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Full text of "Annales de l'Académie d'archéologie de Belgique"

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ANNALES 


DE  L'ACADÉMIE  D'ARCHÉOLOGIE  DE  BELGIQUI 


ANNALES 


L'ACADÉMIE  D'ARCHÉOLOGIE 


BE1.G10UE 


XXII 


2*  SÉRIE,  TOME  DEUXIÈME. 


ANVERS, 

IMPRIMERIE  J.-E.  BUSCHMANN,  RUE  DES  ISRAÉLITES. 
!  866. 


LIBRAI 


LES 

CATACOMBES  DE  ROME. 


MÉMOIRE 


M.    EDMOND    REUSENS, 

Membre  correspondant  à  Louvain. 


Les  catacombes  de  la  campagne  romaine  sont  les  monuments  les 
plus  anciens  et  les  plus  respectables  qui  se  présentent  à  l'étude 
de  l'archéologue  chrétien.  Depuis  leur  découverte,  qui  eut  lieu 
vers  la  fin  du  seizième  siècle  ,  la  question  de  leur  origine  a  toujours 
vivement  préoccupé  les  savants.  Bien  longtemps  on  n'a  vu ,  dans 
ces  cimetières  souterrains ,  que  des  sablonnières  ou  des  carrières 
creusées  par  les  Romains  avant  la  naissance  du  Sauveur,  et 
utilisées  par  les  premiers  fidèles  pour  y  ensevelir  leurs  morts. 
Cette  assertion ,  que  nous  avons  tous  rencontrée  mille  fois  dans 
des  ouvrages,  très-recommandables  d'ailleurs  par  le  fond  et  par 
la  forme,  ne  peut  plus  être  soutenue  de  nos  jours.  Les  recher- 
ches et  les  explorations  auxquelles  se  sont  livrés,  depuis  environ 
un  quart  de  siècle ,  des  hommes  consciencieux  et  érudits ,  ont 
démontré  que  les  catacombes  de  Rome  sont  l'œuvre  exclusive 
des   chrétiens.  L'on  peut  dire,  sans  exagération   aucune,  que, 

Commissaires  rapporteurs  :  MM.  G.  Hagemans  et  F.  Ourlet. 

XXIX  XXII  1 


—  6  — 

par  leurs  découvertes  et  leurs  publications  faites  dans  ces  dernières 
années,  le  P.  Marchi  et  les  deux  frères  de  Rossi  ont  donné  une 
solution  définitive  à  la  question  de  l'origine  des  cimetières  souter- 
rains qu'on  rencontre  en  si  grand  nombre  dans  les  environs  de 
la  ville  éternelle. 

Les  travaux  et  les  écrits  de  ces  savants  romains  et  d'autres 
archéologues  modernes  nous  ont  servi  de  guide  dans  l'élude  des 
catacombes.  Parmi  ces  derniers,  nous  aimons  à  citer  l'abbé 
Martigny  dont  l'ouvrage ,  intitulé  Dictionnaire  des  antiquités 
chrétiennes,  nous  a  été  d'un  grand  secours. 

I.  —  DESCRIPTION  DES  CATACOMBES. 

Les  catacombes  de  Rome  sont  des  souterrains  creusés  par  les 
chrétiens  des  premiers  siècles  pour  y  ensevelir  leurs  morts ,  pour 
y  exercer  les  cérémonies  du  culte  et  pour  y  trouver  une  retraite 
dans  les  temps  de  persécution. 

Les  auteurs  ecclésiastiques  ne  sont  pas  d'accord  sur  l'étymolo- 
gie  du  mot  catacombes.  Les  uns  le  font  dériver  des  mots  grecs 
kcltci,  sous,  et  kv/i/3o  ,  excavation;  d'autres  de  Tvfifios,  tombeau, 
tumulus,  ou  de  k< //./?/;,  vide  d'une  barque.  Le  P.  Marchi  lui  donne 
pour  racine  le  verbe  latin  cumbo  qui,  dans  ses  composés  accumbo, 
decumbo,  signifie  être  couché. 

La  dénomination  de  catacombes,  pour  désigner  l'ensemble  des 
cimetières  pratiqués  sous  le  sol  de  la  campagne  romaine,  n'était 
pas  en  usage  pendant  les  premiers  siècles.  On  appelait  alors  ad 
catacumbas  la  partie  du  cimetière  de  Saint-Calliste ,  près  de 
l'église  de  Saint-Sébastien  où,  selon  une  pieuse  tradition,  les 
Romains  avaient  déposé  momentanément  les  corps  des  apôtres 
S.  Pierre  et  S.  Paul,  pour  les  soustraire  aux  recherches  des 
chrétiens  d'Orient  qui  étaient  venus  à  Rome  pour  les  enlever.  Ce 
n'est  qu'an  moyen  âge ,   que  le  nom  de  catacombes  fut  donné  à 


L1L 


tous  les  cimetières  souterrains  de  Rome  indistinctement,  et  même 
à  ceux  qui  ont  été  trouvés  dans  d'autres  localités. 

Les  catacombes  d'après  la  définition  que  nous  en  avons  donnée, 
avaient  trois  destinations  : 

4°  La  première  et  la  principale  était  de  servir  de  cimetières 
aux  chrétiens.  C'est  pour  cette  raison  qu'elles  forment  avant  tout 
un  vaste  réseau  de  galeries  destinées,  non  pas  à  servir  de  passage 
ou  de  communication  d'un  lieu  à  un  autre ,  mais  à  recevoir,  dans 
leurs  parois,  des  tombeaux,  disposés  les  uns  au-dessous  des  autres, 
par  rangs  plus  ou  moins  multipliés,  depuis  trois  jusqu'à  douze, 
selon  le  plus  ou  moins  d'élévation  de  la  galerie,  et  le  plus  ou  moins 
de  solidité  de  la  roche.  D'ordinaire,  les  corps  étaient  placés  dans 
des  niches  oblongues,  appelées  locidi,  et  fermées  par  des  tablettes 
de  marbre,  ou  par  des  briques  (ordinairement  au  nombre  de  trois)  ci- 
mentées exactement  avec  de  la  chaux  ,  afin  que  l'odeur  des  corps  en 
putréfaction  ne  pût  s'en  échapper.  Les  figures  suivantes  donneront 
une  idée  exacte  de  la  manière  dont  les  tombeaux  étaient  scellés  et 
les  corps  déposés  dans  les  niches  sépulcrales. 


Loculus'fermé  par  trois  plaques  en  terre  cuite. 


Loculus  en  partie  ouvert. 


8  — 


CYR/AC/tDVLCISSIMA-   DEPOSim 
IN  PAGE    VIXIT.ANNOSXXXV^ 
.IDI3VS.   MARTIIS 


l.oculus  fermé  par  une  plaque  en  marbre. 

Ce  qui  nous  frappe  le  plus,  lorsque  nous  examinons  attentive- 
ment le  plan  des  catacombes,  c'est  la  régularité  que  présentent 
les  galeries.  Quelques-unes  courent  en  ligne  droite  sur  une  longueur 
assez  considérable  et  sont  coupées,  à  des  distances  irrégulières, 
par  d'autres  allées  qui  le  sont  à  leur  tour  par  de  nouveaux 
embranchements.  Elles  sont  si  étroites  que  d'ordinaire  deux 
personnes  ne  pourraient  y  marcher  de  front.  C'est  un  véritable 
labyrinthe  où  il  serait  téméraire  et  dangereux  de  se  risquer  sans 
guide. 

A  ces  galeries  viennent  aboutir,  en  plusieurs  endroits,  des 
chambres  sépulcrales  que  l'on  appelle  cubicula.  Ce  sont  des  espèces 
de  caveaux  de  famille ,  au  fond  desquels  se  trouve  assez  souvent , 
sous  un  monument  arqué,  nommé  arcosolium  !,  un  tombeau  ren- 
fermant les  restes  mortels  de  quelque  illustre  martyr.  Ces 
monuments  (que  l'on  rencontre  cependant  aussi ,  en  assez  grand 
nombre ,  dans  les  galeries  comme  tombeaux  de  simples  fidèles 
élevés  à  leurs  propres  frais)  étaient  construits  habituellement  dans 
les  cubicula  par  toute  la  communauté  chrétienne  ;  ils  servaient 
d'autel  lorsqu'au  jour  anniversaire  du  martyre,  les  chrétiens 
venaient  près  de  cette  tombe  tenir  les  assemblées,  appelées  stations. 

La  forme  des  cubicula  est  très-variée;  il  en  est  de  circulaires, 


'  Voyez  ci-dessous  la  ligure  vis-à-vis  de  la  page  11,  représentant  la  vue  de  la  basilique 
souterraine  du  cimetière  de  Sainte-Agnès.  On  y  trouve  quatre  de  ces  monuments  arqués 
ou  arcosolia. 


de  semi-circulaires,  d'oclogones,  d'hexagones,  de  pentagones; 
cependant  la  plupart  sont  carrés.  Voici  la  vue  perspective  d'un 
cubiculum  carré,  sans  arcosoliam  : 


Cubiculum  ou  chambre  sépulcrale. 

Il  est  des  cubicula  qui  contiennent  jusqu'à  'soixante-dix  loculi , 
rangés  en  dix  étages.  Les  premiers  chrétiens  tenaient^beaucoup  à 
ce  que  leur  sépulture  fût  placée  le  plus  près  possible  de  celle  des 
saints.  C'est  ce  qu'ils  appelaient  être  enseveli  adjnartyres',  ad, 
ante,  supra  ou  rétro  sanctos.  La  pieuse  dévotion'de  reposer  dans 
le  voisinage  du  tombeau  d'un  martyr  était  telle  que,  quand  la 
chambre  sépulcrale  n'était  pas  assez  spacieuse  pour  recevoir  tous 
les  membres  d'une  seule  famille,  on  creusait  des  loculi^àans  les 
galeries,  et  l'on  y  plaçait  une  inscription  pour  dire  "qu'ils  appar- 
tenaientàla  sépulture  collective  du  cubiculum  conligu.  LeP.  Marchi, 


—  10  — 

dans  son  excellent  ouvrage  sur  les  catacombes  * ,  en  cite  des 
exemples.  D'autres  fois  quand  toutes  les  parois  étaient  garnies  de 
tombeaux,  on  ne  se  faisait  aucun  scrupule  d'entamer,  pour  se 
creuser  de  nouvelles  niches,  les  décorations  dont  les  chambres  étaient 
ornées.  C'est  une  des  causes  qui  nous  ont  fait  perdre  un  grand 
nombre  de  peintures  murales  des  plus  remarquables  appartenant 
pour  le  moins  au  deuxième  siècle. 

2°  La  seconde  destination  que  les  chrétiens  ont  donnée  aux 
catacombes,  était  de  servir  de  lieu  de  réunion  pour  y  célébrer  les 
cérémonies  du  culte  ,  toutes  les  fois  que ,  par  les  édits  des  empereurs , 
ils  étaient  empêchés  de  le  faire  au  dehors. 

Les  cryptes  souterraines  des  catacombes2  n'avaient  été  creusées 
primitivement  que  pour  servir  à  l'inhumation  des  chrétiens.  Les 
persécutions  cruelles  et  sanglantes  que  l'Eglise  eut  à  souffrir, 
pendant  les  trois  premiers  siècles ,  furent  cause  que  les  catacombes 
devinrent  bientôt  aussi  les  lieux  où  les  fidèles  se  réunissaient  pour 
la  célébration  des  Saints  Mystères.  C'est  pour  tenir  leurs  assem- 
blées religieuses,  que  les  premiers  chrétiens  ont  construit,  dans 
leurs  cimetières  souterrains ,  ces  oratoires  que  l'on  désigne  ordi- 
nairement sous  le  nom  iïéijlises  ou  de  basiliques  des  catacombes. 
•  Ces  églises,  dit  Martigny,  sont  d'une  grande  simplicité;  quel- 
quefois elles  sont  revêtues  de  stuc,  décorées  de  peintures,  de 
colonnes,  de  pilastres  et  d'autres  ornements  sculptés  dans  la  roche 
elle-même.  Dans  les  parois  latérales,  sont  disposés  parallèlement 
des  tombeaux  sur  i  ou  5  rangs ,  et  même  plus  ,  suivant  l'élévation 


1  Page  101. 

*  D'après  Michel  de  Hossi  (lloma  solterranea,  l,  Analisi  geologica  cd  archilcttonica  , 
p.  23  et  suivantes)  le  mot  cryplae  ,  au  pluriel ,  désigne  l'ensemble  des  souterrains  ,  c'est- 
à-dire  tant  les  galeries  que  les  chambres  sépulcrales ,  et  crypla ,  au  singulier ,  l'une  ou 
l'autre  à  volonté.  Selon  le  P.  Marchi  et  les  auteurs  plus  anciens,  ce  terme  aurait  été 
en  usage  pour  indiquer  les  petits  oratoires  où  les  fidèles  se  réunissaient,  à  certaines  solen- 
nités ,  pour  célébrer  les  Saints  Mystères.  C'est ,  dans  ce  dernier  sens ,  qu'il  est  commu- 
nément employé  par  les  auteurs  qui  ont  écrit  sur  les  catacombes. 


,K  .  pi 
rzii  t 


P/j.L)  dune  hasiZLqzie  du  Cimclici-c  de  Scubrvt&-Àqriès \ 


Cmpe  d'une  partie  </<■  la  même  basilique 


•  jrchéologie  deBelgiqu- 


—  11  — 

de  la  crypte.  Un  arcosolïum ,  qui  servait  ordinairement  d'autel, 
se  trouve  au  fond  de  l'abside ,  à  moins  que  cette  place  ne  soit  occu- 
pée par  la  chaire  du  pontife:  auquel  cas ,  ou  Yarcosolium  manque 
ou  il  se  trouve  trop  élevé  pour  que  les  Saints  Mystères  aient  pu  y 
être  célébrés ....  Ces  chapelles  souterraines  ont  une  élévation  bien 
supérieure  à  celles  des  corridors  ou  voies  sépulcrales ,  et  à  celles 
des  simples  chambres  funéraires  appelées  cubicula  ; .  .  .  elles  sont 
disposées  de  façon  à  se  prêter  au  déploiement  des  cérémonies ,  tel 
qu'il  pouvait  être  en  de  pareils  lieux  et  en  de  pareils  temps,  et  aussi 
à  admettre  -des  réunions  considérables,  lesquelles  néanmoins  ne 
pouvaient  guère  dépasser  le  nombre  de  soixante-dix  ou  quatre-vingts 
fidèles.»  Dictionnaire  des  antiquités  chrétiennes ,  art.  Basiliques. 

Pour  donner  une  idée  claire  et  précise  de  ces  basiliques  souterrai- 
nes, nous  reproduisons,  d'après  le  P.Marchi  et  d'après  Perret, 
le  plan  et  la  coupe  d'une  de  ces  chapelles  souterraines,  découverte 
en  1842  au  cimetière  de  Ste- Agnès ,  et  qui,  selon  toutes  les 
probabilités,  est  antérieure  au  IIIe  siècle.  Nos  lecteurs  nous  sauront 
gré  de  leur  mettre  sous  les  yeux  ce  plan  publié  par  le  P.  Marchi 
et  par  Louis  Perret.  Ces  deux  ouvrages  ne  se  trouvent  probable- 
ment pas  dans  beaucoup  de  bibliothèques  belges. 

On  arrive  à  la  chapelle  par  deux  galeries  I  et  G.  Ces  deux 
entrées  rappellent  la  discipline  de  l'église  sur  la  séparation  des 
sexes.  L'ensemble  de  l'oratoire  se  divise  en  quatre  parties  princi- 
pales: le  presbytère  K,  la  salle  J  destinée  aux  hommes,  la  salle 
0  destinée  aux  femmes,  et  enfin  la  salle  H. 

Le  presbytère  K  était  exclusivement  réservé  aux  membres  du 
clergé.  Au  centre  s'élève  ,  taillé  dans  le  tuf  de  la  paroi,  le  siège  L, 
qui  servait  évidemment  au  pontife  l.   De  chaque  côté  du  presby- 


4  La  position  du  siège  pontifical  était  la  même  dans  les  anciennes  basiliques.  Dans  les 
églises  basilicales  de  la  ville  de  Rome  ,  la  chaire  du  pontife  se  trouve  encore  aujourd'hui 
au  fond  de  l'abside  ;  dans  ce  cas ,  l'autel  est  placé  au  milieu  du  transsept. 


—   12  — 

tère,  des  bancs  M,  également  taillés  dans  le  tuf  (dans  l'intérieur 
desquels  sont  pratiqués  des  loculi  (b)  pour  la  sépulture  d'enfants) 
sont  adossés  au  pourtour  et  destinés  aux  assistants  du  pontife. 
L'autel  se  plaçait  au  milieu.  Le  presbytère  contient  trois  a rcosoUa  (a); 
il  est  séparé  de  la  salle  J  par  deux  colonnes  (c)  sculptées  dans  le 
tuf  et  revêtues  de  stuc. 

La  salle  J  est  divisée  en  deux  parties  égales  par  deux  piliers 
supportant  un  arc-doubleau.  Chacune  de  ces  parties  renferme  un 
arcosolium. 

La  salle  0,  qui  contient  quatre  arcosollo  faj,  est  divisée  en  deux 
parties  presque  égales ,  par  deux  colonnes  adossées  aux  parois  et 
surmontées  d'un  arc.  On  voit ,  à  l'endroit  P ,  des  vestiges  d'un 
pavé  en  marbre. 

La  salle  H  a  deux  arcosolia  (a).  Elle  est  coupée  en  deux  parties 
par  la  galerie  IG.  C'était  une  sorte  de  vestibule  destiné,  sans  doute, 
aux  catéchumènes  et  aux  pénitents. 

Au-dessus  de  la  galerie  ,  au  point  d'intersection  N  de  la 
galerie  GI  et  des  entrées  des  salles  JO,  s'ouvre  un  luminaire, 
luminare  cryptae.  On  appelle  ainsi  l'ouverture  verticale  ou  oblique, 
d'environ  un  mètre  carré  ,  pratiquée  dans  la  voûte  et  qui  donnait  sur 
la  campagne ,  ou  plutôt  dans  les  jardins  et  les  vignes  possédés 
par  des  chrétiens.  Cette  ouverture  servait  à  faire  pénétrer  l'air  et 
le  jour  jusque  dans  les  galeries.  A  l'extérieur  elle  était  entourée 
d'un  petit  mur  qui  empêchait  l'eau  de  pluie  d'y  entraîner  des 
alluvions.  On  ne  peut  mieux  comparer  ces  luminaires  qu'à  nos 
cheminées.  Lorsqu'ils  traversent  des  couches  de  tuf  granulaire  ou 
lithoïde  ,  ils  sont  sans  revêtement  ;  s'ils  rencontrent  des  couches 
sablonneuses,  les  parois  en  sont  soutenues  par  un  ouvrage  de  ma- 
çonnerie. Voyez  vis-à-vis  de  la  page  20  la  figure  représentant  la 
coupe  d'une  catacombe,    à  la  lettre  b. 

Les  chambres  sépulcrales  éclairées  par  un  luminaire  s'appelaient 
cubicula  clara.  Dans  les  endroits  qui  ne  recevaient  pas  de  jour , 


—  13  — 

on  se  servait  de  petites  lampes  destinées  à  guider  la  marche  des 
fidèles  et  à  éclairer  les  cérémonies  religieuses  qui  se  pratiquaient 
dans  ces  souterrains. 

3°  La  troisième  destination  des  catacombes  était  de  servir  de 
retraite  au  souverain  pontife  ,  au  clergé  et  aux  fidèles  dans  les 
temps  de  persécution. 

S.  Alexandre  y  trouva  un  asile  au  commencement  du  deuxième 
siècle.  Vers  l'an  220 ,  S.  Calliste  séjourna  quelque  temps  dans 
le  cimetière  qu'il  avait  l'ait  restaurer  ,  et  qui  aujourd'hui  porte 
encore  son  nom.  S.  Etienne  et  S.  Sixte  II  subirent  le  martyre 
dans  les  catacombes  ,  le  premier  en  257  ,  le  second  l'année  sui- 
vante. S.  Caïus  s'y  tint  caché  pendant  environ  huit  ans. 

Qu'on  nous  permette  en  terminant  ce  paragraphe,  de  mettre  sous 
les  yeux  du  lecteur  la  description  que  saint  Jérôme  dans  son 
Commentaire  sur  Ézéchiel ,  nous  a  laissée  des  catacombes  ;  elle 
est  encore  en  tout  point  exacte  de  nos  jours  :  ■  Lorsque  jeune 
encore  je  me  trouvais  à  Rome  ,  pour  m'y  instruire  aux  belles  let- 
tres, j'avais  coutume,  le  dimanche,  de  parcourir,  avec  des  condis- 
ciples de  mon  âge,  les  tombeaux  des  apôtres  et  des  martyrs;  et 
souvent  je  descendais  dans  les  cryptes.  Ces  excavations  sont  creu- 
sées dans  le  sol  ,  à  une  profondeur  considérable.  A  droite  et  à 
gauche  ,  dans  les  murs ,  se  trouvent  les  sépultures.  L'obscurité  y  est 
si  épaisse  qu'on  croirait  presque  à  la  réalisation  des  paroles  du 
prophète  :  les  vivants  descendent  dans  l'enfer  ]  (Ps.  liv,  46). 
Quelques  rares  rayons  de  lumière  tombent  de  l'orifice  supérieur  et 
adoucissent  un  peu  l'horreur  de  ces  ténèbres  ;  on  s'imaginerait 
que  c'est  bien  plutôt  une  simple  ouverture  qu'une  fenêtre ,  qui 
livre  passage  au  jour.  On  n'y  peut  d'ailleurs  avancer  qu'à  petits 


'  Dans  le  langage  des  Livres  Saints  les  mots  enfer ,  m/èrrcws^et  inferi  ,  signifient 
le  plus  souvent  tombeau.  C'est  en  ce  sens  qu'il  est  employé  dans  l'endroit  cité  par 
S.  Jérôme. 


—  14  — 

pas.  Une  nuit  profonde  règne  de  toutes  parts  ,  et  fait  songer  au 
vers  de  Virgile  : 

Partout  l'horreur,  partout  aussi  le  silence  jette  l'épouvante  '. 

II.   —  ORIGINE  DES    CATACOMBES. 

Dans  tous  les  temps  ,  la  sépulture  des  chrétiens  a  été  un  acte 
religieux  ,  accompagné  des  prières  de  l'Église.  Mais  c'est  surtout 
dans  la  primitive  église,  que  l'ensevelissement  des  corps  des  mar- 
tyrs et  des  fidèles  était  considéré  comme  un  des  plus  stricts  devoirs 
que  les  vivants  avaient  à  remplir  envers  leurs  frères   trépassés. 

Du  temps  de  S.  Cyprien,  les  prêtres  de  Rome,  écrivant  au  clergé 
de  Cartilage  ,  insistèrent  sur  cette  obligation  :  Quoi  maximum 
est,  corpora  martyrum  aut  ceterorum  ,  si  non  sepeliantur , 
grande  periculum  imminet  eis  ,  quibus  incumbit  hoc  opus. 
(S.  Cyprien,  Oper.  éd.  Balus  ,  Epist.  h.).  S.  Ambroise  allait 
plus  loin  encore  :  Humandis  fulelium  reliquiis  ,  dit-il  ,  vasa 
ecclesiae  etiam  initiata  confringere,  conflare ,  vendere  licet. 
(De  officiis,  n,  §  1-42).  Pour  procurer  même  aux  plus  pauvres  une 
sépulture  convenable  ,  on  avait  formé  des  associations,  dont  les 
membres  payaient  chaque  semaine  leur  obole  ;  la  somme  recueillie 
était  affectée  à  la  célébration  des  funérailles  de  ceux  qui  man- 
quaient de  ressources. 

Ce  respect  pour  les  morts  était  basé  sur  la  foi  vive  du  dogme 

'  «  Dum  essem  Romae  puer  et  liberalibus  studiis  erudirer ,  solebam  cum  ceteris 
»  ejusdem  aetalis  et  propositi ,  diebus  dominicis ,  sepulcra  apostolorum  et  martyrum 
•<  circuire  ,  crebroque  cryptas  ingredi ,  quae  in  terrarum  profunda  defossae ,  ex  utraque 
»  parte  ingredientium ,  per  parietes  liabent  corpora  sepultorum,  et  ita  obscura  sunt 
»  omnia  ,  ut  prope  modum  illud  propheticum  complealur  :  Descendant  ad  infernum 
«  viventes  (Ps.  liv  ,  16),  et  raro  desupcr  lumen  admissum  borrorem  temperet  tene- 
»  brarum ,  ut  non  tam  fenestram  quam  foramen  dimissi  luminis  putes  :  rursumque  pede- 
■  tentim  arceditur,  et  caeca  nocte  circumdatis  illud  Virgilianum  proponitur  : 
«  Horror  unique  animos ,  simul  ipsa  silentia  terrent.  » 

Aen.  II,  755. 


—   15  — 

de  la  résurrection  de  la  chair  ;  il  avait  pour  motif  non  pas  une 
importance  exagérée  que  les  fidèles  auraient  attachée  aux  restes 
mortels  de  leurs  frères ,  mais  la  pensée  que  ces  corps  appartiennent 
à  Dieu,  et  qu'un  jour  ils  doivent  être  rendus  à  la  vie,  transformés, 
glorieux  et  immortels. 

Les  premiers  chrétiens  abhorraient  la  coutume  des  païens  qui 
brûlaient  les  cadavres  et  les  profanaient  par  des  cérémonies  super- 
stitieuses. Dès  qu'un  chrétien  avait  rendu  le  dernier  soupir,  ses 
proches  parents  lui  fermaient  les  yeux  et  la  bouche.  Ensuite  on 
lavait  le  corps  et  on  l'oignait  avec  de  la  myrrhe  et  d'autres  aro- 
mates,  pour  le  préserver  de  la  corruption.  L'onction  faite  ,  on 
enveloppait  le  cadavre  d'un  linceul  qui  s'attachait  avec  des  bande- 
lettes, soit  pour  que  les  aromates  adhérassent  plus  parfaitement 
aux  chairs  ,  soit  pour  empêcher  le  contact  de  l'air  extérieur  avec 
le  corps.  Très-souvent  on  étendait  une  couche  de  chaux  sur  toute 
la  surface  du  corps.  Cet  enduit  faisait  autour  du  cadavre  une  sorte 
de  cercueil  artificiel  qui  empêchait  l'odeur  résultant  de  la  putré- 
faction de  s'échapper  au  dehors. 

L'esprit  de  charité  et  d'union  qui  régnait  parmi  les  premiers 
fidèles,  et  qui  faisait  qu'ils  se  considéraient  tous  comme  frères  en 
Jésus-Christ  ,  les  porta  ,  dès  le  principe  ,  à  se  créer  des  cime- 
tières communs  ,  tout-à-fait  distincts  des  cimetières  païens. 

C'est  dans  les  honneurs  rendus  aux  restes  mortels  des  défunts , 
dans  les  sentiments  de  fraternité  qui  animaient  les  premiers  chré- 
tiens et  dans  le  désir  de  soustraire  les  tombeaux  aux  regards  et 
aux  profanations  des  gentils  que  nous  trouvons  la  raison  de  l'exis- 
tence des  cimetières  souterrains  ou  catacombes. 

Si  l'on  excepte  l'Afrique  où ,  dès  les  premiers  siècles ,  on  trouve 
des  areae  ou  sépultures  chrétiennes  à  fleur  de  terre ,  tous  les  pays 
convertis  au  christianisme  offrent  des  nécropoles  creusées  sous 
terre  ,  qui  portaient  le  nom  de  cryptae ,  et  quelquefois  aussi  celui 
tfarenarium  ou  arenaria.  Il  en  existe  encore  aujourd'hui  à  Rome, 


—  16  — 

à  Naples,  à  Chiusi,  à  Milan  et  à  Alexandrie  d'Egypte  l.  11  y 
en  avait  autrefois  en  Sicile,  à  Messine  et  à  Syracuse;  en  Espagne, 
à  Elvire ,  à  Saragosse  et  à  Séville  ;  dans  les  Gaules  ,  à  Agaune  , 
à  Cologne  et  à  Trêves.  (Voyez  Martigny,  Dict.  desantiq.  chrét., 
art.  Catacombes  et  Sépultures.) 

Nous  ne  nous  occuperons  ,  dans  notre  exposé  ,  que  des  cata- 
combes de  Rome  ,  parce  qu'elles  sont  les  principales  ,  les  mieux 
explorées  et  les  plus  illustres  par  les  souvenirs  historiques  qui  s'y 
rattachent  En  effet,  on  peut  les  appeler,  sans  exagération  aucune, 
le  berceau  du  christianisme. 

La  première  question  qui  se  présente  à  notre  examen,  c'est  la 
suivante  :  Les  catacombes  de  Rome  sont-elles  V œuvre  exclusive 
des  chrétiens?  Ont-elles  été  creusées  par  eux  principalement  pour 
y  ensevelir  les  corps  des  fidèles;  ou  bien,  ne  doit-on  y  voir  que 
d'anciennes  carrières,  latomiae  ,  ou  des  saisonnières  abandonnées, 
arenariae ,  pratiquées  par  les  païens  dans  le  but  d'en  extraire  le 
sable  et  d'autres  matériaux  utiles  pour  les  constructions,  et  que 
les  chrétiens  se  seraient  appropriées  pour  en  faire  leurs  cimetières , 
et  y  tenir  leurs  assemblées  religieuses  pendant  les  persécutions? 

A  cette  question  capitale  nous  répondrons  qu'à  l'exception  de 
quelques  petites  parties  d'anciennes  sablonnières ,  appropriées  par 
les  premiers  fidèles  pour  en  faire  des  lieux  de  sépulture,  toutes 
les  autres  excavations  souterraines  de  la  campagne  de  Rome  ont 
été  creusées  par  les  chrétiens  seuls ,  dans  le  but  prémédité  d'y 
ensevelir  leurs  morts  et  d'y  pratiquer  leur  culte  dans  certaines 
parties  plus  spacieuses  disposées  à  cet  effet. 

Nous  n'ignorons  pas  que  ,  pendant  plus  de  deux  siècles ,  l'opi- 
nion qui  ne  voit  dans  les  catacombes ,  que  des  carrières  et  des 
sablonnières  utilisées  par  les  fidèles,  a  été  admise   par   plusieurs 

'  Voyez  la  description  d'une  catacombe  découverte  tout  récemment  à  Alexandrie  , 
dans  le  BuUetino  ai  areheologia  cristiana  ,  publié  par  le  chevalier  de  Rossi  ,  1865  , 
pp.  57-64. 


—   17  — 

savants.  Il  faut  cependant  remarquer  que  tous  les  auteurs  qu'on 
cite  comme  ayant  défendu  ce  système,  ne  se  sont  pas  prononcés 
catégoriquement  sur  la  question  grave  et  compliquée  qui  nous 
occupe.  Ainsi ,  par  exemple ,  on  s'appuyerait  en  vain  sur  le  senti- 
ment de  Bosio;  car,  dans  son  grand  ouvrage  sur  les  catacombes, 
il  ne  touche  en  aucun  point  la  controverse  agitée  plus  tard  ; 
ensuite  il  distingue  clairement  entre  les  saisonnières ,  grotte 
arenarie ,  et  les  galeries  sépulcrales,  vie  cemeleriali.  fRoma  sotl. 
p.  4-91).  Après  Bosio  (mort  en  1629),  les  savants  jusqu'à  Buo- 
narotli  ont  assez  généralement  affirmé,  sur  la  foi  de  quelques 
textes  équivoques ,  que  les  catacombes  de  la  ville  éternelle  avaient 
une  origine  profane.  Au  commencement  du  dix-huitième  siècle , 
Buonarotti  et  Boldetli  reconnurent  dans  les  catacombes  des  sablon- 
nières  agrandies  par  les  chrétiens.  Un  peu  plus  tard ,  Lupi  tira 
les  conséquences  des  principes  posés  par  ses  devanciers;  il  attribua 
au  travail  des  chrétiens  la  plus  grande  partie  des  excavations 
souterraines.  Chose  remarquable,  ces  trois  derniers  avaient  exploré 
soigneusement  la  nécropole  chrétienne,  et  y  avaient,  pour  ainsi 
dire,  passé  une  bonne  partie  de  leur  vie,  en  dirigeant  les  fouilles 
qu'on  y  faisait  de  leur  temps.  Boltari ,  dans  sa  Roma  sotterranea , 
publiée  de  1737  à  175-4,  soutient  que  les  catacombes  ont  été  creu- 
sées dans  un  but  mercantile  pour  en  extraire  de  la  pouzzolane ,  et 
qu'elles  ont  été  converties  en  cimetières  par  les  chrétiens.  Séroux- 
d'Agincourt ,  Raoul-Rochette  et  Rôstell  ont  embrassé  ,  avec 
quelques  modifications,  la  théorie  de  Bottari,  théorie  complètement 
abandonnée  de  nos  jours ,  depuis  que  le  P.  Marchi  et  le  chevalier 
de  Rossi  ont  soumis  à  un  examen  scientifique  et  approfondi  la 
question  de  l'origine  des  catacombes.  Nous  exposerons  rapidement 
les  raisons  décisives  qu'ils  allèguent  pour  prouver  que  les  chrétiens 
seuls  ont  pratiqué  la  plupart  des  excavations  souterraines  dans 
l'intention  d'en  faire  des  lieux  de  sépulture  et  de  prière.  Leur 
assertion  s'établit  par  deux  arguments   principaux ,  dont  l'un  est 


—  18  — 

tiré  de  l'examen  géologique  du  terrain  ,  et  l'autre  de  celui  de  la 
structure  ou  des  formes  architectoniques  des  souterrains  eux- 
mêmes  '. 

1°  Avant  de  développer  le  premier  argument,  il  est  indispen- 
sable de  bien  connaître  la  constitution  du  sol  de  la  campagne 
romaine,  c'est-à-dire  les  différentes  roches,  les  terrains  divers 
qu'on  y  trouve. 

Le  sol  de  la  ville  de  Rome  et  des  environs  est  couvert,  à  une 
assez  grande  profondeur,  de  roches  volcaniques;  ça  et  là,  on 
rencontre  aussi  des  couches  de  sable  marin  et  fluviatile.  On  ne 
connaît  guère  que  deux  ou  trois  cimetières  qui  traversent  des  gise- 
ments de  ces  deux  dernières  natures.  La  plupart  sont  creusées  dans 
le  sol  volcanique.  Les  roches  qui  composent  ce  sol ,  portent  le  nom 
de  tuf.  On  peut  en  distinguer  trois  espèces  principales,  savoir:  le 
tuf  lithoïde  ,  le  tuf  granulaire  et  le  tuf  friable;  ce  dernier  pour- 
rait ,  en  quelque  sorte ,  porter  aussi  le  nom  de  sable.  Le  tuf 
lithoïde  est  une  véritable  pierre ,  roussâtre  et  légère.  Il  très-propre 
à  être  employé  dans  les  constructions.  Les  anciens  le  nommaient 
lapis  ruber  et  saxum  quadratum.  Le  tuf  granulaire  est  moins 
cohérent  ;  c'est  un  mélange  de  petites  pierres  et  de  matières  sablon- 
neuses; il  tient  le  milieu  entre  le  tuf  lithoïde  et  le  tuf  friable.  On 
appelle  pouzzolane  la  matière  sablonneuse  renfermée  dans  le  tuf 
granulaire  et  friable.  «  Sia  granulaire ,  sia  friab'de  il  tufa ,  se  e 
composto  di  materie  aride  ,  non  terrose  ,  e  in  piccoli  grani ,  esso 
e  senipre  quello,  che  chiamamo  pozzolana  »  (Michel  de  Rossi, 
ouv.  cit.,  p.  19.)  Les  païens  n'exploitaient  que  le  tuf  lithoïde  et 
le  tuf  friable  :  celui-ci,  pour  l'employer  dans  la  préparation  du 
ciment;    celui-là,    pour  en    tirer  des  moellons.  Ils   négligeaient 


1  Les  arguments  dont  nous  nous  servons  pour  prouver  notre  thèse,  sont  tirés  du 
savant  mémoire  de  Michel  Etienne  de  Rossi  (frère  du  chevalier  Jean-Baptiste)  intitulé  : 
Analisi  geologica  ed  archiletlonica ,  et  publié  comme  appendice  du  tome  1  de  la 
lioma  sotterranea  rrisliana,  éditée  à  Rome  en  1864. 


—  19  — 

entièrement  le  tuf  granulaire,  parce  que  d'un  côté  il  n'avait  pas  la 
consistance  nécessaire  pour  pouvoir  être  employé  comme  pierre 
dans  les  grandes  constructions;  et  que  de  l'autre,  il  était  trop 
adhérent  pour  pouvoir  être  facilement  réduit  en  poudre,  et  utilisé 
dans  les  bâtisses. 

Il  résulte  de  ces  considérations  que ,  dans  l'intérêt  de  leur 
industrie ,  les  païens ,  propriétaires  des  sablonnières  et  des  carriè- 
res, devaient  rechercher  les  gisements  de  tuf  lithoïile  et  friable, 
et  de  préférence  y  faire  des  extractions. 

Si  les  catacombes,  comme  on  l'a  prétendu  autrefois,  étaient 
d'anciennes  arenariae  ou  des  latomies ,  elles  devraient  néces- 
sairement suivre  les  veines  de  tuf  lilhoïde  ou  friable;  et  ceux  qui 
les  auraient  exploitées ,  se  seraient  efforcés  d'en  extraire  la  plus 
grande  quantité  possible  de  matériaux  utiles.  Or  que  voyons-nous 
dans  les  catacombes?  Les  chrétiens  laissent  constamment  en  place 
les  couches  les  plus  recherchées  par  les  païens  :  les  roches  de  tuf 
friable,  à  cause  de  leur  défaut  d'adhérence  qui  les  rendait  impropres 
à  l'usage  auquel  ils  destinaient  ces  souterrains;  et  celles  de  tuf 
lithoïde,  parce  que,  à  raison  de  leur  dureté  excessive,  elles 
exigeaient  un  travail  trop  long  et  trop  pénible.  Ils  montrent  une 
préférence  marquée  pour  les  roches  composées  de  tuf  granulaire; 
car,  outre  la  facilité  que  celles-ci  offrent  pour  y  pratiquer  des 
galeries,  l'action  de  l'air  leur  donne  en  peu  de  temps  la  solidité 
de  la  pierre ,  de  sorte  qu'on  peut  creuser  des  loculi  dans  leurs 
parois,  sans  crainte  de  provoquer  des  éboulements. 

2<>  L'examen  des  formes  architecloniques  des  catacombes  nous 
fournit  aussi  une  preuve  concluante  pour  établir  qu'elles  ont  été 
creusées  par  les  chrétiens  ,  principalement  pour  en  faire  des  lieux 
de  sépulture.  Ce  sont  partout  des   galeries   longues ,  étroites  x  et 


1   «  Ce  qui  caractérise  principalement  les  hypogées  chrétiens,  c'est  que  les  allées  sont 
extrêmement  étroites.  Les  moins  larges ,  qui  ne  sont  pas  rares,  ont  de  55  à  70  centi- 


—  20  — 

profondes ,  s'entrecoupant  à  angle  droit  ,  et  auxquelles  aboutis- 
sent les  cubicula.  Bien  souvent  elles  sont  situées  à  différents 
niveaux,  et  passent  les  unes  au-dessous  des  autres1.  Leur 
structure  démontre  clairement  que  la  seule  pensée  qui  dirigea 
la  main  du  fossoyeur,  était  de  trouver  le  plus  d'espace  possible 
pour  ouvrir  des  niches  funéraires.  Leurs  parois  sont  verticales, 
tandis  que  celles  des  sablonnières  décrivent  une  demi-ellipse  con- 
jointement avec  la  voûte.  Cette  dernière  forme  ne  se  prêtait  en 
aucune  manière  pour  recevoir  des  loculi  ,  d'aulant  plus  que, 
dans  les  sablonnières,  les  allées  avaient  une  très-grande  largeur 
(2  ou  3  mètres)  ;  puis  elles  suivaient  les  couches  les  plus  utiles  et 
les  plus  productives,  et,  par  là,  décrivaient  le  plus  souvent  des 
courbes.  Le  principe  qui  guidait  les  propriétaires,  était  le  suivant  : 
Extraire  le  plus  de  matériaux  au  moins  de  frais  possible. 

Les  fossoyeurs  chrétiens  2  rencontraient-ils  par  hasard  des 
veines  de  tuf  litlioïde  on  friable  ,  ils  rétrécissaient  aussitôt  les 
galeries;  celles-ci  ne  reprennent  leurs  dimensions  habituelles, 
qu'après  avoir  traversé  ces  gisements  de  pierre  ou  de  sable.  Ils 
n'émoussaient  jamais  les  angles  résultant  de  l'intersection  des 
galeries,  comme  cela  se  pratiquait  dans  les  sablonnières  pour 
faciliter  l'exploitation  ;  et  afin  de  ne  pas  nuire  à  la  solidité  des 
voûtes,  ils  se  contentaient  de  creuser,  en  cet  endroit,  de  petites 
niches  destinées  à  recevoir  des  tombes  d'enfants. 

Lorsque,  dans  des  cas  exceptionnels,  les  chrétiens  ont  utilisé 


mètres;  leur  largeur  moyenne  est  de  75  à  90  centimètres;  il  en  est  peu  qui  aient  un 
mètre;  et  celles  qui  atteignent  1  mètre  20  centimètres,  ou  1  mètre  et  demi  ,  sont  les 
plus  rares.  »  MlCH.  DE  Kossi ,  ouv.  cit.,  p.  30. 

'  On  pourra  juger  de  la  disposition  relative  des  différents  étages  par  la  coupe  d'une 
partie  du  cimetière  de  Saint-Calliste ,  que  nous  plaçons  ici  en  regard  du  texte. 

*  Ou  appelait  fossoyeurs ,  fussures  ,  ceux  qui  étaient  chargés  du  soin  des  sépultures 
dans  les  catacombes.  L'opinion  de  certains  auteurs  qui  prétendent  que  les  fossoyeurs 
formaient  un  ordre  à  part  dans  la  primitive  Eglise ,  comme  les  acolythes  et  les  exorcistes, 
ne  manque  pas  d'arguments  solides.  Voyez  Maktigny  ,  Dictionn.  des  anliq.  chrét.,  art. 
Fossorcs . 


Mêtrcf-r- 


Wax/cr  Anvers 


COUPE  D'UNE   CATACOMBE. 

lOuu.N  ce  ÙeéMM  uou^dvo.ut  -iJuul,  ?'apv ià  fev  pkvuclleo  pulU'Lôeo  pat  ? 
DEROSST^eà  coup***  faï**ô  <U*Mà  iei  àiffixento  cUx^oo  cVt  tu.  ici!  on  De 
tSatut-dxL'l'ioU-  pou.  iWuf*  une   iDw  3c  l'a  ...a.itJic  cW  av;)a  IV.  u-J 


1     Plan  ait  étage  supérieui 

'1    Deuxième  plan . 

.3     Troisième  plan . 

4     Quatrième  plan  . 

~~>     Cinquième  plan . 

AB 

CD 

EF 

GH 

.JK 


Coupes  des  galeries  au.  >  di0è) 
'    étages. 


—•m  mm    Loculi  ou  tombeaux 

ri    ÂrcosoUa  ou  tombes  arquées. 

h    Luminaire  aboutissant  au  2"u' eiage . 

C    Entrées de  galeries et de  chambres sépulcrales. 

d   Escalier  conduisant  au  premier plan . 

e , au  2  '".''pi un  . 

f du.  """ iiua"."pLin. 

g du. V." au  Ve plan 

7; (lu  U"'' 'an  .')'!'.' 'plan. 


V    Via   Appia 

T  Riuneulun  tombeau ptu/rii  SUrU  noie  .\ppu-n ne 

Annales  de  l'Académie  d'archéologie  de  Belgique,  tYXri,2e3éne.  t  il  p.20. 


—  21  — 

d'anciennes  arenariae ,  ils  y  ont  fait ,  au  moyen  rie  constructions 
en  briques,  des  parois  verticales  pour  y  placer  les  tombeaux.  On 
pourra  se  convaincre  de  la  vérité  de  celte  assertion  par  les  deux 
gravures  suivantes  qui  représentent ,  en  coupe  et  en  perspective , 
une  allée  de  sablonnière ,  transformée  en  galerie  sépulcrale  par 
les  chrétiens.  Elle  a  été  découverte  dans  la  catacombe  de  S. -Hermès 
par  Michel  de  Rossi. 


Coupe  d'une  galerie  sépulcrale  à  la  catacombe  de  St.-Hermès. 


Perspective  d'un  côté  de  galerie,  à  la  ratacomlie  de  St. -Hermès 


Les   formes   architëctoniques  des  cimetières   chrétiens   et   des 

XXIX  XXII  2 


oo   

arenariae  sont  tellement  caractéristiques  qu'il  est  impossible  de 
les  confondre.  Pour  bien  saisir  cette  difiërence ,  il  suffira  de  jeter 
les  yeux  sur  les  deux  gravures  que  nous  plaçons  ici  en  regard. 
La  première  représente  une  ancienne  saisonnière  transformée  en 
cimetière;  la  seconde  une  partie  d'une  catacombe  creusée  par  les 
chrétiens.  Sur  le  plan  de  Yarenaria ,  l'œil  le  moins  exercé  dis- 
tingue parfaitement  entre  les  anciennes  allées  creusées  dans  un 
but  mercantile  et  les  nouvelles  excavations  pratiquées  par  les 
fidèles  pour  y  trouver  des  lieux  de  sépulture.  Le  contraste  est 
plus  frappant  encore ,  lorsqu'on  compare  entre  elles  les  iehnogra- 
phies  des  deux  excavations. 

Avant  d'aller  plus  loin ,  il  nous  reste  à  répondre  aux  difficultés 
qu'on  nous  oppose. 

1°  On  nous  demande  :  En  vertu  de  quel  droit,  de  quelle 
tolérance  les  chrétiens  des  trois  premiers  siècles  ont-ils  pu 
posséder  des  sépultures  communes?  Les  chrétiens  étaient  persé- 
cutés par  les  païens;  ils  constituaient  une  communauté  défendue 
et  proscrite  par  les  lois  de  l'empire.  Gomment  s'est-il  fait  qu'ils 
aient  pu  se  créer  des  lieux  d'inhumation  qui  leur  appartinssent  en 
propre? 

Voici,  en  substance,  comment  le  chevalier  J.-B.  de  Rossi 
résout  cette  difficulté.  Il  fait  d'abord  observer ,  avec  beaucoup  de 
justesse ,  qu'il  ne  peut  être  question  que  de  l'existence  des  cime- 
tières communs;  parce  que  les  chrétiens  comme  les  païens,  en 
vertu  des  lois  romaines,  avaient  la  faculté  de  se  faire  ériger, 
dans  leur  propriété,  un  tombeau  ou  un  monument,  ou  de  s'y 
faire  creuser  un  hypogée.  La  difficulté  se  rapporte  donc  uniquement 
aux  cimetières  possédés  par  la  société  entière  des  fidèles,  par 
l'Église  elle-même  et  dont  l'existence  ne  pouvait  être  ignorée  des 
gentils. 

Aux  premiers  temps  du  christianisme ,  les  cimetières  chrétiens 
purent  certainement  exister  paisiblement  sous  la  tutelle  des   lois 


A   Galeries  de  lu  sabUmrueres. 
B    Galeries  creûséesparles  ckre- 

timsdam  le.  tuffframdaàv. 
-D  (      (Imstructionsen  brumes  faites 

parles  chrétiens. 
J)    Puits pour 'l'extraction  de 

la,JX>UX  :o/iiin,  ùi//i.'/i'/iiH/ 
en  /ttiiuF    vr  . 


et — -T-5*. 


0~ 


V 


PLAN 

d'une sabloiuiiere  convertie  en  Cimetière  chrétien, 
à  la  cataconibe  de .  ^f  P/iseille . 


■  ..     s  ùogiedeBeldique.tïXri,  2e  Série.  C  II,p.  22. 


PLAN 

d  une  partie  du  2  7".t'eta</c  de  ht  Catxuvmbe 
de  Sain L-  fa///, de  . 


ael'AcacLèTnie  d'archéologie  deBeljfique.tXXÏÏ,  2:  Sèrie.cIT.p.  ce 


—  23  — 

romaines  et  du  droit  privé.  Dans  le  principe ,  ce  n'étaient  que  des 
lieux  de  sépulture  existant  légalement  sous  le  nom  de  tombeau  de 
famille  ou  de  tombeau  d'un  particulier.  Les  propriétaires  légaux 
y  admettaient  les  restes  mortels  des  martyrs  et  des  chrétiens 
pauvres.  C'est,  pour  cette  raison,  que  les  plus  anciens  cimetières 
portent  presque  tous  le  nom  des  personnes  pieuses  qui  en  ont 
cédé  l'usage  à  la  communauté  chrétienne,  ou  qui,  comme  nous 
l'attestent  les  Actes  des  martyrs,  recherchaient  avec  avidité  les 
corps  des  saints  martyrs  et  des  fidèles  pour  les  inhumer  dans  leurs 
propriétés.  Ensuite,  il  existait  une  loi  romaine  qui  autorisait  les 
associations  dont  le  but  était  de  se  procurer  en  commun  une  sé- 
pulture convenable ,  au  moyen  d'une  contribution  mensuelle  de 
chacun  des  membres. Enfin  ,  nous  savons  par  les  témoignages  des 
auteurs  contemporains,  qu'au  troisième  siècle,  l'existence  des 
cimetières  chrétiens  n'était  un  secret  pour  personne  dans  la  ville 
de  Rome.  Aussi  les  chrétiens  furent-ils  souvent  molestés  à  cette 
occasion  par  les  édits  des  empereurs;  et  plusieurs  d'entre  eux 
y  trouvèrent  la  mort,  après  qu'ils  s'étaient  réfugiés  dans  les  cata- 
combes pour  se  soustraire  à  la  rage  des  persécuteurs.  Tout  le 
monde  connait  le  cri  féroce  :  Coemeteria  claudantur ,  rapporté 
par  Tertullien ,  et  qui  marquait  toujours  une  recrudescence  dans 
les  poursuites  dirigées  contre  les  chrétiens.  (Voyez  de  Rossi, 
Roma  sott.,  I,  p.  102  ;  et  Bulletino  ai  archeologia  crisliana , 
décembre  1865,  p.  88-99. 

2°  Comment ,  nous  dit-on  encore ,  les  chre'tiens  proscrits  et 
persécutés  pouvaient-ils  creuser  les  catacombes  sous  les  fonds 
de  propriétaires  païens? 

Nous  ne  nions  pas  qu'une  grande  partie  de  la  nécropole 
chrétienne ,  telle  que  nous  la  connaissons  aujourd'hui ,  se  trouve 
sous  des  terrains  qui  autrefois  appartenaient  à  des  païens.  Mais , 
de  ce  fait  on  ne  peut,  en  aucune  manière,  conclure  que  ces 
galeries   souterraines  aient  été  creusées  du  temps  où  les  terrains 


—  24  — 

de  la  surface  étaient  la  propriété  des  gentils.  Dans  son  mémoire 
sur  les  catacombes,  Michel-Etienne  de  Rossi  soumet  à  un 
examen  approfondi  la  grave  question  du  développement  des 
cimetières  chrétiens ,  en  étayant  de  preuves  solides  les  assertions 
qu'il  émet.  Ce  sont  ces  preuves  et  ces  assertions  que  nous  allons 
résumer  succinctement. 

Les  lois  romaines ,  en  déclarant  les  sépultures  sacrées  et  invio- 
lables, en  assuraient  la  possession  perpétuelle  soit  aux  individus, 
soit  aux  familles ,  soit  aux  communautés. 

Les  tombeaux  étaient  considérés  comme  des  choses  inaliénables 
et  retirées  du  commerce.  Les  monuments  funéraires  étaient  ordi- 
nairement entourés  d'un  espace  de  terrain  plus  ou  moins  grand, 
qui  portait  le  nom  d'area  adjecta;  ils  avaient  des  galeries  souter- 
raines, constituant  une  sorte  de  petit  hypogée;  enfin  ils  étaient 
souvent  entourés  de  l'habitation  d'un  gardien,  et  d'autres  édifices, 
d'une  cour,  de  jardins  et  de  champs  qui,  selon  la  formule 
consacrée,  cedebant  monumento ,  faisaient  partie  intégrante  du 
monument. 

A  Rome,  les  cimetières  chrétiens  étaient  souterrains  et  avaient 
leur  entrée  dans  les  maisons ,  dans  les  jardins  ou  dans  les  vignes 
des  fidèles.  On  pourrait  donc,  au  besoin,  supposer  que  les  chré- 
tiens, à  la  faveur  des  ténèbres  et  à  l'insu  des  païens,  ont  donné  un 
grand  développement  à  des  galeries  cachées;  mais  cette  conjecture 
ne  nous  est  pas  même  nécessaire  pour  trouver  une'  explication 
satisfaisante. 

La  liberté  que  la  loi  garantissait  aux  chrétiens,  était  plus  que 
suffisante;  elle  leur  accordait,  comme  à  tous  les  autres  citoyens, 
la  faculté  d'avoir  des  monuments  funéraires  avec  toutes  leurs  dépen- 
dances. Sans  aucun  doute ,  ils  ont  profité  de  ces  dispositions  léga- 
les pour  acquérir  des  cimetières.  D'ailleurs  dans  les  commencements, 
au  premier  et  au  deuxième  siècle,   il  ne  leur  fallait  pas  un  grand 


—  25  — 

nombre  d'hypogées;  car  un  lieu  de  sépulture  avec  les  terrains  ad- 
jacents pouvait  renfermer  une  multitude  de  lombes  1. 

Il  est  donc  vraisemblable  que,  pendant  bien  longtemps ,  les  chré- 
tiens n'ont  eu  que  des  cimetières  d'une  étendue  médiocre  ,  ne 
dépassant  guère  les  limites  de  leurs  propriétés.  Au  quatrième  siè- 
cle ,  lorsque  Constantin  ,  par  l'édit  de  Milan  et  d'autres  lois  posté- 
rieures, eut  confirmé  solennellement  les  chrétiens  dans  la  posses- 
sion de  leurs  cimetières,  et  accordé  des  privilèges  bien  grands  à 
leurs  lieux  de  sépulture ,  un  développement  extraordinaire  se  mani- 
festa ;  les  galeries  furent  prolongées  indéfiniment,  et,  en  se  rencon- 
trant en  plusieurs  endroits ,  elles  finirent  par  ne  plus  former  qu'un 
seul  hypogée  ayant  des  entrées  et  des  niveaux  différents. 

La  conjecture  que  nous  venons  d'émettre,  n'est  nullement  gra- 
tuite ;  elle  est  basée  sur  des  observations  faites  en  différents 
cimetières.  Nous  nous  contenterons  d'en  citer  une  seule. 

Lorsqu'on  examine  avec  attention  le  plan  de  la  catacombe  de 
Saint-Calliste ,  on  reconnaît  immédiatement  plusieurs  noyaux 
d'excavations  primitives ,  reliés  entre  eux  par  des  escaliers  et  des 
galeries  à  forte  pente.  2  On  trouvera  de  plus  amples  détails  sur 
cette  question  dans  le  mémoire  cité  de  Michel-Et.  de  Rossi, 
Roma  sotterranea ,  I,  Appendice,  pp.  53-61. 

3°  Une  autre  question  qu'on  nous  propose ,  est  la  suivante  : 
Quels  moyens,  nous  dit-on,  les  chrétiens  employaient-ils ,  pour 
que  la  terre  provenant  de  V excavation  des  souterrains  ne  trahit 
pas  l'existence  des  cimetières  chrétiens? 

'  Gruter  rapporte  l'inscription  suivante  placée  sur  un  monument  funéraire  :  Huit 
monumento  cedtmt  agri puri  jugera  decem.  Dix  arpents  romains  valent  un  peu  plus 
de  huit  hectares  et  demi.  On  peut  juger,  par  cette  citation ,  de  l'importance  et  de 
l'étendue  qu'avaient  certains  mausolées.  De  Rossi  a  calculé  que  sous  un  espace  carré 
qui  aurait  48  mètres  à  chaque  côté  ,  on  peut  creuser  de  250  à  300  mètres  de  galeries  ; 
ce  nombre  sera  doublé  ou  triplé,  si  l'on  superpose  différents  étages. 

2  Sur  le  plan  d'une  partie  du  cimetière  de  Saint-Calliste  que  nous  avons  reproduit 
vis-à-vis  de  la  page22,  on  distingue  très-bien  aux  lettres  A  et  B  un  monument  primitif 
avec  une  vaste  area  de  forme  rectangulaire,  remontant  jusqu'au  milieu  de  notre  dessin. 


—  26  — 

La  réponse  à  cette  question  est  plus  facile  qu'elle  ne  le  parait 
au  premier  abord.  La  difficulté  est  déjà  résolue  en  partie  par  ce 
que  nous  avons  dit  ci-dessus,  p.  22,  de  la  liberté  que  les  lois 
romaines  accordaient  à  tout  citoyen  de  se  faire  enterrer  dans  ses 
propriétés,  et  de  partager  ce  lieu  d'inhumation  avec  ceux  qu'il  vou- 
lait y  admettre.  En  effet,  si  la  loi  garantissait  à  chacun  la  faculté 
d'établir  des  cimetières  communs ,  les  chrétiens  pouvaient  en  faire 
usage  aussi  bien  que  les  païens.  Ils  pouvaient ,  sous  la  tutelle  des 
lois,  au  vu  et  au  su  de  tout  le  monde,  se  creuser  des  hypogées, 
ayant  une  certaine  grandeur.  D'ailleurs,  dans  les  commencements, 
comme  nous  l'avons  fait  remarquer,  leurs  cimetières  étaient  bien 
loin  d'avoir  l'étendue  qu'ils  ont  acquise  plus  tard. 

Si  la  réponse  que  nous  venons  de  donner  à  la  question  proposée, 
paraissait  insuffisante,  on  pourrait  avoir  recours,  pour  expliquer 
le  fait ,  à  une  autre  conjecture.  On  pourrait,  comme  le  font  quel- 
ques auteurs ,  «  supposer  que ,  après  avoir  broyé  et  réduit  en  poudre 
le  tuf  granulaire ,  on  le  vendait ,  bien  moins  dans  des  vues  mer- 
cantiles ,  que  pour  voiler  sous  les  apparences  d'un  trafic  la  véri- 
table cause  des  excavations On  a  pensé  encore  qu'on  en 

formait ,  dans  les  jardins  des  chrétiens ,  de  petites  collines  artifi- 
cielles sur  lesquelles  on  jetait  des  graines  d'herbes  et  de  plantes  qui 
poussaient  rapidement  sur  un  tel  sol  et  sous  un  climat  si  favo- 
rable. »  Mautigny,  Diction,  des  antiq.  chrét.,  p.  118. 

<  Il  est  un  fait  que  nous  pouvons  du  moins  donner  commme 
certain,  continue  iMarligny  à  l'endroit  cité,  c'est  que,  lorsqu'on 
avait  tiré  parti  de  toutes  les  parois  d'un  corridor  pour  y  ensevelir 
le  plus  grand  nombre  possible  de  cadavres;  si  la  galerie  n'offrait 
aucun  monument,  tel  que  chapelles,  cryptes  de  martyrs  illustres, 
lieux  de  réunion,  etc.,  on  y  transportait,  parce  qu'on  le  pouvait 
sans  inconvénient,  la  terre  provenant  des  fouilles.  On  conçoit  qu'un 
tel  expédient  dut  absorber  une  grande  partie  de  cette  matière  embar- 
rassante. Boldetti  atteste  avoir  souvent  vérifié  le  fait  par  lui-même 


—  27  — 

et  particulièrement  à  l'occasion  de  fouilles  pratiquées,  en  1716  ,  au 
cimetière  de  Sainte-Agnès.  On  y  découvrit  des  galeries  toutes  com- 
blées de  terre  du  haut  en  bas,  et  dont  les  parois  contenaient  jusqu'à 
douze  rangs  de  loculi,  tous  exactement  fermés  par  des  tablettes 
de  marbre  et  de  terre  cuite  avec  des  épitaphes  grecques  et  latines; 
plusieurs  de  ces  tombeaux  avaient  pour  ornement  des  verres  à  fond 
doré  représentant  des  sujets  chrétiens  :  mais  aucun  ne  portait  les 
objets  regardés  comme  indices  du  martyre.  Néanmoins,  des  galeries 
renfermant  des  tombeaux  de  martyrs  furent  quelquefois  ainsi  com- 
blées afin  de  soustraire  ces  saintes  reliques  à  la  fureur  des  idolâtres. 
De  nos  jours  encore  ,  les  nouveaux  explorateurs  des  catacombes 
rencontrent  souvent  des  galeries  ainsi  obstruées  ;  et  plus  d'une 
fois  le  chevalier  de  Rossi  a  pu  se  glisser ,  pour  examiner  de  près 
les  peintures  des  voûtes ,  dans  les  gaines  produites  par  l'affaisse- 
ment successif  que  ces  terres  rapportées  ont  subi  dans  le  cours  des 
siècles.  » 

Enfin ,  on  ne  doit  pas  oublier  qu'au  moins  depuis  la  moitié  du 
troisième  siècle ,  les  païens  connaissaient  l'existence  des  cimetières 
chrétiens. 

A°  Nous  avons  à  résoudre  une  dernière  difficulté.  On  nous 
oppose  un  grand  nombre  de  textes  tirés  des  écrits  des  auteurs 
ecclésiastiques  et  des  Actes  des  martyrs,  où  les  cimetières  chré- 
tiens sont  appelés  tantôt  cryptae  arenariae ,  tantôt  simplement 
arenarium  ;  et  l'on  veut  en  conclure  que  les  catacombes  ne  sont 
autre  chose  que  des  sablonnières  appropriées  et  arrangées  par  les 
chrétiens  l. 

Nous  n'examinerons  pas  un  à  un  tous  les  passages  dans  lesquels 
ces  dénominations  sont  employées  pour  désigner  les  catacombes. 
Il  nous  suffira  d'indiquer  brièvement  la  manière  de  répondre  à  la 
difficulté  proposée. 

1  Mich.-Ét.  dk  Rossi  reproduit  la  plupart  de  ces  passages,  dans  le  mémoire  rite, 
p.  12-17. 


D'abord,  pour  ce  qui  concerne  le  terme  de  crypta  arenaria, 
Michel-Etienne  de  Rossi  prouve  d'une  manière  évidente ,  qu'on  se 
servait  de  ces  mots  pour  désigner ,  non  pas  les  fosses  de  pouzzo- 
lane ,  mais  les  souterrains  creusés  dans  les  roches  sablonneuses  : 
crypta  colV  aggettivo  arenaria  dovè  indicare  soltanto  che  il  sot- 
terraneo  non  era  construite,  ma  escavato  in  una  roccia  arenaria. 
Cette  signification  est  confirmée  par  les  faits.  Trois  points  des 
catacombes  sont  quelquefois  appelés  cryptac  arenariae  :  le  tom- 
beau de  saint  Laurent,  celui  des  saints  Nérée  et  Achillée,  et 
celui  de  Tertullin.  Le  plus  connu ,  le  plus  exactement  déterminé 
de  ces  trois  points ,  est  le  tombeau  de  saint  Laurent  où ,  selon 
le  témoignage  du  Liber  pontijicalis ,  l'empereur  Constantin  bâtit 
une  basilique  supra  arenariam  cryptam.  Le  martyrologe  d'Adon 
dit,  en  parlant  du  même  endroit,  que  saints  Narcisse  et  Crescen- 
tion  furent  déposés  in  crypta  arenaria.  La  position  de  la  crypte 
de  saint  Laurent  étant  bien  connue ,  il  sera  facile  de  vérifier  si 
le  mot  crypta  arenaria  doit  s'entendre  dans  le  sens  de  souterrain 
creusé  dans  une  roche  contenant  du  sable ,  ou  bien  dans  celui  de 
fosse  de  pouzzolane.  Or,  il  est  bien  constaté  que,  dans  le  voisi- 
nage de  la  basilique  de  Saint-Laurent ,  on  ne  trouve  que  du  tuf 
bien  différent  de  la  pouzzolane,  et  qui  ne  peut  être  utilisé  en 
aucune  manière.  Au  cimetière  de  Domitille,  où  furent  ensevelis 
saints  Nérée  et  Achillée ,  on  peut  constater  le  même  fait  :  il  ne 
se  trouve  dans  toute  la  catacombe  que  des  couches  d'un  tuf  n'ayant 
rien  de  commun  avec  la  pouzzolane.  L'emplacement  de  la  crypte 
de  Tertullin  étant  inconnu ,  il  nous  est  impossible  d'y  trouver  un 
point  de  comparaison. 

Le  mot  arenariam  a  une  signification  bien  différente  de  celle 
de  crypta  arenaria.  Il  est  usité  pour  désigner  les  fosses  de  pouz- 
zolane. Aussi,  toutes  les  fois  qu'on  le  rencontre  dans  les  actes 
des  martyrs ,  il  se  rapporte  à  des  cimetières  voisins  de  sablon- 
nières  abandonnées,  ou  construits  dans    les   sablonnières  mêmes. 


—  29  — 

(Voyez  sur  celte  question  importante  le  mémoire  cité  de  M.  E.  de 
Rossi,  Roma  sotterranea,  I,  Appendice,  pp.  12-39). 

III.   —  HISTORIQUE  DES   CATACOMBES. 

L'histoire  des  catacombes  peut  se  diviser  en  trois  époques  ou 
périodes  principales  :  la  période  de  formation ,  la  période  de  res- 
taurations et  de  visites  pieuses  et  la  période  d'explorations  scien- 
tifiques. 

I.  La  période  de  formation  embrasse  les  quatres  premiers 
siècles. 

Plusieurs  cimetières  de  la  ville  éternelle  datent  du  temps  des 
apôtres.  D'après  les  auteurs  les  plus  recommandables ,  on  doit  faire 
remonter  au  premier  siècle  le  cimetière  de  Saint-Pierre  au  Vatican, 
celui  de  Domitille,  celui  de  Priscille,  deux  des  cimetières  qui  ont 
porté  le  nom  de  Lucine ,  dont  un  sur  la  voie  Aurélia  et  un  autre 
sur  celle  d'Ostie,  et  enfin  celui  qu'on  appelait  anciennement 
ad  catacuinbas.  (Voyez  ci-dessus  p.  6).  Ces  hypogées  primi- 
tifs se  distinguent  des  souterrains  creusés  plus  tard  par  des  tom- 
beaux moins  nombreux  et  par  une  décoration  artistique  et  un 
genre  d'épigraphie  tout  à  fait  propres.  «  Les  peintures  et  sur- 
tout l'ornementation ,  dit  le  chevalier  de  Rossi  en  parlant  d'une 
chambre  sépulcrale  du  cimetière  de  Domitille ,  diffèrent  tellement 
des  produits  des  anciens  pinceaux  chrétiens;  elles  ont  une  si 
grande  ressemblance  avec  les  décors  des  tombeaux  païens ,  qu'on 
ne  se  croirait  pas  dans  le  cubiculum  d'un  cimetière  sacré,  moins 
encore  dans  une  crypte  historique  d'illustres  martyrs ,  si  la  scène 
du  Bon-Pasteur  n'occupait  la  place  principale  et  n'était  accompagnée 
de  quelques  autres  indices  trahissant  l'origine  chrétienne  de  ce 
lieu  »  (Roma  sotterranea,  I,  p.  187.) 

Un  des  plus  anciens  cimetières  chrétiens ,  est  celui  d'Ostrien  , 
situé  sur  la  voie  Salara.  Si  l'on  peut  s'en  rapporter  à  une  pieuse 


—  30  — 

tradition,  tradition  que  de  Rossi  croit  assez  fondée,  ce  serait  dans 
ce  lieu  même  que  saint  Pierre  aurait  administré  le  sacrement  du 
baptême  à  un  grand  nombre  de  fidèles.1 

Au  second  et  au  troisième  siècle ,  les  cimetières  existants  furent 
agrandis  successivement,  et  plusieurs  nouveaux  vinrent  s'ajouter 
aux  anciens.  De  Rossi  porte  à  vingt-six  le  nombre  des  cimetières, 
ayant  une  étendue  assez  considérable ,  établis  avant  la  conversion 
de  Constantin  ;  et  il  en  cite  cinq  qui  ont  été  creusés  depuis  cette 
époque. 

Pendant  le  règne  de  Constantin  et  des  empereurs  qui  lui  ont 
succédé ,  on  continua  à  ensevelir  les  corps  des  fidèles  dans  les 
catacombes.  Cependant  les  tombeaux  à  ciel  ouvert  commencèrent 
aussi  à  être  en  usage.  Dans  le  cours  du  quatrième  siècle ,  on 
vit  les  sépultures  souterraines  diminuer  à  mesure  que  les  tombeaux 
érigés  à  la  surface  du  sol  augmentaient.  L'archéologue  romain  dont 
nous  avons  fréquemment  invoqué  le  témoignage,  atteste  qu'après 
l'année  410 ,  on  ne  rencontre  guère  de  vestiges  de  nouvelles  sépul- 
tures faites  dans  les  catacombes.'2  La  dernière  inscription  ,  avec 
date  certaine,  trouvée  dans  les  catacombes  est  de  l'année  4-54; 
elle  se  trouve  sur  un  tombeau,  pratiqué  furtivement  par  des  étran- 
gers dans  un  arcosolium ,  dont  la  construction  est  beaucoup  plus 
ancienne  que  celle  de  la  niche  funéraire. 

De  ce  que  nous  venons  de  dire,  on  peut  conclure  que  les  cata- 
combes cessèrent  de  servir  de  lieu  de  sépulture  au  commencement 
du  cinquième  siècle  de.  l'ère  chrétienne.  C'est  depuis  ce  temps 
qu'elles  devinrent  des  sanctuaires  visités  par  de  pieux  pèlerins, 
dans  le  but  d'honorer  la  mémoire  des  martyrs. 


1  De  Rossi,  op.  <-it. ,  pp.  189-191. 

*  «  Les  auteurs  qui  ont,  traité  cette  question,  ont  constamment  affirmé  que  l'usage 
d'ensevelir  dans  les  catacombes  romaines  fut  en  vigueur  jusqu'à  la  tin  du  sixième  ou 
jusqu'au  commencement  du  septième  siècle.  Dans  mon  ouvrage  sur  les  inscriptions  rhré- 
liennps,  j'ai  montré  la  nullité  de  leurs  preuves.  Parmi  les  épitaphes  sur  lesquelles  ils 

t lent  leur  opinion  ,  les  unes  sont  plus  anciennes  qu'on  ne  le  croit  communément;  les 

autres  sont  étrangères  aux  cimetières  souterrains.  »  De  Rossi,  Roma  suit.  ,  1,  p.  215. 


—  31  — 

II.  La  période  de  restaurations  et  de  visites  pieuses  s'étend 
des  premières  années  du  cinquième  siècle  jusqu'au  commencement 
du  neuvième. 

Les  réparations  et  les  embellissements  des  cimetières  chrétiens 
avaient  déjà  commencé  au  quatrième  siècle.  A  peine  la  paix  eut-elle 
été  accordée  à  l'Eglise  par  l'empereur  Constantin,  que  l'on  se 
mit  à  rendre  l'accès  des  catacombes  plus  facile  en  y  pratiquant 
des  entrées  larges  et  des  escaliers  commodes  aboutissant  directement 
aux  cryptes  historiques  *  ;  on  multiplia  les  luminaires ,  luminaria 
cryptae,  pour  faire  pénétrer  l'air  et  la  lumière  dans  les  souterrains  ; 
enfin  on  construisit  des  murailles  et  des  voûtes  destinées  à  prévenir 
les  éboulements  et  à  servir  de  soutien  aux  édifices  élevés  à  la 
surface  du  sol  Plusieurs  oratoires  furent  décorés  de  peintures,  de 
mosaïques  et  de  revêtements  en  marbre  ;  dans  les  tombeaux  et  les 
chapelles,  on  restaura  les  anciennes  inscriptions,  et  l'on  en  plaça 
de  nouvelles.  Les  travaux  épigraphiques  du  pape  saint  Damase 
méritent  avant  tout  d'attirer  l'attention  de  l'archéologue. 

Pendant  les  quatre  siècles  suivants,  les  cimetières  continuèrent 
à  être  «  des  centres  de  dévotion,  où  affluaient  les  pèlerins  de 
tous  les  pays,  avides  de  vénérer  les  restes  des  martyrs ,  d'entendre 
leur  éloge  prononcé  dans  les  cryptes  mêmes  par  la  voix  du  pontife 
suprême  et  d'assister  au  divin  sacrifice  qui  se  célébrait  sur  la 
pierre  de  leur  tombeau  ,  au  jour  anniversaire  de  leur  déposition.  » 
(Martigny,  /.  c,  p.  110).  Les  Souverains  Pontifes  s'attachèrent , 
avec  un  soin  particulier,  à  orner  les  lieux  les  plus  fréquentés  et 
à  restaurer  les  parties  délabrées  par  les  injures  du  temps  ou 
dévastées  par  les  peuples  barbares.  Symmaque ,  Vigile ,  Jean  III , 
Sergius  I,  Adrien  I  et  Léon  III  se  distinguèrent  entre  autres  par 
leur  zèle  pour  l'embellissement,  des  cimetières. 

1  On  appelle  cryptes  historiques  les  chambres  sépulcrales  où  reposaient  les  restes 
d'illustres  martyrs.  Du  quatrième  au  neuvième  siècle  ,  ces  tombeaux  furent  les  sanc- 
tuaires visités  par  la  pieuse  foule  des  fidèles. 


-    32  — 

En  l'année  750,  les  Longobards,  sous  la  conduite  du  roi 
Aislulphe,  ravagèrent  les  catacombes.  C'est  ce  qui  engagea  le 
pape  Paul  I  à  l'aire  ouvrir  les  tombes  des  martyrs  les  plus  vénérés 
et  les  plus  célèbres ,  afin  d'en  retirer  les  corps  saints  et  les  dis- 
tribuer aux  différentes  églises  de  la  ville  de  Rome.  Malgré  les 
efforts  généreux  tentés  par  quelques-uns  des  successeurs  de  ce 
pontife  pour  remettre  en  honneur  les  cimetières  abandonnés  et 
tombant  en  ruine ,  le  pape  Pascal  I  fut  obligé  de  suivre  l'exemple 
de  Paul  I.  Le  20  juillet  817,  on  transporta  à  l'église  de  Sainte- 
Praxède  les  corps  de  2300  martyrs.  «  Après  ces  translations  solen- 
nelles ,  dit  le  chevalier  de  Rossi ,  les  catacombes  de  Rome  furent 
considérées  à  Rome  même  comme  ne  renfermant  plus  de  reliques 
de  grands  saints.  Cependant  Sergius  II  et  Léon  IV  en  firent  retirer 
encore  les  corps  de  martyrs  très-illustres,  dirutis  in  coemeteriis 
jacentta.  Après  ces  deux  pontifes ,  il  n'est  plus  question  que 
très-rarement  de  recherches  de  reliques ,  faites  dans  les  catacombes. 
C'est  certainement  à  cette  époque  qu'il  faut  rapporter  la  translation 
au  Panthéon  de  plusieurs  charriots  d'ossements  de  martyrs  , 
translation  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  l'envoi  de  reliques  * , 
fait  à  cette  église  par  Boniface  IV,  longtemps  avant  qu'on  eût 
touché  aux  tombeaux  des  catacombes.  »  flioma  sotterranea, 
1,  p.  221). 

A  partir  du  milieu  du  neuvième  siècle ,  la  nécropole  souterraine 
des  chrétiens  tombe  dans  un  oubli  si  complet ,  qu'à  peine  il  en  est 


1  Aux  premiers  siècles  de  l'Église,  on  distinguait  entre  le  corps  et  les  reliques  d'un 
saint.  Par  reliques,  on  entendait  surtout  les  brandea,  les  huiles  prises  dans  les  lampes, 
brûlant  devant  les  corps  des  saints,  les  vêtements  et  autres  objets  ayant  été  à  leur 
usage.  Les  brandea  étaient  des  morceaux  d'étoffe  qu'on  avait  appliqués  sur  les  tombeaux 
des  saints,  ou  suspendus  dans  les  lieux  où  reposaient  leurs  restes.  Voyez  Muratori  , 
Anecdota  ex  Ambrosianae  bibliolhecae  codieibus,  II  ,  pp.  195  et  599.  Nous  ferons 
remarquer  que  M.  de  Rossi  ,  dans  le  passage  cité,  s'éloigne  de  l'opinion  commune  ,  qui 
attribue  à  Bonifiace  IV  la  translation  au  Panthéon  d'une  grande  quantilé  d'ossements  de 
martyrs  extraits  des  catacombes. 


—  33  — 

encore  fait  mention  dans  les  écrits  des  auteurs  ecclésiastiques  ou 
de  ceux  qui  nous  ont  laissé  des  descriptions  de  la  ville  éternelle. 

III.  Le  commencement  de  h  période  d'explorations  scientifiques 
doit  se  placer  en  Tannée  1578.  Ce  fut  alors  qu'un  cimetière 
souterrain ,  découvert  par  le  plus  grand  des  hasards ,  attira 
l'attention  de  toute  la  ville  de  Rome  à  cause  des  {teintures  dont  il 
était  orné ,  et  des  sarcophages  qui  y  étaient  déposés. 

Nous  n'ignorons  pas  que ,  dans  le  cours  du  quinzième  et  au 
commencement  du  seizième  siècle,  les  catacombes  ont  été  visitées 
par  quelques  personnes.  Des  inscriptions,  trouvées  en  plusieurs 
endroits  sur  les  murailles ,  attestent  ce  fait.  Mais  il  est  à  remar- 
quer qu'un  sentiment  de  dévotion,  ou  peut-être  même  la  seule 
curiosité  et  non  le  goût  de  l'étude  ou  des  antiquités  chrétiennes , 
donna  lieu  à  ces   visites  '. 

Le  31  mai  1578,  des  ouvriers  occupés  à  extraire  de  la 
pouzzolane  dans  une  vigne  située  sur  la  droite  de  la  voie 
Salara,  à  deux  milles  environ  de  la  ville  de  Rome,  mirent  à 
découvert  une  ouverture  qui  aboutissait  à  un  cimetière  chrétien  , 
décoré  de  peintures,  de  sarcophages  et  d'inscriptions.  La  nouvelle 
de  cette  découverte  imprévue  se  répandit  aussitôt  par  toute  la 
ville,  et  des  personnes  de  tout  rang  accoururent  pour  admirer 
cette  merveille,  cette  cité  souterraine.  «  Ce  fut  ce  jour-là,  dit 
M.  de  Rossi  que  naquit  la  science  et  le  nom  de  Rome  souterraine.  • 

Dès  ce  moment ,  il  y  eut  des  savants  et  des  artistes  qui  se 
mirent  à  copier  et  à  réunir  les  peintures  des  catacombes.  Le 
premier  qui  se  livra  à  ce  genre  de  travail  fut  Ciacconius,  de  l'ordre 
de  S. -Dominique;  il  forma  un  musée  de  fossiles,  de  marbres  et  de 
bronzes  antiques,  et  réunit,  dans  un  album,  les  dessins  d'un 
grand  nombre  de  monuments  chrétiens  et  de  peintures  des  cata- 
combes. 

'  Voyez  snr  ces  visites  J.-B.  de  Rossi  ,  op.  cit.,  I,  pp.  2-12. 


—  34  — 

Vers  la  même  époque ,  vint  à  Rome  un  gentilhomme  de  Louvain 
nommé  Philippe  Van  Winghe ,  neveu  de  l'antiquaire  Antoine 
Morillon.  Mis  en  rapport  avec  Giacconius ,  il  se  lia  bientôt  d'amitié 
avec  lui.  Après  avoir  vu  les  dessins  faits  sous  la  direction  du  religieux 
dominicain ,  il  se  mit  à  parcourir  les  catacombes.  Il  reconnut 
aussitôt  que  le  dessinateur  de  Ciacconius  avait  manqué  de  fidélité; 
c'est  ce  qui  le  décida  à  faire  lui-même  des  copies  plus  exactes  des 
sarcophages  et  des  peintures  murales.  Il  s'appliquait  à  rechercher 
la  signification  symbolique  des  scènes  représentées  communément 
sur  les  parois  des  cimetières  chrétiens ,  lorsqu'il  fut  enlevé  subite- 
ment à  la  fleur  de  l'âge,  se  trouvant  à  Florence  pour  y  faire 
des  recherches  archéologiques.  Les  manuscrits  de  Van  Winghe 
ont  été  vus  et  consultés  à  Rome  par  L'Heureux  et  par  Bosio. 
En  1622,  ils  se  trouvaient  à  Tournai  entre  les  mains  des  frères 
Antoine  et  Jérôme  Van  Winghe.  Rosweydus  les  mit  à  profit 
pour  les  notes  dont  il  enrichit  l'édition  des  œuvres  de  S.  Paulin  de 
Noie.  Depuis  lors  on  a  perdu  les  traces  de  la  collection  principale 
formée  par  le  jeune  Louvaniste.  Il  ne  nous  est  parvenu  de  ses 
écrits  qu'un  recueil  d'inscriptions ,  conservé  à  la  Bibliothèque 
royale  de  Bruxelles,  section  des  manuscrits,  nos  17872-17873. 
Il  porte  le  titre  suivant:  Inscriptiones  sacrae  et  prophanae  col- 
lectae  Romae  et  in  aliis  Italiae  urbibus  a  Philipo  de  Winghe, 
Lovaniensi ,  Antonii  Morillonii  viri  doctissimi  e  sorore  nepotis, 
qui,  dam  totam  lustrât  Italiam,  in  ipso  juventulis  flore  Florentiae 
occubuit,  anno  1592.  « 

En  même  temps  que  Van  Winghe  ,  se  trouvait  à  Rome  un  autre 
Belge  appelé  Jean  L'Heureux  ,  et  plus  connu  sous  le  nom  de 
Macarius.  Né  à  Gravelines,  en  Artois  qui,  à  celte  époque,  faisait 
partie  de  la  Belgique,  il  fit  ses  études  à  l'Université  de  Louvain 


'  Voyez  sur  les  manuscrits  de  Van  Winghe,  De  Umssi  ,  Roma  soltrrranea,  l,  p.   I  i 
el  suiv;  el  Bulletino  ili  arckeologia  crisliana,  isii."»,  p.  80. 


—  35   — 

et  devint  plus  tard  chanoine  d'Aire,  en  France.  Pendant  un  séjour 
de  vingt  ans  qu'il  fit  à  Rome,  il  s'adonna  avec  une  véritable  pas- 
sion à-  l'étude  des  antiquités  des  premiers  siècles  chrétiens,  et 
composa  sur  cette  matière  l'ouvrage  intitulé  :  Hagioglypta  sive 
picturae  et  sculpturae  sacrae  antiquiores  praesertim  quae 
Romae  reperiuntur,  explicatae  a  Joanne  L'Heureux  (Macario). 
Ce  savant  travail,  prêt  à  être  mis  sous  presse,  ne  vit  cependant 
pas  le  jour  du  vivant  de  son  auteur.  A  sa  mort ,  arrivée  en  161 4-, 
L'Heureux  légua  ses  manuscrits  au  collège  des  Trois-Langues, 
à  Louvain.  Miraeus,  dans  son  Codex  regularum  et  constitutio- 
num  clericalium  (part.  II,  p.  97)  nous  apprend  qu'en  1638, 
l'imprimerie  des  Platin  se  proposait  de  publier  les  Hagioglypta; 
mais  rien  ne  fut  fait.  Le  manuscrit  passa  de  la  bibliothèque  du 
collège  des  Trois-Langues  dans  celle  des  Bollandistes  ,  où  il  se 
trouvait  encore  en  1825,  au  moment  de  la  vente  publique  de 
ce  riche  dépôt  littéraire.  Il  fut  acquis  par  M.  Lammens;  celui-ci 
le  céda  plus  tard  à  M.  Le  Glay,  le  savant  archiviste  de  Lille  qui  , 
en  1852,  en  publia  la  préface  dans  ses  Nouveaux  Analectes. 
En  1855,  le  comte  de  l'Escalopier,  pressé  par  les  instances 
du  chevalier  de  Rossi ,  acheta  à  M.  Le  Glay  le  précieux  manus- 
crit. Le  P.  Garrucci  ayant  appris  que  l'ouvrage  de  L'Heureux  se 
trouvait  à  Paris ,  s'adressa  au  comte  et  lui  exprima  le  désir  de 
pouvoir  publier  l'intéressant  mémoire.  L'autorisation  demandée  fut 
accordée;  et  les  Hagioglypta ,  approuvés  pour  l'impression  depuis 
plus  de  250  ans,  *  furent  confiés  aux  presses  de  Firmin  Didot  et 
virent  le  jour  en  1856,  enrichis  d'une  préface  et  de  notes  dues 
aux  PP.  Garrucci,  Cahier  et  Martin. 

A  L'Heureux  revient  la  gloire  d'avoir  le  premier  tenté  et  con- 
signé dans  ses  écrits  l'explication  des  monuments  figurés  de  l'anti- 


1  Le  manuscrit   porte  l'approbation  suivante   de   Luc    de  Druges  :  Potest  evulgari. 
Actum  Audomaropoli,  22  junii  460S ,  censore  Francisco  Luca. 


—  36  — 

quité  chrétienne.  Son  ouvrage  est  des  plus  remarquables  et 
renferme  une  foule  d'explications  et  des  renseignements  dont  nous 
pouvons,  même  après  les  immenses  progrès  qu'a  faits  la  science 
archéologique  ,  tirer  un  grand  profit  pour  nos  études. 

Bosio,  surnommé  à  juste  titre  le  Christophe  Colomb  de  Rome 
souterraine,  vivait  en  même  temps  que  L'Heureux;  ils  étaient  liés 
par  une  étroite  amitié,  fondée  sur  la  conformité  des  goûts  et  la 
poursuite  du  même  but.  Bosio  consacra  trente-cinq  ans  de  sa  vie 
et  des  sommes  considérables  à  fouiller  les  catacombes  dans  tous 
les  sens.  Au  moment  où  il  commença  ses  explorations,  à  peine 
quatre  ou  cinq  cimetières  étaient  connus  en  partie  ;  il  en  découvrit 
environ  trente,  parmi  lesquels  il  s'en  trouvait  de  très-vastes.  Il 
les  parcourut  et  se  mit  à  les  étudier,  passant  parfois  des  jours  et 
des  nuits  entières  sous  terre.  Aussi  fit-il  une  abondante  moisson  de 
documents  parmi  lesquels  les  copies  des  peintures  et  des  inscrip- 
tions tiennent,  sans  contredit,  le  premier  rang.  Mais  ce  ne  sont 
pas  là  les  seuls  mérites  de  Bosio.  Les  recherches  qu'il  fit  d3ns  les 
ouvrages  des  anciens  sur  les  antiquités  chrétiennes,  sont  tout 
aussi  remarquables  que  ses  découvertes  dans  les  catacombes.  De 
Rossi  nous  les  fait  connaître  en  détail  dans  la  Roma  sotterranea, 
I,  pp.  31-35. 

Ce  fut  avec  ces  matériaux,  qu'il  entreprit  le  grand  travail  qui 
renferme  la  description  de  tous  les  hypogées  connus  de  son  temps 
sous  le  sol  de  la  campagne  romaine.  Ce  monument  incomparable, 
qui  sera  toujours  une  des  mines  les  plus  riches  pour  l'étude  des 
antiquités  chrétiennes ,  ne  fut  publié  que  cinq  ans  après  la  mort 
de  Bosio  (f  1629),  sous  le  titre  de  Roma  sotterranea  *-.  Les 
exemplaires  de  ce  livre  furent  recherchés  avec  tant  d'avidité  qu'on 


1  Le  frontispice  de  la  Roma  solterranea  de  Bosio  porte  la  date  1 632.  Cependant  un 
bref  du  Souverain  Pontife  du  6  octobre  1031 ,  placé  à  la  fin  de  la  table  des  chapitres  , 
prouve  que  l'impression  ne  fut.  pas  terminée  avant  celle  époque. 


—  37  — 

songea  bientôt  à  en  donner  une  traduction  latine.  Severano ,  qui 
avait  surveillé  l'édition  de  l'ouvrage  posthume  de  Bosio,  en  fît  une 
version  très-fidèle,  qui  cependant  n'a  jamais  vu  le  jour.  En  4(351, 
parut  à  Rome,  en  2  volumes  in-folio,  une  traduction  due  à 
Paul  Aringhi ,  intitulée:  Roma  sublerranea  novissima  pont 
Antonium  Bosium  et  Joannem  Severanum.  Bien  que  ce  titre 
semble  promettre  une  édition  revue  et  augmentée ,  la  publication 
d'Aringhi  n'est ,  en  aucune  façon ,  préférable  à  l'œuvre  originale 
de  Bosio. 

Voici ,  rangés  par  ordre  chronologique  ,  les  principaux  ouvrages 
publiés  sur  les  catacombes  depuis  l'apparition  de  la  Roma  sotter- 
ranea  d'Aringhi  jusqu'à   nos  jours.  Nous   nous  contentons   d'e 
transcrire  les  titres  et  d'indiquer,  en  peu  de  mots,  le  jugement 
qu'il  faut  porter  sur  leur  valeur  : 

1°  Boldetti,  Osservazioni  sopra  i  cimiteri  de  SS.  martiri 
ed  antichi  cristiani.  Roma,  1720,  3  tom.  ordinairement  reliés 
en  un  volume  in  folio. 

Fruit  de  plus  de  trente  années  d'études  dans  les  cimetières  chrétiens ,  le  livre 
de  Boldetti  contient  la  description  de  plusieurs  souterrains  découverts  depuis 
la  publication  de  l'ouvrage  de  Bosio.  11  esta  regretter  que  l'auteur  n'y  ait  pas 
mis  un  peu  plus  d'ordre  et  de  soins.  Boldetti  publia  ses  Osservazioni  pour 
répondre  à  l'accusation  que  quelques  érudits  faisaient  peser  sur  les  explorateurs 
des  catacombes,  de  procéder  sans  discernement  aucun  dans  la  reconnaissance 
des  reliques  des  martyrs  extraits  des  catacombes.  Marangoni ,  auteur  des 
Acta  S.  Viclorini  et  de  l'opuscule  De  coemeterio  sanclorum  Thrasonis  et 
Salurnini,  fournit  à  Boldetti  les  renseignements  relatifs  à  la  topographie  et  à 
l'histoire  des  catacombes  découvertes  depuis  Bosio. 

2°  Bottari  ,  Seuil  are  e  pillure  sagre  estralle  dai  cimileri  di 
Roma ,  pubblicate  già  dagli  autori  délia  Roma  sotterranea  ed 
ora  nuovamente  date  in  luce  colle  spiegazioni.  Roma,  1737- 
1754,  3  vol.  in  fol. 

Ce  savant  comraenlaire  sur  les  planches  de  Bosio,  connu  aussi  sous  le  nom 
de  Roma  sotterranea  ,  ne  s'occupe  que  de  l'interprétation   des  monuments 
figurés  ,  tirés  des  catacombes  de   Borne.   Les  plans  des  différents  cimetières 
XXIX  XXII  5 


—  38  — 

sont  accompagnés  d'une  explication  générale  ;  l'origine  ,  la  dénomination  ,  la 
situation  et  l'histoire  des  différents  hypogées  sont  entièrement  passées  sons 
silence.  Enfin  ,  de  toutes  les  découvertes  faites  depuis  le  temps  de  Bosio  ,  il 
n'en  est  pour  ainsi  aucune  qui  soit  mentionnée  dans  l'ouvrage  de  Boltari. 

3°  Marchi,  soc.  jesu,  Monumenti  délie  arti  cristiane  pri- 
mitive nella  metropoli  del  cristianesimo  disegnoti  ed  illustrait. 
I.  Architettura  délia  Roma  sotteranea  cristiana.  Roma,  1 8-4-4 
et  suiv.,  in-4-°. 

Dans  cet  ouvrage,  le  savant  religieux  établit,  d'une  manière  péremptoire  , 
l'origine  exclusivement  chrétienne  des  catacombes.  A  lui  revient  l'honneur 
d'avoir  résolu  celte  grave  question  si  vivement  débattue  pendant  plus  de  deux 
siècles.  (Voyez  ci-dessus  p.  16-23.)  C'est  le  cimetière  de  Sainte- Agnès  qui  a 
surtout  été  exploré  par  le  P.  Marchi.  Les  2e  et  3e  parties  de  l'ouvrage  ont 
été  abandonnées  par  l'auteur. 

4-°  Perret,  Catacombes  de  Rome.  Architecture ,  peintures 
murales,  lampes,  vases,  pierres  précieuses  gravées,  instru- 
ments, objets  divers,  fragments  de  vases  en  verre  doré, 
inscriptions,  figures  et  symboles  gravés  sur  pierre.  Paris, 
1852-1856,  6  vol.  in  folio. 

La  publication  de  Perret  fut  faite  avec  le  concours  du  gouvernement  fran- 
çais. Ce  qui  manque  à  ce  magnifique  ouvrage,  c'est  la  fidélité.  M.  Perret,  en 
voulant  trop  souvent  embellir  les  peintures  qu'il  reproduit ,  s'écarte  de  la 
réalité  ;  il  fait  une  œuvre  où  l'imagination  de  l'artiste  obtient  une  part  beaucoup 
trop  large.  Ensuite,  plusieurs  indications  erronées  se  sont  glissées  dans  le 
texte  explicatif  qui  accompagne  les  planches.  Nous  ne  nions  pas  cependant  que 
la  publication  de  M.  Perret  ait  rendu  de  grands  services  à  la  science  ,  en 
réveillant  chez  plusieurs  personnes  le  goût  des  antiquités  chrétiennes. 

5°  G.-B.  de  Rossi ,  Roma  solterranea  cristiana  descritta  ed 
illustrata.  Tomo  I.  Roma,   186-4,  in-fol. 

Dans  le  premier  volume  ,  le  seul  publié  jusqu'ici,  l'auteur  développe  quel- 
ques considérations  sur  les  cimetières  chrétiens  en  général,  et  en  particulier 
sur  ceux  de  la  ville  de  Dôme  aux  différentes  époques  qu'ils  ont  traversées  ; 
et  enfin  ii  nous  fait  connaître  les  cryptes  de  Lucine  à  la  catacombe  de  Saint- 
Calliste.  Les  volumes  suivants  donneront  successivement  l'histoire  et  la  description 
détaillée  des  autres  parties  des  catacombes.  Les  talents  du  chevalier  de  Rossi , 
son  zèle  intelligent  dans  la  direction  d^s  fouilles,  ses  connaissances  épigra- 
phiques  ,  ses  publications  précédentes  ,   enfin  une  expérience  de  plus  de  vingt 


—  39  —       - 

ans  :  tout  nous  fait  augurer  que  l'ouvrage  commencé  sera  un  jour  le  travail  le 
plus  complet  et  le  plus  savant  sur  la  nécropole  chrétienne  de  la  ville  éternelle. 
Pour  procéder  avec  une  grande  précision  dans  tout  ce  qui  concerne  les  cata- 
.  combes  ,  M.  de  Rossi  ,  avant  d'aborder  la  publication  de  la  Roma  sotterranea 
s'est  occupé,  pendant  de  longues  années,  à  reconstruire  la  topographie 
ancienne  des  cimetières  chrétiens  ,  c'est-à-dire  à  déterminer  d'une  manière 
exacte  la  situation  respective  des  différents  hypogées  ,  au  moyen  de  documents 
retrouvés  dans  les  écrits  des  auteurs  ecclésiastiques  du  moyen  âge.  Les  renseigne- 
ments fournis  par  ces  documents  ont  contribué  largement  aux  belles  décou- 
vertes qu'il  a  faites  au  cimetière  de  Saint-Calliste.  Les  tombeaux  de  sainte 
Cécile ,  de  saint  Corneille  ,  et  la  chapelle  où  étaient  ensevelis  plusieurs  papes 
martyrs  du  troisième  et  du  quatrième  siècles  ont  été  retrouvés ,  grâce  à  ces 
données.  M.  le  chevalier  Jean-Baptiste  de  Rossi  est  puissamment  secondé 
dans  ses  travaux ,  par  son  frère  Michel-Etienne.  C'est  ce  dernier  qui  a  levé , 
avec  une  exactitude  inconnue  jusqu'ici,  les  plans  qui  sont  annexés  à  la 
Roma  sotterranea;  et  c'est  à  lui  qu'est  dû  le  savant  mémoire  intitulé  : 
Analisi  geologica  ed  architettonica  que,  dans  notre  travail,  nous  avons 
plusieurs  fois  mis  à  contribution. 

Nous  devons  aux  soins  de  M.  J.-B.  de  Rossi  deux  autres  publications 
d'une  grande  importance  pour  l'archéologie  chrétienne  :  le  Bulletino  di 
areheologia  cristiana ,  recueil  paraissant  tous  les  mois ,  et  les  Inscriptiones 
ehristianae  urbis  Romae  septimo  saeculo  anliquiores  ,  dont  le  premier 
volume  a  été  publié  en  1861. 

Après  avoir  fait  connaître  les  ouvrages  les  plus  importants  qui 
traitent  des  catacombes  de  Rome,  il  ne  sera  pas  sans  quelque 
utilité  d'énumérer  aussi  les  travaux  qui ,  bien  que  d'une  moindre 
étendue  ou  consacrés  à  l'examen  d'un  point  particulier,  peuvent 
venir  en  aide  à  l'archéologue  dans  l'étude  des  cimetières  chrétiens. 
Voici  ceux  qui  méritent  de  fixer  notre  attention  : 

1°  Fabretti,  Inscriptionwn  antiquarum  q\m  in  œdibus 
paternis  asservantur  explicatio  cum  emendationibus  gruterianis 
aliquot.  Romae,  1699,  in-fol.  Le  chapitre  VIII,  consacré  aux 
inscriptions  chrétiennes ,  contient  la  narration  de  la  découverte  de 
deux  catacombes. 

2°  A. -M.  Lupi,  S.  J.  Disnertazioni ,  lettere  ed  altre  opérette, 
poste  in  luce  da  Fr.  Ant.  Zaccaria.  Faenza,  1785,  2  vol.  in4°. 


—   40  — 

3°  Buonarruoti  ,  Osservazioni  sopra  alcuni  frammenti  di 
va  si  antichi  di  veiro  ornati  di  figure  trovati  n'e  cimileri  di 
Roma.  Firenze,  1 7 1  ( > ,  in-i°. 

4°  Marangoni,  Acta  S.  Victorini,  cum  appendice  decoeme- 
terio  SS.  Thrasonis  et  Satumini.  Romae  1740. 

5°  Settele  publia  plusieurs  dissertations  sur  les  monuments 
des  catacombes  dans  le  premier  volume  des  Atti  délia  pontificia 
academia  di  archeologia. 

0°  Seroux  d'Agincourt,  dans  son  Histoire  de  l'art  par  les 
monuments,  s'occupe  de  l'iconographie  des  catacombes. 

7°  Rostell  consacre  un  long  article  aux  catacombes  de  Home 
dans  l'ouvrage  :  Deschreibung  der  Sladt  Rom,  publié  à  Stuttgard 
en  1830. 

8°  Raoul-Rociiette,  S  Mémoires  sur  les  antiquités  chré- 
tiennesdes  catacombes  ,  insérées  dans  le  tome  XIII  des  Mémoîj'es 
de  l'Académie  des  Inscriptions.  Paris,  1837-1838. 

9°  Gaume  a  public  Home  souterraine  dans  la  seconde  édition 
des  Trois  Rome. 

10°  BouTiLiNi ,  //  cemetero  di  Aproniano  detto  anche  di 
S.  Eugenia  sulla  via  latina.  Roma  1810. 

11°  Spencei;  Northcote,  Guide  dans  les  catacombes  de 
Home.  Rome,  1851). 

12<>  Card.  Wiseman,  Fabiola  ou  l'église  des  catacombes. 
(Roman  historique). 

13°  Garhucgi  ,  S.  J.,  Yetri  ornati  di  figure  in  oro,  trovati 
net  cimileri  cristiani  di  Roma  raccolti  e  spiegati.  Secunda  edi- 
zione.  Roma,  1864,  in-i°. 

1-4°.  De  Rossi,  Bulletino  di  archeologia  cristiana.  Ce  recueil 
mensuel,  commencé  en  1803,  forme  un  volume  in-i°  par  an. 


—  41  — 

L'histoire  littéraire  des  catacombes  que  nous  venons  d'esquisser 
à  grands  traits ,  nous  fait  connaître  les  principaux  explorateurs 
des  hypogées  chrétiens  et  les  découvertes  qui  ont  couronné  leurs 
recherches  depuis  le  milieu  du  XVIIe  siècle  jusqu'à  nos  jours. 

Observons,  en  terminant,  que  pendant  la  période  d'explorations 
scientifiques ,  les  catacombes  ont  subi  des  altérations  très-regret- 
tables. Les  translations  de  corps  saints,  abandonnées  au  IXe  siècle 
mais  reprises  au  XVIIe,  les  explorations  scientifiques  conduites 
parfois  avec  un  zèle  précipité  et  peu  intelligent ,  les  tentatives 
faites  pour  détacher  les  peintures  avec  l'intention  de  les  trans- 
porter dans  les  musées,  les  extractions  de  matériaux  utiles  pour 
les  bâtisses ,  et  plusieurs  autres  circonstances  ont  si  profondément 
dénaturé  l'œuvre  des  premiers  chrétiens ,  qu'en  plusieurs  endroits 
elles  l'ont  rendue  méconnaissable.  Cependant,  malgré  ces  dévasta- 
tions, ces  tombeaux  vides,  ces  marbres  brisés  et  ces  peintures 
arrachées  et  réduites  en  poussière ,  les  catacombes  de  Rome  sont 
encore  aujourd'hui  les  monuments  les  plus  intéressants  des  pre- 
miers siècles  de  l'ère  chrétienne. 


HISTOIRE   ET    ARCHÉOLOGIE. 


LETTRE 

par    M.    H.    *<   III   l   IUI  %\> 

MEMBRE    TITULAIRE     A    HASSELT. 
— v5^<«»qt^S=<^ 

Monsieur  le  Secrétaire  perpétuel, 

La  commission  d'organisation  du  Congrès  archéologique  inter- 
national,  dont  l'Académie  a  pris  l'initiative,  a  décidé  que  les 
travaux  seraient  divisés  en  deux  sections  :  l'une  pour  l'archéologie, 
l'autre  pour  l'histoire. 

Je  trouve  un  précédent  à  l'appui  de  cette  division.  Les  Comités 
historiques  des  arts  et  monuments  de  France,  ont  également 
divisé  leurs  publications  en  séries  spéciales ,  faisant  chacun  l'objet 
de  bulletins  particuliers  :  Histoire,   Archéologie,   Beaux-Arts. 

Si  cette  division ,  comme  je  le  pense ,  a  pour  mobile  un  simple 
intérêt  d'ordre,  rien  de  mieux.  Si  elle  était  systématique,  je  me 
permettrais  de  la  critiquer  comme  péchant  au  point  de  vue  de  la 
méthode  :  l'archéologie  est  une  branche  de  l'histoire ,  et  à  mes 
yeux  les  études  archéologiques  n'ont  de  valeur  que  si  elles  peuvent 
de  près  ou  de  loin  se  rattacher  à  l'éclaircissement  de  points  his- 
toriques ;  un  musée  d'antiquités  doit  être,  non  pas  seulement  un 

Commissaires  rapporteurs  :  MM    A   Wageker  el  A    Van  Hasselt. 


—  43  — 

bazar  de  curiosités,  mais  un  dépôt  public  où  les  gens  d'éludo 
puissent  trouver,  au  besoin,  des  matériaux  pour  déterminer  le  carac- 
tère d'une  époque,  le  degré  de  civilisation  d'une  nation  même, 
s'il  est  possible ,  pour  suivre  les  traces  des  conflits  entre  les 
peuples  ,  enfin  pour  remonter  le  cours  des  âges  ,  en  fixant  nos 
origines  et  en  précisant  les  éléments  dont  la  combinaison  nous  a 
faits  ce  que  nous  sommes. 

Souvenons-nous  du  reproche  lancé  du  haut  de  la  tribune  de 
l'Académie  royale  de  Belgique  à  certains  archéologues,  qui  iront  se 
prosterner  devant  un  informe  pavé,  s'il  est  du  temps  de  Ghilpéric  ! 
Séparons  notre  cause  de  ces  archéologues-là  ,  et  laissons-leur  leurs 
magasins  de  bric-à-brac  :  nous  n'avons  rien  de  commun  avec  eux. 

Mais ,  me  dira-t-on  ,  vous  qui  fouillez  parfois  la  terre  des  champs 
pour  en  exhumer  des  traces  d'anciens  bâtiments  de  l'époque  romaine 
et  pour  n'en  rapporter  souvent  que  de  vieux  clous ,  des  tessons , 
des -fragments  de  tuiles  et  de  briques,  que  faites-vous  sinon 
cela  même  que  vous  critiquez? 

Eh  bien  !  au  risque  de  paraître  bien  ambitieux  peut-être ,  je 
vous  dirai  quelle  est  ma  pensée  quand  on  me  croit  uniquement 
occupé  à  rechercher  d'aussi  insignifiants  débris.  Veuillez-y  voir 
non  pas  une  justification  personnelle,  mais  une  explication  de  ma 
thèse  :  les  études  archéologiques  doivent  avoir  l'histoire  pour  base 
et  pour  couronnement. 

Un  fait  s'est  dégagé  des  fouilles  opérées  dans  un  grandjiombre 
de  tertres  funéraires  nommés  tumulus,  qui  remontent  à  l'époque 
belgo  ou  gallo-romaine  :  monuments  plus  importants  que  les 
simples  sépultures  des  cimetières ,  pleins  d'objets  souvent  revêtus 
du  cachet  le  plus  artistique ,  ils  appartiennent  selon  toute  vrai- 
semblance au  temps  de  la  plus  grande  splendeur  de  l'Empire,  qui 
est  aussi  le  temps  où  la  domination  de  Rome  était  le  mieux  assise 
dans  l'univers  ancien  :  j'ai  nommé  le  second  siècle  et  les  règnes 
de  Trajan  ,  d'Hadrien,  d'Antonin-Pie  et  de  Marc-Aurèle. 


—  44  — 

I 

Or,  d'après  un  relevé  soigneusement  fait  de  toutes  les  monnaies 
trouvées  en  Belgique  dans  les  tumulus,  aucune,  sans  exception 
à  moi  connue,  n'est  postérieure  au  règne  de  Marc-Aurèle  l. 

Voilà  un  fait  assez  singulier.  La  domination  romaine  dans 
l'ancienne  Belgique  n'a  cependant  cessé  que  vers  le  1V«  siècle  ; 
pourquoi  donc  tout-à-coup  cette  interruption  dans  ce  mode  de 
sépulture  dispendieuse  et  par  conséquent  opulente ,  qui  consistait 
à  jeter  sur  les  cendres  d'un  mort  une  montagne  de  terre  ayant 
parfois  plusieurs  milliers  de  mètres  cubes? 

Voici  un  autre  fait  non  moins  remarquable  :  certaines  substruc- 
tions  fouillées  dans  les  environs  des  tumulus,  et  qu'a  priori,  à 
raison  de  leur  proximité  et  de  certaines  analogies  dans  les  lieux- 
dits,  etc.,  l'on  pouvait  attribuer  aux  populations  qui  élevèrent  ces 
tertres ,  ont  en  effet ,  et  à  la  dernière  évidence ,  révélé  cette 
parenté;  je  n'en  veux  pour  preuve  que  la  découverte  d'une  paire 
de  petits  trépieds  en  métal  argenté  ou  étamé ,  de  même  grandeur, 
de  même  forme ,  sortant  évidemment  des  mains  du  même  ouvrier , 
et  dont  l'un  a  été  trouvé  dans  les  tumulus  à  Grand-Fresin  2, 
l'autre  dans  les  substructions  voisines  de  Petit-Fresin  (Montenaken). 
Et  notez  bien  qu'il  s'agit  d'objets  exceptionnels ,  présentant  cette 
particularité  que  l'un  sans  l'autre  serait  un  objet  unique. 

Que  sera-ce  quand  j'ajouterai  que  les  fouilles  dans  l'établisse- 
ment de  Petit-Fresin ,  révèlent  plusieurs  monnaies ,  dont  pas  une 
postérieure  à  Marc-Aurèle  ?  —  Qu'un  autre  établissement,  détruit 
comme  le  précédent  par  un    incendie ,    fournit  le  même  sigle  de 


«  La  même  observation  a  été  faite  pour  certaines  parties  de  la  France  par 
M.  de  Caumont,  Abécédaire  ou  rudiments  d'archéologie  (ère  gallo-romaine) ,  p.  40, 
note  1  ,  et  l'abbé  Cochet  ,  La  Seine  inférieure  historique  et  archéologique ,  p.  500, 
a  même  fait  la  remarque  qu'il  y  a  entre  le  règne  de  Commode ,  le  successeur  de  Marc- 
Aurèle,  et  le  règne  de  Gordien  (191  à  238),  une  lacune  d'un  demi-siècle  dans  la  série  des 
monnaies  romaines  trouvées  dans  une  partie  importante  de  l'ancienne  Belgique. 

*  Voir  l'un  de  ces  trépieds  dans  !<•  Bulletin  des  commissions  royales  d'art  et 
d'archéologie,  t.  II,  p.  127  ,  t.  111,  fig.  3. 


—  45  — 

potier  NEH  marqué  sur  ses  tuiles?  —  Que  ce  second  établisse- 
ment, également  appartenant  à  la  population  qui  éleva  un  tumulus 
voisin  ,  ne  contenait  à  son  tour  que  des  monnaies  de  Marc-Aurèle  ou 
de  ses  prédécesseurs?  —  Qu'enfin  ,  chaque  fois  qu'il  y  a  une  rela- 
tion positive  à  établir  entre  un  tumulus  et  des  substructions  du 
voisinage,  jamais  l'on  n'atteint  même  le  règne  de  Commode? 

Où  sera  le  fil  conducteur  qui  nous  guidera  au  milieu  de  ees 
faits?  En  vain  ouvre-t-on  toutes  les  histoires  de  la  Belgique  pu- 
bliées jusqu'ici  *.  Rien,  ni  sur  la  civilisation  avancée  dont  les 
tumulus  portent  témoignage ,  ni  sur  les  populations  qui  auraient 
élevé  les  établissements  voisins ,  ni  sur  l'événement  qui  mit  un 
terme  à  l'existence  de  ceux-ci.  Rien!  Les  historiens  sautent  quatre 
siècles  et  passent  de  la  conquête  de  César  à  l'invasion  des  Franks, 
sans  dire  un  mot  du  sort  qu'eurent  nos  contrées  dans  l'intervalle2. 

Mais  n'existe-t-il  pas  dans  quelque  recoin  des  écrivains  anciens, 
l'un  ou  l'autre  passage  relatif  à  l'événement  cherché,  passage 
qu'on  aurait  oublié  ou  dont  la  portée  n'aurait  pas  été  comprise? 

Fouillons  dans  les  livres,  puisque  la  terre  nous  donne  seule- 
ment le  fait  brutal ,  sans  explication ,  de  la  destruction  violente 
d'établissements  importants ,  destruction  contemporaine  des  pre- 
miers Antonins. 

Cherchons .... 


*  D'après  une  conversation  que  j'ai  eue  avec  M.  A.  Wauters,  le  savant  professeur 
d'histoire  ,  à  l'hôtel  de  ville  de  Bruxelles  et  archiviste  communal ,  j'ai  lieu  de  croire 
que  son  cours  fait  exception  et  que  moins  laconique  que  ses  devanciers ,  il  a  donné  des 
détails  plus  complets  sur  la  Belgique  des  premiers  siècles  et  les  événements  dont  elle 
fut  le  théâtre. 

*  Un  écrivain  estimable  qui  a  rendu  de  grands  services  à  l'histoire  ,  feu  Schayes-, 
cherche  bien  à  établir  ce  que  fut  la  Belgique  sous  la  domination  romaine  ,  mais  non  ce 
que  fut  la  domination  romaine  en  Belgique  ,  ce  qui  est  bien  différent.  Il  parle  des  con- 
quérants comme  s'ils  n'avaient  fait  que  passer  au-dessus  de  notre  pays,  et  des  vaincus 
comme  s'ils  s'étaient  perpétués  purs  de  tout  mélange  avec  les  Romains  ;  dans  plusieurs 
parties  de  notre  pays ,  la  race  des  anciens  contendants  de  César  était  complètement 
éteinte  :  le  nom  des  Nerviens  est  à  peu  près  le  seul  des  Belges  des  Commentaires , 
qui  reparaisse  encore  sous  l'Empire  ,  pour  la  Belgique  actuelle. 


—  4f>   — 

Nous  savons  qu'un  mouvement  perpétuel  agitait  les  barbares 
qui  se  refoulaient  sans  cesse  les  uns  les  autres ,  sans  parler  du 
mouvement  du  nord  au  midi ,  le  long  des  côtes ,  des  populations 
antéhistoriques  auxquelles  on  doit  les  monuments  de  pierres  brutes, 
improprement  appelés  celtiques,  populations  qui  furent  pourchas- 
sées  partout  jusqu'en  Afrique,  où  elles  s'éteignirent l. 

Nous  savons,  par  Ammien  Marcellin,  que  les  Druides  conser- 
vaient le  souvenir  de  populations  étrangères  qui  étaient  venues  se 
mêler  aux  Gaulois  et  formaient  une  partie  de  leur  nation;  les 
Gaulois  de  Bellovèse  et  Sigovèse  et  de  Brennus  avaient  à  leur 
tour  fondu  sur  l'Italie;  chez  nous  les  Celtes  avaient  été  chassés  et 
remplacés  par  les  Nerviens  et  les  Éburons ,  venus  de  la  Germanie; 
les  Atuatiques  avaient  été  laissés  par  les  Cimbres  comme  arrière- 
garde.  .  .  . 

En  un  mot ,  comme  le  fait  observer  un  auteur  très-judicieux , 
M.  Fauriel,  l'histoire  des  invasions  des  barbares  est  une  histoire 
datant  de  toujours,  et  César  s'était  parfaitement  rendu  compte  de 
la  tendance  envahissante  des  Germains  en  disant  :  «  Il  y  a  grand 
péril  pour  les  Romains  à  ce  que  les  Germains  s'accoutument  peu 
à  peu  à  traverser  le  Rhin  et  à  répandre  sur  la  Gaule  les  flots  de 
leurs  populations  2.   • 

....  Et  tout  à  coup,  au  premier  siècle,  Rome  aurait  cessé  en 
Germanie  la  guerre  d'agression,  sans  que  jusqu'en  253,  date 
généralement  assignée  à  la  première  invasion  des  barbares,  les 
Germains  eussent  repris  l'offensive  !  Voilà,  disons-le  hardiment, 
qui  n'est  pas  dans  la  nature  de  ces  nations  nomades  ;  elles  étaient 
douées  de  trop  d'élasticité  pour  ne  pas  réagir,  dès  qu'elles  ne  se 


•  Vnir  à  cel  égard  cfe  curieuses  études  de  MM.  Bertrand  et  Péraud,  dans  laftevtté 
archéologique  de  Paris,  année  180:J  el  suiv. 

*  «  Vùttllaiim  (îermanoa  consuexeere  Rhenttm  transite  et  in  Gallium  ma jnam 
earum  multitu<linem  venir?  ,  pdpulo  RomaffQ  ptritulttm  rulebat.  »  Caes.  ,  licll. 
Gall  ,  1  ,  33). 


-    47   - 

sentaient  plus  contenues  par  une  pression  assez  puissante;  elles 
étaient,  du  reste,  continuellement  refoulées  elles-mêmes  par 
d'autres  peuplades  qui  venaient  derrière  elles  *. 

Il  s'agit ,  en  un  mot ,  de  connaître  les  premiers  reflux  des 
barbares  sur  la  plage  romaine ,  de  tenir  compte  de  tout  flot  qui  a 
balayé  la  grève  et  de  ne  pas  se  borner  à  considérer  seulement 
comme  invasions  dignes  d'être  mentionnées  par  l'histoire,  celles  qui 
permirent  aux  envahisseurs  de  s'établir  à  demeure  dans  le  pays 
envahi. 

Or  des  invasions  nombreuses,  réprimées  il  est  vrai,  mais  assez 
graves  et  sérieuses  pour  qu'on  ne  puisse  les  passer  sous  silence, 
eurent  lieu  dès  le  règne  de  iMarc-Aurèle. 

Sous  cet  empereur ,  un  mouvement  général  eut  lieu  aux  fron- 
tières de  l'Empire,  depuis  la  Gaule  jusqu'à  l'Illyrie  2;  les  nations 
barbares  conspirèrent  à  l'envi  contre  Rome  ;  les  unes  poussant  les 
autres ,  elles  envahirent  de  toutes  parts  le  territoire  de  l'Empire  : 
en  même  temps  que  Marc-Aurèle  guerroyé  contre  les  Marcomans , 
ses  généraux  Pertina*  et  Didius  Julien,  l'un  et  l'autre  empereurs 
depuis ,  répriment  sur  d'autres  points  les  invasions  des  Galtes  et 
des  Chauques. 

Cette  dernière  doit  attirer  tout  spécialement  notre  attention  ; 
malheureusement,  les  historiens  n'y  consacrent  que  deux  mots  : 
Didius  Julien ,  gouverneur  de  la  Belgique ,  ne  parvint  à  résister 


1  Exemples  :  sous  Néron  ,  les  Ansibariens  pulsi  a  Chauds  (Tacit.,  Ann.,  XIII  ,  55); 
sous  Nerva  ,  les  Bruclères  ,  pulsi  a  Ckamavis  et  Angrivariisi  vie,  narum  consensu 
nationum,  Io.,  Genn.,  33),  sous  Marc-Aurèle,  les  Marcomans  dont  il  s'agira  ci-après, 
et  autres  nations  pulste  a  superioribus  barbaris ,  rusi  reciperentur,  bellum  inferentibus. 
1.  Capitol  ,  in  M.  Anlonin  Phil.  ,  XIV.  etc. 

1  «  Génies  omnes  ab  lllijrici  limite  usque  ad  Gallium  conspiraverunl ,  ut  Mar- 
camamti ,  Narisci ,  Uermunduri ,  et  Quaili ,  Suevi ,  Sannulœ  ,  Latiïnges  et  Buvi  ; 
là  aliique  eum  Viclovali ,  Sosibes  ,  Sicoboles  ,  Rhoxolani ,  Bustaruœ  ,  Alani  , 
Peucini ,  Custoboci.  »  J.  Capitol,  in  M.  Anlonin  Phil.,  XXII. 


—  48  — 

à  l'invasion  des  Clianques  dans  cette   province  ,    qu'en  appelant 
tumultuairement  les  habitants  aux  armes !. 

Quand  eut  lieu  cet  événement? 

La  date  en  est  fixée  par  les  fastes  consulaires  :  l'empereur  en 
mémoire  des  succès  de  ses  lieutenants ,  les  désigna  tous  les  deux 
pour  le  consulat  '  et  ce  consulat  où  Pertinax  et  Julien  furent  à  la 
fois  consuls  subrogés,  et  qui  suivit  sans  doute  de  très-près  leurs 
exploits,  est  de  l'an  178  après  J.  C. ,  l'antépénultième  année  du 
règne  de  Marc-Aurèle  5. 

Or  quel  chemin  suivirent  les  Chauques  pour  entrer  en  Belgique  ? 

Cette  province,  bornée  par  l'Escaut  et  la  Seine  ,  ne  dépassait  pas 
le  Rhin  à  l'est;  les  Chauques,  peuplade  d'Outre-Rhin  ,  avaient 
donc  en  tout  cas  ce  fleuve  à  passer;  mais  sont-ils  arrivés  par  la 
voie  de  Cologne ,  ou  par  celle  de  Nirnègue  ou  de  Xantes  à  Tongres? 

La  première  évitait  aux  Chauques,  qu'ils  vinssent  de  l'Elbe  ou 
d'en  deçà  duWeser4,  le  passage  de  l'Ems,  de  la  Lippe,  etc.,  et  leur 
permettait  de  traverser  le  Rhin  et  la  Meuse  sur  des  ponts;  enfin 
une  vengeance  à  tirer  des  Agrippiniens ,  qur*  un  siècle  auparavant 
avaient  periidement  massacré  à  Tolbiac  une  cohorte  des  leurs  5, 
était  un  motif  tout  particulier  pour  attirer  les  Chauques  vers 
Cologne. 

Les  autres  par  Nirnègue  et  Xanten ,  les  forçaient  au  contraire  à 
différents  passages  de  rivières  ;  puis  celle-là  existait-elle  bien  au 
second  siècle?  Ce  qui  donne  lieu  d'en  douter,  c'est  que  la  première 


*  «  Belgicum  sancte  ac  diu  rexit.  Ibi  Gauchis  ,  Germaniœ  populis  qui  Albim 
(lumen  accolebani ,  erumpentibus  restait,  tumultuariis  auxiliis  provincialium.  » 
Scaktian.  ,  in  Did.  Julian.,  1. 

*  Suite  du  passage  de  la  note  précédente  :  «  ob  quœ  consulatum  mentit  testimonio 
imperatoris.  »  Pour  Pertinax ,  V.  Xiphiun  (Suétone  ,  éd.  Nisard  ,  p.  043), 

*  GOLTZIUS,   Cataluijus  Consuluiii  a  Tiberio  ad  Justinianum  ,  p.  217. 

*  D'après  Tacite,  Mor.  Germ.,  xxxv,  les  Chauques  conlinaient  aux  Frisons  et  par 
conséquent  à  l'Ems;  d'après  Sparlian.,  I.  cit.,  ils  habitaient,  outre  Weser,  les  bords  de 

■  T\m.,  Hist.,  IV,  70. 


—  49  — 

indication  certaine  de  cette  voie  se  trouve  sur  la  carte  de 
Peutinger,  composée  d'après  Mannert  au  IIIe  siècle,  tandis  que 
l'itinéraire  d'Antonin,  antérieur  peut-être  l ,  n'en  fait  pas  mention. 
Enfin  les  Ghauques ,  pour  arriver  en  Belgique ,  si  cette  province 
était  le  but  de  leur  expédition ,  se  fussent  certes  créé  bien  gratui- 
tement des  obstacles  à  surmonter ,  en  passant  par  le  territoire  des 
Frisons  et  des  Bataves. 

Voilà  le  point  historique  à  éclaircir,  bien  déterminé  :  n'est-ce 
pas  par  la  voie  de  Cologne  à  Tongres  que  les  Chauques  sont 
entrés  en  Belgique,  et  les  dévastations  dont  un  grand  nombre 
d'établissements  belgo-romains  portent  les  traces,  ne  sont-elles 
pas  le  résultat  de  cette  invasion? 

Cette  pensée ,  et  non  le  désir  de  trouver  dans  la  terre  de  vieux 
débris  informes ,  a  présidé  à  certaines  fouilles  opérées  récemment  dans 
le  pays  d'Outre-Meuse,  complémentairement  à  celles  de  la  Hesbaye. 

Grâce  au  concours  pécuniaire  du  gouvernement  belge  et  de 
l'un  des  propriétaires ,  deux  établissements  ont  été  fouillés  dans 
des  terrains  du  Limbourg  hollandais  (Houtem-S.-Gerlach  et 
JMeerssen)  appartenant  à  deux  de  nos  concitoyens,  MM.  de  Matthys 
(de  Hoessell)  et  le  baron  Ludolphe  de  Lamberts-Cortenbach  (de 
M unsler-Bilsen).  Ces  établissements,  dont  l'analogie  avec  ceux 
de  la  Hesbaye  est  frappante ,  longent  la  voie  romaine  que  vient  de 
retrouver  M.  le  vicaire  Habets,  de  Berg-Terblyt ,  et  qui  de  Cologne 
se  dirige  sur  Tongres,  par  Juliers  et  Maestricht.  Ils  portent  des 
traces  de  destruction  violente ,  et  du  sein  de  la  terre  ne  sont 
sorties  jusqu'à  présent  d'autres  monnaies  que  du  Haut-Empire  et 
antérieures  à  Commode. 

L'attention  est  éveillée  désormais  sur  celte  nouvelle  phase  de 
la  question  ;  les  fouilles  vont  continuer  dans  cet  esprit ,  tant  en 
Belgique  qu'en  Hollande;  l'on  consultera  les  travaux   antérieurs, 

'  Roulez,  Observations  sur  les  voies  romaines  de  la  Belgique  ,  Gand,  1860  ,  p.  G. 


50 


dont  quelques-uns  sont  encore  inédits,  entre  autres  une  notice 
de  M.  Janssen ,  le  savant  conservateur  du  musée  de  Leyde,  sur 
les  fouilles  opérées  par  lui  en  1852  au  Ravenbosch  *,  établisse- 
ment déjà  exploré  en  1771  par  M.  Pellerin ,  et  situé  dans  la 
continuation  de  la  voie  bordée  par  les  villas  de  Meerssen  et  du 
Rondebosch  ;  si ,  de  l'ensemble  de  ces  recherches  comparées  à 
celles  de  la  Hesbaye,  il  résulte  qu'aucune  monnaie  postérieure 
aux  Antonins,  ne  se  trouve  dans  aucun  des  établissements  existant 
avant  l'invasion  des  Chauques ,  et  exposés  à  leurs  premières 
fureurs  à  raison  du  voisinage  de  la  route  parcourue,  il  y  aura 
certes  de  quoi  asseoir  avec  quelque  chance  de  certitude  un  juge- 
ment sérieux ,  et  l'on  pourra  donner  comme  hypothèse  fort  vrai- 
semblable, qu'avant  d'être  réprimés  par  Didius  Julien,  les  Chauques 
avaient  pénétré  fort  avant  dans  la  Belgique,  et  avaient  eu  le  temps 
d'y  semer  de  toutes  parts  des  ruines. 

Cette  hypothèse,  arrivée  à  un  tel  degré  de  probabilité,  aura  au 
surplus  une  portée  très-grande  pour  saisir  sur  le  fait  et  constater 
l'état  de  la  civilisation  des  populations  belgo-romaines ,  à  l'époque 
des  Antonins  :  à  la  différence  peut-être  des  invasions  postérieures 
où  les  Franks,  plutôt  que  de  détruire,  se  sont  approprié  les  habi- 
tations des  vaincus,  les  hôtes  des  établissements  dévastés  par  les 
Chauques ,  ont  délaissé  les  ruines  fumantes  de  leurs  anciennes 
demeures  trop  peu  sûres  ;  ils  se  sont  peut-être  réunis  en  agglo- 
mérations plus  compactes,  en  abandonnant  le  système  de  villas 
isolées ,  système  dont  la  reprise  des  invasions  barbares  devait  avoir 
démontré  l'insuffisance.  Ces  ruines  où  l'on  retrouverait  ,  sans 
mélange  de  populations  postérieures  "2,  les  traces  de  la  civilisation 


'  Il  est  à  désirer  que  M.  Janssen  public  au  plus  tôt  ce  travail. 

*  M.  l'abbé  Habets,  vire -président  de  la  société  archéologique  de  Maastricht ,  a  dans 
les  Publications  de  cette  société  (11,  p  257  et  suiv.)  établi  parfaitement  que  les  bour- 
gades hel^o-romaines  sont  restées  des  centres  de  populations  sous  les  Franks.  Or,  si  l'on 
admet  que  la  crainte  des  invasions  a  créé  un  grand  nombre   de   nouveaux  centres   ou 


—  51  — 

de  nos  contrées  au  temps  des  Antonins ,  deviendraient  ainsi  autant 
de  Pompéi ,  comblés  non  plus  par  la  lave  du  volcan  ,  mais  par 
les  nivellements  de  l'agriculture ,  et  la  voix  qui  sortirait  aujour- 
d'hui de  la  terre  aurait  le  droit  d'être  écoutée  ,  à  cause  de  la 
précision  de  ses  révélations  sur  la  civilisation  antique  arrêtée 
brusquement  à  un  moment  donné. 

Autre  chose  encore  :  l'on  n'est  pas  fixé  du  tout  sur  l'époque 
de  la  construction  des  grandes  routes  de  l'empire  romain  ;  on  sait 
seulement  qu'Agrippa  mit  le  premier  la  main,  sous  Auguste,  aux 
mailles  du  réseau  ;  mais  jusqu'où  mena-t-il  son  œuvre  ? 

A  cet  égard,  M.  Roulez  conclut  comme  voici  :  «  Aucune 
preuve  ne  démontre  qu'une  ou  que  plusieurs  des  voies  militaires 
de  la  Belgique  aient  été  construites  sous  le  règne  d'Auguste  ;  on 
doit  croire  toutefois  que  l'établissement  des  principales  de  ces 
voies  remonte  au  temps  des  premiers  empereurs1.  » 

Je  crois  cette  conclusion  parfaitement  fondée ,  et  je  n'ai  d'autre 
prétention  que  celle  de  produire  des  preuves  à  l'appui. 

La  chaussée  de  Nivelles,  dont  j'ai  exploré  les  abords  en  Hesbaye, 
est  antérieure  aux  tumulus  qui  la  longent  ;  on  sait  en  effet  que 
les  Romains  avaient  l'habitude  de  placer  leurs  tombeaux  sur  le 
bord  des  routes. 

Or  les  monnaies  intentionnellement  déposées  dans  les  caveaux 
funéraires  que  surmontent  ces  tertres,  ont  permis  de  fixer  l'époque 
des  sépultures  :  ces  monnaies  nous  ont  donné  notamment  les 
règnes  de  Trajan  et  d'Hadrien  comme  ceux  sous  lesquels  les  der- 
niers honneurs  furent  rendus  aux  défunts. 

Mais  la  chaussée  de  Nivelles  n'est  pas   une  voie   principale; 


renforcé  les  centres  préexistants,   on  peut  parfaitement  se  rendre  compte  de  la  raison 
pour  laquelle  les  habitations  isolées ,    non  relevées  après  leur  destruction  ,   révèlent  la 
civilisation  romaine  sans  mélange.  L'isolement  d'une  villa  belgo-romaine  non  fortifiée, 
serait  donc  une  présomption  d'antériorité  à  la  période  des  invasions. 
'  L.  cit.  p.  i. 


-      :V2 


c'est  une  simple  voie  secondaire  sans  existence  indépendante,  et 
se  ramifiant,  sans  continuation  au-delà,  à  un  tronc  principal,  la 
grande  voie  de  Tongres  à  Bavay. 

Accessoire  à  celle-ci,  elle  est  certainement  postérieure;  donc 
conclusion  évidente  :  la  grande  voie  de  Bavay  à  Tongres  existait 
au  règne  de  Trajan. 

Autre  conclusion  :  donc  aussi  Tongres,  station  centrale  et 
importante  de  la  voirie  romaine,  existait  avant  la  première  men- 
tion incontestée  qu'on  trouve  d'elle,  (en  laissant  bien  entendu  de 
côté  la  controverse  sur  la  situation  de  l'Atuatuca  de  César,  et  sur 
le  passage  de  Pline  relatif  à  la  fontaine  de  la  Civitas  Tungrorum)  ; 
or,  jusqu'ici,  cette  première  trace  est  la  mention  de  Tongres 
faite  par  le  géographe  Ptolémée  qui  llorissait  vers  l'an  1-40  de 
l'ère  chrétienne. 

Une  cinquantaine  d'années  de  gagnées  pour  l'antiquité  de  Tongres, 
n'est  pas  chose  indifférente;  car,  parla,  on  diminue  d'autant  la 
solution  de  continuité  qui  est  la  principale  arme  des  adversaires 
de  l'identité  de  Tongres  avec  l'Atuatuca  de  César  ;  par  là ,  l'on 
arrive  peut-être  à  déterminer  le  sens  précis  du  mot  civitas 
employé  par  Pline. 

Et  bien!  cette  cinquantaine  d'années  est  encore  acquise  suréro- 
gatoirement  à  Tongres,  par  les  fouilles  opérées;  il  n'a  fallu  pour 
cela  que  de  simples  débris  de  tuiles.  M.  de  Henesse  mourut 
avant  l'exploration  de  l'établissement  de  Petit-Fresin  dont  le 
second  exemplaire  du  petit  trépied  fixe  si  bien  la  contemporanéifé 
avec  les  tumulus  de  Grand-Fresin  ;  or  M.  de  Renesse  avait  dans  sa 
collection  (n°  300  de  la  seconde  vente  de  celle-ci ,  qui  eut  lieu  à 
Gand  le  ht  mars  4  86-4)  un  lot  composé  de  divers  fragments  de 
vases  de  terre  à  marque  de  potiers  ,  trouvées  à  Tongres ,  et  dans  ce 
lot,  acquis  par  M.  de  Meester  de  Ravenstein  et  déposé  en  son 
beau  musée  d'Hever  près  de  Malines,  se  trouve  un  morceau  de  tuile 
avec  la  marque   NEH,    la  même  dont  je  vous  ai  parlé  plus  haut. 


—  53  — 

Si  le  potier  auquel  appartenait  ce  sigle,  vivait  au  commencement 
du  second  siècle ,  les  produits  de  sa  fabrication ,  non  façonnés 
d'avance  ni  emmagasinés  selon  nos  usages  modernes,  n'ont  pu 
servi  sans  doute  qu'à  des  constructions  de  la  même  époque. 

Je  n'en  suis  pas  encore ,  certes ,  à  démontrer  complètement 
par  là  l'identité  de  Tongres  avec  Atuatuca  ;  mais  qui  sait  si 
quelque  jour  un  autre  morceau  de  tuile  n'achèvera  pas  la  démon- 
stration. Supposez  qu'un  jour  le  sol  de  Tongres  fournisse  sur  un 
tuileau  la  marque  de  la  XIVe  légion,  et  voilà  la  question  résolue. 
Pourquoi?  Parce  que  cette  légion  campa  dans  Atuatuca  sous  César, 
et  que  depuis  elle  séjourna  en  Bretagne ,  en  Pannonie  et  en 
Dalmatie,  et  ne  reparut  plus  que  momentanément  dans  notre  pays 
lors  de  la  lutte  contre.  Givilis. 

Le  plus  petit  fragment  de  vase  antique  ,  par  ses  dessins,  par 
l'inscription  du  nom  du  potier  (car  nous  ne  sommes  plus  au  temps 
où  l'on  dédaignait  ces  indications  comme  superflues  1)  ,  peut  don- 
ner matière  à  des  déductions  précieuses.  Quelque  jour,  un  savant, 
complétant  l'ouvrage  de  F'roehncr  sur  les  Inscriptions  des  vases 
de  terre  cuite,  déterminera  l'époque  et  le  lieu  où  vécut  chaque 
potier  2  ;  alors  les  moindres  débris  de  la  céramique  antique  jetteront 
un  nouveau  jour  sur  l'histoire  des  peuples,  leur  degré  de  civili- 
sation, l'étendue  de  leurs  relations  commerciales,  etc. 


1  De  Caylus  ,  d'ordinaire  si  judicieux  ,  s'est  permis  à  cet  égard  une  plaisanterie 
peu  digne  de  lui  :  «  A  quoi  bon  ,  dit-il  (I,  p.  121)  ,  relever  ces  marques  de  potier? 
On  ne  peut  plus  aujourd'hui  donner  la  préférence  à  l'ouvrier.   » 

*  J'y  travaille  pour  la  Belgique  et  je  soumettrai  le  résultat  de  mes  observations  au 
Congrès ,  en  appelant  son  attention  sur  l'opportunité  de  semblable  étude  pour  chacun 
des  pays  de  l'Europe.  Les  tessons  paraîtront  un  jour  non  moins  précieux  que  les  mon- 
naies, pour  fixer  les  dates  :  il  ne  s'agit  que  d'en  déterminer  l'époque  à  l'aide  des  monnaies 
trouvées,  de  la  forme  des  vases  ,  de  celle  des  caractères  des  sigles ,  etc.  Déjà ,  par 
exemple,  un  très  grand  nombre  de  sigles,  donnés  par  les  Annales  <le  la  société  archéo- 
logique de  Namur,  VII,  p.  31  ,  sont  dès  à  présent  datés  des  deux  premiers  siècles, 
parce  qu'ils  ont  été  trouvés  dans  le  cimetière  de  Flavion  ,  où  une  suite  non  interrompue 
et  complète  de  monnaies  s'arrête  brusquement  à  Commode. 

XXIX  XXII  i 


—  54  — 

Ai-je  tort,  après  cela,  de  revendiquer  pour  l'archéologie  le 
rôle  si  beau  d'auxiliaire  de  l'histoire?  Ai-je  tort  de  séparer  la 
cause  de  la  science  de  ces  études  sèches  et  superflues  qui  se  con- 
tentent d'énumérer  les  trouvailles,  et  soit  timidité,  soit  tout  autre 
motif,  ne  se  permettent  jamais  la  moindre  induction  historique? 

Pour  ne  parler  que  du  genre  de  travaux  ayant  l'époque 
romaine  pour  objet,  je  ne  comprends  pas  qu'un  explorateur 
d'antiquités  belgo-romaines  relatives  aux  quatre  premiers  siècles , 
ne  soit  pas  profondément  versé  dans  la  connaissance  des  écrits  de 
Tacite ,  de  Pline ,  de  Suétone ,  comme  dans  celle  de  Vopiscus , 
Spartien,  Capitolin  et  des  autres  écrivains  de  l'histoire  d'Auguste. 
A  moins  d'un  solide  fondement  historique,  les  études  archéolo- 
giques sont  établies  sur  le  sable,  et  autant  en  emporte  le  vent! 

Persuadé  que  ma  pensée  est  bien  celle  des  organisateurs  du 
Congrès,  je  termine  ici  cette  trop  longue  lettre  en  vous  priant 
d'agréer,  Monsieur  le  Secrétaire  perpétuel,  l'expression  de  mes 
sentiments  les  plus  dévoués  et'  les  plus  empressés. 

H.  SCHUERMANS. 

Hasselt ,  le  25  octobre  1865. 


LA 


GRANDE  COMMANDERIE  TEUTONIQUE 

DE 

VIEUX-JONCS1. 


NOTICE 


par   M.   ARNAUD    SCHAEPKENS, 

MEMRRE  CORRESPONDANT  A  BRUXELLES. 


A.  Comnianderie  de  l'ordre  Teutonique  à  Maestricht. 

Les  guerres  des  croisades ,  on  le  sait ,  donnèrent  naissance  à 
des  ordres  mi-religieux ,    mi-militaires ,    destinés  dès  leur  origine 

Commissaires  rapporteurs  :  MM.  H.  Schuermans  et  le  baron  Jules  de  St-Genois. 

'  La  description  de  la  commanderie  est  faite  d'après  des  notes  prises  il  y  a  quelques 
années  ;  nous  ne  pouvons  donc  garantir  au  visiteur  qu'il  trouvera  encore  ce  monument 
dans  l'état  que  nous  le  décrivons. 


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—  57  — 


à  combattre  pour  la  défense  et  la  protection  de  la  Foi  et  à  soigner 
les  pèlerins  pauvres  et  les  militaires  blessés  ou  malades.  Les  trois 
grands  ordres  qui  furent  institués  avec  cette  noble  mission  étaient 
les  Johannites  ou  Hospitaliers ,  qui  devinrent  plus  tard  chevaliers 
de  Malte ,  les  Templiers  et  les  chevaliers  de  l'ordre  Teutonique. 
Ces  derniers  avaient  fondé,  au  XIIIe  siècle,  la  grande  comman- 
derie  de  Vieux-Joncs  dans  le  Limbourg,  près  de  Hasselt.  Elle  était 
le  chef-lieu  d'une  des  douze  provinces  ou  bailliages  teutoniques  et 
comprenait  les  commanderies  particulières  suivantes  : 


i.  Nouveaux-Joncs,  à  Maestricht. 

u.  Saint-André  ,  à  Liège. 

m.  Fouron -Saint-Pierre. 

iv.  Gemert. 

v.  Cologne. 

vi.  Saint-Gilles,  à  Aix-la-Chapelle. 


vil.  Beekevort. 
vin.  Gruitrode. 

îx.  Ordenge. 

x.  Bernesheim. 

xi.  Seersdorff. 
xu.  Rammersdorff. 


La  grande  commanderie  l  de  l'ordre  Teutonique  de  Vieux-Joncs, 
près  de  Hasselt,  a  été,  à  différentes  reprises,  l'objet  de  recherches 
historiques  et  archéologiques.  Mantelius,  dans  son  Historia  Los- 
sensis,  a  donné  la  date  de  sa  fondation.  Le  Mire,  dans  son  Opéra 
diplomatica,  et  Foppens,  dans  la  continuation  du  même  ouvrage, 
en  ont  publié  plusieurs  diplômes  et  une  liste  partielle  des  noms 
de  ses  grands  commandeurs.  Pendant  ces  dernières  années , 
d'autres  auteurs  ont  illustré  son  histoire  par  de  savants  et  sérieux 
travaux.  Nous  citerons  parmi  ces  derniers  MM.  A.  Perreau  2  et 
Serrure,  de  Gand ,  pour  leurs  recherches  numismatiques,  et  feu 
M.  Wolters  5,  pour  sa  description  archéologique  et  historique  du 


1  L'archiduc  Guillaume  d'Autriche  était  le  grand-maître  de  l'ordre  Teutonique  en  1861. 
Le  grand-maître  actuel  est  l'archiduc  Guillaume- François-Charles  ,  né  le  21  avril  1827. 

*  Recherches  historiques  et  numismatiques  sur  la  commanderie  de  Vieux- Joncs, 
Bruxelles  1848,  et  M.  Serrure  par  ses  travaux  insérés  dans  le  premier  volume  de 
la  Revue  numismatique  Belge. 

3  Notice  sur  l'ancienne  grande  commanderie  des  chevaliers  de  l'ordre  Teutonique 
dite  de  Vieux-Joncs,  dans  la  province  de  Limbourg. 


—  58  — 

monument.  Une  notice,  dont  nous  donnons  le  titre  en  note,  a  éga- 
lement été  insérée  dans  l'annuaire  de  la  province  de  Limbourg  ', 
d'après  le  manuscrit  de  J.-S.  Seesdorf,  de  1607*2.  Enfin  Ernst  cite 
sur  le  même  monument  un  manuscrit  historique  de  Schreiber  3. 

L'ordre  Teutonique  choisit  pour  siège  de  sa  grande  commanderie 
dans  nos  contrées  une  chapelle  élevée  à  l'occasion  de  la  découverte 
d'une  statue  miraculeuse  de  la  Vierge,  trouvée  entre  les  roseaux 
dans  un  endroit  marécageux,  près  de  Bilsen ,  et  nommée,  d'après 
l'endroit,  des  Joncs  (de  JuncisJ;  cette  chapelle,  érigée  en  l'hon- 
neur de  la  Vierge,  fut  consacrée  le  25  février  1216  par  Thierry, 
évêque  d'Eslhonie ,  faisant  alors  fonction  épiscopale  dans  l'évèché  de 
Liège.  Arnould  VI,  comte  de  Looz,  et  sa  sœur  Mechtilde  ou 
Mathilde,  abbesse  de  Munster-Bilsen ,  la  donnèrent  à  l'ordre 
Teutonique,  avec  toutes  ses  dépendances.  Cette  cession  fut  confirmée 
en  1220  par  Hugues  de  Pierrepont,  alors  évêque  de  Liège4. 

Le  plus  ancien  vestige  qui  existe  encore  de  la  commanderie 
a  été  passé  sous  silence  par  ceux  qui  ont  écrit  son  histoire  dans 
ces  dernières  années.  C'est  la  grande  pierre  tombale  qui  orne 
le  milieu  du  pavé  de  l'église  devant  le  chœur  et  qui  ferme  la  tombe 
d'Emond ,  évêque  de  Courlande ,  lequel  était  religieux  de  l'ordre 
Teutonique  et  suffragant  du  diocèse  de  Liège  ;  il  mourut  le  1 3  dé- 
cembre 1292. 

Sur  cette  pierre ,  une  des  plus  belles  que  nous  possédions  en 
Belgique ,  mais  fortement  usée  parce  qu'elle  se  trouve  au  niveau 
du  dallage  de  l'église,  au  lieu  d'être  élevée  5,  est  gravé  en  creux  le 

«  Notice  historique  sur  la  grande  commanderie  de  l'ordre  Teutonique  de  Vieux- 
Joncs.  (Annuaire  de  la  province  de  Limbourg ,  Maestricht  1850). 

s  Le  manuscrit  de  J.-S.  Skksdohf,  qui  renferme  les  nouveaux  statuts  de  l'ordre , 
provient  des  archives  de  la  commanderie  de  Gruitrode  dans  la  Campine  belge.  Il  se 
trouve  aujourd'hui  aux  archives  de  la  ville  de  Maestricht. 

5  Balleg  Biesen  beschrieben,  cité  au  7me  vol.  pp.  373-374  de  V Histoire  de  l'ordre 
Teutonique.  Eknst  le  cite  également  dans  ses  Suffragants  de  Liège. 

*  MiR/Eus,  Opéra  diplomatica,  etc.  Suppl.  tome  II,  p.  988. 

•  Elle  mesure  3  mètres  31  centimètres  de  long  sur  1  mètre  68  centimètres  de  large. 


—  59  — 

portrait  en  pied  de  l'évêque,  bénissant  de  la  main  droite  et  portant 
la  crosse  pastorale  de  la  main  gauche.  Au-dessus  du  baldaquin 
gothique  couronnant  la  niche  qui  entoure  le  portrait  peint 
en  costume  épiscopal ,  la  mitre  en  tête ,  sont  deux  anges  qui 
balancent  des  encensoirs;  au  pied  est  un  dragon;  deux  salamandres 
vomissantes  ornent  le  haut  de  la  niche.  La  tète  et  la  mitre  de 
l'évêque ,  ainsi  que  les  têtes  et  les  mains  des  anges ,  en  marbre 
blanc,  sont  incrustées  dans  la  pierre  bleue,  et  sur  le  bord  de  la 
tombe  on  lit  l'inscription  suivante  en  caractères  gothiques  arrondis  ; 

Hnno  imlleno  bis  ccnttno  buobeno  ac  octogeno   tïatum  btbtt 
(!!>«  screno  furia   feato   concluso   sine   molfsto  orr  ptus 
(Smunbus  çcrprubens  coryoxe  munbus 
(Êonspkuus  forma  prafulgens  lamp aie  morum, 
Snstructusque  normâ  confratrum  Seutonicorum, 
£aubibus  tnstanbo  tfmplum  Çauli  renooanbo. 
Stoi'ii  gaubea  rra  mors  atroï  ts  et  aubens 
Ijunr  aublimarâl  rurontnsis  pantiftcatus , 
3tqite  bccornnt  bncult  mitnrque  yaratus. 

Cette   inscription  est  citée  par  le  baron   de  Wal ,   dans    son 
Histoire  de  V ordre  Teutonique,  publiée  sans  nom  d'auteur. 

La  commanderie  en  elle-même  est  un  des  monu- 

7/  ments  les  plus  importants  de  la  Belgique ,  par  son 

étendue  et  les  différentes  constructions  dont  elle  est 

formée,  et  qui  datent  pour  la  plupart  du  XVe,  du 

XVIe  ou  du  XVIIe  siècle;  des  armoiries  décorent   les 

portes  d'entrée. 

Les  jardins ,  les  prés ,  les  bois ,  les  vergers  et  les 
terres  arables,  qui  entourent  le  monument,  ont  une 
superficie  de  157  bonniers,  d'après  une  levée  faite  en  1819, 
lorsque  ce  beau  domaine  fut  mis  en  loterie  par  son  proprié- 
taire, au  capital  de  251,284  florins  des  Pays-Bas.  En  1831, 


60  — 


l'évêque  de  Liège  offrit  350,000  francs  sur  un  prix  de  400,000, 
pour  y  établir  la  seconde  section  du  séminaire  diocésain. 


(/S  6S) 

Armes  sculptes  au-dessus  des  petites  portes,  à  l'intérieur  de  la  cour  de  la  commanderie. 

L'architecture  religieuse  est  remplacée,  dans  la  plupart  des  con- 
structions ,  par  l'art  civil.  Ce  n'est  plus  que  dans  l'église  que  l'on 
retrouve  le  souvenir  de  l'origine  de  l'ordre  et  des  services  qu'il  a 
rendus  à  l'humanité  et  à  la  religion. 

Une  vue  d'ensemble  du  château,  représentant  le  corps  de  bâtiment 
principal,  entouré  des  groupes  des  autres  constructions  et  des 
jardins,  a  été  publiée  dans  les  Délices  du  pays  de  Liège.  Feu 
M.  Wolters  a  fait  graver  et  placer  en  tète  de  sa  notice  la  même 
gravure ,  réduite  dans  ses  dimensions.  Sur  cette  planche  on  voit  le 
château,  avec  le  pont  jeté  sur  les  fossés  qui  l'entourent.  Quatre 
tours  à  toitures  prismatiques ,  couvertes  d'ardoises,  sont  aux  angles, 
et  à  l'intérieur  de  la  cour,  formée  par  les  quatre  ailes  de  l'édifice, 
se  trouvent  deux  autres  tours ,  dont  l'une  sert  aux  cloches  et  aux 
timbres  l  de  l'ancien  carillon ,  et  l'autre  renferme  l'escalier.  Dans 

1  II  existe  encore  deux  timbres  ou  cloches  du  carillon  ;  l'une  est  en  forme  de  ruche, 
sur  l'autre  le  mouleur  a  applique'  trois  feuilles  de  rosier  moulées  sur  nature.  Sur  la  plus 
grande  des  deux,  servant  à  indiquer  l'heure  on  lit: 

Sanctus  Lambertus  a°  dni  lotiH  revendu  generose  duo  Joanne  de  Ghoer  fialiœ  de 


61 


le  tympan  de  la  façade  principale ,  on  voit  deux  écussons  dont  les 
armes  ont  été  enlevées.  La  date  de  1767,  qui  est  restée,  rappelle 
d'importants  changements  faits  par  le  commandeur  Reiclisach. 


200  mèlres    Échelle  de  i  à  2500. 


Plan  de  la  grande  commanderik  de  Vieux -Joncs. 


A.  Entrée  principale. 

B.  BAlimont  principal  flanqué  de  tours. 


Une  grande  cour  oblongue ,  bordée  des  deux  cotés  de 
bâtiments  servant  d'écuries  ,  de  remises  et  de  magasins  à 
fourrages,    précède  le  château.  Les  deux  ailes  qui  forment   ces 


Juncis  commendalore  provinciali  et   dT  Lamberlo   wamesio  ecclesiœ   parocliialis 
Sancti  Andréa  a  rodien  pastore  ejusdem  balim  Schieffenario.  y.  i.  u.  t. 


—  62  — 

constructions  sont  reliées  par  un  grillage  en  fer  qui  fait  front  vers 
la  campagne. 

L'église ,  qui  s'élève  près  de  la  commanderie ,  est  d'un  style 
simple  et  n'a  pas  de  caractère  archilectonique  prononcé.  Elle  fut 
commencée  sous  le  commandeur  Frambert  de  Lichtenberg,  mort 
en  1605.  Le  comte  Huin  de  Geleen,  feld-maréchal  de  l'Empire  et 
grand  commandeur  de  l'ordre,  mort  le  27  août  1656,  la  fit 
achever.  A  l'extérieur  elle  rappelle  par  ses  lignes  l'ancienne  église 
ogivale.  Composé  d'une  seule  nef  vaste  et  large,  son  chœur, 
plus  rétréci  dans  ses  dimensions ,  se  lie  avec  peine  au  monument. 
Des  parties  de  pignons ,  en  style  ogival ,  sont  encore  conservées 
près  du  chœur,  qui  est  décoré  d'une  statue  de  la  Vierge  avec  la 
date  de  1637.  Des  croix  de  l'ordre  et  des  têtes  de  lions,  armes 
du  commandeur  de  Bocholt  ',  sont  sculptées  sur  la  frise  qui  borde 
les  côtés  latéraux ,  sous  le  toit. 

Les  bâtiments ,  placés  aux  deux  côtés  de  l'église  et  qui  servent 
de  sacristie ,  portent  à  l'extérieur  de  la  porte  d'entrée  la  date  de 
1571.  Les  portiques  sont  liés  à  l'église  et  se  prolongent  jusqu'aux 
fossés  du  château;  ils  portent  la  date  de  1635.  En  partie  démolis, 
ils  se  composent  encore  de  sept  arcades  en  plein  cintre  à  larges 
archivoltes  reposant  sur  des  colonnes  d'ordre  toscan.  La  façade 
qui  donne  sur  le  jardin  est  percée  de  fenêtres  ogivales.  Sous  les 
combles ,  on  logeait  les  moines  quêteurs  qui  se  présentaient  à  la 
commanderie ,   et  on  les  nourrissait  dans  les  caveaux  ou  cuisines. 

Nous  signalerons  encore  au  visiteur  l'une  des  entrées  de  la 
commanderie ,  bâtiment  isolé  ayant  l'aspect  d'une  porte  et  qui 
servait  anciennement  de  refuge  à  douze  vieillards  pauvres ,  et  plus 
tard  d'école  aux  enfants.  Elle  est  maintenant  la  demeure  du  vicaire 
attaché  spécialement  à  l'église.  A  l'autre  bout  de  l'avenue  se  trouve 


1  M.  Serrure  a  publié  dans   la  Revue  numismatique  belge  (1"  vol.  ,  2me  série), 
un  jeton  aux  armes  de  ce  commandeur  avec  la  date  de  1663. 


—  63  — 

l'hôtellerie ,  dont  la  porte  est  surmontée  des  armes  du  cardinal  de 
Schonborn,  commandeur  de  l'ordre.  Sur  un  moulin  à  Hoesselt, 
non  loin  de  Vieux-Joncs ,  sont  sculptées  les  mêmes  armes  avec 
l'inscription  suivante  : 

Cardinal  von  schonborn  bischoff 

und  furst  von  speir  teutsch  or- 

dens  provincial  alte  biessener  baley. 


Ce  qui  signifie  :  Cardinal  de  Schonborn,  évêque  et  prince 
(filrstj  de  Spire,  commandeur  provincial  du  bailliage  de  Vieux- 
Joncs,  de  Tordre  Teutonique. 

L'intérieur  de  la  résidence  des  commandeurs  répond  bien  aux 
lignes  monumentales  qu'elle  présente  au  dehors.  Ce  sont ,  pour  la 
plupart,  de  grandes  pièces  bien  éclairées,  d'une  forme  régulière, 
d'un  goût  simple  et  sans  luxe  architectonique.  Les  apparte- 
ments ,  aujourd'hui  privés  de  leur  somptueux  ameublement ,  ne 
permettent  plus,  sinon  dans  quelques  débris,  de  retrouver  le 
souvenir  des  richesses,  du  goût  distingué  et  de  l'amour  des  arts 

de  ces  grands  seigneurs  qui,  après  avoir 
brillé  dans  la  carrière  des  armes,  ve- 
naient terminer  leurs  jours  dans  cette 
paisible  résidence  d'été.  La  beauté  de 
la  nature,  la  richesse  d'une  végétation 
séculaire  qui  entoure  cette  demeure  n'est 
plus  animée  par  le  mouvement  de  ses 
anciens  habitants,  et  de  temps  en  temps 
la  cloche  qui  marque  l'heure,  ou  le 
cri  des  animaux  qui  paissent  dans 
les  prés,  viennent  seuls  interrompre  le 
silence  qui  y  règne. 


Portrait  d'un  commandeur  au-dessus 
d'une  cheminée  dans  l'une  des  tours. 


-    64  — 

Les  appartements  aux  quatre  angles  étaient  autrefois  tendus 
de  damas,  de  couleur  différente  pour  chaque  tour,  à  l'imitation 
des  anciens  châteaux  royaux  de  France.  C'était  la  tour  rouge, 
la  jaune,  la  hleue  et  la  verte.  Les  couleurs  de  leurs  tentures 
sont  encore  reconnaissantes ,  dans  une  ou  deux  de  ces  tours ,  à 
des  lambeaux  qui  pendent  contre  les  murs,  le  long  de  leurs 
châssis.  Une  des  tours  est  encore  décorée  de  peintures  et  de 
portraits  qui  rappellent,  par  la  variété  des  costumes  du  XVIIe  siècle, 
le  type  des  figures  des  derniers  commandeurs.  Dans  quelques 
appartements  il  y  avait  du  cuir  de  Gordoue ,  dans  d'autres  des 
plafonds  travaillés  en  stuc  et  des  lambris  de  jonc  tressé.  Les 
planchers  portent  encore  les  empreintes  des  coups  de  hache  qu'ils 
ont  reçus  à  l'époque  où  les  appartements  servaient  de  greniers 
d'abondance  et  de  demeure  à  un  régisseur,  chargé  de  recevoir  le 
prix  des  fermages  en  nature,  après  la  suppression  de  la  comman- 
derie  par  les  républicains  français. 

Plusieurs  toiles  décorent  les  pièces  au  rez-de-chaussée  et  aux 
différents  étages;  ce  sont  pour  la  plupart  des  portraits  en  pied, 
ou  à  mi-corps,  des  personnages  appartenant  aux  premières  familles 
allemandes  dont  ils  portent  les  armoiries  et  qui  sont  peints  entre 
le  XVIIe  et  le  XVIIIe  siècle.  Leurs  costumes  diffèrent  selon 
l'époque  et  la  mode  du  temps.  Plusieurs  commandeurs  figurent 
dans  ces  débris  de  la  décoration  du  vieux  château  ;  ils  portent  de 
riches  armures  et  sont  armés  de  pied  en  cap  et  drapés  du  grand 
manteau  de  cérémonie.  Rien,  cependant,  ne  surpasse  en  intérêt 
pour  l'artiste  l'intérieur  d'une  des  tours  où  sont  groupés  une  suite 
de  portraits  de  femmes  et  d'enfants  de  la  famille  d'un  des  derniers 
commandeurs.  Le  plafond  de  cette  pièce  est  orné  d'armoiries;  cinq 
besants  d'argent  y  brillent  sur  un  fond  d'azur. 

L'intérieur  de  cette  demeure  princière  rappelle,  par  quelques 
inscriptions  des  meubles  et  des  portraits ,  les  noms  des  chevaliers 
ou  commandeurs  de  l'ordre  Teutonique.  C'est  une  demeure  splen- 


—  65  — 

dide  délaissée,  à  laquelle  les  ravages  du  temps  ont  imprimé  un 
aspect  de  vétusté  que  la  riche  et  luxuriante  nature  qui  l'entoure 
rend  encore  plus  apparent. 

La  chapelle  particulière  des  commandeurs  est  un  simple 
appartement  au  premier  étage,  relevé  par  la  décoration  d'un  autel 
en  style  Renaissance  flamand  flamboyant  ,  qui  est  surmonté  d'une 
grande  conque  soutenue  par  deux  génies.  Dans  le  haut  sont  les 
armes  de  Huin  d'Amstenraedt  avec  celles  de  l'ordre  Teutonique  l. 
Deux  colonnes  torses  ornées,  dans  les  creux,  d'oiseaux  et  derinceaux 
dorés  se  détachant  sur  un  fond  couleur  de  bronze ,  soutiennent  le 
couronnement.  Le  tableau  qui  décorait  le  milieu  a  été  enlevé  :  il 
représenlait  l'Assomption  de  la  Sainte  Vierge.  Ce  beau  retable,  qui 
porte  si  bien  le  caractère  et  la  fougue  de  l'art  flamand  de  la  Renais- 
sance, est  placé  dans  une  niche  ou  chapelle  qui  se  ferme 
à  deux  battants,  et  un  escalier  mobile  y  donne  accès. 

Plusieurs  anciennes  cheminées  décorent  encore  les 
appartements;  sur  l'une,  qui  est  décorée  d'un  portrait 
ovale  d'un  commandeur,  on  lit  entre  deux  écussons 
avec  la  croix   de  l'ordre,   l'inscription  suivante  : 


Anno  Mille-no  Centeno  Cum  Nonageno  Tune,  Alemanorum 
Surreœit  Nobilis  Ordo. 


1  L'écusson  est  écartelé ;  le  dextre  porte  la  croix  gringolée  d'argent,  ayant  au  centre 
l'écusson  orne' de  trois  balles  de  gueules  sur  champ  d'argent. 

Le  senestre  porte  la  croix  de  sable  de  l'ordre  ,  lisérée  de  blanc  ou  d'argent. 

L'écusson  est  surmonté  du  double  heaume  dont  les  ailes  sont  chargées  de  la  même 
croix. 


—  66  — 

L'ésrlise,  comme  nous  l'avons  dit,  s'élève  près  du  château. 
Commencée  sous  Frambert  de  Lichtenberg,  mort  en  1605,  elle 
fut  terminée  sous  le  comte  Huin  de  Geleen ,  mort  en  1656». 
Composée  d'une  seule  nef  vaste  et  bien  éclairée  dans  le  style  du 
XVlIe  siècle,  elle  a  ses  murs  latéraux  ornés  de  pilastres,  et  des 
bases  de  colonnes  ogivales  se  montrent  encore  aux  plinthes.  Dans 
les  lignes  d'ensemble  de  l'édifice,  on  reconnaît  encore  le 
monument  ogival  démoli  et  que  celui-ci  remplace.  Comme  le 
château,  l'église  a  perdu  la  plupart  de  ses  ornements  et  de  ses 
meubles.  Sur  le  maitre-autel ,  dans  le  chœur,  sont  exposés  des 
reliques  de  sainte  Elisabeth  ;  les  huit  chandeliers  en  argent  qui 
l'ornaient  également  autrefois  n'existent  plus.  L'orgue ,  qu'on 
range  parmi  les  plus  belles  de  la  contrée  ,  est  aujourd'hui  à 
l'église  d'Achel ,  village  belge  près  de  Ruremonde.  Les  vêtements 


i  Voici  le  texte  de  l'inscription  de  la  consécration  ou  dédicace  de  l'église  ,  qui  est 
gravée  sur  une  pierre  ou  panneau  ovale.  Wolters  l'a  déjà  donnée  ainsi  que  la  plupart 
des  inscriptions  sépulcrales  de  l'église.  Ces  dernières  ne  sont  pas  suivies  avec  une 
entière  exactitude  par  ce  laborieux  investigateur  : 


URBANO  VIII.  PONT.  MAX. 

FERDINANDO  III.  ROM.  IMP. 

FERDINANDO  BAVARO  ARCHIEP. 

ELECT.  COL.  ET  EP.  LEOD. 

JO.  CASP.  SUPR.  ORD.  TEUT. 

MAGISTRO. 

ECCLESIA  HAEC ,  CUJUS  FUNDAMENTA  AB  EMUNDO  HUIJN 

DE  AMSTENRODE  COM.  PROV.  IACTA  PER  GODEFREDUM 

COMITEM  AB  HUIJN  DE  GELEEN  S.  CAES.  M  CAMPIMAR 

EJUS  SUCCESSOREM  UNA  CUM  AED1FICI0  ANNEXO 

ABSOLUTA,  A  REV.  m°  D.  HENRICO.  EP.  DIONIJS  : 

SUFFRAG.  LEOD.  IN  HONOREMB.  MARLE 

DE1P.  A.  MDCXXXV1II,  DIE 

XII.  SEPT.  EST  CONSECRATA. 

EJUS  DEDICATIO  ANN1VERSARIA  CELEBRATUR 

DOMINICA  POST  NATIVITATEM  EJUSDEM 

B.  MARLE,  CUJUS  ET.'ANNUNCIATIO  HIC 

S1NGUL1S  ANN1S  SOLEMNITER  C0L1TUR. 


—  67  — 

sacerdotaux  répondaient  par  la  richesse  du  travail  et  de  la  matière  à 
la  décoration  des  autels.  Deux  des  trois  autels ,  qui  sont  aux  côtés 
latéraux  du  chœur,  renferment  des  tableaux  de  Gaspard  de  Crayer, 
assez  faibles  de  couleur  et  détériorés  par  le  temps  et  le  manque  de 
soins.  Sur  l'un  est  saint  Georges,  recevant  de  la  main  d'un  ange 
la  bannière  blanche  avec  la  croix  de  gueules  ;  sur  l'autre  ,  consacré 
à  la  Vierge,  est  le  Christ  mort  sur  les  genoux  de  sa  mère. 

Ces  toiles  sont  largement  peintes  et  dénotent  le  talent  du 
célèbre  artiste  anversois,  ou  d'un  de  ses  habiles  imitateurs,  qui 
n'avait  pas  la  vigueur  du  coloris  de  son  maître.  Au-dessus  de  la 
petite  porte  qui  conduit  à  la  sacristie,  à  gauche  du  chœur,  sont  les 
armes  du  baron  de  Bocholt ,  trois  tètes  de  lion  sur  un  écu  à  fond 
de  sable,  couronnées.  A  côté  on  lit: 

E.  G.  F.   B.     Scheffener. 
T.  0.  R.  1637. 

C'est  peut-être  le  nom  de  l'architecte  de  l'église ,  qui  fut  achevée 
en  1638.  Sans  parler  d'autres  pierres  sépulcrales  qui  se  trouvent 
dans  l'église ,  signalons  une  grande  dalle ,  placée  dans  le  pavé 
du  chœur,  et  ornée  au  centre  et  aux  quatre  angles  d'anges  sonnant 
la  trompette ,  avec  les  mots  Surgite,  venite  morlui  ad  judi- 
ciam.  Les  noms  des  commandeurs  Godefroid  Huin ,  baron  de 
Geleen  et  de  Wachtendonck ,  mort  en  1656,  et  d'Edmond  Huin 
d'Amstenraedt ,  mort  le  9  avril  1634,  y  sont  mentionnés.  Le 
dernier  était  un  grand  bienfaiteur  de  l'ordre;  en  1621,  il  fonda, 
avec  l'agrément  du  grand-maitre  Charles  d'Autriche ,  le  collège  de 
l'ordre  Teutonique  à  Louvain ,  afin  que  les  jeunes  gens  qui  se 
destinaient  au  sacerdoce  et  qui  voulaient  entrer  dans  l'ordre  pussent 
fréquenter    les    cours   de  cette  célèbre  Université  1.  Le   second, 


1  Valerius  Andréas ,   Fasti.   Academ.  slud.   gêner.   I.oran.  ,   p.  327.    Nicolals 
Vernuueus  ,   Academ.  Lovan.  ,  p.  1-5. 


-   68  — 

Godefroid  Huin ,  feld-maréchal  dans  les  armées  impériales ,  se 
signala  par  sa  bravoure  dans  la  guerre  contre  les  Suédois.  Ces 
deux  noms  sont  donnés  avec  les  mêmes  dates  par  Foppens. 
Godefroid ,  baron  ou  comte  de  Huin  à  Geleen  ,  fit  ériger  la  belle 
porte  d'entrée  de  la  commanderie,  dont  l'aspect  est  monumental 
et  pittoresque.  Une  longue  et  large  avenue  conduit  de  là  au  corps 
de  bâtiment  principal. 

Nous  terminons  celte  notice  par  une  liste  des  grands  comman- 
deurs de  l'ordre  qui,  comme  nous  l'avons  dit,  a  déjà  été  publiée 
par  Foppens,  en  note,  dans  le  quatrième  volume  qui  fait  suite  à 
l'ouvrage  du  chanoine  Le  Mire,  intitulé  Diplomatum  Belgicorum 
nova  collectif),  etc.,  en  y  ajoutant  pour  la  compléter  les  dates  et 
les  noms  donnés  dans  l'annuaire  ou  Jaerboek  van  Limburg 
de  1850. 


LISTE 


GRANDS  COMMANDEURS  DE  L'ORDRE  TEUÏOMQI 1 

I.  Thierry  de  Guldenhaupt 1267  . 

II.  Louis  de  Kinlwilre 1268. 

III.  Matthieu  de  Francfort 1271 . 

IV.  Hertnan  de  Hu-kle  ou  a  Ryckel 1272. 

V.  Nicolas ,   seigneur  de  Uom 1278 . 

VI.  Thierry  de  llorst 1284.  ' 

VII.  Thierry  de  W'evelliocen  ou  Wevelighovet} 1292-1295. 

VIII.  Gauthier  de  Papenlioven 1300-1302. 


'  Entre  ces  deux  derniers  nom?,  dans  le  manuscrit  de  Seesdoif,  est  placé  Egbert  d< 
Stoekeni  en  1283. 


—  69  — 

IX.  Thierry,  seigneur  de  Hollande  ,  devint  commandeur  en  1307  '. 

Hic  fuit  WilhelmiRom.  Régis  fîlius  spurus,  etc.  obiit 1312. 

X.  Gérard,  comte  de  Loo%,  vivait  en  1322.  Il  était  fils    du   comte 

Arnold   de  Looz  et  avait  encore   quatre  frères  dans    l'ordre 
Teutonique  ;  Conrad  ,  Lambert,  Werner  et  Vredebete. 

XI.  Rutger  de  Caudenbergh ,  succéda  en 1325.* 

XII.  Jean  de  Hoentlwrst  en 1328. r' 

Fut  en  même  temps  commandeur  du  bailliage  d'Utrecht  et  chan- 
celier du  duc  de  Brabant;  il  mourut  en 1340. 

XIII.  Gérard  van  Printhaghen 1 329 . 

XIV.  Henry  de  Rondhorst  ou  Hondhorst 1 340  * . 

XV.  Conrard  de  Colen  ou  von  der  Kaulen 1 351 B . 

XVI.  Rutger  de  Vrimersen ,  Vlimersen  ou  Weimerslteim 1358 . 

Fut  également  commandeur  du  bailliage  d'Utrecht,  et  en  1358 
grand  commandeur  de  Coblence. 

XVII.  Renier  de  Hoen  ou  Hoensbroeck  ,  fut  en  même  temps  commandeur 

du  bailliage  d'Utrecht;  il  mourut  en 1371 . 

XVIII.  Henri  de  Lewenberg  ou  Leeuwenberg 1371-73. 

XIX.  Renier  de  Hausen  ou  Hansen  devint  grand  commandeur  en  1389 

et  mourut  le  24  mai 1410. 

XX.  Ivan  ou  Jean  de  Cortenbach,  mort  en 1434. 

XXI.  Théodore  de  Betgenhausen  ou  Betenhausen ,  mort  en 1440. 

XXII.  Mathieu  van  der  Straeten ,    mort  en 1 460 . 

XXIII.  Nicolas  van  der  Dusen  \   mort  en ,1467 . 

XXIV.  Jean  van  der  Velde  ,  mort  en 1481 . 

XXV.  Gérard  de  Sombreffe ,  mort  en 1482. 

XXVI.  Jean  de  Herck  ou  de  Hauck  ,  mort  en 1503 . 

XXVII.  Maximilien  de  Eynatten  ,  mort  en 1512. 

XXVIII.  Gérard  Streithagen,  mourut  le  21  janvier 1536. 

XXIX.  Winand  Breil  ou  de  Breiel,  gouverneur  de  Frise  ,  de  Groningue , 

et  d'Overyssel,  mourut  le  5  janvier 1554. 

XXX.  Jean  de  Ghoer,  mort  le  24  août 1572 . 

XXXI.  Henri  de  Ruysschenberg  ,  mort  à  Cologne  en 1603. 

XXXII.  Frambert  Bock  de  Lichtenberg  ,  mort  le  16  novembre 1605. 


'  Le  même  manuscrit  le  place  en  1317. 

*  Ou  en  1324  ,  d'après  le  manuscrit  précité. 
5  Ou  en  1333,  idem. 

*  Ou  Théodore  de  Rondorf. 

5  Winand  de  Spaubeek  est  cité  en  1343.  et  Conrad  de  Francfort  en  1349. 
0  Sa  mort  est  placée  à  l'année  1476  d'après  les  Analectes  de  Mathieu,  t.  V., 
dans  l'Annuaire  du  Limbourg ,  de  1850. 

XXIX  XXII  ! 


cité 


—  70  — 

X XXI II .  Edmond  Huyn  d'Amstenraedt  ',  mort  le  9  avril 1634. 

XXXIV.  Gode  froid  Huyn ,  comte  de  Geleen,  mort  le  27  août 1657 . 

L'obituaire   de    l'église    de    Saint-Nicolas    à  Maestricht,   |>orte 

27  Aug.  1657,  obiit  hic  Trajecti  excellentiss.  et  illustriss. 
D.  Godefridus  cornes  de  Geleyn  archicommendator  Junce- 
tanus.  Req.  in  pace. 

XXXV.  Edmond-Gode froid,  baron  de  Bocltolt ,  mort  le  26  octobre.. . .     1690. 

XXXVI.  Henri  de  Wassenaer  de  Warmond,   mort  le  12  février  1707  ou     1709. 

XXXVII.  Damien  Hugo,   baron  de  Schonborn  ,   évêque  de  Spire,  mort 

le  19  août 1743. 

XXXVIII.  Ferdinand-Damien-Henri  baron  deSickingen  d'Ebernburg,  élu 

grand  commandeur  en  1743  ,  mort  le  3  mai 1749. 

XXXIX.  Léopold  de  Steinen-,  baron  de  Scherffen  et  Kessenich  ,  mort  le 

29  juillet 1 766 . 

XL.  Frunçois-Jean-Népomucène ,   baron    de    Reichsach.   II  fit  de 

grands  cbangements  aux  bâtiments  de  la  commanderie  ,  où  il 

termina  ses  jours. 
XLI.         Kerpen  fut  le  dernier  commandeur  élu  ou  nommé  ;  il  ne  résida  pas 

à  la  commanderie. 


*  Edmond  Huyn  van  Amsteraedt,  commandeur,  mort  le  9  avril  1634  à  Vieux-Joncs, 
était  cousin  du  commandeur  Godefroid  Huyn  van  Geleen,  né  vers  1595  et  mort 
à  Maestricht,  en  1657.  Le  Messager  des  sciences  historiques  de  Belgique,  a 
publié  une 'lettre  de  Huyn  de  Geleen  au  président  Roose,  datée  de  Vieux-Joncs  le 
19  mai  1643. 

Voir  Charles  Rahlenbeck  ,  Messager  des  sciences  historiques  de  Belgique  , 
année  1864. 

1  Ce  commandeur  a  fait  don  d'un  ouvrage  à  la  bibliothèque  de  la  ville  de  Maestricht, 
portant  pour  titre  :  Historisch  Diplomatischer  Unterricht  von  des  hohen  Teulschen 
Ritterordens  und  inbesondere  der  Balley  Hessen.  On  y  lit  la  pompeuse  inscription 
suivante  : 

EX  DONO 

NOB1L.  ET  EXCELS.    DOMIN1 

BARONIS  DE  STEINEN 

ILLUSTK.  0RD1N1S  THEUT0N1C1 

EQUIT1S 

MAGNI  COMMENDATOHES 

BAILLI VAE  DE  JUNCIS 

k*  k"  &» 

1752. 


UNE  ANCIENNE 

COLLECTION  DE  NUMISMATIQUE  ET  D'ANTIQUITÉS. 

NOTICE 

par  feu  M.   ALBERT  TOILLIEZ  , 

MEMBRE   CORRESPONDANT   A  MONS. 


On  a  publié,  durant  ces  dernières  années,  plusieurs  inventaires 
d'anciennes  collections  d'objets  d'art  et  d'antiquité ,  dans  le  dou- 
ble but  d'aider  à  faire  retrouver  ces  objets  dispersés  depuis  par 
tant  de  causes ,  et  surtout  de  faire  connaître  l'état  des  connaissan- 
ces artistiques  et  archéologiques  à  diverses  époques.  Nous  croyons 
que  sous  ce  dernier  rapport  et  par  la  naïveté  de  la  forme ,  celui  dont 
nous  allons  nous  occuper,  offrira  quelque  intérêt.  Nous  en  som- 
mes redevable  à  notre  ami  M.  Léopold  Lefèvre ,  ingénieur  civil  à 
Mons;  il  l'avait  trouvé  dans  un  paquet  de  hasard,  acheté  dans  une 
vente  de  livres  et  formé  en  grande  partie  d'ouvrages  et  de  bro- 
chures imprimés  à  Dijon. 

Ce  catalogue  forme  une  plaquette  petit  in-folio  ,  reliée  en  velin  , 
et  se  compose  de  trois  parties;  la  première,  qui  est  imprimée  et 
comprend  huit  pages,  a  pour  titre  :  Roollc  des  médailles  et  au- 

Commissaires  rapporteurs  :  MM.  A.  Scheler  et  II.  Schoermans. 


—  72  — 

très  antiqiiitez  du  cabinet  de  Monsieur  Du  Perier  «,  gentilhom- 
me de  la  ville  d"1  Aix  en  Provence,  et  il  est  déclaré  à  la  fin  que 
toutes  les  susdites  antiquitez  sont  extraites  de  six  les  plus  ra- 
res cabinets  de  la  France.  La  deuxième  et  la  troisième  parties 
sont  manuscrites  et  sont  intitulées,  celle-là  :  Roolle  des  pièces  que 
je  mestois  réservées  desquelles  je  ne  me  voulois  point  desfere , 
celle-ci  :  Aultre  roolle  des  pièces  que  jay  acquises  de  nouveau. 
On  remarque  au  recto  du  feuillet  de  garde  du  commencement, 
la  note  manuscrite  suivante  :  «  Ce  cabinet  fut  acheté  en  1608  par 

■  Messieurs  d"  Aix  pour  Monsieur  De  Guise,  gouverneur  de  la 
<  province.  •  La  troisième  partie  est  terminée  par  une  note  ainsi 
conçue  :    <    Plus  jay  acquis  despuis  le  susdit  marché  faicl  par 

•  Monsieur  de  Bagarris    par  le   commandement   de   sa  Majesté 

■  quarante  médailles  d'argent    pour  remplir  leslroit  d'icelles 2  et 

•  dont  il  y  a ,  ou  d'imperialles  ou  aultres  une  trentaine  nettes  et 
»   rares  que  jacorde  de  donner  pardessus  led.  marché.  Faict  à  Aix 

■  le  unxieme  febvrier  mil  six  cens  et  huict.  Du  Perier. 

Enfin  ,  au-dessous  de  cette  note  ,  se  trouve  l'attestation  d'un 
notaire  royal  héréditaire ,  dont  la  signature  est  illisible ,  portant 
qu'il  a  collationné  ledit  roole  pour  le  bailler  à  Messieurs  les  pro- 
cureurs du  pays. 


'  Ce  Du  Perier  ,  gentilhomme  (V Aix  en  Provence,  ne  serait-il  pas  François  du 
Perrier ,  fils  de  Laurent  du  Perrier ,  avocat  au  parlement  d'Aix ,  dont  Malherbe  a 
rendu  le  nom  si  célèbre  en  pleurant  la  mort  de  sa  fille  dans  cette  élégie  bien  connue  : 
Ta  douleur,  du  Perrier,  etc.?  Plusieurs  indices  portent  à  le  croire.  Malherbe,  qui  l'avait 
intimement  connu  durant  son  séjour  à  Aix  ,  en  parle  comme  d'un  intime  ami  dans  deux 
lettres  du  7  octobre  1607  et  du  l^  janvier  1608,  adressées  à  M.  du  Peirèse.  Ces  dates 
semblent  plaider  en  faveur  de  cette  identité.  On  serait  tenté  d'en  trouver  une  preuve  de 
plus  dans  la  forme  même  donnée  à  cette  consolation  à  M.  du  Perrier:  c'est  à  l'anti- 
quaire surtout  que  le  poète  paraît  s'adresser  en  évoquant  cet  Opheltés-Archémore,  fils  de 
Lycurgue,  roi  deNémée,  en  faisant  défiler  devant  lui  ce  cortège  tout  mythologique  de 
Tithon  ,  de  la  Parque,  d'Alcide  ,  de  Priam,  etc.  Du  Perier  ,  son  catalogue  le  prouve  , 
aimait  et  connaissait  l'antiquité.  Malherbe  aurait-il  choisi  celle-ci ,  comme  dérivatif  aux 
douleurs  de  son  ami?  La  présente  publication  ouvre  la  porte  à  cette  hypothèse. 

*  C'est-à-dire  pour  remplit  les  lacunes  existantes  dans  la  collection. 


—  73  — 

Il  nous  paraît  résulter  de  ce  qui  vient  d'être  exposé  que 
M.  Du  Perier  avait  fait  imprimer,  dans  une  intention  quelconque, 
le  catalogue  d'une  partie  de  sa  collection  et  que  le  parlement  d'Aix, 
qui  désirait  offrir  cette  collection  au  gouverneur  de  la  province  , 
a  voulu  l'avoir  toute  entière  ,  circonstance  d'où  sont  provenus  les 
suppléments  manuscrits. 

Le  duc  de  Guise  dont  il  s'agit  ici  est  Charles  de  Lorraine  ,  fils 
aîné  de  Henri-le-Balafré ,  qui  fut  assassiné  aux  Etats  de  Blois  en 
1588  ;  l'un  des  chefs  de  la  ligue  de  1591  à  1594  ,  il  avait  fait 
la  paix  avec  Henri  IV  à  la  fin  de  cette  dernière  année  et  en  avait 
reçu  à  cette  occasion ,  outre  une  somme  de  près  de  trois  millions 
de  livres,  le  gouvernement  de  la  Provence  !. 

C'était  ,  comme  on  sait  ,  l'usage  autrefois  que  les  villes  et  les 
provinces  fissent  des  cadeaux  à  leurs  gouverneurs  civils  ou  mili- 
taires lorsqu'ils  entraient  en  fonctions ,  aux  personnages  impor- 
tants qui  y  passaient  et  même  aux  rois  lors  de  leur  avènement  ; 
cet  usage  existait  aussi  pour  les  corps  constitués ,  les  corporations 
de  métiers ,  etc.  Les  cadeaux  consistaient  d'ordinaire  en  sommes 
d'argent,  qui  souvent  étaient  considérables.  C'est  ainsi  qu'on  estime 
à  200,000  écus  d'or  les  présents  offerts  à  Philippe  II  ,  lors  de 
la  tournée  qu'il  fit  avec  Charles-Quint,  en  154-9,  dans  nos  pro- 
vinces, pour  s'en  faire  reconnaître  prince  souverain  2.  Deux  anec- 
dotes curieuses  confirmeront  ce  que  nous  disons  de  l'importance 
qu'avaient  souvent  cette  sorte  de  cadeaux  ;  nous  les  avons  trouvées 
dans  YEncyclopediana,  Paris,  Paulin,  1843.  Lorsque  le  maréchal 
de  La  Ferté  fit  son  entrée  dans  Metz,  les  juifs  vinrent  pour  le  saluer 
comme  tous  les  autres  ;  quand  on  lui  eût  dit  qu'ils  étaient  dans 
l'antichambre  :  «  Je  ne  veux  pas  voir  ces  marauds-là  ,  dit-il  ; 
»  ce  sont  eux  qui  ont  fait  mourir  mon  maître.  »  On  fut  donc  leur 
dire  que  M.  le  maréchal  ne  pouvait  leur  parler  ;  en  témoignant 
leurs   regrets  de  cette  circonstance  ,  ils  dirent  qu'ils   lui  appor- 

1  Bordier  et  Charton,  Histoire  de  France,  édition  nouvelle,  t.  Il,  p.  107 ,  col .  1 
*  Delewarde,  Histoire  générale  du  Hainaut,  t.  V,  p.  455. 


—  74  — 

talent  un  présent  de  quatre  mille  pistoles  ;   le  maréchal  à  qui  l'on 
rapporta  promptement  cela  ,  répondit  :    «    Faites-les  entrer  ;  ces 

•  pauvres  diables  ,  ils  ne  le  connaissaient  ma  foi  !  pas ,  quand  ils 

•  l'ont  crucifié.  1  > 

Le  successeur  de  M.  le  duc  de  Vendôme  2  (  dans  un  gouverne- 
ment de  province  ,  accepta  la  bourse  de  mille  louis  qui  lui  fut 
présentée,  selon  l'usage,  à  son  entrée;  mais,  lui  dirent  les  magis- 
trats, votre  prédécesseur  l'avait  refusée.  —  -Oh!  répliqua  le 
■■  nouveau  gouverneur ,  ce  monsieur  de  Vendôme  était  un  homme 
»  inimitable  3.  •  L'argent  était  quelquefois  remplacé  par  des  pièces 
d'orfèvrerie  ,  mais  nous  croyons  que  le  cas  de  l'offre  d'une  collec- 
tion d'antiquités  peut  être  regardé  comme  unique  ;  il  prouve 
l'estime  qu'on  faisait  de  cette  collection.  Il  est  très-probable  que 
ces  dons  n'étaient  rien  moins  que  volontaires  et  gracieux  ,  bien 
qu'on  les  qualifiât  de  cette  manière ,  mais  ici  cela  est  certain  puis- 
qu'on voit  par  la  note  de  M.  Du  Perier  que  le  cadeau  fait  à  M.  de 
Guise,  n'était  que  l'effet  d'un  ordre  du  roi  4. 

On  peut  se  demander  comment  le  catalogue  ,  qui  devait  servir 
de  pièce  à  l'appui  de  l'acte  d'acquisition  de  la  collection  ,  a  pu 
arriver  en  Belgique  ;  une  adresse  et  une  note  inscrites  sur  l'un 
des  plats  du  volume  montrent  au  moins  qu'il  est  allé  directement 
d'Aix  à  Dijon ,  car  la  première  porte  :  A  monsieur  monsieur 
De  Requeleyne,  conr.  au  parlement  ,  à  la  chorbonnerie ,  à 
Dijon  ,  et  la  seconde  :  Ce  livre  m'a  été  envoyé  par  M1'.  Tomasin 
de  Maso  g  ne ,  conr.  au  parlement  d'Aix. 

Nous  avons  conservé  l'orthographe  de  notre  vieux  catalogue; 
mais  nous  avons  ajouté  la  ponctuation  ,  aux  endroits  où  cela  était 
indispensable. 


1  Ouvrage  cité,  p.  7,  col.  2. 

-'  Sans  doute,  Louis-Joseph,  troisième  duc  de  Vendôme,  célèbre  général  sous  Louis  XIV  et  petit-fils 
de  Césat  de  Vendôme,  fils  aîné  de  Henri  IV  el  de  Gabrielle  d'Estrées. 
'  i)u\  rage  i  ilé .  p.  56,  col.  I 
4  Henri  IV 


ro   


Roolle  des  médailles  et  autres  antiquitez  du  cabinet  de 
Monsieur  Du  Perier,  gentilhomme  de  la  ville  d'Aix  en 
Provence. 


MÉDAILLES  GRANDES  DE  CUYVHE  ET  DE  METAIL  DE  COH1NTHE 


Julius. 

Julius  Cœsar  du  revers  d'Auguste. 
Autre  dudict  revers. 

Autre  dudit  Julius  et  Auguste  d'un  costé 
et  une  navire  au  R. 

Augusfus, 
Augustus  du  R.  de  S.    C    restitué   par 
Nerva. 

Tiberius. 

Tibeiïus  du  R.  des  deux  victoires. 

Autre  du  Prince  assis,  tenant  la  Patere  !. 

Autre  ou  les  testes  de  Qrusus  et  de  Ger- 
manicus  sortent  de  deux  cornes  d'abon- 
dance. 

Caligula. 
Caligula  du  R.  de  la  couronne  civique. 


Autre  des  trois  sœurs. 

Autre  de  l'adlocution. 

Autre  du  sacrifice. 

Autre  du  triomphe  de  la  Germanie. 

Claudim. 
Claudius  de  l'Espérance. 
Autre  de  l'arc  sur   lequel  est  la  figure 

Equestre  au  milieu  de  deux  trophées 

des  ennemis. 
Autre  de  la  couronne  civique, 

Nero. 
Nero  de  l'Edifice. 
Autre  de  la  Course. 
Autre  du  Port. 
Autre  de  la  Rome. 
Autre  de  l'adlocution. 
Autre  du  Temple  de  Jarius. 


*  «  Pendant  longtemps,  dit  Barthélémy  dans  son  Manuel  de  numismatique  ancienne,  les 
»  numismatistes  ont  cru  à  l'existence  des  monnaies  en  airain  de  Corinthe,  mais  il  est  reconnu  mainte- 
»  nant  que  c'était  une  erreur,  fondée  sur  ce  que  plusieurs  bronzes  antiques  sont  composés  d'un  alliage  de 
»  cuivre  et  d'autres  métaux,  principalement  d'étain.  » 

On  peut  voir,  au  sujet  de  l'airain  de  Corinthe,  les  chapitres  3,  G  et  18  du  livre  XXXIV  de  l'Histoire 
naturelle  de  Pline.  On  y  voit  que  de  son  temps  déjà  on  faisait  passer  pour  fabriqués  de  ce  métal 
beaucoup  d'objets  qui  ne  l'étaient  pas. 

2  Patera  ,  vaisseau  de  forme  circulaire  et  peu  profond,  ressemblant  à  une  soucoupe,  et  servant  à 
contenir  des  liquides  et  non  des  solides,  par  conséquent  à  boire,  non  à  manger.  (Becker,  Quœst. 
Plaut.  p.  50),  mais  employé  plus  particulièrement  pour  faire  des  libations.  On  versait  le  vin  dans  la 
patera,  d'où  on  le  répandait,  soit  sur  la  tète  de  la  victime,  soit  sur  l'autel.  Les  paiera;  de  qualité  infé- 
rieure étaient  en  terre,  les  plus  précieuses  en  bronze,  en  argent,  et  quelquefois  en  or,  richement  ornées 
et  d'un  beau  travail  ;  quelquefois  elles  avaient  une  poignée,  le  plus  ordinairement  elles  en  manquaient. 
Anthony  Rich,  Dict.  des  antiquités  romaines  et  grecques.  —  Voir  aussi  M.  G.  Hagemans,  p.  40G 
de  son  Cabinet  d'amateur,  et  le  Bull    descomm.  Roi/,  d'art  et  d'archëol.,  III,  p.  327. 


—  76  - 


Galba. 
Galba  de  la  Rome  assise. 

Vilellius. 
Vitellius  de  la  Victoire  escrivant  dans  un 
escu. 

Vespasianus. 

Vespasianus  de  Titus  et  Domitianus. 

Autre  de  la  Paix. 

Autre  de  la  Victoire  de  la  Iudée ,  escri- 
vant dans  un  escu. 

Autre  de  Mars  victorieux. 

Autre  de  la  santé. 

Autre  de  la  Iudée  captive. 

Autre  de  l'Amphithéâtre. 

Autre  du  Prince  assis  sur  une  chaire 
curulle. 

Titus. 

Titus  de  la  figure*  Equestre. 

Autre  de  Mars. 

Autre  de  l'Espérance. 

Autre  du  Piince  à  cheval  ,  à  qui  Mars 

donne  la  victoire. 
Autre  de  la  Iudée  captive. 

Domitianus. 
Domitianus  de   la  Victoire  couronnant  le 

Prince. 
Autre  desjeux  séculiers. 
Autre  du  Prince  tenant  une  colonne  entre 

ses  bras  et  le  pied  sur  le  fleuve  du  Rhin. 
Autre  de  Mars. 
Autre  du  Prince  sacrifiant. 
Autre  de  l'Annone  '. 
Autre  de  la  mémoire  de  Domitile. 


Nerva. 

Nerva  de  la  Pyramide. 

Autre  de  la  concorde  de  l'exorcite  \ 

Traianus. 
Traianus  du  forum. 
Autre  de  la  Basilique. 
Autre  du  Roy  donné  aux  Parthes. 
Autre  du  Prince  tenant  par  le  col  un  des 

ennemis  par  terre. 
Autre  du  pont  du  Danube. 
Autre  du  Prince  à  cheval ,  poursuyvant  ses 

ennemis. 
Autre  de  la  Dace  pleurant  sa  captivité , 

avec  les  trophées  d'icelle. 
Autre  de  la  Déesse  Ceres  et  de  la  mesure 

du  bled. 
Autre  d'un  aqueduCifaict  par  le  Prince. 
Autre  de  la  figure  de  la  Paix  tenant  soubs 

ses  pieds  le  Roy  de  la  Dace. 
Autre  de  l'Italie  alimentée. 
Autre  de  la  victoire  escrivant  dans   un 

escu. 
Autre  de  la  providence  des  Dieux. 
Autre  de  la  Fortune. 
Autre  encores  de  la  Providence. 
Autre  de  l'adlocution. 

Hadrianus. 
Hadrianus  de  l'Afrique. 
Autre  de  la  resinuissance. 
Autre  de  l'exorcite  de  la  Dace. 
Autre  de  la  Capadoce. 
Autre  du  Congière  3. 
Autre  du  Prince  relevant  de  sa  main  toute 

la  terre  figurée  par  Cybelle ,  Mère  des 

Dieux. 


1  Traduction  trop  littérale  du  mot  Annona  qui  ,  joint  à  Augusti,  constate  le  soin  qu'avait  pris  l'em- 
pereur d'approvisionner  Home. 

*  Traduction  par  trop  littérale  d'exorcitus. 

"'  Congiarium ,  largesse  ou  donation  ayant  consisté  d'abord  en  un  certain  nomlirc  de  mesures  (comjïi) 
de  vin  ,  d'huile  ,  de  sel ,  et  plus  tard  en  sommes  d'argent  nue  les  empereurs  faisaient  distribuer  au 
peuple  .  à  leurs  frais. 


—  77  — 


Autre  de  la  galère  portant  le  Prince. 

Autre  de  l'adlocution. 

Autre  du  Prince  relevant  l'Espagne. 

Autre  relevant  l'Achaie. 

Autre  ou  le  Prince  reçoit  le  Monde   des 

mains  de  Trajan. 
Autre  de  la  providence  des  Dieux. 
Autre  de  la  Mauritanie  figurée  par  un  homme 

tenant  un  cheval. 
Autre  de  l'Espagne. 
Autre  de  l'Egipte. 
Autre  du  Prince  sacrifiant. 
Autre  de  la  Iustice. 
Autre  de  la  libéralité. 
Autre  de  la  vertu. 
Autre  de  Neptune. 
Autre  de  la  clémence. 
Autre  du  sacrifice  pour  l'advenement  du 

Prince  en  Italie. 
Autre  de  la  Rome. 
Autre  de  la  seurté. 
Autre  de  l'abondance. 

Antoninus. 
Antoninus  du  congiêre. 
Autre  de  M.  Aurelle  en  sa  ieuuesse. 
Autre  de  l'Italie  assise  sur  le  monde. 
Autre  du  Triomphe. 
Autre  du  Tibre. 

Autre  du  temple  d'Auguste  restitué. 
Autre  de  la  Phenicie. 
Autre  de  la  Colomne. 
Autre  de  la  paix. 
Autre  du  génie  du  Sénat. 
Autre  de  la  Furie. 
Autre  M.  dudict  Antoninus,  ou  Elius  est 

d'un  costé  et  la  figure  de  la  concorde 

au  revers. 


Autre  de  l'Annone. 

Autre  du  bûcher  ou  l'on  bruslait  les  corps 
des  empereurs ,  appelle  Rogus. 

Lutins. 
Lucius  de  l'abondance  ,  tenant  le  monde 

en  sa  main. 
Autre  de  la  Gallere. 
Autre  d'un  char  tiré  par  deux  serpents. 
Autre  de  l'aigle  sur  le  monde. 

M.  Aur elius. 

M.  Aurelius  en  sa  ieuuesse ,  du  vase,  sim- 
pule  ',  litue  2  et  flambeau,  simboles  de 
la  religion. 

Autre  du  prince  relevant  l'Italie. 

Autre  de  la  victoire  triomphale  de  l'Arménie. 

Autre  de  la  santé. 

Autre  de  Mars. 

Autre  de  la  Germanie ,  pleurant  sa  capti- 
vité, au  dessoubs  des  trophées  du  Prince. 

Autre  de  la  despouille  de  la  Germanie. 

Autre  de  la  despouille  des  Sarmates. 

Autre  du  Prince  et  de  Lucius  se  tenant 
par  la  main. 

Autre  de  l'aigle  portant  l'ame  du  Prince. 

Commodus. 
Commodus  du  triomphe. 
Autre  de  la  santé  tenant  une  patere  au 

devant  d'une  colomne  sur  laquelle  il  y 

a  un  serpent. 
Autre  du  congiêre. 
Autre  du  voyage  du  Prince. 
Autre  du  Prince  se  tenant  par  la  main3. 

Pertinax. 
Pertinax  de  la  providence  des  Dieux. 


1  Simpulum,  grande  cuiller  à  long  manche  qui  servait,  dans  les  sacrifices,  à  puiser  en  petite  quantité 
le  vin  dans  le  cratère  ou  dans  tout  autre  grand  vaisseau,  pour  en  faire  des  libations  A.  Rich,  Dict 
d'ant.  rom.  et  gr. 

2  Lituus,  bâton  augurai . 

»  Sic. 


—   78 


Septimius  Severus. 
Severus  de  l'advenement  du  Prince. 

Albinus. 

Albinus  de  la  paix. 

Bassianus. 
Bassianus  du  cirque, 

Gela. 
Geta  du  Lyon  berissé. 

Macrinus. 
Macrinus  de  la  paix  et  de  l'abondance. 
Diadumeniamis  de  la  paix. 

Heliogabalifs. 

Heliogabalus  du  Revers  du  Prince  tenant 
le  monde  en  sa  main. 


Alex.  Severus,   du  Revers  de  la  victoire. 

Maximinus,  du  Revers  de  la  paix. 

Maximus,  du  litue ,  simpule,  vase  et 
strigillc  *. 

Gordianus  Africanus  pater ,   de  la  seurté. 

Gordianus  Africanus  filius ,  de  Rome  vic- 
torieuse. 

Balbinus  de  la  Concorde. 

Pupienus  de  la  libéralité. 

Gordianus  junior  de  la  félicité  du  temps. 

Philippus  de  l'Annone. 

Pbilippus  le  fils  de  la  paix  éternelle. 

Decius  de  Jupiter  Capitolinus. 

Crebonianus  du  Temple. 

Volusianus  de  la  paix. 

Valerianus  de  Mars. 


MEDAILLES    PETITES   DE   BRONZE   ET   DE   METAIL   DE    COMNTHE. 


Julius  Cœsar. 
Julius  du  Revers  d'Auguste. 

Aiiyuslus. 
Augustus  du  Temple  de  la  providence. 
Autre  du  fouldre  de  Jupiter. 
Autre  de  la  déesse  Vesta. 
Autre  de  l'aigle  de  Jupiter. 
Autre  du  mesme  Temple  de  la  providence. 
Autre  de  la  Victoire  ,    tenant  le  monde  , 

restitué  par  Titus. 
Marcus  Agrippa  du  R.  de  Neptune. 

Tiberius. 
Tiberius  de  la  Déesse  Vesta. 


Aultre  du  Revers  de  S.  C. 

Drusus  de  S.  C. 

Germanicus  de  S.  G. 

Pictas  du  R.  de  S.  C. 

Autre  Tiberius  des  deux  Victoires. 

Caligula. 

Caligula  de  la  déesse  Vesta. 

Cluudius. 
Claudius  de  la  constance. 
Autre  de  la  liberté. 

Nero. 
Nero  de  Macellum  Augusli  *. 


1  Strigilis,  étrille  ou  racloir  qui  servait,  en  Grèce  et  en  Italie,  à  enlever  et  à  faire  disparaître,  en 
grattant,  l'humidité  et  les  corps  étrangers  répandus  à  la  surface  de  la  peau  par  la  chaleur  du  bain  de 
vapeur  ou  les  vïelcnts  exercices  de  la  palestre.  A.  Rich    Dicl   d'ant   rom.  et  gr 
>'.<  -  IL  u  '  cnceinl bâtiment  servant  de  nui.  lu 


—   79 


Autre  du  Génie. 

Autre  de  la  Victoire. 

Autre  de  l'Autel  de  la  Paix. 

Autre  de  l'Espérance. 

Autre  dudict  Nero  et  Drusus  de  la  course. 

Gai  ha. 
Galba  de  la  liberté  publicque. 

Vitellius. 
Vitellius  de  la  Victoire. 

Vespasianus. 
Vespasianus  de  la  Victoire. 
Autre  de  l'aigle  sur  le  monde. 
Autre  des  deux  cornes  d'abondance. 
Autre  de  l'Equité. 
Autre  de  la  félicité  publique. 

Titus. 
Titus  de  la  seuilé  du  peuple  Romain. 
Autre  de  la  paix. 

Domitianus., 

Domitianus  de  la  vertu. 
Autre  du  Temple. 
Autre  de  Mars  victorieux. 
Autre  des  ieux  séculiers. 

Nerva. 
Nerva  de  la  fortune. 

Trajanus. 

Trajanus  de  l'Arabie  acquise. 
Autre  du  Prince  à  cheval. 
Autre  de  sa  despouille. 
Autre  de  la  paix  et  de  l'abondance. 
Autres  des  armes  dictes  Ancilia. 
Autre  de  Mars  victorieux. 

Hadrianus. 

Hadrianus  de  la  Pieté. 
Autre  de  l'Espagne. 
Antre  de  l'Alexandrie. 
Autre  de  Mars. 
Autre  de  la  santé. 


Antre  de  Cercs. 

/Eli  us. 
/Elius  de  la  Pannonie. 
Autre  de  l'Espérance. 

Antoninus. 

Antonin.  de  M.  Aurelle  en  sa  ieunesse. 
Autre   de  ses    deux  enfants,   sortans  de 

deux  cornes  d'abondance. 
Autre  du  Tibre. 
Autre  du  Dieu  Mars,  couché  avec  llia  Rhea, 

mère  de  Romulus  et  Remus. 
Autre  du  fouldre  de  Jupiter. 
Autre  de  la  Déesse  Santé. 

Lucius. 

Lucius  de  la  galère. 

,1/.  Aurelius. 
Marc.  Aurelius  delà  Galère. 

Commodus. 
Commodus  de  l'Italie  assise  sur  le  monde. 
Autre  du  R.  de  la  Masse  de  Hercules. 
Autre  de  l'Aigle  sur  le  monde. 

Seplimius  Severus. 
Severus  du  lion  portant  Cibelle  Mère  des 

Dieux. 
Autre  frappée  en  Grèce  du  R.  du  serpent. 

Geta. 
Geta  de  l'Espérance. 

Macrinus. 
Macrinus  de  la  Foy  des  soldats. 

Alexander  Sevems. 
Alexander  du  Triomphe. 

Mareus,  Julius ,  Philippus. 

Pbilippus  du  chapeau  de  Triomphe  ,  ou 

est  escrit  :  Votis  decemnalibus  S.  C 


—  80  — 


MEDAILLES   GRANDES    DE   CUIVRE    ET    DE   MÉTA1L   DE   CORINTHE   DES    IMPÉRATRICES. 


Agripina,  Mère  de  Caligula ,  des  deux 
Meulles  du  carpentum. 

Antonia  Augusta  du  R.  de  Claudius  , 
abillé  en  sacrificateur. 

Iulia,  fille  de  Titus,    de  la  Déesse  Vesta. 

Sabina,  femme  d'Hadrianus,  de  la  Con- 
corde. 

Faustina ,  femme  d'Antoninus  pius ,  de 
l'Eternité. 

Autre  de  Ceres. 

Autre  de  l'Eternité. 

Autre  de  Ceres. 

Autre  d'Augusta. 

Autre  d'Augusta  victorieuse. 

Autre  du  Croissant  avec  sept  estoilles. 

Faustine,  femme  de  M.  Aurelle. 
Faustina  de  Diane. 


Autre  de  Hilaritas. 

Autre  de  la  félicité  du  temps. 

Autre  du  temple. 

Autre  de  Veneri  Genitiïei. 

Lucilla,  femme  de  Lucius. 
Lucille  de  la  Fecundité. 
Autre  de  Iuno  regina. 
Autre  de  Hilaritas. 

Crinpina,  femme  de  Commodus. 
Crispina  de  la  Concorde. 

Marcia.  * 
Marcia  de  la  Concorde. 


MEDAILLES   D  OR. 


Cinna  du  R.  du  Temple. 
Vespasianus  du  Taureau. 
Titus  du  mesme  R.  du  Taureau. 
Hadrianus  de  Romulus  et  Remus  allaictez 
par  la  Love. 


M.  Aurelius  de  Hilaritas. 
Faustina,  femme  du  dict  Aurelius,  de  la 
Concorde. 


MÉDAILLES   D'ARGENT    CONSULAIRES. 


Romulus  ou  Quirinus  de  Ceres. 
Sabinus  du  ravissement  des  Sabines. 
Numa  Pompilius  de  la  proue  d'un  navire. 
Ancus  Martius  de  la  figure  équestre. 


Junius  Brutus  du  revers  de  Ahala. 
Regulus  du  combat  des  gladiateurs  contre 

les  Lyons. 
Cœlius  Caldus  de  l'Orient. 


Marcia  Otaci lia  Scvcra,  femme  de  Philippus 


—  81 


A.  Postumius de  la  couronne  d'espis  de  bled . 
Restio  du  revers  de  Hercules. 
jEnobartus  de  la  proue  d'un  navire. 
Fabricius  du  R.  du  Pont. 
Sulla  du  revers  de  C.  Pomp.  Rufus. 


Pompeius    du  ravissement    des    sabines. 
Juba  du  temple. 

Lucius  Antonius  du  R.  de  l'Orient. 
Marcus  Antonius  du  R.  d'Augustus. 
Lepidus  du  revers  d'Augustus. 


MÉDAILLES   D'ARGENT  IMPÉRIALES. 


Julius  Cœsar,  habillé  en  pontife  ,  du 
R.  I.  C.  Cossutius. 

Autre  du  R.  de  Pompei. 

Autre  du  Dictateur  perpétuel ,  de  Venus 
victorieuse. 

Autre  du  Dictateur,  de  la  foy  ,  la  paix,  la 
justice  et  de  la  religion  et  du  monde. 

Augustus  du  R.  du  triumvirat. 

Autre  du  litue  ,  du  simpule  et  du  vase. 

Autre  de  la  robe  consulaire. 

Autre  de  Tarpeia  avec  les  boucliers  des- 
quels elle  fut  tuée. 

Autre  de  la  couronne  civique. 

Autre  de  la  Patere. 

Autre  du  Temple. 

Tiberius  de  la  Paix. 

Caligula  du  R.  d'Agrippina. 

Claudius  du  Triomphe. 

Nero  en  sa  ieunesse. 


Galba  de  la  couronne  civique. 
Autre  de  Jupiter  Custos. 
Titus  de  la  Vertu. 
Domitianus  de  la  fortune. 
Nerva  du  litue  ,  du  simpule  et  du  vase. 
Trajanus  du  Prince  à  cheval. 
Autre  du  Danube. 
Autre  de  viaTraiana. 
Adrianus  de  la  libéralité  faite  aux  soldats. 
Autre  de  l'Afrique. 
Autre  du  revers  de  Traianus. 
Antoninus  de  M.  Aurelle  en  sa  ieunesse. 
Lucius  de  la  providence  des  Dieux. 
M.  Aurelius  de  la  Paix. 
Commodus  de  la  fortune. 
Macrinus  de  la  seurté. 
Alexandcr   severus    du    Prince  tenant  le 
Monde  en  sa  main. 


PIERRES   GRAVEES. 


Une  grande  Cornaline  ,  d'une  Venus  regar- 
dant un  Cupidon  qui  porte  un  flambeau 
et  une  pomme ,  estant  sur  un  autel. 

Un  beau  Jaspe  rouge ,  de  Marcus  Antonius 
et  Lepidus. 

Un  Saphir  d'eau,  d'un  Jupiter,  estant  sur 
son  Aigle. 

Une  grande  Onyce  blanche  et  grise  ,  ou  y 


a  la  teste  d'une  femme   et  des  lettres 

grecques. 
Une  Sardoine  ,  d'un  terme. 
Une  Calcidoine,  d'un  Bassianus  empereur. 
Un  Jaspe  meslé  ,  d'un  Caligula  empereur. 
Un  Granat,  d'une  teste  incognue. 
Une  Topasse  orientale ,  d'un  Mars. 
Un  Lapis  ou  y  a  une  teste  d'homme ,   et 


—  8.2  — 


celle  d'un  mouton  el  d'un  cheval .  sous^- 

lenues  par  les  pit'ds  d'un  Cocq. 
Une    petite    Onyce,    de    la    teste     d'un 

Lysimachns. 
Une  autre  Cornaline  ,  d'un  ours  captivé 

par  deux  Cupidons. 
Autre  ,  de  la  teste  d'un  Trajau. 
Autre,  d'une  teste  incognue. 


Une  autre  de  l'Escrevisse.  '. 
Une  autre  ,  d'un  petit  Bacchus  monté  sur 
\m  Bouc. 

Autre  ou  y  a  des  lettres  puniques. 
Autre  fort  antique,  d'une  teste  barbue  aussi 

incognue. 
Un  Peridol,  d'un  Mars  assis  sur  ses  armes. 


MÉDAILLONS   DE  BRONZE   ET    D  ARGENT  ,    QUI   SONT   MEDAILLES   l'LL'S   CRANDES 
QUE  LES   ORDINAIRES. 


Sertorius  du  H.  de  la  Biche. 

Hercules  armé  de  la  despouille  du  Lion  , 
du  R.  de  la  foudre  de  Jupiter  traver- 
sant une    mire. 

Marcelinus  consul  ,  du  R.  du  Temple  de 
la  victoire. 

Julius  Ccesar  du  R.  d'Auguslus. 

Vespasianus  du  R.  de  Mars. 

Trajanus  du  port  d'Ostie. 

Autre  d'un  char  tiré  par  quatre  Lyons. 

Aurelius  d'une  figure  tenant  un  cheval  par 
la  main. 

Faustina  la  Mère  ,  de  Gibelle  trainee  par 
deux  Lyons. 

Faustina  la  Fille  ,  du  R.  du  Paon. 

Commodus  et  Crispina,  du  R.  du  prestre 
qui  les  marie  ,  vota  publica. 


Autre  munie  de  la  peau  du  Lion,  du  revers 

d'une  colonnie. 
Autre  de  Mars  victorieux. 
Aude  dudicl  Aurelius,   tenant  Lucius  par 

la  main;  frappée  en  Grèce,  ayant  une 

province  au  R. 
Septimius  Severus  de  Mars. 
Autre  de  deux  temples. 
Bassianus,  frappée  en  Grèce  des  2  temples. 
Geta,  du  prince  courant  à  cheval. 
Diadumenianus  du  vase ,  du  simpulc  et  du 

litue. 
Scipio ,  avec  le  triomphe  de  Carthage. 
Philippus  ,    père   d'Alexandre  le    Grand  , 

d'argent. 
Aloxander,  roy  des  Epirotes,  aussi  d'argent. 


Ywtt  petite  teste  de  Faustine    la  Mère  , 

n'ayant  que  h'  bout  du  nez  rompu. 
Une  teste  de  Fallas,   de  la  grandeur  du 


naturel ,  armé''  de  son  morion ,  ayant 
aussi  le  bout  du  nez  el  quelque  peu  du 
morion  rompu. 


'  Voir  au  sujet  des  pierres  gravées  uii  étaient  représentés  les  signes  du  Zodiaque,  la  notice  de 
M  II  Schubrhans  sur  une  intaille  trouvée  au  Rondenboscb  sous  Iloulcm  [Limbourg  hollandais). 
Ann   de  l'Acad.  d'arch    di  Belg.,  t   1,2'    érii 


83 


Une  teste   de  Diane,    plus   petite  que  le 

naturel,  reparé  sur  un  buste  nouveau. 
Un  Cupidon  d'excellente  main,  aussi  reparé 

sur  un  buste. 
Deux  pieds  de  marbre  d'un  petit  enfant, 

aussi  d'une  main  excellente. 
Un  grand  vase  ou  une  urne  tout  entière , 

aussi  de  marbre ,  avec  son  couvercle,  ou 

l'on  mettait  les  cendres  des  morts,  de  la 

hauteur  d'un  pied  et  demy. 
Figures,  et  autres  pièces  et  instruments  de 

bronze. 
Un  Neptune  armé  de  son  trident,  porté 

sur  un  monstre  marin ,   de  la  hauteur 

d'un  pied ,  un  poulu   et  une  ligne  et 

demye. 
Un  Pallas,  sans  point  de  bras,  de  la  hau- 
teur   de   sept   poulus  neuf  lignes  et 

demye. 
Un  Jupiter,  aussi  sans  point  de  bras,  de 

la  hauteur  de  cinq  poulus  huict  lignes. 
Un  Mercure,  sans  point  de  mains,  de  la 

hauteur  de  cinq  poulus  et  trois  lignes. 
Autre  Mercure,  de  la  hauteur  de  quatre 

poulus  une  ligne  et  demye. 
Autre  de  la  hauteur  de  deux  poulus  neuf 

lignes  et  demye. 
Un  petit  fleuve  qui  a  les  bras  et  les  pieds 

rompus,  de  la  hauteur  de  deux  poulus 

et  neuf  lignes. 
Une  figure    d'un  jeune  homme  incognu , 


qui  a  une  queue ,  ayant  les  aureilles 
d'un  satyre  ,  la  bouche  et  les  temples 
bandez ,  de  la  hauteur  de  onze  poulus 
onze  lignes. 

Un  Hercules  tenant  sa  massue,  de  la  hau- 
teur de  trois  poulus  cinq  lignes. 

Une  petite  Satyre  excellente ,  de  la  hauteur 
de  deux  poulus  six  lignes. 

Une  petite  teste  d'un  cheval  Pégase. 

Une  masque  appelée  la  bocca  de  la  verita. 

Une  Luzerne  *  tout  entière. 

Un  cachet  ou  est  escrit  :  Q.  Cœli  Callisti. 

Autre  cachet  ou  est escrit  :'L.AttiTrescentis 

Une  petite  teste  de  la  Clémence. 

Deux  mains  trouvées  dans  un  sépulcre 
avec  forces  anneaux  de  bronze  serrez 
près  desdictes  mains,  qu'on  croit  estre 
d'un  gladiateur. 

Deux  strigilles  de  bronze  qui  servoyent 
pour  les  Bains. 

Un  couteau  duquel  on  esgorgeoit  la  vic- 
time aux  sacrifices. 

Un  vase,  aussi  de  bronze,  servant  pour 
les  bains,  de  la  hauteur  de  cinq  pou- 
lus trois  lignes. 

Une  petite  teste  de  Mouton. 

Deux  grands  anneaux  servants  pour  mettre 
aux  bras  desdits  gladiateurs. 

Un  autre  anneau  façonné  a  goudrons  *, 
pour  le  mesme  effect. 

Un  petit  lévrier  mangeant  un  lièvre. 


VASES   ET   AUTRES    INSTRUMENTS   DE   TERRE   ANTIQUE. 


Un  grand  vase  de   terre  rouge ,  servant 
pour  les  sacrifices  ou  y  a  des  figures 


peintes,    de  la  hauteur  de  onze  poulus 
moins  une  ligne. 


Pour  hicerne,  de  lucerna,  lampe. 
C'est-à-dire  à  godroiis. 


84  — 


Autre  vase  de  la  même  terre ,  aussi  tout 
entier ,  ou  y  a  des  ligures  peintes  ,  de 
la  hauteur  d'un  pied  neuf  lignes. 

Un  grand  plat  avec  ses  deux  anses ,  aussi 
tout  peint  et  tout  entier ,  de  la  mesme 
terre  rouge,  de  la  hauteur  de  trois 
poulus  une  ligne  et  demye  ,  et  de  la 
largeur  d'un  pied  et  un  poulu. 

Un  autre  instrument  de  la  même  terre , 
semblable  à  une  boite. 

Un  autre  fait  d'une  estrange  façon ,  aussi 
tout  entier. 


Un  autre  avec  son  anse,  de  terre  noire, 
aussi  tout  entier,  de  la  hauteur  de  sept 
poulus  quatre  lignes. 

Deux  benesliers  '  ayant  la  teste  d'une 
Truye,  servants  pour  les  sacrifices  de  Ce- 
res,  aussi  entiers,  chascun  de  la  hauteur 
de  six  poulus  huict  lignes  et  demye. 

Un  autre  vase  de  terre  noire,  aussi  entier, 
de  la  hauteur  de  sept  poulus  5  lignes. 

\]ne  urne  de  verre  entière,  ayant  encore 
les  cendres  au  dedans. 


Toutes  les  susdictes  antiquités  sont  extraictes   de  six  les  plus  rares  cabinets  de 
la  France. 


Roolle  des  pièces  que  je  mestois  réservées  desquelles  je  ne 
me  voulois  point  desfere. 


Une  teste  de  marbre,  de  la  grandeur  du 
naturel,  ayant  le  nez  reparé,  que  les 
tings  tiennent  estre  un  Annibal  et  les 
aultres  un  Hadrien  Trajanus. 

Une  médaille  de  bronze  de  Ciceron ,  du 
revers  de  l'adlocution. 

Une  médaille  d'argent  d'Artemise,du  revers 
d'une  piramide  faicte  a  degrés  ou  y  a 
de  petites  galires  *  et  une  figure  audessus. 

Une  médaille  de  Cayus  Marius ,  aussi  d'ar- 
gent ,  du  revers  du  trophée  des  Cimbres. 

Aultre  médaille  d'argent ,  de  la  femme  de 
Titus,    avec  le  revers  de  sa  fille  Julia. 


Aultre  médaille  d'argent,  deMarcus  Brutus, 
du  revers  des  deux  poignets  et  le 
chappeau  de  liberté. 

Un  petit  vase  d'agate,  trouvé  en  Alexandrie. 

Une  cornaline  montée  en  anneau ,  ou  la 
face  de  notre  seigneur  est  gravée  , 
poisant  deux  escus  moins  seize  grains. 

Un  Julius  Cœsar,  gravé  en  cornaline  , 
monté  en  anneau  poisant  ung  escu  et 
demi  moins  cinq  grains. 

Un  Hadrien  taillé  en  camayeult  *  d'agate 
rousse,  blanche  et  noire,  en  anneau 
poisant.  deux  escus  douze  grains. 


'  Ces  vases  avaient  sans  doute  été  regardés  comme  ayant  servi  à  contenir  de  l'eau  lustrale  ;  l'auteur  du 
catalogue  en  a  naïvement  fait  des  bénitiers. 

«  Galères? 

■  Camée,  de  camahieu.  Ce  mot  s'est  conservé  jusrjues  assez  avant  dans  XVII"  siècle  pour  désigner  le 
camée;  il  a  passé  ensuite  et  est  resté  appliqué  aux  peintures  monochromes,  imitant  les  effets  du  camée. 
De  Laborde,  Notice  des  émaux  du  Louvre,  11°  partie,  Documents  et  glossaire.  Dans  les  nombreuses 
citations  de  l'auteur,  le  mot  est  généralement  écrit  comme  plus  haut,  mais  on  trouve  aussi  camayeu  et 
ramajeu.  —  Voir  sur  ce  mot  le  Dictionnaire  d'dtymotngie  de  M.  A    SCHELER.. 


85 


Une  onice  ou  le  phare  est  gravé,  aussi 
en  anneau  poisant  ung  escu  et  demi 
moins  cinq  grains. 

Aultre  onice  ,  aussi  fort  belle ,  d'une  teste 
incogneue ,  en  anneau  poisant  deux 
escus  quinze  grains. 

Un  Julius  Cassar  gravé,  tout  de  son  long 
assis  sur  ses  jambes ,  faisant  lui-même 
sa  couronne,  tout  neud ,  dans  une  pe- 
tite cornaline ,  en  anneau  poisant  un 
escu  trois  grains. 

Un  Socrates  dans  une  aullre  cornaline  , 
en  anneau  poisant  un  escu  moings  six 
grains. 

Une  cornaline  et  agate  blanche  ou  Ro- 
mulus  et  Remus  tétant  la  love ,  sont 
gravés  avec  Faustulus  et  ficus  Rumi- 
nallis,  en  anneau  poisant  deux  escus 
moings  seize  grains. 

Un  Annibal  gravé  dans  un  prisme  d'es- 
meraude  ,  eu  anneau  poisant  un  escu 
neuf  grains. 


Une  Faustina  avec  son  gladiateur ,  gravés 

dans  un  jaspe  vert,  en  anneau  poisant 

un  escu  dix  et  huit  grains. 
Une  Venus  avec  deux  petits  Cupidons  , 

gravés  dans  une  gira^solle  ,  en  anneau 

poisant  un  escu  moins  vingt  deux  grains. 
Un  Solon  gravé  dans  un  jaspe  vert. 
Un  médaillon  de  Tiberius  ,  du  revers  du 

triumphe. 
Un  médaillon  d'Atinous,    du   revers   du 

mouton. 
Un  médaillon  d'Adrianus,  du  revers  delà 

course. 
Un   médaillon    de    Didius  Julianus  ,    du 

revers  du  triumphe. 
Un  médaillon  de  Gordianus ,  du  revers  de 

Hercules  combattant  avec  ung  lion. 
Un  autre   médaillon   de   Marcus  Aurelius 

en  sa  jeunesse  du  revers  du    prince  a 

cheval  coronné  par  la  victoire. 


Aultre  roolle  des  pièces  que  jay  acquises  de  nouveau. 


Une  figure  venue  d'Egipte  acheptee  cinq 
cens  escus  par  feu  Cazaulx,  toute  nue, 
assise  ,  tenant  audevant  de  ses  genoux 
trois  petites  figures  semblables  à  celles 
qu'on  trouve  dans  les  corps  des  momies 
de  la  haulteur  de  deux  pans  moins 
quart  '. 

Une  teste    de  marbre  d'une  femme   in- 


cogneue ,  presque  de  la   grandeur  du 

naturel ,  n'ayant  que    le  bout    du  nez 

rompu. 
Une  lacrimoire  *  de  marbre  toute  enthierre, 

de  la  longeur  de  deux  tiers  de  pan  s. 
Une    médaille    d'or    de    Philipus ,    père 

d'Alexandre,  du  revers  du  Biga  *,  fort 

nette,  poisant  deux  escus. 


1  Le  pan  ou  empan  est  la  mesure  comprise  entre  l'extrémité  du  petit  doigt  et  celle  du  pouce,  la  niaia 
étant  étendue  ;  il  équivaut  à  21  centimètres  environ  ;  la  station  avait  donc  à  peu  près  37  centimètres . 

4  Plutôt  un  unguentarium,  flacon  ou  vase  à  parfums;  on  faisait  cette  sorte  de  vases  d'albâtre  ou  de 
verre  et  même  de  pierres  fines.  Voir  sur  les  lacrymatoires  deux  dissertations  de  M.  Roulez  dans  le* 
Bull,  de  l'Acad.  Roy.  de  Belgique,  t.  V  et  XXI,  2e  partie 

5  14  centimètres  environ. 

*  Char  traîné  par  deux  chevaux. 

XXIX  XXII  0 


86 


Une  médaille  de  Marcellus,  nepveu  d'Au- 
guste ,  de  bronze  ,  du  Théâtre. 

Une  médaille  d'Antenous ,  du  revers  de 
Priapus  audevant  d'un  autel. 

Un  médaillon  de  cuivre  de  Dec.ius,  du  revers 
de  la  Victoire,  portant  une  couronne  de 
laurier. 

Une  grande  médaille  grecque  d'argent , 
d'une  Flora ,  ayant  pour  revers  un  Her- 
cules avec  des  lettres  grecques. 

Aultre  médaille  d'argent  d'un  Mars ,  du 
revers  d'un  espy  de  bled. 

Une  médaille  de  bronze  de  Lysimaclius,  du 
revers  de  Minerve  victorieuse. 

Une  médaille  de  Galba,  de  l'adlocution , 
de  bronze. 

Un  camayeult  assez  grand  d'agate  blanche 
et  de  cornaline ,  de  la  teste  d'une 
femme  incogneue  ayant  une  aele  au- 
dessus  des  cheveux. 

Une  aiguë  marine  ou  y  a  un  monstre 
marin  s'apuyant  sur  un  daulphin  et 
deux  petites  barques  gravées. 

Un  Ancus  Marcius  gravé  dans  une  cor- 
naline. 

Aultre  cornaline  petite  ,  d'une  Agripina. 

Aultre  de  la  teste  d'une  femme  incogneue 


tenant    un    rameau    entre    les  mains. 
Aultre,  d'une  impératrice  incogneue. 
Aultre  ,  d'un  vase  avec  des  herbes  a  l'en- 

tour  dudit  vase. 
Une  ametiste  doublée  d'un  cristail  ou  y  a 

la   teste    gravée    d'une    femme    aussi 

incogneue. 
Un  jaspe  rouge,  d'un  Hercules  combattant 

contre  un  lion,  avec  lettres  qui  disent 

Cossuty. 
Aultre   petit  jaspe  ou   sont  gravées  les 

signes  de  quatre  saisons  de  l'année. 
Un  camayeult  petit  d'agate  blanche ,  de  la 

teste  d'un  homme  avec  son  morion. 
Aultre  camayeult  d'agate  blanche ,  d'une 

Faustine  la  lille. 
Aultre  encore  ou   y  a   petit  Cupidon  quy 

porte  des  raisins ,  an  devant  duquel  y  a 

ung  petit  chien. 
Une  petite  onice,  d'une  figure  tenant  un 

escu  en  la  main  sur  une  cuirasse. 
Aultre  petite  onice  ou  y  a  un  lion  gravé 

et  un  homme  qui  le  suit,  dict  Androdus. 
Aultre  petite  onice  ou  y  a  deux  cornes 

d'abondance  sur  lesquelles  il  y  a  deux 

aigles  et  un  trophée  au  millieu. 


Plus  jay  acquis  despuis  le  susdict  marché  faict  par  Monsieur  de  Bagarris  par  le 
commandem*  de  sa  Majesté,  quarante  médailles  d'argent  pour  remplir  lestroict  d'icelles , 
dont  il  y  a  ,  ou  imperialles  ou  autres ,  une  trentaine  nettes  et  rares  que  j'acorde  de 
donner  pardessus  led.  marché.  Faict  àAix,  le  nnxieme  febvrier  mil  six  cens  et  huict. 

DU    PER1ER. 


LE  CHATEAU  DU  DIABLE 


A  QUAREGNON. 


NOTICE 

par  M.  LÉOPOLD  DEYILLEBS, 

Membre  titulaire  à  Mous. 


Sur  le  territoire  de  Quaregnon ,  non  loin  de  leglise,  à  droite 
de  la  grand'route  de  Mons  à  Valenciennes ,  s'élève  un  monument 
en  ruines  ,  que  le  vulgaire  désigne  sous  le  nom  fantastique  de 
Château  du  diable. 


Château  du  diable  à  Quaregnon. 


Commissaires  rapporteurs  :  MM.  E.  Gens  et  F.-J.  Delcouht. 


—   88  — 

Ce  monument,  aujourd'hui  entouré  de  constructions  privées, 
consiste  en  une  muraille  épaisse ,  flanquée  de  contreforts  et  éle- 
vée contre  un  monticule  factice,  en  argile,  ayant  la  forme  d'un 
cône  tronqué  et  recouvert  de  végétaux.  L'étendue  qu'embrasse  cette 
muraille  est  de  25  verges  environ. 

Loin  de  nous  l'idée  de  réfuter  toutes  les  opinions  émises  depuis 
Jacques  de  Guise  jusqu'à  nos  jours ,  au  sujet  de  ce  monument 
singulier.  Il  y  a  plusieurs  années  déjà  qu'un  antiquaire  de  mérite, 
feu  Désiré  Toilliez ,  s'est  acquitté  de  cette  tâche ,  dans  un  autre 
recueil  l. 

Notre  intention  est  de  chercher  à  déterminer  d'une  manière  plus 
positive ,  s'il  est  possible ,  l'époque  à  laquelle  remontent  les  ruines 
qui  nous  occupent. 

Suivant  Désiré  Toilliez  ,  le  prétendu  château  aurait  eu  pour 
origine  un  vaste  tumulus  funéraire  de  l'époque  gallo-romaine , 
contre  lequel  on  aurait  élevé ,  au  VIIe  siècle ,  une  maçonnerie  en 
grès  houiller,  afin  d'y  établir  un  oratoire  chrétien.  «  Ce  tumulus, 

•  ajoute-t-il ,    nous   parait   avoir   été  fouillé   anciennement  ;    de 
»   nouvelles  fouilles  pourraient  sans  doute  faire  connaître  l'époque 

•  de  son  établissement,  mais  non  l'événement  qu'il  a  voulu  rap- 

•  peler  et  qui  est  resté  inconnu.   • 

Nous  admettons  volontiers  que  le  tertre  autour  duquel  s'élèvent 
les  murs  en  ruines,  puisse  être  un  tumulus  ;  toutefois,  cette  opi- 
nion aurait  besoin  d'être  confirmée  par  une  découverte  d'objets 
antiques.  Or ,  il  est  à  remarquer  que ,  jusqu'ici ,  l'on  n'en  a  jamais 
vu  aucun ,  bien  que  les  habitants  du  voisinage  prétendent  que  le 
propriétaire  de  ce  monticule  y  ait  trouvé  des  pièces  de  monnaie 
qu'en  possesseur  égoïste ,  il  conserve  mystérieusement  et  ne 
veut    montrer  à  personne.   Du  reste ,  il  n'y   a    rien    d'étonnant 

1  Bulletins  île  la  Société  historique  et  littéraire  de  Tournai ,  t.  Il ,  p.  328.  —  Voir 
aussi  le  Rapport  fait  par  M.  le  vicaire-général  Voisin  sur  la  Notice  de  M.  D  Toillikz  , 
dans  le  même  volume  ,  p.  322. 


—  89  — 

que  la  bêche  mette  parfois  au  jour,  sur  ce  tertre ,  des  objets  de 
divers  genres;  l'essentiel  serait  que  ces  objets  fussent  examinés 
par  des  personnes  à  même  de  connaître  à  quelle  époque  ils  appar- 
tiennent. 

Nous  nous  résignons  donc,  en  l'absence  de  preuves  palpables, 
à  attendre,  pour  asseoir  une  opinion  définitive  à  l'égard  du  tertre 
en  question  ,  le  moment  où  une  fouille  bien  dirigée  aura  eu  lieu 
dans  ce  monticule. 

Quant  aux  murs  en  ruines,  il  y  a ,  comme  sources  à  consulter 
sur  leur  destination  primitive  ,  d'anciens  écrits  et  la  tradition.  Nous 
allons  les  passer  successivement  en  revue  et  nous  en  tirerons  une 
conclusion ,  puisque  tel  est  le  but  de  cette  notice. 

Comme  autorité  respectable,  nous  citerons  d'abord  le  passage 
suivant  d'une  vie  de  saint  Ghislain ,  écrite  par  un  anonyme  au 
IXe  siècle  ou  au  commencement  du  Xe  f  :  «  Personne  ne  pourrait 
dire  combien  était  grand  le  pieux  attachement  que  saint  Ghislain 
et  la  servante  de  Dieu  Waudru  s'étaient  voué.  Cet  attachement 
persévéra  jusque  dans  leur  vieillesse.  Lorsque  leur  grand  âge 
ne  leur  permit  plus  de  franchir  la  distance  qui  les  séparait ,  ils 
firent,  de  commun  accord,  bâtir  à  Quaregnon  fin  villa  Quater- 
nionej  un  oratoire  en  l'honneur  de  saint  Quentin  martyr,  où  ils 
se  rendaient  pour  y  avoir  des  conférences.  La  sainte  fit  don  de 
cet  oratoire  à  Ghislain  ,  pour  en  affecter  les  revenus  aux  besoins 
de  son  abbaye  des  saints  apôtres  Pierre  et  Paul ,  et  pour  y 
recevoir  les  pauvres 2.  » 
Jacques  de  Guise  3  répéta  mot  pour  mot  ce  passage  de  la  vie 
de  saint  Ghislain. 

1  Cette  date  est  fixée ,  comme  l'a  remarqué  M.  Voisin  ,  par  la  mention  que  l'auteur 
fait,  à  la  fin  de  son  récit,  de  l'invasion  normande. 

*  La  vie  de  saint  Ghislain  a  été  imprimée  dans  les  Acla  sanetorum  Belijii ,  t.  IV ,  p.  382. 

•,  Histoire  du  Hainaut,  traduction  du  marquis  de  Fortia  d'Urban,  t.  Vil,  pp.  274- 
277.  M.  de  Fortia  a  confondu,  dans  une  note,  Quaregnon  avec  Mons .  en  disant  que 
la  première  de  ces  localités  était  l'ancien  Castrilocus,  Castriloc  ou  Châteaulieu.  Chàteau- 
lieu  était  l'emplacement  du  château  de  Mons. 


—  90  — 

Dans  son    «    Pourtrait  de  Testât  de  mariage  et  de  continence 

■    fait  sur  la  vie  de  la  très-illustre  S.  Wautrude,    comtesse  de 

-    Hainau   et   patronne  de  Mons  l,    •    p.  203,    le  père  Jacques 

Simon   broda  le  récit  de  l'hagiographe  de  saint  Ghislain ,   et  il 

ajouta,  p.  75  de  ses  «  Annotations  sur  les  trois  livres  de  la  vie 

•   de  S.  Wautrude,  •  le  §  suivant  : 

De  l'assiette  de  l'Oratoire  S.-Quentin  au  village  de  Quarignon. 

•   L'on  tient  par  tradition  ,   comme  m'a  dit  Monsieur  le  Prélat 

moderne  de  S.-Guislain  ,  qu'il  fut  dressé  au  village  de  Quarignon 

(que  nomme  le  Ms.  des  privilèges  de  la  dite  abbaye,  Quaregnon 

ou  Quaternion) ,   sur  un  petit  tertre  ou  colline  que  nous  voyons 

encore  auiourd'huy  à  la  main  droite  du  chemin  par  où  on  va  de 

Mons  à  S.-Guislain,  non  guère  loing  de  l'église  du  dit  village. 

L'on   le   peut   aisément   connoistre   par   quelques    vieux  murs 

d'alentour,  qui  sont  encore  debout.  • 

Vinchant  2  parle  de  l'oratoire  de    Quaregnon  de  cette  manière, 

sous  l'année  605  :  «  Environ  ce  temps,  comme  sainte  Waltrude 

et  saint  Gislain  s'entretenoient  souventeffois  par  visites  de  saintes 

conférences  avec  désir  de  continuer  ceste  pratique  salutaire, 

voici  que  la  dite  sainte ,    estant  jà  devenue  vieille  et  infirme , 

non  pas  pour  l'âge,    ains  à  cause  de  veilles,   jeûnes  et  autres 

austérités  desquelles  elle  usoit ,    qui  fut  cause  qu'elle  ne  put 

aller,   selon  sa  coustume ,    trouver  saint  Gislain  à  Celle3,  ny 

mesme  ce  saint  aller  au  Chasteaulieu ,   pour  l'infirmité  de  son 

âge;  de  sorte  donc  que  ces  deux  saints  conclurent ,  d'un  commun 

accord ,  de  faire  bastir  un  oratoire  au  village  de  Quarignon  , 

où  ils  pussent  conférer  ensemble.   L'oratoire  estant  dressé  fut 


'  Arras,  1629,  in-8". 

f  Annales  du  Hainaut ,  MS.  autographe  déposé  à  la  Bibliothèque  publique  de  Mons. 
—  Éd.  des  BibL,  t.  11,  p.  118. 

5  Nom  du  monastère  fondé  par  saint  Ghislain  à  Vrsidongue ,  et  qui  donna  naissance 
à  la  petite  ville  qui  pofte  !•■  nom  du  saint. 


—  91  — 

dédié  en  l'honneur  de  saint  Quentin ,  martyr.  Là  se  trouvèrent 
par  plusieurs  fois  les  deux  dits  saints  personnages  pour  se  main- 
tenir toujours  en  la  gaie  vigueur  de  l'esprit.  Cet  oratoire  se 
voit  encore  de  présent  en  forme  ronde ,  mais  presque  ruiné , 
situé  sur  une  petite  tertre  ou  colline  que  l'on  voit  à  main  droite 
du  chemin  par  où  on  va  de  Mons  à  la  ville  de  Saint-Gislain  , 
non  vis-à-vis  guère  long  de  l'église  du  dit  village  de  Quarignon. 

•  Quant  aux  revenus  d'iceluy  oratoire ,  sainte  Waltrude  les 
donna  avant  mourir  à  la  Celle  des  apôtres  Saint  Pierre  et  Saint 
Paul ,  pour  sustenter  les  religieux  de  la  dite  Celle ,  qui  estaient 
vraiment  pauvres  et  de  volonté  et  de  revenus  temporels ,  à  raison 
du  nombre  de  religieux ,  qui  se  trouvoient  en  ce  lieu  attirés  par 
l'odeur  de  la  sainteté  de  saint  Gislain. 

•  Depuis,    cest  oratoire  fut  appelé  l'Oratoire  ou  Chapelle  de 
•   Sainte-Waltrude,  pour  les  causes  que  nous  voyerons  cy-après.  » 

Le  même  annaliste  1  rapporte  le  motif  qui  fit  donner  à  l'oratoire 
de  Quaregnon  le  nom  de  Chapelle  de  Sainte-Waudru ,  à  la  récon- 
ciliation qui  fut  conclue ,  en  990 ,  entre  les  habitants  de  Mons  et 
ceux  de  Hornu ,    par  l'intermédiaire  du  comte  de  Hainaut  et  de 
l'abbé  de  Saint-Ghislain,  lesquels  firent  porter  les  corps  de  sainte 
Waudru  etdesaintGhislain  à  l'endroit  où  l'on  fit  cette  réconciliation. 
«   J'ay  entendu  ,  dit  Vinchant ,  que  le  lieu  où  furent  transportés 
les  dits  corps  saints  et  où  fut  fait  l'accord  entre  les  Montois  et 
les  Hornutois,    fut  l'oratoire  de  Saint-Quintin ,    que  l'on  voit 
encore,    mais  ruiné,    près  l'église  parochiale   du    village   de 
Quarignon.    Outre  ce,    qu'en  mémoire   et  honneur  de  sainte 
Waltrude ,  par  laquelle  tel  accord  a  esté  fait ,  certaine  dame  de 
la  maison  de  Borse  fit   dresser  un  autel  en  le  dit  oratoire, 
qu'elle  fit  entièrement  réparer  ;  mais ,  depuis ,   qu'il  fut  ruiné 
par  le  feu.  » 

'  Éd.  des  Bibl.,  t.  11,  p.  204. 


—  92  — 

Delewarde  4  et  De  Boussu  2  attribuent  la  fondation  de  la  chapelle 
de  Saint-Quentin  à  sainte  Waudru  et  à  saint  Ghislain,  qui  la 
firent  bâtir  pour  s'y  entretenir  des  affaires  spirituelles.  Ils  ajoutent 
que  la  sainte  la  donna  à  son  directeur  ;  qu'il  s'y  trouvait  annexé 
un  hôpital  où  l'on  recevait  les  pèlerins,  et  qu'il  reste  encore  des 
débris  de  cet  établissement. 

Voici  maintenant  comment  s'exprime  à  l'égard  de  l'oratoire  de 
Quaregnon  ,  le  savant  dom  Baudry,  dans  ses  Annales  de  l'abbaye 
de  Saint-Gliislain  3  : 

■  La  grande  union  qu'il  y  avoit  entre  sainte  Waudru  et  saint 
Ghislain  augmentait  de  plus  en  plus  par  les  fréquentes  confé- 
rences qu'ils  avoient  ensemble,  et  comme  la  faiblesse  de  leur 
âge  avancé  ne  leur  permettoit  pas  de  s'e  rendre  visite  aussi 
souvent  qu'ils  le  souhaitoient ,  ils  résolurent,  d'un  commun 
consentement,  de  bâtir,  à  mi-chemin  de  Château-Lieu  et  du 
monastère  de  Saint-Gliislain,  un  oratoire  à  Quaregnon,  à  l'hon- 
neur de  saint  Quentin,  martyr,  où  ils  eurent  coutume  de  con- 
férer ensemble  sur  les  choses  du  ciel ,  jusques  à  leur  extrême 
vieillesse.  La  sainte  donna  cet  oratoire  à  saint  Ghislain,  avec 
l'hôpital  qu'elle  y  joignit ,  tant  pour  l'entretien  de  ses  religieux 
que  pour  y  recevoir  les  pauvres  et  les  pèlerins,  que  notre 
saint  fondateur  aimoit  si  tendrement  qu'il  croyoit  recevoir 
Jésus-Christ  en  leur  personne  :  on  voit  encore  aujourd'huy 
quelques  débris  de  cet  oratoire ,  que  les  peuples  circonvoisins 
appellent  communément  la  tour  de  Sainte-Waudru ,  et  où  les 
plus  simples  croient ,  par  une  erreur  grossière ,  que  celle  sainte 
venoit  de  Château-Lieu  par  des  lieux  souterrains.    » 


'  Histoire  générale  du  Hainau,  (1718),  1.1,  p.  193-194. 
*  Histoire  delà  ville  de  Saint -Ghislain  (1737),  p.  18- 11*. 
'  Monuments  pour  servir  a  l'histoire  des  provinces  de  Namur,  de  Hainaut  et  de 
Luxembourg  ,  t.  VIII ,  p.  250. 


—  93  — 

Enfin,  l'abbé  Hossart  f  attribue,  sans  aucun  fondement,  à  la 
darne  de  la  maison  de  Borse,  dont  parle  Vinchant ,  la  construction 
de  l'oratoire  de  Saint-Quentin. 

Par  ce  qui  précède ,  on  voit  que  les  diverses  versions  de  nos 
anciens  auteurs  reproduisent ,  avec  des  amplifications ,  le  texte  de 
la  vie  de  saint  Ghislain  ,  qui  a  rapport  à  l'oratoire  de  Quaregnon. 
On  pourrait  croire  que  ces  amplifications  ne  sont  que  le  fruit  de 
l'imagination  de  ces  écrivains.  Mais  il  est  à  noter  qu'elles  ont 
pour  elles  l'autorité  de  la  tradition  locale. 

En  effet ,  il  existe  un  souvenir  vivace  à  Mons ,  à  Quaregnon  et 
à  Saint-Ghislain ,  que  sainte  Waudru  et  son  directeur  spirituel  se 
rendaient  à  Quaregnon ,  pour  conférer  ensemble.  L'oratoire  de 
Saint-Quentin  est  indiqué  par  le  peuple  comme  étant  le  lieu  où 
ils  se  réunissaient ,  et  ce  qu'il  y  a  de  remarquable  ,  c'est  que 
le  chemin  qui  passe  au  pied  des  ruines  de  cet  oratoire  conserve 
le  nom,  pour  la  partie  venant  de  Mons,  de  Chemin  de  Madame, 
et,  pour  la  partie  venant  de  Saint-Ghislain  ,  de  Chemin  de  l'Abbé. 

Une  tradition  non  moins  opiniâtre ,  quoique  fort  bizarre ,  prétend 
que  sainte  Waudru  allait  à  Quaregnon  par  une  voie  souterraine, 
dont  on  montre  encore  aujourd'hui  l'entrée  présumée,  à  l'ancienne 
châtellenie  de  Mons  2.  Vinchant  parle  aussi  d'un  usage  que  l'on 
avait,  de  son  temps,  lorsqu'on  allait  visiter  la  chapelle  castrale, 
le  jour  de  saint  Galixte ,  qui  en  était  le  patron.  Il  rapporte  que  les 
Montois  avaient  la  coutume  de  visiter,  «  portant  flambeaux  et 
•    luminaires,    •   le  souterrain  où  les  corps  saints  de  la  contrée 

1  Histoire  ecclésiastique  et  profane  du  Hainaut,  (1792),  t.  I ,  p.  149. 

5  Paridaens,  Mons,  sous  les  rapports  historiques,  etc.  (Mons,  1819),  p.  4  — 
Hachez,  Fêtes  populaires  à  Mons,  (1848),  p.  23. 

L'entrée  dont  il  s'agit ,  donne  simplement  accès  aux  souterrains  du  château ,  qui 
n'ont  jamais  été  complètement  explorés.  Nous  en  avons  examiné  une  partie,  en  1858. 
Mais  il  est  réellement  impossible  de  les  visiter  jusqu'au  bout.  C'est,  d'ailleurs,  ce  qui 
résulte  d'un  rapport  adressé,  vers  1811  ,  au  préfet  du  département  de  Jemmapes,  par 
M.  Lefèvre,  géomètre  à  Mons.  —  Voir  :  Annales  du  cercle  archéologique  de  Mons, 
t.  II,  p.  420  ,  et  nos  Analectes  montois  ,  1er  fascicule. 


—  94  — 

avaient  été  déposés,  lors  du  passage  des  Normands.  «  Et  d'autant, 
ajoute-t-il,  que  l'on  croit  que  joignant  le  dit  lieu,  sainte  Waltrude 
prenoit  souventeffois  son  repos  sur  la  dure  pour  matter  et 
fortifier  son  corps,  le  dit  peuple  a  aussy  de  coustume  de  visiter 
et  honorer  le  lit  de  la  dite  sainte,  emportant  quant  eux  quelque 
peu  de  terre  de  ce  lieu ,  et  croyant  qu'icelle  terre  les  garan- 
tiroit  contre  la  foudre  et  tempestes  de  l'air,  par  les  mérites  de 
la  dite  sainte  ' .  •  Il  est  étonnant  qu'après  cela,  Vinchant  n'ait 
pas  relaté  l'autre  tradition  concernant  le  souterrain  de  Mons  à 
Quaregnon  ,  que  n'a  pas  omise  Dom  Baudry ,  dans  les  Annales  de 
son  abbaye. 

Pour  nous  résumer,  nous  pensons  que  le  monument  en  ruines , 
situé  à  Quaregnon  ,  à  droite  de  la  route  de  Mons  à  Valenciennes , 
à  une  lieue  et  demie  0.  de  la  première  de  ces  villes  et  à  une  demi- 
lieue  de  celle  de  Saint-Ghislain  ,  est  l'oratoire  de  Saint-Quentin , 
dont  fait  mention  l'auteur  de  la  vie  de  saint  Ghislain  ;  que  la 
partie  restée  debout  de  l'édifice  ,  en  formait  le  soubassement  ;  enfin, 
que  cet  édifice  a  pu  être  élevé  sur  un  tumulus. 

L'oratoire  de  Saint-Quentin ,  quoique  ainsi  appelé  par  nos 
annalistes ,  devait  être ,  selon  nous ,  un  petit  monastère  contenant 
un  hôpital  :  c'était  bien  certainement  une  dépendance  de  l'abbaye 
de  Saint-Ghislain,  qui  possédait  la  dime  de  Quaregnon. 

Cet  oratoire ,  s'il  n'a  pas  donné  naissance  au  village  de 
Quaregnon  2,  a  dû  être  sa  première  église  paroissiale.  Lorsque, 
plus  tard,  il  l'ut  abandonné,  on  construisit  une  autre  église,  sous 
l'invocation  de  saint  Quentin,  à  l'endroit  où  s'élève  l'église  mo- 
derne ,  qui  a  conservé  cette  invocation. 

'  Éd.  des  Bibl.,  t.  Il,  p.  154. 

'  Quaregnon  est  cité  au  nombre  des  alleux  que  sainte  YVaudru  donna  à  son  monastère. 
GiSLEiiEHTi  Chronica  Hannoniœ,  éd.  Du  Ciiastelek  ,  p.  15.  —  Chronique  du  Hainaul 
et  de  Mons,  publiée  par  A.  Lacroix,  p.  34. 


TRÉSORS  HISTORIQUES  EN  ANGLETERRE. 


NOTICE 


M.  Jacques  FELSENHART, 

Docteur  en  philosophie  et  lettres  à  Bruxelles. 


Il  n'est  pas  permis  à  tout  le  monde  d'aller  à  Corinthe  ni  d'aller 
s'installer  aux  archives  de  Londres  pour  y  déterrer  les  particularités 
de  l'histoire  d'Angleterre.  C'est  ce  que  les  Anglais  ont  saisi  avec  le 
bon  sens  pratique  qui  les  distingue.  Bien  que,  comme  dans  la  plupart 
des  cas,  ils  aient  songé  d'abord  à  eux-mêmes,  ils  n'ont  pas  moins 
dévié  du  principe  d'égoïsme,  en  rendant  accessibles  à  tout  le  monde 
leurs  trésors  historiques,  entassés  depuis  des  siècles  dans  d'obscurs 
dépôts.  Déjà  en  1830,  le  gouvernement  anglais  avait  institué  une 
commission  chargée  de  mettre  au  jour  les  documents  concernant 
l'histoire  d'Angleterre,  à  partir  du  règne  de  Henri  VIII.  En  1840, 
le  25  janvier,  cette  commission  fut  réorganisée  sur  de  nouvelles 
bases.  Elle  se  traça  un  programme  et  résolut  de  dresser  des 
catalogues  analytiques  de  toutes  les  pièces  intéressant  la  Grande- 
Bretagne.  Réduites  en  volumes,  par  le  moyen  d'analyses  sub- 
stantielles ,  claires  et  nettes ,  les  archives  anglaises  viennent  se 
placer   en   quelque    sorte  sous    les   yeux  de  tout  le    monde.    On 

Commissaires  rapporteurs  :  MM.  A.  Van  Hassklt  et  le  chevalier  G.  Van  Havre- 


—  96  — 

les  domine,  on  les  parcourt  d'un  regard.  C'est  la  great  ex- 
hibition des  faits  et  des  annales,  le  caravansérail  des  siècles 
passés  où  s'asseyent ,  dans  leur  nudité ,  tous  les  grands  hommes 
d'Angleterre,  que  l'historien  peut  photographier  sur  place  et 
présenter  au  public  sans  retouches. 

Depuis  que  l'impulsion  a  été  donnée  à  l'esprit  productif  et 
créateur  de  l'Anglais ,  les  volumes  d'archives  anglaises  se  sont 
succédé  avec  une  rapidité  croissante.  Aujourd'hui,  quatre-vingts  ou 
quatre-vingt-dix  Calendars  ont  vu  le  jour.  C'est  le  titre  bizarre  que 
l'administration  des  archives  anglaises  a  donné  à  ces  gigantesques 
travaux.  Néologisme  sui  generis  et,  qui  plus  est,  de  l'invention  du 
Très-Honable  Henri  Hobhouse,  conservateur  des  papiers  d'Etat,  que 
l'Angleterre  regrette,  il  s'est  attaché,  pour  se  perpétuer,  à  cette 
longue  série  de  volumes  et  ajoutera  — le  jour  n'est  pas  loin  —  un 
titre  de  gloire  de  plus  à  ceux  que  le  parlement  anglais  s'est  acquis, 
en  votant  d'énormes  subsides ,  sans  amendement  ni  sous-amende- 
ment, pour  la  publication  de  cette  œuvre  éminemment  nationale  et 
par  contre-coup  cosmopolite. 

Nous  ne  craignons  pas  de  l'affirmer  :  les  Calendars  sont  une 
mine  intarissable  où  poètes,  romanciers  et  historiens  trouvent  leur 
profit  et  l'archéologue  des  trésors  inattendus. 

En  veut-on  des  preuves? 

Ouvrons  au  hasard  l'un  de  ces  volumes.  Il  a  environ  800  pages. 
Mais  quel  muséum  !  Il  s'étend  de  la  première  année  du  règne 
d'Edouard  VI  jusqu'à  la  23e  de  celui  d'Elisabeth,  —  de  virginale 
mémoire,  —  et  embrasse  un  espace  de  trente-trois  ans,  de  1547 
à  1580. 

Comme  nous  l'avons  dit  plus  haut  ou  comme  nous  l'avons  fait 
pressentir,  noua  sommes  en  présence  d'un  travail  de  réduction.  Les 
documents  sont  analysés,  privés  de  leurs  détails.  Ils  ne  dispensent 
pas  toujours  de  recourir  au  texte  original  ;  cela  s'entend.  Toutefois, 
ces  pièces  sont  un  guide  sûr,  un  fil  conducteur  à  travers  le  dédale 
des  faits. 

Dans  le  volume  que  nous  avons  sous  les  yeux,  les  intrigues  de 
Seymour,  de   Somerset,    de  Northumberland  se  dévoilent  à  mer- 


—  97  — 

veille.  D'un  seul  coup  d'œil,  on  pénètre  les  complots  de  Dudley, 
de  Throgmorton  ,  au  règne  de  Marie.  La  révolte  de  Wyatt  s'y  des- 
sine nette  et  avec  toutes  ses  péripéties.  Ce  sont  des  tableaux  révolu- 
tionnaires en  relief  de  cette  époque  profondément  agitée. 

Après  l'avènement  au  trône  d'Elisabeth,  il  se  fait  dans  les  States 
Papers  un  changement  qu'il  faut  noter.  Ce  sont  les  détails  de  la 
vie  sociale  qui  abondent.  Les  Calendars  les  reflètent.  Des  particu- 
larités, des  délicatesses  de  la  vie  domestique  de  ce  tyran  en  jupons 
s'y  révèlent  en  abondance  et  se  brisent  de  mille  manières  à  travers 
le  prisme  de  la  cour.  Une  grande  simplicité  et  le  luxe  royal  poussé  au 
dernier  degré  y  marchent  de  pair  ou  se  heurtent.  Des  pensées, 
jetées  en  germe,  trois  siècles  auparavant,  viennent  à  maturité  dans  le 
XVIe  tandis  que  l'invention  de  plusieurs  machines ,  seulement  à 
l'aurore,  laisse  des  vestiges  dans  ces  Calendars ,  en  attendant  que 
le  XIXe  y  mette  le  sceau  de  sou  génie  particulier  et  progressif. 

Malgré  toutes  les  merveilles  dont  nous  avons  été  témoins,  qui 
ne  serait  pas  étonné,  encore  aujourd'hui,  delà  proposition  de 
Gawen  Smith  ?  Elle  date  du  règne  d'Elisabeth  et  remonte  vrai- 
semblablement à  l'année  1580.  «  Il  s'agissait  de  construire  un 
phare  sur  Goodwin  Sands  l,  vingt  ou  quarante  pieds  au-dessus  de 
Highwatermark  et  pouvant  contenir  ou  mettre  à  l'abri  30  ou  40 
personnes.  »  On  le  voit ,  les  idées  grandioses  regardent  toujours 
du  haut  de  quelque  pyramide. 

0  perspicacité  des  proverbes  !  .  .  .  nihil  novi  sub  sole.  —  Qui  se 
fût  dit  que  les  revolvers  pourraient  bien  dater  de  cette  époque , 
si  semblable  à  la  nôtre,  sur  un  autre  fond,  par  l'agitation  dans  les 
intelligences  ? 

Voici  un  fragment  de  lettre  écrite  par  John  Almain  pour  recom- 
mander un  de  ses  compatriotes  à  Fr.  Walsyngham.  Nous  citons  tex- 
tuellement : 

u  Who  had  invented  an  harquebuse  that  shall  contain  ten  balls  or 
pellets  of  lead ,  allh  te  which  shall  goe  off  one  after  an  other,  havinge 
once  given  lire,  so  that  with  one  harquebuse  one  man  may  kill 
ten  theaves  or  other  enemies.  » 

1  Bancs  de  sable  très-dangereux  situés  à  la  côte  E.  du  comté  de  Kent. 


—  98  — 

«  Qui  (le  compatriote)  a  inventé  une  arquebuse  pouvant  contenir 
dix  balles  de  plomb,  lesquelles  partiront  l'une  après  l'autre,  en 
lâchant  une  seule  fois  la  détente,  de  sorte  qu'avec  une  arquebuse  un 
seul  homme  sera  en  état  de  tuer  dix  voleurs  ou  autres  ennemis.  » 

Il  a  fallu  trois  siècles  pour  retrouver  et  généraliser  cette  inven- 
tion fratricide.  Les  Anglo- Saxons  en  ont  fait  en  grand  la  san- 
guinaire expérience  ! 

Dans  un  autre  ordre  d'idées,  les  lettres  qui  excitent  le  plus 
l'intérêt  sont  celles  de  Sir  Christopher  Hatton  à  la  reine  Elisabeth. 
C'est  un  tableau  delà  vie  intime,  souvent  orageuse,  de  cette  grande 
et  bizarre  princesse,  tableau  de  genre,  où  par  inversion  morale, 
plus  d'une  vertu  rend  hommage  à  l'hypocrisie.  C'est  encore  le 
pandaemonium  de  toutes  les  passions  serviles  devant  une  seule 
idole  au  pied  de  laquelle  se  traîne  un  peuple  obséquieux  de  cour- 
tisans. 

Voici  comment  ces  précieuses  lettres  ont  été  conservées  au 
public.  Primitivement  elles  avaient  été  confiées  à  la  garde  de 
Thomas  Windebank,  confident  et  secrétaire  privé  de  la  reine.  Trans- 
mises à  son  fils,  sir  Francis  Windebank,  secrétaire  de  Charles  Ier, 
elles  ont  été  mêlées  aux  papiers  d'État ,  lorsque  Windebank  alla , 
en  1640,  chercher  un  refuge  sur  la  terre  de  France.  Depuis  elles 
ont  été  en  dépôt  dans  l'office  du  secrétaire  d'État,  où  elles  ont  été 
gardées  jusqu'à  nos  jours. 

Les  Calendars  nous  montrent  avec  détails  Elisabeth  formant  le 
dessein  de  mettre  le  royaume  en  état  de  défense  par  terre  et  par 
mer.  On  y  voit  éclater  la  sagesse  de  cette  souveraine  ;  elle  agrandit 
la  marine,  poursuit  l'extinction  de  la  piraterie  et  accorde  les  plus 
grands  encouragements  aux  entreprises  aventureuses.  Ici  nous 
sommes  en  présence  des  voyages  de  Hawkyns,  de  Furbisher,  de 
Gilberte,  de  Drake  et  d'autres.  Les  Calendars  fourmillent  de  détails 
sur  ces  expéditions.  Ils  sont  aussi  émouvants  que  pleins  d'intérêt. 
Encore  aujourd'hui ,  on  ne  lit  pas  sans  émotion  l'accueil  chaleureux 
fait  à.  Drake  après  son  voyage  autour  du  monde.  Pour  sa 
récompense  ,  il  lui  fut  payé  argent  comptant  100,000  livres. 
C'est   une  somme  énorme  pour  l'époque  et  une  preuve  que  cette 


—  99  — 

Elisabeth,  si  avare,  savait  suivant  les  circonstances  se  dépouiller 
de  cette  avilissante  passion,  surtout  chez  une  reine.  Écoutons  les 
Calendars  : 

Le  26  octobre  1581,  la  reine  écrit  de  Richmond  à  Edmond 
Treraagne,  une  lettre  dans  laquelle  elle  lui  dit  que  Francis  Drake 
doit  envoyer  un  certain  lingot ,  mais  qu'il  faudra  lui  donner 
100,000  livres  et  garder  le  secret  de  cette  action. 

Le  8  novembre  1580,  Ed.  Tremagne  écrit  à  Walsingham  :  «  qu'il 
est  grandement  satisfait  d'avoir  été  associé  {par  la  reine)  à 
Christhopher  Harris  dans  la  mission  auprès  de  Francis  Drake; 
que  le  butin  et  les  captures  de  Francis  se  montent  environ  à  un 
million  et  demi  et  qu'il  a  laissé  dix-mille  livres  entre  les  mains  de 
ce  marin.   » 

En  feuilletant  les  intéressants  ouvrages  dont  nous  nous  occupons, 
on  est  amené  à  un  fait  tout  d'actualité.  On  y  trouve  le  système  de 
défense  de  l'Angleterre  ;  on  y  voit  qu'à  l'époque  d'Elisabeth  il  était 
pourvu  à  cette  nécessité  par  l'organisation  d'une  milice ,  par  des 
revues  (monstres)  fixées  à  des  intervalles  déterminés ,  par  une  sur- 
veillance active,  vigilante  des  côtes  et  surtout  des  lieux  de  débar- 
quement ainsi  que  par  le  soin  d'élever  des  chevaux  dans  les  domaines 
des  gentlemen.  Il  y  avait  à  cet  effet  des  commissions  qui  se  met- 
taient en  rapport  avec  la  noblesse  et  la  gentry.  Ce  sont  les  rapports 
de  ces  commissions  qui  présentent  l'intérêt  le  plus  vif.  Adressés 
au  conseil  privé,  ils  formaient  l'objet  de  la  plus  grande  attention. 
Parmi  les  plus  remarquables  et  les  plus  intéressants,  on  peut  citer 
ceux  du  Warwickshire ,  non  seulement  pour  les  détails,  mais  aussi 
parce  qu'on  y  trouve  des  traces  de  W.  Shakespeare  et  de  sa  famille. 
L'extinction  de  la  piraterie  et  le  croisement  des  races  chevalines  y 
sont  à  l'ordre  du  jour;  c'est  une  preuve  de  plus  que  le  caractère 
britannique  n'a  pas  varié.  Enfin  ,  les  réponses  des  chefs  à  la  justice 
de  paix ,  lesquelles  étant  relatives  à  l'exécution  des  lois  contre  les 
vagabonds,  à  la  police  des  Inns  et  Alehouses,  à  l'importation  et  à 
l'exportation  du  blé  (question  déjà  alors  vitale  pour  l'Angleterre), 
sont  autant  de  sujets  qui  excitent  au  plus  haut  point  l'attention  du 
statisticien  et  de  l'économiste. 


—  100  — 

Il  ne  nous  reste  plus  pour  finir  qu'à  adresser  au  gouvernement 
anglais  le  tribut  de  nos  modestes  éloges  pour  la  libéralité  avec 
laquelle  il  a  distribué  aux  bibliothèques  publiques  la  riche  collection 
de  ces  Calendars.  Quant  à  l'exécution  typographique  ,  elle  est 
parfaite.  Les  planches  et  les  fac-similé  ajoutés  aux  volumes,  soit 
pour  éclaircir  le  texte,  soit  pour  donner  une  idée  des  manuscrits,  ne 
laissent  absolument  rien  à  désirer.  Enfin ,  ces  documents  ainsi 
classés  et  analysés  forment  une  riche  mine  où.  tous  les  travailleurs 
intelligents  trouveront  à  glaner  :  les  artistes  y  trouveront  d'utiles 
renseignements,  et  la  littérature  historique,  en  général,  s'applau- 
dira longtemps  d'avoir  découvert   des    ressources  de   tout    genre. 


DE   L'ÉTAT   ACTUEL 

DES  ÉTUDES  ÉGYPTIENNES. 


MEMOIRE 


par  M.  F.  DAURY, 

BACHELIER     EN     THÉOLOGIE     \     L  0  l  V  A  I  N . 


Le  titre  donné  à  ces  quelques  pages  doit  paraître  bien  ambi- 
tieux. Ne  semble-t-il  pas  en  effet  annoncer  que  je  vais  exposer 
complètement  la  théorie  des  écritures  de  l'ancienne  Egypte  ,  résu- 
mer tous  les  ouvrages  qui  ont  paru  jusqu'à  ce.  jour ,  et  porter  sur 
chacun  d'eux  un  jugement  magistral?  Mais  qu'on  se  rassure, 
tel  n'est  pas  mon  but. 

Je  me  propose  simplement  de  donner  un  aperçu  général  de  ces 
travaux  à  la  classe  si  nombreuse  de  personnes  qui  sont  restées  com- 
plètement en  dehors  de  ces  études.  Dans  cet  essai ,  j'aurai  toujours 
en  vue  l'homme  dont  toute  la  science  égyptologique  se  borne  à 
savoir  que  sur  les  monuments  de  l'Egypte  se  trouvent  certaines 
figures  étranges  que  l'on  nomme  hiéroglyphes. 

Voici  de  quelle  manière  je  divise  mon  sujet  : 

D'abord  je  donnerai  une  histoire  abrégée  de  la  naissance  et  des 

Commissaires  rapporteurs  :  MM.  G.  Hagemans  et  Le  Grand  de  Reulandt. 
XXIX  XXII  1 


—  102  — 

progrès  de  la  science  égyptologique.  En  second  lieu,  j'exposerai 
la  partie  philologique  de  cette  science ,  c'est-à-dire  ,  celle  qui  se 
rapporte  à  l'interprétation  même  des  monuments.  En  troisième 
lieu,  je  dirai  quelques  mots  des  conséquences  scientifiques,  des 
fruits  que  l'on  tire  de  ces  interprétations.  Enfin  ,  et  en  ceci  je 
demande  d'avance  pardon  de  ma  témérité,  j'oserai  parler  de  ce 
qui  reste  à  faire  ,  et  surtout  des  obstacles  qui  se  sont  opposés 
jusqu'à  ce  jour  aux  progrès  de  l'archéologie  égyptienne. 

I. 

Le  savant  égyptologue  anglais ,  M.  Samuel  Birch  ,  a  déjà  traité , 
avec  l'autorité  qui  s'attache  à  son  nom ,  la  première  partie  de  mon 
sujet  l.  Je  me  contenterai  donc  de  l'esquisser,  à  grands  traits. 

Parmi  les  travaux  sur  les  hiéroglyphes  qui  ont  précédé  l'expédi- 
tion française  en  Egypte  ,  on  ne  peut  guère  citer  que  l'ouvrage  de 
Zoega  sur  les  obélisques  2.  Zoega ,  dit  M.  Birch,  était  arrivé  à 
deux  conclusions  importantes,  à  savoir  :  que  les  hiéroglyphes  sont 
des  lettres  ,  et  que  les  mots  encadrés  dans  les  cercles  (cartouches) 
sont  des  noms  de  rois.  De  plus  il  combattit  l'erreur  de  ses  devanciers 
qui  croyaient  à  l'emploi  mystérieux  des  hiéroglyphes  réservé  à  un 
petit  nombre  d'adeptes.  11  avait,  dit  Champollion  ,  formé  un  ta- 
bleau de  tous  les  signes  hiéroglyphiques  existants  sur  les  obélisques 
ou  les  monuments  égyptiens  conservés  à  Rome  et  dans  divers  cabi- 
nets de  l'Europe  ;  mais  sa  mort ,  trop  tôt  pour  la  science  ,  vint 
mettre  un  terme  à  ses  utiles  travaux  3. 

Peu  de  temps  après  la  mort  de  Zoega  eut  lieu  l'expédition  fran- 
çaise, et,  en  4799,  la  découverte  par  M.  Boussard  de  la  pierre  si 


1  An  introduction  to  the  study  of  egyptian  hieroglyphs ,  by  Samuel  Birch. 
London  ,  8°,  1857.  Traduite  en  partie  par  M.  Chabas  ,  dans  la  Revue  archéologique. 
Paris,  1858. 

1  l)i-  origine  obeliscorum,  Romae,  1797. 

3  Champollion,  Grammaire  égyptienne.,  introduction. 


—  103  — 

célèbre  de  Rosette.  Cette  pierre,  qui  se  trouve  maintenant  au  Musée 
britannique ,  est  de  granit  noir  et  de  forme  rectangulaire  ;  elle  offre 
trois  inscriptions  en  caractères  différents.  L'inscription  supérieure, 
détruite  en  grande  partie  ,  est  conçue  en  écriture  hiéroglyphique  ; 
le  texte  intermédiaire  est  en  écriture  cursive  ,  que  l'on  nomme 
maintenant  démotique  ,  et  enfin  une  inscription  en  langue  grecque 
occupe  la  troisième  division.  Ce  texte  grec  contient  un  décret 
rendu  par  les  prêtres  en  l'honneur  de  Ptolémée  V ,  et  la  dernière 
ligne  de  ce  texte  indique  qu'il  devait  être  reproduit  dans  tous  les 
temples,  de  premier,  de  second  et  de  troisième  ordre,  sous  les  trois 
formes  d'écriture  :  sacrée,  enchorique  ,  grecque.  Dès  lors,  on 
avait  un  point  d'appui  certain  dans  la  comparaison  des  textes 
égyptiens  et  de  leur  traduction  grecque ,  on  possédait  la  clef  du 
système  hiéroglyphique  ;  il  ne  restait  plus  qu'à  s'en  servir. 

Cependant  il  fallut  encore  bien  des  tâtonnements  avant  que  l'on 
arrivât  à  la  science  du  déchiffrement.  Sylvestre  de  Sacy,  Ackerblad 
et  Young  tentèrent  quelques  essais  plus  ou  moins  heureux.  Le 
dernier  parvint  même  par  des  moyens  mécaniques  à  déterminer  le 
sens  de  certains  groupes. 

Le  fondateur  de  l'égyptologie  est  Champollion.  Pour  ne  pas  trop 
m'étendre  sur  une  histoire  que  tout  le  monde  connaît ,  je  vais  dire 
en  deux  mots  comment  il  parvint  à  reconstituer  l'alphabet  hiérogly- 
phique. Il  compara  entre  eux  les  signes  qui  servent  à  écrire  les 
noms  propres:  Cléopatre ,  Ptolémée,  Alexandre;  puis,  appliquant 
à  d'autres  noms  de  rois  les  quinze  signes  phonétiques  dont  cette 
comparaison  lui  avait  donné  la  valeur  ,  il  lut  les  noms  Autocrator, 
Csesar,  Sebastos,  Cheops,  Psammétique  et  une  foule  d'autres. 
Enfin,  et  c'est  en  ce  point  surtout  que  consiste  sa  découverte  ,  il 
appliqua  son  alphabet  non  plus  aux  seuls  noms  propres,  mais  aux 
textes  eux-mêmes.   Ce  dernier  pas  franchi,  la  science  était  créée. 

Le  principal  ouvrage  de  Champollion  est  sa  grammaire  égyp- 
tienne qu'il  nommait  sa  carte  de  visite  à  la  postérité  et  qui  ne  fut 


—  104  — 

publiée  qu'après  sa  mort.  Il  y  caractérisa  parfaitement  les  trois 
genres  d'écriture  indiqués  par  Clément  d'Alexandrie  dans  un  célèbre 
passage  de  ses  Stromates ,  V,  047.  «  Ceux,  dit  cet  écrivain,  qui 
parmi  les  Égyptiens  reçoivent  de  l'instruction,  apprennent  d'abord  la 
manière  d'écrire  nommée  épistolographique  ,  secondement  la  hiéra- 
tique, employée  par  les  hiérogram mates  (scribes),  enfin  l'hiéro- 
glyphique ,  qui  est  la  plus  complète  de  toutes. 

Toutefois  Clin mpol lion  n'a  guère  étudié  que  les  écritures  hiéro- 
glyphique et  hiératique.  Sa  grammaire  contient  le  catalogue  de  la 
plupart  des  signes  qui  y  sont  usités,  et  presque  toutes  les  valeurs 
attribuées  à  ces  signes  par  le  père  de  l'égyplologie  ont  été  recon- 
nues exactes.  Champollion  ne  s'est  guère  trompé  que  dans  la 
transcription  des  caractères  syllabiques.  On  trouve  aussi  dans  cet 
ouvrage  presque  toutes  les  formes  grammaticales  ;  mais  la  syntaxe 
n'y  est  pas  traitée,  et  l'on  comprend  aisément  que  Champollion 
n'a  eu  ni  le  temps  ni  le  moyen  de  s'en  occuper. 

Après  la  mort  de  ce  savant  ,  son  œuvre  courut  un  grand 
danger  et  tomba  dans  un  discrédit  dont  peut-être  elle  ne  s'est 
pas  encore  complètement  relevée  dans  l'opinion  de  bien  des  gens. 
Le  système  qu'il  avait  établi  fut  attaqué  ,  de  nouvelles  théories 
furent  proposées  ,  d'anciennes  rêveries  furent  renouvelées  ;  enfin  , 
ce  qui  fut  plus  grave ,  des  disciples  de  Champollion  crurent  que 
l'imagination  pouvait  suppléer  à  la  discussion  rigoureuse  des  textes. 
Grâce  à  cet  abus  on  vil,  par  exemple,  des  hommes,  qui  d'ailleurs 
ont  bien  mérité  de  la  science  ,  prendre  une  collection  de  lettres 
pour  une  relation  circonstanciée  des  faits  rapportés  dans  l'Exode. 

Cependant,  des  égyptologues  sérieux  entrèrent  dans  la  lice  ,  et 
la  philologie  égyptienne  put  enfin  progresser  rapidement.  En  tète 
de  ces  savants  on  doit  citer  M.  Lepsius  ,  qui  débuta  dans  les 
Annales  de  l'Institut  de  correspondance  archéologique  de  Rome 
par  une  lettre  à  M.  Rosellini,  et  qui  depuis  s'est  rendu  célèbre 
par  une  foule  de  publications.  En  France,  M.  le  vicomte  de  Rougé 


—  105  — 

aborda  le  premier  résolument  un  texte  et  le  discuta  dans  tontes  ses 
parties.  Parmi  les  nombreux  ouvrages  qu'il  a  publiés  ,  on  peut 
citer  comme  particulièrement  utile  aux  étudiants  sous  le  rapport 
philologique  son  Mémoire  sur  le  tombeau  cVAhmès,  Paris  1851, 
dans  lequel,  quoiqu'il  ne  s'occupe  que  de  sept  lignes  d'hiéroglyphes, 
il  expose  parfaitement  la  méthode  que  l'on  doit  suivre  pour  inter- 
préter de  longues  inscriptions;  sa  traduction  d'une  stèle  égyptienne 
appartenant  à  la  bibliothèque  impériale,1  d'une  stèle  de  Thoutmès, 
son  étude  sur  le  rituel  funéraire  des  anciens  Egyptiens,  entin  sa 
notice  sur  quelques  fragments  de  l'inscription  de  Kanack.  Tou- 
tefois ces  deux  derniers  ouvrages  ne  peuvent  être  utiles  au  point  de 
vue  de  la  philologie  qu'à  ceux  qui  possèdent  le  texte  égyptien  du 
rituel ,  et  les  Monuments  d'Egypte  publiés  par  Lepsius. 

Parmi  les  nombreux  auteurs  qu'il  faudrait  maintenant  citer,  il  n'en 
est  pas,  je  crois,  qui  se  mette  davantage  à  la  portée  des  commençants 
que  M.  Chabas.  Il  semble  que  son  plus  grand  souci  soit  de  montrer 
jusque  dans  ses  derniers  détails,  le  mécanisme  de  sa  traduction. 
La  seconde  partie  de  ses  Mélanges  égyptologiques  peut  en  quelque 
sorte  tenir  lieu  de  chrestomathie  égyptienne.  Citons  comme  très- 
utiles,  à  ce  même  point  de  vue,  ses  travaux  sur  les  inscriptions  de 
Radesieh ,  sur  un  hymne  à  Osiris ,  sur  l'inscription  d'Ibsamboul , 
sur  les  inscriptions  des  mines  d'or,  sur  le  nom  de  Thèbes  et  enfin 
sur  le  chapitre  VI  du  rituel  égyptien. 

Je  passe  maintenant  aux  études  faites  sur  l'écriture  hiératique 
qui  nous  fournit  encore  plus  de  matériaux  que  l'hiéroglyphique  , 
pour  la  reconstruction  de  la  langue  perdue  des  pharaons.  Citons 
d'abord  l'étude  faite  par  M.  Chabas  sur  le  papyrus  Prisse  qui, 
contenant  des  maximes  de  Ptah-Hotep,  fonctionnaire  du  temps  du 
roi  Àssa  de  la  septième  dynastie ,  est  nommé  à  juste  titre  le  plus 
ancien  livre  du  monde. 

M.  de  Rougé  a  publié  dans  la  Revue  archéologique  française  en 

1  Journal  Asiatique.  —  Paris,  1 850  «t  suiv. 


—  106  — 

1852  la  traduction  d'un  papyrus  nommé  le  roman  des  deux  frères, 
qui  parait  avoir  été  composé  pour  le  roi  Séti  II.  Dans  la  seconde 
partie  de  ses  Mélanges  égyptologiques,  M.  Chabas  a  complété  cette 
première  traduction. 

En  1856,  M.  de  Rongé  a  traduit  un  papyrus,  (Sallier,  III) 
qui  contient  le  récit  poétique  d'un  exploit  de  Ramsès  II ,  dans 
l'une  de  ses  expéditions  contre  les  Chétas.  En  1800,  parurent  les 
articles  de  M.  Goodwin  sur  les  papyrus  hiératiques,  et  la  traduc- 
tion du  papyrus  magique  Harris  de  M.  Chabas.1  En  1863,  ce  der- 
nier traduisit  encore  une  partie  des  papyrus  hiératiques  de  Berlin. 

MM.  de  Saulcy  et  Brugsch  se  sont  surtout  occupés  de  l'écriture 
domotique  et  l'on  peut  dire  que  le  dernier  en  a  été  véritablement 
le  Champollion.  Entre  plusieurs  autres  ouvrages,  sa  Grammaire 
démotique,  publiée  à  Berlin  en  1855,  contient  les  principes  de  la 
langue  et  de  l'écriture  populaire  des  anciens  Égyptiens.  Malheu- 
reusement le  prix  excessif  de  cet  ouvrage  le  rend  inutile  et  comme 
non-avenu  pour  la  plupart  des  jeunes  égyptologues.  Après  avoir 
déjà  en  1851  fait  connaître  le  livre  intitulé  Saï  en  sinsin  (le  livre 
des  souffles),  M.  Brugsch  a  dernièrement  publié  le  texte  et  la 
traduction  de  deux  papyrus  bilingues ,  c'est-à-dire  hiératiques  et 
démotiques,  ce  qui  rendra  très-facile  la  comparaison  des  deux 
écritures. 

Jusqu'à  ce  jour,  il  n'existe  pas  d'ouvrage  qui  réunisse  en  un 
faisceau  tous  les  renseignements  dispersés  dans  les  livres  que  j'ai 
cités  et  dans  bien  d'autres  que  j'ai  passés  sous  silence  ,  soit 
parce  que  je  n'ai  pu  les  voir  ,  soit  parce  que  je  dois  y  re- 
venir plus  loin.  Il  faut  donc  que  l'étudiant,  que  je  suppose  muni 
d'avance  de  solides  connaissances  dans  la  langue  copte,  se 
forme  par  la  lecture  de  ces  ouvrages  au  mécanisme  des  hiéro- 
glyphes. Quant  au   dictionnaire,  chacun   doit  se  le  faire  à  soi- 

1  C'est  surtout  dans  ce  magnifique  ouvrage  ,  indispensable  d'ailleurs  pour  la  connais- 
sance de  la  mythologie  égyptienne,  que  l'étudiant  peut  se  former  à  la  lecture  des  textes 
hiératiques. 


—  107  — 

même.  Le  dictionnaire  hiéroglyphique  de  Champollion  ne  con- 
tient guère  que  les  mots  qui  sont  dans  sa  grammaire.  Quelques 
autres  essais  de  lexiques  ont  été  publiés  par  Sharpe  :  Rudiment 
ofa  vocabulary  of  cgyptian  hieroglyphics,  London,  1837;  Birch 
dans  l'ouvrage  de  M.  Bunsen  :  jEgyptens-stelle  in  der  Weltge- 
schichte;  Brugsch  ,  dans  son  étude  sur  la  pierre  de  Rosette  en 
1851  et  aussi  dans  sa  traduction  des  papyrus  bilingues  Rhind: 
On  trouve  de  même  des  lexiques  au  tome  second  des  Mélanges 
égyptologiques  et  au  papyrus  magique  Harris  de  M.  Chabas. 
Chacun  doit  donc  réunir  tous  ces  lexiques,  les  fondre  en  un  seul 
corps  et  y  ajouter  tous  les  mots  nouveaux  qu'il  rencontre  chaque 
jour  dans  ses  études  ou  ses  lectures.  On  comprend  de  quelle 
utilité  il  serait  de  réunir  toutes  ces  notes ,  éparses  dans  les 
portefeuilles  des  égyptologues  ;  on  pourrait  s'appliquer  à  faire 
progresser  la  science  pendant  tout  le  temps  que  l'on  dépense  à 
des  recherches  préparatoires  et  à  des  transcriptions  matérielles. 

II. 

Je  dois  parler  dans  cette  seconde  division  des  diverses  écritures 
égyptiennes  et  de  la  langue  qu'elles  expriment. 

On  distingue  trois  espèces  d'écriture  :  l'hiéroglyphique, 
l'hiératique  et  la  démotique.  Les  hiéroglyphes  formèrent  l'écriture 
primitive  des  Égyptiens  ;  les  deux  autres ,  ne  sont  que  des 
abréviations  successives  de  ces  premiers  signes  trop  compliqués, 
qui  demandaient  une  main  habile  pour  les  tracer,  et  exigeaient 
une  dépense  de  temps  considérable.  On  rencontre  souvent  des 
inscriptions  qui  tiennent  en  quelque  sorte  le  milieu  entre  deux 
écritures  et  nous  montrent  à  l'évidence  comment  s'est  fait  le 
passage  de  l'une  à  l'autre. 

On  commença  par  dessiner  les  objets  d'une  façon  plus  grossière 
et  l'on  obtint  des  figures  qui  ressemblent  à  celles  que  les  enfants 
ébauchent  parfois  sur  leurs  livres  de  classe.  Puis  on  simplifia  les 
signes,  on  n'en  forma  plus  que  les  traits  principaux,  ainsi  que 


—  108  — 

Champollion  l'a  démontre  dans  sa  grammaire  par  des  tableaux 
comparatifs.  On  peut  même  dire  que  beaucoup  de  signes  hiéra- 
tiques ,  que  ce  savant  croyait  avoir  été  choisis  arbitrairement , 
s'expliquent  aisément  par  la  comparaison  avec  les  textes  en  hiéro- 
glyphes cursifs  que  nous  possédons. 

Mais  bientôt  ces  abréviations  ne  suffirent  pas  encore,  on  voulut 
écrire  avec  plus  de  rapidité ,  tous  les  angles  s'arrondirent ,  les 
caractères  durent  généralement  se  tracer  d'un  seul  trait,  on  les 
simplifia  d'avantage,  et  l'écriture  démotique  fut  formée. 

Toutes  ces  écritures  se  résument  donc  dans  l'hiéroglyphique  qui 
est  la  plus  complète.  Je  ne  m'occuperai  que  de  cette  dernière 
dans  l'exposé  succinct  que  je  vais  faire  du  système  graphique  des 
anciens  Egyptiens. 

La  série  des  hiéroglyphes  comprend  ,  comme  le  dit  Champollion, 
des  images  de  toutes  les  classes  d'êtres  que  renferme  la  création . 
On  peut  les  diviser  de  plusieurs  manières;  la  division  que  donne 
Clément  d'Alexandrie  me  parait  la  plus  simple  :  «  L'écriture 
»  hiéroglyphique,  dit-il,  se  divise  en  deux  classes  :  l'une,  cyrio- 
•  logique,  emploie  les  premières  lettres  alphabétiques,  l'autre  est 
>  symbolique.  »  Je  divise  donc  les  hiéroglyphes  en  phonétiques  et 
idéologiques. 

Les  signes  phonétiques  sont  des  lettres  ou  des  syllabes  qui 
jouent  exactement  le  rôle  de  nos  caractères  alphabétiques.  Par 
exemple,  une  tige  de  roseau,  un  aigle,  un  bras  avec  la  main 
ouverte ,  désignent  la  lettre  A  ;  une  sorte  de  poule  désigne  la 
lettre  U  ;  une  jambe  ,  un  oiseau  de  la  famille  des  échassiers ,  la 
lettre  B;  une  bouche,  la  lettre  R;  un  serpent  cornu,  la  lettre  F; 
et  ainsi  du  reste  de  l'alphabet.  D'autres  signes  sont  syllabiques. 

On  peut  affirmer  que  presque  tous  les  phonétiques  simples  sont 
connus  maintenant;  il  ne  reste  d'inconnus  ou  de  douteux  qu'un 
certain  nombre  de  caractères  syllabiques. 

Les  caractères  idéologiques  sont  ceux  qui  peignent  soit  réelle- 
ment, soit  par  métaphore,  l'objet  que  l'on  veut  signifier.  Exem- 


—  109  — 

pies  :    ©  le  soleil  ;    pour   exprimer  un  animal  on  le  dessinait. 
De  même  ^^  une  main  ,   P^J  une  tète,  etc. 

Par  métaphore  :  une  pousse  de  palmier  et  le  soleil  réunis 
signifient  année  {q  ,  l'image  de  la  lune  /^  signifie  mois  ;  la 
partie  antérieure  d'un  lion  „_g/>  :  devant ,  ce  qui  est  devant  , 
chef,  seigneur,  mari,  proue  d'une  barque,  avant-garde  d'une 
armée ,  selon  le  contexte. 

Mais  on  comprend  aisément  que  ces  sortes  de  signes  sont  sus- 
ceptibles de  plusieurs  interprétations  et,  par  suite,  de  plusieurs 
prononciations.  Ainsi  le  signe  0  désignant  le  soleil ,  se  lit  Ra  , 
signifiant  jour,  il  se  lit  Hrou.  Ce  même  signe  peut  éveiller  les  idées 
suivantes  :  heure,  moment,  temps,  saison ,  année  ,  éclat,  éclatant, 
lumineux ,  etc.  Comment  distinguer  toutes  ces  significations  ?  D'une 
manière  extrêmement  simple ,  c'est-à-dire  à  l'aide  des  caractères 
phonétiques.  Un  même  mot  est  donc  écrit  en  double  :  une  première 
fois  à  l'aide  de  caractères  alphabétiques,  une  seconde  fois  à  l'aide 
d'un  ou  même  de  plusieurs  signes  idéologiques,  exactement  comme 
si  en  français  pour  désigner  un  cheval ,  on  écrivait  les  caractères 
c-h-e-v-a-1  et  qu'ensuite  on  en  dessinât  la  figure.  Ce  dernier 
dessin  est  ce  qu'on  appelle  le  déterminatif.  Le  déterminatif  et  le 
groupe  phonétique  s'expliquent  mutuellement,  car  de  son  côté,  le 
groupe  phonétique  seul  ne  suffit  par  toujours  à  cause  du  grand 
nombre  d'homonymes  que  l'on  rencontre  en  égyptien.  Je  donne 
dans  ma  planche  II  un  certain  nombre  d'exemples  qui ,  beaucoup 
mieux  que  toutes  les  théories ,  expliquent  le  rôle  de  l'élément 
phonétique  et  de  l'élément  idéologique. 

Si  l'on  demande  maintenant  quelle  langue  se  retrouve  sur  les 
monuments,  je  réponds  que  c'est,  comme  on  doit  s'y  attendre,  la 
forme  antique  du  copte,  c'est  à  dire,  de  l'idiome  dans  lequel  nous 
possédons  une  traduction  de  la  Bible  et  quelques  autres  ouvrages. 
Certes ,  il  y  a  des  différences  entre  l'égyptien  des  Ramsès  et  celui 
de  nos  livres  coptes  ;  il  y  a  même  des  variations  dans  l'écriture 


—  110  — 

antique ,  tellement  que  l'on  distingue  d'ordinaire  du  premier 
coup  d'œi!  une  inscription  datant  des  Ptolémées  d'une  autre  inscrip- 
tion remontant  par  exemple  à  la  18e  dynastie  ;  mais  le  fond 
grammatical  et  lexicologique  reste  le  même ,  et  l'on  peut  dire  avec 
M.  Chabas  :  c'est  du  copte  et  toujours  du  copie. 

Il  faut  pourtant  avouer  qu'il  reste  encore  bien  des  lacunes  à 
combler  avant  que  nous  soyons  complètement  maîtres  de  la  langue. 
Cependant  ,  dit  M.  Chabas,  malgré  ses  obscurités  et  ses  bizareries 
la  langue  des  hiéroglyphes  possède  des  avantages  qui  lui  sont  pro- 
pres :  il  est  toujours  possible  ,  le  plus  souvent  môme  facile  de 
distinguer  l'intention  générale  d'un  texte  égyptien  ,  et  l'on  n'est 
jamais  exposé  à  de  grandes  erreurs  ,  comme  dans  l'investigation 
des  langues  perdues  à  écritures  alphabétique?  ,  telles  que  le  phé- 
nicien et  les  dialectes  araméens.  Depuis  plusieurs  années,  la  science 
du  déchiffrement  des  hiéroglyphes  possède  des  moyens  analytiques 
suffisants  pour  affirmer  ses  résultats  généraux. 

On  sait  qu'un  dictionnaire  des  hiéroglyphes  comprend  nécessai- 
rement deux  parties  :  un  catalogue  des  signes  et  un  catalogue  des 
mots.  Le  catalogue  des  signes  doit  comprendre  toutes  les  figures 
usitées  dans  les  hiéroglyphes  : 

4°  Les  ligures  humaines  debout  ,  accroupies,  assises  , 

2°  Les  membres  humains, 

3°  Les  animaux  :  quadrupèdes,   oiseaux,  reptiles,    poissons, 

4°  Les  parties  d'animaux. 

D'ordinaire ,  on  continue  ta  classer  de  même  les  autres  signes 
d'après  leur  nature  :  les  objets  célestes ,  les  plantes ,  les  bâtiments, 
les  ustensiles,  etc.  Mais,  comme  un  dictionnaire  est  destiné  non 
pas  à  celui  qui  sait  mais  à  celui  qui  ignore  ,  je  préférerais  que 
l'on  rangeât  les  ligures  simplement  d'après  leurs  formes  : 

5°  Les  lignes  droites  ou  à  peu  près  droites  , 

V)0  Les  lignes  courbes  , 

7°  Les  signes  cruciformes  , 


—  111  — 

8°  Les  signes  ronds  ou  ovales,  triangulaires,  quadiangulaires  ; 
parmi  ces  derniers  seraient  rangés  les  bâtiments  ; 

9«  Les  signes  compliqués  dont  la  forme  se  rapproche  soit  de 
la  touffe  du  papyrus ,  soit  des  signes  représentant  les  articulations 
Mes,  S'en,  Xep  ; 

10°  Enfin  les  figures  qui  ne  peuvent  trouver  place  dans  aucune 
de  ces  divisions,  comme  le  chariot  et  plusieurs  signes  composés. 

Cette  division  que  j'ai  suivie  pour  moi-même  ,  n'est  ni  natu- 
relle, ni  scientifique,  mais  elle  parle  aux  yeux.  A  côté  de  chacun 
des  signes  doit  se  trouver  sa  valeur  phonétique  ou  idéographique. 
De  même,  cette  partie  du  dictionnaire  doit  comprendre  une  liste  de 
tous  les  signes  hiératiques  et  démotiques ,  qui  renvoie  le  plus  pos- 
sible à  leurs  origines  hiéroglyphiques.  La  seconde  partie  du  dic- 
tionnaire doit  contenir  tous  les  mots  rangés  d'après  l'ordre 
alphabétique  ,  mais  pourtant  écrits  avec  les  caractères  hiérogly- 
phiques ;  il  doit  comprendre  les  variantes  et  indiquer  les  sources. 
Il  faut,  dis-je,  que  les  mots  soient  donnés  en  caractères  hiérogly- 
phiques, d'abord  à  cause  des  détermina  tifs,  et  ensuite  parce  que 
certains  caractères  sont  spécialement  affectés  à  l'écriture  de  cer- 
tains mots. 

On  a  plusieurs  manières  de  déterminer  le  sens  des  mots  encore 
inconnus.  Souvent  les  tableaux-  sculptés  ou  dessinés  présentent  le 
nom  des  objets  à  côté  des  figures.  Pour  ne  citer  qu'un  seul  exem- 
ple, c'est  ainsi  que  dernièrement  M.  Birch  a  découvert  le  nom 
égyptien  de  divers  jeux  ,  et  en  particulier  du  jeu  de  dames  qui 
devait  charmer  les  loisirs  des  défunts  béatifiés.  Dans  le  texte ,  les 
signes  déterminatifs  sont  d'un  grand  secours,  en  ce  qu'ils  donnent 
parfois  la  figure  de  l'objet  exprimé  phonétiquement ,  et  que  du 
moins  ils  indiquent  l'ordre  d'idées  dans  lequel  on  doit  chercher  la 
signification.  Mais  le  moyen  principal  consiste  dans  la  comparaison 
de  divers  textes  dans  lesquels  se  rencontre  la  même  expression. 
C'est  pourquoi  il  est  si  important  pour  un  égyptologue  d'avoir  une 


—  112   — 

foule  do  textes  à  sa  disposition.  Enfin  les  lexiques  coptes  peuvent 
être  invoqués  pour  fournir  une  présomption  ou  bien  une  confir- 
mation. 

J'emprunte  à  M.  Ghabas,  la  liste  suivante  d'ouvrages  dans  les- 
quels les  monuments  et  les  inscriptions  sont  reproduits  avec  soin  : 
Lepsius.  —  Denkmaeler  aus  JEgyplen  und  .Ethiopien,  grand 

in-folio,  Berlin. 

—  Todtenbuch  der  .Egypter,  in-folio,  Leipzig. 
Champollion.  —   Monuments  de   V Egypte  et  de   la   Nubie, 

in-folio ,  Paris. 
Prisse  d'Avennes.  —  Monuments  égyptiens,  in-folio,  Paris. 

—  Facsimile  d'un  papyrus  hiératique. 
Rosellini.  —  Monumenti  Egiziani. 

Leemans.  —  Monuments  égyptiens  du  musée  de  Leyde. 
Brugscii.  —  Monuments  de  l'Egypte,  décrits,  commentés  et 

reproduits,  in-folio,  Berlin. 
Diverses  collections  publiées  par  Young,  Berton,  Sharpe,  Greene 

et  Storert. 

Les  papyrus  du  musée  britannique,  les  papyrus  Belmore ,  et 
enfin  l'édition  du  Rituel  funéraire  ,  que  donne  maintenant 
M.  de  Bougé,  et  les  fouilles  du  Serapeum  par  M.  Mariette. 


III. 


Tous  les  monuments  de  l'Egypte  peuvent  se  rapporter  à  la 
religion,  à  l'histoire,  à  la  science  ou  aux  belles  lettres  propre- 
ment dites. 

Nulle  des  publications  faites  jusqu'à  ce  jour  n'a  étudié  complè- 
tement la  religion  égyptienne  ;  cependant  nous  possédons  sur  ce 
point,  plusieurs' savantes  dissertations.  Je  citerai  en  particulier 
celle  de  M.  Lepsius  :  Ueber  den  ersten  /Egyplischen  Gotter- 
kreis,  Berlin  1851  ,  et  Ueber  die  Gotter  der  4  Elemente  bei 


—  113  — 

den  Mgypten ,  Berlin  1857  ;  la  traduction  d'un  bel  Hymne  à 
Osiris  par  M.  Chabas  ;  celle  de  17e  chapitre  du  Rituel  funéraire, 
par  M.  de  Rougé  ;  et  un  Mémoire  sur  la  mère  d'Apis,  par 
M.  Mariette.  Ajoutons  à  ces  études  la  traduction  du  Livre  des 
Souffles ,  et  de  deux  Papyrus  funéraires  bilingues ,  par 
M.  Brugsch,  et  les  traductions  de  deux  papyrus  magiques 
par  MM.  Birch  et  Chabas. 

Nous  possédons  sur  la  religion  des  Égyptiens  plus  de  matériaux  , 
je  pense,  que  sur  tout  autre  religion  de  l'antiquité.  Les  murailles 
des   temples,   les  pierres  des  tombeaux  ,  les  papyrus  contiennent 
une  mine  presque  inépuisable  d'hymnes ,  de  prières ,  de  pratiques , 
de  recettes   magiques  et  de  tableaux  représentant  les  cérémonies 
du  culte.  Pour  comprendre   l'importance  de  ces  renseignements , 
il  suffit  de  se  rappeler  que  les  Egyptiens  ont  été  en  rapport  constant 
avec  les  Juifs ,  et  que  d'un  autre  côté  c'est  dans  les   temples  de 
Memphis  et  de  Thèbes  que  Pythagore ,  Platon  et  plusieurs  autres 
chefs  de  la  philosophie   grecque  sont  venus  chercher  la  sagesse. 
On  sait  aussi   combien  les  doctrines  égyptiennes  eurent    de  part 
à  la  formation  de  ces  hérésies  qui  désolèrent  l'Église  naissante. 
Plus  nombreux  encore  sont  les  monuments  historiques  que  nous 
offre  le  sol  de   l'Egypte  et  lorsque   tous  ces   documents   seront 
classés,  nulle  histoire  dans  l'antiquité  ne  sera  mieux  connue  que 
celle   des   Egyptiens.   Mais   c'est  en  parlant  des  études  faites  sur 
ces  monuments  qu'il  faut  se  garder  de  toute  précipitation.  Et  voici 
pourquoi  :  «  Toutes  les  dates  inscrites  sur  les  monuments  et  dans 
les  papyrus  de  l'Egypte  se  rapportent  non  pas  à  une  ère  com- 
mune ,  mais   simplement  aux  années  de  règne  des   Pharaons. 
Elles  ne  peuvent   conséquemment   offrir  un  moyen  de  nouer  la 
chaîne   chronologique ,  sauf  dans  un  petit  nombre  de  cas ,  où 
l'on  rencontre  quelques  indications   additionnelles,  telles,  par 
exemple ,  que  l'évaluation  de  l'intervalle  qui  sépare  deux  époques 
de  deux  règnes  différents.  Aussi  est-il  vrai  de  dire  que  l'étude 


—  114  — 

>  des  monuments  originaux  est,  quant  à  présent,  impuissante  à 
»  fournir  les  éléments  d'une  chronologie  suivie.  •  (Chabas  , 
Mélanges  égyptiens.) 

Le  papyrus  chronologique  du  musée  de  Turin ,  eût  pu  servir 
de  guide;  mais  il  a  été  malheureusement  mis  en  pièces  pendant 
qu'on  le  transportait  d'un  endroit  à  un  autre;  maintenant  chaque 
auteur  en  classe  les  débris  selon  les  besoins  de  son  système. 
Les  listes  de  Manéthon  ne  se  prêtent  pas  moins  docilement  à  tous 
les  remaniements  possibles. 

Nous  devons  cependant  mentionner  plusieurs  essais,  quoiqu'il 
n'appartienne  de  les  juger  qu'aux  chefs  de  l'égyptologie.  Lesueur, 
de  Bunsen ,  Brunet  de  Presle ,  de  Saulcy  et  d'autres  ont  cherché 
à  classer  les  dynasties.  D'autres  se  sont  occupés  d'une  partie  de 
cette  vaste  histoire  ;  ainsi  M.  Lepsius  a  étudié  la  XXIIe  dynastie. 
Ce  même  savant  a  discuté  les  fondements  de  la  chronologie  égyp- 
tienne dans  l'énorme  volume  intitulé  :  Die  Chronologie  der 
Mgypter,  qui  fut  suivi  du  Konigsbuch.  M.  Brugsch  et  M.  Lauth  ont 
publié  tous  deux  la  première  partie  de  deux  histoires  de  l'Egypte. 
On  a  voulu  souvent  fixer  certaines  dates  au  moyen  de  calculs 
astronomiques;  la  seule  chose  à  dire  sur  ces  essais,  est  que  jusqu'à 
présent  on  n'a  pas  encore  trouvé  de  base  certaine  sur  laquelle  on 
pût  les  appuyer. 

Je  range  encore  sous  la  rubrique  de  l'histoire  ,  les  études 
géographiques  de  M.  Brugsch  et  de  M.  Jacques  de  Rougé  ,  qui 
publie  maintenant,  dans  la  Revue  archéologique  de  France,  une 
série  d'articles  sur  les   textes  géographiques  du  temple  d'Edfou. 

Les  monuments  de  l'Egypte  ne  nous  offrent  que  des  biographies 
séparées;  il  faut  donc  étudier  chacune  d'elles  séparément.  Lors- 
qu'on possédera  des  traductions  d'une  valeur  indiscutable ,  il  est 
probable  qu'on  y  trouvera  enfin  des  points  de  contact.  M.  de  Bougé 
qui  a  aussi  jeté  un  coup  d'œil  sur  l'ensemble  de  la  chronologie 
égyptienne  dans  son  Examen  de  V  ouvrage  de  M.  de  Bunsen  a  publié 


—  115  — 

plusieurs  travaux  sur  divers  points  particuliers  de  cette  histoire. 
Son  ouvrage  sur  la  statue  Naophore  du  Vatican ,  qui  porte  une 
inscription  relative  au  règne  de  Cambyse ,  est  peut-être,  dit 
M.  Chabas,  le  meilleur  travail  qu'on  ait  fait  sur  une  inscription 
historique.  On  doit  aussi  citer  ses  études  sur  plusieurs  monuments 
du  règne  de  Thoutmès ,  et  sur  une  stèle  de  Pianchi  qui  lui  a  fourni 
quelques  rapprochements  heureux  avec  une  prophétie  d'Isaïe. 
MM.  Deveria  et  Lauth  ont  fait  connaître  le  grand  prêtre  Baken- 
Rhonsu.  M.  Chabas  a  expliqué  l'inscription  d'Ibsamboul  qui 
raconte  une  campagne  de  Ramsès  II  contre  les  Ghetas  ;  je  dois 
aussi  citer  ses  publications  sur  les  inscriptions  de  Radesieh  et  des 
mines  d'or.  M.  Mariette  vient  de  publier  quatre  pages  des  archives 
officielles  de  l'Ethiopie.  M.  Brugsch,  en  Allemagne,  et  M.  Birch, 
en  Angleterre,  ont  aussi  donné  d'utiles  travaux  en  ce  genre. 

Laissant  donc  de  côté  tous  les  systèmes ,  voici  quelques  résultats 
historiques  de  l'égyptologie.  Les  fouilles  de  M.  Mariette  en  faisant 
connaître  les  stèles  des  Apis  et  celles  des  rois  de  l'Ethiopie ,  jettent 
de  grandes  lumières  sur  les  temps  compris  entre  la  XXIe  et  la 
XXVIIe  dynastie,  c'est-à-dire  depuis  la  fin  des  Ramsès,  jusqu'à 
l'invasion  des  Perses. 

L'histoire  des  dynasties  XVIII,  XIX  et  XX  est  assez  bien  connue  ; 
M.  de  Rougé  place  au  XVIIIe  siècle  le  commencement  de  la 
XVIIIe  dynastie,  c'est-à-dire  l'époque  de  l'expulsion  définitive  des 
Pasteurs,  expulsion  sur  laquelle  une  longue  inscription  tirée  du 
tombeau  d'Ahmès  nous  donne  quelques  détails.  Cependant  ,  dit  le 
savant  professeur,  il  n'y  aurait  nullement  à  s'étonner  si  l'on  s'était 
trompé  de  deux  cents  ans  dans  cette  estimation  ,  tant  les  documents 
sont  viciés  dans  l'histoire ,  ou  incomplets  sur  les  monuments. 

Un  des  travaux  qui  méritent  une  plus  grande  attention  de  la 
part  de  ceux  qui  cherchent  surtout  dans  les  études  égyptiennes  des 
points  de  contact  avec  les  récits  bibliques,  se  trouve  dans  les 
Mélanges  égyptologiques  de  M.    Chabas.  Ce  savant  examine  la 


—  116  — 

question  du  synchronisme  de  Moïse  et  de  Ramsès  II.  On  avait 
déjà  sur  ce  point  le  récit  de  Manethon ,  et  la  probabilité  donnée 
par  le  long  règne  de  Ramsès.  M.  Chabas  a  cherché  dans  les 
Monuments  égyptiens  le  fait  rapporté  dans  l'Exode,  I,  11  :  «  Il 
•  plaça  sur  lui  des  maîtres  de  corvée  pour  qu'ils  l'affligeassent 
»  de  leurs  corvées  ,  il  bâtit  les  villes  de  Miskenoth  pour  Pharaon  , 
»   Pithom  et  Ramsès    • 

On  trouve  un  papyrus  qui  contient  une  brillante  description  du 
château  de  Ramsès  II ,  château  qui  avoisinait  soit  la  mer  Rouge , 
soit  la  Méditerranée,  et  n'était  certainement  pas  éloigné  de  la 
frontière  de  l'Egypte ,  du  côté  de  l'Asie.  Le  château  s'appelait  la 
demeure  de  Ramsès,  Pa-Rameses-meriamon. 

Ce  fait  établi ,  M.  Chabas  tire  de  plusieurs  manuscrits  des  détails 
frappants  sur  les  ouvriers  qui  ont  travaillé  pour  ce  Ramsès.  Us 
sont  nommés  Aperi ,  nom  qui  correspond  exactement  à  l'hébreu 
t3>w?:7-y  comme  Anup  correspond  à  Anubis.  Ces  ouvriers 
étrangers  à  l'Egypte,  sont  placés  sous  la  surveillance  de  l'armée, 
reçoivent  leur  nourriture  tous  les  mois,  et  sont  occupés  à 
traîner  la  pierre  ou  à  d'autres  travaux  pour  la  ville  de  Ramsès. 

Les  mêmes  Aperi  ou  Aberi  furent  occupés  à  bâtir  le  temple  du 
soleil  de  Ramsès  II  au  sud  de  Memphis.  Quoique  les  renseignements 
trouvés  jusqu'ici  sur  Pithom  soient  insuffisants,  on  ne  peut  qu'être 
frappé  des  faits  que  j'ai  résumés  plus  haut  sur  la  ville  de  Ramsès, 
et  l'on  ne  doit  conclure  la  presque  certitude  du  synchronisme  de 
Moïse  et  de  Ramsès  II  l. 

Parmi  les  monuments  qui  se  rapportent  à  la  science ,  on  doit 
placer  un  papyrus  médical  du  musée  de  Berlin ,  traduit  en  grande 


1  On  pourrait  ajouter  à  ces  traits  qu'un  prince  de  la  cour  de  Ramsès  se  nommait 
Mos  ou  Moses ,  prince  royal  ijouvernenr  d'Ethiopie  ;  Flavius  Josèphe  dans  son  livre 
des  Antiquités  judaïques  ,  liv.  11  ,  chap.  10,  raconte  que  Moïse  ,  étant  à  la  cour  de 
Pharaon  ,  a  remporté  une  victoire  sur  les  Éthiopiens.  Cependant  cette  identification  pré- 
sente encore  de  grandes  difficultés. 


—  117  — 

partie  par  M.  Chabas.  On  pourrait  ramener  à  ce  titre  les  docu- 
ments astronomiques ,  par  exemple  les  Zodiaques  qui  ont  été 
dernièrement  étudiés  par  M.  Lauth.  Toutefois  ces  Zodiaques  sont 
d'origine  trop  récente  pour  que  l'on  puisse  en  tirer  des  conclu- 
sions certaines  sur  les  connaissances  astronomiques  des  Égyptiens. 
Enfin  à  l'article  des  belles-lettres  on  peut  placer  des  poèmes  et 
des  romans  comme  ceux  qui  ont  été  traduits  par  MM.  de  Rougé  et 
Chabas  :  le  poëme  de  Pentaour  et  le  roman  des  deux  frères.  A 
toutes  ces  richesses  joignons  les  documents  judiciaires  publiés  dans 
les  manuscrits  du  musée  de  Leyde.  La  poésie  égyptienne  est  la 
véritable  poésie  biblique:  on  y  retrouve  souvent  le  même  langage, 
les  mêmes  figures,  la  même  sublimité.  Aussi,  en  faisant  même 
abstraction  des  lumières  que  l'histoire  des  Égyptiens  doit  apporter 
à  celle  des  Hébreux,  en  laissant  de  côté  les  richesses  archéologiques 
que  l'Egypte  nous  fournit  sur  les  mœurs,  les  coutumes,  les 
croyances  de  l'Orient,  je  crois  pouvoir  affirmer  que  l'étude  de  la 
langue  des  hiéroglyphes  est  aussi  utile  à  l'interprétation  de  l'Ecriture 
sainte  que  celle  de  la  langue  arabe.  Seule  parmi  les  nations  de 
l'Orient,  l'Egypte  possède  ce  privilège,  qu'elle  nous  est  repré- 
sentée en  quelque  sorte  comme  vivante.  Elle  se  meut ,  elle  agit 
sous  nos  yeux  dans  ces  tableaux  qui  recouvrent  les  murailles  de 
ses  temples  et  de  ses  palais  ;  elle  vit  dans  ces  lettres  particulières 
que  l'on  retrouve  après  tant  de  siècles;  elle  vit  dans  la  grandeur 
de  ses  conquérants  et  dans  leur  stupicle  orgueil ,  comme  dans  la 
mesquine  vanité  des  gouverneurs  et  des  divers  employés.  C'est 
donc  l'Egypte  que  nous  devons  étudier  quand  nous  voulons  nous 
transporter  au  milieu  des  contemporains  d'Abraham,  de  Moïse  et 
de  David. 

IV. 

Après  avoir  jeté   un  rapide  coup  d'œil    sur    le    chemin   qu'a 
parcouru  l'archéologie  égyptienne  depuis  qu'elle  a  été  créée  par  le 

XXIX  XXII  8 


—  118  — 

génie  de  Champollion ,  il  est  aisé  de  voir  ce  qui  reste  à  l'aire.  11 
faut  avant  tout,  dit  AI.  Ghabas,  augmenter  nos  ressources  lexico- 
logiques.  C'est  de  la  partie  matérielle  que  l'on  doit  s'occuper 
activement ,  c'est-à-dire  de  la  recherche  et  de  la  publication  des 
monuments,  de  la  traduction  des  textes  faciles  et  familiers,  qui 
font  avancer  la  science,  peut-être  plus  lentement  ,  mais  qui 
enrichissent  le  vocabulaire.  Enfin  ce  qui;  l'on  doit  chercher  avant 
tout ,  c'est  la  divulgation  des  études  égyptiennes. 

Mais  à  ce  propos ,  on  doit  malheureusement  tenir  compte  d'une 
difficulté  qui  se  rencontre  spécialement  dans  cette  branche  d'études. 
Seule  peut-être  maintenant  entre  toutes  les  sciences,  l'égyptologie 
doit  encore  prendre  pour  elle  la  devise  de  Bernard  Palissy. 

Certainement  ,  il  faut  rendre  grâce  aux  gouvernements  qui  ont 
envoyé  en  Egypte  des  expéditions  scientifiques  ,  et  qui  en  ont 
publié  les  résultats.  De  même  il  faut  rendre  grâce  aux  particuliers 
qui  multiplient  par  l'impression  les  papyrus  qui  se  trouvent  en 
leur  possession.  Mais  presque  toujours  ces  publications  ne  peuvent 
être  acquises  que  par  ceux  qui  n'ont  pas  la  volonté  de  s'en 
servir.  Ce  sont  d'immenses  in-folio  qui  orneront  une  bibliothèque  de 
luxe,  mais  qui  ne  pourront  pas  trouver  place  dans  celle  de  l'étudiant. 
Et  cependant  ce  sont  là  les  livres  qu'il  faudrait  feuilleter  jour  et 
nuit ,  ce  sont  les  livres  au  milieu  desquels  il  faudrait  vivre  et  sans 
lesquels  il  est  impossible  de  travailler  au  progrès  de  la  science. 

Un  second  obstacle  à  la  diffusion  de  ces  études,  est  le  manque 
de  livres  élémentaires  et  surtout,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  le 
manque  de  dictionnaire.  Beaucoup  reculent  devant  cette  besogne 
matérielle  de  collationner  tous  les  textes  expliqués  et  d'en  extraire 
tous  les  mots  pour  les  ranger  dans  un  manuscrit.  De  plus,  il  est 
difficile  de  se  procurer  toutes  les  brochures  éparpillées  en  France  , 
en  Allemagne,  en  Angleterre,  qui,  tirées  à  un  petit  nombre 
d'exemplaires,  exigent  encore  de  grandes  dépenses. 


—  119  — 

C'est  à  cette  cause  que  l'on  doit  attribuer  mon  silence  sur 
plusieurs  ouvrages  que  je  n'ai  pu  lire  et  dont ,  par  conséquent ,  je 
ne  pouvais  pas  parler.  La  moisson  est  grande  ,  mais  je  crains 
bien  que  les  ouvriers  ne  continuent  à  manquer,  aussi  longtemps 
que  pour  étudier  l'égyptien  il  faudra  être  riche  ou  bien  avoir 
une  grande  bibliothèque  publique  à  sa  disposition. 


—  120 


APPENDICE. 

Je  fais  suivre  ce  court  essai  de  quelques  planches  que  j'ai  crues 
nécessaires  pour  donner  à  mes  lecteurs  une  idée  plus  claire  du 
système  hiéroglyphique. 

La  planche  I  contient  un  extrait  de  l'alphabet  hiéroglyphique, 
dans  l'ordre  suivant:  lre  colonne:  alphabet  copte;  2e  colonne: 
prononciation  figurée  en  lettres  françaises;  3e  colonne  :  signes  de 
l'alphabet  français  choisis,  à  défaut  de  caractères  coptes,  pour  trans- 
crire les  textes  hiéroglyphiques  ;  enfin  4e  colonne  :  signes  hiérogly- 
phiques. 

Parmi  ces  signes,  il  en  est  qui  commencent  à  devenir  syllabiques; 
ce  sont  des  consonnes  qui  renferment  un  son  de  voyelle.  J'ai 
indiqué  ces  signes  sur  le  tableau. 

L'alphabet  copte  n'est  pas  complet  sur  cette  planche,  parce  que 
l'ancien  égyptien  ou  bien  ne  possédait  pas ,  ou  bien  ne  séparait  pas 
certaines  articulations.  Pour  ne  citer  qu'un  seul  exemple  ,  R  et  L 
s'expriment  par  les  mêmes  signes. 

La  planche  II  contient  une  courte  inscription  hiéroglyphique. 
J'ai  cru  devoir  expliquer  par  un  exemple  ce  que  j'ai  dit  trop  briève- 
ment du  déchiffrement  des  inscriptions.  Dans  ce  but ,  j'ai  parcouru 
un  volume  des  monuments  de  Lepsius ,  en  cherchant  un  texte  qui 
ne  fut  ni  trop  long ,  ni  trop  court  et  qui  en  même  temps  fut  assez 
facile  pour  ne  pas  exiger  de  longue  dissertation  '.  J'ai  choisi  une 
inscription  rapportée  dans  \esDenkmaeler,  AbtheilungHI,  PI.  175g. 
Elle  se  trouve  gravée  sur  un  rocher  entre  Assouan  et  Philes;  elle 
n'est  pas  achevée  et  son  auteur    s'est    même   arrêté  après  avoir 

1  J'ai  aussi  pris  soin  de  n'apporter  que  des  textes  non  encore  expliqués,  du  moins  à 
ma  connaissance  ,  parce  que  j'ignore  jusqu'à  quel  point  je  puis  nie  servir  des  travaux 
déjà  publiés. 


—  121  — 

gravé  la  première  lettre  d'un  mot.  Ce  texte  semble  être  un  abrégé 
d'une  inscription  du  temple  d'Ibsamboul  (Denk  III,  195.)  L'ori- 
ginal n'a  que  onze  lignes ,  mais  j'ai  dû  les  diviser  à  cause  de  leur 
longueur.  Enfin  je  ferai  remarquer  que  sur  ma  copie  j'ai  autant 
que  possible  séparé  les  mois  les  uns  des  autres. 

Je  passe  immédiatement  à  la  lecture  du  texte  : 
Ligne  1.  Renpe-t  2,  abot  S  semou,  heru  26,  xer  lien  hor  ra, 

ka  next,   ma  meri , ....    (deux  groupes  idéographiques  dont 

la  lecture  m'est  inconnue,  mais  dont  le  sens  est  :  Seigneur  de  la 

haute  et  de  la  basse  Egypte). 

2.  Maq  kem ,  aufu  to-u  (?),  hor  nub ,  user  teru ,  aa  nextu, 

3.  Suten  xabe,  hik  petiu,  sxer  bs'tu,  neb  xps  ,  neb  ta-ti 

4.  Ra-user-ma-setep-en-ra ,  se  ra,  n  xat-f,  mai-f,  neb  s' au, 
amen-mai-ra-mes-su ,  amen-ra  suten  neteru 

5.  num  neb  sa-mu-t  meri,  anx  neter  nefer  mnt  n ,  peh-li 

6.  ma  se  nu  kera  lier  pka  ra,  maiu 

7.  xem  het,  hati-nef  liefenu ,  m  kem  n 

8.  at  sbti  aa  n  mnfi-u-f ' ,  heru  kera;  set 

9.  n  herit-f  tou  neb-u,  rs'u  to-mera-ti  hik 

10.  am  set,  susxa-nf  tas'u  set  n  fêta,  [ex 
41.  xeta-u ,  haku  tma-u-sen,  petpet  nef 

12 (pays)  meh-tu  amhennu  xeru  n  herit-f, 

13.  xeta-u  ha-nu  ro  n  nu  nifu-f,  ta  suten  oun 
1-4.  kem  m  uui ,  het-u-sen  meh  m  sxeru-f, 

15.  hems-sen  n  s'ubu  xps'-f,  bu  sent-sen  n.  .  .  . 

16.  neb-t ,  fx-f  n  kera-u  no  uafur-mu  aameh- 

17.  hu  st'er-u  n  satennu  maa-sen ,  suten  res  ape 

18.  mi-u  sxerou,  bu  hauni  a  Cet-u-f  neb 

19.  ii-n-f .  ...  ker  xrt-u-sen  er  tbh 

20.  nif-u  n  anx,  hmhmu-f  user  n  to-kens 

21.  s'f-t-f  her  ter  peti-u  sakara,  xeta  ai 

22.  m  qsi-t-u  n  bai- u-f  suten  xabe  neb  ta-ti 
ra-user-ma-setep-en-ra 


—  122  — 

23.  se-ra,    n  œat-f,    neb  sef  amen-mai-ra-mes-su ,  amen-ra  , 

num  sati  a 

Outre  quelques  éraillures  de  la  pierre,  ce  texte  contient  quelques 
signes  dont  la  lecture  est  encore  douteuse  ou  inconnue,  mais  dont 
le  sens  est  certain.  En  voici  la  traduction  : 

1.  L'an  v2 ,  au  mois  3e  de  la  moisson  (Epiphi)  le  26e  jour  sous 
sa  majesté  l'Horus-soleil ,  taureau  puissant,  aimé  de  la  déesse 
vérité ,  le  roi  de  la  haute  et  de  la  basse  Egypte , 

2.  qui  prend  soin  de  la  terre  de  Kémé,  (l'Egypte),  qui  châtie  les 
nations ,  l'IIorus  d'or,  riche  en  années,  grand  par  les  victoires, 

3.  le  roi  de  la  haute  et  de  la  basse  Egypte,  qui  gouverne  les 
barbares ,  qui  renverse  les  rebelles ,  le  seigneur  du  glaive  ,  le 
seigneur  des  deux  mondes , 

i.  soleil,  riche  de  justice ,  éprouvé  par  le  soleil,  tils  du  soleil, 
de  ses  flancs,  qui  l'aime,  Seigneur  des  diadèmes,  Ramsèsmeiamon 
(le  bien-aimé  d'Àmon),  aimé  d'Amon-ra ,  seigneur  des  dieux  , 

5.  et  de  Xoum  de  Samut;  (il  possède)  la  vie  divine  et  gracieuse  de 
Monlh  pendant  des  milliers  d'années ,  (il  est)  vaillant 

6.  comme  le  fils  de  Non  combattant  sur  les  plages  du  soleil.  Lion 

7.  au  cœur  ferme,  il  épouvante  cent  mille  (hommes)  dans  l'espace 

8.  d'un  instant;  il  est  un  mur  grand  pour  ses  soldats  au  jour  du 
combat  ; 

9.  sa  crainte  se  répand  (la  crainte  qu'il  inspire)  sur  tous  les  pays, 
la  joie  est  dans  les  deux  Egyptes  ;  le  roi  est 

10.  en  elles;  il  a  élargi  leurs  frontières  pour  l'éternité.  Terrassant 

11.  les  Chétas  ',  s'emparant  de  leurs  villes,  il  a  foulé  aux  pieds 

12.  leur  pays.  Les  peuples  du  Nord,  les  Amehenus  (?)  renversés 
par  la  peur  (qu'ils  ont)  de  lui , 

13.  et  lis  Chétas  (disent)  :  Ah!  (soient)  à  notre  bouche  ses 
souffles  !  Le  roi  fait  être 


'  Petit-£lre  faut-il  lire  simplement  Alena-t-v,  les  Pasteurs  de  l'Asie,  loiifornidment 
a  certaines  variantes. 


—  123  — 

14-.  l'Egypte  en  expédition ,  •  leurs  cœurs  (des  Egyptiens)  sont 
remplis  de  ses  desseins  : 

15.  ils  sont  assis  sous  l'éclat  de  son  glaive,  ils  ne  craignent  pas 
de  nations  (ils  ne  redoutent  aucun  peuple) 

16.  toutes.  Il  terrasse  les  guerriers  de  la  grande  eau  verte  (la 
mer) ,  les  (habitants  du  pays  de)  Amhou 

17.  sont  renversés  de  même  qu'eux.  Le  roi  veille  comme  un  chef: 

18.  justes  sont  ses  desseins,  aucune  injustice  n'est  dans  toutes 
ses  actions. 

19.  Viennent  à  iui  les  nations  étrangères  avec  leurs  enfants,  pour 
implorer 

20.  les  souffles  de  vie.  Il  rugit  et  s'empare  de  la  Nubie, 

21 .  (il  est)  bouillant  d'ardeur  pour  détruire  les  barbares  de 
Sekali  ;  les  Chétas  implorent  (?) 

22.  en  se  courbant  ses  esprits.  Le  roi  de  la  haute  et  de  la  basse 
Egypte,  le  seigneur  des  deux  mondes,  Ra  user  ma  satep  en 
va  (soleil  riche  de  justice ,  éprouvé  par  le  soleil)  fils  du  soleil , 
de  ses  flancs ,  seigneur  du  glaive ,  Ramsès  meiamon  ,  amon-ra  , 

Noum ,  Sati ,    A (Il  faut  compléter  l'inscription  en  ces 

termes  :  aimé  d'Amon-ra ,  de  Noum,  de  Sati  et  d'Anuk). 


NOTES. 

Voici  sur  ce  texte  quelques  notes  destinées  à  faire  saisir  plus 
aisément  le  mécanisme  des  hiéroglyphes  : 

Ligne  lre.    On  y  rencontre  beaucoup  de  signes  idéologiques  : 

/<=>\  lune  —  mois.  (7)  soleil  —  jour.  %^  épervier  —  le  dieu 

Horus  —  le  roi.  —  ^^  taureau,  v— *   Dras  armt^  d'une  massue , 

symbole  de  la  force,  puissant.  On  trouve  aussi  très-souvent  dans 

le  courant  de  l'inscription  le  même  signe  employé  comme  déter- 


—  124  — 

minatif  des  mots  désignant  une  action  qui  se  fait  par  la  force  ou  la 
violence. 

Ligne  2e.  Le  signe  ©  qui  termine  le  second  mot  est  le  déter- 
minatif  de  pays.  On  trouve  à  la  même  ligne  et  en  d'autres 
endroits  le  signe  £==»  qui  signifie  pays,  nation.  Je  n'en  connais 
pas  la  lecture  certaine. 

Le  dernier  mot  de  celte  ligne  se  décompose  comme  suit  :  au- 
dessus  la  ligne  brisée  N ,  une  branche  d'arbre  XT,  les  deux  lettres 
X  et  T  puis  le  bras  armé  d'une  massue  comme  déterminatif ,  enfin 
les  lettres  T  et  U,  puis  les  signes  du  pluriel.  La  branche  d'arbre 
peut  être  regardée  comme  le  déterminatif  du  son  xt.  Il  faut  lire 
nxt-u  victoires. 

Ligne  3e.  Le  mot  hik,  gouverneur,  est  déterminé  par  un  homme 
accroupi.  —  sœer,  renverser,  déterminatif  :  un  homme  couché  et 
le  bras  armé.  —  bs't-u,  rebelles,  déter.  :  le  bout  du  nez,  un 
homme  tenant  des  deux  mains  une  massue  au-dessus  sa  tête,  puis 
les  signes  du  pluriel.  Le  bout  du  nez  comme  déterminatif  semble 
montrer  que  les  Egyptiens  coupèrent  souvent  le  nez  aux  révoltés. 
Voyez  Diodore,  liv.  I,  c.  70. 

Ligne  -4e.  Les  deux  groupes  enfermés  dans  les  cartouches  sont 
les  deux  noms  du  roi  Ramsès  IL  Cette  inscription  a  donc  été 
gravée  sur  le  rocher  la  deuxième  année  du  règne  du  Pharaon , 
contemporain  de  Moïse. 

Ligne  5e.  Le  terme  :  million  d'années,  est  exprimé  par  un  homme 
accroupi,  levant  les  mains  et  portant  sur  la  tète  le  signe  |  année. 
J'ignore  la  prononciation  de  ce  signe  dont  le  sens  est  certain. 

Ligne  6e.  Le  fils  de  Nou  est  Osiris. 

Je  traduis  le  mot  Ss^j^^peka  ra  les  plages  du  soleil,  à 
cause  des  variantes  °  ^  Q   et    D  1\  O  (Denk.  III  ,   195). 

M.  J.  de  Rouge  cite  dans  ses  études  sur  les  inscriptions  géogra- 
phiques du  temple  d'Edfou  la  forme    /J  Q  désignant  un    terrain 


—  125  — 

chargé  de  troupeaux.  Le  mot  maki  lion,  est  exprimé  phonétique- 
ment et  idéographiquement. 

Ligne  7e.  Ramsès  II  semble  avoir  affectionné  le  titre  hat  hefenu 
qui  effraye  des  centaines  de  mille.  Le  têtard  de  grenouille  déter- 
mine le  mot  cent  mille ,  à  cause  du  grand  nombre  de  ces  animaux 
que  le  Ntt  en  se  retirant  laissait  dans  les  campagnes  et  les  marais 
de  l'Egypte. 

Ligne  8e.  Dans  un  autre  endroit  on  trouve  :  il  plaçait  son  épée 
comme  un  mur  pour  protéger  ses  soldats. 

Le  mot  sat  se  dit  proprement  de  l'eau  qui  inonde  les  campagnes  ; 
ici  il  est  dit  métaphoriquement  de  la  terreur  qui  se  répand  dans 
tous  les  pays.  Les  Pharaons  se  complaisaient  dans  cette  idée.  Le 
même  Ramsès  est  dépeint  dans  un  autre  endroit  à  peu  près  sous 
les  mêmes  couleurs  :  «  la  crainte  circule  dans  leurs  cœurs ,  leurs 
membres  tremblent  à  cause  de  l'épouvante  qu'il  cause.  »  Ren  *  n 
sent-f  m  xat-u  sen ,  ha-u  sen  m  sta  er  tera  en  herit-u-f. 
Denk.  III,  495,  lig.  8. 

Ligne  10e.  Au  lieu  de  susxa-nf  ou  trouve  écrit  snsxa  hnf. 
J'ai  fait  un  léger  changement  en  lisant  C3  au  lieu  de  ra.  Il  faudrait 
de  longues  explications  pour  motiver  cette  correction  que  les  égyp- 
tologues  comprendront  à  première  vue.  Je  rends  le  verbe  fx  par 
terrasser  à  cause  de  la  phrase  suivante  :  Su  ma  ka  spet  ab-tl  ur 
auat  sfx  sark  nf  em  xftu  f.  «  Semblable  à  un  taureau  muni  de 
deux  cornes ,  le  chef  du  troupeau ,  il  terrasse ,  il  détruit  ses 
ennemis.   • 

Ligne  '12e.  Le  mot  ainehennu  est  douteux  ;  peut-être  faut-il 
lire  mehennu.  Le  premier  signe  n'est  pas  assez  bien  formé. 

Ligne  13e.  La  prière  des  Chétas  se  traduit  littéralement  : 
Utinam  ori  nostro  flatus  ejus  !  C'est  la  formule  pour  laquelle  les 


1  Cette  variante  m  est  remarquable  et  fixe  la    prononciation  du  mot  cf.    Chabas 
Mél.  égyp.,  1,  24.  On  connaît  en  outre  la  prononciation  /•/■. 


-  126  — 

condamnés  à  mort   imploraient    leur  grâce  du  Pharaon.  Sur  un 
tableau  rapporté,  Denk.  III,  211,  on  trouve  la  légende  suivante  : 

Tel  an  ha-tu  en  to-u  (?)  neb   nti   em     xfa 
Parole  des  chefs  des  nations  toutes  qui  dans  la  main  (en  la  puissance) 

hen-f  ■  ur         peh-ti  neb        suten    next 

de  Sa  Majesté   :   Grand  en  vaillance,    Seigneur,    roi  victorieux, 

ra     aa     en      hem        aa        xopes'  neb       er 

soleil  grand  de  l'Egypte,   grand  par  le  glaive,  Seigneur  sur  la 

ton     en     bai         s'fi-t-eq      ma  (éraillnre  delà  pierre)  anima  * 

montagne  de  fer  (?)  ton  ardeur  comme .   soit 

n-nu    p     nef-u     ssni         nu        su     anx         p     nti    em 
à  nous  le  souffle  de  nos  narines  ;    c'est  la  vie ,    celle  qui  (vient) 
kahoui-q. 
de  tes  bras. 

Il  ne  faut  pourtant  pas  croire  que  les  Chétas  aient  été  exacte- 
ment réduits  à  ce  degré  de  misère;  mais  ce  n'est  pas  ici  le  lieu 
de  rabattre  l'orgueil  de  Sésostris. 

Ligne  17e.  J'ai  changé  ter  tenu  en  sa  tenu  qui  me  semble 
mieux  convenir  pour  plusieurs  raisons.  On  pourrait  cependant  con- 
server ter  tenu  et  avoir  le  même  sens.  Je  me  contente  de 
renvoyer  à  la  stèle  de  Koultan  ,  traduite  par  M.  Chabas  :  les 
Inscriptions  des  mines  d'or. 

On  trouve  la  même  idée.  Denk.  III,  195,  ligne  13  : 
Sar-u  sen  lier   astet  mea-sen    sou. 

Leurs   chefs   (sont)    dans    la    stupéfaction    (quand)  ils  voient  lui , 

user-u~f  peh-ti-f-  mati     mentu 

ses  richesses ,  son  courage  ,  semblable  à  Month  ; 

mata-f  ape  sen  ma  se  nu. 

il    coupe    leurs    têtes  comme   le  fils   de    Nou. 


'  Anima,   au  lieu   de   ha,   confirme  l'interprétation  qu'a  donnée  de  cette  fonnulp 
M    i.oodwin  ,  dans  les  Mélanges  égyplologiques  de  M.  Chauas.  Tome  II.  257. 


EXTRAIT  DE  L'ALPHABET  EGYPTIEN. 

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SUITE  DE  L'INSCRIPTION.  PL. M. 


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TEXTES  CITES   DANS   LES  NOTES  . 


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Annales  del'Acaièraie  d'archéologie  deBelgicjue.tXXII,  Ze  Série, t. IL 


—  127  — 

J'ai  traduit  res  ape  :  veille  comme  un  chef,  à  cause  de  la 
phrase  :  Anx  neter  nefe  ken  res  ape  oua  api  an  nu  2.-/". — Vie 
divine  et  gracieuse,  vainqueur,  il  veille  seul  chef  qui  n'a  pas  de 
second.  Denk.  III.  186. 

Ligne  18e.  Je  lis  mi-u  ou  ma-u  le  premier  signe  à  cause  des 

variantes  :  7)^£  ma,  juge,  et  ^f  Q Q/'TT?  m^u>  dont  on  Peut 
voir  le  sens  sur  une  stèle  d'Hamamat.  Denk.  III,  223  c.  ligne  5. 

T'e-tu ,  parole  fait  action ,  comme  l'hébreu   727  . 

Ligne  21e.  Dans  l'inscription  de  Kouban  déjà  citée,  le  même 
Ramsès  se  vante  de  ce  qu'il  est  craint  jusqu'à  Sekali  ;  c'était  une 
ville  voisine  de  Méroé.  Le  dernier  mot  de  cette  ligne  est  très- 
endommagé,  je  l'ai  traduit  par  conjecture. 

Nous  ignorerons  sans  doute  toujours  quel  est  l'auteur  de  cette 
inscription  et  pour  quel  motif  il  s'est  arrêté  après  avoir  tracé  la 
première  lettre  d'un  mot.  Pour  avoir  un  sens  j'ai  dû  compléter 
anuk-t  meri.  Noum,  Sati  et  Anuk  étaient  les  grands  dieux  des 
cataractes  de  Philes.  Cependant  il  est  aisé  de  voir  que  les  mots  : 
«  Le  roi  ,  etc.  »  forment  le  sujet  d'un  verbe  qui  n'est  pas  expri- 
mé. D'après  le  style  ordinaire  des  inscriptions  ,  nous  pouvons 
présumer  que  celte  phrase  commencée  devait  contenir  le  sujet  de 
l'inscription  et  que  tout  ce  qui  précède  n'est  qu'un  préambule  em- 
phatique du  genre  qui  plaisait  tant  aux  Pharaons.  L'antiquité  clas- 
sique nous  a  parlé  de  l'orgueil  insensé  de  Xerxès ,  mais  on  ne 
saurait  trouver  ni  dans  les  récits  les  plus  exaltés  des  grecs  ,  ni 
dans  les  inscriptions  cunéiformes ,  rien  qui  approche  des  louanges 
que,  par  exemple  ,  Ramsès  II  se  fait  adresser  par  le  dieu  Ptah 
flans  une  inscription  du  temple  d'Isamboul.  Lepsius  ,  Denk., 
111,  194. 


LES  CANONS  DE  BODVIGNES 


MUSÉE  ROYAL  D'ANTIQUITÉS,  D'ARMURES  ET  D'ARTILLERIE 
DE  BRUXELLES. 


NOTICE 


par  M.    P.    HENRARD, 

Membre  titulaire  à  Bruxelles. 


A  une  des  baies  de  fenêtre  du  premier  étage  du  bâtiment  de 
la  Porte  de  Hal  à  Bruxelles,  dans  la  salle  où  se  trouvent  les  col- 
lections d'armes,  d'armures,  etc.,  on  remarque  un  certain  nombre 
de  bouches  à  feu,  projectiles,  etc.,  provenant  des  fouilles  faites 
au  château  de  Bouvignes,  près  de  Dinant.  •  Ces  objets  —  dit 
une  note  du  catalogue1 — d'une  grande  importance  pour  l'histoire 
■  de   l'artillerie  à  la  fin    du    règne   de   Charles-Quint,    ont   été 

•  exhumés  en   1858  du  puits   où  ils   avaient  été  jetés  pèle-mèle 

•  avec  les  défenseurs  du  château  de  Bouvignes ,  lorsque  les  Fran- 

•  çais  prirent  celte  ville  d'assaut  en  1554.   » 

Nous  ne  partageons  pas  l'avis  du  savant  auteur  du  catalogue 
quant  aux  noms  qu'il  donne  aux  diverses  bouches  à  feu  provenant 
de  ces  fouilles,  ni  quant  à  l'époque  qu'il  leur  assigne;  mais  avant 
d'émettre  notre  opinion  à  ce  sujet ,  nous  donnerons  une  courte 
description  de  chacune  d'elles,  en  leur  conservant  provisoirement, 

Commissaires    rapporteurs   :    MM.   le    général    Guillaume    et    le   major  du   génie 
A    Castekman. 
'  Édition  de  1864  ,  p.  57. 


—  129  — 


en  face  de  leur  numéro  d'ordre,  le  nom  sous  lequel  elles  sont 
cataloguées. 

Z.  45.  Un  petit  canon  de  main,  à  croc.  (XVe  siècle). 


Ce  canon ,  en  fer  forgé  d'une  seule  pièce  et  long  de  près  d'un 
mètre ,  a  la  forme  d'un  tronc  de  cône  terminé  au  tonnerre  ainsi 
qu'à  la  bouche,  qui  est  légèrement  renforcée,  par  huit  pans  coupés. 
Son  calibre  est  de  28  millimètres.  La  lumière  est  percée  latérale- 
ment à  une  petite  distance  du  fond  de  l'âme;  au-dessous  est 
brasée  une  pièce  de  fer  servant  à  retenir  la  poudre  d'amorce.  Une 
autre  pièce  de  fer  en  forme  de  crochet  est  fixée  à  la  paroi  infé- 
rieure, à  quelque  distance  de  la  bouche. 

Cette  arme  est  d'un  travail  assez  soigné,  bien  qu'elle  ait  été  forée 
excentriquemenl. 

Nous  pensons  qu'elle  doit  être  cataloguée  de  la  manière  suivante  : 

Coulevrine  à  main  de  rempart  en  fer  forgé.  (Milieu  du  XVe 
siècle). 

Ce  fut  vers  l'an  1430  qu'apparurent  pour  la  première  fois  les 
coulevrines  à  main  l  ;  bientôt  nos  communes  possédèrent  un  très- 
grand  nombre  de  ces  armes.  En  1453  ,  Philippe-le-Bon  emprunte 
des  coulevriniers  à  Malines  s  et  les  emploie  à  la  garde  des  places 
fortes  dont  il  avait  retiré  les  garnisons  pour  renforcer  son  armée 


'  La  première  mention  authentique  que  nous  en  connaissions,  appartient  aux  comptes 
communaux  de  ia  ville  de  Lille  pour  l'année  1433.  Voir:  De  l'artillerie  delà  ville  de 
Lille  au  -/4e,  •/5e,  16e  et  17e  siècle,  La.  Fons  Mélicocq,  p.  16. 

*  Gachard,  Documents  inédits,  t.  11 ,  p.  126. 


—  130  — 

dans  sa  guerre  contre  les  Gantois;   déjà  dès  1-465   Lille  possède 
un  serment  de  coulevriniers. 

La  coulevrine  fut  employée,  à  l'origine,  particulièrement  à  la 
défense  des  murailles.  Le  poids  ,  la  longueur  et  le  calibre  consi- 
dérable de  celle  que  nous  avons  sous  les  yeux  ne  nous  permettent 
pas  de  douter  que  telle  a  été  sa  destination.  De  même  que  la 
grande  arbalète ,  la  coulevrine  de  rempart  ne  s'épaulait  pas  ;  son 
fût  en  bois  reposait  sur  l'épaule  du  tireur  et  son  crochet  s'appuyant 
sur  la  paroi  extérieure  de  la  muraille ,  quand  la  bouche  sortait 
par  le  créneau  on  trou  de  canonnière,  était  destiné  à  résister  au 
recul. 

Z.  40.  Une  bombarde  en  douves  de  fer  battu,  cerclées,  se 
chargeant  par  la  culasse  ,  avec  boite.  (XVIe  siècle). 


Cette  bouche  à  l'eu  est  composée  de  deux  pièces  :  la  volée  et  la 
chambre.  La  volée  en  fer  forgé,  du  calibre  de  J93mi11,  est  formée 
de  neuf  bandes  de  fer  longitudinalement  assemblées  comme  les 
douves  d'un  tonneau ,  recouvertes  de  9  manchons  renforcés  eux- 
mêmes  par  5  anneaux  dont  4'  sur  des  joints  de  soudure  et  le  5e  à 
la  tranche  à  la  bouche.  Toutes  ces  pièces  sont  soudées  les  unes 
aux  autres. 

Le  fond  de  la  volée  reçoit  le  col  de  la  chambre ,  prisme  à  huit 
jians  en  fonte  de  fer  et  munir  d'une  anse  en  fer  forgé,  percée  vers 
le  milieu  de  sa  longueur  et  sous  l'anse  d'une  lumière  avec  calice 
peu  profond. 


—  131  — 


Autre  canon  de  la  même  espèce,  mais  dont   rame  n'a  que 
16  centimètres  de  diamètre,  avec  boîte. 


De  même  modèle  que  la  précédente  ,  cette  bouche  à  feu  a  un 
calibre  et  une  longueur  moindres.  Sa  construction  est  analogue, 
mais  les  anneaux  de  la  volée  ont  la  forme  de  moulures  et  deux 
d'entre  eux,  un  à  la  bouche  l'autre  vers  la  culasse,  portent  un 
grain  de  mire  en  forme  de  trèfle  ;  la  paroi  de  l'âme  est  détériorée 
près  de  la  bouche ,  sans  doute  par  l'effet  du  tir.  La  chambre  est 
en  fonte,  cylindrique  et  munie  d'une  anse  on  fer  forgé;  la  lumière 
est  percée  assez  près  du  fond  de  l'âme. 

Cette  bouche  à  feu,  de  même  que  la  précédente,  est  un  veugtaire 
(en  flamand  vogheleer).  En  effet,  les  bombardes  sauf  celles  de 
très  gros  calibre ,  comme  la  Dulle  Griete  de  Gand ,  qui  à  cause  de 
la  difficulté  de  la  fabrication  et  des  transports  se  divisaient  en 
deux  ou  plusieurs  pièces  que  l'on  vissait  les  unes  aux  autres  au 
moment  de  la  mise  en  batterie,  avaient  toujours  leurs  chambres 
fixes  et  faisant  corps  avec  la  volée.  Il  n'en  était  pas  de  même  du 
veuglaire  :  cette  bouche  à  feu,  d'origine  flamande  comme  son 
nom  l'indique ,  lançait  des  projectiles  de  pierre  et  composait  au 
XVe  siècle  la  partie  la  plus  considérable  de  l'armement  des 
remparts  des  villes  et  des  châteaux  ».  Afin  d'obtenir  une  certaine 

1  Dans  un  inventaire  de  l'artillerie  de  l'hôtel  de  ville  de  Paris,  dressé  en  1505  mais 
qui  se  rapporte  à  des  armes  déjà  anciennes  à  cette  époque ,  on  compte  22  veuglaires 
parmi  i\  autres  pièces  d'artillerie,  coulevrines,  serpentines,  mortiers    courteaux    etc 

Vo.r  :  Etudes  sur  le  passé  et  l'avenir  de  l'artillerie  ,  par  le  prince  Louis  Napoléon 
Bonaparte  (Napoléon  III).  -  t.  I,  p.  376  ,  (pièces  justificatives) 


—  132  — 

rapidité  de  tir  elle  possédait  deux  ou  trois  chambres  qui  se  char- 
geaient isolément.  On  les  fixait  à  la  volée  au  moyen  de  coins  en  bois 
ou  en  fer  qui  s'interposaient  entre  leur  fond  et  le  fût  en  bois  auquel 
la  pièce  était  réunie  au  moyen  de  liens  en  fer  ou  quelquefois 
simplement  en  cordes.  Au-dessus  de  la  charge  de  poudre  on 
enfonçait  un  tampon  de  bois  tendre  (tilleul,  peuplier,  etc.)  de  forme 
tronconique,  qui  avait  pour  but  d'augmenter  la  tension  des  gaz  de 
la  poudre  avant  leur  action  sur  le  projectile. 

Z.  48.  Un  petit  fauconneau  cerclé  de  16  anneaux,  égale- 
ment en  fer  forgé,  se  chargeant  par  la  culasse  et  muni  de 
sa  chambre. 


Cette  bouche  à  feu,  qui  nous  semble  composée  d'une  seule  lame 
en  fer  forgé  contournée  sur  elle-même  comme  nos  canons  de  fusil , 
est  renforcée  de  1(>  anneaux  distants  l'un  de  l'autre  de  65  milli- 
mètres, et  d'un  triple  anneau  à  la  bouche.  Son  calibre  est  de 
40  millimètres ,  et  sa  longueur  totale  d'environ  37  fois  ce  calibre. 
Elle  est  munie  d'une  chambre  en  fonte  avec  anse  en  fer  forgé. 

Nous  ne  croyons  pas  nous  tromper  en  proposant  pour  cette 
bouche  à  feu  le  nom  de  serpentine  ;  le  fauconneau  appartient  en 
effet  plus  particulièrement  au  XVIe  siècle ,  et  nous  dirons  tantôt 
pourquoi  nous  pensons  que  les  pièces  d'artillerie  que  nous  avons 
sous  les  yeux  n'appartiennent  pas  à  cette  époque. 

Les  serpentines  n'étaient  pas  toujours  à  chambre,  et  se  char- 
geaient souvent  par  la  bouche;  leurs  projectiles  étaient  en  plomb 
ou  en  fer  forgé.  11  en  était  de  même  des  coulevrines ,  et  les 
caractères  qui  différenciaient  ces  deux  sortes  de  bouches  à  feu  ne 
sont  pas,  nous  devons  le  dire,  parfaitement  connus. 


—  133  — 

Z.    Trois  boîtes  ou  chambres  à  feu  de  différentes  grandeurs. 


Ces  trois  chambres  ou  boites  à  poudre  appartiennent  à  des 
veuslaires.  Toutes  trois  sont  en  fonte  avec  anse  en  fer  forcé  : 
l'une  a  la  forme  d'un  prisme  à  8  pans  comme  celle  du  premier 
veuglaire  que  nous  avons  examiné,  et  lui  appartient  peut-être  éga- 
lement; les  deux  autres  sont  cylindriques  comme  celle  du  second  , 
et  ont  leur  lumière  placée  latéralement  à  l'anse  et  très  près  du  fond 
de  l'âme.  Elles  portent  toutes  deux  la  même  marque  en  forme  de 
flèche  que  nous  avons  reproduite  sur  notre  dessin  ,  ce  qui  paraîtrait 
indiquer  qu'elles  appartenaient  l'une  et  l'autre  à  la  même  bouche  à 
feu,  sur  laquelle  une  marque  semblable  se  reproduisait  sans  doute. 

Ce  qui  différence  particulièrement  l'artillerie  du  XVIe  siècle  de 
celle  du  siècle  précédent,  c'est  la  disparition  presque  complète  des 
pieds  en  fer  forgé,  remplacées  presque  partout  par  ceux  en  bronze 
et  en  fonte  de  fer,  l'adoption  des  tourillons  et  l'abandon  du  char- 
gement par  la  culasse  et  des  projectiles  en  pierre  pour  toutes  les 
pièces  autres  que  les  mortiers.  Déjà  dès  la  fin  du  XVe  siècle,  ces 
caractères  sont  en  partie  ceux  de  l'artillerie  que  Charles  VIII  con- 
duisait avec  lui  en  Italie  ;  mais  ces  progrès  n'avaient  pas  été 
l'œuvre  d'un  jour,  et  avant  la  France  les  provinces  soumises  à 
l'autorité  des  ducs  de  Bourgogne  avaient  vu  s'effectuer  ces  diverses 
améliorations. 

L'artillerie  de  Charles-le-Téméraire,  dont  de  nombreux  spécimens 
sont  conservés  dans  les  villes  de  Moral,  La  Neuveville  et  Bâle, 
depuis  le  jour  où  elles  restèrent  entre  les  mains  des  Suisses  après 

\\l\  XXII  9 


—  134  — 

les  fatales  batailles  de  Granson  et  de  Morat,  présentent  déjà 
quelques  uns  de  ces  perfectionnements:  le  très  petit  nombre  de  ces 
bouches  à  feu  sont  à  chambres  mobiles ,  quelques  unes  sont  en 
bronze  ou  en  fonte  de  fer,  plusieurs  ont  des  tourillons.  Les  tou- 
rillons étaient  chose  nouvelle  assurément  à  cette  époque,  car  s'il 
en  est  qui  font  corps  et  ont  été  visiblement  forgés  ou  fondus  avec 
les  pièces  dont  ils  font  partie ,  il  en  est  aussi  qui  sont  appliqués 
après  coup  à  des  pièces  déjà  anciennes,  plus  longues,  plus  pesantes 
que  les  nouvelles.  On  voit  que,  comme  à  toutes  les  époques  de 
transition ,  on  a  essayé  d'utiliser  ce  qu'on  possédait  en  y  appliquant 
plus  ou  moins  heureusement  l'invention  nouvelle  *. 

Or  aucun  de  ces  caractères  ne  se  présente  dans  les  bouches 
à  feu  de  Bouvignes.  Toutes  sont  à  chambre,  toutes  sont  en  fer 
forgé,  aucune  n'a  de  tourillons.  Nous  en  concluons  qu'elles 
appartiennent  au  XVe  siècle,  et,  s'il  nous  fallait  leur  assigner  une 
date  plus  précise  encore,  nous  les  attribuerions  au  règne  de 
Philippe-le-Bon  2. 

On  pourrait  nous  objecter  l'emploi  de  la  fonte  pour  les  chambres, 
alors  qu'il  est  communément  admis  que  ce  ne  fut  qu'au  XVIe  siècle 
que  ce  métal  servit  à  la  fabrication  des  canons  ;  mais  c'est  là 
une  erreur  que  l'étude  des  comptes  des  villes ,  sources  authen- 
tiques s'il  en  fut,  a  permis   de  redresser.  Dès   le   commencement 


1  Voir  Annales  de  l'Académie  d'archéologie ,  2e  série,  t.  Ier,  p.  283,  noire  mémoire 
sur  l'Artillerie  en  Belgique. 

4  Dans  une  relation  du  siège  de  Bouvignes  par  les  Liégeois  en  1430  appartenant  à  la 
chronique  manuscrite  de  La  Haye,  dont  M.  Kervyn  de  Lettenhove  donne  des  extraits 
ilans  son  édition  de  Georges  Chastelain,  on  lit  (t.  11  ,  p.  117,  note)  : 

«  A  cliascun  costier  de  la  ville  de  Bouvignes  avait  une  grosse  tour,  des  quelles  on 
«  getait  de  chascune  ung  canon  plus  gros  d'une  tête,  et  estaient  les  dits  canons  affustés 

pourjetter  eu  croix  devant  la  porte  du  dit  bolwerc,  qui  tuaient  les  communes  par 
»  nions.  » 

Ne  seraient-ce  pas  là  nos  deux  veuglaires? 

1  MS.  de  la  bibl.  impérial.  Collection  Le  Grand.  Éludes  sur  le  passé  et  l'avenir 
de  C artillerie  ,  t.  I ,  p  37.r>. 


—  135  — 

du  XVe  siècle,  en  effet,  on  coulait  en  fonte  de  fer  des  canons  de 
petit  calibre ,  et  il  en  était  de  même  des  chambres  de  veuglaire , 
car  dans  un  inventaire  de  l'artillerie  existant  à  la  bastille 
St. -Antoine  à  Paris  *  en  août  14-63,  on  lit  :  •  Y  a  de  ce  qui  fut 
«  laissé  par  les  Anglais  :  Un  gros  vuglaire  de  fer  fusté  de 
«  bois  ayant  deux  chambres  de  fonte.  •  Et  en  1463,  il  y  avait 
déjà  plus  de  trente  ans  que  les  Anglais  avaient  quitté  Paris. 

Toutes  les  chambres  n'étaient  cependant  pas  en  fonte ,  et  à  côté 
de  celles  que  nous  venons  de  décrire ,  s'en  trouve  une  quatrième , 
dont  le  catalogue  ne  parle  pas,   en  fer  forgé,  composée  de  cinq 

anneaux  soudés  l'un  à  l'autre 
et  renforcés  de  deux  cercles  de 
faible  dimension,  maintenant  les 
pattes  de  l'anse.  La  lumière  est 
très  près  du  fond  de  l'âme ,  et 
fortement  évasée  par  le  tir. 


S'il  nous  était  permis  de  proposer  une  explication  à  la  présence 
de  ce  matériel,  en  somme  en  assez  bon  état  de  service,  dans  le  puits 
d'où  les  fouilles  de  1858  l'ont  exhumé,  nous  inclinerions  à  penser 
que  les  défenseurs  de  Bouvignes  l'y  ont  précipité  eux-mêmes  pour 
ne  pas  le  voir  tomber  entre  les  mains  de  l'ennemi ,  quelque  jour 
peut-être  que  leur  voisins  les  Dinantais  ,  dont  l'inimitié  pour 
Bouvignes  nous  a  été  révélée  par  maints  chroniqueurs ,  les  avaient 
menacés  d'escalade.  It  n'est  pas  en  effet  dans  l'habitude  des 
vainqueurs  de  détruire  l'artillerie  des  villes  conquises ,  et  au  XVIe 
siècle  comme  au  XIXe,  les  bouches  à  feu  étaient  des  trophées  trop 
glorieux  pour  qu'on  ait  préféré  les  détruire  que  de  les  emporter. 


LA  BASILIQUE  DE  S.WILLIBRORD 

à.  ECHTERNAGH,  (Grand-Duché   de   Luxembourg). 


NOTICE 

par   M.    LE   Dr   A.    NAMUR  , 

MEMBRE  CORRESPONDANT  ÉTRANGER  A  LUXEMBOURfi. 

Dans  une  riante  plaine  du  pays  de  Luxembourg,  à  six  lieues 
et  demie  de  la  capitale  du  même  nom ,  à  quatre  lieues  de  celle  des 
anciens  Trevirs.,  sur  la  rive  de  la  Sure,  au  milieu  d'un  vaste  bas- 
sin encadré  par  un  cercle  de  hautes  collines  ,  s'élevaient  jadis 
majestueusement,  à  côté  de  l'ancienne  abbaye  des  Bénédictins  à 
Echternach,  les  ruines  de  la  basilique  de  St.-Willibrord ,  sans 
contredit  et  d'après  le  jugement  d'hommes  experts  le  plus  im- 
portant monument  religieux  du  Grand-Duché  de  Luxembourg.  Nous 
disons  jadis,  puisqu'aujourd'hui  ces  ruines  sont  remplacées  par  la 
basilique  même,  nouvellement  restaurée  en  grande  partie. 

C'est  sur  cette  mémorable  basilique  que  nous  désirons  attirer 
l'attention  des  savants  de  tous  les  pays. 

Pour  apprécier  d'abord  la  valeur  historique  de  ce  monument, 
nous  devons  remonter  à  son  origine. 

A  la  fin  du  VIIe  siècle  la  noble  fille  du  roi  de  France  Dagobert , 
sainte  ïrmine,  vivait  dans  le  monastère   d'Oeren  à  Trêves,  dans 

Commissaires  rapporteurs  :  MM.  Lr.  Grand  de  Reulandt  et  F.  Ourlet. 


—   137  — 

la  pratique  des  plus  précieuses  vertus.  Elle  était  si  charitable, 
qu'elle  ne  se  refusait  à  aucune  œuvre  de  piété  ;  elle  ne  possédait 
de  grands  biens  que  pour  faire  de  grandes  largesses  ;  aussi  trouvâ- 
t-elle bientôt  une  occasion  favorable  de  perpétuer  son  nom  par  la 
création,  à  l'emplacement  de  la  ville  actuelle  d'Echternach ,  d'un 
petit  monastère,  destiné  à  soulager  les  pauvres  et  à  offrir  un  asile 
à  des  moines  étrangers  qui,  en  missionnaires,  viendraient  en  ces 
lieux  pour  y  propager  la  foi  chrétienne. 

Cette  contrée,  comme  nos  sources  écrites  et  surtout  l'histoire  monu- 
mentale du  pays  le  prouvent ,  était  un  siège  principal  du  paganisme, 
dont  on  retrouve  encore  des  traces  au  Vile  et  au  Ville  siècle. 

Il  est  constaté  qu'à  côté  du  petit  monastère  la  pieuse  princesse 
fit  aussi  élever  une  église,  du  moins  une  chapelle,  qui  serait  alors 
à  considérer  comme  une  des  premières  églises  fondées  en  ces  lieux. 

Il  serait  difficile  de  préciser  la  date  de  la  construction  de  cette 
église  et  d'en  donner  la  description.  On  sait  seulement  qu'en  698, 
lorsque  le  saint  apôtre  des  Frisons,  saint  Willibrord  qui  plus 
tard  devint  aussi  l'apôtre  du  Luxembourg ,  arriva  à  Trêves , 
précédé  de  sa  réputation  apostolique  et  sous  la  protection  de  Pépin 
de  Herstal  et  des  évoques  Leotwinus  et  Basinus  de  Trêves ,  la 
pieuse  bienfaitrice  de  ces  lieux  lui  offrit  son  monastère  déjà 
considérablement  agrandi ,  pour  lui  servir  d'asile  et  de  retraite  à 
lui  et  à  ses  compagnons ,  lorsque  dans  leur  sainte  mission  ils  si; 
verraient  obligés  de  se  soustraire  aux  poursuites  des  peuples  payens, 
qu'ils  avaient  à  combattre  par  le  glaive  de  la  foi. 

L'établissement  devait  servir  en  môme  temps  à  former  les 
jeunes  missionnaires.  Il  n'entre  pas  dans  notre  plan  de  faire 
l'historique  de  ce  bienfaisant  établissement  ;  nous  rappellerons 
seulement  qu'après  avoir  lutté  pendant  cinquante  ans  contre  le 
paganisme ,  saint  Willibrord  vint  mourir  à  Echternach  où  il  fut 
enterré  et  où  l'on  conserve  encore  aujourd'hui  avec  une  grande 
vénération  ses  restes  mortels. 


—  138  — 

Avant  la  mort  de  ce  zélé  propagateur  de  la  foi ,  l'établissement 
confié  à  sa  direction  avait  été  l'objet  de  grandes  libéralités. 

En  709  ,  la  douzième  année  de  Childebert  111 ,  Pépin  deHerstal , 
qui  protégeait  et  aimait  saint  Willibrord  ,  soutint  son  établissement 
avec  autant  de  zèle  que  sainte  Irmine,  sa  première  bienfaitrice. 

Extrait  du  Liber  aureus  Eptemacensis  -  Bibliothèque  de  Gotha.  -  XIIe  siècle. 


SAINTE   IUMINE   ET   PEPIN   PORTANT   LA    11ASILIQIIE   D'ECHTKRNACH. 


Il  leur  fcéda  en  propriété ,  à  proximité  de  la  villa  d'Irmine , 
une  grande   partie  du  terrain  qu'il  avait  acquis  du  duc  Théodard. 

Aussi  le  Liber  aureus  d'Echternach  ,  conservé  à  la  bibliothèque 
de  Gotha  ,  nous  représente  dans  une  belle  miniature  du  XIIe  siècle  , 


—   139  — 

Pépin  et  sainte  Irmine ,  portant  l'église  qui  y  est  représentée  sous 
la  forme  que  probablement  elle  avait  alors. 

L'histoire  proprement  dite  de  la  basilique  de  Saint- Willibrord 
ne  date  que  de  l'an  1017. 

L'abbaye  et  l'église  primitive   devinrent  la  proie  des  flammes. 

L'abbé  Uroldus  commença  la  construction  de  la  nouvelle  église , 
qui  est  celle  dont  nous  avons  admiré  et  déploré  les  majestueuses 
ruines  et  que  nous  sommes  heureux  de  voir  presque  restaurées 
complètement.  Bientôt  nous  aurons  la  satisfaction  de  la  voir  se 
relever  entièrement  de  ses  cendres  pour  être  rendue  au  culte. 

Achevée  en  4031 ,  sous  l'abbé  Humbertus,  elle  fut  consacrée 
la  même  année  par  l'évèque  Poppon  de  Trêves,  et  en  présence  de 
Henri ,  duc  de  Bavière ,  s'opéra  alors  la  translation  des  reliques 
de  saint  Willibrord  dans  la  nouvelle  église.  Par  crainte  des  incur- 
sions normandes,  on  avait  caché  ces  précieuses  reliques  sous 
terre,  d'où  elles  furent  retirées  cette  année,  pour  reposer  en  ce 
lieu  jusqu'à  la  suppression  de  l'abbaye  en  1794. 

Depuis  lors  elles  furent  religieusement  recueillies  et  conservées, 
et  aujourd'hui  elles  reposent  en  paix  sous  le  maitre-autel  de  l'église 
paroissiale  d'Echternach.  La  translation  dans  cette  église  a  eu  lieu 
en  1828.  Nous  osons  espérer  qu'enfin,  grâce  aux  sympathies  de 
l'univers  catholique ,  elles  reprendront  place  dans  la  basilique 
restaurée,  pour  ne  plus  jamais  abandonner  ce  vénérable  sanctuaire 
que  saint  Willibrord  s'était  choisi  lui-même  pour  dernière  demeure 
de  ses  restes  mortels. 

L'église  abbatiale  qui  nous  occupe  en  ce  moment  ne  fut  pas 
dès  son  origine  ce  qu'elle  a  été  à  l'époque  de  sa  splendeur.  Elle  reçut 
différentes  modifications  dans  la  suite  des  temps ,  comme  nous  le 
ferons  voir  dans  sa  description. 

Vu  le  développement  progressif  du  bâtiment  pendant  plusieurs 
siècles,   nous   ne  serons  pas   surpris   d'y   reconnaître    différents 


—  140  — 

genres  d'architecture  ,  qui  admirablement  combinés  ont  fait  l'admi- 
ration des  hommes  les  plus  experts  ' . 

Il  est  fort  heureux  qu'au  XVIIIe  siècle,  époque  à  laquelle  les 
abbés  Hartz  (t  1720)  et  Grégoire  Schouppe  (t  1751)  reconstrui- 
sirent à  neuf,  dans  un  style  qui  a  été  critiqué  à  juste  titre  ,  les  bâti- 
ments de  l'abbaye,  l'église  ne  reçut  que  peu  ou  point  de  modifications, 
de  sorte  qu'elle  nous  fut  conservée  dans  la  forme  originale  et  fort 
remarquable  que  nous  allons  décrire. 

Dans  la  construction  de  cette  basilique,  nous  aurons  à  distinguer 
deux  genres  d'architecture  :  l'architecture  romane  qui  caractérise 
la  forme  primitive,  et  l'architecture  gothique  qui  se  manifeste  aux 
changements  opérés  dans  le  bâtiment  au  XIIIe  siècle. 

a.  La  basilique  primitive  —  style  roman  —  XIe  siècle. 

L'église  primitive  affecte,  d'après  un  usage  continué  jusqu'au 
XIe  siècle,  la  forme  d'une  basilique  romaine,  avec  cette  différence 
que  le  fond  du  chœur,  qui  originairement  se  terminait  en  hémi- 
cycle ,  est  rectiligne  comme  dans  la  plupart  des  monuments  du 
même  genre  en  Angleterre. 

Sous  le  chœur  existe  une  crypte  dans  laquelle  on  entrait  à  droite 
et  à  gauche  par  deux  escaliers,  aux  extrémités  des  nefs  latéra- 
les. Ces  entrées  sont  fermées  aujourd'hui.  Cette  crypte  est  la  plus 
ancienne  partie  de  l'édifice,  la  seule  partie  qui  reste  de  l'église 
primitive,  devenue  la  proie  des  flammes  en  1017.  C'est  dans 
ce  souterrain  que  saint  Willibrord  célébrait  la  sainte  messe; 
c'est   là  que  sous  l'autel  de  la  Stc- Vierge  il  a  été  enseveli. 

A  l'entrée  de  l'église,  il  y  a  un  porche  mesurant  dans  un  sens 
14-  pieds  et  dans  l'autre  2  pieds  2  pouces. 


'  MM.   Kugler  de  Berlin ,  Sclimidt  et   de   Wilmowski   de   Trêves,    de   Lassaulx    de 
Coblence,  Aiig.  Reichensperger,  etc. 


—  141 


L'intérieur  de  l'église  est  divisé  en  trois  nefs  par  deux  rangées 
de  gros  pilastres  alternant  avec  des  colonnes  d'ordre  corinthien , 


Intérieur  de  l'église  abbatiale  d'Echteruach. 


auxquelles  plusieurs  archéologues  renommés  ont  attribué  une 
origine  romaine.  Ces  pilastres  et  ces  colonnes  sont  réunis  par  des 
arcs  cintrés  ;  à  en  juger  par  les  impostes  qu'on  remarque  encore 
aux  murs  latéraux  correspondant  avec  les  pilastres ,  ceux-ci  et  les 


—  142  — 

murs  étaient  réunis  de  la  même  manière,  ce  qui  fait  un  système 
d'arcades  symétriques  qui  frappent  le  visiteur  à  son  entrée  dans 
le  vénérable  sanctuaire  '. 

L'emploi  de  colonnes  romaines  dans  les  églises  chrétiennes  n'est 
pas  un  fait  insolite.  Le  sénat  de  Rome  avait  orné  l'arc  de  triomphe 
de  Constantin  aux  dépens  de  celui  de  Trajan.  Les  chrétiens  sui- 
virent aveuglement  cet  exemple.  Ils  exploitèrent  sans  pitié  les 
édifices  de  l'ancienne  Rome  ;  les  colonnes  furent  déplacées  et  ser- 
virent à  soutenir  les  arcades  des  nefs.  Des  colonnes  semblables  se 
trouvent  dans  la  cathédrale  de  Trêves.  Nous  nous  demandons 
naturellement  d'où  peuvent  provenir  les  colonnes  de  notre  basi- 
lique. Les  découvertes  importantes  faites  en  1852  à  proximité 
d'Echternach  ,  au  lieu  dit  •  Schwarzacht  ■ ,  permettent  de  supposer 
qu'il  y  avait  autrefois  en  ces  lieux  des  bâtiments  très-considéra- 
bles, qui  ont  pu  fournir  ces  colonnes. 

L'opinion  généralement  accréditée  de  l'origine  romaine  de 
ces  colonnes  a  été  récemment  combattue  par  M.  le  professeur 
Auguste  Mullendprff  qui ,  pendant  son  séjour  à  Echternach ,  a 
pris  une  très-large  part  à  la  restauration  en  question ,  (Organ 
fur  christliche  Kunst).  «  Ces  colonnes,  dit-il,  ne  peuvent  pas 
»  être  classiques  ,  puisqu'elles  portent  tous  les  caractères  de  la 
•   colonne  romane  » ,  ce  qu'il  cherche  à  démontrer. 

L'église  avait  primitivement  un  plafond  en  bois ,  dans  la  nef 
principale  aussi  bien  que  dans  les  nefs  latérales,  ce  qui  paraît 
suffisamment  prouvé  par  les  peintures  murales  dont  en  a  vu  encore 
des  vestiges  au-dessus  des  voûtes  actuelles  qui  sont  de  date 
postérieure. 

Les  murs  paraissent  avoir  été  décorés  de  semblables  peintures 
dans  toute  leur  hauteur  ;  tel  a  été  le  cas  dans  la  plupart  des 
bâtiments  mis  à  découvert  à  Pompéi  et  dans  les  basiliques  d'Italie. 

'   Vue  de  l'intérieur  île  la  basilique  ,  par  M.  lu  professeur  Behg. 


—  143  — 

Un  exemple  analogue  de  telles  peintures  se  voit  dans  la  cathédrale 
de  Trêves. 

On  ignore  ce  que  ces  peintures  de  notre  basilique  ont  représenté. 

Étaient-ce  de  simples  décorations ,  des  scènes  de  l'ancien  ou 
du  nouveau  Testament,  ou  des  figures  allégoriques  et  symboliques? 
Les  traces  qui  sont  restées  sont  insuffisantes  pour  le  démontrer. 
Aux  colonnes  on- a  encore  remarqué  des  vestiges  de  couleur  brun- 
rougeâtre;  aux  chapiteaux  des  traces  de  vert  et  d'or. 

Berthels,  l'historiographe  de  l'abbaye  (XVIe  siècle),  vit  encore 
de  son  temps  les  douze  apôtres  et  des  anges  représentés  sur  les 
pilastres  et  les  colonnes.  D'après  une  ancienne  notice ,  plusieurs  de 
ces  peintures  ont  été  faites  vers  1190  sous  l'abbé  Godefroid. 

D'après  le  rapport  du  susdit  M.  Mullendorff,  il  ne  reste  abso- 
lument rien  des  fenêtres  primitives. 

Quant  aux  tours  de  l'église ,  on  prétend  que  des  quatre  qui 
existaient,  les  deux  qui  sont  contiguës  au  chœur  appartiennent  à 
l'église  primitive;  les  deux  autres  à  côté  de  l'entrée  de  l'église, 
sont  attribuées  à  la  moitié  du  XIIIe  siècle.  Cependant  sur  la  minia- 
ture citée  du  Liber  aureus  de  Gotha ,  la  basilique  est  déjà  repré- 
sentée avec  quatre  tours  et  cet  ouvrage  précieux  date  sans  contredit 
du  XIIe  siècle. 

Voici  les  principales  dimensions  de  l'ancienne  basilique  :  la 
longueur  totale  jusqu'à  l'extrémité  du  chœur  est  de  65in20, 
dont  17m00  pour  le  chœur. 

Largeur  de  la  nef  principale  9m90,  hauteur  de  cette  nef  16m10  ; 
largeur  des  nefs  latérales  respectivement  5m70  et  5m30 ,  y 
compris  l'espace  occupé  par  les  colonnes  et  les  pilastres  :  hauteur 
de  ces  nefs  8m4-0.  Comment  expliquer  cette  différence  de  largeur 
des  nefs  latérales? 

Pourquoi  d'un  autre  côté  l'axe  du  chœur  forme-t-il  angle 
avec  celui  de  la  nef  principale? 


—  144  — 
b.  La  basilique  modifiée  au  XIIIe  siècle  — style  gothique. 


fJC 0J-  C  u  XHIN 


Plan  et  coupe  d'après  M.  Schmidt  de  Trêves. 


Au  XIIIe  siècle,  la  basilique  fut  modifiée  d'après  les  progrès  de 
l'art  à  celle  époque.  Le  gothique  succéda  au  roman  et  au  byzantin. 
L'abbé    Arnoldus   (1242-1269)    fit  construire  les  voûtes  ogivales 


—  145  — 

et  les  fenêtres  qui  existent  encore  en  ce  moment.  Le  plafond 
primitif,  qui  était  en  bois,  était  de  trois  pieds  à  peu  près  au- 
dessus  de  ces  voûtes. 


c.  Modifications  subséquentes. 

Comme  nous  l'avons  vu  ci-dessus,  la  crypte  primitive  sous  le 
chœur  avait  son  entrée  par  deux  escaliers  dans  l'intérieur  de 
l'église.  Plus  tard  ces  entrées  furent  supprimées,  probablement  par 
suite  de  la  construction  de  la  chapelle  de  St. -Sébastien ,  élevée  à 
côté  du  chœur  par  l'abbé  Fisch  en  4615.  À  cette  époque  on 
augmenta  l'espace  de  la  crypte  par  un  autre  souterrain  construit 
sous  ladite  chapelle  et  l'on  pratiqua  une  entrée  extérieure.  Les 
trois  chapelles,  qui  sont  désignées  sur  le  plan  que  nous  publions, 
reçurent  les  fenêtres  qui  durent  disparaître  à  la  place  où  l'on 
accosta  les  chapelles ,  ce  qui  porterait  à  croire  facilement  que  ces 
chapelles  sont  contemporaines  de  l'église.  Mais  les  retombées  des 
voûtes  et  les  consoles  sur  lesquelles  celles-ci  reposent,  permettent  de 
conclure  à  une  époque  postérieure ,  ce  qui  est  confirmé  du  reste 
par  l'histoire  même  du  monument.  L'une  de  ces  chapelles  en  effet 
a  été  construite  sous  l'abbé  Bertels ,  d'illustre  mémoire  (1594- 
1607)  ;  une  autre  par  l'abbé  Fisch,  celle  de  St. -Sébastien ,  qui 
porte  la  date  de  1615  inscrite  dans  le  souterrain. 

d.  La  basilique  après  la  suppression  de  l'abbaye  en  1795. 

Lorsque  la  révolution  de  1789  entraîna  dans  ses  conséquences 
la  suppression  des  établissements  religieux,  l'abbaye  d'Echternach 
et  sa  basilique  subirent  le  sort  de  toutes  les  institutions  de  l'espèce. 
Abandonnées  dès  le  10  janvier  1796  par  les  derniers  Bénédictins, 


—  146  — 

l'abbaye  et  son  église  furent  vendues  le  21  du  même  mois  comme 
domaine  publie  à  une  famille  privée.  Le  nouveau  propriétaire  con- 
vertit bientôt  une  partie  de  l'abbaye  en  fabrique  de  fayence  et  l'église 
servit  au  même  usage.  On  vit  alors  des  hauts-fourneaux  rem- 
placer les  autels  dans  cette  vénérable  enceinte ,  et  l'industrie  occu- 
per la  place  réservée  pendant  des  siècles  au  culte. 

La  première  profanation  du  plus  intéressant  de  nos  monuments 
religieux  et  artistiques,  qui  eut  lieu  le  7  novembre  1794  après  la 
première  invasion  des  troupes  françaises,  ne  fut  que  le  commence- 
ment d'une  longue  série  de  revers,  que  tous  les  amis  de  la  religion, 
des  arts  et  de  l'histoire  nationale  ont  amèrement  regrettés,  sans 
pouvoir  les  détourner  de  la  déplorable  victime.  En  1 842  la  moitié 
de  l'abbaye  et  de  l'église  redevint  la  propriété  de  l'État,  et  servit 
dès  lors  de  caserne  au  contingent  fédéral  luxembourgeois. 

Il  ne  nous  appartient  pas  de  répondre  à  la  question  de  savoir 
si  ce  beau  monument,  unique  dans  son  genre  dans  notre  pays  et 
même  en  deçà  des  Mpes,  d'après  le  jugement  de  M.  Kugler,"  de 
Berlin ,  n'aurait  pas  pu  avoir  un  meilleur  sort. 

L'incurie,  la  construction  susdite  des  fours,  hâtèrent  tellement 
sa  ruine,  qu'après  quelques  éboulements,  qui  se  succédèrent  rapi- 
dement dans  la  partie  appartenant  à  l'État,  on  désespéra  un 
instant  de  la  possibilité  d'une  restauration. 

Nous  ne  pouvons  passer  sous  silence  que  depuis  1842,  avant 
les  derniers  désastres,  bien  des  démarches  furent  faites  pour  pro- 
voquer la  restauration  de  la  basilique  ,  ainsi  que  sa  restitution  au 
culte,  mais  tous  les  efforts  échouèrent  malheureusement  contre  des 
écueils  indépendants  de  la  volonté  de  ceux  qui  se  sont  interpo- 
sés dans  ce  but. 

Enfin  une  lueur  d'espoir  se  lit  jour.  En  18G2  nous  vîmes  se 
réveiller,  comme  par  suite  d'une  inspiration  supérieure,  dans  la 
bourgeoisie  même  d'Echternach  ,  un  sentiment  de  pieuse  vénération 


—  147  — 

et  se  former  dans  son  sein ,  spontanément  et  comme  par  enchan- 
tement, une  association  sous  le  nom  d' Association  de  St  -Willi- 
brord ,  qui  se  proposa  pour  but  d'aviser  aux  moyens  de  restaurer, 
d'après  le  plan  primitif,  la  basilique  du  saint  auquel  nous  devons 
en  grande  partie  la  fondation  du  christianisme  dans  nos  contrées. 
Nous  avons  félicité  les  Echternachois  du  noble  sentiment  qui  les  a 
animés  et  fait  des  vœux  bien  sincères  pour  la  réalisation  de  cette 
louable  tentative. 

Ce  que   bien   des   écritures  et  des  démarches  orales  n'ont  pu 
faire ,  la  voix  unanime  du  peuple  est  parvenue  à  l'accomplir. 

Pendant  plus  de  cinq  mois ,  la  nouvelle  association  eut  à  lutter 
contre  des  obstacles  et  des  préjugés  de  toute  espèce  ;  mais  encou- 
ragée par  la  bienveillante  protection  du  gouvernement  Grand-Ducal , 
par  celle  de  Mgr.  le  vicaire  apostolique,  évêque  d'Halicarnasse, 
et  par  la  participation  constante  de  la  Société  archéologique  du 
Grand-Duché,  elle  ne  tarda  pas  à  attirer  sur  le  but  de  sa  noble 
entreprise  l'attention  de  tous  les  amis  de  l'art  et  à  aplanir  une 
foule  de  difficultés  qui ,  jusqu'alors ,  avaient  rendu  infructueuses 
les  tentatives  des  années  précédentes. 

Le  lundi  de  la  Pentecôte  1862,  l'association  sortit  enfin  de 
son  état  provisoire  ;  dans  la  réunion  de  ce  jour,  elle  procéda  à  la 
nomination  d'un  conseil  d'administration.  On  déploya  une  activité 
à  toute  épreuve  et  les  habitants  d'Echternach  s'empressèrent  de 
répondre  aux  aspirations  des  hommes  qui  s'étaient  imposé  la 
tâche  d'accomplir  le  plus  cher  de  leurs  vœux,  et  offrirent  la 
somme  de  6,000  francs  pour  exécuter  sans  aucun  retard  les  tra- 
vaux les  plus  urgents.  A  la  nouvelle  de  ces  généreux  efforts ,  il 
se  forma  à  Luxembourg  une  association  filiale,  qui  contribua  et 
continue  encore  à  contribuer  par  tous  les  moyens  possibles  à 
l'exécution  de  cette  œuvre  éminemment  patriotique. 

Au  mois  de  novembre  1862,  un  événement  de  haute  importance 


—  148 


fit  naître  les  plus  belles  espérances.  L'assemblée  des  États 
autorisa  le  gouvernement  Grand-Ducal  à  faire ,  en  faveur  de  la 
paroisse  d'Echternach,  la  cession  gratuite  de  la  partie  de  l'église 
appartenant  à  l'Etat.  L'autre  moitié  avait  déjà  antérieurement  été 
généreusement  donnée  par  les  propriétaires  qui  en  avaient  fait 
l'acquisition  en    1790  J. 

Dès  lors  la  propriété  du  bâtiment  fut  assurée  et  le  conseil 
d'administration  put  sérieusement  se  mettre  à  l'étude  des  travaux 
préparatoires  de  la  restauration  de  l'église.  Une  question  fort 
importante,  agitée  déjà  en  185G  par  M.  l'ingénieur  Hartmann 
qui  a  bien  voulu  se  charger  de  la  direction  des  opérations  de 
restauration ,  celle  de  savoir  s'il  fallait  reconstruire  l'église  d'après 
le  plan  primitif,  en  se  servant  des  anciens  matériaux  ou  bien 
s'il  fallait  la  restaurer,  fut  soumise  à  M.  Schmidt  de  Trêves, 
l'auteur  d'une  notice  fort  précieuse  sur  notre  monument.  Après  un 
examen  sérieux  le  savant  architecte  se  prononça  non  seulement  en 

faveur  d'une  restauration  ,  mais 
il  déclara  en  outre  que  selon  lui 
toutes  les  parties  encore  existantes 
aujourd'hui,  à  quelques  exceptions 
près,  pouvaient  être  sauvées  et 
conservées.  Après  cette  déclara- 
tion ,  on  put  espérer  que  le 
monument  conserverait  sa  valeur 
historique,  son  empreinte  originale 
et  offrirait  toujours  le  plus  grand 
intérêt  à  l'archéologue  cl  à  l'ar- 
tiste. 

Pénétré  d'un  sentiment  de  con- 


•  l'ai  acte  du  donation  du  2  juin  180-2,  ilad.  veuve  Dondelinger  céda,  de  concert  avec 
ses  enfants,  à  la  paroisse  d'Echternach  la  moitié  de  l'église  qui  lui  appartenait 


—   1 49  — 

fiance  inébranlable,  le  comité-directeur  se  mit  à  l'œuvre,  les 
travaux  furent  organisés  sous  d'heureux  auspices ,  et  aujourd'hui 
nous  pouvons  dire  avec  la  plus  vive  satisfaction:  il  est  sauvé 
de  la  destruction  qui  le  menaçait;  il  est  conservé  à  jamais  cet 
important  monument  d'architecture ,  qui  nous  rappelle  le  souvenir 
du  saint  apôtre  qui  répandit  le  premier  les  bienfaits  du  christia- 
nisme dans  nos  contrées-  Nos  compatriotes  et  surtout  les  habitants 
d'Echternach  ont  prouvé  que  la  bonne  volonté .  sagement  dirigée 
vers  un  but  commun,  parvient  à  écarter  les  difficultés  que  d'abord 
l'on  peut  croire  insurmontables. 

Aujourd'hui  la  belle  œuvre  n'est  pas  encore  complète,  mais  il 
ne  reste  plus  à  exécuter  que  les  travaux  aux  tours  et  au  portail , 
aux  vitraux,  à  l'intérieur  de  l'église,  aux  meubles,  aux  ornements, 
etc.,  de  sorle  que  nous  sommes  en  droit  d'espérer  qu'elle  le  sera 
dans  un  avenir  peu  éloigné. 

Pendant  toute  la  durée  des  travaux ,  nous  avons  eu  la  satisfaction 
de  voir  qu'on  a  évité  autant  que  possible  les  écueils  qui  se  pro- 
duisent souvent  dans  la  restauration  des  édifices.  On  a  compris 
qu'en  supprimant  quelque  chose  à  ce  qui  existait  et  en  mettant  du 
nouveau  à  la  place,  on  ferait  perdre  de  son  caractère  original 
au  monument  que  nous  tenons  à  conserver  et  à  faire  apprécier. 
Aussi  a-t-on  conservé  les  souvenirs  du  style  romano-ogival  qui 
caractérise  cette  construction. 

Rentrons  un  instant  encore  dans  la  crypte  dont  il  a  été  question 
plus  haut. 

Il  est  hors  de  doute  que  saint  Willibrord  vint  mourir  à 
Echternach  et  que  ses  restes  mortels  ont  reposé  dans  les  lieux 
mêmes  qu'il  a  illustrés  par  un  séjour  mémorable ,  quoique  souvent 
interrompu  pendant  41  ans.  Il  mourut  en  739  à  l'âge  de  8i  ans. 
Son  corps  fut  déposé  dans  la  crypte  du  monastère  sous  l'autel  de 
la  Ste-Vierge. 


XXIX 


150 


—  151  — 

Nous  ne  mentionnons  pas  ici  les  autres  monuments  sépulcraux 
qui,  dans  la  basilique,  nous  offrent  quelque  intérêt  historique. 
Comme  lieu  de  sépulture  de  l'illustre  apôtre ,  ce  monument  se 
recommande  de  lui-même  à  la  sollicitude  des  chrétiens  de  tout 
l'univers. 

Les  reliques  de  saint  Willibrord  reposent  encore  aujourd'hui 
dans  le  sarcophage  primitif.  Il  ne  nous  semble  pas  sans  intérêt  d'en 
reproduire  ici  le  dessin  ainsi  que  celui  du  mausolée  en  bois,  de 
date  plus  récente,  qui  le  recouvre. 

Comme  monument  religieux,  notre  basilique  excitera  sans  doute 
un  intérêt  général ,  auquel  aucun  savant  ni  aucun  chrétien  ne 
voudra  rester  étranger. 


flr^SO. 


Sarcophage  de  saint  Willibrord  à  tfchternach . 


Comme  édifice  historique,  il  a  d'abord  une  valeur  toute  parti- 
culière pour  le  pays  qui  en  a  conservé  les  ruines  et  qui  l'a  réédillé. 
Dans  son  origine,  il  est  pour  ainsi  dire  un  monument  national 
pour  la  France,  sainte  Irmine  et  Pépin  appartenant  à  notre 
histoire  commune  ,  à  une  époque  où  aucune  frontière  ne  nous 
séparait  de  nos  anciens  frères  des  Gaules. 

Ce  monument  pourrait-il  être  indifférent  à  la  Belgique  et  aux 
Pays-Bas  ;  saint  Willibrord  n'a-t-il  pas  exercé  son  saint  ministère 


—  152   — 

dans  la  province  d'Anvers  ;  n'a-t-il  pas  été  l'apôtre  de  la  Frise , 
comme  il  a  été  le  notre  ? 

Nous  nous  estimerions  heureux  si  par  cette  communication  nous 
avions  éveillé  quelque  sympathie  en  faveur  de  notre  monument 
vraiment  international. 


Basilique  de  St.-Willibrord  à  Eclilernach  an  XVIe  siècle. 


KONINGSFEEST  VAN   HERTOG  JAN  IV 

(1422) 

DOOR 

M.    Lodewijk   TORFS, 

Briefwisselend  lid  te  Antwerpen. 


Na  den  dood  van  den  te  Azincourt  gesneuvelden  hertog  Antonis 
kwam  de  regeering  van  Braband  in  handen  van  een  onmondig 
jongeling,  Jan  IV,  een  hartstochtelijk  liefhebber  van  de  schiet- 
spelen  der  gilden.  Meermaals  nam  hij  er  zelf  deel  aan,  en,  door 
zijnen  gemeenzamen  omgang  met  de  gildebroeders ,  verworf  bij  de 
populariteit  van  eenen  goeden  jongen,  iels  wat  juist  geen  goed 
regent  is.  Wijle  Mgr.  De  Ram  bezal  van  dezen  jeugdigen  vorsl 
een  afbeeldsel ,  hetwelk  van  zijnen  persoon  ,  als  staatsman  ,  geen 
zeer  voordeelig  gedacht  geeft.  Dit  kunststuk ,  hetwelk  de  geleerde 
rector  der  katholijke  Universiteit  van  den  hertog  Amedeus  van 
Beauffort  ten  geschenke  had  ontvangen ,  is  in  olieverw  geschil- 
derd  op  een  paneelije  van  34  centimeters  hoogte  op  24  breedte, 
en  voert  het  jaarlal  1422.  Volgens  het  gevoelen  van  deskundigen 
zou  hetzelve  echter  het  oorspronknlijk  contrefeitsel  niet  wezen , 
maar  wel  eene  kopij,  naar  gissing  in  de  xvieeeuw  vervaardigd.  Men 
kende  het  overigens  ait  eene  teekening,\velke  Mr  de  Reiffenberg 

Commissaires  rapporteurs  :  MM.  Th.  Van  Lerius  et  le  chevalier  Léon  de  Ruubuise. 


—  loi.  — 

cr  van  gegevcn  had  in  liet  IVedeel  zijner  uilgave  van  de  Barante's 
Histoire  des  ducs  de  Bourgogne ,  teekening  welke  nauwelijks 
melding  verdient  bij  de  keurige  chrorao-lithographische  plaal,  door 
Mgr.  De  Ram  zelve  er  van  bezorgd  in  de  Bulletins  de  la  Commis- 
sion royale  d'histoire,  (3e  série  le  deel),  en  door  doctor  P. -G.  Van 
dei\  Meersch  in  den  Messager  des  sciences  historiques  (jaargang 
1862)  wedergegeven. 

Nopens  de  hcrkomst  van  dit  kopijstuk  vvordt  bericht ,  dat  liet 
vveleer  de  zaal  van  den  Grooten  Voet-  of  Kruisboog  van  Leuven 
versierde,  zonder  dat  men  weet ,  hoe  of  wanneer  het  daar  mag 
gekomen  zijn.  Op  den  rug  van  het  paneel  bevindt  zich  een  perka- 
ment  geplakt ,  bevattende  negen-en-twintig  vlaamsche  rijmregels, 
welke  wij  den  lezer  vooreerst  willen  onder-  het  oog  brengen ,  al 
wagon  wij  daarmede  eene  vijfde  of  zesde  uitgave;  maar  bij  aile 
processen  moeten  de  stukken  blijken  ,  zullen  de  rechters  met  kennis 
van  zake  oordeelen.  Zie  hier  dus  deze  boogschulterspoèzij ,  alleen- 
lijk ,  en  om  straks  te  melden  redens ,  hebben  wij  eenen  anderen 
tekst  gevolgd  dan  dengenen  van  het  perkament  *. 

Jean  4,  Duc  de  Brabanl ,  a'isnê  fils  du  Duc  Anthoine  de  Drabant.  IAÎÎ. 

I .  AIsmen  duysent  vierhondert  en  twee  en  twintigh  telde. 

L2.  Dees  Prins  hot  Lantjouwecl  tôt  Loven  opstelde. 

3.  Sone  van  Hertogh  Antonius  ,  Hertogh  Jan 

A.  Tôt  Loven  met  den  Cruysboghe  een  Cop  wan  , 

5.  En  heeft  hem  den  Cruysboghe  van  Antwerpen  geschoncken  , 

6.  Uaer  menigh  Guldebroeder  heeft  uyt  gedroncken. 

7.  Soo  beminde  den  Boghe  onsen  edelen  Landts  Ileere  , 

8.  Bewysende  de  Guide  soo  grooten  eere  , 

'  Dezc  tekst  werd  ons  muégedeeld  door  Mr  P.  Génard  ,  naar  een  handsclirift  oj)  het 
stadsarchief.  Van  den  tekst  door  Papebrociiii;s  {Annales  Anlverpienses ,  I,  31 4) 
gegeven  ,  en  door  Mertens  en  Torfs  (Gesdiiedenis  van  Antwerpen,  II  ,  OU)  overge- 
noinen  ,  was  geen  gebraik  le  maken  ,  alzoo  dezelve,  door  zoogezegde  verbeteringen  in 
île  spelling,  blijkbaar  ganscli  is  bedorven.  Wat  den  tekst  van  het  perkament  betreft, 
o|i  enkele  varianten  na  konn  hij  met  den  onzen  overeen. 


—  155  — 

9.  Dat  hy  met  ons  don  vogel  selve  afsclïoot, 

10.  Met  ilen  Cruysboghc  ,  alsoo  t  is  gebleken  bloot. 

1 1 .  Waervan  dat  men  hielt  fraey  Coiiinckx  feeste  ; 

12.  My  dede  aile  costen  ,  minste  ende  meeste, 

13.  T'weïck  dnen  in  ailes  raaer  vier  en  twintigh  Peeters  en  was , 

14.  Ende  doen  besette  den  ouden  B-ighe  op  dat  pas 

15.  Vier  en  twintigh  Peeters  erffelyck  tôt  meniorien 

10.  Op  t  Markgraefschap  van  Antwerpen  om  synder  victorien  , 

17.  Alsoo  langhe  als  't  schaepken  gras  soude  eten  , 

18.  Daer  wy  brieven  af  bebben  in  onse  seereten. 

19.  Ende  noch  eencn  Cop  beeft  hy  ons  gegeven, 

20.  Daer  Hertogh  Jan  slont  op  gesehreven. 

21 .  Als  snlcken  persoon  dat  gedaen  beeft  in  elekx  aenscbouwen  , 

22.  Laet  ons  dan  den  edelen  Boghe  in  eeren  houwen  , 

23.  Ende  oock  vastelyck  in  Christum  betronwcn  , 

24.  Onsen  naesten  doende  als  ons  selve  mede  , 

25.  Soo  leefdy  Goetwillige  in  eeuwigen  vrede. 

26.  Om  de  weldaet  die  vvy  van  hertocb  Jan  bebben  ontfacm  ; 

27.  Soo  beb  ickt  gedaen  ter  liefden  des  Cruysbooghs  verheven. 

28.  Op  dat  syn  memorie  nimmermeer  soude  vergaen  , 

29.  Ende  dat  se  by  de  goetwillighe  scbutters  altyt  sou  leven. 

Doen  ter  tyt  en  dede  elcken  gouwen  Lovensen  Peeter  maer 
xviij  st.  Anno  Domini  1629. 

Zie  daar  het  geheele  processtuk.  Als  dichterlijk  gewrocht 
behoort  het  zeker  niet  onder  de  bloemen  van  den  vlaamschen 
Helicon;  maar  hoe  gebrekkig  ook,  het  is  zeer  duidelijk,  en  zelfs 
zoodanig,  dat  het  ons  verwondert ,  dat  cenigen  der  beroepen 
schrijvers  reeds  bij  den  aanvang  over  de  twee  eerste  versjes  bebben 
kunnen  strunkelen. 

Baron  Reiffenberg  ,  bij  voorbeeld ,  zag  in  het  in  1422  le 
Leuven  opgestelde  Lantjouweel  niets  minder  dan  de  aloude 
Universiteit  dier  stad ,  en  Mgr.  De  Ham  meende  het  Lantjouweel 
te  moeten  houden  voor  eenen  eertitel ,  door  hertog  Jan  aan  het 


—  156  - 

leuvenschc  Kruisbooggild  geschonken  ,  als  ware  lietzelve  h  et  gild 
Iiij  nilmunlendheid  van  hetgansche  land  gevvccst.Meer  nog,  Zijne 
Hoogw.  beweerde,  dat  van  de  twee  koppen  of  bekers,  van  welke 
in  lict  dichtje  gesproken  wordt,  de  Onde  Voelboog  van  Antwerpen 
er  slechts  ééri  kreeg,  de  andere ,  benevens  de  rente  op  het  Mark- 
graafschap,  zou  den  Kruisboog  van  Leuven  voor  zijn  deel  ontvangen 
hebben. 

Deze  lezing,  welke  gansch  verscheelt  van  degene  door  al  de 
antwerpsche  geschiedschrijvers  gevolgd1,  is  door  Mr  P.-C.  Van 
der  Meersch  zonder  eenige  bemerking  aangenomen.  Onderzoeken 
wij  ecns  of  zij  eenigen  grond  bcefl;  maar  eerst  zullen  wij  een 
woord  zeggen  over  de  beleekenis  van  Lanljouweel. 

Degene  welke  Reiffenberg  er  aan  geheeht  heeft,  laat  zich 
glad  wechcijveren  door  het  feit,dat  de  Universiteit  van  Leuven  eerst 
in  142G  vverd  opgericht ,  weshalve  de  Aima  Mater  hier  niet  kan  in 
aanmerking  komen.  Een  Landjuweel  was  anderzijdsgeen  titel,  maar 
wel  de  hoogste  prijs  bij  een  referijn-  of  schietspel  opgehangen.  Over- 
drachlelijk  verstond  men  er  ook  de  spelen  zelve  door,  zooals  onder 
andere  kan  blijken  uit  het  koninklijk  octrooi  voor  het  beroemd 
rederijkersfeest  van  15(31  ,  in  helwelk  gesproken  wordt  van  «  de 
•  snpplicatie  der  Violieren ....  inhoudende  hoe  dat  naevolgende 
»   die  ordonnantie,  costumen  ende  oude  hercomen,van  allen  ouden 

>  tijden.  . .  geobserveert  is  in  'l  opstellen  van  eenige  Rcthorijcke 

>  spelen ,  divelch  men  noempt  het  Landtjuweel,  enz.  2  » 

Deze  terechtwijzing  zal  wel  voldoende  zijn,  om  ons  van  verdere 
nitweidingen  over  dit  eerste  punt  te  verschoonen  ;  en  wat  aangaat 


1  Zie  Papebrociiius  ,  Annales  ,  I,  313;  MarsHALL,  Bibliothèque  des  Antiquités 
bdgiques ,  1 ,  122;  MERTENS  en  TORFS,  Gescliieileuis  van  Antwerpen,  11,  414; 
Gens  ,  Histoire.  d'Anvers ,  p.  237.  Indien  Diehcxsens  ,  in  zijn  Anlverpia  ,  en 
Le  Poitevin  de  la  Croix,  in  zijne  Histoire  d'Anvers,  van  het  Koningsfeest  van  1422 
niet  gewagen  ,  dit  is  omdat  het  ondervverp  des  eerste  zulks  niet  medebracht  ,  en  dat 
de  andere  liet  burgondische  tijdperk  met  reuzenschreden  is  doorgestapt. 

1  J.-F.  WlLLEMS ,  Belgixch  Muséum,  1,  161. 


-    157  - 

hel  tweede,  namelijk  den  zin  van  den  iiihoiid  van  het  geheele  dichl- 
stuk ,  Mgr.  De  Ram  moet  hel  onbewust  zijn  gewéest,  dat  helzelve 
op  hel  archief  van  Anlwerpen  bestond  ,  in  een  oud  codex,  uit 
hetwelk  het  door  den  stadssekretaris  Valckenisse  aan  pater 
Papebrochius  werd  medegedeeld  ,  die  het  in  zijne  Annales  heeft 
opgenonien.  Mr  Van  der  Meerscii  schijnt  deze  bijzonderheid 
even  min  bekend  te  zijn  geweest,  schoon  het  Ie  deel  der  Annales 
Anlverpienses  over  ruim  twintig  jareri  in  het  licht  verschenen  en 
op  aile  openbare  bibliotheken  voorhanden  is  1.  Het  is  nu  maar 
te  weten ,  welke  van  de  beide  teksten  voor  den  oorspronkelijke  is 
te  achten.  De  vergelijking  van  hel  schrift  zou  deze  vraag  misschien 
laten  ophelderen  ;  maar  wij  hcbben  noch  het  perkament,  noch  het 
codex  gezien.  Bij  gémis  daarvan  moeten  wij  het  ding  nemen  gelijk 
het  daar  ligt.  Nu ,  als  wij  er  al  de  overtollige  uitweidingen  af- 
schiften ,  dan  krijgen  wij  een  geraamte,  aan  hetwelk  geen  beentje, 
geen  vezeltje  leuvensch  te  zien  is.  Men  leze  slechts  met  aandacht, 
en  men  zal  bcvinden ,  dat  ailes  aaneen  hangt  en  slechts  een  gild 
belreft,  dat  van  den  Ouden  Voetboog  van  Anlwerpen. 

En  trouwens,  wat  leeren  wij  uit  het  rijmwerk  van  den  naam- 
loozen  dichter? 

Na  den  tijd  en  de  plaals  van  hel  Landjuweel  aangeduid  te 
hebben  (v.  4-2),  berichl  hij  ons,  dat  Jan  IV  bij  helzelve  den  vogel 
afschoot,  en  dat  hij  den  daarbij  gewonnen  kop  aan  den  Kruisboog 
van  Anlwerpen  vereerde  (v.  3-6).  Waarom  aan  ons  gild  en  niel 
aan  een  ander  ?  Omdat  de  herlog  onze  gildebroeders  de  eere  deed 
met  hen  te  schieten  ;  hij  was  onder  hun  gezelschap  (v.  7-10). 
Daarom  hield  men  Koningsfeest  op  's  hertogs  kosten  (v.  11-13)  ; 

1  Toen  wij  het  Ie  deel  onzer  Nieuwe  Gescliiedenis  van  Antwerpen  sclireven,  ontbrak 
ons  tijd  en  plaats  tôt  een  onderzoek  van  de  hier  besproken  kwestie,  en  wij  vergenoegden 
ons  te  zeggen  (bl.  95)  :  Jan  IV,  in  1422,  «  op  een  Landjuweel  te  Leuven  ,  door  het 
»  afschieten  van  den  oppergaei  eenen  gulden  kop  of  drinkbeker  gewonnen  bebbende, 
»  gaf  denzelven  ten  geschenke  aan  onzen  Ouden  Voetboog.  »  Wij  lieten  daarniedc  de 
zaak  in  haar  gehcel,  zonder  de  eene  of  andeie  lezing  goed  of  af  te  keuren. 


-    158  — 

daarom  stelde  hij  ecne  rente  in  op  het  Markgraafschap  van  Ant- 

vverpen,  en  niet  op  het  hertogdom  van  Braband  (v.  14-18).  En 
aan  wie  schonk  hij  den  anderen  kop  ?  —  Aan  ons)  dat  is  aan 
degenen  die  de  vorige  weldaden  hadden  genoten  ,  aan  de  gilde- 
broeders  van  den  anlwerpschen  Kruisboog  (v.  19-20).  Deze 
laatslen  worden  overigens  zeer  klaarlijk  aangeduid  door  hunnen 
bekenden  eerlitel  van  Goedwittigen  (v.  25  en  29). 

Aldus  is  het  geheele  dichtsluk ,  van  het  begin  toi  het  cinde , 
ecne  herinnering  voor  den  Ouden  Voetboog  van  Antvverpen.  Edoch, 
en  voor  zooveel  wij  welen ,  schijnt  het  leuvensche  gild  nooit  op  den 
eerlitel  van  het  onze  te  hebben  aanspraak  gemaakl.  Te  vergeefs 
zochten  wij  er  naar  in  de  stukken  door  Mr  Van  Even  aan 
Mgr.  De  Ram  uit  het  archief  van  Leuven  bezorgd  en  door  den 
prelaat  bij  zijn  opstel  gevoegd.  De  groote  gilde  van  den  ouden 
Kruisboog,  heet  in  die  beseheeden  «  de  Zestige ,  Erfschullcn 
•  des  broedersehaps  der  Zeven  Weeden  van  0.  L.  Vrouwe  •,  en 
liet  zijn  deze  Zestigen,\velke  (in  1423  en  niet  in  1422)  ter  begeerte 
van  Jan  IV  werden  ingesteld  en  van  de  stad  Leuven  (niet  van  deo 
hertog)  hunne  ordonnance  of  règlement  ontvingcn.  Zij  vonnden , 
wel  is  waar,  het  puik  der  leuvensche  gilden,  doch  waren  daarom 
geen  Landjuweel  !. 

Maar  wij  zullen  nog  verder  gaan  en  wij  beweren ,  dat  de  leu- 
vensche Kruisboog,  nevens  eene  kopij  van  hetportret,  ook  slechls 
eene  kopij  van  het  dichtstuk  bezat ,  en  dat  dit  laatste  oorspron- 
kelijk  le  Antvverpen  te  huis  behoorde.  Zie  hier,  hoe  wij  ons 
verklaren  ,  dat  ecn  en  ander  zich  op  de  gildekamer  van  Leuven 
hebbe  kunnen  bevinden. 


1  Bulletins  de  la  Commission  royale,  d'histoire,  3c  seïie,  t.  I,  pp.  299-300.  Hetlcu- 
vensche  gild  liad  zîjnen  oorsprong  genomen  uit  een  broedersrhap  van  0.  L.  V.  van  de 
Zeven  Weeën,  helwcik  aanvankelijk  zijnen  zetel  had  in  de  S.  Calharinakapelle ,  op  het 
Kalhelijneveld.  Het  yaf  zich  in  den  jure  1 332  zijn  eigen  règlement,  en  was  reeds  in 
1343  aïs  sladsgild  erkend  geworden. 


—  159  — 

I Jet  afbeeldsel  van  Jan  IV  voor  een  kopijstuk  erkend  zijnde, 

nioct  cr  crgens  een  orîgîneel  hebben  bestaan.  In  de  xve  en  xvie 
ceuw  was  bel  meermaals  het  gehruik ,  in  de  onderste  lijst  cens 
tafereels  eenig  opschrift  te  plaalsen  ;  dit  gebeurde  bijzonder  bij 
kunslstukken  voor  genoolschappen  vervaardigd.  Uit  den  aanhef  van 
het  dichtsluk  blijkt,  dat  helzelve  voor  een  porlret  des  hertogs  van 
Braband  gemaakt  werd.  Overlezen  wij  nog  eens  de  twee  eerste 
regels  van  dit  opstel  : 

Alsmen  duysent  vierhondert  en  twee  en  tvvintigh  telde 
Dees  Prins  het  Lantjouweel  tôt  Loven  opstelde, 

Dees  Prins:  —  Welke  prins?  —  Natuurlijk  Jan  IV,  sone  van 
hertoch  Antonius ,  zooals  het  verder  luidt.  Stonden  de  rijmen 
tôt  herinnering  aan  het  Koningsfeest  van  14-22  in  de  onderste  lijst 
van  het  tafereel  geschilderd  of  waren  zij  op  een  peikament 
geschreven?  Dit  doet  er  weinig  aan;  maar  zeker  behoorden  zij  lot 
des  hertogs  portret,  en  wij  laten  ons  voorstaan ,  dat  toen  de  Leu- 
venaars  eene  kopij  van  helzelve  kregen,  zij  ook  het  dichtsluk 
deden  afschrijven ,  en  alzoo  zou  er  eene  kopij  op  den  rug  van  eene 
andere  kopij  gekomen  zijn. 

Dit  ailes  samentrekkende,  zal  men  het  niet  zeer  vermetel  vinden , 
indien  wij  er  grond  in  zoeken  tôt  het  vermoeden,  dat  het  oor- 
spronkelijk  portret  van  hertog  Jan  IV  zich  op  de  kamer  van  onzen 
Ouden  Voetboog  hebbe  bevonden.  Deze  kamer  behoorde  onder  die 
huizen  gestaan  in  de  Gildenstraat,  achter  het  Stadhuis,  in  1576, 
tijdens  de  spaansche  Furie ,  afbrandden ,  bij  welke  ramp  het 
hertogelijk  afbeeldsel  met  meer  andere  kunslschatten  ligt  kan  ver- 
loren  zijn  gegaan. 

Thans  hebben  wij  te  onderzoeken  ,  wanneer  onze  Oude  Voetboog 
de  beide  bekers  kan  gekregen  hebben.  Volgens  het  dichtsluk  ge- 
beurde  dit  in  1422;  maar  op  welken  tijd  van  dit  jaar?  Om  deze 
vraag  op  te  lossen ,  wendden  wij  ons  toi  M'1  Alex.  Pinchart  , 


—   160    - 

a fdcel i ngs-o verste  bij  's  Hijks  archief  te  Brussel,  die  de  goedheid 
liail,  ons'uit  de  algemeene  rekening  van  Braband  over  gemeld  jaar 
liet  volgende  extract  te  zenden ,  waardoor  wij  in  staat  werden 
gesteld,  om  bertog  Jan  gedurende  zes  weken  op  zijn  heen-  en  weêr- 
reizen  voet  voor  voet  te  volgen. 

A0  1422  op  13  Julij  was  de  bcrtog  te  Leuven; 

Van  den  fa  lot  dcn  19n  te  Wercbter  ; 

Den  19n  dito  te  Rolselaer; 

Den  20n  en  den  21n  te  Leuven; 

Den  20"  te  Lier  en  te  Anlwerpen  '  ; 

Den  23>i  dito  te  Put  te; 

Van  den  23n  tôt  den  25n  te  Bergen-op-Zoom  ; 

Den  20»  van  Putte  naar  Leuven  terug  ; 

Den  27n  dito  te  Haecht; 

Van  28  Julij  tôt  7n  Augustij  te  Leuven  ; 

Den  7n  Augustij  te  Tongerloo  en  te  Turnhout  ; 

Den  19n  en  2011  te  Baerle  en  te  Breda; 

Van  den  21»  tôt  22"  Augustij  staat  cr  niets; 

Van  den  23n  tôt  den  30»  was  bel  hof  te  Turnhout  ; 

Den  30n  dito  te  Ilerenthals  ; 

Den  31n  dito  te  Leuven,  waar  bet  bleef. 
Om  deze  bladzijde   uit  het  huisboek  van  Jan  IV  niet  te  laten 
verloren  gaan ,  bebben  wij  ze  gebeel  afgescbreven;  want  al  ver- 
spreidt  zij  geen  licbt  ovcr  ons  boofdonderwerp ,  zij  laat  daaroni 
niet  onder  andere  opzichten  belangrijk  te  zijn. 

Opmerkelijk  is  vooreerst  de  snelbcid  van  eenige  tocbten.  Het 
bertogclijk  hof,  betwclk,  volgens  de  toenmalige  gewoonle,  te  paard 
reisde ,  moet  nog  al  ferm  doorgedraafd  bebben  ,  om  in  eenen  dag 
van  Putte  naar  Leuven  te  komen  2  :  die  hofstoet,  die  in  wilde  vaart 

'  lu  gezelschap  van  de  hertogin  ,  vrouwe  Jacoba  van  Beijeren  ,  en  de  heeren  van 
Nassau  ,  van  Diest  en  van  Rolselaer. 
'  Blijkbaar  wordt  donr  dit  Putlc  het  nederlandsch-belgisch  grcnsdorp  bedoeld. 


—   161  — 

Je  heidevlakte  overvliegt,  is  een  tafereel  hetwelk  wij  onze  schilders 
van  paarden  en  ruilers  ter  studie  aanbevelen. 

Maar  voor  een  feest  te  Antwerpen  ,  hetwelk  natumiijk  eenig 
oponthoud  zou  veroorzaakt  hebben ,  vinden  wij  in  dit  itinerarium 
geene  plaats;  de  bertog  den  2211  Julij  uit  Lier  in  onze  slad  aan- 
gekomen ,  was  desanderendaags  recds  vveder  wech.  Aan  eenen 
anderen  kant  zeggen  de  bescheeden,  door  MrVAN  Even  opgelczen, 
niets  over  hel  Lan djuweel  van  1422,  waarbij  het  Koningsfeest 
zou  hebben  plaats  gehad  ;  maar  de  omstandigheid  ,  dat  de  hertog, 
na  den  31"  Auguslij  te  Leuven  te  zijn  wedergekeerd,  er  zeer  lang 
verbleef  en  dat  de  leuvensche  kermis  met  Seplember  invalt,  laat 
veronderstellen ,  dat  de  schietspelen  toen  werkelijk  plaats  hadden, 
en  dat  het  dezelfde  zijn,  uit  welke  onze  kruisboogschutlers  met 
den  opperprijs  terug  kwamen. 

Er  heerscht  overigens  niet  weinig  verwarring  in  al  wal  nopens 
de  handelingen  van  Jan  IV  met  onze  schulgilden  is  aangeboekt. 
Om  er  te  laten  over  oordeelen  ,  schrijven  wij  letterlijk  af  een 
•  Extract  injt  seker  bescheet  bevonden  onder  de  pampieren  ten 
complaire  van  M.  Lenaert  Van  den  Poel,  Canderen  tyden 
secretaris  der  Heerlyckheijt  van  Brecht,  toecomende  zyne 
gen  den  Grave  van  Hoochstraeten  ende  onder  andere  be- 
vonden dit  naervolgende  : 

Op  Ste  Baven  dach ,  anno  xmie  ende  tweelf,  hebben  de 
dekens  en  de  oudermans  van  de  guide  van  den  Cruysboge 
binnen  Antwerpen  ,  Hertoch  Jan  van  Drabant  in  heuren  Boecs  * 
Hoff  genoeydt  ten  eelen  met  syn  gesinne.  De  spyse  die  was: een 
Hespe,  een  stuk  Runtvlees,  een  Schaepen  Sehouderc,  eenen 
Hamelen  Boudt,  eenen  Bruynen  Iludt  spott  2  met  prnymen , 
boter  ende  caes  met  een  geroockte  Tonge  ende  Frnyt ,  ende 
gedroncken  achlentwintich  gelten  "'  Rinschen  Wyn ,  ende  heeft 

i   finngsltof? —  5  Hutspot.  —  '  Dp  gelle  Iii^ld  twee  potten. 


—  162 


•   tvorsc.  gekost  ende  by  de  Dekens  in  Rekcninge  gebrocht  oegen 


•   Carolus  guidon.    • 


•   Onder  stont   :   colla  ta   concordat. 
»   Geteekend  :  Coeckmans.  • 


Toelsen  wij  nu  dû  Extract  aan  de  geschiedenis ,  om  ons  te  ver- 
gewissen ,  wat  bet  collata  concordat  van  den  scribent  Coeckmans 
kan  vvaard  zijn  ,  dan  bevinden  wij ,  dal  Jan  IV  eerst  in  1-415  herlog 
van  Braband  werd  en  dat  de  Garolusguldens  in  zijnen  tijd  nog 
niet  geslagen  waren.  Wal  het  jaar-  en  dagdatum  aangaat,  beideti 
lalen  zich  even  min  overeenbrengen  met  een  vroeger  bezoek  des 
jongen  hertogs;  edoch ,  helzelve  wordt  door  den  kanonik  Snyders 
gesteld  omirent  Ilaif-Vaslen  1-413  (14-1-4  n.  s.)  llij  was  toen 
vergezeld  van  zijn  vader  en  zijn  broeder,  en  aile  drie  namen  deel 
aan  het  fecslmaal  door  de  gildebroeders  1er  gelegenheid  der  gaai- 
schieting  aangerichl  '.  Knoop  dit  nu  ailes  aaneen;  wij,  wij  zien 
er  geen  wech  meê.  Het  eenigste  wat  echt  schijnt,  is  het  menu 
van  den  disch,  en  dit  bewoog  ons  de  ganschc  brok  op  le  nemcn  9*. 

Onverminderd  mcergemelden  beker,  zou  hertog  Jan  aan  onzen 
Ouden  Voetboog  ook  vereerd  hebben  eenen  gaai  van  louter  goud , 
hangende  aan  ecne  kelting  van  hetzelfde  metaal.  Dit  sieraad, 
hetwelk  bij  de  zoogenaamde  Koningsfeesten  van  liel  gild  door  den 
hoofdnian  werd  aan  den  hais  gedragen ,  zou  in  1794  den  smell- 
kroes  hebben  mogen  ontsnappen  en  lhans  nog  hier  of  daar 
bewaard  wonlen  5.  Wat  de  bekers  betreft,  dezelve  zijn  sinds  lang 


1   l'.M'Eunnc.iiirs ,  Annules  Antverpienses  ,1.1,  p.  273  ,  ad  A0  1413. 

-  Het  stuk  werd  ons  medegedeeld  door  Mr  I'.  Génard,  stadsarchivist  van  Antwerpen. 

'  De  steller  van  een  arlikel  :  Réjouissances  publiques  à  Anvers,  voorkomende  in  de 
Bibliothèque  des  Anlii/  belij.,  1 ,  122  ,  vvilde  dit  zoo  weten  ,  doch  gaf  er  geen  bewij- 
zeii  van.  In  i 85 i  ,  bij  de  lentoonstelling  van  oude  kunststukken  tôt  herdenking  van  de 
vierde  vei'ceuwing  van  S.  Lucasgild  ,  zou  liet  eene  gelegenheid  geweest  zijn,  om  het 
juweel  uit  te  pakken,  en  men  zager  werkelijkeenehalsketting  [Catalogue,  p.  4-1,  n°G09); 
maar  het  zou  die  geweest  zijn,  welke  de  burgemeester  Nik.  Hockox  ,  als  lioofdman 
dur  Kolveniers,  liad  gedragen  en  in  1620  aan  IU'iif.ns  ten  geschenke  gegeven. 


—  163  — 

zoek  geraakt.  Beiden  waren  koslbare  stukken  van  de  onde  drijf- 
kunst.  De  vorirnaamste ,  de  prijsbeker  van  hertog  Jan,  was  van 
verguld  zilver,  en  is  waarschijnlijk  in  157(3  bij  de  algemeene 
plundering  van  de  stad  met  anderen  huit  verdwenen. 

Desniettemin  bleef  men  het  Koningsfeest  van  herlog  Jan 
jaarlijks  herdenken  door  een  gastmaal  genaamd  de  Vrije  Brom , 
lerwijl  buiten,  boven  de  ingangspoort,  een  vergulde  ijzeren  sleutel 
van  vijfde  hait'  voet  lengte  werd  uitgehangen.  Deze  sleutel  zict  men 
afgebeeld ,  of  liever  liïj  vormt  het  ruggestuk  van  eenen  troon- 
zelel ,  voorkomende  op  zekere  schilderij  van  het  Muséum  van 
Anlwcrpen  ,  van  welke  wij  nu  ook  iels  willen  zeggen,  als  met  al  het 
voorgaande,  naar  men  meent,  betrekking  hebbende. 

Dit  kunslstuk,  onder  n°  9G  van  den  catalogus  van  4857  voor- 
komende, en  aldaar  (bladz.  88-90)  door  Mr  den  ridder  Léo  de 
Burbure  zeer  nauwkeurig  beschreven  ,  verbeeldt  een  schutlersfeest 
uit  de  XVe  eeuw.  Het  is  een  lafereel  vol  leven  en  beweging,  doch 
zeer  naïef  van  samenstelling,  en  zonder  genoegzame  kennis  van 
de  regels  der  doorzichlkunde  vervaardigd.  De  zinnebeelden  van  de 
S.  Joris-  en  de  S.  Sebasliaangilde  geven  le  kennen  ,  dat  de 
Kruis-  en  de  Handboog  aan  het  feest  deel  nemen.  De  gildekoning 
zit  in  den  Iroonzetel  en  een  dienaar  biedt  hem  in  eenen  beker  te 
drinken.  Het  tooneel  is  een  bergachlig  landschap ,  iets  wat  het 
leuvensche  en  niet  het  anlwerpsche  grondgebied  kenmerkt.  Mr  de 
Burbure  deed  ons  dan  ook  opmerken  ,  dat  de  plaals  zich  zeer  goed 
laat  erkennen ,  als  men  onze  schilderij  vergelijkt  bij  de  teekening 
van  den  ouden  burg  van  Leuven  *. 


1  Van  Evkn  ,  Louvain  monumental,  p.  117.  Zie  ook  Schayes,  Analectes,  Annales 
de  l'Académie  d'archéologie  de  Belgique ,  XI,  35.  Zie  hier  eenigen  der  samentroflin- 
gen  door  M1',  dk  Buiibuur  in  de  schilderij  van  het  antwerpsch  Muséum  en  de  teekening 
van  Mr.  Van  Even  hcstatigl  Links  op  de  schilderij  (u°  4  der  teekening)  ziet  men  des 
hertogs  wijnpei's  ;  in  liet  midden  van  ons  tafereel  (n°  1  der  teekening)  het  kasteel 
van  Leuven  ,  van  hclwelk  ellelijke  gedeelten  ,  zooals  de  inkompocrt  enz.  zich  lalen 
herkennen  ,  alhoewel  het  gehouw  in  den  aanvang  der  xvip  eeuw  grcrotelijks  i>  gewijzigd 


—   164  - 

Met  beroemde  Koningsfeest  van  1-422  zou  dierhalve  in  den  tuin 
van  het  herlogelijk  kasteel  van  Leuven  hebben  plaats  gehad  ,  en 
vvel  in  den  herfst ,  uilwijzcns  de  met  fruit  beladen  boomen.  Dit 
een  en  ander  versterkt  het  daar  straks  geuile  vermoeden  nopens  het 
tijdslip  van  het  feest ,  lerwijl  etlelijke  deloils  der  scliilderij  zich 
ook  beter  laten  verklaren.  Degildekoning,  bij  voorbeeld,  zou  nie- 
mand  anders  zijn  dan  hertog  Jan  IV,  en  de  sleutel  op  den  rug 
van  den  zetel  afgebeeld  ,  eene  herinnering  aan  de  S.  Pcetersmannen 
van  Leuven.  De  beruchle  beker  is  niefvergeten ,  en  zou  die  zijn, 
in  welken  men  den  hertog  te  drinken  schenkt. 

Volgens  de  getuigenis  van  Papebrochius  bevond  deze  scliilderij 
zich  te  zijnen  lijde  op  de  kamer  van  den  Ouden  Voelboog,  en  men 
las  onder  dezelve  een  opschrift ,  luidens  hetwelk  zij  door  zokeren 
Pieter  de  Gammerele  was  geschonken.  Het  stuk,  in  olieverw 
gepenseeld  zou  éditer,  maar  eene  kopij  wezen  ;  immers,  naar 
sommiger  meening  zou  het  oorspronkelijk  tafereel ,  even  als  des 
hertogs  portret,  ten  lijde  van  Jan  IV  zijn  geschilderd ,  en  de 
vijf-en-twintig  eerste  verzen  van  het  dichlstuk  zouden  oudtijds 
tôt   dit    tafereel   behoord  hebben. 

Wij  gelooven  gaarne,  dat  de  woorden  Dees  Prias,  enz.,  zich 
zoowel  op  het  portret  als  op  het  tafereel  laten  toepassen  ,  zoodra 
men  aanneemt,  dat  de  gildekoning  werkelijk  Jan  IV  voorstelt. 
Maar  al  achten  wij  ons  onbevoegd,  om  tusschen  het  origineel  en 
de  kopij  van  een  tafereel  te  beslissen ,  het  zal  ons  geoorlofd 
zijn  te  vragen ,  wat  het  wapen  \d\\  Philips  den  Schoone,  het- 
welk in  het  hier  besproken  kunststuk  prijkt ,  daar  mag  herinneren? 
1s  het  werkelijk  een  kopijstuk ,  dan  kan  dit  wapen,  zoowel  als  het 
jaarlal  1 493,  niet  veel  meer  beduiden  dan  de  bepaling  van  bel 
tijdslip  der  vervaardiging  van  deze  kopij.   Dan,  dit  is  niet  ailes. 

geweest;  rechts  van  liet  lafereel  (n°  "2  der  Leekening),  de  oude  kommanderij  van  Chantrain  ; 
eindelijk  in  de  verte,  zijnde  liet  hoogste  gedeelte  der  scliilderij  (u"  o  der  teekening) , 
di'ii  verslerkten  toren  of  zoogenaamden  Verloren  Kosl  der  onde  omheining  van  Leuven. 


165 


Het  opschrift  door  Papebrocijius  bewaard,  geeft  duidelijk  te 
kennen,  dat  de  gever  in  het  daar  zooeven  gemelde  jaar  overleden 
was.  Laten  wij  het  hier  invoegen. 

Dit.  tafereel.  gaf.  Pieter.  de.  Gammerele. 

Hier.  ter.  deser.  stede. 

Godt.  verleent.  syn.  se!e. 

Den.  eeuwighe.  vrede.  IVl.CCCG.XCIlï. 

Dus  was  de  gever  der  schilderij  n°  90  in  1493  dood  en 
begraven ,  en  aangezien  wij  op  het  gebied  der  veronderstellingen 
zijn ,  moet  niets  ons  beletten  te  vragen  ,  of  die  gever  ook  niet  de 
maker  van  het  stuk  zou  wezen?  De  Liggere,  het  is  waar,  bevat 
geenen  Peter  de  Gammerele  *;  maar  dit  résister  van  S.  Lucas- 
gild  klimt  ook  niet  hooger  dan  het  jaar  1453 ,  en  vermils  de  on- 
volmaekte  uitvoering  van  de  schilderij ,  volgens  de  kunstkenners  , 
naar  een  vroeger  tijdperk  dan  dat  van  Philips  den  Schoone 
verwijst,  dunkt  het  ons,  dat  wij  zulke  vraag  niet  zonder  grond 
hebben  kunnen  doen  2. 

Wat  er  van  zij,  het  tafereel  n.  96  van  ons  Muséum  moge  even 
als  het  portret  van  Jan  IV  een  kopijstuk  wezen  ;  het  dichtje 
mag  aanvankelijk  tôt  het  een  of  toi  het  ander  behoord  hebben ,  de 

1  Deze  naam  ,  naar  zijn  uiterlijk  aanzien  ,  schijnt  een  Waal  of  Fransehman  aan  te 
duiden  ;  maar  wij  zouden  er  veeleer  een  Duitscher  in  zien.  Het  fransche  vnorzetsel  de 
werd  in  dien  tijd  hij  de  eigennamen  allijd  overgezet  door  van  en  dierhalve  is  de  ons 
vlaamsrhe  lidwoord.  De  naam  ziet  dus  op  het  bedrijf,  de  geaartheid  of  de  afkomst  des 
persoons.  Nu  geeft  Weiland  geen  enkel  nederduitsrh  woord  op ,  dat  met  gam  begint , 
en  bij  Kiliaen  vindt  men  slechts  het  verouderde  Gammandercruyt  (fr.  Germandrèe) 
tegenwoordig  iugekrompen  tôt  Manderkruid.  Dit  voldeed  ons  niet,  en  terwijl  wij  naar 
eenen  naamzochten,  die  ons  misschien  de  plaats  van  's  mans  herkomst  zou  laten  raden, 
kwamen  wij  op  het  saksïsr.he  dorp  Gamme  neder.  Als  wij  het  dan  reeht  voor  hebben  , 
dan  zou  Gammerele  (lees  Gammeriel ,  want  het  moet  rijmen  met  ziel)  zooveel  betee- 
kenen  als  Gammenaer,  Gammering  en  dan  is  Peter  stellig  een  Duitscher. 

2  Zie  hier  hoe  Mr.  de  Burbure  zich  daarover  in  zijn  verslag  uitdrukt  :  «  Je  pense....  que 
»  l'original  de  ce  panneau,  qui  accuse  une  imperfection  artistique  des  plus  caractérisées, 
»  surtout  en  fait  de  perspective  ,  ne  peut  avoir  été  fait  qu'à  l'époque  même  où  la  fête  des 
»  archers  venait  d'avoir  eu  lieu  ,  et  dans  le  but  d'en  perpétuer  le  souvenir  à  Anvers  et  à 
»   Louvain.  » 


—   166  — 

hoofdzaak  bij  cleze  verhandeling  is,  dat  dit  laatste  geheel  moet 
worden  uitgelegd ,  als  zijnde  voor  den  Ouden  Voetboog  van 
Antwerpen  gemaakt,  al  lieeft  liet  Koningsfeest  dan  ook  te  Leuven 
plaats  gehad. 

—  En  de  Vrije  Brom ,  wat  was  dat  ? 

Te  recht,  wij  hadden  ons  schier  piichtig  gemaakt  aan  liet  ver- 
zuim ,  hetwelk  men  onze  geschiedschrijvers  opzichtens  dit  feest 
kan  te  laste  lesriren.  Over  het  alsemeen  waren  onze  oude  assen 
geene  opmerkers  van  hetgeen  rondom  hen  omging.  Gansch  ver- 
slonden  in  de  studie  der  latijnsche  en  grieksche  oudheid,  of 
verdiept  in  de  uitpluizing  van  bestoven  charters  en  diplomen , 
schenen  zij  het  beneden  huune  waardigheid  te  achten,  zich  met 
alledaagsche  volksfeesten  op  te  houden ,  en  lieten  dit  graag  over 
aan  de  almanakmakers ,  tooncelschrijvers  en  verzenwevers.  Het  is 
inderdaad  in  dezer  schriften ,  alsook  in  degene  van  de  geestelijken 
handelende  over  godsdienst-  en  zedeplichten,  dat  men  de  spôren  van 
menige  onzer  volkszeden  en  de  wortels  van  zeer  gemeene  spreek- 
wijzen  kan  vinden. 

Trouvvens,  de  anders  zoo  rijke  woordenschat  van  Kiliaen  heeft 
ons  in  dezen  niet  kunnen  helpen.  Wel  vindt  men  da'ar  Brom, 
spuma  (schuim),  in  den  eigenlijken  zin  van  ditwoord,  doch 
hetwelk ,  als  men  vrije  brom  voor  vrije  sehuim  wilde  opvatten , 
niets  zon  beteekenen  *.  Ook  bij  de  latere  woordenboekmakers 
vonden  wij  geen  licht  en  stonden  wij  sinds  lang  vruchteloos  op 
den  uitkijk,  als  wij  in  eens  bij  Willem  Ogiep,  te  recht  kwamen, 
in  de  vyfde  uyt-komst  van  het  tooneelstuk  de  Hooveerdigheut. 
Joosken,  de  knecht  van  jonker  Fhanciscus,  schetst  daar  aan 
Beyken2,  een  der  slachtoflers   van  zijns  meesters  vvulpschhcid, 


'  Aan  de    toepassing   van  het  overdrachtelykt  volksschuim  ,   lie  du  peuple  ,  fex 
popuh  ,  zal  hier  wel  niemaml  denken,  foi, 

Beyken,    Bayhen,    Bayen ,   Barbara.    Ziê   Willems  Lyst    van    nederlandsche 
amen  in  liet  Belgisch  Muséum  ,  V,  395. 


—  167  — 

de,  sclirale  keuken  van  dezen  laalste  met  de  volgende  woorden  : 

Ioosken. 

Tôt  syn  schand  ?  dats  niet ,  myn  Meester  draeght  geen  schaemt  schoenen  , 
Hy  draeght  leersen  ,  en  thuys  sloffen  van  pompoenen, 
Daer  't  binnenstis  uyt  gehaelt,  en  voor  ons  beyd'  gekockt. 
In  kleir  vvater  ,  met  Amonitie-broot  gebrockt. 

Beyken. 
Dats  lackeren  brom. 

Ioosken. 

Ja  hadden  wy  t'  slechts  aile  daghen  , 
De  Saus  van  aile  spys  syn  goey  geteerde  maghen  '. 

Of  wij  bedriegen  ons  grootelijks  ,  of  vvij  hebben  hier  het  echte 
woord  vast  ,  en  brom  zou  zooveel  beteekenen  aïs  dooreengemeng- 
den  kost,  spijs ,  enz. 

Vrije  kost ,  dat  laat  zich  in  allen  gevalle  beter  verstaan  dan 
vrije  schuim.  Men  denke  hier  bij  aan  de  rente  in  1-422  op  het 
Markgraafschap  gehijpothekeerd ,  tôt  bekostiging  van  den  jaarlijk- 
schen  maaltijd. 

Hoe  het  zij  ,  drie  eeuwen  later  werd  het  Koningsfeest  van 
herlog  Jan  bij  den  Antwerpenaar  nog  herdacht,  zooals  kan  blijken 
uit  de  volgende  nalezing  uit  een  der  bundels  van  hetstadsarchief,  ons 
door  Mr  P.  Génard  medegedeeld  : 

•  Anno  1722  den  10  october  hebben  de  Liefhebbers  van  den 
Cruysbogh  van  den  ouden  Voetbogh  seer  solemnelyck  ende  op  't 
prachtigste  geviert  het  Dry  honderd  jaerigh  jubilé  van  de  memorie 
van  Hertogh  Jan.  Saterdaghs  den  10  october,  ten  half  ure  elf, 
naer  het  geluy  der  groote  clocke  ,  wiert  aen  den  Autaer  van  den 
ouden  Voetbogh  (in  de  hoofdkerk)  door  den  Capellaen  der  selve 
guide,  Joannes  Petrus  Renders,  gesonghen  eene  seer  solemnele 
Misse  met  een  extraordinaris  schoon  Musiecke ,  in  de  welcke  te- 
genwoordig  waeren  den  Edelen  Heere  Gansacker  ,  buyten  Borge- 

1  W.  Ogikii  ,  De  seven  Hoofdsoiiden ,  uitg.  van  1682.  De  Hooveerdigheyt,  bl.  3i. 


—    168  — 

meesler  ,  den  Edelen  Heere  Knyf,  binnen  Borgemeesler  ,  den 
Edelen  Heere  Van  Hove  ,  out  Borgemeester  ,  met  Myn  Heer 
Van  Kessel  ,  pensionnons  ,  onde  aile  de  Liefhebbers  van  den 
Cruysbogh  met  hunne  linysvrouwen  ende  ontallycke  menighte  van 
menschen.  Den  Autaer  van  den  ouden  Voetbogh  was  op  het  alder- 
costelyckste  ende  opt  alderschoonste  verciert.  Boven  den  Autaer 
stont  dit  jaerschrift  : 

MUnïfICo  DUGI  JoannI  JUsta  pIetas. 

Voor  de  Misse ,  onder  bel  gbeklanck  van  trompetten  ende 
timbaelen  ,  oock  onder  de  Elevatie  van  de  Heylighe  Hostie  ende 
naer  de  Misse  wierden  veele  groote  viercamers  afgesclioten. 

eX  aMore  Joannïs  DUCIs  sGrIpsIt  Joannes  baptIsta 
pIetersens.  » 

—  En  zoo  was  het  uit  zonder  vrijen  brom? 

Apparentelijk  was  het  zoo  uit ,  immers  Pietersens  rept  er  niet 
van  even  min  als  van  de  reden  waarom  Jan's  nasredachtenis  met 
zulke  liefde  gevierd  werd.  Misschien  oordeelde  de  vrome  man 
dit  onnoodig ,  als  zijnde  een  en  ander  zoo  goed  bekend  als  de 
jaarlijksche  begankenis  naar  Sint-Job,  op  den  Dam. 

Thans  scheidt  eene  ruimte  van  anderhalve  eeuw  ons  van  dit 
feest ,  en  op  dezen  afstand  komt  het  oude  gildewezen  ons  voor  als 
een  verslcten  en  uitterende  lichaam,  hetwclk  de  veele  groote  vier- 
camers wel  voor  een  oogenblik  konden  galvaniseeren,  maar  geene 
niouwe  levenssappen  ingieten.  Edoch ,  de  instelling  was  van  haren 
eersten  oorsprong  reeds  te  verre  afgeweken,  dan  dat  lappen  of 
zalven  nog  zouden  hebben  kunnen  helpen.  Geheel  ontzenuwd  door 
eene  macht  van  vrijbrieven ,  geraaklen  de  antwerpsche  schutgilden 
allengs  ondor  de  hand  der  zoogenaamde  Smeerdekens,  vervolgens 
onder  den  voet  der  Republiek,  die  lien  met  al  de  andere  geprivi- 
ligièerde  corporatiën  vorpletterde  (1794). 


L'ÉGLISE  DE  NOTRE-DAME 

A  TONGRES. 


MEMOIRE 

par  M.  Ch.-M.-T.-   THYS, 

MEMBRE    CORRESPONDANT    A   TONfiRF.à 


L'église  de  Tongres,  dont  les  légendes  ,  les  chroniques  et  les 
traditions  attestent  l'antiquité,  n'a  pas,  à  notre  connaissance,  été 
jusqu'à  présent  l'objet  d'une  relation  historique  complète  ayant 
pour  but  de  rappeler  son  origine  et  de  faire  connaître  toutes  les 
phases  qu'elle  a  traversées  avant  de  devenir  ce  qu'elle  est ,  c'est-à- 
dire  un  des  plus  remarquables  monuments  de  la  Belgique. 

A  la  vérité  ,  quelques-unes  de  ses  parties  ont  déjà  été  décrites; 
en  1851  notamment  plusieurs  des  principaux  documents  qui  la 
concernent  ont  été  mis  au  jour ,  mais  ces  éléments  épars  n'ont 
jamais  été  réunis  et  coordonnés ,  de  manière  à  en  faire  découler  le 
récit  des  événements  qui  ont  présidé  à  l'érection ,  à  l'agrandisse- 
ment et  à  la  conservation  de  ce  premier  sanctuaire  cisalpin. 

C'est  pour  tâcher  de  combler  cette  lacune  que  nous  présentons 
aujourd'hui  ce  faible  essai,  résultat  de  recherches  consciencieuses. 

Commissaires  rapporteurs  MM.  Le  Grand  de  Reulandt  et  F.  Durlet. 
XXIX  XXII  H 


V.  1677 

—  1794 

VI.  1794 

—  1846 

VII.  1846 

—  1866 

—  170  — 


DIVISION. 

I.  58  av.  J.-C.  —314  ap.  J.-C,     Conquête  des  Gaules  par  les  Romains.  —Éta- 

blissement  du    christianisme.    —  Fondation 
de  l'église  par  saint  Materne. 

II.  314  —    799,  Saint  Servais.  —Invasion  des  Huns.—  Des- 

truction de  l'église. 

III.  799  —   1240,  Ogier-le-Danois.  —  Première  reconstruction  de 

l'église.    —  Établissement   du    chapitre.  — 
Ruine  de  l'église. 

IV.  1240  —  1677,  Seconde  reconstruction  de  l'église.  —  Destruc- 

tion de  la  tour. 
Grand  incendie.  —  Première  restauration. 
Abolition  du  culte.  —  Concordat. 
Seconde  restauration. 


APPENDICE. 

A.  Description  du  trésor  et  des  ornements  sacerdotaux  : 

1°  Le  trésor , 

2°  Les  ornements  sacerdotaux  : 
i  Les  chapes, 
il  Les  chasubles, 
m  Les  anlipendia  ,  vêla,  etc. 

B.  Inscriptions  des  pierres  tumulaires. 

C.  Catalogue  de  l'ameublement  : 

1°  de  l'église  , 

2°  de  la  chapelle  claustrale  , 

3°  du  cloître , 

4°  des  sacristies. 

D.  Catalogue  des  archives. 

E.  Inscriptions  des  cloches. 

F.  Tableau  des  membres  du  chapitre  en  1796. 

G.  Liste  des  prévôts  du  chapitre. 
II.  Liste  des  doyens  du  chapitre. 
I.  Liste  des  plébans  et  des  curés. 


INTÉRIEUR    DE    LA    COLLÉGIALE    DE  TONGRES  . 


■  'logiedeBelgLCfue.tXXIl,  Zp  Série t  II 


, 


—  171  — 

INTRODUCTION. 

L'église  de  Tongres ,  qu'elle  ait  été  fondée  sous  la  forme  modeste 
d'un  oratoire  ou  d'une  chapelle,  remonte  par  son  origine  au  berceau 
du  christianisme  dans  la  Gaule-Belgique.  Nos  ancêtres,  plus  heureux 
que  tant  d'autres  peuples ,  ont  été  des  premiers  à  recevoir  la  civi- 
lisation chrétienne. 

Deux  ordres  de  faits  ont  amené  cette  situation. 

La  Gaule,  conquise  par  César ,  fut  divisée  en  provinces.  La 
Belgique,  qui  en  était  la  .troisième,  avait  pour  bornes  l'Océan,  le 
Rhin ,  la  Seine  et  la  Marne.  La  guerre  ayant  dévasté  cette  province, 
Auguste  la  repeupla  par  des  tribus  germaniques  (31  av.  J.-C.)1, 
qui ,  après  avoir  passé  le  Rhin ,  prirent  le  nom  de  Tongres  2  et 
bâtirent  une  ville  autour  de  la  forteresse  romaine.  Au  témoignage 
des  écrivains  contemporains ,  cette  ville  prospéra  tellement  qu'elle 
devint  bientôt  très-florissante  5. 

Agrippa ,  gendre  de  l'empereur,  en  fit  le  centre  de  trois  grandes 
voies  militaires  ,  la  première  venant  de  Bavay ,  la  seconde  allant 
à  Cologne  et  la  troisième  à  Nimègue. 

Dans  cette  avantageuse  situation  topographique  la  cité  de  Tongres, 
admise  aux  droits  des  municipes  et  formant  une  étape  stratégique 


1  Qui  primi  Rhenum  transgressi  Gallos  expulerint  ,  uc  nunc  Tungri ,  tune 
Germain  vocati  sint.  Tacite  ,  de  Germania ,  cap.  2. 

Pnocopius,  de  Dello  golhico ,  lib.  I,  cap.  12. 

WalckeiNaeu  ,  Géographie  ancienne ,  historique  et  comparée  des  Gaules ,  tome  II , 
p.  284. 

D'Anville,  Notice  de  l'ancienne  Gaule ,  p.  7. 

1  Alualuca  Thoringorum  ou  Tongrorum. 

5  Tite-Live  ,    Tacite  ,    Pline   le    naturaliste  ,    Ammien    Marcellin  ,    Procope. 

Les  vestiges  de  l'ancienne  enceinte  subsistent  encore  de  nos  jours. 

Sous  la  domination  romaine  ,  VAtuatuca  Tungrorum  comprenait  dans  son  gouver- 
nement le  pays  de  Liège  ,  une  partie  du  Luxembourg ,  le  pays  de  Juliers,  le  Limbourg , 
Namur,  la  majeure  partie  du  Brabant  et  la  province  d'Anvers.  Le  gouverneur  militaire 
de  la  province  résidait  à  Lowaige  où  se  trouvent  encore  quelques  ruines  d'une  forte- 
resse romaine. 


—  172  — 

entre  Rome  et  le  Rhin ,  était  souvent  foulée  par  les  armées  ;  elle 
se  trouvait  ainsi  en  contact  avec  la  capitale  de  l'Empire ,  à  laquelle 
elle  fournit  des  défenseurs f. 

La  Tongrie  était  soumise  aux  lois  romaines  quand  surgit ,  au 
milieu  du  monde  payen ,  le  christianisme  qui  devait  le  régénérer 
et  donner  à  l'humanité  opprimée  la  liberté  et  l'égalité. 

Rome  traitait  les  peuples  vaincus  et  incorporés  dans  son  vaste 
empire  -  en  barbares  et  en  esclaves  ;  aussi  reçurent-ils  avec  em- 
pressement l'évangile  de  Jésus-Christ ,  à  l'abri  duquel  ils  vé- 
curent libres  et  détruisirent  le  colosse  qui  les  avait  subjugués. 

Le  christianisme  apparut  sous  une  forme  simple  et  cependant 
avec  cette  puissance  irrésistible  que  Dieu  a  imprimée  à  toutes  ses 
institutions.  La  ruine  du  paganisme  et  du  despotisme  romain  était 
dans  les  desseins  de  la  Providence  et  rien  ne  put  l'arrêter. 

Le  Sauveur  avait  dit  à  ses  disciples  :  «  Allez  et  instruisez  tous 
les  peuples  »  ,  et  ses  disciples,  fidèles  à  leur  divine  mission,  se 
partagèrent  les  contrées  pour  la  prédication  de  l'Évangile. 
Saint  Pierre  et  saint  Paul  prêchent  à  Rome  même  ;  de  là,  le  prince 
des  apôtres  envoie  ses  missionnaires  en  Sicile ,  en  Italie ,  dans 
les  Gaules  et  sur  les  côtes  d'Afrique. 

Pour  la  Gaule-Belgique ,  il  choisit  Euchère  lequel ,  avec  deux 
jeunes  lévites,  Valère  et  Materne,  se  rendit  à  Trêves,  ville  déjà 
très  considérable  du  temps  de  César  3. 

C'est  de  Trêves  que  la  lumière  de  la  foi  se  répandit  sur  les  cités 
de  Cologne  et  de  Tongres  ;   c'est  à  saint  Materne  que  ces  deux 


'  Annales  de  l'Académie ,  tome  I  ,  3"  liv.  Journal  de  iinst.  publique,  fome  I, 
]i.  72  ,  et  le  recueil  de  Guuter. 

*  Cet  empire  le  plus  puissant  qui  ait  jamais  existé  ,  comprenait  cent  vingt  millions 
d'habitants  ;  ses  bornes  étaient  le  Rhin  et  le  Danube  au  nord  ,  le  Tibre  et  l'Eupbrate  à 
l'est ,  les  déserts  de  l'Afrique  au  midi  et  le  grand  Océan  à  l'ouest. 

3  L'empereur  en  fit  la  métropole  de  la  Belgique,  sous  le  nom  A' A ugusta  Trevirorum  ; 
elle  devint  la  résidence  du  préfet  du  prétoire  ,  et  plus  tard  celle  de  plusieurs 
empereurs. 


—  173  — 

villes  durent  leur  conversion  et  la  fondation  du  christianisme 
dans  leur  sein  l.  Au  pied  du  castellum  d'Atuatuca ,  Materne  bâtit 
une  église  qu'il  dédia  à  la  Mère  du  Sauveur.  Ce  fut  la  première 
qui  reçut  cette  dédicace  en  deçà  des  Alpes. 

Les  événements  et  les  circonstances  qui  ont  précédé ,  accompagné 
ou  suivi  l'établissement  de  cette  église ,  forment  la  division  natu- 
relle de  son  histoire.  En  effet,  après  la  conquête  de  la  Gaule- 
Belgique  et  l'anéantissement  des  Atuatiques  et  des  Éburons,  la 
tradition  montrera  une  tribu  germaine  passant  le  Rhin  et  prenant 
le  nom  de  Tungri  qu'elle  donne  plus  tard  à  la  ville  bâtie  autour 
du  castellum;  puis  saint  Materne,  l'apôtre  de  la  Tongrie,  plantant 
au  pied  de  ce  fort  le  signe  de  la  rédemption  et  y  érigeant  ,  en 
l'honneur  de  Marie ,  le  sanctuaire  que  saint  Servais  reconstruisit 
sous  une  forme  plus  vaste  au  IVe  siècle;  ensuite  l'invasion  des 
hordes  barbares  détruisant,  au  Ve  siècle,  la  ville  et  le  temple  que 
le  comte  Oger  ,  dit  le  Danois  ,  releva  de  ses  ruines  et  que  le 
pape  Léon  III  consacra  solennellement  le  9  mai  80-4 ,  en  pré- 
sence de  l'empereur  Charlemagne  et  de  sa  cour. 

Après  le  démembrement  du  vaste  empire ,  les  chroniques  et  les 
archives  raconteront  l'invasion  des  Normands  (881),  la  translation 
du  siège  épiscopal  à  Liège  par  le  pape  Pascal  II  (1112)  ,  la 
vengeance  de  Gérard  comte  de  Looz  (1180)  et  la  perfidie  de 
Henri  I",  duc  de  Brabant  (1213). 

Les  mêmes  documents  diront  les  désastres  qu'éprouva  pendant 
trois  siècles  la  tour,  successivement  détruite ,  reconstruite,  res- 
taurée, cédée  à  la  ville  et  incendiée  en  1677  par  le  général 
Calvo. 


'  En  même  temps  d'autres  apôtres  évangélisèrent  la  Gaule  romaine.  Ce  furent 
SS.  Sixte,  Sinice  et  Menge.  Ils  fondirent  l'église  de  Reims. 

Saint  Paul  dans  son  épitre  aux  Romains ,  cliap.  Ier ,  v.  8 ,  dit  :  Je  rends  grâces 
d'abord  à  mon  Dieu  pour  vous  tous  par  Jésus-Christ ,  de  ce  que  votre  foi  est  annoncée 
dans  le  monde  entier. 


—  174  — 

Enfin ,  on  verra  le  chapitre  reprendre  possession  de  la  tour , 
rivaliser  de  zèle  avec  le  magistrat  pour  en  réparer  les  malheurs, 
lorsqu'arriva  la  suppression  du  culte ,  l'anéantissement  des  corps 
ecclésiastiques  et  la  confiscation  des  biens  par  la  force  révolu- 
tionnaire. 

Depuis  le  concordat  de  1801 ,  peu  d'événements  se  présentent 
jusqu'en  18-4G ,  époque  à  laquelle  a  commencé  la  restauration 
en  cours  d'exécution. 

I. 

Conquête  des  Gaules  par  les  Romains. 

Etablissement  du  christianisme.  —  Fondation  de  ïéglise  par 
saint  Materne  ;  an  58  avant  J.-C.  —  3J4  après  J.-C. 

Après  avoir  vaincu  les  Teutons  et  les  Cimbres ,  l'armée  romaine 
envahit  les  Gaules  (58  ans  avant  Jésus-Christ). 

Les  Alualiques,  qui  habitaient  la  contrée  arrosée  par  le  Jaer  et 
la  Meuse,  étaient  entrés  dans  la  ligue  des  Gaulois  contre  les 
Romains.  César  tourna  ses  armes  contre  eux,  les  vainquit  et  les 
réduisit  en  esclavage.  Les  Éburons ,  établis  sur  les  bords  de  la 
Meuse  et  de  l'Ourthe,  curent  le  même  sort.  On  connaît  les  glorieux 
malheurs  de  ce  peuple  qui ,  trop  lier  pour  accepter  le  joug  et  trop 
faible  pour  vaincre ,  périt  tout  entier  sous  les  coups  de  l'envahis- 
seur, après  avoir  tenu  longtemps  en  échec  les  aigles  romaines  '. 

Une  tribu  germanique  vint  habiter  les  terres  rendues  désertes 
par  l'anéanlissement  de  ces  deux  peuples.  Cette  tribu  ,  après 
avoir  passé  le  Rhin ,  prit  le  nom  de  Tungri a  ;  le  territoire 
où  elle  se  fixa  fut  compris  dans  la  Belgique.  Auguste  avait  établi 


1  CÉSAR  ,  de  Jictt.  Gall. 

'■  Tacite,  de  Germania  ,  cap.  -2  ,  liv.  5  ,  u"  43. 


dans  les  Gaules  des  divisions  territoriales  conformes  à  son  système 
politique  et  aux  besoins  de  son  vaste  empire. 

Ce  système  avait  pour  but  de  faire  de  la  ville  de  Rome  la  patrie 
de  tous  les  peuples  ;  aussi  les  Romains  introduisirent-ils  chez  les 
nations  vaincues,  leur  langage  et  leurs  institutions  :  celles-ci  sur- 
vécurent à  leur  puissance  *. 

Rome  avait  la  prétention  d'imposer  sa  civilisation  au  monde  connu; 
mais  il  se  faisait  en  même  temps ,  dans  la  société ,  une  autre 
transformation  :  une  civilisation  meilleure  s'élaborait  mystérieuse- 
ment sous  la  corruption  des  mœurs  payennes. 

Dans  un  petit  coin  de  la  Judée ,  naquit  l'enfant  divin  qui  venait 
régénérer  et  sauver  le  monde.  Cette  naissance  devait  séparer 
l'antiquité  d'une  ère  nouvelle,  envoyer  un  simple  pêcheur  pour 
occuper  le  capitole  et  enseigner  aux  nations  l'Évangile  de  la  paix 
et  de  la  liberté. 

Le  commencement  du  christianisme  dans  les  Gaules  suivit  de 
de  près  la  conquête  de  ce  pays  par  les  Romains.  La  ville  de  Trêves, 
métropole  de  la  Belgique ,  conserva  sa  prépondérance  ;  Cologne  et 
Tongres  devinrent  les  cités  de  la  seconde  Germanie.  Tongres , 
alors  connue  sous  le  nom  A'Atuatuca  Tungrorum,  était  déjà 
très-remarquable  par  son  étendue  territoriale:  une  grande  route 
romaine  la  reliait  à  Cologne  et  à  Bavay ,  la  capitale  des  Nerviens  2. 

La  Tongrie  comprenait  tout  le  comté  de  Namur ,  les  deux  tiers 
du  Brabant ,  la  partie  orientale  du  Hainaut ,  le  Luxembourg  jus- 
qu'à la  Semoy  3  et  tout  le  pays  de  Liège. 

Pendant  que  la  nouvelle  cité  romaine  se  développait,  le  prince 
des  apôtres  envoyait  ses  disciples  dans  les  diverses  parties   du 


•  Pline,  Hist.  nul.,  lib.  3,  cap.  5.  St.  Augustin  ,  de  civilate  dei,  lib.  XIX. 

*  Ammien  Marcellin  ,  historien  du  IVe  siècle  ,  cap.  15. 
Aubert  Le  Mire  ,  tome  hr ,  page  635. 

5  Behj  rom.,  lib.  20,  cap.  5.  Plus  tard  Tongres  prit  le  nom  tfAugusla  Tungrorum, 
puis  celui  à'Octavia  Tungrorum. 


—  176  — 

monde.  Il  choisit  pour  prêcher  la  foi  du  Christ  dans  les  Gaules, 
Euchèrc ,  Valère  et  Materne ,  le  premier  comme  évêque ,  le  second 
comme  diacre  et  le  troisième  comme  sous-diacre. 

Tous  les  trois  traversent  les  Alpes ,  cheminent  vers  la  cité  de 
Trêves  et  arrivent  à  Eli  en  Alsace  !  où  Materne ,  le  plus  jeune 
d'entre  eux ,  tombe  malade  et  succombe.  Accablés  de  tristesse , 
Euchèrc  et  Valère  retournent  à  Rome  et  annoncent  à  saint  Pierre 
le  malheur  qui  vient  de  les  frapper.  «  Allez,  leur  dit  le  prince 
»  des  apôtres  ,  retournez  à  l'endroit  où  vous  avez  enseveli 
»  Materne ,  placez  sur  son  corps  ce  bâton  pastoral  et  le  mort 
>   revivra  2.  • 

Les  deux  disciples,  pleins  de  confiance  et  de  foi,  reviennent  au 
tombeau  le  quarantième  jour  après  celui  de  la  sépulture,  exé- 
cutent ce  que  le  maître  leur  avait  dit,  et  aussitôt  Materne  est  rendu 
à  la  vie  3. 

Les  trois  missionnaires  reprennent  leur  itinéraire  et  arrivent  à 
Trêves;  ils  y  annoncent  la  parole  divine,  convertissent  beaucoup 


'  Quelques  auteurs  disent  que  ce  fait  se  passa  sur  les  bords  de  l'Elli  ou  111»  , 
d'autres  à  Illkircli.  V.  Acta  Sanctorum.  Sept.  IV  ,  p.  382.  D'autres  encore  appellent 
cet  endroit  Igelenheim  ,  v.  Pertz  ,  t.  X  ,  page  1 10. 

*  V.  IUniGERUS  apud  Chapea ville  ,  tom.  I,  cap.  6. 

Ce  miracle  a  été  retracé  en  quatre  tableaux  peints  par  le  paysagiste  J.-I3.  Juppin  , 
de  Namur,  et  dus  à  la  générosité  du  prévôt  Jean-René  de  Neufcourt  qui  les  fit  placer 
dans  le  chœur  de  l'église  actuelle,  en  1722.  La  date  du  don  se  trouve  inscrite  sur 
'e  fronton  des  tableaux ,  qui  présentent  l'iconologie  résumée  de  la  vie  et  de  la  mission 
apostolique  de  S.  Materne. 

Le  premier  tableau  représente  les  trois  disciples  recevant  leur  mission  de  S.  Pierre. 
Le  deuxième  tableau  représente  la  sépulture  de  Materne  et  ses  compagnons  le  rappelant 
à  la  vie  par  l'attouchement  du  bâton  pastoral.  Le  troisième  montre  Materne  plantant 
la  croix  dans  la  capitale  de  la  Tongrie  ,  où  il  fonda  son  église.  Enfin  le  quatrième 
tableau  figure  la  mort  du  saint  et  la  contestation  entre  les  Tréviriens  et  les  Colonais 
pour  la  possession  de  son  corps  enseveli  à  Trêves. 

3  Le  pape  Innocent  111 ,  dans  un  traité  de  liturgie ,  Lib.  de  Myslcr. ,  c.  62  ,  et 
dans  sa  déorélale  cum  venisset,  tit.  de  sacra  une  t.  ,  rapporte  que  S.  Materne  fut 
ressuscité  par  l'attouchement  du  bâton  de  St.  Pierre  «  Pcr  baculum  S.  Pétri  de 
morte  fuerat  suscitaltts.  »  Voir  aussi  Daroniis  ,  Mabillon,  Pagi,  Alexandre,  Noël, 
J.-E.  D'arras,  etc. 


—  177  — 

d'infidèles  et  fondent  l'église  qu'Enchère  et  après  lui  Valère  gou- 
vernent avec  autant  de  zèle  que  de  succès.  A  Valère  succède 
Materne  que  son  ardeur  pour  la  régénération  des  peuples  conduit 
à  Cologne  et  dans  la  Tongrie  où  il  répand  abondamment  la  semence 
de  la  foi. 

Doué  des  plus  belles  vertus  chrétiennes ,  rien  ne  résiste  à  son 
zèle  et  à  sa  persuasion.  A  sa  voix ,  les  idoles  disparaissent  et  les 
temples  payens  sont  convertis  en  églises. 

Les  Tongrois  le  reçoivent  comme  leur  premier  pasteur  et 
élèvent ,  au  pied  du  caslellum ,  une  chapelle  que  Materne  dédia  à 
la  Vierge  Marie. 

Celte  dédicace,  la  première  en  deçà  des  Alpes  dont  le  souvenir 
est  conservé  précieusement  dans  les  archives  de  l'église  de  Ton- 
gres  et  consacré  par  une  légende  pieuse,  remonte  à  l'origine 
du  christianisme.  Nos  pères  s'en  sont  montrés,  à  tous  les  âges, 
si  fiers  qu'on  la  trouve  rappelée  dans  tous  les  monuments  qui  de 
près  ou  de  loin  se  rattachent  à  l'Eglise  2. 

Saint  Materne,  troisième  évèque  de  Trêves ,  a  donc  été  le  fonda- 
teur et  le  premier  évêque  de  Tongres  *. 

Des  écrivains  lui  ont  contesté  la  gloire  de  celte  fondation, 
d'autres  le  suppriment  avec  ses  huit  successeurs  des  dyptiques  de 
l'église  de  Tongres.  Le  cadre  restreint  de  ce  travail  ne  nous  permet 
pas  d'entrer  dans  de  longs  développements  sur  ce  sujet.  Cependant 
les  traditions,  les  légendes  et  d'autres  monuments  historiques 
semblent  attester  que  déjà  au  premier  siècle  de  notre  ère  la  reli- 
gion chrétienne  avait  pénétré  dans  la  Gaule. 

En  321 ,  un  édit  de  l'empereur  autorisa  des  libéralités  en 
faveur  des  églises  chrétiennes.  Un  autre,  donné  l'an  324,  ordonna 


4  Prima  cis  Alpes  B.  M.  V.  consecrata  ,  miraculis  clara  invoeatur, 

2  St.  Materne  est  représenté  portant  une  église  à  trois  tours  pour  symboliser  son 
apostolat,  exercé  simultanément  dans  les  cités  de  Trêves,  de  Cologne  et  de  Tongres. 


—  178  — 

que  chaque  cilé  aurait  son  évèque  propre  l.  En  325,  les  évèques, 
au  nombre  de  trois  cent  dix-huit,  accourent  de  toutes  les  parties 
de  l'univers  pour  affirmer  contre  Àrius  la  divinité  du  Verbe. 

Pour  que  la  situation  religieuse  fut  arrivée  à  cet  état  dès  le 
commencement  du  quatrième  siècle ,  ne  doit-on  pas  admettre  la 
fondation  antérieure  de  nombreuses  congrégations  chrétiennes, 
car  à  la  fin  de  cette  époque ,  de  l'aveu  même  d'un  historien 
célèbre  2,  la  hiérarchie  ecclésiastique  et  le  gouvernement  catholique, 
interposé  entre  les  maîtres  du  monde  et  les  peuples,  se  trouvaient 
déjà  constitués. 

Les  Belges  s'étaient  d'ailleurs  distingués  de  bonne  heure  par 
la  vivacité  de  leur  foi  ;  ils  avaient  arrosé  de  leur  sang  les  racines 
de  l'arbre  sacré  dont  la  sève  devait  être  si  féconde  ;  ils  avaient 
compris  le  rôle  qui  leur  était  réservé  dans  l'Empire  romain ,  à  la 
veille  de  devenir  l'Empire  chrétien. 

La  conclusion  naturelle  est  donc  que  la  cité  de  Tongres  a  dû 
recevoir  la  parole  divine  en  même  temps  que  Trêves  et  Cologne. 
Récuser  des  traditions  aussi  bien  étayées,  aussi  invariablement 
conservées,  parce  que  durant  cette  période  de  malheurs  et  d'igno- 
rance l'histoire  ne  les  a  pas  enregistrées,  ce  serait  s'exposer  à 
mettre  à  néant  les  traditions  les  plus  constantes. 

Toutes  les  institutions  ont  leur  généalogie  obscurcie  par  les 
mêmes  causes.  Rome,  fondée  par  une  poignée  de  brigands  qui  se 
donnent  des  lois  et  entourent  d'une  enceinte  leur  nouvelle  demeure  , 
donna  le  jour  à  un  peuple  de  héros  et  devint  la  reine  du  monde; 
cependant  elle  ne  trouva  des  historiens  que  plus  de  cinq  siècles 
après  3. 

■  Loi  première,  C.  de  sacro  sanelis  ecclesiis,  lib.  I,  Ht.  "2. 

Una  quoique  civitas  episcopum  proprium  habet.  0.  C.  de  episcopis  et  clericis , 
lib.  I  ,  fit.  3,  1.  30. 

*  GuiZOT,  Histoire  de  la  civilisation  en  Europe,  2c  et  5e  leçons. 

5  Ce  ne  fut  qu'après  la  première  guerre  punique  que  Fabius  Pictor ,  Cineius  et 
Caton  le  censeur,  écrivirent  ses  Annales. 


—  179  — 

L'histoire  romaine  ne  dit  mot  de  la  mort  du  Sauveur  ;  cependant 
Tibère,  ayant  reçu  de  Pilate  les  actes  du  procès  du  fils  de  Marie, 
proposa  de  placer  Jésus-Christ  au  nombre  des  dieux  f. 

«  Qu'on  ne  me  demande  pas ,  disait  déjà  le  chroniqueur 
Harigère  au  dixième  siècle,  qu'on  ne  me  demande  pas  en  quel 
âge  ni  sous  le  règne  de  quels  empereurs  ou  consuls  les 
successeurs  de  saint  Materne  ont  paru  dans  l'Eglise ,  ce  qu'ils  ont 
fait  durant  leur  vie,  pendant  combien  d'années  chacun  d'eux 
fut  évèque  :  les  invasions  des  Huns  dans  la  Gaule  ont  à  jamais 
effacé  le  souvenir  de  tous  ces  saints  hommes  .  2» 
Après  S.  Materne ,  l'église  de  Tongres  compte  huit  évêques 
jusqu'à  S.  Servais,  ce  sont  :  S.  Navite,  S.  Marcel,  S.  Métropole, 
S.  Séverin,  S.  Florent,  S.  Martin,  S.  Maximin  et  S.  Valentin. 

La  plupart  d'entre  eux  reçurent  la  palme  du  martyre  en  luttant 
contre  l'idolâtrie  et  le  despotisme  3. 

L'histoire  marque  à  grands  traits  les  haines ,  les  persécutions 
contre  lesquelles  ces  athlètes  de  la  foi  devaient  soutenir  leur 
doctrine  et  défendre  l'humanité. 

La  congrégation  apostolique  avançait  cependant  vers  le  but  que 
bientôt  elle  devait  atteindre  en  dépit  des  proscriptions  et  des 
massacres  :  les  verlus  des  chrétiens  faisaient  haïr  ceux  qui  les 
pratiquaient,  parce  qu'elles  étaient  un  reproche  pour  les  vices 
opposés. 

La  religion,  qui  devait  conquérir  le  monde ,  était  dénoncée  comme 
subversive  de  tous  les  principes  sociaux.  Mais  l'heure  de  la  déca- 
dence avait  sonné  pour  celte  fière  Rome  qui  longtemps  fit  trembler 
tous  les  peuples. 

Sous  le  règne  de  Trajan  ,  des  essaims  de  barbares,  dont  l'origine 


'  Eusèbe  De  Coes  ,  historien  du  troisième  siècle  ,  chr.  Anno  Doni.  38. 
4  Hamgerus,  apud  Chapeaville  ,  tom.  I  ,  p.  23. 

*   FOULLON  ,    1,12. 


—  180  — 

est  à  peine  connue ,  paraissent  sur  les  frontières  de  l'Italie  et 
troublent  l'Empire  déjà  vivement  agité  par  des  dissensions  intestines. 
C'est  avec  peine  que  Rome  défend  son  immense  territoire ,  surtout 
vers  le  Rhin  et  le  Danube  aux  bords  desquels  se  pressent  les  peu- 
ples du  nord  cherchant  un  climat  plus  doux  et  des  terres  plus 
fertiles  !. 

Jusque  là  les  légions  avaient  pu  défendre  le  sol  romain  et 
refouler  les  nations  barbares  qui  le  menaçaient;  mais  des  assauts 
plus  terribles  se  préparaient  à  l'époque  où  saint  Servais  fut  désigné 
miraculeusement  pour  occuper  le  siège  épiscopal  de  ïongres. 

Après  la  mort  de  saint  Valentin  ,  le  siège  était  resté  vacant  pen- 
dant sept  années  entières.  La  crosse  pastorale,  déposée  sur  l'autel, 
attendait  qu'une  main  dévouée  et  courageuse  ressaisit  cet  insigne 
d'une  dignité  qui ,  dans  ces  temps  malheureux ,  ne  servait  guère 
qu'à  désigner  aux  bourreaux  les  plus  nobles  victimes. 

Enfin  le  peuple  de  Tongres  s'étant  réuni ,  selon  l'usage ,  pour 
élire  un  successeur  à  Valentin ,  il  apparut  au  milieu  de  la  foule 
un  jeune  homme  qui  attira  tous  les  regards.  Celui-ci  alla  droit  à 
Servais ,  le  conduisit  à  l'autel ,  lui  remit  le  bâton  pastoral  et 
disparut.  2. 

Aussitôt  Servais  fut  proclamé  d'une  voix  unanime.  Le  nouvel 
évèque  justifia  ce  choix  en  gouvernant  son  peuple  avec  vigilance 
et  charité.  Il  prit  possession  du  siège  sous  le  règne  de  Constantin, 
surnommé  le  Grand.  Avec  cet  empereur,  la  religion  était  montée 
sur  le  trône.  Le  christianisme,  qui  déjà  avait  trouvé  protection 
dans  les  principes  de  tolérance  professés  par  Constance  Chlore  5, 
fut  délivré  dansles  Gaules,  plus  tôt  que  dans  le  reste  de  l'Empire, 
des  persécutions  qui  avaient  été  au  nombre  de  dix  depuis  Néron , 
jusques  et  y  compris  Dioctétien.  Ces  persécutions  tout  en  ayant  fait 

'  Scriîverils  ,  Historiœ  Augustœ  sciiplores  sex,  p.  93'J. 

1  Gilles  d'Oiwal  apud  Ciiai'Eaville. 

3  Le  sage  payen  n'eslimail  la  religion  des  hommes  que  par  leurs  mœurs. 


—   181   — 

répandre  des  flots  de  sang'  chrétien  n'avaient  eu  d'autre  résultat 
que  de  raffermir  la  foi  du  Christ.  Le  sang  des  martyrs  fut  la 
semence  du  christianisme  qui  se  développa  et  se  répandit  dans 
l'univers.  Constantin  protégea  la  religion  et  le  clergé.  Déjà  un 
édit  de  l'an  321 ,  avait  autorisé  les  libéralités  en  faveur  des  églises  '. 
Celle  de  Tongres  eut  bientôt  des  possessions  particulières ,  qui 
s'accrurent  successivement  jusqu'à  former  le  territoire  d'un  État 
considérable.  2. 

C'est  sous  l'empereur  Constantin  que  les  diocèses  furent  orga- 
nisés :  les  métropoles  des  provinces  devinrent  les  métropoles  ecclé- 
siastiques. Trêves  conserva  ce  rang-  vis-à-vis  des  cités  de  Cologne 
et  de  Tongres  ;  elle  devint  même  la  résidence  du  préfet  des  Gaules 
lorsque  l'Empire  fut  divisé  en  quatre  grandes  préfectures.  3. 

II. 

Saint  Servais.  —  Invasion  des  Huns.  — ■  Destruction  de  l'église. 
314-799. 

L'organisation  que  nous  venons  d'indiquer  était  en  vigueur  à 
l'avènement  de  saint  Servais,  dont  le  courage  était  à  la  hauteur  de 
sa  mission.  Malgré  les  troubles  qui  agitaient  le  pays,  il  développa 
l'œuvre  de  saint  Materne4  et  bâtit,  au  milieu  des  ruines  du  castellum, 
une  église  dont  les  vestiges  furent  retrouvés  au  XIIIe  siècle  •". 


1  Loi  1 .  C.  de  sacro  sanctis  ecclesiis,  lit.  2. 
'■  Louvrex,  dissertation  historique. 
3  Lib.  36  ,  c.  de  episcopis  et  clericis,  lib.  I,  lit.  4. 

*  Henschenius  ,  Exeges.  de  cpisc.  Tung.  et  Traject.,  cap,  5.  Bollandus  ,  Acla 
Sanct.,  tome  3,    fol.  2I0  et  seq.  Sirmond  ,  Conc.  GalL,  tome  I.   Fleury  ,   Histoire 
ecclés.  ,  tome  XIV  ,  p.  580.  Aub.  Mir^eus  ,  Fasti  Belgici ,   p.  251. 
5  V.  Reg.  liber  gratiarum  ab  anno  1407,  n°  7  ,  du  catal.  ,  p.  195. 
Jussus  ab  oclavia  transire  sepultus  in  isla 
Praesul  basilica  ,  modo  capsa  clandor  et  ara. 
Dealus  Servatius. 
Inscription   qui  entoure  la  figure  du   saint  sur  la  grande  châsse  dite  nood-kist ,   à 
Maestriclit. 


—  182  — 

Les  invasions  des  barbares  ',  qui  vinrent  inonder  les  Gaules  sous 
les  successeurs  de  Constantin  ,  forcèrent  Servais  à  quitter  sa  ville 
épiscopale  et  à  transférer  sa  résidence  à  Maestricht,  Trajectum 
ad  Mosam.  En  approchant  de  ce  pont  fortifié,  le  saint  évêque  fut 
saisi  d'un  accès  de  fièvre  et  mourut  le  13  mai  384  2.  Son  corps 
fui  enterré  à  côté  de  la  route  publique,  '  à  l'endroit  où  fut  bâtie 
plus  tard  l'église  qui  porte  son  nom  *, 

Rien  de  plus  complet  et  de  mieux  rempli  que  la  vie  de 
saint  Servais.  11  moralisait  et  instruisait  son  peuple,  conciliait  ou 
jugeait  les  différends  et  combattait  en  même  temps  avec  ardeur 
les  hérésies  et  le  paganisme.  Il  assista  au  concile  d'Arles  (314), 
à  celui  de  Sardique  (347),  au  synode  de  Cologne  (349)  et  au 
concile  de  Rimini  (359) ,  où  il  prit  un  grande  part  à  la  défense  de 
la  foi  catholique  contre  l'arianisme5. 


•  Eu  388  ,  les  Francs-Saiiens ,  après  une  soumission  apparente  à  l'Empire  ,  firent 
une  nouvelle  irruption  dans  la  seconde  Germanie  et  saccagèrent  Tongres.  AmmiëN 
Marcellin  ,  Grégoire  de  Tours. 

s  Grégoire  de  Tours,  Histoire  des  Francs,  lib.  2.  cap.  5.  (d.  Gloire  des 
confesseurs,  cap.  72. 

V.  Hubert  Thomas  ,  apud  Schard  ,  Rerum  Germanicorum  ,   tom.  1 ,  f°  337. 

Placentius  ,  Catalogus  antist.  Tung.,  f°  G2. 

G.  Bucelinus  ,  Catalogus  episc.  Tungr.  in  Germ,  sacr.  ,  pars  1 ,  f°  28. 

Magnum  Chronicum  Belgicum,  apud  Piiessinger,  corp.jur.  publ.,  tome  1,  f°  1702. 

3  Voir  l'opuscule  de  M.  Eugène  Gens,  imprimé  à  Maestricht  chez  Bury-Lefebvre , 
année  1843  ;  on  y  trouve  la  description  des  reliques  conservées  dans  le  trésor  de 
l'église  de  St. -Servais  à  Maestricht,  ainsi  que  la  copie  de  l'attestation  écrite  en  1039 
et  déposée  dans  le  cercueil  trouvé  dans  la  crypte  de  l'église  ,  par  les  évoques  Nithanl 
et  Gérard.  Nous  appelons  surtout  l'attention  sur  les  Nos  12  et  14  du  catalogue  sous  les- 
quels sont  décrites  les  châsses  renfermant  les  reliques  des  SS.  Valentin  ,  Martin , 
Monulphe  et  Gondulphe  ,  évoques  de  Tongres  ;  il  en  consterait  que  la  liste  des 
premiers  évèques  de  Tongres  est  plus  véridique  que  ne  le  pense  M.  Dufau,  dont  l'opinion 
est  ébranlée  parles  critiques  modernes  ;  certes  la  grande  crédulité  fausse  l'histoire, 
mais  le  scepticisme  conduit  à  un  plus  grand  mal.  Pour  les  époques  obscures,  les  grands 
faits  semblent  devoir  nous  guider. 

*  Ce  fut  saint  Monulphe,  21e  évêque  de  Tongres ,  qui  au  VIe  siècle  érigea  une  église 
sur  la  tombe  de  saint  Servais. 

11  Au  concile  de   Mayence  ,   tenu   sous  le  pape    Léon  IX  ,    en    104'J  ,    l'empereur 


—  183  — 

Il  avait  prédit  l'invasion  des  barbares  et  la  destruction  de 
Tongres.  Cette  prédiction  fut  accomplie  lors  de  l'incursion  des 
Francs  sur  le  territoire  romain  en  388  *,  et  surtout  par  l'invasion 
d'Attila  en  451  2. 

Attila  fut  le  premier  ,  parmi  les  barbares ,  qui  se  fit  un  plan 
d'envahissement  ;  il  conduit  au  combat  des  troupes  animées 
d'un  courage  féroce  ;  toutes  les  nations  sauvages  soumises  à  son 
destin  marchent  avec  lui.  Les  rois  des  Gépides  et  des  Ostrogoths 
sont  ses  ministres;  quant  aux  rois  des  nations  obscures,  ils  se 
perdent  dans  la  foule  des  courtisans  ;  il  n'a  ni  faste  ni  mollesse, 
ni  aucun  de  ces  vices  qui  énervent  l'âme  et  la  flétrissent  ;  laborieux, 
infatigable,  il  croit  n'avoir  rien  fait  pour  sa  gloire,  disent  ses 
historiens,  s'il  lui  reste  une  nation  à  subjuguer.  Il  reçoit  dans  sa 
cabane  les  ambassadeurs  de  Théodose  et  de  Valentinien  ,  traitant 
ces  princes  en  sujets  sans  les  avoir  vaincus. 

Ce  barbare,  à  la  tête  de  troupes  innombrables,  franchit  le  Rhin 
et  se  précipite  dans  les  Gaules  5.  Le  pays  est  dévasté  et  pillé  ;  la 
terreur  et  l'effroi  marchent  devant  lui.  Il  s'avance  vers  la  Loire  ; 


Henri  111 ,  qui  y  assistait]  avec  une  partie  de  sa  cour ,  proposa  l'approbation  de  la 
légende  de  la  vie  et  des  faits  de  St.  Servais ,  ce  qui  fut  accordé. 

Teiller,  Histoire  générale  des  auteurs  sacrés,  tome  23,  p.  013. 

Labbe  et  Cossart,  Saerosancta  concilia  ad  regium  edilionem  exacta,  t.  IV,  p.  617. 

Sirmond  ,  Concilia  antiqua  Galliœ  ,  t.  1  ,  p.  11. 

•  Ce  fut  entre  ces  deux  époques,  en  418,  que  la  loi  salique  fut  proclamée  à 
Tessenderloo,  dans  la  Campine  (Taxandrie  limbourgeoise).  C'est  dans  cette  contrée  que 
Fharamond  fut  élu  premier  roi  des  Francs.  Theudenier,  fils  de  Ricomes  ,  qui  s'était 
donné  lui-même  à  Tongres  le  titre  de  roi  des  Francs  ,  avait  été  pris  et  mis  à  mort 
par  les  Romains. 

*  D'après  Henschenius  et  Boucher  ,  la  ville  de  Tongres  fut  ruinée  par  les  Huns 
vers  385. 

3  Déjà  au  commencement  du  IVe  siècle  ,  il  n'y  avait  plus  que  2400  Romains  pour 
occuper  le  Liltus  Saxonicus  ,  rivage  de  la  mer  qui  s'étendait  depuis  l'Escaut  jusqu'à  la 
Seine  ;  600  hommes  protégeaient  la  seconde  Belgique  et  500  seulement  la  première 
Germanie. 

Voir  la  Notice  de  Théodose  et  les  Commentaires  de  Fanciroi.e  dans  le  tome  VII 
des  Antiquités  de  Gkevius. 


—  18-1  — 

lorsque  les  Romains  et  les  Visigoths  se  réunirent  par  la  crainte 
que  leur  inspirait  ce  fléau  des  nations.  Forcé  de  retourner  sur  ses 
pas ,  il  s'arrête  dans  les  plaines  catalauniques ,  appelées  aujour- 
d'hui les  plaines  de  la  Champagne. 

À  l'aspect  des  Romains  ,  des  Visigoths  et  de  plusieurs  autres 
nations  farouches  dont  les  intérêts  politiques  sont  les  mêmes,  Attila 
prend  la  résolution  de  leur  livrer  bataille.  Vaincu  après  un  combat 
opiniâtre  et  sanglant,  il  repasse  tranquillement  le  Rhin  et  le 
Danube  pour  aller,  au-delà  de  ces  fleuves ,  réparer  ses  pertes  et 
recruter  une  nouvelle  armée. 

Quelque  temps  après  (452) ,  il  pénètre  en  Italie  et ,  quand  on 
le  croit  anéanti ,  il  reparait  plus  redoutable  que  jamais.  Tout  est 
saccagé  sur  son  passage;  Rome  elle-même  ne  doit  son  salut  qu'au 
titre  sacré  que  lui  reconnaissent  les  étrangers  et  surtout  aux 
larmes  du  pape  Léon  ,  dont  l'éloquence  toucha  le  cœur  de  ce 
formidable  conquérant. 

Il  repasse  ensuite  dans  les  Gaules  et  se  jette  sur  les  contrées 
Belgiques.  Il  marche  jusque  sous  les  murs  de  Tongres  et  s'empare 
de  cette  belle  et  grande  cité  !  qui  fut  pillée ,  brûlée  ,  dévastée  et 
depuis  lors  ne  put  se  relever  de  ses  ruines  2. 

Thorismond,  roi  des  Visigoths,  secouru  par  des  peuples  belli- 
queux en  vient  aux  mains  avec  lui  et  le  contraint  d'aller  chercher 
une  seconde  fois  au-delà  du  Rhin  une  retraite  précipitée.  Attila 
meurt,  les  héritiers  de  ses  vastes  Etats  se  divisent,  se  livrent  des 
combats  meurtriers  et  amènent  promptement  la  chute  de  celte 
effrayante  puissance  qui  faisait  trembler  l'univers. 

Après  saint  Servais  les  diptyques  épiscopaux  présentent  un  vide 
de  plus  d'un  siècle.  L'antique  cité  de  saint  Materne  était  anéantie 
et,  de  toutes  les  tribus  qui  habitaient  le  dictrict  de  Tongres,  il  ne 

1  Tongres  était  à  cette  époque  la  cité  ,  civitas  ,  de  la  seconde  Germanie. 
*  Voir  Chai>e\vili.e,  tome  I,  pages  47  et  378.   Joknandes,    De  rébus  golhicis , 
C.  XXIV.  km.  Marcellin,  lib.  XIV,  C.  5,  lih.  XXXI,  G.  2. 


-    185  — 

restait  plus  qu'une  chélive  population ,  dispersée  dans  les  forêts 
avoisinantes.  La  garnison  romaine  s'était  retirée  dans  le  fort  de 
Lagium.  Clovis  prit  ce  fort  en  482  et  soumit  par  là  le  reste  de  la 
seconde  Germanie  '. 

Au  concile  d'Orléans,  que  ce  roi  convoqua  en  511  ,  saint  Rémi 
métropolitain  de  Reims  et  les  évèques  de  la  Gaule  déplorèrent 
vivement  la  situation  désastreuse  de  l'évêché  de  Tongres.  Ils  y  en- 
voyèrent comme  évêque  Agricolaiis  dont  la  vie  édifiante  inspirait 
la  vénération  2. 

Agricolaiis  se  rendit  à  Tongres  ;  n'y  trouvant  pas  d'abri  il 
alla  se  fixer  à  Maastricht,  et  désormais  les  évèques  de  Tongres 
continuèrent  à  résider  dans  celte  ville  protégée  par  de  puissantes 
fortifications. 

Les  successeurs  d'Agricolaùs  furent  saints  Ursicin ,  Désignât, 
Résignât,  Sulpice,  Quirille,  Euchère,  Falco,  Euchère  et  Domitien. 
Plusieurs  de  ces  prélats  étaient  fils  de  puissants  leudes  fixés  dans 
nos  contrées.  La  dignité  d'évêque  était  alors  plus  recherchée  qu'au- 
cune autre  magistrature,  qu'aucun  autre  pouvoir  s. 

A  Domitien  succéda  en  558,  comme  21e  évêque  de  Tongres, 
Monulphe,  fils  d'un  leude  du  gau  de  Dinant.  C'est  à  ce  prélat 
qu'est  duc  l'origine  de  la  ville  de  Liège,  qui  plus  tard  jouera  un  si 
grand  rôle  dans  l'histoire  de  la  patrie. 

En  l'an  578  ,  saint  Monulphe  sortit  de  sa  résidence  de 
Maestricht  pour  aller  visiter  ses  domaines  de  Dinant.  Il  arriva  à 
un  endroit  élevé  d'où  le  regard  s'étendait  au  loin  ;  vivement  ému 
devant  les  beautés  silencieuses  et  sublimes  de  la  nature,  il  s'écrie 
tout  à  coup:  «  Voici  la  place  choisie  par  le  Seigneur  pour  le  salut  d'un 


1  Voir  Grégoire  de  Tours,  Histoire  des  Francs ,  liv.  II ,  chap.  27. 
1  Bucherius,  Delgium  Roman.,  lib.  XX  ,  cap.  5  ,  retrace  l'étendue  de  l'évêché  de 
Tongres  tel  qu'il  avait  été  rétabli  par  saint  Rémi. 

1  Voir  l'édit  d'Atalaric ,  roi  des  Visigoths,  dans  le  ie  volume  des  Conciles   de  Dom 
Bouquet  ,  Recueil  des  historiens  de  France  ,  préface  du  tome  II. 

XXIX  XXII  12 


—  186  — 

grand  nombre  de  fidèles,  c'est  ici  que  s'élèvera  un  jour  une  ville 
riche  et  puissante ,  qui  égalera  les  cités  les  plus  influentes  de  la 
Gaule  !  » 

En  prononçant  ces  mots ,  il  descendit  dans  la  vallée  et  guidé 
par  la  pensée  du  ciel  il  fonda ,  non  loin  de  la  Legia,  un  oratoire 
qu'il  dédia  à  SS.  Cùme  et  Damien. 

Depuis  saint  Monulphc  jusqu'à  saint  Lambert,  huit  évoques  se 
sont  succédés  sur  le  siège  de  Tongres.  Ce  furent  saint  Gondulphe  qui 
songea  sérieusement  à  relever  Tongres  de  ses  ruines  ',  saint  Ebre- 
giste,  saint  Jean  dit  l'Agneau,  saint  Amand ,  saint  Remacle  et 
saint  Théodart. 

De  ces  prélats,  SS.  Amand  et  Remacle  furent  les  plus  célèbres 
parleurs  œuvres.  Le  premier  exerça  avec  éclat  à  Gand  et  à  Tournay 
l'apostolat  dont  le  roi  Dagobert  l'avait  fait  investir  ;  il  fonda  la 
célèbre  abbaye  connue  sous  son  nom  et  sous  celui  d'Elnoy  ou 
d'Elnone. 

Le  second,  nommé  évoque  sur  les  instances  du  roi  Sigcbert, 
fut  le  fondateur  de  l'abbaye  de  Slavelot. 

Vers  G5G  arriva  à  l'épiscopat  un  jeune  homme  appelé  Lambert 
ou  Lant-bert,  fils  d'Aper  comte  de  Wintershoven.  Guidé  par  une 
profonde  piété  il  s'appliqua  à  propager  la  foi  parmi  ses  ouailles  ; 
la  Taxandrie,  province  qui  reçut  au  XIIe  siècle  le  nom  de  Campine, 
fut  surtout  le  théâtre  de  ses  travaux  apostoliques. 

Lambert,  en  vrai  serviteur  de  Dieu,  attaqua  couragement  le  vice 
partout  où  il  le  rencontrait.  Pépin  de  Herstal  avait  répudié  sa  femme 
légitime  Plectrude,  pour  s'attacher  à  la  belle  Alpaïde  .  - 

L'évêque  en  fit  des  remontrances  sévères  au  maire  du  palais 
et  le  pria  avec  instance  de  rompre  ces  liens  illicites.  La  Hère  et 

1  Egidius  apud  Chapeaville  ,  tome  1 ,  p.  60.  —  Bouille  ,  Histoire  de  Liège  , 
tome  I ,  p.  42.  —  Placentius  ,  Calalogus  anlist.  Tungr.,  p.  51.  —  Fisen  ,  Hist. 
eccl.  Leod.,  tome  1  ,  p.  82.  —  Archives  de  N.-D  ,  MS.  N°  IX  ,  f°  CCXXIV. 

*  Chapeaville,  tome  I ,  p.  307.  — ECKHART ,  De  rébus  Francise,  orientait* , 
vol.  I,    p.  288,  GODESCHALCUS,   Ad.  SS.  vol.  VI. 


—  187  — 

orgueilleuse  Alpaïde  jura  d'en  tirer  vengeance  :  elle  engagea  son 
frère  Dodon,  comte  d'Avroy,  à  venger  l'affront  qu'elle  avait  reçue 
et  la  mort  de  ses  deux  neveux,  Gall  et  Riold,  tués  par  les  serviteurs 
de  l'évêque. 

Dodon,  à  la  tète  de  quelques-uns  de  ses  tributaires,  se  rendit  à 
Liège  et  massacra  pendant  la  nuit  le  courageux  évêque  de  Tongres 
(17  septembre  696)  ». 

Saint  Lambert  passe  pour  avoir  le  premier  reçu  les  immunités  de 
son  église  du  roi  Clovis  II  et  de  Childéric ,  dont  les  chartes  de 
656  ont  été  confirmées  par  Ollion  II  en  981  2  et  en  1206  par 
l'empereur  Henri  II. 

A  saint  Lambert  succéda  Hubert,  aussi  distingué  par  ses  qualités 
que  par  sa  naissance  ;  il  arriva  à  l'épiscopat  dans  les  conditions 
les  plus  favorables. 

Le  sentiment  religieux  s'était  emparé  des  grands  ;  les  familles 
les  plus  illustres  se  faisaient  gloire  de  se  consacrer  au  service 
de  Dieu  et  le  souvenir  de  la  vie  sublime  et  de  la  mort  glorieuse  de 
saint  Lambert,  avait  rehaussé  l'éclat  du  siège  de  Tongres. 

Hubert,  que  les  légendes  disent  fils  de  Bertrand  duc  d'Aquitaine, 
vécut  d'abord  à  la  cour  du  roi  de  Neustrie.  Obligé  de  la  quitter 
pour  se  soustraire  à  la  tyrannie  d'Ebroïn ,  il  se  retira  en  Austrasie 
auprès  de  Pépin  de  Herstal,  son  parent,  et  épousa  Floribane  fille 
du  comte  de  Louvain.  Devenu  veuf,  il  se  plaça  sous  la  discipline 
de  saint  Lambert  dont  les  leçons  et  les  exemples  le  formèrent  bien- 
tôt au  sacerdoce.  Dans  un  voyage  que  Hubert  fit  à  Rome,  le  pape 
Sergius,  informé  du  massacre  de   Lambert,    le   nomma   évèque 

1  Les  restes  du  glorieux  martyr  furent  transportés  à  Maestricht  dans  une  barque  qui 
aborda  au  faubourg  de  St.-Pierre  où  le  corps  fut  enseveli  dans  une  chapelle  élevée  en 
expiation  du  forfait.  Cette  chapelle  ,  qui  avait  échappé  au  vandalisme  ,  a  été  déplacée 
depuis  quelques  années ,  par  suite  de  la  construction  du  canal  latéral  de  la  Meuse. 

L'histoire  du  saint  martyr  a  été  écrite  par  l'évêque  Francon  ,  par  les  chanoines 
Godescalc  et  Nicolas.  Tous  ces  historiens  rendent  le  plus  éclatant  hommage  à  ce  noble 
athlète  de  la  foi  et  de  la  morale. 

*  Voir  l'évêque  Etienne  et  le  chanoine  Nicolas  ,  cap.  45. 


—  188  — 

de  l'église  de  Tongres,  dignité  que  lui  confirma  Pépin  de  Héritai. 

L'humble  village  de  Liège  s'était  développé  par  degrés  et  trans- 
formé en  ville.  L'évoque  y  bâtit  une  église  au  service  de  laquelle 
il  attacha  vingt  chanoines. 

Investi  par  Charles  Martel  du  gouvernement  de  la  cité,  Hubert 
entoura  Liège  de  murs ,  y  publia  des  règlements  de  police  et  donna 
des  lois.  Il  fixa  les  poids  et  les  mesures  et,  d'après  l'historien 
Louvrex,  il  établit  un  tribunal  composé  de  quatorze  membres 
auxquels  il  donna  un  chef,  appelé  depuis  grand  maïeur. 

On  admet  généralement  que  ce  saint  évoque  transféra  la  rési- 
dence épiscopale  de  Maeslricht  à  Liège,  le  28  avril  709.  L'illus- 
tre prélat  mourut  à  Tervueren  le-  3  novembre  727,  après 
trente  années  d'épiscopat. 

La  résidence  de  nos  évêques  à  Maeslricht  et  à  Liège  n'avait 
cependant  en  rien  altéré  les  droits  de  la  cité  de  Tongres  au  siège 
épiscopal  ;  d'ailleurs  elle  n'avait  eu  d'autre  cause  que  la  destruction 
de  cette  antique  cité  et  le  défaut  complet  de  protection  au  milieu 
des  ruines  d'Atuatuca. 

L'évèché  de  Tongres  resta  indépendant  jusqu'en  74-5;  le  pape 
Zacharie  le  fit  alors  passer  sous  la  dépendance  de  la  métropole  de 
Cologne  et  en  751.  sous  celle  de  la  métropole  de  Mayence  '. 

III. 

Ogier-le-Danois.  —  Première  reconstruction  de  l'église.  —  Etablissement 
du  chapitre.  —  Ruine  de  l'église  (799-1240). 

Vers  la  fin  du  Ville  siècle ,  surgit  un  homme  de  cœur  que  les 
périls  des  combats  et  les  malheurs  avaient  éprouvé.  Il  est  connu 

i  Serrarius,  Epist.  S.  Bonifacii,  p.  191».  Sirmond,  Conc.  uni.  Cuil.  I.  1,  p.  558 
il  581.  LUMG,  Spicileg.  écries,  t.  1,  p.  5G1  et  forzets  I,  p.  3.  Lecointe  ,  Ann. 
e.-icl.  franc,  t.  V.  pp.  154  et  201.  Labbk  et  CosSART,  Concilia,  t.  VI,  col.  1527  et 
îr.ôT.  Hartzheim  ,  Conc.  germ.  t.  I.  p.  61,  etc. 


—  189  — 

dans  l'histoire  sous  le  num  d'Oger,  d'Ogier  ou  d'Olger,  surnom- 
mé le  Danois  f.  Ce  brave  paladin  ,  compagnon  d'armes  des 
Roland,  des  Olivier,  des  Renaud,  était  originaire  d'Auslrasie  2. 
Il  s'était  d'abord  déclaré  pour  les  fils  de  Carloman  et,  afin  d'évi- 
ter le  ressentiment  de  Charlemagne ,  il  se  relira  auprès  de  Didier 
roi  des  Lombards.  Plus  tard  ce  prince  lui  rendit  sa  faveur  et  lui 
donna  même  le  comté  de  Looz 5. 

Mais  dégoûté  de  la  carrière  des  armes  et  de  la  vie  du  monde , 
Ogier  se  relira  dans  le  monastère  de  St.-Faron,  près  de  Meaux  *, 
où  il  mourut.  Ce  noble  chevalier,  poussé  par  cette  piété  qui  distin- 
guait la  liante  société  d'alors,  reconstruisit  l'église  de  Tongres. 
Cette  reconstruction  appartient  à  la  fin  du  VIIIe  ou  aux  premières 
années  du  IXe  siècle  5. 

La  nouvelle  église  fut  consacrée  par  le  pape  Léon  III  le  9  mai 
SOI  dans  les  circonstances  suivantes.  Charlemagne  avait  fait 
reconstruire  l'église  d'Aix-la-Chapelle,  lorsque  Léon  III,  fuyant 
Rome ,  vint  réclamer  le  secours  de  l'empereur.  Le  Pape  consacra 
le  dôme  avec  le  concours  de  300  évoques  au  nombre  desquels  se 
trouvait  Gerbald,  évêque  de  Tongres.  Celui-ci  exposa  au  pontife  que 
l'antique  église  de  saint  Materne  venait  enfin  d'être  reconstruite 
et  le  supplia  de  vouloir  consacrer  le  nouveau  temple.  Léon  III 
se  rendit  à  celte   prière  et   vint   avec   toute   la  haute   assistance 


'  Voir  Monach.  S.  Gallens.,  lib.  111  ,  c.  26  ,  apud  D.  Bouquet. 

1  La  plus  grande  incertitude  plane  encore  sur  la  vie  de  ce  bienfaiteur  de  Tongres. 
Quelques  auteurs  prétendent  qu'Ogier  était  originaire  du  Danemark  où  son  nom 
llolger  Dansvre  était  souvent  cité  dans  les  vieilles  ballades  populaires.  D'autres  sou- 
tiennent qu'il  naquit  dans  les  Marches  de  l'Ardenne  (Denne-MarcK).  D'autres  enfin, 
comme  Mantelius  ,  Ilist.  Loss.  ,  p.  22  ,  en  font  nu  comte  de  Looz.  Ce  qui  est  sans 
conteste ,  c'est  qu'Oger  fut  un  des  compagnons  de  Charlemagne  et  que  son  nom  figure 
avec  honneur  dans  les  romans  français.  Plusieurs  églises  (Tongres,  Horion  ,  etc.)  le 
revendiquent  comme  leur  restaurateur.  Voir  Fisen  ,  tome  I,  p.  110;  Dyntery  , 
Chronicon  ,  lib.  II ,  cap.  XL1I ,  pp.  195  ,  197  ,  20i  ,  etc. 

'  Voir  Mantelius,  Hist.  Loss.,  fs  19  et  20. 

*  De  Marne,  Hist.  du  comté  de  Namur,  Dissertations ,  p.  50. 

*  Chapeaville  ,  Fisen  et  Pertz  indiquent  l'année  799. 


—  190  — 

présente    à    Aix-la-Chapelle    consacrer    l'église    de    Tongres  'i. 

Ogier  attacha  à  l'église  vingt  canonicats  qu'il  dota  largement. 
Ce  fut  l'origine  du  chapitre  auquel  l'évoque  Richaire  accorda 
en  931  la  dignité  abbatiale  qui ,  peu  de  temps  après ,  fut 
convertie  en  prévôté  2.  On  croit  qu'une  partie  du  beau  cloître 
roman  encore  debout  et  presque  intact  appartient  à  l'époque  de 
la  reconstruction  de  l'église  par  le  comte  Ogier 3. 

Cette  construction  a  été  plus  vaste  que  celle  que  nous  voyons 
aujourd'hui.  Destinée  d'abord  à  abriter  vingt  chanoines,  son  enceinte 
a  dû  s'étendre  bien  au-delà  des  bornes  actuelles  constamment  rétrécies 
au  profit  de  l'extension  urbaine.  Elle  renfermait  alors  un  dortoir, 
un  réfectoire ,  une  chapelle,  une  trésorerie,  une  salle  capitulaire, 
un  parloir,  une  bibliothèque ,  une  boulangerie ,  des  cloîtres ,  un 
lavalorium  ,  etc. 

Prèsde  là,  se  trouvait  unemaison  et  capelleh  l'usage  de  l'évèque, 
qui  souvent  se  rendait  à  Tongres  pour  juger  les  contestations  entre 
ses  vassaux  ou  pour  visiter  l'établissement  confié  à  ses  soins  4. 


'  Celle  mémorable  cérémonie  a  élé  consignée  dans  les  archives  par  la  légende  : 
Anno  a  nativitate  Dui  801.  Léo  SS.  papa  consecravit  ecc.  Tung.  Marie  9  mai)  que 
ulim  destructa  fuit  per  Hunnos  quam  reedificavit  Dux  Ogerus  Danus  et  ordinavit  in  eâ 
20  canonicos.  Reg.  5  du  Catalogue ,  f°  195.  Fisen  ,  tome  1 ,  17li.  Anselme  apud 
Chai'eaville  ,  tome  I.  151. 

*  Fisen  ,  tome  I ,  page  213. 

3  Le  nom  de  chanoine  fut  donné  dans  le  IVe  siècle  aux  cénobites  qui  vivaient  en 
commun  sous  une  règle  commune.  En  G66 ,  le  concile  de  Mérida  (Espagne)  autorisa 
dans  les  cathédrales  cette  institulion  dont  saint  Chrodegang  ,  évoque  de  Metz  ,  publia  la 
règle  en  763.  Successivement  et  déjà  sous  Louis-le-Débonnaire  ,  l'institution  perdit 
beaucoup  de  son  caractère  primitif,  la  possession  de  biens  en  propre  et  la  vie  séparée 
débilitèrent  la  discipline  au  point  que  plusieurs  conciles, surtout  celui  de  Trente, session  XXII 
et  XXIV  ,  crurent  devoir  intervenir  ;  l'Assemblée  constituante  supprima  les  chanoines 
et  quoique  le  concordat  et  les  lois  organiques  les  aient  rétablis ,  l'institution  n'a  plus  le 
prestige  qu'il  eut  jadis. 

'  IlEMiucounT ,  patron  de  (a  temporalité  ,  apud  PolAIN  ,  Hist.  de  Liège ,  tome  11  , 
in  fine.  —  UnusTiiEMius ,  Res  geslœ  episcoporum  Leodiens.  et  ducum  Brabantiœ  , 
f°  164.  —  Balcze  ,  Capilularia  regum  francorum  ,  tome  II,  p.  125  et  seq.  — 
BuncHARDUS  ,  lib.  I,  cap.  87  et  lib.  111,  cap.  33.  —  Ivo,  p.  III,  cap.  38,  et 
p.  V,  cap.  103,  Struvius,  lier.  germ..  script.,  tome  3,  p.  211. 


—  191  — 

Voici  comment  un  archéologue  distingué,  enlevé  trop  tôt  à  sa 
patrie  et  aux  beaux-arts ,  décrit  celte  relique  du  moyen  âge. 
«  Le  cloître  de  Tongres,  sans  contredit  un  de  nos  monuments 
du  moyen  âge  les  plus  curieux  et  les  plus  élégants ,  consiste 
en  un  préau  ou  cour  en  carré  long,  qu'entoure  une  galerie  à 
arcades  plein-cintre  ,  dont  les  archivoltes  retombent  sur  des 
colonnettes  cylindriques,  alternativement  isolées  et  accouplées, 
couronnées  de  chapiteaux  d'un  dessin  aussi  riche  que  varié,  et 
qui  reposent  sur  un  stylobate  continu.  Celte  suite  d'arcades  est 
plusieurs  fois  interrompue  par  des  travées  massives  en  blocs  de 
sable  et  par  deux  portes  qui  s'ouvrent  sur  le  préau  ;  au  fronton 
de  l'une  d'elles  se  trouve  un  bas-relief  en  grès  ferrugineux  très 
délerriorié  qui  nous  semble  représenter  la  Ste  Vierge  assise  sur 
une  chaise  curule  et  entourée  de  deux  anges  adorateurs.  Dans  la 
galerie  à  droite ,  s'ouvre  une  porte  formée  de  deux  arcades  gé- 
minées et  séparées  par  une  colonnette  de  même  style  que  les 
autres ,  cette  porte  donne  accès  à  l'ancien  réfectoire ,  à  la  salle 
capitulaire  et  à  la  chapelle  du  chapitre  \  leur  construction 
paraît  dater  de  la  même  époque  que  celle  du  cloître.  La  chapelle 
contient  un  autel  en  pierre  fort  ancien  et  dont  la  table  est  divisée 
en  trois  compartiments  qui  encadrent  des  figures  nimbées.  La 
longueur  totale  du  cloître  est  de  46  mètres  et  sa  largeur  de  20. 
Les  galeries  sont  larges  de  3  mètres  et  ne  sont  point  voûtées. 
»  Le  cloître  est  pavé  de  pierres  lumulaires  2.  .  » 
La  reconstruction  du  temple  et  l'établissement  du  chapitre  eurent 
pour  résultat  de  ranimer  la  cité  de  Tongres  qui  se  repeupla  peu  à  peu. 
Sous  le  sceptre  vigoureux  de  Charlemagne,  les  mouvements 
extérieurs  avaient  été  combattus  et  refoulés  ;  la  paix  et  la  sécu- 


*  Par  acte  reçu  par  le  notaire  Lismont  le  20  septembre  1811  ,  l'emplacement 
sur  lequel  se  trouve  le  palais  de  justice  a  été  distrait  du  cloitre  et  cédé  à  la  ville  , 
moyennant  cinquante  francs  de  rente  annuelle. 

*  Schayes  ,  Histoire  de  Varchitcclure  en  Belgique  ,  t.  1  ,  p.  347. 


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rilé  étaient  revenus  dans  les  cœurs  des  Tongrois,  trop  souvent  et 
trop  cruellement  éprouvés. 

Mais  fatalement  destinée  aux  épreuves,  Tongres  ne  jouit  pas 
longtemps  de  cette  trêve  tant  désirée.  Les  Normands,  que  le  glaive 
de  Charlemagne  avait  pu  arrêter,  profitant  de  la  faiblesse  de  ses 
successeurs  et  surtout  de  leurs  dissensions  intestines  '  ,  s'étaient 
massés  vers  la  Meuse  dans  le  but  de  saisir  la  première  occasion 
favorable  à  une  irruption. 

En  881  ,  les  Normands  pillent  et  incendient  la  cité  de  Liège ,  le 
fort  de  Maestricht  cl  la  ville  de  Tongres2.  Les  barbares  qui  s'étaient 
répandus  dans  le  Haspingau,  l'Ardenne  et  la  Ripuarie  ,  continuèrent 
à  dévaster  nos  provinces  jusqu'en  891. 

La  victoire  remportée  par  le  roi  Arnulf  et  l'évèque  Francon 
[uès  deLouvain,  le  1er  septembre  891,  chassa  ces  aventuriers  du 
pays,  cl  depuis  lors  ils  ne  reparurent  plus  sur  les  rives  de  la 
Meuse. 

Ces  désastres  étaient  à  peine  réparés  qu'un  nouveau  malheur 
vint  affliger  la  cité.  Le  comte  Gérard  de  Looz ,  en  guerre  avec 
l'évèque  Raoul  de  Zeringen,  surprit  la  ville  le  31  août  1180  "*  et 

'  Vers  le  milieu  du  IXe  siècle  PAustrasie  ayant  été  comprise  dans  le  royaume  de 
Lotliaire  ,  le  diocèse  de  Tongres  lit  aussi  partie  de  ce  royaume.  Alors  la  loi  lomaine 
régissait  encore  l'Eglise,  mais  déjà  le  droit  tendait  à  devenir  réel  ou  territorial  de  per- 
sonnel qu'il  était. 

*  V.  UtGiNo.Nis,  Chronicon  apud  Pertz,  Mon.  Germ.  hht.,  tom.  1,  f°  59-2. 

Hi.ncmaiu  remensis  annales,  apud  Pertz,  tom.  I,  f °  513. 

Annal.  Fuld.  pars  tertia  apud  Pertz,  tom.  1,  fs  394  et  101. 

Qesla  Trevirorum  apud  Pertz,  tom.  X,  f°  106. 

Chronicon  Xormannorum  apud  Pertz,  tom.  1,  f°  534. 

Gest.  abb.  Trud.  cont.  tertia.  pars  I  apud  Pertz,  tom.  XII,  f°  375. 

Chronicon  Turonense  apud  Boio_uet,  vol.  IX.  f°  46.  Chronicon  sithiense ,  apud 
BOUQUET,  tom.  IX ,  f°  71. 

Vita  Sli  Rumoldi  auclore  Tlieoderico  abbate  S.  Trudonis-,  ibid.  f°  150. 

Bollandus  acla  SS.  vol.  1,  januarii  f°  529. 

3  Gilles  d'Orval,  Fisen  et  Foullon  placent  l'arrivée  de  ces  événements  en  1 1 70. 

Sirl'vil'S,  tom.  III,  p.  211,  Bouille  et  Mantelius  en  1178. 

Les  Annales  deFloreffe,  apud  Pertz  ,  tom.  XVI,  f*  625  indiquent  1179. 

Les  Annales  de  Lambert  le  Petit  (Pertz  ,  tome  XVI ,  f°  649)  et  ['Histoire  des 
Gestes  des  abbés  de  St.-Trond,  Pertz,  tome  XII,  fos  335  et  369  les  placent  en  1180. 


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la  livra  aux  flammes.  Le  palais  épiscopal  cl  une  grande  partie  de 
la  ville  furent  réduits  en  cendres.  Le  feu  se  communiqua  à  l'église 
et  y  causa  de  grands  dégâts. 

Pour  expier  ce  forfait,  Gérard  fonda  l'abbaye  de  Herkenrode  et 
partit  pour  la  Terre-Sainte. 

Avant  de  continuer  à  dérouler  le  triste  tableau  des  luttes  terribles 
qui  ensanglantèrent  le  pays,  on  nous  permettra  de  dire  quelques 
mots  sur  l'organisation  du  collège  des  chanoines ,  car  bientôt  les 
destinées  de  l'église  se  confondront  avec  celle  du  chapitre. 

Cette  corporation  jouissait  de  la  dime  de  tous  les  fruits  croissants 
et  naissants  dans  la  ville  et  sa  banlieue,  qui  comprenait  les  villages 
de  Coninxheim  ,  Henis,  Pirange  ,  Rixingen,  Neerrepen  ,  Mulken 
et  Olfelken  '.  Elle  avait  pour  dignitaires  un  prévôt,  choisi  parmi 
les  tréfonciers  de  St. -Lambert,  un  doyen  du  chapitre,  un  écolàtre  , 
un  chantre  et  un  officiai. 

Le  prévôt  conférait ,  outre  les  prébendes  dans  le  mois  de 
l'ordinaire,  l'écolâtrie,  la  chantrerie,  la  plébanie,  la  cure 
de  Mail  ,  le  rectorat  de  Coninxheim  et  les  deux  marguilleries  de 
la  collégiale.  Le  doyen  du  chapitre  était  visiteur  perpétuel  apos- 
tolique de  l'hospice  de  St. -Jacques  et  du  béguinage  de  St0. -Catherine, 
à  Tongres. 

Jusqu'à  l'an  909,  les  membres  du  chapitre  vécurent  en  com- 
munauté ;  à  cette  époque  l'empereur  Othon  leur  permit  de  se 
partager  les  revenus  de  la  collégiale  et  de  vivre  séparément 
dans  les  maisons  bâties  autour  de  l'église  dans  un  rayon  de 
50  pas  au  plus  2.  Les  chanoines  de  N.-D.  ne  lardèrent  pas  à 
user  de  celte  faveur  et  s'établirent   dans  la   partie  supérieure  de 


1  Le  chapitre  de  Tongres  jouissait  encore  de  la  dîme  des  fruits  croissants  sur  le 
territoire  de  Berg  et  d'Elderen  (concession  de  1197),  d'Offelken  (1281),  de  Iloclenge 
(1221),  de  Xendremael,  de  Russon  (1250),  de  Zammelen  el  de  Nieuwkerke  en  Flandre. 

1  Statulaccclcsiœ  Tungrensis  de  l'an  1218;  charte  du  8  des  calendes  de  mars  1108. 
Ré(t.  N°  o  du  catalogue. 


.  il 

CHAPITEAUX    DU  CLOÎTRE   ROMAN 


—  195  — 

la  rue  de  Maestricht  qui  a  conservé  la  dénomination  iVcncloitres  '. 

En  1006,  l'empereur  Henri  II  fit  passer  le  territoire  de  l'évcché 
de  Tongres  sous  l'autorité  immédiate  de  Liège.  Celte  concession 
fut  suivie  d'une  autre  plus  importante  encore.  Tous  les  évèques  , 
jusqu'à  Obert,  furent  institués  comme  évêques  de  Tongres  ,  nonob- 
stant leur  résidence  à  Maestricht  et  à  Liège  2. 

Richaire  prit  le  premier,  au  milieu  du  Xe  siècle,  la  quali- 
fication d'évèque  de  Liège  (voir  son  testament  du  10  novembre 
932);  Eracle  en  fit  de  môme  dans  une  charte  de  961.  Ces  ten- 
tatives furent  suivies  par  leurs  successeurs.  Cependant  Théoduin  , 
dans  une  charte  de  l'an  1070 ,  est  appelé  évèque  de  Tongres  \ 

Obert,  arrivé  au  siège  en  1091,  comprit  qu'en  présence  de  ces 
hésitations  et  surtout  au  point  de  vue  du  droit  canon ,  Liège  ne 
pouvait  régulièrement  s'attribuer  le  siège  qui  appartenait  légiti- 
mement à  Tongres ,  malgré  le  diplôme  impérial  d'Olhon  II  (980) 
et  celui  de  Henri  II  (1006.) 

Profitant  du  crédit  que  ses  services  lui  avaient  donné  auprès  de 
l'empereur  Henri  V,  il  fit  agir  celui-ci  et  obtint  du  pape  Pascal  II 
la  bulle  de  l'an  1112,  qui  transféra  le  siège  épiscopal  de  Tongres 
à   Liège  4.  Cependant   la  soumission  de  Tongres  à  l'évèque  de 


1  Ces  encloîtres  jouissaient  de  l'immunité  ecclésiastique. 

5  Au  concile  d'Orléans,  tenu  l'an  549,  saint  Domilien,  à  celui  de  Douzy,  tenu  en  871 , 
Franco,  signèrent  évêques  de  Tongres.  V.Labbe,  Collection  des  conciles,  p.  1445. 
Lettre  du  pape  Zacliarie  de  751 .  —  Albert  Le  iMire,  tome  I ,  p.  641 . 

3  D'après  les  statuts  de  1248,  le  chapitre  archidiaconal  de  Tongres  était  composé  de 
vingt  chanoines;  six  devaient  avoir  la  prêtrise,  six  devaient  être  diacres,  six  sous- 
diacres  et  les  deux  autres  pouvaient  être  tonsurés.  Les  diacres  et  les  sous-diacres  étaient 
tenus  d'obtenir  dans  l'année  le  grade  théologique  correspondant  à  la  promotion ,  sous 
peine  de  perdre  les  fruits  de  la  prébende  et  de  se  voir  remplacés. 

Tout  chanoine  était  obligé  de  céder  à  l'anniversaire  canonical  une  rente  de  quatre 
mesures  de  seigle  rachelable  moyennant  dix  florins  d'or,  et  à  la  collégiale  une  chape  ou 
seize  florins  d'or. 

Statuta  Eccl.  Tongrensis ,  cap.  de  ordine  et  numéro. 

Anselme,  p.  170.  —  Bertholet  ,  Uist.  du  Luxembourg. 

*  Recherches  et  discussions  historiques  sur  la  principauté  de  Liège  ,  par  le  baron 
de  Crassier,  p.  55. 


—  11)6  — 

Liège  n'était  pas  complète.  Des  tiraillements,    souvent  répétés, 

amenèrent  enfin  le  pape  Innocent  IV  à  exempter  le  chapitre  de  la 
juridiction  épiscopale  et  à  le  l'aire  relever  directement  du  Saint- 
Siège  '. 

Ce  privilège  que  justifiait  l'origine  de  l'ancienne  cathédrale-mère 
plaça  la  collégiale  dans  une  indépendance  à  peu  près  complète  2 
et  lui  procura  la  dignité  archidiaconale  3. 

On  comprendra  facilement  la  position  de'  cette  ville,  constam- 
ment ruinée,  pillée,  saccagée,  brûlée  et  dépouillée  par  une  rivale 
prospère  et  puissante,  en  se  rappelant  que  Liège,  dont  Monulphc 
avait  prédit  la  grandeur  future ,  ne  cessait  d'étendre  sa  puissance, 
giàce  aux  évoques  qui  étaient  venus  s'y  fixer.  Ce  fut  d'abord 
saint  Hubert  généralement  regardé  comme  le  fondateur  et  le  légis- 
lateur de  cette  nouvelle  cité;  ce  furent  Francon  et  Etienne  auxquels 
le  roi  Charles-le-Gros ,  Arnoul  de  Lorraine ,  Zuentebold ,  Louis 
de  Lorraine  et  Charles-le-Simple  firent  d'immenses  libéralités  et 
accordèrent  le  droit  de  battre  monnaie  ;  ce  furent  Richaire  et 
Farabcrl  qui  obtinrent  de  nouvelles  dotations  des  empereurs Othon, 
pour  défendre  leur  autorité  contre  des  vassaux  trop  puissants  ;  ce 


1  1251.  Innocent  tus  Episcopus  servusservorum  dei  dilecto  filio  Preposito ,  Decano 
il  Capilulo  ccclesie  Tongrensis ,  Dyocesis  Leodiensis  salutem  et  apostolicam  bene- 
dietionem . 

Sacro  Sancla  Romana  ecclesia  devotos  et  humiles  fil  i  os  assuele  pietalis  officia 
propensius  diligerc  consuevit.  El  ne  pravorum  hominitm  molestiis  ayitenlur,  eos 
tanquam  p'a  mater  sue  proleclionis  numine  confovere.  Qua  pmpter  dilecti  in 
domino  filij  vestris  postula tionibus  grato  concurrentes  assensu ,  ecclesiam  et  personas 
veslras  cum  omnibus  bonis  que  in  presenliarum  ralionobiliter  possidelis  et  in 
futurum  justis  modis  prestante  Domino  poteritis  adipisci  sub  beali  Pétri  et  noslra 
protectione  suscipimus  et  presenfis  scripli  palroeinio  communimus  Nuit  ergo,  clc. 

Dalum  Laleraid  II  nouas  aprilis.  —  Pontificatus  nostri  anno  uwlecimo.  V.  Statut. 
Ecci.  Tungrensis  f°  XXIV,  N"  3  du  catal. 

1  Vindiciœ  Decani  cl  capituli  insig.  Coll.  ceci.  Lt.  M.  Tung,  publié  en  1682. 

1  En  799  le  concile  de  Tongres  comptait  98  paroisses  ;  après  1251,  il  en  restait  encore 
71  ou  78  qui  continuèrent  à  former  le  concile  de  Tongres,  quoique  la  ville  même  n'en 
lit  plus  partie;  jusqu'en  1251,  Tongres  avait  également  fait  partie  de  l'archidiaconat 
de  Heshave. 


—  197  — 

fut  enfin  Notger  lequel ,  alliant  à  un  grand  génie  la  bravoure 
militaire,  reçut  en  980  d'Othon  II  non  seulement  la  confirmation 
de  toutes  les  libéralités  antérieures,  mais  encore  le  domaine  de 
l'antique  cité  de  Tongres. 

Sous  l'épiscopat  de  Baldéric,  la  principauté  s'accrut  en  1012 
du  comté  de  Looz  et  en  1015  du  marquisat  de  Franchimont. 
Nithard  y  réunit,  en  1010,  la  dernière  partie  de  la  Hesbayc  et  le 
comté  de  Haspingau  ;  Théoduin ,  prince  de  la  maison  de  Bavière , 
acquit  de  la  comtesse  Richilde  la  seigneurie  du  comté  de  Hainaut 
avec  Beaumont  et  Valenciennes,  et  Henri  de  Verdun ,  reçut  de  la 
comtesse  Ermengardc  la  ville  de  Waremme.  Liège,  on  le  voit, 
prospérait  chaque  jour  davantage ,  tandis  que  Tongres  ne  se  rele- 
vait que  lentement  de  ses  ruines.  Le  chapitre  commençait  à  sup- 
porter non  sans  murmures  la  position  que  lui  avait  faite  la  cité  de 
Monulplie.  Encore  quelques  années  de  paix  et  la  pensée  amère  de 
sa  puissance  déchue  allait  s'effacer,  lorsque  de  nouvelles  catastrophes 
vinrent  réveiller  ses  douloureux  souvenirs  :  il  semblait  que  la  fatale 
prédiction  de  saint  Servais  dût  s'accomplir  entièrement. 

À  peine  les  dégâts  que  la  guerre  contre  Gérard  de  Looz  avait 
occasionnés  à  l'église  de  N.-D.  eurent-ils  été  réparés,  qu'une 
nouvelle  guerre  contre  le  duc  Henri  1er  de  Brabant  porta,  en  1212, 
le  coup  fatal  au  monument  déjà  gravement  compromis. 

Ce  prince  élevait  des  prétentions  sur  le  comté  de  iMoha  que 
l'évêque  de  Liège  possédait  depuis  longtemps.  S'étant  mis  une 
première  fois  en  campagne  et  ayant  obtenu  la  paix,  il  profita  de  la 
quiétude  de  l'évêque  pour  rassembler  une  nouvelle  armée. 

A  la  tète  de  nombreuses  troupes  le  duc  se  jette  sur  la  Hesbaye, 
la  dévaste  et  ne  s'arrête  que  devant  les  portes  de  Tongres. 

En  vain  les  quelques  milices  longroises  commandées  par  le 
vaillant  Hubin  Puilhes,  seigneur  de  Ferme,  avaient-elles  essayé 
d'arrêter  l'armée  du  duc  au  pont  d'Ovée1;  accablées  par  le  nombre 

1  Reinf.ri  Annales  apud  Pertz,  tome  XVI  ,  f°  6G7. 


—  198  — 

elles  avaient  été  obligées  de  plier  et  Hubin  fut  forcé  de  ramener 
les  débris  de  sa  petite   troupe   (11   octobre  1212).  La  confusion 

et  le  désespoir  régnaient  dans 
Tongres.  Hubin  ,  prévoyant  que 
les  faibles  remparts  ne  pour- 
raient résister  aux  attaques 
d'une  armée  nombreuse  et 
aguerrie,  conseilla  aux  plus 
timides  de  se  réfugier  dans  le 
fort  de  Colmonl !. 

D'autres,  et  en  grand  nom- 
bre ,  s'étaient  dès  la  veille  reti- 
rés à  Liège  emportant  avec  eux 
la  statue  miraculeuse  de  N.-D. 
et  les  reliquaires  les  plus  pré- 
cieux de  la  collégiale"2;  le  reste 
des  habitants  se  posta  sur  les 
remparts. 

Le  duc,  à  la  tète  de  ses  trou- 
pes, passe  le  Jaer  et  ordonne 
l'assaut3,  mais  les  ïongrois  le 
repoussent.  Le  grand  nombre 
de  morts  qui  jonchent  le  sol  prouve  la  vaillance  des  défenseurs 
et  l'acharnement  des  assiégeants;  mais,  trop  peu  nombreux  pour 
empêcher  l'ennemi  d'escalader  les  murs,  les  Tongrois  sont  obligés 
de  se  réfugier  dans  la  vaste  église  de  N.-D.  Hubin  de  Puilhes, 
quoique   grièvement   blessé,  en  défend   l'entrée  pendant  que  les 


Sceau  du  chapitre  de  Tongres.  —  XIIIe  siècle 


'  Egidius  apud  Chapea ville,  tome  2,  p.  224. —  Fisen,  tome  I,  p.  291.  —  Foullon, 
tome  I,  p.  322.—  Mantelius,  llist.  Loss.,  p.  216. 

1  V.  Triumphiu  S.  Lamherli ,  p.  620.  —  Rf.ineri  ,  Chromcon,  apud.  Bouquet, 
tome  XV111,  f°625. 

'  REINER1  Annales,  {oc.  cit. 


—  199  — 

bourgeois  lancent  du  haut  de  la  tour  sur  les  assaillants  des  pierres 
et  des  moellons  l. 

Plusieurs  heures  se  sont 
déjà  écoulées  depuis  le  com- 
mencement du  siège  et  les 
abords  du  temple  sont  jonchés 
de  cadavres.  «  Ne  scay,  dit  le 

•  farouche  duc ,  cuy  est  celle 

>  maison,  ou  Dieu  ou  le  diable 

>  y  est  oreis,  mais  lequel  gmj 
»  en  soit  sire  deulx  deux,  et 

>  il  soyt  là  ens,  il  serat  ars 

•  ains  guil  puist  estre  wui- 

•  diet ,  »  et  joignant  l'action 
à  la  menace  il  mit  le  feu  à 
l'église. 

Le  monument  presque  tout 
entier  fut  brillé;  seul  le  beau 
cloître  échappa  aux  flammes. 

Ce  nouvel  assaut  avait  amené 
la  ruine   complète  de   l'église 

Contre-sceau  du  chapitre  de  Tongres.- Mlle  siècle,    romane.     Une     restauration    fut 

jugée  impossible;  il  fallut  reconstruire  le  temple  d'Ogier. 

IV. 

Seconde  reconstruction  de  ïéglise.  —  Destruction  de  la  tour. 
(1240-1677). 

Les  archives  ne  fournissent   qu'un   seul  document  relatif  au 


1  Voici  comment  s'exprime  le  naïf  Jean  d'OuTREMEUSE,  chroniqueur  du  XIVe  siècle  : 
«  Les  habitants  de  Tongres  en  la  thour  sont  monté  et  jectent  pires  et  caltoux  dont 
»  ils  tuent  /es  barbenrhons.  Le  sire  de  Ferme  gardoyt  lu  porte  du  mostier»  » 


—  200  — 

magnifique  temple  qui  fut  élevé  alors.  La  nouvelle  construction 
fut  commencée  le  31  mai  1240.  En  déblayant  le  terrain  on 
trouva  fortuitement,  à  la  profondeur  de  22  pieds,  les  vestiges  de 
l'antique  église  construite  par  saint  Servais  ;  ce  fut  sur  ces 
anciennes  fondations  qu'on  assit  le  beau  temple  gothique  encore 
admiré  de  nos  jours f. 

Il  est  à  regretter  que  le  nom  de  l'architecte  n'ait  pas  été  con- 
servé ;  du  reste  celte  lacune  existe  pour  un  grand  nombre  de  nos 
plus  beaux  monuments.  Serait-il  vrai  qu'à  celte  époque  glorieuse 
de  la  belle  architecture ,  les  hommes  de  talent  visaient  à  léguer  à 
la  postérité  plutôt  une  œuvre  que  leur  nom  ?  Toujours  est-il  que 
les  travaux  ont  dû  marcher  avec  élan  et  succès  car,  en  128G, 
l'autel  paroissial  fut  consacré  en  l'honneur  de  la  Ste. -Trinité  par 
l'évêque  Emond  de  l'ordre  des  chevaliers  Teutoniques  2. 

Voici  la  description  que  Schayes  a  donnée  de  ce  bel  et  vaste 
édifice  : 

«  Construite  en  croix  latine,  mais  à  bras  peu  allongés,  cette 
magnifique  basiliqueaGG  mètres  de  longueur  dans  œuvre,  dont  45 
pour  les  nefs  et  21  pour  le  chœur.  La  nef  principale  est  séparée 
de  chaque  côté  de  ses  collatéraux  par  12  colonnes  cruciformes  et 
à  chapiteaux  ornés  de  feuilles  frisées  aux  deux  premières  et  à  la 
dernière  travée,  cylindriques  et  avec  chapiteaux  à  crochets  aux  autres 
travées.  Le  triforium  qui  règne  au-dessus  de  leurs  arcs  en  tiers 


1  •  Anna  Dni  il  iO ,  pridie  ealendas  Junii  inceptum  est  novum  opus  ecelesie 
»  Tungrensis  et  destruction  est  velus  cancellum  a  fundamenlis  et  profundilate  23 
»  pedum  casu  invention  est  fundamentum  antique  ecelesie  que  credilur  fuisse 
i  a  lempore  Beati  Servalii  et  novum  fundamentum  est  locatum  super  illud.,  V. 
Arch.  de  l'église  :  reg.  7  du  calai.,  p.  195. 

'  Voir  :  Archives  de  l'hôpital  civil  de  Tongres ,  registre  n°  39,  p.  146  :  Anno 
Uni  1286  in  vigiliâ  omnium  sanctorum  conseci  alum  fuit  allare  prochiale  in  ecclesia 
Tungrenti ,  p.  Ikv.  paire  Dno  Emmundo  epo.  ordinis  fratrum  Theulonicorum  in 
honorem  SUe  Trinilatis. 

Archives  de  l'église,  reg.  n°4,  fol.  161 .  L'autel  paroissial  était  placé  à  gauche  du 
chœur  ;  en  1794  ,  c'était  l'autel  dédié  à  saint  Servais. 


—  201  — 

point ,  se  compose  de  petites  arcades  lancéolées  portées  par  des 
colonnetles  cylindriques  dont  les  chapiteaux  présentent  le  même 
système  d'ornementation  que  ceux  des  colonnes  correspondantes 
des  nefs.  Au  transept  droit  et  aux  côtés  latéraux  du  chœur,  cette 
galerie  a  des  arceaux  trilobés,  mais  au  transept  gauche  les  colon- 
nettes  cylindriques  sont  remplacées  par  des  meneaux  prismatiques. 
Ces  arceaux  sont  surmontés,  à  chaque  travée,  d'une  fenêtre  présen- 
tant une  triple  lancette  dont  celle  du  milieu  dépasse  en  hauteur  les 
deux  ouvertures  latérales.  Le  chœur,  formé  d'un  seul  vaisseau, 
est  éclairé  de  chaque  côté  par  deux  rangs  de  fenêtres  superposées  ; 
celles  du  rang  inférieur  se  trouvent  derrière  le  triforium  et  se 
composent  de  deux  lancettes  géminées  comprises  sous  un  arc  ogival 
majeur.  Des  deux  vastes  fenêtres  dont  sont  ornés  les  murs  plats 
qui  terminent  les  transepts ,  celle  du  transept  droit  est  parti- 
culièrement remarquable  par  la  beauté  de  son  dessin  de  style 
rayonnant.  Le  chevet  polygonal  du  chœur,  dont  l'architecture 
rappelle  le  XIIIe  siècle,  est  éclairé  par  de  longues  lancettes  à 
découpures.  Au  XIVe  siècle  doivent  appartenir  les  chapelles  qui, 
ornées  tant  à  l'intérieur  qu'à  l'extérieur  de  panneaux  et  éclairées 
chacune  par  une  belle  fenêtre  mi-partie  rayonnante  et  flamboyante, 
bordent  au  nombre  de  dix  les  bas  côtés  de  la  grande  nef1. 

Leurs  murs  de  séparation  sont  flanqués  de  colonnes  cylindriques 
qui  reçoivent  la  retombée  des  voûtes  ogivales  et  à  nervures  croisées. 

Par  son  isolement,  la  régularité  de  son  architecture  et  l'élégance 
de  son  ornementation,  l'église  de  Tongres  ne  dément  pas  exté- 
rieurement la  beauté  de  son  intérieur.  Des  arcs-boutants  à  deux 
rangs  d'arcs  superposés  soutiennent  les  murs  de  la  grande  nef; 
de  simples  contreforts  renforcent  ceux  des  bas  côtés  et  du  chœur. 
La  toiture  des  bas  côtés  est  cachée  par  une  gracieuse  balustrade 

'  Cette  opinion  paraît  d'autant  plus  probable  qu'il  conste  de  plusieurs  testaments 
conservés  aux  archives  que  les  frais  de  construction  de  la  plupart  des  chapelles  ont  été 
supportés  par  la  piété  individuelle,  voir  reg.  7,  fs  41,  45,  70,  elc. 

XXIX  IIXX  13 


—  202  — 

découpée  en  quatre-feuilles  encadrées.  La  grande  tour  carrée, 
placée  en  tète  des  nefs,  ne  fut  construite  qu'en  1444.  l  Haute 
d'environ  74  mètres  et  demi  et  large  de  9  mètres,  elle  est 
llanquée  à  ses  angles  de  grands  contreforts  en  retraite  à  quatre 
étages  de  clochetons  et  percée  de  trois  étages  de  fenêtres  à  meneaux 
flamboyants8.  » 

En-dessous  de  la  tour ,  se  trouvait  jadis ,  comme  maintenant 
depuis  la  restauration  ,  la  principale  entrée  par  trois  grandes  portes 
géminées ,  formées  par  trois  arcades  ogivales  3 ,  conduisant  à  un 
grand  porche  en  partie  de  style  roman  pur,  ce  qui  semblerait 
prouver  que  c'est  là  qu'est  la  partie  la  plus  ancienne  de  l'église 
rebâtie  en  1240,  ou  un  reste  de  l'édifice  qui  existait  antérieurement. 
On  pénétrait  dans  l'église  par  quatre  autres  entrées,  dont  les  deux 
principales  se  trouvaient  aux  extrémités  du  transept  et  les  deux 
moindres  au  bas  de  l'église  près  de  la  tour.  Celles  du  côté  du 
nord  subsistent  encore  et  méritent  l'une  et  l'autre  une  mention 
spéciale.  Le  portail  du  transept  nord  offre  un  fronton  qui  s'élève 
à  29  mètres  de  hauteur;  il  se  détache  du  mur  et ,  jusqu'au  tym- 
pan,  est  garni  sur  les  cotés  de  colonnettes  sveltcs  et  élancées, 
surmontées  de  pinacles  à  trois  faces  formant  niches,  dans  lesquelles 
se  trouvaient  des  statuettes.  Au-dessus  de  la  porte  ogivale  dont 
l'archivolte,  creusée  de  profondes  moulures,  se  termine  par  un  pinacle 


-'  On  verra  ci-après  que  déjà  en  1314  la  tour  reconstruite  fut  incendiée. 

'  Voici  les  dimensions  exactes  du  monument  :  Hauteur  de  la  tour,  flèche  comprise, 
73  mètres;  hauteur  de  la  maçonnerie  de  la  tour  47  mètres  50  cent.;  hauteur  du  sol  à 
la  voûte  centrale  20  m.  12  c.  ;  hauteur  du  pied  droit  ajouté  dans  la  tour  10  mètres. 
Longueur  exlérieure  (tour  et  contreforts  compris)  89  mètres  ;  longueur  intérieure  81  m.; 
longueur  du  transept  28  m.  50  c;  largeur  du  transept  7  mètres  10  c;  longueur 
extérieure  depuis  la  chapelle  de  Ste-Anne  jusqu'à  la  tour  comprise  122  met.  40  cent. 

3  Ces  trois  portes  mobiles  ont  été  rétablies,  ainsi  que  l'ancienne  galerie  qui  servait 
primitivement  à  l'exposition  des  reliques.  Elle  se  compose  d'une  suite  de  colonnettes  cy- 
lindriques portant  des  arceaux  trilobés.  La  niche  centrale  est  décorée  d'une  grande  statue 
de  la  Vierge  posée  sur  un  piédestal ,  œuvres  du  statuaire  Puyenbroek.  Trois  des  quatre 
entrées  latérales  seront  aussi  rétablies,  la  quatrième  du  côté  du  midi  près  de  la  tour  est 
remplacée  par  une  sacristie. 


—  .'203  — 

orné  de  qualre-feuilles  et  de  trèlles  à  jour,  dessinés  par  des  tores 
circulaires,  se  présente  une  grande  fenêtre  ogivale  à  lancette, 
composée  d'une  arcade  géminée,  surmontée  d'un  œil  de  bœuf  et 
scindée  en  quatre  divisions  dans  le  sens  de  la  hauteur  par  des 
meneaux  cylindriques.  La  naissance  du  tympan  de  ce  fronton  est 
occupée  par  une  galerie  ou  balustrade  composée  de  quatre-feuilles 
à  jour  et  qui  a  l'air  de  s'appuyer  sur  des  arcatures  trilobées  simulées 
qui  sont  sculptées  sur  les  façades  du  portail.  Le  tympan  est  orné 
d'arcatures  ogivales  du  même  style  que  celles  qu'elles  surmontent , 
d'un  groupe  en  haut  relief  représentant  le  couronnement  de  la 
Ste.  Vierge  et  de  deux  statues  d'anges  jouant  de  la  cytare  et  de 
la  flûte. 

Le  portail  près  de  la  tour  est  encore  plus  remarquable  ;  il  est 
construit  en  forme  de  porche.  Sa  façade  présente  un  grand  arc 
ogival  simulé ,  encadrant  une  porte  en  arc  surbaissé.  L'espace  ou 
tympan  qui  sépare  ces  arcs  est  décoré  au  centre  d'une  statue  de 
St.  Materne  et  entièrement  sculpté  à  jour  dans  le  style  flamboyant. 
L'arc  majeur  est  couvert  d'un  fronton  découpé  au  centre,  avec 
rampans  bordés  qui  s'appuyent  de  chaque  côté  sur  une  tourelle 
ornée  de  colonnettes  et  de  niches.  Les  côtés  latéraux  du  porche, 
couvert  d'une  voûte  ogivale ,  sont  décorés  de  six  statues  d'apôtres 
posées  sur  des  socles  en  encorbellement  et  surmontées  de  dais. 
Au  fond ,  sous  une  arche  ogivale ,  apparaissent  les  statues  de  la 
Vierge  et  de  deux  anges  surmontées  de  dais  semblables.  Au 
bas  se  trouve  la  porte  de  l'église  à  arc  plein  cintre  dont  l'archi- 
volte ,  formée  de  trois  tores  et  ornée  de  statuettes  couronnées  de 
dais  représentant  le  jugement  dernier,  s'appuie  sur  deux  colon- 
nettes  cylindriques  ;  c'est  là  encore ,  suivant  toute  probabilité  ,  une 
bâtisse  antérieure  à  la  construction  de  l'église  actuelle.  Ce  portail 
se  compose  donc  de  trois  styles  différents ,  sa  porte  intérieure 
appartenant  à  l'architecture  romane ,  la  décoration  de  son  porche  au 
style  ogival  secondaire  et  sa  façade  au  style   ogival  flamboyant. 

Ainsi  que  nous  l'avons  déjà  énoncé ,  cette  magnifique  construc- 


—  201  — 

lion  ne  fut  pas  complète  malgré  les  efforts  du  chapitre,  puissam- 
ment secondé  par  le  Saint  Siège.  * 

En  effet,  les  archives   démontrent  qu'en  1274  2  le  chanoine 
Jean    de  Lewis   fonda   un   autel  en  l'honneur  de  saint  Etienne. 
En   1300,   le  chanoine  Lambert,  natif  de  Villers-l'Évêque,  fonda 
quatre  chapelles  latérales.  En   1312,  Godefroid  de  Werm  fonda 
une  autre  chapelle  dédiée  à  saint  Nicolas  et  à  sainte  Catherine.  En 
1343,  le  clerc  Henri  deMerlemont,  fonda  une  sixième  chapelle  qui 
fut  dédiée  à  saint  Nicolas.  En  1305,  Jean  Lebout  de  Gelmen  et  sa 
femme   Béatrix  Thomas   fondèrent  une  septième   chapelle  dédiée 
alors  à  saint  Sébastien  ,  aujourd'hui  à  sainte  Philomène.  En  1403, 
André  Ileys  de  Reepen  fonda  la   chapelle  de  tous  les  Saints  au 
fond  de  la   galerie  droite  des  cloîtres.  Le  lieu  choisi  pour  cette 
dernière  fondation  peut  faire   présumer  qu'au  commencement  du 
XVe  siècle,  les   dix  chapelles   latérales  se    trouvèrent   établies; 
quoi  qu'il  en  soit ,  les  documents  ne  fournissent  pas  d'autres  indi- 
cations à  se  sujet  5. 

Pendant  que  le  chapitre  s'efforçait  courageusement  de  compléter 
son  œuvre,  un  incendie  détruisit  en  1314  la  tour  à  peine  recon- 
struite. Il  paraît  que  ce  malheur  fut  occasionné  par  l'imprudence 
des  ouvriers. 

Le  chapitre,  à  bout  de  ressources,  traita  avec  le  magistrat  pour 
la  reconstruction  de  cette  partie  de  l'édifice  el  pour  la  refonte  des 
cloches4.    La    tour   fut    rebâtie,    mais   menaça  bientôt   ruine5 


'  Durant  les  XIIIe  et  XIVe  siècles,  les  papes  accordèrent  plusieurs  indulgences  en 
l'itveur  de  ceux  qui  contribueraient  à  celte  grande  œuvre  et  amenèrent  beaucoup  de 
libéralités. 

*  Archives  de  l'église,  registre  n°  7,  loi.  37,  41,  45  et  70,  registre  n°  118,  folio  1 . 
s  Deux  registres  précieux  contenant,  d'après  le  plus  ancien  catalogue,  les  ebartes  et 

les  actes  se  rapportant  aux  années  11G4  à  1590  et  collectionnés  par  Salomon  Henrici , 
n'ont  pu  être  retrouvés  lors  de  l'inventaire  fait  en  1843. 

*  Archives  de  l'église  ,  registre  n°  C,  page  233. 

■  Kn  1434  (1435)  le  pape   Eugène  IV  accorda  cent  jours  d'indulgence  à  ceux  qui 


—  205  — 

puisqu'un  1442  elle  dut  èlrc  reconstruite  ;  une  pierre  encastrée 
dans  la  façade  occidentale  de  la  tour  porte  que  cette  reconstruc- 
tion fut  commencée  le  4  mai  1442  *. 

Quarante  années  plus  tard ,  on  se  retrouva  devant  une  nouvelle 
reconstruction  dont  les  archives  ne  disent  pas  la  cause.  Cette  fois 
la  ville,  obérée  dans  ses  finances,  prit  les  résolutions  les  plus  éner- 
giques pour  se  créer  des  ressources.  Malgré  ses  efforts,  ce  ne  fut 
qu'en  1583  qu'elle  parvint  à  réédifier  entièrement  la  tour,  à  y 
rétablir  les  cloches,  l'horloge  et  le  carillon.  Celte  réparation,  qui 
avait  coûté  tant  de  soucis,  était  à  peine  exécutée  que  la  foudre 
incendia  la  tour,  dans  la  nuit  du  G  mai  1598.  De  la  tour,  les 
flammes  atteignirent  les  toitures  et  les  charpentes  de  l'église  et 
l'on  crut  jin  moment  que  toute  la  ville  allait  devenir  la  proie  de 
ce  fléau  destructeur  :  mais  le  courage  et  les  efforts  des  habitants 
arrêtèrent  le  danger  2  et  la  ville  ordonna  une  nouvelle  restauration. 

Grâce  à  la  générosité  des  Tongrois ,  du  chapitre  et  de  quelques 
bienfaiteurs  particuliers,  le  magistrat  parvint  à  rétablir  la  tour, 
les  cloches,  l'horloge  et  le  carillon.  La  croix  en  fer  fut  replacée 
sur  la  flèche  en  1608  3. 


visitèrent  l'église  et  coopérèrent  à  la  restauration  du  monument,  fortement  délabré  par 
une  terrible  tempête  le  7  octobre  1434.. 

Voir  Bulletin  de  la  Soc.  scient,  du  Limbourg ,  tome  V,  page  347  et  le  manuscrit 
publié  par  la  Société  archéol.  de  Maastricht,  tome  I ,  page  72. 

*  t  Anno  a  nativilate.  Dni.  M.CCCC.XLH.  mesis.  maii  die  quarta  inceptum 
fuit  opus    costructionis  hujs  tris. 

Cette  pierre  a  été  scellée  dans  le  pavement  intérieur  de  la  tour.  Ne  conviendrait-il 
pas  de  conserver  de  cette  façon  le  souvenir  de  la  restauration  de  184G. 

*  Les  archives  de  l'église  et  de  l'hôpital  ont  constaté  cette  crise  dans  des  termes  bien 
expressifs.  Voir  à  l'hôpital  civil,  le  registre  dit  Sleper  in  fine. 

3  Convention  avec  L.  Bilquin  et  Hub.  Hock  du  15  août  1608.  L'existence  de  la  tour 
fut  encore  une  fois  compromise  en  1758,  le  6  février  le  feu  éclata  dans  la  maison  du 
bedeau  Jean  Lambrechts  et  se  communiqua  aux  bois  et  aux  meubles  placés  sous  la  tour. 
Heureusement  quelques  bourgeois  parvinrent  à  éteindre  cet  incendie,  qui  n'occasionna 
que.  peu  de  dégâts.  V.  Passaet  boeck  der  mercieren,  f°  3. 


—  ^06  — 

V. 

Grand  incendie.  —  Première  restauration. —  1677-1794. 

Après  tanl  de  vicissitudes,  Tongres  fut  affligée  d'un  nouveau 
malheur,  auquel  elle  ne  devait  pas  s'attendre.  Les  guerres  qui 
ensanglantèrent  le  siècle  précédent  avaient  épuisé  les  finances  de 
la  ville.  Le  général  Calvo,  commandant  la  garnison  française  de 
Maestricht ,  ne  cessait  cependant  d'exiger  le  payement  des  imposi- 
tions et  cela  sous  menace  d'exécution  militaire.  Ce  payement  n'était 
qu'un  prétexte;  la  cause  de  l'irritation  était  l'accueil  que  le 
magistrat  avait  fait  au  prince  d'Orange.  Cette  fatale  rivalité 
provoqua  la  plus  cruelle  des  vengeances.  Pendant  la  nuit  du  28  au 
29  août  1677,  le  comte  Calvo  envoya  à  Tongres  des  détachements 
de  troupes  qui,  dès  leur  arrivée,  pillèrent  la  ville  et  la  livrèrent 
aux  tlammes.  La  chronique  dit  «  que  le  feu  consuma  la  flèche  et 

•  les  charpentes  de  la  tour  ;  que  les  cloches ,  l'horloge  et  le  carillon 

•  furent  détruits  ;  que  les  voûtes  et  les  hauts  murs  furent  calcinés  ; 
»  (jue  l'orgue,  le  jubé,  les  sacristies,  les  ornements  et  plusieurs 
>  reliques  précieuses  furent  brûlés1.  - 

Les  flammes  détruisirent  les  églises  de  St. -Nicolas  et  de 
St. -Materne  ,  les  chapelles  des  Jésuites  et  des  Célestines,  l'hôpital , 
la  maison  de  ville,  celle  des  échevins,  les  chambres  des  corps  de 
métiers,  celles  des  compagnies  bourgeoises  et  501  maisons  par- 
ticulières "2.  Dans  la  nuit  du  48  au   10  septembre   les  Français 


1  Les  orgues  étaient  de  la  facture  du  célèbre  André  Séverin,  le  constructeur  de  ceHcg 
de  l'ancienne  église  abbatiale  de  St. -Jacques  à  Liège. 

Voir  la  Belijitjue  monumentale,  t.  II,  p.  162,  née  non  organa  que  cetera  Belgii 
magnificenlia  superabant . . . .  Voir  l'induit  du  pape  Innocent  XI.  Die  extraordina- 
rissen  orgelen. . .  Voir  Bulletin  du  Limbourg,  tome  II,  page  iO. 

5  Afin  de  stimuler  le  zèle,  la  ville  avait  institué  une  prime  pour  le  premier  seau  d'eau 
apporté  à  l'occasion  d'un  incendie.  C'est  Arnold  Moers  de  Tongres  qui  fut  primé  d'un 
patacon  lors  du  désastre  de  1077. 

Arch.  de  l'église,  rcg.  n°  10,   t'°  87. 


—  207  — 

revinrent  et  comptant  les  maisons  qui  avaient  échappé  au  fléau , 
ils  les  livrèrent  à  un  nouveau  pillage  et  à  l'incendie. 

La  consternation  fut  générale  dans  la  malheureuse  cité.  Tout 
était  réduit  en  cendres  et  Tongres  n'offrait  plus  qu'un  vasle 
champ  couvert  de  ruines  fumantes. 

Louis  XIV  ,  instruit  de  la  calamité  qui  venait  de  frapper  la  ville  , 
envoya  le  cardinal  de  Bourbon  pour  visiter  la  collégiale.  Dès  le 
10  septembre  suivant,  le  chapitre  prit  des  mesures  pour  restaurer 
les  ruines  !,  mais  les  contributions  extraordinaires  avaient  épuisé 
les  ressources  et  ce  ne  fut  que  le  20  mai  1678  que  des  ingé- 
nieurs ,  envoyés  par  le  roi  Louis  XIV ,  vinrent  visiter  le  temple  et 
dresser  les  plans  d'une  restauration  complète.  Louis  XIV,  grâce 
aux  prières  du  doyen  Arnold  Voets  2,  envoya  20,000  francs  au 
chapitre  afin  de  l'aider  dans  son  œuvre  réparatrice  5.  Cette  somme 
bien  minime,  eu  égard  à  l'énormité  du  désastre,  fut  entièrement 
absorbée  par  les  dépenses  que  nécessita  la  construction  de  nou- 
veaux toits  ;  le  25  novembre  1678  on  plaça  la  croix  au-dessus 
du  chœur  4. 

Le  baron  Edmond  de  Boehholz,  commandeur  des  Vieux-Joncs , 
le  baron  de  Renesse  d'Elderen  et  l'abbesse  de  Herckenrode  se 
montrèrent  les  généreux  protecteurs  du  chapitre  de  Tongres  s. 
De  son  côté,  le  pape  Innocent  XI  autorisa  la  fabrique  par  une  bulle 
du   30   septembre    1682   à  percevoir  pendant  l'année  de  grâce 


1  Voir  Archives  de  N .  U.  Registrum  capitali  Tongren.  in  quo  describuniur  com- 
putus,  de  a0 1670,  n°  10  du  catalogue ,  f°  11.  1678  septembre  le  10  et  20  pour  dépens 
des  «  ingénieurs  qui  ont  visité  l'église  bruslée  3  f.  11  s.  octobre  le  3  et  4  pour  dépens 
et  honoraires  de  deux  maistres  qui  ont  visité  ladite  église.  »  —  «  3f.  19.  16.  » 

*  Voir  Bulletin  de  la  Société  scientifique  et  littéraire  du  Limbourg ,  tome  II , 
pp.  45  et  57. 

3  Ibid.,  p.  24  et  suiv. 

*  Au  milieu  du  transept  se  dressait  avant  l'incendie  de  1677  une  tour  en  bois. 

5  Voir  Archives  de  N.  D.  Registrum  capitali  Tongr,,  de  a0  1670  n°  10  du  catal. 
p.  26 ,  «  pour  icelle  réparation  M.  le  grand -commandeur,  M.  de  Renesse  baron  d'Elderen, 
»  et  Mme  l'abbesse  de  Herckenrode  ont  fait  libéralité  d'arbres.  » 


—  208  — 

les  revenus  de  toutes  les  prébendes  qui  viendraient  à  vaquer  pendant 
les  deux  années  subséquentes  '. 

Le  4  septembre  1684,  le  chapitre  fit  restaurer  les  arcs-bou- 
tants  par  le  maçon  Lambert  Dirick  2,  et  le  i  juin  1G85  il  adjugea 
pour  la  somme  de  sept  cents  florins  une  fois  payée,  la  réparation  des 
des  voûtes  et  des  petites  galeries  à  Gérard  Van  Clermont  de 
Maestricht  3.  La  même  année,  grâce  à  la  générosité  du  prévôt 
Jean  d'Elderen,  la  fabrique  put  rétablir  le  jubé4. 

Le  29  janvier  1687,  la  régence  s'occupa  de  la  refonte  des 
cloches;  la  fabrique  intervint  dans  ces  dépenses  pour  1753 
florins  5.  Jean  Minten  ,  Paul  de  Voct  et  Claude  Peeters  furent 
spécialement  chargés  de  veiller  à  l'exécution  de  cette  partie  de  la 
restauration.  La  petite  dépense  supplémentaire  que  la  refonte  des 
cloches  occasionna  à  la  ville  semble  avoir  épuisé  ses  ressources , 
d'ailleurs  déjà  très-sérieusement  compromises  ;  se  trouvant  dans 
l'impossibilité  de  réparer  la  tour,  la  ville,  par  décisions  des  2-1 
et  29  décembre  1690  approuvées  le  28  avril  suivant,  céda  la 
propriété  de  la  tour  au  chapitre  de  Notre-Dame,  sous  condition  que 
les  chanoines  feraient  restaurer  le  monument  et  que  le  magistrat 
conserverait  le  droit  de  faire  sonner  la  grande  cloche  à  certaines  fêtes 
publiques,   moyennant  un  juste  salaire6.   Rentré  en  possession 

1  Voir  Archives  de  l'église  de  N.  I).  Liber  documenloritin  ,  inceplusa0  1082  ,  u°  12 
du  catalogue  ,  p.  19. 

4  Archives  de  l'église  de  N.  D.  Registrum  actorum . . .  inceptum  1b'  octobris  1681 
usque  1717,  n°  11  du  catalogue,  p.  17. 

*  Archives  de  l'église  de  N.  D.,   même  registre,  n°  11  du  catalogue  f02'J. 

1  Computus  duorum  millium  florenorum  bb  ex  donalione  perillustris  et  generosi 
Dotnini  Johanis  Baronis  ab  Elderen  cathedralis  ecclesie  Leod.  decanii  et  prepositi 
Tungr....  1686,  Il  aprilis  solvi  J.  Massa  pro  reclure  insignium  perillustris 
Dotnini  prepositi  aliorumque  ornamentorum  ligneorum  apponendornm  in  Doxali 
inferiori  ecclesie  si .  10 . 

Archives  de  N.  D.  Registrum  capiluli  Tungr.  .  .  ab  unno  1070  n°  10  du  catalogue 
f°  31. 

1  Voir  Archives  île  X.  D.,  même  registre,  i"  35,  v°, 

"  Voir  Archives  de  Cf.  D.  Liber  documenlorum . . .  inceptui  a0  1682,  n°  12  du 
catalogue  ,  f"  11  et  Archives  de  la  ville.  Liber  plebiscilorum  1177  in  Une. 


—  209  — 

de  la  tour,  le  chapitre  adjugea  le  18  mai  1691  à  Adam  Wynants 
d'Aix-la-Chapelle  la  construction  des  assises  pour  les  cloches  *. 
Paul  Joseph  Grognart  s'engagea  le  8  décembre  1702  à  fondre 
une  cloche  pesant  environ  sept  cents  livres  à  -4  sous  la  livre. 

Le  19  juillet  1703  Max  Doupagne  entreprit  la  construction  de 
la  flèche2  et  le  15  novembre  1707  M. -H.  Biroquet  celle  de 
l'horloge  3. 

Ces  différents  travaux  qui  absorbèrent  plus  de  100,000  florins 
furent  dirigés  par  deux  architectes,  Adam  Wynants  d'Aix-la-Chapelle 
et  Nicolas  Closson  de  Liège  *. 

Le  23  janvier  1710  ,  Georges  Vanschoenbeeck,  maître  menuisier 
à  Liège,  plaça  de  nouvelles  stalles  qui  coûtèrent  2575  florins. 

Le  12  décembre  de  la  même  année,  Charles  Nicolas  Henaut  et 
Christaen  Swertveger  entreprirent  pour  1250  fl.  la  confection 
d'une  porte  en  cuivre  «  large  de  G  pieds,  haute  de  11  pieds  et  demi 
ou  environ,  à  ériger  au  chœur  de  l'église  de  Tongres  5.  « 

Enfin  le  15  juin  1725,  le  chapitre  fit  fondre  par  Joseph  Thomas 


'  Archives  de  N.  D.  Regislrum  actorum....  1684-4747,  n°  1 1  du  catalogue  , 
f.  65  v°. 

*  Voir  Archives  de  N.  D.,  même  registre  n°ll  du  catalogue,  f°  132  et  137. 

*  Voir  Archives  de  N.  D.,  même  registre  ,  n°  11  du  catalogue  f°  177,  v°. 

*  Reçu  de  M.  Oger,  chanoine  de  Tongres  huit  pataeons  pour  payement  des 
dessins  peines  et  vacations  que  j'ai  faits  pour  raccommoder  la  tour  de  leur  église 
ce  21  mars  1691  ,  estoit  signé  Nicolas  Closson  architechte  21  octobris  4692,  com- 
pulum  ivi  cum  operarys  quos  ad  opus  reparandoe  turris  impendit  scepe  memoratus 
architecius  M.  Adamus  Wynants  aquensis 

Voir  Archives  de  N.  D.,  Registrum  capituli  Tongr.  ab  anno  1610,  n9  10  du 
catalogue,  î> .  79  et  80. 

Voir  Areh.  de  N.  D.  Regislrum  actorum  inceplum  16  #bns  168t  usque  4747, 
n°  11  du  catalogue,  f°  195. 

5  Voir  même  registre  f°  S 10  v°. 

Cette  porte  ainsi  que  la  grille  qui  fermaient  le  chœur  furent  remplacées  en  1751  par 
une  massive  construction  en  marbre ,  due  à  la  générosité  du  prévôt  J.-L.  Doyembrugge, 
comte  de  Duras. 

Voici  l'inscription  placée  sous  les  deux  groupes  qui  couronnaient  cette  séparation  : 

Joannes.  LudoviciA.  Doyembrugge.  ex  comitibus.  De.  Duras.  Baro.  ab.  Rlderen. 
Decanus.  Leodiensis.  Prœpositus  Tongrensis,  etc.  A"  4731. 


—  210  — 

D'awir  de  Huy  deux  nouvelles  cloches  [  et  le  28  juillet  1732  il 
adjugea  la  construction  du  maître-autel  à  Martin-Benoit  Termonia 
pour  la  somme  de  12,500  francs2. 

11  fallut  aussi  réparer  le  dallage ,  fortement  endommagé  par 
l'incendie  :  les  dalles  tumulaires  avaient  été  brisées  et  beaucoup 
de  tombeaux  s'étaient  effondrés.  Le  0  novembre  1736  3,  le  cha- 
pitre traita  avec  Charles  Grehain  pour  la  livraison  de  carreaux 
en  marbre  blanc  et  noir  et  le  29  mai  1739  il  fit  dresser  par 
l'architecte  Etienne  Fayn  le  devis  des  principaux  travaux  encore  à 
exécuter 4.  Durant  la  même  année  le  même  architecte  construisit 
les  six  grands  portiques  en  marbre  5. 

La  régence  ayant  refusé  en  1733  de  réparer  le  pavé  qui  s'étendait 
depuis  l'église  de  S. -Nicolas  jusqu'à  celle  de  S.-Martcrne,  malgré 
l'offre  du  chapitre  de  prendre  à  sa  charge  les  frais  occasionnés  par 
la  réparation  «  de  quatre  pieds  de  chaque  costé  ce  qui  s'importeroit 
«  presque  le  tiers  des  cinquante  neuf  petites  verges,  •  l'évêque 
Georges-Louis  par  une  sentence  du  23  juillet  1733  la  condamna 
à  cette  réparation  avec  ordre  d'y  donner  une  prompte  solution  6. 

La  bonne  entente  fut  bientôt  rétablie ,  et  la  pacification  fut 
cimentée  par  le  don  que  la  régence  fit  au  chapitre,  le  30  mai 
1739,  d'un  emplacement  près  de  la  tour  afin  d'y  élever  une  nou- 
velle sacristie  7. 

Les  contributions  nombreuses  dont  le  clergé  secondaire  de  la 
principauté   fut  frappé  de  1728  à  1730  8  ainsi  que  les  passages 


1  Voir  Archives  de  N.  D.  Liber  diversorurn  negotiorum inceptus  26  feb. 

11 19-1783,  n°  U  du  catalogue  f°  48. 

1  Voir  même  registre  ,  f°  92. 

5  Voir  même  registre ,  f°  99  v. 

4  Voir  même  registre,  f°  102  v. 

8  Voir  même  registre,  fs  128  et  129. 

*  Voir  même  registre,  fs  94  et  95. 

'■  Voit  Archives  de  N.  D.  Liber  diversorurn  negotiorum....  inceptus  26  feb. 
1719-1183,  f°  106,  n°  14  du  catalogue. 

'  Voir  même  registre,  fs  108-125. 


—  211  — 

continuels  de  troupes  f  empêchèrent  la  fabrique  de  continuer  la 
restauration  du  monument;  ce  ne  fut  qu'en  1750  qu'elle  put  son- 
ger à  remplacer  les  célèbres  orgues  d'André  Séverin  que  l'incendie 
avait  détruites. 

Le  1  l  septembre,  Jean-Baptiste  Le  Picard  entreprit  •  de  faire  une 
•  orgue  dans  notre  église  pareille  en  toutes  parties  ei  aussi  bonne 
»  que  celle  qu'il  a  fait  pour  la  noble  abbaye  de  Herckenrode  en 
»  17  H.  •  Cet  ouvrage  exigea  trois  années  de  travail  et  coûta 
10,000  florins  de  Brabant  2;  la  caisse,  faite  d'après  les  plans  de 
Le  Picard  ,  fut  sculptée  par  Termonia  et  coûta  2900  florins  3. 

Le  maitre-aulel  consacré  à  la  Ste.  Vierge  avait  seul  échappé  à 
l'incendie  de  1677;  en  1(598  il  fut  transporté  dans  la  nef  gauche. 
Les  chanoines  Goemans,  Caroli  et  De  Schell  ainsi  que  le  receveur 
Vandermeer  donnèrent  une  somme  de  650  florins  pour  couvrir 
les  frais  de  déplacement  et  d'embellissement  4.  Cet  autel  fut  de 
nouveau  démoli  en  1753  et  remplacé  par  l'autel  actuel  dû  à  la 
générosité  du  prévôt  Jean-Louis  Doyembrugge ,  comte  de  Duras  5. 

Enfin  après  avoir  fait  refondre,  le  22  avril  1782  6,  par  Joseph 
et  Nicolas  Simon  de  Mons  la  grande  cloche  et  traité  le  27  août  de  la 
même  année  avec  Henry  Donnay  de  Gland  pour  de  nouvelles  liga- 
tures à  attacher  aux  cloches  7  le  chapitre  fit  confectionner  par 
François  Chaudoir  de  Liège  un  nouveau  carillon  «  très  sonore  et 


1  Eu  1741,  4-2,  i3  et  44.  Voir  même  registre  fs  152  et  seq. 

*  Voir  Archives  de  X.  D.  même  registre  folio  167.  Le  Picard  fut  aussi  le  facteur  des 
fameuses  orgues  de  St.-Lambert  à  Liège.  Voir  Van  den  Steen  ,  Essai  sur  lu  vatli.  de 
Si. -Lambert,  page  138. 

s  Voir  Archives  de  X.  D.  même  registre  folio  167  v.  ;  l'acte  porte  la  date  du 
1:2  février  1751. 

4  Voir  Archives  de  .V.  D.  Regislrum  capiluli  Tongr .  . .  de  A0  1070  N°  10  du  cata- 
logue f°  95. 

*  L'acte  porte  la  date  du  2  avril  1753;  cet  autel  coûta  4000  fis. 

Voir  Arcliives  de   N.  D.   Liber  diversorum  negotiorum inceptus    l">   feb. 

1719-1785,  f°  172,  n"  14  du  catalogue. 
6  Voir  même  registre,  f°  256. 
'  Même  registre,  f°  257  v°. 


—  212  — 

»  harmonieux  do  trois  octaves   aveu  ses   demis  tons   excepté  le 

•  c  diès  et  le  mi  bémol   dans  la  basse   de  la  pesanteur  de  cinq 

•  mille  livres  ou  environ  *  !. 

La  régence  par  un  récès  du  9  octobre  1782  accorda  un  subside 
de  1000  fis.  payable  en  un  ou  deux  termes  et  après  le  place- 
ment -. 

Le  chapitre  s'appliqua  aussi  à  renouveler  l'ameublement  de 
l'église  et  des  sacristies;  malheureusement  cette  tâche  fut  au-dessus 
de  ses  forces.  Toutefois,  ce  corps  puissamment  soutenu  par  le 
Saint  Siège  s  sut  faire  affluer  les  libéralités  et  faire  face  à  une 
dépense  que  les  archives  permettent  d'évaluer  à  plus  de  200,000 
florins.  Il  a  fait  tout  ce  qu'il  a  pu  dans  ces  circonstances  bien 
lalales,  alors  que  l'immensité  des  perles  ne  lui  permit  pas  de 
travailler  d'après  un  plan  d'ensemble.  D'autre  part  le  bon  goût 
avait  disparu  avec  l'art  lui-même,  et  c'est  là  la  cause  qui  a 
amené  des  constructions  ,  des  restaurations  reprochables  sans 
doute ,  mais  que  la  critique  pourrait  quelque  peu  absoudre  eu 
égard  à  la  difficulté  de  la  situation.  La  postérité  doit  de  la  re- 
connaissance au  chapitre  dont  le  courage  et  le  dévouement  lui 
ont  conservé  plus  d'une  fois  la  belle  et  monumentale  église  qui 
fera  à  jamais  la  gloire  de  Tongres.  Ce  collège  qui  avait  sa  raison 
d'être  soit  dans  son  institution  religieuse  et  morale  4,  soit  dans  sa 
mission  tutélaire  de  conserver  la  collégiale  ne  faillit  jamais  à  son 


1  Voir  Archives  de  l'église.  Liber  diversorum  negotiorum . . .  inceptus  l'i  feb. 
1719-1785 ,   f°  258.   L'établissement  de  ce  carillon  coûta  au  chapitre  plus  de  9000  fl. 

*  Alsoo  sulk  comt  le  tlienen  lot  plaisier  en  ornement  von  de  geheele  stadt.  Voir 
Archives  de  l'église,  registre  n°  14  du  catalogue,  f°  259. 

5  Voir  les  bulles  des  papes  Clément  XI  (29  nov.  1704),  Clément  XII  (2  oct.  1731), 
Benoît  XIV  (19  nov.  1757),  Clément  XIII  (6  oct.  1761),  etc.  etc.  Archives  de  l'église, 
reg.  ,  ii°  12  du  catalogue,  fs  86,  128,  234,  27 1,  etc. 

5  Presque  tous  les  chapitres  cathédraux  et  collégiaux  s'appliquèrent  à  développer  le 
goût  des  études.  Un  écolàlre  et  plus  tard  un  recteur  des  écoles  instruisait  la  jeunesse 
tmgroi.se.  Outre  le  chapitre  attaché  à  la  collégiale,  Tongres  a  eu  depuis  l'année  1424 


—  213  — 

devoir.  Malgré  l'énormité  du  désastre ,  il  fit  tous  ses  efforts  pour 
réparer  les  dégâts  dus  au  vandalisme  et  à  l'aveuglement  d'une 
soldatesque  effrénée. 

Un  siècle  n'avait  pu  suffire  à  la  restauration  de  l'église ,  lorsque 
le  chapitre,  presqu'au  bout  de  son  œuvre  réparatrice,  éprouva  une 
dernière  catastrophe  plus  ruineuse  que  toutes  les  autres.  Un  grand 
mouvement  agitait  les  esprits  ,  l'harmonie  n'existait  plus  nulle 
part,  partout  la  société  s'agitait  et  particulièrement  dans  la  prin- 
cipauté liégeoise,  lorsque  l'année  1789  vit  surgir  et  se  développer 
la  plus  impétueuse  agitation  qui  se  fût  jamais  produite  dans 
l'esprit  des  peuples.  Tongres ,  ville  sans  défense  sérieuse ,  devint 
le  lieu  d'étape  ou  de  passage  des  bandes  révolutionnaires.  Après 
la  bataille  de  Jemmapes  (6  octobre  1772)  les  républicains  arrivè- 
rent à  Tongres.  Un  de  leurs  premiers  exploits  fut  de  mettre  sous 
scellé  militaire  le  mobilier  des  églises1. 

La  bataille  d'Aldenhoven  (1er  mars  1793)  fit  lever  le  siège  de 
Maestricht  et  évacuer  Tongres  par  les  Français ,  que  les  Autrichiens 
remplacèrent  dès  le  G  du  môme  mois  2.  Le  comte  de  Briey,  lieute- 
nant-colonel commandant  la  garnison  autrichienne  à  Tongres ,  lit 


jusqu'en  1794,  un  chapitre  régulier  vivant  sous  la  règle  de  Windesheim  et  voué 
entièrement  à  l'instruction  de  la  jeunesse, 

Cette  école  latine  a  constamment  obtenu  une  vogue  justement  méritée. 

'  L'an  1792,  le  29  décembre,  l'an  premier  de  la  république  française,  nous  sous- 
signé, commissaire  établi  provisoirement  à  l'effet  d'exécuter  en  son  entier  l'art.  IV  du 
décret  de  la  convention  nationale  du  17  brumaire,  nous  sommes  en  conséquence  des 
ordres  que  nous  avons  reçus,  transporté  à  la  collégiale  de  Tongres  où,  après  examen 
fait  de  tout  ce  qu'elle  pouvait  contenir,  avons  trouvé  ce  qui  suit,  savoir  : 

N°    1.  Trésorerie,  etc. . . . 

N°   II.  Sacristie  des  vicaires.... 

N°  111.  Sacristie  des  chanoines. . . . 

N°  IV.  Archives. . . . 

N°   V.  Secrétariat  . . . 

N°  VI.  Sacristie  des  bénéficiers. .  .  . 

Nous  avons  placé  le  tout  sous  scellé,  établi  gardien  le  citoyen  Vandendriesch  et  clos 
notre  procès-verbal.  (Signé)  Keppel ,  off.  liégeois  :  Chavanus ,  frater. 

*  Bûchez  ,  Histoire  parlementaire,  tome  XXIV,  page  417. 


—  214  — 

immédiatement  lever  les  scellés.  Le  chapitre  eut  la  prudence  de 
mettre  la  circonstance  à  profit  et  de  faire  transporter  tous  les  objets 
précieux  de  la  collégiale  à  Hambourg'  !. 

La  bataille  de  Fleurus  (26  juin  1794)  ramena  les  Français  à 
Tongres  et  avec  eux  le  gouvernement  révolutionnaire.  Le  culte 
catholique  fut  aboli  ;  l'église  paroissiale  de  St. -Nicolas  fut  convertie 
en  temple  de  la  Raison.  La  loi  du  1er  octobre  1795  incorpora 
la  Belgique  à  la  France  2  et  dès  lors  les  lois  portant  suppres- 
sion du  culte  et  du  clergé  y  reçurent  leur  exécution. 

VI. 

Abolition  du  culte.  —  Concordat.  —  (794-1846. 

Par  l'annexion  de  notre  pays  à  la  France  tous  les  corps  religieux 
disparurent.  L'assemblée  constituante,  qui  trouva  plus  facile  d'abattre 
l'arbre  que  de  l'émonder,  supprima  toutes  les  institutions  qui  dans 
les  siècles  passés  avaient  si  efficacement  concouru  à  l'émancipation 
de  l'humanité,  s 

Le  8  frimaire  an  VII ,  le  domaine  4  de  l'État  fit  vendre  par  le 
citoyen  Dornac  ,  receveur  de  l'enregistrement  ,  le  mobilier  de 
l'église  collégiale.  Des  hommes  dévoués  5  avaient  fait  circuler  une 
liste  de  souscription  parmi  les  paroissiens;  elle  produisit  i50  florins, 
15  sols  et  un  liard  (à  peu  près  535  francs).  Ils  se  rendirent  adju- 
dicataires des  principaux  meubles  jusqu'à  concurrence  de  plus  de 

1  Sous  la  surveillance  du  sacristain-prêtre  Antoine  Moumal,  le  môme  qui  tacha  long- 
temps à  son  domicile,  à  Tongres,  les  archives  de  l'église. 

*  La  convention  nationale  avait,  malgré  l'évacuation  de  la  Belgique,  décrété  le 
8-12  mai  1793  la  réunion  du  pays  de  Liège  à  la  république  française.  Voir  Polain  , 
Ordonnances  de  la  principauté  de  Liège,  tome  11,  p.  979,  note. 

5  La  loi  du  15  fruct. ,  an  IV,  supprima  tous  les  ordres  religieux. 

La  loi  du  15  fiim.  an  VI  supprima  les  chapitres  séculiers ,  les  bénéfices  simples ,  etc. 

*  La  loi  du  4  pluviôse  an  IV  (24  janvier  1790)  autorisa  la  vente  des  domaines  natio- 
naux situés  dans  la  Belgique  et  provenant  des  ci-devant  bénéficiera,  etc. 

'  MM .  Lozer  et  Fiscar. 


—  215  — 

1700  francs,  somme  que  ces  concitoyens  d'élite  complétèrent 
de  leurs  deniers.  Attirés  par  la  cupidité,  quelques  marchands 
liégeois  étaient  venus  pour  en  acquérir;  ils  furent  très  mal  menés 
par  les  bourgeois  de  Tongres  et  ne  durent  leur  salut  qu'aux 
agents  de  la  municipalité  qui  les  escortèrent  jusqu'à  Hamal. 

Parmi  les  objets  si  généreusement  rachetés  figurent  les  stalles 
du  chœur  :  elles  furent  adjugées  pour  50  francs;  les  orgues, 
pour  605  francs;  le  beau  lutrin  dinantais  pour  105  francs; 
une  grande  croix  en  fer  pour  9  francs  et  l'un*des  grands 
tableaux  du  chœur  pour  30  francs  *.  Le  culte  de  nos  pères 
semblait  donc  anéanti  pour  toujours.  La  croix,  ce  grand  symbole  de 
la  rédemption  humaine ,  avait  été  abattue  ;  le  clergé  était  proscit , 
déporté  2  ;  les  édifices  du  culte  étaient  vendus  ou  profanés,  le  mobi- 
lier môme  qui  devait  servir  à  son  exercice  était  exproprié  ;  tout  en 
un  mot  tendait  sous  le  régime  de  la  terreur  à  l'anéantissement  de 
la  foi.  Cependant  l'homme  n'avait  pas  compté  avec  Dieu  et  cette 
puissance  infinie  trouvait  peut-être  à  propos  de  faire  éclater  au 
milieu  de  ce  cataclysme  même  la  force  de  sa  loi. 

En  dépit  de  tous  les  calculs,  en  face  de  tous  les  bouleversements 
et  des  crimes  dont  la  révolution  se  souilla,  surgit  un  homme  qui 
étonna  la  France  et  plus  tard  l'Europe  entière. 

Cet  homme,  arrivé  par  son  génie  et  sa  valeur  au  premier  échelon 


4  Archives  de  l'église.  Liasses. 

*  Le  doyen  du  chapitre,  R.  de  Bellefroid  ,  fut  le  11  octobre  1797  condamné  à  la 
déportation  ,  étant  prévenu  d'avoir  «  des  intelligences  coupables  avec  le  ci-devant 
»  Prince-Évêque  de  Liège,  de  chercher  par  tous  les  moyens  à  ralentir  la  publication  de 
»  la  loi  salutaire  du  19  fructidor,  de  se  servir  de  son  influence  en  assemblant  son 
»  chapitre  aux  fins  de  faire  rejeter  la  déclaration  exigée  des  ministres  du  culte.  »  Il 
paraît  qu'ayant  obtenu  plus  tard  une  mise  sous  surveillance  il  se  réfugia  en  Weslphalie. 

Le  30  juin  1798,  vingt-quatre  ecclésiastiques  du  canton  de  Tongres  furent  également 
condamnés  à  la  déportation . 

L'arrêté  du  i  novembre  1798  en  condamna  89  autres  à  la  même  peine.  Nous  voyons 
figurer  sur  la  liste  le  pléban  Régnier  van  Herck,  L'Abaye,  curé  du  béguinage  et  J.  Lafontaine, 
récollet  à  Tongres . 


—  216   - 

de  sa  grandeur  future,  comprit  qu'il  faut  une  croyance  religieuse, 
qu'il  faut  un  culte  à  toute  association  humaine.  Pénétré  de  cette 
vérité  que  sans  religion  il  n'y  a  ni  paix,  ni  trêve  sur  la  terre, 
Napoléon  (il  avec  le  pape  Pie  VII  le  Concordat  mémorable  qui  rétablit 
le  culte  de  la  religion  catholique,  apostolique  et  romaine  '. 

Avant  de  monter  sur  le  trône  impérial ,  ce  vrai  philosophe 
porta  successivement  la  série  des  lois  qui  restituèrent  au  culte 
les  débris  de  son  ancien  patrimoine. 

L'ancienne  collégiale  de  Tongres  recueillit  une  part  bien  minime 
de  ses  anciennes  dotations;  celles-ci,  composées  pour  la  majeure 
partie  de  prébendes  et  de  bénéfices,  se  trouvèrent  d'abord  sous  Ja 
main-mise  nationale  et  furent  vendus. 

La  collégiale,  rendue  au  culte,  devint  paroissiale  et  obtint,  en 
vertu  des  lois  de  restitution2,  ceux  des  biens  et  rentes  de  la  fabrique 
de  St. -Nicolas  non  encore  vendus ,  ni  découverts  par  les  admini- 
strateurs de  la  charité  publique. 

Cette  restitution  fut  un  grand  bien  ,  en  présence  du  dénûment 
infligé  au  culte.  Toutefois  les  biens  récupérés  étaient  grevés  de 
fondations  dont  les  frais  dépassaient  les  revenus.  Aussi  plus  tard 
la  cour  de  Piome  accorda-t-elle  une  réduction  commandée  par 
l'équité  et  les  besoins  du  culte  3. 

Depuis  lors  aucun  événement  ne  survint,  si  ce  n'est  que  le 
25  juillet  1809  la  foudre  incendia  la  flèche.  Le  dévouement  des 
habitants  en  arrêta  promptement  les  progrès  et  les  administrateurs, 
afin  d'éviter  le  renouvellement  de  semblables  accidents,  pourvurent 
la  tour  d'un  paratonnerre. 


1  Loi  du  18  germinal  an  X  ,  art.  1  ,  75. 

*  Arrêtés  des  26  juillet  et  20  décembre  1803. 

5  Bulle  du  18  juin  1825. 


A  CAapeUe  du  S.C.de  Jésus 

B        „  cUS.1 Joseph/. 

des''-  Lucie, 
de  SyJ)omuiique 
de  la  Vierge  da  douleurs. 
duS  t'  de  Marie/. 
de  S' Douât. 
de  S» Barbe. 
ded.'Jndré 
de  S?I7rilomène 
du  Baptistère/. 


. 


PLAN  DE  L'ÉGLISE  DE  NOTRE-DAME  À  TONGRES. 


—   217  — 

Deuxième  restauration  (1846-1866). 

VII. 

La  cathédrale  de  Tongres  avait  éprouvé  tant  de  désastres 
successifs,  la  mutilation  de  ce  beau  monument  avait  été  si  grande 
qu'il  était  en  quelque  sorte  impossible  que  le  conseil  de  fabrique  pût 
songer  à  une  restauration  complète. 

Les  moyens  dont  disposait  ce  collège  étaient  d'ailleurs  insuffisants 
et  les  libéralités  particulières  n'auraient  pu  faire  face  à  des  besoins 
toujours  renaissants.  La  ville,  également  éprouvée,  n'était  pas 
dans  une  meilleure  situation  et  ne  pouvait  remédier  par  ses  res- 
sources à  la  pénurie  dans  laquelle  se  trouvait  l'église. 

Déjà  en  1824-  des  tentatives  furent  faites  pour  obtenir  du 
gouvernement  une  coopération  efficace  à  la  restauration.  Un  devis 
qui  ne  s'élevait  qu'à  11,000  11. ,  soit  23,000  francs,  fut  soumis 
au  roi  des  Pays-Bas  sous  la  date  du  9  novembre  1824  ;  mais 
cette  démarche,  réitérée  à  la  fin  de  1825,  resta  stérile.  Cependant 
le  temple  était  dans  un  état  de  délabrement  complet,  car  depuis 
qu'une  main  sacrilège  avait  été  portée  sur  le  sanctuaire  et  avait  dissipé 
toutes  les  richesses  de  l'antique  collégiale,  celle-ci  était  restée  plus 
ou  moins  abandonnée  ;  les  travaux  les  plus  nécessaires  y  avaient 
à  peine  été  exécutés  et  cela  depuis  plus  d'un  quart  de  siècle. 
Cependant  restaurer  cette  antique  basilique  était  une  pensée  noble 
et  digne,  qui  certes  méritait  de  trouver  de  l'écho  dans  le  cœur  de 
Guillaume  Ier.  C'était  conserver  une  de  ces  pages  glorieuses  du  grand 
livre  de  notre  histoire,  écrites  en  caractères  de  pierre  :  c'était 
renouer  la  chaîne  mystérieuse  des  temps  et  des  souvenirs  ;  c'était 
à  la  fois  honorer  le  passé,  enrichir  le  présent  et  assurer  l'avenir  ; 
c'était  bien  mériter  de  la  patrie  que  de  léguer  à  nos  fils  le  monu- 
ment de  leurs  ancêtres. 

XXIX  XXII  I  i 


—  218  — 

Les  événements  politiques  de  1830  rendirent  la  Belgique  libre. 
Celte  situation  désirée  depuis  des  siècles  ,  réveilla  le  patriotisme 
et  avec  lui  les  souvenirs  des  brillantes  époques  de  l'histoire 
nationale. 

Nos  destinées  politiques  arrivèrent  aux  mains  d'hommes  d'élite, 
comprenant  le  rôle  que  les  provinces  belges  devaient  accomplir 
dans  la  société  européenne.  Il  était  donc  naturel  que  les  beaux-arts 
obtinssent  une  prompte  réhabilitation  ;  on  comprit  que  le  présent 
ne  devait  pas  être  indigne  du  passé  ,  qu'à  côté  de  ce  grand  déve- 
loppement industriel  qui  nous  étonne,  de  toutes  ces  merveilles  des 
arts  qui  nous  éblouissent,  se  trouvait  une  autre  force  plus  puissante 
qu'on  devait  instruire,  améliorer,  encourager  et  diriger  vers  le  bien 
et  le  beau  ;  on  comprit  qu'il  fallait  contrebalancer  la  force  de  ce 
matérialisme  envahissant  en  prenant  soin  de  l'intelligence,  de  la 
moralité ,  de  l'âme  enfin. 

Le  7  janvier  1835  le  gouvernement  institua,  sous  le  patro- 
nage du  Roi ,  un  comité  artistique  pour  la  conservation  et  la 
restauration  des  monuments  du  pays.  Cette  institution  fut  un 
bienfait  pour  la  Belgique;  les  hommes  appelés  à  former  cette 
commission  contribuèrent  puissamment  à  préserver  de  la  ruine 
les  monuments  les  plus  remarquables  de  la  patrie. 

Il  est  des  pays  qui  marquent  par  leur  étendue  territoriale  ou 
par  leur  force  militaire;  mais  il  a  été  donné  à  la  Belgique  de  se 
distinguer,  à  toutes  les  époques,  par  le  génie,  le  culte  du  beau 
et  la  civilisation  qui  en  découle.  Aussi,  depuis  sa  régénération  po- 
litique, a-t-elle  fait  des  progrès  immenses  et ,  malgré  l'exiguïté  de 
son  territoire,  elle  est  parvenue  à  se  placer  au  niveau  des  nations 
les  plus  civilisées. 

Le  conseil  de  fabrique,  nommé  en  1838  à  la  suite  d'un  conflit 
administratif,  n'obtint  la  gestion  des  affaires  que  vers  le  mois  de 
juin  1813. 


—  219  — 

Durant  ce  conflit,  l'ancien  conseil  avait  cédé  à  la  ville  un  ter- 
rain triangulaire  clos  de  murs  et  une  partie  des  bâtiments  connus 
sous  le  nom  d'anciennes  écoles  du  chapitre  *;  la  superficie  du  terrain 
cédé  était  de  275  mètres  carrés  et  faisait  partie  du  cloître  roman. 
La  ville  en  avait  fait  l'acquisition  afin  de  dégager  le  Palais  de  Jus- 
tice qu'elle  faisait  construire  ;  elle  s'était  engagée  d'ailleurs  à 
rétablir,  dans  le  style  de  l'édifice,  les  parties  découvertes  par  la 
démolition.  La  commission  des  monuments,  informée  de  cette  res- 
tauration députa  quatre  de  ses  membres  présidés  par  M.  le 
comte  Amédée  de  Beauflort. 

La  députation,  après  examen  et  discussion,  fixa  l'alignement  d'a- 
près lequel  la  façade  de  la  salle  capitulaire  devait  être  reconstruite 
et  M.  l'architecte  Roelands,  l'un  des  membres  de  la  commission  , 
fut  chargé  de  la  rédaction  du  plan  et  du  devis. 

Le  conseil  de  fabrique  qui  avait  tant  désiré  d'attirer  sur  l'église 
la  sollicitude  du  gouvernement ,  s'empressa  de  signaler  à  la  dépu- 
tation la  ruine  qui  menaçait  l'ancienne  cathédrale.  Il  n'eut  qu'à  se 
féliciter  du  résultat  de  cette  visite  officielle. 

La  députation  et  particulièrement  son  honorable  président  pro- 
mirent leur  appui  au  projet  de  restauration  complète.  M.  le  comlc 
de  Beauflort,  enlevé  trop  tôt  à  son  utile  mission  ,  donna  des  en- 
couragements et  de  précieux  conseils  afin  de  réaliser  cette  œuvre, 
dont  il  entrevoyait  la  possibilité  si  l'on  parvenait  à  réunir  le 
concours  de  la  commune  à  celui  de  la  province  et  des  habitants.  Le 
conseil  adressa  d'abord  au  Roi,  sous  la  date  du  6  octobre  1844, 
une  requête  dans  laquelle ,  tout  en  exposant  l'histoire  de  notre 
basilique  et  en  faisait  ressortir  son  importance  architectonique  , 
il  invoqua  en  sa  faveur  la  sollicitude  du  gouvernement. 

A  la  suite  de  cette  démarche,  M.  Joseph  Dumont ,  architccle- 
dessinateur  de  la  commission  des  monuments,  fut  chargé  de  rédiger 

'  Acte  reçu  par  M.  Lismont,  notaire,  le  W  septembre  1841. 


-    2.'20  — 

les  plans,  afin  que  le  gouvernement   pût   apprécier   l'importance 
artistique  du  monument. 

Peu  de  jours  après,  M.  Dumont  se  rendit  à  Tongres  pour 
réunir  les  éléments  de  son  travail.  Le  27  mars  184-5,  MM.  Suys, 
Bouiiat  et  Dugniolle,  délégués  par  la  commission,  vinrent  contrôler 
ces  études.  Le  plan  fut  rédigé  en  quatre  feuilles1;  l'architecte  y 
joignit  un  devis  qui  présumait  une  dépense  de  272,000  francs, 
échelonnée  sur  seize  années,  de  '1847  à  1862. 

Ces  documents,  après  avoir  été  soumis  h  l'inspection  du  public, 
reçurent  l'approbation  des  corps  administratifs  intéressés  à  l'œuvre. 

Un  arrêté  royal  du  19  juin  184-6  approuva  le  projet  de 
restauration  et  chargea  le  conseil  de  fabrique  de  l'exécuter  sons  la 
direction  de  la  commission  des  monuments. 

La  fabrique  délégua  deux  de  ses  membres  pour  solliciter  du 
département  de  la  justice  l'allocation  de  subsides  permanents  durant 
la  période  des  travaux.  De  son  côté  ,  le  conseil  communal  fixa  à 
2,000  francs  son  intervention  annuelle  dans  la  dépense. 

Le  0  juin  suivant  les  délégués  du  conseil  de  fabrique  ,  accompa- 
gnés des  sénateurs  Louis  comte  de  Renesse-Breidbach ,  Guillaume 
comte  d'Arscliot,  des  représentants  comte  Max  de  Renesse,  Simons 
et  Huveners,  fuient  reçus  en  audience  par  le  ministre  de  la  justice, 
M.  le  baron  d'Anethan ,  et  lui  exposèrent  l'objet  de  leur  mission. 
Grâce  à  l'appui  dévoué  de  ces  honorables  députés,  ce  haut  fonc- 
tionnaire promit  un  léger  subside  de  3,000  francs  sur  l'exercice 
en  cours. 

Afin  d'attirer  l'attention  des  hommes  de  goût  sur  l'antique  cathé- 


«  Os  quatre  feuilles  donnent  1°  le  plan  horizontal ,  2°  la  façade  principale,  3°  la 
façade  du  nord  ,  4°  le  choeur  et  le  transept.  Il  convient  de  compléter  ces  dessins  par 
Imii  antres,  savoir:  la  façade  sud,  le  plan  horizontal  à  la  hauteur  des  voûtes,  la 
coupe  longitudinale  de  toute  l'église  avec  la  tour ,  la  coupe  transversale  du  transept 
vers  le  chœur,  la  coupe  transversale  dans  les  nefs  vue  vers  la  tour,  la  coupe  du  fond 
des  cloîtres,  celles  des  chapelles  qui  se  trouvent  dans  les  cloîtres,  en  nue  feuille 
contenant  1rs  détails. 


—  221    — 

drale  deTongres,  le  conseil  décida  de  faire  graver  par  M.  L.  Wiener 
de  Bruxelles  une  médaille  commémorative  représentant  l'église  de 
Noire-Dame  de  ïongres  et  la  légende  abrégée  de  son    histoire  : 

Fondée  par  saint  Materne;  agrandie  par  saint  Servais; 
dévastée  parles  Huns;  rétablie  par  Oger  sous  Charlemagne,  799; 
consacrée  par  Léon  III ,  le  9  mai  804;  reconstruite,  1240; 
restaurée,  1846. 

A  l'ouverture  de  la  session  du  conseil  provincial  de  18-46, 
les  conseillers  Jaminé ,  Thys,  Hermans,  Gaters,  J.  Schaetzen  , 
de  Bellefroid  et  Rigo  recommandèrent  vivement  la  restauration  de 
l'église  de  Tongres  à  la  sollicitude  de  leurs  collègues  et  obtin- 
rent l'allocation  d'un  subside  annuel  de  2000  francs. 

La  première  annuité  fut  inscrite  au  budget  de  l'exercice  1847  , 
sous  la  rubrique  spéciale  :  subsides  pour  la  restauration  des 
monuments. 

Cette  décision  du  conseil  provincial  provoqua  un  arrêté  royal 
en  date  du  20  juillet  1846  qui  allouait  un  premier  subside  de 
3000  francs,  lequel  servit  au  payement  des  plans  et  devis. 

Un  concours  aussi  encourageant  dès  le  début  engagea  le  conseil 
à  redoubler  de  zèle.  Pour  assurer  l'approvisionnement  des  maté- 
riaux de  construction  dont  le  principal  élément  était  la  pierre 
blanche  de  Sichen ,  qui  avait  également  servi  lors  de  la  reconstruc- 
tion du  monument  au  XIIIe  siècle  * ,  le  conseil  députa  deux  de 
ses  membres,  MM.  Reinartz  et  Thys  accompagnés  de  deux  archi- 
tectes MM.  Dumont  et  Ivens,  pour  se  rendre  aux  carrières  de  Sibbe 
près  de  Fauquemont,  de  Sussen  et  de  Sichen.  Celles  de  Sibbe 
fournissent  des  blocs  de  la  plus  forte  dimension  ,  mais  la  matière 


1  V.  Archives  de  l'église,  n°  11  du  catalogue,  f°  20. 

Sous  le  rapport  du  coût,  la  pierre  de  France  exige  une  dépense  dix  fois  plus  élevée. 
Quant  à  la  pierre  de  Sichen,  dont  l'emploi  a  été  de  tout  temps  considérable,  il  importait 
seulement  de  bien  distinguer  les  carrières  et  de  choisir  le  produit  dont  le  grain  est.  le 
plus  fin  et  le  mieux  adhérent. 


ooo 


esl  très-grossière  et  poreuse;  elle  cède  trop  facilement  à  l'action  de 
l'air  et  de  l'eau,  surtout  dans  les  constructions  qui  présentent 
des  parties  saillantes.  Le  château  d'Oost,  construit  intégralement 
au  moyen  de  blocs  extraits  à  Sibbe ,  en  fournit  la  preuve  la  moins 
douteuse.  A  Sussen  ,  dans  les  grandes  carrières  du  Roosberg ,  la 
pierre,  quoique  plus  serrée  que  celle  de  Fauquemont,  est  cepen- 
dant trop  poreuse  et  trop  fragile  pour  les  ouvrages  ornementés.  A 
Sichen  les  extractions  donnent  des  blocs  d'une  dimension  beaucoup 
plus  petite,  mais  d'une  qualité  bien  supérieure.  La  pierre  présente 
un  grain  fin,  dur  et  serré;  la  matière  se  raffermit  au  contact 
de  l'air  et  devient  sonore. 

Pour  compléter  l'expertise,  des  échantillons  de  ces  diverses 
carrières  furent  apportés  à  Tongrcs  et  soumis  à  de  nouvelles 
investigations  qui  firent  donner  la  préférence  à  la  carrière  de 
Sichen  ,  connue  sous  la  dénomination  «  in  de  byl.  • 

Afin  de  ne  pas  se  trouver  à  la  merci  des  carriers ,  le  conseil 
acquit  des  terrains  dont  le  sous-sol  était  encore  intact  et  fit 
une  convention  avec  Henri  Box  pour  l'extraction  des  blocs  et 
leur  transport  au  pied  de  l'église,  à  raison  de  fr.  14-20  par 
mètre  cube. 

L'honorable  comte  de  Beauiïort ,  président  de  la  commission  des 
monuments,  se  rendit  avec  bienveillance  à  la  demande  du  conseil 
de  fabrique,  afin  de  régler  le  commencement  des  travaux.  Il 
présenta  comme  architecte-dirigeant  M.  Dumont ,  rédacteur  des 
plans,  et  comme  surveillant  des  travaux  M.  Maximilien  Genin  , 
employé  depuis  plusieurs  années  à  la  basilique  de  St. -Hubert. 

La  restauration  ne  pouvant  par  la  nature  même  des  travaux 
se  faire  que  par  régie,  il  fut  décidé  que  l'architecte  agirait  sous  le 
contrôle  de  la  commission  des  monuments  ;  que  les  ouvriers,  placés 
sous  la  surveillance  immédiate  du  conducteur,  seraient  payés  au 
bout  de  chaque  quinzaine  sur  un  bordereau  de  présence  journa- 
lière et  que  les  fournitures,  commandées  sur   les  indications    de 


—  223  — 

l'architecte ,  seraient  vérifiées  et  reçues  par  le  surveillant,  en 
présence  d'un  ou  de  deux  membres  de  la  fabrique. 

Les  travaux  commencés  le  23  août  1846  furent  rudes  et 
pénibles  ;  les  faibles  ressources  se  trouvèrent  bientôt  épuisées  tant 
par  le  prix  des  divers  plans  que  par  l'acquisition  des  matériaux 
et  surtout  par  l'établissement  d'un  échafaudage  au  haut  de  la  tour. 
Pour  comble  de  malheur,  un  accident  déplorable  faillit  tout  compro- 
mettre f,  mais  le  courage  et  la  persévérance  triomphèrent  de  ces 
obstacles;  l'honneur  de  la  religion  et  la  gloire  du  pays  le  deman- 
daient, le  peuple  des  fidèles  le  réclamait. 

Au  printemps  suivant  le  conseil  de  fabrique  fit  examiner  de 
près  l'état  de  la  tour.  On  découvrit  que  cette  construction  colossale, 
bâtie  en  arcades  superposées,  avait  considérablement  souffert. 
Depuis  sa  reconstruction  au  XVe  siècle ,  on  n'y  avait  fait  que  des 
réparations  plus  ou  moins  heureuses  et  depuis  l'incendie  de  1677 
elle  n'avait  plus  été  restaurée  ni  dans  sa  base  ni  dans  ses  massifs. 
Après  chaque  sinistre  on  avait  réparé  les  dégâts  les  plus  saillants. 
Les  couvertures  restèrent  souvent  et  longtemps  en  souffrance;  aussi 
l'infiltration  des  eaux  avait  si  notablement  dégradé  les  massifs  que 
partout  la  maçonnerie  était  lézardée.  Par  suite  d'écrasements  et  d'in- 
clinaisons, la  stabilité  de  tout  le  système  se  trouvait  gravement  com- 
promise. Les  fondations,  assises  sur  un  banc  de  sable,  n'avaient 
aucun  ouvrage  de  renforcement  dans  le  vaste  creux  qui  en  séparait 

1  Ce  vaste  échafaudage  était  sur  le  point  d'être  entièrement  terminé  lorsque  le 
17  décembre  une  planche,  échappée  des  mains  raidies  d'un  ouvrier,  alla  s'abattre  contre 
l'hôtel  de  ville  et  atteignit  malheureusement  M.  Pierre  Joseph  Ghinéau  ;  gravement  blessé 
à  la  tête ,  le  patient  fut  transporté  dans  une  des  salles  de  la  maison  communale. 
Quatre  jours  après,  la  victime  de  cet  accident  fatal  succomba  au  milieu  des  regrets 
unanimes  de  tous  ses  concitoyens.  Ce  déplorable  événement  arrêta  les  travaux  à  l'exté- 
rieur de  la  tour. 

La  visite  minutieuse  de  l'échafaudage  fit  constater  que  les  intempéries  survenues 
subitement  avaient  seules  donné  lieu  à  ce  malheur  Après  un  échange  d'explications  les 
travaux  furent  repris  à  l'extérieur,  le  17  avril  1847,  après  que  l'autorité  locale,  à  la 
sollicitation  de  l'architecte ,  eût  défendu  le  passage  et  le  stationnement  près  de  l'édifice 
en  réparai  ion. 


o;2  4    — 

les  jambages.  Les  habitations  adossées  aux  contreforts  formaient  une 
autre  cause  de  détérioration  par  leurs  caves ,  par  l'abus  des 
eaux  pluviales  et  ménagères ,  par  des  empiétements  et  des  exca- 
vations. 

Après  le  désastre  de  1 077  pendant  lequel  les  maçonneries 
avaient  été  calcinées ,  l'assise  des  cloches  avait  été  rétablie  si  mal- 
heureusement que  toute  sonnerie  à  laquelle  participait  le  grand 
bourdon  imprimait  aux  murs  un  mouvement  désordonné  et  dange- 
reux. Enfin  pour  l'amélioration  de  la  voirie,  le  sol  extérieur  avait 
été  considérablement  abaissé  et  avait  mis  à  nu  une  partie  des  fon- 
dations déjà  en  souffrance. 

En  présence  d'un  tel  délabrement,  il  ne  fut  pas  difficile  de 
comprendre  que  le  devis  estimatif  ne  répondrait  point  à  la  dépense 
réelle.  Il  fallait  nécessairement  avant  tout  consolider  les  massifs , 
reprendre  et  fortifier  les  fondations,  relier  les  murs  crevassés  dans 
leurs  noyaux ,  simplifier  l'assise  et  le  jeu  des  cloches ,  solidifier 
la  base  de  la  tour  par  une  maçonnerie  intérieure  élevée  assez  haut 
pour  supporter  le  poids  des  cloches  et  prévenir  ainsi  tout  mouve- 
ment irrégulier.  Il  était  donc  évident  que  les  évaluations  faites  en 
1845  seraient  insuffisantes  et  que  la  période  assignée  aux  tra- 
vaux serait  dépassée,  car  les  ressources  annuelles  étaient  limitées. 
On  jugea  donc  prudent  de  signaler  cette  situation  à  la  commission 
des  monuments  et  de  provoquer  la  visite  des  lieux. 

Le  21  mars  184-8  ,  MM.  Suys,  Partoes ,  Roget  et  Dugniolle 
se  rendirent  à  Tongres.  Après  un  examen  minutieux  de  l'église,  ils 
approuvèrent  les  ouvrages  déjà  exécutés  et  prescrivirent  ceux  que 
l'état  de  la  tour  réclamait.  Les  délégués  n'hésitèrent  pas  à  recon- 
naître les  dangers  qu'offraient  les  travaux. 

On  continua  la  reprise  des  fondations  qui  furent  notablement 
renforcées  par  une  nouvelle  maçonnerie  élevée  jusqu'à  la  naissance 
des  anciennes  galeries  détruites  par  l'incendie.  En  terminant 
les  pieds  droits  de  la  tour  par  une  voûte,   on  solidifia  considéra- 


—  225  — 

blemcnt  la  base  de  l'édifice,  et  l'aspect  du  porche  devint  plus  agréa- 
ble. Au-dessus  de  cette  voûte  toutes  les  parois  furent  solidement 
reliées  par  des  tirants  dont  l'architecte  Dumont  avait  indiqué  la 
combinaison.  L'assise  de  la  sonnerie  devait  ensuite  être  modifiée 
de  manière  que  le  poids  et  le  mouvement  portassent  sur  la  nou- 
velle maçonnerie  de  renforcement,  après  avoir  étage  les  cloches  en 
raison  de  leur  poids  et  simplifié  leur  jeu. 

Pendant  que  ces  travaux  extraordinaires  s'exécutaient ,  la  façade 
principale  de  la  tour  se  trouva  restaurée  au  printemps  de  1849; 
la  galerie  centrale  rétablie  avait  reçu  la  statue  delà  patronne,  copiée 
par  le  sculpteur  Puyenbroeck  de  Bruxelles  sur  celle  qui  depuis  un 
temps  immémorial  existait  sur  l'autel  de  la  Vierge.  On  résolut  qu'en 
commémoration  de  la  reconstruction  de  1240  ,  cette  façade  et  la 
statue  seraient  solennellement  bénites  le  31  mai,  après  une  messe 
exécutée  par  des  chanteurs  pyrénéens.  Cette  cérémonie,  à  laquelle 
présida  le  curé-doyen  délégué  par  l'évèque ,  se  fit  au  milieu  d'un 
grand  concours  d'habitants  ;  la  société  d'harmonie ,  toujours  dé- 
vouée et  prête  à  relever  par  sa  présence  l'éclat  de  nos  fêtes  , 
exécuta  ses  plus  beaux  morceaux  de  musique  dans  la  galerie 
reconstruite. 

Les  travaux  de  consolidation  et  ceux  de  restauration  aux  façades 
latérales  furent  continués  avec  activité.  Plus  d'une  fois  le  conduc- 
teur, M.  Genin,  fit  preuve  de  courage  et  d'un  rare  dévouement  dans 
l'accomplissement  de  ses  devoirs.  Animant  les  ouvriers  par  l'ex- 
emple, il  était  constamment  le  premier  à  entamer  les  ouvrages 
quand  le  danger  faisait  reculer  ses  compagnons.  Sur  la  proposition 
de  son  chef,  le  conseil  de  fabrique  sollicita  du  gouvernement  pour 
M.  Genin  la  décoration  des  travailleurs.  Celle  distinction  bien 
méritée  lui  fut  décernée  par  arrêté  royal  du  15  juin  1851. 

Dans  le  cours  de  cette  année ,  on  se  vit  dans  la  nécessité 
d'exproprier  ,  pour  cause  d'utilité  publique,  l'une  des  habitations 
adossées  à  la  tour  »;   l'imp.ort  de  celle  démolition  n'avait  pas  élé 


-    22G   — 

porté  au  devis  ;  d'autre  pari  les  travaux  imprévus  augmentaient 
constamment.  On  jugea  donc  à  propos  d'en  référer  au  gouvernement 
et  de  solliciter  une  augmentation  de  subside.  Cette  démarche  que 
les  circonstances  justifiaient  d'ailleurs  fut  bien  accueillie.  L'hono- 
rable ministre  de  la  justice  iixa  l'allocation  annuelle  à  12,000  fr. 

En  fouillant  le  sol  de  la  tour,  du  côté  nord  ,  pour  y  con- 
tinuer le  soubassement  et  le  trottoir  ,  le  hasard  fit  découvrir 
le  16  avril  1852  d'abord  environ  300  boulets  en  pierre  calcaire 
de  tout  calibre,  dont  quelques  échantillons  se  trouvent  au  musée 
national  ;  ensuite  une  fuite  d'eau  dans  le  conduit  qui  alimente  la 
fontaine  publique.  Jusqu'à  deux  mètres  de  profondeur  les  fondations 
étaient  entamées  et  le  terrain  joignant  entièrement  détrempé. 

A  mesure  que  l'avancement  des  restaurations  le  permit  ,  on 
plaça  les  grandes  portes  d'entrée  au  bas  de  la  tour  ;  elles  sont 
l'œuvre  des  frères  De  Keyn  de  St.-Jossc-ten-Noode  ;  ensuite  le 
pied  de  la  tour  fut  protégé  par  un  grillage  en  fer  avec  candélabres 
exécuté  par  Ch.-Ed.  iMarneffe,  fondeur  à  Liège,  sur  les  dessins 
de  l'architecte  Dumont. 

Après  sept  campagnes  consécutives ,  la  tour  se  trouva  restaurée 
dans  son  ensemble  ;  le  devis  avait  été  notablement  dépassé.  Aussi, 
sur  huit  comptes,  de  1847  à  1855,  soumis  à  l'approbation  du 
gouvernement ,  sept  avaient  été  clos  par  un  excédant  de  dépense 
qui  s'était  élevé  pour  1818  à  fr.  5,728,  pour  1851  à  fr.  3,747, 
et  pour  185i  à  fr.  3,223;  un  seul,  celui  de  1850,  présentait 
un  boni  de  fr.  251-50. 

A  la  demande  du  conseil  de  fabrique,  la  commission  des  monu- 
ments délégua  MM.  Remont,  Roget  et  Dugniolle  pour  inspecter 
les  travaux.  La  vérification  (Mit  lieu  le  7  avril  1853  et  valut  à 
l'architecte  des  félicitations  sur  la  réussite  de  ces  importantes  et 
difficiles  réparations.    Les  délégués  arrêtèrent  la  série  des  travaux 

1  L'expropriation  de  la  maisonelle  coûta,  \  compris  les  frais  d'instances,   8094  Fr 


—  227  — 

à  entreprendre  après  l'entier  achèvement  de  ceux  qui  étaient  encore 
en  voie  d'exécution. 

Il  fut  convenu  que  tous  les  cheneaux  seraient  en  cuivre  rouge  ; 
que  les  soubassements  et  le  trottoir,  qui  garantissaient  déjà 
le  bas  de  la  tour ,  seraient  continués  autour  de  l'église  ;  que  la 
sacristie  du  côté  sud  serait  reconstruite  dans  le  style  gothique  ; 
enfin  qu'on  restaurerait  intérieurement  et  extérieurement  les  nefs 
et  les  chapelles  latérales. 

Dans  cette  conférence  fut  discutée  aussi  la  reconstruction  de  la 
flèche.  La  députation  émit  l'avis  que  le  campanille  existant  ne  pou- 
vait être  conservé,  qu'il  présentait  une  construction  bâtarde  et  que, 
très-disloqué  d'ailleurs,  il  devait  être  reconstruit  en  pierre  dure 
de  France  ou  de  Rocheforl,  afin  de  protéger  la  tour  contre  le  feu 
du  ciel. 

Cet  avis  reçut  l'adhésion  du  conseil  qui  proposa  d'établir  dans 
la  tour  des  réservoirs  destinés  à  retenir  les  eaux  pluviales ,  afin 
d'avoir  toujours  un  premier  moyen  de  sauvetage  en  cas  d'incendie. 
La  députation  accueillit  cette  idée  et  chargea  l'architecte  de  pré- 
senter un  plan  en  harmonie  avec  la  construction  générale  et 
comportant  les  garanties  indiquées. 

Toutefois,  en  présence  des  nombreux  dégâts  imprévus,  la 
reconstruction  de  la  flèche,  bien  qu'indispensable  comme  complé- 
ment du  projet,  fut  remise  jusqu'après  la  restauration  du  chœur. 

On  suivit  ponctuellement  les  instructions  données  par  la  com- 
mission des  monuments  ;  les  massifs  dégradés  ou  lézardés  furent 
soigneusement  réparés.  Ces  ouvrages  et  ceux  de  restauration  pro- 
prement dits  aux  deux  basses  nefs  absorbèrent  plusieurs  campagnes. 

En  1858,  les  façades  latérales  se  trouvant  réparées  extérieure- 
ment et  intérieurement,  de  même  que  les  chapelles,  le  conseil  de 
fabrique  demanda  à  la  commission  des  monuments  une  nou- 
velle visile  des  travaux  ,  car  il  s'agissait  d'après  l'architecte 
d'entamer  la  restauration  des  portails  ;  celui  du  côté  méridional  se 


—  228  — 

trouvait  enclavé  dans  le  prolongement  du  cloître  et  il  désirait 
voir  ce  monument  dégagé.  D'autres  études  occupaient  en  ce  mo- 
ment la  commission  qui  fut  forcée  de  différer  sa  visite,  d'autant 
plus  désirée  qu'un  incident  sérieux  menaçait  d'interrompre  les 
travaux. 

Le  conseil  de  fabrique  apprit,  au  commencement  de  1858,  que 
le  crédit  pour  les  monuments  était  épuisé  ;  que  l'église  de  Tongres 
avait  été  provisoirement  rayée  du  tableau  des  allocations  et  ne  rece- 
vrait plus  qu'un  seul  et  dernier  subside  de  GOOO  francs  sur  l'exercice 
1859.  Cette  nouvelle  fut  reçue  avec  d'autant  plus  de  surprise 
que  le  gouvernement  avait  été  prévenu  à  temps  que  le  devis 
n'était  point  en  rapport  avec  les  grandes  dégradations  successi- 
vement découvertes  et  que  depuis  1845,  époque  à  laquelle  le  devis 
avait  été  rédigé,  la  main-d'œuvre  et  les  matériaux  avaient  aug- 
menté considérablement  de  prix.  D'autre  part,  d'après  ce  devis  même, 
l'Etat  n'avait  pas  encore  fourni  le  contingent  promis  et  il  résultait  de 
l'instruction  faite  en  1846  que  la  restauration,  échelonnée  sur 
seize  années,  serait  subsidiée  par  l'Etat  durant  toute  cette  période. 

La  situation  était  critique  et  difficile  ;  cependant  il  eut  été  trop 
pénible  de  voir  cesser  ou  môme  chômer  des  travaux  aussi  utiles 
qu'urgents.  Fort  de  l'appui  bienveillant  de  tous  les  corps  admi- 
nistratifs ,  de  celui  de  nos  députés  et  surtout  du  dévouement 
soutenu  des  Tongrois  à  leur  monument,  le  conseil  réclama  du 
département  de  la  justice,  sous  la  date  du  25  mai  1858,  la  con- 
tinuation du  subside  promis. 

Une  longue  correspondance  s'engagea  afin  d'établir  que  la 
fabrique  d'église,  très-limitée  dans  ses  ressources ,  avait  voté  en 
1846  tout  ce  dont  elle  pouvait  disposer;  que  depuis,  les  progrès 
de  l'agriculture  avaient  amené  par  l'augmentation  de  la  valeur 
locative  une  meilleure  situation ,  et  qu'en  doublant  son  allocation 
primitive,  clic  s'imposait  un  sacrifice  que  la  moindre  éventualité 
pouvait  rendre  trop  onéreux  pour  le  service  du  culte;  que  la  plus 


—  229  — 

forte  partie  des  revenus  de  l'église  se  trouvait  affectée  à  des  fonda- 
tions dont  l'exonération  était  d'autant  plus  obligatoire  que  déjà, 
en  1824-,  on  avait  dû  solliciter  de  la  cour  de  Rome  une  notable 
réduction  sur  le  nombre  des  obits  et  des  messes  *. 

Entretemps,  la  restauration  perdit  son  habile  architecte;  la 
mort  enleva  le  19  mars  1859,  après  une  courte  maladie, 
M.  Joseph  Dumont,  auteur  des  plans  et  qui  pendant  douze  années 
avait  dirigé  les  travaux  avec  autant  d'intelligence  que  de  dévoue- 
ment. 

A  la  demande  de  la  commission  des  monuments,  le  conseil 
remplaça  M.  Dumont  par  son  ancien  élève  ,  M.  l'architecte 
Schoonejans. 

Le  8  juillet  1859,  une  députation  composée  de  MM.  Partoes , 
De  Man  et  Jules  Dugniolle,  vint  installer  le  nouvel  architecte  et 
examiner  avec  lui  toutes  les  constructions  terminées  ou  en  voie 
d'exécution.  Elle  lui  donna  des  instructions,  résumées  dans  un 
rapport  adressé  à  M.  le  ministre  de  la  justice  le  18  février  1860. 

Ce  rapport  avait  surtout  le  mérite  de  faire  ressortir  l'urgence 
de  continuer  la  restauration,  si  l'on  ne  voulait  bientôt  se  trouver 
devant  des  ruines.  La  députation  ,  après  avoir  constaté  la  parfaite 
exécution  des  travaux  terminés  et  le  zèle  intelligent  avec  lequel  le 
conseil  de  fabrique  s'acquittait  de  sa  mission,  était  persuadée  que 
l'État  devait  continuer  et  continuerait  son  intervention  financière. 
Elle  chargea  l'architecte  de  dresser  le  plan  du  rétablissement  du 
portail  touchant  à  l'ancienne  salle  capUulaire  et  celui  de  la  recon- 
struction de  la  façade  de  ce  dernier  bâtiment.  L'exécution  en  fut 
différée  jusqu'après  la  restauration  du  chœur  et  des  transepts.  De 
son  côté  le  conseil  continuait  ses  démarches  pour  le  maintien  du 
subside,  lorsque  le  14  septembre  1859  une  circonstance  heureuse 
amena  à  Tongres  M.  Charles  Rogier,  ministre  de  l'intérieur;  eelui- 

1  BuUe  papale  en  date  du  18  juin  18*25  (aux  archives). 


—  230  — 

ci  accepta  gracieusement  l'invitation  que  lui  lit  le  conseil  de  visiter 
l'un  des  plus  beaux  monuments  du  pays.  11  était  accompagné  du 
gouverneur  de  la  province,  du  bourgmestre  de  la  ville,  du  com- 
missaire de  district,  des  sénateurs  et  représentants  de  l'arrondis- 
sement et  de  M.  le  comte  Vander  Straten-Ponthoz,  grand  maréchal 
de  la  cour.  L'honorable  ministre  examina  le  monument  et  son  trésor 
avec  le  plus  vif  intérêt;  il  admira  ces  nobles  vestiges  d'une  époque 
glorieuse,  constata  l'importance  qu'avait  eue  l'antique  cité  de 
Tongres  et  promit  de  recommander  l'œuvre  si  intéressante  de  la 
restauration  à  son  collègue  M.  le  ministre  de  la  justice. 

Tant  d'efforts  réunis  pour  défendre  une  cause  aussi  juste  de- 
vaient faire  espérer  un  bon  résultat.  11  se  réalisa  par  l'intelligente 
persistance  de  MM.  de  Renesse  et  Julliot  qui ,  dans  les  discus- 
sions à  la  Chambre,  firent  ressortir  l'obligation  pour  la  Belgique 
de  conserver  ses  monuments.  M.  Max  de  Renesse  exposa  les 
grandes  phases  historiques  de  la  cité  et  de  l'antique  cathédrale  de 
Tongres  ;  la  longue  série  de  malheurs  qui  avaient  pesé  sur  elle 
jusqu'au  XVIIIe  siècle,  et  proposa  d'augmenter  l'allocation  pour  la 
restauration  des  édifices  monumentaux,  afin  que  celui  de  Tongres 
pût  être  entièrement  réparé  '.  Celte  proposition  fut  adoptée  et  ces 
infatigables  protecteurs  firent  connaître  au  conseil  l'heureux  succès 
qui  venait  de  couronner  leurs  constants  efforts. 

Sous  la  date  du  17  avril  18G0,  le  département  de  la  justice 
informa  officiellement  le  conseil  que  le  subside  annuel  de  12,000 
francs  serait  continué  pendant  six  années  à  compter  de  l'exercice 
18G0.  Les  travaux  de  restauration  furent  poussés  avec  entrain  ; 
la  réparation  de  l'abside,  cette  partie  de  l'édifice  qui  avait  tant 
souffert  par  l'incendie  de  1G77  et  dont,  à  cause  de  la  détresse, 
on  avait  été  obligé  de  suspendre  la  voûte  à  la  charpente  de  la 
toiture,  fut  commencée  au  mois  de  mai   1800.    Quatre  immenses 

'  Annales  parlent    1856-1863,  pp.   1 34-1 36. 


—  231  — 

tableaux  exécutés  par  le  peintre  Juppin  de  Namur  et  représentant 
la  mission  de  saint  Materne  dans  la  Tongrie  couvraient  depuis 
1722  les  larges  parements  du  chœur.  Quand  on  les  enleva  ,  la 
détérioration  la  plus  effrayante  fut  mise  à  découvert.  Les  murs  pres- 
qu'entièrement  calcinés  s'étaient  détachés  de  ceux  du  transept  ; 
ils  n'offraient  plus  aucune  résistance  et  tombaient  par  fragments 
sous  la  main  des  ouvriers.  Les  colonneltes  du  triforium  avaient 
considérablement  dévié  de  leurs  assises. 

Les  piliers  supportant  la  retombée  de  l'arc  majeur  étaient  brûlés 
dans  leur  sommet ,  mutilés  dans  leur  base  et  menaçaient  d'entraîner 
dans  leur  chute  une  partie  de  la  voûte  du  transept  ;  la  voûte 
elle-même  était  fendue  en  plusieurs  endroits,  les  pierres  de  taille 
formant  l'entablement  du  triforium  étaient  rompues  ,  et  le  gros 
mur  avait  une  soufflure  de  plus  de  60  centimètres  ;  en  un  mot 
on  constata  avec  effroi  que  tout  le  chœur  était  ruiné.  Heureu- 
sement les  contreforts  «extérieurs  avaient  déjà  été  réparés  et 
solidifiés  ;  les  deux  sacristies  latérales  étaient  restaurées  et  venaient 
offrir  un  utile  appui. 

Après  avoir  pris  les  précautions  les  plus  indispensables,  le  conseil 
manda  l'architecte  et  sollicita  d'urgence  une  visite  des  lieux  par  la 
commission  des  monuments.  Celle-ci  députa  le  6  août  1861 
MM.  Balat,  De  Gurte  et  Dugniolle  présidés  par  M.  le  comte 
de  t'  Serclaes,  gouverneur  de  la  province.  La  députation,  à  la  vue 
de  cette  situation  grave  et  inattendue  ordonna  la  construction 
immédiate  d'un  solide  étrésillonnement  dont  le  plan  devait  être  le 
plus  tôt  possible  soumis  à  son  approbation.  Elle  ordonna  en  outre 
de  stater  tous  les  autres  travaux,  afin  d'appliquer  les  ressources 
dont  on  disposait  à  la  consolidation  du  chœur. 

Le  projet  d'étrésillonnement ,  approuvé  le  29  octobre ,  fut 
exécuté  immédiatement.  La  fabrique  se  vit  encore  une  fois  en 
présence  d'une  dépense  imprévue  et  devant  une  prolongation  des 
travaux  ,  mais  il  n'était  pas  permis  d'hésiter  devant  cette 
impérieuse  nécessité. 


—  232  — 

On  mit  la  main  à  l'œuvre  ;  la  reconstruction  des  colonnes  de  la 
voûte  et  du  gros  mur  latéral,  l'ouverture  de  deux  fenêtres  bou- 
chées, le  rétablissement  des  arcades,  des  meneaux,  des  colonnettes, 
des  chapiteaux,  des  tores  et  des  autres  ornements  du  chœur  occu- 
pèrent les  ouvriers  pendant  trois  campagnes;  mais  tout  s'exécuta 
sans  encombre  et  surtout  sans  accident.  Ce  résultat,  la  commission 
royale  n'avait  pas  osé  l'espérer.  En  faisant  disparaître  l'ignoble 
badigeon  qui  couvrait  les  paremenls  du  chœur,  on  découvrit  d'an- 
ciennes peintures  murales  que  le  24-  juin  1862  la  députation,  ac- 
compagnée de  MM.  Piot,  Geefs ,  Simonis  ,  Schuermans,  Perreau 
et  Driesen,  inspecta  avec  la  plus  grande  attention. 

Après  discussion  ,  il  fut  admis  qu'elles  appartenaient  à  la  fin  du 
XVe  ou  au  commencement  du  XVIe  siècle. 

Voici  le  sujet  de  ces  peintures  à  l'encaustique. 

Au  plan  droit  on  voyait,  en  grandeur  naturelle  ,  Jésus-Christ 
suivi  de  ses  apôtres ,  d'après  l'ordre  indiqué  par  la  Bible  ;  au  plan 
opposé  la  sainte  Vierge ,  saint  Joseph  et  les  petits  prophètes.  Au- 
dessus  de  chaque  figure  placée  dans  une  niche  trilobée  ,  se  trouvait 
une  série  de  médaillons  quadrilobés  représentant  d'un  côté  les 
différentes  phases  de  la  création  ,  de  l'autre  celles  de  la  Passion. 
On  décida  de  faire  calquer  ces  peintures  par  le  peintre 
d'histoire  Vander  Plaetzen  de  Gand  ;  elles  avaient  été  gravement 
endommagées  par  le  badigeon  qui  les  recouvrait  et  d'ailleurs  le 
mauvais  état  des  murs  empêchait  leur  conservation. 

Au  fond  de  l'abside  se  trouvaient  trois  vitraux  du  XVIe  siècle. 
Ceux  du  milieu  représentaient  le  calvaire;  ceux  de  droite,  la  sainte 
Vierge  ,  saint  Materne  et  saint  Servais;  celui  de  gauche,  les 
docteurs  de  l'Église. 

On  agita  le  point  de  savoir  s'il  fallait  les  conserver  ou  en 
faire  exécuter  d'autres  ,  conformes  au  style  de  l'église.  Ce  dernier 
parti  fut  généralement  goûté.  Ou  jugea  même  opportun  d'orner 
toul  le  chœur  de  verrières  en  style  ogival. 


—  233  — 

Mais  la  question  financière  ne  pouvait  être  perdue  de  vue. 
Chaque  nouveau  vitrail  devait  coûter  6000  francs,  et  déjà  Ton 
ne  pouvait  restaurer  l'édifice  lui-même  que  pas  à  pas  et  en  propor- 
tion des  subsides  assurés  seulement  pour  une  période  limitée. 

Il  n'appartenait  pas  au  conseil  d'engager  l'église  dans  une  grande 
dépense  ,  alors  que ,  par  suite  de  décès ,  le  concours  si  utile  des 
habitants  avait  subi  une  diminution  assez  notable.  Il  fut  en  consé- 
quence décidé  que  provisoirement,  sous  la  direction  de  M.  Constant 
Claes  peintre  et  membre  du  conseil ,  on  ferait  restaurer,  par 
M.  J.-L.  Vandenpoorten ,  les  vitraux  existants. 

Pendant  la  restauration  du  chœur,  la  commission  des  monuments, 
prévoyant  l'insuffisance  du  devis  que  cependant  M.  Dumont  avait 
majoré  de  frs.  60,000,  chargea  l'architecte  Schoonejans  de  lui 
présenter  un  aperçu  de  tous  les  travaux  qui  devaient  compléter  la 
restauration  de  l'église.  Celui-ci  rédigea  un  état  détaillé  s'élevant 
à  176,000  frs.,  dont  il  échelonna  la  dépense  sur  huit  années  :  de 
1802  à  1870.  Ce  devis  supplémentaire  portait  la  dépense  totale  à 
frs.  486,328.03,  chiffre  que  le  gouvernement  admit  et  inscrivit 
au  tableau  officiel  annexé  au  budget  du  département  de  la  justice. 

Le  conseil  se  trouvait  donc  encore  une  fois  devant  une  situation 
difficile  qu'il  s'efforça  de  surmonter  en  faisant  entrevoir  au  gou- 
vernement que  son  concours  devrait  être  continué ,  afin  d'achever 
l'œuvre  commencée;  que  d'ailleurs,  plus  tard,  les  moyens  financiers 
de  la  fabrique  se  trouveraient  engagés  pour  longtemps  par  l'acqui- 
sition d'un  ameublement  en  harmonie  avec  l'édifice. 

Celte  espèce  de  prédiction  venait  d'être  faite  lorsque  le  hasard  la 
traduisit  en  action  ;  le  conseil  saisit  avec  empressement  l'occasion 
unique  qui  s'offrit  à  lui  pour  poser  le  premier  jalon  de  l'ameuble- 
ment futur  de  l'église. 

M.François  Malfait,  sculpteur  à  Bruxelles,  possédait  un  retable 
sculpté    en    bois    de    chêne ,    provenant   de   l'église  de  Venray. 
En   1830,   alors  que  les  finances  de  cette   église  se   trouvaient 
x\i\  xxn  '5 


—   234  — 

dans  le  plus  triste  état,  un  prince  russe  du  nom  de  SoltikotT, 
grand  amateur  des  beaux-arts ,  acquit  le  retable  passablement 
endommagé. 

Il  passa  ensuite  entre  les  mains  de  M.  Malfait  qui ,  après 
l'avoir  restauré,  le  montra  aux  artistes  et  à  la  commission  des 
monuments. 

Ce  collège  s'empressa  d'attirer  l'attention  du  gouvernement 
sur  un  meuble  si  précieux  au  point  de  vue  de  l'art,  afin  qu'il 
n'échappât  point  à  la  patrie.  Pendant  que  l'église  de  N.-D.  du 
Sablon  à  Bruxelles  et  d'autres  essayaient  de  traiter  avec  le  posses- 
seur, le  conseil  de  fabrique  de  Tongres  chargea  son  président 
d'aller  à  Bruxelles  pour  examiner  ce  retable.  Renseigné  de  la 
manière  la  plus  certaine  sur  le  mérite  de  l'objet  et  sur  sa  convenance 
toute  particulière  pour  notre  église,  celui-ci  engagea  vivement  ses 
collègues  à  voir  par  eux-mêmes  cette  remarquable  sculpture. 

Cet  avis  fut  suivi.  Tous  les  membres  du  conseil,  d'accord  avec 
les  habitants  auxquels  la  photographie  de  l'objet  avait  été  commu- 
niquée, exprimèrent  l'idée  que  l'on  ne  pouvait  laisser  échapper 
une  occasion  aussi  favorable  d'acquérir  un  autel  conforme  à  la 
dédicace  de  l'église.  A  la  suite  de  démarches  soutenues,  appuyées 
par  notre  honorable  gouverneur  et  par  nos  députés ,  l'État  inter- 
vint pour  plus  d'un  tiers  dans  le  prix  d'acquisition.  La  ville  et  la 
province  votèrent  un  subside  combiné  de  1500  frs.;  ainsi  Tongres 
obtint  pour  12,000  frs.  un  magnifique  autel  en  harmonie  avec 
le  style  général  de  son  église. 

Durant  cette  intéressante  négociation,  les  travaux  du  chœur 
avaient  été  poursuivis  avec  activité  ;  M.  le  Gouverneur  comte  de 
t'  Serclaes,  accompagné  de  M.  le  greffier  provincial,  vint  les  visiter 
le  27  avril  1863. 

Le  15  juin  suivant,  M.  le  baron  de  Roisin  membre  de  la 
commission  des  monuments ,  accompagné  de  MM.  Schoonejans  et 
Van  Ysendyck  architectes,  se  livra  à  un  examen  approfondi  du 


—  235  — 

monument  ;  dans  l'intérêt  de  l'art  il  en  fit  même  dessiner  plusieurs 
parties. 

Pendant  la  campagne  de  180i,  le  chœur  se  trouva  consolidé 
dans  ses  parties  principales.  L'hiver  fut  employé  à  des  travaux 
intérieurs,  tels  que  la  restauration  des  voûtes  des  basses  nefs  et  le 
rétablissement  des  ornements  du  collatéral  gauche.  Le  conseil, 
d'accord  avec  la  commission  des  monuments ,  avisa  aux  moyens  de 
vendre  aussi  avantageusement  que  possible  l'ancien  maître-autel 
en  marbre,  placé  en  1732.  Ce  déplacement  était  exigé  afin  qu'on 
pût  refaire  les  sculptures,  relever  l'entablement,  y  placer  le  nouvel 
autel ,  réparer  le  dallage  et  remettre  les  verrières  restaurées. 
Enfin ,  grâce  à  l'intervention  de  la  commission  des  momuments , 
l'ancien  autel  fut  acquis  par  le  conseil  de  l'église  primaire 
d'Andenne  pour  4,500  frs.,  sous  la  condition  expresse  que  la 
démolition ,  l'enlèvement  et  le  transport  des  pièces  de  marbre  se 
feraient  aux  frais,  risques  et  périls  de  l'acquéreur.  Cette  opération 
fut  exécutée  sans  accident ,  au  mois  de  juin  1865. 

La  restauration  du  temple  n'avait  pas  été  ralentie;  en  attendant 
l'approbation  du  plan  spécial  au  portail  du  transept  méridional  et 
à  la  façade  de  la  salle  capitulaire,  on  restaura  une  partie  des  murs 
du  cloître  vers  le  nord.  Là  encore  on  rencontra  un  délabrement 
bien  plus  considérable  qu'on  ne  l'avait  supposé  ;  l'absence  de  solides 
réparations  et  l'infiltration  des  eaux  avaient  agi  jusque  dans  les 
fondations  *. 

L'année  1865  fut  marquée  par  des  incidents  inattendus  et 
regrettables  :  le  9  mars,  M.  l'architecte  Léopold  Schoonejans, 
qui  avait  fait  preuve  de  beaucoup  d'énergie  pendant  sa  trop  courte 
direction,  fut  enlevé,  à  la  fleur  de  l'âge,  par  une  maladie  dont  le 
dénoûment   fatal  avait  été  précipité  par  son   dévouement  à  ses 


'  On  incrusta  dans  cette  partie  des  murs  du  cloître  quelques  pierres  tuniulaires  qui 
seront  désormais  préservées  de  l'usure.  Il  est  à  espérer  que  cette  utile  opération  soit 
continuée. 


—  236  — 

nombreux  devoirs.  M.  Jules  Dugniolle  qui ,  comme  secrétaire  de  la 
commission  des  monuments,  avait  étudié  et  suivi  pas  à  pas  la 
restauration,  succomba  le  1er  mai  de  la  môme  année. 

Peu  de  temps  après,  M.  le  ministre  de  la  justice  informa  le  conseil 
de  fabrique  qu'en  conséquence  de  sa  dépêche  du  17  avril  1860  le 
gouvernement  cesserait  son  intervention  à  partir  de  l'année  1866. 
Le  conseil  se  trouvait  ainsi  devant  une  double  perplexité;  mais  il 
ne  perdit  pas  courage. 

Le  28  mars,  une  députation  de  la  commission  des  monuments, 
présidée  par  M.  le  gouverneur  de  la  province  et  composée  de 
MM.  Wellens  président,  Remont,  Piot,  De  Curte  et  Renard 
membres ,  vint  visiter  les  travaux.  Après  une  vérification  minu- 
tieuse, la  députation  n'hésita  pas  à  manifester  sa  satisfaction 
de  l'heureuse  restauration  du  chœur.  Elle  constata  de  nouveau 
le  mauvais  état  de  plusieurs  colonnes  de  la  nef  centrale  et  donna 
des  instructions  sur  les  travaux  à  exécuter  afin  d'achever  le  chœur. 
D'accord  avec  le  conseil  de  fabrique,  elle  décida  que  le  nouvel 
architecte  ferait  le  récolement  des  travaux  encore  à  exécuter 
d'après  le  devis  supplémentaire  dressé  par  feu  M.  Schoonejans  et 
qu'un  exposé  détaillé  de  la  situation  des  travaux  serait  adressé  au 
département  de  la  justice. 

Dans  sa  séance  ordinaire  du  2  avril  suivant,  le  conseil  de  fabrique 
nomma  comme  architecte  de  la  restauration  M.  De  Curte ,  membre 
de  la  commission  des  monuments.  Ce  choix  était  dicté  par  la  con- 
sidération des  talents  reconnus  de  M.  De  Curte  et  de  la  parfaite 
connaissance  que  celui-ci  avait  de  nos  travaux  par  suite  des  nom- 
breuses visites  qu'il  y  avait  faites. 

Le  nouvel  architecte  dressa  le  tableau  des  travaux  qui  devaient 
compléter  la  restauration  et  en  fit  l'objet  d'un  rapport  à  ses  col- 
lègues de  la  commission. 

De  son  côté  le  conseil  adressa  le  10  juin  1865  à  M.  le  minis- 
tre de  la  justice  un  exposé  tendant  à  ce  que  l'intervention  de 
l'État  fût  continuée. 


—  237  — 

Le  10  octobre  suivant,  une  députation  de  la  commission  vint 
inspecter  les  vitraux  replacés  au  chœur  et  les  travaux  exécutés 
depuis  sa  dernière  visite.  La  commission  centrale ,  sous  la  date  du 
24  du  même  mois,  adressa  son  rapport  au  département  de  la 
justice  en  exprimant  le  désir  que  les  vastes  travées  du  chœur 
fussent  ornées  en  bas  par  des  stalles  prolongées  jusqu'à  une 
certaine  hauteur,  en  haut  par  des  peintures  murales.  Peu  de  temps 
après  M.  l'architecte  De  Curte  fournit  le  relevé  des  ouvrages  qui 
devaient  compléter  la  restauration  ;  il  évalua  la  dépense  à 
130,000  frs.,  y  compris  la  construction  d'une  nouvelle  flèche  *. 

En  résumé,  les  travaux  exécutés  jusqu'au  1er  janvier  1866  ont 
eu  pour  résultat  la  restauration  de  la  tour  dans  toutes  ses  parties , 
du  corps  de  l'église  dans  ses  deux  nefs  et  ses  chapelles ,  du  chœur , 
du  mur  collatéral  au  nord  du  cloître,  de  l'extérieur  des  deux 
portails  existants,  de  toutes  les  toitures  et  de  tous  les  trottoirs. 

Pour  compléter  l'œuvre,  il  reste  à  continuer  la  restauration  du 
cloître  et  de  l'intérieur  des  deux  portails,  à  reconstruire  la  façade 
de  la  salle  capitulaire  et  la  flèche  de  la  tour,  à  ouvrir  le  portail 
dans  le  transept  sud  et  à  y  placer  des  portes. 

A  dix  reprises  différentes,  la  commission  des  monuments  a  fait 
visiter  les  travaux  par  ses  délégués.  Dans  toutes  les  circonstances 
difficiles  ce  corps  savant  a  protégé  la  restauration  de  l'église  de 
Tongres;  son  dévouement  à  la  grande  mission  qui  lui  est  dévolue 
est  un  sûr  garant  qu'il  continuera  à  soutenir  l'œuvre  jusqu'à  son 
entier  achèvement. 

'  La  dépense  générale  atteindra  donc  le  chiffre  de  500,000  frs. 


—  238  — 

APPENDICE. 

A.  —  Description  du  trésor  et  des  ornements  religieux. 

1°  LE  TRÉSOR. 

De  tout  temps,  parmi  les  payens  comme  parmi  les  chrétiens, 
on  a  honoré  les  cendres  de  ceux  dont  les  vertus  étaient  restées 
gravées  dans  le  souvenir  des  peuples.  Les  Hébreux  d'après  Dom 
Calmet 1  conservèrent  longtemps  la  verge  d'Aaron ,  le  serpent 
d'airain  et  l'amphore  qui  avait  contenu  la  manne  céleste;  Elysée, 
dit  le  même  auteur,  ne  voulut  point  se  séparer  du  manteau  du 
prophète  Élie.  On  sait  de  quel  respect  les  Égyptiens  et  les 
Komains  entouraient  les  restes  mortels  de  leurs  aïeux  et  quels 
honneurs  sanglants  les  Germains  rendaient  aux  dépouilles  mortelles 
de  leurs  parents ,  de  leurs  amis  ou  de  leurs  chefs. 

Lorsque  le  christianisme  vint  dissiper  les  ténèbres  de  l'ido- 
lâtrie et  des  fausses  doctrines,  dit  M.  Kervyn  2,  de  nombreux 
martyrs  arrosèrent  de  leur  sang  cette  terre  où  l'Eglise  triomphante 
venait  de  surgir.  Doit-on  s'étonner  de  l'admiration  enthousiaste 
que  le  courage  héroïque,  presque  surnaturel  au  milieu  des  plus 
affreux  tourments,  inspirait  aux  premiers  chrétiens?  Chaque  mort 
glorieuse  raffermissait  la  foi  des  néophytes  et  les  préparait  au 
martyre.  Aussi  attachait-on  le  plus  grand  prix  à  la  possession 
d'une  parcelle  des  précieux  restes  de  ces  nobles  victimes. 

Le  respect  que  l'on  n'a  cessé  de  porter  aux   reliques  dès  les 

•  Dom  C.M.MtT,  Dut.  de  la  bible. 

'  Kkiivyn  de  Volkaersbeke ,  Messager  îles  sciences  historiques,  1859,  p  IT'.i. 


—  239  — 

premiers  temps  du  christianisme  a  donné  aux  arts  l'occasion  de 
se  développer.  La  peinture,  la  sculpture  et  l'orfèvrerie  se  sont 
chargées  d'embellir  les  châsses  et  les  reliquaires ,  et  l'on  peut 
dire  que  la  vénération  pour  les  ossements  des  saints  et  des  bien- 
heureux a  imprimé  aux  arts,  dans  les  pays  catholiques,  un  mou- 
vement progressif  surprenant  que  l'on  chercherait  vainement 
ailleurs.  Les  temples  non  moins  que  les  châsses,  où  reposaient  les 
reliques  vénérées  des  saints,  fournissaient  aux  artistes  l'occasion 
de  déployer  toutes  les  ressourses  de  leurs  talents.  Une  noble 
émulation  s'établissait  entre  eux.  Pleins  de  foi ,  ils  s'inspiraient 
du  génie  du  christianisme  pour  créer  les  innombrables  chefs-d'œuvre 
que  nous  admirons  encore  aujourd'hui.  «  Les  idées  religieuses 
et  les  sentiments  qui  en  dérivent  —  dit  M.  Quatremère  de 
Quincy  *  —  ont  toujours  été  la  source  féconde  où  les  arts  ont 
puisé.  Ces  idées  et  ces  sentiments  firent  renaître  la  peinture  et 
l'alimentèrent  pendant  trois  siècles.  Il  y  eut  aussi  réciprocité  de 
services ,  si  l'on  peut  dire ,  en  ce  genre.  Les  arts  et  les  artistes 
à  leur  tour  contribuèrent  à  propager  dans  leurs  images  et  à  nourrir 
les  sentiments  de  la  dévotion.  Mais  ce  qu'il  faut  observer,  c'est 
que  ces  images  n'arrivent  réellement  à  produire  tout  leur  effet , 
qu'autant  que  l'artiste  reçoive  de  la  foi  entière  qu'il  porte  aux  êtres 
et  aux  idées,  dont  il  soumet  à  nos  sens  l'apparence  sous  une 
forme  déterminée,  celte  efficacité  de  croyance,  qui  est  pour  lui  ce 
qu'est  l'intimité  de  persuasion  dans  sa  cause,  de  la  part  de 
l'orateur,  c'est-à-dire  le  moyen  d'action  sur  ceux  auxquels  son 
ouvrage  s'adresse.  Non,  rien  ne  peut  suppléer  la  vertu  de  cette 
correspondance  d'affection  entre  le  sujet  à  peindre  et  celui  qui  le 
peint.  » 

L'ancienne  cathédrale  de  Tôngres  possède  depuis  les  temps   les 
plus  reculés  un  des  plus  beaux  musées  religieux  cl  artistiques  connus. 

'  Ûuatremère  de  Quircy,  Histoire  de  la  vie  et  des  outrages  de  Raphaël.  Paris, 
1835,  p.  130. 


—  240  — 

Cette  précieuse  collection  ,  témoin  irrécusable  de  la  haute  antiquité 
de  l'église  qui  en  deçà  des  Alpes  fut  la  première  dédiée  à  la 
Mère  du  Sauveur,  se  compose  d'objets  de  plusieurs  catégories.  Ce 
sont  d'abord  des  reliquaires  remarquables,  où  le  sentiment  religieux 
est  dignement  relevé  par  la  poésie  de  l'art  ;  ce  sont  des  ornements 
principaux  ou  accessoires  dont  la  facture  et  le  style  pur  attestent 
l'état  de  l'art  aux  belles  époques  et  l'habileté  dans  l'exécution  ; 
ce  sont  enfin  des  vêtements  sacerdotaux  dont  la  richesse  atteste 
des  sentiments  de  piété  généreuse  dignement  interprétés  par  les 
artistes  du  temps. 

Ce  magnifique  ensemble  que  la  sollicitude  du  chapitre  collégial 
a  bien  souvent  sauvé  du  vandalisme ,  comme  de  la  cupidité , 
n'avait  reçu  que  les  honneurs  du  plus  stérile  catalogue1  . 

Les  archives  des  années  1433,  1650,  1752,  1759  et  17902 
fournissent  des  listes  où  très-souvent  la  valeur  métallique  est  mise 
plus  en  relief  que  la  beauté  de  l'art. 

Grâce  aux  progrès  archéologiques  qui  distinguent  notre  siècle, 
quelques-uns  des  reliquaires  ont  été  l'objet  d'une  étude  scien- 
tifique intelligente.  Nous  sommes  heureux  d'en  profiter  dans  l'intérêt 
du  grand  monument  qui  mérite  d'être  signalé  ;  autant  que  faire  se 
peut,  dans  tous  ses  détails  accessoires. 


'  Ces  reliques  étaient  jadis  exposées  plusieurs  fois  1  an  à  la  vénération  des  fidèles  : 
d'abord  du  haut  de  la  galerie  qui  surmonte  l'entrée  de  la  tour;  ensuite  faute  d'espace 
le  chapitre  se  contenta  de  les  étaler  sur  des  tables  dressées  au  transept.  Un  prêtre- 
sacristain  était  spécialement  chargé  de  l'entretien  et  de  la  conservation  du  trésor. 
Antoine  Moumal,  le  dernier  qui  occupa  cet  emploi,  fut  chargé  en  1703  de  transporter 
les  reliques  à  Hambourg.  Il  les  ramena  à  Tongres  en  1804.  Ce  vénérable  prêtre  mourut 
en  1828  et  fut  remplacé  par  le  sacristain  laïque  François  Laminne.  Voir  Slalula  ecclesie 
Tungrensis ,  fui.  II,  n°  3  du  catalogue. 

GuicnviiDiN,  Belgica  sive  inférions  germamœ  descrip.  fol.  U03. 

*  Voir  les  Archives  de  l'église  :  Liber  gratiarum  eapellanorum  ecclesie  Tongren. 
inceplus  anno  I  îôl  folio  CCXXV  verso.  N°  57  du  catalogue. 

Le  catalogue  publié  en  1G50  par  Jean  Tournay,  à  Liège  (1res  rare)  et  les  Archives 
de  Vèglise  :  Liber  diverscrum  negotiorum  ci  actorutn  RR.  1)1).  Décriai  et  Canonico- 
rum  cccles.  Tungr.  1719-1783,  fol.  175  et  178,  n°  U  du  catalogue. 


241   — 


Nous  tâcherons  de  suivre  l'ordre  chronologique  d'après  les 
époques  indiquées  par  les  savants  archéologues  qui  ont  facilité 
notre  travail  ;  mais  avant  de  parler  du  trésor,  on  nous  permet- 
tra de  dire  un  mot  de  la  statue 
de  la  Sainte  Vierge ,  célèbre  par 
une  infinité  de  miracles  et  qui  a 
reçu  depuis  les  temps  les  plus 
reculés  le  nom  de  :  Prima  cis 
Alpes. 

Cette  statue,  en  bois  de  noyer, 
de  grandeur  naturelle,  présente 
une  admirable  figure,  chef-d'œuvre 
de  la  statuaire  du  moyen  âge  ; 
l'artiste  l'a  revêtue  d'une  longue 
robe  azurée  et  ornée  d'arabesques 
dorées ,  et  d'un  manteau  d'or  dou- 
blé d'azur.  Au  lieu  de  sceptre  elle 
tient  en  main  une  grappe  de  rai- 
sins, qu'elle  semble  présenter  au 
divin  enfant  en  lui  souriant  avec 
mélancolie.  A  la  manière  des  ma- 
dones italiennes,  au  lieu  de  cou- 
ronne ,  sa  tète  n'est  ornée  que 
d'une  chevelure  blonde  relevée  sur 
les  tempes  et  dont  les  flots  soyeux  et  ondoyants  descendent  jusqu'au 
milieu  du  dos  ;  une  épée  de  chevalier  suspendue  à  sa  ceinture  * 
achève  de  la  distinguer  de  toutes  les  autres  images  que  nous 
connaissons. 

II  est  vraiment  regrettable  que  le  préjugé  s'obstine  à  couvrir 


Statue  de  Notre-Dame  de  Tongres. 


'  Voir  Pascal,  Institutions  de  l'art  chrétien,  chap.  VII. 


—  212  — 

ce  chef-d'œuvre  d'une  robe  et  d'ornements  disgracieux  qui  dissi- 
mulent entièrement  ses  formes  ». 

Évangéliaire  avec  plaque  en  ivoire  sculpté. 

Avant  l'invention  de  l'imprimerie ,  les  livres  n'étaient  pas  aussi 
répandus  qu'ils  le  sont  de  nos  jours.  La  rareté  en  augmentait  le 
prix;  de  là  l'usage  de  couvrir  et  plus  tard  d'orner  d'une  couver- 
ture les  ouvrages  les  plus  utiles  et  les  plus  recherchés.  Garnies 
d'abord  d'un  modeste  velin,  les  couvertures  des  livres  pieux 
surtout  furent  bientôt  l'objet  d'un  faste  démesuré  :  c'était  l'or, 
l'argent  et  l'émail ,  c'étaient  les  pierreries  et  jusqu'aux  diamants 
qui  servirent  à  leur  ornementation.  L'art  du  ciseleur  n'y  fut  pas 
étranger,  sans  pourtant  y  être  indispensable;  car  les  peuples  encore 
à  demi  barbares  préféraient  ce  qui  flattait  leurs  sens  plutôt  que 
leur  esprit,  le  matérialisme  faussait  leur  goût  et  exerçait  une 
influence  funeste  sur  les  arts  gallo-romains.  «  Les  livres,  dit 
St.  Jérôme ,  sont  revêtus  de  pierres  précieuses  et  le  Christ  nu  meurt 


1  En  1225  nous  trouvons  mentionnée,  pour  la  première  fois,  la  statue  de  N.-D.  do 
Tongres  (a). 

Les  registres  de  la  confrérie  de  N.-D.  ne  remontent  pas  au-delà  de  1559  et  la 
plus  ancienne   copie  d'acte   contenue  dans  ces  registres  est  du  17  décembre  1417  ('*). 

Cette  confrérie  semble  avoir  élé  rétablie  au  commencement  du  XVe  siècle  (c).  Elle 
était  régie  par  8  maîtres  (meesteren),  dont  deux  devaient  être  des  chanoines  et  deux 
des  béuéficiers  ;  les  quatre  autres  étaient  choisis  parmi  les  confrères  les  plus  notables. 
Guillaume  Ruystenberch  en  1 183  et  Anne  Mariants  en  1570  léguèrent  à  la  confrérie  la 
plus  grande  partie  de  leurs  biens.  Vers  celle  époque  on  avait  déjà  réuni  aux  revenus 
île  celte  sodalité  ceux  du  bénéfice  de  la  présentation  de  la  Ste-Vierge  fondé  le 
23  juillet  1483  par  Guill.  Ruystenberch.  Le  21  novembre  1607,  Théodore  Le  Page 
déposa  sur  l'autel  de  N.-D.  deux  étendards  enlevés  à  l'ennemi  et  le  14  avril  1698  le 
lieutenant-colonel ,  plus  tard  maréchal  de  camp ,  Pierre  Daremberg  (Hj  de  Tongres  en  déposa 
un  autre  également  enlevé  aux  troupes  allemandes. 

C)  Voir  Woltkus,  Codex  diplomalicus  Losseiisis,  n"  188,  p.  103. 
('')  Voir  Archives  <le  l'rijlise,  registre  n°  161  du  cat.  f°  33  verso. 
ic)  Voir  même  registre  f"  26  verso.  (d)  Voir  reg.  n°  108,  p.  31. 


—  243  — 

à  la  porto  des  églises1.  »  Dàlissier  évalue  à  vingt-quatre  le  nombre 
des  évangéliaires  que  possédait  Ste. -Sophie  de  Conslantinople, 
tous  dit-il  de  grand  format,  la  plupart  ornés  de  miniatures  et 
pesant  chacun  deux  quintaux. 

A  mesure  que  la  barbarie  disparaissait  pour  faire  place  à  l'art 
byzantin,  disparaissait  également  cet  abus  des  richesses  matérielles, 
la  ciselure  et  la  sculpture  firent  de  surprenants  progrès  et  l'argent, 
jusqu'alors  follement  dépensé ,  servit  à  encourager  les  beaux-arts. 

Georges  Cedrenius ,  écrivain  du  IXe  siècle ,  est  le  premier  qui 
parle  d'une  reliure  métallique  2  ;  la  notitia  dignitatum  utriusquè 
imperii  fait  mention  de  grands  livres  carrés  reliés  en  cuir  de  di- 
verses couleurs  et  décorés  sur  les  plats  du  portrait  de  l'empereur  s  ; 
l'évangéliaire  que  Constant  II  donna  à  la  basilique  de  Rome  ruis- 
selait d'or  et  de  pierreries  précieuses  4.  Pendant  le  moyen  âge 
principalement  on  se  servit  de  lames  d'ivoire  pour  couvrir  les  plats 
des  livres  liturgiques  ;  cependant  on  ne  saurait  déterminer  d'une 
manière  certaine  l'époque  de  l'application  de  la  toreutique  à  l'orne- 
mentation des  livres;  il  paraît  que  la  destination  primitive  des 
dyptiques  consulaires  suggéra  l'idée  de  faire  servir  ces  tableaux  à 
un  usage  religieux  ;  on  les  désignait  même  sous  le  nom  de  imagi- 
nes in  modo  evangeliorum  5.  D'autres  dyptiques  ou  tablettes  en 
ivoire  servirent ,  jusqu'au  Xme  siècle,  aux  prêtres  pour  l'office  des 
morts  ;  d'autres  enfin  en  forme  de  dyptique  ou  de  triptique  servirent 
à  la  décoration  des  ambons  et  des  devants  d'autel. 

Parmi  ceux  qui  furent  employés  à  l'ornementation  des  livres, 
figure  en  première  ligne  celui  de  Notre-Dame  de  Tongres ,  dont 
nous  allons  essayer  de  donner  la  description. 

1  D'achery,  Spïcilegium ,  1723,  t.  II. 

*  Ciampini,  Vetera  monumenta,  t.  I,  p.  131. 

*  Le  moyen  âge  et  la  renaissance ,  t.  V,  f°  1 . 

*  Anastase,  édition  migne,  t.  IL  num.  135. 

*  lbid.  num.  393,  445,  569,  275,  573,  et  le  trop  fameux  Diplyehon  Leodieiise  , 
consacré  à  la  mémoire  du  consul  Flavius  Astvrius. 


—  244 


II    HICHEELS  ARC1IIT.  UICI 


109    iiMirirrii 


J  V  u  i  i  ,  i  • 


—  245  — 

Au  centre  du  plat  supérieur  d'un  évangéliaire  dont  l'écriture 
indique  les  caractères  du  IXe  siècle  se  trouve  enchâssée  une  plaque, 
en  ivoire  sculpté,  du  plus  beau  travail  de  la  deuxième  moitié  du 
même  siècle;  elle  représente  le  calvaire  et  la  résurrection  des  morts 
lorsque  le  Fils  de  Dieu  expira  sur  la  croix  *. 

Ce  bas-relief,  d'une  facture  austère  un  peu  fière,  mais  de 
bon  goût  à  cause  de  l'absence  de  détails  d'encadrement  et  de 
décoration ,  semble  indiquer  que  l'artiste  ,  se  sentant  fort  capable 
de  faire  son  œuvre  belle ,  ne  s'est  pas  soucié  de  la  faire  riche. 

Au  milieu  se  trouve  représenté  le  Christ  crucifié,  autour  de  la 
croix  règne  une  bande  continue ,  composée  de  quatre  feuilles  jux- 
taposées. Le  Christ  est  imberbe ,  sa  tète  n'est  ni  nimbée  ni  cou- 
ronnée d'épines  et  les  cheveux  divisés  en  longues  tresses  des- 
cendent de  chaque  côté  du  front.  On  ne  remarque  pas  les  clous  qui 
attachent  le  Christ  à  la  croix;  ses  pieds  posent  sur  un  escabeau 
(suppedanium)  en  forme  de  petite  console  2.  L'inscription  (titulus) 
en  haut  et  le  serpent  au  pied  de  la  croix  manquent  ;  mais  au  des- 
sus de  la  tête  du  Christ,  deux  anges  aux  ailes  déployées  élèvent  la 
lance  et  le  porte-éponge  d'une  main  et  de  l'autre  soutiennent  une 
couronne;  plus  haut,  la  main  divine  se  dégage  des  nuages  circon- 
scrits par  un  demi-cercle  dont  les  extrémités  s'appuyent  sur  le 
sommet  de  la  croix;  cette  main,  symbolisant  la  bénédiction  de  Dieu 
le  Père,  se  présente  ici  non  par  la  paume,  mais  parle  dos.  A  droite  de 
la  croix,  sous  la  figure  d'une  femme,  s'avance  l'Eglise  catholique; 
elle  tient  dans  la  main  droite  trois  feuilles  ou  fleurs ,  symbolisant 
la  Sainte  Trinité  et  dans  la  gauche  une  bannière  flottante,  insigne 
de  la  puissance.  Près  d'elle  et  le  regard  élevé  vers  son  fils  mourant, 


1  Ainsi  que  l'indiquent  quatre  plaques  carrées  en  argent  représentant  les  emblèmes 
évangéliques  gravées,  et  les  cabochons,  recouvrant  de  pieuses  enluminures,  qui  ornent 
le  plat  supérieur,  ce  livre  a  été  relié  de  nouveau  au  XIVe  siècle;  cependant  on  a 
conservé  le  beau  glyptique  dont  nous  donnons  ie  dessin. 

1  Molanus,  de  picturis  et  imùginibus  sacris,  cap.  LXXV,  p.  138. 


—  246  — 

se  trouve  la  Sainte  Vierge  dans  l'attitude  de  la  tristesse.  A  gauche, 
une  autre  femme ,  la  Synagogue ,  en  s'en  allant ,  détourne  la  tète 
vers  le  Sauveur  mourant  et  semble  exprimer  l'insulte  et  la  colère. 
Elle  élève  de  la  main  droite  une  palme  qui  était  l'attribut  de  la 
Syrie  ou  de  la  Palestine  dans  l'antiquité.  Saint  Jean  se  trouve  près 
de  la  Synagogue  ;  de  la  main  gauche  il  tient  un  rouleau,  volumen; 
sa  tète  est  appuyée  dans  l'autre. 

Les  coins  supérieurs  de  la  composition  sont  occupés  par  le  soleil 
et  la  lune,  représentés  sous  la  forme  d'un  homme  et  d'une  femme 
affrontés  et  portant  chacun  une  torche.  Le  soleil  est  couronné 
d'un  diadème  dont  les  rayons,  rabattus  sur  le  plan  du  tableau, 
deviennent  un  nimbe  dentelé  qui  encadre  la  face  ;  la  lune  a  la  tète 
surmontée  d'un  croissant:  tous  deux  semblent  vouloir  se  cacher  le 
visage  dans  leurs  mains ,  ce  qui  figure  ici  l'éclipsé ,  marque  de 
deuil  universel  l. 

Les  nuées  sous  les  pieds  des  anges ,  comme  autour  du  soleil  et 
de  la  lune,  sont  représentées  par  un  procédé  d'école  assez  singulier. 

Sur  le  sol  inférieur,  sous  le  pied  de  la  croix ,  sont  assis  en 
vis-à-vis  :  à  gauche  l'Océan,  un  homme  barbu,  à  la  chevelure 
négligée  avec  deux  cornes  en  forme  de  serpents,  tenant  dans 
la  main  droite  un  poisson  et  de  la  gauche  épanchant  une  urne  ; 
adroite,  la  terre,  une  femme  demi-nue  allaite  un  serpent  qui 
entoure  son  bras  droit ,  tandis  que  de  la  main  gauche  elle  élève 
une  branche  de  laurier.  Ces  êtres  mythologiques  sont  des  types 
modelés  sur  les  symboles  de  l'art  payen,  dit  l'abbé  Cahier  2,  mais 
qui  caractérisent  assez  les  objets  de  leur  symbolisme. 

Entre  ces  deux  personnifications ,  on  voit  les  morts  qui  sortent 
de  leurs  sépulcres  et  proclament  le  maître  de  la  vie  dans  ce  sup- 
plicié du  calvaire.  Un  des  morts  sort  d'un  petit  édicule  funéraire  en 


«  Voir  le  MS.  9i28  de  la  bibliothèque  royale  de  Belgique  (Bibl.  de  Bourgogne). 
*  Voir  Martin  et  CAHIER,  Mélanges  d'archéologie,  vol.  II,  p.  iC>. 


—  247  — 

l'orme  de  rotonde,  un  autre  d'un  tombeau  quadrilatère,  un  troi- 
sième paraît  sortir  de  la  mer. 

Ce  précieux  dyptique  mesure  18  cent,  de  haut  sur  11  cent,  de 
large. 

L'évangéliaire  qu'il  recouvre  commence  par  les  épitres  de  saint 
Jérôme  au  pape  Damase  ;  elles  sont  suivies  d'un  prologue  et  de 
son  explication  qui  occupent  quatre  feuillets. 

Après  les  canons  écrits  entre  des  portiques,  marqués  au  trait, 
vient  l'évangile  de  saint  Mathieu  ;  puis  celui  de  saint  Marc  et  ceux 
de  saint  Luc  et  de  saint  Jean,  ces  deux  derniers  remplissant  quatre 
vingt  dix-huit  feuillets. 

Il  n'y  a  dans  ce  manuscrit  ni  colophon,  ni  miniature  :  trois  lettres 
majuscules  d'un  beau  style  méritent  seules  d'être  citées  ;  quant  à 
l'écriture,  le  copiste  s'est  exclusivement  servi  de  caractères 
romains  minuscules. 

Hauteur  totale  de  l'évangéliaire  0.28,5  ;  largeur  0.20. 

Reliquaire  de  la  sainte  croix. 

Ce  reliquaire,  qui  extérieurement  a  la  forme  d'un  volume  in-4-0, 
est  en  bois  de  chêne ,  recouvert  d'une  plaque  de  cuivre  doré. 
Destiné  à  être  porté  dans  les  processions,  il  est  pourvu  à  la  partie 
supérieure  de  deux  anneaux  et  d'un  cordon. 

Le  revers  est  garni  d'une  plaque  en  cuivre  rouge  orné  au  centre 
d'un  médaillon  circulaire  doré,  entouré  de  feuillages  et  représentant 
la  Mère  du  Sauveur  assise  sur  un  trône ,  la  tête  ornée  d'une 
couronne  et  d'un  nimbe  circulaire  et  tenant  en  main  un  lis. 

L'enfant  Jésus  reposant  sur  les  genoux  de  sa  Mère  est  nimbé  à 
la  forme  crucifère  ;  il  tient  d'une  main  un  fruit  et  bénit  de  l'autre. 

La  face  présente  un  tableau  dont  le  cadre  offre  en  gravure  sur 
fond  en  émail  champlevé  *  des  médaillons  carrés  représentant  les 

'  Les  couleurs  employées  sont  le  bleu  dont  il  y  a  trois  nuances ,  le  rouge ,  le  blanc 
et  le  vert;  les  carnations  sont  ordinairement  en  bleu. 


—  248  — 

dix  premiers  évoques  de  l'église  de  Tongres.  Le  premier,  saint 
Materne  comme  fondateur,  tient  de  la  main  droite  le  bâton  pastoral 
et  de  la  main  gauche  le  livre  des  Évangiles.  Les  neuf  autres, 
saint  Navite,  saint  Marcel,  saint  Métropole,  saint  Séverin,  saint 
Florentin ,  saint  Martin ,  saint  Maximin ,  saint  Valentin  et  saint 
Servais  suivent  l'ordre  de  leur  institution  et  portent  les  insignes 
épiscopaux,  la  crosse  et  la  mitre. 

Ces  portraits  sont  séparés  entre  eux  par  dix  médaillons  gravés  et 
exécutés  dans  le  système  à  la  fois  historique  et  figuratif.  Le  premier 
représente  Moïse,  auteur  du  Pentateuque;  d'une  main,  ce  législa- 
teur des  juifs,  élève  une  plume  emblématique  ;  dans  l'autre  il  porte 
la  coupe  du  sacrifice ,  aussi  voit-on  sur  l'autel  la  victime  expiatoire. 
Au-dessus  de  la  plume  se  trouve  le  T,  forme  symbolique  de  la 
croix  chez  les  Hébreux  *. 

Le  deuxième  représente  les  lévites  apportant  des  victimes  desti- 
nées au  sacrifice. 

Le  troisième  retrace  la  vision  du  grand  Constantin  ;  l'empereur 
est  endormi  lorsqu'un  ange  lui  présente  le  labarum  avec  cette 
inscription  :  In   hoc   signo   vinces. 

Le  quatrième  représente  la  scène  entre  Cosroès,  roi  des  Perses, 
qui  après  la  prise  de  Jérusalem  enleva  la  Ste  Croix  et  lléraclius , 
empereur  romain,  lequel  ayant  vaincu  Cosroès  reprit  le  bois  sacré 
et  le  replaça  sur  le  calvaire. 

Le  cinquième  reproduit  la  fameuse  grappe  de  raisins  apportée 
de  la  terre  promise  par  deux  Hébreux. 

Les  sixième  et  septième  représentent  respectivement  Élie  Tes- 
bites  et  la  pauvre  veuve  de  Sarepta ,  tenant  deux  morceaux  de  bois 
placés  en  croix.  Ce  fut  en  faveur  de  cette  veuve  que  le  prophète 
Elie  fit  deux  miracles:  la  multiplication  de  la  farine  et  de  l'huile, 
et  la  résurrection  de  son  fils. 

1  Hieromvm.,  ni  Etec,  cap   9. 

Molanus  ,  de  picluris  cl  imaginibus  sacris,  cap.  LXXV . ,  f   131 


Lo  a  Ni'*)  11  A'1¥Q'   STWS5M. 
!i"ï  V\  l"e '"("■  TojjTh    3~  9  u.  g  çro 


-■•    ■■     Lel'Acaâ         l'arch       jiedeBd  v ..  .    .  irie.t  ii 

RELIQUAIRE    DE  LA   STE  CROIX 


Arch"del. 


—  249  — 

Le  huitième  retrace  le  sacrifice  tenté  par  le  patriarche  Abraham 
sur  son  fils  Isaac,  figure  de  celui  que  Dieu  le  père  fit  de  son  fils 
devenu  homme. 

Le  neuvième  représente  les  Israélites,  regardant  le  serpent 
d'airain. 

Sur  le  dixième  et  dernier  médaillon ,  on  voit  le  serpent  élevé 
par  Moïse  et  Aaron  sur  une  colonne,  image  de  la  croix,  surmontée 
du  mot  Spes. 

Le  chanfrein,  qui  unit  la  bordure  extérieure  aux  volets,  est 
composé  de  deux  lisières  en  cuivre  doré  séparées  en  biais  par  une 
bordure  en  argent  blanc.  Celle-ci  est  ornée  d'un  délicat  travail  de 
ciselure  ,  qui  représente  des  lions  et  des  lévriers  alternant  au 
milieu  d'une  végétation  merveilleuse.  Sur  les  lisières  se  trouvent 
deux  inscriptions  en  vers  hexamètres  portant  : 

•j-  Pontifes,  menât,  hos.  inclita.  Tongris.  habere. 

•j*  Donec.  eam.  potuit.  Hunnorum.  gens,  abolere. 

Ces  pontifes,  la  célèbre  Tongrcs  mérita  de  les  posséder  jusqu'à 
ce  que  la  nation  des  Huns  pût  la  détruire. 

-J-  Hoc.  salvatoris.  tibi.  Tongris.  pignas.  amoris.  ■ — 

■j-  Legia.  dat.  lignnm.  Cunctis.  venerabile.  signam.  — 

«  Liège  donne  ce  bois ,  ce  signe  du  Sauveur  vénérable  à  tous , 
>    à  toi ,  ô  Tongres,  comme  un  gage  d'amour.  » 

Au  centre  du  cadre  se  trouve  le  reliquaire  proprement  dit , 
renfermant  sous  cristal  le  bois  sacré  en  forme  de  croix  ;  la  relique 
a  cinq  centimètres  de  longueur  sur  cinq  millimètres  de  largeur  :  le 
cristal  qui  la  couvre  est  retenu  par  un  liséré  en  argent.  Au-dessus 
se  trouve  le  Sauveur,  la  tète  environnée  d'un  nimbe  crucifère  et 
bénissant  à  la  manière  latine  en  présentant  la  loi  sacrée. 

Aux  côtés  droit  et  gauche  de  la  croix  se  voient  la  Mère  de 
Jésus-Christ  et  le  fidèle  disciple  :  tous  deux  sont  nimbés;  au-dessous 
se  trouvent  l'Eglise  et  la  Synagogue.  L'Église  est  représentée  sous  la 
figure  d'une  femme  couronnée  et  nimbée  tenant  une  croix  à  oriflamme 

XXIX  XXII  iu 


—  250  — 

flottante  et  élevant  un  calice  qui  renferme  le  sang  de  la  Rédemption. 

La  Synagogue  est  figurée  les  yeux  bandés,  détournant  la  tète  de 
la  croix  et  tenant  une  tête  de  bœuf,  pour  représenter  les  sacrifices 
de  l'ancienne  loi  ;  elle  porte  en  outre  un  drapeau  brisé  et  renversé, 
symbole  de  la  déchéance. 

Les  emblèmes  évangéliques ,  émaillés  sur  des  plaques  semi-cir- 
culaires en  relief,  ornent  les  quatre  angles  intérieurs  de  ce  compar- 
timent. Par  respect,  la  sainte  relique  est  couverte  de  deux  volets  en 
cuivre  doré  offrant ,  à  l'intérieur  comme  à  l'extérieur,  de  riches 
ciselures.  Sur  l'intérieur  du  volet  droit,  on  voit  en  haut  une  femme 
assise  ,  ayant  une  couronne  ouverte  qu'entoure  un  nimbe  circu- 
laire et  tenant  dans  ses  mains  un  phylactère  avec  l'inscription  : 
«  Impie  desideriu  meu.  >  C'est  sainte  Hélène  priant  Judas  d'exau- 
cer ses  prières  :  près  d'elle  se  trouve  un  bûcher  allumé  dont  elle 
semble  menacer  Judas  qui  est  représenté  sur  la  partie  supérieure 
du  volet  gauche ,  conduit  par  une  troupe  de  soldats. 

En-dessous  du  premier  emblème,  Hélène,  sans  couronne  et  armée 
d'une  pioche  ,  est  figurée  cherchant  l'instrument  de  la  Rédemp- 
tion. Elle  est  secondée  dans  sa  pieuse  opération  par  Judas,  officier 
dans  les  troupes  de  l'empereur  Constantin ,  également  armé  d'une 
pioche.  Il  paraît,  d'après  l'histoire,  que  Judas  savait  l'endroit  où 
était  enfouie  la  croix.  Sur  la  partie  inférieure  du  volet  gauche,  on 
voit  sainte  Hélène  assise  sur  un  trône;  elle  porte  la  couronne  et 
le  sceptre,  emblèmes  de  la  puissance,  et  indique  de  la  main  droite 
la  vraie  croix  qu'elle  eut  le  bonheur  de  retrouver.  Sur  la  face  exté- 
rieure des  volets,  fermés  par  une  agrafe  en  argent,  se  trouvent  deux 
séraphins  aux  ailes  éployées  et  portant  des  encensoirs  *.  Le  bord 
extérieur  du  cadre  est  orné  d'une  bande  en  cuivre  parsemée  de 
quatre-feuillcs  au  repoussé.  Xe  siècle.  Haut.  0.289,  larg.  0.20. 
Largeur  du  cadre  0.02. 

1  Voir  les  :  Acta  sanctorutn  de  l'année  1851  ,  volume  du  mois  de  mars,  et  le  Bulletin 
de  lu  Société  scientifique  et  littéraire  du  Limbounj ,  tome  I,  page  1  et  suiv. 


Annale. 


EVANGELIAIRE  AVEC  COUVERTURE  AU  REPOUSSE 


—  251  — 
Évangéliaire  avec  couverture  au  repoussé. 

Le  manuscrit,  orné  de  la  riche  couverture  que  nous  essayerons 
de  décrire,  est  un  évangéliaire  in-4°  contenant  les  quatre  évangiles, 
d'après  la  version  de  saint  Jérôme ,  et  écrit  en  caractères  romains 
minuscules.  Les  évangiles  sont  précédés  d'une  préface  et  d'un 
prologue  de  saint  Jérôme  et  des  canons  d'Eusèbe  de  Césarée,  avec 
la  lettre  dans  laquelle  cet  évêque  du  IVe  siècle  explique  à  Carpien 
le butet l'utilité  de  ces  tableaux.  Après  ces  canons  ou  chiffres  indica- 
teurs qui  occupent  quatre  pages  et  sont  écrits  entre  des  colonnes  de 
portiques  romans  à  double  et  à  quadruple  arcade ,  vient  l'évangile 
de  saint  Mathieu  qui  comprend  quarante  feuillets  (un  a  été  coupé), 
puis  vingt-huit  feuillets  d'un  ancien  missel  du  XVe  siècle ,  ensuite 
l'évangile  de  saint  Marc,  auquel  il  manque  les  six  premiers  feuillets, 
suivi  par  les  deux  autres  évangiles  au  complet  et  remplissant  quatre- 
vingt-dix-neuf  feuillets  et  demi. 

Les  sommaires  occupent  les  dix  derniers  feuillets. 

Au  verso  du  dernier  se  trouve  en  capitales  rustiques  le  colophon 
que  voici  : 

Ego  servus  servorum  Di  et  fidelis  discipulus  etsi  indignus 
gleuhitr ob  amorem  œtemi  Régis  atque  sci  Berni  Confes- 
sons pro  me  omnibusq  :  Xpianis  ab  Adam  in  diem  usq  :  Judicii 
naseentibiis  et  pro  Domno  meo  Loies  Giwret  abbate  tributum 
omni  huias  clero  ecclesiae  quantum  valiierit  de  domo  hortoq  : 
jussu  di  verboq  :  nobilis  populi  dimittente  dedi  hune  librum 
evangelistarum  ecclesiae  sci  Berni  in  Episcopatu  sci  Machutis. 
Quant  obrem  obsecro  cunctos  successores  eiusdem  ecclesiae  tara 
seniores  quam  etiam  iuniores  videlicet  fidèles  ut  hune  librum 
nullus  auferre  presummat  l  aut  per  aliquàm  occasionem  aliquo 
temporis  spatio  distrahere  dein  quicumq  :  illum  furatus  fuerit 

1  Sum  est  ajouté  dans  le  manuscrit. 


9^9    

aut  aliquo  modo  ab  ipsa  ecclesia  subtraxerit  eocccpto  cum  reli- 
quiis  scorum  in  diebus  festls  aut  lias  likrulas  a  me  conscriptas 
de  hoc  folio  eraserit  aut  ipsum  folium  malo  ingenio  inciserit  a 
scorum  congregatione  separalus  et  conventui  diaboloru  adlunctus 
sil  in  die  tremendi  indien. 

Dans  ce  manuscrit  se  rencontrent  des  variantes  très-remarqua- 
bles qui  ne  se  rapportent  qu'à  des  écrits  d'une  haute  antiquité  anté- 
rieurs au  IXe  siècle.  Par  exemple,  dans  l'oraison  dominicale  (Math. 
VI)  on  trouve  d'abord  :  Pater  noster  qui  in  coelis  es;  c'est  là  une 
transposition  dont  on  ne  trouve  aucun  exemple  ailleurs  ;  puis  :  veniat 
regnum  tunm  et  plus  loin:  et  ne  inducas  nos.  etc.  Lq  mai  Amen 
est  omis. 

Aussi  ,  est-il  plus  que  probable  que  notre  évangéliaire  devance 
l'époque  où  la  transcription  des  livres  commençait  à  se  faire  avec 
exactitude  ;  on  peut  donc  le  rapporter  à  la  fin  du  IXe  siècle  sans 
courir  grand  risque  de  se  tromper. 

Du  reste,  l'exécution  du  livre  décèle  dans  le  copiste  assez 
d'habileté.  Les  quatre  grandes  initiales,  composées  d'entrelacs  fine- 
ment dessinés  et  enroulés  avec  art,  sont  d'une  rare  fantaisie;  les 
quelques  enluminures  sont  très-originales.  On  y  voit  deux  minia- 
tures qui  représentent  saint  Mathieu  et  saint  Jean  ;  ce  dernier 
est  revêtu  de  la  toge  et  assis  sur  une  chaise  curule  ornée  de  deux 
tètes  d'aigle  ;  il  tient  de  la  main  gauche  un  livre  ouvert  et  élève  de 
la  main  droite  un  calamus. 

Les  deux  apôtres  se  détachent  sur  un  fond  rose  et  sont  encadrés 
par  une  bordure  composée  de  trois  filets  de  couleurs  diverses  ;  au 
reste,  ces  miniatures  manquent  absolument  de  relief,  d'effet  général 
et  de  clair  obscur.  Un  trait  à  l'encre ,  très-apparent ,  marque  les 
détails,  les  saillies  et  les  contours  de  la  robe  et  de  la  face.  Les 
figures  courtes  et  massives  des  deux  apôtres  ont  la  tète  et  les 
extrémités  trop  fortes.  L'expression  plutôt  stupide  que  méchante 
de  la  face  est  due  à  de  grands  yeux  trop  distants  l'un  de  l'autre, 


"  oales  fcl'À  i  inruedArchèologiedeBelgique,tXXFI,  2*S 


Sènet  ïï 


£t<à'L:ùi    ';...,      4.    .. 


SAINT  JEAN  L'EVANGE  LISTE 
Miniature  du  [Xe  Siècle. 


—  253  — 

au  nez  long  et  droit,  à  la  bouche  fermée  et  bordée  de  lèvres 
épaisses;  les  doigts  sont  crochus,  les  draperies  raides,  les  contours 
secs  :  en  général  les  détails  sont  manques  ;  cependant ,  il  y  a  dans 
l'ensemble  un  air  de  grandeur  qui  étonne  et,  quoique  réduite  à  la 
plus  simple  des  enluminures,  celle  des  teintes  plates,  cette  peinture 
est  cependant  agréable  par  la  pureté  des  formes  et  la  vivacité  des 
couleurs. 

Quant  à  l'écriture  (onciale  allemande)  elle  rappelle  la  manière 
lombarde  ;  les  mots  sont  séparés  et  il  y  a  une  espèce  de  ponctua- 
tion, mais  non  pas  la  ponctuation  anglo-saxonne  introduite  par  les 
diacres  Paul  Warnefrid  et  Alcuin,  sur  l'ordre  de  Charlemagne  '. 

Cet  évangéliaire  précieux  par  lui-même  se  trouve  sous  une  riche 
couverture2.  Sur  le  dos  et  le  revers,  c'est  un  simple  velours  rouge, 


'  S.  P.  Servais  Dirks,  Bulletin  de  la  Société  scientifique  et  littéraire  du  Limboura 
tome  III,  p.  191. 

2  Les  évangéliaires,  surtout  à  cause  des  honneurs  publics  que  l'Église  leur  rend  dans  ses 
offices,  ont  été  habituellement  ornés  au-dedans  et  au-dehors  de  tout  ce  que  la  calligraphie 
et  l'orfèvrerie  pouvaient  trouver  de  plus  somptueux  dans  les  ressources  de  leur  art.  Au 
moyen  âge  les  nobles ,  les  princes  et  les  rois  témoignaient  beaucoup  de  sollicitude  pour 
l'entretien  et  la  conservation  des  livres  liturgiques.  Un  diplôme  accordé  par  Charlemagne 
à  l'abbaye  de  St-Bertin  stipule  que  toutes  les  peaux  du  gibier  tué  devaient  servir  à  la 
reliure  des  livres  du  monastère.  Geoffroi  Martel,  comte  d'Anjou,  prescrivit  en  1050  que 
le  produit  de  la  dîme  des  peaux  de  biche  qu'il  levait  dans  l'île  d'Oleron  serait  employé 
à  la  reliure  des  livres  de  la  bibliothèque  de  l'abbaye  de  Saintes.  Guillaume ,  comte  de 
Nevers,  envoya  en  1136  aux  religieux  de  la  grande  chartreuse  du  parchemin  destiné  à 
la  transcription  des  manuscrits  et  des  peaux  de  vache  pour  la  confection  des  reliures 
des  livres  de  leur  bibliothèque. 

Skelton,  poëte  anglais  du  X Vie  siècle,  nous  a  laissé  la  description  d'une  de  ces 
somptueuses  reliures  qui  l'avait  émerveillé  : 

«  Les  fermoirs  brillaient  ;  la  marche  était  toute  sillonnée  de  filets  d'or  et  peinte  de 
»  diverses  manières  :  on  y  avait  représenté  des  guêpes,  des  papillons,  des  plantes, 
)>  des  fleurs.  Un  homme  malade  aurait  recouvré  la  santé  en  voyant  cette  belle  reliure , 
»  ce  beau  livre  couvert  de  soie  et  d'or  ;  ses  fermoirs  d'argent  valaient  mille  livres;  là 
»  vignette  était  éclatante  de  pierres  précieuses  et  d'escarboucles  et  chaque  autre  ligne 
»  d'aurum  mosaïeum.  (V.  Messager  de  1853,  p.  186.) 

Si  l'ornement  extérieur  de  notre  livre  est  bien  moins  ancien  et  précieux  que  le  monu- 
ment qu'il  recouvre,  évidemment  ce  dernier  n'atteste  pas  moins  son  style  et  son  époque. 

11  se  peut  que  la  première  couverture  ait  dû  être  renouvelée  et  qu'ainsi  doive 
s'expliquer  ce  contraste. 


—  254  — 

protégé  par  des  lames  d'argent  placées  dans  le  sens  de  l'épais- 
seur et  par  cinq  étoiles  à  six  raies  du  même  métal.  Un  splendide 
repoussé  en  argent  et  vermeil  recouvre  en  entier  le  plat  supérieur. 
Sur  la  bordure  qui  encadre  le  bas-relief,  des  chapiteaux  gothiques 
et  de  larges  feuillages ,  se  tordant  en  arabesques  ,  supportent  et 
enveloppent  de  petits  sujets  sacrés ,  qui  représentent  deux  fois  le 
baptême  du  Sauveur,  le  Père  éternel  bénissant  à  la  manière  latine, 
la  sainte  Vierge  avec  l'enfant  Jésus  et  les  images  de  saint  Jean- 
Baptiste  et  de  saint  Jean-1'Évangéliste. 

Les  symboles  évangéliques  ciselés  sur  de  petits  médaillons  car- 
rés, jadis  émaillés,  sont  placés  en  relief  aux  coins  de  la  couverture. 
Quatre  cabochons  en  cristal,  montés  en  argent,  complètent  la 
décoration  de  cette  bordure,  en  même  temps  qu'ils  la  protègent 
lorsque  le  livre  est  ouvert  :  un  chanfrein  orné  de  rinceaux  unit  la 
bordure  à  la  plaque.  Au  centre  de  celle-ci ,  on  voit  sous  une 
arcade  trilobée  d'un  dessin  déjà  indécis,  la  Vierge  nimbée  et  cou- 
ronnée. Elle  porte  sur  le  bras  gauche  l'enfant  Jésus  bénissant  et 
est  accompagnée  de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul  ayant  pour  attri- 
buts la  clef  et  le  glaive  aussi  bien  que  le  livre.  Deux  petites  roses 
à  six  feuilles  se  profilent  au-dessus  de  l'arcade  et  trois  entourent 
la  tète  de  la  Vierge;  plus  bas  on  en  remarque  encore  trois  autres 
à  quatre  feuilles. 

La  Mère  du  Christ  dépasse  de  toute  la  tète  les  deux  apôtres  et 
saint  Pierre  le  prince  des  disciples  est  placé  à  la  gauche  de  la  Mère 
du  Sauveur.  Ce  sont  là  des  significations  symboliques  habituelles 
à  l'esprit  mystique  des  artistes  du  moyen  âge  !. 

Les  figures  de  la  Vierge  et  des  deux  apôtres  ne  répondent  pas 
par  le  dessin  à  la  délicatesse  des  détails  de  la  bordure.  A  cela 
on  reconnaît  l'ouvrage  d'un  artiste  que  ne  guident  plus  les  sévères 
traditions  de  l'école  ogivale. 

1  Molanus,  cap.  XXXVII,  f°  70. 


ieï 


; 


RELIQUAIRE   DE   SAINTE    URSULE 


—  255  — 

Ce  bel  évangétiaire  était  celui  que  jusqu'à  la  fin  du  siècle  dernier 
on  présentait  à  baiser  au  doyen ,  à  l'écolâtre ,  au  chantre  et  aux 
membres  du  chapitre  après  l'évangile  de  la  messe  capitulaire ,  avec 
ces  mots:  «  ecce  lex  sacra  •  '.  XI Ve  et  XVe  siècles  2. 

Hauteur  336  millimètres,  largeur  252. 

Reliquaire  de  sainte  Ursule. 

Un  autre  ouvrage  d'orfèvrerie  important  par  la  conception  et  la 
facture  mérite  toute  notre  attention.  C'est  le  reliquaire  en  vermeil 
et  cuivre  doré  de  sainte  Ursule. 

Les  reliques  de  la  sainte,  une  vertèbre  lombaire  et  un  os  du  bras, 
sont  renfermées  dans  une  tourelle  à  deux  étages ,  réunis  par  un 
anneau  mouluré  et  orné  de  pierreries.  Deux  niches  trilobées  à  jour 
abritant  les  statuettes  de  deux  saints  relient  cet  anneau  à  la 
couronne  crénelée  et  ornée  de  pierreries  qui  surmonte  la  tourelle; 
celle-ci  est  terminée  par  une  flèche  conique,  garnie  d'émaux  trans- 
lucides 3  séparés  par  huit  séries  de  crochets ,  en  forme  de  larges 
feuilles  frisées.  Sur  le  fhuron  qui  couronne  la  flèche  repose  un 
globe  émaillé,  supportant  un  aigle  en  vermeil. 

Deux  anges  aux  ailes  éployées  et  revêtus  de  chapes  sont  debout 
sur  des  piédestaux  de  forme  hexagone  et  soutiennent  la  partie 
supérieure  de  la  tourelle.  Celle-ci  repose  sur  une  double  base 
octogone  allongée ,  dont  la  première  est  ornée  de  ciselures  riches 
et  variées  de  forme  géométrique. 

La  base  inférieure  en  biais  est  séparée  de  la  première  par  un 


1  Cette  coutume  semble  avoir  remplacé  une  des  plus  anciennes  cérémonies  de  l'Église, 
c'est-à-dire  le  baiser  de  paix  que  le  prêtre  donnait  en  signe  de  paix  ou  de  réconciliation 
à  quelques  laïques  avant  la  consécration.  Le  premier  vestige  de  ce  baiser  de  paix,  on  le 
trouve  dans  une  lettre  du  pape  Innocent  I  (402)  à  l'évêque  Decentius,  V.  Du  Perray, 
Traité  des  droits  honorifiques,  chap.  XIII,  p.  96. 

Voir  aussi  rubricae  générales  ecclesiae  collegiatae  ac  archi  diaconalis  beatae 
Mariae  Virginia  oppidi  Tungrensis,  n°  2  de  l'inventaire,  f°  30. 

1  Les  lames  d'argent  du  plat  postérieur  et  les  charnières  portent  la  date  de  1617. 

3  Ces  émaux  représentent  le  chœur  des  anges  formé  par  huit  ligures  d'anges  ailés 
placés  dans  des  niches  tribolées  et  jouant  de  différents  instruments  de  musique. 


—  256  — 

pied  droit  formé  d'une  bande  continue  de  quatre-feuilles  découpées 
à  jour. 

Elle  est  ornée  de  dix  dessins  en  émail  translucide  représentant 
les  quatre  évangélistes  assis  et  les  apôtres  debout.  D'élégants 
rinceaux  ciselés  séparent  ces  dix  plaques  de  forme  carrée.  Sur  le 
pied  droit,  #soutenu  par  quatre  lions ,  on  voit  des  têtes  couronnées 
alternant  avec  des  mascarons  et  deux  anneaux ,  par  lesquels  on 
passait  un  cordon  afin  de  faciliter  le  transport  de  ce  petit  monu- 
ment qui  ne  mesure  pas  moins  de  56  centimètres  de  hauteur. 
Pied  0.328  sur  0.25.  XI Vo  siècle. 

«  Le  moindre  croquis,  dit  M.  Petit  *,  expliquera  mieux  qu'une 
»  description  ,    toute    la    grâce    et    la   richesse    de  ce  précieux 

•  reliquaire.  Peut-être  y  reconnaitra-t-on ,  comme  dans  la  plupart 

•  des  ouvrages  du  XIVe  ou  du  XVe  siècle,  des  détails  qui  ne  sont 

■  plus    d'un    goût    bien    pur;    mais    ce  qu'on  ne  saurait  assez 

•  admirer,  c'est   l'heureux    parti   que  l'artiste  a  su  tirer  d'une 

•  donnée  aussi  simple  que  celle  d'enchâsser  dans  l'or  une  relique 
»  vénérée.  Il  en  a  fait  jaillir  une  conception  pleine  de  variété  et 
»  de  vie,  où  les  détails  d'architecture  et  les  emblèmes  de  la 
«  religion ,  le  métal  précieux ,  les  éclatantes  couleurs  des  émaux 

■  et  des  pierreries  se  mêlent  et  se  confondent  avec  bonheur2.  ■ 


1  Voir  Bulletin  de  la  Société  scientifique  et  littéraire  du  Limbourg ,  tom  I. 

2  Ce  reliquaire  n'aurait-il  pas  servi  de  tour  eucharistique  ?  L'étage  inférieur  pouvait 
servir  d'exposition  et  l'étage  supérieur  était  destiné  à  contenir  les  hosties.  Rien  du  reste 
ni  dans  l'ornementation  ni  mt*me  dans  la  forme  générale  de  ce  petit  monument  ne  prouve 
qu'il  fut  spécialement  destiné  à  renfermer  les  reliques  de  sainte  Ursule.  Pourquoi  les 
émaux  représentent-ils  les  apôtres  et  les  évangélistes  ?  Que  signifie  l'aigle  qui  couronne 
la  flèche?  Pourquoi  les  anneaux  adaptés  à  la  base?  Pourquoi  enfin  des  archanges 
soutiennent-ils  l'étage  supérieur  ? 

V.  de  Caijmont,  Bulletin  monumental,  tome  IX,  p.  321  ,  et  Abécédaire  d'arcli., 
p.  363.  Viollet-le-Duc ,  Dict.  raisonné  du  mobilier  franc.,  tome  1,  p.  246. 
Grég.  Tun ,  De  gloria  martyrum ,  lih.  I ,  c.  I ,  c.  86.  Mabii.lon,  Vetera  Anulecla, 
tome  II,  p.  57.  Tuieiis  ,  Dissertation  sur  les  autels,  ch.  2i. 

D.  D.  Mahtène  et  Diiiund,  Voyages  littéraires ,  tome  II,  p.  67. 

Du  Gange,  Traité  historique  du  chef  de  saint  Jean-Baptiste ,  p.  151. 

Description  des  reliques  de  saint  Corneille  de  Compicgne ,  p.  55. 


RELIQUAIRE  -CROIX 


—  257  — 


Reliquaires  en  forme  de  croix. 

L'insigne  de  l'ignominie  était  devenu,  par  le  sacrifice  de  l'Homme- 
Dieu,  l'emblème  de  la  victoire  sur  le  mal  moral.  Les  siècles  suc- 
cessifs se  plurent  à  l'orner  et  à  l'embellir  par  une  foule  d'ingé- 
nieuses modifications.  L'instrument  du  salut  fut  entouré  d'honneurs 
particuliers  et  enrichi  des  trésors  de  la  nature  et  de  l'art  :  on 
voulut  que  la  croix  fût  un  livre  retraçant  l'histoire  complète  de  la 
rédemption.  Le  trésor  de  Tongres  possède  cinq  croix  remarquables 
dont  trois  servent  de  reliquaires  ;  les  deux  autres  (3  et  4-)  sont 
des  croix  stationnâtes.  Celle  que  nous  décrivons  sous  le  numéro  4 
est  exécutée  dans  le  système  à  la  fois  historique  et  figuratif  dans 
le  sens  synthétique  et  mérite  une  mention  spéciale. 

1°  Un  pied  hexagone  évasé,  orné  de  cabochons,  soutient  la  tige 
garnie  d'un  nœud  ciselé  et  orné  de  six  boutons  chargés  du  saint 
nom  de  IHESUS  en  niellure. 

Un  petit  cylindre  en  cristal  repose  sur  celte  tige  et  renferme 
des  reliques  de  saint  Géron  martyr,  de  saint  Thomas  archevêque 
de  Cantorbery,  des  ossements  de  saint  Thébain  ,  de  saint  Ambroise, 
de  saint  Gérard  et  de  saint  Silvain ,  évoques ,  et  des  reliques  de 
sainte  Balbine. 

Un  double  annelet  en  cuivre  doré  relie  Je  cylindre  à  la  croix , 
dont  le  centre  de  forme  carrée,  est  occupé  par  des  fragments  d'agathe 
et  d'autres  pierres ,  provenant  de  la  Terre  Sainte  et  retenus  par  de 
massifs  crochets  en  cuivre. 

Quatre  rayons  aux  formes  trèflées  simples  et  ornent  le  centre , 
les  branches  en  cristal,  reliées  par  une  bande  en  cuivre  découpé, 
se  terminent  par  des  médaillons  circulaires  niellés ,  renfermant 
des  reliques  de  la  sainte  Vierge,  de  saint  Jean-Baptiste,  de  saint 
Barthélémy  et  un  fragment  de  la  croix  du  Sauveur.  XHIe  siècle. 
Hauteur  0.505. 


—  258  — 

2<>  Voici  une  autre  croix-reliquaire  dont  le  pied  de  forme  carrée, 
un  peu  allongée ,  est  orné  de  quatre  cabochons  en  cristal  montés 
en  cuivre. 

Une  mince  tige  circulaire  garnie  d'un  massif  annelet  mouluré 
et  de  branches  en  cristal  reliés  par  des  bandes  en  cuivre  doré  et 
niellé  repose  sur  cette  base  et  soutient  la  croix.  Le  médaillon  central, 
en  forme  de  quatre-feuilles,  est  protégé  d'un  côté  par  un  béryl  en 
corne ,  de  l'autre  par  une  plaque  en  cuivre  niellé  :  il  renferme 
quelques  reliques  inconnues. 

Les  branches  en  cristal  s'échappent  du  centre  et  sont  terminées 
par  trois  médaillons-reliquaires  en  quatre-feuilles  semblables. 
Première  moitié  du  XlVe  siècle.  Hauteur  0.435. 

3°  La  troisième  croix  est  une  croix  stationnale  destinée  à  être 
placée  sur  l'autel.  Au  milieu  d'un  pied  hexagone  évasé,  orné  de 
niellures  et  de  six  cabochons  (cinq  manquent),  s'élève  une  longue  tige 
en  cristal,  bordée  de  bandes  en  cuivre  aux  formes  trèflées  et  coupée 
dans  la  moitié  de  sa  hauteur  par  un  médaillon  circulaire  en  cristal  *. 

Celte  tige  supporte  la  croix  portant  en  cœur  un  médaillon  ovale 
en  cuivre  doré ,  ciselure  en  demi-relief ,  représentant  sainte 
Véronique  le  suaire  en  mains.  Au  revers,  ce  médaillon  est  fermé 
par  un  béryl. 

Quatre  rayons  polylobés  en  sections  d'ogive  et  richement  découpés 
encadrent  ce  médaillon  et  s'harmonisent  heureusement  avec  le 
crétage  dentelé  ;  les  branches  en  cristal  aux  extrémités  fleurdelisées 
sont  retenues  par  des  festons.  De  gros  fils  en  cuivre,  qui  traversent 
et  maintiennent  cet  ouvrage  délicat  et  compliqué ,  s'adaptent  au 
pied  de  la  croix  et  aux  fleurons.  Seconde  moitié  du  XIVe  siècle. 
II.  0.590. 

4°  La  quatrième  croix  stationnale  quoique  moins  ancienne  que 
les  trois  autres  est  cependant  fort  remarquable. 

1  Voir  Sciiaepkens  ,  Trésor  de  l'art  ancien.  Crux.  181f>,  pi.  XII. 


—  259  — 


Sur  un  pied  hexagone  évasé  orné  et  de  feuillages  niellés  et  de  six 
cabochons  montés  en  cuivre  doré ,  placés  aux  angles ,  s'élève  une 
tige  dont  le  nœud  en  cristal  est  surmonté  d'un  cylindre  posé 
verticalement;  celui-ci  est  protégé  par  trois  petits  contreforts  qui 

terminent  des  pinacles 
réunis  par  une  couronne 
avec  crétage  en  cuivre 
doré.  Un  anneau  orné 
de  quatre-feuilles  décou- 
pées relie  le  cylindre 
à  la  croix  ;  le  centre 
en  est  occupé  par  une 
miniature  de  forme  car- 
rée ,  représentant  le 
Christ  en  croix ,  entre 
la  sainte  Vierge  et  saint 
Jean  :  deux  anges  re- 
çoivent dans  des  coupes 
le  sang  du  Christ  expi- 
rant. Cette  miniature  aux 
couleurs  pâles  et  sur  fond 
d'or  nous  semble  appar- 
tenir au  XVe  siècle.  Les 

f.roix-  reliquaire.  Croisillons  SOnt  Ol'Ilés  de 

quatre  plaques  d'émaux  translucides,  représentant  la  sainte  Vierge, 
saint  Jean ,  l'ange  de  la  vie  et  l'emblème  de  la  mort.  Us  sont 
terminés  par  une  fleur  de  lis  double  en  cristal  de  roche. 

Au  revers,  le  médaillon  représente  la  Vierge  assise  sur  un 
trône  et  offrant  un  fruit  au  divin  enfant.  Les  émaux  repro- 
duisent les  figures  symboliques  des  évangélistes.  XIVe  et  XVe  siè- 
cles. H.  0.630. 

5°  Une  croix-reliquaire  en  argent ,  soutenue  par  une  base  en 


—  260  — 

forme  de  modillon  porte  en  cœur  un  médaillon  circulaire , 
renfermant  une  parcelle  de  la  vraie  croix.  Ce  reliquaire  appartient 
au  XVIIIû  siècle.  H.  0.527.' 

Reliquaires  en  forme  d'ostensoirs. 

Le  trésor  de  l'église  de  Tongres  possède  ,  sous  la  forme  d'osten- 
soirs ,  sept  reliquaires  qui  ont  entre  eux  de  grandes  analogies. 

1°  C'est  d'abord  un  ostensoir  triptyque  en  argent,  jadis  doré 
en  partie ,  provenant  de  l'antique  chapelle  de  St. -Materne  qui  fut 
démolie  en  1804-  '. 

Le  pied  hexagone  en  argent  sert  de  base  à  une  tige  ornée  d'un 
nœud  hexagone  chargé  de  l'inscription  niellée  :  got  *  gef  *  aie  * 
m  y  *.,.  Cette  tige  supporte  un  petit  monument  en  argent  de  forme 
presque  carrée ,  fermé  par  deux  volets  et  couronné  par  un  gable 
hérissé  de  crochets ,  flanqué  de  deux  pinacles  et  terminé  par  un 
fleuron  surmonté  de  l'oiseau  de  saint  Jean. 

Les  deux  volets  étaient  jadis  ornés  extérieurement  de  ciselures 
et  d'émaux;  c'est  avec  peine  qu'on  distingue  encore ,  à  gauche,  la 
figure  d'un  chanoine  debout  portant  une  banderole  :  0  mater  Dei 
mémento  mei;  à  droite  la  silhouette  d'un  personnage  agenouillé. 

La  dégradation  n'est  pas  moindre  à  l'intérieur;  sur  le  volet 
droit  on  voit  encore  quelques  traits  qui  semblent  figurer  l'archange 
Gabriel  tenant  une  banderole  avec  l'inscription  :  Ave  gratla.plena. 
Sur  le  volet  gauche  la  Vierge  agenouillée ,  complète  la  représen- 
tation de  l'annonciation.  Le  corps  de  ce  petit  triptyque  est  divisé, 
dans  le  sens  de  la  hauteur,  en  trois  compartiments  de  grandeurs 
différentes  renfermant  en  bas  des  reliques  de  saint  Etienne,  au  milieu 


'  C'était  le  seul  temple  payen  de  la  Belgique  qui  avait  résiste"  au  temps  et  aux  hommes. 
Une  pierre  informe ,  représentant  la  figure  du  soleil ,  qui  se  trouvait  au  frontipice 
du  trmple  a  été  enchâssée  dans  le  mur  du  chapitre  où  elle  rappelle  moins  lu  place  du 
monument  que  l'acte  inqualifiable  de  son  destructeur.  V.  Diuesen  ,  Tongres  cl  ses 
environs,  p.  131. 


:    .  fie   .         1   .  ['■•-  :  XXII  .  .     '    .1 

OSTENSOIR-  RELIQUAIRE. 


i 


—  261  — 

un  petit  os  soutenu  par  un  ange  dont  le  torse  apparaît  à  la  partie 
supérieure  entre  deux  écussons  armoriés.  Le  premier  blason  porte 
burelé  d'or  et  de  gueules  de  dix  pièces  ;  le  second ,  au  chef  de 
gueules,  d'or  losange  de  sable  en  pointe.  Le  gable  est  garni  d'une 
découpure  trèflée  qui  s'harmonise  avec  les  festons  bordant  ce 
reliquaire.  XVe  siècle.  Hauteur  0.276;  largeur  du  carré  0.093. 

2°  Un  autre  ostensoir-reliquaire  en  argent  doré  mérite  aussi 
de  fixer  l'attention.  Sur  un  pied  à  six  lobes  orné  de  rinceaux 
ciselés  s'élève  une  tige  hexagone  très-svelte  et  munie  d'un  nœud 
orné  de  feuillages  ciselés  et  de  six  boutons  portant  des  roses 
gravées. 

Cette  tige  est  surmontée  d'un  chapiteau  sur  lequel  est  posé 
verticalement  une  plaque  carrée  ornée  de  chaque  côté  d'une  rose. 
Cette  plaque  accostée  de  deux  bras  polylobés ,  en  sections  d'ogive 
richement  découpées,  soutient  un  verre  cylindrique  allongé  dont  les 
extrémités  sont  enchâssées  dans  des  édicules  carrés  ornés  d'un 
fenestrage  ajouré.  Ce  cylindre  contient  des  reliques  de  saint 
Boniface,  de  saint  Engelbert  et  de  sainte  Marguerite. 

Les  édicules  servent  de  base  à  deux  tourelles  à  trois  faces 
surmontées  de  pinacles  à  jour  et  reliés  par  des  arcs-boulants  trèfles 
et  par  des  balustrades  ornées  de  quatre-feuilles  ajourées  à  une 
troisième  tourelle  qui  s'élève  du  milieu  du  cylindre.  XVe  siècle. 
Hauteur  0.42  diam.  du  pied  0.152. 

3°  Cet  ostensoir-reliquaire  en  argent  doré  est  à  peu  près  sem- 
blable au  précédent,  sauf  le  pied  qui  a  la  forme  d'un  hexagone 
évasé  orné  d'un  dessin  géométrique  au  repoussé.  Il  y  a  également 
une  différence  dans  la  forme  des  fenestrages  ;  il  lui  manque  aussi 
les  fleurons  qui  couronnaient  ses  trois  tourelles.  Le  cylindre  renferme 
les  reliques  de  saint  Fabien  ,  de  saint  Siméon  et  de  saint  Corneille. 
XVe  siècle.  Haut.  0.42,  diam.  du  pied  0.14. 

4°  Voici  le  plus  riche  des  ostensoirs  que  possède  l'église  de 
Tongres  ;  cependant  ce  n'est  pas  le  plus  précieux ,  car  déjà  la 
décadence  se  manifeste  dans  quelques  détails  tourmentés. 


—  262  — 

Ce  reliquaire  est  en  argent  doré,  repoussé  et  ciselé.  Le  pied 
à  six  lobes  est  orné  de  pierreries  et  supporte  la  tige  hexagone , 
munie  d'un  nœud  ciselé  à  six  boutons  saillants  portant  le  saint  nom 
de  JHESUS  entre  deux  fleurs  émaillées.  Au-dessus  du  nœud ,  la 
tige  est  accostée  de  deux  bras  polylobés  en  sections  d'ogive  découpées 
qui  soutiennent  une  chapelle  hexagone  surmontée  à  chaque  angle 
d'un  contrefort  à  triple  rang  de  pinacles  réunis  par  des  arcs-bou- 
tanls.  Ceux-ci  supportent  une  tourelle  hexagone  percée  de  fenes- 
trages  ajourées  et  surmontée  d'une  flèche  pyramidale  ardoisée, 
hérissée  de  crochets  et  terminée  par  un  Christ  dont  la  croix  est 
fleurdelisée.  Au  pied  du  crucifix,  mais  au  revers,  se  trouve  la 
sainte  Vierge.  XVe  siècle.  H.  0.515,  diamètre  du  pied  0.175. 

5°  Ostensoir-reliquaire  en  argent  doré ,  repoussé  et  ciselé.  Sur 
le  pied  à  six  lobes  orné  de  festons  et  de  tètes  d'anges  se  trouve 
l'écusson  de  la  donatrice  et  cette  inscription  : 

MECHTELT  *  SCHROOTS  !  *  VROUWE  *  VAN  *  WERM  *  A0  1640. 

La  tige  cylindrique  garnie  d'un  nœud  circulaire  soutient  un 
cylindre  en  cristal  posé  verticalement  entre  deux  colonnes  torses 
ciselées  et  ornées  de  rinceaux  travaillés  à  jour  qui  descendent  en 
accolade.  11  renferme  une  dent  de  sainte  Gertrude ,  des  reliques 
de  sainte  Pétronille,  un  fragment  d'os  de  saint  Adalbert,  évoque 
de  Prague  ,  et  des  restes  de  sainte  Pélagie.  Les  colonnes  sou- 
tiennent un  dôme  surmonté  de  la  statue  de  sainte  Gertrude  debout, 
la  crosse  (non  voilée)  et  le  livre  en  mains.  H.  0.451,  diam.  de 
la  base  0.16. 

6°  Ostensoir-reliquaire  en  argent  reposant  sur  une  base  à  six 
lobes.  La  tige  hexagone  est  garnie  d'un  nœud  circulaire  et  surmon- 
tée d'une  plaque  ornée  de  fruits  et  de  fleurs  en  ciselure  et  accostée 
de  chaque  coté  d'un  bras  en  forme  de  double  modillon.  Les  reliques 


1  La  donatrice  appartenait  à  la  brandie  des  Schroots  qui  portait  :  d'argent  à  trois 
chevrons  de  sable. 


OSTENSOIR-RELIQUAIRE 


-■ 


—  263  — 

de  saint  Sylvestre ,  de  saint  Valentin ,  des  saints  Innocents  et  de 
sainte  Olympe  martyrs,  sont  enchâssées  dans  un  cylindre  en  cristal 
allongé  et  posé  horizontalement  :  celui-ci  est  orné  d'une  crétage 
fleuronné  que  surmonte  un  édicule  cylindrique  portant  la  croix.  — 
Les  plaques  circulaires  en  argent  qui  terminent  les  extrémités  du 
cylindre  présentent  les  armoiries  ciselées  des  donateurs.  Sur  le  pied 
de  cet  ostensoir  on  lit  :  Gerardus.  Stevart.  x  et.  Hermanus. 
Hustin.  2  canonici.  hujus.  ecclice.  Tungren  :  ad.  Del.  gloria  : 
honoreque.  stor.  quor.  reliquiœ.  hic.  sunt.  dederunt.  A0 1634. 
Haut.  0.40,  diamètre  de  la  base  0.16. 

7°  Ostensoir-reliquaire  en  argent.  Sur  la  hase  à  six  lobes  se 
trouvent  l'Annonciation  de  la  sainte  Vierge,  l'Adoration  des  mages  et 
d'élégants  rinceaux  ciselés.  Le  pied  repoussé  et  estampé  soutient  la 
tige  hexagone  garnie  d'un  nœud  à  six  boutons  en  ciselure.  Un 
médaillon  circulaire ,  entouré  de  rayons  chargés  de  deux  branches 
de  laurier,  renferme  des  reliques  de  sainte  Philomèle  ;  un  globe 
portant  la  croix  couronne  toute  la  composition.  Sur  le  pied  se 
trouve  : 

In.  honorem.  Del.  B.  Marie.  Virginis.  et.  omnium,  sanc- 
torum.  ex.  libérait,  donalione.  piarum.  mentium.  D.  Arnoldus. 
Gysbrechs.  me  fîeri.  fecit.  anno.  1604. 

Le  médaillon  et  l'auréole  sont  modernes.  H.  0.37,  diam.  de 
la  base  O.U. 

8°  Un  ostensoir-reliquaire  en   argent   ciselé  et   repoussé.    Le 


'  La  famille  Stevart  porte  :  écarlelé  au  premier  et  au  quatrième  de. . . .  chargé  d'un 

lion  couronne  de armé  et  lampassé  de....  au  second  et  au  troisième  de 

chargé  d'une  feuille  de  trèfle  de. . . . 

«  Cette  famille  vient  d'Ecosse  et  porte  les  mêmes  armes  que  les  Douglas,  qui  prirent 
»  ensuite  le  nom  de  Stewart,  d'une  fonction  qu'ils  avaient  à  la  cour  d'Ecosse.  Ce  nom 
»  dégénéra  en  Sluart,  mais  fut  conservé  intact  dans  notre  pays.  » 

V.  Catalogue  du  musée  de  Liège,  p.  26. 

*  Le  chapeau  et  les  floches  de  protonotaire  apostolique  timbrent  les  armoiries  de 
H.  Hustin  qui  porte  :  parti  au  1  et  au  4  de.  . . .  chargé  d'un  dextrochère  armé  d'une 
épée  de. . . .  au  2  et  au  3  de. . .  à  trois  croissants  de. . .  .  placés  2  et  un. 


—  264  — 

pied  circulaire  supporte  une  auréole  allongée,  garnie  au  centre 
d'un  petit  cylindre  octogone  en  cristal  posé  verticalement  qui  ren- 
ferme des  reliques  de  saint  Servais.  Deux  anges  soutenant  une 
couronne  terminent  ce  reliquaire  moderne.  H.  0.3G8. 

Reliquaires  en  forme  de  statuettes. 

Les  douze  statuettes-reliquaires  dont  nous  allons  donner  une 
description  succincte  ornaient  jadis  une  grande  châsse  conservée 
dans  le  trésor  de  l'église  en  1433  *.  Ces  statuettes  n'offrent  en 
général  qu'un  intérêt  religieux.  Les  draperies  tourmentées,  l'exa- 
gération de  certaines  parties ,  le  défaut  d'expression  des  physio- 
nomies, enfin  l'ensemble  de  la  composition  indiquent  que  c'est 
l'œuvre  d'artistes  que  n'inspiraient  plus  les  belles  traditions  du 
moyen  âge. 

Les  détails ,  si  l'on  en  excepte  ceux  des  statuettes  représentant 
saint  Jean-l'Evangéliste ,  saint  André ,  saint  Jean-Baptiste  et  le 
Sauveur,  sont  négligés. 

Voici  la  description  de  ces  reliquaires:  1°  une  statuette  du 
Sauveur  en  argent  doré  en  partie ,  debout  sur  une  base  octogone 
en  cuivre  doré  et  en  argent.  De  sa  main  gauche,  il  soutient  un 
globe  en  cristal  surmonté  d'une  croix  à  oriflamme  flottante;  de  sa 
droite  il  bénit  à  la  manière  latine.  Le  nimbe  crucifère  fixé  derrière 
la  tète  du  Sauveur  est  orné  de  pierreries  et  d'un  camée.  En  guise 
de  bille  il  porte  à  la  hauteur  de  la  poitrine  une  améthyste  entourée 
de  perles.  Au  bas  de  la  robe  se  trouve  l'inscription  niellée  Salvator 
minuit.  .  .  et  au  cou  de  la  statuette  est  suspendue  ,  à  une  longue 
chaîne  en  or,  une  croix  pectorale  chargée  de  quatre-feuilles  et 


1  Voir  :  Archives  de  l'église,  Registre  N°  57  du  Catalogue,  f.  2^5. 
Depuis  nombre  d'années  ces  statuettes  ornent  la  maître-autel  dans  les  grandes  solen- 
nités. 


—  265  — 

émailièe   d'azur  ',  — •  l»'c  moitié  du  XVe  siècle.    Hauteur  0.368 
millimètres  ; 

2°  Une  statuette  de  la  sainte  Vierge  en  argent,  en  partie 
doré,  debout  sur  une  base  octogone;  la  tète  de  la  mère  du  Sauveur 
est  ornée  d'une  couronne  trèflée  garnie  de  pierreries  et  de  perles 
fines.  Elle  tient  de  la  main  droite  un  petit  reliquaire  en  forme  de 
tourelle  contenant  de  lacté  béate  Marie  Virginie  et  sur  le  bras 
gauche  elle  porte  l'enfant  Jésus.  Sur  le  bord  de  sa  robe  on  lit: 
Sancta  Dei  genitrix  ora  pro  nobis. 

Une  longue  chaîne  enroulée  autour  du  cou  de  la  Vierge  supporte 
une  statuette  de  sainte  Barbe,  en  argent  doré,  debout  sous  un  dais 
gothique.  —  lre  moitié  du  XVe  siècle.  H.  0.360  millimètres. 

3°  Une  statuette  de  sainte  Anne,  en  argent  doré  en  partie,  debout 
sur  une  base  hexagone  en  cuivre  doré.  Elle  porte  sur  le  bras 
gauche  la  sainte  Vierge  assise,  tenant  l'enfant  Jésus  sur  ses  genoux 
et  offre  de  la  main  droite  un  fruit  au  divin  enfant.  Le  médaillon 
placé  au  milieu  de  la  poitrine  contient  des  reliques. —  lre  moitié 
du  XVe  siècle.  H.  0.366  millimètres. 

A°  Une  statuette  de  saint  Pierre  en  argent  doré  en  grande 
partie.  Le  saint  est  représenté  debout  sur  une  base  hexagone  en 
cuivre  doré.  De  sa  gauche  il  tient  un  livre  ouvert;  dans  sa  droite 
il  porte  la  clef;  à  côté  de  lui  un  reliquaire  cylindrique,  posé  verti- 
calement et  terminé  en  forme  de  dôme  surmonté  de  la  croix , 
renferme  deux  dents  du  saint  et  un  des  clous  de  sa  croix.  — 
lre  moitié  du  XVe  siècle.  —  Le  nimbe  est  moderne.  H.  0.372. 

5°  Une  statuette  de  saint  Paul  en  argent  doré ,  debout  sur  une 
base  hexagone  en  cuivre  doré  ;  de  la  main  gauche  il  tient  un 
livre  ouvert  ;  dans  la  droite ,  il  porte  un  glaive.  Sur  le  pied  on  lit  : 
Sanctus   Panlust.  Le  reliquaire  de   même  forme  que  le  précédent 


1  On  croit  généralement  que  c'est  celle  que  portait  le  dernier  doyen  du  chapitre  Robert 
De  Bellefroid  ,  chanoine  honoraire  de  Saint-Lambert. 

XXIX  XXII  17 


—  266  — 

renferme  un  fragment  d'os.  lie  moitié  du  XVe  siècle.  •—  Le 
nimbe  est  moderne.  H.  0.  372. 

6°  Une  statuette  de  saint  Jean-Dapliste,  debout  sur  un  pied 
octogone  en  argent  ;  le  manteau  de  ce  saint  est  doré  et  couvert 
de  niellures.  De  sa  main  droite  il  montre  l'agneau  sans  tache  nimbé, 
qu'il  porte  sur  le  bras  gauche.  11  tient  dans  la  main  gauche  une 
longue  croix  fleurdelisée  ornée  de  perles  et  à  oriflamme  flottante, 
brisée  en  partie. 

Nous  pensons  que  ce  reliquaire  a  servi  jadis  à  l'exposition  du 
saint  Sacrement  et  que  le  médaillon  circulaire  protégé  par  un  béryl 
qui  se  trouve  au  milieu  de  la  poitrine  du  saint  recevait  l'Hostie 
avant  que  la  discipline  moderne  n'eût  défendu  d'exposer  le  saint 
Sacrement    avec  des  reliques.    Fin  du    XIVe  siècle.  H.  0.335. 

7°  Une  statuette  de  saint  Jean-1'Evangéliste  ,  en  argent  doré 
en  partie,  debout  sur  un  pied  octogone  en  argent  ;  dans  la  main 
gauche  il  tient  un  élégant  calice  à  six  lobes ,  dont  la  tige  garnie 
d'un  nœud  orné  de  hachures  et  de  six  boutons  supporte  une  coupe 
ronde  d'où  s'échappent  deux  salamandres.  «  Il  élève  trois  doigts 
de  la  main  droite  pour  témoigner  de  la  vérité  de  la  sainte  Trinité. 
Fin  du  XlVe  siècle.  H.  0.355. 

8°  Une  statuette  de  sainte  Hélène  ,  en  argent  doré  en  partie , 
debout  sur  une  base  en  cuivre  doré.  Elle  porte  la  couronne  im- 
périale, tient  une  croix  de  la  main  droite  et  un  livre  ouvert  dans 
la  main  gauche.  Sur  le  pied  se  trouve  :  Sancta  Helena.  A  côté 
d'elle  un  reliquaire  cylindrique,  posé  verticalement  et  surmonté  du 
symbole  de  la  résurrection  ,    contient  des  fragments  de  la  vraie 


1  «  Un  piètre  d'idoles  ayant  dit  à  cet  apôtre  qu'il  croirait  à  son  Dieu  s'il  avalait  un 
»  calice  rempli  de  poison.  Saint  Jean  accepta  ;  mais  Dieu  permit  que  la  mort  sortit  de 
»  la  liqueur  avant  d'être  bue,  sous  la  forme  d'un  reptile.  »  dk  Caumont.  Abécédaire 
d'archéoloyie ,   p.  235. 

Quia  ul  Sanclus  Isidorus  scribit  in  libro  de  patribus  novi  testament! ,  bibens 
lœtiferum  kuwlum  ,  non  solum  evasit  periculum  ,  sed  eodem  prostratos  poculo  in 
vilœ  reparavil  slatum.  »  Molanus.  De  picturis  et  imaginibus  sacris.  cap.  LXXI1I,  p.  134. 


—  2G7   — 

croix  et  du  sépulcre  de  Jésus  Christ.  lre  moitié  du  XV''  siècle.  Le 
nimbe  est  moderne.  Hauteur  O.-iOO  millim. 

9"  Une  statuette  de  saint  André,  en  argent  doré  en  partie, 
debout  sur  une  base  en  cuivre  doré.  Sur  le  pied  droit  sont  ciselées 
les  principales  scènes  du  martyre  de  ce  saint.  De  la  main  droite , 
il  tient  un  livre  ouvert;  de  la  gauche,  sa  croix  au  milieu  de  laquelle 
sont  enchâssées  des  reliques.  Près  de  lui  un  reliquaire  cylindrique, 
posé  verticalement  et  orné  au  sommet  de  roses  et  d'une  couronne 
fleuronnée  d'où  s'échappe  un  dôme  surmonté  de  la  croix  ,  renferme 
un  fragment  d'os  de  ce  saint.  XVe  siècle.  Le  nimbe  est  moderne. 
Hauteur  0.4-05. 

10°  Une  statuette  de  sainte  Catherine,  en  argent  doré  en  partie. 
La  sainte  est  couronnée  ;  elle  porte  de  la  main  droite  un  livre  ouvert 
et  tient  de  la  gauche  une  épée.  A  ses  pieds  se  trouvent  la  roue  brisée 
et  une  tourelle  contenant  un  fragment  du  crâne  de  sainte  Catherine  et 
une  parcelle  du  mont  Sinaï.  lre  moitié  du  XVe  siècle.  Le  nimbe 
est  moderne.  Hauteur  0.350. 

41°  Une  statuette  de  saint  Christophe,  en  argent  doré  en  partie, 
debout  sur  une  base  semi-circulaire  en  cuivre  argenté  et  ornée 
de  belles  ciselures  de  forme  géométrique. 

Le  saint  vieillard  s'appuie  de  la  main  droite  sur  une  branche 
d'arbre  renfermant  des  reliques  et  soutient  sur  l'épaule  gauche 
l'enfant  Jésus.  Il  est  figuré  enfoncé  dans  l'eau  jusqu'à  la  cheville  *. 
—  Seconde  moitié  du  XVe  siècle.  Hauteur  0.355. 

12°  Une  statuette  de  saint  Sébastien  ,  en  argent  doré  en  partie, 
debout  sur  une  base  circulaire  en  argent.  Il  est  représenté  percé 
de  flèches  et  attaché  à  un  arbre  dont  le  pied  est  formé  par  un 
fragment  considérable  de  l'humérus  du  saint.  Seconde  moitié  du 
XVe  siècle.  Hauteur  0.574. 

Une    base    en  cuivre  doré  de   forme   hexagone    renferme  les 

1  Voir  Molaiws  ,  tir  pictyris  et  imaginibus  xacris.  Cap.  LXVI,  p.  121. 


268  — 


reliques  de  saint  Barthélémy.  La  sfalue  en  argent  qu'elle  suppor- 
tait fut,  ainsi  que  celle  de  sainte  Lucie,  brisée  par  des  voleurs 
dans  la  nuit  du  20  au  21  février  1607  *. 


Reliquaire  de  saint  Laurent. 


Reliquaires  en  forme  de  bras. 

Le  trésor  de  N.-D.  possède  sept  reli- 
quaires de  cette  forme.  Deux  seulement 
méritent  de  fixer  notre  attention.  Les 
cinq  autres  en  bois  peint  et  doré  ren- 
ferment des  reliques  de  saint  Materne , 
des  martyrs  de  Trêves  et  de  Gorcum , 
une  partie  d'un  os  du  bras  de  saint 
Marlius ,  martyr,  et  un  fragment  d'os 
de  saint  Clément. 

Ces  reliquaires  présentent  la  forme 
d'un  avant-bras ,  drapé  d'une  manche 
large  à  plis  retombants  :  trois  doigts 
levés  semblent,  par  leur  position,  at- 
tester la  vérité  du  mystère  de  la  sainte 
Trinité. 

Deux  de  ces  reliquaires  sont  recou- 
verts de  plaques  d'argent  et  ornés  de 
bandes  de  cuivre  doré,  découpées  en 
quatre-feuilles  ou  chargées  de  rinceaux 


1  1667  21  feb.  de  nocte  lalrocinium  comissum  est  in  sacristia  nostra  cancellis 

ferreis  unius  feneslre  vi  eujusdam  ligni sis  et  fracta   cista  ferrea  thésaurus 

ublulus  est. 

Voir  Archives  de  l'église,  N°  10  du  catalogue,  f°  331. 

Dinœ  effigies  S'œ  Lucie  et  S>'1  Bartholomei  fractœ  par  furem. 

Voir  Archives  de  l'église,  Registre  N°  14  du  Catalogue,  f°  180. 

Nous  trouvons  encore  deux  autres  statuettes  en  argent  mentionnées  dans  les  cata- 
logues de  1752  et  1790.  Elles  représentaient  la  sainte  Vierge  et  saint  Materne  et  étaient 
placées  aux  deux  côtés  du  reliquaire  de  la  sainte  croix.  Ce  furent  probablement  celles 
que  le  trésorier  Ant.  Mounial  fut  forcé  de  vendre  à  Hambourg  en  1794. 


Annales  de  l'Académie  d'Archéologie  le  Belgique,  iXXIl,  2'Sériet,JI 


Anven-. 


BUSTE     REUÇUAIRE. 


—  269  — 

en  filigrane  de  vermeil  entourant  des  pierreries  montées  en  cuivre 
doré. 

Ces  deux  reliquaires  renferment  une  vertèbre  et  un  os  du  bras 
de  saint  Materne,  de  saint  Laurent  et  des  fragments  des  os  du 
bras  et  de  la  tête.  Fin  du  XIIIe  et  commencement  du  XIVe  siècle. 
Hauteur  0.56  et  0.54. 

Reliquaires  en  forme  de  bustes. 

1°  Un  buste  en  cuivre  doré  et  repoussé  de  sainte  Pinosa,  martyre. 
Ce  buste  repose  sur  une  base  octogone  irrégulière ,  soutenue  par 
quatre  lions. 

Les  draperies  ondulées  sont  ornées  de  niellures.  Au  milieu  de 
la  poitrine  entre  deux  bandes  de  cuivre  posées  verticalement  et 
chargées  de  rinceaux  repoussés  se  trouve  un  cabochon  en  cristal 
entouré  de  quatre  rayons  aux  formes  trèflées  alternant  avec  des 
pierreries.  Le  haut  de  la  robe  est  garni  d'une  bande  de  cuivre  doré 
sur  laquelle  on  lit  :  Caput.  Sancte.  Pinose.  filie.  régis.  Cicilie. 
La  face  en  cuivre  peint  est  encadrée  par  une  riche  chevelure 
dorée  retenue  par  une  bande  ornée  de  rinceaux.  Une  couronne 
trèflée  et  ornée  de  pierreries  dissimule  l'ouverture  du  reliquaire 
renfermant  le  crâne  entier  de  la  sainte.  XIVe  siècle.  H.  0.4-32. 

2°  Un  buste  en  cuivre  doré  de  sainte  Olive.  La  base  octogone 
irrégulière  repose  sur  quatre  lions  dorés.  Le  buste  en  cuivre  doré 
uni  est  garni  à  la  hauteur  du  cou  d'une  bande  ornée  d'un  cabochon 
en  cristal  et  chargée  de  roses  et  de  fleurs  en  cuivre  appliqué.  La 
tète  en  bois  peint  et  doré  renferme  un  fragment  considérable  du 
crâne  de  cette  martyre,  compagne  de  sainte  Ursule.  XVe  siècle. 
H.  0.425. 

Agnus  Dei ,   etc. 
1.   A  un  cordon  en  soie  verle  est    suspendu  un  médaillon  de 


—  270  — 

forme  circulaire  renfermant  unAgnus  Uei*.  Il  est  recouvert  decorne 

translucide  retenu  par  un  petit  cadre  en  cuivre  émaillé  et  protégé 
par  une  'croix  en  cuivre  légèrement  pâtée.  Celle-ci  est  chargée 
de  rinceaux  émaillés  et  ornée  au  centre  d'un  écusson  carré,  repré- 
sentant d'un  côté  un  agneau  pascal,  la  tète  nimbée  et  portant  une 
croix  à  oriflamme  llottanle  ;  de  l'autre,  le  buste  de  la  sainte  Vierge 
orné  d'un  nimbe.  Ces  deux  figures  sont  en  émail  translucide.  Sur 
la  bordure  circulaire,  garnie  d'émaux,  on  lit  d'un  côté  :  Agn.  D. 
miserere  mei  cri.  aïolis,  et  de  l'autre  :  Ave  Maria  gracia  pletia 
Dus  tecu.  Bn.  XIVe  siècle.  Diamètre  0.0G7. 

2.  Dans  une  petite  caisse  en  bois  sont  enfermées  33  reliquaires 
de  forme  ovale ,  portant  d'un  côté  la  figure  du  saint  dont  les  reliques 
se  trouvent  sous  cristal  de  l'autre  côté.  Une  miniature  byzantine 
représentant  la  sainte  Vierge,  nigra  sed  formosa ,  et  une  autre 
montrant  la  face  du  Christ  méritent  une  mention  spéciale. 

3.  Une  caisse  plus  petite  que  la  précédente  renferme  une  chaîne 
et  quatre  croix  modernes  en  or,  huit  médailles  de  Léon  XII, 
d'Innocent  XI,  de  Clément  VIII  et  de  Grégoire  XVI;  une  médaille 
en  argent  portant  en  exergue  Quos  Dens  conjunœit  homo  non 
separet,  et  une  autre  avec  une  inscription  allemande  et  la  date 
de  1635. 

4.  Sur  une  large  corniche  moulurée  et  ornée  d'une  bande  con- 
tinue de  quatre-feuilles  ajourées  s'élèvent  deux  colonnettes  torses 
surmontées  de  pinacles  à  jour. 

Le  tympan,  dont  les  courbes  conduites  en  doucine  sont  ornées 
de  crochets  à  larges  feuilles  et  surmontées  d'un  fleuron  ouvert, 
est  garni  d'un  médaillon  circulaire  émaillé  et  entouré  d'orne- 
ments ajourés. 


1  Ce  sunt  de  petites  rondelles  de  cire  que  le  pape  bénit  la  semaine  après  l'àipies  et 
que  Ton  distribue  au  peuple  pendant  l'octave  de  Pâques  ou  qui  sont  envoyées  dans 
toute  la  chrétienté.  L'Agnus  Uei  renfermé  dans  ce  médaillon  est  du  Pape  Jean  XXII, 
(1316-1334). 


' 


COFFRET     A    RELIQUES 

phyTactèRe. 


—  271    — 

L'espace  compris  entre  les  deux  colonnettes  est  occupé  par 
un  autre  médaillon  circulaire  entouré  d'anges  ailés  et  renfermant 
un  Agnus  Dci.  Fin  du  XVme  siècle.  Hauteur  0.18. 

5.  Un  triptyque  à  peu  près  carré  en  bois  de  chêne  peint  en 
rouge  et  parsemé  d'étoiles  dorées. 

En  ouvrant  les  deux  volets ,  on  voit  la  relique  l  fixée  au  centre. 
Elle  est  placée  sous  cristal ,  garnie  d'un  cordon  de  perles  fines  et 
entourée  par  un  petit  cadre  en  argent. 

Des  pendeloques,  représentant  des  lettres  gothiques  en  vermeil 
découpé;  des  fleurs  et  des  médaillons  entourent  ce  cadre  qui  est 
surmonté  d'une  broderie  au  long  point  qui  représente  le  Père  éternel 
bénissant  et  entouré  d'une  auréole. 

Sur  le  volet  droit  se  trouve  représenté  un  ange  qui  soutient  de  la 
main  droite  une  banderolle  portant  :  Ave.  Maria,  gta.  plena. 
Uns.  tecum. 

Sur  le  volet  gauche  on  voit  la  sainte  Vierge  debout ,  la  main 
droite  appuyée  sur  un  livre;  à  ses  pieds  se  trouve  le  lis  virginal. 
Ces  deux  sujets  sont  peints  sur  un  fond  d'or  parsemé  de  roses  à 
six  feuilles.  XVe  siècle.  H.  0.48,  largeur  0.46. 

6.  Un  coffret  en  bois  de  chêne  recouvert  de  cuir  et  orné  de 
neuf  losanges  en  cuivre  repoussé  et  émaillé  qui  représentent  des 
fleurs  de  lis  et  des  lions  allongés  et  efflanqués,  entourés  de  clous 
protecteurs. 

Sur  le  bas-côté  droit  un  médaillon  circulaire,  en  cuivre  repoussé 
et  émaillé  de  blanc ,  représente  un  roi  couronné ,  assis  sur  son 
trône,  tenant  de  la  gauche  un  sceptre  fleurdelisé  et  soutenant 
de  la  droite  un  globe  surmonté  d'une  croix. 

Le  couvercle  est  garni  d'une  bandelette  en  cuivre  émaillé , 
qui  représente  des  lis  alternant  avec  des  châteaux  à  trois  tours 
crénelées  2. 

1  De  capitigeo.  béate.  Marie.  Virginia, 

-  «  Tout  le  monde  sait  que  la  fleur  de  lis  est  le  signe  héraldique  des  rois  de  France 
»  et  que  les  trois  tours  étaient  les  armoiries  de  Blanche  de  Castille ,  mère  de  saint  Louis. 


9.72 


La  serrure  en  cuivre  est  ciselée  en  forme  de  damier.  L'intérieur, 
garni  d'une  grossière  toile  blanche,  renferme  des  reliques  de  saint 
Gebandus,  de  saint  Romain  martyr,  de  saint  Hyppolite  et  de  ses 
compagnons,  de  saint  Laurent,  de  saint  Damase  et  de  saint  Jean; 
un  petit  Agnus  Dei ,  un  fragment  de  pierre  et  quelques  reliques 
sans  nom.  XHIe  siècle.  Haut.  0.10,  long.  0.20,  largeur  0.10. 

7.  Un  reliquaire  en  bois  de  chêne  à  peu  près  carré.  Le  centre 
en  est  occupé  par  une  petite  plaque  de  marbre  rouge  ,  retenu  par  un 
cadre  en  cuivre;  aux  coins  se  trouvent  les  quatre  emblèmes  évan- 
géliques  entourés  de  rinceaux  ciselés.  Le  bord  est  orné  d'une 
bande  continue  en  cuivre  doré  couverte  de  rinceaux  au  repoussé. 
XlVe  siècle.  H.  0.127,  1.  0.095. 

Châsses. 

1°  Châsse  en  bois  recouverte  de  velours  rouge  présentant  la 
forme  d'un  édifice  terminé  par  un  toit  aigu.  L'un  des  côtés  est 
accosté  de  deux  colonnettes  en  cuivre  ornées  d'un  annelet  à 
triple  tore  dont  les  chapiteaux ,  garnis  de  deux  rangs  de  feuilles 
d'acanthe,  retombent  en  forme  de  crochet  et  soutiennent  la  corniche 
saillante  qui  encadre  les  deux  faces  latérales.  Un  cordon  chargé 
de  filigranes  et  de  cabochons  montés  en  cuivre  dessine  cinq  médail- 
lons circulaires  encadrés  dans  un  parallélogramme  allongé.  Celui-ci 
en  supporte  un  autre  où  se  profilent  quatre  arcs  de  cercle  chargés 
d'arabesques  en  filigrane  et  de  pierreries.  Les  médaillons  en 
cuivre  ciselé  et  repoussé  qui  ornent  ce  côté  représentent  l'Annon- 
ciation de  la  sainte  Vierge ,  la  Visitation  de  Marie ,  l'Annonce  de 
la  naissance  du  Christ  aux  Bergers  et  la  Naissance  du  Sauveur. 


»  Le  lion  allongé  et  efflanqué  appartenait  an  royaume  de  Léon  depuis  longtemps  uni 
»  à  la  Caslille  sous  la  domination  de  la  famille  de  la  reine  Blanche  ;  les  deux  royaumes 
«  une  fuis  réunis  on  en  cumula  les  ai  moines,  «  Dis  Caumont,  Abécédaire  d'ar- 
i  héologie  ,  p,  294. 


—  273   — 

Le  médaillon  central  est  occupé  par  une  croix  légèrement  pâtée 
en  cuivre  ciselé  portant  l'inscription  INRI  en  émail  champlevé.  Le 
soleil  en  émail  rouge  se  trouve  à  droite  et  la  lune  en  émail  bleu 
se  trouve  à  gauche  de  la  croix  dont  le  cœur  était  jadis  orné  d'un 
cabochon.  De  l'autre  côté  de  cet  édifice  sept  colonnettes  en  cuivre 
cylindriques  et  détachées  présentent  au  milieu  de  leur  hauteur  un 
annelet  composé  de  trois  tores.  Elles  reposent  sur  une  imposte 
peu  élevée  et  portent  six  arcatures  continues  et  trilobées.  Le  fond 
en  cuivre  repoussé  et  parsemé  de  petites  losanges  ornées  de  fleurs 
existe  encore  en  partie  ;  mais  les  six  statuettes  ont  disparu. 
Chacun  des  petits  côtés  est  orné  d'une  statuette  en  bois  peint  et 
doré,  représentant  l'une  la  sainte  Vierge  et  l'autre  saint  Materne 
(XVIIe  siècle).  Ces  statuettes,  un  peu  plus  élevées  que  celles  dont 
était  ornée  l'une  des  grandes  façades  ,  sont  encadrées  par  quatre 
petits  ornements  en  cuivre  de  la  forme  d'une  épicycloïde  à  six 
lobes,  qui  occupent  une  partie  du  gable  où  ils  étalent  leurs 
feuilles  concaves  autour  d'un  clou  à  grosse  tète. 

L'auréole  de  la  sainte  Vierge ,  en  émail  rond  ,  est  ornée  de 
cercles  et  de  feuilles  de  trèfle  qui  s'entrelacent  et  se  combinent  : 
celle  de  saint  Materne  a  disparu  et  a  été  remplacée  par  un  cabochon. 
Le  toit  très-aigu  est  recouvert  de  plaques  d'argent  ardoisées  et 
bordé  de  cabochons  recouvrant  de  pieuses  vignettes  qui  alternent  avec 
de  petits  émaux  champlevés.  Voici ,  d'après  l'inventaire  qui  en  fut 
dressé  en  4677  ,  la  liste  des  reliques  renfermées  dans  cette 
châsse  :  des  ossements  de  saint  Servais,  de  sainte  Elisabeth  ',  de 
saint  Julien ,  de  saint  Urbain  et  des  onze  mille  vierges  ;  le  crâne 
de  sainte  Mechtilde  ;  des  reliques  de  saint  Pie ,  de  saint  Grégoire, 
de  saint  Sylvestre  ,  de  saint  François ,  de  saint  Paul  et  de 
sainte  Sabine  ;  un  fragment  de  la  colonne  du  Christ  et  plusieurs 


1   V.  de  MontaliiMBEHT  ,  Hist.  <l<:  sainte  Elisabeth  de  Hongrie,  p.   101. 


—  274  — 

autres  reliques  (XIIIe  siècle).  Hauteur  jusqu'à  la  corniche  0.273  ; 
hauteur  totale  0.50  ;  longueur  0.885  ;  largeur  0.2G5. 

2°  Châsse  en  bois  recouverte  de  velours  rouge  et  construite  en 
forme  de  croix  latine. 

Les  deux  faces  latérales  sont  ornées  de  médaillons  circulaires 
en  argent  ciselé  et  repoussé  représentant,  d'un  côté  la  Consécration 
de  saint  Materne,  de  l'autre  côté  Euchère  et  Valère  recevant  de 
saint  Pierre  le  bâton  pastoral  qui  doit  rappeler  leur  jeune 
compagnon  à  la  vie.  Ces  deux  médaillons  accostés  de  deux 
pilastres  cannelés  qui  soutiennent  la  corniche  saillante  sont  séparés 
par  le  croissillon  avancé  et  orné  d'une  niche  circulaire  :  celle-ci 
est  garnie  d'une  petite  statuette  en  argent  représentant  l'apôtre 
saint  Jacques.  Le  reliquaire,  placé  au  milieu  de  la  poitrine  du  saint, 
renferme  un  fragment  de  la  vraie  croix  *. 

Deux  pilastres  cannelés,  placés  de  chaque  côté  de  la  niche, 
supportent  la  corniche  ornant  les  quatre  faces  de  la  châsse  et 
s'appuyeut  sur  une  base  moulurée  soutenue  par  quatre  petits  pieds. 
Le  gable  placé  au-dessus  de  chaque  statuette  est  orné  de  palmes 
entrecroisées.  La  statuette ,  placée  de  l'autre  côté ,  représente  l'apôtre 
saint  Mathias  ;  les  médaillons,  Euchère  et  Valère  ressuscitant 
Materne,  puis  les  apôtres  ouvrant  le  tombeau  de  la  sainte  Vierge 
vide  el  rempli  de  roses.  Les  petits  côtés  sont  ornés  de  deux 
médaillons  circulaires  représentant  d'un  côté  la  Réception  de  la 
sainte  Vierge  au  temple,  de  l'autre  côté  saint  Materne  prêchant 
la  foi  dans  la  Tongrie.  2 

Le  toit  de  forme  convexe  est  recouvert  de  plaques  en  argent 
repoussé.  Au  pied  de  la  statuette  de  saint  Mathias  se  trouve  gravé 
le  nom  de  l'orfèvre  :  L.  Stox.  fecit.  (XVIIe  siècle).  Hauteur  0.575, 
longueur  1.075,  largeur  0.45. 

1  Le  nimbe  du  suint  esl  moderne  ;  la  statuette  esl  du  XV'  siècle. 
Cette  (.'liasse  a  été  restaurée  sur  les  ordres  du  conseil  de  fabrique,  il  y  a  dix  ans, 
pai  M   Lambert  Petcrs  de  Tongres, 


-    275    - 

3°  Châsse  en  bois'2  recouverte  de  velours  rouge  de  même  forme 
que  la  précédente.  Les  médaillons  en  cuivre  argenté  représentent 
d'un  côté  sainte  Sophite  et  sainte  Faustine  ;  de  l'autre  le  Sauveur  et 
la  sainte  Vierge.  Les  deux  statuettes  en  bois  peint  et  doré  repré- 
sentent deux  évêques. 

Le  couvercle  de  forme  convexe  est  en  bois  ;  jadis  doré.  Celte 
châsse  renferme,  d'après  la  liste  qui  en  fut  dressée  en  1690  par 
le  prêtre-trésorier  Lamberli ,  les  reliques  de  saint  Laurent  martyr, 
de  saint  Hippolyle  et  de  ses  compagnons ,  de  saint  Romain ,  de 
saint  Damase  pape,  de  sainte  Elisabeth,  de  sainte  Valentine,  de 
saint  Servais ,  de  sainte  Mechtilde,  de  saint  Sylvestre ,  de  saint 
Vincent,  de  saint  Paul,  de  saint  Pierre,  de  saint  Jacques,  de 
saint  Urbain  ,  deux  des  crânes  des  onze  mille  vierges ,  des  osse- 
ments de  saint  Léon  ,  de  sainte  Barbe  et  de  plusieurs  autres  saints 
et  saintes  1  (XVIlIe  siècle).  Hauteur  0.560;  largeur  0.4.-03;  lon- 
gueur 1.040. 

Reliquaire  de  saint  Materne. 

Le  bâlon  pastoral  de  saint  Materne. 

Cette  relique  de  notre  premier  évèque  est  un  simple  bâlon  de 
voyage  en  bois  légèrement  recourbé  à  la  partie  supérieure  et  garni 
au  bas  d'un  pivot  en  cuivre.  Elle  avait  échappé  à  tous  les  désastres 
avant  le  grand  incendie  de  1677.  Gravement  endommagée  par  ce 
terrible  fléau,  le  chapitre  eut  soin  d'en  recueillir  les  débris  qu'il 
lit  enchâsser  dans  une  crosse  en  argent,  portant  le  chronogramme 
et  l'inscription  suivants  : 

sanCte  tongrorUM  apostoLe  InterCeOe  pro  nobIs. 
Pastorale,  peduin.  theca.  servatur.  in.  ista. 
Divi.  Materni.  mytra.  qui.  triplice.  clams. 
Primus.  apud.  Tungros.  Iws.  convertendo.  resedit. 

1  11  y  a  entre  autres  reliques  des  fragments  considérables  d'us  de  sainte  Faustine  recueillis 
au  cimetière  de  Sainte-Claire  à  Rome. 


—  276  — 

Cette  crosse  de  forme  circulaire  est  composée  de  plaques 
d'argent  reliées  entre  elles  par  des  annelets.  La  volute  très-courte 
repose  sur  un  nœud  hexagone  orné  de  feuillages  et  du  buste  de 
saint  Materne  en  gravure  et  se  termine  en  feuillage  recourbé.  Une 
partie  de  la  volute  et  de  la  hampe  est  à  jour  et  garnie  de  corne 
translucide,  ce  qui  permet  de  voir  la  relique  l.  XVIIIe  siècle. 
H.  1.38  avec  la  pointe. 

Masses,  etc. 

Deux  masses  en  argent  de  forme  hexagone.  La  hampe  garnie 
de  cinq  annelets  moulurés  est  terminée  par  un  chapiteau  circulaire 
orné  de  feuillages  en  gravure.  Sur  l'une  des  masses  se  trouve  la 
statue  en  argent  de  la  Vierge  debout,  soutenant  l'enfant  Jésus,  et 
sur  l'autre  celle  de  saint  Materne  également  debout  tenant  de  la 
droite  le  bâton  pastoral  et  soutenant  de  la  gauche  une  église  à  trois 
tours,  emblème  de  son  triple  évèché  2.  XVIIe  siècle.  H.  0.98. 

Deux  autres  masses  en  bois  garni  de  cuir  et  de  larges  anneaux 
en  argent ,  chargés  de  rinceaux  en  émail  champlevé,  sont  lerminées 
par  un  globe  de  même  métal.  Au-dessus  de  celui-ci ,  on  a  placé  de 
grandes  plaques  en  argent  repoussé  et  estampé,  représentant 
N.-D.  de  Tongres,  couronnée  par  deux  anges.  Au  bas  se  trouve 
le  chronogramme  suivant  : 

In  te  aUXILIatrICe 
ConfIDIMUs. 

Binon  fecit. 

XVIIIe  siècle.  Hauteur  totale  1.88. 

Un  index,  en  argent  de  forme  hexagone  effilée,  terminé  par  une 


1  Cette  crosse  est  l'œuvre  de  Porfévre  Binon,  dont  nous  trouvons  le  nom  marqué  au 
bas  de  la  hampe. 

-  Ces  masses  étaieul  autrefois  portées  dans  les  solennités  pai  les  bâtonniers  du  prévôl 
i't  du  chapitre, 


—  277  — 

petite  main  de  même  métal.  Sur  une  des  faces  on  lit:  De  Requite. 
decan.  Tongr.  XVIIIe  siècle.  Longueur:  0.37. 

Un  index  en  bois  d'ébène  garni  d'annelets  et  terminé  par  un 
petit  ornement  en  argent.  Moderne.  Long.  0.43. 

Croix  d'autel  et  de  procession. 

\o  Ancienne  croix  d'autel  mobile  recouverte  de  plaques  en  argent 
ornées  de  feuillages  et  de  rinceaux  en  gravure.  Le  nimbe  en  cuivre 
émaillé  moderne  du  Christ  placé  au  point  d'intersection  est  au  centre. 
Les  emblèmes  évangéliques  sont  ciselés  dans  les  médaillons  circu- 
laires qui  précèdent  les  extrémités  fleurdelisées  de  la  croix.  Au 
revers,  on  voit  les  figures  de  la  Vierge,  de  saint  Servais,  de  saint 
Lambert  et  de  saint  Hubert,  ciselées  et  entourées  de  rinceaux;  les 
médaillons  circulaires  représentent  saint  Materne,  saint  Lambert, 
sainte  Catherine  et  saint  Egide  et  les  espaces  intermédiaires  sont 
ornés  de  rinceaux.  XVe  siècle.  H.  0.321.  Largeur  0.253.  Le 
Christ  moderne  a  une  hauteur  de  0.012. 

Cette  croix  se  trouve  aujourd'hui  sur  une  hampe  moderne  en 
bois  peint. 

2°  Une  croix  de  procession  en  argent. 

La  hampe  en  bois  de  forme  hexagone  est  recouverte  de  lames 
en  argent  dorées  en  partie  et  ornées  de  feuillages  sur  fond  niellé. 
Elle  est  garnie  de  quatre  nœuds  circulaires  en  cuivre  doré  et  ciselé 
avec  six  boutons  circulaires  ornés  des  bustes,  repoussés  et  ajourés, 
de  la  sainte  Vierge  et  de  saint  Materne  alternés.  La  douille  forme 
un  édicule  hexagone  reposant  sur  un  chapiteau  à  feuillages  dans 
lequel  s'emboîte  la  hampe.  Les  statuettes  en  argent  de  la  sainte 
Vierge ,  de  saint  Pierre ,  de  saint  Materne ,  de  saint  Servais ,  de 
saint  Lambert,  de  saint  Remacle  et  de  saint  .... ,  séparés  par  des 
contreforts  à  pinacles,  occupent  les  niches  aménagés  dans  chacun 
des  côtés.  Au  centre  de  la  galerie  trèflée  et  découpée  à  jour  qui 


—  278  — 

couronne  cet  édicule  s'élève  une  tige  hexagone  percée  de  lenes- 
trages  soutenant  la  croix. 

Celle-ci  est  formée  de  plaques  d'argent,  dorées  en  partie. 
Le  Christ  couronné  d'épines  est  couvert  d'une  ample  draperie  ; 
un  nimbe  circulaire  en  émail  translucide  occupe  le  centre  de  la 
croix. 

Les  emblèmes  évangéliques  entourés  d'anges  portant  les  instru- 
ments de  la  Passion  sont  ciselés  dans  les  médaillons  en  quatre- 
feuilles  qui  terminent  les  branches.  XVe  siècle.  Hauteur  totale 
2.50.  Largeur  de  la  croix  0.018,  Haut,  du  Christ  0.012. 

La  croix  semble  avoir  subi  une  malheureuse  restauration  en 
1G37,  date  marquée  au  revers. 

3°  Une  croix  de  procession  en  cuivre  argenté  et  doré,  supportée 
par  un  chapiteau   circulaire,  doré  et  orné  de  feuillages  argentés. 

La  hampe  en  bois  de  forme  circulaire  est  entourée  de  plaques 
en  argent  reliées  par  quatre  annelets  dorés.  XVlIIe siècle.  H.  2.82. 

4°  Une  croix  d'autel  en  bois  d'ébène;  le  Christ  et  quelques  orne- 
ments sont  en  argent.  XVIIIe  siècle  H.  1.055. 

5°  Une  croix  d'autel  en  bois  ;  le  Christ,  le  titre  et  l'emblème  de 
la  mort  sont  en  argent.  XVIIIe  siècle.  II.  0.024. 

Calices. 

1°  Un  calice,  avec  patène  et  cuiller  en  argent  doré,  dont  le 
pied  circulaire  repose  sur  une  base  à  six  lobes  ciselée  et  garnie  d'un 
pied  droit  orné  de  quatre-feuilles  ajourées. 

La  tige  hexagone  très  svelte  est  munie  d'un  nœud  gravé  et  ciselé 
orné  de  six  boulons  portant  des  fleurs  de  lis  découpées.  La  fausse 
coupe  et  le  pied  de  la  tige  sont  ornés  d'une  ciselure  à  jour.  lrc  moitié 
du  XVe  siècle.  11.  0.233.  Diam.  de  la  base  0.16;  diamètre  de  la 
coupe  0.11. 

Dans  l'intérieur  du  pied ,  sur  une  plaque  cachant  l'ancienne 
inscription  ,   se  trouve  : 

t  Bidl  voor  de  ziele  va»  Ch.  Jo.  Labbée  1S°28. 


:  iotfie  de  Belgique  tXXIi,  2e  Série,  t  11 

CROIX    DE    PROCESSION 


' 


LÙÂ    S  -%fx*f&r,  s3n#ers 


—  279  — 

2°  Un  calice,  avec  patène  et  cuiller  en  argent  doré,  dont  le 
pied  est  octogone.  La  tige,  le  nœud  et  la  fausse  coupe  sont  ornés 
d'arabesques  estampés.  Au-dessous  du  pied  on  lit:  H.  D.  Cours 
dono  dédit  S.  n.  A°  1750.  Hauteur  0.200.  Diam.  de  la  base 
0.15.  Diam.  de  la  coupe  0.095. 

3°  Un  calice  avec  patène  et  cuiller  en  argent  doré  en  partie.  Le 
pied  est  octogone  ;  la  tige  et  le  nœud  portent  des  tètes  d'anges 
et  de  rinceaux  ciselés  et  repoussés. 

La  fausse  coupe  est  ornée  des  quatre  symboles  évangéliques , 
entourés  de  rinceaux  estampés  et  ciselés.  XVIIe  siècle.  Haut.  0.253. 
Diamètre  de  la  base  0.155.  Diam.  de  la  coupe  0.092. 

4°  Un  calice ,  avec  patène  et  cuiller  en  argent  doré  ,  dont  le 
pied  circulaire  repose  sur  une  base  à  six  lobes  ornée  de  fleurs 
de  lis  ciselées ,  repoussées  et  entourées  d'une  bordure  de  quatrc- 
feuilles  ajourées.  La  tige  et  la  fausse  coupe  sont  en  feuillages 
ciselés.  Le  nœud  est  garni  de  six  boutons  représentant  des  tètes 
d'anges  ciselées  et  repoussées.  XVIIe  siècle.  Haut  0.2G5.  Diam. 
de  la  base  0.175.  Diam.  de  la  coupe  0.41. 

5°  Un  calice  avec  patène  et  cuiller  en  argent  doré,  très-simple. 
En-dessous  du  pied  octogone,  orné  d'un  Christ,  on  lit  : 

Sam  altaris  plebaniœ  anno  1760  R.  Van  Herch  p.  H.  0.257 
Diam.  du  pied  0.16.  Diam.  de  la  coupe  0.10. 

6°  Un  calice  en  argent  avecpatène  et  cuiller  en  argent  doré. Sur 
la  base  octogone  qui  supporte  un  pied  circulaire  on  lit  : 

H.  SAREN.   A.  T.  —  VAS  SN.  0.  P.  N. 

1739.  H.  0.265.  Diam.  de  la  baseO.155.Diam.de  lacoupeO,098. 

7°  Un  calice  en  argent  doré  uni.  La  fausse  coupe ,  le  nœud  et 
la  base  sont  ciselés.  Au  pied  de  la  tige  se  trouve  un  Christ  en 
croix  également  ciselé.  En-dessous  du  pied  circulaire  on  lit  : 
J.  II.  Van  Bloer. 

XVIIIe  siècle.  Haut.  0.31.  Diam.  de  la  base  0.174.  Diamètre 
de  la  coupe  0. 107. 


—  280   — 

8°  Un  calice  on  argent  doré.  Le  pied  en  cuivre  doré  à  six  lobes 
coupés  porte  six  émaux  ehamplevés  entourés  de  rinceaux  et  de 
feuillages  ciselés  et  repoussés. 

La  tige  hexagone  est  gravée  et  le  nœud  est  orné  de  six  boutons 
avec  le  saint  nom  de  Jésus  précédé  de  la  croix.  La  fausse  coupe 
garnie  de  six  feuilles  d'acanthe  est  richement  ciselée.  Autour  de  la 
coupe  on  lit  :  Calicem  salutaris  accipiam  et  nomen  Domini 
ïnvocabo. 

La  patène  est  ornée  au  centre  de  la  ligure  du  suaire  de  sainte 
Véronique  gravée.  (Don  fait  par  M.  le  doyen  Hcinartz  en  1859). 
H.  027.  Diamètre  de  la  coupe  0.107.  Diam.  de  la  base  0.  1G5. 

Burettes. 

1°  Un  plateau  ovale  en  argent;  la  bordure  est  ornée  de  quatre 
têtes  d'anges  ailés,  de  fruits  et  de  feuillages  repoussés  et  ciselés. 
En-dessous  on  voit  : 

Capitulam  Dongrensis  (sic) 
1652. 

Diamètre  0.56  sur  0.41. 

Durcîtes  en  argent  repoussé  et  ciselé.  H.  0.202,  diamètre  de 
la  coupe  0.10. 

2°  Un  plateau  ovale  en  argent  dont  la  bordure  est  ondoyante  de 
même  que  celle  des  burettes.  1777. 

3°  Un  plateau  en  argent  avec  burettes  de  même  sans  ornement 
ni  inscription. 

4°  Un  plateau  en  argent  avec  burettes  de  même  métal.  Il  n'y  a 
pas  d'ornements,  mais  l'inscription  prouve  qu'ils  ont  été  donnés  par 
J.  II.  VanBloer. 

Pyxides. 

1°  Une  pyxide  ronde  en  cuivre  doré.  Le  couvercle  conique  à 
charnières  est  orné  de  légères  ciselures  et  surmonté  d'un   petit 


—  281   — 

anneau  qui  servait  à  suspendre  la  pyxide  au-dessus  de  l'autel  dans 
une  bourse  brodée  sous  un  dais  appelé  ciboire.  Fabrication 
limousine.  Diam.  de  la  base  0.051 . 

2°  Une  pyxide  ronde  en  argent  doré.  Le  couvercle  est  orné  de 
rinceaux  formant  des  ogives  qui  encadrent  le  buste  du  Sauveur, 
et  ceux  des  douze  apôtres  en  argent  repoussé  ;  la  fausse  coupe 
est  ornée  d'anges  adorateurs  ,  1861.  Haut.  0.09,  diamètre  de  la 
coupe  0.10. 

30  Deux  petites  pyxides  en  argent  de  forme  cylindrique  sur- 
montées de  couvercles  coniques  terminés  par  des  croix. 

La  partie  inférieure  sert  de  chrismatoire.  Moderne.  HauteurO.  1 1 . 
Diamètre  de  la  base  0.057. 

Ciboires  *. 

1°  Un  ciboire  en  argent  dont  la  coupe  est  dorée.  Le  pied  circu- 
laire orné  de  feuillages  supporte  une  tige  dont  le  nœud  est  garni  de 
festons  et  de  feuillages.  La  fausse  coupe,  ciselée  à  jour,  porte 
trois  médaillons  ovales  entourés  de  rinceaux,  de  fleurs  et  de  fruits 
ciselés  et  repoussés.  Le  couvercle  en  forme  de  dôme  est  orné  de 
feuillages  et  surmonté  d'un  globe  portant  la  croix.  Moderne. 
H.  0.50.  Diam.  delà  coupe,  0.128.  Diam.  de  la  base  0.16. 

2°  Un  ciboire  en  argent  doré.  La  base  polygone  est  ornée  d'un 
pied  droit  en  quatre-feuilles  ajourées.  Elle  est  garnie  de  pierreries 
et  de  ciselures  représentant  les  quatre  symboles  évangéliques ,  la 
Cène  et  le  Christ  avec  les  disciples  d'Emmaùs  entourés  de  rinceaux 


'  Les  ciboires  avaient  dans  les  premiers  temps  lafurme  de  tours  (turres.)  Ces  tours 
eucharistiques  étaient  tantôt  conservées  dans  les  sacristies  ou  les  armarium,  tantôt 
suspendues  au-dessus  de  l'autel  ;  c'est  là  l'origine  des  tabernacles  adhérants  à  l'autel. 

V.  Santelli,  de  sacris  synaxibus  ,  c.  19.  Perket,  Catacombes  de  Rome ,  tom.  IV, 
pi.  XIX  n°  4.  Mabillon,  Vêlera  analecta  ,  tom.  11,  p.  57.  Gheg.  Tir.  De  Gloria 
marlyrum,  lib.  1,  c.  86.  Mabillon,  Disserl  de  aiym  ,  c.  8.  Gropper  ,  De  asserva- 
tione  Eucharistiœ ,  p.  451. 

xxix  xxil  in 


—   282   — 

et  de  feuillages.  Sur  la  partie  supérieure  de  la  coupe  se  trouvent 
les  deux  inscriptions:  Qui  ma  n  ducat  hune  panem  vivetinelernum, 
et  aperti  sunt  oculi  eorum  et  cognoverunt  eum. 

Les  angles  de  la  tige  hexagone,  garnis  par  petits  contreforts 
qui  séparent  des  émaux  cbamplevés,  représentent  la  sainte  Vierge, 
saint  Materne,  saint  Servais,  saint  Lambert,  saint  Hubert  et 
saint  Remacle. 

Le  nœud  est  garni  de  six  boutons  à  autant  de  lobes  émaillés  et 
ornés  de  pierreries  et  de  fleurs. 

La  fausse  coupe  est  formée  de  feuilles  d'acanthe  ciselées 
repoussées  et  ornées  de  rinceaux. 

Autour  de  la  coupe  on  voit  :  +  accipite  et  manducate  et  hoc 
omnes  :  hoc  est  enïm  corpus  meum. 

Au  milieu  du  couvercle  bordé  d'un  crétage  de  feuilles ,  s'élève 
un  édicule  hexagone  garni  aux  angles  de  contreforts  et  orné  sur  les 
six  faces  de  portiques  trilobés  abritant  six  anges  adorateurs  émaillés. 
La  flèche  s'élève  en  forme  de  pyramide  ardoisée,  hérissée  de  crochets 
et  surmontée  d'un  crucifix  fleuronné.  1853.  Haut.  0.568.  Diam. 
de  la  base  0.175.  Diam.de  la  coupe.  0.152. 


Chrismatoires. 

1°  Un  chrismatoire  composé  de  deux  vases  cylindriques  en 
argent  doré  portés  sur  trois  boules;  les  couvercles  sont  surmontés 
de  la  croix. 

Sur  l'un  se  trouve  la  lettre  0 ,  sur  l'autre  la  lettre  G.  Moderne. 
Hauteur  0.087. 

2°  Un  chrismatoire  en  argent  de  forme  cylindrique  posé  verticale- 
ment. Le  couvercle  est  surmonté  d'un  globe  supportant  la  croix. 
Moderne.  H.  0.224.  Diamètre  de  la  base  0.057. 


—  283 


Ostensoirs. 


1°  Un  ostensoir  en  argent  dont  le  pied  circulaire  repose  sur  une 
base  à  six  lobes  ornée  de  rinceaux  ciselés  et  de  l'inscription  suivante: 

f  Ad  gloriam  Dei  et  honorem  Sancti  Materni  Maria  de 
Juede  Dna  de  Werm  fleri  curavit  anno  1597 .  Orale  pro  ea. 

Le  pied  orné  des  armoiries  de  la  donatrice  supporte  la  lige 
hexagone  garnie  d'un  nœud  circulaire  portant  six  têtes  d'anges 
ailées. 

La  monstrance  jadis  cylindrique,  aujourd'hui  remplacée  par  un 
soleil ,  se  trouve  sur  une  base  hexagone  allongée. 

Aux  extrémités  de  cette  base  s'élèvent  deux  contreforts  garnis 
de  niches  abritant  les  statuettes  de  saint  Materne  et  de  sainte 
Catherine.  De  jolis  rinceaux  travaillés  à  jour  se  profilent  en 
accolade  le  long  de  ces  contreforts  privés  de  pinacles. 

Quatre  colonnettes  soutiennent  un  baldaquin  en  forme  de  tourelle 
à  six  frontons  surmontés  d'une  pyramide  crochetée  à  jour  et  couronnée 
d'une  croix  fleuronnée. 

Une  statuette  de  la  sainte  Vierge  est  placée  dans  l'étage  infé- 
rieur. La  tourelle ,  les  contreforts  et  les  colonnettes  sont  du 
XVe  siècle.  Le  pied,  le  nœud  et  les  rinceaux  datent  de  1597.  Le 
soleil ,  l'agneau  pascal  et  deux  anges  adorateurs  sont  modernes. 
Hauteur  0.562. 

2°  Un  ostensoir  en  cuivre  doré  ;  le  pied  polylohé  est  orné  de  fleurs, 
de  fruits  et  de  tètes  d'anges  ailées  au  repoussé;  la  tige  annelée 
est  garnie  d'un  nœud  circulaire  orné  de  trois  têtes  d'anges. 

La  monstrance  en  forme  de  cylindre  s'élève  d'une  base  polylobée, 
ornée  de  six  colonnettes  supportant  un  baldaquin  garni  d'un  crétage 
de  feuilles  et  surmonté  d'un  édicule  circulaire  que  termine  une 
croix  fleuronnée. 

Cet  édicule  abrite  une  statuette  de  la  Vierge  immaculée  et.  sur 


—  284  — 

les  culs-de-lampe  attachés  aux  colonnettes  se  trouvent  les  statuettes 

de  la  Vierge  et  de  saint  Materne . 

Au  bas  de  cet  édicule  deux  anges  soutiennent  des  banderoles 

portant  : 

Ecce  pa?iis  angelorum. 

foetus  cibus  viatorum.  1631. 

Hauteur  0.740. 

3o  Un  ostensoir  en  argent  doré  à  double  face.  Le  pied  à  huit 
lobes  est  orné  de  huit  médaillons  en  argent  repoussé  représentant 
les  quatre  évangélistes,  la  Naissance  du  Christ,  la  Cène,  le  Cruci- 
fiement et  la  Résurrection  du  Sauveur.  Des  feuillages  émaillés  et  îles 
grappes  ciselées  ornent  la  partie  supérieure  du  pied  qui  soutient 
une  tige  octogone  ornée  de  fenestrages  émaillés.  Le  nœud 
repoussé  et  ciselé  est  garni  de  huit  boutons  émaillés  portant 
±  M.   D.  C.  C.  C.  L.  X. 

Des  pampres  en  argent  blanc  s'élancent  de  la  tige  et  soutiennent 
en  forme  de  console  une  base  cylindrique  ornée  d'une  bande 
crénelée  et  des  statuettes  de  saint  Ambroise  et  de  saint  Grégoire. 

La  monstrance  de  forme  cylindrique  est  accostée  de  six  contre- 
forts surmontés  de  pinacles  et  reliés  entre  eux  par  des  arcs- 
boutants  ajourés.  Sous  ces  arcs  sont  placés  les  statuettes  de  saint 
Joseph,  de  saint  Lambert,  de  saint  Métropole,  de  saint  Martin,  de 
saint  Marcel  et  de  saint  Florentin ,  en  argent  blanc.  Dans  l'inté- 
rieur du  cylindre  se  trouvent  deux  anges  adorateurs  soutenant  un 
croissant  garni  de  diamants. 

Un  dais  arrondi ,  étoile  et  entouré  de  six  frontons ,  couronne  le 
cylindre  et  supporte  une  tourelle  dans  laquelle  est  placée  une  sta- 
tuette de  la  Vierge  immaculée  ;  entre  les  contreforts  de  cet  édicule 
apparaissent  deux  anges  tenant  des  instruments  de  musique.  La 
tourelle  est  dominée  par  une  pyramide  hexagone  ardoisée  et  à 
crochets,  surmontée  d'un  crucifix  fleuronné  garni  de  diamants. 
En-dessous  du  pied  on  lit  : 


—   285  — 

M.  Kusters,  fabricant-orfèvre  en  style  gothique  à  Liège,  1860. 
Haut.  0.742.  Diam.  du  pied  0.113. 

Chandeliers  d'autel. 

1°  Deux  chandeliers  d'autel  en  argent  repoussé  et  ciselé.  Le 

pied  circulaire  repose  sur  trois  lions;  la  tige  cylindrique  annelée 

est  ornée  de  feuillages ,  de  fleurs ,  de  fruits  et  d'anges. 

Au  pied  on  lit  : 

Capitulum.    Tongrense. 

fieri  curavit  1644. 

Hauteur  0658. 

2°  Deux  autres  chandeliers  d'autel  en  argent  repoussé.  Ils  ne 
diffèrent  des  précédents  que  par  la  hauteur  qui  est  de  0.605,  sans 
la  pointe. 

3°  Deux  chandeliers  d'autel  en  argent  repoussé  et  ciselé.  Le 
pied  rond  est  soutenu  par  trois  boules;  la  tige  cylindrique  annelée, 
de  même  que  le  bassin,  est  ornée  de  feuillages. 

Sur  le  pied  droit  on  lit  : 

Mathœus  Paulus  Closar , 

archidiaconalis  ecclesice  Tongrensls 

Deçà  nus  dédit  an  no  1718. 

Hauteur  0.740,  sans  la   pointe. 

4°  Huit  autres  chandeliers  en  argent  dont  le  pied  triangulaire 
repose  sur  trois  pattes  de  lion. 

La  tige  annelée  et  le  bassin  sont  ornés  de  feuillages.  Acquis 
en  1844.  Hauteur  0.564. 

5°  Deux  petits  chandeliers  d'autel  en  argent,  à  trois  branches. 
Modernes.  (1843).  Hauteur  0.585.  Diam.  du  pied  0.17. 

6°  Deux  girandoles  à  deux  branches  en  argent  repoussé  et  ciselé. 
XVIIIe  siècle.  Hauteur  0.35,  sans  les  pointes. 

7°  Deux  girandoles  à  deux  brandies  en  argent ,  modernes  et  sans 
pointes.  H.  0.27. 


—  286   - 


Encensoirs  et  navette. 


lo  Un  encensoir  en  argent  de  forme  courbe.  Le  couvercle  est 
formé  d'une  série  d'arcs  en  accolade  entrelacés  qui  encadrent  de  petites 
ouvertures  trèflées  on  composées  de  quatre-feuilles  ajourées.  11  est 
surmonté  d'un  édicule  octogone  à  fenêtres  géminées  avec  gable 
crocheté  garni  de  bustes  et  terminé  par  un  clocheton  à  jour.  Le 
pied  et  la  partie  centrale  de  cet  encensoir  sont  circulaires. 
XVIe  siècle.  Haut.  0.31.  Long,  des  chaînes  0.95. 

2°  Un  encensoir  en  argent  également  de  forme  courbe.  Le  cou- 
vercle offre  une  série  de  petites  fenêtres  avec  pignons  à  jour  garnies 
de  fleurons  et  surmontées  d'un  édicule  octogone  à  fenêtres  géminées 
avec  pyramide  à  jour. 

La  base  et  le  milieu  de  cet  encensoir  sont  circulaires.  XVIe 
siècle.  Haut.  0.315.  Long,  des  chaînes  0  96. 

3°  Un  encensoir  en  argent  de  forme  courbe.  Le  vase  inférieur  est 
orné  de  dessins  symétriques  simples.  Le  couvercle  est  surmonté 
d'un  édicule  octogone  terminé  par  une  pyramide  ajourée.  XVIIe 
siècle.  Haut.  0.38.  Long,  des  chaînes  0.95. 

-4°  Une  navette  en  argent  coquille  avec  cuiller  de  même  métal. 
XVIIIe  siècle.  II.  0.1  16. 

Bénitiers. 

1°  Un  grand  bénitier  d'église  en  argent  à  six  faces  évasées,  orné 
au  bas  et  au  milieu  d'un  cordon  mouluré  et  reposant  sur  trois 
boules  :  l'anse  est  retenue  par  deux  tètes  de  lion.  XVIIe  siècle. 
Haut.  0.262  sans  l'anse. 

2°  Un  petit  bénitier  d'église  en  argent ,  à  huit  faces  ornées  de 
légères  ciselures.  La  forme  générale  est  celle  des  balustres.  XVIIe 
siècle.  Haut.  0.11. 


ENCENSOIR 


—  287    - 
Lampes  à  cierges. 

1°  Une  lampe  à  cierge  en  argent  ciselé  et  repoussé.  Le  bassin 
supérieur  de  forme  circulaire  est  accosté  de  trois  cariatides  retenant 
les  chaînes.  Un  autre  plus  petit  est  relié  au  premier  par  six 
modillons. 

Sur  le  bord  du  bassin  supérieur  se  trouvent  les  armoiries  de  la 
donatrice  *  et  la  légende  ex  legato  Barbara  van  Henis ,  quœ 
obiit  anno  1636.  Haut.  0.521.  Long,  des  chaînes  0.89. 

2°  Une  lampe  à  cierge  en  argent  repoussé.  Le  bassin  supérieur 
est  circulaire  et  garni  de  quatre  anges  dont  les  bras  tendus  retiennent 
les  chaînes  et  dont  les  pieds  sont  posés  sur  le  bassin  inférieur  orné 
de  tèles  d'anges  et  terminé  par  une  boule  retenant  l'anneau. 
XVHe  siècle.  Haut.  0.523.  Long,  des  chaînes  1.11. 

3°  Quatre  lanternes  en  argent,  composées  d'ornements  (leuronnés 
et  surmontées  d'étoiles.  Elles  sont  fixées  sur  une  hampe  en  bois 
garni  de  quatre  annelets  en  argent;  moderne.  Haut,  totale  2.48. 
Haut   de  la  lanterne  0.865. 

Couronnes,  sceptres,  chapelets. 

1°  Une  couronne  ouverte,  en  argent  doré,  appartenant  à  la 
statue  miraculeuse  de  la  sainte  Vierge.  Le  bandeau  est  orné  de 
roses,  de  feuillages  et  de  tètes  d'anges  en  cuivre  argenté  et  sur- 
monté d'ornements  fleuronnés  à  jour,  terminés  par  des  lis,  des 
feuillages  et  des  boules.  Une  belle  bague  garnie  de  diamants  orne 
celte  couronne.  A  l'intérieur  se  trouve  l'inscription  suivante  : 

D.  Hermanus  Hustin  Decanus 

D.   Leonardus  Paludanus  canonicus 

D.  Egidius  Vaes  eapellanus 


*  La  famille  van  Henis  porte  :  d'argent  aux  trois  chevrons  (le  sable  accompagnés  de 
deux  éludes  en  lïlief  de  même. 


—   28S   — 

II.  Lambertus  Hubrechts  sub-plebanus 

Henricus  Honthem 

Jan  Menten  secretarius 

Arnoldus  Peœ  consul 

Joannes  G  a  en  Doclor 

Willem  Huysmans  knaep  van  onse  L.  V.  B. 

Br  Arnold  Schaetzen  Rentm? 

van  onse  L.  vrouive  broderscap.. 

Fin  do XVIIe  siècle.  Haut.  0.22.  Diam.  de  la  base  0.1G.  Diam. 
du  couronnement  0.27. 

2o  Une  couronne  ouverte,  en  argent  doré,  composée  d'ornements 
fleuronnés  surmontés  d'étoiles  garnies  de  perles  en  cristal.  Elle  fut 
donnée  par  les  élèves  du  collège  de  St. -Servais  à  Liège  en  1810. 
Haut.  0.175.  Diam.  de  la  base  0.142,  du  couronnement  0.265. 

3°  Une  couronne  ouverte  en  argent  ornée  de  festons,  de  (leurs 
de  lis  et  d'étoiles  garnies  de  pierreries  :  cette  couronne  appartient 
à  la  statue  de  la  sainte  Vierge.  Sur  une  banderolle  on  lit  :  DIVa  , 
peCCatorVM,  aVXILIatrIX.  (1789).  Haut.  0.195.  Diam.de 
la  base  0.15.  Diam.  du  couronnement  0,28. 

4°  Une  couronne  ouverte,  en  argent.  Cette  couronne  appartient 
à  la  statue  de  la  sainte  Vierge  et  est  ornée  de  (leurs,  de  feuillages 
et  de  pierreries.  Don  de  -Mme  CI.  1852.  Haut.  0.14.  Diam. 
de  la  base  0. 10.  Diam.  du  couronnement  0.29. 

5°  Une  couronne  en  argent  composée  d'ornements  fleuronnés 
el  surmontée  d'une  petite  boule  portant  une  croix  moderne.  Haut. 
0.34.  Diam.  de  la  base  0.15. 

6°  Une  couronne  en  argent  doré  composée  d'une  triple  bande 
d'ornements  surmontés  d'un  globe  portant  une  croix  garnie  de 
diamants.  Cette  couronne  appartient  à  la  statue  de  l'enfant  Jésus; 
moderne.  Don  de  M™  CI.  Haut.  0.31.  Diam.  de  la  base  0.095. 

7"  Tue  couronne  en  argent  ornée  de  soleils  et  de  fleurs  de  lis. 


—  289   — 

Celte  couronne,  surmontée  d'un  globe  doré  et  d'une  croix,  appartient 
comme  les  deux  suivantes  à  la  statue  de  l'enfant  Jésus  ;  moderne. 
Haut.  0.20.  Diam.  de  la  base  0.09. 

8o  Une  couronne  en  argent  composée  d'ornements  ajourés  et 
surmontés  d'une  boule  portant  une  croix  fleurdelisée  ;  moderne. 
Haut.  0.17.  Diam.  de  la  base  0.085. 

9°  Une  couronne  en  argent  composée  comme  la  précédente 
d'ornements  fleuron  nés  et  terminée  par  la  croix  supportée  par  un 
globe  doré;  moderne.  Haut.  0.22.  Diam.  de  la  base  0.085. 

10°  Un  sceptre  en  argent  doré  appartenant  à  la  statue  de  la 
sainte  Vierge.  La  tige  annelée  et  garnie  d'ornements  ciselés  et 
repousses  est  terminée  par  une  fleur  de  lis  couronnée.  XVIIe  siècle. 
Haut.  0.51. 

11°  Un  sceptre  en  argent  doré,  orné  d'annelets  ciselés  et 
repoussés.  11  est  terminé  par  une  étoile  couronnée  et  surmontée 
d'une  fleur  de  lis.  XVIHe  siècle.  Haut.  0.50. 

12°  Un  sceptre  en  argent  dont  la  tige  est  surmontée  d'une  fleur 
de  lis.  Moderne.  Haut.  0.425. 

13°  Un  sceptre  en  argent  surmonté  d'une  fleur  de  lis;  ce 
sceptre  appartient  à  la  statue  de  sainte  Anne.  Moderne.  Hauteur. 
0.20. 

14°  Deux  globes  en  argent  surmontés  d'une  croix.  Moderne. 

15°  Une  tige  ornée  de  fleurs  de  lis  en  argent.  Moderne.  Haut. 
0.522. 

10°  Une  id.  appartenant  à  la  statue  saint  Joseph.  Moderne. 
Haut.  0.37. 

17°  Une  vingtaine  d'ex-votos  en  argent,  de  grandeur  et  de 
formes  diverses,  offerts  à  la  statue  miraculeuse  de  Notre-Dame. 
Modernes. 

18°  Un  chapelet  en  argent  appartenant  à  la  statue  de  la  sainte 
Vierge.   Les  90  grains   en   argent  qui  le  composent  offrent    de 


—  290  — 

légers  filigranes  dessinant  des  fenestrages  ajourés.  Les  dix  grains- 
dizaines  en  argent  doré  présentent  à  peu  près  les  mêmes  dessins 
que  les  grains  ordinaires,  mais  sont  d'une  dimension  plus  forte. 
Un  seul  de  ces  grains  est  à  charnière  el  mesure  0.1 05  de  diam. 
Un  autre  est  de  forme  conique  et  dessine  des  fenestrages  gothiques 
ajourés.  La  longueur  totale  de  ce  chapelet  est  de  1.79  sans  la 
médaille  en  vermeil  qui  se  trouve  attachée  au  bas  de  la  croix. 
Cette  médaille  représente  à  V avers  les  écussons  des  13  cantons 
suisses  attachés  à  une  bande  que  tient  une  main  placée  au  centre. 
Au  revers  une  croix  ciselée  en  relief  portant  :  Si  Deus  nobiscum 
quis  contra  nos  el  les  écussons  des  cantons  de  saint  Gall  (répé- 
tés) Wallis , .  Drihunt ,  Mulhouse,  Botweil  et  Biel.  XVIfe  siècle. 
Diam.  0.08. 

Deux  autres  médailles  sont  attachées  à  ce  chapelet;  la  première 
est  une  médaille  obsidionale  en  argent  doré  présentant  à  l'avers  le 
panorama  du  siège  d'Elfsborg,  avec  l'exergue  :  Elfsburgum.  ob- 
session fortiter.  a.\.  may.  expugnatum.  féliciter  XXIII.  ejusd. 
a.  1612  l.  Lt  au  revers  :  un  cavalier  au  galop  tourné  vers  la 
droite,  l'épée  élevée,  avec  l'exergue,  imp.  victor.  Chrisliano  ////.: 
C:  rex.  Dani:  non:  vand.  et  goto:  Diam.  0.052. 

La  seconde  médaille  aussi  en  argent  doré  présente  à  l'avers, 
l'Adoration  des  rois-mages  ciselé  au  trait  et  la  suscription  :  Magi 
ab  orientent  accesserunt  puero  soluta  dicentes  vir  est.  Math.  11. 
Au  revers:  l'Adoration  des  bergers  avec  la  suscription:  natus  est 
nobis  Salvator  qui  est  Christus  Dominus.  Luc  11.  XVIIe  siècle. 
Diam.  0.04-9.  On  remarque  en  outre  : 

a.  Un  médaillon  en  argent,  en  forme  de  losange  entouré  d'un 
bourrelet  tordu  doré  et  orné  de  quatre  fleurs  de  lis. 

1  «  Gliristiaen  IV  i  ir>80-ltU8)  alla  mettre  le  siège  devant  Elfsborg  qui  capitula  après 
»  une  vive  résistance.  Les  Danois  trouvèrent  dans  le  port  six  vaisseaux  de  guerre,  de 
»  l'artillerie  et  des  munitions.   » 

V.  Eyriks,  flisi.  du  Danemark  ,  \>    257. 


-    291  — 

Il  présente  d'un  côté  la  figure  de  la  sainte  Trinité,  de  sainte 
Anne  et  de  la  sainte  Vierge.  De  l'autre  :  le  St-Sacrifice  de  la 
messe  offert  par  un  pape  couronné  de  la  tiare.  Ces  deux  sujets 
sont  ciselés  au  trait.  Diam.  0.047.  XVIe  siècle. 

b.  Un  médaillon  en  argent  de  forme  ovale  représentant  d'un 
côté  le  Christ  et  la  Samaritaine,  de  l'autre  le  Christ  rendant  la 
vue  à  un  aveugle.  XVIIe  siècle. 

Enfin  une  médaille  en  argent  orné  d'une  bordure  torse  en  argent 
doré.  Cette  médaille  représente  sainte  Barbe  et  la  Vierge  imma- 
culée. Diam.  0.05. 

19°  Le  chapelet  de  l'enfant  Jésus ,  également  en  argent,  ne 
mesure  que  0.97  de  longueur.  Les  grains  sont  simples  et  les 
grains-dizaines  semblables  aux  grains  ordinaires  du  chapelet  de  la 
Vierge. 

Deux  médailles  en  argent  y  sont  attachées,  l'une  représente 
N.-D.  de  Montaigu ,  l'autre  saint  Hubert  et  le  Christ  en  croix. 

La  médaille  qui  termine  ce  petit  chapelet  est  en  argent  et 
présente  gravé  d'un  côté  la  Vierge  des  douleurs ,  de  l'autre  la 
Vierge  immaculée. 

20°  Un  chapelet  de  cinq  décades  appartenant  à  la  statue  de  sainte 
Anne.  Les  grains  ordinaires  sont  en  cristal  de  roche;  les  dizaines 
en  argent  de  forme  conique  présentent  de  légers  dessins  en  filigrane. 

Une  foule  d'ex-votos,  de  croix,  de  reliquaires,  de  médailles,  etc. 
sont  attachés  à  ce  chapelet. 

Parmi  ces  dernières  se  trouve  une  médaille  semblable  à  celle 
attachée  au  chapelet  de  la  sainte  Vierge  et  qui  représente  l'Adora- 
tion des  rois  mages  avec  le  millésime  1549. 

Un  autre  médaillon  en  forme  de  losange  est  entouré  par  un 
bourrelet  tordu  et  doré,  et  terminé  aux  angles  par  quatre  fleurs 
de  lis.  Il  représente  d'un  côté  le  Christ  au  roseau,  de  l'autre 
côté  sainte  Anne,  la  sainte  Vierge  et  l'enfant  Jésus;  gravure  du 
XVe  siècle. 


-    292  — 

-M"  Un  chapelet  avec  grains  en  argent  appartenant  à  la  statue 
de  saint  Antoine. 

Une  médaille  circulaire  représente  la  sainte  Vierge  et  saint 
Jean-Baptiste  ;  une  autre  en  forme  de  losange  :  le  pape  officiant 
et  la  Résurrection  du  Christ. 

Un  lis  en  argent  portant  une  figure  de  sainte  Vierge  avec  la 
suscription  R.  L.  0.  (Revu  lelie  onbesmet)  est  suspendu  au  bas 
de  ce  chapelet  '. 

22u  Un  chapelet  en  argent  appartenant  à  la  statue  de  la  sainte 
Vierge. 

Les  grains  circulaires  et  unis  n'offrent  rien  de  remarquable. 
Long.  2  mètres. 

Dinanderies ,   chandeliers,    lutrin,   girandoles. 

De  tout  l'ancien  ameublement  la  basilique  de  Tongres,  il  ne 
reste  plus  que  quelques  beaux  ouvrages  en  cuivre ,  sortis  des  cé- 
lèbres ateliers  des  Copères  2  de  Dinant  si  florissants  avant  la 
terrible  vengeance  de  l'implacable  Philippe  de  Bourgogne,  en 
1466  s. 

«  Les  produits  en  sont  dispersés  dans  les  églises  et  les  collcc- 

•  lions  de  toute  l'Europe  ;  mais  il  en  est  peu  d'aussi  remarquables 
»  que  ceux  de  notre  église,  à  la  fois  pour  l'élégance  de  la  forme 

•  et  pour  le  volume4. 


1  Ce  lis  faisait  partie  du  la  duc  «ration  que  portaient  les  membres  de  la  chambre 
de  rhétorique  de  Tongres,  appelée  le  lis  blanc  et  dont  la  devise  était  Ib'ijn  lelie 
onbesmet. 

*  Abréviation  de  coperslager  ou  de  cuperes  (cuprum,  cuivre). 

3  Mémoires  de  Jacques  de  Gleroq,  édition  Reiffenbekg  ,  liv.  V.  chapitre  Ov2. 
/.  de  Henin  [mémoires  de)  édit.  de  ReiffenberG.  —  Histoires  des  ducs  île  Bourgogne  , 
vol.  VI,  page  -146.  —  De  Gehlaciik  ,  Histoire  de  Liège,  p.  15  ,  etc.  —  Gachahd,  Coll. 
i/.'  documents  inédits  concernant  l'histoire  de  lu  Belgique,  vol.  Il,  p.  197. —  Le  Grand 
ht-,  lin ilandt,  Annules  de  l'Académie  d'un  h.  de  Belgique  XXI,  -■  série,  tome  I,  p. 616 

1  Voir  Bulletin  scient,  du  Limbourg ,  tome  I,  page  18. 


CHANDELIER    PASCAL. 


-   293  — 

C'est  d'abord  un  chandelier  pascal  à  pied  circulaire  reposant  sur 
une  base  octogone  j  ornée  d'une  bande  en  quatre-feuillcs  ajourées 
et  supportée  par  trois  lions  ;  sur  la  base  inférieure  en  biais  et 
séparée  de  la  première  par  un  pied  droit  on  lit  : 

-j-  Jehans  *  Joses  *  de  *  Dînant  *  me  fiste  *  lan  *  de  gras  * 
M  *  CGC  *  LA'  *  et  *  XII. 

Au  milieu  de  cette  base  s'élève  la  tige  ornée  d'un  triple  annelet 
mouluré,  elle  a  la  forme  d'un  fût  de  colonne  dont  la  base  octogone 
est  ornée  d'une  suite  d'arcades  trilobées  à  jour  et  dont  le  chapi- 
teau, décoré  de  glands  et  de  feuilles  de  chêne,  se  profile  en  hexa- 
gone encadré  dans  un  cercle  et  soutient  le  bassin  muni  de  sa  pointe2. 

Ce  fût  était  jadis  orné  d'un  lutrin  à  jour  où  l'on  plaçait  le  livre 
pendant  que  le  diacre  chantait  VExultet  et  de  six  branches  en 
forme  de  girandoles  qui  garnissent  aujourd'hui  l'abside  du  chœurs. 
Elles  offrent  deux  modèles  très-distincts ,  l'un  très-simple  forme 
des  branches  à  cierge  ornées  de  crochets  et  surmontées  d'un 
bassin  rond  crénelé. 

L'autre,  plus  orné  déjà,  présente  deux  girandoles  travaillées  à 
jour,  ornées  d'écussons  et  également  munies  d'un  bassin  rond 
crénelé  4;  au  reste  toutes  nous  montrent  «  comment  avec  rien, 
»  pour  ainsi  dire,  les  ouvriers  des  bonnes  époques  agençaient  un 

•  meuble ,  dont   le   dessin   mieux   que   la   description   rendra  la 

•  grâce  et  la  fantaisie.   » 

'  Celte  large  base  mesure  2  m.  20  de  tour. 

a  Hauteur  du  chandelier,  2.595  m  ,  sans  la  pointe. 

5  Nous  faisons  des  vœux  pour  que  bientôt  ce  superbe  chandelier  soit  rétabli  dans  sa 
forme  primitive.  In  pascka  domini  débet  (prepositus)  ponere  super  magnum  candela- 
brum  inler  chorum   et  cancelliim   unum  magnum  cereum  qui  débet  habere.  viginti 

libras  cere  inter  candelam  superioiem  et  inferiorem  et V.   Slatuta  eccles. 

Tungr.,în\  I,  verso  n°  3,  du  catalogue  des  arcnivesde  l'église.  1601,  vetusta  corona 
de  cupro  quœ  ohm  pendebat  in  choro  ante  magnum  candelabvum  vendita  est  libra 
ad  7  st.  pro  36  florenos. 

V.  Arch.  de  l'Église.  Registre  N°  10  du  catalogue,  fol.  331. 

4  Une  girandole  semblable  se  trouve  dans  les  cloîtres  de  la  cathédrale  de  Liège. 
M.  Philips,  lampiste  à  Liège,  a  cru  devoir  modifier  la  forme  du  bassin. 


—  294  — 

Quatre  chandeliers  d'élévation1  de  formes  simples  et  semblables 
sont  probablement  aussi  l'œuvre  de  Jehan  Joses. 

Un  fut  cylindrique  décoré  d'un  quadruple  annelet  et  surmonté 
d'un  élégant  chapiteau  qui  soutient  un  large  bassin  rond  garni 
d'une  pointe,  s'élève  sur  une  base  supportée  par  quatre  pattes  de 
lion  reposant  sur  un  cercle.  Haut.  1.36. 

Le  lutrin  qui  se  trouve  au  milieu  du  chœur  est  du  même  artiste. 
Sur  une  base  triangulaire ,  dont  le  pied  droit  en  quatre-feuilles 
ajourées  inscrites  dans  un  cercle  est  soutenu  par  trois  lions,  s'élève 
une  espèce  de  fût  triangulaire  orné  de  fenestrages  ajourés ,  coupés 
par  une  bande  de  quatre-feuilles  ajourées,  et  terminés  par  des  gables 
crochetés  et  fleuronnés.  Trois  petits  monstres  sont  assis  sur  cette 
base2.  La  tourelle  est  flanquée,  à  ses  trois  angles,  de  contreforts 
recevant  l'extrémité  supérieure  des  arcs-boutants  qui  se  projettent 
de  trois  pinacles  détachés  dont  les  bases  reposent  sur  la  pointe 
du  pied;  sur  le  sommet  de  cette  tourelle  ornée  de  moulures  et  de 
quatre-feuilles  inscrits  dans  un  cercle ,  on  lit  : 

-j-  HOC  *  OPUS  *  FEC1T  *  IOHANES  *  DCS  5  *  IOSES  *  DE  *  DYONANTO  * . 

Trois  autres  petits  monstres  sont  assis  sur  le  sommet  que  cou- 
ronne un  globe,  soutenant  un  aigle  qui  tient  entre  ses  serres  un 
dragon  renversé  ,  symbole  du  paganisme  vaincu  par  la  foi. 


*  Ces  chandeliers  ont  reçu  ce  nom  parce  que,  placés  de  chaque  coté  de  l'autel,  ils 
portaient  des  cierges  qu'on  allumait  avant  l'élévation  et  qu'on  éteignait  après  la  com- 
munion. 

*  Nous  nous  permettons  d'appeler  l'attention  des  archéologues  sur  le  lutrin  el  les 
deux  girandoles  en  cuivre  jaune  conservés  dans  l'église  de  Freeren  (Limhourg). 

3  Mis  pour  diclus. 

*  D'après  un  ancien  registre  intitulé  :  Veritas  ab  aiino  158,'i ,  N°  19  du  catalogue, 
Jean  de  Uinant  avait  fondé  dans  l'église  de  N.-U.  de  Tongres  un  anniversaire  qui 
devait  y  être  célébré  le  1 3  novembre  de  chaque  année  ;  il  avait  affecté  à  l'exonération 
de  ce  service  deux  bonniers  de  terre  sis  à  S'heeren-Elderen.  Ce  Jehan  Joses  de  Dinant 
appartenait  sans  doute  à  la  même  famille  que  Jean  Joset  qui  fut  un  des  trois  députés 
du  bon  métier  de  la  batterie  de  Dinant,  envoyés  le  13  novembre  1  i(î.r>  au  prince- 
évèque  Louis  de  Bourbon. 

Nous  voyons  encore  figurer  un  Jehan  Joset  de  Dinant  dans  un  acte  du  20  février 
1566.  V.  Annales  de  la  Société  d'archéologie  de  Namur,  tome  3,  p.  75. 


ii:^*Sï&à 


":  "m    ■    '    Cil       Séne.t.II. 

LUTRIN  -   AIGLE 


H  I.'âcKeek  Av 


Girandole  ornée 


Girandole  simple. 


(Annales  de  l'Académie  d'archéologie  de  Belgique,  t.  XXII,  §«  série,  t.  II). 


—  295  — 

De  ses  ailes  éployées  il  soutient  les  extrémités  de  l'arête  desti- 
née à  retenir  l'évangéliaire  composée  de  deux  salamandres  qui  se 
mordent  mutuellement  la  queue  *.  Hauteur  1.90  centimètres  de 
chaque  côté  du  pied.  Largeur  distance  entre  les  lions  0.77. 

ORNEMENTS    SACERDOTAUX. 

I.  —  Chapes. 

Avant  de  décrire  d'une  manière  succincte  les  nombreuses  chapes 
que  possède  l'église  de  Notre-Dame  ,  il  ne  sera  pas  inutile  de  dire 
quelques  mots  de  l'origine  ainsi  que  des  changements  que  les 
idées,  les  habitudes  et  les  lois  ecclésiastiques  ont  apportés  dans 
ce  vêtement  que  la  religion  seule  a  conservé  jusqu'à  ce  jour. 

Le  mot  chape  (du  latin  capa)  a  toujours  signifié  un  vêtement  de 
dessus.  Ce  vêtement  dans  les  premiers  siècles  était  commun  aux 
deux  sexes  ,  au  prêtre  comme  au  laïque  ,  au  noble  comme  au 
manant.  On  l'appelait  aussi  vestis  pluvialis ,  pluvial ,  car  on 
s'en  servait  spécialement  pour  se  garantir  des  intempéries  de  l'air. 
Le  chaperon  ,  qui  d'abord  forma  un  capuchon  ,  perdit  sa  forme 
primitive.  Dans  la  suite  les  chapes  elles-mêmes,  au  lieu  de  former 
un  habillement  simple,  furent  décorées  d'orfrois  ,  ornés  de  brode- 
ries, de  pierreries,  d'or  et  d'argent. 

Ce  luxe  alla  si  loin  que  le  concile  de  Metz,  tenu  en  888,  vou- 
lant mettre  un  frein  à  cet  esprit  qui  avait  aussi  gagné  les  prêtres, 
défendit  l'usage  des  chapes  aux  gens  d'église  ;  mais  celte  défense 
ne  fut  jamais  rigoureusement  observée. 

Plus  lard  s'introduisit  l'usage  de  porter  des  chapes  à  manches  ; 
mais  sous  cette  nouvelle  forme  le  vêtement  ,  à  ce  qu'il  parait  , 
présentait  un  caractère  trop  négligé  ;  le  concile  de  Latran  défendit 
aux  clercs  et  aux  laïques  d'en  porter  pour  assister  à  l'office  divin. 

1  M.  Philips,  lampiste  à  Liège,  a  reproduit  ces  belles  dinanderies  ,  en  omettant 
toutefois  de  rappeler  sur  ses  copies  les  originaux  de  Tongres. 


—  296  — 

Cette  défense  toutefois  fut  levée  plus  lard  et  par  suite  la  chape 
rouge  fut  réservée  au  pape,  la  violette  aux  cardinaux  et  aux 
évêques  et  la  blanche  aux  nouveaux  baptisés. 

De  nos  jours  le  mot  chape  ne  s'applique  plus  qu'à  ce  vêtement 
d'église  s'étendant  des  épaules  aux  talons,  s'agrafant  sur  la  poi- 
trine et  dont  le  prêtre  ne  se  revêt  qu'en  certaines  circonstances 
exceptionnelles  '. 

Les  couleurs  en  sont  variées  et  s'emploient  indifféremment  par 
les  prélats  et  par  les  simples  prêtres. 

Tout  évêque  devait  après  son  ordination  offrir  à  l'église  métro- 
politaine une  cape  'professionnelle. 

Le  prince-évêque  de  Liège  devait  en  offrir  une  au  chapitre  de 
St-Lambert  ;  cet  usage  s'étendit  aux  prévôts  des  églises  collégiales: 
Conrad  Thibaut  ,  chevalier  de  Cavres  de  Peer,  prévôt  de  Tongres, 
fut  le  premier  qui  introduisit  cet  usage  dans  la  principauté  de  Liège. 

Cette  circonstance  explique  la  possession  de  plusieurs  chapes 
dont  les  armoiries  attestent  du  reste  l'origine. 

Les  prévôts  de  Tongres  pouvaient  se  libérer  de  l'obligation  de 
donner  une  chape  ,  en  payant  un  droit  fixe  de  150  écus  d'or 
affectés  à  l'achat  et  à  l'entretien  des  ornements  sacerdotaux. 

Voici  l'énuméralion  des  principales  chapes  conservées  à  l'église 
de  Notre-Dame  à  Tongres  : 

1°  Une  chape  en  peluche  noire  unie  galonnée  et  frangée  d'or; 
le  chaperon  en  broderie  au  passé  représente  la  sainte  Vierge 
allaitant  l'enfant  Jésus  entouré  d'une  auréole  d'or  au  milieu  de 
laquelle  voltigent  des  anges  réappliqués:  ce  sujet  de  forme  circu- 
laire est  encadrée  par  une  bordure  chargée  d'anges,  de  vases  et 
de  fleurs  en  broderie  réappliquée.  Les  orfrois  également  en  bro- 
derie au  passé  figurent  diverses  scènes  de  la  vie  de  la  sainte  Vierge 
dans  une  série  de  médaillons  circulaires  qui  se  détachent  sur  un 

1  En  Orient  la  chape  serl  île  chasuble  pour  la  célébration  de  la  messe 


-  297  — 

fond  de  feuillage  et  de  fleurs;  le  dessin  uniforme,  en  broderie 
réappliquée,  nous  semble  appartenir  à  la  dernière  époque  des 
broderies  d'Arras. 

Sur  l'orfroi  gauche  de  cetle  remarquable  chape  se  trouvent 
figurées  la  présentation  de  la  sainte  Vierge  au  temple  par  sainte 
Anne  et  saint  Joachim  (la  sainte  Vierge  monte  les  quinze  degrés 
mystiques  du  temple) ,  la  rencontre  de  Joachim  et  d'Anne  à  la  porte 
d'or  1  et  la  Circoncision  de  l'enfant  Jésus;  sur  l'orfroi  droit  l'annon 
dation  de  la  sainte  Vierge ,  la  Visitation  de  sainte  Elisabeth  et  la 
naissance  de  Marie,  mère  du  Sauveur.  XVIe  siècle.  Haut,  du 
chaperon  0.51.  Larg.  0.53.  Larg.  des  orfrois  0.33. 

La  bille ,  d'argent  en  partie  doré ,  porte  au  centre  sur  un  fond 
jadis  recouvert  d'émail  translucide,  une  statuette  de  la  madone 
debout,  entourée  d'anges  adorateurs;  les  huit  lobes  qui  l'entourent 
représentent  les  bustes ,  en  émail  translucide  ,  du  Christ  et  de  sept 
apôtres.  XVe  siècle.  Diam.  0.15. 

2°  Une  chape  en  drap  d'or  moderne  dont  les  broderies  appar- 
tiennent à  la  dernière  moitié  du  XVIe  siècle  et  sont  d'un  éclat  ex- 
traordinaire. Sur  l'orfroi  gauche  sont  figurés  deux  rois  mages,  la 
présentation  de  l'enfant  Jésus  au  temple,  saint  Augustin  et  saint 
Ambroise;  sur  l'orfroi  droit  saint  Pierre  et  saint  Paul,  deux  saintes 
femmes  et  l'Annonciation  de  la  sainte  Vierge. 

Le  chaperon  en  broderie  au  long  point  représente  l'entrée  du 
Sauveur  à  Jérusalem.  Cette  scène  forme  un  groupe  de  sept  figures. 
Tous  ces  sujets  restaurés  et  réappliqués  proviennent  de  l'église  de 
Martelange  (Luxembourg).  Haut,  du  chaperon  0.50;  larg.  0.487. 
Larg.  des  orfrois  0.24. 

La  bille,  d'argent  en  partie  doré,  est  de  forme  circulaire  et 
ornée  au  centre  d'une  statuette  de  la  Vierge    immaculée  debout 


1  Cette  scène  n'est  pas  représentée  de  la  manière  que  les  livres  saints  l'exigent  : 
«  Coiiceptam  esse  beatam  Virginem  ex  osculo ,  est  fabulosum  et  obscurum  »  dit 
Molanus  dans  son  livre  de  picturis  et  imaginibus  sacris.  Cliap.  LXX1I,  fui  132. 
XXIX  XXII  19 


298 


sur   un   écusson   représentant  les  armoiries  du  donateur.  Fin  du 
XVIIe  siècle.  Diam.  0.125. 

3°  Une  chape  en  soie  damassée  noire  moderne.  Sur  le 
chaperon  se  trouve  le  Calvaire ,  brodé  au  long  point  et  réapplique 
sur  un  fond  d'or  et  d'azur.  L'orfroi  de  gauche  représente  saint 
Augustin,  saint  Grégoire  et  sainte  Monique;  celui  de  droite  saint 
Ambroise,  saint  Jérôme  et  sainte  Hélène.  Toutes  ces  figurines  sont 
brodées  au  long  point  et  reportées  sur  un  fond  d'or  mêlé  d'azur  et 
de  pourpre  représentant  un  intérieur  de  temple.  Nous  pourrions 
ajouter  que  ces  broderies  ont  subi  une  restauration  trop  soignée  et 
que  les  couleurs  sont  en  général  trop  éclatantes.  Fin  du  XVIe 
siècle. 

Au  lieu  de  bille  ,  il  y  a  une  broderie  représentant  l'ancien  sceau 
de  la  ville  de  Tongres  portant  en  exergue  :  ecclesia  collegiala 
B.  Mar.  Virg.  Tungris.  Haut,  du  chaperon  0.49.  Larg.  0.45. 
Larg.  des  orfrois  0.27. 

4°  Une  chape  en  velours  vert  frangé  et  galonné  d'or,  parsemé 
de  paillettes  d'or  et  orné  d'arabesques  brodées  en  cordonnets  d'or 
d'un  dessin  uniforme  et  symétrique  ;  le  chaperon  est  garni  d'un 
médaillon  circulaire  représentant,  travaillée  en  fine  broderie,  la 
figure  de  saint  Materne  premier  évoque  de  Tongres.  Les  orfrois  en 
or  natté  brodés  en  haut  relief  et  exécutés  dans  les  formes  lourdes 
de  la  Renaissance.  Haut,  du  chaperon  0.552;  larg.  0.513. 
Larg.  des  orfrois  0.252. 

La  bille  en  vermeil  est  circulaire  :  un  bord  orné  de  feuillages 
en  argent  encadre  la  statuette  de  la  madone  debout  et  entourée, 
d'anges  se  détachant  jadis  sur  un  fond  en  émail  translucide. 
XVIIe  siècle.  Diam.  0.17. 

5°  Une  chape  semblable  à  la  précédente  :  même  bille.  Le  sujet 
du  chaperon  représente  la  sainte  Vierge. 

0°  Une  chape  en  peluche  satinée  noire  galonnée  et  frangée 
d'or  sans  ornements.  XVIIe  siècle. 


—  299  — 

7°  Une  chape  noire  identique  à  la  précédente. 

8°  Une  chape  en  velours  d'Utrecht  vert  galonné  d'or ,  sans 
franges,  ni  armoiries,  ni  ornements.  XVIIe  siècle. 

9°  Une  chape  en  velours  violet  galonné  et  frangé  d'argent  dont 
le  chaperon  et  les  orfrois  sont  ornés  d'arabesques  fleuries,  brodées 
en  argent.  Cette  broderie  dénote  une  œuvre  de  patience;  les  spi- 
rales les  plus  curieuses  se  mêlent  aux  enchevêtrures  les  plus 
compliquées  ;  le  dessin  du  chaperon  et  des  orfrois  est  uniforme 
et  se  trouve  reproduit  trois  fois  de  chaque  côté.  Au  bas  des  orfrois 
on  remarque  les  armoiries  du  donateur  Barthélémy  Stravius,  proto- 
notaire apostolique  et  pléban  de  Tongres.  Aucun  sujet  historié  ne 
se  trouve  sur  cette  chape  du  XVIIe siècle.  Haut,  du  chaperon  0.55, 
larg.  0.48,  larg.  des  orfrois  0.37. 

La  bille  en  argent  de  forme  circulaire  est  ornée  au  centre  de  la 
statuette  delà  Vierge,  debout,  et  entourée  d'un  bourrelet  mouluré 
et  chargé  de  mascarons  dorés.  XVIIe  siècle.  Diam.  0.12. 

10°  Une  chape  en  velours  rouge  avec  paillettes  et  broderies  en . 
or;  les  orfrois  et  le  chaperon  sont  chargés  de  broderies  d'or 
natté  en  haut  relief  sur  fond  rouge  et  or.  Au  milieu  du  chaperon 
se  trouvent  les  armoiries  du  donateur,  Libert  Loefts  doyen  du 
chapitre  de  Tongres  '.  XVIIe  siècle.  Haut,  du  chaperon  0.551  ; 
larg.  0.54  ;  larg.  des  orfrois  0.282. 

La  bille  d'argent  doré  a  la  forme  d'un  quatre-feuilles  coupé  ; 
au  centre,  sur  un  fond  chargé  de  niellures ,  se  trouve  une  statuette 
de  la  Vierge  debout  sous  un  dais  gothique,  orné  de  trois  frontons 
ajourés,  flanqués  jadis  de  pinacles  et  terminé  par  une  tourelle 
hexagone  ardoisée.  Deux  contreforts  surmontés  jadis  de  clochetons 
s'appuyent  sur  la  base ,  encadrent  la  statuette  et  soutiennent  la 
tourelle.  Les  lobes  et  contre-lobes  latéraux  sont  ornés  à  gauche, 
de  la  figure  du  chanoine  donateur,  à  genoux,  entouré  de  fleurs  et 

1  D'azur  au  chevron  d'argent,  accompagné  de  trois  gerbes  d'or  posées  deux  en  chef 
et  une  en  pointe. 


—   300   — 

portant  une  banderolle  avec  les  mots  Miserere  mei,  à  droite  d'un 
aigle  et  d'une  figure  d'ange  soutenant  un  écusson  armorié  *  recou- 
vert d'émail  translucide.  Sur  le  bord  de  la  bille ,  on  voit  entourée 
de  niellures  l'inscription  suivante  :  Ave.  Gracia  plena —  Joes. 
Cleinjas.  can.  Fin  du  XIVe  siècle.  Diam.  0.165. 

11°  Une  chape  en  velours  rouge  brochée  et  frisée  en  or.  Le 
chaperon  et  les  orfrois  brodés  d'or  en  haut  relief  sur  fond  d'argent 
sont  d'une  grande  richesse  et  représentent  des  vases,  des  fleurs, 
des  feuillages  et  d'autres  dessins  analogues.  Le  chaperon  est  orné 
d'arabesques  au  milieu  desquelles  se  trouvent  les  armoiries  du 
donateur  Arnold  Voels,  doyen  du  chapitre  de  Tongres  2.  Fin  du 
XV1I°  siècle.  Haut,  du  chaperon  0.561  ,  larg.  0.53,  larg.  des 
orfrois  0.34. 

La  bille  d'argent  en  partie  doré  forme  un  quatre-feuilles  au 
cjntre  duquel  se  trouve,  sur  un  fond  parsemé  d'étoiles,  une  sta- 
tuette de  la  madone  debout  sous  un  dais  gothique  orné  de  frontons, 
de  pinacles  et  de  contreforts  ;  les  lobes  latéraux  sont  ornés,  à 
gauche,  de  la  figure  du  chanoine  donateur  agenouillé,  adroite 
d'un  écusson  armorié  3  gravé  et  recouvert  d'émail.  Le  bord  forme 
une  moulure  ornée  de  Heurs  en  argent  blanc  et  d'une  torsade 
enrichie  d'émail  translucide.  XVe  siècle,  diam.  0.165. 

12°  Une  chape  en  satin  blanc  frangé  et  galonné  d'or;  les  orfrois 

et  le  chaperon  sont  en  brocart  ;  au  milieu  de  celui-ci  se  trouvent 

les  armoiries  du  donateur  Jean  Erasme  Larmoyer,   chanoine  de 

Tongres  4.  XVIIIe  siècle. 

13°  Une  chape  en  satin  vert  galonné  et  frangé  d'or;    elle  est 

recouverte  de  sarments   et  d'arabesques  brodées   en  fils  d'or  et 

1  D'argent  à  la  fasce  d'oi'  accompagnée  de  douze  pièces  de  vair  rangées  trois  en  chef 
el  neuf  en  pointe,  quatre,  trois  et  deux,  au  franc  canton  d'argent 

*  De  sable  au  chevron  d'or  accompagné  de  trois  pieds  d'homme  coupés  de  même 
dont  relui  au  point  senestre  de  l'écu  est  contourné. 

5  D'azur  à  la  fasce  d'or  accompagnée  de  sept  vairs  d'argent  rangés  deux  en  chef  et 
cinq  en  pointe  ,  trois  et  deux  ;  au  franc  canton  d'argent  chargé  d'un  lion  de  sable. 

*  D'azur  au  [ion  d'argent  portant  dans  la  dcxlre  un  marteau  couronné  d'or. 


BILLE       DE       CHAPE 


—  301   — 

d'argent  dont  le  dessin  uniforme  et  symétrique  produit  un  sin- 
gulier effet.  Au  milieu  du  chaperon  se  voient  les  armoiries  du 
donateur  Mathieu  Paul  Closar,  doyen  du  chapitre  de  Tongres  *. 
Commencement  du  XVIIIe  siècle. 

La  bille,  d'argent  en  partie  doré,  est  orné  d'une  statuette  de  la 
madone  debout  ,  placée  au  centre  et  entourée  d'anges  se  détachant 
sur  un  fond  d'émail  translucide;  les  huit  lobes  autour  représentent 
les  bustes  du  Christ  et  de  sept  apôlres  gravés  et  recouverts  d'émail 
translucide.  XVe  siècle.  Diam.  0.15. 

U°  Une  chape  galonnée  et  frangée  d'or  dont  la  broderie  en  haut 
relief  a  été  réappliquée  sur  du  satin  blanc  moderne.  Le  chaperon 
brodé  d'or  natté  sur  fond  d'argent  est  orné  au  centre  des  armoiries 
du  donateur  Jean  René  de  Neufcourt ,  chanoine  de  St.-Lambert 
et  prévôt  de  Tongres  2.  Les  orfrois  de  même  que  le  chaperon 
représentent  des  fleurs  évidées  et  des  sarments  en  broderie  d'or 
natté  en  haut  relief.  Cette  chape  très-riche  appartient  au  com- 
mencement du  XVIIIe  siècle.  Haut,  du  chaperon  0.56;  larg.  0.251 . 
Larg.  des  orfrois  0.33. 

La  bille  en  argent  doré  est  de  forme  circulaire  et  ornée  d'un 
double  bord  parsemé  de  fleurs  et  de  feuillages  en  argent  blanc 
placés  dans  un  creux  entre  deux  torsades  ;  au  centre  se  trouve 
une  statuette  figurant  la  Vierge  debout  sur  les  nuages  sous  un 
dais  gothique  et  entourée  d'anges  portant  des  encensoirs  ;  le  centre 
de  cette  bille  appartenant  au  XVe  siècle  ,  nous  parait  avoir  été 
restauré  à  la  fin  du  XVIR  Diam.  0.195. 

15°  Une  chape  en  drap  d'argent  moderne  parsemé  de  fleurs  et 
de  fruits,  frangé  et  galonné  d'or.  Sur  le  chaperon  se  trouvent 
les  armoiries    du  donateur  François  comte  de  Hinnisdael ,  cha- 

•  Parti  d'argent  à  une  rose   de  gueules  entre  deux  cœurs  de  même  posés  en  pal , 
parti  d'or  à  la  herse  au  naturel. 

Burelé  d'argent  et  de  sable  de  huit  pièces  chargées  d'un  écusson  d'or  au  sautoir  de 
gueules  accompagné  de  quatre  merlettes  de  sable. 


—  302  — 

nome   de  SU -Lambert   et   prévôt   de   Tongres  ».  XVIIIe  siècle. 

La  bille  en  argent  doré  de  forme  circulaire  est  ornée  de  treize 
ligures,  ciselées  en  haut  relief  qui  représentent  saint  Pierre 
défendant  son  maître  et  blessant  Malchus  serviteur  du  grand 
prêtre.   Fin  du  XVIe  siècle.  Diam.  0.13. 

16°  Une  chape  en  velours  rouge  galonné  et  frangé  d'or.  Au 
milieu  du  chaperon  sont  appliquées  les  armoiries  du  donateur 
Henri  Walthère  Van  Beul,  chanoine  de  Tongres.  Commencement 
du  XVIIIe  siècle.  Cette  chape  n'a  point  de  bille;  une  petite  bande 
de  la  même  étoffe  que  le  fond  rattache  les  deux  orfrois  à  la  hauteur 
de  la  poitrine. 

17°  Une  chape  semblable  avec  les  mêmes  armoiries. 

18°  Une  chape  en  drap  d'or  moderne  parsemé  de  fleurs  rouges 
et  vertes  garni  de  galons  et  de  franges  en  or  :  au  milieu  du 
chaperon  se  trouvent  les  armoiries  du  donateur  Walrame  Michel 
comte  de  Borchgrave,  chanoine  de  St. -Lambert  et  prévôt  de  N.-D. 
de  Tongres.  Fin  du  XVIIIe  siècle. 

La  bille  d'argent  en  partie  doré  est  circulaire  et  ornée  d'une 
représentation  du  Christ  portant  la  croix  :  composition  de  treize 
figures  ciselées  en  haut  relief.  Fin  du  XVIe  siècle.  Diam.  0.13. 

19°  Une  chape  en  salin  rouge  pâle,  galonné  et  frangé  d'or. 
Au  milieu  du  chaperon  se  trouvent  les  armoiries  du  donateur 
Nicolas-Adam  de  Palmer  ,  chanoine  de  la  collégiale  d'Augsbourg 
et  doyen  de  Tongres  2.  XVIIIe  siècle. 

20°  Une  chape  en  soie  damassée  violette.  Cette  chape ,  acquise 
il  y  a  peu  d'années,  reproduit  les  dessins  de  ces  nombreux  orne- 
ments sacerdotaux  qu'on  rencontre  dans  la  plupart  de  nos  églises 
et  dont  la  bizarrerie  des  couleurs  ne  le  cède  en  rien  à  l'originalité 
des  emblèmes. 

1  De  sable  au  chef  d'argent  ,  chargé  de  trois  merlettes  de  sable. 

5  Parti  au  premier  et  au  quatrième  d'or  à  la  fasce  crénelée  de  gueules,  au  second 
et  au  troisième  de  gueules  à  trois  losanges  d'or  :  l'écu  a  pour  timbre  un  casque  d'argent 
el  pour  cimier  un  vol  d'or  et  de  gueules  chargé  de  même  que  l'écu. 


—  303  — 

La  bille  d'argent  en  partie  doré  est  de  forme  circulaire  et  ornée 
d'une  statuette  de  la  Vierge  immaculée  debout  et  couronnée  par 
deux  anges.  Fin  du  XVIÏe  siècle.  Diam.  0.17. 

21°  Une  chape  en  damas  violet  avec  galons  d'or  ;  le  chaperon 
seul  est  garni  de  franges  d'or. 

22°  Une  chape  semblable  à  la  précédente. 

23°  Une  chape  en  peluche  noire  avec  galons  d'or  sans  orne- 
ments ni  armoiries. 

II.  Chasubles. 

1°  Une  chasuble  en  satin  rouge  dont  la  croix  est  ornée  de  bro- 
deries au  petit  point ,  réappliquées  sur  or  et  soie  verte.  Ces  bro- 
deries quoique  coupées  forment  encore  de  gracieuses  arabesques. 
De  chaque  côté  de  la  croix  se  trouve  l'écusson  des  de  la  Marck. 

Le  vélum  du  calice  est  orné  d'une  petite  broderie  représentant 
l'enfant  Jésus  entouré  de  nuages. 

2°  Un  ornement  complet  en  brocart  de  velours  rouge  et  or. 
La  scène  du  médaillon  central  représente  le  Christ  attaché  à  l'arbre 
de  la  croix  entre  la  sainte  Vierge  ,  saint  Jean  et  les  représentants 
de  l'humanité  régénérée.  Aux  extrémités  de  la  traverse  se  trouvent 
deux  adorateurs  et,  au  bas,  les  figures  bibliques  du  sacrifice  d'Abra- 
ham et  du  serpent  d'airain.  Sur  la  colonne  sont  brodées  l'Annon- 
ciation de  la  sainte  Vierge  ,  la  Visitation  et  la  Naissance  du  Sau- 
veur. Le  vélum  en  satin  rouge  ornée  de  broderies  en  or  porte  les 
armoiries  de  la  famille  Voets.  Les  orfrois  de  la  dalmalique  et  de  la 
tunique  sont  ornés  de  nombreuses  figures  de  saints  ,  parmi  lesquels 
on  distingue  les  quatre  évangelistes ,  saint  Pierre,  saint  Mathias , 
saint  Laurent  ,  sainte  Claire  ,  saint  Philippe,  sainte  Marie-Made- 
leine ,  saint  Judas  ,  saint  Paul  ,  sainte  Alénie,  saint  Grégoire  , 
saint  Augustin  et  sainte  Catherine.  XVIe  siècle.  Larg.  des  orfrois 
de  la  chasuble  0.21.  Larg.  des  orfrois  de  la  dalmatique  et  de  la 
tunique  0.12. 

3°  Un  ornement  complet  composé  de  trois  pièces  en  brocart  de 


—  304  — 

velours  vert  et  or.  La  chasuble  offre  au  centre  de  la  croix  une 
grande  scène  du  crucifiement  ;  au-dessus  de  la  tète  du  Christ  ap- 
paraît le  Père  éternel  ,  bénissant  et  couronné  d'une  tiare.  Au 
pied  de  la  croix  se  trouve  le  groupe  des  saintes  femmes  en  pleurs 
et  trois  anges  recueillant  dans  des  calices  d'or  le  sang  qui  jaillit 
des  plaies  du  Sauveur.  Sous  cette  scène  ,  reproduite  avec  beau- 
coup de  talent  ,  on  voit  représenté  le  Christ  portant  la  croix. 

Sur  la  colonne  on  remarque  les  images  de  la  sainte  Vierge  , 
de  Jésus  et  de  saint  Joseph,  se  détachant  sur  un  fond  en  conduire. 

Chaque  dalmatique  est  ornée  de  onze  figures  de  saints  et  de 
saintes  fortement  endommagées  ;  on  reconnaît  cependant  saint 
Pierre,  saint  Paul,  saint  Jean,  saint  André,  sainte  Barbe,  sainte 
Catherine,  saint  Ambroise,  saint  Augustin,  saint  Jérôme  et  saint 
Grégoire. 

Tous  ces  sujets  ont  été  restaurés  et  réappliqués.  Fin  du  XVe 
siècle.  Larg.  des  orfrois  de  la  chasuble  0.187.  Largeur  des 
orfrois  de  la  dalmatique  et  de  la  tunique  0.11. 

•4°  Un  ornement  en  velours  rouge  composé  de  chasuble ,  dalma- 
tique et  tunique  avec  orfrois  brodés  et  réappliqués. 

Le  sujet  principal  de  la  chasuble,  en  forme  de  qualre-feuilles 
coupées,  représente  la  mort  de  la  sainte  Vierge  brodée  au  long- 
point  C'est  un  travail  très-remarquable,  composé  de  douze  iîgures. 
A  côté  de  celte  scène  que  surmonte  la  figure  de  la  sainte  Trinité, 
se  trouvent  (Jeux  personnages  qui  nous  paraissent  représenter  la 
Palestine.  Plus  bas  sont  brodées  les  figures  accouplées  de  saint 
Pierre  et  de  sainte  Marie-Madeleine,  de  saint  Paul  et  de  sainte 
Catherine. 

Il  est  regrettable  qu'une  main  vandale  ait  enlevé  la  partie  infé- 
rieure de  ce  dernier  groupe  pour  mettre  la  chasuble  au  niveau  des 
goûts  modernes.  Sur  la  colonne  se  trouvent  représentés  saint 
Jacques  et  sainte  Ursule,  saint  André  et  sainte  Geneviève. 

Les  orfrois  de  la  dalmatique  et  de  la  tunique  portent  les  figures 


—  305   — 

suivantes  toutes  brodées  au  long  point:  saint  Paul,  la  sainte  Vierge, 
saint  Aubin,  saint  Judas,  sainte  Marthe,  saint  Georges,  saint 
Pierre,  saint  Jean  l'Evangéliste ,  saint  François ,  sainte  Apolonie, 
saint  Mathieu  ,  saint  Barthélémy  ,  sainte  Catherine,  saint  Sébastien, 
sainte  Barbe ,  saint  Roch  et  saint  Philippe  ;  fin  du  XVe  siècle. 
Larg.  des  orfrois  de  la  chasuble  0.23.  Larg.  des  orfrois  de  la 
dalmatique  0.15. 

5°  Un  ornement  composé  de  trois  pièces  en  soie  blanche  parsemée 
de  fleurs  de  lis,  d'aigles  biceps,  de  fleurs,  etc.  Le  sujet  principal 
de  la  chasuble  représente  la  naissance  du  Sauveur  surmontée  d'un 
ovale  en  broderie  moderne  représentant  l'ancien  sceau  de  la  ville 
avec  l'exergue  -j-  Ecclesia  Collegialis  B.  Mar.  Virg.  Tungre. 
Au-dessous  se  trouvent  deux  autres  scènes  brodées  au  long  point 
représentant  la  Visitation  de  Marie  et  l'Annonciation. 

L'orfroi  de  la  colonne  représente  le  Père  éternel  nimbé  et 
couronné  d'une  tiare,  la  vision  de  Joachim,  la  rencontre  de 
Joachim  et  de  saint  Anne  et  le  même  sceau. 

Les  broderies  des  orfrois  de  la  dalmatique  représentent  saint 
Jacques  le  majeur,  saint  Jérôme,  saint  Thomas,  saint  Paul,  saint 
Georges,  saint  Jacques  le  mineur,  saint  Jean  l'Évangéliste,  sainte 
Agathe,  saint  Ambroise,  saint  Philippe,  sainte  Barbe  et  saint 
Laurent;  celles  de  la  tunique  les  figures  de  saint  Pierre,  de  sainte 
Catherine,  de  saint  Etienne,  de  saint  Jude,  de  sainte  Marguerite, 
de  saint  Augustin  ,  de  saint  Grégoire ,  de  sainte  Madeleine ,  de 
saint  Biaise,  de  saint  Jean  l'Evangéliste,  de  sainte  Gudule  et  de 
saint  Malhias.  Ces  broderies  sont  de  toute  beauté;  l'exécution  en 
est  admirable  et  leur  conservation  parfaite;  XVIe  siècle.  Le  fond 
est  moderne.  Larg.  des  orfrois  de  la  chasuble  0.19.  Larg.  des 
orfrois  de  la  tunique  0.11. 

6°  Ornement  complet  en  soie  damassée  noire  avec  croix  ,  cha- 
peron et  colonnes  en  broderie  riche  '.  La  chasuble ,  la  dalmatique 

'  V.  la  chape  n°  3. 


—  306  — 

et  la  tunique  sont  chargées  d'un  grand  nombre  de  ligures  de  saints , 
parmi  lesquelles  on  distingue  celles  des  quatre  évangélisles ,  de 
sainte  Barbe  et  de  saint  Aubin,  de  saint  Paul  et  de  sainte  Paula, 
des  bienheureux  Charles  et  Odon  ,  de  sainte  Beda  ,  de  saint  Jean , 
de  saint  Barthélémy,  de  sainte  Monique ,  de  saint  Augustin  ,  de 
saint  Jacques,  de  saint  Thomas,  de  sainte  Agnès,  de  saint 
Etienne,  de  sainte  Madeleine,  de  sainte  Dymphne,  de  sainte  Gudule, 
de  saint  Mathias ,  de  sainte  Alénie,  de  saint  Adélar,  de  saint 
Barnabe,  de  sainte  Ursule ,  de  sainte  Apolonie,  de  saint  Apolon  , 
de  sainte  Catherine,  de  saint  Aubin,  de  saint  Odile ,  de  saint 
Henri,  de  sainte  Dorothée  et  de  l'apôtre  Simon. 

Au  milieu  de  la  croix  se  trouve  la  résurrection  du  Sauveur.  Il 
est  entouré  de  nuages  et  porte  dans  la  main  droite  le  signe  de 
la  rédemption  ;  de  l'autre  il  soutient  un  livre  ouvert  avec  ['alpha 
et  Y  oméga;  aux  extrémités  de  la  traverse  sont  placés  deux  anges 
adorateurs. 

Les  épaulières  de  la  dalmatique  et  de  la  tunique  portent  des 
sujets  représentant  des  saints  groupés  deux  à  deux.  Toutes  ces 
ligures  ont  été  restaurées  et  réappliquées.  XVIe  siècle.  Larg.  des 
orfrois  de  la  chasuble  0.10,  id.  de  ceux  des  dalmaliques  0.11. 

7°  Un  ornement  composé  de  trois  pièces  en  soie  violette 
moderne  avec  broderies  anciennes  au  long  point  réappliquées  sur 
brocart. 

Le  centre  de  la  croix  figure  une  grande  scène  de  crucifiement 
avec  des  anges  recevant  dans  des  vases  le  sang  des  plaies  du  côté 
et  des  mains;  au  bas  de  la  croix  se  trouve  sainte  Marie-Madeleine. 
Une  forme  de  sceau ,  avec  l'inscription  :  ecclesia  colle gialis  B. 
Mar.  Virg.  Tungre,  sépare  cette  grande  scène  du  médaillon  repré- 
sentant sainte  Claire. 

Sur  la  colonne  on  remarque  saint  François  d'Assises,  la  sainte 
Vierge  et  sainte  Elisabeth  de  Hongrie.  Les  colonnes  des  autres 
pièces  sont  également  ornées  de  ligures  de   saints.  Ce  sont  :  saint 


—  307    - 

Laurent  et  saint  Mathias,  saint  Amand  et  sainte  Marthe,  saint 
Adrien  et  sainte  Cécile ,  saint  Mathieu  et  sainte  Hélène  groupés 
deux  à  deux,  saint  Bonaventure,  saint  Biaise,  saint  Jean-Baptiste, 
saint  Jean  l'Evangéliste,  saint  Antoine  dePadoue,  l'apôtre  Philippe, 
sainte  Anne,  saint  Louis  roi  de  France,  sainte  Barbe,  saint 
Barthélémy  (deux  fois),  sainte  Ursule ,  l'apôtre  Jacques  le  majeur, 
saint  Lambert,  saint  Jude ,  sainte  Marguerite,  saint  Hubert, 
sainte  Brigitte,  saint  Bernard,  saint  André,  sainte  Madeleine, 
saint  Pierre,  sainte  Catherine  et  saint  Paul. 

Sur  les  traverses  qui  réunissent  les  orfrois  de  la  dalmatique  et 
de  la  tunique  se  trouvent  deux  figures  d'anges  portant  les  instru- 
ments de  la  Passion.  Toutes  ces  broderies  du  XVIe  siècle  ont  été 
trop  soigneusement  rentraites.  Larg.  des  orfrois  de  la  chasuble, 
0.22.  Larg.  des  orfrois  des  dalmatiques ,  0.12. 

8°  Chasuble  dalmatique,  tunique  et  chape1  en  sole  blanche  ornée 
de  fort  belles  broderies  d'or  natté  en  haut  relief.  Ces  broderies 
réappliquées  se  composent  d'arabesques  contournées. 

Le  centre  de  la  croix  offre  dans  une  broderie  semblable,  un 
médaillon  orné  du  monogramme  de  Jésus  entouré  de  rayons.  Au 
bas  des  ornements  se  trouve  l'écusson  du  donateur ,  le  doyen 
Arnold  Voets.  Fin  du  XVIIe  siècle. 

9°  Un  ornement  composé  de  trois  pièces  en  brocart  rouge  et 
argent  et  galonné  en  or.  Au  bas  de  la  croix  se  trouvent  les  armoi- 
ries du  doyen  de  Palmer.  XVIIIe  siècle. 

10°  Un  ornement  en  drap  d'argent.  La  croix  et  les  colonnes 
de  la  chasuble  et  des  dalmatiques  sont  en  brocart  rouge  et  or. 
XVIIIe  siècle. 

11°  Un  ornement  en  soie  damassée  violette.  La  croix  et  les 
colonnes  des  trois  pièces  qui  composent  cet  ornemeut  sont  garnies 
d'une  broderie  figurant  des  (leurs  et  des  fruits  de  formes  et  de  cou- 
leurs variées.  XVIIIe  siècle. 

1  V.  la  chape  n°  11. 


—  308  — 

12o  Un  ornement  en  velours  d'Utrecht  vert.  La  croix  et  les 
colonnes  de  la  chasuble  et  des  dalmatiques  sont  marquées  par  de 
larges  galons  en  or.  Moderne. 

13°  Un  ornement  composé  de  trois  pièces  en  soie  damassée 
blanche  garnie  de  galons  en  or.  Moderne. 

1-4°  Un  ornement  composé  d'une  chasuble  et  de  deux  dalma- 
tiques en  soie  violette  damassée  avec  galons  en  laine  jaune. 
Moderne. 

15°  Un  ornement  en  soie  damassée  blanche,  ornée  de  fleurs 
rouges,  bleues  et  vertes.  Les  galons  de  la  croix  et  des  colonnes 
sont  en  or.  Moderne. 

16°  Un  ornement  en  soie  violette  semblable  au  précédent. 
Moderne. 

17°  Un  ornement  en  velours  noir  composé  de  trois  pièces  avec 
galons  en  or.  Moderne. 

18°  Un  ornement  en  velours  rouge  moderne  composé  de  trois 
pièces.  Le  médaillon  central  de  la  croix  représente  la  figure  du 
saint  Esprit  brodé  en  argent  et  entouré  d'une  auréole. 

La  croix  et  les  colonnes  sont  chargées  de  broderies  en  haut 
relief,  composées  d'arabesques  de  fleurs  et  d'épis. 

III.  Antipendia ,  vêla. 

1o  Un  antipendium  en  soie  verte  chargée  d'arabesques  en 
broderie  de  (ils  d'or.  Il  est  orné  d'une  large  bande  horizontale  et 
de  deux  bandes  verticales  ayant  0.20  cent,  de  larg.  garnies  de 
broderies  d'or  en  haut-relipf  présentant  des  fleurs  et  des  fruits. 
Le  médaillon  central,  en  broderie  au  long  point  réappliquée, 
représente  la  sainte  Vierge  portant  l'enfant  Jésus  et  saint  Materne. 
Aux  deux  côtés  du  médaillon  se  trouve  l'écusson  du  donateur  '. 
Long.  3.35.  Haut.  0.96.  XVIIe  siècle? 

Burelé  de  six  pièce»  d'argent  el  de  sinople  au  liun  de  gueules  à  la  queue  fourchue 

hioclianl  sui  le  (mit. 


—  309  — 

2°  Antipendium  en  velours  rouge  orné  d'une  bande  horizontale 
et  de  cinq  bandes  verticales  chargées  de  quatre  figures  et  d'ara- 
besques en  broderie  réappliquée  de  soie  et  de  fils  d'or.  Toutes  ces 
pièces  sont  empruntées  à  un  autre  ornement  et  très-mal  agencées. 
XVIe  siècle?  Même  long,  et  haut,  étérioré. 

3°  Antipendium  en  soie  verte  ornée  d'une  bande  horizon- 
tale et  d'une  bande  verticale  de  chaque  côté.  Elles  sont  chargées 
de  broderies  réappliquées  d'or  en  haut  relief,  présentant  des  cornes 
d'abondance,  des  fleurs  et  des  fruits.  Long.  2.20.  Larg.  1  .05. 
XVIIe  siècle. 

•4°  Antipendium,  en  soie  mauve  entremêlée  de  fils  d'argent, 
chargée  de  fleurs  en  or  fin.  La  bande  horizontale  et  les  deux 
bandes  verticales  sont  bordées  de  galons  et  de  franges  en  or. 
Long.  3.35.  Haut.  0.9G.  Moderne. 

5°  Antipendium  en  soie  blanche  ornée  d'une  bande  horizontale 
et  de  deux  bandes  verticales  chargées  de  figures  en  broderie  de  fil 
d'or  en  haut  relief.  Il  est  décoré  d'un  médaillon  central  représentant 
le  saint  nom  de  Jésus  en  broderie  d'or.  Long.  2.20.  Haut.  1.02 
Moderne. 

6°  Antipendium  en  soie  moirée  blanche  ornée  d'une  bande  hori- 
zontale et  de  deux  bandes  verticales  en  brocart.  Au  centre  se 
trouve  une  Vierge  immaculée  entourée  du  chronogramme  :  Con- 
CeptIone  Sine  Labe  MarIe  DICata.  (1854).  Long.  2.20. 
Haut.  1 .05.  Moderne. 

7°  Antipendium  en  satin  mauve  orné  d'une  bande  horizontale 
et  deux  bandes  verticales  en  soie  blanche  chargée  de  fleurs.  Au 
centre  se  trouve  le  monogramme  M.  R.  A.  surmonté  d'une 
couronne  et  entouré  d'une  guirlande  composée  d'épis  et  de  grappes 
en  broderies  d'or.  Long.  2.48.  Haut.  096.  Moderne. 

8°  Antipendium  en  soie  violette  ornée  de  bandqg  en  soie  mauve 
chargée  de  fleurs  en  broderie  de  soie.  Long.  2.18.  Haut.  0.96. 
Moderne. 


—  310  — 

9°  Antipendium  en  soie  blanche  damassée  frangée  et  galonnée 
en  or.  Long.  3.35.  Haut.  96.  Moderne. 

10°  Antipendinm  en  velours  noir  avec  franges  et  galons  en  or 
fin.  Mêmes  long,  et  haut. 

11°  Antipendium  en  peluche  noire  avec  galons  en  or  fin. 
Mêmes  dimensions.  Moderne. 

12o  Antipendium  en  soie  rouge  avec  (leurs  en  soie  blanche 
entremêlée  de  fils  d'argent. 

13°  et  14°  Deux  antipendia  en  velours  noir  avec  franges  et 
galons  en  or.  Long.  2.20.  Haut.  1.02.  Moderne. 

15°  et  16°  Deux  antipendia  en  peluche  noire  avec  galons 
blancs.  Long.  2.20.  Haut.  1.02.  Modernes. 

17°  Cinq  antipendia  de  différentes  couleurs  et  de  peu  de  valeur. 
Modernes. 

18°  Vélum  en  satin  blanc  parsemé  de  feuilles  de  vigne  en 
fils  d'or.  Au  centre  se  trouve  un  pélican  en  argent  entouré  d'une 
auréole.  Moderne.  Larg.  0.51. 

19°  Vélum  orné  au  centre  d'un  pélican  en  argent  entouré  de 
rayons  et  de  sarments.  Au  bas,  de  chaque  côté  on  remarque  une 
double  corne  d'abondance  versant  des  grappes ,  des  épis  et  des 
fleurs.  Moderne. 

20°  Vélum  en  satin  rouge  orné  de  grappes  et  de  feuilles  en  fils 
d'or.  Au  centre  on  voit  une  figure  du  saint  Esprit,  brodé  en 
argent  et  entouré  de  rayons.  Moderne. 

21°  Vélum  en  brocart  de  velours  cramoisi  et  or,  orné  de  galons 
en  or  et  en  argent. 


D. 
INSCRIPTIONS  TUMULÀIRES. 


Nous  continuerons  par  la  reproduction  aussi  littérale  que 
possible  des  épitaphes  éparpillées  dans  les  différentes  parties  de 
l'église.  Nous  nous  appliquerons  surtout  à  les  copier  textuellement, 
sans  dénaturer  ni  les  noms  ni  les  dates.  Le  temps  ainsi  que  le 
frottement  continuel  des  pieds  sur  la  plupart  des  pierres  sépul- 
crales gisantes  au  cloître^  ont  fait  disparaître  une  foule  d'inscrip- 
tions peut-être  très-précieuses  pour  l'histoire  de  notre  église. 

Dans  la  chapelle  de  St. -Joseph  sur  un  monument  en  marbre 
blanc  et  noir,  placé  à  droite  de  l'autel,  on  lit  : 


I 


Hic  jacet 
Rndus  admodum  ac  amplissimus  Dominus 

D.  MATHEUS  PAULUS  CLOSAR 

œtatis  suœ  67  per  insignis  archidiaconalis 

ecclesise  beafœ  Mariae  Virginis  oppidi  Tungrensis 

Canonicatus  48  Uecanatus  32  Vir  pietafi 

Seraper  intenlus  ao  singularis  devotionis 

Zelus,  erga  Dei-param  Virginem  Mariam 

per  insignis  ecclesiae  patronam  cujus  domus 

prœcipue  dilexit  decorem 

obiit  anno  1735  die  22  februarii 

Requiescat  in  pace. 


—  312  — 

2.  Dans  la  mémo  chapelle,  au  pied  de  l'autel  sur  une  dalle  en 
pierre  bleue,  on  lit  : 

Sepulchrum  ' 

Canonicorum  hujus 

arcliidiaconalis 

Ecclesiae 

R  M        (renovatum)        1733 

R.  I.  P. 

Cette  dalle,  de  81  centimètres  de  large  sur  GO  de  long,  recouvre 
l'orifice  du  caveau  des  anciens  chanoines.  L'intérieur  est  bien 
conservé  et  est  divisé  en  deux  chambres  ou  compartiments  séparés 
par  un  mur.  La  longueur  totale  du  caveau  est  de  9,40  mètres,  la 
largeur  3,05  mètres,  la  hauteur  3,60  mètres.  La  voûte  ainsi  que 
les  parements  cintrés  sont  en  pierre  de  silex  et  en  grés;  les 
angles  en  pierres  de  sable.  Ce  caveau  s'étend  sous  les  deux 
premières  chapelles  à  gauche  2. 


3.  Dans  la  chapelle  du  chapitre,  à  droite  de  l'autel  : 

/Elernitati 
Sub  marmore  quoi!  teris  viator 

Scpultus  jacet 
I{du»  Ajm  ac  amplismus  Dominus 

D.  ARNOLDUS  VOETS 

hujus  ecclesiae  cancu8  et  decanus 

qui  moilis  memor  vivus  sihi  posait 

Monumentum  .... 

Obiil  A"  1703.  Septembris  die  17. 

tu  qui  transis  lege  et  ora 

H.   I.   P. 

Aux  quatre  coins  se  trouvent  les  années  de  prêtrise  (29),  d'âge 
(69),  decanonicat  (42)  et  de  décanat  (25)  du  défunt. 

1  Lors  de  la  construction  de  l'autel  de  St. -Joseph  ,  en  1822,  la  partie  supérieure  de 
la  dalle  a  dû  être  coupée. 

4  Voyez  registre  N°  10,  folio  400  verso. 


—  313  — 


Sepulchrum 

honorati 

SAREN  burgim   .    .    .    . 

die  25  aprilis 

Domicellse 

Voets 

obiit  2  februarij  1712   .    .    . 
Requiescat  in  pare 
Disce  mori 


5.  A  gauche  de  l'autel  : 

%£$     Hic.  jacet. 
Venerabilis.  vie.  D1».  THEODER1CUS.  BATENSORN.  DE  BUSCODUCIS.  ca- 
nonicus. et.  Scholasticus.  huius.  ecclie.  — 
qui.  fundavit.  cotidiana.  missam.  hora  ....  — 
et.  obiit.  ano.  a.  nativitate.  Dni.  M  CCCC. XXXVIII. 
mensis.  Augusti.  die.  XIII.  orale, 
pro  eo. 


6.  Devant  l'autel  : 

Hic.  jacet.  venerabilis.   vir.   D1^.   JOHANES.  DE.  FLÉRON.  ' 

canonicus.  buj.  ecclesie.   et.  ivestit.  eccle&ie  de   ...    . 

qui.  obiit.  anno.  a.  nativitate.   Dni. 

M.  quadragesim.  sepmo.  penultima.  die. 

mensis.  februaiii 


Hic.  jacet.  sepultus.  venerabilis  vir.  — 

raagister  MARTINUS.  MARTINI....  LOSCASTR1. 

canonicus.  et.  scolasticus.  huius.  ecclesie.  — 

qui.   obiit.   anno.   a.   nativitate.   Dni.  — 

MCCCCLXXX1II.   mensis.  Septembris.   die  XIII  cuj. 

aia.  requiescat.  in.  pace.  Amen. 


'  Il  occupait  en  1381 ,  la  seconde  maison  claustrale;  voir  :  Liber  slatuiorum  ecclesin- 
Tungrensis ,  p.  XXXIIII. 

XXIX  XXII  20 


314  — 


Hic  jacet  honorabilis 

et  generosus.   vir.  LÂBERTUS  DE  CORTTENBACH.  canonicus. 

obiit...   mesis  Septebris  die  vice....   sima  sexta  cuj' 

aima  requiescat  in  pace 

Amen . 


9.  Sous  un  tableau  à  volets  représentant  la  sainte  Vierge ,  avec 
l'enfant  Jésus  et  saint  Jean-Baptiste  : 

D.  et  M.  THEODR1CUS.  A  SPROLANT  et  THEODR1CUS 

ME11ERS  :  huius  ecclesise  successivi,  cantores 

avunculus.  et  nepos  hic,  fuimus.  no  sumus. 

estis.   no.  erilis  oibus  det  chiislus  post. 

hac  vita.  aeterna.  amen. 

A°~Ï6l7. 


10. 


©     Hic.  jacet.  Dus. 
THEODRICUS.   DE.  MALLE,  canonicus. 

qui.   obijt.   ano.   Dni. 

M.GCG.XLIX  

oiate.  pro.  eo. 


1 1 .  Dans,  les  cl oi très 


Hic  jacet  venerabilis 
D.    BARTHOLOMEUS 
GOFFIN  Capellan*  bass. 

huj.  eccliae  qui  obijt 
2G  8,iris  A"  1652  fonda1»' 

Missae  hebdomalis  rui 
lector  béué 
apprecare 


13. 


U. 


15 


315 


Mémorise 

Reverendi  adûî  Domini  ERASMI  L). 

LYMBOURG  liujus  archidiaconalis 

eccliae  Tongrensis  Canonici  qui 

obijt  30  9>"-is  170-2. 

JOHANNES  ERASMUS  LARMOYER  hujus 

ccclesiae  Canonicus  nepos  et  haeres 

maîmestus  posuit 

Requiescat  in  pace. 


Hic  jacet  sepultus  Rdus  ac  venlis 

D™8  D.  GU1LHELMUS  RESTIO  insignis 

eccliae  collegiatse  beatœ  Mariœ 

Virginis  oppidi  Tongren  CanoCU8 

qui  obiit  sub  A.0  Dni  1627  mensis 

Aprilis  die  terlia  cujus  anima 

Requiescat  in  sancta  pace. 


Sepulchrum 

AMANDI  DE  LAPIDE 

insignis  ecelesiae  Tongren  Canonici 

qui 

....  singulis  diebus  dominicis 

in  medio  templi 

Cantici  inviolata 

.    .    .    .   B.  Virginis  instituil 

Dotavit  obijt  XII  februarii  a0  1630 

mortuo  bene  precare. 


Hic  jacet  révérend'  et 
generosus  Dominus  D. 
JOANNES  PAELIE  buj'  eccle 
siae  Decanus  qui  obijt 
5*  Martij  A0  1612  ejus 
aia  requiescat  in  pace. 


—  316  — 

Au-dessus  de  cette  inscription,  sur  une  bande  entourant  l'écusson 
du  défunt,  on  lit  : 

S.  JÔES  evâ  .    .    .   fundator  beneficij  sub  invoealione 
B.  Mariœ  V. 


16. 


17. 


Hic  jacet  /EG1D1US  D. 

SPAVVEN  filius  Gérard i 

de  Spawen  ex-consulis 

Tongreiisis  et  Margartœ 

Scronx  conjugum  qui 

Obijt  18  81)ri5  A°  1637 

Requiescat  in  pace. 

ac  obijt  1  Api  il.  1682  H  unicus 

doctoris   IL.  Huens  et  CLABE 

VANDENREYDT  conjugum  filius. 


Hodie  mihi  cras  tibi 

VALE 

Hic  jacet  R.  D.  HERMANUS  HUST1N 

Dum  vixit  canouicus  et  decanus  Tung. 

fundator  missse  in  allari  B.  M.  V. 

legendse  diebus  dornirricis  et  festivis 

bora  undeciina  ' 


18. 

Hic  jacet 

Rdn.  rj„U8  HENRIGUS  WALTERUS 

VAN  BEUL  hujus  eccfiae 

senior  canouicus  et 

jubilarius  întatis  73 

qui   obijt    10 

May  1708 

Requiescat  in  pace 

«  Il  mourut  le  16  juin  1664.  Voir  Reg.  10,  folio  301. 


49. 


20. 


21 


W 


—  317  — 


Sepulchrum 

per-illustiïs  et  generosi  Dni 
GHRISTOPHORI  A  KERKEM 

Canonici  et  Scliolastici  Tungrensis 
qui  obijt  21   7bris  1645 
Requiescat  in  pace 


Deo.   opt.  Max. 

Mémorise  Dome  JOANN^E  DE  HODAIGE 

reliclœ  quond.  honlis  ^Egidii  de  Lens 

Leodien.   conjngum  dum  viverent 

Hic  sepullse.  Rlll,s  D"s  LAMBERT' 

DE  LENS  huius  eccliœ  canr"s 

eorum  filius  hic  quoq' 

sepultus  moest'  posuit  qui  obijt 

1653  mensis  Januarij 

die  12  Requiescant  in  pace. 


Hic  Jacet  Dom'»  CEGILiA 
GH1NEY  rt:<  q.  honorati  l)""' 
Maximiliani  Van  Maie  D.in 

Bouchout  et  Juris-consulti 
obiit  20  Maitij  1653. 


Uen  5  Februarij  1745 

sterft  den  lieer  JACOBUS 

FEST1ENS  bezonderen 

weldoender  desers  stats 

weeshuys,  ende  syne 

huysvrouw  joufvronw 

JOANNA  GRÉGOIRE  DE  HARZÉ 

sterft  den  2  January  1760 

Dewelcke  beyde  hier  syn  begraven 

Godt  wilt  haerder 

Zielen  genadich  zyn 

Requiescant  in  pace. 


23. 


24. 


25. 


26, 


318   - 


Sepulchrum 
D1»  W1LH.  VAN  RUYSSEBOR.GH 
benefacl.  Confs  15.  M.  V.  Tung. 

H  T  V  M  ' 

A0  1738. 

R.        I.        P. 


I>.        0.        M. 

Hir  jacet  R,,m  D. 

ARNOLDUS  JACMOTTE  eappellanus 

et  vicarius  ecclesise 

15.  M.   V.   oppidi  Tungrensis 

qui  obijt  16  9b,is 

1680.  Reqniescat  in  pace. 


D .       0 .       M . 

Piisque  exuviis  Reverendi  admodum 

Domini  HIERONYMI  MOERS  I.  U.   L'us 

a  fato  conjugis  domicellee  ANN^E 

MARIEE  AMERIC/E  hujus  ecclesise 

canonici  qui  vivere  desuit  XI  februani 

1665  cui  adjacent  filii  hic  quoque 

ranonici  R.  R.   adm.   D.   D.  HERMANUS  et 

GUILIELMUS  HIERONYMUS  quorum  prior, 

obiit  17  Aprilis  1658  aller  16  Xb^  1676. 

socero  ae  leviris  poni  curavit  D.  Hermanus  Van 

van  den  Bosch  hujus  oppidi 

Scabinus 

Requiescant  in  pace. 


Sepulchrum  I)1" 

FRANCISCI  BLAVIER 

quondam  canonici  et 

canloris  hujus  eccliae 

qui  obiit  22  Octobris 

lf>82.  Requiescal  in  pace 


Renovalum 


27. 


-    319 


Hic.  jacent.   hono'rabilis.   vir. 

WALTERUS.   DE.   HENISDAEL. 

als.   Rolarii.  quondam.  scabinus  Tongren. 

et.  KATHERINA.   DUNB1ERS. 

cjus.   uxor.   qui.   obierunt. 

ano.  a.  nativitate.   Domini. 

M.CCCG.XXXIX. 

Walter.  vero.  XXH.  july.  et. 

Katherina  V.  Augusti 

Oiate  pro  eis. 


28. 


88'.     Hic.  jacet.   venerabilis. 

Vir.   D"u\   L1BERTUS  DE  COERSWERME. 

olim.   canonic?  et.   cantor.   venerabilis.   hujus. 

ecclesie.  — 

Qui.   obiit.   ano.    Dni.   M.CCCC.LVI,  mensis.   Septembris. 

die.   uUima.  Cujus.  anima,  requiescat.  — 

in.   pace. 

Amen . 


29. 


D .       0 .       M . 

Un;  jaccl  liunoratus  vir  HENRICUS  LOERS 

bujus  insignis  eeclesiœ  receptor  ac. 

in  eadem  trium  missarum  hebdomadalium 

fundator  qui  obijt  ano  1681. 

X1"-'5  die  14  et  dom11*  EL1SABETHA 

EOERS  ejus  soror  quae  obijt  1690  2  7bris 

Requiescant  in  pace. 


30. 


Hier  ligt  begraven  Jf  MARIA  PEX 

buysvrouwe  van  borgemeester 

11ENR1CK  VOETS  die  sterf  den 

7  dach  Julii  1646  wiens 

Siele  Godt  genadich  sy 

Den  béer  borgemeester 

stierft  den  30  April  1680 

P.iilt  voor  die  Sielen. 


32. 


—  320   - 

Hic  jacel  R-  U«  GUILIELM, 
HUSQUET  sub-plebanus 

Turigrt'ii  et  Capellan  .  . 

huj.  .   eccliae  qui  21  Jan 

IG5t   obdormivit  in  Uno 

pro  cuj.  aia  refrigio 

funiiavii  missam  hebdomadalem. 

Tu  viator 

precare . 

Hier  lieht  begraven  den 
eersam.  JOANNES  LAMBERTI 

die  ghestorven  is  den  30  71"" 

arma  1676  ende  MARIA  PELSERS  syne  huysvrouwe 

die  is  ghestorven  den 

18  Juny  A°  1693 

Parentibus  suis  adjacet  R.   D. 

GUILIELMUS  LAMBERTI  37 

annis  pastor  in  Piringen 

hujus  ecclia)  Capellanus 

et  tliesaurarius  jubillarius 

Obijt  26  9b™  A»  1714 

aetalis  siiae  80 

Requiescant  in  pace. 


33.  A  droite  do  la  chapelle  de  Ions  les  saints,  une  pierre  tuniii- 
lire  enclavée  dans  le  mur  porte  : 

Hic  jacet 

propre  sororem  suam 

MARIAM  DE  LA  CROIX 

defunctam  12  8lir>5  1727. 

Reverendus  admodum  Dominus 

JOHANNES  DE  LA  CROIX 

Sacerdos  et  Canonicus 

Tungrensis  per  annos  46 

qui  annu  œtatis  85 

obiit  7ma  Augusli 

1730 

Requiescant  in  pace 

Fac  modo  quœ  morieus  facfa  fuisse  voles 


—  321   — 

34.   Dans  la   chapelle   do    tous  les  saints  à  droite  de  l'autel, 
(in  lit  sur  une  pierre  sépulcrale  : 

Hic  jacet  lion1'5  ARNOLUUS  SCHAETZEN 

et  dom»a  ANNA  VAN  DYGK  conjuges 

morte  dissoluti  amore  in   . . .  dissoluti 

obiit  hsec  A0  1075  7h'is  die  19* 

hic  A°  16-14  7bris  die  20 

ijuibus  lector  bene  apprecare 

....   posteri  tibi 

Ordine  quem  . . .  que  suo  rapit  illacrymabile  fatum 

effugium  non  est  superesse  diu 

proies  rmieste  posuerunt 


35 


Hic  jacet  venblls  Dnus 
HUBERTUS  STEVART  J.  U.  L. 

cacus  Tongrensis  qui 
obiit  Octobris  die  la  A0  1608 


3(1 


Hic  t  jacet  t  sepultus  i  generosus  t  vir  t 

UUMICELLUS  t  JACOBUS  t  DE  t  OEPENBORCH  t  d'us  t  de  t 

betheii)  t  qui  t 

obyt  t  ano  t  a  i  nalivitate  t 

domini  f  M0  t  Ve  t  Septimo  t  XI  i  luly.  .  .  . 

eterrraliter  t  in  t  sancta  t  pace  t  amen  1 


37  Dans  les  cloîtres  : 


Hier  onder  ligt  begraven   .... 
.   P         EUMANS  borger 

die  sterft  den en 

joufvrouwe syne 

huysvrouwe  welke  sterf  A" 

ir.33    den 


38 


40. 


322  — 


Hier  ligt  begraven 

WILLEM  I100NEN  die  sterfl 

A°   1651   den  26  9brls 

en  CAÏHAR1NA  PEUMANS 

syn  huysvrau  is  gestor- 

ven  A0  1640  den  12  Augusti 

en  GASPAR  HONEN  synen 

soon  stierf 


Hic  jacet  sepultus 

Rdu  Qnoa    GUiLHELMUS  PEUMANTS  insignis 

ecclcsiae  collegiatse  B.  M.  Virginia  oppidi 

Tongrensis  canonicus  qui  obyt  anno 

D"'  1650  mensis  Augusti  die  21 

Requiescat  in  pace 


I).       0.       M. 

Hic  jacet  honoratus  Uns 

MARS1L1US  PEUMANS  ex-consul 

et  bujns  oppidi  altae 

Justitue  Scabinus  praeses  qui 

obijt  ultinia  die  anni  1686. 

ejusq..  ncpotes  MARS  :  PEUMANS  cations 

Ruttensis  et  beneficiatus  bujus  ecclise 

obiit  16'»  Janrij  1695  et  CHRIST.  PEUMANS 

receptor  insignis  Gapli  Tongr  qui 

obiit  anno  1737  A  Feb. 

His  ce  adjacet  R.  D.  JOES.   PEUMANS  prbït. 

benef.  et  thesaurarius  hujus  eccliae  qui  obijt 

20  Junii  1752  cuin  suo  fratre  R.   I).   PETRO 

PEUMANS,  presb,   benef.  Tungren    qui  obijl  17  T»r« 

771  JOHANNES  PEUMANS,  benef.   obijl  13  7bri'  17KI 


il 


-    323 


U .       0 .       M . 

Pijsquc  manibus  amplissimi  Domini 

PI11L1PI  VAN  DEN  REYDT  hujus  oppidi 

altae  lustitiae  scabini  praesidis 

el  ex  Consulis  fundator  missse  hebdlis 

qui  obijt  Idibus 

Xbris  1672.  Parentumque  ipsius 

mémorise  et  gratitudiuis  ergo 

posuit  JOËS  MENTEN  dicti  oppidi 

a  seerelis 

Requiescant  in  pace. 


42.  Sur  une  pierre  enclavée  dans  le  mur,  au  côté  gauche  de  la 
chapelle  de  Tous  les  saints,  on  lit  : 


IIIS 

D.     0.     M.     S. 

Venerabili  viro  et  D.  CAROLO  COENEN 

Herleu ,  Nicolaï 

F.  post  vitara  tum  in  variis 

principum  Belgii  aulis,  tum 

in  militia  pro  catholico  Hispa- 

niarum  rege  transactani,  hujus 

ecclesiœ  B.  Maris  oppidi 

Tongren  X  anis  canonico  ac 

Lectionis  psalmorum ,  miserere 

mei  Ueus,  et  de  profundis,  quolidie 

per  sacellantim  ,  missam 

horae  Sextae,  ad  altare  S.  Joha- 

nis  Evag  ,  celebrate ,  pro  fidelium 

animarum  refrigerio  recitadœ 

pro  fundatori  Antonius 

Monaeus  ex  testamento 

havres  poni  cura  vit 

obiit  A»  Dni  1558  œtatis  58 

Anima  ejus  Requiescat 

in  pace 


—  3:2  i  — 

43.  Un  peu  plus  loin  que  cette  dernière  pierre,  et  comme  elle 
enchâssée  dans  le  mur,  on  voit  une  niche  sculptée  en  pierre  de 
sable  et  dont  les  moulures  ont  disparu  sous  une  épaisse  croûte 
de  chaux. 

Elle  est  divisée  en  deux  parties  :  la  partie  supérieure,  d'une 
hauteur  d'environ  35  centimètres ,  représente  saint  Hubert  au 
milieu  des  forêts  ;  le  cerf  miraculeux  est  devant  lui.  La  partie 
inférieure  de  -40  centimètres  de  hauteur  représente  la  Mère  des 
Douleurs,  regardant  le  corps  inanimé  de  son  divin  fils. 

Deux  colonnettes  torses  supportent  un  fronton  trilobé  ;  cette 
niche  se  termine  en  cul  de  lampe ,  sur  lequel  se  trouve  l'in- 
scription suivante  : 

Hier  :  ligget  :  begrave  :  HOUBRECHT  :  VANDEN  LIEBAERT  : 

die  :  sterf  :  —  :  int  :  jaer  :  ons  :  liere  : 
15:28  :  du  :  25  :  dach  :  va  :  Augiisto  :  bidt  :  voer  :  die  :  ziele  : 


u. 


Aimo  .  D"'  .  MCCCC. XXXII 
prima  .  die  .  inensis  .  Apiilis  . 
obiit  .  honorabilis  .  vir  .  FORKENS  .  L)E 
VORDA  


45. 


Aimo  t  Dni  t  M  t  CCCC 

.    ,    .    .  obyt  i  GERA.RDUS  M1NEON  \ 

...Mi  CCCC  i 

....  die  t  .  obiil  .  1  BEATRIX  i 
uxor  i  GERARD!  M1NEON  t 

orale  t  pro  1  eis  t 


—  325  — 

46.    Sous    un   tableau    peint   sur   bois,    remarquable    par   la 
finesse  d'exécution  des  figures ,  on  voit  en  lettres  gothiques  '  : 

Hier.  ligt.  begrave.  lier.  ART.   VÂT   PYRINGHË.  conuT. 
van  deses.  keiïe.  die  sterf.  in.  de.  jaer.  os.  Heere. 

M.  1111e  e"n.  XCVII.  des. 

XXIIII.  dachs.  va.  de.  eve.  maet.  op.  sinte.  materus 

avot.  wilt.  bide.   voer.  die.  ziele.  om.  Gods.   wille 


■47.  Dans  l'église  collégiale  de  N.-D.  à  Tongres,  se  trouvait 
jadis  une  pierre  sur  laquelle  était  représenté  un  gentilhomme 
armé  de  toutes  pièces,  accompagné  de  son  épouse  ayant  sa  robe 
doublée  de  vair  et  à  côté  de  sa  tète  deux  écussons  sous  vuids 
avec  cette  inscription  : 

Anno  Dni  M'CCC'LXVI'XXVII  die  marty 

obiit  domicella  MARIA  DE  ORORNE  uxor 

WALTERI  DE  BETUE  armigeri 

anima  ejus  requiescat  in  pace 

ei  Walterus  p<ics  obiit  ano  Dni  MCCC.  .  .  . 


4-e 


Anno  Domini  millesimo  tricentesimo 

LXXVI   mensis  Augusti  die  Xli  obiit 

JOHÈS  deus  LE  BOUT   DE  GHELMEN 

anima  ejus  requie>cal  in   pace.  Amen. 

Anno  Domini  millesimo.  ... 

mensis  february  die  XXII  obiit  BEATRIX 

filia  JOHANNIS  THO.VLE  uxor  JOHANNIS 

LE  BOUT  DE  GHELMEN,  anima  ejus 

requiescat  in  pace  Amen.  * 


1  L'extième  pudeur  des  chanoines  semble  s'être  alarmée  à  cause  de  quelque  licence 
trop  naturelle  aux  peintres  naïfs  de  cette  époque ,  aussi  une  main  fort  chrétienne  mais 
peu  artistique  a  impitoyablement  gratté  le  haut  du  torse  de  la  sainte  Vierge.  Cette  pein- 
ture appartient  à  l'école  réaliste  qui  profana  les  nobles  traditions  des  Memling  et  des 
Van  Eyck.  Les  idées  étaient  tellement  faussées  au  XVIe  siècle,  que  le  concile  de 
Cambrai,  tenu  en  1565,  prescrivit  de  ne  placer  dans  les  églises  aucun  tableau  que  du 
consentement  des  évêques  et  d'enlever  tous  ceux  qui  seraient  jugés  indécents  ou  con- 
traires aux  types  adoptés,  quod  non  deceat  neque  prototypo  eonyruat. 

-  V.  Le  Fokt  ,  Liasses.  Archives  de  VElat  à  Liège. 


-    3^(5  — 

49.  Sous  un  tableau  peint  sur  bois  que,  surmonte  une  double 
galerie  gothique  en  bois  sculpté  et  qui  représente  la  Vierge  des 
Douleurs  transpercée  de  sept  épées  avec  la  légende  :  Sicut  lilium 
in  ter  spinas  ,  ainsi  que  saint  Florent  portant  la  tiare  et  la  crosse 
et  le  chanoine  défunt  à  genoux  ,  on  lit  l  : 

Hic  jacet  sepultus  venlis  Dns  FLORENTIN .  .    DE 

DELFT  scbolasticus  dive  bte  Marie  Virginis  oppidi 

Tongren  qui  obyt  ano  Uni  millesimo  quin- 

getesimo  Vicesimo  sexto  niesis  novembiïs 

die  decimo  tercio  cuj..  aia  requiescat  in  Sancla  pace  amen. 

Cette  œuvre  est  remarquable  par  le  fini  de  son  exécution. 


50.  Sur  une  croix  en  pierre  bleue  placée  dans  le  préau 


Ter  memorie 

van  den  erw 

Heer  ^EGIDIUS 

PETRUS  SAMONTS  bénéficier 

dezer  kerke  die  sterft  den  '3 

november  1701  ende  siiner 

ouders  zi  alhier  begraven 

!', .      I .     P . 


51 .  Dans  les  cloîtres  : 


Ano  Uni  MCCC  XL1I1I 

nltima  die  martis 

Omit  Dns  ....   UE  M1LLEN 
Scabinus  Tongren  Cujus  aia 
Requiescat  in  pare   .... 


1  On  pense  que  la  marque  du  peintre  -f£ ,  maintefois  accompagnée  de  deux  autres 
signes  J)  ;f  ,  n'est  autre  chose  que  le  monogramme  grec  du  christ  £  -/?  auquel  nos 
peintres  ont  donné  une  forme  gothique. 


52. 


53 


—  327    - 


I).       0.       M. 

Hier  ligt  begraven  den  eerbaren  G1LIS  SERONX 

in  zyn  leven 

Scholtet  des  eerweerdigen 

Capitels  van  Tongeren 

die  sterft  anno  1606  den  29  novembris 

ende 

Joufvrouwe  CATHAR1NA  KELUERMANS 

zyne  huysvrauwe 

die  sterft  anno 


.    .    .    .  Dni  t  M  t  CCC  t 

(cassée) 

LXXVIl  t  mensis  t  July  t  die  +  XXI  +  obiit  t  L. .  .NS  t 

RULANDI  t  âïta  t  ejus 

requiescat  t  in  pace  t 


54. 


HELMO.   A.   MERA.   quu 
.   KATHERINA.   ejus. 

.   Sacerdos.  et. 
.    .    .   memoriate. 
.    .   Altéra  anno  XVe 
in  pace. 


55. 

.    .    .   parentes.   Dnor.  SYM0NI8.  et.  GORELINI.   DE. 

LE   .    .    .    .  ebs.  mat.  obiit.  VIII .  KÏ.  post. 

IX  annos.  orate.  p.  eis. 


56. 


Hic.  jacet.  sepultus.   venerabilis.   vir. 

Dns 

qui.  obyt.  âno.   Dni.  XV'  XXVII. 

mensis.  january.  die.  XXX. 

cuj.  aia.  requiescat.  in     pace. 


—  328   — 


►VJlVDeîKTORe  *  D7V£  ♦  COGll  >SQ  R£ 


58. 


59. 


—  329 


Hier  ligt  begraeven  den 

eersaemen  M''  GODEFRIDUS 

DAENEN  den  weleken  steerf 

den  18  apis  1652  ende  die  eers- 

aeme  ALEYDIS  COPIS  alias  NEL1SSEN 

steerf  

Bidt  godt  voor 
die  zielen   ' 


D.       0.       M. 

Hic  jaeet  R .   D .   PETRUS 

LEHÀULT  dum  vix.it  cancus 

Tungrensis  qui  fundavit  duas 

missas  in  Villario  Epi  unam 

Dnicis  dieluis  alteram 

Sabatinis  obyt  20  7b-is  1663 

Requiescat  in  pace. 

Amen . 


1  Les  pierres  tumulaires  Nos  57  el  58  proviennent  de  la  chapelle  d'Ovée,  sous  Tongres. 


X\i\  \\il 


—  330    — 
G. 

CATALOGUE  DE  L'AMEUBLEMENT. 


CHAPITRE  I. 
MOBILIER   DE   L'ÉGLISE. 

Dans    le    chœur  : 

Le  maître-autel,  élevé  en  1732  par  Martin-Benoit  Termonia, 
forme  une  massive  construction  en  marbre  blanc  et  rouge  de 
St. -Rémi,  qui  bouche  les  trois  fenêtres  du  chevet. 

Cet  autel  y  compris  les  deux  marches  a  une  hauteur  de  9.68 
et  une  largeur  de  G. 20. 

La  table  proprement  dite  est  en  petit  granit,  de  forme  cubique 
et  ornée  de  carrés  moulurés.  Elle  mesure  3. 50  de  long  sur 
1 .30  de  large  et  1 .03  de  haut.  Sur  la  face  antérieure  on  voit 
l'ouverture  de  la  cavité  renfermant  les  reliques.  Un  gradin  en 
marbre  noir  poli  sert  de  base  au  tabernacle  en  bois  doré,  surmonté 
d'un  crucifix  et  d'une  couronne  que  tiennent  deux  anges  '. 

Sur  une  large  base  ornée  de  plaques  en  marbre  blanc  et  rouge 
s'appuyent  six  colonnes  en  marbre  rouge  avec  chapiteaux  dorés 
supportant  une  frise  en  marbre  blanc  que  surmonte  une  corniche 
saillante  richement  moulurée.  Un  dais  plein-cintre  en  bois  peint  et 
doré,  en  forme  de  modillons,  soutient  deux  anges  portant  les  attri- 
buts papaux  et  forme  le  fronton  de  ce  véritable  monument  d'archi- 
tecture moderne. 

1  Sur  le  tabernacle  est  sculpté  en  bas-relief  le  sacrifice  d'Abraham.  Ce  tabernacle  est 
dû  à  la  générosité  du  doyen  Closar  ainsi  que  le  prouve  un  cartouche  placé  au  bas 
et  orné  des  armoiries  du  donateur  avec  l'inscription  suivante  : 

INTREPIDE 

HATHiSUS  PAULUS   CLOSAR    HUJUS 

PERINSIGNIS   ARCHIDIACONALIS 

ECCI.ESI.K   CANONICVS   UKCANUS  D.  1). 


—  331    - 

De  chaque  côté  de  l'autel  une  petite  porte  cintrée  est  surmontée 
des  statues  en  bois  de  saint  Materne  et  de  saint  Lambert  *. 

Cet  autel  vient  d'être  remplacé  par  un  rétable  en  bois  de  chêne 
sculpté  provenant  de  l'église  de  Venray  (Limbourg  hollandais). 

Ce  rétable  ,  jusqu'à  présent  peu  connu  ,  était ,  il  y  a  vingt  ans  , 
enfoui  dans  l'humble  église  d'un  petit  village  de  la  Campine  qui, 
ignorant  le  trésor  qu'elle  possédait  dans  son  sein  ,  le  vendit  au 
prince  russe  Soltikoff.  Cet  amateur  éclairé  le  fit  transporter  à  Paris 
et  recourut  vainement  au  talent  des  sculpteurs  les  plus  en  renom 
pour  le  faire  restaurer. 

Franc.  Malfait  sculpteur  de  Bruxelles,  appelé  à  Paris,  entra 
en  relation  avec  le  noble  Russe ,  se  chargea  de  rétablir  ce  type 
de  l'art  dans  sa  beauté  primitive  et  finit  même  par  en  devenir 
propriétaire.  Il  le  restaura  avec  cette  intelligence  qui  prouve  son 
respect  pour  les  anciennes  traditions  de  l'époque  ogivale  et  sa 
profonde  connaissance  de  l'art  gothique. 

Après  toutes  ces  pérégrinations ,  l'église  de  Tongres ,  grâce 
à  de  nombreuses  démarches,  acquérit  en  1863  ce  bijou  de  l'art 
gothique. 

On  en  est  réduit  aux  conjectures  sur  le  nom  de  l'artiste  qui 
exécuta  cette  œuvre  remarquable  2.  Tout  ce  qu'on  peut  affirmer  à 
cet  égard  ,  c'est  qu'il  faisait  partie  de  la  confrérie  de  St. -Luc 
d'Anvers.  La  marque  ,  brûlée  sur  un  des  côtés  latéraux  et  répétée 
sur  chaque  statuette ,  en  fournit  la  preuve. 

Ce  rétable  de  4.70  de  haut  sur  3.20  de  large  et  0.25  de 
profondeur,  a  la  forme  d'une  grande  arcade  surélevée  ,  cantonnée 
de  deux  arcs  surbaissés  qui  surmontent  les  cases  de  dextre  et  de 


1  L'autel  en  marbre  vendu  à  l'église  d'Andennes  (Namur)  a  éé  démoli  au  mois  de 
juin  1865  et  le  rétable  a  été  placé  au  mois  de  mars  1866. 

2  II  paraît  qu'un  rétable  du  même  artiste  se  trouve  à  Eroubourg  en  Bresse  (France  ) 
(Ce  dernier  rétable  est  sculpté  en  pierre  de  France.)  Notre  rétable  a  beaucoup  d'analogie 
avec  celui  que  l'on  voit  dans  l'église  de  Boenendael  près  de  Bruxelles  et  qui  représente 
les  différentes  scènes  du  martyre  de  saint  Christophe. 


—  332  — 

sénesfre  ;  il  est  divisé  en  huit  compartiments  disposés  sur  deux 
rangs  superposés  et  animés  par  de  naïfs  et  gracieux  personnages 
placés  sur  un  plan  incliné  d'après  les  lois  de  la  perspective.  Les 
grands  mystères  de  la  vie  de  la  sainte  Vierge,  patronne  de  l'église , 
forment  le  sujet  des  nombreux  groupes  qui  composent  cet  autel. 

La  grande  composition  du  milieu  représente  le  mariage  de  la 
sainte  Vierge.  Dix  personnages  ,  dont  la  hauteur  varie  de  25  à 
30  centimètres,  occupent  ce  compartiment;  leurs  costumes  nous 
rappellent  le  XVe  siècle.  Au  pied  de  la  sainte  Vierge  on  remarque 
deux  anges  debout  soutenant  sa  robe  traînante.  Deux  petits  groupes 
en  haut-relief  placés  contre  les  parois  de  ce  temple  gothique  repré- 
sentent la  naissance  de  la  sainte  Vierge  et  sa  présentation  au 
temple. 

Le  premier  compartiment  à  gauche  ,  séparé  du  précédent  par 
des  jambages  composés  d'un  faisceau  de  nervures  flanqué  d'un 
contrefort  garni  de  crochets,  forme  un  groupe  de  deux  personnages 
et  représente  l'Annonciation  de  la  sainte  Vierge  ;  à  côté  se  trouve 
la  Visitation  de  Marie  à  sa  cousine  Elisabeth.  On  y  voit  également 
Joseph  et  Zacharie. 

La  composition  placée  au-dessus  représente  l'Adoration  des 
Bergers.  Celte  composition  de  18  figures  nous  montre  l'enfant 
Jésus  couché  sur  un  peu  de  paille  entre  le  bœuf  et  l'âne.  Sa  divine 
mère  est  à  genoux  près  de  lui  ;  saint  Joseph  portant  une  torche 
et  une  équerre  est  à  gauche  au  milieu  d'un  groupe  de  bergers  : 
deux  anges  adorateurs  sont  sur  l' avant-plan. 

Les  deux  petits  groupes  placés  au-dessus  représentent  le  refus 
de  l'offre  de  Joachim  et  Joachim  consolé  par  l'ange. 

A  droite  en  bas  nous  voyons  d'abord  la  Circoncision  ,  composition 
de  sept  personnages,  et  l'éducation  de  l'enfant  Jésus,  composition 
de  quatre  figures. 

Au-dessus  se  trouve  l'Adoration  des  rois  mages,  composée  de 
seize  personnages.   Les  petits  groupes  représentent  la  vision  de 


—  333  — 

sainte  Anne  et  la  rencontre  d'Anne  et  de  Joachim  à  la  porte  dorée 
de  Jérusalem. 

La  composition  centrale  supérieure  ,  groupe  de  13  personnages, 
représente  la  mort  de  la  sainte  Vierge  ;  sur  lavant-plan  on  remarque 
les  quatre  évangélistes ,  dont  les  statuettes  sont  reproduites  dans 
des  niches  ménagées  dans  les  nervures  séparatives. 

Au-dessus  du  dais  ajouré  qui  couronne  cette  composition  ma- 
gistrale se  trouve  l'Assomption  de  la  sainte  Vierge  soutenue  par  qua- 
tre anges.  Les  petits  groupes  en  haut-relief  ,  placés  sous  la 
guirlande  de  feuilles  déchiquetées ,  conduite  en  serpentant  de  ma- 
nière à  dessiner  d'élégants  rinceaux  ajourés  qui  encadrent  cette 
dernière  scène ,    représentent  les  sept  douleurs  de  Marie  : 

1°  La  présentation  de  l'enfant  Jésus  , 

2o  La  fuite  en  Egypte  , 

3°  La  recherche  du  divin  enfant  par  ses  parents , 

4°  La  rencontre  de  Jésus  portant  sa  croix  , 

5°  Marie  au  pied  de  la  croix  , 

0°  La  descente  de  la  croix  et 

7°  La  mise  au  tombeau  du  Christ , 

L'œuvre  entière  est  surmontée  d'une  statue  d'ange  portant 
une  banderole  déroulée  avec  l'inscription  :  Isa/as  XI.  Des  fleurons 
déchiquetés  et  des  pinacles  hérissés  de  crochets  complètent  l'orne- 
mentation supérieure  de  ce  beau  rétable. 

Le  fouillis  des  feuillages  et  des  dessins  architecloniques  qui 
régnent  tout  le  long  des  nervures  séparatives  et  sur  les  voûtes 
couvertes  d'ornements  et  de  pendentifs  rappelle  les  enchevêtre- 
ments compliqués  de  l'art  mauresque  et  constitue  à  lui  seul  un 
travail  de  patience  inouïe.  Chaque  partie  de  ce  grand  ensemble 
s'harmonise  avec  le  sentiment  de  la  scène  qu'il  représente  et  laisse 
reposer  l'œil  sans  le  fatiguer  par  des  surcharges  et  sans  l'épou- 
vanter par  de  profonds  vides.  Du  reste,  cette  œuvre  est  empreinte 
d'un  cachet  d'originalité  puissante  qui  distinguait  l'art  flamand  au 


—  334  — 

XVe  siècle,  époque  où  les  traditions  gothiques,  qui  quelques  années 
plus  tard  s'effacèrent  pour  faire  place  au  génie  de  la  Renaissance, 
étaient  encore  dans   toute  leur  splendeur. 

Trois  gradins ,  coupés  au  centre  par  un  tabernacle  orné  d'un 
beau  Christ ,  servent  de  base  au  rétable  et  sont  dus  au  ciseau  du 
sculpteur  F.  Malfait.  Le  dessin  en  est  d'une  grande  richesse. 

Au-dessus  du  rétable  ,  on  remarque  les  vitraux  restaurés 
en  18G5  par  M.  Vander  Poorten  de  Bruxelles  et  qui  rehaussent 
l'effet  produit  par  ce  bel  autel. 

Ces  vitraux  ornent  le  chevet  du  chœur.  Le  sujet  de  celui  placé 
dans  la  fenêtre  centrale  est  le  crucifiement  du  Christ  :  à  droite 
du  crucifié  se  trouve  la  sainte  Vierge ,  à  gauche  le  disciple  favori  ; 
au-dessus  du  portique  qui  encadre  ce  groupe ,  trois  figures  acadé- 
miques représentent  la  Foi ,  l'Espérance  et  la  Charité.  Un  pélican 
surmonte  cette  composition  qui  fut  exécutée  aux  frais  de  la  fabrique 
en  1550.  Au  pied  ,  on  a  ajouté  deux  anges  en  grisaille  portant  les 
instruments  de  la  Passion ,  les  armoiries  du  pape  Pie  IX  et  l'in- 
scription suivante  : 


A0  na"s  Uni  VIIIe  IV  Léo  ppa 

consecv'  eccla  Tung.  Mae 

IX  maii  q'  oli  dslructa' 

fu'  |i  liuos  q'  raedificav1 

d'  oger*  Dans  nrdiavit 

1  ea  XX  caeos. 


Le  vitrail  de  droite  représente  les  quatres  docteurs  de  l'Église  : 
saint  Augustin,  saint  Grégoire,  saint  Jérôme  et  saint  Ambroise. 
Celui  de  gauche  la  sainte  Vierge,  saint  Materne  et  saint  Servais. 
Tous  deux  ont  été  exécutés  en  1548  et  offrent  de  beaux  spécimens 
d'étoffes  damassées  d'une  grande  richesse,  sur  lesquelles  on  dis- 
tingue des  fleurs  peintes  en  apprêt. 

Le  dessin  des  figures  est  correct   mais   manque   quelque   peu 


-    335  — 

d'effet  par  suite  de  l'emploi  des  blancs,  des  jaunes  et  des  couleurs 
pâles.  Le  cerné  se  fond  presque  entièrement  dans  le  modelé,  et  la 
couleur  en  général  reste  subordonnée  à  la  forme. 

Sur  l'autel,  six  chandeliers  en  cuivre  repoussé  ,  deux  girandoles 
et  des  canons. 

Sur  les  marches  de  V autel  se  trouvent  quatre  chandeliers 
d'élévation  en  cuivre;  à  droite  le  grand  chandelier  pascal  *  et  de 
chaque  côté  de  l'abside  trois  girandoles  en  cuivre  2. 

A  gauche  de  V autel,  une  tablette  en  marbre  blanc  soutenue  par 
un  aigle  éployé  en  bois  doré ,  un  crucifix  avec  statuette  de  la 
Vierge  en  bois  sculpté  ,  deux  chandeliers  en  cuivre  jaune  bosselé 
et  annelé  portant  les  armoiries  du  donateur  et  l'inscription  suivante: 

FRANCISCUS 

ORANUS.    ROTOE 

AUDITOR 

PKŒPOSITUS 

ECCLESI/E 

BEATiG 

MARUE 

TONGK 

EN 

Ces  chandeliers  sont  du  XVIe  siècle. 

Au  milieu  du  chœur  se  trouve  le  beau  lutrin  en  cuivre  jaune  5 , 
deux  sièges  pliants  et  un  pupitre  en  acier  poli  orné  d'annelets  et 
de  boules  en  cuivre.  Deux  grands  chandeliers  en  cuivre  dont  les 
pieds  triangulaires  et  bosselés  sont  soutenus  par  trois  griffes  de 
lion  s'appuyant  sur  des  boules;  les  tiges  en  sont  annelées  et  les 
bassins  en  sont  circulaires.  XVIIe  siècle. 

Les  côtés  latéraux  du  chœur  sont  ornés  d'un  double  rang  de 
stalles  superposées  en    bois  de  chêne,  construites    aux  frais  du 


1    V.  Le  Trésor,  art.   Minauderies. 

Idem. 
r'  Idem. 


-    33G     - 

chapitre  par  Georges  Van  Schoonbeeck  en  1710.  Ces  50  stalles 
(32  scalse  et  24  formée  chori)  ont  coûté  12,575  fr.  Au-dessus 
des  stalles  six  grands  tableaux  dont  quatre  représentent  les 
principaux  épisodes  de  la  vie  de  saint  Materne,  et  les  deux  autres 
la  Visitation  de  la  sainte  Vierge  et  la  Fuite  en  Egypte ,  furent 
donnés  à  l'église  par  le  prévôt  Jean  René  de  Neufcourt,  en  1722. 
Les  armoiries  du  donateur  *  et  l'inscription  suivante  couronnent 
ces  tableaux. 

Joes  :  Renatm  :  A  Neufeour.  —  Conçus  :  Leod  .  archid  : 
eeeliœ  :  B  :  M  :  V  :  Tung  :  — 

P-positus  :  anno.  1722. 

Ils  sont  dus  au  pinceau  du   peintre  namurois  J  -B.  Juppin  2. 

Ce  sont  de  grands  paysages  historiques,  avec  des  figures  de  gran- 
deur académique  peintes,  à  ce  qu'il  paraît,  par  un  artiste  du  nom 
de  Plumier.  Les  paysages  sont  composés  dans  le  genre  du  Poussin, 
dit  M.  Marinus,  et  sont  d'une  exécution  extrêmement  large  ;  ce- 
pendant sous  le  rapport  de  la  composition,  du  sentiment  et  même 
du  coloris  ils  sont  sans  conteste  inférieurs  aux  œuvres  de  ce 
maître.  Les  fonds  surtout  sont  remarquables  par  les  détails  et 
la  finesse  de  leur  exécution. 

Le  chœur  est  clôturé  par  une  construction  en  marbre  d'une 
certaine  élévation.  Cette  clôture  due  à  la  générosité  du  prévôt 
Jean-Louis  D'oyenbrugge  ,  comte  de  Duras  ,  remplaça  en  1751 
le  jubé  ou  l'ambon. 


'  Burelé  d'argent  et  de  sable  de  huit  pièces  chargées  d'un  éeusson  d'or  au  sautoir 
de  gueules  accompagné  de  quatre  merlettes  de  sable. 

*  Juppin  naquit  à  Namur  en  1678,  résida  quelques  années  à  Bruxelles  et  en  Italie, 
puis  se  fixa  définitivement  à  Liège  en  1717  ;  il  mourut  à  Namur  le  5  septembre  1729 
el  fut  enterré  dans  la  collégiale  de  N.-D. 

L'église  de  St. -Martin  à  Liège  possède  six  grands  paysages  de  ce  peintre  ;  l'église  de 
Si    Denis  en  possède  quatre  et  la  Société  archéologique  de  Namur  deux. 


—   337  — 

Deux  grandes  statues  en  bois  représentant  la  Foi  et  l'Espérance 
couronnent  cette  construction  qui  s'abaisse  en  forme  de  modillon 
vers  le  centre  !. 

Une  porte  à  claires  voies,  en  cuivre  jaune  coulé ,  ferme  l'entrée 

du  chœifr  2. 

Dans  le  transept  de  droite  : 

Un  autel  en  marbre  rouge,  à  quatre  colonnes,  dédié  à  la  sainte 

Vierge  et  construit  en  1754  dans  le  goût  du  maitre-autel  aux  frais 

du  chapitre  par  le  même  M.-B.  Termonia  pour  le  prix  de  4, OOO  fl. 

C'est  sur  cet   autel    que  se  trouve  placée  la  statue  miraculeuse 

de  Notre  Dame.  Cette  statue  en  bois  ,  de  grandeur  naturelle   à 

laquelle  les  légendaires  ont  donné  le  nom  de  Prima  cis  Alpes, 

est  un  chef-d'œuvre  de  la  statuaire  du  moyen  âge. 

Vis-à-vis  de  cet  autel: 

Un  grand  crucifix  avec  Christ  en  bois  est  fixé  au  mur  ainsi 
qu'une  girandole  en  cuivre  repoussé;  les  Signa  miraculorum , 
composés  de  plusieurs  chaînes  entraves,  cuissarts,  cadenas,  etc., 
placés  au-dessous,  appartiennent  au  XVe  siècle  5. 

Une  lampe  en  cuivre  repoussé  et  doré  portant  les  armoiries  du 
donateur  et  l'inscription  : 

J.  R.  a  Neufeourl  conçus  Leod.  archid.  ecc.  Tongrensis 
prœposilas  D.  D.  ao.  1719. 


«  Eu-  dessous  de  ces  statues  et  au-dessus  de  deux  médaillons  en  marbre  blanc,  repré- 
sentant les  bustes  en  bas-relief  de  saint  Jean  et  de  saint  Louis,  se  trouvent  les  armoiries 
du  prévôt  avec  cette  inscription  : 

JOANNES   :   LUDOVICIJS.    DOYENBRUGGE.    EX.    C0M1TIBUS. 

DE.    DURAS.   BARO.    AB.    ELDEREN.    DECANUS 

LEODIENSIS.   PR.ïPOSITUS.   TONGRENSIS.  A'10  1751. 

*  Les  tableaux  de  Juppin  ont  été  enlevés  lors  de  la  réparation  du  chœur  et  ne  seront 
plus  replacés.  La  clôture  en  marbre  a  été  démolie  en  1863. 

5  Une  pieuse  tradition  rapporte  que  des  pèlerins  tongrois  s'étant  rendus  en  Terre- 
Sainte  furent  à  leur  retour  arrêtés  par  les  Musulmans,  jetés  en  prison  et  chargés  de  fers. 
Ayant  eu  recours  à  la  sainte  Vierge  ils  furent  miraculeusement  délivrés,  revinrent  dans 
leur  ville  natale  el  déposèrent  leurs  chaînes  sur  l'autel  de  la  sainte  Vierge. 


—  338  — 

Un  banc  en  bois  de  chêne,  style  gothique,  pour  la  confrérie  du 
saint  Rosaire.  Il  fut  sculpté  en  1858  par  Gielen  de  Tongres. 
Une  boite  renfermant  des  porte-flambeaux  en  bois. 
A  droite  de  cet  autel: 
Un  piédestal  gothique  surmonté  d'un  groupe  représentant  Notre 
Dame  de  la  Salette. 

Un  tronc  carré  en  chêne  sculpté,  style  gothique. 
Trois  bancs  mobiles  en  chêne. 

Sur  l'autel  : 
Six  chandeliers  en  étain,  un  petit  crucifix  avec  Christ  en  argent 
et  des  canons. 

Dans  le  transept  de  gauche  : 
Un  autel  en  marbre  rouge,  à  quatre  colonnes,  dédié  à  saint 
Servais,  construit  dans  le  goût  de  celui  du  collatéral  droit.  Sur 
le  frontispice  se  trouve  SVT  (Servatius). 

Sur  l'autel  : 
Six  chandeliers  en  cuivre  jaune  et  deux  en  étain ,  un  petit  cru- 
cifix avec  Christ  en  argent  et  des  canons. 
A  côté  de  l'autel  : 
Trois  bancs  et  un  tronc  gothique    en  chêne  ;  un  piédestal  go- 
thique  en   bois  peint  ,    surmonté    d'un  groupe  ,   moulé   par   les 
frères  Goyers ,  représentant  la  sainte  famille. 
Au  haut  des  trois  nefs: 
Deux  doubles  bancs  en  chêne,  style  gothique,  sculptés  en  1858 
par  Gielen. 

Deux  tableaux  en  bois,  fixés  aux  colonnes,  indiquent  les  mem- 
bres de  la  confrérie  du  saint  Rosaire. 

Dans  la  nef  centrale: 
Contre  le  troisième  pilier  du  côté  de  l'évangile,  la  chaire  de 
vérité  en  bois  de  chêne  sculpté,  style  Renaissance.  Elle  est  de  forme 
circulaire  et  décorée  des  bustes  sculptés  en  bas-relief  des  quatre 
évanerélistes. 


—  339  — 

Le  toit  ou  dais  est  surmonté  de  quatre  modillons  supportant  un 
globe  orné  de  la  croix. 

Ce  meuble,  provenant  de  l'église  d'un  couvent,  a  été  placé  dans 
la  collégiale  de  Tongres  lors  du  rétablissement  du  culte  K 
Basses-nefs ,  côté  de  l'évangile  : 

Dans  la  première  chapelle  ,  fondée  en  1306  par  le  chanoine 
Lambert  de  Villers-l'Évèque ,  se  trouve  un  autel  en  marbre  blanc  , 
noir  et  rouge  reconstruit  en  1783  par  le  prévôt  Léon-Michel 
Walrame  de  Geloes,  ainsi  que  le  démontre  l'inscription:  Domus 
altissimi  decorem  spirans.  insigniq  templi  hujus  ,  capitulo 
gratos ,  ac  memores  sensus  probare  gestiens.  hoc  pietates  mo- 
numentum. 

Consecrare  volait 
per  illustris  vir  Car.  JBta.  Léon:  Mich.  Walramus.  ex  veteri 
prosapia  De  Geloes  S.  R.  I.  cornes  com.  Lossensis.  Par.  eccl. 
Sti  Servatii  Mosœ  trajentensis  S.  prœposilus.  coll.  archid.  Tun- 
grensis  p.  coadjutor  Cathed.  Leod  :  can:  archid:  in  Mechlen 
Dns  tlis  in  Tivez-Bergen-Daelgrimbg.  Mechlen.  Glabeik.  etc.  etc. 
etc.  —  1783. 

Cette  chapelle  anciennement  dédiée  à  saint  Georges  l'est  aujour- 
d'hui au  Sacré  Cœur  de  Jésus  ,  dont  le  tableau  orne  l'autel.  Ce 
tableau  d'un  mailre  inconnu  est  surmonté  du  chiffre  du  donateur  2. 

Dans  la  deuxième  chapelle,  fondée  par  le  même,  on  voit  un 
autel  en  marbre  blanc,  bleu  et  ronge,  reconstruit  par  la  confré- 
rie du  Rosaire  en  1836,  dédié  anciennement  à  saint  Laurent  et 
aujourd'hui  à  saint  Joseph.  Sur  l'autel  se  trouvent  deux  chande- 
liers en  cuivre  jaune,  un  crucifix  en  bois  et  des  canons.  Dans  la 
chapelle,  un  banc  en  bois  de  chêne. 


'  Il  ^erail  à  désirer  que,  par  uno  heureuse  occasion,  on  put  doter  l'église  d'une  chaire 
en  harmonie  avec  son  style  d'architecture. 
-  Il  porte  de  sable  à  la  croix  dentelée  d'or. 


—   340   — 

Au  pied  de  l'autel  se  trouve  l'ouverture  du  caveau  servant  à  la 
sépulture  des  chanoines ,  et  contre  le  parement  septentrional  le 
monument  en  marbre  noir  élevé  à  la  mémoire  du  doyen  Glosar  * . 
Anciennement  les  bénéfices  de  saint  Laurent  de  sainte  Agathe  et 
de  la  décollation  de  saint  Jean  ,  étaient  desservis  dans  cette 
chapelle. 

Dans  la  troisième  chapelle ,  fondée  par  Henri  Henrot  au 
XIVe  siècle,  un  autel  en  marbre  bleu,  blanc  et  rouge,  reconstruit 
par  la  confrérie  et  dédié  anciennement  à  sainte  Ursule  et  depuis 
à  sainte  Lucie. 

Sur  l'autel  se  trouvent  deux  chandeliers  en  cuivre  jaune ,  un 
crucifix  en  bois  et  des  canons. 

Dans  la  chapelle  un  confessionnal  sculpté  en  bois  de  chêne,  sur 
le  fronton  duquel  on  lit  : 

D.  Joes  Morsmans  Can™s 

eccliœ  D.   Mariœ  V.   Tung. 

Cinq  bénéfices  étaient  établis  avant  1774  dans  cette  chapelle  :  ceux 

de  saint  Judoce,  de  sainte  Elisabeth,  de  la  sainte  Vierge,  de  saint 

Jean  et  celui  de  la  chaire  de  saint  Pierre. 

Dans  la  quatrième  chapelle,  fondée  par  Richald  de  Kudecoven 
au  XIVe  siècle,  un  autel  en  marbre  blanc  et  rouge  établi  par  la 
confrérie  et  dédié  anciennement  aux  saints  Crépin  et  Grispinien  , 
et  plus  tard  à  saint  Dominique  2. 

Sur  l'autel  deux  chandeliers  en  cuivre  jaune ,  un  crucifix  en 
bois  et  des  canons. 

Dans  la  chapelle  un  confessionnal  en  bois  de  chêne  sculpté. 
Deux  bénéfices,  celui  de  saint  André  et  celui  de  saint  Mathieu  et 
de  saint  Hubert,  avaient  leur  siège  dans  celte  chapelle. 


'   V.  le  n°  1  des  Inscriptions  tumuluires. 

!  En  1833  existait  encore  l'ancien  autel  en  bois;  an  tableau  représentai!)  le  Chrisl 
el  la  suinte  Vierge  l'ornait  (probablement  celui  indiqué  plus  loin  sous  le  n°  45  des 
épitaphes). 


-    341    — 

Dans  la  cinquième  chapelle,  fondée  en  1306  par  le  chanoine 
Lambert ,  se  trouve  un  autel  en  marbre  blanc  et  rouge  à  colonnes 
cannelées,  reconstruit  par  la  confrérie  de  N.-D.  *.  Dédié  ancien- 
nement à  sainte  Marie-Madeleine,  il  l'est  aujourd'hui  à  la  Mater 
Dolorosa.  Sur  l'autel  on  voit  deux  chandeliers  en  cuivre  jaune,  un 
crucifix  en  bois  et  des  canons;  dans  la  chapelle,  un  confessionnal 
en  bois  de  chêne. 

Outre  le  bénéfice  de  sainte  Madeleine  dont  la  collation  apparte- 
nait à  l'écolâtre  ,  deux  autres  bénéfices  celui  de  saint  Pierre  et 
de  saint  Paul  et  celui  des  deux  saints  Jean ,  fondés  dès  1 24-8 , 
étaient  desservis  dans  cette  chapelle. 

Basses-nefs  ,  coté  de  Vépilre  : 

Dans  la  première  chapelle  fondée  le  6  décembre  1312  par 
Godcfroid  de  Werm  un  autel  en  marbre  blanc  et  noir  reconstruit 
en  1783  par  le  prévôt  De  Geloes.  Une  inscription  et  les  armoi- 
ries du  donateur  attestent  le  don.  2 

Au  fond  de  l'autel  se  trouve  un  tableau  représentant  le  sacré 
cœur  de  Marie ,  entouré  de  trente-deux  écussons  formant  les 
quartiers  de  noblesse  du  défunt.  Sur  l'autel ,  deux  chandeliers  en 
cuivre  jaune,  un  crucifix  en  bois  et  des  canons. 


Le  tableau  qui  ornait  l'ancien  autel  en  bois  représentait  la  naissance  du  Sauveur. 
d  .     0 .     m  . 

DOMUS   AlIPLIbSlMI    DECOREM 
SPlRAi\S    1NSIGMQ'    TEMPL1    HUJUS 
CAPITULO   GRATOS   AC   MEMORES   SEN- 
SUS    PRORARE    GESTIEiSS    HOC    P1ETATIS 
MONUMËHTUJM    COIVSECRARE   VOlUIT 
PER    ILLUSTRIS    VIR    CAR.    BTA    LEON    MI- 
CHEL  WALRAMUS    EX    VETERI    PROSAPIA 
DE    GELOES    S.    R.    I.    COJIES    PAR    :    COMIT    : 
LOSS    :    ECCL    :    STI   SERVATII   MOS.-E   TRA- 
JECTENSIS   ET   COLL    :    ARCHID    :    TUNGRENSIS 
S.    PR/EPOSITUS    CATH.    LEOD    :    CAN    :    ARCHID    : 
IN    MECHLEN    ET    D.    IN    TWEZ-BERGEN 
DAELGR1MBY    MECHLEN    GLACIER    ETC.    ETC.    ETC. 
1783. 


—  342    — 

Dans  la  chapelle  un  banc  en  bois  de  chêne  et  la  statue  de  sainte 
Anne,  mère  de  la  sainte  Vierge.  Trois  bénéfices  simples  étaient 
fondés  dans  cette  chapelle  savoir  :  ceux  de  saint  Nicolas,  de  sainte 
Catherine  et  du  Sauveur. 

Dans  la  deuxième  chapelle,  fondée  par  Walthèreen  1282,  un 
autel  en  marbre  blanc,  bleu  et  rouge,  construit  en  1830  par  la 
confrérie  et  dédié  primitivement  à  la  sainte  Croix  ,  après  à 
saint  Donat. 

Sur  l'autel  deux  chandeliers  en  cuivre  jaune ,  un  crucifix  en 
bois ,  des  canons. 

Le  confessionnal  en  bois  de  chêne  sculpté  qui  fait  face  à  l'autel 
a  été  établi  en  1849  et  fait  d'après  les  dessins  de  M.  F.  Durlet, 
architecte  à  Anvers. 

Dans  la  troisième  chapelle,  fondée  par  le  chanoine  Jean  deSluse 
vers  1350,  un  autel  reconstruit  en  marbre  blanc,  bleu  et  rouge 
par  la  confrérie  et  dédié  à  sainte  Barbe. 

Sur  l'autel  deux  chandeliers  en  cuivre  jaune,  un  crucifix  en 
bois  et  des  canons. 

Dans  la  chapelle  un  confessionnal  en  bois  de  chêne  orné  des 
armoiries  des  donateurs  les  chanoines  Larmoyer  et  Goemans.1. 

Dans  la  quatrième  chapelle  dite  des  Rhéloriciens ,  fondée  par 
Henri  de  Merlemont  clerc  en  1313  ,  un  autel  dédié  à  saint  André. 
Démoli  en  1837  et  reconstruit  en  marbre  par  la  fabrique  aux 
frais  de  la  succession  du  docteur  André  Gbristiaens  ,  cet  autel 
servait  à  l'exonération  des  bénéfices  simples  de  saint  Nicolas,  de 
saint  Etienne,  de  la  Nativité,  de  la  Visitation  et  de  l'Assomption 
de  la  sainte  Vierge  2. 


R.  adm.  D.  ,1.  E.  Goemans  R.  adm    D.  P.  F.  Larmoyer 

Cane  Tong.  Cane  Tong. 

1  Dans  eette  chapelle  se  trouvait  en  1836  l'autel  en  bois,  surmonté  delà  statue  de 
sainl  Nicolas,  qui  est  placé  dans  la  sixième  chapelle. 


—  313  — 

Sur  l'autel  sont  placés  deux  chandeliers  en  cuivre  jaune ,  un 
crucifix  en  bois  et  des  canons. 

Dans  la  chapelle  se  trouve  un  banc  en  bois  de  chêne. 

Dans  la  cinquième  chapelle,  fondée  en  132(3  par  Jean  Le  Bout 
de  Gelmen  et  par  son  épouse  Béatrix  Thomas ,  un  autel  en  marbre 
blanc  et  rouge,  donné  par  la  confrérie  de  N.-D.  et  dédié  ancienne- 
ment à  saint  Sébastien ,  aujourd'hui  à  sainte  Philomcne  *.  Sur 
l'autel  se  trouvent  deux  chandeliers  en  cuivre  jaune ,  un  crucifix 
en  bois  et  des  canons  :  dans  la  chapelle  un  confessionnal  en  bois 
de  chêne,  style  gothique,  exécuté  en  1850  sur  les  dessins  de 
M.  F.  Durlet. 

Les  bénéfices  de  cette  chapelle  étaient  ceux  fondés  en  l'honneur 
de  saint  Sébastien  et  de  la  Vierge  des  sept  douleurs. 

Dans  la  sixième  Chapelle ,  fondée  au  XIVe  siècle ,  un  autel 
en  bois  sculpté  portant  la  date  de  1634  surmontée  des  armoiries 
de  la  famille  Witten  ,  et  dédié  aujourd'hui  à  saint  Hubert.  Le 
tableau  qui  orne  cet  autel  représente  l'Adoration  des  Bergers  et  est 
copié  d'après  Otto  Venius  2.  Sur  l'autel  se  trouvent  un  petit  taber- 
nacle en  bois ,  deux  chandeliers  en  cuivre  jaune ,  un  crucifix  en 
bois  et  des  canons.  A  droite  de  l'autel  on  voit  des  fragments  de 
peintures  murales  du  XVe  siècle. 

Dans  cette  chapelle  sont  placés  les  fonts  baptismaux  ;  ils  sont 
en  marbre  rouge  de  forme  circulaire  ,  portés  sur  un  pédicule  carré 
et  munis  d'un  couvercle  en  cuivre  repoussé  sur  le  bord  duquel  on 
lit  :  Fait-par-Jean-Kirsch ,  chaudronniée  à  Liège  1793. 

Au  bas  des  nefs  : 
Deux  doubles  bancs  en  bois  de  chêne,  exécutés  par  Ghristiaens 
Peltzer,  ont  été  placés  en  1845. 


1  On  y  voyait  avant  la  reconstruction  de  cet  autel  en  1835  un  tableau  peint  sur  bois 
représentant  la  décollation  de  saint  Siméon. 

s  L'ancien  autel  en  bois  était  encore  orné  en  1833  d'un  tableau  représentant  l'insti- 
tution de  la  Fête-Dieu. 


—  344  — 

Un  trône  gothique  en  chêne ,  neuf  bancs  mobiles  à  l'usage  des 
paroissiens  indigents  et  -450  chaises  publiques. 

Le  jubé  est  en  bois  de  chêne  sculpté,  avec  accolades  dorées  au 
milieu  desquelles  un  écusson  portant  trois  lis  blancs  entourés  d'épi- 
nes avec  la  légende  :  Sicut  lilium  in  ter  spinas. 

L'orgue  est  placé  dans  une  caisse  en  bois  de  chêne  sculpté.  Le 
jeu  modelé  sur  celui  qui  existait  à  l'abbaye  de  Herckenrode  a  été 
construit  par  Jean-Baptiste  Le  Picard  le  14  septembre  1750, 
moyennant  10,000  florins.  La  caisse  qui  est  l'œuvre  de  Martin- 
Benoit  Termonia  a  coûté  2,900  florins. 

L'entrée  de  l'église  placée  sous  le  jubé  est  fermée  par  une  porte 
en  cuivre  à  claires  voies  qui  jadis  se  trouvait  au  chœur.  Elle  porte 
l'inscription  suivante  :  Christiaen  Schwertflcger  Leod'ms  me 
fecit  Ao  1711  :  et  coûta  1250  fis. 

Dans  la  grande  nef  contre  les  piliers  se  trouvent  douze  giran- 
doles avec  réflecteurs  en  cuivre.  A  la  voûte  sont  suspendues  six 
lampes  en  cuivre  émaillé  dites  coronae  lucis ,  exécutées  en  1855 
par  le  sieur  Philips  lampiste  à  Liège,  au  prix  1800  fis.  Aux 
murs  qui  séparent  les  chapelles  latérales  sont  appendues  14  gra- 
vures coloriées  et  encadrées  formant  le  chemin  de  la  croix  •. 

CHAPITRE  II. 

Mobilier  de  la  chapelle  claustrale  : 

Un  autel  antique  présentant  une  table  en  pierre  bleue  appuyée 
sur  un  sarcophage  en  pierre  de  sable ,  divisé  en  trois  niches  à 
sommets  trilobés.  Ces  encadrements  moulurés  protégeaient  trois 
figures  de  saints  dont  il  ne  reste  plus  que  les  auréoles.  Le 
rétable  est  orné  d'un  grand  bas-relief  en  marbre  blanc  repré- 
sentant la  Naissance  de  la  sainte  Vierge  et  de  six  autres  petits 
bas-reliefs  en  marbre  représentant  des  personnages  célèbres  de 
l'ancienne  loi,  parmi  lesquels  on  reconnait  Moïse,  Judith,  Salomon, 

Il  serait  ;i  désirer  queces  enluminures  lussent  remplacées  par  dos  vitraux 


—  345  — 

et  David.  Deux  autres  sujets  en  plâtre  représentent  Adam  et  Eve 
mangeant  le  fruit  défendu,  et  Adam  et  Eve  chassés  du  paradis. 

Sur  l'autel  un  petit  tabernacle  en  bois  doré;  quatre  chandeliers 
en  étain  et  une  statue  de  l'immaculée  Conception. 

A  gauche  une  armoire,  un  fauteuil,  quatre  grands  bancs,  huit 
petits  bancs  et  un  Christ  en  bois  sur  fond  de  velours  noir  encadré. 

Aux  murs  sont  accrochés  quatorze  tableaux  de  grandeurs  diffé- 
rentes : 

'1°  Un  tableau  sur  toile  de  grande  dimension  représentant  saint 
Servais  recevant  les  clefs  épiscopales  du  prince  des  apôtres.  Il 
formait  le  panneau  principal  d'un  tryptique  dont  les  volets  sont 
perdus.  Ce  tableau  est  signé  M.  Dumoulin. 

2o  Un  tableau  sur  toile  de  forme  allongée  représentant  la 
transfiguration  du  Christ. 

3°  Un  tableau  sur  bois  en  losange  représentant  le  Christ 
délivrant  les  âmes  du  purgatoire. 

4°  Un  petit  tableau  peint  sur  toile  représentant  sainte  Catherine. 

5°  Un  autre  tableau,  pendant  du  précédent,  représente  saint 
Georges. 

G0  Un  tryptique,  peinture  sur  bois,  dont  le  panneau  principal 
représente  la  sainte  Vierge  portant  l'enfant  Jésus  sur  ses  genoux; 
saint  Jean-Baptiste  et  une  troupe  d'enfants  entourent  ce  groupe 
central.  Sur  le  volet  de  droite  figure  le  portrait  du  chanoine  Van 
Sprolant,  et  sur  celui  de  gauche  le  portrait  du  chanoine-chantre 
Théodore  Meyers,  neveu  du  précédent. 

Sur  la  face  postérieure,  sont  peints  la  sainte  Vierge  et  saint 
Materne  en  grisaille.  Au  bas  de  ce  tryptique  se  trouve  l'inscrip- 
tion rapportée  au  n°  9  des  épitaphes. 

7°  Un  tableau  peint  sur  toile  représente  saint  Dominique  rece- 
vant le  costume  de  son  ordre  et  sainte  Barbe. 

8°  et  9°  Deux  volets  représentant  sainte  Hélène  et  Constantin- 
le-Grand,  peintures  sur  bois. 

XXIX  XXII  -1-1 


—  346  — 

10°  Un  volet,  peinture  sur  bois,  représentant  saint  Jean-1'Evan- 
géliste  et  sur  le  premier  plan  le  portrait  du  donateur  agenouillé. 

Le  Sauveur  du  monde  est  peint  sur  le  revers. 

1 1  o  Un  volet,  peinture  sur  bois,  pendant  du  précédent,  repré- 
sente saint  Materne  et  le  portrait  du  chanoine  donateur  agenouillé 
l'aumusse  de  petit  gris  sur  Pavant-bras. 

Saint  Pierre  se  trouve  représenté  sur  le  revers. 

12°  Un  volet,  peinture  sur  bois,  représentant  saint  Servais  et 
saint  Hubert. 

13°  Un  tableau  de  forme  carrée,  peint  sur  toile,  représentant 
saint  Materne  et  saint-Servais ,  et  sur  l'avant-plan  le  portrait  du 
doyen  Guillaume  Kersmeckers  agenouillé. 

14°  Un  tableau  peint  sur  toile,  avec  cadre  orné  de  modillons  et 
surmonté  d'une  frise,  représente  sainte  Apolonie;  sur  la  partie 
supérieure  du  cadre  on  voit  les  armoiries  des  donateurs  (Witlen 
et  Pex)  et  le  millésime  1619. 

Dans  la  salle  du  conseil  de  fabrique  : 

Une  grande  table  en  chêne,  sept  fauteuils  en  chêne,  un  poêle, 
une  grande  armoire  renfermant  les  archives  et  trois  lampes. 

CHAPITRE  III. 

Dans  les  cloîtres  : 

Un  confessionnal  en  chêne  sculpté  portant  la  date  de  1688  *. 

Vingt  piédestaux  en  bois. 

Dans  les  cloîtres  se  Irouvent  les  tableaux  suivants  : 

1°  Le  panneau  principal  d'un  Iryptique  dont  les  volets  sont 
perdus.  Ce  tableau  encadré  est  peint  sur  toile  et  représente  l'in- 
stitution de  la  Fête-Dieu. 

'  Il  est  actuellement  placé  dans  la  chapelle  du  Sacré-Cœur  de  Jésus. 


—   347   - 

2°  Un  volet,  peinture  sur  bois  très-détériorée ,  représentant  saint 
Malhias  et  saint  Jean. 

3°  Un  volet  dont  on  ne  voit  que  la  face  postérieure  représentant 
la  sainte  Vierge  en  grisaille. 

4°  Un  grand  tableau  peint  sur  toile,  très-détérioré,  représen- 
tant saint  Donat  et  portant  la  suscription  suivante  :  Sancte  Donate 
0.  P.  N. 

5°  Un  tableau,  peinture  sur  toile,  représentant  le  portrait  du  doyen 
Guillaume  Iversmeckers ,  à  genoux  ;  derrière  lui  se  trouvent  deux 
évêques. 

6o  Un  tableau,  peint  sur  toile,  représentant  Bernardin  de  Men- 

doza  délivré  du  purgatoire  par  sainte  Thérèse;  copie  d'un  tableau 

de  Rubens  dont  l'original  se  trouve  au  musée  d'Anvers,  n°  267. 

7°  Un  volet,  peinture   sur   bois  représentant  le  portrait  d'un 

chanoine  à  genoux  et  la  figure  de  saint  Éloi. 

8°  Un  tableau  peint  sur  toile ,  représentant  le  martyre  de  saint 
Erasme. 

Nous  y  trouvons  de  plus ,  une  niche  en  bois  doré  dont  les  bords 
sont  ornés  des  instruments  de  la  Passion  ;  sur  le  pied  on  lit  : 
Attendue  et  videte  sicut  est 
dolor  sicut  dolor  meus. 
Une  autre  niche  à  double  compartiment,  en  bois  peint  ;  on  y  lit  : 
D.  0.  M. 
S.  M.  Crispini  et  Crispiano 
A.  D.  Joannes  Erasmus 
Larmoyer  huius  eccliœ 
canonicus  et  cantor  1722. 
Deux  niches  vitrées  en  chêne  sculpté. 
Une  grande  niche  vitrée  renfermant  un  Ecce  Homo. 
Un  tableau-index  en  bois  de  chêne  sculpté,  destiné  à  la  con- 
frérie du  St. -Sacrement;  il  porte  la  date  de  1725. 

Dans  la  chapelle  de  Ste.-Annc,  fondée  au  XIIe  siècle,  par  Ydule 
sœur  de  Jean ,  un  autel  en  bois  marbré  ,  portant  : 


—  348  — 

DUa  Elisabeta  Yoets  R^  D. -Franc. 
Vander  Meeren  J.  U.  L.  D.  D.  anno  1712. 
Dans  la  chapelle  de  loua  les  Saints,  fondée  vers  1408  par 
André  Reys,  seigneur  de  Reepen  : 

Un  autel  en  bois  de  chêne,  style  gothique  de  la  fin  du  XVe  siècle, 
avec  tableau  représentant  la  naissance  du  Sauveur. 
Diverses  statues  de  saints. 

CHAPITRE  IV. 

Dans  la  grande  sacristie  : 

Cinq  armoires  en  chêne  servant  à  renfermer  les  objets  néces- 
saires au  culte. 

Une  grande  armoire  en  chêne ,  doublée  de  tôle ,  renfermant  le 
trésor ,  les  chapes  et  les  vêtements  les  plus  précieux. 

Sur  les  armoires,  trois  châsses  antiques,  trois  miroirs,  quatre 
petits  bas-reliefs  en  marbre  occidental.  Trois  tableaux  sur  toile 
représentant  saint  Norbert  recevant  l'habit  de  l'ordre  des  Pré- 
montrés des  mains  de  la  sainte  Vierge ,  saint  Norbert  acceptant  de 
saint  Augustin  les  règles  de  son  ordre  et  le  Christ  au  roseau. 
Deux  autres  tableaux  sur  bois  du  XVe  et  XVIe  siècle  avec  inscrip- 
tions 1.  Un  crucifix  en  ivoire  sur  fond  de  velours  noir,  quatre  bras- 
reliquaires  en  bois  et  quelques  cornes  garnies  de  cuivre. 

Dans  la  vieille  sacristie ,  quatre  grandes  armoires  renfermant 
les  habillements  des  clercs,  les  cierges,  les  Heurs  artificielles,  les 
antipendia  et  divers  vieux  objets  dont  le  détail  n'offre  aucun  in- 
térêt. 

Dans  la  sacristie  au  bas  de  l'église ,  deux  armoires  en  chêne 
sculpté  renfermant  divers  objets,  un  confessionnal  en  chêne  sculpté, 
un  tableau ,  un  poêle  et  six  chaises. 

'  Voir  les  fyitaphes  n08  46  et  49. 


349  — 


D. 

CATALOGUE   DES  ARCHIVES  DE  L'ÉGLISE. 


TABLE. 


PREMIERE     SECTION. 


Manuscrits  concernant  le  chapitre  et  les  églises  qui  en  dépendaient. 

I.  Chapitre  de  N.  -D.  —      Documents  historiques N°      1  à     19 

II.  Chapitre  de  N.-D. —      Biens  et  rentes »       19  à    49 

III.  Chapitre  de  N.-D  etc.  —  Biens  ,  rentes,  cens ,  mandats  et  dîmes 

appartenant  au  doyen  ,  au  chantre  ,  à 
l'écolàtre,  aux  vicaires,  aux  bénéficiers, 

etc »       49  à     74 

IV.  Plébanie. —  Documents  historiques  et  revenus i       74  à     86 

V.  Pléb\nie.  —                  Protocoles  des  plébans  et  des  subplébans  »       86  à  101 

VI.  Bénéficiers.  —              Documents  historiques. — Biensetrentes  »     101   à  127 

VII.  Église  de  St.  -Nicolas. — Documents  historiques. —  Biens,  rentes 

et  cens »  1 27  à  1 40 

VIII .  Chapelle  d'Offelken.— Documents  historiques  et  revenus »  140  à  143 

IX.  Chapelle  de  Mulken. — Documents  historiques  et  revenus »  143  à  152 

X.  Procès Soutenus  par  le  chapitre,  les  bénéficiers, 

les  chapelains  ,  les  plébans,  etc »     152  à  166 

XI.  CoiNFrtÉRiES.  —  Documents  historiques  et  revenus »     166  à  178 

XII.  Varia.   —  Chanoines    réguliers.  —    Obituaire  de 

St-Jean. — OiatoiredeN.-D.  —  Mense 
épiscopale.  —  Méliersdes  boulangers, 
etc »     178  à  191 

XIII.  Nouveaux  registres.—  Administration  des  biens.    —  Délibéra- 

tions du  conseil  et  du  bureau  des 
marguilliers,  correspondance  des  tré- 
soriers,  restauration  deTéglise,  etc. .. .     »     191  à  210 


—  350  — 

DEUXIÈME  SECTION. 

Manuscrits  et  imprimés  concernant  la  liturgie  ,  la  théologie,  etc. 

Manuscrits N°        I  à    XLI 

Imprimés »    XLI1  à    L1V 

TROISIÈME   SECTION. 

('liai  les,  diplômes ,  Imlles  et  autres  documents  sur  parchemin N°       là      39 


Ul'ATlilEME    SECTION. 


Liasses. 


C4T4L0GL 


PUEMIEHE    SECTION. 


Chapithe  de  N.-D.  —  Documents  historiques. 

(Jaune)  ' 
(Ch.  D) 

1 .  Petit  in-folio ,   relié  en  veau  :  à  la  couverture  est  attachée  une  chaîne  :  Ancien 

rituel  du  Chapitre,  manuscrit  sur  velin  de  214  feuillets,  XVe  siècle.  La 
première  page  manque. 

2.  In-folio,  relié  en  veau,  intitulé  :  Ruhicae  générales  eeelesiae  collégiaux  ac  archi- 

diaconalis  Deatœ  Maria.1  Virgiuis  oppidi  Tungrensis,  anno  1778,  compilât»  et 
conscriptœ.  Ms.  sur  papier. 
3-  ln-f',  cartonné,  intitulé  :  Liher  statutorum  eeelesiae  Tungrensis,  Ms.  sur  parchemin 
de  54  feuillets  (XVe  siècle)  ;  quelques  actes  du  XVIe  et  XVIIe  siècle  y  ont  été 
insérés.  (Ce  registre  était ,  ainsi  que  le  N°  1  ,  relié  en  veau  ;  une  chaîne  en  fer 
servait  à  le  fixer  à  un  pupitre  en  pierre  pour  en  empêcher  l'enlèvement.  En 
1857,  la  couverture  ,  qui  était  en  mauvais  état,  fut  otée  et  une  reliure  moderne 
remplaça  l'ancienne). 

4.  In-12,  relié  en  veau,  intitulé  :  Nova   statuta   eeelesiae  Tongrensis  anno   1529, 

Ms.  sur  papier  de  152  feuillets. 

5.  ln-f°,  cartonné,  intitulé  :  Liber  gratiarum  ab  anno  1407,  contenant   des  extraits 

des  deux  registres  de  documents  rassemblés  par  le  chanoine  Salomon  Henrici 
ainsi  que  l'indication  des  pièces  les  plus  importantes  qui  concernaient  les 
chapelains  de  Tongres  (1164-1069).  —  Page  143  :  différents  extraits  du  Liber 


'  Afin  iln  facilitei  les  recherches,  chaque  subdivision  est  indiquée  soi  le  dos  'in  registre  par  uni' 
couleur  différente, 


_  351   — 

diversorum  negoliorum  Capituli  Tongrensis  (de  1595-1609).  Page  176  des 
extraits  :  ex  manuale  diversorum  negotiorum  venerabilis  Capituli  per  Henricum 
Vlieck,  (1 582-1597).  Page  191  :  Des  extraits  du  :  Liber  diversorum  negoli- 
orum et  testamentorum  de  Ouwerx  (1544  à  1601).  —  In  fine  :  extrada  (a)  ex 
manuale  Ponthière  (1633-1666).  (b)  Ex  manuale  Vlieck  (1608-1619).  (c)  Ex 
libro  negotiorum  capituli  anliquo  ('le  1400  à  1553). 

6.  ln-f°,  cartonné  de  26  pages,   intitulé  :   Kepertorium  litterarum  et  testamentorum 

Capli:  Tongrensis  1565.  (Le  premier  feuillet  manque). 

7.  In-f°,  relié   en   veau,   intitulé  :  Liber  diversorum  negotiorum   antiquorum.  Anno 

(1400-1491). 

8.  In-f° ,    relié   en   veau,    intitulé    :    Liber   decimarum   slutorum   admissionum    ad 

can-ctus  et  benef.  testamentorum  et  aliorum  negotiorum  incipiens  anno  (1412- 
1422).  F0  100  incipiunt  stuta  de  anno  (1439-1453)  et  alia  negotia  diversa. 
F0  178  :  manuale  Conrardi  Ouwerx  de  anno  (1540-1572). 

9.  lu-f°,    relié   en   veau  ,    intitulé  :  Liber   testamentorum   et    aliorum    diversorum 

negotiorum  venerabilis  Capituli  Tongrensis  jam  noviter  inceptus  1609  usque  1662, 
(Détérioré). 

10.  ln-f°,  relié  en  veau,  intitulé  :    Registrum  adm.    Rdi  Capituli  Tongren.    in   quo 

describuntur  computus  magistrorum  labricœ,  visitationesarchidiaconales,  et  alia 
tam  praedictum  Capitulum ,  quam  ecclesiam  concernentia.  Item  capellanorum 
bona  incipiendo  f°  193  ;  de  A.0  (1670-1 794j. 

11.  ln-f°,  relié  en  veau,  intitulé  :  Registrum  actorum  concernentium  varia  negotia 

R.  R.  Adm.  dd.  decani  et  cauonicorum  perinsignis  colltœ  et  archidiaconalis 
ecclesiae  Tuugrensis  inceptum  16  octobiïs  1681  etc.  usque  1717  pro  tempore 
notarijs /Egidio  de  la  Court,  ^Egidio  de  Ponthière,  F.  de  Fontaine  et  Cuil. 
ab.  Cours. 

12.  ln-f°,  relié  en    veau,   intitulé    :    Liber   documentorum  et  aliorum    diversorum 

negotiorum  Rdi  adm.  Capituli  iusignis  Ecclesiae  Collegiatae  R.  M.  V.  oppidi 
Tongren.  inceptus  Anno  1682-1766. 

13.  ln-f°,  relié  en  veau,    intitulé  :  Liber   stipalis   bonorum   ecc'esiarum   Capellarum, 

altarum,  Luiniuarum  et  Pauperum,  arcbidiaconatus,  Majoris  et  Perinsignis 
Collegiatae  ecclesiae  Tuugrensis  subditorum  renovalus  anno  (1700-1728).  Pro 
tempore  notario  Guil.  Cours. 
14  ln-P,  relié  en  veau,  intitulé  :  Liber  diversorum  negotiorum  et  actorum  reverendorum  , 
admodum  Dominoruin  Decani  et  Canonicorum  Perinsignis  Collegiatae  et  archidia- 
conalis Ecclesiae  Tuugrensis  inceptus  vigesima  quinta  februarij  (1719-1783). 
Pro  tempore  notario  Carolo  Van  den  Nieuwendorpe. 

15.  ln-f°,  relié  en  veau,  intitulé  :  Manuale  registrum  negotioru  diversoru  venerabilis  Capli 

Tuugren  per  Henricu  Vlieck  inceptu  et  ipsius  sumptibus  ,  factu  anno  (1582-1598) 
sunt  et  aliaru  partiu  (manque  la  tin). 

16.  In-f°,  cartonné,  intitulé:  Index  des  débiteurs  du  chapitre  de  Tongres  1750. 

17.  ln-f°,  cartonné,  portant:  Liber solutionum et quittantiarum R  R  adm.  D.  Duorum 

Canonicorum  (1789-17 ni). 


—  352   — 

18.  Grand  in-f°,  relié  en  veau,  intitulé:  Allas  représentant  les  biens   de    l'illustre 

chapitre  de  Tongres ,  dessiné  par  Gérardot  de  Sermoise  ,  1793. 

II. 
Chapitre  de  N.-D.  —  Biens  et  rentes. 

Jaune.  F. 

19.  In-f°,  relié  en  veau  ,  portant  au  dos:  Veritas  ab  anno  1385  et  intitulé:  Registrum 

redituu  fabrice  eeclie  béate  maie  Tongren  leodien.,  diocès.  Ordinatum  per  Dum 
Johem  Keymus  pbrm  Capellanu  ejusdem  eccie  Anno  a  nat.  Dni  M°CCC°  octuage- 
simo  quinto.  —  F0  240  :  sequi  tre  jacen  in  Widoe  an0  1534.  —  F0  246  :  Diploma 
in  favorem  Notkeri  episeopi  Tung.de  A0  905,  etc.  Declaratio  concily  christianitatis 
Tung.  7  Jan. 14G1. 

20.  In-f°,  relié  en  veau,  portant  au  dos:  Antiquior  Veritas  anni  1385  et  in  fine  Con- 

cordia  Cum  D.  D.  huensibus  pro  décima  de  Vliermael,  et  intitulé  :  Registru  redilu 
fabrice  eeclie  ïïte  Marie  Tongren  leodien.  dioce.  ordinatu  p.  Dum  Johem  Keymus 
plirm  Cappm  eiusde  ecce  anno  a  nat  Dni  1385.  —  F0  99  :  Inventariu  de  bonis 
quondam.  Egidij  Cloeslerneer  de  Ruttis  que  p.  mediatate  filio  suo  et  p.  alia 
medietate  mandato  et  mense  sti  spit.  Tongren.  dicit.  legasse  ut  tdii  Heere.  — 
F0 106:  ista  st  bona  de  pecunys  dni  Gerardi  dm  de  Heere  milit.  qui  obijt  ano  a 
nat.  dni  1398  in  die  bti  Dyonisij  et  de  pecunijs  quoda  dni  Joins  de  Antey  Canci 

et  Scolastici  eeclie  nrae  Tongren.   qui   obijt    ano    1397    16    Junij   etc 

F0  116  Mensuratio. .  . .  terrar,  sit.  apud  Wydoe  facta  nona  aplis  A0  1526  p. 
leon  de  Vlytinge  geometr.  (1597.  13  Juin)  —  Concordia  Cum  DD.  huensibus 
pro  Xa  de  Vliermale. 

21 .  In-f°,  relié  en  veau,  intitulé  :  Registrum  Sacristiœ  ecclesie  Collegiate  R.  M.  Virginis 

oppidi  Tongrensis  erecte  anno  1655  ipso  die  ven.  Sacramenti  (1737). 

22.  In-f°  ,  cartonné  intitulé:   Computatio  redituu  bonor.   et  obventoru  fab.  Tongren. 

levator.  p.  Dum.  Johem  Keymus  recepto...  m.  Johem  de  Fléron  et  mgrm 
Gerardu  de  Heere  canon...  Admistratores  seu  mgros  dete  fabrice  ano 
(1387-1404,  Incomplet). 

23.  ln-f°  relié  en  veau  ,  intitulé:  Liber  slutorum  1458  nsque  ad  Annum  1622  nec  non 

expositiones  in  emphiteusim  et  hereditates. 

24.  In-f°,  relié  en  veau,  intitulé  :  Registru  seu  liber  redituu  et  bonor.  membri  pbendar. 

Venerabilium  dnor.  Decani  et  Capli  eeclie  Collegiate  Rte  Marie  Spr  Vginis 
Tongre.  Collect.  p.  me  Willielmu  de  Meera  Receptore  membri  pdieti  ex  divs 
registris  antiqs  eeclie  jamdicte  p.  ao  XVe  XXXII0  Sm  Regra  (107  pages). 
Census  anniversarior.  eeclie  Rte  Marie  Semp  Vg.  opidi  Tongren.  solvend.  apud 
Tongr.  ipa  die  Stephani  martir.  p.  me  Willielmu  de  mea  eorumd.  reeeptorem 
conceptus  pro  ano  millio  quigetesio  undecio  secundu  regra  (35  feuillets).  Manmile 
reddituu  an"  p.  ano  XVe  XX11I  Sm  regra  (16  feuillets).  Registrum  manuale 
Redditum  bnnorum  p.  ano  1515  (43  feuillets).  Registrum  manuale,  etc.  p. 
ano  1516  (43  feuillets).  Registrum  sensuum  caponura  pro  ano  XVe  Deeio  sexto 


—  353  — 

(9  feuillets).  —  Registrum  seu  liber  Rediluum  bonorum  ,  etc....  pro  ano 
millio  quingentesio  septio  (2  feuillets). 

25.  In-f°,  relié  en  veau,  intitulé:  Manuael  oft  register  Librecht  Mofels  rentmeester 

der  eerw.  Capittels  tôt  Tongeren  beginnende  naeder  registeren  int'  jaer  (1561- 
1565). 

26.  In-f°,  relié  en   veau,   portant  au  dos:  Registrum  fabricse  ecclesise    1562-1567 

(incomplet).  Anniversarioruni  et  fabricse. 

27.  ln-f°,  relié  en  veau  ,  portant  au  dos:  Manuale  anniversarior.  et  fabricse  ab  ano 

1630  usque  1635  receptore  Huberto  ab  Hennisdael. 

28.  ln-f° ,  relié  en   veau  portant  au  dos:  Computus  anniversarioruni  inler  ornnes  ab 

anno  1660  usque  ad  1669.  (1660  et  1661  incomplets). 

29.  In-f°,   relié  en  veau,    intitulé  :    Manuale  fabricse  pro  annis  1771,  72   et  73. 

Registrum  fabricse  ecclesise  Tungrensis. 

30.  In-f°,  relié  en   veau,  intitulé:   Registrum  solutionum  factarum  par  Fredericum 

Tournay  receptorem  tam  ex  Registro  inter  omnes  quam  inter  Canonicos  solos 
Reverendis  Adm  Dominis  Dccanos  et  Canonicis  per  insignis  Collegialse  etarchidia- 
conalis  ecclesise  B.  M.  V.  oppidi  Tungrensis  nec  non  solutionum  factarum  per 
eundem  receptorem  ex  membro  inter  omnes  venerabilibus  Dnis  Beneficiatis  ejus- 
dem  ecclesise  incipiens  pro  A0  (1771-1782). 

31 .  ln-f°  ,  relié  en  veau  ,  intitulé  :  Liber  stuluum  membri  fabricse  perinsignis  Colltae 

ac  arcbidiaconalis  ecclesise  B.  M.  V.  oppidi  Tungsis  inceptus  15  febrij  1773 
notario  ex  Consule  P.  S.  Winckelsels  —  (1792). 

32.  In-f°,  relié  en  veau,  intitulé:  Registrum  fabricse  ecclesise  Tungrensis  pro  annis, 

1774,  1775  et  1776. 

33.  Grand  in-f°,  relié  en  veau,  intitulé:  Registrum  fabricse  ecclesise  Tungrensis  pro 

annis  1777,  1778  et  1779. 

34.  In-f°,  relié  en  veau,  intitulé:  Manuale  fabricse   pro  anni   1780  et  sequentibus 

(-1786). 

35.  Iu-f°,  cartonné,  intitulé  :  Registrum  seu  manuale  mandati  pro  178. .. . 

36.  Petit  in-f°  ,  cartonné  portant  au  dos:  Manuale  prebendarum  juxta  reformat.  Anni 

1781. 

37 .  In -f° ,  relié  en  veau  ,  intitulé  :  Novum  registrum  anniversariorum  commune  inter 

R.  R.  adm.  D.  D.  canonicos  et  R.R.  D.  D.  bénéficiâtes  perinsignis  collegialse 
et  arcbidiaconalis  ecclesise  Tungrensis  ad  mentem  ultimse  transactionis  de  data 
27  martij  1783  hic  folio  80  registratse  redactum  incipiens  pro  anno  (1783-1789). 

38.  ln-f°,  relié  en  veau,  intitulé:  Liber  solutionum  factarum  tam  R.  R.  adm  D.  D. 

canonicis  quam  beneficiatis  residentibus  ex  registro  anniversariorum  nunc  juxta 
ultimam  transactionem  de  data  27  martij  1783  ad  Decanum  et  Capilulum  spec- 
tante  ,  inceptus  anno  (1783-1789). 

39.  Grand  in-f°  cartonné,   intitulé   :  Computus  membri  fabricse  Perinsignis  collegialse 

et  arcbidiaconalis  ecclesise  B.  M.  V.  oppidi  Tungrensis  receptoris  vices  supplente 
pro  anno  1785  et  1786. 

40.  Grand   in  f°,   relié  en  veau,  intitulé:  Regislrum   manuale  fabricse  per    insignis 


—  354  — 

collegiaUe  et  archidiaeonalis  ecclesia;  B.  M.  V.  oppidi  Tungrensis  pro  anno  1789 
et  duobus  sequentibus  ordine  alphabetic.o  redactum. 
il.  Petit  in— P»,  cartonné,  intitulé:  Projectum  reformations  mauualis  anniversariorum 
pro  1786. 

42 .  Grand  in-f°,  relié  en  veau,  intitulé  :  Registrum  mamiale  fabricœ  pei  insignis  c ollegiala; 

et  archidiaeonalis  ecelesiae  B.  M.  V.  oppidi  Tungrensis  pro  anno  1789  et  duobus 
sequentibus  ordine  alpbabetieo  redactum. 

43.  In- f",  relié  en   veau,    intitulé  :    registrum   anniversariorum  perinsignis  collegiatae 

et  archideconalis  ecelesiae  B.  M.  V.  Oppidi  Tungrensis  inter  R.  R.  adm.  B.  B. 
Canonicos  Solos.  (Sans  date  ;  le  receveur  P.  Michiels  a  employé  les  41  pre- 
miers feuillets  pour  y  inscrire  les  titres  des  rentes  dues  à  la  fabrique  jus- 
qu'en 1831). 

il.  ln-f»,  oblong  ,  relié  en  veau,  portant  au  dos  :  Liber  censuum  de  crucibus 
Y.xillatis,  ab  anno  (1441-1615). 

45.  ln-f° ,  relié  en  veau,  intitulé  :  Registrum  censuum  de  crucibus  vexilatis ,  Solven- 
dorum  in  insigni  ecclesia  collegiata  B.  M.  V.  oppidi  Tongren  ,  in  hebdomadu 
Peutecostes  (1620-1747). 

40.  ln-4° ,  relié  en  veau,  intitulé:  lucipit  liber  divisionu  accidentaliu  inceptus  anno 
Xllllc  LXX  octavo  sedm  regra  ecclie  Tongren.  In  festo  bli  Egidij  abbat.(1478- 
1563). 

47.  ln-4°,  en  parebemin  de  7  feuillets,   intitulé  :  Silig.  anni  LXXXX  décime   anui 

LXXXX1  in  siligne  etordeo. 
Pensiones  quas   d.    ecclesia  p.  anno  LXXXX1  ,   i.   silig.    (L'écriture  nous  paraît 
être  du  XVe  siècle;  les  noms  des  chanoines  qui  occupaient   les   12   maisons 
claustrales  et  qui  vécurent  vers  cette  époque  semblent  conlirmer  cette  opinion). 

48.  ln-f°,  relié  en  velin ,   intitulé:   Registrum   pro  annis   1768-69  et  70,   manuale 

censuum  membri  inter  legentes. 

III. 

Chapitre  de  N.-D.  —  Biens ,   rentes ,  cens ,  mandats  et  dîmes  apparte- 
nant au  doyen,  au  chantre,  à  l  oculaire,  aux  vicaires,  aux  bénéjiciers,  etc. 

Jaune,  c. 

49.  In-f°,  relié  en   veau,  intitulé:   Registrum  membri  inter  cantores  scu  vicarios 

insignis  ecelesiae  collegiatie  Bealae  Mariae  Virginis  inceptuin  et  renovatum  per 
me  christiauum  Pibus  ejusdem  ecclesia;  orgauistam  et  hnjus  membri  administra- 
torem  incipiendo  ab  anno  Domini  1739  mense  Xl,,is  (-1798). 
.Mi.  lu-P  ,  relié  en  veau,  intitulé  :  Register  toebeboorende  die  Eerw.  Ilceren  Deken 
en  de  Capittel  van  0.  L.  V.  Kerke  Tongeren  van  bonne  incompsten  soo  in 
rogge  ,  spelt,  baver,  gelde  als  huyspacht.  llem  van  de  Goederen  vaut'  man- 
daet  en  de  refusien  der  selver  Keicke  voor  die  jaeren  1699,  1700,  1701. 
Rcntmeester  Christian  Peumans.  '. 

'  Sepl  registres  in-  P  des  mandats  dont  6  reliés  .-oui  déposé    m  bureau    de  bienfaisance  de  Tongres . 
ils  portent  pour  tilrc  : 


—  355  — 

51.  Petit  in-f,  relit!  en  veau,   intitulé;  Cliens  Register  van   onser  liever  Vrouwen 

hofft  tôt  Haeren  toebehoorende  die  seer  eerw.  heeren  Deken  en  de  Capittel  van 
0.  L.  V.  Kercke  Tongeren  die  sy  hebben  tôt  Haeren,  Bommersboven,  Sammel, 
Vliermael ,  Niel  en  de  daer  ontrent  en  de  wordt  opgehouden  dry  Konigen  dagh 
binnen  Haeren  beginnende  A°~(l 736-1 747) 

52.  Petit  in-f°,  cartonné,  intitulé  :  Chens  Register  van   onse  lieve  vrouwen  hofft  tôt 

Haeren  toebehoorende  die  eerw.  heeren  deken  en  de  Capittel  van  0.  L.  V. 
Kercke  Tongeren  die  sy  hebben  tôt  Haeren,  Bommershoven,  Sammel,  Vliermael, 
Niel  ende  daer  ontieut  ende  wordt  opgehouden  dry  Koningen  dag  binnen 
Haeren  beginnende  anno  (1736-1793). 

53.  Petit  in-f°,  relié  en   velin,  intitulé:   Chensen    toebehoorende  die  eerw.  Heeren 

Deken  en  de  Capittel  der  collégiale  en  archidiaconale  Kercke  van  0.  L.  V. 
Tongeren  vallende  jaerlyx  te  betalen  s'  sondags  naer  H.  H.  dry  Koningen  binnen 
den  dorpe  van  Genoels-Elderen  voor  t'jaer  1775  secundum  registra  (-1795). 
5i.  ln-f°  cartonné  intitulé  :  Cheensen  der  eerw.  Heeren  Deken  ende  Capittel  van 
onse  L.  V.  Kercke  Tongeren  vallende  jaerlycx  te  betaelen  tôt  Hardelingen  op 
St.-Andries  dagh  glierenoveert  voort  jaer  (1749-1771). 

55.  ln-f°  relié  en  veau,  intitulé  :  Liber  censuum  capituliTong.  inceptus  anno  (1783-1794). 

56.  ln-f°  relié  en  velin,  intitulé  :  Registrum  omnium  redituum  capellanorum  seu  fra- 

ternitatis  ecclesiœ  B.  Mariae  Tungrensis  conscriptum  anno  Dni  1389  per  d.  Jhoem 
Cuen  pbrm  et  capellanum  ecelesiae  pdclae  seu  reclorem  altaris  assumplionis 
B.  Mariae,  Renovalum  per  D.  Joannem  Keyen  subplebanum  Anno  Dni  1709 
(1442-1780). 

57.  ln-F,  relié  en  veau,    intitulé  :  Liber  gratiarum  capellanorum  ecelesiae  Tnngren. 

inceptus  anno  (1431-1599)  (très-fatigué). 

58.  ln-f°,   relié  en  veau,   intitulé  :  Liber  negotiorum  atque   stutorum  capellanorum 

Tongrensium  (1561-1671). 

59.  ln-4°,   relié  en   veau,   intitulé  :  Regm  redituum  et  bonorum  membri   dicti  inter 

Cantores  oppidi  Tongren,  renovatum  anno  Domini  XVe  LXXV111  Smrgra  reuovatu 
p.  d.  Joem  Cappea  capellanu  et  receptore  (1579-1612).  Registrum  bonorum 
ac  reddituum  membri  dicti  inter  cantores  ecclie  béate  Marie  Virginis  oppidi 
Tongren.  inceptum  anno  1612  (-1634).  —  Registrum  membri  inter  cantores 
ecelesiae,  Beatae  Marias  Virginis  oppidi  Tongrensis  renovatum  per  dominum 
Hippolitum  Le  Rouge  Ejusdem  ecclesise  succentorem  anno  (1656-1664). 


1.  Registrum  mandali  eccl.  B.  M.   V.  Tung.  1500  —  1G94 

2.  id.  id 1G77  —  1683 

3.  id.  id 1772  —  1780 

4.  id.  id 1778  — 

5.  id.  id 1779  —  1787 

(i  id.  id 1788  —  1790 

7.        id  id 1792  —  1794 

11  parait  qu'un  grand  nombre  de  registres,   ayant  appartenu  au  chapitre  de  Tongres,   se  trouvent  au 
creffe  ciu  tribunal  de  Hasselt. 


—  356  — 

60.  Petit  in-f°,  relié  en  parchemin,  intitulé  :  Registrum membri  inter  canlores  ecclie 

B.  Maris  V.  oppidi  Tongrensis  alias  Registrum  Vicariorum  dictae  ecclesiae  réno- 
vation a0  R"'  1675,  per  Uernicum  Pelsers  receptorem  liujus  membri ,  succenturem 
dicta;  ecclesiae  (-1739). 

61.  In-f°,   relié    en   parchemin,    intitulé   :    Registrum     omnium   reddituum   dnorum 

sacellauorum  eccliae  Bealae  Mariae  Virginia  oppidi  Tongren.  conscriptum  anno 
1580  per  loem  Bierwar  pbrm  et  sacellauum  dicte  ecclie  seu  redorera  altaris 
sancti  Judoci. 
62  et  63.  Petit  in-f°  relié  en  veau,  intitulé  :  Registrum  actorum  et  agitatorum  in 
capitulo  capellanoru  Tongren.  incipien.  ipso  die  S.  Remigv  in  anno  XVIe  vigesimo 
nono  (-1692)  Liber  decretorum  Dnorum  capellanorum  Eccliae  Beatae  Maria; 
Virginis  oppidi  Tungren  inceptus  ,  a0  (1629-1691 .) 

64.  ln-f°,  relié  en  veau,  intitulé  :  Liber  decretorum  Uominorum  capellanorum  Ecdesiar 

Beatae  Maria;  Virginis  oppidi  Tongr.  incept.  Anno  (1691-1174). 

65.  Petit  in-f°  cartonné,  intitulé  :  Liber  decretorum  et  negotiorum  RR.    DD.  capella- 

norum insignis  eccliae  Collegta?  et  parochialis  B.  M.  V.  Tungsis  temp'ire  Eg. 

Nossent  secrius  (1767-177-1.) 
Jaune  L. 

66.  In-f°,  relié  en  veau,  intitulé  :  Hic  liber  documentorum  et  litterarum  concernentium 

reditus  et  bona  RR.  D.  capellanorum  Ecclesiae  Tongrensis  de  membro  inter 
legentes  conscriptus  per  R.  Micliaëlem  Fusarium ,  dictae  Ecclesiae  Capellanum 
(1384-1481)  et  restauratur  cum  indice  anno  1746  per  R.  D.  C.  Pibus. 

67.  In-f°,  cartonné,  intitulé  :  Liber  negotiorum  seu  manuale  magistrorum  Capellanorum 

ecclie  Ble  Mariae  Tongren.  inter  legentes  (1476-1482). 

68.  In-f°,  cartonné,   intitulé  :  Registrum  Stutorum  de  terris  pactuarys  Capellanorum 

Tongren,  inter  legentes  (1476-1576).  Suite  du  précédent  numéro. 

69.  Grand  in-f°,  relié  en  veau,   intitulé  :  Registrum  membri  inter  legentes  Rdorum 

Dnorum  Capellanorum  eccliae  Beabe  M.  V.  oppidi  Tungrensis  (1642-1666) 

70.  In-f°,  relié  en  parebemin  ,  intitulé  :  Regisler  der  clieensen  en  huispacblen  toebe- 

boorende  die  eerw.  beeren  Capellanen  van  het  member  onder  die  lesende  in  de 
Collégiale  Kereke  van  onse  lieve  vrouwe  binneu  Tongeren  deur  my  Robert 
Winckelsels  als  rentmeester  vernieuwt  vallende  die  clieensen  jaerlyx  on  Si  Stevens 
ende  St.  Jan-Baplisle  dagll  begiiuiende  bet  jaer  XVIIe  (1700-1793). 
7  I  .  In-f°,  relié  en  parchemin,  intitulé:  Registrum  documentorum  et  literarum  concernen- 
tium bona  veneb.  d.  d.  capellanorum  ecclesiae  B.  M.  V.  Tungrensis  de  membro 
inter  legentes  anno  1701  registratum.  Tune  temporis  dicti  membri  receptor 
Robertus  Winkclsels  (-1753). 

72.  In-f",  cartonné  intitulé   :  Hic  liber  con Unet  documenta  et  literae  concernentium 

(sic)  reditus  et  bona  revendorum  Dominum  capellanorum  de  membro  inter 
legentes  incipiendo  ab  anno  Uouiini  (1746-1778)  (Incomplet). 

73.  ln-f°,  cartonné,  intitulé:  Registrum  manuale  L)  D.  Dnorum  capellanorum  membri 

inter  legentes  lam  in  siligne  spelta  quara  in  pecunis  pi  m  A"  1797  etiam  continens 
reslanlias  ab  anno  1791  usmic  1796  inclusivis.  Aux  f'x  68-70  se  trouvent  les 
comptes  jusqu'au  --  septembre  1802, 


—  357  — 

IV. 
Plebanie.  —  Documents  historiques  et  revenus. 

Rouge  A. 

74.  In-f°  cartonné  contenant  les  revenus  et  les  cens  perçus  par  Jean  Coen,  pléhan  de 

Tongres  en  1423  (les  deux  premiers  feuillets  manquent).  Au  f  56  se  trouve  : 
Registrum  censuum  et  caponum  plebanie  eccie  bte  Marie  Tongren.  Conscriptum 
per  me  Paulum  Stellinx  Capellanum  ccie  prcripte  a0  (1482-1518). 

75.  In-f°,  dépareillé  ,  intitulé  :  Registrum  censuum   et  redituum   Plebaniae  Ecclesiœ 

bealae  Mariée  Virginis  Civitatis  Tungrensis  conscriptunm  anno  Dni  (1449-1474) 
per  Joem  Boten  Plebanum  Tungrensem. 

76.  In-f° ,   cartonné,    intitulé  :   Registrum    plebaniae   Tungrensis    conscriptum    per 

D.  Michaelem  horrerarium  de  bocholdia  ejusdem  plebaniae  plebanum  (sans  date). 
In  fine  :  Register  der  plebanien  van  onser  liever  vrouwen  kercke  van  Tongren 
gemach  in  den  jaer  (1502-1525). 

77.  In-f°,  cartonné,  intitulé  :  Registrum  dni  Tilmanni  Ofkens  ab  anno  (1505-1539). 

Registrum  Joannis  Ofkens  plebani  1539-1559. 

78.  In-f°,  cartonné,  intitulé  :   Registrum  omnium  provenluum  seu  redituum  plebaniae 

coll,ae  ecclesiae  beatisimae  virginis  et  matris  marias  opidi  Tongrensis  diocesis 
leodiensis  conscriptum  per  me  d.  et  M.  Lambertum  de  Valle  eusdem  ecclesiae 
plebanum  pro  annis  residentiae  sive  possessionis  meae  quorum  primus  est  1567 
secundum  registra  post  mortem  bonorabilis  viri  d.  Michaelis  horrearij  immediati 
mei  praedecessoiïs ,  etc....  (1567-1581). 

79.  In-f°,  relié  en  veau,  intitulé  :  Registrum   plebaniae  Tungrensis  pro  anno  1582, 

conscriptum  per  Hermannnm  Vanderheyen  (1582-1627). 

80.  lu-f°,  relié  en  parchemin:    Registre  des   revenus  de  la   plebanie  de  Tongres, 

sans  titre  ni  date.  Ecriture  du  XVRe  siècle. 

81.  ln-4°,  relié  en  veau,  intitulé  :  Registrum  solutionum  redituum    plebaniae  Ton- 

grensis anno  1627.  Item  stutus  Urrarum  et  illorum  conditiones  appositae.  Item 
solutionum  redituum  altaris  B.  Mariae  in  Beeringen  cujus  sum  rector.  Item 
reditum  altaris  S1  Judoci  Loscastri  cujus  rector  est  amplissimus  Bs  Richardus 
PauliStravius  Arcbidiaconus  cujus  ego  sum  constitutus  receptor.  Item  creditorum 
ex  offieio  pastorali  ab  anno  (1627-1636)  conscriptum  per  me  Barthoiomeum 
Slravium  plebanum  Tongrensem. 

82.  In-f",  relié  en  veau,  intitulé  :  Registrum  redituum  censuum  plebaniae  Tongrensis 

descriptum  per  me  Barthoiomeum  Stravium  plebanum  Tongrensem  anno 
Domini  (1627-1640). 

83.  In-f°,   relié  en  veau,  intitulé  :  Registrum    plebaniae  oppidi  Tungrensis  per  me 

Barthoiomeum  Stravium  Plebanum  Tungren  conscriptum  incipiens  ab  anno  incar- 
nalionis  Dni  1640  Residentiae  meae  vero  decimo  quarto  (-1653). 

84.  ln-f°,  relié  en  veau,  intitulé:  Registrum  plebaniae  Tungren,  per  me  Barthoiomeum 

Stravium  plebanum  Tungrensem  seu  personam  conscriptum  incipiens  ab  anno 
incarnationis  Dni  1653  residentiae  vero  mcae  vigesimo  octavo.  (-1668  Incomplet). 


—  358  — 

85.  In-f°  olilong,  relié  en  veau,  intitula:   Registrum  plebaniae  Tungrensis  per  me 

Lambertum  Ceulemahs  piebanum  Tongrensem  conscriplura  incipiens  ub  anno 
Domini  (1709-1743). 

85bis  In-f°,  cartonné",  intitulé  :  Registrum  canonum  doniorum  ail  plebaniam  Ton- 
grensem spectantium  (1709-1740). 

85*«  In -f°  cartonné,  intitulé:  Reditus  plebaniae  Tongrensis  in  granis  etc.  (1710-1735). 

V. 
Plébame.  —  Protocoles  des  pîébans  et  des  subplébans. 

Rouge  B. 

86.  In-4o,  cartonné ,  intitulé  :  Protocollum  Domini  Joannis  Ofkens  plebani  Tungrensis. 

1542-1558. 

87.  In-4°,  cartonné,  intitulé:  Protocollum  Micbaëlis  Horrearii  1544-1567. 

88.  ln-f°  cartonné,  intitulé  :  Protocollum  Laurenty   Brabants  subplebani.  1508  usque 

1578. 

89.  In-  f°  cartonné ,  intitulé:  Protocollum  Lambérti  Devalle,  plebani  Tongrensis,  anno 

1569  usque  1581. 

90.  In-f'  cartonné,  intitulé  :    Protocollum  Tilmanni  Boesmans  subplebani  ab  anno 

1579-1580.  —  Protocollum  Autotiy  Hulselmans  1591-1593. 

91.  In-f°  cartonné,  intitulé:    Protocollum   Hermanni  Vanderheyen  plebani  Tungrensis 

1582-1587. 

92.  Petit  in-P,  cartonné,  intitulé:    Protocollum  Stepliaui  Identy  plebani  Tong.  1587- 

1592. 

93.  In-f°  cartonné,  intitulé  :   Protocollum  Laurenty  ab  Aertsberg  subpleb.  T.  ab  a" 

1589-1615 

94.  In-f°,  cartonné,  intitulé:  Primum  Protocollum  Theodorici  Deckery  pleb  T.  1591- 

1616. 

95.  In-f-,  cartonné,  intitulé:  21»"  protocollum  Tbeod.  Deckery  pteb.  T.  1616-1627. 

96.  Petit  in-fo,  cartonné,  intitulé:  Protocollum  Bartholomey  Boes  subpleb.  T.  1023- 

1634. 

97.  In-f°,  cartonné,  intitulé:  Protocollum  Bartholomei  Stravii  pleb.  T.  ab  anno  1027- 

1629. 

98.  In-f°,  cartonné,  intitulé:  Protocollum  Werici  Hosset  subplebani  1632-1637. 

99.  Petit  in-f°  ,  cartonné,  intitulé  :   Protocollum  Guilielmi  Iluskel  subpleb.  T.  1637- 

1649. 

100.  Petit  in-F\  intitulé:  Protocollum  Husket,  subplebani  Tung.  1639-1654  (en feuilles). 

VI 

BÉNÉFICES.  —  Documents  historiques,  biens  et  rentes. 
Rose. 
101  .   ln-i°,  relié  en  veau,  inlilulé  :  Uegister  van  die  goederen  des  bénéficie  oft  altaer 
der  vindinge  van  liet  II.  Cruys  wesende  iu  de  archidiaconale  Kerke  Tongeren 


—  359  — 

voor  het  jaer  1753,  beginnunde  volgens  luydl  der  aide  registers  en  possession 
der  betalinge  :  synde  reclor  den  heer  N.  Jacobs  (-1788). 
102.  In  4°,  cartonné,  intitulé:  Dit  syn  de  renten  van  Inventionis  des  beyligen  Cruys 
nltaers  in  onser  liever  Vrouwen  Kerke  Tungren  gescrevenen  in  jaer  (1590-1626). 

103.  In-4°,  relié  en  parchemin,  intitulé  :  Registrum  bonorum  et  provenfuum  Altaris 

inventionis  Stae  Crucis  in  ecclia  coltà  Btœ  Mariae  Virginis  Tongrensis  siti  Reno- 
valum  pro  hoc  anno  1665  redore  dno  Hennanno  Marcelis  Tongrensi  (-1703). 

104.  In-4°,  relié  en  veau,  intitulé  :  Registrum  altaris  S11  Spiritus  siti  in  ecclesia  béate 

Marie  Virginis  oppidi  Tongren.  redore  ejusdem  Liberto  Loeffsinceptum  A0  dni 
1620  secundum  Regra  ac  fundati  P.  Walteru  vinitorem  oppidanum  Tongren. 
circa  annu  Dni  XIIe  LXXX1I  ad  secundum  pilare  dexteru  in  ptada  ecclia  quod 
cum  alys  oibus  ad  pilaria  fundatis  altaribus  Anno  hoc  1620  depositu  et  ex 
ordinatione  Nuncy  Apostolici  translatu  ad  Capella  Vicina  S1*  Crucis  gaudetq. 
eu  alys  in  oibs  membris  (-1657). 

105.  In-f°  oblong,  relié  en  parchemin,  intitulé  :  Registrum  simplicis  beneficii  sub  in- 

vocationc  B.  M.  Virginis  et  sancti  Joannis  Evangelistae  secundœ  fondationis  per 
quondam  Reverendum  Dominwm  Joannem  Pael  decanum  in  ecclesia  Tongrensi 

pro  a°  (lege-no-1). 

106.  ln-4° ,  relié  en  veau,  intitulé  :  Registrum  altaris  Su  Sebastiani  in  ecclia  B.  M.  V. 

Tungren.  fundati  cujus  modo  rector  est  Dnus  Slephanus  Franciscus  del  Hasse 
inceptum  pro  anno  1677  (-1791).  —  In  fine  Registrum  Su  Nicolaï  Tungren. 
sub  invocatione  S'œ  Agathee  (1678-1693). 

107.  In-f°,  relié  en  veau,  intitulé  :  Manuale  registrum  altaris  nativitatis  B.  M.  V.  ar- 

chidiaconalis  ecclesiae  oppidi  Tungrensis  (1698-1734).  —  In  fine  sequunlur 
exposita  de  1739-1755. 

108.  In-f°,  intitulé  :  In  nomine  Domini  Amen  :  Begister  der  bempden  ,  erven  en  renlen 

toebehoerende  die  eewige  bediening  opgericht  door  den  heer  Loers. 

109.  In-f°,  relié  en  veau.  Intitulé  :  Regisler  waerinne  geregistreert  staen  de  aclen  ende 

andere  gereclits'vverken  der  goederen  ende  incompsten  gelaeten  ende  gelegateert 
aen  het  eeuwig  Benificie  (corrigé  desveriture)  in  de  archidiaconal  en  collegiaten 
kercken  onser  lieven  vrouwen  der  stadt  Tongeren  gefondeert  door  wylen  den 
achtbaren  Henricus  Loers  in  synen  leven  Rentmeester  der  voorschreven  seer 
eerw:  capittels  van  onser  lieven  vrouwen  alhier  in  den  jaere  ons  Heeren  XVIe 
vier  en  tachentich  den  dry  en  twintichsten  dagh  des  maendts  November  (-1729). 

110.  Iu-f°,   relié,  formant  :  Le  registre  sommier  indiquant  le  testament  et  les  actes  qui 

rétablissent  la  fondation  de  la  bourse  Loers.  —  La  copie  des  comptes.  —  L'état 
des  biens  et  rentes  affectés  à  ladite  fondation,  etc. 

111.  In-4° ,  relié  en  veau,  intitulé  :  Registrum  Reneri  Gaen  altaris  oium  setorum  in 

ambitu  Tungrensi  rectoris  pro  anno  (1680-1754). 

112.  In-4°,  relié  en  veau,  intitulé  :  Registrum  altaris  omnium  sandorum  in  ecclesia 

Tungrensi  fundatum  et  dotatum  per  dnum  Andream  Reys  (1717-1726)  Don  de 
Mme  Stas-Stevens.  A  la  fin  19  feuillets  de  chants  sacrés  commençant  par  :  «  homo 
quidam  fecit  cœnam  magnam ,  etc.  » 


—   360  — 

113.  In-4",  cartonné,  intitulé;  Registrum  pertinens  ad  Petrum  Autonium  Bafthels , 

concernant  les  biens  du  bénéfice  de  tous  les  Saints  (1787-1838). 

114.  ln-f°,  relié  en  veau,  intitulé  :  Registrum  bonorum  proventuum  et  redituum  altaris 

sub  invocatione  Sta!  Gertrudis  in  collegiata  fundati  cujus  olim  rector  fuit 
R.  d.  Franeiscus  Lecocq  S1'  Pétri  flandro  insulensis  canonicus  pro  anno  1707 
cnjns  suecessor  fuit  JoèsLecocq  frater  ipsius  bodierno  tempore  decanus  et  cano- 
nicus visetensis  nunc  iterum  succedens  Joés  Godfridus  Troignee  basbanicus  nunc 
iterum  succedens  MatbiasCliristianus  LabbeeTungrensis  anno  1793  (1707-1798). 
Les  quinze  premières  pages  manquent. 

115.  ln-f°  ,  cartonné,  intitulé  :  Registrum  redituum  et  proventuum  altaris  S'  Servatij 

in  collegiata  arcbidiaconali  ecclesia  R  M.  V.  oppidi  Tung.  fundati  cujus  pro 
tempore  modernus  rector  est  Tbomas  Goffarl  clericus  ejusdem  diocesis  renovatum 
anno  1738.  — Registrum  altaris  nativHatis  beatœ  Maria?  Virginis  archidiaconalis 
ecclesia?  in  oppido  Tungrensi  pro  A0  1738  secundum  prœcedentia  registra  cujus 
rector  pst  Tbomas  Goffart  receptus  et  admissus  20  junii  1738.  (-1800).  Donné 
à  l'église  de  N.-D.  par  Mr  A.  Moreau-d'Oreye. 

116.  Oblong,    relié  en  veau,  intitulé:  Registrum  reddituum  et  Ronorum  Reneficiy  altaris 

Sancti  Nicolaï  siti  in  ecclesia  S.  Nicolaï  in  oppido  Tungrensi  (1722-1759). 

117.  In-f°,  relié  en  veau,  intitulé:  Registrum  beneficii  sub  invocatione  Catbedrae  Sancti 

Pétri  in  ecclesia  Tungrensi  cujus  est  rector  R.  D.  Deodalus  .lerna.  Renovatum 
anno  (1725-1794)  F0  58.  Registrum  residentiae  et  anniversariorum  (1724-1787) 
F0  69.  Registrum  Membri  Capellanorum  inter  legentes  pro  anno  1725  secundum 
registra  (-1787;. 

118.  In-4°,  cartonné,  intitulé:  Registrum  Redditum  altaris  Sancti  Nicolaï  siti  in  ecclesia 

béate  Marie  Vir.  Tongren  in  prima  Capella  cujus  rector  est  D.  Johannes  Ricbet 
de  Wonck  supra  .lecoram  (1568-1621). 

119.  Oblong   cartonné,  intitulé:  Registrum   subplebania;  sub  invocatione  Sancti   Nicolai 

in  ecclesia  R.  M.  V.  oppidi  Tongrensi  in  corporate  cura  beneficio  prnedicto  anno 
1592  cum  obligatione  ratione  beneficy  ad  missam  quindenalem  in  prima  Capella 
rétro  crucem  magnam  et  miraculosam  in  eademque  Capella  alter  subplebanus 
cliam  habet  suum  beneficium  cum  eodem  onere  ;  qiise  bénéficia  libéra  fundala 
fueruntaDno  Godefiido  de  Werm.  A0  1312.  Cujusanima  et  parentum  et  amico- 
rum  defunctorum  Requiescat  in  pace  et  amicis  viventibus  dignetur  Deus  benedicere 
rector  beneficy  dicte  sub  invocatione  Sancti  Nicolai  modo  est  Joannes  Keyen  ante 
Petrus  Stcffen,  etc.  incepit  anno  1701  Joes  Keyen  item  subplebania;  délièrent 
gaudere  medietate  accidentium  plebania;  secundum  incorporationem  factam  per 
D.  Ernestum  Episcopum  et  principem  Leodiensem  1592,  2l  Octobris  (1729- 
1739). 

120.  In-f°,  relié  en  veau,  intitulé:  Registrum  subplebania;  sub  invocatione  S1'  Nicolai 

in  ecclesia  R.  M.  V.  oppidi  Tungrensis  incorporais  cum  beneficio  praedicto  A0  1 592 
cum  obligatione  ratione  beneficy  ad  missam  quindenalem  in  prima  Capella  rétro 
Crucem  magrram  et  miraculosam;  in  eadem  que  Capella  aller  subplebanus  babet 
suum  beneficium  cum  eodem  nnere  quse  bénéficia  libéra  fundala  fuerunl  a  Domino 


361 


Godefrido  de  Werm  A0  1312.  Rector  dicti  benefieij  modo  est  Antonius  Ceulemans 
Trudonensis  antœ  Joès  Keyen  piae  mémorise  etc.  incipit  A0  1739.  Successif  anno 
1742  circa  festum  S1'  Joannis  Baptistse  Matliias  Smolders  S.  T.  B.  Foriundus 
exOverhelt  in  Campinia  anno  1716  factus  pastor  in  Comitatu  de  Hooren  prope 
Mosam  eodem  anno  circa  festum  S1'  Joannis  successit  Guilielmus  Heckelers 
oriundus  ex  Sluysen  prope  Tungros  successit  anno  1786,  circa  festum  S1' Joan- 
nis, blae  Renerus  Prenten  oriundus  ex  magna  Spauwen  post  quienalem  possessio- 
nem  alterius  subplebanise.  Pro  hoc  regislro  dedi  hœredibus  pradecessoris  mei 
mediam  Carolinam  quse  a  successore  meo  débet  restitui  haeredibus  meis.  Ita 
testor  R.  Prenten  Subplebanus  (1712-1 789). 

121 .  In-4°  cartonné,  intitulé  :  Manuale  registrum  beneficii.  S.  Agathae  in  ecclesia  S.  Ni- 

colaï  Tungris,  1710-1819. 

122.  Petit  in-f°,  relié  en  parchemin,  intitulé:  Taxa  cleri.  Rescriptio  beneficiorum  cuni 

solutione  taxarum  (1768-1792). 

123.  ln-f°  cartonné,  intitulé:  Registrum  altaris  seu  benefieij  B.  M  V.  Visitationis  ante 

sanclarum  Mariae  Catharinœ  et  Baibarœ  olim  fundati  ab  Henrico  de  Merlemont 
in  archidiaconali  ecclesia  B.  M.  V.  Tungrensis  Renovatum  a  redore  Christiano 
Alexandro  Zanders  anno  1782  (-1792). 

124.  In-f°,  relié  en  parchemin,  intitulé  :  Alexander  Massin  beneficatus  atque  vicarius. 

Bénéfice  de  S'-Étienne,  Registre  aux  rentes,  cens,  etc.  1786-1798. 

125.  In-4°,  relié  en  veau,  intitulé  :  Registrum  seu  redditus  altaris  Sli  Salvatoris  in  Col- 

legiata  B.  Marias  Virginis  oppidi  Tongrensis,  anno   (1660-1718). 

126.  In-1°,   Cartonné  intitulé:  Regislrum  altaris   Inventionis    S.  Crucis  in    ecclia 

B.  M.  V.  oppidi  Tongrensis  siti  cuius  est  modernus  rector  1).  Arnoldus  de 
Castro  incipiens  pro  anno  (1625-1669).  V.  N»s.  101  et  102. 

VII. 
Église  de  St. -Nicolas.  —  Documents  historiques,  biens,  rentes  et  cens. 

Couleur  cuir. 

127.  In-f°,  relié  en  veau  intitulé  :  Soc  waert  dit  register  bescreven  van  heer  Jan 

Coen  persoen  der  Kercken  van  Tongren  de  Renten  landen  ende  cheese  des 
geluchts  van  sinter  Claes  Kercken  van  Tongeren  in  den  Joer  des  gebuerte  ons 
heeren  Jhesu  Cliristi  doemen  screeff  dusent  vier  honderd  ende  vyffteen  den 
XXlll  dachs  van  Julie  (-1666). 

128.  In-f°,  oblong,  relié  en  parchemin  intitulé  :  Manualen    van  Sl-Nicolaes  Kerck 

Tongeren  1515-1606. 

129.  In~4°,  cartonné,  intitulé:  Verdraech  boeck  der  eerw  :  Heeren  pastoers  en 
laeten  der  Kercken  van  Sinter  Claes  binnen  Tongren  gemackt  den  achden  dach 
october  1588  (-1672). 

130.  In-f°,  relié  en  parchemin  intitulé  :  Register  en  rekeninge  van  jœrlycken  incomsten 

der  keiken  van  S'-Nicolaes  in  de  Sladt  Tongren  voor  het  jaer  1608  (en  1609) 
Register  van  S.-Nicolaes  Kercke   der  Sladt  Torgren  pro  annis  1070-1694. 

XXIX  XXII  -2:! 


—  362  — 

131 .  ln-f°,  relit?  en  parchemin  intitulé  :  Register  van  Sl-i\'icolaes  Kerke  der  Stadt  Ton- 

gren  pro  annis  1673-167G  ,  1703-1736. 

132.  ln-4°,  relié  en  veau,  intitulé:  Reces  Boeck  des  eerw.  heer  plebaen  ende  der 

heeren  laete  van  die  parochiale  Kerke  Sinte-Nicolaes  Tongren  begonst  den 
vjfden  aprilis  (1700-1784). 

133.  ln-f°,  relié  en  veau  ,  intitulé  :  Liber  negoliorum  oft  Boeck  der  fundatien  legaten 

en  de  andere  Weldaeden  &&c.  in  de  parochiale  Kerke  van  Sint-Nicolaes  der  Slad 
Tongeren  by  een  vergaedert  anno  1711  (-1790). 

134.  lu-f1,  cartonné,  intitulé  :  Recollectie  soder  weeckelycke  en  andere  gefondeerde 

Missen  als  jaergetyden. 

N.  B.  Met  den  teneur  in  't  coït  der  selver  fundatien  en  informalie  oock  in 
cort  over  den  actuelen  validitydt  en  invaliditydt  der  selver  legaeten  in  die 
Parochiale  Kercke  van  Sint-Nicolaes  binnen  Tongeren  opgesoecht  anno  1715. 

135.  ln-f",  relié  en  veau,  intitulé:  Begister  van  S.-NiculaesKerck  Tongren  pro  (1734-1 74-1). 
13G.  ln-f',  relié  en  veau,  intitulé:  Register  oft  rekeninge  van  S. -Nicolaes  Kercke  Ton- 
gren pro  annis  1755-1776. 

137.  In-f°,  relié  en  veau,  intitulé  :  Register  der  Kerke  van  den  H.-Nicolaus  binnen 

Tongeren  ab  anno  1785  (-1798) 

138.  Iu-fo,  relié  en  veau,  intitulé:  Register  der  Kercke  van  S'-Nicolaus  te  Tongeren. 

139.  Revenus  et  anniversaires  de  l'église  de  S'-Nicolas. 

VIII. 

Chapelle  d'Offelken.  —  Documents  historiques  et  revenus. 

Vert.  0. 

140.  ln-40,  cartonné,  intitulé:  Redditus  Capéllœ  de  OlTelken,  anno  1570,    secun- 

dum  regislra  (-1590). 

141.  In-f°,  relié  en   parchemin,  intitulé:  Registrum  omnium    reddituum    Capellae 

Scli-Huberti  pagi  de  Offelken  prope  Tung.  cujus  Rector  est  M.  Lamb.  a  Bus- 
co  sacellanus  Tung.  (1628-1713).  In  fine:  Namen  der  broeders  en  suslers  van 
het  loffelyck  broederschap  van  S.-Hubertus  opgerigt  in  de  Capelle  van  Olfel- 
ken  A0  1606.  Nomina  mortuorum,  conjugatorum,  baplisatorum  et  confirmato- 
rutn  capellœ  de  OlTelken  (1666-1710). 

142.  ln-f0,  relié  en  veau,  intitulé  :  Novum  registrum  omnium  redituum  capellœ  sancti 

Huberti  pagi  de  Offelken  prope  Tung.  inceptum  a  die  24  juny  1717 
(-1798).  Cujus  rector  est  Joannes  Godcfiidus  van  Waeyenberch  Bruxellensis. 

IX. 

Chapelle  de  Mulken.  —  Documents  historiques  et  revenus. 

Vert.  M 

143.   ln-f°,  oblong,  cartonné  ,  intitulé  :  Registrum  Capellse  de  Mulcken  prope  Tongros 
pro  anno  1547  ,   renovatum  per  Honorabilem  viium  dum  Arnoldu  de  l'alude 


—  363  — 

eanonieum  ecclie  collégiale  S  Juis  in  insula  apud  Leodienses  et  Rectorem  capellae 
piîîis  (-1G10). 

144.  In-f°,   oblong,   relié  en  veau   intitulé  :   Registrum  bonorum  eapellœ  Sli.-Egidij 

de  Mulken  renovatum  a  Dno  Liberto  Loeffs  ejusdem  Capella;  Redore  anno 
1616  (-1705). 

145.  ln-f°,  cartonné  :  Registre  de  la  mense  du  St. -Esprit  à  Mulken   de   1040-1650. 

Le  litre  manque. 

146.  In-4°,  relié  en  veau  ,  intitulé  :  Rcgister  des  geluchts  van  Mulcken  van  den  pacht 

der  toostlanden  ende  renthen  voor  bet  jaer  duysent  ses  hondert  ende  tween- 
vyfticb  gevallen  gescrevnn  door  H.  Gilis  Vans  pastoor  tôt  Mulken  (-1675). 

147.  In-4°,  cartonné  ,  intitulé  :  Register  des  heiligen  geest  van  Mulcke  van  den  pacht 

ende  toostlanden  en  renthen  voor  bet  iaer  duysent  ses  hondert  ende  tween- 
vyftich  gevallen  ghesrrevcn  door  M.  Gilis  Vaes ,  pastoor  tôt  Mulcke  (-1674). 

148.  In~f°,  cartonné  ,  intitulé  :   Register  des  geluchs  van  Mulcken  van  den  pacht  der 

toostlanden  ende  renthen  voor  het  jaer  duyzent  seshonderd  ende  negen  en 
sevenlicht  gevallen;  geschreven  door  heer  Thomas  Timmermans,  pastoor  van 
Mulcken.  (-1709). 

149.  In  -4°,  relié  en  veau,  intitulé  :  Register  raeckende  de  incompsten  derPasIorye  van 

Mulken  vernieuwt  in  den  jaere  1735  (-1792). 

150.  In-4°,  relié  en  parchemin,  intitulé  :  Register  behelsende  de  rekeniuge   van   het 

gelurlit  Mulcken  sedert  het  jaer  1742  (-1781). 

151.  In-fn,  relié  en  veau,    intilulé  :  Registre  des  biens-fonds  et   rentes  appartenant 

à  la  chapelle  de  St  -Gilles  à  Mulcken.  1819. 


Procès  soutenus  par  le  chapitre  ,  les  bénéficiers ,  les  chapelains, 
les  plébans ,  etc. 

Amarante. 

152.  In-4°,  cartonné  ,  portant  au  dos  :  R.  D.  Decanus  et  capitulum  contra  bénéficiâtes 

eccl.  Tongr.  1774.  Imprimé  à  Rome  Typis ,  Bernaho  1773  et  1774. 

153.  In-f",  cartonné,  intitulé  :  In  causa  reverendi  Domini  van  Herck  plebani  Tungrensis 

opponentis  contra  Revrrendos  admodum  Dominos  Decanum  et  Capitulum  insignis 
collcgiatse  et  arcbidiaconalis  ecclesiœ  dicti  opidi  impétrantes.  1779. 

154.  In-f°,  cartonné,  intilulé  :  In   causa  Rndi  Domini  Lamberti  Ceulemaus  plebani 

Tungrensis  Citali  opponentis  contra  nobilem  dominum  capitaneum  Joannem 
Guilielmum  de  Menten  de  Malbourgb  (1726). 

155.  In-f°,  cartonné,  intilulé  :  In  causa  RR.  admodum  DD.  Decani  et  Capiluli  insignis 

ecclesiae  collegialae  an  arcbidiaconalis  B.  M.  V.  Tungrensis,  contra  RR.  admodum 
DD.  Decanum  et  capitulum  ecclesiae  collegiatœ  et  arcbidiaconalis  B.  M.  V. 
Huensis  (1765).  Procès  relatif  à  la  restauration  des  églises  de  Vliermaul  et  de 
Hoesselt,  première  partie  (page  1-515). 

156.  In-f°,  cartonné,  intitulé  :  In  causa  Rndorum  adm  DD.  Decani  et  capituli  insignis 


—  364  — 

ccclesiae  Collégial»  et  arcliidiaconalis  oppidi  Tungrensis  contra  RR.  adm  duos 
decanum  et  capiluliim  insignis  ecclesi»  collégial»  et  arcliidiaconalis  oppidi  Huensis 
(1779)  2*e  partie,  pages  515-85-i. 

157.  In-f°,  cartonné,   intitulé  :   In   causa   R.  R.  admoduni   D.   D.   decani  et  capital! 

insignis  ecclesi»  collégial»  et  arcliidiaconalis  oppidi  Tungrensis  contra  R.  R. 
admoduni  D.  D.  decanum  et  capitulum  insignis  collégial»  oppidi  Huensis. 
3e  partie,  pages  1-G2  et  pages  855-969. 

158.  In-f°,  cartonné ,  intitulé  :  In  causa  R.  R.  admoduni  D.   D.  decani  et  capitulum 

collégial»  R.  M.  V.  Huensis.  4e  partie  ,  pages  970-1379. 

159.  In-f0,  cartonné,  intitulé:    lu   causa  R.   R.  admoduni   D.   D.  decani  et  capituli 

insignis  ecclesi»  collégial»  arcliidiaconalis  R.  M.  V.  Tongrensis  contra  R.  R.  ad- 
moduni D.  D.  decanum  et  capitulum  ecclesi»  collégial»  arcliidiaconalis  R.  M.  V. 
Huensis  1788.  5*  partie  ,  pages  1-159,  1387-1657. 

160.  Iu-4°,  cartonné,  portant  au  dos  :  Clerus  leod.  contra  facullatem  Lovaniensem  1744, 

intitulé  :  Signatura  grali»  coram  sanctis^imo  R.  P.  Spinello  Leodien  indultorum 
super  excessibus  pro  clero  Civitatis  Patri»  et  Diocesis  Leodiensis  conlra  univer- 
sitatem  seu  facultatem  artium  oppidi  Lovanii  Meckliuiensis  Diocesis.  Restrictus 
Facti  etJuris.  Rom»  ex  typographia  rev.  cam.  aposlolic»  1744. 

ICObisLe  même  que  le  n°  précédent. 

161  .  In-i'°,  cartonné,  intitulé  :  In  causa  Rndi  Domini  Reneri  Van  Herck  oppidi  Tungrensis 
plebani  inhiberi  curanlis  contra  Georgium  Fits  iuhibitum.  1767). 

162.  In-f,  cartonné,  intitulé  :  In  causa  Rndi  Dni  Van  Herck  citati  contra  Unos  Cliefneux 

et  Warimont  appelantes  1773.  —  Decanus  et  capitulum  eccli»  Tungrensis 
conlra  Rev.  Van  Herck  1771. 

163.  ln-l°,  cartonné,  (1772):  Imprimés  relatifs  au  procès  entre  le  chapitre  deTongres 

et  celui  de  Huy  ,  touchant  la  restauration  des  églises  de  Vliermael  et  de  Hoesselt. 

164.  In-f,  cartonné,  intitulé:  In  cau?a  Reverendi  Domini  Lamberli  Ceulemans  pastoris 

Tongrensis  opponentis  avocantis  conlra  Reverendum  Mathiam  Truyens  Reguinagij 
ejusdem  oppidi  recforem  impetraiitem.  (1718-1721). 

165.  ln-f°,  cartonné,  intitulé  :  In  causa  Reverendi  Domini  Van  Herck  plebani  Tungrensis 

opponentis  contra  reverendos  dominos  decanum  et  capitulum  insignis  collégial» 
arcliidiaconalis  ecclesi»  dicti  oppidi  Tongrensis  impétrantes   (1779). 

XI. 

Confréries.  —  Documents  historiques  et  revenus. 

Bleu. 

166.  In-f",  relié  en  veau,  intitulé  :    Manuale  Register    der  erffreinten   toebehoerende 

onser  liever  vrouwen  Rruderscap  der  s'adt  Tongre  gevallen  Auiio  XVe  en 
LXV1  naeden  Register  gemaeckt  duer  Aerdt  Rosch  ter  tiet  reintmiester  de 
vscreven  Riuderscappen  (-1570). 

167.  Petit  in-f",  cartonné,  intitulé  :  Tabula  der  erffreinten  ende  landen  toebehorender 

den  Allaer  presenlalionis  Marie  ad  fabrica  ,  in  der  H.  Kercke  onser  liever 
vrouwen  der  sladt  Tongre  -1559. 


—  365  — 

Tabula  der  erfieinten  ende  landen  tocbehooreiidc  der  Bruderscappen  onzcr  liever 
vrouwen  der  stadt  Tongeren  ende  volghen  nae  die  reinle  des  altaers  voer- 
screve.  (U17-1589). 

168.  ln-f°,  relié  en  parchemin,   intitulé:  Toustboeck  waeriu  oick  staen  aengeteekend 

die  naemen  van  die  aengenoemen  Droeders  in  onze  live  vrouwe  Broederscliap 
deser  stadt  Tongeren  (1654-1786). 

169.  Iu-f°,  relié  en  parchemin,  intitulé:  Register  van  0.  L.  V.  Broederscliap  der  stadt 

Tongeren  pro  annis  1757-1759. 
170    ln-f°,  relié  en  parchemin,  intitulé  :  Register  van  0.  L.  V.  Broederscliap  der  stadt 
Tongeren,  pro  annis  1757. 

171.  In-f°,  relié  en  parchemin,  intitulé  :  Register  van  0.  L.  V.  Broederscliap  Ton- 

geren voor  1781  tôt  1795  (1806  inclus). 

172.  In-f°,  relié  en  veau,  intitulé  :  Register  onse  lieve  vrouwe  broederscliap  Tongeren 

(sans  date).  —  Register  van  Sinte  Barbara  Broederscliap.  —  Register  van  Sinte 
Anna  Broederscliap. 

173.  In-f°,  relié  en  parchemin,   intitulé  :  Register  van  de  Broederscappe  van  S' Anna 

binnen  de  oude  ende  vermaarde  stadt  Tongeren  deur  my  Robert  Winckelsels 
als  secretaris  van  de  selve  Broederscap  in  7ber  1709  vernieuwt  (-1772). 

171.  ln-f°,  relié  en  veau,  intitulé  :  Register  toestaende  de  Broederscliap  van  de  heilige 
Maeghet  en  Martelaerse  Barbara  in  der  Collegiater  Kerken  onser  lieve  vrouwen 
Tongeren  behelsende  de  statuten  ende  Pauselycke  Bulleu  ordonnanlien  passaten 
en  Naemen  der  Broeders  ende  Susters  des  selve  gemacht  vernieuwt  ende  be- 
schreven  door  my  Thomas  Georgius  de  Fontaine,  Secretaris  in  den  jaer  XVp 
sesen  tachentich  (sur  les  trois  premières  pages  le  secrétaire  de  Fontaine  a  des- 
siné les  armoiries  de  plusieurs  membres  de  la  confrérie  (-1787). 

175  In-f°,  relié  en  veau,  intitulé  :  Liber  continens  nomiua  et  cognomina  Confratrum 
et  Consororum  Augustœ  Confraternitatis  Smi  Altaris  Sacramenli  Tongris  insti- 
tuts Dominica  prima  adventus  incidente  in  2dum  diem  Becembris  anni  1736  nec 
non  eorumdem  obitum  ac  Missas  pro  ipsis  in  altari  privilegiato  celebratas  quorum 
nomina  etiam  in  lihro  vilœ  scripta  sint  (-1767). 

176.  ln-f°,  relié  en  veau,  intitulé  :  Piegislrum  proventuum  et  expositorum  Confrater- 

nitatis Sanctissimi  Eucharisliœ  Sacramenti ,  Tongris  instituts  Dominica  prima 
Adventus.  Incidente  in  2um  diem  decembris  anni  1736. 

177.  Iii-4°,  cartonné,  intitulé  :  Rekeninge  van  het  Broederscliap  van  den  H.  Donatus 

(1781-1797). 

XII. 

Varia.  —  Chanoines  réguliers.  —  Obituaire  de  S  t. -Jean.  —  Oratoire  de 
N.-D.  —  Même  épiscopale.  —  Métier  des  boulangers,  etc. 

Jaune  pâle. 

178.  In-f°,  relié  en  veau,  intitulé  :  Novum  slipale  ex  veteri  contractu  omnium  bonorum 

immobilium  hœreditatum ,  Reddituum  censuum  debitoru  spectans  ad  Rdos  Dnos 


—  360  — 

Canonicos  Regulares  Tongrcnses  (sans  date)  P.  32-1.  —  Repertorium  omnium 
copiarum  Reliviorum  Testamentorum  aliarum  que  lilterarum  in  codicem  non 
relatarum,  ordine  alphabetico  hic  designatarum  10  9bris  1 756  P.  370.  Index 
seu  calalogus  oium  Litterarum  originalium  in  archive-  juxta  organuni  in  eccliâ 
depositarum  P.  404,  F0  1.  Stipale  Denuo  Renovatum  in  quo  pro  moderne-  statu 
cum  novis  jungenlijs  ponuntur  in  charta  figurativa  omnes  agri  nostri  1751 , 
f°  234.  Index  novi  stipalis  A0  17G1.  In  fine:  Samelen  2  laet  hoven  den  eersten 
genoemt  Vischcrs-hoff.  Den  anderen  Reys-huff  ons  coomtnde  van  Daniel  van 
Colmont,  etc.  (Don  de  Mr  le  Notaire  Vrindts). 

179.  In-f",  relié  en  parchemin  :  Index  du  n°  précédent.  Idem. 

180.  In-f°,  MS.  sur  veliu  de  48  feuillets  :  Obituaire  de  l'église  de  S'. -Jean  à  Tongres  : 

écriture  des  XVe  et  XVIe  siècles. 

181 .  In-f°,  relié  en  veau  ,  intitulé  :  Registre  appartenant  au  cloistre  de  l'oratoire  de  la 

glorieuse  Vierge  de  Marie  dit  le  Clause  à  Tongres  de  cens  et  rentes,  terres  et 
revenus  dudit  cloistre  (1693-1696). 

182.  In-f°,  relié  en  velin ,  intitulé  :  Register  der  Grondcynsen  ,  pacht  en  halfscheyt 

landereyen  onder  Herderen,  Riempst,  etc.  geleegen  alsook  den  Toi  lot  Millen 
toestaende  aen  S.  C.  H.  den  Heere  Prins  Bisscbop  van  Lnyck  gemaeckt  en 
hernieuwt  door  P.  Nivar  admodiateur  van  S.  C.  H.  voorsc.  (1757-1777). 

183.  In-f°,  relié  en  velin  ,  intitulé  :  Registre  aux  cens  et  terres  affermées  au  quartier  de 

Riempst  et  Herderen  comme  aussi  du  droit  de  péage  à  Millen  vulgairement  dit 
Tul  appartenant  à  la  mense  épiscopale  de  son  Altesse  Monseigneur  le  Prince-évêque 
de  Liège  avec  les  citations  et  renvois  tant  au  registre  précédent  fait  par  l'amo- 
diateur  P.  Nivar  en  1777,  qu'aux  textes  divisés,  de  même  la  séparation  et  dis- 
tinction des  textes  des  propriétaires  étrangers  qui  étaient  confondus  avec  ceux 
de  leurs  fermiers.  Puis  le  sommaire  alphabétique  de  tous  et  chaque  textes 
et  ensuite  copies  authentiques  des  baux  de  terres  affermées,  fait  à  Maeslricht 
pendant  les  années  1784,  1785,  1786,  1787  et  1788  (par  E.  Ruylers.) 

184.  ln-f°,  cartonné,  intitulé:  Extract  der  Namen  van  aile  die  gehouden  syn  te  betalen 

de  cynsen  ten  bthoeve  der  bisseboppelycke  Tafel  van  Z.  C.  H.  den  Heere  Prins 
bisschop  van  Lnyck  wegens  de  grnnden  en  erven  onder  Herderen,  Riemst 
Millen  en  daer  omirent  geleegen  zynde  daer  by  gcvoegt  waer  inné  deeze  cynsen 
bestaen  met  aenvvyzing  der  folio  tôt  de  texten  in  t'  hoofd  register  der  woonplactze 
der  débiteurs,  hunne  jaerlyksche  verschulheid  in  geld  en  graenen  alsmede  de 
betaelingen  en  leverantien  gedaen  voor  de  jaeren  beginnende  1786  en  eindigende 
1791. 

185.  In-f°,  relié  en  veau,  intitulé:  Registre  aux   cens  seigneuriaux  dus  à  la  mense 

épiscopale  de  S.  A.  G  l'évêque  et  prince  de  Liège  au  quartier  de  Herderenne  , 
Rhiems  ,  Mellin  et  dépendance  contenant  la  nature  desdits  cens  avec  démons- 
tration des  textes  et  leurs  folios  dans  le  registre  principal  ,  la  demeure  des  débi- 
teurs et  leur  dette  annuelle  ,  tant  en  grain  qu'en  argent  fait  par  Armand  Ledoux 
pour  le  temps  de  son  amodiation  qui  a  commencé  au  St. -Jean  1792  jusqu'au 
St. -Jean  1798. 


—  367  — 

186.  In-4",  relié  en  veau ,  intitulé  :    Registrum  parvi  hospitalis  renovatum  annol"l3 

Ab  Arnoldo  Joseplio  Dcstordeur  beneficiato  Tungren.  ac  Redore  Qnartœ  Capellae 
d'Offelken,  née  non  una  Cum  duo  Rubens  ab  arcbidiaconali  capitulo  Tungren. 
Constitutis  ad  legendum  primum  Sacrum  die  Mercnrii  et  die  Veneris  cnjus-libe 
hebdomadae  ad  altare  beatse  Marias  Virginis.  (-1820). 

187.  In-4°,  relié  en  veau  ,  intitulé:  Marguillerie  (1726-1797).  Revenus   et  droits  des 

Marguilliers  de  l'église  archidiaconale  de  Tongres. 

188.  In-f°,  cartonné,  intitulé:  Cheyns  register  toestaende  Jouffrouwe  Marie  Cecilia  de 

Ticken  welcken  wordt  bctaelt  in  drn  boff  van  Wydoye  op  St.  Stevens  darh  van 
bel  jaer  1711  ende  door  Arnold  de  Tieken  gecontinueert  ende  syne  huysvrouwe 
(-1759). 

189.  In-f°,  oblong  cartonné,   intitulé  :  Nomina  eognomina  conditiones  et  qualitates 

omnium  civium  et  incolarum  civitatis  Tongrensis  conscripta  anno  1736  mensis 
Aprilis  die  23  et  conlinuata  per  dies  sequentes.  —  In  fine  descriptio  parochia— 
norum  ecclesias  nostrse  parocbialis  St.-Joannis  Baptistœ  Tongrensis  fada  per  me 
subplebanum  infra  scriptum  cum  matriculario  nostro  R.  D.  Bloemen  1736, 
24  April.  Dloer  :  parochianen  der  stad  Tongeren. 

190.  Oblong,  relié  en  parchemin,  intitulé:  Dit  Register  hort  toe  hetgoet  Becker  ambacbt 

geuanit  dcn  rekenboeck  inboudende  aile  rekeningen  van  aile  meysters  begint  in 
bet  Jaer  ons  liefs  heeren  Jésus  Christi  M.  D.  C.  LXIII  den  28  January  als  meys- 
ters warcn  Ardt  Willemans  ende  Jan  Derden  Commissaris  Willem  Meer,  etc. 
(1663-1764). 

XIII. 

Nouveaux  registres.  —  Administration  des  biens.  —  Délibérations  du 
conseil  et  du  bureau  des  marguilliers.  —  Correspondance  des  trésoriers. 
—  Restauration  de  l'église,  etc. 

191.  In-fo,  relié  en  veau,  intitulé  :  Uécolement  des  rentes  et  biens-fonds  encore  exis- 

tants de  la  fabrique  des  églises  primaire  et  de  St-Jean-Baptisle,  auxiliaire  de  la 
ville  de  Tongres,  ainsi  que  des  rentes  et  biens-fonds  transférés  et  aliénés  desdites 
fabriques  de  même  que  anéantis  par  la  suppression  des  corporations  prises  en 
découvertes,  contestés  et  rédimés  donnés  en  engagère  ainsi  que  le  compte  conte- 
nant les  recettes  et  dépenses  de  ladite  fabrique  pour  Tan  1816. 

192.  In-f°,  cartonné,  intitulé  :  Journal  concernant  les  dépenses  de  l'adjudication  et  entre- 

prise des  travaux  de  blanchissage  de  l'église  de  N.-D.  de  la  ville  de  Tongres  et 
autres  dépenses  des  réparations  de  l'église  et  dépenses  pour  honoraires  de 
Mrs  les  Vicaires  pour  1818,  ainsi  que  les  dépenses  pour  la  contribution  foncière 
de  l'an  1818  et  autres  notes  et  dépenses  à  observer  sur  la  fin  de  ce  Journal, 
aussi  dépenses  pour  l'an  1819  à  la  page  12. 

193.  ln-f°,  relié,  intitulé  :  Église  primaire  de  Notre-Dame  de  Tongres,  gestion  adminis- 

trative et  restauration  de  l'église,  1838-1866. 

194.  In-f°,  relié,  intitulé:  Documents  relatifs  à  la  restauration  de  l'église  de  N.-D.  de 

Tongres,  1843-1866. 


—  368  — 

195.  ln-f°,  relié  en  cuir  vert,  intitule'  :  Littera  A,  Sommier  des  recettes. 

196.  In-f°,  relié  en  cuir  vert,  intitulé:  Littera  B,  Sommier  des  receltes. 

197.  ln-f°,  relié  en  cuir  vert,  intitulé:  Littera  C,  Sommier  des  recettes. 

198.  In-f°,  relié  en  cuir  vert,  intitulé:  Littera  Cn.  Sommier  des  recettes. 

199.  In-fo,  relié  en  cuir  vert,  intitulé:  Littera  D.  Sommier  des  recettes. 

200.  ln-f°,  relié  en  cuir  vert  :  Sommier  des  titres  de  propriété  de  N.-D. 

201 .  Idem.  des  chapelles. 

202.  ln-f°,  relié  en  veau  marbré,  intitulé  :  Journal  des  recettes  et  des  dépenses. 

203.  In-f°,  relié  en  veau  marbré:  Contenant  le  détail  des  fondations  et  anniversaires. 

204.  ln-4°,  relié  en  veau   :  Contenant  l'indication   des  remboursements  et  réapplicats 

faits.  Idem  du  trésor  et  des  morceaux  de  musique. 

205.  ln-f°,  couvert  en  toile  grise:  Contenant  d'anciens  comptes  de  recettes  et  dépenses 

suivi  d'un  exposé  des  anniversaires  et  des  services  fondés. 

206.  Petit  in-f°,  cartonné,  intitulé:  Catalogues  de  1707-1834-1844  et  1805,  des  archives 

de  l'église  N.-D.  à  Tongres. 

207.  Petit  iii-f<\  cartonné,  intitulé  :  Premier  registre  aux  délibérations,  1838  à  1851. 

208.  Petit  in-f°,  relié,  intitulé  :  Second  registre  aux  délibérations  à  partir  du  6  avril 

1851  jusqu'au. . . . 

209.  Petit  in-f°  cartonné,  intitulé:  Registre  de  correspondance,  1838  à  1866. 

DEUXIÈME  SECTION. 

Manuscrits  et  imprimés  concernant  la  liturgie ,  la  théologie  ,  etc. 

Manuscrits  1. 

I.  Évangéliairc  in-fo,  relié  en   veau,   avec  garniture  cn  cuivre,  MS  sur  velin  de 

234  feuillets,  à  2  colonnes;  écriture  du  XVe  siècle. 

II.  Antiphonaire ,  grand  in-f°  relié  en  veau,  avec  garniture  cn  cuivre  ciselé,  MS  sur 

velin  de  218  feuillets,  intitulé:  Adusum  perinsignis  Collegiatae  et  archidiaconalis 
ecclesiœ  Beatae  Marise  Virginis  oppidi  Tongr.  sumptibus  f abri  ose  anno  1738.  — 
Nicolaus  Roland  Leodius  fecit.   La  fin  manque. 

III.  Antiphonaire,  grand  iu-f°,  relié  en  veau,  avec  garniture  en  cuivre  ciselé,  MS  sur 

velin,  de  221  feuillets,  intitulé  :  Ad  usum  perinsignis  Gollegiatse  et  Archi- 
diaconalis ecclesiœ  Beata)  Mari»  Virginis  oppidi  Tongrensis  sumptibus  fabricœ , 
anno  1738  Nicolaus  Roland  Leodius  fecit.. 

IV.  Antiphonaire,  grand  in-f°  relié  en  veau,  avec  garniture  en  cuivre,  MS  sur  velin  , 

sans  titre ,  renfermant  287  feuillets ,   commençant  par  :  In  festo  bealœ  Maris 
Egyptiare  in  primis  Vesperis  ante  et  ps  fiàles;  écriture  du  XVe  siècle. 
V  .       Antiphonaire  ,  grand  in-f",  relié  en  veau  ,  avec  garniture  en  cuivre ,  MS  sur  velin, 
contenant  302  feuillets,    commençant  par  :  In  festo  beata?  Mariœ  Egypliace  in 
primis  vesperis  ant.  et  ps  fialcs;  écriture  du  XV1'  siècle. 

1  Les  quinze  premiers  numéros  ont  été  trouvés  en  184C  lors  de  la  démolition  d'un  mur  dans  la  tré- 
sorerie de  l'église. 


369 


VI.  ln-f°,  relié  en  veau  plein  ,  avec  garniture  en  cuivre  ,  MS  sur  veliu  ,  de  828  pages  , 

sans  l'index,  intitulé  :  Liber  /  Delpare/  MaternoqUe/  epIsCopo  /  saCer/  Canlans/ 
aD  aqUILaM  offICIa  /  et  MIssas  totIUs  annl  /  ConCeLebranDa  /  per  DoMInos 
VICarlos/  CLare  praetonantes/  plo  arCliIDIaConaLIs  tongrensls  In  DesIDerlo. 
Expensis  fabriese  Conscriplus  per  J.  L.  Fesljens  Tongrens. 

VII .  Graduel  sur  velin  ,  grand  in-f°,  reliure  en  bnis ,  couverture  en  veau  plein  ,  restaurée 

et  garnie  de  coins  en  cuivre.  Belle  écriture  du  XVe  siècle  (grandes  lettres  dorées , 
coloriées  et  très-omées)  575  feuillets  sans  l'index;   le  premier  feuillet  manque. 

VIII.  Graduel,  MS  sur  velin,   grand  in-f°,  reliure  en  bois,   couverture  en  veau  plein  , 

garnie  d'ornements  en  cuivre  ;  manuscrit  du  XVe  siècle  de  575  feuillets  ; 
l'index  a  été  ajouté.   Les  deux  premiers  feuillets  sont  lacérés. 

IX.  Passionnai  du  mois  de  décembre,  grand  in-f°,  relié  en  veau,  MS  sur  velin  de  282 

feuillets,   à  deux  colonnes,    commençant  par  les  mots  :  Incipit  passio  sancti 

Andrée  apostoli Écriture  du  XVe  siècle  ;  défectueux  du  titre  et  des  derniers 

feuillets.  L'index  se  trouve  à  la  page  245. 

X.  Passionnai  du  mois  de  juillet,  grand  in-f°,  relié  en  veau  plein,  MS  sur  velin  à 

deux  colonnes  de  244  feuillets  commençant  par  les  mots  :  Sermo  beati  Hieronimi 
prbi  de  assuptione  Sle  Marie  virg.  ad  Paulam  et  Eustochium  ;  écriture  du 
XVe  siècle.  L'entête ,  les  dernières  pages  et  l'index  ont  disparu.  La  reliure  en 
bois  recouvert  de  veau  et  orné  de  cabochons  en  cuivre  a  beaucoup  souffert. 

XI.  Grand  in-fo,   relié  en  veau,   avec  garniture  de  cuivre,    MS  sur  velin  intitulé  : 

Proprium  Sanctorum  ,  1 87  feuillets ,  sans  l'index  ;  écriture  du  XVIIe  siècle. 

XII.  Grand  in-fo,  relié  en  velin ,  portant  2  Octobris  :  Offieium  Angeli  Custodis  Sinister, 

1647,  10  feuillets;  écriture  du  XVIIe  siècle. 

XIII.  Grand  in-fo,  relié  en  veau,    intitulé  :  Ad  sinistram,   commençant  par  les  mots  : 

In  festui  SS.  Nois  Jesu.  15  feuillets;  écriture  du  XVIIe  siècle. 

XIV.  Grand  in-f°,  relié  en  veau  noir,  intitulé  :  Offieium  Su  Joseph.  Confessons  plis 

B  Marlae  Vlrglnls  /  tUngrensIs  fabrICœ  eXpensls  ,  /  boUrgeoIs ,  et  sCrlpsIt  et  / 
DeVoVIt,  12  feuillets;  écriture  du  XVIIIe  siècle. 

XV.  Grand  in-f°,  relié  en  veau  noir,  intitulé  :  Offieium  Scli  Joseph.  Confessons  sumptibus 

fabricœ  anno  1748  ,  12  feuillets;  écriture  du  XVIIIe  siècle. 

XVI.  Antiphonaire    en   parchemin   très-détérioré   et  tout  dépareillé  ,   commençant  au 

feuillet  99  ;  écriture  du  XVIe  siècle. 

XVII.  Graduel,  grand  in-f°,  relié  en  veau  ,  intitulé  :  Liber  canonicorum  regul.  Tungr.  ad 

usum  cantorum  A0  1706,  commençant  par  les  mots:  Venite  pro  tempore 
paschali  seu  paschate. 

XVIII.  Antiphonaire,  grand  in-folio,  relié  en  veau   avec  garniture  en  cuivre,  commen- 

çant par  :  dominica  1  Advent.  ad  primas  et  secundas  vesperas.  R.  Page  94  ; 
proprium  sanctorum  in  feslo  nativitalis  domini  ad  primas  vesperas  R.  Incomplet 
à  la  fin;  142  pages;  écriture  du  XVIIe  siècle. 
XIX  Antiphonaire,  petit  in-f°,  MS  sur  velin,  relié  en  veau  de  191  pages  intitulé  : 
P.  P.  T.  B.  D.  L.  V.  anno  1797.  Tungrensis.  Commençant  par  les  mots  : 
Salvum  me  fac.  Détérioré. 


—   370  — 

XX.  Antiphonaire  ,   pciit  inf°,  MS   sur    velin   avec  agrafes  et  coins  en   cuivre  de 

200  pages  :  liber  fcsloruni ,  sans  entête.  —  Délérioré. 

XXI.  Antiphonaire,  petit  in-f°,  MS  sur  velin  ,  relié  en  veau  de  83  feuillets,  portant  : 

In  usum  insignis  eccles.  Tungrensis  ;  sans  entête  ;  hymnes  à  la  première  page 
commençant  par  les  mots  :  Anth.  de  Dta.  Maria  Vge  decanlâda  Cora  Ymagie 
eide  ah  advetu  Dni  usq  nat.  xpi.  Orné  d'une  miniature  représentant  l'Annon- 
ciation de  la  Sle  Vierge;  XVe  siècle. 

XXII.  Petit  in-f°,   MS  sur   velin,  relié  en  veau  noir  avec    garniture  en  cuivre,  de 

85  feuillets  sur  deux  colonnes .  commençant  par  «  Ferla  secunda  ad  funtes 
collecta.  »  Écriture  du  XVe  siècle.  Plusieurs  ajoutes  ont  été  faites  en  tête.  La 
dernière  partie,  intitulée  :  Commemoratio  pro  pluribus  defunctis,  fut  ajoutée 
en  1737. 

XXIII.  Petit   in-f°,  MS   sur   velin,    relié   en    veau  noir,    de  23   feuillets   (3  feuillets 

manquent).  Antiphonaire  du  XVe  siècle.  A  la  page  24  calendriers  et  tables, 
vigiles  et  vêpres  pour  le  jour  des  morts  et  pour  les  obsèques  des  chanoines  ; 
écriture  du  XVIIe  siècle  ;  page  41 ,  calendrier  des  fêtes  mobiles  de  1669  à  1700  ; 
écriture  du  XVIIe  siècle.  In  fine  :  Fragments  extraits  de  l'obituaire  du  chapitre. 

XXIV.  In-4° ,  relié  en  veau ,  intitulé  :  Lectiones  quadragesima)  ad  usum  per  insignis  et 

archidiaconalis  ecclesiae  B  M.  V.  oppidi  Tungrensis  :  thoMas  hazeUs  VIoLInlsta 
LeoDIUs  sCr'psit.  88  pages,  incomplet;  écriture  du  XVIIIe  siècle. 

XXV.  In-f°,  broché  ,  intitulé  :  Lectiones  hebdomadae  majoris  scripsit  Nicolaus  Josephus 

Bourgeois  Poeta  Tungris  a0  1743  ,  24  pages. 

XXVI.  In-f°,  relié  en  veau  noir,  intitulé  :  Ofiicium  defunctorum  Reverendo  admod  :  Domino 

J.  Vaudenier  perinsig,  ecclesiae  collegiatae  et  archidiacon.  B.  M.  V.  Tungris 
canonico  neenon  canton  vigilantissimo  dedicatum  A°  1748. 

Pages  non  numérotées.  —  In  fine  :  Ordo  cantandi  officium  defunctorum  in 
ecclesia  Tungrensis  in  vesperis  malutinis  et  laudibus  defunctorum  in  die  animarum. 

En  1860  on  a  mis  en  tête  de  ce  vol.  un  Graduale  romanum. 

XXVII.  Oraisons,  in-4°,  relié  en  veau,  intitulé  :  feria  4*  cinerum  et  feria  5a  in  cœna 

domini  ;  68  feuillets;  écriture  du  XVIIIe  siècle  A  la  page  59  :  Benedictio  fonlis  ; 
écriture  du  XVe  siècle. 

XXVIII.  Passionnai  in-f°,  relié  en  veau  noir,  portant  imprimé  sur  la  couverture  :  Capituli 
Tungrensis  anno  1680 ;   pages   non  numérotées,  à  filets  et  tranches  dorées. 

\\l\.  Antiphonaire  in-4°,  relié  en  veau  noir,  intitulé  :  Responsoria  in  stationibus  in  medio 
templi  in  solemnioribus  Feslis  cantanda  1696.  Ad  usum  RJi  Dni  Erasmi  de 
Limbourg  canonici  Tongren  ;  pages  non  numérotées  (XVIIe  siècle). 

XXX.  Antiphonaire  in-4",  relié  en  veau  noir,  intitulé  :  In  festo  conceplionis  B.  M.  V.  ad 

primas  vesperas ;  pages  non  numérotées  (XVIIIe  siècle). 

XXXI.  ln-4°,  relié  en  veau  noir,  garni  de  petits  clous  en  argent,  intitulé  :  Officium  defunc- 

torum ad  usum  Reverendi  ad  modum  ac  amplissimi.  Dni  Mathei  Pauli  Closar 
insignis  ac  archidiaconalis  ecclesiae  Tungrensis  Decani  anno  1731.  Pages  non 
numérotées. 

XXXII.  antiphonaire  in-4°,  relié  en  veau  noir  avec  agrafes  en  argent,  47  feuillets; 
écriture  du  XVII»  siècle,  intitulé  :  In  die  nativitatis  Domini. 


—  371   — 

XXXIII.  Id.  de  47  feuillets. 

XXXIV.  1(1-8°,  relié  en  veau ,  pages  non  numérotées  :  Pièces  pro  necessitatibus  presen- 
tilius  ex  Sacra  Scriptura  et  ecclesia?  orationibus  desumptae  boUrgeols  Me 
eXaraVIt;  pHsqUe  fabrICae  qUaestorlbUs  DICaVIt. 

XXXV.  In-8°,  relié  en  veau,  pages  non  numérotées,  intitulé  :  Preces  pro  necessita- 
tibus prœsentibus  ex  Sacra  Scriptura  et  ecclesise  orationibus  desumptœ  ;  écri- 
ture du  XVIIe  siècle. 

XXXVI.  Processionnal  in-i°,  relié  en  veau  noir,  intitulé  :  In  festo  natalis  Dni.  .  .  (107 
feuillets  détériorés)  ;  écriture  du  XVIIe  siècle. 

XXXVII.  Processionnal  in-8°,  MS  sur  velin  ,  relié  en  veau  avtc  agrafes  en  cuivre, 
portant  :  Liber  Dominorum  Canonicorum  Tongrensium  ;  71  feuillets,  commen- 
çant par  :  In  die  natal  Dni  processio  fit  p.  Claustru  etc.;  écriture  du  XVe  siècle. 

XXXVIII.  Processionnal  in -8°,  MS.  sur  velin  de  167  feuillets,  relié  en  veau  avec 
agrafes  en  cuivre;  les  derniers  feuillets  sont  détériorés;  écriture  du  XVIe  siècle  ; 
commence  par  :  In  pma  dnica  advetus  Dni  ad  possessione 

XXXIX.  Passionnai  in-f°,  relié  en  veau  avec  agrafes  en  argent,  doré  sur  tranche,  pages 
non  numérotées  ,  portant  :  Ad  usum  perinsignis  eccliœ  collégiale  et  archidia- 
conalis  B.  M.  Virginis  oppidi  Tungrensis  A°  MDCCXLVII  sumptibus  fabrice 
Nicolaus  J    Bourgeois  fecit. 

XL.  Graduel  in-f°,  MS.  sur  velin  ,  relié  en  veau  noir,  de  51  pages,  portant  :  Liber  ad 
usum  perinsignis  collégiale  et  arcbidiaconalis  ecdesie  B.  M.  Virginis  oppidi 
Tungrensis  anno  MDCCXXXXII. 

XLI.        Graduel  in-f°,  relié  en  veau,  sans  entête;  très-détérioré. 


Imprimés. 

XL1I.      Iu-f0,  relié  en   veau,   avec  agrafes  en  cuivre,  intitulé  :   Epistolœ  et  Evan- 

gelia  totius  anni Autwerpiae   ex  officina   Plantiniana   Balthazaris  Moreti 

MDCLXXXVI. 

XLIII.  Petit  in-f°,  relié  en  veau  avec  agrafes  en  cuivre,  intitulé  :  Missale  ad  usum 
insignis  ecclesie  Leodiensis Anhverpie  typis  Johannis  Ruremunden  1552. 

XLIV.  In-f°,  relié  en  veau  ,  intitulé  :  Missale  Romanum  Antwerpie  ex  officina  Planti- 
niana Balthazaris  Moreti  MDCLXXXI1.  In  fine  :  Appendix  ad  missale  Romanum 
continens  varias  missas  et  commemorationes  proprias  S.  S.  dioc.  Leod.  1707. 

XLV.  In-f°,  relié  en  veau,  intitulé  :  Missale  Sacri  ordinis  predicatorum.  Parisius, 
apud  viduam  Claudii  de  Hansij  MDCCXXI. 

XL VI.     In-f°,  relié  en  veau,  intitulé:  Missale  Romanum  Antwerpie.  Détérioré. 

XL  VIL  In-4°,  relié  en  veau  et  doré  sur  tranche,  intitulé  :  Breviarium  Leodiense...  Leodii 
in  officina  typographica  Everardi  Kints  et  démentis  Plomleux  MDCCLXVI. 
Les  quatre  parties. 

XLV11I.  In-4°,  relié  en  veau,  avec  garniture  en  cuivre  et  doré  sur  tranche,  intitulé  : 


—  372   — 

Breviarium  Leodicnsc . . . .  même  édition  ,  à  la  lin  plusieurs  feuillets  MSS  , 
intitulés  :  Officia  propria  ecclesiœ  Tungrensis.  (La  pars  hiealis  manque.) 

XLIX.  In-i°,  relie  en  peau  de  chagrin  brune,  à  filets  dorés  et  doré  sur  tranche,  inti- 
tulé :  Breviarium  Leodiense même   édition.  Don  de  M.  le  chanoine  de 

Saren.  (Lapais  verna  manque.) 

L.  ln-f°,  dépareillé,  intitulé  :  Mean  observationes  et  res  judicala?.  Tome  I. 

Ll.  In-4°,   cartonné,  intitulé  :   lu  titulum  XLI ,  libri  III,  decretalium  dissertatio 

canonica  de  divinis  offieiis.  Romse  1771. 

LU.         Missel  in-fo,  dépareillé,  commençant  à  la  page  41. 

LUI.  Grand  in-fo,  reliure  en  bois,  couverture  en  veau  plein  avec  agrafes  et  coins 
en  cuivre,  intitulé  :  Bibiia  Sacra  quid  in  bac  editione  a  theologis  Lovaniensihus 
praestitum  sit  eorum  prœfatio  indicat.  Anlwerpiœ  ex  oflicina  Chrislopbori  Plan- 
tini  MDLXXX11I. 

L1V.  ln-f° ,  relié  en  veau  noir,  intitulé:  Miss;e  defunctorum  Juxta  usum  ccclesiœ 
romans.  Anlwerpiœ  ex  architypographia  Plantiniana  MDCCLIII. 

TROISIÈME  SECTION. 

Charte*,  diplômes,  bulles  et  autres  documents  sur  parchemin.  i 

1°  XIIIe  siècle. 

N°     1  .    lv208.   Dalum  in  die  béate  Lucie  Virginis  et  martyris  anno  Dni  MCC  octavo. 

Sentence  rendue  par  Marchoald  ,  archidiacre  de  Liège  et  prévôt  de  Tongres , 
contre  quelques  chanoines,  quelques  bénéficiées  et  contre  le  pléban  Nicolas , 
accusés  d'inconduite. 

Original  sur  parchemin  ;  le  sceau  est  perdu. 
N°    '2.    1271 .  —  Datum  âno  Dni  M0  CC°  LXX  primo,  feria  tertia  post  dominicain  Judica. 


1  Presque  toutes  les  chartes  dont  nous  donnons  ici  l'analyse  ont  été  transcrites  en  1598  ,  par  le 
chanoine  Henri  Salomon  dans  deux  volumes  in-folio  qui,  formaient  les  Libri  Chartarum  ecclcsiœ 
Tungrensis. 

Le  premier  volume  comprenait  la  copie  authentique  de  plus  de  100  diplômes,  etc.,  donnés  depuis 
l'année  1 104  jusqu'à  1403. 

Le  second  volume  renfermait  plus  de  300  chartes  et  se  terminait  à  l'année  1590.  C'était  le  recueil  le 
plus  complet  des  sources  concernant  le  chapitre  de  l'église  de  Tongres.  Diplômes,  huiles ,  paix  ,  sta- 
tuts ,  records ,  mandements,  conventions ,  décrets,  testaments,  nominations ,  en  un  mot  tous  les  docu- 
ments précieux  ou  utiles  s'y  trouvaient  réunis. 

Ces  cartulaires,  œuvres  de  patience,  avaient  demandé  plusieurs  années  d'un  travail  intelligent  et  soutenu 
pendant  lesquelles  le  chanoine  Henri  Salomon  avait  été  dispensé  de  toute  assistance  au  chœur  et  aux 
autres  offices  religieux  Ou  conservait  également  dans  la  librairie  de  N.-D.  (plus  tard  op  den  spiegliel) 
les  chartes  originales  ;  elles  étaient  ainsi  que  le  prouve  le  Uepertorium  dressé  en  1505  (voyez  le  n*  6 
de  la  première  section)  soigneusement  gardées  dans  des  tiroirs  (Capsuke)  numérotés  et  étiquetés. 

En  179i,  les  archives  furent  déposées  chez  le  prétre-sacristain  Antoine  Minimal  jusqu'en  1810.  Qua- 
rante chartes  échappèrent  à  la  convoitise  d'antiquaires  peu  scrupuleux.  Trente-deux  autres  furent  trans- 
portées à  Paris ,  où  elles  figurent  sous  le  n°  9209,  fonds  latin,  de  la  Bibliothèque  impériale.  Les 
précieux  cartulaires  et  beaucoup  de  chartes  tombèrent  entre  des  mains  inlidèles. 


—  373   — 

Sentence  arbitrale  rendue  par  Marchoald  prévôt  de  Tongres,  Amel  doyen 
de  St. -Denis  à  Liège  et  Peanus  chanoine  de  N.-D.  à  Tongres,  au  sujet  d'un 
différent  qui  avait  surgi  entre  le  chapitre  et  l'écolàtre  de  N.-D.  relativement  à 
la  résidence  de  ce  dernier. 

Original  sur  parchemin  avec  des  fragments  du  sceau,  avec  conlre-scel  du 
doyen  Amel  en  cire  brune  ;  les  deux  autres  sceaux  sont  perdus. 
Transcrit  dans  le  premier  cartulaire  sous  le  n°  62,  fol.  36. 
N°    3.    1284.  —  Daturn  anno  Domini  MCC  ocluagesima  quarto  feria  sexta  post  domini- 
cam  Jubilate. 

Sentence  rendue  par  Guillaume  de  Attrebalo  chanoine  do  St. -Lambert  à 
Liège,  nommé  juge  par  l'évêque  Jean ,  pour  terminer  le  différend  qui  s'était 
élevé  relativement  à  la  situation  de  l'autel  paroissial  dans  l'église  de  Tongres. 
«  L'autel  en  bois,  jadis  placé  au  milieu  de  l'église,  sera  démoli  et  la  messe 
»  paroissiale  sera  dite  désormais  à  l'autel  établi  par  l'écolàtre  Régnier  à 
»  droite  du  chœur.  » 

Original  sur  parchemin  ,  le  sceau  est  enlevé. 
Transcrit  dans  le  premier  cartulaire  sous  le  n0  68,  fol.  44. 

2o  XIVe  siècle. 

No    4.   1307.—  Anno  nativitatis  Domini  M°CCC°  Septimo  indictioue  quinta  IX  Kal. 
Augusti  Pontificatus  Dni  Clementis  pape  V1'  anno  secundo. 

Décision  du  prévôt  Albert  Codolus  accordant  à  la  fabrique  le  revenu  de  la 
seconde  année  de  grâce  de  toute  prébende  cannoniale  qui  viendra  à  vaquer 
pendant  les  trente  années  suivantes,  afin  de  l'aider  dans  l'achèvement  de  la 
construction  du  temple. 

Original  sur  parchemin  avec  paraphe  et  signature  du  pléban  Guillaume, 
les  deux  sceaux  pendant  à  des  bandes  de  parchemin  sont  enlevés. 
Transcrit  dans  le  premier  cartulaire,  sous  le  n°  75,  fol.  60. 
N°    5.   1348.  —  Acta  fuerunt  hœc  Tongris  in  Capilulo  ecclie  Ble  Marie  predicte  sub 
anno  nativitatis  ejusdem  domini  millesimo    tricentesimo  quadringentesimo  oc- 
tavo.  Indiclione  prima  mensis  novembiis  die  VIII. 

Instrument  notarié  dressé  par  Arnold  Rufi  de  Tongres,  constatant  que  le 
doyen,  le  chapitre  et  les  bénéficiera  ont  remis  à  six  arbitres  la  solution  de  quel- 
ques différends  qui  s'étaient  élevés  entre  eux. 

Original  sur  parchemin  revêtu  de  la  signature  dudit  notaire  et  muni 
de  son  paraphe. 
Transcrit  dans  le  premier  cartulaire,  sous  le  n°  114,  fol.  117. 
No    6.   1353.  —  Acta  fuerunt  hase  Leodii  in  hospitio  habitationis  dicti  dni  Pbilippi  ao 
nat.  Dni  millo  CCC°  quinquagesimo  tertio. 

Instrument  notarié  passé  par  devant  Guillaume  dit  de  Gembloux,  notaire  im- 
périal et  clerc  du  diocèse  de  Liège,  constatant  la  transaction  faite  entre  le  doyen 
et  le  chapitre  d'une  part  et  le  prévôt  de  l'autre  au  sujet  des  oblations  faites 


—  374.  — 

par  divers  chrétiens  devant  un  vieux  crucifix  placé  vis-à-vis  de  la  table  dite 
de  la  fabrique. 

Original  sur  parchemin  ,  revêtu  de  la  signature  et  du  paraphe  du  notaire, 
de  l'approbation  du  prévôt,  du  doyen  et  du  chapitre  de  l'église  de  Tongres 
ainsi  que  de  celles  d'Englebprt  évêque  de  Liège ,  du  vice-doyen  et  du 
chapitre  de  St. -Lambert ,  muni  du  scel  en  cire  rouge  du  prévôt  Ange  de 
Filys-Ursi  et  du  scel  et  du  contre-scel  du  chapitre  de  Tongres.  Le  sceau 
de  l'évoque  et  celui  du  chapitre  de  St. -Lambert  manquent. 
Transcrit  dans  le  premier  carlulaire  de  l'église  sous  le  n°  119,  f°  1"23. 
N"     7.   1355.  —  Datum  anno  a  nativitate  Dni  millésime  tricentesirao  quioquagesimo 
quinto  mensis  Junij  die  décima  seplima. 

Ordonnance  rendue  par  le  chapitre  de  N.-D.  et  relative  à  la  perception 
des  revenus  échus  et  des  arriérés  du  dit  chapitre. 

Original   sur   parchemin   muni  d'un  fragment   du   scel   du    chapitre 
pendant  à  une  double  queue  de  parchemin. 
N°     8.   1359.  —  Anno  a  nat.  Dni  millio   CCO  quinquagesimo  nono  indictione   duo- 
decima  mensis  februarij  die  vicesima  tertia  hora  summe  misse  decantate. 

Instrument  notarié  dressé  par  Nicolas  dit  le  Pevreis  de  Sombreffe  notaire 
impérial  et  de  la  cour  de  Liège ,  clerc  du  dit  diocèse  ,  constatant  la  pro- 
testation faite  par  le  chapitre  de  Tongres  contre  la  nomination  de  Jacques 
de  Visschel  que  Ange  de  Filys-Ursi  prévôt  de  Tongres,  d'après  le  conseil  du 
chanoine  deNoithof,  venait  dénommer  recteur  du  béguinage  de  Tongres.  Le 
chapitre  avait  nommé  Walter  de  Cortenaken  ,  en  remplacement  de  Jacques 
de  Gunia  décédé. 

Original  sur  parchemin  revêtu  de  la  signature  et  du  paraphe  du  notaire. 
Transcrit  dans  le  premier  cartulaire  sous  le  N°  125,  fol.  130. 
N°     9.    1371.  —  Anno  a  nativitate  Dni  millésime  tricentesimo  septuagesimo   prmo. 
Indictione  nona  mensis  octobris  die  penultima. 

Instrument  notarié,  dressé  par  le  notaire  Nicolas  clerc  du  diocèse  de  Liège, 
constatant  la  sentence  arbitrale  prononcée  par  Antoine  de  Fies  et  Martin 
Benty  au  sujet  de  difficultés  survenues  entre  le  prévôt  et  la  fabrique  de 
l'église  de  Tongres ,  relativement  aux  droits  respectifs  des  adversaires  et  à 
certaines  charges  à  supporter  par  l'une  ou  l'autre  des  deux  parties. 

Original  sur    parchemin    revêtu    de   la  signature   et   du   paraphe  du 
notaire   de  même  que   du  vidimus  du  prévôt  Renard  de  I'ypemo  du 
doyen    et    du  chapitre    de    l'église    N.-D.    Les  quatre  sceaux    qui   y 
pendaient  sont  enlevés. 
Transcrit  dans  le  premier  cartulaire,  sous  le  n°  113,  fol.    164. 
Nu  10.   137i.  —  Acta  fuerunt  liée  in  capitulo  eclesie  béate  Marie  Tungrcnsis ,  anno 
a   nativitate   domini   millésime   tricentesimo  septuagesimo   quarto  indictione 
duodecima  mensis  Junij  die  décima  septima. 

Instrument  notarié  dressé  par  Nicolas  dit  Beerken  ,  notaire  impérial  et  de 
la  cour  de  Liège  et  du  diacre  du  même  diocèse,  relatant  une  sentence  arbitrale 


—  375  — 

portée  par  Guillaume  Je  Hernario  chanoine  ,  Jean  Daniel  Déballe  et  Régnier 
son  frère,  touchant  quelques  terres  appartenant  à  l'église  de  N.-D. 

Original  sur  parchemin  avec  la  signature  et  le  paraphe  du  notaire  de 
même  qu'avec  le  vidimus  des  arbitres. 
Les  deux  sceaux  sont  enlevés. 
N°  11  .  1830.  —  Anno  a  nativitate  Domini  millesimo  tricentesimo  octuagesimo  mensis 
Julij  die  undecima. 

Instrument  notarié  dressé  par  Gilles  Anima  de  Tongres,  notaire  impérial 
et  de  la  cour  de  Liège,  portant  déclaration  que  devant  le  chapitre  de  N.-D. 
sont  comparus  :  les  jurés  et  le  conseil  de  la  ville,  les  recteurs  et  les  mambours 
de  la  chapelle  de  St. -Jean  et  de  St. -Nicolas  d'une  part,  elle  pléban  Jean  Ave 
Maria  d'autre  part  ,  que  les  premiers  ont  reconnu  et  déclaré  que  de  temps 
immémorial  le  service  divin  se  faisait  journellement  dans  l'église  de  St.-Nicolas 
et  dans  celle  de  St. -Jean  et  que  le  vice-doyen  et  le  chapitre  ordonnèrent  de 
continuer  régulièrement  le  service. 

Original  sur  parchemin  revêtu  de  la  signature  et  du  paragraphe  du 
dit  notaire. 

Le  sceau  est  enlevé. 
Transcrit  dans  le  premier  cartulaire  ,  fo  284. 
N°  12.  1390.  —  Anno  a  nativitate  domini  millesimo   tricentesimo  nonagesimo  feria 
quarta  post  festum  beati  luce  evangeliste. 

Instrument  notarié  dressé  par  Guillaume  Abbatis  de  Tongres ,  clerc  du 
diocèse  de  Liège  et  notaire  impérial,  constatant  la  défense  faite  par  le  chapitre 
de  Tongres  d'écrire  dans  les  livres  appartenant  à  ladite  église. 

Original  sur  parchemin   revêtu   de  la  signature  et  du   paraphe  du 
dit  notaire. 
Le  sceau  est  enlevé. 
Transcrit  dans  le  premier  cartulaire  sous  le  nu  159,  fo  203. 
N°  13.  1396.  —  Gbeschiet  tôt  Werrae  in  den  Jare  ons  heren  gheboerte  dusent  drie 
hondert  sesse  ende  neghentich  des  vyf  ende  twintichste  dags  van  Junio. 

Accord  passé  entre  Gilles  Heze  écoutête  ,  Guillaume  van  Vriherme ,  Jean 
Van  Lichtvelt  ,  Pierre  Horremont ,  Guillaume  Cleynen  de  Hoesselt ,  Jean 
Jacobs ,  Godenart  Van  Werme  et  Jean  Swogher,  échevins  de  la  cour  de 
justice  de  Werme  tenu  par  le  seigneur  Henri  Marchéal  ,  seigneur  de 
Auvilgen  en  Condroz  et  de  Werme,  chevalier  de  Werme,  d'une  part  et 
M.  Gérard  Van  Heer,  chanoine  de  Tongres,  au  nom  du  chapitre  de  N.-D. 
d'autre  part  :  Henri  Marchéal  s'engage  à  payer  au  chapitre  les  cens  , 
rentes  et  dîmes  des  biens  de  Harlingen  possédés  par  ledit  chapitre. 
Original  sur  parchemin.  Trois  sceaux  enlevés. 
Transcrit  dans  le  premier  cartulaire  sous  le  n°  108,  fol.  109. 

3°  XVe  siècle. 
N°   14.   1403.   —  Anno    a    nativitate    Domini    millesimo    quadringentesimo    tertio, 


376 


indictione  secundura  stilum  curie  Lcodien.  undecima  ;  mensis  decembris  die 
décima  nctava. 

Ordonnance  rendue  par  le  chapitre  de  Tongres  concernant  la  nomination 
d'un  nouveau  doyen  en  remplacement  de  Radulphe  de  Rivo  ,  décédé. 

Original  sur  parchemin  avec  signature  et  paraphe  du  notaire  Guillaume 
dit  Ahatis  de  Tongres  :  le  sceau  qui   pendait  à  une  double  queue  de 
parchemin  est  perdu. 
Transcrit  dans  le  deuxième  cartulaire  sous  le  n°  2,  fol.  1  p.  2. 
N°   15.   1404.  —  Datum  et  actum  Tungris   in  aula  domus  claustralis  bonorabilis  viri 
domini  Walteri  de  Malle  canonici  ecclesie  béate   Marie  Tungrensis  predicte. 
Anno  a  nalivitate  Domini  millésime-  quadringentesimo  quarto  indictione  duode- 
cima  die  quarta  mensis  octobris  hora  post  summam  missam  in  dicta  ecclesia 
Tungrensi  decantatam. 

Provision  de  Gérard  de  Heers  au  doyenné  de  Tongres;  cette  provision 
fut  donnée  sur  la  demande  du  pape  Boniface  ta  Gérard  fils  naturel  de  Gérard, 
seigneur  de  Heers,  licencié  es  lois,  chanoine-diacre  de  Notre-Dame  et 
recteur  de  la  chapelle  de  Binderveld  ,  malgré  les  instances  de  Nicolas  Burin 
licencié    es  lois  et  doyen  de  l'église  de  N.-D.  à  Huy. 

Original  sur  parchemin  avec  signalure  et  paraphe  du  notaire  Guillaume  ; 
le  sceau  est  enlevé. 
N°  16.    1424.  —Anno  Domino  millésime  quadringentesimo  vicesimo  quarto  mensis  Julij 
diè  décima  septima. 

Lettres  par  lesquelles  les  chanoines  réguliers  de  l'hospice  fondé  par  Richard 
de  Luyke  constituent  une  rente  perpétuelle  d'une  mesure  de  seigle  à 
payer  chaque  année  au  pléban  de  Tongres ,  le  jour  de  la  fête  de  la  Purifica- 
tion de  la  Sainte  Vierge  pour  lui  tenir  lieu  des  oblations  qu'on  faisait  lors 
des  enterrements  dans  ledit  couvent. 

Original  sur  parchemin  ,  traces  du   sceau  des  chanoines  réguliers  et 
grand  sceau  de  la  ville  de  Tongres  en  cire  brune. 
Le  sceau  du  pléban  Jean  Coen  manque. 
Transcrit  dans  le  deuxième  cartulaire  sous  le  n°  36,  f°  24. 
N°  17 .   1435. —  Anno  a  nalivitate  Domini  quadringentesimo  tricentesimo  quinto,  indictione 
décima  tercia  mensis  Junij  diè  tercia  hora  slalim  post  summam  missam  in 
ecclesia  Leodiensi  decatantam. 

Instrument  notarié  dressé  par  Woulghcrus  de  Rosele  de  Turnhout ,  clerc 
du  diocèse  de  Cambrai ,  notaire  impérial  de  la  cour  de  Liège ,  constatant 
l'accord  fait  entre  Théodore  Batcnsoen  écolâtre,  Libert  de  Corswarem  chantre, 
au  nom  du  chapitre  de  Tongres  d'une  part ,  et  Henri  de  Houtcn  de  Lens-sur- 
Gcer ,  Jean  Volsamque  de. ...  ,  Jacques  de  Gerenvilhe  et  Collard  d'Ammely 
île  Birgeley  ,  d'autre  part,-  au  sujet  des  oblations  à  faire  chaque  année  dans 
l'église  de  Tongres,  le  jour  de  la  Pentecôte. 

Original  sur  parchemin  avec  la  signature  et  le  paraphe  du  notaire  de 
Rosele. 
Transcrit  dans  le  deuxième  cartulaire,  sous  le  n°  GO,  f°56. 


—  377  — 

N°  18.  1441 .  —  Anno  a  nativitate  Domini ,  millésime»  emadringentesimo  quadragesimo 
primo ,  indictione  quinta  die  deçjnia  nona  mensis  Octobris. 

Acte  notarié  dressé"  par  le  notaire  Gisbert  de  Brochuyse  de  Urdinge,  clerc 
du  diocèse  de  Cologne  et  notaire  impérial,  constatant  la  garantie  donnée  au  cha- 
pitre deïongrespar  Jean  de  Waclitendonrk  prévôt  de  Cologne,  pour  le  paye- 
ment des  frais  que  pourrait  occasionner  sa  nomination  au  canonicat  vacant 
dans  l'église  de  Tongres. 

Original  sur  parchemin  avec  signature  et  paraphe  du  notaire. 
Transcrit  dans  le  deuxième  cartulaire  sous  le  n°  75,  f°  73. 
N'o  I8bisl444..  —  Dat.  Rome  apud  sanctum  petrum  anno  incarnalionis  dominice  mille- 
simo  quadringentesimo  quadragesimo  quarto. 

Bulle  du  pape  Eugène  IV  accordant  au  chapitre  la  faculté  de  réunir 
en  un  seul  bénéfice,  à  cause  du  peu  de  revenus  de  la  fondation  et  de  la 
difficulté  de  trouver  des  bénéficiers  capables,  les  fondations  du  saint  Sauveur  et 
de  la  sainte  Vierge  dans  la  chapelle  de  Merlemont  à  celles  de  saint  Pierre 
et  saint  Paul ,  de  saint  Lambert ,  de  sainte  Anne  et  de  saint  Servais. 

Original  sur  parchemin  ;  plomb  pendant  à  un  cordon  en  soie  rouge 
et  jaune  portant  à  l'avers  tEugenius  PP.  IV  et  au  revers  deux  têtes  avec 
la  suscriptiou  SPASPE. 
Transcrit  dans  le  deuxième  cartulaire  sous  le  n°  84,  f°  8"2. 
N°  19.   1452.  Datum  Rome  apud  sanctum  Petrum  anno  Incarnalionis  Domini  millesimo 
quadringentesimo  quinquagesimo  secundo  quinte»  nonnarum  Octobris  Pontifi- 
catus  nostri  anno  sexto. 

Bulle  du  pape  Nicolas ,  accordant  à  Herman  Zamien ,  Recteur  de 
l'autel  de  saint  Jean-Évangéliste  le  rectorat  de  l'église  de  St. -Martin 
à  Veustherck. 

Original  sur  parchemin  en  mauvais  état,  le  sceau  est  enlevé. 
N°  20.   1458.  —  Geschiet  int  jaer  der  Saliger  geboerte  ons  hère  Jesu  Christi  dusent 
vier  hundert  ende  vyftich  ende  acht  in  die  maent  van  februario  sies  daech. 
Lettres  de  l'écoulête  et  des  échevins  delà  cour  de  Herck  près  de  Colmont, 
constatant  l'acquisition  d'une  rente  de  sept  mesures  de  seigle  faite  par  Chré- 
tien Roberts  ,  au  nom  des  chapelains  de  Tongres ,  de  Henri  Mont  de  Koelmont. 
Original  sur  parchemin  avec  deux  fragments  de  sceau;  les  cinq  autres 
sont  enlevés. 
N°  21.  1476.  —  Int  joir  dusent   vierhondert   ende  zes   ent  seventich  den  negge  en 
twynticlisten  daechs  in  novembry. 

Lettres  des  jurés  et  tenants  delà  cour  censale  du  chapitre  à  Widoie ,  con- 
statant l'acquisition  faite  par  Henri  Alphurus  et  Jean  Vantricht  chapelains  de 
Tongres  au  nom  des  bénéficiers ,  d'une  rente  d'une  mesure  de  seigle  affectée 
sur  une  maison  et  courtil  situé  sous  la  juridiction  de  Widoie ,  et  appartenant 
à  Guillaume  Marcelys,  fabricant  de  drap  et  habitant  de  Tongres. 
Original  sur  parchemin  ;  les  sept  sceaux  sont  enlevés. 

XXIX  XXII  24 


—  378  — 

No  22.  1°  1471.  —  Anno  a  nativitate  domini  millesimo  quadringentesimo  septuagesimo 
primo  mensis  Januarij  die  vicesima  quarta. 

Lettres  du  doyen  et  du  chapitre  de  N.-D.  approuvant  la  fondation  d'un 
bénéfice  dans  l'église  de  St.-Nicolas,  faite  par  Mabilie  veuve  de  Jean  Tels  et 
autorisant  la  consécration  de  l'autel  sous  l'invocation  de  la  sainte  Vierge  et  de 
saint  Nicolas,  à  condition  d'\  affecter  un  revenu  de  cinq  muids  de  seigle, 
mesure  de  Tongres.  Le  recteur  de  son  coté  était  obligé  de  célébrer  trois 
messes  par  semaine  pour  le  repos  de  l'âme  de  la  fondatrice  et  de  son  mari. 
Original  sur  parchemin. 
2°  14-71.  —  Anno  a  nativitate  domini  millesimo  quadringentesimo  septuagesimo 
primo  mensis  januarij  die  vicesima  septima 

Lettres  du  pléban  Jean  Boten  par  lesquelles  il  reconnaît  à  Mabilie  veuve  de 
Jean  Tels  le  droit  de  nommer  les  trois  premiers  bénéficiers  de  l'autel  de 
St.-Nicolas  qu'elle  venait  de  fonder  dans  l'église  de  St.-Nicolas  à  Tongres. 
Original  sur  parchemin  avec  la  signature  du  pléban  ;  le  sceau  qui  réunis- 
sait les  deux  pièces  est  enlevé. 
3°  1471.  —  Anno  a  nativitate   domini  millesimo  quadringentesimo  septuage- 
simo primo  mensis  martij  die  undecima. 

Attestation  donnée  par  Jean,  évêque  de  liber  iensem,  constatant  qu'il  a  con- 
sacré l'autel  et  qu'il  l'a  dédié  à  la  sainte  Vierge  et  à  saint  Nicolas. 
Original  sur  parchemin  ;  le  sceau  est  enlevé. 
No  221,is.    1475.  —  Anno  a  nativitate  domini  millesimo  quadringentesimo  septuagesimo 
quinto  die  vero  secunda  mensis  martij. 

Bulle  de  Guillermus  cardinal  et  évêque  d'Ostie,  Philippe  cardinal  et  évêque 
de  Poitiers ,  Ange  évêque  de  Prénesle ,  Marc  cardinal  de  saint  Marc , 
Baptiste  de  sainte  Anastasie,  Olivier  de  saint  Eusèbe ,  Etienne  de  saint 
Adrien,  Philippe  de  saint  Pierre  et  de  saint  Marcelin,  etc..  accordant, 
à  la  demande  de  la  confrérie  de  Sainte-Barbe ,  de  son  recteur  Egide  de 
Hamme  et  du  prévôt  Laurent  Hugo  d'Elderen ,  une  indulgence  de  cent  jours 
à  ceux  qui  visiteront  la  chapelle  de  Sainte-Barbe  ,  les  jours  de  sa  fête ,  celui  de 
l'assomption  de  la  sainte  Vierge ,  le  dimanche  après  la  fête  de  la  dédicace 
de  l'église ,  le  jour  de  la  fête  de  St.-Laurent  et  de  Sl0-Catherine.  Cette 
indulgence  était  accordée  afin  d'aider  la  confrérie  dans  la  réparation ,  l'entretien, 
etc.  ,  de  la  dite  chapelle  et  des  ornements  religieux  nécessaires  à  la  célébration 
du  culte  '. 

Original  sur  parchemin  ;  les  sept  sceaux  sont  enlevés. 

1  Nous  donnons  ci-joint  le  calque  réduit  à  la  moitié  de  sa  grandeur  du  mut  Guillermus  dont  la  pre- 
mière lettre  tourneurc  est  formée  d'enroulements,  de  feuilles  et  de  fleurs  réunies  par  des  lignes  capricieu- 
sement disposées. 

Cette  lettre  sert  de  cadre  à  une  miniature  représentant  la  face  du  Christ  entourée  d'un  nimbe 
crucifère  Le  trait  n'est  plus  tracé  à  la  plume  mais  remplacé  par  une  bande  noire  :  au  reste  le  XV  siècle 
•■si  l'époque  l'a  plus  brillante  de  l'histoire  de  la  miniature.  «  Il  semble  ,  dit  M.  Durieux  dans  son  mémoire 
sur  les  Miniatures  de  Cambrai ,  que  le  moyen  âge  agonisant  ait  épuisé  tout  ce  qui  lui  restait  d'origi- 
nalité, de  génie  même,  pour  varier  les  ornements  dont  il  a  décoré  les  manuscrits.  »  Les  couleurs  les  plus 


—  379  — 

N°  23.  1477.  —  In  den  joer  ons  heren  Jesu-Christi  dusent  vier  hondert  seven  ende 
seventich. 

Lettres  des  tenants-jurés  de  la  cour  censale  appartenant  à  Damoiseau 
Goswin  van  Widoe  constatant  l'acquisition  faite  par  Walter  Pruymaerts, 
chapelain  de  l'église  de  N.-D.  d'une  rente  de  quatre  mesures  de  seigle 
de  Guillaume  Bausmans ,  fils  d'Arnold  Bausmans  de  Pirange  et  de  son 
fils  Arnold  Bausmans,  assisté  de  son  tuteur  Jean  Reys 
Original  sur  parchemin  ;  les  sept  sceaux  sont,  enlevés. 
N°  24.  1490.  Datum  anno  a  nativitate    domini  millesimo  quadrigentesimo  nonagesimo 
mensis  augustij  die  vicesima  quarta. 

Lettres  de  Jean  de  Homes ,  évoque  de  Liège,  approuvant  la  fondation 
faite  par  Jacques  Guldevoet,  Tilman  de  Clivis  et  par  d'autres  pieuses 
personnes  du  bénéfice  de  St.-Michel ,  archange  ,  dans  l'église  de  St. -Jean 
à  Tongres. 

Original  sur  parchemin  avec  signature  de  Coitenbach  ;  le  sceau   est 
enlevé. 
Transcrit  dans  le  premier  cartulaire  sous  le  n°  16°  f°  250. 
N°  25.   1494.  —   Datum  Rome    apud  sar.ctum  petrum  anno  Incarnationis  dominice 
millesimo  quadringentesimo  nonagesimo  quarto. 

Bulle   du  pape  Alexandre  aux  abbés   de  St. -Laurent  à  Liège  et  de 

Ste.-Gertrude  à  Louvain  et  au  doyen  de  N.-D.  à  Aix-la-Chapelle,  par 

laquelle  il  les  nomme  juges  afin  de  terminer  le  procès  qui  s'était  élevé 

entre  le  chapitre  de  N.-D.  et  l'écolàtre  Jean  Billiton ,  relatif  à  la  résidence 

et  aux  charges  de  ce  dernier. 

Original  sur  parchemin  avec  vidimus  du  notaire;  le  sceau  est  enlevé. 

N°  26.  1492.  —   Anno  a  nativitate  domini  millesimo  quadringentesimo  nonagesimo 

secundo  mensis  februarij  die  vicesima  quarta. 

Lettres  du  chapitre  de  N.-D.  confirmant,  l'accord  fait  entre  le 
pléban  Jean  Boten  et  les  chanoines  réguliers  de  Tongres  qui  s'étaient 
engagés  à  payer  annuellement  le  jour  de  la  St. -Etienne  deux  chapons 
au  chapitre. 


chatoyantes  s'étalent  à  l'envie  sur  les  rinceaux  multicolores  qui  forment  la  lettre  principale  ;  le  lapis 
lazuli ,  le  carmin  d'Orient  et  le  vert  de  sinople  ne  le  cèdent  en  rien  à  l'éclat  de  l'or. 

Les  autres  lettres  onciales  du  mot  Guillermus  sont  peintes  alternativement  en  bleu  ou  dorées. 

Par  un  singulier  caprice  d'artiste,  particulier  aux  types  conventionnels  des  traditions  byzantines,  la  face 
de  l'Homme-Dieu  est  modelée  par  de  larges  demi-teintes  noires  et  par  des  ombres  légères  tracées  en 
blanc. 

Sur  la  même  charte  se  trouve  une  miniature  représentant  sainte  Barbe  revêtue  d'une  robe  d'azur  et  d'un 
manteau  de  pourpre  doublé  de  siuople.  Dans  la  main  gauche  elle  porte  un  livre  et  de  la  droite  elle  sou- 
tient une  tour.  Le  manteau  d'une  grande  ténuité  de  couleur  et  dont  les  plis  parallèles  ne  manquent  pas 
de  grâce  et  de  légèreté  est  seul  achevé  ;  le  reste  n'est  qu'ébauché  et  a  subi  une  retouche  au  trait  noir. 

Comme  d'habitude  l'habile  imagier  a  négligé  de  signer  son  œuvre  ;  c'est  du  reste  selon  toute  pro- 
babilité le  factum  d'un  enlumineur  attaché  à  la  chancellerie  papale. 


—  380  — 

Ils  s'étaient  engagés  en  outre  à  n'enterrer  aucun  habitant  de  la  ville 
dans  leur  cimetière  sans  avoir  payé  les  droits  dus  de  ce  chef  à  l'église 
de  N.-D. 

Original  sur  parchemin  ;  deux  sceaux  enlevés  (détérioré). 

Transcrit  dans  le  deuxième  cartulaire  f°  167. 
N°  27.    1491.   —  Datum  sic  et  actum  in  monasterio  nostro  in  aula  alla  sub  anno  a 
nativilate  domini  millesimo  fpjadringentesimo  nonagesimo  quarto  indic- 
tione   duodecima  die    vero  Martis  décima  nona  mensis  augusti  hora 
vesperorum  vel  quasi. 

Acte  dressé  par  Nicolas  Marchant ,  notaire  apostolique  et  impérial , 
constatant  la  décision  portée  par  Bartholomé  de  Longo-Campo,  abbé 
de  St-Laurent  à  Liège,  par  l'abbé  de  Ste-Gerlrude  à  Louvain  et  par 
le  doyen  d'Aix-la-Chapelle  nommés  juges  par  le  pape  Alexandre  VI 
pour  te'rminer  le  différend  qui  s'était  élevé  entre  le  chapitre  de  Tongres 
et  Jean  Billiton,  écolatre  de  cette  église.  Ils  ordonnent  à  ce  dernier  de 
résider  dans  ia  paroisse  de  Tongres  et  de  payer  les  droits  de  sa  charge. 

Original  sur  parchemin  avec   signature  et  paraphe  du  notaire.  Un 

sceau  enlevé. 
•  Transcrit  dans  le  deuxième  cartulaire  sous  le  n°  165  f°.  173. 
N°  28     1495,  —  Datum  anno  a  nativitate  domini  millesimo  quadringentesimo  nonage- 
simo quinto  mensis  maij  die  vero  vicesima. 

Nouvelle  sentence  rendue  par  les  mêmes  et  confirmant  celle  du 
19  août  1494. 

Original  sur  parchemin  avec  signature  de  Nicolas  de  Virgine ,  notaire. 
Le  sceau  pendant  à  une  queue  de  parchemin  est  enlevé. 
Transcrit  dans  le  deuxième  cartulaire  sous  le  n°  166  ,  fol.  175. 
N"  29.   Sans  lieu  ni  date. 

Page  en  parchemin  ,  écriture  du  XVe  siècle  ,  faisant  partie  d'un  registre 
terrier  et  indiquant  les  terres  du  chapitre  de  Tongies,  situées  dans  la 
campagne  de  Widoie. 

Transcrit  dans  le  deuxième  cartulaire  sous  le  n»  20,  fol.  21 . 


-1°.  —  XVI"  siècle. 

v  30.    1545,   Datum  ex  Civilate  Noslra  Leodiensi  anno  domini  millesimo  quingentesimo 
quadragesimo  quinto  mfmsis  decembris  die  duodecima. 

Lettres  de  l'évêque  Georges  d'Autriche  nommant  Gilles  Dumonts,  prêtre 
du  diocèse  de  Cambrai,  chanoine  de  la  collégiale  de  Sle-Croix  à  Liège. 
Original  sur  parchemin  avec  signature  du  prince-évêque  Georges  et 
vidimus  du  secrétaire  Weert;  le  sceau  manque. 


—  381  — 

5°.  —  XVWe  siècle. 

N"  31.1680. —  Datura  in   civitate  nostra  Leodiensi  sub  signatura  viearij  nostri   in 
spiritualibus  generalis  pti  et  sigillo  nostro  solito  ,  hac  quinta  Julij  1G80. 

Lettres  de  Maximilien-Henri  de  Bavière ,  prince-évêque  de  Liège  au 
pléban  Daniel  Peeters  pour  lui  recommander ,  à  cause  des  nombreuses 
occupations  du  vicaire-général  Ernest  de  Surlet,  de  visiter  le  couvent  de 
Ste-Claire  à  Tongres  et  pour  lui  permettre  l'accès  de  ce  couvent  aussi 
souvent  que  cela  sera  nécessaire,  à  condition  d'envoyer  au  vicaire  pré- 
nommé la  relation  écrite  de  sa  visite. 

Original  sur  papier  avec  signature  du  vicaire  -général  baron  de  Surlet. 
Le  sceau  manque. 

6°.  -  XVIII»  siècle. 

N"  32. 1702.  —  Datum  Rome  in  Curia  innocentiana  hac  die  19  julij  1702. 

Lettres  de  Charles  de  Mannis  protonolaire  apostolique  référendaire  à  la 

cour  de  Rome,  accordant  à  Daniel  Peetersune  remise  de  quatre  mois  pour 

se  défendre  contre  Nicolas  Creir,  nommé  comme  lui  pléban  de  Tongres. 

Original  sur  parchemin   avec,  signature  de  Charles  de   Mannis  ;   le 

sceau  manque. 

N"  33.  —  1730.  Anno  Domini  xvijc  trigesimo  mensis  januarij  die  vigesima  quarta. 

Lettres  de  Michel  Clercx,  archidiacre  de  la  Hesbaie  ,  nommant  Renier 

Van  Herck,  marguillier,   vicaire  et  desservant  de  la  messe  du  matin 

dans  l'église  de  Grand  -Jamine.  Les  charges  en  avaient  été  remplies  par 

Sébastien  Barlholeyns ,   curé  de  Grand-Jamine ,    depuis  le  départ  de 

Vincent  Motmans. 

Original  sur  papier  avec  signature  de  M.  Clercx,   de   G.  Stevart , 

secrétaire  ,  et  de  Ch.  Frésart  ,  notaire  ,  avec  la  constatation  par  le  curé 

S.  Bartholeyns  que  Marcel  Bartholeyns  a  pris  possession  du  dit  bénéfice 

le  9  févriei  1730  au  nom  de  Renier  Van  Herck  ;  le  sceau  manque. 

N"  31.    1758.  —  Datum  Rome  apud  S.  Mariam  Majorem  sub  annulo  Piscatoris  die 

XV11I  julij  MDCCLVI1I  pontificatis  nostri  anno  primo. 

Bulle  du  pape  Clément  XIII ,  établissant  l'autel  de  la  Ste. -Croix  , 
situé  dans  l'église  de  N.-D.  à  Tongres  comme  autel  privilégié  et  y 
attachant  des  indulgences  spéciales. 

Original  sur  parchemin  avec  signature  de  Ed.  Stoupy,  vicaire-général 
et  de  J.  Horius. 
N°  35.   1764.  —  Datum  Rome  apud  Sanctam  Mariam  Majorem  decimo  kalendas  marti 
anno  sexto. 

Certificat  délivré  par  Jean-Baptiste  Denis,  secrétaire,  constatant  que  Léo- 
nard Bottin ,  prêtre  du  diocèse  de  Liège,  a  obtenu  le  bénéiice  fondé  sous 
l'invocation  de  la  chaire  de  St. -Pierre  dans  l'église  de  N.-D.  à  Tongres. 

Original  sur  papier;  sceau  et  signature  dudit  secrétaire  avec  la  signi- 
fication faite  au  chapitre  de  Tongres  par  J.  Moreau,  secrétaire. 


—  382  — 

N°  36.   1766.—  Datum  Rome  apud  S.  Mariam  Majorem  sub  annulo  Piscatoris  die  XII 
septembris  MDCCLXV1  pontificatis  nostii  anno  nono. 
Bulle   du    pape    Clément    XIII ,  prorogeant  de  six  mois  la  nomination  de 
Renier  Van  Ikrck ,  comme  pléban  de  Tongres ,  afin  de  faire  connaître  la 
démission  donnée  par  le  pléban  Renier  Van  Herck,  oncle  du  postulant. 
Original  sur  parchemin  avec  signature  de  Pofficial  Briinner;  le  sceau 
est  enlevé. 
No  37.  1771.  —  Datum  sub  signatura  et  sigillo  nostro  praesentibus  sub  imprcsso,  sub 
anno  a   nalivitate  Domini   millesimo   seplingentesimo    septuagesimo  primo 
mensis  aprilis  die  vicesima  tertia. 

Permission    accordée    par  Gaspard-Lambert  Clercx ,   prévôt  de  Liège,  à 
Arnold  Gilson  de  Tongres  d'épouser  Thérèse  Bensdal  de  Liège. 
Original  sur  papier  avec  signature  de  Lambert  Clercx. 
N°  J77G.  —  Veneris  die  19a  aprilis  1776. 

Ordonnance  rendue  par  le  doyen  du  chapitre ,  de  célébrer  le  Jubilé  uni- 
versel accordé  par  Pie  VI,  le  28  avril  1776,  et  de  faire  des  processions. 
Original  sur  papier,  avec  signature  du  secrétaire  P.  S.  Winckelsels. 

QUATRIÈME   SECTION. 

LIASSES. 

Nous  eussions  désiré  terminer  le  classement  des  archives  de 
l'église ,  qui  se  trouvaient  dans  le  plus  grand  désordre ,  mais  le 
temps  nous  a  manqué. 

Parmi  les  liasses  dont  le  classement  est  achevé,  il  s'en  trouve 
une  portant  au  dos  :  Matrimonia  solemnizata  Tungris  ab  anno 
1567-1G36;  quatorze  liasses  de  testaments ,  conventions,  con- 
trats, etc.,  dressés  par  les  plébans  et  subplébans  depuis  l'année 
1630  jusqu'en  1794- ;  une  liasse  relative  à  un  procès  soutenu  par 
le  recteur  du  Béguinage  contre  le  pléban  se  rapportant  à  l'année 
1720  et  une  autre  relative  à  des  procès  soutenus  par  le  pléban 
Ceulcmans  contre  le  chapitre ,  contre  les  subplébans  ou  contre 
les  bénéficiers.  Une  autre  liasse  contient  de  nombreux  documents 
relatifs  à  la  Révolution  française. 

Enfin ,  outre  dix-neuf  cartons  renfermant  les  minutes  et  les 
comptes  de  la  restauration  de  l'église  depuis  1847  jusqu'en  1865, 


—  383  — 

nous  avons  encore  remarqué  une  grande  quantité  de  comptes,  budgets, 
procès,  etc.,  tant  de  l'ancien  chapitre  que  de  la  fabrique  actuelle. 


E. 


INSCRIPTIONS  DES  CLOCHES. 


1 


Marie  Vlrglnls  honorl 
eX   CapItVLI  Donc 

Divœ  Virgini  dicata  fabrieaî 
Expensis  Ma  refundor 
Joseph  Simon  Nicolausque 
Filii  Lolharingi  refondunt. 


t 


IHS 


Q8        Salus  populi  gloria 

Sub  Maternî  pracsidio  ex  Tungrensis 
Capituli  gratia  refusa. 
Sancte  Materne 


(Armoiries.)  Ora  pro  nobis. 

Edmondus  Godefrid.  Baro. 

in  Bockholtz  Orey 

perillustris  ordinis 

Teutonici  commendator 

provincialis. 


(Armoiries.) 

Joès  Ludovicus  Baro 

De  Elderen  deca- 

nus  cathedralis 

Ecclesise  Leodiensis 

prœpositus  Tungrensis. 


384  — 


IHS 


eX    [nslgnls   oCtaVIaril  CapltULI  MUnere 
ha;C  refUsa  et  sanCtae  Anna?  ConseCrata 

Sains  populi  gloria 
Joès  Vandermeer  nunc  secto  Consul 
Libertus  Morsmans  juris  ulriusque 
Licentiatus  consul 
Salus  populi 
Gloria. 


(Armoiries.)                (Armoiries.)  (Armoiries  ) 

Joannes  Minten            Paulus  Voedt  Glaudius 

hujus  oppidi                  .1..  U.  L.  Peeters  juratus 

Medirus  juratus             Drossardus  et  receptor 

in  Rutten  ;  Tungr. 

Restaurationi  turris  et  campanis  refundendis 

curatores. 

A.B.  1687. 


Exurens  lurrim  calvo  prodegit  et  aéra 

Chaudoir  Leodiensis 

FabrlCa  at  eXUstUM  DUpLICat 

aerls  opUs. 

Josepho  Virginis  Sponso  Capitulais 

Tungrense  gratuito  refudit. 

5. 

In  Honorem  divi  Pétri  gratuito 
Capituli  œre  refusa 

Salus  populi 
Gloria. 


A. 


n. 


385   — 


6. 


Sancli  Pauli  nomen  gessi  et  gero  Me 

refudit  Paulus  Josephus 

Grognart  Leody  anno  1703. 

Haec  reparalio  fit  sed  per 

fabricam 

ex  fabrice  Dono  divo  Paulo  devovetur. 

7. 

Chaudoir.  -  1733. 
N.-B.  Sur  les  trois  autres  cloches  on  ne  voit  que  le  nom  du  fabricant  Chaudoir. 

F. 
TABLEAU  DES  MEMBRES  DU  CHAPITRE  EN  1796. 

Voici  la  composition  du  chapitre  collégial  et  archidiaconal  de 
Notre-Dame  au  moment  où  la  Révolution  française,  abolissant  le  culte 
divin,  vint  supprimer  le  dernier  vestige  de  la  primitive  cathédrale.. 

Date  de  la  réception. 

23  sept.  1793.  Coesar-Marie-Constantin  comte  deMÉAN  DE  BEAUR1EUX, 

chanoine  tréfoncier  du  chapitre  calhédral  de  Liège  en  1784,  président 
delà  chambre  des  finances,  chancelier  de  la  principauté,  etc.,  etc. 
Prévôt  ,  décédé  à  Liège  le  19  juillet  1833. 

Chanoines. 

1 1  août  1763.  Robert-Jean-Dominique  de  BELLEFROID  de  COLMONT,  né  à 
Tongres  le  30  octobre  1750,  chanoine  de  Tongres  le  11  août  1763  ,  élu 
Doyen  le  21  avril  1789  ,  mort  à  Tongres  le  16  février  1827. 

13  juin  1758.  François-Joseph-Louis  baron  d'EVERLANGE  de  W1TRY,  né  à 
Witry  (Luxembourg)  en  1735,  décédé  à  Tongres  le  24  vend,  an  II. 

10 février  1761.  Antoine-Bernard  MOREAU,  né  à  Liège  en  1730,  chantre  en 
1778  ,  décédé  à  Tongres  le  15  octobre  1813. 
en    1762.  Nicolas  GUERMANT,  né  à  Awans  le  12  juillet  1727,  protono- 
taire apostolique  et  curé  de  Bernau  ,  décédé  à  Tongres  le  10  avril  1807. 
en    1764.  Arnold  baron  de  SERAINGde  HOLLOGNE,  prévôt  de  la  collégiale 
des  12  apôtres  à  Cologne  et  officiai,  décédé  à  Tongres  le  27  pluviôse  an  VII. 

13  janvier  1767.  Joseph-Antoine  d'OMALIUS. 

20  avril  1769.  Antoine-Lambert  de  GROUTARS,  chanoine  de  St. -Pierre  à 
Liège  ,  mort  à  Sclessin. 


—  386  — 

29  novembre  1770.    Jean-Pierre    MAILLART ,    sous-diacre   né   à   Liège   le 
29   novembre    1748,  chanoine  du    chapitre  impérial  de  St. -Servais  à 
Maestricht  le  21  août  1789,  décédé  à  Tongres  le  2  octobre  1810. 
10  septembre    1771.     François-Melciiior,     vicomte    DE    LA     FONTAINE 

D'HARNONCOURT. 
2  septembre  1772.  Paul-Eustache-Arnold-Joseph  VAN  DER  MAESEN,  né 
à  Maestricht  en    1754,    écolâtre  en   1785,    décédé  à  Tongres    le  10 
novembre  183G. 
En  1774.  Lambert-Jacques-Charles-Barthélemy  MAGNÉE,  né  à  Liège  en 

1755  ,  décédé  à  Tongres  le  9  août  1818. 
En  1776.  François-André  GUERMANT. 
12  octobre  1778.  Henri-Joseph  D'HUVETTERRE,  officiai  en  1783,   chanoine 
de  St. -Pierre  à  Anderlecht  en  1786,  décédé  à  Bruxelles. 
En  1780.  Antoine  Baron  d'EVERLANGE  DE  VITRY,  né  à  Vitry  (Luxembourg) 

en  1745  ,  décédé  à  Tongres. 
En  1784.  Arnold-Charles-Joseph  MAGNÉE,  né  à  Liège,  décédé  à  Horn. 
En  1788.  Balthazar-Arnold  DE  BELLEFROID  ,  Dé  à  Tongres  le  29  octo- 
bre 1767,  décédé  bourgmestre  de  Pirange  le  9  mai  1849. 
En  1 789.  Laurent-Antoine  DE  MALSEN,  né  à  Zolre  en  1 740,  décédé  à  Tongres 
le  16  octobre  1811. 
21  mai  1792.  Jean-Michel-Laurent  DE  SAREN ,  né  à  Tongres  le  11  août 

1769  ,  prêtre  en  1794,  décédé  à  Tongres  le  13  janvier  1853  *. 
31  juillet  1792.  Pierre-Antoine  BARTHELS ,   né  à  Tongres,  décédé  à  Win- 

tershoven  le  30  janvier  1838. 
14  mars  1793.  Mathieu-Jacques  BETTONVILLE. 

Secrétaire  du  chapitre. 

—  J.  A.  VAN  DEN  DRIESC11E,  notaire  apostolique  et  immatriculé  de  Liège, 
élu  secrétaire  du  chapitre  en  remplacement  de  Paul-Servais  Winckelsels, 
décédé  le  16  janvier  1783. 


1  Ce  fut  le  dernier  chanoine  de  l'église  collégiale  de  Tongres  et  à  ce  titre  nous 
croyons  pouvoir  lui  consacrer  quelques  lignes.  Le  jeune  de  Saren  ,  après  avoir  terminé 
ses  études  humanitaires  chez  les  chanoines  réguliers ,  se  rendit  à  Rome  où  il  entra  au 
collège  germanique  ;  après  y  avoir  achevé  son  cours  de  philosophie  et  de  théologie  , 
il  revint  dans  sa  ville  natale.  Nommé  coadjuteur  de  son  frère  Henri-Balthazar  de  Saren, 
chanoine  de  N.-D.,  le  21  mai  1792,  il  fut  ordonné  prêtre  en  1191;  en  1796  il  se 
réfugia  en  Westphalie  ,  revint  en  1802  et  alla  se  fixer  à  Chênée  ,  mais  bientôt  il  revint 
à  Tongres  où  il  passa  le  reste  de  ses  jours ,  à  la  grande  édification  de  tous  ceux  qui 
l'ont  connu. 


—  387  — 

Receveur  du  chapitre. 

Antoine-Godefroid  LOIX,  nommé  en  1792. 

Agent  et  homme  d'affaires  du  chapitre. 

Frédéric  TOURNAY,  nommé  le  2  avril  1792. 

Ecrivain  du  chapitre. 

Antoine-Godefroid  LOIX,  prêtre,  nommé  le  4  septembre  1788. 

Pléban. 

Renier  VAN  HERCK,  né  à  Grand-Jamine  le  22  février  1733,  prêtre  en 
1757,  curé  de  Rixingen  en  1758,  subpléban  de  Tongres  en  1762, 
pléban  en  1767  ,  décédé  curé  de  Tongres  le  7  septembre  1808. 

Subplébans. 

Séverin-Materne  SGHAETZEN ,  né  à  Tongres  le  30  février  1766,  prêtre 
en  1787,  sub-pléban  en  1793,  desservant  de  l'église  de  St.-Jean  et  de 
l'hôpital  en  1803,  décédé  à  Tongres  le  21  janvier  1826. 

Henri  HENROTTE,  né  à  Millen  en  1750,  prêtre  en  1774,  subpléban  en  1794. 

BénépZciers  qui  avaient  droit  de  résidence. 

Mathias  GROUWELS,  bénéficier  de  St.-Jean-Baptiste,  né  à  Itteren  en  1721, 
décédé  à  Tongres  le  20  prairial  an  VI. 

Jean  1ERNA  ,  bénéficier  de  St.-Pierre  et  de  St. -Paul,  vicaire  de  N.-D.,  né  à 
Glain  en  1725,  décédé  à  Tongres  le  7  avril  1806.  La  collation  de  ce  bé- 
néfice appartenait  au  doyen  et  au  plus  ancien  chanoine, 

Remacle  DE  RISWYCK,  maître  de  chant,  recteur  de  la  chapelle  de  St.-Materne 
et  bénéficier  de  St. -Servais  :  ce  dernier  bénéfice  fondé  au  XIIIe  siècle 
par  Ricbald  de  Rudecoven  vit  ses  revenus  augmentés  successivement  par 
les  donations  du  chanoine  Jean  de  Huldertingen  en  1274  et  de  l'écolàtre 
Jean  de  Antey,  le  9  juin  1397. 

IN.  COURS,  bénéficier  de  la  conception  de  la  Ste. -Vierge. 

Jean-Joseph  HENROTTE,  bénéficier  de  St.-Georges  et  de  St. -Sébastien  , 
recteur  de  N.-D.  de  Anima  à  Rome.  Le  bénéfice  de  St. -Sébastien  avait  été 
fondé  en  1365  par  Jean  Lebout  de  Gelmen  et  par  sa  femme  Béatrix  Thomas. 
Le  bénéfice  et  la  chapelle  St. -George  avaient  été  établis  en  1305  par  le 
chanoine  Lambert  de  Villers-l'Évêque. 

Antoine-Joseph  BINON ,  bénéficier  de  l'invention  de  la  sainte  Croix  :  ce 
bénéfice  fondé  en  1309  par  Henri  Henrot  fut  uni  le  17  février  1782  à  la 
plébanie,  mais  la  bulle  papale  ne  devait  sortir  son  entier  effet  qu'après  la 
mort  du  titulaire. 


—  388  — 

Robert  GILISSEN,   né  à  Tongres  en   1728,   prêtre  en   1752,   décédé  à 

Tongres  le  8  février  1821  ,  bénéficier  des  deux  saints  Jean. 
Nicolas-Pascal  MAILLART  ,  né  à  Liège  le  23  décembre  1 730  ,  bénéficier 

de  St. -Hubert  et  de  Ste. -Cécile,  organiste  et  vicaire  de  Notre-Dame. 
Jean-Guillaume  LABHAYE,  né  à  Tongres  en  1742,  prêtre  et  vicaire  en 

1766,  bénéficier  de  la  chapelle  de  Ste. -Anne.  Cette  chapelle,  reconstruite  au 

XVIIc  siècle  ',  fut  fondée  au  commencement  du  XIP>  siècle  par  Ydule  sœur 

de  Jean.  Guillaume  Labhaye  mourut  à  Tongres  le  31  décembre  1810. 
J.  LOUWETTE  ,  bénéficier  de  Ste. -Barbe.  Ce  bénéfice  avait  été  fondé  vers  le 

XIVc  siècle  par  le  chanoine  Jean  de  Sluse. 
Toussaint  SCHAFFS,  né  à  Moulingen  en  mai  1743  ,  prêtre  en  1768,  béné- 
ficier de  S'e. -Agathe  ,  décédé  à  Tongres  le  1  janvier  1813. 
Mathieu-Chrétien  LABBÉE,  né  à  Tongres  en  1772,   prêtre  en  1796, 

bénéficier  de  la  chaire  de  St. -Pierre ,  décédé  desservant  des  hospices  de 

Tongres  le  13  mars  1810. 
Robert  DE  BELLEFR01D  ,   doyen  du  chapitre  et  bénéficier  de  St. -Jean 

l'Évangéliste.  Ce  bénéfice  avait  été  fondé  en  1267  par  l'écolâfre  Renier. 
H.-J.  GOFFART ,  bénéficier  de  la  Stc.-  Vierge;  il  mourut  le  3  octobre  1791 

et  le  bénéfice  resta  vacant. 
Arnold  JANSEN,  né  à  Bommershoven  en  1733  ,  prêtre  en  1756,  recteur  de 

la  chapelle  des  Lépreux  dédiée  à  St. -Antoine  et  située  hors  de  la  porte  de 

Maeslricht. 
N.  BOUX,  bénéficier  de  fautel  de  St. -Nicolas  fondé  le  11  juin  1343  par  Henri 

de  Merlemont. 
Jean  GUERMANT  ,  bénéficier  de  l'autel  dédié  à  St.-Judocc.   Cet  autel  fut 

fondé  vers  le  commencement  du  XlVe  siècle  par  le  chanoine  Jean  Otton. 
Olivier  SCHAFFS,  né  à  Moulingen  en  1749,  bénéficier  de  l'autel  dédié  au 

St. -Esprit.  Ce  bénéfice  avait  été  fondé  vers  1282  par  un  certain  Waltcr, 

vigneron  à  Tongres. 
Pierre-Antoine  BARTHELS,  chanoine,  bénéficier  de  la  chapelle  de  tous 

les  saints.   Cette  chapelle  avait  été  fondée  et  dotée  vers  1406  par  André 

Reys  seigneur  de  Repen  ;   les  revenus  de  ce  bénéfice  furent  augmentés 

par  la  donation  faite  le  26  avril  1630  par  l'épouse  du  bourgmestre  Henri 

Vincquedes. 
Jean-Michel  POLLAERS,  né  à  Oplieux  le  19  décembre  1749,  prêtre  en 

1772  ,  bénéficier  de  l'Assomption  de  la  sainte  Vierge,  décédé  à  Tongres  le 

22  juillet  1821. 


1  Le  chanoine  Denis  Scronx  augmenta  les  revenus  de  cette  chapelle  le  18  novem- 
bre 1587. 


—  389  — 

Alexandre  ZANDERS ,  né  à  Tongres  en  1746,  prêtre  et  vicaire  en  1780, 

bénéficier  de  l'autel  dédié  au  Sauveur ,  décédé  à  Tongres  en  1823. 
N.  SCHMISING,  bénéficier  de  l'autel  de  St. -André. 
Alexandre-Joseph  DE  VOET,  né  à  Hoesselt,  prêtre  et  bénéficier  de  l'autel 

de  la  S'e. -Croix  ,  fondé  en  1309  par  le  chanoine  Henri  Henrot. 
Jean-Michel-Laurent  DE  SAREN,  chanoine  de  la  collégiale  et  desservant 

de  la  fondation  faite  le  23  novembre  1684  par  Henri  Loers  \ 
A.  N.  MASSIN,  bénéficier  de  l'autel  dédié  h  saint  Etienne.  La  chapelle  ainsi 

que  le  bénéfice  avaient  été  fondés  en  1274  par  le  chanoine  Jean  de  Lewis. 
Antoine-Bernard  MOREAU ,  chanoine  de  la  collégiale  et  bénéficier  de  l'autel 

de  St. -Michel.  La  collation  de  ce  bénéfice  appartenait  au  chantre  de  N.-D. 
Guillaume-Arnold  LOIX ,  né  àTongrcs  en  1756,  prêtre  en  1780,  recteur 

des  écoles,  décédé  à  Tongres  le  3  février  1806. 
N.  VOS,  bénéficier  de  l'autel  placé  sous  l'invocation  de  l'Annonciation  de  la 

Ste. -Vierge.  Cet  autel  situé  dans  la  chapelle  du  chapitre  avait  été  fondé  et 

doté  en  1461. 
Hurert-Denis  MOREAU,  bénéficier  de  St. -Laurent,  décédé  à  Orey. 
Henri-Joseph  D'HUVETTERRE ,  chanoine  de  la  collégiale  et  bénéficier  de 

l'autel  de  S'e-Marie-Madelaine.  C'était  le  plus  ancien  bénéfice  fondé  dans 

la  collégiale;  avant  la  reconstruction  de  la  tour  en  1442  il  y  avait  au  bas 

de  l'église  une  chapelle  dédiée  à  sainte  Madelaine;   le  chanoine  Jean  de 

Huldertingen  augmenta  les  revenus  de  ce  bénéfice  en  1274. 
Guillaume-Louis  FRANÇOIS,  né  à  Tongres  le  29  mais  1770,  vicaire,  puis 

bénéficier  de  l'autel  de  la  Visitation   de  la  Sl'-Vierge  fondé,  paraît-il,  en 

1343  par  Henri  de  Merlemont. 
KNAPEN,  bénéficier  de  S'e-Catherine. 
Guillaume-Martin  BOOTEN,  né  à  Tongres  en  1744,  bénéficier  de  l'autel  de 

laSte-Vierge  et  de  St.-Jean  l'Évangéliste.  Ce  bénéfice  avait  été  fondé  par  le 

doyen  Pauli  en  1612  et  augmenté  en   1625  par  le  chanoine  Barthélemi 

Briet  de  Tongres.  Booten  mourut  à  Tongres  le  II  juillet  1811. 
Antoine-Godefroid  LOIX,  né  à  Tongres  en  1748.  prêtre  en  1773,  écrivain 

du  chapitre  le  4  septembre   1788,  receveur  du  chapitre  en  1792,  recteur 

de  la  confrérie  de  la  Sle- Vierge. 


'  Les  arrêtés  de  1818  et  du  22  février  1822  avaient  placé  cette  fondation  parmi  celles 
des  bourses  d'études.  Un  arrêté  roy;d  de  1854  rectifia  cette  erreur  qui  fut  la  cause  de 
la  conservation  des  biens  de  ce  bénéfice,  simple. 

Le  fondateur  Henri  Loers  fut  baptisé  à  Tongres  le  19  février  1617;  il  était  fils  de 
Henri  Loers  et  de  Gertrude  Pex  et  mourut  receveur  du  chapitre  de  Tongres  le 
14  décembre  1G84. 


—  390  — 

A  ces  différents  bénéfices  dont  nous  venons  d'indiquer  les  desservants,  il  faut 

ajouter  : 
Celui  de  St.-Mathieu  et  de  St. -Hubert,  fondé  au  XHIe  siècle  par  Richard  de 

Rudecoven  et  uni  au  doyenné  le  25  juin  1784, 
Celui  de  Ste-Élisabeth,  fondé  par  Henri  Henrot, 
Celui  de  la  Décollation  de  saint  Jean-Baptiste, 
Celui  des  Sept  Douleurs  établi  avant  1655  dans  la  grande  sacristie, 
Celui  de  Ste-Gertrude, 
Celui  de  l'Exaltation  de  la  Ste-Croix  fondé  vers  le  XIVe  siècle  ;  ce   bénéfice 

dont  les  revenus  avaient  été  considérablement  augmentés  par  la  donation, 

faite  par  Marie,  Anne  et  Gilles  Witten  et  approuvée  par  révoque  le  1'"  juin 

1683  ,  fut  uni  au  rectorat  de  Berg  le  9  juin  1787, 
Celui  de  St. -Nicolas  fondé  le  6  décembre  1312  par  Godefroid  de  Werm  et 

uni  le  21  octobre  1592  à  la  première  subplébanie, 
Celui  de  la  Nativité  de  la  sainte  Vierge 
Et  celui  de  St. -Lambert,  desservi  par  l'organiste  et  dont  l'autel  était  placé  à 

la  gauche  du  chœur. 

Noms  des  prieurs,  chapelains,  curés  et  bënéfîciers  qui  prenaient   leurs 
institutions  canoniques  du  chapitre  archidiaconal. 

—  Louis-Hubert  JANSEN,  né  à  Tongres  en  1770,  prêtre  en  1795,  prieur  de 

l'hôpital  de  St. -Jacques  le  20  octobre  1795  décédé  à  Tongres  le  6  janvier 
1809. 

—  Pierre-joseph  L'ABBAYE,  né  à  Tongres  en  1747,  ordonné  prêtre  en  1771, 

curé  du  béguinage   de  Sle-Catherine  en  1788  et  bénéficier  de  l'autel  de 
Ste_Agathe  fondé  dans  l'église  de  St. -Nicolas. 

—  Chrétien  LIESENS,  né  à  Genoels-Elderen  le  6  mai  1769,  curé  de  Mail  et 

Sluse.  La  collation  de  cette  cure  appartenait  au  pape  et  au  prévôt  de 
Tongres. 

—  Toussaint  SCHAFFS,  recteur  de  l'autel  dédié  à  la  sainte  Vierge  et  placé  dans 

l'église  de  Mail  ;  la  collation  de  ce  bénéfice  appartenait  au  curé  de  Mail. 

—  Jean-Arnold  SCHMISING,  né  à  Tongres  en  1725,  prêtre  en  1748,  recteur 

de  Hcnis  en  1756  4 . 

—  N.  W1LMOTS,  recteur  de  Pirange. 

—  Jean-Martin  D'HUYS,  né  à  Rixingcn  en   1762,  ordonné  prêtre  en  1786, 

recteur  de  Rixingen  en  1788. 

—  N.  RAMAECKERS,  recteur  de  Widoie. 

'  En  1795,  il  eut  comme  coadjutcur  son  neveu  Jean-Dominique  Selimising,  né  à 
Tongres  en  1755,  frère  mineur  en  1775,  lecteur  en  théologie  en  1782,  gardien  du 
couvent  de  Tongres  en  1795,  décédé  à  Tongres  le  27  mars  18U. 


—  391  — 

—  BOELEN,  recteur  de  Neerrepen. 

—  Renier  VAN  HERCK,  bénéficier  de  l'autel  de  la  Ste.-Vierge  à  Neerrepen. 

—  Mathieu  Herman  l'ABBÉE,  né  à  Tongres  en  1750,  prêtre  en  1773,  sub- 

pléban  en  1780,  recteur  de  la  chapelle  d'Offelken  en  1791. 

—  François-Lambert-Joseph  BERDEN,  né  à  Tongres  le  28  septembre  1733, 

prêtre  en  1757,  recteur  de  l'église  de  Coninxheim  en  1760,  bénéficier  de 
l'autel  de  N.-D.  établi  dans  la  même  église. 

—  Antoine  DEVIVIER,  né  à  Glons  le  3  septembre  1749,  recteur  de  la  chapelle 

de  Mulken  en  1783,  décédé  à  Tongres  le  8  juillet  1818. 

—  Winand  GEUTEN,  bénéficier  de  l'autel  de  St. -Denis  fondé  en  1425,  dans 

l'église  de  St. -Nicolas  par  Antoine  Moens  de  Tongres.   Cette  fondation 
fut  approuvée  le  20  mai  1435  par  le  cardinal  Julien  légat  du  Saint-Siège. 

—  Renier  VAN  HERCK,  recteur  du  bénéfice  de  St. -Nicolas,  fondé  par  Mabilie 

veuve  de  Jean  Tels,   le  27  janvier  1471  ,  dans  l'église  de  St. -Nicolas  à 
Tongres;  la  collation  de  ce  bénéfice  appartenait  au  pléban. 

—  N.  LATOUR,  bénéficier  de  l'autel  de  St.-Éloi,  établi  dans  la  même  église; 

la  collation  de  ce  bénéfice  appartenait  également  au  pléban  de  Tongres. 

—  Jean  VAN  OOST,   bénéficier  de  l'autel  de  N.-D.,   fondé  dans  l'église  de 

St. -Jean  à  Tongres;  la  collation  de  ce  bénéfice  appartenait    depuis  le 
22  avril  1780  au  pléban. 

—  Pierre  DAENEN ,  nommé  bénéficier  de  l'autel  dédié  à  sainte  Catherine  le 

16  janvier  1764.  Ce  bénéfice  établi  dans  l'église  du  béguinage  de  Tongres  en 
1495,  par  12  béguines,  fut  autorisé  le  26  août  1490  par  Jean  de  Hornes. 

—  Livin  JANNÉ,  bénéficier  de  saint  Joseph  dans  la  même  église;  ce  bénéfice 

fondé  par  Marguerite  d'Elderen  ,  béguine  ,  fut  approuvé  le  24  juillet  1525 
par  l'évêque  Érard. 

—  Pierre  GHYSENS,  né  à  Tongres  en   1769,  prêtre  en  1795,   recteur  de 

N.-D.,  fondé  dans  l'église  du  béguinage  par  Marie  de  Steyvord  et  érigé  en 
bénéfice  par  le  chapitre  le  28  février  1515. 

—  Joseph  DEPLOIGE,  né  à  Tongres  en  1757,   prêtre  en   1782,  vicaire  du 

béguinage  en  1784. 

—  Louis  COENEN,  né  à  Looz  en  1768,  prêtre  en  1791,  vicaire  du  béguinage 

en  1792  '. 

—  Antoine  MOUMAL,  né  à  Villers-l'Ëvêque  en  1761,  prêtre  en  1787,  trésorier 

de  la  collégiale  le  10  octobre  1790,  décédé  à  Tongres. 

—  Jean-Michel  POLLAERS,  bénéficier  et  prêtre  sacristain. 

—  Pierre  WYNANTS,  né  à  Tongres  en  1766,  prêtre  en  1791,  marguillier  de 

St.-Jean ,  porte-verge  du  chapitre. 

1  Le  bénéfice  de  saint  Jean-Baptiste  fondé  dans  l'église  du  même  nom  était  desservi 
par  un  des  vicaires  de  l'église  collégiale  ;  il  en  était  de  même  du  bénéfice  de  St.-Michel 
fondé  en  1 190  par  Jacques  Guldevoet. 


392 


LISTE  DES   PRÉVÔTS   DU   CHAPITRE. 

Dès  les  premiers  siècles  de  l'Église  on  voit  apparaître  des  pré- 
vôts ,  prepositi  fprœ  ponerej ,  placés  à  la  tète  de  ces  réunions  de 
clercs  qui  plus  tard  (Ve  siècle)  prirent  le  nom  de  chanoines. 
L'apôtre  saint  Paul  1,  saint  Cyprien  2,  Tertullien  s  désignent 
sous  le  nom  de  prévôts  les  évoques,  chefs  des  presbytères. 

Les  évoques  dirigèrent  longtemps  seuls  les  chapitres  et  adminis- 
trèrent les  biens  des  collégiales  :  mais  l'étendue  de  leurs  diocèses , 
et  les.  charges  augmentées  avec  le  nombre  toujours  croissant  des 
fidèles ,  les  obligèrent  de  s'adjoindre  quelques  membres  du  clergé 
chargés  spécialement  de  la  direction  des  chapitres  collégiaux.  Ces 
prêtres  prirent  le  nom  de  dispensatores,  procuratores ,  defensores 
ou  cura  tores  :  leur  mission  était  à  la  fois  spirituelle  et  temporelle  *. 

Bientôt  ils  furent  appelés  abbates,  titre  que  l'évêque  Richaire 
confirma  en  938  pour  la  collégiale  de  Tongres  ». 

Ce  titre  à'abbas  ne  tarda  pas  à  apporter  de  la  confusion ,  car 
souvent  on  ne  distinguait  pas  assez  entre  une  abbaye  ou  chapitre 
régulier  et  une  autre  communauté  religieuse  ou  chapitre  séculier 
qui  n'avait  de  commun  avec  le  premier   que  le  nom  ;  aussi  au 


«  Ep.  ad  Ileb.  CX1II  ,  v.  17.  Obedite  prepositis  vestris  et  subjacete  eis.  Ipsi  enim 
pervigilant  quasi  ralionem  pro  animabus  vestris  reddituri 

2  Pamelius  inCypr.  ad  martyres.  Quantum  perniciosa  res  est  ad  sequentium  lapsuni 
ruina  prepositi  ,  in  tantum  contra  utile  est  et  salutare ,  cum  se  episcopus  per  firma- 
mentum  Qdei  fratribus  prœbet  imitandum 

s  Tertullianus  ad  martyres.  .  .  . 

*  V.  Régula  cunonicorum ,  les  canons  138  et  139  du  concile  d'Aix-la-Chapelle  , 
tenu  en  816,  et  le  canon  24  du  concile  de  Reims ,  tenu  en  813  ,  id.  f°  90. 

'  V.  Kiskn  ,  Foui.lon  ,   Ciupkayille  et  les  autres  historiens  de  Liège. 


—  393  — 

XIIIe  siècle  substitua-t-on  la  qualification  de  pmpositus  fprœ-ponere) 
à  celle  iï abbas  *. 

La  nomination  du  prévôt  de  Tongres  appartenait  à  l'évêque  de 
Liège  et  quoique  son  choix  ne  fût  limité  par  aucune  règle,  d'ordi- 
naire le  prévôt  était  chanoine  de  la  cathédrale  de  St-Lambert  2. 
Ceux-ci  n'avaient  pas  toujours  le  caractère  sacerdotal  et  leur  rési- 
dence était  fixée  auprès  de  l'évêque.  A  Tongres,  où  la  charge  d'âmes 
exigeait  continuellement  leur  présence ,  ils  se  firent  remplacer  par 
des  légats  ou  vice-prévôts,  prenant  le  nom  de  persona,  investitus 
ou  plebanus.  Lorsque  par  une  bulle  du  pape  Innocent  IV  le  cha- 
pitre fut  affranchi  de  la  juridiction  spirituelle  de  l'évêque  de  Liège 
et  élevé  à  la  dignité  archidiaconale ,  ce  collège  obtint  le  droit  de 
nommer  ses  prévôts  pendant  tous  les  mois  de  l'année. 

Une  habitude  constante  et  de  plus  le  besoin  d'une  protection  effi- 
cace engagea  le  chapitre  à  restreindre  son  choix  parmi  les  chanoines 
Tréfonciers.  L'élection  devait  être  ratifiée  par  le  pape  endéans  les 
six  mois  et  le  nouveau  prévôt  devait,  la  main  sur  le  livre  des 
évangiles,  prêter  le  serment  prescrit  par  les  statuts  3  ;  ensuite  il 


1  Abbas  secularis  Tongrensis  ecclesiœ  non  abbas  sed  prsepositus  appellatur.  V.  Jura 
preposili  Eccl.    Tung.  ,  p.  6. 

Walo  abbas  Tungrensis.  V.  Chapeaville  ,  tora.  11  ,  p.  76.  Albertus  Codolus  de 
Parma'  canonicus  Leodiensis  et  secularis  ecclesiœ  Tungrensis  abbas.  V.  Archives  de 
l'église,  registre  «°  7  ,  f°  77. 

2  V.  Archives  de  l'église  ,  registre  n°  3,  f°ij  et  n°  8,  f°  57.  Voir  aussi  les  bulles 
de  Sixte  V,  des  nones  de  mai  1585  et  d'Urbain  VIII ,  des  kalendes  d'avril  1626  ,  décla- 
rant que  les  prévôts  ne  peuvent  être  élus  que  parmi  les  chanoines  de  St. -Lambert. 
Ces  deux    bulles    furent  données  à  la  demande  du   chapitre  des  Tréfonciers. 

s  Voici  le  serment  que  prêtait  le  prévôt ,  le  jour  de  sa  réception  : 
«  Ego  N.  juro  me  habere  canonicum  ingressum  in  ista  prepositura  ad  quam  sunï 
presentatus  et  quod  fidelis  ero  ipsi  ecclesie  ïongrensi.  Item  juro  quod  ecclesiam  Ton- 
grensem  personnasque  et  libertates  ipsius  ecclesie  pro  posse  meo  defendam.  ac  privilégia 
consuetudines.  ordinationes  statuta  licita  et  honesta  servabo.  Item  juro  quod  bona 
ipsius  ecclesie  et  prepositure  fideliter  pro  meo  posse  conservabo  et  si  que  perdita  vel 
alienata  sint  recupabo  ac  omnia  onera  débita  ratione  dicte  prepositure  in  ecclesia 
Tongrensi  michi  incumbentia  supportabo.  Sic  Deus  me  adjuvet  et  hec  sancla  dei  evan- 
gelia  corporaliter  a  me  tacta.   » 

XXIX  XXII  -J5 


—  394  — 

était  proclamé  prévôt  par  le  doyen  *.  Ses  fonctions  se  bornaient  à 
défendre  les  intérêts,  les  droits  et  les  libertés  du  chapitre,  à 
veiller  à  l'entretien  de  l'église  ,  de  son  mobilier  et  de  ses  orne- 
ments et  à  procurer  le  luminaire  2  ,  l'encens  et  les  vases  sacrés. 
Son  administration  devint  donc  purement  temporelle.  Il  jouissait 
des  dîmes  de  Mall-Sluse,  de  Jamine  et  de  Bolens  près  de  Hannut  3. 

Annuellement  vers  les  Pâques  chaque  habitant  devait  lui  payer 
deux  deniers  appelés  deniers  du  feu  4. 

Le  prévôt  avait  une  cour  de  justice  composée  d'un  maycur,  de 
sept  échevins  et  d'un  secrétaire,  ils  élaient  appelés  hommes  de 
fief  du  révérend  seigneur  prévôt  ;  il  avait  de  plus  un  forestier 
et  un  porte-verge  5.  Sa  juridiction  comprenait  l'église,  les  cloîtres 
et  lous  les  bâtiments  qui  en  dépendaient,  le  cimetière  et  les  mai- 
sons des  chanoines.  Cependant  il  n'avait  aucune  juridiction,  soit 
spirituelle  ,  soit  temporelle,  sur  les  chanoines  ou  sur  les  autres 


1  Voici  la  formule  usitée  pour  faire  celte  proclamation  : 

«  Ego.  N.  . . .  Decanus  Tungrcnsis  nominibus  meo  et  omnium  in  his  milii  consen- 
tienlium  invocata  gralia  spiritus  sancti  et  gloriosissime  virginis  Marie  ecclesie   lnijus 

patrone  Reverendam  admodum  et  perillustrem.  Dominum canonicum  Leodiensem 

ut in  spiritualibus  et  temporalibus  providum  in   nostrum  ac  liujus  nostre  ecclesie 

preposilum  eligo  electum  pronuntio  et  in  communitate  coram  vobis  publico.  In  Domine 
patris  et  filii  et  spiritus  sancti.  »   Voir  Arcbives  de  l'église,  reg.  n°  5  in  fine,   f°  8. 

*  Il  ne  faut  pas  confondre  le  luminaire  avec  le  mot  luminaria  servant  à  désigner  les 
revenus  de  la  fabrique. 

5  Le  prévôt  Hugues  céda  en  1197  au  chapitre  les  dîmes  de  Berg  ,  de  Hardelingen,  etc. 
Le  prévôt  Marcuald  lui  céda  en  1244  celles  de  lierg  et  d'Aldor  (Elderun). 

1  Voir  Stutula  ceci.  Ttingr.  Archives  de  l'église,  n°  3  du  catalogue  ,  f°  Il  : 

«  Ad  custodiam  perlinet. ...  et  census  capitalis  de  hominibus  qui  sunt  de  familia 
(paroisse)  béate  Marie  in  Tungris  et  notandum  quod  quidam  qui  sune  de  familia  béate 
Muiie  solvunt  censum  capitalem  custodi  ad  luminaria  ecclesie  et  illi  ponunt  censum  suuin 
super  sioistrum  cornu  altaris 

«  Item  quolibet  anno  in  paseba  Domini  quilibet  manens  in  opido  Tungrensi  qui  babet 
focum  ut  liospicium  pur  se  tenetur  dare  duos  denarios  leodienses  qui  vocantur  denaria 
ijînis » 

'•  Lu  mayeur  et  le  forestier  élaient  révocables  à  volonté,  mais  les  échevins  étaient 
nommés  ;'i  vie.  Voir  Archives  de  l'église  ,  registre  n°  7  du  catalogue  ,  p.  221. 


—  395  — 

prêtres  attachés  à  la  collégiale.  Le  prévôt  avait  encore  le  droit  de 
préséance  à  l'église  ;  au  chapitre  il  n'avait  que  voix  consultative  1. 

Le  nouvel  élu  devait,  le  jour  de  son  installation,  donner  150  écus; 
celte  somme  était  spécialement  affectée  à  l'achat  d'ornements 
religieux  2. 

En  1584,  le  prévôt  Thibaut  de  Gavres  introduisit  l'usage  de 
donner  une  chape  dont  la  valeur  ne  pouvait  être  moindre  de 
100  écus. 

En  1585  une  bulle  du  pape  Sixte  V,  donnée  à  la  demande  du 
chapitre  de  St. -Lambert,  ordonna  que  les  prévôts  de  toutes  les  col- 
légiales de  la  principauté  de  Liège  devaient  être  choisis  parmi  les 
chanoines  Tréfonciers.  Cette  ordonnance  fut  renouvelée  par  une 
bulle  du  pape  Urbain  VIII  ,  donnée  le  premier  des  kalendes 
d'avril  1626. 

En  1763,  le  prince-évèque  demanda  à  Sa  Sainteté  de  confier 
la  nomination  du  prévôt  de  Tongres  à  l'évêque  ;  mais  le  chapitre 
prévenu  obtint  le  4  des  nones  de  mai  1764  une  bulle  confirmant 
les  droits  que  le  Saint-Siège  lui  avait  octroyés  en  1254  s. 

Dans  le  principe  le  prévôt  avait  la  collation  de  presque  tous  les 
bénéfices  et  de  toutes  les  charges  de  la  collégiale  de  Notre-Dame  ; 
l'institution  canonique  ou  la  confirmation  appartenait  à  l'évêque. 
Depuis  1254  le  prévôt  ne  conféra  plus  et  dans  le  mois  de  l'ordi- 
naire seulement  que  la  chanlrerie,  Técolâtrerie,  la  plébanie,  la  cure 
de  Mail  et  Sluse  ,  le  rectorat  de  Coninxheim ,  celui  du  béguinage 
de  Tongres ,  et  les  deux  marguilleries  de  N.-D.  Il  nommait  aussi 
aux  canonicats  de  N.-D.  vacants  pendant  les  mois  de  l'ordinaire  4, 


1  Louvrex,  dis.  8,  n°  16.  —  Mean  ,  observ.  279  ,  n°  3. 

e  Voir  Sohet  ,  Inslitutes  de  droit ,  liv.  I ,  titre  XV  ,  chap.  IV  ,   n°  32  ,  et  registre 
n°  10  du  catalogue  ,  p.  482. 

3  Voir  Archives  de  l'église  ,  registre  n°  14  ,  p.  165. 

4  Ces  mois  étaient  ceux  de  février,  d'avril,  de  juin,  d'août,  d'octobre  et  de  décembre. 


—  39G  — 

les  antres  étaient  réservés  au  pape  et  l'institution  canonique  des 
nouveaux  élus  appartenait  au  chapitre  archidiaconal. 

Voici  les  noms  des  différents  prévôts  de  la  collégiale  de  Tongres 
depuis  le  commencement  du  XIIe  siècle  : 

1 .  Le  premier  prévôt  de  Tongres  que  nous  trouvons  est  FRÉDÉRIC.  Il  était 

fils  d'un  comte  de  Namur  d'après  de  llenisdael  et  tréfoncier  de  S1. -Lam- 
bert. C'est  en  sa  qualité  de  prévôt  que  nous  le  voyons  figurer  dans  un 
décret  du  8  des  kalendes  de  mars  1 108  réglant  la  succession  aux  maisons 
claustrales  *. 

2.  Eu  1131  WALO,  fils  d'un  comte  de  Montaigu,  ligure  parmi  les  membres 

du  chapitre  calhédral  avec  la  qualification  d'abbé  de  Tongres  2. 

3.  SIMON,  chanoine  de  St. -Lambert  à  Liège  et  prévôt  de  Tongres,  fut  chargé 

par  le  chapitre  de  N.-D.,  la  12e  indiction  de  l'année  1164,  d'établir  une 
pieuse  confraternité  entre  le  chapitre  de  Tongres  et  le  monastère  de 
Heylissem  3. 

4.  Arnulphe  DE  GR1MBERGE ,  chanoine  de  Liège,  était  prévôt  de  la  collégiale 

de  Tongres  en  1178. 

5.  Hugues  DE  PIERREPONT,  chanoine  de  Liège,  grand  prévôt  de  St. -Lambert 

en  1 19-1  et  prévôt  de  Tongres,  donna  en  1197  au  chapitre  de  Tongres  les 
obédiences  de  Berg,  Hardelingen ,  Widoie,  Henis,  Pirange,  Olfelken  et 
Herck  \  Promu  à  l'épiscopat  en  1200,  il  renonça  à  la  prévôté  et  nomma 
à  sa  place 

6.  RAOUL  ou  RODOLPHE,  chanoine  de  St. -Lambert,  archidiacre  de  Liège  et 

prévôt  de  Nivelles.  En  1204  celui-ci  confirma  les  donations  faites  par 
son  prédécesseur  \ 

7.  MARCHOALD  ,  chanoine  de  St. -Lambert,  archidiacre  de  Liège  et  prévôt  de 

Tongres,  réprimanda  le  jour  de  sainte  Lucie  1208  plusieurs  chanoines 
dont  la  conduite  n'était  pas  exempte  de  reproches  °. 

8.  RODOLPHE,  chanoine  de  Liège  et  prévôt  de  Tongres,  donna  au  chapitre  de 

N.-D.  en  1215  toutes  les  obédiences  qui  appartenaient  à  la  prévôté.  Cette 
donation  faite  du  consentement  de  l'évèque  Hugues  et  approuvée  par  le 
chapitre  de  Liège  fut  confirmée  par  le  pape  Honorais  111  en  1224  7. 

9.  JEAN,  chanoine  de  St. -Lambert,  pénitencier  du  pape,  doyen  de  Liège  et 

'  Voir  Slatuta  ecclesiœ  Tongrensis ,   n°  3   du  catalogue,   f°  XXXVI. 

*  Voir  CiiAPEA ville  ,  Gest.  Pont.    Tung.,  tome  11,  p.  70. 

3  Voir  Slatuta  ecclesiœ  Tungrensis ,   n°  3  du  catalogue  ,    fo  XXV. 

1  Voir  Archives  de  l'église.   Liasses. 

5  Voir  ibidem. 

Voir  lu  n"  1  des  chartes. 

Voii  Archives  de  l'église.  Liasses. 


—  397  — 

prévôt  de  Tongres,  permit  en  1240  aux  béguines  de  Sainte-Catherine ,  de 
fréquenter  l'église  de  l'hôpital  établi  hors  de  la  porte  de  la  Croix  à  Ton- 
gres et  d'avoir  un  directeur  spirituel  '. 

10.  Le  prévôt  MARCUALD,  chanoine  de  St. -Lambert,  archidiacre  de  Liège,  céda 

au  chapitre  l'église  et  la  dîme  de  Berg  en  1244.  En  1248,  il  fut  chargé 
par  l'évêque  Henri  et  par  le  cardinal  Pierre,  légat  du  S. -S.,  de  visiter 
l'église  de  Tongres  et  de  réformer  les  statuts  du  chapitre  2. 
En  1257,  il  consentit  à  l'établissement  de  l'église  du  Béguinage  à  l'endroit 
dit  :  Mure  5. 

11.  Herman  DE  RAVELSBERCH,  chanoine  de  St.-Lambert  en  1288,  prévôt  de 

Tongres  en  1295,  mourut  le  15  octobre  1297.  Il  fonda  un  anniversaire 
que  le  chapitre  devait  faire  célébrer  annuellement  le  jour  de  son  décès  *. 

12.  Albert  CODOLUS  de  Parma,  chanoine  de  St.-Lambert  et  prévôt  de  N.-D. 

rendit  une  décision  en  faveur  du  chapitre,  le  9  des  kalendcs  d'août  1307  6. 

1 3 .  Angèle  DES  URSINS  (de  filiis  URS1),  chanoine  de  Liège,  prévôt  de  Tongres 

en  1353.  En  1356  il  nomma  recteur  du  béguinage  Jacques  de  Visschel  ; 
le  chapitre  de  Tongres  protesta  contre  celte  nomination  le  23  février  1357  6. 

14.  Renaud  DE  PYPERNAU,  chanoine-tréfoncier  et  prévôt  de  N.-D.  de  Tongres 

est  cité  dans  un  acte  du  31  octobre  1371  7. 

15.  Guillaume  SCHEN'CK,  chanoine  de  St.-Lambert  figure  comme  prévôt  de 

Tongres  dans  un  acte  de  1390  8. 

16.  Jean  DE  HACCOURT,  chanoine  de  Liège  en  1388,   prévôt  de  Tongres.  Il 

assista  à  la  ratification  de  la  paix  de  Tongres  ou  des  XVI ,  signée  le 
28  août  1403.  Il  mourut  en  mars  1410  9. 

17.  Godefroid  de  VLODORP, chanoine  de  St.-Lambert  en  1412,  doyen  d'Aix, 

prévôt  de  Tongres  en  1413.  Il  mourut  le  3  novembre  1416UI. 

18.  Bertrand  DE  BOVERIA,  chanoine  de  Liège  et  prévôt  de  Tongres.  En  1426 

il  nomma  un  écolàtre  ". 

19.  Jean  BARË  DE  SURLET,  chanoine  de  St.-Lambert  et  de  St. -Martin  à 


1  Voir  Archives  du  béguinage.  lïeyister  der  fundatiens  en  collaliens  ,  fo  51 . 

2  Voir  Statuta  ecclesiœ  Tunyrensis  ,  no  3  du  catalogue,  fo  XXI. 

3  Voir  Archives  de  l'église  ,  reg.  no  10  du  catalogue  ,  fo  370. 
*  Voir  idem  ,  reg.  n°  19  du  catalogue,  fo  40. 

b  Voir  le  no  4  des  chartes  et  registres  no  7  ,  f°  77 ,  no  5,  fo  00. 

6  Voir  le  no  8  des  chartes. 

7  Voir  le  no  9  des  chartes  et  le  registre  no  5  du  catalogue,  fo  70. 

8  Voir  Archives  de  l'église,  reg.  no  7  du  catalogue,  fo  117  verso. 

9  Voir  ibidem,  fo209. 

10  Voir  ibidem. 

"  Voir  Jura  prœposili  ecclesiœ  Toiiyrensis .  Leod.  1G56,  p.  9,  reg.  no  7,  p.  216 
et  reg.  no  8,  fo  54  verso. 


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Liège  en  1420,  prévôt  de  N.-D.  à  Tongres,  de  St. -Denis  à  Liège  et  de 
N.-D.  à  Maeseyck.  Il  conféra  un  canonicat  à  Emeric  Groy,  le  3  janvier 
1435  '  et  mourut  le  12  mars  1446. 

20.  Jean  DE  WACHTENDONCK,  chanoine  de  St.-Lambert  et  prévôt  de  N.-D. 
de  Tongres  en  1411  2. 

2!.  Guillaume  DE  CLUGNY,  chanoine  de  St.-Lambert  en  1469,  protonotaire 
apostolique,  administrateur  perpétuel  des  évèchés  de  Wormset  de  Poitiers, 
grand  chancelier  de  France  sous  Louis  XII,  évèque  de  Poitiers  et  prévôt 
de  Tongres.  Il  nomma  le  9  août  1476,  Arnold  Lamberti  recteur  du  bégui- 
nage de  Tongres  en  remplacement  de  Jacques  de  Biessen,  alias  Kcrsmec- 
kers  décédé  \ 

22.  Jean  DE  SUBLET,  chanoine  de  Liège  et  prévôt  de  Tongres  en  1484  *. 

23.  Pierre  DE  CORTEMBACH  ,  licencié  es  lois,  chanoine  de  St.-Lambert  le 

.  23  avril  1486,  prévôt  de  Tongres  le  21  août  1487,  chanoine  de  St. -Paul, 
cardinal,  sigilifer  de  St.-Lambert,  archidiacre  du  Hainaut,  mort  le  2  avril 
1520  6. 

24.  Arnold-Charles  BARON  DE  LALAING,  chanoine  de  St.-Lambert  le  7  avril 

1520,  prévôt  de  Tongres  le  25  juin  1520,  archidiacre  du  Hainaut,  évoque 
de  Canaries  °. 

25.  Gilles  DE  LA  BLOCQUER1E,  licencié  en  théologie,  chanoine  de  St.-Lam- 

bert le  6  juin  1516,  prévôt  de  Tongres  le  16  juillet  1520,  grand  officiai  de 
Liège  et  grand  archidiacre  du  Hainaut  7. 

26.  Guillaume  D'ENCKEVORT,  licencié  en  théologie,  chanoine  de  St.-Lambert 

en  1506,  prévôt  de  Tongres  le  19  mai  1523,  archidiacre  de  la  Famennc, 
évèque  de  Tortose ,  cardinal  en  1523,  évèque  d'Utrccbt,  mort  à  Rome  en 
juin  1534  8. 

27.  P.  ASCANIUS ,  chanoine  de  St.-Lambert,  prévôt  de  Tongres  le  4  octobre 

1538,  évèque  d'Arménie  °. 

28.  Arnold  Chevalier  DE  BOCHOLTZ  zu  Broeck,  chanoine  de  St.-Lambert 

en   1544,  prévôt  de  Tongres  le  16  février  1549  10,  prévôt  de  Liège  le 


I  Voir  Archives  de  l'église ,  reg .  no  8  du  catalogue  ,  fa  55  verso , 
s  Voir  ibidem. 

3  Voir  ibidem  ,  reg.  no  57  du  catalogue  ,  fo  120  verso. 

4  Voir  ibidem,  reg.  no  5,  fo  10  verso. 

"  Voir  ibidem  ,  reg.  no  46  et  reg.  no  5  ,  fo  19  verso. 

"  Voir  ibidem  ,  reg.  no  5 ,  f°  23  et  reg.  n°  4G  ,  f° 

7  Voir  Vindiciœ  decani  et  capituli  Tong.  Leod.  1656  ,  p    16. 

"  Voir  Delvaux  ,  Biographie  liégoise,  p.  41. 

II  Voir  Archives  de  l'église,  reg.  n°  46,  f° 

'"  V.  Archives  de  l'Hôpital,  registre  intitulé  :  Sleper,  f°  CCV1. 


399 


2  août  1558,  écolàlrc  puis  costc  clans  la  métropole  de  Mayence,  costo  et 
chantre  de  St. -Etienne  à  Mayence ,  prévôt  de  St  -Adalbert  à  Aix-la- 
Chapelle,  de  N.-D.  aux.  degrés  à  Cologne  et  de  Hildesheim  ,  prieur  de 
Sf.-Séverin  en  Condroz,  coste  de  St-Lamhert ,  mort  le  25  janvier  15G8. 

29.  Jean   VVITTEN  de  Tongres  \  ,   chanoine,    de  N.-D.  ,   puis  chanoine   de 

St.-Lamhert  en  1533,  grand-écolâtre,  archidiacre  d'Ardennes,  prévôt  de 
Tongres  en  1568  ,  grand  chancelier. 
Par  disposition  testamentaire  du  18  décembre  1582  il  fonda  deux  bourses 
d'étude  et  mourut  à  Liège  le  7  mars  1584. 

30.  François d,ORANUS(D'[1EUR),  chanoinede  St.-Lamhert,  prévôt  de  Tongres 

en  1684,  auditeur  de  la  sainte  Rote.  Il  donna  à  l'église  deux  chandeliers 
en  cuivre  bosselé  et  prit  sa  démission  deux  mois  après  son  élection  2. 

31.  Conrad  THIBAUT,  Chevalier  de  Cavre  de  Peer,  chanoine  de  St-Lam- 

bert  le  2  août  1543,  prévôt  de  Tongres  le  17  mars  1584,  prévôt  de 
St. -Martin  et  grand  prévôt  de  St.-Lamhert,  renonça  à  la  prévôté  de 
Tongres  le  14  avril  1594  3. 
33.  Gérard  VOSSIUS  de  Looz  *,  licencié  es  arts  et  docteur  en  théologie,  pro- 
tonotaire apostolique,  chanoine  de  St.-Lamhert  le  6  septembre  1586, 
chanoine  de  St. -Jean  à  Liège,  prévôt  de  Tongres  en  1594  5.  Mort  à 
Liège  le  25  mars  1609°. 

33.  Arnold  Chevalier  DE  BOCHOLTZ  de  Groesbeeck  d'Orey,  chanoine 

de  St.-Lamhert  en  1620,  prévôt  de  Tongres  en  1626. 

34.  Ernest  DE  BILEHÉ  de  Vierset  ,    chanoine  de  St. -Lambert  en   1621, 

prévôt  de  Tongres  le  15  février  1632,  conseiller  privé  de  son  altesse  le 
prince-évêque,  archidiacre  de  Campine  et  des  conciles  d'Eick,  Beringen 
Susteren  ,  Wassemberg ,  Ravenstein  et  Megen  ,  mort  le  6  juin  1646.  7. 

1  Jean  Witten  naquit  à  Tongres  vers  1510  de  Gillis  Witten  et  de  Gertrude  Vrancken. 
Le  prévôt  Jean  Witten  fut,  enterré  dans  la  première  chapelle  à  droite  du  chœur  de 
l'ancienne  cathédrale  de  S'-Lambert  à  Liège.  «  Elle  était  remarquable  par  son  devant 
d'autel  en  bois  avec  des  figures  en  marbre  qui  s'y  trouvaient  incrustées  et  représen- 
taient le  grand  chancelier  Jean  Witten  et  un  Tréfoncier  son  collègue,  les  genoux  enterre; 
les  mêmes  personnages  et  leurs  patrons,  étaient  peints  sur  les  vitraux.  »  V.  Van  den 
Steen.  Essai  sur  la  cath.  de  St. -Lambert,  page  57. 

2  V.  Archives  de  l'église ,  registres  n°  5,  f°  176  et  n°  15,  f°  292. 

Il  était  fils  de  François  d'Heur  et  de  Catherine  de  Pottier.  V.  Loyens,  Recueil  des 
bourgmestres  de  Liège,  p.  381. 

3  V.  Archives  de  l'église,  reg.  n°  5,  f°  188,  n°  15,  f°  33. 

*  Il  naquit  à  Looz  en  1547  de  Guillaume  Vossius  et  de  Jeanne  Voskens. 

5  V.  Archives  de  l'église,  registre  u°  5  du  catalogue,  f°  170. 

6  V.  Bouille,  Histoire  de  Liège,  tome  III,  p.  100;  Jos.  Daius  ,  Histoire  de  Looz  , 
tome  11,  p.  20. 

7  V.  Archives  de  l'église  ,  registre  n°  5,  fol.  20. 


400 


35.  Arnold  BARON  DE  HOENSBROECK  Quadt-Mechelen  ,  Bociioltz,  Be- 
niNC.EN  OSTHAMECAN,  clianoinc  de  St. -Lambert  en  1 G3G ,  nommé  prévôt 
de  Tongres  en  1646,  prévôt  de  Hildesheim,  chanoine  de  Magdebourg  et 
d'IIalberstad.  Son  élection  ayant  donné  lieu  à  quelques  difficultés,  le  pape 
nomma,  le  3  juillet  1646 , 

30.  Laurent  DE  MÉAN,  docteur  en  droit ,  '  clianoinc  de  Liège  en  1039,  archi- 
diacre du  Hainaut  et  des  conciles  de  Slatlc ,  Chatelet,  Thuin  et  Florennes 
en  1059 ,  écolàtre  de  St  -Lambert  en  1644.  11  soutint  un  long  procès  con- 
tre Arnold  de  Iloensbroeck  et  finit  par  triompher.  De  Méan ,  froissé  de  ce 
que  le  chapitre  avait  pris  le  parti  de  son  concurrent,  publia  en  1050  une 
brochure  intitulé  -.Jura  prœpositi  eccîesiœ  Tongrensis,  dans  laquelle  il 
s'attribua  des  pouvoirs  qu'aucun  autre  prévôt  n'avait  eus  avant  lui.  Le 
chapitre  de  son  côté  lança  une  réponse  véhémente  sous  le  titre  de  Vindicœ 
Decani  et  Capituli. . .  D.  M.  V  Tongris.  Le  prévôt  publia  une  nouvelle 
brochure  et  le  chapitre  se  préparait  à  y  répondre ,  lorsque  l'autorité 
supérieure  intervint  et  fit  cesser  ce  petit  scandale2.  11  mourut  à  Liège,  le 
4  avril  1082. 

37.  Ulderic  Arnold  de  RENESSE  raron  d'Elderen,  chanoine  de  St.-Lam- 

bert,  le  9  septembre  1007,  prévôt  de  Tongres  en  1077,  mort  le  15  dé- 
cembre 1089. 

38.  Pierre-Norrert  DE  SIMON1S  de  Liverlo,  docteur  es  droits,  seigneur  de 

Betho  ,  chanoine  de  St. -Lambert,  le  27  août  1070,  prévôt  de  Tongres  en 
1090,  prévôt  de  Saint-Denis,  mort  le  20  septembre  1091  3. 

39.  Jean-René  DE  NEUFCOUBT  de  Sluse  ,  licencié  es  droits,  chanoine  de 

St. -Lambert  en  1077,  et  prévôt  deN.-D.  de  Tongres  en  1091.  Ce  digne 

'Laurent  de  Méan  naquit  en  1G06  de  Pierre  de  Méan,  échevin  de  Liège  et  com- 
missaire déciseur  de  S.  A.  à  Maestricht ,  et  d'Anne  Gherinx  fille  du  médecin  tongrois 
Phillippe  Gherinx.  Il  mourut  à  Liège  le  4-  avril  1682  et  fut  enterré  au  vieux  chœur  de 
la  cathédrale  sous  une  pierre  tumulaire  portant: 

SEPULCHRUM 

Reverendi  admodum  et  perillustris  Dni  Laurenlii  de  Mean  hujus  eccîesiœ  dura  vixit 
Canonici  et  scholastici  ne  in  eadem  Harmonica  urchidiaconi  ;  eccîesiœ  D.  M.  V. 
oppidi  Tongrensis  Prœpositi,  etc. 

V.  Recueil  des  bourgmestre  de  Liège ,  par  Loyers,  p.  182. 

*  Voir  Duplication  Htlérarum  executorialium  in  favorem  perillustris  /{,u  adm 
Domini  D.  Laurentii  de  Mean  canonici  et  archidiaconi  in  ecclesia  Leodiensi,  nec 
non  prœpositi  Eccîesiœ  Collegialœ  B.  M.  V.  oppidi  Tongrensis. 

contra 
/.'//.  1)1).  Capitulum  Decanum  et  canonicos  dicta'  Eccîesiœ  Tongrcn.  relaxatorum . 
(Leod.  1G82  ,  brochure  de  19  pages.) 

'  11  rebâtit  le  chœur  de  l'église  de  Mulken  ainsi  que  le  prouve  l'inscription  qu'on  lit 
sur  les  vitraux. 


—  401    — 

ecclésiastique  contribua  beaucoup  à  la  restauration  de  l'église,  ruinée  par 
l'incendie  et  donna  les  six  grands  tableaux  qui  ornent  le  chœur,  une  lampe 
à  cierges  en  cuivre  doré  et  une  chape  très-riche.  Il  mourut  à  Liège  le 
23  octobre  1720. 

40.  François-Chevalier  DE  HINNISDAEL,  comte  de  Craynhem  St.-Pierre1 

et  de  St. -Etienne  sur  Woluwe,  chanoine  de  St. -Lambert,  après  la 
mort  de  son  épouse2  le  7  octobre  1716 3;  prévôt  de  Tongres  le  18  novem- 
bre 1720,  mort  à  Malines  le  0  juillet  1728.  Il  donna  une  chape  encore 
conservée  au  trésor  l. 

41.  Jean-Louis  d'OYEMBRUGGE  ,  comte  de  Duras,  baron  d'Elderen  et  de 

Roost,  chanoine  de  St. -Lambert  en  1720,  abbé  de  Dinant,  archidiacre 
d'Ardcnnes  le  27  novembre  1720,  prévôt  de  Tongres  en  1720,  grand 
doyen  de  St. -Lambert  le  7  avril  1729,  prévôt  de  St  .-Lambert ,  archi- 
diacre des  conciles  de  Bastogne  et  de  Stavelot ,  conseiller  privé  de  Son 
Altesse  le  prince-évèque,  mort  le  18  avril  1753.  Il  donna  la  porte  en 
cuivre  et  la  séparation  en  marbre  du  chœur  de  l'église. 

42.  Charles-Nicolas-Alexandre  comte  D'OULTREMONT  de  Warfusée  5, 

chanoine  de  St. -Lambert  le  5  octobre  1737,  prévôt  de  N.-D.  en  1753, 
élu  prince-évèque  de  Liège,  duc  de  Bouillon,  marquis  de  Francbimont , 
comte  de  Looz  et  de  Homes,  baron  de  Herstal  le  20  avril  17G3 c,  inauguré 
le  11  juin  1764.  Il  renonça  à  la  prévôté  en   1763  et  fut  remplacé  par 

43.  Walramme-iMichel  comte  DE  BORCHGRAVE  7  ,    baron    d'Elderen  , 


1  II  était  fils  do  Mathieu  Lambert  de  Hinnîsdael ,  s1'  de  Moiislreuil  et  de  Jeanne 
Marie  de  Simonis.  François  de  Hinnisdael  fui  créé  comte  par  lettres  patentes  de  Charles  VI, 
le  10  février  1723. 

Voir  Archives  de  l'Etat  à  Liège.  Diplômes  impériaux,  II,  p.  347. 

2  Son  épouse ,  morte  à  l'âge  de  20  ans  ,  se  nommait  Marie-Anne-Florenee-Thérèse 
de  Berchcm. 

3  Son  tombeau  en  marbre  blanc  sculpté  par  Delcourt  se  trouve  à  Tongres  dans  l'église 
de  l'hôpital.    . 

*  Voir  le  n°  15,  des  chapes. 

*  Charles  comte  d'Oultremont  naquit  à  Liège  le  26  juin  1716  et  y  mourut  le 
22  octobre  1771. 

6  En  1763  il  demanda  au  Saint-Siège  de  confier  la  nomination  des  prévôts  àl'évèque 
de  Liège;  mais  le  pape  Clément  envoya  le  4  des  nones  de  mai  1764  une  bulle  confir- 
matoire  des  anciens  droits  du  chapitre  de  Tongres.  Voir  Archives  de  l'église ,  registre 
n°  14,  fo  165. 

7  11  était  fils  de  Michel-François  baron  de  Borchgrave ,  seigneur  de  Bovelingen  et  de 
Marie  de  Geloes,  chanoinesse  d'Espinal. 

Les  membres  de  la  famille  de  Borchgrave  reçurent  le  titre  de  comtes  du  S.  E.  B. 
par  lettres  patentes  de  1745.  Voir  Archives  de  l'Etal  à  Liège.  Lefokt,  III ,  p.  366  à  369. 
Ibidem  Diplômes  impériaux  et  C.  P.,  II,  p.  311. 


—  402  — 

de  Gënoels-Elderen,  Seilles,  Membruggen  et  Mali.,  chanoine  de 
St. -Lambert  en  1741.  Il  devint  grand  prévôt  de  St. -Lambert  le  13  novem- 
bre 1772  ,  président  de  la  chambre  des  finances  de  la  principauté  de  Liège, 
membre  des  nobles  des  comtés  de  Looz  et  de  Namuret  mourut  au  château 
de  Gcnoels-Elderen  le  19  juin  1782. 

Il  fit  don  au  chapitre  de  la  chape  décrite  sous  le  n°  18. 
H.  Charles-Jean-Baptiste-Léonard-Michel  WALRAMME,  comte  de Geloes 
et  du  saint  Empire  Romain,  chanoine  de  Saint-Lambert  en  1759,  pair 
du  comté  de  Looz,  prévôt  de  St. -Servais  à  Maestricht ,  président  de  la 
chambre  des  finances  de  S.  A.,  prévôt  de  Tongres  en  1782,  archi- 
diacre de  Brabant  et  de  Mechelen,  seigneur  de  Mechelen ,  de  Daelgrimby, 
Twez-Bergen,  Glabeek ,  etc. 

Il  donna  les  deux  autels  en  marbre  qui  se  trouvent  dans  les  deux  premières 
chapelles  de  l'église  de  N.-D. 

45.  Ferdinand-Conrard  Baron  de  HAXE  de  Hamal,  Seign.  de  Bierset, 

Hamal,  Nederheim,  Paifve,  etc.,  chanoine  tréfoncier  après  la  mort  de 
son  épouse  en  1749,  prévôt  de  Ste. -Croix,  archidiacre  d'Ardennes  et  des 
conciles  de  Stavelot  et  de  Bastogne  ,  prévôt  de  N.-D.  de  Tongres  le  22 
août  1791,  grand  prévôt  de  Liège  le  15  juillet  1782,  mort  en  1793.  Le 
dernier  prévôt  de  la  collégiale  fut 

46.  César-Marie-Constantin  Comte  de  RIÉAN  et  de  Beaurieux,  chanoine 

Tréfoncier  en  1784,  président  de  la  chambre  des  finances  de  S.  A.,  prévôt 
de  St. -Jacques  à  Liège,  prévôt  de  Tongres  le  23  septembre  1793  ,  mort 
à  Liège  le  19  juillet  1833. 

II. 
LISTE  DES   DOYENS    DU    CHAPITRE. 

L'église  grecque  fut  la  première  qui,  imitant  ce  qui  existait 
déjà  dans  l'administration  civile  et  militaire,  divisa  le  clergé  eu 
doyennés  l. 

A  la  tète  de  chaque  doyenné  elle  plaça  un  decanus  {SeicaSapxo<; , 
chef  de  dix  hommes). 


'  On  se  servait  du  mot  Decanus  chez  les  Romains  pour  désigner  un  juge  inférieur 
qui  rendait  la  justice  à  dix  villages. 

Les  Deeani  étaient  préposés  sur  dix  ofiieiers  inférieurs  dans  le  palais  des  empereurs 
de  Constantinople. 


—  403  — 

Il  parait  que  ces  premiers  doyens  furent  de  simples  laïques , 
considérés  plutôt  comme  des  protecteurs  que  comme  des  chefs  :  vers 
le  VIIIe  siècle  les  abbés  ou  prévôts,  qui  jusqu'alors  avaient  nommé 
les  doyens,  cédèrent  ce  droit  aux  chapitres  :  ils  s'en  réservèrent 
l'approbation  et  l'évoque  eut  l'institution  canonique  lorsque  les 
doyens  devinrent  les  chefs  spirituels  des  chapitres. 

Après  la  bulle  donnée  en  1254  par  le  pape  Innocent  IV,  les 
doyens  de  N.-D.  furent  élus  par  le  chapitre  f  et  reçurent  l'insti- 
tution canonique  du  Saint-Siège. 

Aussi  à  la  mort  du  doyen  Radulphe  de  Rivo ,  arrivée  le 
3  novembre  1403,  le  plus  ancien  chanoine  convoqua-t-il  de  suite 
après  les  obsèques*  tous  les  chanoines  résidents  afin  de  pourvoir 
au  remplacement  du  doyen  décédé.  Celte  fois,  d'après  la  chronique, 
deux  partis  se  trouvèrent  en  présence.  Quelques  chanoines  voulaient 
nommer  Gérard  de  Heers  licencié  ès-lois ,  diacre  et  recteur  de  la 
chapelle  de  St. -Jean-Baptiste  à  Bindervelt  ;  les  autres  se  pronon- 
çaient en  faveur  de  Nicolas  Burin ,  doyen  de  Huy  et  chanoine  de 
Tongres. 

Pour  mettre  un  terme  à  ces  dissensions  intestines  qui  souvent 
avaient  divisé  les  membres  du  chapitre,  le  vice-doyen  Gilles  de  Fies 
fit  décider  que  les  élections  se  feraient  désormais  au  scrutin  secret 
et  que  les  bulletins  seraient  recueillis  par  trois  scrutateurs  nommés 
parmi  les  membres  du  chapitre  assistés  du  notaire  et  de  deux  témoins. 

Quinze  chanoines  furent  présents  au  vote  du  18  décembre  1403; 
Gérard  de  Heers  obtint  1 2  voix ,  fut  admis  à  la  prestation  du  ser- 
ment prescrit  par  les  statuts  2  et  proclamé  doyen  du  chapitre. 


1  Electio  decani  pertinet  ad  canonicos  Tungrenses  et  quotienscumque  vacat  Decanatus 
dicli  canonici  résidentes  debent  intrare  in  capitulum  et  perfigere  certam  diem  ad 
eligondum  decanum. 

Voir  Statuta  ecclesiœ  Tong.,  n"  3  du  catalogue,  f°  iiij. 

-  Voici  la  formule  du  serment  que  le  doyen  devait  prêter  au  chœur  de  l'église  en 
présence  du  chapitre  des  bénéficiers ,  du  pléban  et  des  recteurs  : 

»  Ego  N.  juro  me  habere  canonicum  ingressum  in  isto  decanatu  de  quo  michi  auctorita- 


—  404  — 

Nicolas  Burin  s'opposa  à  cette  élection  soutenant  que  l'élu 
Gérard  était  fils  naturel  du  chevalier  Gérard,  seigneur  de  Heers; 
le  pape  Boniface  IX  la  confirma  cependant,  mais  décréta,  le  12  des 
kalendes  de  mai  1404,  qu'à  l'avenir  on  n'admettrait  aucun  cha- 
noine qu'après  avoir  justifié  qu'il  était  descendant  légitime  dans 
les  deux  degrés  de  ses  ascendants  l. 

Après  cette  digression  nous  signalerons  en  quelques  mots  les 
prérogatives  attachées  à  la  dignité  décanale. 

Le  doyen  de  Tongres  jouissait  partout  de  la  primauté  2,  il  exerçait 
sa  juridiction  sur  les  chanoines  et  sur  tous  ceux  qui  dépendaient 
du  chapitre;  il  fixait  les  réunions  en  dehors  des  trois  chapitres 
généraux  ,  surveillait  la  conduite  des  chanomes  et  des  autres 
subordonnés  et  punissait  les  déliquants  5. 

11  avait  l'obligation  d'entendre  la  confession  des  chanoines  et 

te  apostoliea  est  provisum  et  quod  nicliil  dedi  vel  promisi  pro  ipso  assequendo.  Item 
juro  hereditates  jura  et  bona  ipsins  decanatus  que  invenero  conservare  et  si  que  dispersa 
vel  alienata  fuerint  pro  posse  reeuperare.  Item  juro  cum  capitulo  liujus  ecclesie  residen- 
tiam  facere  personalem ,  ac  i n fia  annum  nunc  incipientem  me  ad  ordinem  sacerdotalem 
quantum  in  me  fuerit  facere  ac  procurare  promoveri.  Item  juro  oflîcium  débita  ac  onera 
dicti  decanatus  per  me  seu  suflicientem  hujus  ecclesie  canonicum  prebentatum  si  absens 
sive  impeditus  ex  legitimis  causis  fuero  exercere  facere  et  sustenlare  nec  non  libeitates 
statuta  et  consuetudines  hujus  ecclesie  et  presertim  statulum  et  consuetudinem  de  dic-to 
decanatu  non  tenendo  absque  canonicatu  et  prebenda  inviolabilité!1  observare.  Item 
juro  in  eventum  in  quem  canonicus  prebendatus  hujus  ecclesie  non  remansero  quod 
decanatui  sine  aliqua  diflicultate  ac  ejus  possessioni  cedam ,  ipsumque  realitcr  dimitlam 
et  admissionem  ad  ipsum  decanalum  habitam  pro  non  facta  babebo.  Item  juro  me  pre- 
missa  omnia  pro  posse  meo  observaturum  sic  me  deus  adjuvet  et  bec  sancla  dei  euangelia.  » 
V.   Slaluta  eccl.  Tong.,  f°  XL111. 

1  Cette  défense  fut  renouvelée  par  l'évêque  Gérard  de  Groesbeeck  ,  en  1580.  V.  Ar- 
chives de  l'église  ,  registre  n°  5  ,  f°  1 16. 

8  Stallus  decani  in  clioro  est  in  sinistro  choro  in  summo  stallo  et  similiter  in  ca- 
pitulo  V.  Statuta  ,  f°  iiij. 

3  Oflîcium  decani  est  exercere  jurisdictionem  et  disciplinam  in  omnes  canonicos  et  vi- 
carios  et  clericos  chori  et  omnes  emancipatos  et  plebanos  et  eorum  vicarios  ac  omnes 
sacerdntps  célébrantes  in  capellis  quibuslibet  et  altaribus  ville  Tungrensis  et  in  capellis 
pertinentibus  ad  parochiam  tungrensem.  V.  Statuta,  f°  iiij. 

Decanns  jurisdictionem  exercet  in  suppositos  ecclesiae  scilicet  notarium  quatuor  vergife- 
ros,  receptores ,  villicos  prapositi  et  capituli,  advocatum,  syndicum,  fiscum  ,  rectorem 
scolarum,  duos  submonitores,  mensuratorem  et  pistorcm.  Voir  Nova  statuta  ecclesiœ 
Tongrensis  ,  n°  4  du  catalogue  ,  p.  99. 


—  405  — 

des  bénéficiera ,  de  célébrer  la  messe  aux  principales  fêtes  de  l'année 
et  les  obsèques  des  chanoines  défunts.  Aus?i  les  statuts  pres- 
crivaient-ils que  l'élu  qui  n'était  pas  prêtre  devait  recevoir  la  prê- 
trise endéans  l'année  de  sa  nomination  au  doyenné  *. 

Le  doyen  de  N.-D.  conférait  le  rectorat  de  la  chapelle  dédiée 
à  Sle-Marie-Madelaine  et  celui  de  la  chapelle  des  Lépreux  ; 
plus  tard  il  conféra  aussi  le  rectorat  de  Sammelen  et  le  bénéfice 
de  la  Ste. -Vierge  et  de  St. -Jean-Baptiste  fondé  en  1612  par  le 
doyen  Pauli  2. 

Les  revenus  attachés  au  doyenné  modiques  dans  le  principe 
consistaient  en  quelques  cens  payés  par  les  communes  de  Vrechele, 
de  Bindele ,  de  Vlude,  de  Gherwen,  de  Lende,  de  Bridai  et 
à'Erpenkeym  3  ;  plus  tard  on  y  ajouta  une  partie  de  la  dime  des 
fruits  croissant  à  Berg  et  à  Elderen  ainsi  qu'une  redevance  à 
charge  de  la  cure  de  Nieuwkerken  (pays  de  Waes). 

Voici  par  ordre  chronologique  les  noms  des  doyens  du  chapitre 
de  Tongres ,  mentionnés  dans  les  archives  : 

).  EUAI1US  était  doyen  du  chapitre  en  l!6i;  il  fut  député  avec  le  prévôt 
Simon,  par  le  chapitre  de  Tongres,  pour  établir  une  confraternité  avec  les 
membres  du  monastère  de  Heylissem  *. 

2.  ROBERT  était  doyen  en  1 193  ,  il  mourut  le  28  juin  1 194  \ 

3.  GORDAN  était  doyen  vers  1195°. 

4.  PIERRE  était  doyen  en  1206  \ 

5.  JACQUES  l'était  en  1220  8. 


1  V.  Statuta  eccl.  Tong,  no  3  du  catalogue ,  f°  XII  verso. 

*  V.  Archives  de  N.-D.,  registre  n<>  10  du  catalogue,  fu  3U. 

3  Le  25  juin  1784,  le  doyen  et  le  chapitre  de  Liège  unirent  le  bénéfice  de  St. -Mathieu 
et  de  St. -Hubert  au  doyenné. 

*  V.  Statuta  eccl.  Tongr.,  n°  3  du  catalogue,  f°  XXV. 
5  V.  ibid.,  f°  XXXVI. 

e  V.  Jos.  Dams,  Hist.  de  Looz  ,  t.  II,  p.  7  des  documents  historiques  de  l'église. 

7  V.  Stalula  f°   XXXVII.    Le  doyen   Pierre   occupait  à    cette  époque    la    quatrième 
maison  claustrale. 

8  V.  ibid.,  f°  XXXVII  verso. 


—  406  — 


G.  En  1234  nous  trouvons  à  la  tète  du  cha- 
pitre GILBERT  \  il  fut  remplacé  par 

7.  AMEL;le  1  octobre  1236,  il  porta  un 
jugement  en  faveur  des  frères  et  sœurs 
de  l'hôpital  de  Tongres  contre  les 
héritiers  de  Merica  s. 

8.  En  1267  ROBERT  était  revêtu  de  la 
dignité  décanale  3. 

9.  JEAN  était  doyen  en  1273  *. 

10.  En  1307  le  prévôt  et  le  chapitre  de 
Tongres  décidèrent  que  les  revenus, 
cens  et  dîmes  perçus  par  Técolàlre 
le  seraient  désormais  par  le  receveur 
du  chapitre  qui  paierait  annuellement 
à  l'écolàtre  70  mesures  de  grains. 
ULRIC  est  qualifié  de  doyen  dans  cet 
acte  daté  du  3  juillet  1307  5. 

11.  JACQUES  DE  CODOLUS,  chanoine  de 
N.-D.  en  1307,  figure  comme  doyen 
en  1317  \ 

12.  GILLES  est  indiqué  comme  doyen  dans 
un  acte  de  1345  7. 

13.  JACQUES  DE  ADAiMIS  DE  PARMA  était  doyen  en  1359  ;  il  fonda  un  anni- 

versaire à  célébrer  annuellement  le  jour  de  sa  mort  (20  mai) 8. 

14.  RADULPHE  (Rodolphe  ou  Raoul)  DE  RIVO,  né  à  Bréda  vers  le  milieu  du 

XIVc  siècle,  maître  es  arts,  licencié  es  lois,   bachelier  es  droit  canon  et 
chanoine  de  N.-D.,  fut  élu  doyen  vers  1381  °. 
Pendant  son  séjour  à  Tongres,  il  composa  une  chronique  comprenant  les  années 
1347  à  1383.  Cette  chronique  intitulée  :  Gesla  trium  ponti  ficum  Leodiensi  uni 
Engelberti  a  Marka  Joannis  de  Arkel  et  Arnoldi  de  Home,  fut  publiée 


1  V.  Archives  de  l'hôpital.  Parchemin  n°  LXXXIX.  De  euria  de  merica.  Nous 
reproduisons  le  dessin  du  sceau  de  ce  doyen. 

8  V.  Archives  de  l'hôpital,  n°  LXXXIX  des  parchemins. 

"  V.  mêmes  archives,  parchemin  n°  LX1. 

1  V.  mêmes  archives ,  parchemin  n°  LXX1V. 

5  V.  Archives  de  l'église  N.-D.  Registre  n°  7  du  catalogue,  p.  77  et  registre  n°3, 
f°  XXXVI  verso. 

0  V.  Ibidem,  p.  78  et  reg.  n"  3,  f°  XXXVII. 

7  V.  Archives  de  l'hôpital,  parchemin  n°  XCVI. 

8  V.  Archives  de  l'église  N.-D.  Registre  n°  19,  P9,  registre  n°  3,  P  XXXVII  et 
registre  n°  5,  f"  67. 

'J  V.  Stalula  eccles.  Tongrensis,  n"  3  du  catalogue,  f"  XXXIII. 


—  407  — 

par  le  chanoine  Chapeaville  dans  le  troisième  volume  de  ses  Gesla  Ponti- 
ficum.  11  laissa  encore  :  De  canonum  observantia  liber,  imprimé  à  Cologne  en 
1568  et  à  Rome  en  1590  '  ;  Calendarius  ecclesiasticas  generalis,  imprimé  en 
1568  à  Louvain.  Depsalterio  observando,  manuscrit  déposé  à  la  bibliothèque 
royale  sous  le  numéro  2,000  *  ;  Manipulas  de  gramatica ,  un  Marlyro- 
logium  en  vers  et  un  Catalogus  librorum  manuscriptorum  per  Belgium. 
Le  doyen  de  Rivo  s'appliqua  à  faire  revivre  l'observance  rigoureuse  des 
statuts  3  ;  il  testa  le  5  novembre  1401  \  mourut  à  Tongres  le  3  novembre 
1403,  et  fut  enterré  devant  la  chapelle  de  tous  les  Saints  \ 

15.  Gérard  DE  HEERS,  fils  naturel  de  Gérard,  seigneur  de  Heers,  succéda  à  de 

Rivo.  Il  était  licencié  es  droit,  chanoine  de  N.-D.  en  1394  et  recteur  de 
la  chapelle  de  Bindervelt.  Son  élection  donna  lieu  à  quelques  difficultés 
mais  fut  approuvée  par  le  Saint-Siège.  Comme  son  prédécesseur,  Gérard 
fut  un  bibliophile  distingué.  Il  testa  le  23  mars  1408  °  et  mourut  à 
Tongres  le  19  octobre  1410. 

16.  Son  successeur  immédiat  nous  est  inconnu:  nous  pensons  que  ce  fut  Arnold 

YWANI,  qui  après  la  mort  de  Gérard  occupa  sa  maison  claustrale  7. 

17.  Le  3  mai  1445,  G1SELBERT  DE  EEL  fut  élu  doyen;  il  était  chanoine  de 

N.-D.  depuis  le  5  septembre  1430.  Après  sa  mort  en  1457  8  le  chapitre 
choisit  pour  lui  succéder  : 

18.  Régnier  TIELEN,  chanoine  de  N.-D.  depuis  le  1er  mai  1450  9. 

19.  Guillaume  CALDENBERCH  succéda  à  Tielen  et  mourut  le  9  février  1484  ,0. 

20.  Guillaume  KERSMECKERS  fut  élu  le  14  mars  1484  "  et  après  sa  mort  rem- 

placé par 

1  V.  Dibliolheca  palrum,  tom.  XIV.  col.  1618.  et  Maxima  bibliolbeca  veterum 
patrum,  tom.  XXVI,  f°  289. 

*  Voir  le  jugement  porté  sur  la  chronique  de  Radulphe  par  Bektholet  dans  le  discours 
préliminaire  de  son  Histoire  de  l'église  et  de  la  principauté  de  Liège.  Bulletin  de  l'insti- 
tut archéol.  liégeois,  tom  III,  p.  291. 

3  V.  Archives  de  l'église  N.-D.  registre  n°  3,  du  catalogue,  f°  XXXIII. 

i  V.  mêmes  archives  registre  n°  7,  du  catalogue,  f°  215. 

5  Chaque  année  le  jour  de  la  commémoration  des  morts ,  le  chapitre  se  rendait  en 
procession  à  l'endroit  où  le  doyen  Radulphe  était  enterré  et  y  récitait  le  de  profundis. 
V.  Archives  de  l'église  Rubricœ  générales  ecclesiœ,  registre  n°  2  du  catalogue,  p.  62. 

6  V.  Archives  de  l'église,  registre  n°  7,  f°  106. 

1  V.  Archives  de  l'église,  registre  no  3,  f0  XXXVII  verso. 

8  V.  mêmes  archives,  registre  n°  57  du  catalogue,  f°  149  et  274. 

9  V.  mêmes  archives,  registre  n°  8,  f°  160. 

10  V.  mêmes  archives,  registre  n°  57,  f°  30. 

"  V.  mêmes  archives,  registre  n°  46,  f°  12.  Il  portait  :  d'argent  à  lafasce  d'or  accom- 
pagnée de  neuf  pièces  de  vair  rangées  trois  en  tête  et  six  en  pointe  quatre  et  deux , 
au  franc  canton  de  gueules  chargé  d'un  A  d'or. 


—  408  — 

21 .  Guillaume  TIERSSEMETIS  qui  testa  le  5  avril  1508  « . 

22.  Guillaume  KERSMECKERS,  probablement  neveu  de  l'avant-dernier  doyen, 

fut  reçu  chanoine  de  iN.-D.  le  2  mai  1505.  Après  la  mort  de  Tierssemetis,  il 
fut  nommé  doyen  le  9  août  1508  :  il  donna  un  tableau  dont  il  n'existe 
plus  que  les  deux  volets ,  représentant  le  donateur  à  genoux  ;  derrière  lui 
se  trouvent  deux  évêques. 

23.  En  1570,  Henri  VAN  ES  était  doyen  ;  il  avait  été  reçu  chanoine  le  10  sep- 

tembre 1540;  il  testa  le  14  octobre  1578. 

24.  Hugo  M1LIT1S  lui  succéda  ;  il  mourut  en  1596. 

25.  Jean  PAEL  ou  PAULI,   licencié  es  lois,  chanoine  de  Tongres  depuis  le  7 

janvier  1591,  fut  élu  doyen  le  11  juin  159G  *.  Son  élection  fut  continuée 
peu  de  temps  après  par  le  pape  Clément  VIII.  11  testa  le  23  février  1612  s, 
légua  sa  maison  au  chapitre  et  fonda  un  bénélice  simple  qu'il  plaça  sous  la 
protection  de  la  sainte  Vierge  et  de  saint  Jean-Bapliste  :  la  collation  de  ce 
bénéfice  fut  réservée  à  ses  successeurs  dans  le  décanat.  Pael  mourut  à 
Tongres  le  5  mars  ICI 2  et  fut  enterré  dans  l'allée  droite  du  cloître  où  l'on 
voit  sa  pierre  tumulaire  *. 

26.  Arnold  WITTEN  succéda  au  doyen  Pael  :   il  testa  le  21  mars  1633  °  et 

mourut  à  Tongres  le  29  septembre  1637. 

27.  Mathieu  DE  CASTRO  fut  choisi  en  remplacement  d'Arnold  Witten  ,  le  4  no- 

vembre 1637  °.  Son  élection  fut  à  ce  qu'il  paraît  confirmée,  le  13  novembre 
1637,  parle  prévôt  Ernest  de  Billebé  7.  11  testa  le  21  janvier  1626  8  et 
mourut  le  9  août  1638. 

28.  Lidert  LOEFFS,  chanoine  de  Tongres  le  21  février  1628,  fut  élu  doyen  en 

1638  °.  Son  élection  semble  avoir  été  confirmée,  par  le  même  prévôt  le 
2  octobre  1638  >o.  Il  fonda  un  anniversaire,  donna  une  chapeau  chapitre 
et  mourut  à  Tongres  le  4  janvier  1654. 

29.  Son  successeur  fut  Herman  HUSTIN,  chanoine  de  Tongres  depuis  le  20  jan- 

vier 1613.  Son  élection  eut  lieu  le  II  février  1654  "  et  donna  lieu  à 
quelques  difficultés  qui  heureusement  se  terminèrent  à  l'amiable.  En  1643, 

1  V.  Archives  de  l'église  ,  registre  n°  5  ,  f°  21. 

*  V.  Archives  de  l'église  de  N.-D.,  registre  n°  10,  f"  316. 

3  V.  mêmes  archives,  registres  n°  9,  f(1  5  ,  n°  10,  f"  311  et  n°  105,  f'  1. 

1  V.  Le  n°  15  des  épitaphes. 

5  V.  Archives  de  l'église,  registre  n"  9,  p.  lf>7. 

0  V.  Archives  de  l'église,   registre  nu  10,  p.  31(i. 

7  V.  Jura  prœpositi  ceclesiœ  Tongrensis,  p.  15. 

8  V.  Archives  de  l'église,  registre  n°  10,  f<>  322. 

9  V.  Archives  de  l'église,  registre  n0  9,  p.  104. 
"'  V.  Jura  prœpositi,  p.  15. 

"  V.  Archives  de  l'église,  registre  u°  10,  p.  310. 


—  409  — 

il  donna  un  reliquaire  en  argent  encore  conserve"  dans  le  trésor  de  N.-D.  \ 
Herman  Hùstin  testa  le  . . .  mars  1G21  ;  il  était  sur  le  point  de  célébrer 
son  jubilé  de  cinquante  années  de  canonicat  lorsque  la  mort  vint  le  sur- 
prendre le  1G  juin  1662  2. 

30.  Léonaiid  PALUUANUS,  licencié  es  lois,  chanoine  de  St.-Martin  à  Russon,  et 

chanoine  de  Tongres  depuis  le  6  octobre  1652  3,  fut  élu  doyen  en  rem- 
placement de  Herman  Hustin.  11  mourut  à  Tongres  le  1er  novembre  \qqq 
et  le  chapitre  nomma  à  sa  place 

31 .  Pieuue  DEL  VAUX,  chanoine  de  N.-D.  depuis  le  9  mars  1651  ;  ce  doyen 

mourut  à  Tongres  le  26  septembre  1679  \ 

32.  Aknold  DE  VOET  ou  VOETS,  né  à  Tongres  le  4  mars  1634  \  chanoine  de 

N.-D.  le  22  septembre  1660,  prêtre  en  1674,  succéda  le  16  février  1680 
à  Del  Vaux. 
Les  démarches  constantes  de  ce  digne  doyen  engagèrent  le  roi  Louis  XIV 
à  donner  20,000  francs  pour  la  restauration  de  l'église  brûlée  par  le 
général  français  comte  Calvo,  mais  cette  somme  fut  absorbée  par  rétablis- 
sement d'un  nouveau  toit.  Voets  abandonna  généreusement  à  la  fabrique 
la  plus  grande  partie  des  revenus  de  sa  prébende ,  donna  un  ornement 
complet  G  en  satin  brodé  d'or,  provoqua  la  générosité  des  citoyens  ,  des 
chanoines,  du  prévôt  et  du  commandeur  des  Vieux-Joncs,  obtint  des 
bulles  du  Saint-Siège  et  mena  à  bonne  fin  l'œuvre  si  difficile  qu'il  avait 
commencée.  En  mourant  il  eut  la  consolation  de  voir  l'église  rétablie, 
si  pas  dans  son  antique  splendeur ,  du  moins  convenablement  restaurée. 
Pendant  sa  vie  il  fit  construire  dans  la  chapelle  du  chapitre  un  tombeau 
recouvert  d'une  plaque  en  marbre  blanc ,  mentionnant  l'époque  de  sa 
mort,  17  septembre  1703,  son  âge  69  ,  ses  années  de  canonicat  42  , 
de  prêtrise  29  et  de  doyenné  23  7. 

33.  Mathieu-Paul  CLOSAR  de  Liège  ,  chanoine  de  Tongres  depuis  le  13  jan- 

vier 1687,  avait  été  témoin  du  dévouement  de  son  prédécesseur,  aussi 
marcha-t-il  noblement  sur  ses  traces  ;  il  compléta  la  restauration  de 
l'édifice  en  meublant  l'église ,  donna  le  tabernacle  qui  ornait  le  maître- 
autel  ,  offrit    une  belle  chape  au  chapitre  ,    reconstruisit   la    première 


V.  le  reliquaire  ostensoir,  n°  6. 
V.  Archives  de  l'église,  registre  n°  9,  p.  360. 
V.  Archives  de  l'église,  registre  n°  9,  fos  287  et  339. 
V.  Archives  de  l'église,  registre  n°  9,  p.  283. 
V.  Il  était  fils  de  Henri  De  Voet  et  de  Marie  Pex. 
V.  le  ii°  1 1  des  chapes  et  le  n°  8  des  chasubles. 
V.  le  n°  3  des  épitaphes. 
XXIX  XXII  26 


—  410  — 

maison  claustrale  et  mourut  à  Tongres  le  22  février  173i,  âgé  de  67  ans. 
Il  fut  enterré  dans  le  caveau  destiné  spécialement  à  la  sépulture  des 
chanoines;  ses  héritiers  lui  firent  élever  un  monument  en  marbre  hlanc 
et  noir ,  dressé  contre  le  mur  de  la  chapelle  dédiée  à  saint  Joseph. 

31.  GoDEFHOiD-PiEnnE  de  REQU1LÉ ,  chanoine  de  N.-D. ,  succéda  à  Closar 
en  1735.  Aucun  fait  important  ne  s'accomplit  pendant  le  temps  que  dura 
son  décanat  ;  il  mourut  à  Tongres  le  18  mars  1752. 

35.  Jean-Balthazar  de  PRÉ  fut  nommé  en  remplacement  de  de  Requilé.  Il 
était  chanoine  de  N.-D.  depuis  le  12  octohre  173G  et  avait  été  sur  le 
point  de  succéder  à  Closar.  Le  doyen  de  Prez  mourut  à  Tongres  en  17GG. 
II  paraît  que  les  difficultés  qui  s'élevèrent  entre  les  memhres  du  chapitre, 
empêchèrent  la  nomination  d'un  nouveau  doyen,  car  depuis  17G6 
jusqu'en  1775  nous  trouvons  à  la  tète  du  chapitre  des  vice-doyens  choi- 
sis annuellement. 

3G.  Enfin  en  1775  Nicolas-Adam  de  PALMER ,  chanoine  de  Bonn  et  d'Augs- 
bourg ,  membre  du  chapitre  de  Tongres  depuis  le  7  avril  1753  et 
officiai  en  I7G2,  fut  élu  doyen.  Il  administra  avec  zèle  les  biens  de 
l'église  ,  rétablit  la  discipline  dans  le  chapitre  et  donna  un  ornement 
complet  en  satin  rouge  à  la  fabrique. 

Le  doyen  de  Palmer  mourut  en  178(J  et  fut  remplacé  le  21  avril  de  la 
même  année  par 

37.  Bohert-Jean-Dominique  DE  BELLEFROID  DE  COLMONT,  né  à  Tongres 
le  30  octobre  1750.  Il  était  fils  de  Chrétien-Arnold  de  Bellefroid,  seigneur 
de  Colmont  et  d'Hélène-Rose-Élisabetb  Driesens.  Après  avoir  achevé 
ses  études  chez  les  chanoines  réguliers  ,  le  jeune  Robert  se  rendit  à  Rome 
où  il  étudia  la  théologie  :  quoique  absent  il  obtint  le  11  août  1763  une 
prébende  dans  la  collégiale  de  Tongres  et  le  21  avril  1789  il  fut  élu 
doyen  du  chapitre.  Il  venait  d'être  nommé  chanoine  honoraire  de  la 
cathédrale  de  Liège  lorsque  la  révolution  française  éclata.  Condamné  à  la 
déportation  par  arrêt  du  Directoire  du  11  octobre  1797  pour  «  avoir  eu 
»  des  intelligences  coupables  avec  le  ci-devant  prinec-évèque  de  Liège 
»  et  s'être  servi  de  son  influence  en  assemblant  le  chapitre  aux  fins  de 
»  faire  rejeter  la  déclaration  exigée  des  ministres  du  culte  »  il  obtint 
cependant  une  mise  sous  surveillance  et  se  réfugia  en  Wcstphalie. 

Revenus  à  Tongres  en  1801,  les  membres  du  chapitre  supprimé  voulurent 
partager  entre  eux  les  reliquaires  et  les  ornements  sacerdotaux  de 
l'ancienne  collégiale  ;  le  digne  doyen  de  Bellefroid  céda  généreusement 
sa  part  à  la  fabrique  et  fit  partager  son  noble  désintéressement  par  tous 
ses  anciens  confrères. 

Boberl  de  Bellefroid  fut  le  dernier  doyen  du  chapitre  de  N.-D.  ,  qui  exista 
pendant  10U0  ans  depuis  Charlcmagne  jusqu'à  Napoléon  1er.  il  mourut  à 
Tongres  le  1G  février  1827. 


411   — 


LISTE  DES   PLÉBANS  ET  DES   CURÉS. 

Le  pléban  '  de  Tongres ,  assisté  des  deux  subplébans,  devait 
administrer  les  sacrements  et  instruire  dans  la  religion  les  habitants 
de  la  ville  de  Tongres  et  de  sa  banlieue.  C'était  donc  le  véritable  curé 
de  cette  communauté  religieuse.  La  nomination  du  pléban  appar- 
tenait au  Saint-Siège  cl  au  prévôt.  Le  chapitre  archidiaconal  donnait 
l'institution  canonique  au  nouvel  élu  2.  Le  pléban  était  protono- 
laire  apostolique  ;  il  devait  tenir  régulièrement  les  registres  des 
naissances ,  des  mariages  et  des  décès  3  et  avait  la  collation  des 
rectorats  de  Henis,  de  Widoie ,  d'Oflelken  et  de  Rixingen ,  du 
rectorat  et  du  bénéfice  de  la  Stc. -Vierge  à  Neerrepen ,  des  béné- 
fices de  St. -Nicolas,  de  St.-Eloi  et  de  Ste. -Agathe,  fondés  dans 
l'église  de  St. -Nicolas ,  et  de  celui  de  la  Ste. -Vierge  fondée  dans 
l'église  de  St. -Jean  à  Tongres. 

En  1562  les  bénéfices  de  St. -Nicolas  et  de  Ste. -Catherine 
furent  incorporés  dans  les  subplébanies  ;  la  collation  en  passa 
au  pléban   qui    renonça  à  celle  des  chapelles  de  Pirange  et  de 


1  De  Plebs,  peuple,  curam  plebis  liabens.  Les  plébans  portaient  indifféremment  les 
noms  de  inve&tîbus,  persona,  jilebanus,  etc.  On  trouve  fréquemment  dans  les  actes  du 
XIVe  et  du  XVe  siècle  :  Die  persoen  van  Tongeren,  etc. 

2  Le  pléban  jouissait  du  droit  de  résidence  avec  les  autres  bénéiieiers  de  la  collégiale. 

3  V.  Conc.  Frid.  sess.  XXIV. 

Avant  son  entrée  en  fonctions ,  il  devait ,  la  main  posée  sur  l'évangile ,  prêter  le 
serment  suivant  prescrit  par  les  statuts  : 

«  Ego  N.  juro  me  habere  canonicum  ingressum  in  isla  plebania  ad  quam  sum  admis- 
sus.  Item  juro  esse  obediens  et  tidelis  Domino  preposilo  decano  et  capilulo  islius  ecclesie 
tanquam  vero  meo  archidiacono  in  omnibus  licilis  et  honestis.  Item  juro  me  nunquam 
contra  dictos  decanum  et  capitulum  facere  conspirationem  nec  per  me  vel  alios  palam  vel 
occulte  fieii  procurabo  sed  contra  conspiratores  taies  si  que  essent  dictis  decano  et  capi- 
lulo totis  viribus  assistere.  Item  juro  hereditates  jura  et  bona  dicte  plebanie  que  invenero 
pro  meo  posse  conservare  et  que  perdita  vel  alienata  fuerint  recuperare,   » 


—  412  — 

Mulcken  ;  cet  échange  fut  approuvé  le  21  octobre  1592  par  le 
prince-évéque  Ernest  tic  Bavière  l. 

Par  transaction  conclue  entre  le  chapitre  et  le  pléban  ,  ce  der- 
nier céda  le  22  avril  1780  la  collation  du  bénéfice  simple  de  la 
St0.-Vierge  fondée  dans  l'église  de  St. -Jean.  En  compensation 
de  cette  cession  ,  une.  huile  du  25  janvier  1783  unit  le  bénéfice  de 
l'invention  de  la  sainte  Croix  à  la  plébanie. 

Les  règles  de  conduite  spéciales  aux  plébans  et  aux  suhplébans 
avaient  été  stipulées  par  le  prévôt  Marcuald  en  1248  et  par  le 
nonce  CaralTa  en  1529  2. 

1 .  Le  premier  pléban  indiqué  dans  les  archives  est  NICOLAS.  11  fut  démis  de 

ses  fonctions  par  le  prévôt  Marcuald  en  1208  3. 

2.  TUÉOBALD,  doyen  de  St. -Denis  à  Liège,  lui  succéda  11  vivait  encore  en  1 248 4 . 

3.  En  1272  s  GODEFROID   investilus   Tongrensis  et  protonotaire  apostolique 

dressa  le  testament  de  la  béguine  Mella  de  Scarmnrc6. 

4.  En  1380  JEAN  dit  AVE  MARIA  était  pléban.    11  testa  le  20 août  1400  7. 

I!  avait  reçu  le  surnom  de  Ave  Maria  parce  que  ce  fut  lui   qui   le  premier 


«  Item  juro  me  cedere  si  aliquis  habeat  melius  jus  in  ista  plebania.  Item  juro  nicliil 
contra  slatula  libertates  jura  et  consuetudincs  bonas  antiquas  et  approbatas  hujus  ccclesie 
scienter  altemptare  neque  atlemptari  contra  ipsas  per  me  ,  alium  vel  alios  directe  vel 
indirecte  proeurabo  sed  ipsas  pro  posse  meo  defendere  diligenler  et  conservare.  Item 
juro  contentus  esse  portione  quani  predecessores  mei  plebani  liujus  ecclesîe  babuerunt 
de  dicta  plebania  nec  super  augmcntalionc  portionis  plebania capitulum  per  me  alium  vel 
alios  nulle  modo  aliquo  tempore  palam  vul  occulte  vexabo  vel  proeurabo  quovis  modo. 
Item  juro  ecclesiam  istam  anuiversaria  omnia  et  fabrieam  pro  posse  meo  ubicumque 
fuero  et  potero  promovere.  Item  juro  servitium  et  oflieium  dicte  plébanie  sccundiim  sui 
fundationem  institutionem  que  statuta  et  consiietudiueni  hujus  ecclesie  lideliter  eum  suis 
oneribns  per  me  et  coadjutores  suflicientes  quos  singulis  annis  sieut  moris  est  dielis 
decano  et  capitulo  presentabo  facere  et  exercere  Item  juro  me  omnia  premissa  facturum 
observaturum  et  adimpleturum  sic  Ueus  me  adjuvet  et  bec  sanela  Dei  ewangelia.  » 

«  V.  Archives  de  l'église,  registre  n°  3,  f"  XX1I1  et  registre  n"  4,  f°  2. 

s  V.  Archives  de  l'église,  registre  u°  10,  f°  1. 

15  V.  le  n°  1  des  chartes. 

4  V.  Archives  de  l'église,  registre  n°  3,  f°  XXIII. 

1  Archives  de  l'ancien  béguinage  de  Tongres,  déposées  à  l'hôpital.  Liassc-leslam.  n°  17. 

"  Malgré  toutes  nos  recherches  il  nous  a  élé  impossible  de  combler  la  lacune  qui 
existe  entre  les  plébans  Godefroid  et  Jean. 

1  V.  Archives  de  l'église,  registre  nn  85,  f"  102  et  registre  n°  7,  i'°  208. 


—  413  — 

introduisit  à  Tongres  l'usage  d'annoncer  (rois  fois  par  jour  Yangelus  ou 
Y  ave  Maria  >. 

5.  Jean  eut  pour  successeur  G0DFR01D  GOEX  qui,  brise  par  l'âge,  permuta 

le  10  septembre  1410  2  avec 

6.  JEAN  COEN,  bénéficier  de  l'autel  de  l'assomplion  de  la  sainte  Vierge.  Par 

testament  du  6  octobre  1139  3  Coen  augmenta  les  revenus  de  la  fondation 
de  son  prédécesseur. 

7.  JEAN  BOTEN  ou  BOETEN  lui  succéda  le  19  octobre  1139*.  Les  succes- 

seurs immédiats  de  Boten  ,  furent 

8.  Jean  VANDERBECK ,  nommé  le  15  août  1 490  s. 

9.  Tilman  OFRENS,  nommé  le  30  août  1512°, 

10.  Jean  OFKENS,  nommé  le  28  février  15i0,  mort  à  Tongres  le  15  mars  1560 7, 

11.  Michel  HORREAR1US  de  Borcbolt,  nommé  le  31  octobre  1561  s  et 

12.  Lambert  DE  VALLE  (vanden  Daele)  de  Bois-le-Duc,  nommé  le  6  juillet 

1567  par  le  prince-évèque  délégué  du  pape9. 

13.  Herman  VANDERHEYEN,  de  Bruxelles,  fut  nommé  pléban  en  1582  et  eut 

pour  successeur ,u 

14.  Etienne  IDENTIUS  ,  nommé  le  27  juin  1587  ■«. 

15.  En  1593  Théodore  DECKERIUS  (Deckers)  lui  succéda.  Il  mourut  à  Tongres 

le  18  septembre  1626  et  eut  pour  successeur  IS 

16.  Barthélemi  STRAVIUS  ,s  (Slrauven) ,  bachelier  en  théologie,  nommé  en 

1626  et  confirmé  par  le  chapitre  le  9  mars  1627  '*;  le  pape  Urbain  VIII 
le  nomma  protonotaire  apostolique  le  12  novembre  1626   Stravitis  recon- 


'  Les  bulles  des  papes  Jean  XXII  en  1316  et  Callixte  II  en  1456  établirent  cette 
pieuse  pratique  dans  toute  la  chrétienté.  V  Dict.  hist.  des  cultes  relig.  établis  dans 
le  monde,  vol.  II,  et  le  grand  Répertoire  universel  des  sciences  ecclésiastiques,  p    46. 

Le  chapitre  de  Tongres  approuva  la  fondation  faite  par  le  pléban  Jean  le  1!)  sept. 
1438.  V.  Archives  de  l'église,  registre  n°  5,  f°  2. 

■  V.  Aichives  de  l'église,  registre  n°  8,  f°  37. 

3  V.  même  registre,  f°  40. 

*  V.  Archives  de  l'église,  registre  nJ  8,  f°  66. 

5  V.  Archives  de  l'église,  registre  n°  8  du  calalogue,  f°  80. 

c  V.  Archives  de  l'église,  registre  n°  77. 

7  V.  le  même  registre,  in  medio. 

8  V.  Archives  de  l'église,  registre  n°  76,  f°  1°. 

0  V.  Archives  de  l'église,  registre  n°  78  du  catalogue,  f°  1°. 

10  V.  mêmes  archives,  registre  n°  79. 

o  V.  Archives  de  l'église,  registre  n°  92  du  catalogue. 
,s  V.  Archives  de  la  ville:  Regisler  mortùorum. 

13  Barthélémy  Stravius  naquit  à  Looz  vers  1600,  de  Herman  Strauvon  et  d'Elisabeth 
Honinx. 

11  V.  Archives  de  l'église,  registres  nos  81,  82,  83  et  84. 


—  414  — 

struisit  en  1G31  la  maison  pastorale,  donna  à  la  collégiale  une  chape  *  et 
mourut  en  1GG8  victime  de  son  dévouement  s. 

17.  Daniel  PETERS,  qui  succéda  à  Stravius,  cul  à  soutenir  un  procès  contre 

Nicolas  Creyer  qui  avait  été  nommé  par  le  chapitre.  Il  triompha  de  son 
compétiteur  et  mourut  à  Tongres  le  31  août  1708  3. 

18.  Jacques   BUECKEN,   licencié  en   théologie  qui  lui  succéda ,  fut  en  1700 

nommé  curé  de  Ste  -Catherine  a  Maestricht  et  chanoine  de  St. -Servais. 
10.  Lambert  CEULEMANS  l  succéda  à  Jacques  Buecken.  11  mourut  le  31  octo- 
bre  1741  et  fut  remplacé  par 

20.  Léonard  KARFS,  subpléban  de  Tongres.  Celui-ci  mourut  le  12  juillet  1712. 

21.  Pierre-Dominique  JANSEN  de  Tongres  lui  succéda  la  même  année.  Il 

avait  été  subpléban  et  curé  de  Widoie.  Jansen  mourut  en  1740. 

22.  Régnier  VAN  I1ERCK  fut  nommé  en   1750.  Brisé  par  l'âge  et  inhabile  à 

remplir  les  devoirs  de  sa  charge  il  donna  sa  démission  en  1707  et  mourut 
à  Tongres  le  30  octobre  1760. 

23.  Son  neveu  Régnier  VAN  IIERCK  ,  né  le  22  février  1733  à  Grand-Jamine  , 

curé  de  Rixingen  et  subpléban  de  Tongres,  le  remplaça  eu  1767.  Ce 
fut  le  dernier  pléban  de  Tongres.  Condamné  à  la  déportation  ,  il  fut 
obligé  de  se  cacher  pendant  la  tourmente  révolutionnaire  ;  mais  ayant 
obtenu  sa  mise  sous  surveillance ,  il  s'empressa  de  revenir  au  près  de  son 
troupeau.  Il  parvint  à  soustraire  les  ornements  religieux  à  la  rapacité  des 
inspecteurs  français,  empêcha  la  vente  du  mobilier  de  l'église  de  St. -Jean 
et  racheta  celui  de  l'église  de  St. -Nicolas  qu'on  venait  de  convertir  en 
temple  décadaire.  Grâce  à  ses  efforts  persévérants,  le  domaine  restitua  la 
plus  grande  partie  des  biens  des  églises  de  St. -Jean  et  de  St. -Nicolas. 
En  1801  il  bénit  le  nouveau  cimetière,  établi  conformément  à  l'art.  2  du 
décret  du  23  prairial  an  XII ,  et  mourut  curé  de  Tongres  le  7  sep- 
tembre 1808. 

24.  Jean-Nicolas  LEXIS,  né  à  Maestricht ,  ancien  religieux  du  couvent  des 

Beggards  de  cette  ville,  le  remplaça  en  1800.  L'envie  et  la  jalousie  lui 
suscitèrent  de  nombreuses  dillicultés  qu'il  parvint  à  vaincre  par  la  patience 
et  la  bonté.  11  mourut  à  Tongres  le  22  octobre  183G. 

25.  M.  Jean-Léonard  REINARTZ,   né  à  Waubach  (Limbourg  hollandais)  le 


'   V.  la  description  des  chapes,  n°  !). 

*  On  conserve  encore  à  la  maison  pastorale  le  portrait  de  cet  homme  dévoué. 

8  Voici  ce  qui  se  trouve  marqué  sur  le  registre  des  morts  après  l'inscription  du  décès 
de  Peters :  Benefaetor  omnium  siimlins  ist  in  ecclesia  Su  Johannis. 

*  Ce  fut  par  ses  soins  que  le  pape  Clément  XII  approuva,  en  173G,  rétablissement  de 
la  confrérie  du  St. -Sacrement  dans  l'église  de   N.-D.  V.  Archives  de  l'église,  registre 


—  415  — 

23  juillet  1806  ,  ordonné  prêtre  en  1830  ,  vicaire  puis  curé  de  Houthem- 
St.-Gerlache  ,  fut  nommé  doyen  de  Tongres  le  8  novembre  1836  et 
installe  le  21  décembre  de  la  même  année  '. 
Tous  les  ecclésiastiques  du  canton  auxquels  s'étaient  associés  les  habitants 
de  Tongres  et  des  environs  célébrèrent  le  22  mai  1855  le  jubilé  de  25  ans 
de  prêtrise  et  le  3  juin  1862  celui  de  25  années  de  décanat  de  notre 
respectable  pasteur  i. 


nn  175  du  catalogue,  f°3.  Voici  le  chronogramme  composé  pour  en  conserver  le  souvenir  : 

CoxfiutehnItas 

saCiiosanCtI  saCkaMent! 

zeLoso  poi'ULI  ToxgkensIs  CoNCUnsU 

eXUrc-It. 

1  Un  arrêté  royal  du  26  décembre   1838   éleva  la  cure   de   la  2e  classe  à  la  lere. 

2  V.  Jabelfeesl  van  tien  wel-eerweerden  Ileer  J.-L.  Reinarts ,  pastoor-deken 
le  Tongerçn,  gevierd  op  tien  5  jttny  1862,  gévolgd  van  de  feestrede,  uitaespro- 
lien  tloov  tien  Ileer  L.  Rabais.  Tongeren ,  1863. 


LES 

MERCENAIRES  dits  BRABANÇONS, 

AU    MOYEN    AGE. 


NOTICE 

par  M.  P.  HENRARD, 

MEMBRE     TITULAIRE     A     BRUXELLES, 

_Bj=«)=*3— . 

L'obligation  du  service  militaire  était  l'un  des  caractères  fon- 
damentaux de  la  féodalité.  Sa  durée,  indéfinie  sans  doute  dans  le 
principe ,  n'avait  pas  tardé  à  être  limitée  par  des  usages  fondés 
particulièrement  sur  la  pauvreté  de  la  petite  noblesse,  et  bientôt 
il  avait  été  de  règle  que  les  fiefs  ordinaires  n'obligeaient  à  servir 
que  pendant  une  période  de  quarante  jours ,  les  fiefs  de  chevalier 
vingt  jours  et  les  fiefs  de  haubert-  dix  seulement  l.  Le  royaume 
de  Jérusalem,  vu  sa  position  particulière  ,  formait  seul  une  excep- 
tion :  la  durée  du  service  y  était  d'un  an  2. 

Limité  par  le  temps,  le  service  militaire  l'était  aussi  par  la 
distance  ;  certains  vassaux  ne  devaient  suivre  leur  seigneur  qu'à 
une  journée   de   marche   de  leur  fief,  d'autres  à  moins  encore. 


1  Ducange,  Feudum  militiœ. 

*  Assises  de  Jérusalem,  c.  230. 

Commissaires  rapporteurs  :  MM.  le  général  Guillaume  et  A.  Pinchart. 


—  417  — 

Il  devait  résulter  nécessairement  de  ces  restrictions  l'impossibilité 
matérielle  de  tenir  campagne;  on  pouvait  faire  une  expédition  , 
surprendre  un  château,  ravager  une  petite  étendue  de  pays,  il 
était  à  peu  près  impossible  de  tenter  une  conquête  ou  même  d'as- 
siéger une  ville. 

A  la  vérité ,  les  vassaux  consentaient  fréquemment  à  prolonger 
la  durée  de  leur  service  à  la  condition  d'être  indemnisés  par  une 
solde  ou  par  le  butin  ;  mais  la  grande  quantité  de  serviteurs, 
souvent  non  combattants,  qu'ils  emmenaient  avec  eux  exigeait  pour 
son  entretien  des  frais  considérables  dont  le  payement,  parfois  irré- 
gulier, amenait  des  mécontentements  qui  se  traduisaient  presque 
toujours  par  la  désertion  de  gens  qu'aucune  obligation  féodale  ne 
retenait  plus  sous  les  armes. 

Aussi  les  princes  préféraient-ils ,  pour  leurs  expéditions  de 
longue  haleine,  faire  marché  à  moindre  prix  avec  des  aventuriers, 
sortis  pour  la  plupart  des  rangs  du  peuple ,  poussés  dans  la  carrière 
des  armes  par  l'absence  de  sécurité  résultant  des  querelles  jour- 
nalières des  barons  et  qui  embrassaient  avec  la  même  indifférence 
toutes  les  causes  pourvu  qu'elles  offrissent  butin  et  profils. 

Les  provinces  belges ,  en  proie  dans  toute  leur  étendue  aux 
désordres  créés  par  des  luttes  qu'à  son  éternel  honneur  l'Église 
avait  essayé  de  restreindre  à  l'aide  de  trêves  ou  de  paix  de  Dieu 
qui  s'étendirent  bientôt  au  reste  de  la  chrétienté ,  avaient  de 
bonne  heure  fourni  de  ces  soldats,  renommés  parmi  les  plus  vail- 
lants   et  qui  avaient  été  porter  au  loin  leur  humeur  batailleuse. 

Sans  remonter  plus  haut  que  le  XIe  siècle  ,  on  avait  vu  dès 
1017  Tostig,  frère  du  roi  saxon  Harold,  tenter  la  fortune  sur 
les  côtes  septentrionales  de  l'Angleterre  avec  des  aventuriers 
rassemblés  en  Frise,  en  Hollande  et  en  Flandre  *. 


Hogeri  deHovedln,  Annales,  p.  448;  apud  lier  uni  anglic.  script.,  éd.  Savile. 


—   118   — 

Quand  Guillaume-le-Conquérant  avait  fait  publier  son  ban  de 
guerre  dans  les  provinces  voisines  de  Normandie ,  offrait  une  forte 
solde  et  le  pillage  de  l'Angleterre  à  tout  homme  robuste  et  de  haute 
taille  qui  voudrait  le  servir  de  l'épée,  de  la  lance  et  de  l'arbalète  ' , 
il  en  était  encore  venu  un  grand  nombre  des  Flandres.  Parmi  ceux 
qui  se  (irent  remarquer  dans  cette  expédition  ,  les  annalistes  nous 
ont  conservé  les  noms  de  Gilbert  de  Gand ,  qui  était  l'un  des  com- 
mandants d'York  quand  cette  ville  fut  reprise  par  les  Danois  venus 
sous  les  ordres  du  fils  et  du  frère  du  roi  Swcn  au  secours  des  Saxons 
(10G9) 2  ,  de  Dreux  Bruère,  qui  eut  en  partage  toute  l'Ile  formée 
par  l'Océan  et  les  rivières  à  la  pointe  la  plus  orientale  de  l'Yorkshire 
et  épousa  même  une  parente  de  Guillaume  3  ,  de  Gherbaud  enfin 
qui  porta  le  premier  le  nom  de  Comte  de  Cheslcr  *. 

En  1088,  sous  le  règne  de  Guillaume-le-Roux  ,  parmi  les 
aventuriers  normands  que  Robert  fils  d'Aymon  introduisit  dans  la 
vallée  de  Glamorgan  à  la  faveur  de  la  guerre  civile  qui  avait  éclaté 
chez  les  Gallois  méridionaux,  on  remarque  les  noms  de  Robert  de 
St-Quentin  et  de  Jean  le  Flamand  3. 

Plus  tard  encore ,  pendant  les  guerres  que  quelques  gentils- 
hommes normands  firent  à  Guillaume-le-Roux  et  à  Henri  Ier,  en 
faveur  de  leur  frère  aine  Robert,  une  grande  quantité  de  Flamands 
passèrent  le  détroit  appelés  par  l'un  ou  l'autre  des  deux  partis 
sur  la  promesse  d'être  largement  récompensés  par  les  domaines 
pris  sur  les  Gallois  ou  les  Normands  vaincus;  et  quand,  sous 
Henri  I?r,  Richard  comte  d'Eu,  en  Normandie,  conquit  la  province 
galloise  de  Divet   ou  de   Pembroeke ,    ce   furent   ses   auxiliaires 


1  Oai)F.mc  Vital,  p.  4D5  et  Roman  deRou. 

-'  Chron.  Saxon,  Gîbson,    p.  174. 

'  DugdaWs  baronage,  p.  GO.  —  Monast.  anglic. ,  11,  p.  796. 

'  Orderic  Vital,  p  5*22.  —  Thierry,  Hist.  de  lu  conquête  d'Angleterre,  liv.1V. 

'•  Cambrian  Biography  ,  p.  197,  liv.  VIII. 


—  419  — 

flamands  qui,  à  cause  de  son  adresse  à  tirer  de  l'are,  lui  donnèrent 
le  surnom  de  Slrongboghe  resté  héréditaire  dans  sa  famille  l. 

A  cette  époque  donc  ces  aventuriers  formaient  déjà  un  corps, 
irrégulier  sans  doute  et  peu  discipliné,  mais  distinct  des  autres  et 
très-nombreux  puisque  le  surnom  qu'ils  donnent  à  leur  chef  et 
qui  prévaut  bien  qu'appartenant  à  une  langue  étrangère  à  celle  que 
parle  le  noble  Normand  ,  est  adopté  par  lui  :  baptême  populaire 
qui  lui  est  une  assurance  de  la  fidélité  de  ses  parrains. 

Cependant  ce  ne  sont  pas  encore  là  ,  dans  toute  l'acception  du 
mot ,  des  mercenaires  ;  ce  sont  plutôt  des  colons  conquérant  en 
soldats  la  terre  sur  laquelle  ils  vont  s'établir,  luttant  sans  cesse 
pour  la  conserver  et  transmettant  à  leurs  descendants  celte  habi- 
tude des  armes  qui,  près  d'un  siècle  plus  tard  (1170)  sous  les 
ordres  du  petit-fils  de  Richard  Slrongboghe,- après  avoir  fait  d'eux 
les  alliés  utiles  de  Dermot ,  fils  de  Morrogh ,  roi  du  territoire  de 
Leinster  en  Irlande,  les  conduira  à  la  conquête  de  cette  île  2. 

Mais  il  n'en  est  plus  de  même  des  bandes  que  nos  provinces , 
déjà  alors  si  riches  et  si  peuplées  3,  fournissent  bientôt  en  grand 
nombre  et  qui  abandonnent  le  pays  pour  aller  sous  l'un  ou  l'autre 
chef  se  mettre  à  la  solde  des  étrangers. 

En  M  39,  dans  la  lutte  qui  éclate  en  Angleterre  entre  Etienne 
de  Chartres,  proclamé  roi  le  2G  décembre  1137,  et  l'empress 
Malhilde ,  les  bandes  qui  soutiennent  l'un  et  l'autre  parti  et  dont 
Guillaume  d'Ypres,  fils  naturel  de  Philippe  frère  de  Robert  II 
comte  de  Flandre,  est  l'un  des  chefs,  sont  en  grande  partie  com- 
posées de  Bretons  et  de  Flamands  4,  que  les  annalistes  dépeignent 
comme  des  loups  affamés.  Elles  furent  longtemps  le  soutien  le  plus 


1  Giraldus  Cambrensis,  Itinérar,  Walliœ,\i.  724.  —  AU'J.  Thierry,  liv.  VIII. 
■  Giraldus  Cambrensis,  flibernia  expwjnata;  Camdea ,  Anglica ,  Hibernica,  etc. 
pp.  760  et  761.  (V.  Aug.  Thierry,  liv.  X). 

3  Suger  ,  Vita  Ludovici  Grossi;  Dom  Bouquet,  t.  XII. 

4  Currebatur  ad  euni  au  omnium  generum  militibus   et  a  levis  armaturœ   bominibus 
maximèijiie  ex  Flandrià  et  Britannià  (Ap.  Scriplores  rerum  francicarum,  t.  XII,  p.  23). 


—   120  — 

énergique  du  roi  Etienne  ,  et  après  le  bataille  de  Lincoln  (1141) 
où  l'empress  eut  la  victoire ,  Guillaume  d'Ypres  avec  ce  qu'il  put 
en  ramasser  continua  la  guerre  et  fit  remettre  Etienne  en  liberté. 
La  province  de  Kent  lui  fut  donnée  en  récompense,  et  plusieurs 
de  ses  compagnons  sortis  des  derniers  rangs  du  peuple  durent  à 
leur  vaillance  des  titres  de  noblesse:  ainsi  Gilbert,  fils  de  Walter, 
l'ut  créé  comte  de  Lincoln  '  et  le  Flamand  Théobald  devint  le  fon- 
dateur de  l'illustre  maison  des  Douglas  d'Ecosse2.  Mais  à  la  mort 
d'Etienne,  Henri  d'Anjou,  en  prenant  possession  de  la  couronne 
(1  15-1)  se  hâta  de  faire  quitter  l'Angleterre  à  tous  ces  étrangers  3; 
ta  leur  arrivée  sur  le  continent  ils  allèrent  grossir  les  rangs  des 
mercenaires  connus  sous  le  nom  de  Brabançons  et  qui,  parlant  la 
même  langue  qu'eux ,  étaient  en  quelque  sorte  leurs  compatriotes. 

C'est  vers  le  milieu  du  XIIe  siècle  que  ces  derniers  avaient 
commencé  à  se  faire  connaître.  Sans  doute  bien  des  causes  avaient 
concouru  à  la  formation  de  leurs  bandes  :  les  débris  de  l'expédition 
d'outre-mer  et  les  victimes  des  grandes  inondations  qui  changèrent 
si  souvent  à  cette  époque  la  configuration  de  notre  littoral  y  appor- 
tèrent leur  contingent,  mais  aucun  de  ces  faits  généraux  ne  donne 
l'explication  du  nom  particulier  qu'elles  portent  et  sous  lequel  elles 
se  rendirent  célèbres  entre  toutes  dans  l'histoire. 

Ce  nom  de  Brabançon  qui  apparaît  alors  pour  la  première  fois 
avec  la  signification  de  mercenaire ,  à  l'exclusion  de  celui  de 
Flamand  jusqu'alors  généralement  donné  aux  soldats  de  cette 
espèce  levés  dans  nos  provinces  4,  prouve  évidemment  que  ce 
furent  les  habitants  du  Brabant  qui,  au  moins  à  l'origine,  en 
fournirent  la  plus  grande  part,  et  c'est  aux  événements  dont  cette 

'  Hearne,  Liber  niger  Scaccarii,  vol.  II,  fol.  399. 

*  Van  Brussel,  Hist.  du  commerce  et  de  la  marine  eu  Belgique  ,  t.  1,  p.  155. 
Voir  aussi  sur  Guillaume  d'Ypres  la  Notice  du  chanoine  De  Smet,  dans  le  tome  XV  des 
Nouveaux  mémoires  de  l'Académie  royale  de  Belgique. 

*  Walt.  Hemingi-ort,  lib.  II,  c  1,  ad  ann.  MCLIV. 
1  Notice  sur  Guill.  d'Ypres ,  p.  5. 


—  421   — 

province  fut  le  théâtre  à  celle  époque  qu'il  faut  demander  les 
causes  de  leur  formation. 

Or,  parmi  ceux  qui  remplissent  cette  période  si  obscure  encore 
de  noire  histoire  nationale ,  deux  surtout  nous  paraissent  y  avoir 
contribué  tout  particulièrement  :  la  guerre  de  Grimbergen  et 
l'hérésie  de  Tanchelin. 

La  querelle  qui  avait  éclaté  entre  Godefroid-le-Barbu  et  les 
Bcrlhoud ,  à  propos  du  refus  de  ces  grands  feudalaires  de  rendre 
hommage  au  duc  de  Brabant  pour  la  seigneurie  de  Grimbergen , 
n'était  pas  encore  apaisée  lors  de  l'avènement  de  Godefroid  III  et 
depuis  vingt  ans  que  duraient  les  hostilités  «  la  misère  et  la  mort, 

•  dit  le  religieux  d'Afïïighem  continuateur  de  Sigebert  de  Gem- 

•  bloux  ',  s'était  répandue  comme  une  maladie  contagieuse  sur  la 

•  seigneurie  de  Malines  et  le  pays  environnant.  »  Tour  à  tour 
ruinés  par  les  deux  partis,  les  laboureurs  quittaient  le  sol  qu'ils 
arrosaient  en  vain  de  leurs  sueurs,  laissant  leurs  terres  incultes 
ou,  pour  résister  à  l'oppression  ,  se  constituaient  en  bandes  armées 
dont  les  représailles  devaient  nécessairement  dégénérer  en  bri- 
gandages. 

Après  la  destruction  de  la  forteresse  de  Grimbergen  (1154),  qui 
termina  cette  guerre  dont  le  fait  principal,  la  bataille  de  Ransbeke 
(11-47)  où  Godefroid  III  assista  dans  son  berceau  suspendu  à  un 
arbre,  est  encore  controversé  2,  le  Brabant  recouvra  pour  quelque 
temps  la  paix  et  la  tranquillité  ;  mais  bien  peu  de  ceux  que  ces 
troubles  prolongés  avaient  déshabitués  du  travail  relevèrent  leur 
chaumière  incendiée  et  retournèrent  à  la  charrue  ;  unis  et  les  armes 
à  la  main  ils  s'étaient  faits  les  égaux  de  leurs  oppresseurs  ;  ils 
restèrent  en  armes. 


1  Ad  an.  MCLIX. 

-  Voir  Examen  critique  de$  anciens  monuments  sur  lesquels  les  historiens  ont 
fondé  le  récit  de  lu  guerre  de  Grimbergen  ,  par  le  chanoine  de  SjikT.  Mémoires  de 
l'Académie,  t.  XV. 


—  422  — 

D'autres  victimes,  celles  du  fanatisme  religieux,  étaient  venues 
se  joindre  à  eux.  Au  commencement  du  XIIe  siècle  ,  vers  110G  , 
à  la  faveur  du  schisme  qui  avait  éclaté  dans  l'Eglise,  l'hérésiarque 
Tanchelin  ou  Tanchelm  qui  se  prétendait  fils  de  Dieu  ,  niait  la 
présence  réelle  de  J.-C.  dans  l'Eucharistie  et  déclamait  surtout 
contre  la  hiérarchie  ecclésiastique  et  la  perception  de  la  dîme,  avait 
eiitrainé  à  sa  suite  une  grande  masse  de  peuple  non  seulement  à 
Anvers  où  il  avait  commencé  ses  prédications,  mais  dans  le  diocèse 
d'Ulrecht,  le  Brabant  et  môme  les  Flandres. 

Banni  en  1115  par  le  duc  de  Brabant  et  peu  de  jours  après 
assassiné  par  un  prêtre  ,  Tanchelm  avait  eu  pour  successeur  le 
moine  défroqué  Everwacher  et  le  forgeron  Manassès ,  qui  conti- 
nuèrent les  prédications  jusqu'en  1 12i.  A  celle  époque  saint  Norbert 
et  douze  religieux  de  l'ordre  des  Prémonlrés,  qu'il  venait  de  fon- 
der, furent  appelés  à  Anvers  ,  et ,    «   en  moins  d'un  an  ,  dit  un 

•  historien   '  ,   il   eut   ramené  an    bercail   de   l'Église   tous  les 
<   esprits  égarés ,    et  l'hérésie  se  trouva  si  complètement  exler- 

•  minée  qu'il  n'en  est  plus  question  désormais  dans  les  annales 

•  anversoises.   • 

En  réalité  l'hérésie  avait  si  peu  disparu  que  trente-cinq  ans 
plus  lard  elle  était  encore  prêchée  à  Cologne  avec  éloquence  par 
Arnold,  Harsile  et  Thierry.  Egbcrt ,  abbé  de  Schonau,  envoyé 
pour  les  réduire  au  silence  et  n'étant  pas  parvenu  à  les  convaincre 
de  leur  erreur,  les  livra  au  bras  séculier  qui  les  condamna  au 
bûcher  -. 

Dans  le  Brabant,  les  disciples  de  Tanchelm  avaient  sans  doute 
été  soumis  à  la  même  juridiction,  et  persécutés,  bannis  comme 
leur  chef,  ils  avaient  dû  quitter  leur  patrie.  Quelques-uns  peut- 
être  allèrent  coloniser  l'Allemagne;  d'autres  plus  nombreux  se 
réunirent  à  ceux  que  la  misère  avait  voués  au  brigandage. 

'  Eue.  Gkns  ,  Histoire  tic  la  ville  d'Anvers,  p.  38. 
■  I).  Cu.mi-t,  Histoire  île  Lorraine,  t.  II,  p.  570. 


-  423  — 

Celle  double  origine  se  manifeste  par  les  noms  de  cotereaux  et 
de  Routiers  que  ces  bandes  portèrent  bientôt  concurremment  avec 
celui  de  Brabançons  et  par  leur  conduite  à  l'égard  du  clergé. 

En  effet,  partout  où  elles  portent  leurs  dévastations,  ce  sont 
particulièrement  les  prêtres  et  les  moines  qui  deviennent  leurs 
victimes.  «  Ces  pillards,  larrons  infâmes  et  excommuniés,  dit 
■  la  Chronique  de  St-Dehis  *',  grand  dol'eur  faisaient,  car  ils 
»  ardaient  les  monastères  et  les  églises  et  traînaient  après  eux  es 
•  liens  les  prêtres  et  les  gens  d'église.  •  Et  plus  loin  encore, 
elle  les  appelle  ■  ramas  de  robeurs  et  pillars  qui  ardaient  les 
»  monastères  et  fustigaient  les  clercs.  »  Tous  les  écrivains  reli- 
gieux dépeignent  les  Brabançons  avec  les  mêmes  couleurs  et  le 
3e  concile  de  Latran ,  les  assimilant  aux  Albigeois ,  les  accuse  de 
se  conduire  comme  des  payens  à  l'égard  des  chrétiens  dont  iis 
n'épargnent  ni  les  églises,  ni  les  monastères,  ni  l'âge,  ni  le  sexe. 

Tantôt  à  la  solde  de  la  noblesse  féodale ,  tantôt  combattant  pour 
leur  propre  compte,  ils  étaient  devenus  un  fléau  pour  l'Europe 
centrale,  quand  vers  M 64,  à  la  persuasion  du  clergé,  Frédéric 
Barberousse,  Louis  VII,  le  duc  de  Lorraine,  le  comte  de  Cham- 
pagne et  un  grand  nombre  d'évèques  et  de  nobles  se  réunirent  à 
Vaucouleurs  pour  s'entendre  afin  de  les  anéantir.  Un  traité  fut 
signé  par  l'empereur  et  le  roi  de  France ,  par  lequel  ils  s'enga- 
geaient à  poursuivre,  chacun  sur  son  territoire  respectif,  les 
Brabançons,  cavaliers  ou  fantassins,  sauf  ceux  qui  s'étaient 
mariés  sur  les  terres  de  quelques  seigneurs  ou  mis  à  leur  solde 
avant  la  convention.  Mathieu  de  Lorraine  et  Henri  de  Troyes  se 
porlèrenls  garants  du  traité,  les  évoques  lancèrent  l'excommunica- 
tion sur  quiconque  employerait  ces  mercenaires ,  et  les  nobles 
jurèrent  de  ravager  ses  terres  dans  les  quarante  jours  qui  suivraient 
l'avertissement  2. 

1  T.  11  ,  chap.  2. 

*  D.  Martkne  ,  Ampliss.    coll.,   t.   11,    col.  880  et  suiv.,   el  Dibl.  de  l'école  des 
Chattes,  t.  111,  p.  125  et  suiv. 


-  434  — 

Rien  ne  prouve  cependant  que  ce  traité  ait  jamais  reçu  son 
exécution ,  car  deux  ans  plus  tard  Frédéric  avait  à  sa  solde  un 
corps  nombreux  de  Brabançons ,  et  c'est  à  leur  tête  que  Christian 
de  Buch,  archevêque  schismatique  de  iMayencc,  pénétra  à  sa  suite 
en  Italie  pendant  l'automne  de  11GG  et  contribua  l'année  suivante 
à  la  capitulation  de  la  ville  éternelle  ». 

Quand ,  après  avoir  échappé  à  l'épidémie  qui  ravagea  son  année 
et  emporta  ses  principaux  officiers  ,  l'empereur  dut  reprendre  le 
chemin  de  l'Allemagne  devant  les  forces  que  les  communes  lom- 
bardes alliées  entre  elles  avaient  réunies  contre  lui,  ce  fut  encore 
à  Christian  de  Buch  et  a  ses  Brabançons  qu'il  dut  la  conservation 
de  la  ville  de  Cè:ies  qui  seule  lui  resta  fidèle  -.  Aussi  en  1174-, 
en  rentrant  en  Italie  par  le  mont  Cénis,  son  armée  était-elle 
composée  en  majeure  partie  de  Brabançons  auxquels  s'étaient  joints 
un  grand  nombre  de  Flamands 3  et  de  Liégeois  que  les  successeurs 
de  l'évèque  Henry  de  Leyen  ,  à  son  exemple,  envoyèrent  au  secours 
de  l'empereur  4. 

Il  n'était  pas  seul  du  reste  à  employer  ces  bandes  :  en  1166 
Guillaume  de  Chalons  en  entretenait  également  5;  mais  ce  furent 
surtout  les  rois  d'Angleterre  qui.cn  les  prenant  à  leur  service,  leur 
donnèrent  une  énorme  extension  et  les  firent  se  décupler. 

Henri-lc-Jeunc,  couronné  roi  par  l'évèque  d'York  pendant  la 
vie  cl  par  les  ordres  de  son  père  Henri  II ,  qui  avait  semblé  par 


'  Moi!Ex.\  ,  p.  1145.    Braibemones  qui  erant  forlissimi . . . 

■  Aluekt  Stad.,  ad  anno  1  172  :  Ciun  Brabantims  per  Lombardiam  et  Thusciam 
otnnia  depopulans. 

3  Romuald,  Chronc,  p.  212e  :  n  ...  collecta  magna  muliitudine  Brebitionum  el 
amaliorura  conductiliorum  miliium ,  luli  potenter  intrav'U. —  Vila  Alc.r.  III ,  p.  103  D  : 
«  Ilabebat  enim  circa  s<;  multitudinem  copiosam  barbaries  genlis ,  quos  de  Platidria  et 
aliis  circumpositis  locis  elegerat  »  —V.  de  Haulleville,  Histoire  des  communes 
lombardes,  t    II ,  liv.  Il ,  cliap.  III. 

'  Chapeaville,  vol.  11 ,  p.  105. 

r'  Grande  chronique  de  France.  Hist.  de  France,  t.  XII,  p.  205.  «  Li  Cuens  GuiUaume 
de  Cliâlons,  . . .  assembla  grant  poplc  d'une  gent  que  on  apele  Brabançons.   •> 


—  425  — 

là  vouloir  le  mettre  sur  le  même  rang  que  lui,  mais  ne  lui  accordait 
en  définitive  que  de  vains  honneurs  sans  aucun  pouvoir,  avait  voulu 
hâter  la  prise  de  possession  réelle  de  la  couronne  d'Angleterre  et 
en  1183,  aidé  de  ses  deux  frères,  Richard  comte  de  Poitiers  et 
Geoffroy  comte  de  Bretagne ,  auxquels  s'étaient  joints  le  roi  de 
France  et  le  comte  de  Flandre ,  il  s'était  révolté  contre  son  père 
et  avait  entraîné  dans  sa  cause  une  grande  quantité  de  barons 
que  leur  haine  pour  Henri  II  lui  avait  donnés  pour  alliés. 

Celui-ci,  pris  au  dépourvu  et  ne  pouvant  réunir  autour  de  lui 
qu'un  petit  nombre  de  vassaux  restés  fidèles ,  appelle  à  son  aide 
les  Brabançons  f.  Il  en  rassemble  jusqu'à  20,000  en  Normandie  2. 
A  la  tète  de  10,000  d'entre  eux,  il  marche  sur  le  roi  de  France , 
l'atteint  près  de  Verneuil ,  massacre  son  arrière-garde  et  l'oblige 
à  traiter  3  ;  rejoignant  ensuite  l'autre  partie  de  ses  troupes  qui 
avait  pénétré  en  Bretagne,  il  met  les  Bretons  en  déroute  et  les 
force  à  s'enfermer  dans  leurs  châteaux  et  dans  la  ville  de  Dol  qu'il 
prend  en  quelques  jours  4. 

Après  avoir  essayé  de  conclure  la  paix  à  Gisors,  il  marche  avec 
ses  Brabançons  contre  son  fils  Richard  qui  s'était  jeté  dans  le 
Poitou  et  l'Angoumois,  s'empare  de  Saintes,  de  Taillebourg,  et 
dévaste  toute  la  frontière  du  Poitou.  Puis  sur  l'avis  qu'il  reçoit  du 
passage  en  Angleterre  de  Henri-le-Jeune  et  du  comte  de  Flandre 
qui  se  sont  alliés  au  roi  Guillaume  d'Ecosse ,  il  s'embarque  avec 
ses  mercenaires  à  Harfleur,  descend  dans  son  royaume,  surprend 
et  écrase  ses  ennemis  qui  trop  surs  de  la  victoire  avaient  éparpillé 
leurs  forces  5. 


'  Benedict  Petroburg  ,  ap.  script,  rer.  gallic.  et  francic,  t.  XIII.  p.  155.  Biaban- 
ceros  suos,  de  quibus  plus  cœteris  confidebat. . . . 

!  Roger,  de  Hoved.  ,  p.  534  :  Viginti  millia  Biabancenorum  qui  lldelitei  servie  - 
runt  illi. 

3  Guil.  Neubrig,  lib.  Il,  c.  28  et  Bhompton.  Chron.  ann    1173. 

*  Guil.  Neubrig  ,  lib.  II ,  c.  28,  p.  204.  Éd.  Hearne. 

5  Guil.  Neubrig,  lib.  II,  c.  20.  —  Dom  Bouquet  ,  t.  XIII. 

XXIX  XXII  21 


—  420  — 

11  repasse  ensuite  le  détroit  assez  à  temps  pour  forcer  le  roi 
de  France  et  le  comte  de  Flandre  à  lever  le  siège  de  Rouen  (1 174), 
et  bientôt  après  oblige  ses  fils  à  demander  la  paix  (30  septembre). 

Comme  on  le  voit  les  bandes  brabançonnes  sont  devenues  de 
véritables  armées.  De  leur  origine  il  ne  reste  plus  rien  que  le  nom, 
et  encore  tend-il  à  disparaître  devant  celui  plus  général  de 
routiers  l  ou  de  colereaux  2  ,  qui  s'adressait  également  à  tous 
les  mercenaires  de  cette  époque ,  Aragonais ,  Basques ,  Navarrois, 
Mainades  [mcijsneden)  ou  Tiaverdins. 

Ce  nom  de  routiers  dérive  du  latin  rupta  ou  ruta  (paysan  ou 
laboureur)  bien  plus  sûrement  que  du  vieux  mot  français  rot  ou 
rolte,  troupe.  Comme  celui  de  cotereau  5,  qui  signifiait  habitant 
des  campagnes  4,  il  rappelait  la  classe  où  se  recrutaient  ces  mer- 
cenaires; originaires  de  tous  pays,  Flamands,  Gascons,  Allemands, 
Hennuyers,  Brabançons  5,  la  plupart  sont  des  serfs  qui  se  sont 
arrachés  à  la  glèbe  pour  chercher  la  sécurité  et  l'indépendance  que 

1  Guil.  Neubrig,  «  Stipendiais  Brabantionem  copias,  quos  rutes  vocant    » 

2  Cil  Caterel,  cil  Brebaçons ,  ce  sont  deables,  dit  au  Xlil«  siècle  Gauthier  de  Coinsi, 
dans  ses  Louanges  de  N.-D.,  lib.  II,  cap.  II,  2,  v.  310. 

3  Coterie  a  longtemps  signifié  une  société  de  paysans  tenant  des  terres  viles  ou 
roturières;  tenir  en  coterie  se  disait  en  opposition  de  tenir  à  fief  et  à  cens.  Coller,  en 
anglais,  signifie  encore  paysan,  colti ,  en  wallon  de  Liège,  cultivateur.  (Voir  aussi 
Gantrel  ,  Mémoire  sur  la  part  que  les  Flamands  ont  prise  à  la  conquête  d'Angleterre 
par  les  Normands.  — Nouvelles  archives  historiques,  t.  11  ,  p  323  et  suivantes). 

4  Daniel,  Histoire  de  la  milice  française,  p.  140,  fait  dériver  le  nom  de  Cotereaux  du 
grand  couteau  ou  coterel  dont  ils  se  servaient  dans  le  midi  de  la  France.  C'est  le  contraire 
qui  est  vrai.  Ce  nom  était  en  effet  usité  en  Flandres  et  en  Angleterre  longtemps  avant 
l'existence  de  ces  bandes  armées.  (Voir  Galbert  ,  Vie  de  Charles-le-lion  ,  p.  19  et 
Monaslicum  Anglicanum,  t.  III,  p.  305).  Dans  un  manuscrit  de  la  Bibliothèque  impériale 
de  Paris  (suppl.  fr.  n°  2489,  fol.  G,  v°)  renfermant  une  vie  de  S.  Thomas  de 
Canierbury  par  Garnier  de  Pont-S^-Maxënce  ,  on  trouve  que  le  prélat  comme 
chancelier  d'Angleterre  : 

De  chevaiers  vassals  grant  mesnies  teneit 

Et  duns  et  livreisuns  richement  lur  deneit  ; 

Kortereus  et  archers  et  sergans  reteneit. 
'■'  GiraLD  Cambr.,  liv.  C.  «  Coterelli   Flandrenses  conducti.  »  Gauf.   Vos,  Chron. 
c.  73.  «  Primo   Basculi,   post  roodum  Theutonici,    Flandrenses,   et  ut  ruslice  loquar, 
Brabansons ,  Hannuyers. . .  » 


—  427  — 

leur  pairie  leur  refuse.  Dès  lors,  vivant  en  soldats,  s'ils  s'arrêtent 
c'est  en  pays  conquis ,  s'ils  s'attachent  à  la  terre  c'est  à  celle  que 
la  victoire  leur  a  donnée  ;  jamais  chez  eux  ces  aspirations  à 
retourner  aux  lieux  qui  les  ont  vus  naître  et  où  ils  n'ont  trouvé 
que  misère  et  tyrannie. 

Après  la  paix  de  1174,  Henri  II  conserva  à  sa  solde  une  partie 
de  ses  Brabançons  à  la  faveur  de  l'impôt  de  60  sous  angevins  par 
fief  de  haubert  qu'il  fit  payer  à  ses  barons  sous  le  nom  de  •  droit 
d'escuage  »  pour  les  exempter  du  service  militaire.  Les  autres 
furent  congédiés  et ,  obligés  de  demander  au  butin  de  chaque  jour 
leurs  moyens  d'existence,  ils  recommencèrent  leurs  dévastations. 
Prenant  pour  centre  de  leurs  opérations  quelque  château  fortifié, 
ils  s'en  servent  comme  place  de  refuge  et  de  là  dévastent  tout  le 
pays  aux  environs  et  particulièrement  les  biens  du  clergé,  qui  use 
contre  eux  des  armes  temporelles  et  spirituelles.  Ainsi ,  c'est  à  la 
voix  de  Gérard,  évèque  de  Limoges,  qu'en  1 177  Adhémar  V  et  les 
populations  du  Limousin  marchent  contre  le  château  de  Beaufort, 
s'en  emparent  et  massacrent  2,000  routiers,  hommes  et  femmes, 
qui  l'occupaient  l  ;  en  1179,  c'est  Pons,  évèque  de  Narbonne , 
qui  lance  contre  eux  l'interdit ,  et ,  la  même  année ,  le  concile  de 
Latran  décrète  contre  ceux  qui  les  emploient  et  les  soutiennent  les 
peines  ecclésiastiques  réservées  aux  hérétiques  et  accorde  la  pro- 
tection de  l'Église  et  des  indulgences  à  ceux  qui  les  combattent  2. 

Mais  il  était  difficile  de  réunir  contre  eux  tous  les  membres  de 
celte  noblesse  féodale  qui,  sur  une  moindre  échelle,  vivait  de  la 
même  vie.  Les  grandes  guerres  seules  avaient  le  privilège  de  faire 
cesser  leurs  brigandages  pendant  qu'ils  étaient  employés  comme 
troupes  régulières  contre  l'ennemi.  Tel  fut  le  cas  en  1181  quand 
Philippe-Auguste ,  après  s'être  soustrait  à  la  tutelle  du  comte  de 


1  Geoffroy  de  Vigeois,  p.  446,    t.  XII,  du  Recueil  des  Hist.  de  France.  — Voir 
Bibl.  de  l'école  des  Chartes,  t.  111,  p.  123.  Les  Routiers  au  XIIe siècle  par  GéraUD. 
*  Coll.  des  conciles  de  Mansi,  t.  XXII,  cal.  232,  233. 


—  428  — 

Flandre,  vit  tout-à-coup  ce  dernier  entraîner  à  la  révolte  ses  vas- 
saux auxquels  il  avait  fait  croire  que  le  roi  de  France  voulait  raser 
leurs  châteaux  '.  Incapable  de  résister,  Philippe  avait  appelé  à  son 
aide  Henri  II ,  qui  lui  envoya  ses  trois  fils  conduisant  les  fieffés 
d'Angleterre  et  10,000  Brabançons.  Quelques  succès  en  Bour- 
gogne ramenèrent  bientôt  une  grande  partie  de  la  noblesse  à  la 
cause  du  roi,  et  la  médiation  de  Guillaume,  archevêque  de  Reims, 
suspendit  les  hostilités  entre  Philippe-Auguste  et  le  comte  de 
Flandre. 

Le  licenciement  des  deux  armées  rendit  les  Brabançons  à  leur 
vie  de  désordre.  Ils  se  répandirent  sur  la  France  entière  «  s'at- 
»  tachant  au  peuple  comme  une  véritable  vermine  • ,  dit  un  chroni- 
queur, enlevant  toute  sécurité  aux  relations  commerciales  et 
obligeant  les  malheureux  habitants  des  campagnes  à  chercher  un 
refuge  dans  les  villes  fermées  ,  qui  bien  souvent  elles-mêmes 
n'étaient  pas  à  l'abri  de  leurs  dévastations. 

Parmi  ces  dernières,  la  ville  de  Puy  en  Auvergne  souffrait 
particulièrement  de  leur  présence  dans  ses  environs.  La  fête  de 
l'Ascension  voyait  en  effet  se  réunir  chaque  année  dans  ses  murs 
les  nobles  et  les  marchands  du  pays  et  de  l'étranger,  source  de 
bien-être  pour  les  habitants ,  source  de  profits  pour  les  chanoines 
de  l'église  où  était  exposée  la  Vierge  miraculeuse ,  but  de  ce 
pèlerinage.  La  peur  des  routiers  ayant  considérablement  diminué 
le  nombre  des  pieux  voyageurs ,  les  offrandes  s'en  ressentirent 
considérablement.  C'est  alors  que  profilant  de  la  simplicité  d'un 
pauvre  charpentier  nommé  Durand ,  qui  avait  la  coutume  de  passer 
la  nuit  en  oraison  dans  l'église  consacrée  à  la  Mère  de  Dieu,  un 
chanoine  eut  l'idée  de  lui  faire  apparaître  la  Vierge  elle-même  qui 
lui  commanda  de  réprimer  les  colereaux  qui  dévastaient  la 
campagne  2. 

1  Raoul  de  Dicbt,  Imag.  hist.,  ad  anno  1181 ,  p.  012. 

1  Grandes  chroniques  de  France,  t.  IV,  p.  21.  Éd.  P.  Paris. 


—  429  — 

Durand  annonça  bientôt  au  peuple  la  mission  qu'il  avait  reçue 
du  ciel  ;  le  chanoine  se  fit  l'apôtre  et  le  prédicateur  éloquent  de 
cet  illuminé,  le  peuple  crédule  s'attacha  à  ses  pas  et  bientôt  fut 
fondée  la  Confrérie  des  amis  de  la  paix.  Au  moment  de  revêtir 
l'uniforme  composé  d'un  chaperon  de  toile  blanche  qui  leur  couvrait 
la  tête  et  d'une  image  en  plomb  de  la  Vierge  du  Puy  avec 
les  mots  :  «  Agnns  Dei  qui  tollis  peccata  mundi ,  doua 
nobis  pacem,  •  les  confrères  promettaient  de  travailler  de  tout 
leur  pouvoir  à  la  destruction  des  routiers,  colereaux.et  Bra- 
bançons. On  les  compta  bientôt  par  centaines  de  mille.  Philippe- 
Auguste  ,  alors  en  guerre  dans  le  Berry  ,  détacha  vers  eux 
quelques-uns  de  ses  hommes  d'armes  pour  les  diriger,  et  cette 
troupe  innombrable  mais  indisciplinée  se  mit  en  campagne  à  la 
recherche  des  bandes.  Dix-sept  mille  Brabançons  qui  se  rendaient 
en  Bourgogne,  en  traversant  le  Bourbonnais  et  le  Berry  après 
avoir  dévasté  l'Aquitaine  au  nom  du  roi  d'Angleterre  !,  atteints 
par  les  encapuchonnés ,  se  laissèrent  massacrer  presque  sans  ré- 
sistance près  de  Gharenton  2  le  20  juillet  1183  :  onze  à  douze 
mille  d'entre  eux  restèrent  sur  le  terrain.  D'autres  bandes  pres- 
que aussi  nombreuses  tombèrent  encore  dans  l'Auvergne  et  le 
Rouergue  sous  les  coups  des  confrères  de  la  paix  ;  mais  bientôt, 
orgueilleux  de  leurs  succès,  ceux-ci  ambitionnèrent  l'honneur  de 
détruire  toutes  sortes  d'abus.  Ils  parcoururent  les  campagnes  en 
prêchant  l'égalité  au  nom  de  l'Evangile ,  défendant  aux  seigneurs 
d'exiger  aucune  redevance  de  leurs  terres,  aucun  travail  de  leurs 
serfs.  Cette  jacquerie  anticipée  menaçant  de  prendre  d'immenses 
proportions,  les  nobles  furent  obligés  de  se  liguer  à  leur  tour  pour 
leur  faire  la  chasse.  L'année  1184  en  vit  détruire  des  milliers; 
beaucoup  d'entre  eux  allèrent  grossir  les  bandes  de  routiers  contre 
lesquelles  ils  avaient  pris  les  armes. 

«   Vita  Lucii,  111,  p.  476,  cal.  1,  A  (Murât.,  script.,  t.  III.) 
2  Limite  des  départements  de  l'Allier  et  du  Cher. 


—  430  — 

C'est  que  ces  mercenaires  étaient  toujours  certains  de  trouver  salut 
et  protection  sous  l'étendard  d'Angleterre  ;  en  1189  les  Braban- 
çons forment  la  principale  force  de  l'armée  que  le  roi  Richard 
Cœur-de-Lion  conduit  en  Palestine  ;  ce  sont  ses  chefs  Mercader, 
Geoffroy  de  La  Haye,  Guill.  Gorram  et  Ph.  le  Gallois  qu'il  nomme 
ses  fidèles  dans  une  charte  qui  est  arrivée  jusqu'à  nous  *,  et  c'est 
à  leur  intention  qu'il  promulgue,  au  moment  de  s'embarquer,  ces 
statuts  de  discipline  si  sévères  mais  si  bien  en  rapport  avec  l'espèce 
d'hommes  qui  composaient  ces  bandes.  Quiconque  avait  tué  ,  y 
était-il  dit ,  devait  être  enseveli  avec  le  cadavre  de  sa  victime  ou 
jeté  avec  lui  dans  la  mer;  quiconque  avait  levé  le  couteau  sur  un 
autre  avait  le  poing  coupé.  Le  blasphème  ou  l'injure  se  payait  une 
once  d'argent  par  parole  mauvaise  ;  le  voleur  était  tondu  comme 
un  champion,  couvert  de  poix  bouillante  et  roulé  dans  la  plume, 
puis  débarqué  dans  cet  état  aussitôt  que  la  terre  était  en  vue  2. 

A  son  retour ,  c'est  encore  avec  ses  fidèles  Brabançons 
que  le  roi  Richard  va  combattre  Geoffroy  de  Rançon ,  comte 
d'Angoulème  vassal  des  Plantagenets ,  qui  s'était  donné  au  roi  de 
France ,  et  Mercader  les  conduit  5  ;  c'est  Mercader  qui  après  la 
rupture  des  conférences  de  Verneuil  avec  Philippe-Auguste  s'em- 
pare d'Issoudun  4;  c'est  près  de  lui  encore  que  se  trouvait 
Richard  quand  devant  le  château  de  Ghaluz  il  est  frappé  par  le 
trait  d'arbalète  qui  devait  causer  sa  mort ,  et  c'est  ce  chef  de  bandes 
qui,  malgré  la  prière  du  roi  mourant,  suspend  à  un  arbre  au 
moyen  d'une  courroie ,  l'arbalétrier  qui  s'était  avoué  l'auteur  de 
cette  mort  5. 


1  Pièces  justificatives  des  Comles-Evéques  ,  par  H.  Géiiaud.  Bibl.  de  l'école  des 
Chart.  t.  V,  p.  36. 
1  Ryuer,  Diplom.  collect.,  t.  1. 
s  Rogeri  de  Hoveden,  ad  anno  1194. 
*  Rigord,  Gest.  Philip.  Aug.,  Duchesne,  t.  V,  p.  35. 
5  Rogem  de  Hoveden,  ad  anno  1109. 


—  431  — 

Les  rois  de  France  pendant  un  certain  temps  eurent  aussi  des 
routiers  à  leur  solde.  Philippe-Auguste ,  qui  avait  appris  à  les 
apprécier,  compta  même  Cadoc,  l'un  de  leurs  chefs  créé  plus  tard 
seigneur  de  Gaillon,  parmi  ses  favoris  ;  mais  c'était  particulièrement 
à  la  guerre  de  siège  qu'il  les  employait ,  témoin  Château-Gaillard 
en  Normandie  dont  il  ne  s'empara  qu'avec  leur  aide  (1204)  !,  et 
le  siège  d'Angers  où  il  les  envoya  directement  en  marchant  à  la 
conquête  de  Poitou  ;  ce  furent  encore  eux  qui ,  placés  sur  sa  flotte 
dans  sa  campagne  de  Flandres ,  se  montrèrent  les  plus  avides 
dans  le  pillage  de  la  ville  de  Damme.  Ces  mercenaires  cependant 
lui  étaient  moins  nécessaires  qu'aux  rois  anglais  :  sous  son 
règne  en  effet  le  pouvoir  royal  avait  grandi  aux  dépens  de  la 
noblesse  qui  s'était  vue  écrasée  maintes  fois  dans  ses  tentatives  de 
rébellion  ;  après  la  mort  du  roi  Richard  ,  la  conquête  des  provinces 
qui  relevaient  de  la  couronne  d'Angleterre  avait  été  pour  les  nobles 
vassaux  une  source  de  profits  qui  les  avaient  retenus  sous  les  armes 
passé  le  temps  accoutumé.  De  nouveaux  fiefs  avaient  été  créés, 
d'autres  s'étaient  arrondis,  l'hommage  simple  avait  presque  partout 
été  remplacé  par  le  lige  qui  obligeait  le  vassal  à  suivre  son  seigneur 
dans  toutes  ses  expéditions  et  à  ses  propres  dépens  ;  à  le  servir 
contra  omnes  et  feminas  qui  possunt  vivere  et  mori,  comme 
s'exprimaient  les  actes  de  ligéité  2;  et  les  armées  royales,  plus  fortes 
et  plus  fidèles  que  jamais ,  avaient  pu  rejeter  l'aide  de  ces  bandes 
de  Gascons  et  d'Aragonais  qui  menaçaient  de  s'éterniser,  grâce  à 
la  protection  que  leurs  services  militaires  leur  avaient  value. 

En  Angleterre ,  au  contraire ,  Jean-sans-Terre ,  sans  cesse  en 
lutte  avec  la  noblesse,  avait  repris  à  son  service  les  Brabançons  de 
son  frère  Richard,    et   Lupicare  et   Brandimer   avaient  succédé 


1  Guill.  le  Breton,  Philippéide,  ch.  8. 

*  Boutaric,  Institutions  militaires  de  la  France,  p.  12-1. 


—  432    - 

comme  chefs  à  Mercader  dont  le  nom  disparait  de  l'histoire  avec 
celui  du  roi  dont  il  avait  été  le  fidèle  compagnon. 

Ce  n'était  pas  un  des  moindres  griefs  des  barons  anglais  que 
l'existence  sur  leur  sol  de  ces  étrangers  armés  dont  quelques-uns 
avaient  été  revêtus  de  charges  de  la  couronne  ou  avaient  obtenu 
des  titres  de  noblesse  ou  des  manoirs  fortifiés  '..  Aussi  quand, 
devenus  les  maîtres,  ils  se  firent  octroyer  par  le  roi  Jean  la  Grande 
Charte ,  base  de  toutes  leurs  'libertés ,  ils  lui  firent  signer  l'enga- 
gement de  chasser  tous  les  étrangers  -  tous  les  parents  de  Gérard 

•  d'Ath,  savoir:  Engelram ,  André  et  Pierre,  Guy  de  Sanzelles , 
»   Guy  de  Cisoing,    la   femme  de  Gérard  d'Ath  avec   tous  ses 

•  enfants,  Geoffroy  de  Martène  et  ses  frères  et  généralement  tous 
»  les  Flamands  et  tous  les  routiers  qui  travaillent  à  la  destruction 
»    du  royaume  2.   » 

Mais  aussitôt  qu'il  put  s'échapper  de  leurs  mains,  Jean-sans- 
Terre  s'empressa  d'appeler  à  son  secours  de  nouvelles  bandes  bra- 
bançonnes auxquelles  il  promit  le  partage  des  fiefs  de  son  royaume , 
et  qui  lui  permirent  de  recommencer  la  guerre  avec  succès  3. 

Sa  mort  dispersa  les  routiers  dont  un  grand  nombre  quitta 
l'Angleterre  ;  les  autres  continuèrent  à  y  vivre  à  la  solde  de  la 
couronne  ou  des  barons.  En  1220,  la  noblesse  anglaise  insista 
pour  obtenir  leur  renvoi  définitif  et  une  proclamation  publiée  à  cet 
effet  à  Londres  ordonna  à  tout  étranger  non  commerçant  de  quitter 
le  royaume4.  L'armée  de  Henri  III  en  1224  en  possédait  cependant 
encore  un  grand  nombre  parmi  lesquels  nous  citerons  Godscale  de 
Maghclines  et  Henri  de  Capclle. 

Sur  le  continent,  au  commencement  du  XIIIe  siècle,  nous 
trouvons  les  Brabançons,  fidèles  à  leur  origine,  dans  les  rangs 

1  Parmi  les  Flamands  que  le  roi  Jean  s'était  attachés  on  remarque  Richard  <■  Fl\n- 
dhensis,  »  shérif  de  Cornouailles  et  Robert,  avoué  de  Béthune,  dont  le  père  Baudouin 
fut  créé  comte  d'Albemarle.  (En.  VanBhussel,  t.  I,  p.  24.) 

»  Em.  Van  Biu:ssel,  t.  I ,  p.  213,  note. 

■•  Mathieu  Paris,  p.  221  à  231. 

1  Em.  Van  Biilssel  ,  t.  1,  p.  21  i. 


—  433   — 

des  Albigeois,  et  leur  nom  cilé  parmi  les  routiers  que  le  comte 
de  Toulouse  au  concile  de  St-Gilles,  en  1209,  prend  l'engage- 
ment de  chasser  de  ses  terres  *. 

En  1214,  ils  sont  les  plus  intréprides  parmi  les  confédérés 
qui  combattent  contre  l'armée  française  de  Philippe-Auguste  dans 
la  plaine  de  Bouvines.  Une  partie  de  ceux  qui  survécurent  passèrent 
en  Angleterre,  mais  un  plus  grand  nombre  encore  périt  dans  le 
désastre  de  la  flotte  que  Hugues  de  Boves  conduisit  à  l'île  de 
Wight  au  secours  du  roi  Jean  et  qui  périt  toute  entière,  ense- 
velissant dans  les  flots  plus  de  -40,000  victimes. 

Au  commencement  du  XIIIe  siècle,  l'affaiblissement  de  la  féoda- 
lité avait  fait  succéder  une  trêve  relative  aux  querelles  particulières 
et  sans  cesse  renaissantes  des  siècles  précédents  ;  le  commerce  et 
l'industrie  avaient  aussitôt  pris  un  merveilleux  essor,  et  partout 
s'était  fait  sentir  un  besoin  de  paix  et  de  sécurité  qui  devait  rendre 
les  peuples  moins  patients  à  supporter  les  brigandages  des  routiers, 
en  même  temps  que  la  création  des  milices  communales  leur  per- 
mettait de  se  défendre  et  offrait  aux  souverains  le  moyen  de  se 
passer  du  service  des  mercenaires. 

Dans  le  midi,  après  la  paix  de  1229  qui  fit  cesser  la  croisade 
contre  les  Albigeois  et  licencier  un  grand  nombre  de  routiers  '2,  on 


4  D.  Vaissète,  Hisl.  du  Languedoc,  t.  III,  p.  163.  —  Les  Croisés  comptaient  aussi 
des  rouliers  dans  leurs  rangs.  Ils  embrassaient  du  reste  toutes  les  causes  et  peut-être, 
lors  du  siège  de  Constantinople  par  les  Croisés  en  1203,  les  défenseurs  de  la  tour  de 
Galalha  que  quelques  historiens  appellent  des  Waranges  (Villoison  ,  Dissertation 
sur  lesWarangues),  que  Villehardouin  nomme  Angles  et  Danois,  mais  où  d'autres  ont  vu 
des  sergents  deLouvain  et  de  Hollande  (Bibl. des  Croisades,  t. III,  p. 14;  lettre  du  Cle.  de 
S.-Pol  au  duc  de  Brabant) ,  n'étaient-ils  que  des  Brabançons  qui,  au  retour  de  la 
croisade ,  s'étaient  mis  à  la  solde  des  empereurs  grecs. 

1  II  y  avait  des  Brabançons  dans  Avignon  assiégé.  Pu.  Mouskès,  vers  26073,  (t.  Il , 
Ed.  de  la  Comm.  d'histoire),  dit: 

Et  ci  firent  gianl  vilaunie 

Les  Aubugois ,  et  felonnie 

As  Braibençons  et  as  Flamens 

Et  as  autres  estranges  gens 

Qu'il  tenoient  en  lor  soudée. 


-    4,34   - 

vit  se  former  à  Rocadamour  une  fédération  de  seigneurs  et  de 
communes  dans  le  but  de  se  défendre  contre  leurs  courses  et  leurs 
extorsions. 

Dans  le  nord  ,  on  usa  d'un  moyen  qui  devait  être  employé 
encore  dans  la  suite  par  Duguesclin  et  Charles  VII  à  l'égard  des 
Grandes  Compagnies  et  des  Ecorcheurs.  Il  existait  en  Allemagne  sur 
les  bords  de  l'Elbe ,  aux  environs  de  Staden,  une  secte  hérétique  qui 
portait  le  nom  de  Sladings.  Une  expédition  fut  préparée  contre  eux  ; 
Henri ,  (ils  du  duc  de  Brabant,  Arnould  d'Audenarde,  les  comtes  de 
Clèves  et  de  Hollande  et  beaucoup  d'autres  seigneurs  entraînèrent 
à  leur  suite  les  Brabançons  qui ,  revenus  dans  leur  patrie ,  con- 
sumaient dans  le  désordre  leur  besoin  d'activité,  les  jetèrent  sur 
ces  malheureux  qui  furent  presque  tous  massacrés  et  leur  distri- 
buèrent leurs  terres  (1233). 

Ainsi  disparurent  ces  bandes  qui  pendant  près  d'un  siècle 
s'étaient  rendues  si  redoutables  par  leur  courage  et  leur  nombre. 
Mais  l'esprit  d'aventure  qui  les  animait  subsista  longtemps  encore 
après  eux  dans  nos  provinces  et  en  1380,  lors  de  l'invasion  des 
Anglais  en  France ,  parmi  ceux  qui  vinrent  se  ranger  sous  leurs 
étendards  on  comptait,  dit  Froissard  ,  beaucoup  de  Flamands,  de 
Brabançons  et  d'Hennuyers  «  lesquels  où  qu'ils  soient  et  qu'ils 
•  vont,  veulent  estre  en  vins  et  en  viandes  et  en  délices  jusques 
»   au  cou  '.  » 

Nous  n'abandonnerons  pas  ce  sujet  sans  dire  un  mot  de  la  com- 
position et  de  la  manière  de  combattre  des  Brabançons.  Fantassins 
pour  la  plupart ,  un  certain  nombre  d'entre  eux  cependant  com- 
battaient à  cheval  ainsi  qu'il  résulte  des  termes  mômes  du  traité 
entre  Louis  VII  et  Frédéric  Barberousse  dont  nous  avons  parlé  plus 
haut.  La  lance  ou  plutôt  la  pique ,  nationale  chez  les  Germains , 
était  leur  arme  de  prédilection  et  ils  y  étaient  parfaitement  exercés. 

'  Fuoissaud,  liv.  Il  ,  chap.  65. 


—  435    - 

Divisés  en  petites  troupes ,  rangés  en  demi -cercles  «  comme  le 
•  chœur  d'une  chapelle  » ,  dit  Guillaume  le  Breton,  ils  formaient  de 
la  sorte  autant  de  petites  redoutes  vivantes  laissant  entre  elles  des 
intervalles  pour  le  passage  de  la  cavalerie. qui ,  après  la  charge, 
venait  se  reformer  sous  leur  protection  *. 

A  Bouvines  (1214)  ils  résistèrent  ainsi,  sans  être  entamés  à  la 
première  charge  de  Philippe-Auguste  et  à  l'effort  des  milices  com- 
munales qui  se  firent  écraser  par  la  cavalerie  impériale ,  passant 
dans  les  intervalles2.  A  la  fin  de  la  bataille,  un  corps  de  700 
d'entre  eux  ne  succomba  que  sous  les  coups  de  2000  fantassins 
que  Thomas  de  St-Valéry  lança  contre  eux,  et  une  autre  bande, 
qui  combattait  sous  les  ordres  du  comte  de  Boulogne,  ne  fut  taillée 
en  pièces  par  3000  sergents  à  cheval  qu'après  qu'on  eût  roulé 
sur  eux,  à  force  de  bras,  des  chariots  de  guerre  pour  la  rompre. 
Vaillance  inutile,  mais  qui  prouvait  qu'après  douze  siècles  le  courage 
des  Belges,  exalté  par  César,  n'avait  pas  dégénéré. 


1  Chron.  de  St.-Denis,  V.  Bkial,  p.  411  ;  le  comte  de  Bologne  avait  «  un  double 
parc  de  sergens  à  pied  ,  bien  armés,  joints  et  serrés  ensemble  à  la  circuité  et  manière 
d'une  roue  ;  dedans  ce  cercle  il  y  avait  une  petite  entrée  par  où  le  comte  revenait  et 
sortait  quand  il  voulait.  » 

*  Guil.  le  Brkton  ,  ch.  XI,  p.  607. 


RENSEIGNEMENTS 


CONCERNANT 


L'AMIE    D'ANTOINE    VAN  DYCK 
A  SAVENTHEM. 


NOTICE 

par  M.  L.   GALESLOOT 

MEMBRE   TITULAIRE    A   BRUXELLES. 


Dans  une  notice  précédente  '  je  disais  que  j'espérais  que 
M.  Van  den  Broeck  parviendrait  à  établir  la  filiation  de  la  belle 
et  intéressante  maîtresse ,  ou  plutôt  de  la  prétendue  d'Antoine  Van 
Dyek.  J'ai  la  satisfaction  de  faire  connaître  à  l'Académie  que  les 
recherches  de  M.  Van  den  Broeck  ont  eu  un  heureux  résultat.  Mais 
avant  d'en  donner  le  résumé ,  il  importe  de  relever  une  erreur 
commise  par  le  capitaine  Van  Ophcm  dans  l'attestation  annexée  à 
la  notice  précitée ,  parce  que  cette  erreur  pourrait  faire  suspecter 
quelque  peu  le  témoignage  de  ce  neveu  d'Isabelle.  Il  importe  aussi 
de  prouver  auparavant  que  c'est  bien  Isabelle  qui  fut  recherchée 
en  mariage,  à  Savenlhem,  par  l'illustre  peintre  anversois,  attendu 
que  plusieurs  des  auteurs  qui  parlent  de  cet  épisode  de  sa  vie  , 

1    Voy.  les  Annales  de  /' Académie,  tome  XX,  p.  36. 

Commissaires  rapporteurs  :  MM.  le  chevalier  Gustave  van  Havre  et.  Th.  vanLeuius. 


—  437  — 

Mensart  entre  autres  * ,  citent  toujours  une  Anne  van  Saventhem 
ou  Van  Ophem ,  comme  étant  celle  qui  fit  une  si  vive  impression 
sur  son  cœur. 

La  mémoire  a  mal  servi  le  capitaine  Van  Ophem  quand  il  dé- 
clare que  le  tableau  de  saint  Martin  à  Saventhem  a  été  peint  vers 
1629.  Le  séjour  de  Van  Dyck  dans  ce  village  remonte  à  l'an  1621 . 
Il  doit  s'y  être  arrêté  pendant  une  partie  du  printemps  et  pendant 
tout  l'été  de  cette  même  année  ;  vers  l'automne  il  partit  pour 
Venise  avec  le  chevalier  vénitien  Nanni  ,  envoyé  par  Rubens 
pour  déterminer  son  élève  à  se  remettre  en  voyage.  Il  avait  alors 
22  ans.  En  1629  il  était  de  retour  d'Italie  depuis  trois  années  , 
et  déjà  il  était  question  de  son  passage  en  Angleterre  où  ,  comme 
on  sait ,  il  vécut  jusqu'à  sa  mort.  Celte  erreur  de  date  du  capitaine 
est  bien  excusable  chez  un  vieillard  âgé  de  quatre-vingt-onze  ans , 
mais  il  n'a  pas  pu  se  tromper  en  désignant  sa  tante  Isabelle  comme 
ayant  été  recherchée  par  Van  Dyck.  Il  était ,  comme  il  conste  de 
divers  actes  et  du  testament  2 ,  le  confident  chargé  des  affaires  de 
cette  tante  ,  qui  lui  avait  laissé  un  bel  héritage.  Ce  témoignage 
si  positif  du  capitaine  suffirait  à  lui  seul  pour  lever  tout  doute  , 
mais  je  suis  en  mesure  d'y  ajouter  la  preuve  irrécusable  qu'Anne 
Van  Ophem  n'est  certainement  pas  la  personne  à  qui  Van  Dyck 
faisait  une  cour  si  assidue  à  Saventhem.  Anne  était  la  sœur 
ainée  d'Isabelle  ;  elle  était  mariée  dès  1613,  au  moins  ,  à  Jean 
Goossens  5  ,  puisque  leur  premier  enfant  connu  fut  baptisé  en 
l'église  de  Ste-Catherine  le  2  août  1614.  Elle  et  son  mari,  à 
qui  elle  avait  donné  une  nombreuse  lignée  ,  ont  toujours  habité 
Bruxelles ,  tantôt  dans  la  paroisse  de  Ste-Catherine ,   tantôt  dans 


1  Le  peintre  amateur  et  curieux.  Voy.  aux  pp.  1G0,  16I  et  195  de  la  lre  partie, 
où  il  parle  d'un  tableau  de  Van  Dyck  qui  se  trouvait  au  château  de  Tervueren  et  repré- 
sentant, selon  lui,  Anne  Van  Ophem  ou  van  Saventhem,  la  maîtresse  du  peintre. 

*  Voy.  aux  Annexes,  n°  111. 

!  Voy.  ibid.  la  généalogie,  sub.  n°  11. 


—  438  — 

celle  de  St-Géry,  ce  qui  est  démontré  par  les  actes  de  naissance  des 
enfants  qui  se  suivent  de  près  et  dont  le  dernier  est  né  en  1G30. 
Les  époux  Goossens  étaient  déjà  morts  en  1G35,  lors  du  partage 
des  biens  des  parents  d'Anne. 

Maintenant  on  se  demande  comment  le  nom  d'Anne  a  été  sub- 
stitué à  celui  d'Isabelle  ?  Pourquoi ,  dans  la  tradition  ,  ce  nom  a 
prévalu  plutôt  que  celui  de  Madeleine  ou  de  Marie,  autres  sœurs 
d'Isabelle  qui,  n'étant  pas  mariées  en  1621  ',  résidaient  probable- 
ment avec  cette  dernière  chez  leurs  parents?  Ce  sont  là  des  ques- 
tions difficiles  à  résoudre,  et  je  crois  qu'il  vaut  mieux  attendre  la 
découverte  de  quelque  document  positif  qui  les  tranche,  que  de  se 
perdre  à  cet  égard  dans  le  dédale  des  conjectures.  Quant  à  avoir 
si  Isabelle  a  été  la  maîtresse ,  dans  la  mauvaise  acception  de  ce 
mot,  du  célèbre  artiste,  cette  insinuation  injurieuse  pour  notre 
héroïne ,  de  la  part  de  quelques  écrivains ,  est  tout-à-fait  erronée. 
La  vérité  est  que  Van  Dyck  recherchait  vivement  la  main  d'Isabelle 
Van  Ophem  qui ,  comme  nous  l'avons  vu ,  demeurait  chez  ses 
parents  et  qu'il  ne  put  l'obtenir.  Le  témoignage  de  Van  Gestel , 
auteur  contemporain  de  la  prétendue  du  grand  peintre,  est  formel 
à  cet  égard.  Voici  l'expression  dont  il  se  sert  :  .  .  .  .  filia  incolœ 
hujus  pagi  (Saventhem)  quœ  ipsi  in  amore  erat  et  cujus  nuptias 

AYIDÈ  SOLLICITABAT    ET  TAMEN    OBTINERE   NON   VALU1T.    Ce    refus 

peut  avoir  été  basé  sur  le  jeune  âge  d'Isabelle,  car  nous  verrons 
qu'en  1621  elle  n'avait  guère  que  16  ou  17  ans.  Peut-être 
Hubens  lui-même  a-t-il  insisté  auprès  du  drossard  et  de  sa  femme 
pour  empêcher  ce  mariage ,  qui  eût  pu  détourner  son  élève  de 
se  rendre  en  Italie  et  de  s'y  perfectionner  dans  son  art. 

Après  avoir  prouvé  qu'Isabelle  Van  Ophem  est  bien  celle  qui 
avait  su  fixer  si  longtemps  le  volage  Antoine ,  je  ferai  connaître 


1    Voy.  la  généalogie. 


—  439  — 

tout  ce  que  les  investigations  de  M.  Vanden  Broeck  et  mes  propres 
recherches  nous  ont  appris  sur  cette  intéressante  personne. 

Isabelle,  ou  mieux  Elisabeth  Van  Ophem  comme  elle  signait 
d'habitude,  descendait  de  la  noble  famille  de  ce  nom  '.  Elle  était 
le  septième  enfant  de  Martin  Van  Ophem2  qui  fut,  pendant 
quarante-trois  ans ,  d'abord  raaïeur  de  Saventhem,  ensuite  drossard 
de  la  baronnie  de  ce  nom ,  et  d'Anne  Vander  Elst  ,  qui  parait 
avoir  apporté  une  jolie  fortune  à  son  mari.  On  ne  sait  rien  de 
positif  sur  la  naissance  d'Isabelle,  les  registres  de  la  paroisse  de 
Saventhem,  où  elle  est  probablement  née,  ne  remontant  qu'à 
l'année  1674-.  Selon  toute  apparence,  elle  vint  au  monde  vers 
1605.  Elle  est  désignée  comme  étant  encore  célibataire  dans 
l'acte  de  partage  des  biens  de  ses  parents  5,  du  28  mars  1635. 
Ses  sœurs  s'étant  toutes  mariées  jeunes  et  Isabelle  ayant  tardé 
assez  longtemps  à  prendre  un  époux ,  pourrait-on  en  conclure  que 
le  souvenir  du  brillant  cavalier ,  de  l'artiste  riche  et  déjà  célèbre 
qui  avait  demandé  sa  main  ne  s'est  pas  éteint  de  sitôt  dans  son 
cœur?  Je  ne  sais.  Ce  qu'il  y  a  de  certain  c'est  qu'elle  conserva 
l'amour  des  tableaux,  car  l'on  verra,  par  son  testament,  qu'elle  en 
possédait  une  belle  collection.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  prétendue  de 
Van  Dyck  fut  mariée  deux  fois.  Elle  épousa  d'abord  François 
De  Niel  ou  De  Nielle ,  sur  la  famille  duquel  je  n'ai  aucun  ren- 
seignement, sauf  que  je  vois  que'  la  sœur  de  François  épousa  le 
baron  de  la  Massa  4.  Un  acte  du  mois  d'octobre  1655  prouve 
qu'à  cette  époque  De  Nielle  vivait  encore. 

Après  la  mort  de  ce  premier  époux,  Isabelle  devint  la  femme  de 
Nicolas  Croiseau  ou  Croisseaux ,  commissaire  aux  vivres  au  ser- 


1   Voy.  l'annexe  n°  I. 

*  Voy.  la  généalogie. 

3  Elle  hérita  pour  sa  part  d'une  vingtaine  de  bonniers  de  terre. 

*  Voy.  la  généalogie. 


—  440  — 

vice  de  l'Espagne ,  dont  la  famille  m'est  inconnue.  Je  n'ai  pu 
trouver  la  date  d'aucune  de  ces  deux  unions  d'Isabelle,  qui  n'eut 
jamais  d'enfants.  Elle  décéda  à  Vilvorde,  où  elle  et  son  mari 
paraissent  avoir  passé  les  dernières  années  de  leur  vie ,  le 
12  février  1 70 1 .  Groiscau  l'avait  précédé  dans  la  tombe  le  29  juillet 
1088.  D'après  le  désir  qu'elle  en  témoigna  dans  son  testament, 
Isabelle  Van  Ophem  fut  enterrée  dans  l'église  du  couvent  de 
Tenlroost  \  à  Vilvorde,  à  côté  de  son  mari.  Aucune  pierre  tu- 
mulaire,  ni  inscription  n'y  rappelle  aujourd'hui  leur  mémoire.  La 
demeure  des  époux  Groiseau  à  Vilvorde  est  inconnue  aussi.  Gomme 
malheureusement  la  toile  où  Van  Dyek  avait  représenté  sa  belle 
maîtresse  sous  les  traits  de  la  Vierge  est  perdu  à  jamais,  nous  ne 
savons  rien  de  sa  personne,  sinon  qu'elle  était  douée  d'une  grande 
beauté.  L'amour  du  grand  artiste  en  est  une  preuve  suffisante. 
Isabelle  paraît  avoir  conservé  une  bonne  santé  et  une  grande 
énergie  jusque  dans  l'âge  le  plus  avancé.  A  quatre-vingt-dix  ans 
ou  approchant,  en  1694-,  elle  soutenait  encore  un  procès  contre  le 
magistrat  de  Vilvorde,  qui  voulait  loger  chez  elle  le  colonel  de 
Matha,  au  service  des  Provinces-Unies.  (Elle  avait  droit  sans  doute 
à  l'exemption  du  logement  militaire,  comme  veuve  d'officier).  La 
signature  de  son  testament  est  tracée  d'une  main  bien  ferme  pour 
une  femme  de  si  grand  âge.  J'ai  cru  devoir  donner  le  texte  de  ce 
testament  en  entier,  parce  qu'il  émane  d'une  personne  intéressante 
à  divers  titres.  On  y  verra  que,  eu  égard  à  l'époque  où  elle  vivait, 
Isabelle  était  riche. 

La  généalogie  et  les  renseignements  sur  la  famille  Van  Ophem 
sont  l'œuvre  de  M.  J.  Vanden  Broeck  ,  rentier  à  Bruxelles,  qui  a 
eu  l'obligeance  de  me  les  communiquer.  Les  actes  divers  que  j'ai 
cités  reposent  aux  Archives  du  royaume. 


'   Voy.  pour  l'iiistoire  de  ce  couvent,  A.  Waiters,  Histoire  des  environs  de  Bruxelles, 
tome  II,  p.  500. 


—  441  — 

ANNEXES. 

I. 
Notes  diverses  concernant  les  VAN  OPHEM. 

On  trouve  les  armoiries  rie  la  famille  Van  Ophem  ,  d'argent  à  la  bande  fuselée  de 
gueules  de  cinq  pièces ,  dans  l'Histoire  de  la  ville  de  Bruxelles  par  Henné  et 
W.\UTEns,  tome  11,  page  547,  planche  XIX,  (dessin  A).  Le  blason  complet  avec  la 
devise  «  Iktrout  op  Hem  »  se  trouve  dans  les  manuscrits  Nos  15960  et  15961  de  la 
Bibliothèque  de  Bourgogne,  à  Bruxelles. 

Les  Van  Ophem  étaient  nobles.  Ils  sont  cités  comme  tels  par  Butkens,  depuis  Henri  III, 
duc  de  Brabant.  Ils  ont  été  alliés  à  plusieurs  familles  distinguées  du  pays  et  de  l'étranger, 
entr'autres  à  des  familles  ducales  de  Venise,  comme  les  Mocenigo.  Un  Jean  d'Ophem 
signa  la  fameuse  charte  de  Cortenberg  de  1312,  et  fut  l'un  des  seigneurs  que  le  duc  de 
Brabant  chargea,  en  1316,  de  renoncer,  en  son  nom,  aux  alliances  conclues  entre  son 
pays  et  le  Hainaut.  Le  chevalier  Adam  d'Ophem  assista,  en  1336,  au  traité  de 
Termonde,  conclu  entre  la  Flandre  et  le  Brabant;  en  1339,  le  chevalier  Lambert, 
seigneur  d'Ophem,  promit  de  suivre  le  duc  Jean  III  à  la  guerre  contre  la  France,  à 
la  condition  qu'il  lui  serait  payé  trente  livres  de  vieux  gros.  Un  Jean  d'Ophem  ,  chevalier, 
était  un  des  chefs  de  l'armée  du  duc  Wenceslas  à  la  bataille  de  Bastweiler,  en  1371. 

Les  fonctions  d'amman  de  Bruxelles  ont  été  occupées  en  1341  et  1342  par  Josse 
Van  Ophem;  en  1378  par  Jean  Van  Ophem;  en  1388  par  sire  Jean  Van  Ophem 
chevalier,  lequel  est  cité  comme  maître  d'hôtel  des  ducs  de  Brabant,  en  1390,  1403 
et  1411. 

Un  Guillaume  Van  Ophem  était  châtelain  de  Vilvorde  en  1406. 

En  outre ,  plusieurs  Van  Ophem  ont  été  bourgmestres ,  échevins  et  receveurs  de  la 
ville  de  Bruxelles,  depuis  1410  jusqu'en  1627. 

Un  André  Van  Ophem  a  été  prélat  de  l'abbaye  de  Coudenberg  à  Bruxelles  ,  de  1688 
à  1705. 

Par  suite  du  mariage  de  Guillaume  Van  Ophem  (renseigné  sub.  3  au  document  ci-joint) 
avec  Isabelle  Clutinck,  lille  de  Jean  et  de  Jeanne  Van  Coudenberg,  leurs  descendants 
se  rattachent  aux  lignages  de  Bruxelles  par  trois  voies  différentes ,  à  savoir  :  Ophem , 
Clutinck  et  Coudenberg. 

Parmi  les  nombreux  domaines  que  la  famille  Van  Ophem  de 
Bruxelles  a  possédés  aulrefois,  nous  citerons  la  château  d'Herlaer  à 
Vilvorde  (VoirWAUTEBS,  Hist.  des  environs  de  Bruxelles,  tome  II , 
page  520).  Ce  domaine  fut  vendu  en  1459  par  Henri  Van  Ophem  , 
chevalier,  de  concert  avec  son  frère  Jean  et  sa  fille  Marguerite  à 
Jean  de  Bourgogne,  fils  naturel  du  duc  Jean-sans-Pcur. 


242  — 


Fragment  généalogique   de  la   famille  VAN   OPHEM  , 
d'après   des  actes  authentiques  et  inédits. 

1 .  Corneille  Van  Ophem,  (ils  de  Jean,  était,  en  1390  et  14-11,  un  des  huit  chefs  de  la 

gilde  de  la  draperie  à  Bruxelles;  il  faisait  partie  du  lignage  de  Sweerts  en  1406. 
Il  épousa  Marie  Van  der  Balelit  dite  S'Box,  dont  Gérard  qui  suit. 

2.  Gérard  Van  Ophem  épousa  Marguerite  Van  Vorsihuysen  et  procréa:  Guillaume  qui 

suit  sub  3  ,  Catherine  ,  Adam  ,  Jean  et  Gérard  Van  Ophem  ,  lequel  épousa  Mar- 
guerite Schobers  ou  Cockers  dont  postérité,  dans  laquelle  se  rencontre  Jacques 
Van  Ophem,  receveur  général  de  Brabant,  seigneur  d'Over  et  de  Neder-IIeembeek  , 
d'Aa  et  de  la  franchise  de  Luttre,  créé  chevalier  le  12  août  1025,  mort  conseiller 
et  commis  des  domaines  et  finances  des  Pays-Bas,  le  23  février  1648;  son  unique 
enfant,  Maiie-Ëlisabeth  Van  Ophem,  épousa  don  Paul-Melchior  De  Villegas,  dont 
est  issue  la  famille  des  comtes  de  Villegas  encore  existante. 

3.  Guillaume  Van  Ophem,  fils  du  précédent,  épousa  Isabelle  Clutinek,  fille  de  Jean, 

échevin  de  Bruxelles,  et  de  Jeanne  Van  Coudenberg.  Ils  habitaient  Saventhem  où 
ils  ont  été  enterrés  devant  le  chœur  de  l'église.  Le  mari  est  mort  en  1483.  Le 
partage  des  biens  de  leur  succession  doit  avoir  été  fait  devant  les  hommes  de  fief 
et  échevins  de  Saventhem  et  Strrrebeek ,  le  15  juillet  1497.  Ils  ont  eu  des 
enfants  parmi  lesquels  le  suivant: 

4.  Engelbert  Van  Ophem,  épousa  Marguerite  Vander  Meeren,  de  la  famille  de  J.  Vander 

Meeren ,  seigneur  de  Saventhem,  Sterrebeek,  etc.,  bourgmestre  de  Bruxelles.  Ils 
ont  été  enterrés  à  Saventhem  près  de  leurs  parents.  Le  partage  de  leurs  biens  a 
été  fait  par  acte  passé  devant  les  échevins  de  Saventhem,  le  26  février  1537. 
Ils  ont  eu  les  enfants  qui  suivent  : 

a.  Martin  Van  Ophem,  qui  a  été  marié  à  Pélronille  Cretsaerts ,  dont  postérité. 

b.  Ursule  Van  Ophem,  qui  épousa  Antoine  Lemmcns,  dont  postérité. 

c.  Catherine  Van  Ophem,  qui  épousa  Jaspar  Van  den  Horycke,  dont  postérité 

</.  Michel  Van 'Ophem,  qui  épousa:  1°  Elisabeth  R  y  dams,  2°  Marie  Kemmers  ou 
Ue  Kemers.  C'est  de  lui  que  descend  Michel  Van  Ophem,  docteur  et  premier  pro- 
fesseur en  médecine  à  l'Université  de  Louvain  ,  marié  :  à  1°  Marguerite  Weyms, 
2°  à  Marguerite  Diericx,  et  dont  une  fille,  Jeanne  Van  Ophem,  née  à  Louvain  dans  la 
paroisse  de  St-Pierre,  le  23  avril  1638,  épousa  François-Ferdinand  Van  Ophem , 
mentionné  ci-après  sub  9. 

e.  Maximilien  Van  Ophem,  renseigné  ci- après  sub  5. 

/'.  Jean  Van  Ophem,  sans  alliance  connue  et  qui  est  mort  sans  postérité. 

(/.  Guillaume  Van  Ophem,  qui  épousa  Elisabeth  De  Kempcnere,  dont  postérité. 

h.   Engelbert  Van  Ophem,  mort  sans  postérité. 

5.  Maximilien  Van  Ophem ,  fils  du  précédent,  épousa  Catherine  Stroobants.  Leurs  enfants 


—  443  — 

sont  dénommés  dans  trois  actes  de  vente  de  biens  passés,  l'un  devant  les  écher 
vins  de  Saventhem,  le  22  janvier  1590,  et  les  deux  autres  devant  les  échevins  de 
Tervueren,  le  19  juin  1598  et  le  5  juin  1601  ;  ces  enfants  sont  : 

a.  Engelbert  Van  Ophem,  qui  épousa  Barbe  Culens.  Ils  habitaient  Saventhem  et  ont 
laissé  une  nombreuse  postérité,  comprenant  les  auteurs  de  M.  Van  Ophem,  notaire  à 
Aerschot,  de  M.  Van  Ophem,  brasseur  au  Château  d'Oi'  à  Uecle,  et  de  Gertrude 
Van  Ophem  ,  qui  fut  mariée  à  Henri  Govaerts,  bis-aïeule  maternelle  de  M.  Jean 
Van  den  Broeck,  ancien  administrateur-gérant  de  la  Société  des  manufactures  de 
glaces,  etc.,  rue  de  Jéricho,  à  Bruxelles. 

b.  Martin  Van  Ophem,  renseigné  ci-après  sub  6. 

c.  Jean  Van  Ophem,  dont  la  postérité  est  inconnue. 

(/.  Ursule  Van  Ophem,  qui  épousa  Jean  Van  Mastraeten,  dont  trois  filles. 

6.  Martin  Van  Ophem,  fils  du  précédent,  épousa  Anne  Mariaens ,   dont  Martin  ren- 

seigné ci-après ,  sub  7,  Guillaume  ou  Guillelmine,  Engelbert,  Jérôme  et  François 
Van  Ophem,  ce  dernier  baptisé  en  l'église  de  Sle-Gudule  à  Bruxelles,  le  22  janvier 
1588.  A  l'exception  du  suivant,  les  autres  fils  paraissent  être  morts  sans 
postérité. 

7.  Martin  Van  Ophem,  fils  du  précédent,  épousa  Anne  Van  der  Elst,  fille  de  Lambert 

et  de  Madeleine  Cuelens.  Ce  Martin  a  été  le  premier  drossard  de  la  baronnie  de 
Saventhem,  et  dans  un  manuscrit  faisant  partie  des  archives  héraldiques  du  Mi- 
nistère des  affaires  étrangères  à  Bruxelles,  n°  5,  tome  6,  folio  61,  on  trouve 
l'inscription  lumulaire  suivante  portant  en  lète  les  armes  du  défunt  qui  sont  : 
d'argent  à  la  bande  fuselée  de  gueules  de  cinq  pièces  : 

»  Hier  leyt  begraeven  den  Eersaemen  .lu1'  Martin  Van  Ophem  ,  in  synen  leven 
»  meyer  ende  eersten  Drossaert  deser  baenderye  van  Saventhem,  heerlichede  van 
»  Sterrebeke,  den  tytvan  43jaeren,  die  slerft  den  1  december  intjaer  ons  Heeren 
»  1634.  Ende  die  Eersame  Jouffrouwc  Anne  Vander  Elst,  syne  huysvrouwe,  die 
»  slerft  den  23  mey  1633.  Bidt  Godt  voor  de  sielen.    » 

Le  partage  de  leurs  biens  a  été  fait  par  acte  passé  devant  les  échevins  de 
Saventhem  le  28  mars  1635.  Leurs  enfants  sont: 

a.  Martin  Van  Ophem,  qui  épousa  Marie  Van  Meerbeek  ;  il  est  mort  sans  postérité. 

b.  François  Van  Ophem,  renseigné  ci-après  sub  8. 

c.  Anne  Van  Ophem  qui  épousa  Jean  Goossens,  dont  8  enfants  baptisés  à  Bruxelles, 
dans  les  paroisses  de  Ste- Catherine  et  de  St-Géiy,  le  premier  le  2  août  1614 
et  le  dernier  le  13  janvier  1630.  Père  et  mère  n'existaient  plus  à  la  date  de  l'acte 
de  partage  du  28  mars  1635  énoncé  plus  haut;  leur  plus  jeune  fille,  Elisabeth 
Goossens ,  a  été  mariée  avec  Martin  Bubens ,  dont  postérité. 

d.  Pétronille  Van  Ophem,  mariée  1°  à  Léonard  de  Mallhys,  2°à  Nicolas  Van  Gemel  ; 
elle  est  morte  sans  postérité. 

e.  Madeleine  Van  Ophem  qui  épousa  à  Saventhem  ,  le  15  janvier  1623  ,  Jean  Finet 
ou  Phinet.  Les  registres  de  la  paroisse  de  S,e-Gudule  à  Bruxelles  renseignent 
4  de  leurs  enfants,  baptisés  le  premier  le  30  janvier  1625,  le  dernier  le  21  octobre 
1630.  La  mère  était  morte  lors  du  partage  des  biens  de  ses  parents,  le  28  mars 


—   444   - 

1635  ;  l'une  de  ses  filles  a  été  mariée  au  docteur  François  Lombaerts,  dont  postérité. 
/'.  Marie  Van  Opheio  qui  épousa ,  à  Saventhem ,  le  28  septembre  1625,  Guillaume  De 

Coninck ,  dont  4  enfants  baptisés  dans  la  paroisse  de  Sle-Gudule  à  Bruxelles ,  le 
premier  le  9  septembre  1626  et  le  dernier  le  18  avril  1632.  La  mère  était  morte 
lors  du  partage  des  biens  de  ses  parents,  le  28  mars  1635. 

rj.  Isabelle  ou  Elisabeth  Van  Opliem,  qualifiée  de  célibataire  dans  l'acte  de  partage 
des  biens  de  ses  parents,  passé  le  28  mars  1635,  a  épousé  aptes  en  î,es  noces 
François  De  Nielle,  (ils  de  Christophe  et  de  Marguerite  Van  Nyverzeele,  dont  la  fille 
Marguerite  épousa  Charles  baron  de  la  Massa.  Les  époux  De  Nirlle-Van  Ophem 
vivaient  en  octobre  1655.  En  secondes  noces  Isabelle  Van  Ophem  a  épousé 
Nicolas  Croiseau,  Commissaris  van  vivers  au  service  de  Sa  Majesté ,  avec  lequel 
elle  vivait  en  mars  1678.  Le  testament  du  dit  Croiseau  a  été  passé  devant  le 
notaire  Jérôme  De  Druyn  à  Bruxelles,  le  17  juillet  1688;  il  y  est  qualifié  d'époux 
d'Isabelle  Van  Ophem ,  laquelle  signe  Elisabeth  Van  Ophem.  Celle-ci  a  fait  son 
testament  par  acte  passé  le  16  mai  1694,  devant  le  notaire  F.  Lelieboom  à 
Vilvorde.  Elle  est  morte  le  12  février  1701  à  Vilvorde  et  son  mari,  N.  Croiseau, 
le  29  juillet  1688,  aussi  à  Vilvorde.  Aucune  trace  d'enfants. 

/(.  Jeanne  Van  Ophem  ,  qualifiée  de  célibataire  dans  l'acte  de  partage  des  biens  de  ses 
parents,  passé  le  28  mars  1635,  et  qui  épousa  après  Henri  Van  Pauhuysen,  licencié 
en  droit.  La  femme  est  morte  avant  le  22  octobre  1655  et  n'a  pas  laissé  de  pos- 
térité ;  son  testament  a  été  passé  devant  le  curé  de  Wechtere ,  le  5  novembre  1651. 

François  Van  Ophem ,  fils  du  précédent  et  drossard  de  Saventhem ,  s'est  marié  à 
Bruxelles,  dans  la  paroisse  de  Sle-Gudule  ,  le  15  février  1618,  à  Isabelle  De 
Hullegaerden,  fille  de  Paul,  médecin  de  l'archiduc  Albert,  et  de  D11,J.  . .  .  Kichardt. 
Le  mari  est  mort  le  10  décembre  1680;  son  testament  a  été  passé  devant  le 
notaire  Claessens  le  9  juillet  1677  ;  la  femme  doit  être  décédée  le  27  février  1714. 
Leurs  enfants  sont  : 

a.  François-Ferdinand  Van  Ophem  renseigné  ci-après  sub  9. 

b.  Isabelle  Van  Ophem,  fille  dévote. 

c.  Marie-Thérèse  Van  Ophem,  qui  a  été  mariée  à  Pierre- François- Félix  De  Mey , 
dont  postérité. 

d.  Catherine  Van  Ophem  dont  la  suite  est  inconnue. 

e .  Alexandre-Nicolas  Van  Ophem,  cornette  au  service  de  Sa  Majesté,  épousa  à 
Bruxelles,  dans  la  paroisse  de  Sl8-Gudule,  le  21  août  1697,  Claire  Sotelo  ;  il  est 
mort  avant  mars  1718,  laissant  une  fille:  Isabelle-Claire  Van  Ophem,  baptisée 
dans  ladite  paroisse  de  Sle-Gudule,  le  18  février  1698,  et  qui  s'est  mariée  dans  la 
même  paroisse  le  6  octobre   1727   à   Antoine-Joseph  Hagheman,  dont  postérité. 

/'.  Antoine  Van  Ophem,  chanoine  d'Anderlecht,  enterré  dans  l'église  des  Auguslius 

à  Bruxelles    le   11    octobre  1721  ,  comme  il  conste  des  registres  de  la  paroisse 

de  Sle-Gudule. 
fj.   Henri-Gabriel    Van    Ophem,    marié    :    1°  à  Gertrude    Van    Muysenwinckel   et 

2°  à  Marie  Van  Herdenbergh  ,  alias  Van  Oudenbcrg,  dont  postérité  encore  existante 

mais  déchue. 


—  445  — 

/(.  Guillaume-Antoine  Van  Ophem,  baptisé  dans  la  paroisse  de  S'e-Gudule  à  Bruxelles , 
le  16  mai  1668  et  dont  la  suite  est  inconnue. 
9.  François-Ferdinand  Van  Ophem  ,  fils  du  précédent,  a  été  drossard  de  Saventhem, 
capitaine  de  cavalerie  au  service  de  Sa  Majesté  et  seigneur  de  Bourgival  sous 
Isque  '.  11  épousa  à  Bruxelles,  dans  la  paroisse  de  S'e-Gudule,  le  15  novembre 
1676,  Jeanne  Van  Ophem  rensc ignée  plus  haut  sub  4.  On  ignore  la  date  du  décès 
de  la  femme  ;  le  mari  a  été  enterré  dans  l'église  de  Si-Pierre,  à  Louvain ,  le  27 
septembre  1740.  Ils  ont  eu  deux  enfants  dont  on  ne  connaît  pas  la  postérité 
et  qui  sont  : 

«.  Nicolas-François  Van  Ophem,  baptisé  dans  la  paroisse  de  Finisterrc  à  Bruxelles, 
le  9  janvier  1678. 

b.  Charles -Livin  Van  Ophem,  baptisé  dans  la  paroisse  de  Sle-Gudule  à  Bruxelles, 
le  29  mai  1680. 


III. 

Testament  d'Isabelle  VAN  OPHEM. 

In  Nominé  Domini  Am:n.  By  den  inhauden  van  desen  tegenwoordigen  openbaeren 
instrumente  van  testamente  zij  kont  ende  kennelijck  eeneniegclijcken  dat  in  den  jaere 
ons  Heeren  1694,  op  den  16e  dags  der  maent  van  meye,  voor  mij  openbaer  nots  bij  den 
souverijnen  Baede  van  Brabànt  gpadmitteert ,  binnen  de  stadt  van  Vilvoorden  reside- 
rende ,  ende  in  de  prensentie  van  de  getuijgen  hier  onder  geuoempt  comen  ende 
gecompareert  is  in  propren  persoene  Joe  Isabella  van  Ophem  ,  wede  wijlen  den  heere 
cornmissaris  Croiseau,  mij  Not.s  wel  bekent ,  gezond  van  lichaeme,  gaende  ende  staende, 
haere  memorie  ende  verstant  wel  maehtieh  wesende  ende  gebruijkende  ,  gelijk  dat  ons 
is  gebleken.  Be  welcke  bekende  ende  verclaerde  dat  zij ,  aenmerkende  de  broosheijt  der 
menschelijcker  natur  ende  datter  niet  sekerder  en  is  dan  de  doodt,  ende  niets  onsekerer 
dan  de  uure  der  selver;  ende  daeromme  wel  bedacht  sijnde,  onbedwongen  van  jemanden  soo 
sij  sijde  ende  verclaerde ,  heeft  gemaeckt  geordonneerd  ende  gesloten  ,  maeckt  ordon- 
neert  ende  sluijt  bij  desen  haeren  testamente  ende  vuijtterste  wille  ,  wederroepende  , 
casserende,  doodt  ende  te  niet  doende  aile  andere  voorgaende  testamenten  ,  codicillen  ofte 
donatien,  voor  datum  van  desen  gemaeckt,  bekent  ende  gepasseert ,  wiHende  ende 
begeerende  dat  dit  haer  testament  ende  vuijtterste  wille  sal  stadt  grijpen  ,  van  weerden 
gehauden  worden  ,  ende  sijn  volcomen  effect  sorteren  sa! ,  t'  sij  bij  forme  van  testament 
codicille  donatie  inter  vivo  Ivel  causa  mords ,  oft  andersints ,  soo  ende  gelijck  t'selve 
alderleerst  sal  connen  bestaen  ,  schoon  aile  gerequireerde  solemniteijten  soo  volgens 
rechten  a!s  costuijmen  hier  inné  niet  en  waeren  geobserveeit ,  aen  de  welcke  sij  heeft 
gerenuntieert ,  gelijk  sij  renuntieert  mits  desen. 

1  Bourgival,  (Voy.  l'Histoire  des  environs  de  Bruxelles ,  tome  III,  p.  480  et  501). 


—  446  — 

lu  den  jeersten  beveelt  sij  testatrice  haere  ziele,  soo  wanneer  de  selve  sal  comen  te 
scheijden  vuijt  haeren  lirhaeme  aen  Godt  Almaehtig,  haeren  Schepper,  Maria  sijnder 
gebenedeijder  Moeder ,  ende  aile  den  hemelschen  geselschappe  ende  hacr  doodt  lichaem 
ter  geweyde  aerde,  begeerende  t'selve  begraeven  te  worden  in  de  kereke  vanOnse-L.-Vro. 
ten-Troost  alhier  alwaer  haeren  man  saliger  is  begraeven  ,  ende  dat  volgens  haeren 
standt  ende  comlitie  ,  begeirende  dat  corts  naer  hacr  afllijvichheijt  zutten  worden  gecc- 
lebreert  twee  hondert  gelesene  missen  van  requiem,  voor  ieder  der  weleke  sal  worden 
betaell  ses  stuijv. ,  ende  dat  in  alsulcken  cloosters  ende  kercken  daer  lut  haeren  naer  te 
noemen  exécuteur  testamentair  sal  gelieven. 

Commende  voorts  totter  dispositie  van  aile  haere  tijdelijke  goederen ,  hacr  bij  Godt 
Almachlieh  op  deser  werelt  verleent,  soo  lact  ende  maekt  zij  restatrice  aen  Jowe  Maria 
Theresia  van  Opbem  ,  docliter  wijlen  den  heere  François  van  Ophem ,  in  sijnen  levene 
drossaert  van  het  graefschap  van  Erps ,  Quarebbe  '  bandcrye  van  Saventhcm  ,  Sterre- 
beke  ende  Nossegem  ,  ende  vro.  Isabella  de  Hullegaerde  ,  des  testatrice  broeder  en 
swaegerinne  ,  alsnu  getrauwt  melten  heere  De  Meye ,  de  somme  van  vier  duysent 
guldens  cens ,  boven  die  meubelen  die  sij  testatrice  aen  baer  metten  levende  lijve  heeft 
gegeven ,  ende  van  nu  an"  is  genietcnde,  mitsgaders  alnoch  boven  die  lyffrente  van  vier 
hondert  guldens  t'sjaers  aen  haergemaekt  ende  gelegateert  bij  wijlen  haeren  man  saliger,  deu 
heere  commissaris  Croiseau ,   volgens  sijnen  testamente  gepasseert  voor  den  Nots  Hiero- 

nijmus  De  Bruijn  ende  sekere  getuigen  op  den ,  de  welke  sij  naerder  testatrice 

alllijvicheijt  sal  trekken  ecde  vinden  tôt  laste  van  de  erffgenaemen  desselfs  haeren  man 
saliger;  sluijtende  de  selve  haere  nichte  Maria-Theresia  van  Ophem  daermede  vuijt  haere 
voordere  goederen  ,  begeirende  dat  de  selve  hacr  mrtte  voorsch.  vier  duijzent  guldens 
eens,  boven  die  meubelen  ende  lijffrente  sal  vergenoeght  ende  content  hauden  ,  sonder 
iet  voorders  te  connen  ofte  moegen  te  pretenderen  tôt  laste  van  haere  te  nomincrenc 
erffgenaeme  vuijt  wat  hooffde  het  sij  ofte  niet. 

Item,  laet  ende  maekt  sij  Testatrice  aen  Joffe  Isabella  Van  Ophem,  geestelijcke  dochtere 
haere  nichte  ende  meter  -,  sustere  der  voorsijrie  Joe  Maria-Theresia  den  ledekant  met 
cen  groen  behansel ,  bedde  ,  hooftpullinck ,  sargie  ende  silvere  weijwater  vat 

Item ,  laet  ende  maekt  de  voors.  Isabella  Van  Ophem  de  somme  van  twee  hondert 
guldens  eens  de  weleke  sij  naer  de  Testatrice  alllijvicheijt  sal  trekken  en  vinden  tôt  laste 
van  den  proviadoor  Thenarts  oft  sijne  erffge. 

Item ,  maekt  ende  laet  sij  teslatric  aen  Joffe  Catharina  Van  Ophem  ,  haere  nichte  , 
sustere  der  voors.  twee  Jouff"  het  ledekant  met  het  blauw  behansel,  bedde,  hooftpullinck. 

Item  ,  maekt  end*s  legateert  sij  testatrice  aen  Jue  Maria  Goosscns,  begijntje  op  het  groot 
begijnhoff  lot  Mechelan  eene  renl  van  vier  hondert  guldens  capitael,  die  sij  testatrice,  is 
trekkende  lot  laste  van  den  heere  p.b.re  3.  De  Couinck  ,  wooneude  lotBrussel,  weleke 
voors.  rente  is  maer  op  simple  obligatie. 


1  Quarebbe  ,  aujourd'hui  Querps, 
'-'  C'est-à-dire  filleule. 
•"  Presbyter. 


—  447  — 

Item,  maekt  en  legateert  sij  testatrice  aen  Joffe  Catliarina  Goossens,  suster  der  voors. 
Jouffe  begijner,  eene  rente  van  hondert  guldens  capilael  ,  met  die  verloopen  van  die, 
tût  iaste  van  die  wede  van  Frans  Lombarts ,  getrauwt  met  lieer  Meer  drossaert  der 
Banderije  van  Meerbeeck. 

Item ,  laet  ende  maeckt  sij  testatrice  aen  de  selve  Joffe  Calharina  Goossens  hondert 
guldens  eens,  die  sij  testatrice  is  trekkende  ende  naer  haere  afflijvicheijt  sal  vinden  lot 
laste  van  den  proviadoor  Thenarts  oft  sijne  erffgenaeme. 

Item,  maekt  ende  legateert  sij  testatrice  alnoch  aen  de  voorss.  Joe  Catliarina  Goossens 
boven  die  rente  van  hondert  guldens  capitael  en  boven  die  hondert  guldens  eens,  tôt  laste 
van  proviadoor  Thenarts  haer  roodt  behansel  met  het  haute  ledikant,  bedde  ende  twee 
paer  slaeppelaekeiis  ende  een  halff  dosijn  van  haer  Testatrice  hemden  ende  vijftig  guldens 
eens  in  gelde. 

Item,  soo  laet  ende  maeckt  sij  testatrice  aen  Maria  De  Molder  voor  haeren  getrauwen 
dienst  een  halff  blinder  lants  gelegen  tôt  Saventhem  in  lut  Goddevelt,  tegcnwoordich  in 
huere  beseten  bij  Bertel  Janssens. 

Item,  maekt  ende  legateert  sij  testatrice  aen  .lonkr  Nicolaus-Franeiscus  Van  Ophem 
sone  wijlen  '  tien  heere  capiteijn  van  peerden  Françnis-Ferdinande  Van  Ophem,  ende 
vre  Van  Ophem ,  de  somme  van  drie  hondert  guldens  eens ,  de  welcke  sij  testatrice  is 
vindende  en  naer  haere  afflijwicheijt  sai  moeten  Irekken  van  den  proviadooi  Thenarts  of 
sijne  erffge. 

Item,  laet  ende  maeckt  sij  testatrice  aen  Joc  Isabella  Rubbens  de  somme  van  vyftict 
guldens  eens  die  sij  testatrice  heeft  geleent  aen  haer  matant  van  Naemen. 

Item,  laet  ende  maekt  aen  Guillaume-François  De  Meye  haeren  peter*  de  somme  van 
hondert  guldens  eens  die  welcke  sij  is  vindende  tôt  laste  van  den  proviadoor  Thenarts 
ofte  sijne  erffge. 

Comende  voorts  totle  dispositie  van  aile  haere  resterende  goederen ,  soo  meubelen  a!s 
immeubelen  ,  van  wat  natuere  die  selve  moegen  wesen  ,  egeene  vuitgeesondert  nochte 
gereserveert ,  soo  laet  ende  maeckt  de  testatrice  aile  die  selve  aen  heer  François-Fer- 
dinande.  Van  Ophem,  heere  vanBourgival,  capiteijn  van  peerden,  d'heer  Nicolaus-Alcxander 
Van  Ophem,  cornet  gereformeert  ten  dienste  van  sijne  Ma',  d'heer  Henricus-Gabtïel  Van 
Ophem ,  ende  d'heer  Guiilielmus-Antonius  Van  Ophem  ,  mitsgaeders  aen  Jouff™  Isabella 
ende  Catharina  Van  Ophem,  aile  kinderen  van  wijlen  den  voors.  François  Van  Ophem 
ende  vroe  Isabella  de  Hullegaerde ,  nomirende  de  selve  haere  eenige  ende  universele 
erffgenaemen ,  met  vollen  recht  van  justitutie  om  aile  deselve  goederen  bij  hun  respectieve 
hooffde  gelijk  gedeijlt  ende  gepartageert  te  worden.  Willende  ende  begeijrende  dat  aile 
het  geene  voorsch.  is  punctuelijck  sal  worden  onderhauden  ende  achtervolght ,  sonder 
contradiclie.  Ende  op  dat  dit.  haer  testament  en  vuijlterste  wille  te  beter  saude  worden 
achtervolght  ende  volbracht  in  aile  sijne  puncten,  soo  ist  dat  sij  testatrice  kiest  ende  stelt 
voor  exécuteur   testamentair    van  dit  haer  testament  den  voors.  heere  Franchois-Fer- 


1  C'est  une  erreur  comme  on  le  verra  plus  bas.  Le  capitaine  est  mort  en  1740. 
Voir  la  Généalogie,  sub.  II. 
-  Filleul. 


—  448  — 

dinand  Van  Ophem ,  capiteijn  van  peerden  &*,  haeren  neve ,  met  vollen  maglit  van  ailes 
te  doen  ende  dirigeren  naer  rechten  ,  laelende  aen  den  selven  daer  voor ,  boven  het 
geene  voors.  is ,  eene  van  haere  sclioonste  sehilderijen  naer  sijnen  keus. 

Adhererende  nijettemin  alteijt  sij  testatrice  haer  minderen ,  meerderen  ende  veran- 
deren  soo  dickwils  het  haer  goet  duncken  ende  gelieven  sal  nopende  dit  haer  Testament. 

Aldus  gcdaen  ende  gepasseerl  binnen  Vilvoorden,  ten  dage,  maende  ende  jaere  als  boven, 
ter  prcsentie  van  Gillis  Lanbeers,  Franchois  Langenberg,  als  getuijgen  hier  over  ge- 
roepen  en  gebeden  ,  de  welcke  beneffens  die  testatrice  gevraeghl  sijnde  oft  sij  conden 
sehrijven  ,  heeft  den  voorss.  Franchois  Langenberg  geantwoordt  neen  ,  ende  den  voors. 
Gillis  Lanbeers,  beneffens  de  testatrice  dut  jae ,  ende  dienvolgens  de  minute  doser 
beneffens  mij  notaiis  onderteekent. 

Signé  Elisabeth  VAN  OPHEM. 
Signe  Giellis  LANBEERS. 

+ 
Dit  is  lift  hantmerck  van  Frans.  Langenberg 
verclaerende  niet  te  connen  sehrijven. 
Mij  présent  als  Nots. 

Quod  allestor 

F.  LEL1EBOOM  ff   Nots. 


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LA  CHASSE  DE  S.  REMACLE 

A  STAVELOï. 


NOTICE 

par  M.  Arsène  de  NOUE, 

MEMBRE  CORRESPONDANT  ÉTRANGER  A  MALMEDY. 


Le  1er  octobre  1795,  l'ancienne  principauté  de  Stavelot,  em- 
portée par  le  flot  ravageur  de  la  Révolution ,  était  incorporée  à  la 
France;  elle  perdait  son  nom  à  jamais.  Elle  était  bien  vieille,  elle 
avait  vécu  onze  siècles  et  quarante-sept  ans. 

La  tempête  avait  déraciné  jusqu'aux  fondements  séculaires  ;  non 
seulement  le  prince  et  les  moines  de  cette  principauté  ecclésias- 
tique avaient  pris  le  chemin  de  l'exil ,  mais  les  monuments  mêmes 
de  son  antique  histoire  avaient  disparu.  Les  documents,  la  biblio- 
thèque ,  les  objets  d'art ,  les  souvenirs  ,  tout  était  enlevé  et  l'admi- 
rable église ,  chef-d'œuvre  du  style  romano-byzantin  ,  n'avait  pu  , 
malgré  sa  splendeur  ,  arrêter  la  main  sacrilège  du  vandalisme 
révolutionnaire. 

Cependant,  après  le  vaste  naufrage,  deux  épaves  vinrent  échouer 

Commissaires  rapporteurs  :  MM.  A.  Van  Hassfxt  el  M.-L.  Polaix. 


—  452  — 

aux  rivages  de  la  patrie  ;  chose  étonnante ,  ce  furent  deux  vieilles 
reliques  de  vieux  et  grands  saints  :  saint  Remacle  ,  le  fondateur, 
et  saint  Poppon ,  le  restaurateur  du  onzième  siècle. 

Nous  allons  nous  occuper  du  cercueil  qui  contient  le  corps  de 
saint  Remacle  et  décrire  cette  châsse ,  l'une  des  plus  précieuses  et 
des  plus  belles  que  possède  la  Belgique. 

Ce  vieux  souvenir  de  la  fondation  qui  résume  aujourd'hui  tout 
ce  qui  reste  de  ces  temps  antiques ,  ces  reliques  vénérables ,  ce 
sarcophage  devant  lequel  l'historien ,  l'archéologue  s'arrêtent 
pensifs,  nous  force  de  remonter  avec  lui  la  source  des  âges  et  de 
redire  en  sa  présence,  dans  une  esquisse  rapide,  ce  que  fut  ce 
fondateur ,  ce  qu'a  été  sa  fondation  avant  de  décrire  l'objet  artis- 
tique, cette  gloire  de  Stavelot  et  son  plus  précieux  trésor. 

I.     —     SAINT    REMACLE. 

La  vie  de  ce  grand  apôtre  des  Ardennes  a  été  écrite  pour  la  pre- 
mière fois  au  neuvième  siècle ,  cent  quatre-vingts  ans  après  sa 
mort,  par  un  moine  de  l'abbaye  de  Stavelot  et  Mabillon  nous  a 
conservé  sa  légende  *;  c'est  ce  même  anonyme  qui  a  composé  le 
premier  livre  des  miracles  2.  Au  Xe  siècle  ,  un  autre  moine  de 
Stavelot  ,  l'immortel  Notger,  dont  de  savants  travaux  ont  aujour- 
d'hui complètement  vengé  la  mémoire  sacrée,  retoucha  ce  premier 
travail  3  ;  au  même  siècle  ,  le  chroniqueur  Hariger  amplifia  la 
version  de  Notger  4.  Fisen,  dans  ses  Flores,  Laurenty ,  dans  sa 
chronique,  nous  ont  donné  de  nouvelles  éditions,  et  enfin  Ghes- 
quièrc   et    les   Bollandistcs   ont    couronné    ces    travaux    biogra- 


<  Sœcul.  secundo  Beued.  ,  page  488 
2  Histoire  littéraire  de.  France,  V,  94. 
5  Apud  Snrium  V  ,  3  sept. 

1  Apud  Chapeau  ville  ,  tome  1.  Thietmar,  dont  parle  Chapeauville ,  n'est  autre  que 
le  vieil  auteur  de  Stavelot. 


—  453  — 

phiques  1,  el  partout  où  ont  passé  ces  savants  pionniers,  ils  ont, 
à  travers  les  ronces  de  la  chronologie  et  les  mystères  de  la  légende , 
tracé  les  larges  et  royales  voies  où  le  voyageur  même  le  plus 
inexpérimenté  ne  peut  plus  s'égarer. 

Remacle  était  né  de  parents  nobles ,  dans  la  province  de  la 
première  Aquitaine.  Son  père  avait  nom  Albuce,  sa  mère  était 
Mattime  ou  iMariana.  Les  savants  placent  l'année  de  sa  naissance 
entre  612  et  624. 

Sa  vie  s'écoula  pendant  le  septième  siècle,  siècle  de  sainteté  et 
de  gloire  pour  l'Eglise  et  de  la  fondation  des  monastères  d'Occident; 
époque  à  la  fois  vivace  et  aux  mœurs  barbares,  origine  de  la  puis- 
sance de  ces  fiers  Maires  du  Palais ,  un  des  vieux  honneurs  de  la 
Belgique  et  de  la  décrépitude  royale ,  où  le  peuple  traita  la  royauté 
comme  une  vieille  loque  et  les  rois  comme  des  reliques  vivantes 
que  l'on  place  à  l'ombre  solitaire  des  sanctuaires  monastiques  ; 
jour  de  départ  enfin,  au  milieu  des  assassinats  de  rois,  de  reines 
et  d'enfants  de  rois,  de  la  prépondérance  des  Francs  orientaux  sur 
les  Francs  occidentaux. 

Saint  Remacle  fut  d'abord  l'élève  de  saint  Sulpice  ;  saint  Eloi , 
cet  ardent  propagateur  de  la  vie  monastique,  le  distingua  bientôt  et 
le  plaça  dans  le  monastère  de  Solignac  qu'il  avait  fondé  et  qui 
était  déjà  florissant  (637);  saint  Remacle  en  devint  le  premier 
abbé  2. 

Dagobert,  ce  roi  qui  résume  si  bien  son  siècle,  ce  bon  roi 
qui  fut  un  empoisonneur ,  un  débauché  et  pourtant  le  fondateur  de 
Saint-Denis ,  ce  capitole  des  Français  où  se  conservaient  leurs 
chroniques,  avec  les  cendres  royales,  comme  les  pièces  à  l'appui 
des  faits ,  Dagobert  appela  Remacle  à  sa  cour ,  ce  qui  a  fait  dire  à 


1  Ghesquière  ,  Acta  55.  Belg.—  Acla  SS.  3  Sept.—  Fisen,  Flores  Eccles.  Leod., 
p.  396.  —  Manuscrit  Laurenty. 
°-  Mabillon,  parte  2.  Sœruli  3  bened.  —  Tom.  1,  A.nnalium  pp.  352  et  353. 


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quelques  biographes  postérieurs  qu'il  le  nomma  son  chancelier  ' . 

Sigebert  avait  succédé  au  bon  roi  dans  l'Austrasie  (632)  et  ce 
fondateur  de  monastères  rencontra  dans  Remacle  le  saint  architecte 
de  ses  libéralités  inouïes  2.  Saint  Judon  de  Metz  sacra  saint  Remacle 
qui  devint  évoque  régionnaire,  selon  Mabillon  et  Martène ,  c'est- 
à-dire  sans  diocèse  fixe  ,  mais  destiné  à  porter  l'Évangile  aux 
nations  idolâtres  3.  Au  milieu  de  ces  courses  apostoliques,  notre 
saint  jeta  les  fondements  du  monastère  de  Cugnon  sur  la  Semoi 
et  en  devient  le  premier  abbé  (64-4-647)  4. 

Cependant  c'était  la  destinée  de  Remacle  de  semer  en  tous  lieux 
des  monastères  sous  ses  pas  fécondants.  Il  s'enfonce  dans  les 
déserts  et  les  vastes  solitudes  de  l'Ardenne. 

Il  traverse  les  fagnes,  fanias  transit,  arrive  sur  les  bords  de  la 
Warchennc  et  trouvant  ces  lieux ,  dit  le  légendaire ,  favorable  à 
l'habitation  par  leurs  eaux  poissonneuses  et  leurs  gras  pâturages, 
il  y  renverse  les  pierres  de  la  Diane  germaine,  bénit  les  fontaines 
et  en  ces  lieux  il  plante  la  croix;  Malmedy  est  fondé  (648). 

Après  une  administration  de  trois  ans,  saint  Amand  résigne 
ses  fonctions  d'évêque  de  Maeslricht 3.  «  Le  peuple,  l'élection  des 
prêtres ,  l'assemblée  des  grands ,  l'acclamation  de  tous  les  ordres  » 
appellent  saint  Remacle  pour  le  remplacer  sur  ce  siège  illustre 
(650)  6.  Il  n'oublie  pas  cependant  ses  chères  Ardennes. 

1  Non  satis  constat,  dit  Mabillon,  Ann.  bened.  II,  p.  834. 

*  Duodecim  monasteria  œdificavit  inter  quœ  eminents  Stabulaus  et  Malmunda- 
rium.  Vila  St-Sigerberli  ap.  Ghesquière ,  III,  07. 

3  Mabillon,  /  c.  Acta  SS.  —  Martène,  Impérial  Stabul.  vindicia,  21 . 

1  Martène,  Amplis,  collect.  Il,  p.  6  et  Mabillon,  //,  1091  et  annalium  I,  352. 
—  Galtiu  Ctiristiana  II,  185.  —  Acta  SS.  I  Februarii,  p.  371. 

5  Nous  disons  Maestricht  et  non  Tongres ,  parce  qu'il  n'est  plus  guères  permis  au- 
jourd'hui, après  les  judicieux  commentaires  de  Henschenuîs  et  de  J.  Veluius  (Giiksquièiie, 
III,  431-437)  d'admettre  l'autre  opinion. 

0  650.  D'après  les  documents  de  Stavelot ,  Amand  a  régné  trois  ans ,  c'est  incontesté, 
mais  on  diffère  sur  l'époque  de  son  avènement.  Fisen  et  Chapeauville  le  fixent  à  l'an 
637  ;  Alberic  à  l'an  Oit  ;  Henschenius  à  647  ;  Mabillon  et  Maktène  après  017  ; 
LtcoiNTE  et  St.  Marthe  placent  l'élévation  de  saint  Remacle  i  653,  Calmet  à  652, 
Pagi  ;>  649. 


—  455  — 

Malmedy  était  situé  dans  le  diocèse  de  Cologne  ,  il  s'avance 
donc,  dit  Notger,  vers  l'Occident ,  traverse  le  ruisseau  de  Challes 
qui  formait  la  limite  des  deux  diocèses ,  arrive  au  pied  d'une 
montagne  sur  les  bords  de  l'Amblève ,  mais  s'apercevant  que  ces 
lieux  étaient  trop  resserrés  dans  les  montagnes,  revient  vers  l'Orient 
et  fonde  son  monastère  dans  un  lieu  qui ,  depuis  des  temps  reculés  , 
s'appelait  Stabulaus  (650).  C'était  l'année  de  son  élévation  au 
siège  de  Maestricht ,  la  deuxième  du  pontificat  de  Martin  ,  la 
troisième  depuis  la  mort  de  Dagobert.  Il  conserve  la  charge  d'abbé 
et  donne  à  ses  disciples  les  règles  et  les  exemples  des  moines 
d'Egypte  et  des  solitaires  de  la  Thébaïde,  et  vaque  en  môme  temps 
aux  innombrables  devoirs  de  l'administration  de  son  vaste  diocèse. 

Sigebert  apprit  avec  joie  cette  nouvelle  plantation  de  la  foi  dans 
les  solitudes  de  l'Ardenne  et  l'enrichit  de  ses  dons. 

L'évêque  Remacle  établit  un  de  ses  moines  du  nom  de  Théodart 
pour  administrer,  pendant  ses  absences,  les  deux  monastères  et 
bientôt  (660),  fatigué  du  tumulte,  il  revient  dans  sa  chère  solitude 
et  choisit  ce  même  Théodart  pour  son  successeur  au  siège  de 
Maestricht  ex  permissu  Régis  et  Principum  et  Clerï  totiusque 
populi  assensu. 

Le  retour  de  saint  llemacle  attira  de  nombreux  disciples  à 
Stavelot,  et  si  l'on  ne  peut,  en  aucun  cas,  compter  parmi  eux 
ni  saint  Lambert  ni  saint  Hubert ,  il  fut  le  maître  de  saint  Théodart, 
de  Babolin  et  d'Hadelin  ,  ce  noble  d'Aquitaine  ,  le  fondateur  et  le 
premier  abbé  de  Celles  près  de  Dinant  que  Pépin  de  Herstal  combla 
de  largesses  qui  tournèrent  plus  tard  au  profit  de  Visé. 

Tout  ce  que  dit  Notger  des  donations  faites  à  saint  Hemacle 
et  de  son  voyage  à  Rome  ne  supportent  pas  la  critique  historique; 
Notger  n'était  pas  fort  en  chronologie. 

L'année  de  la  mort  de  ce  grand  homme  est  encore  couverte 
d'obscurité.  Nous  la  fixons  à  l'an  669.  Mabillon  la  reporte  à  l'an 
661,  puis  la  retarde  jusqu'en  664,  Martènc  après  666,  Lecointe 


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à  l'an  068,  les  Bollandistes  à  669,  Fisen ,  Bortholet  et  Dewez  à 
l'an  675,  le  moine  Sigebert  et  Laurenty  à  691.  Ces  différentes 
suppositions  proviennent  de  la  manière  dont  les  divers  auteurs 
datent  les  diplômes  des  fondations. 

Nous  n'avons  ni  le  pouvoir  ni  le  droit  de  discuter  les  innom- 
brables miracles  dont  les  hagiographes  ont  parfumé  les  vénérables 
reliques  de  saint  Remacle.  Cependant  le  pays  de  Stavelot  peut 
être  justement  fier  de  son  fondateur  et  sa  sainteté  a  été  reconnue 
comme  incontestée  et  incontestable  par  toutes  les  autorités  compé- 
tentes *.  Son  culte  est  honoré  dans  de  nombreux  diocèses  dont 
nous  ne  citerons  que  ceux  de  Liège ,  Trêves  ,  Cologne ,  Verdun , 
Wurtzbourg,  Mayence,  Tournai  et  Cambrai  2. 

Sa  fondation  avait  jeté  de  profondes  racines,  il  est  resté  au 
milieu  d'elle  jusqu'à  son  écroulement,  car,  nous  dit  Martène  qui 
visita  ces  lieux  célèbres  avant  la  Révolution ,  «  outre  le  corps  de 
saint  Remacle ,  on  montre  encore  dans  le  trésor  sa  chasuble ,  son 
étole ,  son  manipule ,  sa  chape ,  ses  sandales ,  sa  cucule  et  son 
peigne  ».  Tout  cela  a  disparu,  mais  le  corps  du  fondateur  et  son 
cercueil  reposent  encore  aux  lieux  où  fut  autrefois  la  capitale  du 
pays  de  Stavelot. 

II.  —  l'ancien  pays   de  stavelot. 

Remacle  avait  donc  planté  son  pays  dans  un  coin  austrasien  de 
la  sombre  Ardenne  dont  la  vaste  forêt,  dit  César,  baignait  ses  racines 
au  Rhin ,  traversait  la  Moselle,  étendait  ses  bras  gigantesques  sur 
le  pays  Rhénan  pour  aller  porter  ses  ombres  aux  flots  de  l'Océan. 
L'aigle  romaine  y  avait  étouffe  dans  ses  serres  l'Eburonie  vaillante 


1  Mabillon  ,  Secund.  Sec.  Dened.  488.  —  Molanus  indiculum  sanct.  et  natales 
—  MiR/EUS  in  fuslis  ,  p.  510.  —  A.  S.  S.  S  sept. —  Marlijroloijii ,  Galesini  Pari- 
siensis.  —  Mautène,  Ampl.  Coll.  VI.  675. 

*  Acta  SS.  Tom  I,  febr.  p.  635.  —  Breviarium  Coloniense,   anni  1498. 


—  457  — 

qui  s'y  était  abritée  et  l'avait  englobée  dans  la  seconde  Germanie; 
mais  chassée  elle-même ,  Rome  avait  reculé  devant  les  barbares 
et  en  532  ce  pays  faisait  partie  de  l'Austrasie  *.  C'est  dans  cette 
contrée  que  Remacle  fonda  Stavelot ,  qui  devint  ville  et  donna ,  à 
l'instar  de  toutes  les  capitales  voisines,  son  nom  au  pays.  Ce  bap- 
tême imposé  par  le  saint  résista,  intact  et  glorieux,  à  tous  les  bou- 
leversements. L'Austrasie  perdit  son  nom,  la  Lorraine  s'en  empara, 
Stavelot  suivit  les  destinées  de  ce  dernier  pays2  et  passa  avec  lui 
à  l'Allemagne  (922-925).  Lorsque  Sigismond  fit  de  ce  grand  état, 
une  confédération  d'états  (141 1)  et  qu'Albert  eût  divisé  l'Allemagne 
en  six  cercles ,  le  pays  de  Stavelot  fut  incorporé  dans  le  cinquième 
qui  comprenait  le  Bas-Rhin ,  les  Pays-Pas  et  la  Westphalie.  Plus 
tard,  à  la  nouvelle  division  en  dix  cercles,  dans  la  diète  de 
Cologne  (1512),  division  confirmée  par  Charles  V,  le  pays  de 
Stavelot  fit  partie  du  huitième  cercle  :  celui  de  Westphalie,  le  plus 
abondant  en  hommes  de  guerre.  Enfin ,  Stavelot  ne  perdit  son  nom 
qu'avec  la  destruction  du  vieil  empire  d'Allemagne.  Bien  qu'ap- 
partenant à  la  grande  famille  féodale,  les  chefs  du  pays  de  Stavelot 
sauvèrent  leur  petite  principauté  par  la  force  de  leur  caractère 
religieux ,  et  empêchèrent  qu'elle  ne  fût  ensevelie  sous  les  ruines 
de  la  féodalité. 

Dans  les  derniers  temps  et  jusqu'à  la  Révolution,  la  principauté 
de  Stavelot ,  bornée  au  nord  par  le  duché  de  Limbourg ,  à  l'est 
et  au  sud  par  le  Luxembourg ,  au  nord-ouest  par  le  marquisat  de 
Franchimont  et  le  Condroz,  se  composait  des  postelleries  de  Stavelot 


'  Grégoire  de  Tours,  Hist.  livre  5,  chap.  14  ,  19.  —  Annales  metenses  ad 
annum  688.  O&terliuden,  Luijden  ,  Liulen  ,  Laden,  Leuten  des  Osters  habitants 
orientaux.  Puis,  Notger  in  vita  S1  Remacli  dit:  Austrasia  osler-reicli.  — Freueg  chap. 
38  et  40.  —  Aimoin  lib.  4.  Chap.  v27. 

2  L'abbaye  de  Stavelot  est  spécialement  mentionnée  dans  le  célèbre  partage  entre 
Mersen  et  Herstal  (870)  et  attribuée  à  Louis  de  Germanie.  Annal,  bert.  a0  869.  Apud 
BoucQut/r  Vil,  p.  109.  —  Mir/eus,  Opéra  diplomatica  ,  vol.  I,  p.  28. 


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et  de  Matmedy  et  du  comté  de  Logne,  formant  ensemble  une  popu- 
lation de  28,000  habitants. 

Ce  petit  pays ,  épanoui  à  l'ombre  de  la  libre,  exempte  et  impé- 
riale abbaye,  ne  releva  jamais  au  temporel  que  de  l'empereur  et 
au  spirituel  que  du  siège  apostolique ,  immédiatement.  Et  cela  dès 
son  origine.  En  effet,  bien  que  situé  au  comté  d'Ardenne  qui  l'en- 
serrait de  toutes  parts,  Stavelot  ne  figure  dans  aucun  des  nom- 
breux diplômes  qui  font  mention  de  ce  célèbre  gau.  La  plus  grande 
propriété  des  rois  d'Austrasie  fut  la  forêt  des  Ardennes  et  ces  rois 
ne  l'appelaient  jamais  autrement  que  notre  forêt1.  Stavelot  y  trouva 
son  enclave  sacrée  et  devint,  dès  l'abord,  franchise  ecclésiastique 
dans  la  propriété  privée  du  souverain. 

Nous  ne  voulons  pas  refaire  ici  l'histoire  de  ce  petit  peuple, 
mais  présenter  dans  une  esquisse  rapide  les  particularités  saillantes 
et  uniques  dans  l'histoire  civile  et  ecclésiastique  qui  ressorlent  de 
la  constitution  primitive  et  de  la  suite  de  l'histoire  de  cette  princi- 
pauté. 

Dès  l'origine,  l'abbé  de  Stavelot  cacha  sous  sa  cucule  des  droits 
régaliens  et  nous  apparaît  sous  le  double  aspect  avec  lequel  il 
traversa  le  moyen  âge  et  les  temps  modernes.  Dans  l'ordre 
spirituel ,  comme  membre  immédiat  de  l'Eglise  romaine  et  chef 
ecclésiastique;  dans  l'ordre  temporel,  comme  haut  vassal  de  l'empire 
et  membre  de  la  grande  famille  féodale  et  ensuite  de  celle  des 
souverains.  Voyons  donc  dans  ces  deux  ordres  cet  assemblage 
tout  à  la  fois ,  pour  parler  selon  l'archéologie  polyamatype  et  po- 
lychrome. 

L'abbaye  de  Stavelot,  qui  ne  relevait  que  de  Rome  2  ,  était  com- 

1  In  Terra  noslra  silvà  Arduennense.  Diplôme  de  Sigebert.  Martène,  ampl.  coll.  II,  6. 
—  In  forestre  nostra  Arduenna  fondation  de  Cugnon.  —  Lacomblet  ,  Urkundenb., 
1,  p.  20,  in  silvâ  nostra  Arduenna. 

*  Bulles  de  Silvestre  de  l'an  1000  apud  MartÈne  amplis,  collect.  11,  p.  54,  - 
de  Grégoire  V  ,  de  l'an  996.  Ibidem ,  p.  52  ,  —  de  Léon  IX  ,  de  l'an  1019.  Ibidem  , 
p.  07  et  suiv.  les  trois  dernières  bulles  en  original  aux  archives  de  Dusseldorf. 


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posée  de  deux  monastères  égaux,  Stavelot  et  Malmedy  ,  frères 
jumeaux  qui  ,  dès  leur  origine  géminée  ,  avaient  été  réunis  cano- 
niquement  et  à  perpétuité  pour  ne  former  qu'une  abbaye  impé- 
riale ,  libre  et  exempte  *. 

Dès  le  VIIIe  siècle,  nous  voyons  les  grandes  abbayes,  dans 
leur  riche  exubérance,  tantôt  fonder  des  colonies  ■,  tantôt  recevoir 
des  rois  d'autres  monastères  en  dons  :  sous  Charlemagne ,  sous 
Pépin-le-Bref  qui  donna  au  pape  Paul  le  monastère  du  mont 
Soracte3,  dont  son  frère  Carloman  avait  sanctifié  les  cellules;  tan- 
tôt recueillir  dans  leur  sein  et  sous  leur  protection  des  monastères 
déchus.  Dans  tous  ces  cas,  ces  monastères  n'étaient  que  des  Celles 
ou  prévôtés  qui  ne  possédaient  ni  les  droits  réels  d'aliénation ,  ni 
les  droits  personnels  de  profession,  ni  ceux  à' élection.  Stavelot  et 
Malmedy,  enfants  du  même  fondateur,  reçurent  seuls  la  plénitude 
de  ces  trois  espèces  de  droit  :  Prior  et  malmimdariense  monas- 
terhim,  disait  l'empereur  Léopold ,  cum  Priore  et  monasterio 
Stabulensi  unum  abbatial  et  principatus  corpus  sunt,  quem  ad- 
modum  ex  actis,  ac  ipsismet  Stabulensinm  elogiis  et  observantiœ, 
continuai  vetustate  constat. 

Nous  n'ignorons  pas  que  plusieurs  prieurés  en  France ,  ceux  de 
Cluny  par  exemple,  jouissaient  de  grands  droits,  mais  nous 
attendons  toujours  la  preuve  que  leurs  moines  aient  eu  droit 
d'élection;  tout  au  plus  si  leur  prieur  seul,  dans  quelques  Celles, 
venait  s'asseoir  inter  pares  du  monastère  supérieur,  aux  grands 
jours  des  élections. 

L'abbaye  de  Stavelot  qui  n'était  à'aucun  diocèse  se  composait 
de  deux  monastères  dont  l'un,  Stavelot,  était  situé  dans  le  diocèse 
de  Liège,  et  l'autre,  Malmedy,  dans  celui  de  Cologne.  La  petite 
rivière  de   la  Ghalle   formait   la   séparation ,  et  lorsque  l'Europe 


1  Specilegium  Ecries.,  IV,  781. 
■  Captul.  aquisgrani  canon.,  45. 
s  Epistola  Carolina,    XII. 


—  460  — 

tenait  ses  assises  à  Vienne  pour  parquer  les  peuples  et  les  nations, 
cette  petite  rivière  et  cette  séparation  diocésaine  fut  encore  admise 
pour  la  frontière  entre  la  Prusse  et  les  Pays-Bas.  Cent  ans  après 
la  fondation  de  saint  Remacle,  l'abbaye  de  Foulde  reçut  aussi  son 
patrimoine  de  fondation  des  deux  côtés  de  la  Foulde  qui  séparait 
aussi  deux  diocèses,  mais  l'abbaye  n'était  pas  géminée. 

Enfin  une  dernière  particularité  ecclésiastique  se  rencontre  dans 
le  caractère  des  abbés. 

Les  moines  de  Stavelot  suivirent  d'abord  la  règle  de  saint 
Colomban  *  et  se  rangèrent  bientôt  sous  la  bannière  de  saint 
Benoit,  de  cet  ordre  célèbre  qui  devait,  par  une  triple  gloire, 
convertir  l'Europe,  défricher  ses  déserts  et  rallumer  dans  son 
sein  le  flambeau  des  sciences.  Nous  trouvons  à  la  tète  de  chaque 
abbaye  un  abbé  (abba ,  père).  Ces  abbés  dans  la  suite  des  temps 
'furent  tantôt  réguliers ,  c'est-à-dire  élus  selon  les  règles  cano- 
niques; tantôt  abbés  commendataires ,  aux  tristes  jours  où  les 
abbayes  furent  données  en  fief  à  de  hauts  personnages  ou  à  des 
soldats  et  Charles  Martel  ouvrit  la  marche  en  les  donnant  à  ses 
soudoyers;  tantôt  abbés  mitres,  avec  droit  de  porter  les  insignes 
de  la  prélature;  tantôt  abbés-évêques,  avec  juridiction  épiscopale, 
tantôt  princes-abbés  avec  droit  de  siège  et  voix  délibérative  aux 
diètes  de  l'empire;  tantôt  enfin  abbés-laïques  et  abbés-comtes, 
c'est-à-dire  non  revêtus  du  sacerdoce.  Or  l'abbaye  de  Stavelot, 
pendant  le  cours  des  longs  siècles  de  son  existence,  vit  à  sa 
tête  des  abbés  revêtus  de  tous  ces  différents  titres,  avec  cette 
distinction  toutefois ,  quoi  qu'en  dise  le  savant  Martône ,  que  les 
abbés-évêques  ne  le  furent  que  ex  accidente  et  jamais  ipso  facto , 
c'est-à-dire  que  la  qualité  d'évèque  ne  fut ,  dans  aucun  temps , 
inhérente  à  la  dignité  abbatiale  de  Stavelot. 

Si  nous  passons  à  l'ordre  civil ,  nous  rencontrons  encore  dans 

'  Gallia  Christiana  ,  III  .  940. 


—  461  — 

la  principauté  de  Stavelot  quelques  particularités  exclusives. 
Le  prince-abbé  ne  relevait  que  de  l'empereur  et  son  pays 
jouissait  de  la  grande  immunité. 

Lorsque  les  rois  permettaient  à  de  pieux  anachorètes  d'élever 
leurs  tintoria  in  locis  vastœ  solitudinis ,  ils  apposaient  toujours 
à  la  concession  le  devoir  fiscal  de  payer  la  redevance  que  l'on 
appelait  census.  C'était  de  règle  ;  les  monastères  qui  prétendaient 
en  être  exempts  devaient,  ainsi  qu'on  le  voit  dans  le  6e  canon  du 
concile  d'Orléans  (511),  fournir  la  preuve  qu'ils  jouissaient  de 
immunitate.  C'était  une  reconnaissance  de  souveraineté.  Stavelot 
en  fut  revêtu  dès  son  origine  *. 

L'abbé  de  Stavelot  fut  prince,  d'abord  d'après  le  principe 
adopté ,  selon  Tacite ,  chez  les  Germains  pour  tous  les  chefs  qui 
jus  per  pagos  et  vicos  dixerant  2,  et  ensuite  il  devint  prince 
d'empire  votum  et  sessionem  in  comitiis  habens  3. 

Mais  ici  se  présente  encore  une  particularité.  Les  monastères 
exemptés  du  census  n'en  devaient  pas  moins  le  service  militaire  et 
le  payement  de  quelques  tributs  à  l'empereur  4  ;  les  princes  seuls 
en  étaient  exempts  et  cependant  Stavelot  fut  le  seul  monastère 
dont  l'abbé  fut  élevé  à  la  dignité  de  prince  et  dut  en  même  temps 
le  service  militaire.  De  là  l'existence,  au  pays  de  Stavelot,  de  ces 
puissants  avoués  dont  nous  avons  ailleurs  retracé  la  turbulente 
histoire. 

En  outre  les  abbés  de  Stavelot  étaient  comtes  de  Logne ,  de  ce 
château-fort  dont  les  grandes  ruines  redisent  aux  échos  du  rocher 
gigantesque    les    formidables  noms   de   Wibald  ,   de    Léon   X  , 


'  Ut    hoc    totum    teneant  atque  possideant   cimi  emunitate    Charte  de  666    apud 
Polain  ,  Recueil  de  lois,  p.  3. 

2  Coringius.  Dissert,  de  civibus  imperii.—  Bœilokus,  lib.  7,  Nolitia  Imperii  Romani. 

3  Anno  813  Carolus  Episcopis,  abbalibm  m  loco  positis  Rheganus  tit.  2.  6.  10.  — 
Hincmar  ,  de  ord.  palatii.  Epist.  M. 

4  Apud  Baluzium,  tom.  I,  p.  589.  Nolitia  île  monasteriis  quiregi  mihtiam  debent. 


—  462    - 

de  François  Ier,  de  Charles  V,  du  Sanglier  des  Ardennes,  de  Nassau 
et  enfin  d'Albert  et  d'Isabelle  *,  et  murmurent  au  voyageur  la  tou- 
chante légende  de  la  grotte  à  la  galle  d'or. 

Nous  rappellerons  enfin  en  passant  les  célèbres  écoles  de  Sta- 
velot,  les  rivales  de  celles  de  Liège  et  déjà  célèbres  avant  elles; 
un  seul  exemple  suffit  pour  prouver  leur  supériorité  ,  c'est  qu'au 
temps  de  Poppon ,  au  onzième  siècle,  elles  fournissaient  des  abbés 
à  quinze  des  plus  illustres  abbayes  de  l'époque  ;  nous  citerons  les 
noms  de  ses  chroniqueurs  Jean,  Zantfliet,  Everhelme  ;  de  ses 
grands-mailres  Druthmar  ,  Notger ,  Reinard  ,  Thierry  ;  de  ses 
grands  hommes  Wibald  ,  Poppon  ;  de  ses  artistes  ,  ces  fameux 
copistes  du  onzième  siècle ,  ces  modernes  peintres  et  sculpteurs  : 
les  Delcourt,  les  Ruxthiel.  Mais  nous  n'oublierons  pas  ces  belles 
bibliothèques  et  tous  ces  grands  ouvrages  classiques  sauvés  par 
Wibald  et  ses  moines;  son  chartier  qui  ne  le  cédait  en  importance 
pour  le  nombre  et  la  valeur  des  documents  qu'à  celui  de  St-Denis. 

Il  n'y  a  pas  jusqu'au  langage  qui  ne  puisse ,  dans  cet  ancien 
pays ,  appeler  les  sérieuses  études  de  l'archéologue  et  du  savant. 
En  effet,  le  pays  de  Stavelot ,  par  son  enclave  dans  le  diocèse  de 
Cologne,  fit  reculer  la  langue  tudesque  jusqu'à  ses  frontières. 

L'église  de  Stavelot  était  encore  un  chef-d'œuvre  du  style 
romano-byzantin  et  elle  contenait  des  richesses  archéologiques 
immenses. 

Toutes  ces  grandeurs ,  toutes  ces  richesses  avaient  traversé  les 
siècles,  cachées  sous  la  robe  d'humilité  de  ces  puissants  moines  ; 
tout  a  été  dispersé,  tout  cela  a  disparu  ,  et  nous  allons  nous  occuper 
de  la  dernière  ruine  qui  est  le  résumé  de  toutes  ces  grandes  choses 
et  qui  a  été  pendant  douze  siècles  le  muet  témoin  de  toutes  ces 
splendeurs  et  de  tous  ces  abaissements. 


'  Études  historiques  sur  le  pays  île  Stavelot,  pag.  "203-283. 


—  463  — 
III.    —   LA     CHASSE. 

La  première  étude  de  l'archéologue  devant  un  monument  est  de 
préciser  son  acte  de  naissance.  Les  uns,  et  ce  sont  les  savants,  pro- 
cèdent par  synthèse  et  donnent  au  monument  son  baptême  de  visu 
et  a  priori  par  la  constatation  de  ses  caractères  formels ,  techniques 
et  architectoniques  ;  on  sait  cependant  à  quelles  hypothèses  et  à 
quelles  étranges  erreurs  cette  grande  méthode  conduit  l'investiga- 
teur par  l'incertitude  même  de  ces  caractères  et  de  ces  formes 
plastiques.  En  effet,  est-on  d'accord  sur  le  caractère  même  pré- 
dominant de  l'art  gothique,  sur  l'ogive?  Sur  son  origine?  Sur 
l'époque  où  elle  est  apparue  aux  yeux  charmés  de  l'Europe? 
D'autres,  au  contraire,  préfèrent  la  preuve  analytique  et  cherchent 
dans  les  monuments  historiques  l'âge  des  chefs-d'œuvre  que  le 
moyen-âge  ou  l'antiquité  nous  ont  légués.  C'est  la  marche  la 
plus  sûre,  si  on  peut  la  combiner  avec  la  première;  elle  reste  la 
plus  convaincante  en  général  lorsqu'on  l'emploie  môme  seule  et 
que  l'on  ne  la  fait  pas  dépendre  de  subtiles  hypothèses ,  d'inter- 
prétations de  textes  et  de  discussions  contestées.  Devant  la  châsse 
de  saint  Remacle,  nous  serons  assez  heureux  pour  produire  ces 
preuves  incontestables  puisées  aux  sources  historiques. 

Le  savant  Martène  nous  dit  d'abord1:  «  On  croit  à  Stavelot  que 
c'est  saint  Goduin ,  quatrième  abbé  qui  a  fait  faire  cette  châsse, 
parce  que,  dit-on,  c'est  lui  qui  le  tira  de  l'oratoire  de  Saint-Martin 
où  il  avait  été  enterré  pour  le  transférer  dans  la  principale  église 
où  i,l  l'exposa  dans  un  lieu  éminent,  mais  elle  ne  nous  paraît  pas 
d'une  si  grande  antiquité;  je  serais  plus  porté  à  croire  que  c'est 
l'ouvrage  de  saint  Poppon  ou  de  Wibaldus.  » 

Nous  trouvons  l'origine  de  la  fausse  tradition  de  Stavelot  dans 
le  passage  suivant  d'un  ancien  manuscrit  publié  par  Marlène  2  et 


1   Voyage  littéraire  de  deux  Bénédictins ,  II,  p.  157. 
-  Maktène,  Amplissima  Colleit.,  Il,  col.  60. 


—  464  — 

qui  porte  :  «  Nam  sicut  a  patribus  noslris  veredicâ  relatione  est 
relatum  scripto  que  proditum ,  Goduinus ,  qui  quartus  in  regimine 
loci  beato  confessori  abba  successit  (670),  ab  oratorio  Sli  Martini, 
ubi  prius  humalum  continebatur,  in  monasterium  principale  SS. 
apostolorum  Pétri  et  Pauli  ab  ipso  sagaci  industrie  constructum 
ac  consecratum  offîciosà  devotione  VII.  Galend.  Julii  transtutit 
(Vide  Bollandini  operis  lom  V  Junii  pag.  4)  quseque  etiam  in 
tain  magnifico  negotio  expediebunt ,  congruo  honore  effleaciter  ad 
implavit.  Siquidam  lecticam  auro  ,  argentoque  suis  expensis 
dignâ  decoris  prserogativà  fabricatam  pneparavit,  in  quam  jam 
arida  ossa  a  corruptâ  ejus  carne  sequestrata  locavit,  retroque 
altare  prœscriptorum  apostolorum  in  sublime,  ut  esset  omnibus 
evidens,  condigno  apparatu  statuit.   » 

Bien  que  Martène ,  d'après  les  termes  mêmes  de  l'auteur , 
proclame  que  l'écrivain  qui  raconte  celte  invention  du  cercueil  de 
Remacle  en  1040  soit  un  témoin  oculaire,  sa  narration  toute 
entière  prouve  le  contraire,  et  ce  n'est  qu'un  pseudo-turpin  au 
petit  pied.  La  preuve  archéologique  et  historique  en  est  évidente. 
Dans  les  premiers  siècles  du  moyen  âge ,  les  corps  des  saints 
reposaient  dans  les  cryptes  sous  les  souterrains  des  autels,  et  les 
temples  formaient  comme  leur  mausolée  ;  ce  n'est  que  vers  le 
XIe  siècle,  dans  les  églises  d'Occident,  que  ces  corps  saints  furent 
tirés  de  leurs  cryptes  ,  pour  être  exposés  sur  les  autels  à  la 
vénération  des  fidèles ,  dans  de  riches  reliquaires  représentant  aux 
XIIe  et  XIIIe  siècles  des  chapelles  et  des  églises  '. 

Mais  la  fausseté  de  tout  ce  récit  apparaît  mieux  encore  aux 
yeux  de  l'histoire.  Cet  anonyme  nous  raconte  des  faits  extraordi- 
naires du  règne  de  saint  Poppon,  dont  Everhelme,  l'ami,  l'écrivain 
de  la  vie  de  ce  grand  homme ,  ne  nous  dit  rien  dans  sa  longue 
biographie  ;  il  y  a  plus ,  cet  anonyme  oculaire   fait  succéder  à 

D1  Fu.  Bock  ,  Der  reliquienschatz  w  Aachen,  18G0,  p,  43. 


—  465  — 

saint  Poppon  dans  l'abbaye  de  Stavelot ,  un  abbé  [Petrus  contre 
l'existence  duquel  l'histoire,  la  chronologie,  la  suite  des  abbés  et 
tous  les  dyptiques  de  l'abbaye  protestent  à  la  fois. 

La  tradition  de  Goduin  repose  donc  sur  une  fausse  historiette , 
mais  la  vue  de  la  châsse  même  et  son  élégante  splendeur  renverse 
mieux  encore  cette  hypothèse.  Enfin  Goduin  est  mort  en  685 ,  et 
sur  l'un  des  longs  côtés  de  la  châsse  nous  allons  trouver  la  statue 
de  saint  Lambert,  mort  en  709  c'est-à-dire  après  saint  Goduin. 
C'est  la  fable  du  loup  et  de  l'agneau. 

Notre  châsse  ne  peut  non  plus  dater  des  VIIIe  et  IXe  siècles  , 
époque  où  les  Normands  (812-934) , 

La  très-horrible  gent 

Qui  fust  dezous  le  fermament , 

laissaient  sur  leurs  pas ,  à  travers  les  Ardennes ,  cette  longue 
traînée  de  feu  et  de  sang  dont  Reginon  de  Prume  nous  a  décrit 
les  navrants  spectacles ,  avec  les  abbayes  désertes ,  les  temples 
détruits,  les  moines  pauvres  et  errants,  et  n'apportant  plus,  pen- 
dant de  longues  années  encore,  au  pied  des  sanctuaires  ruinés, 
que  l'ignorance  et  quelquefois  la  dépravation. 

Serait-ce  saint  Poppon  qui  a  fait  construire  ce  reliquaire  ?  Et 
l'abbé  à  l'auréole  qui  se  trouve  dans  l'écusson ,  avec  la  crosse 
et  la  mitre,  sur  la  partie  extérieure  du  trône  de  la  Vierge,  n'est-il  pas 
la  signature  de  l'auteur?  Nous  ne  le  pensons  pas,  parce  que  d'abord 
les  trônes  du  Sauveur  et  de  la  Vierge  qui  ornent  les  deux  pignons 
sont  évidemment  des  ajoutes  et  postérieurs  à  la  confection  de  la 
châsse  ou  tout  au  moins  travaillés  dans  les  derniers  temps  de  son 
achèvement;  ensuite  les  abbés  de  Stavelot  n'obtinrent  que  sous 
Wibald  le  droit  de   porter   les  insignes  de  l'épiscopat  *  ;  enfin 


1  Jaffé,  Bibliotheca  rerum  germanicarum  epist.  Wibald.  430  pag.  566  et  epist. 
431  pag.  567.—  Martène,  Ampliss.  colkct.  11,  epistolœ  W/ftaMi  404  et  405.  Études 
historiques  sur  le  pays  de  Stavelot,  pag.  255  et  72. 

XXIX  XXII  29 


—  466  — 

Éverhelme ,  qui  dans  la  vie  de  saint  Poppon  énumère  avec  de  longs 
détails  '  non-seulement  les  églises  construites  par  ce  grand  homme 
mais  même  les  calices  d'or  dûs  à  ses  libéralités,  ne  dit  pas  un  mot 
de  la  châsse  de  saint  Remacle  dont  les  reliques  cependant  furent 
portées  en  grande  procession,  sous  saint  Poppon  et  àStavelot  même, 
par  l'empereur  d'Allemagne. 

Serait-ce  Wibald?Nous  n'oserions  ici  répondre  par  la  négative; 
bien  de  graves  présomptions  au  contraire  nous  portent  à  regarder 
Wibald  comme  le  premier  promoteur  de  notre  beau  reliquaire. 
C'est  d'abord  la  profonde  vénération  de  cet  homme  illustre  pour 
saint  Remacle  2.  Nous  trouvons  ensuite  dans  les  lettres  de  Wibald, 
sa  correspondance  avec  un  orfèvre  auquel  il  reproche  ses  lenteurs  : 
Soient  homincs  artistse  frequentius  non  observare  promissa,  dum 
plura  ad  aperandum  recipiunt  quam  perficere  possunt;  radix  omnium 
malorum  cupiditas  5. 

Nous  savons  que  Wibald  a  enrichi  ses  églises  de  précieux 
monuments  d'orfèvrerie;  nous  connaissons  ses  rapports  nombreux 
avec  l'Orient,  le  voyage  de  son  frère  en  Palestine  avec  l'empe- 
reur Conrad ,  et  nous  y  trouvons  l'origine  de  ces  innombrables 
gemmes  orientales  qui  sont  semées  à  pleines  mains  sur  le  cercueil 
de  Remacle. 

Enfin  l'histoire  archéologique  nous  apprend  que  les  particuliers 
ou  les  communautés  qui  se  proposaient  d'ériger  un  monument  de 
l'art  y  consacraient  de  longues  années ,  qu'ils  amassaient  successi- 


1  Mabillon,  Acta  SS.  Dend.  VI.  page  515. 

2'  VVibaldus  Bernardo  Episc.  «  Venientes  ante  altare  illud,  ubi  benedietionem  episco- 
palem  in  nomen  et  ofticium  Abbatis  suscepimus,  (20  avril  1130),  commovit  nos  repente 
quidam  familiaris  et  intimus  amor  queni  ad  patronum  ojusdem  Ioci ,  sanctissimum  vide- 
licet  confessorem  atque  Pontificem  Christi  Remaclum.  Apud  Jaffé,  epist.  150pag.  256. — 
Apud  Martène  epist.  131.  Et  encore  apud  Jaffé  epist.  176  pag.  297  et  Martène 
epist.  160. 

3  Apud  Jaffé  epist.  119.  —  Apud  Martène  epist.  100. 


—  467  — 

vement,  comme  de  bonnes  œuvres,  l'or,  l'argent,  les  pierres 
précieuses  et  les  faisaient  parvenir  à  l'artiste  auquel  de  longues 
années  étaient  nécessaires  pour  mettre  la  dernière  main  à  ces 
chefs-d'œuvre  qui  demandaient  tant  de  science ,  tant  d'art  et  des 
connaissances  théoriques  et  pratiques  si  variées  et  si  étonnantes. 
Lorsque  l'on  s'arrête,  saisi  d'admiration,  devant  la  châsse  de 
Stavelot  qui  porte  l'empreinte  de  plusieurs  époques  on  est  donc 
en  droit  de  conclure  que  le  souffle  d'Orient ,  apporté  par  Wibald 
en  ces  lieux  célèbres ,  a  fait  éclore  sur  notre  sol  cette  riche  flo- 
raison byzantine.  Toutefois ,  elle  ne  parvint  à  son  splendide  et 
entier  épanouissement  que  dans  la  seconde  moitié  du  Xlle  siècle 
et  nous  pouvons  en  produire  la  preuve  historique. 

Mabillon  *  nous  a  conservé  deux  lettres,  l'une  de  1263  l'autre 
de  1268,  adressées  par  les  moines  de  Stavelot  à  l'abbé  Àrchambaud 
de  Solignac  qui  leur  avait  demandé  des  reliques  de  saint  Remacle. 
Dans  la  première,  nous  lisons  ce  qui  suit  :  «  Verum  quia  de 
corpore  ejus  fSti  RemacliJ  ad  prsesens  aliquid  consolatorium  vestrse 
paternitati  sincère,  sicut  desiderii  nostri  affectus  expostulat, 
transmittere  non  valemus;  ne  vestra  tamen  precatio  apud  nos 
frustrari  videatur,  cum  illam  summo  proponamus  studio  ad  im- 
plere;  de  baculo  pastorali ,  de  casulâ,  in  quâ  jacuit  tumulatus, 
et  de  sandaliis  ejus  vestrse  devotioni  transmittimus  istâ  vice  : 
scientes  indubitanter ,  quod  de  corpore  memorati  Patroni  nostri 
vestrse   pietati  condecentem  transmittemus   portionem  ,    cùm   de 

CAPSA  IN    CAPSAM ,    QUAM    GLORIOSAM    FIERI   FECIMUS  ,    tvansfem 

contigerit  corpus  :  quod  erit  in  brevi  ,  Domino  disponente. 
Datum  Stabulaus  anno  Domini  millesimo  ducentesimo  sexagesimo 
tertio,  idibus  Junii.  ■ 

Dans  la  lettre  de  1268  des  mêmes  moines,  nous  voyons  qu'ils 
accomplissent  leur  promesse  en  envoyant  à  Solignac  un  bras  de 

1  Sœculo  2  lienedictino  ,  page  I09'2. 


—  468  — 

saint  Hcmacle  dont  le  corps  avait  été  solennellement  transféré  dans 
la  nouvelle  et  glorieuse  châsse  :  «  per  quos  (nuntios)  veslrœ 
dilectioni  transmittimus  brachium  venerabilis  Patris  nostri  R.  Re- 
macli ,  et  de  reliquiis  undecim  millium  Virginum  ;  nec  non  et  de 
reliquiis  Thebœorum  martyrum.  •  C'était  le  13  mai  1268  ,  sous  le 
règne  de  ce  trop  célèbre  Henri  de  Gueldres ,  le  prince  de  Stavelot 
dont  Zantiliet  nous  a  laissé  le  portrait  en  deux  lignes  : 
C'était  un  homme  de  grande  naissance ,  de  mœurs  dépravées , 
sanguinaire,  avare  et  débauché.  » 

La  seconde  question  à  résoudre  est  celle-ci  :  Quel  est  l'auteur 
de  ce  chef-d'œuvre? 

Ce  nom  glorieux ,  nous  ne  pourrons  le  tirer  de  l'oubli  de  ces 
siècles  religieux  ;  connaît-on  le  nom  de  ces  géants ,  de  ces  grands 
bâtisseurs  de  cathédrales  ,  de  ces  immortels  ouvriers,  de  ces 
sublimes  anonymes?  Cependant ,  si  nous  ne  pouvons  rendre  à 
l'admiration  des  siècles  ce  nom  enseveli  dans  son  humilité ,  nous 
pouvons  au  moins  reconnaître  l'école ,  l'atelier  d'où  est  sortie  la 
lipsanotheca  de  Stavelot. 

Outre  les  célèbres  argentiers  et  émailleurs  de  Limoges ,  deux 
immortelles  confraternitates  aurifabrorum  florissaient  au  XIe  et  au 
XIIe  siècles  dans  les  chefs-lieux  des  deux  diocèses,  au  milieu  des- 
quels était  assise  ,  libre  et  indépendante  ,  la  principauté  ecclésias- 
tique de  Stavelot  :  nous  avons  nommé  Liège  et  Cologne.  Les 
précieux  reliquaires  de  Cologne,  ceux  d'Aix-la-Chapelle  en  partie; 
l'ont  la  gloire  de  Cologne  ;  mais  Liège  a  le  droit  de  revendiquer 
les  magnifiques  reliquaires  de  saint  Servais  de  Maastricht,  de  Huy, 
de  Tournai  et  de  Stavelot.  Ce  point  a  été  fixé  par  le  chanoine  Bock*. 

Mais  passons  à  la  description  : 

La  châsse  de  saint  Remacle  forme  un  long  quadrilatère  de  forme 
basilique,    recouverte  d'un  toit  à  dos  d'âne,  terminée  aux  deux 

1  Bock  ,  loco  citalo  ,  pago  49. 


—  469  — 

côtés  allongés  par  deux  frontons  avec  pignons  à  angles  droits. 

Elle  mesure  en  longueur  un  mètre  96  centimètres  ,  en  largeur 
59  centimètres ,  en  hauteur  82  centimètres  depuis  le  plan  hori- 
zontal de  la  base  jusqu'à  l'élégante  galerie  supérieure  qui  la  cou- 
ronne. Son  poids  est  de  215  kilogrammes.  Elle  forme  malgré  sa 
masse  un  gracieux  et  svelte  ensemble. 

Ce  qui  frappe  tout  d'abord  ,  c'est  l'époque  de  transition  qu'elle 
représente  dans  toutes  ses  parties ,  les  proportions  géométriques  des 
statues  ,  des  bas-reliefs,  des  rondes-bosses,  l'expression  grave  et 
religieuse  des  personnages ,  le  parallélisme  exact  des  plis  pressés 
des  tuniques  avec  leurs  pierres  précieuses  enchâssées  ,  le  tout 
obtenu  par  le  procédé  sur  du  moulage  ,  l'absence  de  perspective 
aux  genoux  et  aux  pieds  sans  chaussure  ,  les  sujets  représentés 
en  bas-reliefs  sur  les  versants  du  toit  et  qui  sont  ceux  générale- 
ment adoptés  au  XIIe  siècle,  les  nimbes,  tous  en  forme  de  disque 
et  en  émail  opaque ,  espèces  de  plats  placés  à  l'arrière-plan  et 
derrière  toutes  les  tètes  des  saints  personnages,  semblables  à  ceux 
que  portent  les  anges  et  les  saints  de  la  cathédrale  de  Paris  ;  puis, 
d'autre  part ,  la  statue  du  Christ  élevée  à  l'un  des  frontons  ,  belle 
d'expression  malgré  la  raideur  des  membres  ,  frappante  de  ressem- 
blance avec  des  statues  de  reliquaires  du  XIIIe  siècle  ,  et  sur  un 
trône  orné  du  trilobé ,  ces  dais  aux  riches  découpures ,  ces  trèfles , 
ces  quatre-feuilles  émaillés ,  ces  violettes  ,  ces  feuilles  entablées , 
ces  émaux  cloisonnés  ;  tout  cela  forme  un  caractère  arehitectonique 
de  l'époque  de  transition  du  style  roman  au  style  ogival.  Nous  le 
plaçons  donc  entre  le  reliquaire  de  Charlemagne  et  celui  de  la 
sainte  Vierge  d'Aix-la-Chapelle ,  dont  le  dernier  surtout  a  avec  lui 
de  grandes  ressemblances ,  si  on  en  excepte  toutefois  sa  forme  qui 
n'est  déjà  plus  celle  d'une  basilique  mais  celle  d'une  croix  latine. 

Le  fini  du  travail ,  la  richesse  des  ornements ,  cette  perfection 
de  tous  les  détails ,  la  beauté  des  statues  et  surtout  des  bas-reliefs 
planiformes  des  champs   creux  et  carrés  du  toit,  le  grand  art 


—  470  — 

déployé  dans  la  fusion  sur  l'argent  et  le  cuivre  de  tous  ces  émaux 
en  champ-levé,  et  même  cloisonnes  dans  les  pommes  d'amour  , 
l'enchâssure  des  pierres  précieuses  avec  leurs  [délicats  filigranes, 
la  ciselure  des  parties  saillantes  de  cette  belle  frise  à  jour,  des  dais 
et  surtout  de  l'admirable  broderie  en  cuivre  qui  s'enroule  avec  ses 
grillons ,  ses  monstres ,  ses  animaux  fantastiques  autour  de  la  base, 
et  enfin  ces  pommes  d'amour  qui  s'élèvent  gracieuses,  délicates,  avec 
leurs  émaux  variés,  leurs  fleurs,  leurs  prodigues  variétés  au-dessus  de 
la  frise  et  de  chaque  dais,  cette  multitude  de  gemmes  orientales,  de 
topazes,  anémyses,  rubis,  émeraudes, saphyrs  taillés  en  cabochons; 
tout  cela  place ,  sans  conteste  ,  la  lipsanotheca  de  Stavelot  parmi  les 
plus  beaux  reliquaires  qui  nous  soient  restés  des  XIIe  et  XIIe siècles. 
Malheureusement ,  le  cœur  se  serre  en  contemplant  l'œuvre  du  van- 
dalisme et  peut-être  aussi  des  transports ,  et  la  dégradation  de  la 
chasse  et  la  triste  absence  d'un  grand  nombre  de  pierres  précieuses. 
Nous  ne  possédons  pas  les  connaissances  voulues  pour  pouvoir 
apprécier  la  valeur  de  ces  joyaux ,  nous  ne  pouvons  du  reste  les 
soumettre  aux  deux  épreuves  ordinaires  concernant  la  dureté  et  la 
double  réfraction,  mais  plusieurs  ont  certainement  de  la  valeur, 
bien  que  les  pierres  les  plus  précieuses  aient  été  enlevées  et  particu- 
lièrement une  agate  d'un  grand  prix ,  dont  Martène  nous  parle  et 
qui  représentait  un  empereur  romain  l. 

Venons  au  détail  :  sur  le  premier  fronton  on  voit  la  statue  du 
Sauveur,  haute  de  27  centimètres;  il  est  assis  sur  un  trône  velu  d'une 
longue  tunique,  tenant  de  la  main  gauche  et  avec  une  grande  raideur 
le  globe  et  la  main  droite  portée  en  avant  avec  les  deux  premiers 
doigts  levés  et  la  chevelure  dorée  (ypvaoxopa)  au  feu.  Il  est  abrité 


1  On  sait,  que  la  plupart  des  riches  reliquaires  sont  ornés  d'onyx  ,  de  camées  romains 
et  payens  de  grande  valeur  cl  nous  renvoyons  pour  l'appréciation  de  ces  pierres ,  leur 
symbolisme  ,  leur  importance  archéologique  et  au  point  de  vue  chrétien  ,  au  savant 
travail  du  célèbre  Ckeuzer.  Zur  Gemmenkunde.  A'itike  yesclmillene  Steine,  Lcipsick 
1834. 


—  471  — 

sous  une  forme  de  trèfle  en  plein-cinlre  qui  sert  d'encadrement 
au  tympan.  Comme  nous  l'avons  déjà  dit,  ce  trône ,  ainsi  que  celui 
de  la  Vierge  à  l'extrémité  opposée,  sont  des  ajoutes  ou  plutôt  datent 
des  derniers  temps  de  la  confection. 

On  lit  autour  de  la  statue  et  dans  l'arrière  voussure  l'inscription 
suivante  en  lettres  d'or  sur  fond  d'azur  : 

►&  SOIaVSKB  GT.€(RMOaPv$0  GV. 

,ntr  GRe^-  e  -vBeiutfo  *  %  ■ 

Soins  ab  œtemo  creo  c  une  ta  ,  creata  guberno. 

Ce  n'est  pas  encore  l'écriture  gothique ,  mais  nous  avons 
remarque   dans   les   autres  inscriptions  plusieurs  JH   gothiques. 

Ce  vers  est  encore  une  date,  par  le  caractère  et  par  le  fonds. 
Ce  ne  sont  pas  les  caractères  romains,  qui  ont  régné  jusqu'au 
XIIe  siècle ,  et  ce  ne  sont  pas  non  plus  les  caractères  anguleux  et 
gothiques  du  XIIIe  siècle.  En  outre  ce  genre  de  vers  léonin ,  dans 
cette  fausse  imitation  de  quelques  vers  de  Virgile ,  n'a  été  mis  en 
vogue  que  par  Leonius,  religieux  de  Saint-Viclor  à  Paris,  qui  vivait 
vers  le  milieu  du  XIIe  siècle. 

Sur  l'autre  portail  on  voit  également  assise  sur  un  riche  trône 
et  sous  un  dais  semblable ,  ornée  d'un  riche  diadème  tout  endom- 
magé et  dont  les  pierres  ont  été  enlevées,  la  mère  du  Sauveur  tenant 
son  fils  sur  ses  bras  et  avec  une  inscription  qui  est  de  nouveau  un 
vers  léonin  inscrit  en  lettres  d'or  sur  fond  d'azur  et  avec  les  mêmes 
caractères  et  qui  porte  : 

Tu  michi  nate  pater,  et  tu  michi  filia  mater. 

La  statue  de  la  Vierge  a  33  centimètres  de  hauteur. 
Derrière  ces  deux  haut-reliefs  on  voit  le  nimbe  circulaire  et  tout 
le  gable  du  pignon  est  fermé  par  un  espèce  d'appareil  réticulé,  mais 


—  472   — 

opaque  et  qui  ne  laisse  pas  pénétrer  l'œil  dans  l'hiéron.  Une  chose  à 
remarquer  c'est  l'apposition  aux  deux  côtés  du  trône  de  la  Vierge 
de  deux  ronds  au  milieu  desquels  se  trouvent  des  écussons 
triangulaires  représentant  l'un  un  abbé  et  l'autre  une  haie  au  na- 
turel. Nous  ne  connaissons  pas  le  porteur  de  ces  armes. 

Comme  dans  tous  les  reliquaires  similaires,  les  deux  longs  côtés 
sont  ornés  des  statues  des  douze  apôtres  et  de  celles  de  saint 
Remacle  et  de  saint  Lambert ,  abrités  sous  d'élégants  dais  triangu- 
laires surmontés  de  pommes  d'amour  plus  petites  mais  de  même 
forme  que  celles  qui  couronnent  le  monument  et  dont  nous  parlons 
plus  bas. 

Les  apôtres  sont  assis ,  revêtus  de  tuniques  presque  uniformes 
dans  les  regonflements  et  les  plis,  et  pieds  nus;  saint  Remacle  au 
milieu,  d'un  côté,  et  saint  Lambert  de  l'autre  sont  revêtus  des 
habits  pontificaux  et  de  chaussures  pointues. 

Chaque  statue  a  son  dais  et  est  séparée  par  d'élégantes  colon- 
nettes  qui  ont  été  enlevées  du  côté  de  saint  Lambert ,  partie  beau- 
coup plus  détériorée  et  dont  plusieurs  dais  sont  découronnés  de 
leurs  pommes.  Les  nimbes  aux  émaux  fuses  en  champ-levé  sont 
variés  à  l'infini.  Les  pommes  d'amour  avec  quelques  émaux  cloi- 
sonnés représentent  des  fleurs  et  ont  la  forme  de  grandes  pommes. 

Ces  statues ,  avec  le  nom  du  saint  autour  du  plein-cintre  de  la 
niche  en  lettres  d'or  sur  fond  bleu ,  sont  placées  dans  l'ordre 
suivant  et  portent  leurs  attributs  ordinaires  : 

1°  Saint  Pierre  tenant  les  clefs  de  la  main  droite  et  de  la  main 
gauche  une  croix  enrichie  de  pierres  précieuses  dont  plusieurs 
manquent. 

2°  Saint  André ,  le  Protoclète ,  portant  la  croix  de  son  supplice , 
(crux  decussata). 

3°  Saint  Jean  avec  les  Évangiles  et  la  chaudière  d'huile  bouil- 
lante dans  laquelle  il  fut  jeté. 

Saint  Remacle  en  habits  pontificaux  parsemés  de  pierres  précieuses, 
tenant  le  livre  des  Evangiles. 


—  473  — 

4°  Saint  Jacques  le  mineur;  ses  emblèmes  manquent. 

5°  Saint  Barthélémy ,  portant  d'une  main  le  couteau  avec  lequel 
il  fut  écorché  vif  avant  son  crucifiement  et  de  l'autre  l'Évangile 
qu'il  prêcha  en  Arabie. 

6°  Saint  Simon  (Zelotes) ,  déroulant  un  phylactère  qui  porte  ces 
mots  :  Pax  in  nomme  Domini. 

De  l'autre  côté  : 

7°  Saint  Thadée  (Jude  et  Lebbée  le  courageux),  avec  son  épitre. 

8°  Saint  Mathieu  avec  son  Évangile. 

9°  Saint  Philippe  avec  la  croix  sur  laquelle  il  fut  crucifié  à 
Hiérople  pour  s'être  opposé  au  culte  des  serpents. 

Saint  Lambert,  avec  les  livres  saints. 

10°  Saint  Thomas  (Dydyme)  avec  l'Évangile  et  la  lance  sym- 
bolisant son  martyre  chez  les  Parthes. 

11°  Saint  Jacques  majeur  avec  un  long  bâton  qui  paraît  avoir 
été  ajouté  à  la  place  du  glaive  qui  lui  trancha  la  tête. 

12°  Saint  Paul  avec  le  glaive. 

Les  tuniques  de  ces  apôtres  sont  semées  de  pierreries  qui  se 
répandent  sur  les  livres ,  sur  les  colliers  ;  les  figures  sont  graves 
et  religieuses  mais  inférieures  pour  la  beauté  d'expression  et  de  fini 
aux  bas-reliefs  qui  représentent  sur  les  plans  inclinés  du  toit  les 
mystères  et  dont  nous  allons  nous  occuper.  Ce  sont  encore  les 
sujets  qui  sont  fréquemment  traités  au  XIIe  siècle  par  les  or- 
fèvres, les  statuaires  et  les  ciseleurs.  Ces  méplats  sont  divisés  de 
chaque  côté  en  quatre  quadrilatères  dont  les  bas-reliefs  représentent, 

Du  côté  de  saint  Remacle: 

\o  L'Annonciation.  L'ange  présente  à  Marie  un  cartouche 
portant  le  salut:  Ave  Maria,  gratia  plena. 

2o  La  Naissance  de  J.-C.  Saint  Joseph,  Marie  couchée  près  de 
l'enfant  Jésus  au  berceau ,  et  dans  l'arrière-plan  la  tète  d'un  bœuf. 

3°  V Adoration  des  mages.  Les  trois  mages,  la  mère  et  l'enfant. 

■4°  La  Présentation  au  temple.  Ce  tableau  qui  nous  a  paru  le 


—  474  — 

mieux  réussi  ;  le  plus  beau  et  le  plus  remarquable  se  compose  de 
cinq  figures  :  Marie  présente  l'enfant  à  Siméon ,  elle  est  suivie  de 
Joseph  et  d'Anne  la  prophétesse.  La  scène  est  simple,  mais  pleine 
de  vie,  les  personnages  sont  d'une  belle  expression,  d'une  onctueuse 
gravité,  ils  sont  sans  raideur  et  les  habillements  ont  de  la  mollesse. 

Du  côté  de  saint  Lambert  : 

1°  La  Cène,  saint  Pierre  est  aux  pieds  du  Christ.  Parmi  les 
douze  apôtres,  la  tète  de  saint  Jean  qui  se  détache  isolée  sur  le  sein 
de  son  Dieu  produit  un  effet  singulier  par  l'absence  de  toute 
perspective  et  par  la  raideur  de  la  pose. 

2°  Le  Crucifiement.  C'est  la  traduction  de  la  sublime  scène 
tracée  par  saint  Jean:  Slabant  antem  juxta  crucem  Jesu  mater 
ejus  et  soror  matris  ejus  Maria  Cleophoe  et  Maria  Magdalena. 

Et  discipulum  stantem  quem  diligebat En  outre, 

une  des  figures  a  les  yeux  bandés.  Serait-ce  peut-être  le  symbo- 
lisme de  l'aveuglement  des  juifs? 

3°  La  Résurrection.  Ce  tableau  avec  ses  deux  gardiens  dormants 
est  sans  perspective. 

4°  L'Ascension.  Treize  figurants ,  deux  anges  et  le  Sauveur 
déroulant  un  phylactère  avec  ces  mots:  Viri  galilœi  quam  mira- 
mini  et  quemadmodum  vidisti  eum. 

Nous  arrivons  enfin  à  la  belle  galerie  formant  frise  où  l'artiste 
a  déployé  comme  à  la  base  toutes  les  délicatesses  de  la  ciselure  et 
vaincu  toutes  les  difficultés  de  la  fusion  des  émaux.  Celte  élégante 
broderie  percée  à  jour  est  surmontée  de  ces  pommes  d'amour  qui, 
selon  quelques  auteurs  ,  symbolisent  les  fruits  et  les  fleurs  des 
bonnes  œuvres  qui  s'élèvent,  comme  un  pur  encens  de  suavité 
odorem  suavitatis ,  vers  les  cieux  et  selon  d'autres  comme  de  riches 
couronnements,  comme  des  ornements  naturels  et  tout-à-fait  artis- 
tiques nécessaires  pour  donner  de  l'élévation,  de  la  légèreté,  de 
la  grâce  au  monument. 

Ces  pommes,  qui  donnent  la  plus  haute  idée  de  la  perfection  des 


—  475  — 

creusets  employés  à  la  fusion,  sont  mobiles.  Elles  sont  formées 
d'émaux  en  champ-levé  et  cloisonnés  de  nuances  diverses  qui 
représentent  des  fleurs,  des  violettes,  des  trèfles,  des  lis,  dans  des 
vases  circulaires  tantôt  ovales  tantôt  en  forme  de  cœur.  Les  pom- 
mes des  deux  extrémités  et  celles  du  milieu,  en  effet,  sont  ovales  et 
les  réceptacles  des  fleurs  en  forme  de  cœur,  tandis  que  les  inter- 
médiaires, plus  petites  de  forme,  sont  cylindriques;  les  premières 
sont  en  outre  octogones,  les  secondes  quadricapsulaires.  Ces 
ornements ,  ces  percées ,  ces  émaux ,  ces  filigranes,  tout  enfin  est 
d'une  élégance,  d'une  finesse  remarquables  et  retient  l'œil  ébloui 
de  tant  de  perfections. 

Quant  à  la  matière  ,  toutes  les  statues ,  les  trônes ,  les  bas- 
reliefs,  enfin  toutes  les  rondes-bosses  sont  en  vermeil  et  le  reste 
en  cuivre  fortement  doré.  Les  plaques  sont  clouées ,  comme  dans 
tous  les  reliquaires  similaires  *,  sur  des  vaigres  ou  planches  en 
bois  formant  cercueil  intérieur,  au  milieu  duquel  se  trouve,  entourée 
de  soie  rouge,  la  petite  boîte  qui  contient  les  ossements  de 
saint  Remacle. 

L'état  défectueux  de  cette  châsse  s'explique  d'une  part  par  les 
tempêtes  qu'elle  dut  traverser  ,  par  les  longs  voyages  et  plus 
particulièrement  par  le  dernier.  En  effet,  à  l'approche  du  flot 
dévastateur  qui  venait  de  France,  les  moines  emportèrent  leurs 
trésors  et  que  pouvaient-ils,  après  leur  Dieu,  avoir  de  plus 
précieux  que  les  restes  sacrés  de  leur  fondateur.  La  châsse  resta 
donc ,  avec  les  pauvres  exilés ,  sur  la  terre  étrangère  pendant  dix 
ans  et  ils  la  ramenèrent  fidèlement  avec  le  reliquaire  de  saint 
Poppon  au  pays  de  Stavelot,  avec  les  jours  réparateurs.  Ces  reliques 
furent  reconnues  par  l'autorité  légitime  et  placées  dans  l'église  pa- 
roissiale de  Saint-Sébastien  dont  elles  sont  le  plus  bel  ornement2. 

'  Dr  Justi.  Elisabeth  die  keilige,  pag.  241.  —  P.  SS.  Kaentzeler,  Der  die  Gebeine 
Karls  des  Grossen  &ù  Aachen  enthaltende  Behàlter,  page  4. 
2  Officia  SS.  Ecoles.  Leod.  Die  III  sept.  pag.  7. 


-  476  — 

En  1860,  l'évêque  de  Liège  procéda  de  nouveau  à  la  reconnais- 
sance de  ces  reliques  et  l'église  de  Malmedy,  qui  ne  possédait  rien 
qui  rappelât  son  fondateur,  obtint  une  portioncule  de  saint  Remacle. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  dans  son  état  actuel ,  la  llpsanotheca  de 
Stavelot  est  encore  aujourd'hui  l'un  des  chefs-d'œuvre  les  mieux 
conservés  et  les  plus  remarquables  du  XIIe  et  du  XIIIe  siècle;  elle 
est  une  des  plus  riches  floraisons  de  l'orfèvrerie ,  de  la  ciselure , 
de  l'art  de  l'émailleur  de  ces  siècles  chrétiens  ;  elle  se  place 
hardiment  à  côté  des  célèbres  reliquaires  de  Cologne ,  d'Aix-la- 
Chapelle,  de  Marburg  et  de  tous  ceux  sortis  des  ateliers  de  Liège. 
Elle  nous  fait  vivement  regretter  la  perte  de  ces  objets  d'art  que 
les  moines  ignorants  de  Stavelot  avaient  accumulés  dans  leur 
monastère  :  ces  calices  d'or,  ces  ornements  dûs  à  la  munificence 
de  saint  Poppon  et  dont  parle  l'auteur  de  sa  vie ,  ces  dinanderies , 
ces  couronnes,  ces  reliquaires  de  Malmedy  et  de  Stavelot,  ces 
rétables  de  Wibald  dont  le  manuscrit  de  Laurenty  nous  a  révélé 
l'existence;  grandes  et  belles  choses  qui  ont  été  emportées  par 
la  Révolution  et  par  ses  suppôts  subalternes. 


LA  VEUVE, 

FABLIAU  INÉDIT    DE  GAUTHIER  LE  LONG, 

TROUVÈRE    TOURNAISIEN  , 

PUBLIÉ   PAR 

M.    AUG.    SCHELER, 

Membre  titulaire  à  Bruxelles. 

Le  manuscrit  de  la  bibliothèque  royale  de  Turin  coté  L.  v.  32  , 
le  même  qui  m'a  été  d'un  si  grand  secours  pour  l'édition  des  Dits 
de  Baudouin  de  Condé ,  renfermait  aussi ,  perdu  dans  une  suite 
de  poésies  d'un  contenu  moral  ou  dévot ,  la  pièce  inédite  suivante 
dont  j'ai  pris  copie  avec  toute  la  fidélité  possible. 

Ce  qui  captivait  particulièrement  mon  attention ,  en  rencontrant 
la  pièce  de  Gauthier  Le  Long  ,  c'est  moins  son  mérite  littéraire , 
lequel  d'ailleurs  n'est  en  aucune  manière  inférieur  à  celui  de  la  plu- 
part des  pièces  du  genre  publiées  dans  ces  derniers  temps,  que  la 
circonstance  que  le  nom  de  l'auteur  appartient  à  l'histoire  litté- 
raire du  pays  et  que  cette  unique  pièce  du  poëte  tournaisien  n'est 
connue  encore  que  par  une  sèche  et  imparfaite  analyse,  faite 
il  y  a  90  ans  par  Le  Grand  d'Aussy  (t.  III ,  p.  55). 

Commissaires- rapporteurs  :  MM.  L.  Galesloot  et  P.  Henrard. 


—  478  — 

Voici  ce  qu'on  trouve  à  son  sujet  dans  V Histoire  littéraire  de 
France  (t.  XXIII,  p.  172)  qui,  ainsi  que  M.  Arthur  Dinaux 
dans  les  Trouvères  de  la  Flandre  et  du  Tournaisis  (p.  185), 
range  Gauthier  parmi  les  poètes  du  XIIIe  siècle  : 

«C'est  encore  un  fâcheux  tableau  des  ménages  de  la  bourgeoisie 
que  les  aventures  de  la  Veuve  qui ,  après  avoir  fait  parade  de  sa 
douleur  à  la  mort,  de  son  premier  époux  et  avoir  refusé  tour  à 
tour  en  mariage,  par  coquetterie  plutôt  que  par  désespoir,  un 
riche  bourgeois  de  Tournai ,  puis  le  jeune  Baudouin  ,  Godefroi  , 
Favin  *,  Guillebot ,  Jean,  choisit  enfin  ,  comme  l'héroïne  du  fabu- 
liste, un  malotru  dont  il  faut  qu'elle  endure  la  mauvaise  humeur, 
les  reproches  et  même  les  coups  de  bâton.  Le  récit  de  Gauthier 
Le  Long  ne  saurait  être  comparé  aux  deux  fables  de  Lafonlaine 
(liv.  VI,  fable  21;  liv.  VII,  fable  5),  mais  ne  manque  cepen- 
dant ni  de  vivacité  ,  ni  d'esprit.  Imbert  (t.  I,  p.  268),  cette  fois, 
en  a  fait  une  assez  jolie  nouvelle.  • 

Dire  que  le  poëme  est  un  fabliau  du  moyen  âge  retraçant  une 
scène  d'intérieur  de  la  vie  bourgeoise,  c'est  faire  prévoir  que  le 
ton  en  sera  quelque  peu  libre  et  que  le  langage  des  personnes  qui 
y  figurent  portera  l'empreinte  de  cette  crudité  d'expression  qui  se 
mêlait  si  facilement  aux  expansions  du  vieil  esprit  gaulois. 

Au  point  de  vue  de  la  langue  je  n'y  ai  rien  remarqué  qui  dis- 
tinguât notre  auteur  ;  en  ce  qui  concerne  le  tour  et  la  grammaire, 
j'y  ai  retrouvé  toutes  les  particularités  de  l'époque.  Par  contre  , 
j'ai  découvert  un  certain  nombre  de  termes  nouveaux  qui  pa- 
raissent appartenir  au  terroir  et  dont  je  ne  suis  pas  toujours 
parvenu  à  déterminer  ni  même  deviner  la  signification.  De  ce 
chef  seul  la  pièce  méritait  d'être  soumise  à  l'attention  des  archéo- 
logues de  la  langue. 

Quelques  passages  sont  restés  obscurs  par  suite  de  la  défectuo- 

1  Lisez  Focuin 


—    479  — 

site  de  notre  texte.  Malheureusement  ,  Le  Grand  d'Àussy  ne  nous 
a  point  indiqué  le  manuscrit  qui  lui  a  servi  pour  son  analyse  (le 
mot  traduction  ne  convient  nullement)  et  MM.  Leclerc  et  Dinaux 
qui,  après  lui,  se  sont  occupés  de  Le  Long  ,  ne  paraissent  pas  en 
connaître  non  plus.  Cela  m'a  privé  de  l'avantage  de  recourir  à  un 
collationnement  pour  parer  à  l'inintelligibilité  de  plusieurs  endroits 
de  notre  fabliau.  Les  quelques  corrections  que  j'ai  introduites  dans 
le  texte  et  qui  sont  signalées  au  bas  des  pages  ne  seront  point 
contestées ,  je  pense  ,  par  les  érudits  compétents. 

Je  laisse  la  question  de  la  nationalité  de  Gauthier  Le  Long  dans 
le  vague  où  elle  se  trouve  ;  la  mention  de  Tournai  au  v.  336 
peut  n'être  amenée  que  par  la  rime ,  il  est  vrai ,  et  n'autorise  pas 
à  autre  chose  qu'à  placer  la  scène  du  fabliau  dans  les  environs  de 
cette  ville.  Cependant  on  est  en  droit  d'inférer  de  certains  traits 
du  poëme  ,  surtout  des  nombreux  noms  propres  qu'il  renferme  , 
que  l'auteur  connaissait  parfaitement  le  théâtre  sur  lequel  il  pro- 
duit l'héroïne  de  sa  composition. 

Quelques  éclaircissements  philologiques  placés  à  la  suite  du 
poëme  trouveront  bon  accueil ,  je  l'espère  ,  auprès  des  amateurs 
de  la  philologie  romane. 


—  480 


LA    VEUVE. 


Sangnour,  je  vous  velh  chastoyer: 
»  Ne  devons  aler  ostoyer 
»  En  un  ost  dont  nus  ne  retorne.  » 
Saveis  cornent  on  les  atorne, 
5  Chiaus  ki  sont  en  cel  ost  semons  ? 
On  les  lieve  sor  .ij.  limons, 
Si  les  port'  on  de  grant  ravine 
Vers  le  mostier,  pance  sovine  , 
Et  sa  feme  le  siet  après. 

10  Chil  qui  à  li  montent  *  plus  près, 
Le  tiennent ,  par  bras  et  par  mains , 
Des  pâmes  batre,  c'est  do  mains; 
Car  ele  crie  à  haute  vois  : 
«  C'est  merveilhe  comment  je  vois , 

15  »  Dulce  dame,  sainte  Marie, 
»  Con  sui  dolante  et  esmarie  ! 
»  Jà  Diés  ne  doinst  que  2  je  tant  voie 
»  Ke  je  repas  par  ceste  voie , 
>>  Si  soie  avec  mon  sangnour  mise , 

20  »  Cui  je  avoi  ma  foi  promise. 

»  Mult  m'est  ceste  .vie  aspre  et  sure  ; 
»  C'est  merveille  comment  je  dure.  » 

Devant  l'entrée  del  mostier  , 
Là  recommence  son  mestier 


i  Ms.  moule. 

*  Ms.  con  p.  que. 


—  481  — 

25   De  criher  haut  et  durement. 
Et  li  prestres  isnelement, 
Ki  convoite  l'offrande  à  prendre  , 
lleuve  les  chandoiles  esprendre  , 
Ne  ne  fait  pas  longes  trioles 

30  Car  ilh  convoite  les  chandoiles. 
Cant  li  services  '  est  fines 
Et  li  cors  ensi  atorneis 
K'ilh  est  couchiés,  toz  en  envers2 
En  terre  noire  avec  les  vers , 

35  La  dame  cort  après  salhir. 
Ki  dont  le  veïst  tressalhir 
Et  les  œlz  ovrir  et  clugnier, 
Et  l'un  poing  en  l'autre  fichier , 
Il  desist  bien ,  selonc  mon  sens  : 

40   «  Ceste  puet  bien  perdre  son  sens.  » 
Cant  li  cors  fu  en  terre  mis  , 
Es  vos  entor  li  ses  amis  , 
Ki  tost  le  ramoinent  ariere 
Et  si  le  tienent  par  deriere 

45  Et  à  son  hostel  le  ramainent. 
Si  voisin  ,  ki  entor  li  mainent, 
Li  font  boire  de  l'aiguë  froide, 
Por  ce  que  ses  duez  li  refroide. 
A  l'entrée  de  sa  maison, 

50  Là  recommence  sa  raison 
De  crier  haut  et  durement  : 
«  Vrai  Diex  !  que  j'ai  le  cuer  dolant  ! 
»  Sire ,  qu'asteis  vos  devenus  ? 
»  Vous  n'esteis  mie  revenus? 

55   »  Sire,  con  vos  m'esteis  enblez  ! 
»  Con  nostre  avoirs  estoit  dobleiz 


*  Ms   service.  L'sest  réclamé  par  la  grammaire  et  la  mesure. 
2  Ms.  evers. 
XXIX  XXII  30 


—  482  — 

•  Et  que  no  choze  nos  venoit  , 
»  Et  con  ilh  vos  bien  avenoit 
»  Aler  contreval  vostre  cort  ! 

60  »  Con  vos  seioient  vo  drap  cort , 
»  Sire!  Ousi  faisoient  li  nuef , 
»  Ki  furent  fait  à  l'anrenuef. 
»>  Ahi  !  con  j'ai  awant  songié  , 
»  Encor  ne  l'aie  je  annonchiet, 

65   »  De  lais  songes  et  de  hisdeus  ! 
»  A  bien  le  m'avertisse  Deus  ! 
»  Sire  ,  encor  songoie  l'atryer 
»  Ke  vos  astiés  en  ce  mostier  , 
»  S'astoieut  andui  li  hus  cloz  ; 

70  »  Or  astez  vos  en  terre  encloz  : 
»  Chist  songes  est  bien  avoiris. 
»  Si  songai  que  astiés  1  vestis 
»  D'une  grande  2  chape  à  piron  ; 
»  En  celé  aiwe  faisiés  le  pion  , 

75   »  Ains  puis  ne  reveniés  desore: 

»  Or  astez  mors  en  mult  pou  d'oie. 
»  Et  puis  me  vint  en  mon  avis  , 
»  Mais  je  le  conte  mult  envis  : 
«  Chaiens  venoit  .i.  colenbiaus  , 
80  »  Ki  mult  estoit  et  gens  et  biaus , 
»   Ki  s'asioit  dedens  mon  soing, 
»   Et  cest  assiet  refaisoit  soing, 
»    Mais  ne  sai  que  ce  senefie. 
»   Sire ,  à  ceste  dan-aine  fie. .  .    » 

85        Dont  commence  3  li  runemens  , 
Li  conseil  et  li  parleinens 


i  Ms.  que  von  astiés. 

1  Le  Ms    porte  ijranl  ;  le  féminin  grande  étant  lout  aussi  usuel  que  j/ran/,  du  temps 
de  Gauthier  Le  Long,  Ji-l'ai  préféré  ici  dans  l'intérêt  de  la  mesure. 

5  Ms.  Dont  recomence  ,  leçon  contraire  à  la  mesure 


-    483  — 

Des  parentes  et  des  cusines, 
Et  des  veehiens  et  des  voisines, 
'  Si  li  dient:  —  «  Ma  dulce  amie, 

90  a   Or  ne  vos  desconfortez  mie , 
»   Mes  lessiés  tôt  ce  duel  ester; 
»    Penseis  de  vos  remarier. 
—  »    Remarier  ?  maie  aventure  !  1 
»   Teneis  en  pais ,  je  n'en  ai  cure.  » 

95   Li  autres  dist  :  —  «  Ma  belle  done, 
»   Vos  reprendereis  un  preudome 
•    Ki  ne  sera  faus  ne  lechieres.  *  — 
Ki  dont  le  veïst  faire  cbières 
Et  respondre  par  mal  talent  : 
100  —  i   Certes,  je  n'ai  de  ce  talent  , 
»    De  Damedeu  soit  ilh  maudis  , 
»   Ki  jà  mais  me  dira  tez  dis , 
»   Car  ne  moi  vienent  pas  à  bel.  » 
Or  maudist  ele  son  lembel. 

105       Or  vos  lairons  chi  de  la  dame  , 
Qui  conte  son  duel  et  son  dame ,  "2 
Si  dirons  après  de  celi 
Ki  ne  volt  faire  bien  por  li. 
Ilh  fu  meneis  à  la  grant  cort , 

110  Où  on  le  fist  tenir  mult  cort  ; 
Se  ilh  ne  sout  rendre  raison , 
On  le  prist  à  poi  d'ocoison. 
Sovent  regratoit  sa  maisnie  , 
Cui  ilh  avoit  suëf  norrie  , 

115  Et  ses  parens  et  ses  amis  , 
Où  il  avoit  son  avoir  mis  , 


'  Ms.  Par  maie  aventure. 
*  Ms.  Son  dampne. 


—  484  — 

Et  si  huce  à  dolente  chière 

Sa  molhier,  qu'il  tant  avoit  chiere; 

Mais  la  dame  est  en  autre  point  : 

120  Unedolors  al  cuer  li  point, 
Ki  le  sorlieve  en  contremont, 
Car  li  doiens  le  resomont, 
Ki  désire  à  mangier  char  crue , 
Ki  n'est  de  paon  ne  de  grue , 

125  Ains  est  des  andoilles  pendans 
Où  li  plusor  sont  atendans. 

La  dame  n'a  mais  de  mort  cure, 
Ains  soi  reblanchoie  et  rescure 
Et  fait  janise  et  molekins 

130  Et  redresse  ses  raverquins 
Et  fait  cos  muscas  acorez 
Et  commence  ses  estinez 
Et  veste  reube  à  remuyers. 
Ausi  con  uns  ostoirs  muiers, 

135  Ki  se  va  par  l'air  enbatant, 
Se  va  la  dame  déportant , 
Mostrant  son  cors  de  rue  en  rue. 
Mult  simplement  les  gens  salue 
Et  les  encline  jusqu'en  terre  ; 

140  Mult  sovent  clout  la  boce  et  serre, 
Or  n'est  ele  pas  perecheuse , 
Dure  ne  aspre  ne  tencheuse, 
Ains  est  plus  dolce  que  canelle , 
Et  plus  tornans  et  plus  isnele 

145   Ke  ne  soit  rute  ne  venvole; 
Avec  les  œlz  li  cuers  s'en  vole. 

Or  vos  ai  dit  de  sa  manière , 
Con  faitement  elle  se  mire; 


—  485  — 

Or  vos  raconterai  briément 

150  Un  petit  de  son  errement. 
Le  lundi  comence  son  œvre; 
Dont  n'encontre  blonde  ne  noire 
K'ele  ne  face  à  li  entendre , 
Por  tant  k'ele  le  vœlhe  atendre. 

155  Mnlt  est  or  ses  corages  liez; 
Ele  l'envoie  en  plusor  liez 
Où.  on  n'a  gaires  de  li  cure. 
La  nuis  n'est  onkes  si  oscure 
Ke  ses  cuer9  ne  voist  en  nuiere , 

160  Et  dist  sovent:  «  Ce  m'est  aviere, 
»  Je  avenrai  bien  à  celui, 
»  Il  a  mult  bial  valet  l  en  lui; 
»  Et  chil  n'aroit  cure  de  mi 
»  S'or  en  parolent  2  mi  ami , 

165   »  Et  chil  autre  ne  m'aroit  cez  , 
»  Il  n'a  mie  valhant  douz  œz; 
»  Chil  est  trop  haus  et  chil  trop  vies, 
»  Je  poroie  bien  faire  miés.  » 
Ensi  toute  nuit  estudie, 

170  Car  ilh  n'est  Ici  li  contredie, 
Et  cant  ce  vient  la  matinée, 
Si  dist  :  «  De  bune  œre  fui  née 
«  Ke  n'ai  mais  privé  ne  estrange 

, 5 

175   »  Ne  brun  ne  blanc  ne  bis  ne  roz; 
»>  Or  est  mes  chenevaus  derous.  » 
Or  n'a  ele  soing  de  lochier , 
Ne  de  plaidier  ne  de  closcier , 
Ains  se  fait  mult  et  clere  et  saine. 

180  Sovent  pour  le  blanchir  se  saine, 
Et  s'ele  a  la  teste  chenue, 

'  Ms.  valez,  leçon  contraire  à  la  grammaire  qui  veut  la  formé  du  régime. 
•  Ms.  enparoleur. 

'  Lacune  d'un  vers. 


—  486   — 

A  mult  envis  la  porte  nue  ; 

Ains  se  fait  sovent  sage  et  simple 

Et  si  remet  avant  sa  guimple 
185   Por  ses  viez  grenes  l  recovrir 

Ki  rasemblent  az  œs  ovrir. 

Or  n'a  ele  soin  g  de  repunre  ; 

Il  ne  l'estœt  mie  semonre, 

S'on  fait  noces,  qu'ele  n'i  soit  ; 
190  Or  n'a  ele  ne  fain  ne  soit, 

Or  ne  li  faut  fors  que  li  rains 

Ki  le  mal  li  cache  des  rains  ; 

Celui  aquiert  bien  et  porcace. 

Ses  enfans  ensus  de  li  chace 
195  Et  bece  ausi  con  la  geline 
Ki  desouz  le  cok  s'ageline. 
Nuitons  devient  ses  eschalcire 
Et  si  fait  chandoiles  de  cire  , 
K'elle  offre  par  us  et  par  nombre, 
200  Ke  Dex  des  enfans  le  descombre 
Et  ke  la  pute  mors  les  prengne. 
«  Por  eus  ne  trui  je  qui  me  prengne  ; 
»  A  !  qui  s'i  oserait  enbattre  !  » 
Dont  se  rêva  à  iauz  conbattre , 
205   Si  fiert  et  grate  et  pice  et  mort 
Et  les  maudist  de  maie  mort. 
Ce  fait  la  dame,  et  plus  aseis; 
Car  s'ele  a  deners  amasseis, 
Volentiers  avec  li  les  porte, 
210  Et  dist  :  «  Uns  lions  devers  la  porte 
»    Me  les  2  paia  dès  huy  matin  ,  »> 
Puis  nome  Tybert  et  Martin, 
Ki  l'en  doient  encore  .vii.  tans , 
Et  si  li  paierout  par  tans, 


1  Ms    grates. 
'  Ms    l.r  mes. 


—  487   — 

215   a  Mon  essient  ains  '  .xv.  dis.  » 
Mult  se  fait  rice  par  ses  dis, 
Et  s'ele  encontre  nouveliere, 
Ki  d'annonchier  soit  costumière, 
Lors  s'acoste  dejoste  ii  , 

220  Et  se  li  dist  :  —  «  Ce  poise  mi , 
»  Ke  ne  sui  auques  vostre  acointe  , 
»  Car  vos  n'esteis  mie  trop  cointe, 
»  Si  vos  ai  grant  picha  amée 
»  Et  si  me  sui  sovent  esrnée 

225   »  D'aler  o  vos  esbanoyer  ; 
»  Il  ne  vos  doit  pas  anoyer 
»  Se  je  parole  un  poi  à  vos  — 
»  Car  vos  deveis  monter  à  nos, 
»  Ce  me  soloit  ma  mère  dire,  — 

230   »  Mais  je  ai  en  mon  cuer  grant  ire 
»  De  mon  sangnour  que  j'ai  perdu  , 
»  Mais  mi  ami  m'ont  deffendu 
»  Ke  je  laisse  mon  duel  ester, 
»  Car  je  n'i  puis  riens  conquester. 

235   »  Certes,  mes  sires  m'iert  mult  bons, 
»  11  me  faisoit  mult  de  mes  bons 
»  Et  de  chauoher  et  de  vestir  ; 
»  Il  m'avoit  fait  jà  ravestir 
»  De  sa  maison  et  de  son  estre. 

240   »  Il  avoit  mult  le  cuer  honeste, 
»   Mais  ilh  n'avoit  point  de  délit 
»   Ke  li  preudome  ont  en  lor  lit  : 
»    Car  cant  mes  sire  astoit  couchiés, 
"   M'ert  ses  eus  en  mon  sainch  2  tichiés, 
245    "    Là  s'endormoit  tote  la  nuit, 
»   Si  n'en  avoi  autre  déduit  ; 


M*    ii  ni. 
Ms .   Saireh 


—  488  — 

»   Ce  nie  devoit  mult  enuier. 
»  Certes,  jà  nel  vos  quier  noier, 

»    Mes  sires  est  d'avoir  sopris 

^50  »  Anchois  que  je  l'ewisse  pris, 
»    Et  j'astoie  une  baiselette 
»   A  une  tenre  marnelette, 
»   Et  vos  astiés  uns  enfanchons 
»   Ausi  petis  eom  uns  pinchons, 

255   »   S'aliés  corant  après  vo  mère, 
»    Ki  à  la  moie  estoit  commère, 
»   S'ame  soit  hui  en  bon  repos  ! 
»   J'ai  asseis  et  pailes  et  pos, 
»   Huges  et  sièges  et  chailis  , 

260  »   Blances  cuetes  et  dras  de  lis, 

»  J'ai  assez  draz  lingnes  et  langues, 

»   Si  ai  encor  de  douz  lanages  : 

»    De  la  grosse,  de  la  menue. 

»   Ma  maisons  n'est  mie  trop  nue, 

»   Ains  i  pert  al  dit  de  tamaint, 

»   Que  preude  femme  et  riche  i  maint 

565   »   Car,  certes,  j'ai  mult  bel  harnais, 
»  Je  ai  encor  tez  .ij.  benaus, 
»   Li  uns  en  fu  fais  al  m'estor, 

270  »    A  l'or  reverseit  tôt  entor  ; 

»    Mes  sires  l'avoit  forment  chier... 
»   Mais  je  n'ai  cure  d'anunchier 
»   Se  j'ai  ce  ke  Dex  m'a  doné. 
»   Vos  conissiez  bien  Deudoné, 

275   »    Et  aussi  faites  vos  Herbert 
»   Et  Balduin ,  le  filh  Gobert  : 
»   Saveis  vos  riens  de  lor  afaire  ? 
»   0  !  n'i  *  veuc  mariage  faire  ; 
»    Mais  c'est  merveilhe  de  la  gent  : 

280   »    On  quide  en  tel  liu  de  l'argent 


Ms.  "  ne  ni. 


—  489  — 

»  Où  'il  n'en  a  mie  pi  en  té, 

»  Li  plusorsunt  mult  endeté  ; 

»  Mais  je  sui  riche  femme  à  force. 

»  On  voit  asseiz  del  fust  l'ascorce  , 

285    »  Mais  on  ne  seit  qu'il  a  dedens  ; 

»  Lor  2  avoirs  va  aussi  ke  vens, 

»  Mais  li  miens  est  bien  apparans, 

»  Je  fai  asseis  de  dras  par  ans, 

»  Et  si  sui  preude  feme  et  sage, 

290   »  S'ai  awant  eu  maint  message 

"  De  plusors  3  qui  sont  ci  parent  : 

»  Li  melhor  en  sont  no  parent. 

»  Enne  connissiez  vos  Gomer  ? 

»  Celui  ose  je  bien  nomer. 

295   »  Por  Gomer  ne  le  di  je  mie, 

»  Mais  je  vos  dirai,  dulce  amie, 

»  L'atrier  me  dist  une  devine, 

»  Ki  me  fist  estendre4  sovine 

»  Et  muchier  parmi  un  chercler  5, 

300  »  Ke  je  aroie  un  jouvencel  : 

»  Car,  certes,  j'ai  mult  bel  avoir 

»  Por  un  bel  jovenciel  avoir. 

»  Dulce  amie,  penseis  de  mi, 

»  S'ilh  y  avoit  nul  vostre  ami 

305   »  Ki  auques  fust  preus  et  seneiz, 

»  Il  seroit  mult  bien  asseneis. 

»  Et  vos,  soies  preus  et  senée, 

»  Car  s'astoi  par  vos  assenée, 

»  Vos  en  ariés  bon  guerredon, 

<  Ms.  Or  p.  où. 

'  Ms.   Lors. 

"  Ms.  plusor  ;  il  faut  un  s  au  cas -régime. 

4  Ms.   estaindre. 

5  La  rime  indique  que  chercler  représente  un  vocable  alléié;  je  corrigerais  volon- 
tiers chercel ,  mais  ce  mot  ne  convient  pas  pour  le  sens  (on  ne  peut  guère  se  cacher  , 
tout  de  son  long,  dans  un  cerceau) ,  à  moins  que  chercel  ne  représente  aussi  quelque 
forme  patoise  du  bas-latin  sarcellus,  cercueil. 


—  490  — 

310  »  Se  Diex  me  face  vrai  pardon. 

»  Mais  je  ne  vos  velh  tant  prometre, 

»  Conques  ne  m'en  soch  entremettre, 

»  Mais  sachiés  mult  bien,  tôt  de  fit, 

"  Se  la  chose  torne  à  profit, 

315   «  Tos  en  sereis  mult  bien  chauchie. 

*  Or  prendez  garde  en  la  chauchie 

»  Et  en  x  essem  et  en  nœf  bore  , 

»  Queis  est  li  fiz  dame  Ginbort 

»  Et  li  fiz  sangnour  Godefroit2  ; 

320  »  Il  se  fist  avant  ier  mult  froit  2, 

»  Cant  on  l'aparla  d'Issabel. 

»  S'ilh  vos  devoit  venir  à  bel, 

»  Je  ne  m'en  départisse  anuit, 

«  Mais  je  crien  qu'il  ne  vous  anuit  : 

325   »  Je  vos  mech  jor  al  diemenche, 

»  Si  sera  avec  vos  Clamence, 

»  S'arons  des  pûmes  et  des  nois 

»  Et  de  cel  bon  vin  de  l'Onois. 

»  Alez  à  Deu,  dame,  mais  ent 

330   »  Revenez  moi  veoir  sovent. 

»  Chil  qui  maint  delez  vo  maison 

»  Me  samble  de  mult  graut  raison  , 

»  Il  m'a  awant  mult  regardée  , 

»  Mais  je  me  sui  mult  bien  gardée 

335   »  Conques  vers  lui  ne  me  tornai. 

»  II  maint  5  uns  preudons  à  Tornai , 

n  Ki  m'appartient  de  par  mon  père, 

»  Si  m'a  parleit  d'un  sien  compère 

»  Ki  est  et  riches  et  manans 

340  »  Et  est  mult  près  de  lui  manans , 


1  J'ai  ajouté  le  premier  en .  pour  compléter  le  ver? 

2  Ces  deux  vers  sont  intervertis  dans  le  manuscrit. 

\1       /  munit 


—  491   — 

»   Mais  il  est  vies,  ce  m'at  on  dit, 
»    Si  l'ai  awant  asseis  maudit  : 
»   Car  foi  que  doi  à  Saint  Linart, 
»    Suer,  je  n'ai  cure  de  vielhart , 

345   »   Et  puis  qu'il  vient  à  la  bescosse 
»   Je  n'ai  cure  de  garbe  scose. 
»   Or  vous  dirai  d'un  mien  parent 
«   Il  ne  maint  mie  chi  parent, 
»   Il  me  volait  rendre  converse.  .  .  . 

350  Celé  le  fiert  à  palme  enverse, 
Et  à  ce  mot  si  s'en  départ , 
Et  celé  s'en  va  d'autre  part , 
Ki  en  maint  liu  le  dist  et  conte. 

Or  en  orés  par  tens  le  conte  , 

355  Con  faitement  la  dame  esploite. 
Car  Golyas  forment  le  coite 
Et  li  maus  dont  ele  est  esprise , 
Qu'ele  en  a  un  sachiet  à  prise. 
Puis  qu'ele  le  tient  en  ses  las  , 

360  II  se  puet  bien  tenir  por  las  : 
S'il  ne  sait  auques  d'enviaus  , 
S'il  n'est  remuans  et  isniaus  , 
Et  s'il  ne  sait  bien  cottener 
Et  bien  froier  et  cropener, 

365   II  iert  al  matin  mal  venus; 
De  ce  ne  li  puet  aidier  nus , 
Qu'il  n'ait  sa  loche  mal  lavée 
Tantost  con  la  dame  iert  levée. 
Or  est  li  cas  batus  en  l'estre, 

370  Or  comence  li  maus  à  naistre 
Et  la  noise  et  li  reprovier. 
»   Nos  avons  chaiens  ,i.  brehier, 


Ms    beseizlce. 


—   19:2  — 

»   Un  defeli,  un  dehuré! 
"    Haï!  corn  Demedex  me  heit, 
375   »   Ki  tant  ou  de  preudomes  chiés, 
»   Et  de  cortois  et  d'ensignés, 
»   Si  pris  un  chaitif  par  nature. 
»   Tôt  chil  aient  malaventure 
»   Qui  m'en  fisent  assenement, 
380   »   Car  ilh  m'ont  mis  en  grant  tormeut. 
»    Il  ne  demande  autre  dangier 
»   Con  de  dormir  et  de  mangier  : 
»    C'est  ses  déduis  et  ses  depors. 
»   Toute  jour  ronke  con  i.  pors; 
385   »   Et  ne  suije  bien  mal  venue, 
»    Cant  ilh  me  sent  delez  li  nue 
»    Et  ilh  se  torne  d'autre  part  ? 
»   A  poi  ke  li  cuers  ne  me  part. 
»    Sire,  ce  ne  faisiés  vos  mie  , 
390  ><   Ains  m'appeliés  très  dulce  amie, 
»    Et  je  vous  appeloie  ami, 
»   Dont  vous  retourniez  devers  mi, 
»    Si  me  baisiés  mult  dolcement 
»   Et  disiés  al  commencement  : 
395    »  »    Ma  bêle  dulce  kastelaine, 

»  »   Con  vos  avez  dulce  l'alaine  !    »  » 
»    Et  chiz  ribauz  me  tient  plus  vil 
»   Ke  le  fumier  de  son  cortilh  ; 
»   Je  ne  le  doi  gaires  amer. 
400  »   Car  fuist  il  ors  ultre  la  mer!  — 
»   Et  chil  respont  à  celé  fois  : 
—  -)   Dame,  vos  astez  en  defois, 
»   Je  vous  aire  mult  envis, 
»   Car  trop  aveis  torbé  ce  vis. 
105    »   On  ne  puet  mies  totans  faire  , 
»   Ce  savez  bien  ,  icel  afaire. 


—  493  — 

»  Quez  dyables  le  feroit  tôt  tans  !  < 

»  En  non  Dieu  ,  je  sui  recreanz  : 

»  Se  vilain  ont  biaz  bues  par  hores, 

410  »  Si  ne  sont  mies  tos  tans  mores; 

»  On  puet  bien  si  destraindre  l'ive, 

»  K'ilh  n'i  a  sève  ne  salive. 

»  Si  m'avez  destraint  et  sachié , 

»  Ke  vos  m'avez  à  mort  jugié 

415   »  Et  ke,  bien  veoir  lepoés, 

»  On  dist  que  je  sui  craventés. 

»  Ce  est  voirs ,  par  sainte  Marie  : 

»  Trop  a  li  hons  la  char  hardie  , 

»  Cui  li  dyables  sy  sorprent, 

420   »  Ke  vielhe  feme  à  enfans  prent , 

»  Car  il  n'iert  jà  .i.  jor  sans  lime  . 

»  Venez  avant ,  ma  dame  grime , 

»  Si  me  paies  les  .xxx.  mars 

»  Ke  me  promesistes  domars 

425   »  Entrosque  je  fesoie  l'euvre 

»  Où  ilh  covient  la  crupe  muevre.  2 

—  »   Aï  »  fait  ele,  «  fouz  cou  vers, 

»  Vous  dewistis  iestre  convers  3 

»  U  rendus  à  une  abeïe  ! 

430  »  Voir,  je  devroi  estre  banie  , 

»  Cant  je  lessai  por  vos  Jehan  , 

»  Ki  a  sa  terre  et  son  ahan  , 

»  Et  Godefroi  et  Balduin , 

»  Et  Gillebert  et  Focuin  , 

435   »  Si  pris  trestot  le  plus  malvais 

»  Ki  soit  d'Orliens  jusqu'à  Bialvais. 

1  II  faul ,  pour  satisfaire  à  la  mesure ,  ou  lire  dyables  en  deux  syllabes  ou  effacer 
le  pronom  le.  Le  dernier  parti  est  le  meilleur,  puisqu'il  faut  lire  dyubles  en  trois  syllabes 
quelques  vers  plus  loin . 

*  Ms.  crupe  mure. 

3  J'ai  lu  convers  dans  le  Ms  ;  je  pense  qu'il  faut  ou  couvers  (cache*)  ou  avers  ou 
cuivers  (perfide)  ou  pervers. 


—  494  — 

»  Tant  m'aveis  tolut  et  emblé  , 
»  Ke  n'ai  mais  avaine  ne  bleiz  ; 
»   Bien  est  ma  maison  escovée. 

440   »   Vous  astez  d'une  orde  covée, 
»   Car  je  conoi  bien  vo  parentes  , 
»    Les  chaitives  et  les  dolen  tes, 
»   Et  yo  serors  et  vos  aintains , 
»   Ki  toutes  sont  ordes  putains; 

445   s  Et  ne  fu  celé  vo  cusine , 
»   Ki  tante  fois  a  jut  sovine  1 
»    Et  out  .xiiii.  en  fan  s  d'un  prestre  '  ? 
»   Vos  ne  deveiz  mies  bons  estre.  »  — 
A  ce  mot  li  preudons  li  saut , 

450  Ilh  ne  dist  mie  «  Dex  vos  saut  », 
Ains  le  saisi  par  ses  linbars  , 
Se  li  doue  des  esclubars  : 
Tant  li  promet  et  tant  li  done  , 
Ke  tous  ses  dis  li  gueredone. 

455  Cant  ilh  l'en  ot  donet  asseis, 
Tant  qu'il  fu  sus  lens  et  lassés , 
La  dame  en  sa  chambre  se  muce 
Tôt  sans  chapel  et  sans  amuce. 
Là  suce  ses  couz  et  repose 

460  Et  dist  sovent  à  chief  de  pose  : 
«  Leres  ,  con  vos  m'aveis  traïe  ! 
»   Or  m'a  Dieu  la  mort  otroïe  , 
»  Et  si  me  mete  en  tele  voie 
»  Où  je  l'ame  mon  sangnour  voie  , 

465   »   Et  ke  la  moie  le  porsiwe 
»   Et  k'ele  soit  avec  la  siwe  » . 
Atant  dcfent  l'uis  à  ovrir, 
Et  si  se  fait  bien  chaut  covrir  , 
Si  fait  faire  des  chaudelés  2, 

Les  premiers  nmis  de  ce?  deux  vers,  h  el  et,  sont  intervertis  dans  le  Ms 
Ma    Et  si  fait  fuite  de  ehaudelhes. 


—  495  — 

470  Des  restons  et  des  wastelés, 
Si  se  banane  tant  et  atempre  , 
Et  main  et  soir,  et  tart  et  tempre, 
Ke  celé  chose  est  trespassée. 
Or  est  garie  et  respassée  ; 

475   Ce  m'est  avis  et  ce  me  samble 
Qu'andoi  sont  revenu  ensemble. 
Tant  k'il  pora  ferir  des  maz , 
Sera  tous  pardonnez  li  maus. 
Or  est  li  biaus  cliaz  rehuchiez  , 

480  Or  n'est  illi  férus  ne  tochiez , 
Ains  est  li  cossins  retorneiz 
Et  li  escames  destorneis  ; 
Or  est  illi  amez  et  servis  , 
Or  a  ilh  tôt  à  son  devis  , 

485   Et  si  vos  di  bien  de  rechief  : 

»  Pitiet  de  cul  trait  leus  de  chief  ». 

Vos  ki  les  femmes  despitiés, 

Por  Deu  vo  pri  et  por  pitié , 

Sovengne  vos  à  icele  hore 

490  K'ele  est  desous  et  vos  desore. 

De  vos  qui  esteis  aduin, 

i 

Ne  soies  de  riens  en  esmai  : 
Li  aduin  ont  melhor  mai 
495  Ke  n'ont  li  félon  conbatant, 

Ki  les  noises  vont  commenchant. 
Gauthiers  li  Lons  dist  en  la  fin 
Ke  chil  n'a  mie  le  quer  fin 
Ki  sa  feme  laidenge  et  koze 
500  Ne  ki  li  demande  autre  kose 
Ke  ses  autres  voisines  font. 
Jà  n'en  vuelh  parler  plus  parfont  2. 

'  Ce  vers  manque  au  manuscrit. 

*  Ms.  ;'ep.  ./«. 


—  496  — 


NOTES  EXPLICATIVES. 


1  Chasloyer,  enseigner,  donner  un  avis. 

2  Osloyer  ,  aller  en  guerre  ou  camper.  Je  traduirai  :  «  N'allons  pas  camper  dans 

un  lieu  dont  personne  ne  revient.  »  C'est,  ce  me  semble ,  un  avis  motivé  par 
les  folles  exclamations  de  la  veuve  ,  qui  appela  la  mort  à  son  secours  pour 
soulager  sou  deuil  et  à  qui  mil  en  a  pris.  Le  Grand  d'Aussy,  dans  son  simulacre 
de  traduction,  rend  ainsi  ces  deux  vers  :  «  Je.  veux  vous  parler  d'une  grande 
bataille  dans  laquelle  tout  le  monde  succombe  à  son  tour.  »  Cela  me  fait 
supposer  qu'il  a  lu  Ke  devons,  etc.,  au  lieu  de  Ne  devons,  ce  qui  en  erfet  rendrait, 
celte  entrée  en  matière  plus  facile  à  comprendre. 
K     Saveis  ,  la  désinence  eis  alterne  dans  mon  Ms.  avec  es. 

8  Pance  sovine,  la  panse  en  l'air  ;  cp.  vv.  298  et  M6. 

9  Siet ,  suit;  forme  insolite  pour  siut ,  sieut.  —  5a  pour  lor;  transition  brusque 

du  rapport  numérique,  transition  familière  aux  trouvères. 

10  o  Ceux  qui  lui  tiennent  de  plus  près.   « 

1 1  Tienenl,  retiennent,  empêchent. 

12  Do  =  dou  ,  du   Ou  bien  serait-ce  une  variété  de  vis  (de  vivre)  ? 
1  i     Vois,  je  marche. 

1 7     «  Que  Dieu  ne  permette  que  je  le  voie  (=  qu'il  m'arrive,  en  ail.  dass  ich  es  erlebe), 

que  je  repasse  par  ce  chemin.   » 
22     Durer,  continuer  d'exister. 
25     Crilier  ;  h  diérétique,  resté  dans  trahir,  envahir. 

28  Rueve  (prononcez  reuvé),  indic.  prés,  de  rouver,  demander,  commander. 

29  Triole  est  un  substantif  omis  dans  les  glossaires  ;  je  n'bésiste  pas  à  le  rapporter 

au  verbe  Irioler  que  je  trouve  dans  Roquefoit  avec  le  sens  de  «  aller  et  venir, 

perdre  son  temps.   »  Quant  à  trioler,  j'y  vois  le  même  radical  qui   a  donné 

delrier  (retarder),  joint  à  un  suffixe  diminutif. 
37     Clugner  est  le  même  mot  que  cligner.  On  trouve  aussi  ciuigner  et  cliner. 
■13     Ramoinent,  deux  vers  plus  bas  ramainent,  ramènent.  Le  présent  moine  de  mener 

est  parfaitement  correct. 
46     Mainenl,  =  lat.  manent,  demeurent 
48     Duez,  nom.  sing.  de  duel,  deuil. 


—  497  — 

53    Asteis,  esteis  (êtes),  astez-,  est  encore  une  forme  courante  dans  les  patois  du  Nord  ; 
elle  se  rapporte  à  l'infinitif  ester  =  stare. 

62  Anrenuef,   nouvel  an  ;  litt.   renouvellement    de  l'année  ;  renuef  est  le  subst. 

verbal  de  renouer.  Je  n'ai  encore  rencontré  le  terme  anrenuef  que  dans  Jean  de 
Condé,  Dit  de  le  mortel  vie,  89  ;  il  manque  aux  glossaires. 

63  Awant,  auparavant,  dans  le  temps,  récemment;  cp.  v.  290. 

64  Encor  suivi  du  subj.,  =  bien  que. 

65  Le  sens  ancien  et  fondamental  de  hicdeus,  hideux  est  «  borrible  »  (pr.  ce  qui 

fait  dresser  les  cheveux).  Le  mot  vient  de  hispidus. 

66  Avertir,  détourner. 

67  L'atryer,  l'autrier,  l'autre  jour. 

73  Je  ne  sais  ce  que  c'est  qu'une  chape  à  piron.  Ce  dernier  mot  serait-il  un  nom 

propre,  de  sorte  qu'il  s'agirait  de  la  «  chape  à  Pierre,  le  voisin  »  ? 

74  Pion,  subst.  verbal  de  plonger,  en  picard  plonquer. 

81  Soing,  sein.  Au  v.  244  nous  aurons  la  forme  sainch. 

82  «  Et  cette  circonstance  me  donnait  également  à  réfléchir.   »  Assiet,  subst.  verbal 

de  asseoir,  donc  action  de  s'asseoir. 

85  Runement,  murmure,  du  verbe  runer. 

86  Li  conseil  est  un  nominatif  pluriel. 

87  Vechien,  voisin,  it.  vicino  ,  esp.  vecino. 
94     Tenir  en  pais  ,  se  tenir  tranquille  ,  se  taire. 
98    Faire  chieres,  faire  des  mines. 

104    Je  ne  sais  ce  qu'il  faut  entendre  par  lernbel. 

107  Ce  passage  m'embarrasse  fort;  quel  est  le  malheureux  dont  il  va  être  question  et 
«  ki  ne  volt  faire  bien  por  li?  »  Rien  ne  l'indique  et  l'on  ne  devine  pas  comment 
il  se  rattache  à  notre  histoire.  Le  Grand  d'Aussy,  dans  son  analyse,  ne  touche 
pas  d'une  syllabe  à  cet  épisode  ,  qui  pourrait  bien  s'être  glissé  par  mégarde  dans 
le  contexte  de  notre  manuscrit.  —  Serait-il  question  de  la  manière  dont  le 
mari,  si  chaudement  pleuré,  était  traité  de  son  vivant?  Plusieurs  petits  traits  du 
récit  rendent  cette  conjecture  peu  plausible. 

107  Celi.  «  Vers  le  milieu  du  XIIIe  siècle,  dit  Burguy  (1  ,  155),  on  commence  à  voir 
introduire  cheli  pour  chelui.  » 

112    A  poi  d'ocoison  ,  pour  le  moindre  motif. 

126     Atendre  à  ,  rechercher. 

129  Janise  (ou  jainse?)  m'est  inconnu;  molehin  s'appelait  la  fine  étoffe  de   toile 

dont  on   faisait  les  vêtements  légers,  puis,  par  extension,  les  robes  faites  de 
cette  étoffe.  Delà  les  mots  mulquinier ,  midquinerie. 

130  et  suiv.  Raverguins,  cosmuscas  acorez,  estinez(ou  eslivez),  remuyers  sont  pour 

moi  des  termes  inintelligibles,  sur  lesquels  j'appelle  l'attention  des  lexicographes. 

134     Ostoirs  muiers  ,  autour  qui  a  passé  la  mue. 

142     Tencheuse  ,  querelleuse. 

145  Ce  vers  reste  également  à  expliquer.  Rute  et  renvoie  servent  de  termes  de  com- 
paraison à  l'attitude  dégagée  ,  aux  mouvements  vifs  et  fringants  de  la  jeune 
XXIX  XXII  31 


—  498   — 

veuve  ;  sont-ce  des  plantes,  des  animaux  ?  Venvole  ne  m'est  connu  que  comme 
exprimant  «  chose  sans  valeur  »  ;  Renart,  I,  v.  3909-10  : 
Et  que  il  tient  tout  à  vanvole 
Certes  son  dit  et  sa  parole. 

146  L'Allemand  dit:  «  Aus  den  Augen ,  aus  dem  Sinne.  >»  Loin  des  yeux,  loin  du 
cœur.  _  ,,  Qui  procul  ex  ocnlis  ,   procul  est  a  limine  mentis.  » 

148  Se  mirer  ,  ici  —  prendre  soin  de  sa  personne,  pour  paraître  sous  les  aspects  les 
avantageux. 

156  Je  corrige  ici ,  au  profit  du  sens  et  de  la  mesure,  Et  l'envoie  en  Ele  l'envoie. 
Ce  liez ,  qui  semble  mis  ici  pour  lieux ,  est  fort  étrange.  Lieux  ne  peut  en 
aucune  manière  prendre  la  forme  liez  ;  ce  mot  représente  donc  le  pluriel  de 
let,  côté,  sous  une  forme  diplithonguée  que  je  ne  me  souviens  pas  d'avoir 
jamais  rencontrée  ailleurs.  «  Elle  fait  promener  son  cœur  de  tous  les  cotés, 
s'arrêtant  tantôt  à  Paul,  tantôt  à  Pierre.  » 

159  Je  ne  comprends  pas  l'expression  en  nuiere. 

160  C'est  aviere ,  =  c'est  avéré.   Aviere    paraît  être  ,  comme  délivre,  un  de  ces 

adjectifs  radicaux  dégagés  de  verbes  de  la  première  conjugaison  dont  la  langue 
italienne  est  particulièrement  riche.  Je  ne  l'ai  encore  rencontré  que  dans  Philippe 
Mouskès,  compatriote  de  Gauthier  Le  Long,  où  je  trouve  au  v.  10,805  :  ce 
m'est  aviere. 

161  Tournure  bien  connue  de  l'ancienne  langue  pour  dire  :  «  C'est  un  beau  garçon.  » 

Voy.  Dits  de  Baudouin  et  de  Jean  de  Condé  ,  t.  II,  ma  noie,  p.  409,  v.  34. 

164  Et  quant  à  celui-là ,  il  n'aurait  souci  de  moi,  si  mes  amis  allaient  lui  en  souffler  mot. 

165  Ne  m'arait  œz  ,  ne  me  serait  pas  nécessaire,  ne  me  conviendrait  pas. 

176  «  Voilà  tout  mon  tissu  de  projets  rompu.  »  Chenevaus ,  auj.  canevas. 

177  «  Dès  lors  elle  se  soucie  fort  peu  de  réfléchir  sur  le  pour  et  le  contre.  »  Lochier  , 

être  ébranlé ,  hésiter. 

179  «  Mais  elle  s'empresse  de  se  rendre  aussi  fraîche  et  séduisante  que  possible.  » 

180  «  Souvent  toutefois  elle   se  tourmente  (lit t.  elle  fait  le  signe  de  la  croix)  sur  ce 

que  ses  cheveux  commencent  à  grisonner.  » 

184  Guimple ,  morceau  d'étoffe  dont  les  femmes  se  couvraient  la  tête  et  dont  elles 

se  servaient  quelquefois ,  comme  aujourd'hui ,  de  voiles. 

185  Grenes ,  voy.  ma  note  du  Glossaire  de  Lille,  p.  9. 

186  Ce  vers  reste  obscur.  «  Qui  frappent  la  vue  du  premier  regard  *  ? 

187  Repunre ,  sens  neutre  ,  se  cacher ,  se  tenir  à  l'écart. 
191-2  «  Que  le  rameau  qui  lui  chasse  le  mal  de  ses  reins.  » 
193     Aquerre,  ici  =  requerre. 

195  Bechier  signifie  d'ordinaire  becqueter  ;  je  ne  sais  si  ce  sens  convient  ici. 

197  J'attends  d'autrui  les  éclaircissements  sur  le  sens  de  ce  vers. 

205  Pice  ,  de  picliier ,  piquer. 

215  Par  tans,  bientôt,  cp.  v.  354. 

21"  Nouveliere  ,  une  caucannière. 

220  Ce  discours  est  plein  de  naturel,  de  vie  et  de  mouvement. 


—  499  — 

221  Cointe,  fier,  hautain. 

224  S'esmer,  avoir  envie. 

225  Esbanoyer ,  s'amuser,  et  particulièrement  «  faire  un  tour  de  promenade.  » 
229  «  Car  vous  devez,  au  dire  de  ma  mère,  être  un  peu  de  la  famille.  »  Monter  à, 

n'a  pas  d'autre  sens  ici.  Il  est  synonyme  Appartenir,  qui  vient  plus  bas,  v.  337. 
Voy.  aussi  v.  10. 
232     De /fendre  ,  ici  =  ordonner.  —  237.  Mes  bons,  mes  caprices. 

237  Chaucher  (chausser),  fournir  de  vêtements,  synonyme  de  vestir  ;  ep.  v.  315. 

238  «  Il  m'avait  déjà  mis  en  possession...  » 

249    Estre  d'avoir  sopris  est  une  curieuse  expression  p.  possédait  de  la  fortune. 
251     Baiseletle  ,  fillette. 

258  Pailes  signifie  ici ,  à  ce  qu'il  me  semble ,  non  pas  des  tissus  de  drap  ou  des  cou- 

vertures, mais  des  poêles  de  cuisine ,  et  répond  ainsi  non  pas  kpallium,  mais 
à  palella.  Ce  dernier  type  a  d'abord  fait  paële  (paesle),  puis  par  contraction 
paile;  ep.  catena  ,  chaëne  ,  chaîne.  La  conversion  enfin  de  ai  en  oi ,  adonné 
tant  pour  paile  =  pallium ,  que  pour  paile  =putella,  le  mot  moderne  poêle. 

259  Chailit  de  chaëlit ,   chaalit ,  comme  paile  de  paële  ;  auj.  châlit ,  voy.  mon 

Dictionnaire  d'étymologie. 

260  Cuele  (prononcez  keute) ,  ailleurs  coûte,  kieute ,  etc.,  matelas,  lit  de  plume. 
262    De  deux  sortes  de  laine. 

267  Harnais  parait  s'appliquer  ici  à  tout  l'ameublement  de  la  maison. 

268  Benaus  de  benal ,  benel ,  diminutif  de  benne  ,  banne  ,  mot  appliqué  à  différents 

meubles  destinés  à  renfermer  des  objets  :  panier  ,  vase  à  mesurer  ,  botte  , 
tombereau  Je  ne  sais  pas  à  quel  objet  la  veuve  fait  ici  allusion  ;  il  devait  être 
précieux  puisqu'il  était  garni  (bordé  ou  doublé)  d'or  tout  autour.  —  Notez  ici 
la  mauvaise  rime  harnais  :  benaus. 

269  Al  m'est  or  ,  à  mon  installation  ;  c'est  le  seul  sens  que  je  puisse  trouver  à  ces 

mots  ;  mais  comment  estor,  subst.  verbal  de  estorer  (instaurare),  se  trouve-t-il 
employé  comme  féminin  ? 
272    Tout  en  protestant  qu'elle  ne  tient  pas  à  vanter  ses  richesses  ,  elle  le  fait  avec 

une  intention  bien  marquée  qui  n'échappait  pas  à  la  commère. 
284-    Ascorce,  écorce;  as  p.  es,  :  comme  astez  p.  estez. — Pour  la  pensée,  cp.  Scarron: 
On  juge  du  bois  par  l'écorce 
Et  du  dedans  par  le  dehors. 

291  Ci  parent,  voy.  pi.  loin,  v.  348. 

292  No  parent  (nos  égaux) ,   de  notre  taille  (sous  le  rapport  de  la  fortune),  ou  ,  ce 

qui  est  plus  probable  ,  de  notre  âge. 
295    La  veuve  excepte  Gomer  du  nombre  de  ceux  qui  lui  ont  fait  des  propositions  (v.  290.) 

306  Assenei  ,  établi ,  marié. 

307  «  Et  vous,  mettez-y  toute  votre  bienveillance  à  mon  égard  et  votre  intelligence.  » 
Cette   répétition    des   mêmes  adjectifs ,  employés    deux    vers    plus    haut ,   fait 

mauvais  effet. 
311      Tant  équivaut  ici  à  tant  seulement. 


—  500  — 

312     «  Car  je  n'ai  jamais  su  en  agir  ainsi  »  (c.-à-d.  promettre  pour  ne  pas  tenir). 

316  et  ss.  La  veuve  signale  à  sa  commère  quelques  noms  qu'elle  recommande  parti- 
culièrement à  son  attention  et  dont  elle  indique,  à  ce  qu'il  paraît,  la  demeure, 
par  les  mots  en  la  chauchie  (chaussée)  et  les  autres  qui  suivent.  Je  renonce 
à  faire  le  commentaire  de  ces  derniers. 

320  Cette  froideur  envers  Isabelle  de  la  part  du  «  fils  à  M.  Godefroit  »  a  pour  la 
veuve  de  l'importance,  comme  on  pense  bien.  —  Sentant  qu'elle  a  déjà  fait 
assez  de  confidences ,  celle-ci  a  l'air  de  cesser  ici  son  entretien  et  de  ren- 
voyer sa  commère  au  dimanche;  mais  au  moment  de  le  faire  (au  v.  331),  il 
lui  vient  une  nouvelle  idée,  qui  la  fait  déborder  de  nouveau. 

325  Voy.  pour  la  forme  diemenche  ,  mon  Diciionnaire  d'étymologie. 

326  Je  n'ai  pas  connaissance  de  ce  bon  vin  de  l'Aunois, 

320  Alez  à  Dieu  (avec  Dieu)  ,  formule  variée  de  à  Dieu  vos  cornant.  —  Cet  ent 
(=  en)  ;  placé  à  la  fin  du  vers,  constitue  un  enjambement  peu  gracieux. 

3 15  Bescosse  se  trouve ,  dans  le  glossaire  de  Barbazan  (d'où  il  a  passé  dans  celui  de 
Roquefort),  traduit  par  secousse  ,  agitation.  Cette  signification  convient  par- 
faitement ici,  prise  dans  un  sens  obscène. 

346     Garbe  scose  (ou  escosse),  gerbe  dont  on  a  fait  sortir  le  grain  et  dont  il  ne  reste 
que  la  paille.  Cp.  Philippe  Mouskès ,  5466  : 
Mi  chevalier  de  prime  baibe 
Si  n'ont  cure  tfescouse  barbe  ', 
c.-à-d.  ils  ne  se  contentent  pas  d'une  gerbe  secouée,  d'une  gerbe  de  paille. 
Barbe  p.  gerbe  se  trouve  dans  les  locutions  bien  connues  barbe  de  paille  ou 
barbe  de  feurre. 

348  Où  parent,  dans  ces  parages,  voy.  ma  note  ,  Dit  du  lévrier  de  Jean  de  Condé, 

v.  1347. 

349  La  commère,  impatientée  de  ces  bordées  de  confidences,  lève  tout  à  coup  le  pied, 

sans  même  laisser  à  son  interlocutrice  le  temps  d'achever  sa  phrase. 

350  «  Du  dos  de  la  main  ». 

356    Le  sens  de  celte  locution  proverbiale  est  facile  à  saisir;  je  n'avais,   cependant, 

pas  encore  rencontré  le  géant  Goliath  ,  grâce  à  sa  parenté  onomastique  avec 

goulu.  Goliafre  personnifie  la  concupiscence  charnelle. 
361     Enviaus  (de  enviai),  provocations,  agaceries.  Voy.  Baud.  de  Condé  ,  p.  425. 
363     Collener  (peut-être  faut-il  lire  colrener),  s'approcher  charnellement,  vient  sans  doute 

de  coule  ,  keute  (=  culcila)  ou  de  contre  (=culcitra).  Hécarl  donne  cotronner. 

Les  deux  verbes  qui  suivent  sont  des  synonymes.  Pour  cropener  ,  cp.  v.  426. 
367     J'attends  un  inlci prête  pour  ce  vers,  dont  le  sens  précis  m'échappe. 

372  Brehier  m'est  inconnu;  c'est  sans  doute  une  forme  Yariée  de  brehain  ,  impuissant. 

373  Undefeû,   un  défunt  (defunclus  ,   qui  a  cessé  de   fonctionner).    Le  mot  est   un 

composé   de  feu   (d'où  notre   adj.   feu) ,   mort  ,  sur   l'élymologie   duqui-l   je 


1  M    du  Reiffenberg  a  bien  mal  compris  ce  passage  en  l'interprétant  ainsi  :  Barbe  secouée:   «  Qui  ne 
se  font  pas  prier  pour  secouer  la  barbe  à  quelqu'un  ,  c'est-a-dire  hardis  ,  perillens.  >< 


—  501  — 

renvoie  au  Dictionnaire  de  Littré.  (Ce  savant  philologue  aurait  pu  citer  encore 

l'expression    durfeil  ,    malheureux  ,    que    je    trouve    dans  le   lai  de  l'Oiselet 

(Barbazan,   111,    p.  126),   et    qui    prouve    en    faveur   du    primitif  fuîulus). 

Defeil  p.    défunt  est  aussi  consigné  dans  le  glossaire  du  comte  Jaubert.  — 

Uehurè   m'est  inconnu.    Serait-ce   un  composé  de  de  +  eiiré,  malheureux  ,  la 

lettre  h  servant  simplement  de  signe  diététique? 
375     Chiés  est  inexplicable.   Le  vers  exprime  :    «  qui  ai  refusé  ou  laissé  passer  tant 

de  beaux  partis  ». 
379     «  Qui  me  l'ont  indiqué  et  proposé  pour  mari  ». 
381     Dangier  a  ici  un  sens  extraordinaire,  déduit  de  celui  de  garde,  protection  ,  savoir  : 

«  soins,  égards  ». 
384     Ronker  p.  ronfler  est  nouveau  pour  moi.   Roquefort  a  rouchier ,  et  le  glossaire 

montois  de  M.  Sigart  donne  roukler,  qui  reproduit  le  flam.  rockelen,  ail.  rôcheln. 
400     Ors  ,  hors  ,  dehors. 
402    Eslre  en  defois  signifie  d'ordinaire  :  être  interdit,  défendu  ;  mais  ici  le  sens  ne  s'y 

accommode  pas.  Celui-ci  paraît  être  «  vous  êtes  dans  votre  tort  ». 
408     Un  recréant  est  celui  qui  n'en  peut  plus. 
410    Je  ne  saisis  pas  le  sens  de  mores. 
410    Ive,  jument,  du  latin  equa. 

421  Lime ,  chose  qui  ronge,  chagrin  ;  cette  application  métaphorique  du  mot  lime  se 

rencontre  aussi  dans  l'italien  lima. 

422  Grime,  chagrine ,  irritée.   Cet  adjectif  manque  ,  avec  cette  signification,    dans 

les  glossaires  français.  Nous  le  trouvons  dans  les  troubadours  avec  le  même 
sens,  ainsi  que  les  dérivés  grimât;  grinar,  grinena,  grinos.  Pour  son  étymo- 
logie,  voy.  mon  Dictionnaire.  Littré  ne  connaît  pas  notre  grim  comme  un  ancien 
adjectif  de  la  langue  ;  Diez  n'en  fait  pas  mention  non  plus. 

424     Domars ,  variété  de  demars    dimars ,  dies  Martis,  mardi. 

432  Alian,  peine,  labeur,  —  labour,  —  terre  de  labour,  champ.  Voy.  l'article 
ahanz,  dans  le  Dictionnaire  wallon  de  M.  Grandgagnage. 

439  Escover ,  balayer;  bas-latin  scopare  ,  de  scopae ,  menues  branches ,  d'où  le  vfr. 
escouve  ,  qui  a  laissé  les  diminutifs  écouvette  et  écouuillon. 

449  Li  saut,  s'élance  sur  elle;  cette  locution  salir  à  est  fréquente,  cp.  Jean   de 

Condé,  Lévrier  973  :  A  lui  viennent  et  chius  lor  saut  (cp.  v.  998 ,  Et  il  lor 
lance  enmi  les  vis). 

450  Limbars  m'est  inconnu  ;  c'est  sans   doute  quelque  dérivé  de  limbus  ,  bordure, 

lisière  ,  bandeaux? 

451  Esclubars  constitue  encore  une  nouvelle  acquisition  pour  un  futur  dictionnaire  de 

la  langue  romane.  Sa  signification  se  présente  d'elle-même.  Quant  à  son 
origine,  on  serait  tenté  de  mettre  en  avant  le  flam.  kloppen  ,  ail.  kloppen. 

456  5ms  semble  être  p.  sous  et  le  nom.  sing.  de  soûl,  forme  conlracte  de  saoul, 
rassasié.  Ou  est-ce  l'adv.  sus ,  dessus  ,  à  expliquer  par  «  à  faire  cette  opéra- 
tion ?  »  —  Lens ,  lent,  qui  se  ralentit  par  suite  de  faiigue. 

460    A  chief  de  pose  ,  après  s'être  reposée. 


—  502  — 

463     La  pauvre  femme,  abîmée  d'humiliations,  appelle  la  mort  pour  aller  rejoindre  son 

premier  mari. 
466     La  forme  siwe  (p.  seue ,  sieue ,  soue ,  soie)   paraît  être  particulière  à  l'idiome 
de  Tournai  ;  elle  se  produit  dans  une  charte  de  Tournai  de  1230,  insérée  au 

tome  II  de  la  Chronique  de  Ph    Mouskès. 

469  Chaudelet  ,    «  échaudé ,  biscuit,   gâteau  plat  et  sans   œufs  »  (Roquefort).   Les 

dictionnaires  de  Bescherelle  et   de  Littré  donnent   le    mot  avec   l'orthographe 
chaudelait,  défini  par  «  espèce  de  gâteau  composé  de  lait  ,  de  farine  et  d'anis.  » 

470  Reslon,   raton,   crêpe.    A  Mons  on  dit  aussi  reton.  —  Wastelet ,   diminutif  de 

wastel ,  gâteau. 
47"     Ferir  de  maz  n'est  pas  clair.  —  La  paix  revient  au  ménage  ;  la  femme  redouble 
d'attentions. 

486  Je  ne  saisis  pas  le  sens  de  ce  dicton. 

487  La  moralité  qui  suit  perd  de  vue  la  première   partie  du  fabliau,  qui  nous  pré- 

sente la  veuve  inconsolable  et  si  tôt  consolée  ;  elle  ne  se  rapporte  qu'au  dernier 
tableau,  en  prêchant  aux  maris  la  pitié  pour  les  faiblesses  de  leurs  épouses. 

491     Aduin  (prononcez  adouin)  est  un  mot  inconnu;  il  paraît  signifier  :  doux,  pacifique. 

594    Mai ,  bon  temps ,  plaisir. 


L'ENCEINTE  ACTUELLE  DE  'CONGRES 

A-T-ELLE  UNE  ORIGINE  ROMAINE? 


NOTICE 

PAR   M.    LE   CHEVALIER   C.    DE    BORMAN  , 

MEMBRE    CORRESPONDANT   A    SCHALKHOYEN. 


Cette  question  a  été  résolue  affirmativement  par  la  plupart  de 
nos  archéologues  qui ,  comme  on  sait ,  assignent  à  la  ville  trois 
enceintes  différentes,  remontant  toutes  trois  au  temps  des  Romains*. 

D'après  ces  écrivains,  les  murs  qui  renferment  les  remparts 
actuels  auraient  été  construits  et  reconstruits  à  différentes  époques 
sur  des  substructions  ou  des  soubassements,  dont  l'origine  romaine, 
disent-ils,  ne  saurait  être  révoquée  en  doute;  de  façon  qu'en  aucun 
temps  la  ville  de  Tongres  ne  se  serait  étendue  au-delà  des  limites 
que  nous  lui  connaissons  aujourd'hui.  Quant  à  la  troisième  enceinte, 
celle  qui  s'élève  dans  les  champs  d'alentour  et  dont  l'impérissable 
solidité  semble  défier  les  hommes  et  le  temps ,  elle  servait ,  nous 
dit-on ,   «   indépendamment  de  sa  destination  de  première  ligne  de 

1  Parmi  ces  archéologues  on  range  à  tort  feu  notre  savant  confrère  A.-G.-B.  Schayes. 
Tout  ce  qu'il  a  dit  des  murs  de  Tongres  ne  se  rapporte  évidemment  qu'à  l'enceinte 
extérieure. 

Commissaires  rapporteurs:  MM.  H.  Schuermans  et  le  chevalier  L.  de  Burbure. 


—  504  — 

défense,  à  abriter  et  à  protéger  la  population  des  campagnes  qui 
venait  s'y  réfugier  lois  de  l'apparition  de  l'ennemi.    » 

Cette  circonstance  anormale  d'une  triple  ou,  pour  mieux  dire, 
d'une  double  enceinte  (le  castellum?  ne  paraissant  avoir  été 
qu'une  espèce  de  fort  intérieur)  ,  l'explication  tant  soit  peu  singu- 
lière qu'on  en  donnait  et  surtout  la  différence  essentielle  qui 
caractérise  les  deux  enceintes ,  puisque  l'une  s'élève  sur  le  sol 
primitif,  tandis  que  l'autre  est  construite  sur  un  rempart  de  terre 
muni  d'un  fossé,  ces  motifs,  dis-je,  m'avaient  depuis  longtemps 
fait  concevoir  des  doutes  sur  la  prétendue  antiquité  des  remparts 
de  Tongres ,  doutes  qui  ne  furent  point  dissipés  par  l'inspection 
que  je  fis  à  diverses  reprises  de  ces  murs ,  entre  les  portes  de 
Liège  et  de  St-Trond ,  c'est-à-dire  aux  endroits  mêmes  où  l'on 
prétendait  retrouver  les  caractères  les  plus  anciens. 

J'acquis  bientôt  la  conviction  que  si  l'antiquité  de  la  grande 
enceinte  restait  inattaquable ,  l'origine  de  la  seconde  ne  pouvait 
remonter  au-delà  du  moyen  âge ,  voire  môme  qu'elle  ne  dépassait 
pas  le  XIIIe  siècle. 

Je  ne  nie  pas  qu'on  y  trouve  des  vestiges  nombreux  de  matériaux 
beaucoup  plus  anciens  :  mais  c'est  précisément  parce  que  les  murs 
de  Tongres  contiennent  des  fragments  de  ciment  ,  de  tuf ,  de 
tuiles  à  rebords  et  autres  débris  de  constructions  romaines,  que 
j'affirme  qu'ils  n'ont  pas  été  bâtis  par  les  successeurs  de  César. 
Jamais  le  peuple-roi  ne  se  fût  avisé  d'édifier  les  remparts  d'une 
cité  avec  de  vieux  matériaux  pris  dans  les  décombres. 

Le  moyen  âge,  au  contraire,  n'y  regardait  pas  de  si  près  ;  le 
numéraire  était  rare,  les  transports  onéreux;  on  s'emparait  des 
éléments  que  l'on  trouvait  sous  la  main.  Témoin  la  lourde  Vliermacl, 
le  chœur  de  la  vieille  église  de  Guygovcn,  le  château  de  Colmont, 
etc.,  constructions  datant  du  Xe  au  XIIe  siècle,  où  la  tuile  romaine 
ramassée  dans  les  champs  voisins  et  employée,  faute  de  mieux,  s'est 
conservée   parfaitement   reconnaissable.   Mais   pourquoi   chercher 


—  505  — 

ailleurs  des  exemples  :  les  murs  de  Tongres  eux-mêmes  n'ont-ils 
pas  été  reconstruits  en  1499  4  avec  les  pierres  provenant  des 
démolitions  de  Golmont  ? 

Qui  donc  oserait,  après  cela,  affirmer  que  pour  bâtir  ces  mêmes 
murs  au  XIIe  ou  au  XIIIe  siècle  on  n'ait  pas  démoli  des  fragments 
considérables  de  la  grande  enceinte.  Cette  supposition  si  naturelle 
expliquerait  mieux  que  toute  autre  la  similitude  des  ciments  analysés. 

Au  surplus,  je  ne  me  suis  pas  proposé  d'entamer  une  discussion 
en  règle ,  mon  but  est  uniquement  de  produire  un  document  qui , 
s'il  ne  tranche  pas  la  question,  sera  au  moins  de  nature  à  ébranler 
la  conviction  si  absolue  de  mes  adversaires.  Il  en  résulte  à  l'évi- 
dence que  le  fossé  qui  s'étend  entre  les  portes  de  St-Trond  et  de 
Coninxheim  n'a  été  creusé  qu'en  14-47  ou  environ2,  et  qu'aupa- 
ravant il  y  avait  à  sa  place  des  maisons  et  des  jardins.  Cette  pièce  , 
qui  intéresse  encore  à  d'autres  titres ,  est  tirée  du  cartulaire  des 
chanoines  réguliers  de  Tongres,  gros  in-folio  copié  en  l'an  1558 
sur  un  volume  plus  ancien  et  offrant ,  par  conséquent ,  tous  les 
caractères  désirables  d'authenticité. 

Avant  d'en  mettre  le  texte  sous  les  yeux  de  mes  lecteurs ,  je  ne 
crois  pas  inutile  d'en  donner  une  analyse  succincte. 

Les  chanoines  réguliers  de  l'ordre  de  St-Augustin ,  établis  à 
Tongres  depuis  une  vingtaine  d'années  seulement,  y  avaient  si  bien 
prospéré  qu'ils  s'étaient  trouvés  en  mesure  d'avancer  à  la  ville  une 


1  Voir  mon  Histoire  du  château  de  Colmont  ,  p.  30.  Une  copie  du  registre  aux 
plébiscites  place  ce  fait  en  1509  ,  mais  le  registre  original  porte  :  Op  den  lesten  dag 
van  meye  Aa  xcix. 

-  M.  Driesen  sera  bien  embarrassé  de  justifier  son  assertion  ,  lui  qui  écrivait  en  1860  : 
«  Les  fossés  de  la  ville  de  Tongres,  comblés  aujourd'hui  en  partie  et  destinés  à 
»  disparaître  dans  un  avenir  prochain ,  sont  sans  contredit  le  plus  ancien  vestige  de 
»  l'antique  Atuatuca.  Les  assises  des  murs  qui  les  dominent  sont  évidemment  de 
»  construction  romaine;  mais  les  fossés  eux-mêmes  remontent  plus  haut,  puisque 
»  Sabinus  et  Cotta  trouvèrent  tout  fait  le  camp  d'Atuatuca  qu'ils  se  contentèrent 
»  probablement  de  fortifier  davantage.  » 


—  506  — 

somme  de  cent  postulats  destinés  à  parfaire  un  capital  de  quatre 
cents  florins  du  Rhin,  que  la  ville  devait  à  l'évèque  de  Liège.  De 
plus,  ils  avaient  cédé  à  la  ville  tous  les  droits  et  avantages  qu'ils 
retiraient  d'une  propriété  située  juste  à  côté  de  la  porte  de 
St-Trond ,  à  gauche  en  sortant,  où  se  trouvait  autrefois  la  maison 
d'un  certain  Tilman  Cockarts  et  qui  était  indispensable  à  l'achè- 
vement du  nouveau  fossé  ;  enfin  ils  avaient  renoncé,  au  profit  de 
la  ville ,  à  une  petite  rente  hypothéquée  sur  un  jardin  situé  entre 
les  portes  de  St-Trond  et  de  Goninxheim  et  converti  récemment 
en  nouveau  fossé. 

En  retour  de  ces  avantages  la  ville  dut  leur  faire  aussi  quelques 
concessions.  D'abord,  elle  leur  céda  le  terrain  situé  entre  les  murs 
et  le  fossé  de  la  ville  depuis  la  Porte  de  pierre  ou  de  Goninxheim, 
Steynre  poort,  jusqu'au  Jaer,  ainsi  que  le  rempart  intérieur, 
avec  la  condition  expresse  qu'ils  ne  pourraient  pratiquer  dans  les 
murs  ou  les  remparts  aucune  porte,  ni  ouverture  quelconque.  En 
second  lieu,  elle  exempta  les  réguliers  de  l'établissement  d'une 
roue  hydraulique  destinée  à  conduire,  par  tuyaux,  les  eaux  du  Jaer 
dans  la  ville.  Enfin,  il  fut  stipulé  que  si  la  régence  menait  à  bonne 
fin  le  projet  qu'elle  avait  d'amener  en  ville  les  eaux  de  quelque 
fontaine  située  aux  environs  ,  le  couvent  contribuerait  dans  la 
dépense  pour  une  somme  de  quarante  florins  du  Rhin ,  mais  qu'il 
aurait  le  droit  de  faire  à  la  conduite  une  prise  d'eau,  par  des 
tuyaux  dont  le  diamètre  intérieur  ne  pourrait  excéder  celui  du  petit 
scel  de  la  ville. 


—  507  — 

ANNEXE. 

In  den  naem  Gods,  Amen.  Wy  borghemeisteren  ende  gesworen  raet  ende  allen 
die  gemeynten  der  stadt  van  Tongren  gemeynlick  doen  condt  ende  kenlick  allen 
lueden ,  daer  toe  tuyghen  ende  gestaen  vermits  desen  openen  onse  lettren  ,  dat 
wy  om  der  minlicker  gonsten  wille  op  dese  lyt  ons  geschiet  vermits  den  eerbaren 
Religiosen  des  cloesters  ende  godshuys  van  der  regulieren  onser  stadt ,  als  van 
der  summen  van  hondert  postulatus  gulden,  die  wy  bekennen  ontfaen  ende 
bekeert  le  hebben  in  die  summe  van  vier  hondert  rynsgulden  ,  die  wy  sint 
Jansmisse  neest  voorleden  sculdich  waren  te  betalen  onsen  lieven  genedighen 
heer  van  Luydick ,  ende  overmits  dat  sy  ons  verleent  ende  gegeven  liebben  allen 
alsulcke  bâte  als  sy  hebbende  waren  aen  die  plaetse  ende  hoefken  buyten  ende 
neven  cruysport  ter  slincker  liant  gelegen  als  men  ter  vorschr.  porten  wtgaet , 
daer  Tilman  Cokarts  woense  opstonde ,  ons  ende  onser  stadt  zeer  grootelick 
dienende  om  den  nuwen  grave  die  daer  neven  begonnen  was  te  volmakene , 
ende  noch  meer  overmits  dat  sy  te  weten  die  selve  religiose  heeren  des  cloesters 
der  Regulieren  voersc.  ons  ende  onse  stadt  vorsc.  quyt  gescolden  hebben  ten 
ewighen  daghen  alsulcke  vier  penninghen  ceis  end  eij  capuynen  die  wy  bon  jarlix 
sculdich  waren  van  eynre  plaelsen ,  die  eens  eynen  hoff  te  wesen  plach ,  gelegen 
tusschen  die  voersc.  Cruysport  ende  Stynreport  onser  stadt,  die  nu  bekeert  is 
in  den  niuiven  graven  neestvoerscreven.  Daerom  ende  oeck  om  lions  goets  innich 
ende  devoet  gebets  wille  ,  dat  sy  daegelix  doende  syn  voer  ons  ende  int  gemeyn 
voer  allen  kerstenheyt,  soe  bekennen  wy  voer  ons  ende  onse  nacomelingen  hon 
ende  honnen  nacomelingen  wederom  verleent  ende  gegeven  te  hebben ,  alnoch 
verlenen  ende  gheven  peyselick  ende  vredelick  te  hebbene ,  te  besittene ,  te 
bantplichten  ende  te  gebruycken  ten  ewighen  daghen  alsulcke  plaetse  als 
gelegen  is  buyten  Miser  stadt  muere,  alrenaest  hons  cloesters  voersc,  te  weten 
tusschen  die  moer  ende  dat  water  van  onser  stadt  grave  gelegen  tusschen 
steynreport  vorscreven  ende  Velinx  torn ,  comende  tôt  aen  die  Jecker  metten 
ghange  ende  walle  binnen  des  selven  moers  reyckende  ende  streckende  van 
Steynreporten  doere  Velinx  toren  vorscreven  tôt  Loerre  waecket  toe,  staendeop  den 
bornick  van  den  smalenwyer,  ende  dit  alsoe  verre  alst  onser  stadt  toebehort  ende 
aengaet ,  ende  anders  niet  ;  by  alsoe  ende  claerlick  daer  in  ondersproken  dat  die 
heren  des  cloesters  voersc.  noch  lion  nacomers  nu  noch  in  toecomende  tyden  in 
die  muer  noch  in  den  wa!  in  egheynre  wys  eynighe  gaten ,  dueren  noch  porten 
maken  en  sullen  noch  laten  maecken.  Ende  overmits  de  punten  voer  ende  nae- 
bescreven  soe  hebben  wy  affgenomen  ende  quytgescouwen  den  selven  heren  ende 
honnen  nacomelinghen  voer  ons  ende  onse  nacomelinghen  ten  ewighen  daghen 
alsulcken  last  ende  cost  van  te  bouwene  wter  Jekeren  onser  stadt  voersc.  met 
eynen  rade  alsulcken  fonteyn  oft  waterpyp  als  sy  ons  sculdich  waren  ,  beheltelick 


—  508  — 

ons  ende  onse  nacomelingen  ten  ewighen  daghen  ons  aysements  van  gliange  te 
liebbene  ende  te  gebruyckene  alsoe  dicke  ende  menichwerwen ,  als  sich  des 
nootgeboren  sali ,  van  water  van  brande  van  vuere  oft  ter  moer  ter  weringhe  te 
trecken  in  manire  van  orloghe ,  oft  oeck  die  muere ,  torne,  waketten ,  oft  sgelyx 
te  doen  berbouwen  oft  te  hermaken  met  mans  personen  gelyck  der  brieff  daer 
aff  wesende  claerlick  begrypt  ende  inbelt.  Oiulersproecken  oeck  daer  in  ,  dat  soe 
wanneer  onse  stadt  in  toecomende  tyden  gemaect  zal  bebben  een  fonteyn ,  dat 
Godt  gbeve,  spruvtende  ,  oft  comende  wt  sprinckbornen  als  staende  syn  te  Loyde 
oft  daeromtrent  oft  op  andere  goede  bequeme  plaetsen  onser  stadt  wel  dienende  , 
water  ghevende  binnen  onser  stadt  voerscreven  ,  als  dan  ende  niet  eer  soe 
sal  dat  voorsc  régulier  cloester  ons  noch  te  goede  doen ,  gheven  ende  verbon- 
den  staen  te  belalen  in  hulpen  des  costs  der  selver  onser  fonteynen ,  die 
summe  van  xl  rynsgulden  eens ,  by  alsoe  dat  dat  cloester  vorsc.  des  waters  oft 
conducts  van  der  stadt  fonteinen  ,  ter  neester  plaetsen  daer  die  fonteyn  oft  conduct 
hen  alreneest  comen  sal,  eyn  portie  oft  quanliteit ,  die  bon  nootdorstich  sy ,  le 
minsten  alsoe  veel  waters  als  eyn  pyp  dragben  macb ,  die  de  wytde  hedde  onser 
stadt  cleyne  segels  van  saecken ,  opden  rugge  ons  groten  segels  hier  gedruct  is , 
hebben  sullen ,  genieten  ende  gebruycken  altyt ,  het  sy  van  binnen  oft  van  onder 
der  aerden  oft  daer  boven  te  leyen  ende  te  brengen  ,  te  des  selven  cloeters  behoeff 
ter  steden  ende  ter  plaetsen,  daer  den  cloester  aire  best  bequemelick  syn  sali, 
gelieven  ende  genueglien ,  sonder  der  stadt  fontyn  oft  conduct  te  quetsene  oft  te 
hinderen  in  eyniger  wys ,  ende  al  op  des  cloesters  cost  anxt  ende  scade  alsoe 
verre  als  honre  portien  ende  quanliteit  die  sy  daer  wt  hebben  oft  hebben  sullen , 
aengheit  en  aendreecht  ende  anders  niet  ende  al  sonder  argeliste. 

In  luygenisse  der  waerheit  allen  der  dingen  voerscreven ,  soe  hebben  wy  bor- 
geineisteren  gesworen  ende  raet  der  stadt  van  Tongren  voerscreven,  met  wille 
weten ,  consent  ende  gemeynen  gevolch  allen  der  ambachten  onser  stadt  vor- 
screven ,  onsen  groten  segel  melten  cleynen  achter  daer  op  druckende  desen 
opene  lettren  doen  aenhangen.  In  den  jaer  der  zeliger  geborlen  ons  liefs  heren 
Jesu  Christi  dusent  vierhondert  ende  xlvij  in  junio  xxvi  daghe. 

Aldus  onderteikent  :  Walterus  Rotarii,  secretarius  oppidi predicli. 

(Archives  du  gouvernement  provincial  à  Hasselt.  — 
Cartulaire  du  couvent  des  chanoines  réguliers  de 
de  Tongres ,  f°  418  v"). 


ÉGLISES  DES  ENVIRONS  DE  MONS. 


NOTICE 

PAR 

M.    LÉOPOLD    DEVILLERS, 

MEMBRE   TITULAIRE   A  MONS. 


Les  églises  paroissiales  des  environs  de  Mons  sont  généralement 
des  édifices  modernes  ou  sans  importance  au  point  de  vue  monu- 
mental. II  n'en  était  pas  de  même  autrefois.  Mais  la  manie  de  tout 
remplacer  nous  a  privé  de  plus  d'une  construction  curieuse  sous 
le  rapport  architectonique.  C'est  ainsi  que  récemment  nous  avons 
vu  démolir  deux  petites  églises  qui ,  certes  ,  n'étaient  pas  dénuées 
de  cachet  artistique.  Nous  voulons  parler  de  l'église  de  Mai- 
sières ,  dont  le  chœur  était  situé  à  gauche  de  la  nef,  et  de  celle 
de  Ciply  qui  avait  un  aspect  si  pittoresque  ». 

Sans  doute ,  on  ne  manquera  pas  de  nous  objecter  que  ces 
édifices  tombaient  de  vétusté  et  que ,  en  outre,  les  paroissiens  y 
étaient  trop  à  l'étroit.  Mais  sont-ce  bien  toujours  là  les  véritables 
motifs  qui  font  tant  désirer  la  démolition  de  choses  qu'on  ne 
sait  guères  remplacer  convenablement?  Ces  motifs  sont,  du  reste, 

'  Une  vue  de  l'église  de  Ciply  a  été  lithograpliiée  dans  la  Collection  de  vues  prises 
dans  l'ancienne  enceinte  et  dans,  les  environs  de  la  ville  de  Mons  par  G.  L'Heureux, 
peintre  et  dessinateur  (Mons,  1826.) 

Commissaires  rapporteurs  :  MM.  le  chevalier  L.  de  Burbure  et  A.  Casterman. 


—   510  — 

peu  sérieux  à  nos  yeux,  nous  l'avouons,  et  l'expérience  vient  à 
l'appui  de  notre  opinion.  Si,  par  exemple,  nous  examinons  de 
près  la  nouvelle  église  de  Cuesmes,  les  nombreuses  lézardes  que 
nous  y  apercevons  nous  la  font  considérer  comme  bien  plus 
caduque  que  l'édifice  ancien  i  ne  pouvait  l'être ,  et  pour  prouver 
combien  le  second  motif  est  souvent  conlrouvé,  nous  raconterons 
un  fait  qui  s'est  passé  dans  l'église  de  Giply,  sous  le  règne  de 
Marie-Thérèse.  A  cette  époque  ,  les  habitants  de  ce  village 
prétendaient  que  leur  curé,  décimateur  de  sa  paroisse,  devait,  aux 
termes  des  anciennes  chartes  du  Ilainaut ,  apporter  son  contingent 
à  l'agrandissement  de  l'église ,  vu  que  la  population  s'était  fort 
accrue.  Mais  le  pasteur  sut,  par  un  stratagème  assez  plaisant, 
éluder  cette  demande.  Il  invita,  un  jour  de  fête,  tous  ses  paroissiens 
à  se  rendre  exactement  à  l'église  quinze  jours  après,  ayant  quelque 
chose  d'important  à  leur  communiquer.  Au  jour  indiqué,  chacun 
y  arriva  avec  empressement.  Le  curé  engagea  ses  ouailles  à  s'ap- 
procher de  lui  le  plus  près  possible,  puis  leur  dit  de  se  retourner 
pour  s'assurer  que  l'emplacement  vide  qu'ils  laissaient  derrière  eux 
élait  plus  que  suffisant  pour  contenir  les  personnes  absentes.  Ainsi 
fut  terminé  le  différend. 

Disons  maintenant  quelques  mots  de  ce  qui  est  encore  digne 
d'être  cité  des  églises  de  nos  environs. 

C'est,  d'abord,  le  beau  porche  de  l'église  de  Baudour.  Ce  porche 

abrite  des  bancs ,  placés  de  chaque  côté  et  surmontés  d'arcades  à 

"meneaux  à  jour.  Dans  le  fond,  est  la  porte  de  l'église.  L'ensemble 

de  cette  construction  est  pur,  harmonieux,  et  les  proportions  en 

sont  excellentes. 

L'église  d'Obourg  avant  sa  reconstruction,  devait  être  bien 
curieuse,  si  l'on  en  juge  par  ce  qui  reste  de  l'édifice  ogival, 
savoir  :   la  tour  et  le  portail  pratiqué  dans  le  soubassement  de 

1  Ce  dernier  édifice  se  trouvait  sur  un  autre  point  de  la  commune.  La  nouvelle  église 
est  au  centre  du  village ,  à  front  de  la  Placé. 


—  511  — 


cette  tour.  Si  ce  portail  ne  peut  pas  être  cité  comme  un  modèle 
ses  ogives  et  ses  ornements,  malgré  quelques  irrégularités  assez 
choquantes  ,   produisent  un    fort   bon   effet  ,    ainsi    que    l'a   fait 


portail  de  l'église  d'odourg. 


remarquer  M.  l'architecte  Vincent  ',  et  sa  situation  sur  une  hau- 
teur contribue  beaucoup  à  lui  donner  un  caractère  de  majesté  peu 
ordinaire.  Le  bas-relief  placé  au  sommet  du  portail  est  traité  d'une 


1  Rapport  fait  au  conseil  provincial  du  Hainaut  par  la  députation  permanente, 
session  de  1865,  p.  224. 


—  512  — 

façon  fort  naïve.  Il  représente  saint  Martin  à  cheval,  tenant  l'épée 
haute  d'une  main  et  abandonnant,  de  l'autre,  la  moitié  de  son  man- 
teau au  diable,  qui  a  pris  la  figure  d'un  pauvre  homme.  Au-dessus 
de  ce  sujet,  on  voit  dans  un  phylactère  un  millésime  (15..),  dont 
les  deux  derniers  chiffres  sont  usés.  Le  clocher  se  termine  par  une 
flèche  élevée  et  tlanquée  de  quatre  aiguilles.  A  l'intérieur,  on 
remarque  sous  la  tour  une  belle  voûte  ogivale,  dont  les  comparti- 
ments sont  en  briques  d'un  beau  rouge  et  les  arêtes  en  pierre 
calcaire. 

Quant  à  l'église  moderne,  il  est  impossible  d'imaginer  rien  de 
plus  mesquin,  et  on  ne  pourrait  en  souffrir  la  vue,  si  l'on  n'était 
arrêté  par  un  tableau  de  maître ,  qu'un  pinceau  maladroit  a  pré- 
tendument restauré.  Ce  tableau  provient  d'un  petit  oratoire  con- 
struit en  1 G 16  sur  le  territoire  d'Obourg ,  à  l'honneur  de  saint 
Macaire1.  11  représente  la  translation  du  corps  de  saint  Macaire. 
Le  fond  de  ce  tableau  est  rempli  par  un  paysage  dont  l'ensemble 
embrasse  une  vue  de  Mous,  d'Obourg  cl  de  l'abbaye  de  Saint- 
Denis-en-Broqueroie.  Cette  toile  rappelle  le  souvenir  de  la  solen- 
nité qui  eut  lieu  le  28  septembre  1G15,  lorsque  le  clergé,  les 
députés  des  états  de  llainaut  et  le  magistrat  de  Mous  vinrent 
jusqu'au  pont  d'Obourg  recevoir  des  mains  de  l'abbé  de  Saint- 
Denis,  Henri  de  Buzegnies,  la  châsse  de  saint  Macaire  qui  avait 
été  envoyée  de  Gand  par  l'archevêque  Vander  Burch  pour  être 
exposée,  à  Mons,  à  la  vénération  publique,  à  l'effet  d'obtenir  par 
la  puissante  intercession  de  ce  patron  la  délivrance  de  la  peste 
qui  sévissait  en  cette  ville. 

L'église  d'Hyon,  quoique  datant  de  1527  (millésime  du 
clocher),  n'a  aucun  caractère  monumental.  Elle  est  entièrement 
construite  en  briques.  Sa  porte  d'entrée,  au  bas  du  clocher,  est 
encadrée  d'une  ogive  en  pierre  bleue.  Nous  avons  relevé  dans  la 

1  V.  F.  Hachez,  La  peste  de  1648  à  Mons,  pages  8  à  12. 


—  513  — 


nef  de  cette  église,  l'épilaphe  suivante  qu'accompagnent  les  quar- 
tiers de  noblesse  des  défunts  : 


ICI    GIST    MESSIRE    PHILIPPE 

FRANEAU  CHEVALIER  SEIG1' 

DE    HYON.     ARRE    ET    ATTRE.     VENIZE 

&.    &.,  EN    SON    VIVANT   PRÉVOST 

DE   LA    VILLE    DE    MON'S.    QUI 

TREPASSA    LE    16e    IOUR    D'AVRIL 

1586.    PRIE   DIEU   POUR 

SON   AME. 

1CY  GISENT  MESSIRE  SEVERIN 

FRANEAU    CHEVALIER    SEIGr    DE 

HYON  &a  ET  DAME  ADRIENNE 

VAN    DER    RURG    SON    ESPOVSE.    ET 

MESSIRE     PHILIPPE    FRANEAU    SEIG1". 

DE    HYON,    RARON    DE    GOMEGNIES, 

SON  FILS,  GENTILHOMME  DE 

L'HOSTEL     DE    L'ARCHIDUC    ALBERT, 

ET  DAME  CATHERINE  BARBE  d'yVE 

SON     ESPOVSE  ,    ET    MESSIRE     PIERE 

JOSEPH  SEIGr  DE  HYON  LEUR  FILS 

CAPITAINE    AU    SERVICE    DE     SA    MAlté 

CATHOLIQUE,  MORT  LE  18  DE  JUIN 

1683    EN    CÉLIRAT.     ET     DAMe     CLAIRE 

JOLENTE  FRANEAU  DAME  DUDIT 

HYON,     SA     SŒUR,     MORTE     LE    31     MAI 

1716,    ET    PYIS    DAME    ADRIENNE 

ISABELLE    FRANEAU     DAME     DUDIT 

LIEU    MORTE    LE         JANVIER 

1727. 

REQUIESCAT    IN    PACE. 

L'église  ogivale  d'Havre,  dont  les  fenêtres  ont  conservé  leurs 

XXIX  XXII  3-2 


—  514  — 

meneaux,  n'offre  d'intéressant  que  deux  épitaphes  de  membres  de 
la  famille  des  seigneurs  de  cette  localité;  nous  y  reviendrons,  en 
parlant  du  château.  Cette  église  date  de  la  seconde  moitié  du 
XVIe  siècle.  Le  chœur  a  été  construit  en  1569,  ainsi  qu'on  le 
remarque  par  deux  pierres ,  posées  l'une  à  l'intérieur  et  l'autre  à 
l'extérieur  du  chevet.  La  première  porte  trois  fleurs  de  lis  d'or 
sur  fond  d'azur  et  le  millésime  1509.  Sur  la  seconde,  on  lit  : 

PAR    C.    P.    DE   CrOY 

A°  1569. 


LES  ANCIENNES  BANQUES  DE  TONGRES. 


NOTICE 

par   M.   GÉRARD   JANSEN, 

ARCHÉOLOGUE    A  TONGRES. 


Au  XIIIe  siècle,  il  existait  à  Tongres  une  rue  appelée,  comme 
aujourd'hui,  rue  des  Chiens,  lionstrate,  vicus  cank  ou  viens 
canum  i. 

La  description  que  nous  en  trouvons  dans  les  archives  contem- 
poraines serait  encore  fidèle  aujourd'hui,  si  la  forme  des  maisons 
n'avait  pas  changé  après  le  grand  désastre  de  1677  2. 

Mal  alignée,  mal  pavée,  éclairée  par  le  soleil  et  par  la  lune, 
c'est  un  réseau  de  petits  bourbiers  confinant  par  une  extrémité  au 
forum  ou  Grand'Place  et  par  l'autre  à  la  petite  rue  des  Dames , 
dames  traie. 

Avant  1269,  la  rue  des  Chiens  était  exclusivement  habitée  par 
des  juifs  qui  s'y  livraient  à  des  transactions  de  prêt  et  de  troc. 


'  Archives  de  l'église  N.-D.   à  Tongres.    Viens  diclus   honstrate  dans  le  Veritas 

ab  anno  1383 ,  p.  121  ,  n°  19  du  catalogue Vicus  canis  dans  le  même  registre, 

p.  46. . .  .  Vicus  canum  dans  le  Register  censuum  et  caponum  plebanie  A0  1423  , 
page  15 ,  n°  14  du  catalogue. 

*  Bulletin  de  la  Société  scientifique  et  littéraire  du  Limbourg ,  tom.  II  ,  p.  41, 
note  première. 

Commissaires  rapporteurs  :  MM.  H.  Schuermans  et  le  chevalier  L.  de  Buiîbure. 


—  516  — 

On  ignore  vers  quelle  époque  ils  fixèrent  leur  séjour  à  Tongres  ; 
seulement  plusieurs  vieux  documents  échappés  aux  désastres 
du  temps  nous  font  entrevoir  que  déjà,  avant  le  Xe  siècle,  les 
marchands  israélites  exerçaient  leur  commerce  d'argent  dans 
presque  toutes  les  lionnes  villes  du  pays  de  Liège.  Ils  y  occupaient 
un  quartier  spécial  entièrement  séparé  des  autres  parties  de  la 
ville  et  stigmatisé,  en  signe  do  mépris,  par  une  épithète  mal 
sonnante  *. 

Les  juifs  ne  participaient  pas  à  la  jouissance  des  droits  civiques 
et  les  habitants  ne  pouvaient  communiquer  avec  eux  que  pour 
autant  qu'ils  eussent  besoin  de  leurs  offices.  Quand  ils  venaient 
s'établir  dans  une  bonne  ville,  la  régence  les  soumettait  à  une 
taxe  semblable  au  droit  dont  les  bestiaux  sont  encore  frappés  sur 
la  plupart  de  nos  marchés. 

La  réprobation  universelle  à  laquelle  on  les  vouait,  avait 
cependant  moins  pour  cause  ranathème  que  l'église  catholique 
faisait  et  fait  encore  peser  sur  eux ,  que  leur  insigne  mauvaise  foi 
devenue  proverbiale.  A  Huy,  par  exemple,  à  raison  de  leur  con- 
duite, le  magistrat  dut  les  proscrire  à  jamais  de  la  ville  2. 

Vers  la  fin  du  XIIe  siècle,  quelques-uns  prétendent  que  ce  fut 
vers  le  milieu  du  XIIIe,  d'autres  reculent  la  date  jusqu'au  XVe, 
les  juifs  furent  remplacés  dans  les  opérations  de  banque,  dans 
toute  la  chrétienté ,  par  les  Lombards  3. 

1  A  Huy  on  appelait  la  rue  des  Chiens  chinrue ,  à  Liège  chinstrée,  et  dans  plusieurs 
villes  flamandes,  telles  que  Maestricht  ,  Ilasselt  ,  St~Trond  ,  Maeseyck  et  Tongres. .  . . 
hondstraet. 

'  Saumery,  Hélices  du  pays  de  Liège,  tome  II,  p.  21. 

8  M.  Beugnot  prétend  que  l'institution  primitive  des  banques  est  due  aux  juifs  qui  se 
décorèrent  du  nom  de  Lombards,  un  jour  que  le  roi  les  eût  bannis  de  France  avec 
toutes  leurs  mauvaises  spéculations.  [Des  banques  publiques  deprêt  sur  gages  et  dfi 
leurs  inconvénients  ,  Paris,   1829). 

M.  Géraud ,  en  s 'appuyant  sur  le  livre  de  la  taille  de  Paris  sous  Philippe-le-Bel, 
assoie  lui  que  le  nom  de  Lombards  fut  donné  aux  commerçants  italiens  qui  s'établirent 
en  France  vers  la  fin  du  XIIe  siècle.  (Pu.  Lebas  ,  Dictionnaire  encyclopédique, 
tome  II ,  p.  305.) 


—  517  — 

A  Tongres,  les  Lombards  occupèrent  pendant  quelque  temps  la 
rue  des  Chiens  comme  leurs  devanciers,  sans  être  comme  eux 
livrés  au  mépris  public  *.  Plus  tard  ils  se  confondirent  avec  les 
autres  habitants  et,  vers  le  XIVe  siècle,  une  maison  importante 
dirigée  par  un  Lombard  2  se  trouvait  établie  dans  la  rue  du  Caillou 
ou  du  Galet ,  kydel  ou  kieselstrate  3.  Ailleurs  les  Lombards  se 
fixèrent  généralement  dans  une  même  rue  qualifiée  de  leur  nom 
générique  ou  du  nom  de  leurs  opérations  :  rue  des  Lombards , 
Lombardslraet ,  Lombardslreet  à  Londres  et  pont  au  Change  à 
Paris  4. 

Les  premiers  Lombards  qui  soient  venus  en  Belgique  y  furent 
employés  par  les  papes  à  la  perception  de  X annale,  espèce  d'impôt 
dont  étaient  grevés  les  bénéfices  ecclésiastiques  5.  Dans  certains 
endroits  ils  formaient  entre  eux  une  confrérie  présidée,  comme 
presque  toutes  les  corporations  du  moyen  âge ,  par  deux  maîtres 
et  deux  gouverneurs. 

La  nécessité  d'avoir  de  ces  argentarii  était  devenue  alors  ur- 
gente. Nous  n'avons  pas  trouvé  le  vrai  motif  de  ce  besoin,  car 
les  archives  de  ce  temps  l'attribuent  à  des  causes  variables.  Chose 
acquise  à  l'histoire  pourtant ,  c'est  que  les  dépenses  militaires 
contraignaient  quelquefois  les  seigneurs  à  faire  de  gros  emprunts 
et ,  pour  obtenir  de  l'argent ,  à  mettre  leurs  propriétés  en  gage. 
Il  est  arrivé  bien  souvent,  pendant  les  luttes  fratricides  qui  ont 

1  Archives  du  bureau  de  bienfaisance  :  Reghter  van  Doervaert ,  A"  1500  ,  f°  xiij 

«  het  huys  van  Jean  Moersmans  geleghen  neffens  dat  lonibardenhuys  in  die  hondstrale.  » 

*  Archives  de  N.-D.  —  Stipule  spectans  ad  Râos  Regulares  tungrenses,  f°  196, 
n°  178  du  catalogue 

«  Haec  doraus  sita  est  in    de  Kiedelstrate   binnen  Tongren  neffens  en  tusschen  die 
»  wooningen  lysens  voorscreven  ter  lombaerden  huys  en  de  Trichterslrate  wert.  » 

5  Par  suite  d'une  corruption  d'orthographe  ,   cette  rue  porte  aujourd'hui  le  nom  de 
rue  des  Sarraux,  Kielenstraet. 

*  Léopold  Devillehs  ,    La  chapelle  des  Lombards  à  Mons ,  Annales  de  l'Académie 
d'archéologie,  t.  xvii ,  p.  135. 

'  Statula  ecclesie  Tungrensis ,  fol.  xxv  ,  n°  3  du  catal.  —  Bulla  de  annata  camere 
apostolice  de  Grégoire  XI,  a0  1372. 


—  518  — 

désolé  le  règne  des  princes  de  la  foi  et  du  glaive,  que  des  villes 
entières  furent  réduites  à  néant  et  que  l'envahisseur  inhumain 
obligea  les  rares  habitants  échappés  au  carnage  de  recourir  aux 
libéralités  d'une  ville  voisine  pour  payer  les  exorbitantes  contri- 
butions dont  il  frappa  sans  pitié  les  ruines  fumantes  de  leur  mal- 
heureuse patrie  '. 

Les  Lombards  savaient  habilement  profiter  de  ces  terribles 
moments  de  désarroi  et  parfois  ils  spéculaient  d'une  manière 
odieuse  sur  la  gène  publique.  Bientôt  la  population  ne  les  prit 
pas  moins  en  horreur  que  les  juifs  ;  aussi  réclama-t-elle  avec 
instance  la  suppression  de  leur  honteux  trafic. 

Dans  le  concile  général  de  Latran  ,  tenu  en  1215,  le  pape 
Innocent  III  lança  contre  eux  l'anathème  synodal ,  intimant  aux 
fidèles  la  défense  de  les  fréquenter  2.  En  1302,  Févêque  Adolphe 
de  Waldeck ,  suivant  à  la  lettre  les  ordres  partis  du  Vatican ,  les 
chassa  ignominieusement  de  son  diocèse  3. 

Mais  les  exactions  militaires  avaient  occasionné  une  extrême 
pénurie  d'argent;  tous  les  petits  bourgeois  et  manants  étaient 
complètement  ruinés  et  les  seigneurs  eux-mêmes  ne  pouvaient  plus 
suffire  aux  impôts  par  leurs  revenus  ,  de  sorte  que  bientôt  les 
souverains    furent  obligés  de  tolérer  de  nouveau ,  dans  une  cer- 


<  Archives  communales  de  Tongres;  Liber  plebiscilorum,  f°  xxvij  :  décision  du  magis- 
trat du  6  décembre  1199  «  van  gbeen  gelt  kunnen  te  gheven  om  de  ruyters  te  betalen 
»  soo  verre  die  van  St-Truyden  gelyck  ons  sicgelen  want  onder  den  gemeynen  man 
>>  geene  peiiningen  en  wistop  te  brengen  ». 

*  «  Synodali  décrète  statuimus  ut  si  de  cœtero  quoeunque  pretexlu  Judœi  a  Christia- 
»  nis  graves  immoderata  seu  usinas  extorserint,  Christianorum  eis  participium  subtra- 
»  liatur,  donec  de  immoderato  gravamine  salisfecerint  competenter.  Unde  Christiani, 
«  compellantur  ab  eorum  commercio  abstinere  ». 

{Traité  des  billets,  de  16Si  ,  p.  249.) 

5  «  Hic  Adolphus  Lombardos  usurarios  quos  scabini  leodienses  lucri  gratia  confovebant 
»  ai  inatus  non  clypeo  vcl  galea ,  sed  mitra  et  baculo  pastorali ,  fractis  domorum  suarum 

foribus  a  civitate  penitus  exlirpavit.  » 

(Chai'Ealville,    Gesta  pontificum  Leodiensium;   t.   II;   p.   358 — Fisen  , 

Hisloria  ecclesiœ  Leodiensis,  tome  II,  f°.  41. 


—  519  — 

taine  mesure,  les  Lombards  et  leurs  subtilités  usuraires.  Pour  les 
attirer  ils  furent  même  contraints  de  leur  accorder  certains  privi- 
lèges. A  Liège  «  ils  furent  admis  —  ce  qui ,  jusqu'alors ,  leur 
avait  été  refusé  par  les  bulles  romaines  et  les  statuts  synodaux1 
—  à  jouir  des  sacrements ,  à  être  enterrés  en  terre  chrétienne 
et  à  faire  les  oblations  aux  prêtres.  Leurs  femmes,  leurs  enfants 
et  leurs  domestiques  eurent  droit  aux  mêmes  égards  de  la  part 
des  ecclésiastiques  2.  On  leur  octroya ,  en  outre ,  le  droit  de 
bourgeoisie,  le  libre  exercice  de  leur  commerce  et  l'exemption 
des  corvées,  des  tailles  et  du  service  militaire3.  » 
Les  mêmes  privilèges  leur  furent  octroyés  à  Tongres.  Le  1  «"juillet 
1570,  Michel  Pourguyn  demanda  au  magistrat  l'autorisation 
d'établir  une  table  de  prêt  pour  un  Piémonlais,  appelé  Mathieu  à 
la  Franck,  dont  il  se  portait  garant.  La  régence  s'empressa  d'accé- 
der à  sa  demande  et,  le  8  août  de  la  même  année,  Mathieu  à  la 


i  Un  extrait  des  statuts  synodaux  de  l'an  1287  ,  publiés  par  l'évêque  Jean  de  Flandre, 
donnera,  pensons-nous,  la  mesure  des  rigueurs  employées  dans  ce  temps  contre  les 
usuriers  dont  la  contagion  s'étendit ,    d'après  M.  De  Decker ,  jusque  dans  le  sanctuaire. 

«  I.  Excommunicamus  et  excommunitatos  denunciamus  omnes  usuraiios  manifestos , 
»  et  sigulis  diebus  dominicis  et  festivis  a  quolibet  sacerdote  denuntientur  exeommunicati. 

»  II.  Nullus  sacerdos  oblationes  manifestorum  usurariorum  recipiat  nec  ad  commu- 
»  nionem  eos  admittat ,  nisi  usurarius  manifestas  satisfecerit  de  usuris. 

»  111.  Nullus  testamentis  manifesti  usurarii  intersit,  nec  ad  penitentiam  vel  commu- 
»  nionem  eos  admittat,  nisi  de  usuris  satisfecerit  secundum  formam  constitutionis  domini 
»  Gregory  pape,  et  testamenta  manifestorum  usurariorum  qui  secundum  formam  dicte 
»  constutionis  sati>fecerint  ad  sacramenta  ecclesiaslica  admittantur 

»  V.  Percipimus  etiam  singulis  sacerdotibus  paroebialibus,  quod  moneant  in  parocbiis 
»  suis  fréquenter  in  generali  et  in  speciali  de  quibus  constiterit  usurarios  ,  et  infamatos 
»  publiée  de  usuris  aut  contractibus  illicitis  désistant  infra  septemdies  a  tempore  dicte 
»  monitionis  :  alioquin  ex  tune  ipsi  usurarii  et  preemptores  excommunicentur  in  speciali, 
»  et  diffamati  si  se  non  purgaverint ,  pro  convietis  habeantur,  et  si  taliter  monili  et 
»  excommunieati  reseipiscere  noluerint ,  nominatim  excommunicentur.  ».  —  Slatuta 
synodalia  ecclesie  leodiensis,  A0.  1287. 

*  Lettre  du  prévôt  de  Liège  de  1 349  dans  le  Bulletin  de  l'Institut  liégeois ,  t.  III . 
p.  318. 

5  «  Civitas  concedit  fœneraforibus  immunitatem  a  corvatis ,  tàliis  et  servitia  belli  ; 
»  item ,  jus  civitatis  et  libéra?  negotionis.  »  —  Epitoma  documentorum  civitatis 
leodiensis  :  Statut  du  "28  mai  1349 


—  520  — 

Franck  put  tenir  une  maison  de  prêt  ou  de  gage  (lecnhuis)  à  con- 
dition de  se  faire  admettre  dans  un  des  douze  corps  de  métiers  de  la 
ville.  Il  avait  la  permission  d'échanger  les  monnaies,  de  prendre 
des  effets  à  gage  sauf  des  armes  ou  des  munitions  de  guerre  et  de 
faire,  au  taux  hebdomadaire  d'un  sou  par  florin ,  des  prêts  ne 
dépassant  pas  la  somme  de  six  florins  de  Brabant.  Les  dépôts  et 
les  emprunts  étaient  garantis  par  des  lettres  de  gage  qui  pouvaient 
être  renouvelées  quand  elles  étaient  lacérées  ou  perdues ,  mais  qui 
devenaient  caduques  le  jour  où  l'engagement  réciproque  du  préteur 
et  de  l'emprunteur  cessait  d'exister. 

Pour  être  assimilés  aux  autres  citoyens  de  la  ville  et  jouir 
comme  eux  du  droit  de  cité  (het  porterscappej et  du  droit  de  bour- 
geoisie fhet  borgerseappe)  les  banquiers ,  de  même  que  leur  fa- 
mille et  leurs  employés,  étaient  tenus  de  faire  élection  de  domicile 
dans  la  cité  et  de  jurer  fidélité  au  prince-évêque ,  au  magistrat  et 
aux  us  et  coutumes  du  pays  de  Liège.  Ils  ne  contribuaient  qu'aux 
charges  et  aux  impôts  civils  et  se  trouvaient  exempts  des  corvées 
et  du  service  militaire.  La  durée  de  leur  concession  était  ordinai- 
rement de  douze  années  pendant  lesquelles  les  milices  citoyennes 
devaient  veiller  à  l'inviolabilité  de  leur  domicile,  et  les  cours  de 
justice  les  admettre  à  tout  prouver  sans  témoins  sous  la  foi  du 
serment. 

A  Mathieu  à  la  Franck  succéda,  le  1er  août  '1582,  Dominique 
Ramelis.  Moins  heureux  que  son  prédécesseur,  celui-ci  vit  en  peu 
de  temps  tous  ses  fonds  compromis  par  de  malheureuses  spécula- 
tions. Pour  qu'il  pût  se  libérer  honorablement  envers  ses  créan- 
ciers, le  magistrat  fut  obligé  de  lui  accorder  la  permission  de 
vendre  sa  concession  au  changeur  Busla  de  Hasselt.  Le  31  octobre 
1586,  les  deux  banquiers  passèrent  un  contrat  qui  fut  ratifié  par 
le  conseil  des  métiers  le  31  décembre  suivant.  Busla  fournit  à 
Ramelis  une  somme  de  2,250  florins  pour  payer  les  dettes  de  la 
banque,  le  conserva  dans  ses  fonctions  de  directeur  et  lui  promit 


—  521  — 

un  appointeront  de  5  livres  flamandes  ou  30  florins  de  Brabant, 
prenant  cours  à  partir  du  1er  janvier  1587. 

Huit  ans  plus  tard,  le  28  juillet  1605,  la  régence  délia  Busla 
de  son  engagement  et  consentit  à  ce  qu'il  cédât  son  comptoir  à  Jean 
Mutis  auquel  elle  octroya,  le  20  septembre  1606,  une  nouvelle 
concession  de  douze  années ,  à  charge  de  payer  annuellement  pour 
l'entretien  des  édifices  publics  une  somme  de  25  florins  de  Brabant 1. 

Bien  que  nos  ancêtres  eussent  gratifié  les  Lombards  de  nombreux 
privilèges ,  ils  conservaient  néanmoins  une  certaine  méfiance  pour 
leurs  opérations  financières.  Soyons  plus  justes,  nous  qui  voyons 
le  résultat  de  leurs  œuvres,  et  disons  que  si  l'histoire  contempo- 
raine leur  reproche  de  honteuses  dilapidations,  la  postérité  leur 
est  redevable  d'un  des  meilleurs  moyens  de  transactions  commer- 
ciales connus  jusqu'à  ce  jour.  En  vérité,  ne  nous  ont-ils  pas  fait 
connaître  la  lettre  de  change,  cet  acte  par  lequel  une  personne 
cède  à  une  autre ,  pour  un  prix  convenu ,  les  fonds  dont  elle  est 
créancière  et  qui  nous  permet  de  disposer  de  notre  argent  en  toute 
occurence  sans  trop  de  frais  et  sans  perdre  un  temps  précieux? 

Dans  le  principe,  la  lettre  de  change  consistait  en  une  simple 
procuration  ou  billet  délivré  par  le  propriétaire  à  celui  qui  allait 
toucher  pour  lui  soit  une  créance,  soit  le  revenu  d'un  bien  ou 
l'intérêt  d'un  capital.  Avant  l'établissement  des  routes  postales, 
les  voyages  lointains  étaient  fort  dispendieux  ;  c'est  pourquoi 
plusieurs  personnes,  confiantes  dans  la  loyauté  publique  que  l'on 
considérait  alors  comme  la  plus  sûre  hypothèque ,  avaient  pris 
l'habitude,  pour  régler  leurs  affaires  en  pays  étranger,  de  se  servir 
de  l'intermédiaire  des  voyageurs. 

Les  anciens  ne  connaissaient  pas  l'usage  d'échanger  de  l'argent 
contre  des  lettres  ;  aussi  le  droit  romain  ne  mentionne-t-il  que  le 
cambium  ou  le  change  des  monnaies.   Plusieurs  historiens,  il  est 

'  V.  Liber  negotiorum  ab  anno  4SI7,  pp.  61,  150,  154  verso,  166  et  annexes  n°»  3, 
i  ,  5  et  6 . 


—  522  — 

vrai,  trop  fortement  épris  de  la  rugueuse  civilisation  romaine, 
aiment  d'attribuer  à  celle-ci  tous  les  grands  bienfaits  d'ordre 
social.  Cependant,  dans  le  cours  de  leurs  arides  recherches,  ils 
n'ont  pas  trouvé,  si  nous  ne  nous  abusons,  que  sur  les  marchés 
de  l'ancienne  Rome  on  ait  jamais  donné  au  papier  une  valeur 
conventionnelle  équivalente  à  la  valeur  monétaire  des  métaux.  Les 
lettres  équimonétaires  ont  été  introduites  au  moyen  âge ,  selon 
Merlin  ,  ■  pour  éviter  le  transport  réel  de  l'argent  ce  qui,  outre 
les  frais  et  les  risques,  apportait  un  relard  considérable  au  com- 
merce que  l'on  ne  vit  fleurir  que  depuis  l'usage  des  lettres  de 
change.  Soit  que  le  négociant  tire  des  lettres  de  change,  soit  qu'il 
prenne  sur  place  des  lettres  tirées  par  d'autres  négociants,  il 
est  payé  de  ses  ventes  ou  il  paye  ses  achats  en  lettres  de 
change  '.   > 

On  a  confondu  longtemps  les  lettres  de  change  avec  les  contrats 
de  change,  espèce  de  convention  écrite  que  les  marchands  forains, 
allant  aux  marchés  de  Champagne,  de  Lyon  et  de  Brie,  faisaient 
avec  les  personnes  qui  leur  achetaient  à  crédit.  En  1294,  Philippe- 
le-Bel  frappa  ces  contrats  d'un  impôt  appelé  pîte.  C'est  l'ordon- 
nance mal  interprétée  de  ce  prince  qui  a  fait  dire  à  Giovanni 
Villani,  dans  son  Histoire  universelle,  et  à  Savary,  dans  son 
Parfait  négociant,  que  l'invention  des  lettres  de  change  était 
antérieure  aux  Lombards  et  que  l'honneur  en  revenait  aux  juifs. 
Mais  Dupuis  de  la  Serra,  qui  offre  plus  de  crédit  en  celte  matière, 
assure  d'accord  avec  l'historien  de  Rubys  qu'elle  fut  l'œuvre  des 
Gibelins  de  la  Lombardie.  Ceux-ci,  après  leur  défaite  par  les 
Guelphes,  s'étaient  retirés  à  Amsterdam  où  ils  établirent  le  com- 
merce des  lettres  de  change  (polizza  di  cambioj  pour  toucher  le 
revenu  des  biens  qu'ils  avaient  délaissés  dans  leur  pays  natal. 
Quoi  qu'il  en  soit ,  le  premier   édit  qui  fait  mention  des  lettres 

1  Merlin ,   Répertoire  de  jurisprudence ,   t.  XVIII,   p.  15;). 


—  523  — 

de  change  fut  donné  par  Louis  XI,  au  mois  de  mars  1462; 
les  lettres-patentes  de  Philippe  de  Valois  du  6  août  134-9,  que 
l'on  invoque  quelquefois ,  n'ont  trait  qu'au  change  public  des 
monnaies. 

«  Selon  toutes  les  probabilités,  les  lettres  de  change  avaient  chez 
■  nous  une  origine  très-ancienne.  Liège,  siège  d'une  des  princi- 
>  pales  églises  de  la  chrétienté ,  avait  des  rapports  très-fréquents 
•  avec  Rome  et  les  autres  grandes  villes  de  l'Italie  '.  » 

Il  en  était  de  même  du  chapitre  de  Tongres ,  plus  ancien 
que  celui  de  Liège.  A  dater  du  XIIIe  siècle,  les  jeunes  cha- 
noines avaient  la  permission  d'achever  leurs  études  théologiques 
en  pays  étranger,  dans  certaines  universités  spécialement  indiquées 
par  le  statut  canonial  et  dans  ce  cas  ils  touchaient  le  revenu  de 
leur  canonicat  au  moyen  de  lettres  de  change  2.  Ces  lettres,  con- 
tresignées par  le  recteur  de  l'université ,  devaient  être  envoyées 
tous  les  trois  mois  au  chapitre ,  sous  peine  pour  les  étudiants  de 
perdre  le  revenu  de  leur  prébende.  Comme  il  eût  été  difficile, 
sinon  impossible,  pour  les  prébendiers,  vu  le  manque  de  correspon- 
dances régulières,  de  communiquer  à  temps  avec  leurs  supérieurs, 
ils  avaient  recours  au  changeur  qui  leur  escomptait  leurs  cachets. 

L'origine  des  changeurs  (wisseleerenj  est  fort  ancienne.  De 
temps  immémorial  ils  ont  fait  le  change  des  monnaies  et  le  com- 
merce des  billets.  Lorsque  la  Belgique  gémissait  sous  le  joug 
espagnol  et  que  les  Nérons  de  Castille ,  pour  mieux  opprimer  les 


'  Volumus  quod  liuiusmodi  canonicus  in  studio  residens  pre  ipso  anno  secundo  sid  ea 
portione  contentus  quod  reciperet  de  huiusrnodi  grosso  si  in  ecclesia  predicta  personaliter 
resideret.  Transactis  autem  dictis  duobus  annis  recipet  ut  superius  est  declaratum. 
Loco  vero  huiusrnodi  studii  sunt  haec  in  alemania,  saxonîa.  In  regno  francie.  Parisius. 
Aureliani  et  suessio  et  provincia  Monspesulan.  In  Ytalica  Bononum  et  Padua.  In  hijs 
locis  vigent  studia  generalia.  —  Slatula  ecclesie  Tungrensis ,  fol.  x...  Décret  du 
1-2  mars  1336. 

*  Archives  de  N.-D.  —  In  libro  gratiarum  ab  anno  4407,  n°  5  du  catal.  1°  Lit— 
tera  studii  Johannis  Nicolaï  du  13  juin  1453  ;  2°  celle  de  Coniard  Gaveren  du  2  sep- 
tembre 1582  ;  3°  une«autre  de  Arnold  Witten  du  24  avril  1584  ,  etc 


—  524  — 

vigoureuses  gildes  flamandes ,  portaient  sans  cesse  des  entraves  à 
leurs  florissantes  industries  et  dirigeaient  contre  elles  les  plus 
fanatiques  persécutions,  la  plupart  des  marchands  de  Tongres 
transportèrent  leur  commerce  sur  des"  places  étrangères  et,  pour  que 
le  fruit  de  leurs  peines  ne  devint  pas  la  proie  du  tyran,  ils  con- 
fièrent à  leur  retour  leur  argent  aux  banquiers. 

Les  halles  de  Mous,  d'Aix-la-Chapelle  et  d'Amsterdam  étaient 
les  plus  fréquentées  par  nos  marchands,  quoiqu'on  y  exigeât  d'eux 
un  fort  droit  de  stationnement  (htt  hallegelt).  C'est  que  le  ciel 
y  était  calme  et  serein  et  que  l'on  y  respirait  un  air  libre. 

A  la  suite  de  la  suppression  des  marchés  de  la  Flandre,  Londres 
et  Amsterdam  acquirent  le  monopole  du  commerce.  Ce  droit  devint 
alors  si  exorbitant  que  le  magistrat  de  Tongres,  pour  éviter  que 
nos  commerçants  ne  se  ruinassent  et  que  la  ville  ne  perdit  son 
unique  source  de  prospérité,  avisa  de  mettre  ce  tribut  à  la  charge 
du  trésor  communal  *.  Dans  cette  circonstance,  pour  acquitter 
régulièrement  la  dette ,  il  recourait  au  changeur  qui  seul ,  à  cette 
époque,  n'était  pas  entravé  dans  ses  opérations.  C'était  aussi  le 
changeur  qui  faisait  parvenir  aux  marchands  forains  le  prix  des 
céréales ,  qu'en  temps  de  guerre  ou  de  famine  ils  achetaient  pour 
compte  de  la  ville,  à  la  halle  d'Amsterdam.  Ayons  hâte  de  dire 
que  pendant  celte  période  de  troubles  incessants  et  d'indicibles 
cruautés  la  misère  était  tellement  grande  dans  le  pays  que  l'on  n'y 
trouvait  plus  de  quoi  suffire  à  son  existence. 

Toutes  les  industries  chômaient  à  Tongres.  Les  tisserands  et 
les  drapiers  émigraient  en  grand  nombre  vers  l'Allemagne , 
l'Angleterre  et  l'Italie  où  les  jalouses  rivales  des  opulentes  cités 
de  Gand  ,  de  Bruges  et  d'Anvers  les  attiraient  par  l'appât  des  en- 
couragements considérables  qu'elles  accordaient  à  l'industrie2.  Les 


'  Liber  plebiscitorum  ab  anno  1  i77 ,  fui.  clxxy.   Décision   du  magistrat  en  date 
du  28  avril  1545. 
'  \'ous  avons  trouvé  plusieurs  preuves  de  ces  émigrations  lointaines  dans  les  registres 


—  525  — 

ouvriers  belges ,  dont  les  mœurs  étaient  rigides  et  la  mâle  activité 
se  retrempait  dans  l'émulation ,  parvenaient  quelquefois  à  réaliser 
dans  leur  nouvelle  patrie  de  grandes  fortunes.  Quand ,  après 
quelques  années  d'exil ,  ils  voulaient  regagner  leurs  pénates ,  la 
peur  d'être  rançonnés  pendant  le  voyage  leur  donnait  souvent  de 
vives  inquiétudes.  Heureusement  qu'ils  trouvaient  toujours  un 
banquier  auquel  ils  pouvaient  confier  le  montant  de  leurs  petites 
économies  jusqu'à  ce  qu'un  temps  plus  propice  leur  permît  de 
recueillir  sans  crainte  les  fruits  de  leur  travail. 

Dans  plusieurs  localités  les  changeurs  jouissaient,  non  sans 
qu'ils  le  méritassent,  de  la  plus  grande  confiance.  La  régence  les 
investissait  même  du  droit  de  contrôler  les  monnaies;  eux  seuls 
d'ailleurs  étaient  au  courant  de  la  valeur  des  titres  monétaires. 

Sous  le  régne  d'Érard  de  la  Marck,  la  confusion  de  ces  titres 
était  telle  et  le  nombre  des  pièces  fausses  et  fictives  si  considérable 
que  ce  prince,  pour  assurer  le  crédit  de  son  trésor,  fut  obligé  de 
décréter  un  tableau  officiel  des  monnaies  ayant  cours  légal  dans  le 
pays  de  Liège  et  d'édicter  les  peines  les  plus  sévères  contre  ceux 
qui  émettaient  de  la  fausse  monnaie  *.  Le  nombre  des  différentes 
espèces  de  monnaies  d'or  et  d'argent,  dont  la  circulation  fut  alors 

des  métiers  et  dans  les  archives  de  la  ville.  Voici  ce  que  nous  lisons,  entre  autres,  dans  le 
Liber  plebiscilorum ,  fol.  cix  : 

«  Wilhem  Danen  laken  meker  heeftgewerct  30  milen  boven  Norls  (Niort?)  als  oick  te 
»  Florentie  ». 

1  Au  siècle  dernier  le  faux  monnayage  prit  une  telle  extension  que  les  évoques  ont 
senti  plus  d'une  fois  le  besoin  de  lancer  des  mandements  sanglants  contre  les  faux  mon- 
nayurs;  nous  citerons  entre  antres  :  1°  le  mandement  exécutoire  de  George-Louis  du 
14  mars  1726  ,  réitérant  la  déclaration  que  les  fabricateurs  ou  recuigneurs  d'espèces 
d'or  et  d'argent  ne  doivent  jouir  d'aucun  privilège  qui  puisse  empêcher  qu'on  ne 
s'assure  de  leur  personne  ,  et  stipulant ,  en  outre  ,  que  ceux  ou  celles  qui  contreferont 
de  la  monnaie  au  coin  de  quelque  prince  étranger  seront  passibles  de  la  peine  de 
mort,  à  la  potence ,  et  2°  l'édit  de  Charles  déclarant  que  les  fausses  pièces  d'un  sou 
marquées  aux  armes  du  prince,  Jean-Théodore,  et  composées  de  cuivre  jaune,  ne  sont 
point  recevables  et  que  les  fabricateurs  de  telles  pièces  seront  poursuivis  et  châtiés 
comme  coupables  du  crime  de  faux. 

(Liste  chronologique  des  édits  du  pays  de  Liège,  pp.  124  et  319). 


—  526  — 

autorisée,  s'élevait  à  plus  de  deux  cents.  Cette  profusion  de 
genres  de  monnaies  n'est  pas  étonnante  à  une  époque  où  presque 
toutes  les  bonnes  villes  et  beaucoup  de  grands  seigneurs  usaient 
du  droit  régalien. 

Comme  la  plupart  des  cités  du  pays  de  Liège,  Tongres  eut  un 
atelier  monétaire  dont  la  rue  de  la  Monnaie  (Muntstraet)  conserve 
encore  le  souvenir.  Ce  qui  nous  permet  de  croire  qu'anciennement 
on  y  monnayait,  ce  sont  d'abord  les  vieux  coins  de  monnaies 
déterrés ,  il  y  a  peu  d'années ,  aux  portes  de  la  ville  ;  ensuite  les 
trois  pièces  de  monnaies  tongroises  dont  nous  essayerons  de 
donner  la  description  : 

l°Gros  tournois  frappé  par  l'évèqueJean  d'Arckcl  (1364-1 378); 

Av.  Buste  d'évêqne  mitre  de  face,  portant  sur  la  poitrine  l'écu 
d'Arckel.  Légende  : 

:     IOH    .    EP   S.LEOD      :     :  ; 

le  tout  encadré  par  une  bordure  de  fleurs  de  lis,  au-dessus  de 
la  mitre  du  buste  les  armes  d'Arckel  ; 

Rev.  Dans  le  cliamp  une  croix  pattée,  traversant  la  2e  légende. 
Légendes  : 

S8    BNDICTV    ;    S1T    NOME    \ 

DNI    I    NRI    ;    IHV    \    XP1 

MON  —  ETÀ  —  TON  —  GNS 

2°  Demi  gros  tournois  au  même  type  : 

Av.  Légende  :  —  X  ion  :  ep  —  s  :  leod  X 
Rev.  Légendes  :  —  sit  .  NOME  :  DNI  : 

NR    :    -  -    BNDICTV 

MON   —    ETA    —   TON   —   GRS 

3o  Florin  d'or  frappé  par  l'évêque  d'Arnould  de  Horn  (1378- 
4390). 

Av.  Deux  écussons  (l'un  au  double  aigle,  l'autre  au  lion  à 
gauche  dans  un  cercle  à  six  ogives  trilobées  dans  leur  intérieur  : 
Légende  :  Clefs  en  sautoir;  arnoldvs. 

EPS   .   LEODIENS 


—  527  — 

Rev.  Saint  Pierre  assis  dans  une  niche  tenant  clef  et  croix; 

Légende  :  moneta  (deux  clefs  en  sautoir)  tongn  '. 

Dans  les  anciens  comptes  de  la  ville  il  est  souvent  fait  mention 
d'un  muytmeester  ou  directeur  de  la  monnaie  et  d'un  koermeester 
ou  réviseur,  tous  deux  nommés  et  salariés  par  la  régence.  Le 
réviseur  avait  le  contrôle  des  espèces  monnayées  et  exerçait  des 
poursuites  contre  les  faux  monnayurs.  L'épreuve  qu'il  faisait  subir 
aux  monnaies  consistait  principalement  à  les  faire  résonner  sur 
une  pierre  dure,  et  il  jugeait  de  leur  valeur  ou  du  degré  de  l'alliage 
par  le  son  métallique  qu'elles  rendaient 2.  Lorsque  l'atelier  moné- 

*  Nous  devons  ces  quelques  renseignements  sur  l'atelier  monétaire  de  Tongres  à  la 
gracieuse  obligeance  de  M.  A.  Perreau ,  numismate  distingué  et  président  de  la  Société 
scientifique  et  littéraire  du  Limbourg. 

La  première  monnaie  dont  nous  avons  donné  la  description  figure  dans  l'histoire 
numismatique  du  comte  de  Renesse-Breidbach,  pi.  VIII  ;  la  seconde  fait  partie  de  la 
collection  du  petit  séminaire  de  St-Trond  et  la  troisième  se  trouvait  anciennement  dans  le 
cabinet  de  M.  Vandermeer,  à  Tongres.  Ce  sont  les  seules  monnaies  tongroises  que  nous 
connaissions.  Il  existe  en  outre  deux  méreaux  tongrois  dont  l'un  ,  en  cuivre  gravé ,  se 
trouve  dans  le  cabinet  de  M.  Perreau  ;  il  appartient  à  l'ancienne  corporation  des  teinturiers. 

Av.  Deux  ouvriers  occupés  l'un  à  teindre  ,  l'autre  à  tordre  des  écheveaux  de  fil:  au- 
dessus  de  la  couronne 

Rev.  Dans  le  champ,  au  centre  d'une  bordure  guillochée  :  JAN  —  VAN  DE 
DRIESSCHE. 

L'autre  méreau,  en  plomb,  fut  frappé  pour  le  chapitre  de  l'église  N.-D.;  il  est  dessiné 
dans  l'ouvrage  de  M.  de  Renesse  précité,  pi.  75  : 

Av.  Buste  à  droite  de  la  Vierge  dans  un  cercle  perlé 

Rev.  *C*  —  BMV*  —  'TVN*'  1679. 

Ce  fut  au  moyen  de  ces  méreaux  que  le  chapitre  constata,  à  partir  de  l'année  1601  , 
la  présence  des  chanoines  au  service  divin.  A  l'entrée  du  chœur,  chaque  chanoine  ou 
bénéficier  recevait  un  jeton  de  présence  qu'on  lui  échangeait  à  la  fin  du  mois  contre 
une  monnaie  équivalente.  Plus  tard  ,  au  XVIIIe  siècle,  le  distributeur  des  méreaux  fut 
remplacé  par  un  punctator  qui  annotait  la  présence  des  chanoines  sur  une  tablette 
au  moyen  d'un  petit  point  dont  il  appostillait  leur  nom. 

Voir  Liber  Gratiarum  ab  anno  H07 ,  fol.  157   verso  et   les  liasses  du  chapitre: 

Decretum  de  plumbetis  distribuendis  a°  1601  post  agnus  Dei  et  post  benedictus 
et  magnificat  pastores  qui  legitimi  impediti  et  habent  diebus  dominicis  in  proces- 
sionibus  habet  plumbetum  de  2  gdran.  aliis  verô  diebus  de  1  gretlse.  distribntor  habet 
f.  lb.  per  annum  reddent  plombeta  ,  in  capitula  singulis  mensibus. 

4  Ou  désignait  cette  opération  par  le  mot  klinkmuyten  ou  klinkmuyteren  ,  ex- 
pression qui ,  il  y  a  environ  trente  ans  ,  était  encore  familière  à  nos  écoliers.  Nous 
pensons  que  le  mot  minjl  n'est  qu'une  abréviation  de  muynt  (monnaie)  occasionnée  par 
l'omission  du  thylte  qui  remplaçait  la  lettre  n  dans  les  vieilles  écritures. 


—  528  — 

taire  fut  supprimé  *,  le  contrôle  des  monnaies  échut  en  partage 
au  directeur  du  comptoir  d'échange. 

La  première  indication  précise  des  tables  de  prêt  et  de  change 
que  nous  trouvions  dans  les  archives  communales  remonte  au 
28  mai  U79  2. 

L'évêque  de  Liège  délégua  alors  Jean  Sonderlanls,  chanoine 
de  N.-D.,  pour  concéder  une  banque  à  un  mercier  du  nom  de 
Renier  Gaens. 

Pour  toutes  les  opérations  à  faire,  le  changeur  pouvait  perce- 
voir un  droit  de  change  d'un  liard  par  griffon  ,  à  condition  de 
n'émettre  d'autres  monnaies  que  celles  du  pays  de  Liège.  11  avait 
en  outre  la  mission  de  confisquer  les  pièces  étrangères  qui  n'accu- 
saient pas  le  poids  légal  et  de  marteler  ou  d'échiqueter  toutes  les 
pièces  fausses  ou  fictives,  excepté  en  temps  de  gène,  quand  la 
circulation  des  monnaies  était  libre  et  l'agiotage  puni  d'une 
amende  de  20  florins  du  Rhin  ;  la  même  peine  frappait  ceux  qui 
exerçaient  clandestinement  le  commerce  de  l'argent  3. 

'  L'annotation  suivante  nous  fait  supposer  que  cette  suppression  eut  lieu  vers  la  fin 
du  XIVe  siècle  :  «  Eene  plaels  gecoght  van  Andries  Reys  [mort  en  HOô  ou  140i)  en 
»  Walterus  van  Elderen  genaemt  die  munt  in  die  muntstraet  geleghen  met  aile  haere 
d  toebehoorten  coomende  langhs  in  die  boerkensstraél  (rue  des  manants)  tôt  het  goed 
»  van  Jan  Tyssens  ende  op  d'ander  zyde  tôt  aen  bruylofshuys.  » 

—  Novum  stipule  spectans  ad  reverendos  canonkos  requlares  tongrenses  f°  199, 

*  V.  Annexe  111....  Nous  trouvons  une  indication  plus  ancienne  mais  beaucoup 
moins  précise  dans  le  registre  n°  106  du  catalogue  de  la  bibliothèque  de  N.-IJ.  fol.  j  : 
«  En  13G5,  un  wisseleer,  Jean  Lebout  de  Gelmen  ,  et  sou  épouse  Béatrix  fondèrent 
»  la  chapelle  de  St. -Sébastien  dans  l'église  de  N.-D.   » 

5  «  Op  den  IXden  dag  van  broemaent  Int  jaer  (XIVe)  LXXXV  is  geroepen  aender 
»  stadt  pyroen  byherman  buysmans-boede  dat  gheyn  raan  Wisseleer  noch  ander  so  \vy 
»  hy  sy  enich  golt  gulden  noch  silveren  penninghen  coepen  noch  vircoepen  en  sali 
«  noch  sich  mechticu  maken  enighen  wissele  te  halden  oft  oeck  vreempde  munien  off 
»  nuwe  munten  inder  stadt  inbrenghen  hy  en  hehbe  ten  eerste  daer  van  tconsenl  ende 
»  Igemuede  van  onzen  genedighen  heren  ende  der  synre  stadt  ende  so  wy  hyr  in  dy 
»  contrarie  dede  sal  verburen  aen  den  heeren  ende  aen  dy  stadt  twiutieli  ryus  gulden 
»  van  den  wclcken  den  aenbrengher  oeck  gericht  syn  sal  vanden  deerden  pennick.  .la 
»  het  en  waere  dan  enich  gebroken  gelt  oft  gebroken  silver  sonder  argelist.  » 

(Liber  plébiscitant)/!  de  i'ill ,  f°  xix  .  .  .  .  ) 

On  voit  dans  ce  petit   édit  ,   comme   on   pourrait  le   voir  d'ailleurs  dans  un  millier 


—  529  — 

Dans  le  courant  du  XVIe  siècle ,  les  Lombards  quittèrent  la 
ville  de  Tongres  et  cédèrent  leurs  banques  à  d'honnêtes  bourgeois 
qui  héritèrent  de  leur  nom ,  mais  non  pas  de  l'habitude  de  se  con- 
centrer dans  une  même  agglomération. 

La  rue  des  Chiens  ou  des  Juifs,  autrefois  un  coin  réprouvé, 
fut  réhabilitée  avant  l'année  1600,  et  à  l'époque  où  les  Lombards 
quittèrent  la  ville  elle  était  déjà  habitée  par  des  familles  très- 
honorables. 

Vers  ce  temps  à  peu  près,  remonte  l'institution  des  monts-de- 
piété  dans  le  pays  de  Liège.  Ferdinand,  archevêque  de  Cologne 
et  prince-évèque  de  Liège,  en  décréta  l'établissement  provisoire 
par  un  mandement  daté  de  Bonn  ,  le  5  avril.  Cette  innovation 
utile  n'était  pas  du  goût  de  la  turbulente  population  de  Ste-Wal- 
burge  à  laquelle  d'amères  déceptions  avaient  trop  souvent  appris 
à  se  défier  des  généreuses  dispositions  de  leurs  souverains;  elle 
réclamait  fiévreusement  la  conservation  des  anciens  Lombards. 
Quatre  années  plus  tard,  le  26  juillet  4625,  l'évoque  osa  publier 
ses  «  règles  et  privilèges  et  institution  générale  des  mont-de- 
»  piété  de  Liège  et  comté  de  Looz.  »  La  surintendance  générale 
de  ces  nouvelles  institutions,  héréditaire  et  libre  de  toute  charge, 
fut  confiée  à  Simon  Monilet  qui  avait  déjà  présidé  antérieurement, 
en  la  même  qualité,  à  l'érection  des  monts-de-piété  provisoires  ». 
Le  2-4  décembre  1626,  l'official  de  Liège  accorda  l'autorisa- 
tion d'ériger  à  Tongres  une  succursale  du  monl-de-piété  de  Liège. 

d'autres  pièces  authentiques ,  que  la  délation  et  l'espionnage  n'étaient  pas  moins  encou- 
ragés par  les  princes- évêques  que  par  les  autres  autocrates  du  moyen  âge;  l'excitation 
à  la  haine  du  prochain  était  au  reste  une  des  armes  favorifes  de  ces  prétendus  apôtres 
de  la  charité  chrétienne.  Encore  prenaient-ils  un  soin  égal  des  bourses  et  des  consciences 
de  leurs  ouailles.  Le  juge  ,  le  délateur  partageaient ,  par  exemple ,  avec  le  législateur  le 
produit  des  amendes  ;  ainsi  le  justiciable  était  toujours  assuré  que  les  lois  étaient  exé- 
cutées aussi  rigoureusement  qu'elles  avaient  été  élaborées. 

1  Monts~de-pieté  du  pays  de  Liège  et  comté  de  Looz,  par  R.  P.  Louys  du  Cha^teaU, 
provincial  des  Frères-Mineurs  conventuels.  —  Liège,  1628,  p.  17. 

P.  De  Decker.  Etudes  historiques  et  critiques  sur  les  motits-de-piété  en  Belgique. 
—  Bruxelles ,  1844  ;  p.  99  et  suivantes. 

XXIX  x\ll  33 


—  530   - 

Elle  fut  installée  dans  une  maison  de  la  rue  des  Chiens  appartenant 
au  secrétaire  Gérard  Van  Castert.  Lorsque,  le  13  octobre  104-3, 
la  maison  fut  vendue  par  les  héritiers  de  Van  Castert,  l'intendant 
général  chargea  son  caissier  Tilman  Fesljiens  de  l'acheter  pour 
compte  de  l'administration.  Depuis  que  les  administrateurs  avaient 
loué  cette  maison ,  ils  en  supportaient  les  frais  d'entretien  et  de 
réparation  ;  ils  n'auraient  donc  pas  aimé  qu'un  autre  profilât  des 
dépenses  qu'ils  y  avaient  faites  4. 

En  ce  moment  la  bulle  du  pape  Léon  X  semblait  avoir  porté 
tout  son  fruit.  Les  pratiques  usuraires  étaient  sévèrement  défendues 
par  tous  les  souverains  et  la  justice  poursuivit  à  outrance  ceux 
•  qui  nullo  labore,  nullo  sumptu,  nullo  periculo  lucrum  fœtus 
'  que  conquivant  -.  •  Ce  furent  les  édiles  de  Padoue  qui,  en 
1-491,  donnèrent  l'exemple  de  la  répression  de  l'usure  et  insen- 
siblement ce  honteux  abus  disparut.  Néanmoins  on  rencontrait 
encore  dans  certains  endroits  des  tripots  où  l'on  recevait  clan- 
destinement des  objets  à  gage ,  quand  il  n'y  avait  déjà  plus  que 
les  monts-de-piété  qui  eussent  une  existence  légale,  mais  on 
sévissait  avec  rigueur  contre  ces  pratiques  immorales. 

Le  28  janvier  1732,  l'évêque  Joseph  Clément  publia  un  édit 
qui  punit  de  50  florins  d'amende  et,  en  cas  de  récidive,  d'une 
peine  corporelle  celui  qui  dorénavant  tiendrait  encore  des  Lombards 
secrets  5. 

A  Tongres,  le  mont-de-piélé  (de  bergh  van  bermhertichheyt) 


'  V .  Annexe  n°  V  

*  Nous  ne  savons  pas  au  juste  quand  Léon  X  porta  ce  décret  ;  mais  il  est  générale- 
ment accrédité  que  ce  fut  en  15-11  à  son  retour  du  dernier  concile  de  Latran  où  il 
défendit  si  chaleureusement  les  droits  des  pauvres  et  la  charité  universelle.  Au  concile  de 
Matines,  tenu  l'an  1570  ,  celte  bulle  fut  longuement  discutée  par  h'  cardinal  de  Granvelle 
ri  pir  l'illustre  évoque  d'Ypres ,  Cornélius  Jausenius,  le  promoteur  de  la  doctrine  dissi- 
dente à  laquelle  fut  donnée  plus  tard  le  nom  de  Jansénisme.  —  La  condamnation  de 
l'usure  pur  récriture  ,  les  saints  canons  et  la  tradition  île  l'Église  ,  par  Nicolas 
Cochois  ,  docteur  en  théologie  de  la  faculté  de  Paris  ,  Angoulème  ,  l(i"2. 

M.  Polain  ,  Recueil  des  ordonnances  <lt  la  principauté  de  Liège,  vol,  1,  p.  529 


—  531  — 

fut  fondé  dans  le  but  de  procurer  aux  personnes  nécessiteuses  des 
secours  d'argent  à  un  taux  peu  élevé;  de  plus,  une  grande  partie 
de  son  médiocre  bénéfice  était  alTecté  au  soulagement  des  pauvres. 
Comme  toutes  les  institutions  de  ce  genre  qui  se  trouvaient  dans 
le  pays  de  Liège,  il  était  plutôt  une  source  philanthropique  qu'un 
sordide  moyen  de  spéculation  et  de  lucre.  Son  administration  était 
dirigée  par  un  intendant  fsurintendent),  un  comptable  fsecretaris) 
et.  un  caissier  (cassier)  qui  se  trouvaient  sous  la  surveillance 
immédiate  des  commissaires-généraux  de  Liège  (de  heeren  pro- 
tecteurs van  den  prince  van  LudickJ.  Ceux-ci  avaient  le  contrôle 
de  toutes  les  opérations  financières,  avec  la  mission  spéciale  de 
veiller  sur  les  abus  usuraires. 

Les  employés  du  mont-de-piété  n'étaient  pas  plus  exempts 
des  taxes  et  des  impôts  que  les  autres  bourgeois  de  la  ville  fsy 
sullen  (jeexecuteert  ivorden  als  voor  prince  penninghe  en  de 
gabellenj.  Ils  n'avaient  pas,  comme  anciennement  les  facteurs  de 
la  banque,  des  privilèges,  ni  des  exemptions  et  en  temps  de  guerre 
ils  étaient  obligés,  sous  peine  d'exécution  militaire,  de  se  faire 
incorporer  dans  la  milice  citoyenne.  En  temps  de  paix ,  pour  jouir 
des  droits  civiques,  ils  devaient  faire  publier  au  son  du  tambour 
(met  den  trommelslachj  qu'ils  faisaient  élection  de  domicile  dans 
la  cité  fzich  porter  laten  roepen)  et  acheter  le  bénéfice  d'une 
corporation  civile  fhet  voll  recht  van  een  ambacht  coopenj. 

A  cette  époque,  la  mauvaise  foi  s'était  déjà  insensiblement 
éteinte  chez  les  peuples  et  l'habitude  d'adoucir  momentanément  la 
gène  de  son  semblable  en  lui  prêtant  de  l'argent,  à  faible  intérêt, 
avait  partout  pénétré  dans  les  mœurs.  Les  personnes  qui  détenaient 
des  fonds  se  bornaient  à  les  placer  en  rentes  hypothécaires.  Ainsi 
les  spéculations  de  banque  restèrent  exclusivement  du  domaine  du 
haut  commerce  et  des  Crésus.  Ici  encore  il  s'offrait  rarement  des 
difficultés  sérieuses  et  l'on  a  très-peu  d'exemples  à  citer  d'une  trans- 
action commerciale  ou  financière  qui  ne  se  soit  pas  faite  loyalement. 
L'usurier  était  pris  en  aversion  el   mis  au  ban  de  la  société.  Tuut 


—  532  — 

le  monde  se  méfiait  de  ses  allures.  S'il  faisait  encore  quelques 
rares  victimes,  c'était  chez  les  indigents  dont  il  escomptait  la  mi- 
sère et  l'infortune. 

Le  mont-de-piété,  avec  l'organisation  et  le  but  que  celte  insti- 
tution a  encore  aujourd'hui,  procurait  des  bienfaits  réels  à  nos 
ancêtres;  aussi,  jusqu'à  la  révolution  française,  exista-t-il  toujours 
à  Tongres  une  maison  où  l'on  prêtait  de  l'argent  sur  des  nantis- 
sements,  moyennant  un  modique  intérêt. 

Le  4-  pluviôse  an  II,  la  convention  nationale  avait  ordonné  qu'il 
lui  serait  fait  un  rapport  «  sur  la  question  de  savoir  s'il  était  utile 
•  au  bien  général  de  conserver  les  monts-de-piélé.  •  Ce  rapport 
ne  fut  pas  publié.  Les  monts-de-piélé  légalement  établis  conti- 
nuèrent de  subsister,  mais  ils  subirent  de  notables  modifications. 

La  loi  du  17  thermidore  an  III  conféra  la  direction  des  monts- 
de-piété  aux  administrations  départementales  et  plus  tard  le  décret 
de  messidor  an  XII  leur  imposa  un  conseil  administratif  composé 
des  membres  du  conseil  général  des  hospices  et  des  représentants 
des  actionnaires.  Ce  conseil  devait  le  régir  au  profit  des  pauvres, 
empruntant  là  un  usage  qui  avait  vieilli  dans  le  pays  de  Liège. 

L'administration  du  mont-de-piété  de  Tongres  n'avait  pas  attendu 
pour  se  dissoudre  et  cesser  ses  opérations  que  les  lois  françaises 
fussent  en  vigueur  dans  notre  pays.  La  veille  du  soulèvement  des 
patriotes  égalitaires,  les  portes  du  comptoir  de  Tongres  furent 
fermées  et  depuis  lors  la  nécessité  de  les  rouvrir  ne  s'est  plus 
fait  sentir  *. 

\  Il  est  vrai  que  le  conseil  municipal ,  consulté  par  le  préfet  de  la  Meuse  inférieure 
sur  l'utilité  d'établir  un  inont- de-piété  à  Tongres  «  lettre  du  5  septembre  1811,  » 
réjuiut  «  d'approuver  dans  toutes  ses  parties  ledit  projet  et  pria  le  préfet  de  vouloir  con- 
»  liibuer  à  accélérer  l'époque  où  la  classe  malheureuse  de  la  société  devra  à  ce  nouveau 
a  bienfait  de  Sa  Majesté  la  jouissance  des  avantages  qui  en  résulteront  pour  elle  ;  » 
mais  il  n'a  jamais  été  donné  suile  à  cette  résolution. 

(Séance  du   conseil  municipal  de   Tongres  du  8  novembre  1841). 


533  — 


ANNEXES 


28  Mai  1479. 

Concession  pour  l'établissement  d'une  banque  à  Tongres  faite  au  mercier 
Renier  Gaens  par  Jean  Sonderlants ,  chanoine  du  chapitre  de  N.-D.,  délégué 
à  cette  fin  par  l'évêque  de  Liège. 

Ick  lieer  Jan  Sonderlants  canonick  inder  kerken  Collegiael  onser  liever  vrouwen 
Tongren  in  naem  ende  van  wcgen  ons  genadighen  heren  van  ludick  na  dinhalt 
mynre  conimissien.  Ende  wy  burgemeisteren  geswoeren  ende  Raedt  der  stadt 
Tongren  voerss:  hebben  belieft  ende  geconsenteert  ende  met  deser  tegenwor- 
digen  leltercn  believen  ende  consenteren  dat  Reyner  Gaens  Cremer  nu  vorlaen 
der  stadt  Tongren  voerscreven  wisseleer  syn  sali  Ende  termyn  van  sesse  jaren 
lanck  durende  aengaende  op  sint  iohans  Dach  baptisten  in  iaer  in.c.c.c.c.  ende 
lxxix  Ende  die  Wisselbanck  te  halden  ende  te  gcbruyken  Als  men  dat  van  outs 
scbuld  geweest  is  te  useren.  Allen  gbelt  te  geven  ende  te  nemen  na  synen  rechien 
prys  ende  valoere  ghenen  gelt  boger  off  minre  te  prysen  otï  te  geven  den  enen 
dan  den  anderen  ende  so  hy  dat  selve  nemen  welde  bebalven  syn  gewoenlyc 
wisselgelt  te  weten  van  elken  grypen  eyn  ortken  van  enen  boden  ende  des  gely- 
ken  van  allen  gelde  na  quanteteyt  synre  weerden  daer  dat  voer  ghenge  ende 
gheve  is  Item  die  voerss:  Reyner  en  sal  gène  nuwe  moente  in  die  voerss:  stadt 
brengen  noch  die  utgeven  off  bestaden  die  en  sy  ten  iersten  gesedt  ende  gengich 
gemaect  by  onsen  genedigen  heer  ende  synre  stadt  van  ludick.  Oec  sal  hy  elken 
bebelpen  alsullicb  gelt  Als  men  aen  hem  versuekende  syn  sull  soo  verre  Reyner 
voorss  :  sulke  penninghen  by  hem  heeft  sonder  argelist.  Ende  off  dat  sake  weer 
dat  enige  nuwe  moente  die  onweerdich  off  ongengich  weer  binnen  der  voerss: 
stadt  bracbt  worde  en  dat  te  synre  conden  queme.  Dat  sal  hy  schuldich  syn  te 
openbaeren  aen  heer  ende  stadt  Off  oock  tsake  waer  dat  hem  voer  die  liant  queme 
Enich  valscb  penninck  vcrselvert  off  verguldt,  dien  penninck  sal  by  mogen 
breken  off  onlweye  snyden  sonder  daer  met  te  mesdoen  oft  te  canlengeren  van 
ymant.  Allen  deese  voerss:  poentcn  heeft  der   voerss:  Reyner  geloeft  ende   ten 


—  534.  — 

heyligen  geswoeren  wael  ende  wetlelye  te  halden.  Des  wy  heer  Jan  voerss  :  in 
naem  ons  genedigen  heren  onser  properen    siegell    ende   wy    Burgemeisteren 

geswoeren  ende  Raeilt  in  naem  der  voerscreven  stadt  onser  stadt  ziegele  deser 
letteren  hebben  aengehangen  int  iaer  ons  heeren  dusent  vierhondert  negenend- 
seventich  des  xxviij  daeclis  van  meye. 

(Extrait  des  archives  de  la  ville  de  Tongres ,  Heyisler  plebiscitorum ,  ab  anno 
1 177,  fol.  vj  verso.) 

II. 
18  Juillet  1522. 

Mandement  du  prince-évêque  Erard  de  la  Marck  ,  réglant  le  cours  ni  le 
changé  des  monnaies. 

Erard  van  der  Marck  by  der  ghenaden  Gods  Cardiuael  Ertz  busscop  van  Valence 
busscop  tôt  ludick  Herloghe  tôt  Billion  ende  Grève  lot  Loon  ,  etc.  Onsen  lieven 
getruwen  ende  zeer  beminde  lioglien  scoltet  van  Ludick  Baelliu  van  pont  damer- 
court  van  thuinli ,  Condros  ende  baspegou  drossert  ons  lants  van  loon  stockem 
Bilsen  peelt  en  montenaken  scolthet  onser  steden  van  boy  ende  loon  voorts  alleu 
anderen  onser  scholteten  ende  anderen  officieren  ende  honnen  stadt  belderen  of 
substituten.  Salut.  Alsoe  wy  over  langhet  tyt  gerne  provisie  ende  Règle  geset 
hadden.  Inden  loop  van  der  muynten  van  gelt  ende  silveren  die  onbeboorlyck 
gbelopcn  beeft  ende  soo  wy  aenmercken  nioghen  noch  dagelyx  zo  langen  zo  meer 
lopen  mocht  tôt  grote  achterdeel  binder  en  scade  van  onsen  ondersaten  ende 
Lande  int  ghemeyne  daerdureb  als  bere  ende  prince  van  den  landen  den  die 
dispositie  van  der  muynte  toebehoort  ut  cracbt  van  onse  Regalia  ,  cnz. 

Wy  by  rade  advis  ende  deliberatie  van  den  werdigen  onsen  Lieven  ende  zeer 
beniinden  proest ,  deken  ende  Capittel  van  ludicb  ende  melten  gedeputeerden  van 
onse  staten  nu  o:ilangs  vergadert  binnen  deser  onser  stadt  ludick.  llebben 
gbesloten  ende  gheordineert  voor  dit  mael  dat  van  nu  voorlaen  die  pennigen  van 
goldc  ende  silveren  sullen  loop  bebben  in  onse  landen  tôt  sulckcn  pryze,  als  ghy 
bide  copie  van  den  ordonnance  die  wy  hier  met  sinden  sien  suit  gbetekent  byenen 
van  onse  secretaris  tolter  tyt  toe  wy  anders  sullen  geordineert  hebben  ende  also  als 
wy  dat  beviuden  sullen  orbarlyxt  te  zyn  voor  dat  ghemeyn  waelvaert  wye  wael 
dat   Inde  naeghcburen  land  die  mointe  loop  beeft  In  swaren  ende  ledich  werde. 

Ontbieden  Ucb  daerome  zeer  ernstelyck  bevelende  tsamen  ende  enenyelicken 
van  ucb  besonder  dat  ghy  op  den  neesten  merckdaech  nae  dat  deze  onse  mande- 
menten  ucb  ghelevert  sullen  werden  doet  publiceren  utroepen  ende  bevelen 
alumine  daer  men  gbewoonlyck  is  utroepen  publication  te  doen  van  onsent  wegen 
dat  nyemanl  van  wal  staet  ofl  conditie  hy  zy  en  presumeer  te  neraen  oit  uf 


-    535   - 

Jeghevcn  de  vooi'Scrcven  peningeu  anders  dan  nac  innehalt  van  den  voorscreven 
ordinantien  op  die  pêne  hier  navolgen  te  weeten  ierst  dat  die  sjene  die  daer  legen 
deden  sullen  verboren  die  penengen  die  zy  aldus  ghepresenleert  ende  utghegeven 
sullen  hebben  ende  daer  toe  dat  ghene  zy  metten  selven  peningen  zullen  gecocht 
hebben  oft  in  communicatie  gestalt  ende  die  selve  peyne  confiscalie  ende  boele 
sullen  gedeylt  ende  appliceert  werden  nemelyck  eyn  derdeel  tôt  onss  profyt  dander 
derdeel  den  heer  of  stadt  daer  ondcr  dat  selve  gheperpetreert  of  gescbiet  solde 
zyn  ende  eyn  derdeel  dea  ghenen  die  dat  excess  aenbrengen  soll  ende  openbaren. 
Ende  waert  bevonden  dat  der  amptman  olT  officier  van  der  vlecken  naedat  hem 
dat  Rapport  van  den  excess  gedaen  ware  neyt  en  volchden  die  correctie  als  boven 
gliedaeu  te  zyn  het  waer  onse  officier  of  van  den  voorss-  heer  als  baellieu  drossert 
scoltet  scepen  of  anderen  off  officier  van  der  stadt  of  steden  als  borgmeestereii 
ende  derghelykeif  zy  sullen  ghecorrigeert  worden  sonder  rernissie  oft  eniger  dis- 
siuiulatie  voordyerste  werff  ende  voorder  tweeden  werff  sal  dobbel  verbeuren  van 
Igbene  dat  bovenghescreven  steyt  te  deylen  ende  bekeren  als  boven  Ende  zo  vere 
liy  dat  derdewareff  dede  so  sal  hy  ghepreveert  zyn  van  zyne  officien  ende  ghecor- 
rigeert werden  arbitralyck  ghelyck  als  wy  in  onsen  raedt  vinden  sullen  sculdich 
zyn  te  ghescien  item  oft  yemant  enige  vreemde  stucken  van  golt  of  silveren  hadde 
die  alwyle  nyet  ghevalueert  en  zyn  by  zal  die  selve  stucken  mogen  sien  lalcn  oin 
die  werde  te  weeten  sonder  yet  te  verbueren  doch  en  zal  by  die  nyet  mogen 
utgheven  communiceren  noch  in  betalingen  van  enigen  anderen  dingen  laten  ten 
sy  dat  die  selve  penningen  yerst  gheviseteert  ende  ghevalueert  werden  by  lieden 
die  zieb  des  verstaen  op  die  pêne  als  boven  item  om  dat  voortyts  onze  ordinan- 
tien ende  evaluatie  van  der  muynten  qualick  gehalden  syn  gheweest  nyet 
alleyn  by  ghebreck  van  den  officieren  dan  oeck  sonderlingen  durch  die  ghe- 
richeyt  van  deghenen  die  sich  onderwanden  hebben  van  taffeltterie  ende 
anderen  desgelycken  pratiquen  ende  ouder  dat  sebyn  van  den  selven  pra- 
tiquen  hebben  die  penningen  van  golde  ende  silveren  ghebiketeert  die  besten 
ende  swairsten  uten  besten  ghenomen  die  anderen  besneden  gesmolten  ende 
affiniert  soe  dat  die  beste  muynten  gaen  buten  onss  landen  wy  ons  daerop 
te  versien  hebben  nu  verboden  ende  verbieden  mets  dezen  onsen  brieven 
sulckc  pratiquen  ende  manier  van  doene  op  die  peyne  ghecorrigeeit  te  werden 
also  hoghe  als  van  differie  ende  openbaer  crimineel  misdaet  Ordineren  als 
boven  off  van  nu  voortaen  yemant  bennen  ons  land  bevonden  waren  van  wat  staet 
hy  zy  die  sal  onderwonde  taffeletterie  te  holden  off  enige  billon  te  copen  off  ver- 
copen  noch  enigen  pennengen  te  bikeleren  van  golt  of  silveren  loep  hebbende 
bennen  onss  land  of  anderen  die  verboden  zyn  noch  oeck  eniger  anderen  materie 
van  golt  ende  silver  die  anderswae  te  draghen  dan  op  onse  muynte  om  aldaer  le 
verwercken  die  ghene  die  dat  deden  sullen  of  sal  voor  dyeste  waerff  verbruecken 
die  pennengen   of  materie  die   by  sue  utghedragen  sal  hebben  ende  daer  by  die 


—  536  — 

boete  bctalen   te  wetene  voor  elcken  pennick  Iwee  yolde  gulden  en  voorelcken 
silveren  pennick  een  dobbel  stuiver  tappliceren  als  boven  ende  voor  die  tweede 
waerff  sal  verboren  ende  betalen  boven  die  voorsscreven  peyne  tôt  onse  profyt 
vyflicb  der  voorscreven  gulden.  Ende  ofif  die  derde  reyze  ghebuerde  sal  die  penc 
arbitraire   zyn  ende  gbecorigeert  werden    sonder   enigen  remissie  waert    oeck 
yemant  bevonden  die  enigen  penningen  besnede  badde  gbewaschen  oft  enich  sins 
ghcinindert  of  ghefalsificecrldie  sal  gbecorrigeert  werden  als  eenen  valscber  van  der 
muynten  toebeboort.  Item  omme  te  benenien  dat  bedroeb  ende  valsheyt  die  pen- 
ningbe  voortytsgbedaen  moghen  hebben  onder  dat  schyn  van  wisselereu  ut  willen 
ende  is  onse  meyninghe  ende  beveel  dat  nyemant  wy  hy  zy  en  sal  zich  mogen 
onderwinden   van  wisselen  by  en  sal  tyerst  ende  voor  al  overbringen  certilicatie 
van  der  stadt  of  steden  daer  hy  sal  willen  resideren  ende  die  officie  exerceren 
van  zynen  goeden  famé  ende  bequaèmheyt  in  dess  stuck  ende  daer  op  onsen 
brieven    van  commissie   in   beboerlycke  forme  metten    instructien    ende    ordi- 
nantien  daer  toe  dienenden  verwernen  op  die  peyne  die  hier  boven  gescreven 
zyn   van    de    taffeletterie.   Bevelen   voorts  ende    ordineren    als    boven  dat    die 
borgbemeysters   van   onss  stadt   hulick  ende  van  aile  anderen  onsen  steden  ons 
lants   sullen   van  stonden  aen  nae  die  publicatie  van  dezen  onss  mandementen 
doen  makeu  elck  drie  copie  van  onss  ordonantie   ende  evaluatie  boven  geruert 
ende  metten  selve  doen  ghepubliceert  daer  af  dat  ene  gesadt  sal  werden   open- 
baerlyck  voor  die  doere  van  der  principaler  kercken  de  ander  inden  inganck  van 
die  stadthuys  ende  die  derde  op  ten  groten  raarckt  van  de  voorsscreven  stadt. 
Ende  om   dat   men  dess  ons  mandementen  in  diverse  plaetzen  behoeven  sal  soe 
is  onse  wille  ende   beveel  datmen  aen   die  copie  getekent  met  enen  van  onss 
secretar  gheloven  hebben  sali  gbelyck  aend  originalen.  In  orkonde  der  waerheyt 
soe  hebben  wy  onsen  hantteyken  gbesadt  ende  secreet  signet  doen  drucken  hier 
onder  aen  dess  onsen  mandementen   die   ghegeven  is    in   onser    stads    ludick 
den  xvij«»  dach  Julij  Anno  xvc  xxij   Aldus  on  dergetekent  Erardt.   ende   byden 
secretar  H.  Bardoul  ende  aldus  by  collatie  ghedaen  ende  originalen  ende  concordert 
11.  Bardoul. 

Die  valuatie  van  de  golde  ende  muynten  die  loop   hebben  sullen  inde  lande 
van  ludick  ghepubliceert  aen  den  peroen  xxj«  augusti  a0  xxij. 

GOLDE  MUYNTE.  Gulden.      Btuver. 

Der  groot  Reael  van  oestryck x 

Der  rozenobel v 

Die  halve  ende  vierendeyl  nae  advenant. 

Der  nobel  benricus 'i'j  x 

Die  halve  ende  vierendeyl  nae  advenant. 

Der  Angelott  van  Inghelant iij  v 

Dat  guide  toyson litfj 


53< 


Gulden. 

Der  borgoens  Leuw ij 

Die  twce  deylen  nae  advenant. 

Den  postulatus  Arnoldi 

Die  bonrbons  postulatus  gulden  die  ij  Ingelsce  wagen  \ 

sullen r 

Des  postulaets  hontgens  gulden / 

Der  lovenscbe  peter 

Der  goltgulden  van  frankfort \ 

Der  golde  gulden  van  braudeborch 

Der  goltgulden  van  den  busscop  van  Coelne  . 

Der  golde  gulden  van  Coelne 

Der  bomscbe  goltgulden 

Der  goltgulden  van  den  busscop  van  metze   . 

Der  bayersce  goltgulden 

Der  goltgulden  van  den  busscop  van  trier. 

Der  goltgulden  gbeslagen  in  zassen 

Der  oestrycksce  gulden     ........ 

Enùe  aile  andere   golde  gulden    die  ghemoent  zyn 

boven   Coelne  in  almoignen   cnde  ghevalueert  in 

brabant. 

Der  goltgulden  van  limborch 

Der  goltgulden  van  luneborch 

Der  goltgulden  van  bremen ( 

Der  yerste  gulden  van  gulick ) 

Der  goltgulden  von  zwolle I 

Der  goltgulden  van  denemarcken I 

Der  goltgulden  van  deventer f 

Der  goltgulden  van  dormonde 

Der    nuwe   utrecbgulden    gemaect   by   den    busscop 

ffriderick  van  utrecbt 

Der  goltgulden  van  muynstre 

Der  dobbel  goltgulden  van  cleve 

Der  dobbel  van  horne  

Der  brytaenscberyder 

Die  savoysche  crone    

Die  crone  van  guize 

Die  crone  van  thoulousen 

Die  crone  van  tordes 

Die  cleinmer  van  gheldre 


xiii.j 
xxv  iij 


xxv 

XXV  j 

xxxviij 


\ 


xlnj 


—  538   — 

Gulilen        Sluver 

Der  guldcn  van  nummcghcn  metlen  aer  ....  wij 

Der  golde  Pliilippus i 

Der  Jolrannis  scilt r 

Der  dobbelen  Erardus \ 

Der  guide  fredericus  van  Vrieslant  v;m  Zasse ) 

Der  Reaele  van  keyzer  Karlc iij  vj 

Der  halve  Reael xxxiij 

Den  keyzers  guide  Karolus \\\y 

Der  dobbel  ducaet  van  Gastillie iiij  vj 

Der  hongers  ducaet.      \ 

Der  ducaet  van  portugacl / 

Der  ducaet  van  Castillie 

Der  liourgoensclie  ryder 

Die  halve  nae  advenant 

Der  pauweslyck  ducaet  van  vtalieu , 

Der  veneetsce  ducaet I 

Der  floreuschc  ducaet    .  f 

Der  Jenuces  ducaet .  /  *"* 

Die  salut \ 

Der  ducaet  van  boulongne 

Eride  aile  andere  ducaten  van  ytalien 

Die  corone  metter  sonne f  x I j 

De  halve  nae  advenant ) 

Die  crone  van  den  konick  I 

Die  schuytkens  van  mechelcn \ 

Die  wilde  crone  van  switzen  metten  slotel  ende  dry 

cruyzen xwv 

Den  aldeu  Reael i 

Die  auwe  crone  vry  te  voet \ 

Der  andries  guide  met  St.  Andries  cruys  .    \ 

Den  gwilhelmus  scilt / 

Den  marceguld   van   Bourbon  met  bilden  van  onser  ( 

lieve  vrouwen.     . ) 

Die  auwe  Ulrich  gulden 

Die  auwe  ryders  van  geldre 

Der  hinsbercli  ingel 

Der  bourbons  leuwe 

Die  nuwe  ryders  van  geldre i 

Die  nuwe  guide  van  utrecht » 

Der  pliilippus  clinckert  van  ghewicbt  . 

Der  bavers  gulden 


Ni 


XI.  V 


xxij 


XXVJ 


XMJ 


XIX 


XIX 


—  539  — 

(Julden.       Sluver 

Der  rodolphus  guidon \ 

Den  martinus  guidon j 

Den  gulden  berline j 

Den  iiuwen  badems  gulden  van  Utrechl  .   ) 

Der  hornspostulalus xiij 

Der  Erardus  postulatus xij  ss 

Der  postulatus  van  gulliek ...  ....  xij 

Der  gulden  inetten  ayer j 

Der  cleyn  gulden  metter  werelt \ 

Der  emptergulden  van  frieslant xxv 

Der  coppenolsgulden xxiiij 

Der  goltgulden  van  loraine ) 

Der  goltgulden  van  melz )  '"' 


IX 


DIE    Z1LVERE    MOENTE. 

Der  grote  pennick  van  zassen t 

Der  grote  penninck  van  poolhen ^ 

Der  groot  zilveren  Reael vj  ss 

Dat  silveren  toyson / 

Den  dobbelen  karolus  Imperator 1  J         ^ 

Die  simpele  nae  advenant 

Die  ingelsce  stoter \ 

Den  dobbelen  van  vranckryck / 

Der  coolschstoter *i  ■• 

Die  dobbelen  griffons 

Die  simpele  nae  advenant 

Der  dobbel  brabans  stuiver j 

Die  dobbel  van  horne  J 

Die  simpele  nae  advenant  ende  dat  vierendeyl 
Dat  dubbel  vueryzeren  metten  twee  leuwen   . 

Die  metzpenninck 

raechelsche  ende  bourbon 

Der  dobbel  karlyn  van  portugael \  iij 

Der  philippus  van  namen 

Der  dobbel  kerlyn 

Die  portingaloos 

Die  simpol  nae  advenant. 


—  540  — 


Der  iohannes  braspenninck 

Der  carolus  met  S.  Andriescruys 

Der  dobbel  philippus  ende  carolus 

Die  simpel  nae  advenant. 

Der  melaeiis  sleper 

Der  Savoyss  sleper. 

Der  sleper  van  Sint  bernarts  berglie 

Der  sleper  gemaect  tôt  berne  boven  metten  ayer. 
Der  sleper  gemaect  te  fryborcli  met  ene  busscop  en 

die  andcren  met  enen  casteel  en  enen  aer  daer  boven 

Die  slepers  metter  bonetten 

Die  slepers  metten  hiennden  ende  enen  busscop  sitlen. 

Die  snapbanen  van  gelre 

De  cleyn  snaphanen 

Item  aile  penningen  van  sint  marten  ende  andere  die 

ghelopen  liebben  op  ij  ss.  iij  ort 

Die  frans  stuver . 

Diecoelssstuver 

Der  penninck  van  deventer 

Der  penninck  van  nuys  met  twe  grote  scilde. 

Der  stuver  van  beynsberch, 

Die  sargie  van  britaigne 

Die  hollants  tbuyn 

Die  Erardus  stuver 

Die  molemen  van  gulick 

Die  dobbel  van  Lutzemborcb   ....  . 

Die  sneebercb  penninck  van  zasseu     

Die  cleyn  penninckens  die  men  lieet  crusorts. 

Die  rader  wit  penninck 

Die  vierdels  van  slepers 

Die  dobbel  karoly  van  Gelre 

Die  ganze  van  clcve 

Die  woersey 

Die  penninge  métier  g  : 

Die  vleemsblanck 

Die  auwe  tbuyne 

Die  franse  karolus 

Die  penningen  van  Sint  Stcven.     ...... 

Ende  die  penningen  van  Coraynen  ende  die  ander  nae 

advenant  


iulden.        Stuver 

xxxix  ss 
ij  en  iij  oit 

x  en  vii  ss 


ix  ss 
viij 

iiij 
ij  en  xij  ss 


XLVSS 

iiij  en  iv  ss 

xij  ss 

xxvij  ss 

ij  en  j  ort 

j  en  iij  ort 


xxj  ss 


XX  ss 


—   541 


Gnlden 


eken 


Die  grote  dobbele  van  de  voorss  penninghen 
Die  penningen  van  Castillien  met  den  v] 
Die  bobbel  bnerengrossen    .... 

Die  boerengross 

Die  savoysche  blancken 

Die  bourbons  blancken  melter  vlammen 

Die  auwe  aexesse  buysche. 

Die  penninck  vlaemer  botgen  . 

Der  coppenoll  van  ghent     .... 

Die  penningen  melten  barden  . 

Die  penningen  métier  zoocli     . 

Die  cleyn  penningen  van  boni. 

Die  cleyn  penningen  van  gnllick    . 

Die  cleyn  penningen  van  Aken. 


SI  mer. 

iij  en  viij  ss 
iij  en  iij  ort 
XXX  ss 


XV  ss 

i  en  iij  ss 
xwiij  ss 

ix  ss 


Nocbtans  verslaen  dat  allen  stucken  goûts  hier  boven  gevalueert  sullen  hon 
gew  dit  hebben  oft  bestaet  werden  ten  vvissel  naer  die  werde  van  honnen  ge- 
wichte  Ende  die  penningen  die  hier  boven  nyet  ghevaluert  in  zyn  en  sullen 
eghenne  wyse  loop  hebben  sy  en  syn  tyerst  gbeasseyeert  ende  ghevalueert  by  lude 
daerop  gbeeedt  van  wege  myns  beeren  daertoe  expers  ende  des  verstaende  mer 
der  wisseler  sal  hebben  dan  van  die  werde  gheven  volgende  der  ordinantien  die 
daervan  gegbeven  sullen  werden  Ende  der  voorscreven  wisseler  sal  voor  synen 
arbeyt  bebben  van  wisselen  van  thien  stuyvers  eyn  ort  stuver  oick  eest  condi- 
tioneert  ende  gheordineert  datmen  sal  moghen  betalen  ende  rekenen  voor  enen 
van  die  voorsscreven  guldens  twee  gbemeyn  guldens.  Aldus  ghcsloten  ende  gheor- 
dineert by  myneu  voorscreven  heeren  des  xviijen  daechs  Julii  Inden  jare  xvc 
xxij  tegewordicb  meester  Leone  Cansellier  Jo  Ferret  ende  meer  andere  van 
zynen  rade. 

By  expresse  beveel  myns  voorsscreven  ontsienlyken  béer  H.  Bardoul. 

(Extrait  des  archives  communales  de  Tongres  ,  Liber  negotiorum  ab 
anno  1511  ad  1585,  fol.  xxxiiij). 


III. 

8  Août  1570. 

Accord  fait  par  la  régence  de   Tongres   avec.  Michel  Pourguyn  pour 
l'établissement   d'une  maison  de  prêt. 

Wy  Borgemeesleren  Geswoeren  Baet  ende  de  allen  die  ondersaeten  ende  inwoen- 
deren  den  sladt   Tongeren  in L  gemeyn   met  bare  vrybeyt  ende  bewende.  Alleu 


—  542  — 

den  geenen  dië  desen  onscn  opene  brieffven  sullen  aensien  versfaen  oft  lincren 
lesen.  Groelc  imien  oppersten  heere  Godt  almachtich  met  kennissc  der  waerheit 
der  dîni^lieti  nae  bescrevcn  syn  kennelyck  ende  openbacr.  Alsoc  wy  ontfangen 
bebben  gehadt  die  oetmoedige  supplicatie  van  onscn  lieven  ende  welbeminde 
Michiel  Pourguyn  oui  alliier  in  desc  stadt  te  mogen  oprichten  ende  halden  taffel 
van  leningen  om  eenen  yegelicken  des  van  noden  hebbende ,  te  gerieven  nae 
voerder  inhalt  der  voerscreven  supplicaticn.  Soe  hebben  wy  Borgemeesleren 
geswoeren  Ract  ende  allen  die  ondersaeten  uit  gemeyn  daertoe  specialyck  ter 
gewonlycke  plaetsen  vergadert  zynde  (aenmerkende  t'selve  niet  tôt  achterdeyl 
der  ondersaeten  ,  meer  tôt  groeten  voerdeel  te  tenderende)  den  voorss:  Micbiel 
geconsentert  alsullix  te  moegen  doen  in  manieren  naebescreven  ende  nae  dien 
Micbiel  voerscreven  alsoe  gesint  ende  beraeden  was,  om  voerss:  taffel  halden 
van  leenen  in  deser  stadt  te  resigneren  ende  oever  te  geven  in  onscn  handen 
toi  behoeff  matbis  à  la  franck  piedmonteser  welcke  resignatie  met  ons  consent 
geschiet  synde  soe  bebben  wy  in  die  plaetse  des  voerss:  michielen  aengenoemen 
ende  selve  geconsenteert  te  mogen  doen  ende  halden  den  voerss:  malhis  à  la 
Franck  lombart  in  allen  manieren  als  oft  micbiel  voorss:  t'selve  hadde  mogen 
doen  overmits  condiliën  naebescreven. 

In  den  iersten  dat  wy  den  voerss:  matbis  syne  huysvrouwe  met  synen  huysge- 
sinne  ende  diensboeden  ontfangen  bebben  ende  by  desen  ontfangen  om  in  deser 
stadt  ende  baer  vryheyt  te  wonen  te  geschien  den  termyn  van  twelleff  iaeren 
continuclyck  doen  nae  den  anderen  nae  volgende  beginnende  van  den  iersten 
daege  (1er  maent  july  deses  iaers  1570  ende  uytgaende  ten  gelycke  daege  nae 
de  voerss:  xij  iaeren  als  boven  verstreeken  zynde.  Overmits  byden  voerss:  malbis 
synne  gesinne,  facteurs  ende  commitleerde  te  betaelen  allen  gabellen ,  cysen 
imposten  ende  anderen  gerechligheyd  en  subiectien  gelyck  als  wy  ende  aile  ande- 
ren borgeren  deser  stadt  doende  zyn  uytgenoemen  dat  der  voerss:  matins  syne 
dienaers  facteurs  ende  buysgesinne  sullen  zyn  quyt  ende  exempt  inder  waecken 
welligen  matliys  coopman  lombart  boven  genoempt  syne  huysvrouwe  buysgesinne 
syne  dienstboeden  wy  genomen  ende  ontfangen  bebben  nemen  ende  ontfangen  by 
desen  in  onscr  porlerschap  ende  borgherschappe  bewaernis  ende  deiïensie  den 
voerss:  termyn  duerende  ende  soe  verre  die  hier  woenendc  zyn  Alsoe  dat  sy 
sullen  albier  vryelyck  mogen  woenen  in  deser  stadt  ende  vryheyt  van  Tongeren 
als  voerss:  es  ende  sullen  onderbalden  gebruyeken  ende  genieten  der  stadt  privi- 
legii'ii  vryheil  ende  aide  gewoenlcn  der  zelver  stadt  allet  gelyck  anderen  borgeren 
beheltclyck  dat  der  voerss:  mathys  ende  die  van  zynen  weegen  albier  zal  blyven 
resideren  ende  wonen  sicb  tcrslont  doen  sullen  in  een  der  Ivveleff  ambachten 
deser  sladt  ende  denzelven  ambacht  sicb  te  presentereu  ende  sicb  doen  porter 
roepen  nae  inhall  der  stadt  privilégier]  ende  uzantien  der  stadl  ende  den  ambacht 
eydl  doen  van  de  gelrouwiclieyl  als  anderen  goeden  borgeren  ende  als  dan  dacr 


—  543  — 

Wiéde  bev'ryèn  hnnne  daegelyxsfche  huysgesinne  Endc  vorts  om  lionne  comen- 
schappe  te  mogen  dodn  te  copen  vercoepen  Wysselen  lenen  ende  voirts  met 
honnen  penninghen  goedren  ende  commenscliappen  in  aile  maniereï)  le  doen 
lionne  ptoffyt  nochtans  gracelyck  ende  redelyck  alsoe  deckk  ende  meniehmael 
alst  lion  gnciduncken  zal  Onlfangende  alleynlyck  voor  die  pennige  van  sess 
gulden  brabans  gerekent  twintich  stuver  brabans  voor  ellicken  guidon  eenen 
sluver  gelycke  munte  ter  weke  ende  alsoe  te  doen  onder  penningen  boven  oft 
onder  die  voerscreven  somme  nae  advenant  der  penningen  wel  verstanden  dat 
der  voerss:  mathis  niet  en  zal  mogen  surrogeren  oft  slellen  eenen  anderen  lombart 
in  zyn  plaetse  voerscreven  sonder  consent  Rorgemeisleren  geswoeren  ende  Raet 
Endc  desgelyx  soe  cen  sullen  wy  oick  niet  mogen  duerende  desen  lermyn  van 
twelff  iaeren  voerss:  accepterai  eenen  anderen  om  taeffel  van  leninge  te  liolden 
inder  voerscreven  stadt  ende  hue  vrybeit  bel  een  waer dan  dat  der  voerss:  mathis 
zicli  selve  des  ontsloech  oft  deporteerden  oft  dese  tegenwoerdige  woerden  voerss: 
termyn  gerenoccert  en  waere.  Item  wy  gcloeven  den  voerss:  mathis  dat  ghevn 
crysvolck  byder  stadt  oft  regenten  der  sel  ver  geforciert  en  zal  worden  in  synen 
oft  van  zynen  facteurs  buyss  ten  waer  met  zynen  oft  honnen  believen  deur 
orloghe  peyss  oft  wat  anderen  manieren  dattet  waer.  Item  dat  wy  den  voerss: 
mathys  oft  zynen  facteurs  om  der  commenscliappen  vercopinge  leninghe  oft 
bandelingen  wille  die  sy  doen  mochten  met  honnen  peningen  ende  waercn  die 
sy  selve  oft  bonne  gesinne  sullen  gestelt  en  ingeset  hebben  in  bonne  plaetse  oft. 
woeninge  moegen  handelen  doen  ende  gebruyeken  nae  honnen  profFyt  honnen 
wille  ende  goet  duncken.  Item  dat  der  voerss:  lombart  noch  ymant  van  tsynen 
wegen  niet  en  zullen  moegen  pennige  doen  op  enich  harnas  oft  geweer  van  den  bor- 
geren  deser  stadt  ofthaer  vrybeit.  Item  oftgebenrde  dat  der  voerss:  mathys  syne  volck 
oft  familie  hadde  gecocht  oft  geleent  op  enighe  pand  iuwele  oft  coinmenschappe 
hoe  die  dan  gelcgen  waeren  ende  daer  nae  aen  die  zelve  iuwelen  oft  panden  gc- 
beurden  enige  diverye  die  zelve  gestoelen  oft  verloeren  weren  oft  enichsins  by  anderc 
occasie  wy  dat  dan  waer  niet  te  vinden  eene  waere  soe  es  voerwaert  dat  die  gheene 
dien  sullighc  iuwelen  oft  panden  toebehoraide  waeren  zullen  voldaen  ende  betaelt 
worden  naden  valeur  honner  panden  oft  iuwelen  daer  inné  die  gène  die  den 
verloren  pant  toehehorende  waeren  sullen  voldaen  ende  betaelt  worden  naden 
valeur  honner  panden  oft  iuwelen  daer  inné  die  gène  die  den  verloren  pant  toe- 
hehorende was  sullen  gelicht  zyn  metten  cyde  ten  heyligen  om  sullix  te  affirmerai 
dwellich  der  voerss:  lombart  oft  zyn  volck  zal  hehoercn  te  bclalcn  behalffven  daer 
aen  aff  te  corten  wes  daer  op  geleent  waer  metten  verloop  daerop  die  voerss: 
mathis  oft  zynen  facteurs  sulle  gelocht  zyn  bon  te  vcrclcren.  Item  oft  ymants 
op  enighe  panden  gelt  ontlecnt  hadde  aen  den  voerscreven  mathis  oft  zyne 
facteurs  ende  sy  lion  brieffken  dat  sy  van  den  lombart  onlfangen  hadde  verloeren 
badden  ende  middere  tyt  honne  panden  geerne   solde  qiryten   oft   te  hebben   van 


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l.iiii  geerne  een  ander  brieffkcn  om  hunne  panden  alsoe  geerne  te  versekercn  Soe 
sullen  die  zelve  lombarts  alsulligen  partyen  sullix  versueckeride  onder  behoirlycke 
cautie  ende  borgen  lion  pand  laeten  volgen  eenermits  betaelende  wes  die  pand  ver- 
stand  hebbea  metter  leeningen  oft  sullen  lion  scryven  een  ander  brieiîke  gelyck  den 
iersten  Item  wy  conseillerai  ende  accorderen  den  voorscreven  mathys  syne  com- 
mitteerde  huysgesirtne  ende  dienacre  soe  wanneer  sy  bewaert  hebben  enighe  panden 
oft iuwelen  van  wat sorte  oft  valeur  Datse  waeren  een  iaer  ende  dry  maendcn  dat  sy 
terstont  nacden  voerss:  termyn  die  zelver  sullen  moegen  vcrcoepen  penwcerd  ende 
daer  met  doen  lion  eyghen  profyt  als  van  honnen  eygen  goede  sonder  enighe  calen- 
geringe  van  ons  noch  van  ymants  anders  van  welligen  iaer  ende  dry  maent  oft  ymant 
sich  daer  tegen  wolde  opponeren  oft  wederseggen  als  dal  den  termyn  niet  om  een 
weer  oft  oick  tegen  die  lancheit  des  tyts  oft  die  quantiteyl  der  penningen  die  liy  oft 
synegesellen  dienaers  oft  gesinne  op  enige  panden  oft  iuwelen  sullen  geleent  heb- 
ben soe  willen  wy  ende  conseteren  dat  den  voergcnoemptde  mathys lombart  syrien 
volck  dienaere  knechten  oft  cnighen  van  hon  in  zynen  huysse  dan  residerende 
sal  oft  sullen  gelocht  worden  van  den  lyde  ende  somme  gells  die  simpclen  eyde 
sonder  enich  weder  seggen.  Item  oft  gewiele  dat  enicli  persoen  tsy  mans  oft 
vrouwen  persoonen  van  wat  staete  sy  zyn  waeren  in  den  huyss  der  voerss: 
lombarts  soe  en  willen  wy  niet  soe  verre  sullix  es  om  te  comenschappe  gelt  te 
draegen  oft  van  hon  te  hebben  dat  onze  officiers  oft  dienaers  sullen  moegen 
arresteren  oft  vatighe  die  voerss:  persoenen  aen  lyff  noch  aen  goet  die  wyle  ende 
soe  lange  als  zy  zyn  sullen  in  den  voerss:  huysse  zy  willen  oick  niet  dat  men 
zal  moegen  arresteren  commeren  noch  doen  oft  laeten  |  aenhaiden  enighe 
guederen  daer  op  zy  sullen  geleent  hebben  oft  gecomcnschapt  hier  inné  altyt 
uytgesloeten  aile  delinquanten  ballingen  oft  andere  ende  apprehensibel  geweesen 
zynde  ende  der  stadt  oft  lants  vyantden  om  der  hoocheyt  ons  genedichten  heeren 
ende  der  stadt  privilegien  niet  ofï  te  nemen  by  desen  sonder  argelist  worts 
willen  wy  dat  der  voerss:  mathys  syn  knechte  ende  huysgesinne  sullen  gc- 
nieten  ende  gebruycken  allen  privilegien  franchisen  vryheden  ende  aisullige 
uzantie  gelyck  als  gebruyckt  hebben  ende  gebruycken  die  borgers  der  voerss: 
stadt  Tongeren.  In  der  zelver  ende  haere  vryheyt  continuelyck  woonende  Ist 
daeromme  dat  wy  gebieden  allen  borgeren  oflicicren  ende  ondersaetcn  deser  voerss: 
stadt  ende  der  vryheit  die  deesen  tegenwoerdighen  brieffven  sullen  aensien 
oft  hoeren  lesen  dat  sy  sullen  syn  behulpich  ende  byslandich  den  voerscreven 
mathys  synen  gesinne  dienaren  ende  familie.  In  allen  saecken  ende  affairer)  ende 
lion  bereyt  ende  alsoe  verdict)  als  onze  eyghene  personen,  Nochtans  expresselix 
protestcrende  dat  wy  by  verleeninge  van  deesen  tegenwoordighen  privilegien 
gheensins  een  willen  crencken  affueemen  oft  contravineeren  die  inrediche  ons 
aire  heeren  en  de  princhen  ende  Bischop  van  Luyck  harloch  van  buillon  grave 
van  loon  ende  Item   hier  inné  noch  expressclyck  geconditionneert  Ingevalle  in 


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toecomende  tyden  enighe  manieren  tusschen  ende  lombarl  oit  zynen  luyde  ende 
enighe  andere  partyen  dieu  sy  gelt  mocht  geleent  bebben  oft  andere  zaecken 
spruytende  uytter  selver  commcnschappen  oick  hier  niet  uytgedruyckt  sullen 
altyt  Borgemeisteren  geswoeren  ende  Raet  deser  stadt  daer  off  een  eenerboeft  zyu 
om  allen  alsullix  te  slecbten  eude  nietmants  anders.  Ende  tôt  meerder  zekerheyl 
allen  des  voerss:  es  bebben  Borgemeisteren  geswoeren  ende  raet  voerss:  met  wille 
weten  ende  consent  allen  der  gemeynten  tsamelyck  ende  groeten  ziegel  der  stadt 
tongeren  voerss:  desen  tegenwoerdigben  letteren  angehangen  inde  iaer  der  zaliger 
geboorten  ons  lyffs  beeren  Jesu  Christi  dnysent  vyffhondert  (seventicb  den  aclulen 
dacb  Augusti. 

(Extrait  des  archives  de  la  ville  de  Tongres;  Liber 
negotiorum  ah  antio  1514,  fol.  168.) 

IV. 

27  Juillet   I582. 

Concession  faite  par  le  magistral  de  Tongres  à  Dominique  Ramelis  pour 
l'établissement  d'un  comptoir  d'échange. 

Wy  borgeineestcren  geswooren  raet  ende  allen  die  onderdauen  ende  tinne 
woenderen  der  stadt  Tongeren  int  gemeyn  ende  baer  vrybeyt  ende  bewinde  allen  den 
gheencn  die  desse  onsse  opene  biieffen  sullen  aensien  verstaen  oft  hooren  leesen 
groete  inden  oppersten  heere  almechticb  met  kennisse  der  waerheyt  der  dingen 
naebescreven  ende  kennclicke  ende  openbaer  alsoe  wy  ontfangen  bebbende  die 
oetmoedige  supplicatie  van  Dominicq  Ramelis  oui  alhier  in  dese  stadt  te  mogen 
halden  taeffel  van  leeninge  om  een  yegelicken  des  versoeckende  en  van  noode 
hebbende  te  gerieven  nae  voorder  inhaldt  synre  gepresenteerdre  supplicatie  sne 
bebben  wy  bovengescreven  daerloc  speeialick  ter  gewoeulicken  plaetsen  vergaedert 
synde  de  voersscrevcn  dominicq  geconsenteert  tselve  te  mogen  doen  ende  dat 
voor  een  termeyn  van  xij  jaeren  deen  achter  den  anderen  volgende  beginnen  nae 
dat  van  desen  en  dat  met  sullicken  conditien  bier  nae  volgende  ierst  dat  wy  die 
voorsscreven  dominicq  syne  buysse  ende  huysgesinne  ontfangen  hebben  ende  by 
desen  ontfangen  in  deser  stadt  ende  haere  vrybeyt  te  woenen  daer  hem  sullix 
aider  bequemelixst  sali  duncken  te  geschieden  een  termyn  van  tweelff  jaere  als 
boven  beginnende  ten  iersten  augusti  a0  158*2  ende  expireren  te  gelycken  ter- 
myne  opt  eynde  der  xij  jaeren  overmijts  by  den  selven  dominicq  huysgesinne 
facteurs  oft  gecommitteerde  te  betaelen  aile  gabellen  accysen  imposten  ende 
andere  gerechticheydcn  ende  subiectien  als  wy  ende  aile  andere  borgeren  deser 
stadt  doende  syn  uttgenoemen  dat  der  selve  dominicq  sal  met  syn  huysgesinne 
facteurs  ende  comitteerden  quyt  ende  exempt  syn  met  vvaecken  nemende  mits 
deven  den  zelven  dominicq  huysshe  boeden  huysgesinne  ende  ontfangen  in  onsse 

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licwaemis  ende  defensie  den  voerscreven  terrayn  duerende  soe  were  die  selve  hier 
wonende  syn  alsoe  dat  die  selve  alliier  in  de  stadt  ende  vryheyt  vry  snllen  mogen 
woonen  ende  snllen  onderhalden  ende  genieten  (1er  stadt  privilegien  vryheyt  ende 
aide  gewoonlen  beheltelick  dat  der  voerschreven  dominicq  alliier  hlyft  resideeren 
sali  sich  doen  in  een  anibacht  ende  poorter  doen  roepen  ende  doen  een  eydt  van 
trouwen  ende  alsoe  syn  huysgesinne  bcvryden  ende  voorts  om  lion  comenscap  te 
mogen  doen  te  coepen  vcrcoepen  wisselen  leenen  ende  voorts  met  lionne  goede 
comenscap  ende  penningen  honn'en  meesten  proffyt  le  doen  nochtans  gracelick 
ende  redelick  ontfangende  alleenlick  voor  die  leeningen  van  ses  gulden  bb.  gere- 
kent  xx  st.  bb  voer  elicke  gulden  een  stuver  gelycken  munte  ten  weecken  ende 
alsoe  vorts  te  doen  anderen  leeningen  onder  oft  boven  den  taxt  der  zoe  voer- 
screven naer  advenant  der  penningen  wel  verstaende  dat  der  selve  dominicq  niet 
en  sali  mogen  snrrogeren  sonder  consent  van  borgcmeesteren  geswooren  ende 
raet  ende  desgelycx  en  sullen  oick  niet  mogen  duerende  die  tormyn  es  boven 
ymanden  accepteeren  enen  anderen  om  laefi'el  van  leeningen  te  moegen  halden 
ten  ware  dat  dominicq  sich  des  zelver  ontslach  ende  deporteerde.  Item  en  zall  den 
zelven  dominicq  by  de  stadt  oft  baere  regenten  gheen  crychsvolck  geforcert 
werden  in  syn  huys  oft  in  syns  facteurs  ten  ware  met  syn  oft  bonne  believen 
duer  orloge  peys  oft  wat  ander  manieren  dattet  woerc.  Item  dat  \vy  den  selven 
dominicq  oft  syne  factoers  om  der  couienscappen  vercoepingen  leeningen  oft 
bandelingen  die  sy  mogen  doen  met  honnen  penning  en  goeden  molesteeren  by 
ons  selven  oft  ymant  anders  maer  sullen  met  bonne  penningen  ende  waeren  die 
sy  zelve  oft  honne  gesinne  sullen  gestclt  ende  inné  geset  hebben  in  bonne  plaetse 
oft  woninge  mogen  handelen  doen  ende  gebruyeken  nae  bonne  proffyt  wille  ende 
goedduncken.  Item  dat  den  voerscreven  Lombart  noch  niemant  anders  van  synen 
tweegen  ende  sali  mogen  leeninge  doen  op  eenicb  geweer  de  borgerenoft  onderda- 
nen  toebehoorende.  Item  oft  gebuerde  dat  der  selver  dominicq  syn  volck  oft  familie 
bedde  geleent  op  eenige  panden ,  iuweelen  oft  comensebap  of  hoet  dan  ware  ende 
lict  gebuerde  dat  den  die  selve  stucken  gebuerde  eenige  dievereye  oft  dat  dieselve 
verloeren  gestoelen  oft  by  eenige  occasic  verdonckert  woorden,  soe  ist  gevoerwaert 
dat  den  geene  die  sulige  panden  toebeboren  sullen  voldaen  worden  naede  valeur 
hunuc  panden  oft  iuweelen  daer  inné  dcrgbeene  die  de  valeuren  panden  toebehoo- 
rende waren  met  eyde  gelocht  sullen  syn  te  allirmeren  de  bellicb  der  lombart  oft  geyn 
welck  zall  moeten  betalen  behalven  daer  afï  le  corten  des  drop  geleent  waer  metten 
valoer  daerop  die  voersscreven  dominicq  offl  syn  facloers  sullen  gelocht  syn  bon  le 
verclieren.  Item  oft  yemantenige  panden  gelt  ontleent  bedde  aen  den  voorsscreven 
dominicq  oft  syrien  factoers  ende  sy  bon  briefken  dat  sy  van  den  lombart  offt  syne 
factoers  ontfangben  hedden  verloeren  liedden  ende  middelrc  lyt  bunne  pand  gbeerne 
zouden  quyten  oft  te  hebben  een  ander  briefken  om  bunne  panden  alsoe  te  ver- 
seeckeren  soe  sullen  die  selve  Lombarts  die  selve  partyen  sullix  versueckende 
onder  beboirlycke  cautie  ende  borgen   bon  panden  Iaeten  volgen  myts  betaelende 


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wes  die  parnl  verstanden  hebben  metter  leeningen  oft  sullen  hun  scryven  een 
ander  briefken  gelyck  die  eersten.  Item  wij  consenteeren  ende  accordeeren  die 
voorscreven  dominicq  syne  commilteerden  huysgesinne  ende  dienaeren  zoe  wan- 
neer  sy  bewaert  bcbben  eenige  panden  oft  iuweelen  van  wat  sorte  oft  valeur  datse 
vvaren  een  jaer  ende  dry  maenden  dat  sy  terstont  naer  voorscreven  termyn  die 
selve  mogen  vercoepen  ende  druet  doen  bon  eyghen  proffyt  als  van  bon  eyghen 
goederen  zonder  eenighe  calengeeringe  vari  ons  oft  yemant  anders  van  welligen 
jaer  ende  dry  maenden  oft  ymant  sicb  daegen  woude  opponeeren  als  dat  de  termyn 
niet  omme  en  ware  oft  oick  tegen  die  lanckhêyt  destyts  oft  die  quantiteyt  der 
penningen  die  by  oft  syne  gesellen  dienaers  oft  gesinne  op  eenige  pand  oft  iuwee- 
len sullen  geleent  bebben  soe  willen  wy  ende  consenteeren  dat  dominicq  syn 
volck  dienaers  knecliten  oft  eenige  van  bon  en  syne  buysse  dan  resideerende  sali 
oft  sullen  gelocht  woorden  van  den  tyden  ende  somme  gelts  die  ende  wanneer 
sy  affirmeeren  geleent  te  bebben  metbonnen  simpelen  eyden  sonder  weederseggen . 
Item  oft  geviel  dat  eenige  persoen  mans  oft  vrouw  soenen  van  wat  staete  sy 
dan  waeren  in  die  lombnrts  huys  waren  soe  ende  willen  wy  niet  soe  verre  sullix 
es  om  te  comenscappen  gelt  te  dragen  oft  van  lion  te  bebben  dat  onsse  officiers 
oft  dienaers  sullen  mogen  arresteeren  oft  vangen  die  voorscreven  persoenen  aan- 
lyff  oft  aengaet  die  wylen  ende  soe  lange  als  sy  sullen  syn  inde  voersscreven 
huvsse  ende  willen  oick  niet  dat  men  sali  mogen  arresteeren  comen  nocb  doen 
oft  laeten  aen  halden  eenige guyderen  daerop  sy  sullen  geleent  bebben  oftgecoment- 
scapt  hier  inné  allyt  utgesloeten  aile  delinquanten  ballingen  oft  andere  repprehen- 
sibel  geweesen  synde  inde  derstadt  oft  slants  vianden  om  der  bocbbeyt  ons  G.  H. 
ende  der  stadt  privilegien  niet  aefY  te  heinen  zonder  argelist  voorts  willen  wy  dat 
der  voersscreven  dominicq  syn  knecbten  ende  huysgesinne  sullen  genieten 
ende  gebruycken  aile  privilegien  fraucbisen  vrybeyden  ende  al  sullicke  usantien 
als  gebruycken  bebben  ende  gebruycken  die  borgers  der  voersscreven  sladt 
Tongeren  ende  selvcr  ende  baere  vryheyt  continuelick  wonende  is  domme  dat 
wy  gebieden  aile  borgeren  officicren  ende  ondersaten  deser  voersscreven  stadt 
ende  der  vrybeyt  bye  dièse  tegenwoordige  brieffnen  zullen  aensien  verstaen  oft 
hooren  leesen  dat  sy  sullen  syn  behulpich  ende  die  bystandich  die  voersscreven 
dominicq  syne  dienaers  ende  familien  allen  zaecken  ende  affairen  ende  bon  bereyt 
ende  alsoe  veerdich  als  onsse  eygene  persoenen  nocbtans  expresselick  contestee- 
rende  dat  wy  by  verleeninge  van  dese  tegenwoordigen  privilegien  geensins  en 
willen  crencken,  affirmeren  oft  contravenieeren  die  Jurisdictie  ons  beeren  prin- 
chen  ende  busscop  tôt  luyck  bertocb  tôt  buillion  grave  tôt  loen  ende,  etc.  Item 
hier  in  es  nocb  expresselick  gewouden  in  gevallen  in  loecomen  lyd  eenigen  twist, 
dubium  oft  dubbel  verstand  oprees  in  Ueniger  manieren  tusscben  de  Lombart  oft 
zyne  luyden  en  eenige  andere  parteyen  die  sy  gelt  mocbten  geleent  hebben  oft 
ander  saecken  spruytende  utter  selver  commenscappen  hier  inné  oick  niet  uitge- 
druckt  sullen  allyt  borgemeesterengeswooren  ende  raet  datteen  overloest  zyn  om 


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ailes  alsullix  te  slichten  ende  niemant  amlers  lot  mecrder  sekerheyt  allet  des  voers- 
screven  es  hebben  \w  borgemeisteren  geswoeren  ende  raet  voersscreven  met  wil- 
len  weeten  ende  consent  allen  der  gemeynten  tsamelick  den  groeten  siegel  der  stadt 
Tongren  voersscreven  dese  tegenwordighe  laten  aengehangen  int  iaer  der  saliger 
geboerle  ons  heere  Jesu  Christi  alsmen  screeff  duysent  vyff  honderl  ende  tween- 
tachenlich  de  seventwintichste  dach  Jnlij. 

(Extrait  des  archives  communales  :  Liber  negotiorum  a0  1X17-1X85.  fol.  151). 

V. 

ai  Décembre  1580. 

Ratification  fuite  par  la  régence  de  Tongres  d'une  convention  conclue  entre  Dominique 
Ramelis  et  Dominique  Bush  de  Ilassell  pour  l'amortissement  des  dettes  de  lu 
banque  de   Tongres. 

Alsoe  Dominicq  Ramelis  die  wisse]  taeffel  deeser  stadt  met  consent  van  béer 
emle  stadt  sommige  iaren  heeft  gchalden  nae  luvdt  der  voeiwaerdeu  daervanzynde 
ende  dmr  faute  van  gelde  sicb  vinden  es  ten  achter  ende  niet  connen  genocb 
doen  ilen  borgeren  ende  an  der  e  die  sulcx  van  doenen  hebben  mocbt  soe  ist  dat 
der  selve  Dominicq  opt  waelbelieven  van  borgemcstcren  ende  geswoeren  ende 
rayde  es  geaccordeert  met  Dominicq  Busla  lialden  die  wissel  laeflel  van  Uasselt 
ende  heeft  den  selven  Busla  gestall  in  zyn  plaelse  mijts  conditien  dat  der  selve 
Busla  hem  Dominicq  Ramelis  sal  voer  die  proprietyl  des  buys  ende  bolfs  als 
voer  aile  pand  in  syns  Ramelis  buys  verpandt  slaende  loi  betelinge  syhre  schuld 
ende  opgenomen  gelde  sali  geeven  die  hoer  van  xxijc  ende  vyfticb  gulden  brabants 
ende.  zall  den  selve  Ramelis  duerende  den  tyt  der  privilégie!)  als  subslituyt  ende 
knecbt  laeten  in  buys  ende  boll  voerscreven  ende  die  taeffel  balden  op  den  naem 
ende  tôt  profyt  des  voerscreven  Busla  bebalven  getrouwe  wandelinge  rekeninge 
ende  reliqua  ende  zall  der  selve  Dominicq  Busla  voer  syncn  arbeyt  ende  dienst 
iaerlyx  geeven  die  somme  van  vyflich  pont  vieems  tôt  ses  gulden  brabants  bet 
pont  duerende  den  termyn  voerscreven  ende  sali  deesen  dienst  aengaen  den  iersten 
january  anno  1587  des  heeft  Busla  gereserveert  een  van  bonre  nasien  te  mogen 
noemen  om  die  voerscreven  taeffel  te  helpen  besoingeeren  ende  die  rekeninge n 
iaerlix  te  inngen  hoercn  ende  te  doen  oft  by  Busla  selve  pressent  ware  zall  oick 
derselve  Busla  sculdicb  zyn  het  voersc.  buys  tôt  synre  cost  Le  onderbalden  ende 
Ramelis  zall  hem  met  zyne  huysfrouwe  ende  familie  met  der  voerscreven  gagien 
onderbalden.  Actum  den  lysten  decembris  anno  I58G. 

Op  den  leysten  decembris  anno  1586  présent  beyden  borgemeesteren  Hercken- 
roye  senior  en  iunior  .Mansboven  geswoeren  ende  der  voerscreven  Busla  geaccep- 
teerl   in  die  plaetse  van   Dominicq  Ramelis  emle  dat  met  aile  conditien  ende 


—  549  — 

voerwaerdcn  soe  Ramelis  tselvc  lieeft  sich  verobligeert  aile  de  selve   voerwaerde 
nae  te  gaen  in  handen  valck  borgemeester. 

(Extrait  des  archives  de  la  ville  de  Tongres  : 
Liber  negotiorum  ab  anno  1517-1585,  fol.  165). 

VI. 

!«■  Août  1606. 

Octroi  fait  pur  les  administrateurs  de  la  cité  de  Tongres  à  Jean  Mutin  de  l'emploi 
et  des  droits  de  banquier. 

Wy  Borgemeesleren  gesworen  eude  Raedt  met  ter  gemeynte  bennen  ende 
buyten  der  stadt  ende  vryheyt  van  Tongeren  aile  den  genen  die  dese  sullen  sie 
verstaen  oft  boren  lesen  in  de  genade  Gods  saluyt.  Doen  te  weten  ende  opcnbaer 
dat  also  Jan  Mutis  was  gecomen  ut  onsen  consent  luyt  onsen  registeren  van  date 
28  July  1605  deur  overlaten  Dominicq  Busla  tôt.  de  wissel  taefelen  oft  van  lee- 
ningen  gedurende  een  termyn  desselven  Busla  ende  want  der  selve  maer  noch 
cltelycke  maenden  en  durden  lieeft  aen  ons  gesuppliceert  op  den  4  7bris  1605 
oitmoedelyck  om  hein  te  willen  vergonnen  nae  expiratie  desselven  eynen  nieuwen 
toust  van  xij  iaeren  so  hebben  wy  op  den  xx  7btïs  naest  voerscreven  nader  ge- 
woonten  vergadert  synde  daerop  verdragen  ende  geslolen  dat  wy  geconsenteert 
verleent  ende  geoctroyeert  hebben  ende  mils  desen  verlenen  ende  octroyeren  den 
voerscreven  Jan  Mutis  te  mogen  hier  inde  stadt  ende  vryheyt  exerceren  die 
wissel  taefîel  oft  van  leninge  op  panden  oft  anders  sins  mit  desen  volgens  voer- 
waerden  ende  conditien.  Ierst  dat  wy  den  voerscreven  Mutis  ende  so  voit 
mutatis  mutandis  beginende  den  1  Augusli  1606. 

Nae  de  woorden  (nae  advenant  der  poincten)  ende  mits  des  sali  hy  aende  stadt 
rentmeesteren  tôt  der  stadt  bouw  betaelen  xxv  guldens  brabants  waer  van  den 
eersten  pacht  vallen  sal  den  12Augusti  1607  ende  soo  vorts  van  iare  tôt  iare  den 
xij  iaren  durende. 

(Extrait  des  archives  de  la  ville  de  Tongres  : 
Liber  negotiorum  ab  anno  1517 ,  fol.  150). 

Cette  concession  fut  prorogée  pour  un  nouveau  terme  de  douze  années,  le 
22  septembre  1617. 

Vil. 

6  Octobre  1643. 

Procuration  donnée  par  Simon  Monilet,  surintendant  du  mont-de-piétè  de 
Tongres ,  à  son,  caissier  Tilman  Festiens  pour  l'achat  de  la  maison 
Van  Castert. 

lnt  jaer  1 643  den  6  8ber  soo  is  voor  my  openbaer  notaris  ende  der  getuygen 
nae  bcscbreven    personelyck  gecompareert  den  eersamen  heer  Simon  Monilet 


—  550   — 

suriutendent  van  den  bergh  van  bermherticheyt  binnen  Tongren  des  welcks  btefft 
achtervolgens  het  consent  ende  conslitutie  aen  liem  gegeven  door  de  eerwerdige 
ende  hoogheboren  heeren  protecteurs  van  de  bergh  van  bermherticheyt  des  lanls 
van  luyk  de  5  Xb'ji  1612  geconstituert  ende  gemachticht  soo  hy  constiluert  en 
mechticht  myts  dese  Tilman  Festiens  cassiers  van  den  bergh  van  bermherticheyt 
binnen  Tongren  en  in  naem  ende  stede  van  de  berg  voorscreven  le  hoegen  ende 
koopen  seecker  huys  ende  aenhanck  met  proclamatie  geleghen  in  de  hontstraet 
frecht  nae  steender  porte  acliter  Lucas  Tiecken)  toebehoorende  die  represen- 
tanten  secretaris  Gerart  Van  Gastert  ende  dat  in  voege  ende  manicren  soo  seecker 
accort  is  gemaeckt  ende  gesloten  tùsschen  die  représentante»  voorscreven  ende 
Simon  Monilet  ende  anders  niet  van  werde  te  haïtien  ailes  sgeens  wesint  geen 
voorscreven  is  sal  gehandelt  en  de  gebesoiniert  worden  onder  obligalte  van  syne 
persoon  ende  goederen  ter  wat  plaelse  geleghen  ut  in  amplissima  forma  consen- 
terende  in  realisalie  ende  approbatie  deses  voor  aile  heere  bancken  ende  gerichten 
daer  het  van  noode  mochte  weesen  daer  toe  constiluerende  allen  ende  een  ydere 
die  des  last  sal  willen  aennemen  ,  actum  binnen  Tongren  ten  huyse  daer  Tilman 
Festiens  tegenwerdich  in  is  woonende  op  iaer,  maende  ende  dach  als  boven  daer 
by  tegenwerdich  ende  aen  waere  eersaeme  personen  Ardt  Schaetzen  ende  Lenart 
Haets  als  loffwerdige  getuygeo  hier  toe  geroepen  ende  gebeden  ende  was  onder- 
teekent  ende  wy  mathys  noelmans  uotaris  publicus  ad  permissa  reqnisilus  in  fidem 
ende  onderteeckeut  Walterus  Van  Buel  secretaris 

Cette    pièce   est  extraite   d'un   registre  intitulé  :    «  Regisler    van    den   berch    van 
bermherticheyt  der  stadt  Tomjeren  beginnende  int  iaer  1626 ,  in-folio.  » 


DE  L'ÉMAIL  CHEZ  LES  ROMAINS. 


NOTICE 


PAR 


M.  H.  SCHUERMANS, 


MEMBRE   TITULAIRE   A   HASSELT. 


Philostrate,  qui  fut  contemporain  de  Septime-Sévère ,  écrit  les 
lignes  que  voici ,  mises  pour  la  première  fois  en   lumière  par 

Buonarotti  :  Tavra  (/>açe  rà  ^pœ/iara  touç  èv  'fl/téavâ  Bapfidpovs 
éy^ew  T(ô  %a\Ka>&ia7rvpcp,  rà  êe  avvaçrisGaL ,  kcli  \i6ovsvai ,  kcll 

a(ot,€Lv  à  iypà(pr}  (Icon.  ,  I,  28).  Les  barbares  de  l'Océan,  dit 
cet  ancien ,  étendent  des  couleurs  sur  l'airain  ardent  ;  elles  s'y 
unissent,  deviennent  aussi  dures  que  la  pierre,  et  les  dessins  qu'elles 
figurent  se  conservent.    > 

Heyne  et  les  archéologues  d'Angleterre  pensent  qu'il  s'agit  là 
des  barbares  des  îles  de  l'Océan  :  èv  TLtcéavcî) ,  et  par  consé- 
quent des  Bretons,  mais  M.  Ernest  Lemaitre,  ne  renonçant  pas  à 
l'attribution  de  la  fabrication  de  l'émail  aux  Celtes  de  la  Gaule , 
émet  l'avis  que  les  émailleurs  du  continent  donnaient  peut-être 
leurs  produits  comme  provenant  de  la  Grande-Bretagne,  pour 
échapper  à  la  fiscalité  des  empereurs  qui,  l'industrie  étant  connue, 

Commissaires  rapporteurs  :  MM.  G.  Hagemans  et  le  chevalier  de  SchouthEETE 
de  Teiivareyt. 


en  eussent  bien  vite  accaparé  les  procédés  et  ruiné  les  ouvriers, 
en  exagérant  les  impôts1. 

Tandis  que  de  Laborde*,  se  fondant  sur  le  passage  cité  de 
Philostrate,  croit  tout  au  plus  pouvoir  faire  remonter  l'invention 
de  l'émail  au  IIe  siècle  de  l'ère  chrétienne,  M.  Ernest  Lemaitre  5 
va  au-delà ,  et  il  trouve  les  premiers  émailleurs  parmi  les  Druides 
du  temps  de  César.  Les  Gaulois  à  cette  époque,  dit-il,  n'étaient 
plus  des  sauvages,  mais,  à  dater  de  l'occupation  romaine,  leur  civi- 
lisation disparut  avec  l'indépendance  qui  faisait  la  vie  de  leur 
nationalité.  «  Je  ne  pourrai  jamais  croire ,  dit-il ,  que  dans  l'ère 
des  Césars,  quand  la  guerre  civile  en  permanence  désolait  les 
provinces  et  quand  le  lise  dévorait  ce  que  la  guerre  avait  épargné, 
un  peuple  esclave  ait  pu  songer  à  créer  un  art  nouveau.  Le  faste 
de  l'époque  ne  serait  pas  une  bonne  explication  d'une  pareille 
anomalie,  d'abord  parce  qu'on  ne  voit  pas  les  grands  d'alors,  les 
Romains  des  palais  impériaux ,  adopter  ce  genre  d'ornements  ; 
ensuite  parce  que  le  despotisme  et  la  corruption  développent,  il 
est  vrai,  les  besoins  du  luxe,  mais  ne  se  chargent  pas  d'ordinaire  du 
soin  d'y  pourvoir.  »  De  là ,  la  conclusion  que  les  plus  habiles 
orfèvres  de  la  Gaule  avaient  sans  doute  suivi  dans  l'ile  de  Bretagne 
les  Druides,  leurs  patrons,  et  que  Philoslrale  fait  allusion  à  ces 
barbares. 

Voilà  ce  qu'on  écrivait  il  y  a  peu  d'années. 

Depuis,  une  véritable  révolution  s'est  faite  à  cet  égard  dans  la 
science ,  et  on  en  revient  tout  simplement  à  cette  idée  de  Benvc- 
nuto  Cellini  (Trait.,  p.  46)  :  Era  in  uso  quest'  artc  (l'émail), 
appresso  gli  antichi. 

Tandis  que  de   Laborde    niait    l'existence    de    l'émail   fiiez   les 

1  C.  Daly,  Heeue  générale  de  l'architecture  et  des  travaux  publics,  XIV,  cul.  335 
el  suivantes. 

1  Notice  des  émaux,  bijoux  et  objets  divers  exposé»  dans  les  ijaleries  du  Louvre, 
l'aiis,  1853,  p.  17  et  suivantes. 

"  Dau,  /.  cit.,  et  Essai  (inédit)  sur  la  religion  îles  Celles,  en.  VII. 


—  553  — 

Egyptiens  et  discutait  avec  Kiigler  la  question  de  savoir  s'il  y 
avait  de  l'émail  dans  les  bijoux  de  la  tombe  de  Meroë ,  où  il  ne 
voyait  rien  que  des  pierres  incrustées  dans  de  l'or,  en  ajoutant  que 
«  si  l'on  avait  trouvé  un  seul  émail  cbez  les  Egyptiens,  on  en  eût 
»  trouvé  des  milliers,  »  M.  Mariette  exhumait  du  cercueil  de  la 
reine  Aah-Hotep  (XVIIIe  siècle  avant  l'ère  chrétienne)  des  bijoux 
■  contenant  de  la  pâte  de  verre  dans  de  petites  alvéoles1  •,  et 
les  découvertes  successives  du  même  genre  autorisaient  Labarte  2 
à  affirmer,  en  citant  de  nombreux  bijoux  émaillés  des  Grecs  et  des 
Etrusques,  que  l'art  d'émailler  date  de  la  plus  haute  antiquité  et 
n'est  guère  ni  l'invention  ni  même  le  monopole  des  Celtes. 

Certes  ,  il  ne  résulte  pas  de  cela  que  l'émaillure  ne  fut  pas  pra- 
tiquée par  les  Gaulois  ;  le  Grec  Philostrate,  dans  le  pays  duquel 
cette  industrie  était  probablement  tombée  en  désuétude,  a  été  peut- 
être  frappé  de  l'extension  de  cet  art ,  ignoré  de  lui ,  dans  les 
contrées  voisines  de  l'Océan  (la  Gaule  et  l'île  de  Bretagne  où  il 
accompagna  Seplime-Sévèie)  :  de  là  il  aura  conclu,  par  erreur, 
pour  ces  pays  exclusivement  à  tous  autres. 

L'extension  de  cet  art  a  même  dû  être  assez  grande  dans  les 
contrées  habitées  par  les  peuples  d'origine  celtique  :  tandis  que  l'émail 
cloisonné  était  plus  tard  mis  en  usage  par  les  peuples  d'origine 
germanique,  l'émail  champlevé  ou  en  taille  d'épargne  fut  au  moyen 
âge  fabriqué  avec  tant  de  succès  à  Limoges ,  que  le  nom  de  cette 
ville  lui  fut  appliqué.  Qu'y  a-t-il  d'impossible  que  dès  le  temps  des 
Romains  (et  ce  ne  serait  pas  le  seul  exemple  d'une  même  industrie 
continuée  aux  mêmes  lieux:  draps  d'Arras ,  de  Winchester,  etc.), 
les  Lémoviques  se  soient  signalés  par  leurs  connaissances  spéciales 
dans  l'art  d'émailler,  et  que  Philostrate,  dans  son  style  figuré  et 
par  opposition  à  la  partie  plus  centrale  de  l'empire,  les  ait  appelés 
-    barbares  de  l'Océan.    » 

1   Ualy,  1860,  col.  100,  pi.  I,  II,  III. 

-  Histoire  des  arts  industriels  au  moyen  âge  et  il  l'époque  de  la  lienuissance , 
111,  u.  382  et  suivantes.  . 


—   554  — 

Ce  ne  sont  là  que  des  hypothèses  auxquelles  on  est  bien  obligé 
de  recourir  en  présence  d'un  texte  gênant,  on  doit  l'avouer,  mais 
gênant  pour  tout  système  quelconque,  autre  que  celui  de  M.  de 
Laborde. 

Or ,  ce  système-là ,  déjà  ébréché  en  Egypte ,  en  Étrurie  et 
dans  la  Grèce  elle-même,  l'est  de  plus  en  plus  par  les  découvertes 
faites  dans  nos  contrées. 

J'omets  l'Italie  romaine,  et  cependant  elle  aussi  pourrait  fournir 
son  contingent  de  preuves  contraires  ;  mais,  à  un  émail  rapporté 
de  Rome  par  M.  de  Meester  de  Raveslein  et  déposé  dans  son 
magnifique  musée  d'Hever,  M.  de  Laborde  pourrait  objecter  que 
c'est  un  objet  venu  des  bords  ou  des  côtes  de  l'Océan  et  ramené 
par  le  hasard  à  son  lieu  d'origine 

Je  me  borne  donc  à  parler  des  émaux  si  nombreux  trouvés  dans 
la  Gaule  et  dans  l'île  de  Bretagne.  La  plupart,  si  ce  n'est  tous 
comme  le  dit  très-bien  Labarle  ',  ont  été  fabriqués  à  l'époque  de 
la  domination  romaine  et  sous  l'influence  du  goût  romain. 

Qu'on  étudie  les  bijoux  émaillés  trouvés  par  Roach  Smith  2,  par 
de  Montfaucon  5,  par  Cochet  *,  par  les  auteurs  du  Jahrbilcher  des 
Vereins  von  Aller thumsfreunden  im  Rheinlande5,  par  Bruckner6, 
par  les  archéologues  de  Namur  ' ,  en  Angleterre ,  en  France ,  en 
Suisse ,  en  Allemagne  et  en  Belgique ,  et  l'on  se  convaincra  de  la 
profonde  vérité  de  l'observation  de  Labarle  :  tous  les  objets  décrits, 

1   Loi:,  cil,  p.  505. 

*  The  antiquities  of  Richborough,  tieculver  and  Lymne  ,  in  Kent,  pp.  79,  83,  84, 
lig.  1  et  2  ;  Illustrations  of  the  Roman  Londoh,  p.  125,  126,  pi.  XXX11I,  lig  4,  6, 
U,  15. 

■  111,  p.  72,  pi.  XXXV11I. 

*  Normandie  souterraine,  p,  307,  pi.  XV,  lig.  4. 
r'  XXXVIII,  p.  47,  pi.  1. 

"  Auteur  anonyme  du  livre  intitulé  :  Versuch  einer  Bèschreibung  hislorischer  mut 
natiirlicher  Werkivurdigkeilen  des  AHerthitmer  von  Augusla  Rauracorum  oder 
Augusl,  pp.  -2945,  2963,  3011  ,  pi    VII,  lig.  Il  ;  pi.  XV11I,  Gg.  21. 

1  Annales  de  la  Société  archéologique  de  Namur,  111,  p.  210,  pi.  111  ,  lig.  10  ; 
IV,  p.  91,  pi.  Il,  lig.  L.;  Haozbur,  IV,  pi.  II,  lig.  5  el  6;  V,  p.  44. 


—  555  — 

toujours  façonnés  en  champlevé ,  appartiennent  bien  aux  Romains, 
sinon  par  la  fabrication,  au  moins  par  le  fini  de  l'exécution  et  par 
les  ornements.  Ce  sont  pour  la  plupart  des  dessins  étalés  comme 
les  rayons  d'une  roue  et  figurant  alternativement  des  damiers  et 
des  rosaces.  L'émail  des  incrustations  en  mosaïque  est  formé  de 
particules  d'une  substance  vitreuse,  ajustées,  unies  et  fixées  sur 
champ  de  cuivre,*  plus  rarement  d'argent.  Souvent  les  deux  cou- 
leurs des  cases  des  damiers ,  étant  différentes  de  la  nuance  du  fond 
dans  lequel  on  les  a  incrustées ,  ont  dû  être  insérées  l'une  dans 
l'autre,  après  que  l'une  d'elles  avait  déjà  été  jetée  comme  un 
second  fond  dans  le  fond  principal  ;  ce  second  fond  travaillé  à 
son  tour  au  rouet,  au  burin  où  à  l'échoppe  a  reçu,  en  taille 
d'épargne ,  la  troisième  nuance  d'émail  dans  l'émail  même. 

Mais  ce  n'est  rien  de  démontrer  la  contemporanéité  des  émaux 
avec  l'empire  romain  ;  celui-ci  a  eu  une  durée  de  plusieurs  siècles 
et,  par  conséquent,  les  exemplaires  d'émail  qui  viennent  d'être  cités 
peuvent  bien  être  postérieurs  à  Septime-Sévère  et  à  Philostrate. 

Reste  à  rechercher  si  quelques  émaux  ne  peuvent  être  attribués 
à  une  époque  antérieure ,  et  le  sujet  en  vaut  bien  la  peine ,  car 
voici  une  recommandation  de  la  première  des  remarquables 
Instructions  du  comité  historique  des  arts  et  monuments  en 
France  :  «  les  objets  en  bronze  qui  présentent  des  vestiges 
•  d'émail,  doivent  être  recueillis  avec  grand  soin,  comme  propres 
»   à  éclaircir  une  partie  peu  connue  de  l'industrie  ancienne.    » 

Or  les  fouilles  opérées  en  notre  pays  sont  ici  d'un  utile  secours. 

M.  Joly  a  fouillé  à  Ellezelles ,  aux  environs  de  Renaix ,  un 
cimetière  belgo-romain  d'au  moins  322  sépultures;  il  a  trouvé 
une  série  nombreuse  de  monnaies  du  Haut-Empire  allant  de  Trajan 
à  Marc-Aurèle  '. 

Dans   la   province  de   Namur ,   a  été   exploré  le  cimetière  de 

1  Mess,  des  sciences  liist.  ,  1840  ,  p.  202,  pi  xv,  et  Collections  scientifiques  de  la 
cille  de  Renaix  ,  p.  11). 


—  556  — 

Flavion  où  sur  120  monnaies  d'Auguste  à  Commode  on  en  a  relevé 
seulement  deux  de  ce  dernier  empereur,  tandis  que  celles  de  Trajan 
et  de  ses  trois  successeurs  abondaient  '. 

A  Elouges,  même  coïncidence:  toutes  monnaies  du  Haut-Empire 
ne  dépassant  pas  le  règne  de  Marc-Aurèle  2. 

Et  dans  chacun  de  ces  trois  dépôts,  dont  on  peut  (ixer  l'époque 
la  plus  rapprochée  de  nous  au  règne  des  premiers  Antonins,  on 
a  mis  la  main  sur  des  bijoux  émaillés  en  très-grand  nombre, 
surtout  à  Flavion. 

Dans  la  villa  du  Rondenbosch,  où  j'ai  trouvé  l'onyx  dont  j'ai 
rendu  compte  dans  les  présentes  Annales  3,  je  n'ai  pas  décou- 
vert au  sein  de  la  ferre  de  monnaie  plus  récente  (pie  de  la  seconde 
Faustine,  et  les  sigles  fîgulins  (ou  marques  de  potiers)  que  j'y  ai 
rencontrés  sont  tous  de  ceux  que  je  crois  pouvoir  attribuer  aux 
deux  premiers  siècles  :  rio(ma)s  ,  brariatvs  ,  sur  les  poteries 
grossières;  amabilis,  g.en.itop,  ,  etc.,  sur  des  poteries  sa- 
miennes.  Eh  bien  ,  là  encore  a  été  découvert  un  émail  :  bouton 
orné  au  centre  d'un  mil  et  armé  en-dessous  d'un  tenon. 

Enfin,  circonstance  bien  plus  décisive  encore,  des  tumulus  de 
Bartlow-Hills  en  Angleterre,  dont  les  sépultures  sont  datées  par 
une  monnaie  d'Hadrien  4,  a  été  exhumée  une  magnifique  tasse  de 
bronze  émaillé,  portant  les  dessins  les  plus  riches  et  les  plus  purs. 

Nous  voilà  en  arrière  à  peu  près  d'un  siècle  sur  le  texte  de 
Philostrate. 

L'objet  du  Rondenbosch ,  dont  je  viens  de  parler,  mérite  de 
retenir  un  instant  l'attention  ,  non  pas  seulement  parce  qu'il  dé- 
termine le  rôle  de  ces  boulons  à  tenons ,  décombres  en  si  grand 
nombre  dans  les  subslructions  antiques,  et  bien   décidément  des 

1  Annales  de  la  Société  archéologique  de  Namur  ,  VU  ,   pp.  1   et  suiv.  ,  pi.  III  , 
IV  ,  v. 

;  Annales  du  Cercle  archéologique  </e  Mans,  VI,  pp,  117  et  125. 

"'  1,  p.  427  (II"  série.) 

4  Arckaeologia ,  XXV  et  suiv. 


—  557  — 

boutons  à  rattacher  des  parties  de  vêtements  et  non  des  orne- 
ments de  harnais  (eût-on  songé  à  fabriquer  des  bijoux  en  mosaïque 
d'émail  pour  les  chevaux!),  —  non  pas  seulement  pour  la  merveil- 
leuse délicatesse  de  son  travail  microscopique  dû  à  un  artiste  de 
la  meilleure  époque ,  —  non  pas  pour  sa  fraîcheur  encore  admi- 
rable au  moment  de  l'exhumation ,  —  mais  pour  le  sujet  qu'il 
représente  et  qui  est  tout  romain. 

Je  m'explique. 

M.  Hagemans  '  ,  après  avoir  parlé  des  ex-voto  déjà  en  usage 
chez  les  anciens  et  figurant  différents  membres  du  corps  ,  parmi 
lesquels  des  yeux  offerts  à  Esculape  ,  ajoute  qu'ils  avaient  aussi 
des  amulettes  et  des  symboles  que  la  superstition  ,  dil-il ,  introdui- 
sit à  l'époque  des  Antonins  (précisément  l'époque  par  hypothèse 
de  la  destruction  de  la  villa  du  Rondenbosch) ,   et  ajoute  :  •  on 

•  portait  surtout  ces  amulettes  contre  les  maladies  et  les  influences 
■    démoniaques;  Vinvidia  ou  le  mauvais  œil  étant  fort  redouté, 

•  on  avait  des  amulettes  pour  se  protéger  contre  lui.   On  portail 
-    des  ijeux  pour  se  préserver  du  mauvais  œil  ;  ce  qui  prouve 

>  que  ces  amulettes  n'avaient  pas  toujours  trait  à  la  guérison  des 

•  maladies  d'yeux ,   c'est  que  l'on  trouve,  gravés  sur  pierre,  de 

•  pareils    emblèmes    entourés  d'animaux,   symboles  d'influences 

>  néfastes ,  qui  les  attaquent.  • 

xMacrobe  parle  aussi  d'amulettes  en  forme  de  cœur  et  des 
bulles  contre  l'envie  (invidia  de  invidere ,  regarder  de  travers, 
voir  d'un  mauvais  œil  ,  expressions  proverbiales  ayant  eu  primi- 
tivement le  même  sens  quHnvidere)  :  «  NonnuUi  credunt,  dit-il, 
ingenuis  pueris  altributum  ut  cordis  figuram  in  bulla  ante  pec- 
tus  annecterenl  ;  quam  inspicientes  ila  demain  se  homines  cogi- 
tarent  si  corde  praeslarent.   Bulla  geslamen  erat  triumphan- 


'   Un  cabinet  d'amateur ,   p.  357.  V.  aussi  Aroiti  ,  Le  fascino  e  l'amuleto  conlro 
del  fasvitio  presso  gli  antichi. 


—  558  — 

tiutn,   quant  in   triumpho  prae  se  gerebant  inclusis  intra  eam 

7'emediis  quac  crederent  advenus  invidiam  valentissima  1.« 

Si  dès  le  règne  d'Hadrien  et  en  tout  cas  sous  les  deux  Antonins , 
les  objets  d'émail  avaient  déjà  autant  de  vogue,  si  ces  objets 
reilètent  à  un  aussi  haut  degré  l'intluence  romaine  et  décèlent 
non  seulement  dans  les  dessins,  mais  encore  dans  les  sujets  re- 
présentés ,  les  usages  et  le  culte  de  la  métropole,  on  peut  affirmer 
sans  crainte  que  la  fabrication  des  émaux  n'était  pas  le  monopole 
d'une  population  barbare  dans  le  sens  moderne  du  mot  ,  mais  que 
si  certains  provinciaux  (les  barbares  de  Philostrate)  s'occupaient 
spécialement  de  cette  branche  de  l'art ,  c'était  toujours  en  vue  de 
la  civilisation  romaine  avec  laquelle  ils  étaient  en  contact  direct  , 
surtout  sous  Trajan ,  Hadrien  ,  Antonin-Pie  et  Marc-Aurèle. 
Pas  n'est  besoin  pour  arriver  à  cette  conclusion  de  soutenir 
avec  Ernest  Lcmaitre  que  cette  industrie  remontait  môme  aux 
Druides  (aucun  exemplaire  connu  ne  permet  semblable  attribution); 
pas  n'est  besoin  d'étudier  avec  Proudhon  -  l'organisation  des 
Gaulois  du  temps  de  César  ,  vraisemblablement  beaucoup  plus 
avancés  en  civilisation  qu'on  ne  le  croit  généralement  ;  la  seule 
chose  que  j'aie  eu  l'intention  de  démontrer  est  l'erreur  de  Philostrate 
ou  plutôt  des  écrivains  qui  s'appuient  sur  lui  pour  soutenir  que 
l'art  d'émailler,  inconnu  aux  autres  peuples,  était  le  monopole 
des  Gaulois  ou  des  Bretons.  Ceux-ci,  certes,  travaillaient  l'émail  , 
les  découvertes  de  nos  contrées  le  démontrent  ;  mais  leur  travail  , 
poussé  jusqu'à  la  perfection ,  avait  en  vue  de  satisfaire  aux  exi- 
gences du  luxe  romain  :  il  n'y  avait  rien  d'exclusif  à  eux  dans 
leur  industrie,  et,  dès  le  second  siècle,  cette  industrie  était 
toute  à  la  mode  romaine. 

'  SmiBN  ,  I,  VI. 

'  L'Indépendance  bi'ltje  du  18  novembre  18G5  annonce  un  travail  posthume  de 
PROUDHON  pour  démontrer,  contre  l'opinion  île  l'auteur  de  la  Vie  de  César,  que  les 
Gaulois  étaient  d'une  civilisation  très-avancée. 


LE    CHATEAU    D'HAVRE 


NOTICE 

PAR 

M.   LËOPOLD  DEVILLERS, 

MEMBRE   TITULAIRE   A   MONS. 


Havre  est  un  village  situé  à  une  lieue  trois  quarts  E.  de 
Mons  et  auquel  se  rattachent  de  nombreux  souvenirs  historiques , 
à  cause  surtout  de  son  ancien  château. 

Vers  le  XIIe  siècle ,  cette  terre  fut  cédée  par  le  comte  de 
Hainaut  à  son  châtelain  de  Mons ,  pour  être  maintenue  par  tous 
ceux  qui  rempliraient  cette  charge  héréditaire.  En  1102,  Henri, 
châtelain  de  Mons  et  seigneur  d'Havre,  fit  un  accord  avec  l'abbé 
de  Saint-Denis-en-Broequeroye,  sous  l'agréalion  du  comte,  au 
sujet  de  la  coupe  des  arbres  de  sa  forêt. 

La  seigneurie  d'Havre  comprenait,  outre  la  châtellenie  de  Mons 
et  ce  qui  en  dépendait  (le  Béguinage  et  la  Guérite) ,  Havre, 
Ghislage  et  Beaulieu ,  et  sept  autres  villages  à  clocher,  savoir  : 
Ghlin ,  Goegnies-Chaussée,  Havay,  Ihy,  Biévène,  Àcren  et 
Everbecq.  Cette  seigneurie,  d'abord  baronnie ,  fut  érigée  par 
Philippe  II  en  marquisat,  en  157-4,    puis  en   duché,   en  1627. 

Commissaires  rapporteurs  :  MM.  le  chevalier  L.  dk  Buhbure  et  A.  Casterm^n. 


—  560  — 

Elle  appartint  successivement  aux  maisons  d'Havre,  d'Enghien, 
d'Harcourl,  de  Dunois-Longueville  et  de  Groy  l. 

L'écn  des  armes  d'Havre  portait  :  gironné  d'or  et  de  gueules 
de  dix,  ayant  sur  chaque  giron  de  gueules  trois  croix  recroisées 
d'or.  Ces  armes  ne  différaient  de  celles  d'Enghien  que  par  les 
couleurs. 


CHATRAU   n'HAVflÉ. 


Le   château    d'Havre   est   aujourd'hui    presque  abandonné,    à 
l'exception    de  la  partie  occupée  par  l'intendant  et  des  bâtiments 


1  La  seigneurie  d'Havre  parvint  à  la  famille  de  Croy  par  échange  entre  Philippe , 
comte  de  Portien  ,  seigneur  de  Groy,  chevalier  de  l'ordre  de  la  Toison  d'or,  chambellan 
de  Charles-Quint,  et  la  duchesse  de  Longue  ville.  Cet  échange  fut  agréé  par  Charles-Quint, 
en  juillet  1518.  —  Aro//ce  sur  les  archives  du  due.  de  Caraman  ,  par  .M.  GaCHARO  , 
(Bull,  de  lu  commission  royale  d'histoire,  t.  XI,  p.  109i. 


—  561  — 

de  la  ferme.  Une  Ibis  par  an  ,  de  joyeux  convives  s'y  rendent  à 
un  repas  de  chasse,  après  lequel  le  vieux  manoir  recouvre  sa  par- 
faite solitude. 

Ce  château  a  pourtant  conservé  un  cachet  féodal  bien  carac- 
téristique et  mériterait  certes  une  restauration  intelligente.  Vu 
du  côté  des  prairies ,  il  a  un  aspect  tout-à-fait  pittoresque  qu'il 
doit  particulièrement  à  son  donjon  ,  au  chevet  et  à  la  flèche  de  sa 
jolie  chapelle. 

Le  château  d'Havre,  tel  qu'on  le  voit  aujourd'hui,  a  été  bâti 
en  1603  sur  les  ruines  du  précédent,  que  le  duc  d'Anjou 
avait  pris  et.  dévasté  en  1578.  Le  prince  Charles-Alexandre  de 
Croy,  marquis  d'Havre,  comte  de  Fonlenoy,  qui  épousa  Yolende  de 
Ligne ,  lit  faire  cette  reconstruction.  Voilà  pourquoi  les  devises  de 
ce  seigneur  et  de  sa  dame  se  trouvent  répétées  dans  diverses  salles 
du  château  : 

Je  soutiendrai/  Croy.  —  J'aideray  Ligne. 

Une  vaste  enceinte  de  murs  enclôt  le  château  avec  la  ferme, 
les  prairies  et  les  jardins  qu'arrose  la  Haine.  Après  avoir  passé 
une  longue  allée,  on  arrive  sur  un  pont  flanqué  de  deux  grosses 
tourelles  peu  élevées  1  et  qui  servaient  jadis  de  prisons.  La  façade 
du  château  longe  la  cour.  De  hautes  fenêtres,  une  tour  dite  la 
Tour  (rEnghien  flanquée  d'une  tourelle  que  surmonte  la  double 
croix  de  Lorraine ,  des  écussons  aux  armes  de  Groy-Solre    placés 

1  Ces  tourelles  se  terminent  aujourd'hui  par  des  plates-formes.  Elles  ont  dû  être 
plus  élevées  autrefois  et  encadrer  une  porte  en  maçonnerie  qui  a  disparu  ,  de  même 
que  le  pont-levis.  On  voit  dans  le  vestibule  du  château  ,  encastrée  dans  la  muraille, 
une  petite  pierre  bleue,  carrée,  sur  laquelle  sont  sculptés  l'entrée  d'un  château,  et 
derrière  cette  entrée  un  donjon.  L'entrée  est  composée  d'une  porte  cintrée  ,  élevée  sur 
trois  marches ,  entourée  d'un  mur  rustique  et  flanquée  de  deux  jolies  tourelles  à  toitures 
aiguës.  Ces  tourelles,  de  même  que  le  donjon,  sont  surmontées  de  bannières.  Au  bas 
de  la  pierre  dont  il  s'agit ,  sont  gravés  ces  mots  :  ciiatav  :  d'havre.  M.  Malbrun  , 
intendant  du  château  ,  nous  a  dit  que  cette  pierre  avait  été  trouvée  dans  une  chapelle 
de  l'église  de  St-Nicolas-en-Havré ,  à  Mons  ,  et  qu'elle  lui  avait  été  donnée  par 
M.  Lebrun,  brasseur  en  cette  ville.  11  serait  curieux  de  savoir  à  quelle  circonstance 
se  rattachait  son  existence  dans  l'église  de  St-Nicolas-en-Havré. 

XXIX  XXII  :i:> 


—  562   — 

au-dessus  des  [tories  d'entrée,  les  supports  de  ces  armes,  qui  sont 
deux  sauvages  armés  de  massues,  servant  de  girouettes  :  voilà  ce 
qu'offre  de  particulier  celle  façade  à  laquelle  nous  préférons  celle 
opposée,  dont  nous  publions  le  dessin. 

A  l'intérieur,  l'archéologue  visite  avec  intérêt  :  la  chapelle  dont 
la  voûte  et  les  trois  gracieuses  fenêtres  ogivales  méritent  une  at- 
tention spéciale ,  el  où  l'on  trouve  encore  la  tribune  des  anciens 
seigneurs;  puis,  la  cuisine  avec  sa  vaste  cheminée  et  ses  voûtes 
à  nervures,  noircies  par  d'épaisses  fumées  séculaires;  enfin,  les 
trois  tourelles  renfermant  des  escaliers  qui  donnent  accès  aux  divers 
étages  et  qui  sont  situées  auprès  de  la  tour,  contre  la  chapelle  et 
à  l'extrémité  de  la  salle  d'armes.  Cette  dernière  salle,  quoique 
fort  délabrée,  est  encore  très-remarquable.  Sa  cheminée,  en  pierre 
de  taille,   est    soutenue   par  deux    colonnes  doriques,  cannelées. 

Sur  le  manteau  de  cette  cheminée  sont  sculptés  trois  blasons 
portant  les  armoiries  de  Charles-Alexandre  de  Groy  et  de  son 
épouse  :  celui  du  milieu  est  entouré  du  collier  de  l'ordre  de  la 
Toison  d'or.  Sous  ces  blasons,  on  lit  les  devises  : 

Ji'.  sousliendray .  Croy. 

Sans.  fin.  Croy.  h 503. 

Jy.  ayderay.  Ligne. 

Au  bas  de  la  cheminée  est  une  plaque  en  fer  de  fonte ,  portant 
un  autre  blason  ,  avec  la  devise  : 

layme  <jvi  mayme.  1603. 

Aux  extrémités  des  poutres  du  plafond  et  au-dessus  des  fenêtres, 
on  voit,  sculptées  en  bois  et  peintes,  les  armoiries  avec  leurs 
supports  au  naturel,  des  familles  dont  on  lit  les  noms  el  parfois 
la  devise  :  Croy,  Ghâteaubriant,  Bourbon,  Renenbourc,  Lallain , 
Wassenaer,  Ligne,  Sans  fin  Croy,  Noeufchaslel ,  Paleologue  de 
Bissipal,  Dompmarlin ,  Lamarck ,  etc.  Les  supports  sont  des 
hommes  sauvages,  des  lions  et  des  cerfs. 


—  563  — 

Le  reste  du  château  n'offre ,  comme  vestiges  de  sa  splendeur 
d'autrefois,  que  quelques  tableaux  qui  ne  sont  pas  sans  mérite  et 
une  foule  de  portraits  ,de  la  famille  seigneuriale ,  relégués  dans 
une  mansarde. 

Un  poète,  auquel  nous  avons  déjà  fait  un  emprunt,  à  propos  de 
la  chapelle  de  Saint-Antoine-en-Barbefosse ,  a  décrit  le  château 
d'Havre,  en  1606.  Ses  vers  donnent  une  très-bonne  idée  de  ce 
que  fut  ce  château.   Nous  les  reproduisons  en  appendice. 

L'annaliste  Vinchant  (Ms.,  t. 2)  parle  d'une  manière  assez  détaillée 
du  château  d'Havre,  dont  il  fait  remonter  l'origine  à  une  époque 
fort  reculée.  «  Retournant  au  chasteau  de  Havre,  dit-il,  je  trouve 
>  que  son  bastiment  est  très-ancien  ,  d'autant  que  d'ieeluy  est  fait 
»  mention  au  siècle  1000,  au  tems  de  la  bataille  donnée  en 
»  Brocqueroye1;  qu'il  fut  prins  par  deux  fois  es  guerres  deBrabant, 
»  trois  fois  es  guerres  de  Flandres,  une  fois  es  guerres  de  France, 
»   sous  le  duc  de  Bourgoigne ,  de  sorte  qu'après  avoir  esté  ruiné 

•  par  feu  ,  les  seigneurs  de  Groy  le  réparèrent  ;  mais  que  ,  depuis 
»  l'an  1579,  à  cause  des  troubles  du  pays  et  guerres  intestines, 
»   il  fut  délaissé  par  les  seigneurs,  d'autant  qu'ils  estoient  occupés 

•  aux  affaires  publiques,  tellement  qu'il  fut  gasté,  tantost  parles 
»    paysans,  tantost  par  les  garnisons,  jusques  à  tant  qu'après  l'an 

•  1600,  il  reprint  son  premier  lustre  sous  le  comte  de  Fontenoy, 
»  messire  Charles-Alexandre ,  qui  y  fist  bastir  tout  ce  bastiment 
»  que  l'on  voit  estre  souslenu  de  pilliers  et  arcures ,  et  y  fît 
»  réparer  tout  ce  que  le  temps,  feu  et  guerre  avoient  ruiné.  La 
»   structure  du  dit  chasteau  at  de  longueur  environ  trois  cents  pieds, 


1  La  bataille  de  Saint-Oenis-en-Brocqueroye  eut  lieu  en  1072,  entre  l'armée  de 
Richilde ,  comtesse  de  Hainaul  ,  et  celle  de  Robert-Ie-Fiison ,  comte  de  Flandre. 
Gérard  ,  seigneur  d'Havre ,  y  portait  le  guidon  de  la  comtesse  Richilde.  On  conjecture 
que  le  champ  de  bataille  fut  à  proximité  du  presbytère  d'Havre,  où  l'abbaye  de  Saint- 
Denis  possédait  quelques  biens  qu'on  appelait  les  Bonniers  sanglants  et  les  Murtes- 
Haies  (Dumetum  mortis).  Hossart,  Histoire  ecclésiastique  et  profane  du  Hainaul, 
t.  1,  p.  202. 


—  564  — 

contenant  trois  estaiges  l'un  sur  l'autre ,  avec  tours  bien  mas- 
sonnées  et  eslevées ,  notamment  celle  qui  se  dict  du  nom 
iVEnghien,  avec  pont  magnifique.  Il  y  a  de  l'eau  à  l'entour, 
de  largeur  environ  cent  quatre-vingts  pieds.  La  cour  de  dedans 
al  en  longueur  quatre-vingts  pieds,  en  largeur  septante.  La 
rivière  de  llayne  environne  les  jardins,  lesquels  sont  embellis 
de  Heurs,  herbaige ,  arbres,  viviers  et  labyrintes ,  et  entourés 
de  part  et  d'autre  de  bayes  et  portiques  magnifiquement  éla- 
bourés. 

■  Audit  chasteau  y  at  une  chapelle  érigée  en  bénéfice,  en  laquelle 
l'archevesque  de  Cambray ,  Maximilien  de  Berghes ,  remit  et 
consacra  un  autel  l'an  1G02,  à  la  requeste  du  susdict  comte  de 
Fontenoy,  en  mémoire  et  honneur  de  la  Vierge  Marie,  saint 
Philippe  et  sainte  Yolende.  En  icelle  reposent  plus  de  trois  cents 
reliques  de  saints ,  approuvées  par  lettres  authentiques  du  pape 
Clément  VIII ,  qui,  à  l'occasion  d'icelles,  donna  indulgences 
remarquables.  L'on  y  voit  un  estandart  que  les  mutinés  soldats 
de  Ruremonde  firent  bénir  avec  certaines  cérémonies  par  Henry 
Cuyck,  évesque  de  Ruremonde,  et  puis  l'offrirent,  après  qu'ils 
eurent  receu  leur  payement,  audit  comte  de  Fontenoy,  qui  sor- 
loit  d'ostaige.  Il  y  a  tel  escriteau  au  costé  desdits  estendars  : 

Joy  qui  chantera  cy  pondus  ces  eslandars , 
Le  seigneur  de  ce  lieu  ayant  esté  hotaige 
A  Ruremonde,,  auprès  des  mutinés  soudarts , 
Une  mort  accomplit  que  la  cure  d'advantaige  (?) 
Les  receut  d'eux  (ô  délite)  et  pour  .servir  à  Dieu  , 
Obéir  à  son  prince  et  aider  sa  patrie  , 
Il  y  fust  aresté  ,  et  l'évesque  du  lieu 
Les  bénissant  de  sa  main  avecq  cérémonie.   •■ 

Nous  dirons,  pour  compléter  le  récit  de  Vinchant,  que  la  colla- 
tion de  la  chapelle  caslrale  d'Havre  appartenait  au  seigneur.  Le 
(I  mars  I7S7,  Antoine-Joseph  Meral ,  prêtre  séculier  qui  la 
desservait  depuis  le'  18  décembre  1732,  lit  la  déclaration  de  ses 


—  565  — 

revenus  au  gouvernement.  On  y  lit  que  les  charges  consistaient  en 
deux  cent-huit  messes  par  an,  à  dix  palars  chacune ,  qu'on  pouvait 
célébrer  au  château  ou  ailleurs,  à  l'heure  et  à  la  volonté  du  duc. 
Il  n'existe  pas  de  titre  de  cette  fondation. 

L'église  paroissiale  d'Havre  est.  à  quelques  pas  du  château  '. 
Nous  publions  dans  l'appendice,  sous  B,  le  texte  de  deux  épitaphes 
qui  sont  conservées  dans  le  chœur  de  cette  église  et  qui  rappellent 
la  mémoire  de  la  princesse  Anne  de  Lorraine,  épouse  de  Philippe 
de  Croy,  duc  d'Arschot,  et  celle  de  Charles-Alexandre  de  Groy, 
marquis  d'Havre,  comte  de  Foutenoy,  chevalier  de  la  Toison  d'or, 
chef  des  finances  des  Pays-Bas,  qui  fut  tué  d'un  coup  d'arquebuse 
«  que  luy  tira  un  poltron,  •  et  qui  l'atteignit  dans  son  hôtel  à 
Bruxelles,  le  9  novembre  1(52-4  2. 

Une  chapelle,  dédiée  à  Notre-Dame  de  Bon-Vouloir,  située 
à  l'extrémité  du  hameau  de  ce  nom  et  à  une  faible  distance  du 
château  d'Havre ,  renferme  les  tombeaux  de  plusieurs  autres  mem- 
bres de  la  famille  de  Croy-Havré.  Nous  nous  occuperons  de  ce 
petit  édifice  dans  un  article  spécial. 


1  Celte  église  est  érigée  sous  l'invocation  de  saint  Martin.  L'abbaye  de  Saint-Ueni*- 
en-Brocqueroye  en  avait  le  patronage.  Il  s'y  trouvait  autrefois  une  chapelle  de  Notre- 
Dame  qui  fut  fondée  en  1305  par  Sohier  d'Engliien  ,  chevalier,  châtelain  de  Mons  et 
seigneur  d'Havre. 

2  Vinchant,  Annales  du  flainaut ,  éd.  des  Bibl.,  t.  V,  p.  392. 


—   566 


APPENDICE. 


Exhaits  du  volume  intitulé  :  Description  de  l'assiette,  maison  et 
MARQVISAT  d'HaVRÉ,  RÉDIGÉE  ENVERS  FRANÇOIS,  Mon* ,  imprimerie 
de  Charles  Michel,  1006,  in-fH,  et  dédié  auprince  Charles-Alexandre 
De  Croy. 


Enfin  ,  après  mainte  campagne  veue, 
De  pins  en  plus  agréable  à  ma  veue, 
Je  voy  soudain  aparestre  à  mes  yeux 
De  ton   Havre  le  palais  gracieux. 
Je  vois  parestre  alors  sans  nul  obstacle 
Ceste  maison  comme  un  autre  miracle  , 
Son  pont  superbe  et  l'anticque  lion 
Armé  en  teste  ,  et  tout  à  l'environ 
Un  grand  fossé  de  quatre-vingt  pas  large, 
Où  mainte  source  aussi  son  eau  descharge  , 
Et  que  la  Haine  environne  partout 
Quazi  de  l'un  jusques  à  l'autre  bout. 
Je  dis  la  Haine  et  la  mesme  rivière 
Dont  le  Hainault  a  son  estre  première, 
Dont  le  Hainault  porte  encore  le  nom  , 
Ceste-là,  di-je,  entoure  ta  maison 
Et  ung  verger  aux  yeux  fort  agréable, 
Tout  plain  de  fruict  rare  et  fort  délectable  , 
Lequel  il  semble,  à  cause  des  ruisseaux  , 
Estre  en  une  isle  estant  tout  circuit  d'eaux  : 
Car  le  fossé  de  ta  maison  superbe 
D'ung  endroict  baigne  et  arose  son  herbe, 


—   567   — 

Et  en  tirant  vers  les  prez  au  dehors 

La  Haine  court  tout  au  long  de  ses  bords. 

Là,  au  printemps,  ce  qu'on  peut  voir  de  rare 

Des  belles  fleurs  ,  que  nature  bigarre , 

Dessus  chesque  arbre,  et  encore  en  esté 

De  fort  bons  fruictz  en  grande  quantité 

Il  s'i  en  treuve,  et,  pour  conclure  en  somme, 

De  toute  sorte.  A  l'un  coing  est  ung  dôme 

Dont  l'ung  des  boutz  va  rendre  dedans  l'eau  , 

Et  dans  lequel  maint  jeune  héronneau 

Tu  fais  nourrir ,  affin  qu'estant  fort  d'aesle, 

Il  puisse  avoir  pour  demeure  nouvelle 

Tes  beaux  grands  bois  et  libre  s'y  brancher 

Sur  les  plus  hautz  et  sa  vie  y  chercher 

Pour  y  peupler  d'une  fertille  race 

D'autres  hérons.  Puis ,  poursuivant,  je  passe 

Ung  cabinet  et  m'en  vois  au  jardin 

Où  j'aperçoy  tout  de  nouveau  soudain 

Une  fort  belle  et  fort  grande  vollière 

Plaine  d'oyseaux  d'espèce  singullière , 

Entre  lesquels  estoient  fortz  faisaus 

Et  des  plus  beaux;  sortant  de  là-dedans, 

Je  considère  et  regarde  la  face 

De  ton  chasteau  ,  qui  tenoit  en  espace 

Par  sa  longueur  trois  cent  piedz  à  peu  près; 

Le  bastiment  faict  de  pierre  de  grès  , 

Si  relevé  qu'il  y  a  triple  estage, 

Dont  tout  le  grès  est  pris  au  voisinage 

De  ton  Havre  et  autour  son  pourpris. 

Ayant  doncveu  par-dehors  ton  logis, 

J'entre  en  la  cour,  en  longueur  contenante 

Quatre-vingtz  pas  et  de  largeur  septante. 

A  l'un  costé,  de  grandz  rangs  de  pilliers 

(Tous  travaillez  d'excellens  ouvriers), 

Dessus  lesquels  est  une  gallerie 

De  huict-vingtz  piedz.  Puis,  il  me  prit  envie 


—  568  — 

De  voir  unglieu  ,  où  en  maint  divers  lieu 
Paroissoit  là  ung  rondacbe,  ung  espieu, 
Picques,  plastrons,  la  pluspart  à  l'espreuve  , 
Harq'buze  à  eroeq,  enfin  partout  je  treuve 
De  quoy  pousser  le  plomb  et  l'éviter  , 
De  qnov  garder  la  vie  et  pour  Poster. 
Et  pour  remedde  au  feu  et  à  la  rlame 
Tout  aussi  bien  qu'à  l'homicide  lame, 
Presque  àchescun  de  tous  les  soliveaux 
Estoient  de  rang  atachez  plusieurs  seaux. 
Bref,  il  sembloit  une  image  d'allarmes  , 
Aussi  son  nom  c'estoit  la  Salle  aux  Armes. 

Dedans  la  salle  estoit  mainte  devize, 
J'entendz  la  salle  au  bout  du  degré  size  ; 
L'une  dizoit:  Je  soustiendray  croy  , 
J'y  aidray  ligne  ;  en  un  autre  je  vy  : 
J'ayme  qui  m'ayme  :  ô  devise  admirable  ! 
Et  d'autant  plus  qu'elle  est  fort  véritable 
Et  qu'elle  semble  au  vray  à  ton  humeur, 
Car  à  qui  t'ayme  estes  amy  de  cœur; 
Aussy  doit-on  aymer  cil  qui  nous  ayine  , 
Et  cependant  tous  ne  sont  pas  de  mesme  : 
Tel  fera  mine  et  dira  tous  les  iours 
Nous  estre  amy,  qu'en  soi-mesme  au  rebours 
Son  cœur  le  pense  et  d'un  effect  contraire 
En  nostre  mal  sera  nostre  adversaire; 
Tant  d'estre  ingratz  on  en  voit  d'entachez  ! 
Après,  je  vy  aux  soutiens  des  planchez 
De  tes  ayeux  les  armes  dont  le  lustre 
Des  Rois  Hongrois  vient  de  la  tige  illustre  , 
Et  je  trouvay ,  mesurant  sa  longueur  , 
Soixante  pas,  et  vingt  pas  sa  largeur , 
Et  sa  hauteur  à  l'essai  eslevée. 


—  569  — 

Le  poêle  cite  ensuite  la  petite  salle  aux  Cerfs  : 
Et  comme  d'eux  ma  vue  je  retire  , 
Je  voy  soudain  la  forme  d'un  satyre , 
Tout  faict  de  bronze,  et  par  cincq  lieux  divers 
Jetter  de  l'eau  par  des  canaux  couvers 
Et  enfermés  dans  l'espoisse  muraille 
Dont  le  conduit  qui  ceste  eau  la  luy  baille 
Est  au-dessoubs  au  niveau  du  fossé , 
Auquel  m'estant ,  pour  me  voir,  abaissé, 
J'en  vis  la  source  assez  large  et  profonde 
Pour  se  pouvoir  baigner  dedans  son  onde , 
Et  dans  le  fondz ,  tant  son  cristal  est  net  ! 
Il  n'y  a  rien  si  petit  en  effet 
Qu'on  ne  peut  voir  en  sa  forme  parfaicte. 

Le  poète  en  vient  à  la  chapelle ,  puis  ajoute  : 
Ceste  chapelle  estant  donc  ruinée 
Et  prophanée  encor  depuis  l'année 
Mille  cinq  cens  et  soixante  et  dix-neuf, 
Tu  commenças  à  la  refaire  à  neuf 
L'an  mil  six  cens ,  et  encore  avec  elle 
Ce  grand  logis  dont  la  face  est  si  belle, 
Ce  grand  logis  que  du  jardin  l'on  voit. 

Le  poète  s'étend  ensuite  sur  la  vue  du  château  et  cite: 
La  belle  tour  d'Enghien  surnommée. 

Il  parle  de  l'église  d'Havre,  qui  est  dédiée  à  saint  Martin  : 
J'entre  à  l'église  où  je  vois  en  la  voûte 
J'ayme  qui  m'ayme  et  tes  armes  auprès. 


H  fait  l'éloge  de  la  situation  et  des  environs  du  château 


Car  la  nature  est  plus  belle  que  l'art. 
A  ton  abord ,  de  quelle  et  quelle  part 


—  570  — 

Que  l'on  te  voye  et  qu'à  toy  l'on  arrive, 

L'on  voit  partout  une  agréable  rive, 

De  beaux  ruisseaux  doucement  murmurant, 

Bordez  partout  d'arbres  à  double  rans  , 

Semez  de  rieurs ,  qu'il  semble  qu'à  l'envie 

Pour  t'embellir  elles  ayent  prie  vie. 

Là  sont  des  prez  en  tout  temps  esmaillez 

Là  sont  des  bois  tousiours  verts  enfeuillez , 

Là  mille  champs  et  de  tous  grains  fertilles , 

Là  près  de  toy  maintes  fort  belles  villes. 

Là  d'ung  endroit  t'environnent  les  bois, 

Où  maint  grand  cerf  a  rendu  les  abois  , 

Où  maint  brocard  encor  jeune  de  ruze 

N'a  sceu  fuir  le  coup  de  l'harquebuze , 

Où  maint  lapin  se  voit  pris  dans  les  retz 

Voulant  fuir  la  dent  de  tes  furetz  , 

Où  maint  chevreul  pour  n'estre  pas  prou  viste 

Et  où  maint  lièvre  au  partir  de  son  giste 

A  esprouvé  'la  vitesse  et  les  dentz 

De  tes  lévriers  et  de  tes  chiens  courantz , 

Où  la  perdrix  par  le  chien  arestée 

J'ai  veu  souvent  tirée  et  emportée, 

Et  quelquefois  qu'on  a  couppé  les  blez 

Tous  ses  petits  auprès  d'elle  assemblez 

Se  sont  veuz  pris  d'un  seul  coup  de  tirasse. 

Enfin,  il  n'est  nulle  sorte  de  chasse, 

Soit  à  l'oiseau  ,  au  chien  et  aux  filletz , 

Qu'elle  ne  soit  autour  de  ton  palais. 


J'ay  voyagé  par  maint  pays  estrange, 
J'ay  veu  maint  lieu  qui  mérite  louange  , 
Mainte  maison  et  maint  riche  chasteau, 
Maint  grand  pallais  que  l'on  tenoit  pour  beau 
Mais  la  beauté  de  ton  Havre  illustre 


—  571  — 

De  tout  en  tout  en  efface  le  lustre. 


Quand  je  m'amuse  or  d'une  et  d'autre  sorte 
A  contempler  des  yeux  tout  alentour 
Maint  pavillon  ,  mainte  superbe  tour  , 
Mainte  grand'  salle  et  mainte  gallerie  , 
Maint  cabinet,  mainte  tapisserie  , 
Maint  meuble  exquis  et  maint  rare  tableau  , 
Maint  riche  vaze  et  maint  riche  joyau, 
Dis-je  ,  pendant  qu'à  cela  je  m'amuze  : 
Je  ne  sais  pas  expliquer  à  ma  Muze 
Par  quel  bonheur  je  fus  tant  fortuné 
D'avoir  esté  en  ce  lieu  amené. 


B. 

Epitaphes  de  l'église  d'Havre. 

Dans  le  chœur  ,  du  côté  gauche  en  entrant  : 

ICI  GIST  LE  CŒUR  DE  HAUTE  ET  ILLUSTRISSIME  PRINCESSE  ANNE 
DE  LORRAINE,  DUCHESSE  D'ARSCHOT  ,  PRINCESSE  DU  St.  EMPIRE  ET  DE 
CH1MAY,  MARQUISE  DE  HAVRE,  ET  9">e  FILLE  DESÉR.™  PRINCE  ANTHOINE  DUC 
DE  LORRAINE,  ET  DE  MADAME  RENÉE  DE  ROURBON,  LAQUELLE  AYANT  ÉTÉ 
ALLIÉE  AVEC  HAULT  ET  ILLUSTRISSIME  PRINCE  PHLE  SIR  DE  CROY,  DUC  D'AR- 
SCHOT, EN  L'AN  1548,  EST  DÉCÉDÉE  EN  L'AN  1568  ,  ÉTANT  SON  CORPS  INHUMÉ 
A  HAVRE  LE PRIEZ  DIEU  POUR  SON  AME 


Au  milieu  du  chœur,  sur  une  pierre  plate 
D.     0.     M. 


CAROLUS  ALEXANDER 

DUX  CKOYACUS,  PR1NCEPS  S.  R.   1MPER1I, 

MARCHIO  HAVRECH1US,  COMES  FONTENOYUS,   ET 

EQUES  AUREI  VELLERIS, 

SUPREMUS  F1NANTIUS  PR^EFECTUS  , 

SP1R1TU  AD  CŒLUM  N1TENS, 

BRUXELL.-E  CORPUS,  HIC  COR  SUUM  SEPELIR1  V0LU1T 

UT  QUEM  VIVUS  AMAVIT  LOCUM 

AFFECTU  ETIAM  POSTUMO  COMPLECTERETUR. 

0B11T  PR1DIE  1D.  NOVEMR.    ANNO  M.  DC.  XXIV. 


LA    CHAPELLE 


VOTRE-DAME  DE  BOiY-VOULOlR 

A  HAVRE. 


NOTICE 

PAK 

M.  LÉOPOLD  DEVILLERS. 

MEMBRE   TITULAIRE   A    MONS. 


Malgré  ses  proportions  très-modestes,  la  chapelle  de  Notre-Dame 
de  Bon-Vouloir  est  l'un  des  monuments  les  plus  intéressants  des 
environs  de  Mons. 

Celte  jolie  chapelle  se  trouve  dans  une  charmante  situation  ,  à 
l'extrémité  du  bois  d'Havre  et  au  centre  d'un  hameau  qui  se 
prolonge  jusqu'à  la  chaussée  du  Rœulx  *.  Les  chemins  qui  y  mènent 
de  toutes  parts  sont  fort  pittoresques  et  bien  entretenus. 

L'édifice  est  solidement  construit  en  briques  et  en  pierres.  La 
première  pierre  en  fut  posée  par  la  duchesse  d' Havre  ,  le  22  mai 
1625. 

Commissaires  rapporteurs  :  MM.  A.  Casïkhman  et  P.-.I.  De  Cuvceu. 

i  Un  estaminet  voisin  de  celle  Châiisstëê  a  conserve"  l'enseigne  :  Au  prince  Eugène  , 
en  souvenir  sans  doute  de  ce  que  le  prince  Eugène  de  Savove  établit  son  quartier- 
générai  à  Havre,  lors  du  siège  de  Mons  en  septembre  1700. 


—  573  — 

Cette  chapelle ,  destinée  à  abriter  l'image  de  Notre-Dame  de 
Bon-Vouloir,  fut  élevée  en  peu  de  temps ,  grâce  au  zèle  du  curé 
d'Havre,  Robert  Dicqueman,  et  à  la  pieuse  générosité  de  la  maison 
d'Havre,  d'un  oratorien  de  Mons  nommé  François  Descamps  et  de 
plusieurs  autres  personnes. 

A  l'extérieur,  le  petit  édifice  n'offre  d'apparent  que  son  clo- 
cheton ,  ses  six  fenêtres  à  ogive  et  les  cartouches  en  bois  qui 
supportent  la  corniche.  Ces  cartouches  sont  au  nombre  de  72 , 
dont  M  grosses  et  61  petites;  les  premières  représentent  des 
figures  d'anges  et  les  autres,  des  têtes  fantastiques  et  grimaçantes. 

La  façade  est  percée  de  deux  fenêtres  ogivales,  entre  lesquelles 
est  posée  une  pierre  aux  armes  de  Croy-Havré.  Un  œil-de-bœuf 
surmonte  l'écusson.  A  la  base  de  cette  façade  est  construit  en 
hors-d'œuvre,  clans  l'ordre  toscan,  avec  entablement,  un  porche 
carré  en  pierres  de  taille  et  percé  de  trois  portes.  Au  côté  prin- 
cipal est  une  niche  avec  une  statue  de  la  Vierge.  Une  croix  de  fer, 
portant  en  chef  deux  massues,  supports  des  armes  de  Croy-Havré, 
surmonte  ce  porche.  Deux  semblables  massues  en  fer  sont  placées 
au-dessus  du  chevet  de  la  chapelle. 

L'intérieur  présente  un  ensemble  peu  commun  d'œuvres  d'art. 

Ce  qui  attire  particulièrement  l'attention  ,  c'est  la  charpente  , 
entièrement  à  découvert  :  deux  fortes  poutres,  arrondies  et  sculp- 
tées, relient  les  murs  latéraux.  A  chaque  extrémité  de  ces  poutres, 
une  tète  de  crocodile  semble  soutenir  un  faisceau  d'arabesques. 
Sur  les  murs  s'appuient  six  cintres,  qui  sont  soutenus  latéralement 
par  deux  vergues. 

L'autel  de  la  chapelle  a  été  donné  par  l'infante  Isabelle  qui 
visita  l'oratoire,  ainsi  que  la  reine  Marie  de  Médicis  ,  en  août 
1631  i.  Le  rétable  se  compose  d'un  portique  corinthien,  orné  de 


1  Marie  de  Médicis  fit  présent  à  la  Vierge  d'une  robe  magnifique.  —  Annales  de 


—  574   - 

colonnes  et  de  pilastres  engagés ,  en  marbre ,  et  encadrant  un 
tableau  qui  représente  l'Assomption  de  la  Sainte  Vierge.  Sous  ce 
tableau,  dans  une  niche  richement  garnie,  repose  la  statuette  de 
Notre-Dame  de  Bon-Vouloir.  Cette  statuette  était  attachée  à  l'un 
des  trois  tilleuls  qui  croissaient  sur  l'emplacement  de  la  chapelle, 
avant  la  construction  de  celle-ci,  et  où  les  processions  de  la  paroisse 
d'Havre  faisaient  ordinairement  une  station.  On  conserve,  derrière 
l'autel,  le  tronc  du  tilleul  auquel  l'image  était  appendue. 

Une  balustrade  en  marbre  noir,  gris  et  blanc  sépare  le  sanc- 
tuaire de  la  nef.  Six  écussons  aux  armes  de  Croy-liavré  sont 
sculptées  sur  les  plus  gros  balustres. 

Des  lambris  en  chêne  régnent  de  chaque  côté  de  la  chapelle. 
Cette  boiserie  est  partagée  de  part  et  d'autre  en  cinq  comparti- 
ments,  dont  trois  sont  occupés  par  des  inscriptions  relatives  à 
l'histoire  et  aux  miracles  de  Notre-Dame-de  lion  Vouloir  et  les 
deux  autres  par  des  tableaux.  Ces  toiles  représentent  :  V An- 
nonciation,  la  Visitation,  la  Naissance  du  Sauveur  et  la 
Purification. 

Dans  le  bas  de  la  chapelle,  on  remarque  le  jubé,  et,  à  gauche 
en  entrant,  un  banc  d'œuvre  à  quatre  places,  bien  sculpté. 

Entre  les  deux  fenêtres  du  côté  gauche,  un  monument  de  la 
piété  filiale  rappelle  la  mémoire  de  l'un  de  ceux  qui  ont  contribué 
à  la  construction  de  la  chapelle.  C'est  un  tableau ,  entouré  d'un 
encadrement  funèbre,  représentant  l'oratorien  François  Descamps 
avec  son  père  Fr. -Jacques  Descamps,  qui  fut  bailli  et  receveur  de 
la  terre  d'Havre  :  tous  deux  sont  à  genoux  devant  un  crucifix,  le 
premier  vêtu  d'un  ample  surplis  et  l'autre  en  costume  de  magistrat. 
Au-dessous,  on  lit  l'inscription  suivante  : 


f  Académie  d' archéologie  de  Belgique ,  tome  XIV,  p.  t99.  —  Hhtoire  de  l'origine  , 
progrès  et  miracles  de  Notre-Dame  de  lion-Vouloir  au  duché  de  Havre.  (Mous, 
François  Waudret ,  103'.),  in-120). 


—  575  — 

M~RE    FRANCHOIS  DESCAMPS,  PBRE  DE 

L'ORATOIR  A  L'HONNEUR  DE  DIEU 

ET   DE    LA    GLORIEUSE    VIERGE    MARIE. 

AUSSY  EN  MÉMOIRE  DE  FR.  JACQUES 

DESCAMPS   SON    PÈRE,    S'    DE    PELOINGNE  , 

LEQUEL  PAR  L'ESPACE  DE  CINCQUANTE 

CINQ    ANS    AT    EXERCÉ    TANT    L'OFFICE 

DE  BAILLY  CÔË  DE  RECEPVEUR  DE 

HAVRE,    DÉCÉDÉ    LE    XXII*   DE    NOVEMBRE 

XVI<=  VINGT  CINQ,  A  FAIT  METTRE 

CEST  EPITAPHE  VOUS  RECOMMANDANT 

SON    AME    D'UN    PATER    ET    AVE    MARIA.   1631. 

En  face  de  ce  tableau  funéraire  se  trouve  une  toile  représentant 
saint  Jean-Népomucène. 

Deux  mausolées  modernes  et  quatre  inscriptions  tumulaires  de 
membres  de  la  famille  de  Groy  et  de  personnes  qui  ont  fondé  des 
messes  dans  la  chapelle,  achèvent  la  décoration  de  celle-ci.  Nous 
y  avons  copié  les  épitaphes,  sur  marbre  blanc,  que  voici  : 

D.     0.     M. 

SEREN1SS1MA    PRINCIPISSA   MARIA    THERESIA  , 

LANTGRAVIA  HASSI/E-DARMSTADL-E,  NATA 

DUCISSA    DE    CROY   ET    D'HAVRE,    COR    SUUM 

HIC    DEPONI    V0LU1T,    UT    IB1    ESSET    MORTUUM 

UBI  FUERAT  VIVUM  ;  0B1IT  A"  1715, 

20    MARTII  ,    BONONI/E    IN    ITALIA   UBI 

CORPUS  EJUS  SERVATUR  IN  CŒNOBIO  SANCT/E 

CATHARIN/E    REQUIESCAT  IN  PACE. 

D.     0.     M. 

HOC  SUB  MARMORE  QUIESC1T  COR 
ILLUSTR1SSIMI   PRINCIPIS  DUC1S   DE    CROY 

D'HAVRE.  PARUM  VIXIT  SI  ANNOS,   DIU 

SI  VIRTUTES  DINUMERAS.  0BI1T  DIE  MEXS1S 

MAI!    10°,    ANNO    1725.    REQUIESCAT    IN    PACE. 


—  576  — 

La  collation  de  la  chapelle  de  Notre-Dame  de  Bon-Vouloir  appar- 
tient à  la  famille  de  Groy.  La  fête  principale  de  la  patronne  se 
célèbre  le  jour  de  V Assomption,  le  15  août. 

A  l'époque  de  la  Révolution  française,  la  chapelle  avait  été 
vendue  comme  domaine  national.  Mais  l'adjudicataire,  M.  Maghe, 
propriétaire  à  Mons ,  ne  la  fit  pas  démolir  ;  il  y  lit  déposer  des 
récoltes,  et  lors  du  rétablissement  du  culte  il  la  remit  au  sieur 
Malbrun,  intendant  du  château  d'Havre,  et  la  chapelle  fut  rendue 
au  culte. 


On  voit  encore  ,  dans  les  environs  de  Mons  ,  les  débris  de  quelques  établissements 
religieux,  tels  que  les  abbayes  de  Saint-Ghislain ,  de  Saint-Denis  et  de  Bélian.  Maisees 
débris  sont  sans  importance,  au  point  de  vue  monumental.  Nous  ne  leur  consacrerons 
donc  aucun  article  spécial.  C'est  la  monographie  de  ces  monastères  qu'il  serait  désirable 
de  voir  entreprendre. 


DES   STYLES    A    ÉCRIRE, 


NOTICE 

pah  M.  H.  SCHUERMANS  , 

MEMBRE   TITULAIRE   A    HASSELT. 

Chacun  connaît,  sur  les  styles ,  et  le  mot 
figuré  d'Horace  :  saepe  shjhim  vertas,  et  l'épi- 
gramme  énigmatique  de  Ccelius  Symposius  *: 

De  summo  planus,  sed  non  ego  planus  in  imo, 
Versor  utrinque  manu  ,  diverso  munere  fungor  : 
Altéra  pars  revocat  quidquid  pars  altéra  fecit. 

Cet  ustensile  destiné  d'une  part  à  inscrire 
des  caractères  dans  la  cire  des  tablettes, 
d'autre  part  à  aplanir  cette  cire  pour  les  cor- 
rections, n'est-on  pas  tenté,  a  priori,  de  le 
reconnaître  dans  ces  instruments,  si  abon- 
dants parmi  toutes  nos  fouilles,  instruments 
qui  sont  d'un  côté  armés  d'une  petite  spatule 
ou  d'un  cuilleron  propre  à  prendre  la  cire  et 
à  l'étendre,  et  de  l'autre  terminés  en  pointe. 
En  voici  quelques-uns  de  grandeur  naturelle. 

Et  voyez  cependant  à  quoi  l'on  s'ingénie 
quelquefois  :  un  savant  français,  Grignon  "2,  a 
considéré  ces  objets  comme  des  cure-oreilles  , 
et  pour  contre-partie  ne  réfléchissant  pas  sans 


1  Poelae  latini  minores,  VI,  478. 

*  Proces-verbal  des  fouilles  opérées  an  Châtelet  entre    Sl-Di;ier  et  Joiwille  , 
p.  CXXXV1II. 

Commissaires  rapporteurs   :  MM.    G.    Hagkmans  et  le  chevalier   dk   Schouiheetk 

DE    ÎERVARENT. 

XXIX  XXII  *S 


—  578  — 

doute  que  les  dents  des  Romains  étaient  aussi  rapprochées  les  unes 
des  autres  que  nos  dénis  modernes,  il  se  figura  que  la  pointe  de 
ces  instruments  servait  de  cure-dents. 

Je  vais  citer  textuellement  mon  auteur  : 

«...  .Beaucoup  de  cure-oreilles ,  petits  instruments  composés 
»  d'une  lige  cylindrique  ou  en  forme  de  fuseau  allongé ,  unie  ou 
•  ornée  de  lilels,  de  spirales  et  de  cordons.  Un  des  bouts  est 
»  terminé  en  pointe  et  pouvait  servir  de  cure-dents.  L'autre  finit 
»  en  une  petite  palette  déprimée  et  arrondie  qui  est  inclinée  au 
»    plan  de  sa  tige.  » 

Cela  est  plaisant ,  mais  ce  n'est  pas  la  seule  erreur  à  laquelle 
la  petite  spatule  «  inclinée  au  plan  de  la  tige  •  a  donné  lieu. 

Roach  Smith,  archéologue  qui  a  rendu  les  plus  grands  services 
à  la  science  et  dont  la  présente  critique  n'aura  pas  pour  portée 
de  diminuer  en  quoi  que  ce  soit  le  mérite,  Roach  Smith,  lui,  a  vu 
dans  ces  objets  des  ligulae  ou  cuillers  pour  extraire  les  parfums 
des  bouteilles  à  long  col  où  ils  étaient  souvent  contenus.  Cette 
erreur,  il  la  répète  dans  plusieurs  de  ses  ouvrages1. 

Je  dis  «  cette  erreur  >  ,  car  c'en  est  bien  positivement  une  : 
elle  est  démontrée  par  des  fouilles  opérées  dans  notre  pays.  Le 
cimetière  de  Flavion  2,  près  de  Namur,  a  montré  dans  une  de 
ses  fosses  sépulcrales  des  tablettes  à  écrire  romaines  (avec  la 
représentation  de  la  louve  allaitant  Romulus  et  Remus) ,  et  à  ces 
tablettes  adhérait  encore  un  étui  dans  lequel  se  trouvaient  de  ces 
prétendues  cuillers  à  long  manche  de  Roach  Smith  ;  celles-ci  ne 
peuvent  donc  avoir  été  que  des  styles. 

Par  contre,  l'on  a  parfois  vu  des  styles  où  il  ne  fallait  pas  en 
voir   :    les  auteurs  des  siècles  derniers,   Cliifflet  ,   Du  Molinet, 


1  Antiquities  of  Richborough ,  Reculver  and  Lymne,  p.  103;  Illustrations  of 
Roman  London,  pi.  XXXVI,  Qg.  fi. 

*  Annales  de  lu  société  archéologique  de  Namur,  VII,  p.  10,  pi.  VI,  fig.  1. 


—  579  — 

Petau  l,  prenaient  les  fibules  pour  des  styles  se  repliant  sur  eux- 
mêmes,  et  ils  se  donnaient  même  la  peine  parfois,  témoin  Polenus 
dans  son  supplément  à  Graevius2,  de  représenter  par  le  dessin 
la  manière  dont  on  tenait  ces  fibules  pourécrire;  or,  bien  que  de 
Montfaucon  5  ait  affirmé  que  de  son  temps  plus  personne  ne  ver- 
sait dans  cette  erreur ,  on  la  retrouve  encore  aujourd'hui  dans  le 
recueil  si  estimé  d'Antony  Rich  4. 

Combien  d'erreurs  de  ce  genre,  nos  neveux,  plus  avancés  que 
nous ,  ne  relèveront-ils  pas  à  leur  tour  dans  nos  attributions  si 
hypothétiques  parfois  !  Notre  excuse  est  la  suivante,  qui  sera  aussi 
celle  de  Grignon ,  de  Roach  Smith  et -de  Rich  :  pour  la  science, 
mieux  vaut  une  erreur  qu'on  puisse  réfuter  qu'un  silence  auquel 
on  ne  puisse  répondre. 


'  Bulletin  des  Commissions  royales  d'art  el  d'arcliéologie  (mars  et  avril  186G), 
V.  j).  168,  et  même  observation  faite  par  de  Lo.ngpériek  ,  Revue  d'archéologie  j 
livraison  d'août  1866,  p.  107. 

"-  Bull,  cité,  111,  p.  1115. 

3  Id.,  III,  p.  48  et  356. 

*  Dictionnaire  d'antiquités  grecques   et  romaines  ,    V°  Graphium. 


LOFFICIALITÉ 

ET    LES 

ËCHEVINS  SYNODAUX 

A  ANVERS. 

ÉTUDE  HISTORIQUE 

par   M.   LOUIS   TORFS, 

Membre  correspondant  à  Anvers. 


De  toute  ancienneté,  les  cours  ecclésiastiques  ont  soutenu  leur 
compétence  pour  connaître  des  délits  d'infraction  à  la  foi  conjugale. 
Cette  prétention  n'était  pas  admise  partout  sans  contestation  et,  en 
Belgique ,  elle  occasionna  souvent  des  conflits  entre  le  clergé  et 
les  magistrats  communaux.  Dans  les  localités  où  cette  compétence 
était  reconnue  légale  ,  il  surgissait  parfois  des  plaintes  sur  la 
manière  dont  cette  juridiction  était  exercée  et  les  abus  qui  en 
résultaient.  La  commune  lésée  prenait  alors  son  recours  au  pape , 
afin  d'obtenir  le  redressement  de  ses  griefs.  Les  annales  de  la 
ville  d'Ypres  nous  offrent  un  curieux  exemple  d'un  de  ces  recours. 
11  était  arrivé  notamment» que  lorsqu'un  bourgeois  de  cette  ville 
venait  d'être  accusé  d'adultère,  l'olTicial,  le  doyen  et  d'autres 
ecclésiastiques  en  exigeaient  et  lui  extorquaient  (exigunt  et  eœlor- 
quenlj  nne  certaine  somme  d'argent,  alors  même  qu'il  n'était  ni 
convaincu  du  fait,  ni  condamné.  Sur  les  représentations  faites  à 
ce  sujet  au  souverain  pontife  par  les  échevins  d'Ypres,  Innocent  IV 

Commissaires  rapporteurs  :  MM.  G.  Hageuans  et  \    Van  IIa^sklt. 


—  581   — 

adressa  à  l'évêque  de  la  Morinie,  siégeant  à  Thérouanne,  une  bulle 
datée  du  5  des  calendes  de  mars  1246  (3  mars  1247  n.  st.),  pour 
l'inviter  à  rappeler  ces  ecclésiastiques  à  leur  devoir  et  à  employer 
au  besoin  contre  eux  les  censures  spirituelles  *. 

En  généra! ,  les  autorités  laïques  ne  voyaient  pas  de  bon  œil 
celte  immixtion  des  cours  ecclésiastiques  dans  les  affaires  séculières; 
les  souverains  entravaient  l'action  de  ces  tribunaux  partout  où  ils 
le  pouvaient,  et  pour  le  sujet  qui  nous  occupe,  nous  nous  borne- 
rons à  citer  les  lettres  des  rois  de  France  Philippe  VI  (1336)  et 
Charles  VI  (13S9) ,  défendant  à  l'évêque  d'Amiens  de  connaître 
des  faits  d'adultère  et  d'infliger  de  ce  chef  aux  délinquants  des 
peines  ou  des  amendes  2.  La  compétence  de  Poflicial  dans  ces 
affaires  semble  n'avoir  été  reconnue  en  France  que  par  rapport  aux 
clercs  tonsurés.  Du  moins,  le  parlement  de  Paris  en  jugea  ainsi 
dans  un  procès  entre  le  magistrat  et  l'évêque  de  Tournai.  Par  sa 
sentence  du  20  mai  1396,  ce  parlement  donna  gain  de  cause  au 
magistrat,  en  décidant  que  celui-ci  était  en  droit  de  connaître  de 
tous  les  faits  concernant  les  clercs  mariés,  en  tant  que  ces  faits 
ressortissaient  de  la  juridiction  temporelle.  Quant  à  l'évêque,  il 
pouvait  en  user  comme  de  coutume  dans  les  affaires  criminelles 
concernant  les  clercs  portant  l'habit  et  la  tonsure  de  prêtre  5. 

Cette  distinction  entre  la  juridiction  spirituelle  et  la  juridiction 
temporelle  était  également  observée  à  Anvers  dans  toutes  les  actions 
judiciaires.  Dans  celte  ville,  c'était  un  principe  incontesté  qu'aucun 
bourgeois  ne  pouvait  être  distrait  de  ses  juges  naturels,  les  éche- 
vins.  Ce  principe,  consacré  par  les  coutumes  et  confirmé  par  toutes 
les  chartes  de  Joyeuse  Entrée,  était  absolu  et  ne  prêtait  pas  à  équi- 
voque, au  moins  quant  aux  habitants  de  la  ville.  Aussi,  l'éche- 


1  Diegeiuck  ,  Inventaire  des  archives  île  la  ville  d'Ypres,  1  ,  63. 

-  Ch.  MUSSELY  ,  Inventaire  des  archives  de  la  ville  de  Courtrai,  1,   Il  fi,   133. 

1  Ibidem,  ibidem,  I  ,  136. 


582 


vinage  maintint-il  de  tout  temps  avec  une  remarquable  fermeté  son 

droit  d'attraire  devant  son  tribunal  tous  les  individus,  nés  ou  natu- 
ralisés bourgeois  d'Anvers,  accusés  de  quoique  crime  ou  délit. 

De  temps  immémorial  cependant  ,  le  principe  avait  dû  fléchir 
lorsqu'il  s'agissait  de  la  correction  d'une  catégorie  spéciale  de 
délits ,  cl  il  était  intervenu  à  ce  sujet  entre  l'évèque  et  la  com- 
mune un  accord  dont  le  texte  original  parait  perdu  ,  mais  dont 
l'article  vij  du  code  des  anciens  droits  et  coutumes  de  la  ville 
d'Anvers  nous  a  conservé  le  résumé.  Voici  la  traduction  de  cet 
article  ,  dont  nous  donnons  également  le  texte  flamand  en  note  '. 

<  vij.  Item,  que  l'on  a  coutume  de  déférer  par  les  échevins  syno- 

•  daux  ,  et  qu'on  est  obligé  de  déférer  au  doyen  rural  vingt-sept 
»  couples  de  gensou  moins  et  pas  davantage.  Et  avec  ceci,  d'après 
»    les  anciens  droits  et   usances   de  la  ville ,   ni  l'évèque ,   ni  le 

•  doyen  ne  pourront  accuser  on  évoquer  de  la  part  du  Synode 
■    aucun  bourgeois  on  bourgeoise  de  plus.  • 

Ce  serait  ici  le  lieu  d'entrer  d'abord  dans  quelques  détails  sur 
l'oriffine  et  l'organisation  des  cours  synodales  du  diocèse  de 
Cambrai  et  en  particulier  de  celle  d'Anvers,  si  les  renseignements 
ne  nous  faisaient  défaut.  On  peut  seulement  présumer  que  si 
l'organisation  des  anciens  archidiaconats  de  ce  diocèse  doit  être 
fixée  au  xie  siècle ,  celle  des  doyennés  ruraux  ne  remonte  pas  plus 
haut.  Ce  qui  est  certain,  c'est  que,  dans  les  monuments  que  nous 
avons  pu  consulter,  les  archjprètres  ou  doyens  de  la  chrétienté 
du  district  rural  d'Anvers  ne  commencent  à  apparaître  que  dans 
la  seconde  moitié  du  xmc  siècle  2. 


1  «  Art.  vij.  Item,  dat  men  bidon  Seyntscepenen  jaerlix  ouer  pleeght  te  geuen,  ende 
»  sculdich  is  ouer  te  genen  den  landeken  xxvij  paer  imk ,  of  daer  onder,  ende  nict 
ii  daer  bouen.  Ende  hier  mede  soe  en  mach  de  bisschop  nocli  de  landeken  rie  gheenen 
»  porlre  noch  portersse  meer  belasten  noch  voertroepen  vanden  Zeynte,  na  doude 
h  reclit  ende  hercomen  vander  sladt.  » 

:  L'institution  des  archiprôtres  dans  l'Église  était  assurément  de  beaucoup  antérieure, 
et  on  cite  les  cai s  du  concile  de  Tp.urs  de  561  comme  un  des  plus  anciens  docu- 


—   583  — 

Ces  dignitaires  qui,  dans  l'origine,  avaient  pour  mission  de 
veiller  à  l'observance  de  la  discipline  ecclésiastique  ,  étaient  de 
droit  présidents  des  synodes  (assemblées  des  curés  de  leurs  districts), 
qu'ils  devaient  convoquer  au  moins  une  fois  par  an.  Dire  comment 
ils  en  vinrent  à  s'attribuer  le  droit  de  connaître  d'affaires  purement 
civiles,  exigerait  une  étude  à  laquelle  nous  ne  sommes  pas  pré- 
paré, et  il  n'est  pas  moins  difficile  de  préciser  l'époque  à  laquelle 
l'espèce  de  transaction  entre  le  pouvoir  spirituel  et  l'autorité  sécu- 
lière fut  introduite  à  Anvers. 

Le  document  dans  lequel  l'article  cité  se  trouve  consigné  est 
un  code  des  anciens  droits  politiques  des  Anversois ,  formant  l'ap- 
pendice le  plus  important  du  Corcboeck  ou  code  de  la  police  mu- 
nicipale d'Anvers  au  moyen  âgei.  Il  a  été  reconnu  que  ce  recueil 
date  du  XIVe  siècle  et  qu'il  a  été  rédigé  en  partie  vers  la  tin  du 
règne  du  duc  Jean  III  et  en  partie  au  temps  de  Philippe-le-llardi. 

D'après  ces  indications,  il  n'est  pas  douteux  que  l'institution 
des  échevins  synodaux  ne  soit  fort  ancienne.  Toutefois,  nous  pen- 
sons qu'on  ne  peut  la  faire  remonter  au-delà  du  xnc  siècle  et 
qu'il  faut  peut-être  la  rapporter  au  XIIIe.  Quoi  qu'il  en  soit,  on 
doit  se  figurer*  les  Seyntschepenen  comme  des  officiers  représen- 
tant la  commune  auprès  du  Seynt  ou  tribunal  ecclésiastique,  confor- 
mément à  la  définition  que  Corneille  Kilianus  a  donnée  de  ces  mots: 
5inïic,5fynof,  velus,  Sijnodus.  Bcyt\û-5(\y;^cn,  Sinîi-5d)q)cn, 
Syndicat; ,  defensor  iuris  publici ,  ciuium  aduocatus  et  defensor. 


ments  qui  en  fassent  mention  ;  mais  on  conçoit,  que  cette  institulion  a  subi  depuis  lors 
Lien  des  modifications,  selon  1rs  besoins  des  temps  et  des  diocèses,  avant  que  les  titu- 
laires fussent  préposés  à  l'administialion  spirituelle  des  districts  ruraux.  M.  l'abbé 
Ue  Riduer  a  donné  quelques  détails  sur  ceux  de  Liège.  Von  Analecles  peur  servir 
ù  l'Iiisl.  ecclés.,  1  ,  247-48. 

'  Ce  précieux  codex,  si  intéressant  pour  la  connaissance  des  mœurs  de  celte  époque, 
existe  en  ms.  aux  archives  communales.  Mektens  et  Torfs  Tout  publié'  in  extenso 
dans  le  11e  vol.  de  leur  Gesdriedenis  nui  Anlwerpen  ,  t846,  et  les  Bibliophiles 
(jaiilo/s  en  ont  donné  une  seconde  édition  eu  1M.VJ. 


—  584  — 

On  sait  que  Kilianus  rédigea  son  Dictionnaire  étymologique 
à  Anvers ,  où  il  passa  la  plus  grande  partie  de  sa  vie,  et  qu'il  fut 
conséquemmcnt  à  même  d'apprendre  la  signification  d'une  foule 
de  mois  du  vieux  dialecte  anversois.  Cette  circonstance,  indépen- 
damment de  l'autorité  lexicographique  du  prote  de  Plantin ,  donne 
à  son  interprétation  une  valeur  particulière  ,  sur  laquelle  nous 
reviendrons  après  en  avoir  fini  avec  l'article  vij. 

Cet  article,  disions-nous,  résume  l'accord  primitif  fait  entre  le 
clergé  et  la  commune,  et  il  serait  intéressant  de  savoir  dans 
quelles  circonstances  et  sous  quels  auspices  cet  accord  fut  conclu. 
Malheureusement,  les  annales  d'Anvers  surit  muettes  sur  ce  point 
et  le  laconisme  de  l'art,  vij  ne  permet  pas  d'en  rechercher  toute  la 
portée,  sans  risquer  de  s'égarer  dans  des  inductions  plus  ou  moins 
spécieuses.  Rien  que  sur  ce  chiffre  27  ,  par  exemple,  on  pourrait 
établir  des  hypothèses  à  perte  de  vue.  Pourquoi ,  pourrait-on 
demander,  ce  nombre  27 ,  au  lieu  de  25  ou  de  30  ?  Etait-ce 
une  moyenne,  et,  dans  l'affirmative,  d'après  quelles  bases  celte 
moyenne  avait-elle  été  établie?  Car  ce  chiffre  ne  semble  pas  être 
aussi  innocent  qu'il  le  parait ,  surtout  s'il  doit  s'appliquer  à  la 
ville  d'Anvers  seule  et  non  à  tout  le  territoire  du  marquisat. 
Vingt-sept  couples  représentent  un  total  de  cinquante-quatre  per- 
sonnes,  ce  qui,  eu  égard  à  la  population  d'alors,  accuserait  un 
état  d'immoralité  qu'on  révoquerait  volontiers  en  doute,  si  des  faits 
et  des  actes  nombreux  ne  venaient  corroborer  cette  appréciation. 
Une  esquisse  rapide  de  cet  état  ne  sera  pas  ici  hors  de  propos. 

Au  xive  siècle,  le  relâchement  des  mœurs  avait  fait  de  grands 
et  déplorables  progrès  chez  nous ,  aussi  bien  que  dans  le  reste  de 
l'Europe.  Les  pénalités  établies  contre  la  prostitution,  la  fornica- 
tion et  le  concubinage  avaient  été  aussi  impuissantes  que  les  lois  de 
l'Église  pour  arrêter  le  débordement.  L'adultère,  si  rare  chez  les 
Germains,  si  sévèrement  puni  parles  barbares  qui  se  partagèrent 
les  dépouilles  de  l'Empire  romain  ,  était  devenu  un  délit  des  plus 


—  585  — 

fréquents  *.  Dans  beaucoup  de  nos  villes,  il  existait  pourtant  des 
règlements  pour  sa  répression  2.  Généralement  on  imposait  aux 
délinquants  de  grosses  amendes,  des  pèlerinages  lointains  ou  un 
bannissement  à  terme  3  et  parfois  à  perpétuité ,  sous  peine  d'avoir 
les  oreilles  coupées ,  ou  quelque  autre  correction  arbitraire,  si  les 
bannis  s'aventuraient  à  rentrer  dans  leurs  fovers  4.  L'ignominie 
qui  s'attachait  aux  adultères  pendant  leur  vie,  ne  les  quittait  pas 
après  leur  mort  ;  dans  certains  diocèses ,  l'administration  de 
l'Eucharistie  et  de  l'Extrème-Onclion  leur  était  refusée,  ainsi  que 
la  sépulture  en  terre  sainte,  fussent-ils  morts  repentis  3.  Le  mal 
a  dû  être  bien  grand  pour  que  l'on  ait  jugé  nécessaire,  afin  de 


1  Cfr.  Schayes,  Les  Pays-Bas  avant  et  durant  la  domination  romaine;  1"  édit., 
t.  I.  p.  197-198. 

*  Cvn\aekt  ,  Bijdragen  lot  het  onde  strafregt  van  Vlaenderen  ,  pp.  21  et  116. 
Aux  diverses  localités  qu'il  cite,  il  aurait  pu  ajouter  la  pelite  ville  d'Ysselstein ,  pro- 
vince d'Utrecht ,  où  la  femme  adultère  était  astreinte  à  faire  un  dimanche  le  tour  de 
l'église,  à  l'extérieur ,  ayant  au  cou  une  chaîne  à  laquelle  était  attachée  une  lourde 
pierre .  Ce  genre  de  correction  était  aussi  ancien  que  généralement  usité  aux  Pays-Bas, 
pour  châtier  les  femmes  coupables  de  calomnies,  d'injures,  etc.  On  le  trouve  men- 
tionné dans  les  vieilles  coutumes  d'Anvers  et  de  Bruxelles,  de  Landrecîes  et  de  Middel- 
bourg.  A  Delft ,  la  pierre  était  portée  sur  la  tête  :  Voir  Codex  diplom.  néerl.  de  la 
Soc.  histor.  d'Utrecht,  t.  IV,  2*  part.,  page  125;  Kronjk  ,  Ibid.,  1856,  p.  76; 
Can.naerx,  Ouv.  cité.  ,  p.  166;  Merte\s  et  Turfs  ,  Gescli.  van  Anliverpen,  II,  4-30. 

3  Notre  Coreboeck  prononçait  la  confiscation  de  Yoverste  decsel  (manteau  ou  chape- 
ron) des  coupables  récidivistes  ou  à  défaut  une  amende  de  20  ëcus  (scilden).  Voir  aussi 
les  amendes,  graduées  d'après  le  nombre  des  récidives  ,  comminées  par  l'art.  7  du 
chap.  XX  des  coutumes  d'Anvers  de  1582. 

*  Une  condamnation  de  ce  genre  fut  prononcée  à  Anvers,  en  14-11,  à  charge 
d'une  nommée  Catherine  Van  Cureghem.  —  En  cas  de  circonstances  aggravantes  ,  la 
justice  criminelle  procédait  dans  les  formes,  comme  en  14-78,  lorsqu'une  femme 
adultère  d'Anvers,  qui  avait  fait  assassiner  son  mari,  fut  enterrée  vive  sous  le  gibet 
et  son  complice  exécuté  par  le  glaive.  Ces  peines  terribles  semblent  des  réminiscences 
de  la  justice  des  anciens  Saxons  contre  les  femmes  coupables  du  délit  d'adultère. 
(Cfr.  Schayes,  Op.  et  loc.  cit.) 

5  Nous  croyons  devoir  interpréter  ainsi  l'accord  intervenu  en  1458  entre  le 
magistrat  de  Malines  et  l'évêque  de  Cambrai,  en  vertu  duquel  les  adultères  repentis 
pouvaient  recevoir  l' Extrême-Onction  et  être  inhumés  en  terre  sainte.  Mais  s'ils  gué- 
rissaient et  retombaient  dans  leurs  anciens  désordres ,  ils  devaient  être  poursuivis  selon 
les  coutumes  de  Cambrai.  Van  Doren  ,  Inventaire  des  archives  de  Malines,  I,  141. 


—  586  — 

sauvegarder  l'honorabilité  de  la  magistrature,  d'interdire  les 
charges  publiques  aux  individus  qui  auraient  eu  commerce  criminel 
avec  des  femmes  mariées.  A  Anvers  et  à  Bruxelles ,  on  avait  exclu 
de  l'échevinage  tous  ceux  qui  se  trouvaient  dans  ce  cas  *.  Cette 
disposition  avait  été  ensuite  étendue  aux  doyens  des  métiers,  à  tous 
les  autres  officiers  de  la  ville  et  même  aux  pauvres  participant  à 
la  table  du  Saint-Esprit  ,  lesquels  étaient  prévenus  qu'ils  seraient 
privés  des  bénéfices  de  l'assistance  publique  -. 

Une  réflexion  fort  simple  se  présente  ici  :  contre  des  excès  tels 
que  l'incontinence,  l'ivrognerie,  etc.  ,  qui  ne  nuisent  qu'à  leurs 
auteurs,  on  ne  prend  guère  des  mesures  que  lorsqu'ils  se  multi- 
plient au  point  d'alarmer  la  société.  Ne  pourrait-on  donc  pas  en 
conclure  que  les  dispositions  précitées  furent  provoquées  par  des 
faits  de  scandale  public  dans  la  hiérarchie  administrative?  Cela  ne 
nous  paraît  pas  douteux  et  les  exemples  ne  feraient  pas  défaut,  si 
on  voulait  dépouiller  les  anciens  sommiers  judiciaires  5.  Indépen- 

1  Ordonnance  du  magistrat  de  Bruxelles  du  mois  de  niai  1429.  —  Edit  général  de 
Charles-Quint  du  4  oct.  1540.  —  Coutumes  d'Anvers  de  1582,  chap.  IV,  art.  10.  Les 
adultères  qui  se  trouvaient  en  fonctions  devaient  donner  leur  démission. 

*  Papebrochius  ,  Annales  Antverpienses ,  t.  I,  p.  375  ad  An  1434.  Nous  ne 
parlons  pas  des  clercs  tonsurés  que  cette  lèpre  doit  avoir  également  atteints,  à  en  juger 
par  une  taxe  spéciale  à  payer  au  doyen  rural  par  les  femmes  en  relevailles  api  es  no 
double  adultère  (duplici  adulterio  vet  ex  presbytero) ,  taxe  que  les  statuts  du  doyenné 
d'Anvers  de  14  12  el  de  1  180  fixèrent  à  12  sous  neufs.  Voir  Analectes  pour  servir  à 
l'histoire  ecclésiastique,  1,  231  et  111,  391. 

z  M.  Cannaeut,  dont  nous  citions  tout  à  l'heure  l'ouvrage  sur  la  justice  criminelle  en 
Flandre,  rapporte  (p.  23-57)  le  jugement  prononcé,  le  9  novembre  1554,  contre  cinq 
employés  de  la  ville  de  Gand ,  accusés  d'adultère.  Tous  les  cinq  forent  condamnés  à 
faire  nu  pieds  et  en  chemise,  amende  honorable  devant  le  tribunal  des  échevins  et  dans 
l'église  île  St-Bavon  ,  où  ils  devaient  offrir  un  cierge  pesant  quatre  livres.  Indépen- 
damment des  amendes  et  des  frais  de  geôle  à  payer  par  chacun  d'eux,  tons  furent 
déclarés  infâmes  et  inhabiles  à  occuper  désormais  aucun  emploi.  Ce  jugement,  observe 
M.  Cannaeki  ,  prononcé  contre  cinq  employés  publies  à  la  fois,  a  ihï  faire  sensation, 
même  dans  ie  temps  là.  Pins  loin  (page  116)  il  rapporte,  d'après  le  ballinc  Bouc  dtr 
Sicile   van   Ghendl,   la  condamnation  au   bannissement    de   29    adultères  à  la  fois 

(20  déC.    I  180),   et  relie  de  24  autres  individus  <2i    aOÛl    1  196).   Ces  exemples  vieilli,  ni 

à  l'appui  de  ce  (pie  nous  disions  plus  haut  sur  la  fréquence  des  infractions  à  la  foi  con- 

Mi   XIV    et    ;iu   XV      iêl  le 


—  587  — 

daroment  de  cette  considération ,  le  chiffre  27  ,  en  tant  qu'il  doive 
s'appliquer  uniquement  à  la  ville  d'Anvers,  se  présente  avec  un 
caractère  tout  particulier  ''.  Ces  27  couples  à  déférer  annuellement 
à  l'ofticial  de  Cambrai  ne  forment  qu'un  chiffre  relatif.  En  effet, 
il  ne  comporte  pas  les  adultères  en  dehors  du  contingent  réservé  à 
la  cour  synodale,  ni  ceux  qui  parvenaient  à  se  soustraire  aux 
investigations  de  la  justice. 

Au  résumé,  de  quelque  manière  que  l'on  veuille  envisager  l'ar- 
ticle vij ,  sa  concision  rend  impossible  toute  appréciation  exacte 
de  sa  portée.  Partant,  nous  ne  savons  s'il  faut  féliciter  le  clergé 
d'une  certaine  condescendance  dans  celte  affaire ,  ou  ta  commune 
de  son  esprit  de  fermeté,  ou  tous  les  deux  de  leur  sagesse,  de  leur 
discrétion,  de  leur  entente  cordiale,  etc.  Eu  égard  à  l'époque,  il 
semble  bien  qu'il  y  ait  lieu  de  leur  adresser  de  ces  éloges  ;  mais 
en  fin  de  compte  ,  on  ne  saurait  se  dissimuler  qu'une  des  plus 
importantes  immunités  de  la  commune  avait  reçu  une  atteinte. 
Celle-ci  doit  l'avoir  senti  et  avoir  cherché  une  occasion  qui  lui 
permît  de  rentrer  dans  la  plénitude  de  son  privilège ,  en  vertu 
duquel  tous  les  habitants  sans  exception  n'étaient  justiciables  que 
du  tribunal  échevinal. 

Cette  occasion  s'otïrit-elle  pendant  le  fameux  schisme  d'Oc- 
cident? —  Question  insoluble,  faute  de  documents.  Tout  ce  que 
l'on  sait,  c'est  qu'à  l'origine  de  ce  schisme,  le  chapitre  d'Anvers 
se  rangea  du  côté  d'Urbain  VI,  siégeant  à  Rome,  et  refusa  de 
reconnaître  Jean  T'Serclaes,  nommé  à  l'évêché  de  Cambrai  par 
l'antipape  Clément  VII.  Dans  les  actes  qui  intervinrent  en  4390 
entre  le  chapitre  et  le  successeur  de  cet  évèque,  André  de  Luxem- 
bourg, la  question  du  Seynt  ne  paraît  pas  avoir  été  soulevée,  et  il 
n'y  a  pas  lieu  de  s'en  étonner ,  cette  affaire  d'intérêt  communal 


'  Le   concordat  de  1440,  dont  nous  nous  occuperons  plus  loin,  ne  parle  en  effet 
nue  dis  adultères  des  deux  sexes  de  la  ville  d'Anvers. 


-    588  — 

concernant  essentiellement  le  magistrat.  Le  chapitre  de  Notre-Dame 
n'avait  rien  à  y  voir,  bien  que  la  dignité  et  les  fonctions  de  doyen 
rural  du  district  d'Anvers  fussent  souvent  conférées  à  un  de  nos 
chanoines,  et  précisément  à  l'époque  dont  nous  nous  occupons, 
le  pléban  Lambert  de  Rode  s'en  trouvait  revêtu  l. 

Après  André  de  Luxembourg  jusqu'à  la  fin  du  schisme,  deux 
prélats  occupèrent  successivement  le  siège  de  Cambrai  :  Pierre 
d'Ailly  (139(3)  et  Jean  de  Gavre  (141 1).  Au  rapport  de  Diercxscns, 
tous  les  deux  durent  passer  par  les  conditions  auxquelles  le  cha- 
pitre avait  subordonné  son  obédience  à  leurs  prédécesseurs;  mais 
ce  ne  serait  pas  sans  difficulté  qu'on  aurait  obtenu  leur  assenti- 
ment. Tout  au  moins  Pierre  d'Ailly  ,  qui  devint  plus  tard  cardinal 
et  qui  fut  une  des  célébrités  les  plus  influentes  de  son  temps, 
résisla-t-il  pendant  quatre  ans,  avant  de  consentir  à  accepter 
l'accord  de  1390. Nous  ignorons  si  Jean  d.e  Gavre  se  montra  plus 
accommodant;  toujours  est-il  que  le  chapitre  fut  encore  une  fois  en 
dissentiment  avec  l'ordinaire  diocésain,  sans  que  la  question  du 
Scynt  paraisse  y  avoir  été  mêlée. 

Quoique  incomplètes,  ces  indications  nous  paraissent  suffisantes 
pour  laisser  entrevoir  que  le  schisme  d'Occident  avait  créé ,  à 
Anvers  comme  ailleurs,  un  état  anormal  qui  a  pu  influer  sur  les 
relations  du  clergé  avec  les  autorités  civiles.  Toutefois,  il  n'en 
résulte  pas  que  les  bons  rapports  fussent  altérés  partout.  Du  moins 
à  Anvers  nous  n'avons  trouvé  aucun  indice  qui  prouverait  que  la 
commune  jugea  le  moment  opportun  pour  se  débarrasser  de  la 
juridiction  du  Scynt  en  matière  d'adultère;  car  pour  toutes  les 
autres  affaires  de  son  ressort,  l'officialité  continuait  à  fonctionner. 
La  rigueur  de  cette  juridiction  fut  même  quelque  peu  tempérée  par 


'  Dans  un  acte  de  1375:  «  Lambertus  de   Rode  S.  Ode  (Su  Odemode  inditione 
Buscoducensis)  Plebanus  et  canonicus,  »  Dans  un  autre  de  1389  :  «  Lamberlut 
»  de    Rode,    decanus  christianilath  Antverpiensis.    »    Cfï.  Mertens    el    Tokfs  , 
V.  Gesch.  v.  Antw   015-16,  et  P.  Génard,  (0.  L.  V.  op  't  Slaeksken),  p.  18. 


—  589  —      • 

Jean  de  Gavre,  qui  conféra  au  doyen  rural  d'Anvers  le  pouvoir  de 
suspendre  pour  trois  semaines  les  exécutoires  de  la  cour  spiri- 
tuelle de  Cambrai  1.  Resterait  à  savoir  si  ce  fut  une  mesure  tem- 
poraire ou  permanente. 

Quoiqu'il  en  soit,  ce  n'est  que  plusieurs  années  après  la  fin  du 
schisme,  après  la  crise  provoquée  par  la  hulke  de  Galloo  et  proba- 
blement à  la  faveur  des  perturbations  amenées  par  cette  crise,  que 
l'on  apprend  que  la  commune  avait  trouvé  moyen  de  se  soustraire 
à  l'obligation  de  déférer  annuellement  un  nombre  déterminé  d'adul- 
tères à  l'oiïîcial  de  l'évèque. 

Des  événements  de  cette  crise ,  causée  par  l'enlèvement  d'une 
patache  que  le  duc  de  Bourgogne  avait  fait  placer  à  Galloo  pour  y 
percevoir  à  son  profit  un  droit  de  tonlieu,  nous  n'avons  pas  à  nous 
occuper,  et  nous  noterons  seulement  qu'après  la  réconciliation 
de  la  commune  avec  le  duc  Philippe-le-Bon ,  les  bourgmestres , 
échevins  et  conseillers  furent  absous  par  le  vicaire-général  de 
Cambrai.  L'acte  d'absolution,  daté  du  3  octobre  1440,  est  conçu 
en  termes  généraux  et  sans  aucune  restriction  ;  il  absout  nos  ma- 
gistrats de  tous  les  méfaits  par  eux  commis'  et  perpétrés  contre  la 
juridiction  ecclésiastique  et  spirituelle  de  leur  évèque  2. 

En  quoi  et  quand  cette  juridiction  avait-elle  été  méconnue  ?  — 
C'est  ce  que  le  diplôme  nous  laisse  ignorer  ;  mais  un  mois  plus 
tard  intervint  entre  la  commune  d'Anvers  et  l'évèque  de  Cambrai, 
Jean  de  Bourgogne,  un  concordat  qui  prouve  que  la  question  de  la 
juridiction  de  l'official  avait  été  agitée  et  débattue,  soit  avant,  soit 
après  la  levée  de  l'excommunication  encourue  par  le  magistrat. 
Cet  acte,  daté  du  4  novembre  14-40,  rappelle  la  stipulation  de 

*  Diplôme  du  IG  avril  lil2.  D'après  la  version  sommaire  que  M.  Vkiuchtek  nous 
donne  de  ce  document,  d'après  une  copie  insérée  au  Clemenlyn  Boeck,  fol.  71,  il 
semble  que  ce  sursis  s'appliquait  seulement  aux  cas  d'attentats  contre  les  ecclésiastiques 
et  d'infraction  aux  immunités  de  l'Église.  (Voir  Inventaire  des  archives  d'Anvers  , 
p.  78). 

*  Voir  MEKTE^s  et  Tokfs,  ouvrage  cité,  aux  annexes  III,  570. 


590 


l'ancien  concordat,  relative  au  nombre1  des  adultères  à  déférer  à 
['officiai  ;  il  expose  brièvement  les  arguments  produits  de  part  et 
d'autre,  et  nous  apprend  que  les  échevins  synodaux  devaient  être 
élus  par  l'évèque  ou  avec  son  autorisation,  et  prêter  serment  entre 
les  mains  du  doyen  de  la  chrétienté.  Finalement,  il  est  dit  qu'en 
vue  de  conserver  la  paix  et  la  concorde,  il  avait  été  convenu,  pour 
un  terme  de  cinq  années,  que  l'évèque,  le  doyen  rural  ou  un  dé- 
légué du  prélat  pourrait  citer,  punir  et  corriger,  en  présence  des 
synodaux,  tous  les  adultères  d'Anvers  de  l'un  et  de  l'autre  sexe, 
sans  aucune  distinction ,  et  que  s'il  était  prononcé  des  amendes , 
deux  tiers  du  produit  en  reviendraient  à  l'évèque,  à  titre  d'au- 
mône, le  tiers  restant  devant  demeurer  à  la  disposition  de  l'official 
et  des  échevins  synodaux  4. 

Ainsi  fut  mis  à  néant  l'accord  qui  depuis  un  temps  immémorial 
avait  régi  la  matière.  La  commune  ,  au  lieu  de  rentrer  dans  la 
pleine  jouissance  du  privilège  qui  conférait  aux  échevins  exclusi- 
vement la  connaissance  de  toutes  les  affaires  judiciaires,  dut  céder 
au  clergé  toute  une  catégorie  de  délits ,  celle  des  infractions  à  la 
foi  conjugale  ,  et  du  même  coup  on  enleva  au  magistrat  le  droit 
de  se  faire  représenter  au  Synode  par  des  délégués  de  son  choix , 
afin  d'y  défendre  les  privilèges  de  la.  ville. 

Ceci  nécessite  une  explication  détaillée,  d'autant  plus  qu'elle 
nous  conduira  à  rechercher  la  nature  des  fonctions  des  échevins 
synodaux  et  la  position  respective  de  la  commune  et  du  clergé 
dans  cette  question ,  avant  et  après  la  conclusion  du  nouveau  con- 
cordat. Dans  ce  but ,  il  convient  d'abord  de  bien  préciser  la 
qualification  donnée  à  ces  fonctionnaires. 

S'il  est  incontestable  (et  ceci  est  bien  connu)  que  le  titre 
d'échevin    fschepen ,    scabinm),    dans    son  acception    primitive  , 


1  Le  texte  de  ce  diplôme  a  été  publié   par  Mektens  et  Torfs,  ouv.   cité,  III, 
p.  571.  Nous  avons  néanmoins  jugé  utile  de  le  reproduire  à  la  lin  de   cette  étude. 


—  591   — 

désignait  un  juge,  on  serait  pourtant  dans  l'erreur,  si  on  voulait 
arguer  de  ce  fait  pour  soutenir  que  les  échevins  synodaux  sié- 
geaient originairement  à  la  cour  spirituelle  d'Anvers  en  qualité  de 
juges.  L'article  vij  de  l'ancien  code  politique  distingue  en  effet 
le  Seijnt  assez  nettement  des  Seyntschepenen,  en  attribuant  à  ces 
derniers  la  charge  de  déférer  à  la  cour  spirituelle  les  27  couples 
accusés   d'adultère  *. 

Nos  échevins  synodaux  du  moyen  âge  étaient  officiers  de  la 
commune  et  indépendants  du  Synode.  Sans  avoir  dans  ce  tribunal 
la  position  que  des  membres  de  l'échevinage  occupaient  jadis  dans 
certains  collèges  et  tribunaux  subalternes ,  ils  avaient  néanmoins 
avec  eux  cette  analogie  qu'ils  appartenaient  également  au 
magistrat  qui  gouvernait  la  cité;  en  un  mot,  ils  étaient  délégués 
par  leurs  collègues  avec  mission  de  déférer  au  Synode  les  27  couples 
adultères  et  de  veiller  à  ce  que,  dans  les  procédures,  il  ne  fût 
commis  aucune  infraction  aux  droits  et  privilèges  de  la  bourgeoisie. 

A  ce  point  de  vue,  il  se  comprend  que  nos  échevins  synodaux 
n'étaient  pas  plus  échevins  du  Synode  que  leurs  collègues  ne 
l'étaient  de  la  Halle-aux-Draps  :  de.  même  que  ceux-ci ,  ils  ont  dû 
tenir  leur  titre  d'échevins  de  leur  qualité  de  membres  ou  d'anciens 
membres  de  l'échevinage  2. 

Cette  explication ,  que  nous  croyons  la  véritable  parce  qu'elle 
est  basée  sur  les  coutumes  d'Anvers ,  présente  ce  double  avantage 
qu'elle  nous  donne  l'étymologie  naturelle  du  mot  Seyntschepen  et 

'  Il  importe  de  faire  remarquer  que  le  mot  compose  Seyntschepenen  n'est  pas  traduit 
dans  le  diplôme  par  Scabini  Synodi ,  mais  par  Scabini  Synodales  ;  du  reste  ,  il 
serait  oiseux  d'entrer  ici  dans  une  dissertation  grammaticale  pour  établir  en  quoi  des 
échevins  du  Synode  peuvent  différer  d'échevins  synodaux. 

*  Les  échevins  qui  siégeaient  autrefois  au  tribunal  des  drapiers  (Lakenhal)  ,  aux 
chambres  des  pupilles,  des  conciliateurs,  des  secours  contre  incendie,  etc.,  étaient  ou 
membres  effectifs  du  magistrat  en  fonctions  ou  anciens  membres  de  ce  corps.  Leur 
mandat  n'était  que  d'une  année  ,  mais  il  pouvait  encore  être  continué  par  une  réélection. 
Voir  les  Coutumes  d'Anvers,  Chap  V,  VII  et  XLIII  ,  et  notre  Nouvelle  Histoire  de 
la  ville,  t.  Il,  eh.  V  ,  p.  123. 


591 


permet  de  concilier  ce  titre  avec  l'interprétation  qu'en  a  donnée 
Kilianus.  Elle  va  également  nous  permettre  d'apprécier  la  portée 
du  concordat  de  144-0. 

Nous  avons  déjà  reproduit  cotte  interprétation  lexicographique 
qui ,  au  premier  abord  ,  semblait  inconciliable  avec  la  qualification 
d'échevins,  mais  que  nous  pouvons  maintenant  admettre  en  toute 
confiance.  Elle  nous  représente  nos  échcvins  synodaux  comme  des 
syndics,  des  mandataires  de  la  commune,  des  avocats,  des  défen- 
seurs du  droit  public  de  la  cité.  De  cette  définition,  on  ne  peut  plus 
explicite,  on  devait  naturellement  inférer  qu'il  appartenait  au 
magistrat  d'Anvers  de  nommer  et  d'assermenter  ses  représentants 
auprès  de  la  cour  spirituelle ,  et  il  est  probable  qu'il  en  fut  ainsi 
dans  le  principe;  mais  le  concordat  modifia  cet  élat  de  choses. 

Par  cet  acte,  en  etfet,  l'évèque  de  Cambrai  se  réserve  le  droit 
de  choisir  les  échevins  synodaux ,  et  certes  il  n'en  aurait  pas  fait 
une  stipulation  formelle,  si  le  magistrat  ne  lui  eût  pas  disputé  ce 
droit.  Déplus,  il  est  dit  que  les  élus  prêteront  serment  entre 
les  mains  de  son  délégué,  le  doyen  rural.  Celui-ci  est  investi  du 
droit  de  déférence,  mais  sous  l'obligation  de  n'appliquer  les 
corrections  aux  coupables  qu'en  présence  des  échevins  synodaux, 
qui  partageront  avec  lui  un  tantième  du  produit  éventuel  des 
amendes  encourues  '. 

Nous  voici  loin  du  fameux  article  vij ,  et  il  est  permis  de  pré- 
sumer que  notre  magistrat,  placé  dans  d'autres  circonstances, 
se  serait  refusé  à  signer  une  convention  qui  lui  enlevait ,  avec  la 


1  Cette  participation  aux  amendes  paraîtrait  à  bon  droit  singulière ,  si  les  échevins 
synodaux  avaient  et é  les  avocats  des  accusés;  mais  celle  idée,  serait  contraire  à 
la  lettre  et  à  l'esprit  de  l'interprétation  de  Kilianus.  On  ne  peut  voir  dans  celte  répartition 
des  amendes  qu'une  indemnité  de  présence  d'ailleurs  généralement  en  usage.  C'est 
ainsi  que  nos  échevins  communaux  se  partageaient  jadis  entre  eux  le  produit  des 
amendes  de  police,  jusqu'à  ce  que  Charles-Quint,  par  son  édit  du  9  juin  1544  ,  eût 
ordonné  que  ce  revenu  serait  attribué  à  la  caisse  communale.  (Voir  notre  Nieuwe  Ge- 
schiedeiiis  van  Anlwerpen f  t.  II,  chap.  II,  p.  40). 


—  593  — 

nomination  des  délégués  de  la  commune,  tout  contrôle  sérieux  sur 
les  décisions  du  Synode.  Mais  il  avait  affaire  à  forte  partie  :  on  ex- 
ploitait contre  lui  la  situation  tendue  et  le  désir  de  voir  mettre  au 
plus  vite  un  terme  à  la  mésintelligence  enfantée  par  la  question  de 
la  hulke,  dont  les  traces  n'étaient  pas  encore  entièrement  effacées. 
Nos  échevins,  en  adhérant  à  toutes  les  conditions  posées  par  Jean 
de  Bourgogne,  ont  facilement  pu  croire  qu'ils  se  ménageaient  par 
là  un  moyen  de  se  réconcilier  sincèrement  avec  son  frère  naturel  , 
le  bon  duc  Philippe.  D'ailleurs,  le  concordat  n'avait  qu'un  carac- 
tère temporaire;  ce  n'était  qu'un  essai  ;  à  l'expiration  de  la  période 
quinquennale  ,  on  aurait  le  loisir  de  le  faire  modifier  ou  même  d'y 
renoncer,  quitte  à  braver  de  nouveau  les  foudres  de  l'Eglise. 

Voilà,  pensons-nous,  ce  qu'on  a  dû  se  dire  à  Anvers  et  ce  qui 
a  pu  déterminer  la  commune  à  prendre  son  parti  du  concordat  du 
4  novembre  1440.  Il  est  digne  de  remarque  qu'il  fut  conclu  à 
une  époque  où  de  toutes  parts  surgissaient  des  réclamations  contre 
les  empiétements  de  la  juridiction  ecclésiastique.  En  vue  d'y  faire 
droit,  Philippe-le-Bon  statua,  quelques  années  après,  que  les  cours 
spirituelles  ne  pourraient  faire  exécuter  leurs  jugements  sans 
l'autorisation  des  magistrats  (1447)  l.  Plus  tard,  les  deux  membres 
séculiers  des  Etats  de  Brabant  déclarèrent  vouloir  résister  à  ces 
empiétements,  en  accordant  aide  et  protection  à  ceux  qui  seraient 
injustement  poursuivis  (i486). 

Nous  ne  savons  pas  au  juste  en  quelle  année  le  magistrat 
d'Anvers ,  se  prévalant  de  la  charte  ducale  et  de  la  déclaration 
des  Etats,  se  trouva  en  opposition  avec  l'épiscopat;  mais  il  résulte 


'  A  propos  de  cette  charte,  M.  Verachter  n'a  pas  remarqué  que  celles  enregistrées 
au  Primum  volumen  Privilegiorum ,  fol.  "271,  et  au  recueil  Collectanea  Privilegio- 
rum  ,  fol.  325  ,  respectivement  sous  les  dates  du  3  janvier  1444  et  du  3  janvier  1447, 
sont,  quant  à  la  teneur,  la  même  pièce.  Par  conséquent,  les  chartes  inscrites  par  lui 
pp.  117  et  124  de  son  Inventaire,  constituent  un  duplication  d'autant  plus  singulier 
que  l'analyse  qu'il  donne  de  l'une  ne  concorde  pas  avec  l'antre. 

xxix  xxn  31 


—  594  — 

d'actes  patents  qu'il  refusa  de  reconnaître  la  compétence  illimitée 
de  la  cour  spirituelle  de  Cambrai  en  matière  de  testaments,  de 
contrats  matrimoniaux  et  de  biens  amortis  du  clergé.  Mal  lui  en 
prit  :  le  corps  écbevinal  tout  entier  fut  excommunié  et  la  ville 
frappée  d'interdit  par  Henri  de  Berghes ,  qui  occupait  alors  le 
siège  de  Cambrai.  Pour  fléchir  le  prélat,  il  fallut  négocier,  sup- 
plier, se  soumettre  et  s'engager  à  laisser  exécuter  les  sentences 
synodales  rendues  dans  les  affaires  relatives  aux  trois  points  con- 
testés (1-490);  moyennant  cette  condescendance,  l'excommunication 
et  l'interdit  furent  levés  (14-91). 

Les  deux  actes  qui  mirent  un  terme  à  ce  conflit  ont  été  publiés 
par  Diercxsens  *.  Quoique  sans  importance  pour  notre  sujet  ,  il 
en  ressort  toutefois  ce  fait,  que  la  question  de  la  juridiction  ecclé- 
siastique en  matière  d'adultère  ne  s'y  trouva  pas  mêlée.  Cette  juri- 
diction aurait  donc  continué  d'être  exercée  sans  contestation  depuis 
1440,  d'après  les  conditions  stipulées  par  le  concordat  de  cette 
année.  Ce  qui  est  certain,  c'est  que  ce  concordat  avait  été  renouvelé 
avant  ou  pendant  le  conflit  et  qu'il  fut  successivement  prolongé 
jusqu'à  trois  fois.  Nous  inscrivons  ici  pour  mémoire  les  dates  de 
ces  quatre  renouvellements  : 

1480,  30  octobre,  concordat  continué  pour    9  années 2. 
1491,  13  janvier,         .  .  .     12 

1501,  14  novembre,     •  -  »     12 

1514,   30  mai,  .  .     12       . 


1  Antverpîa  Christo  nascens  et  crescens,  t.  II,  p,  144  et  146.  Ces  deux  pièces  sont 
en  flamand,  Tune  du  19  septembre  1190  l'autre  du  13  janvier  1191.  Les  archives  d'Anvers 
possèdent  l'original  de  cette  dernière,  muni  des  sceaux  de  l'évêque  et  de  la  ville. 
L'original  de  l'autre  ,  èmanè  du  magistral,  doit  se  trouver  à  Cambrai. 

s  M.  VekaChtck  (Inventaire,  p.  1G0)  annotant  l'acte  de  1480,  assigne  à  la  pro- 
longation une  durée  de  dôme  ans.  C'est  une  erreur  dont  nous  ne  nous  serions  pas 
douté,  si  la  version  de  Paperrochius  (Annules  Antv.,  I,  p.  403)  n'eût  éveillé  notre 
attention.  Vérification  faite  aux  archives  d'Anvers  par  le  conservateur  de  ce  dépôt, 
M.  P.  Génakb,  il  a  <5lé  constaté  que  le  concordat  de  1440  fut  prolongé  en  1480 
pour  neuf  ans 


—  595  — 

On  remarquera  sans  doute  que  le  laps  de  temps  d'une  date  à 
l'autre  ne  correspond  pas  à  la  durée  de  la  période  pour  laquelle  le 
concordat  fut  prorogé.  Le  moins  que  l'on  puisse  en  conclure, 
c'est  que  les  renouvellements  se  faisaient  irrégulièrement  et  qu'on 
leur  donnait  peut-être  un  effet  rétroactif,  en  comptant  à  la  nouvelle 
période  le  temps  écoulé  depuis  l'expiration  du  dernier  acte. 

On  était  alors  au  moment  de  la  naissance  de  la  Réforme  et  on 
devine  sans  peine  les  conséquences  que  la  négation  du  principe 
d'autorité  devait  entraîner  pour  la  juridiction  ecclésiastique. 
Au  surplus,  les  esprits  y  étaient  en  quelque  sorte  préparés, 
car  depuis  longtemps  il  se  manifestait  une  répulsion  qui  croissait 
et  devenait  plus  vive  à  mesure  des  efforts  faits  d'autre  part  pour 
étendre  cette  juridiction  dans  le  domaine  des  affaires  purement 
civiles.  Après  la  charte  de  Philippe-le-Bon  (14-1-7)  et  la  déclara- 
tion de  deux  membres  des  Etats  de  Brabant  (1486),  dont  nous 
parlions  tout  à  l'heure,  Maximilien  d'Autriche  (14-80)  et  Philippe- 
le-Beau  (1496)  avaient  à  leur  tour  publié  des  ordonnances ,  décla- 
rant que  les  particuliers  ne  pouvaient  être  actionnés  devant  les 
cours  ecclésiastiques  du  chef  de  contestations  personnelles ,  profanes 
et  civiles,  sauf  celles  spécifiées  par  lesdites  ordonnances  *.  Ajou- 
tons, pour  être  juste,  que  l'abus  ne  procédait  pas  du  clergé  seul; 
les  plaideurs  doivent  y  avoir  contribué  pour  une  bonne  part, 
puisque  Charles-Quint,  par  son  édit  du  2  décembre  1522,  fut 
amené  à  menacer  de  fortes  amendes  ceux  qui  introduisaient  devant 
les  tribunaux  ecclésiastiques  des  affaires  essentiellement  du  ressort 
des  juges  civils  2. 

Qu'au  fond  de  tout  cela  il  se  soit  trouvé  une  certaine  rivalité  de 
métier,  c'est  admissible;  mais,  à  Anvers ,  on  n'avait  pas  attendu  si 


1  Cf.  les  Placcaert  Boechen  van  Vlaenderen,  I,  4-9,  51,  et  Diegeiuck,  Inventaire 
des  anliives  d'Ypres,  IV,  60. 

2  Placcaert  Boecken  ,  cités,  I],  58.  M.  DiEGEitiCK  a  donné  une  analyse  complète  de 
cet  édit  remarquable,  dans  son  excellent  Inventaire  des  archives  d'Ypres,  V,  146. 


—  596  — 

longtemps  pour  mettre  les  citoyens  en  garde  contre  l'immixtion 
illégale  du  clergé  dans  des  contestations  judiciaires.  C'est  à  cette 
intervention  que  fait  allusion  un  article  du  Coreboeck  \  et  c'é- 
taient des  préoccupations  du  même  genre  qui  avaient  provoqué 
l'institution  des  échevins  synodaux. 

Cette  courte  esquisse  de  l'état  de  l'opinion  et  de  la  législation  au 
commencement  du  xvie  siècle ,  ne  paraîtra  pas  superflue  si  on 
la  rapproche  du  fait  du  renouvellement  irrégulier  du  concordat  de 
144-0.  Eu  effet,'  on  peut  se  demander  si  cet  acte  fut  encore 
renouvelé  après  l'expiration  de  la  période  qui  avait  pris  cours  en 
1514.  Le  père  Papebrochius  penche  pour  l'affirmative;  mais  ce 
n'est  chez  lui  qu'une  présomption  qu'il  n'appuie  d'aucun  argument, 
et  nous  devons  constater  que  ni  Louis  Guicciardin ,  qui  entre  dans 
tant  de  détails  sur  la  composition  des  collèges  administratifs  et  judi- 
ciaires d'Anvers,  ni  le  secrétaire-archiviste  Henri  De  Moy,  qui  a 
laissé  un  traité  manuscrit  sur  les  offices  de  notre  ville ,  ne  font 
nulle  part  mention  des  échevins  synodaux.  Il  convient  de  dire  que 
le  tribunal  de  l'oflicialité  était  une  institution  purement  ecclésias- 
tique dont  ils  avaient  d'autant  inoins  à  s'occuper  que,  depuis  le 
concordat  de  1440,  le  magistrat  n'avait  plus  d'influence  sur  la 
nomination  des  représentants  de  la  commune  ou  de  l'élément  civil 
auprès  de  ce  tribunal. 

D'autre  part,  cependant,  il  doit  paraître  singulier  que  les 
Réformés,  qui  se  souciaient  des  synodes  et  des  cours  spirituelles 
autant  que  des  tribunaux  de  l'inquisition ,  se  soient  empressés  de 
consacrer  dans  le  code  des  coutumes  d'Anvers  un  chapitre  tout 
entier  à  une  institution  rappelant  l'ancien  tribunal  synodal.  Était- 
ce  une  réminiscence  d'un  chapitre  semblable  qui  aurait  été  inséré 
dans  les  coutumes  de  1531  ,  de  1547  ou  de  1570?  A  cette  ques- 

i  «  Art.  cliij.   Item,   wie  cuen   portre   van   Antwerpen  moyede  oi-ht  daghede  in 

»  gheesteleken  ghedinghe  tonrechte dit  sal  staen  na  die  priuilegien  van  der 

stal    «  (Mertens  en  Tours,  ouv.  cit.  Il,  476.) 


—  597  — 

tion,  qui  a  déjà  été  soulevée  ailleurs,  nous  regrettons  vivement  de 
ne  pouvoir  répondre ,  les  recherches  que  nous  avons  faites  dans 
le  but  de  retrouver  la  trace  de  ces  trois  recueils,  n'ayant  pas 
abouti  jusqu'à  ce  jour  *. 

Nous  devons,  en  conséquence,  nous  borner  à  constater  que  c'est 
dans  le  code  connu  sous  le  titre  de  Coutumes  imprimées,  élaboré 
par  les  avocats  Charles  Gabry  et  Philippe  Van  Malery  (1578), 
revu  par  une  commission  de  jurisconsultes  (1580),  sanctionné  par 
le  magistrat  et  imprimé  chez  Plantin  (1582),  que  c'est  dans  ce 
code,  disons-nous,  que  les  synodaux  apparaissent  pour  la  première 
fois  sous  la  dénomination  de  syndicaux  fSyndicalenJ .  Toutefois, 
les  Réformés  conservèrent  aussi  la  dénomination  de  Seyntsche- 
penen,  peut-être  dans  le  sens  de  Senalus  syndicâlis ,  vulgo  dépu- 
tait, version  que  Kilianus  a  donnée  de  ce  composé  à  côté  de  celle 
rapportée  plus  haut. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  le  tribunal  des  Seyntschepenen ,  réorganisé 
avec  des  éléments  séculiers,  se  composait  de  douze  membres,  dont 
deux  échevins  de  l'année  ,  deux  anciens  échevins,  quatre  membres 
de  la  bourgeoisie  et  quatre  hommes  des  métiers.  Il  se  renouvelait 
par  tiers  tous  les  ans  et  ses  membres,  comme  ceux  des  autres  tri- 
bunaux subalternes,  étaient  choisis  par  le  magistrat.  Il  avait  connais- 
sance ,  en  première  instance ,  de  tous  les  abus  et  délits  en  fait 
d'adultère,  de  fornication,  de  concubinage,  de  défloration  de  jeunes 
filles  et  de  tout  ce  qui  s'y  rattachait.  Il  avait  également  connais- 
sance des  empêchements  dirimants  en  fait  de  mariage  et  de  toutes 

1  Les  trois  compilations  de  1531 ,  1547  et  1570  étaient  connues  dans  l'ancien  bar- 
reau d'Anvers  sous  les  titres  respectifs  de  Guide n  Boeck,  Consuetudines  anliquissimœ  el 
Consueludines  antiques..  Envoyés  l'un  après  l'autre  à  Bruxelles  pour  être  homologués 
au  Conseil  souverain  de  Brabant,  formalité  qui  ne  fut  jamais  remplie  ,  ces  trois  recueils 
sont  restés  en  manuscrit.  Ce  que  ces  codices  sont  devenus ,  nous  l'ignorons.  Celui  du 
Gulden  Boeck  que  l'on  avait  dit  exister  à  la  Bibliothèque  royale,  sous  le  n°  15,375, 
s'est  trouvé  être  un  récis'if  de  coutumes  civiles  et  commerciales,  sans  aucun  rapport  avec 
l'institution  des  échevins  synodaux ,  et  d'après  une  information  à  nous  adressée  par 
M.  le  conservateur  Alvin  ,   le  Gulden  Boeck  est  inconnu  ou  introuvable  dans  ce  dépôt. 


—  598 


les  affaires  matrimoniales.  Il  jugeait  sur  la  citation  d'un  chef- 
homme,  à  ce  commis  par  le  collège  échevinal ,  qui  remplissait  en 
même  temps  les  fonctions  d'accusateur  des  parties  et  celles  d'exé- 
cuteur des  sentences.  Les  actes  étaient  enregistrés  par  un  se- 
crétaire ou  un  greffîer  de  la  ville  et  les  citations  étaient  intimées 
par  un  officier  de  la  verge-courte.  Avant  d'entrer  en  fonctions, 
les  syndicaux  devaient  prêter  serment  entre  les  mains  du  magis- 
trat, et  il  semble  qu'il  leur  était  alloué  une  indemnité.  Leurs 
arrêts ,  du  reste ,  n'étaient  pas  souverains  ,  mais  pouvaient  être 
réformés  par  le  haut  tribunal  des  échevins ,  sur  appel  d'une  des 
parties ,  mais  les  appelants  devaient  au  préalable  verser,  à  titre  de 
cautionnement ,  une  somme  qui  restait  acquise  à  la  caisse  syndicale, 
en  cas  de  rejet  du  pourvoi. 

Tel  est  le  résumé  des  principaux  articles  du  chapitre  X  des 
liechten  en  Coslumen  de  1582.  Ces  dispositions,  comme  on  le 
voit,  s'écartent  entièrement  de  celles  du  concordat  de  4440,  qui 
avait  fait  des  défenseurs  du  droit  public  des  suppôts  de  l'officialité. 
Elles  constatent  un  retour  vers  l'article  vij  de  l'ancien  code 
politique  ,  moins  l'élément  clérical,  dont  la  Réforme  déclinait  toute 
compétence  dans  les  affaires  civiles.  Ne  pourrait-on  inférer  de  là 
que  si  les  compilations  de  1531,  1547  et  1570  renfermaient  un 
chapitre  relatif  aux  synodaux ,  ce  n'est  pas  à  ces  sources  que  les 
rédacteurs  du  code  de  1582  seraient  allés  emprunter  l'organisation 
du  tribunal  des  syndicaux  ? 

On  peut  se  demander  aussi  si  cette  institution  n'était  pas  un  rouage 
inutile;  car  si  l'on  peut  dire  que  l'instance  à  deux  degrés  offrait  une 
garantie  pour  les  parties  plaidantes,  cette  garantie  était  amoindrie 
par  l'article  3 ,  portant  que  les  bourgmestres  et  échevins  avaient 
également  connaissance  en  première  instance  de  toutes  les  affaires 
de  la  compétence  du  tribunal  syndical  qui  auraient  été  instruites 
à  la  diligence  de  l'écoutètc ,  et  qu'ils  pouvaient  les  retenir  à  leur 
gré ,  s'il  ne  leur  convenait  pas  de  les  déférer  au  susdit  tribunal , 


—  599  - 

dont  la  juridiction  s'étendait  sur  la  ville  et  sur  le  marquisat  d'Anvers. 

Au  surplus,  il  serait  inutile  de  nous  étendre  davantage  sur  celle 
institution  ,  car  il  y  a  lieu  de  douter  qu'elle  ait  jamais  fonctionné. 
Le  fait  est  qu'aux  archives  communales  d'Anvers,  il  n'existe  pas  de 
trace  de  registres  ou  de  dossiers  provenant  du  tribunal  des  syndi- 
caux, pas  plus  que  des  actes  de  leurs  devanciers  les  synodaux. 
Voyons  comment  les  uns  avortèrent  et  les  autres  disparurent  au 
milieu  de  la  tourmente  excitée  par  les  troubles  de  religion. 

On  connait  la  vive  opposition  que  rencontra  la  création  de  nou- 
veaux évéchés  aux  Pays-Bas  (1559).  Nulle  part  celte  opposition 
ne  fut  plus  violente  qu'à  Anvers  ,  où  la  Réforme  comptait  de 
nombreux  prosélytes.  La  bulle  concernant  l'érection  et  la  cir- 
conscription de  cet  évêché  est  du  11  mars  1561  et  elle  ne  put  être 
exécutée  que  neuf  ans  après ,  par  l'installation  du  docteur  François 
Sonnius  (1570).  Naturellement,  les  évèques  de  Cambrai  et  de 
Liège  conservèrent  pendant  tout  ce  temps  l'administration  spiri- 
tuelle sur  les  territoires  désignés  pour  constituer  le  nouveau 
diocèse,  et  par  conséquent  la  jurisprudence  suivie  à  l'égard  des 
adultères  a  dû  continuer  d'être  observée  ,  bien  entendu  dans 
l'hypothèse  du  renouvellement  périodique  du  concordat  de  1440. 

En  devenant  le  siège  d'un  évêché,  Anvers  devait  aussi  voir  s'éri- 
ger une  cour  épiscopale;  mais  on  cherche  vainement  quelque  ren- 
seignement à  ce  sujet  dans  la  bulle  de  1561.  Ce  détail  était  aban- 
donné à  l'évèque,  qui  allait  succéder  aux  droits  et  aux  prérogatives 
jusqu'alors  possédés  par  l'ordinaire  de  Cambrai.  Or,  comme  celui- 
ci  n'avait  aucune  juridiction  sur  le  chapitre  de  Notre-Dame  qui  , 
en  vertu  d'un  antique  privilège  ,  relevait  directement  du  Saint- 
Siège  et  avait  sa  cour  spirituelle  particulière  à  côté  de  celle  de 
l'official  de  Cambrai,  il  en  résulta  un  conflit  qui  n'était  pas  encore 
aplani  à  la  mort  de  Sonnius  (1576)  l. 

1  II  résulte  d'une  bulle  de  Léon  X  (15v2i)  et  d'une  charte  de  Charles-Quint  (1 522 
«lue  lu  chapitre   d'Anvers  avait   anciennement   juridiction  civile  et  criminelle  sur  les 


—  600  — 

Ce  conflit  du  reste  n'a  pu  suspendre  le  cours  de  la  justice  ec- 
clésiastique. Divers  faits  rapportés  dans  la  Petite  Chronique 
d'Anvers  autorisent  au  contraire  à  croire  que  cette  justice  conti- 
nuait à  fonctionner.  C'est  ainsi  que  nous  voyons  d'abord  le  chanoine 
François  Doncker  poursuivre  les  personnes  décédées  sans  sacre- 
ments, dont  il  faisait  exhumer  les  cadavres,  pour  les  faire  trans- 
porter au  champ  du  gibet  (GalgeveldJ  ;  et  d'autres  part  deux  indivi- 
dus, accusés  de  complicité  dans  l'assassinat  perpétré  sur  le  curé  et 
le  chapelain  de  Berchem  ,  incarcérés ,  non  à  la  prison  civile  du 
Steen,  mais  à  la  tour  des  Boulangers  (BakkerstorenJ ,  c'est-à-dire 
à  la  geôle  de  la  cour  spirituelle  *. 

Après  les  événements  qui  livrèrent  Anvers  aux  États  et  l'adminis- 
tration aux  mains  des  Réformés  (1577),  l'exercice  de  toute  juridic- 
tion ecclésiastique  se  trouva  naturellement  interrompu  et  lorsque 
la  ville  rentra  sous  la  domination  du  roi  d'Espagne  (1585),  trois 
années  à  peine  s'étaient  écoulées  depuis  la  promulgation  du  code 
des  Rechten  en  Costumen.  En  admettant  que  pendant  cette  courte 
période ,    signalée   d'ailleurs  par  des  crises   diverses  et  un  long 

bénéficiera,  chapelains  et  suppôts  de  l'église  de  N-D.;  mais  que  pour  l'exécution  des 
sentences ,  il  devait  recourir  au  juge  séculier.  Ce  privilège,  qui  rendait  le  chapitre  indé- 
pendant de  l'évêque  de  Cambrai  et  que  ce  collège  prétendait  maintenir  contre  L'évêque 
d'Anvers,  fut  cassé  et  annulé  par  Grégoire  XIV  (1591).  Cfr.  Diercxsens,  Antverpia,  III, 
269  -277  ;  IV,  214  ;  VU,  231-265 ,  et  De  Ram  ,  Synopsis  actorum  Ecdesiœ  Antver- 
piensis ,  p.  30. 

1  L'exécution  de  ces  deux  criminels  eut  lieu  le  30  juin  1571  avec  un  appareil  inusité 
et  des  tortures  atroces,  qui  paraissent  avoir  été  motivées  par  le  caractère  du  crime,  un 
double  homicide  sacrilège,  et  par  la  qualité  des  deux  misérables,  affiliés  aux  brigands 
dits  Gueux  des  Dois.  Les  condamnés,  complètement  nus  et  placés  dus  à  dos  dans  la 
charrette  de  la  justice,  furent  conduits  au  lieu  du  supplice  par  un  long  détour  dans  la 
ville.  Dans  le  cortège,  précédé  d'un  trompette,  on  remarquait  M  Boulez,  alcade  de  la 
garnison  espagnole,  M.  Van  Immerseel,  écoutôte  d'Anvers  et  la  verge-rouge  de  Brabanf, 
le  fameux  Spelleken,  avec  les  principaux  officiers  de  la  justice,  tous  à  cheval.  Le 
bourreau  de  Bruxelles  assistait  son  compère  d'Anvers.  Après  avoir  été,  à  sept  ou  huit 
carrefours,  pinces  de  tenailles  ardentes  ,  de  façon  que  des  lambeaux  de  chair  leur  pen- 
daient de  tous  côtés,  les  patients  furent  menés  devant  le  presbytère  de  Berchem,  où  le 
bourreau  coupa  au  plus  jeune  le  poing  droit  ,  el  ensuite  au  Galgeveld,  où  tous  les  deux 
furent  brûlés  vifs.  (Anlw.  Chronyhje ,  1713,  p.  230-231). 


—  601  — 

siège,  on  ait  songé  à  organiser  le  tribunal  des  syndicaux,  il  est 
douteux  que  celui-ci  ait  pu  fonctionner.  Ce  qui  est  certain ,  c'est 
qu'après  la  reddition  d'Anvers ,  on  n'entend  plus  parler  ni  des 
syndicaux,  ni  des  synodaux.  Le  silence  de  Henri  De  Moy  à  ce 
sujet  nous  parait  surtout  significatif;  on  peut  en  inférer  que  les 
uns  et  les  autres  avaient  fait  leur  temps,  du  moins  comme  institu- 
tions communales  !. 

Nous  n'avons  pu  nous  assurer  si  le  chanoine  François  Doncker, 
cité  ci-dessus,  agissait  en  qualité  d'official  en  titre,  et  ce  n'est 
qu'après  que  le  chapitre  fut  revenu  de  l'exil  et  eût  institué  un 
vicariat-général  sede  vacante  (oct.  4585),  que  nous  rencontrons  les 
premières  traces  certaines  de  l'officialité  qui  devait  désormais  rem- 
placer celle  de  l'évêque  de  Cambrai.  Ce  fut  à  l'archiprètre  Simon 
Moors  que  furent  confiées  les  fonctions  d'official2.  Comme  déraison, 
les  délits  d'adultère,  etc.,  restaient  de  la  compétence  de  la  nouvelle 
officialité ,  ainsi  qu'on  peut  le  voir  par  un  décret  de  l'évêque  Jean 
M  ira eus  du  12  janvier  1606,  ordonnant  de  dénoncer  à  l'officialité 
certaines  personnesqui,  n'étantque  fiancées,  vivaient  maritalement3. 

Cetle  juridiction  ,  du  reste,  en  tant  que  dérivée  du  droit  cano- 
nique, ne  semble  pas  avoir  été  contestée;  mais,  comme  contraire 
au  droit  coulumier  de  la  ville,  elle  parait  avoir  soulevé  des  récla- 
mations dont  nous  devons  prendre  acte  en  les  résumant  brièvement. 

Après  le  refus  du  Conseil  de  Brabant  d'homologuer  les  Cou- 
tumes de  1522,  le  magistrat  d'Anvers  fit  rédiger  en  1608  un 
nouveau  code  connu  sous  le  nom  de  Coutumes  compilées , 
amalgame  de  vieux  et  de  neuf,  qui  provoqua  des  critiques  acerbes 


'  L'archiviste  Henri  De  Moy  ,  qui  avait  élé  secrétaire  de  la  commission  de  révision 
des  Coutumes  de  1582,  ne  vint  à  décéder  qu'en  1610.  Il  savait  donc  parfaitement  ce 
que  ces  coutumes,  ainsi  que  celles  de  1570  et  de  1608,  contenaient  relativement  aux 
synodaux  et  aux  syndicaux.  Cependant,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  dans  son  traité 
des  offices  ,  il  ne  parle   ni  des  uns  ni  des  autres. 

2  De  Ram,  Synopsis  aclorum  Ecclesiœ  Antv.  pp.  33  et  154. 

5  De  Ram,  opus  citât.,  p.  48. 


—  602  — 

de  la  part  de  Van  Huffel.  Dans  un  mémoire  qu'il  adressa  à  ce 
sujet  au  collège  échevinal,  le  U  août  1610,  il  signale  cette  com- 
pilation comme  «  étant  en  grande  partie  un    tas  de   droits  ima- 

•  ginaires,  nouvellement  inventés  et  fabriqués  par   des   individus 

•  qui  ne  s'étaient  fait  aucun  scrupule  non  seulement  de  changer 
»  entièrement  les  termes  des  coutumes  de  1570  et  de  1582, 
»   mais  qui  avaient  en  outre  eu   l'audace   d'y    intercaler   de   leur 

•  autorité  privée  une  foule  de  nouvelles  dispositions  *.    « 

Or  ,  parmi  les  nouveautés  insérées  dans  cette  compilation  de 
1608,  se  trouve  un  chapitre  X  qui  remplaçait  le  chapitre  corres- 
pondant du  code  de  1582  traitant  des  syndicaux.  Mais  ce  nouveau 
chapitre  ne  serait-il  pas  la  reproduction  ou  un  remaniement  d'un 
chapitre  analogue  des  coutumes  de  1570?  C'est  ce  qu'il  est  im- 
possible de  décider.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  nouveau  chapitre  traite 
«  De  divers  autres  juges  dans  la  ville  d'Anvers,  »  et  le  premier 
article  porte  :    «    Dans  cette  ville  ont  aussi  leur  juridiction  ,  en 

•  premier  lieu ,  mon  révérend  seigneur  l'Evèque  et  son  Officiai , 
»  en  causes  relevant  de  sa  compétence  ,  ce  que  l'on  nomme  la 
■   cour  spirituelle  2.  » 

Chose  bizarre!  les  coutumes  de  1608,  comme  toutes  les  précé- 
dentes, ne  furent  pas  homologuées  ;  mais  de  même  que  celles  de 
1582,  que  le  barreau  d'Anvers  invoquait  comme  légales  ,  le  cha- 
pitre X  de  la  compilation  de  1608  pouvait  être  considéré  comme 
tacitement  légalisé. 

Une  cour  spirituelle  existait  donc  de  droit  et  de  fait  à  Anvers  ; 
elle  fonctionnait  régulièrement  ,  publiquement  ;  ses  premiers  sta- 
tuts, rédigés  par  Liévin  Torrcntius ,  avaient  été  publiés  le  26  août 


1  Iîeileneii  lot  handhoudinge  van  de  costumai  dersladl  legen  aile  nieuwiijheden. 
Cité  par  Mertens  el  Torfs,  Gesch.  van  Anlw.,  V,  515. 

4  Van  verscheijden  anderen  rechteren  der  stadt.  Art.  !.  Binnen  d«sn  stadt  hebben 
omk  liun  gereclil  ,  ici st  myn  Eerwcerdich  Hecrw  den  Bisscliop  ende  syrien  Oflkiai'l  in 
sakeii  t'synder  kenuisse  staende ,  bel  welck  is  I tendu  lie!  geeslèlyck  Hoff 


—  603  — 

1594,  après  la  mort  de  ce  prélat1  .  Jean  Malderus  ,  un  de  ses 
successeurs  ,  conformément  à  ce  qui  avait  été  arrêté  dans  les  con- 
férences des  évêques  belles  tenues  à  Malines  (1017),  fit  paraître 
un  manuel  pour  la  procédure  à  suivre  devant  les  cours  épiscopales, 
en  attendant  que  le  métropolitain  de  Malines  eût  pu  éditer  quelque 
chose  de  plus  complet  2. 

Dans  les  conférences  dont  il  s'agit  ici  ,  les  évêques  de  nos  pro- 
vinces flamandes  avaient  élaboré  le  projet  des  statuts  des  cours 
ecclésiastiques  de  ces  provinces,  comprenant  alors  l'archevêché  de 
Malines,  les  évêchés  d'Anvers  ,  de  Bois-le-Duc  ,  de  Gand  ,  de 
Bruges  ,  d'Ypres  et  de  Rurcmonde  (12  oct.  1017).  La  révision 
de  ce  projet  traîna  en  longueur,  et  ce  ne  fut  que  sept  ans  après, 
que  la  rédaction  définitive  en  fut  adoptée  dans  une  assemblée  des, 
prélats,  tenue  à  Bruxelles  (15  oct.  1024).  Ces  statuts  parurent 
l'année  suivante  à  Malines,  en  un  volume  in-4°. 

A  cette  époque ,  les  cours  ecclésiastiques  avaient  beaucoup  perdu 
de  leur  ancienne  importance.  Leur  personnel  et  leur  juridiction 
avaient  été  également  réduits.  Jadis  une  cour  spirituelle  avait  un 
nombre  de  suppôts  si  considérable  ,  qu'on  l'estimait  suffisant  pour 
repeupler   partiellement  une  ville  en  décadence  3.    Mais    après   la 


*  Slalula  curiœ,  episcopalis  Antverpiensis.  Le  savant  chanoine  Gasparoli,  d'Anvers, 
possédait  le  ms.  authentique  de  ces  statuts,  qui  n'ont  pas  été  imprimés.  Une  copie  en 
existe  à  la  Bibliothèque  royale  à  Bruxelles.  (Dr  Ram  ,  Synopsis  ,  p.  39.) 

*  Cette  publication  était  accompagnée  d'un  mandement  en  date  du  12  mars  de  la 
même  année.  Voici  le  titre  du  manuel  :  Modus  procedendi  in  curiâ  ecclesiastieâ ,  Antv. 
H.  Verdussen,  1619,  in-12°.  (Cf.  PaQUot  ,  Mémoires,  I,  7,  édit.  in-f°).  —  Comme 
se  rapportant  au  même  sujet  et  ne  sortant  pas  du  cercle  de  l'oflicialité  d'Anvers,  nous 
inscriions  ici  la  curiosité  bibliographique  suivante  :  Praclica  criminalts  canomca  in 
qua  omnia  flagitia  quœ  a  devis  commitli  possunt ,  authoreB.  Diai>  de  Luco ,  Antv., 
Bellerus,  15f>3,  in- 12°. 

3  C'était  l'idée  des  magistrats  d'Ypres,  lorsqu'ils  demandèrent  que  la  cour  spirituelle 
de  Thérouanne  fût  transférée  en  leur  ville.  Chailes-Quint  y  consentit  et  donna  des  ordres 
en  conséquence  (1522).  Par  l'accord  relatif  à  l'exemption  des  accises  en  faveur  des  sup- 
pôts de  ladite  cour,  nous  voyons  que  celle-ci  se  composait  de  l'oflîcial,  ses  vicaires  et  se- 
crétaires, d'un  scelleur  et  d'un  receveur,  d'un  nombre  non  indiqué  de  promoteurs ,  de 
massiers ,  de  procureurs  et  d'avocats.  De  ces  deux  dernières  classes  de  praticiens,  douze 


-  604  — 

célèbre  ordonnance  de  Charles-Quint  du  2  décembre  1522,  ten- 
dant à  restreindre  la  concurrence  qu'elles  faisaient  aux  tribunaux 
civils ,  d'autres  édits  avaient  successivement  enlevé  à  ces  cours  di- 
verses attributions.  C'est  ainsi  qu'elles  ne  pouvaient  plus  prendre 
connaissance  de  procès  concernant  des  dîmes  novales  (1520).  Il  leur 
avait  été  interdit  de  lancer  des  censures  ou  des  excommunications 
contre  les  juges  civils  (1531).  Si  les  offieiaux  se  croyaient  lésés 
par  quelque  décision  de  ceux-ci,  ils  devaient  s'adresser  à  l'autorité 
supérieure  par  voie  de  requête  (1540).  Ils  devaient  procéder  de  la 
même  manière  pour  réclamer  les  criminels  assujettis  à  leur  juridic- 
tion (1570).  Cette  juridiction  s'étendait  sur  tous  les  ecclésiastiques 
tonsurés  ,  les  étudiants  des  universités  et  des  séminaires,  ainsi  que 
sur  les  individus  qui  avaient  transgressé  certains  commandements  de 
l'Église,  notamment  celui  relatif  à  l'observance  des  dimanches  et 
jours  de  fête  (1587);  mais  quant  à  ce  dernier  point,  les  archi- 
ducs avaient  décidé  que  les  tribunaux  spirituels  n'avaient  rien  à 
voir  dans  les  permissions  délivrées  par  l'autorité  civile  pour  tra- 
vailler pendant  les  jours  non  ouvrables  (1607)  !. 

Nous  ne  faisons  que  résumer  rapidement  quelques-unes  des 
restrictions  apportées  au  xvie  siècle  à  l'exercice  de  la  juridiction 
ecclésiastique,  jadis  assez  puissante  pour  faire  fléchir  le  pouvoir 
civil  devant  ses  analhèmes.  Il  était  déjà  loin  le  temps  où  sous 
prétexte  d'infraction,  l'official  lançait  l'excommunication  contre  tout 
un  corps  de  magistrats ,  lui  infligeait  des  amendes  honorables  et 
pécuniaires,  lui  imposait  des  messes  et  des  pèlerinages  et  l'abreu- 
vait d'humiliations"2.  Le  clergé  belge  lui-même  avait  compris  que 


au  moins  devaient  être  répulés  suppôts  de  la  cour  ,  aussi  bien  que  les  procureurs  des 
âmes  (?)  et  par  suite  jouir  de  l'immunité.  Malgré  cet  accord  et  quoique  approuvé  par 
l'empereur  et  le  pape,  le  transfert.de  la  cour  de  Thérouanne  éprouva  de  nombreux  obsta- 
cles avant  qu'il  pftt  s'effectuer.  (Cfr.  Diegeiuck,  Inventaire  des  archives  d'Ypres, 
V.  138-11,  153-56  ,    179-81    et   259). 

1  Placcarts  de  Flandre,  Index  général,  p.  197-99.  —  Ibid.  de  Brabant,  passim. 

"  Ces  désagréments  arrivèrent  en  1373  au  magistral  deMalines;  mais  il  est  vrai  que 


—   605  — 

ces  temps  n'étaient  plus  ;  on  en  trouve  la  preuve  dans  les  actes  du 
concile  provincial  de  Malines ,  recommandant  aux  juges  ecclésias- 
tiques de  procéder  avec  mansuétude  et  modération  dans  l'applica- 
tion des  amendes  et  de  conduire  les  procédures  avec  le  moins  de 
frais  possibles  (1586). 

Ainsi  désarmées  vis-à-vis  du  pouvoir  civil  et  contestées  dans 
leurs  attributions  judiciaires  à  l'égard  des  particuliers,  les  cours 
spirituelles  nous  apparaissent  au  commencement  du  xvne  siècle 
dépouillées  en  grande  partie  du  prestige  mystérieux  et  effrayant  qui 
les  entourait  autrefois. 

D'après  les  statuts  de  1624,  les  cours  épiscopales  devaient  se 
composer  de  l'oflicial  ou  juge-président,  d'un  scelleur  (sigillifer, 
segelaerj,  d'un  avocat  fiscal,  d'un  promoteur,  d'un  greffier,  de 
commissaires-assesseurs,  d'huissiers  appelés  appariteurs  et  du 
geôlier  de  la  prison  ecclésiastique.  Nous  ne  comptons  pas  les  avocats, 
les  procureurs,  qui,  pour  être  admis  à  instrumenter  devant  la 
cour  ,  étaient  tenus  d'avoir  le  grade  de  docteur  ou  au  moins  celui 
de  licencié  en  droit  civil  et  en  droit  canon. 

Vers  la    fin    du  xvme  siècle,  celte   organisation    n'avait   guère 


l'infraction  était  grave.  11  s'était  permis  de  chasser  et  de  bannir  de  la  ville  le  doyen  de 
Saint-Rombaut,  deux  curés  et  cinq  ou  six  clercs.  L'excommunication  lancée  par  l'official 
de  Cambrai  ayant  été  annulée  par  la  cour  épiscopale  de  Reims ,  l'évêque  Gérard  de 
Dainville  se  pourvut  en  appel  à  Rome,  et  le  pape  commit  cette  affaire  à  son  légat,  l'évêque 
de  Sabine.  Ce  prélat  donna  tort  au  magistrat  et  le  condamna  à  rétracter  publiquement 
sa  sentence  de  bannissement;  à  réinstaller  honorablement  dans  leurs  maisons  le  doyen  et 
les  deux  curés  ;  en  leur  demandant  très-humblement  pardon  ;  à  leur  payer  ainsi  qu'à 
l'évêque  de  Cambrai,  une  forte  indemnité  pécuniaire.  Moyennant  toutes  ces  conditions 
l'excommunication  et  l'interdit  devaient  être  levés  ;  mais  en  retour  de  cette  faveur  le 
magistrat  devait  encore  faire  célébrer  50  messes  hautes  et  50  messes  basses  et  y  assister. 
Notons  encore  que  la  cour  spirituelle  ne  s'étant  pas  fait  représenter  par  un  délégué 
à  la  rétractation  publique ,  faite,  à  portes  ouvertes  à  l'hôtel  de  ville  de  Malines  ,  le 
magistrat  se  vit  obligé  d'envoyer  une  députation  à  Cambrai  pour  y  faire  amende  hono- 
rable devant  la  cour.  Quant  aux  clercs ,  accusés  de  certain  méfait  non  spécifié ,  leur 
affaire  fut  remise  aux  juges  ecclésiastiques.  Diverses  pièces  de  ce  curieux  procès 
ont  été  analysées  avec  soin  parM.  Van  Doren,  Inventaire  des  archives  de  Malines, 
I,  63-71. 


—  606  — 

varié,  comme  on  peut  le  voir  dans  les  Mémoires  de  Ncny ,  qui 
ajoute  :  «  On  peut  se  pourvoir  devant  les  juges  royaux ,  à  titre 
•  d'oppression ,  contre  les  procédures  et  les  sentences  des  tribu- 
»  naux  ecclésiastiques ,  toutes  les  fois  que  les  juges  de  ces  tribu- 
>  naux  contreviennent  directement  aux  lois  de  l'État ,  ou  qu'ils 
»   procèdent  non  servato  juris  online  *.  • 

Les  attributions  de  l'oflîcial  étaient  aussi  étendues  qu'impor- 
tantes. Les  assesseurs  ou  conseillers  qui  l'assistaient  étaient  choisis 
par  lui ,  et  Neny,  en  employant  le  mot  ordinairement,  semble 
donner  à  entendre  que  cette  assistance  n'était  pas  obligatoire.  La 
nomination  des  appariteurs  ou  huissiers  et  celle  du  geôlier  était 
également  à  la  discrétion  de  l'oflicial ,  entre  les  mains  duquel  les 
avocats  et  les  procureurs  devaient  prêter  serment,  avant  d'être 
admis  à  plaider  devant  la  cour. 

Dans  tout  cela,  on  n'aperçoit  pas  ombre  de  nos  ci-devant  syno- 
daux, non  plus  que  dans  les  quelques  actes  ou  procédures  de  la  cour 
épiscopale  d'Anvers  que  l'on  a  pu  nous  communiquer.  Ces  actes 
ont  rapport  à  d'autres  délits  que  ceux  déférés  à  l'ancienne  cour 
synodale  statuant  en  présence  des  délégués  de  la  commune. 

Nous  en  sommes  donc  réduit  à  des  conjectures  quant  à  la 
jurisprudence  suivie  à  l'égard  des  adultères  publics,  c'est-à-dire  de 
personnes  non  mariées  habitant  notoirement  ensemble  "2.  Cependant, 
à  en  juger  par  ce  qui  se  passait  ailleurs,  on  est  porté  à  croire  que 
ces   délinquants  continuaient  à  être  déférés  à  la  juridiction  de  la 


*  Neny,  Mémoires  historiques  et  politiques,  Brux.  1785,  p.  287.  Ceci  était  con- 
forme à  l'édit  perpétuel  de  1611.  Cfr.  à  ce  sujet  un  travail  de  M.  X.  Lelièvre  sur 
la  juridiction  ecclésiastique  au  comté  de  Namur,  et  inséré  dans  les  Annales  de  la 
Société  archéologique  de  Namur,  t.  Vil ,  p.  50. 

s  L'article  7  du  chap.  XX  des  Hechlen  en  Costumen  nous  semble  devoir  être  inter- 
prété dans  ce  sens  :  «  Item,  dit  cet  article,  les  personnes  trouvées  coupables  d'adultéré, 
»  sans  toutefois  cobabiter  publiquement  ou  tenir  ménage  ensemble,  encourront  pour  la 
»  première  fois  une  amende  de  24,  pour  la  deuxième  fois  une  de  18  et  pour  la  troisième 
»  fois  une  de  72  florins  carolus ,  indépendamment  d'autres  peines  arbitraires.  » 


—   G07   — 

cour  spirituelle  ,  pour  autant  toutefois  que  cette  juridiction  ne  fût 
pas  en  opposition  avec  les  coutumes  locales. 

En  effet,  il  appert  de  quelques  jugements,  rapportés  par 
M.  Gannaert,  qu'au  xvme  siècle  les  oiïîeialilés  de  Matines  et 
de  Gand  continuaient  à  évoquer  devant  leur  tribunal  les  individus 
accusés  d'adultère  public  et  à  les  condamner,  s'ils  étaient  trouvés 
coupables.  Les  peines  consistaient  en  amendes  honorables  à  l'église 
ou  devant  la  cour,  en  prières  et  pratiques  de  dévotion,  en  empri- 
sonnement au  pain  et  à  l'eau  et  même  en  bannissement  à  terme 
hors  du  diocèse  f. 

Au  témoignage  du  président  Neny ,  les  cours  ecclésiastiques 
fonctionnaient  encore  sur  tous  les  points  du  pays ,  à  l'époque  où 
il  rédigeait  ses  Mémoires  (1780).  Fortement  ébranlées  par  les 
édits  de  Joseph  II,  mais  non  abattues,  ces  institutions  ne  dispa- 
rurent que  sous  le  nivellement  universel  opéré  par  la  République. 

En  terminant  ici  notre  travail ,  nous  avions  l'intention  de  donner 
la  série  chronologique  des  officiaux  de  l'évêché  d'Anvers;  mais 
nous  en  avons  été  empêché  par  les  lacunes  que  présentent  les 
notes  que  nous  avons  pu  recueillir.  Nous  nous  bornerons  donc  à 
quelques  données  générales. 

En  confrontant  ces  notes  avec  la  liste  des  archiprètres  2,  nous 
avons  pu  nous  assurer  que  beaucoup  de  ces  dignitaires  ont  cumulé 
la  charge  d'official  avec  leurs  fonctions  archipresbytérales,  et  que 
presque  tous  ont  été  des  licenciés  en  droit  civil  et  en  droit  canon.  Les 


*  Cannaekt,  liydragen,  etc.  aux  annexes,  p.  413  sqq.  Ces  affaires  se  rapportent  toutes 
à  la  première  moitié  du  xvme  siècle  et  les  inculpés  étaient  des  individus  des  deux  sexes 
du  plat  pays. 

*  Publiéi!  par  feu  Mgr.  De  Ram,  Synopsis,  p.  i  54.  C'est  la  liste  des  archiprètres  de 
la  ville,  qu'il  faut  distinguer  des  archiprètres  du  district.  Ces  derniers  continuaient  la 
série  des  anciens  doyens  ruraux  {landdekens)  ;  et  parmi  ceux  qui  furent  revêtus  de  cette 
dignité  ,  nous  trouvons  le  chanoine  Jean-Louis  de  Cahvajal,  In  dislrictu  Antverpiensi 
christianatis  decanus  t  1729 ,  auquel  on  doit  une  importante  fondation  en  faveur 
des  pauvres  d'Anvers.  (Voir  son  épitaphe  Inscrip.  fun.  et  monum.  de  la  province 
d'Anvers,  I,  108.) 


—  608  — 

termes  dont  nous  nous  servons  indiquent  qu'à  cet  égard  il  n'exis- 
tait pas  de  règle  absolue.  En  effet,  nos  notules  donnent  le  titre 
d'offlcial  à  trois  chanoines  de  Notre-Dame  qui  ne  furent  jamais 
archiprêlres  '  ,  et  le  premier  qui  occupa  celte  dernière  dignité  , 
Simon  Moors  ,  ne  fut  que  licencié  en  théologie. 

D'après  ces  considérations ,  nous  aurions  eu  bien  des  chances 
de  nous  tromper  en  dressant  une  liste  chronologique  des  ofïîciaux 
calquée  sur  celle  des  arehiprètres  en  nous  basant  sur  le  grade  de 
licencié  es  droits.  En  attendant  que  de  nouvelles  recherches  nous 
permettent  de  dresser  une  liste  authentique  de  nos  hauts-juges 
ecclésiastiques ,  nous  nous  contenterons  de  signaler  parmi  ceux  qui 
ont  rempli  cette  charge,  le  savant  Jean  Gevartius  (*j*  1613), 
le  célèbre  François  Zypeus  (f  1650)  ,  le  docte  Paul  Van 
Halmale  (j  1711)  et  Fraxçois-Antoine-Étienne  Bruynincx 
(■|*1791),  lequel  légua  tous  ses  biens  aux  pauvres  de  la  ville 
d'Anvers. 

1  Jean  Gevartius,  François  Zypeus  et  François-Godefroid  Ullens. 


609  — 


ANNEXES. 


Concordat  conclu  le  4  novembre  iMO  entre  Jean  de  Bourgogne  ,  évéque  de 
Cambrai,  et  le  magistrat  de  la  ville  d'Anvers,  concernant  les  personnes  coha- 
bitant en  adultère. 

Vniiiersis  présentes  litteras  inspecturis  Iohannes  de  Burgundia  ,  Dei  gratia, 
Episcopus  Cameracensis ,  Necnoii  Burgimagistri,  Scabini  et  Consules  opidi 
Antwerpiensis,  Cameracensis  diocesis  Salutem  in  domino.  Notum  facimus  , 
quod,  cum  lis  orta  foret,  aut  saltem  oriri  speraretnr  inter  nos  Episcopum 
Cameracensem ,  ex  vna ,  et  nos  Burgimagistros ,  Scabinos  et  Consules  dicti 
opidi  Antwerpiensis,  ex  altéra  partibus ,  occasione  et  ad  causam  punitionis  et 
correclionis  adulterorum  et  adulteriorum  per  personas  vtriusque  sexus  in  prefato 
opidi  commissorum  et  perpetratorum,  nobis  episcopo  dicente  punitionem  et  cor- 
rectionem  eorumdem ,  vtpote  terminum  ecelesiasticorum  et  ad  forum  et  examen 
ecclesiasticum  spectantiurn  et  pertinentium  taliumque  delinquentium  ad  Curiani 
nostram  Cameracensem ,  vel  alibi  in  nostra  diocesi  citandorum  ac  pro  punitions 
et  correctione  eorumdem  tociens  quoeiens  opus  videretur  euoeandorum  auctori- 
tatem  et  facultatem  ad  nos,  dicti  loci  ordinarium  um  ac  olïicialem  nostrum 
Cameracensem  de  iure  communi  spectasse  et  perlinuisse,  ac  spectare  et  per- 
tinere  debere  :  nobis  vero  Burgimagistris  Consulibus  et  Scabinis  econtra 
asserentibus  quod  de  vsu  et  consuetudine  a  tali  tantoque  tempore,  de  cuius 
iuitio  seu  contrario  hominum  memoria  non  existit,  introdeutis  et  pro  iure 
observatis  ad  Scabinos  Synodales  per  nos  aut  de  auctoritate  nostra  electos  et 
assumpos ,  ac  in  manu  decani  Christianitatis  loci  iuratos  ,  eorumdem  adul- 
terorum delationem  pertinere,  nec  quoscumque  extra  muros  opidi  prelibati 
pro  premissis  trahi  ;  sed  nec  aliquos  vitra  numerum  viginti  septem  parium 
per  prefatos  Scabinos  Synodales  dumtaxat  deferendos,  per  nos  Episcopum 
aut  ofticiales  nostros  quoslibet  punire  posse  seu  debere.  Tandem  temporum 
indisposilione  viarumque  distermibus  (?)  ac  certis  aliis  merito  pensandis  attente 
consideratis,  maturaque  deliberatione  prehabita  pro  bono  pacis  et  concordie  inter 


610 


nos  nutriende  el  conseruande  tractatum  amicabilem  desuper  iniuimus  quinquennio 
a  die  date  presentium  inchoando  duraturum ,  in  hnnc  modum  :  videlicet,  quod 
nos  Episcopus  prelibatus  seu  decanus  Christianitatis  loci  vel  alius  a  nobis  super 
hoc  deputandus  vtemur  libère  dicto  durante  quinquennio,  auctoritatc  et 
facultate  animaduertendi  in  omnes  et  singulos  adulteros  seu  in  adulterio  mani- 
feste deprehensos  vtriusque  sexus  in  dicto  opido  Antwerpiensi  résidentes  vnde- 
eumque  nobis  aut  depulato  seu  deputaiido  predicto  deferendos ,  ac  eos  ibidem 
puniendos  et  corrigendos  in  presencia  scabinorum  synodalium  iuxla  forma  solita 
electorum  et  iuratorum,  ad  premissa  per  nos  vel  decanum  predictum  aut  aliuni 
commissarium  nostrum  euocandorum  tociens  quociens  visum  fuerit  expedire. 
Et  si  fortassis  contingat  punitionem  et  correctionem  huiusmodi  adulteriuni 
commitentium  in  emendam  pecuniariam  conuerti ,  quod  huiusmodi  emenda 
pro  duabus  partibus  nobis  episcopo  ad  opus  elemosine  nostre  veniet  applicanda. 
Et  de  reliqua  tercia  parte  Decanus  aut  commissarius  nostre  ac  Scabini  Syno- 
dales supradicti  disponere  poterunt  ad  sue  libitum  voluntalis.  Absque  tamen 
acquisitione  sev  preiudicio  iuris  in  petitorio  aut  possessorio ,  tam  nostri 
Episcopi  prelehati  ac  successorum  nostroruin  quam  nostrum  prefatorum  Burgi- 
magistrorum ,  Scabinorum  et  Consulurn,  et  successorum  nostrorum  pro  tempore 
existentium.  In  cuius  rei  testimonium  présentes  litteras  nostri  Episcopi  ac 
opfiîi  Antwerpiensis  prefati  ad  causas  fecimus  sigillorum  appensionem  com- 
muniri.  Datum  et  actum  anno  domini  millesimo  quadringentesimo ,  quadrage- 
simo,  die  quarfa  mensis  nouembris  in  Bruxella. 

Copie  du  temps  au  Grand  Livre  des  privilèges 
de  la  ville  d'Anvers  ,  fis  19  et  272. 


LE    BAKKERSTOREN. 

Ce  donjon  ,  un  des  principaux  de  l'ancienne  enceinte  d'Anvers  et  que  l'on  voit 
représenté  dans  toutes  les  vues  du  port  antérieures  au  xixe  siècle ,  indique  par 
sa  position  sur  la  contrescarpe  du  fossé  de  la  première  enceinte  urbaine,  qu'il  a 
tlù  faire  partie  du  système  île  défense  établi  à  la  suite  du  premier  agrandisse- 
ment (1201-1214).  Il  existait  donc  avant  l'année  1304,  que  quelques  écrivains 
lui  assignent  comme  date  d'une  reconstruction  totale  coïncidant  avec  les  travaux 
ellcctués  pour  le  troisième  agrandissement  de  la  ville.  Quoi  qu'il  en  soit,  leBak- 
kerstoren,  placé  en  avant  de  l'ex-pont  à  l'Ail,  doit  être  considéré  comme  le  point 
de  départ  de  la  ligné  de  fortifications  qui  s'étendait  le  long  du  lleuvc,  entre  le 
cinal  au  Beurre  et  le  canal  Saint-Jean,  et  sur  laquelle  se  trouvaient  établies  trois 


—  611   — 

autres  tours ,  mais  de  moindre  dimension  que  celle  dont  nous  nous  occupons 
dans  cette  note  et  dont  la  destination  primitive  a  dû  être  de  proléger  rentrée  du 
fossé  de  la  première  enceinte. 

Mais  serait-il  vrai,  comme  quelques-uns  le  prétendent,  que  la  corporation  des 
boulangers  aurait  contribué  pour  la  majeure  partie,  sinon  pour  la  totalité,  dans 
les  frais  de  cette  massive  construction ,  qui  en  aurait  conservé  le  nom  de  Bak- 
kerstoren?  11  est  permis  d'en  douter,  aucune  preuve  n'ayant  été  produite  jusqu'ici 
à  l'appui  de  cette  assertion.  —  Il  en  est  de  même  de  l'opinion  que  le  nom  serait 
dérivé  des  briques  (baksteenen)  qui  auraient  été  spécialement  employées  à  celle 
bâtisse,  ce  qui  est  une  pure  supposition. 

A  côté  de  ces  deux  hypothèses,  il  y  en  a  une  troisième,  d'après  laquelle  bakker 
(boulanger)  serait  tout  simplement  une  corruption  de  baken  (fanal  ou  fanaux) , 
et  cette  conjecture,  quoique  peu  accréditée  parmi  les  érudits  d'Anvers,  ne  nous 
paraît  pas  sans  quelque  apparence  de  fondement. 

En  effet,  dans  la  vue  de  la  ville  de  l'an  1500  ou  environ,  publiée  dans  la 
Topographie  d'Anvers  de  1828,  on  remarque  sur  le  pont,  au  pied  du  donjon,  un 
objet  qui  a  toute  la  forme  d'une  gigantesque  lanterne  ou  fanal.  Or,  ce  pont, 
autrefois  et  avant  le  voûtement  du  canal  au  Beurre  connu  sous  les  noms  de 
pont  aux  Pommes  (Appel bru (/}  et  de  pont  à  l'Ail  (Lookbrug),  s'appelait  en  1424 
pont  des  Veilleurs  (Wakersbrurj).  Il  y  eut  donc  là  anciennement  un  poste  de 
nuit,  et  qu'y  aurait-il  d'étonnant  à  ce  qu'il  s'y  trouvât  également  une  lanterne  "?  Mais 
aussi  quoi  de  plus  ordinaire  que  de  voir  un  nom  rationnel  se  transformer 
dans  la  bouche  du  peuple  en  sobriquet.  Entre  Bakkersloren  et  Bakensloren  il  n'y 
a  qu'une  différence  de  deux  lettres ,  et  puis ,  le  voisinage  de  la  tour  des  Pois- 
sonniers (Yischverkooperstoren)  a  pu  contribuer  à  la  corruption  du  nom. 

Malgré  ces  considérations  plus  ou  moins  spécieuses ,  nous  sommes  obligé 
d'avouer  que  dans  tous  les  documents  qui  nous  ont  passé  par  les  mains,  nous 
n'avons  trouvé  nulle  mention  d'un  Bakensloren.  Dans  le  procès-verbal  du  relevé 
des  foyers  de  1490,  le  nom  de  notre  donjon  se  trouve  écrit  Backers  torre.  Partout 
ailleurs  c'est  Backers-  ou  Bakkersloren,  dénomination  à  laquelle  nous  avons  dû 
nous  rallier,  comme  étant  justifiée  par  l'usage. 

Sous  le  rapport  architectonique,  cet  édifice  ne  présentait  rien  de  bien  caracté- 
ristique ,  sinon  comme  spécimen  d'une  cinquantaine  d'autres  tours  qui  couron- 
naient l'enceinte  de  la  ville  d'Anvers  au  commencement  du  xvie  siècle.  Seulement, 
ainsi  que  nous  l'avons  dit,  ses  dimensions  étaient  bien  plus  fortes.  C'était  une  tour 
de  forme  ronde,  élevée  de  deux  étages,  percé  chacun  d'une  rangée  circulaire 
de  petites  fenêtres  carrées.  Le  bâtiment  était  surmonté  d'un  pignon  en  ardoises, 
bordé  d'une  corniche  et  percé  de  deux  ou  trois  lucarnes.  Par  suite  de  sa  position 
sur  la  plage,  dite  le  Sablon, [la.  base  du  donjon  baignait  dans  l'Escaut  et  le  rez-de- 
chaussée  était  si  bas,  que  les  fenêtres  de  cette  partie  de  l'édifice  avaient  tout 
l'aspect  de  soupiraux  de  cave:  aussi  lors  des  grandes  crues  du  fleuve,  la  salle 
basse  a  dû  être  exposée  à  l'envahissement  des  eaux. 


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Du  reste ,  nous  ne  savons  rien  de  précis  quant  à  la  distribution  intérieure  ; 
mais  à  l'extérieur  on  cherche  en  vain  quelque  trace  d'une -cheminée,  signe 
certain  d'une  civilisation  plus  rapprochée  de  notre  temps  que  celle  du  xiv°  siècle. 
Que  le  dessinateur  ait  oublié  ce  détail ,  ou  que  le  tuyau  se  trouvât  de  l'autre  côté 
du  pignon,  nous  estimons  que  la  vue  d'Anvers  citée  ci-dessus  nous  représente 
le  donjon  dans  son  aspect  primitif. 

Bien  que  nous  avions  signalé  le  Bakkerstoren  comme  la  prison  de  la  cour 
spirituelle,  il  n'était  pas  exclusivement  affecté  aux  délinquants  justiciables  de  celle 
cour  :  on  y  enfermait  aussi  des  prisonniers  d'autres  catégories,  qu'on  ne  pouvait 
loger  à  la  prison  civile  du  Stecn ,  soit  par  défaut  de  place  ,  soit  parceqn'on 
voulait  les  traiter  avec  certains  égards. 

C'est  ainsi  qu'en  1477  les  métiers  mutinés  y  colloquèrent  tous  les  écbevius 
qu'ils  avaient  pu  arrêter.  (Bertryn,  Chronyke,  ad  A"1).  Pendant  les  troubles  du 
XVie  siècle,  la  tour  servit  de  prison  militaire  à  la  garnison  espagnole  (1571)  el 
aux  .Malcontents  qui  tombaient  entre  les  mains  des  troupes  des  États  (1580;. 
Dans  la  soirée  du  29  mars  1582,  huit  de  ces  derniers  parvinrent  à  s'évader  dans 
une  nacelle,  sans  doute  en  se  glissant  par  les  soupiraux  de  la  salle  basse  (Wii- 
i.k.ms,  Mengelingen,  p.  157). 

Au  Bakkerstoren  se  rattachent,  aussi  quelques  souvenirs  de  la  garde  bourgeoise 
du  xvite  siècle.  Le  règlement  de  1G23,  pour  le  service  de  cette  garde,  porte  qu'on 
v  confinera  les  individus  arrêtés  par  les  rondes  de  nuit  et  trouvés  porteurs  d'une 
rapière  ou  d'un  poignard.  Le  même  logement  était  promis  aux  sentinelles  qui  se 
seraient  endormies  à  leur  poste  ou  qui  se  seraient  laissé  enlever  leur  arme 
à  leur  insu  et  seraient  hors  d'élat  de  payer  l'amende.  (Ordonnance  du  magistrat 
du  19 avril  Km,  art.  25  et  15). 

Voilà  tout  ce  que  la  chronique  nous  raconte  sur  le  Bakkerstoren,  que  la  Répu- 
blique incorpora  sans  façon  avec  les  autres  fortifications  aux  domaines  nationaux. 
A  cette  époque,  le  bâtiment ,  faute  d'entretien,  était  dans  un  état  fort  délabré,  ci 
la  démolition  des  ouvrages  le  long  du  fleuve  ayant  été  décidées  en  vue  d'établir 
les  quais  actuels,  le  vieux  donjon  se  trouva  naturellement  voué  au  marteau  démo- 
lisseur (1797).  Ce  fut  le  premier  pas  fait  pour  l'ouverture  de  la  belle  et  spacieuse 
communication  qui  conduit  du  quai  Van  Dyck  vers  l'intérieur  de  la  ville.  Cetle 
importante  amélioration  de  la  voirie  n'a  pu  toutefois  se  réaliser  que  bien  longtemps 
après.  Pendant  plus  de  trente  ans,  on  ne  vit  là  qu'un  amas  informe  de  ruines  el 
de  masures,  jusqu'à  ce  que  la  ville,  ayant  acquis  deux  vieilles  propriétés  sises 
sur  le  pont  à  l'Ail ,  il  put  cire  procédé  au  voùlemenl  et  au  pavage  du  canal  au 
Beurre  (1833).  Ainsi  disparurent  les  derniers  vestiges  de  la  prison  de  la  cour 
spirituelle  d'Anvers. 


TVIILE  DES  MATIERES. 


PAGE. 

Les  catacombes  de  Rome ,  par  M.  Edjio.nd  Reusens , 5 

Histoire  et,  archéologie  ,  par  M    H.  Schuermans .  .  42 

La  grande  commanderie  de   l'ordre  Teutonique  de  Vieux-Joncs ,  par  M.  Arnaud 

Schaepkens 55 

Une  ancienne  collection  de  numismatique  et  d'antiquités,  par  feu  M.  Albert  Toilligz  7 1 

Le  château  du  diable  à  Quaregnon ,  par  M.  Léopold  Devillers 87 

Trésors  historiques  en  Angleterre  ,   par  M.  Jacques  Felsenhart 95 

De  l'état  actuel  des  études  égyptiennes,  par  M.  F.  Dauky 101 

Lus  canons  de  Bouvignes  du  Musée  royal  d'antiquités,  d'armures  el  d'artillerie  de 

Bruxelles,  par  M.  P.  Hknrard 128 

La  basilique  de  St-Willibrord  à  Echlernach  (Grand-Duché  de  Luxembourg),  par 

M.  A.  Namur 136 

Koningsfeest  van  bertog  Jan  IV,  door  M.  Lodewijk  Torfs 153 

L'église  de  Notre-Dame  à  Tnngres  ,  par  M.  Cil. -M. -T.  Tnvs 160 

Les  mercenaires  dits  brabançons,  par  M.  P.  Hëïvrard '. 4-16 

Renseignements  concernant,  l'amie  d'Antoine  Van  Dyck  ,   par  M.  L.  Galesloot.  436 

La  châsse  de  saint  Remarie  à  Stavelot,  par  M.  Arsène  de  Noue 451 

La  veuve.  —  Fabliau   inédit   de  Gauthier  Le  Long ,  trouvère    tournaisien  ,    par 

M.  Aug.  Scheler 477 

L'enceinte  actuelle  de  Tongres  a-t-elle  une  origine  romaine?,  par  M.  le  chevalier 

C.   DE  BOKMAN 503 

Églises  des  environs  de  Mous,  par  M.  Léopold  Devillers 509 

.  lies  anciennes  banques  de  Tongres,  par  M.  Gérard  Jansen 515 

De  l'émail  chez  les  Romains,  par  M.  II.  Schuermans 551 

Le  château  d'Havre ,  par  M.  Léopold  Devillers 559 

La  chapelle  de  Notre-Dame  de  Bon-Vouloir  à  Havre,  par  M.  Léopold  Devillers.  572 

Des  styles  à  écrire,  par  M.  H.  ScHUEUUANS 577 

L'officialité  el  les  échevins  synodaux  à  Anvers,  par  M.  Louis  Tours    580 


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