Roumoules, 
Montpezat, Montagnac, le Ghaffaut, Ghaudol, Archail, 
Saint-Laurent, Sainte-Groix , etc. ; B. 1006, sur Allos, 
Moustiers, Rougon, Saint-Maime, Gastelane, Beaujeu, 
Mezel, Estoublon et les Dourbes. 

On voit que les Léopards sont une mine abondante de 
renseignements pour nos contrées. En publier même le 
résumé sommaire imprimé dans l'inventaire des archives 
des Bouches-du-Rhône, en 1875, serait une œuvre pie et 
un grand service rendu aux érudits bas-alpins, pour la 
plupart privés du secours de cet inventaire, dont un 
exemplaire toutefois existe aux archives départementales 
des Basses-Alpes et est gracieusement mis à la disposition 
de tout travailleur par M. Isnard, notre vaillant et zélé 
archiviste. 

Pour bien des raisons néanmoins, nous n'avons pas le 



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— 123 — 

projet de le faire., si ce n'est pour les deux registres de 
Sisteron, qu'une course rapide de quelques heures volées 
aux affaires nous a permis de parcourir naguère trop vite 
aux archives de Marseille. 

Nous croyons être utile à nos compatriotes en publiant 
ici le relevé de nos notes, qui, jointes au texte de l'inven- 
taire, peuvent peut-être renfermer des indications pré- 
cieuses pour plus d*un historien local. 

Voici donc ce texte et nos additions, avec indications 
des pages et des dates, négligées bien à tort par le 
rédacteur dudit inventaire. 



B. 1058. — Registre in-f», 336 feuillets, papier, 1332. 

Leopardus Sistarîci. — Enquête faite par Léopard de 
Fulginet, archiprêtre de Bénévent, sur les droits du roi 
Robert, comte de Provence, dans le bailliage de Sisteron. 
Voici les villes, bourgs et villages du bailliage : Civitas 
Sistaricî^ Casti^im de Balma, de Mota, Valerna, 
Bayonîs, Valatoria, Austoyno, Clareto^ Ventayrolîo^ 
PodiO'Acuto, Urtisio, Briansono^ SuWipîs, Castelleto, 
Mandanes, Teza, Cwhanno^ Intey^petrU^ Salinaco, 
Autone, Clemensana^ Melva^ Cadro, Turrnis, Arnulplii, 
Sancti-Genesii^ Beoncio, Barolls^ Scala, Sancto-Sym- 
phoriano , Castro-Novo-Supra- Volonœtn, Dromono , 
Bello-Affayre, Cigoerio^ Baudumento, Falconeto, Spa- 
rono, Feysalco, Vaumilîo, Bignosco, Castro-Forte^ 
Castro - Novo - Supra - Sanctum - Vincentiian , Castro - 
NovO'Chat^bonerio, Gaudissardo, Jarjaya, Jensiaco^ 
Monteforte, Sancto-Bonato, Noyeriis, Nibla^ Penna, 
Podio-Pino , Quinsono , Sancto- Vincentio , Turye , 
VWiosco et Volona. 

C'est à peu près tout l'arrondissement actuel de Sisteron, 
sauf Gigors, Gurel et les Omergues. C'est aussi tout le 
bailliage, avant qu'on y eût annexé les communes de la 



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— 124 - 

Drôme et des Hautes-Alpes qui en firent partie postérieu- 
rement (1). 

Notice sommaire sur les droits généraux du roi dans le 
bourg de Sisteron, sur le domaine dont il y jouit, soit seul, 
soit avec d'autres seigneurs. — A Sisteron^ la Cour possède 
divers immeubles : énumération ; inventaire du mobilier. 
La Cour a encore le tiers des bans^ plus le dixième du 
tiers des deux autres tiers, le tiers de Téminalage du sel, 
des leydes, des droits d'étalage, l'encan et la criée, le 
pesage du blé, la chasse des lapins, une albergue de 
16 livres. — Reconnaissances des habitans de Sisteron 
pour cens et impôt, dus aux divers termes de l'année. — 
Reconnaissances spéciales des tenanciers grevés de toute 
la tasque, des quartons ou de toute autre portion de la 
récolte du vin. 

Reconnaissances des babitans du bailliage. 

Fo 57, 20 juillet 1332, 15e indiction : à la Baume (2), Imbert 
Revel reconnaît, en son nom et en celui de son neveu, 
devoir les deux tiers d'un éperon doré à l'époque des 
vendanges. Entre autres droits seigneuriaux, la Cour 
perçoit tous les deux ans la leyde (dont le tarif y esttrans- 



(1) n y man^ae aussi Piosin et Talard. Piosin, jadis commune, aujourd'hui 
quartier du territoire de Peyruis, ne figure que sur les listes relativement 
modernes des pays de la yiguerie. Quant à Talard, cette vicomte, d'après 
Laplane, I, 195, faisait déjà partie du bailliage de Sisteron dès 1891 et peut- 
être avant. Elle en fut distraite en 1511 ou 1518 {ibid, n, 19). D'autres 
villages du bailliage ne sont pas énumérés non plus dans le Léopard, mais c'est 
soit qu'ils n'existaient pas encore, comme les Nobles, soit parce qu'ils n'ezis* 
talent déjà plus, comme le Ctutrum Bieaw près Peypin, Vigoureux à Baudu- 
ment, soit parce qu'ils portaient un nom différent de celui qu'ils portent 
actuellement comme la Tour pour VàlbeUe, Gaudissart pour Aygalayû (DrOme), 
Brianson pour Reynier. 

(2) Ce pays, aujourd'hui simple faubourg de la ville de Sisteron, jouit pen- 
dant plusieurs siècles d'une existence indépendante et eut ses seigneurs 
particuliers pendant tout le moyen Age. 



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— 125— . 

crit). Les autres années, le produit en revient aux cosei- 
gneurs et la Cour en perçoit toujours la treizième partie. 

Fo 68, 14-22 août 1332 : immeubles de la Cour à Valernes ; 
outre les biens détenus par les censiers, sur lesquels la 
Cour n'a plus qu'un droit de seigneurie, il y a les biens 
qu'elle tient ad marnes suas, dont les uns sont confiés à 
des mégers et ne doivent qu'une partie des fruits et les 
autres sont exploités et cultivés au profit de la Cour. 

F© 127, 24 août 1332 : à Bayons, le cavallagium consiste 
en un setier d'avoine fourni au moment de la récolte par 
chacun de ceux qui en cultivent ; le brazagium, en une 
redevance de quatre fromages payée par tous ceux qui 
ont un troupeau. Le pacage se perçoit ainsi : tout pro- 
priétaire de troupeaux qui les fera paître dehors au temps 
pascal doit un demi-mouton pour chaque troupeau de 
150 têtes et au-dessus et une demi-picte par tête de gros 
bétail ; tout possesseur de deux bœufs de labour est tenu 
à deux corvées par an. 

Fo 183, 27 juillet, Melve; fo 186, 28 juillet 1332, enquête 
à Thèze ; fo 188, Entrepierres; fo 189, vo, Sourribes ; fo 190, 
Brianson ; fo 190, vo, Salignac ; fo 191, Aubignosc ; fo 192, 
Dromon, Brianson (1), Saint-Geniès ; fo 192, vo, Bevons ; 
fo 193, Penna ; fo 193 vo, le Caire ; fo 194, Esparron. 

Fo 195, 31 juillet 1332: à l'Escale, le droit de cavalcade 
ou service militaire est payé à raison de deux chevaux, 
l'un équipé, l'autre non équipé. Pierre Tardieu paye 
6 deniers pro persona sua, 

Fo 196 : enquête à Glamensane. 



(1) Château-Neaf-sar-VoIone, Castelet, la Penne, villages aujourd'hoi disparus; 
ce dernier deTait se trouver dans le canton de la Mote, et le premier dans 
celui de Volone. Ne pas le confondre avec Château-NeuMe-Charbonnier, ni avec 
Ch&teau-Neuf-MiravaU, qui suivent. Le Castelet était près de Beynier. Depuis 
deux siècles, le nom de Brianson a fait place à celui de Beynier. La carte do 
Cassini marque un Castelet entre Nibles, Valavoire et Ghftteaufort, Brianson 
au nord d'Authon, et la Pêne entre Ch&teaufort et Saint-Geniez-de-Dromçn. 



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— 126 — 

Fo 197 : à Baudument, la cavalcade est de 10 livres ; le 
droit d'albergue est de cent sous. 

Fo 197, vo, 218 : Vaumeil, article long et important pour 
l'histoire de ce pays. 

Fo 219-234, 20 août 1332: enquête importante et minu 
tieuse à la Mote. 

Fo 235 : Astoin ; fo 247-272 : à Barles (1) ; le droit de bova- 
chiicm consiste en une redevance d'un setier de froment, 
un de blé commun et de 2 sous, payée par tout possesseur 
d'une paire de bœufs : tout cultivateur qui n'a pas de 
bœufs doit la moitié seulement de ce droit. 

Fo 275 : suivent les droits du roi dans chaque localité du 
bailliage, résumés fort laconiquement.— Barles, Authon, 
Brianson, Dromon, Saint-Geniès, Baudument, Sourribes, 
Volone, 27 juillet 1332 : ce dernier lieu ne sert que les 
fouages aux six cas impériaux (2) et les cavalcades 
accoutumées. 

Fo 275, vo : droits à Ghàteau-Neuf sur- Volone. 



(1) Barles, dès lo XVl^ siècle, ne faisait plus partie du bailliage de Slsterou, 
mais do celui de Seyne. V. la liste des viçueries do Provence, qui suit la 
Mcyfjrn Entrepriza d'Antoine Arène (1537). 

(2) Les six cas impériaux étaient six circonstances solennelles de la yîc 
fj'îodale, oîi le suzerain avait un pressant besoin do fonds. Ces six événements 
importants étaient un voyage forcé vers rcmpcrour pour prôter hommage, le 
départ pour la croisade, le mariage d'un fils ou fillo, une rançon à payer après 
avoir été fait prisonnier sur lo champ de bataille, l'achat d'un fief do plus de 
cent mille francs, enfin la réception dans l'ordre de chevjilerie. Los vassaux 
étaient alors tenu d'aider leur suzerain auquel ses revenus ordinaires n'eus?ent 
pas suffi. L'impôt extraordinaire payé alors s'appelait quUte on/oiutfje. 

Par suite d'une loi économique fatale qui fait qu'un impôt une fois créé no 
fait que croître et embellir, sans disparaître jamais, cette contribution, inventée 
par et pour Tcmpereur, ne t^rda pas à Gtro utilisée à tous les degrés de la 
hiérarchie féodale. Le roi le demanda aux barons et les barons aux vassaux 
inférieurs, jusqu'à l'époque de la réunion de la Provence à la France, où il fut 
avantageusement et régulièrement remplacé, chaque année, par ce que l'on 
appelait euphémiquemont le don (jratiiit. 



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— 127 — 

Die prima Augasli : de Caslro-Novo-Supra-Volonam, Item, de 
Caslro-Novo dixerunt juratnento suo quod caria habit L. sol. pro 
cavalcatis in festo Pascatis. -— It., sol. Lx. in festo sancli Michaelis. 
— It., ij. don. de servicio quod facit P. Bermundus cum homiuibus 
sais. 

Suivent, au même folio : TEscale, Salinhac, Vilhosc, 
Entrepierres et Vilhosc encore. 

F» 276: Esparron, Valavoire (Valaoyra), Gastelet, 
Penna, Ghâteaufort, Nible (Nibla) ; v» : Sigoyer, Thèze, 
Melve, Gurban, Glaret, Urtis, Piégut et Venterol ; courte 
énumération des droits que possède le roi Robert, comte 
de Provence. 

Fo 277 : de Quinsono (1); de Melva, 27 juillet, 15« indi- 
ction; vo : de Turre^ 25 juillet ; de Melva. 

Fû 278: de Castro-Novo-Charbonerio (néant); Aubi- 
gnosc, Peypin, de Sancto-Donato (néant) (2) ; Montfort, 
Devons (néant) ; Quinson (néant) ; v» : de Tiirre^ Jay^Jaya 
(néant) ; Saint-Vincent (rien) ; de Castro-Novo-supra- 



(1) D'après B. 1366, co villago de Quinson aurait été au sud de Sigoyer- 
Malpoil, pays. H y a cependant à Urtis un quartier appelé la Quimonw, et sur 
la carte de Cassiui, près de Yalbelle, une campagne nommée : la C7iei/lane Je 
Quinçoriy près de Baudinar, que la carte de Lodoyer appelle simplement 
la CheyJane, M. Isnard, archiviste des Basscs-Âlpes, petoso que c'est dans le 
territoire de Valbelle que fut jadis le Castrwn de Quinsono. \\ en a même 
relevé quelques seigneurs, qui sont au XV* siècle les Boyer, Armand des Isnards, 
au XYI« siècle les Arnaud et Louis Blachet, au XVn® les Laugier et Vilardî, 
et en 1748 les Rodulfi. 

(2) Saint-Donat, quoique n'existant plus à Tétat de village, a laissé cependant 
de nombreux souvenirs dans le canton do Volone, commune de Montfort, oîi 
Ton voit la belle combe do Saint-Donat, la superbe chapelle médinBvalo do co 
Saint, au-dessus de la grotte qu'il habita, et les enigmatiques ruines du mysté- 
rieux couvent fouillées par M. l'abbé Andricu, qui en a déposé quelques restes 
au musée départemental des Basses-Alpes. A cette époque, 1832, le Castrwn do 
Saint-Donat n'existait plus guère que de nom. 



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- 128 — 

Sanctum-Viiicentiwn (rien); de Noyeriis (rien); de 
Jenciaco (1), de Gaudîsardo (rien) (2). 

Fo 279, blanc ; f® 280, Entrepierres. Il y a là un véritable 
cadastre, énumérant quartier par quartier les terres et les 
propriétaires qui doivent des redevances au comte souve- 
rain de Provence. 

Fo 320-336 : à Saint-Sj^mphorien, tout habitant domicilié 
dans le village doit, à la Toussaint, une émine d'avoine et 
12 deniers ; tout possesseur de bœufs de labour doit une 
corvée par an ; tout habitant doit au souverain une corvée 
personnelle, à Tépoque des vendanges, corvée qui se 
rachète par 9 deniers si le débiteur a un âne et par 
8 deniers s'il n'en a point ; autre corvée aux moissons, qui 
se rachète par 6 deniers, ce qui nous donne le prix des 
journées des paysans à cette époque. La Cour possède à 
Saint-Symphorien les trois quarts des bans, des leydes et 
des pacages. 

Dans le corps du registre, est la reconnaissance faite 
en 1407 par les bouchers de Sisteron d'une somme de 
20 francs due annuellement par eux à la Cour. 

B. 1059. -- IN-FO, 58 FEUILLETS, PAPIER, 1332. 

Leopardtis Sistarici. — Exemplaire moins complet que 
le précédent. Il contient de plus un chapitre de recon- 
naissances pour les possessions tenues franco modo à 



(1) Gensiac, en provençal Jannè^ est actuellement un hameau do quelques 
maisons, assis sur le flanc nord de la montagne de Lure, dans la commune do 
Saint- Vincent-lez-Noyers; on appelait ce dernier village, en 1809 : Catirum 
novum de Ocnaiaco. Aujourd'hui, Timportance relative des deux pays est 
renversée. 

(8) Nom donnd, au moyen Age, à toute forêt défrichée {Gaude ou forêt, «warf, 
i$9aH ou défrichement). C'était, nous Tavons déjà dit, Tancien nom du village 
actuel des Aigalades ou Eygalayes (Drôme), qui, jusqu'en 1789, fit partie de 
la viguerie de Sisteron. 



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-129- 

Sisteron et à la Baume et sujettes, lors de leur aliénation, 
à un droit de mutation ou lods de 20 deniers par livre. La 
situation des biens y est indiquée. De là, un répertoire 
précieux de noms de quartiers sisteronais au XIV« siècle. 
Ce registre ayant été étudié à fond, à ce point de vue, 
par M. J. Roman, dans un excellent mémoire (1), nous ne 
relèverons point ici ces noms de lieu. — Bermond de la 
Baume, en son nom et au nom de Bermondet et Pons de la 
Baume, ses neveux, reconnaît tout ce qu'il tient dans les 
bourgs de la Baume (il y a un péage), de TEscale et de 
Malijai.— Bertrand de Panserio, notaire de Sisteron, tient 
une terre sise au Pont- Vieux; Bernard Maurin, pâtre, 
une maison sise à la Saunerie ; Pierre Rostan, douze fosse-, 
rées de vignes sises dans le territoire de la Baume, au lieu 
dit ad Sanctum Petr^um de Rogelgliecto. — Fortis de Fort, 
jurisconsulte, le bourg de Monclar, au bailliage de Seyne ; 
la Cour y conserve le merum împerium pour deux cas 
seulement, la peine de mort et la mutilation d'un membre ; 
la moitié des cavalcades et les fouages, aux cas accou- 
tumés. On nomme encore le couvent des Frères Prêcheurs 
de la Baume, celui des Frères Mineurs, la colline, Serrum, 
de Sainte-Euphémie, le Pui-Redon. 

Etienne et Jean de Celley énumèrent une très grande 
quantité de biens, entre autres une partie du péage de la 
Baume, le péage de Peypin, la moitié de la seigneurie sur 
des terres sises dans les isoles près de la Durance, à 
Peypin C^). 

Les religieuses de Sainte-Glaire de Sisteron reconnais- 
sent les quartiers qu'elles possèdent de l'autre côté du pont 
de la Durance. 



(1) Document de 1888 rdatif h la topographie de Sifttron, publié dans le t. II, 
pp. 420-432 du présent Bulletin, 

(2) Sur E. et J. de Celley, consulter, aux archives des Bouches-du-Bh6nos, les 
registres B. 465, 479, 495, 498, 520, 521, 524, 1117 et seq. 



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- 130 — 

Fo 279, vo, 1332: item, Castram de Volona facit cavalcatas 
consaetas, videlicet unias eqni armati et alii disarmati; item, 
focagia in casibus suis ; item, secandum regestnim archivi^ merum 
et mixtam impcriam (1). 

De Cantro-Novo-supra-Volonam : item, Castrum novum supra 
Volonam, in quo curia habet merum et mixtum imperium ; item, pro 
cavalcata, in festo Pascatis, libras duas et solidos decem.... item, 
pro alberga S. Michaelis, lib. très.... item, Petrus Bermundi cum 
heredibus suis facit de servicio denarios duos.... 

De Scalu : item, castrum de Scala, in quo curia habet merum et 
mixtum imperium et alia jura infrascripta. 

Fo 280 — Castrum de SaUgnaco, in quo curia habet merum et 
mixtum imperium et alia jura infrascripta. 

De Interpetris : (même annotation). 

De VUiosco: Item, in Castro de Viliosco, in quo curia habet 



(1) Ces mots signifient Juridiction 2>Krc et mélangée. Il n'est pas facile do 
savoir en quoi consistaient ces deux ressort, et ce qui les différenciaient. On 
est à peu près d'accord sur le merum. C'était la juridiction criminelle do 
laqueUe relevaient les méfaits passibles de mort, mutilation, exil, galères ou 
pilori. Le seignieur qui la possédait en était fier et faisait élever, comme marque 
de son pouvoir souverain, des fourches, un peyron et autres insignes 
matériels des exécutions criminelles. Quant au mijctum, c*est la juridiction 
connaissant, d'après les uns des causes civiles, d'après les autres des délite, 
d'après quelques-uns du droit de contrainte, de la police correctionnelle, etc. 

Ces termes tombèrent en désuétude en Provence après la réformation de la 
justice sous François I®'. On ne les entendait plus au siècle passé. C'était 
devenu une formule inintelligible do style, que le notaire de Chftteau-Arnoux, 
Pierre Bernard, écrivait ainsi, en 1775, dans l'acte de vente de la seigneurie 
do Montfort : avec mère et impaircIUI (aux minutes de M* Toppin, notaire à 
Volone). 

A''oir là dessus Ducange et le traité spécial de 85 p., in4«, Tractatus de 
imperîo et jurisdidionc de F. de Clapier, placé ordinairement à la suite dos 
Ccnturta; cavêarvm de cet auteur, édition de Lyon, 1616. Ce traité, daté d'Aix, 
1®' juin 1585, est dédié à Jean de Sade, premier président de la Cour dos 
Comptes, dans «no préface pleine de renseignements biographiques et histo- 
riques curieux. 



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— 131 - 

raenun et mixtam imperium et alia jura infrascripta et sanguinis 
eifasionem ; itam pro cavalcata Pascatis, libr. ij, sol. decem.... 
Fo 282, vo : infrascripta castra et loca faciunt régie curie focagia 
in casiJbas coasaetis ad rationem quinque solid. pro foco.... Castrum 
de Sabripis, G. de Gastelleto, G. de Mandanes (ou Mandaneys).... 
Gastrum Arnulphi, G. de Beoncio.... De Gastro novo supra 
Yolonam. — De Volona, in quo dicuntur esse centum foci, etc. 

Des documeats analogues, remontant à 1297, se rencon- 
trent encore dans les registres d'une enquête pareille faite 
à cette époque par ordre du roi-comte Charles II et par les 
maîtres rationaux dans toute la Provence. Les volumes 
qui intéressent les Basses- Alpes sont : B. 1026, relatif à la 
vallée de Barcelonette, Jausiers, Castelar, Saint-Paul, 
Tournoux, Méolans, Lauzet, Meyrones et Revel ; B. 1028 ; 
droits du roi dans Gastelane et sur le bailliage : Robion, 
Brandis, Eoulx, Ghasteuil, Blieux, Gastillon, Allons, 
Ubraye, etc ; B. 1030 : viguerie de Forcalquier, Mane, 
Labrillane, Saint-Michel, Fontienne, Voix, Saint-Maime, 
Saint-Etienne, etc. 

B. 1033 et 1034 : bailliage de Puget-Théniers, ou Terre- 
Neuve, avec Saint-Gassien, la Croix, Saint-Léger, Seyne, 
Villevieille, Entrevaux, Fugeret, Peyresc, Annot, etc. ; 
B. 1036: Seyne, Auzet, Selonet, la Bréole, Couloubroux, 
Pontis, Ubaye, Verdaches, etc. ; B. 1037 : Sisteron, Ma- 
nosque, Astoin, Piégut, Valavoire, Valerne, Thèze, 
Salignac, village de quatre-vingts feux, Sourribes, de 
vingt-deux, Entrepierre, de vingt-six, Baudument, trente- 
quatre feux ; Volone, avec le tarif du péage, etc. ; B. 1038 : 
Sisteron, Antonaves (Hautes-Alpes), Mison et Bayons (1). 



(1) On trouvera encore des renseignements nombreux et précis sur le 
bailliage, puis viguerie, do Sisteron dans les registres suivants des archives 
dos Bouchcs-du-Rhône : B. 7, 'àùS, 329 (1237); B. 171 (1250); B. 172 (1257); 
B. 813 (1284); B. 1070 (1200); B. 821, 822 (1328); B. 477 (1S20); J. 1139 
(1365-62); B. 1161 (1871); B. 200-2 (1471-87); B. 174 (1557); B. 1343, 1845 



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-132 — 

Il serait utile d'étudier ces registres de près et d'en 
retirer toutes les notions utiles pour l'histoire locale, la 
topographie, les familles nobles et roturières, etc. 

Ne se trouvera-t-il pas à Marseille un bas-alpin pour nous 
donner ce relevé, que l'inventaire sommaire n'a pas pu 
nous fournir ? 

V. LIEUTAUD. 



PLUIE DE POUSSIÈRE A DIGNE 



Le 15 mai dernier, M. Gorde, notre excellent président 
d'honneur, voulut bien attirer mon attention sur un fait 
d'une nature assez singulière. 

Il avait remarqué, la veille, qu'une couche d'une matière 
à l'aspect de rouille s'était déposée sur les plantes de son 
jardin. Ce dépôt était assez abondant pour recouvrir en- 
tièrement les feuilles des arbres, les vitres d'une petite 
serre, tous les corps exposés à l'air en un mot. Quoique le 
phénomène se fût passé la veille, nous descendîmes au 
jardin et je pus constater, malgré la pluie survenue pendant 
la nuit et dans la matinée du 15, que nombre de feuilles 
étaient encore tachées par cette substance; la serre en était 
abondamment garnie, la pluie l'ayant amassée dans les 
rebords du châssis. 

Pour avoir cette substance aussi pure que possible, je 
cueillis quelques feuilles à la hauteur de plus d'un mètre. 
Puis, voulant m'assurer que je n'avais pas affaire à un fait 



(1635); B. 55 (1674); B. 747 (1682); B. 955-6 (1688) et la série des comptes 
desclayaires de Sisteron, de 1303 à 1492; B. 2009-2022, 2506. 

Ces regristres fourniront des documents de la plus haute importance à 
quiconque voudra étudier du XIII* au XV* siècle Thistoire d*un village quel- 
conque des cantons actuels de Volone, Noyers, Sisteron, la If ote et Turriès. 



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— 133 - 

très localisé, je me rendis chez M. Daime. Les plantes de 
son jardin, situé à l'autre extrémité de la ville, avaient 
conservé une matière identique. C'était donc, à n'en pas 
douter, d'une vraie pluie de poussière qu'il s'agissait. 

De quelle nature était cette poussière ? A la vue simple, 
elle présentait une couleur rougeâtre et, broyée sous le 
doigt, donnait la sensation d'un corps réduit à un état 
de division extrême. Le microscope la résolvait, sous un 
grossissement considérable, en particules aux angles 
aigus semblables pour la plupart à du verre pilé ; d'autres 
particules étaient plus opaques et plus fines ; çà et là, 
quelques corpuscules arrondis, très foncés en couleur, 
attiraient l'attention. 

Une goutte d'acide azotique fit disparaître les corps 
opaques, avec dégagement d'acide carbonique ; ils étaient 
donc composés de carbonate de chaux ; en un mot, c'était 
du sable calcaire. Les grains noirs, arrondis ou ovoïdes, 
furent attaqués moins vivement, en laissant des traces 
d'oxyde de fer. Seuls, les matériaux les plus volumineux, 
ceux dépassant sensiblement un cent millième de milli- 
mètre de largeur résistèrent, en augmentant de limpidité ; 
c'était de la silice, du sable quartzeux. Nous étions donc en 
présence d'une poussière siliceuse-calcaire, d'une extrême 
ténuité, avec traces de fer. 

Par une circonstance heureuse, il se trouvait qu'on avait 
soumis à mon examen, quelques jours avant, une pous- 
sière recueillie à Gonstantinople dans des circonstances 
identiques ; cette poussière avait la même composition que 
celle de Digne, sauf que le fer y était moins abondant. 
D'autre part, peu de jours après la pluie de Digne» tombée 
un mardi, je lisais dans les journaux que, le samedi précé- 
dent, un navire faisant la traversée d'Algérie en France 
avait été couvert d'une poussière rougeâtre, que l'on com- 
parait à du safran, et couvert à tel point que le capitaine 
dut faire balayer deux fois le pont. Enfin, l'observatoire de 
Moncalieri annonça que la même chute de poussière avait 
convertie midi de l'Italie, chose fréquente dans ce pays. 



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- 134 - 

D'où vient une telle quantité de poussière ? Sa véritable 
origine n'est constatée scientiflqueminent que depuis quel- 
ques années. On ne manquait pas autrefois de l'attribuer à 
une éruption volcanique lointaine, ce qui peut être excep- 
tionnellement vrai ; mais, dans la plupart des cas, et le 
nôtre en particulier, sa composition dément cette hypo- 
thèse : cette poussière ne renferme aucun des éléments qui 
composent les cendres éruptives. Sa véritable origine est le 
grand désert africain. Les météorologistes ont reconnu 
qu'un cyclone passant sur le Sahara, en se dirigeant vers 
l'Europe, peut transporter fort loin, sur notre continent, les 
plus légères parcelles du sable du désert, soulevées dans 
les hautes couches de l'air. 

Nous savons tous que les cyclones ne nous ont pas fait 
défaut pendant mars, avril et mai ; c'est à l'un d'eux que 
nous devons notre pluie de poussière. L'Afrique nous 
envoie les derniers efforts de son si7noun, mais rendu si 
bénin qu'il faut une certaine attention pour l'observer dans 
ses effets. S'il abandonne sa poussière par un temps sec, 
elle se confond avec la poussière locale. 

Reste à expliquer la présence du fer. Ce minéral peut 
provenir du désert ; les roches sédimentaires dont la pul- 
vérisation forme le sable du Sahara en renferment une 
certaine quantité, comme la plupart des roches de cette 
nature ; mais la forme régulièrement arrondie des frag- 
ments semble lui donner une origine cosmique ; c'est, sans 
doute, du fer extra-terrestre. M. Gaston Tissandier a 
recueilli de pareils corpuscules dans les régions les plus 
élevées de l'atmosphère. D'un autre côté, les sondages en 
mer en ramènent de semblables du fond des abîmes. Les uns 
et les autres sont de véritables météorites microscopiques, 
qui flottent dans l'air, ou bien, ayant subi complètement 
les lois de l'attraction, sont allées sombrer dans l'Océan. 

Avec « la pâle clarté qui descend des étoiles », il des- 
cend aussi du fer, et cette chute continuelle contribue à 
augmenter le volume de notre planète. Il est certain que. 



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- 135 - 

depuis le jour où les molécules de la terre commencèrent 
à se grouper, ces poussières de fer cosmique ont rempli un 
rôle important. D'aucuns ont voulu calculer pour quelle 
part elles entraient avec les vraies météorites dans le vo- 
lume terrestre ; je ne réclame pas le soin de vérifier leurs 
calculs. 

Il me suffit d'avoir entretenu la Société du fait inté- 
ressant que M. Gorde voulut bien me signaler. 

BACHELARD. 



FEAGMENTS DU VOYAGE EN ITALIE 



VEIVISE 



Hier, j'étais au Lido, laissant errer mes rêves 
Dans l'idéal lointain du monde indéfini ; 
Le flot harmonieux expirait sur les grèves ; 
J'étais seul, loin de l'homme et devant l'infini I 

Je songeais sans témoin, sans but et sans pensée ; 
Mon cœur se reposait en son recueillement, 
Ainsi qu'un papillon, quand son aile est lassée. 
Choisit la fleur qu'il aime et s'y pose un moment. 

Et la brise ridait la moire bleue et verte. 
Que la mer étalait en son azur changeant. 
La plage étincelait, tant elle était couverte 
De coquillages, d'algue et d'écume d'argent. 



Des voiles sillonnaient l'Adriatique blonde. 
La nature riait, sereine, au granti soleil. 
Et la ligne du ciel, et la ligne de l'onde 
Se confondaient là-bas à l'horizon vermeil. . 



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- 136- 

J'éprouvais un bonheur mêlé d'ivresses vagues, 
Comme on sent palpiter son être au renouveau; 
Les vents mêlaient leur hymne au bruit égal des vagues. 
C'était suave et doux comme un chant du berceau ! 

Oh ! pourquoi l'Eternel ne fait il pas qu'on meure, 
Lorsque Ton entrevoit son séjour de si près ; 
Quand l'âme va si haut, puis retombe et demeure, 
N'est-ce pas bien cruel qu'il faille vivre après ! 

On se réveillerait de l'extase sublime 

Dans un monde nouveau, sans même s'en douter. . . 

Et sans transition on franchirait l'abîme 

Que nos faibles esprits nous font tant redouter. 

Mais non ! ce n'est pas là ce que la destinée, 
La grande loi de Dieu, veut de nous ici-bas : 
Notre âme est en ce monde à vivre condamnée. 
L'homme fort se soumet, souffre et ne se plaint pas. 

Il faut savoir attendre et subir cette vie, 

Mais c'est pour que nos maux nous paraissent moins lourds 

Que Dieu, d'où vient l'espoir, a, de sa main bénie, 

Jeté tant d'idéal dans l'azur des beaux jours. 

C'est pour cela qu'il fit toutes les grandes choses. 
Qu'il créa le printemps et les oiseaux des bois. 
Et l'humble violette, et les lys, et les roses, 
Et le concert du flot, orchestre aux mille voix. . . 

Qu'il fit rarbre, et le nid que balance la brise. 
Les blés, le gazon vert, les fruits que nous aimons, 
Les déclins empourprés, et l'aurore indécise. 
Et la plaine, et le lac, et la neige des monts ; 

Que d'un ange il créa la femme belle et pure, 

Qui partage nos maux et les vient apaiser ; 

Qu'il nous donna l'enfant, qui gazouille et murmure, 

Le trouble des aveux et le premier baiser. 



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— 187 — 

C'est pour cela qu'à rbeure où tout redevient sombre. 
Tant de beaux diamants s'allument dans les cieux. 
Quand on voit resplendir tous les joyaux de Tombre, 
Colliers du firmament faits d'astres radieux. 

Cest pour cela qu'il mit la chaste et p&le lune 
Gomme un phare, l&-baut, qui vient veiller sur nous. . . 
C'est pour cela qu'il fit Venise et sa lagune, 
Ce paradis des mers où l'amour est plus doux ! 

Venise, 15 mars 1876. 



VÉRONE 

AU TOMBEAU DE JULIETTE 



C'est dans ce cloître obscur. — La dalle solitaire 
Recouvre ce beau corps, poussière désormais ; 
Cet asile est discret. — L'ombre du monastère 
Garde et protège ceux qui dorment pour jamais. 

Cest là qu'au monde impur cette fleur fut ravie, 
Là, qu'on l'ensevelit en priant à genoux. . . 
Là, que prit son essor, au printemps de la vie, 
L'ange exilé du ciel qui souffrait parmi nous. 

C'est là que vint aussi l'amant, terrible et pâle, 
Mourir à ses côtés en maudissant le sort. 
Ce tombeau fut pour eux la couche nuptiale ; 
C'est là que ces deux cœurs s'unirent dans la mort 1 

Là, de pieuses mains, à l'heure où le jour tombe. 
Viennent discrètement déposer, tour à tour. 
De poétiques fleurs sur cette chaste tombe. . . 
Et nul ne les connaît, ces vestales d'amour... 



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- 138 - 

Oh ! mes doux fiancés 1 le bonheur n'est qu'un rêve 
Que l'on poursuit sans cesse et qui sans cesse fuit. 
On l'ébauche ici-bas ; - souvent on ne l'achève, 
Qu'en franchissant le seuil de l'insondable nuit ! 

Combien de fois, l'automne a-t-il jauni la feuille, 
Depuis que l'Eternel vous réunit aux cieux ! 
Et toujours cependant le passant se recueille 
Devant ce froid témoin de vos derniers adieux. 

Quel intérêt pourtant à vos deux destinées 
Rattache donc notre âme, et depuis si longtemps 
Que l'écho de vos noms fait, après tant d'années, 
Vibrer tant d'idéal dans tout cœur de vingt ans! 

C'est que vous étiez vrais dans l'extase sublime. 
C'est que vous étiez purs dans le rêve embaumé. 
C'est que, vivre et haïr vous paraissant un crime, 
Vous êtes morts tous deux pour avoir trop aimé I 

C'est qu'ayant trop souffert en vos âmes sereines 
(Comme l'oiseau s'endort après avoir chanté). 
Vous avez clos vos yeux sur le monde des peines. 
Pour les rouvrir bientôt dans le monde enchanté I. . . 

On dit qu'on vit alors, bien loin dans le ciel sombre, 
L'un à l'autre enlacés et la main dans la main, 
Sous le suaire blanc flotter deux corps dans l'ombre. 
Et qu'un ange là- haut leur montrait le chemin. . . 

Même encore aujourd'hui, par la nuit étoilée. 
On dit qu'on voit souvent jusqu*aux lueurs du jour 
Deux fantômes prier près de ce mausolée. 
Mêlant de doux baisers à des chansons d'amour I 

Oh ! qui me redira votre enivrante joie. 
Quand venait Roméo, fidèle au rendez-vous. 
Se suspendre au balcon sur l'échelle de soie, 
Et ce que vous disiez, loin des regards jaloux I 



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-139- 

Dans ton linceul d'enfant, repose, ô Juliette I 
Repose calme et pure, en ton dernier sommeil. . . 
Hélas ! comme jadis, ce n'est plus l'alouette 
Qui viendra t'éveiller dès l'aube au front vermeil. . . 

Si parfois, quand la lune épand ses clartés blanches, 
Quelque bruit d'ici-bas vient te troubler jamais. . ., 
Dors, c'est le rossignol qui chante entre les branches. 
Au souvenir lointain de ceux qu'il a charmés !.. . . 

Vérone^ iO mars 1876, 

G. RICHARD. 



PEOCÈS-VEEBAUX DES SÉANCES 



56o Session. — Sbancb du 6 mai 1889 



Présidence de M. Daime 



La Société scientifiqui et littéraire des Basses- Alpes s'est réunie le 
6 mai 1889, à 5 heures du soir, dans la grande salle de Thôtel de 
ville. 

Étaient présents : MM. Ailhaad, Allard-Théus, Arnonx, Aubin, 
Aubert, Bachelard, Gandillon, Ghaspoul, de Gh&teau-Arnoux, 
Gotton, Daime Marins, Delpuech, Diomard, Giraud Félix, Giraud 
Martin, Gprde, Huriez, Pommeraye, Rebattu, de Rochas, Roos 
et Isnard. 

Après avoir déposé sur le bureau les diverses publications 
envoyées par le ministère de Tinstruction publique et les sociétés 
correspondantes, M. Daime annonce la mort d'un membre corres- 
pondant, M. Roman, ancien juge de paix, dont il fait l'éloge. 

Il propose ensuite l'admission de divers membres titulaires et 
correspondants, dont les noms suivent : 



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— 140 — 

Membres titalaires : 
MM. Huriez Stéphane, professeur de mathématiques élémentaires 

au lycée de Digne. 
Roos Charles, professeur de sciences physiques au lycée de 

Digne. 
Gotton Emile, professeur de mathématiques préparatoires au 

lycée de Digne. 
Candillon Jules, professeur à l'école normale d'instituteurs de 

Digne. 
Delpueoh Antoine, professeur de littérature à l'école normale 

d'instituteurs de Digne. 
Rey Albert, président de la Société Marseillaise et de la Ci« des 

chemins de fer du Sud de la France. 
Martin Félix, directeur de la O^ des chemins de fer du Sud de 

la France. 
Morandiôre Edouard, directeur de la Construction de la G** des 

chemins de 1er du Sud de la France. 
Picard Arthur^ ancien député à Paris. 
Borel Paul, notaire à Manosque. 

Challan de Belval, médecin chef militaire à Amélie-les Bains. 
Imbert Léopold, entrepreneur de travaux publics à Marseille. 

Correspondants : 
MM. Ghave, ingénieur à l'école d'arts et métiers d'Aix. 

Hamon Jean, commissaire à la Ci« transatlantique, à Marseille. 

Jaubert, professeur au lycée de Marseille. 

Dor, chef du secrétariat à la Ci* de chemins de fer du Sud de 

de la France, à Marseille. 
Reboul, instituteur à Beauvezer. 
L'abbé Bellon, professeur au collège de Forcalquier. 
Berriat François, maître répétiteur au lycée de Digne. 
Granier Auguste, chef de burean de Tingénieur en chef de la 

Clo des chemins de fer Bône-Guelma, à Bdne (Algérie). 

L'assemblée accueille, h l'unanimité et avec empressement les 
nouveaux sociétaires. Elle fixe ensuite au 25 mai courant Ta date 
de la séance publique annuelle et délègue MM. Amoux et 



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— 141 — 

Daime, président, pour représenter la Société an congrès des 
sociétés savantes, qui aora lieu en Sorbonne, le 9 juin 1889. 

M. le président donne ensaite la parole k divers sociétaires 
pour les lectures inscrites sur Tordre du jour : 

M. Arnoox : Théorie $ur les maxima du Jeu de piquet. 

M. Gorde : le Berger André. 

M. Bachelard : le Bassin de la Bléone pendant la période gla- 
ciaire, avec carte à Tappui. 

M. Daime ; Sur une nouvelle espèce de Raie, avec spécimen. 

M. Isnard ; Digne et les États généraux. 

Avant de lever la séanc3, l'assemblée nomme une commission 
chargée de recevoir les communications de M. Amoux, ancien 
olfider de marine, au sujet de ses théories sur l'algèbre graphique. 

Cette commission» composée de MM. Daime, président, Dyrion, 
ingénieur en chef, Huriez, Roos, Gotton, professeurs au lycée, 
Candillon, professeur à l'école normale, de Rochas, inspecteur des 
forêts, se réunira le 7 mai, chez M. le président de la Société. 

La séance est levée k 7 heures. 



57« SbSSION. — SéANCB PUBLIOUB ▲KmJBLLB DU 25 MAI 1889. 



Présidence de M. Daime. 



La séance publique annuelle de la Société scientifique et littéraire 
des Basses- Alpes a eu lieu samedi 25 mai. 

L'élite de la société dignoise remplissait, dès 8 heures, la grande 
salle du tribunal. 

M. Daime, ingénieur, présidait, ayant à ses côtés M. Gorde, 
vice président, M. Tardy, préfet des Bassss-Alpes, M. Plauchud, 
président de l'Athénée de Forcalquier, et M. le général Bongarçon. 

Un grand nombre de dames et de demoiselles en charmantes 
toilettes, tous les hauts fonctionnaires, de sympathiques envoyés 
de Forcalquier et de Sisteron s'étaient réunis, pour écouter des 
lectures et de la musique de choix. 



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-142- 

M. Daime ouvre la séance en ces termes : 

< Mesdames, Messieurs, 
» Je serai court. 

• Notre Société, je suis heureux de le constater, va toujours 
en prospérant; nous le devons surtout à l'honorable président 
que j'ai remplacé, M. Gorde, qui a su, à force de zèle et d'activé 
propagande, porter à quatre cents le nombre de ses membres. 

• Aujourd'hui, nous pouvons largement suffire à toutes les 
dépenses qu'entraîne la publication de notre Bulletin et constituer 
une réserve pour les frais imprévus, les dépenses extraordinaires, 
— nous avons 56 francs de rentes annuelles. — Je vous devais ce 
petit compte rendu, qui fait notre orgueil et qui prouve la sagesse 
des administrateurs qui ont géré nos finances. 

» L'empressement que vous mettez, Mesdames et Messieurs, à 
venir assister à nos séances annuelles prouve tout l'intérêt que 
vous portez à notre Société, et elle vous en remercie. Vous êtes. 
Mesdames, la beauté et le charme de toutes nos réunions, comme 
vous êtes la joie du foyer^ le bonheur de la vie. 

> Le but que nous poursuivons, vous le connaissez ; laissez-moi 
pourtant vous en dire quelques mots. 

• Nous n'avons pas la prétention de renouveler des Grecs les 
réunions du Portique, et nous ne voulons pas parodier l'Académie 
française. Notre rôle est plus modeste et plus pratique : 

» Étudier la flore et la faune de la région ; exhumer du sol, des 
assises de nos montagnes les générations animales disparues ; feuil- 
leter les archives locales, les vieilles chartes, en extraire quelques 
documents oubliés ; faire revivre le passé, en reconstituer les an- 
nales ; rechercher les débris archéologiques, les vestiges des temps 
phréhistoriques ; fouiller les ruines des monuments anciens. 

• Passer aux spéculations mathématiques, à la science qui porte 
ses investigations sur l'univers entier, dont les désirs sont infinis et 
sans bornes, qui tend à l'affranchissement des mondes en domptant 
la matière, en coordonnant les forces naturelles, en découvrant les 
lois de l'ordre physique. 

» Atteindre h l'art qui élève et console, qui grandit l'humanité 



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— 143 — 

par la prédominance dn sentiment, par la manifestation du côté le 
plus immatériel de notre être : la pensée. 

> Tendre sans cesse vers cet idéal, ne jamais défaillir. Si on est 
impaissant à créer une œuvre géniale, amasser des matériaux, 
apporter sa pierre au monument, être l'humble manœuvre des 
génies futurs, l'ouvrier anonyme de la science; c'est encore un 
mérite, et il faut savoir s'en contenter. 

» Découvrir la plus mince parcelle de vérité, émouvoir ses sem- 
blables, voilà les vraies récompenses du labeur intellectuel ; elles 
suffisent à toute une vie de travail. 

• Provoquer les vocations, développer les aptitudes, élever 
l'esprit, épurer le goût, pousser les générations dans la voie du 
travail intellectuel, faire aimer l'étude en montrant son importance 
et sa grandeur ; faire croire au vrai, admirer le beau^ pratiquer le 
juste, en un mot réagir de toutes nos forces contre le scepticisme 
énervant qui envahit notre siècle, voilà notre but. 

• Nous pouvons tous y concourir, chacun selon ses moyens, ses 
ressources, sa situation sociale. Il ne faut pour cela que de la 
volonté et un peu de travail. Il n'y a pas de labeur, quelque minime 
qu'il soit, qui par sa continuité ne produise de grands résultats. Ce 
sont les dépouilles des infiniment petits qui édifient les continents. 

> Vous le savez, Messieurs, mais il est bon de le redire, notre 
Société admet et publie toutes les productions de ses me:nbres, en 
laissant à chacun la responsabilité de ses opinions; on peut y traiter 
tous les sujets, y développer toutes les théories, y discuter tous les 
principes, môme les plus contradictoires, avec la plus entière liberté, 
mais dans la limite des convenances, restriction bien superflue avec 
vous tous, Messieurs, qui rivalisez d'aimable cordialité. 

> £a terminant, permettez-moi de me faire l'interprète de la Société 
tout entière, en transmettant à M. le général Bongarçon les senti- 
ments de vive sympathie de ses compatriotes et plus spécialement de 
nous tous, qui avons l'honneur de le compter au nombre des mem- 
bres de notre association, sur laquelle rejaillit l'éclat du grade 
éminent auquel ses talents militaires et sa bravoure de soldat l'ont 
fait parvenir. 

> Gomme nous aussi, vous avez applaudi à la distinction si méritée 



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- lU - 

dont notre ami et confrère, le symiMthiqae artiste dignoia, M. Co- 
lomb, a été dernièrement l'objet. Janaîa palmes académiques n'aa- 
ront été mieux placées. 

t Mesdames et Messieurs, qu'il me soit encore permis de roua 
remercier et de vons exprimer tout le plaisir que nons éprouvons de 
vons voir en si grand nombre à cette assemblée; c'est pour nous un 
enconragement à persister dans notre voie et la récompense de nos 
efforts. • 

Gedisopnrs est convert d'applaudissements. 

Les diverses lectures et les morceaux de musique et de chant, 
portés sur le programme qui suit, sont écoutés avec le plus grand 
intérêt et très applaudis. 

PREMIÈRE PARTIE. 

La PapiUon (nouvelle), par M. Bachelard. 

Voffoge en Italie (Venise, Vérone), fragments, poésies, par M Richard. 

Quatiwr à cordês (Mozart), 

La Salo d'AeUo (fantaisie provençale), par M. Piauchud. 

Romance (Faure), chantée par M. Gandillon. 

Solo de flûlet monologue dit par M. Diomard. 

DEUXIÈME PARTIE. 

Ouverture de Fauet ((younod), quatuor. 
Fantaisie comique, par M. Gaaalet. 
Lou Bragueto (conte provençal), par M. Piauchud. 
T}fpe$ hae-^im. — Le berger André, par M. Gorde. 
Ckamonnêtte, chantée par M. Candiilon. 

La séance est levée à il heures. 



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— 145 — 
LA PREMIÈRE ÉGLISE 

DU COUVENT DES DOMINICAINS 

DE BARCELONNETTE 



La place principale de Darcelonnette, dite place Manuel, 
est bordée du côté est, en allant du sud au nord, par la 
tour de l'horloge ou tour Gardinalis, la maison Caire, la 
maison Audiffred et par l'hôtel du Nord, appartenant à 
M. Gastel. 

En mai 1888, M. Gastel fit démolir, pour la reconstruire 
sur caves, la partie de son hôtel donnant sur la place 
Manuel ; cette partie se trouve séparée du restant de 
l'hôtel, à l'est, par un gros mur de 1 mètre au niveau du 
sol et de 0^,80 au second étage, percé à chaque étage de 
trois anciennes fenêtres visant à l'est et qui avaient été 
utilisées soit comme portes, soit comme placards. 

Ge gros mur forme aussi la façade est de la maison 
Audiffred, où se voit encore, à la hauteur de la grange, 
l'encadrement en tuf d'une ancienne grande fenêtre cintrée ; 
à Test de ce mur, se trouvaient d'abord le chemin de ronde, 
puis les remparts de la ville et enfin les fossés, transformés 
plus tard en jardins, sur lesquels donnaient ces fenêtres et 
qui existaient encore au commencement de ce siècle. 

Pour creuser les fondations et les caves, on a descendu 
les fouilles à 3 mètres du niveau actuel de la place Manuel, 
qui se trouve à 0»»,90 au-dessous d'un repère tracé par 
l'administration des ponts et chaussées sur le mur est de la 
tour de l'horloge et qui porte la cote d'altitude del,135»,50. 

Ces fouilles ont amené la découverte de substructions 
anciennes et que nous attribuons à la première église du 
couvent des Dominicains de Barcelonnette, dont la tour de 
rhortoge, dite tour Gardinalis, subsiste seule. 



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— 146 - 

Dans la partie sud des fouilles, touchant à la maison 
Âudiffred, est apparue une chapelle de 4 mètres du 
sud au nord, sur 6n>,40 de Test à Touest. 

Les murs est et nord étaient recouverts, immédiatement 
au-dessous du sol actuel de la place, d'un revêtement de 
tuf en moellons carrés, admirablement taillés et jointes, de 
25 à 30 centimètres d'épaisseur. Aux quatres angles, étaient 
des colonnes en tuf, rondes, de 20 centimètres de diamètre, 
engagées dans l'angle et reposant sur un socle bas en 
pierre dure, veinée blanc et rose, dite pierre de Serennes 
(calcaire du Briançonnais). 

Ces socles ne sont pas tous semblables et consistent en 
un entablement carré surmonté tantôt de deux, tantôt de 
trois boudins. Aux angles du piédestal carré, le dernier 
boudin s'efflle en V vers l'angle. Au dessous des socles, se 
trouvait le dallage en pierre calcaire grise de 6 centimètres 
d'épaisseur. Ce dallage, dont on n'a trouvé que les morceaux 
engagés sous les socles des colonnes, se trouvait à 2«n,30 
au-dessous du sol actuel de la place. 

Dans le tuf du mur est de cette chapelle, se trouvent 
creusés deux trous de scellement destinés probablement à 
tenir l'autel et une niche cintrée de 0n»,35 de hauteur sur 
0m,40 de base, pour mettre les burettes. 

Dans le tuf du mur nord, à un métré de la colonne nord- 
est, se trouve un placard de 0n»,65 de base pour 0^,40 de 
profondeur, en pierre de tuf parfaitement taillée, ouvrant 
à ln>,20 au-dessus du sol de la chapelle ; enfin, vers l'angle 
nord-ouest de cette chapelle, le mur nord était percé d'une 
porte de 1 mètre de largeur, avec évasement en dehors 
vers le nord, dont le seuil, à l'intérieur de la chapelle, était 
précédé d'une marche et se trouvait à 2 mètres au- 
dessous du niveau de la place Manuel. 

Les gonds en fer de cette porte sont recouverts d'une 
très forte couche d'oxyde noir, revêtue par plaques 
d'oxyde rouge. 

De l'angle de cette porte partait un gros mur du sud au 



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— 147 — 

nord, sur ralignement du gros pilier dont il va être parlé ; 
ce mur, ainsi que le grand mur levant des maisons Au- 
diffred et Gastel, se prolongeait plus loin que le mur nord 
actuel de riiôtel Gastel, à travers la rue. Actuellement, 
les façades ouest de Thôtel Gastel et des maisons Audiffred 
et Gaire sont parallèles à ce gros mur, mais à 1 mètre 
à l'ouest. 

Les colonnes d'angle nord-ouest et sud-est étaient ados 
sées à des piliers carrés, revêtus de tuf, surmontant des 
socles ornés de la même façon et de 1 mètre d'épaisseur. 
(Voir la planche i.) 

La colonne d'angle sud-est était adoss5e à un gros 
pilier A de l»n,35 d'épaisseur, revôtu en tuf de 0m,28 d'épais- 
seur. Au flanc ouest de ce pilier, se trouvait une demi- 
colonne en tuf de 0m,40 de diamètre, surmontant un socle 
de pierre de Serennes, proportionné à la colonne, du 
même dessin que ceux des colonnes de la chapelle. ( Voir 
le détail^ planche 2.) 

Ge gros pilier, avec sa grosse colonne à l'ouest, devait 
appartenir à la grande nef de l'église. 

La démolition du gros pilier montre que son revêtement 
en tuf, du côté de la chapelle latérale décrite ci-dessus, 
était appliqué sur un revêtement primitif en pierre de taille 
dure (a b), ce qui paraît indiquer, pour la chapelle latérale, 
une construction ou une ornementation en tuf postérieure 
à la construction de la grande nef. 

Enfln, sur le côté sud de la chapelle latérale, il n'y avait 
pas trace de mur, ce qui montre que cette chapelle latérale 
était suivie vers le sud d'une ou de plusieurs autres cha- 
pelles, formant ensemble la nef latérale de gauche de 
l'église. En effet, de l'autre côté, vers le sud des pilastres 
auxquels étaient adossées les colonnes d'angle, se trou- 
vaient des colonnes semblables appartenant à la chapelle 
suivante. 

Ge qui corrobore cette supposition, c'est que, de cette 
chapelle au clocher, il y a exactement la place de trois 



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- 150 - 

chapelles de môme dimension. Le clocher devant se 
trouver t la gauche du chœur de l'église, comme de 
coutume, la nef latérale de gauche venait buter contre lui 
et devait se composer de quatre parties en enfilade, sem- 
blables EL la chapelle exhumée. 

L'intérieur de cette chapelle latérale se trouvait complè- 
tement rempli, en partant du sol actuel de la place, par : 

10 Qm^eO de débris de construction, gravats, pierres, terre 
grossière ; 

2o Au-dessous, jusqu'au fond des fouilles, de la terre fine, 
pleine de squelettes, en place, à tous les niveaux, enterrés 
les pieds au levant, dans des caisses de mélèze, dont la 
trace carbonisée par le temps se voyait assez nettement 
dans les coupes faites par la bêche ou la pelle. C'était 
devenu un cimetière. L'état des ossements, happant 
fortement à la langue, montre que ces sépultures sont 
anciennes. 

Leur souvenir en était perdu et, à plus forte raison, celui 
de la chapelle primitive, car les fondations du mur de 
séparation Gastel-Audiffred sont creusées dans le sol du 
cimetière, mais à une faible profondeur, soutenues qu'elles 
sont par un arc de cintre plat, allant du gros pilier à la 
muraille en tuf du levant. Au-dessous de ces fondations, 
les squelettes étaient en place et n'avaient pas été dé- 
rangés. 

Les fouilles, étant descendues au-dessous du niveau du 
sol de l'ancienne chapelle, ont amené encore quantité 
d'ossements humains. Pas une pièce de monnaie, pas une 
médaille n'a pu nous éclairer sur la date de ces sépultures. 

Enfin de l'autre côté du mur nord de cette chapelle, en 
deçà de la porte susdécrite, pas un ossement, mais seu- 
lement des plâtras brûlés et des débris d'ardoises ; les sé- 
pultures n'existaient donc qu'à l'intérieur de cette nef 
latérale. 

Gomme ces sépultures occupent 2 mètres au-dessus 
du sol de cette nef latérale, il a donc fallu qu'après sa 



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- 151 — 

destruction jusqu'à 2 ou 3 mètres de son sol elle 
ait été, à l'état de ruine, remplie petit à petit de 
terre et transformée ensuite, pendant une longue 
série d'années, en un cimetière dépendant toujours du 
couvent des Dominicains, dans l'enceinte duquel il se 
trouvait situé, à l'abri du mur nord de la dernière église 
et couvert d'un toit. On y enterrait les personnes qui 
faisaient élection de sépulture au couvent des Domi- 
nicains. 

Les dernières sépultures doivent être de 1776. Un édit du 
roi du 15 mai 1776 défendit d'enterrer dans les églises ; les 
Pères voulurent alors créer un cimetière à l'angle nord- 
est de leur enclos, sur l'emplacement des maisons de 
derrière et du jardin de M™» veuve Plaisant et Monjardin, 
où l'on a trouvé de nombreux ossements. Ils y arrivèrent, 
malgré l'opposition du curé Rivier. De là, procès des plus 
instructifs auquel la Révolution a mis fin et que nous nous 
réservons d'exposer plus tard. 

De quelle époque était la première église des Domi- 
nicains ? 

Le couvent des Dominicains ou Frères Prêcheurs de Bar- 
celonnette fut fondé en 1316, sumptihus du cardinal Hugues 
de Saint-Cber, natif de la Maure, commune d'Uvernet, 
décédé en 1263. La tour de l'horloge a été certainement 
élevée avec la première église du couvent des Dominicains, 
peut-être sur la base d'une tour plus ancienne encore. Ses 
angles et sa flèche sont formés d'un tuf semblable comme 
origine et comme taille à celui de la chapelle exhumée par 
les fouilles Gastel ; mais leur construction ne remonte pas 
si haut et doit être en tout cas postérieure à 1378 ; on lit, en 
effet, dans le répertoire des biens fonds du couvent (1) : 

c La première possession que nos religieux eurent dans 
ce pays fut trois ou quatre sesteirées de terre qu'on leur 



(1) Archives des Baises-Âlpes, H, 1« 



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- 152 - 

donna hors l'enceinte de la ville, dans l'endroit appelé au- 
jourd'hui (en 1763) le clôt de M. Besson (1). 

» Ce fut l'an 1377 que noble Jean Beringuier, baille royal 
des vallées, nous mit en possession d'une partie de l'empla- 
cement que nous occupons aujourd'hui, en présence de 
noble et puissant seigneur Fouque d'Agout, seigneur de 
Reillane et du Luc, grand sénéchal de Provence et de 
Forcalquier, présents aussi noble Louis Guiramand (2), 
Antoine Garnier, notaire , Christophe Martelly, consul, 
Guillaume Isoard, notaire, Guillaume AUemandy, Paul 
Gouttolenq, notaire, conseillers de cette ville, et plusieurs 
autres personnes notables. Cet emplacement s'appelait la 
confrérie du Saint-Esprit. > 

Et plus loin : 

< Cette terre fut donnée au couvent en 1377, le même 
Jour que nous fumes mis en possession de l'emplacement 
où est notre église. » 

L'acte de mise en possession est du 16 février 1378. 

La première église des Dominicains et sa tour sont donc 
de la fin du XIV« ou du commencement du XV» siècle. 

Les socles bas des colonnes exhumées sont bien de cette 
époque. Elle devait occuper l'emplacement des maisons 
Caire, AudifTred et Castel et de la place Manuel actuelle. 
Elle devait être orientée du nord au midi, à en Juger par la 
direction de la nef latérale exhumée par les fouilles et par 
le grand mur levant qui subsiste encore. 

Sans le respect dû aux grands arbres de la place Manuel, 
il serait intéressant de pratiquer une fouille au couchant 
du grand pilier découvert sous le mur midi de l'hôtel 
Castel ; je suis persuadé qu'on découvrirait son pendant et 
que mes suppositions deviendraient alors des certitudes. 

A quelle époque cette église fut-elle détruite ? 



(1) C*est le verger appartemint à M. Amaad, notaire. 

(2) Famille de Faucon, disparue. 



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- 158- 

Je crois qu'elle dut l'être en 1586, lorsque François I«', 
ayant voulu rentrer dans les droits du comte de Provence 
(cédés à la couronne en 1481) et trahi par le comte de 
Saluées, dut abandonner le Piémont et repasser les Alpes. 
Montmorency fit alors ravager la vallée de Barcelonnette 
et une grande partie de la Provence pour que l'empereur 
Charles V, allié de Philibert II, comte de Savoie, ne pût y 
trouver, en cas d'invasion, de quoi nourrir son armée. 
Bouche dit que les Français n'épargnèrent pas les temples 
et les choses sacrées. La vallée de Barcelonnette, complè- 
tement ravagée, présenta requête aux états de Provence 
pour être déchargée de la taille, « attendu les grandes 
foules qu'ils avaient souffertes au passage des gens de 
guerre, tant de la part du roi que de celle de l'empereur •. 

L'église fut alors reconstruite et orientée du couchant au 
levant ; elle était ainsi lorsqu'elle fut brûlée en partie, en 
1613, par Charles Emmanuel, avec le couvent, où s'étaient 
fortifiés les Français. Son orientation est démontrée par 
un acte de prix fait (1), par lequel les sieurs Guillaume 
Pastoris et Claude Jaubert, maçons^ de Gap, s'engagent à 
faire « cinq arcades de pierre grossière dans l'église du 
couvent de Saint-Dominique, du côté du septentrion, et de 
la qualité et hauteur des arcades qui sont au midi, moyen- 
nant la somme de 65 écus, à condition qu'on fournira aux 
presfachiers les manœuvres, la chaux, areyne, gip, bois, 
cordages, pierres et autres choses qu'il conviendra >. 

Un nommé Béraud Antoine s'engagea (2) à faire exécuter, 
moyennant 900 écus, c toutes les réparations de l'église du 
couvent, spécifiées dans l'acte de prix fait déposé au greffe 
du sieur podestat >. 

La réédification du couvent, par ordre du duc de Savoie, 
coûta au consulat de Barcelonnette 800 écus en 1618, plus 



(1) ArchiTos ddi Basses-Alpes, B, 51. 

(2) ArchiTes des Basses-Alpes, B, 62. 

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— 154 — 

un donatif du duc de Savoie de 500 ducatons, fait en 1627, 
sur les revenus de toute la vallée de Barcelonnette, y 
compris la Sture, dont 500 ducatons formaient la part des 
divers quartiers de Barcelonnette (1). 

Charles Emmanuel avait déjà donné, le 7 mai 1619, aux 
RR. PP. les ruines des forts du Lauzet et du Chàtelard, qui 
ne furent plus relevés depuis. Le couvent fut brûlé de 
nouveau, en 1628, par le marquis d'Uxelles et dépeuplé par 
la peste, en 1630. 

Le 2 juin 1639, le R. P. Bonnet obtenait du duc de Savoye 
une aumône de 1,000 ducatons pour la reconstruction du 
couvent. 

En 1654, le prieur Honoré Hermitte obtient encore, des 
consuls de Barcelonnette, 190 ducatons, sous prétexte que 
son église et couvent avaient été brûlés pendant les der- 
nières guerres pour le fait et service de la ville. 

Le couvent et l'église étaient reconstruits en 1656 (2). 

Dans la vue de Barcelonnette contenue dans le Theatrum 
Sdbaudiœ (1720 environ), Téglise des Dominicains est 
orientée du couchant au levant et s'arrête de ce côté au 
grand mur existant encore ; elle a subsisté ainsi jusqu'à 
son effondrement, vers 1793. 

Nous pouvons donner quelques renseignements sur l'état 
et les dimensions de l'église et des édifices du couvent, 
d'après les documents suivants (3) : 

Le 27 octobre 1727, M. Paul de Saint-Donnat, préfet de 
Barcelonnette, ordonne aux RR. PP. de fournir des 
magasins dans leur couvent pour loger 6,000 quintaux de 
grains destinés à la subsistance des troupes en garnison 
dans la vallée et désigne les pièces occupées que nous 
énumérerons plus loin. 



(1) Archives des Bussee-Alpes, B, 109 et 110. 

(2) Archiyes des Basses-Alpes, H, 48. 

(3) Archives des Basses-Alpes, H. 9. 



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— 155 — 

La môme occupation eut lieu en 1731. 

Le 25 octobre 1744, un régiment de cavalerie de l'armée 
française d'Italie occupe tous les prés du couvent, et, sur 
Tordre de M. Gorporandy d'Auvare, préfet de Barcelonne 
(sic)^ les dégâts furent estimés par experts, dont le procès- 
verbal contient la désignation et la contenance des pro- 
priétés occupées ; diverses salles du couvent servirent de 
magasin pour les effets d'habillement, et le cloître servait 
d'entrepôt pour le bois. 

En 1745, le couvent fut encore occupé pour l'entrepôt des 
grains, farines, fourrages et malades de l'armée d'Italie. 
L'église fut remplie de fourrages, après que le sanctuaire 
en eut été séparé par une cloison. 

M. le préfet d'Auvare lui-môme dressa le procès-verbal 
des dégradations, en présence de Pierre-Jacques Maurin et 
Jean-Baptiste Sicard, consuls, avec un luxe de détails 
bien précieux pour nous. 

Il en résulte que l'église occupée (moins le sanctuaire 
probablement) avait 12 toises en longueur sur 9 de large, 
soit, à ln>,95 la toise, 23m,40 sur 17^,55 à l'intérieur ; qu'il y 
avait, en outre, six chapelles latérales munies chacune d'un 
autel, avec marchepied en bois de noyer. 

Le chœur, au nord de la tour de l'horloge, devait venir 
Jusqu'au ras de la façade ouest de la tour. En partant de 
là et comptant 25 mètres pour la longueur de l'église de 
l'est à l'ouest, on voit qu'elle occupait toute la largeur de 
la place Manuel actuelle. 

Quant au couvent lui-même, il était, au commencement 
du siècle dernier, au nord de la place Manuel actuelle, sa 
façade midi sur la place, et sa façade nord à quelques 
mètres du canal des moulins, ainsi que le montre l'auto- 
risation suivante, obtenue par les Pères, des consuls 
François Richaud et Besson, et du défenseur Magnaudy, 
10 février 1700 : 

c En suite des remonstrances qui nous ont été faites par 
les révérents Pères de Saint-Dominique de Barcelonnette, 



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-156- 

du dessein qu'ils ont de changer le chemin qui est le long 
de leur couvent et au-dessous de leurs fenestres^ pour le 
transporter à 4 ou 5 pas de là, le long du canal des 
moulins de M. Besson ; 

» Ayant considéré que par cette permutation les jardins 
qui sont au bas de la ville pourront plus commodément 
s'arroser, que la rue et les habitants iraient chercher plus 
près et plus commodément de Teau pour leur usage et en 
cas d'incendie et que les muletiers môme auraient l'abreu- 
voir plus près de leur auberge, nous leur permettons, en 
tant qu'il est à nous, de faire à leurs frais ce changement, à 
condition pourtant que le nouveau chemin qu'ils préten- 
dent faire soit assez spacieux pour donner passage à une 
paire de bœufs attelés et autres bestes de charge, et que 
le ruisseau des moulins ne soit pas rétréci, mais élargi 
d'un grand pas, et que le bord soit fait d'une manière 
commode à. tous ceux qui ont droit de se servir de cette 
eau, etc. (1). • 

C'est le chemin qui borde le canal des moulins actuel- 
lement, mais où deux bœufs attelés auraient de la peine 
à passer. Il est donc certain qu'en 1700 le couvent occupait 
l'emplacement des maisons Lions, Berlie et de l'hôtel 
Martel. 

Les procès-verbaux susônoncés nous donnent sur le 
couvent les renseignements suivants, pour les parties 
occupées par les troupes : 

Au rez-de-chaussée, un réfectoire de 6 toises sur 4, soit 
llm,70 sur 7m,80, suivl de deux appartements de 3 toises 1/2 
sur 3, soit 6^,82 sur 5n,85, attenant à la sacristie, avec 
caves dessous ; 

Au premier et au second étages, deux galeries de 12 toises 
de long sur 1 de large ; 

Au second étage, une autre galerie de 19 toises de 
longueur, sur 1 1/2 de largeur, soit 37 mètres sur 2tt,92 ; 

- - - - ' 

(1) ArclûTeB dépurtenentalM, H, 9. 



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-157 — 

En entrant, le cloître^ précédé d'un jardin entre l'église et 
la maison même, occupait tout le devant du cloître, de la 
largeur de 10 toises, soit 19m,50; 

Le grand pré, ou grand clôt, de 23 sesteirées, entouré 
d'une haie vive de trembles et de saules, de la grosseur 
de la jambe d'un homme, terre^ pré et bois, derrière les 
moulins de M»»* Besson, veuve Laugier, entouré d'ormeaux ; 

La terre des Trois-Groix, voisine du pré où était le cam- 
pement ; 

Le petit clôt de 4 sesteirées, situé au-dessus de la porte 
de la ville, près du grand pré ; 

£n un mot, tous les prés situés au levant de la ville entre 
le canal des moulins du gravier au midi, l'écouloir des 
Trois-Groix au levant, et le bas de la montagne au nord, à 
Texception du bâtiment et du jardin des moulins Fortoul, 
qui s'y trouvaient enclavés. 

Le tout formait une splendide résidence, occupant un 
espace aussi grand, à cette époque, que tout le reste de la 
ville de Barcelonnette. 

Le couvent primitif a dû être situé sur l'emplacement de 
rhôtel Martel actuel, sis à l'angle nord-ouest de la place 
Manuel, qui a été reconstruit aussi en 1888 et dont les 
fouilles ont amené la découverte de deux clefs de voûte 
sculptées, dont nous donnons le dessin à la planche 2. 

La première est en tuf semblable à celui de la tour 
de l'horloge. Les nervures de la voûte qui aboutissaient à 
cette clef étaient en tuf et à trèfle. La face inférieure de la 
clef, de 29 centimètres de diamètre, porte en écusson, (1), 
entouré d'un bourrelet et grossièrement sculpté, soit 
l'agneau pascal et la croix, soit le chien des Dominicains, 
souvent reproduit dans les sculptures de leurs monuments, 
par suite d'un jeu de mots semblable à celui fait sur 
Pierre ; ils se disaient volontiers Domini Canes^ les chiens 
du Seigneur. 

(1) Voir planche 2, n» 1. 



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— 158 - 

La chaire en noyer de l'église paroissiale de Barcelon- 
nette, dont les quatre panneaux latéraux sont franchement 
païens et du plus beau dessin renaissance, porte sur le 
panneau de face un chien tournant la tête comme dans 
notre clef de voûte (1), tenant aux dents un bâton terminé 
par une étoile et en dessus la terrible devise d'inquisiteurs : 
Fwuce et Face. 

La deuxième (2) clef de voûte (planche 2, flg. 2), plus 
forte que la première, est en pierre dure de Serennes. Les 
nervures de la voûte, trifoliées, étaient de la môme pierre. 

La face inférieure de la clef, de 40 centimètres de diamètre, 
porte un écu que Ton peut décrire ainsi : écartelé aux 1 et 
4, à un oiseau volant à dextre; aux 2 et 3, à un château 
donjonné de trois tours, crénelé et ajouré ; au chef chargé 
d'une croix. Naturellement, aucune indication de couleurs, 
métaux ou émaux. Je ne sais à quelle famille appartenaient 
ces armoiries. 

La richesse de ces sculptures antiques indique un grand 
luxe d'ornementation dans les monuments primitifs des 
Dominicains de Barcelonnette(3). 

F. ARNAUD. 



(1) Cûtto clef de TOûte en tuf a étë placée par M. Martel dans la muraille 
couchant de son hôtel, donnant sur la cour intérieure, à hauteur du premier 
étage. 

(2) La clef et un morceau do nerruro sont dans ma collection. 

(8) Un fait intéressant, quoique étranger à notre sujet, a été démontré par 
les fouilles Castel. L*architocte de la construction démolie avait eu Tidéo 
bizarre, pour donner de la solidité aux murs, de concher sous les fondations 
de gros mélèzes de 0°^,40 de diamètre. Mais les nœuds seuls correspondant 
aux branches ont résisté à Taction du temps, et ces troncs rongés n'ayalont 
plus que 0™,10 de diamètre, avec leurs nœuds subsistants, qui paraissaient 
restés à Pétat de branches et qui donnaient seuls, par leur longueur actuelle, 
la dimension exacte du tronc primitivement enterré. Le procédé de cet archi- 
tecte du siècle dernier n'est pas à suivre, car les murs se sont ainsi trouvés 
fondés sur le vide laissé par les bois rongés. 



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WENDELIN CHEZ NOUS 



Notre incomparable chercheur Tamizey de Larroque, 
qui est en même temps un trouveur merveilleux, a publié, 
dans le Journal de Forcalquier et de la Haute-Pro- 
vence (1), un article sur t Wendelin et Forcalquier », qui 
a été, pour les lecteurs de cette feuille, môme les plus fami- 
liarisés avec les annales de leur pays, une intéressante 
révélation. Le nom de Wendelin, confessons-le en toute 
humilité, était absolument effacé de la mémoire des Forcal- 
quiens. Et, certes, jamais oubli ne fut plus ingrat; car ce 
belge illustre, durant son court incolat parmi nous, fut 
activement mêlé au mouvement d'esprit dont notre ville 
était alors le centre. 11 s'y livra, de plus, à des observations 
scientifiques qui ne furent sans honneur ni pour lui, ni 
pour nos Alpes. Aussi va-t-on nous savoir quelque gré, ce 
nous semble, de réveiller son souvenir endormi et de 
chercher, dans les livres des contemporains, les traces de 
son séjour en Haute-Provence. 

Godefroi-Irénée Wendelin était né, le 6 juin 1580, àHerch- 
la- Ville, en Gampine (Pays-Bas). Possédé, dès sa première 
jeunesse, de la double passion des voyages et de la science, 
il visita de bonne heure la France et l'Italie, stationnant 
partout où l'arrêtait une rencontre savante. Il fut un 
instant correcteur d'imprimerie à Lyon ; puis, à son retour 
d'Italie, il habita Marseille, où il se perfectionna dans ses 
études. C'est de là qu'il fut appelé, en 1601, à Digne, à 
titre de maître de mathématiques (2). Bien qu'âgé de vingt- 
Ci) N» dn 24 juillet 1887. 

(2) Sar le séjour de Wendelin à Digne, Toir Bougerel, Vie de P. GoMendi, 
1687, pp. 4-5; Tamizey de Larroque, Jtnpre»9i<m» de Yogage de Goêsendi dan» 
la FrKfvenoe Alpettre (extrait du Bulletin de la Société êdentifique et littéraire 
dee Baa»e9-AJpe»)y 1887, pp. 88-34; Lettrée de Peireeo a«x frère» JDupuif , par 
le môme, 1888, 1. 1, pp. 158-159 ; Un grand Amateur françai», par Léopold 
Deliale, suiTl du Te»tament inédit de Peireeo, par Tamizey de Larroque, 1889, 
pp. 28-29, et un article de ce dernier dans la Revue critique de juillet 1889, 
p. 78. 



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-- leo - 

un ans à peine, il forma, au dire des écrivains de son 
temps, d'excellents élèves. Quelques biographes (1) veulent 
même qu'il ait été Tlnitiateur de Gassendi, qui, à cette 
époque, étudiait au collège de Digne; mais cette assertion 
trouve un démenti formel dans la correspondance môme 
de Gassendi. Notre philosophe raconte, en effet, dans une 
lettre écrite, en 1632, à Henry Dupuy, qu'étant enfant il 
avait vu Wendelin à Digne; mais il avoue n'être connu de 
lui c ni de nom, ni de visage (2) t et il répète littéralement 
la même chose dans sa première lettre à Wendelin, en 
1629(3). Ce détail semble donner raison à ceux qui assu- 
rent que Wendelin enseigna à Digne, non comme régent 
du collège municipal, mais à la tête d'une école de mathé- 
matiques, qu'il aurait ouverte à titre de professeur libre (4). 
Quoi qu'il en soit, Wendelin enseigna quatre ans à 
Digne (5). Nous manquons de détails sur cette première 
période de sa vie en Provence. Les archives dignoises 
semblent n'en avoir gardé aucune trace, à en juger par le 
mutisme absolu des écrivains locaux et, en particulier, du 
récent annaliste du collège, M. Jules Arnoux (6). Tout ce 
que nous apprenons par une lettre de Wendelin à Gas- 
sendi, datée du 11 juillet 1643 (7), c'est qu'en 1603, se 
trouvant à Valensole, sans doute durant les vacances 



(1) Valère André (BiUiatkeea Bégiea^ 1648), Sorbière et Golomiez. 

(2) P. OoêÊtndi, Dtntenm, Opéra omnia, Lyon, 1658, VI, 12. —Wendelin ne 
connut pas davantage Gassendi à Forcalquier, 8*11 est Trai que Gassendi ait 
jamais pris possession de sa prébende de chanoine-tiiéologal en notre conca- 
thédrale, c&r sa nomination à cette chanoinie serait de 1618, et, k cette 
date, Wendelin avait quitté Forcalquier, 

(8) Id, VI, 15. 

(4) Biographie univertdU damqae^ 1829. V<» Wendelin. 

(5) Lettret de Peirete, précitées, I, 159. 

(6) CU%e et Lyeée de Digne, étude historique, Digne, Chaspoul, Constans 
et veuve Barbarouz, 1889. 

(7) Œuvres précitées de Gassendi, VI. 458. 



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- 161 - 

scolaires, il y observa une éclipse de lune ; ce furent les 
débuts du futur grand astronome. 

La même lettre ajoute que, le 3 avril 1605, 11 en étudia, 
à Forcalquier, une seconde, dont les nuages lui cachèrent 
la fin. Ainsi, c'est entre ces deux dates que Wendelin était 
devenu notre compatriote. Il avait été appelé à Forcalquier 
par le lieutenant-général de notre sénéchaussée, André 
Arnaud, pour être le précepteur de ses fils. Nous pouvons, 
sans nous hasarder trop, fixer à la mi-octobre 1604 son 
arrivée parmi nous ; car l'année classique commençait, en 
ce temps là, le jour de Saint-Luc. 

Tandis que le jeune professeur recueille des observations 
astronomiques sur le plateau de la citadelle, ou sur la 
terrasse aérienne de la maison d'André d'Arnaud; il ne 
sera pas hors de propos de présenter au lecteur le vieux 
magistrat qui eut l'heureuse inspiration de deviner et 
d'attirer chez nous ce jeune homme de vingt-quatre ans, 
alors simple travailleur et bientôt savant célèbre. 

André d'Arnaud, docteur es droits (1), était né à Riez, de 
Melchior, écuyer, cosseigneur de cette ville et trésorier 
général des États de Provence, marié, en 1536, à Honorade 
d'André Miralhet (2). Il avait un frère aîné, Claude, reçu, en 
1571, conseiller au parlement d'Aix. Lui-môme devint lieu- 
tenant général du siège de Forcalquier (3), par provisions 



(1) Ainsi qualifié dans les anciens catalogues de docteurs de TUniveraité 
d'Aix. 

(2) Do là, le prénom d'André, que re<;ut notre Arnaud au baptême, suivant 
un usage généralement adopté, en FroTence, dans les fainilles où le nom 
patronymique de la mère affectait les allures d'un prénom. On sait qu'en 
Angleterre uno règle, plus générale encore, ajoute aux prénoms de tout 
individu le nom de sa famille maternelle. — Pour la généalogie des Arnaud, 
Toir tous les nobiliaires de Froyence et les arrêts de maintenue conservés 
aux archives des Bouches-du-BhCne. 

(8) Le tieutenant*général ou vice-sénéchal était le chef effectif du siège, 
attendu que le sénéchal ne résidait pas à Forcalquier. On se bornait à rendre 



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— 162 — 

du 23 Janvier 1573. Deux ans plus tard, par contrat du 
21 février 1575, notaire Garcini, il épousait Louise de Ber- 
mond-Marcel, d'une famille du Sisteronais (1). Il fit hom- 
mage au roi, en 1577, pour le flef du Grand-Gubian. 
Bientôt après, son oncle Georges de Mévolhon, c majeur 
seigneur de la place, terre et seigneurie de Saint- Vincens *, 
ayant successivement perdu ses quatre enfants et se 
voyant sans héritiers, lui faisait donation de tous les biens 
et de tous les droits de haute, moyenne et basse justice, 
qu'il possédait, du chef de ses devanciers ou du chef d'An- 
toinette Curety, sa femme, sur ladite terre de « Saint- 
Vincens, Gensiac, Malcor et Ghâteauneuf-de-Mireval » et 
sur l'abbé de Cruis et autres coseigneurs dudit lieu (2). 
Arnaud adjoignit à ces possessions, en 1603, les domaines 



la Jnstice au nom de ce dernier et à inscrire son nom en tète des sentences, 
n en fut ainsi môme après que nos rois eurent établi un sénéchal pour chaque 
siège. Ce ne fût là qu'une qualification honorifique et qui n'entraînait aucune 
obligation effectiTe. Les sénéchaux de Forcalquier n'ont Jamais, que nous 
sachions, mis le pied dans notre Tille que pour leur installation officielle. 

(1) Claude Bermond de Marcelly, de Sisteron, père de Louise, était mort 
lors du mariage do sa fille et héritière. Le grand et aimable chercheur 
sisteronais, M. Saint-Marcel Eysseric, me communique, d'après l'Armoriai 
manuscrit de d'Hozier, les armes de Louis Bermond-Marcelli, ayocat en la 
cour en 1696 : d'argent à um bande de gueule»^ tkargée d'un lion d'or^ accom- 
pagnée tn chef de deux itoiUe d^axur et en pointe cTvn croJMant de même. 

(2) Donation du 12 mars 1584, aux insinuations de la sénéchaussée de 
Forcalquier, reg. de 1588-1584, fol. 440 (archlTes des Basses-Alpes). — Les 
MéTolhon étaient cosseigneurs de la vallée de Saint-Vincens-Mirayail de toute 
ancienneté. Le comte Bertrand de Forcalquier, par son testament en date de 
1168, publié par Colombi, légua, à titre éventuel, à son cousin Raimond de 
Mévolhon tout ce qui appartenait au domaine comtal dans cette vallée. Cette 
disposition demeura sans effet, et la même part comtale fut inféodée, en 1472, 
par le roi Bené, à Jean Curety, ancien avocat fiscal i la Chambre des Comptes, 
puis maître rational, qui devint ainsi seigneur msjeur de Saint- Vincens et do 
Miravail. Ce titre passa à Georges de Mévolhon, par son mariage avec Antoi- 
nette Curety, et à notre André Arnaud, par la donation de 1584. 



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— 163 - 

et droits de Marc-Ântoine de Gastellane sur les mômes 
flefs, et notamment le château de Ghâteauneuf-Miravail (1). 

Le lieutenant d'Arnaud demeura à la tête de notre cour 
de justice pendant quarante-deux ans, c'est-à-dire jusqu'en 
1615. Il se fit une grande réputation de savoir et fut, nous 
dit l'abbé de Piole (2), l'un t des meilleurs et des plus beaux 
esprits de son temps *. Au culte du droit, il ajouta celui des 
lettres. Nous ne savons s'il faut lui attribuer certain 
sonnet français, ou prétendu tel, que nous avons découvert 
en tête de l'un des registres de la sénéchaussée et qui 
nous semble, en tout cas, un curieux spécimen de l'étrange 
langue poétique que Tédit de Villers-Goterets avait sub- 
stituée à l'idiome des troubadours. 

Le voici, dans toute sa naïveté et son orthographe : 

SONNET. 

Cambysez le Persan, mauvais de sa nature, 

Entre ses cmauUez, fait an acte excellant, 

Quant il sceast qa'ung sien juge un meschât jugûment 

Par argent avoit iaict contre toute droictare. 

Soudain faict qu'il est pris, puys ordone qu'il mure, 
Pays le fist escourcher et mectre justement 
Sa peau dessus la chère ou avoit paravant 
De sa maligne bouche advancé telle ordure. 

Cella faict, establyt en son estât son fiiz, 
Yoalut qne dans co siège Otanes feust assiz 
Pour contempler souvent telle peau paternelle. 



(1) Acte du 80 janyier 1608, notaire Qllles, à Âix, aujourd'hui étude 
Mouravit. — Eu 1606, il acquit les droits de révoque de Sistoron, abbé de 
Cruis, sur le môme ChftteanneuMIirayail, dont il se trouva ainsi le seigneur 
in totOf en même temps que cosseigneur de Oensiac et de Malcor. 

(2) La Vie de Saint-Mary^ abbé du Val'Bod<m, patron et protecteur de la vUle 
de Foreoiquier^ Paris, 1665, page 89. 



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-164- 

Afin qa*il fenst bon jageet fit droict jagement, 
De pear qn*il ne recenst semblable payement. 
Ainsy Diea iaict pngnir Tinjastice crnelle (1). 

Le rimeur de 1578 Justifiait cette sagace assertion d'un 
critique éminent, que le français est, en poésie, un instru- 
ment ingrat entre les mains d'un provençal habitué à la 
langue bien autrement musicale de son pays (2). Heureu- 
sement, le XVI« siècle cultivait encore avec ferveur les 
lettres latines, et, si André d'Arnaud fut un piètre sonneur 
flrançais, il excella dans le latin. On lui doit un livre fort 
recherché aujourd'hui des curieux et qui, sous le titre de 
Joci (3), contient de nombreuses fantaisies en prose et en 
vers, épîtres, épigrammes, etc. La plupart sont caractérisées 
par un enjouement plein d'originalité, où abondent Tant!- 
thèse et le jeu de mots, ces deux marques inévitables 
d'une époque où la France subissait la loi des concettL 



(1) Archlres des Busses-Alpes, sentences de la sénéchaussée de Forcalqnier, 
année 1578, en tète de la table. — Le sonnet n*est si^é qae d'un double paraphe. 
Quelques feuillets plus loin, on lit, de la main du greffier Bufour, la devise : 
Et kahtid attra wa cauêce, dont le scepticisme contraste avec la morale austère 
du quatorzain. — Ne citons pas la précieuse source de nos archives dépar- 
tementales, sans rendre un hommage de gratitude à leur conservateur, 
M. Z.-M. Isnard, qui nous a guidé avec tant de compétence et de complai- 
sance amicale à travers les richesses classées par ses soins. Mômes remer- 
ciements sincères à M. Léonce Pontés, greffier en chef du tribunal de 
Forcalquier, explorateur infatigable des archives de nos notaires. 

(2) Paul Mariéton, îa Terre provençale, 1889, p. 117. — L'auteur remarque, à 
Tappui de son assertion, que la Provence, qui a donné de grands prosateurs à 
la littérature française, ne lui a pas donné un seul grand poète, tout au moins 
dans le genre lyrique. Déjà cette pensée avait été développée avec autorité, 
au sein de TAcadémie d*Aiz, par M. le doyen 'Cabantous (séance publique de 
PAcadémie, 1868). 

(8) Jod. O, du V., MiMrtM aqueneit prineipi, Avignon, Bramerean, 1600, 
21S pp. — L'approbation de rinquisiteor général d'Avignon est du 28 janvier 
1600. 



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— 165 — 

Les Jod^ dédiés à du Vair, obtinrent à, Paris, un an à 
peine après leur publication, les honneurs, sinon d'une 
contrefaçon, du moins d'une réédition qui semble avoir été 
faite à Tinsu de l'auteur (1). 

A ses mérites d'écrivain, un brin raffiné peut-être, mais 
par cela même très versé dans les élégances et les nuances 
du meilleur latin, notre vice-sénéchal unissait des goûts 
de bibliophile. C'était, du reste, l'époque bien connue dans 
notre histoire littéraire où tous les magistrats de Pro- 
vence étaient, peu ou prou, des collectionneurs et des 
« curieux >. Peiresc tenait la tête de cette phalange de 
chercheurs, et d'Arnaud n'était pas un de ses disciples les 
moins passionnés. Nous aurons à parler, un peu plus 
loin, d'un précieux manuscrit d'astronomie qu'il possédait 
dans sa bibliothèque et qui, sous le nom de Codex Arnal- 
dinus^ fut l'objet d'un intéressant échange de communi- 
cations entre Wendelin, Gassendi et Peiresc. Dès mainte- 
nant, nous trouvons dans les Jocî plus d'une trace de 
l'amour d'Arnaud pour les livres. 

C'est ainsi que, dans une épître à Jacques Gillot, le 
célèbre conseiller-clerc au parlement de Paris (2), il se 
remémore avec délices les heures passées dans sa biblio- 
thèque, en la compagnie d'un des Turnèbe (3). Plus loin, 
il félicite le conseiller Garnier de Montfuron d'oublier, au 
milieu de ses livres, les discordes civiles (4). Ailleurs, son 



(1) Chez Plllehote (on nom prédestiné pour on oontrefiRctear), 1601, 278 pp. 

(2) QiUot ftzt, pendant la ligne, nn dee chefs les pins en tue dn parti 
royal, et collabora à la Satyre Ménippée. André d*Amand Tayait connu 
à ÂTignon sans doute sur les bancs de PUniTorsité. Plus tard, notre lieute- 
nant-général, desserTi auprès d'Henri IV par des euTieux, alla réclamer à 
Paris l'appui de son condisciple et trouTa en lui le plus généreux défenseur. 
J. Gillot mourut en 1619, aprôs avoir attaché son nom à des oufragee 
considérables sur la politique et la diplomatie. 

(8) Joei, 1600, p. 25. 
(4) Id^ p. 4B. 



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- 166 — 

ami, l'avocat P. Ouirand, d'Âllos, lui envoie les dialogues 
de Textor, puis une nouvelle édition de Pétrone, et il 
invite l'érudit magistrat, qui avait fait, paraît-il, une 
multitude de restitutions dans le texte du vieux satirique, 
à les conférer avec Touvrage qui vient de paraître (1). 

Ajoutons que ce commerce avec les livres se conciliait 
à merveille, chez notre Peiresc forcalquien, avec des 
habitudes d'artiste (2) et une nature aimable. Guirand ne 
se contente pas de le proclamer < l'ornement de son 
siècle > 0), il le déclare, par surcroît, c le plus humain 
des hommes » (4). 

Un événement, sur lequel nous n'avons que des données 



(1) /(i., pp. 86 et 89. — Les Joe* contiennent en prose et en vers de 
nombreuses pièces de Guirand et sont son œuvre presque autant que celle 
d*Âmaud. Et pourtant aucnn de nos biographes n'a encore honoré, même 
d*une simple mention, cet auteur bas-alpin. Espérons que notre cher et 
parfait archiviste départemental, M. Z.-M. Isnard, qui a sous la main les 
insinuations d*Allos, nous apprendra quelque chose sur le compte de cet 
oublié, qui semble avoir été, comme Qillot, le condisciple do notre André à 
Avignon. 

Autre révélation bas-alpine : une épltre d*Amaud à son collègue Esprit 
de Parisy, lieutenant des soumissions à la sénéchaussée de Forcalquier, nous 
apprend que ce magistrat avait pris la plume pour la défense de son chef^ 
et produit une pièce do vers in vemUum et venip^em. Publiés ou Inédits, 
les vers de Parisy sondent intéressants à retrouver. Avis à nos doux 
maîtres chercheurs, V. Lieutaud et E. de Crozet. 

On rencontre encore dans les Joei un nom qui appartient lui aussi, 
malgré le mutisme des biographes, à Thistoire littéraire de Forcalqnier , 
celui d*Antoine Bandoly, avocat, qui sous le nom d'Antoine de Bandole, 
publia Ut PcMraïaUê de Cé»ar et de Henry IIII (Paris, chez J. Rioher, 
in-4», 1609 et 1625). Voir la Vie de S^Mary, précitée, p. 38. 

Citons, pour finir, un Trimond, des Mées, qu'U fout identifier sans dovte 
avec le chanoine^rivain Léon de Trimond. 

(2) n chantait et jouait du luth. — Jod^ 1600, p. 77. 

(8) Id., p. 141. 

(4) Homiwum iete Attmanûnmi(«« — Id*, p. 76. 



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- 167 - 

incomplètes et mystérieuses, vint Jeter le deuil dans la 
maison d'Arnaud. Un des fils de notre lieutenant fut 
atteint d'un chagrin profond, et Louise de Bermond, sa 
mère, en fut elle-même si affectée qu'elle en mourut & 
un âge prématuré (1). André d'Arnaud, ne voulant pas, 
après cet événement, se séparer de ses fils, résolut d'appe- 
ler chez lui un précepteur, et c*est ainsi qu'il fut amené & 
jeter les yeux sur Wendelin. 

On imagine avec quel empressement le jeune maître 
quitta ses écoliers dignois, pour le milieu lettré et avenant 
qui lui était offert. Désormais, le voilà forcalquien, 
installé dans le plus heau logis de la. ville (2) et fouillant 
à loisir dans la bibliothèque du vice-sénéchal. Ses 
nouveaux élèves ne sont pas des enfants. L'aîné des flls 
d'André d'Arnaud, Scipion^ est déjà hors de page. Il est 
avocat ou à la veille de l'être. Wendelin a en lui un 
compagnon et un ami. Les cadets nous sont moins connus. 
L'un d'eux. Pompée, filleul de Pompée de Pontevès, gou- 
verneur de Forcalquier, était né en 1592 et avait par 

(1) Louise de Bermond a deux ëpitaphes dans les Jod^ Tune de son mari, 
Paatre de Guirand, pp. 189 et 140. Elle ftit, -dit Guirand, " la beauté chaste, 
la richesse modeste, l'amour fidèle, réconomio généreuse, le repos laborieux, 
réponse obéissante, Féloquence muette «. 

(3) Les d*Amand possédaient la grande et belle maison contigufi an palais 
de justice, qui a plus tard appartenu à la famille de Tende. Elle était alors 
masquée en grande partie par un pâté de maisons, qui fut démoli un demi- 
siide plus tard pour Pagrandissement de la place Saint-Michel. Les d'Arnaud 
no demeuraient là que Thiver. Us habitaient, Tété, soit leur propriété de la 
Lonette, aux portes de Forcalquier, soit le chftteau de Chàteauneuf-HiraTail, 
an nord de la montagne de Lure. Leur maison de Tille passa d'Honoré 
d'Arnaud, capiscol du chapitre, à Marthe Borel, petite-iUle de Pompée 
d'Arnaud, mariée en 1767 à André Verdet, reçu ayocat au parlement d'Aix, 
en 1740, syndic de son ordre en 1769, oncle de notre infortuné compatriote 
François-Auguste Verdet, né à Forcalquier, avocat au même parlement, 
député suppléant de la sénéchaussée d*Aix aux États généraux, pendu par la 
populace d'Aix, le 26 JanTier 1798. 



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- 168- 

conséqueat treize ans environ à l'arrivée de Wendelln. 
C'est sur lui que dût se concentrer spécialement la sollici 
tude du Jeune précepteur. 

Si vive, néanmoins, que fût cette sollicitude, elle 
n'empêchait pas Wendelin d'être autant le collaborateur 
du père que le gouverneur des fils. Ou nous nous trompons 
fort, ou c'est lui qui prépara la troisième édition, très 
remaniée, des JocU qui parut en 1606 (1). Nous n'en 
voulons pour preuve que les trois distiques signés de ses 
initiales, placées parmi les liminaires, à la suite de la 
préface de l'auteur (2). D'autres pièces de lui figurent dans 
le volume. Ce sont deux épîtres à André d'Arnaud (Pro 
munere verha compensât) et quatre pièces de vers au 
môme, pour le remercier de gratifications réitérées (3). 
Ces vers, dont le distique est la forme invariable, sont 
d'une facture aisée et d'un ton spirituel. Il est d'autant 
plus intéressant de les signaler que c'est là, à n'en pas 
douter, la première œuvre que Wendelin ait livrée â 
l'impression. 

DE BERLUC-PERUSSIS. 

(A suivre.) 



(1) Joei Aiid, ^nuMcdi, hae iterala tdiHoM mmdœ pricriê §Matœ, mvUa 
adjeela, plura abfêeta, Ayignoii, Bramereaa, 1605, 1 TOl. in-lfi de 180 pp., plut 
5 feuillets en tète et 2 à la fin. Bien que le frontispice gravé soit de 1605, 
PacheTi d'imprimer n'est que da 24 mai 1606, et l'approbation, qui soit, 
dn29. 

(2) Ces distiqaes nons disent que l'œnTre d'Arnaud, édose en 1594, 
pendant les malheurs de la France, Ait imprimée pour la première fois en 
1600, et pour la seconde en 1606. Ainsi, non seulement l'édition de 1601 fût, 
comme nous l'aTons alllnné plus haut, subreptice ; mais, cinq ans plus tard, 
l'anteur en ignorait encore Texistence. 

(8) Jbei, 1605, pp. 67, 68, 98, 99 et 100. 



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PROCÈS-VERBATJX DES SÉANCES 



08e SSSSION. — SÉANCE DU 23 JUILLET 1889 



Présidence de M. DAmE 



La Société s*est assemblée le 23 juillet 1889, à 5 heures du soir, à 
l'hôtel de ville. 

Présents : MM. AUard-Théus, Ailhaud, Aubert, Arnoux, Aubin, 
Andriu, Arnaud, Autric, Bachelard, Daime Louis, Daime Marins, 
Dioraard, Fautrier, Gorde, Honnorat, Mariaud, Richaud, Roche 
et Isnard. 

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. 

M. le président dépose sur le bureau diverses publications envoyées 
par le ministère de Tinstruction publique et par les sociétés corres- 
pondantes, ainsi que divers ouvrages donnés par leurs auteurs : 
r Heure du Berger, poésies publiées par E. Carrance; Ses Pensées 
et Au Tonkin, par Challan de Belval ; Lamartine, par C. Roche. 

Des remerciements sont votés aux donateurs. 

Après avoir communiqué à rassemblée des lettres : dé M. d'Hugues, 
présentant son fils comme membre de la Société, de M. le comte 
de Barréme, remerciant de son admission en qualité de membre 
titulaire, et enfin de M. Furet, démissionnaire, M. Daime rend 
compte, en son nom et au nom de M. Arnoux, des communications 
qu'ils ont faites au dernier congrès des Sociétés savantes à Paris, 
en qualité de délégués de la Société bas-alpine. Voici le résumé de 
ces communications : 

Communication faite par M. Daime, le vendredi i3 juin, 

M. Daime a présenté à la commission des sciences naturelles une 
raie capturée à Marseille, au mois de février dernier. Ce poisson 
présente une anomalie remarquable : la tête est isolée, séparée des 
nageoires pectorales par une grande et profonde échancrure; les 
fentes branchiales sont, comme dans la forme ordinaire, au nombre de 
cinq, mais elles sont déplacées : les trois premières s'ouvrent sur la 
face dorsale, de même que chez les squales; les deux autres s'ouvrent 
sur la face ventrale, comme chez les raies. 

11 



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— 170 — 

Ce poisson, probablement noavean pour la science, doit-il être 
considéré comme une espèce et constituer un genre, ou bien faut-il 
le ranger au nombre des anomalies zoologiques? 

Derant le congrès, M. Dairoe a adopté la dernière hypothèse et 
le bureau, ainsi que les membres présents à la réunion, se sont rangés 
à sa manière de voir. Cette anomalie, causée par un arrêt de dévelop- 
pement, serait un cas d'atavisme de régression, ayant son importance 
au point de vue général de l'évolution. 

Mention a été faite au procès-verbal du congrès de la communication 
de M. Daime. 

Le curieux poisson dont il s'agit est aujourd'hui au Musée de Digne. 
M. Daime en donnera une étude plus complète, avec figure, dans le 
BuUetin de la Société, 

Communication faite par M, Amoux, 

La veille, c'est-à-dire le jeudi 12 juin, M. M. Amoux, ancien 
officier de marine, domicilié aux Mées, membre de la Société, a 
exposé sa théorie de l'Algèbre graphique (1). 

La nouveauté des principes émis par notre collègue a fait une 
profonde impression sur l'auditoire. Le temps lui manquant pour 
une exposition complète de sa méthode, on a enregistré au procès- 
verbal la communication qu'il venait de faire, en conseillant à 
M. Amoux d'éditer son œuvre et de la transmettre au ministre de 
Tinstraction publique. 

Ce compte rendu est accueilli par des applaudissements répétés. 

Sont admis, à l'unanimité, comme membres titulaires : 

MM. Jourdan, professeur au lycéa de Digne. 
Le vicomte d'Hugues, à la Motte-du-Gaire. 
Reinach, directeur de la République française à Paris. 



(l) On trouTera ci-, près le procès-yerbal de la commission nommée par la 
Société pour examiner la théorie de M. Amoux, suivi du résumé succinct 
de la méthode et des graphiques qui en constituent la partie essentielle.. 



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— 171 — 

Gomme membres correspondants : 
MM. Coste, iostitutear à Saint-Laurent (Basses- Alpes). 
Gonnet, me du Village, à Marseille. 
Moulinas, receveur des postes à Marseille. 
Villeprand, docteur en médecine à Manosque. 

La parole est ensuite donnée à divers sociétaires, pour les lectures 
inscrites à l'ordre du jour : 

Le Singe et rAthénifnne, par M. Mariaud; une Pluie de sable à 
Digne (avec spécimen), par M. Bachelard ; les Femmes au Xl^ siècle^ 
par M. Gorde; Gassendi à Digne (avep un autographe), par M. Isuard. 

Ces lectures sont suivies d'une savante communication de 
M. G. Arnoux, sur l'Algèbre graphique. 

Avant de se séparer, l'assemblée approuve à l'unanimité une 
demande que le bureau se propose d'adresser au ministère de l'instruc- 
tion publique, à l'effet de faire reconnaître la Société comme établis- 
sement d'utilité publique. Cette demande sera transmise sans délai 
par l'intermédiaire de M. le préfet des Basses- Alpes. 

La séance est levée à 7 heures. 



Une Excursion aux Clues de Barles 



24 novembre 1889. 

Nous partons de Digne à 7 heures du matin par une 
température de zéro degrés en ville, et de moins deux aux 
environs. Les excursionnistes les plus à plaindre de la 
caravane sont nos chevaux, obligés de traverser la Bléone 
à gué, par cette piquante température. 

Enfin c'est fait, et les pauvres bêtes repartent sans faire 
jaillir la moindre étincelle du sol glacé. 

Le chemin n'est pas large; les roues de la voiture 
écorchent la tranchée rocheuse d'un côté et longent obsti-' 
nément la crête de l'autre. Cependant tout va bien. Nous 
voilà au confluent du Bès et du Galabre. Les galets sont 



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— 172 — 

revêtus d'une couche scintillante ; le limon est aussi dur 
que la roche. Emmagasinons un rayon de soleil sous 
forme de rhum des Antilles et en route. Nous n'avons 
qu'une dizaine de kilomètres à faire pour arriver aux dues. 

A mi-chemin, nous sommes rejoints par deux charmants 
confrères partis pédestrement de Digne. Jarrets d'acier, 
qui font honneur au philosophe et au littérateur qui les 
possèdent. 

La fusion s'opère plus facilement entre nous qu'entre 
Tair ambiant et la glace du Bès, qui s'obstinent à ne pas 
réagir l'un sur l'autre, malgré la présence d'un représen- 
tant autorisé des lois physiques. 

Gaîment, nous marchons à la flle indienne, les géo- 
logues donnant çà et là quelques coups de marteau aux 
bancs du lias. 

Les bancs du lias, ingrats envers ceux qui les aiment, 
n'abandonnent quelque fossile en mauvais état qu'avec la 
plus parfaite mauvaise grâce. Aussi, que vient faire le lias 
en cette affaire ? 

Hé bien, Messieurs, il vient précisément montrer le 
principal but de cette lecture. De deux choses l'une, il 
faut être scientifique ou littéraire. J'ai l'intention, je vous 
l'avoue, d'être ennuyeux, c'est-à-dire scientifique; s'il 
m'arrive d'être quelque peu littéraire, ce sera sans le 
savoir. 

Le lias, Messieurs, que nous foulons aux pieds jusqu'au 
torrent d'Aiguebelle, le lias, qui nous présente obstinément 
ses couches calcaires-marneuses, témoignant que la mer 
qui le forma était animée, dans ses abîmes, par l'immense 
respiration interne du globe. Car, vous le savez, le calcaire 
ne se dépose en mer que par les profondeurs moyennes ; 
la marne, au contraire, par des profondeurs beaucoup 
plus grandes. Le fond de la mer liasique se soulevait donc 
en une inspiration puissante, et le calcaire se déposait ; 
venait ensuite une expiration, et les matières organiques 
ou siliceuses seules atteignaient à la cuvette marine, la 



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— 173 — 

masse d'eau étant devenue assez considérable pour dis- 
soudre le calcaire d'origine organique et mettre Tacide 
carbonique en liberté. Voilà, du moins, une théorie que 
j'aurai l'honneur de développer un jour devant vous avec 
preuves à l'appui. 

Pour l'instant, nous avons sous les yeux le tableau 
étrange du ravin des Tuvés, entièrement découpé dans les 
assises triasiques ; c'est une orgie de couleurs violentes, 
qu'on dirait assemblées par un impressionniste en délire ; 
les argiles et les grès dénudés, sculptés par les pluies, 
offrent à l'œil le paysage le plus fantastique : c'est un 
chaos de rochers en pointes, en arêtes, en cubes amon- 
celés, en dents de scie, tout cela coloré des tons les plus 
vifs de rouge, de violet et de jaune, soulignés de teintes 
brûlées. 

A l'embouchure des Tuvés, on passe devant la ferme de 
Maleflance, nom sinistre pour une maison habitée par de 
parfaites bonnes gens. Celui qui la bâtit dut la nommer 
ainsi, sans aucun doute, à cause du peu de fiance qu'il 
avait envers ses dangereux voisins, les Tuvés et le Bès, 
qui s'entendront quelque jour pour convertir la ferme en 
cailloux roulés. 

Voici le village de Tanaron, perché sur sa montagne 
dénudée. Abrité sous le rocher abrupt qui la domine, il 
semble nous épier par toutes les fenêtres de ses maisons. 
Ce village, comme tant d'autres des Basses-Alpes, fait le 
plus grand honneur, par sa situation élevée, aux jambes 
de ses habitants. 11 faut avoir l'amour de la petite patrie 
bien solide au cœur pour consentir à loger ainsi avec les 
aigles. 

De méandre en méandre, nous atteignons le torrent 
d'Aiguebelle, après avoir constaté l'existence de trois 
moraines frontales successives, autant de jalons qui 
marquent les étapes rétrogrades des anciens glaciers 
quaternaires. 



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— 174 — 

A partir d'Aiguebelle, la nature du sol se modifie. La 
mer éocène, grand'mère de notre Méditerranée, a laissé ici 
des témoignages évidents de son séjour. Ce sont des 
dépôts considérables de sables et de grès, où abondent les 
fossiles. Je résiste à la tentation d'être trop scientifique, 
en vous citant les noms dont la science les décore, pbola- 
doraya, ostrea, pecten, etc. Je n'insisterai que sur deux 
phénomènes plus spéciaux. 

Dans les puissantes couches de grès déposées par la mer 
éocène, l'un de nous signale un tronc d'arbre pétrifié, qui 
est l'objet d'un triple enseignement scientifique, ^intérieur 
du tronc est devenu pierreux; c'était la partie la moins 
vivante de l'arbre ; i'écorce, parfaitement reconnaissable, 
est imprégnée de carbonate de fer, nouvel argument en 
faveur de l'isomorphisme, le fer organique de l'arbre 
s'étant réuni au fer libre de la roche. Enfin, à la place où 
fut le liber, s'est formée une mince couche de houille. 

Le représentant des lois physiques, l'étant aussi pour 
les chimiques, fait ressortir combien cette circonstance 
vient à l'appui de la théorie voulant que la houille ait été 
principalement formée par les cellules jeunes des plantes. 

Enfin, Messieurs, nous faisons la rencontre de plusieurs 
vagues fossiles. Vous avez bien entendu, j'ai dit : vagues 
fossiles. Gela demande une explication : avant d'être 
durcie en grès, la roche était du sable ; quelque fine plage 
où les flots bleus d'alors venaient mourir en douces ondu- 
lations, comme ils le font encore à Nice. Tout à fait comme 
à Nice et même Alger, puisque sur le rivage de notre mer 
éocène verdoyaient les gracieux palmiers. Témoin la jolie 
feuille de chamœrops pétrifiée qui figure au Musée des 
Basses-Alpes et la forêt fossile de Castellane, dans laquelle 
les débris de palmiers abondent. 

Les temps sont bien changés, mais les rides tracées par 
les flots éocènes sur le sable d'Aiguelle sont toujours 



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-175- 

là, durcies par la minéralisation, et ne forment pas la 
moindre curiosité scientifique des dues (1). 

Il ne faut pas que ce témoignage d'un passé disparu 
nous détourne du grandiose spectacle que nous avons 
maintenant sous les yeux. Deux roches colossales, 
mesurant plus de cent mètres de haut, se sont disjointes 
à l'époque qui suivit le retrait de la mer tertiaire et 
marqua le soulèvement des Alpes. Elles forment l'entrée 
de la due. Nous traversons Tune d'elles sous un petit 
souterrain creusé par la main de l'homme. 

La première due franchie, nous entrons dans une gorge 
étroite et sauvage dont l'horizon est borné de tous côtés 
par des rochers dénudés, coupés en falaises. Çà et là, 
quelque éboulement formidable a jeté dans le fond les 
éléments d'une montagne. 

Cependant, au milieu de ce désert de pierres où mugit le 
Bès, un mamelon verdoyant, tout planté d'arbres fruitiers 
et de bouleaux, se couronne de la maison hospitalière du 
père Nicolas, dit Bonnet-de-Coton, de celui dont il ne se 
sépare jamais. Un type, le père Nicolas, qui connaît 
Carcassonne et en parle pour y être allé. 

Toute la caravane déjeune de grand appétit sous les 
solives enfumées du bonhomme. On môle le vin des Mées 
à celui de la due, un petit verjus qui n'est pas sans 
mérite ; puis, joyeusement, on fait route pour les grandes 
dues, les premières étant les petites. 

Un jeune géologue qui les a déjà visitées nous laisse à 
mi-chemin pour démontrer à un collègue incrédule qu'un 
banc de roche de l'étage néocomien est venu se perdre au 
milieu de ce chaos jurassique, car, tout en étant bas-alpines, 
les dues sont jurassiques, ce qui est un mystère géologique 



(1) Pour les (géologues, il faut ajouter que les ondulations tracées par les 
Tagues sont, sur la partie supérieure des strates, recouvertes par les bancs 
sablonneux ; les coups de mine pratiqués pour faire le sentier les ont mises 
au jour. l\ est donc impoaaible de les confondre avec une érosion superficielle. 



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^ 



— 176 - 

facile à pénétrer pour les initiés. Scientifiquement par- 
lant, la présence de ce banc néocomien a le plus grand 
intérêt (1). 

Les grandes dues méritent bien ce nom. Les deux fa- 
laises, pour me servir d'un terme impropre, mais qui a 
l'avantage de faire ressortir l'aspect de ces escarpements, 
resserrées à se toucher, s'élèvent verticalement vers le ciel, 
dont le bleu indigo se détache vigoureusement sur la cou- 
leur chaude de la roche. On marche pendant près d'un 
kilomètre entre ces formidables murailles, et leur aligne- 
ment change à chaque pas. La description de ce couloir 
mériterait une plume purement littéraire; toutefois, la 
plus exacte et la plus pittoresque n'atteindra jamais à la 
vérité. 

C'est un ensemble de formes changeantes et heurtées^ 
colorées des tons chauds que le soleil prodigue aux 
paysages méridionaux. Les sujets d'admiration et d*éton- 
nement ne manquent pas : éboulements, rochers redressés 
en dykes, à l'équilibre inquiétant, strates plissées en éven- 
tail, galets de plusieurs mètres cubes échelonnés dans le 
torrent et polis comme d'énormes crânes d'une calvitie 
désolante, couches de marnes d'un rouge de sang, tout 
concourt à former le tableau le plus curieux, le plus 
inattendu. 

Quand on pénètre dans la grande due, il est difficile de 
se défendre d'une impression particulière de gône. On se 
voit pris comme par un colossal étau, dans lequel on se 
sent perdu et que l'on ne voudrait, pour rien au monde, 
voir se refermer instantanément. 



(l) C'est à M. Jacques Paaiin, dessinateur au chemin de 'fer, que revient 
rhonnour de l'avoir signalé le premier. Notre jeune confrère justifie parfai- 
tement son assertion. Aujourd'hui encore, il récolte dans ce banc le Crioeerat 
Duvcdii, fossile caractéristique. U faut donc recaler plus au nord que ne 
l'avaient fait Scipion Gras et Garnier la limite du néocomien dans le dépar- 
tement. 



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Entrke dks Ci.uks de Barles 



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ÏXrKiUFî'R DES GLUES DE BaRLE.S 



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— 177 — 

Cette prodigieuse fissure de l'écorce terrestre est, sans 
contredit, une des plus imposantes curiosités naturelles 
de la France. Mieux connue et surtout rendue d'un accès 
plus facile, elle recevrait, il n'est pas permis d'en douter, 
la visite de nombreux touristes. 

Mais je ne veux pas oublier mon but, principalement 
scientifique. Au point de vue de la géologie, la due de 
Barles est une faille, c'est-à-dire une dislocation de mon- 
tagnes dans le sens vertical. Les bancs qui la composent 
appartiennent pour la plus grande partie aux calcaires 
dits oxfordiens. Ils sont relevés dans toute la longueur de 
la due, c'est-à-dire que ces couches ont subi deux actions 
mécaniques : de la position horizontale que leur imposait 
leur nature sédimentaire, elles ont été redressées selon 
la perpendiculaire, accomplissant ainsi une rotation de 
90 degrés. Simultanément, leur masse énorme se fendait 
en son milieu et formait ainsi la due. 

Voilà, sommairement. Messieurs, nos impressions scien- 
tifiques. Gomme toujours, le retour fut moins animé que 
l'aller. L'un des excursionnistes, plus curieux que solide, 
dut réclamer le secours du mulet aux bagages, où, soit 
dit entre nous, il faisait assez piteuse figure. La rentrée à 
Digne s'opéra sans autre incident, et tous, à Tunanimité, 
se déclarèrent enchantés de cette intéressante promenade. 
Grâce à l'obligeance de M. Henry Jacques, chef de section 
à la compagnie des chemins de fer du Sud de la France, 
qui a photographié plusieurs points de vue dans les dues, 
nous avons pu faire graver l'entrée et l'intérieur de ce 
curieux défilé. 

C'est la première fois que les dues de Barles ont l'hon- 
neur du burin, qu'elles méritent à tant d'égards. 

BACHELARD. 



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— 178 — 

UNE DYNASTIE DE PEINTRES BAS-ALPINS 



L.ES CAMOIN 



A une époque récente, la nature a favorisé notre pays 
alpin en donnant à une même famille deux artistes très 
distingués, dont l'un rappelle avec bonheur le faire de 
Téniers, et le second la touche légère et spirituelle de Gham 
et de Gavarni. 

Avant de nous occuper d'eux, esquissons rapidement 
le portrait de leur père, pour remonter à leur origine et à 
leur éducation artistique. 

Camoin Honoré-Gabriel, né à AUauch (Bouches-du- 
Rhône), en 1792, est mort en 1865, dans sa maison de 
campagne d'Espinouse, près du village du Ghaffaut. En 
1815, il se maria avec Mïi« Barthet, fille d'un riche cor- 
royeur de Riez. De cette union naquirent six enfants. 

Placé sous rhabile direction de Goubaud, a l'école des 
beaux-arts de Marseille, il remporta, en 1812, le premier 
prix de modèle vivant, avec la mention très bien. En 1814, 
il vint se fixer à Riez, en qualité de professeur de dessin 
et de calligraphie. Il y vécut à côté d'un poète (1) dont la 
muse facile a laissé de charmantes poésies françaises et 
provençales. Son séjour dans cette ville pleine de souvenirs 
romains dura jusqu'en 1839, époque où il l'abandonna pour 
habiter Digne, comme professeur de dessin au collège 
communal, en remplacement de M. Puget, professeur 
distingué de dessin et de calligraphie. 

Gamoiii père, que nous avons eu l'honneur d'avoir pour 
premier professeur de dessin vers cette époque de calme 
et de paix générale, possédait des qualités très solides 
comme dessinateur; il était, de plus, d'une bonté sans 

(1) Victor Morenon, auteur de plusieurs volumes de fables. 



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- 179- 

égale pour ses élèves. Aussi, nous lui avions donné le 
nom de père Camoin. 

Grand parleur, conteur fécond d'histoires à la façon des 
Marseillais, de Méry surtout, qu'Autran appelait le 
singe des poêles à cause de son talent d'imitation, ses 
leçons étaient à la fois un petit cours d'esthétique primaire 
et un grand ramassis de contes et d'historiettes agrémentées 
parfois d'une mimique indescriptible, ce qui en doublait 
rattrait. Le professeur, toujours gai, aimable, riait avec 
nous de sa faconde méridionale, dont nous prisions le sel 
autant que les leçons de bosse et que les portraits de Socrate 
et d'Aspasie, qu'il nous donnait à reproduire. Il fallait 
surtout l'entendre et le voir retracer de la voix et du 
geste certaines scènes de l'épopée napoléonienne, des 
Pyramides à Waterloo !.... 

C'était un des fervents de l'école de David, de Girodet et 
de Granet. Quoique grand admirateur du Naufrage de 
la Médiose^ il plaçait au-dessus de Géricault les belles 
compositions d'Horace Vernet. Les Vernet, Joseph, Carie 
et Horace, étaient ses dieux, sa trinité artistique. Et 
l'auteur de V Apothéose d'Roniêre et de la Source donc!.... 
C'était de l'enthousiasme... 

Ses études avaient toutes un cachet de sincérité indiscu- 
table ; son crayon sentait pourtant le faire du maître 
du pointillé qui s'attarde aux détails, y perd son 
temps en laissant échapper le souffle, l'inspiration fortuite, 
spontanée I Avec un pareil système, l'adresse l'emporte sur 
la composition. Mais quelle sûreté de main I Quelle habileté 
de reproduction chez cet habile professeur ! Ses croquis à 
l'estompe et à la sanguine possédaient un moelleux et une 
souplesse qui rappelaient parfois ces belles études d'au- 
trefois, dont Julien nous a laissé de si beaux spécimens, 
des modèles achevés, qui sont l'honneur de la lithographie. 
C'était une prodigalité de lignes exquises que n'eussent pas 
désavouées les maîtres les plus distingués de l'école de 
Boucher et de David. Mais ce n'étaient malheureusement 



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- 180 - 

que des copies merveilleuses d'un habile faiseur, auquel la 
nature refusa le don créateur, la faculté d'exprimer sous 
une belle forme le sentiment poétique et original. 

« L'art I... Heureux entre tous, celui qui sait en surpren- 
dre les secrets!.... Les nécessités de l'existence et le pro- 
fessorat, qui tuent l'idéal, m'ont coupé les ailes... Peut-être 
aurais-je créé quelque tableau digne d'un public d'élite, si 
je n'avais pas été courbé sous leur joug. » 

Il nous disait cela un jour, en nous donnant une leçon 
d'après un modèle dessiné par lui-môme. Ne se faisait-jl 
pas illusion ? N'entrait-il pas dans cette appréciation un 
peu d'exagération ? Mais que l'artiste qui n'en fait pas 
autant lui jette la première pierre. 

Son travail a été celui d'un homme très laborieux, 
persévérant, tenace, doué du génie de la patience. Ses 
cartons étaient nombreux, remplis d'études solides. Il 
peignit de nombreuses ébauches et toiles, entre autres, 
une copie d'un tableau de Skalken, le peintre des effets de 
lumière, et dont l'original se trouve au Musée de 
Marseille. Cette petite toile de Skalken est une perle d'un 
prix inestimable. 

A la même époque, Gamoin composa un autre effet de 
lumière, qui laissait deviner un médiocre imitateur du 
môme peintre. En effet, quelle différence dans le coloris et 
la composition des deux artistes I... Un diamant à côté 
d'un grossier caillou de nos montagnes alpestres... Une 
Vierge de Murillo^ qu'il copia au crayon, est un chef 
d'oeuvre d'exécution digne d'un bénédictin (1). Ce travail 
est maintenant entre les mains de sa fille aînée, qui habite 
à Espinouse la maison de son père, maison si vivante 
autrefois et aujourd'hui presque déserte. 

Nous serions heureux de pouvoir dire qu'il a laissé une 

(1) Un grand nombre de ses dessins et études se trourent à Espinouse, à 
rancienne maison de campagne de Gamoin. La copie du tableau de Skalken 
fut achetée, vers ISiO, par la famille Duchaffaut. 



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— 181 — 

œuvre magistrale ; mais Dieu n'avait infusé en son âme 
une étincelle de sa lumière créatrice que pour la trans- 
mettre à ses enfants, ce qui est déjà quelque chose. 

Simple, modeste, laborieux, il avait aussi le culte de 
ramitié et le sentiment de l'admiration. Que de fois il nous 
parla du peintre Constantin, dont s'enorgueillit la ville 
d'Aix, cette cité qui a donné tant d'artistes et de lettrés et 
qui est restée un centre si important d'étude. Constantin 
était aussi un de ses artistes de prédilection ; il l'avait 
connu à Aix et fréquenté assidûment lorsqu'il séjournait 
quelques semaines dans ses murs, où habitaient quelques 
uns de ses meilleurs amis. Il ne tarissait pas d'éloges, 
lorsqu'il nous parlait des encres de Chine (1) du maître ; il 
nous racontait sa vie originale et bizarre, sa tendresse 
pour son fils, devenu un peintre distingué sur porcelaine et 
dont la carrière se termina prématurément à Limoges. 

Camoin était une nature loyale, franche et honnête; son 
caractère aimable lui attirait toutes les sympathies ; nul 
homme n'a inspiré plus de respect et d'amitié à ses élèves.. 
L'un d'eux est heureux d'en témoigner ici. 

Nous allons parler maintenant de ses deux fils, qui ont 
été bien supérieurs à leur père par le génie de la composi- 
tion et le sentiment de la couleur. 

Casimir MARIAUD. 



WENDELIN CHEZ NOUS 

(Suite) 



Notons en passant que notre belge francisé laisse de 
côté, dans sa signature, le W flamand et le prénom 



(1) Deux superbes paysages de Gonstantiii existent chez M"^* veuve SegODd, 
rue de la Traverse, à Digne. 



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- 182 — 

gothique de Gk)defroy, pour signer I (renée) Vendelin (1) . 
N'oublions pas, non plus, de remarquer que l'une des 
épîtres du recueil lui est adressée. Elle est intitulée : 
Irenœo Vendelino Andréas Trochœus (2). Tout à côté, 
s'en trouve une autre, du môme auteur, à Scipion d'Arnaud, 
qualifié jurisconsulte. — Scipion d'Arnaud, émule sinon 



(1) Il lignait plui tard (1635) Godefiroy-Irénoe, et plus tard encore (1648) 
Godefroy eenlement. — Œuvres de Oassendi, t. YI, pp. 429 et 4&o. — Dans 
une précieuse et toute récente publication dd M. Tamizey de Larroque, les 
iVeito iNÀnotref inidiu de P«ire»c (AnTers 1889), que M. Charles Ruelens a 
savoureusement annotée en ce qui regarde les personnages des Pays-Bas, 
réminent érudit belge fait remarquer (p. 46) que le prénom Irénée est la 
gréoUation du prénom Godefroy et semblo en conclure que Wendelin les 
aurait portés, non pas cumulatiyement, mais altomatiyement La signature 
de 163S, que nous Tenons de rappeler, nous les montre pourtant réunis. 
— N'écrivons pas le nom de Charles Ruelens sans saluer, en la personne du 
savant conservateur des manuscrits de la Bibliothèque royale de Belgique, 
le chercheur, le plus autorisé et le plus avenant, un vrai Tamizey de 
Larroque d'au delà la frontière. Pris d'une particulière sympathie pour la 
physionomie de Wendelin, il a longtemps recueilli, à travers ses recherches de 
chaque jour, tout ce qui se rapportait à cet illustre oublié. Nous espérions 
qu'il nous donnerait à la fois la biographie définitive de son grand compa- 
triote et les épaves de son œuvre. Les circonstances en ont autrement 
décidé. Des travaux considérables, dans lesquels il était engagé antérieurement 
et sur lesquels sont venus se greffer des impédiments de s&nté, l'ont contraint, 
à son ccBur défendant, d'abandonner cette entreprise. Ce n'a été toutefois 
qu'après s'être assuré qu'un autre la reprendrait en toute compétence et la 
mènerait à bien. Le continuateur de M. Ruelens sera M. C. Le Paige, le 
célèbre professeur à l'université de Liège, qui déjà, de son cdté, avait 
beaucoup colligé sur Wendelin. Charles Ruelens lui a con fraternellement 
abandonné ses propres matériaux, et il nous écrit, avec sa noble modestie, 
que ** des mains plus dignes que les siennes „ élèveront à notre Irénée le 
monument qu'il attend depuis deux siècles. 

(2) «/bei, 1605, p. 72. — Faut-il traduire Troekœia par le nom 
éminemment bas-alpin de Tronche ? La famille Tronche de Sablières, qui 
habitait Apt au dernier siècle, acquit des Saint-Jacques la terre de Silvabelle 
et la revendit à J.-F.-H. Palhier, ancien député aux Cinq-Cents. 



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-183- 

élève de Wendeliû, a apporté, lui aussi, son contingent à 
Tœuvre paternelle. Son écot consiste en une épitre en 
prose à son cousin Louis d'Arnaud, âls du conseiller 
d'Aix ; une étrenne à son père, en quelques distiques ; une 
épigramme In pœtastrum furent ; une autre de 
Medico (?) et un quatrain à messire Marin, protonotaire 
apostolique (1). Scipion s'y montre le digne fils d'André, 
habile à Jouer avec les syllabes et aux plaisantes rencon- 
tres d'idées. 

Détail final, et qui est un vrai trait de caractère. Une 
pièce de Guirand qui, dans l'édition précédente, célébrait 
sur un ton lyrique les vertus de messire Antoine Melve, 
prévôt du chapitre Saint-Mary de Forcalquier, a changé, 
dans cette nouvelle édition, de destinataire, et s'adresse 
maintenant à Jacques Fontaine, médecin d'Avignon (2). 
Voilà qui diminue quelque peu notre estime pour le poète 
d'AUos, mais qui ajoute un grain de sel à ces Joci, déjà si 
piquants. 

La collaboration de notre Irénée semble avoir porté 
bonheur au petit livre forcalquéien. Dès 1608, un éditeur 
de Paris, J. Richer (3), obtenait, à l'exclusion de Bramereau, 
un privilège pour une nouvelle édition des Joci^ et il la 
publiait l'année suivante (4). 



(1) Id., pp. 63, 97, 100 et 101. 

(2) Edition de 1600, p. 129 ; édition de 1605, p. 92. — J. Fontaine a écrit 
SUT les eaux de Oréoulx. 

(3) C'est ce ni6me Richer qui deyait publier, bientôt après, les PàrcdlSe» 
de Bandoly. La bibliographie forcalquéienne doit releyer avec gratitude le 
nom de cet éditeur ami, qui mit au jour, en une même année, les œuTres de 
deux de nos écrivains indigènes. 

(4) Cette édition, assez rare, se trouve 4 la bibliothèque de Carpentras. — 
Dix ans plus tard, Richer en donnait encore une, qui devait Être la dernière : 
Joei Andreœ Amatidi, pUne e< plana ^uartum êdiii, in-12, de 226 pp. — On 
remarquera que, par une continuation de Perreur de 1606, cette édition est 
donnée comme la 4% mais qu'elle est la 5* en réalité. Elle serait mdme la 6% 



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n 



- 184 - 

Laissons maintenant cette œuvre légère aller à sa 
destinée, et suivons Wendelin dans de plus sérieux 
travaux. Ce n'est pas seulement par quelques pages de 
latin que le précepteur des Arnaud devait marquer son 
passage à Forcalquier. Il y préluda aux études qui de- 
vaient illustrer son nom comme physicien et astronome. 

Le ciel de Provence, par sa limpidité, avait naturellement 
pour lui un attrait particulier. Déjà, nous l'avons vu 
observer à Forcalquier l'éclipsé de 1605. Mais c'est surtout 
sur la montagne de Lure qu'il lui fut donné de recueillir 
d'importantes constatations. Les hauteurs abruptes de 
Malcor (1) étaient une dépendance de la terre de 
Ghâteauneuf-Miravail, que les d'Arnaud habitaient chaque 
année, durant les vacances de la sénéchaussée, du 1er juillet 
au le' octobre. C'est là que Wendelin établit une manière 
d'observatoire sommaire, dont il serait -aisé de déterminer 
l'emplacement probable. Et ici nous ne saurions mieux 
faire que de donner la parole M. Charles Ruelens. Dans 
une conférence donnée en décembre 1882 à la Société belge 



si un certain tirago daté de Paris, 1601, chez Coqaerel, n'était, comme nous 
TaTons yériflé, celui de Pillehotte, déguisé sous un simplement changement do 
frontispice. — Voici, du reste, la première fois qae la bibliographie des 
Joci est quelque peu débrouillée. Le BuUeivn du Bibîioph^ lui-même (1855, 
p. 289, art. d*Ap. Briquet) n^ des cinq éditions de cet ouvrage, soupçonné 
ni la première, ni les deux dernières. 

Pour en finir ayec ce livre, notons que c'est dans les Joci de 1605 que nous 
voyons, pour la première fois, le nom do Forcalquier identifié avec celui 
Forum Neronis, p. 112. L'édition primitive appelait plus simplement et plus 
exactement notre ville Forealquarium, p. 140. Wendelin serait-il pour quelque 
chose dans la correction malheureuse de 1605? lia responsabUité serait 
grande ; car, depuis bientôt trois siècles, cette erreur a fait un chemin incroya- 
ble dans le monde des géographes. 

(1) Malcor, inhabité depuis des siècles, est aujourd'hui une section de la 
commune de Lardiers. Voir l'intéressante Histoire de ce cotte commune, par 
M. Louis Pelloux, et sa parfaite monographie du canton de Saint-Etienne. 



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- 185 — 

de Géographie, Téminent érudit rendait compte de la pose 
de la première pierre de l'Observatoire du Venteux, à 
laquelle il avait officiellement assisté, le 17 mai précédent, 
et à ce propos il évoquait, avec toute l'éloquence de l'émo- 
tion, le souvenir de son vieux compatriote : 

t Je voudrais dire deux mots d'une assez curieuse 

coïncidence que j'ai eu l'occasion de signaler pendant 
notre excursion. Je citais tantôt le mont Lure. Ce mont, 
qui a 1827 mètres de hauteur, fait partie des Alpes de 
Provence. 

» Or, vers l'an 1604, un belge, Godefroid Wendelen, né à 
Herk-la-Ville, connu depuis sous le nom de Vendelinus, 
était à Forcaiquier précepteur des enfants de M. d'Arnaud. 
Vendelinus était un savant de premier ordre en sciences 
mathématiques et physiques, comme nous dirions aujour- 
d'hui. Il fut à cette époque un ardent investigateur des 
manifestations de la nature et entretenait une correspon- 
dance savante avec les hommes les plus illustres. On le 
regarde même comme le maître de Gassendi. Or, pendant 
les cinq années qu'il passa en Provence, ce Vendelinus 
avait fait de la montagne de Lure une sorte d'observatoire. 

De cette cîme élevée, il étudia divers phénomènes 
météorologiques : la formation des nuages, des brouillards, 
des exhalaisons de la plaine, les vents et surtout les 
orages, qu'il voyait se produire quelquefois sous ses pieds. 

• Dans un de ses ouvrages^ il donne quelques curieux 
détails : ainsi il affirme avoir vu l'éclair sortir de la terre 
et frapper le nuage, et, sans avoir de l'électricité aucune 
des notions de la science moderne, il constate déjà ce fait 
de l'attraction produite par la terre sur l'étincelle, et il 
entrevoit la théorie du réservoir commun. 

» C'est là aussi qu'il fut témoin d'un phénomène très 
rare, que l'on nommait en ce temps une pluie de sang, 
phénomène dont il donna une explication naturelle dans 
sa correspondance avec son ami Peiresc, le conseiller du 

12 



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- 186- 

parlement de Provence, et dont il vit ensuite un second 
exemple à Bruxelles, en 1646. 

» Ici encore, il exposa une théorie toute physique de ce 
fait extraordinaire, contrairement à Topinion générale, 
qui n'y voyait qu'un prodige céleste venant laver la tête 
des Bruxellois pour les forcer à devenir meilleurs. 

» Me ressouvenant de ce Vendelinus, dont j'avais trouvé 
des lettres dans la bibliothèque de Garpentras, je priai l'un 
des excursionnistes de vouloir bien m'indiquer le mont 
Lure, que l'on devait apercevoir du sommet du Ventoux. 
Et, en effet, on le voit à quelques lieues. Je fis connaître 
les circonstances que je viens de raconter, et je saluai la 
montagne lointaine où ce pauvre, cet humble compatriote 
avait, il y a près de trois siècles, essayé de faire pour la 
science cette tentative que Ton renouvelle aujourd'hui 
dans d'autres conditions (1) ». 

Wendelin trouvait, pour ses travaux de physique et 
d'astronomie, d'abondantes ressources dans la bibliothèque 
d'Arnaud. Il nous suffira de mentionner le manuscrit ou 
Codex Arnaldimcs dont nous avons dit un mot déjà. Ce 
précieux ouvrage était ce que l'on appelait alors un 
abaque. D'anciens et nombreux relevés uranographiques 
y avaient été consignés par une main inconnue. Des notes 
assez récentes y avaient été ajoutées, sans doute par 
André d'Arnaud lui-môme (2). On trouve un court extrait 
de ce manuscrit dans les Astronomica de Gassendi (3). 

Grâce à ces secours heureux, notre précepteur fit. du 
haut de Lure, plus d'une observation capitale. C'est de 
cette sorte qu'il arriva, comme l'a si bien remarqué 
M. Ruelens, à soupçonner quelques-unes des lois de la 



(1) Ch. Ruelens, Ja Science de la terre, Bruxelles, 1888, pp. 89 et suivantes. 

(2) Ces notes étaient sous la date de 1600. ^ V. les Œuvres de Oaumdi, 
t IV, p. 635. 

(8) /cf., p. 534. — L'extrait en question est intitulé : Loea Stdlarwn ver^/i- 
cata €mno cArwf« J864, 



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- 187 — 

physique et de la météorologie, à une époque où ces deux 
sciences étaient absolument dans les limbes. Ce n'est là un 
mince honneur ni pour lui, ni pour nos Alpes, qui peuvent 
s'enorgueillir de l'observatoire embryonnaire en 1605. 

Ajoutons, puisque nous sommes en veine de fierté locale, 
que si, de nos jours, l'observatoire du Ventoux a été créé, 
c'est sur l'initiative de l'Athénée de Forcalquier et à la 
suite d'un vœu émané de cette modeste et laborieuse 
Société (1). 

A côté du Wendelin latinisant et du Wendelin observa- 
torien, il nous faut signaler maintenant un troisième 
Wendelin, assez inattendu celui-là. Croirait-on que ce 
naturel de Herch-en-Gampine s'était attaché à ce point à 
notre ville qu'il en étudiait l'histoire avec passion, au 
point que, quarante ans plus tard, il devait s'y intéresser 
encore ? Nos traditions hagiologiques furent plus particu- 
lièrement l'objet de ses recherches. Il copia, dans un 
Légendaire local, la Vie de Saint-Mary, notre patron, par 
Dyname (2), et peut-être est-ce à lui que l'on doit la conser- 
vation de ce texte. 

De BERLUG-PERUSSIS. 
\ (A suivre,) 



PROCÈS-VERBAL DE LA COMMISSION 

chargée d'examiner les travaux de M. Arnoux 
sur TAlgèbre graphique 



Le sept mai mil hnit cent quatre-vingt-neuf, une commission 
déléguée par les membres de la Société scientifique et littéraire des 
Basses-Alpes s'est réunie chez M. Daime, ingénieur des chemins de 



(1) V. lo Journal de Fcroaiquier da 8 décembre 1876. 

(2) Œutret de Gatsendi, t. VI, p. 460* 



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1 



- 188 - 

fer du snd de la France, président de ladite société. La commission 
était chargée d'examiner un travail de M. Arnoux, ancien officier de 
marine, membre de la société, sur l'Algèbre graphique, méthode 
nouvelle de résolution des équations algébriques. 

MM. Daime, Dyrion, ingénieur des ponts et chaussées, de Rochas, 
inspecteur des forêts, Huriez et Cotton, professeurs de mathématiques 
au lycée, Roos et Diomard, professeurs de physique et de sciences 
naturelles, composaient la commission. Ces messieurs ont parcouru 
les manuscrits de M. Arnoux, entendu avec intérêt ses explications 
et lui ont donné acte de priorité sur les travaux de même nature qui 
pourraient être présentés dans la suite. 

Sur la valeur d'originalité et l'intérêt scientifique de l'oeuvre de 
M. Arnoux, ils ont constaté que les méthodes de résolution pré- 
sentées paraissaient nouvelles, particulièrement en ce qui concerne les 
équations; que l'Algèbre graphique de M. Arnoux était susceptible de 
nombreuses applications théoriques et pratiques et méritait la plus 
sérieuse attention. 

En foi de quoi, ils ont rédigé le présent procès- verbal et signé : 
Daimb, Dybion, de Rochas, Huribz, 
Cotton, Roos, Diomard. 

Voici, dans ses lignes générales, un aperçu rapide des 
théories de M. Arnoux : 

On peut faire correspondre la symbolie analytique aux 
opérations de déplacement dans n'importe qtœl genre de 
considérations et, comme exemple, dans celui des considé- 
rations d'espace à un nombre quelconque de dimensions. 

L'algèbre des fonctions dites algébriques correspond aux 
faits de déplacement dans une espace à deux dimensions ; 
c'est un cas particulier de Talgèbre générale. 

Les expressions algébriques écrites correctement peuvent 
se classer par rapport au nombre d'étages d'exposants 
qu'elles possèdent : un rez-de-chaussée exprime les faits 
de déplacement dans un espace à une dimension; un 
1er étage exprime ceux d'un espace à 2 dimensions ; un 
2® étage correspond à 3 dimensions et ainsi de suite. 



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\ 



— 189 — 

A toute expression algébrique correspond une figure 
graphique et réciproquement. 

La graphie permet donc de voir et de se rendre compte 
sans difficulté de ce que l'analyse cache dans ses symboles; 
elle met à la portée de tout le monde, sans exception, ce 
qui est aujourd'hui le domaine de quelques cerveaux spécia- 
lement adaptés aux exercices de symbolie dits d'analyse. 
Quand la symbolie est mal interprétée par ceux qui s'en 
servent, l'erreur saute aux yeux. 

La graphie est amusante ; la symbolie répugne à la plu- 
part des intelligences. 

Gomme pratique, on peut par des opérations graphiques 
très simples obtenir des résultats que l'arithmétique ne 
donne qu'avec beaucoup de difficultés. Témoin l'extraction 
des racines des équations de tous les degrés. 

Beaucoup de théories deviennent par la graphie d'une 
simplicité extrême, comme par exemple celle des quantités 
imaginaires. On voit ces quantités. Tandis que les sym- 
bolistes, leurs princes en tête, considèrent « les expressions 
symboliques ou symboles comme ne signifiant rien par 
elles-7némes ». « Les équations symboliques comme 
inexactes ou demies de sens » (Gauchey, cours d'ana- 
lyse de l'école polytechnique, p. 173). « Parmi les expressions 
ou équations symboliques, on doit surtout distinguer celles 
que l'on a nommées i7naginaires, (Id. id.). 

Les combinaisons de symboles trigonométriques se 
lisent couramment sur une figure graphique. 

La graphie a, en outre, cela de particulier que quand 
une forme graphique correspond à une forme symbolique, 
les résultats des opérations inverses s'obtiennent avec la 
môme facilité que ceux des opérations directes. Qe qui n'a 
pas lieu pour la symbolie. 

Ainsi, par exemple, graphiquement il n'est pas plus 
difficile de diviser une quantité imaginaire par une quantité 
imaginaire que de les multiplier Tune par l'autre. 



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— 190 — 

Enfin et surtout : 

La graphie fait rentrer Vanalyse mathématique 
dans la classe des sciences expérimentales, ce qui a une 
portée ijmnense tant au point de vue de la découverte 
qu*à celui des vérifications. 

Partout la science moderne en appelle à Texpérience in 
rébus. Avec juste raison elle met en suspicion toutes 
les théories et par suite les raisonnements, pour en 
appeler à la preuve expérimentale, La seule qu'elle 
considère comme « sans réplique ». 

On demande des faits que chacun puisse produire à 
volonté. 

Au point de vue de l'instruction publique, les consé- 
quences ne sont pas moins importantes : un enfant com- 
prendra facilement ce que beaucoup d'étudiants en mathé- 
matiques ne parviennent pas à saisir. Les figures graveront 
dans sa mémoire d'une façon inefifaçable ce que chacun 
s'empresse d'oublier après les examens ; elles permettront 
de transformer en jeu les opérations algébriques, ces 
instruments de torture de la plupart de nos écoliers. 

Et puis, n'est-il pas humiliant pour une science dite de 
raisonnement de ne pouvoir établir solidement ses bases 
d'opération, et de proclamer dans tous ses ouvrages 
qu'il est impossible de savoir pourquoi — x — • = -f, et 
de le. démontrer d'une façon acceptable. En d'autres 
termes et eii bon français û'avouer qu'en symholie on ne 
sait ni ce qu'on fait ni ce qu'on dit; chose que l'on serait 
fortement tenté de croire quand on voit un autre prince 
de la symbolie, Euler, démontrer avec un sang-froid 

imperturbable Vénot^nité que |/:rî n'est point une 
quantité imaginaire, et les auteurs des meilleurs ouvrages 
modernes sur la symbolie répéter avec admiration son 
raisonnement I!!... quand on entend le métaphysicien 
Gournot traiter Lagrange de paralogiste (Cournot, Des 



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— 191 — 

Fonctions^ v. 1, p. 178) ; Vallès, maltraiter les princes de la 
science symbolique d'une rude façon (Vallès, Des Formes 
imaginaires en algèbre^ v. l, pp. 219 et suivantes), affir- 
mant « qu'on ne peut égaler une série à la fonction qui 
lui a donné naissance >, chose qui avec la règle des 
signes est un des fondements de la symbolie ; Duhamel 
(Méthode^ 2o partie, p. 166), dire : « Quant à la prétendue 
démonstration de d'Alembert approuvée par Garnot, il 
est bien étrange que ces deux illustres géomètres n*en 
aient pas aperçu le défaut » et plus loin : « Ces obser- 
vations suffisent pour montrer le vide de ces simulacres 
de raisonnement » et tant d'autres en nombre considé- 
rable. 

Pour ceicœ qui ne sont pas du métier^ quel effet cela 
produit-il ? En voyant les sommités analystes se prendre 
aux cheveux en s'accusant les uns les autres de dérai- 
sonner^ on se demande avec effroi quelle confiance 
peuvent inspirer les raisonnements syynboliques^ et, 
si les plus illustres des symbolistes disent des absurdités 

à qui mieux mieux, que doivent dire les autres??? 

N'insistons pas davantage. 

Pour établir la correspondance entre la symbolie et la 
graphie, il suffit d'établir un principe fondamental : 

Tout mobile se déplace en allant toujours droit devant 
lui^ il ne va jarnais ni à droite, ni à gauche, ni en 
arrière; quand la direction de sa faculté de se déplacer 
ne vise pas le but à atteindre^ il faut la faire tourner. 

Une quantité est un opérateur complexe qui fait passer 
la considération générale de déplacement d'un état à un 
autre, en faisant varier ses grandeurs de translation recti- 
ligne et ses grandeurs de rotation. 

Les quantités de l'algèbre dite des fonctions algébriques 
ne contiennent qu'un seul genre d'opérations de rotation; 
les quantités complexes en possèdent un nombre propor- 
tionné au degré de leur complexité. 

Les opérations exécutées par chacun des opérateurs 



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- 192- 

amalgamés dans une considération quantitative sont 
les unes par rapport aux autres d'un ordre inférieur dans 
réchelle des fonctions. 

Ainsi, quand les opérations sur les grandeurs de transla- 
tions s'exécutent par les opérations multiplication, puis- 
santiation, etc., celles sur les grandeurs de rotation ont lieu 
par des opérations d'addition, de multiplication, etc. 

Quand on ajoute de nouvelles considérations de rotation, 
on descend encore d'un échelon chaque fois. 

De sorte que les mômes théories s'appliquent aux fais- 
ceaux les plus multiples, dont toutes les parties se meuvent 
pour ainsi dire parallèlement. C'est là un des faits capi- 
taux de la symboUe algébrique. 

Dans la théorie des fonctions dites algébriques, un 
nombre est un opérateur qui fait grandir ou rapetisser les 
translations rectilignes ou de rotation zéro ; un signe est 
un symbole absolument défectueux pris dans l'analogie 
des opérations arithmétiques ; c'est un opérateur qui fait 
grandir ou rapetisser les grandeurs de rotation confor- 
mément à ce qui a été dit ci-dessus. 

La fameuse règle de la multiplication des signes est 
ainsi expliquée d'une façon qui ne laisse rien à désirer. 
Voilà la 7nétaphysique de cette règle tant désirée par 
Car no t. 

La symbolie des signes algébriques résulte de ce que 
l'algèbre de Descartes, écrit les faits de déplacement en les 
projetant sur les dimensions, qui sont les directions perpen- 
diculaires entre elles que l'on peut placer dans un espace. 

Elle symbolise les dimensions par une succession d'étages 
de symboles V= ou rotation 1/4, appliquées au module des 
translations + 1. 

Ainsi la l^e direction est |/:ri*, ou + 1, grandeur de 

rotation zéro. 

La 2e devient Kzi", la 3^ y~i et ainsi de suite. 

Elle fait intervenir les grandeurs de rotation différentes 
des multiples de la grandeur de rotation 1/4, au moyen 
des considérations trigonométriques. 



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- 108 — 

V~i 

Ainsi p (COS. a 4- v^n sin. a) cos. B + yzri sin. B. 

exprime la translation rectiligne /> dont on a fait tourner 
la direction d'une grandeur en longitude de Tangle « et 
d'une grandeur en latitude de Tangle B. (Ceci n'étant donné 
qu'à titre de vulgarisation). 

En écriture algébrique pure, si Ton prend les expressions 
symboliques des directions des dimensiens + 1, + V^t 

4- yzrï. Les projections d'un déplacement sur ces direc- 
tions ou métaphysiqi^ment ce déplacement considéré au 
seul point de tme de ces directions^étdint symbolisées par a 

y—i 

sur la direction +1, & sur celle \nr\, c sur celle Kri 

et ainsi de suite; un déplacement s'écrira + a i + b V~i 

y—i 

+ cy—i + ; 

on passe sans difficulté d'un genre d'écriture à l'autre. 

Toutes les opérations de rotation sur les déplacements 
sont ainsi ramenées à des opérations sur des grandeurs de 
rototions multiples de 1/2 tour. Les seules que l'arithmé- 
tique sache exécuter. 

D'une façon générale, toute quantité correspond à une 
forme graphique, dans laquelle entre le déplacement modu- 
laire correspondant à + 1- 

Les grandeurs de rotation sont congruentes et le module 
de la congruence est un tour entier. 

Quand aux principes d'opération, ils se ramènent à quel- 
ques considérations fondamentales. 

Au point de vue du déplacement seuly tous les dépla- 
cement qui vont d'un point à Vautre sont égaux et 
peuvent être sul)stîtués les uns aux autres sans incon- 
vénient. Ce qui fait naître la théorie des équations y qui 
est celle des contours fermés. 



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— 194 - 

Quand on écrit + a=^+ b + c +d les symboles 

a, b, c^ d représentant des quantités quelconques 

réelles, imaginaires simples ou imaginaires complexes, on 
dit que l'opérateur + a fait arriver au môme point que la 
succession des opérateurs + b -^c + d 

Si on écrit o=^ — a + b + e + d...<i cela veut dire qu'on 
est revenu au point de départ en faisant exécuter au 
déplacement correspondant à + a une rotation = 1/2, ce 
qui fait passer du point d'arrivée au point de départ, de 
sorte qu'on ne s'est pas déplacé du tout. 

L'exécution de l'opération somme, se fait en traçant 
successivement bout à bout les divers déplacements et 
menant la ligne droite qui va du point initial au point final. 

Pour expliquer l'opération produit, nous remarquerons 
qu'un polynôme algébrique a pour correspondant graphique 
une ligne polygonale ouverte. La valeur quantitative de ce 
polynôme est la ligne droite qui ferme le contour polygonal 
qu'on peut ainsi appeler ligne de fermeture ; si on écrit 
y=zf(x),\Q, fonction de œ correspond à une ligne polygo- 
nale ouverte et y est la ligne droite qui ferme la figure. 

Maintenant, la multiplication graphique est facile à 
expliquer. Pour multiplier graphiquement un polynôme 
par un polynôme, il faut, sur chacun des déplacements 
isolés correspondant aux monômes du multiplicateur, 
exécuter une figure semblable à la figure qui correspond 
au polynôme multiplicande, en prenant ces déplacements 
comme analogues aux lignes de fermeture. On fait ensuite 
la somme graphique des produits de même degré de x et 
on a une ligne polygonale ouverte qui correspond au 
produit des deux polynômes algébriques. 

Nous ne donnons là qu'un croquis excessivement succinct 
et élémentaire de l'immense travail de M. Arnoux, pour tâ- 
cher de faire comprendre en quoi il consiste. Et nous devons 
ajouter qu'il nous a déclaré qu'en Veœécutant il n'avait 
nullement la prétention de faire des 9nathématiques ; 



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- 195 — 

il a choisi ce sujet C07n7ne il en aurait pris tout autre 
pour s'eœercer à la métaphysique objet de prédilection 
de ses études. 

Quant à ce qui concerne ce que l^s symbolistes appel- 
lent pompensement et orgueilleusement l'analyse tout 
court, l'auteur serait tenté d'y voir un langage d'angures 
cherchant à se mettre hors de la portée du vulgaire, et de 
la définir « rart de rendre inco7npréhensible au moyen 
des symboles^ ce qui serait très simple sans eux ». 

Ainsi quand ils disent : 

xvz-i 
e = cos. œ + sin, x yzTi 

Qui pourrait se douter que cela veut dire en français^ 
dans un triangle-rectangle, dont l'angle est une grandeur 
de rotation a;, que l'on se déplace par l'hypothénuse ou par 
les côtés de l'angle droit, au point de vue du déplacement, 
cela est indifférent. 

Si au lieu de cela, on écrit : 

-xv—i 
e = COS. X — sin. x vzrî 

On dit renversez le triangle dessus dessous, il n'y a rien 
de changé. 

Si vous écrivez : 

X v~i — X \nr\ 

e + e 
cos. X = ^-g {figure 16), 

cela signifie que si Ton va du point K au point G, puis du 
point G au point K*, au point de vue du déplacement seul, 
c'est la même chose que si l'on y va directement par 
KMK*. 

Si au contraire vous mettez : 

X KITÎ — X VZTx 

e — e 

sm. X = 7: 



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— 196 — 

C'est tout comme si vous faisiez voir qu'en allant de B 
en K* puis de K* en G, on ne s'est pas plus déplacé que si 
l'on va du point B au point G par le chemin direct BMC..., 
ef ainsi de suite. 

Il n'y a pas besoin d'avoir le génie d'Euler, pour voir 
cela. 

Les fonctions transcendantes lui paraissent être les 
relations entre quantités n'habitant pas le même étage ; 
peut-être s'abuse-t-il, mais il se figure qu'il comprend ce 
qu'est la longueur d'un arc de courbe sans passer par les 
savantes considérations de l'analyse. 

Ainsi pour établir le nombre tt, un ruban ou une roulette 
font très bien comprendre le rapport entre la grandeur 
d'une circonférence et celle du diamètre ou deux fois le 
rayon qui l'engendre; par le moyen de ce nombre on établit 
très bien les relations entre les grandeurs de translation et 
les grandeurs de rotation (celles-ci ayant pour correspon- 
dantes des grandeurs de circonférence). 

Les analystes en ont fait un symbole qu'ils ont mis à 
tant de sauces différentes, que des mathématiciens du pre- 
mier ordre comme Vallès (Des Formes i7naginaires en 
algèbre, v. 1, p. 252 et suivantes), déraisonnent à ce sujet 
de main de maître, tout en cherchant querelle à Euler, puis 
à M. Navier, professeur d'analyse à l'école polytechnique, 
et on serait tenté, quand on voit les disputes violentes des 
analystes, d'appliquer à l'analyse ce que Ton prête à 
Voltaire au sujet de la métaphysique et de dire : 

« Quand on parle analyse on éveille l'idée de la science 
la plus contestée et la plus contestable; d'une science 
également inintelligible à ceux qui l'enseignent et pour 
ceux à qui on l'enseigne. Lorsque deux symbolistes dis- 
putent ensemble sans se comprendre l'un l'autre, ils font 
de l'analyse, et lorsqu'ils ne se comprennent plus eux- 
mêmes ils font de l'analyse transcendante. » 



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— 197 - 

Que l'on demande à un analyste ce que signifient les 
exposants imaginaires, et Ton aura immédiatement une 
preuve de la vérité de cette comparaison. 

Notre grand savant M. Littré, dans son Dictionnaire de 
la langue française, p. 105, pour faire comprendre par une 
citation ce que peut être l'algèbre, dit : • 2o C'est de 
l'algèbre pour moi, se dit d'une chose que l'on ne com- 
prend pas. » Que des gens sont du môme avis que M. Littré! 

Parmi les figures qui accompagnent le travail de 
M. Arnoux, nous extrayons les suivantes : 

La l'e est le graphique de la décomposition d'un poly- 
nôme du 2o degré à coefficients imaginaires en ses facteurs 
du l«f degré, il contient divers cas. Les deux inférieurs 
étant la représentation d'un polynôme à coefficients réels 
dans lequel on a fait x = Vzri. Celui de gauche a des 
racines imaginaires; celui de droite, des racines réelles. 

La 2« donne la décomposition d'un polynôme du 4« degré 
à coefficients imaginaires en ses facteurs du l«r degré. 

La 3e étant comme une sorte d'explication de la corres- 
pondance entre les opérations symboliques et les opérations 
graphiques. 

La 4» fait voir divers exemples de ce fait algébrique, 
que le produit de (a a? + &) (ût â? + ^i)^ (« étant une quantité 
réelle et b et b^ deux quantités imaginaires conjuguées), 
donne un polynôme du second degré qui ne contient plus 
que des coefficients réels. Ceci étant le cas particulier du 
produit de deux polynômes dont les coefficients des mêmes 
puissances de x sont des imaginaires conjuguées, ou des 
quantités réelles identiques, qui sont en réalité des imagi- 
naires conjuguées. 

Les figures 5, 6, 7, montrent divers cas de la décompo- 
sition d'un polynôme du 4« degré à coefficients réels. 



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— 198 — 

décomposé en ses facteurs du 2« degré à, coefficients 
réels. {X = k'n.) 

La figure 8 est l'explication de la correspondance 
algébro-graphique. [œ = k^in.) 

Les figures 9 et 10 sont, pour un polynôme du 6^ degré, 
ce que les précédentes sont pour celui du 4e. [x = V~\.] 

La figure 11 montre un facteur du 1er degré A B H extrait 
d'un polynôme du 5e degré ABGDEFG;ce facteur est 
le multiplicande, A H I K L G est le multiplicateur et 
ABGDEFGle produit. La figure montre les détails 
de la multiplication, et les réductions qui s'opèrent par 
les sommes. 

' La figure 12 fait voir les produits successifs résultant 
de la multiplication des polynômes du 1er degré à coeffi- 
cients réels [X Kin) AKD XABK = ABGDqui 
XAEB=AEFGD quiXAHE=AHILMDqui 
XAPH = APQRNODquiX ASF=ASTUVYXD. 
Les multiplicateurs sont ceux qui précèdent, les multipli- 
candes ceux qui suivent le signe x. 

La figure 13 est quelque chose d'analogue au binôme 
de Newton. 

La figure 14 fait voir graphiquement la discussion d'une 
équation du 2e degré, (a? = VCl); au point D^ s'arrêtent les 
solutions réelles. L'autre figure fait voir, le 2e coefficient 
étant fixe, comment le 1er et le 3e peuvent varier conjoin- 
tement à la limite des imaginaires. 

La figure 15 fait voir graphiquement que tout polynôme 
du 3e degré à coefficients réels, à un facteur du !«' degré, 
à coefficients réels. [x=V^Xj. 



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- 199 - 

La figure 16 montre le procédé graphique de Textraction 
des racines imaginaires d'une équation du 2« degré. 

La figure 17 est Tanalogue de la solution de Viète du pro- 
blème d'Adrien Romain, en langage incorrect, les racines 
de l'unité, en langage correct, les solutions de a?" — 1 = 0. 

Ceci est le cas où les premiers et derniers termes 
seuls ne devenant pas = o, il ne reste plus que des termes 
qui ne contiennent pas de sommes, ce qui permet d'agir 
directement en divisant le verseur par w,. Subterfuge 
très commode et très abréviatif qui n'empêche pas le 
procédé général. 

La figure 18 montre comment on peut en sens opposé 
ne se préoccuper en rien du verseur, et obtenir la racine 

8« d'un nombre ^. Les diverses puissances de cette racine 

.01 . ^ OH . , OG . ^ 

sont :g-T- = puissance 8, ^-r- = puiss. 7, -^-r = puiss. 6, 

OP . . OE . , OD . „ OG . ^ 

^=puiss. 5, ^-^ puiss. 4, Q^= puiss. 3, qX = P^^ss. 2, 

OB 
et enfin, çr-r = puiss. 1. Ceci donne une idée du pouvoir de 

l'algèbre graphique pour exécuter des opérations arithmé- 
tiques. OA étant un sous-multiple de l'unité de longueur, 
les longueurs 01, OH, OG, OF, OE, OD, OC, OB corres- 
pondent aux nombres. 

La figure 17 représente ce que l'on nomme improprement 
les racines de l'unité, mais qui pourrait s'appeler très 
correctement les quantités racines de la quantité + 1, 
car la grandeur de translation rectiligne 1 n'a qu'une 
racine n«n»e qui est 1, ainsi que le montre la 2e partie de 
la figure 18, tandis que la considération congruente + 
qui est un nombre entier de fois le module un tour com- 
plet, a autant de solutions qu'il y a d'unités dans le 
nombre n. 



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Ges racines sont donc les quantités qui, opérant n fois, 
donnent pour résultat la translation rectiligne = 1, ayant 
pour direction la direction originaire; elles sont au nombre 
de n. Si l'on prend les représentants graphiques de ces 
quantités, on a les déplacements qui vont du centre d'une 
circonférence de rayon 1, à chacune des divisions de cette 
môme circonférence en m parties égales. 

De sorte que, si l'on forme les binômes qui ont + 1 pour 
a., et chacun de ces déplacements rapportés au module 
pour ai^ le résultat final de leur multiplication sera un 

binôme a?"— 1. 

On obtient ainsi, par un procédé très simple et très com- 
mode, la décomposition du binôme a?™ — 1 en ses facteurs. 

Si Ton prend deux à deux les déplacements qui repré 
sentent ce que Ton nomme les imaginaires conjuguées et 
qu'on multiplie l'une par l'autre les équations binômes 
dans lesquelles ils Jouent le rôle de a^ on a les facteurs du 

second degré à coefficients réels du binôme a;" — 1. 

Il est facile de s'assurer de l'exactitude de ces assertions 
en exécutant les opérations graphiques. 

La figure 19 montre comment doit se tracer un polynôme 
à coefficients imaginaires écrits sous la forme (a -f & ï/iri); 
ainsi ceci est l'expression graphique du polynôme 
AB BG GD 

{+m(x^+ (8+6 V^— i) 0?*+ {-15+6 Kri) a? 
DE EF FG 

+ (18-11 V—\)a?+ (-6 + 10 K— î) x^ + (~ 8- 6 V—C\, 

ceci quand on fait a? = + 1. 

La ligne AG = 2 + 5 V~i est la valeur quantitative qui 
en résulte. Elle serait donc y^f(x) dans le cas de a? = + i . 

La figure 20 montre comment on fait x = vCTi, dans le 
polynôme à coefficient réel ABGDEFGoua;=+l. 



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- 201 — 

La figure 21 montre cette opération d'une façon générale, 
le contour A B G D E étant le cas où tous les coefficients 
sont positifs ; s'ils étaient négatifs, à chaque départ on 
prendrait la direction de la lettre accentuée. Le signe — 
étant spécial au terme qu'il affecte et faisant tourner sa 
direction d'un demi tour, sans que cela modifie en quoi que 
soit la marche générale. 

La figure 22 suffit pour lire l'expression de toutes les 
quantités trigonométrlques de la somme de deux angles 
a et &. 

AB AK 

^ = COS. a, jg = COS. &, 

^, ^ AB ^ AK AB 

^^^ ÏK >< AD = AD = ^^'- ^- ^^^- ^• 

BK DG . KD . ^ 
jj^ = 5g=sin.a,^ = sin. &, 

., , DG ^ KD DG 
^^*^DK^lD = ÂD='^^-^^^^^' 

AP 

donc jg qui est cos. (« + ô) = cos. a cos ô — sin. a. sin. &. 

de môme 

BK , KG BG PD . ^ , ^, 

sin. a COS. h -f- cos. a sin. h, 

. , BK , KD , ^ KG 

tangente : jg =tang. «> jj^ = tang. ^ = jg 

CD BK 

GK ^ AB ^'^^ GD X AB = GK X BK 

divisant les deux membres de l'égalité par AB X AB, on a 
DG^AB KG^BK ^ 
ÂB >< AB = AB X ÂB = ^^^«- «'**^«- ^• 

13 



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— 202 - 

PD = BC, 

PD BK + KC BK , KG , 

AÏÏ = -^B- =XÏÏ + ÂB=*^^fi^-^+^^^«-^ 

PD PD 

donc -j-p = tang. f^a + &; = ^^ _ p^ ; comme PB = DG> 



on a 



Pp 

AB tang. a + tang. ô. 



AB _^ CD 1 — tang. a. tang. b. 
AB AB 



Une fois au courant de la signification des symboles 
trigonométriques, les formules se lisent ; la seule clef 
qui ouvre partout étant que, dans un triangle rectangle 

A B K par exemple, l'angle bXIk ou sa grandeur de 
rotation, étant désigné par a 

AB BK . BK , AB , 

j^ = COS. «^ jg; = sm. a, -^ = tang. «, g^ = cot. a, 

AK AK 

•—g = sec a, g-fT = cosec. a, 

La seule raison invoquée est que, dans les figures sem- 
blables, les côtés homologues sont proportionnels. Avec ce 
simple bagage on circule à volonté dans les formules tri- 
gonométriques les plus compliquées. 

Quant à la technique des opérations, on exécute les 
extractions de facteurs, au moyen d'équerres réunies, de 
quadrillages transparents, ou de tous autres moyens qu'il 
plaira à chacun d'inventer ; comme par exemple les pro- 
jections et les ombres. 

Pour l'extraction des facteurs d'un polynôme, l'auteur a 
choisi le cas de a? = |/irt, parce que, quand il s'agit d'un 
polynôme à coefficients réels, comme, dans le cas de 
0? = + 1, sa réprésentation graphique est une ligne droite 
segmentée, les angles seraient tous zéro ou un demi-tour ; 
ce qui rendrait impossible l'application du procédé de la 
similitude des triangles. 



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- 203 - 

En donnant à ^r la valeur |/I7ï, ou VTl^ on obtient le 
maximum de facilité d'opération à presque tous les points 
de vue, et l'on peut sans inconvénient opérer ainsi, parce 
que comme ce que Ton désire en général, c'est un nombre, 
qui graphiquement correspond à une relation de gran- 
deurs de translation rectiligne, il est facile de se rendre 
compte que pour ce qui concerne l'extraction des facteurs, 

m 

dans le cas général de VT! ('^ étant un nombre quel- 
conque rationnel ou non), les grandeurs de translation ne 
sont pas altérées. Les gones du multiplinateur étant situés 
sur les latères du produit, en n'extrayant que des facteurs 
du 1er ou du 2e degré à coefficients réels, il n'en résulte 
aucune erreur. 

La méthode générale employée consiste à extraire 
d'abord les facteurs du 4er degré à coefficients réels, puis, 
quand on les a tous supprimés, extraire les facteurs du 
2« degrés à coefficients réels, et enfin décomposer ces 
facteurs du 2e degré en leurs facteurs du 1er degré à 
coefficients imaginaires. 

Tous les algébristes savent qu'il est absolument indif- 
férent de considérer la question de l'extraction des facr 
teurs du 1er degré d'un polynôme, ou celle de la recherche 
des racines d'une équation. 

Si on a un polynôme à coefficients imaginaires, on le 
multiplie par son conjugué, et Ton a un polynôme de degré 
double à coefficients tous réels, dont on extrait les facteurs 
du 2c degré à coefficients réels. 

Cette manière de considérer l'algèbre donne lieu à une 
foule de considérations très curieuses, que nous ne pou- 
vons relater ici ; ainsi, pour changer un polynôme ayant 
pour coefficient de la plus haute puissance de l'inconnue 
une quantité imaginaire, en un autre ayant A^ = + 1, il 
suffit de faire tourner le graphique jusqu'à ce que le 
!«»• latère ait pour direction la direction originaire, et de 
prendre sa longueur comme correspondant à l'unité. 



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- 204 - 

Si Ton veut avoir les racines inverses d'une équation 
proposée, il suffit de prendre le point final pour point 
initial et vice versa^ le graphique étant considéré à 
rebours ; et tant d'autres, qu'il serait trop long d'énumérer, 
ce qui précède n'étant donné qu'à titre d'échantillon. 

Résumons la pensée de l'auteur ? Pour lui, la graphie ne 
veut pas supprimer la symbolie, elle n'a pas, comme cette 
dernière, la prétention d'être tout^ mais seulement quel- 
que chose. 

Une union convenable de deux méthodes augmentera 
considérablement la puissance de Vanalyse mathéma- 
tique j qui ne doit pas être exclusivement symbolique. 

La graphie pourrait, au besoin dans sa traduction en 
choses^ se passer de l'écriture symbolique comme inter- 
médiaire* 

Les choses n'étant constituées que par des relations, que 
l'on opère sur la considération d'espace ou sur toute autre 
peu importe ; les opérations exécutées, il n'y a plus qu'une 
substition d'élément d'application à effectuer, ou une 
correspondance à établir. 

Quant à l'origine des idées ici exposées, l'auteur serait 
bien embarrassé de dire où ils les a puisées ; elles sont 
en détail un peu partout et dans l'ensemble nulle part ; 
mais, suivant lui, le grand précurseur de toutes les idées 
modernes analogues du même genre serait Lazare Garnot ; 
avec un peu de peine on les trouverait, au moins en 
germe, dans la géométrie de position. 

Pour la commission : 

Le Président, 

DAIME. 



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Figure n* 7. 




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Figure n* H. 




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Figure n" 12. 




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Figure n* 16. 




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— 224 - 

Figures n" 21 et 22. 




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WENDELIN CHEZ NOUS 

(Suite et fin) 



Mais, tandis qu'il employait si fructueusement ses Jour- 
nées et ses veilles, ses élèves avaient grandi, et l'heure 
sonna de quitter la maison d'Arnaud. 

Il voulut, après plusieurs années d'éloignement, revoir 
sa famille et sa chère Gampine. Nous n'étonnerons aucun 
de ceux qui connaissent les mœurs professorales d'alors, 
en leur disant que notre précepteur, serrant avec soin ses 
économies, dans son escarcelle, ût à pied l'interminable 
voyage de Forcalquier à Herch. C'est lui-môme qui le 
raconte dans une lettre de 1647, où il nous apprend qu'il 
passa par Grenoble et Besançon et mesura t assez curieu- 
sement, avec ses propres pieds, > les cent quarante longues 
lieues d'Austrasie qui séparent notre ville de la sienne. Il 
remarque ensuite, comme il l'avait fait déjà dans la lettre 
de 1628, exhumée par M. Tamizey de Larroque, que les 
deux localités sont, à peu de chose près, sous le môme 
méridien (1). 

Après s'être retrempé dans les joies du foyer, Wendelin 
reprit son bâton de voyage et se rendit à Paris. Ce n'est 
pas s'aventurer beaucoup que de l'imaginer frappant, une 
lettre d'Arnaud à la main, à la porte du conseiller Gillot. 
Quoi qu'il en soit, à Paris, comme à Forcalquier, il fut 
chargé d'une éducation. Mais admirez la puissance de 
travail de cet énergique esprit I A ses heures de loisir, il 
suit les cours de l'Université, si bien qu'un beau jour, 
voilà ce géomètre, ce physicien, cet astronome qui soutient 



(1) (EaTres de GaMendi, t. VI, p. 510. — La Biographie vnivertdle eUmiquê 
place le départ de Wendelin sous la date de 1604. H nous semble qa*on doit 
le fixer an plus tôt à 1606, puisque les distiques liminaires des Joei porten 
cette dernière date. D'après M. Tamizey de Larroque, Wendelin serait 
demeuré à Forcalquier jusqu'en 1612. (Lettre» de Peireee, loc cit.) A M. Le 
Paige, mieux renseigné que nous tous, de fixer, à cet égard, nos incertitudes 

16 



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— 226 — 

ses thèses in utroquejure et devient avocat au Parle- 
ment ! Peut-être une nouvelle carrière allait-elle s'ouvrir 
devant lui, lorsque la mort de son père le rappela dans son 
pays natal. 

Là, ses goûts indécis trouvèrent enfin à se fixer. Il se 
fit d'église, prit les ordres et fut nommé curé à Herch 
môme. Mais, bien loin de délaisser pour cela ses vieux et 
chers travaux, il ouvrit parmi ses compatriotes une école 
de mathématiques et partagea désormais son zèle entre le 
ministère pastoral et les leçons scolaires. C'est à travers 
ces occupations multiples qu'il trouva le temps de publier, 
de 1^6 à 1646, ses divers traités d'astronomie et, en 1649, 
un commentaire sur les Lois Saliques. Très suivie aussi fut 
sa correspondance avec les principaux savants d'Europe, 
inter quos Peiresc et Gassendi. Par là, il continua jusqu'à 
la fin à nous appartenir et à tourner fréquemment les 
yeux vers nous. 

Les Petits Mémoires de Peiresc, dont M. T. de Lar- 
roque vient d'enrichir la bibliothèque peirescienne, nous 
ont conservé d'abondantes traces de cette correspondance 
campino-provençale. De 1626 à 16^, c'est-à-dire dans le 
bref espace de trois ans, on y peut relever la mention de 
neuf lettres de Peiresc à Wendelin ou à son élève Scipion 
d'Arnaud, ces dernières transmettant, pour la plupart, 
des envois du maître au disciple (1). Le texte de ces mis- 
sives est, par malheur, perdu, sauf pour une seule, du 
11 avril 1^8, que M. T. de Larroque a intercalée dans son 
article du Journal de Forcalquier. 

Cette importante et curieuse lettre annonce un voyage 



(1) Petite Mémoire» précités, pp. 46, 54, 55, 61, 62, 63, 66, 72, 73 et 90. — 
Si sommaire qiril soit, lo relevé de ces lettres nous apprend que Scipion 
d'Arnaud correspondait, par l'intermédiaire do Peiresc, non seulement avec 
Wendelin, mais avec Henri Bupuy et Gevartius. — Voir Tarticulet que nous 
avons consacré à cette publication dans le Journal de Forcalquier du 29 dé- 
cembre 1889. 



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— 227 — 

imminent de Wendelin en Provence. A en juger par les 
termes formels et chaleureux de la promesse qu'il fit à 
Peiresc, le curé de Herch dut tenir parole. A coup sûr, 
Forcalquier fnt son étape favorite. Toutefois, il n'y re- 
trouva point André d'Arnaud. L'auteur des Joci était 
mort, laissant ses biens et son office de judicature à son 
fils Scipion (1). Celui-ci partageait, on ne l'a pas oublié, les 
goûts délicats de son père. Mais, marié dès 1611 à Diane 
d'Audiffret-Sylvabelle, il en avait douze enfants, et le far- 
deau de leur éducation semble l'avoir amené à une 
résolution héroïque, celle de vendre à Peiresc sa riche 
bibliothèque. Il nous semble difficile d'interpréter autre- 
ment l'allusion de la lettre de Wendelin à cette t bonne 
source de Forcalquier » qui, mêlée à la « rivière regor- 
geante » de Peiresc, devait former un « océan de savoir ». 
Ce projet douloureux fut-il mis à exécution ? La chose est 
vraisemblable. Le trésor^ toutefois, n'alla pas tout entier 
chez Peiresc; car, en 1636, nous retrouvons encore à 
Forcalquier le Codex Amaldinus. 

Si Wendelin retrouva à Forcalquier, en la personne de 
Scipion d'Arnaud, le compagnon et le collaborateur de sa 
jeunesse, celui qu'il se plaisait à nommer c son Arnaud > (2), 



(1) Le testament d'André en faveur de Scipion d'Arnaud, sieur de Lange, 
est en date du 22 août 1615, rière Gassaud, notaire à Forcalquier. Ce testa- 
ment contient, entre autres dispositions, un legs de 600 livres en faveur 
d'Isabeau d'Arnaud, fille naturelle du testateur et de Suzanne Seguin. Cette 
Isabeau devait épouser, en 1634, Charles Mirailhet, fils du capitaine André. 

Les provisions de l'office de lieutenant général, au profit de Scipion, sur la 
démission de son père, sont du 22 septembre 1615. — Scipion, après avoir 
pris le bonnet do docteur en l'un et l'autre droits à l'Université d'Aiz 
(CaUdoguB Doctorum^ 1622) et avant d'être appelé à présider la sénéchaussée, 
avait été élu premier consul dé Forcalquier pour l'année 1614-1615 ; il fut, à ce 
titre, appelé à faire partie, comme procureur-joint, de Padministration des 
trois Etats du pays de Provence. 

(2) Amplitnmwn Amaudum «Mum, Cai^onovctriwn Topmxham, Œuvres de 
Gassendi, t. VI, p. 428. 



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il eut, d'autre part, l'heur de rencontrer & Aix deux de ses 
plus vaillants émules en astronomie : Peiresc d'abord, puis 
son inséparable ami, l'abbé J. Gaultier, prieur de la Va- 
lette (1), celui-là même qui avait poussé Gassendi vers 
l'étude des phénomènes célestes. Wendelin leur arrivait 
précédé du grand renom qu'il s'était fait depuis deux ans, 
en établissant le premier, dans son livre de Loœia^ la 
variation de l'obliquité de l'écliptique. On imagine les 
savants colloques de ces trois hommes. Leur amitié en fut 
cimentée pour la vie. Gassendi^ par malheur, n'était pas 
de la fête : depuis quelques mois, il avait quitté Aix pour 
Paris. Mais, dès le printemps suivant, il cherchait à 
rejoindre Wendelin en Flandre, et, n'y pouvant parvenir, 
il entamait correspondance avec lui (2). Bientôt après, 
tant lui que Peiresc fournissaient k l'auteur du Loxia 
dix ou douze observations importantes, en vue d'une 
réédition de son livre (3). 

Tout à coup une funèbre nouvelle arrive à Aix, celle de 
la mort inopinée de Wendelin. Et Gaultier d'écrire à 
Peiresc, le 12 janvier 1632 : « J'ai esté très marri d'entendre 
la mort de ce brave homme M. Wendelin, nostre bon ami 
et familier quand il estait en ce pals, la précipitation de 
laquelle attristera plusieurs braves hommes de nostre 
temps (4). * Heureusement cette annonce était, qu'on nous 
passe le mot, un canard. Loin d'être mort, Wendelin allait 



(1) U. Tamixey de Larroquo a publié, dans les Mhnoirtt de V Académie d'Aix^ 
un fort Intéressant recueil de lettres inédites du prieur de la Valette, qui a 
été, depuis, tiré à part sous ce titre : Let Corretpondanta de jPmrete. — 
IV. — Joêepk Gaultier (Aix, 1881). 

(2) ŒuTres de Gassendi, t. VI, p. 15. 

(8) Voir le» Correepondanta de Pureté, — XIII. >- Oalrid Naudê^ par 
Tamizey de Larroque (Paris, 1887), p. 84. 

(4) Ce curieux extrait est emprunté au Jotepk Gaultier de IL de Larroque, 
p. 48. 



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Obtenir d'Isabelle d'Autriche, gouvernante des Pays-Bas, 
un canonicat dans la collégiale de Gondé en Hainaut (1). 

Nous ne savons sur quel fondenent Firmin Guichard a 
supposé que Wendelin fit, en 1636, un nouveau voyage en 
Provence, au cours duquel il aurait pris à Marseille, avec 
Peiresc et Gassendi, l'élévation du pôle (2). C'est là une 
erreur. Ce qui est vrai, c'est qu'en 1635 Wendelin, qui 
déjà, aux solstices d'été de 1593 et de 1604, avait lui-môme 
relevé la latitude de Marseille, écrivit à Gassendi pour le 
prier de renouveler le plus exactement qu'il se pourrait, 
du haut de c Facropole >, cette observation, afin de la 
comparer avec celle de Pythéas (3). Il lui demandait, en 
outre, de se rendre à Forcalquier, pour y copier d'impor- 
tantes indications dans le fameux abaque de Scipion 
d'Arnaud (4). Gassendi déféra de grand cœur à ce double 
vœu. Il se transporta d'Âix à Marseille accompagné de 
Peiresc, le 21 juin 1636, et tous deux, du sommet des 
nouveaux bâtiments de l'Oratoire, constatèrent que la 
latitude de cette ville était, avec quelque variante, celle 
que Pythéas avait indiquée (5). Quelques jours plus tard, 
Gassendi se disposait à partir d'Aix pour Forcalquier afin 
d'y consulter le précieux manuscrit, lorsque Peiresc jugea 



(1) Wendolin nous apprend Itii-môme (Œurres de GfLSsendi, t. VI, p. 427) qae 
ce ftit par on acte d'iiiitiati7e toute spontanée qu'Isabelle le gratifia de cet 
honneur. Aussi, après la mort de sa bienfaitrice, dëcora-t-il du titre de TabU§ 
Uahdline» ses tables luno-solaires. DéjÀ, suivant une légende bien connue, cette 
vaillante princesse avait donné son nom à la " couleur Isabelle ». 

(2) Souvenin hùtoriqiu» ntr la viUe de Digne et «et environê, — IV. — Vie tU 
Gam&hdi (Digne, 1847), p. 68. 

(8) Œuvres de Gassendi, t. VI, p. 427. 

(4) /d, p. 428. 

(5) Vie de P, Oaaeendi, 1787, pp. 166 et suivantes. 



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-230- 

plus simple de l'envoyer prendre (1). Gassendi put à son 
aise transcrire l'extrait qui lui était demandé, et le joindre 
au récit des expériences faites à Marseille. Le tout fut 
consigné dans trois lettres qu'il adressa à Wendelin, 
datées les deux premières d'Aix et de 1636, la troisième 
de Paris et de 1643. La réunion de ces trois lettres forma 
un opuscule qui fut publié à. la Haye en 1656, et réim- 
primé deux ans plus tard dans l'édition définitive des 
œuvres de notre philosophe (2). 



(1) CSQTres do Gassendi, t. IV, p. 534. — Ce détail indique les relations 
d'intimité qui unissaient Peiresc et les d'Arnaud. Ajoutons que, depuis le 
mois d'octobre précédent, Scipion d'Arnaud était mort, laissant sa charge et 
ses biens à Jean, l'aîné de ses ills. Une délibération du conseil de Tille de 
Forcalquier, en date du 21 octobre 1685, marque les regrets que Scipion 
laissa après lui. Les consuls ayant fait quelque dépense à l'occasion de ses 
obsèques, le conseil approu7e unanimement cette dépense, " et quand eUe 
serait plus grande, puisque ledit feu sieur Lieutenant méritait cela et davan- 
tage et que o'ost la dernière honneur qu'ils lui ont pu rendre ^. — Le tes- 
tament de Scipion est en date du 4 du môme mois, notaire Eymar. H veut être 
ensoTeli dans la concathédrale; lègue 600 livres au chapitre pour une messe 
quotidienne à l'autel de Saint-Mary ; 800 aux cordeliers pour une messe hebdo* 
madaire à l'autel de la Vierge; 150 aux Becollets pour l'achat d'une biblio- 
thèque qui ne pourra être transportée hors de leur monastère ; 150 à l'église 
de ChAteauneuf-Miravail, aussitôt qu'elle serU construite, pour l'achat d'un 
retable ; plus une terre audit Ch&teauneuf, contiguS à l'église de Saint-Mary, 
pour l'entretien du prôtre qui la desservira. U institue héritière Diane d'Au- 
diif^et, sa veuve, à charge de passer résignation à Jean d'Arnaud, son fils, de 
ses deux offices de lieutenant général et de commissaire examinateur au Siège, 
et de payer à chacun de ses douze enfants, savoir : à André, chanoine vicaire 
général, 2,400 livres; à Jean, Honoré, Jean-Pierre, Etienne, Oaspar, PompéO) 
Scipion, Lucrèce et Marguerite, 1,500 livres à chacun, de même qu'à Claire, 
femme de Martial de Boniface-Astoin, et à Isabeau, femme de Pierre-Antoine 
de Silvestre-Pierrousset. D lègue enfin 400 livres à Jean Arnaud, son frère 
naturel. 

(2) Ici t, IV, pp. 528-586. — L'opuscule est intitulé : J^oportio gnomonU ad 
toUtUiaUm umbram obêervata MatsUim^ anno MDCXXJVL I^ Wmddini voîo, 
Epiêtcim treê, cum iimrtis ^juibutdam ali%§. 



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En cette même année 1636, Wendelin caressa un grand 
projet : celui d'aller à Gonstantinople, pour éclairclr cer- 
taine difficulté trouvée dans Hipparque, et qu'il estimait de 
grande importance. D'autre part, le cardinal Bagni, un 
Mécène, voulut l'attirer à Rome, et, en considération de 
l'estime que Peiresc professait pour l'illustre belge, il lui 
offrait de l'installer dans son propre palais. Mais la nature 
passablement fluctuante de Wendelin lui rendait fort 
difficile une détermination. Il délibéra longtemps et, en fin 
de compte, il n'alla ni à Gonstantinople, ni à Rome (1). 

Ce qui, au surplus, l'aurait particulièrement séduit dans 
l'un ou l'autre de ces- deux voyages, c'est l'espoir de sta- 
tionner en Provence et d'y retrouver ses bons vieux amis. 
Or, les meilleurs d'entre eux étaient en train de dispa- 
raître. Déjà, l'année précédente, Scipion d'Arnaud était 
mort dans toute la vigueur de sa maturité (2). L'an d'après, 
c'est Peiresc lui-même qui, n'ayant pas 57 ans (il était né, 
comme Wendelin, en 1580), fut enlevé à la Provence, ou 
plutôt à l'Europe. Son testament léguait à Oassendi ce 
qu'il avait de plus cher, c'est-à-dire ses instruments et ses 
livres de mathématiques, cent autres volumes à son choix, 
et le portrait de notre Wendelin (3). Gassendi voulut payer 



(1) C«8 détails sont tirés da Oalrieî Naudé de M. de Larroque, que nous 
arons cité déjà, et où l'on trouvera d'autres indications encore sur Wendelin, 
T. pp. 88-84* 90 et 92. — Il est beaucoup question aussi, dans cet intéressant 
recueil, de notre compatriote Gaffarol. 

(2) P. Guiraud était probablement mort, lui aussi, et depuis longtemps ; 
car nous ne rencontrons, passé 1606, aucune trace de cet écrivain, si ce n'est, 
dans le Jardin dea Mwm (Paris, 1642), la reproduction d'une de ses pièces des 
Joci. Encore son nom défiguré prouve-t-il que l'autour ne fut pour rien dans 
cette exhumation (Epigramme de Gtiiraudm^ p. 152). 

(8) Le P. Bougerel, dans la Vie de P. Goêêendi précitée, fixe au 14 juin 1637 
la mort de Peiresc. Cette date est erronée. Il faut la reporter au 2i. 
V. Gassendi, Viria xUustria K-C. F. de Peiresc Senatoris aquewîe vita (Paris, 
1641), pp. 885*894, et Documents inédita aur Gaasendi, par T. de Larroque 
(Paris, 1877), p. 17. On lit dans ces deux ouvrages d'attachants détails sur 
la maladie de Peiresc, qui mourut dans les bras dévoués de Gassendi, et sur 
868 dispositions testamentaires. 



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à la mémoire de Peiresc la dette de l'amitié, et, dans ses 
loisirs de Digne, il écrivit la vie de cet érudit universel. Le 
24 janvier 1641, il traversait Forcalquier (1), emportant à 
Paris le manuscrit de cet ouvrage, qui parut en septembre, 
chez Cramoisy. Le nom de Wendelin y figure avec hon- 
neur (2). 

Passons, sans nous y arrêter, sur la correspondance 
purement astronomique de Wendelin avec Gassendi, et 
arrivons à Tannée 1643, marquée par une lettre très for- 
calquérienne : 

t II vient de paraître ici,— écrit Wendelin d'Anvers, — le 
mois de janvier de la Vie des Saints (3). Il s'y trouve celle 
de saint Mary, abbé de Bodane, aujourd'hui Boscodon, dont 
les reliques sont conservées à Forcalquier, et dont la vie, 
écrite en assez bon style par Dyname, se trouve également 
en cette ville, dans un Légendaire. J'en avais fait une copie, 
qui était demeurée là.-bas, et j'avais î>rié mon Arnaud, le 
bienheureux défunt, de me l'envoyer. Sa mort survenant, 
ma lettre s'est-elle égarée ? je l'ignore. Ce que je sais, c'est 
que la chose est digne de vos soins, car elle intéresse 
l'histoire de France, à. la date de 523. Je suis d'autant plus 
incité d. réclamer ce manuscrit, que ma signature s'y 
trouve pour me servir de caution, et vous permettra de me 
tirer de peine (4). > 

 quoi Gassendi répond en 1644, et un peu à côté de la 
question, que le Légendaire de Forcalquier est entre les 



(1) Son passage à Mane ftat marqué par un épisode curieux, que lui-mdme 
raconte dans une lettre au comte d'Alais. V, (Burres de Gassendi, t. VI, 
p. 102, et Vie de P. Oanendi^ p. 191. 

(2) Doehu êogaxqv* OodefriâMê VêiuMtiMM, htm ComdaUmù oonoimoim, H ditm 
uvenhitem m J^avincia exigeretf Pnrmkio c&arw (Viriê îKiuCrw... vàa, p. 316). 
Gassendi, dans une lettre de 1648, semble s'étonner du silence de Wendelin 
au sujet de cet ouTrage. V. le t. IV de ses œuvres, p. 586. 

(8) C'est le premier volume des Acta SoMciorum de Jean BoUand. 
(4) (Eavres de Gassendi t. VI, p. 460. 



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mains de Tévêque de Sisteron, lequel est absent (1) ; et 
qu'en attendant de pouvoir obtenir de ce prélat, par l'en- 
tremise du baron de Rians, neveu de Peiresc, et de 
M. Decormis, une copie de Dyname, il envoie à Wendelin 
un extrait d'un vieux Bréviaire (2). — Puis, soucieux des 
gloires de son église, le prévôt de Digne annonce à son 
ami qu'il se propose d'écrire tout ce qu'il a recueilli sur les 
anciens évoques de cette ville, dont assurément Wendelin 
se rappelle avoir vu jadis les reliques. Il lui enverra ce 
travail, pour le communiquer à Bollandus, qui pourra 
ainsi, s'il le juge à propos, faire dans son travail « atlan- 
tien, > une place aux saints dignois (3). 

Quelques mois plus tard, Wendelin promet d'écrire 
bientôt à ses amis de Provence, et tout d'abord à Jean 
d'Arnaud, qu'en mémoire de Scipion son père il appelle 
son « posthume > (4). 

Dans la lettre qui suit, il intercale, en effet, un pli pour 
l'héritier des d'Arnaud (5). Puis il invite Gassendi à publier 



(1) n s'agit ici de Toussaint de Glandèves. 

(2) On trouvera cet extrait, ainsi que le texte de Byname, dans VHietoire 
de Sitterùn, d*£d. de Laplane, t. I, p. 444. — V. dgalemont le propre du diocèse 
de Sisteron de Mgr Lafltan : Qfficia divitui in dtœceti Sittarioenn reoUanda 
(ÀTignon, 1750), pp. 25-27. 

(8) (EuTres de Gassendi, t. VI, pp. 189-190. 

(4) Amaudum mprimU meum, ut ita loquar, potikutmm. — Id., I, p. 484. 

(5) Sedvto amicoi in Provincia meoi, ae nominatim ampliêtimum Amaudum, 
Mirœ-VaUia toparcham, ad quem litercu iatoêfeci, sed à U legendat, prœbendaa^ 
dettinandat, eum inacriptione eufutmodi ad iUum perHnere tu êeiree. — Id., p. 498. 

Cette dernière recommandation prouve que Wendelin ignorait si Jean 
d*Amaud avait hérité ou non des fonctions paternelles. Extrayons, à ce sujet, 
quelques lignes de l'ouvrage déjà cité de Tabbé de Piolle : — " Scipion 
d'Arnaud a exercé longtemps sa charge de lieutenant avec une doctrine et 
une probité singulière; Jean d'Arnaud, digne successeur de ce grand homme, 
exerce cette charge à présent avec tant d'admiration, que sans flatterie il a 
ramassé dans soi toutes les vertus et les belles qualités de ses ancêtres. „ — 
Vie de 9aùu Mary^ p. 88. — Nous compléterons les indications de Piolle, en 



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< les vies de saint Mary, saint Donat et autres saints 
provençaux, sur lesquels il existe de si précieux docu- 
ments dans le manuscrit forcalquien qui est aux mains 
de révoque de Sisteron ». Et il conjure le grand alpin, 
« qui a déjà tant fait pour sa patrie, de faire encore cela, 
car rien ne le mérite davantage » (1). 

Il y a, n'est-ce pas ? quelque chose d'émouvant, à voir, 
après un éloignement de quarante années, le bon curé de 
Herch garder un si fidèle attachement à Forcalquier et 
déployer un zèle si jaloux pour la conservation de nos 
vieux textes. Par contre, la vérité nous oblige à confesser 
que Gassendi, notre ancien théologal, tout à son clocher 
de Digne (2), fit la sourde oreille a l'appel chaleureux de 



i^oatant que Gaspar d'Âniaud, fils de Jean, continua cette li^ée de magis- 
trats. Docteur es droits eu 1C61, il fut lieutenant général au siège de For- 
calquier de 1661 à 1706. U fut père d'Anne d'Arnaud (1665-1748), qui épousa, 
en 1685, André de Gaifarel, juge do Salon et du bailliage de Manosque. 
6eneYiè7e de Gaifarel, née de ce mariage, porta, en 1705, chei les Testanière- 
MiraTail, l'héritage des d'Arnaud. 

(1) ŒuTies de Gassendi, t. VI, p. 496. Tandis que nous corrigeons les 
épreuves de ce travail, nous recevons de Bi. Henri Omont de savantes 
recherches sur h» manuMcriU et lea livres annotés de Ihibri de Peirese (Toulouse, 
1889). Quel n'est pas notre joyeux étonnoment d'y voir (p. 8, n® 6) que le 
Legeiuiarium eedesiœ sanàti Marti forealqueriensis signalé par Wendelin à 
Gassendi, et sur lequel Gassendi ne put mettre la main, avait été sauvé par 
Peirese, et qu'il est conservé ai\jourd'hui à la bibliothèque nationale, sous le 
numéro 808 des Manuscrits latins. Voilà, pour notre histoire locale, une source 
précieuse qui réapparaît tout à coup. Peirese et, après lui, M. Omont, ont droit 
à toute notre gratitude. — Le môme travail nous révèle encore (p. 14, n^ 100) 
que le martyrologe d'Adon, ou plutôt VObituaire forcalquien, publié par M. J. 
Boman et notre société, faisait également partie dos manuscrits de Gassendi, 
avant d'appartenir à la Nationale. Autre dette de reconnaissance que nous 
devons acquitter envers la mémoire de Peirese, sans trop nous demander 
comment ces deux précieux ouvrages avaient passé des archives de notre 
chapitre dans la librairie du grand collectionneur. 

(2) n préparait sa Notitia eedmiœ Diniensis, qui parut en 1654. 



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-235- 

Wendelin. Il n'en est pas même question dans sa réponse, 
de février 1646. 

Cette réponse n'en est pas moins intéressante. Le philo- 
sophe raconte qu'en transmettant à Jean d'Arnaud la 
lettre de Wendelin, il y a ajouté quelques vers, pour le 
saluer, et lui dire combiçn doit lui être précieuse l'affection 
du vieil ami de son père (1). 11 est fâcheux que Gassendi 
n'ait pas joint à sa lettre une copie des vers qu'il avait 
envoyés à Forcalquier. Nous aurions d'autant été plus 
curieux de les posséder que, dans les six énormes tomes 
de ses œuvres, il n'y a pas, croyons-nous, d'autres vers que 
ceux qu'il écrivit sur la mort de Schirckard (2). 

C'est en cette môme année que Wendelin écrivit sa 
dissertation sur la t Pluie rouge », où il évoque ses sou- 
venirs de Lure (3). Gassendi en fit donner aussitôt une 
deuxième édition et une traduction française (4). 

Depuis plusieurs années, Wendelin projetait de donner 
une édition définitive de spn Loxîa^ et, comme la plus 
grande partie de sa dissertation reposait sur les obser- 
vations faites à Marseille par Pythéas et Gassendi, il 
voulait dédier son œuvre aux magistrats et au peuple 
marseillais. Gassendi avait demandé au comte d'Alais 
d'intervenir à cet effet auprès des consuls : « Wendelin, 
lui disait-il, n'a d'autre intention que de faire honneur à 
leur ville, et il leur demande ni qu'on l'indemnise de sa 
dépense, ni qu'on le récompense aucunement. Je vais 
l'encourager, sachant que vous êtes toujours porté à être 



(1) PoÊl {RoÊ (literoâ) aoeeptaB^ deHinavi Hatim quan per me voiuitH ad nohiUm 
AmamdMm tranâdi, eonacriptiê unà vernbuê paucUy quilwê et dicerem tcdvUm, et 
qvatUi deberet tuum iUum affeeium ducere, facerem perepeetum... Cœterum ex 
Arnaudo <ptidem nihU acoepi hademu. — Œuvres de Gassendi, t. VI, p. 848. — 
V. aussi, p. 14, un autre salut que Gassendi envoie de Paris à Jean d^Amaud. 

(2) Id^ pp. 84-85. 

(8) Depluviâpurpunâ (ruxeZIeiM» (Bruxelles, 1646). 
(4) Œuvres de Gassendi, t. VI, p. 260. 



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agréable aux savants et aux gens de bien, et que Wen- 
delîn est sans conteste un des plus gens de bien et des 
plus savants hommes de notre temps. > Sur quoi, d'Alais 
avait promis son patronage en faveur de notre Irénée (i). 
Celui-ci se mit aussitôt à l'œuvre, et, tout d'abord, il 
songea à illustrer son volume du portrait des deux grands 
astronomes provençaux, Pythéas et Gassendi. De là, on le 
devine, une lutte des plus touchantes entre la modestie de 
ce dernier et l'insistance de son ami (2). Gassendi se laissa 
fléchir (3) ; mais la victoire de Wendelin fut toute plato- 
nique : l'édition qu'il projetait ne vit jamais le jour. Il 
faut le regretter pour la bibliographie provençale, et aussi 
pour notre Belge, dont le nom serait plus familier à nos 
collectionneurs. 

Un vrai deuil vint, sur ces entrefaites, attrister nos deux 
amis. Le prieur Gaultier mourut en 1647, et c'est en termes 
éloquents et désolés que Gassendi en donna la nouvelle à 
Wendelin (4). 

Nous trouvons, dans une lettre de 1648, une nouvelle et 
dernière mention du manuscrit astronomique d'Arnaud. Il 
fut d'un grand secours à Wendelin, pour compléter les 
indications de Jean de Liniers (5). 



(1) Id,, pp. 218 et 848-849. 

(2) Id.^ pp. 248-244 et 502. Les lettres di^es de mémoire échangées à ce 
propos ont été particulièrement traduites dans les oayrages précités de 
Firmin Gnichard, p. 121, et de Bougerel, p. 90. 

(3) Id. p. 260 0«ttre de décembre 1646). Ce dénouement a échappé à 
Bongerel et à Ooichard. 

(4) Id.^ p. 277. — J. Gkiultier ne monrut ni le 5 décembre, comme Ta cru 
Bougerel, p. 804, ni le premier de ce mois, comme on peut le lire dans le 
Dictionnaire d'Âchard, mais bien le 5 septembre, ainsi que Gassendi nous 
rapprend dans sa lettre à Wendelin dn l*' novembre. Où Gassendi se trompe, 
c'est quand il donne au prieur de la Valette moins de 80 ans. Né en 1664, 
Gaultier touchait à sa 88* année. 

(5) Id^ p. 512. 



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r 



-237- 

Le 9 juin 1652, Gassendi écrit de Paris à Herch (1) sa 
dernière lettre. Il apprend que Wendelin a remis, depuis 
quelques années, à Jean BoUand les vies des < deux ou 
trois » saints évoques de Digne, qu'il l'avait prié de lui 
communiquer, et il l'en remercie du meilleur cœur (2). 
Cette lettre semble avoir échappé à l'attention des bio- 
graphes de Gassendi : aucun n'a signalé sa collaboration à 
l'œuvre des Bollandistes. La chose valait pourtant la 
peine d'être relevée. 

Deux ans plus tard, on le sait, Gassendi mourait à 
64 ans ; et de ce groupe d'inséparables que nous venons 
de suivre à. travers un demi-siècle^ Wendelin demeurait 
Tunique survivant. Le travail consola ses derniers Jours. 
Il mourut octogénaire, en 1660, doyen du chapitre de 
Rothnac. Cet < esprit universel > (3) laissait de nombreux 
manuscrits, dont on devine l'importance. C'est au milieu 
de ces richesses que M. C. Le Paige va puiser les 
éléments de la publication magistrale qu'il nous prépare. 
Il trouvera sans doute encore un ample secours dans les 
dépôts publics de Belgique et de Provence, comme aussi 
dans les cartons des Charles Ruelens, des Tamizey de 
Larroque, des Paul Arbaud et autres princes de la 
bibliophilie. Wendelin, grâce à lui, sera restitué tout 
entier à ses compatriotes. 

En attendant que M. Ruelens nous donne son Oodefroy^ 
on nous pardonnera ces notes incomplètes sur notre 
Irénée. Nous serions heureux si elles appelaient l'atten- 
tion sur cette illustration presque forcalquienne et si 
surtout elles pouvaient provoquer une plus durable com- 



(1) Wendelin arait récemment échangé son canonicat de Condé contre un 
pareil titre à la cathédrale de Toumay ; mais ni Tan ni Tantre de ces bénéfices 
ne Tobligeait à résidence, et il continuait à régir la paroisse de Herch. 

(2) Id^ p. 825. 

(8) Biogra^ie univeneUe damqu/e^ 



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méiDoration de son passage parmi nous. Une inscription 
placée au sommet de Lure, et qui rappellerait que là fut 
inauguré par un Belge, hôte de la Provence, le premier 
essai d'observatoire français (1), serait, nous semble-t-il, 
un hommage digne de la Belgique et de la France, deux 
nations qui, de par la race, n'en font qu'une. 

Porchères, 1887. 

L. De BERLUG-PERUSSIS. 



(1) Malcor a cessé, depuis le 7 décembre 1821, d'appartenir aux descen- 
dants des d*Arnaud ; mais les propriétaires actuels seraient heureux, nous 
n'en doutons pas, de se prêter à cette manifestation de la science et du 
patriotisme. — Ajoutons que Théodore Âubanel a jeté, lui aussi, un reflet de 
son génie sur Malcor, qu'il a chanté dans un de ses plus magnifiques poèmes, 
La Miouffrano erUredubertOf XXIll. Ce souTenir autoriserait à compléter 
rinscription latine ou française proposée, par un distique ou un quatrain en 
notre Tieille langue prorençale, qui fut assurément familière à IVendelin. 

Notre excellent ami Hipp. Guillibert nous signale, à titre de curiosicé, un 
ouvrage de propagande biblique, intitulé Vènddin, récit historique en «es prin- 
cipaux incidents, par César Malan (3* édition, Toulouse, 1870). Le héros de ce 
récit appartient à une famille des bords de l'ArTe, et Ton est tout d'abord 
tenté de se demander s'il appartient à quelque branche des Wendelin de 
Campine, qui se serait ramifiée jusqu'en Savoie. Mais tout indique que l'auteur 
a donné aux personnages de son roman pseudo-historique des noms de 
fantaisie. 



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LES FORTIRCATIONS DES BASSES-ALPES 

ia-»S Jidllet 1408 



J'ai déjà signalé, dans le Bulletin de la Société scien- 
tifique et littéraire des Basses-Alpes^ le grand intérêt 
qu'offrait pour l'histoire locale le registre Fortaliciorum^ 
coté B. 193 aux archives des Bouches-du-Rhône. J'ai 
déploré le grand nombre de fautes de rédaction et d'im- 
pression qui rendent à peu près inutile l'analyse qui en 
a été insérée dans le premier volume de l'inventaire de ces 
précieuses archives. 

J'ai regretté, en même temps, de ne pouvoir faire 
le voyage de Marseille, pour consulter ce document, cor- 
riger et compléter ce que son analyse pouvait avoir de 
défectueux. 

Ce que je n'avais pu faire alors, j'ai eu la chance de 
le réaliser naguère, et c'est le résultat d'une étude mal- 
heureusement trop rapide que je suis heureux de com- 
muniquer ici à mes compatriotes bas-alpins. 

Je ne m'attarderai pas à relever les erreurs sans nombre 
de VInventaire, Je me contenterai de noter rapidement 
que le registre a 28 et non 48 folios, qu'il n'en a môme 
que 18, car le premier est folioté 10 ; qu'il n'y est nullement 
question de Noyers, Montauroux, Ghâtelier (qui n'a jamais 
existé) et les Mées, mentionnés par ladite analyse, et qu'au 
contraire le registre offre des renseignements sur les 
localités bas-alpines suivantes, dont la même analyse ne 
fait aucune mention : Turriès, Selonet, Saint- Vincens, 
Montclar, Château-Redon, Entrages, TAusière, Oise, Beau- 
jeu, les Sièyes, Prads, Beauvezer-de-Colmars, Adaluis, etc. 

Je ne m'arrêterais pas môme à relever ces principales 
discordances, si elles ne me fournissaient l'occasion de 
signaler une fois de plus aux érudits provençaux l'in- 
croyable négligence avec laquelle cet inventaire a été fait 
et imprimé, les milliers de fautes de tout genre dont il 
fourmille^ l'impossibilité à peu près absolue de s'y âer pour 



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- 240 — 

un nom propre quelconque, et de réclamer avec instance, 
— ce que le monde savant attend en vain depuis plus de 
20 ans, — un errata et une table. 

Mais revenons à notre registre. 

Ainsi que je viens de le dire, il ne contient que 18 feuillets, 
le premier étant numéroté 10, par suite probablement de 
l'enlèvement des 9 premiers, classés sans doute autre part 
dans les archives des Boucbes-du-Rhône. 

Nous y voyons, dès la première page (fo X), arriver à 
Sisteron nobles Elzéar Autric, viguier d'Aix, et Guillem 
Crispin, procureur royal et châtelain du Puy-Sainte- 
Réparade. 

Ils étaient porteurs d'une lettre à eux adressée par le 
sénéchal de Provence, Pierre d'Acigné, qui, ne pouvant, vu 
ses occupations, le faire lui-même, les charge de parcourir 
la Haute-Provence, in partîbus montanee, d'aller où bon 
leur semblera, pour faire fortifier tous les lieux non encore 
défendus, les réparer sur le champ, en y invitant les 
seigneurs auxquels incombe la dépense^ en les y forçant 
même par des condamnations pécuniaires ou autres, pour 
faire, suivant les lieux, démolir ou reconstruire les forti- 
fications, faire porter dans leur enceinte les récoltes, 
provisions et victuailles des villages voisins, laissés sans 
défense, — ad loca propinqua defensibilia^ — ordonnant 
à tout Provençal d'obéir à ces deux délégués comme à lui- 
môme. La commission était datée de Saint-Ganat, 8 juillet 
1408, iro indiction, et contresignée par le maître rational, 
noble Jean Drogoul, seigneur des Pennes et Saint-Julien, 
conseiller royal, qui, pour la circonstance, prenait le 
titre de lieutenant du Juge mage (1) (fo XI). 

(1) On sait qne toutes les lettres et ordonnances du sénéchal, — le plus 
haut employé royal en ProTence, y commandant en l'absence du comte, — 
étaient contresignées par le juge mage du pays, qui, pour cela, était obligé 
de le suirre et raccompagner en ses pérégrinations. En l'absence du juge 
mage, elles étaient contresignées par un autre officier de la suite du séné- 
chal, ou un employé du pays, qui, pour la circonstance, prenait toujours le 
titre de lieutenant du juge mage, — lequel était quelquefois nommé, mais le 
plua souveat innommé. 



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- 241 - 

Les délégués, on le voit, n'avaient pas perdu de temps, 
puisque cinq jours après, le 13 juillet 1488, ils étaient à 
Sisteron et y présentaient leur commission à noble Guillem 
Riquier, bailli, capitaine et vice-juge de la ville, en pré- 
sence de noble Baudon de Sermages, sindic^ et autres 
habitants du -pays, qui les reçurent avec respect et se 
mirent à la disposition des délégués pour leur faciliter 
leur tâcbe. 

Sans perdre une minute (f© XII), Autric et Grispin pro- 
. cèdent à la visite des lieux. Ils parcourent les remparts, 
les chemins de ronde, corratoria^ qui en faisaient le tour, 
les tours, les barbacanes, le donjon, gachia^ où veillait sans 
cesse une sentinelle et au-dessus de laquelle l'horloge 
était installée, supra qua tenetur fiorlogium. Visite faite, 
ordres sont donnés pour leur garde et leur réparation, 
ordres qui se renouvellent à peu près semblables chaque 
jour et dans chaque localité. Seulement, à Sisteron, elles 
doivent être achevées à date fixe, le 15 juillet, jour où les 
trois états du bailliage devaient se rassembler dans cette 
ville (1) (fo XIII). 

En môme temps, ils délèguent le capitaine Riquier pour 
visiter les murs et les tours de Saint- Vincent et de Glamen- 
sane, qui ont besoin urgent de grandes réparations et que 
leur hâte ne leur permet pas d'aller voir eux-mêmes 
(fo XIV). 

Dans ce siècle, où l'on ne connaissait pas la routinière 
paperasserie administrative, — tout cela avait été fait 
rondement, dans les vingt-quatre heures. — Gombieh un 
officier de génie mettrait-il de temps aujourd'hui pour 
faire cent fois moins ? 

Le lendemain, 14 juillet, les deux commissaires étaient à 
Valernes. Ils y sont reçus par noble Etienne Astruc, 



(1) Ce qui prouve que, dès cette époque reculée, le système représentatif 
le Buiftage universel, le gouvernement du pays par ]e pays étaient déjà depuis 
longtemps organisés en Provence. 

17 



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-242 - 

viguier du comte, -- le pays n'ayant pas de seigneur 
et relevant directement du domaine royal. Sous leur 
dictée, le notaire local. Hue Archimbaud, rédige par écrit 
les ordres précis et rapides donnés pour l'armement, la 
garde, rapprovisionnement et les réparations nécessaires 
(fo XV). 

Le 15, arrivée à Glaret ; convocation du conseil muni- 
cipal et du seigneur Amiel d'Agout. Ordres identiques 
écrits par le notaire Rostan Baron (i). Gela prit la moitié 
de la matinée. 

Quelques heures après, ils sautent la Durance et visitent 
Talard. Ils dînent rondement, et, par le ministère du 
notaire, M« Augier Berbigier, ils signifient au vicomte 
Antoine de Tarente, seigneur de Saint-André, d'avoir à 
tout mettre en bon état, à ses frais et dépens (fo XVI). 

Le môme soir, ils repassaient la Durance et arrivaient à 
Gurban. Le notaire les suit, ce pays n'en possédant pro- 
bablement aucun et écrit les ordres qu'ils donnent immé- 
diatement au viguier, Pierre Gbandelle, représentant les 
deux nobles coseigneurs, Agout d'Agout et Guillem de 
Pontis, seigneur d'Urtis (fo XVII). 

Le lendemain 16, au tour de Gigors. Ordres dictés au 
notaire Guilb. Tourniayre, et par lui au viguier Jacques 
Aynard et au prieur du lieu, qui en était coseigneur 
(fo XVIII). 

A midi, même chose à Bellafaire, où ils ne trouvent que 
le bailli noble Fazy Bernard. 

Le soir, arrivée à Turriès. Jean Vichier en était à la 
fois le notaire et le bailli, représentant le seigneur absent. 
Il écrit les ordres qu'on lui donne à lui-même, va souper 
avec les deux commissaires, qui, matineux, se trouvent à 
l'aurore du jour suivant, 17, dans la petite localité de 



(1) Les BicruAturoa originales de chaque notaire se trouyent dans ce registre 
fit n'en constituent jmu le moindre intérêt 



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— 243 — 

Selonet (fo XIX), malgré l'énorme distance qui sépare les 
les deux pays. 

L&, même ordonnance notifiée au bailli Lantelme Melian, 
par le notaire Antonin Margaillan. De Selonet à Seyne. 
il n'y a qu'un pas. Ils y arrivent dans la soirée. 

Ils y trouvent noble Elzéar Jourdan, baile et capitaine 
royal de la ville ; les consuls Louis Motet, Jean Deyrol et 
Pierre Brard, représentant les libertés de la cité et sa 
vitalité municipale. Les fortifications, qui durent encore, 
étaient déjà importantes à cette époque. Les commissaires 
laissent pour leur mise en état les injonctions les plus 
pressantes et les plus détaillées, que le notaire Pierre 
Arnaud écrit sous leur dictée, pour que nul n'en ignore. 

Le lendemain, 18 juillet 1408, ces fonctionnaires modèles, 
traversant les cols de la Blanche, se dirigent vers le nord 
et arrivent à Saint- Vincent-Val-de-Seyne, — l'une des clefs 
de la Provence et sa forteresse la plus septentrionale. 
Le notaire Pierre Arnaud les avait suivis et devait les 
accompagner à la Bréole et Montclar. Son protocole 
constate qu'en présence de noble Pierre Hue, châtelain 
royal, Guill. Maurel, bailli, et Jacques Glaret, à la fois 
notaire et cominal du lieu, ils réitèrent les ordres déjà 
donnés aux pays et jours précédents (fo XVIII). 

Suivant le cours de la Durance, ils arrivent dans, l'après 
midi, à la Bréole, où les attendaient Pierre Meyer, baile 
et Giraud Girard, cominal d'Ubaye, que l'on avait fait 
venir d'outre-Durance, pour aller plus rondement. Ils y 
reçoivent les mômes instructions que les précédents, ainsi 
que les officiers de la Bréole : Jean Tournefort, balle, et 
les consuls Bertrand Masse et Etienne Michel, dont les 
familles sont encore honorablement représentées (fo XX). 

Le lendemain, 19, à travers bois, ils arrivent à Montclar, 
y trouvent le seigneur, Boniface de Pontis, seigneur de 
Pontis, et le baile du pays, Durand de Vernet ou Durand 
Vernet, qui exerçait aussi la profession de notaire et 
auquel, en cette qualité, ils font coucher par écrit les 



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— 244- 

ordres formels et pressants qu'ils multiplient sur leur 
passage (fo XXI). 

Le 20, traversant de nouveau Seyne, sans s'y arrêter, 
les commissaires arrivent au Vernet, y notifient leurs 
ordres, par le ministère du notaire Antoine Baile, au baile 
du pays, Oaucelm Fougue et, piquant des deux, sans 
s'arrêter à la Javie, arrivent à la nuit dans la bonne viUe 
de Digne, capitale de la viguerie ou bailliage, où des 
ordres pressants avaient convoqué les officiers royaux et 
municipaux de tous les pays circonvoisins (fo XXII). 

D'abord, à tout seigneur tout honneur. Voici d'abord les 
officiers dignois, noble François d'Istre (1), vice-bailli, les 
sindics de Digne : Gui Dubreuil, seigneur de Verdaches, 
Antoine Sautron et JeanBastier, tous deux Jurisconsultes, 
et le notaire Bertrand Pallier, qui cumulait, avec son 
tabellionat, l'office de clavaire ou trésorier de la viguerie. 

Puis, c'est l'évoque, B. Rodulphi, qui reçoit ordre formel 
de garder et faire garder jour et nuit et approvisionner sa 
forteresse si redoutable du Rochas, aujourd'hui convertie 
en prison. 

Puis défilent en ordre, recevant chacun leurs instruc- 
tions précises et leurs ordres pressants : !<> noble Louis de 
Varadier, coseigneur de Gaubert, et Pierre Chaix, baile, 
pour noble Guigue de Gaubert, aussi coseigneur de ce 
lieu; — 20 noble Marin Ghausagros, pour Château-Redon; 
— 30 noble Jean de Rochas, baile d'Ëspinouse ; — 4o nobles 
Amalric d'Amalric et Antoine Malsang, baile, pour Ën- 
trages; — 50 Georges Andron, viguier du Gastelar, 
(fo XXIII) ; — 60 les vénérables chanoines Jean Jourdan, 
Jean de Penne et Jacques Taxil, coseigneurs d'Ëusière (ou 
de Lauzière), et le baile de ce castruniy Boniface Garaud, 
représentant noble François de Barras, coseigneur de ce 
lieu; — 70 noble André Ghausagros, viguier ou chÀte- 



(1) De Ytlro. 



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— a45 — 

lain d'Oise, pour noble Bufûle Brancas, seigneur de ce 
lieu; — 8o,Guillem Pierre, baile de Beaujeu; — 9o noble 
Amalric d'Amalric , seigneur d'Esclangon : t item pro 
Castro de Sclangono^ noMlis vir Amalricus Amalrici, 
dominus ipsiits castri^ ut fortalicios fleri faciat, prout 
supra est scriptum », ordre pour lui et les autres cosei- 
gneurs ; — IQo noble Gui Aperioculos ou Dubreuil, pour 
les Sièyes, dont il était coseigneur ; — llo enfin pour la 
garde et rapprovisionnement de Prads, noble Elzéar 
Jourdan, de Digne, viguier du fief de Luc de Grimaldi, en 
ce pays (fo XXIII vo); — moyennant quoi on avouera que la 
journée du 21 juillet 1408 fut suffisamment bien remplie. 

Infatigables, Riquier et Grespin sont le lendemain à 
Thorame-Basse. Ils y sont reçus par noble Jaufre de Piégut, 
coseigneur du lieu, maître Jean Guers, baile du pays pour 
le seigneur de Guers (1), et les cominaux Pierre Simon et 
Bertrand Rebolli. 

Le 23, les voilà à Beauvezer, y donnant des ordres à 
Jacques Jourdan, baile de Thorame-Haute pour le seigneur 
de Guers, et au baile royal de Beauvezer, Jean Meffre,— ce 
pays n'ayant pas de seigneur et appartenant au domaine 
comtal, — ainsi qu'aux quatre consuls du lieu : R. Richard, 
B. Manuel, S. Michel et R. Ghabrier. 

Le 24, ils sont à Golmars, qualifié de Villa regia, y 
enjoignant garde et approvisionnement à Etienne Melian, 
qui cumulait les offices de baile, clavaire ou receveur des 
finances et notaire, lesquels n'étaient point incompatibles 



(1) D'après Robert de Briançon (11,170), le seigneur de Guers, Olandèves et 
Fourrières était alors Isnard de Olandèyes, dit Legrrand, capitaine c^néral des 
bailliages de Digne, Seyne, Moustiers, Castelane, Golmars, etc., dans la guerre 
contre Raimond de Turenne, en 1351. (V. Nontradamus : Chronique, pp. 509 
et 510.) n mourut le 20 mars 1409, à liz. Voir aussi, sur cet illustre per- 
sonnage, presque toujours appelé seulement U seigneur de Guère dans les 
documents contemporains, le journal de Jean Le Fèvre, évéque de Chartres, 
pamm. 



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- 246 — 

avec sa qualité de noble. Les consuls, qui comparurent 
aussi, étaient Guillem Osse, notaire; Antoine Grand, Pierre 
Giraud et Antoine Vial (fo XXIV, vo). 

Le 25, quittant le bassin de la Durance pour celui du 
Var, ils arrivent à Guillaumes et y trouvent à leur poste 
noble Jean de Tingy, capitaine, avec les consuls Louis 
Remusat et Antoine Repon. Ce fut le notaire Hue Repon, 
qui minuta les ordres. 

Le même jour, visite des fortifications d'Adaluis et ordres 
au seigneur de ce lieu, noble Elzéar d'Adaluis, et aux 
consuls, que, sous la dictée des commissaires, écrit le 
notaire Etienne Traversier (fo XXV). 

Le lendemain, à Annot. Les commissaires y trouvent le 
baile de Saint-Benoît, Pierre Bauturel, et Monet Jourdan, 
dudit lieu. Ils y voient aussi le vice-baile d'Annot, qui 
n'était autre que le susdit notaire Etienne Traversier, et y 
donnent les ordres les plus précis et les plus pressants, 
pour les approvisionnements eu armes et victuailles, les 
réparations nécessaires auxTportes et portails, merlets, 
mantelets et autres parties des remparts, enfin pour tout 
ce qui peut intéresser les succ^^s de la défense du pays. 

Le 26 juillet 1408, ils arrivent à la ville forte de Gas- 
telane (fo XXVI). Les uns après les autres viennent re- 
cevoir les ordres des commissaires : noble Jean Termia (?), 
châtelain du roc de la forteresse royale de Castelane : 
« rupis regii fortalicii Castelane castellanus • ; noble 
Antoine Agnel, bachelier es lois, baile et juge royal de la 
ville; les sindics de la commune : Antoine Roche, notaire, 
et R. de Rascas ; puis, Antoine Bérard, notaire de Caste- 
lane, bailli de la terre de Reforciat d'Agout, qui reçoit des 
ordres pour Vergons, et Louis Lambert, notaire, baile de 
Blieux, qui reçoit aussi, pour ce pays, des ordres minutés 
par le notaire Louis Lambert. 

Le lendemain, sans perdre une minute et franchissant 
monts et vaux de toute la vitesse de leurs chevaux, 
Autric et Crespin arrivent à Riez. Ils y étaient attendus 



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— 247 — 

par les fonctionnaires et seigneurs de tous les environs, 
savoir : 

Âimet Compagnon, sindic, vice-baile et vice-Juge de 
Moustiers; Pierre Tophan, prieur d'Entrevènes, balle, 
pour G., évoque de Riez, ses châteaux de Riez, Bauduen 
et Montpesat ; le chanoine Louis Gauvière, représentant 
le chapitre de Riez ; Bernard Ard(oin), vice-juge de la cour 
temporelle de Riez ; les sindics régiens : noble Feraud 
Ouigues et M« Gougourde Sabatier; enfin les deux 
coseigneurs de Roumoules, nobles André de Comps et 
Béranger de Laincel, qui étaient là pour ce village^ en 
môme temps que le susdit Pierre Tophan, pour l'évoque de 
Riez, aussi coseigneur. 

G*est le notaire de Riez Jean Barrai qui écrit les instruc- 
tions et les ordres, sous la dictée des deux commissaires, 
en présence de Jean de Orossayac, précenteur du chapitre, 
et Elzéar de Fontaines, clerc, bénéficier perpétuel de 
l'église cathédrale de Riez, • clerici^ perpetuttë benefl- 
ciatus ecclesie cathedralis regiensîs » (fo XXVII). 

Enfin, le 29 juillet 1408 (fo XXVIII), les deux commissaires 
du sénéchal arrivent à Valensole, terme de leur commis- 
sion et de leur course rapide. Ils y visitent les fortifi- 
cations, remparts et approvisionnements, donnent les 
instructions et ordres nécessaires à Gérald de Crose, 
chapelain, recteur, prieur et gouverneur de Valensole, à 
Jean Andrieu, balle pour l'abbé de Gluny, et aux sindics 
de la commune, Antoine Boyer, Jean Dologni et Jacques 
Andrieu, écrivant le notaire Pierre Barthélémy. 

Ils avaient ainsi visité, organisé, mis sur pied de guerre 
et en bon état de défense toute la frontière de Provence 
touchant au Piémont. Toujours le Piémont et l'Italie, qui 
nous causent des inquiétudes par leur insatiable ambition 
et cherchent à nous attaquer. On sait, en effet, qu'en 1388, 
à la suite des compétitions entre les successeurs de la 
reine Jeanne : Duras en Italie, ducs d'Anjou en France, 
les villes et comtés de Nice, les vigueries de Puget 



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— 248 — 

Théniers et Barcelonnette, avec la permission de Mar- 
guerite, mère de Ladislas de Duras et régente de Naples, 
se mirent provisoirement, pour trois ans, sous la domi- 
nation de la maison de Savoie, à laquelle Louis 1er 
venait de céder le Piémont. Une trêve de douze ans 
maintint ce statu quo (l). C'est à rapproche de son terme 
que le comte de Provence, redoutant les attaques des 
Savoyards, fit si rondement mettre en défense toute la 
frontière. 

Ne trouvez-vous pas qu'il avait des employés modèles 
en ces commissaires incomparables qui, en rien de temps, 
avaient fait tant de besogne, quoique — ou peut-être 
parce que — privés de télégraphes, téléphones, voitures et 
chemins de fer ? 

Irait-on aussi rondement, en Tan de grâce 1889 ? 

V. LIEUTAUD. 



(1) Rouchon GuigUGS : Rêmnmé de l'hiëtoin de l'Etat et Comté êouverain de 
Provence, 2« édition; Aix, Makairo, 1868, in-8^ pp. 190-198. On sait qno 
ce résumé est le meilleur et le plus patriotique que nous possédions. — 
Bouche, II, 830, 486 ; Papon, III, 276. 



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— 249 — 
PROMENADES AUTOtJB DE DIGNE 



DE DIGNE AU BRUSQUET 



Aux Dames faisant parti» d« la Sociiti tcientiflque 
et litUraire des Batseê-Alpe». 

Vous devez trouver bien original, Mesdames, que, de nou- 
veau, je vous prie de courir les champs et les routes en plein 
hiver. Veuillez considérer que la promenade est toujours 
salutaire et que la nature ne cesse pas d'être belle, même en 
janvier. Je vous promets, du reste, de vous montrer 
aujourd'hui de la verdure. 

Nous saluons, sur le boulevard, la statue de l'illustre 
Gassendi. 11 faut la voir avec une calotte de neige sur la 
tête. Ce couvre-chef ne l'enrhume pas et donne au grave 
philosophe un air encore plus débonnaire. 

Cette magnifique allée de platanes nous conduit à la 
grande fontaine, ruisselante d'eau et de beauté. Admirez 
ces mousses pétrifiées et, brochant sur elles, cette plante 
verte donnant en été de si charmantes fleurs. Ce château 
d'eau, qui coule depuis soixante ans> excita l'allégresse 
publique, lors de son inauguration. Tout Digne alla y 
boire. Les ivrognes goûtèrent (en petite quantité), et pou r 
la première fois depuis leur enfance, une eau fraîche, 
excellente, mais trop pure à leur gré. Le vin était parfait 
alors et vraiment bonhomme. Les relations avec lui 
étaient si cordiales, si gaies et si inoffensives ! 

Voici l'ancienne cathédrale, qu'entoure le cimetière et 
dont les fresques admirables ont si souvent exercé la 
sagacité des érudits. Elle a été construite, dit-on, par 
Charlemagne. Je n'y contredis point, ni vous non plus, 
n'est-ce pas ? Admirez avec moi cette belle rosace encore 
garnie (ou à peu près) de ses vitraux et qui est l'œil du 
monument, œil que fait loucher un prosaïque revêtement 
de briques encastrées là par un vil maçon. Classée comme 



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— 250 — 

monument historique, cette pauvre église ne retire de cet 
honneur aucun avantage. La face nord en est fendue. Le 
passage est interdit, de ce côté, aux morts et aux vivants. 
L'isolement et la noble tristesse de ce vieux monument 
ont été traduits, en magnifiques vers provençaux , par 
M. l'abbé Bonnefoy : 

Mai, vai, se fan leissa de tristesao on aboande, 

Mandigaes pas toan sort ; 
As eocaro l'oanoar lou pus béa d'aquest monnde^ 

As la gardo dei mort. 

Un ancien cimetière abandonné, situé de l'autre côté du 
torrent, renferme la tombe du docteur Honnorat, l'auteur 
d'un maître livre, le Dictionnaire provençal-français^ 
tombe sur laquelle les félibres, assemblés à Digne, sont 
venus, le 10 mai 1888, faire un pieux pèlerinage. 

La ville de Digne était autrefois massée derrière la 
cathédrale, sur les flancs de la montagne de Saint- 
Vincent, Elle se porta plus tard vers les trois rivières qui 
l'enserrent. Pourquoi n'a-t-elle pas échappé à cetétouf- 
fement et marché jusqu'aux Sièyes^ où la vallée est plus 
large et mieux exposée ? 

Remarquez, à gauche et sur le haut de la montagne, 
l'ancien couvent de Saint- Vincent, qui domine mélan- 
coliquement la vallée. Les Trinitaires l'ont possédé 
longtemps, et ses alentours sont pleins de souvenirs. Ge 
gros rocher, dit roc de Sainte-Madeleine, forme une 
grotte dans laquelle venait prier et mourut, dit-on, saint 
Vincent. Plus haut, on trouve la chapelle de la Croix, où 
l'on va tous les ans en pèlerinage. Voici le vallon de tous 
les Saints, au-dessus duquel on découvre le bâtiment de 
la Prévôté, possédé longtemps par les prévôts de Notre- 
Dame du Bourg. 

Autour d'un petit oratoire touchant le chemin, un grand 
vide s'est fait pour l'exploitation de la carrière de pierres. 
Les blocs qu'on transporte à Digne, partant d'un tel 



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-251 — 

voisinage, porteront, il faut l'espérer, bonheur aux éta- 
blissements qu'ils ont contribué à former, tels que Vécole 
normale de filles et le Lycée^ les écoles de filles et de 
garçons, etc., etc. 

Allons visiter le Château du Bourg. La châtelaine est 
fort aimable et vous parlera de ses oliviers, les derniers 
de la contrée, auxquels l'hiver a dit : Voies n'irez pas plies 
loin. Malgré les soins les plus dévoués, ces arbres sont 
pâles et souffreteux. Saluons du cœur et du regard ces 
sentinelles perdues de la Provence, frissonnantes sous le 
vent glacé. L'huile que produisent (quelquefois) ces 
oliviers anémiques est aussi fine et excellente que rare. 

Quelques chênes verts, étonnés de vivre là, loin de 
leur pays d'origine et d'adoption, causent entre eux des 
frères plus heureux que caressent les brises marines et le 
siroco. 

Nous saluons, en remerciant la châtelaine, et nous con- 
tinuons notre course. 

J'ai à vous présenter. Mesdames, un bien triste person- 
nage, le Truyas^ nom honteux d'un torrent au passé bien 
incorrect. Il s'est fort mal conduit le 6 août 1887, en com- 
pagnie de son digne acolyte, le Mardaric. J'ai déjà flétri 
les agissements de ces deux malfaiteurs. Passons, Mes- 
dames, Truyas et Mardaric ne sont pas des relations 
dignes de vous. 

Voici la jolie habitation de la Peyrière, dont un CorrioU 
notaire à Digne, portait autrefois le nom. On y prépare 
des pruneaux excellents. Dans un large séchoir, le vent 
dessèche le fruit en lui donnant la couche blanchâtre de la 
fieur. Allez, pruneaux fleuris de la Peyrière, porter vos 
qualités bienfaisantes aux quatre coins de l'univers. 
Calmez les organes irrités ; guérissez les rhumes mieux 
que Géraudel; soyez gourmandise, aliment, tisane et 
remède ! . . . 

De l'autre côté du torrent, remarquez ces prairies aqua- 
tiques appelées les Pradas, où les écoliers et les gamins de 



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Digne prennent leurs ébats sur la glace. Glissez, enfants, 
mais pas de bosse au front et que le fond de vos culottes 
ne balaye point le champ de course. 

Vous plairait-il, Mesdames , d'essayer de quelques 
glissades ? Le plaisir en est grand. Je vous assure. Vous 
reculez. A votre effroi, à votre sourire, je devine que ma 
proposition n'a pas d'écho. 

Salut, village de Marcoux, Castrum de MarculpUo. 
Pays très froid; soleil rare en hiver. On s'y chauffe 
beaucoup et on appelle les Marcousins les Estubassas. 
Sur la montagne dominant le village, se trouvent les 
restes d'un vieux château fort qui appartenait à l'évoque 
de Digne et qui fut vendu pour contribuer à la rançon de 
François I", prisonnier de Charles-Quint. 

A propos de rançon, je vous citerai un fait bien digne 
de vous intéresser. 

Autrefois, le seigneur de Trescléouœ (Hautes-Alpes) 
avait été pris et emprisonné par le sçigneur d' Upaix. 
Pour payer la rançon de ce seigneur bien-aimé, les 
femmes de Trescléoux vendirent, toutes^ leur ceinture 
d'argent. Quel heureux seigneur ! Il était sans doute joli 
garçon. Délivré et reconnaissant, il fit don d'une belle 
forêt à ses vassaux, qui, depuis, furent nommés les décen- 
turas (privés de ceinture). 

En ce temps d'Indépendance et de lutte, on aime à 
relater un fait si touchant, si charmant d'alTection entre le 
gouvernant et les gouvernés. 

Il y a sur la route deux auberges, sous les vocables du 
Logis-Neuf et du Pigeon-Blanc. Les hôtesses vous offri- 
ront une hospitalité cordiale, mais peu distinguée. L'offre 
ne vous tente point. Passons. 

Nous voici au torrent de Bouinenc^ dont l'humeur n'est 
pas toujours commode. Il a souvent traité de turc â more 
les ponts et les digues qu'on lui opposait. Il paraît faire bon 
ménage jusqu'ici avec un pont américain si joli, si élancé, 
qu'il semble trouver grâce auprès de son brutal voisin. 



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-268- 

A peu de distance du village du Brtisqttet^ se trouve la 
petite chapelle de Notre-Dame^ bâtie dans leurs propriétés 
par les ancêtres de la famille Estays. Il y a quarante-sept 
ans, je commençais ma carrière administrative. En pas- 
sant devant cette chapelle, je mis un sou dans le tronc, 
avec ridée que cette offrande me porterait bonheur. 

Merci, Notre-Dame du Brusquet t 

Nous y voici. Le Brusquet, autrefois bâti sur le coteau, 
est descendu dans la plaine, après un violent incendie. On 
remarque sur la hauteur l'église de Notre-Dame de 
Lauzière et les restes d'un château qu'habitaient parfois 
les évoques de Digne, barons de Draiœ^ Mousteiret^ 
Marcouœ^ Tanaron et Brusquet. Les vieilles familles 
sont bien représentées ici. Les Estays, les Fdbre^ les 
Fabrt/y les Granoiux), les Builly, etc., etc., y comptent de 
très honorables et aimables descendants. 

J'ai assisté â une fête patronale du Brusquet et, pendant 
la visite que nous ferons â une charmante demoiselle, 
je vous en conterai les particularités. 

Cette fête a lieu en septembre, le dimanche de la 
Nativité. Autrefois et dès le quinze août, les garçons qui 
tenaient à être a^has (abbés) cherchaient des a^bbadesses 
selon leur cœur. Le matin et le soir, ûfre et tambour 
s'exerçaient avec le plus grand zèle et non sans boire. La 
veille de la fête, les abbas, fifre et tambour en tête et fusils 
en main, donnaient une sérénade au maire et aux 
apparents. Le lendemain matin, aubade sur l'air d'une 
danse locale qu'on appelait la Brusquetière et dont les 
paroles, perdues aujourd'hui, commençaient ainsi : 

Leva vous, fillettes. 

Leva vous qa*es jeu. ,., etc., etc. 

On montait ensuite â la chapelle de Lauzière. Messe, 
décharge de mousqueterie â l'élévation et bénédiction 
des navettes (petits gâteaux). 

Après la messe, se tenait la foire aux valets, aux ser- 



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-254- 

vantes et. . . aux écureuils. C'étaient des débats sans fin. 
En sus des gages fixés à quinze ou vingt écus par an, une 
bonne ^réclamait lou sauta davant (le tablier); l'autre, 
lou sduto dessus (le fichu); un valet, plus matériel, 
exigeait lou rechinchina (le goûter); l'autre, plus pro- 
saïque encore, exigeait l'ounchuro (graisse pour les 
souliers). Les amateurs d'écureuils pouvaient aussi faire 
leurs achats. Qu'auraient réclamé ces pauvres bétes, sans 
demander des gages ?. . . La liberté, hélas 1 

On redescendait ensuite au village pour le dîner, pen- 
dant lequel deux abbas enrubannés et portant sans doute 
les couleurs de leurs abbadesses se rendaient dans les 
familles. L'un offrait les navettes bénies et l'autre offrait... 
l'occasion d'être généreux. A cet effet, on montrait sur 
une assiette une pomme fendue, dans la chair de laquelle 
brillaient des louis d'or authentiques. C'était une invite 
(on invite encore aujourd'hui). Tout le monde ne donnait 
pas, mais chacun trinquait avec les abbas. (On trinque 
toujours.) 

Après les vêpres, les abbas venaient prendre le maire, 
qui, ceint de son écharpe, portait dans ses mains adminis- 
tratives le prix de la course, la tourte aux épinards 
(aujourd'hui gâteau de confiseur). 

La course pieds nttô avait lieu ensuite, dans un champ 
de blé fraîchement moissonné (dins lou restouble). Vous 
pourriez concourir l'an prochain. Mesdames, si cela pouvait 
vous tenter. 

Le gâteau gagné et mangé trop vite exigeait invaria- 
blement, pour descendre, l'escorte de quelques petits 
verres. 

La danse venait ensuite. Elle était ouverte autrefois par 
les ojbbas et aibbadesses; sans cela, gare aux coups de 
poing. 

Aujourd'hui, le fifire est remplacé par d'autres instru- 
ments, mais le tambour reste. Quand violon, piston et 
clarinette sont rentrés à Digne, on danse encore un ou 



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-256- 

deux Jours au son unique du tambour, dont les va 
et les /la semblent dire en grognant : Le Brusque t 
fara da se. 

Les Tieux usages qui donnaient du relief aux manifes- 
tations populaires tendent à disparaître, et c'est grand 
dommage. La centralisation nous envahit et enfante la 
platitude. La gaité se meurt ; les caractères s'aigrissent. 
La chanson a fui, mais l'impôt et le percepteur sont 
restés. 

En avant, abbas et abbadesses ( Réagissons contre la 
lèpre d'ennui qui nous envahit. Parlons provençal, et 
dansons en chantant la Brusquetière. Nous n'avons plus, 
hélas 1 le bon vin d'autrefois, mais quelques tasses de café 
nous donneront du nerf. 

Vous êtes sans doute fatiguées. Mesdames. — Mais non. 
— Tant mieux ; vous ne vous doutez pas que vous avez 
fait onze kilomètres. — Est-il possible ! Ah, que nous 
sommes fatiguées ! — C'est entendu ; vous êtes décidément 
fatiguées, et nous retournerons à Digne par la voiture de 
Barcelonnette, qui va passer. 

Merci pour rhonneur de votre compagnie, Mesdames, et, 
si vous le permettez ,au revèire. 

D.-C.-C. GORDE, 

I^rétideHt honoraire de la SocUU êcientifigme et UtUraire 
dtê BaêBCê'Alpee, fdibre mantenHire. 



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-256- 

LA TOUR DE L'HORLOGE A DIGNE 

(1361-1889) 



La tour qui domine Digne et du haut de laquelle l'hor- 
loge communale sonne l'heure depuis près de cinq siècles 
est, après l'église Notre-Dame du Bourg, le monument le 
plus ancien de notre ville. Rien n'a été dit encore sur ces 
murs qui ont déjà bravé tant d'orages. La vénérable tour 
a cependant, conservés aux archives municipales, des 
parchemins qui témoignent de son antiquité et qui ra- 
content son histoire. La voici telle que nous l'avons 
recueillie dans ces documents inédits, écrits en partie 
dans la langue de nos pères. 

En l'an de l'incarnation 1361, un jeune seigneur dignois 
— il avait à peine 14 ans — c noble Raymond d'Espar- 
ron, sieur de Bellegarde (l), assisté et autorisé de ses oncles, 
magnifiques et puissants hommes Elzéar (2), Jean et 
Bertrand d'Oraison, donna à la ville de Digne < un 



(1) Raymond d'Esparon était fils de Bertrand, sieur de BeUegarde, et 
de Claire d'Oraison, sœur d'Elzëar, de Jean et de Bertrand. Cette famille 
d'Esparron, dont on ne trouve la généalogrie dans aucun nobiliaire de 
Provence, était une des plus anciennes familles nobles de Digne. Dans l'acte 
d'hommage des nobles du bailliage de Digne au roi Robert, le 19 décembre 
1809 (archiTes des Bouches-du-Rhône, B. foL 261), nous trouvons un Raymond- 
d'Esparron avec la mention suivante : Bajfnwndua de Spar<mo duoê parta 
oattri de PSo Qe Poil), dominivm et affare quod hàbef in eiviMe Digne et in 
ecutri» de Stohlwo, de BeUagarda (Bellegarde, hameau d'Estoublon), de Sparono 
de Chaudono et de Creyedlo, Un Guillaume d'Esparron figure, comme juge de 
Digne, dans un procès de la ville contre la commune de Courbons en 1821. 
(Archives municipales de Digne, FF.) En 1889, " noble Sparron de Sparron, 
sieur de Bellegarde , , est en procès avec Digne. (Archives de Digne, FF). 

(2) Elzéar d'Oraison, fils de Jean et de Blacassone d'Agoult, seigneur 
d'Oraison et de Clumanc, était alors le chef de la maison d'Oraison. D fut élu 
" çominal n àe Digne en l'année 1268. (Archives municipales de Digne, BB.) 



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-257 - 

casai • (1) qu'il avait posé dans ladite cité au lieu vul 
gairement appelé Bellegarde >, tout près du ch&teau de 
révoque. La municipalité d'alors, les cominaux (2) : noble 
Isnard Aymes, M« Jean de Rochas (3) et Pierre Georges ; 
les conseillers : nobles Louis Giraud, Isnard Garin et 
Louis Durand, damoiseaux, maîtres Pierre de Saint- 
Martin et Audibert Aribert, notaires, et Etienne Lan- 
telme acceptèrent, au nom de la communauté, cette do- 
nation consentie libéralement et sans condition par le 
t damoiseau ■» de Bellegarde, en reconnaissance des bons 
et agréables services que lui avaient rendus les habitants 
de Digne (4). 

Le < casai >, devenu ainsi propriété communale, n'était 
pas sans importance : il comprenait plusieurs maisons, 
entourées de murs, confrontant de deux côtés la voie 
publique ; de plus, il était placé au centre de la ville, alors 
groupée autour du château de révoque, vaste cons- 
truction féodale, rasée pendant les guerres de religion 
par le sieur de Vins et sur les ruines de laquelle a été 
bâtie la prison dite de Saint-Charles. Depuis le XIV» siècle, 
la famille des seigneurs de Bellegarde s'est éteinte, et le 
quartier de Digne qui portait son nom n'est plus inscrit 



(1) D'après Du Gange, casai (eatah) signiile on groupe de maisons : ** CtrhiM 



(2) Les cominaox (comiwdm, eomwunaJUê) étaient les ehefîi de la muni- 
cipalité ; ils administrèrent la commune de Digne de 1200 à 1885. Ds furent 
successivement remplacés par les syndics, par les consuls et enfin par les 
maires et les adjoints. Voir le remarquable Ettai kittori^e tur U Cominalat à 
Diffne, par F. Guiehard; Digne, V« A. Gulchard, 1846. 

(8) Dans un acte de la même année, Jean de Rochas est qualifié de 
** damoiseau «. 

(4) Le jeune seigneur de Bellegarde deyait, paratt-il, beaucoup aux Dignois, 
car, par un acte du 12 noYembre, conserré aux archiyes de Digne (CC.)i il les 
exempta des droits de * leydes " (impôt sur les marchandises) et des droits 
de * cosses » (droit de meaurage) qu'il percevait dans la viUe. 

18 



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depuis longtemps sur les cadastres (1), mais sa proximité 
du palais épiscopal et les indications contenues dans les 
documents publiés ci-après permettent d'identifier sûre- 
ment ce lieu dit avec le petit plateau qui s'élève au milieu 
de Digne et sur lequel est bètie la cathédrale Saint- 
Jérôme. 

A quel usage fut destiné le nouveau domaine com- 
munal pendant la fin du XIV* siècle ? Les archives sont 
muettes sur ce point. Les édiles dignois ne paraissent 
avoir tiré parti du plateau de Bellegarde que vers le 
commencement du XV* siècle, en faisant construire la 
tour de l'horloge, sur ce point central et culminant de la 
ville. Les comptes des < syndics de Digne ■ (2) pour 
l'année 1411-1412 (Pierre Roux, Raymond Raymond et 
Jean Audibert) fournissent, k ce sujet, des renseigne- 
ments précis. Ils nous apprennent aussi que la première 
horloge qui marqua l'heure aux Dignois fût fabriquée 
dans leur ville. Les dépenses extraordinaires des 
syndics, à cette occasion, y sont mentionnées en dé- 
tail : installation de la forge et des fourneaux, 
transport des matériaux (sable, pl&tre, argile, etc.) 
employés pour leur construction, achats du fer, que 
l'on fait venir à grand frais de Gap, de Sisteron, 
de Moustiers, du métal des cloches, des provisions 
de charbon, tirées du Brusquet, de Qaubert et des 
villages voisins, etc. La fabrication de l'horloge et la 



(1) Le quartier de BeUefr^rde o^t mentioiiné pour U dernière fois dans le 
oadMtr» de IHgi^e de Taimé^ 1407 : ** J)<mimf Jchamtê Oareini, catumimu»,, 
lum habH aliud Xoêpitium êiivm ad BèUam-Chuurdam, Juxia eoêoU fUfbiHi JBUtêU 
éê Mareidfko U juœta d o mmn ipdui fuMû.... « (AlcUTts eommiUlAlM de Digne» 
Livn luw», fol. 199, y.) 

(9) PreuTe n. Ce sont les pins anciens comptes de la eonunnne de Digaet 
composés de 2 caliiers, mesurant O'^fiO de long, sur 0*40 de large. 



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- 259 — 

fonte des cloches (1) avaient été données à. prix fait a 
M« Pierre Duret, moyennant 50 florins pour ses hono- 
raires ; la ville avait loué pour les ateliers la maison de 
Pierre Mataron. L'artiste mécanicien se mit au travail le 
14 mai 1411, et son œuvre ne fut terminée que le 
22 février suivant, date à laquelle les syndics réglèrent 
définitivement ses comptes. 

Mais, avant qu'il fût sorti des ateliers et des forges de 
M» Duret, les syndics s'étaient préoccupés d'installer, en un 
lieu où chacun pût le voir aisément, le merveilleux appa- 
reil horaire, invention nouvelle qui devait exciter la curio- 
sité et l'admiration des Dignois. Le plateau de Bellegarde 
était un emplacement tout indiqué. Les pre^iiers coups de 
pioche, pour creuser les fondations du « château de l'hor- 
loge » (2), y furent donnés le 12 janvier 1412. La direction 
des travaux fut encore confiée à M® Pierre Duret, à la 
fois mécanicien et architecte. 

D'après Gassendi (3), la grande tour carrée « où se 
trouve placée l'horloge de la ville était construite en 1414 », 
et l'illustre historien dignois nous la montre encore debout 
à l'est du château de l'évoque en 1490 (4). Or, nous lisons 
dans les registres des délibérations de la communauté de 
Digne (5) qu'en cette même année 1490 t le révérend père 
en Dieu, Mgr Antoine Guiramand, évéque de Digne, 



(1) D*après les comptes précités, les cloches de l'horloge auraient été 
fondues à Marcouz : " Item tolvvmu Jacobo, mbvieario, quando ivU Moarvutphwn 
pro fouto eanqHimartm, yrcMtM ///. — Itmn •olvnmu Antonio FUUcii, pro portu 
wunpanarmn cU Miaroulpho^ groêaos II. . 

(8) Les comptes des syndics font également connaître en détail toutes les 
dépenses oceasionnées à la ville par ces travaux : journées des terrassiers 
{20 deniers par homme et par jour), du charpentier (1 gros), achat des 
poutres, du fer et mAme des clous (agut, acuhu), 

(8) IfoUlia Ecdetiœ Diniemit, cap, II et XXI. 

(4) XoQ. eA., cap. XIX. ^ 

(6) Preuve m. Archives communales de Digne, BB, lO» 



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-360- 

résolut, Dieu aidant, de faire bâtir une grande église, à 
trois nefs Yoûtées, grande et monumentale, sur la place 
qui se trouve entre la toup de l'horloge et le château 
épiscopal ». La ville voulut s'associer « à cette œuvre fort 
belle et de la plus grande utilité pour les habitants, dont 
la plupart, â cause de l'éloignement de Notre-Dame du 
Bourg, ne pouvaient plus assister aux cérémonies reli- 
gieuses >. Le conseil communal, assemblé le 20 juin 1490 
par messire Pierre de Bras, bailli et capitaine de la cour 
royale de Digne, vota, en faveur de cette entreprise, une 
subvention de 1,000 florins (1) — somme très importante 
alors (3) —, « attendu la grande somptuosité de cet 
édifice qui devait coûter 8,000 florins (3) suivant le devis 
des entrepreneurs (4) ». De plus, — sacrifice plus pénible 



(1) D'après M. Leber, la yaleur du florin en France, par rapport à la 
monnaie actaelle, était de 60 francs. (Etêai wr l'apprieiaiiom de la /ortum 
privée au moyen âgeO 

(2) Les comptes trésoraires (Laa ratona de Mayffret /VommoI, ihnavrier de la 
univenUai de Dinka) nons apprennent que les revenus de Digne, en 1490, ne 
s'élevaient qu'à 1,022 florins 8 gros et 8 deniers. Four pouvoir payer toute 
la somme promise à Mgr Guiramand, un " capage ^ fut imposé à tous les 
habitants. Le produit de cette taxe, en 1491, figure ainsi dans les recettes 
(lo jienâmilO du trésorier: 

** /(em jpav»e àver levar et eachegir ung eapagi ordenat per lo conêdk per ecnua 
de la gUyea nowx.,., loq^ monta en eomojjlorifueent et êeytanta êine. « (Archives 
communales de Digne, GG.) 

(8) Ce document est en désaccord avec l'assertion de Gassendi {loe. 
cit. cap. XIX) qui fixe & 6,900 florins seulement la dépense de cette construc- 
tion et à 600 florins la subvention de la ville. Or, d'après les registres de ses 
délibérations, la communauté de Digne aurait non seulement payé la somme 
de 1,000 florins, en 4 termes, mais accorde de plus un autre subside pour 
l'agrandissement de Saint-Jérôme. (Délibérations du 8 janvier 1596, n. «.) 

(4) Le marché fiit conclu avec Antoine BroUion ou Brouillon, maçon, de 
Baroelonnette, à charge par lui de construire l'église dans 5 ans ; ce qu'il ne 
put exécuter que dans 10 ans, à cause des guerres et de beaucoup d'autres 
obstacles. (Gassendi, loe. cit., cap. XJX) 



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-261 — 

peut-être, — par la môme délibération, Monseigneur de 
Digne fut autorisé c à faire rompre et démolir la tour de 
l'horloge, dont la grande masse occupait un coin de la 
place sur laquelle devait s'élever la nouvelle cathédrale. 
Toutefois, en faisant cette concession, le conseil posa pour 
condition expresse que l'évéque donnerait À la ville, à ses 
propres coûts et dépens, une autre tour pour y placer 
rhorloge et la cloche de la ville. Les syndics furent spé- 
cialement chargés de veiller à. l'exécution de cette con- 
dition; une nouvelle délibération du conseil, prise le 
15 avril 1495 (1), leur enjoignit de s'opposer à la démo- 
lition tant qu'ils n'auraient pas une bonne et valable 
promesse pour la reconstruction d'une tour de l'horloge. » 
Mgr Guiramand fut alors contraint de souscrire un acte 
d'engagement formel, que rédigea M« Pierre Donadey, 
notaire apostolique. Malgré toutes ces précautions, la 
ville resta privée de sa tour pendant 15 ans (2) et dut 
intenter un procès à l'évoque, pour l'obliger à remplir ses 
engagements. < La cause resta longtemps pendante par- 
devant la suprême cour du parlement de Provence &). » 
Enfin une transaction, passée entre les parties, le 27 dé- 
cembre 1509 (4), termina le différend à l'avantage des 
Dignois. Par cet acte, Mgr Guiramand céda aux syndics 
et conseillers modernes de Digne une partie du clocher, — 
encore debout actuellement, — qu'il avait fait élever sur 
les ruines < de la grande tour de Thorloge, pour l'usage et 
la décoration de la cathédrale Saint-Jérôme ». La ville put, 



(!) Arehiyes communales, BB. 10. 

(2) Durant cet interralle, Thorloge fût installée au chftteau de révoque : 
* Eê iêtai ordenai qtte lo rdogi m meta a Vaffetoat, al luee jhu contwienl cm Mira 
pomiUe, aetemhu le bon conÊtntimeia de tnoneenkor de Dignka. , (PéUbérations 
communales de Digne, BB, 10.) 

(8) Voir preuve IV. 

(4) Voir preuve IV. 



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dèfs lors, y installer déflnitîTement « son horloge avec tous 
ses engins > et y pénétrer jour et nuit par une porto 
spéciale. Monseigneur de Digne s'exécuta, du reste, ayec 
la meilleure grâce du monde car en outre, à titre de 
compensation sans doute, il ât cadeau à la ville de la plus 
grosse cloche de son église (1), placée sous l'invocation de 
sainte Agathe, vierge, < pour l'utilité et l'embellissement 
de la chose publique; » afin, dit-il, que, par le son 
puissant du bourdon, l'heure parvienne plus facilement 
aux oreilles de tous les habitants. 

Depuis la transaction de 1009, le clocher de Saint- 
Jérôme a toujours été en môme temps la tour de l'horloge 
de Digne, et Mgr Guiramand ni ses successeurs n'ont 
jamais troublé la ville dans sa possession. La municipalité, 
du reste, agissant en véritable propriétaire, prit entiè- 
rement à sa charge, à partir de cette époque, l'entretien, 
les grosses réparations et môme l'embellissement du 
clocher. < On avait d'abord, dit Gassendi (2), donné à son 
sommet la forme pyramidale; mais plus tard, en i6S0, la 
pyramide ayant disparu, on exhaussa la tour en lui 
conservant cependant sa forme quadrangulaire (8) », et 
l'on couronna 'son faîte par une cage en fer de grande 
dimension, dans laquelle on plaça l'horloge et la cloche 
de la cour. < Ce dôme en fer, élégant et gracieux, qui de 



(1) L«8 cloches qui sont actuellement dans le clocher de la Cathédrale 
ont toutes été fondues dans le courant du siècle. M. Jules Gorde, un des 
membres zélés de la société bas-alpine, a releyé leurs inscriptions (Toîr 
preuve V) ; seule, la cloche qui sert do timbre à Thorloge et dont Taccès est 
très difficile n*a pas pu être estampée. Ne serait-ce pas le bonrdon de 
Mgr Ouiramand, qui, grflce à sa position inexpugnable, aurait échappé aux 
guerres et aux révolutions ? 

(2) Xoc. cif., cap. n. 

(8) La tour, construite entre 1490 et 1500, n*avait d*abord que 26 mètres de 
hauteur sans la flèche; en 1620, on la releva jusqu^àla hauteur de 81 mètres. 
Le clocher actuel mesure 61 mètres (voir preuve VI). 



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loin sarprend par soo élévation et la beauté de son 
aspect > (1), a été forgé à Digne, aux frais de la ville, sous 
la surveillance des consuls. Un document très curieux 
des archives municipales (2) en fait fol : c'est « le eonteroUe 
original de tout le fer qui est entré au dôme ou cage de 
fer de Torologe, que a esté travaillé par Joseph et Salvan 
Granoux, frères, et pesé par Ëstienne AUamand, pezadour, 
le 16 Juin 1620. » En 1675 (3), la municipalité flt changer 
et couvrir ensuite avec du plomb < la tenaille de bois qui 
sotient la cage de fer de la grande horloge, parce que le 
bois est pourry et ne peut plus soutenir ce poids de mille 
quintals >. 

Le siècle suivant (1763), c le conseil général de la com- 
munauté (4) i mit aux enchères les réparations à exécuter 
c au clocher et horloge. . . les degrés du clocher menacent 
une grande ruine, de même que le couvert qui se trouve 
au-dessous de l'horloge. . .; s'ils n'étaient réparés, il serait 
à craindre que le tout vint à se démolir et à tomber, ce qui 
causerait un grand dommage à la communauté. > 

Pendant ces dernières années, la tour de l'horloge a été 
entourée vers le sommet d'une terrasse en pierre de taille 
et au-dessus ; sur trois de ses côtés, d'immenses cadrans 
montrent l'heure à toute la ville. Enfin, tout récemment, le 
campanile qui termine le dôme de fer a été doré et 
surmonté d'une croix et d'un paratonnerre (5), dans lequel 



ik) €lM8tndi, loe, cit., oap. IL 

(S) Série ee, 8. 

(») AmUtot d» Digne, eom^s tréionires de 1676 et 00, 8. 

(i) Archi?es de Digne. (Délibérations eoBuntmalei de 1768, BB.) 

(5) 8n 1775, le 16 jidn, joar de la F^te^Dieu, au second coup de Tdpres, la 

imàtt tomber snr le clocher et en renrersa l'angle nord. £He pénétn de là 

, dans réglise, où trois personnes furent tuées et d'autres blessées. On dit que 

plusieurs eurent les boucles de leurs souliers enlevées ; que le sacristain eut 

5 pièces de 12 sols fondues dans son gousset, etc. (Di»c<mn wr la vie ttUi 



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— 264 — 

est embroché, à la place de l'ancienne girouette, un coq 
tournant la tête du côté du vent (1). 

 la suite de ces derniers embellissements, exécutés au 
frais de TEtat et pour la première fois depuis près de 
cinq siècles, la propriété du clocher était disputée à la ville. 
Le gouvernement trouvait étrange que le clocher d'une 
cathédrale fût un édifice communal. La municipalité 
exhuma alors de ses archives une foule de titres éta- 
blissant ses droits incontestables sur le < château de 
rhorloge ». Devant ces preuves authentiques et con- 
cluantes, corroborées encore par une possession plusieurs 
fois centenaire, l'administration supérieure s'est inclinée et 
a transigé. Par « acte administratif du 15 octobre 1888, la 
ville a cédé ses droits de propriété sur la tour du clocher, 
à la charge par l'État de monter, d'entretenir et de main- 
tenir l'horloge dans le local qu'elle occupe aujourd'hui ». 

Pendant de longs siècles encore, les habitants de Digne 
pourront lire Theure sur la vieille tour bâtie au milieu des 
ruines du casai des sires de Bellegarde. 

M. ISNARD. 



vertuê d* Mgr de Micili», L. J. Bondil, chanoine théologal, p, 251. — Digne, 
T« A. Guichard, 1848, in-B*».) 

Le 4 juin 1874, le tonnerre a éclaté de noureau sur le clocher, y causant 
de profondes lézardes. La foudre descendit dans Téglise, où elle se contenta 
d^effrayer et d'assourdir les fidèles; pénétrant ensuite dans la sacristie, elle 
endommagea grarement un superbe dais en Telours soie couTort de broderies 
d'or, sans faire aucun dégât à l'armoire où il était enfermé. 

(1) H. (xorde, président honoraire de la société bas-alpine, a résumé ses 
obserrations sur la position du coq suivant la direction du vent, dans ce 
distique provençal : 

Lou jola» dou duchier que lu$e, ven et oa», 
Viro lou CHOU au veni^ pito lou vent, que /ai. 



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- 266 — 
PIÈCES JUSTIFICATIVES 



I. 

Donation du qtêartier de BeUegarde en faveur de la viUe de Digne. 

(1361..) (i) 

In nomine Domini nostri Jhesu Ghristi, amen. Anno incaraationis 
ejusdem m(iliesimo) triceQte(simo sexagesimo primo)... mensis 
novembris. . . noverint nnlversi et singuli pariterqae futori quod 
n(obilis) domicellois (Raymandus de Sparonno) dnos de Bella- 
garda, major, nt sno asserait juramento corporaliter presiito, annis 

quatuordecim de voluntate tamen, auctoritate, assensn et con- 

censa magnifîci et potentis viri Elzearii de Auraysono, militis, 
ipsius loci domini, nobiliam Johannis et Bertrandi de Aaraysono, 
avuncalomm ipsius domini Bellagarde, ibidem preaentium, volen- 
tinm et consentientinm et ad infrascripta omnia plenos assenaum et 
concensnm ac anctoritatem prestantinm eidem nobili Raymundo, 
eomm nepoti. Pretendens idem nobiiis Raymandus et considerans 
plora grata senritia et beneplacita sibi facta et impensa per cives et 
incolas civitatis Dignensis et que ei impendere non cessant, gratis et 
liberali animo in remnneratione omnium premissorum, auctoritate 
qua supra, dédit, donavit, cessit, in perpetuo desemparavit per se et 
suos heredes ac imposterum successores, donatione mera, pura et 
simplici, que dicitur inter tîvos. .. homnibns civitatis Digne pre- 
sentibus et stipulantibus et recipientibus nominibus eorum propriis 
et nomine et vice universitatis et civitatis Digne, videlicet : 
Isnardo Aymes, magistro Johanni de Rochacio et Petro Georgii, 
cominalibus ; nobilibus Ludovico Giraudi, Isnardo Gauterii et 
Ludovico Durandi, domiceilis, magistris Petro Sancti-Martini et 
Audeberto Ariberti, notariis, et Stéphane Lantelmi, civibus et consi- 



(1) Noas arons pu compléter le nom du donateur et le millésime, déchirés 
en partie sur l'original, au moyen d*un acte de donation passé par le môme 
seigneur, la môme année de son âge et en présence des mômes cominauz et des 
mômes témoins. (Archives communales de Digne C. C). 



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-966- 

liarijs civitatis predicie....^. qaoddam ipsias nobilis Raymnndi 
donatoris casale, positom in civitate Digne, loco vulgariter nominato 
BeUagarda, coin omnibas parietibus, ediflciis factis, erectis Tel 
caducis et aliis juribas et pertinenciis, qnod dicitur confrontari corn 
domo episcopali Dignenai et coin patuU TiiU oum et via poblica 
a doabos partibus. Dédit etc. . . . 

Actum Digne, in domo nobilis Ludovici Girandi ; presentiboa 
testibtts vocatis et rogatis : Symone Vassali, habitatore Forcalqnerii ; 
Guillelmo Reyaaiidi et Johanne Amelii, de Ayglednno ; Yincentio 
Fornellaiii et Petro Robandi de Podio Michaeie ; meqne Petro 
Rocbe, de Marraudo, pnblico anctoritate feginati notario in comi- 
tatibns Provincie et Forcalqnerii constitnto, qui banc cartam pa- 
blicam mann mea propria fideliter scripsi. . . et srgno mec signavi. 

1!. 

Extrait des comptes des syndics de DigMy relatifs à la construction 
de Vhorloge et de la tour, 

(14ii-i412.) 

Infrascriptam pecnniam baboimns nos Petnis Rn£Q, magister 
Raymondns Raymnndi et Jobannes Andiberti, sindici civitalis 
Digne, a Jobanne Baaterli, revatore dicte civitatis, snb anno domini 
millésime lUIcXIo. 

Item babnimns a Jansepo, Judeo, cansa mutni florenos G 



Secnntur expense per nos, dicti sindici, &cte nomine dicte civi- 
tatis Digne et de pecnniis et qnantitatibns per nos in presentî 
cartniario receptis snb dicto anno : 

Item solvimns magistro Ricbardino pro XXII sestarios gipi pro 
faciendo forgam relogii YI sol., XI den. 

Item solvimns Petro Mataroni pro loqnerio domns in qno &cit 
relogiom, videlicet florenos II. 



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-2$7 - 

Item sdvimas Laugerio Mota pro qœsito ferri apud Vapincam 
com magisiro relogii florenos IX. 

Item soivimus magistro Petro Mahenqui» fabro de Galberto^ pro 
XVI saumatas carboai videlicet florenos II. 

Ista die, XII januarii (i4i2X habai Ulh» homines ad BeUam 
Ouardam pro caraDdo loca relogii, ad rationem den. XX pro 
quolibet, valentesin somma : solidos YI, den. YIII. 

Adistam dlem incipit operam pro eonstniendo castellum relogii. 

Ista die, XV dicti measis jannarii, solvi pro uaa trabe de Meleze 
ad faciendnm tarrim relogii, yidelicet grossam I solidos, Itl. 

Ista die solvi Stephano Bretoni qui juvavit ad faciendnm cas- 
tellum ad Bellam Gnardam, Yidelicet grosses III. 

Item did XVIII dicti mensis, steterant magistri sabscripti ad 
(àciendom dictmn castellum et habuerunt ut sequitur infra : 
Stephanus Bretoni, g. YII. 
Jacobus Alberti, g. Vil. 
Guillelmus Nicolay, g. I. 
Giibertus de Bratio, g. VII. 
Die XX januarii, solvi magistro Petro Dureti, magistro castelli 
relogii, pro suo labore, f. I. 

Die XXn februarii, fecimus computum cum magistro Petro 
Dureti, magistro relogii, de pretio sibi dato ad faciendum relogium 

qui sunt floreni L , et fbit solutus dictus Peirus de tota somma 

pretii facti et de suo labore usque ad presentem diem. 

m. 

Délibération du conseil communal de Digne, portant donation de ta tour 

de l'horloge pour la construction de la cathédrale, 

(20 juin 1490) 

Aano inearaftlioiiia DiMoaini milleaimo giiadringentesimo noua- 



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-268- 

gesimo et die yicesima menais janij, dominica intitalata, yesperum 
hora yel circa, congregato honorabili consilio nniversitatis Digne, 
mandato nempe, jassu et ordinatione Yiri nobilis Pétri de Brachio, 
bajnli et capitanei carie régie et totins civitatis Digne. In qnoqoidem 
consilio inter faemot seqnentes et seqnentia ordinata : 

Nomina sindicorum : Nobilis Lndoricns de Rocassio, Petms 
Chanssagrossi et magister Jacobns Gaudemaris. 

Consiliarii : Nobilis Johannes de Rocassio, Elzearins de Ponticio, 
Francisons Amalrici, Ludovicns Isoard, Anthonins Matharini, 
Bertrandns Hesmivi, Andréas Mayneri, Elzearins Rnffî, Bertrandns 
Nadalis, magister Jacobns Glareti. 

Et premieramens, con lo sia causa qne lo Révèrent Payre en 
Dieu, mossenhor de Dinha, ayat délibérât, Dieu ajndant, de far et 
construir nna gleysa granda, honesta a très nans crotadadas en 
la plassa laquai es entre la torre del reloge d'esta vila et Testai de 
l'evescat, hy ajustant lo grant tinel del dicb bostal de Tevescat. 
De laquai gleysa he de l'obrage d'aquella, los mestres que la devan 
far volon aver a près facb huech milia florins, tant per la tracb 
quant per la magnifatura de aquella ; he car la causa sera fort bella 
et de grand utilitat à la Yila, actendut que la gleysa de Nostra-Dona 
es pausada fort luench de la Tila, et que belcop de gens restan 
soven de hi anar festas, domenges et antres jors per ausir messas 
et autras horas canonicals : he pertant, actendut la granda sontuo- 
sitat de la dicha hobra et la granda utilitat que sera a la vila, 
présent lo dich mosen lo bayle volent he consentent, es stat ordenat 
que los sobre dichs sindegues presens, en nom de tota la vila, 
prometan de donar et spedir al dich Révèrent Payre en Dieu , 
mossenhor de Dignha, en supportament ho ajutori de Tobra de la 
dicta gleysa, florins mille, una vegada tant soletamens pagador, per 
pagas annuals de florins dos cens, acomensant la premierade lafesta 
de sant Johan-Baptista, prochanament venent en hun an > 

Item , mais es stat ordenat , présent lo dich mosen lo bayle 
volent et consentent, que lo dich Révèrent Payre mossenhor de 
Dinha, per fayre la dicha gleissa, pulssa fax rompre he démolir la 
torre de la vila en la quai son pansas lo reloge et la campana de la 
cort, ambe tal pati e condicion qne lo dich mossenhor de Dinha sia 



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tengut de baylar a la dicha vila^ a sos propris despens, aatres Inocs 
propices et convenables per metre lo dich reloge et la dicha campana 
de la cort, en forma et en maniera que la dicha vila et la cort en 
pnescan far et asar liberalment per inr voluntat, coma ha acostnmat, 
per temps passât, de nsar en la dicha torre. 

IV. 

Tramaction au sujet de la tour de Vhorhge. 
(27 décembre 1509.) 

In nomine Domini nostri iesn Ghristi, amen. Anno a nativitate 
ejnsdem, millesimo qningentesimo nono, et die vicesima septima 
mensîs decembris, régnante christianissîmo principe et domino 

nostro Lndovico^ Dei gratia Francomm rege 

Cnm hiis annis superioribas nniversitas civitatis Digne, inherendo 
bone volnntati et graciose reqnisitioni revesendi in Ghristo patris 
et domini domini A. Gniramandi, miseratione divina Dignensis 
episcopi, qni, ad iandem Dei et Sancti Hieronimi^ qnandam magni- 
ficam ecclesiam, infra dictam civitatem et juxta castmm sunm 
episcopale Dignense fandavit et fabricare seu constmi et edifficare 
fecit, dederit et remisent dicto reverendo domino episcopo, sive 
ecclesie predicte S. Jheronimi, qnandam magnam tnrrim dicte 
nniversitatis, eidem ecclesie adEerentem, in qna dicta nniversitas 
tenebat et tenere solita erat horologinm ipsins universitatis pariter 
et campanam consilii ejnsdem, ad ipsins R. D. episcopi et sue 
ecclesie predicti S. iheronimi utilitatem. Adeo ut ipse R. D. 
episcopus in loco dicte turris construere posset unum pinaculum sive 
clucherium magis spaciosum pro ipsins ecclesie senricio et déco- 
ratione ; cum bac tamen conditioner per dictam universitatem sive 
dominos tune scindicos ejusdem expresse retenta ac per eumdem 
R. D. episcopum promissa et conventa, quod ipse R. D. episcopus 
' teneretur eidem universitati providere de uno loco ydoneo et 
apto ad dictum horologinm tenendum ad utilitatem universitatis 
predicte ; prout de premissis constare detegitur quadam nota publica 
propterea sumpta et accepta manu honorabilis quondam vin ma- 
gistri Pétri Donadey, notarii public! civitatis Digne* 



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- 270 — 

Veram qnia dictas R. D. episcopas snam, cam Dei anzilk), 

predictam ecdesiam S. Jheronimi perfeeit et compleyit et, in latere 
illius et in loco in qno dicta tarris existebat, constnii et edifieare 
fecit quoddam pinaculum sive clncherinm amplnm et excelsum sat$s, 
in qno certnm numernm campanarnm imposait et signanter nnam 
magnam et snmptaosam campanam qnam, ad honorem béate Agate 
virginis, nomine proprio Agatam nominavit. . . 

Hinc igitar fait et est qnod prefatas R. D. recollens se 

tempore donationis et remissionis dicte tarris conventlonem pre- 
dictam cam eadam aniversitate Dignensi fecisse. . . qnapropter ipse 
R. D. episcopos capiens admodam promisaa et conventa per eum 
adimplepe. . . bona fide, gratis. . . dédit, tnbnit et consignavit nobi- 
libus et honorabilibas ▼iris Johanni de Rochassio, condomino de 
Ayglednno, magistro iacobo Gaodemaris, notario pid))ico, et Andi- 
berto Maynerii, sindicis; Patro Matharon, Jacobo isoardi, et dno 
Andffee Stayssii, jorisperito, eonailiariis modemis aniversitatis 
Dignensia preseotibas. .., videlioet nnam iocam bonom et snffi- 
oienlem infra pinacalom sive clacheriam jam dicte eccleeie 
S. Jhwonimi pro reponendo atqae tenendo, perpetais temporibas, 
horologiam diote aniversitatis Digne cam omnibas ingeniis et 
instramentis necessariis, proat et qaemadmodam magistri et experti 
in talibas dicUbant et onlinabant, libère et sine eajosvis onere 

serritntig ; volens nlterias, R. D , pro decoratione ymo et 

eommodo onivQrsttis reipnblice ciyitatisjam dicte, qaod instra- 
mentom sive ingeniam dieti horilogii^ ad feriendnm sive perças- 
siendom campanam dioti horilogii stataendi, feriat perpetao et 
pepcaasiat snpra di«ta majori campana appelata Agata, adeo nt sonne 
ipsios campane pro hoiilogio ad anres eanctoram &eilias pervèniFe 
possit. . ., et qnod premissa fiant et fieri debeant propriis snmptibae 
et expensis diète aniversitatis Digne. 

Preterea. . . R. D. Episcopi, gratis et sponte dédit, tribnit et con- 
cessit doïDinis sindicis ac nniversitati IHgne... iicentiam, aacto-' 
ritatem et facaltatem perforandi dictom pinaealnm..., a parte 
exteriori abicamqae volaerint, et ibidem oonstraendi de novo et 
edificandi «nam parvam portam bene et decenter mnratam ex bonis 
lapidibns et semento, ner qaam dicti oives et eoram nniversitaa, 



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-271 - 

perpetuis temporibas, infra dictam piDacnlom libère intrare et exire 
possint singnlis âiébas et forû pjro dieto horilof^o gobernando et 

disponendo et quod dicta porta fieri debeat propriis snmptibus 

et expensis predicte universitatis Digna. . . Unde^ quia inter partes 
predictas... occasione premissonun qaestionis materia jamque 
orta faerat, et c^tasa litis sea qnestioius predicte indecisa pendebat 
in snprema Provincie regiî parlamenti caria ; igitur partes memo- 
rate eapientes viv^e in pace et trancpiilitate. . . liti et eanse predicte 
renanciavemat... 

Aeta ftiernnt bec omnia, et seriatim recitata in Castro episeopali 
Dignensi et in parvo tinello novo ejnsdem; presentibns ibidem 
venerabilibns et egregiis discretisqne viris dominis : Illario Morin , 
in decretis baccalario, rectore parrochialis ecclesie de Revelo, 
Ebredunensis, Honorato Gniramandi, priore de Sancto-Boneto, 
Johanne Ricardo, presbiteris; magistro Francisco Glaperii, de Mura, 
Yapincensis, et Jobanne Gaaterii, de Collomartio, Senecensis 
diocesiSy testiljus ad premiasa vocatis et rogatis. 

Et me Job^tnne Verdilboni, notario pnblico presentis civitatis 
Digne..,, 



Imcriptions des cloches de VégUse cathédrale de Digne. 

Petite cloche, côté des Eaux-Ghandes (côté sud). 

AU8PICI IL lUCKUIM E P. 
lAUA JULIA1U8 EP. »II. UM 18M. 

Au bas( 

Snr la p^nae : Ua prpciftn. 
(Diwètre 0n,60.) 



Clpcbe, côté des Sièyes (côté ouest). 
IAU»ATE PraU MMDUI AffiPlCE B. CIKILO 

lAiu m\m% ET. Ml. Ain ism. 



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— 272 — 

Au bas : 

BUeftNB BAUDOINy FONDBUR A MAASXILLB. 

Sur la Panse : Un cnicifix et une vierge. 
(Diamètre Om,2K(.) 



Cloche, côté Saint-Benoit (côté nord). 

jwwbu w fit. 1841, PAmi. m. jmipi lub. juini-nuciui. 

IA«IST. UEIIS ET lAUA IA«B. CMSTAIT B. AU8P1C. 
88. l^Um ET fUCEITM. L B. AUtt. 8IMUE«. BPI8C. BIIIEI. 

An bas : 

IBAlf BAPTISTE, FONDBUR A MABSBaLB. 

Sur la panse : Deux évoques et un crucifix. 
(Diamètre im,05.) 



Cloche, côté Évéché (côté est). 

AU8P. 8. HIEE^imil 1. B. AU«. 8mUEa. EPI8C. BUIEI. 

PATEH. J«8EPfl ITP. EMAÎ. EAE0IE BE ELACA8-CAUM 

ET CIILU BE «ALLIEI B. CWT. BL EOUI EEAU00U8E 1841. 

Au bas : 

JBAN BAPTISTB, PONDBUB A MABSBILLB. 

Sur la panse : Un crucifix et une vierge. 
(Diamètre 0m,90.) 



Grosse cloche (au milieu). 

AU8PICE E. M. f. L B. AU(IV8T. 8mUEa. EPI80. BUIEI. 

PATEMI8 IMHATI J^DEBAI BU f AE PEJBFECTI PE«T1I€LK 

ET AITMU CLÉIEIT. EAUIEE B. JULUI-rEAIMIIL 1841. 

Au bas : 

JBAIV BAPTISTE, POKOBUR A MARSEILLE. 

Sur la panse : Un crucifix. 
(Diamètre lm,3i.) 



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— 273 — 



VI. 



Réparations et embeUissements de la tour de (^horloge pendant le 
XÏX^ siècle. — Hauteur du clocher actuel 

En 1850, lors de la restauration de la cathédrale Saint-Jérôme 
par M. Bailly, la tonr de Thorloge fat reprise en sons-œuvre k sa 
base et consolidée vers le sommet par des armatures on tirants en 
fer que Ton voit encore. Le balcon qui entoure le clocher a été 
construit en 1853. Il est en pierre de taille de Mane et mesure 
32 mètres de pourtour et 1 mètre de largeur ; il a coûté 3^000 francs 
environ. Les grands cadrans n'ont été placés que iO ans après, 
avec la nouvelle horloge. 

Les derniers embellissements du clocher ont été faits en 1881, 
au frais de TÉtat. Le campanile qui termine le dôme en fer a été 
doré ; la girouette et la croix ont été diangées. 

Le sieur Michaud Pierre, de Marseille, a fourni, à cette occasion, 
une croix en fer forgé, surmontée d'une pointe de paratonnerre, du 
prix de 700 francs. Elle est haute de 4m,50 ; chacun de ses bras a 
0m,80 de longueur; son poids est de 450 kilos. Les sieurs Gamier 
et Yarron, charpentiers, Tout placée ; elle est fixée au campanile par 
une armature en fer forgé et boulonnée. 

La girouette a été remplacée par un coq en zinc, embroché par- 
dessus la croix et tournant autour de ce pivot; il a 0^,80 de 
largeur et lm,10 de tête en queue ; il ne pèse que 3 kilos. 

Le paratonnerre fut installé à la même époque. 

La croix, le coq et le paratonnerre, avec les accessoires (échafau- 
dage, ouvriers spéciaux, dorure, peinture, etc.), ont donné lieu à 
une dépense totale de 3,342 fr. 40 c. 

Le coq servant aujourd'hui de girouette, on a fait certaines 
remarques sur la position qu'il prend suivant la direction du vent. 
La queue du coq, présentant une plus grande surface que la 
tête, est entraînée par le vent, et le bec du coq est toujours en 
face du vent qui souffle. Le bec au midi indique le vent du midi, 
ainsi de suite. 

19 



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D'après les renseignements fournis par M. l'architecte diocésain, 
le clocher mesure aujourd'hui 6i mètres an-dessus du sol, savoir : 

Hauteur du sol à la terrasse ^ 43 mètres. 

Hauteur du d6me en fer 13 — 

Hauteur de la croix 5 — 

ToxAi. , ^1 — 



1L.BS OOTJJRLS t>' AMOUR 

GN PrtOVENCC 



Les érEdits prétendent que les cours d'amour et les 
Arrt^t(9. AmoTHm sont des contes 4 dormir debout. 

Je demande bien pardon aux érudlts* L'existence des 
eouf s d'amour ne detrait pas être mise &a 4oute. IVabord, 
S'il n'y en a pas eu, il aurait dû y en avoir : cela ne faisait 
du mal à personne, et puis c'était très gentil. 

Au surplus Je citerai une Imposante autorité: le prophète 
No&tre4&$mtë. On a beau être prophète^ on à des inter- 
valles lucides. Laissons -là les prédictioos de Nostra- 
aarmt^. Ne oonsidérons que l'historien. Un làistorien est 
presque toujours sérieux. 

Ëh bien t Bn voici un qui, dans son ffiêtoiré de Prownce^ 
dit très gravement qu'il a feuilleté les Arresta Amorum. 
Il nous apprend que des cours d'amour ont siégé à 
PierreféU) k Signes, 4 Saint-Remy, et qu'elles étaient 
présidées par les dames a plus illustres et qoaiiliées du 
pays • : Étienoette de Saux, fille du oomte de Provence ; 
Adelazie, vioomtesse d'Avignon ; Aiaette, dame d'Ongle ; 
Hermissende, dame de Fasquiéres ; Bertrande) dame 
d'OPgon; Mabille> dame d'Yères; la comtesse de Dec; 
Iloetangue, dame de Pierreieu ; BertraAâe, damede SUgnei ; 
Jausserande, dame de Claustral. 



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-275- 

Ces dames examinaient de près les délicates questions 
d'amour que leur soumettaient les poètes. Elles délibéraient 
sur les thèmes développés dans les tensons^ qui le plus 
souvent se rapportaient à l'art d'aimer. 

Puis elles statuaient, et leurs décisions étalent motivées 
par des considérants qui devaient jeter le plus grand 
Jour sur ces importantes questions de galanterie (1). 

Elles se demandaient, par exemple, si le véritable amour 
peut exister entre personnes mariées. La comtesse de 
Gbampagne, après avoir bien réflécbi, ne crut pas la chose 
possible : c Nous disons et assurons, par la teneur des 
présentes, que l'amour ne peut étendre ses droits sur deux 
personnes mariées. En effet, les amants s'accordent tout, 
mutuellement et gratuitement, sans être contraints par 
aucun motif de nécessité, tandis que les époux sont tenus, 
par devoir, de subir réciproquement leurs volontés et de 
ne se refuser rien les uns aux autres. Que le Jugement 
que nous avons rendu avec une extrême prudence, et 
d'après l'avis d'un grand nombre d'autres dames, soit pour 
vous d'une vérité constante et irréfragable. Ainsi Jugé, 
Tan 1174, le troisième Jour des calendes de mai, indiction 
VII (2). . 

Cette Jurisprudence, dans le fond, est un peu hasardée, 
car enfin on voit, quelquefois, des gens qui s'épousent 
parce qu'ils s'aiment. Souvent même, après le mariage, 
leur amour dure plus de quinze Jours. 

La comtesse de Champagne n'aurait pas dû se targuer 
de son c extrême prudence ». La doctrine de cette dame 
était délicieusement perverse. Voilà tout. L'amour défendu 
lui paraissait plus savoureux que l'autre. Mais on ne 
peut ériger cela en principe. D'abord, il y a la morale. 



(1) " La rédaction des JugemeDts Mt conforme à celle des tribiuuraz judi- 
ciaires de cette époque. „ (Stendhal) 
(8) Stendhal. 



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— 276 - 

A quoi la comtesse de Champagne aurait pu répondre : 

« Il y a aussi l'article premier du Code d'amour, ainsi 
conçu : 

c L'allégation du mariage n'est pas excuse légitime 
» contre l'amour. » 

Du reste, la partie qui succombait n'était pas assez 
discourtoise pour maudire ses juges. La sentence était 
toujours bien accueillie. Pourtant quelques troubadours 
interjetaient appel. C'est ce que jirent Simon Doria et 
Lanfranc, à propos de « la belle et ingénieuse question : 
Qui est plus digne d'être aymé? etc. ». La solution que la 
cour de Pierrefeu donna à cette • subtile dispute » n'agréa 
point aux contestants, qui allèrent en appel devant la 
cour de Romanin, où t présidaient Nanette de Gantelme(l), 
la marquise de Malespine, la marquise de Saluces, Clarette 
de Baux, Laurette de Saint-Laurens, Hugonne de Sabran, 
fille du comte de Forcalquier, et plusieurs autres grandes 
et nobles dames ». 

Dans ce monde gracieux et brillant, les hommes se 
piquaient surtout de cortesia. Pour connaître les idées qui 
avaient cours à cette époque, il suffit de consulter le 
Breviari d'Amor, d'Esmengaud (2). Ce bréviaire abonde en 
naïves et charmantes révélations. 

» Quand les femmes, disait Esmengaud, sont priées 
d'amour^ qu'elles ne s'avisent pas de jeter les hauts cris ; 
cela n'en vaut pas la peine. Il n'y a rien là qui les doive 
offusquer. > Ce que l'auteur du Breviari ne comprend pas, 
c'est qu'une femme, se voyant galantisée, ait la candeur de 
s'en plaindre à son mari. 

C'était, paraît-il, le travers de certaines femmes. Elles 
vivaient il y a six cents ans. 

Et, de fait, pourquoi mettre un mari dans de pareilles 



(1) La tante de Laure de Sade, cëlëbrëe par Pétrarque. 

(2) Le Brwiari d'Amor, de Maffre Ssmengaud ; Bézien, Pari& 



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— 277 — 



confidences ? Après tout, ces intrigues étaient si discrètes ! 
Dans les cours d'amour, on appelait cela un feu sans 
fumée. Un mari qui se respectait ne pouvait donc pas, 
décemment, se plaindre du feu, à moins que la fumée ne 
l'incommodât. 

D'ailleurs, tant que sa femme était simplement priée 
d'amour, c'était le commencement ; il n'avait rien à dire. 
Il n'avait le droit de parler que plus tard, quand c'était la 
fin. 

Esmengaud n'en soutient pas moins que le mari est 
maître absolu. Il ajoute, il est vrai, que la femme fait 
volontiers ce que son mari lui défend. 

L'honnête troubadour exagère. En général, les femmes 
d'aujourd'hui, par exemple, n'osent pas faire ce que défen- 
dent leurs maris. Elles se contentent quelquefois de faire 
ce que leurs mari5 ignorent. 

Savez-vous comment on guérit de l'amour ? Esmengaud 
le savait. Le remède n'est peut-être pas toujours efficace, 
mais il est du moins tentant. Il s'agit de découvrir une 
imperfection physique chez la femme qu'on aime. Observez- 
la, dit-il, observez-la avec soin, surtout le matin, avant sa 
toilette, et livrez-vous à un examen très attentif. 

Singulier remède! Quand on s'amuse à regarder les 
choses longtemps et de trop près, j'imagine qu'à la fin on 
voit trouble. 

Le grand défaut des amoureux, c'est de se monter la tête. 
Chez certains troubadours, ce défaut-là était vraiment 
démesuré. Voilà pourquoi Jaufifred Rudel, de Blieux, fut 
« estimé si hautement >. 

C'était un homme de bien qui prenait goût aux sirventes 
et aux tensons^ innocente distraction qui ne tire point à 
conséquence. Un jour, on lui parle de la comtesse de 
Tripoli. On lui dit qu'elle est belle, qu'elle a une bouche ! 
des yeux ! 

Ce pauvre Jauffred tombe subitement amoureux de la 
comtesse de Tripoli. Il ne l'a jamais vue, mais il la verra. 



•*.- 

# ^ 



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— 278 — 

Il s'embarqae arec son ami Bertrand, c Après une longue 
et fâcheuse pérégrination », ils arrivent enfin ; mais la 
fatigue et l'émotion empêchent Jauflred d'aller, incon- 
tinent, s'extasier devant son adorée. 

Bertrand court chez la comtesse. Elle le reçoit très 
aimablement, s'intéresse beaucoup à son amoureux et 
consent à se rendre auprès de lui. Ineffables délices l 
Jauflred la contemple, muet d'admiration. Oui, elle est là, 
souriante, avec sa fascinante beauté et cette grâce suprême 
dont le poète Tauréolait dans ses rêves d'amour. 

Alors savez-vous ce qu'il fait? c Suffoqué de joie >, il 
meurt. 

Il ne faudrait pas croire que les troubadours fussent 
tous aussi impressionnables que Jauflred (1). Quelques-uns, 
à la vue seule de la femme aimée, tombaient en syncope, je 
ne dis pas. Mais il y en avait qui n'étaient pas sujets â ces 
défaillances. 

Le temps a marché depuis le XII« siècle, et l'on dit que 
l'amour chevaleresque est resté en route. Pourtant cette 
lointaine époque a gardé un décevant prestige. 

Les cours d'amour, les douces charmeresses qui lais- 
saient tomber de leurs lèvres non pas des jugements, mais 
de troublants sourires et des paroles amoureuses ; ces 
élans de passion, cette folie, si vous voulez, mais aussi 
cette exquise et enveloppante séduction qui faisait de la 
femme un idole aux pieds de laquelle les troubadours 
effeuillaient leurs sonnets ; tout cela jette sur ce long et 
sombre moyen âge un rayonnement. 

Albert AUBBRT. 



(1) Les amoun de Goilhen Adhémar eurent le même dénouement Éperdu* 
nent éprit de la oomteeae de Die, ** vaincu et see de douleur, preeiant la 
délicate main de ea dame, la baisant et soupirant, il rendit Tesprit „. (Nostra- 
damus.) 



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PROGÈS^VERBAL DE U COMMISSION 

chargée d'examiner les travaux de H, ARMfOVX 
sur TAlfèbre graphique 

(SuU9 et fin) 



Il y a avantage à considérer un polynôme sous le plus 
grand nombre d'aspects possible ; telle relation quji toua 
uu aspeet est complexe devient simple sous ua autre, 

(Fig. 1. 0?= y^*) Si nous eoirsidérous )e po^gone di» 
ifi degré t faeteurs réels A B Q M S T par rapport A sa ligne 
de fermeture A T, chacun de ses facteurs en !•' degré s«ra 
représenté par les lignes qui joignent le» extrémités du 
diamètre A T aux quatre points U Y X Y de la eircon- 
férence. 

Si Ton fait varier la position de ces points sur la oircon- 
férence, on aura tous les facteurs réels du !•' degré 
possibles; quand on choisira les points sur la ciroemfé- 
rence en dessus du diamètre A T, on aura les facteurs doat 
le second terme est positif; quand on les choisira en 
dessous, ou aura les facteurs dont le second tmrme est 
négatif. 

Plusieurs de ces points peuvent se réufihr eu unfw^l. 
Alors, on aura des facteurs égaux. 

Dans la âgtfre 1, on n'a choisi qAe des facteurs dcmt 1^ 
2t terme est positif, pour que l'esprit puisée se faire ua# 
ïâéé claire des combinaisons en les voyant bien distinetee^ 

Une f6is cette figure nettement enregistrée dans le 
cerveau, elle sert de type pour toutes les variatlope de 
position. 



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Tant que ces points sont tous situés du môme côté du 
diamètre, la forme du polygone qui représente le polynôme 
reste entièrement convexe. 

Quand au contraire quelques-uns de ces points passent 
de Tautre côté, il en résulte des concavités dans le 
pourtour. 

On a ainsi toutes les formes possibles d'un polygone 
rectangulaire à cinq côtés^ soit comme grandeur^ soit 
comme direction, représentant tous les polynômes du 
4« degré dont les facteurs du i« degré ont des coeffi- 
cients réels. 

Les côtés de ces polynômes du 4« degré pourront devenir 
nuls au fur et mesure de la variation de grandeur des 
coefficients des facteurs du 1^ degré. 

La graphie suivra la symbolie et Veœpliquera d'une 
façon plus claire, plus évidente que toutes les démon- 
strations et toiùs les raisonnements du monde. 

Et la. PA.S DE PARALOGISME POSSIBLE. 

Impossibilité aibsolue soit de tromper, soit de se 
tromper. 

Tout individu qui a des yeux devient un juge 
compétent. 

La traduction de la graphie en symbolie et récipro- 
quement se fait d'elle-même^ sans aucune aide. 
Pas de cerveau qui ne puisse comprendre. 

C'EST LÀ DÉMOCRATISATION DE L'ALGÈBRE. 

Pour simplifier notre langage, appelons latère le corres- 
pondant graphique d'une quantité, c'est-à-dire un 
déplacement quelconque décomposé en ses deux consi- 
dérations de grandeurs de translation rectiligne et de 
rotation. Un polynôme devient graphiquement un 
multilatère ou n. latères en représentant par n le 
nombre des côtés. 



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-281 - 

Remarquons, en passant, qu'un polynôme dit du nm« degré 
correspond à un n + ^ latère. 

// doit toujours être considéré comme complet, quand 
même les termes intermédiaires entre le premier et le 
dernier deviendraient éganco à zéro, en tout ou en 
partie. 

Dans ce cas, les coefficients symboliques de certaines 
puissances de œ deviennent égaux à zéro et leurs corres- 
pondants graphiques se réduisent à des points. 

Tout polynôme du nn»e degré 

a donc (n + 1) monômes; tout multilatère correspondant a 
(n + 1) latères. 

Partout, nous n'avons à considérer que la collectivité 
des termes qui composent le polynôme ; notre signe + 
est un symbole de collectivité (ceci est capital dans 
notre méthode); ce qui en algèbre reçoit le nom de 
signe, qui, ainsi que nous l'avons dit, correspond à une 
grandeur de rotation, n'entre pas explicitement dans 
nos combinaisons. Ces signes sont incorporés dans les 
monômes et leurs correspondants, les latères. 

De cette façon de considérer les choses, résulte une 
simplification énorme: nous divisons comme toujours 
une idée complexe en idées simples. 

Nous faisons nos opérations sur des collectivités 
et nou^ appliquons aux résultats les considérations 
de SIGNE. 

C'est la méthode de décomposition, que beaucoup de 
bons esprits considèrent comme la véritable analyse. • 

Les opérations symboliques deviennent ainsi d'une 
grande simplicité ; en adoptant des symboles généraux 
A, Bj C... et en leur adjoignant des indices choisis 
avec discernement, la plupart des opérations deviennent 



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des combinaisons dlndlces, ot ron a à chaque instant la 
preuve de l'exactitude de son opération, ainsi qu'on 
pourra le voir dans les diverses applications. 

Tout &e ramène à des opérations mécaniques où 
l'esprit ne joue plus qu'un rôle, celui de vérifier si 
certaines règles fixes sont observées , opération à la 
portée de tout le monde. 

Dans la figure no 1, prenons les 2 latôres AUT» AVT, 
AXT, AYT ; opôrons-Ies grapUquement les uns par les 
autres, deux à deux, et nous obtenons tous les facteurs du 
2« degré ou 3 latères dessinés conformément ft la légende : 

AUT X AVT = AagT, AVT X AXT = AdiT 
ADT X AXT=AbbT, AVT X AYT = AelT 
AUT X AYT=AckT, AXT + AYT=s AfmT 

Si maintenant nous opérons ces résultats chacun par un 
des facteurs qui n'ont pas encore agi, nous avons tous 
le« facteurs du S» degré. 

AUTXAVTXAXTsaAagTX AXT = ACHNT 
AUTXAVTXAYT=AagTxAYT = ADIPT 

AUTX AXTX AYT = AbhT XAYT = AEKQT 

AVT X AXT XAYT = AdiTX AYT = AFLRT 

Si enfin on réunit tous les facteurs du l«r degré, Oû 
obtient le 5. latères A B G M S T. 

Si une erreur a été commise, tout individu peut en 
exécuter la rectification, en se conformant aux règle» de 
pratique. 

Comme exécution d'épuré, nous ferons remarquer qu'en 
commençant par placer les points sur la circonférence, 
à chaque opération, il y a des vérifications du talent du 
dessinateur. 

Ainsi, dès que l'on arrive aux facteurs du 3» degré. 



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les points a. b. d, a. c. e, b. c. f, d. e. f, doivent être 
situés sur une même ligne droite, de môme que g. h. i, 
g. k. 1, h. k. m, i. 1. m. 

Les angles formés par ces lignes A C H, A D I, A E K, 
A F L doivent être droits, ainsi que H N T, I P T, K Q T, 
LR T. 

Enfin, C. D. E. F» H. I. K. L, N. P. Q. R doivent être 
en ligne droite, et les angles B G M, G M S doivent être 
droits. 

La construction du graphique d'une équation pourrait 
être donnée comme épreuve de concours aux dessinateurs ; 
les vérifications se feraient avec une certitude parfaite 
et à rabri de toute contestation. 

Si, au lieu de considérer notre graphique par rapport & 
la ligne de fermeture correspondant à y, nous la consi- 
dérons par rapport au premier latère du produit, corres- 
poKMlant à I'Aq A B, nous voyons les facteurs du premier 
degré se reproduire en 

ABC, ABD, ABE, ABF 
qui sont les mêmes que 

AYT, AXT, AVT, AUT 

La seule différence, c'est que les premiers ont tous 
même A^, et les seconds même y. 

Remarquons aussi queBC + BD + BE + BF = BG; 
que, si Fon considère la longueur A B comme égale à un, 
les longueurs B G, B D, B B, B F, mesurées avec cette 
longueur, donnent des nombres qui, affectés du sigjie —, 
sont les racines de Téquation 

ABa?*+ BGa;^ + OMa?* + MSa?* + STa?* = 

Remplacez les longueurs A B, B G, G M, M S, S T, par 
des nombres, en les mesurant au moyen de A B, et vous 
avez réquation en symbolie algébrique. 



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— 384 — 

Ceci, en adoptant comme définition des racines d'une 
équation, celle donnée par Newton, dans son Arithmé- 
tique universelle^ v. 3, p. 2, De la Nature des Racines 
des Equations, 

c La racine d'une équation est un nombre qui, étant 
substitué dans l'équation à la place de la lettre qu'elle 
représente, fait évanouir tous les termes. » 

Au lieu du mot nombre^ mettez celui de quantité, et 
vous avez la vraie théorie des rax^ines d'une équation 
algébrique. 

On peut, dans cette figure, reconnaître les avantages de 
la graphie ; il vous suffit de regarder, et vous faites des 
théorèmes autant qu'il vous plaît, dont la démonstra- 
tion ne votis coûte que VexpUcation suivante : « voyez », 
qui est très simple, très élégante et à la portée de chacun. 

Mais nous n'avons pas là toutes les formes possibles 
d'un polynôme du 4« degré, à coefficients réels; nous 
n'avons que celles dont les facteurs du 1" degré ont des 
coefficients réels. 

Il nous reste à faire voir celles qui ont des facteurs du 
l«r degré à coefficients imaginaires conjugués. 

C'est également très simple au moyen de quelques 
nouvelles figures. 

(Fig. 2.) Si nous considérons AD comme ligne de fermeture, 
que sur son milieu M^ nous lui élevions une perpendicu- 
laire M^O et que sur cette perpendiculaire nous prenions à 
volonté un point quelconque O ; si de ce point, avec OD 
pour rayon, nous décrivons une circonférence, elle passera 
par le point A. 

Du point M^ menons une ligne droite de direction quel- 
conque M^M, elle coupera la circonférence décrite en deux 
points Ko et Ki ; si, dans la direction M^M, on prend une 



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-285- 

longueur M^K = M^^K^, en joignant les points K et K^ ; 
aux deux extrémités de la corde A D, nous avons les 
graphiques de 2. latères à coefficients imaginaires con- 
jugués, dont le produit nous donne un 3. latère  B G D à 
coefficients tous réels. 

Ces mêmes polynômes rapportés à A B, comme A^, de- 
viennent A B K et A B Kf 

Nous remarquerons en passant que M^^K^, = M^K = PM, 
ce qui pourrait au besoin servir de moyen d'extraction des 
facteurs imaginaires du 3. latères A B G D. 

En faisant par tâtonnement varier la longueur de M^O, 
au moment où K^M^ serait égale à P M, ou à la distance de 
O à la ligne B G, le problème serait résolu. 

Nous laissons au lecteur le plaisir de trouver la dé- 
monstration géométrique ou graphique de ces faits. 

Nous disons géométrique ou graphique, car les méthodes 
géométrique et graphique ne procèdent pas de la même 
façon, pas plus en théorie qu'en technique. 

Ge sont des manières de considérer les faits spatiaux, 
qui ont des parties communes et des parties différentes. 

Si nous faisons varier à volonté la direction M^M, nous 
aurons tous les 3. latères possibles, composés de 2. latères 
conjugués ayant pour ligne de fermeture A D et pour 

grandeur de rotation G B K = — G B Kj, quand on divi- 
sera œ par |/=n pour obtenir a? = + 1. 

Si maintenant nous prenons la figure no 3, au lieu 
d'avoir une constance ou invariabilité de grandeur de 
rotation, nous obtiendrons des variations de grandeur, 
depuis un demi-tour, quand on choisira le point O, jus- 
qu'à la rotation zéro, quand le point situé sur la perpen- 
diculaire au milieu de la ligne de fermeture sera situé & 
l'infini. 



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— 286 — 

La figure 8 montre les éTénements qui se produisent 
quand ce point, partant du point O, s'avance graduel- 
lement sur la perpendiculaire en occupant les positions 
1,2,3,4,5 

Les facteurs à coefficients imaginaires conjugués du 
1er degré et ceux à coefficients réels du 2* degré sont 
dessinés. 

Si maintenant nous réunissons toutes ces considérations 
éparses en une seule figure (n« 4) et que nous prenions 
A D comme ligne de fermeture ; si, sur son milieu M^, 
nous lui élevons une perpendiculaire M^M, si sur cette 
perpendiculaire nous prenons des points à volonté^ depuis 
Mo Jusqu'à, rinfini, à droite ou à gauche, et que de ces 
points comme centre nous tracions des circonférences 
passant par A et D ; qu'en outre nous menions à volonté 
dans toutes les directions possibles des droites passant 
par Mo) nous aurons tous les facteurs du i«r deffré 
susceptibles de composer un polynôme quelconque de 
n'importe quel degré à coefficients réels, et réciproque- 
ment. Toulr polynôme à coefficients réels^ quel qu'il 
puisse étre^ trouvera tous ses facteurs sans exception 
parmi les facteurs du i«r degré ainsi obtenus. 

C'est ce que l'on nomme communément le théorème de 
d'Alembert, que chaque système démontre à sa façon. 

Si on ne prend des points que sur la circonférence 
décrite sur AD comme diamètre, on n'aura que des 
facteurs du l» degré, à coefficients réels. 

Si on n'en prend pas un seul sur cette circonférence, on 
n'aura que des facteurs du l«i' degré à. coefficients ima- 
ginaires conjugués. 

Et enfin, si ces points sont situés en partie sur cette 
circonférence et en partie sur les autres, conformément & 
ce qui a été expliqué ci-dessus, vous avez un mélange de 
facteurs du !«' degré de chaque espèce. 



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-287- 

U est parfaitement évident, que les méthodes didac- 
tiques d'enseignement différeront au point de vue 
graphique et au point de vue symbolique ; ce sera un 
autre enchaînement de propositions déductives, d'autres 
principes, d'autres procédés de démonstration. 

Mais la meilleure de toutes les démonstrations sera 
toujours la construction d*une figure qui permettra 
de distinguer toutes les opérations ; « voyez » sera 
toujours l'argument fondamental^ sans aucune pé- 
tition de principe^ ni postulatum ; la vérification expé- 
rimentale^ lé juge ou critérium unique et suprême. 

Pour bien faire comprendre la multiplication des fac- 
teurs du second degré à coefficients réels, x = K'^^nous 
donnons trois figures explicatives, nos 5, 6, 7, dans lesquelles 
les grandeurs de translation et de rotation des latères 
varient. 

Dans toutes les figures, A B G D est le multiplicateur ; 

A E F B, le multiplicande exécuté sur A B ; 
B O H G, celui — sur B G ; 

G I K D, celui — 5ur G D. 

Les petites flèches indiquent la direction de chacun des 
latôres des facteurs ; les grandes flèches, celle des latères 
du produit. 

Pour faciliter la compréhension, dans chaque figure, 
nous montrons isolément les opérations, qui sont réunies 
ensuite sur la figure d'ensemble. 

Pour éviter toute ambiguïté, une de nos figures contient 
l'opération symbolique avec ses correspondants gra- 
phiques. 

Nous insisterons de nouveau sur le point capital, que 



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+ est un signe de collectivité^ sans introduction ^au- 
cune considération de grandeur de rotation. 

L'opération, dite très incorrectement de multiplication, 
quand 11 s'agit de quantités, puisque, si on opère par mul- 
tiplication sur les grandeurs de translation, on opère par 
addition sur les grandeurs de version, se réduit symbo- 
liquement à un travail mécanique. 

Pour opérer le polynôme A^ a;? + A^ a?* + A^ a?', par le 
polynôme a^ a?* + a-i ^* + su ^*ï il suffit de faire toutes 
les associations possibles d'un terme du multiplicande, 
avec un terme du multiplicateur, en remarquant que les 
indices supérieurs de œ^ dits exposants, se combinent par 
addition. 

Il ne reste donc plus dans le produit que des termes en 
a?*, a?^, a?, â?\ a?**. 

Les coefficients de ces quantités sont toutes les combi- 
naisons que l'on peut faire, en les soumettant À la condition 
que la somme des indices inférieurs de A donne un 
nombre qui, ajouté à l'exposant de a?, égale le degré de 
l'équation. 

Quant à la sanction de cette munière d'opérer, elle 
réside dans la correspondance graphique, et son ar 
gument irrésistible « voyez ». 

PIN. 



Errata.. — Dans les figures n<> 3, no 8 et no 10 du précé- 
dent bulletin, les deux signes = doivent être supprimés 
partout où ils se trouvent. 



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ÉPHÉMÉRIDES BAS-ALPINES DE L'ANNÉE 1889 ('> 



2Janvie7\ — La Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée 
prend possession du tronçon qui doit relier la 
ligne d'Âpt à Voix, avec embranchement sur 
Forcalquier. 

5 janvier. — M. Mahyet, procureur de la République À 
Sisteron, est nommé substitut à Marseille ; il est 
remplacé par M. Anbert, juge à Digne. M. Adol- 
phy, substitut à Tarâscon, remplace M. Aubert. 

8 janvier, — M. Borriglione, conseiller de préfecture, est 
désigné pour remplir, en 1888, les fonctions de 
vice-président du conseil de préfecture. 

i4 janvier. — Renouvellement du bureau de la Société 
scientifique et littéraire des Basses- Alpes : 
M. Daime est élu président; M. Gorde, vice- 
président ; M. Honnorat, trésorier ; MM. Isnard 
et Roche, secrétaires ; M. Gorde est nommé prési- 
dent d'honneur. 

17 janvier. — Un crédit de 815,000 francs est affecté, par 
le ministre compétent, aux chemins de fer des 
Basses-Alpes. 

20 janvier. — Inauguration, à Digne, du stand de la 
société de tir de cette ville. 

27 janvier. — Mgr Mortier Henri-Abel, évoque de Digne 
depuis le 16 avril 1887, succombe, pendant la 
nuit, à r&ge de 63 ans, à une hypertrophie de 
cœur. 

29 janvier. — Légère secousse de tremblement de terre 

à Barcelonnette. Les oscillations vont du nord- 
est au sud-ouest. 

30 janvier. — Un crédit de 3,028 flrancs est ouvert pour 

(1) Go8 éphémérides lont extraites des jfjÀimSridm bai-àlpinett dont M. de 
Crozet s entrepris la pablication.en 1888. SUes font partie dn fiueieale 1889, 
AQi en contient à pe^ pxès 400 et qui Ya prochainement paraître. 

20 



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- 290 - 

les travaux à effectuer à la pépinière des 
Grillons. 
2 février. — M. de Colleville, secrétaire général de la 
préfecture, est nommé administrateur de la 
mense épiscopale. 

4 février. — Décès, à Marseille, à Tàge de 51 ans, de 

M. Roustan Louis, pharmacien, conseiller gé- 
néral du canton de Barrôme,^ où il était né en 
1838. 

5 février. — Obsèques de Mgr Mortier, présidées par 

Mgr l'archevêque d'Aix. Mgr Tarchevêque d'Avi- 
gnon, NN. SS. les évoques de Grenoble, de 
Valence, de Nice et de Fréjus y assistent ; 
Mgr Fava, de Grenoble, prononce l'oraison 
funèbre. 

9 février. — M. de Freycinet, ministre de la guerre, dé- 
pose un projet de déclassement de certains ou- 
vrages de défense, parmi lesquels les citadelles 
de Sisteron, avec le retranchement de la Poste 
et de la Savonnerie. 

fer mars. — Pour la huitième fois dans dix-huit ans, les 
assises n'ont pas de session dans les Basses-Alpes. 

6 mars. — La tour de l'horloge de Barcelonnette est 

classée parmi les monuments historiques. 

iô mars. — Le conseil municipal de Digne vote la re- 
construction de son hôtel de ville, dont la dé- 
pense est évaluée à 45,000 francs. 

il mars, — M. Tartanson Charles, avocat, est élu con- 
seiller général du canton de Barrême. MM. Rey- 
baud et Grac, notaires, sont élus conseillers 
d'arrondissement à Seyne et à Moustiers-Sainte- 
Marie. 

2i mars. — Démission de M. de Colleville, secrétaire 
général de la préfecture des Basses-Alpes. 

22 mars. — M. Clerc, sous-préfet de Saint-Sever, est 
nommé secrétaire général de notre préfecture. 



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- 291 — 

M. Costa, sous-préfet de Murât, est nommé sous- 
préfet de Barcelonnette, en remplacement de 
M. Flusin, appelé à Nyons. 

23 mars. — M. Borriglione est nomme administrateur de 

la mense épiscopale. M. Oiraud Albert est 
nommé notaire à Sisteron. 

28 mars. — M. Bongarçon, colonel du génie, est nommé 
général de brigage d'artillerie. 

31 mars. — Décès, à Tàge de 80 ans, de M. F. Roman, 
ancien conseiller de préfecture des Basses-Alpes, 
juge de paix en retraite. 

iO avril. — Le département est autorisé à emprunter 
120,000 francs à la caisse des chemins vicinaux 
et à s'imposer extraordinairement. 

12 avril. — Par décret, la France est divisée en 32 cir- 
conscriptions forestières. Les Basses-Alpes font 
partie de la 26^ dont le siège est à Aix. 

i4 avril. — M. Costa, sous-préfet de Barcelonnette, est 
nommé à Avallon et remplacé par M. Julienne, 
conseiller de préfecture de l'Isère. 

24 avril. -- M. l'abbé Servonnet, chanoine de Lyon, est 

nommé à Tévêché de Digne. 

25 avril. — Adjudication, à Digne, des travaux de recon- 

struction de l'hôtel de ville. 

17 mai. — Suppression du poste de médecin-inspecteur 
de la station thermale de Gréoulx. 

21 mai. — Convention signée entre l'État et la compagnie 
des chemins de fer du Sud de la France pour 
l'établissement de divers chemins de fer. L'en- 
semble de toutes les dépenses est évaluée à 
13,211,000 ftancs. 

23 mai. — M. Clerc, secrétaire général de la préfecture, 
est nommé sous-préfet de Saint- Amand ; il est 
remplacé par M. Perraud, conseiller de préfec- 
ture du Finistère. 
M. Borriglione, vice-président du conseil de 



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- 292 — 

préfecture, est nommé dans le d^artement de la 
Dordogne; il est remplacé par M. Bartoli, ancien 
conseiller de préfecture. 

25 mai. — Séance publique annuelle de la Société bas- 
alpine à Digne, sous la présidence de M. Daime» 
assisté de M. le préfet des Basses-Alpes, de 
M. le général Bongarçon et de M. Plauchud, 
président de TAttiénée. 

30 mai. — M. E. Plaucbud, président de TAtbénée de 
Forcalquier, est nommé féllbre majorai de la 
Sainte-Kstelle de Montmajour. 

3i mai. — Mort, à Sisteron, de M. Demandolx Joseph, 
président du tribunal de cette ville, né à Gas- 
tellane, en 1844. 

4 Suin. — Décès, à Digne et à T^e de 69 ans, de M. Rous- 
tan Victor, ancien secrétaire général de la pré- 
fecture. 

19 juin. — Avenant & la convention du 21 mai, signé entre 
l'État et la compagnie des chemins de fer du Sud 
de la France, au sujet du chemin de fer entre 
Saint-André et Puget-Théniers. 

27 Juin. — Émission de 20,000 actions à 500 francs aux inté- 
rêts de ô 0/0 par la compagnie des chemins de fer 
du, Sud de de la France. 

iw juillet — L'urgence est déclarée sur le projet de loi 
relatif aux chemins de fer de Nice à Digne. 
Discussion renvoyée après le budget. 

6 Juillet. — Adoption à la Chambre de ce projet de loi. 

25 Juillet. — Sacre, à Lyon, de Mgr Servonnet par S. Em. 
le cardinal Foulon. 

•28 Juillet. — Sont élus au conseil général : MM. Gassier, 
.au Lauzet ; Cogordan, à Saint-Paul ; Barbaroux, 
à Golmars ; Féraudy, à Entrevaux ; du Ghaffaut, 
à Senez ; Soustre, à Digne ; Richaud, aux Mées ; 
Michel, À Moustiers ; Aubert, à Seyne ; Bergier^ 
à Peyruis ; de Selle, à Salnt-Étienne ; Bouteille, 



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à Manosque ; Latil, à Sisteron ; Gougourdan^ à 
la Motte, et Bucelle, à. Turriers. 

29 Juillet — Loi déclarant d'utilité publique rétablisse- 
ment des chemins de fer de Digne à Nice. 

iù août. — Mort, à Bayonne, à l'âge de 58 ans, de 
Mgr Fleury-Hottot, ancien évoque de Digne. 

23 août. — M. Bérenguier, maire de Peyruis, est révoqué. 

26 et 27 août. — Arrivée et réception à Castellane, à 
Saint-Âudré et à Digne de M. Yves Quyot, 
ministre des travaux publics. 

28 août. — M. Daime, ingénieur, président de la Société 

bas-alpiûe, est nommé officier d'Académie. 
22 septembre. — Élections législatives : électeurs inscrits, 
38,924; votants, 30,809. Sont élus députés des 
Basses-Alpes : MM. Deloncle, à Gastellane; 
Fouquier, à Barcelonnette ; Isoard, à Forcal- 
quier; Mac-Adaras, à Sisteron, et Reinach, à 
Digne. 

29 septetnbre. — Inauguration, à Digne, d'un musée dé- 

partemental et ouverture d'une exposition de 
peinture. 

4 octobre. — M. le marquis de Villeneuve, de Valensole, 
est élu député à Calvi (Corse). 

7 octobre. — Révocation de M. Cbardousse, maire de 
Puimoisson. 

28 octobre. — Le ministre de la guerre décide l'établisse- 
ment d'un nouveau fort sur notre frontière, près 
de Tournoux. 

iO novembre. — Séance annuelle, à Forcalquier, de l'Athé- 
née de cette ville, sous la présidence de M. Plau- 
chud. 

Î4 novembre. — Validation des élections de MM. Deloncle, 
Isoard et Reinacb. 

i5 novembre. — Validation de l'élection de M. Mac- 
Adaras. 



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-29i- 

2i novembre. — Dépôt par M. Reinach d'un projet de 

loi sur la presse. 
28 novembre > — Validation de l'élection de M. Fonquier. 
2 décembre. — M. Julienne, sous-préfet de Barcelonnette^ 

passe à Gex, remplacé par M. Manîette, chef de 

cabinet de préfet. 

5 décembre, — La station séricicole de Lourmarin (Vau- 

cluse) est transférée à Manosque. 

6 décembre. — Ouverture d'un crédit de 85,000 francs 

pour le chemin de fer de Forcalquier à. Voix et 
àApt. 
iô décembre. — Les assises des Basses-Alpes, faute 
d'affaires, n'ont pas lieu. 

Ernest De GROZET. 



Henri-Félix de TASSY 

ÉVÊQUE DE DIGNE 
QUE3L.QUE2S MiOTS SUFt SA FAMIlLilLiB 



Franooît-Féiix d» TA SSY (f 5 août 1676). 



CJuriet-FraBÇois-Félix de TASSY (f «S mai 1703). Henri-Félix de TASSY (1639-1711), 

— ^^i^^ _ l'Bwa^^ éTèoue de Dirae. 

Charle«.LoQU-Féliz de TASSY, (né le 29 juillet 1676.) 



On lit dans Saint-Simon (Mémoires), à l'année 1708 : 
€ Félix, premier chirurgien du roi, mourut vers ce temps, 
laissant un fils qui n'avait point voulu tâter de sa pro- 
fession. > 

C'est sous ce seul prénom de Félix qu'était alors ordinai- 
rement désigné Charles -François -Félix de Tassy, qui 
naquit à Paris et y mourut le 25 mai 1703, encore assez 



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— 295- 

jeune. Il était le fils aîné de François-Félix de Tassy, 
originaire d'Avignon et premier chirurgien de Louis XIV. 
On peut renvoyer les lecteurs désireux de connaître à 
fond cet illustre praticien à trois ouvrages où il est assez 
longuement question de lui : Baijavel, Dictionnaire histo- 
rique du département de Vaucluse ; Eloy, Dictionnaire 
historique de la Médecine ; Bayle, Encyclopédie des 
Sciences médicales. Mais on peut à la rigueur se contenter 
de savoir que François-Félix avait déjà, de son vivant, une 
très grande réputation et que Louis XIV et sa cour le 
tenaient en très haute estime. Racine raconte (Abrégé de 
l'Histoire de Port-Royal) qu'il fut envoyé à Port-Royal, 
en 1656, et après les attestations des premiers chirurgiens 
de Paris (1) pour faire une enquête au sujet de la guérison 
de Mademoiselle Marguerite Périer par la Sainte Épine. 
« La reine mère y envoya M. Félix, premier chirurgien 
du roi, estimé généralement pour sa grande habileté dans 
son art et pour sa probité singulière, et le chargea de lui 
rendre un compte fidèle de tout ce qui lui paraîtrait de ce 
miracle. M. Félix s'acquitta de sa commission avec une 
fort grande exactitude. Après avoir interrogé religieuses 
et chirurgiens et examiné la pensionnaire, il déclara que 
ni la nature, ni les remèdes n'avaient eu aucune part à 
cette guérison et qu'elle ne pouvait être que l'ouvrage de 
Dieu seul. » Puis, à la suite des contestations que ne 
manquait pas de soulever cet événement fameux, M. Félix 
fut de nouveau envoyé à Port-Royal, où il certifia encore 
une fois t et la vérité du miracle et la parfaite santé où il 
avait trouvé cette demoiselle ». Ajoutons que, malgré les 
affirmations catégoriques de Félix, la question était loin à 
cette époque d'être tranchée, qu'elle prêta encore pendant 
plusieurs années aux discussions les plus savantes des 



(1) Citons parmi eux les noms connus de Dalencé, Cressé, Bouvard, Hamon, 
les deux Renaudon. 



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savavtii les plus autorisés et (m'iï ne fallut rien moins que 
totrs les événements (ïui se succédèrent bientôt après, 
pendant le règne de Louis XIV, si chargé de grosses 
affaires, po^r distraire les esprits de ce qui les avait 
occupés pendant si longtemps (1). 

François-Félix mourut à Paris le 5 août 1676. Son fils 
aîné, Gharles-François-Félix, plein de goût pour le métier 
de son père, travaillait déjà depuis quelque temps sous sa 
direction. A sa mort, il prit la place de premier chirurgien 
du fôî, chose toute naturelle si Ton tient compte des 
servies rendus au roî par François-Félii et de r&mitié 
qu'il: ft'atait cessé de lui témoigner. 

Le nouveau premier chirurgien est de suite très bien en 
couj^ et surtout très occupé, du moins à eh croire M^e dé 
Sévigné, qui a en lui la plus grande confiance. Dès 1677, 
elle « crie » qu'on fasse voir à M. Félix le talon de son 
fils malade. ^ M. Félix h'a pas le lolsfr et le temps passe 
(28 juillet 1677). * Regarder un talon eût pourtant été vite 
fait. Il est vrai qu'un chirurgien du roi ne se doU pas ft 
tout le monde. Plus tard, ce qui acheva de valoir à Félix 
lés bonûes gr&ces de Louis XIV fut cette fameuse opération 
de la fistule à Tanus dont On s'inquiétait tant à la cour à 
cette époque et qui, comme le grain de sable de Gromwell, 
fut un moment sur le point de changer la face des Choses 
en Europe (21 novembre 1686). Une heureuse fortune servit 
Félix, et le roi, miraculeusement guéri, le combla de 
faveurs. Il est vrai qu'il ne fut pas toujours aussi heureux 
dans ses opérations. Mm« de Sévigné, — car c'est à elle 
qu'il faut toujours revenir quand on veut étudier les 
petits côtés de cette époque, — nous apprend que Pélii 
saigna M. de Niel^ premier valet de chambre du roi, et 
qtf 11 fut assez maladroit pour lui couper l'artère. Il fallut 



(1) Est-U nécessaire de rappeler que la fin du règne du Qrand Roi derait 
éfre marquée par les mirade$ non moins extraordinaires dent fat le théâife 
le tombeau du diacre Paris ? 



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-297- 

lui faire à l'instant la grande opération (1), et M^»^ de 
Sévigné ajOTite très malicieusement : < Je ne sais lequel Je 
plains le plus ou de celui qui Ta soufferte oU d'un premiei^ 
chirurgien du roi qui pique une artère (12 décembre 1687). » 
Mais enfin, malgré la boutade ironique de Mm« de Sévî^né, 
ce sont là erreurs permises à des chirurgiens. Quoi qu'il 
en soit, Gharles-François-Félil est à cette époque apprécié 
comme chirurgien et estimé comme homme privé. Il est 
lié d'amitié avec Racine et Boileau, dès le temps de leur 
jeunesse. Il suffit de feuilleter la correspondance des deux 
illustres amis pour y trouver à chaque page le nom de 
Félix : — « Je vous conjure de faire bien mes recommanda- 
tions au cher M. Félix; faites-îui bi«n mes baise-mains. » — 
Et ailleurs (21 juillet 1687) ces paroles touchantes de sincère 
amitié : « Mes recommandations au cher M. Félix, et j« vous 
supplie, (tûLdind. même je l'aurais oublié dans quelqu'une de 
mes lettres, de supposer toujours que je vous aie parlé' de 
lui, parce que mon cœur l'a fait, si mfa main ne Fa pas 
écrit. » Une autre fois. Racine, alors historiographe du roi, 
écrit à Boileau : « Votre laquais n'aura qu'à me demander 
et à me chercher dans l'appartement de M. Félix (9 juil- 
let 1693). » 

Enfin, plus tard, quand Marguerite Brochant, seconde 
femme de Félix, est malade, c'est encore par Racine que 
nous avons des nouvelles de sa santé : t Madame Félix a 
été extrêmement malade d'un rhumatisme sur la vessie et 
sur les parties voisines ; mais je la crois hors de péril 
(Racine à Jean-Baptiste Racine, 27 février 1698). » 

Félix mourut en 1703 et eut pour successeur dans sa 
charge Maréchal, son ami, qui conserva ces hautes fonc- 
tions jusque sous Louis XV. 



(1) Bappelons que le père dd Charles-François-Félii n*aTait pu guérir 
d*une cruelle blessure Alphousû Hancini« neveu de Maz&rin, blessé au jou de 
berne, en décdaibre 1057. 



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-298- 

Ges grandes et puissantes amitiés ne contribuèrent pas 
médiocrement à la faveur dont jouit le frère de Gharles- 
François-Félix, fils cadet du premier Félix. Il n'était nulle- 
ment porté par ses goûts vers le métier de son père et de 
son frère. La vie ecclésiastique avait pour lui plus 
d'attraits que les petits secrets de la santé royale. D'abord 
trésorier de la sainte chapelle de Vincennes, puis archi- 
diacre de la métropole d'Auch, Henri-Félix, qui avait 
obtenu le titre de docteur en Sorbonne, se trouva bien 
vite désigné pour l'épiscopat. En septembre 1675, quand 
Jean de Yintimille du Luc fut appelé au siège de Toulon, 
Henri-Félix fut nommé évoque de Digne, r Nous trouvons 
cette nomination consignée dans les mémoires du temps. 
N'est-ce pas une preuve de la grande faveur dont jouissait 
alors cette famille des Félix? Mm« de Sévigné (lettre 
du 20 septembre 1675) écrit : « Le fils de Félix est évêque 
d'Apt ou de Gap. > Dans sa précipitation à donner à sa 
fille les nouvelles de la cour et de Paris, M^e de Sévigné 
n'a pas eu soin de prendre de sérieuses informations. Elle 
répare bientôt son erreur. Quatre jours après, à la date 
du 24 septembre 1675, elle écrit à M^e de Grignan : » Nous 
avons appris les nouvelles de la cour qui ne sont pas en 
grand nombre cet ordinaire. M. Félix, — le prénom seul 
comme pour le père, — n'est point évoque de Gap, c'est de 
Digne. > Et elle félicite sa fille d'avoir presque à ses côtés 
deux évoques aussi distingués que lui et M. de Saint- 
Paul, l'évoque de Saint-Paul-Trois-Ghàteaux, dans la 
Drôme. « Plût à Dieu que nous en eussions autant dans 
cette province ! » M^e de Sévigné était alors à la Silleraye, 
près de Nantes. 

Henri-Félix de Tassy fut sacré le 6 décembre 1676 dans 
l'église des Grands-Augustins de Paris. Mais l'effroi que 
lui inspirait une résidence épiscopale dans une ville aussi 
éloignée de Paris, dans ce pays perdu dont M^e de Sévi- 
gné savait à peine le nom, le décida très probablement à 
intercéder ou à faire intercéder auprès du roi pour qu'on 



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lui donnât un autre évôché. Ce fut chose facile. Six mois 
après, le 18 juin 1677, Henri-Félix fut appelé à Tévêché 
de Ghàlon-sur-Saône (1). 

Il y succéda à Jean XIII de Maupeou (1658-1677). C'est là 
qu'il mourut, après 84 ans d'épiscopat (11 novembre 1711). 

Charles-François-Félix, le frère aîné de Henri, avait eu 
un fils, Charles - Louis - Félix , celui dont Saint-Simon 
affirme qu'il n'avait point voulu « tâter de la profession 
paternelle ». Il était né le 29 juillet 1676 de Marguerite 
Brochant, seconde femme de Félix, dont nous avons déjà 
eu l'occasion de dire un mot, l'année môme où son oncle 
Henri devint évéque de Digne et quelques jours avant 
la mort de son grand père François-Félix (5 août 1676). 
De bonne heure, il avait manifesté pour la vie mondaine 
de sérieuses dispositions. Peut-être l'exemple de la demi- 
sujétion où vivait son père, où avait vécu son grand-père, 
l'avait-il détourné d'une carrière où il n'aurait pas été son 
' maître. Quoi qu'il en soit, nous trouvons assez souvent 
son nom dans les lettres de Racine. Il était, en effet, très 
lié avec le fils aîné de l'illustre poète, comme si l'amitié 
des pères devait se reporter tout entière sur les enfants. 
Ils étaient, d'ailleurs, à peu près du même âge, puisque 
Jean-Baptiste Racine n'avait que deux ans de plus que 
lui (2), et manifestaient probablement les mêmes goûts 
mondains. A la date du 24 juillet 1698, nous trouvons ces 
mots dans une lettre de Racine à Jean-Baptiste : « M. Félix, 
le fils, est tel que vous l'avez laissé, attendant sans aucune 
impatience qu'on le marie. Monsieur son père lui veut don- 
ner la fille de M. de Montarsy, à qui on donne 50,000 écus. 
Mais Mme Félix s'y oppose tête baissée et pleure dès qu'on 
lui en parle. Elle a pris je ne sais pourquoi cette alliance en 



(1) n prit possession de son siège le 87 mai 1678 et " jnra fidélité au 
roi „ le 19 avril. 
(8) J.-B. Racine était né le 11 norembre 1678. 



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-800- 

aversioo^et celajetteiinpeu de froideur dans le ménage. > 
Pourtant Mme pélix finit par céder. Ge ne fut probablement 
pas sur les instances de son fils, le principal intéressé, 
dont le caractère nous paraît avoir eu un grand fond 
d'indiSérence. Il est donc probable qu'il se laissa conduire 
au sacrifice sans enthousiasme, mais aussi sans protesta- 
tion. Il fit sa fin et épousa, six mois après, les 50,000 écus 
de Mii« de Montarsy (11 Janvier 1699). Remarquons, en 
passant, que c'est l'année même de la mort de Jean Racine. 
A partir de cette époque, nous perdons Gharles-Louis-Félix 
de vue. Il est probablement entré dans la grande plialaage 
des maris oaodèles, et, comme il ne se passa rien d'anormal 
dafis son ménage, son nom ne figure plus ni dans les 
mémoires, ni dans les lettres du temps. 

G. AtJBIN. 



Les Organismes mîeroseopiques 

DJ53 I^A OFiAI^I>£]-F02VnrAIIV£I 

A O I G N B 



La Grande-Fontaine de Digne, remarquable par son 
élégante arcbitecture et sa situation pittoresque, offre 
un intérêt de plus dans cette végétation de mousse qui 
s'est si abondamment développée autour de ses déversoirs. 
Ses eaux limpides et fraîches ruissellent à travers cette 
parure naturelle et viennent déposer sur les parois et 
la margelle du bassin une couche de matière brune et 
visqueuse, qui indique à première vue l'existence d'orga- 
nismes microscopiques. 

La description d'un certain nombre de ces êtres fait 
l'objet de la présente note. Peut-être le sujet est-il un peu 



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spécial ; toutefois les études de ce genre sont & Tordre du 
jour, et j*ai pensé que mes excellents confrères de la 
Société scientifique ne seraient pas fâchés de connaître les 
habitants et les plantes invisibles de la Grande-Fentarâe. 

Nous allons donc, armés d'un bon mi<5roscope de 
Nachet, les présenter au lecteur. 

Prenons d'abord un échantillon d'eau dans le milieu 
du bassin, pour Tavoir très pure/ Prenons en un autre au 
trop-plein qui déborde de la margelle et qui entraîne, par 
conséquent, une partie de cette matière brune dont nous 
avons parlé. A la vue simple, ces deux échantillons ne 
diffèrent en rien ; nous allons voir cependant qu'il y a 
une quantité bien plus grande d'organismes dans le 
second. 

Il serait trop long d'examiner toute cette eau; nous 
allons procéder comme dans toutes les analyses de ce 
genre. Quelques gouttes d'une solution d'acide osmique, 
et tout ce qui est vivant tombera au fond du vase. En 
laissant reposer un temps suffisant et décantant avec 
précaution, nous pourrons examiner le léger dépôt qui se 
trouvera dans chacun des récipients. 

Voyons d'abord l'échantillon pris dans le bassin. Après 
avoir fait passer sous le microscope la totalité du mucus 
obtenu, voici ce que nous rencontrons (fig. 1>: des diatomées 
et des protozoaires. 

Les diatomées sont de charmantes algues dont les 
formes varient à l'infini et rivalisent d'élégance. Pour 
définir une diatomée en quelques mots, disons qu'elle est 
formée de deux valves siliceuses transparentes comme «le 
cristal, sillonnées de stries délicates ou parsemées de 
perles. Ces deux valves renferment le -protoplasme 
incolore et une substance voisine de la chlorophylle, 
colorée quelquefois en vert tendre comme elle, ou le plus 
souvent en jaune ambré. Chaque diatomée est semblable 
à un écrin transparent qui enfermerait une émeraude ou 
un topaze. 



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-302 — 

Deux diatomées flottaient dans notre premier sondage. 
Une d'elle, fort abondante dans les eaux de bonne qualité, 
Diatoma vulgaris^ qui se présente ici en un bel 
échantillon ; ses fjrustules (1) sont adhérents les uns aux 
autres en chapelet ; c'est un bon exemple de la multipli- 
cation de ces algues par scission. L'autre diatomée est 
Diatoma viridis, remarquable par sa forme en petit 
pain. Dans la partie gauche de la figure, s'observe un 
exemple de multiplication des diatomées par rénovation. 
La multiplication par dédoublement réduit, k chaque 
frustule nouveau, la taille de l'espèce. Toutefois, cette 
diminution de taille a une limite ; quand elle est atteinte, 
la diatomée s'entoure d'une substance gélatineuse et au 
bout d'un temps donné, écarte ses valves ; un nouveau 
frustule s'en échappe, grandit et reproduit l'espèce à son 
maximum de taille. 

C'est en cela que consiste le phénomène de la rénovation. 
Ce n'est pas le lieu d'examiner les discussions des 
micrographes sur ce genre de reproduction, fréquent 
dans les algues inférieures. Les uns y voient un simple 
renouvellement(?) de la cellule; d'autres veulent qu'il y 
ait dans la cellule une partie mâle et une partie femelle 
et, par suite, une vraie conjugaison. Cette dernière opinion 
parait la plus probable, mais n'est pas admise par tous. 

Nous en finirons avec les diatomées en général (sans 
avoir épuisé le sujet, il s'en faut), en disant qu'elles 
peuplent les eaux saines, courantes, limpides. Certaines 
espèces sont marines. L'Océan en est couvert sur des 
surfaces immenses, dans les mers froides plus particu- 
lièrement. Beaucoup de lacs en sont peuplés, et, comme 
fossiles, elles forment presque entièrement le tripoli. On 
en trouve à tous les étages géologiques. Leur taille est 



(1) On nomme /rtutule renreloppe silicease de la diatomée; «ndocArOffM la 
partie interne colorée. 



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toujours infime. Diatoma vulgaris et Navicula viridis, 
dont il est question ici, atteignent âe5 à 20 centièmes 
de millimètre. 

Sur le môme dessin que ces deux diatomées figurent 
d'autres organismes microscopiques. Les deux masses 
arrondies en forme de nid sont édifiées par un être auquel 
on reconnaît une nature franchement animale; c'est un 
rhizopode d'eau douce, intermédiaire entre les amibes et 
les foraminifères proprement dits ; il est de la famile des 
gromidés, avec cette particularité qu'à l'enveloppe 
chitineuse dont se "contente le gromia d'eau douce il 
a adjoint de menus matériaux sablonneux. L'animal qui 
habite ces retraites nitidiformes n'a ni estomac, ni organe 
difTérencié : c'est du protoplasme vivant, qui émet des 
pseudopodes, longs filaments hyalins qui partent d'un 
point quelconque de son corps et lui servent d'organes 
de préhension et de nutrition pour les proies plus micros- 
copiques que lui-même dont il fait sa nourriture. 

Du reste, j'ai observé dans l'eau (non intoxiquée) de 
la Grande-Fontaine un autre rhizopode que je n'ai vu 
figuré nulle part et que j'ai dessiné dans le bas de la 
flg. 1, avec le no 6. Au moment où je l'ai aperçu, il se 
présentait sous la forme de deux masses arrondies, 
géminées, sans aucun prolongement ; on aurait pu le 
prendre pour un infusoire contracté ; mais il ne tarda pas 
à émettre des filaments très fins, qui s'anastomosèrent 
de chaque côté des petites masses, puis s'étendirent en 
nombreux pseudopodes^ tels que les montre le dessin. 
Ce sont bien là des pseudopodes : un choc sur le porte- 
objet les faisait se contracter ; un instant de repos 
inspirant sans doute confiance à l'animal, ils reparais- 
saient comme auparavant. 

Avec ce rhizopode, se voient deux autres protozoaires, 
des Actinosphœrium, qui appartiennent à un autre ordre, 
les héliozoaires. Ceux-là, plus avancés en organisation, 
possèdent souvent une vacuole centrale avec noyau. Ils 



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-304- 

ômettent aussi des pseudopodes et sont armés .de longs 
spicuJes siliceux, que leur raideur et leur immobilité font 
aisément distinguer des pseudopodes. L'un des deux 
actinospbœrium a emprisonné dans sa masse sarcodique 
une diatomôe destinée sans doute k son déjeûner. 

Nous avons terminé l'examen de notre premier sondage. 
Il ne nous a montré que des organismes absolument 
inoffensirs. L'eau de la Orande-Fontaine est donc d'^ne 
grapde pureté, au point de vue de l'analyse microscopique. 

Examinons maintenant le deuxième écbantillon, pris 
k la margelle du bassin. lise développe sur ce point uae 
vraie forêt d'algues filamenteuses. Aussi voyons-nous à 
la fois des spirogyres, des oscillaires, des zygnémées, 
upe clostérie, des diatomées et plusieurs animaux 
microscopiques. 

.Comme Je crains de n'amuser que médiocrement le 
lecteur par une étude aussi spéciale, je vais passer briève- 
ment. Nous venons de voir ce qu'est une diatomée ; il y 
en a ici quatre autres espèces, Cocconema gastroïdes^ 
Synedra çapitata, S. Gaillonii et une Cyclotella 
brisée. Cocconema gastroïdes est intéressante par la 
taille qu'elle acquiert à la Grande-Fontaine ; c'est une 
^a^topiée qui vit attachée à un filament bien visible ici. I^es 
oscillaires, autres algues, sont remarquables par pn 
mouvement continuel de va et vient, une oscillation qui 
n'a pas de cesse. Les spirogyres sont des tubes transpa- 
rents, cloisonnés, dans lesçiuels s'enroulent des spirales 
du plus beau vert. Les zygnémées sont leurs proches 
voisines en organisation. Ce grand fuseau courbé, dont 
la longueur égale presque le diamètre du champ, est 
]ine clostérie, plante bizarre qui, comme la plupart de ses 
congénères, n'a ni racines, ni tige, ni feuilles, et se promène 
dans l'eau en pirouettant successivement sur chacune 
.de ^ses pointes, se dirigeant toujours vers la partie la plus 
éclairée. A ses deux extrémités sont deux vacuoles 
[remplies de cristaux organiques, agités d'une trépidation 
continuelle. 



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-306- 

A toute cette flore spéciale s'ajoute une zoospore, 
organe fécondé d'une algue qui, après avoir Joui de la 
faculté de locomotion pendant quelque temps, se fixe, 
développe son thalle et reprend la vie végétative. 

D'autres êtres, appartenant bien au règne animal, se 
remarquent dans le dépôt que nous étudions. C'est un 
amibe ayant absorbé des diatomées. Tout le monde sait 
qu'un amibe est une goutte de protoplasme vivante, 
indépendante, sans organes visibles, véritable protée, 
changeant de forme à chaque seconde, s'étendant de ci, 
puis de là, sans jamais arrêter sa silhouette. Voici de 
véritables infusoires, un flagellé, un cilié, des œufs de 
daphnie, toute une faune qui donne cependant une bien 
faible idée de la population des eaux stagnantes. Car, 
tout abondant en organismes que soit notre second 
sondage, il représente encore une eau d'une grande 
pureté. Il ne renferme rien de nuisible. Pas de bactéries, 
vibrions, spirilles, microbes désagréables, facteurs de 
nombreuses maladies. 

Nous terminerons cette promenade dans le bassin de la 
Grande-Fontaine, en souhaitant qu'elle n'ait pas trop 
fatigué les lecteurs du Bulletin et en félicitant les 
habitants de Digne de boire une eau dont la pureté ferait 
envie aux Parisiens et aux habitants de beaucoup de 
grandes villes. 

BACHELARD. 



Figure i. — i Navicula viridis ; — S Diatoma vnlgaris; — 
3 Gromia ; — 4 Aetinosphœriain ; — 5 Diatomée en rénovation ; ~ 
6 Rhizopode d'eau douce. (Sp. nov. ?) ' 

Figure 2. -^ i Gocconema gastroldes ; — S Synedra capitata ; — 
3 S. Gaillonii ; — 3' variété ; — 4 Cvclotella (brisée) ; ~ 5 Glostérie 
avec un infosoire ; — 6 Ghlamidoaon ; — 7 Desmidiée ; — 8 Spi- 
rogyre; — 9 Zoospore en germination; — lOnongermée; — 
il Zygnémée ; -— 12 Oscillaires ; — 13 Infosoire flagellé ; — 
14 Infosoire cilié ; — 15 GBofs de daphnie ; — 16 Ecaille de 
papillon (corps accidentel) ; — 17 Grain de sable ; — 18 Oistaox de 
carbonate de chaux ; — 19 Amibe. 21 



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— 806 — 

MATHON VICUS 



Il est rapporté dans les Actes ou Vie de sainte Con- 
sorce qne cette sainte se retira, après la mort de ses 
parents (1), dans son domaine de Mathon victis^ où elle 
fit bâtir une chapelle en l'honneur de saint Etienne, pre- 
mier martyr, et fonda un hospice à ses frais. La ditQcultô 
est de déterminer l'emplacement de ce vicits. 

D'abord, une remarque sur l'orthographe du mot. Ma- 
billon a lu Mocton (Acta sanctorum henedictinorum^ 
t. I, p. 237, éd. de Venise, 1733). Le P. Chifflet, qui, le 
premier, a édité les Actes de sainte Consorce^ et avec lui 
tous les modernes, écrivent Matton ou Maton, J'ai cru 
devoir adopter la. forme ci-dessus, d'après un manuscrit 
du XI« ou XII« siècle, qui se trouve à la Bibliothèque 
nationale (Fonds latin, Nouv. acq., n® 2261). Pour être 
complet, j'ajouterai qu'entre Mathon et vicus il y a un 
deleatur : on dirait deux points superposés et barrés. En 
outre, il faudrait probablement lire Mathonis^ à cause de 
l'accent qui est sur l'n ; mais ceci n'a que l'importance 
d'un changement de cas, c'est-à-dire aucune. 

Maintenant, où faut-il placer ce bourg énigmatique ? 
Un bollandiste, le P. Ghesquière, mort au commencement 
de notre siècle, a pensé que ce pourrait être Saint- 
Etienne -les -Orgues et l'Hospitalet (Acta sanctorum^ 
t. V Junii, p. 218). Il ne faut pas chercher de ce côté. 
Columbi le place à Montaigut, au quartier de Fourmi- 
guier, terroir de Manosque (Maniùascœ liber tertius^ 
no ZO). La présence, en ce lieu, d'une chapelle dédiée à 



(1) Consorce était la flUe atnée du sénatem Eacher, qui d«mt plus tard 
ëTfique de Lyon et moanit vers 450. Le souyenir et le nom d'Euclier sont 
restés attachés à une grotte située sur les bords de la Burance, dans le 
terroir de Beaumont (Vauduse). Tullie ou Tulle, qui a donné son nom an bourg 
de Sainte-Tulle, était sorar de Consorce. 



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- 807 - 

SaiDt-Ëtienne n'est pas suffisante pour conclure que c'est 
celle de sainte Goncorce; or, l'auteur manosquin n'en 
donne pas d'autre motif. 

Les partisans de Topinlon d'après laquelle saint Bûcher 
et sa famille auraient vécu sur le littoral méditerranéen 
croient avoir trouvé notre vicies dans Mandelieu, à quel- 
ques kiiomètrçs de Cannes (1). c il est fait mention de ce 
village dans les chartes du moyen âge, dit le P. Gouilloud 
(p. 98^ sous les noms de Matovicus, Mandalocus^ Manta- 
lO(MS. » À la manière dont il cite ces diverses formes du 
nom latin de Mandelieu, l'auteur n'y semble voir que des 
variantes. Pourtant, qui n'est flrappé de la différence qui 
existe entre la première et les deux autres ? Celle-là 
n'est point une variante ; c'est un autre mot. Il est bien 
regrettable que le P. Gouilloud n'ait indiqué aucune des 
chartes où il a lu Matovîcus. 

Àntelmi, qui a également étudié la question à ce point 
de vue, n'a pas rencontré cette forme, mais Mantoluocus, 
Mandoluocus; il est vrai qu'il parle de manuscrits pos- 
térieurs au moyen âge {Assertio^ etc., p. 94). Le cartulaire 
de Lérins (pp. 2 et 8) donne deux chartes de cette époque, 
une de 10d4, l'autre de 990 environ : Mandelieu y est 
appelé Mandallociis, Mandanslocus. De mon côté, j'ai 
vu, aux archives des Bouches-du-Rhône, une charte de 
1134 où on lit Mandolocus (2). 

S'il était prouvé que Mandelieu s'appelait jadis Mato- 
vicus^ la question serait bien près d'être vidée ; mais la 
preuve reste à faire. Qu'on montre les titres. 

Quant à la tradition locale sur laquelle on s'appuie, elle 
est loin d'être aussi bien établie qu'on veut le dire ; car 
ainsi que nous l'avons constaté, & notre tour, sur les 

(1) J. Antelmi (ÂMtrtio fro im^o Suohtriot in-4% Paris, 17^6) ; Oûrardin, 
euré de Frëjnis, t en lUôAt (Deteriptim l^tcriq^ du dioeèêt de Fréfuê, ms. 
publié pitf rabbé BUdier ea 1^72); GohîUoi^ (^qiaa^^idUr, iii-8% Lyon, 1881). 

(8) B. 8, Be9. Uridi, P 887. 



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-308- 

lieux (1), elle se réduit au souvenir d'un hospice qui ap- 
partenait au chapitre de Grasse avant la Révolution. Le 
nom de sainte Gonsorce n'est attaché à aucun monument, 
à aucun quartier, et des suppositions gratuites lui attri- 
buent seules la fondation de cette maison de charité. 

Notre tradition bas-alpine, qui veut que Gonsorce ait 
fini ses jours à TËscale, sans être aussi satisfaisante qu*on 
le désirerait, a du moins l'avantage d'être corroborée par 
un monument : c'est une chapelle qui s'élève à quelques 
pas de l'église paroissiale et est placée sous le vocable de 
la sainte. Elle est fort ancienne, puisqu'elle est mentionnée 
dans une charte de donation de l'an 1064 (2). Par cet acte, 
Pierre de Volone donne en propre alleu à Saint- Victor de 
Marseille les églises de Sainte-Marie et de Sainte-Gon- 
sorcequiontété fondées dans le lieu nommé Mandanuis(^). 
La désignation de Mandanuis, MandanoiSy Mandanoys^ 
Mandonoicus^ est appliquée par d'autres chartes à 
l'église de Sainte-Marie, au monastère, au cimetière, à la 
villa (4). 

Le lecteur ne manquera peut-être pas de faire un rap- 
prochement entre Mandanois^ Mandonoicus. et notre 
Mathon victis. On ne peut rien conclure d'une donnée que 
J'estime tout à fait insuffisante ; mais à ceux qui opposent 
des arguments de ce genre, il me sera permis de répondre 
que la similitude est au moins aussi grande qu'avec 
Mandalocus (5). 

(1) Le P. Gonilloud assure qu'il Ta étudiée sur place. D aurait dû yenir 
aussi dans la Tallée de la Durance, qui est pleine des souTenirs de saint 
Sucher et de ses deux iUles. 

(2) Cwrtulaire de Saint- Victor, charte 708. 

(8) Le cartulaire de Saint-Victor écfit Mandanmus (charte 708). J'ai tu la 
mdme charte aux archires des Bouches-du-RhOne; elle porte Ifanclaimw 
(Fonds inédit de Saint-Victor, liasse H. 40). 

(4) Carhdaire, etc., chartes 707, 708, 844, 871, 922, 978, 1181. 

(5) Le nom de Mandanaû, inconnu aujourd'hui dans la localité, se lit 
encore dans les livres terriers des XV* et XVI* siècles, sous la forme 
MandanojfÊ, JUandanom, TL y désigne le quartier * qu.'mt derrière Sainte' 
Ooneoree . (la chapelle actuelle). 



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La chapelle en question se trouve dans le hameau qui 
porte le nom de Y Hôte. Avec un peu de bonne volonté, on 
pourrait également voir dans ce nom un souvenir de 
Vhospîce fondé par sainte Consorce. Mieux vaut avouer 
la pénurie de nos documents que de recourir à de pareils 
arguments. 

On peut, du moins, affirmer qu'un établissement de 
charité n'était nullement déplacé à l'Escale, soit à cause 
de l'importance de la localité, soit à cause de sa position, 
qui en faisait un lieu de passage par terre et par eau. Les 
découvertes archéologiques qui se font depuis plusieurs 
années au quartier du Bourguet (1) jettent un jour inté- 
ressant sur l'histoire de ce pays, aux premiers siècles de 
notre ère, et permettent d'affirmer qu'il a eu quelque im- 
portance. En minant sa rive gauche, la Durance a mis à 
nu des constructions romaines, des inscriptions, des orne- 
ments d'architecture et une foule de menus objets (sta- 
tuettes, médailles, poteries, outils, etc.), tous d'origine 
païenne. 

Comme construction, la chapelle actuelle de Sainte- 
Consorce n'a aucun caractère d'antiquité, si ce n'est peut- 
être dans la partie basse de l'abside. Ce qu'elle olfre de 
plus remarquable et assurément de très ancien, c'est 
une pierre sur laquelle sont grossièrement sculptées deux 
colombes buvant dans un calice (2). On a eu le bon sens 
de conserver ce débris de la vieille chapelle et de le mettre 
en évidence, en l'encastrant dans le mur au-dessus de la 
porte d'entrée. Grandeur : 40 centimètres sur 20 environ. 



(1) Ce nom de Bourgaei, gai s'est conserré jusqu'à nos jours, nous le 
trouTons dans uno charte de 1189 ou 1190, où nous Toyons qu'à cette 
époque on distinguait les habitants de l'Escale et ceux du Bourguet (Ow' 
fulotre, etc., charte 978). 

(9) Dans cotte représentation, les colombes figurent l'âme affranchie des 
liens du corps, qui a pris son toI Ters les demeures étemelles, et le calice 
dans lequel elles se désaltèrent symbolise les délices et les joies du paradis. 



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-310- 

L*autel primitif a également sUfVècu. C'est Utt ôube de 
pierre dure, haut de 80 centimètres, dont quelques détails 
singuliers feraient présumer qu'il avait d'abord servi a 
un autre usage. Il est sous le tombeau de Tautel moderne. 

Conclusion. Jusqu'à présent on manque de données 
suffisantes pour fixer d'une manière sûre l'emplacement 
dû Mathon Meus. On ne donne aucun argument sérieux 
en faveur de Mandelleu. 

L'Escale peut, avec quelque raison et jusqu'à preuve du 
contraire, continuer à revendiquer l'honneur d'avoir pos- 
sédé le tombeau de sainte Consorce, sa patronne de tetnps 

mmémorial. 

A. ANDRtEO. 



UNE PROMENADE 
A MALLEFOUGASSE ET A SAINTDONAT 



Si d'aventure vous alliez à Saint-Donat, passez par 
Mallefougasse. Cest un village qui ressemble à tous les 
villages. Il n'est pas joli, joli. Mais il renferme trois 
monuments historiques : 1^ la tour de son clocher, en pur 
style roman; 2o l'auberge du Repos^ au retour d'Afrique; 
3» Ici l'auteur est embarrassé. Le troisième monu- 
ment n'a rien d'architectural, ni de tangible. Ce sont plutôt 
de simples souvenirs. Allez à Mallefougasse, et chacun 
vous parlera de ce bon abbé Monier. Cest lui» le troisième 
monument. 

Il y a longtemps qu'il est mort; mais de quelle touchante 
vénération on entoure encore sa mémoire t On s% ri^ipelle 
avec attendrissement le zèle qu'il déploya en 1848^ 
lorsqu'il alla bénir l'arbre de la liberté. Il voulait bi«n le 
bénir, puisque ses ouailles y tenaient. Mais l'abbé ne put 
dissimuler son extrême embarras. La cérémonie n*était 



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-31i- 

point prévue par le rituel. Quelles prières faut-il chanter ? 
demandait-il à ses paroissiens. Les paroissiens répondaient 
que les prières importaient peu ; l'essentiel c'était de 
chanter. 

On alla donc bénir le peuplier et saluer Tavénement de 
la République. Tout Mallefougasse était autour de son 
arbre de la liberté. Alors, d'une voix forte, vibrante 
d'enthousiasme, le curé et les fidèles entonnèrent ce chant 
Joyeux : Parce^ Domine^ parce populo tuo. 

Le môme abbé Monier vit un jour à Marseille^ avec 
stupéfaction, des hommes qui se tenaient sur l'eau, des 
hommes qui nageaient (1). Il revint & Mallefougasse, l'esprit 
hanté d'une seule préoccupation : il voulait apprendre à 
nager. Mais à Mallefougasse on ne trouve pas une goutte 
d'eau. Il y a bien une fontaine; quelquefois même, à ce 
que disent les gens du pays, elle coule. L'abbé Monier ne 
pouvait compter sur le faible débit de cette fontaine pour 
se livrer à ses exercices de natation. Il eut alors une idée 
géniale. Allez me chercher toutes les noix du village, 
dit-il à Misé Rouson, sa vieille bonne. 

Il y en eut bientôt trois pans dans sa chambre. Le curé 
exultait. Il ôte vite sa soutane et, animé d'une grande 
conviction, s'évertue à nager dans les noix. 

Gela faisait un beau tapage, pensez. Misé Rouson, tout 
ejGFarée., monte dans la salle... de bains et, devant un tel 
spectacle, ne put retenir un cri. Taisez-vous, malheureuse, 
lui dit Tabbé Monier ; vous avez failli me faire noyer ! 

L'autre monument de Mallefougasse, c'est l'auberge. 
Allons au Retour d'Afrique, nous dit le commandant de 
L., qui nous accompagnait dans notre excursion avec 
M. Saint-Marcel E. et M. G. T. Cette auberge a été ouverte 
en 1851 par un ancien marin qui, sur les bords du Nil, 
avait^ pour se distraire, apprivoisé plusieurs crocodiles. 



(1) Oh Obj^nord, d'UffèBO Plaochud. — Lan eiira< dt Moarirfougtmo. 



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-312 — 

Le commandant nous révèle qu'un jour des chasseurs 
arrivèrent au Retour d'Afrique, exténués, mourant de 
soif. Après avoir bu convenablement, ils recommencèrent 
à boire. Tout y passa, vin, piquette et parfait amour. A la 
fln, l'un des chasseurs, qui décidément voyait double, met 
la main sur une fiole. Il la presse tendrement sur son sein 
et boit à même le flacon : c'était de l'eau de Cologne. 

En route pour Saint-Donat. Avant de nous engager dans 
la rapide descente qui dévale à la Combe, nous ne pouvons 
nous lasser d'admirer les neigeuses dentelures des Alpes. 
La Durance se déroule, là-bas, avec des reflets miroitants, 
et, dans un lointain vaporeux, les rochers des Mées vague- 
ment se dessinent, en formes étranges, enveloppés d'une 
légère brume, comme d'une mousseline qui traîne. 

Nous voici maintenant devant la chapelle. Nous allons 
voir, d'abord, les ruines de l'ancienne église. M. l'abbé 
Andrieu a fait faire là des fouilles qui ont été l'objet 
d'intéressantes communications au comité de la Société 
scientifique et littéraire des Basses- Alpes. 

Le site est absolument sauvage. Des pans de mur, une 
petite tour, avec un escalier en spirale. Tout cela à ciel 
ouvert, à 20 ou 25 mètres au-dessous du sol. 

Nous descendons avec précaution. Un merle siffle et 
s'envole. 

La petite tour est enguirlandée de lierre. De la mousse 
un peu partout, avec des Cheveux de Vénus, capillaires 
finement dentelés et frémissant à la moindre brise. Les 
violettes, çà et là, exhalent un parfum d'une douceur infinie. 
Au-dessus de l'autel, d'une aubépine qui penche, tombe 
une neige de fleurs. 

Voilà tout ce qui reste de l'ancienne église qui fut, dit-on, 
brûlée par les Sarrasins. 

L'autre chapelle est plus moderne. Elle est transformée 
en maison de ferme. Tisté et Symphorose habitent ces 
lieux autrefois sacrés. Ce sont de braves gens qui, dans 
cette combe perdue, coulent des jours heureux. 



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-813- 

Ils nous racontent la vie de saint Donat, qu'ils connais- 
sent à fond. Le saint aurait, dans ce désert, goûté une 
tranquillité profonde. Mais plusieurs personnes dignes 
de foi soutiennent qu'un dragon lui donnait bien de la 
tablature. 

Tistô et Symphorose nous font visiter le monument. 
La nef est pleine de fourrage, et nous entendons les abeil- 
les qui, là-haut, bourdonnent autour des colonnes. Au fond 
de l'abside, nous nous arrêtons devant une fresque grossière : 
saint Donat luttant avec le dragon. La tête du saint est 
masquée par un gros jambon que Tisté a pendu à un clou. 
Mais, en écartant un peu l'obstacle, on voit très bien la 
peinture. Le saint regarde obtinément le serpent, et le 
commandant de L. regarde le jambon, en soupirant avec 
tristesse : Sunt lacrymœ rerum. 

Symphorose était émue : elle croyait que le commandant 
venait de dire une prière. 

Excellent déjeuner à côté de la chapelle. A nos pieds> le 
Mardaric court en chuchotant. Près du pont des Monges 
des sorgues (1) jaillissent brusquement et s'éparpillent en 
nappes argentées. 

Un dernier coup d'œil sur les montagnes de la Combe, 
et nous partons après avoir bien remercié Symphorose, qui 
nous avait prêté une table avec une jolie toile cirée, toute 
neuve, sentant la peinture et sur laquelle était représentée 
la tour Eiffel. 

Albert AUBERT. 

Sisteron, avril 1800. 



(1) Sources intermittentes. — Le quartier s'appelle iSaîon, dont Tëtymologie 
paraît être mûi, couler. 



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— 314 — 

FRANÇOIS DE QALAUP-GHA8TEUIL 

LE 80LITAIRB DU VONT LIBAN 



LETTRES INÉDITES 
écrites de ProTence et de Syrie à Peiresc (1629-1633) 



AVERTISSEMENT 



Je ne dirai rien de la famille de Galaup, M» le 
marquis de Boisgelin, qui me défend de louer ses 
précieuses communications et qui me permet à peine 
de Ten remercier, ayant tout dit sur cette famille 
dans la notice généalogique mise à la suite des lettres 
que Ton va lire ; je ne parlerai môme que très peu 
de l'auteur de ces lettres, car sa vie est très connue, 
ayant été racontée en détail par divers écrivains et 
ayant été résumée dans tous nos recueils biographi- 
ques, à commencer par le Moréri (1) et à finir par le 
Dictionnaire historiqtie de la France, ce commode 
manuel où M. Ludovic Lalanne a si habilement 
condensé tant d'excellentes indications. Je me conten- 
terai donc de rappeler que François Galaup de 
Ghasteuil (S) naquit à Âix, le 19 août 1588, a sur le 

(1) Édition de 1759, t V, seconde partie, p. 2S. L'article sur IVangoiê 
Galaup de ChoêtettU est précédé d*une histoire de la famille et suiri de divers 
articles sur d'autres membres célèbres de cette famille. 

(2) Je laisse à ces deux noms leur forme usuelle, quoique Roux-Alpheran 
{U$ Bueê d'Aixj t, I., p. 168) ait adopté une autre orthographe qu'il justifie 
ainsi : " Peu de familles ont fait autant d'honneur à la Tille d'Aix et ont 
aussi bien mérité de la République des lettres que celles de Gallaup 
Chistueil» dont nous écrirons les noms comme les ont toujours écrit les 
dirers membres de cette famille. . 



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-318- 

midi », qu'il se montra dès l'enfance très pieux et 
très studieux, qu'il fit de grands progrès dans la 
philosophie et dans la jurisprudence (1), mais encore 
plus dans la connaissance de la langue hébraïque ; 

qu'il partit de Marseille le 20 juillet 1631, avec le 
comte de Marcheville, ambassadeur de France 
à Gonstantinople, pour aller et mener une vie solitaire 
et pénitente » sur le mont Liban ; qu'il y édifia toute 
la région par ses vertus et ses austérités, et qu'il 
mourut en odeur de sainteté au monastère de 
Harlicha, le IS mai 1644. 

Ceux qui voudraient de minutieux renseignements 
sur l'anachorète les trouveront en abondance dans 
deux bouquins que j'ai eu le plaisir de consulter à 
la Méjanes et que, s'ils sont introuvables en librairie, 
ne manquent du moins ni aux grands dépôts publics 
de Paris, ni à quelques-^unes des principales bibliothè- 
ques de province : 

Le Provençal Mlitaire au mont Liban ou la vie de 
M. François de Galaup, sieur de Chasleuil, 
gentilhomme de la ville d'Aix, par Gaspard Augeri, 
prieur de Manosque, conseiller et prédicateur 
ordinaire du Roy. (A Aix, chee Jean Roize, imprimeur 
de l'Université, 1658, in-12 de 224 pp.) (2). 

(1) Un de ses biographes nous apprend ^tte " l^ni^rtiiié â*Alx le reeetit 
arec applaudissement au bombire de ses dootenirs Mi la faculté dé droit «. 

(2) L^otttrage eèt d^id " à Hubert de Oalanp, sieur de Ohafttneil, oonaeiUer 
du tu>y en ses eonseiUi et son premier adYoeat général en la oonr du 
parlement de Provence „, neveu de François de Galaup. L'approbation eet 
donnée * à Ail, ce 16 octobre ISS7 „ par le savant blstorien Honoré 
Bouche, prévit de Saint-Jacqâos, t|tii retld hoâunage à * la vie admirable 



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-816 — 



La Vie de Monsieur de Chasteuil, solitaire du mont 
Liban, par M. Marchety, prestre de Marseille. (Paris, 
chez Pierre le Petit, 1666, ia-12 de 384 pp.) (1) 



et presque une exemple de feu BL François de Gàlaup, si renommé par 
tonte la chrestienté pour sa grande piété et doctrine «. Mentionnons, aux 
pièces liminaires, des Ters latins en Thonneor du biographe, signés D. loma, 
et un sonnet où miroitent les eonoettt, œurre du prieur Puech. L^épigraphe 
est heureusement empruntée au prophète IsaTe : Gloria LibatU data mt m, 
dmor Carmdù U y aurait de curieuses citations à tirer du trarail d'Augeri. 
En la page 40, on pourrait cueillir cette maxime : " La chasteté est une fleur 
qu^on ne conserre qu*en combattant toujours, mais il faut combattre k la 
façon des Parthes, en fuyant „, ce qui rappelle le mot d*un théologien : fuir 
c'est yaincre,/if^«re vjiioere, et le bon mot d'un prédicateur : * En pareil cas, on 
ne se saure» qu'en se sauTant. „ Plus loin (p. 47), François de Galaup est 
ainsi loué de sa résenre extrême k l'égard des femmes : " On ne l'a jamais 
TU parler (nti)f ni regarder aucune femme ., ce qui serait à rapprocher d'un 
passage de Vlmkation, Mais n'allongeons pas trop cette note, d'autant que nous 
aurons k reyenir sur le livre d'Augeri. 

(1) L'aehevi cPimprimer est du 17 avril 1666. Marchety, qui passe dédaigneu- 
sement sous silence le travail de son devancier, annonce une seconde édition 
de son propre travail. On lit, à la page 878: ** Mgr l'Bvesque de Yaison (c'était 
le très savant antiquaire Joseph-Marie Suarès), ayant appris que j'avois envoyé 
à Paris l'histoire de la vie de nostre illustre solitaire du Mont Liban, pour 
la faire imprimer, me fit la faveur de me donner l'exceUent éloge que 
M. son frère le chanoine avoit composé en latin, pour honorer la mémoire 
bienheureuse de ce serviteur de Dieu, qui a esté le modèle des pénitents 
et le miracle de nostre siècle. « Voir cet éloge pp. 874-888, plus (p. 884) une 
pièce de vers latins qui débute ainsi : 

Clauditur hoc tumuh Libani pitu inecU m<mti4. 

Les rédacteurs de la BiUùMqtte hùt4>ri^ue de la Ihince (t. I, n^ 4744) 
disent que l'ouvrage de Marchety, qui a été revu par Antoine Amauld, est 
très rare, la plupart des exemplaires ayant été brûlés. Ils ajoutent quo 
Jean de la Roque en a donné un abrégé dans son Voyage de Spie, etc., 
Paris et Amsterdam, à la fin du tome H. Dans le Journal dm Savante du 
lundi 28 juin 1666, j'ai trouvé un article où François de Qalaup est fort 
loué, mais où l'on n'a pas daigné dire un seul mot de l'abbé Marchety. 



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l 



-317 - 

C'est à Marchety que j'emprunterai (p. 33) le récit 
des relations de François de Galaup avec Peiresc, 
plus âgé que lui de près de huit années : 

ce Geluy de tous les sçavans qui luy donna plus d'exer- 
cice fut M. de Peyresl qui, prenant plaisir à luy faire 
éclaircir les choses les plus obscures, ne cessoit 
point de conférer avec luy. Cette union qu'ils 
avoient ensemble porta ce grand homme à le prier 
qu'il le receust dans sa maison de Baugency pour 
passer quelque temps avec luy durant la peste qui 
arriva en 1629. L'amitié toute sainte qu'il avoit pour 
cet homme de mérite luy ayant fait agréer sa prière, 
ils s'engagèrent tous deux à vivre ensemble durant 
ce mauvais temps. Ce fut dans ce mesme temps que 
M. de Chasteuil entreprit de lire le Pentateuque en 
langue Samaritaine que le P. Th. Minuti avoit apporté 
du Levant. Il y fit des remarques très judicieuses 
et très doctes, que M. de Peyrest jugea dignes d'estre 
insérées avec ce texte dans la Bible royale. Mais l'un 
et l'autre estant arrivés trop tard à Paris, Gabriel 
Sionite se contenta, pour ne pas grossir inutilement 
cet ouvrage si merveilleux, d'y insérer à part dans 
le corps les endroits de ce texte qui estoient différents 
du texte desja imprimé, avec des observations qu'il 
fit luy mesme (1). » 



(1) Déjà (p. 18) BCarchety av&it parlé presque dans les mdmes termes du 
trarail de Torientaliste sur le Pentateuque, ajoutant que Peiresc ** depuis a 
fait présent à 11. le Cardinal Fr. Barberin du texte samaritain, que les 
sçavans ont estimé estre un des textes les plus curieux et les plus corrects 
qui ayant jamais esté «scrits en cette langue ». 



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D^autres détails sur les relations de Peiresc et de 
François de Galaup nous sont fournis par leur 
correspondance. Il s'est perdu plusieurs des lettres 
qu'échangèrent les deux savants amis, car je n'ai pu 
en retrouver qu'un assez petit nombre, et il me semble 
que, tant à cause de leur mutuelle affection qu'à cause 
de leur égale curiosité^ ils durent s'écrire beaucoup 
plus souvent. On trouvera les lettres de Peiresc dans 
un des volumes in-4* consacrés à sa correspondance 
avec divers. Celles de François de Galaup sont 
données ici, les unes d'après les copies de la Méjanes, 
les autres d'après les originaux de la Bibliothèque 
nationale (i). On ne les lira pas sans éprouver une 
profonde vénération pour celui qui eut tant de science, 
tant de vertu et tant d'héroïsme, qui renouvela dans 
la Turquie d'Asie les prodigieux sacrifices des 
anachorètes de la Thébaïde, qui augmenta en ces 
lointaines régions le renom et l'influence séculaires de 
la France et qui mérita qu'on dit de lui en un poétique 
langage : Sub cedris Libùni, eedris ipse altior (2). 

PHILIPPE TAMIZEY DE LARROQUE. 



P WIH H 'tP 



(1) I^ VatibfW 4critQt à Fèir^sc seront simtîos; (Àppendiee D de quatre 
lettres du solitaire du Liban à son frère Jean, procureur général en la cour 
des comptes, aides et finances de Provence ; {Appendice II) d'une lettre de 
François de Galaup à Tayocat Mathieu Alpheran; [Appendiee IIJO de la 
notice généalogique sur la &mille de Galaup par M. le marquis de Boisgelîn. 
Je prie mes ohers aiudllaiiies, MM. de Berlue Perussis, de Boi^gsUa et 
H. Guillibert, d*agréer tontes mes plus tîtos aetkms de grâces pour leurs 
précieuses eowmunioationB. 

(2) Mot rappelé dans la JImim de UantiSU d de iVosimp^ de janviv-féTrier 
1887 : QaimrU dei provençaux ^RwÊêm, let Qid9»ip df OhemtuHt p. 4. Kn t«te 



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Lettres de Françote de Oalanp à Peirese 



I. 

Monsieur, 

Vostre letre me fut rendue vendredi passé & La Manoq (1) 
par laquelle Je me sens surchargé d'obligation tant pour 
l'affaire de mon cousin de Gadenet (2), qui est venu de 
Rome ayant obtenu par vostre faveur ce qu'il demandoit, 
que aussy pour le soing que vous aves eu de mander un 
homme exprès pour un dessaing auquel j'ay tousjours 
reçeu mille obstacles et asteure mesmes }e moyein qu'on 
me faisoit espérer de le pouvoir acomplir à la tous sainets 
m'a encore failli (3). Pour ce qui est de vostre emprainte, 
elle est fondée sur l'attante quont les juifs de leur Messias 
disans que bien que le rameau plus hant de l'arbre qui est 



de cette lîTraison, on a reproduit le portrait du solitaire, assis, la plume à 
la main, derant une table sur laquelle est posé un' manuscrit en caractères 
hébraïques et qui est surmonté d'un cruciftx. Dans un angle du tableau, au- 
dessus d'un paysage représentant les montagnes euTironnantes, on lit cette 
inscription: Veni de JAbano, Aucune indication n'est donnée sur la provenance 
du portrait. Dans le tome IV de \n Bibliothèque hittorique de la France (p. 167), 
on signale deux portraits de François de Galaup : un par CbauToau, in-S*; un 
autre (également in-8o) par un inconnu et accompagné de quelques T#rs. 

(1) Aujourd'hui commune des Bouches-du-RhOne, arrondissement d'AllM, 
canton d'Eygniàres, à 67 kilomètres de Marseille. 

(2) Sur la famille de Gadenet, qui a fourni jusqu'à hnit conseillers au 
parlement de Proyence, depuis 1578 jusqu'à la Bévolutiony et un Tigoier à la 
TiUe de Marseille dès le XIII* siècle (Ouillaumede Cadenet, 1298), voir Bonz- 
Alpheran, les Bnei d'Aix^ t II, pp. 94-96. On sait que la terre de Gadenet, 
actuellement chef-lieu de canton du département de Vaucluse, arrondissement 
d'Apt, à 59 kilomètres d'Arignon, ftit érigée en vicomte, au commencement du 
même siècle (1225), par Guillaume, comte d^ ïorcalquier, en faTonr de 
Bertrand de Gadenet. 

(8) Le dessein d'aller en Orient pour se eoniaerer à la Tîe comten^plalivft. 



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-320- 

composé de douze branches, c'est-à-dire de douze tribus 
soit coupé et que le sceptre ne soit plus en la maison de 
Jeuda, qu'il n'est pas pour cela perdu, mais qu'il est gardé 
dans le sanctueire et que Dieu estant le vray roy d'israel 
il conserve à son peuple cette branche, laquelle il fera 
fleurir en son temps (1). La pièce de cuivre a esté inventée 
par les anciens chrestiens, qui s'en servoient contre 
quelques maux et mesmement contre les venins ; d'un 
costé sont toutes les combinations (2) des letres du nom 
ineffable, lesquelles estant douze en quelque façon qu'elles 
se trouvent, ne signifient jamais qu'une mesme chose. En 
l'autre costé, ils ont voulu exprimer la vertu du nom qui 
a esté donné au verbe incarné ou il y a beaucoup et de 
superstition et d'ignorance. 

L'espérance qu'on m'a donnée de vous voir au premier 
Jour à Salon, où toute nostre famille, pendant ce temps, se 
va retirer (3), a fait que j'ay retenu vos médailles attendant 
de vous dire de bouche toute l'interprétation, plus parti- 
culièrement. Vous pouvés aussi porter la letre samaritaine, 
car de vous dire rien sur vostre copie il me seroit impossi- 
ble, tout y estant gasté. 

Cependant, Monsieur, pour tant d'obligation que je vous 



(1) Le correspondant de Peiresc a ajouté en marge : 

Du costé de l'arbre : VWga David rtmmmt àbteondita in tkemu*^ Sûm w 
domo Sanetwxiriù 

De Pautre costé : Domimu eutlodit Jàrad ru/ortii in JenucUmn, 

(8) C'est la forme ancienne signalée par Littré dans un ouvrage de Nicolas 
Oresme (traduction des Eikûpteij H88) et dans les œuvres d'Ambroise Paré 
(1561). La Cume de Sainte-Palaye indique la présence de eombinatùm dans les 
JBigarrwe» du seigneur des Accords et ajoute que Pasquier, en une de ses 
lettres, a regardé ce mot comme nouveau, ce qui prouve que Pasquier n*avait 
lu ni Oresme, ni Paré. 

(8) A cause de la peste qui dévastait la ville d'Aiz. On trouvera, sur 
l'épidémie, d'abondantes informations dont les premières pa^es du tome H 
des Lettrta de Prireee avx/v^ree Ihifug, 



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ay^ ja ue puis que prier Dieu qu'il m'ouvre les moyens de 
yous servir et de vous pouvoir témoigner par effects que 
je suis d'affection et invariablement 

Vostre très humble 

et très obéissant serviteur, 

Fbancois PB GALLA.UP. 

Mofi frère me charge de vetts faire ses très humbles 
saluts. 
De La Manoa, ce !•' de novembre 16^ (1). 



IL 

Monsieur, 

J'ay esté extremiemexit Joyeux de voir vos letres tant 
pour l'amour de vous qui avés receu une pièce très 
singulière le pentateuque (2), ainsi que vous m'escrivés en 
trois langues et le tout en charactère samaritain avec une 
grammaire samaritaine, <pxe aussy pour ma satisfoction 
particulière, puis qu'à la fin j'ay recouvert ie testament 
syriaque et en gros et en petit volume, ce qui me donnera 
moyen de poursuivre quelque estude que j'avoy commencé 
en cette langue (3) et celle cy est encore une des preuves 
que tous les jours vous me faites paroistre de vostre affec- 
tion sans que j'aye rien mérité envers vous. Pour ce que 
vous m'escrivés de conférer nos deux copies de la 
lettre isamaritène j'ay estimé cela superflu» en quel fonde- 
QkéQt avez voiu ^ue l'une soit plus exacte qao l'autre ? 
Maie puis ^e vous aves de la passion poor ce subject, le 



(1) Bibliothèiiae natioiiAle, Fond» fiançai», Tol. 9,548, f* 74. Airtographe. 

($9 Voir, SOI les précieux documents ici mentionnés, les détails donnés dans 
une lettre du 18 noTembre 1629 (tome II des Lettre» de JPnreee aux fière» 
Jh^y» pp. 202-80^. Conférez Gassendi, in Vàa JWetifi, Utto TV, pp. S27<>8e8. 

(8) ITormuie dont il fiiut admirer Textrôme modestie. 



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seul expédient que j'ay peu trouver est de vous escrire la 
substance de tout ce qui est contenu en ceste lettre sans 
m'attacher à la version de mot à mot, mais vous me per- 
métrés s'il vous plait que ce soit à mon loysir et en temps 
que je pourray estre libre. Je vous mande vostre médaille 
et le talisman avec leurs inscriptions : l'interprétation eut 
demandé quelque plus long discours que la haste de cette 
commodité ne permet point. Je scay les excès de courtoisie 
dont vous usés en ce temps icy envers ceux que vous aymés 
et je vous remercie bien fort de l'ofiCre qui vous a pieu de faire 
à l'un de vos serviteurs. Le séjour de Beaujantier me 
seroit fort agréable non point pour la salubrité de l'air 
ou les commodités que vous me marqués, mais pour 
l'honneur d'estre avec que vous; toutefois je ne puis 
encore vous promettre cela. La letre du père d'Aymini (1) 
me resjouit d'un costé et de l'autre me laisse avec beau- 



Ci) Sur Daniel Aymini, un des innombrables correspondants de Peiresc 
(Minutes de Vlnguimbertino, registre VI, f* 796, voir Gassendi, qui écrit ainsi 
son nom (p. 828), Dayminium, et qui ajoute : Ex %%$ JFVancMoanif, quo9 BeeoBteUm 
nominant, Faaris de Saint-Vincens, dans une note du t. 2 de la collection 
Peiresc, à la Héjanes (f» 580), rappelle que ce récollet appartenait à une 
&mille de ICanosque et qu*étant allé en Terre Sainte il en donnait des 
nouTeUes à F. de Galaup. En cette mémo page 580, est reproduite une lettre 
(sans date) du p. Aymini au futur solitaire du Liban, quMl appelle " mon cher 
cousin «. J*extrais de cette lettre de curieuses choses sur la ville de Damas : 
" n ne fait que trois ou quatre jours que nous sommes de retour avec le 
B. P. Théophile de la belle et grande ville de Damas, où c*est que nous 
avons veu ponctuellement tout ce qui est dit de saint Paul dans les Actes des 
Apostres. Nous avons veu dans une très grande prairie une colonne où Ton 
tient qu'Adam fut mis en sortant du Paradis terrestre. Je le crois, puisque 
c'est le plus beau pays de la terre. Damas est arrosé de sept belles rivières, 
n n'y a maison ou bout de rue où l'on ne voye de très belles fontaines. La 
ville est assise dans une plaine de plus de vingt à trente journées de cheval, 
tant du costé de la Mecque que de la Perse. « A la suite de cette lettre, on 
en trouve (f» 582) une du même religieux adressée à Peiresc de"Seyde„ le 
2 septembre 1680 „• 



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-823- 

coup de regret de ne lui pouvoir tenir compagnie. Il a esté 
prié par un juif qui gouverne toutes les affaires du prince 
de ce pays là de luy faire tenir quelques volumes petits de 
bibles hébraïques sans points telles que vous avez veu les 
miennes à Lyon, si le commerce y est encore ; il s'en 
treuve à quatre francs la pièce. Je vous prieray si vous 
aves quelque commodité de vous en faire recouvrer quatre 
et il faut se prendre garde qu'il y en a dont le charactère 
est presque tout effacé comme la mienne. Que s'il ne s'en 
pouvoit recouvrer point d'autres que de ceste façon nous 
n'en prendrions pour asteure que deux volumes, c'est 
celuy qui veut estre toute sa vie, 
Monsieur, 

Votre très humble et affectionné serviteur. 

François de GALLAUP (1). - 

Si le père Théophile (2) est la vous me permetrés que je 
luy offre mon très humble service. Mon frère (8) m'a 
chargé de vous baiser les mains de sa part. 



III. 

Monsieur, 

Je vous ay mandé trois pistoles pour les faire tenir à ce 
marchand qui a fourni son argent pour moy. Vous y 
treuverés quelque défaut selon le conte que je fay dans la 



(1) Bibliothèque nationale, fonda français, vol. 9,542, P 71. Le document ne 
porte pas de date, mais il est facile de la doTiner, d'après la réponse do Peiresc 
(8 décembre 1629), ce qui nous reporte à quelques jours auparavant. 

(2) C'est le père Théophile Mlnuti, de Tordre des Minimes, dont la sai^acité 
rendit tant de serrices à Peiresc et qui ûguie si souvent dans sa correspon- 
dance. Voir Gassendi, que j'aime à citer comme le plus exact et le plus 
complet des biographes, p. 827. 

(8) Le procureur gâterai, ami intime de Peiresc* 



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-324 - 

letre, mais cela est provenu pouf cô que là. letrè estoît 
escrite avant que de scavoir l'espèce de monoye que je 
devoy mander et puis voyant qu'il y défailloit quelque 
chose, j'ay pensé que cela se treuveroit dans le conte que 
j'attendoy de faire pour le prix de l'autre livre, mais si 
vous ne voulés recevoir l'argent que je désire de rembourcer 
à ce marchand, vous me permetrés aussi de ne recevoir 
point aucun de ses livres et cela est tout autant que si 
vous me disiés en autres termes de ne m'adresser plus à 
vous pour des semblables subjects. Puis que vous dôgnës 
prendre la pêne de mander quérir ces petites bibles vous 
m'obligeres s'il vous plait de m'en faire tenir quatre à 
condition toutefois que nous demeurerons dans les termes 
du devoir ; autrement je n'oseroys avoir pensé de les 
*-f- prendre. Pour la bible royale dont vous m'escrivés (1), je 
ne l'ay point veue. Si vous venés (2), souvenés vous de 
porter vostre copie de la letre samaritene, mais si vous 
tardés quelques jours seulement après festes, vous chan- 
gerés peut estre de dessaing. Dieu vous conserve la avec 
autant de santé comme vous en souhète, 
Monsieur, 

Vostre très humble 

et très affectionné serviteur, 

François de GALLAUP. 

8alon, ce 22 décembre 1629 (3). 



(1) Peiresc, dans sa lettre déjà citée du 8 décembre 1629, avait dit à son 
correspondant : " Au reste je pense que tous scarez Tedition qui se fuct à 
Paris de la gnrande BiUe royaU d^Anyers, ayec de gn*&ndes améliorations et 
additions. Je serois bien ayse d^apprendre de tous si tous jugerez que ces 
exemplaires du nouveau testament syriaque y poussent estre utiles... « 

(2) A Salon, où toute la famille de Galaup attendait la fin de Torage, 
je veux dire la fin de la peste. 

(8) Bibliothèque nationale, fonds français, vol. 9,542, f* 72. Autographe. 



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IV. 

Monsieur, 

J'ay receu avec vostre lettre celle du Père Daniel (1). Je 
suis marri de ne pouvoir point m'acquiter de mon devoir 
et me donner l'honneur de vous aller voir. Je ne vous en 
escriray point les raisons. Seulement je vous prie de croire 
que ce n'est point à manque de bonne volonté. Je vous 
félicite vostre pantateuque samaritain et en suis extrê- 
mement joyeux. 

La remarque que vous faites de la conception et nais- 
sance de la demoiselle de Montsallier (2) est grandement 
curieuse, et si vous prennes 1^ peine de fouiller dans 
l'Histoire, vqus trouvères encore que rarement la vie des 
enfants qui naissent avec violence passe sans quelque 
chose de fort notable ou en bien ou en mal (8). 

Je vous remercie du souvenir qu'il vous plaist avoir de 
moyi et m'obligerez aussi ^e croire que je suis inviolable- 
ment. 

Monsieur, vostre, etc. 

Françoys de GALLAUP. 

De Salon, ce 13 février 1630 (4). 



Monsieur, 

Je vous prie de m'excuser si je ne puis sitost m'acquiter 
de la promesse que que je vous ay faite, mais ce sera en 
peu de jours, après que j'auray donné ordre à quelques 
petits affaires. 

■ ■'»■■■ ■ ■ ■ - 1 . ■ ■. ■ I ■ I ■ ■ ■ «.i^i^^p— 

(1) Le Bëcollet Daniel Aymini, d^à mentionné. 

(2) Les Montsallier formaient nne branche de la famille d^Aimar. 

(8) Les phjsiolofl^istes donnent-ils raison à Pobseryation de F. de GaDanp V 
(4) Bibliothèque Méjanes, collection Peiresc, toI. 222, f> 884. Copie. 



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— 826 — 

Pour le calcul que vous désirés sçavoir, Tan 1464 nous 
tenions du cycle solaire ±2 ; la lettre dominicale estoit ^ 
1465, cycle solaire 18, lettre dominicale G. 1466, cycle 
solaire 19, lettre dominicale D. 1467, cyole solaire 20, lettre 
dominicale G. 1468, cycle solaire 21, lettre dominicale G. 

J'ay cherché ces deux noms propres qui sont dans Yostre 
lettre samaritaine, mais je n'ay sceu les trouver. Il y a 
bien Abinoham au 4« chapitre des Juges, mais il est escrit 
avec un hain et un Mem. Le Samaritain pourroit bien 
avoir osté Vhain et changé le Ment en Nun. Mais cela est 
incertain. 

De la grammaire que vous m'escrivés de Georgius 
Amira (1), je n'en ay point oui parler. J'aurois bien envie 
d'apprendre des nouvelles de M. l'Ambassadeur de Gons- 
tantinople (2). Vous m'obligerez bien de m'en faire part, 
si vous en pouvés avoir. 

Pardonnes moy si je vous suis importun et donnés cette 
liberté à la confiance que j'ay en vous comme, Monsieur, 
vostre très humble et très obligé serviteur. 

Françoys de GALLAUP. 
A Aix, ce 2 octobre 1680 &). 



VI. 

Monsieur, 

Tous les jours vous me fêtes naistre quelque nouveau 
suject d'obligation parmy lesquelles je vous puis asseurer 

(1) Le Mantui d» Libraire (t. I, col. 281) donne cette indication : AmmA 
(Giono. MiCH.) Orammaiiea SyriaûOj m«e diatdaica, (Rome, 1596, in4*.) OoTra* 
ge estimé. — Sur rarcheyôqae OeorirM d'Amiré, Toir une des lettres soiTin- 
tes (n* XI), oà Fr. de Qalaap donne au sayant prélat les plus flatteurs 
éloges. 

(2) C'est-à-dire de Tambassadear désigné, le comte de Marcherille. — Voir, 
sur ce diplomate qui eut de si grands désagréments en son ambassade à la 
Porte, le tom. n des LeUrm éU Pnreto anse fiirm />i9my, ptmim. 

(8) Bibliothèque M^anes, collection Feiresc, toL m, P 88i. Copie. 



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— 827 — 

que cette cy m'est la plus sensible. Je n'ay point changé 
de volonté ainsi que vous croyés (1), mais Je tache de 
prouvoir aux difficultés qui m'y pourroint faire obstacle. 
La letre de Monsieur Targuet (2) que vous me mandés est 
grandement obligante et je desireroy qu'il fut asteure & 
mon pouvoir de partir ; toutefois je tascheray d'en trouver 
les moyens entre icy et la tous saincts. J'attendoy d'avoir 
achevé la lecture- de vos deux livres (8) pour faire responce 
à vostre première letre, je ne puis que louer l'esprit de 
l'un et de l'autre. Mais pour Monsieur Gaulmyn (4) il 
seroit encore plus louable s'il s'occupoit à quelque chose 
de plus sérieux et M. Gapharel (5) si sa plume estoit un 
peu plus retenue (6). En la letre samaritaine, il y a des - / 
grands manquemens aux charactères pour estre les uns 
mal formés, les autres transposés et beaucoup qui sont 
demeurés au bout de la plume, toutefois ne prenés point 
la pêne de m'en faire transcrire aucune autre ; ce m'est 
assés de l'avoir leue une fois et pour ce qui est de l'inter- 



(1) Au sujet de son départ pour TOrient. 

(2) C^était le consul de France à Seyde, comme nous rapprend une lettre 
de Peîresc à Fr. de Galaup du 12 août 1629. 

(8) Ces deux lirres étaient, comme nous l'apprend une lettre de Peiresc 
(du 8 août 1629), la Vie et la mort de Mc/ite (Liber retkhinicu» de vita et morte 
Moeiê cum notia) {PaxiBy 1629, in-8*^} et Curioeitie fnouye» eur la culture taZinna- 
nique dee Péreant, etc. (Paris, 1629, in-8<>.) 

(4) Sur le philologrue Gilbert Gaulmin, voir, outre diverses notes dans le 
SeeueU Petreee-Dupuy^ une notice bien intéressante de M. H. Omont, de la 
Bibliothôque nationale, dans la Reme hourbonnaiee d*ayril 1886. (OUbert 
Gaulmyn, de Mouliné, et ea ooUeetiondemanuecHte oriewlaux.) J'aurai à m'occuper 
du magistrat orientaliste, en publiant une curieuse lettre de lui à Peiresc. 

(5) Sur Jacques Qaffarel, l'actif polygraphe s'il en ftit jamais, Toir ma petite 
plaquette si heureusement enrichie des communications de H. Léon de Berlue- 
PerussiB : Quatre lettrée inéditee de Jaequee Oaff'ard, publiéee avec avertieeement, 
notée et ajfipendiee (Digne, 1886.) 

(6) La Sorboune jugea, comme Fr. de Oalaup, que la plume de Gaffarel 
n'était pas assez retenue, car elle censura le traité des talismans. 



-f- 



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-328- 

prétatîon vous scavés que je suis roidl à ne faire rofr rien 
du mien au jour de quelcpies années, et pour ce je vous 
prie n'exiger point de moy que ce qui regardera rostre 
service. Je vous remercie du soing qu'il vous a pieu de 
prendre pour moy et prie Dieu qu'il vous Tcuilîe tenir en 
santé et qu'il me donne les moyens de vous tesmoigner ce 
que je suis de tout mon cœur, 
Monsieur, 

Vostre très humble et affectionné 
serviteur, 

François de GÂXX.ÀUP. 

Père Denis capucin et frère Louys to«s baiseat le$ 
mains (IX 



VIL 

Monsieur, 

Je ne vous ay point adverti du jour que vous me ëeman- 
diés pour ce qu'il estoit desi^a passé et cette coqjjanctiDn 
fut selon les Éphémerides d'Argolus (2i) au 20 de tebvrier 
environ neuf heures du soir, la latitude de Yéims estait 
méridionale quasi d'un degré et Monsieur le prieur de la 
Valette (3) auquel je fis voir vostre letre s'estonne grande- 
ment de ce qu'en dit Keplerus pour ce que luy, ayant 
calculé cette conjonction selon les tables mesmes de 
Keplerus, il y a trouvé une latitude assez signalée. Pour 
ce que vous adjoustés du concours de Mercure il estoit 
ce jour la séparé du soleil et de Vénus de 19 degrés. 

(1) Bibliothèque nationale, fonds français, toI. 9,640, P 78. Autographe. 

(2) Le mathématicien André Aigaii (né, en 1570, à TiagUacono, mort à 
Fadone plixs qn'octo^aire) publia des Éphimiridei (Venise, in-4^) qni forent 
réimprimées à Padoue, à Lyon, etc. 

(8) Qa*il me soit permis do renroyer an fascitmle IV des (hrrtipoitdtmu éh 
J'éùrete : Joêeph eatiUhier, jpHwr de fo T%ee«fs. (Ate, 1861.) 



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J'ay vei! le mémoire des livres que tous aves receu et de 
ceux eQC(H*e que vous attendes ; il me faudroit non point 
des Jours pour les lire, mais des moys, et mes occupations 
ne me permetent point asteure de m'eslolgner d^icy. Si je 
le pouvoys il n'y auroit pcnntde raison plus luressante 
pour m'en tirer que rhoneur de vostre compagnie, ensem- 
ble les obligations que je vous ay et les caresses que 
durant six moy s j'ay receu en vostre maison, pour les- 
quelles je seroy toute ma vie vostre obligé attendant de 
vous tesmoign«r un Jour par effect que Je suis de tout mon 
cœur, 

Monsieur, 

Vostre très humble et obéissant serviteur, 
François de GALLAUP. 

D'Aix, ce 81 mars 1691 (1). 



VIII. 



Monsieur, 

Je suis marri de ne pouvoir pour cette lois obéir à vos 
commandements, car outre beaucoup d'affaires que j'ay je 
suis maintenant dans la nécessité de demeurer icy pour 
cause de la maladie de ma mère qui tient le lit depuis 
quelques jours (2). Vous permetrés que mon cousin Je 

(1) Bibliothèque nationale, fonds français, toI. 9,548, f^ 75. Autographe. 

(2) Harchety fait ainsi IMloge du père et de la mère de Fr. de Oalaup : 
** Son père se nommait Lonis de Galanp de Chasteuil et sa mère Françoise de 
Cadenet, tous deux très considérables par leur rerta et par leur naissance. „ 
Nous Terrons dans la notice de M. le marquis de Boisgelin que la naissance 
de Louis de Galaup ne fût pas anssi releyëe que semblerait l'indiquer Har- 
chety. Du reste, ce biographe arait détji, dans VAviê, beaucoup trop aTanta- 
geusement parlé de la noblesse des Oalaup : " Sa famille „, dit-il au sujet do 
François, qui n*a rien de comparable, qudque iolaianU gue ëoiaU ta noUUêêe et 
Mt aUianeet, au lustre qu'elle tire de k grandeur de ce sainte , Beyenons 
à Françoise de Gadenet pour indiquer, à la fin du livre d^Augeri (p. 128), un 
billet de Fr. de Galaup & sa mère écrit du Mont Liban, le 6 noyembre 1641 
(en huit lignes). 



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-830- 

revérend père Daniel (1) reçoyve mes très humbles salas et 
puisque faut qu'il viene voir ses frères, j'auray Thoneur de 
l'embrasser icy. Monsieur le prieur de la Yalete m'a promis 
de TOUS faire responce. Je ne suis point dans rapréhension 
ainsi que vous dites d'estre prins pour un esleve en vous 
escrivant puis qu'on a voulu mètre aussi nostre maison 
dans le soupçon quoyque sans subject. Prenés garde que 
la conjonction du soleil et de Vénus que vous dites ne soit 
celle qui doit arriver au 8 de décembre de cette année, car 
pour l'autre de febvrier c'est du tout impossible. 
C'est, 

Monsieur, 

Vostre très humble 
et très obéissant serviteur, 
Françoys de Gallaup. 
lyAix, ce 5 avril 1631 (3). 



IX. 



Monsieur, 

Samedy passé j'observa la conjonction que vous me 
marquiés du soleil et de Mercure dans une chambre bou- 
chée de tous coustés et n'avoy laissé qu'une ouverture d'où 
je recevoy le rayon du soleil sur un papier blanc à travers 
d'une lunete et puis j'apliqua encore la lunete à l'œil pour 
voir dans le corps du soleil, mais despuis midy jusques à 
une heure je ne peus rien apercevoir ; après l'air commença 



(1) Le Tolume d'iugeri renferme deux lettres de Fr. de Gftlaap à un reli- 
gieux : une (pp. 70-71) du 21 juin 1680, au sujet du prochftin voyage en 
Orient, le p. Aymini étant alors & Salde ; l'autre (pp. 97-98), écrite de Hedem, 
le 6 octobre 1688, où le pèlerin apprend à son cousin la nouvelle de son 
arrivée an Hont Liban, ajoutant que le séjour de Constantinople ne lui a 
** jamais esté que grandement ennuyeux «. 

(i) Bibliothèque nationale, fonds français, voL 9,542, P 77. Autographe. 



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-831 - 

à se troubler de nuages et pleut environ les trois heures, 
puis le ciel revenant serain je retourna encore à l'obser- 
vation sur les cinq heures et n'ayant rien veu ainsi que 
devant j'ay creu que si tant est que cette aplication se fit 
dans ce temps il faloit que Mercure passât par dessus. Les 
tables pruteniques (1) ne varient presque rien en ce qui est 
de la latitude de 8 au 17 de may, mais elles mettent la 
conjonction au 14 à six heures du soir; cependant vous me 
permetrés de vous resouvenir de conserver mieux vostre 
santé et de ne demeurer pas t vostre jardin si longtemps 
que vous avés de coustume (2), je suis obligé de le vous 
dire comme estant, 

Monsieur, 

Vostre très humble 

" et très obéissant serviteur, 

Françoys de GALLAUP. 

A Aix, ce 19 may 1631?(3). 



X. 



Monsieur, 

Il n'y a que cinq ou six jours qu'on m'apporta une de 
vos lettres de Gonstantinople, par laquelle j'ay connu que 
vous estiez mal informé des affaires. Je suis maintenant au 
Mont Liban avec les Pères Récollets et parmi un peuple 
grandement catholique qui, s'estant séparé de ses membres 
infectés de schisme des Jacobites et Nestoriens, et suivi 

(1) Sur ces Tables dédiées par Beinhold à Albert, duc de Brandeboaigt Toir 
une note où elles sont rapprochées des Ifaftlet Budclpkina de Tyclio-Bradié et 
Kepler, dans le fascicule IV des OarrmpondaïUê de Feireêe, p. 19, à propos de 
la conjonction du 17 mai. 

(fi) Le jardin de Belgentier était si bean que Peiresc, son créateur, s'y 
oubliait Tolontiers, s'attardant jusqu'à s'exposer, lui d'une santé toujours si 
délicate, aux dangers de la fraîcheur de la nuit. 

(8) Bibliothèque nationale, fonds français, yoI. 9,54fi, P 76. Autographe. 



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-338- 

les traces de saint Marpa d'où il a pris le nom de Maronite, 
s'est toujours soumis à. l'Église romaine. Sa langue est 
syrienne comme celle des Jacobites et Nestoriens, quoyque 
la prononce (1) et le caractère de ces derniers soit un peu 
différent et tienne plus du chaldalsme. La conversation des 
Arabes a fait laisser & ce peuple son langage naturel, et 
oii ne le parle plus icy que dans l'Église aux Heures com- 
posées pour la grande partie par S. Euffren (9). Cinq ou six 
villages seulement l'ont retenu, mais corrompu et meslé 
de l'arabe, tellement qu'on ne peut icy l'apprendre que par 
la fréquentation des gens doctes. Dieu m'a guidé au 
rencontre du meilleur esprit et du plus docte qui soit 
parmy ce peuple, Monseigneur l'AreUevesque George 
d'Amiré. Devant luy (8), l'Europe ne sçavoit point ce 
qu'estoit cette langue, laquelle mérite bien d'estre cultivée 
pour les mystères qui y sont contenus et pour avoir esté 
la vulgaire de Jésus-Christ. Une grammaire fort ample 
qu'il en a faite (4) a ouvert l'esprit de beaucoup de gens 
qui y travaillent asture, l'allèguent et tiennent ses maxi- 
mes comme des lois. Il est grandement zélé au Saint- 
Siège et luy seul a fait recevoir aux Maronites la refor- 
mation du Calendrier, lesquels y faisoint beaucoup de 
difficulté. Sa vertu et les témoignages d'affection que j'en 
reçois touts les jours me forcent de recberclier touts les 
moyens que je sçaurois pour l'obliger. Vous pourrés m'y 
assister par l'employ du crédit que vostre mérite s'est 
acquis envers Sa Sainteté et Monseigneur le cardinal 
Barberin. Vous apprendrés ce que seroit besoin de faire 
par la lettre que vous en escrit le Père Jacques, de Vendos- 



(1) iVonofiee pour pnnumeùuion, Littré ne donne aucun exemple de la forme 
pvimotm, Qoi n*a paa été oonnue des autres lezicorraphes. 
(S) C'est saint Eplirem, le plus éloquent des Pères de râgUse syrinque. 
(8) C*est^-dire : avant lui. 
(4) QnunAAire d^à citée dans une n9te do la lettre V, 



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me (1). Les preuves que f ay toujours rèoeuèB de voètt^e 
affection et Testât qtie tous faites d'obliger les gens de 
mérite me promettant dé tous cette fttveut*, vo«s priant 
de me pardonner la trop graftde Hce»oe (pie j'ay «osé prendre 
envers vous et attribuer c6 deffaut à la eonâanoe tpi'a. à 
vostre amitié, Monsieur, vostre, etc. 

FïiANçOiS DE OALAm» (2). 
De Hedem, au Mont Liban, ce 10 janvier 1633. 

PROCÈS-VERBATJX DES SÉANCES 

59« Session* — Séan<:ub du 28 novembre 



Présidence de M. Dàime 



La Société scientifique et littéraire des Basses- Alpes s'est réunie 
dans la grande salle de l'hôtel de ville, le SK8 novembre 1889» à 
cinq heures du soir, sous la présidence de M. Daime. 

Étaient présents : 

MM. Andrieu, Arnoux, Bachelard, Daime Marius, Diomard, 
Giraud, l^eautrler, Isnard, Mariaud, Lieutaud, Richaud et Roche. 

Après la lecture du procès-verbal de la préoédeAte séance, qui est 
adopté, M. le Président dépose sur le bureau divers ouvrages et 
brochures, pamû lesquels MoMwtb et ses Fmences, doa de M. Suf ène 
Fouque. Des remerciements sout votés au donateur. 

Sont présentés ensuite et admis : 
Gomme membres titulaiies : 
MM. D'Hargourt, agent de la Compagnie du Sud à Digne. 
LoKBB, agent de la Compagnie du Sud à Digue. 

(1) Ce fat un te xsonrdsponaaiyts de Peiresc ; fl était, en 1*689, gardien en 
couyent de NazaretJi. Les lettres que Ini adressa Peirese sont eonservtfes 
dans les registres IV et VI des minutes de ringuimbertine. Trois lettres de ce 
religieux à Peirese sont dans le Toi. 9,542 du t. 52, f>* 109, 112 et 114. EUes 
sont datées de Malte (7 mars 1686), de " Eden, au Mont Liban „ (15 juin 
1638), de Florence (22 novembre 1685). En cette dernière lettre, il recommande 
Fr. de Galaup à Peirese 

(2) Bibliothèque M^anes, collection Peirese, toI. m, P 846. Copie. 



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-834- 

MM. DxTPONT DsLPORTi, ingénieur à Gap. 

BoHÊios» professeur de philosophie an lycée k Digne. 
Le docteur Purrxy, inspecteur des enfants assistés à Digne. 
MouRRiAs, propriétaire à Pierrevert. 
L'abbé Sàuain, curé à Entrevanx. 
M. GnuuD, inspecteur primaire en retaite à Digne. 
Connue membres correspondants : 
M. Abnàud, économe à l'école normale à Digne. 
Mb« veuve Félix Guéràuo, à Manosque. 

La proposition, &ite par M. le Président, de la nomination de 
M. Bachelard comme troisième secrétaire est adoptée. 

Est également adoptée la réorganisation du comité de lecture, divisé 
en deux sections : la section littéraire et la section scientifique. 

La séance est levée à six heures trente minutes, après deux lectures 
intéressantes faites par M. Bachelard : Excurtùm scientifique aux Cluee 
de Barlet, et par M. Lieutaud : Un Manoequin au Brésil, biographie, 
de M. Casimir Lieutaud. 

NÉOFiOJLiOOIJH 



KL FORTUNE FOBTOUL 



Le 14 Janvier 1890, est décédé, à Aix, un des membres 
les plus distingués de la Société scientifique et littéraire 
des Basses-Alpes. 

M. Fortuné Fortoul, né & Digne le 4 juillet 1812, a honoré 
son pays par la hauteur de son caractère, par ses 
remarquables qualités d'orateur et de jurisconsulte. 

M. Fortoul succéda, en 1836, à son honorable père, 
comme avocat-avoué près le tribunal de Digne. L'élégance 
de sa parole, la vigueur de sa dialectique, la sûreté de 
son jugement le firent remarquer entre tous. Il s'occupait 
en même temps, avec son ami le docteur Tvan, de la 
rédaction du Journal des Basses-Alpes^ fondé par 
Firmln Ouichard. Il travaillait, avec ce dernier, au 



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-335- 

dépouillement des anciennes chartes et des arcUves 
de la ville de Digne. 

Le l«r mars 1852, M. Fortoul fut élu député des Basses- 
Alpes au corps législatif. Le l«r décembre suivant, il 
accepta un siège de premier avocat général à Bourges. 

Par décret du 7 novembre 1855> M. Fortoul est appelé 
à exercer les mêmes fonctions près la cour de Lyon, et, 
en mars 1859, on lui impose la lourde charge de présider 
le tribunal de la môme ville. 

Atteint déjà, d'une maladie cruelle, M. Fortoul suffit 
cependant à cette tâche qui exigeait, en matière de référé 
surtout, une grande promptitude de décision et une 
connaissance consommée du droit et de la jurisprudence. 

Le 29 août 1864, M. Fortoul fut élevé au siège de 
Premier Président à Poitiers. 

Le 28 novembre 1873, il est admis à la retraite sur sa 
demande et nommé Premier Président honoraire. Il était 
chevalier de la Légion d'honneur depuis le 1«' février 1858 
et officier depuis le 11 août 1866. 

Après un séjour de quelques années à Riez, M. Fortoul 
revint, en 1877, habiter, à Digne, la maison paternelle. 

En 1889, il fixa sa résidence à Aix, où il a terminé sa 
brillante carrière. 

Il serait trop long de signaler tous les hommages que 
la presse a rendus, dans diverses circonstances, à notre 
émînent compatlote. 

De très courts extraits suffiront. 

Courrier de Bourges du 11 novembre 1855 : 

t Empreints de ces heureuses qualités, on conçoit 
combien les réquisitoires de M. Fortoul devaient jeter 
de lumières sur les questions qu'il examinait. D'un 
autre côté, la modestie et la bienveillance qui le 
caractérisent lui avaient concilié toutes les sympathies 
du corps dans lequel son départ va laisser de bons 
souvenirs et d'honorables regrets. > 

Courrier de Lyon du iO novembre 1864. (Discours de 



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M. Chevalier, pi^ocureur impéiriftl, lors de finstaUati^ii 
de M. Aucher, successeur de M. Fortoul à la présidence 
du tribunal dé Lyon): 

c Pour moi, quai qu'il m'en coûte. Je crois don&er & 
M. Fortoul une preuTe de mon mffectioa en respectant 
soft extrême modestie et en ne rappelant ni ses titres 
au légitime aTancement qu'il vient d'obtetiir, ni les 
regrets qm cause son départ. La t&die cependant serait 
facile. Son éloge n'est-il pas dans toutes les bouches, 
comme son souvenir est dans tous les cœurs? » 

C(mrrier4e la Vienne et des Deux Sèvres du 10 dé- 
cembre 197S. (Discours de M. le Président Bonnet, lors de 
rinstallation de M« Merveilleuii-Duvignauz, Premier 
Président et successeur de M. Fortoul): 

c Lorsque, en 1864, M. Fortoul vint prendre la dtfectkHi 
4e la magistrature de ce beau ressort, nous ne le connais- 
sions encore que par ce que les échos des cours de Bourges 
et de Lyon nous avaient dit de son savoir, de la fermeté 
de son caractère, de la pénétration et de ia sAreté de see 
Tues. La renommée ne nous avait pas trompés» mais 
elle ne nous avait pas tout dit. ^ 

(Discours de M. Merveilleux-DUTtgnaux) : 

« A cette place que M. Fortoul n'occupera plus que dans 
vos souvenirs attristés et au livre d'or de la Gour, 
f afrive, accueilli par de trop ilatteuses paroles. Laisses- 
moi n'y répondre que par ces simples mots: ie veux et 
J'espère, avec votre aide> imiler mon prédécesseur* > 

Dans son son numéro du cttmaiiohe 1^ mars l^iô, le 
fownal des Bass^- Alpes a, de son côté, rendu hommage 
ft toutes les qualités de eceur et d'iateifigeace de 
M. Forteul. Lors de son décès, la presse de la région a 
retenti des éloges si bien dus à sa mémoire. 

Mous croirions les affaftiir «n insiste&t 

La Société scientifique et littéraire des Basses^Alpes 
s'honore d'avoir compté dans ses rangs un homme de 
Ht "Valett de M. Fortuné Fortoul. fiUe tranoBMt * sa 
famille attristée le tribut de toutes ses sympathies. 



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ITÏÏDI SÏÏB US FLïïnS 

Par M. GIRAUD, Directeur d'Ecok normale en retraite. 
Officier de Vlnstrucion publique. 



Il est généralement admis, dans notre région, que les 
pluies sont moins fréquentes et moins abondantes de 'nos 
jours qu'autrefois, et l'on s'afflige souvent de la persistance 
de la sécheresse : les sources ne sont plus alimentées, les 
rivières tarissent et l'industrie agricole est dans la souf- 
france. A ce sujet, il m'a paru intéressant de comparer les 
observations pluviométriques que j'ai faites à Avignon 
pendant une période de quinze années, du !«' décembre 18?2 
au 30 novembre 1887, avec celles qu'a faites M. Guérin, 
dans la môme ville et au même endroit, du !«' décembre 
1804 au 30 novembre 1841, c'est-à-dire pendant une période 
de trente-sept années. Ces observations, relevées mois par 
mois, sont consignées dans le tableau suivant : 



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c^osoococooiçDi^t^** ^«îf^oo • m ^f c^ w 05 « r^05 CO osooir 

^ cooa * -^M ^ •«' 00 • c^ *<tco«r4 r*«>" oia «lO^ ^i»-*! 

lOC^lOOOlO ACdCOCOOiOO AOOOOOOlOOOiOOO^ • OOOiO «^c^ 

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- 340- 

Les chiffres des années 1803 à 1841, formant la première 
période, sont extraits des registres originaux déposés par 
M. Guérin à la Bibliothèque du Musée Calvet, dont il était 
le conservateur. 

Les observations de M. Guérin, faites en pouces, lignes et 
dixièmes de ligne, ont été réduites en millimètres et en 
dixièmes de millimètres. 

Le mois de décembre, dans le tableau ci-devant, appar- 
tient toujours à l'année qui précède. 

On voit, par ce tableau, que, contrairement a la 
croyance générale, les pluies, de nos jours, sont plus 
abondantes, plus fréquentes, et plus également distribuées 
que dans la première moitié de ce siècle, puisque la 
moyenne annuelle pour la première période n'est que de 
586min,5, tandis que cette moyenne annuelle pour la période 
actuelle s'élève à 861mm,i. D'où une différence en plus 

de 74m'n,6. 

Le mois de décembre donne, pendant la première période, 
une moyenne de 46mm,4, et pendant la deuxième période, 
qui est la période contemporaine, une moyenne de 41min,2. 
Le mois de janvier, pendant la première période, donne 
une moyenne de 40mni,3, et une moyenne de 38mm,7, 
pendant la seconde période. Le mois de février donne une 
moyenne de Si^^fi pour la première période, et de 28"am,3 
pour la seconde. On voit donc que chacun de ces trois 
mois, qui constituent la saison d'hiver, donne une moyenne 
beaucoup plus faible dans la période contemporaine que 
dans la première période. On peut donc dire que, de nos 
jours, il tombe moins d'eau en hiver "^u'il n'en est tombé 
pendant les quarante premières années de ce siècle. En 
effet, la moyenne de la pluviosité hivernale est de 12lmm,6 
pour la première période, et de 108mm,2 seulement pour la 
période contemporaine. 

Il en est tout autrement de la saison de printemps, à 
l'exception du mois de mars, qui donne une moyenne de 
37mm,l pour la première période, et de SOm^îô seulement 



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-341 — 

pour la seconde ; mais il faut remarquer que le mois de 
mars confine à Thiver, et qu'il en fait partie le plus 
souvent. A partir du mois d'avril, et pendant toute la 
durée de la belle saison, c'est-à-dire jusqu'en octobre, nous 
avons, dans les quinze années de la période contemporaine, 
des quantités moyennes mensuelles de pluie beaucoup 
plus considérables que pendant la première période. En 
effet, le mois d'avril, alors que les pluies sont le plus 
bienfaisantes pour les produits de la terre, nous avons une 
moyenne de 83mm,2 dans la période actuelle, et de 48n»m,i 
seulement dans la première période : la pluviosité est donc 
presque double de nos jours pendant ce mois. Le mois de 
mai donne, à très peu de chose près, la môme moyenne 
dans les deux périodes : 57mnï,7 pour la première, et de 
57nim^5 pour la seconde. Le mois de juin donne une 
moyenne de-26n»m,9 pour la première période, et de 62n»n»,4 
pour la seconde, plus du double. Juillet, qui ne donne 
qu'une moyenne de 25»»,! pour la première période, donne 
une moyenne- de 32min,2 pour la seconde. Le mois d'août, 
pendant la première période, donne une moyenne de 29»nn»,2, 
et, pendant la seconde^ 56n»m. Septembre donne une 
moyenne de 78mm,8 dans la première période, et de 87mni,8 
dans la seconde. Les deux derniers mois de Tannée 
météorologique, qui se rapprochent beaucoup de l'hiver, 
donnent, de nos jours, moins d'eau qu'autrefois. En effet, 
octobre ne donne actuellement qu'une moyenne de 8lmm,7, 
tandis qu'il a donné une moyenne de 87mm,l dans la pre- 
mière période ; et novembre ne donne qu'une moyenne 
de 62mni,6, tandis qu'il a donné de 74mn»,9 dans la première 
période. 

En résumé, l'hiver, dans la première période, donne une 

moyenne de 121nim^G 

tandis que dans la période actuelle, il ne donne 

qu'une moyenne de , 108mm,2 

soit une différence en moins de 13™m^4. 

Le printemps donne plus d'eau de nos jours 
qu'autrefois 170mm,2 



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-3« — 

pouf la période actuelle, et, pour la première 

période .• 142»«,9 

soit une différence en plus de 27mm,3. 

Ck>mme le printemps, Tété donne plus d*eau 
maintenant que dans la première moitié de ce 

siècle 150m"»,6 

pour la période actuelle, et, pour la première 

période, seulement 81«m,2 

soit une différence en plus de e9»«>,4. 

Enfin, l'automne donne, en moyenne, un peu 
moins d'eau maintenant qu'autrefois: pour la 

pôriodede 1806àl841 240iwn,8 

et, pour la période de 1873 à 1887 233m»,i 

«oit une différence en moins de S"»"»,?. 

Ces observations constatent un fait très important : c'est 
qu'il tombe moins d'eau de nos jours qu'autrefois pendant 
les six mois de la saison froide : octobre, novembre, 
décembre, janvier, février et mars ; tandis qu'il en tombe 
beaucoup plus pendant la saison chaude, c'est-dire pendant 
les mois d'avril, mai, juin, juillet, août et septembre; 
mais les différences en moins de la saison froide sont 
peu sensibles, tandis que les différences en plus de la 
saison chaude sont beaucoup plus accentuées. En effet, 
si nous prenons la moyenne de la pluviosité pendant la 
saison froide, nous trouvons, pour ces six mois consécu- 
tifs, 320mn,6 pour la première période, celle de 1805 à 1841, 
et 282«m, seulement pour la seconde période, celle de 1873 
& 1887 d'où, en moins 38mn>,6 ; soit 6n»",4en moins par mois. 
En procédant de la môme manière pour les six mois de 
la saison chaude, nous trouvons 379"an»,i pour la période 
contemporaine, et 265iiim,8 seulement pour la première 
rériode ; d'où, en plus, 113mm,3, soit 18mm,9 en plus par 
mois. Si nous retranchons de la différence en plus 113»«,3, 
la différence moins 38n"n,6, nous avons une différence 
moyenne générale annuelle en plus de 74mn»,7 qui est 
égale à. la différence des moyennes générales annuelles 
que nous avons déjà fait connaître. 



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— 848 — 

Mais la pluviosité n'est pas indiquée seulement par les 
quantités d'eau tombée ; elle est aussi caractérisée par le 
nombre de jours de pluie ; et, sous ce rapport encore, notre 
époque est plus favorisée que les années qui se sont 
écoulées de 1804 à 1841 ; car nous avons plus de Jours de 
pluie qu'autrefois, comme cela résulte du tableau ci-après. 
Je dois faire remarquer que toute journée de pluie qui n'a 
pas donné au moins 1 millimètre d'eau, n'est pas comptée 
pans le tableau qui suit : 



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-344- 



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— 846 — 

La moyenne des Jours de pluie se répartit de la manière 
suivante pour chacune des deux périodes : 

Preuèr« piriide (iS05 à 1841). Deiiiène pério4«(187S à 1887). 

Décembre 3 j. 3 dixièmes. 4 j. 8 dixièmes. 

Janvier 3j.2 — 4j. 7 — 

Février 2j. 8 — 4j.4 — 

Mars.; 2J.7 — 4J.5 — 

Avril 8J.5 — 73.6 - 

Mai 4j.l - 5i.8 — 

Juin....*....».* 3j.l — 4J.6 — 

Juillet Ij. 7 — 3J.2 -* 

Août lj.9 - 3J.5 - 

Septembre 4j. 2 — 5j.» — 

Octobre 4j.4 — 6j. 3 — 

Novembre 4j.5 — 6j. 1 — 

Ce qui donne les moyennes suivantes par saison : 

PriBièri ftA%it. leuièHe périile. 

Hiver ..* 9j.3 dixièmes. 13 j . 9 dixièmes. 

Printemps 10 3. 3 — 17 j. 9 - 

Été 5J.7 - II3.3 — 

Automne I3j-l — 17 j. 4 — 

En résumé, le nombre moyen de jours de pluie par 
année est de 38 j. 5 pour la première période, et de 60 J. 6 
pour la seconde, presque le double. Ce qui démontre, une 
fois de plus, qu'il pleut davantage de nos jours qu'au- 
trefois. 

Si nous combinons les moyennes mensuelles des deux 
périodes, nous voyons qu'en moyenne il pleut pendant 3 j. 7 
en décembre, 3j. 6 en janvier, 3j. 4 en février, 3 j. 2 en 
mars, 4 J. 7 en avril, 4 j. 6 en mai, 2 j. 8 en juin, 2 j. 1 en 
juillet, 2 j. 4 en août, 4 j. 5 en septembre, 5 jours en octobre 
et 5 jours en novembre. Ce sont donc les mois d'octobre 



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— 347 — 

et de novembre qui sont les plus pluvieux, et le mois de 
juillet qui Test le moins. C'est l'automne qui donne le plus 
grand nombre moyen de Jours de pluie: 14 j. 5, et Tété 
qui en compte le moins : 7 j. 3. 

Pour mieux apprécier encore les modifications que le 
temps a apportées au régime de la pluviosité, il convient 
de comparer les quantités d'eau tombée dans chacune des 
deux périodes, pendant les grandes averses et pendant les 
grandes pluies. Les recherches que j'ai faites dans les 
registres de M. Guérin et dans le recueil de mes observa- 
tions, ont donné les résultats suivants : 



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r>AUL OAIMCOIIV 



Fils aîné d'Honoré-Gabriel (1), Camoin Paul, naquit à 
Riez le 1«' janvier 1816. Il vint au monde en môme temps 
que l'année, quand Thorloge eut achevé de sonner 
la douzième heure, ce qui faisait dire que l'enfant serait 
le premier de ses contemporains. Les augures, commères 
expertes, tirèrent de cette date un horoscope des plus 
heureux... Ce qu'il y a de certain, c'est que Tenfant fut un 
artiste de grand talent, un de nos meilleurs aquarellistes. 

Camoin devait promptement s'adonner à l'art et n'en 
plus sortir. Dès que ses petits doigts purent tenir un 
crayon, il en jaillit une file de bons hommes plus réjouis- 
sants les uns que les autres. Le père, sachant le mal que 
l'artiste éprouve à gagner sa vie, le poussait dans une autre 
voie : « Fais de l'algèbre, lui disait-il ; on arrive à la 
fortune avec les chiffres. » « Foin des chiffres », répondait 
l'enfant, et il continuait son petit train de dessinateur.Enfln, 
las de ces observations, il secoua un jour le joug paternel 
et, armé de courage, il partit pour la capitale de la Pro- 
vence, où il entra en qualité de maître de dessin dans une 
Institution privée. Son mérite attira l'attention de ses 
supérieurs ; malheureusement, les élèves abusèrent de la 
bienveillance du professeur, à tel point, que celui-ci crut 
devoir rechercher d'autres fonctions en sollicitant un 
emploi dans une administration de l'Etat.... Gomme il 
faisait fausse route!... C'était sacrifier l'idéal à l'amère 
réalité. Mais, avant tout, il faut songer au pain quotidien. 
Sa demande d'emploi fut renversante. Jugez donc : un 
encadrement de fioritures, de grotesques, d'arabesques 
élégantes et pleines d'originalité, et, au bas, le postulant 
péchant à la ligne et retirant avec effort de l'eau un 
poisson énorme, sur le ventre duquel était écrit ces mots 



(1) Voir le buUetin d« 85, p. 178. 



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-358- 

fatidiques : Brevet de surnuméraire de M. Camoin Paul 
Si bien que le Directeur général des contributions indi- 
rectes le nomma d'emblée son secrétaire particulier, sans 
le faire passer par la voie hiérarchique. C'était ainsi ! Quel 
bel avenir! Habiter Paris et être secrétaire d'un sous- 
ministre ! Il n'en fallait pas davantage pour l'enivrer. Il 
s'en grisa à tel point qu il se crut parisien à jamais et 
négligea son travail de chiffres, comme il avait fait jadis 
pour les X et tout le grimoire algébrique. 

Mais il ne faut jamais abuser de sa position, môme en 
pleine veine, de crainte d'éprouver plus tard des dé- 
ceptions. A vrai dire, Gamoln avait une grande facilité 
d'assimilation et obtenait de jolis succès à Paris. Il pos- 
sédait un talent exceptionnel dans l'art de l'aquarelle. 
Celui qui tenait une de ses œuvres ne la lâchait plus. 

Lorsque ja reine Amélie voulut mettre dans un album 
les aquarelles qu'elle possédait, M. Jacquemin, secrétaire 
des commandements de sa Majesté, le désigna pour ce 
travail délicat ; mais, loin de profiter de cette belle aubaine, 
l'artiste, trouvant là une chaîne, ne parut jamais ni aux 
Tuileries» ni au Ministère. Il crut que toutes les fortunes 
devaient lui tomber du ciel, même les faveurs des reines 
et des directeurs généraux. Or, un beau jour, après un 
chômage de plusieurs mois, l'administration supérieure se 
demanda s'il ne serait pas sage d'inviter ce fantaisiste 
à paraître au moins de temps en temps au r&telier où 
l'on mange. Vivant avec les êtres de son imagination, il se 
contentait de produire de petites œuvres pleines de vie, 
de couleur et de mouvement. 

Mais il y a une fin à toutes choses, même à l'indifférence 
administrative. Un beau matin, on prononça son exil; 
on réloigna de la capitale, son rêve, pour l'envoyer au 
fond d'une province de l'est, comme on eût fait du plus 
vulgaire rat de cave. Quelle chute! Aller jauger les 
foudres, les barils de trois six, après avoir vécu dans 
l'idéal et les appointements faciles. L'administration espé- 

2i 



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-854- 

rait obtenir amende honorable. Comme elle se trompait I 
Non s'écria-t-il ; Je ne ferai plus qne peindre de petits 
bonshommes ! Et il tint' parole. Les débitants le Tirent 
si rarement qu'ils le crurent atteint d^ne maladie chro- 
nique ou de rhumatismes aigus. Dame administration ne 
tarda pas à envoyer une mercuriale, dont il ne tint guère 
mieux compte. Lui, descendre dans les caves frauduleuses, 
ft^anchir la porte d'un marchand d'alcool !.... Jamais. 

Cette vie d'employé fantaisiste dura néanmoins encore 
quelque temps. Un instant, il mit de l'eau dans son vin, 
calma sa verve artistique et songea sérieusement à s'ac- 
quitter de ses fonctions. L'administration, informée de ce 
beau zèle, le félicita et lui accorda une augmentation de 
traitement. C'est alors qu'il songea à faire choix d'une 
femme, déesse du foyer domestique, cordon bleu si vous 
voulez, capable de réaliser le vœu du galant roi gascon !... 
Mais comment vider le fond du sac d'un talent si Imagi- 
natif?... Comment oublier les ennuis suscités par une 
personne qui peut assaisonner les mets de sa cuisine, 
non avec le produit de la palette, mais avec des res- 
sources plus confortables... Alors commencent les tribu- 
lations, les orages grondent, les nuages s'amoncellent, 
l'harmonie des jours sereins est troublée. Virginie déserte 
le foyer, tandis que Paul va emprunter à la nature ses 
plus ravissants aspects. Par malheur, l'artiste n'était pas 
doublé d'un père de famille et l'intérieur en souffrit. Bans 
souci, sans chagrin, la peinture le consola bientôt. 

Les artistes ont parfois d'étranges idées. Très jeune 
encore, il se fait mettre en disponibilité, préférant 
Findépendance à toute chaîne, même d'or, ne reculant que 
devant la tâche abrutissante de l'administration. Chaque 
jour, livré aux improvisations de sa palette, il travaille 
sans relâche et, avec sa facilité, il a produit une œuvre 
considérable, fine, charmante, rappelant parfois les ber- 
geries de Charles Jacque et les frères de Ooncourt, ces 
poètes de Teau forte et de la prose. 



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Mais queUe horreur d6 Fai^nt du bourgeois I Que de 
pièee» d'or gagnées et jetées à tous les Tents» sans souoi 
du leudemain ) Ajoutous qu'il a beaucoup vendu et donné 
et que lamais U n'a su refuser. Il a semé ses «uvres 
oonune un rajab les perles d'Orient 

U n'est pas de siiôet que Paul Gamoin n'ait abordé ayec 
succès; intérieurs enfumés, groupes d'animaux, fantaisies, 
combats de coqs, drames de basse-oour, cochons aux tons 
roses, types gracieux d'enfants. Quel mélange, quelle Tie, 
quelle verve, quelle vérité dans son œuvre I Que d'aqua- 
relles claires et légères, pleines d'harmonie. Son pinceau 
a la grâce, l'aisance, la finesse, la touche délicate, même 
quand il représente les montagnes sévères ou les vieux 
cbénes et les hêtres acoroohés aux grands rocs, les sites 
sauvages de nos Alpes où poussent les genévriers et le 
thym parfumé, où pend le lierre aux tons verts, où gronde 
le torrent rapide, tortueux, pierreux. De plus, U possède 
la faculté d'exprimer admirablement au dehors la forme 
sentie, à tel point que souvent la délicatesse des teintes le 
dispute à la suavité du pinceau. C'est le propre des artistes 
bien doués, 

La plupart des sujets créés par Gamoin font honneur & 
son génie inventif. Souvent il a exécuté, comme en s'amu- 
sant, des bluettes sur faïence, que se disputeront un 
jour les amateurs éclairés. 

Noua signalerons un remarquable paysage, avec per- 
sonnages, acheté par M. Ghaurand, de Digne. C'est haruM» 
nieux, dans une gamme douce et pleine de teintes 
adorables. Espérons que le Musée de Digne, en voie d'orga- 
nisation, ne manquera pas d'acquérir quelques œuvres de 
ce beau et faoUe talent, en même temps que des oréations 
originales de son frère Victoriji. C'est là leur place natu- 
relle. La mémoire de nos artistes y est aussi intéressée que 
la valeur des coUectiOAS de cet étabUssement, si bien 
inauguré. 

Un volume suffirait t peine t détailler les œuvres de 



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-856- 

P. Gamoln. An milieu de cette riche nomenclature, que de 
créations originales et gracieuses 1 Ses œuvres sont partout 
dispersées : il y en a à Paris, à Marseille, à Bordeaux, à, 
Aix, À Digne. Ck)mment dresser la géographie des tableaux, 
dessins à la plume et au crayon de cet artiste fécond ? 
Cependant ses œuvres capitales sont, croyons-nous, en 
Provence. Nous le désirons vivement, car les futurs collec- 
tionneurs de son œuvre auront ainsi leur t&che plus 
facile, en rendant un service signalé à notre pays alpin. 
C'est la mission qui incombe tout naturellement au Musée 
départemental et à ses organisateurs. 

Depuis bien des années, Camoin s'est retiré dans sa 
propriété rurale, située entre Digne et les Mées. 

Il y continue sa vie d'artiste. Il compose de petits 
poèmes, achevés, revêtus de l'empreinte d'une charmante 
imagination qui sait poétiser tout ce qu'il crée, même les 
esquisses faites de rien, qui valent un tableau de genre. 

Il y a quelques mois à peine, Camoin nous écrivait pour 
nous entretenir de son fï*ère Victorin, qu'il aimait d'une ten- 
dresse particulière : 

t Ici, disait-il. Je touche à un vrai talent, artiste jusqu'au 
bout des ongles, plein de goût, de sentiment. J'écrirais sur 
lui un volume, que je n'épuiserais pas mon admiration. 

> Tous deux artistes, nous ne possédions pas le même 
genre. J'aimais la composition et Je produisais avec un tel 
succès qu'à Paris on enlevait mes dessins Jusqu'à me 
les payer d'avance. » 

Aujourd'hui, ce doux poète de la palette vit dans sa 
thébalde d'Espinouse; il travaille encore, bien que sa 
main n'ait plus la souplesse d'autrefois. Cependant son 
imagination a conservé sa vivacité, et son nom ne dépa- 
rera point les pages du livre d'or des peintres bas-alpins. 

Depuis que ces lignes sont écrites, Camoin a vécu son 
dernier Jour. Il s'est éteint à Ëspinouse, le 18 Juillet 1889. 
Que la terre lui soit légère I 
Sièyes, juin 1889. 

G. MARIAUD. 



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PBOCÈS-VEEBAUX DES SÉANCES. 
60» Session. — Séance du 13 mars 1890. 



Présidence de M. Daime. 



La Société s'est réanie à l'hôtel de yille» à cinq heures da soir. 
Présents : 

MM. Arnand, Anhert, Amonx, Bachelard» Daime, Feantrier, 
Glraod» Gorde» Jacques» Jauffred, Jourdan, Honnorat, Isnard, 
Lozet^ Mariaud. 

Après la lecture et l'adoption du procès-yerbai de la précédente 
séance, M. le président dépose sur le bureau les ouvrages envoyés à 
la Société par le ministère de l'Instruction publique et par les 
Sociétés correspondantes. 
U présente ensuite : 

Gonune membres titulaires : 
MM. GivATTB, docteur en médecine à Sisteron. 

Jaupfrbo Auguste, licencié en droit à Lardiers. 
Lauoibr Damase, pharmacien à Sisteron. 
RxYifiKR Jean-Baptiste, docteur en médecine à Sisteron. 
RiCHAUD Léopold, avocat à Digne. 
Comme membres correspondants : 
M. DsRiOTANis, ancien avoué à Forcalquier. 
Ces messieurs sont admis à l'unanimité, et la démission de 
M. Dnbosc, de Digne, est acceptée. 

M. Daime lit une lettre de M. le Ministre de l'instruction publique, 
au sujet de la réunion universelle des Sociétés savantes à la Sor- 
bonne en 1890, et invite MM. les sociétaires qui voudraient assister 
au congrès de l'aviser avant la fin du mois. 

La parole est donnée à M. Honnorat, trésorier, qui rend compte 
de sa gestion pendant Tannée 1889. 

Recettes 3,360 » 

Dépenses 2,163 95 

Reste en caisse 1,196 05 



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Ce reliquat de 1,19^ fr- 08 e.» est déposé entre les mains de H. le 
président, qu, eonibméflMntâarègleneDt, devra plaeercette somme 
en rente snr l'État on sur tout antre fonds, an nom de la Sooiélé, en 
y ajoutant les intérêts des titres de reftte dont il est dépositaire. 

On procède ensuite à la nomination de diverses commissions : 
lo pour l'examen des comptes du trésorier : MM. Anbin, Mariand 
et Picard; to ponr l'étnde de nonveanx dipldmes : MM Bachelard, 
Lientand, Martin; 3o ponr l'organisation de la séance pnbliqne 
annuelle : Feautrier, Isnard et Lieutand. 

La séance est consacrée ensuite à diverses lectures : 

Étude sur Geoffrcn/ de la Tour, par M. Lieutand; 

Le ravin de Tauxe (près Digne), pendav^ la période glaciaire, par 
M.Bachelard; 

Note sur YOxfordien de Courbons, par M. Honnorat ; 

Résolution mécanique des équations par la lumière, par M. Arnoux. 

La séance est levée à sept heures. 



61e Session. ^ SâANCE ptTBLtQire du di mai 1690. 



Présidence de M. Daims. 



La séance publique annuelle a eu lieu, comme les années précé- 
dentes, dans la grande salle du palais de justice, au milieu d'une 
nombreuse assistance. Un charmastt parterre de dames et demoiselles 
aux fraîches toilettes donnait un éclat ravissai^t à cette fête. Après 
divers choeurs chantés avec un ensemble parfaitpar la ChoraledignoiUf 
M. le président prend la parole en ces termes : 

c Mesdames, Messieurs, 

» La Société scientifique et littéraire, M^ippelaiA à ia présider, tu 
lieu d'un littérateur ou d'un poète, un ingénievr, qui n'avait 
d'autres titres à «et honneur que sa bonne volonté, vous expose à 
entendre un discours qui ne peut prétendre aux délicatesses litté- 
raires. 



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> Les poètes ont pour monture Pégase aux ailes paissantes, i'in- 
génieor se contente d'an coarsier moins poétiqne : la locomotire. 
Toutefois, comme mes contemporains sembleot apprécier ainsi qoa 
de simples ingénieurs ce mode de roler dans l'espace, vous me per- 
mettrez. Mesdames et Messieurs, de vons parler, conformément à 
no4 statuts, d'an sujet local, de la locomotive bas*alpine. 

» Arant qa'elle parcoure notre pays, noos aurons un rude 
labeur. Détourner le cours des rivi^ea, accumuler des montagnes là 
où sa trouve une vallée» tailler au contraire les montagnes en pro- 
fondes tranchées, ou les percer de ténébreux soutenrains, voili le 
travail que la locomotive exige de l'homme avant de le servir à son 
tour. Elle demande ses aises, il lui faut des viaducs élégants pour 
franchir le torrent, mais quand elle passe, elle gronde plus fort que 
lui et parait défier sa colère. Ne vous semble-t-il pas que tout oe 
gigantesque travail porte avec loi sa poésie ?. . . 

i La locomotive elle-même n'est-elle pas la proche parente des 
sphinx de l'antiquité et des chimères ailées du moyen Âge? 

» Elle n'est pas poétique, avons-nous dit, et sa place est fixée 
dans la république de Platon ; la voilà du moins reçue par les sages ; 
on pourrait avoir un sort plus malheureux. 

> Certes, sa voix sifQante, sa masse métallique ne permettent pas 
de la comparer au rossignol» ni à l'hirondelle. Mais les hommes de 
génie qui l'enfontèrent n'ont point prétendu l'assimiler à ces char- 
mantes créatures et les bonnes iées qui la dotèrent à sa naissance 
savaient fort bien que ce n'était point là un oiseau. Les grands mé- 
caniciens qui la perfectionnèrent n'enviaient à l'oiseau que sa rapi- 
dité et ne cherchaient pas la satisfaction de l'œil et de l'oreille. 
Hommes» ils cherchaient d'abord fultie, c'est-à-dire le bien immé- 
diat de l'humanité et de la civilisation. 

• Dois-je rappeler que d^uis près de sept siècles la locomotive 
était annoncée au monde ? Bacon» U docteur admirable^ avait prédit 
sa déconverte en termes poétiqmea» on parlant do ces chars de im 
qui entraîneraient un jour les humains avec la rajHdité de la foudre! 
Prévue par un savant qui était aussi un philosophe et un lettré, on 
peut dire qu'elle a été enfantée par l'imagination et mise au monde 
par la science. Slle a donc droit de cité partout 



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-aeo- 

• Ce droit ne lui est pas contesté parmi nons ; elle sillonne le dé- 
partement depuis nombre d'années et se dispose aujourd'hui à nous 
frayer à travers nos monts et nos neiges un chemin rapide vers le 
pays de l'étemel printemps. 

> Quand un couple heureux, récemment engagé dans les liens de 
l'hymen, empruntera sa vitesse pour s'envoler vers le pays de 
l'oranger, il bénira, n'est-ce pas. Mesdames, la rapide locomotive, et 
peut-être même la trouvera poétiijue f 

> Permettes-moi donc, je vous en prie, Mesdames, et vous, Mes- 
sieurs, chers confrères et amis, de vous présenter la locomotive bas- 
alpine. Elle veut être non seulement l'amie des heureux, mais encore 
la collaboratrice de l'artiste, du poète et du savant. 

B Nous sommes, elle et moi, de vieilles connaissances ; j'ai eu le 
laborieux honneur de lui tracer son chemin en bien des pays de notre 
chère France ; jamais, je le déclare avec fierté, jamais je ne lui ai 
préparé les voies avec autant de bonheur que dans notre beau pays 
de Provence. 

> Bientôt elle promènera son panache ondoyant sur le ciel bleu de 
nos montagnes, prêtant ses reins de bronze à ceux qui viendront 
admirer nos sites bas-alpins, dévoilant à chacun une nature trop peu 
connue et d'une extrême originalité. 

• Au géologue, au naturaliste, qui trouvent une mine d'étude iné- 
puisable dans notre département, au littérateur en quête de milieux 
nouveaux, aux poètes et aux peintres amoureux d'impressions et de 
couleur, elle permettra d'admirer nos richesses naturelles, nos défilés, 
nos populations dont l'histoire est si attachante, nos villes dont 
l'héroïsme antique se rallumera au premier signal. Au soldat qui 
défend la mère commune, elle prêtera sa force et sa vitesse, si le 
devoir l'appelle sur notre frontière. 

■ Espérons toutefois que son rôle ne se bornera point à ces résultats 
immédiats. Elle est, entre tous, un instrument de progrès et de fra- 
ternité ; elle rapproche les peuples, fait disparaître les frontières, et 
si la guerre, avec toutes ses calamités, doit un jour disparaître du 
monde, c'est la locomotive qui sera l'agent le plus actif de la paix 
universelle. 

■ En terminant, permettez-moi encore de vous remercier tous. 



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— 861 - 

Mesdames et Messieurs, de l'aimable empressement qae vous avez 
mis à répondre à notre invitation. Notre société est plus prospère 
que jamais ; le nombre de ses membres dépasse aujourd'hui 400. Sa 
situation financière n*est pas moins satisfaisante ; le chiffre de nos 
rentes a doublé. La société est fiôre de vous faire part de ces bons 
résultats; elle est heureuse de les publier dans cette réunion, heureuse 
des sympathies que vous lui témoignes, et tout particulièrement de 
voir réunie ici la partie la plus gracieuse et la plus aimable de notre 
ville. » 

Scientifique et littéraire et plein d'intérêt local et actuel, ce dis- 
cours, au fond solide, à la forme charmante, a été fort goûté. Sa 
péroraison a été chaleureusement applaudie. 

Tout le programme, que nous donnons ci-après, a été rempli à la 
satisfaction générale. 

Première Partie. 

Patiiê, chœur (Laireit de Ulli), par la Choealb Dignoisb. 

Discours du Président (M. Daimk). 

JjCs Enfants (laiseist), chanté par M. Jauffrbt. 

Le Diable de Mélan, légende, par M. Baghbulrd. 

Duo de Violons^ par MM. Gorriol et Salin. 

Blaneoman et Ugolin, par M. Plaughud. 

La Pluie, par M. Giraud. 

Le bonheur des Champs, pastorale, pat M. Feautbisr. 



Deuxième Partie. 

Les Enfants de Bagnères (L R»llaad), par la Chorals Dioiioisb. 

La lettre R. en provençal, par M. Libutaud. 

Sérénade, chantée par Mme Quertant. 

Monologue, par M. Diomaro. 

Vaise d'Automne, duo par M»»» Giraud. 

Un Libérateur Français, Theuriet, par M. Aubin. 

Receto per les Gantaîres, par M. Plaughud. 

Les Frissons, chansonnette par M. Feautrier. 



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-362- 

Noiis citerons panni les lectures les plus appréciées et les filas 
applaudies : Les contes de M. Piaachiid» l'aimable président de 
TÂthénée de Forcalquier, toiyoars étincelant dans cette langue 
proTcnçale dont il coonait si bien les secrets et la douce harmo- 
nie; la conférence, de M. Lieutand ; ï Étude sur Theurût, par 
If. Aubin, d'une délicatesse tout à fait en harmonie a¥ec le 
talent du charmant romancier; laPftite, par M. Giraud, résumé d'une 
savante statistique qui sera publiée dans le Bulletin; la curieuse 
légende locale du Diable de MUan, par M. Bachelard, etc. 

La partie artistique a été écoutée avec le plus grand plaisir et 
accueillie par de fréquents braTos. Aux dames et aux amalevs 
mentionnés sur le prograoune, était venu sejoindre «n artiste dignoîs, 
M. Goffi, baryton de talent, qui, sollicité à l'inipreTiste, s'eet prêté, 
aveo une amabilité ai-ëessus de tout éloge, à ekaraer ses «om- 
patriotes. 

La séance est levée à onze heures. 



FRANÇOIS DE GALAUP-GHASTEUIL 

UB SOUTAIRB MJ MOMT UUAK 



LETTRES INÉDITES 
écrites de Provence et de Syrie à Peiresc (I6M-1633} 



Aï»ï»BISri>10E} 

No I 



Lettres de Fr. de 6ALAUP à son frère 



L 

Monsieur Mon très cher frère, 

Je vous ay escrit desja comme aeias partîmes de MarseilK» le 
20 juillet à huit heures du soir avec un vent maistral assés fort et 
au 27 matin fusmes bien près de Malte qui est éloigné de Marseille 
de 900 milles, mais la laissait h droite fisme» chenin par Levant et 



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— 363 — 

le i aoust arriTames h Cerigo (1), loin de 4MM) milles de KaHe. C'est 
la première isle de la Mer Egée oa Archipelage, appellée des Anciens 
Cytfaere, dédiée à Venns, oli l'on dit que Paris rarit Hélène ; elle 
est aajonrdlmy habitée des Grecs et commandée par les Vénitiens, 
qui ne nons permirent point l'entrée de cette Tille aitaéè an hant 
d'nn rocher ponr le soupçon de la maladie oontagiense dont la 
France estoH attigée, mais seolefiient le lendemain jomr dn pardon 
de S. François, il nons ftit permis d'entendre Messe dans une 
chapelle proche dn port, et retonamasmes an rsissean qni fit voile 
par Grec (S) denx heures et demy après midy, mais la Tremontanes 
nous venant à Topposite fùsmes constraints de donner sonde le 
7 aonst à une Isle de la Grèce, appellée Micones, lien fort panvre et 
sons nne dwe servitude dn Turc. Le Mardy 12 d'Aonst M. l'Ambas- 
sadeur (3) prit une chaloupe et fusmes visiter l'fsle de Delos, 
distante de là de dix miHes, lieu tant célébré des Andens par la 
naissance d' Apollon oh il y avoit encore des vestiges de son Temple 
et son (tic) statue de marbre fort grande, mutilée des bras et des jam- 
bes, et divisée en deux par le milieu ; tout le visage scié depuis le 
sommet jusques au menton. Nous y vimmes force colomnes de 
marbre et beaucoup de statues rompues comme de la Gorgone de 
Pithon et autres semblables (4). Le 16 au matin, fismes remorquer 
et tirer le vaisseau du port. Le 18, après disner, arrivâmes à Scio, 
apellée anciennement Chio. Cest Pisle la plus belle et la plus 
abondante en fruits de toute l'Archipelle. La troisiesme partie des 
Grecs qui y habittent est sous l'ËgUse Romaine, le reste est schis- 

(1) Je me dispenserai d'annoter, au point de Tne {géographique, les impres- 
sions de Toyage de Fr. de Galanp, car on a tant de fois prodigaé les éclair- 
cissements an siget de r9h'n^«re de Marseille en Orient, que mon eenuBen- 
taire seeait entiàrement sapertu, ce qni pour un commentaire est la pire des 
hontes. 

<^ C'est-à-dire par fmu gne, 

(8) Le comte de Marchevffle, déjà nommé. 

(4) Malgré mon désir de ne rien dire des localités mentionnées par Fr de 
GalM^, Jo Dtt pvis m^empdofaor de rappeler à propos dos mines do Délos, ks 
henftMsee décoBTertes et let savantes dlaseitatioBS de deia memhres de 
l'Scole française d'Athènee, M. LeMffne et M. HomoUo. 



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-864- 

matiqoe. Il y a des Pères Gapadns, Jésuites, Preschenn et Corde- 
lien. J'ay recea beaucoup de témoignage d'amitié d'un Médecin 
Grec, frère du Secrétaire de l'Ambassadenr d'Angleterre, et ay 
contracté amitié avec le P. Arband, Jesoite. Le 30 du matin, nous 
famés à nne Eglise des Galoyers on Religieux Grecs apellés Neamoni 
distante de Scio de six mille bastie (à ce qn'on dit) depuis 600 ans 
par Constantin Monomache. On y montre une petite croix du 
bois de la Sainte-Croix et la main d'un Saint fondateur de cette 
Maison reyettte encore de sa peau desséchée sur les os, et une 
image de la Sainte-Vierge au risage noir, qui fut trouvée sur un 
arbre par le moyen de quelques lumières qui éclairoient en ce lieu 
là durant la nuict et qui fut cause qu'on y bâtit cette Eglise. 
Revenant, nous fumes voir les arbres du Mastic (1), qui sont en 
grande quantité, et desquels le Grand Seigneur tire, toutes les 
années, un grand revenu. Le 2 Septembre, un Turc ayant esté battu 
par quelqu'un des gens de Monseigneur l'Ambassadeur, cela émeut 
une sédition dans la ville ; on vint assiéger la maison ob nous 
estions, mais le Cadi ou Juge y estant survenu, cet orage fut bientost 
appaisé et cinq des autheurs de la sédition furent battus à coups de 
baston à la façon et coustume des Turcs. Le lendemain, nous 
retournâmes au vaisseau, et le 4, à 9 heures après Midy, arriva au 
Port le Capitan Bâcha qui a le commandement de toute la Mer, 
avec trente six Galères. M. l'Ambassadeur le visita, le jour suivant, 
dans sa Galère dont la poupe estoit surdorée et, d'un costé, pendoient 
des mousquets surdorés et bien polis à la Turque^ et de l'autre, des 
arcs et des flèches et sur la table y avoit une Sphère et un Astrolabe 
d'argent et quelques montres d'horloges avec des livres surdorés : 
luy estoit assis sur un lict de brocard, appuyé sur un carreau de 
mesme ; et un peu loin du lict, de cà et de là, estoient assis des 
vieillards à longues barbes qu'on disoit estre touts Bâchas et Gou- 
verneurs de Provinces. Dès l'entrée que fit M. l'Ambassadeur il 
descendit de son lict et s'assit sur une chaise et luy en fit donner 



(1) Dans ranalyse que donne Marchety du voyage de Fr. de Galanp, mtuiie 
se change en nuutre (p. 8)« et la fante n'est pas relevée dans un tableau 
préliminaire intitulé : FhvUt qu'U/aut corriger atxmi cm de lire. 



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f 



-366- 

une autre. Nous fasmes toasjoun arrestez dans le Port de Scio par 

la Tremontane jusqaes an 13 septembre. Cette nuict, Tair donnant 

quelque apparence de calme obligea les pilotes à lever l'ancre et le 

lendemain matin^ nous Asmes voile. Le 20, estant dans le canal de 

risie Tenedos, qui est en veae de Troye, est in eorupeetu Tenedos 

notissima fama insula (1), le temps changea en beaucoup de &çons, 

et sitost que le vent calmoit, le vaisseau estoit emporté par le 

courant, ce qui fut cause que par cinq fois à ce jour on levoit 

Fanobre, et par cinq fois on donnoit sonde. M. l'Ambassadeur, de 

qui les affaires portoient d'arriver dans le mois de septembre, 

croyant que son vaisseau tarderoit trop, prit à Tenedos trois cayques, 

un pour luy et ses domestiques et deux pour quelques uns de ses 

gentilshommes qui me persuadoient d'aller avec eux ; mais je leur 

dis que depuis que M. l'Ambassadeur entroit inconnu à Constanti- 

nople, je n'avois affaire de me aller tourmenter et que dans le 

vaisseau j'y serois presque aussitost qu'eux. Ëten effect ils arrivèrent 

k Fera le 26 au soir et le 27 le vaisseau donna sonde à sept milles 

de Gonstantinople le 28 de matin, je partis à l'aube, sur le cayque 

du vaisseau et, estant arrivé à Gonstantinople, je traversay la ville 

tousjours la pluye sur le dos jusqu'à ce beau port qui a sept milles 

de longueur, et qu'estant ceint tout à l'entonr de bâtiments, il a à 

son costé de Midy Gonstantinople et à son Septentrion Galata. Là je 

me mis dans une Ferme et m'en allay en Galata où j'entendois 

Messe en la maison des Fères Capucins et, après, j'allois trouver 

M. l'Ambassadeur en Fera qui est comme le faux bourg de Galata. 

II y a un Nouveau Testament en langue et caractère Syriaque 

imprimé en Allemagne. Nous en vismes un semblable à l'Estude 

du Fère Frieur des Chartreux d'Aix. Vous en prendrés, s'il vous 

plait,un mémoire et en manderés quérir un semblable à Lyon. 

Je suis vostre, etc. 

François db GALLAUP. 

A Gonstantinople le 29 octobre 1631 (2). 

(1) Chacun a reconnu une citation de VEnéide. 

(2) Bibliothèque Méijanes, collection Peiresc, registre ni, f» 336, copie. Le 
récit de Fr. de Qalaup a été reproduit par Augeri (p. 76). Mais TouYiage 
d*Augeri est si rare, que j*ai bien pensé que cette lettre et les deux suitrantes 
seraient du fruit nonyeau pour la plupart des lecteurs. 



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Monslecar mon cher Mrt, 

Enfin Dien m'a bit 1« grâce d'arriver en cette Terre Sainte qne 
j'avaia tant désiré de voir. Mon voyage a esté fort henreux, Dien 
soit loné! Je partis de Gonstantinopie le jonr de Sainte-Anne, 
26 de jnillet. Le 29» sur le tard, arrivasmes à Scio qni en est à 
900 milles. Les capncins où je couchay et les pères preschenrs avec 
lesqneis je disnay le vendredy 30 m'ont rendn tant les nns qne les 
autres beaucoup de témoignages d'affection. Le 3 août, snr le tard, 
arrivâmes à Rhodes ; nons estions allés pressés dans le vaisseau à 
cause du grand nombre de gens qui y estoient tant Turcs, Grecs que 
Jui&. Toutefois j'avois une petite chambre où j'estois seul et per- 
sonne ne m'y troubloit. Je logeai à Rhodes chès M. Laugier dit 
Casau de Souliers, qui, après avoir esté longtemps esclave^ s'est 
retiré en cette ville, marié avec une Grecque. Icy i'ay connu aussi 
un fort honneste homme de nos amis, qui a connu mon père. Son 
malheur l'a porté qu'il fut esclave et, peur sortir de cette misère du 
corps, il se jetta en celle de l'&me ; il se fit turc et porte le nom de 
Chabain. Quoyqne le cœur n'y consente, cela ne luy sert de rien 

pour son salut. C'est M (1) d'Aix. Il m'a témoigné beaucoup 

d'affection et j'ay un extrême regret de sa perte. C'est une ville où 
je n'osois pas promener librement à cause de la jalousie que les 
Turcs ont contre les chrétiens qui ne peuvent voir ses belles et 
grandes fortifications qu'avec la larme à l'œil. On nous fit voir sur 
une porte de la ville la teste d'un dragon qu'un chevalier de Malte 
a combattu ; elle pouvait estre de la grosseur de celle d'un bœuf. Je 
demeuray à Rhodes vingt- trois jours, attendant quelque commodité 
pour Saide. Il s'ofirit enfin une calque de Grecs qui venait de Salo- 
nique chargé de fer qu'elle portoit à Soide ; il y avoit une douzaine 
de marcboyis qni avoient fait pacte avec le patron de ne porter ny 
Turcs, ny Juifs, parce qu'e« chemiu U ne se tronvoît que des cor- 
saires de Ponent qui epargnoient souvent les chrétiens, et quand ils 
prenoient les Juifs ou Turcs» tout ce qui estoit au vaisseau esipit en 

(1) C^ Qom a ^ laissé en blanc 



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péril ; ils earent joye de me trouver là, estimants estre en assu- 
rance avec moy. Je laissay les Jnils avec lesquels j'estois venu à 
Rhodes, et partis avec eux le S6 aoost. Le 28 de nnîct on toncba 
à nne ville qai est à la pointe de Tlsle de Chypre appellée Paphos, 
od saint Panl convertit Sergins Panhis qni depuis Itit evesqne de 
Narbonne et dès cette conversion, il changea son nom de Sanlus en 
Paulns (1). II y a environ 300 milles de Rhodes ; nous y demett- 
rasmes jusques au 3 septembre, auquel jour à trois heures après midy 
nous fismes voile et allasmes terre à terre le long de cette isle de 
Chypre jusques à une ville appelée Leenso. Nous y fbmes deux 
jours pour nous informer des corsaires, et le samedy 4 du mois, 
environ deux on trois heures, nous fismes voile pour Seide qui est 
loin de là environ 200 milles. Le dimandie 5 sur une après midy 
on découvrit un vaisseau corsaire assès grand et auprès une calque 
qui estoit quelque prise qu'ils avoient faite des pauvres Grecs, car 
le Turc n'ose point naviger en cette mer. Il s'approdioit toujours 
de nous et donnoit une grande peur à tons ces pauvres mariniers et 
marchands qui apportoint leur argent et ce qu'ils avoient de plus 
précieux, dans mes coffres ; ils recouroient à moy comme à leur 
azile. Mais il arriva qu'estant en bonace, ne pouvant plus aller ny 
eux aussi, ils nous mandèrent un 3 barque armée pour nous recon- 
noistre, que nous ne laissasmes point aborder ; ils croyoient que 
nous ne devions rien craindre, qu'ils estoient Chevaliers de Malte 
et mirent un ettendart rouge, chargé d'une croix blanche, ce qui 
réjouit tons les Grecs, les croyants facilement ; toutefois je reconnus 
que la croix n'estoit pas faite comme celle de Malte, mais qu'ils 
estoient de Ligoume. Je me présente à la poupe et sur ce qu'ils 
nous demandèrent qui nous estions, je leur dis que j'estois François, 
que je venois de Constantinople où j'avois esté quelque temps avec 
l'ambassadeur de France et m'en allois voir la Terre Sainte, que 
tout le reste des gens qui estoient dans le vaisseau estoit des pauvres 
Grecs et chrétiens et qu'avec eux il n'y avoit rien à gagner. Ils 



(1) Fr. de GaUup peut donc dtre enrégimenté dans Tarmëe de ceux qui 
croient i rétablissement des sièges épiscopaux en Oanle au l** siècle de Tèr^ 
chrétienne. 



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nons saluèrent de quelques arquebasades, je les fis aussi saluer par 
les nostres d'un coup de perrier et de quelques mousquetades. Ils 
s'en retournèrent en leur vaisseau qui salua d'un coup de canon, 
mais il ne laissa pas de nous poursuivre tant qu'il peut jusques au 
port de Seide où nous donnâmes sonde le lundy 6 du mois un peu 
devant le jour. M. Targnet (i) a esté bien aise de me voir et m'a 
reoeu dans sa maison. Je faits dessein à trois jours d'icy d'aller voir 
le Mont-Liban ; j'eliray le lieu qui sera le plus propre pour m'y tenir 
quelques temps avec les Maronites. En toute cette montagne il n'y 
a point de Turcs, lis sont tous bon chrétiens et catholiques. 
Quelques-uns me conseillent de demeurer avec le patriarche, 
d'autres avec un Evesque qui est fort docte (2). Il y a deux couvents 
de nos Pères, un de Capucins qui sont tous bons François, et un 
autre de Recollets. Peut estre que je prendray ou l'un ou l'autre. 
Dieu me conseille ce que je dois faire t M. l'ambassadeur m'a té- 
moigné à mon départ beaucoup d'affection et escrit une lettre à 
M. Targuet bien obligeante, disant qu'il m'affectionnoit autant que 
sa femme, sa mère et son frère, et que toutes hs lettres qu'il luy 
sçauroit escrire ne seroient pas bien receues de luy si elles ne 
marquoient quelques nouvelles de moy, comme estant la chose qui 
luy estoit la plus agréable. Il croit dans un ou deux ans de venir en 
ces quartiers et me ramener à Constantiaople, mais c'est chose assès 
esloignée de mon esprit. Dieu vous tienne tous en sa garde ! C'est 
vostre, etc. 

De Seide, ce 11 septembre 1632 (3). 

François db GALAUP. 



(1) Le consul de ïnmce àSeyde, déjà mentioniié dans la lettre à Peiresc 
(n* VI.) 

(2) L'éT^que Georges d'Amiré. Toir lettre Y à Peiresc, voir sartout la lettre 
qui Ta BuiTre. 

(3) Bibliothèque Mdjjanes. CoUeotion Peiresc, vol. m, f* 840. Copie repro- 
duite par Augeri (pp. 88-92). 



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III. 

Monsieur mon cher frère, 

Je vous escrivis dernierernsnt de Selde d'où je partis le 11 sep- 
tembre en compagnie d'nn père capucin qui prit la peine de me 
venir montrer le chemin à la prière de M. le consul Targnet. 
J'arrivay ce jour-là à Baruc, ei le lendemain je couchay dans une 
grote auprès d'une rivière qu'on appelle en la langue Arabique 
Nahar Kelb, c'est à dire rivière du Chien, à cause d'un idole de 
pierre que les Anciens ont adoré en ce lieu eu forme de Chien, ce 
qui a demeuré jusques à nostre temps sur un rocher de cette rivière. 
Il y a deux ans seulement que la foudre s'abbatit et le jetta dans 
l'eau. J'arrivay le 15 à nu village appelé Aszon, auprès duquel les 
pères Capucins bastissecit un couvent où ils me persuadoient de 
m'arrester avec un Curé qu'ils me asseurent estre très sçavant en la 
Langue Syriaque, et à cause aussi que le peuple de ce lieu là a 
retenu jusques à ce jourd'huy le langage Syrien. Après avoir visité 
ce curé, je le priay de me permettre d'aller voir Monseigneur l'Ar- 
chevesque d'Amiré fort estimé en ces quartiers et plus encore en la 
Chrestienté pour une grammaire qu'il a composée bien receud partout, 
alléguée dans plusieurs livres que j'ay apportés de France, luy 
donnant l'éloge du plus docte des Syriens qui soient en ces quartiers. 
Il a outre cela la Langue Arabique en perfection ; il a estudié en 
Philosophie et Théologie à Rome où il a demeuré pour cela diz-neuf 
ans. Son âge est d'environ soixante ans. Ces pères dissuadoient d'y 
aller d'autant, disoient-ils, qu'estant une personne relevée et riche, 
il ne voudroit pas prendre la peine de m'instruire. Toutefois le 16 du 
mois j'arrivay en la ville d'Hedem, appelée de ce nom qui signifie 
volupté, à cause de la beauté du terroir qui abonde en eau grande- 
ment fraische, ce qui a obligé les anciens de luy donner ce nom 
comme parlant d'un lieu de délices ou Paradis Terrestre. Tout 
contre la ville il y a une maison et une Église où les pères Recollets 
se sont logés depuis un mois. J'attendray en cette maison tant pour 
voir ces pères que pour avoir l'honneur d'estre conduit par 
quelqu'un d'eux en la maison de Monseigneur George d'Amiré, qui 
est à deux arquebusades loin de Hedem. J'ay trouvé en ce couvent 

25 



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— 370- 

le père Jacqaes de Vendosme, duquel j'ay receu beaucoup de 
témoignage d'affection tant pour son bon naturel que pour la 
mémoire du père Daniel. Gomme j'estois là Monseigneur George 
d'Amiré est venu pour disner aves les Pères qui Tavoient convié. 
Je disnay avec luy : il fiit fort aise de ma venue et me dit qu'il 
reputoit à bon augure de ce que depuis que les Pères estoient arrivés, 
c'estoit la première fois qu'il estoit venu pour les voir. 11 me donna 
ses mulets le lendemain pour porter mes Livres et Hardes en sa 
maison. J'ay fait dessein de demeurer tout ce mois avec luy, et 
après prendre quelque coin au logement des Pères Recollets. 
Jo suis vostre, etc. 

François db GALAUP. 

De Hedem au Mont Liban le 6 octobre 1632 (1). 

IV. 

Monsieur mon frère, 

J'ay receu le livre Syriaque et la rame de papier» ensemble les 
dix boites qu'il vous a pieu m'envoyer, lesquelles me sont venties 
très à propos pour ce que je ne pouvois plus me cacher n'y éviter 
d'aller voir l'Ëmir Facardin (2) et le Patriarche qui me scavoit icy, 
et desja par deux fois le Patriarche m'a mandé saluer et s'est plaint 
de moy de ce que je n'allois point le visiter, n'osant pas le faire les 
mains vuides, pour ce que cela est imputé à l'incivilité en ce pals. 
J'ay escrit au père Jacquas de Vendosme qui se trouve estreà Leide, 
de m'apporter quelque chose pour présenter aux deux Frères 
Maronites gouverneurs de ce Mont. Pour Monseigneur TArchevesque 
d'Amiré avec lequel j'ay demeuré quarante jours, je luy ay fait un 
présent qui a cousté environ trente piastres; il est satisfait de moy. 
Le Père Minime est de retour de son voyage de Chypre, où il dit 
avoir trouvé beaucoup de livres Grecs pour M. de Peiresc, il m'a 
donné un livre Hébreu qu'il a recouvré. 

(1) Bibliothèque Méjanes, collection Peiresc. vol. m, fi 848, copie. La lettre 
â été «produite par Augeri (pp. 95-97). 

(2) Cest Fakhr-EI-Din, le grand ëmir des Druses, né en 1584, décapité le 
18 aTril 1685. 



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-871 - 

Poar ce que tous m'escrives de M. l'Ambassadeur, c'est chose 
grandement esloignée de ma pensée que de retoorner à Gonstantino- 
ple ; trop je suis aise d'en estre sorty. 

Pour ce qne vons me dites des creUes de vos compagnies, 
desquelles on vous menace, je comprends qne les misères de la 
France ne cessent point, mais qu'elles vont tousjours en empirant. 
Dieu y veuille mettre la main ! 

C'est vostre, etc. 

François db GALAUP. 

De Hedem au Mxmi Liban le 19 mars 1633 (1). 



(1) Bibliothèque Méjanea, colldction Peireflc, ▼ol in, f* di8, copie. La lettre 
ii*a pas ëlé imprimée par Augeri, lequel a dû faire un cben parmi les docu- 
ments qui lui furent communiqués par la famille. Je donne ici deux billets 
écrits à Feiresc par le frère du «olttatra, Jean de Gallaup. 

* Monsieur, 

„ Vous ne trouyerés en mes lettres qu'une suite de remerciements. Vous 
aTés tousjours quelque nouTelle fayeur pour m'obliger et je suis si malheureux 
que je n'ay jamais eu le moyen de yous en témoigner le ressentiment que 
j*en ay. Je yous enyoye l'extrait de la lettre de mon frère qui est d'accord 
ayec yostre Relation. Cette pièce est funeste yrayement, mais belle pour 
l'histoire de nos jours, auxquels je crains de yoir la terre dans un gênerai 
embrasement. Ce n'est que feu de tous costés. Je youdrois bien estre aseuré 
que mon firere fust bien ayant an chemin de la Terre Sainte. Je ne yois 
point de seureté pour luy dans Constantinople. Par yostre lettre je yous yois 
dans un mesme soucy. Comme yous luy faites l'honneur de l'aimer, je yous 
supplie de me croire, Monsieur, yostre, etc. 

« Chastsuil gallaup. 

„ A Aix ce 6 juin 1692. „ 

" Monsieur, 

, Je ne puis yous remercier assés la (ayeur que j'ay receue de yous et les 
nouytnes que vous donne le père Minuty m'ont tiré d'un déplaisir extrême 
Un jeune homme yenu de Malte m'assouroit d'ayoir yen mon frère malades 
Après cela je n'imaginoy qu'un sinistre eyenement en son yoyage et Dieu nous 
le rameine par sa grâce et nous donne le moyen et à luy et & moy de you 
pouyoir témoigner le sentiment des obligations que nous ayons. 



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— 372 - 
AI*F»ElSrOIOE3 

No n 



Lettre de Fr; de GALAUP à Mathiea ALPHERAN 



M. H. Guillibert a bien voulu rae communiquer un 
dossier qui a reçu de la main de Roux Alpheran le titre 
que voici : Lettre originale de François de Gallaup 
Cha^tueil, célèbre solitaire du mont Libati, à Mathieu 
Alpheran^ avocat à Aix, son intime ami, du 27 juillet 
1643^ précédée d'une notice sur ledit François de 
Oallaup, de récriture du P, BougereU de l'Oratoire^ et 
a^com^pagnée d'un fragment de la tunique dont ce 
pieuœ solitaire était revêtu au Tnont Liban. 

Le Mémoire du P. Bougerel pour la vie de François 
Galaup de Chastueil étant à peu près Tarticle même du 
Moréri (1) et se retrouvant, d'ailleurs, encore dans les 

M C^est, Monsieur, vostro tros humble, très obéissant et plus affectionné 

serviteur, 

„ Chabtbuil GALLAUP. „ 

Bibliothèque Méjanes, collection Peiresc, vol. ni, f> 835, Copie. 

Un post-scriptum qui avait mis à la marge a presque entièrement disparu 
dans la reliure, parmi les mots épargnés on distingue ceux-ci : ** Je fairay 
l'impossible pour vous faire avoir la selle d'airain. „ 

(1) Voici seulement une phrase omise dans le Moréri : ** On assure que les 
peuples voisins du mont Liban font des pèlerinages à son tombeau comme à 
celuy d'un apôtre. « Bougerel renvoie au " Journal dei Seayant» de M. de 
Gallois, t. 8 „. U indique encore, à la fin de son mémoire, les sources suivan- 
tes : Augery, Marehétty, BaiU^t (Hiaknre du Carctme)^ le Journal dt» Seavantê 
de Tan 1702, le Journal de Trévoux^ do la même année, Cotolendi, Vie de 
M. de ChoMteuH, B'autro part, dans le Moréri sont allégués les auteurs 
suivants : Lo P. Besson (Syrie Sainte), le P. Philippe de la Trinité (De mirijieo 
mundi eontemptu), Arnauld (De la perpétuité delà foi), le P. Martial de S. Jean- 
Baptiste (BiUioiheca earmèlitarum exealceatorum). Paul Colomiés {Gallia Orien- 
taliê, 2665) ne cite, à Tarticle de Frandêcvê Qaïïaupiue, lui d'ordinaire 6i 
prodigue do citations, que deux phrases de Gassendi (in vita Peireskii, ad an, 
1680 et 168V' 



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— 873 — 

Mémoires de littérature et d'histoire du P. Desmolets 
(t. VIII, 2« partie) (1), je me garderai bien de le réimprimer. 
Mais je publierai, avec la lettre à Mathieu Alpberan, les 
notes ajoutées par ce dernier à la lettre de son vénérable 
ami: 

A Monsieur Monsieur Alpherao, advocat à Aix en Provence. 

Monsieur, 

J'ay receu deux de vos letros, et vous remercie de ce que vous 
avez voulu renouveler les amitiés qui avoient este conceues parmi 
nous en jeunesse. J'ay prins ces lieux retirés pour retraite, me 

(1) Ayoc cotte addition contenant une assertion qne ne justifie pour la 
prétendue collaboration ëpistolaire des frères Galaup, de Qaffarel et de 
Gassendi, aucun témoignage venu soit d'eux quatre, soit de Peiresc, soit 
enfin des contemporains : 

** Jean et François ne dégénèrent point. Us furent intimes amis de M. de 
Peiresc et les compagnons de ses études. Comme il n'étoit pas possible que 
celui-ci pût répondre à toutes les lettres qu'il recevoit des sçavans, qui le 
consultoient de toutes parts, Jean et François de Chastouil répondoient à 
celles qui regardoient Thistoire, les médailles et les langues et la religion 
dans ce temps que Gassendi et GafFarel aToient pour leur tache la philosophie, 
les mathématiques et les sciences curieuses. „ Si je supprime ici une imagi- 
naire participation de Fr. de Galaup à la rédaction de la correspondance de 
Peiresc, je donnerai, d'autre part, la liste de ses réels travaux, telle que la 
donne Marchety en son Avi» préliminaire : ** la concordance qu'il ayoit 
commencée sur les passages lo« plus difficiles de la Bible qui semblent ôtre 
contraires les uns aux autres, les remarques qu'il avoit faites sur toute la 
Sainte Ecriture, l'excellente homélie qu'il a faite en l'honneur du très glorieux 
martjr saint Mitre, patron de la ville d'Aix „. Je suis heureux de rassurer, au 
sujet do ce dernier ouvrage, ceux qui prendraient trop à la lettre la phrase 
où Marchety gémit sur la disparition complète des travaux de son pieux héros 
* perdus, dit-il, par la négligence de ceux qui les ont eus en leur disposition. „ 
VHomUia t'n vita Sancti Mitrii (autographe) est conservée à Carpentras 
(Bibliothèque d'Inguimbert, Additionê aux manugcrit» de Peiresc, n^ XI) ; le 
texte est accompagné de cette note d'un des fils de Jean de Galaup : " Geste 
homélie est de feu M. François de GaUaup, mon oncle, de sainte mémoire, et 
est toute escripte de sa main. „ 



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-874- 

Toyant an déclin de mon aage, et qu'en peu de temps selon l'ordre 
de la nature il fant sortir de cette maison de terre, et aller rendre 
conte à celny de qoi nous avons receu l'estre. Priés Id pour moy 
qne sa grâce me conduise iusques à la fin ; j'en feray de mesme pour 
vous, priant mon Dieu qu'il vous bénisse et toute vostre famille, 
avec autant d'affection comme je suis. Monsieur, vostre très humble 
et très affectionné serviteur. 

François db GALLAUP. 

En Heden an mont Liban ce S7 de juillet 1643. 

Au dos de la lettre de la main de Mathieu Alpheran : 

c Notta. Lettre d'un sainct homme, reputté tel, nommé Monsieur 
Gallaup Ghastueil, gentilhomme de ceste ville d'Aix, mon plus 
ancien amy dès nostre tendre jeunesse, qui est au mont Liban en la 
terre sainte, puis (pour depuis) vingt ou tant d'années, laquelle veux 
estre conservée par nés enfans, comme un thresor et une saincte 
relique. > 

Du môme, d'une écriture postérieure : 

c Ce sainct homme mon bon amy est passé de ceste vye en l'autre, 
environ le moys de juin 1644^ en son hermitage en Heden au mont 
Liban, dans une grande sainteté de vye, honoré mesme des Arabes 
et Mahometans, qui le visitoient et luy faisoient l'aumosne. Son 
vénérable corps estant, à ce qu'on dit, en depost (chez) les Pères 
Garmes. Tous les religieux par delà y prétendent. 

» Notta que par cette lettre il predisoit sa mort. > 

Du môme encore, attenant à un fragment d'étoffe : 

c Gest eschantillon de drap est de la tunique (1) que fut(k 
Monsr Gallaup Ghastueil, mon grand amy, lequel bien que gentil- 
homme et riche cadet et doctissime aux lettres humaynes et notem- 



(1) Ce que Mathieu Alpheran appelle tunique M. Louisj (Biographie 
•eKe, article Oalaup) PappeUe, séduit sans doute par la couleur locale, do- 
lûnan : " II se yétit, dit-il, d'un grossier doliman, qui ne lui couvrait que la 
moitié du corps. „ 



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— 878 — 

ment en la iangne hebrayqne, s'en alla en la Terre Sainte où il (est) 
demearé^ et dans le mont Liban anx champs en anacorette^ et après 
nenf on dix ans de vie très austère il monreut sainct et poar tel 
réputé, une pièce de laquelle tunique fut envoyée à Monsieur de 
Ghasteuil, son frère aysné, advocat gênerai du Roy aux comptes, qui 
m'a faict la faveur de m'en despartir ceste parcelle, que mes 
enfans doivent conserver chèrement comme une saincte relique et 
pour l'amour de moy. 

> ALPHERAN, advocat. > 

t Je veux qu'après moy cette lettre du solitaire du mont Liban 
soit remise à M. Hippolyte Alpheran, mon cousin, ainsi que les 
autres pièces y jointes, comme étant la propriété de sa famille, à 
l'effet de quoi j'excepte expressément ce recueil du don de mes 
divers manuscrits que je fais à la Bibliothèque publique de cette 
ville d'Aix, et je charge ma femme, ma fille et mon gendre de faire 
cette remise à mon cousin, sans délai ni difficulté. » 

> ROUX Alphsràn. > 

« Cette lettre se trouve imprimée à la page 173 de la Vie de 
François de GaUaup de CkaHueil. ou le Provençal sditaire au mont 
Liban, par Augeri, à Aix, chez Jean Roize, 1686, in-12, livre tous 
les jours plus rare, et dont je possède un exemplaire qui sera 
également remis à mon cousin. 

« R. » 

c M. Hippolyte Alpheran, cousin germain de mon père, étant 
décédé sans postérité avant lui, la lettre du solitaire du mont Liban 
et le morceau de sa tunique restent en ma possession. Je prie mes 
enfants de les conserver. 

» Fànnv DR LALAUZIÈRE, née ROUX Alphbban. 

> Aix, juillet 1865. > 

( Dans le partage de la succession de Lalaucière-Roux Alpheran, 
ces précieux documents sont obvenus à M°^e Marie de la Lauzière, 
veuve du colonel Taconnet, dont la fille unique est mariée au baron 
Hipp. Guillibert, à Aix-en-Provence. » 



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- 376 — 
A PJPJE3NOIOB 

No m 



Notice généalogique sur la famille de OALLAUP 

C08BIGNEUBS DB GhASTBUTL (1) 



Armes : d*azur, coupé par un pan de muraille à trois créneaux 
d'argent, maçonné de sable et swmonté de trois étoiles d'or. 

L'abbé Robert (2) et Nostradamas (3) disent la famille Gallaup 
originaire de Languedoc. 

Barcilon de Mauvans (4) la reconnaît comme noble de robe, sans 
en donner l'origine. Une note d'un ancien exemplaire de cet auteur 
porte que la tradition la faisait descendre d'un marchand (auffier) (S), 
qui tenait boutique à Aix, à la place du Marché, et l'on trouve que 
Charles du Maine, dernier comte de Provence, dans son testament 
de l'année 1481, légua au sieur Antoine Gallaup, un de ses trom- 
pettes, une somme de 300 livres ; mais nous ne croyons pas que ces 
Gallaup ou Gallaud eussent rien de commun avec les coseigneurs de 
Chasteuil. 

Maynier(6), qui donne sur cette famille un article assez étendu, 
la fait descendre d'un président au présidial de la ville d'Agen. Il 
dit qu'Antoine Gallaup, son fils, après avoir porté les armes en 
Italie, vint s'établir à Aix et y épousa une riche héritière dont il 
n'indique pas le nom. Moreri (7) donne à peu près les mômes indi- 
cations et ajoute le nom de la femme du premier Gallaup ; il nomme 
aussi un des neveux de ce Gallaup. Jacques, qui serait venu auprès 



(1) Canton et arrondissement de Gastellane (Basses-Alpes). On écrivait 
autrefois ChagtueU. 

(2) VÉtat de la Provence, U, 112. 

(8) VHûUÀre et Chronique de Provence, 1065. 

(4) Crkiqu/e du nobiliaire de Vahbé Robert de Briançon (mst.). 

(5) Marchand de sparterie. 

(6) Sutoire de In principale nolleeec de Provence, I, 189. 

(7) V. 2«, p. 28. 



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- 877 — 

de 80Q oncle, à Aix, et y aurait époasé ane riche héritière, d'où 
sortirent des enfants dont la postérité est éteinte (1). 

(1) On trouve, en effet, à Aix, vers cette ëpoque, et sons la paroisse de 
Saint-SauTeur, comme les seigneurs de Ghasteuil, des Galaup ou Gallaup 
en position assez modeste, que nous n^avons pu rattacher à ceux-ci, mais qui, 
diaprés les noms de leurs parrains et marraines, appartiennent évidemment à 
la mdme famille. Nous avons relevé entre autres : 

— Michel Gallaup épousa Marguerite de Caste; 

D*où : P Françoise, née à Aix (Saint-Sauveur), baptisée le 15 juillet 1565, 
(parrain, Simon de Cadbket; marraine, Françoise Jdstab). 

2<> Lucrèce, née à Aix (Saint-Sauveur), baptisée le 24 septembre 1567, 
(parrain, Antoine Galaup; marraine, Lucrèce Katmbsbte?). 

— Michel Galaup épousa Madeleine Bambkt {Alioê Dûment, Micu Duxbnil); 
D*où : 1^ Raimond, né à Aix Saint-Sauveur), baptisé le 24 novembre 1575 ; 
2^ Mathieu, né à Aix (Saint-Sauveur), baptisé le 24 juin 1580 ; 

8« Barthélémy, né à Aix (Saint-Sauveur), baptisé le 26 février 1585; 

4<» Pierre, né à Aix (Saint-Sauvour), baptisé le 13 février 1588; 

b° Joseph, né à Aix (Saint-Sauveur), baptisé le 18 mars 1590, (parrain, 
Joseph MiOHABLis, conseiller aux Comptes, seigneur de Bedejun; marraine, 
Jeanne Popardb) ; 

6« Jean, né à Aix (Saint-Sauveur), baptisé le 11 janvier 1596, (parrain, Jean 
Bambni, marraine Madeleine Risnt), épousa à Aix (Saint^Sauveur). le 19 mars 1657, 
Marguerite Bertrand, fille de feu Balthazar et de Madeleine Subretills ; 

1^ Marguerite, née à Aix (Saint-Sauveur), baptisée le 6 décembre 1582, 
(parrain, Louis Galaup; marraine, Marguerite Pelioot). 

— Jacques Galaup, marchand, épousa Marie Paxtl ; 

d*où : V Françoise, née à Aix (Sainte-Madeleine), baptisée le 19 novembre 
1596, (parrain, Michel Galaup; marraine, Françoise de Cadbnbt, femme du 
sieur de Chasteuil), mourut à Aix et fut ensevelie, le 10 novembre 1677, aux 
Dominicains. Elle avait épousé Charles Vincent, procureur aux Comptes ; 

2^ Catherine, née à Aix (Saint-Sauveur), baptisée le 26 janvier 1599 
(parrain. César Spinola ; marraine, Madeleine Spinola). 

— Jean Galaup mourut avant le 5 septembre 1699. U avait épousé Lucrèce 
Sutprbn; 

D'où : V Augustin, né à Aix (Sainte-Madeleine), baptisé le 10 novembre 
1619 (marraine, Madeleine Dambni); 

2^ Esprit, né jumeau à Aix (Sainte-Madeleine), baptisé le 6 novembre 1628, 
(parrain, Esprit Mbinibb; marraine, Jeanne Orbbl): 



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- 378 — 

En fait, nous n*avons trouvé snr cette famille aucan jagement de 
noblesse ni de roture ; mais il y a dans les écritures de François 
Borriili, notaire k Aix, trois actes passés par Antoine Gallàup, 
originaire du Languedoc (i), où il est qualifié marchand. Nous 
croyons par conséquent pouvoir établir la généalogie de cette 
famille ainsi qu'il suit : 

I. N. Gallaup, originaire de Languedoc (2), vint 



8<» Antoine, né jamean à Aix (Sainte-Madeleine), baptise le 6 noTombre 1623 ; 

4* Jacqaes, né à Aix (Sainte-Madeleine, baptisé le 28 janrier 1627; 

5^ Françoise, née à Aix (Sainte-Madeleine), baptisée le 5 ayril 1615 ; 

6° Lucrèce (ou Françoise), née à Aix (Sainte-Madeleine), baptisée le 27 jan- 
yier 1617 (parrain François Fauchibb, avocat; marraine, Françoise de Cadehet); 

1^ Marguerite, née à Aix (Sainte-Madeleine), baptisée le 18 mai 1618; 

S** Catherine, née à Aix (Sainte-Madeleine), baptisée le 8 novembre 1621 ; 

9^ Marie, née vers 1628, mourut à Aix et fiit ensevelie aux Augustins, 
le 5 septembre 1699; 

10® Françoise, née à Aix (Sainte-Madeleine), baptisée le 14 décembre 1624 
(parrain Jacques Galaup; marraine Françoise Gallaup) ; 

11» Madeleine, née à Aix (Sainte-Madeleine), baptisée le 28 janvier 1627; 

12^ Marie, née à Aix (Sainte-Madeleine), baptisée le 4 mai 1628 (parrain, 
Pierre Boulonone, praticien ; marraine, Marie Paul, religieuse à Sainto-Glaire); 

18^ Anne, née à Aix (Sainte-Madeleine), baptisée le 6 décembre 1681 
(parrain, Charles Yinobkt ; marraine, Anne de Barbas). 

(1) n n*y a donc aucune probabilité à rattacher les Gai^aup de Provence 
aux Qalluppi de Sicile et de Naples, comme Ta insinué Borel d^Hauterlve 
{Ànmuiire, XXVII, 192). 

(2) Il existe encore dans cette province une famille Gallaup qui, par tradi- 
tion, croit se rattacher auxGALLAXTP de Provence. Nous y avons vu de nos jours : 

— Célestin-Fortuné de Gallaup, mourut avant le 28 mai 1874. 11 avait 
épousé Malvina-Zemma Forbouillb. 

D*où : Anne, née à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), vers 1849, mourut à 
Saint-Cyprien (Dordogne), le 28 mai 1874. Elle avait épousé Gustave-Victor- 
Julien-Anatole Lavbeokb de Cerval (né le 8 juillet 1885, capitaine au 117* d'in- 
fanterie, chevalier do la Légion d'honneur, de Saint-Grégoire-le-Grand, etc ; il 
épousa en secondes noces Amélie-Flavie-TAÀ^ d'ALBBETAS, fille de Marie 
Pierre (kukm et de Anne-MaxifM de Foetib), fils de Victor et de Louise Dbpbbbt. 



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— 379 — 

s'établir en Provence^ vers 1495^ et y épousa, saivant contrat da 
15 février 1498 (1), Marie Desàndréas (2); 

D'où : lo Antoine, dont l'article suit; 

to Guillem, originaire de Pngueyres (?), paroisse de Montamel, 
évéché de Lavanr, qnaliQé marchand, discrèU personne, reçut le 
18 avril 1541 (3), procuration de son frère Antoine, pour exiger la 
somme de 20 écus de l'honorable personne Joachim Landbgt, mar- 
chand, de la ville de Galhart {probablement Gaillac), au diocèse 
d'Alby. 

II. Antoine Gallaup, vint s'établir à Aix, où il fut commerçant, 

Et encore : 

Amaad-Frftnçois de Gallaup épousa Aime-M<irie de Comxt. 

D*où : Jean-François-Arnaud-Hyacinthe de Gallaup, né, à Bordeaux, le 
11 septembre 1814,épou8aMarguerite-Ko8e-£mmad6 TAKTA8(née, àMarmande, 
le 6 janvier 1819), fille de Marie-Joseph, et de Nancy-Gatherine-Philippine 
de LoMiims. 

D*oti : Marie-Françoise- jT^^r^, née, à Mezin, le 9 novembre 1845, épousa, à 
Bordeaux, le 22 janvier 1868, Maxime de Gombkbt, fils de Lodolx et de Marie- 
Gabrielle-Amélie Buvfo de la Fare. 

Et dans le siècle dernier : 

Jean-Antoine de Gallavp, devenu veuf, embrassa Tétat ecclésiastique, fut 
chanoine de Saint-Saly, à Albi, et parrain, le 8 octobre 1741, de son petit-fils, 
Jean-François de Gallaup. B avait épousé N. 

D*où Yictor^oseph de Gallaup, écuyer de la vlUe d*Albi, épousa le 4 octobre 
1740 Marguerite de Rebbxouibb, flUe de Jean- Jacques, seigneur du Pouget et 
de Françoise de Molt (marraine, le 8 octobre 1741, de son petit-fils Jean- 
François de Gallaup). 

D*où : Jean-François, sieur de la Pérouse, né à GO (peut-être Goy), près 
d'Albif 28 août 1741, ondoyé lo même jour, baptisé à Albî le 8 octobre suivant, 
capitaine de vaisseaux, célèbre par le voyage autour du Monde quMl entreprit, 
par ordre du Roi, en 1785, à bord des frégates la Bounole et VAttrolahê, 
naufragées sur les lies de TOcéanie, sans qu'aucun de ceux qui les montaient 
ait pu se sauver pour en porter des nouvelles. B avait épousé N. 
Bboudou (née à TBe-de-France). 

(1) Moreri, lœ. cit. 

(2) Peut-ôtre faudrait-il lire : des Andbêab ou simplement Andbâa. 
(8) François BorriUi, notaire à Aix (Extensoire D. fol. 248, v^). 



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— 380 — 

et parait avoir eu da succès dans ses affaires. Il fit bâtir, vers 1523, 
à la rue des Silvis (1), une maison que ses descendants ont toujours 
habitée (2). Il fit son testament le 15 juin 1527 et mourut le 9 juillet 
1530 (3). Il avait épousé, en 1520, honnête femme lUitrone Mobbl, 
fille de Gilles (4); 
D'où : Antoine, dont l'article suit. 

III. Antoine Gallàup, coseigneur de Ghasteuil, fiit prince 
d* amour (5), acheta une partie de la terre et seigneurie de Ghasteuil, 
fut nommé par le Roi gouverneur de ce château, le 4 mars 1574, et 
mourut en 1576 (3). Il avait épousé Françoise Justas (6), fille de 
Georges, seigneur de Real (de la ville de Marseille) et de Geneviève 
de Janot (7) ; 

(1) Appelée depais : rue Nev^ve^ ensuite du Palamar et, actuellement, rue 
(Traitée. 

(2) Ces détails historiques et presque tous ceux qui suivent sont tirés de Roux 
Alphéron {Rue» d'Aix^ I, 164 et suiv.), qui les avait lui-même empruntés, en 
grande partie, au Dictionnaire de la Provence et dvk comU Venaûn'n, par Achard 
(m, 819 et suiv.), à Moreri et à Maynier. 

(3) Moreri, loe, du 

(4) Gilles (Egidius) Mosel fit son testament en 1587 (François Borrilli, 
notaire à Aix, fol. 1584), instituant pour héritiers, par égales portions, sa fille 
et son gendre; il se dit marchand, fils de diecrète peraome Pierre Morxl, alia» 
Bouquet et de honnête femme, Hugonne de Brllatalha. 

(5) On appelait ainsi celui qui remplissait le principal rôle dans les jeux de 
la Fête-Dieu, institués par le roi René; co rôle entraînait do grandes dépenses 
pour celui qui en était chargé. 

(6) Après la mort do son mari, elle contribua à fonder à Aix, en 1B90, 
l'Hospice de la Miséricorde. Elle était probablement, do la même famille que 
Isabeau de Jubtas, dame de la Bastide, mariée (vers 1580) à Louis Kobbrt, 
avocat en fc Cour. (Voy. contrat du 12 oct. 1608, Jean Ant* Angles, not à 
Aix, pour le mariage de Joseph Robert, leur fils, aussi avocat en la Cour, avec 
Silvie de PoHTKvis, fille d'Antoine, seig' du Castellar et de Anne de Simianb). 
Elle avait épousé, en premières noces, Simon Popard. 

(7) Fille de Nicolas, officier do cuisine du roi René et légataire des jardins 
de c^ prince. Ladite Geneviève, étant veuve, se remaria avec le président de 
La Cépède, qu'elle fit héritier d© ses droits sur ces jardins (Maynier, I, 140 et 
Roux Alphéran, I, 78). 



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- 381 — 

D'où : entre antres; 

lo Jean, né à Aix (1), baptisé le 6 février 1549 (I); 

2o Antoine, né à Aix (1), baptisé le 8 septembre 1550 (3) ; vivait 
le 30 janvier 1588; 

3o Sauveur, né à Aix (1), baptisé le 20 novembre 1551, capitaine 
de cavalerie, se noya dans le Rhône ; 

4o Louis, dont l'article suit. 

IV. Louis Gallaup, coseigneur de Ghasteuil, né à Aix, le 19 no- 
vembre 1554, licencié es droits, historien, antiquaire et poète, fit 
hommaga, avec son frère Antoine, pour leur coseigneurie de 
Ghasteuil, le 30 janvier 1588 (4). « Il fut l'ami de Malherbe, du pré- 
sident Faughbt (5), de Gésnr Nostradamus, de François Dupérier, 
et autres littérateurs de son temps. Il fit imprimer à Paris, en 1597, 
une Imitation des Pseaumes de la pénitence royale, in-4o, dédiée à 
Henri IV (6), à la suite de laquelle on trouve plusieurs autres pièces 



(1) Saint-Sauveur. 

(2) Parr., Jean Bionr; marraine, Bernardine Arbàud. 

(3) Farr., Antoine Albbrt; mar., Françoise Reoika. 

(4) Seg. homaffityrum, XVII, 139. 

(5) Premier président de la Cour des monnaies, à Paris. 

(6) Imitation de» P»eaumes de la Pénitence royalJe, h tria chreHien roy de 
FVanee et de Navarre Henri IIIJ, par Loyê de GaUaup tieur de Chaatueil, 
à Paris, chez Aboi Tangelier au premier pillier de la grand'salle du Pallais, 
MBXCVII, în4<* de 27 p. La bibliothèque do Marseille possède un exemplaire 
de cette pièce rare, et cet exemplaire est d'autant plus précieux qu'il a 
appartenu à Peiresc, dont il porte les armes sur le plat et qui l'avait fait 
relier entre deux autres pièces : Démonetraiiom évawjélique»..., Lyon, 1592, et 
Inttitution de Vaumoene générale de Lymu.., Lyon, 1628. * L. de Chastueil avait 
donné, on 1596, une édition in-3<* de ses pseaumes, mais l'édition in-4^ dédiée 
à Henri IV, est plus complète. On y remarque un petit poème sur la réduction 
de MarêeUle au roi, dans lequel l'auteur fait paraître une grande connaissance 
de l'histoire de la Provence. Ce poème avait déjà paru séparément sous ce 
titre : Poème êur la rédu<^ion de Mareexlle, au tri» chrestien roy de France et de 
Natarre Henry IIIJ, par Loy» de OaUaup, êieur de Chaeiueil. A IfarseiUe, avec 
la permission de Messieurs, 1596, in-4^ de 6 ff., non chiffrés, avec un joli 

' portrait d'Henri lY, au verso du second feuillet. Le titre d« cet opuifcule 



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-382- 

de poésies sur différents sujets. On ne lit plus aucun de ces ouvrages, 
quoiqu'ils ne* soient pas sans mérite, non plus que deux recueils 
in-folio de poésies françaises qui sont restés manuscrits; il avait fait, 
sur l'histoire d'Aix, des recherches que Jean d» Gallaup, son fils, 
a insérées en partie dans son Discours sur Us arcs triompkmsx^ 
dressés à Ventrée de Louis XIII à Aix (1) >. Henri IV lui avait fût 
délivrer, en 1594, un brevet de conseiller d'Etat. II moumt à Aix, 
le 5 mai 1598, et fut enseveli dans le tombeau de sa famille, en 
l'église des RR. PP. Dominicains. Il avait épousé, suivant contrat 
du 22 avril 1584 (2), Françoise Cadbnbt de Lamanon, fille d'Antoine 
et de Jeanne de Craponb ; d'où (entre autres) : 

lo Antoine, né à Aix (3), bapt. le 22 juillet 1585 (4) ; 

2o Jean, dont l'article suit ; 

3o François, né Aix (3), le i9 août 1588 (5), bapt. le lende- 
main (6), etc., (7); 

ne porte pas de nom d'imprimeur, mais le Terso contient un ayis au lecteur, 
si^né Jean Poneet, que M. Bory suppose aToir été d^abord ouvrier de Mas- 
caron, pois ensuite directeur de la typographie marseillaise de par Memiaun. , 
(Brunct, Manud du Lib., II, 1447.) Ajoutons Tannotation de Bory, indiquant 
que ce rarissime opuscule existe encore aujourd'hui aux Archiyes départe- 
mentales des Bouches-du-BhOne (carton Nicolal, n^ 80). Le portrait du roy est 
collé et non grvLYé sur le haut de la page 4, où il se trouve au-dessus d'un 
sonnet qui occupe le bas de cette même page. 

(1) Roux Âlpbéran, Rneê (TÂùc, î 164. 

(2) Ponsard, notaire à Salon, ins. d'Aix, 1684-85, f 484. Dans ce contrat, 
Louis Oallaup est dit beau-frère d'Honoré Abbàud, conseiller du roi, avocat 
général en la cour des comptes, aides et finances de Provence. En effet, ce 
dernier (coseigneur de Gardanne) avait épousé Jeanne Popabd, fille de Simon 
et de Françoise Jvbtas, et par conséquent sœur utérine de Louis Oallaut. 

(8) Saint-Sauveur. 

(4) Parr., Charles de CiDiiraT ; marr., Françoise Jubtab. 

(5) Cette date est donnée par Marchety dans la vie de cet illustre solitaire. 

(6) Par., François Dutbaob; mar., Jeannette SaTnNirB,ép.dePaul Chbtlah, 
sieur de Mories. 

(7) Suit une citation tirée des Mum d*Aix^ I, 165, et que nous laisserons de 
cOté. Nous nous contenterons de reproduire deux notes de M. de Boisgelin sur 
les ouvrages d'Augeri et de ICarchety. (Note de M. Tamisey de Larroque). 



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-383- 

4o Honorât, né Aix (i), bapt. le 4 avril 1591 (2) ; 
5o Batthazar, né à Aix(l), bapt. le 4 août 1592 (3) ; 
6o Paal, né à Aix (1), bapt. le 20 août 1595 (4) ; 
7o Octave, né à Aix (1), bapt. le 5 mars 1597 (5). 



Le Provençal aclitairt au Mont-Liban, ou la vie de M. Fran/çoie de Oalai^, 
êieur de ChattueU, gentil-homme de la tille d'Aix, par meesire Gagpar Augeri, 
protonotaire du Saint-Siège, A Aix, Jean-Baptiste Roize, 1658, in-12, 224 p. 
portr. plus 8 p. pour la dédicace à M. Habert de Gi.LLAVF et 8 autres p. 
pour avis au lecteur, approbation et priTilèg^e. Cette description nous a été 
remise par M. P. Arbaud, qui l'a extraite de ses notes et a le regret de ne 
pas posséder cet ouyrage. La bibliothèque nationale en a un exemplaire, dont 
le titre a disparu. D'après la description que M. Léopold DeliKiljJ^ bien 
voulu nous en envoyer, nous voyons, par le titre de départ placé au haut dis la 
p. 1 du texte, que le titre réel devait être le même que celui ci-dessus. Mais 
le format serait petit in-8<^ et le texte est précédé de 2 cahiers de i feuillets, 
signés a et «, pour dédicace, avis, approbations, pièce de vers, épigramme 
sonnet et table des chapitres. Le portrait est en tète de la 1'* page du 
texte, n paraît y avoir eu une deuxième édition, que nous ne trouvons 
.signalée nulle part. Mais il y en a une autre, qualifiée troieième (même titre 
à Aix, chez Jean-Baptiste et Etienne Boize, 1671), dont nous connaissons 
plusieurs exemplaires, entres autres celui do la bibliothèque nationale. 

La Vie de M. de ChoBteuU êditaire du Mont Xi&on, par M. Marchety, prestre 
de Marseille. A Paris, chez Pierre le Petit, imprimeur et libraire ordinaire du 
Roy, rue Saint- Jacques, à la Croix d'or, MBCLXYI, avec privilège du Roy et 
approbation, 384 p. in-12, préc. de 18 p. n. ch.ponr titre, avis, table, privil., 
approb. errata et portr. gr. La plus grande partie des exemplaires de cet 
ouvrage fut brûlée dans l'incendie du collège de Montaigu, où le libraire 
le Petit avait son magasin. 

Il n'y a jamais eu d'autre édition de cet ouvrage. C'est à tort que l'on en a 
signalé une de 1658. Cette date est celle d'une autre vie du même personnage 
écrite par Augeri et dont nous venons de parler ci-dessus. 

(1) Saint-Sauveur. 

(2) Parr., Honoré de Castbllanx; marr., Diane de GiBBNTB. 

(8) Parr., Balthazar Imbset, docteur es lois: marr., Jeanne de LivigQtm. 

(4) Parr., Paul de Attboht de l'Hôpital, seigneur de Vallegrand; marr.. Chré- 
tienne d'AGVXBSB, comtesse de Sault. 

(5) Parr.. Claude Fauchxt, président; marr., Catherine EsTiBNinB, ép. 

DVPBBIBB. 



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— 384 ~ 

V. Jean Gallaup, coseigneur de Chasteoil, né à Aix (i), vers 
1587 (2), baptisé le 14 janvier 1588 (3), t fut comme son père anti- 
quaire et historien. Ëa 1622, il fat chargé du programme des arcs de 
triomphe dressés à Aix, au mois de novembre, à l'occasion de 
l'entrée de Louis XIII, et dont il donna au public une description 
sous le titre de Discours sur les Arcs triomphaux, (4), etc. (Aix, 
1624, in-fol.) Cet ouvrage, orné de ligures, est semé de tirades 
historiques sur la Provence et la ville d'Aix, parmi lesquelles il y 
en a de Louis Gallaup, père de l'auteur. On y trouve aussi un 
plan fort curieux de la ville d'Aix, telle qu'elle existait à cette 
époque (5). > Jean, élevé sous la direction de Malherbs, fut en rapport 
avec les lettrés de son temps, Peiresc, Gassendi, Gautoer, et encore 
avec Gaston de Frange, duc d'Orléans, etc. Il fut reçu procureur 
général en la cour des comptes, aydes et finances de Provence, le 
30 novembre 1622, en l'offîce de Marc- Antoine Cadenet de 
Lamanon, son oncle (6), et le Roi, pour récompeoser son savoir, 
voulut que les provisions lui en fussent expédiées gratuitement. Il 
mourut à Aix, le 22 août 1646, et fut enseveli le lendemain aux 
Dominicains. Il avait épousé, suivant contrat du 14 juin 1623 (7), 



(1) Sfdnt-S&uveur. 

(2) Los registres de catholicité marquaient seulement à cette époque la 
date du baptême. Jean ayant été baptisé le 14 janyier 1588 et son frère 
François le 19 août de la même année, la naissance du premier doit être 
reportée au moins à l'année précédente 1587, ainsi que son ondoiement, et 
la date du U janvier ne donne que l'époque des cérémonies du baptême. 

(3) Farr., Jean Justas ; marr., Jeanne de Cadbkst. 

(4) Discourt sur let ares triomjihaux, dretêét en la rtffc d'Aix à l'hewretue 
arrivée de trh chrettien, très grand et tris jtute monarque Loujfê XIII, roy dt 
France et de Navarre à Aix, par Jean Tholosan, imprimeur du roy et de la 
dite Tille et du clergé, 1624, in-fol., 56 p. préc. do 10 pages pour frontispice, 
titre, dédicaces des consuls et de Tauteur, sonnet, et suivies de 16 pp. pour 
harangues, tableaux emblématiques et pièces de vers, plus 6 planches gravées 
et un plan de la ville d'Aix. 

(5) Boux-Alphéran, Rvm d'Aix, I, 166. 

(6) Registre Clementia, fol. 28, Arch. B.-du-RhÔne, B. 89. 

(7) Baux, notaire à Saint-Maximin ; insin. d*Aix. 



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r- 385 - 

Elisabeth Puobt, fille de Marc-Aatoine, baron de Saint-Marc et de 
fene Philippe Renaud d'Aliein ; d'où : 

lo François-Hubert, dont l'article suit ; 

2o François, né à Aix (1), baptisé le 15 novembre 1625 (2), c avait 
pris, étant jeune, du service à. Malte, sous le grand-maître Lasgaris, 
qni lui avait accordé la croix d'honneur. 11 était ensuite devenu capi- 
taine des gardes du prince de Condé ; mais, ce prince étant sorti de 
France, il était revenu à Aix et s'était trouvé à la journée de Saint- 
Yalentin (14 février 1659). Ayant eu le bonheur de se soustraire à sa 
condamnation, il alla servir de nouveau sous les bannières de Malte 
et fut fait prisonnier par des vaisseaux algériens. Racheté par sa 
mère, après deux ans de captivité, il entra au service du duc de 
Savoie , qui, charmé de son mérite et de sa valeur, le fit sous-gou- 
verneur du prince de Piémont, son fils. Il mourut à Verceil en 1678, 
laissant une traduction des Petits Prophètes ; une autre traduction, 
en vers, de Pétrone (3), et de quelques livres de la Thébàide de 
Stace. Mais aucun de ces ouvrages n'a été imprimé. > (Roux Aiphe- 
ran, Rues d'Aix, I, 167) ; 

3o Marc- Antoine, né à Aix (1), baptisé le 10 janvier 1629 (4), 
officier des galères du Roi, mourut à Aix et fut enseveli le 2 novem- 
bre 1696 aux Dominicains ; 

4o Louis, né à Aix (1), baptisé le 21 février 1639 (5), servait dans 
la marine lorsqu'il fut fait prisonnier avec son frère François et 
mourut de la peste à Tunis ; 

5o Roustan alias Rostain^ né à Aix (1), baptisé le 31 mars 
1642 (5), officier au service du duc de Savoie, mourut à Aix et fut 
enseveli le 30 avril 1693, aux Dominicains ; 

(1) Sûnt-Sauveur. 

(2) Parr., François de Oallàvf ; marr., Laurence d'Ubrs, femme de Marc- 
Antoine CADBimT de Lamanon. 

(8) Voy. Herbert : 2>« la guerre civile, pohne de PUron» traduit en ven, par 
Marc-Antoine Chaîvet, euivi de V examen d'une autre vereion de PHnme, eompoeie 
ver$ 1670^ par Ffançoie Qalaup de ChoêteuU, d'Aix. Marseille, Victor Boy, 
1865, in-8S 60 pp. 

(4) Parr., Ant. de Pugbt, commandeur de Malte; marr., BCarguerite de Sautt- 
jÀCQims. 

(5) Parr., Louis DicoBiOB; marr., Laurence d*Ubbs. 

26 



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60 Pierre, Bé Aix (i), bapiiaé la S août 1644 (S)> m <»«*« 
impliqué, malgré sa jeunesse^ dans les pousuites ocoasbonéês 
contre ses frères, à la suite de la journée de Saini-Yalentia^ aortit de 
France pour échapper à sa condamnation et t alla, dit Roux Âl- 
phÂcan (3X servir «n Candie, sousie duc de la Fanillade. Etant ensuta 
revenu à Paria, il j devint l'ami de Furetière, de la Fontaine, de 
Boileau et de mademoiselle de Scudéry. Il s*adonna à la poésie» 
principalement à la poésie provençale (4), et composa, dans ^Mb 
langue, une ode en vingt stances «nr la prise de Mafistricht, qui emi 
du succès et qui le mérite. Elle est imprimée en entier dans le 
tome YIXI des Mémoires de UHà-ature du P. DesmoietSj et par 
extrait dans le l«r yoL du Dictionnaire des hommes illustres de 
ProtetLce (Marseille^ 1786, â vol. in-4o), où les curieux .peuvent la 
life «ans Mre de hesACoup de recherches. De retour à Aix, après une 
longue absence, Pierre (Gallaup) de Ohasteoil fut chargé, en 1701, 
des i»:éparatilB de la réception des ducs de Bourgogne et de Berry. 
lors de leur entrée dans cette ville. Il s'en acquitta dignement, ainsi 
que son père l'avait fait en 1622, pour l'entiiée de Iiouis XIII, et, 
comme lui, il en publia la description sous le titre de Discours sur 
les Ares triomphaux (S), etc., Aix^ 1701, in-fol.,Avec figures. Coi 
ouvrage excita la critique de P.-J. de Haitze. Celui-ci, jaloux peut-être 
de ce qu'on ne l'avait pas chargé de ce travail, publia en 1702, sous 



(1) Saint-SauTear. 

fS) Psrr., Hubert de Gallaup ; marr. Antoinette Ao Fabst. 

<8) Loc. cit^ les. 

(4) Il avait composé uno B i ^ i m éet TrotAndmtn, rostée mmiscrfte, sar 
laquelle on peut consulter Camille Chabaneau : JVbiet mtr qmeUpMÊ m amuêvrit t 
protençawc perdu» au igarêt, mivie» de deux lettre» inédite» de Pierre de Gkaet&uU' 
OeiUaup. P«ria« Maisonneuve frèMe et Gh. Leclere,<188e, in^e*, 11% pp. (flKtrait'Ae la 
Remue de» Langue» romanes.) On troure dans cette inro<dnire<pp.M,^7, Se^t ES) 
4e6 détafle intéressants sur les traTauz de Pierre Oallanp et ^e ^ean, Ben père. 

(5) Dieeour» »ur le» Are» triomphaioR dre»eê» en la vUle d'Âix h î^eureeae 
nrrivfe de Moneeigneur le due de Bourgogne et de Moneeigneur le due de Berrû 
Jean Adibert, 76 pagres, précédées de 9 ff. non chiffrés pour titre, dé£cace, 
épitres, préface, sonnet, 4 planches gravées. II y a quelques lëfères Tariaotas 
entre les divers exemplaires >de cet ouviage. 



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-387- 

le titre de J>f^rr critique- de SextiuB k Salyen à Buxenus le Hfarsé^- 
lais (X), une satire peir mesurée de roavrage de Pierre d^ Ghasteuil , 
qni répondit à de' Haitze par des lhf/Iea»or»^sflr le libelle intitulé Lettre 
critique, etc. (2). Dans cet écrit, Pierre deGhastéail est encore moins 
modéré que die Hait^e. Ce dernier fit imprimer alors ses Dissertations 
sur divers points de l*histoire de Provence (3),. Anvers (Âix, 
i704„ in-i2)y et aoxquelles Pierre de Ghastenil répliqua par son 
Apologie des anciens historiens et des Troubadours ou Poètes pro- 
vençaux (^). Pierre mourut à* Aix, le dernier de sa famille, et fut 
enseveli aux Dominicains,, le 13 juillet 1727. IL avait épousé, à 
Aix (5)» le 17 septembre 1708, Marie de Mighasus, fille de !bvl 
Alexandre et de fane Victoire Estiennb du Bourgiaet,. S. P. ; 

7o Victoire, née vers l-fiSO, mourut à Aix (3) et fut ensevelie, le 
14 septembre 1682, aux Dominicains. Elle avait épousé, le 17 dér 
cembra 1642, Sextius Duiuifo, fils de Pierre, seigneur de Fuveau,, 
et de Marguerite de GAaTELLÂNU-Ësparrony sa. deuxième femme.(6) ; 



(1) Lettré critique de Sextius le Salyen à Euxbmu le MoÊreeUlaie, toaokant 2r 
dieooure nar lee arce triomphaux dreaeée en la ville d'Âix à Vheiureuee arrivée de 
Moneeiffneur le due de Bourgogne et de Moneeignour le due de Berrjf (s. L n. cL) 
96 pp. iii-12. 

(2) R^èxione sur le tihÂle intitulé lettre criHque de Sextius le Sàlien à Euxenus 
le MarseiUair, touelèant le dieeours sur le» ares triomphaux dressés en la villk 
dfAiv à l'heureuse arrivée de Monseigneur le duc de Bourgogne et de Monseigneur 
da Benrjf. A», }L H a Gk D. R. ▲. P. 0; P. à Cologne, cber Pierre lo Blanc, à^ 
renseigiie de la Coiiroime,.MDGGII^ pt iiird«, 96 pp. 

(3) Dissertatiom de Pierre Joseph sur divers points^ de Yhietoire de Provence, 
à Aarers, de rimpnmerie Plantânienne, 1704, in42, 149 pp. pcécédées- de* 
16. pp. D. ch. pour titre, ëpitre, dédicace (à Monseigneur de Sadi, éTÔqne. de 
CaTaiUon) et préfiftce. 

(4) Apologie des anciens historiens et des Troubadours ou Pones provençaux 
servant de réponse ttux dissertations de Pierre Joseph sur divers poùUs de 
V Histoire de iVovence, à Arignon, de rimprimerie de Jean de Perrier, MDCCTV, 
pet. in-8^ 186 pp., précédées de 20 pp. pour titre, rondeau, dédicace, avertissQ- 
mont et yirelaj. 

(5) Saint-SauTenr. 

(6) G*e8t par là que les biens des Oallaup ont passé aux Dithard de Fuveau 



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-388 - 

8o Lucrèce, née à Aix (1), baptisée le 3 octobre 163i ; 

9o Marie^ née a Aix (1), baptisée le 7 juin 1634 (2), reiigiense an 
couvent de Sainte-Claire, à Aix, mourut à Aix et fut ensevelie en 
son couvent, le i^^ juillet 1664 ; 

lOo Gabrielle, née à Aix (1), baptisée le 7 octobre 1636. 

VI. François-fftt&erf Gallaup, co-seigneur de Ghasteuil, né à Aix (IX 
baptisé le 11 juillet 1624, fut reçu procureur général en la cour des 
comptes, aydes et finances de Provence, le 11 mai 1647, en Toffice 
de son père (3), puis le 20 octobre 1635, avocat général au par- 
lement en la charge de Christophe de Fàuris. Il se déclara < contre 
le cardinal de Mazarin, dit Roux Alphéran (4), et prit une part 
très active à la sédition arrivée dans Aix, le 14 février 1659, contre 
le premier pré^dent Henri de Forbin d'Oppède. C'est ce qu'on 
nomme dans l'histoire d'Aix la journée de Saint-Valentin, Hubert 
de Gallaup et ses frères, impliqués dans les poursuites qui furent 
faites contre les auteurs de la sédition, furent au nombre des 
malheureuses victimes des discordes civiles qui divisaient alors les 
habitants d'Aix. Un arrêt du parlement, du 27 mars 1659, con- 
damna les deux frères de l'avocat général, François et Pierre de 
Gallaup, à perdre la tôte, et un jugement, prononcé par des commis- 
saires à Villeneuve-lès- Avignon, le 29 mai suivant, bannit à per- 
pétuité hors du royaume l'avocat général de Chasteuil, confisqua sa 
charge et ses biens, ordonnant qu'il serait auparavant tiré des 
prisons de la Conciergerie et conduit sur les degrés du palais 
d'Aix, pour y être, par les huissiers du parlement, dépouillé de sa 
robe rouge, chaperon et autres marques de magistrature et, ce Mt, 
être conduit hors de la ville d'Aix, par la porte des Augustins, 
avec injonction à lui de garder son ban à peine de la vie. Nous 
regrettons d'être le premier à parler de ces condamnations dont il 
n'est fait mention dans aucun de nos historiens, ni dans aucune 



(1) Saint-SaaTenr. 

(2) Parr., François B<nuiang de Cadxhkt ; marr., Marie de Cadkxit. 
(8) Registre ÂJmndanUa^ foL 874, Arch. B.-dtt-Rb6ne, 101. 

4) Rw» d'Aix, 1,1W, 



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biographie, mais qui sont attestées par les registres da parlement, et 
nous nous hâterons de dire que les trois frères avaient pris la faite, 
en sorte qne ces sentences rigonrenses ne furent exécntées qa'en 
effigie. De meilleurs temps étant arrivés ; Hubert de Gallaup se 
rendit à h cour pour se justifier. Il fut mis d'abord à la Bastille et 
fut ensuite réhabilité, ainsi que ses frères. Il se flattait même d'être 
rétabli dans sa charge, lorsque la mort le surprit à Paris >, en 1679. 
Il avait épousé, suivant contrat du 17 février 1656 (1), Anne 
Raoulx (2), fille de Antoine, écuyer, du lieu de Barbentane, et de 
Marguerite Bbtandt ; 

D'où : lo François, né à Aix (3), baptisé le lî février 1657 (4), 
mourut en bas ftge ; 

2o Jean-Sextins, né à Aix (3), baptisé le 29 décembre 1657 (5), 
mourut en bas âge ; 

3o Jean-Henri, né à Aix (3), baptisé le 12 avril 1659 (6), mourut 
à Aix et fut enseveli le 4 novembre 1676 aux Dominicains ; 

4o Marc-Antoine, né à Aix (3), baptisé le 24 août 1664 (7), 
héritier de son oncle, Marc- Antoine, mourut à Aix et fut enseveli 
aux Dominicains, le 24 août 1699; S. A. Sa mère hérita de ses biens ; 

5o Jean-François, né à Aix (3), baptisé le 15 mai 1667 (8), sous- 
lieutenant des Galères du Roi, mourut à Aix et fut enseveli aux 
Dominicains le 3 mai 1707, léguant ses biens à son oncle Pierre 



(1) Charles Guigiuurd et Roustan de Ville, notaires. Ins. d'Aix,16o7, fol. 552. 
Dot 80,000 L 

(2) AlioB Baoubsst. Elle avait en indivis la 5* partie d*un moulin, appar- 
tenant pour le reste à la famille Pvoict, de Barbentane-Cabassol. 

(8) Saint-Sauveur. 

(4) Parr., Etienne Allkiiàk, primicior de Punlversité d*Aiz; marr., Elisabeth 
de PuGXT. 

(5) Parr., Sextius Duband de Fuveau ; marr., Ifarie de Cadbvit. 

(6) Parr., Jean-Henri Puokt de Saint-Marc; marr., Elisabeth de MAgARomis. 

(7) Parr., Marc-Antoine Puokt de Ghftteauneuf; marr., Marguerite de Gsiiialdt. 

(8) Parr., Jean-François EsTiwRni de ViUemus ; marr., Françoise de Gallattp. 



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et fe 808 enfants, ayee sabstitation enr tknnr de Iffirgnerita ê9 
IIàoucx(I); S. A. ; 
60 Victoire, néeà Aix (S), fiaptTséé le fO avrâ f66ir(3). 

MinQuis DB B0IS6ELIN. 



Siir iinv Fomo wnsféBff d6 CéplisVspodiBir 
du Néocomien snpérienr des BasMt^A^ 



Of^lCKI^BS^AS lÉDOOARDI ISIOV. »P. 



Comme leur nom Tindiqne, les CrU>e$ra9 sont <fes 
Céphalopode?' cloisonnés fbssilies; ressemblant à* des cornes 
de bélier (4), en' spirale régulière- 1 tours di^^fjoints, comme 
éYidés, c^est-àHilf e non accolés : ce sont en tm mot des 
Ammonites déroulées (5)^ autre genre excessivement 



(1) Sunt-SanTeiir, 

(2) PtobaUmeiU sa tante, on cousine. 

(8) Parr., François-Ronstan Ga.dsitit de Lamanon ; marr., Victoire de 
Gàllaut. 

(4) Beaucoup d'habitants de nos montagnes n'ignorent pas, en général, que les 
Ammonites et autres fossiles sont dea coqulllagee pétrifiés qu'ils- attrilneatt an 
déluge, et en cela ils en sarent autrement que ce que Voltaire en savait sar 
ces productions de la nature; mais par contre les Crioeercu, par leur 
coquille déroulée en forme de corne de bélier, sont pris généralement ponx daa 
cornes de mouton, môme par des personnes instruites. 

(5) Les Ammonites ont été eUes-mftmes des Céphalopodes cloisonnés en 
spire régulière, accolée ou embrassante, n'ayant jamais de ride entre les 
tours de la spire. 

Les Mollusques qui pettrent dé nos jours donner une idée dto Céphslbpodta 
cloisonnés antédilurieni sont les genres Nautilus et SpiruU^ qui 7iVent encore 
dans nos mers aettoéOes< et qui ont résisté et survécu à toutes lev-rétohitiom 
géelogiquee do notre globe; 



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nomJM^&aK 4e «C^halopodes clûiftOfijyiés. €'6&t, 4u reste, 
<dans la grande famiMe des Ammonitidés que se trcmveiH; 
compris oes oiirieux animaux éteints, 4on(t nous ne 
connaissons -gue des débris fossilisés, qui se trouvent dans 
•les dépôts, aiuourd'toi plus ou moins soulerés et disloqués 
des océans qioi ont recouvert, aux époques géologiques, 
différentes i\égions de iaotre globe et sud^tout des Basses- 
Alpes. 

Dans la série des terrains qui composent la croûte 
terrestre», les Crioceras se montrent surtout dans le 
Néocomien inférieur. LeveUlé (1), d'OrbigJs^ (2), Astier @) 
sous ont fait connaître plusieurs espèces de Crioceras 
trouvés idans les ted^relns des Basses-Alpes (4). Ce sont.: 

io CriQce3\is DuvaM Leveill.^ d'Orbi£:n. PoUoni. 
franc. Terr. crét., tGuaœ I, page 459, pi. 113« à grosses 
côtes assez rapprochées, ayant des côtes Intermédiaires 



.(1) XiereHlé, I^MeHpèimn de ^nelçtiw (ToywilZe* /oêÊtUi du d^McrtemeiU deê 
Bcmei-Àlpe», Mémoirm Sœ. gkL de Frcmx, tome U, p. 818. 

(^ A. d'Orbipny, PàUonitdogie /ransaiu, Deterip, deê MoU. et Bay. Jom. 
Terr, er^, Céphalop., tome I, Paris, 1840-41. 

(8) J.-E. Astier, Catalogué de9crxjpHf de» Al^cyloceraê appartenatU à VAage 
nioeomiend'SêeraffHoUeÊet dm BameÊ-Âlpet^liffm, 1861, ixi-8*. 

(4) Lereillé li 'dédié «a docteur S.-7. flomtorat, d*Mo8, tm 40Wboer8t qu'il a 
appelé Sinmatti {Mkn. Boe, 49M. <k I^ramoe, 4ome U, ^a^e 814, pi. XXH, 
%• !)• ^ ^rioemm» Momamii Ler«il a!ect en «éalité q«*im -CfrSceefmê 
AnaU défermé, comme d'Orlng^V ^ êepuis ïonrtemps fkit remavfttier -dane 
ja Iklimiioioffie /hmçmim. Dmang^. dm MoU, et JSe^oan. /ots. 2W. ^rH, jCipkêt- 
lopodêêy 4ome 1, page àlL Cette espèce 3i*a pas été admise non plus par 
Atftler dans son travail sur les Auci/lanmu (dans lesauels cet auteur range les 
Criooerat) du Niiocomien d^Escragnolles et des Basses-Alpea. Bien que 
M. E. Haug, dans SeUrag tur Kemttnie der obemeoeomen Immonitetfauna 
der Puezalpe M Corwura VS&dtiroO «n Sèitrage^wwr KlcumJtdlogie Deterreick^ 
VngœrinÊ und det tViciAi de VojsîsoTics et NeDmajr, Vienne, 1880, in-fdAio, 
page 'SM, rait érigé i^écemmeirt an rang tf*esp%oe, je ne on^ pas & l^sâtAence 
•Ito ^ot 'Oriooerm qui ne pefftTNDdve r9m% ^w ^tenla ifamitaiie de tfwéamm 



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plus fines, à trois rangées de tubercules ou piquants sur 
les grosses côtes. Cette espèce se trouve communément 
dans les Basses-Alpes, partout où le Néocomien inférieur 
existe. Je l'ai recueillie moi-môme principalement t 
Gastellane, à la Baume, à Moriez, À Senez (Lioux), à. la 
due de Ghabrières, à Beynes, à GhâteauneuMes-Moustiers, 
à la Palud-de-Moustiers, à Moustiers-Sainte-Marie, etc. 
Dans le bassin de la Bléone, Je l'ai trouvée encore dans la 
vallée du Bès, dans les Glues du Péouré, à Tanaron. 

20 Crioceras Villiersianus d'Orbign., Paléont franc. 
Terr. 07*ét., tom. I, page 462, pi. 114, flg. 1,2, absolument 
semblable au Crioceras Duvali Leveill. par ses petites et 
grandes côtes, aussi par ses tubercules, ne diffère du 
Duvali que par ses grosses côtes beaucoup plus espacées. 
Gette espèce ne doit être qu'une variété du Crioceras 
Duvali, Recueillie à Angles par Astier, je Tai trouvée 
moi-môme à la Glue de Gbabrières, à Moustiers et Ghâ- 
teauneuMes-Moustiers. 

3» Crioceras (A ncyloceras) Panescorsi Astier, Catalogue 
Ancyl d'Escragn, et des Bas.-Alp.^ page 15, pi. II, no 3, 
ressemble au Crioceras Duvali Leveill., moins les tuber- 
cules. Trouvée à Vergons d'après Astier, recueillie par 
moi à la Glue de Gbabrières. 

40 Crioceras Emerici Leveill., d'Orbign. Paléont 
franc. Terr. crét.^ tome 1, page 465, pi. 114, flg. 3, 4, 5, à 
grosses côtes très rapprochées, ayant de nombreuses côtes 
plus fines, à trois rangées de tubercules. Gette espèce est 
assez commune dans le Néocomien inférieur des Basses- 
Alpes. Gitée à Gastellane, Vergons, Ghasteuil et à 
Barrôme, par d'Orbigny, Je l'ai recueillie moi-même à la 
Glue de Gbabrières, à Beynes, à la Palud-de-Moustiers. 

50 Crioceras Comuelianus d'Orbign., Paléont. franc.^ 
Terr. crét^ tome I, page 46ô, pi, 115, flg. 1, 3, à grosses 
côtes intermédiaires plus accentuées, toutes proportions 
gardées, que chez les précédentes espèces, à trois rangées 
de tubercules. Les deux rangées de tubercules situées sur 



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les flancs existent sur les grandes comme sur les petites 
côtes, petites, mais accentuées quand même sur celles-ci, . 
plus grandes sur les grosses côtes. Cette espèce est indi- 
quée comme rare à Gheiron et à Angles par Astier. 

60 Crioceras Puzosianus d*Orbign., Paléont. franc., 
Terr. crét.^lom^ I, page 466, pi. 115 &i5, flg. 1, 2, à côtes 
nombreuses, très prononcées, sans grosses côtes. Espèce 
découverte à Barréme, d'après d'Orbigny, par M. Puzos, 
indiquée à Angles et i, Barrôme comme rare par Astier. 

70 Crioceras (Ancyloceras) Binelli Astier. Catalogue 
des Ancyl. (TEscragn. et des Bas.-Alp.^ page 14, pi. II, 
no 2, à côtes uniformes et régulières, à une seule rangée 
de tubercules située vers Tombilic et au commencement 
seulement de la spire. Espèce recueillie à Gbeiron et à 
Angles par Astier. 

80 Crioceras Cristatus d'Orbign., Paléont. franc. 
Terr. crét., tome I, page 467, pi. 115, flg. 4, 8, à grosses 
côtes uniformes très rapprochées, à deux rangs de tuber- 
cules. Cette espèce aurait été trouvée près du Logis-du- 
Pin, sur la route de Castellane à Grasse, d'après Astier. 

Alcide d'Orbigny, dans sa belle Paléontologie française^ 
fait remarquer que les Crioceras^ qui se montrent dès le 
Néocomien inférieur et qui sont nombreux dans le Néoco- 
mien moyen, manquent complètement dans le Néocomien 
supérieur, qu'il n'y en a pas trace dans le Gault inférieur 
et que ce genre d'animaux se retrouve dans le Gault 
supérieur. 

D'Orbigny fait remarquer encore que les espèces du 
Néocomien ont de grands traits de ressemblance entre 
elles, mais que leur ornementation les sépare d'une 
manière bien trancliée de celles qui sont venues après et 
que nous retrouvons dans le Gault supérieur. En effet, 
entre l'ornementation des espèces anciennes et celles du 
Gault, il n'y a pas d'ornementation intermédiaire et la 
transition est très brusque. Les découvertes d'Astier ne 
me semblent pas avoir modiflé cette observation très juste 

27 



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— 394 — 

de d'Orbigny, du moins en ce qui concerne les espèces de 
notre région. 

Aussi^ je suis heureux de pouvoir combler une lacune 
dans la série chronologique du genre Crioceras bien 
distinct, pour moi du genre Ancyloceras (1), contrairement 
À ce que dit Astier dans son catalogue descriptif des 
Ancyloceras appartenant à Tétage néocomien d'Escra- 
gnoUes et des Basses-Alpes, lacune qui semblait en effet 
n'avoir pas trop sa raison d'être, car il eut été très 
singulier de voir un genre amplement représenté dans le 
Néocomien moyen, complètement éteint dans le Néocomien 
supérieur et dans les dépôts du Gault, reparaître très 
modifié dans l'ornementation dans le Gault supérieur. 

Je suis donc heureux, de pouvoir vous présenter une 
forme nouvelle de ces curieux Céphalopodes des océans 
primitifs de notre globe, non encore décrite, ni figurée. 
Ce Céphalopode, par l'ensemble de ses caractères appar- 
tient bien au genre Crioceras créé par Leveillé en 
1835 (2). 

J'ai rapporté cette espèce d'une de mes courses & la 
Baume, près Castellane (Basses-Alpes) (3). Elle provient 



(1) Du gnc^npe de Céphalopodes formant les genres CrioceroM de LeTeilIë et 
d*Orbigny et Aneyloeera* tel que le comprend Astier, je fais des Crioeertu dei 
espèces à spire régulière, se déreloppant peu à peu comme chez les Criouroê 
Duvali LeToill., Emeriei LeyeilL, etc., et non tout d*un coup comme chez les 
Àneylocenu TkioUierei Ast., McmUmi Ast., etc., dans lesquels les tours de la 
spire se développent avec un bien plus grand écartement que chez les vrala 
Crioeenu. Quant à VÀneyloeera» KcdcUini Ast., o*est un Crioeerat par la spire 
régulière du côté de Tombilic , un iineyfoecrot par la formo générale de la 
coquille ; c'est en réalité une espèce de transition, de passage entre ces doux 
formes génériques. 

(8) Mim, Soc, QéùU de France, tomo II, p. SIS. 

(U Depuis plus de dix ans je possède cette espèce dans mon cabinet 
et depuis longtemps aussi je sarais ce Crtocerae inédit Transformiste et 4 ce 
tâtre peu porté à rolr des espèces nourelles, comme beaucoup d'auteun 
modernes, dans les nombreuses variétés constituant autant de passages d'une 



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— 395 - 

du Néocomien supérieur de cette localité, des bancs qui 
ont rendu le nom de Gheiron à jamais célèbre dans le 
monde savant par les richesses paléontologiques enfouies 
dans leur sein. 

En voici la description : 

Animal inconnu. 

Coquille aplatie, composée de deux tours, à grosses 
côtes très rapprochées, séparées par quatre à cinq côtes 
intermédiaires dans le jeune âge, seulement par une à 
l'état adulte; les grosses côtes se bifurquent rarement, 
seulement trois fois dans le spécimen que je mets sous vos 
yeux ; mais entre les grosses côtes et les côtes intermé- 
diaires naissent, soit en avant, soit en arrière de la grosse, 
une côte paraissant être la bifurcation de celle-ci, ou plus 
généralement prenant naissance k la hauteur de la. 
bifurcation, mais ne se rattachant ni à la grosse côte, ni à 
l'intermédiaire. 

Les grosses côtes sont très prononcées au commence- 
ment, c'est-à-dire sur le bord intérieur ; elles auraient des 
tendances à s'efTacer un peu vers le dos où elles ne se 
distinguent pas des côtes intermédiaires ; les côtes inter- 
médiaires commencent aussi sur le bord de la coquille et 
sont d'autant plus prononcées, à l'inverse des grosses, 
qu'elles se rapprochent davantage du dos. Celles qui 
commencent vers le milieu de la coquille deviennent aussi, 
en passant sur le dos, aussi grandes que les autres. Le 
dos présente ainsi des côtes très prononcées, passant 
d'une face à l'autre. 

A la naissance des grosses côtes, il existe la trace d'une 
rangée de tubercules; une seconde rangée se voit au 
milieu, correspondant à la bifurcation des côtes lorsqu'elles 



espèce à Taatre, qai existent dans la série de tous les êtres et particulièrement 
chez les MoUusques, j*ai différé jusqu^à aujourd'hui de faire connaître ee 
Crioeera». Je le décris pourtant, parce qu'U a des caractères assez tranchés 
pour constituer un point typique de repère dans la série des CrioceroM, 



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- 896- 

existent ; une troisième rangée de tubercules se voit sur 
les bords du dos ; ces trois rangées de tubercules existent 
sur chaque face. 

Cloisons inconnues. 

Gomme section, la coquille présente un ovale aplati 
aux deux extrémités. 

Cette espèce est bien distincte, par son ornementation, des 
autres formes de Crioceras dont elle diffère d'une manière 
très tranchée par tous ses caractères. Elle est figurée 
légèrement un peu plus grande que le type, d'un demi- 
centimètre environ. 

Je dédie cette forme nouvelle de Crioceras & la mémoire 
de mon père, modeste serrurier, k qui Je dois le peu que Je 
suis, le peu que je sais. 

La Sèbe, le 14 Janvier 188» (1). 

ÉD.-F. HONNORAT BASTIDE. 



(1) J*bI présenté ce Crioeerm à la BoeiM êeUMUJifm et UêUrmirt dm Bamm- 
AIpe9, àuM sa séante du 14 janvier 18S9, et m Congrès de Paris de VÂÊÊPom" 
tion /rançaim pour l'Avuneement dt» i9eiefiee», séance dn 14 août 1889, dans les 
c<Mnptes rendus duquel on le trouvera décrit «t figuré (ÀMoe, Jtwk, p. rawme, 
iê$ Mmoe», KJongrh de Paru, tome XVUI, 2« partie, p. 468» pi. Zl). 

Ia figure que j'en donne est un bon dessin d*après une excellente photo- 
graphie de M. A. Arnaud, photographe à Digne. Cette figure représente le 
fossile tel qu*il existe, d'après un échantillon unique de mon cabinet. Gosune 
on le voit, cet échsotillon a les rides de la spire remplis de Calcaire qui 
masque le di^jointement des tours. J^ai renoaeé à érider ce Cri^etrat^ crainte 
d*slrtmer le seul exemplaire qui eociste, à ma conxmissance, de ce fossile on ne 
peut phis rare. 



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Association Française. 




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E. Jacauetnm ad nai del et Itth 



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(^^S^W'^"' 



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PROCÈS-VEBBATIX DES SÉANCES. 
62* Session. — Séance du 12 juillet 1890 



Présidence de M. Daime 



La Société s'est réunie le 12 juillet 1890, à cinq heures de l'après 
midi, dans nne des salles de Vhôiel de ville. 
Étaient présents : 
MM. Aubert François, Aubin, Bachelard, Bassac, Bernât, Diomard, 
Daime, Giraad, Joardan, Honnorat, Lozey, Mariaud, Roche et Isnard. 
M. le Président dépose sur le bureau diverses publications envoyées 
par des Sociétés correspondantes, ainsi que plusieurs ouvrages offerts 
par leurs auteurs à la Société : Mémento graphique du cmstrueteur, 
don de M. Blancard ; Prélude à raicensûm du VUo, par M. G. Tardien ; 
Béranger, poésie, par M. Célestin Roche. 

Plusieurs membres ont envoyé leur démission à M. le Président. 
Ce sont : MM. Pusset, Monnet^ l'abbé Garcin, de Rochas, Gandillon, 
Roux, Poulin, Bourgoin, Monestier, Mariaud, Dorgebray et Blanc. 
Ces démissions sont acceptées. 

Sont ensuite admis à l'unanimité, en qualité de membres titulaires : 
MM . Arnoux, inspecteur d'Académie à Draguignan. 
AuBLit, conducteur du chemin de fer à Saint- André. 
AzAM, employé du chemin de fer à Chabrières, 
BoBiN, directeur de l'exploitation à Paris. 
Campistbon, conducteur du chemin de fer à Saint- André. 
Gavalibr, conducteur du chemin de fer, à Chftteauredon. 
Falitti, entrepreneur à Moriez. 
Fratssk, chef de section à Saint- André. 
Gauthier, inspecteur des enfants assistés à Digne. 
Grbuligh, chef de section à Ch&teauredon. 
IiCBBRT, entrepreneur à Marseille. 
LÀDoncE0R, entrepreneur à Barréme. 
Rbt Albert, à Marseille. 

RoQUBS Emile, conducteur du chemin de fer à Barréme* 
Roqubs Jean, chef de section à Barréme. 

38 



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En qualité de membres correspondants : 
MM. Dayin, instltntenr ai) Chaffant. 
GouRBST, à Marseille. 
Hamox, à Marseille. 
La parole est ensuite donnée à M. Honnorat Edouard, qui, pour 
des raisons de famille, demande à se démettre de ses fonctions de 
trésorier. Cette démission est acceptée, et M. Honnorat dépose entre 
les mains de M. Daime, président, qui en donne récépis^, les fonds 
restant en caisse, ses livres et pièces de comptabilité. 
La séance est renvoyée au 27 juillet, pour l'élection d'un trésorier. 



63« Session. — Séance du 27 juillet 1890 



Présidence de M. Dame 



La Société s*est assemblée le dimanche 27 juillet, dans une des 
salles de la mairie de Digne. 

Présents : MM. Auberl, Bachelard, Bernard, Bassac, Daime, 
Fnutrierj Hariaud, Roche et Isnard. 

Après avoir constaté que les membres présents n'étaient pas en 
nombre suffisant pour pouyoir élire le trésorier, M. le Président, 
conformément à Tarticle i«r du règlement, ajourne cette élection à 
huitaine. 

Divers^ propositions sont ensuite faites à l'assembla : io de la 
part de M. Gijraii4« pour la création d'une commission météorologique ; 
2o par M. Bachelard, pour la copfectioo de nouveaux diplômes; 
3o par M. Daime, pour l'insolation d'une salle affectée a^x réunions 
mensuelles de la SoQiété. 

Il est décidé : que M. Giraud s'entendra avec M. le Directeur de 
l'Ecole normale de Digne, chargé des obfciryation^ météprqlpgiques ; 
que M. Bachelard préparera un modèle de; diplôme, et qi^^M. Daime 
demandera à la Mairie la concession d'une salle à côté du Musée 
départemental. 

La séance est levée à sif h^nref. 



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64« Session. — Séance du 2 août 1890 



Présidence de M. Daime 



La Société se réunit à six heures du soir, à Iliôtel de ville. 

Présents : MM. Daime Louis, Daime Marius, Bachelard, Austaud, 
Gauthier, Bernard, Robert, Honnorat^ Lozey, Jauffret, Fautrier et 
Isnard. 

Après l'approbation du procès-verbal de la précédente séance, 
M. le Président donne lecture de Tarticle ier du règlement de la 
Société, relatif à l'élection des membres du bureau. 

Il est ensuite procédé à Télection d'un trésorier, pour remplacer 
M. Honnorat, démissionnaire. 

Nombre de votants: 12; nombre de votes exprimés: 12. 

M.Giraud, directeur d'école normale en retraite, obtient 10 voix; 
M. Bernard, i voix; M. Fautrier, 1 voix. 

A la majorité de 10 voix sur 12, M. Giraud est élu et proclamé tré< 
sorier de la Société, conformément à l'article précité du règlement. 

Sur la proposition de M. le Président, l'assemblée décide l'organi- 
sation d*une séance publique qui se tiendrait le 19 août, à l'occasion 
de la réunion du conseil général. 

La séance est levée à six heures. 



65» Session. — Séance publique du 19 août 1890 



Présidence de M. Daime 

La Société s'est réunie, le 19 août, dans la salle de Musique, rue de 
la Traverse, à huit heures du soir. Des invitations avaient été faites, 
et un bon nombre de personnes étrangères à la Société y avaient 
répondu. Signalons particulièrement la présence de quelques dames 
en toilettes charmantes. 

M. Daime, président, a ouvert la séance par une allocution très 
goûtée, et l'on a entendu les lectures suivantes : 

M. Mariaod : A {entrée du Déiert. 



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-400- 

M. Bachelard : La Faune microieopique du liai de Digne, avec 

une série de dessins originaux. 

M. Girand : les Mouvementé de Vatmoephère et la prévieUm du 
tempe. 

M. Lientand : Conférence eur quelquee monumetUe épigraphiques 
dee Boeeee-Alpee^ avec des estampages. 

M. Bachelard : lee Boutone d'or, poésie. 

Toutes ces lectures, ainsi que la conférence de M. Lientand, ont 
été fort applaudies. 

La séance est levée à dix heures et demie. 



L'ESTOUDEL 



Ermitage. — Pont de tuf. 



Si vous aimez les beautés de la nature, les sites impo- 
sants dont rapparition subite captive l'âme, allez voir les 
gorges de TEstoudel. Ce n'est point en Suisse ou dans une 
de nos hautes vallées des Alpes que vous aurez à les cher- 
cher ; elles sont à votre porte, presque au centre de notre 
département. L'Estoudel, comme sa sœur l'Estoublaîsse, à 
laquelle il s'unit avant de se jeter dans l'Asse à Estoublon, 
prend naissance dans la chaîne de montagnes qui sépare 
les cantons de Senez et de Moustiers. 

Malheureusement, il n'y a là ni gare, ni relais. Si donc 
vous vous décidez à entreprendre l'excursion, le plus simple 
sera de faire ce que nous avons fait nous-mêmes : trouver une 
bonne monture à Norante ou à Barréme et prendre la 
route du Poil, je veux dire le sentier de chèvre qui grimpe 
à ce village (1). Au bout de deux heures de montée, vous 
atteignez le col ; un quart d'heure après, vous traversez le 
Poil, dont la simple vue suffit à expliquer pourquoi Mau- 

(1) On pourrait aussi guivre le chemin de Mesd à Majastree, passant par 
Bejnes et le PoiL 



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— 401 — 

vans s'y réfugia avec ses Huguenots, quand il fut obligé 
d'abandonner son poste de Trévans. Encore une petite 
lieue de chemin, et vous arrivez à la bastide des Blaches. 
Ici, il faut mettre pied à terre, ce que vous ne ferez proba- 
blement pas sans pousser un soupir de satisfaction, après 
trois heures de chevauchée par monts et par vaux. Au 
reste, de là au terme du voyage, il n'y a pas loin ; vingt 
minutes de marche conduisent aisément au bord de l'Es- 
toudel. 

On se sent dédommagé de sa peine au spectacle qu'il vous 
est alors donné de contempler. Une crevasse immense s'ou- 
vre à vos pieds, entre deux murailles de rocher. Le regard 
plonge avec effroi dans ce gouffre sans fond, où l'œil 
cherche vainement les eaux bouillonnantes dont le bruit 
monte à Toreille. En s'aventurant avec précaution entre 
deux barres du rocher, on jouit du spectacle dans toute 
son horreur. Au-dessous, un précipice qui donne le ver- 
tige ; au-dessus, un autre précipice vu d'en bas. 

Or, dans ce lieu sauvage, où l'on est tenté de se croire 
en présence de la nature vierge, on est grandement étonné 
de rencontrer les vestiges d'une habitation humaine, vu 
surtout la bizarrerie de l'emplacement. A une dizaine de 
mètres de hauteur, on aperçoit, suspendu dans un angle, 
un pan de mur d'environ deux mètres carrés. Jadis, il 
devait relier les deux parois du rocher, qui se coupent à 
peu près perpendiculairement, et former avec elles une 
sorte de guérite triangulaire. Un escalier taillé dans le 
roc, dont quelques marches sont restées bien visibles, per- 
mettait d'y monter. Actuellement, l'ascension serait impos- 
sible, eût-on un pied de chevreuil ; moins encore faut-il 
songer à y arriver par le haut. 

Cette hardie construction, appliquée à la roche comme 
un nid d'hirondelle, ne pouvait être qu'une cellule d'er- 
mite. Dans les anciens monastères, il arrivait fréquemment 
qu'un religieux demandait à se séparer pour un temps de 
ses frères, afin de se retirer dans quelque solitude et y vivre 



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-402- 

seul avec Dieu. Cet usage, familier aux Pères du désert^ 
était aussi pratiqué par les moines d'Occident. A^insi, pour 
ne citer qu'un exemple pris dans notre contrée, nous sa- 
vons que Saint-Michel de Gousson, possédé par les reli- 
gieux de Saint- Victor, était destiné à la vie érémitique; 
plusieurs documents en font foi (1). 

A Trévans, il y avait un monastère situé & l'entrée même 
des gorges de l'Estoudel, et ce furent apparemment les 
moines de cette maison qui créèrent l'ermitage dont il 
s'agit. A cause du but que se proposaient ceux qui embras- 
saient ce genre de vie, à savoir de se mettre entièrement à 
Tabri du bruit de la société humaine pour laisser à l'âme 
plus de facilité dans ses communications avec le monde 
surnaturel, ils choisissaient l'endroit le plus retiré possi- 
ble ; l'horreur du site était une raison de plus de s'y éta- 
blir. Ici, tout était k souhait. De plus, l'habitation de l'er- 
mite était curieuse par l'originalité de sa position. Elle 
rappelle les moines grecs de la Thessalie, qui, perchés sur 
le sommet de rochers à pic, passent leur existence comme 
dans les airs, ce qui est sans doute la cause pour laquelle 
ils ont reçu le nom de Météores. On ne peut parvenir à 
leur séjour que par des échelles mobiles ou par un filet de 
cordes que les moines relèvent au moyen d'un cabestan. 

Il fallait un certain courage au solitaire de l'Estoudel 
pour passer la nuit dans ce site affreux. Le jour, il pou- 
vait sortir de sa prison sans craindre de voir troubler 
sa solitude. Non loin de là, un endroit fort pittoresque a 
gardé son souvenir; il s'appelle le Promenoir de VAbbé. 
C'est une galerie longue et large, couverte par le rocher 
qui surplombe et bordée par le précipice. On y descend par 
un escalier de cinq marches taillées dans la pierre. 

La crête du rocher, au-dessus du promenoir et do la cel- 
lule, porte le nom de Barre de VErmite^ ce qui est une 
nouvelle preuve en faveur de mon explication. 

(1) CartviAiirê de Saint- Victor, chartes 744, 745, 746, 74S, 750 et 755. 



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— 403 — 

Avant de quitter rEstouâel,ne manquez pas de faire une 
visite au pont de tuf qui se trouve à un kilomètre en amont. 
Vous n'aurez pas souvent l'occasion de voir un pont dont 
la construction n'a demandé ni ingénieur, ni maçon. 
L'ouvrier est une source d'eau calcaire qui jaillit à quel- 
ques mètres au-dessus du cours de TEstoudel, sur la rive 
droite. Les matières qu'elle dépose ont formé un sédi- 
ment dont la couche est allée en s'épaississant et en s'é- 
tendant. Dès lors, on s'explique facilement ce qui est ar- 
rivé. La partie basse du dépôt en formation a été emportée 
au fur et à mesure parles eaux du torrent, jusqu'au niveau 
de leur maximum de hauteur en temps de crue. Quant à la 
partie supérieure, étant à l'abri des fureurs de l'ËstoudeU 
elle s'est étendue de plus en plus et a fini, avec le temps, 
par gagner la rive opposée, reliant ainsi le terroir du Poil à 
celui de Majastres. 

Le pont a bien 4 à 5 mètres de long et presque autant de 
large. Les herbes qui le recouvrent gênent la vue. Aussi, 
je vous engage à descendre dans le lit, si vous tenez à 
vous rendre bien compte de cette œuvre de la nature. 
Une trappe qui s'ouvre à côté, entre le rocher et une ra- 
cine d'arbre, vous permettra d'opérer cette descente, à 
condition, toutefois, que votre obésité n'y mette pas un 
obstacle invincible. Vu de dessous, le pont produit un effet 
merveilleux ; il ferait le sujet d'un joli croquis, présenté 
entre ses deux gigantesques acolytes. 

ANDRIEU. 

ÉPI«KJlP1II1! BAS-AIiPIUE. — nOSAIffUB 

(Une Lettre inédite de M. Damase Ahbmjd) 

« Monsieur Jauffret^ bibliothécaire au Musée, 
Marseille (Botcches-du-Rhône). 

• Monsieur, 
• Je vous avals promis de vous envoyer une inscription 



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— 404 — 

trouvée dans une campagne ayant appartenu aux Che- 
valiers de Saint-Jean de Jérusalem. Si j*ai tant tardé de 
tenir ma promesse, c'est que j'ai voulu vous donner, en 
même temps, des détails sur une Mosaïque trouvée & 
Dauphin, petit village k deux lieues nord-est de Manosque. 

• L'inscription est gravée sur une pierre qui devait 
avoir à peu près deux pieds de large sur trois de hauteur. 
Le morceau qui reste a environ un pied et demi de large 
sur deux de hauteur ; il est brisé de trois côtés et conserve 
encore une moulure inférieurement. Une partie des lignes 
a été enlevée par les éclats de la pierre. Les caractères 
sont beaux et paraissent modernes ; seulement les trois 
barres horizontales des Ë, qui de nos jours ont une lon- 
gueur différente, sont de niveau dans l'inscription, et les 
G forment presque les trois quarts d'un cercle. Voici 
rinscription telle que je l'ai copiée : 

... A ... 
... AE . H ... 
... ICIAE ... 
... NICIVS . VII ... 
PARENTIBVS . E ... 
» La pierre sur laquelle elle est gravée est un calcaire 
assez grossier. A l'endroit où elle a été trouvée existait, 
m'a-t-on dit, une chapelle dont il ne reste plus aucune 
trace. Si j'ai oublié quelques détails que vous désiriez con- 
naître, vous pouvez me les demander, car j'ai l'inscription 
& ma disposition. 

• Arrivons à la Mosaïque. Elle a été trouvée dans une 
plaine qui porte le nom de Champ Prélien et dans 
laquelle une bataille avait été livrée. Voyez pour les 
détails : Henri, Antiquités des Basses-Alpes, page 127. 

• Le propriétaire l'ayant recouverte de terre pour pré- 
venir les dégradations, je ne l'ai pas toute vue. Mais le 
morceau qu'il eut la bonté de me découvrir me suffira 
pour vous donner des détails. Ce pavé, situé à deux pieds 
sous terre, est formé de petites pierres blanchâtres d'en- 



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— 405 — 

viron un demi-pouce quarré, rangées avec peu de symétrie, 
ne formant aucun dessin. Il a environ neuf mètres de long 
sur huit de large. Le côté ouest était terminé par un petit 
mur qui a été détruit. L'ensemble est d'ailleurs assez 
semblable à cette mosaïque grossière qui se trouve parmi 
les antiquités du bassin de Carénage. Des médailles ont 
été trouvées dans ce même lieu, mais le propriétaire, qui 
est un paysan, n'en connaissant pas la valeur, les a 
égarées. Il se rappelle pourtant d'avoir lu sur une: Adrian 
jElius^ et sur l'autre : Gordian Piv^. Il a trouvé des mor- 
ceaux de poterie fine sur lesquels étaient des bas-reliefs 
brisés et une inscription brisée aussi. Des fonds de grosses 
Jarres dans l'un desquels était une terre assez semblable à 
des cendres, des morceaux de colonne ont été découverts ; 
mais ils sont maintenant sous un tas de pierre, et Je n'ai 
pas pu les examiner. Des commencements de fouilles ont 
été faits et tous ont mis à découvert des morceaux de 
bâtisses ou acqueduc. J'ai bien recommandé au proprié- 
taire, qui doit faire de nouvelles fouilles, de conserver 
tout ce qu'il trouverait. 

• Je n'ai pas eu le temps, dans cette excursion, d'ex- 
plorer tout le terrain, mais je dois y aller encore sous 
quelques jours et si on a trouvé quelque objet important 
je m'empresserai de vous en informer. 

» Celui à qui appartient le terrain vendrait volontiers ce 
qu'il y trouve ou le droit d'y faire des fouilles. 

» J'ai l'honneur d'être, 

> Monsieur, 

• Votre bien humble serviteur, 
» Dw ARBAUD. 

> Manosque, 2 septembre 1833. 

> Mon adresse est M. Arbaud Damase, place de l'Hôtel 
de Ville, Manosque. » 

Pour copie conforme à l'original autographe. 

Robert REBOUL, 
Membre correspondant de la Société, 



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-406- 
8UR UNE FORME NOUVELLE 

de Céphalopodes du Crétacé inférieur des Basses-Alpes 
AMM0MTE8 BATHILD/E NOV. SPECd) 



Les Ammonites (2) sont des Céphalopodes cloisonnés 
fossiles en spire régalière, accolée ou embrassante, qui 
ont existé dans les océans qui ont déposé les terrains 
secondaires. Les Ammonites forment un genre dont 
aucune espèce n'a survécu aux mers de l'époque secon- 
daire, et les seuls Mollusques qui peuvent nous donner 
une idée de ces Céphalopodes, qui n'ont pu survivre aux 
révolutions géologiques, sont les Nautiles et les Spirales 
des mers actuelles. 

Les Ammonites sont très nombreuses dans les terrains 
secondaires des Basses-Alpes ; elles ont des formes très 
variées et leur coquille est souvent très ornementée. 

Voici la description d'une espèce inédite, que j'ai rappor- 
tée d'une de mes courses dans les Basses- Alpes : 

Animal inconnu. 

Coquille à. larges flancs arrondis, s'inclinant vers le 

(1) Un mot avant de commencer. — Vous remarquerez qne je ne me sers, 
dans la classification que j*adopte, que du genre Ammonitet, dont les auteurs 
allemands ont fait des séries de coupes antilinnéennes que Ton admet un peu 
trop à la légère dans les publications paléontologiqnes nouvelles en fnam». 
Je suis peu partisan de la division infinitésimale des Ammonidées, quand 
bien mémo celle toute allemande ne me répugnerait pas. 

(2) Le nom à'AmmwMitÊ vient de la ressemblance des coquilles de ce genre 
avec la forme des cornes d'un dieu d*origine sémitique on égyptienne que les 
Grecs et les Romains identifièrent avec Zeus et Jupiter (*). D'après Torigine étj- 
m)logique de ce nom, cette expression à,* Ammonite serait mieux appliquée au 
genre CWoomM, dont Venroulement, par Pévidement de la spire, simule beaucoup 
plus les cornes de Bélier. 

(*) Daremberg el Saglio, Diclionn. des Antiquitéi trecques et rcmtdnei, iii4*; Parii, 
Haeh«tt6 «t G'*, tone I, au mot Ammonite, artiola de M. K. Blondel. 



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— 407 — 

sillon siphonal, à dos orné d'une carène fortement pro 
noncée, à enroulement rapide, à tours se recouvrant sur 
le tiers environ de leur largeur, ornée de côtes à raison de 
vingt en moyenne par tour, à bouche ou ouverture deux 
fois aussi haute que large, à ombilic très prononcé, la 
coquille s'élevant brusquement sur les flancs, qui sont 
presque perpendiculaires sur les faces ventrales. 

Côtes flexueuses et très saillantes, allant en s'élargissant 
vers le dos, où elles sont encore plus saillantes et vers 
lequel elles s'arrondissent en bosse ; ces côtes présentent 
une courbe gracieuse à concavité tournée vers la bouche ; 
l'extrémité des côtes est donc infléchie vers l'ouverture de 
la coquille. 

Toutes les côtes, en général, se dédoublent ; quelques 
côtes intermédiaires ne paraissent se rattacher à aucune 
autre, quoique nées seulement au tiers des flancs ; celles 
dont elles paraissent dépendre semblent ainsi simples; 
les côtes réellement Isolées sont très peu nombreuses ; 
au point de bifurcation, les côtes forment un angle dont 
la convexité est dirigée vers la bouche. Les côtes ne sont 
ni régulièrement espacées, ni également prononcées. 

Ces côtes flexueuses sont d'un modelé tel qu'en photo- 
graphie leur relief s'est très mal accusé. Les divers clichés, 
en différentes positions et sous divers jours, qui en ont été 
pris par M. A. Arnaud, photographe à Digne et artiste en 
la matière, n'ont donné que des épreuves plates, presque 
sans relief. Pour arriver à donner l'excellente épreuve qui 
a servi à dessiner la planche qui accompagne cette descrip- 
tion, le photographe a dû accentuer l'ombre des côtes par 
de la plombagine ou crayon. Ce n'est qu'ainsi qu'il a pu 
être fait une image exacte de l'Ammonite en question. Je 
recommande, dans les cas analogues, ce procédé indirect 
trouvé par M. Arnaud, pour arriver à reproduire le relief 
d'un fossile qui paraissait absolument plat en photo- 
graphie. 

Le spécimen figuré, d'après un échantillon unique de ma 



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-408 — 

collection, est représenté de quelques millimètres moins 
grand que grandeur naturelle. 

Cette Ammonite, de quinze centimètres de diamètre, 
provient du Néocomien de Moustiers-Sainte-Marie (Basses- 
Alpes), non loin de la due. Je ne précise pas autrement 
l'étage géologique, ayant recueilli cette espèce, que je 
n'ai plus retrouvée, non en place. 

Je dédie cette espèce à ma mère. 
Moridz, le 7 novembre 1889. 

ÉD.-F. HONNORAT-BASTIDE. 



CAMOIN Vietorin-Joseph-Honoré 



Jamais physionomie sympathique n'attira plus vite l'es- 
time et l'amitié. Cœur et talent, voilà ce qu'on lisait dans 
ses yeux expressifs. 

Né à Riez, le 8 mars 1824, Gamoin Victorin faisait dire à 
ses proches c que c'était une âme sans corps >, tant sa con- 
stitution était délicate; cependant, à force de soins, cette 
chétive nature triompha, mais en restant toute sa vie si 
frêle qu'il semblait que le moindre souffle l'emporterait. 

Son goût pour le dessin se révéla dès qu'il put tenir entre 
ses doigts un crayon ou une plume. Etonné de sa précocité 
et de sa passion, son père, craignant pour sa santé chance- 
lante, prit la détermination de l'envoyer buissonner à 
Espinouse, pour le soustraire à tout travail intellectuel ; 
malheureusement, l'enfant ne se soumit pas docilement à la 
volonté paternelle, car, après avoir déniché des mésanges 
et des chardonnerets, il allait rôder sous la cheminée de la 
cuisine, ramassant les morceaux de charbon pour dessiner 
de petits bonshommes et des campagnards. 

Lorsque son père vint se fixer à Digne, Victorin était un 
adolescent, un artiste déjà en possession d'un vrai talent. 
Ses esquisses au crayon, légèrement ombrées à l'encre de 



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-409- 

Chine ou à la sépia, donnent la plus piquante idée de ses 
compositions habituelles, à cette époque. L'idée était sou- 
vent heureuse, rexpression franche, naturelle. Jamais il ne 
sortait des scènes paisibles. Scènes de paysans, groupes 
d'enfants, études d'animaux, mendiants, chiens et vaches, 
buveurs, ivrognes. 

Au printemps d'une année humide et chaude, le savant' 
naturaliste Honnorat découvrit un nouveau papillon parti- 
culier à nos Alpes et que la science a baptisé Honnoratii. 
Il le chargea de peindre ce superbe lépidoptère, capturé 
aux environs de la Javie ou des Dourbes. Victorin, désirant 
créer une œuvre de coloriste, s'appliqua à imiter les nuan- 
ces exquises du sylphe printanier, la chaude poussière de 
bronze florentin répandue sur ses ailes, son léger corsage 
d'or, ses fines antennes, si bien qu'il peignit, comme en se 
jouant, une fleur aérienne, une œuvre d'un travail suave, 
achevée, modelée, parfaite (1). Nous pourrions en dire au- 
tant du pâtre qui mène un petit troupeau de brebis. Et ce 
superbe coq gaulois, poussant sa note altière et joyeuse au 
milieu de son sérail (2), quel bijou ! Et cette belle jeune 
fille, couronnée de roses, portant une corbeille de fleurs ! 
Quel joli ton dans le coloris ! Elle fut vendue à M. Paul 
Roustan, de Digne, à un prix dérisoire, en môme temps 
qu'une grande marine que sa veuve a conservée. Qui ne se 
rappelle de sa charge de Demiguette à la trogne de poi- 
vron, sortant aviné de la taverne enfumée de Beaulieu, qui 
tenait ses assises joyeuses vis-à-vis l'hôtel Boyer 1... Et tant 
d'autres types dignois, entre autres le fameux Sici de 
Marcoux, la joie des enfants et la terreur des bourgeois f 
Car le vandalisme a aussi fait son œuvre là, comme partout 
dans notre malheureux département. Que de types curieux 

(1) ** Mais, c*e8t mon papillon! s^écriale saTant Honnorat, en le Toyant peint 
cor iTdre. C*08t mon papillon! Diable d*homme! « 

(2) Ce tablean appartient à la famille Michel, sénateur, et proTient de la ool- 
lection de M. TerriSi nn ami de Yietorin. 



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-410- 

et pittoresqaes de cette époque féconde en excentriques 
dignois ne Taraient-ils pas inspiré!... L'exposition les a 
enlevés; l'ignorance les a détruits. Quel dommage I... (1). 

En 1851, il avait fait une tentative dans le genre histo- 
rique en représentant, dans une vaste esquisse, l'entrée 
des insurgés à Digne. On voyait en tête le chef, un oiseau 
sur le chapeau en. guise de pompon, allant résolument au 
pillage, malgré ses soixante ans. 

Depuis quelque temps Marseille l'attirait. Il voyait la 
grande ville de Provence, éclairée par son beau soleil qui 
reflète sa mer d'azur ; sa population rapiécée d'étrangers, 
— comme aurait dit Montaigne, — venus de tous les pays du 
monde. Ces types divers, qui devaient tenter son crayon et 
sa palette ; ses vaisseaux superbes, son mouvement, son 
animation..., tout l'y poussait. Il en rêvait. Or, un beau 
jour, il fit comme tous les autres, comme ces millions de 
Bas-Alpins expatriés, pour lesquels, depuis des siècles, 
Marseille est une merveille et aussi le lieu de leur gagne- 
pain ; il partit. 

Le bruit de la grande ville étourdit d'abord Victorin, mais 
il s'y fit vite et trouva, dans de nombreux compatriotes, 
encouragement et sympathie. Il put, dès lors, se livrer au 
travail sans grande préoccupation. 

Victorin, par son tempérament, ne profita que rarement 
des faciles et vains plaisirs offerts à la Jeunesse. Nous ne 
l'avons jamais vu rire ; à peine un sourire se dessinait de 
temps en temps sur ses lèvres ombragées d'une barbe noire 
et rare ; son sourire était, pour ainsi dire, mélancolique. Il 
ne tarda pas à produire de charmantes petites aquarelles, 
qu'il eut le bonheur d'offrir à un marchand intelligent de 
la rue Saint-Ferréol, appelé, si je ne me trompe, Revest (2). 

(1) Une aëpia, entre antres, appartenant à la nièce de M. Terris, belle comme 
nn Wonvermann ou un Ostade. 

(2) Son talent a eu plusieurs phases. Là, il a été dans tout son éclat après 
•on retour de Paris. Les sépias et les aquareUes de cette époque sont très re- 
marquables. 



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-411 - 

Ce)uji-cl adi^ira le mérite original dp l'artiste ; des ama- 
teurs survinrent, qui louèrent la facture, la composition 
gracieuse, les teintes douces et la finesse et le goût. Bientôt 
iQ public amateur se disputa ses b^ouz ; les types étaient 
vrais, agréables, excitaient la curiosité. . . Tous ces petits 
succès le rendaient heureux, sans l'enorgueillir, car la mo< 
destie l'accompagna toujours. 

A partir de ce moment, commencèrent ses succès ; les con- 
naisseurs trouvèrent du charme dans ses types. Le produit 
qu'il avait retiré de la vente de plusieurs dessins avait sin 
gulièrement enflé sa bourse. L'argent commençait à peser 
dans sa poche. Pour s'en débarrasser, il le dépensait un 
peu en prodigue, comme Tenfant de l'Ëvangile. Un soir, il 
invita quelques-uns de ses amis à un dîner dans un restau- 
rant de la rue Beauvau. C'est ce soir-là que nous pûmes le 
voir jeter, promeneur insouciant et original, sur les quais 
et les rues, toute la monnaie que le restaurateur lui avait 
rendue en échange d'un billet de cent francs. En semant sa 
mitraille, il s'écriait: « Ça m'embête, ces pièces 1... Voilà 
pour les malheureux !... > Jugez des éclats de rire poussés 
parles passants!... 

Personne n'affectionna plus les chiens que lui ; il est peu 
de sujet où il n'en ait placé un ou deux, traités de main de 
maître. 

En faisant une étude de son caractère, nous sommes 
amenés à en signaler quelques particularités. C'est de ce 
côté-là que nous l'envisagerons un instant. 

Sa curiosité d'esprit était infatigable, et il savait profiter 
de toutes les observations et réflexions. D'une nature très 
bienveillante, il ne lui arriva jamais de témoigner le moin- 
dre sentiment d'inimitié ou de critiquer l'œuvre d'un col- 
lègue, môme quand elle eût pu le mériter : rata avis^ dans 
le monde des arts. 

Tel fut cet artiste bal-alpin, d'un talent prime-sautier, iné- 
gal, mais dont les œuvres sont toujours pleines de vérité. 



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— 412 — 

Pénétrons un instant dans sa vie intime : originale, reti- 
rée, presque solitaire. 

On s'est souvent demandé comment ce frêle Jeune homme, 
d'une constitution délicate, paralysé de la main gauche, 
voûté avant l'âge, avait pu résister à un travail assidu, 
persévérant, absorbant ? Il faut qu'il y ait des gr&ces d'ar- 
tiste!... Sa petite main douce, fluette, mate et blanche 
était celle d'un squelette. 

La famille Michel possède son portrait. M. Gustave Fri- 
son également. C'est bien Yictorin, flânant doucement, en 
vrai bohème, large paletot, chapeau gris aux larges bords, 
foulard au cou, petite taille. Jambes tortueuses et minces, 
visage ovale, pâle. Joue émaciée. On eût dit que le moin- 
dre vent allait emporter cette frêle créature, â la physio- 
nomie distinguée, le plus gracieux et le mieux doué des 
artistes de notre pays. Dans ce portrait, qui n'est qu'une 
ébauche au pinceau, il s'est saisi dans son vrai Jour. C'est 
lui; son œil, pareil â un miroir, l'a rendu avec toute sa res- 
semblance et son allure (1). On n'aurait pas pu faire plus 
exactement, d'une main plus délicate, une miniature sur 
ivoire. 

Petit et capricieux mangeur, boudant devant tous les 
mets ou bien y touchant à peine, il vivait sobrement, en 
séminariste^ rarement en gastronome; aussi il détestait les 
débauches de Rabelais et de la chanson de Victor Gélu. 

(1) Notre ami, Paul Martin, aquarelliste très distinguo, possède, dans lo 
ravissant musée de sa villa Saint-Martin, à Digne, où il a réuni tant de belles 
choses d*art, une dizaine de Camoin. Nous-môme conservons religieusement 
quatre terres de Sienne représentant un groupes d'arabes et un cavalier 
kabyle rappelant Horace Vemet. Les compositions des groupes, cette partie 
de Part qui dénote Tartiste général, était chez lui un don de naissance. 

Victorin n*exposa jamais au Salon pariaien. Paris était si loin et lui si in- 
souciant I... n est vrai de dire aussi que la province n'organisait pas d'expo- 
sition avant 1855. Depuis lors que d'expositions de toutes sortes dans les 
villes! On appelle cela la décentralisation artistique. L'art et le goût y ont 
gagné. Les artistes n'ont qu'à s'en réjouir. Tant mieux! St le public donc? 



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— 413 — 

Mais, s'il était petit mangeur, en revanche il était, par 
intervalles, grand travailleur. Il improvisait pour ainsi 
dire alors les dessins qui sortaient de sa main fluette; 
c'était un plaisir de le voir aux prises avec la conception 
ardente et passionnée ; il en pétrissait les éléments avec 
les couleurs ; il y Jetait sa flamme, sa lumière : la passion 
aux prises avec l'idéal, revêtant la vérité de la forme, du 
charmant, du gracieux, du riant, du mensonge, du carac- 
tère Avançais, gaulois. Nous savons que, pendant de lon- 
gues années, il s'exerça souvent, avec le crayon ou le pin- 
ceau chargé d'encre de Chine, à poser des points sur une 
page blanche et à dessiner une figure qui passait par chaque 
point. Il sortait, de ce jeu d'artiste, des croquis très habi- 
lement exécutés à la couleur bleue, dont les teintes fai- 
saient son bonheur. Nous avons vu un certain nombre de 
ces tours de force, toujours curieux par le côté génial (1). 

Son frère Paul, ayant appris que les succès de Victorin 
allaient grandissants, eut l'idée de l'attirer à Paris. Vic- 
torin finit par céder, fasciné par les promesses menteuses 
de la grande Babylone et les illusions de la jeunesse, dou- 
blées de celle de son frère. 

En quittant la rue de la Darse, il éprouva pourtant un 
serrement de cœur indescriptible. Cependant l'espoir de 
revoir Paul mit bien des gouttes de miel dans sa coupe. 

Après un court séjour à Paris, désenchanté, souffrant, à 
court de ressources, il ne voulut pas rester à la charge de 
son frère et revint au soleil de Provence, ce médecin cé- 
leste des ftileux et des souffreteux. En revoyant la cité 
phocéenne, il se sentit chez lui ; il revit ses amis, retrouva 
son public amateur, aimant les œuvres finies, léchées, con- 
sciencieuses, loyales. Le succès ne le quitta plus. 

« Quels bons moments j'ai passés avec lui, nous écrit 

(1) Nous en arons conserré une représentant on chien de berger. C'est très 
fin de ton, mais monotone. Noas-méme en ayons exëcntë un grand nombre sur 
papier porcelaine, en Algérie. 



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— 414 — 

Paul ! Quand il Tenait dans ma chambre, mon petit ate- 
lier, il Jetait un coup d'œil sur mon pupitre, s'emparait 
de mon dessin et^ avec son pinceau, il en faisait une 
merveille. Il y voyait ce que je ne voyais pas et produi- 
sait un bijou. 

> Quel beau talent et quel bon garçon I Gomme on l'ai- 
mait! Et il le méritait !... Sa perte, à 31 ans, a été un deuil 
et une ruine pour la maison. J'ai dit qu'il était aussi fort 
que Téniers. Je crois que la postérité ratifiera mon juge- 
ment. > 

C'est un frère qui nous a écrit cette page, avec l'accent de 
la plus pure tendresse. 

Combien il est à regretter que ce jeune artiste n'ait pu 
habiter Paris pendant quelques années, ou, ce qui aurait été 
préférable, ne se soit pas fixé dans la grande ville. Mais 
tout concourut à l'en éloigner : le manque de ressources, le 
climat froid et humide, l'isolement et Tabsence du beau 
soleil. Il y avait en lui l'étoffe d'un merveilleux artiste ori- 
ginal qui eût grandi avec les années et fût devenu célèbre 
comme Ëisen, Bida, Gavarni. Son goût se fût épuré, son 
génie développé au contact du beau, du grand, du parfait. 
Hélas! son étoile l'abandonna au moment où il touchait la 
terre promise 1 où il avait écarté les pierres du chemin et 
arraché les ronces. Alors, le pauvre artiste, dégoûté, 
épuisé, désenchanté, se traînant à peine par suite de son 
état de faiblesse, dut songer t porter sa palette^ sa richesse 
unique, vers le pays natal. 

Cependant il attendait de l'air salubre et fortifiant de 
nos Alpes une amélioration, qui devait faire naître une espé- 
rance. 

Mais, à Digne, il fallait vivre aussi, s'entretenir et se 
loger. Rares sont les amateurs de choses exquises de 
rart* 

Les dernières irradiations de la palette du peintre : ce 
mendiant qui implore l'aumône, ce joyeux buveur qui 
Chante l'énergique chanson de Gélu..., tout disparut sans 



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— 415 — 

qu'aucun regard d'admiration ne les eût caressés un 
instant. . . Pauvre artiste ! 

Alors, ce ravissant créateur de buveurs et de joueurs 
partit pour rejoindre sa famille, se réchauffer au foyer pa- 
ternel, dans cette petite patrie qui est le sanctuaire de la 
tendresse et la fleur nouvelle de la vie. 

Il expira à Ëspinouse, au printemps de 1855. 

Ces lignes, que nous venons de tracer, nous les déposons 
pieusement, comme un sincère hommage, sur sa tombe qui 
s'élève sur la terre d'Espinouse. 

Puisse un rayon printanier, en même temps que les 
mésanges et les rossignols, animer les lieux où son âme est 
venue souvent voltiger ! 

Sans doute que cette causerie vraie, sincère, n'aura pas 
été inutile pour rendre à cet artiste bas-alpin, le mieux 
organisé de notre pléiade contemporaine, le mérite et la 
réputation que son talent personnel, bien français, char- 
mant et gracieux lui méritait. 

Casimir MARIAUD. 



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-m- 
tTÏÏDI SÏÏB LIS FLïïnS 

par M. GIRAUD, Directeur d'École normale en retraiUj 
Officier de Vlnstruction publiqtie 



(SuiU et fin) 



On voit, par les tableaux qui précèdent et par ceux 
qui suivent, qu'en ce qui concerne les grandes averses, 
la premièfe période, comprenant 37 années, n'est signalée 
que par 14 grandes chutes d'eau, dont 4 donnent plus d'u n 
millimètre par minute. La seconde période, celle des 
années contemporaines, est marquée par un nombre égal 
de grandes averses; on en compte môme une de plus, 
bien que cette période ne comprenne que 15 années; 
mais 3 seulement donnent plus d'un millimètre d'eau par 
minute. La plus grande averse est celle qui eut lieu le 20 
août 1834, qui, dans trois quarts d'heure, donna 66«nn,l 
d'eau, soit lmo»,469 par minute. 

A la seconde page de son premier registre, M. Guérin 
fait connaître, dans la colonne d'observations, en face de 
la journée du 8 novembre 1801, que ce jour-là il plut depuis 
le matin jusqu'à 10 heures du soir et qu'il tomba 28 pouces 
1 ligne d'eau, c'est-à-dire 758m»,2, plus qu'il n'en tombe 
pendant toute la durée d'une année pluvieuse. On pourrait 
douter de l'exactitude de ce renseignement, d'autant plus 
que M. Guérin n'avait pas encore installé de pluviomètre, 
si, dans le livre qu'il a publié à Avignon, en 1829, intitulé 
Mesures harométriques (imprimerie Guichard aîné), il ne 
faisait pas mention de pluies plus extraordinaires encore. 
En effet, on lit à la page 170 : • Cette pluie (la grande pluie 
de la journée du 4 octobre 1806) ne peut être comparée à 
celle de 29 pouces 3 lignes (789mra,8) tombée à Joyeuse en 
22 heures, le 9 octobre 1827, ni à celle de 30 pouces (810mm) 
tombée à Gênes, le 25 octobre 1822. » 



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— 417- 

En comparant les moyennes dans les deux périodes, on 
trouve, dans la première, une durée moyenne de 57 minu- 
tes par averse et une quantité moyenne générale de 
0mn»,705 de pluie par minute. Dans la seconde pé- 
riode, la durée moyenne des grandes averses est de 
65 minute^ par averse, et une quantité moyenne de 
pluie de 82mm,3 par averse ; ce qui donne une moyenne 
générale de 0n»in,5 par minute. D'où il résulte que les 
grandes averses ont été plus fortes, mais moins nombreuses 
dans la première période que dans la seconde. 

En ce qui concerne les grandes pluies, dans la première 
période, on en compte 19 ayant eu une durée totale de 
65 jours, pendant lesquels il est tombé 1,963™"» ,9 d'eau ; ce 
qui donne une moyenne de30mm,2 d'eau par jour de grande 
pluie. Dans la seconde période, on compte 15 grandes 
pluies ayant eu une durée totale de 29 jours^ pendant 
lesquels il est tombé 1170mm,9 d'eau ; ce qui donne une 
moyenne de 40n»m,4 d'eau par jour de grande pluie. Ainsi, 
dans la période contemporaine, les grandes averses, 
quoique plus nombreuses, donnent moins d'eau, et les 
grandes pluies en donnent plus que dans la première 
période. Ce phénomène fait certainement partie d'un 
ensemble de circonstances dépendant d'une loi de la nature 
ayant modifié peu à peu le régime des pluies et dont la 
conséquence est non seulement une plas grande pluviosité 
dans les temps contemporains, mais encore une meilleure 
répartition dans la distribution des pluies ; d'où il résulte 
que nous n'avons plus tant à souffrir maintenant des 
sécheresses qui, autrefois, désolaient nos campagnes. 



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— 420 — 



En effet, dans la période contemporaine, de 1873 à 1887, 
on ne compte que 3 années où des mois entiers se sont 
écoulés sans pluie; ce sont les années 1876 (mois de juillet), 
1878 (mois de juillet et de septembre) et 1883 (mois d'août). 
Ainsi, pendant ces 15 années consécutives, il y a eu 
absence de pluie dans 4 mois seulement : 2 en juillet, 1 en 
août et 1 en septembre, soit 2.22 pour cent, et il faut 
remarquer que ces petites périodes de sécheresse se sont 
produites à des époques où les principales cultures n'ont, 
pour ainsi dire, pas besoin d'eau. Il n'en a pas été 
ainsi dans la première période, de 1805 à 1841, car, pendant 
cette période de 37 années, il y a eu absence de pluie dans 
49 mois (soit 11.03 pour cent). 

En 1805, 2 mois : août et octobre. 
1811, 1 mois : novembre. 

1813, 3 mois : février, mars et août. 

1814, 2 mois : février et mars. 

1815, 5 mois : mars, avril, mai, juillet et août. 

1816, 3 mois : février, mars et août. 

1817, 2 mois : février et mars. 

1818, 2 mois : juin et juillet. 

1820, 2 mois : mai et juin. 

1821, 3 mois : février, juin et novembre. 

1822, 3 mois : février, mars et juillet. 

1823, 1 mois : décembre. 

1824, 1 mois : juillet. 

1825, 3 mois : janvier, février et août. 

1826, 1 mois : janvier. 

1827, 1 mois : juillet. 

1880, 2 mois : avril et octobre. 
Iftsi, 1 mois : novembre. 

1832, 1 mois : juillet. 

1833, 1 mois : décembre. 

1885, 2 mois : juillet et décembre. 



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— 421 — 

1836, 1 mois : juillet. 

1837, 1 mois : octobre. 

1839, 2 mois : juin et juillet. 

1840, 2 mois : mars et juillet. 

1841, 1 mois : juin. 

La sécheresse qui a duré le plus s'est produite en 1815. 
Pendant cette année, 11 n^est pas tombé une seule goutte 
d'eau du 14 février au 6 juin (112 jours) et du 9 juin au 29 sep- 
tembre (111 jours). Du 1er janvier au 10 octobre de cette 
môme année 1815, il n'y a eu que 6 jours de pluie ne 
donnant ensemble que SD^m^e d'eau (le 29 janvier 7"»» ,6, le 

30 janvier 8nn>,2, le 14 février 27»™ ,7, le 6 juin 10"»»», le 
9 juin 9«ûm,i et le 29 septembre 27mni). Il n'y a eu un peu 
de pluie qu'en octobre et en novembre ; aussi n'est-il 
tombé, durant toute cette année 1815, du l^f janvier au 

31 décembre, que 277n»m,7 d'eau en 18 jours de pluie 
seulement. 

L'année 1816, qui a suivi, n'a guère été mieux partagée 
sous le rapport des pluies, car il n'est pas tombé une 
goutte d'eau du 25 janvier au 10 avril (74 jours), ni du 
29 juillet au 21 septembre (53 jours). L'année 1817 est aussi 
marquée par une grande sécheresse : il n'y a eu que 
24 jours de pluie dans toute Tannée, et ces 24 jours 
de pluie n'ont donné que 395"»«,7 d'eau. L'année 1818 
n'a donné que 381>nm^ d'eau en 30 jours de pluie. 
L'année 1820, qui donne 563«m,2 d'eau, n'a eu que 27 jours 
de pluie. L'année 1821, qui donne 49lmm,9 d'eau, ne compte 
que 23 jours de pluie. L'année 1822, avec 27 jours de pluie, 
ne donne que 313mB,5 d'eau. Il en a été à peu près de 
môme pendant les années suivantes et pendant celles qui ont 
précédé 1815. Cependant, comme on peut le remarquer 
dans les tableaux pluviométriques et comme l'indiquent 
les diagrammes qui les accompagnent, on voit la pluviosité 
s'accentuer de plus en plus, d'une manière générale, à 
mesure qu'on approche de la fln de la première période ; 
les pluies deviennent alors plus fréquentes et plus abon- 



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-422- 

dantes, sans toutefois atteindre cette sorte de régularité 
qu'on remarque dans la distribution de la pluviosité 
pendant la période contemporaine. 

Il ressort de ce qui précède que plus nous avançons dans 
les temps, plus il pleut, et on a pu remarquer qxxe, pendant 
ces trois dernières années, qui ne sont pas comprises dans 
ce travail, les pluies ont été relativement très abondantes. 

C'est qu'en effet il y a eu, en 1888, à Manosque, 80 jours 
de pluie, donnant 763'nm,3- d'eau, et en 1889, à Digne, 
91 jours de pluie, donnant 896n»m,9 d'eau. L'année actuelle 
1890 promet de nous en donner davantage encore; car 
déjà, du l«f janvier jusqu'à ce jour 31 mai, nous comptons 
42 jours de pluie, ayant donné 430mm,6 d'eau. Le présent 
mois de mai, à lui seul, nous a gratifiés de 15 jours de pluie, 
donnant 149n»m,2 d'eau. 

S'il faut en croire une note de M. Guérin, insérée dans 
ses bulletins météorologiques de l'année 1811, l'eau de 
pluie tombée à Marseille de 1770 à 1779 inclusivement se 
répartit de la manière suivante : 

1770 10 pouces ligne = 270mm,» 

1771 13 — 3 - = 357mm,7 

1772 52 — 2 — = lm,408mm,4 

ir/3 24 - 2 — == 652min,4 

1774 16 — 8 — = 450'nm,, 

1775 47 — 8 - = 477mm,, 

1776 20 — — = 540mm,» 

4777 21 — 5 — = 578mm,2 

1778 20 — 1 — = 542min,2 

1779 17 — 8 — = 477mm,. 

Si on fait exception de l'année 1772, dont la pluviosité a 
été énorme, on voit que les quantités d'eau de pluie sont 
très faibles et très inégales et que les trente dernières 
années du siècle précédent font partie d'une grande période 
de sécheresse qui tend à disparaître de nos jours. 

Il est donc bien démontré que les pluies sont plus 
fréquentes, plus abondantes et mieux réparties dans les 



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— 423 — 

temps actuels qu'autrefois, et cependant il est vrai que 
nos sources nous donnent moins d'eau, que plusieurs ont 
tari et que le débit de nos rivières est beaucoup moindre 
qu'autrefois. D'où peut provenir ce phénomène contradic- 
toire : il tombe plus d'eau et nos sources sont moins 
abondantes ? Pour l'expliquer, on l'attribuera au déboise- 
ment des montagnes, au défrichement des terres. Sans 
doute, un sol gazonné et couvert de forêts entretient 
l'humidité de l'atmosphère et la fraîcheur de la terre en ne 
permettant pas une évaporation trop active ; mais cela ne 
saurait donner une explication suffisante et rationnelle du 
phénomène qui nous occupe. Il faut admettre qu'à des 
époques reculées il tombait des masses d'eau considérables 
qui ont rempli les bassins souterrains et ont alimenté 
surabondamment toutes les sources et toutes les riviè- 
res. Les pluies devenant, par la suite des siècles, toujours 
moins abondantes, les sources ont peu à peu diminué leur 
débit, les bassins souterrains se sont insensiblement vidés 
et les petites rivières n'ont plus été alimentées. Pour que 
les choses reviennent à leur état primitif, il faut que les 
pluies deviennent de plus en plus abondantes, de plus en 
plus fréquentes, et alors les réservoirs souterrains rece- 
vront chaque année plus d'eau qu'ils ne pourront en 
perdre et se rempliront de nouveau par la suite des temps. 
Pouvons-nous espérer ce retour des grandes pluies ? Les 
sources qui ont tari recommenceront-elles à couler ? Cela 
me paraît probable, je dirai môme certain ; car les modifi- 
cations qui se produisent dans le régime général des 
pluies, modifications constatées par les observations dont 
je viens de faire connaître le résultat, sont certainement 
dues, non pas au déboisement des montagnes, ni au défri- 
chement des terres, comme on semble le croire, mais bien 
au troisième mouvement dont le globe terrestre est 
animé, c'est-à-dire à la précessîon des équinoxes (1), 

(1) Ce mottTemont exécuté en sens rétrogade, c'est-à-dire de gauche à 
drtite, oit dû à la différence de poids des deux hémisphères de notre planète : 



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-424-^ 

mouvement qui consiste, comme on le sait, dans le dépla- 
cement excessivement lent de la direction de Taxe de la 
terre et qui s'effectue dans l'espace de vingt-cinq mille ans 
environ. 

Le déplacement très lent, mais continu^ de la direction 
de l'axe de la terre doit nécessairement avoir des consé- 
quences. Un météorologiste très distingué, M. Péroche, 
dans un mémoire inséré dans l'Annuaire de la Société 
météorologique de France (numéro d'août 1883)« développe 
savamment les influences qu'exerce la précession des 
équinoxes sur les températures dans les deux hémisphères. 
Si donc la précession des équinoxes modifie la distribu- 
tion de la chaleur sur la surface du globe, elle doit 
nécessairement aussi modifier le régime des pluies. 
Gomment ces modifications peuvent-elles être amenées? 
Évidemment par un déplacement dans la trajectoire des 
grandes dépressions océaniennes. Cette trajectoire^ par 
suite du mouvement rétrograde de la terre, c'est-à-dire de 
la précession des équinoxes, a dû s'infléchir peu à peu 
vers le nord et laisser graduellement notre région en 
dehors de son rayon d'action. En étudiant les cartes que 
le bureau central météorologique de France dresse tous 
les Jours, comme aussi les cartes mensuelles indiquant la 
marche des dépressions ou cyclones, on constate que ces 
cyclones, venus des côtes est des États-Unis d'Amérique, 
se dirigent du sud-ouest au nord-est, en traversant l'Atlan- 
tique, passent au nord de l'Irlande et de l'Ecosse, longent les 
côtes de la Norvège et se comblent peu à peu en s'avan- 
çant vers l'est du pôle nord. Dans ces conditions, notre 
région se trouve en dehors du rayon d'action de ces 



rbémisphère nord est sensiblemont plus lourd que Thémisphère sud ; ce qui 
fait que la terre, dans son mouToment rotatolre, se comporte exactement 
comme une toupie quand elle va cesser de tourner : elle se balance, et son axe 
décrit, dans Tespace de Tin^inq mille ans environ, deux cdnes renversés, dont 
les sommets sont au centre de la terre et les bases_aux deux pôles. 



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dépressions, et nous n'avons pas de pluie, alors qu*îl pleut 
abondamment sur l'ouest et le nord-ouest de la France. Mais 
quand un de ces cyclones, s'écartant de la route générale- 
ment suivie, aborde l'Europe par un des points situés entre 
Bayonne et Brest, ou entre le cap Saint-Vincent et l'entrée 
de la Manche, alors son action s'exerce sur notre région, 
avec d'autant plus d'intensité que son centre se rapproche 
le plus de notre latitude, et nous avons des pluies abon- 
dantes. C'est sans doute par là que les dépressions océa- 
niennes abordaient, dans les siècles reculés, le continent 
européen, et c'est cette route qu'elles tendent à reprendre. 

La révolution de la terre sur son axe produit les alter- 
natives du jour et de la nuit ; son mouvement autour du 
soleil amène la diversité des saisons ; pourquoi son troi- 
sième mouvement, la précession des équinoxes, n'amène- 
rait-il pas des changements dans les phénomènes météoro- 
logiques ? Il y a un cycle lunaire et un cycle solaire ; 
pourquoi n*y aurait-il pas un troisième cycle, que 
j^appellerais cycle équinoxial, ramenant les mêmes 
phénomènes météorologiques après une période de vingt- 
cinq mille ans environ, temps que met notre planète pour 
effectuer son troisième mouvement ? 

De ce qu'il pleut tout autant de nos jours, sur notre 
région, et môme plus, que dans les premières années de 
ce siècle, il ne s'ensuit pas, à mon avis, que, dans les 
siècles antérieurs, il n'ait pas plu davantage encore. 
Qu'est-ce, en effet, qu'un siècle par rapport au temps que 
met notre planète pour effectuer son troisième mouvement, 
vingt-cinq mille ans ? C'est un peu plus d'un jour par 
rapport à l'année. Je suis amené à supposer que, dans 
les temps très reculés, c'est-à-dire il y a deux, trois, 
quatre, cinq mille ans et plus encore, il devait pleuvoir 
beaucoup plus sur notre région que dans le siècle actuel 
ou que dans le siècle passé, par ce fait que les plaines de 
notre contrée, qui n'étaient que de vastes marais, se sont 
peu à peu asséchées. Si, dans ces temps reculés, il pleuvait 



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— 426 — 

beaucoup plus que de nos jours, c'est que notre région se 
trouvait comprise alors dans le périmètre d'action des 
grandes dépressions océaniennes, les seules qui nous 
donnent des pluies abondantes. Et si, maintenant et depuis 
bien longtemps^ nous n'avons plus les mêmes quantités de 
pluie, ne serait-ce pas parce que les dépressions de 
l'Atlantique n'atteignent plus, en général, notre région, 
comme elles devaient le faire dans les temps anciens ? La 
trajectoire de la plupart des cyclones océaniens ne s'est- 
elle pas transportée peu à peu vers le nord ? S'il en est 
ainsi, comme tout porte à le croire, il faut nécessairement 
admettre que cela n'est pas le fait du hasard, mais bien la 
conséquence d'une loi de la nature et que cette loi est 
une cause à laquelle il faut attribuer le déplacement très 
lent, mais constant, de la direction de l'axe de la terre. 

Je viens de dire qu'un siècle est, par rapport à la durée 
de la précession des équinoxes, c'est-à-dire vingt-cinq mille 
ans environ, à peu près ce qu'un jour est par rapport à la 
durée d'une année, On peut donc déduire de là qu'un 
siècle est au siècle suivant ou au siècle précédent, à peu 
près comme un jour quelconque de l'année est au jour qui 
le suit ou qui le précède, c'est-à-dire qu'en général deux 
ou plusieurs jours consécutifs diffèrent fort peu entre eux 
sous bien des rapports, notamment sous le rapport de la 
température et de la durée du jour et de la nuit ; mais il 
n'en est plus ainsi quand on compare deux jours pris à 
deux, trois, quatre mois d'intervalle l'un de l'autre. Il en 
est certainement de même pour les siècles, considérés au 
point de vue de la précession des équinoxes. 

CONCLUSION. 

Des observations dont je viens de rendre compte et des 
considérations qui précèdent, il résulte ce fait que la 
période qui s'est écoulée entre l'année 1770 et l'année 
1870 constitue le siècle où les pluies ont été le moins 
abondantes, puisque nous voyons la pluviosité augmenter 



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- 427 — 

à partir de 1873 et, d'une manière générale, s'accentuer de 
plus en plus depuis cette époque jusqu'à ce jour. Dès lors, 
on peut conclure : 1» que nous franchissons, à l'époque 
actuelle, le point de l'espace où l'axe de la terre a achevé 
la moitié de sa rotation ; c'est-à-dire que nous sortons de 
la période du cycle équinoxial où les grandes dépressions 
de l'Atlantique se sont le plus élevées vers le nord ; 2o que 
leurs trajectoires vont se rapprocher de plus en plus de 
notre région, en s'inclinant peu à peu vers le sud, et que, 
par conséquent, la pluviosité deviendra, de siècle en siècle, 
toujours plus grande. C'est ce que nos arrière-petits 
neveux pourront vérifier dans quelques milliers d'années. 

Digne, le 31 mai 1890. 

GIRAUD. 



UNE LETTRE DE P. GASSENDI AUX CONSULS DE DIGNE 



Il nous a paru intéressant de rechercher dans les archi 
-ves municipales de Digne tous les documents relatifs à 
Pierre Gassendi. Nous espérions y découvrir des détails 
nouveaux et des renseignements inédits sur une partie à 
peu près inconnue de la vie du savant prévôt. Malheureu- 
sement, il n'existe que très peu de traces de son séjour 
dans cette ville, où il vécut cependant les premières années 
de sa jeunesse, étudiant, professeur et régent des écoles. 
Rien sur ses étonnants succès d'écolier, rien môme sur 
cette victoire (1) dans « la dispute (2) des classes » qui lui 

(1) n manque an registre dea délibérations communales de Digne, en Tannée 
1612 (BB, 20), les folios 54-55 oCi devait exister la mention de cotte 
** dispute „. 

(2) " La dispute des classes h avait lieu tous les ans à Digne en présence 
des consuls et d'une commission de notables désignée par le conseil. C'était 
un concours où la régence du collège et les diverses chaires étaient données 
aux plus capables. 



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- 428 - 

valait, à 21 aas (avril 1613), la direction du collège de 
Digne. 

C'est dans les registres trésoraires de Tannée 1613 (i) que 
Ton rencontre pour la première fois le nom de « Pierre 
Gassendi, régent des escoles >. Il émarge t ce titre sur le 
budget communal de Digne depuis le l«r avril 1613 (1) jus- 
qu'au 31 mars 1616 (2), avec un traitement de 12 écus par 
trimestre. On peut ainsi déterminer d'une manière précise 
et certaine le temps que Gassendi est resté à la tête du 
collège, et relever une légère erreur du journal de A. de la 
Poterie, qui le montre principal en 1G12 (3). 

Les seuls documents qui présentent un certain intérêt 
sont relatifs à l'élection de Gassendi à la « théologalle » par 
le chapitre de Digne et au procès qu'il soutint à cette occa- 
sion, contre Pélissier de Bologne. D'après les délibérations 
de 1615 (4), ce fut le conseil municipal lui-même qui pré- 
senta au choix des chanoines dignois « le régent de ses 
escoles, qui estoit homme capable, bien morigère, de bonne 
vie et exemple ». Après sa nomination, il le recommanda 
en termes très élogieux à Sa Majesté, t la priant de préférer 
ledict messire Gassendi en la théologalle à tous autres. .• 
pour le bien et profit que tout le peuple de Digne espère en 
recepvoir ». De plus, il vint en aide à son protégé, qui 
« n'avait pas le moyen de se défendre sans l'assistance de 
la ville *,en délibérant que les consuls « lui presteraient^des 



(1) Archives communales de Digne, CC, 41, fol. 48. — ... ** Comme aussi se 
descliarge (le toésorier) de la somme de 12 escus à 8 livres pièce, qu'il a payjio 
à M* Pierre Gassendi, régent des escoles, on desduction des gages que la com- 
munauté luy donne et pour ung quartier eschou à la fin juing (1613). „ 

(2) Archives de Digne, CC, 42, fol. 61. 

(3) D'après le compte du trésorier de Digne en 1612 (CC, 40), il est certain 
que Gassendi n'a pas été principal cette année-là; on y lit en effet au folio 61, v^: 
** Estant M* Jehan Bouteilhon, régent principal des escoles en Tannée seiie 
cent douze... „ 

(4) Archives communales de Digne, BB, 20, fol. 79. 



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deniers de la commune, 300 livres (1) » pour soutenir son 
procès devant le conseil du Roi. Grâce à l'appui de ses 
concitoyens, Gassendi put ainsi aller à Paris, où il gagna 
sa cause et fut maintenu en possession de son bénéûce. 

Au sujet du remboursement de ce prêt, Gassendi écrivit 
d'Aix, à la date du 15 juin 1616, la lettre dont la copie suit, 
la seule de lui qui soit conservée dans les archives de 
Digne. Elle est adressée aux consuls de cette ville, auxquels 
il demande un délai d'un an pour s'acquitter de sa dette. 
« Je vous assure, dit-il, estre expressément en ceste. ville 
(Aix) pour y gaigner ce que je vous doibs » ; et il expose 
et développe avec beaucoup d'art, de logique et d'élo- 
quence toutes les raisons capables de convaincre et d'émou- 
voir ses créanciers. Cette supplique touchante fut écoutée; 
la communauté de Digne lui accorda « un atermoyment(2)» 
d'un an ; et il est à peu près certain qu'elle n'exigea jamais 
ni le capital, ni les intérêts, car le payement de ces som- 
mes n'est inscrit dans aucun des comptes trésoraires des 
années suivantes. 

A cette lettre, entièrement écrite de la main de Gas- 
sendi, nous avons joint les délibérations relatives à la 
« théologale ». Tout ce qui touche à cet homme illustre 
mérite d'être recueilli ; et ses nombreux admirateurs ne 
liront pas sans intérêt, à côté des lignes tracées par sa 
main, les preuves de l'estime et de la confiance qu'inspirait 
déjà, dans sa jeunesse, à ses compatriotes celui qui devait 
être une des gloires de son pays. 



(1) La mention de ce prôt se trouve aussi dans les comptes de 1615 (CG, 48, 
foL 87, y^) : " Far ordonnance du conseil général, auroit esté dict prester 
100 escus à messire Pierre Gassendy («ic;, chanoyne, au procès contre lui intenté 
au privé conseU du Boy par messire Felissier de Bologne, vicaire général de 
révesque de Digne. « — L'acte d'obligation passé par Gassendi fût reçu le 
15 avril 1615 par M* Hermitte, notaire à Digne. 

(2) Archives de Digne, BB, 20, fol. 181. 

30 



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— 430- 
L — Lettre de P. Gastendi aux eansuU de Digne. 

Messieurs, 

H« PoBS Maraire, mon pleige* a esté en ceste ville tout allarmé de 
crainte qu'il a que vous ne l'acclamiez pour la partie que je vous 
doibs. J'ens83 bien vouln avoir de l'argent toat présentemebt ponr le 
délivrer de peine et moy aussi, et d'ailleurs pour ne vous donner 
subjet de mescontentement ; mais vous sçavez trop mieux Testât et la 
disposition de mes affaires. La somme que vous m'avez libéralement 
prestée et de laquelle je vous suis obligé, est convertie en fort pauvre 
usage pour me maintenir en un bénéfice sans entretien, pas mesme 
de quoy payer les interest de la despence que j'ay faicte. Ce n'est pas 
pourtant à dire que je vous veuille payer de cettd monnoye, car je 
vous asseure d'estre expressément en ceste ville pour y gaigner ce 
que je vous doibs, et ce que je puis faire dans un an avec l'aide de 
Dieu. C'est la cause que je vous prie de faire trouver bon à vostre 
conseil d'avoir patience et m'attendre pour ce temps-là sans me con- 
stituer en plus grands frais et despence et adjouster mal sur mal, 
vous payant surtout les interests qp'il vous plaira. J'estime obtenir 
cette: faveur de vous. Messieurs, puisque^ Dieu grilces, vostre commu- 
nauté n'a pas besoin et nécessité d'une si petite partie, et ne crois 
point que l'hors du prest vous m'ayez voulu tant gratifier pour, puis 
appôs, me faire sentir une ruine totale. Faictes s'il vous plaist consi- 
dération à ce seul point, ne sçachant surtout moy comment est-ce 
que je me puis estre rendu incapable et indigne de recepvoir cette 
grâce et faveur de vous. Et vous dis bien davantage, c'est que mon 
pleige, entre icy et la Saint-Michel, fera tant par le moyen de ses 
amys et des miens qu'il vous fera la plus grande partie de votre paye- 
ment. Ne le tracassez donc point. Messieurs, en procès, je vous prie, 
puisque luy et moy, ne respirons et ne souhaitons que de vous ren- 
dre contens dans le delay que je vous marque, lequel mesme, a ce 
que j'espère, ne sera pas. Dieu aidant, aussi long. Je ne scaurais 
vous exprimer le ressentiment et l'obligation que je vous ay. Conti- 
nuez, s'il vous plaist, ces faveurs et, pour une chose qui ne redonde 



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-481 - 

point au désadvantage de la communauté, ne désobligez point si cella 
peut se dire» 

Messieurs 

Votre tant obligé, obéissant et affectionné serviteur, 

GASSEND. 
A Aix, ce i5juini616. 
Au dos : 

A Messieurs 
Messieurs les consuls de la ville de Digne. 

II. — Extrait des registres 

t des délibérations eonseiUéres de la maison commune de Digne » , 

(1610-1630. — f^ 79, vo). 

Conseil général du segond janvier mil six cent quinze, en la ville de 
Digne, et dans la maison commune de ladite ville, par devant 
M^ Pierre Sossy, lieutenant particulier au siège dudict Digne et 
Louys de Fornier Amalric viguier, pour le Roy en ceste ville 

Les sieurs consuls ont représenté : qu'après la mort de messire 
Jehan Araby, vivant chanoyne théologal de Téglise cathédrale, ils 
présentèrent au chapitre, l'hors qu*on procédait à Télection d'ung 
théologal, leur avis que messire Pierre Gassend, régent des escoles 
de ladicte ville, estoit homme capable et sufflzant, bien morigère, de 
bonne vie et exemple..., lequel chapitre... conféra ladicte théologale 
audict messire Gassend, de sorte qu'il est requis, sy le conseilh le 
trouve à propos, de ratifier ladicte nomination. 

Sur quoy ledict conseilh, tout d'un commun accord, estant très 
bien informé de la capacité, bonne vie, exemple et probité de messire 
Pierre Gassend, tant pour ses prédications que autrement, ont ratifié 
et approuvé ladicte nomination et élection ; priant et requérant 
Sa Majesté et tous magistrats de préférer ledict messire Gassend en la 
théologalle à tous autres, pour le bien et profit que tout le peuple de 
Digne espère recepvoir par la vertu, exemples, bonne vie, doctrine, 
prédications et intruction d'iceluy messire Gassend. 

Conseil général du 24 mars i6i5 (fol, 87, v^). 

A été résolu, attendeu que messire Pierre Gassend, cha- 

noyno théologal en l'église cathédrale de ceste ville, est en procès 



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- 432 - 

contre son collitigant, et qu'il a faict représenter Cfn'il n'avait pas 
moyen à présent de se défendre sans l'adsistance de la ville, et 
parce qn'ii a renda de bons offices à la communauté tant à Tiostrac- 
tion de la jeunesse que autrement, que messieurs les consuls luy 
presteront, des deniers de la communauté, jusques à la somme de 
300 livres, en asseurant la communauté de les rendre à ce terme que 
luy sera donné. 

Conseil général du 18 juin 1616 (fol. 131, vo;. 
.... Sur ce que PonsMurayre, pleige de messire Gassend, théo- 
logal en réglise de Digne, a requis audict conseilh d'atermoyer audict 
messire Gassend le payement de la somme de cent écus, qu'il doibt, 
à ladicte communauté, en payant les intérêts..., a esté délibéré que 
ledict messire Gassend aura terme d'uog an, d'huy comptable, pour 
le payement de ce qu'il doibt. 

M. ISNARD. 



CAUSES DE LA CHALEUR 

des ESaux mxer*ixiales de Digne 



Il n'est personne que ce phénomène de la thermalité des 
Eaux de Digne n'ait intéressé, et c'est en raison de cette 
curiosité générale que je présente quelques notes à la 
Société sur ce sujet. L'explication la plus facile, qui satis- 
fait l'esprit du plus grand nombre de visiteurs, réside dans 
le fameux feu central de la terre. C'est la plus commode. 
Toutefois il faut bien reconnaître que si c'est la plus com- 
mune, comme en tant de choses, il peut très bien se faire 
que ce ne soit pas la plus vraisemblable. 

Cette explication serait assez plausible dans les pays 
d'origine volcanique, ou dans ceux tout au moins dont le 
sol est formé par des roches primitives. Là, des fissures 
immenses peuvent laisser supposer que les eaux d'infiltra- 
tion arrivent à une profondeur assez grande pour emprun- 



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— 433- 

ter leur chaleur au feu souterrain; mais aux Eaux-Chaudes 
il n'en est pas ainsi. Nous avons affaire à un terrain pure- 
ment sédimentaire : le lias moyen, les calcaires compacts 
^gryphea cymbium; aucune roche volcanique, aucun ter- 
rain primitif ne sont visibles. Tout en ne rejetant pas abso- 
lument rhypothèse communément admise, il n'est point 
défendu d'en chercher une autre, que je crois être quelque 
chose de plus qu'une hypothèse, comme on va le voir. 

Nicolas Lémery, médecin et chimiste, né à Rouen en 
1645, est l'inventeur de l'expérience suivante, bien connue 
de tous, expérience à laquelle on a donné le nom de Volcan 
de Lémery^ ce savant prétendant expliquer par elle l'ac- 
tion volcanique : on mélange de la limaille de fer avec du 
soufre pulvérisé; on recouvre de terre, et on mouille gra- 
duellement, par petites quantités ; une réaction chimique 
s'opère, élève la température du mélange et, avec quelques 
soins, on arrive môme à le faire enflammer. En donnant 
une forme conique à la préparation, on a un volcan en mi- 
niature. 

Nous n'avons pas ici à nous occuper des volcans, mais 
il est connu parmi les géologues que certaines couches du 
lias sont riches en carbonate et sulfure de fer, soit à l'état 
de rognons, soit à l'état pulvérulent, en dispersion dans la 
roche. Les tons de rouille que tout le monde constate à la 
surface des roches liasiques ayant subi longtemps l'action 
de l'air n'ont pas d'autre cause. Le rocher de Neuf-Heures, 
celui de Saint-Pancrace, tous ceux qui couronnent les 
sommets de Digne doivent leur couleur rougeâtre, qui de- 
vient si belle au coucher du soleil, à la présence de l'oxyde 
de fer. La vieille cathédrale et les anciennes maisons de 
Digne doivent aussi leur patine caractéristique à la môme 
cause. Ce fer, d'origine principalement organique, pénètre 
absolument la roche et forme çà et là des amas plus impor- 
tants. Il est combiné avec le carbonate de chaux et d'au- 
tres matières carbonées provenant des plantes et des ani- 
maux qui ont vécu autrefois dans les mers du lias. En cer- 



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- 434 — 

tains endroits, il est converti en pyrite cristallisée (1) par 
suite de l'action thermale. La présence du soufre n'est pas 
étonnante. Elle s'explique par l'abondance du sulfate de 
chaux dans les mêmes formations, abondance qui se 
manifeste d'une manière éclatante sur certains points. 

Voilà donc du fer et du soufre en quantités énormes, 
À l'état de division ou de rognons, c'est-à-dire tout 
ce qu'il faut pour réaliser l'expérience de Lémery. Ajou- 
tons, chose très importante, leur mélange au carbo- 
nate de chaux, qui compose la plus grande masse du 
dépôt, et il nous sera facile de comprendre que nous som- 
mes en présence d'une réaction chimique locale, aidée 
encore par les matières organiques en suspension dans les 
eaux d'infiltration dont l'acide carbonique attaque le 
calcaire. 

Nous voilà loin du feu central : il pleut sur le rocher de 
Saint-Pancrace ou, mieux, la neige s'y accumule ; l'eau de 
pluie, la neige fondue pénètrent lentement la roche, suivent 
les entre-lits de marnes, très chargées de sulfate de chaux, 
de fer, de matières organiques ; elles sont tout d'abord 
glacées ; mais les eaux cheminant toujours dans ce milieu 
richement minéralisé, la réaction chimique commence, 
s'accentue, s'agrandit, s'augmente encore de la chaleur 
développée par la capillarité et quand, conduites par les 
principales lignes de cassure, elles sourdent à leur point 
de sortie, elles arrivent à la thermalité remarquable de 
450. 

C'est là une bien belle expérience. Il n'y a tel laboratoire 
que celui de la nature. 

Remarquons encore que la pente des couches de la mon- 
tagne de Saint-Pancrace est toute vers les Eaux-Chaudes 
ei que c'est dans le voisinage d'une faille que se trouvent 
les sources, qui d'ailleurs peuvent aussi être alimentées 
par les autres collines avoisinantes et surtout par une 

(i) Pyrite, ou fer sulfuré, Fe S*. 



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-435- 

partie du massif des Dourbes. Tout cela constaté, nous 
aurons une explication rationnelle, géologique et chi- 
mique de la cause de la thermalité des Ëaux-^Chaudes d« 
Digne. 

Est-ce à dire que nous devions regretter que leur cîialeur 
ne soit pas due à l'action du feu souterrain ? Au point de 
vue de la valeur thérapeutique des eaux, eslHîe bien un 
dommage ? Mille fois non, un geyser ne nous servirait pas 
â grand'chose et n'amènerait que de la &ilice, substance 
non curative. Tandis qu'il en est, dans le fait, tout autre- 
ment, les eaux renfermant du fer, du soufre, de la calcite 
et de la magnésie, autrement utiles que la silice aux 
malades et même aux bien portants. 

De plus, c'est une chose bien consolante de ne point 
ignorer qu'à Digne on ne danse pas sur un vatean. 

BACHELARD. 



LES FORTIFICATIONS DES BASSES'-ALPES ^'^ 

(Suite et fin) 



Nous venons de découvrir dans la poussière des archives 
quelques documents si intimement liés à la visite de 1406 
que nous avons cru devoir les y joindre, dans l'intérêt de 
l'histoire générale et locale. 

Le premier se trouve au livre des privilèges de la com- 
mune de Forcalquier. C'est encore un épisode de la visite 
générale des fortifications de Provence. Nous regretloûs 
que l'éloignement ne nous ait pas permis de l'avoir sous la 
main et de pouvoir faire autre chose que l'indiquer. 

Le second document est relatif à la visite des fortifica- 
tions de Salignac. Il présente un très grand intérêt, à cause 

(1) Voir p. 289. 



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^ 



— 436 



de la description précise de Tétat des lieux à la cime du 
pays, en 1408, alors occupés par le château et aujourd'hui 
par la chapelle des pénitents blancs, et à cause aussi des 
ordres minutieux dont le détail contient les termes techni- 
ques de fortifications usités en Provence au moyen âge. 

A ce titre, nous avons cru devoir l'imprimer en partie, 
regrettant qu'une déplorable lacune du registre qui le ren- 
ferme (1) nous ait privé du commencement. 

Le texte commence actuellement (p. 133) par la fin d'une 
lettre du sénéchal de Provence, donnée à Tarascon par 
noble Jean de Sade, docteur es lois, conseiller royal, jouant 
pour la circonstance le rôle de lieutenant de juge-mage, en 
date du 11 juillet 1408, avec cette queue : Per dominum 
senescallum in regio consilio Pondus de Rosseto. De 
Apta^ de Forcalquiero^ de Digna, deZSistarlco, de Se- 
dena. 

C'étaient probablement des ordres aux baillis, viguiers 
et capitaines des cours royales de chacun de ces pays, — 
qui représentaient à peu près les préfets actuels, — pour 
qu'ils eussent à veiller aux mesures à prendre pour la mise 
en état de tous les bourgs fortifiés de leur ressort: Seyne, 
Digne, Forcalquier, etc. 

Les habitants de Salignac présentèrent ces lettres au 
bailli et capitaine royal de Sisteron, qui, s'y conformant, se 
rendit à Salignac. Il y fait assembler les plus imposés dont 
les noms sont précieux à relever, car ils y sont encore ho- 
norablement représentés. Les voici : le baile Guillem 
Picard, nobles Guillem d'Aiglun et son frère Raimond, 
nobles Jean d'Aiglun et son frère Jean, Guillem et Antoine 
Gaudemar, Pastorel Bremond, noble Jaufre d'Aiglun, 

(1) Livre jaune« conservé aux archives municipales de Salignac, in-folio 
d'environ 1,000 pages, dont 171 seulement dcrites aux XVI» et XVII» siècle». 
Il contient les privilèges de la commune de 1886 à 1789. Plusieurs cahiers 
manquent entre les pages 85 et 183. C'est à cette dernière que finit brusque- 
ment la lettre du sénéchal, sans commencement. 



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- 437 - 

Jacques et Pierre Baron, Guillem et Claude Rame, André 
Meyfren, Jean Rostan, aliàs Barras, Jacques de Brianson, 
etc. 

Avec eux, le capitaine royal visite les fortifications an- 
ciennes, constate leur état et donne ordre à leur remise à 
neuf. 

Voici le texte de cet intéressant procès-verbal topogra- 
phique et poliorcétique : 

(Fo 133, yo.) Quibas quidem homiaibus supra nominatis coram 
dicto domino capitaDeo convocatis, dictus dominas capitaneus, ca- 
piens et afifectans dictam castrum de Salignaco ad honorem regai et 
bonum statam totins patrias et habitantium in eo, castrum facere forti- 
ficari, juxta litteras supra insertas ad snperiorem donjonum,... per- 
sonaliter se contulit. 

Qao qnidem domino capitaneo superiiis applicato... diligenter ad 
ocalum inspexit dictam saperiorem locum inquo solebant se redncere 
gentes dicti loci tempore guerraram preteritarura. Quo quidem loco 
diligenter.... inspecto, nec non visis mnrallis sive mœniis antiquitùs 
in dicto donjono edificatis... valde debilibus, considerataqne magna 
custodia qna dictus locus indigeret, si remaneret in eodem statu in 
quo est, et attento etiam quod non de facili posset fortificari, maxime 
quia fnndamentnm dictorum (fo 134) maeniorum antiquoram minatnr 
ruinam et radix est jamque supra terram ; lis omnibus consideratis... 
prout sequitur infra ordinavit : 

Videlicet quod recta linea rétro quamdam januam qnae cernit 
ipsum castrum, constructam in quodam mnro antiqno sitnato de versus 
villam dicti loci, fiat una rotonda turris bona et fortis ; qnae turris 
habeat de vacuo, in pede fundamenti ejusdem, decem palmos et de 
grosso habeat mnrus dictae turris sex palmos, et in medio loco habeat 
dicta turris de vacuo duodecim palmos et de grosso quinque palmos. 
In altitudine vero propè fundamentum habeat de vacuo duas cannas 
et de grosso quatuor palmos. 

Item, ordinavit dictus capitaneus quod dicta turris fiat altitudinis 
supra terram septem cannarum et sit de tribus soleriis (étages). Et in 
quolibet soierio fiant très albaristeria (meurtrières) y videlicet a quo- 
libet latere una et in medio una ad deiïensionem dicte turris. 



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-438 — 

Item ordinavit dictas dominas capitaneas qaod dicta torris fiât mer- 
latata in iondameato et benè daffensibilis et a qaolibet latere ejosdem 
tarris faciat maenia tendentia recta linea versas et asqne aliis msaiis 
novisdicti loci ad modaoi esperoai se jangendo (jo) et ligando corn ipsa 
turri. £t qaando fecerint dicti homines dictam tarrim et dicta msnia 
yel saltem ea sosceperint osqae ad altitadinem uoias cannœ de supra 
terram, taliter qaod fiant et fint deffensibilia, eo tanc dédit eisdem 
bominibas licentiam dicta maenia antiqua demoliendi et fandendi ad 
eonim libitam voluntatis — construendo dicta maenia et tarrim de 
lapidibas et aliis necessariis pro fortificatione predicta fienda reci- 
piendis ad eorum placitam. Ipsa tamen lapides demoliendo gradatim 
a mœniis antiqais (dam dicta tnrris et msenia fient et murabantar), 
alterius dédit eisdem bominibas licentiam demoliendi et fandendi 
alas maBnioram novoram ab atroque latere, qaando tamen voluerint 
edificari facere fandamentam et pensonem novorum fiendoram, ut 
sapra dictam est, în lateribas dictae tnrris — precipiendo nibilominùs 
eisdem bominibas ut omnes cursitones sive corredones (che^nins de 
ronde) maeniorum dicti loci faciant aptari et preparari incontinenti ; 
et garitas sive verdesquas faciant etiam fieri pro deffensione dicti 
castri. Et in dicto Castro faciant excubias et custodias necessarias de 
die et de nocte taliter quod dictum castrum sit benè secunim et 
deffensibile. 

Item, mandavit dictus dominus capitanens, de voluntate dictomm 
bominum (fo 135. quod quando dicti homines* de Salignaco fecerint 
dictam turrim et dicta niœnia, ut supra dictum est, plateam rema- 
nentem in illo loco in quo solebant se reducere de rétro dictam tur- 
rim, faciant demoliri terram in dicta platea et ab utroque latere 
dictae plateae sistere ac etiam removeri facere, taliter quod remaneat 
dicta platea rétro dictam turrim ad roodum dorsi asini, in tali statu 
quod nullus possit stare desupra, neque ullum damnum possit dicto 
Castro, successu temporis evenire per dictum locum. 

Ordre de se mettre à Tœuvre le plus tôt possible sous 
peine de cent marcs d'argent fin et de négligence coupable, 
de l*indignation royale et de tout dommage que la Provence, 
patria regia Provencie^ pourrait éprouver de ce fait. 

Acte à Salignac, témoin, noble et circonspect Jacques 



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-439 — 

Arpille, jurisconsulte, et Baudon de Sermages, syndics de 
Sisteron^ qui avaient accompagné le capitaine bailli, dis- 
crets M« Mitre Blanc, notaire de Barjols (Bariolis) et Jean 
Arpille, de Sisteron. 
Notaire : Raymond Raymond, de Sisteron. 

Quelque temps après, nouvelle inspection. Le 2 août de 
la môme année, c'était noble Jean de Hayes,l'un des maîtres 
d'hôtel du roi Louis lî, qui en était chargé, en vertu de 
lettres patentes du roi, données à Tarascon le 24 juillet 
1408, indiction 1, du règne an 24, par noble Jean de Sade, 
docteur es lois, lieutenant du juge-mage, et Pons de Rous- 
set. De Hayes devait veiller à ce que tous les lieux fortifiés 
fussent inexpugnables au bailliage d'Apt dans la viguerie de 
Forcalquler et partout ailleurs où il voudrait se porter. Ils 
devaient être réparés, remis à neuf, ravitaillés sur le champ 
aux frais des prélats, nobles et communes. Quant aux 
lieux difficiles à fortifier et à garder, on devait les aban- 
donner, faire passer gens et provisions aux lieux défendus 
et, en cas de refus, brûler les victuailles et récoltes, si c'est 
nécessaire dans l'intérêt général. 

Arrivé à Salignac, il se contenta d'approuver les ordres 
du bailli de Sisteron et d'en presser l'exécution, étant de- 
vant le portail du pays : Ante postale dlcti loci (1). 

Toutes ces précautions furent inutiles, peut-être parce 
qu'on les avait prises : Si vis pacem^ para hélium. 

V. LIEUTAUD. 



(1) Ces documents étaient conserrës dans ]es minutes du notaire sisteron- 
nais Raymond-Raymond, dont était possesseur, en 1669, Gaspard Brianson, 
bourgeois de Sisteron. Le notaire de cette Tille, Jean Pellicier, en fit alors un 
extrait authentique sur lequel fut prise la copie du Livre Jaune. Nous ignorons 
où sont actuellement conserrës les vénérables protocoles du tabellion de U08. 



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— 440 — 



jL:B:E>:En<TJDxa:Ei 



Visite des fortifications de Selonnet (1). 
(1408, 17 juillet.) 

Anno qno supra (1408), die XVII mensis julii^ supradictis dominis 
comissariis in loco de Salonno, vallis Sedene, applicatis post moram 
modicam ad castrum ipsius loci, se personaliter contulerunt et inhibi 
menia, portas, turres, merletos, muretas, fossatos cum noonullis 
ipsius castri sibi associatis, viderunt, inspexerunt, et fortiiicationem 
ipsius castri vicibus iteratis consideraverunt, vigore comissiouis sibi 
ut supra coucesse; et postaliquod intervallum, postquani considerave- 
rint necessaria pro fortificatione ejusdem castri, in exequtionem dicte 
eorum comissiouis preceperuut, iDJunxcruut Lantelmo Meliani, 
bajalo ipsius castri, presenti, audieiiti et iutelligenti, ad penam cen- 
tnm marcharum argenti fiui, quatinus mox probos homines ejusdem 
castri muuiri et reparari faciat dictum castrum de lapidibus pro def- 
fensioue, de berdesquis, de mantalletis, de torretis, item et de uno 
poute juxta muretam. 

Item et de mure ta circumquaque castrum. 

Item preceperunt eisdem et injunxerunt quatinus menia in ipso 
loco noviter incepta, biuc ad proximum festum carnisprivii reparari 
et compleri faciat, sic et taliter quod in delfentionem existant, sub 
pena predicta. 

Et nichilominus prefati domini comissarii, dictis preceptis dicto 
bajulo factis, casu quo aliqualem necligentiam in premissis exequendis 
comiteret idem bajulus contra eum et ejus bona, si contingeret eve- 
nire sinistrom, quod Deus advertat, do omni dampno et interesse pro- 
testati sunt. 

Quiquidem bajulus, sibi supra factis preceptis, paratum se obtulit 
procepta sibi super facta facere et adimplere prout sibi exitit pre- 
ceptum juxta posse. 

(1) ArchiTea des Bouches-du-Rhôno, B. 193, f» 19, v*. 



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- 441 - 

Hec scripsi ego Antoaius Margalhani, notarias publicns, et signo 
meo coDsueto, quo in pubiicis instrumentis ntor, in testimoniam pre- 
missornm signavi. 

Visite des fortifications de Seyne (1). 

(1408, 17 juillet.) 

Anno Domiai millesimo IIIIo oclavo et die XVIIa mensis julii; 
ventis et personaliter applicatis ad villam regiam Sedene suprano- 
minatis domiais comissariis, ac visis per eos et diligenter inspectis 
meniis, turribus, berdesqiiis, carsoriis, muretis dicte ville valde indi- 
gentibas congrua reparatione, preceperaat et injuaxernnt nobilibus 
vlris Alsiario Jordani, bajulo et capitaneo curie régie, Ludovico 
Moteti, Jobanni Deyrolis et Petro Biardi, consulibus dicte ville 
Sedene, in eornmdem dominorum comissariam presencia personaliter 
constitutis, quatinus mox et sine aliqua mora, nocte dieque, dicta 
menia et portalia dicte yille sufficienter custodiri et in eisdem scubias 
diurnas et nocturnas fieri faciant diligenter, victualia et bona que- 
cnmque infra dictam villam reduci et restringi, dictaque menia, et 
precipue fracturam que est in eisdem prope domum domine Dulcie 
Bernarde, berdescas, cursoria, assensus et descensns ad ipsa menia 
et mantelletos necessarios ad propugnacula et pontem unum leva- 
dissum ante portale Sancti Pétri fieri et sufficienter reparari faciant 
per homines et singniares personas dicte ville indilate, sub pena cen- 
tum marcarum argenti ; alias, nisi predicta omnia fecerint ut superius 
sunt exprcssa de frustrum aliquod, quod absit, eorum mora, culpa et 
deffectu exigentibus domino nostro Régi et ejus presenti patrie 
comitatuum Provincie et Forcalquerii quomodolibel eveniret, fuerunt 
ipsi domini comissarii, nomine régie curie, contra dictos dominum 
bajulum, capitaneum et consules et eorum universitatem solemniter 
protestati de omnibus dampnis, expensis et interesse. Propterea quo- 
modolibet substinendis, precipientes et injungentesulterius sub dicta 
pena prenominatis consulibus et michi, Petro Arnaudi, notario 
subscripto, vice castellano magne turris régie dicte ville pro nobili 
Balthesari Jarenti, domino de Monteclaro, castellano ipsius turris, 

(1) Archires des Bouches-du-BhOnei B. 198, f» 19, t^". 



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— 442- 

qaatinns tarrim ipsam nocte et die sofficienter cnstodiri, victnalibiis 
et arnesiis necessariis maniri et propugnacala ejasdem mantelletis 
opportunis roborari faciamns, visis presentibos indilate, snb pena 
predicta. Qae scripsi ego Petrat Arnaadi, notarias dicte carie régie 
Sedene, mandato dictoram dominorum comissariomm et signo ipsiua 
carie signavi 

Visite des fortifications de Saint Vincent-du-Lauzet (4). 
(1408, iSjaillet.) 

Anno qao sapra (1408) et die XYIII» menm jalii, existentes et 
personaliter constitati sapranominati domini comissarii in loco de 
Sancto Vincencio, val lis Sedene, eomm ibidem comissionem exer- 
cendo, virtate dicte eoram comissionis preceperant et iajanxenmt 
nobili vero Petro Hugonis, castellano regio dicti loci, Gaillelmo 
Maarelli, bajalo, et magistro Jacobo Glareti, notario, cominaii dicti 
loci de Sancto Yincencio, presentibos ibidem diversis aliis probis 
hominibus dicti loci, qnatinas ipse castellanus tarrim magnam et 
ipsi bajnlos et cominalis forteliciam ipsias castri nocte dieqne casto- 
diri, victaalia quecumqae in eodero fortelicio redaci et restringi, 
ipsnmque fortulicium et menia ejusdem, carsoriis, berdesqnis, inanteU 
letis et aliis oportanis dcfTentionibas et oppositionibns reparari et 
fortificari faciant indilata per homines et singulares personas dicti loci, 
et ipsos bomines armis necessariis maniri pro deSensione dicti castri 
sab pena centam marcaram argenti fini. Protestantes solemniter ipsi 
domini comissarii, nomine régie carie, contra dictos castellanam, 
bajalam et cominalem et eorem aniversitatem de omni dampno et 
interesse qae eoram mora, culpa et dcifecta in non exeqaendo omnia 
suprascriptà possent domino nostro Régi et ejus presenti patrie qao- 
vis modo impostenim evenire. Qae scripsi ego Petras Arnandi, nota- 
rias régie carie ville Sedene, et signo carie signavi in testimoniam 
premissoram. 

Visite des fortifications d'Ubaye. 
(1408, 18 jaillet.) 

Anno et die qaibas sapra, prefati domini comissarii, virtate et 
vigore dicte eoram comissionis, preceperant et injanxerant Petro 

(1) ArchlTes d«8 Bouch«8-du*Rhene, B. 198» f» 20. 



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-443 - 

Meyherie, bajulo, et Giraado Girardi, cominali loci de Ubaya, coram 
ipsis dominis coœissariis in loco de Bredala personaliter constitntis, 
qnatinus forteliciam et portalia dicti loci safficienter nocte et die 
CQstodiri, victaalia et bona saa mobilia infra ipsam forteliciam 
rednci, meniaqne ipsius fortelicii safficienter reparari carsoriis, ber- 
desqais, mantelletis, maratis et vallatis> génies et homines ipsias loci 
armis necessariis maniri fociant sine mora, sab pena centam marcha* 
num argenti fini ; predictaqae omnia notifficent et ex parte ipsoram 
dominoram comissarionim injangant domino dicti loci de Ubaya per 
ipsam céleri exeqationi mandanda. Protestantes solemniter contra 
ipsos bajalam et cominalem ac aniversitatem eoramdem proat sapra, 
etc. Que scripsi ego qui sapra notarins et signo carie signavL. 

Visite des fortifications de la Bréole (1). 

(1408, i8jaillet.) 

Anno sepedicto (1408) et die XVIII& roensis julii, existentibus sa- 
pradictis dominis comissariis in castro regio de Breduta, vigore dicte 
eoram comissionis preceperunt et injunxerunt providis viris 
Johanni Bonaficii, bajalo, Bertrando Masse et Siephano Michaelis, 
consulibus dicti loci qnatinas mox et indilate scubias diurnas atque 
nocturnas in portali et meniis fortelicii dicti loci fieri et ordinari £a- 
ciant, ipsaqae menia reparari, muretis circaroqaaqae necessariis cir- 
cumdari, carsoriis, berdesquis, mantelletis et fossatis opportnnis per 
homines et siagnlares persoaas dicti loci maniri et fortificari ad def- 
fantionem opportauam dicti fortelicii et sabditoram regiorum, 
ipsosqae homines dicti loci arnesiis opportnnis falsiri sic quod possint 
resistere insnltibas ( mulorum, victaalia et bona qaecamqae mobilia 
infra dij^tam forteliciam restringi et rednci faciant sine mora> sab 
pena centam marcaram argenti fini; alias si, eoram mora, calpa vel 
deffecta, sinistrnm aliquod^ qaod absit, domino nostro Régi et ejos 
ûdelibns sabditis quomodolibet eveniret, faerant ipsi domini comis- 
sarii, nomine régie carie, solemniter protestati de omni dampno et inte- 
resse imposternm quomodolibet substinendis.Hec scripsi ego predictos 
notarios et signo curie signavi. 

(1) Archires des Bouches-cla-Rhtoe, B. 108, f» SIO, t«. 



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— 444 ~ 

Visite des fortifications de Pontis (1). 
(1408, 18 juillet.) 
Prescriptis anno et die, dicti domiai comissarii preceperunt et 
injuaxerant nobili Bonifacio de Ponticio, domino dicti ioci, in eornm 
presencia in loco de Monteclaro personaliter constitato, quatinas for- 
telicinm dicti Ioci de Ponticio et menia ejnsdem in continentl débite 
reparari, cnrsoriis, bcrdesquis, ronretis et vallatis ac mantelletis 
necessariis fortificari/ scubias diurnas et nocturnas in fortelicio et 
portali, victnalia et booa mobilia hominnm dicti Ioci, infra dictnm 
fortelicium reduci et restringi faciat et ordinet indilate et sine mora 
sub pena centnm marcaram argenti fini. Protestantes solemniter con- 
tra ipsiim pront snpra faemnt contra singnlos alios protestati, etc. 
Hec scripsi ego qui supra notarius et signavi. 

SONNET 

c«voHBé an Cneonrs poétifne 4i Sainte-Aiie d'Airey. 



Je ne suis pas breton : ma mère est la Provence, 
Mais ma belle patrie et la vôtre sont sœurs ; 
Si sainte Anne d'Auray veille à votre défense, 
Sainte Anne d'Apt reçoit nos hymnes et nos cœurs. 

Elle aime nos rochers et notre mer immense, 
Et nos grands bois de pins aux sublimes rumeurs, 
Mais elle ouvre sur vous les bras de sa clémence. 
Elle aime votre foi, votre langue et vos mœurs. 

Garde les deux pays qui gardent tes reliques; 
Bénis les Provençaux fougueux et catholiques, 
Chauds comme leur soleil et leurs cieux enflammés ; 

Et bénis les Bretons, la race séculaire 

Qui sait le poids du glaive et le poids du rosaire, 

La race de tes fils vaillants et bien-aimés. 

FÉLIX PELOUX. 

(1) ArchlTOS des Bouches-du-Rhône, B. 198. 



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E. Jacqneniin ad nat del el lilh 

HCNNOR^ BA3TrDE_AMMQNnES BATHILD^. 



lîiip Edouard Bri/ Parts. 
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TABLE DES MATIÈRES 

DU TOME IV 

comprenant les no* 32, 33, 34, 2d, 36, 37, 38 et 3d 



ACTES DE LA SOCIÉTÉ. 



Organisation. — Borean. — Liste des membres : I. 

Sociétés correspondantes : i3. 

Procès-verbaux des séances: 14, iOi, 139, 169, 333, 357, 397. 

Comptes trésoraires 1888: 17, 102; 1889: 357.— Elections: 18, 399. 

Séances pnbliqnes : 141, 358, 399. 

MÉMOIRES. 

Ephémérides bas-alpines, 1888 : 19 ; 1889 : 289. 

E. Plaughud : Source salforeuse de Biabanx, 23. 
C. Maruud : Le colonel L.-N. Payan, 31. 

L. Pblloux : Anciennes divisions territoriales de Tarrondissement de 

Forcalqoier, 38. 
L. Djjmb : Obisium isehnosceles (gravure), 53. 
M. Juluànt : Sur la cloche de Senez, brisée, 56. 
M. Isnard: Octave Isnard, évéque de Glandèves (1609-1626), 58. 
Y. Libutâud : Les Dominicains de la Baume-lez-Sisteron, 60, 86. 
N... : Nécrologie, Félix Gueyraud, 64. 
L. EsTAYS : Antoine Bondil, 65. 

F. DoicTADiBn : Note sur la station préhistorique de la caverne do 
Peyrouret, commune de Valbelle, 72. 

6. Arnoux: Le cas général du carré de l'hypothénuse (gravures), 76. 

A. DionARD : Notice sur les Pentacrines du Lias, 93. 

A. DiOMABo : Analyse des nodules du col de Moriez, 96. 

D.-C.-C. GoBDB : Irçes bas-alpins : le berger André, 97. 

J. Roman : L'expéaition des Provençaux en Daupliiné, (1368), 104. 

E. Plauchud : La Salo d'asile, poésie, 116. 

P. Tamizby db Larboqdb : A propos du P. Piny, 120. 

Y. LntuTAUD ; Le Léopard de Sisteron, 121. 



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- 446 — 

Bachblaid: Pluie de poussière à Digne, i32. 
C. Richard : Venise, Vérone, poésies, 135. 

F. Arnaud : La première église des Dominicains de Barcelonnette 
(gravures), 145. 

L. DE Bbrlug-Pbrussis : Wendel in chez nous, 159, 181, 225. 
Bachelard : Excursion aux Clues de Barles (gravures), 171. 

G. Mariatjd: Une dynastie de peintres bas-alpins: les Camoins, 
178, 352, 408. 

I/algèbre graphique, (gravures), 187, 279. 

V. LiBUTAUD : Les fortifications des Basses-Alpes (13-29 juillet 1408), 
239,435. 

T).-*l-C. Gordb : Promenades autour deDiffne, 249. 

M. Isnard : La tour de l'horloge à Digne, 256. 

A. AuBBRT : Les cours d'amour en Provence, 274. 

G. Aubin: H. Félix de Tassy, évôqne de Digne (1639-1711) et sa 
famille, 294. 

Bachelard : Les organismes microscopiques de la grande fontaine à 
Digne (gravure), 300. 

A. Anorieu : Maihon Viens y 306. 

A. Audert: Une promenado à Malefougasse et à Saint-Donat, 310. 

P. Tamizey db Larboque : F. de Galaup-Chastcuil, le solitaire du 
Mont-Liban. — Lettres inédite» (1625-1 633), 314, 362. 

Nécrologie : M. Fortuné Fortoul (1812-1890), 334. 

Gibaud : Etude sur les pluies (gravure), 337, 416. 

De Boisgblin : Notice généalogique sur la famille de Gallaup, cos?i- 
gneur de Chasteuil, 376. 

E.-F. Honnorat-Bastidb : Crloceras Edouardi, nov. sp., gravure, 390. 

A. Andribu : L'Estondel. — Pont de Tuf, — Ermitage, 400. 

R. Reboul : Une lettre inMite de Damase-Arbaud. — Epigraphie bas- 
alpine. — Mosaïque, 403. 

E.-F. Honnobat-Bastide: Ammonites Bathildœ, nov. sp. (gravure), 406. 

M. Isnard : Une lettre de P. Gassendi aux consuls de Digne, 427. 

Bachelard : Causes de la chaleur des Eaux Th'^rmales de Digne, 432. 

F. Pelloux : Sonnet, 444. 

SUPPLÉMENTS. 

J.-J.-M. Feraud : Calendrier historinue des Basses- Alpes : feuilles 11, 

12 et couverture avec le no 32, table avec le n® 33. 
J.-J.-M. Feraud : La paroisse, la commune et les seigneurs des 

Sièyes : 5 feuilles (60 pages), avec couverture, avec le no 34. 
J.-F. Cruvellier : Histoire de Barrôma : feuilles 1, 2, 3, avec le 

no 35; 4, 5, 6 avec le no 37 ; 7, 8 (non signée), 9 avec le no 38 ; 

10, 11, 12 et couverture avec le no 39. 



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TABLE ALPHABÉTIQUE 



Caçne = capitaine ; ch. = chanoiae ; évq. = évoque ; Fcqr = For- 
calquier ; n. = noble ; n^ = notaire; qr = quartier ; riv. =: rivière ; 
tor. = torrent ; vill. = village ; V. = voyez. 



Abbés de la jeunesse, 253, 380. 
Abon J.-B. (d'), vicaire en chef, 

1737 88 89. 
Acigné P. (d*), sénéchal, 1408, 240. 
Adaluis, vilL, 239, 246 ; n. E. (d'), 

1408, 246. 
Adélaïde, comtesse de Fcqr, 42. 
Agnel, n. A., baile et juge, 1408, 

246. 
Agout A. (d*), 1369, 1408, 104,242, 

B. (d*), 1363, 256 ; F. (d'), 1368- 

77, 105, 152 ; R. (d'), 1408, 246. 
Aigluu, vill., 270. 
Aiglun, famille n., 437. 
Aiguebelle, tor., 172. 
Aimar-Montsalier (d'), 325. 
Aimini (d'), franciscain, 322, 330. 
Aix, ville, 121, 240; diocèse, 38. 
Alavernicus mons, 47. 
Albanelli H., n'e, Puget-Théniers, 

1609, 59. 
Albergue, droit, 124. 
Albertas M.~T. (d'), 378. 
Albiosc, 122. 

Algèbre graphique, i87, 279. 
Allons, 131. 
Allos, 39, 122, 166. 
Amalric, n. A. (d'), 1408, 244-5 ; 

F., 1490, 268. 
Ammonites, 390, 406. 
André, berger, 97. 
Andrieu A : Mathon viens, 306 ; 

UEstoudel, ermitage, pont de Tuf, 

400. 
Andrieu J., baile, 1408, 247. 
Andron G., viguier, 1408, 244. 
Anjou Louis (d'), 1368, 105. 
Anne, sainte, 444. 
Annot, 122, 131, 246. 
AntonavM, 131. 



Apt, ville, 121; diocèse, 38, 40. 

Arabi J., ch. Digne, 1614, 431. 

Arbaud, jésuite, 366 ; H., 1584, 
382 ; D. : lettre inédite : épigra- 
phie, mosaïque, 403. 

Archail, 122. 

Archimbaud H., n'e, Yalernes,1408, 
242. 

Archiprétres, 20. 

Architectes. V. Brouillon, Duret. 

Ardoin, prieur, 1272, 87. 

Argens, vill., 121. 

Anbert, A., n^e. Digne, 136i,2o7. 

Aris,vill.,50,52. 

Arles, 87. 

Arlot G., médecin, 65. 

Armoiries. Bermond, 162 ; Cabas- 
sole, 92; Dominicains, 86 ; Fcqr, 
44 ; Galaup, 376; divers, 61, 158. 

Arnaud F. : La première église du 
couvent des Dominicains de Bar- 
celonnette, 145. 

Arnaud P., ure, Seyne, 1408, 243, 
442. 

Arnoux G., 358 : Le cas général du 
carré de Vhypothénuse, 76 ; L Al- 
gèbre graphique, 187, 279. 

Arpille, n. J., 1408, 439. 

Arrondissement, 51. 

Astoin, vill., 123, 126, 131. 

Astronomie, 161, 185, 328, 331. 

Astruc, n. E., 1408, 240. 

Athénée de Forcalquier, 187. 

Attenoux B., prieur des Domini- 
cains, 1248, 86. 

Aubenas, 38, 50, 122. 

Aubert A., 289 ; Les cours d'amour 
en Provence, 274 ; Une prome- 
nade à Malefougasse et à Saint- 
Donat, 310. 



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- 448- 



Anbignosc, 123, 125, 127. 

Aubin G., H.-F, Tassy, évêque de 
Digne, 1639-1711,294. 

Audiffrel-Silvâbelle D.(d'), 227. 

AngeriG.^prieurde MaQOSqae,3l5. 

Auges, 51 . 

AuronsI.(d*),baillideFcqr,1257,49 

Authon, 123, 126. 

Autric, n. E., 1408, 240. 

Auvare, Corporandi (d'), 155. 

Auzet, 131. 

Avignon, 40, 121. 

Aymes J., 1361. 257. 

Aynard J., bailli, 1408, 242. 

Bacbelard, 141, 144, 334, 358, 400: 
Pluie de poussière à Digne, 132 ; 
Une excursion aux dues de Bar- 
les, 171 ; Organismes microscopi- 
ques de la grande fontaine à Di- 
gne, 300 ; Causes de la chaleur 
des eaux thermales de Digne . 432. 

Baile A., nre, Vernet, 1408, 244. 

Bailles de Barcelonnette, V. Beren- 
guier ; de Fcqr, V. Aurons, Cor- 
nillon, Gonessa, Puyricard ; de 
Digne, V. Bras ; de Sisteron, V. 
Rijuier ; divers, V. Agnel, An- 
drieu, Bauinrel, Berard, Bernard, 
Chaix, Fouque, Garaud, Guers, 
Jourdan, Malsang, Maurel, Mef- 
fre, Melian, Meyer, Picard, Pier- 
re, Rochas, Toumefort, Vernet, 
Vichier. 

Bailliages, 49,126,245. 

Ban, criée, 124. 

Bandoly A., avocat, auteur, 166. 

Banon, 39, 50, 122. 

Banque de France, 20. 

Barcelonette, 19, 21,63, 131, 145, 
248, 260. 

Barjols, 121, 439. 

Barles, 123, 126, 171. 

Baron R., n'», Claret, 1408, 242. 

Barrai J., n'e, Riez 1408, 247. 

Barras A. (de), 1631, 378; F. (de), 
1408, 247. 

Barréme, 97, 392. V. aussi le sup- 
plément : Histoire de Barrôme. 

Barthélémy P.,nre,VaIensole,1408, 
247. 



Bastide de Saveric et des Jourdans, 

50, 52. 
Bastidone, vill., 50, 52. 
Bauduen, 247. 

Baudument, 23, 124, 126, 131. 
Baume-lez-Castelane, 121, 392, 3d&. 
Baume-lez-Sisteron, 60, 121, 123, 

124. 
Baume B. et P. (de la), 1333. 129. 
Banturel P., baile, 1408, 246. 
Bayons, 123, 125,131. 
Beaujeu, 122, 239, 245. 
Beaumont (Vaucluse), 50, 52. 
Beauvezer-lez-CoImars, 239, 245. 
Bellafaire, 123, 242. 
Betle|arde, qr, Digne et Estoublon, 

Berard A.,nro, baile, Castelane, 246. 
Beraud J.-J., dominicain, 1789,62. 
Berenguier, n. J., baile, Bareelo- 

nette, 1377, 152, 
Berger André, 97. 
Berluc-Perussis L. (de), Wendelin 

chez nous, 159, 181, 225. 
Bermond-MarcellyL. (de), 162,167. 
Bernard n. F., baile, 1408, 242 ; P., 

nre, Châtcau-Arnoux, 1775, 130. 
Bertrand (comte de Fcqr), 42, 162. 
Bevons, 123, 125, 127,131. 
Beynes, 392. 
Biabaux, mine, Saint-Martin-de- 

Renacas, 23. 
Bienheureux. V. Biaise. 
Biaise d'Auvergne, dominicain, 

1400, 89. 
Blanc M., n'e Barjols, 1408, 439. 
Blé, 124. 
Bléone, 141, 246. 
Blieux, 121, 131. 
Boades, 121. 
Boisgelin (M'« de) : Généalogie des 

Galaups, 376. 
Bologne (Pélissier de), vie. général, 

420. 
Bondil A., érudit médecin, 65. 
Bongarçon, général, 142. 
Bonnora P., arbitre. 1254, 87. 
Boscodon, abbaye, 86. 
Bouche H., historien, 315. 
Bouinenc^ tor., 252. 



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-449- 



Bonrgaet de l'Escale, 309 ; de Reil- 

lane,38,51,52. 
Bourgiiigiioas, barbares, 40. 
Bovachium, droit, 126. 
Brancas, n. B., 1408, 245. 
Brandis, 131. 

Bras P.(de),bailli, Digne, 1490,260. 
Brazagium, droit, Izo. 
Bréole(la), 131,343,443. 
BrJançon (Hautes-Alpes), 63, 113 ; 

les Ueyuier, 123-4-5-6. 
Broaillon A., architecte, 1490,260. 
Brusquet, vilL, 253. 
Brnsqaetiëre, danse, 253. 
Buecn, 48. 

Cabassole P.(de),Datriarche, 92,1 10. 
Cadenet, vill., 319 ; famille, 319, 

377, 8, 382. 
Caire, vUl., 123, 125. 
Gamoin, peintres, 178, 352, 408. 
Canaax, 48, 64. 
Gantons, 51. 
Gapage, impôt, 260. 
Capucins d'Aix, 328. 
Carniol, 39, 50. 
Carpentras, 63. 
Cas impériaux, 126. 
Castelane, 121-2, 131, 245-6, 392. 
Gastelane M.-A. (de), 163, 387. 
Castelar de Lardiers,38 ; de Thoard, 

244, 380 ; de Barcelonette. V. 

Chatelar. 
Castelet-lez-Sausses, 122 ; lez-Sis- 

leron, 123, 125, 127, 131. 
Castillon, 131. 
Cavaillon, 47, 63, 92. 
Cavalcade, impôt, 125. 
CavaUngium, droit, 125. 
CaY»* desPeyrourets, Valbelle, 72. 
Celley E. et J. (de), 133, 129. 
Céreste, 38, 50. 
Chabrières, dues, 392. 
Chafifaut, vill., 122 ; du Ch., dé- 
puté, 66. 
Chais A., de Riez, 65. 
Chaix P., baile, 1408, 244. 
Champsaur (H.-Alp.), 45. 
Chanaeile P., viguier, 242. 
Chanoines, 244, 247, 258, 428,431. 



Cbantelmi F., prieur, 1318, 87. 
CharJavon, prieuré, 87. 
Clharles II (comte de P.), 131. 
Chasse, droit, 124. 
CKasteuii, 131, 315, 392. 
Château- Arnoux, 123, 131. 
Châteaufort, 123, 127. 
ChâteauneuMe-CJiarboner,123,127. 
ChÂteauneuf-lez-Moustiers, 68, 392. 
Châteauneuf lez-Volone, 123, 125, 

127, 130, 131. 
Chàteauneuf-Miravail,123,128,162. 
Château-Redon, 239, 244. 
Château-Richaud, 124. 
Châtelains de Castelane, Y. Levens, 

Termia ; divers, V. Chaussegros, 

Hue. 
Châtelard de Barcelonette, 13i ,154. 
Chaudol, 122. 
( /haudon, 256. 
Chaussegros, n. A. et M., 1408, 

244 ; P. 1490, 268. 
Cheiron, 393, 396. 
Chemins de fer, 21, 359. 
Cheylau P., 382. 
Cités antiques, 38. 
Clamensane, 123, 125, 241. 
Clapier F. (de), 130. 
Claret, vill., 104, 123, 127, 242. 
Claret J., nre,1408, 90,243,268,442. 
Clavaire, V- Melian, Pallier. 
Cloches, 56, 259, 262, 271. 
Cilles de Barles, 171 ; de Cihabriè- 

res, 392. 
Clumanc, 256. 
Codex Amaldinus, 186. 
Collège de Digne, 428. 
Colmars, 122, 245. 
Colomb, orfèvre, 144. 
Gominal, 243, 245, 257. 
Communes su)3primées, 38. 52, 124 ; 

de la viguerie de Fcqr, 50, 51. 
Compagnon A., syndic, 1408, 247. 
Comtes de Fcqip, 42. 
Comtés primitifs, 40. 
Confrérie du Saint-Esprit, 152. 
Consonoves, 50. 
Consorce, sainte, 306. 
I Constantin, peintre, 181. 



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-430- 



Conirebandier, 22. 
Corbières, 38, 50, 122. 
CornilloQ J., bailli de Forcalquier, 

V. 1289, 49. 
Corporandy d'Auvare, préfet, 155. 
Corriol, n^, Digne, 251. 
Gosses, droit, 257. 
Couloubroux, 131. 
Ck>uttolenq P., nre, Barcelonette, 

1377, 1S2. 
Cour d'amour,274; des Compte», 130 
Courbon, 256, 358. 
Gourcbon, 121. 
Crioceras, 390. 
Crispin G., 1408, 240. 
Groix, vill., 131 ; chapelle à Digrie, 

250 ; de Fcqr, 44. 
Crose G. (de), recteur, 1408, 247. 
Grozet E. (de), V. Ephémérides. 
Gruis, 50, 162. 
Cruvellier A., berger, 98. 
Gaers (seigneur de), 1408, 245. 
Cundier, graveur, 61 . 
Gurban. 123, 127, 242. 
Gurel, 123. 

Gurety J., rae rational, 162. 
Daime L. : Obisiu?n ischnosceles, 53; 

Raie anormale, 169 ; Examen de 

Valgèbre sraphique d'Arnoiix, 

18t 279 ; Discours, 142, 358. 
Dambrnc, dominicain, 61. 
Danse du Brusqaet, 253. 
Dauphin, vill., 50, 404. 
Dauphiné, 104. 
Demandols, 122. 
Départements créés, 51. 
Députés, y. GhafiTaut, Manuel, Pal- 

hier, Verdet, Ephémérides. 
Devises, 86, 158, 164. 
Diable de Mélan, 362. 
Diamant de la reine Jeanne, 62. 
Digne, ville, 159, 244, 256, 294, 

300, 428, 432; bailliage, 49, 

122, 436, 244, 245, 256. 
Diocèses, 38, 52. 
Diomard A. : Notice sur les penta- 

crines du lias et sur les lîodules 

du col de MorieZy 93. 
Diplômes, 358, 398. 



Dispute des classes, 1613, 427. 
Domaine royal, 121. 
Domestiques, foire, 254. 
Dominicains de la Baume, 60 ; de 

Barcelonnette, 145. 
Don gratuit, impôt, 126. 
Donadey P., nre Digne, 1495,261, 

269. 
Donat (Saint), 234. 
Donnadieu F. : Note sur la station 

préhistorigue de la caverne des 

Peyrourets, à Valbelle, 72. 
Dourbes, 122. 
Draix, 253. 

Drogoul, n. J., 1408, 240. 
Dromon, 123, 125, 126. 
Dubreuil, n. G., 1408,244, 245. 
Durand, n. L., 1361, 257. 
Duret P.j architecte, 1411, 259. 
Eaux minérales sulfureuses, 23 ; 

thermales de Digne, 432. 
Ebrard J., prieur, 1373, «7. 
Eclipses, loi. 
Ecole normale, 22 ; de Digne, 160, 

178, 428. 
Ecureuils, 254. 

Eglise des Dominicains, Barcelo- 
nette, 145. 
Embrun, 108, 112. 
Empoisonnement^ 22. 
Encan, droit, 124. 
Entrages, 239, 244. 
Entrepierres, 123, 125,127-8,130-1. 
Entrevaux, 123, 131. 
Entre venues, 247. 
Eoulx, 131. 
Eperon doré, 124. 
Ephémérides 1888. 19 ; 1889, 289. 
Ernjengaud d'Urgel, comte de Fcqr, 

42. 
Ermessinde (victssc d'Avignon), 42. 
Ermitage de l'Estoudel, 402. 
Escale, vill., 123, 125, 127, 129, 

130, 308. 
Esclangon, 245. 
Esclaves, 366, 385. 
Escragnoles, 391 . 
Esparron de Verdon, 256 ; la Bâtie, 

123, 125, 127. 



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— 451 — 



Esparroû, famille n.^ 256. 

ËspiQoase, 244, 356, 415. 

Eslays A., 1509, 270 ; L. : An- 
tome Bondit, 65. 

Estoublaisse, riv., 400. 

Estoublon, 122, 256. 

Estoudel, riv., 400. 

Etalage, droit, 124. 

Etats généraux, 141 ; de bailliage, 
241. 

Eucher (Saint-), 306. 

EuJiarde Evèze, ct^'s de Fcqr, 42. 

Evêques de Digne, V. Guiramand, 
Mortier, Rodulphi, Sorvonnet, 
Tassy ; de Gap, V. Robert ; de 
Glandèves, Y. Isnard ; de Riez, 
V. G. ; de Senez, V. Raimond ; 
de Toulon, V. Fouque. 

Expédition de Provençaux en Dau- 
phiné, 1368, 104. 

Faïences, 71, 333. 

Faucon du Caire, 123. 

Félibrige, 21, 22. 

Feyssal, 123. 

Foire aux domestiques, 254. 

Fontaine de Digne, 300. 

Fontaine J., médecin, 183 ; E. (de), 
247. 

Fontienne, 50, 131. 

Forcalquier, 20, 22, 41, 122. 131, 
161, 435 ; Comté, 1054-1209,42. 

Forestière, conservation, 21. 

Fortifications du Gapençais, 1369, 
112; desB.-Alpes, 1408,239,435. 

FortisF.,(de), f. c, 1333,129, 

Fortoul F., nécrologie, 334. 

Forum-Neronis, 184. 

Fouage, impôt, 126. 

Poudra, 68, 263. 

Fouque G., bailli, 1408, 244 ; évq. 
de Toulon, 61. 

Fourches patibulaires, 130. 

Fourmiguier, ar Manosque, 306. 

Fournier-Amafric (de), viguier. Di- 
gne, 1615,431. 

Fréjus, 63. 

Fresque, 61. 

Fromage, 125. 

FulcocQ P., 1195. 46. 



Fufferet, 122, 131. 

Fulginet L. (de), arcbiprétre, 1333, 

121. 
Fuveau, 387. 

G., évq. de Riez, 1408, 247. 
Gaffarel, érudit, 231, 327. 
Galabre, riv., 171. 
Galaup-Chasteuil F. (de), famille, 

lettres, 314,362; généalogio,376. 
Ganagobie, 50, 122. 
Gap, 63, 91, 107, 111. 
Garaud B., baile, 1408, 244. 
Garcin, peintre, 61 ; J., ch., 1407, 

258 ; nre, Fcqr, 162. 
Gardane, 382. 
Garcn, n.J., 1361, 257. 
Garnier A., n",Barcelonette,1377, 

152 ; de Montfuron, 165. 
Gassaud, n^e, Fcq., 1615, 227. 
Gassendi P., 230. Iq. ; 427, Iq. 
Gaubcrt, vill., 122, 244 ; n. G. (de), 

24i. 
GaudemartJ.,nr«,Digne.l490-1509, 

268, 270. 
Gaudissart, vill., 123, 124, 128. 
Gaultier J., prieur de la Salette, 

228, 236. 
Genciac, vilL, 123, 128, 162. 
Genèvre, mont, 45. 
GeofiFroy, comte de Fcqr, 42. 
Géologie, 172, 390, 406. 
Gigors, 123, 242. 
Gilliot, préfet, 20. 
Gillot J., auteur, ligueur, 165. 
Giraud : Elude sur les pluies, 337, 

416 ; trésorier, 399, 400 ; n. L., 

1361, 257. 
Glaudèves,ville, 122; évéques, 58; 

I. Legrand (de), 1408, 245. 
Gombert M. (de), 379. 
Gonessa A. (de), bailli de Fcqr, 

1271, 49. 
Gorde D.-C, 20 ; Types bas-alpins, 

le berger André, 9/ ; Promenades 

autour de Digne, 249. 
Gouverneur de Fcqr. V. Pontevès. 
Grec (ouvrage en), 90. 
Gréoux, 6i, 122, 183. 
Grimaldi, n. G. (de), 1408, 245. 



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— 452 - 



Gros$&yac J. (de),préc6iitear, Riez, 
247. 

Gabian, fief, 162. 

Gaers J., bai]e, 1408, 245. 

Gaesclin B. (da), 1368, 105. 

Gueyrand F., agronome, 22, 64. 

Guignes, c^« de Fcqr, 42 ; — n. F.^ 
1408, 247. 

Gnillanmes, ville, 122, 246 ; — C^ 
de Fcqr, 42, 43. 

GuillibertH., 375. 

Gniramaiid A.,évg. de Digne, 1490, 
259; — n.L., 1377, 152. 

Guirand P., d'Allos,humani8te,166, 
231. 

HaiUe P. (de), émdit, 387. 

Hayes, n. J. (de), 1408, 439. 

Hesmivi B., 1490, 268. 

Honnorat SJ., médecin, 250, 391, 
409; — H. Bastide E.-F., 398 : 
Sur une fbrme nouvelle de cépha- 
lopodesdunéocomiensupérieur des 
Basses- Alpes; Crioeeras Edouardi 
nov. sp., 390 ; — Id. : Du crétacé 
inférieur des B.-A,; Ammonites 
Bathildœ. nov, sp., 406. 

Horloge, 241, 256. 

Hospitalet, 38, 50. 

Hue, n. P., châtelain, 243, 442. 

Hypothénuse (carré de 1'), 76. 

Ibourgues, 50, 52. 

Iconographie, 154, 319, 383, 384, 
386, 416. (V. plus loin table des 
gravures.) 

Impôre, mère et mixte, 130. 

Inscription à placer, 238 ; — de 
Cloches, 271; — de Dauphin, 
405 ; — de Manosque, 404 ; — 
Diverses, 400. 

Insurgés de 51, 410. 

Isnard M. : 0. Isnard, évq. de Glan- 
dèves, 1603-26, 58 ; La Tour de 
l'horloge à Digne, 256 ; Une lettre 
de P. Gassendi aux consuls de 
Digne^ 427. 

Isoard G., nro,Barcelonnette,1377, 
152; J., 270; L., 1490,268. 

Istre,Q. F., vice-bailli, Digne, 1408, 
244. 



Italie, 33, 247. 
Jabron, riv., 73. 
Jarente, n. B., 1408, 441. 
Jarjaye, vil]., 123, 127. 
Jausier, 131. 

Jausserande, comt^de Fcor, 42. 
Jeanne, reine de Naples, 6z, 104. 
Joci, de d'Arnaud, 165. 
JornaD., poète latin, 316. 
Jossaud L. (de), 1694, 89. 
Jonrdan, n. £., bailli, 1408, 243, 

245, 441 ;J.,baile, 1408, 245. 
Juffe de Diçne, 256 ; Mage, 240. — 

V. Agnel. 
Julliany M. : Sur la dochs de Senez, 

brisée, poésie, 56. 
JustasF-, 1565,377, 380. 
Labrillane, 22, 44, 50, 131. 
Laincel,38,50 ; n. B.(de), 1408,247. 
Lamanon P. (de), 1292, 89. 
Lambert L., notaire, baile. Blieux, 

1408, 246. 
Lange, fief, 227. 
Lardiers, 38, 50, 52. 
Largue, riv., 24. 
Laazet, 19, 131, 154. 
Lauzière, 239, 244, 253. 
Laverenier P., nr», Fcqr, 1195, 46. 
Laye, riv., 23. 

Légendaire de Saint-Mary, 234. 
Léopards, registres, 121. 
Levens H. (ae), châtelain ; Caste- 

lane, 1333, 121. 
Leyde, droit, 124. 257. 
Liautaud V. : 47, 105, 384, 358, 361 , 

400 : Les Dominicains de la Baums- 

leZ'Sisteron, 60, 86 ; Le léopard 

de Sisteron, 121 ; Les fortifica' 

lions des Basses- Alpes, 1408,239, 

435. — Casimir, 334. 
Lieutenants de Digne, V. Jossy ; — 

de Fcqr, Y. Arnaud. 
Limans, 39, 50, 52. 
Limaye, vill., 52. 
Limites du comté de Fcqr, 44. 
Liturgie sisteronnaise, 233. 
Livre jaune de Salignac, 436. 
Locomotive, 359. 
Lubac. y. Ubac, 



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4«3 — 



Luberon, 47. 

Lure, mont, 49, 73, 184. 

Lurs, 39,51,68. 

Maitre rational. V. Curety, 

Majâstres, 122, 403. 

Malcor, 5i, 162, 184, 238. 

Malefiance, ferme ; Tanaron, 173. 

Malefougasse, 51, 310. 

Malijai, 129. 

Malsang, n. A., baile, 1408, 244. 

Mandanoïs, 123, 131, 308. 

Mandelieu (Â. Marit.), 307. 

Maae, 39, 50, 131, 232. 

Manosque, 39, 50, 52, 122, 131, 306, 
315, 316, 404. 

Maoosqain au Brésil, 334. 

Manuel, dépnté, 66. 

Manuscrits, 186, 234. 

Marchety, auteur, 316. 

Marcoux, 252-3, 259, 409 ; — n. B. 
(de), 1407, 258. 

Mardaric, riv., 251, 313. 

Margaillan A., nre, Seionnet, 1408, 
243, 441. 

Mariand C: Le colonel L.-N-Payan, 
31 ; les Camoins, 178, 352, 408. 

Marjgrate, qr, 24. 

iVjarin, protonotaire, 183. 

Mary (Saint-), 163, 187, 232. 

Masson, imprimeur, 22. 

MatheronA.,1490,268;P.,1509,270 

Mathon vieus, 306. 

Maure, qr, Uvemet, 151. 

Maurel Ô., bailli, 1408, 243, 442. 

Méaille, 122. 

Médecins : V. Arlot, Bondil, Fon- 
taine, Honnorat, Tassy. 

Meffre J., baile, 1408, 245. 

Melan, 362. 

Mélian E. et L., baile et nr«. Col- 
mars, 1408, 243, 245, 440. 

Melve, 123, 125, 127 ; — A., pré- 
•vôt,183. 

Méolans, 131. 

Mère et mixte impère, 130. 

Météorologie, 398. 

Mevouillon, n. G. (de), 162 ; — R 
(de), 61, 90, 162. 

Meyer P., baile, 1408, 243. 



Meypones, 131. 

Mezel, 122. 

Microscopiques organismes de fon- 
taine, 300. 

Minuti T., minime, 323. 

Mirabeau (Vaucluse), 50, 52. 

Mison, 131. 

Mitre, saint, 373. 

Montagnac, 122. 

Montaigut, vili,. 51, 52, 306. 

Montblanc, vill.,122; — d'Agout V. 
(de), 1609, 59. 

Montclar,vill.,29,239,243,441,444. 

Montfort, 123, 127, 130. 

Montfuron, 39, 50. 

Montiustin, 38. 

Montlaux, 50. 

Montmorency A. (de), 153. 

Montorcier J. (de), 1368, 109 ; — 
R. (de), prévôt d'Arles, 1373,87. 

Montpezat, 122, 247. 

Monts'alier, 39, 50, 325. 

Morenon V., poète, 178. 

Moriez, 122. 

Mortier, évq.. Digne, 289. 

Mosaïque, antique, 404. 

Motte(la), vill., 123, 126. 

Mousteiret, 253. 

Moustiers, 65, 122, 245, 247, 333, 
392, 408 ; - J. (de), 1324, 90. 

Mure (la), vill., 121. 

Musée, 293. 

Navettes bépies, 253. 

Nécrologie. Y. Fortoul, Gneyrand. 

Nibles, 113, 127. 

Nic3, 121, 247. 

Niozelles, 44, 50, 122. 

Nobles, vill., (lez-Beaumont etlez- 
Pierrerue), 50, 52 ; lez-Peyruis, 
50, 52. 124. 

Nobles. Y. Abon, Acigné, Adaluis, 
Adélaïde, Agnel, Agout, etc., etc. 

Noms de lieux, 124, 125. 

Norante, 400. 

Notaires. V. Albanelli, Archim- 
baud, Aribert, Arnaud, Baile, 
Baron, Barrai, Barthélémy, Bé- 
rard. Blanc, Claret, Corriol, (]out- 
tolenq,Donadey, Garein,Gamier, 



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— 4S4 



Gassaud, Gaudemar, l8oard,Lam- 
bert, Laverenier, Margiiillan, Me- 
lian, Osse, Pallier, Pansier, Pel- 
licier, Raimond, Repon, Roche, 
Saint-Martin, Touraiayre, Tra- 
versier, Verdilhon, Vernet, Vi- 
chier. 

Notre-Dame de Beauvoir, 72 ; Bel- 
Air, 39 , du Rosaire, 92. 

Noyers, viil., 123. 

Obtsium ùchnoseeles, insecte, 53. 

Obitaaire de Fcqr, 234. 

Observatoire, 184. 

Oise, 122, 239, 245. 

Oliviers, 251. 

Omergues, 50, 52, 123. 

Ongles, 50. 

Oppedette, 39, 50. 

Orages, 21. 

Oraison, vill., 256 : pont inauguré, 
21 ; famille n., 2o6. 

Orange, vill., 63. 

Organismes microscopiques, 300. 

Orgues, vill., 50, 51. 

Orientaliste. V. Gallaup, 317. 

Osasica, n. 1361, 91. 

Osse G., nre, Colmars, 1408, 246. 

Ostrogoths, 41. 

Pacage, droit, 125. 

PalhierJ.-F.-M., député, 182. 

Pallier B., nre, Digne, 1408, 244. 

Palud de Gastelane, 121 ; de Mous- 
tiers, 392. 

Pansier B. (de), nre, Siston, 1333, 129 

Padillon Honnoratii, 409. 

Parisy E. (de), lieul^ des Soumis- 
sions, Fcqr, 166. 

Payan L.-N., col«i, biographie, 31. 

Péages, 129, 131. 

Peinture, 61, 178. 

Pellicier J., n^, Sisteron,1669, 439. 

Peloux F. : Sonnet, 444. 

Penni-lez-Sisteron, vill., 123, 125, 
127 ; — J. (de), chan., 1408, 244. 

Pertuis, 50. 

Petit Jean S., prieur, 1464, 87. 

Peypin, 123, l54, 127, 129. 

Peyresq, vill., 122, 131 ; — Erudit. 
Y. Galaup. 



PeyriCtre, ferme, Digne, 251. 
Peyrouretz, caverne, Valbelle, 72. 
Peyrais, 31), 50, 122, 124. 
Piégut, 123, 127, 131 ; — n. J. (de), 

1408, 245. 
Pierre G., bailli, 1408, 245. 
Pierrerue, 50, 122. 
Pierrevert, 28, 52. 
Pignerol, 63. 

Pini A., dominicain, 1699, 120. 
Piole (abbé de), auteur, 163, 233. 
Piosin, 124. 
Plauchud £., 144 : Source siûfu- 

reuse des mines de Brictbaux, z3 ; 

la Scde d'asile, 116. 
Pluie de poussière, 132; — de 

sang, 18d, 235 ; — étude sur les 

pluies, 337, 416. 
Poésie latine, 165,235,316,383 ; — 

française, 56, 135,163,381,444; 

— provençale, 115, 258,264,386. 
Poids public, 124. 
Poil, vill., 256, 400. 
Pomme aux louis d'or, 254. 
Pontevès P. (de), 167 ; S. (de), 380. 
Pontis, 131, 243, 444 ; — B. (de^ 

243-4 ; - E. (de), 268 ; - G. 

(de), 242. 
Pontoise-lez-Gréoulx, 22, 64. 
Postes et télégraphes, 20. 
Prads, 245. 

Prédicateur gén&l dominicain, 63. 
Préfet des Basses-Alpes, 20 ; — de 

Barcelonnette, 154-5. 
Préhistorique station à, Valbelle,72. 
Prévôté, ferme à Digne, 250. 
Prieur des Dominicains, 63,86,154. 
Prieurés ruraux de Glandèves, 59. 
Professeur de théologie dominicai- 
ne, 63; —de philosophie, id., 90. 
Promenades autour de Digne, 249. 
Provençal, langue, 260, 268. V. 

poésies. 
Puech, prieur, poète, 316. 
Puget-Théniers, 59, 122, 131, 247. 
Pnymoisson, 122. 
Puyredon, qr, Sisteron, 129. 
Puyricard V. 



1253, 49. 



(de), bailli, Fcqr, 



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- 455 



Qainsonne, campagne, 127. 
Quinson de Riez, 122 ; — de Sis- 

teroD, 123, 127. 
Quiste, impôt, 126. 
H., lettré, 361. 
Rabejac, 20. 
Raie, poisson, 169. 
Raimond, évq. de Senez, 1254, 87 ; 

— R., nre, Sisteren, 1408, 439. 
Raion, gr, Montfort, 313. 
Rascas R. (de), 246. 

Ravaup, 121. 

Rebonl R. : Une lettre inédite de 

Damase Arbaudy 403. 
Recensement, 131. 
Redortier, 38, 49, 62. 
Reillane, 38, 50, 122. 
Rempart, 112. V. Fortifications. 
Renégat, 366. 

Repon H., n", Gnillaumes, 246. 
Revel, vill., 131, 271 ; J., 1333.124. 
Revest-des-flrousses, 38, 50, 122 ; 

— du Rion, 38, 49, 122 ; — en 
Fangat, 50, 122. 

Reynier, vill., 125 ; — J. (de), vi- 
caire en chef, 1641, 88. 

Richard C. : Venise, Vérone, poé- 
sie, 135. 

Riez, 20, 122, 247, 372, 408. 

Riquier, n. G., capne, 1408, 241. 

Robert (c^ de P.), 121 ; — évq. de 
Gap, 1236, 90. 

RobioD, 122, 131. 

Rochas, n. J. (de), 244, 257, 268, 
270 ; — L. (de), 268. 

Roch* (deMariaud) P., nre, Di^'na, 
1361, 266 ; — A., nr«, Castelane, 
1408, 246. 

Roche de Voix, 50. 

Rochegiron, 38, 50. 

Rodulphi B., évq.. Digne, 244. 

Roger de Beanfort J., éva., 87. 

Roman, juge de paix, 139 ; — J. : 
l'Expédition des Provençaux en 
Dauphiné, 1368, 104. 

Roque H. (de la), 1126, 44. 



Rongon, 122. 
Ronmoule», 122, 247. 
Rousset, 122 ; — P. (de), J 408,436. 
Roux Alphéran, érudit, 375. 
Sade J. (de), 130, 387. 436, 439. 
Saint-Benoît, 246. (i) 
Saint -Cassien, 131. 
Saint-Charles, qr, Digne, 257. 
Saint-Cher H./de), cardai, 1316,151. 
Saint-Donat, qr, Montfort, 123, 127, 

312 ; — P. (de), préfet, 154. 
Sainte-Claire, couvS Sisteron, 129. 
Sainte-Consorce, chapelle, 309. 
Sainte-Croix, 39, 60, 122. 
Sainte-Ëuphémie, mont, Siston, 129 
Sainte-Madeleine, roc, Digne, 250. 
Sainte-Marguerite, qr, Pierrevert, 39 
Saint-Etienne-lez-Orgues, 50, 131. 
Sainte-Tullo, 38, 50, 306. 
Ste-Victoire-lez-Castelne, mont, 121 
St-Geniez-de-Dromon, 123, 125,126 
Saint- Jérôme, église, Digne, 260. 
Saint-Jurs, 122. 
Saint-Laurent. 122. 
Saint-Léger, 131. 
Saint-Mainie, 50, 122, 131. 
Saint-Martin P. (de), nre, Digne, 

1361, 257. 
Saint-Martin-de-Brônies, 122 ; — de 

Renacas, 28, 38. 51. 
Saint-Michel, vill.,'39, 50, 122, 131 ; 

— place, Fcqr, 167. 

St-Paul-de-BarcelonWe, 19, 30, 131. 

Suint-Pierre-de-Rogegliest, qr, Sis- 
teron, 129. 

Saint-Symphorien, 123, 128. 
Saint-Vincent,chapelle,Digne,250; 

— de Noyers, 123, 127, 162, 239, 
241 ; - de Seyne, 243, 442. 

Salignac, 123,125,127,130,131,436. 

Salo d'asile, poésie, 116. 

Saumane, 38, 50. 

Saussos, 59. 

Sauvan, chAtean, Mane, 24. 

Savine G. (de), 1368, 108. 

Savoie B. (de), comt»»e de P., 61. 



(1) Les nom! des saints sont i leur place alphabétique. Il n*y a ici que les noms 
de lieux dont le mot Saint fait partie intégrante. 



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-456- 



Sceaux 61, 86, 92. 

Sécheresses, 420. 

Segriès, vlll.» 50. 

Seguin, juge, 20. 

Seî, 124. 

Seloaet, 131, 239^ 243, 440. 

Sénéchal de Provence. V. Acigné, 
Agout. 

Sénéchaussée de Fcqr, 161,162,227. 

Sénez,cloche brisée, 56 ; — évq.,87. 

Sépultures dans les églises, loi. 

Sârmages,n. B. (de),syndic,241,439 

Serres (Hautes- Alpes), 106. 

Servonnet, évq. de Digne, 291. 

Seyue, 22, 63, 126, 131, 243, 24o, 
436, 441. 

8ici de Marcoux, 409. 

Sièyes,vill.,239, U9eisupplémetU. 

Sigonce, 50-52, 122. 

Sigoyer, 123, 127. 

8iivabelle, fief, 182. 

Simiane, 39, 52; — A. (de), 380. 

Sisteron, 21, 22, 40, 63, 240, 290 ; 
— bailliage, 49, 121, 131; — 
diocèse, 38. 

Société bas-alpine, à Paris, 20. 

Solférino, 35. 

Sorgues de Saint-Donat, 313. 

Sossy P.,lieutt p. à Digne,1615,431 

Source. Y. Eaux et Sœ^gues. 

Sourribes, 123, 125, 126, 131. 

Sous-préfets, 21, 22, 65, 66, 69, 291. 

Station préhistoriqe de Valbelle,72. 

Sulfuraires, plantes, 27. 

Syndic des Dominicains, 63. 

Tallard, 110, 113,124,242. 

Tamizey de Larroque : A propos du 
P. Ptni, 120; — F. de Galaup- 
Ghasteuil : Solitaire du mont Li- 
ban, 1629, 314, 362. 

Tanaron, 253, 392. 

Tarascon assiégé, 1368, 105. 

Tardieu G., 397. 

Tardy, préfet, 20. 

Tarante A. (de), 1408, 242. 

Tasque, droit, 124. 

Tassy H.-F.(de),évq. de Digne, 171 1 , 
294;— F.-F. (de), méd", 1656,295 

Taulane, 122. 



Tende, famille de Fcqr, 167. 

Termia, n. J. châtelain, 1408, 246. 

Terre-Neuve, bailliage, 131. 

Thèze, 123, 125, 127, 131. 

Thomas, préfet, 71. 

Thorame, 245. 

Tingy, n. J. (de), capûsl408, 246. 

Tophan P., baile, prieur, 1408,247. 

Toulon, 43. 

Toulouse (comtes de), 44. 

Tour G. (de la), poète, 358. 

Tour Cardinale, Barcelonnette,14D, 
151 ; — de l'horloge, Digne, 256. 

Tour d* Aiguës, 50, ta ; — de Val- 
belle, 72, 123, 124. 127. 

Tournefort J., baile, 1408, 243. 

Toumiayre G., ar«,Gigors,1408,242 

Tournoux, 131. 

Tourte aux épinards, 254. 

Tous-les-Saints, vallon, Digne, 250. 

Traité de paix, 1369, 111. 

Traversier Ë., nre,Guillaumes,246. 

Tremblement de terre, 22, 289. 

Trésorier de la société, 18, 398, 399; 
— payeur général, 20, 21. 

Trévans, 402. 

Trians I. (de), 1369, 110. 

Trimond L. (de), 166. 

Trois-Groix, qr, Barcelonnette, 157 . 

Trois-Evéchés, pic, 39. 

Troubadours, 387. 

Tronche A., 182. 

Troupeaux. 125. 

Truyas, tor.. Digne, 251. 

Turriès, 123, 239, 242. 

Tuvés, ravin, 173. 

Types bas-alpins, 97. 

Ubac, mont, 38. 

Ubaye, 131, 243, 442. 

Ubraye,131. 

Urtis, 123, 127, 242. 

Uvernet, 151. 

Uxelles (marquis d'), 154. 

Vachères, 39, 50. 

Valavoire, 123, 127, 131. 

Valbelle. V. Tour. 

Valbonette, arrière-fief, 47. 

Valensole, 122, 160, 247. 

Valeme, 123, 125, 131, 241. 



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457- 



Valsainte, 39, 51. 

Varadier, n. L. (de), 1408, 244. 

Yauclnse, 122. 

Vaumeil, 122, 123, 126; — G. (de), 

1333, 122. 
Venise, poésie, 135. 
Venlerol, 123, 127. 
Ventoux, mont, 185. 
Yerdaches, 131, 244. 
Verdet F.-A., député, 1753, 167. 
Verdilhon J., n'*, Digne, 1509, 271. 
Vergons, 246, 392. 
Vernet, vill., 244 ; — D., nr«,baile 

à Montclar, 1408, 243. 
Vérone, poésie, 135. 
Veynes (Hantes- Alpes), 107, 112. 
Vicaire général, Digne, 429 ; — en 

chef des Dominicains, 63. 



Vichier J., n'e, Tnrriès, 1403, 242. 

Vicomtes, 40, 124. 

Vigoureux, qr, Beandument, 124. 

Vigueries, 49. 

Viguiers. V. Audron, Astruc. Au- 
tric, Aynard, Chandelle, Cnaus- 
segros, Fournier, Jonrdan. 

Vilhosc, 123, 127, 130. 

Villages inhabités, 50. 

Villemus, 39, 50. 

Villevieille, 122, 131. 

Vincent Ferrier (Saint), 1400, 89. 

Volone, 123, 126, 130, 131 ; — P. 
(de), 1064, 308. 

Volx,39, 44. 50,131. 

Voûte (sire de la), 1368, 105. 

Wendelin chez nous, 159, 181, 225. 



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TABLE DIPLOMATIQUE 



A = Document analysé ; Ë == Extrait de la charte ; M = Charte 
mentionnée seulement ; T = Texte de la charte reproduite. 



1125, 16 septembre: Traité de partage de la Provence — M. 143. 

1126, Hommage à Guillem II, comte de Fcqr. — M. 44. 
1129, Testament de Guillem II. — M. 44. 

1168, Testament de Bertrand, comte de Fcqr. — M. 162. 
1171, mai : Autorisation du canal d3 Caumont (Vaucluse). — M. 48. 
1195, Traité entre les comtes de Toulouse et de Fcqr. — M, 45. 
1225, Gadenet érigé en vicomte par le comte de Fcqr. — M. 319. 
1248, 8 août : Fondation du couvent des Dominicains de Sisteron. — 

M. 61. 
1253, Péages du comté de Fcqr. — M. 47. 
1309, 19 novembre: Hommages au Roi Robert. — E. 256. 
1332, juillet-août : Les Léopards de Sisteron et de Provence.— A. 121 
1348, 16 juillet : Testament d'Osasica. — M. 91. 
1361, novembre : R. d'Esparron donne Bellegarde à la ville de Digne 

- T. 265. 

1361, 30 novembre: Testament de G. Osasica. — M. 91. 

1364, 27 septembre : Bulle au prieur des Dominicains de Sisteron 

- M. 92. 

1369, avril-septembre : Traité de paix entre Provençaux et Dauphi 

nois. — M. 110. 

1370, 12 mai: Id. 

1373, 7 avril : Appel de J. Ebrard, prieur des Dominicains. — T. 87 

1408, 13-29 juillet : Visite des fortifications des Basses-Alpes. — 
A. 239 ; — de Salignac. — T. 437 ; — de Seyne, Saint- 
Vincent, la Bréole et Pontis. — T. 440-444. 

1490, Comptes trésoraires de Digne (en prooen^al). — E. 260. 

1490, 20 juin: Délibération du conseil municipal de Digne fpro- 
vençalj. — T. 267. 

1509, 27 décemore : Transaction entre la ville et l'évéque de Digne. 

- T. 269. 



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TABLE DES GRAVURES 



Obisium ichnosceles, p. 53. — Carré de Thypothénuse, p, 81. — - 
L'église des Dominicains de Barcelonnette, plan et détail, (2 pl.^, 
p. 148-9. — Les dues de Barles, (2 pi.*, p. 1/6. — Algèbre graphi- 
que, (25 pi.), p. 205-224-289. — Or}?anisrnes microscopiques de la 
Grande Fontaine de Digne, (2 pi.), p. 304. — Diagramme des pluies 
d'Avignon, (2 pi.), p. 330-1. — Crioceras Edouardi, p. 395. — 
AmmcmUes Baihildœ, p. 4flM 



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