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I
^ ■'^\
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DU NORD
Fondée en 1870
et autorisée par arrôtés en dite des 3 Jaillet 1871 et S8 Jaia 1S73 '
p V
ANNALES
DE LA
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE
DU NORD
TOME XIV
1886-1887
LILLE
IMPRIMERIE LIÉGEOIS-SIX
1887
302.
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DU NORD
BUREAU POUR 1887
Président.. MM. Ach. Six.
Vice-Président Ladriëre
Secrétaire Canu
Trésorier-Archiviste ... R. Crespel.
Bibliothécaire Quarré.
Directeur M. Gosselet.
Membres du Conseil iVlVl. Legogq, Péroghe, Ch. Barrois.
MEMBRES TIIDLAIRES ET C0RRE8P0?IDAIfTS (1)
AD 1" JANVIER 1887.
MM. AULT(d*)-DUMESNIL,àFresDoy-AndainvilIe,parOisemont (Somme)
BARROIS Charles. Docteur ës-sciences. Mallre de conférences à la
Faculté des Sciences, rue Solferino, 185, Lille.
BARROIS Jules, Docteur ës-sclences, 16, rue Blanche, Lille.
BARROIS Théodore, rue de Lannoy, 11, Fives-Lille
BARROIS Théodore, Docteur ès-sciences et en médecine, Mattre de
conférences à la Fac. de Médec, r. de Lannoy, 1*7, Fives.
BATTEUR, Pharmacien, rue Royale, 43, Lille.
BAYET Louis, !n$;énieur, Walcourt, près Gharleroi (Belgique).
BËGOURT, Inspecteur des Forêts au Quesnoy.
BEGHIN, rue Mercier, 14, Lille.
BENECRE, Professeur à l'Université, Strasbourg (Alsace}.
BERGAUD. Ingénieur aux Mines de Bruay.
BERGERON, Préparateur à la Sorbonne, rue SlLazare, T5.
BERTRAND, Professeur à la Faculté des Sciences de Lille.
BERTRAND, Ingénieur des Mines, rue S^-Guillaume, 29, Paris.
BIBLIOTHÈQUE MUNIGIPALE DE LILLE.
. BIBLIOTHÈQUE UNlVERSlTAIltB DE MONTPELLIER.
BILLET Albert, Médecin aide-major au 12* Hussards, Dinan.
BOLLAERT, Directeur des Mines de Lens.
BOULANGER, Négociant, 4, place de la Station, à Fontenay-sous-
Boit) (Seine)
. BOUSSEMAER. Ingénieur, 57, rue Auber, à Lille.
BOUVART, Inspecteur des Forêts, en retraite, au Quesnoy.
BRETON Ludovic, Ingénieur-Directeur des travaux du Chemin de
fer sous-marin, rue Saint-Michel, 17, Galais.
BUGAILLE, rue Saint-Vivién, 182, Rouen.
CAMBESSEDËS, Garde-Mines, Professeur à TEcole des Maîtres-
Mineurs de Douai.
GAMBIER, Ingénieur à Iwuy.
GALDERON Salvador, Professeur à l'Université de SéviMe (Espagne).
*^— ^^^^^ 1 1 I I I I I , . lia
(i) Les Membres correspondants sont ceux qui résident en dehors de la
circonscription académique (Nord, Pas-de-Calais, Somme, Aisne, Ardennes).
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ANNALES
DE LA
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE
DU NORD
TOME XIV
1886-1887
LILLE
IMPRIMERIE LIÉGEOIS-SIX
1887
i
3ÔZ,
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DU NORD
BUREAU POUR 1887
Président., MM. Ach. Six.
Vice-Président Ladriëre
Secrétaire Canu.
Trésorier-Archiviste ... R. Crespel.
Bibliothécaire Quarré.
Directeur M. Gosselet.
Membres du Conseil -.VLa. Legogq, Péroghe, Ch. Barrois.
MEMBRES TIIDLAIRES ET CORRESPONDANTS (1)
AD 1" JANVIER 1887.
MM. AULT (dO-DUMESNIL.àFresDoy-Andainville, parOisemont (Somme)
BARROIS Charles, Docteur ës-sciences, Mallre de conférences à la
Fflcuilé des Sciences, rue Solferino, 185, Lille.
BARROIS Jules, Docleur ës-sciences, 16, rue Blanche, Lille.
BARROIS Théodore, rue de Lannoy, 11, Fives-Lille
BARROIS Théodore, Docteur ès-sciences et en médecine, Maître de
conférences à la Fac. de Médec, r. de Lannoy, 1*7, Fives.
BATTEUR, Pharmacien, rue Royale, 43, Lille.
BAYET Louis, Ingénieur, Walcourt, près Charleroi (Belgique).
BËGOURT, Inspecteur des Forêts au Quesnoy.
BEGHIN, rue Mercier, 14, Lille.
BENECRE, Professeur à TUniversité, Strasbourg (Alsace).
BERGAUD. Ingénieur aux Mines de Bruay.
BERGERON, Préparateur à la Sorbonne, rue SlLazare, 15.
BERTRAND, Professeur à la Faculté des Sciences de Lille.
BERTRAND, Ingénieur des Mines, rue St-Guillaume, 29, Paris.
BIBLIOTHÈQUE MUNIGIPALE DE LILLE.
. BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE DE MONTPELLIER.
BILLET Albert, Médecin aide-major au 12* Hussards, Dinan.
BOLLAERT, Directeur des Mines de Lens.
BOULANGER, Négociant, 4, place de la Station, à Fontenay-sous-
Boit) (Seine)
^ BOUSSEMAER. Ingénieur, 5*7, rue Auber, à Lille.
BOUVART, Inspecteur des Forêts, en retraite, au Quesnoy.
BRETON Luduvic, Ingénieur-Directeur des travaux du Chemin de
fer sous-marin, rue Saint-Michel, 17, Galais.
BUGAILLE, rue Saint-Vivién, 182, Rouen.
GAMBESSEDËS, Garde-Mmes, Professeur à TEcole des Maîtres-
Mineurs de Douai.
GAMBIER, Ingénieur à Iwuy.
GALDERON Salvador, Professeur à l'Université de SéviMe (Espagne).
(i) Les Membres correspondants sont ceux qui résident en dehors de la
circonscription académique (Nord, Pas-de-Calais, Somme, Aisne, Ardennes).
MM. CANU, Licencié ès-Sciences Naturelles, place des Patiniers, Lille.
CARTON, Médecin aide-major à Thôpilal de Gabès (Tunisie).
CAYËUX, Eludiant à la Faculté des Sciences, Lille.
COGELS^ Paul, à Deurne, province d'Anvers (Belgique).
COLAS, Docteur, Licencié es Sciences, rue de Roubaix, 11.
COUVREUR. Étudiant, rue de la Louvière, 94, Lille.
CRÊPIN, Ingénieur aux Mines de BuUy-Grenay.
CRESPEL Richard, Fabricant, rue Gambetta, 64-56, à Lille.
DANEL Léonard, rue Royale, 85, à Lille.
DAUBRESSE, Ingénieur-Directeur des Mines de Carvin.
DEBOUZY, Docteur en Médecine, à Wignehiés (Nord).
DEBRAY Henri, rue Delezenne, Lille.
DEFERNEZ Edouard, Ingénieur à Liévin-lez-Lens (Pas-de-Calais).
DEFRENNE, rue Nationale, 295. Lille.
DELCROIX, Avocat, Docteur en droit, Directeur de la Revue de la
Législation des Mines, place du Concerl, 4, Lille.
DELÉTANGT Jules, Industriel, à Fumai (Ardennes).
DELPLANQUE, Pierre, Docteur, rue de Douai, Lillç.
DELVAUX (Capitaine), avenue Brugman. 456, Bruxelles.
DESAILLY, Ingénieur aux Mines dç Liévin, par Lens.
DESCAMPS J., rue de TAcqucduc, 5. Paris.
DESCAT Jules, Manufacturier, rue de Béthune, 56, Lille.
DESTOMBES Pierre, boulevard de Paris, à Roubaix.
DOLLFUS Gustave, rue de Chabrol, 45, Paris.
DOLLO, Aide-Naturaliste au Musée d'Histoire naturelle de Bruxelles.
DORLODOT (Abbé de). Professeur de théologie au Grand-Séminaire
de Namur (Belgique).
DRANSART, Docteur en médecine à Somain.
DUMAS, Inspecteur au Cbem de fer d'Orléans, r. de Strasbourg, 84,
à Nantes.
DUTERTRE. Docteur, rue de la Coupe, 6, Boulogne-sur-Mer,
DUVILLIER, Étudiant à la Faculté des Sciences de Lille.
EGKMANN Alex, rue de Tournai, 78, Lille.
FEVER. Chef de division à la Prélecture, rue Saint- Biaise, 8, Lille.
FOCKEU Henri, Licencié èsSc. naturelles, rue de Juliers.lS, Lille.
FRAZER, Docteur es Sciences, Clinton Street, Philadelphie.
GIARD, Professeur à la Faculté des Sciences de Lille.
GILLIËRON, Géologue, Rosengartenweg, 5, B&Ie.
GOSSELëT, Prof, à la Faculté des Sciences de Lille, rue d*Antin, 18.
GOSSELET Adolphe, Prép'à la Faculté des Sciences, r. d'Antin, 18.
GREGOIRE, ChimisieàlaM'* deglacesdeRecquignies, près JeumonL
GRONNIER, Professeur au Collège de Saint-Amand.
GUARRY, Directeur des Mines d'Anzin.
GUERNE (de). Licencié ès-Sciences naturelles, rue Monge, 2, Paris.
UALLEZ Paul, Prol> à la Fac. des Sciences, rue St-Gabriel, 52, Lille.
HASSENPFLUG, D', à Fiers, près Croix (Nord).
HERLIN Georges, Clerc de notaire, Square de Jussieu, 1*7, Lille.
HETTE Alexandre, façade de TEsplanade, l^bis, Lille.
HOVELACQUE Maurice, rue des Sablons, 88, Paris.
JANNEL, Géologue à la C^« de l'Est, Boulev. de Strasbourg, 6*7, Paris.
LADRIËRE Jules, Instituteur, Square Dutilleul, Lille.
MM. LAFFITE Henri, Ingénieur aux mines de la Grand'Combe (Gard).
LâLOY Roger, Fabricant de sucre, à Quesnoy-sur-Deûle.
LÂTINIS, Ingénieur civil à Seneffc (Hainaut), Belgique.
LEGLERCQ Eugène, Prof' au Gollége de La Kère, rue du Bourget.
LEGOCQ Gustave, rue du Nouveau-Siècle, *?, Lille.
LEFEBVRE Alphonse, Garde-Mines, rue Barlbelémy-Delespaul, 2.
LELOiR. Pror à la Fac. de Médecine, Place aux Bleuets. 84, Lille.
LE MARCHAND, Ing.aux Chartreux, à Petit- Quevilly (Seine inf.;.
LE MESLE, place du Gh&teau, 15, Blois.
LEPAN René, rue de la Chambre des Comptes, Lille.
LE ROY Gustave, Inspecteur commercial du Chemin de fer du
Nord, rue de Tournai, 4*7, Lille.
UISPILETTE, Étudiant, rue Bourignon, 4, Lille.
LEYAUX, Professeur au Collège de Maubeuge.
LIGNIER, Licencié» Préparateur à la Faculté des Sciences de Lille.
LIRONDELLE-YITAL de CHAMON, rue Jean de Bologne, Oouau .
MARIAGE, Négociant, place de l'Hôpital, 4, Valenciennes.
MAURICE Ch., Licencié es Se. Naturelles, Attiches par Pont-à-Marcq.
MAURICE J., Lie. es Se. nal., rue des Blancs-Houcbons, 89, Douai.
MARGERIE (de). Géologue, rue de Grenelle, 182, Paris.
. MELON, E., Ingénieur Direct, de la C'* du Gaz de Wazemmes, Lille.
MONIEZ, Professeur à la Faculté de Médecine, r. de Fleurus, 20, Lille.
MORIAMEZ Lucien, à Saint-Waast-lez Bavai (Nord).
MORIN, Ing' au Canal d'Isthme de Corinthe (Istmia, Grèce).
OLLIYIER, Docteur, rue Solférino, 814. Lille.
ORTLIEB Jean, Chimiste, rue deMérode,169, àSt-Gilles (Bruxelles).
PEROCHE, Direct, des Contributions iùdirectes, r. des Fossés.Lille.
QUARRfi, Louis, Boulevard de la Liberté, 10, Lille.
RâBELLË, Pharmacien à Ribemont (Aisne).
REUMAUX, Ingénieur aux Mines de Lens.
RIGAUT Adolphe, Adjoint au Maire, rue de Yalmy, 3, Lille.
RIGAUX Henri, Archiviste de la ville, Hôtel-de-Vilie.
RONELLE, Architecte, Cambrai.
ROyYILLE (de). Doyen de la Faculté des Sciences de Montpellier.
RUTOT, Conservateur au Musée d'histoire naturelle, rue du Chemin
de fer, Saint-Josse-ten-Noode. Bruxelles.
SAYOYE Emile, Chimiste, rue Solférino, 808; Lille.
SCRIVELOYER, Industriel, rue du Vieux-Faubourg, 2*7 bis, Lille.
SIMON, Ingénieur aux Mines de Liévin.
SIROT, Industriel à Saint-Amand.
SIX Achille, Licencié ès-sciences physiques et naturelles. Prépara-
teur à la Faculté des Sciences, Lille.
SMITS, Ingénieur, rue Boucher de Perthes, 91, Lille.
STAES, Docteur à Croix.
STEVENSON John J., Professeur h TUniversity of New-York,
Washington square, New-York city, U. S. A.
TAINE, Pharmacien, 4, rue des Pyrénées, Paris.
THÉRY, Professeur au Collège, rue de TÉglise, 21, Hazebrouck.
THIRIEZ, Professeur au Collège de Sedan.
THOMAS, Directeur de la station Agronomique du Lezardeau, à
Quimpeilé (Finistère).
MM.TOFFART Auguste, Secrélaire général de la Mairie, Lille.
TORDEUXPECQUERÏAUX, Filât' à Avesnelles-lez-Avesnes (Nord).
VANDEN BROECK, Conservateur au Musée d'Histoire naturelle,
rue de Terre-Neuve, 124, Bruxelles.
VAN ERTBORN (le Baron Octave), rue des Lits, 14, Anvers.
VIALAT, Ingénieur en Chef aux Mines de Liévin,
VUILLEMIN. Directeur des Mines d'Aniche.
WALKER Ambroise, boulevard Montebello, 19, Lille.
• WALKER Emile, Constructeur, rue d'Antin, 29, Lille.
WARTEL, D', rue du Faubourçj de Tournai, 99, Lille.
WILLIAMS, Professeur â Cornell University à Ilhaca, N. Y., U. S. A.
MEMBRES ASSOCIÉS. ^
MM. BONNEY, Professeur de Géologie à TUniversity-Collège de Londres.
BRIART, Ingénieur à Mariemont.
X:APELLINI, Professeur à TUiiiversité de Bologne.
CORTAZAR(de), Ing' des Mines, Gaile Isabel la Catolica, 23, Madrid.
DAUBRËE, Professeur de Géologie au Muséum d'Histoire naturelle.
DECHEN (von) , Dechen-Strasse, Bonn.
DEWALQUE, Professeur à l'Université de^ Liège.
DUPONT, Directeur du Musçe d'histoire naturelle de Bruxelles.
DU SOUICH, Inspecteur général des Mines, rue Pérou, 4, Paris.
FOUQUÉ, Professeur de Géologie au Collège de France. Paris.
GAUORY, Professeur de Paléontologie au Muséum d'Histoire nat.
HALL, Directeur du Musée d'histoire naturelle de l'Etat de
New-York, à Albany.
. HAYDEN, D' F. V., Philadelphie,
HEBERT, Prof, à la Faculté des Sciences, rue Garancière, 10, Paris.
JUDD J., Professeur de Géologie à l'Ecole des Mines, Science
schools, South Kensington, S. W. Londres.
KAYSËR E., Professeur à l'Université de Marburg.'
LAPPARENT.(de),Prof. àlOJniversité catholique, rueTilsiti, 3, Paris.
LA VALLÉE-POUSSIN (de). Professeur à l'Université de Louvaiti.
. LESLEY, Directeur du Geological Survey de l'Etal de Pensylvanie.
LOSSEN,Landesgeolog. Bergakademie, Invalidenstrasse, 46, Berlin.
MAC-PHERSON, Galle Fernando el Santo, •7. à Madrid.
MALAISE, Professeur à l'Institut agricole de Gembloux.
. MERGEY (de), à la Faloise (Somme).
MEUGY, Inspecteur général hon. des Mines, rue Madame, 53, Paris.
HOURLON, Conservateur au Musée d'histoire naturelle de Bruxelles.
. PELLAT Ed., rue de Vaugirard, 77, Paris.
POTIER, Ingénieur en chef des Mines, Professeur à PEcole poly-
technique, Boulevard S^-Michel, 89, Paris.
PRESTWICH. Professeur à l'Université, rue Sainl-Giles, 85.
Oxford.
RENARD, Conservateur au Musée d'hisC. naturelle de Bruxelles.
ROEMER F.. Professeur de Géologie à l'Université de Breslau.
SCHLUTER, Professeur de Géologie à l'Université de Bonn.
TERQUEM, rue de la Tour, 78, Paris-Passy.
. VELAIN, Professeur de Géographie à la Sorbonne, Paris.
ANNALES
DE LA
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE
DU NORD
Séance du 25 Octobre 1886.
M. Bouvart envoie un grand travail sur les TaDgàiëres
de Hoidrey.
M. Gronnier envoie l*" une coupe de la carrière d*ar-
kose du Pas-Bayard à Hirson; 2<» une note sur le contacl du
frasnien et du givétien dans la tranchée du chemin de fer à
Glageon ; il y a trouvé la couche à Spirifer Orbelianus avec
ses fossiles les plus caractéristiques : Spirifer Verneuili^
Atrypa recHcularis^ Spirifer Orbelianus^ Euomphalus^ Ortko-
ceras et un magnifique Cyrtoceras que Ton peut rapprocher
du C. Tumus de Barrande; 8<> la note suivante :
Note géologique sur le Vermandois,
par il. J* Gronnier*
Cette notice a pour but Tétude géologique des terrains
compris entre Saint-Quentin et Péronne.
Les terrains qui afQeuront, dans cette région, sont les
suivants :
Annales de la Société géologique du Nord. r. xiv.
— 2 —
Terrains. • Terrain.
Contem-
porains.
Tertiaires.
rcs.
Etapes.
Assises. Conches affleurant dans^
— la région.
Tourbe.
Récent . '. ( Limon des plateaux.
Alluvions des vallées
Limon.
Diluvium.
Diluvien
Néogène.
Oligocène
Eocène.
Cré-
Secondai-\ tacique.
supérieur.
moyen. Parisien. Silex à Nummuliies
lœMigala.
Yprésien. Argile plastique à
lignites.
inférieure - / Sables d*Ostricourl.
) Sables verts à Cy»
V pnna planata.
f / Craie blanche à Be-
\ supérieur. SénonienJ lemnilella ^ua-
j ( drala.
\ inférieur.
Jurassique .
Triasique .
Terrain critacique.
Le terrain crélaciqae du Yermandois est formé en grande
partie, pour la région étudiée du moins, par la craie blanche
à Beletnnitella quadrata. Cette craie est formée de carbonate
de chaux, d'une petite partie d'argile et d'oxyde de fer; on
y remarque par places des taches noirâtres résultant d'infil-
trations de manganèse. Elle est employée pour faire de la
chaux, pour marner, etc.
La texture de la craie est homogène. Sa structure est
généralement bréchoïde vers la partie supérieure ; le reste
de la masse présente souvent des fissures, plus ou moins
nombreuses, qui se coupent sous des angles différents, et
— 3 —
divisent la roche en polyèdres irréguliers. Les fissures sont
quelquefois verticales, parallèles entre elles et divisent la
craie en tranches dont l'épaisseur est de O'^TO à l*», comme
on le remarque dans la carrière du four à chaux de Ver-
mand. Les parois de ces tranches, mises à découvert dans
les carrières, sont parfaitement dressées et Ton ne remarque
plus alors de trace de stratification; celle-ci existe quand
même, comme on peut s'ea assurer par les pierres qui se
fendent ou se délitent toujours perpendiculairement à ces
mêmes plans verticaux.
Les fossiles y sont très peu nombreux et souvent indéter-
minables; on y trouve :
Ananchytes ovata,
Betemnitella quadrata.
Si les fossiles sont rares dans la craie blanche proprement
dite, ils sont relativement en assez grande abondance dans
les silex cornus que Ion remarque souvent enchâssés dans
la roche, à la partie supérieure, et même dans les silex em-
pâtés dans l'argile qui recouvre, par places, le terrain
crayeux de cette région, entre autres :
Ananchytes ovala,
O/faster pilula^
Rhpncàonella,
Spongiaires nombreux.
D^une manière générale, la craie affleure sur les flancs de
toutes les vallées du Vermandois, partout où Teau a enlevé
le limon ou le sable en coulant sur les pentes. Le sol cultivé
dans celte roche crayeuse est désigné par les cultivateurs
sous le nom de marlelte. Les lieux recouverts par le tertiaire
et le quaternaire ne sont pas supérieurs à la craie de plus
de 30 à 32 mètres. La coupe d*un puits creusé près de la
— 4 —
maison du garde particulier da duc de Yicence, entre Hol-
non etVermand, route de Saint-Quentin, dans la partie la
plus élevée des bois d^Hoinon, donne de haut en bas :
a. Limon à sUex nummuliliques ...... 1"
0. Argile plastique à ligniles en couclieB minces
stratifiées 4"
c. Sables tertiaires 25*
d. Marne sableuse avec galets verdis • . . • 0*60
e. Craie blanche 25*
Dans le canton de Yermand, les deux versants de la vallée
de rOmignon, depuis Pontrnct jusque Trefcon, de la vallée
de la Germaine, depuis Etreillers jusque Foreste , ainsi que
toutes les pentes des vallées d'érosion correspondant à ces
rivières et la Somme, entre Fayet et Gricourt, entre Fayet
et Francilly-Selency, à Roupy, à Douchy, à Aubigny, etc.,
sont formés par la craie blanche.
Les silex peuvent exister à certains points, comme dans
une carrière creusée, près de Villevéque, sur le chemin
d'Âttiily, présentant la coupe suivante, de bas en haut :
a. Craie blanche bréchoîde avec points de man-
ganèse, stratifiée horizontalement ... ]">50
b. Craie blanche avec gros silex fossilifères»
Inoceramtis 1">40
c. Sol arable calcaire (raarlelte) 0^20
La couche renferme des nodules de marcassite trans-
formés en limonite.
Les silex peuvent manquer, comme on le voit à la car-
rière du Ghaufour de Yermand^ dans la tranchée près de la
gare de Vermand, et dans une carrière près de la sucrerie de
Marteville, présentant la coupe suivante, de bas en haut :
— 5 —
1. Craie blanche en gros polyèdres vers le bas
et brécbolde vers le haut: nodules de mar-
cassite, Ananchples ovaia 5*
2. Terre végétale v
Les retranchements de Tancien camp romain de Yermand
sont creusés dans la craie blanche (*).
Gare de Vermand. i ^ r
Fig. A.
H. Craie blanche.
1. Cavités remplies de sable diluvien.
A Bassa, près de Péronne, on trouve, dans les carrières
où Ton exploite depuis des temps déjà anciens les silex du
diluviumpour recharger les routes, ce que les ouvriers
appellent des bons hommes de craie ; ce sont des sortes de'
cônes formés par de la craie tendre, et recouverts d'une
calotte d'argile rouge plastique, durcissant et se fendillant à
Tair; ces bons hommes ainsi constitués se trouvent au milieu
des silex du diluvium.
Au bois de Rocogne, au sud de Bussu, les bons hommes
de craie sont recouverts par le sable tertiaire.
(0 A la surface de la craie, près de la gare de Vermand, fig. A, on
trouve des cavités verticales, en lorme de coins, à angles très aigus
inférieurement. Ces cavités sont tapissées d*une couche d*argile rouge
et remplies de sable gris-verdâtre avec silex; elles se sont probable-
ment formées pai suite de la décalcification de la craie sous Tinfluence
de Teau chargée d*acide carbonique, comme l'indique leur disposition
verticale. L*argile résultant de cette décalcification a été rubéfiée par
TacUonde Teau oxygénée sur le sulfure de fer que contient la roche*
Quant au sable et aux silex» ils se sont déposés ultérieurement.
Voici ta coupe d'une cairiëre :
A. Craie blanche formanides boDsbommea
B. Couche noire de glaise llKniieuse. . , 3 à B cent.
C. Silex roulés Te rdis.
D. Sable (!ri3 verdAire avec veines ferru-
eineoses 1 à 3"
£. Grès mamelonnâs en dessous avec
empreiaies 0*50
F. Limon sableux rouge Dve<igrËs diesA-
minés . . 1" à 1"50
G. Limon ai^ilo-sableux, terre b briques . a Ik £<■
On voit donc a Bussu, le contact de la Craie avec le
Dilovinm, d'une part ; et an bois de Rocogne, le contact de
la craie avec le tertiaire.
Pour la n^gion qui nous occupe, la craie blanche A
Betftnnifes quadrala doit s'arrêter, à, peu près, à nne ligne
ondulée qui irait de Saint-Quentin & Përonne. En elTet, dans
la tranchée du chemin de fer, au nord de la gare de Ruisel,
nous trouvons la craie grise, dure au toucher de la zone à
Micraster cor -anguinum; cette dernière 3 servi à faire le
ballast de la ligne de Velu-Beriincourt à Saint-Quentin
Landénien.
Le Landénien est représenté dans le VermandoU. par :
1° Zone inférieure à Cyprina planata à l'état sableux ;
2° Sables d'Ostricourt.
Od peut prendre comme type de ces sables, la coape de
la Irancbée du chemin de fer du boia d'Holaon, partie la
plus élevée ; OD a de bas ea haut :
Sable à Cyprina
pianota.
Argile plastique
b tigniles
A. Sable vert glauconieux, à sraiusIiDs,
micacû
B. Lumachelle formâe de sable ferrugiDeux
BegtutlDaDi des fosaiies excesiivemeiit
□ombreux :
Cyprttui pianata
C. MorrM
Cardium, eic
C. Sable gris verdllre
£>. Sable blsDc Elauconifère avec veines
rouges entrecroisées
E. Arqite plastique rouge
F. Glaise vert-rouge&lre
I G. Argile noirStre lienileuse
H. Hiace couche ligniietiao
I /. Glaise feuiiietËe sableuse Terdàire . .
J Lignite impur, sableux
K. Glaise reailleié.: verdàtre
SL. LlmoD rouge aves silex nunimuliliqnes
roulés
Le groupe des sables ternaires inférieurs commence dans
cette région par une coache de silex blancs, noirs on verdis,
puis viennent des sables verts foncés argileux (ciel de marie),
les sables verts glaaconienx, à la partie supérieure desquels
OD trouve la coucbe tufacée à Cyprina planalo', enfin les
— 8 —
ftables blancs avec grès mamelonnés, partout où il n'y a pas
d'argile plastique supérieure.
Ces grés sont mamelonnés en dessous et présentent des
couches concentriques. Certainement ils se sont formés
nllérieurement au sable, par Faction de Teau chargée de
silice qui a agglutiné d'abord une petite portion de sable ;
une seconde couche est venue s'ajouter i la première et ainsi
de suite. Quant aux mamelons, ce sont des sortes de
stalactites réduites. Ce qui justifie cette manière de voir, c'est
que les grès n'existent que partout où il n'y a pas de couche
argijeuse arrêtant les eaux.
Le sable inférieur argileux peut exister seul, comme on le
constate dans les puits à marne creusés sur le territoire de
Beauvois, à Test de cette commune. Il est très réduit, son
épaisseur est de 0°>50 à i^.
Le sable vert glauconienx existe, sur le territoire de
Villevéque, au lieudit la Sablière.
Le Landénien est bien développé dans une sablière, située
près de la route d'Attiliy à Etreiilers, en face du tumulus du
premier hameau ; voici la coupe de bas en haut :
a. Sable vert glauoonieux ' i"
b. Sable rouge tufacé avec fossiles trèsnombreax :
Cyprina pianaia
Cyprina Morrisi
lAidna
Cardium, etc » 20
c. Sable gris verdàtre . 1
d» Sable blanc avec places rouge grenat, présen-
tant d^ônormes grès mamelonnés à la
partie supérieure 2 80
e. Limon sableux avec menus fragments et mor-
ceaux plus gros de silex nammuliliques à
la base 20
f. Limon avec quelques galets 8 »
^. 9 —
On retroave le LandéDien, avec les mênies caractères, dans
la tranchée du chemin de fer da bois d*Holnon, comme on
Ta vu dans la coupe donnée cinlessus.
A la halte do bois d'Holnon, il y a deux carrières, celle du
nord présente la coupe suirante, de bas en haut :
1; Sable vert bleufttre avec quelques veines rou-
2. Sable vert avec veines nombreaies, dessins
jaune rouge&tre et nodules creux de ses-
quioxyde de fer 1 So
8. Couche sableuse verdfttre, non solide, fossiles
très Iragiles ferruji^ineux 30
4. S%ble blanc avec stries rouges présentant des
grès mamelonnés à couches concentriques
avec Psctuncutus 1 à 2"
5. Limon sablo-argileux avec quelques fragments
de calcaire nummulitique J à 2"
La surface des sables (4) a été très ravinée pendant la
période diluvienne.
Le sable des couches 1. 2, 4 est employé pour la
maçonnerie.
Les grès servent pour faire des grottes.
La carrière sud présente une coupe un peu différente :
1. Sable fin vert avec lignes rougeàtres . • . 2"
2. Limon sableux rouge, un peu argileux avec
couchede silex nummulitiquesvers le milieu
de la couche et grès mamelonnés à la partie
supérieure 1 50
3. Terre végétale » 8o
Le limon de la couche (2) est employé dans les fonderies.
Les grès supérieurs aux silex nummulitiques ne sont
certainement pas en place.
— 10-
Au nord-ouest de la gare d'HoInon-Savy, on remarque
une autre carrière abaadoanée, où les sables blancs oot été
exploités, voici la coupe :
a. Sables blancs avec des veines rouges ealrecroi-
sées if
b. Argile rouEe • 20
c. Glatse bien nniseftlre > 30
d. Gliise reuillei6e jaune rougeAEre ta
0. Glaise fenllIciéeblBDc-Erîs, sableuse. ... ■ BO
f. Glaise Jaune feuilleUe ■> 60
g. Glaise noirâtre avec llgniie k la parlin
Eupârleure ^ . . «90
h. Lignite sableui, impur OS
i. Glaise ;aunenoir&tre, sableuse 1 •
/. Lignite sableux 05
A, Glaise gris-jaune sableuse '50
j Filet blanc sableux • 03
m. Limon avec silex nummulitiques à la base . ■ flO
Près du Calvaire d'HolooD, on trouve une carrière présen-
tant une disposition particulière dn limon par rapport aa
sable ; voici la coupe :
A. Limon rouge avec sii(^xnumniul)iiiiueslt la base.
il. Coucbe de silex nanimulitiques, avec Tragments de grès,
nodules de craie, galets, etc.
C. Argile noirâtre.
D. Sable rouge argileux, avec fragmenls de craie, de grès, elc.
£. Sable gris-verdèire avec veines rouges surtout vers le hauL
— il —
Les sables d^Ostriconrt se remarquent dans une carrière
abandonnée à la montée du bois d'Holnon, près de Templa-
cemenida cbâtean de Rictio-Varns, gonvemeor da Verman-
dois sons la domination romaine ; dans de nombrenses sa-
bliëres, entre Holnon et Yermand, près de la grand-roate de
Saint-Qaentin, derrière la maison du garde particulier du
duc de Yicence ; voici la coupe de la sablière :
a. Sable gris-verd&tre, avec veines rouges .... 4*
b. Sable rouge ferrugineux employa pour les
fonderies 1»
c. Argile plasUque à lignites 1"*50
d. Linlon sableux avec silex noirs, grès et fragments
de silex nummulitiques 1"
Le sable tertiaire se retrouve avec les mêmes caractères
dans les sablières de Francilly-Selency, sur la route de Gri-
court, près de Fresnoy-le-Petit^ à Fayet. On remarque quel-
ques traces de sable sur les territoires de Savy, d'EtreilIers,
d'Aubigny, etc.
A Hons-en-Chaussée, les grès d'Ostricourt sont très déve-
loppés ; on les a exploités pour la bâtisse. LMglise d^Athies
(Somme) est en grès provenant de ces carrières.
On retrouve les sables au bois de Rocogne, près de Pé-
ronne, comme on Ta remarqué par une coupe donnée pré-
cédemment ; mais la zone à Cyprina planata n^y existe pas.
La craie blanche est recouverte directement par les sables
d'Ostricourt.
L'épaisseur la plus grande des sables véromanduens ne
parait pas dépasser 25 m., comme on le voit dans la coupe
du puits de la maison du garde particulier, sur la route de
Saint-Quentin, à l'altitude de 131 mètres. Il semble qu'il n'y
ait pas de niveau d*eau bien marqué au-dessus de la craie,
puisque l'on a creusé le puits de vingt-quaire mètres dans
le terrain crétacique. On va probablement chercher l'eau de
- i2 —
la nappe aquifëre supérieure aui marnes à Terebratulina
gracilis^ comme on l'a fait pour le puits qui existait autrefois
sur la grand'place de Saint-Quentin.
Dans le Yermandois, les sables landéniens sont les pre-
miers dépôts tertiaires qui ont succédé à la longue série des
sédiments secondaires.
Ces sables sont certainement d'origine marine.
Les lignes de stratification sont très régulières pour les
sables verts, comme on peut le voir dans la tranchée du
chemin de fer des bois d'Holnon. Il ne peut y avoir de doute
que pour les sables blancs, et cependant dans la région qui
nous occupe^ on ne remarque rien qui rappelle les sables
des dunes,les parties rouges en strates quelquefois régulière-
ment horizontales, quelquefois verticales ou obliques ont été
produites certainement par l'action des e^ux chargées d'oxy-
gène, qui ont transformé en sesquioxyde de fer la glauconie
existant primitivement.
D*autre part, comme les grès supérieurs aux sables ren-
ferment des fossiles, et qu'ils ont été façonnés d'après leur
forme extérieure et leur structure en couches concentriques,
ultérieurement aux sables et à leur dépens, ne pourrait-on
pas admettre que les fossiles, très rares d'ailleurs dans ces
grès, existaient aussi dans les sables, mais ont été détruits
par l'action de l'eau chargée d'acide carbonique ? D'un autre
côté, les fossiles nombreux de la couche rouge des sables
verts inférieurs, tout en ayant perdu leurs tests, ont été con-
servés à l'état de moules internes, p^r une couche d'oxyde
de fer, et de plus, le sable qui les entoure s'est lui-même
agglutiné pour former une mince couche de tuffeau ferrugi-
neux très friable, probablement parce que ces fossiles for-
maient un banc compact qui a résisté plus facilement à l'ac-
tion dissolvante de Teau chargée d'acide carbonique.
— 18-
Yprisien.
Argiles pkuUques à lignites. — Les argiles plastiques à
lignites, formations d'estuaires, se sont déposées an-dessus
des sables marins landéniens.
La région Yéromanduenne qui nous occupe ne renferme
pas de lignites exploitables, comme ceux que Ton trouve
dans le Laonnais et le Soissonnais.
Les lignites sont d'origine végétale, d'une couleur brune
noirâtre, à cassure terreuse et quelquefois droite et unie,
lorsqu'elle est bien homogène. La roche est légère, s'allume
et brûle facilement, avec flamme, fumée, odeur bitumineuse
et sulfureuse. Elle donne un charbon semblable à la braise
et une cendre comme celle du bois. La composition chimique
est celle-ci : charbon, carbures d'hydrogène, sulfure de fer
et substances terreuses, en proportions diverses. Les lignites
ont quelque analogie avec la houille, mais ils sont moins
noirs et la matière végétale n'a pas subi une décomposition
ni une transformation aussi complètes.
Les argiles de cette assise sont constantes sur une grande
étendue de pays. Les bancs coquillers au-dessus de$ lignites
sont aussi fréquents; mais ils peuvent manquer. Enfin, les
lignites sont restreints à un petit nombre de localités où ils
constituent des amas de couches régulièrement stratifiées et
circonsci'ites dans des bassins
Les derniers vestiges de cette assise dans le nord du
département de l'Aisne, sont dans les bois d'Holnon, comme
on peut le voir par les coupes données précédemment.
En suivant la voie romaine , d*HoInon à Yermand, on
voyait il y a quelques années, une sablière, à la montée du
bois, présentant d'abord les sables d'Osiricourt, et au-des-
sus des alternances de Uts de glaises de diverses couleurs,
ronges à la base, séparés par de minces couches de lits char-
— 14 ^-
bonneux, plas oa moins altérés, passant à nn lignite impar-
fait, et d'une épaisseur de S^bO à 4 mètres. Ce système est
recouvert par le limon qui empâte des morceaux un peu
roulés de silex tertiaires à Nummulites lœvigata.
En montant dans le bois, les côtés de la route, près de
remplacement du château de Rictio-Varus, mettent à décou-
vert ces mêmes glaises avec lits charbonneux et pyrites
transformées en apatalite jaune, sous-sulfate d'alumine et de
fer. Elles forment le fond des fossés qui entouraient le châ-
teau, où la végétation des joncs, des carex, etc., indique la
présence d'un niveau deau. Elles se retrouvent encore vers
le milieu du bois, au lieu dit c Le Haupas > ; mais la butte
suivante, coupée également par la voie romaine, ne présente
plus ni glaises ni lignites.
On rencontre aussi des bancs d'épaisseur variable, formés
par l'agglutination de coquilles diverses. Ces dernières ne
sont pas toujours mêlées indistinctement : Ostrea bellovacinaj
Ostrea sparnacensis constituent ordinairement le banc
supérieur et Cyrena cuneiformis^ Melania inquinata, Ceri-
thium funatum, CerUhinmîurbinatum,eic., le banc inférieur,
comme on le voit dans la sablière, près dutumulus d'Âttilly,
dont voici la coupe de bas en haut :
a. Sable verdâlre fossilifère, coquilles, pourries . 0"S0
b, Lumachelle de Cyrena cuneiformis, cic. . . » ^rs
c Lumachelle d'Ostrea bellovacina, etc. ... » 75
d. Limon avec galets et silex nummulitiques. • 2 »
 la partie inférieure de cette assise, il se trouve quelque-
fois de Targile assez pure, blanche ; quelquefois elle est
gris-bleuâtre panachée de rouge, passant à une roche très
tenace, lorsqu'elle est consolidée par des inQltralions siliceu-
ses, ou bien à une marne blanche en rognons. La pyrite est
disséminée dans la masse, elle s'y présente quelquefois en
plaques ou en ramifications dentriliques.
— i5 —
Les argiles plastiques à lignites forment une nappe aqnifëre
qui alimente quelques sources. Elles forment la base de la
fontaine Saint-Quentin, dans les bois d'Holnon^ et de quel-
ques petits étangs, aujourd'hui à peu près disparus, situés
près des anciennes habitations seigneuriales existant
autrefois dans ces bois et dont on trouve encore des ruines.
Parisien
Silex à Nummulites lœvigata, — Les silex nummulitiques
dont nous avons constaté la présence sur toutes les parties
hantes des bois d'HoInon, et qui^à Attilly, où ils sont ex-
ploités, ont une épaisseur de 1 mètre 50 à 2 mètres, ne sont
certainement pas en place. Ils se présentent sous forme de
fragments un peu roulés, disposés, soit en bancs assez
réguliers comme à Attilly, soit, ce qui a lieu le plus souvent,
empâtés dans un sable argileux rouge ou dans un limon
sablo-argileuX; comme nous Tavons indiqué dans les diverses
coupes décrites précédemment. Ces silex proviennent de la
cassure des grès calcaires que les ouvriers désignent à Laon
sous le nom de c grain d'orge ». Dans le Vermandois, cette
roche est employée pour recharger les routes de petite
communication, sous le nom impropre de meulières ou sous
la désignation de Pierres d* Attilly.
Les fossiles y sont nombreux, mais tous à Tétat de moules
internes, les principaux sont :
Nummulites iœvigala.
Cardium porulosum,
Hostellaria ampla,
iMcina mutabilis.
Cardita planicosla,
Cardita imbricataria,
Nalica patula.
- 16 —
Le fossile le plus remarquable, Nummulites lœvigata^ qui a
donné son nom à la roche, c banc à liards, grain d^orge »,
et qui rappelle par sa forme générale celle d'une pièce de
monnaie, a une coquille enroulée sur un plan à ouverture
unique, contre le retour de la spire et en fente transversale
dans le jeune âge. Les cloisons qui séparent les chambres
successives sont arquées et présentent un réseau cloisonnaire,
qui ne commence qu^à une certaine distance du pied des
cloisons. Ses pores sont très visibles. Ces êtres ont été rangés
dans le règne des Protistes, ordre des Foraminifères.
Diluvium
On appelle Diluvium, des amas de cailloux plus ou moins
usés et arrondis qui se sont déposés sous l'influence des
cours d'eau beaucoup plus puissants qu'à l'époque actuelle.
Le diluvium de la région qui nous occupe est formé par des
silex de la craie blanche, comme l'attestent les nombreux
fossiles crétacés que Ton y trouve à Tétat roulé :
Ananchytes ovala.
Offàster pilula,
Rhyiichonella pUcalilis, elc-, etc.
On remarque le diluvium sur les flancs des vallées de
rOmignon, de la Germaine, de la Somme et des vallées
d*érosion subordonnées à ces rivières, mais vers la partie
supérieure, la partie moyenne étant formée par la craie, et
le fond étant recouvert par les alluvions des vallées.
On extrait les silex du diluvium surtout sur les territoires
de Vermandy de Gaulaincourt, de Marteville, de Villers-
Faucon, de Templeux-la-fosse, etc.; mais le lieu où le
diluvium est certainement le mieux développé est la commune
— n —
de Bussu, snr la penle nord d'ane rallée d'érosion subpr-
donoée i la Somme. Voici la coupe d'ane des carriâres
exploitée sar le lerriloire de cette k»cilité :
A. Argile rooge plastique, légèrement aiUease.
B. Craie blancbe.
C. DilaTiom.
D. Limon remaaié.
Les silex do dilaviam sont empâtés dans nae roche argilo-
sableuse rouge ; it existe souvent des minces couches
sableuses ronges intercalées en tons sens dans ce diluvium.
Le maximum d'épaisseur des silex est d'environ dix mMres
sur la pente ; vers le haut du plateau, la conche diminue et
unit par disparaître.
Les silex sont i l'état de galets vert sombre à la surface,
relativement petits, présentant toutes les formes, arrondis,
cylindriques terminés.en pointes, cornus, etc. Les fossiles y
sont extrêmement rares à Bussu, on y trouve des restes de
test d'Ananchyles et des traces d'Epongés.
Le limoa que l'on désigne anssi sons le nom d'illluvioni
anciennes, recouvre tontes les parties hautes de la région
véromanduenne. Ses caractères varient hq peu d'après le
Annales de la bociéU géologique du Nord. i. xit. i
— 8 —
Mbles blancs avec grès mamelonnés, partont où il n'y a pas
d'argile plastique supérieure.
Ces grés sont mamelonnés en dessous et présentent des
couches concentriques. Certainement ils se sont formés
ultérieurement an sable, par Faction de l'eau chargée de
silice qui a agglutiné d'abord une petite portion de sable ;
une seconde couche est venue s'ajouter à la première et ainsi
de suite. Quant aux mamelons, ce sont des sortes de
stalactites réduites. Ce qui justifie cette manière de voir, c'est
que les grès n'existent que partout où il n'y a pas de couche
argileuse arrêtant les eaux.
Le sable inférieur argileux peut exister seul, comme on le
constate dans les puits à marne creusés sur le territoire de
Beauvois, à Test de cette commune. Il est très réduit, son
épaisseur est de 0<"50 à 1°>.
Le sable vert glauconienx existe, sur le territoire de
Villevéque, au lieudit la Sablière.
Le Landénien est bien développé dans une sablière, située
près de la route d'Aitilly à Etreillers, en face du tumulus du
premier hameau ; voici la coupe de bas en haut :
a. Sable vert giauoonieax ' i"
b. Sable rouge tufacô avec fossiles trèsnombreax :
Cyprina pianaia
Cyprina Morrisi
Lucina
Cardium, elc 20
c. Sable gris verdàtre 1
d. Sable blanc avec places rouge grenat, présen-
tant d'énormes grès mamelonnés à la
partie supérieure 2 80
e. Limon sableux avec menus fragments et mor-
ceaux plus gros de silex nammulîtiques à
la base 20
/*. Limon avec quelques galets 8 >
^- 9 —
On retrouve le LaBdénieD, avec les mêmes caractères, dans
la tranchée da chemin de fer da bois d*Holnon, comme on
Ta Ta dans la coope donnée ci-dessus.
A la halte du bois d^HoInon, il 7 a deux carrières, celle du
nord présente la coupe suivante, de bas en hant :
1; Sable ver( bleafttre avec quelques veines rou-
geàircs . . , •. . . f
2. Sable vert avec veines oombreuses, dessins
jaune rouge&tre et nodules creux de ses-
quioxyde de fer 1 90
S. Couche sableuse verdAtre, non solide, fossiles
très fragiles ferrugineux SO
4. Sable blanc avec stries rouges présentant des
grès mamelonnés à couches concentriques
avec Pectuncului 1 à 2>
5. Limon sablo-argileux a?ec quelques fragments
dé calcaire nummulitique 1 à 2"
La surface des sables (4) a été très ravinée pendant la
période diluvienne.
Le sable des couches 1. 2, 4 est employé pour la
maçonnerie.
Les grès servent pour faire des grottes.
La carrière sud présente une coupe un peu différente :
1. Sable fin vert avec lignes rouge&tres . • . 2*
2. Limon sableux rouge, un peu argileux avec
couchede silex nummuliliquesvers le milieu
de la couche et grès mamelonnés à la partie
supérieure 1 50
8. Terre végétale > 80
Le limon de la couche (2) est employé dans les fonderies.
Les grès supérieurs aux silei nummulitiques ne sont
certainement pas en place.
— 20 —
nous citerons : Sphagnum cymbifoUuniy S. aoutifolium.
Hypnvm cuspidatum, H. Purum. A ces plantes, nous join-
drons, les roseaux, les prèles, les carex, les joncs dont les
racines ou les rhizomes s 'enchevêtrant dans tous les sebs
contribuent au feutrage de la masse 0). ^
Séance du 17 Novembre 1886.
. Sont élus Membres titulaires :
MM. Dransapt, Docteur en Médecine à Pont-de-la-Deûle;
Gilliéron, à Lausanne.
Le Secrétaire continue la lecture de la note de
M. Bouvart, sur les Tanguières de Moidrey.
M. Gosselet lit une note sur le Famennien de la
Solre, le long du chemin de fer de Fourmies à Maubeuge.
M. Charles Barrois décrit Tétage de schistes et
d'arkoses, compris dans la Loire-Inférieure, entre les deux
bandes parallèles A* ardoises i" Angers, de Derval et de Gué-
méné-Penfao.
Séance du /" Décembre 1886.
M. Canu fait la lecture suivante :
Sur les ossements trouvés par M. Grégoire dans
{'Aachénien de Rocq-Recquignies^
Note par Eugène Canu.
Les ossements de mammifère trouvés par notre collègue (*)
font partie du squelette céphalique d'un petit rongeur.
Les molaires, à croissance indéfinie et composées chacune
(1) Le travail de M. Grobnier est un devoir universitaire pour la pré-
paraiion de l'examen de licence. La Société en a décidé l'impression
parce qu'il contient des faits nouveaux et intéressants et qu'il peut
servit de modèle pour les devoirs de vacances des élèves de la Facultô.
(2) Voirkun. Soc. géol. dn Nord, t. xm, 1885-86, p. 151-158.
— 21 —
de plusieurs prismes d'émail remplis de dentine, caractéri-
sent ce rougeur comme Arvicolidé.
Cette constatation nous permet d^admettre que ce fossile
n'appartient pas en propre au terrain, indiscutablement
aachénien, dans lequel M. Grégoire Ta recueilli; la présence
à ce niveau de I^espèce observée est absolument fortuite.
Toutefois, devant l'intérêt que présente l'étude des Arvi-
colidés quaternaires, j*ai voulu rechercher si les ossements
de Rocq-Recquignies n'appartenaient pas à l'une de ces for-
mes septentrionales (Lemming, etc.) qui, à Tépoque dilu-
vienne, peuplaient les cavernes de TËurope centrale; et j'ai
poussé la détermination aussi loin qu'il m'a été possible de
le faire.
Par rinsertion des incisives inférieures, dont les alvéoles
aboutissent jusqu'au niveau de la deuxième molaire ;
Par la constitution de la troisième molaire inférieure,
formée de trois prismes doubles disposés à la suite les uns
des autres, TArvicolidé de Rocq-Recquignies s'éloigne du
genre Myodes pour se rattacher au genre Arvicola.
La première molaire inférieure est composée de 7 prismes
et présente à sa face interne 6 plis saillants ou côtes, et
5 plis seulement à sa face externe.
Cette structure (*) et, surtout, la forme caractéristique du
double prisme qui termine antérieurement la première
molaire inférieure (*), désignent V Arvicola recueilli par
«
M. Grégoire comme Arvicoîa arvalis (Blasius). espèce très
répandue à l'époque quaternaire, et qui vit encore actuelle-
ment dans notre contrée.
(1) Nehring : Ueber fossile Lemminge und Arvicolen aus de m Dilu-
vîallehm vom Thiitde bei Wolfenbûllel ; in Zeitscbrifl fur gesammte
Nalurwissenschan, Band XLV, 18*75.
J,'N. Woldrich : Diluviale Arvicolen aus don Strambergcr Hôblen
in Mahrcn; in SiUungsberichte der k. Akad. der Wissenscbaften,
Matb.-Naturw. Classe, XG Band, Ill-Y Hefi, October bis December 1884.
erstc Ablh. Wien 1885.
(2) Voir Woldrich ; loc cil., Taf. I, Reihe II, flg. 11 el \% étReihe
1 II, fig. 5 et 6.
— 22 -
H. Delecroix fait la communication suivante :
Note sur raltéralion des eaux d'un
en Angleterre f
par M. Emile Delecroix.
Si Tusage et la propriété des eaux qui séjournent à la
surface du sol peuvent être aisément réglementés à Taide des
notions qu'une expérience vulgaire peut procurer et que des
observations très simples suffisent à confirmer, il n'en est
plus de même des droits qui peuvent être légitimement
exercés sur les eaux souterraines. Quel est, en effets dans
chaque cas particulier, le régime de ces eaux? Sont-elles
stagnantes ou courantes? Les nappes diverses qui les forment
sont-elles en communication entre elles? Les eaux qui
s'étendent sous un terrain déterminé foiment-elles avec les
eaux qui s'étendent sous d'autres parcelles^ une nappe
continue? Telles sont autant de questions qui nécessitent des
solutions précises avant que les jurisconsultes puissent inter-
venir à leur tour et poser les principes de droit qui doivent
déterminer les obligations de chacun des propriétaires de la
surface au sujet des eaux souterraines. Ces eaux cependant
alimentent les puits des nos habitations, servent à tous nos
usages domestiques, l'hygiène publique est intéressée au
plus haut degré à leur conservation ; les décisions judiciaires
fixant les droits et les obligations de tous ceux qui s'en servent
sont donc d'une importance considérable. C'est à ce titre
que nous recueillons dans \e Geological Magazine [n'' U\,
nouvelle série, décade III, volume III, n* III, p. 111), les
détails d*un procès qui s'est récemment déroulé en Angleterre
sur ces questions. Cette note est elle-même empruntée à un
mémoire lu devant le Congrès d*hygiëne de la Grande-
Bretagne, par W.Whitaker, à Leicester, le 25 Septembre 1 885;
en vbici la traduction :
— 23 —
€ Il y a environ quarante ans^ deux paits profonds furent
creusés à Brentfort Ces puits traversant le Gravier (Gravel) ,
Targile de Londres (London Clay) et les terrains tertiaires
inférieurs de Londres (Lower London Tertiaries), atteignirent
la craie à une profondeur d'environ 315 pieds et furent
poussés encore plus avant dans ce dernier terrain.
Un de ces puits dépend de la brasserie , située du côté sud
de la Haute-Rue, maintenant connue sous le nom de Brasserie
Royale et en se servit de son eau jusqu'à ce qu'elle devint
impropre aux usages de la brasserie pour les causes indi-
quées plus bas.L^autre puits éloigné du premier de 99 yards,
dans la direction du Nord-Est, sert à une imprimerie située
derrière les maisons qui sont du côté opposé de la rue. Celui-
là avait été creusé pour une distillerie qui a depuis longtemps
cessé d'exister, le puits avait été aussi abandonné, on avait
cessé d'en faire usage, comme à T origine pour en tirer Teau.
Malheureusement cependant, il y a quelques années (de
1^74 à 1882), le puits de la distillerie, comme nous pouvons
l'appeler, fut employé aux plus vils usages ; ayant été trans-
formé en cloaque, on dirigeait vers ce puits le drainage des
fosses d'aisance qui dépendaient de l'imprimerie.
Ce abus a cessé depuis environ trois ans , mais pas
avant qu'un dépôt considérable ait été formé dans ce puits.
L'eau du puits de la brasserie, autrefois de bonne qualité,
étant devenue peu à peu impropre aux usages domestiques,
son propriétaire M. Ballard, chercha à en découvrir la cause,
et l'usage auquel était affecté le puits de la distillerie étant
venu à sa connaissance, il fut amené à attribuer à cette cause,
la dépréciation de l'eau de son propre puits et cessa aussitôt
d'en faire usage.
C'est ainsi qu'il fut amené à intenter une action contre le
propriétaire du puits de la distillerie, M. Tomlinson, pour
l'important dommage qu'il avait éprouvé. Bien que l'usage
pernicieux de ce puits cessât aussitôt, naturellement ses effets
— 24 —
sur le puits de la brasserie ne cessèrent pas, et on ne pat
même pas prévoir quand ils prendraient fin. Ayant été, au
cours de la procédure, consulté sur les droits du demandeur,
qu'il me soit permis d'appeler Tattention du public sur
l'importance de la question présente.
Les deux puits prenaient leur eau dans une source com-
mune^la craie, (et peut-être même pour une certaine mesure
dans les sables superposés), cela est incontestable. Quand
on ne pompe pas ni d'un côté ni de Tautre, le niveau de Teau
est le même des deux côtés ; il est d'environ 27 pieds aa-
dessous du sol pour le puits de la brasserie et de 37 dans
Tautre, lé niveau du sol étant ici d'environ 10 pieds plus
élevé.
Une démonstration évidente, cependant, de la communi-
cation entre les deux puits fut faite : en pompant pendant
48 heures consécutives Peau du puits de la brasserie,
son niveau d'eau descendit de 78 pieds 9 pouces et
celui de la distillerie de 14 pieds. Cependant, pour obtenir
une confirmation plus certaine, Texpérience du lithium fut
employée sur les conseils du D' Frankland et une partie du
chlorure de lithium qui avait été mis dans le puits de la
distillerie fut trouvée avoir été amenée dans le puits de la
brasserie, 48 heures après.
La question alors de la communication entre les deux
puits ne pouvait plus être discutée, c'était un fait certain et
le système du défendeur fut dès lors basé uniquement sur des
points de droit qui aboutissaient pratiquement à cette formule
que chacun peut user comme il lui plaît d'un puits qui lui
appartient. Cette prétention fut accueillie par la décision
rendue par le juge Pearspn en février 1884.
Le juge décida, ainsi que cela avait été déjà prononcé
dans l'affaire bien connue de Cbasemore et Richard que per-
sonne n'avait un droit à l'eau souterraine dans la mesure de
son intérêt ou, en d'autres termes, que ni le demandeur ni
— « —
le défandear ne posiaieot èlre onpêdiés de mettre cheeu
leur puits à sec. oa de poursoivre des travau qui pouvaient
enlever à rintre Feia que le poils leur fooniisseit et qne,
de même, par oonséqaent, il n>r avait ancen droit acquis
sur la quMté de Tean, mais qne le demandeur, tont en
ayant nn droit complet de pomper autant d^eau qu'il voulait,
jusqu^à enlever Peau du puits du défendeur, denit prendre
cette eau en se soumettant à toutes les circonstances qui
pouvaient la modifier. S^il ne pompait pa^I'eau de son propre
puits, il ne recevrait pas Teau corrompue venant du voisinage
et du puits du défendeur.
Je dois avouer qu*à mon sens, moi, qui ne suis pas juriste,
cette idée d'avoir un puits et de ne pouvoir 7 pomper m^
paru un peu récréative et j'inclinais à penser que sMI s¥tait
agi d*nne affaire où il fut question d'un puits artésien duquel
Teau jaillirait grâce à &ne force naturelle, au lieu d^ine force
artificielle telle qu'une pompe, la décision aurait été
différente, mais pourquoi cela, je ne le vois pas.
Dans sa décision, le juge semble avoir été quelque peu
influencé par la possibilité que, si la loi ayait été toute autre,
des actions pourraient être intentées, par exemple, pour avoir
gâté les eaux à de grandes distances, au lieu de rinsigni-
fiante distance de 100 yards comme dans ce cas, et dans son
jugement il imagine une série de plaideurs, les propriétaires
de la région environnante, intentant une pareille aclion
jusqu'à la distance de 60 milles. Bien que pour un homme de
loi ceci puisse constituer une perspective pleine d*inconvé*
nients, je pense que Thygiëne peut ôtre intéressée à consi-
dérer cette question avec faveur.
Le résultat d'un pareil jugement permet de poser en pria-
cipe qu*un propriétaire ne peut être assuré que Peau souter-
raine qui est nécessaire pour son usage, sera à Tabri de la
corruption, même si elle est le résultat d'un acte volontaire.
Votre voisin a, je le suppose, un puits fournissant de Peau en
— 26 —
abondaDce ; si vous avez le désir de le contrarier ou de noire
à ses affaires, il n'est besoin que de percer un trou jusqu'à la
nappe d'eau qui lui fournit l'eau nécessaire à ses besoins et
d'y jeter quelque poison. Cet argument fut produit, sans
doute, par un des conseils du demandeur. Peut-être, cepen-
dant, dans un cas semblable ou dans tout autre, où un égout
contiendrait des germes thyphoïques ou cholériques , des
déjections ayant été, à la connaissance de tous, jetées dans un
puits en assez grande quantité pour remplir un puits du
voisinage, celui qui ferait un pareil acte, pourrait être à bon
droit convaincu d'homicide, dans une accusation capitale,
bien que d'après la décision du juge Pearson, il n'aurait fait
qu'user de ses droits. Gela serait certainement un état de
choses anormal, même au regard de la loi anglaise.
Tant de villes, d'établissements et de manufactures pren-
nent maintenant 1 eau qui leur est nécessaire dans Tétage de
la craie et dans d'autres nappes d'eau très étendues que le.
résultat d'un pareil jugement restant sans être frappé d'appel,
serait de la plus haute importanoe. Il serait donc possible de
s'exposer aux plus grands désagréments en entreprenant des
travaux dans cette direction, car des eaux ainsi obtenues,
peut-être au prix de grandes dépenses, peuvent à tout instant
devenir plus mauvaises que celles des ruisseaux, toujours
plus ou moins corrompues.
On conseilla cependant au demandeur de porter l'affaire
devant la cour d'appel et tontes les personnes intéressées à
obtenir des eaux pures, devraient remercier le Master of the
Rolls et les Lords Justice Cotton et Lindley pour avoir una-
nimement réformé le jugement de la Cour inférieure comme
ils le flrent en février 1885.
LeHaster of tbe Rolls soutient que c bien que personne
n*a aucune propriété sur un réservoir commun des différentes
sources des emx souterraines, cependant chacun a le droit
de se l'approprier dans son état naturel et aucun de ceux qui
— 27 —
»
ont ainsi le droit de se rapproprier« n'a le droit d^empoison-
ner celte source natoreUe, de manière à empêcher on
Toisin d'aToir la pleine jouissance des aTantages résullant de
U prise de possession qnMI a faile» > et il continne en disant
ponr répondre à cette objection qne Fean était obtenue à
Paide de moyens artiflciels, c^est-à-dire en la pompant, que
« si le demandeur a le droit de s^approprier Teau dans sa
source naturelle, il a le droit aussi d'ayoir cette source pro-
t^ée contre les atteintes que toute personne peut commettre
sur cette source en en corpmpatit les eaux. • Eu ce qui con-
cerne aussi la question des disiances, son jugement est encore
satisfaisant. Il énonce, en effet, que c la question ne dépeod
pas du point de saToir si les parties sont ou non dans le
Yoisinage immédialPune de Tautre. S*il peut être démontré, en
fait, que le défendeur a corrompu la source commune, la
distance à laquelle le demandeur se trouve du défendeur no
signifie plus rien. »
Le lord justice Cotion porta son attention sur ce fait que le
défendeur n'usait pas de Feau de son puits, mais déversait
des impuretés dans ce puits, ce qui ne constituait pas un
usage naturel du puits et en agissant ainsi c il empêchait
Texercice du droit naturel du demandeur dépendant du droit
de propriété qu*il possédait sur son fonds. »
Le lord justice Lindiey fit observer que Taffaire c aboutis-
sait réellement à cette question de savoir si une personne
qui a un puits sur sa propriété est en droit d'empoisonner
l'eau qui alimente ce puits et tout le rayon environnant. Le
défendeur dit qu'il a ce droit. Le seul énoncé de cette propo-
sition est effrayant. • Il ajoute qu' c autre chose est le droit
de corrompre les eaux , autre privilège celui d'en faire
usage. En ce qui concerne la première proposition, personne
n'a le droit d'user de son fonds de telle manière que cet
usage devienne nuisible pour son voisin.. Si un individu
forme le dessein d'empoisonner son puits, il doit preAdre les
- 88 -
précautions nécessaires pour ne pas empoisonner les eaux
dont d'autres ont le droit de se servir aussi bien que lui. Le
droit qu'une personne a de tirer de l'eau de son puits
comprend par là même le droit d'obtenir cette eau telle que
la nature la fournit. »
En ma qualité de géologue, frës intéressé dans la question
des eaux fournies par les sources souterraines, c'est avec un
sentiment de grand soulagement que j'appris Texamen de
cette afifaire fait par la Cour d'appel et je lus. le rapport tout
entier du jugement , dont les citations ci-dessus ont été
empruntées, avec un grand plaisir. Je suis tenté de croire vrai-
i^ent que le juge Pearson, bien qu'il paraisse se tenir forte-
ment à cette opinion que dans un pays libre comme le nôtre,
chacun peut faire ce qui lui plaît, doit se sentir plutôt soulagé
que désolé de la réformation de son jugement. Si la décision
avait été maintenue, en effet, il eût été certainement néces-
saire de faire une loi.
Bien que tous les hygiénistes doivent être satisfaits de
rissue de ce procès, puisqu'il ne sera pas porté devant la
Chambre des Lords ,* cependant on doit regretter que le
privilège d avoir soulevé de si importants problèmes ait été
dévolu à de simples particuliers au lieu d' échoir à des cor-
porations ou à des compagnies sur lesquels la dépense aurait
moins lourdement pesé. Cela aurait été une faible consolation
pour le demandeur et le défendeur que leurs noms fussent
devenus célèbres comme ceux de Chasemore et Richard,
en citant le procès de Ballard contre Tomlinson. C'était, en
effet, une affaire qui vraisemblablement sera citée pendant
de longues années comme ayant donné une importante
décision sur les usages relatifs au droit de se servir des eaux
des puits.
Tandis qu'il était décidé dans la précédente affaire que
chaque propriétaire a le droit d'enlever les eaux souterraines
dans un périmètre illimité, la décision récente démontre
- M ~
■ •
qa^aucon propriéUire n'a le droit d'empoisonner une source
ou une nappe d^eau souterraine qui alimente son propre
puits et celui d^autres propriétaires. Quelque puisse être le
sort de la précédente décision» il est à espérer que la dernière
ne sera jamais rapportée. >
En France, les questions relatives aux eaux superficielles
sont assez explicitement résolues par des dispositions qui
semblent suffire dans un grand nombre de cas :
< Les fonds inférieurs sont assujettis envers ceux qui sont,
plus élevés à recevoir les eaux qui eu découlent naturelle^
menL.. (Art. 640 du Codedvil) >
a Celui qui a une source dans son fonds, peut en user à
sa volonté sauf le droit que le propriétaire du fonds inférieur
pourrait avoir acquis par titre ou par prescription.» (Art. 64t.)
^ « Le propriétaire de la source ne peut en changer le cours,
lorsqu'il fournit aux habitants d'une commune, village, ou
hameau, Peau qui leur est nécessaire. > (Art. 643).
c Celui dont la propriété borde une eau courante, autre
que celle qui est déclarée dépendance du domaine public ..
peut s'en servir à son passage pour Tirrigation de ses pro-
priétés. Celui dont cette eau traverse Phéritage, peut même
en user dans l'inteVvalle qu'elle y parcourt, mais à la charge
de la rendre à la sortie de ses fonds à son cours ordinaire. »
(Art. 644.)
Les tribunaux ont jusqu'ici considéré ces dispositions
comme réglant seulement les difficultés qui peuvent être sou-
levées entre propriétaires de la surface et relatives aux eaux
superficielles. En ce qui concerne les eaux souterraines, on
les considère comme placées sous Tempire de la disposition
fondamentale de l'art. 552 du Code civil proclamant que
€ la propriété du sol emporte la propriété du dessus et du
dessous, » et on en conclut que le propriétaire , maître du
sol, peut y faire toutes les fouilles qu'il lui plaît de pratiquer
et même tarir par ces travaux les sources du voisinage et
— 30 —
assécher les nappes d'eàu qai alimentent les puits se trou-
vant dans les fonds contigus.
La décision du tribunal anglais, que nous venons de rap-
porter, montre à quelles conséquences iniques aboutit le
principe de la propriété du sol compris avec une si flagrante
exagération.
La règle, cependant, n'est pas appliquée par la jurispru-
dence en matière de travaux de mines et lorsque des exploi-
tants assèchent un puits, tarissent une source, les tribunaux
les condamnent impitoyablement à réparer le dommage qu'ils
ont causé. Et pourquoi, si la règle que le propriétaire du sol
peut faire chez lui tout ce que lui plaît, est acceptée avec
toutes ses conséquences, le concessionnaire de la mine est
assurément, en ce qui regarde le propriétaire de la surface
que s*étend au-dessus de sa concession, un propriétaire
voisin, il peut donc faire chez lui toutes les fouilles et tous les
travaux de creusement qui peuvent lui être utiles. On a
reculé, et avec raison, devant les conséquences du principe
admis jusqu'ici. Cet exemple, de même que te jugement
anglais que nous venons de rapporter, démontrent avec
quelles limites raisonnables il faudrait entendre le droit de
propriété relativement aux eaux souterraines.
Voici, selon nous, la solution qui devrait être adoptée dans
ces différentes questions : le propriétaire peut faire sur son
fonds des fouilles, creuser des puits, pour obtenir ainsi les
eaux qui sont nécessaires à son alimentation et aux usages
domestiques. C'est indéniable, mais le propriétaire voisin a
exactement les mêmes droits, il doit pouvoir tirer de son
puits l'eau nécessaire à ses besoins, c'est aussi une consé-
quence de son droit de propriété, dès lors si un de ses
voisins par ses agissements vient à le priver de ces avantages,
il dépasse la juste limite de ses droits de; propriétaire et
empiète sur ceux des propriétaires qui se trouvent autour
de lui. •
- 31 —
M. Ch. Barrois fait la communication snifante :
Sur 1$ Kerzanton de la Rade de Brest,
par C3iarles Bavpois.
Sommaire
1. Introduction historique. — 2. Description de Ukersantite. —
3. Description delaporphyrîte micacée.— 4. Phénomènes de contact.—
5. Blocs inclus. — 6. Age géologique.— *?. Gisement. — 8. Conclusions.
Introduction.
La pierre de Kerzanton, du nom d'un petit hameau de
la commune de Loperhet, sur la Rade de Brest, est
réputée en Bretagne depuis des siècles. Elle formait sous
ce village, au bord delà rivière de Daoulas, un filon épais
d'environ 10", dirigé à 60s qui traversait bientôt la rivière
pour se continuer à Rosmélec, sur l'autre rive. De ce filon du
hameau de Kerzanton, qui a valu à la roche sa réputation et
son nom, sont sorties la plupart des vieilles sculptures des cal-
vaires bretons. La marée pénètre aujourd'hui dans les ancien-
nes excavations, dans les carrières abandonnées de Kerzanton,
isolant de grosses boules de la roche, disséminées dans une
arène brunâtre de décomposition; cette arène est colorée par
de Toxyde de fer, et par des lamellesd'uo mica brun pâle.
Gambry(*)fit connaître cette roche dès 1798, bien avant
la plupart des auteurs, auxquels on en rapporte la première
description : (l le kerzanton dit-il, est un tr^s beau granitello
noir, à grains très fins, composé de quarz, de hornblende.
Dans quelques variétés de cette pierre, le mica remplace la
hornblende. Quelques parties de sa composition font une
légère effervescence avec les acides. >
Cordier('), en 1837, définit le kerzanton de Bretagne
(1) Cambrp : Voyage dans le Finistère, Impr. du Cercle social, Paris,
an VII, p. 2n.
(2) Cordier : Mémoires du Muséum. T. XV, 182?, p. 116.
— 3Î —
comme une roche vert-noirâtre de contexture granitoïde, à
petits grains, et an peu confuse. Elle est composée de feld-
spath en grains blancs ou verdâtres, d*amphiboIe noirâtre et
prismatique, de pinite en grains très irréguliers et d'un gris
très foncé, et de paillettes de mica brun. La faible efferves-
cence de sa poussière annonce la présence de quelques
parties calcaires.
Les recherches plus récentes de MM. Delesse (*), ZirkelO,
Zickendrath {*), Rosenbusch (*), Kaikowsky ('), Michel-Lévy
et DouvilléO, LossenO. von Groddeck(»;, DatheC), SauerD,
SchalchC), SiegertC»), Pôhlmann C), Gûmbel ("), BeckeD,
(0 Delesse : Ann des mines, 4e sôr., t. XIX, p. ns : et Bull. soc.
géol de France, l. Vlï, 1850, p. 704.
(2) F. Zirkel :Dic Zusammensetzung des Kersantons. *-: Ber. d. kgl.
sftchs. Ces. Wiss. 21 Juli 18*75.
(3) Zickendrath : Der Kersantit von Langenschwalbach in Nassau.
Wiirzburg, 18*75.
(4) H. Rosenbusch : Mik. Physiog. der m. Gesteine, iS'i'?, p. 242.
— Id. — : Die Steiger-Schiefer, Strasbourg, 18T7, p. 319.
(5) E. Kaikowsky : Ueber einige Eruplivgesleine des s&chsischen
Erzgebirges, Neues iahrb. f. M. IS'ïe, p. 134.
(6) Michel'Uvy et Douvillé : Sur le kcrsanlon, Bull. soc. géol. de
France, 3e sér., vol. V, 1876, p. 51.
0) K. Lossen : Ueber die Kersantit-Gaenge des Harzes. Jabrb.d« kgl.
geol. Landesanstalt, 1880, p. 43; 1885, p. 191.
(8) von Groddeck : Der Kersanlit-Gaug des Ober-Harzes, Jahrbuch d.
kgl. geol. Landesanstalt fur 1882, p. 68, pi. S. *
(9) Dathe : Kersantit im Culm von WUstewaltersdorf in Schlesien.
Jahrb. d. kgl. geol. Landesanst., 1884, p. 562.
(10) A Sauer : Erlauterung der geol. Karte des Kônigr- Sachsen,
Leipzig. 1879, p. 82.
(11) F, Schalch: Ueber einen Kersanlitgang. . bel Johann-Georgen-
stadt, Neues Jahrbi fiir Miner. 1884. 2, p. 34.
(12) Ta, Siéger t und F. Schalch : Erlauterung der geol. Karte des
K. Sachsen, Leipzig, 1879.
(13) R, Pôhlmann : UnteVsuchungen ûber Glimmerdiorite Und
Kersantite Sud-Thûringens u. d. Frankenwaldes, Neues Jahrb. fur
Miner., B. B. HI, 1884, p. 67.
(14) C,-W. Gûmbel : Die palaeolilh. Eruplivgesleine des Fichlelge*
birges, Mûnchen, 1879.
(15) Fr. Becke : Eruplivgesleine aus der Gneissformalion der
niederôsterreichischen Waldviertels , Tscher. min. Millheil., 1882,
t. V, p. l47.
— 33 —
▼on Fonllon f), Cohen (')> et Bonney ont fait oonnattre
exactement la composition minéralogiqoe de la kersantite,
et il ne reste gaëre à ajouter à leurs descriptions, à ce point
de Tae.
Les roches de la Rade de Brest, formées essentiellement
de feldspath triclioiqQe et de mica noir, et exploitées sons le
nom de kerzanUm, doifent se répartir en deux groupes prin-
cipaux : Pun a une structure grenue (tersoiiltfe)» l'autre mon-
trant à rœil quelques cristaux cimentés dans une pâte, a une
structure porphyrique (Porphyrùe micacée). Nous les décri-
rons successivement. Je dois d'abord adresser tous mes
remerciements à H.Michel-Léfy, qui a bien Toulume mon-
trer les relations de mes échantillons avec les porphyrites
micacées du Morvan, dont il a fait une si belle étude .
2. — Kersantite.
La kersantite est on le sait, une diorite micacée, souvent
riche en quarz et en chaux carhonatée.
Le feldspath est toujours de beaucoup Télément dominant ;
tantôt il s*est séparé en cristaux très nets, blanchâtres ou
blanc-verdâtres , de quelques millimètres de longueur, et la
roche a une structure granitoïde, tantôt et c^est le cas le
plus général, il est en grains très fins, formant à rœil une
(1) von Foullon : Der Kersantit von Sokoly in M&hren, VerhU k k.
geol. Reichsanst 1883. d., p. 124.
(2) E Cohen : Kersantit von Laveline, Neues Jahrb. fûr Miner.,
1879, p. 858.
(8) T.'G. Bonney and Haughlon : On some-mica traps from the
K^adal and Sedbergh dislricls. Quart, journ. geol. soc, t. XXXV
1879, p. 165.
(4) Michel-Lévy: Sur les porphyrites micacées du Morfan, Bull. soc.
géol. de France, 8e sér., t. Yll, 18*79, p. 873.
3
Annales de la Société géologique du Nord. t. xiv.
— 34 —
sorte de pâle feldspathique, de couleur à peu près uniforme,
verte ou grise. Ce feldspath en lamelles maclées, étudié par
M. Michel-Lévy, lui a présenté les extinctions caractéristiques
de Yoligoclase. 11 est généralement assez altéré, et épigénisé
par un minéral écailleux, fibreux, rappelant le mica blanc en
fines lamelles (Logonna) ; ce produit est insoluble dans les
acides^ et ce n'est pas à la décomposition des feldspaths
qu'on peut faire remonter l'origine de la calcite.
Avec ces cristaux d*oligoclase, on observe notamment dans
quelques localités (l'Hôpital, Kerascoet), des cristaux de feld-
spath non maclés, éteignant en long, dans la zone ph\ et qui
présentent ainsi les caractères de Vorthose. Dans un échan-
tillon de THôpilal, cet orthose nous a paru déformé.
Le minéral le plus abondant de la kersantite après le feld-
spath est le mica à base de magnésie et de fer ; il est brun
tombac ou noir-rougeâtre, en prismes entrecroisés en tous
sens, souvent déchiquetés, ou à bases hexagonales recon-
naissables, ayant quelquefois plusieurs millimètres de hau-
teur. Les plus grandes lamelles observées et qui ont plus de
I centimètre de largeur, sur une longueur plus grande, pro-
viennent du filon de Kerascoet, en l'Hôpital Ce mica noir
contient, quand il est altéré (Tréhou), de remarquables micro-
lithes ferrugineux, en aiguilles, dont les intersections à 60<> et
120^ rappellent la disposition des macles de rutile (sagenite).
II n'est pas rare de rencontrer des lames de ce mica, à con-
tours régulièrement hexagonaux ; plus souvent encore, deux
côtés opposés g^ de ces hexagones, se développent plus que
les autres, transformant ainsi Thexagone, en une section très
allongée. Ce mica est à deux axes très rapprochés ; le plan
des axes est suivant g\ correspondant à rallongement des
lamelles hexagonales, lorsque les faces g^ prennent ïe
développement exagéré, que nous venons de signaler, dans
cette roche. Les sections normales à la base sont très dichroï-
ques; elles alternent avec des lamelles blanches incolores,
à forte biréfringence {mica blanc), et avec des parties
— 35 —
écailleoses vertes (chlorite). Le mica blanc est ici comme la
chlorite on produit secondaire ; il devient même abondant
dans certaines arènes, on il est orienté régaliërement, en
rosettes radiées, entre les lameOes superposées des piles de
mica noir (Rohoa en Logonna). Le mica noir de la kersantite
identique à la biotite, présente les mades reconnues par
M. Zickendrath dans la kersantite du Nassau.
La kersantite est une des roches connues les plus riches
en apatile^ elle y forme des aiguilles prismatiques, qui tra-
versent les autres éléments. Le fer oxydulé parfois recon-
naissable, n*est jamais très répandu; il en est de même du
fer titane et de Voligiste. Le sphène fait défaut.
Le quarz parfois abondant, est en quantité variable dans
la roche, en grains translucides, et ressemblant à celui du
granité ; les inclusions liquides avec libelles mobiles y sont
très nombreuses (Kerzanton, Le Fret), renfermant de Teau
avec petits cubes de chlorure de sodium. Sa solidification est
postérieure à celle du mica, et postérieure ou contemporaine
à celle du feldspath, mais on le trouve en outre dans cette
roche, en débris anciens clastiques; on Ty trouve aussi en
grains récents, à contours cristallins prismatiques, alignés en
filonnets, ou tapissant des géodes, il est alors postérieur à la
solidification de la roche, mais antérieur à la calcite. Enfin
une 4fi venue qaarzeuse , postérieure à la calcite, coupe en
filons minces la masse rocheuse ; elle fournit dans les arènes
de longs prismes bipyramidés, qu'on peut facilement isoler.
Vamphibole est remarquable par sa distribution irrégulière
(Kerzanton, THôpital) ; assez abondante et très bien caracté-
risée dans le filon historique du hameau de Kerzanton,
où elle a été reconnue par Cambry, Cordier, et par moi,
e'Ie est assez rare dans nombre d'autres filons, pour avoir
échappé à Delesse, à M. Zirkel. Elle fait en effet, défaut
dans nombre de nos préparations des divers filons de la
Rade de Brest. Elle a été décrite par MM. Hichel-Lévy et
Douvillé, qui ont mis sa présence hors de doute.
- 36 -
Vaugite signalé dans la kersantite de Bretagne par
M. Rosenbusch^ est répandu dans un très grand nombre de
filons delà Rade. Il est en cristaux incolores, vert-dair,lon^s
de 2 à 3^^, à contours irréguliers, où les faces du prisme
sont seules reconnaissables ; en outre du clivage ordinaire mm,
il présente suivant la base des cassures transversales irrégu-
lières. Il est souvent altéré, et transformé plus ou moins
complètement en une substance chloriteuse jaune-verdâtre,
en agrégats fibreux radiés (Kerascoet en THôpital, Penallen
en Plougastel, Troeoc en l'Hôpital, Penâh-Voas en Faou).
Le talc que Ton observe est formé aux dépens du pyroxène,
ainsi qu'une partie de la calcite; Fouralite nous a paru (aire
défaut. Cet augite contient parfois des inclusions vitreuses,
ainsi que de petits grains octaédriques brunâtres d'un
spinelle, et des prismes d'apatite.
La chaux carbonatée reconnue par Cambry, Gordier,
Brongniart^ Delesse, est en grains irréguliers, anguleux, ou
plus souvent en perles, formées d'un seul individu cristallin,
à clivages caractéristiques, et présentant les macles ordinai-
res de la calcite des marbres. Elle ne se trouve pas ici comme
dans beaucoup de roches basiques altérées, à l'état d'enduir,
de poussières cristallines, aussi M. Zirkel se prononça-t-il en
faveur de l'origine ancienne de cette calcite des kerzantons.
Cette opinion fut toutefois vivement combattue par M. Rosen-
busch. qui assigne à la calcite des roches acides, une origine
nécessairement secondaire, et la regarde comme remplissant
des trous laissés par la décomposition de divers minéraux
(augite, mica). 0)
La coexistence de la calcite avec le mica et Paugite dans
les kersantites les moins altérées, où elle moule parfois des
microlilhes de feldspath d une fraîcheur absolue, et au con-
traire sa disparition dans leurs arènes, nous ont amené à
proposer une autre interprétation.
(1) 1. C, p. 24Tf.
^ 37 —
Nos obserYations noas oDt montré que la cakite est inéga-
lement répartie dans les divers filons de kersantite, étant
beaucoup plus abondante dans les uns que dans les autres ;
elle n^est pas non plus également répandue dans la masse
d'an même filon, où ses perles notamment, sont concentrées
sur les salbandes (Le Château, Rohou en Logonna). Ces
perles de calcite sont de petites géodes, qui transforment par-
fois certaines kersantites en véritables amygdaloïdes ; les géo-
des montrent généralement un premier revêtement extérieur
formé de chlorite, puis un autre formé de quarz calcédo-
nieux et de cristaux prismatiques de quarz pyramide^ dont
les sommets sont noyés dans la masse centi-ale de calcite, à
orientation unique.
On constate ainsi que certains filons de kersantite ont pris
ù leurs salbandes une disposition vacuolaire; les vésicules ainsi
formées ont été subséquemment remplies de matières diver-
ses, comme le montre la structure concrétionnée à couches
concentriques, des minéraux qui les remplissent. Les amygda-
loïdes ont été occupées après coup, par des infiltrations ayant
rempli successivement les vésicules et autres parties poreu-
ses de la roche solidifiée. Cette infiltration peut avoir été
produite, à priori, par de l'eau à la température ordinaire,
c'est-à-dire lentement et par les agents atmosphériques ; ou
par de Teau chaude ou en vapeur, auquel cas elle aurait suivi
de plus près la formation delà roche, puisqu'il n'y a plus de
sources thermo-minérales dans la région.
La distribution actuelle de la calcite dans la kersantite
n'étant pas en relation avec l'état de décomposition de la
roche, il y a lieu de rattacher l'origine des minéraux des
amygdaloïdes à la circulation ancienne d'eaux minérales ; ces
eaux ont pu d'ailleurs emprunter leurs substances minérales
aux schistes encaissants, calcareux et pyriteux.
- 38 —
3. — PORPHYRITE BflCACÉE.
Un certain Dombre des kerzantons de la rade^ doivent être
rapportés, comme nous Pavons annoncé pins haut, aux
porphyrites micacées de M. Michel-Lé vyC). Ce sont des roches
grisâtres, rugueuses au toucher, à grains très Qns, et oii le
mica noir en lamelles hexagonales est le seul élément recon-
naissable à Fœil nu. Leur structure porphyrique, ou plutôt
microlithique, ne se révèle qu^au microscope; leur pâle
amorphe, sMl en fût, a disparu, complètement épigénisée par
les minéraux secondaires, quarz, cblorite et calcite.
Ces porphyrites micacées montrent les éléments consti-
tuants suivants :
I. Apatite, mica noir, oligoclase, pyroxène.
IL Microlithes d'ortbose, d'oligoclase, de mica noir , fer
oxydulé.
IlL Quarz grenu, calcite, chlorite, mica blanc, fer oligiste,
pyrite.
Le mica noir contenant des cristaux d'apatite, est une
biotite identique par sa forme et ses caractères optiques à
celle des kersantites. Les grands cristaux rapportés à Toligo-
clase et au pyroxène sont très altérés ; les uns présentent la
transparence, la fcn'me, la couleur de polarisation gris-
bleuâtre, et les macles des feldspaths tricliniques, celles-ci
quoique très attaquées par les minéraux secondaires nous
ont donné des extinctions, qui permettent de les rapprocher
de Toligoclase. Les cristau]^ rapportés au pyroxène sont assez
épigénisés en chlorite, en calcite, et en produits ferrugineux.
Ils sont cependant bien reconnaissables dans les filons de
Lennon, de Lannouénec en Garhaix ; de plus des débris
d'ouralite brune, . dichroîque, dans un filon au S.-W. de
(1) Michel'Lévy : Gomple-rendu de la réunion de la Soc. géol. de
France à Semur. Bull. soc. géol. de France, t. VU, 1879, p. 878.
— 39 —
Tréhou, témoignent aussi en faveur de Texistence du pyro-
xène en ce point.
La pâte est essentiellement microlitique, les microlites de
mica noir lui donnent son caractère le plus saillant. Les
microlites feldspathiques appartiennent en partie à Torthose
(Quenecadec en Lennon^ Carhaix), et sont reconnaissables à
leurs formes raccourcies, avec la macle de Carlsbad et les
extinctions oscillant entre 0» et 5<> dans la zone d'allongement
p^'; ils appartiennent dans d'autres cas à Poligocrase (M^°du
Grann en Lennon, Guervenec en Rumengol, Le Roz en Lo-
gonna, Saint Roch en Carhaix, Resthervé en PouUaouen),
reconnaissables à leurs formes allongées, présentant la macle
de l'albite et des extinctions rigoureusement à O^ dans la
zone d'aliongement p9* . Les microlithes d'oligoclase sont
associés à ceux d'orthose dans les mêmes roches, ou bien
existent seuls.
Le quarz, parfois presque absent dans les filons du centre
du j^inistère (Lennon, Saint-Roch en Garhaix), est au con-
traire très abondant, en petits grains granulitiques et parfois
même en gros grains bipyramidés, aux environs de Tréhou,
PouUaouen, Lannouénec en Garhaix^ et dans la Rade de
Brest, Le Fret, etc., où il remplace en partie ou en totalité
les microlithes de feldspath. Les plus gros grains observés
sont dans la porphyrite du M'° Ty-Floch, en PouUaouen, où
ces cristaux bipyramidés atteignent 3»» de diamètre ('j. Ces
variétés à quarz secondaire, se rapprochent ainsi des kersan-
tites, auxquelles elles passent insensiblement; il n'est même
pas possible de distinguer âur le terrain, les filons altérés de
ces roches. La calcite est presque aussi répandue dans ces
porphyrites que dans les kersantites ; elle y présente même
- (1) Ces gros grains de quarz bipyramidés, d'origine assez probléma-
ique, me rappellent ceux qui ont élé signalés par M. Schrôder, dans
des roches analogues de la vallée du Quillenbach (section Zwota,
der geolog. Karle d. K. Sachsen, Leipzig, 1884-86).
— 40 —
parfois aussi la disposition e^^àmygdaloïdes (0. Daoalas ;
Rosmélec, N. Goasqaelloa en PHâpital; le Rozen Logonna).
D'après cette description, et surtout d'après la comparai-
son que nous avons pu en faire avec les types de M. Michel-
Lévy, les porphyrites micacées du Finistère présentent les
plus grandes relations avec les porphyrites micacées du
Uorvan ; c'est toutefois des types micacés du Morvan quMl
faut les rapprocher. Il ne m'est pas encore arrivé de recon-
naître dans le Finistère les types augitiques et mélaphyriques
des porphyrites micacées du Morvan, caractérisés par leur
pâte amorphe, et la présence de Paugite en microlithes, ou
du péridot.
La présence dans certaines porphyrites micacées du Finis-
tère, de cristaux de feldspath triclinique, celle plus rare de
l'amphibole brune, la fréquence dans la pâte, du quarz et de
hi chlorite, rapprochent d'autre part ces roches des filons
de TErzgebirge, qui ont été rapportés par M Kalkowsky(')
aux kersantites, et décrites depuis par M. Rosenbuscfi (')
sous le nom de Kersantitporphyrite. Ces kersantites de
H. Kalkowsky, ou kersantitporphy rites de M. Rosenbusch
sont identiques aux porphyrites micacées que nous décri-
vons ici.
Le passage insensible qui unit, d'après H. Rosenbusch, les
termes grenus aux termes porphyri^ues de celte série, les
kersantites à ses kersantitporpbyrites, existe de même en
Bretagne, entre les kersantites et les porphyrites micacées,
entre lesquelles on pourrait décrire des mikrokersantites,
comme terme intermédiaire.
(1) Kalkowsky : Ueber einige Eruplivgesieine des sâchs. ErzgeD.
Mttues Jahrb., 1876, p. 184.
(2) Rosenbusch ;Mik. Physiog , Stuttgart, 1877, p 281.
— 41 —
4. — PHÉROMiinSS DB CONTACT.
Il est facile d'obsenrer en nombre de points des falaises
de la Rade de Brest, le contact dakerzanton avec les schistes
qu'il traverse; mais Pélat 3yancé de décomposition des
bords des filons. Tient généralement arrêter Tétude des
phénomènes de contact.
Le kerzanton présente deux modifications principales dans
ses salbandes ; le même filon ne les présente pas toutes deux,
elles font parfois Tone et Pautre défaut : elles peufenl être
1^ amygdalaire$t ovl^^ mieropegmaiiques.
Les salbandes amygdalaires ont été décrites plus haut
incidemment (p. 37), en traitant des amygdaloïdes des filons
du Château, de Rohou, du Cosquer. Les filons qui présentent
cette modification, sont généralement minces; ils^ sont
caractérisés par la petitesse de leurs cristaux de feldspath
triclinique, et passent ainsi aux porphyrites micacées. Le
filon de Resthervé en Poullaouen par exemple, passe au
contact à une porphyrite micacée typique. En thèse géné-
rale, ces filons minces devaient être lors de leur venue, des
roches plus basiques que les suivantes, et par suite plus
liquides, s'iojectant plus facilement dans des fissures étroites,
et laissant plus facilement issue aux gaz inclus (formation des
vésicules). Ces roches sont actuellement très riches en quarz
grenu, mais il peut être secondaire, comme celui qui remplit
les vésicules (amygdaloïdes) ; il aurait épigénisé les bisilicates
cristallisés et la pâte amorphe de la roche.
Les salbandes micropegmatiques sont massives, grenues, et
de couleur claire, elles sont généralement limitées aux ker-
zantons grenus, en filons plus épais, da5 à 20°* (M^° de Mer,
Garvadan, Le Château, Kerascoet). Ces parties présentent au
microscope : apatite^ oligoclase en grands cristaux maclés,
orthose, mica noir en grandes lames, dans une pâte de
- 42 —
micropegmatite formée d'orthose et de quarz f ) ; les éléments
secondaires sont qaarz grenu, calcite, épidote, mica blanc,
belle chlorite ferrugineuse en rosettes, pyrite, limonite. Le
mica noir est particulièrement remarquable par le dévelop-
pement constant des faces ^^ par suite duquel les lames
hexagonales suivant p sont 4 à 5 fois plus allongés dans cette
direction, que dans les directions transversales ; ces grandes
aiguilles de mica microlithoide atteignant jusqu'à 0,015
suivant g\ ont une tendance à se grouper normalement aux
parois du filon. La pâte de cette roche ne se distingue
guère de celle de certains porphyres quarzifëres. Les
variétés de kerzanton qui présentent cette modification au
contact , devaient probablement être plus acides que les
précédentes lors de leur venue, et par suite moins fluides
qu'elles; on conçoit ainsi qu'elles soient limitées aux fissures
plus larges, et qu'elles présentent souvent une texture
bréchoïde dont nous aurons à nous occuper plus loin.
Les modifications exomorphes du kerzanton sur les roches
encaissantes sont plus difficiles à étudier que ses modifica-
tions endomorphes, par suite de Tallération habituelle des
épontes. On reconnaît cependant que les modifications pro-
duites sur les schistes encaissants, sont de même nature que
dans le Harz et le Fichtelgebirge, d'après les observations de
MM. P0hlmann(2). Gûmbel(»),et vonGroddeck (*).
Un schiste compact recueilli près Clegueriou en Logonna,
au contact immédiat du kerzanton, était formé de quarz gra-
nuleux fin, disposé en traînées, et associé à du quarz calcé-
donieux, mica blanc, mica noir chloritisé en rares paillettes
(1) H Cohen a signalé une disposilion granophyrique analogue,
dae à rassocialion du plagioclase et du quarz, dans la kersanlite
d'Urbach en Alsace. .
(2) R. Pôàlmann : Neues Jahrb. f. Miner. 1884, Beil. Bd. p. loi.
(3) C.ÏT. Gûmbel : Eruplivgesl. d. Fichlelgeb. 1819, Munich , p. 193.
i4) A. von Groddeck : Jahrb. d. k. geol. Landesansl. Berlin, 1883, p. 94.
— 43 —
informes, ratile en microlilhes, zircon rare, limonite; notons
enfin la rareté des particnles charbonneuses. Le mica nohr
est ici le senl élément qni ne se troQTe pas habitoeliement
dans les schistes dévoniens de la région; ici conune en
Allemagne, on peut attribuer son développement à Faction
du kerzanton.
La carrière du Hoolin de Mer (') en Logoooa. montre le
contact du kerzanton, atec le schiste dévonien et atec le por-
phyre ; elle nous a permis d'étudier les modifications pro-
duites au contact du kerzanton :
JT. KersaDlite exploitée.
B, KersaDtile claire, à micas allongés (salbande micropegma tique).
C. MicrograDolite altérée, bruD&tre, earitique.
y. Hicrogranalite francbc.
La roche C est grenue, brunâtre, intermédiaire à Toeil
entre le kerzanton et la microgranulite, comme si une partie
des éléments du kerzanton avait pénétré dans le porphyre.
Au microscope, mes préparations m'ont montré : microlilhes
altérés d*oligoclase, mica blanc, quarz microgranulilique en
grains fins formant presque toute la roche, mica noir altéré,
apatite. C'est une microgran alite dépourvue de grands cris-
taux porphyroïdes, avec mica noir, apatite^ et petits cristaux
de feldspath triclinique.
5. — Des blocs imclusdans la kersantite.
On observe inclus, notamment dans les filons épais de
kersantite, des blocs de forme, de nature et d'origine va-
riables : les falaises du château en Logonna, et les carrières
du Run et de Garvadan en THôpital, en fournissent les meil-
(1) Cette coupe a été figurée dans le Bulletin de la Société géolo-
gique de France, î)e sér., t. XIV. (Compte-rendu de Texcursion dans le
Finistère).
— - 44 —
leurs exemples. Leur volame varie de quelques centimètres
cubes à S et 3 décimètres cubes; leur forme est de même
très variable, étant arrondie, ou irrégulière, anguleuse, à
angles rentrants et sortants, leurs contours sont francs, nette-
ment tranchés, et parfois séparés de la roche par un revête-
ment de chiorite, ou dans d'autres cas, paraissent passer
insensiblement et se fondre graduellement dans la masse de
la roche, à laquelle ils donnent une texture brêchoïde.
Delesse a le premier prêté attention à ces blocs inclus dans
la kersanlite; il se borne toutefois à décrire des noyaux de
quarz, de forme arrondie, entourés d'une couronne de chlo-
rite. MM. Michel-Lévy et Douvillé considèrent ces noyaux
comme du quarz ancien en débris.
J'ai reconnu les roches suivantes en inclusions dans le
kerzanton :
i^ Quarz en morceaux de 1 à 1 000 ccb , anguleux, com-
pacts, sans contours cristallins reconnaissables. Je les consi-^
dère comme des débris anciens. Ils sont recouverts par une
couche de chlorite secondaire (Château, Run, etc.).
2*" Quarz en rognons de quelques centimètres, présentant
à leur surface ou plus souvent à leur intérieur, creux, géo-
dique, des faces ou des pointements cristallins reconnais-
sables. Ce sont encore des sortes de géodes d'origine
secondaire, où ont cristallisé avec le quarz, albite(*), épidote,
calcile, chlorite, pyrite de fer, pyrite de fer magnétique, fer
oxydulé (Le Château).
S"" Parfois aussi abondants que les blocs de quarz précités,
se trouvent aussi dans le kerzanton, des fragments d'une
roche grenue, pâle, jaune-rosé. Leur volume est aussi va-
riable que celui des blocs de quarz, leur forme aussi irrégu-
lière, à bords anguleux, tranchés ('), ou dans d'autres cas au
(1) Un essai des t'eldspaths de ces druses par la méthode Boricky,
fait obligeamment par M. Lacroix, a décelé la présence de la soude et
de la potasse. En outre des cristaux d'albite, il y a donc probablement
des cristaux ù'ortàose dans ces géodes.
(2) Voir le Bulletin de la Société géologique de France, t. XIV, où
quelques-uns de ces blocs ont été figurés.
— 45 —
contraire, irrégalièrement fondas dans la masse da kerzan-
ton, où ils simulent de simples taches, plus claires, non déli-
mitées. Ces parties claires sont dans certains cas, allongées,
en veines d'apparence filonienne, larges de qaelques centi-
mètres seulement et continues sur plusieurs décimètres ; elles
se terminent toutefois toujours alors en pointes, et ne sont
pas des filons postérieurs, mais bien des amandes datant de la
solidification du kerzanton (Garvadan, Le Run, Le Château,
Kerascoet).
La microstructure de ces blocs pâles a été parfaitement
indiquée par MM. Hichel-Lévy et Douvillé : c'est celle des
porphyres quarzifères pauvres en quarz récent, riches en
mica. Autour de débris de feldspath orthose anciens, se déve-
loppent des étoilements de micropegmatite , où le quarz
présente les formes de coins triangulaires, de palmes, de
hachures. Us contiennent souvent en outre, épidote, et pyrites.
La présence du feldspath triclinique en grands cristaux
maclés, ainsi que Tabondance du mica noir distinguent ces
blocs des porphyres quarzifères de la région ; ce mica noir
est celui du kerzanton. dont il présente tous les caractères :
il faut en un mot reconnaître Tidontité de ces blocs avec la
roche que nous venons de décrire comme formant les salban-
des micropegmatiques de certains filons de kerzanton. II y a
donc lieu de les considérer comme les débris des premières
salbandes de ces filons, qui auraient été disloquées et rema-
niées dans le centre du filon, avant sa solidification complète
et définitive.
4* Blocs de schistes dévouions, anguleux, en blocs de 100
à i 000 ccb. (falaises de Ty-Armoal en Loperhet); ces blocs
ne m'ont pas offert de modification appréciable. Par contre,
j'ai trouvé danslakersantite duChâteau enLogonna,des blocs
de schiste beaucoup plus rares, il est vrai, mais remplis de
minéraux secondaires : ces blocs présentent une forme irré-
gulière, un diamètre de 2 à 3 cent., et passent insensiblement
— 46 —
à la roche encaissante. On y reconnaît à Toeil nn, Pabondance
de mica noir et de la pyrite. Au microscope, on y observe
mica noir, mica blanc, pyrite, quarz, pléonasle et rutile. Là
présence des microlithe^ caractéristiques de rutile^ leurs
macles, et leur disi»osition, établissent d'une façon absolue
que la roche qui les contient est bien réellement un bloc de
schiste, enclavé dans le kerzanton ; on peut considérer comme
aussi bien établi, que le développement du pléonaste est dû
à Taction du kerzanton sur le schiste. Le pléonaste est ici.
en petits grains cristallins, octaédriques, verdâtres, trans-
parents, à sections rectangulaires, et bien caractérisés par
leur isolropie, leur forme et leur couleur. Il est mieux
caractérisé, et en plus gros cristaux, que le spinelle signalé
plus haut(p 36), en inclusions, dans le pyroxënedu kerzanton.
5° Blocs de microgranulite, euritique, à grains fins (Gar-
vadan, Le Château) : ce sont des raretés. Un de ces blocs de
Garvadan, était formé d'abondants microlithes raccourcis
d'orthose, avec mica noir, quarz en grains fins, talc, rappe-
lant ainsi la microgranulite euritique exploitée à Rostellec.
A la limite de ce bloc anguleux et de la kersantite, on obser-
vait au microscope un mince revêtement de quarz grenu
secondaire.
En résumé, les blocs Inclus dans les filons épais de ker-
zanton, peuvent se grouper sous trois chefs principaux :
10 Blocs élastiques : schiste, porphyre, quarz,
20 Blocs concrétionnés secondaires : quarz et minéraux
des géodes.
30 Blocs grenus, provenant des salbandes remaniées du
filon lui-môme.
L'aspect brêchoïJe de la kersantite, dû à ces derniers
blocs (salbandes remaniées), n'est pas particulier à cette
roche; Delesse 0) a depuis longtemps signalé la structure
brôchiforme du porphyre rouge antique, et des mélaphyres
(i) Delesse ; Bull. soc. gèol. de France, t. VII, 1850, p. 531
— 47 —
des Vosges (porphyrites). La généralité de ce fait chez les
porphyrites, qui présentent des relations si intimes avec les
kerzantons, noas donne une indication des conditions dans
lesquelles ces roches ont fait leur apparition.
6. — De VkGE DU KBRZANTON.
Delesse (*) en se basant sur les travaux de M. de Fourcy,
dit que le kerzanton ne s^observe que dans le terrain silurien,
dans lequel il forme des dykes très irréguliers. Les auteurs
qui le suivirent, MM. Zirkel, Zickendralh, von Lasaulx, con-
sidérèrent avec lui cette roche comme silurienne, bien que
Dalimier n l'eut signalée en 1861, dans le dévonien du
Coteniin.
On voit dans la Rade de Brest, de nombreux filons de ker-
zanton dans le terrain dévonien inférieur (') ; le village de
Kerzanton lui-même, s'élève sur des couches dépendant de
la partie supérieure du dévonien inférieur. On reconnaît des
filons de même nature, aux environs deCarhaix et Poullaouen,
dans rétage carbonifère des schistes et psammites de Châ-
teaulin. On ne trouve pas d'autre part de galets remaniés du
kerzanton, dans les poodingues houillers de Quimper.
Il est ainsi acquis que la kersantile est postérieure au
carbonifère inférieur, si on ne peut encore prouver dans le
Finistère sa postériorité au carbonifère supérieur. Les rela-
tions signalées entre celle roche et la porphyrite micacée,
connue à Liitry (Calvados), .dans le houiller supérieur, per-
mettent de faire remonter jusqu'après celte époque dans la
presqu'île américaine, comme dans le Morvan et le Harz,
l'époque d'apparition du kerzanton.
(1) Delesse : 1. c, p. 7i4.
(2) Dalimier ; Siralig. des terr. prina. du Colen tin, Paris, 1861, p.l25.
(3) Michel'Lévy et Dominé : Bull. soc. gé )1, de France, l. V, 1876,
p. 348.
— 48 —
.Les relations du kerzanton avec les diverses roches érup-
lives, porphyres quarzifëres ou roches basiques, de la Rade
de Brest, ont été bien diversement interprétées. Dufrénoy
rapprochait le kerzanton des amphibolites, et considérait
ces roches comme les plus récentes des rochQs éruptives de
la Bretagne. Rivière, FrapoUi, M. de Fourcy considéraient
aussi les roches vertes (diorites, amphibolites, kerzantbns)
comme postérieures aux porphyres. Ces assertions trop
générales toutefois, et manquant d'ailleurs de preuves préci-
ses, se trouvent exactes croyons-nous, en ce qui concerne le
kerzanton.
Au Moulin de Mer en Logonna, et dans la petite anse qui
se trouve auN., un filon mince de kerzanton traverse une
masse importante de porphyre quarzifère 0). APorsguen (en
Loperhet), et sur la côte voisine de Ty-Armoal, le kerzanton
en filons plus minces coupe encore le porphyre. Enfin, à
Pintérieur des terres, on trouve encore un exemple du même
fait au S. de Kergoal en Sizun. Ces coupes établissent Tindé-
pendance et la postériorité des filons de kerzanton, par
rapport aux filons du porphyre quarzifère. Les relations du
kerzanton avec les diabases sont plus difficiles à fixer dans
la Rade de Brest.
7. — Gisement du kerzanton.
Le kerzanton forme dans la Rade de Brest, une cinquan-
taine de filons dirigés de 60<» à 100<», et d'épaisseur variable
de 1 à 20". Il est très difficile* de suivre à l'intérieur des
terres les filons reconnus dans les falaises, à cause de la
végétation, à cause du grand rapprochement de ces filons, et
enfin à cause de leur altération superficielle, qui les trans-
forme en une arène brunâtre, ameublie par la dissolution de
(1) Voir ces coupes dans le Buileiin de la Société géologique de
France, t. XIV.
— 49 —
la calcite. Il est impossible alors dans nombre de cas de
distinguer en affleurement,- les filons de kersaatite des filons
de porphyrite. Les plas beaux filons de porphyrites micacées
se trouvent dans le centre du Finistère, dans les communes
de Lennon, Garhaix, PouUaouen, où ils ont donné lien à des
exploitations.
Le plus riche champ de filons de la Rade se trouve dans
sa partie orientale 9 constituée par les schistes et quarzites
dévoniens ; les nombreux filons que Ton y observe, sont par-
ticulièrement concentrés suivant trois lignes principales,
parallèles entre elles, et correspondant à trois plis synclinaux
des couches dévoniennes encaissantes. Ces trois plis coïnci-
dent approximativement avec les trois vallées des rivières de
Daoulas, de THôpital, et du Faou. Les kerzantons dominent
dans le pli du Faou, à Tinverse de celui de Daoulas, où les
porphyres sont prépondérants, de Porsguen à Sizun ; le pli
médian est celui qui présente le plus grand nombre de
roches éruptives ainsi que les plus variées, notamment dans
la région de Logonna.
Conclusions.
La kersantite est une roche éruptive massive à feldspath
triclinique et mica noir, dont le bisilicate magnésien est
tantôt l'amphibole et tantôt le pyroxène ; elle passe graduel-
lement et par termes insensibles, aux porphyrites micacées les
mieux caractérisées.
La kersantite du Finistère est postérieure au terrain car-
bonifère inférieur, qu^elIe coupe en filons; les passages
insensibles signalés entre cette roche et les porphyrites mi-
cacées, connues à Littry dans le houiller supérieur, per-
mettent de faire remonter jusqu'au permien» en Bretagne
comme dans le Horvan, Tépoque d'apparition du kerzanton.
4
Annales de la Société géologique du Nord. t. xiv.
— 50 —
Elle est postérieure aux principales venues de porphyre
quarzifëre, car des filons de kersantite coupent en divers
points de la Rade^ les microgrannlites, micropegmatites, et
porphyres à quarz globulaire.
Les filons de kersanlites ne sont pas toujours homogènes,
présentant parfois à leurs salbandcs des modifications endo-
morphes, dont les termes extrêmes revêtent la structure
amygdalaire ou la structure micropegmatique. La calcite en
grains dont Tabondance dans les kersantites a déjà donné
lieu à de vives discussions, a la même origine que la calcite
en perles, qui a rempli les vésicules amygdaloïdes ; elle est
donc secondaire, et doit sa formation à Tinfiltration deaux
minérales. Si les salb'andes amygdalaires des filons minces
viennent éclairer le mode d'origine de la calcite, on trouve
dans les salbandes micropegmatiques de certains filons épais,
Texplication de la texture bréchoïde que présente parfois la
kersantite. Nombre des blocs recimentés ainsi par la kersan-
tite ne sont autre chose que les débris des premières salban-
des de ces filons, disloqués et remaniés avant la solidification
complète et définitive de la roche ; en outre de ces blocs on
trouve dans les kersantites des blocs plus anciens, clasliques,
arrachés aux formations encaissantes et modifiés, ainsi que
d^autres plus récents, géodiques, formés par des minéraux
secondaires.
H. Charles Bappois présente à la Société, au nom de
M. Lebesconte 9 divers fossiles trouvés en Bretagne,
dans les phyllades deSi-Lô.M. Lebesconte a décrit ces fossiles
sous les noms de Montfortia et de Neantia, et les considère
comme les types de genres nouveaux.
Les Montfortia présentent pour M. Barrois des rapports
avec les Protocyslites de H. Hicks (% les Dendrograpsus du
Canada de M. Hatlhew ('), et seraient des débris organiques.
(1) Hicks: Quart, journ. geol. soc. U12, p. IbO, pi. 5, fig. 19.
(2) G. F. Matthew : TraDS.Roy. Soc. Ganada,lV, lb85, p. 81, pi. 5, fig 5.
— 51 —
Les Neantia malgré leurs ressemblances avec les Ethmophyl-
lum de MeekC). n*ont pas bien franchement Taspect de restes
organiques. Divers débris plariradiés, qui lui rappelaient les
spicules des Protospongia ('), ont été communiqués au savant
spécialiste anglais, H. Hinde. Ces apparences ne peuvent être
rapportées à des spongiaires, d'après H. Hinde.
M. Gosselet fait la communication suivante :
On vient de faire aux environs de Namur une découverte
fort importante pour l'anthropologie préhistorique (').
MM. de Puydt et Lohest ont fouillé une grotte près de Spy.
Ils y ont trouvé :
1* Une couche d'argile brune et d'éboulis de S^OO.
20 Un tuf contenant des ossements de mammifères entre
autres (TElephas primigenus et des quantités considérables
de silex taillés appartenant au type moustérien. Celte couche
avait 0«n80.
3» Un deuxième niveau ossifère rouge, épais de O^'IO, où
Ton trouva le Rhinocéros tichorinus et Elephas antiquus. Il y
avait des bilex laïUés sembidbies aux précé K nts, moms bien
taillés cependant, des os travaillés et irols fragments de
poterie grossière.
4» Une couche de 0°^! 5 d'argile jaune avec blocs calcaires
recouVï*ant un foyer de charbon de bois.
50 Une couche d'argile brune avec nombreux fragments
calcaires, oii Ton découvrit deux squelettes humains qui
paraissent y avoir été ensevelis ; auprès d eux étaient trois
belles pointes moustériennes et des débris d'animaux appar-
tenant aux mêmes espèces que celles des niveaux supérieurs.
(1) WalcoU : Bulletin U. S. geol. Sarvey, n* 80. 1886, p. 75.
(2) Soiias : Quart, jouro geol. soc. 1880, p. 362.
(8) Marquis de Nadaillac : Matériaux pour l'histoire de rhomme,
t XX, p 491.
J. Fraiponi et M. Lohest : La race bumaine du Néauderthal et de
Gaostadtea Belgique ; Bull. acad. belg., t. XII, n" 12, 1886.
M
î. f t
■r
— 5Î —
Ces squelettes appartenaient à Un jeune homme et à une
vieille femme. Leurs crânes présentent les caractères de la
race de Néander, si remarquable par son front bas et fuyant,
par ses arcades sourcilliëres proéminentes, par le développe-
ment de la région occipitale. La mâchoire inférieure delà
femme est remarquable par Tabsence d&la saillie du menton.
Les os des membres indiquent une race d'hommes petits et
trapus.
Les membres antérieurs sont relativement courts. Les
fémurs sont courbés en arrière. Ce caractère réuni au grand
développement de la surface articulaire des condjles, permet
de supposer que les hommes de Spy marchaient les jambes
courbées» les genoux en avant.
On peut tirer de ces découvertes les conséquences
suivantes :
La race humaine de Néander a vécu vers les premiers
temps quaternaires sur les bords du Rhin et de la
Meuse. Ces hommes taillaient des silex en pointes mousté-
riennes;ils se servaient des ossements danimaux et, en
particulier, des défenses d'éléphants; ils peignaient leurs
corps ou leurs vêtements avec de l'oligiste ; ils fabriquaient
de la poterie cuite au feu. Tout indique que, malgré la
forme de leurs crânes, ils jouissaient d'un développement
intellectuel très accusé.
M. Fraipont^ professeur de paléontologie animale à TUni-
versité de Liège, Tun des auteurs de l'étude anthropologique
des hommes de Spy, a fait dans la grotte d'Ëngis, près de
Liège^ des recherches qui corroborent la plupart des résultats
précédents et particulièrement Texistence de la poterie à
répoque du quaternaire inférieur. Ce fait; signalé il y a près
de vingt ans par M. Dupont, n'avait guère trouvé que des
incrédules. Les deux découvertes de Spy et d'Ëngis le mettent
aujourd'hui hors de doute.
— 53
Séance du 12 Janvier 1887.
Il est procédé au renoQveUemeDt du Bureau pour Tannée
1887.
Sont élus :
Prieident . . .
Vice-PréHdent .
Secrétaire. . .
Trétorier . . .
Bibliothécaire •
MM. AcH. SUL
Ladrière.
Canu.
Crespsl.
QUÀRRÉ.
M. Gosselefc lit une note sur les RhunchonelUs famé-^
niennes.
Séance du 26 Janvier 1887.
M. le Président annonce la mort de M. Cornet, Membre
associé, célèbre par ses travaux sur la géologie des environs
de Mons. M. Cornet avait Tobligeance de guider tous les ans
les excursions de la Faculté des Sciences dans le Hainaut.
Aussi chacun de nous avait pu apprécier son savoir^ ses
vues originales et raménité de son caractère.
M. Péroche est élu membre du Conseil en remplace-
ment de H. Debray, membre sortant.
M. Cil. Barrois présente la carte manuscrite de
la Bretagne au millionnième.
M. Six fait la communication suivante :
Sur la stracture de l'Espagne,
d'après M. J. M acpherson, par M. Achille Six.
Dans un récent travail 0), M. Macpherson, poursuivant ses
études si intéressantes sur la structure géologique et la
(1) D, J. Macpherson : Relacion entre la forma de las coslas de la
peninsuia ibérica, sus principales lineas de fractura y ei fonde de sus
mares. Anal, de la Soc. Esp. de Hist. nat., tomo XV» 1886.
— 54 —
géographie physique (qui n^en est que l'expression) de la
péninsule ibérique, montre qu'il existe une relation entre
la forme de ses côtes, ses principales lignes de fracture et les
grandes lignes de dépression du fond des mers qui Tenvi-
ronnent. La lecture de ce travail m*a forcé à chercher des
renseignements sur la structure de celte péninsule et c'est
Tensemble des résultats de mes recherches, fondu avec
ranaljse du travail du savant géologue espagnol, que je
présente aujourd'hui.
On sait que les diverses chaînes montagneuses qui com-
prennent entre elles les plaines de TÂragon, aux environs de
Saragosse, vont en se rapprochant pour s'entremêler dans la
Navarre et les provinces basques. Arrivées en cet endroit,
elles constituent un amas de montagnes et de collines, jetées
en quelque sorte péle-môle et sans ordre, véritable labyrinthe,
chaos inextricable, confluent, pour ainsi parler, de nom-
breuses diramations; ce nœud> qui relie la traînée pyrénéenne
aux plateaux des Castilles, au grand massif central de
TEspagne, serait comparable à un grand lac où viennent se
perdre d'innombrables cours d'eau, entrelaçant de mille
manières leurs eaux respectives ; bientôt et à peu de distance
des rives, on ne peut plus distinguer ce qui appartient à tel
affluent de ce qu'a apporté tel autre : c'est ce qui arrive aussi
pour les montagnes. Un grand fleuve à cours rapide, en se
jetant dans un lac, garderait quelque temps son individualité
propre en arrivant dans ce large réservoir et on pourrait le
suivre sur une certaine longueur à travers les eaux calmes
qui remplissent ce bassin De même la hauteur des mon^
tagnes pourrait permettre de suivre quelque temps les crêtes
principales à travers ces nœuds embrouillés ; mais dans le
cas qui nous occupe, les crêtes principales se sont abaissées
à tel point qu'elles ne se distinguent presque plus des
collines qui en formaient les contreforts. C'est, ainsi que le
noyau central des Pyrénées a totalement perdu dans cette
— 55 —
légion son aspect de montagnes grandioses et imposantes :
sa haatear moyenne n'est plus qae d'an millier de mètres.
Noas sommes bien loin du Ganigou, de la Maladeita, du
massif daMont-Perda. Lorsque, suivant la crête montagneuse
qui sépare noire pays de TEspagne, nous arrivons à la
frontière du pays basque, avant d*entrer en Navarre nous
avons vu la dernière montagne vraiment digne de ce nom :
c*est le pic d'Ânie, haut de 2,5()0 mètres et célèbre à plus
d^un titre. Le point le plus élevé des Pyrénées basques, le
mont Orhy, atteignant à peine 2,000 mèlres, contraste par la
forme arrondie de sa croupe avec l'aspect pyramidal ordinaire
aux pics pyrénéens. À partir de là, les Pyrénées ne sont
plus que de hautes et belles collines, dont les pentes couvertes
de forêts mènent facilement à des sommets arrondis ; pas un
rocher ne vient déranger leur régularité : tel est le sommet
d'Izterbegui, qui marque le point où la frontière française
quitte ces montagnes. La chaîne pyrénéenne peut encore
néanmoins se suivre un certain temps, reconnaissable à sa
grande régularité, mais tout à coup elle sMnterrompt par une
profonde dépression, le col d'Aspiroz, quin^a qu^une altitude
de 567 mètres. Cette terminaison brusque des Pyrénées
dans les provinces basques est sans contredit un des faits les
plus dignes de remarque que présente la structure géologique
de cette région.
La Gordillière cantabrique prolonge vers Touest, comme
on sait, la grande arête pyrénéenne; elle présente aussi de
son cêté le même phénomène d'arrêt brusque et de
terminaison abrupte que nous venons de décrire dans les
Pyrénées françaises, mais en sens inverse, tout naturellement.
Elle cesse au col d'Orduna et l'espace qui relie les deux
crêtes est occupé par des montagnes peu élevées, disposées
sans ordre, de si peu d'importance que, sauf pour la Sierra
de Âralar, les géographes n'ont pas jugé utile de leur
donner de nom spécial : il faut aller dans le pays même pour
savoir des habitants le nom tout local de chacune de ces
— 56 -
taupinées. Tout nalurellement la civilisation a largement
ntilisé cette communication naturelle entre les deux versants
d'une arête montagneuse généralement infranchissable. C'est
par elle que passe le chemin de fer de Biibao à Miranda de
Ebro et surtout celui de Bayonne à Palenca, qui met la
France en si directe communication avec le centre de
PEspagne, les Castilles.
Ce n'est pas là le seul fait remarquable que présente en
cette région la structure de ces montagnes ; non seulement,
en effet, on observe une dépression brusque dans la hauteur
moyenne de la crête, mais les terrains anciens qui la for-
maient se sont eux aussi brusquement enfoncés et les
formations secondaires et tertiaires, qui n'en constituaient
d'abord que les contreforts, ont fini par dodSiner la crête
principale elle-même. Les travaux de M. D-R. Âdan de
Yarza dans le Guipuzcoa ont bien mis en lumière celte
disposition et on ne peut douter aujourd'hui qu'en ce point,
où les sommets de la chaîne pyrénéo-canlabrique se sont
brusquement déprimés, passe une faille importante qui
amène le crétacé au contact des terrains les plus divers;
cette faille affecte la direction S.O.-N.E.9 c'est-à-dire qu'elle
coupe presque à angle droit les couches relevées qui forment
ces montagnes. On sait qu'en effet, en dernière analyse, la
chaîne pyrénéo-cantabrique peut être considérée comme
formée d'une série de plis, parfois exagérés au point de
devenir des failles, plis ou fractures orientés de l'O N.O. à
PE.S.E. avec une constance remarquable. C'est dans ces
plis et ces fractures qu'ont pu pénétrer et s'élever très haut
en certains points, surtout dans les Pyrénées, de nombreuses
masses granitiques et d'autres roches cristallines massives.
Ces dislocations de la chaîne pyrénéo-cantabrique ne sont
que l'expression d*un phénomène général qui a affecté toute
la péninsule ibérique. En effet, cette direction O.N.O.-E.S.E.
est celle d'un ensemble de dislocations parallèles qui ont
commencé à se produire pendant l'époque paléozoïque, qui
— 57 —
ont été en s'accentoant à trayers les âges jnsqn'à l'époqne
tertiaire indnsivement et qai aujourd'hui traversent en
écharpe la péuinsule depuis les côtes de la Cantabrie ou de
la Galice, cette Bretagne espagnole, et du Portugal, jusqu'à
la Méditerranée» segmentant le massif archaïque précédem-
ment étendu du S 0. au NE., pour en faire les noyaux
autour desquels s'est amoncelé ce qui est devenu plus tard
la péninsule ibérique.
La dépression que nous avons décrite plus haut, traversant
les Pyrénées^ ne se borne pas seulement à couper en ce
point le système de ces dislocations : elle va des provinces
basques à Tembpuchure duTage; son parcours est à peu
près indiqué par une ligne partant de St Sébastien et se
dirigeant vers Lisbonne en passant par Miranda de Ebro,
Burgos, Talladolid, Âlba de Termes, Granadilla. Âlcantara
sur le Tage et ÂbraDtès. C'est dire qu'elle coupe toutes ces
dislocations Tune après l'autre; on comprend dès lors quelle
a été rimportance de cet accident dans la détermination de
la forme actuelle de la péninsule.
L'Espagne est coupée en diagonale par deux grandes
chaînes montagneuses, résultant précisément de ces dislo-
cations. L'une d'elles, la Cordillière ibérique, se détache de
la crête pyrénéo-cantabrique au nœud de Pefinlabra; pour se
diriger de TON 0. à TE S.E., suivant la direction générale
du système de dislocations dont nous venons d'esquisser les
grands traits, et aller mourir dans la Méditerranée. L'autre
grande chaîne est la Cordillière carpétanienne ou carpélo-
vétonique (sysième carpéto-vétonique de Bory de St-VincenI),
formant la véritable colonne vertébrale de la péninsule,
dirigée N.E.-S 0., suivant la direction générale du massif
archaïque avant son morcellement en massifs séparés, et
coupant par cons<^quent la première presque à angle droit.
La ligne Lisbonne-Santander n'est pas tout à fait parallèle à
cette dernière grande chaîne, ce qui fait qu'elle la coupe très
— 58 -
obliquement; quant à la première, elle est traversée perpen-
diculairement. Il est évident que c'est dans ces deux endroits
que se manifestera le plus clairement Teffet de cette grande
faille ; c'est là que nous Tétudierons.
La Cordillière ibérique, portant à son origine le nom de
Sierra de Hijar, sépare les eaux duDuero de celles del'Ebre;
mais après un parcours peu considérable, elle est interrompue
brusquement par une brèche, le col de Pancorbo, situé
pr(5ci&ément sur la ligne Lisbonne-Santander. dans le pro-
longement de la grande dépression, utilisée déjà une première
fois par le chemin de fer pour le passage des Pyrénées et
qui sert encore ici de passage à la même ligne. Le sol de
celle dépression est en grande partie formé par les sédiments
laissés par les grands lacs qui à Tépoque tertiaire ont
recouvert tout le plateau des Castiiles ; ce fait confirme toub
à fait Popinion que c'était par cette dépression que se faisait
la communication entre le grand lac du plateau central et
celui qui occupait à cette époque la vallée de l'Ebre ; c'est
YestrechoàeBur%os,
Dans son prolongeitient vers le S.E. , nous voyons la
Cordillière ibérique se relever brusquement et les couches
paléozoïques revenir au jour dans les sierras de la Demanda
et de San Lorenzo. Ce relèvement brusque est aussi tout
juste dans le prolongement vers le S.O. delà faille que nous
avons vu limiter, au col d'Aspiroz, les Pyrénées proprement
dites. On rencontre d'ailleurs dans la partie du plateau
central située dan.<i son prolongement direct au S.O. des
traces de cette dépression : c'est elle qui a fourni aux rivières
Esla et Pisuerga une vallée pour la majeure partie de leur
cours; le Duero lui-même la suit sur une étendue notable.
La limite des terrains tertiaires qui recouvrent les grandes
masses granitiques et siluriennes des provinces de Salamanque
et de Zamora sont parallèles à la direction de cette dépression
sur son bord occidental. Sur son bord oriental, sur les
limites des provinces de Burgos et de Ségovie et dans celle
-59--
d'ÀTila, existe une série d^afOenrements de roches profon-
des, rameoées aa joar parallèlement à la direction de la
dépression, émergeant des dépôts dilnyiens des plaines de la
Castille : telles sont les roches de Santa Maria la Real de
Nieva et da nord de Sepùlvada.
Si nous continaons à saivre cette déprof^sion dans son
parcours vers le S.O., nous la voyons atteindre, au-delà de la
province d*Avila, entre Âlba de Termes et Granadilla, la
Cordiliiëre carpétanienne. On sait que cette arête est consti-
tuée dans sa partie centrale par la Sierra de Guadarrama,
dont on aperçoit de Madrid le magnifique amphithéâtre de
granité, et par la Sierra de Gredos, si sauvage, si élevée et
par cela même si belle. Ces deux chaînes forment un seul
massif d'une homogénéité remarquable, composé de grandes
masses de granité et de gneiss. Ces roches cristallines
s'élèvent à des hauteurs considérables, atteignant 2,650 mètres
à la Plaza del Moro Âlmadzor ^Sierra de Gredos). Mais au
point où elle est atteinte par la ligne Lisbonne-Santander, la
Cordiliière carpétane, comme la Cordillière ibérique et la
Cordillière pyrénéo-cantabrique, se déprime brusquement;
non seulement les hauteurs se sont abaissées, mais le granité
de Gredos et celui des Sierras de las Mesas et de Estrella en
Portugal a disparu en cet endroit. Entre ces deux masses
montagneuses granitiques, la dépression rencontre la puissante
série silurienne qui constitue la Sierra de Gâta.
Cette lacune dans Faréte montagneuse est des plus
remarquables. A partir du Cerro del Trampal, la ligne de
partage des eaux du Duero et du Tage, dirigée N.E.-S 0.
revient brusquement au N N.O sur une étendue de plus de
50 kilomètres, descendant par une série de gradins jusqu'à
Taltitude de 1,000 mètres, pour se rattacher à la Pefia
Gudina. point de rencontre des Sierras de Gâta et de Francia.
Ces gradins, au moyen desquels la chaîne s'arrondit du N.E.
au S 0., s'étendent précisément dans la partie centrale de
la dépression ; fait remarquable, dans cette inflexion de la
- 60 -
chaîne qui s'arrondit pour reprendre sa direction S.O., les
plis des couches siluriennes qui la constituent en cet endroit
sont orientés O.N.O.-E.S E , c'est-à-dire normalement à la
crête montagneuse et parallèlement aux dislocations de la
chaîne pjrénéo cantabrique et à la Cordillière ibérique ; c'est
ce qu'ont prouvé les travaux d'Egozcue, L. Hallada et
A. Maestre.
Cette dépression de la Cordillière carpétanienne sur la
ligne Lisbonne- Santander n'est pas moins importante que
les deux précédentes. C'est par elle que « passait la grande
4 voie stratégique et commerciale des Romains, la via Lata
(n (voie Large), appelée aujourd'hui camino de la Plata, qui
€ faisait communiquer la vallée du Tage et celle du Duero
« en empruntant le col nommé Puerto de Banos (').
Après qu'elle a ainsi traversé la Cordillière carpéto-véto-
nique, la dépression se poursuit vers ie S.O., où Ton en
rencontre de nombreux indices, 'soit dans la disposition des
masses rocheuses elles-mêmes, soit dans la direction des
cours d'eau. Et d'abord remarquons que la ligne de partage
des eaux entre les bassins hydrographiques du Tage et du
Duero, si nettement marquée ailleurs, n'est plus indiquée ici
que par des hauteurs sans importance. Partis presque du
môme point, le Termes va vers le Duero, l'Alagon gagne le
Tage. Dans la dépression que nous suivons depuis les
Pyrénées, coulent l'Alagon, TAnago, le Ponsul et le Tage
lui-même dans la dernière partie de son cours ; à partir
d'Abrantès, ce fleuve, en effet, affecte la direction N.E.-S 0.
et son estuaire est même orienté parallèlement à elle.
Cette direction est aussi celle des dépôts tertiaires de la basse
vallée du Tage, limités d'une part par les terrains secondaires
de la rive droite du fleuve et de l'autre par les hauteurs des
Sierras d'Ossa ou de Portalègre et de San-Hanude.
Les masses rocheuses qui constituent la péninsule ibérique
(l) Elisée Reclus : Geograpbie uDiverselle, I, p. 6*74.
-61 -
ont donc été soumises à deux séries de boiile?ersement8 qui
ont détermioé leur allure et la configaration générale du
pays L'an de ces mouTements a commencé à une époque
extrêmement reculée : il a plissé toutes les masses archaïques
du pays, la direction des plis ainsi formés étant S O.-N.E.,
c'est-à-dire celle de la grande aréle carpéto-Tétoniqae ;
l'autre bouleversement, d'époque postérieure, quoique aussi
très ancienne, commence dès Tépoque silurienne, atteint
son maximum d'action à l'époque carbonifère, mais s'accentue
néanmoins encore dans les époques suivantes à certaines
périodes, dont la dernière correspond à l'époque tertiaire et
au redressement des Pyrénées. Les plis et les fractures qu elle
a causés sont orientés O.N 0-E.S.E. Il suffit d'examiner une
carte géologique d'ensemble de la péninsule pour voir
rimportance de ces deux grandes dislocations et l'influence
qu'elles ont eue sur la structure orographique de cette partie
du continent européen.
On retrouve encore dans beaucoup derégionsde la péninsule,
telles que la Cordillière carpétanienne, la région galaïque et
quelques contrées d'Andalousie, des rnstes inaltérés de la
plus ancienne de ces dislocations : les bouleversements des
époques postérieures n ont pu effacer Tœuvre des temps
primitifs.
Les directions de ces deux dislocations se croisent à travers
la presqu'île hispano-lusitanienne suivant un angle presque
droit ; ces directions indiquent donc que cette contrée était
traversée par deux systèmes de lignes de moindre résistance,
suivant lesquelles se sont produits ces accidents ; Tune de
ces lignes était orientée S.O.-N.E., l'autre O-SO» N.-E.30° S.
Supposons maintenant un plan rigide traversé par deux
systèmes de ligne de moindre résistance se croisant à angle
droit quenous soumettons à des effortsde tension etde flexion;
sous cette influence ce plan rigide se brisera et il est évident
que c'est suivant les lignes de moindre résistance, par
conséquent suivant deux directions rectangulaires que se fera
— 62 —
cette fracture; il se découpera ainsi en deux séries d'angles
rentrants |t saillants, dont les sommets formeront des lignes
rectangulaires entre elles.
Ce plan rigide, ç*est la péninsule, traversée elle aussi par
deux systèmes de ligne de minimum de résistance rectangu-
laires entre elles. Sous Teffort constant qui résulte du refroi-
dissement séculaire de notre planète et cause la contraction
de sa croûte^ elle va aussi se découper en deux séries
d'angles rentrants et saillants, dont les sommets seront sur
des lignes perpendiculaires entre elles. Ces deux lignes
indiqueront donc la direction générale des côtes, résultant
de cette action plissante. En effet, si nous examinons la
partie septentrionale de la péninsule, nous voyons que la
côte, depuis la Estaca de Vares en Galice jusqu'au fond du
golfe de Gascogne, est formée par une série d^escaliers dont
la direction générale est de Test à Pouest; les côtes de la
Galice et du Portugal, au contraire, vont du N. au S. et sont
à peu près parallèles aux côtes françaises baignées par le
golfe de Gascogne de Bayonne à la Rochelle. Il en résulte
que les côtes espagnoles font en général un angle de 45» avec
les dislocations principales qui affectent les masses rocheuses
qui les conslitut^nt.
Si nous cherchons maintenant quels rapports il peut
exister entre la direction des deux dislocations principales
de la péninsule, de ses deux lignes de moindre résistance,
en somme, avec la forme du fond des mers qui la baignent,
nous observons des coïncidences remarquables d'une extrême
importance.
11 existe, en effets dans TAilantique, une zone de dépres-
sion maxima située à une distance relativement faible des
côtes de la Galice et du Portugal : la sonde y indique toujours
plus de 4.500 mètres de profondeur. Cette dépression, appro-
ximativement orientée du S.O. au N.E., commence sous
AV lat. N. à \i^ 0. de Greenwich et on la suit jusquau
40* parallèle à 19<> 0. de Greenwich. A la latitude de 45^,
— 63 —
cette zone de dépression maiima se croise avec une antre
correspondant an golfe de Gascogne et qni vient de r0.3(>»N.:
c^est la fosse du Cap- Breton. Ces denx zones de profondeur
maxima de TAtlantique sont, comme on voit, parallèles aux
deux grandes lignes de résistance maxima de la péoinsnle,
parallèles aux directions des grandes dislocations qui Tout
affectée. Le point de croisement de ces deux zones est au
N.-O. des côtes de la Galice. Ce sont là aussi des lignes de
moindre résistance de la croûte terrestre. Quand un effort
de la terre qni se contracte tend à plisser les couches de
cette partie de sa croûte, elle le fait sentir nécessairement le
plus suivant ces lignes et cette résultante de deux forces
dirigées presque à angle droit produira une torsion analogue
à celle que M. K. A. Lossen a démontrée dans tout le
massif herc3fnien, analogue à celle que M. Daubrée dévelop-
pait artificiellement dans sa célèbre expérience sur une
plaque de verre épais.
C'est, en effet» à partir du point de croisement de ces
deux zones de maximum de dépression marine que le terrain
s*est fracturé suivant deux directions pre^que rectangulaires,
obéissant d'un côté à la force de tension développée au
fond de F Atlantique, de Tautre à celle qui s'exerce dans le
fond de la fosse du Cap Breton.
Sous Finfluence de la première force, les côtes de la
Galice et du Portugal ont pris une direction générale N.S.,
s'inclinant dans les détails tantôt à Test, tantôt à Fouest,
suivant que Fune ou Fautre force prédominait. Ces côtes
sont formées d'une série de petits angles rentrants et
saillants dont les sommets sont tous sur une ligne N.-S.,
comrpe nous Favons déjà vu. Les côtés de ces angles seront
d'autant plus différents en longueur Fun de Fautre que la
force qui en aura détermmé Forientatiou aura prédominé
davantage sur Fautre.
Les côtes septentrionales de FEspagne vont au contraire
de Fouest à Fest, direction résultant de la prédominance de
— 64 —
la force de tension développée au fond de la fosse du Cap
Breton.
Ce ne sont pas seulement les côtes de la péninsule qui
montrent ainsi clairement dans la délimitation de leur forme
une relation remarquable avec les dépressions des mers qui
les baignent et les lignes de minimum de résistance qui en
sillonnent le sol. On en retrouve facilement les traces dans
l'intéri^^ur des terres.
La dépression formée par la vallée de TEbre' forme un
angle directement opposé par le sommet avec celui du golfe
de Gascogne et la forme de la première est parfaitement
inverse de celle de la dernière. Le golfe de Gascogne a sa
profondeur dans la direction du NO ,1a dépression de TEbre
va vers le S E. Le bord méridional du golfe tend à prendre
la direction des parallèles, celui de la vallée de TEbre a la
tendance inverse, à disposer nord-sud les masses anciennes
qui limitent sa vallée de ce côté, tandis que, sur le versant
septentrional ou pyrénaïque, on observe justement le con-
traire : les affleurements triasiques et crétacés de ce bord se
dirigeant suivant les parallèles.
On sait que la direction générale des plig et des fractures,
ainsi que celle des grandes masses granitiques qui remplis-
sent ces dernières, est S.O.-N E. On observe pourtant encore
ici une torsion : ainsi les masses gneissiques de la Sierra de
Guadarrama tendent à s'orienter plutôt dans la direction du
méridien et davantage en tous cas vers l'ouest. Celles de la
Sierra de Gredos au contraire s'inclinent de plus en plus vers
les parallèles dans la direction de Test ; il en résulte qu'à
leur point de réunion, dans le sud de la province d'Avila,
elles forment un angle rentrant très remarquable. Cet angle
est précisément dans le prolongement E.S.E. de l'une des
plus importantes lignes de fracture de la péninsule.
La façon dont s'opère ce changement de direction dans
les massifs de gneiss est curieuse à considérer. Dans la
bande de gneiss de TEscurial, par exemple, le contact entre
— 65 —
le granité et le gneiss se fait normalement suivant nne
direction S.O.-N.E. A la fdyeur d'une des nombreuses failles
orientées N.O.-E.SE. qui coupent transversalement ce
massif montagneux, il se forme un coude brusque et le
contact se dirige du N. au S. jusqu'à ce qu'une autre faille
lui fasse reprendre sa direction primitive et ainsi de suite,
jusqu'à ce que la direction N.S. finisse par prédominer.
De tout ce qui précède, on peut déduire une loi très
importante, pouvant s'énoncer ainsi : Quand une masse
rigide, traversée par des lignes de moindre résistance'
rectangulaires entre elles, est soumise à des efforts de tension
ou de flexion dans l'une ou i*autre direction, cette masse se
brisera suivant deux directions rectangulaires, formant des
angles rentrants et des angles saillants; les sommets des
angles rentrants seront toujours opposés à la plus grande
force, tandis que ceux des angles >aillants au contraire
serunt opposés au point de croisement des lignes suivant
lesquelles se produit la tension.
Celte loi explique les nombreux détails de structure de la
péninsule ibérique. En effet, Taugle saillant du promontoire
galaïque est opposé au point de croisement des deux zones
de maximum de dépression de rAtlantitiue; le golfe de
Gascogne, de même que la vallt e de FEbre, a ses angles
opposés à la ligne de résistance maxima ; nous observons
en France des dispositions absolument analogues dans la
vallée de la Garonne, les Corbiëres et le golfe du Lion.
L angle rentrant formé par le golfe de Cadiz est dans le
prolongement de la zone de dépression minima qui sépare
le continent africain des bas-fonds de Pile Madère, ce qui
fait que les côtes septentrionales de ce golfe ont presque la
direction O.-E., celles de la province de Cadiz et du nord de
TAfrique s'inclinent au contraire notablement dans la
direction du méridien.
5
Annales de la Société géologique du Nord. t. xiy.
— 66 —
On observe une disposition analogue, mais naturellement
d'ordre inverse, dans la Cordilliëre carpélane : nous avons
vu, en effet, que, tandis que la Sierra de Guadarrama tend à
prendre la direction du méridien, la Sierra de Gredos au
contraire s'incline vers les parallèles, formant un angle
rentrant dans la région qui est précisément dans le prolon-
gement de la ligne de moindre résistance qui part de la
Galice.
Enfin, la direction N.-S. des côtes de la Galice et du
Portugal semble être restée parallèle à elle-même depuis un
temps très reculé, à en juger par la disposition des dépôts
triasiques et jurassiques le long des côtes du Portugal,
depuis la baie d'Âveiro jusqu'au Cap St-Vincent; les affleu-
rements crétacés sétendent aussi parallèlement à cette
direction, occupant sur le plateau central les limites des
provinces de Guenca, d'Albacete et de Ciudad-Real.
Il est inutile d'insister davantage sur l'importance de cette
loi^ car on voit de suite que, si le cas signalé pour l'Espagne
est général, elle permettra d'expliquer bien des détails
encore .obscurs de la structure de notre planète, en particulier
la forme élargie des masses continentales et la tendance
qu'elles ont à se terminer par des angles saillants vers le
sud.
Le Président donne lecture d'une lettre de M. Gapton,
Médecin militaire à Gabès, dans laquelle sont relatés des
récils d'excursion aux environs de cette localité.
Séance du 16 Février 1887.
Le Président annonce la mort de H. Delàderriére, Membre
titulaire, Avocat à Valenciennes. Collectionneur ardent et
éclairé, M. Deladerriëre sUntéressait également à toutes les
branches de l'histoire naturelle. Il avait réussi de belles
— 67 —
colleclioos géologiqaes, patéontologiques et entomologiqnes.
Il les a léguées au Musée de Vaiencieunes.
H. Cb. Bari«ois est élu Membre du Conseil en rem-
placement de H. Ladrière, nommé Vice-Président.
H. Canu fait une communication sur la faune du canal
de Féroë.
HH. Six, Gostselet, Barrois, font diverses observa-
tions sur rimportance que présentent pour les géologues les
recherches de géographie zoologique en ce qui concerne
notamment la théorie des faciès paléontologiques.
M. Ach. Six fait la communication suivante :
Le devonien russe, éPaprès le Prof. Vénukoff ('),
par M. Achille Six.
Les sédiments paléozoïques de la Russie sont intéressants à
plus d'un titre et Ton peut, pour une foule de motifs, retirer
bien désavantages de leur étude. Les couches qulls formeot,
sont, en effet, horizontales, s'étendant sur d'énormes espaces
et, par conséquent, d*une stratigraphie bien facile à
débrouiller, quoique fort monotone. De plus, l^s sédiments
n'y ont pas été métamorphisés comme ceux des pajs de
montagnes et ce que nous appelons métamorphisme régional
y est absolum 'Ut inconnu. Le silurien ou le devonien y sont
représentés par des sables et des grès, des argiles et des
calcaires qu'on pourrait croire tertiaires, n'étaient les beaux
(1) J'ai adopté pour là traDscriptfon des noms russes eu français la
méthode proposée par M. Dragendorif en me rapprochant autant que
possible de l'orthographe phonétique. C'est ainsi que le nom de
M. Vénukofif doit s'écrire en allemand Wenjukoff, le doppelfaou alle-
mand équivahnt à notre Y, et le y», qui se prononce iou en allemand^
correspondant à la lettre russe iou, qui se traduit bien en français par
la lettre u : le mot français bureau^ par exemple, se traduit en russe
par buro^ Vu qui suit le b étant un iou.
— 68 -
fossiles inaltérés et conservés sans déformation ultérieure,
qui viennent affirmer Tâge ancien de ces dépôts d'apparence
récente.
Le devonien est peut-être le plus intéressant à étudier
d'entre tous les terrains paléozoïques russes. On sait qu'il
existe deux faciès sous lesquels se sont développés les
sédiments laissés par les eaux de cette époque ; un faciès
marin, représenté par des schistes, grauwackes, grès et
surtout calcaires à nombreux fossiles marins, ayant son type
dansTArdenne ouTEifel; un faciès d'eau douce qui est celui
des dépôts de grès rouge (old red sandstone) de l'Ecosse et du
nord de TAngleterre. Or, le faciès marin est développé dans
la bande moyenne et dans la bande méridionale de devonien
•
de l'Europe, dans toute la chaîne des Monts Hercyniens,
depuis le Devonshire jusqu'aux environs de Cracovie, depuis
la Bretagne et l'Espagne jusqu'à Constantinople. C*est en
Russie, pays situé à celte extrémité de l'Europe où viennent
aboutir ces bandes de terrains anciens, que non seulement se
fait le mélange entre les faunes marines, mais qu'on voit se
produire la transition entre le faciès franchement marin et le
faciès de grès rouge, qui constitue la bande septentrionale
venant d'Ecosse et d'Angleterre par la Scandinavie. Là, en
eifet, le devonien est formé essentiellement de calcaires en
couches minces, contenant des mollusques marins, alternant
avec des bancs de grès, de sables, de schistes et de marnes
pétris de poissons, qu'on reconnaît pour la grande majorité
pour les poissons du vieux grès rouge écossais. Ce mélange
des faunes est parfois tellement intime qu'il n'est pas rare
de rencontrer réunis dans un môme fragment de roche des
fossiles marins et des poissons. C'est ainsi qu'à la faune
marine représentée surtout par les espèces suivantes :
Orlhoceras svbfusiforme. Strophalosia productdides,
Linguta bicarinata* Polypiers.
Spirifer Archiaci. Encrines, etc., etc.,
Rhynchonella livonica.
~ 69 —
OD voit se mélanger des poissons de l'étage supériear de
l'old red sandslone écossais : Holoptychius fwbilimmus, Pte^
ricMhys major Af.^ Asterolepit Asmusii Âg., Ast, minor Ag.,
Dendrodus strigatus Ow. , etc. , auxquels il faut ajouter les
Coccosteus^ Osteolepis, DiploptertiSy Dipterus, etc , décrits par
Pander et qui caractérisent Tétage des schistes de Gaithness,
c^est à-dire le de?onien moyen. La base du grès rouge
écossais, formant la zone à Cephalaspis, Pteraspis, Pterygotus,
et oii sont surtout développés les grands Mérostomates,
manque en Russie. Le devonien moyen et la partie inférieure
du deyonien supérieur ont généralement, comme on le verra
plus loin, le faciès normal marin ; la partie supérieure du
devonien supérieur a toujours le faciès du vieux grès rouge.
Le devonien russe a élé étudié par de très nombreux
auteurs, tant au point de vue stratigraphique qu^au point de
vue paléontologique. Tant qu'ils se sont bornés à écrire en
français ou en allemand , les savants russes ont vu leurs
ouvrages lus avidement par les étrangers, mais aujourd'hui
quils écrivent dans leur langue, si difficile à s'assimiler pour
un Français, leurs travaux ne sont plus lisibles que pour un
petit nombre de privilégiés, quoique le nombre en soit
beaucoup augmenté et que la science géologique marche en
ce pays à pas de géants.
Dans son mémoire Veber Terebrateln^ Leop. von Buch
décrivait déjà en 1833 (*) la Rhynchonella livonica si abon-
dante dans le devonien russe. En 1840, il y ajoutait (')
VÂthyris Helmerseni, 30us le nom de Terebratula et VAtrypa
micans qu'il rangeait dans le genre Ortl^is. D'autre partîtes
(1) L. wn Buch : Ueber Terebrateln. Âbhandl. d. kônigl. Âkad, der
Wissen8chaflen zu Berlin. 1888, p. 21-144. Réimprimé dans : Gesam-
melte Schrifien Leop. v. Buch's, 1885, t. IV, p. 16*7.
(2) L. von Buch : Beiir&ge zur Bestimmung der Gebirgsformationen
inRussland. Archiv fur Minéralogie, Geognosie, Bergbau und Hiltten.
kunde» t. XV, Berlin, 1840.
- 70-
premiers travaux de stratigraphie sont das à Blasins Ç) et
à Sokolofif {•).
En 1845, J. Sumascbko publia ses recherches sur le
devonien da gouvernement de St-Pélersbourg (•). L'année
suivante vit paraître un mémoire stratigraphique important
d'Eichwald (*) et un travail d'Yéroféieff (•), ainsi que les
résultats d'études paléontologiques faites par Kutorga C) aux
environs de St-Pétersbourg et le comte de Keyserling O. Ce
dernier savant rapporte les observations scientifiques faites
par lui dans un voyage sur les bords de la Petschora en 1843;
il y récolta de nombreux fossiles, en particulier dans le
devonien de cette région qu'on sait être d'ailleurs d'une très
grande ressemblance, au point de vue pétrographique comme
an point de vue paléontologique, avec le devonien rhénan ;
les couches de Domanik y sont en effet un Kramenzel à
Goniatites^de véritables schistes à nodules calcaires renfermant
Rhynchonella cuboïdes^ Camarophoria formosa^ Spirifer
pachyrhynchuSy qu'on ramasse en si grande abondance dans
notre frasnien ardennais. Les fossiles nouveaux que le comte
de Keyserling y a décrits dans son ouvrage sont :
Goniatites strangulatus, Nalicopsis Domanicensis.
Goniatites bisulcatus. Platyschisma KirchholmiensiSi
Goniatites Ammon. Platyschiuma Uchtensis.
Goniatites Uchtensis. Avicula arcana.
Sigaretus Uchtœ,
(1) J.'H. Blasius : Reise im europûischen RusslaDd, 1S44.
(2) Sokoloftx Journal des Mines, 1844« 1. 1, p. 818 (en russe).
(8) /. Sumaschko : Devonische Schichteh im Gouvernement St-
Petersburg. Bull. soc. des naturel, de Moscou, t. XVIII , p. 366, 1645.
(4) Eichwald : Géognosie étudiée par ses rapports en Russie. 1856.
(£n russe).
(5) Yéroféieffi Journal des Mines, 1846. 1.
(6) Kutorga : Ueber das silurische und devonische Schichtensystem
von Gatschina.Verh. d. russ. kais. minerai. Gesellsch.zu St-Petersburg
1846. p. 85.
(7) Keyserling : Wissenschaftliche Beobachtungen auf einer Reise
indas Petschoraland im Jahre 1843. St-Petersburg, 1846.
— 71 —
On sait d'ailleurs que le deTonien de la région de POura
se présente aussi avec le faciès rhéoan.
Un mémoire important pour la géologie de la Russie fut
celui que publièrent, en 1847, sir Roderick I. Hurchison, Ed.
de Verneuil et le comte de Keyserling sur la Russie d'Europe
et des montagnes de rOural('). La partie paléontologique,
traitée de main de maître par de Verneuil, renferme la
description de nombri'uses espèces nouYolles, parmi lesquelles
nous citerons^ pour le devonien :
Sfitrifer Anossoft. Pecten Ingriae.
Spirifer Arcàiaci. Avicula VortMi,
Spirifer granosus, Avicula eximia.
Spirifer tenticulum, Megalodon suàlongus.
Spirifer muralis, Arca Oreliana.
Leptaena ose lia. Schizodus devonictis.
Leptaena Dutertrii. Gompàoceras sulcalulum^ etc.
Chonetes nana.
En 1848, Fischer von Waldheim(') décrivit quelques
fossiles dévouions provenant du gouvernement d'Orel;
c'étaient :
Spirifer mosçuensis. Orthoceras macromerutn»
Spirifer rostratus. Cyrtoceras ibicinum.
Terebratula Blôdiana, Conularia inclinata^
Orthoceras platymerum. Caunopora annulata.
L'année suivante parut un résumé stratigraphique du
devoDien russe dans VEssai de géologie comparée^ de Mejen-
dorff(*); il faut encore signaler les recherches stratigraphiques
de Semenoff^.en 1850, la description du Dimerocrinites
(1) Murchison.de Verneuil et de Keyserling : Géologie de la Russie
d'Europe et des montagnes de POural. Paris, 184*7.
(2) Fischer von Waldheim : Notice sur quelques fossiles du gou-
vernement d'Orel. Bull soc. imp. des naturalistes de Moscou, 1848,
t. XXI. n» 3 p. 455, pi. XI.
(8) Mejendorffi Essai de géologie comparée, 1849 '(en russe).
(4) S^m^no^: Nouvelles géographiques de la Soc. imp. russe de
géographie, 1850.
— 72 —
oligoptilus par P.Pachtn» en 1852, la description géologique
du gouvernement de Toula par G. EremeiefiF (•), et les
résultats d'un voyage exécuté par Barbot de Marni dans le
même gouvernement (').
En 1855, parurent la carte géologique du gouvernement
de Si- Pétersbourg par Kutorga (*) et des travaux stratigra-
phiques deFeldmann etdeRomanovsky (") sur la partie méri-
dionale du gouvernement de Rjasan (*). En 1856, G. von
HelmersenO écrivit une révision générale de la stratigraphie
du devonien de la Russie centrale, depuis la Dwiua occiden-
tale jusqu'au gouvernement de Voronëje; ce mémoire est
Pun des plus importants à consulter pour la connaissance de
cette partie de la Russie. La même année, P. Pacht ("),
décrivant la structure géologique des gouvernements de
Voronëje, Tambow, etc., faisait connaître de nouveaux
fossiles dont nous citerons les principaux :
(1) P. Pacht : Dimerocrinites oligoptilus, Verhandl. d. russ. kais.
mineralog. Gesellsch. zu St-Petersbur^, 1852-1853, p. 3B9.
(2) G EremeiefTx Esquisse géologique du gouvernement de Toula.
Journ. des Ulnes, 1853, t. III, p. 340 (en russe)
(S) Barbot de Marni : Geognoslische Bemerkungen auf einer Reise
im Gouvernemenl Toula. Verh. d. russ. kais. mineralog. Gesellsch. zu
Si-Pelersburg, 1853, p. 876.
(4) C, Kutorga : Carte géologique du gouvernement de St.-Péters-
burg, 1855 (en russe).
(5) Romanovsky . Geognostische Uebersicht des siidlichen Theils
deti GouYernemenl Rjasan. Verhandi. d.russ. kais. mineralog. Gesellsch,
St-Petersburg, 1855-1856. p. 85.
(6) Ce mot se prononce en russe Rdiazanne; il est impossible dans
ce cas d'adopter Torthographe phonétique sans rendre ce nom mécon-
naissable.
a
0) G von Helmersen . Révision géognostique des régions devo-
niennes de la Russie moyenne depuis la Dwina occidentale jusqu'au
gouvernement de Voronèje. Mém. soc. imp. russe de géographie,
t. XI. p. 8, 1856 (en russe).
(8) P, Pacht : Examen géognostique du gouvernement de Voronèje
Tambow, etc Mémoires de la soc. imp. russe de géographie, t. XI
1856 (en russe).
— 78 -
Posidonia membranacea » Esthe- Pleurotomaria Kepserlinffii,
ria Murchisoniana. Pleurotomaria depressa.
Natica /nrchholmiensis* Murchisonia quadridncta.
Natica strigosa, Murchisonia décor ata.
Le même savant décrivit deoi ans plus tard(') la structure
géologique du territoire compris entre Orel, Voronèje et
Simbirsk. Hurchison (*) résume même à celte époque dans
son livre <St7iirta la composition dudevonien russe, qu*il avait
déjà étudié douze ans auparavant. « Le devonien s^étend en
Russie, dit-il, sur une région plus vaste que les Iles Britan-
niques réunies (*). n C'est alors que parurent la description
des fossiles de Russie, publiée par Eichwald C), dans laquelle
bon nombre de formes devoniennes sont figurées et citées ;
la description du devonien de TOural par Grûnewaldt (') et
^es travaux de Helmersen (*), ceux de Romanovsky sur les
gouvernements de Toula, Kalouga et Bjasan C), de Pacht sur
le devonien de la Livonie (*) et du Prof. Grewingk sur le
même sujet ('). Citons ensuite, par ordre de date^ les travaux
(1) P, Pacht : Geoguoslische UntersuchuDgen zwischen Orel, Woro-
Aesh uiid Simbirsk. Beiirage zur KenBliiiss d. Russischen Reicbs, Bd.
XXI. 1858.
(2) Murchison : Siluria 1859. p. 883.
(8) Murchison. : Ibid. p. 829.
(4) Eichwald : Leihsea rossica ou PaléonloloKie de la Russie. 1860.
(5) Grûnewaldt : Beitrdge zur Kennlnis der sedimenlftren Gebirgs-
formatiouen des Urals. Mém. Ac. imp. des se. ûe Sl-Pélerâbourg 1860.
7« sér. t. 2, n* •7.
(6) Helmersen'.}^tm.k(i, imp.dessc.deSl-Péterbourg 1860 T'sér.l III.
Id, Bull. Àc. .se Sl-Péiepsbourg 1861. l. IV.
Id. Journal des Mines, 1862. t 1.
C?) Romanovsky : Emige Worte ûber natûrliche Entblossungen der
Gesteinschichieii in Tula, KalugaundRjasan Bull, soc des naturalistes
de Moscou, 1862, n* 8. Journal des Mines, 1861. 1. 1.
(8) P. Pacht : Der devonische Kalk in Livland Ârchiv filr die Natur-
kunde Liv-, Ësth-, und Kurlands, 1'* série, vol 11, p. 249. Dorpat. 1861.
(9) Prof. Grewingk : Geoloi^ie von Liv- und Kurland. Arcbiv fiir die
Naiurkunde Liv-, Esib-, und Kurlands, l*^* série, vol. II. p. 479. Dorpat,
1861.
\
- 74 —
de Fr. Bar. Rosen sur le devoQien de la yallée de la Dûna et
de la Welikaja (*), de Semenow el Moller sur le devonien
supérieur de la Russie centrale (•), de D. Romanovsky (•), de
Koulibin sur la géologie du gouvernement de Tambow '^),de
A.-B. Taratschkofif 0. de Barbet de Marni (•), de Bok C) sur
la géologie du gouvernement de Saint Pétersbourg, de
A. Dittmar H, d'Emile Léo dans son livre sur les houilles de
la Russie centrale ('), d'Inostranzeff (*°) , de Barbot de Marni
sur la géologie du gouvernement de Rjasan et des contrées
adjacentes ("), d'AntonowitschC), de Lahusen et Dittmar ('*),
(1) Fr, Bar. Rosen : Die chemisch-geognostiscbe Verh<nisse der
devonischen Formation des Dûnalhals und des Weiikajalhals, 1864.
(2) Semenow el Môller : Ueber die oberen devonischen Schichten
des mittleren Russlands. Mélangées physiques et chimiques tirés du
Bu il. de l'Acad. imp. des se de Sl-Péterbourg, 1868, t. V ; Journal des
Mines, 1864, t. I, n» 2, p. 187.
(3) D, Romanovsky : Journal des Mines, 1865, n^ 2, p. 894 (en
russe.)
(4) Koulibin : Esquisse géognostique du gouvernement de Tambow.
Mém. soc. imp minéralog. de Sl-Pétersbourg» 2* série, t. I, 1866,
p. 118.
(5) il.-B. Taratschkofif: Gazette du gouvernement d'Orel, 1866,
no» 1 à 10. (En russe).
(6) Barbot de Marni : Mém. soc, imp. minéralog de St-Péterbourg,
2» série, vol. III. p. 2'72. 1868. (En russe).
(I) J. Bok : Description géologique du gouvernement de St-Péters-
bourg. Matériaux pour la géologie de la Russie, 1. 1, 1869, p. 176. (En
russe).
(8) A, Dittmar : Matériaux pour la géologie de la Russie, t. Il, 1870;
l. III, 1871 (en russe).
(9) Emil Léo : Die Sleinkohlen Central-Russlands. Saint-Pétersbourg,
1870.
(10) Inostranzeft i Travaux de la société d'étude des sciences natu-
relles de S^inl-Péiersbourg, t. III, 1878. p. 27 (en russe).
(II) Barbot flf6 il/0m/ : Examen géologique des gouvernements de
Ajasan et de quelques autres. Mém. soc. imp. minéralog. de Saint-
Pétersbourg, 1872, 2« sér.. t VIII, p. 208 (en russe).
Id, Recherches géologiques dans !e gouvernement de Rjasan. Mém.
soc. imp. minéralog. de Saint-Pétersbourg, 1872, 2* sér., t. VII, n. 177.
(12) M. A. Antonowitsch : Esquisse géognostique de la Dwina occi-
deniale sur la limite du gouvernement de Vitepsk. Journal des Mines,
1873. t. II, p 55 (en russ^).
(18) Lahusen et Dittmar : Matériaux pour la géologie de la Russie,
t . V, 1878 (en russe).
— 75 -
da Prof. LerakoTsky sur le deTonien de Sossni et de Tima Oi
de Slonpsky ('), du Prof. A P. KarpinskyO la monographie
do Prof. Barbot de Marni (*), les obs^TTations géologiques
faites par A. Domger dans le goa?erment d^Orel ('), le tra?ail
d'oosemble de A. A. Slnckeoberg (*), la carte de G. Gre-
wiogk 0, la description g 'ologiqae de N Koadriavtseff et
Lebedeff ('), les descriptions paléontologiques da Prof.
Trautscbold (*), par lesquelles il fait connaître :
Avicula voluta Chaeteles intricatus,
Tentaculiles glaber. Stromatopora porchoviensis,
Aulopora arborescens.
En 1883, G. v. Helm^rsen décrivit le bassin d'Olonetz O et
la même année Sokoloff et Koadriavtseff publiaient les résul-
(i) Prof. Levakovsky : Les couches devonienties de Sossni et de
Tim. Travaux de la Soc. d*étude des sciences nat de Tuniversilé de
Kharkow, t. Vill, is'TS (en russe).
(2) Sioupsky : Travaux de ia Société d*études des se nat. de Saint-
Pétersbourg, VII, procès-verbaux, p XXXIX, 18*76 (en russe).
(3) Prof. A. P Karpinsky : Travaux de la Soc. d*ét. des se. nat. de
St-Pétersbourg. Procès-verbaux de la section de géologie et de miné-
ralogie, t. VIII, 18T7, p 93 (en russe).
(4) Prof. Barbot de Marni : Stratigraphie du système devonien de
la Russie d'Europe. Journal des Mines. 1878. t. III et IV (en russe).
(5) B. A. Domger :• Observa lions géologiques faites pendant Tété de
1876, dans le district de Libno, du gouvernement d'Orel. Journal des
Mines, 1878. t. II, p. 71 (en russe).
{fi) A. A. Stwkenberg : Bassin devonien de la Russie d'Europe.
Travaux - de la Société d*étude des sciences naturelles de St-Péters-
bourg. t IX, 1878 (en russe).
(7) G. Grewingk : Erl&uterungzur zweitenAusgabeder geologischen
Karte Liv-, Esth- und Kurlands. Dorpat, 1879.
(8) N. Koudriaptseff et J. Lebedeff : Description géologique des
environs des villages de Krasna et de Tsarska. Travaux de la Société
d*éludes des sciences naturelles de Si-Pétersbourg, t. XII, 1, 1881, p. 5o
(en russe).
(9) Prof Trautscàold : Ueber devonische Fossilien vom Scheloni.
Bull, de la soc imp. des naturalistes de Moscou, 1881.
(10) G. V. Helmersen : Geologische und physico-geographische Beo"
bdchiungea im Oienezer Bergrevier. Bftitrftge zurKenntnissdesjrussi"
schen Reichs, 2e série, vol. V, 1882, p. 37.
— 76 -
tats de leurs recherches dans le gouvernement d'Orel (").
Tchernyschew (") et Karpinsky (") ajoutèrent en 1884 de
nombreux faits à la connaissance qu'on avaitdéjà du devouien
russe et des faunes fossiles du devonien de TOural et le pro-
fesseur P.Vénukoff résuma en une monographie complète
toutes les connaissances strati graphiques acquises jusqu'à ce
jour sur le devonien russe (^). en essayant en même temps
de le diviser et de comparer chacune des divisions obtenues
avec les étages si bien étudiés en Allemagne et dans
PArdenne. Dans un premier chapitre (p. 5), l'auteur montre
la grande extension des couches devoniennes en Russie
d'Europe ; ce terrain y est en effet développé dans la partie
nord-occidentale et dans la partie centrale de ce vaste
empire. Dans le N.-O., il affleure dans les gouvernements
d'Olonelz (p. 12), de Saint Pétersbourg (p. 12), de Novgorod
(p. 14)j de Tver (p. 17), de Pscov (p. 17), en Livonie (p. 20),
en Courlande (p. 22), dans les gouvernements de Kowno
(p 24), de Vilna (p. 24), de Vitepsk (p. 24),deMohilew (p. 27)
et de Smolensk (p. 28). Dans le centre de la Russie, on le
trouve développé dans les gouvernements de Yoronèje
tp. 30), Orel, (p, 31), Kalouga (p. 34), Toula (37) et Rjasan
(p 38). Après avoir fait dans le 2« chapitre (p- 40) une
(1) H, A. Sokoloff eiH. B. Koudriavseff' : Examen géologique du
district de Kromyc, dans le gouvernemenl d'Orel, sous la direction-
d'A. A Inostranzeff Travaux de la soc. d'études des se. nat. de Saint-
Pétersbourg, t. XIH, 11, 1882, p 241 (en russe).
(2) Tchernyschew : Matériaux pour la connaissance des couches
devoniennes de Russie. Travaux du Comité géologique russe, 1884,
1. 1, n» 3 (en russe).
Id. Faune devonienne inférieure du versant occidental de TOural.
Travaux du Comité géologique russe, 1884, t. Ul, n*' I (en russe).
(8) A. P, Karpinsky : Die fossilien Pteropoden am Ostabhange des
Urals Mém. ac. imn. des se. de St-Péiersbourg, 1884, 8e sér., t XXXII.
(4) P. Vénukoff: Stratigraphie du système devonien de la Russie
d'Europe. — Essai de division comparée et de parallélisme. Sl-Pôlers-
bourg, 1884 (en russe).
— 77 —
rapide réyision historique des diverses classificatioDs propo-
sées pour les coacbes devoniennes de la Russie d'Europe,
Tautear passe, dans le chapitre 3 (p. 53), à la description en
détail des coupes qui lui ont permis d'étudier ce terrain et
sur lesquelles il s'appuie pour le diviser et le comparer au
devonien étranger. Dans le N -0. de la Russie, on peut aller
étudier le devonien au Mont d'Ândoma (p. 53) et le long
des rivières Ojat (p. 56), Sjas (p 63), Volchow (p. 74), Kerest
(p. 79), sur la rivière Psîja et sur les bords sud-occidentaux
du lac d'Ilmen (p. 83), sur la rivière Lowat et aux environs
de Staraja Roussa (p. 98), sur les rivières Chelon(p. 105),
Oredèje et Louga et sur les bords des lacs Vrevo et Tchere-
menetzkoîe (p. 118), sur le fleuve Yelikaja (p. 129), aux
environs d'isborsk et de Petschory, près de Pscov, (p. 145),
aux environs de Dorpat (p. 155). sur la rivière Msta (p. 161)
et le long de la Dwina occidentale (p. 168). Dans le centre de
la Russie (chapitre lY), le fleuve du Don (p. 183), les rivière^
Sossna, Tima et leurs affluents (p. 212) coupent les couches
devoniennes, qu'on peut encore étudit^r aux environs de
Lipetzk (*) et de Griaznoê (p. 233), d'Orel et de Mizensk (*)
(p. 242). Le chapitre V est consacré à la division du devonien
russe en étages et en horizons (p 250) ; enfin, dans le cha-
pitre VI (p. 281), conclusion de Touvrage, Vénukoff discute la
place qu'occupe le devonien russe dans le tableau d'ensemble
des couches du système devonien. A propos de la description
paléontologique du devonien russe, Vénukofi* a repris plus
tard ces derniers chapitres, dont nous reparlerons par consé-
(1) J. Mouchket4)ff\ Aperça géologique du a.sincl de Lîpelzk et des
sources minérales de la ville de Lipelzk. Travaux du Comité géologi-
que russe, vol. I, d« 4, 1885.
Lipetzk est une ville du gouvernement de Tambow, possédant des
eaux minérales très fréquentées» dans un bel établissement datant de
Pierre I
(2) Chef-lien de district du gouvernement d'Orel, sur la Zoucha,
affluent de TOka.
- 78 —
quent plus loin. Les connaissances paléontologiques du
devonien russe se sont d'ailleurs considérablement accrues
dans ces dernières années parles travaux de Tchernyschew ('),
de Solomko (*) , de Stuckenberg (*) et de Vénnkoff 0.
Tchernyscbe^^ démontra paléontologiquement l'existence
du devonien dans le bassin du Donetz et décrivit de nou-
velles formes :
Rhynchonel/a multicosta, RhynchonellasiS, Stephani,
Rhynchonella Domgeri, Productus fallax,
£. V. Solomko entreprit l'étude des Stromatopores4evo-
niens russes, comme jadis un élève du Prof. Scblûter,
M. August Bargatzky, avait fait celle des stromatopores du
devonien allemand. Cette étude Pamena à établir deux nou-
velles espèces :
Stromatopora geometrica,
Slromatopora Inostranzevi,
Stuckenberg ajouta d'importantes contributions à la connais-
sances de la faune des dépôts d^voniens de la Sibérie et le
mémoire du Pi of. Vénukoff est accompagné de onze planches
de fossiles, la plupart nouveaux ou peu connus, et renferme
des observations très instructives sur le développement dans
le temps et dans Tespace de nombreuses séries de formes et
d'importantes variétés d'espèces, sur lesquelles on discute
(1) f*. H. Tcàernyscàew : Ein Hinweis auf das Aufirelen des
Devons in Doneiz-Becken. Mémoires de la Soc. imp. miuéralog. de
StPéler&bourg, 18S5, XXil.
(2) E, V. Solomko : Siromatopores du système devonien eu Russie.
Mém. de la Suc. imp. minéralog. de Sainl-Pélersbourg, t. XXIil, IBH6,
(en russe).
(8) A, Stuckenberg :Materialien zur Kenntniss derFauna der devo-
nischen Âblagerungjn Sibinens. Mém. ac. se. Sl-Pélersbourg, t XXXiV*
1886.
{i) P. N. Vénukoff : Faune du système devonien du nord-ouest
et du centre de la Russie. St Pétersbourg, 1886 (en russe).
- 79 —
depuis longtemps avec d'autant plus de raison que ces espèces
ou variétés sont parfois prises comme caractéristiques d'un
niveau Le chapitre sur Spirifer Vemeuili^ Sp, Ânossofi^ Sp.
Anhiaciy Sp, tenficulum, Sp. Brodi, Sp. muralis est des
plus intéressants. Les espèces nouvelles décrites dans cet
ouvrage sont :
Poteriocrinus pygmaeûs,
Serpula tlmenica.
Serpula vipera.
Strophalosia calva.
Orthisina sp.
Orlhis Svinordi,
Spirifer Brodi.
Atrypa tenuisulcata,
Avicula derupta,
Avicula Inostranzevi.
Avicula Grewingki.
Avicula Gostinopoti.
Ptychopteria isborskiana.
Ptychopteria subtiiis,
Pterinea semiovalis,
Posidononiya gibbosa.
Modxola sinuosa,
Myalina acutirostris.
Ârca elytra,
Cucullaea Kayseri.
Nucula (Leda) indeterminata.
Schizodus centralis.
Anthracosia antiqua.
Conocardium nasutum.
Ailorisma amygdaloUies,
Pleurotomaria crebrireticulaia.
Pleurotomaria Pachti.
MurcMsonia quinguecarinata,
Bellerophon pila.
Bellerophon tenuilineatus.
Teyitacudtes quinquecincttis.
Tentaculiies tragula,
Orthoceras hybridum.
Orthoceras subtriangulare.
Gomphoceras cyclops.
Gotnphoc(Tas scapus.
Pàragviovft as inversum.
Phragmoceras poculum,
Cytheretla yranum.
Quoique bien incomplet, ce court résumé bibliographique
est suffisant pour montrer avec quel soin les savants russes
ont étudié le devonien de leur pays; examinons donc
maintenant à quels importants résultats ils sont arrivés.
Les dépôts laissés par les mers et les lacs devoniens dans
la Russie d'Europe occupent une étendue considérable de
pays, couvrant une surface de plus de sept mille milles
carrés; ils y sont distribués en plusieurs bassins, formant
quatre grands massifs. L'un, en couches inclinées, est
appliqué sur le versant occidental de FOural ; un autre, en
- 80 —
stratification à peu près horizontale, s'étale dans la partie
centrale de la Russie sur une énorme surface, partant d'une
part du gouvernement d'Olonelz pour se diriger vers le S.O.
jusqu en Gourlande, d'autre part se continuant vers le S.E.
par le gouvernement d Orel jasque dans les gouvernements
de Voronèje et de Tambow Un troisième massif se ren-
contre dans le bassin de la Pelschora, enfin, un quatrième
se retrouve en Pologne, dans le S.O de la Russie, et se
reliant au devonien de la Haute-Silésie.
Nous laisserons de côté le premier, le troisième et le
quatrième massif, pour nous en tenir, avec le Professeur
P. N. Vénukoff dont nous nous sommes surtout proposé
d'analyser les œuvres, au massif central, de beaucoup le
plus grand et aussi le plus intéressant à étudier.
Il suffit d'un seul coup d'œil jeté sur une carte géologique
de la Russie ou même sur la carte g^^olog que d'Europe par
Dumont pour voir qu'on peut distiiiguer ces dépôts devo-
niens de la Russie centrale en deux bandes distinctes. Tune
allant du NE au S , depuis la Courlande jusqu'à
Arkhangel, Tdutre dirigé du N au S.E., allant de la Cour-
lande jusqu'au-delà de Toula. Ces deux bandes se distinguent
très nettement lune de l'autre aussi bien au point de vue
litbologique qu'au point de vue paléontologique A partir du
mont d'Andoma, situé sur la rive sud-orientale du lac
Onega, le devonien s'étend d'un côté vers le S.O. en une
large bande, qui passe par les gouvernements de Saint-
Pétersbourg, de Pscov, par TEsthonie pour se diriger vers la
Livonie et la Courlande jusqu'à la mer Baltique; de l'autre,
il s'ét.ile au S., puis au S.E., à travers les gouvernements de
Novgorod et de Vitepsk jusque dans le gouvernement de
Mohilew Puis, les couches semblent s'arrêter, s'interrompre,
à tel point que dans le gouvernement de Smolensk on ne
rencontre plus que de rares atfleurements de marnes quon
rapporte avec quelque incertitude au devonien, mais si on
— Si-
se dirige encore plus au sudkst, Ters Orel et Toab, on Tolt
le deTonieo reprendre oq développement oonsidéraUe»
s^étaler de nonveau sar de larges sorfaces dans les gonver-
nements de Toola, Orel» Tambow et Yoronèje. Nons éla«
dieroDs donc saccessiyement le doTonien de ces denx bandes
reliées par one manière de pointillé dans legonvernement de
Smolensk, en les désignant sons le nom de bande nord -occi-
dentale et de bande centrale.
Les dépôts de?oniens de la bande nord-occidentale penrent
se partager d'one façon très naturelle en trois étages : Tétage
inférieur, composé surtout de grès a?ec marnes et argiles
subordonnées; Fétage moyen, formé de calcaires et de dolo-
mies ; l'étage supérieur, dans lequel revient le grès, qui le
constitue presque exclusivement. Cette division en trois
étages, si nette au point de vue lithologiqoe, Test encore
plus paléontologiquement. En effet, c'est surtoat dans les
grès qu'on rencontre les poissons dont nous avons parlé
plus haut et ils y sont très nombreux tant en espèces qu'en
individus; ces restes sont donc très caractt^ristiques; ce sont
d'ailleurs pour ainsi dire les seuls fossiles qu'on y trouve,
car, en fait de moll tsques. on n'y a guère recueilli que de
petites coquilles dn Ungula bicarinata Kut et plus rarement
de Ungula cf. camea Kut.
D'un autre côté, la faune des calcaires est marine, composée
de nombreuses classes d'invertébrés et de plus très variée ;
développée d'une façon continue^ elle a nécessairement subi
dans la suite des temps des transformations qu'utilise main-
tenant le géologue pour diviser en assises et en niveaux les
couches qui la renferment.
Les dépôts de la bande centrale sont beaucoup plus
uniformes; les grès à poissons n'y existent plus et l'ensemble
se compose du haut en bas presque exclusivement de calcaires
6
Annales de la Société géologique du Nord, t. xiv.
-£82 -
et de dolomies, de sorte que, d'après les caractères lithologi-
ques, on n'y peut plus retrouver les trois étages si nets du
devomea de la bande nord-occidentale. Ces calcaires et
dolomies renferment une faune marine très riche, dont une
partie seulement est comparable à celle des calcaires moyens
de la bande du N -0., et qui a continué à vivre à celte époque
au centre de la Russie, pendant qu'au N.-O. un mouvement
d'exhaussement déterminait la production des lacs, Textinc-
tion de la faune marine et le développement de poissons
semblables à ceux d'Ecosse.
Comme c'est Texamen de cette faune marine des calcaires
et rétude de ses transformations qui nous intéresse le plus
pour la comparaison du devonien russe avec notre devonien
marin des Ardennes, comme d'autre part l'uniformité de
la faune des poissons et de la nature lithologique de la roche
qui les renferme en restreint nécessairement l'intérêt, ce sera
l'étage calcaire qai appellera désormais notre attention.
Nous allons par conséquent passer en re?ue les caractères de
V étage moyen du devonien de la bande nord- occidentale et
de Vensemhle du devonien de la bande centrale.
Bande nord-occidentale. ^ L'étage moyen des dépôts
devoniens de celte bande peut s'étudier dans les gouverne-
ments de St-Pétersbourg, Pscov et Novgorod. Il est formé
surtout par des calcaires, plus rarement des dolomies, avec
argiles et grès intercalés et subordonnés, par conséquent en
couches plus minces séparant les bancs calcaires. On peut
y distinguer une série d'horizons caractérisés par certains
détails de leur faune ; mais, comme la sédimentation s*est
opérée d'une façon continue, sans jamais s'interrompre,
comme les conditions physiques dans lesquelles vivaient les
êtres qui la composent n'ont guère changé pendant ce long
espace de temps, nécessaire au dépôt de ces strates, ce n'est
que très Insensiblement que la faune s'est transformée ; c'est
pourquoi on remarquera dans Tensemble des fossiles une
- 83 —
grande homogénéité; pourtant quelques formes à eourte
durée et sans doute peu aptes à soutenir la concurrence
vitale semblent exclusi?ement caractéristiques d'un horizon
donné.
C'est ainsi que le professeur Vénukoff a pu distinguer
dans cet étage moyen calcaire du devonien russe 4 horizons
assez distincts..
1. L'horizon le plus inférieur, qui surmonte immédiate-
ment dans cette bande nord-occidentale le grès inférieur
devonien à poissons, a son développement le plus complet et
le plus typique sur le Sjas, par exemple à Jachnowo et à
Monzewo, sur le Volchow à Gostinopol, sur TOredëje, aux
alentours du lac Tcheremenetzkoïe et sur la rivière Velikaja,
à Pscov.
Les fossiles de cet horizon sont :
Aulopora repens Knorr. Atrypa tenuisulcaia Vénukoff.
Aulopora orlhoceratum Rolle. Atrypa micans Buch.
Slromatopora l7iostranzef)i So\. Rhyncàonella livonica Bwch.
Slromatopor a concenlrica Goldf Rh. AfeJendorffïYtra.
Dimerocrinus oligoptilus Pacht. Pentamerus geleatus Daim.
Serpula devonica Pacht. Aviculopeclen Ingriae Vern.
Serpula ilmfnica Vénukoff. Avicula Vorthii Vern,
Spirorbis omphalodes Goldf. Avicula alula Eichw.
Slrophatosiaproduclotd€sM}iTch, Avicula rosirai a Eichw.
Orlhis slriatula Schloth. A vicula Grewingki Vénukoff.
Davidsonia Vemeuili Bouch. Avicula Goslinopoli Vénukoff.
Spirifer muralis Vern. Leda sp.
Spirifer subcuspidalus Schnur. f Lucina proavia Goldf.
Spirifer granosus Vern. Isocardia Tanaïs Vern.
Alhyris concentrica Buch, var. Pleurotomaria tuberculalus Fér,
minor. et d'Orb.
Atrypa relicularis Lin. Natica aff. piligera Sandb.
Bellerophon aff trilobatus Sow. Tenlaculiles guinquecinctus Vé-
Porcellia armata Vern. nukoff
Platyschisma kirckholmiensis Gomphoçeras scapus Vénukoff.
Keys.
— 84 —
Parmi ces espèces, les formes caractéristiques de l'horizon
inférieur des calcaires sont :
Rhynchonella Mejendorffi. Orlhis striatula.
Rhynchonella livonica, Aviculopecten Ingriœ.
Spirifer muralis. Avtcula Grewingki.
Strophalosia producMdes, Avicula Gostinopoli.
Alrypa reticularis, Belterophon trilobatus.
Alrypa fenuisulcata.
Les espèces nouvelles sont :
Serpula ilmenica, A icula Gostinopoli.
Atrypa tenuisulcata. Tentaculites quinquecintus.
Avicula Grewingki, Gomphoceras scapiis,
2. Le second horizon ou horizon moyen ne peut pas se
distinguer pétrographiquement de l'horizon inférieur, mais
il renferme déjà une faune différente, qui peut servir à la
caractériser. Les couches qui le forment sont au sud de celles
de l'horizon précèdent, qu'elles bordent d'une étroite bande,
et affleurent sur les bords du Sjas et du Ghelon, par exemple
à Suchlow-Jam, à Porchow (*), etc. Elles renferment :
Aulopora repens Knorr. Slreptorhynchus umbraculum
Aulopora tviboefonnis Golcif. Schloth.
Cyalàophyilum caespitosum Davidsonia Verneuili Bouch.
Golcif. Spirifer Archiaci Murch.
Sttomatopora perforata Nich. Spirifer tenticulum Vern.
Dimerocrinus oligoplilus Pachl. Spirifer muralis Vern.
Serpula devonicd Pacht. Spirifer subcicspidatus Schnur.
Serpula ilmenica VénukoflF. Spirifer granosus Vern.
Spirorbis omphalodes Goldf. Cyrlina heteroolita Defr. 'rare).
Slrophalosia productoîdes Murch .
Orthis striatula Schloth.
(1) CheMieu de district sur le Ghelon.
— 85 —
Àikyris comeem^cm Bidi, tv.
Âtrypa reticuiaris Lin.
Atrypa wiicaMM Bicb.
RkynehameUa iiwmiea Bach.
RMynehameiia Inféra Phill.
Peniamenu galeaius Daim.
Âvieuiopecien Ingriœ Yern.
ilrtdf/a For/àtt Yero.
Avicuia ahUa Eichw.
Avicuia Inosiranzeci Vénnkoff.
Avicuia rosiraia Eichw.
PtyehopUria Ubarskiana Téna-
koff.
Goidl
isocmrdia TanoùYera,
PênrototMTia
Pareelha wrmaia Tern.
Satiea aff. piHgera SukUi.
\atiea sirigota Picht.
Tenimculiies glaber Traotschoid.
GompMceeras se^ms Ténokoff.
Cyrtoeenu depressum Goidr.
CjftherHIa gramtm Yéoiikoff.
Quand on examine cette liste en détail, on Yoit que le
caractère le plus frappant de cette faune est sans contredit
la rencontre de Spirifer muraUSj Sp. Archiaciy Sp. tenliculum
rénnis. Spirifer muralisy si caractéristique de l'horizon
inférieur, est d'ailleurs en complète décadence et en Toie de
disparition ; nous le Yerrons remplacé par les Yariétés du
Spirifer disjunctus qu'on lui trouve associées dans cet horizon
{Sp. Arehiaii et Sp. tenticulum), apparaissant au moment oà
Sp. muraUs disparait. Cyrtina heteroclita se rencontre déjà à
cet horizon, mais elle y est très rare, ainsi que Rkynchoneîla
bifera.
Les formes nouvelles qui apparaissent dans cet horizon
sont:
Avicuia Inostranzevi. Natica sirigosa.
Ptychopteria isborskiana, Cyrtoceras depressum.
Platycfiisma kirchholmiensis. Cylherella granum.
parmi lesquelles Avicuia Inostranzevi, Ptychopteria isbors--
kiana^ Cyrtoceras depressum, Cytberella granum^ ne se
rencontrant pas plus haut, peuvent servir à caractériser
paléontologiquement le second horizon.
- 86 -
û'autres formes moins caractéristiques ne se trouvent pas
plus bas :
Aulopora Itibaeformis, Streptorhyncàus umbraculum.
Cyathophyllum caespilosum. Tentaculites glaber,
Stromalopora perforata.
sans parler de Spirifer Archiad, Sp. tenticulum, Cyrtina
heteroclita et Rhynchonella bifera déjà cités.
CyathophifUum caespitosumy Stromatopora perforata^ Tenta-
culites glaber ne remontent pas plus haut.
On n'y rencontre plus Rhynchonella Uejendorffiy si carac-
téristique de l'horizon inférieur ; plus i^Atrypa tenuisulcata,
plus de Bellerophon trilobatus.
Ont également disparu les formes suivantes :
Aulopora orthoceratum. Avicula Gostinopoli.
Stromatopora Inostranzevi. Bellerophon tvàerculatus.
Stromatopora concentrica. Tentaculites quinguecinctus,
Avicula Grewingfci.
Les faunes de ces deux horizons, inférieur et moyen, sont
plutôt inlimement liées l'une à l'autre et ne diffèrent que par
des caractères secondaires. Suivant une expression du Prof.
Yénukoff, la faune de ce second horizon est pour ainsi dire
« incolore •, car on y voit se répéter, à peu de choses près^
la faune de l'horizon inférieur ; il est vrai qu'il s'y rencontre
quelques espèces spéciales, mais rien n'indique une franche
faune, rien ne lui donne du <r coloris >, c'est une faune' de
passage : en effet nous allons voir dans le 3« horizon certaines
formes apparues dans le second prendre une extension
considérable et servir même à le caractériser.
3. Ce troisième horizon est beaucoup plus net que les
deux précédents. Il est d'abord plus varié au point de vue
iithologique. Surtout représenté par des calcaires, il est
— 87 "
tantôt marneax, tantôt dolomitiqae, tantôt même fermgineai,
comme à Baregi ; à ces calcaires sont subordonnées en minces
inlercalations des marnes, des argiles et même des couches
assez importantes de grès. Il s'étend sur le coars inférieur
dn Chelon et c'est sur ce fleu?e, à S?inord, qu^on trouve son
affleurement le plus caractérisé et le plus typique ; on le
retrouve sur la rive sud-orientale du lac d'Ilmen, surtout
dans les environs de Staraja-Roussa et de Buregi, et aussi
sur le Welikaja, à Ostrow, et sur son affluent le Wjada.
Sa faune, beaucoup plus homogène que la précédente, le
distingue bien nettement ; c'est le niveau le plus facile à
reconuaitre. EUe renferme :
Âulapora repens Knorr. Atrypa reticularis Lin.
Aulopora tubaefofrmig Goldf. Myncàonella pugnus MarU
Cyathophyllum hexagonum Goldf. Avicula Vorihii Yern.
Favosites polymorpha Goldf. Avicula Bucài Eîchw.
Slromatopora montictiliferaQuen' Plerinea cf. Bonissenti Oehlert.
stedt. Plerinea Iriangularis Eichw.
Serpula devonia Pachl. Ambonychia decliois Eichw.
Serpula ilmenica Vënukoff. Myalina acutiroslris Yénukoff.
Spirarbis êmphalodes Goldf. Modiola aviculoides Yern.
Lingula bicarinala Kulorga. Cardiola concentrica Bach.
Cranta proavia Goldf. Cardiola quadricostata Rœm.
Discina nilida Phill. PleuroXomaria Voronejensis
Slrophalosia producloides March. Yern.
Orlàis striatula Schlolh. Murchisonia pusilla Eichw.
OrlMs Svinardi Yénukoff. BellerophanstriatusVér.eiû^Orh.
Slreplorhyfichus utnbraculum Scb. Plalyscàisma kircMwlmiensis
Slreptorhynchus lepidus Schnur. Keys.
Stropàomena Dulertrii Murch. Natica strigosa Pacht.
Spirifer Vemeuili Murch. Gomphoceras sulcatulum Yern.
Spin'fer Arcàiaci UuTch, Gomphoceras cyclops Y énukoïï.
Spirifer tenticulum Yern. Phragtnoceras inversum Yénu-
Spirifer Anossofi Yern. (très rare). koff.
Cyrlinaheteroclita Defr. Cythere lulensis Semenow et
Athyris Belmersenii Buch. Môlier.
— 88 —
C'est dans ce troisième horizon qu^on rencontre Spirifer
Verneuili type ; il est accompagné par la Cyrtina heteroclita
très abondante et ces deux fossiles sont tellement caracté-
ristiques de ces couches qu'on a pu les désigner sous le
nom de couches à Spirifer Verneuili et Cyrtina heteroclita;
elles forment la zone inférieure de Phorizon supérieur.
VAthyris Helmersenii est aussi très caractéristique de cet
horizon, qui renferme encore Spirifer Archiaci et Sp. tenti-
culum.
Les nouvelles formes apparues sont :
Cyathophyllum hexagonum. Pterinea Iriangularis,
Favosites polymorpha. Pterinea Bonissenti,
Stromatopora monlicuHfera. Ambonychia decltvis.
Lingula bicarinala, Myalina acutirostris.
Crania proavia. Modiola aviculoïdes,
Discina nitida. Cardiola concentrica.
Orthis Svinordt Cardiola quadricostata,
Slreptoràynchtds lepidus, AfurcMsonta pusiila.
Strophomena Duterlrii, Bellerop/ion striatus,
Spirifer Verneuili. Gompàoceras sulcatulum.
Spirifer AnossofiA Gomphoceras cyclops ^gros
Âthyris Helmersenii, échautillons).
Rhynchonella pugnus. Phragmoceras inversum.
Avicula Buchii, Cythere tulensis.
Les formes les plus caractéristiques, parmi celles-là, sont:
Orthis Svinordi, Cyrtina heteroclita.
Streplorhynchus lepidus. Aihyris Helmersenii.
Strophomena Dutertrii, Gomphoceras cyclops.
Spirifer Verneuili.
Les formes suivantes ont disparu :
Cyathophyllum caespitosum. Spirifer subcuspidatus.
Stromatopora perforata. Spirifer granosus.
Dimerocrinus oligoptilus. Aihyris concentrica var.
Davidsonia Verneuili, minor.
Spirifer muralis. Atrypa micaiis.
-^89 -
Rhpnchonella Uvonica. Lucina ptoama.
Rhynchonella bifera. Isocardia Tanaxs.
Pentamerus galeatus. Porcellia armala.
Avicuiopecten Ingriae, Nalica aff. piligera.
Avicula alûla. Tentaculites glaber,
Avicula Inostrànzevi, Gompàoc :ras scapus.
Articula rostrata. Cj/rloceras depressum.
Plychopteria ishorskiana Cytherella granum.
La grande quantité de formes disparues et de formes
nonveiles explique la netteté de cette faune. Ces nombreuses
formes nouvelles sont surtout des lamellibranches et de gros
céphalopodes: mais la forme la plus importante, la plus
tjpique et aussi celle qui a la plus grande extension est le
Spirifer disjnnctus dans ses trois variétés {Sp. Verneuili, Sp,
Archiaci, Sp tenticulum). Il est particulièrement intéressant
de trouver dans ces couches la variété Sp. Vemeuili; il
représente ici en effet Sp. muralis, caractéristique de l'hori-
zon inférieur et absolument disparu dans ce troisième
niveau. Notons en outre le grand développement, dans cette
zone, de Cyrtina heterocUta, qui y atteint son maximum
d'extension.
Dans les calcaires de Svinord, qui renferment une si riche
faune qu'on les a pris comme type de cet horizon, on ren-
contre de petites coquilles extrêmement rares, qui appar-
tiennent évidemment au Spirifer Anossofi, caractéristique de
rhorizon immédiatement supérieur. On devait s'y attendre.
4. Le quatrième et dernier horizon (zone supérieure de
rhorizon supérieur) est encore relativement très peu étudié ;
il semble avoir une grande extension superficielle dans les
gouvernements de Novgorod et de Pscov ; mais on n'en a
jusqu'à présent pas suivi les affleurements avec méthode et
on en a négligé la stratigraphie ; la faune en est tout aussi
peu connue ; son seul représentant est Spirifer Anossofi ;
- 90 —
mais ce fossile est très caractéristique et permet à lui seul de
déterminer exactement ce niveau. Celui-ci manque d'ailleurs
en beaucoup de points ; par exemple aux environs de Buregi
et de Staraja-Roussa, les dépôts appartenant au troisième
horizon sont immédiatement recouverts par Tétagè gréseux
supérieur à poissons. On rencontre souvent entre le troisième
horizon et Tétage de grès supérieur des couches particulières,
dont la faune diffère assez de celle du troisième horizon et
qui pourraient bien appartenir à la zone à Sp, Anossofi : c^est
ce qu'on observe surtout dans les parties les plus méridio-
nales de cette région devonienne, par exemple sur le Lowat;
mais d'autres observations vérifieront probablement aussi ce
fait pour d'autres régions.
A Cholm (^ ), sur le Lowat, on trouve un affleurement de
calcaire gris pétri de Spirifer Anossofi; un peu plus au sud,
à Welikija Luki ( = ), également sur le Lowat, il y a des
calcaires marneux, dolomitisés, poreux, gris foncé, renfer-
. mant une grande ({uantité de moules de Spirifer Anossofi,
Tous ces calcaires sont recouverts par les grès avec argiles et
marnes subordonnés de Tétage arénacé supérieur. Dans les
calcaires de WeUkija Luki, on a aussi trouvé des empreintes
d'une petite Murchisonie. On ne connaît donc jusqu'à présent
que très peu de représentants de cette faune.
En résumé, le devonien de la bande nord-occidentale de la
Russie présente de haut en bas la composition suivante :
m. Grès à poissons avec argiles et marnes subordonnées.
Î^. Zone à Spirifer Anossofi.
«. Zone à Spirifer Verneuili et Cyr-
il. Calcaires à faune ] ^ ''**« heteroclita
marine \ ** Horizon de passage à Ptyehopteria ts-
borskiana et Cyrtoceras depressum,
a. Horizon à Rhynchonella Mejendorffi et
Spirifer muralis.
1. Grès à poissons avec marnes et argiles subordonnées.
(1) Chef-lieu de district du gouvernement de Pscov, au confluent du
Konnij et du Lowat.
(2) Ghef-iieu de district du gouvernement de Pscov.
— 91 —
Bande centrale. — Le devonien de cette partie de la
Russie présente, avons-nous déjà yq, une très grande uni-
formité au point de vue litbologique. Il est formé principa-
lement par des calcaires, tantôt dolomitisés, tantôt argileux,
en bancs séparés par de plus minces couches d^argiles, et
plus rarement de grès, subordonnées. Dans cet ensemble
d^une homogénéité remarquable, on observe un passage
insensible d'une couche à une autre, aussi bien au point de
vue paléoutologique qu'eu égard à la nature des rocbes ; la
sédimentation, qui s'y est faite paisiblement, a été ininter-
rompue pendant toute l'époque devonienne supérieure; dans
cette mer calme et invariable, la faune s'est transformée
lentement et d'une manière continue, de sorte que la division
en horizons y est assez difficile. Les couches inférieures
calcaires, que nous avons vues représentées dans la bande
nord-occidentale, manquent ici : on ne retrouve aucune
trace de Thorizon à Rhynchonella Mejendorffi et Spirifer
muralis, ni de Thorizon de passage à Ptychopteria isbors-
kiana et Cyrtoceras depressum. L'horizon le plus inférieur de
cette région devonienne est formé par des calcaires à
Spirifer Verneuili correspondant à la division c oc du tableau
précédent.
Le devonien de la bande centrale de la Russie d-Europe
peut se diviser en 5 assises ou horizons, qui sont, à partir
du bas :
1. Horizon à Spirifer Verneuili. — L'horizon le plus
inférieur est formé de calcaires verdâtreg, bleuâtres et
jaunâtres argileux, qu'on voit affleurer dans les environs de
Yoronëje, au village de Smerdjatschaja Dewitza ('), à Petino,
sur le Don, en aval' de Semiluki sur la rive gauche du Don,
formant un escarpement en cet endroit.
(0 Village du gouvernement de Voronèje, district de Voronèje,
silué à 19 kil. à l'ouest de cette ville, au confluent de la Dewitza et du
Don. (Dictionnaire de Vivien de St-Martin).
— 92 —
Les fossiles qu'on peut y récolter soDt :
Aulopora repeàs Knorr. Athyris Helmersenii Buch.
Âulopora tubaeformis Goldf. Airypa reticularis Lin.
Cyathophyllumcaespitosum Golaf Atrypa desquama ta Sow.-
Cyathophyllum ceratites Goldf Airypa aspera Schloih.
Alvéolites suborbicularis Lamk. Rhynchonella acuminata Mart.
Poteriocrinus pygmaeusytnMkofi Rhynchonella cuboîdes Sow.
Serpula devonica Pacht. Pentamerus galeatus Daim.
Spirorbis omphalodes Goldf. Terebratula sacculus Mart.
Cranta proavia Gold f . A vicu la Bodana Rœm .
Strophalosia productoides MMvch.Modiola aviculoides Vern.
Chonetes nana Vern. Pleurotornaria VoroneJensisYevn.
Orthis striatula Schlolh. Bellerophon tuberculatu^ Fôr. et
Strepiorhynchus umbraculum^ch . d*Orb .
Strophomena Dutertrii Murch. Bellerophon tenuilineatus Vén.
Slrophomena asella Vern.
Strophomena Fischeri Vern
Spiri/er Verneuili Murcb.
Spirifer Archiaci Vern.
Spirifer tenttculum Vern.
Spirifer inflatus Schnur.
Spirifer Urii Flem.
Cyrtina heteroclita Defr.
Platyschisma uchtensis Keys.
Platyschisma kirchholmiensis ?
Keys.
Natica strigosa Pacht.
Tentaculites tragula Vénukofî.
Orthoceras Helmersenii Pacht,
Gomphoceras sulcatulum Ver n.
Cythere tulensis Semenow elMÔiler .
Les espèces suivantes sout communes entre les faunes de
cet horizon dans les deux bandes nord-occidentale et cen-
trale du devonien russe :
Aulopora repens.
Aulopora tubaeformis,
Serpula devonica.
Spirorbis omphalodes
Crania proavia.
Strophalosia productoides.
Orthis striatula.
Strepiorhynchus umbraculum.
Strophomena Dutertrii.
Spirifer Verneuili.
Spirifer Archiaci
Spirifer tenticulum.
Cyrtina heteroclita.
Athyris Helmersenii.
Atrypa reticularis.
Modiola aviculoides.
Pleurotornaria Voronejensis.
Platyschisma kirchholmiensis.
Nalica strigosa.
Gomphoceras sulcatulum.
Cythere tulensis.
- 93 -
Cyaihophyllum hexagonum y est remplacé par C. cœspit<h
sum et C ceratites, c'est-àrdire par des formes branchues.
Les trois ?ari<^tés du Sp. disjunctus y sont aussi réunies;
Rhynchonella pugnns est représenté par Rh. acuminata, les
Avicùles sont aussi d'espèces représentatives, Bellerophon
tuhercuîatus remplace B. striatus, Platyschisma ucMemis
supplante PL kirchholmiensis, La plus grande similitude
règne entre les deux faunes.
Les formes les plus remarquables et vraiment caractéris-
tiques pour cet horizon sont :
Spirifer Verneuili, Strophalosia productoides,
Strophomena asella. Atrypa desquamata.
Strophomena Dutertri. Atrypa aspera.
Les trois premières^ et surtout Spirifer Vernmili^ sont
très abondantes ; les trois autres se rencontrent aussi en
abondance, mais ce qui frappe surtout quand on rérolte ces
espèces, c'est moins encore leur fréquence que leur grande
taille, qui rappelle celle des mêmes espèces, surtout du
Spirifer Verneuili et de Y Atrypa relicularis, dans la zone
frasnienne à Spirifer Orhelianus de l'Ardenne. Il y a peut-
être même grande analogie entre la position stratigraphique
de la c zone des monstres » avec celle de Thorizon à Spirifer
Verneuili de la Russie.
D'autres formes, bien caractéristiques de ce niveau, sont
moins abondantes ; ce sont :
strophomena Fischeri. Cyrtina heleroclita,
Spirifer Archiact Athyris Helmersenii.
Spirifer tenticulum. Rhynchonella cuboides,
Spirifer Urii, Pentamprus galeatus*
Spirifer inflatus. Bellerophon ttUterculatus,
Les coraux ont aussi acquis à cette époque une extension
assez grande, quoique moins considérable que celle des
— 94 «
formes précédemment citées* Ils soDt très irrégulièrement
distribués et ce n^est que locafement qu*ils prennent un
grand développement. C'est^ suivant les endroits, tantôt un
corail qui prédomine, tantôt un autre qui a envahi les eaux
devoniennes. Ainsi, par exemple, dans les dépôts de cet
horizon qui affleurent sur les bords de la Diewitza, on
rencontre en assez grande abondance Cyalhophyllum caespi-
lo^MW,* tandis q\ï Alvéolites suhorbicularis y est fort peu
développé ; à Petino, sur le Don, au contraire, on est frappé
par la rencontre fréquente de grands massifs d'Alvéolites
suborMcularis et, à côté d'eux, on ne trouve plus que de
très petits rameaux, très rares, de Cyalhophyllum caespitosum.
Cet horizon inférieur, à Spirifer Vertieuili, est séparé du
second horizon par une couche assez épaisse d'un grès blanc
grisâtre ou jaunâtre avec lits d*argile intercalés, atteignant
sur les bords du Don et de la Diewitza une épaisseur de 2 à 3
mètres.
2. Horizon de Voronèje. — Le 2«' horizon, celui de
Voronèje, est également formé de calcaires argileux jaunâ-
tres, verdâtres ou bleuâtres avec nombreux lits d'argile
intercalés. C'est aussi dans les environs de Voronèje^ presque
aux mêmes endroits que celles du premier horizon, que ces
couches affleurent. On les trouve par exemple à Smerdjats-
chaja Diewtza, en aval de Semiluki,sur le Don, l'affleurement
le plus intéressant de ces couches, car on y peut observer le
contact du deuxième horizon sur le premier, Jendo-
wischtsche (*). où sont ouvertes de nombreuses carrières de
grès et de pierres calcaires pour la fabrication de la chaux, à
Ternowoye, Gouduwka, Schoumejka, etc. En avant de Voro-
nèje, nous retrouvons des affleurements de ces calcaires à
(1) Village du gouvernement de Voronèje, district de Zemliansk.
sur la Vélouga.
— 95 -
Kouleschowka (*), à Konj-Kolodetz (*), à Kasatschje^ etc. Des
calcaires marneux en couches minces, tanlôt gris bleuâtres,
tantôt jaunâtres, s'éiendtnt plus loin vers le Nord, sur 1^
Kschenj, à Rogatschik, sur la Tim, par exemple, à
Jewianowo, pour atteindre enfin les rives de la Sossna, où
ils s*enfoncent souà les couches supérieures, comme on le
voit par exemple à Liwny ('), à Tembouchure de la Tim. Les
dépôts de cet horizon occupent une assez vaste région
comprise entre le Don, la Tim, le Kschenj et le Sossna.
La faune de cet horizon est des plus nettes :
Aulopora repens Knorr. Atrypa aspera Scliloih.
Aulopora iabaeformis Goldt. Terebratula sacculus Mari.
Syringopora cf. àifurcata Lonsd. Aviculopecten dov. sp.
CyatàophyllumcaespUosumGolûî Avicula BodanaKœm,
CyalhopàyllumhexagonumGoidf, Ptychopteria siibtiiis VénukoflF.
Cyathophyllum ceratUes Goldf. t Modiola aviculotdes Vern.
Aloeotites suborbicularis Lamk. Arctt elytra VénukoflF.
Serputa devonica Pacht. Nucula [Leda)indeterminafa Vén.
Spirorbis omphalodes Goidf. Schizodas cenlralis Vénukoflf.
Cranta proama Goldf. Lucina Grifftthi Vern.
Productus subaculeatus Murch. Isocardia Tanais Vern.
Slrophalosia proditctoïdes }i\ïrch. Pieurotomaria VoroneJensisWern.
Càoneles nana Vern. Bellerophon striatus Fer. eid'Orb.
Orthis slriatula Schloih. Platyschisma Uchtensis Keys.*
SlreptoràyncàitëumbraculumSch.Loxonema nexilis Sow.
Spirifer Anossofl Vern. TentacuiiiPS tragula VénukoflF.
Alhyris concentrica Bucû var. Orthoceras Helmerseni Pacht.
minor, Orthoceras hybridum VénukoflF.
Atrypa reticularis Lin. Gompfiocfras sulcatulum Vern.
Atrypa desquamata Sow. Cythere tulensis Sem. et MôII.
(2) Bour^ du gouvernement de Voronèje, sur la Bidiaïa'Kalttva,
aflQuent du Don.
(3) Village du môme gouvernement, sur le Biélii-Kolodex, aflQuent
de i'Oskol, tributaire du Donetz.
(3) Ville du gouvernemeut d'Orel.
- 96 —
Il semble évident que le dépôt des sédiments a subi, sinon
une interruption, du moins une profonde modificatioUi qui a
>4éterminé une transformation considérable et une émigration
des animaux qui habitaient cette mer. La présence entre ces
deux horizons d*un banc de grès, évidemment déposé dans
d'autres conditions que les calcaires sus et sousjacents,
indique d'ailleurs qu'il s'est produit entre les deux époques
des dépôts de calcaires une tentative d'émersion. qui, en
modifiant les conditions bathymétriques, a forcé la faune à
se transformer.
Les formes suivantes ont apparu :
Syringopora<iï. bi fur cala, Nucula [leda) indeterminata.
Productus subaculeatua, Scàizodus cenlralis,
Spirifer Anossofi, Lucina Griffllài.
Athyris concentrica var. minor. Isocardia Tanats.
Aviculopeclen nov. sp. Belterophon stria tus.
Plychopteria subtilis. Loxonema nexilis,
Arca elytra. Orlàoceras hybridum.
Si nous comparons celte liste avec celle des horizons infé-
rieur et moyen de la bande nord-occidentale, nous trouvons
entre ces deux faunes une très grande analogie, surtout en
ce qui concerne les lamellibranches. De c^'s deux faunes,
Tune est pourtant plus ancienne que Tautre et nous cons-
tatons ici une fois de plus l'influence du faciès sur la faune.
En effet les dépôts se faisaient dans les mêmes conditions
de part et d'autre ; les horizons inférieur et moyen de la
bande nord-occidentale représentent une phase d'abaisse-
ment du sol consécutive au dépôt de grès; Thorizon de
Voronèje se trouvait, nous l'avons vu, dans des conditions
identiques ; ces deux dépôts ne sont pourtant pas synchro-
niques : il est évident que l'horizon inférieur de la bande
centrale, caractérisée par le Spirifer Verneuili est synchro-
nique du dépôt de l'horizon supérieur (zone inférieure) de la
bande nord-occidentale. L'horizon de Voronèje, qui lui
— 97 -
est superposé, est plas récent, d'autant plus qu'il est carao- .
térisé par le Sp. Anossofi, que nous savons être un descendant
du Sp. Verneuili J*aj luterai d'ailleurs que les formes nou-
velles qui apparaissent dans cet horizon, rappelant le faciès
d'une faune antérieure, sont rares et peu typi:]ues, ce qui
contribue assez largement à prouver la différence d'flge et à
expliquer par une analogie de faciès Tanalogie qui existe
entre elles et leurs congénères plus anciens.
Le fossile le plus caractéristique de ce niveau est le Spirifer
Ânossofi, qui y représente complètement trutes les variétés
du Spirifer disjunctus, si nombreuses dans Thorizon inférieur
et qui manquent totalement ici. Le Spirifer Anossofi ast très
caractéristique des couches de Yoronèje par son extrême
abondance et les grandes dimensions qu'il atteint en général.
Outre ce brachiopode important, les formes, m4lheureu-
sèment assez rares, propres à cet horizon, sont :
Avicufopecten n. sp. LudnaGrt'ffitM,
Af'ca elytra. PtycàofUeria subtilis.
Nucula indeterminata. Loxonema nexilis.
Ont disparu :
Poteriocrinm pygmaeus. Cyrtina heteroclita.
Strophomena Dt^terlrii. Athyris Helmerseniù
Strophomena aselia. Rhynchonetla acumfnma.
Slropkom^na Fiscàeri. Rhynchonella cubdides.
Sptnfpr Verneuili. Pentamerus geleatus.
Spirifer Archiaci. Bellerophon tubercidalvs.
Spiriffn- tenlicu/um. Betieropàon tenuilineatus.
Spirifer iriflalus. Naltca slrigosa.
Spirifer Urii.
Cette liste est bien faite aussi pour prouver que le change-
ment de faune est surtout dû à un changement de faciès et
de môme que le devonien inférieur de TArdenne nous
Annales de la Société géologique du Nord, t. xiv. 7
— 98 —
4 montre dans l'étage coblenzien un tout homogène du bas
jusqu'en haut, indivisible par conséquent, auquel M . Gosselet
a même été obligé de rattacher son taunusien, de môme je
ne pense pas qu'on puisse séparer les couches des horizons
inférieur et moyen de la bande nord-occidentale de devonien
russe des couches de Voronèje et je ne crois pas être trop
audacieux en admettant que cet ensemble de calcaires,
jusqu'aux couches à Spirifer Anossofi inclusivement, cons-
titue un étage particulier que j'estime synchronique du
frasnien ardennais. Comme on le verra plus loin, cette opinion
n'est pas précisément celle de M. Yénukoff.
3. Le troisième horizon est celui de Jewlanow. Entre les
couches de Voronèje et les couches de Jewlanow, on
observe un passage insensible. Ces dernières peuvent se
partager en deux zones renfermant des faunes différentes.
La zone inférieure, qui sarmoute immédiatement les calcaires
marneux à Sp. Anossofi, est ordinairement formée de calcaires
compacts jaunes ou gris, renfermant la faune type de cet
époque, c'est-à-dire une faune représentée par dés mollus-
ques.
La zone supérieure est composée de bancs épais de
calcaires coralliens, grossièrement stratifiés, jaunes et gris,
renfermant une faune presque exclusivement composée de
corau}^ les autres formes y étant très peu nombreuses et
rares.
L'horizon de Jewlanow se compose donc de calcaires
ayant deux origines différentes, les uns, purement sédi-
mentaires et clastiques, situés à la base, les autres construits,
formés par des récifs de coraux, occupant un horizon très
net à la partie supérieure et utilisé à cause de cela comme
ligne de démarcation entre l'horizon de Jewlanow et
l'horizon de Jeletz immédiatement supérieur.
L'horizon de Jewlanow possède une extension considé-
rable. On le trouve sur TOlym, par exemple au village de
— 99 —
Borky (>), sur la Kschenj. à Rogatschik et à Lomigory, sur-
la Tim. à Jewliinow. à Tim ('). etc. La Sossna coule daus
les calcaires de cet horizon, dans son cours moyen, de Luko-
witzi à Tchernawa, à 20 verstes de la ville de Jeletz ; euQn
on reiroQYe encore ces couches au N. de la Sossna Elles
afQeurent sar les riviëresTroudajkh I juboiwsha, à Kroutolé (*),
Rawnet. Russkij Brod. etc., sur la Livenka, à Worôlyn.^k,
elc On trouve même les couches de Jewianow encore au-
delà de ces limiles d'une immense surface ; mais alors elles
sont sporadiqnes et ne forment plus de vastes massifs. C est
à Jewianow, à Kroutoïé à Buiki, à Livny, etc., c'esl-à-.iire
surtout à peu près s^u centre de la surface que nous venons
de délimiter, que ces couches atieii^iieut leur plus grande
épais^^eur. Dans la direction de Jeletz, elles se terminent en
angle aigu, disparaissant insensiblement, et sont remplacés
par les dépôts de Thorizon de Jeletz H. Ces formations
coralliennes de Jewianow ne sont dnnc que des lentille^ au
milieu des sédiments normaux et les calcaires de Jewianow
sont probablement synchroniques de ceux de Jeletz ; c'est
d'ailleurs une question que nous examinerons tout-à-rheure.
Cet horizon s^étend aussi vers Test jusqu^aux rives du
Don, mais leur développement y semble moins nçt et on n^y
reconnaît pas facilement le type de Jewianow ; sur le Don,
elles affleurent à Khlewnoïé O, à Kasatschiéet à Dantschino.
A Tooést de Jewianow, ces dépôts vont jusqu^à la Sossna,
affleurant sur ses rives hautes et escarpées ; il n^est pas
toujours ficile de distinguer nettement Tune de Tautre les
deux zones dont se compose cet horizon ; 4 n'est pas rare
au contraire de les voir se confondre et la faune de coraux
se mélanger intimemei.t avec la faune de mollusques,
(1) Village du gouve''a«meul d Orei. dislnci de Ltvny.
(2) Ghef-tieo de dislrtct du gouveroement de Koursk.
(3) Village du gouvernement d'Orei, district de Livny.
• (4) Cbef-lieu de district du gouvernement d'Orel, sur la Sossna.
(5) Bourg du gouvernement de Voronèje, district de Zadonsk, sur
le Don.
- 100 —
En résumé^ les calcaires appartenant à Tborizon de Jewla-
now occupent une grande surface entre le Don la Eschenj,
la Tim et la Sossna, atteignent leur maximum de puissance
an centre de cette région et vont se terminant en coin à
l'ouest et à Test.
Us renferment les fossiles suivants :
*
Aulopora repens Knorr. Productus suJbaculeatvs M arch. •
Aulopor a tubaeformis Goldf . Productus Murchisionanus de Kon
Syringopora al, bifurcata LomA. Strophalosia productoides Murch.
Syringopora tabulata Edw. et Strophalosia calva Vénukoff.
Haime. Choneies nana Yern.
CyathophyUumcaespUosuînGo\ûtOrlhts stri4itula Schiolh.
Cyathophylium hexagonum Goldif^reptorhynchus umbracuium
Cyalhophyllum ceralites Goldf. Schloth.
CyaihophyUum Decheni Edw. et Spirifer tenticulum Vero.
Haimé. Spirifer Anossofi Vern.
Alvéolites suborbicularis Ldimk, A trypa reticularis Lm,
Stromatopora verrucosà Goldf. A trypa desquama ta Sow.
Serpula devonica Pacht. Â trypa aspera Schloih.
Spirorbis omphatodes Goldf. Terebratula sacculus Hart.
Chaetetes guadrangularis Nich. Avicula derupta Vénukoff.
Crania proavia Goldf. Belterophon pila Vénukoff.
Avicula Bodana Rœm. Belterophon striatus Fer. et d*Orb.
Pterinea semiovalis Vénukoff. Platyschisma uchtemis Keys.
Mytilus uncinatus Echiw. Tentaculites tragula Vénukoff.
Modiola aviculoides Vern. Orthoceras Heifnersenii Pacht.
Schizodus cenlralis Vénukoff. Orthoceras hybridum Vénukoff.
Schizodus devonicusWern, Orthoceras subir iangulare Vénu-
Isocardia Tanais Vern. koff.
Murchisonia quinquecarinata. Gomphoceras rotundum Pacht.
Vénukoff. ^ Gomphoceras sulcatulum Vern.
Murchisonia bilineata Goldf. Cythere lulensis Sem. et MOU.
Si nous comparons cette liste avec celles des fossiles des
couches de Voronëje, nous voyons un très grand nombre
de formes communes à ces deux horizons ; les seules formes
nouvelles apparues sont :
— IW —
Syringopora iabulaia . PtêHnea semiovaUs.
Cyaihophylhim cî Dechmi. Myiifus uncinatus.
Slromatopora verrucosa. Schizodusdefxmicus.
Càaeletes giiadrangularis, Murchisonia quinquecarinala,
Produclus Aiurchisionanus, Murchisonia bilineala.
StropHaiosia catoa, BeUerophon pila.
Spirifer tenticulum. Orthoceras s'uàtriangulare,
Avicuia derupta. Gomphoceras rotundum,
Dailleurs les formes snivaates, parmi celles-là» se trouvent
spéciales à cet horizon et peuvent servir à le caractériser.
Syringopora taàulaia, Mytïlus uncinaltcs.
Slromatopora verrucpsa, Murchisonia quinquecarinaia.
CyalhophiUum cf. Deçheni. Murchisonia bilineata.
Àvicvla derupta, BeUerophon pila.
Plerinea semiovaliê, Orthoceras sublridngulare.
Cette faune ainsi enrichie pourrait à première vueparaltre
très différente de celle de Voronèje, 'si nous ne mettions en
lumière la faiMe quantité des formes disparues, qui sont :
Athyris concerUrica var. minor» Nucuia indeterminata,
Avt'cuiopecten nov. sp. Lucina Griffithi.
Ptychopteria subiilis» Pleufbtomaria Voron$]emis.
Arca elytra. Loxonema nexilis.
tous fossiles dont nous attribuions d'abord la présence au
voisinage de la formation arénacée et qui nécessairement
disparaissent dans un faciès franchement calcaire et surtout
corallien. Ainsi la faune n'a fait que s^enrichir en coraux, en
brachiopodes, en lamellibranches et en gastéropodes amis
de coraux; le Sp. terUiculum a réapparu; it est impossible
de séparer tes couches de Jewlanow de celles de Voronèje,
dont elles ne sont qu'un faciès corallien. Or nous avons vu
les intimes relations des couches de Voronèje avec les hori-
;;ons inférieur et moyen de la bande nord-occidentale ;
» ^*
— 102 —
d'autre part nous savons déjà que les calcaires de Jewianow *
sont remplacés vers le nord par les couches de Jeletz, dont
ils ne sont que Téquivalent à faciès corallien. Donc le deyo-
nien calcaire de Russie, depuis Thorizon inférieur de la
bande nord -occidentale jusqu^aux couches de Jeletz inclusi-
vement\ forme un étage homogène, que nous avons déjà
rapproché du frasnien.
Examinons d'ailleurs un peu plus en détail la faune de cet
horizon. Nous le savons, son principal caractère consiste
dans l'extension considérable des différents coraux qu'on y
constate ; près de ces récifs vivaient une très grande quantité
de petits Spirifer Anossofi accompagnés de grands Spirifer
tenticulvm, qui est un des fossiles les plus caractéristiques de
ce dépôt. Comme nous l'avons déjà vu, ce fossile se rencontre
presque partout et à tous les niveaux du devonien de la
bande nord-occirientale ; nous l'avons retrouvé dans les
horizons inférieurs du devonien de la Russie centrale ; mais
tandis que là Spirifer teMictilum est toujours plus ou moins
rare, il joue ici un rôle important : on l'y trouve en effet en
quantité considérable et il remplace complètement toutes les
autres variétés de Spirifer disjunctus. Il est vrai que, comme
dans les couches de Yoronèje, Spirifer Anossofi est aussi très
répandu dans l'horizon de Jewlanow, mais il a diminué de
taille et ses dimensions dans ces couches supérieures sont
loin d'égaler celles qu'il atteint dans les couches de Yoronèje.
En un mot, Spirifer Anossofi avait eu son maximum et main-
tenant se trouvait dans de mauvaises conditions d'existence,
le rapetissait et était en voie de disparition ; au contraire
Sp. tenticulum atteignait à présent son maximum de déve-
loppement et, v|inqneur dans la lutte pour Texistence, il
s'épanouissait tout à son aise. Ces bonnes conditions d'exis-
tence qull rencontrait, ne les devait-il pas à l'existence des
récifs ou n'étaientelles pas les mêmes que celles qu'exigeaient
ses polypes constructeurs, alors que Spirifer Anossofi préférait
d'autres milieux ?
— 103 —
' Un autre caractère frappant des coaches de Jeiwlanow est
la pr^^sence très générale et en assez grande quantité des
grandes coquilles spirales de Murchmnia quinquecarinata .
D'autres fossiles assez abondants sont Atrypa reiicularis^
AU desquamata^ qui s'éteignent, de grandes Slrophalosia
calva, des coquilles arquées en virgule i'Avicula rostruta, si
répandues dans les dépôts de la bande nord-occideotale ; les
coquilles si minces du Producius Murchisonianus sont rares,
à la yérité, dans ces couches, mais elles sont bien remar-
quables.
Les coraux forment à eux seuls des couches entières ;
leur existence cesse subitement avec la fin du dépôt des
couches de Jewianow, parce que ces couches n*ont préci-
sément d'autre caractère que la présence de récifs Après y
avoir atteint un développement extraordinaire, ils dispa-
raissent soudain complètement, de sorte qu^on n^en trouve
plus aucune trace dans les dépôts de Phorizon de Jeletz, qui
ne renferment plus que quelques petits coraux parasites,
tels que Aulopora repens, Chaeietes quadrangularU. Cette
disparition des coraux forme une excellente limite, aussi
nette qu^artificielle, entre les dépôts de Jewlanoiw et ceux
de Jeletz ; cet horizon est un excellent point de repère dans
les recherches stratigraphiques.
4. Le quatrième horizon, horizon de Jeletz, a son type sur
la Sossna à Jeletz, à Patriarschaïé, sur le Don, aux environs
de Lipetzk et de Griasi, sur la Matyra, etc. Là les roches qui
dominent sont des calcaires en bancs épais, dolomitisés,
généralement poreux, tâchés de gris-clair ou jaunâtres. Cet
horizon n'est pas d'ailleurs développé partout sous ce faciès
typique ; ses caractères lithologiques sont loin même d*étre
constants : ainsi, par exemple à Russkij-Brod, les calcaires,
qui le forment revêtent un tout autre caractère ; ils sont
devenus argileux, sont en couches minces et colorés en
jaunâtre.
- 104 -
Les couches de Jeletz sous leurs diff<^rents aspects ont une
très grande extension en surface ; on en rencontre de puis-
sants affleurements bien loin vers la limite occidentale des
dépôts devoniens de la bande centrale de la Russie. Elles se
développent aux environs d'Orel, sur les fleuves Oka, Oiiik,
Ribnitza, etc., à Otrada, sur 1 Oka, à RusskijBiod. s»ur la
yubowscba, à Rawnetz, sur la Troudakh.sur le cours
inférieur de la Sossna, à Jeletz, Sherino, Lawa^ Kosinka,
SaKharowka, Golikowo, etc. Sur le Don, les couches de
passage entre Thorizon de Jewianow, dont la partie supé-
rieure corallifère est ici mal caractérisée, et celui de Jeletz
descendent bien loin vers le sud^ jnsqu^à Z.^donsk, Koschary,
Galitschia Gora et Patriarschaïé, les dépôts de cet horizon
dont le développement est normal et conforme au tjpe de
Jeletz dépassent le Don bien loin dans la direction de Test.
Ils affleurent en couches puissantes aux environs de Lipeizk
et de Krouloïé, encore plus à 1 est. sur le^s bords de la Hatjra,
à Griasi. Kamennoïé et enfln à Baïgora ; c'e^t donc de toutes
les couches devoniennes Thorizon de Jeletz qui s^avauce le
plus vers Test.
Le Prof. Yénnkoff rapporte aussi aux courbes de Jeletz les
dépôts qu'on observe sur les rives du Don, à Zadonsk et à
Koschary, bien que leurs*relations avec le type de Jeletz ne
soient pas bien étroites. La limite qui sépaie les couches de
Jewianow de celles de Jeletz n*est assez nette que dans la
partie occiàentale de la région que nous venons de délimiter;
sur le Don, au contraire, cette limite tend à s'effacer^ par ce
fait que les couches de Je^lanovirne sont que très incom-
plètement représentées, ou plutôt parce que le faciès coral-
lieU; qui formait un point de repère si net, ne s'y est pas
développé. On n*en trouve en effet que des rudiments dans
les dépôts de Khiewnoïé et de Jourjewskoïé Kasatschié,
caractérisés par la présence de quelques coraux et Tassocia-
tion des Spirifer tenticulum et Sp. Archiaci avec Murchisonia
— i05 _
quinqueearinaia. Bientôt ces dépôts mal développés sont très
rapidement remplacés par d'autres couches, qui affleurent à
ZaJonsk et à Ko.^cliary, renfermant une faune très semblable
et même presque romplètement identique à celle de Jeletz ;
elle s*en distingue pourtant un peu. On doit les considérer
comme formant passage entre les couches de Jewlauow et
celles de Jeletz et représentant jusqu'à un certain point les
épais cal aires coralliens de la zone supérieure de Jewla-
now, qui vont se développer plus à louest. VénukofT admet
même que les dépôts de Zadonsk et de Koschar; sont contem-
porains de c quelques couches de Thorizon de Jewlauow et
ne représentent qu'un faciès différent. »
En résumé, à Touest, à Russkij-Brod, à Shérino, etc., il
existe entre les deux horizons une limite très nette : . à la
faune des calcaires de Jewlanow succède la, faune type
des calcaires de Jeletz. Sur le Don, au contraire, il esiiste
entre le vrai calcaire de Jeletz, représenté par le calcaire
supérieur de Patriarscbaïé, et le calcaire de Jewlanow, moins
typique que dans le premier cjs, toute une série découches
de passage (couches de Zadonsk, de.Koschary, calcaire
inférieur de Patriarschaïé représentent pour ainsi dire les
couches de Jewlauow.
La faune des calcaires de Jeletz est composée des espèces
suivantes :
Aulopora repens Rnorr. Orlhis striatula Schollh.
Serpula deoonica Pachl. Streptorhynchus umbraculum
Spirorbis omphalodes Goldf. Schiolti.
Càaeteles quaiirangularis Nich. Orlàisina iiov $p.
Cranta proavia Goiiïf Spirifer Archiaci Murch.
Produclus suùaculeatus Murch. Spirifer lenticuium Vern.
ProduciusMurcàisoniantisdQKon.Spirffer Brodi Vehukoff.
Strophalosia productoidës}liurch,Alàyrisconcenfnca Buch.
Slrophalosia caloa Vtinukuff. Rh^jnchoneila livonica Buch.
Càoneies nana Vern. Ràyncàonella acuminaia Blarl.
— 106 -
Mhynehonelia pugnus Mari. Pleurotomaria crebrtreticulata
Avicula rostrata Eichw. Vém-kofif.
Avicula exfmfa Vern Pleurotomaria Pachti Vénukoff.
? Avicula crinita Roem. Pleurotomaria Matyrensis Pachl.
Avicula Bodana Roem. Porcellia Oifida Sandb..
Posidonomya gibbosa Vénukofl. Porcellia armala Vern.
Modiola sinuosa Vénukoff. Pàanerolinus serpula de Kon.
Cucullaea Kayseri Vônukoflf. Euomphatus serpens Phill
Scàizodus centralis Vénukoff. Orthoceràs Helmerseni Pacht.
Scàizodus devonicus Vern. Oriàoceras propinçuvm Eichw.
Anthracosia antiqua Vénukoff. Gomphoceras rolundum Pactit.
Astarte socialis Eichw. Gomphoceras rex Pachl.
Conocardium nasutum WénnlioïïMoniphoceras sulcalulum Vern.
Isocardia Tanais Vern. Pàragmoceras Tanais Pachl.
Cypricardia suboblonga Vern. Phragmoceras inversum Vénukoff
AUorisma pUcatella Oehlert. Phragmoceras poculum Vénukoff.
Àllorisma amygdaloides VenukoffC^/^re tulensis Sem. et Moll.
Cette faune est très caractérisée par de nombreuses particu-
larités. Remarquons tout d'abord la disparition complète des
coraux, fait important et très frappant, qui peut servir
d'excellent caractère pour distinguer ces couches de celles
qui lui sont inférieures, mais qui ne prouve rien quant à leur
âge. Ont ainsi disparu :
Aulopora tubaeformis. Cyathophyllum ceratiles.
Syringopora ci. bifurcala. Cyalhophyflum cf Decheni.
Syringopora labulata. Alvéolites siiborbicularis.
Cyaihophyllum, caespitosum. Stromatopora verrucosa.
Cyathophyllum hexagonum.
m
Une autre disparition beaucoup plus importante est celle
des mollusques suivants :
Spirifer Anossofi. Alrypa aspera.
Atrypa retiçularis, Terebratula sacculus,
Atrypa desquamata. Avicula derupta .
— 407 —
Pterinea semiovaiiê.
ÂfyWus uncinaiys-
Modio/a avicuioides.
Murcàisonia quinguecarinaia.
Murchrsonia àiUneaUa,
Beilerophan pila^
Belierophon strialus.
PlatfscMsma uchiensis.
Temaculiles trogula.
Orthocerai hyàridum»
Orthoceras subtriangulare.
Spirifer tetUiculum^ qui atteint dans les dépôts précédents
un développement excessif, disparaît ici presque complè-
tement, supplanté par d^autres formes, entres autres Sptrt/(?r
Brodi, Sp. Archiad, très abondantes et caractéristiques de cet
horizon. On ne trouve plus dans ces couches que quelques
rares petits Spirifer tenticulum, peu typiques, perdus dans la
foule des individus appartenant aux autres variétés du
Spirifer disjunctus.
Un grand nombre de formes nouvelles a apparu, il est
vrai, mais il y a aussi un grand nombre de foi mes communes
aux couches de Jevvlanow et à celles de Jeletz. Les nouveaux
fossiles qui se montrent à cet horizon sont :
Ortàisina nov. sp.
Spirifer Archiaci.
Spirifer Brodi.
Âthyris cancentrica»
RhynchoneHa livonica.
Rhynchoneita acuminata,
RàynchoneUa pugnus.
Avicula eximia.
Avicuia crinita.
Posidonomya gibbosa.
Modio/a sinuosa.
Cuculiaea Kayseri,
Antàracosia antiqua.
Astarte socialis
Conocardium nasuCum.
Cypricordia suboblonga.
A ilorisma plicdUeUal
Allorisma amygdaloides.
Pieurolomaria (rebrireticulata.
Pleurotomaria Pachti.
Pieurolomaria àtatyrensis.
Porceliia bifida.
Porceilia armçLta.
Phanerotinus serpiUa.
Euomphalus serpens.
Orthoceras propinquum,
Gomphoceras rex>
Phragmoceras Tanais,
Phragtnoceras inversum.
Phragmoceras poculum
Parmi ces formes, un grand nombre, exclusives à cet
horizon, peuvent servir à le caractériser, ce sont :
- 108 —
Orthisina n. Sp.
Spirifer Brodù
Avicuia eximia,
Avicuia crintla ?
Posfdofiomya gibbosa,
Aiodiola sinuosa,
Cuculiaea Kaj/seri.
Anthracosia anttqua.
Conocardium nasulum,
Cypricardia suboOlonga*
AUorisma plicalelia.
Atiorisma amygdaMdeê,
Pleurotomaria crebrireUeuMa.
Pleurotomaria Pachli.
Pleurotomaria Malyrensis.
Porcellta bifida.
PhanercUnus serpula,
Euomphalus serpens.
Orthoceras proprinquum'
Gomphoceras rex,
Phragmaceras Tanais.
PhragmoceroB poculum.
Mais la plupart sont des espèces nouvelles ; les antres,
qui sont ^
Avicuia eximia.
Avicuia crinila, ?
Cypricardia suboblonga,
Àllorisma pUcatella.
m
Pleurotomaria Malyrensis.
Porcellia'bifida.
Phanerolinus serpula.
Euomphalus serpens.
Orthoceras propinquum.
Gomphoceras rex.
Phragmooeras Tanais.
pourraient, à condition d'en enlever encore quelques espèces
spéciales au devonien russe, nous donner des indications
sur les rapports qui existent entre cette faune et celles des
couches sjnchroniques du reste de TRurope.
HaisTexamen de cette liste nons apprend autre chose de
bien plus intéressant Nous y retrouvons Spirifer Archiaci,
que nous connaissons depuis Thorizon moyen des calcaires
de la bande nordroccidentale; il est très développé dans ces
couches ; Spirifer Broôi est plus rare, et se multiplie surtout
à la partie supérieure de cet horizon RhynchoneHa livonica
et Athyris concentrica déjà cités beaucoup plus bas prennent
ici une grande extension et on rencontre parfois ces deux
formes représentées par une immense quantité dMndividos.
La dernière se rencontre aussi, quoique très raremenli 4
-m-
partir des conched de Voronèje, mais il faat dire que ce
ne sont alors que de 1res petites formes, qui n^ont pu, pour
ainsi dire, arriver à se déveFopper complèlement» tandis que
dans les dépôts de Jeletz, cetl& forme acquiert aussi bien par
sa taille que par le nombre de ses représentants une
importance exceptionnelle On peut dire la même chose de
M. livonica. C'est dans cescouches de Jeletzqne le Prqduclus
l/iirc'At<ontanus atteint son maximum de développement;
comme il est très rare dans les couches de Jewlanow,
peut être pourrait- on le considérer comme exclusif à Jeletz.
Sireptorhynchus umbraculum, Prodwius subaculeatus^ Stro^
m
phalosia calva prennent un développement considérable à ce
niveau. Nous retrouvons dans ce niveau de Jeletz Rhyncho-
nella acuminata, déj ^ signalée dans les couches inférieures à
Sfpirifer Verneui^i, Rh. pugnus du 3« horizon de la bande
nord-occidentâlè« Porcellia armata^ du i«<^ etdu S* horizon
de la même bande, Phragmocera^f inversum du 3« horizon,
etc., faits qui viennent montrer Pétroite connexion qui relie
entre eux tous ces horizons et justifient Tassertion que j ai
émise teut-à-Pheure, que tout l'ensemble du devonien calcaire
de Russie correspond an frasnien de VArdenne.
On Ta déjà dit, une partie des dépôts qui affleurant le long
des rives de Don, entVe Zadonsk et Patriarschaïe, ne repré-
sente pas tes véritables couches typiques de Jeletz, mais
constitue de simples couches de passage d^une assise à
l'autre; elles s'en distinguent aussi. par certains détails de la
faune, bien qu'en bloc ressemble des formes organisées
qu'elles renferment ressemble beaucoup JT celui de l'horizon
de Jeletz. On y trouve en effet Sp, Ar^hiaci, maisillui man^iue
le stade suivant de développement de celte forme du Spirifer
disjunctus^ je veux parler du Sp, Brodi ; «le plus, ce n'est que
fort raremeiilqu on y rencontre lAtfi{/ris concenlncaf si abon-
dante un peu plus haut dans les véritables calcaires de Jeleiz.
On y rencontre de plus d'autres formes qui terminent leur
— 410 -^
existence dans ces couches de passage sans passer dans les
dépôts typiques de et horizon. Ti'lles sont : Rhynchonella
acuminata, M pugntis, Avicula crmia. Les autres fossiles
de ces couches de passage sont caractéristiques des vraies
couchos de Jeletz ; ainsi par exemple partout Anihracosiçk
antiqua et AUorisma plicateUa abondent.
La faune des vrais calcaires de Jeletz peut même yarier
avec la position géographique du point où on l'observe ; tout
en restant homogène et uniforme en ce qui ooncerne ses
principaux éléments, elle peut présenter quelques modiflca-
tions causées pas introduction ou Tabsence de qnefquejs
formes accessoires ou parla prédominance locale de certaines
espèces ou de certains groupes d'animaux. L^éiude de ces
modifications a amené le prof^ VénukofF à diviser toute la
région d'extension de Thorizon de Jeleiz en deux parties,
mal délimitées, l-u.ie située à 10. de Don, Tautre i TE. Les
dépôts de rOuest renferment Slrophalosia calva, tandis que
dans TEst cette forme est presque entièrement remplacée par
Slrophalosia producMdes; les différentes espèces de Gastéro-
podes, Pleurotomaria, Ettomphalus, Phanerotinus, se^rencon-
trent beaucoup plus fréquemment dans la partie orientale,
mais on n'y rencontre pas du tout Avicula eximia, Cypri-
cardia^ suboblonga^ Modiota sinuosa, etc.; caractéristiques des
dépôts occidentaux (Jeletz, Shérino, Russkij-Brod;.
Les dépôts des environs d'Orel, eu égard à la pauvreté de
leur faune, sont un peu plus isolés, mais comme ils
renferment les représentants les plus caractéristiques de la
faune de Jeletz, c^e^i-kHre Spiri fer Archiaci. Rhynchonella
livonica, Streptorhynchus umbrarulum, Slrophalosia calva, il
n*y a pas de doute qu'ils appartiennent à cet horizon; il en
est de même, d'ailleurs, des calcaires inférieurs d'OtraJa sur
rOka.
5. Le cinquième horizon devonien de la bande centrale de
Russie est celui de Lebedjan ; par malheur il n'est pas encore
— m —
«
saffisamment caractérisé au point de vue pal^ontologique.
II est développé an N. des couches de Jeletz, mais ses
limites oe sont pas encore exactement déterminées ; on ne
connaît que des affleurements isolés de ces cou'^hes, qui
restent à étudier au double point de vue stratigraphique et
paléontologique. On les voit couronnant les affleurements
d'Orel sur TOka, du village de Touloubejewka sur la Rybnitz
à Oirada sur TOka, près de la ville de Mlzensk : ce sont là
les affleurements les plus occidentaux de ces couches. Ou les
retrouve en outre à Jefremow, à Dankow, à Lebrdjan, sur le
Don, plus à l'est encore, à Loubni, à Tuschewskà (Lipetzsk),
à Neu-Torbejewo. sur le Vorenèje.
La faune est très pauvre et ne renferme, A proprement
parler, qu'une des formes typiques, Arca oreliana^ qui peut
servir à la caract^^riser sous le nom d horizon de Lebetijan à
Arca oreliana. Voici du robte la courte liste de la faune de
cet horizon :
Slromalopora dentata Ros. Streptorhynchus umOraculum
Slromalopora Vnqemi Ros. Schl.
Stromatoporageometrica&o\omkoSpirifer Arcàioci Murch.
Serpula vipera Vénukolï. Arca oreliana Vero.
Spirorbis omphalodes Gold. Astarte sodalis Eichw.
Natica sp.
Le Spirifer Àrchiaci y est rare. Un des caractères les plus
intéressants de cette petite faune est la présence des
Stromatopores; ces organismes forment à la limite inférieure
de l'horizon, partout où il passe aux couches de Jeleiz, par
exemple à Golikowo sur la Sossna, h Lebedjan, sur. le Don,
de véritables récifs de Strom itoporoï les. i>lais on no saurait
trop répéter que ces couches ont jusqu'à présent fourni une
faune trop peu importante pour pouvoir être parfaitement
caractérisée au poiat de vue paléontologique ; c'est plutôt leur
position stratigraphique qui en fait un horizon spécial : elles
coDStitaent en effet de puissantes assises intercalées entre
l'horizon de Jelelz, si riche en restes organiques, «'tlétage de
Halewko-Murajewn, qut recouvre tous les dépôts devoniens
de la Russie centrale
En résumé, le devonien de la Russie centrale est formé par
la série suivante, en commençant par. les couches les plus
supérieures.
6. Étage de Malewko-Munjewn.
5 Horizon de Lebt'djnn à Arca oreliana et Stromatopores.
4. Hurizoïi de Jelclz à Spirifer Archiaci et Spin/èr Brodi.
8 Horizon de Jcwlanow à Polypiers
• 2. Horizon de Vorouèje à Spirifer Ànossofi.
1. Horizon de Spirifer Vemeuili,
L^horizon n« 3 n'est, on Ta vu. qu'un récif intercalé entre
2 et 4 et qui s'est développé pendant la fin du d pôt de ^ et
surtout pendant la première péhoiie du dépôt de 4. Il n'existe
donc pas comme horizon spécial au point de vue chronolo-
gique et doit être réparti entre les deux couches entre
lesquelles il est compris.
Comparaison du devonien d^ns les deux bandes, ^ Afin de
pouvoir mieux se rendre compte des rapports qu'affectent
les couches de la bande nord-occident île et de la bande
centrale, le prof>^ Vénukoff réunit en un tableau synoptique
toutes les formes fossiles recueillies dans le devonien de ces
régions. On y peut cunsialer la parfaite ressemblance de la
faune du troisième horl/on de la bande nord-occidentale,
bien développé au tac dllmen, avec celle des couches à
Spirifer Verneuili des environs de Voronèje. Nous avons déjà
fait ressortir cette ressemblance et c'est un point qui ne
nous* paraît pas discutable. Non-seulement ces deux faunes
se rapprochent par l'identité de la majuriié de leur formes,
mais surtout par leur cachet d'ensemble.
- H3
C'est Spirifer Verneuili qui y domine de part et d*autre ; od
trouve encore avec lui Cyrtina heteroclUa, Athyris Helmer-
senii, Strophalosia productoïies, Atrppa reticularis, Slropho-
mena Dufertrii, etc., communs aux deux faunes. Ce qui est
encore bien plus concluant, c'est que, parmi ces formes com-
munes aux deux horiîions, Spirifer Verneuiliy Cyrtina helero-
clita, Athyris Helmersenii, Slrophomena Dutertrii sont exclu-
sivement limitées à ces formations pourtant bien (éloignées
Tune de Tautre et ne se retrouvent ailleurs dans aucun autre
horizon.
Nous avons encore une autre preuve de rexcelleoce de ce
point de repère, dans la comparaison entre les deux bandes :
le quatrième horizon de la bande nord- occidentale, caracté-
risé par le Spirifer Anossofi, se retrouve aussi dans la bande
centrale, formant Thorizon de Voronèje dans des conditions
stàtigraphiques identiques. 11 y a donc complète analogie
dans la succession des dépôts effectués dans deux régions
séparées du bassin devonien russe ; mais, tandis que dans le
nord-ouest, les calcaires supérieurs manquent et sont
représentés par les grès supérieurs renfermant une toute
autre faune, dans la Russie centrale ce sont au contraire les
horizons calcaires inférieurs qui font défaut, cachas qu'ils
sont, selon toute vraisemblance, par les dépôts plus récents.
Comparaison du devonien russe avec celui de l'Europe
occidentale. — C'est ici que nous sommes forcés de ne point
partager lopiaioa du prof' VénukofT quand il dit : toutes les
couchesde la bande nord-occidentale doivent être rangéesdans
la liivision moyenne du système devonien. D'après lui, non-
seulement les calcaires, mais encore l'étage gréseux inférieur
à poissons, doivent être parallélisés avec les couches à Strigo-
céphaies et en partie aussi avec les couches à Calcéoles; il
rapporte en effet le massif gréseux inférieur à l'eifélien, mais
d'une façon moins affirmative que lorsqu'il s'agit de comparer
8
Annales de la Société géologique du Nord, t. xiv.
— lu -
les calcaires de la bande nord-occidentale avec le gi\étien.
En effet, la différence de faciès qui existe entre cet étage
arénacé inférieur et i'eifélie normal de l'Eifel et de TArdenne
ne permet pas de comparaison directe; ce n'est que la
position stratigraphique de ce grès sous des calcaires qu'il
rapporte au givétien qui prouve jusqu'à un certain point le
bien-fondé de cette assertion. Pour la môme raison, moi qui
rapporte au frasnien les calcaires que M. Vénukoff dit
givétiens, je rapprocherai 4lu calcaire de Givet ces couches
gréseuses, d'autant plus que les restes de poissons qu elles
contiennent indiquent très nettement qu'elles appartiennent
au devonien moyen.
. Les calcaires de la bande nord-occidentale étant considérés
comme contemporains des couches à Strigocéphales du reste
de l'Europe, il s'en suit naturellement que les couches
correspondantes de la Russie centrale, c'est à-dire Phorizon
à Spirifer Verneuili, celui de Voronèje et môme celui de
Jewlanow sont aussi rangés dans le givétien.
Examinons donc en détail la faune de ces couches et
voyons si cet examen est favorable aux idées du savant
géologue russe. Remarquons d'abord avec lui que les
éléments rappelant dans cette faune le devonien mojen sont
isolés, peu nombreux et « semblent dans quelques contrées
de l'Europe occidentale plus caractéristiques de dépôts
du devonien supérieur». Les fossiles les plus importants,
ceux qui donnent à ces couches leur cachet spécial, les
fossiles caractéristiques, Spirifer Verneuili, Spirifer Archiad,
sont en effet frasniens.
Mais^ dit le prof" Vénukoff, il y a beaucoup de formes
types du devonien moyen dans cette faune et en première
ligne, il cite les coraux qui se rencontrent en grande quantité
dans ces dépôts et n'en dépassent guère les limites. Ces
coraux sont (1) :
(i) Ëa interprétant le mot coraux dans le sens le plus large.
- .115 -
Àuloportk repens, Seringopora cf. bifurcata.
Aulopora tubœformis, Seringopora tdbulala.
Aulopora orthoceratum.} Stromatopora Inoslranzevù
Cyalhophyllum hexagonum. Stromatopora cmicentrica.
Cyathopàyiiutu cœespiiosum. Stromatopora perforata.
Cyathophyltum cerétites. Stromatopora monticxdifera
Cyathopàytlum cî, Decàeni, Stromatopora Derrucosa.
Alvéolites suborbicularis, Chœteles quadrangalaris,
Favosites polymorpàa.
m
Avouons tout d'abord que les Slromatopores des couches
de Lebedjau, c'est-à-dire de rhorizon le plus supérieur du
devonieu rus^, sont différents de ceux qu'on vient de citer
dans cette iisti^ Il n'y a à cela rien d'étonnant, car ces
derniers proviennent des horizons les plus inférieurs du
calcaire de la bande nord-occiijentate. Rappelons seulement
que notre frasnien ardennais débute par d'épais calcaires à
Slromatopores, d'ailleurs très nombreux dans toutle frasnien ;
les marbres enclavés dans le frasnien supérieur ne sont-ils
pas des récifs de Stramatoporoïdes? Le calcaire du bassin
d'Aix-la-Chapelle (calcaire d'Huy)est formé de Stromatopores;
le marbre d'Heslrud (S^'-Anne) et le marbre de Cousolre en
sont pétris.
Laissons de côté Aulopora repens ai Chaetetes quadrant
gularis, qu'on rencontre aussi dans les calcaires de Jelelz.
Quels sont les coraux qui indiquent que cette faune e^t de
l'âge devonien moyen? Ce ne sont certes pas :
Cyathophyllam hexaganum. Cyalhophyllum cer alites,
Cya thophyllum caespitosum. A fveotites suborbicularis,
Cyalhophyllum Decàeni.
caractéristiques du frasnien de TArdenne^ dans lequel ils
forment d'immenses récifs. Y a-t-il seulement dans cette
faune un seul Cyalhophyllum quadrigeminum ou un morceau
A^Helioliies porosa qui puissent contrebalancer Timportance
de ces fossiles ?
— 116 —
Si la grande eilension des récifs coralliens est à faire
Valoir comme argument important dans cette discussion, elle
est certainement plus en faveur de mon opinion.
Certains mollusques rappelleot assez, il est vrai, les formes
du devonien moyen, tels sont :
Spirifer muralis, Alrypa dcsquamata,
Cyrlina heteroclita. •. Bellerophon luberciilalus
Davicfsonia Vemeuiii, Alurchisonid bilineata.
Spirifer Anossofi, Cyrtoceras depressnm.
Mais, outre quMls sont fort peu nombreux par rapport au
reste delà faune, ils ne sont nullement caractéristiques, si Ton
en excepte Murchisonia bilineata et la grande abondance de
la Cyrlina hetcroclita. Encore ce dernier fossile se renconlre-
t-il jusqu'à la base du carbonifère dans TÂrdenne Où sont
maintenant les coquilles si caractéristiques du Strigocephalus
Burlini^ Vnciies gryphm, Spirifer medioiextus, Macrocheilus
arculatus, Uegalodon cucullatus, etc.? Ces couches renfer-
ment au contraire :
Spirifer Vemeuili, Ràynchonella acuminata.
Spirifer lenticulum. Rhyncàonelta cuboïdes.
Strophomena Dulertrii, Spirifer inflatus.
Rhynchonella pugnus, Spirifer Urii.
très caractéristiques du frasnien de TArdenne, et je ne cite que
les fossiles les plus nets, les plus communs et ceux qui me
viennent naturellement sous la plume.
Ce qui frappe surtout quand on jette un rapide coup d'œil
sur les listes de fossiles du devonien russe, c'est Textrême
abondance des différentes variétés du Spirifer disjunctus,
réparties sur toute la hauteur de ces dépôts et, quoiqu'en dise
je Prof. Vénukoff, le caractère d'ensemble de cette faune est
nettement devonien supérieur, évidemment frasnien.
— 117 —
Ce caractère d'ensemble est donné par le tableaa suivant
des fossiles qu'on rencontre partout dans les calcaires de la
bande nord-occidentale et dans les calcaires à Spirifer
Verntuili, les calcaires de Voronëje et de Jewianow dans la
Russie centrale :
Aulopora repens,
Aulopora lubaeformis.
Cyaihophyllum àexagonum.
Cyathophyllum caespitosum,
Cyaihophyllum ceratUes.
Alvéolites suborbicularis
Slromatopora verrucosa.
Slromatopora monticuliféra.
Slromatopora perforala. •
Èiromatopora concentrica,
Serjntla devonica^
Spirorbis omphalodes
Chaeteles çuadrangularis.
Cranta proavia»
Discina nitida.
Productus subaculcaius.
Strophalosia productoïdes.
Orthis siriatula,
Slreptorhynchtis umbraculum.
Strophomena Dutertrii,
Spirifer Verneuili,
Spirifer Archiaci.
Spirifer tenticulum,
Spirifer Urii.
Spirifer ivflatus.
Alrypa reticularis.
Atrypa aspera,
A^yris concentrica.
Terebratula sacculus.
Rhynchonella cuboîdes,
Rhynchonella acuminata,
Rhynchonella pugnus.
Pentainerus galeatus.
Avicula Bodana, etc. etc.
11 n'est môme pas jusqu'aux ostracodes et aux gros Gom-
phocëres qui ne rappellent le frasnien à Cypridines et le
frasnien de Ferriëres à r4éphalopodes et à Euomphales,
Bellerophons, Strophomena Dutertrii, etc.
Si le Prof" Vénukoff avait eu, comme moi, connaissance
du mémoire que fait imprimer en ce moment mon maître, le
Prof. Gosselet, sur l'Ardenne française, dont je relis plusieurs
fois chaque épreuve, s'il avait, comme moi, manié pendant
neuf années les collections paléontologiques de la Faculté
des Sciences de Lille, si riches surtout en fossiles primaires
de l'Ardennes^ s'il avait étudié, comme moi, pièce par pièce
et à plusieurs reprises, la superbe collection de fossiles du
devonien de TArdenne recueillie par le Prof^ Gosselet depuis
— 118 —
trente ans, ce savant n^bésiterait pas à convenir qa^il s*est
trompé. La publication des liste de fossiles du devonien
supérieur de TArdenne accojnpagnant le mémoire stratigra-
pbique de mon savant maître convaincra du reste H.Vénukoff.
Il est d'ailleurs un fait significatif ; quand M. Gosselet me
fit rbonneur de m'associer à Tétade de sa collection paléon-
tologique, nous ne pûmes faire usage du livre du M. Venu-
koff, si ce n'est pour le frasnien et un peu pour le famennien;
les aviculidées qu*il figure sont des Leptodesma^ des Piychop-
teriay etc., bien caractéristiques du devonien supérieur : c'est
Taspect général de la faune du Chemung group d'Amérique,
c'est-à-dire du frasnien de TArdenne.
La base du Frasnien de TArdenne, telle qu'on la voit par
exemple dans la coupe du Roc, à Givet, a de grandes ana-
logies avec la base des calcaires devoniens russes. Voici cette
coupe, d'ailleurs bien connue, en allant de haut en bas :
4. HorizoD à Réceplaculites.
!d. Calcaire impur à Spirifer Orbelianus,
c. Banc à Cyathophyllum caespilosum.
b. Calcaire compact à Spirifer Vemeuili,
a. Calcaire compact à Aviculopecten Neptuni.
. Horizon à Stromatopores.
l. Givétien à Strigocéphales.
Remarquons l'analogie de position des stromatopores et de
Y AviculopeUen (A. Neptuni dans l'Ardenne, À.- Ingriaeen
Russie) sous l'horizon à Spirifer Yerneuili. Ajoutons-y la
présence de Cyathophyllum caespitosum et rappelons-nous
(ussi que c'est là l'horizon c des monstres t, aussi bien dans
Ardenne qu'en Russie.
Une fois arrivés à Thorizon de Jeletz, nous sommes
d'accord, M. Vénukoff et moi, pour le ranger dans le
frasnien : Spirifer Archiaci, Athyris concentrica s'y déve-
loppent énormément ; Productus subaculeatus^ rare dans les
- <i9 —
couches inférieures, devient plus abondant ; la faune reyét
un autre cachet, cette fois franchement frasnien ; toutes les
formes qui pourraient encore rappeler le devonien mojen
sont éteintes et remplacées par de nouvelles espèces ; la
sédimentation s'étant effectuée d'une manière ininterrompue,
les modifications de la faune se sont faites insensiblement et
d*une façon continue, de telle sorte qu'on ne peut tracer
entre les deux horizons de Jeletz et de Voronèje aucune
limite bien nette ; je dis à dessein « entre les deux horizons
de Jeletz et de Voronèje », car les calcaires construits de
Jewlanow ne forment pas un horizon particulier, mais une
lentille entre eux, simple accident iilhologique contemporain
du dépôt de ces deux séries.
En comparant la faune de Jeletz avec les dépôts de
devonien supérieur de TEurope occidentale, on n'acquiert
aucune preuve positive qui permette de la ranger à ce niveau,
car les fossiles les plus caractéristiques de cet âge ne s'y
rencontrent pas ; on y trouve en tous cas beaucoup de
formes du calcaire de Ferques (Boulonnais). Ce qui la
caractérise surtout, c*est l'extrême abondance et Textrême
extension du SpiriferArchiad, Alhyrisconcentrica, Productus
subaculeatus, Produclus Murchisonianus, qu'on trouve
dailleurs plus bas et qui pour moi sont bien frasniens.
Résumé, — Les dépôts devoniens de la Russie nord-
occidentale, ceux des Provinces Baltiques compris, de la
Russie centrale et du pays de la Petschora ont été effectués
dans une seule mer d'une immense étendue qui couvrait à
cette époque tout le nord et le centre de la Russie. On ne
peut pas prouver directement Texistence de couches apparte-
nant au devonien inférieur ; dans ce cas, on doit choisir
entre trois hypothèses possibles, puisqu'on en est réduit là :
l** les couches du devonien inférieur existent, mais sont
cachées par les dépôts plus récents, qui sont venus les
recouvrir en stratification transgressive ; â*" les couches du
- 120 -
deronien inférieur ont existé en cet endroit, mais elles ont
été enlevées plus tard par dénudation et leurs débris
dispersés au loin ; 3» les couches du devonien inférieur
n'existent pas et u*ont jamais existé dans le bassin russe ;
c'est encore l'hypothèse la plus probable. On peut d'ailleurs
la vérifier en partie^ tous au moins pour la région nord-ouest
de la Russie^ où le grès à poissons, qui constitue l'étage
inférieur, c'est-à-dire qui représente le devonien moyen,
repose directement sur des calcaires siluriens. Pourtant il
faut ajouter que le devonien inférieur peut ne pas exister en
Russie en tant que devonien inférieur, c'est-à-dire coblen-
zien et gedinuien, mais je ne serais nullement étonné qu'il y
existât à l'état d'hercynien et que le silurien supérieur ne soit
un jour mis en parallèle avec ces couches supposées absentes;
c'est d'ailleurs la question de Thercynien et des étages
F. G, H de Barrande qui revient encore une fois sur le
tapis et l'on sait qu'elle n'est que posée, fort discutée, mais
loin d'être résolue.
Ce n'est donc qu'à partir du devonien moyen que la mer
aurait pris possession de ce bassin, mais nous venons de
dire que les premiers dépCB marins qu'on y trouve sont
frasniens. Il n'y avait donc que des lacs semblables à ceux
de l'Ecosse et de la Scandinavie, même à ceux des Etats-Unis,
qui parsemaient cette vaste région à Tépoque givétienne.
J'aime assez cette idée de comprendre le devonien russe
comme celui des Etats-Unis : une période continentale
comprise entre deux périodes de submersion marine ; le
devonien russe présente en effet de grands rapports avec le
devonien du Nord-Amérique. Dans l'Europe occidentale,
c'est plutôt le contraire qui se serait produit ; l'oscillation
devonienne y comprenant en effet, sans tenir compte des
détails : un mouvement d'abaissement progressif sous la
mer depuis le commencement jusqu'au milieu de l'ère et un
mouvement en sens inverse lui succédant à l'époque du
— 121 —
devonien sopérieur. Encore plus à TOuest, en Bretagne et
en Espagne, par exemple, c'est le contraire qui s'est passé :
le fond de la mer hercynienne s'est peu à peu soulevée, assez
pour ne plus permettre à Tépoque du devonien moyen que
des dépôts de mer fort peu profonde, pour s'enfoncer de
nouveau sous les eaux.
Peu à peu la mer envahitles lars où s'était déposé du sable
devenu le grès, dans lequel nous retrouvons les poissons qui
les habitaient. Peu à peu ce grès fut remplacé par les
calcaires, mais ces derniers forent. vite remplacés par un
nouveau dépôt lacustre degrés sur les rives nord-occidentales
de la mer, qui s'enfuyait vers Test. C'est ainsi que dans le
N.-O. de la Russie les calcaires du frasnien inférieur font
compris entre deux couches de grès à poissons. Dans la
Russie centrale» les calcaires frasniens sont bien développés,
sauf leur partie la plus inférieure, celle qui correspond au
calcaire à stromatopores de l'Ardenne-Ils sont surmontés par
l'étage de Malewkp-Murajewn, qui renferme une association
de fossiles carbonifères et de formes devoniennes avec prédo-
minance de ces dernières et représente par conséquent très
probablement notre famennien, en totalité ou en partie ; il
contient :
Chonetes nana. Atrypa relicularis.
Camarophoria rhomboidea.
Cet étage est en effet surmonté dans le vaste bassin de Mos-
cou, qui s'étend de la partie méridionale du gouvernement de
Nijni-Novgorod jusqu'au gouvernement d'Arckhangel par les
gouvernements de Riazan, Toula, Moscou et Olonelz, par
des grès et des sables avec argiles schisteuses intercalées, et
même des calcaires à faune carbonifère, présentant parfois
des veines de houille, renfermant la flore de la grauvacke dii
culm. L'étage de Malewko-Murajewn peut donc être considéré
aa même titre que le famennien de TArdenne comme on
étage de passage du devonien au carbonifère.
Dans le pays de la Petschora, les dépôts devoniens sont
très complètement développés ; ils commencent par des
couches correspondant à l'horizon calcaire le plus inférieur
connu en Russie, à Spirifer muralis et Rhynchonella
Mqendorfii^ au-dessus desquelles vient tonte une série
ininterrompue de dépôts se succédant régulièrement et peu à
peu jusquaux couches à Goniatites inclusivement.
Nous donnons ci-après le tableau de la concordance des
dépôts devoniens russes cçmparés avec ceux de TEifel,
d'après le Prof. Vénukoff.
EIFEL
N.O.
DE LA RUSSIE
RUSSIE
CENTRALE
PROVINCES
BALTIQDES
PAYS
DE LA PETSCHORA
Schistes à
Goniatites.
Grès
supérieur.
? Etage de
Malewko-
Murajewn.
Grès
supérieur.
Domanik à GO'
niatites retror-
sus, G. cinctusy
G. aucttts , G,
bisulcatus, etc.
Couches de Le
bedjan à Arca
oreliana , (Le-
bedjan, Dankow,
Jefremow)
Couches à Spt-
rifer Archiaci ,
Arca oreliana.
Calcaire à
Rhynchonella
cubotdes.
Couches de Je-
leU à Spirifer
Archiaciy Spiri-
fer Brodi, A thy-
ris concentrica
(Jelelz, Patriars-
chaïé, Griasi).
du fleuve hhma.
•
— 123 -
ËIFEL
N.-O.
DE LÀ^DSSIE
RUSSIE
CENTRALE
PROVINCES
BALTIQDES
PAYS
DE LA PBI^HORÀ
Calcaire
à
«
Couches de
Jewlanowo à
Spirifer tenli-
culum^ Spirifer
Anossofi, Mur-
chisonia quin-
que, carinata,
(Jewlanowo,
Kolynia, etc.)
•
Couches à Spi-
rifer Àrcàiaci,
Spirifer Anossofi
<lu fleuve Ucbta,
{1 8 verstes au-des-
sus de Temboa-
chure.
Strigocéphales.
IV* horizon.
(Fleuve Lowat).
Couches de
Woronesh à Spi-
rifer Anossofi.
(Jendowischls-
che, Temowoïé)
Couches à Spi'
rifer Archiaci,
Platychisma
111* horizon rBu-
regi, Umcn, etc.)
Couches à Spi-
rifer Vemeuili.
(Diewitza,Petino)
Division supé-
rieure des cal-
cairesetdolonnies
de la Dûna et de
la Courlande.
ucàtensis , Bei-
lerophon tuber-
culatus (Fleuve
Uchta,àrembou«
chure).
Calcaire
à
Il* horizon (Is-
borsk, Tschudp-
wo, Ghelon).
^
Division infé-
rieure des calcai-
res et dolomies de
la Diina et de la
Courlande.
\
Strigocéphales.
1*' horizon
(FleovesVolchow
Sjas, Welikaja.)
Couches à Spi-
rifer muraliSt
Rhynchonella
Mejendorfii^
Aviculopecten
Ingriae»
Couches à
•
Caicéoles.
Grès inférieur.
Grés inférieur.
— 124 —
Voici comment je comprends le devonien rasse comparé à celai de
PArdenne el de l'Eifel.
ÂRDENNE
Famennien.
Schisles de
Mala^ne.
(t
a
' Galeatres à
Ràyncàonel-
la cubdides;
avec calcaires
coDslruils in-
tercalés.
Assise à
Spirifer Or-
Oelianus et à
Stromalopo -
ras.
Givélien
EIFEL
Goniatileo-
Schichlen.
Cubo!des-
Schiehten.
Striogocé-
pbalen-Kaik.
K-0.
DE LÀ RUSSIE
RUSSIE
Ci^TRALE
PROVINCES
BALTIQUES
PAYS DE
LA PETSCHORA
Grès
supérieur.
IV" horizon.
111* horizon
11* horizon
!•' horizon
Grès
inférieur.
Etage de
Malewko-
Murajewn.
Couches de
Lehedjan, J£-
lelz çl Voro-
nèje avec ré-
cifs de Je\yla-
now interca-
lés.
Assise à
Spirifer Ver-
neuili.
Grès
supérieur.
Claciareset
dolomies de
la Diina et de
la Courlànde
Grès
inférieur.
Domanik à
Gonîatites.
Couches &
Spirifer Ar^
chiaci et
Sp. Anossofl.
Couches à
Spirifer mu-
raliseiBàyn-
chonella Me-
Jendor/ii.
La mer devoDienpé couvrait donc en Russie une immense
surface dans le centre et dans le nord-ouest, s^élendant aussi
très vraisemblement fort loin vers le nord. Malheureusement
il ne reste plus que des lambeaux isolés des dépôts de ce
bassin, dont nous ne pouvons par conséqueat déterminer les
limites. Du côté du nord-ouest, les dépôts siluriens peuvent
en donner .une idée assez exacte et d'ailleurs la proximité du
rivage y est lithologiquement prouvée par la nature des
sédiments, côtiers et d'eau peu profonde, et par Taccumu-
lation de gros troncs d'arbres, ayant vécu sur la terre ferme
- 125 -
et dont Doas trouvons des représentants dans les grès des
environs de Louga ; Schmalhausen les a décrits sous le nom
de Cordatoxt^lon Vénukoffi. On les retrouve d'ailleurs au
mont Ândoma sur la rive occidentale du lac Onega. Plus au
sud, s'étend jusqu'à laDuca une vaste région occupée par
des dépôts devoniens déposés dans une mer dont les rives
occidentales sont perdues sous les eaux de la mer Baltique ;
les rives méridionales d'autre part sont recouvertes par des
dépôts plus récents; la pleine mer était vers Moscou et la
Petschora, c'esi-à-dire vers le nord. Les dépôts devoniens de
la Russie centrale semblent former comme un Ilot isolé qui
se dresse au milieu des formations plus récentes et qui parait
au premier abord isolé du reste du bassin ; mais il a existé
une communication entre ces deux régions, qui à Tépoque
devonienne faisaient partie de la même mer; c'est ce que
prouvent les sondages de Podolsk et de Moscou, où Ton a
atteint les dépôts devoniens à une profondeur considérable.
Ces dépôts sout donc cachés sous le bassin houiller de
Moscou et en ressortent au nord, au sud et à l'ouest.
Il résulte de cette disposition de la mer que vers l'est la
série devonienne sera toujours plus ou moins complète, tandis
qu'au contraire vers l'ouest et le nord, c'est-à-dire près des
rivages, il y aura des lacunes ou des assises rudimentaires ; ce
n est que tout-à-fait au nord dans le pays de la Petschora et
dans le massif du Timan, qu^on retrouve de petites îles de
devouien ; on ne peut donc déterminer de ce côté les limites
du bassin que d une façon approximative.
Quels étaient donc les rapports de la mer devonienne du
Nord de la Russie avec les bassins voisins ? On ne peut
évidemment répondre à cette question que par des hypothèses,
puisqu'on a aucune constatation directe à espérer. Si l'on en
juge d'après le développement qu'ont dû avoir à l'origine les
dépôts devoniens de Russie et leur faune particulière, qui
renferme plus de 55 o/^ de formes qui lui sont exclusivement
- 126 -
propres (en ne tenant pas compte des poissons), on est
involontairement porté à penser que le bassin où se
formaient ces sédiments doit avoir été un grand golfe de
l'Océan devonien. En tous cas la faune de ces dépôts
devoniens, bien qu'un peu différente de celle du Rhin^ qui
sert de type au devonien de toute la terre, lui ressemble
suffisamment pour qu'on puisse y retrouver ses principaux
représentants ; elle présente quelques types particuliers
adaptés aux conditions spéciales d'existence qu'ils rencon-
traient dans ce grand golfe largement ouvert vers le nord et
qui devaient être assez différentes de celles que leurs
contemporains rencontraient dans la méditerranée à récifs
dePouestdo l'Europe Cette faune du Rhin, faune-type du
devonien, redevient ce qu'elle était quand elle retrouve ses
conditions ordinaires d'existence : en sortant du golfe de la
Russie, elle reprend ses caractères normaux dans l'Oural, en
Arménie et en Chine, ainsi qu'avant d'y entrer, en Pologne.
La faune devoniennede TOural contient d'ailleurs beaucoup
de formes que l'on retrouve dans le pays de la Peischora,
con me Tont montré les récentes observations de H. Th.
Tchernysche^ ; en effet, cela devait être, car le devonien de
la Petschora se trouve entre le devonien de la Russie centrale
et celui de TOural, c'est la sortie du golfe et c'est en cet
endroit qu'ont lieu l'union et le mélange des faunes ou pour
mieux dire que les conditions d'existence changent. Grâce à
M. le Professeur Vénukoff, nous avons maintenant une
connaissance détaillée du devonien russe, il reste à déterminer
les limites du golfe où il s'est déposé et la façon dont il
communiquait avec le reste de l'Océan, en un mot à faire la
géographie devonienne de la Russie. C'est un travail
gigantesque, mais que commencent avec succès les
cartographes-géologues russes.
- 127 -
H. Cayeux^ étadiant en sciences naturelles, est éla
membre de la Société.
M Couvreur fait la communication suivante :
Sur la Structure cône in cone^
par M. Couvreur.
On trouve fréquemment des blocs de roches qui présen-
tent à leur surface des cercles concentriques ; si l'on casse
ces blocs, on voit que chaque cercle est la base d'un cône,
et que Ton a ainsi plusieurs cônes emboités et qu'on peut
quelquefois détacher et isoler. Cette curieuse structure a été
nommée par les anglais Structure cône in cône.
Dans la Décade III, vol. II du c Geological Magazine »
page 283, ily a à ce sujet une étude de M. Young, F.G.S.,
de Glasgow. Il résulte de ses travaux que cette formation est
due à des dégagements successifs et répétés de gaz ; ces gaz
seraient produits par la décompositioiî de matières organiques
situées dans la roche à Tétat fluide encore. — chaque émis-
sion de gaz serait séparée de la précédente et de la suivante
par un nouveau dépôt ; les cônes ont toujours leurs sommets
dirigés vers rinlérieur de la roche. Telles sont les conclusions
du travail de M. Young ; ce sont ces conclusions mômes que
M. Gresley, F.G S., tente d*nârmer dans une communication
datant de Janvier 1887 au a Geological Magazine >. Et pour
y arriver M. Gresley ne fait que citer quelques faits, s'appayant
sur des échantillons qu'il a vus ou qu* il possède. Les princi-
pales raisons qu'invoque M. Gresley sont les suivantes :
I. Les cônes ne sont pas simples ; mais chaque cône est
formé de cônes secondaires, chaque cône secondaire pouvant
être formé lui-même de petits ' cônes tertiaires visibles
seulement à la loupe.
II. Les cônes se présentent non-seulement à la face
supérieure mais aussi à la face inférieure des blocs ; les
- 128 —
bulles pourtant devraient toujours tendre à monter dans la
roche fluide.
III. Lorsqu'il y a une fissure à la roche, on peut retrouver
ces cônes le long de la fissure.
(Pour II et III plusieurs échantillons )
IV. Sur quelques échanlillons,entre les cercles superficiels
marquant les bases des cônes, on voit des boursouflares
ressemblant à de petites grappes de raisin
V. Dans ces blocs, on a trouvé, même près des cônes, des
fossiles^ (lameUibranches et feuilles) qui n'étaient pas brisés
par les mouvements qu'ont dû produire les émissions
gazeuses.
H. Gresley conclut que la théorie de M. Young, n'expliquant
pas ces faits doit être rejetée II ajoute prudemment qu'il n'a
dû reste aucune explicalion à donner à ce sujet ei qu'il se
contente de renverser la théorie de M. Young.
Un point sur lequel diflërent encore ces messieurs est le
suivant : H. Young dit q'ue la présence du calcaire est indis-
pensable à cette formation '; M. Gresley affirme n'avoir jamais
trouvé de calcaire dans ses coneincone. C'est là une divergence
d*opinion assez notable.
Je devrais peut-être m^arrôler à Texposé de ces deux
doctrines; je ne puis pourtant résister au désir de vous faire
part de quelques réflexions.
D'abord, ces deux messieurs ont-ils eu les mêmes espèces
de cône in cône ? Si l'un dit : toujours du calcaire, et l'autre:
jamais de calcaire, il est possible qu'ils n'aient point eu des
échantillons semblables. Quoi qu*il en soit regardons ces
objections successivement :
I. N'est-il pas possible que des bulles de volumes diflérents
partent de plusieurs endroits de façon à donner plus'eurs
cônes de grandeurs variables, cônes primaires, coups secon-
daires, cônes tertiaires ?
— 129 —
II et III. Des balles situées vers la face inférieure,
remonteront-elles vers la face supérieure pour s'échapper ?
ne choisiront-elles pas plutôt le point de moindre résistance,
et n'iront-ellés pas vers le bas. ou vers la cavité formée par
la fissure ?
IV. Ces boursouflures, non expliquées il est vrai par
M. Young, ne semblent point' par ce seul fait infirmer sa
théorie.
V. Les mouvements ont pu être .lents et ne pas briser les
restes fossiles près destiuels ils se faisaient.
Je n ai pour ma part à me prononcer ni pour ni contre la
théorie de M. Young. Je veux simplement faire remarquer
combien sont peu solides ces objections que M. Gresley
dresse devant les idées de M Young.
M. Gosselet a souvent rencontré une structure
analogue dans les nodules arenacés recueillis dans les schistes
de Fainenne. Il les attribuait à des actions de retrait qui se
sont produits autour de la concrétion. La base des cônes lui
ont paru correspondre à une saillie circulaire extérieure.
*M. Barpois la croit produite par des froissement dans
les grès lors du redressement des schistes.
M. Smits rappelle que Tanlimoine fondu acquiert les
mômes aspects par suite des retraits dûs au refroidissement.
M. Gosselet montre quelques échantillons de sondage,
provenant de Wargnies-le-Grand, chez M. Dervaux. Le
calcaire a été réduit par le trépan en tous petits fragments ;
néanmoins, il y a eu tin grand nombre de petits fossiles
entiers : Gastéropodes et Lamellibranches. M*. Gosselet pense
que Ton doit rechercher les fossiles à la loupe dans les
fragments de calcaire devonien provenant des sondages.
H. Ladriëre fait quelques observations au sujet de la
•présence du calcaire devonien à Wargnies-le-Grand.
Annales de la Société géologique du Nord, t xiv. 9
— 130 -
M. Gosselet termine la commutiication suivante :
6* Note sur le Fameniiien,
par M. Go8selet.
Tous les géologues du Nord de la France et de. la Belgique
sont au courant de la question du Famennien.
D'Omalius d'Halloy avait de tout temps distingué les schistes
qui forment le sol de la Fagne et les psammites qui, en
Condros, se présentent en bandes parallèles, alternant avec
des bandes de calcaire carbonifère. Il les avait désignés
sous les noms de schistes de Famenne et de psammites du
Condros, et il avait supposé que les premiers étaient infé-
rieurs aux seconds. Ces conclusions furent acceptées par
tous les géologues et reproduites sous une forme ou sous
une autre par Dumont, parEliede Beaumont et par moi-
même. On n'avait encore établi aucune division, ni dans les
psammites, ni dans les schistes.
M. Mourlon, sur les conseils deM. Dupont, entreprit Tétude
détaillée des psammites du Condros. 11 publia sur ce sujet une
série de notes bien connues (1).
Je m*occupai, vers la môme époque, des schistes de
-Famenne. et je parvins également à y établir plusieurs
divisions (2).
(0 MoDRLON. Sur f étage des psammites du Condros en Condros,
Bull. Acad. Belg.,2e série, XXXIX, p. 692 ; 1815. — Id. dans le bassin
de Tàeux, dans le bassifi septentrional {entre Aix-la-Chapelle et
A là) et dans le Boulonnais^ ibid.,XL, p. 761 ; 18*75. — Id,, dans la
vall.é de la Meuse, ibid., XLli, d. 845 1876 — Considérations sur les
relations stratigraphiques des psammites du Condros et des càisles
de Famenne, ainsi que sur le classement de ces dépôts devoniens.
Ibid , 3e série, IV, p. 504 ; 1882. — De l'existence des psammites du
Condros aux environs de Beaumont dans l'Entre-Sambre-et-Afeuse,
Ihid.,VH. page 238, 1885. — Sur le Famennien dans VEntre-Sambre-
et-Meuse, ibid.,XlI, p. 869 ; 1880.
(2) GossBLET. Ann. Soc. géol. du Nord, IV, p ^03 : 1877.— Vl,p.889:
1879. — Vlî, p. 193 61206 ; 1880. - Vill, p. 175, 1881.
- 13! -
Nos condasions ne farent pas identiques. H. Mourlon
soutint l'opinion de H. d^Omalius ; j'admis au contraire que
les schistes de Eamenne des environs d'Avesnes et les psam-
mistes du Condros, aussi bien ceux de TOurthe que ceux des
environs de Maubeuge^ constituent deux faciès différents,
mais contemporains.
La discussion présente, du reste, un caractère tout à fait
théorique, car nous sommes d'accord pour Tobservation des
faits ; mais nous différons sur les méthodes géologiques. Je
ne puis croire avec H. Mourlon que Ton puisse synchroniser
deux couches, à de longues distances, sur de simples analo-
gies minéralogiques ; je n'accepte pas non plus que, dans le
devonieu; le groupement stratigraphique des fossiles soit
moins net que dans les terrains plus récents:
L'étude delà tranchée du chemin de fer du Nord entre
Féron et Sémeries (1) m'a conduit à diviser le faciès schisteux
ou Fagneiix du famennien en quatre assises, qui sont de bas
en haut.
i^ Schistes de Senzeilles à Rhynchonella Omaliusi.
2o Schistes de Marienbourg à Rhynchonella Dumonti.
3** Schistes de Sains à Rhynchonella letiensis.
4<^ Schistes et calcaire d'Elrœungt à Spirifer distans.
D'un autre côté j'ai établi (f) pour le faciès arénacé ou
Ourtheux des environs de Maubeuge les divisions suivantes :
1° Schistes de Coulsore.
20 Schistes de Collerets à Rhynchonella Dumonti.
3® Grès de Cerfontaine.
4® Schistes de Choisies.
5» Psammites de Dimont.
60 Schistes et grès de Wattignies.
(1) Ann. Soc. geol. Ilu Nord, VI, p. 389 ; 1879.
(2) Ann. Soc. gcol. du Nord, VII, p. 206 ; 1880.
- i32 -
Mais je n^avais pu établir qû'uQ parallélisme provisoire
entre les deux séries.
J'espérais pouvoir les raccorder plus facilement lorsque les
travaux du chemin de fer de Fourmiesà Maubeuge auraient
fourni de nouveaux points d'observations dans la vallée de
la Soire, dans une région intermédiaire entre la Fagne et les
environs de Maubeuge,
L'année passée M. Gronnier a rendu compte à la Société,
de la coupe des tranchées ouvertes par ce chemin de fer
entre Glageon et Solre-le-ChAteau. Je vais indiquer ce que
j'y ai observé entre Fourmies et Roussies.
Contre Téglise de Sars-Poteries, on a exploité le calcaire
d'Etrœung très fossilifère.
Phacops lalffrans, Alhyris Raissyi.
Spirifer strunianus. Alrypa reticularïSs
Spirifer distans. Streptorhynchuscrenistria.
Spirifer partitus* . Orihis arcuata.
Spirifer tornacensis, Productus subaculealus.
Cyrlina heleroclita.
Deux tranchées, Tune sur la route de Dimont, l'autre sur
le chemin de fer au kilomètre 100, montrent d*abord des
schistes avec bancs calcaires, puis un psammite fissile et de
nouveau des schistes calcarifëres. Toutes ces couches appar-
tiennent à rassise d'Etrœungt et plongent de ô^^^auS. iO»E.
sens le calcaire de Téglise. La même assise s'étend de la
route de Dimont jusqu^au moulin.
Entre Sars-Poteries et Dimont, la voie ferrée située dans la
vallée ne montre aucun affleurement, mais le chemin de
Dimont, qui suit la rive droite, coupe près du bois des
Foyaux un escarpement de schistes compacts et de psammites
inclinés de 50® vers, le N. 45«>0. En raison de leur plonge-
mentdans celte direction anormale, on doit supposer qu'il y
a des plissements et qu'ils se relèvent plus loin pour s'appli-
quer contre le calcaire de Dimont. On y. rencontre Spm/fer
Verneuiii et Cucullœa (rapezium.
— 133 —
Le village de Dimont est sur ane véritable voûte de schistes
calcarifëres, où abondent de grands Spirifer Verneuili. Les
fossiles que Ton trouve à ce niveaa sont :
spirifer Yerneuili, Orlhis slrialula.
Spirifer laminosus. OrtMs arcuata*
Spirifer nov, sp. Sirophalosia membranacea
Athyris eoncentrica. Aviculopecten. (^espO
Rhynchonella letiensis.
En sortant de Dimont par le chemin de Wattignies on
rencontre des schistes et des psammites remplis de débris
végétaux. Bien qu'ils plongent au S. 15' 0., ils sont supé-
rieurs aux calcaires de Dimont et par conséquent renversés.
Du reste, un peu plus loin, ils prennent Tinclinaison nord.
Ils sont coupés en tranchée par la voie ferrée entre les
kilomètres 98>4 et 98,5 ; je les ai réunis aux schistes
calcarifëres pour constituer l'assise de Dimont.
Entre Dimont et Wattignies, il y a un petit bassin synclinal
de schistes et de calcaires d'Etrœungt. Le schiste inférieur
est visible du côté sud du bassin à la tranchée 98,3. Quant
au calcaire, il est exploité sur le chemin à la limite des deux
communes et il est coupé par la tranchée du kiiom. 98. On
peut y recueillir :
Phacops latifrons, Rhynchonella letiensis,
Spirifer slruhianus. Or tais nov. sp. (2 esp.).
Spirifer nov, sp, Clisiophyllum Omaliusi.
Athyris lamellosa»
C'estprobablement au même niveau qu'appartiennent les
schistes avec bancs calcaires qui affleurent sous Téglise de
«
Dimechaux.
L'assise de Dimont se relève au N. de ce petit bassin syn-
clinal. Les schistes et psammites à végétaux ne sont pas
très visibles ; cependant on peut leur rapporter des schistes
tinement feuilletés avec petits bancs de psammites coupés
en tranchée entre les kilom 97,3 et 97,2. Les schistes à
— 134 —
nodales calcaires de Dimont affleurent sur le chemin, un
peu au S. de Wattignies, et dans la tranchée du chemin de
fer, contre le moulin, entre les kilom. 97 et 96,8. Ils y con-
. tiennent un banc schisteux et psammitique épais de 5 à 8
mètres. Les fossiles que j'y ai recueillis sont :
Spirifer Vemeuilli, Rhynchonella letiensis.
Athyris Roissyi. Orthis arcuata.
A 20 m. au N., le chemin de fer traverse la tranchée dite
du Pain-de-Sucre dans des schistes compacts verts, rarement
rougeâtres, avec minces bancs de grès. L'inclinaison est de
75® au S. 10° E, Puis la voie ferrée rentre dans la vallée du
Stordoir jusqu'à son confluent avec la vallée de la Solre au
pont des Bêtes.
Au S. de ce pont, sur la route de Solre-le-Ghâteau, on
trouve des schistes avec bancs de psammites subordonnés et
des schistes verdâtres micacés très fissiles. Ces couches, qui
sont verticales, n'ont jamais fourni de fossiles.
Au N. du pont des Bétes, sur la rive gauche de la Solre,
il y a un escarpement de schistes à nodules calcaires on
plutôt criblé dé cavités dues à la disparition de ces nodules.
Sur la rive droite, le chemin de Choisies passe au pied d'Une
autre carrière beaucoup plus importantes, où on a exploité
des schistes quartzeux très micacés, contenant quelques
fragments de psammites. Ils décrivent un double pli, mais
d'une manière générale ils sont inclinés de 45* au S. lo® E.
J'ai considéré ces diverses couches calcarifères et schis-
teuses, que Ton rencontre depuis la tranchée du Pain-de-Sucre,
comme le type de l'assise de Choisies.
Les schistes et psammites de Choisies s'appuyent sur une
voûte de grès ou de psammites très quartzeux, que le chemin
de fer coupe en tranchée entre les bornes 95,4 et 95,5. Ces
psammites sont compacts vers le centre de la voûte et
straloïdes vers la partie moyenne. Au sud de la' tranchée, ils
— 135 —
sont surmontés de schistes contenant un banc à nodules
calcaires, qui pourraient être encore rapportés à l'assise de
Choisies (inclinaison S. 10« E.= 20«)
Les schistes calcarifères reparaissent au N. de la voûte
dans une nouvelle tranchée aukil. 95,15. Ils sont verticaux
ou inclinent un peu, soit au N., soit au S. Les fossiles y sont
assez importants :
Spirifer Vemeuiii, Rhynchonella pugn\Ls.
Alàyris Roissyi. Orthis striatula.
RhynchonellaHetientis. Orlhis arcuala.
Ces schistes à nodules calcaires passent au N. du village
de Choisies ; quant au village, il est bâti sur des psammites
et des schistes grossiers, qui appartiennent au côté nord de la
petite voûte anticlinale et qui forment une partie de la
tranchée précédente, où ils plongent de 80» au N. iS» 0.
Au N. de Choisies l'^erprétation des tranchées du chemin
de fer devient bien difficile. J'ai été amené à supposer qu'il
y a une faille et que les premiers affleurements au N. du
précédent appartiennent à l'assise d'Etrœungt.
Sur la voie, il y a au kil. 94,6, une petite tranchée dans
les schistes grossiers, mal caractérisés^ inclinés au S. S» E. ;
mais sur la rive gauche, au sud-est de Damousies, on voit
d'autres schistes un peu supérieurs aux précédents et riches
en fossiles.
Spirifer Vemeuiii. Athyris Roissyi.
Spirifer lamitiosus. Streptorhynchus crenistria .
Le calcaire d'Etrœungt n'est pas loin ; on Ta exploité pour
faire de la chaux au S.-O. de Damousies, et il affleure dans
le fossé de la route au S. du village. Sous Téglise, il y a des
schistes avec bancs calcaires que Ton peut encore rapporter
à l'assise d'Etrœungt. Ils doivent passer un peu au N. de la
gare d'Obrechies, car on les rencontre dans le chemin qui
monte de la gare à Obrechies. La place de ce dernier village
— 136 —
est sur des bancs de schistes et de psammistes en bancs
minces, qui vont aussi passer sous la partie nord du village
de Damousies. Au pied de la voie ferrée, entre les kilomètres
94,3 et 94,1, on voit une voûte de grès et de schistes, que
/on serait tenté de prendre pour l'assise de Cerfontaine ;
mais sa proximité de rassise d'Etrœungt s'y oppose. Il doit
plutôt représenter, ainsi que les schistes précédents, une
partie quelconque de Tassise de Dimont.
Les tranchées suivantes montrent, entre les kilomètres
93,65 et 93,85, des schistes verts plus ou moins arénacés
sans fossiles (incl. 3^0 E. = 60''); entre les kilomètres 93,3
et 93,2, des schistes noirs, ainsi que des grès et des schistes
calcarifères ; entre les kilomètres 93 et 92,8, des schistes à
•
nodules calcaires contenant des bancs de psammites. Ces
dernières roches plongent au N. 10« 0., et s'enfoncent sous
le bassin de calcaire carbonifère de Ferrières-la-Petite.
Au-delà de ce petit bassin, on retrol^e une tranchée dans
le devonien, entre les kilomètres 91,3 et 91. Toute la partie
sud est formée par les schistes à nodules calcaires alternant
avec des bancs de schiàtes et de psammites, tandis que la
partie nord est constituée par des fragments de grès. Les
schistes calcarifères contiennent :
Spirifer Vemeuili Steptorhynchus crenistria.
Ehynchonella pugnus. Discina.
Rhynchonella letïensis. EuompTialus.
Il est possible, eu égard à la faible distance qu'il y a entre
cette tranchée et le calcaire frasnien de Ferrières-la-Grande,
que le grès inférieur appartienne à l'assise de Cerfontaine,
et que les schistes calcarifères représentent l'assise de
Choisies En tout cas, cette bande famennienne, située entre
le calcaire frasnien de Ferrières-la-6rande et le calcaire
carbonifère de Ferrières-la-Petite, est très mince.
Quant à la large bande famennienne traversée par la vallée
de la Solre, entre le calcaire carbonifère de Ferriëres-la*
<37 —
Petite et celai de Sars-Poteries, elle se dinse en deux parties
qui sont séparées par la faille de Damousies. Celle du nord
présente encore bien des incertitudes dans la détermination
des assises ; celle du sud est plus claire, on y trouve les
zones suivantes de bas en haut :
Assise
de Gerfonlainé.
Assise
de Choisies.
Assise
de Dimont.
Assise
d'Eirœung.
Grès de la trancaée kil. 95,4.
Schistes avec banc à nodules calcaires de la
tranchée lui. 95,5.
Schistes et psammites de Choisies.
Schistes à nodules calcaires du pont des Bélts
et de la tranchée l(il. 65.15.
Schistes et psammites de la rojute au sud du
pont dès Bétes.
Schistes de la tranchée du Pain-de- Sucre.
Schistes calcarifèresde;Dimontetdc la tranchée
kil. 97.
Psammites avec débris végétaux de Dimont.
Schistes argileux de la tranchée kil. 98,a.
Schistes calcarlfères et psammites de Sars-
Poteries.
Calcaire de Wattignies et de Sars-Poteries.
Si Ton compare le famennien de la vallée de Solre avec
celui du Wattissart et avec celui de la Fagne, on est frappé
du développement de l'élément calcaire. Le calcaire s'y trouve
à trois niveaux différents. Dès le niveau inférieur, celui du
pont des Béte3, on voit apparaître la faune des schistes de
Sains, y compris le Rhynchonella letiensis. Il n'y a pas lieu
d'abord de distinguer, sous le rapport paléontologique,
rassise de Choisies de celle de Dimont. Toutes deux corres-
pondent à Tensemble des schistes de Sains à Rhynchonella
leliensis.
Le grès pur n'existe qu'à la base, et on ne peut pas juger
de son importance ; on peut observer qu'il occupe une place
intermédiaire entre les schistes de CoUeret k Rhynchonella
Dumontiy et les schistes de Choisies à Rhynchonella letiensis.
— 138 —
Il e»\ donc difficile de dire s'il faut le paralléliser à la partie
supérieure des schistes de Marienbourg ou à la partie infé-
rieure des schistes de Saius.
Dans les couches supérieures, les psamuaites sont toujours
en couches minces, intimement mélangés aux schistes. C'est
une formation intermédiaire entre le faciès arénacé et le
faciès schisteux.
• -
Le chemin de Cousolre à Hestrud, qui suit la frontière,
fournit une deuxième coupe du même faciès intermédiaire
entre les voûtes frasniennes de Cousolre et d'Hestrnd. On y
voit deiïx plis synclinaux, séparés par une voûte anticUnale
de schistes verts, appartenant à rassise de CoUeret.
Dans le centre des deux plis synclinaux, il y a des schistes
noirs avecgrèsou psammites et quelquefois nodules calcaires,
que Ton peut ranger dans l'assise de Dimont.
Us reposent sur des schistes à nodules calcaires, dont
répaisseur et l'importance augmentent du nord vers le sud ;
ce sont certainement les schistes de Choisies.
Entre eux et les schistes verts de CoUeret, on trouve, vers
Cousolre, des grès qui alternent dans le bas avec des schistes
grossiers. Ils sont déjà moins compactsqu'au Watissart, et on
ne peut pas songer à en faire des pavés. Sur le bord sud du
môme pli synclinal, ils sont encore moins épais et plus psam-
mitiques. Dans le second pli synclinal, il n'y a plus que des
psammites, et encore sont- ils moins importants sur le bord
sud que sur le bord nord.
Ainsi, rassisse du grès de Cerfontaine, très développée
dans les environs de Maubeuge, diminue peu à peu vers le
sud et finit par disparaître dans la fagne. Il y a donc bien
de ce côté lacune, comme Tentend M. Mourlon^ c'est-à-dire
manque d*un élément pétrographîque. Hais pendant que le
grès se déposait au nord, la sédimentation n'étaitpas arrêtée
au sud, les schistes verts se déposaient encore, ou bien les
- 139 —
schistes calcarifëres se formaient déjà. Selon que Ton
adoptera une hypothèse on Tautre, on devra rapprocher le
grès de Cerfontaine, soit de l'assise de Harienbourg, soit de
celle de Sains.
Les conpes aax environs de Beaumont, au-delà de la
frontière, permettent de connaître Topinion des géologueft
belges sur le faciès famennien de Haubeuge.
Ces coupes ont été étudiées par H. Hourlon (i) et par
M. Purvès (2).
Un peu au S. de la station de Beaumont près du disque on
voit du psammite très fissile en bancs verticaux remplissant
un petit bassin synclinal. Il repose sur des schistes altérés et
percés de trous dus à la disparition du calcaire. On y ren-
contre Streptorhynchus consimiliseiAviculopeeten iransversus.
Ces couches plongent versle nord ; on voit au-dessous, avec la
même inclinaison, des grès remplis de lamellibranches :
Sphenotus clavulus etSchizodus rhombeus ; puis viennent des
psammites et des grès qui contiennent Spirifer Verneuili et
Rhynchonella tricequalh. Sous le viaduc il leur succède des
psammistes et des schistes où j*ai trouvé une Rhyncbonelle
nouvelle que je nomme Rh. palmata, puis des schistes verdâ*
très à Rhynchonella Dumonti et Productm prœl(Mgus. Toutes
ces couches s'enfoncent régulièrement sous les premières.
On a reconnu facilement dans les schistes à Rh, Dumonti
les schistes de Colleret, les schistes et les psammites à
Rh. palmataen sont la partie supérieure. Les grès à Sphenotus
eihSchizodus sont identiquement les grès de Cerfontaine et
les grès à Rh. iriœqualis en sont la partie supérieure. Quant
aux schistes calcarifères à Str. consitnilis ils appartiennent
(1) MoDRLON. Sur V existence des psammites du Condros aux envi-
rons de Beaumont, BuU ac. Beig. t)e s ,VI1 p. 238. 1885.
(2) Dupont. Sur le famennien de la plaine des fagnes. Bull. ac.
Belg. Ses. Xli p. 501, 1886.
aux schistes de Choisies ; il en est peut-être de même des
psammites à Rh. leilensis; peut-étr^ cependant correspon-
daient-ils aux psammites de Dimont.
A la tranchée de la gare de Sivry située à 8 kilomètres au
S. de la précédente on trouve du côté nord les schistes à
nodules calcaires inclinés au N. M. Purvës y a recaeilli
Rhynehofiella letiensis, Rhynchonella tricegualis, Streptorkyth
chus eonsimilis. Ils reposent sur des psammites Qssiles à
Sphenotus et ceux-ci sur des schistes mélangés de psammites
et présentant des couches très ondulées ; puis Tiennent des
schistes où H. Mourlon signale de petites Rhynchonelles ; je
ne les ai pas vues.Au S. de la gare de Sivry, on rencontre une
nouvelle tranchée de schistes avec Rh. Dumonti.
On voit donc qu'à Sivry, comme à Coulsore, l'assise de
Gerfontaine perd, en gagnant vers le sud, sa nature arénacée
et devient plus schisteuse. *
Ces coupes prises sûr le territoire belge permettent d'ap-
précier les différences qui me séparent de H. Mourlon.
M. Hourlon après avoir étudié les psammites du Gondros
dans la région de i'Ourthe les a divisés en -quatre assises qui
sont de bas en haut :
Psammites d'Eâneux.
liacigno de Souverain-Pré. "
Psammite de Hontfort.
Psammites d*Evieux.
Dans son étude sur les environs de Beaumont, il assimile
les schistes à AA. Dumonti aux psammites d'Esneux et les
grès à' Lamellibranches aux grès de Montfort. Il en résulte
pour lui une lacune correspondant au macigno de Souve-
rain Pré.
En effet, si on compare le faciès arénacé de TOurthe
avec le même faciès aux environs de Maubeuge, on voit de
suite une différence importante. Sur TOurthe, la grande
masse arénacée est supérieure aux schistes calcarifères ; elle
— 141 -
lear est ioférieara à Manbeage. On peut donc faire, sar la
concordance de c^s coaches, deux hypothèses différentes,
selon qne Ton admet la continaité de rassisse calcaire on
celle de Passise arénacée. Les sables et les grès formant
généralement dans tous les terrains des dépôts lenticulaires
d'une étendue relativement restreinte, il est préférable
d'admettre la continuité de couches calcarifères que Ton
retrouve également dan^ le faciès schisteux séparant les
schistes de Sains des schistes de Harienbourg. Il en résulte
que le grès de Montfort, -supérieur à la zone calcaire, appar-
tient à rassise de Sains, tandis que le grès de Cerfontaine,
inférieur à la même zone, doit être rangé dans les schistes de
Harienbourg, ou au moins assimilé aux schistes qui, dans la
tranchée de Sains, forment un passage entre les deux assises.
MM Dupont et Purvès sont arrivés à un résultat identique.
Ils ont reconnu que dans toute la plaine de Fagnes, aux
environs de Beaumont, comme à Sains, comme à Haversin
sur la ligne du Luxembourg^ il existe un niveau calcarifère
où le Cyrtia Murchisoniana, caractéristique du famennien
inférieur, se trouve avec la Rhynchonella letiensis du famen-
nien supérieur, le Sireptorhynchusêonsimilis, h Rhynchonella
iriœqualis. Cette assise parfaitement reconnaissable partout
est le macigno de Souverain Pré de M. Mourlon. Le grès de
Montfort, qui est au-dessus, doit appartenir au famennien
supérieur, tandis que legrèsde Cerfontaine,qui est en-dessous,
est du famennien inférieur.
MM. Dupont et Purvès acceptent ainsi le parallélisme que
j*ai établi entre les Psammites du Conciros et les Sôhistes de
Famenne. Dans ces observations au sujet de la note précitée,
M. Mourlon a laissé entendre qu'il était disposé à se rallier
à notre manière de voir; il faut donc espérer que la question
est résolue.
La faune du Famennnien est encore peu connue. Elle a été
étudiée d'abord en Angleterre par Soverby et par Phillips.
— 142 —
J'y ai indiqué quelques espèces nouvelles dans rArdenne
pour pouvoir établir les divisions stràtigraphiques, enfin
Hall a fait connaître dans les coucbes de Chemung en
Amérique un grand nombre d'espèces qui se trouvent repré-
sentées en Ardenne par des formes identiques ou seulement
analogues.
Je viens de dresser la liste suivante des espèces que j'ai
reconnues dans le Famennien de T/^rdenno :
Phacops latifrons hMm. (Jahrb., 1825, pi. 2. fig. 1-4).
Spirifer Vemevili Mobch. (Bull. Soc. géol. Fr., !'• s., XI. pi. 2. fig. 2-4).
Spirifer tornacensis Kon. (Bull. Mus. hisl. nat. Belg. II, q1. 1, fi^ 1-7).
Spirifer strunianus Goss. (Esq. géol. Nora. pi. 5, fig. 2).
Spirifer lami7wsus M'Cgy. (Davids. Brilfoss. Brach., U. pi, 7, fig. 17-22).
Spiriler afi*. Bouchardi Mcjrch. (I. c, pi. 2. fig. 5).
Spirifer parlitus Port lock (Davids., I. c. II, pi. 7, fig. 60-61).
Spirifer distans Sovv (Davids., I, c , 11, pi 8. fig. 1-7).
Spirifer unguiculus Sow. (« Urii Davids., I. c. III, pi. 4. fig. 25-28).
Cyrtia Murchisoniana Koif. (Goss., Esq. géol , pi. 5, fig. 4).
Cyrtina heteroclita Defr. (Davids , I. c , III, pi., 9, fig. l à 16).
Athyris Roissyi L'Eveillié (Davids , I. c, II, pi. 18, fig. 1-11).
Athyris concentrica Boch. (Murch.. I. c, pi, 2, fig 1).
Athyris reticulata Goss. (Esq. géol. Nord, pi. 5. fig. 6.
Rhynehonelia acumincrtv Mart. (Datids , 1. c, III, pi. 18, fig 1-14).
Rhynchonella pugnus Mart. (Davids , I. c, II, pi. 22, fig. 1-16).
Rhynchonetla Omaliusi Goss. (Ânn Soc. géol. Nord, XIV, pi. 2, fig. MO).
Rhynchonella Dumonti Goss. (Ann. Soc géol. Nord, XIV, pi. 3, fig. 6-18).
Rhynchonella triœqualis Goss. (Ann. Soc. géol. Nord, XIV, pi. 2, fig. 11-13).
.Rhynchonella le tiensis Goss. (Ann. Soc. géol. Nord, XIV, pi. i. fig. 9-19).
Rhynchonella nvx Goss. (Ann. Soc. géol. Nord, XIV, pi. l, fig. 20-22).
Rhynchonella palmata Goss. (Ann. Soc. géol. Nord, XIV, pi s fig. 19).
Rhynchonella Gonthieri Goss. (Ann. Soc géol. Nord, IV. pi. 3, fig. 14-18).
Camarophoria crenulata Goss (Ann. Soc. géol. Nord, IV, pi. 4, fig. 8, 9).
Terebracula haslala Sow. (Davids , I. c . II, pi. 1. fig. 1-17).
Orthis strialula Schl. (Davids., I. c. III, pi, 17, fig. 4-7 «« O. resupinata),
Orthis arcuata Phill. (Davids., 1. c. III, pi. 17, fig. 13-17).
Sireptorynchus crenistrt'a Phill. (Davids., I. c, II, pi. 26 et 27).
Streptorhynchus pseûdo-elegafis Goss. (Ann. Soc. géol. Nord. IV. pi. 4. fig. 10).
Streptorhynchus consimilis Kon. (Bull. Ac Bèlg., 8e s., IV, pi. l a, fig. 8).
- 143 —
Leplœna rhomboidalis Wailbmb. » L. depressa Sow. » L analoga Phill.
Choneles hardrensis Davi»s. (1. c, pL 19, fig, 6-8).
Strophalosia producloideg Murch. (I. c. pi. 2, fi$?. '7).
Strophalosia membresiacea Phill. (Davids., I. c, III, pi. 19, fig. 18-20).
Productus subacuteatus Murch. (1. c , pi. 2, fig. 9).
Productus prœlofigus Sow. (Trans. géol. Soc., Y, pi. 53, 6g. 29).
Productus scabriculus Mart. (Kon , MoDog Prod. Ghon., pi. U, fig; 6).
Discina nitida Dayids. (1. c. Il, pi. 20 fig. 9).
Discinji nw, 8p.
IJnffûla squamiformiB Phill. (DavIds., 1. c , pi. 20, fii?. 1-121.
Ungula afl. leana Hall. (Paï. New-York, IV, pi. 2, fig 12).
Clymenia sp,
Coniatites sp. (2 esp ).
Cyrloceras nov. sp, .(2 esp.).
Orlàoceras nov. sp. (8 esp.).
Orthoceras dff. slrialuium Phill. (Paleoz, foss , pi. 43, fig. 2i2).
Loxonema sp.
Loxonema {Hohpella) afl, tenuicoslala Sarde. (Verst. Nass , pi. 26, fig. *?).
Naticopsis sp.
Baylea nw, sp,
Euompàalus sp-
Bellerophon sp.
Slraparollus ait. œqualis Koii. (Foss. carb. Belg., pi. 17, fig. lo).
Porcellia aff Puzio Kon. (Foss. carb. Belg., pi. 85. fig. 26-28)-
Porceltia afl. Mfida Sandb. (Verst. Kass., pi. 22, fig. lO).
Capulus aff. vetuslus Sow (Min. conch., pi. 60i. fi,;.i-8).
Conularia afi". simplex BARR,(Syst. silur. Boh., 111, pi. 5, fig. 1-4;.
Cardiomorpha nov. sp,
Edmundia3^(2esp.).
Grammysia (Cypricardia) setnisulcata Phill. Paleoz. foss., pi. 17. fig 57).
Grammysia subaciiala Hall (Pal. New-Yoak, pi. 61, fig. 10-22).
Grammysia?
SanguinotUesf (2 esp).
'Allorisma nov. sp.
Chœnomya ? nox. sp .
Sphenolus clavulus Hall. (1. c, pi. 66, fig. 20-26).
Sphenotus contraclus Hall (1. c, pi. 66, fig. 1-19).
Sphenolus nov sp. (3 esp )
JUicrodon cf. gregarius Hall (1. c, pL 7n, fig. 1-4).
Paracyclas {Puilaslra) elliptica Phill. (I. c, pi. 17, fig. 52).
Paracyclas ? nov, sp. (2 esp.)
- 144 —
PararcaBÎS. erecia Halu (1. c, pi. 94, fig. 20).
Cardium ?
Conocardium,
Nucuia nov, sp, (6 esp.)
Palœneiio aff. ftlosa Cour. (Hall. 1. c. pi. 49, fig. 83-88).
Palœoneilo ? (3 esp.)
Cimitaria T nov, sp.
Cucultœa ? trapezium Sow. (Phill., l. c, pi. 19, fig, TfO)
Cucullœa ? Hardingii Sow. (Phill., 1. c, pi. 18, fig. 67).
CucuUœa ? amygdalina Sow ^Phill , I. c , pi. 18. fig. 66).
Cucullœa ? unilateralis Sow. (Phill , 1. c, pi. 19, fig. 69).
Schizodus rhombeus Hall (1. c. pi. ^s. fig. 20)
Schizodtis air. chemungensis Gonr. ^Hall , 1. c, pi ^S, 0g. 82).
Modiomorpha.
Myalina {Mytilus) damnoniensis Phill. (I. c, pi. 17, fig. 61.
Myalina nov. sp,
Modiola aff praecedens Hall (L c , pi. 33, fig. 13).
Mylilarca Siù'. occidentalU Hall (I. c, pi. 83, fig. 5).
Mytilarca Adualicorum Rtck. (Mélang. paléoDt , pi. 16, fig. 24, 25).
Mylilarca sabesfana Rtck. (Mélang. palèonl., pi. 16, fig. 22, 23).
Piychopteria salamanca Hall (I. c, pi. 28, fig. 17).
Plychopteria {Avicula) damnoniensis Sow. (Trgeol. Soc, 2* s., Y, pi 58, fig. 22).
Leiopteria chemungensis Vanox (Hall. I. c, pi. 22, fig. 17^
Leplodesma potens Hall (l c , pi. 22. fig. 20).
Leptodesma robustum Hall (I c, pi. 21, fig. 16).
Leplodesma Slephani Hall (1. c.« pi. 89, fig. 22).
Leplodesma cf. Jason Hall (1. c., pi. 91, fig. 4). .
Leplodesma Iruncatùm Hall (1. c, pi. 90 fig. 26).
Leptodesma longispinvm Hall(1. c. pi. 88, fig. 5).
.Leplodesma vmhonatum Hall(1. c . pi. 22, fig. iS).
leptodesma alalum Hall (I. c, pi. 90, fig, 26. 27).
Leplodesma aff. exlenuatum Hall (I. c, pi. 90, fig. 17).
Leplodesma aff' Mortoni Hall (I. c, pi. 89, fig. 2).
Leplodesma aff". {Leiploria) modiolare Kon (Foss. carb. Belg.pl. 30, fig. 7).
Leplodesma iSi {Leiploria) inlcrmédium Ko^. (I. c. pi. 30 fig. 13).
Leplodesma sp. (2 esp).
Pteroniles aff". profundus Hall (1. c , pi. 25, fig. 22. 27).
Pteronilès rostralus Hall (1. c, pi. 22, fig. 24).
Pteroniles sp,
Âviculopeclen Iransversus Sow. (Trans géol. Soc., 2e s , V, pi. 53, fig. 3).
Aviculopeclen Juliœ Kon. (Bull. Ac. Belg , 3e s. IV, pi. I A.)
Avicuiopeclen nov, sp, (7 esp.)
Ptennopeclen nov. sp, (2 esp).
Crenipeclen aff. Winchelli Hall (I. c , pi. 9, fi^. 25).
Clisiophyllum Omalitisi Haimb(BuI1. Soc. {?éo1. Pr., 2e 8.. XII, p. in^h
Aulopora repe7is Goldf (Petref. Germ.,pl, 29,litç. 1).
Diciyophylon tuberosum Corr (Barrois, Ann. Soc. Nord, XI. pi. I fig. 1).
Dictyophyton Motini Barrois (Ann. Soc. geol. Nord. XI. pi. I, fig. 2).
En terminant, j'ai à faire une modification à Tune de
nos notes précédentes sur les faciès des environs de
Maubeage.
J'avais distingué deux assises dans la zone schisteuse
inférieure aux grès et aux psammites : \^ les schistes de
Cousolre gris^ verts ou brunâtres, très Fissiles, se divisant en
lames minces; 2^ les schistes de CoUeret vert foncé, compactes,
se divisant en petits éclis irréguliers. J'ai reconnu que ces
deux variétés de schiste alternent ensemble et par conséquent
ne peuvent pas être séparées. Ils contiennent, du reste, les
mômes fossiles : de nombreux lamellibranches appartenant
au genre Leptodesma et la Rhynchonella Dumonti. Comne
ils reposent sur les schistes à Acervularia du frasnien, il en
résulte que l'équivalent de l'assise à Rhynchonella OmaliiLsi
n*est pas encore trouvé dans les environs de Maubeuge.
M. Achille Six fait un exposé de la théorie de Suess,
sur les dislocations qui ont produit les diverses montagnes de
TEurope.
Séance du 16 Mars 1887.
M. Smitts, rapporteur de la Commission des finances
constate l'excellent état des finances et propose^ pour Pannée
1887, un projet de budget qui diffère peu de celui que le
bureau avait élaboré.
Annales de la Sociélé géologique du Nord, t. xiv. \Q
— 146 -
Le Président remercie les Membres de la Commission
des finances da zèle avec lequel ils ont rempli leur mandat.
Sur sa proposition la Société vote des remerciements à
M. Grespel son dévoué secrétaire.
H. Péroche fait la communication suivante :
L'action érosive des coups d*eau et la
rotation terrestre»
par M, Jules Péroche.
Une loi a été formulée d'après laquelle la rotation terrestre
exercerait une influence marquée sur quelques-uns des
grands mouvements qui se produisent à la surface du globe.
Appliquée aux grande courants atmosphériques et aux
grands courants marins, cette loi se justifie pleinemeQt par
Tobservation. Partis des régions équatoriales avec la vitesse
que la rotation leur a imprimjée, ils ne tardent pas à s'inflé-
chir vers Test, gagnant ainsi sur les parallèles qu'ils
atteignent, tout en perdant cependant beaucoup de leur
vitesse initiale. De même, les courants qui viennent des
pôles, avec la lenteur rotative de ces autres points, se portent
vers Touest à mesure qu'ils descendent, et d'autant plus
qu'ils se rapprochent davantage de l'équateur. Mais on n'a
pas rattaché cette loi qu'aux seuls mouvements en question ;
on a pensé que les mêmes influences se feraient également
sentir sur la marche des fleuves, en ce sens que, pour ceux
qui se dirigent, soit vers l'équateur, soit vers les pôles, leurs
eaux seraient entraînées plutôt d'un côté que de l'autre de
leurs rives. Il me semble qu'en cela on a quelque peu abusé
de la théorie.
Daprès M. Babinet, la force d'érosion à Test d'un fleuve
allant de l'équateur vers le pôle serait égale à Vio.ooo de la
pression qu'il exerce sur son lit. L'action serait donc des
• - 147 —
plus faibles et on peut se demander si, même à la longue,
elle pourrait se révéler d'une manière tant soit peu appré-
ciable. D'autres calculs ont été faits. De ceux de H. Duponchel
il résulte que la déviation vers Test ne serait que Téqui-
valent de V20.000. C'est beaucoup moins encore. Il est vrai
que M. Dana a trouvé qu'un courant de 300 mètres de
largeur sur 3 mètres de profondeur aurait^ sous Tinfluence
de la rotation, une différence de force érosive qui serait de
461 contre 460. Mais il s'agit là d'un cours d'eau comme il
ne s'en trouve guère, et peut-être n'est-ce pas le cas de s'y
arrêter.
Très dissemblables, on le voit, sont les chiffres donnés.
Hais ce n'est pas tout. Pour H. Bertrand, le phénomène
serait nu^ et, de son côté, sans contester que la rotation de
la terre puisse développer, dans les cours d'eau, une ten-
dance à la déviation, H. Delaunay a considéré qae Tintensité
de la force agissante resterait, de toute façon, trop faible
pour produire des effets sensibles. Evidemment, et bien
qu*on puisse déjà savoir à peu près à quoi s'en tenir, une
complète lumière n'est pas encore faite sur ce point, et si
M. Fontes C) a tout récemment apporté quelques éléments
nouveaux dans la discussion, il ne semble pas que lui-même
soit arrivé à une solution beaucoup plus positive. Les calculs
élaborés ont-ils tous, d*ailleurs, été établis sur les baises
voulues? Les fleuves ont des pentes fort diverses, ils
charrient des volumes d'eau plus ou moins considérables,
leurs cours sont plus ou moins sinueux. Ce sont là des
fadeurs avec lesquels il faut nécessairement compter.
Fixons-nous dabord sur le plus ou moins de rapidité des
courants : quelques indications suffiront pour nous montrer
jusqu'à quel point cette rapidité peut différer. -
{{) de Lapparent : Traité de géolos^ie, 2* édilion, page 222.
(2) Bulletin de la Société d'Hisloire naturelle de Toulouse, 1886, p. 16.
- 148 — il
La Seine, à Paris, n'avance que de 0.50 centimètres par
seconde.
Dans le même laps de temps, la marche du Rhône varie
de 0.40 à 1.50.
Celle da Rhin, selon les lieux, est de 1.50, 2.15, 2.85.
Le Nil et le Gange avancent de 1.54, le Mississipi de 1.25
à 1.50.
Les poussées, pour chacun de ces fleuves, sont donc loin
d'être les mêmes. Mais ce qu'il faut envisager plus particu-
lièrement encore, c'est la vitesse de la rotation par rapport
aux latitudes.
La vitesse du déplacement résultant de la rotation est, à
réquateur,de 416 lieues par heure. Elle est là, naturellement,
à son maximum. Sous le 10^ parallèle, elle es( de 410 lieues^
sous le 20s de 389, sous le 30«, de 360. Entre Téquateur et
le 30* degré de latitude, Técart ne dépasse donc pas 56 lieues.
Sous le 40® parallèle, la vitesse n'est plus que de 319 lieues,
sçus le 45% que de 294, sous le 49% que de 273, sous le 50<»,
que de 267. La décroissance s'accentue déjà beaucoup plus.
Sous le 55s on a seulement 238 lieues, sous le 60s 208,
sous le 70% 142 et sous le 80% 72, pour arriver à zéro au
point mathématique occupé par le pôle. La chute là devient
complète. Mais il ne faut pas juger des conditions d*un fleuve
qujB par ses extrêmes. Les eaux sont bien loin, en effet, vers
leur embouchure, d'avoir conservé leur impulsion première
qui s'amoindrit de proche en proche, à mesure qu'elles
s'éloignent de leur point de départ. Elle s'affaiblit d'autant
plus que des frottements et des obstructions de toute nature
viennent forcément, et toujours, en annihiler plus complète-
ment les effets. Voyons ce que peuvent être ces variations
relativement à certains fleuves.
Le Nil part de îéquateur et va se perdre dans la Méditer-
ranée à la hauteur du 31^ parallèle. De son point d'origine
au 10» degré de latitude, la différence sur la rotation se
- 1*9 -p
limite à 6 lieues par heure. Du 10« an 20* degré, elle est de
21 Ifeues, et du ÎO^ au 31% de 32. Mais si on décompose ces
différences par degré, on n'a plus, comme moyenne, pour la
première partie du parcours, que 1 kilomètre 33, par heure,
pour la 2% que 4 kilomètres 66,et pour la 3%que 7 kil. 11.
Maintenant, ces|26 lieues de parcours du fleuve d^un degré
à Tautre, ne s'effectuent pas non plus d^un même mouve-
ment, et ce que les eaux avaient de vitesse rotative au
commencement de chaque degré, s*est aussi amorti peu à
peu. Même sans cela et en supputant les distances lieue par
lieue, on n'a plus, dans le premier cas, que 51 mètres^ dans
le second que 179 et dans le troisième que 274. Or, une
lieue de parcours, pour un fleuve, équivaut, en moyenne, à
une heure de marche. Ne devient-il pas évident que lés
tendances à la dérivation vers Test ne sauraient, spécialement
pour le Nil, rester très accentées, même à la fin de son
trajet.
Ce n'est pas seulement le Nil qu'il faut envisager.
Parmi les fleuves des régions moyennes, nous avons le
Rhin qui se dirige aussi vers le Nord. Sa marche, dans ce
sens, est même assez directe du iV au 52<» parallèle. Entre
ces deux points, la différence, de vitesse rotative n'est guère
que de 28 lieues par heure, et si l'on considère que le
parcours est de plus de 130 lieues, on n'a plus, non plus,
relativement au fractionnement de cette distance, qu'une
différence sans grande valeur. Le cas se tranche nécessairement
beaucoup plus en ce qui concerne les fleuves de l'extrême
Nord. Quelqus-uns de ceux de la Sibérie ont des parcours
qui équivalent presque à celui du Nil, puisque, ayant leur
source aux environs du 50* parallèle, ils vont se perdre dans
la Mer Glaciale jusqu'au delà du 70*. Ici, la décroissance de
vitesse, d'une limite à Tautre, atteint et dépasse même
135 lieues par heure, et cependant, rien ne prouve bien
péremptoirement que la rotation marque là son action plus
— 150 —
qu'ailleurs La riye orientale des fleuves sibériens serait,
dit-on, pius attaquée que Tautre. Hais pas un d'eux ne se
porte à Test malgré la facilité qu'en offre le sol qui est plat
et d'une désagrégation facile. La plupart même, comme le
Rhin du reste, s'infléchissent plutôt du côté de l'occident.
Même sur ces points extrêmes, la loi invoquée ne rencon-
trerait donc qu'une consécration fort douteuse.
Je Ybï dit^ bien des causes, malgré la réalité théorique de
Finfluence de la rotation, peuvent en annuler les effets. Il y
en a deux dont il n'a pas encore été parlé et qu'on a
peut-être trop iégligées. C'est, d'une part, l'attraction et,
d'autre part, le déversement des. affluents. L'attraction ne
perd pas plus ses droits sur les eaux courantes que sur celles
au repos, et elle-même doit contrebalancer, dans une
certaine proportion, la tendance à la déviation. Quant aux
affluents, venus le plus habituellement de points fort diver-
gents, ils ne sauraient, souvent, apporter au courant princi-
pal que des impulsions qui seraient plutôt de nature à
contrarier les siennes propres qu'à les favoriser.
On ne s'est pas borné à prétendre que les fleuves perpen^
diculaires à Téquateur subiraient l'influence de la rotation,
on a aussi avancé que ceux qui coulent de Test à l'ouest ou
de l'ouest à l'est verraient, par le même fait, leur marche se
ralentir selon la direction, et que cette direction pourrait
même s*en trouver modifiée. M. Elisée Reclus s'est particu*
liërement étendu sur ce point, et, entre autres grands cours
d'eau, l'éminent géographe cite l'Euphrate qui, selon lui,
essaie de se déverser tout entier dans le lit de l'Hindiah, à
droite de son cours; le Gange, qui abandonne la ville de
Gour, au milieu des Jungles, pour se déplacer à l'ouest ;
i'Indus, qui se détourne de plus de i ,000 kilomètres du
même côté, et, plus près de nous, le Tage, le Danube, la
Gironde, la Loire, l'Elbe, dont le cours présente des change-
ments analogues 0.
(1) La terre, 1. 1, p. 490 et suivantes.
- 151 -
On comprend qae se déversant de réqaateur sur les deax
hémisphères, le trop plein des couches atmosphériques et
des mers obliqae dans le sens de l'impulsion d*abord reçue. *
On conçoit même qu'une certaine force agisse de la même
façon par rapport a.ux cours d*eau qui ont des directions
parallèles aux méridiens ; mais j'ayoue humblement ne pas
trop saisir que la seule rotation, à égalité de latilude, pour-
rait avoir ces autres conséquences. La terre se ment tout
d^une pièce, avec son atmosphère et ses mers, et si son
mouvement de rotation devait avoir sur les fleuves cette
autre influence qu'on lui prête, seraient-ils donc les seuls à
s'en ressentir ? Est-ce que l'atmosphère et les mers n'en
seraient pas beaucoup plus particulièrement affectées ? Il y
a bien, entre les tropiques, aux deux côtés de Téqualeur
thermal, les alizés qui soufflent à Topposé de la rotation et
dont la permanence a déterminé un mouvement analogue
des mers soumises à leur action. Hais là, le fait s'explique.
Très dilatées sous les incandescences solaires, les couches
d'air doivent s'y élever à des hauteurs exceptionnelles^ et,
dans ces conditions, l'attraction qui les lie au sol, n'agissant
plus dans la même mesure, elles ont pu^ en s'attardant par
rapport à la rotation, prendre la direction relative qu'on sait.
Hais à mesure qu'elles s'éloignent de l'équateur, elles perdent .
de leur excès de température et, en s'abaissant, elles rentrent
sous les lois du mouvement général. Si la rotation avait
pour effet d'enrayer ou d'exciter la marche des fleuves,
combien les mers, avec leurs immenses surfaces, ne s'en
ressentiraient -elles pas davantage. Toutes, comme cela se .
passerait pour Tensemble de l'atmosphère, verraient leurs
masses refluer vers l'occident et, partout où les continents
n'y mettraient pas obstacle, de grands courants se pronon-
ceraient dans le même sens. Une influence analogue vient
d'être attribuée à la lune, à propos des marées, par M. le
— 152 —
professeur Ch. Dufour Ç) qui en fait dériver le Gulf-Stream
et les autres grands courauts secondaires. Mais que ce soit,
ou par suite de la rotation, ou par Teffet de Tattraction
lunaire, est-ce que^ si les mers se portaient toujours du
même côté, il n^en résulterait pas des différences de niveau
considérables d'un rivage à l'autre? Le percement de l'isthme
de Suez n'a rien fait ressortir de semblable. Couverture du
canal (de Panama, surtout bien placé pour mettre le fait en
évidence, va probablement nous fournir une autre preuve
du même genre. Gomment d'ailleurs n'a-t-on pas vu que, si
la rotation devait avoir pour effet de ralentir la marche des
fleuves allant à Test, elle ne pourrait, par la même raison,
que repousser de Test les eaux de ceux qui, partis des basses
latitudes et se dirigeant vers des parallèles plus élevés,
auraient une tendance à s'y porter? Avec cet autre principe,
la cause admise relativement à la direction des grands
courants marins et atmosphériques cesserait tout aussi bien
d'avoir sa raison d'être, et ce n'est assurément pas cela
qu'on a cherché à démontrer.
On peut s'étonner que ces côtés aient échappé à la haute
intelligence de M. Elisée Reclus. Le Nil, qu'il a aussi choisi
pour exemple^ ne saurait, pas plus que les autres fleuves,
servir à sa démonstration. S'il a délaissé son ancien lit, dans
le désert de Lybie, pour se porter du côté de la chaîne
arabique, c'est également, selon lui, parce qu'il y aurait été
poussé par la rotation. Mais, après s'être ainsi écarté, le
Nil ne vient-il pas reprendre sa première direction, qu'il ne
quitte plus jusqu'à son embouchure ? Or, c'est dans la fin de
son parcours, ainsi qu'on Ta vu, qu'il serait le plus influencé
par la rotation, et c'est justement alors qu'il en éprouverait
le moins les effets. Le cas du Rhin, également invoqué, est
exactement le même.
J'ai parlé des alizés et de leur action sur les mers inter-
tropicales Il est certain qu'aussi bien que celui des marées,
(1) Revue d*astronomie de février dernier, p. 48.
— i53 -
le mouvement qui en découle et qui naît de la rotation, doit
avoir son contre-coup sur la rotation même. Une de mes
théories, celle des révolutions polaires, repose sur ce
principe que la croûte du globe se déplacerait sur son noyau
fluide, obéissant en cela ^ux attractions qui déterminent le
balancement précessionnel. Au nombre des ^causes qui agi-
raient à cet égard se rattacherait incontestablement le
mouvement rétrograde des vents et des mers dans la région
équatoriale. Ce mouvement, toujours le même, ne se dépfa*
çant qu^avec les saisons^ soumis aussi à ceux de la lune»
ainsi que M. A. Poincaré Ta récemment établi, est peut-être
un de ceux qui ajouteraient le plus aux actions que j'avais
déjà eu à invoquer.
Jusqu'où ne va-t on pas dans la voie des applications
théoriques! On s'est dit : la rotation a pour effet d'enirainer
vers Tesl les grands courants marins et atmosphériques qui
se dégagent de Péquateur ; les fleuves qui courent dans le
sens des méridiens et qui vont vers les pôles, doivent,
eux aussi, être poussés dans le même sens. Puis, on a émis
Topinion que la rotation produirait un antre résultat , qui
serait d'entraver la marche des eaux qui se dirigent vers
l'est et, au contraire, d'exciter la rapidité de celles qui vont
vers Touest. On ne s'est pas arrêté à la contradiction qui en
découle et on ne parait pas non plus s'être bien rendu
compte que les fleuves terrestres, emprisonnés dans leur
lit, n'ont pas et ne sauraient avoir les possibilités d'allures
des grands courants océaniques circulant en quelque sorte
en pleine liberté. On en est arrivé à se demander si les
fleuves coulant dans le sens des parallèles ne seraient pas,
en même temps, toujours par le fait de la rotation, refoulés
vers réquateur, comme les matières fluides qui ont primiti-
vement constitué son renflement.
Il y aurait assurément à s'arrêter sur ce point beaucoup
Odoius encore que sur les autres. La terre a une forme
— 154 -
définie qui est la résultante des deux principales forces qui
la régissent et qui la lui ont donnée : la force centrifuge et
la force centripète. Il est clair que les eaux, quelles qu'elles
soient, ne sauraient en rien venir troubler son état d'équi-
libre. Le Rhône peut descendre vers le midi ; mais ce n'est
nullement parce que la rotation Ty porte. C^est tout simple-
ment parce que la déclivité de ses pentes Ty entraine. Si la
rotation avait aussi une action dans ce sens, il faudrait
également admettre que les fleuves qui se dirigent vers le
nord ne le font qu'à rencontre de celte autre action. La
vérité est, surtout relativement aux corps mobiles comme
les eaux, que leur nivellement est et ne saurait être qu'en
rapport direct et absolu avec la forme qu'a revêtue notre
sphéroïde et que si les mers sont sillonnées de courants plus
ou moins divers, c'est justement parce que le niveau de
leurs eaux, à part certains cas d'attraction locale presque
inappréciables dans l'ensemble, ne saurait en rien s'écarter
de cette forme.
Quelle est, en définitive, la cause qui fait que certains
cours d'eau entament plutôt une de leurs berges que
l'autre ? La loi à laquelle tous obissent est, avant tout, la loi
des pentes. Quant aux érosions, elles sont surtout la cons(^-
quence des poussées qui, dans la mesure de la force des
courants, ne sont elles-mêmes qu'une des conséquences de
leur direction. Elles ne se manifestent guère que dans les
courbes et sur le bord qui leur est opposé. Le rongement de
certains rives peut aussi, il est vrai, se produire là où il n'y a
point de courbes. C'est qu!alors les fonds sont inégaux en
profondeur et que le sol encaissant offre, .de Tun à l'autre
côté, des résistances qui ne sont pas les mêmes. Les torrents
qui descendent de nos Pyrénées ont une partie d'entre eux
du moins, une tendance à dériver à l'Est, vers la Garonne, et
M'. Laitet, même avant que la théorie applicable à la rotation
eut été émise, y avait vu l'action d'une grande loi physique.
— 155 —
Mais d^autres descendent an Nord et aussi â rOaest, vers le
golfe de Gascogne. Ceai-là n^obéiraient donc pas à la même
loi ? Gomment au surplui^ admettre une influence aussi
marquée relativement à d*aussi faibles parcours? En réalité,
là comme ailleurs, les directions ne seraient qu'une des
conséquences de l'inclinaison du sol, qui s'abaisse d'un côté
vers TEst et de Pautre vers TOuest, tout en prononçant
principalement sa pente vers vers le Nord. Sans doute, dans
les pays de plaine les choses ne sauraient se passer ainsi.
Là, les déviations ne sont, le plus généralement, que le
résultat de l'accumulation, sur un point quelconque et que
provoquent le plus souvent des circonstances simplement
fortuites, de matériaux plus ou moins abondants charriés
par le fleuve lui-même, et qu'il y abandonne. Est-ce à dire,
relativement aux différences d'escarpements des berges, et
plus particulièrement encore aux formes que les vallées
occupées par des cours d'eau ont revêtues, qu'aucune autre
actiop que celles signalées ne se serait jamais exercée?
Assurément non. Seulement, on entre là dans un autre
ordre d'idées.
Une remarque qui a pu être faite le plus généralement
dans nos régions du moins, c'est que les vallées orientées
dans le sens des parallèles ont leur côté septentrional fait de
pentes sensiblement plus adoucies que celles qui occupent le
côté du midi, lequel est souvent constitué par des escarpe-
ments plus ou moins «abrupts, et Ton n'a guère vu dans ce
contraste qu'un effet de la direction habituelle des vents de
pluie.
Il est certain que, plus directement lavés par les averses,
les terrains qui font face au midi doivent se déliter |51us
abondamment et plus rapidement que ceux qui, inclinés dans
le sens inverse, se trouvent plus abrités. Mais nos conditions
actuelles de climatologie, sans grande influence en somme
sur le régime des cours d'eau, sont loin de ressembler à
- 156 —
celles par lesquelles nos régions ont passé. Elles ont eu à
subir des alternatives bien autrement tranchées. C'est alors
surtout que le travail des érosions et des dénudations dont
nos vallées portent Tempreiote se serait opéré.
J'ai rappelé, plos haut une de mes théories, celle des
Révolutions polaires. J'en ai émis une seconde appliquée à
Faction précessibnnelle ('). Outre que le mouvement polaire
nous aurait, à Tépoque quaternaire, remonté assez haut en
latitude, nous soumettant, par ce fait là seul, à des tempéra-
tures fort affaiblies, le balancement précessionnel nous aurait
de plus fait passer par des phases d'aggravation ou d'atté-
nuation qui se seraient superposées à Taction principale.
Qu'en est-il résulté ? Dans un sens, des hivers longs et
rigoureux pendant lesquels s'accumulaient les neiges et les
glaces ; dans Tautre, des étés courts, il est vrai, mais relati-
vement chauds et capables, dans certains cas d'excentricité,
d'amener et même de précipiter la fusion des congélations.
D'immenses courants se développaient alors. L'action solaire
s*exerçait, bien entendu, plus particulièrement sur les versants
les plus directement opposés aux rayons de l'astre, et non
seulement la* fonte des neiges y était plus rapide, elle devait
aussi s'y renouveler beaucoup plus fréquemment. Les eaux
qui en provenaient, entraînaient, en se précipitant, les débris
arrachés aux roches et aux terres que le dégel avait rendues
friables, et c'est ainsi, progressivement, que tes principales
aspérités auraient disparu. Quant au côté méridional des
vallées, il avait aussi ses fontes* de neiges et de glaces; mais,
plus lentes, elles ne pouvaient y produire que de moindres
effets.
On ne conteste pas, on ne saurait contester les abondances
de neige qui ont caractérisé l'époque quaternaire. Les traces
des anciens glacrers, avec l'immense développement qu'ils
.1 .1 « Il II 'I — ■.— ■ I — ■
()) Anuales de la Société Géologique du Nord, tomes XII, page 305
etXllI, page 10 1.
— 157 —
ont eu, sont là pour en attester la réalité. Malgré cela, pour
beaucoup de géologues, les grands froids de ces temps
resteraient fort hypothétiques. Combien de faits^ cependant,
qui les mettent en pleine évidence, même en dehors de
rénormité des extensions glaciaires. Certains fleuves ont
charrié des matériaux dont ils n'ont pu, sûrement, effectuer
le transport qu'avec le concours, non seulement des glaces
flottantes, mais aussi des glaces de fond ! Les eaux, de leur
côté, auraient-elles bien pu atteindre leur niveau élevé et
leur étendue si des glaces accumulées n'avaient occupé
Tampleurde leur lit? Que devait-il arriver lors des chan-
gements de saison? Quand les eaux redevenues libres repre-
naient leur cours, elles devaient principalement se frayer
passage du côté des berges d'où les glaces se détachaient
d'abord. Le courant, encore entravé dans sa marche, devait,
en les affouillant, les entamer avec violence. C'étaitle moment
des principales corrosions, et si elles ont eu lieu du côté du
midi plutôt que du côté du nord, ne serait-ce pas aussi parce
que les principaux afflux, venus de ce dernier côté, y auraient
plus fortement repoussé le courant. Du reste, l'abaissement
des pentes, sur le côté nord, ne. pouvait que laisser aux
eaux plus de facilités pour l'écoulemeut que s'y produisait,
et Ton comprend d'autant mieux que.leurs ravages s'y soient
moins exercés Et la rotation, si elle avait pu être pour
quelque chose dans le travail des fleuves, n'est-ce pas alors
que son action se serait surtout manifestée? Les larges
courants diluviens n'auraient pu que s'y prêter beaucoup
mieux que nos chétives rivières d'aujourd'hui. Mai$ les
tr^ices manquent tout aussi bien relativement à cet âge qu'au
temps présent.
Que de questions qui resteront longtemps encore sujettes
à controverses. Celle dont je viens de m'occuper est, sans
aucun doute, une des moins positivement résolues dans le
sens de l'affirmative.
— 158 -
Séance du 6 Avril 1887.
M. Ch. Barrois fait la eommunication suivante :
Notice priliminaire sur la Faune d*Erbpay
( Loire-Inférieure) .
par M. Charles Barrois.
Le calcaire exploité à Test d'Erbray, de la Ferooiëre à la
Pelouinais. contient une faune particulièrement intéressante»
en ce qu^elie n*est connue en aucun autre point de la France.
Ce gisement remarquable fut découvert en 1861 (\ par
Cailliaud, qui donna la première liste de fossiles. Depuis, ces
fossiles ont été cités à diverses reprises par de Verneuil,
Barrande, M. Bureau» et la plupart des auteurs qui se sont
occupés des terrains anciens de la France. MU. de Tromelin
et Lebesconte (*) en ont donné une nouvelle liste, en déclarant
toutefois leurs propres déterminations contestables, et appe-
lant conflrmation.
La faune d'Erbray contenait pour Cailliaud des formes des
étages siluriens E. F. de Bohême, ainsi que d'autres du
terrain devonien inférieur ; MM. de Tromelin et Lebesconte
distinguent les fossiles d'Erbray en deux séries, ils rattachent
dubitativement Tune de ces séries à l'horizon F de Bohême
(calcaire blanc à crinoïdes), et Tautre au devonien inférieur
(calcaire gris noirâtre).
Les caractères si particuliers de cette faune, et le désir de
connaître le représentant en France, des étages siluriens
(1) Cailliaud : Sur Texislence de la faune 3* sHurieiine dans le
N.E. du département de la Loire-Inférieure. Bull. Soc. géol. de France.
2« sér., 1. 18, p. 830. IS61.
(2) De Tromelin et Lebesconte : Terrains primaires de Bretagne
Bull. Soc. gôol. de France 'série, t. 4. p. qo6. 1876. ,
— 159 —
les plas élevés, m'ont engagé à entreprendre l'étude détaillée
des fossiles d'Erbray. Je présente aujoard'hui à la Société^
en demandant l'insertion dans ses mémoiresy mon manuscrit
et mes dessins, ainsi que [quelques planches déjà lithogra-
phiées, qui feront connaître le résultat de ces recherches.
En outre des notes et des échantillons recueillis pendant
mes excursions à Erbray, j'ai pu mettre à profit dans cette
étude, un certain nombre de collections publiques et privées.
Grâce à Tobligeance de HH. L. Bureau et Lebesconte,
auxquels je me fais un devoir d'exprimer dès à présent
toute ma reconnaissance, j'ai pu voir une partie des types
cités dans les mémoires antérieurs^ par Gailliaud et par HH.
de Tromelin et Lebesconte.
Les collections particulières de HH. Davy, Lebesconte,
L. Bureau, et paa dessus tout, la belle collection du Husée de
Chateaubriant, qui me fut libéralement communiquée par
rentremise de H. Davy, m'ont permis d'augmenter beaocoup
les connaissances acquises sur cette faune, et d'en citer plus
de 150 espèces différentes.
Je dois à ces collaborateurs, de pouvoir actuellement
présenter la liste suivante, -des fossiles d'Erbray :
Slromatopora sp.
Heliotites interstincta. Lin.
Favosites basaltica, Gold.
FavosUes polymorpha, Gold.
Beaumontia Guerangeri,^iX\\, ctllaim.
Chaelefes Roemeri, Kays.
Alvéolites subaegualis. Lam.
Striatopora minima, nov. sp.
Cœnites sparsus, nov. sp.
Acervularia Namnelensîs, nov. sp.
Acervularia Venetensis^ nov, «p.
Cyathùphyllum repletum, sp.
* CailUaudit nov. sp.
»' . Pictonense, now.sp.
» ceralUeSf Gold.
— 160 —
Ptychophyllum expênsum» Edw. et flaim.
Zaphrentis Ugeriensis, nov. sp.
» armoricana, nov. sp.
Ampleoûus hercyniens^ A. Rœem.
» irregularis, Kays.
Poteriocrinus Veimeuilî, Cail.
Feneslella cf. Bischofi, Rœm.
» cf bifurâa, Rœm.
» cf. pluma, Phill.
Lichenalia cf. patina. Rœm.
Chonetes plebeia» Schnur.
Strophomena DavousHt Vern.
» Murchisonif var. acutiplicata, Ochl.
» Verneuili, Barr.
» wew/ra, Barr.
» mbarachnotdea, Vern.
» inlerslrialis, PhiU»
» hercynica, nov. sp.
» clausa, Vern.
» rhombdidaliSy Wahl.
» Bou^f\ Barr.
Streptarhynchus devenicus, d'Orb.
» cyrtinoideus, nov. sp.
0re/if5 palliata, Barr.
» striatula, Schit.
» Beaumonlif Vern.
» orbicularis, Vern.
» Bureaux, nov. sp.
» deperdila, nov. sp.
Pentamerus Sieberi, Von Buch.
» galeatus. Daim.
Rhynchonella phaenix, Barr.
» amallhoides nov. sp.
» Pareli, Vern.
» cf. Lettssierit Oehl.
» cf. dap/ine, Barr.
» nympha, Barr.
» Biscfiofti, A. Rœm.
» acuminata f Martin.
j» cognât a, Barr.
» (Wilsoniajprînc^iW, Barr;var.ormoricawa,nov.sp,
— 161 -
Rhynchonella (Wilsonia) princeps, Barr. var. subwilsoni, d'Orb.
» (Wilsonia) pila, Schnur .
» Wilsonia) Benrici, Barr.
» (Wilsonia) Bureaui, nov. sp.
Atrypa comata, Barr.
» reticularis. Lin.
» aspera, Schll.
Bifida lepida, Go\û.
Aferislella lata. nov. sp.
» r^c/fl, nov. sp.
» circe, Barr.
• » bipïicata, nov. sp.
Mefista minusculay Barr.
i4 tAyr^5 undata, Defr.
» triplesioides, Oehl.
» concentrica, v. Buch.
» sub'Concenlrica, Arch. Vern.
» Pelapayensis, Arch. Vern.
» Campômanesii, Arch. Vern.
» (/u6ta, nov. sp.
» Ferronesemis, Arch. Vern.
» giàbosa, nov. sp.
» Erbrayi, nov. sp.
» Ezquerrae, Arch. Vern.
/îc/zfo Haidingeri, Barr.
» «Matjf5, Barr.
» melonica, Barr.
Cyrtina heteroclita, Defr.
Spififer Decheni, Kays.
» subsulcatuSy nov. sp.
» paraçloxus, var. Hereyniae, Glebei.
» cf. Aérc/. Barr. var. de Kayser.
» Bf«c/io/9, A.Rœm.
» Jaschei, A. Roem.
» subcabedanuSf nov. sp.
» ro6ttôtt/5, Barr.
» DavousU, Vern.
» Jotiberti, Oehl.
» /raTftf'enj, Barr,
» sericeuSf Rœm.
11
Annales de la Société géologique du Nord. t. xiv.
- 162 -
Centronellaf Oehlerli, nov. sp.
Centronelia? Juno,jïOY. sp.
» imitalrix, nov. sp.
Cryplonella T Cailliaudi, nov. sp.
Meganteris inomata, d'Orb.
Deshapesii, Gaill.
Crama occidentalisa nov. sp.
Tentaculites scaiaris, Schli.
ComuiiteSf sp.
Conocardium bohemicum, var. longula, Barr.
• ifohemicum, var. depressa, Barr.
> quadranSt Barr.
» Marsi, Oehl.
» nucélla, Barr.
» Oehlerli, nov. sp.
' » reflexurn, Zeil.
» foeœatum, Barr.
Cypricardinia crmicostata, A. Rœm.
» gratiosa, Barr.
Cardiola minutât Kays.
Pterinea strialocostata^ Giebel.
Umoptera boàémica^ Barr.
Actinopteria manca, Barr.
Modionwrpha submissa, Barr.
Guerangeria Davousti, Oehl.
Paracyclas Lebe^conlei^ nov. sp.
Helminihochiion Lebescontei, nov. sp.
Bélier ophon pelopsy Hill.
Hercynella? dubia, nov. sp.
» incerta, nov. sp.
Lepetopsis annulatus, nov. sp.
Metoptomà Davyi, nov. sp.
AcroculiaGiebeli, Kays.
» contortà, nov. sp.
» «errttccwa, nov. sp.
» unc^na/a, A. Rœm.
A dubia, nov. sp.
. » conoidea, nov. sp.
» costata, nov. sp. ' *
» ■ ineguilateralis, nov. sp.
» undulata, nov. sp.
— 163 —
m
Âcroculia trigonalis, noY. sp.
» campanuiata dov. sp.
» extenso, nov. sp.
» Profei, OehI.
» Zinkeni, A. Éœm
» acu/a, À. Rœm.
» acutissiina, Gieb.
» acuieaia, noy. sp.
> selcana, Gieb.
Straphostylus Lebescontei/nov. sp.
» naticoides, A. Rœm.
» ortàostoma, nov. sp.
Tubina Ligeri, nov sp.
Pleurotomaria Cailliaudi nov. sp.
Murchisonia Davyiy nov. sp.
Phanerotinus torsus, nov. sp.
Straporollus subalalus, Vern.
r^rôo cf. Orbignpanus. Vern.
Oriostoma involutum, nov. sp.
» poipgonum, nov. sp.
» disjunclum, nov. sp.
Macrocheilus ventricosum, Gold.
Cyclonema Guilleri, OehI.
Holopella obsoleta? Sow.
Cyrtoceras, sp.
Ortàoceras Davyi, nov. sp.
» Loneri, d'Orb.
» sp. — cf. Puzosi, Barr.
» sp. — cf. pulchrum, Barr.
» sp. — cf. /TocAi*. Kays.
» p^etu/o calamiteum, Barr.
Harpes sp.
Bronteus sp.
CAtfî'rurtt* sp
Cryphaeus sp.
Pàacops sp.
Prœtus sp.
Avant de pouvoir exposer les conclusions, qui dérivent de
rétade de celte faune, il me reste à faire l'étude des crustacés.
— 164 —
Je suis toutefois retardé dans cette étade, par la pauvreté
des documenls que je possède sur cette classe ; bien que le
nombre des crustacés déj^ signalés à Erbray soit assez
considérable, je n'ai eu entre les mains qu'un petit nombre
de trilobites, je ne connais ni la Calymene signalée par
Cailliaud. ni les nombreux ostracodes signalés par
HH. de Tromelin et Lebesconte. Aussi terminerai-je cette
note préliminaire par un appel à mes confrères qui possé-
deraient des fossiles d'Erbray, notamment des crustacés, en
les priant de me les communiquer,. , en vue de ce mémoire.
Séance du 30 Avril 1887.
H. Bole, étudiant^ est élu membre titulaire.
H. Gosselet lit une lettre de M. Six, président, qui, obligé
de quitter Lille par suite de sa nomination de professeur au
Lycée de Saint-Omer, donne sa démission de président. La
Société, espérant que l'éloignement de son président n^est
que momentanée et souhaitant lui voir reprendre au mois
d'octobre la place qii'il occupait si heureusement depuis le
début de Tannée, décide qu'on le priera de retirer sa démis-
sion.
H. Canu fait la communication suivante :
Les faunes actuelles curieuses*
Notes de Géographie Zoologique par Eugène Canu.
Sur les faunes du Canal des Fœroër,
m
La région du Canal des FsBroêr est cette portion de
TAtlantique située au nord de TEcosse que limitent ^ au
N-0, lesîtas Fseroër (Far-Oer, Faroër ou Féroëj ainsi que les
— 165 —
bancs de pèche qui s'étendent dans le S.-O. de ces lies ; au
S'E, les lies Shetland et Orcades ; et enfin, au S, les c6tes
des comtés de Caithness et Sutberland avec les lies Hébrides.
Dans sa partie la plas étroite, le canal du Fteroêr ne mesure
pas plus de 80 à 90 milles. Sa profondeur^ qui présente une
moyenne de iOO brasses auprès des côtes d'Ecosse et des
Iles écossaises, comme sur le plateau qui environne les lies
FsBroër, atteint jusqu'à .700 brasses dans la partie médiane.
Grâce au zèle scientifique de Tamirauté anglaise, cette
région du canal du Faeroër a été soigneusement explorée,
et les résultats de cette étude sont des plus intéressants tant
pour le géologue que pour les zoologistes et paléontologistes.
Déjà, en i8G8-69, à la suite des expéditions du Lightning
et du Porcupine auxquelles prirent part le D^ Carpenter,
Wy wille Thomson et J. Gwyn Jeffreys, un point fort impor-
tant d'hydrographie fut dévoilé : à savoir l'existence, dans la
partie la plus profonde du canal, de deux aires contiguës
placées dans des conditions de température toutes différentes.
Carpenter dit alors qu'il existe entre l'extrémité septen-
trionale de l'Ecosse et les bancs de pèche des lies Faeroër
deux climats sous-marins qui se partagentle canal suivant
une ligne E.N.E-O.S.O ; que la température de la surface
atteint 52 degrés Fahrenheit, la température du fond n'étant
en certains points que de 3â<^ F., tandis qu'en d'autres
endroits situés à la même profondeur, elle ne descend point
au-dessous de 46 F, ce qui établit entre les températures
minima une différence de 14 F. Et Carpenter appelle aire
froide et aire chaude les deux régions différemment
échauffées (1).
Wywille Thomson, dans son livre fameux sur les profon-
deurs de la mer, signale les mêmes faits : L'eau froide
■ m-
(1) Voir Procêedings of Ihe Royal Society of Edintmrgh, lSt9 ;
page 458.
— 166 —
#
commence à 200 brasses. Une partie de l'eau chaude passe
au-dessus de Teau froide sans quMl existe aucune barrière
entre elles. Quelle cause inconnue empêche le mélange de
ces eaux au large du cap Lewis ? Quelle force les oblige à
suivre deux trajets différents 9 (1)
Tel était Pétât de la question, lorsqu'à la suite des recher-
ches hydrographiques si importantes effectuées par le
Challenger, M. le capitaine Tizard reporta son attention sur
les résultats déjà anciens du Lightning et du Porcupine.
Durant Texpédition du Challenger, toutes les observations
hydrographiques ont montré que, très généralement, la
température des eaux de la mer diminue graduellement et
d'une façon régulière de la surface vers le fond. Par exception,
et en quelques points seulement, il fut constaté que la
décroissance de température s'arrêtait à une certaine pro-
fondeur ; de plus^ à partir de ce niveau, la température
demeurait uniforme jusqu'au fond de Teau.
Mais, dans ces cas exceptionnels, les sondages ont démontré
que Vnire de température uniforme est toujours séparée de
Yaire de température normalement décroissante par une ride
ou crête s'élevant du fond de la mer jusqu'au niveau supérieur
de la température uniforme. De sorte que Ton constate, des
deux côtés de cette crête, une différence appréciable dans la
température des eaux profondes ; Teau de l'aire uniforme
étant pour des niveaux correspondants, plus chaude que
celle de l'aire de décroissance normale.
Telles sont les lois qui ressorlent nettement des recherches
faites à bord du Challenger. En les appliquant aux données
recueillies dans le canal des Fœroêr, M. Tizard devait
logiquement conclure à Texistence d'une crête sous-marine
séparant l'atr^ froide de Vaire chaude, malgré Passertion
contraire de Wywille Thomson.
Une nouvelle expédition fut décidée pour Qxer le point en
discussion. Elle fut effectuée en 1880 par le navire le Knight
(1) Voir Depths ofthe Sea^ page 895.
-. 167 —
Errant, sous la direction du commandant Tizard et de
M. John Hnrray, et fournit les résultats attendus (3).
L'existence d'une crête séparant les deux aires fut positive-
ment constatée ; elle fut nommée tWywille Thompson ridgei^t
à la mémoire du savant regretté qui fut en Angleterre le
principal instigateur des grandes explorations zoologiques.
Sans entrer dans le détail des recherches effectuées sur
cette crête par le Knight Errant en 1880, et plus récemment
encore, au cours d'une nouvelle exploration que fit en 1882
le navire le Triton, nous dirons seulement que le sommet
de cette éminence sous-marine se rencontre par 250 et 300
brasses de profondeur et que le canal se trouve divisé en
deux parties par une ligne allant dans la direction O.N.O-
E.S.E, des bancs de pêche des Faeroër vers le cap Wraih au
nord du Comté de Sutherland. Par ses extrémités septen-
trionale et méridionale, la c Wywille Thomson ridge^ s'appuie
sur les hauts fonds d*environ 100 brasses qui entourent
l'Ecosse et les lies écossaises ainsi que le groupe des Fseroër
et ses bancs de pèche. Sur les côtés de cette ride viennent
Yaire chaude et Vaire froide qui se présentent comme deux
bassins s'approfondissant de plus en plus vers l'Océan
Atlantique d'une part, et vers la mer du Nord d'autre part.
Dans la région explorée, ces deux bassins mesurent en
général de 800 à 700 brasses.
Voyons maintenant quelle est la distribution exacte des
températures si variables dans toute la région du canal des
Faeroër. Il est aujourd'hui constaté que partout les tempéra-
tures demeurent exactement les mêmes pour des profondeurs
correspondantes, tant qu'on ne dépasse point toutefois le
niveau du sommet de la crête (250 brasses). Ainsi, dans l'été
de 1880, la température de la surface était de 56,2 F ; elle
allait en diminua rit d'une façon à peu près régulière jusqu'au
(8) Voir Proceedings of Ihe Royal Society ofEdinburgh, 1881-82;
pages 688-*;80.
— 168 —
sommet de la crèle où elle était de 48 F. Mais dans les régions
plas profondes, des deux côtés de la crête les températures
ne sont plus du tout les mêmes à des niveaux correspondants;
elles diffèrent suivant qu'on les considère dans Taire chaude
ou dans Taire froide. C'est ce que montre nettement le
tableau suivant dans lequel nous opposons les deux séries
de températures observées par le KnightErrant à des
niveaux correspondants de Taire froide et de Taire chaude.
AIRE r.HAin>8.
56, s Farh.
49.2
B
48,2
«,5
48
» <!
49.2
48,6
48
47,5
47.2
»
46,5
>
(Surface)
» (Sommet de la crête)
(Fond)
AIRE FROIDE.
56,2 Fahr.
49,2
48,2
47,5
48
47
40,5
36,8
34,5
30,5
30,5
Dans Tété de 1880, la température des eaux de Taire
chaude, à T^uest, diminuait donc de 49<» à 46<>5 F, minimum
qu'elle atteignait dans les fonds de 600 à 700 brasses. An
contraire, dans les fonds de Taire froide, à Test, vers 500 à
600 brasses, la température allait en décroissant jusqn à
30,5 F^ minimum beaucoup plus faible que le précédent.
Si d'autre part on établit une comparaison entre ces
données de Texpé*dilion du Knight- Errant et les tempéra-
tures moyennes relevées dans TÂtIantique-Nord par les
hydrographes du Challmgerf on remarquera :
1* Que la température des eaux du canal des Fasroër
depuis la surface jusqu'au niveau de 200 brasses est
supérieure à celle de toutes les eaux de même niveau qui se
— 169 —
trouvent à la même latitude (59-60* N) dans le reste de
TAtlantique.
2« Que la température des z6nes de Yaire chaude est
supérieure (d'environ 6,5 Fahr.) à celles des eaux placées
dans tout TAllantique à la même latitude et aux mêmes
profondeurs.
30 Que la température des zones profondes de Taire froide
est de beaucoup, inférieure à celle des eaux qui; dans les
autres régions, se trouvent placées dans des conditions
absolument identiques de latitude et de profondeur. En effet,
à la même latitude les fonds de 2.000 brasses eux-mêm^
n'atteignent pas au-dessous de 36 Fahr., et Ton observe aux
FaBroêr, par moins de 600 brasses, une température de
30 Fahr.
Tous ces faits, bien établis par des constatations sérieuses
et plusieurs fois répétées, donnent à la région du Canal des
Faeroër un intérêt tout spécial en ce sens qu'elle parait
s'écarter complètement des lois générales régissant la distri-
bution des températures dans TOcéan. Cette exception n'est
rien moins qu'apparente et est due au régime hydrographique
particulier du Canal.
L'explication que Ton se trouve forcé d'admettre est toute
simple : Les eaux chaudes placées au S.-O. de toute cette
région sont mises en mouvement par un courant (Gulf-Stream)
qui les entraine vers le N -E. ; elles baignent Yaire chaude du
canal et rencontrent la c Wywille Thomson ridge 1. Les
couches d'un niveau supérieur à 250 brasses passent sans
encombre au-dessus da sommet de la crête et traversent le
canal dans toute son étendue, tandis que les couches
inférieures sont arrêtées et déviées de leur direction primitive.
D'autre part, un courant d'eau froide descend des mers
arctiques vers le S.- , traversant la mer du Nord. Il se
répand lans les profondeurs de Yaire froide et provoque dans
toute la partie orientale du canal un abaissement considérable
de la température.
— 170 —
Les conditions dynamiques et thermiques qui régissent le
canal des Fœroër étant connues, nous étudierons maintenant
avec plus de fruit les espèces animales de cette région.
Les résultats des recherches les plus récentes effectuées
dans cette contrée par les naturalistes de la Grande-Bretagne
sous la haute direction de M. J. Murray, nous apprennent
que la faune de surface et la faune profonde de Paire chaude
présentent un caractère nettement méridional, tandis que la
faune de Taire froide comprend des espèces pour la plupart
septentrionales. De plas, il a été constaté expérimentalement
qçe de toutes les formes animales recueillies sur la c Wywille
Thomson ridge >, celles qui n'appartiennent point à la fois
aux deux aires sont très généralement des espèces de Paire
chaude.
•
• Afin d'appuyer cette assertion sar des faits positifs, nous
résumerons brièvement ici les résultats principaux de Pétude
des mollusques récoltés dans la région des Faeroër. Cette
étude a été faite d'une part pour les mollusques du fond, par
Gwyn Jèffreys; et d'autre part pour les Pléropodes vivant à
la surface, par le D^ P. Pelseneer (de Bruxelles).
En outre des espèces communes aux deux aires, — comme
Leda fragiùs (Thorell) ; Arca pectunculoides (Scacchi), Fusus
hemidensis (King) —, Jeffreys (1) donne la liste des espèces
propres à chacune d'elles. Nous citerons :
DANS l'aire froide. DANS L'AIRB CHAUDE
Necera subtoria^ G-O. Sors, (4) Pecten sulcalus^ Mûiler. {M)
Natica af finis, Gmelin (A) AmussiumHoskynH^ Forbes.(M)
AforviUiaundata.Brown. A) Limopsis minuta, Pàilippi. {L)
Buccinum àydrophanum, Han- Syndosmya ûlba, Wood, \M)
cock{Â) Trocàus Otloi, Philippi. {U)
Fusus islandicus, Spengler.(à) Aporràais Serresianus, i/i'-
Mofinia Mohni, Frieté, {A) chaud, {M)
(l) Voir dans :Proecedings Zoological Society of London, 1883,
pages 880 et su i van les, son étude des mollusques de la croisière du
« Triton ».
— 171 —
Dans cette liste^ les espèces désignées par (A) appartiennent
à la faune arctique, par (L) à la faune lusitanienne et celles
désignées par (M) vivent dans la Méditterrahée. On voit que
toutes les espèces spéciales à Taire froide sont arctiques,
alors qae toutes les formes spéciales à Taire chaude appar-
tiennent à la faune de la province zoologique lusitanienne,
laquelle comprend aussi la Méditerranée avec les côtes
océaniques d'Espagne et de TAfrique Nord.
Parmi les Ptéropodes récollés à l'état vivant par le Trrton,
Pelseneer (I) signale avec trois espèces anglaises, une forme
méditerranéenne : Dexiobranchœa ciliaia (Gegenbaur), que
Ton rencontre aussi sur la côte occidentale d'Afrique.
Si Ton se borne à comparer ces résultats purement
pratiques à l'interprétation émise plus haut et relative à
Tinfluence des courants sur la distribution des températures,
ou verra que les données zoologiques viennent appuyer
Topinion énoncée. C'est ainsi que dans les zones profondes
de Taire chaude, où passe le courant chaud, vivent les
espèces d'une faune bien plus méridionale que ne Test la
faune anglaise, et que, d'autre part, dans les zones profondes
de Taire froide se trouvent des formes plus septentrionales
que celles des mers d'Angleterre. En outre, sur le sommet de
la Crète, dans les points situés à la limite des deux aires, les
espèces caractéristiques des mers chaudes dominent et leur
présence est toute expliquée par le passage en cet endroit
des zones supérieures du courant chaud.
Dans toute Tétendue du canal les eaux de la surface sont
constituées par les zônes.supérieures du courant chaud ; elles
sont habitées par les Ptéropodes des mers chaudes, ce qui
nous offre un exemple de ce fait extrêmement curieux
positivement constaté dans toute Tétendue de Taire froide :
la superposition d'une faune pélagique presque tropicale à
(1) Voir Bulletin scienlitique du Nord, 2e série, 9e année, page 345.
— 172 —
Doe faune profonde boréale. Le Dexiobranchœa ciliala qui
sons le 7»« degré de latitade nord ?it dans des eaux portées
à 82 Fahr.y ne nage-t-il point à la surface alors que le Fusus
islandicus rampe sur le fond.
II estdorénavant bien prouvé que dans une région assez
limitée, deux faunes d'un caractère tout différent vivent de
nos jours presque côte à côte sans qu'il y ait mélange de
leurs espèces caractéristiques. La connaissance de ce fait est
entièrement due aux recberches fauniques des nataralisies
de la Grande-Bretagne qui ont participé à Texpédition du
Challenger.
Ces résultats bien inattendus intéressent directement les
zoologistes et les invitent à élargir le cadre des études assez
restreintes qui leur deviennent généralement habituelles ; de
plus, ils ne laissent point indifférents les géologues que
préoccupe la théorie des faciès paléontologiques.
La dispersion des espèces animales par le
Canal de Suez.
Le percement de llsthme deSuez a fourni aux naturalistes
Toccasion de se rendre un compte exact, et en quelque sorte
à Taide de l'expérience, de la diffusion qui, entre deux mers
voisines tout-à-coup réunies, peut rendre communes les
espèces primitivement spéciales à l'une d'elles.
Cette mise en communication de deux bassins maritimes
différents n'est point sans exemple dans l'histoire géologique;
le paléontologiste autant que le zoologiste s'intéressent donc
aux conséquences qui en dérivent.
Quoique la connaissance des espèces animales qui peuplent
la Méditerranée et la mer Rouge aux abords de Tishtme de
Suez exige encore aujourd'hui bien des observations, les
travaux de Forskal, Ebrenberg, Issei, Mac-Andrew, Philippi
et de bien d'autres nous fournissent dès maintenant une
base de connaissances suffisantes pour juger de Tinfluence
— 173 —
, exercée par la mise en communication des deax mers sar la
géographie zoologiqae de la contrée.
Séparés par une distance qui n'atteint pas 90 milles marins,
Port-Saïd et Suez possèdent pourtant deux faunes marines
bien différentes et caractéristiques de deux provinces zoolo-
I giques nettement dissemblables. Ce n'est point toutefois qu'il
n'existe dans ces mers aucune forme commune : Bien avant
le percement de Tisthme de Suez, dès 1839, Ehrenberg (1)
' avait constaté sur les côtes de la mer Rouge la présence de
VAurelia aurita, médusairetrès répandu dansla Méditerranée.
De plus, d'après le D'' C. Keller, le âfedusa tetrastyla, que
Forskal (2) signalait en 1875 entre Suez et El Tor, ne serait
autre que le Rhisostoma Cumeri (Tysenh), tandis que la
I Médusa beroe correspondrait au Bolina hydatina que Chun
décrit dans sa Monographie des Cténophores de Naples(3).
Sans aller plus loin, nous voyons que certaines espèces
'méditerranéennes se trouvent abondamment dans la mer
Rouge et qu'elles y vivaient d^jà avant Texécution des pro-
jets de M. F. de Lesseps. Cette communauté d'espèces
paraîtra d'autant moins étonnante que Ton possédée les
preuves irréfutables de deux communications qui ont succes-
sivement existé entre la Méditarranée ella mer Rouge avant
! le canal actuel.
Des études géologiques récentes dues à Th. Fuchs et au
I capitaine Vassel, ont suffisammeot démontré que durant
répoqoe pliocène et postpliocène, et au moins pendant la
période quaternaire. IMsthme de Suez ne fut qu'un vaste
détroit unissant les deux mers. Dans l'intéressant mémoire
(1) G. Ehrenbergh ^ Die Âkalephen des Rothen Meeres, Berlin
1836.
2 Petrus Forskal. — Descriptîones animalium, quœ in ilinere
orientali observavit — Edit, NieôuAr. Hanniœ, 1775.
(8) Voir Fauna und Flora des Golfes von NeapeL 1. 1880.
— 174 —
qnil publia il y a quelques années, le D' G. Keller (1)
démontre que contrairement à Topinion émise par le capi-
taine Vassel (!2), la grande majorité des espèces animales
ont pu, à répoque quaternaire, passer de la Méditerranée
dans la mer Rouge, ou inversement, sans que le caractère
de lagune que présentait le détroit fût un obstacle à ces
migrations. Lès espèces actuellement communes aux deux
mers ont donc pu s'établir alors dans celle des mers où elles
faisaient défaut, en passant de la Méditerranée dans la mer
Rouge ou inversement de celle-ci dans Tautre.
Quant au canal des Pharaons, dont parle Hérodote, il était
trop saumfttre pour servir à la dispersion des animaux
marins. Ce canal communiquait, en effet, avec Tun des
bras du Nil par une portion aboutissant à l'un des lacs*
encore existants, le* lac Timsah ou des Crocodiles. La présence
de ces reptiles dans le canal des Pharaons dénote un degré
de salure beaucoup trop faible pour que les eaux pussent
transporter des animaux marins. L^opinion d'Hseckel, émise
avec doute, de la pénétration de certaines espèces méditer-
ranéennes dans la mer Rouge par celte voie se trouve donc
écartée (3).
Le canal de Suez actuel permet au contraire la dispersion
des espèces animales, comme Ta positivement constaté le
Df Keller en Tannée 1882. Le canal, qui compte 16) kilo-
mètres depuis Port-Saïd jusqu à Suez, traverse du nord au
sud les lacs de Ballah, de Timsah et le grand Lac-Salé ; il
aboutit au nord dans la baie de Mensaieh, à rentrée de
laquelle est Port-Saïd,
En 1876, M. de Lesseps écrivait : « L'évaporalion étant
(1) Conrad Keller : Die Fauna im Suez-Kanal. — Denkschriflen
der Hchweizerischten Gesellscàafl fur die gesammten Naturwis-
senschaften, Bd XXVllI, 1882.
(2) Voir : Verhandlungen der K. K. Geologischm ReichsanstaU.
Wien, 1881.
(3) Voir E. Hœckel : Arabische Koralien, 1817.
- 175 —
plus active au centre de Tisthme qu^aax deai entrées de
Suez et de Port-Saïd, le courant vient presque toujours du
sud au nord à partir de Suez et du nord au sud à partir de
Port-Saïd 1(1 ). Le régime hydrographique si spécial du canal
de Suez nous fournit Texplication du fait constaté par Keller,
à savoir la diffusion des espèces littorales à Pexclusion des
espèces pélagiques flottantes qui ne peuvent rencontrer les
courants.
Parmi les espèces littorales caractéristiques ayant opéré
une certaine migration, nous citerons :
10 Pour les Poissons.
DE LA MÉDITERRANÉE :
Le Labrax lupus et VUmbrina
cirrosa qui arriveni en grande
DE LA MER ROUGE : n
Le Pristtpoma stridens^ très
abondanl dans le lac Timsah et
qui arrive jusque dans la baie
de Menzaleh.
VOstracion cubicus, doni la
migration est encore peu avancée.
quantité sur le marché de Suez.
Ils sont fort abondants dans le
canal et dans le golfe de Suez.
La preriiière de ces espèces est
très prospère dans le lac Timsah et
elle constitue pour la population
d*làmallija un aliment fort impor-
tant.
So Pour les Mollusques,
DE LA MER ROUGE :
Le Mylilus variabiiis, qui a
remonté jusque dans la Méditer-
ranée, au large de Port-Saïd*
Le Mactra olorina^ qui a atteint
baie de Menzaleh.
VAnatinaa subroslrala , jus-
qu'au delà du lac Timsah , près
d'El Guisr.
Le Meleagrina margaritïfera,
jusque dans le grand Lac Salé.
Le Cerilhium scabridutn, jus-
qu'à Port-Saïd et dans la baie de
Menzaleh.
DE LA MÉDITERRANÉE :
Le Solen vagma, qui est très
abondant dans le lac Timsah.
Le Pàolas candida, jusqu'à
l'entrée du même lac.
Le Cardium edule, qui ne dé-
passe pas le {^rand Lac-Salé.
C'est l'espèce la plus abon-
dante dans les lacs et dans le
canal , après Mylilus variabilis
et Maclra olorina.
(1) Voir : Comptes-rendus de l'Académie des Sciences de Paris,
tome 82.
— 176 —
Pour les autres groupes, les recherches du D' Keller sont
fort incomplètes et ne peuvent être d'aucun secours dans
rétude de la diffusion des espèces Nous ferons remarquer
son indication du Balanus miser (sans nom d*auteur), consi -
déré comme espèce méditerranéenne passant dans la mer
Rouge. Or, Darwin ne cite qu'en note le B. miser de
Munster, et pour en faire peut-êlre le synonyme du
B. concavus de Bronn, une espèce du Pérou, des Philippines,
d'Australie, de Panama et de Californie.
L'étude des mollusques, plus soignée et fort attentive, a
fourni i Fauteur plusieurs résultats d'un grand intérêt. L'un
d'eux a trait aux modifications subies par les espèces en
migration; celles-ci entrent dans le canal dans des eaux
beaucoup plus sal«^es que celles des mers voisines. L'in-
fluence de ce changement de milieu se traduit par des
variations qui consistent, par exemple, chez le Mytilus
variaUliSt dans une notable diminution de taille.
De toutes les espèces en déplacement, le Cardium edule
est peut-être la plus intéressante. Très répandu dans les
dépôts postpliocènes de l'isthme de Suez il avait déjà passé
de la Méditerranée dans la mer Rouge durant l'époque qua -
ternaire. On trouve, en effet, auprès de Suez, un Cardium
regardé par Issel (1) comme une forme spéciflque distincte
qu'il nomme Cardium islhmicum. Cette espèce, considérée
pourtant par son fondateur comme remplaçant dans la mer
Rouge le Cardium edule de la Méditerranée, ne représen-
terait point une variété géographique de ce dernier, pour
cette seule raison que la distance qui la sépare de l'espèce
type n'est point suffisamment grande Aussi Issel a-til séparé
dans la faune érylhréenne un certain nombre d'espèces com-
parables chacune à une espèce méditerranéenne du même
genre, et créé pour ces formes parallèles le terme d'espèces
(1) Issel — Malacologia del Mar Rosso. Pisa 1869.
} — 177 —
équivalentes ; d'ailleurs, il reconnaît aussi parmi les espèces
communes aux deux mers des variétés équivalentes.
Ce sont là des considérations purement théoriques et
fictives, et, comme Ta tout récemment montré A.-H. Cooke
dans son élude des Mollusques du golfe de Suez (1), il faut
abandonner complètement les subdivisions établies par le
malacologiste italien. Mais à rencontre des assertions si tran-
chées de Fischer, ne reposant d'ailleurs que sur des preuves
fort insuffisantes, et d'après lesquelles il n'existerait c aucune
coquille commune à la mer Rouge et à la Méditerranée » (2),
il faut, dans les diverses formes si voisines que présentent
les mollusques de ces deux mers, voir des variétés d'espèces
identiques; variétés qui ne sont très probablement dues qu'à
une différence dans les conditions physiques de l'existence.
Cooke a pu établir en partie la liste des espèces véritablement
communes en étudiant attentivement les coquilles dans tous
leurs états d'accroissement et sur un nombre considérable
d'exemplaires ; les observations ultérieures termineront ce
travail d'homologation. Des recherches de ce naturaliste, il
semble donc résulter que : Etant donné que les espèces
actuellement communes aux deux mers se sont dispersées
dans la région à l'époque post-pliocène, certaines d'entre
elles (et non pas toutes uniformément) ont subi des modi-
fications, d'ailleurs très variables en nature et intensité, par
lesquelles elles se sont adaptées aux conditions à elles
imposées.
(1) A.-H Cookô. — On the Molluscan Fauna of the GulfofSuex
in Us Relation ta thaï of other Seas. — In Annals and Magazine
of Nalural History. — séries V, Vol. XVIIl. 1886. Consullèp aussi sa
révision de la liste de Mac-Andrew publiée dans le môme recueil en
1885 et en 1886.
(2) Fischer. — Sur les coquilles recueillies par M. Vaillant à Suez.-*
Journal de Conchyliologie 1865. —Voir aussi les années 1870 et 1871
du môme recueil.
Annales de la Société géologique du Nord, t. xiv. ^i
— 178 —
Ces condusioos, de môme ordre qae celles du mémoire
de Kelier, méritent d'être comparées à ces dernières ; elles
nous montrent que Textenslon géographique des espèces
quaternaires s'est traduite par Its mômes etlels que celle qui
s'effectue aciuellement sous nos yeux.
Séance du IS Mai i^Sl.
Sont élus membres titulaires :
MU. Thibout, étudiant,
V. Bernard, agent des Mines de Béthune, à
Hautmont.
M. Lecocq fait la lecture suivante :
Notice sur Emile-Eugène Savoye
par M. Lieeocq.
Il y a quelques semaines nous assistions aux funérailles
d'un des Membres fondateurs de la Société géologique du
Nord.
Comme Godefrin, Décocq, Corenwinder et Chellonneix,
Emile-Eugène Savoye fut un ouvrier de la première heure.
Oui, véritables ouvriers, ceux qui, au. début, suivirent
l'infatigable Professeur de b Faculté des Sciences de Lille
dans ses longues courses à travers le pays, rapportant les
matériaux nécessaires au Maître pour jeter les fondements
du Musée géologique et minéralogique que nous admirons
aujourd'hui.
Dans cette vie commune des excursions, M. le Profes-
seur Gosselet appréciait les aptitudes de chacun et dirigeait
les travaux.
— 179 —
ï
C'est ainsi que Savoye eût*à s'occuper de la Craie, au
point de Tue minéralogique.
Nous lui devons plus de cent analyses d'échantillons
recueillis à différents niveaux.
c Dans beaucoup, dit notre éminenV Directeur (i), il a
T^ reconnu la présence du Phosphate de chaux. Tantôt cette
y> substance se trouve en concrétions contemporaines de la
» couche qui les renferme, tantôt en nodules roulés prove-
» nant de couches plus anciennes. »
Ce travail valut, à Fauteur, au concours de 1870, une
médaille d'or décernée par la Société des Sciences de Lille
Nous devons encore à Savoye une étude sur les Sables
GampiDieas des environs de Lille.
Il prit en outre sa large part des comptes-rendus d'ouvra-
ges traitant de géologie.
Certes, Savoye n*en serait pas reste là, s'il n'avait dû quitter
Lille pour aller dans un pays voisin, compléter^ au point de
vue pratique, ses études de chimie.
Quand, quelques années plus tard, il revint parmi nous,
ce fut pour accepter les fonctions de secrétaire qu'il remplit
pendant Tannée 1875.
Continuant d'assister régulièrement aux séances, Savoye
suivait attentivement toutes nos communications et les dis-
cutait ensuite, surtout lorsqu'elles avaient trait aux terrains
tertiaires ou quaternaires, si bien étudiés par ses amis
Ortlieb et Chellonneix qu'il avait accompagnés, dans
plusieurs dQ leurs promenades géologiques.
Cette année écoulée, notre ami renonça aux fonctions dans
lesquelles nous voulions le maintenir, pour se donner tout
entier à Tindusirie où grâce à une intelligence peu commune
jointe à une très grande activité, il sut développer et faire
(1) H. Gosselet, les Progrès de la Géologie dans le Nord. — Discours
lu à Lille, le 21 Août 18*74, lors du Congrès de TAssoclation française
*«.»
— 180 —
prospérer un établissement quHl monta snccessivement à
Ronchin et à Wasquehal.
Malgré ses occupations, Savoye ne manquait aucune de nos
séances extraordinaires.
Il y retrouvait, me disait-il encore à St-Amand, la gaieté
et Tentrain des premières excursions et par dessus tout
Professeur et amis de 1865.
Tel fut le collègue dont la Société a tenu à conserver le
souvenir dans ses Annales.
M. Charles Baprois présente à la Société une
plaque de grès, couverte de Lingules, qui lui a été commu-
niquée par M. de Rouville. On ne peut distinguer cette
espèce de certaines variétés de la Lingula Lesueuri (Rouaull)
de Bretagne ; elle indiquerait la présence d'un nouveau
terme, le grès armoricain, dans le massif paléozoïque de
Cabrières.
M. Ch. Barrois soumet encore à la Société des
Yexillum du grès armoricain du Morbihan ; il présente à
cette occasion quelques observations sur les VexiUnm et sur
les autres formes plus ou moins problématiques qui se
trouvent dans le grès armoricain de la Bretagne.
Séance du V' Jtiiw 4887.
«
M. Maupiee donne lecture du rapport annuel de la
Commission de la Bibliothèque ; après avoir constaté Pélat
satisfaisant de la bibliothèque et après avoir remercié de
leur dévouement, M^ Six, ancien préparateur du cours,
M. Grespel, ancien bibliothécaire, M. Quarré, bibliothécaire
actuel, il propose à la Société de publier le catalogue de la
bibliothèque.
— 181 -
La Société adopte le principe et renvoie à la Commission
de la Bibliothèque poar une étade plus complète de la
question.
La Commission devra présenter an rapport spécial après
les vacances.
•
M. Gh. Barpois signale les découvertes stratigra-
phiques de M. Maurice Gourdon dans les schistes à
graptolites des environs de Luchon.
La Société examine les diverses propositions qui lui sont
faites au sujet de Texcursion annuelle. Plusieurs membres
témoignent le désir d'aller visiter les exploitations de phos-
phate de chaux de la Somme. Des difficultés de transport
paraissant s'y opposer, la dëcisionest remise à une prochaine
séance.
M. Ladrière fait la communication suivante :
Note sur
le forage de TEcole nationale professionnelle*
à ApmentièpeS)
par M. J* Liadrière.
Altitude du sol : 18 mètres.
Terrain récent. 1 Argile jaunâtre, sableuse. . . 6.35
2 Sable fin, gris-bleuâtre, fluide . 6.41
n fp . • • - ^ ^ ^y>\o plus gros et quelques galets
^ ** ^ de silex au bas de la couche . 4.58 y u.io
4 Tourbe et débris végétaux, galets
de silex 0.11
fôrieur.
5 Argile grise, compacte et cailloux
de silexaucommenc delà couche 5.*70Ç iq^^q
Argile d'Orchies.^ g Argile bleu- verdâlre, très compacte 3.31
7 Sable gris, ferme, très argileux . 1 .29
-^ 182 —
/ 8 Sable vert, à gros grains, très dur. 13.25
9 • fin, gris&tre, ferme, légère-
ment micacé, argileux . . 7.60
10 » gris-verd&tre, un peu argi-
Sables ) leux. dur 4.68\^ ^^ ^
d'OslriQOurt. V ^ ^ verdâlre, très dur (glauconie)
et veinules blanches . . . 2.65|
12 Coque de grès vert, très dur . .0.22
18 Argile verte, très sableuse, dure,
friable 1.95/
(14 Argile bleue pure très dure, très \
compacte ll.86f 12.11
».fc»^ M. «vu,... . jg ^^g.jg grjgg^jjg très dure, un peu i
\ sableuse o.26y
Y 1 6 Craie blanche dure, sans silex . 18 . 67 ^
• , , . \ n » avec fragments d'i-
Craie à /m)c«ra.| „océrames 1.88^28.84
mus involutus.
\ nocérames *?.
^* r 18 Craie gris&tre, plus dure et ino-
^ cérames 1.
85
19 Craie grise avec rognons de silex
noirs . 8.70
20 Craie blanche, dure et bancs de
silex noirs 12.15|
Craie à )2l Plaques de silex. . . . • O.iol
Aficro*/^ cor- < 22 Craie blanche dure, silex épars . 1.71 f ^^ ^°
Ustudinarium. j^g , i^ès dure, veines
grises et rares silex . . .2.84
24 Calcaire glauçonicux très dur , .
avec nodules (lun). • . . i.&o;
H. Paulin Ârrau, Ingénieur, entrepreneur de sondages, a
bien voulu me communiquer la coupe du forage qu'il vient
d^exécuter à TÉcole nationale professionnelle d'Ârmentières.
J'ai pu examiner quelques échantillons des diverses couches
traversées ; malheureusement, les fossiles faisant presque
complètement défaut^ Pinterprétation des données fournies
par ce travail ne saurait être bien rigoureuse. Cependant
— 183 —
les renseignements contenus dans la note du sondeur pou-
vant être de quelque utilité dans une étude de géologie
générale^ j'ai cru devoir les faire connaître.
Le forage est situé dans la vallée de la Lys, à 300 mètres
environ du cours d'eau actuel.
L'argile jaunâtre indiquée sous lenM et traversée*sur une
épaisseur de 6 mètres 35 est d'âge récent. Elle se divise en
plusieurs niveaux. A la partie supérieure, c'est un dépôt
tourbeux contenant des poteries modernes. En-dessous, il y
a une couche de glaise brunâtre, très plastique, fendillée,
qui appartient également à l'époque récente.
En effet, de l'autre côté de la Lys, à la môme altitude,
c'est-à-dire à 4 mètres environ au-dessus du niveau actuel
du cours d'eau, on rencontre le môme dépôt iCODtenant à la
base quelques rares galets de silex et quelques fragments de
poterie grossière. Cette couche contient en outre des Vnios,
des Lymnées, etc. Elle repose sur de Targile jaune, très
sableuse remplie de concrétions ferrugineuses filiformes.
Je n'ai pu obtenir de renseignements précis sur la ligne
de démarcation des couches n® 1 et 2. Cette dernière diffère
essentiellement de la précédente ; c'est une sorte de limon
très sableux, très fin, gris-bleuâtre, renfermant dfes traces de
débris végétaux et quelques fragments de coquilles qui
paraissent appartenir à des Succinées. Elle passe insensible-
ment à du sable très grossier, contenant de petits éclats de
silex et de nombreux grains de quarz translucides; on y
trouve également quelques débris végétaux.
Enfin, tout à fait à la base, il y a un amas de galets de
silex, de débris de coquilles et une veinule de tourbe conte-
nant quelques fragments de bois assez volumineux. Je
rapporte au quaternaire inférieur les couches n»* 2, 3 et 4 ;
elles meparaissent identiques à celles que j'ai signalées sur les
bords de la Deûle et représentent, je crois, le diluvium à
cailloux roulés de HM. Hébert et de Mercey.
— 184 —
Sous le dilovium, on rencontre de l'argile gris-bleuâlre
très plastique, très pure; c'est Targile d'Orchies dont l'épais-
seur est de 10 mëlres 30. Dans d'autres forages, pratiqués à
Armentiëres, cette couche a parfois atteint une épaisseur
d'une quinzaine de mètres.
Elle recouvre les sables d'Ostricourt. Ceux-ci ont 31"»54
d'épaisseur ; ils se présentent avec leur faciès ordinaire ; les
veinules blanches signalées dans la couche n» 11, sont for-
mées par des tests de coquilles absolument décomposés:
c'est un fait très fréquent d'ailleurs et que l'on a signalé
déjà à Ârmentières, à Lille, etc.
L'argile de Louvil qui vient ensuite, a une épaisseur de
12 mètres 11 ; c'est la moyenne trouvée dans tous les fora-
ges qui ont ét4 creusés aux environs d'Armentières.
Les sables d'Ostricourt n*ayant pas fourni une quantité
d'eau suf&sante, on a dû entamer la craie assez profon-
dément. On a rencontré d'abord de la craie blanche, dure,
traçante, sans sileX; que Ton a traversée sur une épaisseur
de 23 mètres 34. Les seuls fossiles qu'on y ait trouvés sont
des débris d'inocérames ; les micrasters font complètement
défaut, de sorte que le classement de cette masse crayeuse
est très difficile à faire; je crois néanmoins qu'on peut la
rapporter à la zone à Inoceramus involuius.
Puis vient une craie grisâtre, assez résistante, contenant
quelques nodules et quelques silex noirs formant des bancs
assez réguliers ; c'est la pierre à bâtir des environs de Lille,
de Cambrai et de Valenciennes.
Elle repose sur le tun qui est un calcaire glauconieux très
dur, contenant des nodules de phosphate de chaux. Le
forage s'est afrété à quelques mètres en- dessous du tun.
On a trouvé là une nappe aquifère assez abondante, mais
exploitée déjà par de nombreux industriels. Aussi, vu Tim-
portance que doit avoirPÉcoie professionnelle, estril à craindre
que l'on soit obligé de continuer les travaux de sondage et
d'aller chercher l'eau soit dans les dièves, soit dans le calcaire
carbonifère.
— 185 —
M. Gosselet présente à la Société an fragment de
dolomie carbonifère retiré d'une profondear de 1 40 mètres
chez HM. Tiberghien frères, à Toarcoing.
H. Hette présente des silex taillés et polis provenant des
environs de Doullens. de Humbercourt (Somme) de Sus-St-
Léger près Âvesnes-le-Comte (Pas-de-Calais).
)I. Gosselet fait la communication suivante :
L'uA des derniers bulletins de l'Académie de Belgique
contient l'indication d'une importante découverte faite par
M. Lohest dans l'argile d'Andenne (*).
L'argile d'Andenne qui sert à faire les pipes de Givet et
bien d'autres, nous intéresse parce qu'elle a de grandes
analogies avec l'aachénien de notre région, avec l'argile de
Sars-Poleries. par exemple. Elle se trouve avec du sable, en
masses irrégulières, dans des poches creusées à la surface
du calcaire carbonifère. On a considéré souvent ces amas
comme des têtes de filons. Dumont leur avait appliqué la
classification de terrain geysérien parce qu'il supposait'
qu'ils avaient été amenés par des sources thermales.
Il les assimilait aux argiles aachéniennes de Baudour, où l'on
a trouvé depuis les Iguanodons.
En rédigeant V Esquisse géologique du Nord de la France y
j*ai rangé dans le terrain éocène presque tout l'aachénien du
Nord de la France et *de l'Entre-Sambre et Meuse (') ; j'en
rapprochais l'argile d'Andenne.
H. Lohest rappelle que M. Dupont s'est prononcé de la
manière suivante sur ces dépôts (') .
c Leur âge tertiaire est défini par la présence de cailloux
de silex crétacé et leur origine, fluviale par leur structure
même.
(1) Lohest. De l'âge et de l'origine des dépôts plastique des environs
d'Andenne. Bull. acad. Belg, 3* série, XIII, p. 439.
(2) Gosselet. Esquisse géologique du Nord de la France, p. 806.
(3) Dupont. Explication de la feuille de Dinant, p. 96.
— 186 —
Ils ont probablement des rapports intimes avec les
deltas que sont occupés à délimiter M. Rutot dans Véocine et
H. YandenBrœck dans Yoligocène de la moyenne Belgique.
Ils pourraient être les témoins, mutilés par les dénudations
et altérés par les eaux d'infiltration, des allurions du haut
cours de nos fleuves tertiaires. »
Les récentes découvertes de M. Lohest ont confirmé
pleinement cette manière de voir.
A Ândenne, il a reconnu dans Targile, de nombreux débris
végétaux et en particulier des fruits parfaitement conservés.
M le Professeur Gilkinet les a déterminés ; il y a reconnu
une flore oligocène intermédiaire entre celle de Bovey-Tracey
en Angleterre et de Manosque dans le midi de la France.
Séance du 15 Juin 1887.
La Société décide que son excursion annuelle aura lieu à
Lezennes et à Cysoing.
M. Cayeux fait l'analyse d'une conférei^e {*) de M. de
Lapparent,sur le sens du mouvement de récorce
terrestre.
Parmi les théories orogéniques qui ont été mises au jour
dans ces dernières années, celle de M. Suess, professeur à
l'Université de Vienne a groupé un grand nombre de savants
dont les tendances s'écartent beaucoup de la doctrine qui
a prévalu jusqu'ici.
M. Suess admet deux groupes de phénomènes déterminant
la formation du relief du sol.
(1) Les lecteurs qui désirent l'exposé complet de la théorie du horst
et le compte-rendu in-exienso de la Conférence de M. de Lapparent
peuvent consulter d'une part le Traité de Géologie générale de
M. Neumayr : « Erdgeschichle 1, Leipzig 1886. d'autre pari, le
Bulletin dé la Société Géologique de France, 3* série, tome 15,
feuilles 9-15.
— 187 —
i^ Les Actions horizontales de refoulement dont les plis
unilatéraux sont les résultats ;
2o Les Chutes verticales se manifestant par Paffaissement
de grandes régions, limitées par des cassures, et obéissant
exclusivement au « seul effort de la pesanteur ».«
M. Suess n admet rintervenlion des mouvements ascen-
dants qu'à titre de phénomène accessoire de la formation des
montagnes.
Le point de départ de la théorie est la stabilité de certaines
régions anciennement consolidées. Ces régions privilégiées
quant à leur fixité sont les c Horste » si célèbres de M. Suess.
Un horst est un pilier fixe, qui est demeuré en place, quand
tout autour le reste s'effondrait.
H. de Lapparent, dans une conférence faite à la Société
géologique de France, a examiné un à un les horste de
M. Suess et a affirmé en s'appuyant surtout sur des raisons
stratigraphiques :
c Qu'aucun des districts français ne justifie la théorie du
horst ;
Que tous portent Temprelnte fortement gravée des
compressions latérales ;
Que pour tous dans la formation du relief du sol, les
composâmes ascendantes se sont montrées prépondérantes ;
Enfin que la pesanteur n'y est entrée en jeu que quand
Tascension et la rupture préalables des massifs lui avaient
fourni l'occasion de se manifester, d
H. Gosselet insiste sur l'importance considérable qu*il
faut attribuer aux effondrements de préférence aux soulè-
vements dans la formation des reliefs du sol.
M. Gosselet commence une communication sur le
gisement et l'origine de l'Oitrélite dans l'Ârdenne.
— 188 —
Séance du 6 Juillet 1887.
Le Président fait pari de la mort de M. Olry Terquem,
Membre honoraire.
M. Gosselet signale au nom de H. Ortlieb la décoaverie
récente faite par M. Rutot àFayatau S. de Gemblouxdugrèsà
Nummilites lœvigata. Cette couche y est exploitée en grande
masse, tandis qu'elle n'existe plus dans les départements du
Nord et dePAisne qu'à l'état de débris ou de restes épars.
M. Cayeux fait un rapport sur l'état delà librairie
M. Gosjselet continue sa communication sur l'Ottrélile.
Note sur quelques Rhynchonelles du terrain
Dévonique supérieur.
par M. Gosselet. (*)
PI. I, II, m.
Il existe dans le Dévonique supérieur de Belgique et du
Boulonnais, plusieurs espèces de Rhynchonelles qui portent
des plis tranchants ou arrondis, s'étendant du bec au front
et dont la suture des deux valves a lieu vers la partie supé-
rieure du front.
Dans mes études sur le Dévonique supérieur de la Belgique
et du Nord de la France, j'ai reconnu qu'il y avait à faire
dans ce groupe quelques nouvelles espèces et je qréai pour
elles les noms de Rh. Omaliusi*Rh. Dumonti, Rh. letiensis,
Rh. ^rtû^^tiatiâ; j'appliquai en outre le nom de Rh, boloniensis
proposé par D'Orbigny avec une caractérisiique insuffisante.
J 'ai eu le plaisir de voir ces noms adoptés par les géologues
chargés de la carte géologique de la Belgique, ce qui prouve
que leur distinction est utile au moins pour le stratigraphe.
Cependant quelques doutes discrets se sont élevés sur leur
valeur et tout récemment M. Œlerth en étudiant la collection
(l) Noie lue dans la séance, du 12 Janvier 1887.
— 189 —
de d*OrbigDy démontrait que la Rhynchonelle que j^avais
nommée M. boloniensis n^était pas celle qued^Orbigny avait
en vue.
J'ai donc résolu de reprendre l'étude de ces espèces ; mais
avant de les décrire, il m'a semblé bon de jeter un coup
d'œll rapide sur les espèces auxquelles on les a comparées.
Dans rintérôt des lecteurs peu familiers avec les termes
paléontologiques, je commencerai cette étude par quelques
définitions.
Les Rhynchonelles sont des brachiopodes dont les deux
valves sont inégales. Pour éviter les inconvénients auxquels
donnent lieu les termes de vake supérieure et de valve
inférieure, qui ont été pris alternativement pour chacune
des deux valves, je désignerai, à l'exemple de nombreux
paléontologistes, Tune sous le nom de grande valve, l'autre
sous celui de petite valve.
La grande valve se termine d'un côté par une pointe légè-
rement recourbée qui est le crochet; elle est creusée d'une
dépression qui part du crochet et s'étend en s'approfondis-
sant jusqu'à la suture des valves ; c'est le sinus.
La petite valve présente une partie saillante, le bourrelet^
qui part également du crochet et s*étend jusqu'à la suture.
La coquille est symétrique de chaque côté d'un plan qui
passe par le crochet et le milieu du bourrelet et du sinus. Les
parties latérales situées de chaque côté .du bourrelet et du
sinus portent le nom A*ailes.
Si on regarde la coquille, après l'avoir placé sur la grande
valve, le crochet en avant, la partie que l'on a devant soi est
le front ; il comprend le sinus et une partie des ailes. On y
voit la ligne de suture des deux valves, qui, dans les Rhyn-
chonelles dont jô parle, est située dans le bas sur les ailes et
dans le haut sur le sinus. La portion de la grande valve
située dans le sinus sur le front est la langvette.
Dans le jeune âge le sinus n'existe pas, la ligne de suture
— 190 —
*
est presque circalaire ; la sinuosité de la ligne suturale aug-
mente avec rage, sans qu'elle puisse cependant lui servir de
mesure ; car elle n'est pas toujours en rapport avec la taille.
La direction des branches ascendantes de la suture sur le
front et par conséquent la forme de la languette sont varia-
bles. Lorsque les deux branches suturales ascendantes sont
parallèles, la languette est un parallélogramme ; lorsque ces
deux branches sont inclinées Tune vers Tautre» la languette
est trapézoïdale.
Les Rhynchonelles en question sont couvertes de côtes qui
partent du sommet ou presque du sommet et vont jusqu'à la
suture ; elles sont séparées par des sillons. A la suture, elles
s'engrènent l'une dans Taulre de telle sorte que la côte d*une
valve correspond au sillon de la valve opposée. Chaque
silion va se terminer à la suture par une légère dent qui
pénètre dans une échancrure correspondant à la côte de
Tautre valve.
On peut distinguer les côtes en côtes médianes^ situées sur
le bourrelet et sur le sinus et côtes latérales situées sur les
ailes. Les parois latérales du bourrelet«ont souvent lisses ;
quaud elles portent des côtes, celles-ci peuvent se nommer
côtes pariétales.
Le nombre des côtes médianes est généralement constant
dans une espèce et peut servir à la caractériser. Mais lorsque,
pendant la croissance, la partie de la grande valve qui se
relève en forme de languette est trop étroite, une des côtes
médianes n'est pas poussée jusqu'en haut et reste pariétale ;
d'autre fois la languette dépasse la largeur normale en entraî-
nant une des côtes latérales, qui devient aussi pariétale.
Dans quelques espèces, les parois du bourrelet et du sinus
sont couvertes de côtes comme le rester de la coquille ; il n'y
a plus alors à établir la distinction des côtes en médianes,
pariétales, latérales.
La largeur de la coquille se prend d'une aile à l'autre;
— 191 —
sa longueur du crochet au front. Pour mesurer sa hauteur,
on pose la petite valve sur un plan, et on fait descendre un
autre plan parallèle jusqu'au contact de la coquille. Ce plan
peut la toucher au front ou entre le front et le crochet. D ins
les mesures ci-après la largeur de la languette est prise au
milieu du sinus et la largeur des côtes au milieu de la lan-
guette.
Rhynchonella livonica Buch. 1834.
De Buch. Mém. Soc. géol Fr. l"" série p. II, pi. XIV, f. 5.
Cette espèce est caractérisée par ses côtes appliquées contre
le bourrelet de telle sorte qu'on n'en voit guère que le côté
extérieur La petite valve est bombée dans la première moitié
et s'élève ensuite uniformément sous un angle de 45®; le
sinus de la grande valve est profond. Ses côtés se réunissent
presqu'en pointe. Ordinairement 6, quelques fois 8 plis
s'étendent dans ce sinus, mais 3 ou 4 au plus, se maintien-
nent dans le fond (côtes médianes) ; les autres (côtes parié-
tales), sont toujours visibles sur les côtés du sinus; cependant
ils deviennent de plus en plus plats et finissent par disparaître
avant d'atteindre le bord. La figure montre parfaitement ces
caractères.
De Verneuil (Russiaandthe UralMountainsll,!^. 80, pi. 10,
f. 3. répète cette diagnose. Il insiste sur la forme aigûe du
sinus, c La languette, dit-il, est remarquable par l'étroilesse
de son sommet, par son relèvement vers le front, ce qui
donne une forme pointue à la coquille, par la présence des
plis sur les côtés du sinus.» Safîgure, PI. X, fig. 3, reproduit
presqu^exactement celle de de Buch, sauf que le bombement
de la petite valve dans le voisinage du crochet est mieux
marqué.
Ces divers caractères se retrouvent dans les figures de
M. VénukoJGf (La faune du système devonique dans la Russie
nord-ouest et centrale, p. 108, pi. V, fig. 4 et 6). Ces deux
— 192 —
figures diffèrent l'une de Tautre parce que dans le n^ 4 le
sinus est plus relevé, plus pointu et que dans le n^ 6 la coquille
est plus bombée dans sa première moitié.
M.Yénukoff a donné (fîg. 1 a à ij) les divers états de Rh.
livonica, on voit le sinus se relever avec les progrès de
rage. La ligne de jonction des valves est circulaire dans
les plus jeunes (a et b) ; elle est sinueuse et décrit une
coui'bc arrondie dans les âges suivants (c, d, e, f) elle devient
ensuite anguleuse et la languette se relève de plus en plus
Ig, h» i,)
La Rh. Hvonica est donc caractérisée par sa languette
subtri angulaire et par ses plis pariétaux.
Elle se trouve en Russie avec le Spirifer Verneuili.
Rhynchonella Huotina, Vern. 1845,
De YerneuiL) Russiaand UralsMoutains, II, p. 81, pi. X, f. 4.
Cette espèce trouvée en Russie dans les mêmes gisements
que la livonica s'en distingue par la forme régulièrement
courbée de la petite valve qui se replie vers le front, par un
sinus moins aigu, par des plis plus nombreux sur les ailes.
De Verneuil dit que Tâge ne peut modifier la forme de la
caquille en relevant le sinus.
Vénukoff réunit les deux espèces. Les variétés de Rh. livo-
nica qu'il représente, pi. V, f. 5 et 7 correspondent assez
bien à Rh. Huotina deYern. Je ne puis pas être juge de
Topportunité de cette réunion.
Rhynchonella daleidensis F. Rœmer 1844.
CF. Rœmer Das Rheinische Ubergansgebirge , p. 66, *
pi. 1, f. 7.
Cette espèce a comme la Rh. livonica les plis couchés contre
le bourrelet. Le sinus est également très profond/ de manière
que le sommet de la coquille est au front. Mais ce sinus n'est
— 193 -
pis pointa ; il est tronqaé, de sorte que la langaette a unt
forme trapézoïdale. Il n'y a généralement pas de côtes
pariétales, cependant Rœmer en figure une dans le sinus. Ces
caractères suffisent pour séparer la BA. Patetdcnsii de la
Rh. livonica. Les côtes médianes sont au nombre de 5 en
haut et de 4 en bas :elles s'étendent jusque près du crochet.
La Rh. Daleidensis F. Rœmer, atteint la taille des grandes
Rh, livonica.
Rœmer la cite de la grauwacke de Waxweiler, de Braus-
bach, de Coblence, de Siegen (Grauwacke d'Hierges) ; on la
possède aussi des Schistes à Calcéoles.
Rhynchonella Daleidensis. Schnur 1853.
SCHNUR. Beschreibung sammtlicher im Uebergansgebirge der
Eifel vorkommender Brachiopoden, p. 4, pi. L, f. 1
Grande rhynchonelle du Coblenzien que l'on trouve depuis
la Grauwacke de Montigny jusqu*à celle d'Hrerges. Les côtes
médianes sont au nombre de 4 sur le bourrelet et de 3 dans
le sinus. Ce caractère suffit pour la distinguer de la précé-
dente; il y a quelquefois, mais très rarement, une côte
pariétale de chaque côté. On ne peut donc pas la confondre
avec la Rh. livonica.
Rliynclionella hexatonia. Schnur 1853.
Schnur. Beschr. Eifel Brachiopoden p. 8, pi. 2, f. 2.
Forme plus petite que la précédente qu'elle accompagne
souvent ; elle s'en distingue par des côtes médianes plus
nombreuses, 6 en haut et 5 en bas ; il n'y a pas de côtes
pariétales.
Cette espèce ne peut guère être distinguée de la Rh. Dalei-
densis Rœmer et ce dernier nom ayant la priorité doit être
conserve. Faut-il aussi y réunir la forme appelée Daleidensis,
par Schnur? Plusieurs paléontologistes tels que MM. Kayser
et Vénukoff le croient, mais ils donnent à la notion de
Annales de la Société géologique du Nord» t. xiv. ^ ^
— iU —
l'espèce une élasticité très grande, puisquMls font de toutes
les formes qui viennent d'être signalées des variétés de
Rh. livonica. Pour moi, je crois que Ton peut, en attendant
une étude plus complété, séparer la Rh, Daleidensis Schnur
de la Rh, Daleidmsis Rœmer et considérer celle-ci comme
synonyme, avec droit de prénomination de la Rh. hexatoma
Schnur.
Rhynchonellainaurita. Sandberger 1856.
Sândberger Die Versteinerungen dPè Rheinischen Schich-
tensy stems in Nassau, p. 337, pi. 33, f. 5.
La figure des frères Sandberger semble copiée sur la Rh.
Daleidensis Schnur. Eux-mêmes reconnaissent que c'est la
même espèce. Pourquoi donc lui donnent-ils un nom nou-
veau,? Us ne peuvent même pas s*excuseF en disant qu'ils ont
reconnu que la Rh. Daleidensis Schnur diffère de la Rh.
Daleidensis Rœmer. Cependant si on admet cette différence,
il se trouvera que la grande Rhynchonelle de la Grauwacke,
la Rh. Daleidensis Schnur, devra porter le nom de Rh. inaii*-
rita Sandb.
HM. Sandberger disent que la Rh. inaurita se retrouve
dans le devonien supérieur en Russie et dans le Boulonnais.
Pour le premier pays ils assimilent leur espèce à Rh. livo-
nica ; pour le second, ils font allusion à des échantillons que
Bouchard Chantereaux leur avait envoyés et qui sont certai-
nement Tespèce que je décrirai plus loin sous le nom de
Rh. ferquensis.
Rhynchonella Wiptgeni. Schnur 1853.
Schnur Reschr. Eifel Rrachiopoden, p. 6, pi. 4, f. 6.
Forme beaucoup *plus allongée que les précédentes, à
sinus mal limité, peu profond ; plis médians au nombre de 10
en haut et 9 en bas.
Elle est rare dans le calcaire de PEifel à Gerolstein.
— 195 —
Rhyiu^onella boloniensis. d*Orb. 1850.
D'Orb. Prodrome I., p. 92, «• étage, n» 859.
< Espèce voisine de la Rh. {tvontca, dit Fauteur, encore
moins élevée, plus large, à côtes plus nombreuses. »
Le fossile n'est pas 6guré. J'avais cru pouvoir donner ce
nom à la Rkfynchonellela plus fréquente de Ferques et je dois
dire pour mon excuse que j'étais d'accord avec de Yerneuil.
Nous n'avions pu alors, ni Tun, ni Tautre, consulter la
collection de d'Orbigny. Tout récemment, H. Œlerth a décrit
et figuré l'échantillon de d'Orbigny dans le Bulletin de la
Société géologique de France, 3« série, xii, p. 417, pi. xx,
fig. i, 1884. Il signale ses analogies avec la Rh. elliptica de
Schnur et de Davidson et ses différences avec le fossile que
j'avais appelé Rh. boloniensis. Ses côtes médianes au nombre
de 7 en haut et de 6 en bas sont moins nombreuses que dans
la première et plus nombreuses que dans la seconde. L'espèce
figurée par M. Œlerth n^est connue jusqu'à présent que dans
le devonique supérieur du Boulonnais.
Rhynchonella elliptica. Schnur 1853.
Schnur. Resch. Eifel Rrachiopodm. p. 7, pi. 1, fig. 7,
Cette forme plus large que la Wirtgeni a des côtes plus
petites et plus nombreuses que la daleidensis et même que
Yhexatoma. Ces côtes sont au nombre de 10 à 12, dont une
ou deux pariétales. Ce caractère la distingue de la Rh. bolo-
niensis d'Orb. Œlerth dont les côtes médianes sont moins
nombreuses. On peut ajouter que son sinus est moins
profond et que la suture du front est demi-circulaire tandis
qu'elle est trapézoïdale dans la boloniensis.
M. Kayser admet comme espèce distincte la Rh. elliptica
de Schnur. 11 en donne (Die Rrachiopoden des UiUeUunà Ober-
devon der Eifel. Zeitsch, der Deutsch géol. GeselU.^ xxill,
p. 528, pi. 9, fig. 2, 1871) une figure qui diffère de celle de
Schnur parce que la coquille est plus largement ailée et par
— 196 —
■
des plis un peu moins nombreux. Il insiste sur la dichotomi-
sation «de quelques plis. La Rh. ellijptica Kays est plus
différente de la Rh. boloniensis d'Orb. que ne Test la
Rh. elliptica Scbnur, malgré la forme trapézoïdale de la
suture de la languette.
Il serait cependant possible que ces diverses formes dussent
être réunies, Dans ce cas, on devrait leur conserver le nom
de Rh. elliptica Schnuv, caria mention donnée par d'Orbigny,
en 1850, est trop courte pour créer un titre de priorité.
La Rh. elliptica de TEifel provient de la partie supérieure
des schistes à calcéoles.
Rhynchonella pleurodon. Phill. 1836.
Philups. Geology of Yorskkire, 1836, p. 222, pi. 12,
f. 25 à 30.
Davidson. British carboniferous BrrtcAtopoJa, 1860, p. 10,
pi. 23.
Coquille élargie déprimée très variable de forme. Les côtes
médianes sont ordinairement de 5 sur le bourrelet et de 4
dans le sinus. Cependant ce nombre s*élève parfois à
6 pour le premier et 5 pour le second, et même à 9 et 8.
Le bourrelet plus ou moins élevé se réfléchit en courbe
vers le front ; la languette est trapézoïdale.
Dans les formes jeunes, le sinus est moins accusé, la suture
subcirculaire ou même circulaire.
Rhynchonella ventilabrum. Phill. 1836.
Phillips. Geol Yorks. 1836, p. 223, pi. 12, f. 36 à 39.
La variété a de Tàuteur (fig. 36) a une figuration trop
incomplète pour que Ton puisse se faire une idée juste de
ses caractères ; quand à la forme p, elle me parait, comme à
Davidson, une variété de Rh. pleurodon à plis multiples.
— 197 —
Rhynchonella sulciformis. Phill. 1836.
Phillips. Geol. York, 1836, p. 223, pi. 12, f. 31 et 32.
Davidson qai se borne à reproduire la figure de Phillips,
pense que les côtes n'allant pas jusqu'au crochet, la forme
doit jêtre rapportée à une variété de Rh. pugnus. Je suis
plutôt disposé à la considérer comme une Rhynchonella pieu-
rodon un peu usée.
Rhynclionella triplex. M^' Goy.
Je crois que c'est à tort que Davidson a réuni cette espèce
à la pleurodon ; elle me paraît bien caractérisée par le petit
nombre de ses côtes médianes .
Rhynchonella pentatoma. Fischer.
De Koningk. Description des animaux fossiles qui se
trouvent dans le terrain carbonifère de Belgiqtie. p. 289,
pi. 19, fig. 2.
Cette espèce est, d*après M. de Koninck^ synonyme de
Rh. pleurodon de Phillips. En effet, la figure de M. de Koninck
ne diffère que par des détails peu importants de celles de
Phillips et de Davidson. Elle représente probablement des
individus de Visé, car l'auteur cite cette espèce comme très
abondante à Visé et rare à Tournai. Du reste, les individus
que j'ai de Visé s'accordent avec la description du savant
belge et rappellent les formes de Bolland.
M de Koninck s'est vu obligé à regret, dit-il, de changer
le nom de Phillips pour prendre celui de Fiscber parce que
ce dernier est antérieur. Mais, dans son supplément, il avoue
qu'il s'est trompé en faisant une telle assimilation et que le
nom de pleurodon doit être conservé.
D'un autre côté, de Verneuil dit : a la Terebratule que
Fischer a décrite sous le nom de T. pentatoma, ne manque
pas d'une certaine ressemblance avec la Rh. pleurodon, mais
— 198 —
cependant elle ne parait pas appartenir aux Pugnacées, et
d'ailleurs Téchantillon figuré est trop mal conseryé et trop
indistinct, pour que nous nous croyons obligé de changer,
comme l'a fait M. de Koninck, le nom si connu de pleurodon
en celui de pentatoma. »
Acceptons donc sur cette autorité que le nom de Rh. penta-
toma désigne un fossile peu connu, qui n'est certainement pas
le Rh. pleurodon.
Rhynchonella Davreuxiana, de Kon.
De Koningk. Desc. anim. carbonifères de Reîgique, p. 664,
suppl. pi. I89 f. 3 j, k.
Davidson. Rrit. carb. Rrachiop. pi. 23, f. 19.
M. de Koninck dans un supplément a distingué comme
espèce spéciale une petite Rhyuchooelle qu'il avait désignée
dans le volume, par erreur, dit-il, sous le nom de Rh. (T.)
acuminata, variété crumena. D'après les figures et la des-
cription qu'il en avait donnée (p. 281), les côtes ne vont pas
jusqu'au crochet. En indiquant ce fait en 1844, il signalait la
ressemblance de son fossile avec la Rh,pugnus et disait qu'on
aurait tort de les séparer. Pourquoi donc l'a-t-il fait enl85l ?
Il avait alors plus d*expérience. C'est du moins la seule
raison qu'il en donne. N'en déplaise à cet aveu loyal, mais
trop modeste, je crois que H. de Koninck avait raison en
1844 et qu*il a eu tort en 1 851 .
Davidson a repris le nom de Davreuxiana comme variété
de pleurodon pour une petite RhynchonellequeM. de Koninck
lui a déterminée comme telle. Dans cette forme les plis
s'étendent depuis le front jusqu'au crochet. Je crois comme
Davidson que c'est une pleurodon; mais je suis aussi
convaincu que c'est par erreur que M. de Koninck l'a assimilé
à ce qu'il appelle Davreuxiana.
— 199 —
Rhynchonella ferquensis
PL 1. fig. 1-9.
Syn : Rh. boloniensis ; Goss, Ann. Soc. géol Nord lY,
p. 264, pi. 3, f. 1 et Esquisse géologique du Nord de la France,
pi. IV, fig. 8.
Coquille ovale, plus large que longue. Bourrelet faible,
légèrement courbé vers le frbnt, de sorte que la plus grande
hauteur correspond au milieu de la coquille. Sinus médio-
crement profond^ languette arrondie, trapézoïdale.
Dans le jeune âge la coquille est déprimée (no* 6 et 9) la
languette s'élève par le fait de la croissance ; elle n'atteint
généralement pas le niveau du milieu du bourrelet (n** 1 et 2)
d'où résulte la courbure de celui-ci vers le front ; mais
parfois elle s'exhausse un peu plus, de sorte que la partie
antérieure du bourrelet' est horizontale (n» 4) ; elle peut
même s'exhausser au point que le bourrelet doive s'élever
en pente jusqu'au front ; cette pente peut être courbe (N^S)
ou presque plane (n« 5).
Les côtes répondant i la formule (') :
4 1-1
c. m. -T- ; c. p. 0, ou •— —- ; c. 1. 7 à 9
o 1-1
De jeunes individus n'ont que 6 côtes latérales. Ces côtes
augmentent en nombre avec les progrès de l'âge.
La Rhynchonella ferquensis iiSère des Rhynchonella livonica
et Huotina par la disposition de ses côtes médianes et
pariétales; de la Daleidensis F. Rœmer, de Vhexatoma^ de la
Virtgeni, de la boloniensis, de Yelliptica et de la pleurodon ,
par le nombre moindre de ses côtes médianes sous ce
rapport, elle se rapproche de la Rh. inaurita (daleidensis
Schn.), mais elle s'en éloigne par sa taille beaucoup
moindre, par la forme moins triangulaire de la languette et
par la courbure ordinaire de la valve supérieure.
(i). Dans les formules des côtes c. m, signifie côtes médianes ; c p»
côtes pariétales; c. i., côtes latérales.
— 200 —
Elle se rapproche beaucoup de certaines Rh. pleurodon par
sa forme ; mais, comme je viens de le dire, elle s'en sépare
par le nombre des côtes médianes.
La Rhynchonella ferquensis est caractéristique du frasnien;
mais on ne la trouve pas avec la Rh. cuboides. Elle ne se ren-
contre que dans les calcaires schisteux noirs bien stratifiés
du bassin de Namur ou du littoral nord du bassin de Dinant ;
dans la bande de Ferriëres, dans les bandes de Cousolre et
d'Hestrud en dehors des calcaires construits. On la trouve
sur le littoral sud du bassin de Dinant, mais seulement dans
les couches à Àviculopeeten. Neptuniy qui sont à Givet infé-
rieurs au niveau à Spirifer Orbelianus.
Je Pai cité par erreur dans le famennien et en particulier
à Etrœungt ; toutes ces prétendues Rhynchonelles boloniensis
fameniennes sont des JRA. letiensis.
Mesures de la Rhynchmèlla ferquensis C).
No 1
No 2
No 3
No
No
No
No
No 8
No 9
DIMENSIONS
Ig.
Ir.
h.
s.
c.
RAPPOPTS
Ir.
:1g.
h.
Ig.
s.
Ir.
c.
Ir.
12,5
13
12,7
14
10.5
10
10
9
9
15
10
7
1
1,20
0,8
0,47
18
10
i
17
12,7
7,7
1,8
1,34
1
0,45
17,3
10
9,5
l
1,24
0,71
0,55
16
13,4
1,54
1,29
13,5
8
6,5
1.7
1,35
0,80
0,48
12
6,2
6,3
1,7
1,20
0,62
0,44
10,5
6.5
4.7
1,19
0,66
0,45
9,6
6,4
4.6
4
1,07
0,71
0,48
0.066
0,106
0,058
0,146
No 1 (PI. I, fig. 1, a. b. C. d.), d'Heslrud. Forme typique de
l'espèce. Le bourrelet décrit une courbe régulière, la plus
grande hauteur de la coquille est au milieu de la petite valve.
(l)Dans ce tableau comme dans les suivants. Ig,, signifie longueur;
/r., largeur: h., hauteur; s., largeur du sinus; c. largeur des côtes
médianes du sinus Les unités sont des millimètres.
J
— 201 -
4
Formule des côtes : c. m. -^; c. p. ; c. 1. 8. Les 5 pre-
mières côtes latérales sont plus grosses que les autres..
N"" 2 de Ferques. La forme générale est presque la même
que celle de la précédente. La largeur est relativement un
plus grande, mais la hauteur et le sinus sont les mêmes.
2 côtes latérales inférieures sont devenues pariétales.
Foi mule des côtes : c. m.-^r ; c.p. ^ ■ c.I.ttt'
o 1 — 1 7
N» 3 (pi. I, f. 3 a, b, c, d) d'Hestrud. Forme dont le
bourrelet s^élève en surface courbe jusqu'au front.
4 i — 1
Formules des côtes : c. m.— ; c.p. -; cl. 8.
Les côtes pariétales peu marquées sont au nombre de
quatre, une de chaque côté.
N« 4. CPl. i, f 2 d ) de Ferques. Forme dont le bourrelet
est horizontal près du front ; sinus évasé> (les dernières sont
peu marquées).
4
Formules de côtes : c. m. — ; c.p. 0; cl. 8
o
No 5 (PI 1, f. 4 d.) d'Hestrud. Forme peut-être écrasée
d'avant en arrière, dont le bourrelet s'élève en plan incliné,
se courbant légèrement vers le front. La hauteur est supé-
rieur à la longueur.
4
Formules des côtes : c m.—; c.p. ; cl. 7.
o
No 6, (PI. I, flg. 7 a, c) Ferques Forme jeune qui diffère
peu dans ses rapports du n^ 1 .
4
Formule des côtes : c. m. -^; c.p. ; cJ. 5.
D'après cette forme et la suivante, on doit supposer que
dans les jeunes individus, les côtes latérales sont peu nom-
breuses.
No 7 (PI. L f. 6 a, b, c, d.) d'Hestrud. Forme jeune
déprimée, à sinus peu marqué.
— 20Î —
4
Formule des côtes : c. m. r^; c.p. ; cl 5 et 6.
N« 8 (PI. I, f. 5 a, b. c, d.) de Ferques Formé petite,
jeune?, à sinus bien marquera languette projetée en avant
plutôt que relevée ; taille faible qui indiquerait un âge jeune,
mais les côtes latérales sont nombreuses.
4
Formule des côtes : c. m -^i c.p. ; cl. 7 à8.
No 9 (PI. I, f. 8 a, b, c, d.) de Ferques. Forme jeune,
exceptionnelle par ses côtes grosses et peu nombreuses.
Si elle appartient à Fespëce Rh. ferquensis^ c'est une forme
monstrueuse.
3
Formules des côtes : c. m. -5-; c.p. 0; cl. 3.
Rliynchonella Omaliusi.
PI. II. flg. 1 à 10.
GossELET,i4«n.Soc. Géolog , du Nord, IV, p. 31 4, pi. IV. f. 6,
et £«}. Géo/. pi. V, fig. 8.
Côtes tranchantes de la formule suivante :
5
c m.-T-; c p. ; cl. 6-7,
4
Coquille ovale ou subtriangulaire, très rarement ailée.
Petite valve quelquefois déprimée près du crochet.
Bourrelet faible s'élevant en plan incliné vers le front, oîi
se trouve le point culminant de la coquine;il se refléchit
ensuite brusquement pour atteindre la suture, il est toujours
déprimé dans le jeune âge et quelquefois aussi chez les
adultes.
Sinus peu profond. Languette trapézoïdale, droite,
s'élevant avec les progrès de Tàge et repoussant la petite
valve en haut.
Le nombre normal des côtes médianes est de 5 en haut et
de 4 en bas. Il est arrivé parfois que la croissance de la
languette s'est opérée un peu sur le côté. Quatre côtes
— 203 —
médianes seales ont été poussées josqa'en haut du front, la
cinquième est restée en chemin sur les parois du bourrelet
(côte pariétale) et du côté opposé une des côtes lattérales
a été légèrement entraînée de manière à occuper une position
pariétale, de sorte que la formule des côtes est :
c. m. -^; c.p.t ; cl. 6 à 7.
o 1 — 1
D'autres fois, avec le nombre des côtes normales, il y a de
chaque côté une côte pariétale qui, bien marquée près du
crochet^ disparaît en approchant du front. Quand, le sinus
est très étroit, les deux côtes médianes extérieures peuvent
être minces, moins élevées que les autres et simuler des
côtes pariétales.
Il y a 6 à 7 côtes latérales. Dans certaines variétés dépri-
mées et qui sont probablement jeunes, il peut y en avoir 7
ou même 8, d'autres fois il n*y en a que 5 visibles.
Cette espèce se distingue de Rh. livonica par la forme de
la languette trapézoïdale et non triangulaire, et par l'absence
ou le moindre nombre des côtes pariétales. Elle se rapproche
de la Rh. pkurodon par le nombre de ses côtes, mais elle s'en
sépare par la dépression de la petite valve près du crochet et
par la position de son point culminant contre le front. Elle se
distingue de Rh, ferquensis par l'existence d'une côte médiane
en plus, par la position du point culminant sur le front, par
la dépression de la petite valve près du crochet, par la forme
en plan incliné du bourrelet. Toutefois on peut dans quelques
cas hésiter sur la distinction de ces deux espèces, bien qu'il
soit très rare que tous ces caractères différentiels viennent à
manquer.
— 204 —
Mesures de la Rhynehonella Omaliusi.
N»
No
N»
No
No
No
No
No
1
2
3
i
5
6
7
8
DIMENSIONS
«->
Ig.
Ir.
h.
s.
c.
N° iO
N« 11
No i2
19
20.5
13
8.3
16
19
13
9
16
21
15,5
8
17
18
15
9,5
U
15.8
11,4
9
12
16
13
9
10,8
12
7
6,4
11,8
13
7
5
U
16
9
U
15.7
10
13,7
16,8
9
9
1.3
1,5
1,5
1.2
1,2
RAPPORTS
Ir.
Ig.
Ig.
Ir.
1,08
1.19
1,31
1,06
1,13
1,33
1,11
1,10
1,14
1,12
1,23
0.59;
0,82
0,97
0,88
0,81
1,0s
0,6:5
0,59
0,64
0,75
0,66
0.40
0,47
0.38
0.53
0.57
0,56
0,53
0,71
0,55
No 1 (Planche II, fig. 2 a, b. c, d.) de Senzeilles. Forme
subtriangulaire ; la petite valve, un peu bombée près du
crochet, s'élève ensuite en pente douce vers le front.
5 Q f
Formule des côtes : c. m. ---; c.p.-j 7; cl. 6.
4 1 — 1
Les côtes pariétales, bien visibles près du crochet, dispa-
raissent vers le front.
N® 2 (PL II. fig. 1 a. b, d.) de Senzeilles. Forme obovale
moins longue que la précédente ; elle en diffère encore par
la forme de la petite valve, qui est plus déprimée près du
crochet et s'élève en pénle presque droite jusqu'au front.
4 -1 — 1
Formule des côtes : c. m. ---; c.p.t 7; cl 8.
1 — 1
Quatre côtes médianes seules ont été poussées en haut du
côté du front; la cinquième est restée en chemin sur les parois
du bourrelet (côte pariétalej et du côté opposé une des côtes
latérales a été légèrement entraînée de manière à occuper
une position pariétale. La croissance de la languette s'est
donc faite un peu de côté.
— 205 —
No 3 (PI. II, f. A c, d.) de Senzeilles. Forme également
ovale, mais de dimensions pins considérables ; elle est plus
fortement bombée près du crochet.
5 Q I
Formule des côtes : c. m. -7-.;c.p.r j ; cl. 7.
4 — ~ 1
Par suite de l'étroitesse relative du sinus, les deux côtés
médianes extérieures n*ont pas atteint la même hauteur
que les autres, de telle sorte que la suture frontale est un
peu courbe; ce caractère n'est pas très bien rendu dans la
ligure. La côte pariétale supérieure ne va pas jusqu'à la
suture.
«
N» 4 (PI. II. f . 5 a et d) de Senzeilles. Forme subtrian-
gulaire, exceptionnellement étroite, globuleuse et bombée
près du crochet.
5
Formule des côtes : c. m. -j-; c. p. 0; cl, 7.
N<» 5 (PI. II. f. 3 a, d.) de Senzeilles. Forme ovale plus
petite et peut-être plus jeune que les précédentes, remar-
quable par la netteté et légalité des côtes médianes.
5
Formule des côtes : c m. --- ; c. p. ; cl. 6.
No 6 (PI. II, f. 6 a, c, d.) de Senzeilles. Forme exception-
nelle par son peu de longueur et sa hauteur; elle ne parait
cependant pas avoir été écrasée.
5
Formule des côtes : c: m.-p ; c. p. 0; cl. 6.
N» 7 (PI, III, f. II, a, c, d ) de Senzeilles. Forme normale,
jeune, montrant très-bien le reploiement des côtes sur le
front.
Formule des côtes : c. m. --- ; c. p. ; cl. 5.
N® 8 (PL II, f. 10 a, c.) de Senzeilles. Forme jeune, remar-
quable par son front tronqué perpendiculairement; sinus et
bourrelets à peine marqués
— Î06 —
51
Formule des côtes : c. m. -r-; c. p. 0; cl. 6.
N« 9 de Senzeilles. Forme jeune, peu différente du n<> 7*
mais il lui manque une côte médiane .
Formule des côtes : c. m. -r~.
N« 10 (PI. II. f. 8, a, c.) de Senzeilles. Forme anormale*
Le deui côtes médianes extérieures et supérieures sont à
peine marquées. Celle de droite se relie, ia côte médiane
voisine ayant d'atteindre le crochet.
No 11 (PI. II, f. 7, a, c.) de Senzeilles. Forme anormale.
Les côtes médianes gauches sont dévenues pariétales ; la côte
médiane droite supérieure est réduite à un cran visible
seulement sur le front.
Formule des côtes : c. m.-— ;c.p. , "". ; cl. 7.
3 1 — 1
N"" 12 (PI. II» f. 9, a, b, c, d.) de Senzeilles. Forme anormale
déprimée, élargie à côtes médianes très nombreuses.
7
Formule des côtes : c m. -x-; c. p. 0; cl. 5.
Rhynchonella letieiisis.(*),
PI.Lfig. 9ài9.
GosSELET. Ann. Soc. géol. du iVbrd, VI, p. 388, et £jg.
GioL, pi. 5, fig. 9.
Coquille ovale, large sauf dans une variété n"" 5 ou la
longueur dépasse la largeur. Le bourrelet de la petite valve
est peu marqué ; il s'élève en plan incliné jusqu'au front où
il est brusquement refléchi. Le sinus est assez profond; la
languette est courbe ou droite, de forme trapézoïdale.
Il y a une dizaine de côtes qui répondent à la formule :
cm. -r-; cp, 0; cl. 4 à 6.
(1) i)e Villa letiensis nom- romain de Liessies,
Le nombre des côtes latérales augmente avec Tâge.
La largeur dépasse généralement un peu la longueur^
cependant, dans quelques échantillons, elle est un peu infé-
rieure ; dans un certain nombre de formes jeunes la largeur
est plus de 1 fois i/4 la longueur.
La hauteur peut s'élever jusqu'au neuf diziëmes de la
longueur.
La Rhynchonella letiensis se distingue de la Rh. livonica
parTabsence deplispariétaux« des Rhynchonella daleidensis et
heoMitoma, par sa taille ; de la Rh. pleurodon^ par le nombre
des plis médians [— aulieude— ] et par la reflexion plus
brusque du bourrelet sur le front; de la Rh. Omaliusi
également par le nombre moindre des plis et en particulier
des plis médians.
La Rhynchonella letiensis est très voisine de la Rh.ferquensis;
elle se distingue par le brusque refléchissement de la
petite valve vers la suture frontale et parcequ*elle a moins de
plis latéraux bien que sa taille soit souvent plus grande. Ces
plis sont donc plus gros. Ce caractère se retrouve jusque
dans le jeune âge où les formes des deux pièces sont plus
voisines encore. Je les ai souvent confondues. Les JRA.
boloniensis que j'ai citées dans le famennien sont ie& letiensis.
On trouve dans les grès du Wattissart de petites Rhyncho*
nelles dont on n'a que les moules. Le sinus est toujours peu
marqué et la forme déprimée comme dans toutes les jeunes
Rhynchonelles. Elles présentent les caractères de la Rh,
letiensis et en particulier le nombre des plis médians -r- ;
cependantquelques échantillons ont -T- plis. Ils forment un
passage à la Rhynchonella pleurodon du calcaire de Tournay .
La Rhynchonella letiensis est caractéristique du famennien
supérieur.
— 208 —
Mesures de la Rhynchonella letiensis.
No
1
N»
â
No
3
No
i
No
5
No
6
No
7
No
8
No
9
No
to
No
11
DIMENSIONS '
«g.
Ir.
h.
s.
c.
RAPPORTS
Ir.
Ig.
Ig
S.
Ir.
20
18.2
17
14,6
15
13.5
li
U
8,4
6,4
7,8
22
15,4
9
2
1,10
0,77
19.5
12,2
8,5
1,06
0,67
20,5
12
9
1,20
0,70
17
12.5
8,3
1,21
0,89
14,3
11
7
•
0.95
0,73
15
10,4
7
1,11
0,77
17
11.5
8
1,21
0.82
15,5
12
7
1,9
1.11
0,89
9
5
5
1.17
0,60
8,7
5,4
5
1.36
0.84
10,5
6
5.5
1,70
0.77
0,41
0.44
0.44
0,49
0,49
0,47
0,47
0.45
0,56
0,58
0,58
N^ 1 PI. I, f. 9 a, b, c, d) de la tranchée de Sains,
borne 101,70 (nouveau bornage), 252,10 (ancien bornage).
Forme qui peut être considérée comme le grand type d e
Tespëce. Côtes en nombre normal ; les côtes latérales au
nombre de 4 ou 5 sont mousses.
N» 2 (PI. I, f. 10, b d.) de la tranchée du Bois de Baileux,
entre Liessies et Solre-le-Chàteau. Forme un peu plus dépri-
mée que la précédente. Cotes en nombre normal.
N» 3 (PI. I, f. 11, a d) de la même tranchée. Forme plus
déprimée encore, à languette oblique. Côtes en nombre
normal, effacées sur les côtés.
N® 4 (PL I, f. 13, c d), de la tranchée de Sains ; môme gîte
que le n® 1. Forme moyenne ; la petite valve se recourbe
légèrement vers le front. Côtes en nombre normal.
N» 5 (PI. I, f. 15, a, d.) de la tranchée de Sains ; borne
99.72 à 99.85 (nouveau kilométrage), 250,6 à 250,7 (ancien
kilométrage). Forme moyenne étroite. Les côtes sont normales,
au nombre de 5 bien visibles sur les côtés.
— 209 —
N"" 6 (PL IL 16 c. d), delà tranchée de Dimechaux.prèsda
Pont des Bétes. Forme moyenne, anormale, se rapprochant
beaucoup de la Rh. Omaliusi par la forme de la petite valve»
qui s'élève en plan incliné du crochet vers le front, et par le
nombre des côles médianes ; les premières côtes latérales
du côté gauche ont été portées en haut ; la côte supérieure
est devenue pariétale et la côte inférieure presque médiane;
par contre les côtes médianes droites sont fort étroites ; de
sorte que la formule des côtes est :
cm. -j- c.p> ^ cl. 0.
N« 7 (PI. I, fig. 14 c, d.) de Les Fontaines. Schistes
d'Etrœungt. Forme anormale par ses côtés ailés, son sinus
profond, sa languette très renversée, sa petite valve peu
réfléchie. Ses côtes sont aussi anormales ; elles sont étroites
et tranchantes dans le sinus.tandis que les sillons intercostaux
sont larges. Les premières côtes latérales gauches ont été
poussées en haut; la côte supérieure est devenue pariétale et
la pôle inférieure médiane de sorte que Ton a :
4 0-i , ^
c m.— j-c p.r — r; cl. 5.
4 — ~
N"" 8 (PL I, L 12 a, c, d.) de la tranchée de Sains avec le
m 5. Forme remarquable par la largeur des côtes médianes
et Vétroitesse des sillons qui les séparent, ainsi que par
réiévation du bourrelet vers le front. Cette forme ressemble
à certaines variétés de Rh. triœqualis,
N° 9 (PL 1. f. 18 a, c, d.) de la tranchée de la Fagne de
Sains. Forme jeune dont la petite valve est déprimée et
légèrement réflexe sur le front. Les côtes latérales sont au
nombre de 4.
N^' 10 (PL I, L 19 a, d.) du même gisement que la précé-
dente, en diffère parce que la petite valve est plus convexe
Annales de la Société géologique du Nord, t. xiv*
14
et réflexe vers le front ; le sinns est profond. Il y a nne dispo-
sition contraire à ce qui a été dit dans les généralités an sujet
de la forme jeune des RhynchoDellès.
N* 11 (Pi. I, f 17 a, c.) Moules internes d'une rhynchonelle
de Jeumont, dans les grès du Wattissart. Cette forme un peu
plus grande que les précédentes n'en diffère pas par les
formes extérieures ; cependant elle est déprimée, et dans
«
quelques rares échantillons le nombre des côtes médianes
s^élève à -p. On pourrait alors les confondre avec les Bh.
4
pleurodon.
Rhynelioiiella nm: nov. sp.
PI. L flg. 20 à 22.
Grosse Rhynchonelle sublriangulaire, globuleuse, rarement
déprimée. La petite valve forme une courbe prononcée depuis
le bourrelet jusqu'aux deux tiers de la coquille ; elle devient
alors faiblement inclinée ou horizontale jusqu'au front en
avant ; ou même elle se recouvre. Bourrelet et sinus peu
marqués, mal limités. Languette courbe, trapézoïdale, côtes
mousses, s'étendant du crochet jusqu'au front. La formule
générale des côtes, est :
4
cm. — ; c.p; ; cl. 5.
ô
Mais il y a quelquefois un plus grand nombre de côtes
médianes.
Celte espèce se distingue de la Rh. letiensis par sa taille plus
grande, sa forme plus globuleuse, le peu de profondeur du
sinus, le nombre irrégulier de ses plis médians. Sa forme
générale la rapproche de la Rh, triœqualis, mais sa largeur
proportionnelle est plus grande que dans la plupart des'
individus de cette dernière espèce,' sa taille est plus consi-
dérable et ses plis latéraux mieux marqués.
— 211 —
Mesures de la Rhynchonella nux
No 1
No 2
No 3
No 4
No 6
No 7
DIMENSIONS
RAPPORTS
Ig.
Ir.
h
s
C.
Ir.
«g.
Ir.
Ig
S.
Ir.
. c.
Ir.
21
2â
23
19
23
23,3
24
25,5
22,5
18
18,3
23
16
25
16,3
6
7,5
9,6
1.9
1,10
1,11
0,87
0.70
*
N"* 1 (PI. I, f. 21 a, c, d.) des schistes à Rh, Omaliusi de
la tranchée de Haversin. Forme globuleuse à sinus à peine
marqué.
Formule des côtes : c. m. — ; c. p. ; cl. 6.
No 2 de Comblinay au N. de Xhoris, dans les schistes à Rh.
Omaliusi. Forme plus globuleuse encore ; le bourrelet est à
peine distinct.
Formule des côtes : c. m.— ; c. p. 0; cl. 5.
ô
No 3 dft Géminont près de Wambe. Forme remarquable
par sa hauteur; Péchantillon étant brisé, on ne peut pas juger
de sa longueur.
4
Formule des côtes : c m. ; c p. ; cl. 5.
ô
N' 4 (PI. I. f. 20 a, b, c, d ) des schistes à Rh. Omaliusi de
la gare de Philippeville. Forme exceptionnelle, remarquable
par son peu de hauteur et le rétrécissement du sinus.
Formule des côtes : c. m. — ; c p. ; cl. 5
No 5 (PI. I f. 22 c.) du môme gile que le précédent. Échan-
tillons écrasé latéralement ; forme semblable au no 1 ; il y a
une côte médiane en plus.
— 21Î —
Formule des côtes : cm .-7- c.p. ; cl. 6.
4
N<> 6 de la tranchée d'Haversin. Echantillon brisé, forme
voisine da n*" 3, plas globuleuse encore.
Formule des côtes : cm. : -— ; c.p, 0: cl. 5.
5
N«7 du mâme gîte que le n» 3. Forme déprimée près du
Qrochet. Petite valve s'élevant en plan incliné du crochet
jusqu'aui deux tiers de la largeur, puis devenant horizontale.
Formule des côtes : c m. -r-; c p. ,0 ; cl. 7.
5
Rhynchonella tridBqualis
PI. II. fig. 11 à 13 et PI. III, fig. 1 à 5.
Rh. triœqualiSy Gosselet. Ann. Soc. géol du Nord, IV.
p. 314, pi. m., f. 4, et pi. IV, fig. 5.
Coquille assez grande, cuboïde, presquaussi large que
longue, mais un peu moins haute que longue ; bombée vers
le crochet^ Bourrelet peu marqué ; sinus faible, languette
courbe. Côtes médianes au nombre de quatre en haut et trois
en bas, s' étendant jusque près du crochet; cependant termi-
nées quelquefois au milieu de la coquille. Côtes latérales moins
développées.
Formule des côtes : c. m. -^ ; c.p. 0; cl. 3 à 5.
Celte espèce se distingue de la Rh, pugnus parce que ses
côtes médianes s'étendent beaucoup plus loin vers le crochet.
Elle se rapproche beaucoup de la Rh. leliensis ; elle s'en
distingue par sa forme générale cuboïde, par la grosseur de
ses côtes,, par la forme moins aiguë de ses côtes latérales.
— 2ia —
Mesures de la Bhynehonella iriœqualis.
N»
1
N»
2
N»
3
N«
4
N»
5
N»
6
N»
7
DIMENSIONS
Ig.
Ir.
b.
s.
c.
RAPPORTS
Ir.
Ig-
h.
Ig.
s.
Ir.
22
22,5
16
13.4
4
1,02
0.73
17,4
20
15,5
10,5
1,8
1,17
0,89
17,5
17.5
13
6,7
1.7
1
0,74
21
19,5
16,4
9
0.93
0,78
17
16,6
14
7.6
1.6
0,98
0,66
14
14,5
M
6
1,04
0,79
16
19
16
10
2,6
1,19
1
0,59
0,52
0,38
0,46
0,46
0.41
0,53
N^» 1 (PI. II. f. 11 â. b. c. d ) de Cerfontaine dans les
schistes à Rh. Omâliusi, Celle forme pourrait être considérée
comme le type de Fespëce, si elle n'était pas aassi déprimée ;
languette basse, trapézoïdale.
4
Formule des côtes normale : cm. -r-
Ces côles sont grosses, arrondies, séparées par de larges
sillons, elles se prolongent jusqu^au crochet aussi bien les
côtes latérales au nombre de 3, que les côtes médianes.
N<>2 (Pi. III, fig. 1, f. 1, a. b. c. d) d'Agimont, tranchée
en face de Heer, dans les schHdes à Rh. Omaliuri. Forme
globuleuse, cuboïde, à bourrelet et à sinus peu marqués.
Formule des côtes normales; lescôtes médianes s^avancent
jusqu'au crochet, les côtes latérales aiu nombre de 3, vont
aussi très loin.
No 3 (PI lil, f. a, a d.) du Pont de Sains, à la base des
schistes à Rk. Dumomi. Forme triangulaire, déprimée près
du crochet, à bourrelet et à sinus peu marqués.
Formule des côles normales : Les côtes médianes sont
obtuses, les côtes latérales ne dépassent guère le front; sur les
surfaces supérieure et inférieure des valves, elles sont sim-
plemement indiquées par des éminences presqu*insensibles.
— 214 —
N« 4 (PI. II, f. 12 a, c, d ) Forme ovale, globulense.
Formule des côtes normales : Les côtes médianes s^effa-
cent en approchant da crochet. Les côtes latérales au nombre
de 4, disparaissent un peu plos tôt.
N"" 5 (PI. III, f. 3 a, c, d) du même gtte que n° 2. Forme
subtriangulaire, élevée^ à sinus et à bourrelet bien marqués.
Formule des côtes normales : Les côtes latérales au nombre
de 5, s'approchent du crochet de la petite valve d'une distance
égale au tiers de la longueur de la coquille. Cette forme
rappelle certaines variétés de Rh . Omaliusi au milieu des-
quelles elle se trouve, mais elle s'en distingue par un nombre
de plis beaucoup moindre ; elle se rapproche bien plus de
certaines Rh. letietms (n^ 4 et n^ 8). Peut-être je l'eus réunie
à cette espèce, si je ne l'avais trouvée dans la zone à Rh.
Omaliusi. Ses côtes sont relativement plus grosses, plus
arrondies qae chez la Rh. letiensis et il y a un faciès général
qui la distingue.
M<> 6 (PI. II, f. l3,a,o, d,) de Gerfontaine ; même gîte que
les n<>' 1 et 4. Forme ovale, à petite valve régulièrement
bombée et dont le bourrelet se réfléchit légèrement vers le
front.
3
Formule des côtes : c. m. -^; c.p. 0; cl. 2.
«
Cette forme est remarquable par les petits nombre de
ses côtes. Les côtes latérales sont peu visibles, mais les
côtes médianes peuvent se suivre jusqu'au crochet.
No 7. (PI. III, f. 4 a c d) du minerai de fer de Yézin.
Forme globuleuse à bourrelet peu marqué et à sinus mieux
délimité.
3
Formule des côtes : c. m. -—; c.p. ; cl. 3.
Cette forme est remarquable parole petit nombre de ses
côtes; les côtes médianes vont jusque près du crochet ; les
côtes latérales s'arrêtent au milieu de la coquille.
— 215 —
N« 8. (PI. III, r. 5, a b) du mêffle gîte. Celte forme diffère
de la précédente par le nombre des côtes médianes ; Tune
d'elle se bifurque de manière à répondre àja formule—. Cette
circonstance coïncide avec une plus grande largeur du sinus.
Ces trois dernières formes ont entre elles une grande
ressemblance et j*ai hésité longtemps me demandant si je
n'en ferais pas une nouvelle espèce ; j*ai trouvé les mômes
formes dans la fagne de Trélon dans le]schisle à Rh, Dumonti,
La bifurcation des côtes y est fréquente.
Rhynchonella Dumonti.
PI. m. f. 6 à 13. .
/?A. Dumonti. Gosselet. Ann Soc. Géol Nord, IV, p. 315,
pi. IV, f. 7, et Esq. Géol , pi. V, f 9.
Coquille ovale, élevée ou déprimée.
Petite valve légèrement bombée près du crochet; mais
s'élevant en plan incliné jusqu'au front, où se trouve la plus
grande hauteur de la coquille. Bourrelet peu marqué, couvert
de côtes, qui, arrivées au front, retombent brusquement vers
la suture.
Grande valve creusée d'un sinus peu nettement limité,
faiblement marqué vers le crochet, mais devenant beaucoup
plus profond sur le front. La languette se relève perpendicu-
lairement et quelquefois se renverse vers le crochet, suivant
la forme plus ou moins déprimée de la coquille. Ses bords
latéraux sont parallèles. La largeur de la suture frontale est
courbe, d'autant plus courbe que le sinus est plus étroit.
Elle est située au 9/10 supérieur du. front. Les sutures laté-
rales sont un peu au-dessus de la base.
Les côtes sont simples et égales entre elles; mais de lon-
gueur variable d'après les individus; ainsi les côtes du sinus
varient de 7 dizièmes de millimètre (n» 2) à un millimètre
quatre dkièmes (n<» 5), sans que cette variation soit en
rapport avec la taille.
— 216 —
En raison de la courbnre de la sntnre frontale, les côtes
pariétales, se confondent avec les côtes médianes et les côte^
latérales. Cependant il y a de chaque côté du bourrelet et du
sinus» une ou deux côtes qui se terminent sur les parois de
la languette. Les côtes latérales au nombre de 13 à 20 décri-
vent une courbe très prononcée.
La Rhynchonella Dumonti ressemble à la Rh. cuboides ;
elle en diffère par ses côtes qui sont relativement plus
étroites, par la position de la suture au-dessous du front,
par la forme plus sinueuse de cette suture, par la longueur
des dents qui terminent les sillons intercostaux.
La Rh. Dumonti ressemble aussi à la Rh. bifida Rœm.;
mais celle-ci a ses sutures disposées comme celle de la Rh.
cuboides et sa plus grande largeur est du côté de la charnière,
tandis que dans la Rh. Dumonti, la plus grande largeur est
du côté du tvoni.
Ces Rhynchonelles se rapprochent par leurs caractères
extérieurs du groupe Wilsonia ou Vncinulus, mais elles s'en
séparent par la disposition des impressions musculaires. (PI.
III, fig. 12 et 13.)
La petite valve (12 A, 13 A) porte deux paires dMmpressions
musculaires situées de chaque côté de la fente septale et
occupant les 3/4 de la surface de la valve. Les impressions
supérieures sont couvertes tranversalement de rides obliques
et sinueuses qui se réunissent autour de la fente en deux
points saillants ; les impressions inférieures sont faibles ; elles
portent les traces des côtes qui couvrent la coquille. Chez
certains individus (plus âgés?) la fente septale devient relati-
vement moins longue et moins profonde, les impressions
musculaires sont mieux marquées, les rides des impressions
supérieures sont plus irrégulières.
Dans la grande valve (12 B), ily a deux grandes impressions
musculaires qui, principalement sur la partie médiane, por-
tent le prolongement des côtes. Au centre de ces grandes
— 217 —
impressions, il y a une médiane formée de deux masses
ovalaires distinctes vers le crochet et réunies du côté opposé
où elles sont suivies de deux bandes saillantes un peu irrégu-
liëres.
Les impressions ovariennes sont très développées sur les
deux valves de chaque côté du crochet ; elles sont régulière-
ment disposées en ligues obliques sur Tindividu que je
suppose lè plus jeune.
Mesures de la Rhynchonella Dumonti.
No
No
N»
JJO
No
3
4
5
6
7
DIMENSIONS
Ig-
Ir.
h.
s.
c.
19,3
18,8
18,2
20,9
16,2
11,3
17
19,6
18,3
20
17
12
15
U
11,3
17
12,3
5
7,8
8
8,5
8,1
5.7
0,9
0.7
0,8
1.4
0,9
RAPPORTS,
Ir.
Ig.
h.
Ig.
s.
177
6,88
1,04
1
0,96
1,05
1,06
0,77
0,74
0.62
0,81
0,76
0,44
0,46
0,41
0,40
0,47
0,33
No 1. (PI. III, fig. 6 a, b, C, d) d'Aublain. Forme étroite,
élevée, à plis fins, qui peut être considérée comme le type
de l'espèce.
Formule des côtes : c m. — ; c.p
2— 1
cl. 16.
8 ' '"'a— 1"
Il est très difficile de distinguer les côtes pariétales des
côtes médianes et latérales.
No 2. fPl. III, f. 7 a b c d) d'Aublain. Forme déprimée,
plus large que longue, à plis fins ; se distingue de la précé-
dedte par sa largeur et la dépression de la petite valve près
du crochet.
Il 2 I
Formule des côtes : c. m. — ; c.p. - — r ; c 1. 20.
No 3. (PI. III, f . 8 a c d) d'Aublain. Forme un peu plus
petite et plus déprimée encore; la largeur est presqu^égale à
— 218 —
la loogaeur. Sinus large et évasé, où la dislinclion des côles
pariétales devient presqaMmpossible.
8 2 — 2 *
Formule des côtes : cm.—; c.p. ^ ; c. 1. 16
N» 4. (PL III, f . 9 a b c d) de Marienbourg. Forme élevée ;
à grosses côtes, petite valve bien bombée.
7 2 1
Formule des côtes : c. m. -— ; c.p.r — r; cl. 45.
No 5 de Marienbourg. Forme très voisine; les plis du sinus
atteigg^ent l'épaisseur de 1,4^ ce sont les plus gros que j'ai
observés.
N« 6. (PI. III, f. 10, c) d'Aublain. Forme -déprimée à côtés
assez larges et à sinus étroit.
• 7 1—4
Formule des côtes : c. m, -^ ; cp. cl. 44«
6 4 — 1
N® 7. (PL III, f. 1 1 d, c) de Marienbourg. Je considère cette
Rhynchonelle comme une forme jeune de/?A. Dumonli, dont
le sinus et le bourrelet sont à peine dessinés ; le nombre des
côtes est 30 environ sur chaque Valve. .
Rhynchonella Gontliieri nov. sp.
Coquille cuboïde. élevée et subcirculaire, quelquefois
déprimée et subtriangulaire, ayant son sommet sur le front ou
vers le milieu.
Bourrelet peu détaché du reste de la valve.
Sinus généralement peu net, excepté sur la partie infé-
rieure du front, où les ailes font saillie.
Le nombre des côtes médianes supérieures est de 6. Dans
un individu Tune de ces côtes devient pariétale ; dans un
autre, le nombre des côtes supérieures est de 5 près du
crochet, mais près du front, il en natt une 6« par bifurcation.
Les côtes latérales sont au nombre de 7 à 9.
Les saillies qui correspondent aux impressions musculaires
de la petite valve sont bien marquées dans les moules inté-
— 219 —
rieurs. Hais les impressions elles-mêmes sont peu visibles.
Cependant dans un échantillon que je viens de recevoir de
M. Malaise, on distingue sur la petite valve une impression
analogue à celle de Rh. Dumonti.
La Rhynchonella Gonthieri se rapproche par sa forme
extérieure de la Rh. Dumonti; mais elle s'en distingue facile-
ment par la grosseur des côtes et par leur moindre nombre.
Elle passe à la Rh. Omaliusi par des variétés dont il sera
question plus loin. On peut cependant considérer la formule
suivante des côtes comme caractéristique.
6 •
c. m.-=-; cp. 0; cl. 7 à 9.
5
*
La Rh. Gonthieri caractérise les schistes à minerai de fer
du famennien du bassin de Namur. Elle y est accompagnée de
Rh. triœqualis et de Cyrtia Murchisoniana. J'ai trouvé à
Walgrappe au N. du bassin de Dinant dans des couches du
même âge des Rbynchonelles trop écrasées et trop déformées
pour être rigoureusement déterminées, mais qui me parais-
sent pouvoir être rapportées à la même espèce.
En donnant à cette Rhynchonelle le nom de Gonthieri, je
désire rappeler le souvenir du géologue belge, qui le
premier a fait connaître en détail la composition du famennien
sur le bord septentrional du bassin de Namur.
Je dois presque tous mes échantillons aux recherches de
H. Malaise.
Mesures de la Rhynchonella Gonthieri.
*
PJo
i
N''
3
N<»
À
N«
5
No
6
DIMENSIONS
Ig.
Ir.
h.
s.
2i,2
17,3
17
18
13,1
21,5
17,3
18,4
19
46,4
16,4
12,1
10,3
14
10
10
8,7
7,7
6
5,7
RAPPORTS
Ir.
Ig.
h
Ig.
8.
Ir!"
.1,01
1,00
1,08
1,06
1,25
0,77
0,69
0,60
0,78
0,76
0.46
0,50
0,42
0,31
0,35
NM (PI. m. f. 14 a, b, c, d ) de Vézin. Forme çuboïde, à
bourrelet peu marqué, dessinant une courbe plate. Sommet
de la petite valve située au front. Languette relevée presque
perpendiculairement.
Foraule des côtes : c m. — '* c.p ; cl. 9.
N"" 2 de Vézin. Forme subtriangulaire, déprimée, avec
sommet de la petite valve au milieu de la coquille et lan-
guette faiblement redressée. C'est une forme où la languette
a subi jun arrêt de développement.
N« 3 (PI. III, f. 16 a, b, c, d.) de Vézin. Forme cuboïde bour-
relet peu marqué, presque plat; sommet de la coquille situé
au front. Languette fortement relevée.
Formule des côtes : c. m. — ; c.p.- -; cl. 7.
4 — 1
No 4 (PI. m, f. 15 a, c, d ) de Vézin. Coquille subtrian-
gulaire, déprimée, ayant son sommet vers le milieu de la
petite valve. Sinus peu net; languette de la petite valve
courbe, brusquement redressée.
8
Formule des côtes : c m. -^; cp.-T^ cl. 9.
5
Deux côtes médianes de la petite valve se réunissent avant
d'arriver au crochet.
Rhynclionella Gonthieri ?
PI. III, fig. n et 18.
Avec les Rhynchonelles précédentes, on rencontre des
formes que j'en avais d'abord séparées, mais de nouveaux
matériaux que M. Malaise vient de m'envoyer, depuis que les
planches sont faites, montrent qu'il y a passage de ces formes
aux autres. On doit les considérer comme des variétés excep-
tionnelles .
Elles se rapprochent tellement de la Rhynchonella Omaliusi
par la forme générale et par le nombre des côtes qu on ne
— 221 —
peut réellement pas les en distinguer. Cependant la petite
valve est nn peu plas bombée près du crochet.
Coquille ovale ou subtriangulaire. Bourrelet s'élevant en
plan incliné vers le front où se trouve le sommet de la
coquille ; quelquefois il sUnfléchit un peu avant la suture.
Sinus peu profond ; languette trapézoïdale, plus ou moins
redressée.
5
Le nombre des-côtes médianes est de-r-
4
No 5 (PL IIL. f. 17 d) de Vézin. Forme subtriangulaire>
élevée, ayant son sommet au front. Languette étroite,
bourrelet en plan incliné jusqu'au front. Languette enfoncée,
ayant sa suture supérieure arrondie. Les deux côtes médianes
extérieures sont plus basses que les autres.
Formule des côtes : c. m. -r-: c. p. 0; c 1. .7.
4
N<» 6 (PL Iir, fig. 18 a, b, c, d ) de Yézin. Forme ovale, peu
élevée, ayant son sommet un peu en avant du front. Lan-
guette médiocre, trapézoïdale. Bourrelet assez nettement
limité.
Formule des côtes: c. m. -j-; c. p. 0; c. 1. 7.
4
Rhynclion^Ila palmata, nov. sp.
PI m, f. 19.
Espèce très imparfaitement connue, car je n'ai qu*un
moule de la petite valve ; mais il est suffisant pour montrer
que Ton a à faire à une espèce nouvelle. Les plis médians
au nombre de 4, sont gros, bien formés ; ils vont jusqu'au
crochet. Les plis latéraux partent aussi du crochet ; ils sont
plus obscurément tracés, on peut en compter 5 Longueur
26 mm.; largeur 29 mm. Cette espèce se. distingue par sa
taille et la grosseur de ses plis de toutes celles du famennien.
Elle a été trouvée dans la tranchée de la gare de Beaumonl,
contre le viaduc, à la partie supérieure de la zone à M.
Dumonli.
Compie-rendu de Texcursion dirigée dans le terrain
devonien de rarrondissement d'Avesnes par
M. Gosselety du 13 ati 16 Avril 1887.
par M. Thibout, élève de la Faculté.
l'e JOURNÉE.
Itinéraire. — Départ d'Hirson . — Pas-Bayard. ~ Trouée
d'Anor. — Mondrepuils. — Anor. — La Marlière. — Moulin
de Bourges. — Trélon.
Nous partons d'Hirson en nous dirigeant vers le nord par
le chemin de Blangy.
A i kil. de la ville nous rencontrons une carrière où Ton
exploite des quarzites pour l'empierrement des routes. Ces
quarzites appartiennent à l'assise des schistes de Revin ; ils
sont disposés en lentilles au milieu des phyllades. — Les
schistes présentent également de nombreux filons de quarz
parallèles* à la stratification. Les couches plongent au sud.
Incl. S.20^ Omg. = 65o.
Par endroits les schistes montrent une surface ondulée,
fait que nous avons déjà observé plusieurs fois dans les
excursions précédentes, notamment dans la vallée de Misère,
près de Revin,
Au nord de la carrière se trouve une voûte dans les schistes*
Si nous prolongeons par la pensée les schistes siluriens,
nous voyons qtL'ils vont passer au sud sous le has à Hirson.
Quand on a creusé la tranchée du chemin de fer, on
a rencontré vers le sud au-dessus des schistes silurieos un
poudingue avec fossiles liasiques et à Touest un poudingue
avec fossiles crétacés ; enfin, en marchant vers le nord, on
observe le poudingue devonien inférieur au-dessus du
silurien. Par conséquent Hirson se trouve au point de ren-
contre des rivages de trois anciennes mers : la mer devo-
nienne qui s'étend vers le nord, la mer jurassique vers le
sud, et la mer crétacée vers Pouest et vers le sud.
— 22S —
A 200m environ au nord de la carrière précédente nous
troavons une nouvelle carrière ouverte dans les mêmes
schistes et qaarzites siluriens. Les couches sont plus
inclinées qae dans la première carrière, mais leur direction
est la môme : Incl. S. 5«) 0. = SO^.
200" plus loin nous remarquons dans les schistes un
double pli, synclinal d^in côté et anticlinal de Tautre. Conime
tous les plis^ le côté vers lequel est dirigé le plissement est
plus redressé que Taulre.
A la scierie de Blangy nous quittons notre chemin pour
suivre la route du Pas-Bayard, en marchant toujours vers le
nord.
i kil. avant le Pas-Bavard nous trouvons dans le fossé de
de la route des schistes siluriens.
500» avant le Pas-Bayard nous rencontrons un affleure-
ment des mômes schistes présentant une direction anormale :
Incl. N. 85» 0. = W. Il y a là probablement un accident
local, attendu qu'en cet endroit les couches plongent vers la
vallée.
La direction nord des schistes se continue jusqu'au Pas-
Bayard.
A 200in au nord du Pas*Bayard nous sommes de nouveau
en présence des schistes siluriens avec leur inclinaison
primitive vers le sud. Incl. S. SO^O.
A. 500™ environ au nord du Pas-Bayard nous rencontrons
une carrière, dite du Pas-Bayard, où Ton exploite l'arkose
gedinnienne pour en faire des pavés. Nous y trouvons la
succession suivante :
A la hase le poudingue gedinnien (poudingue de Fépin) de
2" d'épaisseur environ. Incl. N. == 80®.
Les galets de ce poudingue sont des morceaux de.quarz et
de quarzites ; le ciment est formé de grains de quarz et de
qnarzites ; ce qui montre que le poudingue s'est constitué
aux dépens des éléments des quarzites siluriens. Par places
— 224 —
la partie supérieure da poudingue porte une sorte de reyê-
tement d'arkose de 10 à 20 ceot. d'épaisseur, adhérente au
poudingue.
Au-dessus Tient l'arkose exploitée^ caractérisée par de gros
cristaux noirs de tourmaline. L'arkose est disposée par bancs
de 1 à 4 m. d^épaisseur, plongeant vers le nord. Les bancs
d*arkose sont séparés par des bandes de 10 cent, à 1 m. de
schistes compactes verts. A la partie supérieure de la carrière
Tarkose et les schistes compactes semblent entremêlés.
En quittant la carrière du Pas-Bayard, nous nous dirigeons
yers Touest sur Mondrepuits, par le chemin de la Trouée
d'Anor. A 1 kil. environ avant d'arriver au village de Mondre-
puits, nous trouvons sur le côté sud du chemin, la carrière
de la Trouée d'Anor où l'on exploite les schistes de Moudre-
puits. Ce sont des schistes vert-jaunâtre, compactes, souvent
altérés. CeUe carrière nous fournit un assez grand nombre
de fossiles:
Primilia- Orlhis Vemeuili.
TenlacuHles. Phacops.
Spirifer MercuriL Uomatonotus.
Les couches plengent au nord. Incl. N = 40*.
Au sud de Mondrepuits et contre le village se trouve une
carrière où apparaît le contact du silurien et du devoDien.
Cette carrière, ouverte sur les deux côtés de la route, est très
intéressante par ce fait que dans la partie est les couches
plongent au sud, tandis que dans la partie ouest elles plon-
gent au nord.
Ainsi à Test de la route nous reconnaissons à la base
Tarkose et les schistes verts compactes qui raccompagnent,
au-dessus des schistes et quarzites siluriens en couches très
tourmentées. Incl. S lO^E = 73\
A Touest de la route nous avons à la base les schistes
siluriens (Incl. N 20» 0. = 50^) et au-dessus des schistes
rougeâtres avec grains de quarz appartenant au devonien.
— 225 — .
Sous réglise de Mondrepuits nous trouvons les schistes
bigarrés (verts et rouges) d*Oignies.
En sortant de Mondrepuits, et en marchant vers le nord sur
Anor, nous reconnaissons dans le fossé de la route les schistes
bigarrés rouges alternant avec des bancs de grès verts.
Après avoir traversé le chemin de fer nous rencontrons au
sud d'Anor, sur le flanc du coteau d'Anor, des carrières où
on exploite le grès blanc taunusien avec Spirifer primœvus.
Si nous résumons dans une coupe générale les diverses
assises que nous avons reconnues depuis le début de Texcur-
sion, nous trouvons d^abord jusqu'au Pas-Bayard les schistes
et quarzites siluriens plongeant en général vers le sud.
Au-dessus, le poudingue de Fépin, dans la carrière du
Pas-Bayard. .
Au-dessus, Tarkose d'flaybes, dans la carrière du Pas
Bayard et dans la carrière de Mondrepuits.
Au-dessus, les schistes dé Mondrepuits, dans le chemin de
la Trouée d'Anor.
Au-dessus, les schistes d'Oignies, sous l*ëglise de Mondre-
puits et sur la route xl'Anor.
Enfin, le grès d'Anor, gris à la base et blanc à la partie
supérieure, à Anor même.
II est à remarquer que nous n'avons pas vu dans cette
série les schistes de St-Hubert, qui forment le long de la
Meuse et à Test de ce fleuve la partie supérieure dugédinnien.
Nous quittons Anor en nous dirigeant vers le nord-est par
la route de Beauweiz.
500 m. environ avant Pusine de la Galoperie, des trous
pratiqués sur les côtés de la route pour la pose des poteaux
télégraphiques ont amené à la surface d^s fragments de grâu
wacke de Montigny.Un peu plus loin nous trouvons la même
grauwacke dans les fossés de la route.
Annales de la Société géologique du Nord. t. xit.
15
Dans la carrière de Tosine de la Galoperie, nous trouvons
une roche arénaci^e de couleur sombre que M. Gosselet
regarde comme intermédiaire entre la grauwacke de Montigny
et le grès de Vireux. Cette roche ne contient pas de fossiles.
En nous élevant dans le bois de la Galoperie. nous recon-
naissons le grès de Yireux normal. Nous le voyons également
plus loin sur le talus d& la route près du village d^Anorelles.
100 m. plus loin, nous trouvons dans les fossés de la route
les^schistes rouges de Burnot.
En continuant à suivre la frontière dans la direction nord,
nous trouvons un ancien trou de mine pratiqué pour Texploi-
tation d'un minerai de fer ôligiste appartenant à la partie
supérieure de la grauwacke de Hierges. Nous y ramassons
comme fossiles : Spirifer cultrijugatus^ Rhynchonella Orbi^
gnyana, etc.
Au moulin de Bourges, nous trouvons une carrière où Ton
exploite le calcaire de Couvin surmonté par des schistes. Les
fossiles y sont assez nombreux : Spirigera concentrica, Spiri-
fer speciosusj Rhynchonella angulosa, etc.
A 200 m. au nord de cette carrière nous reconnaissons la
base du calcaire de Givet ou la partie supérieure de TEifélien,
correspondant à la couche exploitée à Couvin pour la fabri-
cation de la chaux hydraulique.
^OO^^plus loin nous arrivons à une carrière où Ton exploite
le calcaire de Givet caractérisé par la présence de nombreux
SlrigocéphaluSy Eomphalus. etc.
En résumé, dans cette seconde partie de Texcursion, nous
avons vu la série suivante :
Les grès d'Anor, en partant d'Anor,
Le grauwacke de Honiigny ,
Le grès de Yireux à la Galoperie,
«
Les schistes de Burnot,
La grauwacke de Hierges à la carrière de fer oligistei
Le calcaire de Couvin,
— 227 —
Les schistes de Gouvin,
Le calcaire de Givet.
Toutes ces couches formaient le rivage du sud de la mer
devonienne. Elles plongent d'une manière générale vers le
nord.
En revenant sur Trélon, de Test à l^>aest, par la route de
Ghimay, nous rencontrons sur le côté nord de la route une
carrière de sable tertiaire où nous relevons la coupe suivante:
 la base^ du sable jaune,
Au-dessus, un sable remanié renfermant à sa partie
supérieure des fragments de grès à Nummulites lœvigata, *
Au-dessus, du limon mélangé de sable.
Enfin le limon pur, à la partie supérieure.
2e JOURNÉE.
Itinéraire, — Départ de Trélon. — Glageon. — Retour
à Trélon.— Château-Gaillard.— Wallers.— Mouliers.—Eppe-
Sauvage. — Trélon. — Fourmies.
Nous partons de Trélon en nous dirigeant sur l'ouest vers
Glageon. A Glageon, nous suivons la ligne du chemin de fer
vers le sud. Nous trouvons dans la tranchée, d*abord des
schistes à nodules calcaires, puis des schistes presque sans
fossiles, puis un calcaire caractérisé parle Spirifer Orbelianus.
En quittant le chemin de fer et en continuant à marcher
vers le sud, nous rencontrons, près de la voie ferrée, une
carrière où Ton exploite le calcaire frasnien comme marbre.
Au nord de cette carrière,'se trouve un calcaire à Stromato-
pores et au sud le calcaire de Glageon (Glageon fleuri), qu'on
peut ranger dans le frasnien par suite de Tabsence de Strigoce--
phales. Par endroits le calcaire présente des poches remplies
par un conglomérat, avec silex arrondis, d'origine tertiaire.
A 100 m. environ de la carrière précédente, nous trouvons
une autre carrière de marbre où Ton exploite le calcaire de
Givet, caractérisé par le Slrigocephalus Burtini et le Cyalho -
phyUum quadrigeminum .
— M8 —
En revenant vers le nord-est sur Trélon, nous rencontrons
les schistes à nodules très développés jusqu'à la gare ; les
nodules sont d'une couleur rouge-brun caractéristique.
Au-dessus de ces schistes, avant d'arriver à la station, nous
trouvons un affleurement de schistes finement feuilletés
caractérisés par Cardium palmatum ei Camarophoriatumida.
Ce sont les schistes de Matagne, de la partie supérieure du
frasnien.
En avançant environ 100 m. environ vers le nord*^ nous
arrivons à la carrière du bois de Surmont.
« Le côté sud de la carrière est constitué par un récif de
calcaire massif à Stromalactis^ dépourvu de stratification ;
au nord, on retrouve les schistes de Matagne à Cardinm
palmatum»
Donc le calcaire à Stromatactis forme un récif isolé au milieu
des schistes à Cardium palmatum. Dans ces schistes se trou-
vent des lits formés uniquement d'encrines, ce qui donne à
penser, comme Ta avancé M. Dupont, que les encrines se
développaient surtout dans le voisinage des récifs.
Si nous résumons dans une coupe générale ce que nous
avons .vu dans cette première partie de Texcursion, nous
trouvons :
A la base, le calcaire de Givet,
• le calcaire de Glageon,
le calcaire à StromatoporeSy
le calcaire à Spirifer OrbelianuSy
des schistes sans fossiles,
des schistes à nodules,
les schistes à Cardium palmatum,
le calcaire à Stromatactis formant un récif isolé,
enfin les schistes à Cardium palmatum.
Nous repartons de Trélon vers le nord-est. Dans la forêt
de Trélon nous rencontrons la carrière de Château-Gaillard
— 229 —
OÙ Ton exploite le calcaire frasnien. La coape de cette
carrière montre au sud le calcaire construit à Stromatactis.
Il est surmonté par un calcaire gris fniknien où nous
trouvons un grand nombre de fossiles :
Rhynchonella cuboUdes, Spirifer Vemeuiliy Spirigera concen-
trica^ Atrypa reticularis, Orthis striatula, Cyatophyllum
hexagonum. Alvéolites, Acervularia Goldfussii, Receptaculites
Neptuni, etc. Nous ramassons également dans ce calcaire
une grande quantité de cristaux de quarz et de calcite et
beaucoup de Stylolites.
Au-dessus du calcaire, on voit les schistes à Cardium
palmatum qui contiennent à la partie supérieure des schistes
encrinitiques.
En quittant cette carrière nous marchons vers Test le long
de FËtang de la Folie.
Nous trouvons sur la route de Wallers des blocs de grès
tertiaires transformés en quarzites par les influences atmos-
phériques. Ces grès semblent de même nature que ceux que
lious avons observés dans une précédente excursion au
sonunet du fort de Gharlemont à Givet.
Environ i 00 m. plus loin^ nous rencontrons le calcaire
frasnien à Receptaculites; enfin avant d'arriver à Wallers, des
schistes avec Atrypa reticularis, Spirifer aperturatus.
Cette dernière assise correspond à celle que M. Gosselet a
désignée sous le nom de zone des monstres et qui est bien
visible dans le bastion de Thôpital à Givet.
Nous repartons de Wallers vers l'est ; nous trouvons d'abord
le calcaire frasulen correspondant aux schistes à nodules
observés le matin dans la tranchée de Glageon.
Un peu plus loin, le calcaire devient gris, puis se trans-
forme en un calcaire rouge exploité comme marbre et carac-
térisé par l'abondance des encrines. Plus loin le calcaire
redevient gris. La présence du marbre rouge à ce niveau est
un fait exceptionnel, car en général on ne le trouve qu'à la
partie lout-à-fait supérieure du frasnien.
— 230 —
•
A la partie supérieure de la même assise, également à
Test de Wallers, nous rencontrons un gtte fossilifère, riche
surtout en polypiers; Acervularia pentagona et Davidsoniy
Cyathophyllum cœspitosumt Favosites boUmiensis; nous y
trouvons aus'si Atrypa reticularis, Spirifer Vemeuili.
En quittant ce gîte, nous nous dirigeons vers le nord, par
la route d'Eppe-Sauvage. Près de la scierie de Wallers/ nous
voyons le famennien représenté par les schistes de Senzeilles
à Rhynchonella Omaliusi^ avec Lepiodesmay Cyriia Marchi"
sonianfi, Camarophoria crenulata^ Productus membranaceust
Chonetes Hardrensis, Aviculo pecten Neptuni. Â mesure que
nous avançons vers le nord, nous voyons se développer dans
les schistes des banc3 de psammites de plus en plus nombreux.
Souvent les psammites présentent la structure dite cone-in-
cône. Les schistes deviennent violets à mesure qu'on appro-
che de leur partie supérieure ; et plongent d'une façon géné-
rale vers le nord. Incl. N. 20«.
Au-dessus du village de Moustier, nous trouvons des
schistes rouges à Rhynchonella ^Dumonti. Ce sont les schistes
de Marienbourg; nous y rencontrons Cyrtia Murchisoniana,
Productvs subacûleatusy Rhynchonella pugnus, Rhynchonella
acuminata. Ces schistes sont d'abord dirigés vers le nord
comme les précédents^ puis ils plongent au sud pour repren-
dre un peu plus loin leur direction primitive au nord.
Environ 1 kil. avant d'arriver à Eppe-Sauvage, nous ren-
controns rassise des schistes et psammites de Sains avec
Rhynchonella letiemis^ Orthis arcuata, Spirigera Roysii.
500 m. avant Eppe-Sauvage, à la rue de Starchon, au sommet
du mont, nous remarquons dans les schistes dé Sains une
grande quantité de nodules calcaires. Par places les nodules
ont disparu en laissant des vides. Ces schistes plongent au
S. et s'enfoncent par conséquent sous les* précédents qui
sont renfermés dans un petit bassin synclinal.
En revenant d'Eppe-Sauvage sur Trélon, nous voyons
dans les fossés de la route, en entrant dans la forêt, des
— 231 —
schistes Tiolets d'âge difficile à déterminer, par suite de
l'absence de fossiles. Ces schistes plongent d'abord au nord,
puis au sud.
En continuant à marcher vers le sud. nous trouYons dans
les schistes, Spirifer Yemeuili et un Productus l il est pro-
bable que ces schistes appartiennent à Tassise de Sains.
L'heure ayancée nous force d'arrêter là nos observations
et nous revenons sur Fourmies où se termine la deuxième
journée d'excursion.
Si nous reprenons la coupe générale depuis Wallers
îusqu^à Ëppe-Sauvage, nous avons d'abord :
Le calcaire frasnien gris remplacé en un point par du
calcaire rouge ;
Au-dessus, les schistes de Senzeilles à Rhynchonella Orna-
liusi ;
Au-dessus, les schistes de Marienbourg à Rhynchonella
Dumonli ;
Enfin les schistes de Sains à Rhynchonella letiensis.
3* JOURNÉE.
Itinéraire. — Départ de Fourmies. — Sains. — Semeries .
— Felleries. — Beugnies. — Sars-Poteries. — Offies. —
Dimont. — Watlignies. — Obrechies. — Maubeuge.
Nous partons de Fourmies en suivant la voie du chemin
de fer vers le nord. En cet endroit le devonien inférieur
forme une voûte, la ville de Fourmies est bâtie sur une selle
de Schistes à calcéoles.
A 300°^ de la gare de Fourmies, près de Paiguille, nous
voyons les schistes et grès rouges de Burnot inclinés vers le
nord ; plus loin commence la grauinracke de Hierges.
Dans une grande tranchée, nous remarquons au-dessus
du devonien des sables verts crétacés où nous ramassons en
assez grande abondance Peclen asper, Oslrea conica. Entre
ces sables et le devonien H. G osselet nous signale Texistence
d'un limon ante-crétacé que nous n*avons pas pu voir.
— 232 —
Plus loin, aa kilomètre 107,15, nous trouvons les schistes
à calcéoles.
' Vis-à-vis le kilomètre 106,3 sur le côté ouest du chemin
de fer on a ouvert une carrière pour Te^ploitation du
sable aachénien. C'est un sable ferrugineux à très gros grains
renfermant de petites bandes noires, qui correspondent à des
lits d'argile, avec particules charbonneuses. Les sables et
Targile présentent de nombreux exemples de stratification
fluviatile ou entrecroisée. Les fossiles manquent; oA ne
trouve comme restes organiques que du bois siliciflé. Par
places le sable contient de grandes quantités de galets qui
pourraient servir à déterminer la provenance et Tâge de ce
sable.
Au kilom. 106,2 commence le frasnien représenté par des
schistes noirs avec nodules calcaires. Nous avons donc
passé par dessus le givétien sans le voir.
Au kilom. 106 les nodules deviennent plus rares dans les
schistes noirs ; en même temps nous commençons à trouver
des Cardium palmatum.
Au kilom. 105^9 nous sommes dans la zone des schistes à
Cardium palmatum.
Au bois de Montfaux, nous quittons la voie ferrée pour
aller examiner sur le côté Est de la voie' de gros blocs de
grès dur, traversés par des tubulures. Ces grès ressemblent
beaucoup à ceux de Charlemont (Givet) et sont rapportés
par M. Gosselet à l'époque tertiaire.
En reprenant la voie ferrée, nous trouvons au kilomètre
104,7 des schistes verts à Bhynchonella Dumonti^ Chomtes
Hardrensis. Nous avons donc passé probablement au-dessus
des schistes à Rhynchonella Omalimù A mesure que nous
marchons vers le nord, nous trouvons des bancs de psam-
mites de plus en plus^nombreux intercalés dans les schistes.
Nous remarquons un grand nombre d'exemples de la structure
cone-in cône ; cette structure ne se présente qu'à la surface
— «33 —
extérieure de la roche. Toutes les couches devonieuDes que
nous. avons reconnues jusqu'à présent plongent au nord;
au pont de Sains, par soite d'un plissement, les schistes
à Rhynchonella Dumonti inclinent vers le sud. Au kilom.
102,5, les couches reprennent Tinclinaison nord.
Au kilom. 102,2, nous allons visiter contre la voie l'an-
cienne carrière de calcaire de la tranchée de Rainsars. Ce
calcaire se trouve à la limite des schistes à Bkynchonella
Dumonti et des schistes à Phynchonella leliensis; en effet,
nous ramassons comme fossiles Cyrfia Murchisoniana en
même temps que Rhynchonella letiensis. Les couches plon-
gent au sud. Incl. S 20° E = 80*.
Nous revenons sur le chemin de fer. Dans la tranchée nous
rencontrons des schistes très altérés.
A Sains, nous trouvons les schistes de Sains caractérisés
par Rhynchonella letiensis, Orthis arcuata, Spirifer Verneuili
de grande taille. Les schistes contiennent de nombreux bancs
calcaires caractéristiques de cette zone.
A la partie supérieure de Tassise, nous remarquons des
bancs de psammites intercalés .
Nous quittons la voie du chemin de fer au passage à
niveau pour nous diriger au nord vers Sars-Poteries.
À 100 mètres environ du chemin de fer, nous rencontrons
une carrière où Ton exploite le calcaire d'Etrœungt k Spirifer
distans.
Au village de Sémeries, nous retrouvons les schistes de
Sains. A mesure que nous avançons vers le nord , nous
remarquons que les couches deviennent plus aréoacées.
En continuant à marcher vers le nord, nous traversons
Felleries et Beugnies ; puis nous arrivons à Sars-Poteries.
Nous allons visiter à Tes! de ce village une carrière de cal-
caire d'Etrœungt; nous y trouvons comme fossiles ; Spirifer
distans^ Cyatophyllum^ Orihiscrenisiria^ Spirifer partitus.
Nous repartons de Sars vers le nord. An passage à niveau
nous trouvons les schistes d^Etrœungt alternant avec des
calcaires.
' Après avoir traversé le passage à niveau, nous rencontrons
des psammites, puis des schistes avec nodules calcaires. Ces
schistes plongent vers le sud. Incl. S. 20° E = 62« et leur
étendae, calculée sur le plan horizontal de la route est de
29 mètres.
H. Gosselet nous propose de calculer l'épaisseur réelle des
schistes, problème qui se présente souvent en géologie. Cette
épaisseur est évidemment uo des côtés de Tangle droit d'un
triangle rectangle dans lequel on connaît : l^rangle opposé
à ce côté (c'est retendue des couches); 2o Thypoténuse (c'est
rétendue des couches sur le plan horizontal). On a donc
d'après une formule connue :
b = a sin B
Si nous appliquons cette formule au cas particulier qui
nous occupe, nous trouvons :
b = 29™ X sin 62»
= 25°»60.
L'épaisseur réelle des schistes est donc de 25°>60.
Au nord du chemin de fer, en face la station de Sars, nous
visitons une carrière où Ton exploite le calcaire carbonifère
supérieur avec dolomie. Nous y ramassons le Productus
9ubl(Bvis. Nous n'avons pas rencontré en cet endroit le
calcaire carbonifère inférieur, parce qu'il se trouve à cette
extrémité du Bassin de la Sambre, à i*état de schistes très
décomposables qui ont en grande partie disparu.
En marchant vers Offies, nous rencontrons plusieurs
carrières, où Ton exploite des sables blancs très fins.
Une de ces carrières présente la coupe suivante à partir de
la base :
Sables blancs ;
Sables jaunes avec bancs de grès blanc très tendre ;
— 235 —
Lignites ;
LimoD.
Vers Touést, nous visitons de nouvelles carrières où l'on
«
exploite de Targile à poterie au-dessus des sables.
Cette argile noire (terre à pots) forme des dépôts peu
réguliers. Elle se trouve souvent dans des poches de sable
inférieur.
Au-dessus de Targile, il y a une couche de sable de
50 cent.; puis 1 m. de lignites pyriteux et enfin le limon.
A Dimont, nous retrouvons le Famennien représenté par
les schistes de Sains renfermant des nodules et des bancs
calcaires.
Nous y recueillons Rhynchonella letiensts, Orihis siriatulay
Retepora, Spirifer Verneuili de grande taille.
Dimont se trouve sur une voûte formée par ces schistes à
« nodules.
Sur la route d'Obrechies, en marchant vers le nord, nous
rencontrons encore les psammites de Dimont^ caractérisés
par une grande abondance de débris végétaux, puis des
schistes avec Clysiophyllum, puis une carrière de calcaire
d'Etrœungt ayec Spirifer distans, Phacops, Le calcaire.d'abord
incliné vers le sud, se relève un peu plus loin, et plonge vers
le nord.
A partir de cet endroit, oous suivons la voie ferrée vers le
nord. Au passage à niveau, nous trouvons les schistes à
nodules caractérisés par le grand Spirifer Yerneuili ; ce sont
les mêmes qu*à Dimont.
Dans la tranchée du chemin de fer, au Pain-de-sucre, nous
rencontrons des psammites plongeant vers le sud. et au-
dessous des schistes compacts avec psammites pauvres en
fossiles.
Au Pont-des-Bêtes, nous retrouvons des schistes avec
nodules calcarifères. Ces couches sont inclinées vers le sud ;
- 236 —
elles ne représentent pas les schistes à nodnles de Watti-
gnieset de Dimont, mais sont plus anciennes, elles appar-
tiennent à rassise de Choisies.
En face du Pont-des-Bêtes, nous allons reconnaître à 200 m.
à l'est du chemin de fer un affleurement de schistes etpsam-
mites de Choisies plongeant 'au sud.
Puis nous reprenons la voie ferrée; vers le nord. A 500m.
du passage à niveau, nous trouvons le grès famennien infé-
rieur (grès de Cerfontaine) incliné vers le sud.
300 m. plus loin, ces grès plongent au nord et sont recou-
verts parles schistes à nodules du Pont-des- Bêtes; nous
avons donc là un nouvel exemple de voûte.
La nuit nous oblige à interrompre nos observations ; nous
allons coucher à Maubeuge.
4« JOURNÉE
Itinéraire. — Départ de Jeumont. — Marpent. — Watis-
sart. — Cousolre. — SoIre-le-Château.
Nous commençons Texcursion en partant de Jeumont.
Près du village de Marpent, à Touest de Jeumont, nous
trouvons les schistes à nodules frasniens plongeant vers le
sud.
En marchant vers le sud^ nous rencontrons une carrière
de calcaire. Ce calcaire appartient à la partie supérieure du
frasnieu ; il ressemble beaucoup au calcaire à Strigocephales
et il est caractérisé par de nombreuses touffes de coraux.
L'ensemble des couches est incliné vers le sud. Incl. S. iO""
E = 45*.
 Touest de cette carrière, nous en visitons une seconde
présentanf les mêmes couches semblablement disposées. Nous
y trouvons le calcaire frasnien à touffes de coraux avec
Stromatopora, Cyaiophyllum^ Diapora,
Au nord de ces deux carrières, nous rencontrons une
nouvelle carrière de calcaire frasnien plongeant vers le
nord. Incl. N. SO* = 45»,
— 237 —
Nous pouvons conclure de cette position que le calcaire
frasnien forme une voûte en cet endroit (voûte de Marpent).
Au centre de la voûte se trouvent des agoaises et un calcaire
blanc à cassure esquilleuse; le givétien forme la clef de la
voûte, mais ne présente pas d'affleurements.
Vers le sud, nous trouvons au-dessus du calcaire frasnien
des schistes à Acervularia,
En revenant vers Jeumont, nous rencontrons une nouvelle
carrière de calcaire frasnien à touffes de coraux. Les couches
plongent vers le nord; elles représentent le prolongement de
la partie nord de la voûte de Marpent.
Nous repartons ensuite de Jeumont vers le sud-est et nous
arrivons à l'importante carrière de Wattissart, où nous rele-
Tons la coupe suivante :
A la base, calcaire à Cyatophyllum hexagonum.
Au-dessus, calcaire rouge à Acervularia,
Au-dessus, des schistes fins verts, et rouges.
Ce sont les schistes de Golleret, pauvres en fossiles en cet
endroit; nous y trouvons pourtant Mynchonella Dumonti; ,
nous avons passé^par-dessus l'assise à Rh. Omaliusi, ou bien
elle n'existe pas.'
Au-dessus, grès exploités pour pavés; c'est le grès de
Gerfontaine, riche en fossiles, surtout en lamellibranches
(Leptodesma, Sphenotus); nous y trouvons aussi Dictyophyllon
tnberosum. Ces grès plongent vers le sud, incl. S. = 33^
sur une longueur de 120°>, ce qui leur donne 65^ d'épaisseur
réelle.
Au-dessus on voit des schistes percés de trous provenant
de la disparition des nodules calcaires ; ce sent les mêmes
schistes que ceux que nous avons vus la veille au Pontdes-
Bêtes.
A la partie supérieure, les schistes de Choisies sont cachés
par des déblais.
Nous marchons vers le sud et nous allons étudier les car -
riëres ouvertes près de la ferme du Wattissart. Nous trouvons
T
— 238 —
d'abord des grès tendres qui sont exploités en cet endroil et
servent sons le nom de rabas pour polir le marbre, puis des
schistes psammiliques avec bancs arénacés, enfin des grès
psammitiqnes avec traces de végétaux. Ce sont les psammiies
de Dimont.
Ces couches plongent au nord et forment par conséquent
le côté sud de la partie centrale du petit bassin.
En continuant à marcher vers le sud sur Cousolre, nous
reconnaissons à la ferme de Branleux des schistes compactes
et 200 m. plus loin le grès du Wattissart.
En partant de Cousolre, nous reconnaissons dans le village
même les couches suivantes :
D'abord un calcaire blanc à cassure esquilleuse (frasnien),
caractérisé par les Diapora ; puis le calcaire noir frasnien ;
enfin les schistes frasniens supérieurs à Acervularia. .
En sortant du village vers le sud, nous rencontrons une
carrière où Ton exploite le calcaire noir frasnien à Siromato-
pora ; au-dessus viennent des schistes à nodules. Ces couches
plongent au nord. Plus au sud, nous trouvons une carrière de
calcaire noir compacte incliné vers le sud ; cette différence
d*inclinaison montre qu'il y a une voûte en cet endroit.
En continuant à marcher au sud, nous trouvons une
carrière de sable et d'argile formant une poche au milieu du
calcaire dévonien.
A partir de ce moment, nous marchons directement vers
le sud eu relevant les couches suivantes :
Au-dessus des schistes de Colleret, nous trouvons le grès
du Wattissart, beaucoup plus schisteux qu'à Wattissart. Ce
grès est disposé en couches très contournées, plongeant
alternativement vers le sud et vers le nord ;
Nous rencontrons ensuite successivement^
Les schistes de Choisies à nodules calcaires ;
Des couches très ondulées formées alternativement de
schistes avec nodules et de schistes avec psammites ;
Des schistes à nodules calcaires inclinés vers le nord ;
— 239 —
Des grès psammitiqoes avec schistes, ayant la même
inclinaison ; ils correspondent aux grès du Wattissart ;
Des schistes verts avec grès en couches égalemeut tour-
mentées, mais généralement inclinés au S.; nous y ramassons
la Rhynchonella Dumonii ; ce sont donc les schistes de
CoUeret ;
Des grès avec psammites qui correspondent aux grès du
Wattissart et correspondent à un second petit bassin ;
Des schistes avec nodules;
Des schistes avec psammites et débris végétaux ;
Des schistes avec nodules calcaires;
Des psammites formant le sud du bassin ;
Enfin les schistes de CoUeret.
Ainsi entre Cousoire et Hestrud, on constate deux plis du
f amennien et on voit que . le grès du Wattissart passe peu à
peu aux psammites et même aux schistes.
La neige qui commence à tomber en abondance nous
oblige à arrêter en cet endroit nos observations. Nous conti-
nuons notre route vers Solre-le-Château. En entrant dans ce
village, nous reconnaissons sur le talus les schistes d'Etrœungt
à Spirifer distans.
Séance du iO JuilleliSSl .
Excursion à Lezenaes et à Cysoing^.
Après avoir écarté plusieurs projets soumis à son choix
pour Texcursion qui forme sa réunion annuelle^ la Société
s'était décidée, sur la proposition de M. Gosselet, à visiter
les carrières de Lezennes et de C!y seing.
Notre connaissance des dépôts crétacés des environs de
Lille étant encore assez incomplète, ce choix se justifiait
amplement parles facilités d'observation que devaient rencon-
trer les excursionnistes, en raison des conditions actuelles
d'activité des exploitations de Lezennes.
— MO —
Grâce aux soins de MH. Gosselet et Ladrière qui ont
organisé cette excursion, grâce aussi à ramabililé parfaite
de MM. les exploitants, Tattente de la Société n^a pas été
trompée ; on a pu faire dUntéressantes observations consi-
gnées dans le compte-rendu que H. Cayeux a bien voulu
rédiger pour les Annales.
Vingt-deux personnes ont pris part à cette excursion.
Membres de la Société :
MM. Bernard. MM Gosselet.
Cayeux. Ladrière.
Crespel. Legogq.
Canu. Lepan.
Defrennes. Six.
Dransart. Smitds.
Egkmann.
Personnes étrangères à la Société :
HH. Bouillez. HH. Prévôt.
Demlsbiay • Armand Sée.
DEWATmES. Paul Sée.
Labbe. Valet.*
Marcotte.
Compte-rendu de Vexcursion de la Société géologique du Nord
par M. Cayeux.
Le programme de Texcursion portait :
Visite à l'extraction de j[)hosphate de chaux et aux
carrières souterraines de Lezennes : (craie à Micraster
cor-tesludinarium.
Visite aux carrières àf chaux hydraulique de M.Demesmay,
à Gysoiog : (Marne à Terebratulina gracilis).
— 241 —
Visite A nn pnits de Boùpghelles : (Argile de Loavil).
Visile à la sablière de Bouvines: (Limon dit sable
campifiiên).
Visite- anxmamiëres de Bouviues : Marne à Terebra-
tulina gracilis. — Limon avec poteries romaines).
Visite à la carrière de craie d^Annapes : (Craie à
Micraster cor-anguinum).
Lezennes.
Carrière de M. Bouillez.
Partie de Lille à huit heures et demie, la Société se rend
aux carrières souterraines de Lezennes. Guidés par
M. Bouillez qui s'était mis obligeamment à leur disposition
et par M. Louis Levas; conducteur des travaux^ les excursion-
nistes parcourent les galeries à la lumière de quelques
bougies, interrompant de temps en temps leur marche,
pour se livrer à Tétude des couches.
Les puits de Lezennes montrent, de haut en bas, la série
des couches suivantes :
. La pierre blanche (7>" environ) ; c'est une craie tendre,
étudiée en 1885 par M. Fockeu, à Wazemmeset dans laquelle
il a recueilli surtout le Micraster cor-testudinarium^ le Micras*
ter anguinum y étant beaucoup plus rare. Cette craie nous
a fourni peu de fossiles; nous avons constaté cependant
la présence de nombreux fragments ilnoceramus.
La pierre à bâtir, blanche à la partie supérieure^ grise à
la partie inférieure, beaucoup plus dure que la précédente.
Elle forme deux bancs épais chacun de l°*âO ; le premier
contient des noyaux gris ; il est moins estimé que le second
comme pierre à bâtir. Cette craie était autrefois l'objet dune
•exploitation très active dans le département du Nord : Lille,
Valencienhes et Cambrai Font beaucoup utill&ée pour leurs
constructions.
Annales de la Société géologique du Nord. t. xiv. ^ 6
— 242 —
Le premier tun (O'^SÛ) oa phosphate de chaux en nodales
dans de la craie glauconifère ; la craie immédiatement supé-
rieure à cette couche contient des morceaux de tun roulés,
fréquemment recouverts par des bryozoaires et par des
huîtres.. Le dépôt du tun a donc été suivi d^une émersion
pendant laquelle les agents atmosphériques ont désagrégé le
tun; puis la mer, à son retour, a fixé les nodules libres dans
ses sédiments.
A la même station, on observe une craie sableuse glauco-
nieuse inférieure an tun et épaisse de 2°>50.
Un puits, creusé dans les couches inférieures à cette craie,
mais malheureusement envahi par Peau, permet de relever
la succession des couches suivantes :
le deuxième iun (0">50) ;
craie grise sans phosphate (0»l0-0"20j ;
le troisième tun {O^bO) contenant de la pyrtte.
Toutes ces couches recouvrent la craie à silex ou craie à
cornus»
L*exploitation du phosphate de chaux du tun, avant d'être
rangée iiu nombre des grandes entreprises industrielles»
nécessite quelques recherches préalables pour établir la
richesse du tun en phosphate de chaux. M. Bouillez a bien
voulu nous communiquer les résultats des recherches qui
ont été faites dans ce but :
Les anciennes observations de M. Savoye attribuaient au
premier tun une teneur de 40 ^lo en phosphate et au deuxième
une richesse encore plus grande. Cette quantité de phosphate
de chaux n'est qu'exceptionnelle et les récentes analyses
donnent aux tuns uae teneur moyenne qui ne dépasse
guère 30 Vo. La richesse du tun est d'ailleurs très variable,
et les limites entre lesquelles les variations ont lieu peuvent
être très dista&tes, sans qu'on puisse en saisie la raison .
La Société quitte les carrières de Lezennes en faisant des
— 243 —
vœux poar le succès d'une entreprise qui intéresse et l'agri-
culture et la géologie.
Bouvines.
Harniëres de Bouvines.
Daas une carrière près de Téglise, nous observons :
Marnes à Terebratulina graciliSy
Terebratula obela,
au-dessus, limon avec poteries romaines concentrées à la
base de la couche.
m
Les marnes à Terebratulina gracilis contiennent des
bancs de craie très fendilléo et d'une épaisseur variable ;
elles sont imperméables à Teau et constituent pour cette
raison, des niveaux de sources importants. EUes sont exploi-
tées pour la préparation des agglomérés.
Cette carrière de Bouvines nous a offert un bel exemple
de faille peu oblique aux couches.
En allant à la tranchée qui nous permet d'étudier le limon,
nous observons la craie à cornus qui affleure sur le bord de
la route. Cette craie à silex déjà signalée à Lezennes, est
surmontée à Bouvines par une craie verte sableuse avec
phosphate, que M. Gosselet a pu étudier autrefois à l'empla-
cement du château de Bouvines.
Sablière de Bouvines.
La coupe montre, reposant sur la craie, deux niveaux de
limon :
Le niveau inférieur formé d'argite sableux à grains très
fins, contenant des petits fragments de craie ; c*est l'ancien
ergeron utilisé dans les fonderies.
Au-dessus, et séparé du précédent, par un lit de 0*"10 de
silex avec craie, vient un niveau de limon argileux sans
débris de craie, employé comme terre à* briques. C'est ce
limon argileux que l'on a identifié à rergeron décalcifié.
— 244 —
H. Gosselet résume très brièvement les objections qui
ont été faites à la théorie de la décalcification, en disant,
qu'nn limon sableux décalcifié ne peut devenir argileux.
M. Liadrière insiste surtout sur l'importance du lit de
silex et de craie ; ses nombreuses observations. lui ont permis
de constater qu'il existe dans les vallées seulement.
L'ergeron avait été remarqué par Meugy qui en avait fait
le sable campinien. Ce sable dit campinien a été étudié de
nouveau et rattaché avec raison au quaternaire.
La Société quitte Bouvines pour se rendre à Cysoing où un
déjeûner avait été préparé par les soins de M. Demesmay.
A la Ad du déjeuner, nous entrons en séaùce sous la pré-
sidence de M. Six^ Président.
Dans un toast plein de chaleur et d'entrain, notre Président
remercie, au nom de la Société géologique, MH. les exploi-
tants à l'extrême obligeance desquels Texcursion doit une
bonne part de son attrait. Il exprime tout spécialement à
H. Demesmay les sentiments de gratitude des membres de
la Société, pour le zèle bienveillant quUl a apporté à préparer
la partie matérielle de cette excursion et pour la gracieuse
réception qu'il a ménagée ici aux excursionnistes.
M. Gosselet lemercie HM. les exploitants représentés
parmi nous par MH. Demesmay et Bouillez du concours
journalier qu^ils apportent aux géologues de Lille. C'est à
leur collaboration que le Musée de la Faculté de Lille doit
ses belles collections des fossiles du terrain crétacé de la
région. Il manifeste l'espoir que les nombreux problèmes
que soulève encore Tétude de la craie de Lille ne tarderont
pas à disparaître, grâce à l'aide efficace des propriétaires et
fabricants des carrières de Lezennes, Cysoing et Annappes.
- 845 -
HH. Derennes et Malaquin sont élus membres
titulaires.
La séance continue par une communication de M. Gosselet
sur les fouilles de H Rigaux, à Bouvines.
H. Rigaux a fait quelques coupes dans le limon remanié
de Pépdque romaine. Très favorisé dans ses investigations»
il a rencontré des puits domestiques où avaient été Jetés
pêle-mêle un noubre considérable d'os de toutes sortes,
accompagnés d'objets gallo-romains divers et de pierres de
construction originaires soit de Mons-en-FévèlOi soit du mont
de la Trinité au nord de Tournay.
Un grand nombre des os ainsi recueillis avaient fourni des
plaquettes utilisées par l'industrie.
On ne peut se rendre compte de cette accumulation extraor-
dinaire d'ossements qu'en supposant les puits en question,
à la portée d*un marchand de bimbeloterie, se débarrassant
des objets inutilisables, en les précipitant dans ces puits.
H. Gosselet attire tout spécialement notre attention sur le
grand intérêt et l'importance de ces débris au point de vue
de la zoologie. La comparaison des ôssementS; recueillis par
H. Rigaux, avec ceux des animaux actuels pourrait, en
effet, fournir plus d'un renseignement utile, sur les modifi-
cations qui affectent les races animales dans la série des
temps.
La séance est levée après l'exposition de ees considéraUons
et l'excursion continue.
Cysoing.
Carrière de M. Demesmay.
La carrière de M. Demesmay nous montre, à la partie de
la base :
Marne bleue à Terebratulina gracilis perdant lentement sa
coloration bleue lorsqu'elle est longtemps exposée à l'air ;
— iM —
Craie marneuse à Terebratula obesa surmontée de craie
plus compacte à sa partie supérieure» renfermant de gros
silex.
La craie est creusée de poches renfermant du limon de
lavage atteignant parfois une épaisseur de 2 mëù-es.
La faune du limon est surtout caractérisée par
Yhelix hortensis très abondant^
la Lymnea minuta.
La craie de Gysoing sert à la confection de la chaux et du
ciment. Sa pureté est quelquefois très grande ; on lui ajoute
une quantité déterminée de marne bleue pour préparer le
ciment.
Derrière l'usine de H. Demesmay une tranchée est ouverte
dans le limon où Ton trouve :
!■" de limon des plateaux se divisant en prismes verticaux ;
et en-dessous ;,
un limon sableux à grains très fins, d*une coloration plus
foncée que le limon des plateaux.
Cette coupe présente quelque analogie avec celle que nous
avons relevée à Bouvines, toutefois en Tabsence complète
de preuves permettant l'homologation, il est prudent de ne
pas se prononcer.
Bourghelks.
L'ouverture d'un puits nous fournit Toccasion d^étudier
Targile deLouvil.
L'argile deLouvil est bleue, à grains très fins ; d'un aspect
qui rappelle assez bien celui des marnes bleues à terebralu-
lina graciliSf on pourrait peut-être la confondre avec ces
dernières, si les fossiles ne faisaient totalement défaut.
j
— M7 —
Annappes.
* Carrière de M. Lefèvre.
La carrière de M. Lefèvre est oa verte dans la craie à
Micraster cor-anguinum à laquelle on rattachait la craie
sapérieare de Lezennes.
Cette craie a fourni des fossiles de toate beauté et en parti-
culier des Inoceramus dont la grande taille et le parfait état
de conservation font Tadmiration des personnes qui visitent
le Musée de la Faculté des Sciences.
Cette craie désignée dans le pays sous le nom de « bonne
pierre »,. repose sur un banc, dit c banc de soie » qui a égale-
mentenricbi le Musée de Lille, de nombreux restes d'épongés.
La craie d'Annappes sert à la préparation de la chaux
grasse.
Elle est surmontée d'un tuffeati tertiaire abondant autour
de Lille.
Le contact du tertiaire et de la craie est très facile à cens-
tater; quand l'altération superficielle n'est pas trop avancée
on peut observer de nombreuses perforations à la surface de
la craie.
L'étudedela craie d'Annappes termine Pexcursion. A notre
rentrée à Lille, le dîner réunit les excursionnistes dans une
salle .du Grand-Hôtel.
Heureux de cette bonne journée, chacun s'éloigne après
avoir pris rendez-vous pour Texcursion prochaine.
— 248 —
La Société a décidé Tinsertion dans ses Annales des leçons
sur les Nappes aquifères du Nord faites à la Faculté des
Sciences de Lille par H. Gosselet, leçons auxquelles la
plupart des membres présents à Lille ont assisté.
^ U9 ^
Leçons
sur les
IVappes aquifères du IVopd de la France,
professées par M. Gosselet,
à la Faculté des Sciences de Lille en 1886-87.
m
i'« Leçon.
Messieurs,
J'ai pris cette année, pour sujet de n^on cours de Géologie
générale, les effets géogéniques de Peau, c'est à dire le rôle
que l'eau a joué pendant les temps géologiques et celui qu'elle
joue encore dans Tédification du sol et dans les modifications
des roches déjà formées.
Voici un morceau de grès provenant des fossés de la forti-
fication de Lille ; il est rempli de coquilles marines (Cyprina
planata). Nous en. concluons qu'il s'est formé au sein de la
mer.
Voilà un morceau d*argile tourbeuse retiré des fouilles de
la rue Nationale ; il est rempli de coquilles d'eau douce :
lymués, planorbes, succinés. Tout le monde le reconnaîtra
pour de la boue déposée dans un marais, où vivaient ces
mollusques.
L'eau de mer et l'eau douce ont donc contribué à la forma^
tion du sol de Lille.
Nous disons que les roches, que vous venez de voir, sont
de formation aqueuse. Au commencement de ce siècle»
lorsque Tesprit public était tout imprégné de la mythologie
antique, on qualifiait volontiers les divers agents naturels du
nom du dieu olympien qui les personnifiait. On eût dit que
l'argile de la rue Nationale était de formation nymphéenne
et le grès des fortifications de formation neptunienne ou
tritonienne.
— 250 —
Ces deux roches, argile et grës^ sont composées de parti-
cules solides, qui étaient en suspension dans l'eaif et qui
avaient été arrachées à un sol plus ancien, soit par les vagues
venant battre contre la côte, soit par la pluie ruisselant sur
le continent.
Hais Teau agit autrement que comme facteur mécanique ;
elle dissout un grand nombre de substances et peut ainsi les
transporter d'un lieu dans un autre. Si vous analysez cette
eau d'Ëmmerio, qui vous parait si limpide, vous constaterez
qu'elle renferme un grand nombre de substances : chaux,
potasse, soude, magnésie, acide carbonique, chlore, acide
suirurique, etc. II y a des eaux qui sont bien plus chargées de
matières que celle d'Ëmmerin. Quand de telles eaux s'éva-
porent, et toute eau finit par s'évaporer, les matières qu'elle
tenait en dissolution se précipitent. Voilà un arlichaud qui
parait pétrifié. On l'a mis dans une eau très chargée de
carbonate de chaux, dissout à la faveur d'un excès d'acide
carbonique. Par suite du dégagement de L'acide carbonique,
le carbonate de chaux s'est précipité et chaque feuille s'est
recouverte d'un enduit de carbonate de chaux ; on la croirait
au premier abord changée en pierre ; mais on a cassé le fond
et en retournant Tartichaud, on découvre que chaque feuille
est conservée dans son étui de calcaire.
Un très grand nombre des matières qui constituent le sol
ont passé ainsi par l'état de dissolution. C'est même ce rôle
dissolvant de l'eau qui est de beaucoup le plus intéressant et
c'est celui que nous étudierons particulièrement cette année.
Nous y trouverons Torigine des silex de la craie, du phosphate
de chaux, de la dolomie; du gypse, du sel gemme, du minerai
de fer, etc.
Le rôle de Teau ne se borne pas à l'apport de matériaux
nouveaux qui augmentent le sol ; elle est aussi un agent
puissant de modification. Lorsque les eaux de pluie ou de
source pén<^trent dans la terre, il se fait des échanges de corn-
— 25! —
•
binàison entre les substances qu'elles tiennent en dissolution
et celles qu^elies rencontrent dans les couches déjà formées.
Ainsi, comme les eaux de pluie sont chargées d'acide carbo-
nique, elles dissolvent le carbonate de chaux des coquilles
fossiles, contenues dans les couches qu'elles traversent. Dans
notre grès de la fortification de Lille, les coquilles ont disparu,
la place est vide ; on ne voit plus que les moules intérieurs
et extérieurs. V oici une boule d'oxide de fer que nous avons
trouvée dans la craie, lorsqu'on a creusé le gazomètre de
Wazemmes. C'était primitivement un nodule de pyrite
sulfure de fer). L'eau de pluie chargée d'oxygène a pénétré
à travers la craie jusqu'à la pyrite ; elle l'a oxydée et l'a
transformée en limonite.
Dans notre dernière excursion des Ardennes, nous avons
vu au Franc -Bois de Willerzie des roches à structure cris-
lalUne presque porphyroïde . Je vous ai dit que c'était pri-
mitivement des arkoses, ou grès à gros grains, et qu'elles
avaient acquis leur état actuel sous l'influence d'eau inté-
rieure surchauffée par les mouvements du sol.
On désigne sous le nom de métamorphisn^e, l^s modi-
fications éprouvées par les roches postérieurement à leur
formation. Quand le métamorphisme a une cause exté-
rieure, comme pour la pyrite, on peut l'appeler exogène ;
il sera dit endogène, quand sa cause réside dans l'intérieur
môme du sol. Dans Tun et l'autre cas, l'eau est le véhicule le
plus puissant de l'agent métamorphique.
Tels seront les principaux objets du cours de cette année.
Hais j'ai pensé qu'il serait bon de commencer par le rôle de
Teau au point de vue de l'humanité. Il est bien entendu que
je ne sortirai du cadre de cet enseignement, purement géo-
logique, que pour vous faire entrevoir l'importance du
sujet. .
Les conseils que le public demande le plus souvent aux
géologues se rapportent aux moyens de se procurer de l'eau*
^ Jîa —
Je m'adresse spécialement à de futurs professeurs, qui doi-
vent aller enseigner dans des endroits où les notions de
géologie ne sont peut-être pas très répandues et cependant
où l'on a le respect de la science. On viendra certainement
vous, demander des conseils pour creuser des puits, car dans
le Nord du moins, on ne croit plus à la baguette de cou-
drier, quelle que soit la main qui la manie. Mettez-vous à
même de donner ces conseils et suivez les travaux. Vous
pouvez, tout en faisant avancer nos- connaissances géolo-
giques» rendre de grands services aux populations.
L'homme ne peut pas^, vivre sans eau, même dans les pays
où l'on boit de la bière. Il lui en faut pour la cuisson des
aliments, pour les bestiaux, pour les lavages, pour Pin-
dustrie, pour la fabrication même de la bière. Dans nos
pays du Nord, les puits les plus importants ont été Tœuvre
des brasseurs.
L'anglais Parker a fixé de la manière suivante la quantité
d'eau nécessaire à un homme :
Cuisson des aliments 8 litres, 5
BoissoQS 1^5
Soins de propreté corporelle ... 20 •— 5
» de l'habiution. . 13 . — 5
Lessivage du linge 18 — 5
Bains 86 —
Lavage des water-closets .... 27 —
Pertes 12—5
Total. ... 180
II y a peut-être exagération sur plusieurs points. Ainsi pour
ce qui concerne notre population, on n'envoie pas d'eau
dans les water-closets, les agriculteurs s'en plaindraient ; on
est loin d'en consommer 58 litres pour les bains et les autres
soins de propreté corporelle ; mais la quantité attribuée aux
boissons est insuffisante et celle qui est employée à laver les
maisons dépasse de beaucoup le chiffre de Parker.
— 253 —
Anciennement, Phomme dépendait des sources et des
cours d'eau. Dans le Gambrésis, pays de craie où les sources
sont rares, les villages sont construits dans les vallëes; si vous
apercevez un village, ou même une vieille ferme sur le plateau,
vous pouvez être certain d'y trouver une source. Si un pays
n'a pas de sources ou de cours d'eau, c'est un désert. En
Afrique, dans le Sahara, ce sont les sources et les puits qui
déterminent la création des oasis et la marche des caravanes.
Lorsque l'éminent administrateur, que nous avons tous connu
et regretté, alla prendre la direction du gouvernement de la
Tunisie, un de ses premiers soins fut de remédier au manque
d'eau, qui rendait une grande partie du pays inhabitable. Il
fit appel à un savant hydraulicien français, qui est en même
temps un géologue expert, H. Dru, chef de Tancienne maison
Hûlot. M. Dru parcourut la Régence, le marteau à la main ; il
reconnut dans la falaise une couche d'argile qui s'enfonçait
sous le- continent et il se dit qu'elle devait déterminer la
formation d'une nappe aquifëre. Installant ses instruments
dans un endroit qu'il avait choisi, il se mit à creuser et au
bout de quelques mois, obtint de l'eau ascendante, sinon
jaillissante. Depuis lors les puits se multiplient. Si la Tunisie
devient un jour un pays peuplé, cest à lui qu'on le devra.
Les anciens Romains, pour qui les bains étaient de pre-
mière nécessité, puisque Pline, en apprenant au cap Misène
l'éruption du Vésuve, conmiença par se mettre dans le bain
avant de prendre une décision, les Romains, dis-je, avaient
besoin de beaucoup d'eau, ils détournaient les cours d'eau,
et amenaient les sources à grands frais dans leurs villes et
jusque dans leurs camps.. Les aqueducs de Rome sont assez
célèbres pour que je n'aie pas besoin de vous en parler. Plus
près de nous, la Rome des Nerviens, Bavai, avait fait venir
les eaux de la source de Flourzies, près d'Avesnes, par un
aqueduc dont on trouve des restes à St-Remy-Mal-Bâti.
— ±u —
Lors de la construction du chemin de fer de Valenciennes à
Aulnoye. on a coupé un aqueduc caché à 6 mètres de profon-
deur. H Cat, aujourd'hui professeur à l'Ecole d'Enseignement
supf^rieur d'Alger et alors simple élève au collège du Quesnoy,
a reconnu qu'il amenait Teau du Rogneau au camp de
Famars.
Rien de plus intéressant de voir les difficultés avec
lesquelles se trouve aux prises une grande ville comme
Paris pour se procurer l'eau nécessaire.
A répoque Romaine, il existait deux aqueducs, Tnn venant
de Chaillot au Palais Royal, Tautre amenant aux Termes de
Julien, Teau de la rivière de Rangis.
Lors des invasions barbares, tout fut détruit et, au Moyen-
Age, on n'avait que Teau des puits. Or, les puits étaient
alors peu nombreux, parce que beaucoup eussent exigé
une profondeur qu'on ne savait pas leur donner. Les habi-
tants de Paris allaient chercher l'eau à la Seine, sauf quel-
ques couvenls qui pouvaient se procurer de l'eau de source.
Les sources de Belleville étaient amenées à l'abbaye de
Saint-Martin-des-Champs ; celles de Montmartre H de JRo-
mainrille à la Léproserie Saint-Lazare et au couvent des
Filles-Dieu. Philippe-Auguste les fit continuer jusqu'à la
Fontaine des Innocents, à lintérieur de la ville. Beaucoup
plus tard, Louis XIII^ fit commencer l'aqueduc d'Arcueil
pour amener sur la rive gauche l'eau de la rivière Rungis.
L'eau de Seine était portée à dos d'homme dans les maisons.
Henri iV fit établir pour le service particulier du Louvre, la
pompe de la Samaritaine, au Pont-Neuf. Au IS** siècle on
construisit une pompe hydraulique au Pont Notre-Dame et
plus tard des pompes à feu à Chaillot et au Gros Caillou.
Toutefois, l'eau de Seine n'est pas une boisson parfaite-
Elle reçoit les ruisseaux qui ont traversé les terrains gypseux
et qui contiennent du sulfate de chaux, dont la vertu laxative
est bien connue. Enfin elle est l'exutoir naturel de tous les
— 255 —
égoats de Paris. Néanmoins les Parisiens l'estimaient beau-
coup. Il y a 30 ans ils n'en voulaient pas d'autre. Ce n'est pas
sans peine que les savants hygiénistes purent leur faire
accepter des eaux plus saines.
Deux problèmes étaient à résoudre : fournir de Teau pure
à Paris et lui enlever ses eaux d'égouts. Ce fut Tœuvre de
Belgrand, œuvre de génie, dont la population de Paris ne
pourrait lui être trop reconnaissante.
Pour^e procurer de l'eau, on avait eu la pensée d'avoir
recours aux nappes souterraines profondes. Les deux pre-
miers forages.de puits artésiens, ceux de Grenelle et de Passy
réussirent^ mais les autres échouèrent. D'ailleurs ces eaux
souterraines ne pouvaient pas surfire aux besoins de la capi-
tale et leur température élevée était un inconvénient. C'est
alors que Belgrand résolut de doter Paris d'eaux de sources.
Après une étude approfondie du bassin hydrographique de la
Seine, il alla chercher Jes sources de la Vanne à U k. à l'O.
de Troyes et celles de la Dhuis à Pargny. Il sépara les canaux
de distribution des eaux de sources, qui seules doivent servir
à Talimentation, de ceux des eaux de rivière, qui sont desti-
nées aux services publics et aux usages industriels. Ces eaux
de rivières comprennent non -seulement Teau de la Seine,
mais aussi celle de la Marne et celle de l'Ourcq, cette dernière
avait été dérivée précédemment pour alimenter le canal
St Denis. Quant à Teau de Seine, une puissante machine
établie au pont dlvry, en amont de la ville, l'envoie à
un réservoir construit sur les hauteurs de Villejuif, d*où
elle peut gagner par une pente naturelle les quartiers les
plus élevés de la capitale.
Restait à débarrasser la Seine d'une partie de ses impuretés.
Pour cela on construisit sur chaque rive un grand égout
collecteur. Celui de la rive gauche passe sous la Seine par
un siphon et tous deux vont se jeter dans le fleuve à Clichy.
— 256 —
D'autres collecteurs qui traversent les quartiers excentriques
de Belleville, la Yilette, la Chapelle, vont joindre la Seine à
St Denis.
Tels sont les moyens employés par Paris pour répondre
aux exigences de l'alimentation, de Tindustrie et de Thygiëne.
Toutes les villes importantes ont dû agir de même ; elles ont
dû renoncer à l'usage des puits domestiques, qui constituaient
une menace permanente d'épidémie.
Si une certaine quantité d'eau est nécessaire à la santé,
quand cette eau est contaminée, elle peut créer de sérieux
dangers. On admet que beaucoupt de maladies ont pour
origine des microbes qui vivent dans Tair et surtout dans Peau.
L'eau serait donc le principal véhicule des microbes qui
engendrent les épidémies.
Lors d'une épidémie cholérique qui sévit à Londres, on
remarqua que les quartiers pauvres, qui puisaient leur eau
en aval de la ville, dans ce qu*on a appelé le grand cloaque,
perdirent 13 0/0 de leurs habitants; tandis que dans les
quartiers qui étaient situés en amont, la mortalité ne fut que
de 4 0/0. Dans Broad Street, tous ceux qui ûreui usage de
l'eau d'un certain puits eurent le choléra, tandis que les
voisins qui s'en abstenaient furent indemmes. Des passants
qui burent au même puits, tombèrent aussi malades. On
reconnut plus tard que ce puits néfaste recevait les infiltrations
d*un égout.
II y a quelques mois, un savant dont le nom est cher à
l'Université, allait passer ses vacances à Pierrefonds a?ec
toute sa famille ,' bientôt la fièvre typhoïde se déclare dans la
maison. 11 eut la douleur de perdre ses trois jeunes filles et
sa domestique mourut aussi . Cependant la maladie ne régnait
pas dans le pays. On apprit plus tard que les personnes qui
avaient précédemment habité la maison et qui avaient bu de
Teau du puits avaient aussi été malades.
— 257 -
Lors de TépidéiDie typhoïde qui sévit à Lille cq 1882, le
médecin dés épidémies, le D' Pilât, qui a renda tant de
service à Thygiëne dans le Nord, a constaté que tous les
habitants de la cour Meurisse, rue d'Ësquermes, furent
malades à l'exception de quelques familles. Or les puits de la
cour recevaient les infiltrations de faux puits voisins et les
familles qui furent épargnées allaient chercher Peau ailleurs.
Le savant Doyen de notre Faculté de médecine me disait, ily a
quelques jours, qu'il existe à Lille une rue où la fièvre typhoï-
de est en quelque sorte endémique. Cette rue n^a pas de
distribution d*eau et il est probable que les puits nourrissent
le microbe de la maladie.
H. le D>r Dransart, médecin à Pont-de-la-Deûle, a constaté
que la mortalité par la phthisie pulmonaire est plus considé-
rable dans toutes les localités des environs qui s'abreuvent de
l'eau des puits, que dans celles qui s'alimentent à Teau de
source.
Vous voyez, Messieurs, combien il est nécessaire pour
vous, qui, par votre position et votre science, ^erez appelés à
éclairer les populations, de pouvoir raisonner sur les eaux
alimentaires (*) et par conséquent de connaître les conditions
d'une nappe aquifëre.
2« Leçon.
Nappes aquifères, — Nappes aquifères superficielles.
Une nappe aquifëre est une couche solide, perméable, qui
contient de Peau dans ses interstices.
(1) On trouvera de nombreux doeuments au sujet de l'imporlance de
reau pour l'hygiène dans le TraUé d'Hygiéneùe M. Arnould, Professeur
à laFacuUô de Médecine de Lille.
Annales de la Société géologique du Nord. r. xv. 17
— 258 —
Dans une nappe aqaifëre, il faut considérer la perméabilité
de la couche aquifëre, le fond de la nappe ou la couche
imperméable qui retient Teau et l'origine de Teau.
Il y a deux grandes catégories de roches perméables : La
première comprend les sables et les autres roches meubles,
où Peau est interposée entre les grains ; elle y est en quan-
tité d'autant plus grande que ces grains sont plus gros, plus
irréguliers et laissent entre eux de plus grands intervalles.
La seconde catégorie des couches perméables est formée
de roches compactes, peu perméables par elles-mêmes, mais
présentant des fentes ou des cavités, dans lesquelles Teau
circule facilement; tels sont beaucoup de calcaires.
On pourrait considérer une troisième catégorie, intermé-
diaire entre les précédentes^ pour les roches compactes, qui
sont fendillées de toutes parts et réduites en petits fragments
irréguliers ; Teau y circule aussi avec une grande facilité.
L'eau n'est pas en repos dans la couche aquifère ; elle tend
toujours à obéir à la pesanteur, c'est-à-dire à s'enfoncer dans
la couche perméable, jusqu'à ce qu'elle rencontre une couche
imperméable et à descendre suivant la pente de la nappe
aquifère, qni n'est jamais une surface horizontale.
Mais dans les nappes aquifères et en particulier dans les
nappes aquifères de la première catégorie, la pesanteur est
combattue par la capillarité. Cette force retient lé liquide par
suite de son adhésion pour le solidOi qu'il imbibe et qu'il
mouille ; elle le fait même monter à un niveau supérieur à
son niveau normal. Il en résulte que le mouvement du
liquide dans la nappe aquifère est d'autant plus retardé, que
les interstices sont plus petits et que l'action capillaire a plus
de force.
Ces interstices peuvent être comparés à de petits tuyaux.
Plus ils seront exigus, plus Teau y circulera lentement, plus
elle éprouvera ce que les hydrauliciens appellent une perte
-^ 259 —
de charge. Linfluence de la section des. tuyaux sur la perte
de charge est très considérable. Si on suppose des tuyaux
dont les sections soient respectivement comme
16 4 i .
leur débit est comme
16 2,S8 0,52
Cette résistance se reproduit à chaque mouvement du
liquide^ par conséquent, la perte de charge est d'autant plus
grande qu'il y a plus loin de Torigine de la nappe au lieu
d'écoulement.
On a calculé que les eaux du puits artésien d'Âerschoit,
qui viennent de Louvain» mettent 366 ans pour faire ce
trajet. On boirait^ maintenant à Âerschott l'eau tombée
comme pluie du temps de Charles-Quint. (^).
Mon savant collègue Boussinesq a étudié ces questions
avec beaucoup de sens et je renvoie à ses travaux ceux d'en-
tre vous qui s'y intéressent.
L'eau ne s'accumule pas indéfiniment dans la couche
perméable. Quand celle-ci vient à être coupée par une
vallée, l'eau s'écoule dans la vallée. Si la nappe aquifëre est
à une petite profondeur, l'eau s'en dégage par évaporation
et il se fait un appel constant du liquide qui imbibe les
parties profondes vers les parties superficielles desséchées.
Le fond de la nappe aquifëre est formée par une cou-
che imperméable. Hais il n'y a pas à proprement parler de
couche imperméable ; toutes les roches, même les plus, com-
pactes, contiennent de l'eau d'imbibition ; elles peuvent donc
se laisser pénétrer par l'eau. Il est bien peu de couches qui
(1) Gogéls et 0. van Erlhborn : Société malacologique de Belgique
XXI, Bull. p. 20.
- 260 —
ne préseDlent sur une certaine étendue des joints, des fentes,
des cavités qui sont autant de faites pour la nappe aquifëre.
Cependant comme ces accidents sont locaux et qae la perméabi-
lité de certaines Substances comme l'argile et le marbre, est
très faible, on doit dans la pratique admettre Texistence de
couches imperméables, qui retiennent Peau de la nappe
aquifère et Tempèchent de descendre.
L^eau contenue dans une nappe aquifëre vient presqu'en-
tiërement de la pluie, soit qu^elle ait pénétré immédiatement
dans la terre, soit qu'elle ait roulé quelque temps à U surface,
à rétat d'eau sauvage ou de cours d^eau permanent.
Lorsque Teau pénètre dans le sol, il se tait entre eux
des échanges d'éléments, qui donnent naissance à des combi-
naisons nouvelles.
L'oxygène qui est en dissolution dans Teau de pluie et qui
y est même souvent à l'état d'ozûne ajoute son action à celle
de Pair qui pénètre dans les couches superficielles, pour
oxyder les matières organiques en décomposition et pour
entretenir la vie des microbes qui y pullulent. L'eau a même
sous ce rapport une action supérieure à celle de l'air, parce
qu'elle pénètre à une plus grande profondeur.
Les produits de cette oxydation des composés organiques
sont outre de nouveaux corps ternaires dont la liste serait trop
longue, de l'acide carbonique, de l'ammoniaque et de l'acide
azotique. Ce dernier corps se produit surtout lorsque le sol
est très perméable et que la matière organique y est abon-
dante comme dans certains cimetières.
L*acide carbonique, que contiennent aussi les eaux atmos*
phériques, dissout le carbonate de chaux, en le transformant
en bicarbonate ; il se combine avec l'ammoniaque qui est le
résultat de l'altération des composés organiques.
Enfin il faut encore ciier l'acide azotique, qui se trouve dans
les pluies d'orage et qui, dansée sol, produit des azotates ou
agit comme corps oxydant.
— 861 —
D'uQ autre côté, Teau emprunte au sol toutes les substances
solttbles qu'il contient, sels de potasse, de soude, d'ammo-
niaque, de fer, qui s'y forment sous Tinfluence des agents
précités ; «lie entraîne en suspension toutes les particules
légères et microscopiques, tels que les mi< robes, les germes
d'infusoirs et les nieniis débris provenant de la désorganition.
Or, les couches superficielles du sol, que traversent 1* eau de
plaie sont le réceptacle de tout ce qui est impropre à la vie,
cadavres, excréments, urine, terreau, etc. L'homme y jette
tous ses rebuts^ ses fumiers, ses immondices. C'est surtout
aux environs des usines et des grandes agglomérations que
la couche superficielle est souillée des produits de décom-
positions organiques pi que l'eau qui la traverse devient
impure. A Peau de pluie se joignent alors les eaux d'égout,
les eaux vannes , les eaux industrielles, qui vont ainsi alimenter
la nappe aquifère (^).
Si Veàu entraine en traversant le sol des substances étran-
gères qui Taltèrent, elle y trouve d'autre part un filtre qui la
débarrasse de ces mêmes substances et peut lui rendre en
grande partie sa pureté primitive.
Il y a donc deux actions opposées : altération de l'eau par
les impuretés que peut contenir le sol ; filtrage de cette même
eau en parcourant la couche perméable. Suivant que Tune
ou Tautre de ces deux actions prédomine, la nappe aquifère
est souillée ou fournit une eau hygiénique. Il arrive très sou-
vent que Teau se chargeant de matières étrangères dans les
couches superficielles, les abandonne dans les' couchés' plus
profondes. Mais si Teau se bornait à ce transport, le filtre
finirait par se salir et deviendrait lui-même une cause d*im-
pureté.
Mais on a vu que l'eau a une action chimique toute parti-
Ci) M. le D' Carton, aide-major en Tunisie, a fait un tableau aussi
véridique qu« lamentable de Tëtat d'empoisonnement des puits de la
ville de UUe : Les eaux de boisson à Lille, 1883.
— 262 —
culiëre, elle transporte de Toxygène qui brûle et qui détruit
tous les composés organiques, de sorte qu'elle nettoyé elle-
même son filtre à mesure qu'elle le salit,
Nous nommerons nappe aquifëre superficielleAne nappe
située à une faible profondeur et qui n^est pas préservée par
une couverture imperméable, contre là venue des eaux exté-
rieures. Une telle nappe prise dans un point déterminé est
alimentée par les pluies qui tombent dans la localité, par les
rivières qui y circulent et par les résidus que Thomme y verse.
La filtration est presque toujours incomplète. Cependant c^est
dans ces nappes superficielles que puisent beaucoup de puits
domestiques. Ce n'est pas grave dans la campagne, parce
que les causes de pollution y sont peu nombreuses; mais dans
une ville, de telles eaux sont impropres à Talimentation.
Une nappe aquifère qui est superficielle sur une certaine
étendue peut devenir profonde plus loin. Ainsi à St Maurice
près de Lille, les puits trouvent, à la base des sables verts
landeniens, une nappe aquifère qui est retenue dans ces
sables par Targile de Louvil. Or toutes les couches tertiaires
plongent vers le nord sous la Flandre ; la nappe aquifère des
sables landeniens qui était superficielle à St Maurice devient
donc profonde et même très profonde. On l'atteint à Ârmen •
tiëres à 25 mètres et à Hazebrouck à 100 mètres.
Dans rétude des nappes aquifères superficielles, on doit
distinguer celles qui sont dans les vallées et celles qui sont
sous les plaines ou sous les plateaux.
Le sol des vallées est généralement formé de cailloux roulés
de sable et de limon sableux apportés par la rivière à l'époque
quaternaire ou à l'époque actuelle. C'est un sol essentielle-
ment perméable, de telle sorte que les puits qu'on y creuse
sont en relation avec la rivière. L'eau y monte et y descend
selon qu'elle monte ou descend dans le cours d'eau.
Le liquide se tient en général à un niveau plus élevé dans
le terrain qui entoure la rivière que dans la rivière même.
•. 263 —
Il y est porté par Peffet de la capillarité et deTimbibition. Une
rivière, loin d'éire un drainage naturel qui assèche un
terrain, est au contraire une cause d'inondation. C'est un
point important à méditer dans un pays comme le nôtre, qui
est sillonné de canaux, dont on tend toujours à exhausser le
niveau.
L'eau d'imbibition monte dans les terrains qui avoisinent
le canal plus haut que le niveau du canal ou tout au moins
plus haut que celui des contrefossés, quand ils existent. Il en
résulte que plus on élève les eaux du canal, plus on rend
humide le terrain voisin. C'est une circonstance nuisible en
tout temps pour la culture, mais qui devient très préjudiciable
au moment des fortes pluies estivales. Dans les conditions
normales, la pluie en tombant sur un terrain sec y pénètre et
le fertilise ; mais si ce terrain est déjà imprégné d'eau jusque
près de là surface. Veau de pluie ne peut plus s'y loger ; elle
séjourne à l'extérieur et produit une inondation.
Il est cependant quelques cas, ou Teau est plus basse dans
les puils de la vallée que dans la rivière, c'est lorsqu'il y a
évaporation active, ou aspiration d'eau pour les besoins de
rindustrie, ou perte d'eau dans une couche perméable'
voisine. Il peut alors se faire que Teau de la rivière n'arrive
pas assez vite pour combler le vide, car la propagation de
Teau daus les couches perméables de la vallée, quoique rela-
tivement facile est cependant encore assez lente. On a estimé
que la vitesse de Teau souterraine dans le diluvium de l'Elbe,
est de 2 à 3 mètres en 24 heures. C'est celte lenteur de pro-
gression qui explique pourquoi les bords d'une rivière ne
sont pas toujours inondés, l'évaporation suffisant, surtout
en été, pour faire disparaîtra l'eau de la couche superficielle
àlnesure qu'elle y arrive.
Ainsi toute rivière est enveloppée d'un grand cours d'eau
souterrain, dont le niveau est plus élevé et dont la marche
est incomparablement plus lente. Leurs températures peuvent
- 264 —
être différentes. A Dresde; le fleuve souterrain est à la tem-
pérature constante de 7*, tandis que l'Elbe est à IS"" en été et
à 0® en hiver.
L'existence de cette nappe souterraine en rapport avec la
rivière, explique bien des cas d'hygiène. On a remarqué que
le développement d'une épidémie, telle que le choléra, coïn-
cide souvent avec une crue. L'inondation souterraine vient
humecter les nombreux détritus organiques dont est imprégné
la couche superficielle du sol. Lorsque Teau descend, elle
laisse derrière elle de l'humidité, il y a de plus appel d'air et
développement du microbe. C'est à une cause semblable qu'il
faudrait attribuer les périodes de recrudescence du choléra
dans rinde.
D'autres faits très intéressants et qui semblent en rapport
avec la géologie ont été observés dans la propagation des épi-
démies cholériques en Europe. Les terrains primaires comme
les Ardennes sont indemmes ; le choléra ne s'y propage pas ;
ils servent même de barrière pour d'autres contrées. Ainsi
les diverses épidémies cholériques, venues du midi se sont
arrêtées au pied des Cévennes et du Forez. A Lyon il y a eu
peu de mortalité et un quartier a été tout à fait favorisé ; il
est construit sur le granité. Les Vosges ont empêché la pro-
pagation du choléra en Alsace. C'est bien moins à la nature
géologique du sol, qu'aux conditions géographiques et hydro-
graphiques, qu'il faut attribuer ce privilège des. contrées
primaires. La preuve c'est que la ville de Versailles parait
aussi favorisée, quoiqu'elle soit située en plein terrain tertiaire.
On admet que l'eau est, après l'homme, le principal agent
de propagation du choléra et que souvent la maladie suit les
cours d'eau ; mais c'est moins l'eau visible qui agit que^ la
grande rivière souterraine dans laquelle les puits s'alimentent.
On comprend que le choléra puisse se propager rapidement
en descendant la vallée et qu'il puisse aussi la remonter,
puisque l'eau d'imbibition peut remonter là pente sous
^ 265 —
rinflaence d^une évaporation plas grande en amont. Néan-
moins^ la propagation vers l'amont est toujours plus lente et
plus difficile. Versailles doit sa situation privilégiée à ce qu'elle
est près des sources, fortement en amont des localités conta-
minées.
. Les terrains primaires sont aussi en amont des cours d'eau.
Leur position suffirait donc pour leur donner un avantage,
s'ils n'en tiraient encore deux autres de la multiplicité des
sources qui permettent aux populations de ne pas être tribu-
taires de la rivière, et de la localisation des diverses nappes
aquifères, fait dont il ^era question plus tard. Ces conditions
se retrouvent en partie sur tous les sols imperméables. Aussi
a-t-on remarqué que dans le bassin de Paris» les localités
construites sur des couches imperméables comme le lias, le
crétacé inférieur, les argiles à meulières étaient moins
maltraitées que celles qui sont bâties sur des calcaires ou sur
des sables.
Quant à la siruation privilégiée de certains quartiers de
Lyon construits sur le granité, elle peut s'expliquer par le Tait
que deux nappes aquifères superficielles peuvent être très
voisines et cependant ne pas communiquer.
J'ai été consulté tout récemment par un de mes amis, qui
désirait construire un bon puits domestique près de sa maison.
Il en avait fait un (fig. i, I.) qui lui donnait de l'eau de mau-
vaise qualité, provenant du gravier de la rivière et recevant
les eaux d'infiltration de la fosse à fumier. Il avait alors
creusé un second puits (fig. 1, II) à iO mètres au S. et n'avait
pas trouvé d'eau. Je Tai engagé à se reporter encore 5 m
plus loin, persuadé que l'argile qu'il avait rencontrée dans le
second puits devait former un bsrrrage entre la nappe aquifëre
de la rivière et la nappe aquifère de tous les puits environ-
nants, située à la base du limon diluvien : Il le fit (fig. 1, III)
et eut de l'eau de bonne qualité.
- 264 —
être différentes. A Dresde; le fleure souterrain est à la tem-
pérature constante de 7"", tandis que TËIbe est à IS"" en été et
à Qo en hiver.
L'existence de cette nappe souterraine en rapport avec la
rivière, explique bien des cas d^h;giëne. On a remarqué que
le développement d'une épidémie, telle que le choléra, coïn-
cide souvent avec une crue. L'inondation souterraine vient
humecter les nombreux détritus organiques dont est imprégné
la couche superficielle du sol. Lorsque Teau descend, elle
laisse derrière elle de l'humidité, il y a de plus appel d'air et
développement du microbe. C'est à une cause semblable qu'il
faudrait attribuer les périodes de recrudescence du choléra
dans rinde.
D'autres faits très intéressants et qui semblent en rapport
avec la géologie ont été observés dans la propagation des épi-
démies cholériques en Europe. Les terrains primaires comme
les Ardennes sont indemmes ; le choléra ne s'y propage pas ;
ils servent même de barrière pour d'autres contrées. Ainsi
les diverses épidémies cholériques, venues du midi se sont
arrêtées au pied des Cévennes et du Forez. A Lyon il y a eu
peu de mortalité et un quartier a été tout à fait favorisé ; il
est construit sur le granité. Les Vosges ont empêché la pro-
pagation du choléra en Alsace. C'est bien moins à la nature
géologique du sol, qu'aux conditions géographiques et hydro-
graphiques, qu'il faut attribuer ce privilège des. contrées
primaires. La preuve c'est que la ville de Versailles parait
aussi favorisée, quoiqu'elle soit située en plein terrain tertiaire.
On admet que Teau est, après l'homme, le principal agent
de propagation du choléra et que souvent la maladie suit les
cours d'eau ; mais c'est moins l'eau visible qui agit que la
grande rivière souterraine dans laquelle les puits s'alimentent.
On comprend que le choléra puisse se propager rapidement
en descendant la vallée et qu'il puisse aussi la remonter,
puisque l'eau d'imbibition peut remonter là pente sous
^ 265 —
rinflaence d^une évaporation plus grande en amont. Néan-
moins^ la propagation vers l*amont est toujours plus lente et
plus difficile. Versailles doit sa situation privilégiée à ce qu'elle
est près des sources, fortement en amont des localités conta-
minées.
. Les terrains primaires sont aussi en amont des cours d'eau.
Leur position suffirait donc pour leur donner un avantage,
s'ils n'en tiraient encore deux autres de la multiplicité des
sources qui permettent aux populations de ne pas être tribu-
taires de la rivière, et de la localisation des diverses nappes
aquifères, fait dont il ^era question plus tard. Ces conditions
se retrouvent en partie sur tous les sols imperméables. Aussi
a-t-on remarqué que dans.le bassin de Paris, les localités
construites sur des couches imperméables comme le lias, le
crétacé inférieur, les argiles à meulières étaient moins
maltraitées que celles qui sont bâties sur des calcaires ou sur
des sables.
Quant à la situation privilégiée de certains quartiers de
Lyon construits sur le granité, elle peut s'expliquer par le Tait
que deux nappes aquifères superficielles peuvent être très
voisines et cependant ne pas communiquer.
J'ai été consulté tout récemment par un de mes amis, qui
désirait construire un bon puits domestique près de sa maison.
Il en avait fait un (fig. i, I.) qui lui donnait de l'eau de mau-
vaise qualité, provenant du gravier de la rivière et recevant
les eaux d'infiltration de la fosse à fumier. Il avait alors
creusé un second puits (fîg. 1, II) à iO mètres au S. et n'avait
pas trouvé d'eau. Je Tai engagé à se reporter encore 5 m
plus loin, persuadé que Targile qu'il avait rencontrée dans le
second puits devait former un barrage entre la nappe aquifère
de la rivière et la nappe aquifère de tous les puits environ-
nants, située à la base du limon diluvien : Il le fit (fig. l, III)
et eat de l'eau de bonne qualité.
— 266 —
a Gra?ier de la rîYière.
b Limon de la rivière.
c Gravier quaternaire.
d Limon quaternaire.
A Argile Imperméable du terraiq crétacé.
Il y a encore bien d'autres sujets de considérations hygiéni-
ques que suscite Tétude de la nappe aquifères des vallées et
que vous aurez à examiner tous les jours, si vous vous occu-
pez de ces questions.
Je connais une maison située dans une ville, à 5ft mètres
de la rivière. Le puits est contre la maison ; il prend son eau
dans la nappe d'infiltration de la rivière. Entre la maison et
'a rivière sont les lieux d'aisance qu'on ne vide qu'au bout
de 10 à 20 ans. Il y a des fuites et le liquide va dans la nappe
aquifère. Je n'ai jamais pu faire comprendre au propriétaire
de la maison, que tout ce liquide ne se rend pas à la rivière et
qu'une partie poussée par l'imbibition se mélange à l'eau de
son puits.
Conibien ne voit-on pas de cimetières établis dans la plaine
même où se trouve la ville et en amont de celle-ci. Mais on
a eu bien soin de le mettre à l'est, pour que le vent d'ouest
ne pousse pas les miasmes sur la ville. Les hygiénistes méri-
taient encere il y a quelques années les reproches que Davy,
je crois, faisait aux chimistes de Técole de La.voisier : t Us
sont comme des ivrognes^ l'eau ne compte pas pour eux. »
Sur les plateaux la nappe aquifère superficielle est exposée
à des causes d'infection moins nombreuses La pente gén<^rale
la dirige vers les vallées et souvent il s'établit plusieurs cou-
- 267 -
nots sonterraios, on même il y a des nappes aqaifëres sépa-
rées, qui ne peurent pas se gâter Tane l'antre.
Cependant il y a aussi des causes de pollniion et il fant
ciier en première liefbe les agglomérations bamaines. Les
eaiu ménagères s'infiltrent à travers les pavés ; les eaux de
plaie en font antaot, après avoir lavé les immondices et
entraîné les nrines ; sonvent les fosses d'aisance sont ma!
closes, les égoiits mal jointoyés on même débouchent snr le
sol. Toutes les eaux pénétrent dans k nappe aquifère snper-
flcielle. Aussi les pails des grandes villes et môme des petites
villes sont toujoars mauvais, à moins qu'ils ne soient pro-
fonds et protégés contre la nappe superficielle.
Ces inconvénients sont plus graves encore lorsque celte
nappe superficielle n'a 'qu'un faible bassin d'alimentation ;
lorsque la ville par exemple est snr le sommet d'une colline
isolée, dont la nappe aqnifère ne peut s'atimeater que par
l'eau tombée sur la ville ov par cfiWe qu'y versent les babi-
lanls. C'est le cas de Cassel et de Laon.
Fig. 2.
Coupe de la colline de Cassai
Sable de Diesl. c. Sables du parisien.
Ai^le de la gendarmerie, d' Aigiie de l'ypresieD.
— 268 -T
•
A Cassel, jffig. 2) le sommet delà colline qui porte la ville est
formé d'une couche épaisse de sables ferrugineux a appar-r
tenant à rassise de Diest.(Toir Esquisse Géologique du nord
de la France p. 338). Sous eux, il y a une couche d*argile 6
(Id. p. 325) généralement désignée sous le nom d*argile de
la gendarmerie, parce qu'elle affleure derrière la caserne de
gendarmerie. ïllle retient Teau qui filtre à traters les sables ;
elle forme ainsi une nappe aquifère qui donne naissance à
plusieurs sources et qui fournit tous les puits de la ville. Hais
cette nappe aquifère ne peut s'alimenter que par les eaux de
pluie qui tombent sur la ville et qui en traversent les rues.
Gela n'a pas grand inconvénient, car à Gassel il pleut beau-
coup et Ton ne boit que de la bière.
Fig. 3.
Laob
Coupe du sûtnmei de la montagne de Laon.
a. Calcaire grossier. . c. Argite.
b. Calcaire grossier sableux. d. Sables du Soissoaaais.
Il n'en est pas de môme à Laon. La ville est construite sur
le calcaire grossier dont la base est sableuse ; ce sont donc
des couches très perméables. Elles reposent sur un banc épais
d'argile, qui représente le panisélien du nord et qui forme le
fond de la nappe aquifère. Il y a plusieurs sources et quelques
abreuvoirs en contact du calcaire sableux et de l'argile. G'esl
le niveau de tous les puits de la ville. A Laon, comme à GasseL
les puits ne, sont donc alimentés que par les eaux qui ont
- 269 -
traversé le sol de la Tille ; mais les causes de pollution sont
bien plus nombreuses à L'aon qu'à Cassai ; aussi la muni^
cipalilé a-t-elle agi très sagement, en établissant une distri-
bution qui prend ses eaux dans la plaine.
Pendant longtemps le patriotisme des Laonnais protestait
contre Tidée qu*ils buvaient toujours la même eau. Us pré-
tendaient que i'eau de leurs puits et de leurs fontaines était
excellente, bien meilleure que celle de la plaine, qu'elle avait
même un goût de fraîcheur tout particulière. (Elle le devait
aux azotates). Il s'est trouvé un savant, auteur de travaux
estimables, qui dit, et môme qui écrivit, qu'une eau d'une
qualité si exceptionnelle devait évidemment venir de rArdanne*
Pour expliquer sa présence au sommet de la montagne de
Laon, il supposa qu^elle venait par un siphon 1 1
Est-il besoin d'ajouter que les nappes superficielles des
plateaux peuvent être polluées par les établissements indus-
triels, par les cimetières, par les dépotoirs, etc.
3« LEÇON. •
Nappes aquifères profondes.
Une nappe aquifère peut être dite profonde, si elle ne
reçoit les eaux de la surface, qu^âprës qu'elles ont passé à
travers un hltre assez épais et assez actif, pour les dépouiller
de toutes les impuretés qu'elles contenaient lors de leur péné-
tration dans le sol.
La définition n'est pas très rigoureuse, mais il n'y en a
pas d'autre possible.
Une nappe profonde se trouve toujours à une certaine pro-
fondeur ; cependant cette profondeur peut ne pas être très
grande, lorsque la nappe est préservée dis infiltrations su][>er-
ficielles par une couche supérieure imperméable»
Ainsi & Seclin, il y a sous le limon ou argile à briqnes un
peu de sable, pais à 5 mètres aa« cooche d'argile plastique
(argile de Louvil), qui retient l'eau et qui forme le fond de la
nappe aqnifère superficielle ; sous l'argile ou rencontre ane
épaisse couche de craie, qui contient à la base une seconde
Fig. *.
Coupe des environs de Seclin.
. a. Limon sableux à la base.
- b. Argile de Louvil.
c. Craie, .
nappe aqnifère. Celle-ci est une nappe profonde séparée des
eaux sauvages de la surface par l'argile imperméable.
Dans la plus grande partie du Gambrésis, Targile supérieure
manque et la première nappe aquifëre que l'on rencontre esl
celle de la craie ; mais elle est à 30 mètres de profondeur, les
eaux qui ont filtré à travers 30 mètres de craie sont complè-
tement épurées. 11 n'est mSme pas besoin d'un filtre aussi
serré que la craie ; on peut considérer comme nappe profonde
une nappe située sous 10 mètres de limon, comme cela a lien
dans beaucoup de localités da département du Nord.
— -271 —
On a vu qu'une nappe profonde devient superficielle dans
les vallées d'érosion^ ou lorsque les couches se relèvent et se
rapprochent de la surface. G*est même principalement dans
celte condition, et dans les parties où elle devient superficielle,
qu^une nappe profonde s'ajimente, en recevant les eaux plu-
viales et les eaux sauvages. Elle n'en est pas moins profonde
plus loin ; la filtration se fait dans le parcours horizontali au
lieu de s'opérer uniquement dans tine direction verticale.
C'est évidemment , aux nappes profondes, que l'on doit
demander les eaux d'alimentation.
La plupart des puits de Lille s'alimentent dans une nappe
aquifère profonde, préservée par une couche imperméable.
Si on fait un puits dans le quartier de Wazemmes, par
exemple, on traverse l à 3 mètres de limon ; puis IS mètres
de craie assez compacte et qui cependant contient vers le bas
une nappe aquifère; mais généralement on ne s'arrête pas là.
A 14 ou 15 mètres de profondeur, on rencontre une couche
de craie dure et solide avec nodules de phosphate de chaux ;
c'est le tun. Immédiatement en-dessous, on trouve une couche
aquiftre très riche qui est préservée par le tun contre les
infiltrations superficielles,
Comme le sol est formé de couches successives, les unes
perméables, les autres imperméables, il en résulte qu'il y a
généralement dans un lieu plusieurs nappes aquifères, super-
posées.
Ainsi à la Madeleine, chez H. E. Delsalle, on trouva à 5 m.
de profondeur, une nappe aquifère située dans les sables
boulants et retenue par un banc d'argile qui parait dépendre
de Targile d'Orchies (voir Esquisse Géologique du Nord de
la Franôe, p.308). Une seconde nappe se rencontre à 17 mètres
plus bas dans le sable d'Ostricourt, elle y a pour fond un banc
argileux, situé au milieu de ces sables. A 5 mètres- plus bas
on trouva une troisième nappe retenue à la base de la môme
assise sableuse par l'argile de Louvil.
* - 272 —
A Marquette chez M. J. Scrive, un sondage a rencontré
dans les sableil les deux nappes correspondantes à la 2« et la
3* de la Madeleine ; puis à 60 mètres de profondeur dans la
craie» on a trouvé une nappe retenue Qar le tun ; si on eût
continué le perforage, on eût probablement rencontré une
quatrième nappe située entre le premier lun et une seconde
couche de même nature ; c^est la nappe des puits de Lille.
Puis une cinquième nappe sous le i* tun dans les marlettes
et enfin une sixième nappe dans le calcaire carbonifère.
L'existence de ces nappes aquifères superposées est sourent
une cause d'étonnement pour les personnes qui ne sont pas
au courant de la structure géologique du sol.
Lorsque je m'occupai de la géologie de Cambrai, f allai
trouver le Commandant de la place pour avoir l'autorisation
de visiter une ancienne carrière de sable située dans la cita-
delle. Dans la conversation, il me dit : Pourriez-vous m'expSi-
quer un fait extraordinaire qui se paisse dans nos puits. Nous
en avons deux près Tun de Taulre : l'un a 42 mètres ; il tarit
dès qu'il fait sec, Tautre n'a que 14 mètres et il y a toujours
de l'eau. •
Colonel, lui répondis-je. c'est bien simple* Votre puits de
42 mètres va dans la craie ; il tarit parce qu'il n'est pas assez
profond ; il n'atteint pas la bonne source qui est environ à
50 mètres de profondeur. Quant au second puits^ Téau y est
retenue par une couche d*argile située entre le sableetla craie.
Cette nappe est alimentée par la pluie qui tombe «ur la cita-
delle. Le sable que je vais aller visiter, fait l'office, d'une vaste
citerne.
Près de cette même ville de Cambrai, un propriétaire avait
un puits de 10 mètres de profondeur qui tarissait pendant les
grandes sécheresses. L'eau était contenue dans le tuffeau
éocène (voir Esquisse géologique p. 298) et elle était retenue
par un petit banc d'argile de 10 centimètres d'épaisseur. Le
propriétaire^ nouveau venu dans le pays, pensa que pour avoir
- 273 -
de l'eaa en toat temps, îl safQsait d'approfondir un peu son
puits. Mais après qa'on eut enlevé la fnince couctie d'argile,
on rencontra la craie perméable. Le puits ne tint plus Teau,
qui filtrait immédiatement à travers la craie. 11 faHul alors
continuer à creuser et on ne rencontra une seconde nappe
aquifère qu*à la profondeur de 45 mètres.
lies sources ne sont pas autre chose que les points où les
nappes aquifères viennent au jour (1); on trouve donc les
sources sur le penchant des collines.^ou dans les vallées. Ainsi
la nappe aquifère de la Gendarmerie à Gassel constitue une
couronne de sources autour de la coltine ; upe autre sérié
de sources est située plus bas dans la même colline au point
de jonction des sables éocènes et de l'argile des Flandres.
Généralement les sources abondantes sourdent près du fond
des vallées. Gomme les couches qui contiennent l'eau sont
rarement horizontales, c*est sartout du cOté où elles penchent
que les sources se multiplient.
Il faut remarquer que le niveau des sources est toujours
inférieur au niveau des puits sur les plateaux ; car la nappe aqui-*
fèré est plus élevée lorsqu'elle est souterraine, que lorsqu'elle
afQeure, et cela pour deux raisons. D'abord Tévaporation est
moindre à une grande profondeur, puis la capillarité fait
monter le liquide dans la zone perméable qui la surmonte.
Ainsi à Emmerin» l'altitude des sources est à 18 mètres, tandis
que dans les puits des hauteurs de TArbrisseau entre Emme*
rin et Lille la même nappe aquifère est à l'altitude de 28
mèires {*).
(i) Elles sont dues ^ ce que les couches aquiières ont été coupées
par raYinements qui ont façonné le sol, creusé les vallées et isolé les '
collines.
(2) Je dois ces chiffres à la complaisance dé M. Y. Parsy sous-inspec
teur des travaux municipaux.
Annales de la Société géologique du Nord. t. xit.
18
— 274 —
*
On peut^viser les sources en deux catégories, selon qu'elles
sont alimentées par des nappes superficielles ou par des
nappes profondes. Dans le premier cas, leur réservoir est
généralement assez restreint ; elles tarissent en été ; ce sont
des surgeons. Les autres donnent naissance aux cours d'eau
permanents.
G*est aussi aux sources émanées des nappes profondes
que les villes doivent demander leurs eaux d'alimentation.
A Lille, on a capté les sources d'Ëmmerin, qui sortent de
la craie et qui appartiennent à la nappe aquifëre retenue par
]e tun. Cette nappe affleure à Emmerin dans une vallée qui
date peut-être des temps géologiques, mais que les eaux
diluviennes ont aggrandie et approfondie jusqu'au niveau de
la couche imperméable. 11 en est résulté une grande vallée
qui n'a été, qu]en partie, comblée par le limon de Tépoque
diluvienne et par le limon plus récent. La nappe aquifère se
déverse dans cette vallée ; Teau filtrant en partie à travers les
pores du limon, a produit un marais que Ton a desséché, il
y a 30 ans ; une autre partie de Teau s^ouvrait à travers le
limon des canaux qtfi l'amenait au jour sous forme de
sources. Les deux effets se combinent souvent. Quand une
source, c'est-à-dire une colonne d'eau ascendante rencontre
une couche de limon très perméable ; elle s'y infiltre et la
suit en prenant un cours horizontal ; c'est en quelque sorte
un ruisseau souterrain.
Sous l'habile direction de H. Masquelez, Ingénieur en chef
des Ponts et Chaussées et de HM. Parsy,ona isolé les sources
pour les empêcher de s'infiltrer dans le terrain et on a recher-
ché celles qui étaient perdues. On a pu ainsi capter six sources ;
ce sont celles de la Cressonnière, de Guermanez, et de Billaud
à Emmerin, d'Ancoisne, de St Honoré et une autre innommée
à Houplin. On a conduit leurs eaux par des canaux /i^rm^s et
par un^ pente naturelle jusqu'à un réservoir situé à Emmerin.
De là des pompes puissantes poussent l'eau dans deux réser-
— 276 —
voirs sapérieurs dont Tua est sitaé à TArbriss^aa et dont
Taatre, aujourd'hui en construction, se trouve rue de la
Louvière. Les tuyaux de conduite sont complètement fermés.
J'insiste sur ce point, car, par suite d'expressions malheu-
reuses employées dans divers rapports, beaucoup de personnes
ont cru, qu'il y avait eu drainage de la plaine d*Emmerin et
que Teau employée à Lille provenait d^une nappe superficielle
et non d*uue nappe profonde.
Vous comprenez Timportance de la distinction an point de
vue de la santé publique. Nous avons vu précédemment les
dangers des nappes superficielles qui sont les véhicules des
microbes. .
Mais les nappes profondes peuvent aussi être empoisonnées.
Vous avez pu lire dans le dernier numéro des Annales de la
Société Géologique du Nord^ 1. 14, p. 22, le procès très inté-
ressant jugé en Angleterre entre les propriétaires de deux
puits, dont Tun, utilisant son puits à un tout autre usage qu'à
tirer de Teau, empoisonnait le puits du voisin. Un premier
juge lui reconnut ce droit, mais la juridiction supérieure le
condamna.
Des faits analogues sont fréquents dans nos régions
industrielles. Mon collègue, H. Yiollette, me citait une
série de puits aux environs de Lille, où il avait trouvé de
Tacide nitrique, résultat de Toxydation des matières organi-
ques, et cependant ces pnils s'alimentaient à la nappe aquifère
située entre les deux tuns. Le premier tun n'avait donc pas
servi de protection suffisante.
C'est que les couches du sol n'ont pas la régularité et l'uni-
formité que nous leur supposons en théorie. Elles ont des
crevasses, des joints qui' laissent passer l'eau. Si celle-ci est
acide et que la roche est calcaire, le joint s'élargit, la crevasse
devient une fente ; puis la fente se transforme en canal et le
canal en caverne. Les fameuses grottes de Ham et de Roche-
fort, que l'on va si souvent visiter, n'ont pas une autre
origine.
— 276 —
Tons les terrains calcaires présentent dételles cavités. Sur
le plateau jurassique des Ardennes, entre Hirson et Charle-
ville, on voit souvent un ruisseau disparaître tout d'un coup ;
non seulement on le voit, mais on Tentend ; il tombe avec
bruit dans une cavité dont on ne connaît pas le fond. Après
un trajet souterrain plus ou moins long, il reparait de nouveau
sous forme d'une source abondante. La craie présente des
cavités analogues, moins nombreuses et plus petites que celles
des calcaires compacts, mais tout aussi certaines.
Il y a trois ans, on s'aperçut que les eaux d'Emmerin avaient
une odeur désagréable ; elles présentaient à la surface
une sorte d'enduit blanchâtre comme celui d'une végétation
cryptogamique. M. Giard y reconnut le Crenotrix polyspora
qui souille Teau de quelques parties de la Prusse cl particu-
lièrement celles delà ville de Berlin. On s*aperçut bientôt que
cette végétation ne se produisait que dans l'eau de la fontaine
Billaud ; mais on se demanda longtemps comment elle avait
pu s'y développer, puisque cette fontaine est isolée et qu'il
n'y avait pas de puits perdu dans les environs. Des recherches
très sagaces de M. Parsy ont enfin permis de découvrir qu'il
s'était établi une communication entre la source et un puits
perdu d'une distillerie aux environs de Seclin, à 4 kilomètres de
distance. On a fait boucher ce puits, on a isolé pendant quel*
que temps la source de Billaud, et le Crenotrix a disparu.
Ce fait nous révèle le danger des puits perdus. Combien
d'habitants de Lille ont un puits perdu situé contre leur habi-
tation, à quelques mètres de leur pompe. C'est le cas de dire,
qu'ils puisent d'une main, ce qu'ils rejettent de l'autre.
Les puits perdus sont surtout à craindre, lorsqu'ils arrivent
à une nappe perméable sableuse, parce qu'alors Teau souillée
n'est plus contenue dans des canaux bien limités en dehors
desquels^ il n'y a pas contamination. La couche sableuse
se salit, s'encrasse peu à peu, en formant comme une auréole
autour du puits perdu. Supposons un grand nombre de ces
— 277 —
paits, comme à Ronbaix, le sous-sol sableux qui alimente
les puits domestiques deviendra inévitablemeni un réceptacle
de matières organiques en voie de décomposition.
On peut aussi juger combien sont dangereux les dépotoirs,
les irrigations de mélasses et autres. L'acide azotique, pro-
duit ultime de la combustion des matières organiques azotées,
passe- avec les eaux de pluie à travers le limon, le sable et
la craie, où il se creuse des voies souterraines qui le condui-
sent aux sources voisines. L'acide azotique n'est pas dange-
reux par lui-même ; les azotates communiquent même à
Teau une saveur fraîche et agréable. Mais ils sont une nour-
riture toute préparée pour le développement des végétations
cryptogamiques et des miiTobes. D'ailleurs, dès que les
canaux deviennent un peu larges, ils peuvent aussi servir de
passage à des matières organiques.
Il ne faut pas se fier aux nappes imperméables protectrices;
il est rare que ces bancs imperméables ne présentent pas
quelque fissure, et d'ailleurs, il est bien peu de couches
vraiment imperméables.
Il faut aussi se rappeler que les nappes dites profondes
deviennent superficielles dans le voisinage des sources. Ainsi
I9 nappe d'Emmerin est superficielle dans tout Tancien marais
et sur les bords même de la vallée. Il en résulte que si on
venait à y faire des dépôts d'engrais, il y aurait pénétration
de leurs infiltrations dans la nappe aquifère.
Toutes les considérations qui précèdent doivent rester
gravées dans votre mémoire. A une époque, où Ton ne veut
perdre aucun engrais, où Ton prêche la purification par
décantation et irrigation, où le Tout à régoût est en honneur,
veillons sur nos nappes aquifères t
— 278 —
i* LEÇON.
*
Kappes aquifères dans les terrains en couches inclinées.
Eaux artésiennes.
A Lille, sous la craie qui fournit les nappes aquifères dont
il est question dans le cours précédent, se rencontre un
calcaire dur, comgact, un véritable marbre, qui appartient
au terrain carbonifère et qui contient encore de l'eau.
Le premier sondage qui ait pénétré dans le calcaire carbo-
nifère est celui de la brasserie Vandaii\e, rue du Gros-Gérard,
foré en 1838. L'année suivante on en fil un dans la blanchis-
serie de M°*« Veuve Sebly, cour du Beau-Bouquet. La source
jaillit à 2"> au-dessus du sol. On en fit presqu'en même temps
à THospice Général, à TEsplanade et à THôpital-lMilitaire;
partout Teau fut jaillissante. A TEsplanade et à THôpilal-
Militaire, on la rencontre à 407 et 108°^ de profondeur. A
PHôpital-Militaire, elle jaillit de 2°> au-dessus du sol.
Mais si ces puits ont été couronnés de succëS; d'autres ont
complètement échoué.
Un des exemples les plus curieux de la disposition» en
apparence bizarre, de cette nappe aquifère vient de se passer
à Lille.
On avait fait, il y a quelques années, un puits qui avait
atteint le calcaire carbonifère à 120o> de profondeur et on
avait obtenu de Teau. L'année passée, on voulut faire un
second puits à 100*« de distance du premier. On recoupa les
mêmes terrains; on alla jusqu^à 180°" sans rencontrer d'eau.
Pourquoi le succès dans le premier cas et Tinsuccès dans le
second ?
On fait en 1838, un sondage à Crèvecœur près Cambrai,
-^ 279 —
pour chercher le charbon. On pénètre à ii2^ dans le calcaire
carbonifère; Peau jaillit immédialement. A 131% elle vient
, avec une telle violence^ qu'il faut interrompre les travaux,
fort heureusement pour la Société, qui aurait pu percer
beaucoup plus loin sans jamais rencontrer la houille.
Ce résultat décide le propriétaire du château de Révélon,
situé aussi à Crèvecœur, à faire un sondage pour avoir de
Teau jaillissante dans sa propriété. A 123 mètres de profon-
deur, il rencontre le calcaire dur, mais pas d'eau. Il va jus-
qu'à 137 mètres ; pas une goutte d'eau.
Pour expliquer ces faits en apparence contradictoires, il
suffit de connaître la structure du terrain. Le calcaire carbo-
nifère rencontré à Lille et à Crèvecœur, appartient à la série
des terrains primaires, qui dans nos pays ont été redressés
par les plissements de Técorce terrestre et se trouvent par
conséquent en couches inclinées. Ces plis se sont faits d^une
manière régulière, de telle sorte que les couches ont une
direction constante qui est presque de Test à l'ouest ; elles
s'enfoncent tantôt vers le nord, tantôt, et plus souvent, vers
le sud.
Le calcaire carbonifère dur et compact comme le marbre*
est imperméable, mais entre les bancs calcaires, il y a souvent
de petites couches schisteuses perméables. Il y a aussi des
fissures verticales qui divisent le calcaire et qui fournissent
passage à des veines d'eau abondantes ; enfin on y rencontre
des cavités qui peuvent être des réservoirs considérables. Il -
en existe dans tous les terrains calcaires, même dans la craie;
le calcaire carbonifère ne fait pas exception sous ce rapport.
La position des cavités et des fissures est tout à fait acciden-
telle ; rien ne peut les faire prévoir. Quand aux nappes régu-
lières, elles sont, comme celles de la craie, parallèles aux
couches. Celles-ci étant inclinées, les nappes aquifères sont
aussi inclinées. Voilà ce qui explique bien des anomalies
apparentes et ce qu'il faut se rappeler quand on fait un forage
dans les terrains primaires.
— 280 —
Fig. 5.
DispoHHon probable de deux puits
dans le calcaire carbonifère à Lille.
b
a Nappe aquifëre. b Calcaire carbonifère, c Craie.
/ Premier puits. // Deuxième puits.
A Lille, le calcaire carbonifère plonge probablement rers
le S., si le second pnits cité à Lille eat été an S. du
premier^ il eut rencontré la même nappe aquifëre à une pro-
fondeur un peu plus grande ; mais comme il est an N. il ne
pouvait pas Tatteindre à quelque profondeur qu'il arrivât ;
puisque les bancs de calcaire, qu'il perce en sortant de la
craie, sont inférieurs à la nappe.
Les terrains primaires ne sont pas formés uniquement de
calcaire ; on y trouve aussi des grés, des psammites et des
schistes. Toutes ces roches sont imperméables, lorsqu'elles
sont pures et compactes ; mais leurs mélanges livrent plus
facilement passage à Peau qui dissout les parties calcaires et
désagrège peu à peu les grains schisteux ou quarzeux. La
roche devient ce que les ouvriers appellent les bancs pourris;.
Les joints de stratification qui séparent les bancs, laissent
aussi filtrer rêau surtout lorsque les divers bancs successifs
ont des compositions différentes, comme à la limite d'un
schiste et d'un calcaire, ou d'un schiste et d'un grès.
Lorsque les couches sont très serrées les unes contre les
autres, comme cela a lieu dans la profondeur, les fissures
de b svbce. oà r«M et Tair pcareu pjsémr, «mIbs les
roches leadeat 1 se (wlre et à s'extdlier. Or les radies ^
maires, qaî soai mai»i>Miii i loo Btees sou U crue, «M
fonné U tmibet d^mi oomiBeal peodant mne {iiàio^ ^Mo -
gSqoe Iris loi^M. Elles ont donc sabi les ahératMMts de tp«k»
les couches saperfidefles.
Ainsi les terrains [winaires «ntieiment {&t^leoMnt de
Teaa : 1 ■ dans one zOne superficirile correspondant 1 la craie
fendillée ; 2* dans les cooches poméables r^fulières, dont
l'alloFe peut être détominëe, quand on connaît rindînaison
des strates ; 3* dans des flssnres. des crevasses, des caTemes,
dont la position est toqjonrs incertaine.
Fig «.
^'/^r* tfàiftrH.
Ce D'est pas sealement à Lille el dans les environs que
l'on puise de l'eau dans les couches primaires. Une partie de
l'arrondissemenl d'Avesnes est sur les terrains primaires et
ra y chercher son eau d'alimentation. H importe d'autant plus
d'examiner les conditions où se trouTent ces puits, que rien,
qae je sache, n'a été écrit sur ce sujet.
11 y a trois cas à considérer suivant que le puits est sur un
plateau, dans le voisinage d'un cours d'eau ou près d'un
escarpement.
— 282 —
Sur les plateaui, presque tous les puits (fig. 6 ; A, D, F,)
s'alimentent dans les couches fissurées de la surface^ ou vont
à une faible profondeur chercher, soit un banc pourri, soit
un joint (fig. CT; G.). Dans les deux cas, ils sont en relation
étroite avec la nappe superficielle. Cependant quelques puits
plus profonds (fig. 6; B. G.)^ et par conséquent plus coûteux,
peuvent joindre une véritable nappe aquifëre correspondant
à nos nappes aquifëres profondes,parce qu'elle sera alimentée
par l'eau ayant déjà subi un long trajet souterrain. Il en
résulte que les puits des terrains primaires seraient dans de
mauvaises conditions hygiéniques, s'il y avait une nom-
breuse population ; mais les habitations y sont en général
très disséminées, le sol superficiel peu perméable, et par
conséquent les puits assez nettement séparés les uns des
autres. Ajoutons que lorsque Feau a traversé Ta couche
superficielle, elle se trouve emprisonnée par les saillies des
roches plus dures et moins altérées dans une série de petits
sillons parallèles à la direction des couches, qui n'ont entre
eux aucune communication et où 1 eau n'est pas toujours
à la même hauteur. Cest là un puissant obstacle à la
dissémination des microbes.
Si le puits atteint un de ces sommets rocheux (fig. 6; G, E.)
qui sépare les sillons, il peut arriver qu'il n'y rencontre pas
d'eau et qu'il soit obligé d'aller en chercher dans une
couche profonde.
Lorsque les puits sont situés dans le voisinage immédiat
d'une vallée arrosée par un cours d'eau, il peut se présenter
deux circonstances.
1<> Si la vallée coupe plus ou moins obliquenïent la direc-
tion des couches, l'eau de la rivière s'infiltre entre les strates
et alimente tous les puits voisins. Elle y est au même niveau
que dans la rivière ou même p\us haut, d'autant plus haut
qu'on s'éloigne davantage du cours d*eau, parce que là aussi,
comme dans les couches perméables horizontales, l'eau
monte par capillarité entre les feuillets des schistes.
3« Si an contraire la vallée est parallèle anx couches tfig- 7),
l'eau de la rivière est eafermée comme dans un sillon et
un puits même très Toisin (B), peut aller à une très grande
profondeur sans trouver d'eau tandis qu'un autre {A)
rencontrera l'eau au niveau de la rivière.
Fig. 1.
Même légende que celle de la figure s.
J'ai constalé tous ces faits dans les vallées des deux Helpes
et de leurs anTuenls,
Beauconp de vallées primaires sont bordées d'escarpe-
ments qui sont quelquefois très élevés comme dans la vallée
de la Meuse. Il j a presque toujours des sources vers le
bas, au point d'afUenrement d'une couche perméable ou d'une
fissure. Le trajet de ces voies aquifères est marqué sur toute
la hauteur de l'escarpement par une série de petites sources
et souvent par an tapis de mou.^se, qui recouvre un terrain
tourbeux.
Un coteau en pente inclinée n'est en réalité qu'un escar-
pement dont une partie a été enlevée. Il doit donc s'y trouver
des sources et des affleurements de voies aquifères, qui se
dessinent extiJrieurement par la végétation.
C'est dans ces conditions que l'on rencontre la bonne eau de
scbisle.' fraîche, non calcaire, très pure, si le schiste qui la
contient ne renferme pas de pyrite. Si au contraire le schiste
- 284 —
est pjriteux ce minéral s'oxyde, se transforme len sulfate
alcalin et en oxyde ou en carbonate de fer. On a donc une
eau ferrugineuse. Il peut même dans des circonstances
spéciales se produire du sulfate de fer ou de Tàcide
sulfbydrique.
Je ne veux pas terminer cette étude générale des nappes
aquifëres sans vous dire quelques mots des sondages dits
puits artésiens. Us consistent à aller chercher une nappe
aquifëre dont Teau s'élève plus haut que le point où on la
rencontre. Avec cette définition générale, beaucoup de nos
sondages profonds sont artésiens, car Teau s'y élève dans
le tube ou dans le puits, au dessus de la nappe qui la contient.
Ainsi plusieurs sondages faits à Armentières ont rencontré
sous les dièves, à 120 mètres de profondeur, de Teau qui
s'élève jusqu'à 6 mètres au dessous du niveau du sol.
Toutefois la dénomination de puits artésien ne s'applique
vulgairement qu*à ceux de ces sondages, où le liquide jaillit
au dessus du niveau du sol, mais cette définition n'a rien de
scientifique. Telle nappe, qui fournira de l'eau jaillissante
dans la vallée, se maintiendra en dessous de l'orifice dans les
puits des collines voisines.
Le nom d'artésien donné à ces sondages vient de ce qu'il
existait depuis longtemps aux environs d'Aire et de Béthune
en Artois des fontaines jaillissantes. On allait chercher à une
faible profondeur dans les couches superficielles de la craie,
(craie fendillée), les eaux qui y sont comprimées par Tar-
gile éocène (0.
Il me semble inutile de vous exposer la théorie des puits
. artésiens. Vous la trouverez dans tous les traités élémentaires
de physique et de géologie. Vous savez qu'une nappe aqui-
fère, pour pouvoir produire des eaux artésiennes doit être
(1) Mencbe de Loisne. Mémoire sur i'alimentatiou en eau des
agglomérations des environs de Lille.
— 285 —
conteoue dans une couche perméable comprise entre deux
couches imperméables. Il faut encore que celte couche per-
méable ait son point d^alimentation^ c'est-à-dire qu^elle affleure
dans une autre localité plus élevée, que celle ou Ton établit le
sondage.
Aussi la nappe aquifëre qui alimente les puits artésiens de
Paris est contenue dans les sables verts du gault qui se mon-
trent au jour en Champagne, à Taltilude de 130 mètres, 100
mètres au dessus du seuil de TKgUse de Notre-Dame. C'est là
que les eaux de pluie et de rivière pénètrent dans la couche
perméable pour alimenter la nappe aquifëre.
Il ne faudrait pas croire que Teau s'élève dans les tujaux
de sondage à Taltitude quelle occupe dans le point d'alimen.
tation; car en filtrant dans les sables, elle éprouve toujours
des pertes de charges considérables.
Les nappes aquifères, où s'alimentent en général les puits
artésiens, ne sont pas inépuisables. Quand on établit plusieurs
puits sur un espace restreint, ils se nuisent Tun à l'autre. Le
débit du puits de Grenelle a considérablement diminué, après
le forage du puits de Passy.
L'expérience a aussi montré que le débit d'un forage dimi-
nue insensiblement et éprouve des changements dont on n'a
pas encore pu déterminer la cause. Ainsi la quantité d'eau
fournie par le puits de Grenelle à l'altitude de 73 mètres
(r ouverture du puits est à 36 mètres, mais on a forcé l'eau
à s'élever dans une colonne de 37 mètres) a passé par les
variations suivantes.
1842
1.100 mètres cubes en 24 heures.
1852
120 »
1856
900 9
1861
809 »
»
615 (86 heures après Touverture du puits de
Passy).
1880
885 »
^ 286 —
5* et 6« LEÇONS
Nappes aqiiifères du Département du Nord.
Vous avez vu que les nappes aqaifères du Nord de la France
peavent se diviser en trois classes :
\^ Les nappes aquifëres superficielles.
2° Les nappes aquifëres profondes dans les terrains en
couches horizontales.
Z<^ Les nappes aquifëres profondes dans les terrains en
couches inclinées.
Les nappes aquifëres superficielles se forment par la péné-
tration per descensum des eaux superficielles, jusqu'à une cou-
che imperméable et elles sont situées à une profondeur assez
faible, pour que le filtrage soit imparfait. Elles tarissent pen-
dant les grandes sécheresses et ont un goût de sauvage dans
les moments de pluie. On doit aussi ranger dans les nappes
superficielles celles que produisent les cours d'eau en péné-
trant dans le terrain de la vallée. Ces eaux, bien que préfé-
rables aux précédentes, peuvent aussi être contaminées et
constituent un des agents les plus actifs de la dissémination
des microbes. De telles nappes existent dans les alluvions
de toutes les grandes vallées : Escaut^ Selle, Sambre, Scarpe,
Lys^ etc. Le long de ces vallées un grand nombre d'habitants
s'en contentent.
Parmi les nappes superficielles du déparlement, il en est
quelques autres qui, par leur extension ou par d'autres con-
sidérations,* méritent une mention toute spéciale.
i'^ Nappe des dunes. L'eau de pluie qui tombe sur les dunes
s'infilire facilement dans le sable ; elle s'arrête en partie
sur les petites couches argileuses qui sont à la base des mon-
— 287 —
tioules ; elles y forment des sources et des nappes aquifères
on les communes du littoral vont chercher leur eau ; c'est ce
qui a lieu au Rosendaël.
20 Nappe aquifére des sables de Bourbourg. Ces sables
forment le sous-sol de la plaine maritime. Ils sont d'âge tout
récent, puisqu'ils reposent sur des tourbières qui contiennent
des débris de l'époque gallo-romaine. A la base du sable, il
y a une couche sablo-argileuse ou piême argileuse, qui
retient l'eau. Il en résulte une nappe aquifëre, très abon-
dante, située à quelques décimètres au-dessous du niveau du
sol. Elle est en relation avec les canaux qui sillonnent le
pays et, au voisinage de la mer, elle en reçoit lés infiltrations.
S*" Nappe du limon. Le limon recouvre presque tout le
département du Nord. Il est très perméable, cependant il y
a à sa base une couche argileuse bleue ou grise qui retient
l'eau et qui donne naissance à des sources nombreuses. Les
sources sont plus nombreuses et plus abondantes encore
quand le limon repose sur une couche imperméable, telle
que l'argile des Flandres, les dièves ou le conglomérat à silex.
La nappe du limon forme le drainage naturel de la région ;
elle alimente un grand nombre de puits. Lorsque le limon est
épais, l'eau peut être de bonne qualité ; mais lorsqu'il n'a
que 3 ou 4 mètres, les eaux superficielles y parviennent
après une filtration insuffisante.
40 Nappe dn diluvium. On désigne sous le nom de diluvinm
une assise de petits cailloux, située sous ie limon, au voisinage
des grandes vallées. Les interstices des cailloux offrent à
l'eau un libre passage, aussi le diluvium contient une nappe
aquifére* abondante ; mais elle a l'inconvénient d'être en rap-
port avec la nappe d'infiltration du cours d*eau. Cependant
à une certaine distance de la vallée, elle en devient indépen-
dante. Si elle est alors préservée par le limon des eaux sauva-
ges de la superficie, elle fournit une eau de bonne qualité.
— 288 —
On peut ranger dans les nappes profondes toutes celles qui
ont leur origine dans les couches géologiques antérieures à
répoque diluvienne, bien que toutes ne soient pas réellement
profondes. Il faut aussi se rappeler que telle nappe, profonde
dans une localité, cesse de Têtre dans une autre, par la dis-
parition de la couche filtrante qui la surmonte.
a^ Nappe des sables de Diest. Elle est contenue dans les sables
grossiers ferrugineux qui couronnent les collines de Gassel,
et des environs de Bailleul. Elle est retenue par une couche
argileuse dépendant de l'assise à Pecten corneus. Elle ali-
mente les puits de Cassel et quelques sources autour des dites
collines. A moins que les sables ne soient épais, c^est une
véritable nappe superficielle.
6» Nappe des sables de Cassel. Celle nappe est encore propre
aux collines flamandes. Elle est contenue dans les couches
sableuses qui constituent le parisien et la partie supérieure
de rjprésien. Elle est retenue par l'argile des Flandres
(argiles de Roncq^ de Roubaix et d'Orchies). Elle alimente
les diverses sources qui s'échappent du pied des collines.
L'une de ces sources provenant du Mont des Cats est con-
duite à Bailleul. Celles qui sortent au nord de la chaîne des
collines vont à la Peene-Becque et aux autres affluents de
TYser; celles du sud se rendent à la Lys par la Heteren-
Becque. Toutefois, la plupart des rivières du pays flamand
ont pour origine la nappe superficielle du limon.
70 Nappe des sables de Mons-efi-Fevèle. — Cette nappe
coexiste avec le faciès sableux de Typrésien supérieur,
c'^est-à-dire qu'on ne la trouve que là, où la zone à Nummu-
lites planulata est formée de sable. Il n'y a guère, dans ce
cas, dans le département du Nord, que la colline de Mons-en-
Pévèle. On .peut rapporter à la nappe en question la source
de la Marcq, située au N.-O. delà colline, mais tous les ruis-
seaux, qui se rendent à cette rivière et qui prennent naissance
entre Orchies, Genech et Pont-à-Marcq, sortent de la nappe
•**>
— 289 —
da limon, dont le fond est formé par Fargile d^Orchies. Ces
sources sont d'autant plus abondantes que de ce cdté la base
du limon présente une coucbe de sable mouvant, que Ton a
comparé au sable campinien. Ce sont les eaux des mêmes
sables qui produisent les sources des environs de Seclin.
La nappe des sables yprésiens joue un plus grand rôle
en Belgique, aux environs de Renaix, de Grammont, de
Bruxelles, etc.
8« Nappe des sables landeniens. — Cette nappe aquifère
contenue dans les sables d'Ostricourt, ou dans le tuffean, y
est retenue soit par Targile de Louvil, soit par le conglomérat
à silex. Il arrive souvent quMl y a, au milieu des sables, des
bancs argileux imperméables qui donnent lieu à des nappes
secondaires, telle est celle qui a été citée plus haut dans le
forage de M. Scrive à Marquette.
Dans le sud du département du Nord, les sables d'Ostricourt
ne constituent que des collines isolées et, par conséquent, ne
peuvenlpasproduire.de sources importantes. De plus, le
limon qui les recouvre est sableux, très perméable, peu
prolecteur. Les nappes des sables doivent donc être classées
parmi les nappes superficielles.
Entre Valenciennes, St-Âmand, Seclin et Cysoing^ dans ce
qu'on peut appeler le bassin d'Orchies, le sable landenieh
renferme une importante nappe aquifère retenue par Targile
de Louvil; beaucoup de puits s'y alimentent.
Dans la Flandre, c'est la nappe aquifère principale ; c'est
là que vont presque tous les puits domestiques, à La Made*
leine, Ârmentières, Roubaix, Tourcoing, Roncq, Lannoy, etc.
Mais elle s'enfonce de plus en plus vers le nord et bientôt elle
atteint une profondeur telle, qu'elle est inabordable aux
intérêts privés. Son altitude par rapport au niveau de la mer
est à Bailleul à 40 mètres, à Hazebrouck à 70 mètres, à
Bourbourg à 110 mètres, à Dunkerqueà 129 mètres. Cepen-
Annates de la Société géologique du Nord, t. xiv. 19
— 290 —
dant dans cette région quelques puits de brasserie vont y
chercher de l'eau ; mais celle-ci est souvent trouble, parce
qu'elle tient en suspension des particules très fines de sable.
9* Nappe de la craie, — Une nappe aquifère très abondante
se trouve dans la partie superficielle de la craie. La craie est
peu perméable par elle-même, cependant elle laisse passer
Teau par les fentes, comme tous les calcaires. Certaines
variétés de craie se fendent plus facilement que d^autres et
ce fendillement est d'autant plus marqué que la roche a été
plus longtemps exposée à Tair. Or la craie, non compris les
affleurements actuels, a été deux fois en contact avec
Tatmosphëre. Elle a formé la surface du continent avant le
dépôt des terrains tertiaires ; puis pendant l'époque quater-
naire, une partie du terrain tertiaire a été enlevée'et dans
ces points la craie a encore été mise à nu. Cette craie, fendillée
parles intempéries atmosphériques, constitue une nappe
excessivement riche dans Tarrondissement de Douai. Tous
les puits des environs s*y alimentent. C^est à cette nappe quMl
faut rapporter la fontaine de Fiers, les sources captées par
la ville de Douai, celles que doivent prendre les villes de
Roubaix et de Tourcoing, près de Marchiennes, etc. C'est
dans cette nappe que le creusement de la fosse de Dorignies
rencontra tant de difficultés, qu'on dût avoir recours au
procédé Chaudron, après avoir cherché à épuiser la source,
en employant pendant 15 mois les pompes les plus puissantes.
La venue d*eau alla toujours en augmentant jusqu'à donner
79.000 mètres cubes par jour. A la fosse Thiers, près
Yalenciennes, la môme nappe donna 59.400 mètres cubes.
Ce niveau est aussi très aquifère à Heurchin, à Ânnezin, à
Courrières, à Lens. En approchant de Lille, il devient plus
local et disparait presque complètement. Il est aussi à peine
connu dans ieCambrésis. Dans le Pas-de-Calais, aux environs
de Béthune et d'Aire, la craie fendillée se trouve recouverte
par l'argile de Louvil. Quand on perce cette couche imper-
— 291 —
méâble, reau de la craie jaillit. C'est l'origine des puits
artésiens.
10» Nappe du Tun. — Le tun est une craie dure, remplie
de nodules de phosphate de chaux, qui est propre aux environs
de Lille. Elle appartient à Tassise à Micraster cor testudina-
rium. Il existe en général deux bancs de tun séparés par
2 ou 3 mètres de craie sableuse, qui constitue une nappe
aquifëre souvent riche. Elle alimente beaucoup de puits des
environs de Lille. Sous le second tun on rencontre une nou-
velle nappe aquifère qui peut se confondre avec les suivantes.
1 !• Nappe de la craie à cornus. — L'assise de la craie à silex
dits cornus, caractérisée par le Micraster breviporus affleure,
dans les environs de Yalenciennes, du Quesnoy, du Cateau,
du Catelet, de Guise, etc. Elle contient des bancs de marne,
peu perméables, qui forment plusieurs nappes aquifères,
lorsque la craie s'enfonce à une certaine profondeur. C'est
là que prennent naissance les sources du canal souterrain de
St-Quentin, les sources de l'Escaut près du Catelet et les.
fontaines de Crëvecœur, telles, que la fontaine Glorieuse. Les
fosses des environs d'Âuiche y trouvent des vendes d'eau
assez importantes. Près de Lille, la craie à silex est très peu
épaisse; la nappe qu'on y rencontre n'a pas été suffisamment
distinguée des nappes voisines.
12» Nappe aquifère des marleites. — Sous la craie à silex,
on rencontre l'assise à Terebratulina gracilis formée de
couches alternatives de marne très argileuse, plastique, et
de craie dure compacte présentant de nombreuses fehtes
verticales. Sous ceUe assise se trouvent les diëves ; marnes
plastiques, très argileuses, bleues, presque imperméables. Il
en résulte que les fissures des bancs 'solides de la craie à
Terebratulina gracilis livrent passage à une nappe aquifëre
où se réunissaient toutes les eaux qui filtrent à travers la
craie. Aussi cette nappe est-elle très riche et s,urtout très
constante. C*est elle qui donne naissance à presque tous les
— 292 -
cours d'eaux permanents du département, la Marque,
PHonelle, rEcaillon, la Rhonelle, la Selle, la Sambre, le
Noirieux et ses affluents, etc. Les sources y sont assez puis-
santes pour que plusieurs d'entre elles puissent à leur sortie
faire tourner ui) moulin: Dans les mines où cette craie est
souvent désignée sous le nom de gris ou de bleuey la venue
d'eau est relativement moindre. Cependant à la fosse n^ 1 de
Maries, on en a tiré 24,000 mètres cubes par jour, et le
passage de ce niveau a duré près de deux ans. Une telle
quantité d'eau n'a pu être extraite sans entraîner de l'argile
et de la^ marne. Il s'est fait des vides autour du cuvelage.
Un jour^ après 10 ans d'exploitation, le puits s'est enfoncé
tout d'un coup, entraînant machines et bâtiments.
13^ Nappe des marnes Manches à Belemnites plenm. —
L'assise à BelemniUs plenus n'existe que dans le sud du
département du Nord, dans Tarrondissement d'Avesnes. Elle
y est souvent à l'état d'argile ou de marne grise peu per-
méable et alors elle ne contient pas de nappe aquifère. Mais
sur'la limite du département de l'Aisne, du côté de La Gapelle,
du Nouvio'n, de GuisO; elle est à Tétat de marne calcaire,
dure, fissurée; par conséquent elle livre facilement passage
à l'eau, les sources du ruisseau de Chevireuil près de Floyon
en proviennent. Cette nappe est très intéressante parce
qu'elle fournit les puits artésiens du Nouvion.
Un sondage fait dans la ville du Nouvion contre le ruisseau,
a traversé les dièves et, à bO^ de profondeur, il a atteint une
pierre très dure. Dès que cette pierre a été brisée par le
trépan, l'eau a Jailli et a coulé à la surface du sol. Actuelle-
ment elle se maintient à 1"^ environ au dessous du sol. 11 s'en
dégage des bulles d'un gaz qui est probablement de l'air.
Dans les sources qui sortent des marnes blanches à Belem-
nites plenusj on voit toujours se dégager beaucoup de bulles
d'air. Cette circonstance doit tenir à ce que la marne est très
fissurée, dans les points où elle affleui'e.
— 293 —
i 40 îfappe des salles du Gault. — Les sables qai fournissent
cette nappe sont généralement à gros grains, aussi Feau qui
y est interposée est abondante et coale facilement. Ce serait
une nappe aquifère de premier ordre, si elle était plus
générale. Hais ces sables ne sont connus dans le département
du Nord qu'aux environs de Fourmies et de Valenciennes.
Dans la première localité, Peau est ferrugineuse, dans la
seconde, Teau est salée; c'est le torrent. Nous aurons occasion
d'y revenir.
150 Nappes dans ks terrains primaires. — Les nappes
aquifëres contenues dans les terrains primaires qui constituent
la substruction de toules les couches précédentes, sont très
nombreuses, mais par cela même bien difficile à énumérer.
Par suite 'de la disposition des terrains primaires en couches
inclinées, il est souvent difficile de décider si Peau est contenue
dans la zone brisée superficielle, ou si elle constitue une nappe
parallèle aux strates, ou même, si elle circule dans une fissure
perpendiculaire à la direction des bancs.
Il y a généralement une nappe aquifère à la tête du sol
primaire. Laissant de côté les nombreuses sources qui en
sortent, là où ce sol est à nu ou n'est recouvert que par le *
limon comme dans Tarrondissement d'Avesnes, je mention-
nerai les sondages qui à Lille ou aux environs ont trouvé
de Teau en atteignant le calcaire carbonifère. Je vous ai déjà
parlé du puits de THôpital-Militalre. Je vous en citerai un
autre, diaprés M . Menche de Loisne.
En 1789, on entreprit de rechercher la houille sur le
plateau de Losquin: on creusa un puits qui fut arrêté à une
faible profondeur. Pourquoi? Je n'en sais rien. En 1857, on '
reprit ce puits et on tomba, à 70" de profondeur, sur une
roche dure, le calcaire carbonifère. Dès qu'on y eut pénétré,
l'eau survint en abondance, en montant à 20'» en contre-bas
du sol. On établit une machine qui extrayait 8,480 m. c. par
jour sans pouvoir épuiser le trou qui fut abandonité.
- 294 —
A Bruxelles, à Ostende et dans bien d'autres localités de la
Flandre Belge, on a des sondages qui vont chercher Teau
dans la partie superficielle des schistes siluriens.
Quant aux nappes aquifëres proprement dites, c'est-à-dire
aux nappes aquifères parallèles aux couches, elles sont trop
peu connues pour être distinguées. Il suffit de signaler les
assises de calcaire dolomitique qui sont généralement criblées
de cavités et qui constituent des réservoirs aquifëres. Certains
sondages à Roubaix trouvent de Teau dans la dolomie carbo-
nifère; un autre à Neuville-ea-Ferain, dans la dolomie
frasnienne.
Il me reste encore à vous parler dé quelques questions'
spéciales, qui n'ont pas trouvé place dans la série précédente.
11 s'agira d'abord des nappes aquifères de la craie que Ton
a traversées dans les études entreprises pour le tunnel sous-
marin, au sondage de Sandgatte près de Calais 0)- Négligeant
les nappes de la craie à Terebratulina gracilis et de la craie
noduleuse à Inoceramus laMatuSy qui correspond aux dièves
du département du Nord, on rencontra en dessous une
première nappe très abondante dans la partie supérieure
de la craie à Belemnites plenus, entre 44 et 46 mètres de
profondeur.
Une seconde nappe, un peu moins abondante, fut rencon-
trée entre 70 et 80 mètres dans les couches à Ammonites
varians. Elle correspond aux sources du Cren d'Escailles.
Une troisième nappe est celle des sables du Gault que Ton
rencontra à 106 mètres de profondeur et qui se montra aussi
très aquifère.
Par contre, les couches de craie situées entre la ^* et la 3»
nappe sont presqu'imperméables ; c'est dans leur intérieur
que Ton devait percer le tunnel.
(1) De Lapparent et Potier. Rapports présentés aux membres de
rÂssociatiOQ sur les explorations géolojçiques faites en 1875 et 1876
pour le chemin de fer sous-marin entre la France et TAngleterre p. 42*
— 295 —
•
La craie do Blanc-Nez s'enfonce à Test sous la côte de la
Flandre. Au puits artésien d'Ostende.on a trouvé la craie à la
profondeur de 208 mètres efon l'a traversée sur 90 mètres
d'épaisseur. Mais la craie d'Ostende correspond probablement
à la craie sgpérieure du Blanc-Nez ; les niveaux aquifères n'y
existent pas. Les couches crétacées inférieures du Blanc-Nez
disparaissent donc peu à peu vers l'est en commençant par les
plus anciennes.
En discutant l'épaisseur probable de la craie dans la
Flandre (^), je suis arrivé à croire que la première nappe aqui-
fère de Sandgatte doit se trouver à Dunkerque, à une profon-
deur de 147 mètres, au-dessous du niveau supérieur de la
craie. Or^ dans les différepts sondages qui ont été faits dans
la Flandre, on a rencônt/éla craie à 166 mètres à Bourbourg.
On la trouverait probablement à Dunkerque à 184 mètres,
ce qui porterait la position de la nappe aquifère respective-
ment à 213 et à 331 mètres. La seconde nappe serait située
30 mètres et la troisième 40 mètres plus bas.
On peut donc espérer trouver dans les Flandres des nappes
profondes dans le terrain crétacé. Ce ne sont pas les seules ;
on trouverait encore en dessous d'elles la nappe aquifère qui
est à Ostende à la tête du terrain silurien. Enfin au-dessus
de la craie, dans les sables landeniens, il y a une nappe
aquifère^ qui alimente déjà quelques forages.
Vers l'autre extrémité du département du Nord, on a fait
un autre sondage profond, qui a aussi un grand intérêt et
qui nous révèle qu'il y a dans le voisinage des nappes aqui-
fères importantes. Ce sondage a été fait au N. de Guise par
H. Godin directeur du Familistère (^), Son ouverture située
dans la craie Micraster hreviporus, est à 27 mètres au-dessus
du niveau de la mer. Gomme il était fait dans l'iniention de
(1) Gosselet. Puits artésiens dans les Flandres. Ann. Soc. géol. IX,
p. 71.
(2) Gosselet Sondage fait à Guise par M. Godin. Ânn. Soc. géol. \I,
p. 104 et 211.
— 296 —
trouver du charbon, on a négligé de déterminer les vendes
d'eau qui se produisaient à chaque étage. Après avoir traversé
m mètres de terrain crétacé, on a rencontré de Targite
probablement oxfordienne. A 224 mètres, dans le calcaire
blanc oolitique, Teau a jailli au-dessus du niveau du sol ;
elle était retenue dans le calcaire blanc bathonienpar les
marnes et le calcaire marneux du fulWs earth.
Il serait possible que ces diverses couches jurassiques
allassent passer sous Textrémité S. 0. du département, entre
Cambrai et le Catelet.
V LEÇON^
Eaux minéralisées.
L'eau en circulant dans Tintérieur du sol peut s*y charger
de substances minérales qui en changent la nature et les
usages; elle se transforme en eau minérale. Dans notre région
il y a bien peu d'eaux qui contiennent une assez grande
quantité de matières étrangères pour mériter ce titre, aussi
je désignerai sous le nom plus général d'eaux minéralisées
celles, dont la composition donne lieu à des considérations
intéressantes.
On peut les diviser en eaux calcaires, ferrugineuses,
sulfureuses, salées et alcalines.
Eaux cakaires : Toutes les eaux qui traversent la craie
contiennent une petite quantité de carbonate de chaux; elles
sont crues, cuisent mal les légumes, sont rebelles à la
dissolution du savon. Ce ne sont pas pour cela des eaux
minérales, ni même minéralisées* Mais lorsque Teau, qui
coule à travers la craie, contient une quantité notable
— 297 —
diacide carbonique, elle peat dissoudre plus facilement le
carbonate de cfaaux. Le sel se dépose plus tard lorsque
lucide .carbonique se dégage; Peau est donc incrustante.
Il n'y a toutefois dans notre région aucune source qui puisse
rivaliser avec celles de StAllyre, dont les pétrifications sont si
célèbres, attendu que les causes qui chez nous produisent
l'acide carbonique sont toutes extérieures et peu puissantes.
L'eau se charge diacide carbonique en traversant Tatmos-
phère sous forme de pluie ; elle en trouve aussi dans la partie
superficielle du sol, où se condensent les produits de la
décomposition des corps organiques.
De telles eaux ne peuvent dissoudre que des quantités
relativement faibles de carbonate de chaux. Néanmoins elles
le laissent déposer en venant à Tair dans les cours d'eau, dans
les marais, ou même dans les nappes aquifères superficielles.
Les Unios de l'Oise près de Compiègne sont généralement
encroûtées de carbonate de chaux concrétionné.
On trouve fréquemment de la craie fendillée, dont tous
les fragments ont été réunis et rejointoyés par du carbonate de
chaux concrétionné, les morceaux de craie ont eux-mêmes
été pénétrés par le ciment calcaire et ont acquis une dureté
plus grande. Voici un fragment de cette craie fragmentaire
solidifiée, que j'ai recueilli contre la porte de derrière de
Pancienne abbaye de Vaucelles.
Il semble qu*à une époque très ancienne, mais géologi-
quement récente, ces dépôts de carbonate de chaux aient été
plus nombreux. Voyez cette roche spongieuse grise recueillie
par H. Debray, dans les tourbières d'Haveluy; elle est
composée de tourbe dont chaque brindille est enfermé dans
^n étui calcaire. Elle a dû se former au dépens d'une couche
tourbeuse sur laquelle a coulé de Teau incrustante. M. Debray
y a trouvé des monnaies romaines à Peffigie de Domitien et
d'Hadrien.
Le sable grossier désigné sous le nom de fond de mer aux
- 298 -
environs de St-Omer, est uniquement formé de petites
concrétions calcaires, qui ont dû, à une certaine époque, se
produire en très grande quantité dans la y allée de TAa. On y
a trouvé un tombeau gallo-romain complètement enveloppé
et recouvert par ces concrétions.
M. de Mercey a aussi reconnu qu'il s'est formé dans la
vallée de la Somme, à Tépoque gallo-romaine et peut-être à
répoque gauloise, des alluvions calcaires et des tufs, indi-
quant qu'il j avait alors de nombreuses eaux incrustantes.
Si donc les eaux calcaires sont actuellement peu nom-
breuses, elles Tétaient davantage, il y a deux mille ans.
Eaux ferrugineuses : Il n*y a guère dans le département du
Nord qu'une seule source qui possède le nom de ferrugineuse.
C'est celle de Féron. Elle sort des sables du gault (sables
aachéniens). Ces sables sont remplis de limonite (sesquioxide
de fer hydraté), qui constitue de grosses concrétions à la
base du sable ou qui forme autour de chaque grain de quarz
une enveloppe ferrugineuse.
Dans nos excursions sur les bords de la Meuse, nous avons
rhabitude d'aller voir la fontaine ferrugineuse de Laifour.
Elle sort d'une brèche ferrugineuse, qui remplit une cavité
des schistes cambriens. Ces brèches ferrugineuses sont très
nombreuses dans TArdenne ; on en trouve le long des petits
ruisseaux et dans les fentes des rochers. Le fer dont elles
sont imprégnées, provient de Toxidation de la pyrite ou
sulfure de fer qui remplit les schistes.
C'est probablement à la même origine qu^il faut attribuer
le fer contenu dans Peau de Spa. Quant à l'acide carbonique
que ces eaux renferment en assez grande quantité, quelques
géologues sont disposés à y voir le résultat d'émanations
venues de rintérieur, comme les nombreux dégagements du
même gaz^ que Ton observe au Laacher-See et dans d'autres
points de la Prusse Rhénane. Mais il se pourrait que Tacide
-- 299 —
carbonique des eaux de Spa, fut uniquement emprunté aux
décompositions organiques produites dans les tourbières des
Hautes Fanges.
Eaux sulfureuses : Notre département est assez riche en
eaux sulfureuses. Celles de St-Amand sont célèbres par les
cures qu'elles produisent. On en trouve aussi à Marchiennes
et à Meurchin. Parlons d^abord des premières, en prenant
pour guide le beau travail de M. Roger Laloy C).
Les eaux de St-Amand sourdent par plusieurs ouvertures
dans un endroit désigné sous le nom de Fontaine Bouillon.
Elles ont une température de 23'' et une teneur variable en
acide sulfhydrique et en sulfure. L'eau des boues contient
d'après les analyses faites par M. Bertecb une moyenne de
gr. 0030 par litre d'hydrogène sulfuré. Le sol tourbeux qui
entoure rétablissement en contient beaucoup plus (0,042).
Il semble que le gaz se condense dans ce sol poreux rempli
de débris organiques.
L'origine îles eaux sulfureuses de St-Amand est un
problème géologique qui suscite plusieurs hypothèses.
L'abondance relative de l'acide sulfhydrique dans les
couches superficielles avait porté à croire qu'il provenait de
raltération des matières organiques qui y sont contenues,
mais je viens de vous dire que ces couches superficielles
Jouent le rôle de condenseur et non de producteur.
Sous elles, on trouve des sables landeniens, gris ou ver-
dâtre, souvent argileux. Ils sont très aquifères ; les eaux qui
en sortent ne contiennent pas d'acide sulfhydrique, ni de
sulfure. Ce sont des eaux ordinaires qui viennent se mêler aux
eaux sulfureuses et en diminuent la richesse. On avait sup-
posé que vers la base de ces sables, il y avait des argiles
lignitifères et pyriteuses, où les eaux eussent pu se charger de
sulfure; mais les divers sondages qui ont été faits dans l'é-
(1) R. Laloy. Recherches géologiques et chimiques sur les eaux
sulfureuses du Nord. ISIS.
— 300 -
tablissement et à quelques centaines de mètres au norâ, au
Petit-Château, s'ils ont révélé la présence d'une argile (argile
de LouYil) n*ont pas rencontré de lignites. Un puits, creusé
contre rétablissement, a atteint la craie à 17 m. de profon-
deur ; on Ta prolongé par un sondage bien cimenté et à 21 m.
on a obtenu de l'eau jaillissante qui a une odeur sulfureuse
très prononcée. Ainsi lorigine du sulfure doit être cherchée
au-dessous du terrain tertiaire, soit dans la craie, soit dans
les terrains primaires.
Le sondage du Clos situé à St-Amand, à 3 kilomètres de la
fontaine Bouillon, a donné la solution du problème. Après
avoir traversé le sable, Targile, la craie et le tourtia, on a atteint
vers 120 m. le calcaire carbonifère. L'eau sulfureuse a jailli
alors en quantité. Plusieurs autres sondages, faits aux environs
de St-Amand et de Harchiennes, ont donné de l'eau sulfu-
reuse dans les mêmes conditions. On doit donc admettre que
Peau sulfureuse de St-Amand provient du terrain carbonifère.
La source sulfureuse deMeurchin fat découverte en 1865.
On creusait une fosse pour Fextraction de la houille; à 240<».
de profondeur, on établit une galerie horizontale, qui ne tarda
pas à rencontrer un calcaire, que Ton prit pour le calcaire
carbonifère; aussitôt jaillit une source d'eau chaude et sulfu-
reuse ; on parvint à la boucher et on continua le travail ; une
autre source bien plus abondante se déclara. Il sortait jusqu'à
20,000 hectolitres par jour ; il fallut abandonner le puits. La
température de cette eau est de iO*" à 200 mètres de profondeur;
elle renferme par litre O.gr. 031 d'hydrogène sulfuré.
4
Quelle circonstance peut produire de telles eaux ?
Il existe entre le calcaire carbonifère et leterraiû houiller
productif une assise désignée souvent sous les noms de ter-
rain houiller inférieur ou de zone à Producius carbonarius.
Elle est formée de grès, de schistes simples et de schistes
— 301 —
pyritifëres. La quantité de pyrite, y est quelquefois si consi-
dérable, qu'on les a exploités aux environs de Liège pour la
fabrication de Talun et de )'acide sulfurique. C'est certaine-
ment dans cette assise que les eaux de St Amand et de Meur-
cbin puisent leurs matières sulfurées. Si on les rencontre
après avoir traversé le calcaire, c'est qu'il existe à la partie
supérieure de l'assise à Productus carbonarius des bancs de
calcaire encrinitique, que Ton a confondus avec le véritable
calcaire carbonifère.
La température de 40<> qu'a la source de Meurchin et encore
celle de 23» que possède l'eau de St Amand n'est pas en
rapport avec la faible profondeur de la couche, d'où elles
sortent. La constitution géologique très régulière du terrain
ne permet guère de supposer que l'eau a parcouru un trajet
beaucoup plus profond. Il y aurait donc lieu de faire appel
aux phénomènes chimiques pour expliquer sa température.
Elles pourraient être le résultat de l'oxidation des pyrites»
sous l'influence des eaux aérées, qui descendent dans les
schistes du houillér inférieur.
Je ne puis quitter ce sujet des eaux sulfureuses sans vous
parler de celles que produisent temporairement certains puits
creusés dans la craie.
' On trouve dans la craie à tous les niveaux ces grosses
boules jaunes de pyrite qui font souvent naître de belles
espérances dans l'esprit des ignorants (ignorants en géologie
bien entendu, car les personnes dont- je parle, peuvent être
très savantes sous d'autres rapports.) EUes prennent la pyrite
pour un minerai de cuivre, voir" môme quelquefois pour
de lor.
Examinez tous ces nodules de pyrite ; je les ai tous
ramassés bien beaux, bien brillants et je les ai placés dans la
collection. En voici un qui est terni , cet autre est fendillé ;
pour peu que j'y donne un léger coup il va se briser et vous
montrera la structure intérieure fibreuse et radiée, qui existe
— 302 —
dans tous ces nodules. En voici un autre qui s*est brisé
spontanément. Sur cet autre, plus ancien encore, chaque
fragment est couvert d'une efflorescence blanche au goût
styptique, que vous, reconnaîtrez facilement pour du sulfate
de fer; en même temps la boKe, qui le contient, est
rongée. J'en jette les débris et je place les fragments de
pyrite altérée dans un bocal, où vous voyez superposée
une série de nodules de pyrite qui ont subi succes-
sivement le même sort, ils sont entièrement désagrégés,
décomposés, transformés en une poudre grise ou noirâtre,
couverte d'efflorescences blanches ou jaunes, car dans les
parties profondes, où Tair a peu d'accès, il se produit du
Boufre.
Ce qui se passe dans nos collections se produit aussi dans
la nature. Dès que les pyrites ont l'accès de Tair, elles s'altè-
rent ; une partie du soufre se transforme en sulfates solublos,
sulfate de fer, sulfate de chaux aux dépens de la craie, sulfate
de potasse ou de soude avec les carbonates que Peau a en
dissolution; il reste un squelette d*oxide de fer hydraté. Ce
sont ces boules jaunes très fragiles, que nous rencontrons
dans les couches superficielles de. la craie.
Si à côté d'un puits, il se trouve un gros nodule de. pyrite
il subit le même sort et il s'altère d'autant plus vite, qu'il
s'établit sous l'influence de la pompe une circulation d'eau
plus active. Il y aura donc des sulfates dans l'eau du puits. A
cela, il n*y a pas grave inconvénient. Mais si au lieu d*ua
puits, c*est un forage ayec une buse en bois, comme presque
tous les forages de notre pays, la matière ligneuse décom-
posera le sulfate, le réduira et produira de l'hydrogène sul-
furé qui communiquera à l'eau une odeur désagréable. Il n'y
a qu'un remède à cet inconvénient : la patience. Au bout d'un
certain temps, le nodule de pyrite sera complètement oxydé
et Peau redeviendra bonne.
— 303 -
Eaux salées : Je vous ai parlé dans le dernier coars dn
torrent d'Anzin. C'est un sable à gros grains, très aquifère et
qui a présenté de grandes difficultés pour le creusement des
premiers puits dans la région d'Anzin. C'était comme un
vaste lac souterrain de 2^450 hectares. La Compagnie d'Anzin
chercha à l'épuiser. Pendant 20 ans, on en a extrait annuelle-
ment 800.000 m. c. d'eau, de sorte que sa superficie est
actuellement réduite à 1 ,300 hectares. Elle pourra diminuer
encore; car le torrent ne reçoit que très peu d'eau de Texte-
rieur ; il est en effet préservé des infiltrations du dessus par la
couche imperméable des diëves.
M. Pésier, le savant chimiste de Yalenciennes, reconnut
que Teau du torrent est salée. Elle contient près de 7 gram-
mes par litre de chlorure de sodium. Quelle est Torigine de
ce sel?
On a d'abord cru que ces eaux salées venaient de la mer;
qu'il y avait communication souterraine et large communi-
cation entre TOcéan et les sables d'Ânzin. On en donnait
comme preuve les bois silicifiés, trouvés dans le sable, ce
seraient des débris de navires naufragés !! Je' n'oserais vous
répéter cette plaisanterie, si elle n'avait été imprimée sérieu-
sement dans une revue scientifique. C'est l'équivalent du
siphon de Laon. De telles idées démontrent combien des
personnes, même instruites, se rendent peu compte du mode
de circulation de Teau dans le sol.'
Delanoue, dont le nom se retrouve toujours, quand on fait
l'historique des questions géologiques qui intéressent le
département du Nord, était disposé à rapporter la salure du
torrent au voisinage du torrent triasique (*). Il rappelait à la
suite d'Antoine Passy et d'Elie de Beaumont (*) qu'un puits
(1) Delanoue. Bull. Soc. Géol France. 2* série X. p. 235.
(2) Elie de Beaumont. Explication de la Carie géologique de France
I. p. 129.
— 304 -
creusé à Menlers en 1806, avait été noyé par une irruption
d^ean salée. H. Gandry (*) fit observer avec beaucoup de raison
quil n'y avait pas trace de trias autour d'Anzin.
On savait aussi que les eaux des schistes houilters étaient
salées, mais on croyait -que c'était le résultat des infiltrations
venant du torrent. H, Malherbe ingénieur des mines à Liège
reconnut que les eaux de certaines houillères du pays de
Liège étaient salées, bien qu'elles ne fussent pas recouvertes
par le torrent. Il en conclut que les roches de Tétage houil-
1er contiennent du chlorure de sodium. M. Cornet s*assura
qu*ilen était de même dans le Borinage. H, Laloy a étudié
la question avec beaucoup de soins dans les houillères du
Nord (^). Il constata que l'eau du torrent contient une énor-
me quantité de sulfate de fer provenant de Taltération^
des pyrites qui y sont contenues et qu'elle renferme aussi
des proportions importantes de sulfate de soude et de
chlorure de sodium. La proportion de chlorure de sodium
du torrent est proportionnée à celle des schistes houillers sous-
jacents et toujours en quantité un peu moindre. Il n'a pas
trouvé de sel dans les grès houillers compacts; il croit que si
certains grès renferment un peu de chlorure, ils le doivent à
Teau qui les imprègne. L*eau salée serait renfermée dans les
fissures du terrain houiller et serait les restes des ancien-
nes mers carbonifères. C'est aussi l'opinion de M. Cornet.
M. Laloy cite, à Tappui de sa théorie, ce fait que la quantité
de chlorure de sodium d'une fosse diminue progressivement.
En 1840, Teau de la fosse du Tinchon contenait 9 grammes,
101 de chlorure par litre ; en 1873, elle n'en contenait plus
que 8 grammes, 428.
Eaux alcalines. Les eaux profondes, atteintes par quelques
sondages, contiennent des quantités de soude importantes.
(1) Gaudry. Bull. Soc. Géol. France, 2« série, p. 237.
(2) Meugy. Mem. Soc. Sciences de Lille 1852. p. 1.
— 305 -
Daprès M. Meagy, Teaa obtenue à l'Hôpital militaire est
légèrement alcooline ; évaporée à sec, elle a laissé un résidu
de gr., 1 par litre, consistant presqu'entiërement en bi-
carbonate.de soude et en chlorure de sodium.
Selon des communications qui m'ont été faites par M.
Viollette, Doyen de la Faculté des Sciences de Lille, beaucoup
d'eaux profondes des environs de Lille sont très riches en
sels de soude.
A ÂrmentièreS; dans un sondage, qui est resté dans le
terrain crétacé, mais qui s'est probablement approché du
calcaire carbonifère, Peau contient par litre gr. 534 de
soude à rétal de chlorure, de carbonate ou de sulfate. On a
aussi trouvé de la soude dans la craie aux environs de
St Omer. Enfln l'eau obtenue dans le forage d'Ostende à 310
mètres de profondeur dans les schistes cambrions, renferme
par litre gr. 7181 de carbonate de soude.
Gomment expliquer la préëence de la soude dans ces eaux
si diverses.
Tous ces $oodages sont trop loin du trias salifère, si
même il existe dans le bassin de Paris, pour que Ton puisse
attribuer leur salure au voisinage d'un dépôt de sel gemme.
En supposant que les eaux de la mer arrivent par infiltra-
tion dans les sondages d'Ostende et de St Omer, on ne com-
prendrait pas comment elles peuvent atteindre Armentières
et Lille. Du reste Tabsence de magnésie dans ces eaux pro-
fondes doit faire écarter cette seconde hypothèse.
S'agirait-il du reste de mers anciennes comme pour les
eaux salées du terrain houiller (0 ? Pourquoi alors le fait n*est-
il pas général et pourquoi tous les sondages qui pénètrent un
(1) Toutefois l*eau sulfureuse de Meurchin, dont 11 a été question
précédemment et qui contient une grande quantité de soude à l*état
de chlorure et de sulfate, peut devoir ces derniers sels à de Teau pro-
venant des couches de houille intercalées dans le houiller inférieur.
Annales de la Société géologique du Nord. t. xiv.
20
L
— 306 —
peu profondément dans des terrains formés an sein des mers
ne donnent-ils pas d'eau alcaline?
Tant que je ne connaissais le fait que dans les environs de
Lille, je me demandais si ces eaux sodées ne seraient - pas des
eaux industrielles et ménagères, modifiées par une flltration
lente à travers la craie. Hais les sondages de St Omer et
d'Ostende sont loin de toute agglomération.
Bref, la question des eaux alcalines dans quelques sondages
profonds n'est pas expliquée. Je vous soumets le problème en
vous invitant à réunir tous les faits de ce genre. Lorsqu'ils
seront plus multipliés, leur discussion permettra peut-être
d'arriver à une solution.
Dans mes prochains cours, nous allons aborder d'autres
problèmes et examiner comment Teau a pu former les couches
qui constituent le sol*
TABLE DES MATIÈRES
par H. J. Ortlieb.
Composition du bareau pour 1887 • • • • • I
Liste des Membres de la Société II
Table des matières par ordre géologique. . . 307
Table par noms d'auteurs ....... 310
Table géographique des localités citées des
départements du Nord et du Pas-de-Calais ... 312
Planches 312
TABLE DEa COMMUNICATIONS
par ordre géologique.
\^ Teppains ppimaires.
Coupe de la carrière d'Arkose du Pas-Bayard à Hirson,
par M. Gronnier, 1 • — Sur le contact du Fra^nien et du
Civétien dans la tranchée du chemin de fer à Glageon, par
M. Gronnier, 1 . — Sur le Famennien de la Soire, par M. Gos-
selety 20. — Sur Tétage des Schistes et des Arkoses dans la
Loire-Inférieure, par M. Ch. Barrois, 20. — Sur le Kerzan-
ton de la Rade de Brest, par M. Gh. Barrois, 31 . — Sur
divers fossiles trouvés en Bretagne, dans les phyllades de
St-Lô, par M. Gh. Barrois. 50. — Le Dévonien russe, diaprés
le Professeur Vénukoff, par M. Six, 67. — 6« Note sur le
Famennien, par M. Gosselet, 130. — Notice préliminaire
sur la faune d'Erbray (Loire-Inférieurej, par M. Ch. Barrois.
158. — Lingules et Yexillum du grès armoricain de Cabrières
- 310 —
tagnes de l'Europe, par H. Ach. Six, 145. — L'actioD érosive
des cours d'eau et la rotation terrestre; par M. Péroche, 146.
— Géographie zoologique : Sur les Faunes du canal des
Fœroër, 164. — La dispersion des espèces animales par le
Canal de Suez, par H. Eug. Canu, 172. -— Analyse d*une
conférence de M. de Lapparent sur le sens du mouvement de
récorce terrestre, par M. Gayeux, 186.
9o Cours de la Faculté.
Leçons sur les uappes aquifëres du Nord de la France,
professées par M. Gosselet à la Faculté des Sciences de Lille
en 1886-87, 249.
10° Excursions et Séance eaLtraordinaire.
Gompte-rendu de Texcursion dans le terrain devonien de
Tarrondissement d'Avesnes par M. Thibout, 222. Gompte-
rendu de Texcursion de la Société géologique du Nord à
Lezennes et à Gysoing, par H. Gayeux. 239-240.
Il"" IVécPOlogie.
Notice sur Emile-Eugène Savoye, par M. G. Lecocq, 178.
TABLE PAR NOMS D'aUTEURS
Barrois (Gh.) — Sur Tétage des schistes et des Arkoses
dans la Loire-Inférieure, 20. — Sur le Kerzanton de la
Rade de Brest, 31. — Sur divers fossiles trouvés en Bre-
tagne^ dans les pbjUades de St-Ld, 50. — Présentation de
la carte manuscrile de la Bretagne, 53 . — Notice préli-
minaire sur là faune d'Erbray, (Loire-Inférieure) 158^—
Lingules et Yexillum du grès armoricain des Gabriëres et
de Bretagne, 480. — Découvertes stratigrapbiques dans
les schistes à graptolites des environs de Luchon, 181.
- âii -
Boavart. — Sur les Tanguiëres de Moidrey^ 1.
Ganu (Eag.) — Sur les ossements trouvés par M. Grégoire
à Rocq-Recqaignies, 20. — Notes de géographie zoolo-
giqae: r La faune du canal de Fœroër, 164. — 2' La
dispersion des espèces animales par le canal de Suez,
172.
Cayeux. — Analyse d'une conférence de H. de Lapparent
sur le sens du mouvement de Técorce terrestre, 186. —
Compte-rendu de Teicursion de la Société à Lezennes et
à Cysoing, 239, 240.
Couvreur. — Sur la structure cône in cone^ 127.
DelecroixfËm.) — Note sur Taltération des eaux d*un
puits en Angleterre, 22.
Gosselet (J.) — Sur le Famennien de la Solre; 20. — Sur
les découvertes de MH. de Puydt et Lohest dans la grotte
de Spy, près de Namur, 51. — Sondage à Wargnies-le^
Grand, 129. — 6« Note sur le Famennien, 130. — Dolomie
carbonifère à 140 m. de profondeur à Tourcoing, 185. —
Sur la découverte de H. Lohest relative à Tâge oligocène
des dépôts plastiques des environs d'Andenne, 185. — Sar
le grès à Nummuliies lœvigata en place à Fayat, près Gem-
bloux, d*après H. Rutot, 188. — Note sur quelques Rhyn-
chonelles du terrain Dévonique supérieur (avec planches),
188. — Leçons sur les nappes aquifères du Nord de la
France, 249.
Gronnier. — Coupe de la carrière d'Arkose du Pas-
Bayard à Hirson, 1. — - Note sur le contact du Frasnien et
du Givetien dans la tranchée du chemin de fer à Glageon,
1. — Note sur le Vermandois, 1.
Hette. — Silex taillés et polis de la Somme et du Pas-de-
Calais, 185.
Ladrière (J.) — Note sur le iforagé de TÉcole nationale
professionnelle d'Armentières, 181.
Lecocq (Gust.) — Notice sur Émile-Eugène Savoye,
178.
- 312 -
Péroche (J.) — L'action érosive des cours d'eau et la
rotation terrestre, 146.
(Ach.) — Sur la stractare de TEspagne d'après M. J.
Macplierson, 53. — Le Dévonien russe, d'après le prof.
Yénnkoff, 67. — Exposé de la théorie de Sness sar les
dislocations qui ont produit les diverses montagnes de
TEurope, 145.
[liibout. — Compte-rendu de Texcursion dirigée dans le
terrain dévonien de Tarrondissement d'Avesnes, 322.
TABLE GÉOGRAPHIQUE
des localités citées des départements du Nord et du Pas-de-Calais.
Annapes, 247.
Aoor, 225.
Anorelles, 226.
Armentières, 181.
Avesncs-le-Gomte, 186. .
BeauwelZ) 225.
BeugDies, 288.
BlaDgy, 228.
Bourgbelles, 946.
Bouvines, 248, 245.
Château-Gaillard, 228.
Choisies, 184, 185.
Cousolre, 188. 288. 289. .
Cysoing, 245.
Damousîes, 135. 186.
Dimont, 182. 188. 285.
Eppe-Sauvage, 280. 281.
Felleries, 288.
Ferrières la-Grande, 186.
Ferrières-la-Petite, 186.
Fourmies, 20. 182. 281.
Glageoo, 1. 221.
Hestnid, 188. 289.
PLANCHES.
Planches I. II. et III. Note sur quelques Rhynchonelles du
terrain Devonique supérieur, par M. Gosselet, 188.
Lille. - Liégeois-Six, Imprimeur de la Société géologique du Nord.
Jeumont, 286.
Lezeones, 241.
Marpent, 236. 237.
Maubeuge, 20. 188. 145.
Mondrepuits, 224.
Obrechies, 185. 285.
Offies, 284.
PaS'Bayard, 228.
Rocq-Recquignies, 20.
Roussies, 182.
Sains, 283.
Sars-Poleries, 188. 238.
Sémeries, 288.
Solré (Val.* de la), 20.
SoIre-le-Ch&teau, 184.
Sus-St-Léger, 185.
Tourcoing, 185.
Trélon, 227. 228. 280.
Wallérs. 229. 280. 281.
Wargnies-le-Grand, 129.
WattigDieSi 183.
Wattissart, 287.
PLANCHE {
Fig. 1 à 8. Rhynchoneila ferqtiensiSt Goss.
Fig. 9 h \9- Rhyncàoneila letiensis^ Goss.
Fig. 22-22. Rhynchoneila nux, Goss.
a. Coquilles vues du côté dd la p^'litc valve.
b. Coquilles vues du côlô de la grande valve.
c. Coquilles vues du côlé du fronl.
d. Coquilles vues de profil.
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PLANCHE 11.
Pig. 1 à 10. Rhynchonella Omaliusi, Goss
Fig. u à 18. Rkyncàonella iriœqualis, Goss.
a. Coquilles vues du côté de la pelite valve.
b. Coquilles vues du côié de la grande valve.
c. Coquilles vues du côlé du front.
d. Coquilles vues de profil.
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PLANGHË III.
Fjg. 1 à 5, Rhyncàonella Iriœquatis, Goss.
Fjg. 6 à 13. Rhyncàonella Damonli, Goss.
Fig. 14 à 16. hhynchoneila Gonlhieri, Goss.
Fig. 17 à 18. Rhyncàonella Gonlhieri ? variéié.
Fig. 19. Rhynchonella paltnala, Goss.
a Goquilies vues du côté de la petite valve.
b. Coquilles vues du côté de la grande valve.
c. Goquilies vues du côté du front
d. Goquilies vues de profil.
A. Moules internes de la petite valve de la Ràynchoneila Dumonli
montrant les impressions musculaires et ovariennes. (Grossi 8 fois.)
Ln figure 13 représente un individu plus jeune que la fig. 12. La pointe
que l'on voit dans celte dernière au-dessus des impressions muscu-
laires est une erreur de dessin.
B. Moule interne de la grande valve montrant les impressions
musculaires et ovariennes. (Grossi^S fois.)
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PLANCHES III.
Fjg. 1 à 5. Rhynchonella iriœqualis, Goss.
Fig. 6 à 13. Rhynchonella Dumonli, Goss.
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Fig. n à 18. Rhynchonella Gonthieri ? Tariôté.
Fig. 19. Rhynchonella paUnala, Goss.
a Coquilles vues du côté de la petite valve.
à. Coquilles vues du côté de la grande valve.
c. Coquilles vues du côté du front.
d. Coquilles vues de profil.
A. Moules internes de la petite valve de la Rhynchonella Dumonli
montrant les impressions musculaires et ovariennes. (Grossi 8 fois.)
La figure 13 représente un individu plus jeune que la fig. 12. La pointe
que l'on voit dans celte dernière au-dessus des impressions muscu-
laires est une erreur de dessin.
B. Moule interne de la grande valve montrant les impressions
musculaires et ovariennes. (Grossi 8 fois.)
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