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SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DU NORD
S'adresser pour lous reoseigaentienls, k H. LAURIËRE
Trésorier- A rchiviale. Square Jussieu, 24
ANNALES
DE LA
SOCIETE GEOLOGIQUE
DU NORD
m
TOME VII
1879-1880
•
LILLE
IMPRIMERIE ET LITHOGRAPHIE SIX-HOREATANS
1880
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SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DU NORD
BUREAU POUR 1879
Président. MM. P. Hallez.
Vice- Président Bertrand.
Secrétaire Six.
Trésorier-Archiviste Laurière.
Bibliothécaire -Adjoint Debray.
Directeur M. Gosselet.
membres titulaires AU 1" janvier 1880.
MM. ALLAYRAC, Ingénieur principal aux Mines de Gourrières à Billy-
Moniigny.
AULT (d*)-DUMESNlL, rue de i Eauette. 1, Abbeville.
BARROIS Charles, Maître de conférences, à la Faculté des Sciences
de Lille.
BARROIS Jules, Docteur ès-sciences, boulevard Vauban, 48.
BARROIS Théodore, rue de Launoy, 35, Fives-Lille.
BARROIS Théodore, Licencié ès-sciences naturelles, rue de
Lannoy, 85, Fives-Lille.
BÉGOURT, Sous-Inspecteur des Forêts au Quesnoy.
BERGAUD, Ingénieur aux Mines de Bruay.
BERTRAND, Professeur à la Faculté des Sciences de Lille, Grande-
Route de Béthune, à Loos.
BILLET Albert, Licencié ès-sciences, 48, rue de Gand, Lille.
BOLLAERT, Directeur des Mines de Lens
BOUVART, Inspecteur des Forêts, en retraite au Quesnoy.
BRETON Ludovic, Ingénieur de la Compagnie du Chemin de fer
sous-marin, rue Saint-Michel, 180, Calais.
GAFFIERI Georges, Avocat à A^esnes.
CHELLONNEIX Emile, Receveur des Douanes, Baisieux.
COLAS, Licencié ès-sciences, rue des Jardins, 34.
CORENWINDER Benjamin, Chimiste, rue Solférino, 61, Lille.
COSSERAT Léon, Professeur, Grande-Place, 21, Armentiéres.
CREPIN, Ingénieur aux Mines de Bully-Grenay.
CRESPEL Richard, Fabricant, rue des Oyers, 27, à Lille.
DABURON, Ingénieur aux Mines de Lens.
DANEL Léonard, rue Royale, 85, à Lille.
DAUBRES8E, Ingénieur-Directeur des Mines de Carvin.
DEBOUZY, Docteur en Médecine, à Wignehies (Nord).
MM.DEBRAY Henri, rue Jean-Sans-Peur, 44, Lille.
DEFERNEZ Edouard, Ingénieur à Liévin-lez-Lens (Pas-de-Calais).
DEL ADERRIËRE, Avocat, r«e Gapron, 8, Valeociennes.
DELEPLANQUE, Directeur du Musée d'histoire naturelle à Douai.
DELÉTANGT Jules, Industriel à Fumai (Ardennes).
DESAILLY, Ingénieur aux Mines de Liévin, par Lens.
DESGAT Jules. Manufacturier, rue de Bélhune, 56, Lille,
DKSROUSSEAUX Jules, rue de THÔpital Militaire, 35.
DESTOMBES Pierre, boulevard de Paris, à Roubaii.
DUPONGHELLE. rue Colbert, 142. à Lille.
DUTERTRE Emile. Etudiant à Boulogne-sur-Mer, et 88, boulevard
Montparnasse, Paris.
DUVILLIER Paul, rue d*Antin. 28, Lille.
EVRARD. Directeur des Mines de Ferfay, à Auctiel (Pas-de-Galais).
FEVER. Ghef de division à la Prélecture. 8, rue Saint-Biaise, Lille.
GIARD. Prof, à la Faculté des Sciences de Lille, rue Colbert, 87.
GOSSELET, Prof, à la Faculté des Sciences de Lille, rue d'Anlin, 18.
GUERNE (de). Préparateur à la Faculté de Médecine, rue Puebla, 86.
GGILLEMIN, Avocat et Député, à Avesnes.
HALLEZ Paul, Maître de Conférences à la Faculté de Médecine,
rue de Gand, 45. Lille.
BERLIN Georges, Square Jussieu, 1*7, Lille.
HUMBERT Georges, Étudiant, boulevarl de la Libcité, 56, Lille.
JEANNEL, Dessinateuren chef au Chemin de fer de l'Est, Charleville.
JULIEN Étudiant à.Saint-Amand (Nord).
LADRIÉRE Jules, Instituteur, Square Jussieu, Lille.
LALOY Roger, Fabricant de sucre, à Flines-lez-Racbes.
LEBLANC Jules, Filateur, rue des Carliers, 23, Tourcoing.
LECLERCQ Eugène, Professeur au Collège du Qucsnoy (Nord).
LEGOGQ Gustave, rue du Nouveau-Siècle, *?, Lille.
LEFEBVRE Alphonse. Garde-Mines, rue Barlhemy-Delespaul, 24.
LELOIR Henri, Interne des Hôpitaux, rue Monge. 1*7, Paris.
LEPAN René, rue de TEntrepôt. 14, Lille.
LE ROY Gustave, Inspecteur commercial du Chemin de fer du
Nord, rue de Tournai, 47.
LEVAUX, Professeur au Collège de Maubeuge.
LISBET, Ingénieur, rue de la Louviôre, 17, Lille,
LOUISE, Principal du Collège de Sedan.
MAURICE Charles, Étudiant, rue Saint-Julien. 24, Douai.
MAURICE Jules, Etudiant, rue Saint-Julien, 24. Douai.
MICAUD, Ingénieur en chef aux Mines de Béthune, à BuUy-Grenay.
MONIEZ. Préparateur à la Faculté des Sciences, à Lille.
MORIAMEZ Lucien, à Saint-Waasl-lez Bavai (Nord).
MM. OLIVIER, Éludianl, rue Solférino, 814.
ORTLIEB Jean, Chimiste à Groix-lez-Roubaix,
OZIL, Bibliothécaire de la Faculté de Médecine, Lille.
PAËILE, Bibliothécaire de la Ville, rue d'Anlin, 18.
REUMAUX, Ingénieur aux Mines de Lens.
RIGÂUT Adolphe, Adjoint au Maire, rue de Valmy, 3, Lille.
RIGAUX Henri, Archiviste de la ville, rue de l'Hôpital-Militaire, 112,.
Lille.
SâVOYE Emile, Chimiste, rue du Bleu-Mouton, 4, Lille.
SIMON, Ingénieur aux Mines de Liévin.
SIX Achille, Préparateur à la Faculté des Sciences.
TAINE, Pharmacien à Fourmies.
THIRIEZ, Professeur au Collège de Sedan,
THOMAS Emile, Professeur à l'École Normale de Charleville.
THOREZ Emile, Ingénieur aux Mines d*Azincourt. à Aniche.
TILMAN Victor. Directeur de PEcole supérieure, rue des Lom-
bards, 2, Lille.
TOFFART Auguste, Secrétaire général de la Mairie, Lille.
TORDEUX-PEGQUERIAUX. Filateur à Avesnelles-lez-Avesncs(NordK
VIALAT, Ingénieur en Chef aux Mines de Liévin.
VUILLEMIN, Directeur des Mines d*Aniche.
WALKER Ambroise, boulevard Montebello, 19, Lille.
WALKER Emile, Constructeur, rue d'Anlin, 29, Lille.
WARTEL, Licencié, rue de Lannoy. 85, Lille.
MEMBRES CORRESPONDANTS.
(résidant en dehors de la circonscription académique).
MM. BUCAILLE, rue Saint-Vivien, 182, Rouen.
GOGELS Paul, rue de la Bascule, 2, Anvers,
DESCAMPS J., rue de l'Aqueduc, 5, Paris.
DOLLPDS Gustave, rue de Chabrol, 45, Paris.
DORLODOT (l'Abbé de), au château de Floreffe (Belgique).
FLAHAULT Evariste, Ingénieur civil à Tulle (Gorrèze). /
FRANÇOIS, Ingénieur des Mines de Ronchamps (Vosges).
HERMITE, Prof, à l'Université catholique, rue Volney, 17, Angers.
LAFFITE Henri, élève de l'Ecole des Mines, rue Heslay, 21, Paris.
ROLAND Carolus, Arsdorf, Luxembourg.
ROUVILLE (de). Doyen de la Faculté des Sciences de Montpellier.
RUTOT, Ingénieur, rue du Chemin de fer, Saint*Josse-ten-Noode.
Bruxelles.^
VANDEN BROECK. Conservateur au Musée d'Histoire naturelle,
rue de Terre-Neuve, 124, Bruxelles.
MEMBRES ASSOCIÉS.
MM.BIGSBY, Gloucestcr place, Porlman Square, 89, Londres.
BRIâRT, Ingénieur k Mariémont.
GAPELLINI, Professeur à i'Universilé de Bologne.
CORNET, Ingénieur des Charbonnages du Levant du Flenu, à
Guesmës, près Mons,
GORTAZAR (de), Ingénieur des Mines, Galle Isabel laGatollca. 25,
Madrid.
DECHEN (von). Inspecteur général des Mines de la Prusse
Rhénane, Bonn.
DELESSE. Inspecteur général dés Mines, rue Madame, 59, Paris.
DEWALQUE, Professeur à l'Université de Liège.
DUPONT, Directeur du Musée d'histoire naturelle de Bruxelles.
DU SOUICH, Inspecteur général des Mines, rue Férou, 4, Paris.
GUISCARDI, Professeur de Géologie à l'Université de Naples.
HALL, Directeur du Musée d'histoire naturelle de l'Etat de
New-York, à Albany.
HAYDEN, D' F. V., Directeur du Géological Survey. des Territoires
Washington.
HEBERT, Prof, à la Faculté des Sciences, rue Garancière, 10, Paris.
JUDD J., Professeur de Géologie à l'Ecole des Mines, science
schools, South Kensinglon, S. W. Londres.
KAYSER Ë., Prof, de Géologie, Bergakademie, Invalidenstrasse, 46,
Berlin.
LAPPARENT(de).Prof. à l'Université catholique, rueTilsit, 3, Paris.
LA VALLÉE-POUSSIN (de), Professeur à l'Université de Louvain.
LESLEY, Directeur du Géological Survey, de TElat de Pensylvanie.
MAC-PHERSON. Salon del Prado, 12, à Madrid.
MALAISE, Professeur à l'Institut agricole de Gembloux.
MERGEY (de), à Hyèrcs.
MEUGY, Inspecteur général bon. des Minés, rue Madame, 53, Paris.
MORRIS, 15, Upper Gloucester place, Dorset square, N. W. Londres.
MOURLON, Conservateur au Musée d'histoire naturelle de Bruxelles.
KYST, Conservateur au Musée dlhistoire naturelle de Bruxelles.
PELLAT Ed., rue de Vauglrard, n, Paris.
POTIER, Ingénieur des Mines, rue de Boulogne, l. Paris.
PRESTWIGH, Professeur de Géologie à l'Université d'Oxford.
Darenl-Hulme, near Shoream, Sevenoaks.
RENARD, Conservateur au Musée d'hist. naturelle de Bruxelles.
ROEMER F.. Professeur de Géologie à l'Université de Breslau.
SCHLUTER, Professeur de Géologie à l'Université de Bone.
TERQUEM, rue de la Tour, 78, Paris-Passy.
TOURNOUER, rue de Lille, 43, Pans.
VELAIN, Maître de coufércnce.s de Géologie à la Sorbonne, Paris.
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ANNALES
DE LA
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE
DU NORD
Séance du 5 Novembre 1879.
M. Ladriëre fait la communication suivante :
Documents nouveaux
pour tétude du
Terrain déTonien des environs de Bavai.
par H. liadrière
Dans une note publiée en 1875, j'annonçais que tous les
calcaires exploités comme marbre ou pierres de taille dans
la vallée de THogneau appartiennent au dévonien moyen; et
j'établissais comme base de cette importante assise, dans
cette région, une masse de calcaire compacte, grisâtre,
à surface mamelonnée, pétri de polypiers, et traversé
en tous sens par une multitude de petites veines de calcite.
Ce calcaire, qui fournit un des marbres les plus estimés :
le Saint'Anne^ et qui n'était connu que dans une seule
localité des environs de Bavai, Hon-Hergies , j'ai pu constater
son existence d'une manière continue sur un parcours de
plusieurs lieues, depuis l'extrémité ouest du Dois d'Angre,
jusqu'à la limite Est de Taisniëres sur Hon : c était une
précieuse découverte pour ce pays.
1
Annales de la Société géologique du Nord, t. vu.
• »_•_" » •»•»
••• • '
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• • • •
« •
-2-
M. le Comte de Louvenconrt en tire parti actaellement :
l'exploitation qu'il fait du Saint-Ânne, dans ses domaines du
Bois d'ÂDgre, confirme en tous points mes prévisions, et
montre une fois de plus combien la science peut rendre de
services à Tindustrie. Le marbre extrait est. d'une beauté
remarquable et le banc qui le fournit a près de trois mètres
d'épaisseur ; je ne doute nullement qu'à peu de profondeur
dans le sol on ne rencontre plusieurs couches semblables à
celle qui est exploitée.
Dans la même note, j'analyse succintement l'ensemble des
couches qui recouvrent le Saiiit-Anne dans la vallée de
THogneau ; et j'arrive à distinguer dans cette masse, de cent
trente mètres environ d'épaisseur, un certain nombre de
niveaux pétrographiques et paléontologiques ; mais lorsqu'il
s*agit des roches que l'on rencontre le long du ruisseau de
Bavai, affluent de l'Hogneau, je déclare que leur étude
présente de grandes difficultés, et que de nouvelles recherches
sont nécessaires.
A celte époque, en effet, le géologue assez hardi pour
oser s'aventurer au milieu des ronces et des broussailles qui
garnissaient les deux rives de ce ruisseau tortueux, ne
découvrait souvent, après mille efforts, que quelques rares
affleurements de calcaire argileux, noirâtre^ complètement
décomposé et sans fossiles, c'est-à-dire tout à fait indé-
terminable.
La compagnie du Nord s*est chargée d'aplanir ces
difficultés. Une nouvelle ligne de chemin de fer^ celle
de Cambrai à Dour, côtoiera bientôt le ruisseau de Bavai,
à peu près depuis sa source jusqu'à son confluent avec
l'Hogneau ; de nombreuses tranchées sont déjà creusées pour
le passage de la voie, et presque toutes entament assez
profondément les roches calcaires; c'est pourquoi j'ai pu
recueillir une foule de renseignements qui m'ont permis
de compléter l'étude du terrain dévonien de ce pays.
— 3 -
An dessus de ce que j'ai appelé Goqailler de Gassignies
ou couches à Bellorophon lineatiis et à Strigocephalus
Burtini, on rencontre, à Âutreppe, au coin du bois, et à
Gassignies, sur la rive gauche de l'Hogneau, une masse
fort épaisse de schistes gris ou de calcaire argileux noirâtre.
Un peu plus au midi, au lieu dit le Piémont, dans une
ancienne carrière, on voit, de bas en haut, les couches
suivantes :
Calcaire argileux, grisâtre avec Spirifer mediolextus ;
Calcaire argileux, noirâtre ;
Calcaire noirâtre avec Produclus subaculeaCus ;
Calcaire noir, sans fossiles;
Calcaire bleuâtre avec Murchisonia coronafa ;
Calcaire avec Cyrt/ioceras depressum^ Cyathophyllum cl
noyaux de calcile.
Tous ces bancs relèvent au nord d'environ 75».
Entre le chemin du Piémont et le sentier de Bettrechies,
les travaux de terrassement sont à peine commencés : la
tranchée, qui atteindra une douzaine de mètres de profon-
deur, rencontrera certainement toutes les couches dont je
viens de parler.
Vers THogneau, le long de la voie, où a enlevé un certain
nombre de bancs plongeant au midi, formés de calcaire
compacte, bleuâtre, renfermant les uns des polypiers, les
autres, des Bellorophons et des Murchisonies. Non loin de
là, en face de lusine de Gussignies, les mêmes couches
se replient et plongent au nord.
Avant de traverser le ruisseau, la voie s'engage dans
une nouvelle tranchée, aussi profonde que celle du Piomont,
et creusée dans du calcaire argileux noirâtre; les bancs
s'enfoncent sous le lit du ruisseau, pour se relever un
peu plus loin, sur l'autre rive, avec une inclinaison diffé-
rente. On peut suivre ce calcaire noir sur une longueur d'une
centaine de mètres et bientôt se présente une magnifique
tranchée, dite du Bois d'Encade, qui montre la succession
des couches suivantes de bas en haut :
Calcaire noir, schisteux, avec polypiers ; .
Calcaire bleuâtre^ compacte, avec noyaux de calcite ;
Calcaire noirâtre, sans fossiles ;
Calcaire bleu&tre avec Murchisonia coronala ;
Ces divers bancs, après avoir formé deux plis successifs,
disparaissent sous une nouvelle série de couches, qui sont :
Calcaire noirâtre, schisteux, avec Cyathophyllum;
Schistes noirs, grossiers;
Calcaire bleuâtre, avec Pleurotomaria bilineaia ;
Calcaire noir-bleuâtre avec Strigocephalus Burtini ;
Macrocheitas et Pleurotomaria;
Calcaire noirâtre, avec nombreuses veinules de calcite ;
Calcaire noir, schisteux ;
Calcaire bleuâtre, avec Murchisonia coronata ;
Calcaire bleuâtre, avec Macrocheilus ;
Calcaire bleuâtre, avec nombreux Strigocephalus Buriini,
Bellerophon slrialus et Murchisonia coronata ;
Calcaire compacte noir, fin, très pur, 1res beau pour marbre;
Calcaire bleuâtre avec Murchisonies ;
Calcaire grisâtre, schisteux;
Calcaire bleuâtre, avec Murchisonies et Polypiers ;
Calcaire noir, schisteux;
Calcaire avec Cyathophyllum;
Toutes ces couches constituent un massif calcaire aussi
remarquable au point de vue industriel que sous le rapport
géologique : nulle part, dans les environs de Bavai, la
faune du dévonien moyen n'est mieux caractérisée. Ces
couches sont tout à fait identiques à celles que mon savant
— 5 —
maître, M. Gosselet, a rencontrées sur les bords de la
Sambre^ et désignées sous le nom de Coquiller de Boussois.
Après une série de selles et de fonds de bateaux, ce
calcaire s'enfonce sous de nouveaux bancs dont Pinclinaison
est au nord d'environ 15°.
A la base de cette assise, on trouve un calcaire grisâtre,
très dur, pétri de coraux; au-dessus, un calcaire bleuâtre
renfermant SpirifermediotextuSy Atrypareticularis, Spirigera
œncentrica.
Plus loin, en face de l'usine de Bettrechies, dans une
grande carrière aujourd'hui comblée, on exploitait autrefois
un calcaire argileux, noirâtre ; les couches étaient presque
horizontales, et présentaient un développement d'une
cinquantaine de mètres de longueur, sur une épaisseur
totale de dix mètres : aujourd'hui elles apparaissent dans
la tranchée du chemin de fer.
Si Ton se basait uniquement sur les caractères minéralo-
giques de la roche, on serait tenté de rapporter ce calcaire
noir à l'assise du calcaire de Frasnes ; mais en avançant vers
Bettrechies, on voit ces couches surmontées de quelques
bancs blQuâtres, plus compactes, renfermant : Pleurotomaria
bilineata, Ludna anliquay eic; de plus, le long du chemin de
Bettrechies à Bellignies, j'ai recueilli dans un calcaire
dolomitique, supérieur au précédent, un certain nombre de
fossiles essentiellement caractéristiques du dévonien moyen,
et qui ne laissent par conséquent aucun doute sur Tâge
des dépôts qui les renferment. Ce sont :
Cirrhus Leonhardt, Unciles gryphus^
Bellerophon Urii, Alrypa reticularfs,
Conocardium ali/orme, Ludna antiqua,
Spirifer mediotextus^ Ludna proavia,
Spirifer undiferu^^ Mérista prunutum,
Cyrthia helerodila. Polypiers,
Spirigert^ concenlricaf
— 6 -
A cinquante mètres environ, au dessus du pont de Bettre-
chies, le calcaire noirâtre plonge au sud, sous le Riez-des-
Trieux, petit ravin qui, après avoir traversé le bois de
Breaugies, vient déverser ses eaux dans le ruisseau de Bavay.
L^exploration de ce courant est très intéressante, mais elle
présente de sérieuses difficultés.
A la jonction des deux cours d'eau, les observations sont
impossibles, attendu que les alluvions modernes recouvrent
partout les terrains primaires ; plus haut, dans le Bois de
Breaugies, on trouve, dans le lit du ruisseau, un calcaire noir,
schisteux, avec Cyrthoceras et Spirifer Verneuili. Celui-ci est
surmonté par d'autres couches un peu plus compactes. Vers
le milieu du bois, on rencontre, toujours au fond de Teau,
une masse assez épaisse de schistes gris, feuilletés. Enfin,
près d'un petit pont, on voit, sur les schistes gris, quelques
bancs de calcaire argileux, grisâtre, micacé, renfermant en
très-grande abondance :
spirifer Verneuili Rhynchonella Schnurii, etc.
11 est évident que nous avons ici un petit bassin dans lequel
se sont déposés des sédiments qui représentent Tétage du
calcaire de Frasnes ; peut-être môme pourrait-on rapporter
à une assise supérieure les schistes gris, feuilletés, et les
quelques bancs de calcaire argileux à Spirifer Verneuili,
A partir du Riez-des-Trieux, la tranchée du chemin de fer
ne pénètre plus jusqu'aux roches dévoniennes; et, dans
le ruisseau de Bavai, sur un parcours de quelques centaines
de mètres, les affleurements calcaires sont recouverts par des
dépôts récents.
Il est donc assez difficile d'indiquer Page et la nature des
roches qui constituent le bord méridional du petit bassin de
Breaugies. Je crois cependant pouvoir admettre que ce sont
les calcaires noirs da chemin de Bellignies qui se relèvent en
cet endroit ; car, un peu plus loin, à la limité du territoire de
Saint- Vaast^ j'ai pu reconnaître un certain nombre de bancs
qui leur sont immédiatement inférieurs ; ils se relèvent au
midi d'environ 15 degrés. Ce sont» de bas en haut :
•
Calcaire bleu, compacte, avec polypiers;
Calcaire noir, schisteux ;
Calcaire bleu&tre. avec Luctna aniiqua;
Calcaire bleuâtre, avec Murchisonia coronata.
En face de la nouvelle usine de M. Luc, j'ai recueilli les
fossiles suivants dans un calcaire noduleux, que je rapporte
aussi au dévonien moyen.
Murchisonia coronala. Spirigera concenlrica,
Cirrhus Leonhàrdi, Alrypa reticularis,
Bellerophon sMalus, Produclus subaculeatus.
Conocardium aliforme, Orlhis intertinii.
Spirifer mediotextus, Orlhis strialula,
Spirifer undi férus, Faoosiles polymorpha,
Cyrthia heleroclita, — cervicornis,
Dans la pâture du Moulin de la Tour, sur la rive droite du
courant, on voit affleurer un certain nombre de bancs, formés
de calcaire bleuâtre, très dur; quelques-uns de ces bancs
présentent en très grande abondance : Pleurotomaria bili-
neata, Bellerophon striatus^ etc ; je crois y reconnaître le
calcaire coquiller de la belle tranchée du Bois d'Encade, aussi
serait-il à désirer que Ton fît en ce point quelques tentatives
d'exploitation, car je suis convaincu que ce massif calcaire
renferme de grandes richesses.
Plus loin, le relief du sol se modifie sensiblement : de
moins en moins escarpés, les flancs de la vallée s'étalent bien-
tôt en pente douce des deux côtés de la rivière, ce qui semble
indiquer un sous-sol schisteux, facilement décomposable.
— 8 —
•
Avant d'arriver au village de Saint-Yaast, on rencontre
deux carrières habilement exploitées par un de nos collègues,
M. Horiamez, directeur des usines de M. Luc. Dans la
première, on extrait d'énormes blocs de calcaire gris-bleuâtre,
remplis de coraux : Favosites bobniensis, Cyathophyllum
cœspitosum. Le marbre qu'il fournit me parait identique à
celui d*Hestrud-lez-Maubeuge, l'un et l'autre sont fort recher-
chés. La seconde carrière présente les mêmes bancs, recou*
verts par les couches suivantes :
Calcaire noir, fin ;
Calcaire noir, à veines blanches ;
Calcaire noir, à petits points blancs;
Calcaire bleuâtre, avec grands gastéropodes, grandes Orlhis et
Loxonema sinuosum.
Au dessus, on voit en stratification concordante, une masse
considérable de schistes feuilletés, grisâtres, micacés, avec
nodules calcaires, contenant en abondance :
Sptrifer Vemeuili, Orlhis striatula,
Spirigera concentrica, Productus subacuiealus^
Atrypa relicularis, Acervalaria pentagona.
C'est dans cette carrière que se trouve le dépôt aachénien,
dont j'ai parlé dans une note publiée en 1873.
Les schistes à. Acervularia forment le sol sur lequel est
construite la majeure partie du village de Saint-Yaast. Ils sont
recouverts par des schistes fins, gris ou verdâtres ; malheu-
reusement, il n'y a plas de carrières ouvertes au midi de
cette commune, de sorte qu'il est bien difficile de juger de la
nature de ces dernières couches.
Si on continue à remonter le ruisseau de Bavai, on voit
bientôt déboucher sur la rive gauche un de ses petits
affluents, le Riez-de-Marvy. Dans le lit de ce ruisseau^
— 9 —
on peut suivre sar un parcours d'une centaine de mètres, un
certain nombre de bancs, assez épais^ de calcaire grisâtre,
argileux, micacé, alternant avec des bancs plus compactes,
de calcaire bleuâtre, pétri de tiges d'encrines.
On y trouve le Spirifer Verneuilien très grande abondance*
Les couches plongent au midi et se relèvent à un kilomètre
plus loin, au hameau du Pissotiau. Dans une ancienne
carrière, où on les a longtemps exploitées pour empierrer les
routes^ j'ai recueilli :
spirifer Vemeuill. Orthis slrialuia,
Mynchancila pugnus. Atrypa relicularis.
— Boloniensis
LMntervalle est rempli par les Psammites du Condros :
dans la tranchée du chemin de fer ils sont brun-rougeâtre,
micaôés, et se divisent en -fragments très irréguliers* ils
renferment de nombreux nodules calcaires, et quelques
empreintes de végétaux ; dans le lit du ruisseau de Bavai, où
Dû peut les suivre depuis le village de Saint-Yaast jusqu'au
château de Ramez, ils sont gris-foncé ou verdâtres, et se
divisent en plaques rhomboidales souvent très-minces.
Le dernier afDeurement de psammites visible le long du
ruisseau de Bayai , se trouve dans une grande prairie en
face de l'usine de H. Lèvent ; les bancs s'enfoncent au
midi, la roche est assez quartzeuse, elle parait avoir une
certaine consistance. Plus loin, les terrains primaires dispa-
raissent sous des couches plus récent^.
L'été dernier, la Compagnie du Nord, en construisant un
pont sur le ruisseau de Mecquignies, a rencontré les roches
dévoniennes en un point situé à plus de quinze cents
mètres au midi du dernier affleurement que je viens de
signaler.
- 10 -
Je dois à Tobligeance i» M. Herpin^ ingénieur, un
échanlillon de la roche qui a été traversée : c'est un grès
micacé, grisâtre, rempli de S'pirifer Verneuilit qui appartient
à rétage des psammites du Condros.
Résumé.
Le calcaire de Givet des environs de Bavai, présente
comme celui des bords de la Sambre, si bien étudié par
H. Gosselet, deux niveaux distincts, séparés par des schistes
gris ou des calcaires argileux :
1» Un niveau inférieur qui comprend tous les calcaires
exploités dans la vallée de THogneau, depuis le Bois d'Angre
jusqu'à Tâisniëres : on peut y faire plusieurs subdivisions.
Je citerai parmi les couches les plus remarquables : le
Saint-Ânne, les bancs à Lucines, le banc à Strigocephales, et
le banc à Bellorophons.
2» Un niveau supérieur dans lequel je range tous les
calcaires visibles dans la tranchée du chemin de fer de
Cambrai à Dour et le long du ruisseau de Bavai, depuis le
Piémont à Gussignies, jusqu'au-dessus du Moulin de la
Tour, à Sainl-Vaast; j'en excepte toutefois les diverses roches
qui constituent le petit massif du Bois de Bréaugies. Je
^ignale comme appartenant à ce niveau, la magnifique
tranchée du Bois d'Encade, où abondent les Strigocephales,
les Murchisonies, les Bellorophons.
Le Frasnien de cette région peut également se diviser en
deux zones :
1» Une zone calcaire à laquelle appartiennent les roches
actuellement exploitées dans les carrières de Saint-Vaast, et
les calcaires noirs du Bois de Bréaugies ;
2» Une zone schisteuse comprenant les couches à Acervu-
laria, le calcaire argileux du Bois de Bréaugies et du Riez-
de-Marvy.
- 11 —
Enfin, les Psammites du Condros présentent aussi deux
faciès bien différents :
^^ Â la partie inférieure, ils sont brun-rougeâtre, argileux,
avec nodules calcaires et quelques empreintes de végétaux.
2° Â la partie supérieure, ils sont grisâtres , quartzeux et
contiennent de nombreux Spirifer Yerneuili.
M. Ladrïëre résume de la manière suivante ses obser-
vations sur le terrain quaternaire du Nord.
Le Terrain quaternaire du Nord
par M. liadrlère.
L'étude du terrain quaternaire a de tout temps préoccupé
les géologues; mais elle présente de telles difficultés que,
malgré les nombreux et savants mémoires qui ont été publiés
sur cette question, on est loin d'être d'accord sur l'âge, l'ori-
gine et même la nature des différents dépôts qui constituent
cette importante formation. La construction de quelques voies
ferrées dans les environs de Bavai m'a fourni Toccasion
d'entreprendre celte étude. Mes observations onlporté d'abord,
d'une manière toute spéciale , sur la région comprise entre
Valenciennes, Le Quesnoy et Maubeuge, puis, je les ai éten-
dues successivement dans le sud de l'arrondissement d*Âves-
nes, vers Fourmies et Féron, dans le département de l'Aisne,
jusque Guise ; dans le Pas-de-Calais, vers Hénin-Liélard et
Harnes : enfin dans les environs de Lille.
Le terrain quaternaire des environs de Bavai n'a jamais
fait Tobjet d'aucune étude spéciale, mais comme cette région
est comprise entre le Cambrésis, si bien décrit par mon maître*
M. Gosselet, et le Hainaut belge , que MM. Cornet et Briart
ont tant exploré, je crois utile, avant de faire connaître le
résultat de mes recherches, d'indiquer d'abord les diverses
— 12 -
opinions émises par ces savants sur la constitution du terrain
diluvien.
H. Gosselet, dans son mémoire sur le Cambrésis, publié en
1865, divise le terrain quaternaire en trois assises qui sont :
1° Le diluvium formé d'un amas de cailloux roulés, de
galets, de sable grossier , etc., renfermant des ossements de
Mammouth, de Rhinocéros, etc.
2o Le loess ou limon argllo-sablonneux, jaune-pâle, quel-
quefois panaché et argileux à sa partie inférieure.
3<> La terre végétale ou argile à briques formant une assise
distincte du Loess^ bien qu'elle y passe souvent par des degrés
insensibles.
Il ne se prononce pas quant à Torigine des dépôts quater-
naires, et déclare qu^aucune des théories émises jusqu'à ce
jour pour expliquer la formation de ces différentes couches
ne le satisfait complètement.
MM. Cornet et Briart, dans un travail publié en 1867, et
réimprimé en 1872, sur les découvertes géologiques et
archéologiques faites à Spiennes, établissent dans le terrain
quaternaire des environs de Mous trois divisions qui se
rapportent exactement à celles que M. Gosselet a reconnues
dans le Cambrésis ; ils attribuent au terrain diluvien une'
origine fluviatile, et séparent nettement la terre à briques du
Loess, quUls nomment Ergeron.
On verra dans le cours de cette étude que mes observations
ne concordent pas toujours avec celles de ces savants
géologues.
Dans la région que j'ai particulièrement étudiée et dont
Bavai est le centre, le relief du sol est assez remarquable.
Qae l'on se figure • sur une espace d'une dizaine de lieues ,
une suite de collines sensiblement parallèles , distantes de
trois à quatre kilomètres , orientées presque exactement du
sud-est au nord-ouest, et dont l'altitude varie entre 120 et
160 mètres; entre chacune d'elles, une vallée profonde de
— 13 -
20 à 30 mètres, dont les flancs plus ou moins escarpés sont
généralement disposés en pente douce sur le versanl occi-
dental et en gradins sur la rive opposée , et Ton aura une
idée assez exacte de Taspect du sol de ce petit pays.
Deux nouyelles lignes de chemin de fer : celle de Yalen-
ciennes à Haubeuge, et celle du Quesno; à la frontière belge,
le traversent maintenant de part en part , coupant presque
perpendiculairement à leur direction tons ces accidents de
terrain. C*est en suivant pas à pas, pendant plusieurs années,
les travaux de construction de ces lignes qae j'ai pu acquérir
une connaissance assez exacte , je le crois du moins , de la
constitution du terrain quaternaire.
Dans cette région , le terrain quaternaire existe partout^
sur les hauteurs comme dans les vallées, mais sa composition
diffère essentiellement suivant les lieux où on l'observe. Elle
n'est pas la même au sommet des collines que sur les pentes
et dans les dépressions du sol.
Son histoire présente deux grandes séries de phénomènes
parfaitement distincts qui correspondent à deux périodes de
formation tout à fait différentes.
l^* Une période ancienne , antérieure à la grande dénuda-
tien qui a produit le relief actuel du sol : c'est la période de
formation proprement dite.
2<> Une période récente, qui commence avec cette dénu-
dation et qui se continue encore de nos jours c'est une période
de destruction et de remaniement.
Je donne le nom de quaternaire ancim à Tensemble des
dépôts qui se sont formés pendant la première période, c'est-
à-dire depuis la fin de l'époque tertiaire jusqu'au moment où
les grands courants diluviens ont creusé ou plutôt approfondi
nos vallées actuelles. L'origine de ces dépôts est encore pro-
blématique; leur composition dépend de la nature des roches
sous-jacentes ; elle n'est pas tout à fait la même sur les sables,
landéniens que sur l'argile à silex, ni sur les collines créta-
- 14 -
cées que sur les plateaux primaires. Leur formation a dû
exiger un temps considérable.
Excepté la couche inférieure dont Tallure est assez tour-
mentée, toutes les autres sont régulièrement superposées et
parfaitement stratifiées, de sorte que, quelle que soit leur
faible épaisseur, elles conservent toutes leur parallélisme
sur des espaces parfois considérables.
Primitivement elles ont recouvert tout le pays, s'étendant
aussi bien dans les dépressions du sol que sur les hauteurs,
se moulant pour ainsi dire sur le relief du sol tertiaire.
Toutes présentent une faible pente vers les vallées actuelles,
mais j'ai hâte d'ajouter que cette pente n*est jamais compa-
rable à celle des dépôts d'alluvions. Je n'y ai trouvé aucun
débris organique.
Dans la période récente, je range sous le nom i*alluvions et
de limons de lavage les dépôts de toute nature gui se sont
formés sous Tinihience des cours d'eau et des agents atmos-
phériques, depuis le creusement des vallées jusqu'à nos jours.
Cette époque dont la durée n'est rien en comparaison
de la précédente, n*offre plus que des phénomènes relative-
ment peu importants. Le volume des immenses courants
diluviens ne faisait que diminuer de jour en jour ; leurs
vallées se sont remplies peu à peu^ soit par des éboulements,
soit par des alluvions de toute nature, formées de débris
arrachés aux deux rives du cours d'eau ou apportées de plus
loin par divers agents atmosphériques.
D'époque en époque, quelques grandes crues ont marqué
leur passage par une destruction nouvelle, ou par^une
nouvelle formation; mais jamais aucun de ces dépôts d'dllu-
vions n'atteint le sommet des collines. On trouve dans les
dépôts de cet âge des coquilles terrestres en grande quantité
*et quelques débris de l'industrie humaine.
— 15 -
Période de fortAation. — Quaternaire ancien.
Dans les environs de Bavai, le sous-sol est généralement
constitué par l*argile à silex, cependant sur les flancs de cer-
taines vallées, on rencontre quelques lambeaux de sables
landéniens.
Sur l'argile à silex, le quaternaire ancien commence par un
diluvium à silex brisés (^4, PI. I, fig. 1), renfermant une certaine
quantité de nodules de craie, quelques rares galets de silex,
quelques fossiles silicifiés , Micraster breviporus et autres,
quelques fragments de grès landéniens, etc. Ces éléments
grossiers sont empâtés soit dans du sable roux ou verdâtre^
soit dans de l'argile grasse, rougeâtre ou jaune ; du reste, la
masse pâteuse varie souvent sur un court espace.
Sur les couches landéniennes, le diluvium est formé de
sable roux, très grossier, contenant de nombreux galets de
silex, quelques blocs de grès tertiaires remaniés ou brisés,
quelques petits fragments de silex et des nodules de craie en
assez grande quantité.
Celle couche, dite petit gravier, présente ordinairement sa
plus grande épaisseur sur les flancs des vallées, où les élé-
ments grossiers sont disposés pôle-môle dans toute la masse;
tandis que sur les hauteurs, où la couche a une importance
un peu moindre, les éclats ou galets de silex paraissent
avoir obéi davantage aux lois de la pesanteur. Le diluvium
n'est pas toujours facile à distinguer de l'argile à silex pro-
prement dite, encore moins de certaines alluvions avec silex.
L'allure tourmentée de ce dépôt indique qu*ii s'est formé
sous une action violente, mais de courte durée, qui a rema -
nié les couches sous-jacentes sans les raviner bien profondé-
ment, surtout lorsqu'elles présentaient une certaine résis-
tance.
Peu à peu la tourmente diminue, les éléments grossiers
- 16 -
deviennent plus rares, à peine la seconde couche diluvienne
en contient-elle encore quelques-un». Celle-ci est constituée
par un limon gris-bleuâtre (B) très argileux à la base, plus
sableux à la partie supérieure : c^est la glaise bleue des pui-
satiers; elle forme une couche à peu près imperméable dont
répaisseur peut atteindre 2 à 3 mètres.
Après ce dépôt, le calme est presque complet ; il y a même
sur de grands espaces , arrêt dans la sédimentation ; le sol
forme un continent couvert de végétaux dont les débris
constituent une couche noire (C) ai^ilo-tourbeuse , ayant
0,20 à 0,30 d'épaisseur.
Si une division doit être faite dans le quaternaire ancien,
c'est ici qu'il faut rétablir.
Pnfs d'autres dépôts excessivement purs, tantôt plus argi-
leux, tantôt plus sableux, se succèdent lentement, mais sans
aucune interruption ; entre eux , pas de lits de cailloux, pas
de traces de ravinements, rien qu'un léger changement dans
la nature minéralogique de la roche.
Au dessus du limon tourbeux on rencontre :
!<" Limon panaché (D) gris, blanchâtre, argileux, veiné de
limonite, renfermant de nombreux septarias et quelques no-
dules de manganèse.
2® Limon jaune-clair (E) sableux, très-ûn, très doux au
toucher.
3<> Limon fendillé (F) plus foncé, plus argileux, se divisant
en fragments prismatiques dont la surface est ocreuse.
i° Limon blanchâtre (G) avec nombreux nodules de manga-
nèse.
5» Limon fin (fl), sableux, jaune d'ocre, très-doux au
toucher.
6"" Limon feuilleté (i) (terre à briques, limon des plateaux),
brun-rougeâtre, très argileux.
Ce dernier limon, qui forme la couche supérieure, se
divise en feuillets plus ou moins épais, disposés verticale-
- 17 —
ment ; il ne contient ni fragments de silex, ni nodules de
craie, ni concrétions d'aucune sorte ; ces deux caractères
permettent toujours de le distinguer de certaines couches
d'alluvion avec lesquelles on Ta souvent confondu.
Tel est dans les environs de Bavai Tensemble des dépôts
que je rapporte au quaternaire ancien; leur épaisseur atteint
quelquefois une vingtaine de mètres ; aucun d'eux ne contient
de traces de carbonate de chaux, et je n'y ai pas trouvé le
moindre débris d'être organisé.
Parmi les nombreuses tranchées que j'ai visitées, je me
bornerai à en citer quelques-unes des plus remarquables,
réservant les autres pour une étude de détail que je prépare.
La tranchée de Wargnies-le-Petit est fort belle , j'en ai
parlé dans ma noie sur les limons des environs de «Bavai.
C'est là que j'ai commencé mes études sur le terrain quater-
naire. On y voit toutes les couches que j'ai indiquées plus
haut, moins le limon feuilleté. Celui-ci est remplacé en cet
endroit par deux couches d'alluvions nettement séparées des
antres par un lit de cailloux dont je parlerai plus loin. Les
eaux de l'AuûeUe diluvienne sont venues jusque-là ; mais
un peu plus haut, vers le village de Bry, la série des dépôts
qui constituent le quaternaire c^ncien est tout à fait complète.
Je n'avais pas suffisamment distingué tout cela en 1877.
A Saint-Waast'les-Bavai, le chemin de fer de Valenciennes
à Maubeuge passe sous la route nationale n" 49. Dans la tran-
chée, on voit une fort belle coupe du terrain quaternaire : le
limon panaché, le limon jaune d'ocre, la couche à manganèse,
sont très nettes ; quelques grandes veinules blanches
traversent toute la masse. Le pont est assis sur le limon
gris bleuâtre ou glaise bleue.
Vers Maubeuge, les tranchées sont peu profondes, néan-
moins, près de la route de la Longueville à Haulmonton
constate, le long de la voie ferrée :
Annales de la Société Géologiqm du Nordf t. vu.
2
- 18 -
Limon feuillelé (/).
Limon jaune d'ocre (H),
Limon à manganèse {G).
Limon fendillé (F)i
Limon jaune clair (£i.
Le long de la ligne da Qaesnoy à la frontière belge, on
rencontre anssi de très-belles tranchées. Je citerai celle de
Tout'Vent^ non loin de Bavai, qui est fort intéressante. On y
voit de haut en bas :
Limon feuilleté, brun-rougeàtre (/).
Limon jaune d'ocre, fin, sableux (i7).
Limon blanch&ire, à manganèse (G).
Limon fendillé, plus argileux, plus foncé (F).
Limon jaune-clair, sableux, très doux {E).
Limon panaché (D).
Limon tourbeux (C).
Limon gris-bleuàtre, très argileux, très flastique (B).
L'ensemble de ces conches a nne épaisseur de plus de dix
mètres ; ici encore de grandes bigarrures blanches traversent
toute la masse.
La tranchée du Bois de Gommegnies est aussi très remar-
quable. Toutes les couches, quoique généralement plus
sableuses qu'à Tout-Vent, sont encore parfaitement distinctes
les unes des antres ; les grandes bigarrures blanches n^exis-
tent plus. La voie ferrée est établie sur le limon panaché ;
près de là, en construisant un pont sur le chemin de la Sottise ^
on a traversé non seulement la couche tourbeuse, mais
on a entamé assez profondément la glaise bleue qui lui est
inférieure. ^
La région que nous venons d'étudier est comprise tout
entière dans le bassin hydrographique de TEscant. Si nons
voulons examiner le quaternaire ancien dans les régions
- 19 —
voisines , dans la vallée de la Sambre par exemple , nous
devrons traverser un immense plateaa qui se dirige assez
exactement da sud-ouest au nord-est, et dont Taltitude
moyenne peut atteindre environ 160 mètres. C'est à cette
grande arête transversale , constituant le sol de la Forêt
de Mormal, que prennent naissance les nombreuses collines
et les différents cours d^eau dont je viens de parler.
Le sol de la forêt de Mormal est essentiellement formé de
limon. H. Gosselet Ta étudié d'une manière générale en 1878,
en traçant la carte géologique du pays ; et, sans s'occuper
particulièrement du terrain quaternaire, il a néanmoins par-
faitement reconnu à cette époque que le limon panaché for-
mait une couche spéciale, et qu'il existait à une certaine
profondeur dans le sol.
En effet, les divisions que je viens d'établir se voient par-
tout dans cette région : au nord-est de la forêt, sur les hau-
teurs du village d'Obies, à une altitude de 160 mètres ; dans la
forêt même, le long de la tranchée du chemin de fer de Yalen-
ciennes à Aulnoye, à une altitude de 170 m ; enfin^ au sud-
ouest de la forêt, sur la rive gauche de la Sambre, le long de
la route de Landrecies au Quesnoy, également à une altitude
d'environ 170 m.
Nous les avons reconnues, H. Gosselet et moi , sur la rive
droite de la Sambre, en montant au village du Favril, puis
sur les hauteurs de Zobieau, hameau du Sart , où le limon
panaché et le limon fendillé sont très-nets.
Entre Hiron et La Neuville (Aisne), au fur et à mesure que
Ton s'élève de la vallée vers le coteau, on voit successive-
ment apparaître le limon panaché, le limon jaune d'ocre Qn,
le limon ftndillé qui est ici à une altitude de 170 m.
Pour terminer je donnerai la coupe suivante que j'ai relevée
dans la vallée de l'Oise.
Sur les hauteurs qui dominent la ville de Guise, le long du
X
— 20 —
chemin de Macquigny, dans une tranchée de briqueliers , on
voit ce qui suit du haut en bas :
Limon feuilielé, brun-rou^eàlrc (/) ;
Limon jaune d'ocre , fin , sableux (H) ;
Limon blanchàlre, à manganèse (G) ;
Limon fendillé, jaunâtre, argileux, se divisant en fragments
prismatiques, recouverts de limonite {F);
Limon jaune d*ocre . fin , sableux (£);
Limon panaché, gris&tre, avec septarias (/».
Cette coupe est complètement identique à toutes celles que
j'ai indiquées dans les environs de Bavai. iMes observations
ne se sont pas étendues plus loin dans cette direction.
Si nous jetons maintenant un rapide coup-d'œil sur les
contrées avoisinantes , nous voyons la composition du qua-
ternaire ancien se modifier peu à peu suivant la nature des
couches sous-jacentes.
Dans les environs d'Avesnes, par exemple, où ce terrain
repose sur les couches primaires, le diluvium renferme de
nombreux fragments plus ou moins roulés, de roches dévo-
niennes ou carbonifères, des silex à nummulites: et autres, du
sable grossier, de Targile plastique, etc.
Les couches argileuses et sableuses ne se rapportent pas
toujours bien exactement à celles des environs de Bavai ;
cependant, il est très rare que dansTensemble Ton ne puisse
distinguer nettement, soil l'une, soit l'autre de mes divisions.
Je me bornerai à citer une coupe que j'ai relevée dans une
briqueterie, sur la route de Fourmies à Féron, avant d'arriver
à la Fontaine-Rouge.
Dans celte briqueterie, on voil, de haut en bas. à une
altitude de plus de 200 mètres :
Limon feuilleté, un peu sableux, de couleur brun-rougeàlre ;
Limon jaune clair, avec manganèse ;
Limon jaune foncé . avec quelques septarias ;
Limon panaché, grisâtre, avec nombreux septarias.
- 21 —
Toutes ces couches sont bigarrées de reinules blanchâtres.
Dans le puits, à 7 mètres de profondeur, on a rencontré
une couche d'argile plastique, verdâtre, renfermant à la base
quelques silex ànummulites; celte couche qui représente
évidemment la glaise bleue de Bavai, est presqu'imper-
méable ; elle forme un niveau d'eau assez abondant, c'est
pourquoi, sans doute, on n'a pas cherché à atteindre le
diUivium.
Autour de Valenciennes, du côté de Marly, Curgies, Artres,
là où la craie est ou a été recouverte par le tuffeau ou les
sables landéniens, les couches moyennes du quaternaire
ancien sont beaucoup plus sableuses que dans les- environs
de Bavai ; elles le sont bien davantage encore sur les collines
crétacées du Pas-de-Calais.
Dans cette région , où la craie blanche forme le sous sol^
le dilu^ium est composé presque exclusivement de fragments
de craie plus ou moins gros, plus on moins arrondis ; au-
dessus du diluvium en certains points, comme à la gare de
Courriëres par exemple , on voit un limon panaché, gris-
blanchâtre , rempli de septarias ; ailleurs, comme sur les
hauteurs d'flarnes, à une altitude de 40 mètres environ, le
diluviam est recouvert par quelques lits de petits nodules de
craie; puis on voit un limon calcaro-sableux, assez grossier,
dans lequel les petits nodules de craie sont disséminés un
à un, ou forment des lits irès-irréguliers et sans continuité.
Partout , dans cette région comme dans les environs de
Bavai et de Guise, on trouve couronnant les hauteurs, un limon
brun-rougeâtre , limon des plateaux , très-argileux , non
calcaire, et se divisant en feuillets verticaux assez épais.
Près de Lille , la composition du quaternaire ancien est
encore un peu différente.
Au mont de Prémesques, sur Targile d'Ypres, on voit da
baut en bas ;
— 22 — '
10 Diluyium assez épais, formé de sable grossier, quarl-
zeux, dans lequel on trouve une immense quantilé de
petits nodules de craie, de très-nombreux silex roulés
assez gros, et quelques éclat» de silex ;
2o Limon panaché gris-blanchàlre, rempli de septarias;
80 Limon calcaro-sableux, fin, doux au loucher;
4o Limon feuilleté brun-rougeàlre, non calcaire (terre à
briques, limon des plateaux).
Dans une note publiée en 1868, nos collègues, MM. Chel-
lonneix et Orllieb ont donné une coupe du mont de la Masure-
lez-Roubaix, à peu près identique à celle de Prémesques.
Ainsi^ quelles que soient Timportance des modifications
que l'on rencontre dans la nature des dépôts qui constituent
le quaternaire ancien suivant que l'on passe d'une région
dans une autre où le sous-sol n'est pas le même, il existe
toujours, dans Pensemble^de ces formations, un certain
nombre de caractères généraux qui permettent d'établir par-
tout leur parallélisme.
A la Société géologique du Nord, nous avions admis, avec
HM. Gosselet, Cornet et Briart et d'autres géologues , qu'il
existe toujours entre le limon feuilleté ou terre à briques et
la couche inférieure une séparation très nette ; nous étions
dans Terreur; je n^ai vu nulle part entre ces deux dépôts ni
le moindre silex, ni la plus petite trace de ravinement. Sur
ce point, je suis parfaitement d'accord avec nos collègues de
Bruxelles^ MM. Vandcn Broeck et Rutot, qui ont signalé le
même fait en Belgique.
Cette erreur est, je crois, toute naturelle et facile à expli-
quer. Jusqu'ici on a souvent confondu les plus anciens dépôts
d'alluvions avec le limon feuilleté des plateaux, et cela parce
que les belles tranchées faisant souvent défaut, on n'avait
pour se guider que quelques mauvaises coupes, relevées dans
les chemins creux, sur les pentes, justement là où le limon
feuilleté est remplacé par des alluvions ou du limon de lavage,
- 23 -
nettement séparé des couches sableuses da quaternaire
ancien par un lit de cailloux arrondis.
Dans ]a seconde partie de cette note , je montrerai quelle
a été rimportauce des courants diluviens , en étudiant les
effets qu^ils ont produits pendant la deuxième période quater-
naire ou période récente.
Période récente. — Alluvions et limons de lavage.
Cette période ne comprend en réalité que Thistoire de nos
cours d'eau actuels. Je Tai appelée période de destruction,
de remaniement et de reconstitution, parce que les courants
diluviens n^ont pas seulement détruit, mais ont aussi un peu
édifié.
Pendant Tépoque quaternaire proprement dite, de nom-
breux sédiments très purs, très homogènes, se sont déposés
partout, dans les vallées et sur les hauteurs. Il s^est formé
pour ainsi dire un nouveau continent sur lequel Thomme a
laissé de nombreuses traces de son existence. Après un temps
assez long, une modification profonde a dû se produire dans
les phénomènes météorologiques du pays ; des pluies abon-
dantes ont amené des crues considérables; d'immenses
courants ont sillonné toutes nos plaines du Nord, et occasionné
partout de puissantes érosions.
Dans les anciennes vallées, les eaux avaient une force pro-
digieuse ; elles ont complètement enlevé le terrain quater-
naire ancien et même certaines couches secondaires et
tertiaires. Sur les pentes et dans les faibles dépressions du
sol, leur action a été moins violente, et les diverses couches
de terrains ont résisté plus ou moins suivant leur degré de
ténacité.
Bientôt, par suite de l'approfondissement des vallées et
des changements survenus dans les conditions climatologiques
— 24 —
du pays, les eaux diminuèrent et se retirèrent graduellement.
Quelles furent les causes primordiales de ces phénomènes?
Je crois que nous ne possédons pas encore assez de docu-
ments sur cette question pour tenter de la résoudre, c'est
pourquoi je me borne à citer des faits.
Lorsqu'on parcourt les environs de Bavai, en suivant soit
Tune, soit l'autre des deux lignes de chemin de fer dont j'ai
déjà parlé, on est frappé de l'importance de. cette dénudation
générale que les courants diluviens ont produite sur le sol,
dans une région où les différentes couches quaternaires pré-
sentent tant de consistance.
J'ai pu constater, par exemple, le long du Chemin de fer
de Cambrai àDour(voir PI. I,Fig. 2), qu'entre deux de
nos petits cours d*eau, la Rhonelle et lAunelle, distants de
2800 mètres, le limon feuilleté, couche supérieure du qua-
ternaire ancien , n'existe plus que dans la tranchée de
Berlandois, sur une longueur de 350 mètres, et dans celle
du. Bois de Gommegnies, sur une étendue de 200 mètres
environ ; ceci n'est point un cas particulier.
Les eaux de la Rhonelle. de TAunelle et de l'Hogneau, etc.,
qui se trouvent aujourd'hui fort à l'aise dans un lit de
quelques mètres de largeur, coulaient autrefois à pleins
bords dans des vallées larges de plus d^un kilomètre « jamais
cependant elles n'ont atteint le sommet des collines, puisque
là on retrouve complète la série des dépôts que j'e rapporte
au quaternaire ancien.
Examinons quelle dût être la structure de nos vallées à la
fin de cette première période de l'époque récente.
Évidemment les diverses couches de terrain présentaient
à peu près la même disposition sur les deux rives du cours
d'eau; elles formaient un certain nombre* de terrasses con-
centriques que de nouvelles influences atmosphériques n'ont
pas sensiblement modifiées, puisque nous les retrouvons
aujourd'hui sous les dépôts- récents.
— 25 —
Voici ce qu'on observe généralement : le limon feuilleté
(1) (voir planche I, fig. I), facilement délayable, n'existe plus
qu'au sommet des collines ; il forme avec les deux couches
inférieures, le limon jaune d'ocre (H) et le limon avec nodu-
les de manganèse (G) une première terrasse, en pente douce,
peu importante ; le limon fendillé (F), plus argileux, forme
une deuxième terrasse qui affleure sur un espace plus
considérable. En dessous, le limon fin, sableux (E) est tota-
lement enle\^é et coupé verticalement ; le limon panaché (D)
au contraire, excessivement argileux, se montre partout à
mi côte des vallées, constituant une troisième terrasse très
étendue, enfin, un peu plus bas, on rencontre un nouveau
et quatrième gradin aussi remarquable que le précédent, c'est
Je limon gris-bleuâtre {B) ou glaise bleue.
Il existe de nombreuses dépressions où le sous-sol est for-
mé soit par le limon panaché, soit par la glaise bleue. Ces
deux couches, étant peu perméables, donnent naissance
à de nombreux cours d'eau, et constituent des terrains
de médiocre qualité sur lesquels sont établis les prés et les
marécages que Ton rencontre dans cette partie du départe-
ment.
#
Mais, dans nos profondes vallées, le limon panaché et la
glaise bleue n'ont pas résisté à la violence du courant qui n*a
pas môme épargna le Diluvium ancien et l'Argile à silex. Ces
dernières couches constituent également, au fond des vallées,
des terrasses fort importantes.
J'ai dit plus haut que les courants diluviens n*ont pas seu-
lement détruit, mais qu'ils ont encore édifié. On comprend
sans peine cette action double et simultanée des cours d'eau,
parce qu*on la voit se produire encore tous les jours.
11 est évident, en effet, qu'au moment même de leur pins
grande crue, ces eaux boueuses devaient déposer sur les
deux versants de la colline une partie des sédiments qu'elles
avaient pris plus haut. Sans doi|(e les blocs les plus voluiQi-
— 26 —
nenx roulaient vers Iq centre de la vallée ; cependant un
certain nombre d'éléments grossiers, cailloux simplement
arrondis ou galets, ont pu se fixer sur ces plans faiblement
inclinés où ils sont recouverts par d'autres couches plus
ou moins stratifiées.
Au fur et à mesure que le courant approfondissait son lit,
des masses énormes de matière solide devaient se détacher
des bords des terrassés laissées à nu, et en s'éboulant, recou-
vrir les dépôts stratifiés de sédiments amenés par le courant.
Il se produisit ainsi des alternances très curieuses qui peuvent
dérouter au premier abord.
Il semble qu*au commencement de celte période toutes les
influences atmosphériques aient agi de concert pour cons-
truire d'un côté et détruire de l'autre.
Les dépôts de cet âge sont tout aussi divers que les causes
qui les ont produits : leur étude présente de grandes diffi-
cultés.
Dans le fond de la vallée, sur la craie marneuse, il y a
généralement un diluvium à gros éléments roulés, de roches
de toute espèce, dévoniennes, crétacées, tertiaires. Il ren-
ferme une partie des silex brisés ou roulés, des fossiles sili-
cifiés et des nodules de craie qui constituent le diluvium
ancien ; on y trouve aussi parfois des ossements profondé-
ment altérés.
Sur ce diluvium repose un lit de tourbe ou de limon tour-
beux avec des troncs d*arbres plus ou moins brisés où roulés.
Ce dépôt tourbeux est surmonté lui-même par quelques
petits lits de silex brisés, qui alternent avec différentes cou-
ches de limon gris-blanchâtre, bariolé de' veinules de limo-
nite, et rempli da Planorbes, de Lymnées, etc.
La couche superficielle est formée par un limon brunâtre,
contenant de petits débris de roches diverses, silex, calcaire
dévonien et autres, des fragments de poteries, etc.
Il renferme de nombreuses coquilles terrestres, j'y ai
ramassé :
— 27 —
Hélix nemoralis. Zonites nitidua,
— rotundata. Balœa perversa.
— hispida, CarpcMum minimun,
•- pulcàeila Zua luMca, etc.
Sar les flancs de nos collines, les dépôts récents ne sont
pas de même natare que dans le fond de la vallée ; ils pré-
sentent même une assez grande difTérence, selon qu'on les
étudie sur Tun ou l'autre des deux rives. (*)
Il a été dit plus haut que dans ce pays les cours d'eau cou-
lent généralementdu S.-E. au N.-O. Sur leur rive droite,
c'est-à-dire sur le flanc du coteau exposé au Sud- Ouest,
on voit, reposant en stratification discordante sur les couches
supérieures du qaateinaire ancien, un lit de cailloux de silex
ou de calcaire dévonien, assez volumineux, roulés ou simple-
ment arrondis ; parmi eux j'ai souvent trouvé quelques
débris de poterie très grossière ; ces cailloux sont généra-
lement recouverts par un limon feuilleté gris-blanchâtre,
fluviatile.
Au-dessus^ il y a une autre couche de limon qui forme la
surface du sol vers la partie supérieure du versant. On Ta
souvent confondu avec le limon feuilleté des plateaux, il en
diffère par les caractères suivants : il est de couleur plus ter-
ne, d*une nature moins argileuse^ et traversé en tous sens
par de nombreuses veinules sableuses, blanchâtres ; il con-
tient dans toute sa masse des septarias remaniés, des débris
de silex et des nodules de craie excessivement petits. Je Tai
appelé limon homogène ou limon de lavage. C'est évidem-
(1) Plusieurs gôologucs, entre autres M. Tingénieur Dejcac, expli-
quent ce fait de la manière suivante.
Sur le flanc S.-O. qui est directement exposé aux vents violents et
aux pluies torrentielles, il s*opère une dénudation continuelle; tandis
que sur le. flanc opposé, il y a, au contraire, accumulation de matières
meubles. J*ai pu reconnaître partout la justesse de cette observation.
- 28 —
ment uû dépôt formé par entraînement des matières solides
du plateau vers la yallée.
Un peu plus bas, au niveau du diluvium ancien, ce limon
de lavage n'existe plus; il est remplacé à la surface du sol par
un limon brunâtre avec silex brisés formé, comme le précé-
dent, par le remaniement des matières solides de la couche
sous-jacente, mélangées aux matières meubles qui se déta-
chent continuellement du sommet de la colline; j'y ai recueilli
des silex taillés, provenant sans doute du diluvium ancien.
Le limon à silex brisés et le limon homogène me parais-
sent à peu près de même âge ; ils ont commencé à se former
sur cette pente aussitôt après la grande dénudation ; depuis
lors^ ils se sont modifiés chaque jour sous les influences
atmosphériques par l'apport de matières venues d'en haut,
et rentratnement de leur propre substance jusque dans le
fond dé la vallée.
Sur la rivç gauche ou sur le coteau exposé au nord-est, on
voit aussi fort souvent vers le sommet des collines, le lit de
cailloux arrondis et le limon fluviatile dont je viens de par-
ler ; mais sur les terrasses inférieures, c'est-à-dire sur le
limon panaché, la glaise bleue et même sur le diluvium, on
trouve généralement deux couches : d'abord un limon gris,
sableux, très calcaire, rempli de Succinées, et au-dessus, un
autre limon gris-jaunâtre, excessivement sableux, contenant
d'énormes seplarias : c'est le niveau des boulants du pays ;
il renferme parfois quelques Succinées. Le limon de lavage
recouvre indistinctement toutes les couches que je viens de
citer.
En 1877, j'avais fait des couches à Succinées et du limon
gris àseptarias, les équivalents du quaternaire ancien ; j'ai re-
connu depuis que ces deux dépôts sont généralement adossés
contre la pente des coteaux qui bordent la rivière sur sa rive
pccidentale. Leur allure fluviatile est très nette \ leur stratit}-
— 29 —
cation est tantôt fort tourmentée, tantôt plus calme ; en cer-
tains points^ ils affleurent presque à la surface du sol.
Enfin on recontre encore dans la plupart de nos vallées,
un certain nombre de lambeaux isolés d'alluvions tout à fait
modernes.
Cette disposition des diverses couches quaternaires en gra-
dins recouverts par des alluvions et du limon de lavage me
semble générale. Je l'ai constatée dans la vallée de la Rho-
nelle, à Potelle, Villereau et Harly.
Le long de TÂunelIe, à Gommegnies^ par exemple, en sui-
vant la tranchée du chemin de fer, on voit parfaitement sur la
rive occidentale du cours d'eau, le Ut de cailloux arrondis
reposant sur le quaternaire ancien et, un peu plus bas, la
couche à Succinées.
A Wargnies, sûr le même versant, on voit également le li-
mon à Succinées adossé contre les différentes couches du
quaternaire ancien. Le limon gris à septarias, qui le sur-
monte, renferme ici quelques Succinées, ils forment ensemble
un dépôt qui a plus de trois mètres d'épaisseur et qui est
recouvert par une faible couche de limon de lavage ; celui-ci
s*étend depuis le sommet du plateau jusque dans la vallée.
Sur Tautt e versant, dans la tranchée du chemin de fer, on
retrouve encore vers le haut de la colline, sur une longueur
d'une centaine de mètres, le lit de cailloux arrondis séparant
nettement le quaternaire ancien des alluvions récentes ; plus
bas, sur la pente^ le limon à silex affleure. Dans la vallée, j*ai
signalé déjà quelques couches d'alluvions avec poteries
romaines.
A Sebourg , les mêmes faits se reproduisent. Le sable
gris (boulant) à gros septarias se voit dans la berge du chemin
du Moulin; et la couche à Succinées a été rencontrée à moins
d^un mètre de profondeur, en creusant une cave non loin de
rÉglise du village.
De l'autre côté de la vallée, c'est le limon de lavage et le
^80-
limon brunâtre à silex qui affleurent parlent. Dans la carrière
Mégré» à 150 mètres de la rivière, et à une altitude de 4 à 5
mètres environ, an-dessus du niveau de Teau, il existe,
reposant directement sur les marnes à graciliSy un dépôt
d*alluvions assez important ; on y trouve avec de nombreux
éclats de silex, des fragments de poteries grises que notre
collègue^ H. Rigaux, a reconnues pour être du treizième
siècle.
Cette couche contient :
Heiix nemoralis, Hélix rotundata, etc.
Un dépôt qui me parait à peu près de même âge, existe
aussi à Elh, dans la carrière Leduc, sur la rive septentrionale
du ruisseau du Sart, affluent de THogneau. On trouve en cet
endroit, sur les marnes à gracilis^ une espèce de brèche
crayeuse, contenant des débris de silex, des nodules de craie,
des fragments d'épongés et d'Inocérames, et des coquilles
terrestres en immense quantité.
M. de Guerne a déterminé les espèces que j'y ai recueillies.
Ce sont :
Succinea oblonga. Hélix rotundata.
— pulris Qeune) — hispida.
Zoniles fulvus. — sericea.
— nilens. Cocàlicopa lubrica. .
Hélix pomaUa. Achatina adcuta,
» nemoralis. ClatLsilia biblicaCa.
— hortensis, Carychium minimum»
— ericetorum, Cyclostoma elegans.
— pulchella, Zua lubrica.
Les alluvions du ruisseau de Bavay sont fort intéressantes.
A Louvignies, dans une tranchée établie à 15 mètres envi-
ron du ruisseau actuel, j'ai vu, à plus d'un mètre de profon-
deur dans le sol, une petite ^couche de limon noirâtre,
tourbeux, avec cailloux brisés et roulés, poteries romaines,
ossements, etc.
— 31 —
A Saiût-Yaast, la série des dépôts quaternaires anciens et
récents est très complète. La couche à Saccinées existe géné-
ralement sur la rive occidentale, et le limon à silex afQeure
aa même niveau sur Pautre rive. Au hameau du Pissotiau^
dans la sablonnière Delfosse, j'ai trouvé, à la base des plus
anciens dépôts d^alluvions, une hache en silex polie et un
nuclens.
La dénudation qui a suivi le dépôt du quaternaire ancien,
a peut être été plus considérable encore dans la vallée de
THogneau que dans toutes celles que je viens de citer.
Jasque vers la Longueville, le lit de cette rivière est creusé
dans le limon panaché et la glaise bleue ; plus loin, les coupes
d'Houdain, de Gussignies, du Bois d*Angre, sont excessive-
ment remarquables : j'y reviendrai plus tard.
Cette disposition des diverses couches quaternaires telle
qae je viens de la décrire, si elle est un fait général, doit se
retrouver également dans les grandes vallées du Nord, c'est
ce que j'ai pu constater.
Dans la vallée de la Sambre, à Landrecies, lorsqu'on
s'élève sur le coteau septentrional, en suivant la route du
Qaesnoy, on voit apparaître successivement les diverses
couches de terrain dans Tordre de superposition que j'ai
indiqué pour les environs de Bavai. A cinq cents mètres
environ de la rivière, on a rencontré dans le jardin de
M. Bonnaire, maire de la ville, à une profondeur de un
mètre environ, le limon gris à Succinées recouvrant le limon
panaché ; un peu plus haut, chez M. Millot, ce dernier limon
forme le fond des abreuvoirs, qui, au dire des cultivateurs,
ne sont jamais à sec. La série des couches qui constituent le
quaternaire ancien n'est complète qu'au sommet du plateau,
c'est-à-dire à 800 mètres environ de la Sambre.
Sur l'autre rive, le long de la route du Favril, le niveau
des boulants formés par le§ sables gris avec septarias, se
rencontre recouvrant le limon panaché à deux kilomètres
environ de la rivière.
— 32 -
Dans la vallée de TOise, comme dans les environs de
Bavai, le quaternaire ancien est nettement séparé des allavions
et du limon de lavage.
Au midi de la ville de Guise, sur la route de Proix, il existe
entre ces deux grandes formations, un lit de silex arrondis,
assez volumineux, qui descend en certains endroits jusque sur
le limon panaché.
Il serait trop long d'indiquer les nombreuses observations
que j'ai faites dans le Pas-de-Calais, sur les bords de la Sou-
ciiez et de la Deûle : toutes viennent à Tappui de ce que j*ai
avancé jusqu'ici.
Près de Lille, les faits que j'ai vus partout, sur les bords
de la Sambre comme dans les environs de Bavai, se repro-
duisent également. Le plateau qui sépare la vallée de la Lys
de celle de la Deùle, a été largement entamé par ces deux
cours d'eau à l'époque de leur plus grande crue Sur la rive
droite de la Lys, entre Houplines et la côte de Pérenchies,
la dénudation s'est produite sur une largeur de plus de 4
kilomètres (voir la coupe PI. I, Fig. 3), l'argile d'Ypres n'a
même pas résisté à l'action du courant.
APrémesques, au pied du Fort; à Ennetières, carrières
Liénard et Waymel; à Englos, non loin de l'église, sur la rive
droite de la Lys et sur le versant nord du coteau, on voit
les diverses couches du quaternaire ancien disparaître une
aune: vers le haut de la colline, c'est le limon de lavage
qui les recouvre; plus bas, un limon qui contient à l'état
remaniés, les silex du diluvium ancien. .
Telle est Tidée générale que je me suis faite de la cons-
titution du terrain quaternaire du Nord. Je reprendrai cette
étude dans une séance ultérieure et donnerai à la Société le
détail des nombreuses observations que je viens de résumer.
-33-
Séance du 19 Décembre 1S79.
»
Sont élus membres titulaires :
MM/DABibrcMi€^ Ingénieur des mines de Caryin.
Crépln, Ingénieur des mines de Béthune.
Membre correspondant :
H. l'abbé de Doriodot^ au château de Floreffe.
H. Vanden Broeck fait la lecture suivante.
Les phénomènM post-tertiaires
en Belgique
dam leurê rapports avec Vorigine des
dépéte iioaterBAlree et modernee,
Par A. Rntot et E. Vanden Broeek.
C'est avec le plus grand plaisir que nous ayons pris
connaissance des intéressantes réflexions que notre ami et
collègue M. Ortlieb a bien youlu émettre à la suite de notre
article intitulé « Quelques mots sur le Quaternaire. >
Il ressort, en effet, de ces observations que nous sommes
entièrement d^accord sur routes les questions principales ;
il ne nous reste plus à préciser qup quelques questions de
détail.
H. Ortlieb admet avec nous que YErgeron des plateaux,
décalciflé et oxydé à sa surface par les eaux pluviales, finit
par s^altérer sur une certaine épaisseur, de manière à pro--
voquer la formation d'une couché que Ton est convenu
3
Annales de la Société géologique du Nord, t. tu.
— 34 —
d'appeler le c limon supérieur > ou c terre à brique >
et qui semble à première vue être distincte, comme origine et
comme âge, de Tergeron normal sous-jacent« alors qu*en
réalité elle n'en est qu'une modification chimique,, ayant
généralement affecté la partie supérieure j?Itis ar^iJat^^^ du
dép&t, modification opérée postérieurement au phénomène
de sédimentation. Le limon argileux supérieur n'a par con-
séquent aucune valeur stratigraphique propre.
De notre côté, nous avons toujours admis avec M. Ortlieb,
l'existence en dehors des plateaux^ — c'est-à-dire dans les
vallées et le long des pentes, —de limons divers, d'origines et
d'âges très-différents, avec éléments très-grossiers (cailloux
roulés, etc.) à la base, limons provenant du remaniement de
Tergeron normal et de son dérivé « le limon supérieur >
ainsi que du remaniement des diverses assises géologiques
qui affleurent dans la contrée.
Loin de nous donc la pensée, qui semble nous être
attribuée, d'après laquelle nous paraîtrions avancer qu'en
règle générale tout limon est une altération sur place de
Tergeron.
Dans notre précédente Note, nous avons précisément dit
le contraire et nous sommes d'autant plus éloignés de
contredire les observations particulières de nos collègues de
Lille, que nous avons nous-mêmes fait des observations
analogues en Belgique.
L'essentiel est de ne pas donner une importance égale
aux phénomènes généraux et aux phénomènes locaux et
dussi de ne pas confondre les dépôts quaternaires avec les
dépôts modernes.
L'état actuel des connaissances géologiques nous permet
de constater que dans nos contrées et même dans une partie
du nord de l'Europe, la suite des temps comprise entre la
fliï de l'époque pliocène et celle où nous vivons 'peut être
— 35 —
facilement divisée, au point de vue de l'origine des. dépôts,
en trois grandes phases ou périodes, bien caractérisées par
la manière dont les eaux se sont comportées et qui ont
chacune laissé des traces importantes de leur existence.
Première phase
ou période des eatAx sauvages.
La première phase, la plus ancienne, pourrait s'appeler
période des eaux sauvages.
C'est pendant ce laps de temps que les eaux pluviales répan-
dues sur les continents, j/lb pouvant entamer et remanier, à
part un mince lit ds terre végétale, que les éléments divers du
sol, alors constitué par une série d'affleurements de roches
variées, d'origine marine, déposèrent les sédiments hété-
rogènes et de nature variable qui constituent le c dilumum
ancien ou caillouteux. >
Les eaux sauvages, dévalant de Tintérieur élevé ou mon-
tagneux du continent, sont donc arrivées sur nos plaines,
où elles ont entraîné les sables, délayé les argiles, démantelé
et roulé les roches dures.
Lear extrême mobilité , le déplacement continu de leur
cours à la surface des anciens fonds de mer émergés sur
lesquels elles coulaient, ont donné lieu à des dépôts extrê-
mement irréguliers dans leur composition comme dans leurs
allures. Souvent ces eaux indomptées détruisaient leur
propre ouvrage pour le réconstruire plus loin dans d'autres
conditions ; abandonnant ou modifiant leur lit, elles don-
naient parfois naissance à de vastes tourbières qui étaient
ensuite envahies, recouvertes ou même entièrement ravinées.
Il suffit d'étudier les effets actuels produits par les
eaux sauvages dans les pays de montagnes, placés dans des
conditions analogues à celles de nos régions à la fin de
— 36 —
Pépoqué tertiaire, pour se convaincre de la puissance
extraordinaire de ces eaux , relativement à leur pea de
volume et à la simplicité de leur mode d'action.
• Le moindre torrent y acquiert un lit d'une largeur consi-
dérable, encombré de cailloux roulés. Cette largeur qui , au
premier abord, ne semble nullement en proportion avec
le volume des Baux, provient d'une part du peu de profon-
deur du lit qui; en temps de crue, doit s'étendre horizontale-
ment et, d'autre part, de ses déplacements continus et
successifs. Les eaux, coulant sur des roches meubles,
sableuses ou tout au moins peu cohérentes, s^étendent,
s'éparpillent, se divisent en mille ruisselets qui changent
continuellement la direction de leur cours.
Les phénomènes actuels ne sont que la répétition, l'image,
souvent à peine affaiblie, de ceux qui s'opéraient autrefois
lorsque Thomme ne luttait pas contre les forces de la
nature. Aussi est-ce bien à tort que Ton a considéré les
éléments constituant le quaternaire ancien ou les sédiments
abandonnés pendant notre première phase, comme déposés
rapidement par d'immenses nappes torrentielles, animées
d'une vitesse et d*une force destructive énormes. Les dépôts
généralement grossiers, caillouteux, qui forment ordinai-
rement la base de notre quaternaire ancien, n'ont pas exigé
pour leur formation Taction de phénomènes aussi violents
^ue ceux généralement invoqués. Ils sont simplement le
résultat de la désagrégation lente et successive de roches
diverses par les eaux sauvages superficielles, qui dénudaient
et recouvraient tour à tour les diverses parties de la surface
d'immenses plaines, entraînant avec elles des cailloux, les
uns déjà roulés depuis longtemps par les torrents, dans les
parties montagneuses de ces régions, les autres enlevés aux
lits de galets des formations marines dénudées.
Les bras multiples et changeants de ces eaux superficielles
ont donc fini par produire à la surface du sol, par les
- 37 -
déplacements et les superpositions successives de leur réseau
mobile : d'une part, un phénomène d'arasement continu,
tendant à abaisser sans cesse le niveau des plaines et des
vallées; d'autre part, à donner naissance à une couche plus
ou moins étendue de dépôts irréguliers, de constitution
éminemment variable, dépendant en tous points de la nature
de la roche sous-jacente et dont la stratification oblique ou
confuse indique clairement Torigine fluviale.
Quant aux massifs dé roches et de dépôts anciens (géné-
ralement tertiaires dans nos plaines) qui s'élèvent, soit en
buttes isolées ou bien orientées à la file, soit en chaînes plus
ou moins continues et souvent parallèles entre elles , massifs
formant au milieu des plaines et dans les grandes vallées
diluviennes les témoins irrécusables des phénomènes de
dénudation quaternaire, leur origine a souvent été bien mal
interprétée.
Plus d'une fois, en effet, ces massifs épars ont été consi-
dérés comme des ilôts respectés — on ne saurait trop dire
pourquoi, par exemple •— au sein des violents et immenses
courants diluviens dont la théorie quaternaire actuellement
admise se plaît à faire recouvrir nos vallées, nos plaines et
nos collines pendant les premiers temps de la période
quaternaire.
Le volume d'eau et la puissance qu'il faudrait accorder à
ces gigantesques « nappes torrentielles > étant tout-à-fait
hors de proportions avec ce que nous montre Tobservation
des phénomènes actuels, on se trouve alors obligé, pour
soutenir cette première hypothèse, d'en échafauder une ,
autre, présentant cette première période quaternaire sous
des conditions climatériques et hydrologiques toutes spéciales,
que Ton ne peut réellement évoquer que plus tard, et dans
une certaine mesure encore, pendant la période glaciaire
proprement dite
Toutes ces difficultés et bien d'autres encore, amenées
-38-
avec elles, s'évanouissent lorsqu'au lieu d'accepter à priori
un régime extraordinaire pour les eaux courantes de la
période dite c diluvienne » on veut bien se donner la peine,
comme nous Pavons fait tantôt, d'analyser, dans sa marche
logique et rationnelle, le phénomène du creusement du sol
par les eaux sauvages de la première époque post-pliocène.
On comprendra aisément alors que si le niveau des vallées
et surtout des plaines s'est considérablement abaissé, c*est
non pas par suite d'un phénomène rapided'arasement et de
dénudation d'une violence et d'une extension latérale prodi-
gieuses , mais par suite d'une ablation lente, graduelle et
successive, produite par les affouillements et le dépla-
cement continu de cours d'eaux nombreux et locaUsés,
ayant certainement un volume et une énergie plus considé-
rables que ceux qui sillonnent encore aujourd'hui nos
vallées et nos plaines, mais nullement dans les proportions
qui ont été souvent invoquées.
Les massifs anciens restés intacts et indiquant le niveau
primitif des plaines ou des vallées représentent donc, non
pas des Ilots qui se dressaient de toute leur hauteur au
milieu des eaux impétueuses remplissant à plein bords les
vallées déjà profondément creusées, mais des points plus ou
moins locaux, non atteints par l'arasement dû aux déplace-
ments latéraux et au creusement des méandres et des boucles
« des cours d^eaux diluviens. :i>
Ces massifs, d'abord simples tertres à peine élevés au-
dessus de la plaine légèrement affouillée, voyaient le sol
s'abaisser peu à peu autour d'eux et dominèrent bientôt la
région environnante au fur et à mesure que les eaux^
affouillant le sol^ se creusaient un lit plus profond et plus
étroit.
39 —
Deuxième phase
ou période d'inondation générale.
On sait que la saite des temps qui s^écoula depuis la
sédimentation des derniers dépôts pliocënes fut marquée
par un phénomène graduel de refroidissement général , qui
s'accentua bientôt et deyint Torigine de ce que Ton a appelé
la période glaciaire.
Notre deuxième phase ou période dMnondation générale
n'est en réalité que la dernière manifestation de cette
période ; car, suivant toute apparence, elle fut provoquée
par la fonte rapide des neiges et des glaciers qui s'étaient
peu à peu accumulés dans une grande partie de TEurope
centrale et du Nord.
Tandis que, malgré son immense durée, la période glaciaire
proprement dite n'a laissé dans nos contrées que des
vestiges insignifiants de son action, si puissante ailleurs^ la
phase d'inondation qui Ta terminée y a au contraire laissé
presque partout d'irrécusables témoins de son action
uniforme et générale.
Gomme nous avons surtout en vue , dans ce travail ,
l'origine des sédiments déposés et non Pimportance relative
des causes qui leur ont donné naissance , nous laisserons
donc de côté la période glaciaire proprement dite. Nous
nous bornerons seulement à faire remarquer que, princi-
palement vers les débuts comme vers la fin de cette période,
la fonte estivale des neiges devait donner lieu à des phases
périodiques d'augmentation considérable dans le volume
comme dans la force des cours d*eaux et par conséquent
dans rétendue latérale des zones d'alluvionnement. Ce
phénomène devait aussi produire de grandes variations
dans la nature des sédiments transportés ; les limons surtout
devaient alors s'élever à de grandes hauteurs dans les
-40 —
vallées et s'étendre même au loin , par dessus les plaines
environnantes.
Les effets d'arasement et d'alluvionnement qne nous
avons décrits dans le chapitre précédent s'accentuèrent
donc de plus en plus et se continuèrent pendant toute la
période glaciaire sans changer sensiblement de nature» là
du -moins où les phénomènes de transport dûs aux glaciers
ou bien aux glaces flottantes ne firent pas sentir leur
influence, comme c'est généralement le cas dans nos contrées.
Mais bientôt le régime des eaux changea. Il dut se
produire un phénomène dont les géologues n'ont pas encore
pu se rendre un compte exact, mais que Ton attribue, avec
une grande apparence de raison, au réchauffement du
climat et à la fonte des glaciers qui couvraient , comme nous
Pavons dit pltis haut, une grande partie du continent.
Des masses considérables d'eau douce, chargées de limon,
descendirent vers l'Océan et couvrirent de leurs flots boueux
des étendues immenses.
Cette inondation fut-elle unique, rapide et générale, ou
bien multiple, successive et produite par les crues estivales
répétées des eaux descendant des glaciers? On ne sau-
rait encore le préciser Q;mais, quoiqu'il en soit, il est
(1) L*bypotbèse d*uoe inondation unique et générale à un montent
donné, couvrant à la fois nos plaines et nos collines, submergeant, en
France par exemple, des plateaux de 200 mètres d'altitude, a en sa
faveur l'uniformité et la constance de caractère du limon ou loess,
ainsi que sa composition, généralement un peu sableuse vers le bas et
de plus en plus fine et plus chargée d'argile vers le sommet. Ce
earactère dénote en effet un résidu de sédimentation déposé en une
fois par une masse d'eau limoneuse, diminuant graduellement de
vitesse et de volume, sans retours ou maximums périodiques d'accrois-
sement.
H serait difficile d'expliquer la présence d*une vaste nappe d'eau
douce couvrant les immenses surfaces des plaines européennes où
s'observe le manteau da loess et surtout de l'expliquer aux altitudes
élevées ott l'on a parfois constaté ce dépôt, s^ns admettre que le toi se
- 41 -
certain que le yolmoe des eaax augmenta rapidement et
qu'un épais manteau de limon calcareo-sableux appelé
f ergeron > ou c lœss > se déposa alors à peu près uni-
formément sur toutes les inégalités du sol, dont la surface
venait sans doute d'être de nouveau affouillée par les
premiers effets de Tinondation croissante (témoin les galets
diluviens qui s'observent souvent remaniés à la base de
l'ergeron).
Le dépôt de Tergeron semble avoir dû s'opérer sous
une épaisseur d'eau relativement considérable, mais animée
d'une faible vitesse, car tout parait s'être passé comme s'il y
avait eu en. quelque sorte précipitation verticale d'éléments
fins et limoneux abandonnés par une eau peu rapide.
« I I ■ Il i— — ^^ ■ 1^1—^
soit exhaussé depuis le dépôt du limon, et qu*à l'époque de la fonte des
grands glaciers le continent se trouvait en (général moins relevé vers
l'intérieur qu'il l'est aujourd'hui. Ces oscillations du sol à l'époque
quaternaire nous paraissent d'ailleurs plus plausibles et mieux
fondées qu'une autre hypothèse qui a été proposée pour expliquer le
dépôt du limon à de grandes altitudes et d'après laquelle l'étendue et
l'épaisseur de la nappe d'eau douce qui recouvrait le continent à l'épo-
que de la fonte des glaciers, s'expliqueraient par une débftclede
glaces flottantes descendues du Nord et ayant formé, par leur accumu-
lation, d'immenses lignes de barrages le long des ri?ages du Nord de
l'Europe, retenant ainsi, à une certaine hauteur, les eaux limoneuses
venues de Tintérieur par suite de la fonte des neiges.
L'bypothèse d'inondations estivales successives, atteignant pendant
la fonte des glaciers, une étendue et un développement inconnus
avant la période glaciaire, et déposant une succession de limons
bientôt confondus en un seul dépôt, cette hypothèse, disons-nous, est
peut-être assez conforme à la marche normale des phénomènes qui se
passent sous nos yeux (dans la vallée du Nil, par exemple), Toutefois,
les caractères et la composition du lœss sont moins favorables à ces
vues qu'à l'hypothèse d'une inondation générale et unique.
Dans l'un comme dans Tautre cas, il nous parait impossible de
ne pas invoquer l'Influence ultérieure de mouvements du sol, ayant
porté le Icess ou limon quaternaire à des altitudes que o'pnt jamais pu
atteindre les ^ux qui Pont déposé.
— a —
•
C'est encore ce que prouvent, d^nne part, la disposition
môme da manteau limoneux, qui partout se moule fidèle-
ment sur le relief préexistant du sol, et d'autre part, sa
stratification en lignes légèrement ondulées, serrées et tour-
mentées.
Comme dans tous les dépôts de cette nature, les premiers
éléments précipités ont dû être un peu plus grossiers et plus
sableux que les suivants, de sorte que la partie supérieure
de la masse est sensiblement plus fine et plus argileuse que
la partie inférieure-
Or, ce sont précisément ces caractères que noui^ retrou-
vons dans Tergeron , qui est sableux vers le bas ^et argileux
vers le haut, et c'est ce qui explique les résultats des divers
phénomènes d'altération superficielle qu'il a eu à subir et
sur lesquels nous reviendrons plus loin.
Quoiqu'il en soit, nous constatons, au moins pour la
Belgique, Texistence d'un dépôt caractérisant notre deuxième
période et dont les éléments et la masse sont aussi homo-
gènes et aussi réguliers sur dUmmenses étendues que les
éléments et la masse des dépôts de la période précédente
sont irréguliers et hétérogènes , même entre les points les
plus rapprochés.
Troisième phase
ou période fluviale et d^altération.
Un fait qui peut être considéré comme acquis, c'est qu'en
aucun des points où s'est déposé le manteau continu
d'ergeron, il ne s'est plus produit aucun autre phénomène
d'ordre stratigraphique analogue au précédent par sa gran-
deur et par luniformité de ses résultats.
Les eaux pluviales, tombant -à la surface du manteau
limoneux, durent bientôt se rassembler dans les dépressions
du sol, Quelles ne tardèrent pas à attaquer Tergeron— roche
— 43 -
homogène, facilement délayable, — à le crenser et à s'écouler
dans diverses directions déterminées par les ondulations
de la surface, dues pour la plupart aux cours d'eau de la
première phase post-pliocène.
Les ruisseaux et les rivières qui coulaient dans les plus
faibles dépressions eurent bientôt^ en réunissant leurs eaux,
donné naissance à un réseau fluvial fixe, dont les plus grosses
artères, c'est-à-dire les fleuves^ coulaient dans les dépressions
les plus profondes^
Ce réseau fluvial s'organisa; la direction des cours
d'eau se fixa de plus en plus par l'approfondissement
continuel des vallées sans cesse érodées.
Les dépressions du sol étaient évidemment beaucoup moins
profondes à l'origine de cette époque que de nos jours : le
manteau d'ergeron avait plus ou moins nivelé les dépressions
précédentes. Aussi , sans élre obligés d'accorder à ces cours
d'eau un volume supérieur à celui qu'ils ont actuellement,
notis devons admettre que., occupant des vallées moins
profondes, ils devaient atteindre une largeur plus grande.
Mais à mesure que les ^eaux creusaient le manteau
d'ergeron sur . lequel elles coulaient, la largeur de leur lit
diminuait en raison inverse de la profondeur, qui s'accroissait
sans cesse.
Les fleuves et les rivières en arrivèrent ainsi peu à peu
à la largeur restreinte que nous leur voyons aujourd'hui,
sans que pour cela le débit des eaux ait diminué propor-
tionnellement.
Il est facile de concevoir que dès qu'un cours d'eau s'est
établi, il a déposé des alluvions. Ces aliuvions se sont tout
d'abord déposées dans l'ancien lit, très-large, du cours d'eau ;
mais cette largeur s'étant peu à peu amoindrie, par suite de
l'approfondissement du lit, les alluvions ne sont plus déposés
que plus h^s, sur une largeur moindre et ainsi de suite»
— 44 —
abandonnant sur les versants de la vallée à partir d'une
assez grande hauteur, les anciens sédiments déposés.
On voit donc que l'on aurait graad tort de déduire de la
présence d'aluvions à une certaine hauteur dans une large
vallée que le volume du fleuve devait nécessairement
comprendre des dimensions extraordinaires comparées à
celles qu'il offre actuellement au fond de la même vallée.
Il y a d^âbord lieu de tenir compte des déplacements
latéraux et de la formation des anses et des boucles,
phénomènes qui, partout où Thomme n'est pas là pour
lutter contre les forces de la nature , tend à rendre la zone
d'alluvionnement et de sédimentation plus large que ne le
comporte le volume réel des eaux. De plus, il va de soi que
lorsque les eaux d'un fleuve quaternaire atteignaient le
niveau des alluvions supérieures de la vallée où il coulait,
celle-ci était beaucoup moins profondément creusée qu'au-
jourd'h.ui. Le fond sur lequel coulaient les eaux était donc
plus élevé qu'aujourd'hui , le volume de celles-ci pouvait
être peu supérieur à celui qui s'observe encore actuelle-
ment.
Pour en revenir à l'ensemble des phénomènes ayant
marqué la période dont nous parlons en ce moment, il
résulte, du relief préexistant dû aux premiers courants
quaternaires, de la continuité du manteau limoneux de
l'ergeron , et de la nature facilement délayable de cette
roche, que les eaux superficielles, au lieu de couler à
l'état sauvage et en tous sens, comme pendant la première
période, se sont rapidement tracé des voies d'écoulement
fixes par le creusement de lits, qui se localisaient et s'appro-
fondissaient sans cesse.
Nous nous trouvons donc en présence d'un état de choses
nouveau, d'une période différente des précédentes , caracté-
risée par le régime fluvial et que nous avons conséquemment
Résignée sQus le UQm de c phase fluviale,:^
- 45 —
Hais pendant que les phénomènes que nous venons de
décrire se passaient dans les vallées, d'autres, d'une nature
différente, s'effectuaient sur les plateaux.
En effet,- la concentration des eaux dans les vallées
excluait leur présence sur les plateaux ou tout au moins ne
lear permettait qu'un séjour temporaire, ou plus ou moins
prolongé, mais en tous cas d'une nature toute différente que
dans les vallées.
Les eaux pluviales tombant sur la surface plane des
plateaux, devaient évidemment sMnfiltrer dans le sol au fur
et à mesure de leur arrivée, ou bien former des mares, des
étangs ou des lacs qui, eux-mêmes constituaient des réser-
voirs, aussi bien pour les eaux d'infiltration que pour les
eanx courantes.
C'est assez dire que pendant rétablissement du régime
fluvial dans les vallées, le régime des infiltrations super-
ficielles et son corollaire inévitable, le phénomène de
Taltération sur place (décalcification et oxydation des
roches^ s'établissaient sur les plateaux. Or, de quelle nature
étaient ces plateaux? Ils étaient toujours constitués, dans nos
régions du moins, par le manteau d'ergeron, roche altérable
en raison du calcaire et des matières ferreuses qu'elle ren*
ferme.
Nous ne recommencerons pas ici la théorie de Taltération
de Pergeron par les eaux atmosphériques, que nous avons
exposée en détail dans notre précédente Note ; nous nous
bornerons à en faire ressortir les effets,
Le premier et le plus important de ces effets consiste
généralement dans la transformation lente et successive de
la partie supérieure plus fine et plus argileuse de Tergeron
intact des plateaux en une couche d'aspect et de composition
différente^ par suite de la dissolution du calcaire et de Toxy-
dation des matières ferreuses, ilfat^ par le fait même de son
— 46-
ùriginey cette couche 'devenue différente a une valeur strati-
graphique nulle.
Il est donc aisé de comprendre pourquoi il n^est pas
possible de séparer stratigraphiqaementrer(/^on(fes j^Ia/^atio?
de son dérivé par altération sur place le c limon > ou «terre
à brique > ni de reconnaître entre ces deux couches des
ravinements ou des lits de cailloux roulés. Ces ravinements
et ces lits de cailloux , n'existant pas d'avance dans la masse
normale et homogène de Tergeron, ne peuvent s'y trouver
après une simple altération sur place.
L'on nous permettra d*ouvrir ici une parenthèse pour
répondre à une objection qui nou^ a été présentée au sujet
des phénomènes d'altération de Tergeron, et pour faire
remarquer à cette occasion que jamais nous n'avons
prétendu que Vargile, si abondante dans la terre à brique
ou « limon supérieur argileux » fut uniquement le résultat
chimique de l'altération de Pergeron ou c limon inférieur
calcareo-sableux. >
Nous avons^ au contraire, clairement dit dans notre
précédente Note que c la partie supérieure du limon,
déposée par des eaux plus calmes, a dû être formée de
particules plus fines et plus argileuses que celles constituant
la base de Forgeron . > Tel est le motif pour lequel le
sommet de Pergeron, plus spécialement soumis au phéno-
mène d'altération , a presque partout été transformé en un
résidu contenant plus d'argile que la base , plus grossière et
plus sableuse, du dépôt.
Il est d'ailleurs aisé de constater que, lorsque par suite
de Tablation du sommet de Pergeron , le phénomène
d'altération atteint les zones moyenne ou inférieure du
limon calcaire,. ces parties du dépôt, transformées en terre
à brique, tout en ayant Paspect et la couleur du « limon
supérieur > sont infiniment plus sableuses et ne contiennent
qu'une minime portion de matières vraiment argileuses.
- 47 -
Gela est tellement vrai que les briqueliers ne sont pas alors
obligés d*y ajouter du sable, compe ils le font ordinairement
lorsque la terre à brique qu'ils exploitent est formée aux
dépens du sommet, plus argileux, du dépôt.
Il est donc bien entendu que lorsque nous disons que la
terre à brique représente le résidu altéré de Tergeron, nous
avons en vue la partie de celui-ci qui a été modifiée et
non celle sous-jacente, d^autant plus différente dans ses
proportions d'argile et de sable qu'on s'éloigne davantage
du sommet du dépôt.
On notera également que c'est à Tinfluence de l'argile qui,
dès Torigine, se trouvait en plus grande abondance au
sommet de Tergeron, que l'on doit attribuer la protection
relative dont a joui ce dépôt, qui n'est jamais altéré, c*est-à-
dire changé en terre à brique, sur plus de deux ou trois
mètres au maximum. C'est aussi à Pinfluence de cette
proportion d'argile que Ton doit attribuer la disposition
régulière, uniforme et souvent parallèle aux irrégularités de
la surface du sol, que présente la terre à brique ou c limon
$upérieur. i
Par suite de la présence de cette argile, en effet, la partie
supérieure du dépôt était relativement peu perméable et
rebelle aux infiltrations superficielles, qui n'ont pu se
propager que lentement, gagnant graduellement et d'une
manière uniforme toute la masse du dépôt.
Lorsque, le phénomène, s'étendant plus bas, a atteint et
affecté la partieplus calcaire et plus sableuse de rergeron,les
infiOitrations sont rendues plus» faciles et la dissolution du cal-
caire plus active. Il en est de même lorsque, par suite de
l'ablation du sommet argileux de l'ergeron, le phénomène
d'altération attaque directement les zones moyenne et infé-
rieure, plus sableuses de ce dernier. Dans les deux cas on
constate une allure différente dans la ligne de contact entre
Tergeron normal et la zone altérée ou terre à brique. La sépa-
— 48 —
ration deyient alors bmsque, nettement tranchée; elle forme
une ligne accidentée, irrégnliëre, simulant parfois des ravine-
ments, comme les poches d'altération de nos sables tertiaires.
C'est Tallure habituelle des zones et des poches d'altération
dans les dépôts sableux ou suffisamment perméables et
riches en matières calcaires.
Ce sont ces différences d'allures , variables suivant le plus
ou moins de perméabilité de la zone d'ergeron affectée par
les phénomènes dinfiltration qui ont , dans plusieurs
cas, conduit les observateurs à envisager et à décrire de
manières différentes les rapports et la nature du contact du
c limon argileux supérieur :» sur Tergeron calcarifère.
Nous fermons maintenant cette longue parenthèse pour
revenir, d'une façon plus générale, aux phénomènes ayant
caractérisé la troisième période post-tertiaire.
Nous avons passé en revue les faits qui se sont passés sur
les plateaux ; revenons maintenant aux phénomènes qui se
sont effectués dans les vallées, à mesure de leur formation
et de leur approfondissement.
Comme nous parlons ici d'une époque postérieure au
dépôt général de Tergeron, nous reconnaîtrons sans peine
que toute vallée a dû être creusée d'abord aux dépens de ce
dépôt, dont les éléments, délayés et entraînés, ont évidem-
ment dû contribuer à former en contre-bas et dans le sens
du courant un premier dépôt de limon local ayant conservé
la plupart des caractères de l'ergeron in situ.
Si, en s'approfondissant, le lit du cours d'eau atteint les
roches sous-jacentes à Tergeron, celles- ci se délayent à leur
tour, sont entraînées et vont encore former, à l'endroit ou le
permet la précipitation due au ralentissement des eaux, un
autre dépôt de limon local. Les éléments successivement
atteints par approfondissement étant de nature différente ,
il s'en suit inévitablement le dépôt, en difers points
de la vallée, d'une infinité de variétés de limons locaux
- 49 -
offraat toutes les combinaisons possibles qui peuvent se
produire avec les éléments entraînés.
D*un autre côté, les flânes des vallées, formant des talus
inclinés, sont battus par les pluies chassées par les vents
dominants ; ils sOnt par conséquent exposés à des dénu-
dations par délayage, par entraînement , par glissement et
par éboulement. Les résultats inévitables de tous ces phéno-*
mènes sont de nouvelles couches, dont la composition varie
àPinfini.
Telle est l'origine des c limons locaux i dont nos confrères
de Lille parlent souvent dans leurs travaux et auxquels ils
semblent attacher une importance que nous ne pouvons leur
accorder.
Pour nous résumer maintenant, jetons un coup-d'œil
d'ensemble sur les trois grandes phases que nous venons
d'esquisser et qui comprennent, ainsi que nous Pavons dit,
les temps écoulés depuis la fin de Tépoque tertiaire juiqu à
nos jours. Nous voyons qu'il est aisé de les grouper de
manière à les rattacher à deux périodes distinctes.
En effet, les sédiments déposés pendant les trois phases
décrites ci-dessous comprennent des restes organiques, des
débris de l'homme et de son industrie, dont l'antiquité rela-
tive peut être facilement appréciée.
Les deux premières phases, celle des eaux sauvages et
celle d'inondation générale ou de dépôt de Tergeron n*ont
* jamais fourni que des faunes à faciès ancien, aujourd'hui
presque entièrement éteintes , ainsi que des débris de Tiu-
dustrie humaine indiquant un genre de vie bien différent du
nôlre.
La troisième phase, au contraire, fournit, avec les vestiges
d'une faune identique à celle de nos jours, des objets de
lindustrie humaine dont Page ne remonte pas au-delà de
Phistoire ou des traditions.
Où donc placer la limite entre les terrains quaternaires et
Annales de la Sociélé Géologique du Nord, t. vu. 4
— 50 —
les terrains modernes^ si ce n'est entre les deuxième et
troisième phases !
C'est là ce que nous avons fait et c*est ce qui explique
notre insistance, ainsi que Timportance que nous avons
donnée à la question de Pergeron et de son dérivé le
€ limon supérieur c ou c terre à brique n à Pexclusion des
c limons locaux » infiniment moins importants au double
point de vue de leur masse et de leur valeur dans la chro-
nologie géologique.
Le seul intérêt qu'offre Tétude de ces c limons locaux »
consiste en ce que , se formant encore sous nos yeux, ils
peuvent ainsi nous rendre compte de la manière dont se
sont opérées les formations anciennes. Mais pour ce qui a
rapport à leur nature propre et à Pépoque de leur formation,
il devient d un médiocre intérêt — pour les géologues — de
savoir s'ils datent de Tépoque de Confucius, de Jules César
ou de Charlemagne«
Il va sans dire que dans tout ce qui précède, nous n'avons
eu en vue que les phénomènes qui se sont passés sur les
parties émergées ou continentales pendant les temps post-
tertiaires.
Il est évident que pendant l'époque quaternaire, tout
comme pendant les époques antérieures et suivantes, de
larges parties du globe terrestre étaient recouvertes par les
eaux de la mer, qui a continué le long de ses côtes, comme
dans ses profondeurs, son travail incessant de remaniement,
de sédimentation et de déplacement des rivages.
Pendant que se déposaient sur les continents les sédi-
ments qui ont fait l'objet du présent travail, d'autres couches
se formaient sur les côtes et au fond des mers et des baies,
dont une partie s'est émergée depuis. Nous n'avons pas à
nous occuper aujourd'hui de l'étude des couches quater-
naires marines; nous réservons cette question pour plus
tard, lorsque nos recherches seront plus complètes et nos
arguments plus décisifs.
- 51 -
- Appendice (^).
La précédente communication était déjà présentée à la
Société qaand parât la réponse de M. Ghellonneix (*) à notre
première note intitulée : Quelques mots sur le quaternaire,
Ayant pris connaissance de cette réponse, nous avons été
surpris de nous voir attribuer des opinions que nous n'avions
jamais émises. C'est ainsi que M. Ghellonneix nous reproche
d'admettre que les altérations des couches sont dues à l'action
€ d'eaux artificielles. >
Nous ne savons où notre honorable contradicteur a été
prendre ces eaux artificielles; quant à nous, nous n'avons
jamais parlé que d^altérations dues à Tinfiltration des eaux
superficielles, ou d'origine météorique , ce qui est tout diffé-
rent.
Enfin^ M. Ghellonneix cile une quantité de. cas dans lesquels
il y a, d'après lui, ravinement manifeste entre deux termes
quaternaires, qu'il appelle ergeron et limon.
Grâce aux éclaircissements qui sont résultés de nos
entretiens récents avec MM. Gosselet et Ladriëre, confirmés
par l'examen d'échantillons quaternaires du département du
Nord, il est maintenant avéré que ce que nous appelons en
Belgique limon ou terre à brique et ergeron, est loin de
toujours correspondre à ce que nos collègues de Lille ont
désigné sous les mêmes noms.
Toute discussion à ce sujet devient dès lors inutile et
inopportune. Nous tenons cependant à faire remarquer ce
fait important à nos yeux, c'est que les termes ergeron et
limon (ce dernier pris avec la signification que lui avait
(1) Cet appendice a élé présenlô à la Société géologique daLS la
séance du "7 Janvier 1880.
(2) Ann. Soc. Gcol. du Nord, l. VI, p. 383.
— 52 —
donnée Dumont sons le nom de limon hesbayen sont d'ori-
gine essentiellement belge.
Ergeron est le terme vulgaire exprimant, dans nos
provinces wallonnes, la partie stérile et inutilisable, c*est-
à-*dire calcareuse et sableuse, de la masse quaternaire
supérieure.
Limon hesbayen est un terme scientifique employé par
Dumont pour désigner, éoit la partie superficielle altérée de
cette même masse, soit la masse entière, suivant le cas.
Nous avons donc eu raison d'employer ces termes
A'ergeron et de limon dans nos travaux sur la Belgique,
d'affirmer que ces subdivisions ne sont qu'apparentes,
attendu qu'elles ne sont séparées par aucun phénomène
d'ordre stratigraphique quelconque, et enfin de dire que
l'ergeron représente bien la roche primitive, dont la partie
supérieure, plus fine et plus argileuse, a produit sous
l'action des causes d'altération^ le limon ou terre à
briques.
En revanche 9 les géologues du déparlement du Nord, en
attribuant à des terrains de nature et d'âge différents les
mêmes noms que ceux employés en Belgique pour désigner
tout autre chose, devaient fatalement tomber en désaccord
avec nous et il est facile de concevoir que si cette erreur
d'assimilation n^avait pas été découverte, les discussions
eussent pu durer encore longtemps sans amener la moindre
entente.
Nous engageons donc vivement nos amis et collègues
de Lille à tendre tous leurs efforts vers la détermination
rigoureuse de ceux de leurs dépôts quaternaires qui se
rapportent réellement à notre type ergeron et à son dérivé le
limon, et nous les engageons aussi à désigner sous des
appellations différentes les dépôts quaternaires d'âge plus
ancien, qui sont restés confondus jusqu'à ce jour avec ces
derniers.
— 53 —
M. lAdrlère expose de nouveau ses idées sur les limons
t
du Nord de la France (Voir page 11).
Ces communications provoquent une vive discussion à
laquelle prennent part MM. Potier, Rutot , Barrois, Chellon-
neix et Gosselet.
M. Batot donne connaissance d'une coupe de TÂrgile à
silex prise à la gare de Framerie.
M. Potier résume une lettre qu'il avait adressée précé-
demment à M. Gosselet.
Lettre à M. Gosselet au sujet de l'ârfftle à silex,
. par M. A. Poller.
Je viens de recevoir le tirage à part delà note sur l'argile à
silex de Vervins, que vous avez bien voulu m'envoyer, et dans
laquelle la part à faire aux érosions préalables au dépôt, et
aux affaisements postérieurs, me parait aussi bien déterminée
que possible, et je crois d*une manière définitive.
Je vois que vous imputez au sei^vice de la Carte géologique
détaillée Topinion que Targile à silex de Vervins n'est pas
éocëne; j'ignore d'où vient la mention faite sur la légende,
mais la même légende porte à la division ey : Conglomérat de
silex dans le Secteur des Ardennes. J'ai sous les yeux les
feuilles de Rethel et Rocroy, exposées en 1855 par E. de
Beaumont, qui ne portent que des conglomérats, et nulle
part la teinte violette de l'Argile à silex de la Picardie et de
la Normandie. Je regrette moins que vous n'ayez pas eu ces
feuilles entre les mains, puisque la mention de la légende a
été l'occasion de votre travail, mais je dois constater qu'ÉIie
de Beaumont avait bien vu.
- 54 —
Eu parlant de la petite couche d'argile qui accompagne
toujours la surface de la craie, vous paraissez hésiter entre
deux hypothèses, un apport extérieur des eaux ayant filtré à
travers les masses sus-jacentes, ou bien le résidu de la disso-
lution de la couche de craie sous-jacente. Il me semble que
la dernière hypothèse rend seule compte des faits observés ;
lorsqu'on effet Térosion anté-tertiaire a été arrêtée par un lit
de silex, on ne voit point cette couche d'argile, d'aspect
si particulier, et: si identique avec celui des argiles que Ton
rencontre dans les fissures les plus profondes de la craie ; il
est de plus bien difficile de concevoir comment le filtrage de
Teau à travers les sables, et surtout le tuffeau n'aurait pas
arrêté cette argile.
J'ai eu occasion bien des fois de penser à cette question ;
vous savez que les buttes de Sables de Fontainebleau ne sont
pas rares dans les environs de Paris, et que le sable est
recouvert en beaucoup d'endroits par les argiles bigarrées
avec fragments de meulières, on par un cailloutis argileux,
faisant partie, je crois, du diluvium rouge de M. Hébert.
Les environs de Versailles, de Sèvres, montrent à chaque
instant le premier contact ; à leur partie supérieure, sur un
mèlre ou un mètre cinquante au plus, les sables d*un blanc
si pur partout ailleurs sont traversés par des bandes rouges
et blanches, mélange du sable et des argiles supérieures;
mais la «rubéfaction» s'arrête toujours là, et on ne peut
l'attribuer à la présence ancienne d'éléments calcaires à
la surface des sables comme le prouve l'exemple suivant.
Sur un petit plateau qui borde la rive gauche de la rivière
d'Yères (feuille de Meiun) et non loin du château de Gros Bois ,
se trouvent deux sablières, l'une porte le nom de Sablière
d'Yeres, l'autre celui de Sablière de Yillecresnes ; dans les
deuix. le sable de Fontainebleau est exploité, mais ce sable
n'a que 8 à 9 mètres d'épaisseur, au lieu des 30 mètres qui
sont l'épaisseur nonnale, parce que lès lits supérieurs, lea
- 55 —
seols qui soieiU quelquefois calcaires, daus le voisinage du
calcaire de Beauce, ont disparu. Ce sable est recouvert par
deux mètres environ de Diluvium. composé de silex peu
roulés de la craie, grès et poudingues do l'argile plastique,
quelques meulières et grès de Fontainebleau empâtés
dans une argile rougeâtre, identique avec celle d'Ivry.'
Hontreuil, etc.
/±
4. Diluvium.
8. Sable de Fontainebleau.
2. Calcaire CeritMum plicatutn,
I. Meulière de Brie.
e. Ebonlis.
Cette argile contient eo outre de nombreux grains de quartz
granitique, au milieu est un lit irrégulier de sable plus fin.
Là encore les colorations rouges descendent à 1 mètre
an plus du haut ^ le reste est de sable pur et blanc ;
mais tout à fait à la base, dans la sablière de Yillecresnes,
on trouve à la surface du calcaire à Cerilhium plicatumy une
bande continue d^argile très-foncée, compacte, se polissant
sous l'ongle, et qui ne peut être attribuée qu'à la dissolution
du calcaire sous-jacent, me semble-t-il, et non à la pénétra-
tion d'une matière argileuse à travers les sables.
Ce petit lit d'argile foncée est bien connu dans presque
toutes les poches du nord, et il n'est pas très-rare d'y rencon-
trer de petits |[rains die craie ; et il existe ai^si bjèi} sous le
- 56 -
limon ^ (ou quand celui-ci remplit les poches) que sous
le tuffeau, mais on ne l'a jamais signalé à la surface de for-
mations non calcaires.
Vous TOUS posez encore une autre question relative à Tori-
gine de Targile qui entoure les silex; il me semble que cette
argile est bien rare, el que lorsque les silex sont incontesta-
blement éocënes, comme tous ceux dont vous avez parlé, leur
gangue est généralement de même nature que le terrain immé-
diatement supérieur, soit sable vert, soit argile dé Lou.vil, soit
marne de la Porquerie.
La question est toute différente lorsqu'il s*agit du Bief, c'est-
à-dire de Targile superficielle des plateaux de la Picardie et
de TArtois, je persiste à penser que cette argile, à laquelle
vous ne refuserez pas un aspect tout à fait différent de ce que
Ton voit sous les sables du plateau de Yervins, esl beaucoup
plus moderne, puisqu'elle contient des grès, de l'argile
plastique, des galets de silex, des grès à nummulites, et sur-
tout parce qu'il m'a été impossible de la retrouver dans les
différents gisements éocënes que j'ai signalés sur la feuille
d*Arras, à la légende de laquelle je vous prie de vous reporter %
je ne puis assimiler ce dépôt puissant aux très-rares silex
qu'on trouve dans la région, sous les sables, et j'y vois
le prolongement des argiles rouges si nettes que vous avez
certainement vues à Giv/3nchy, au-dessus dé l'argile plas-
tique, et qui se prolongent avec les mêmes caractères jusque
dans le bois d'Olbain.
Dans les environs de Saint-Pol, notamment, le sable se
mélange à Targile à silex, et en lavant des échantillons pris
un peu partout, sur le plateau entre TAuthie et la faille de
l'Artois, j'ai toujours recueilli des grains dont les uns
paraissent qaartzeux, tandis qaejes autres sont du silex blanc,
certainement, je pense qu'on a affaire à un terrain de trans-
port, rubéfié, terminé à sa partie supérieure par un petit lit
de cailloux anguleux, qui est à la base du limon.
— 57 -
Dans sa note du Tome XXI du Balletin, i^^ série, M. Hébert
donne une coupe de la falaise de Normandie qui est exac-
tement applicable à toute la rive gauche de la Seine (plateau
de lËure), aussi bien qu'à la rive droiie, et il est facile
de se convaincre de la* continuité absolue des plateaux de
la Seine à l'Artois.
Si de l'autre côté de cette faille on étudie les dépôts ana-
logues, entre Saint-Omer et Fruges, par exemple, on voit les
caractères de terrain superficiel, se modifier bien insensible-
ment depuis Blandecques, en passant par les bruyères d'Hel-
faut et Dohem, jusqu'au haut plateau, dételle sorte que M. du
Souich avait placé tous ces dépôts dans le même étage.
Si l'équivalent du conglomérat éocène des environs de
Vervins a jamais existé dans cette région (ce dont je doute
puisqu'on devrait le retrouver sous les sables'), cet équivalent
a été détruit et remanié-complètement^ et remplacé par un
dépôi de transport, qui, j'ajouterai, a été non moins complè-
tement rubéfié.
J'emploie à dessein ce mot, car après une visite récente de
H. Yanden Broeck à Paris , je suis absolument d'accord avec lui
tout en restant d'accord avec H. de Mercey et partiellement
avec M. Hébert.
. Tout le monde admet bien entre le système du limon et le
diluvium gris, une distinction signalée par les cailloux brisés;
ceux-ci sont à la base de l'ergeron véritable et du loss
parisien, où on les retrouve même en lits à diverses hauteurs
dans les carrières de la rue de Patay, par exemple. 11 y a
(1) 11 existe bien, en dehors des points siiçnalés sur les cartes
d'Arfas et de Sainl-Omer. des traces de glauconie au contact de la
craie, par exemple sur le chemin de fer' de Bruay à Lens, mais elles
sont toujours inférieures aux silex, et ne paraissent plus sur le pla-
teau que bien rarement.
Aux Noires Mottes, sous le landéuien inférieur, il n*y a pas trace de
l'argile à silex qui couronne les hauteurs voisines.
- 88 -
toujours, à ce niveau une séparation, mais il importe pem qtie
]b cailloutis et les sables qui sont dessous soient blancs ou
rouges; sMls sont rouges « on ne trouvera dessus que du
limon (terre à briques), s'ils sont blancs, on peut encore
trouver du loss (ergeron) dessus, ou de la terre à briques,
mais la limite et le banc de cailloux brisés, passera indiffé-
rente à la couleur.
Quand le loss manque, le diluvium est rouge au moins
dans sa partie supérieure, les cailloux brisés proviennent tou-
jours des éclats des silex, qui sont au-dessous entiers, mais
déjà fendus. Ceci m'était bien connu, et j'avais suivi Topinion
de M. Benoit (Tome XXW, P. 64), mais j'avais cru que la
couleur rouge du diluvium caillouteux provenait de Pinfiltra-
tion du limon qui le recouvre le plus souvent.
H. Yanden Broeck m'a montré que j'étais dans l'erreur ;il
m'a montré dans la présence des cailloux calcaires du dilu-
vium gris, la source parfaitement suffisante de cette argile
rouge.
Voici, en effet, ce que nous avons vu : sur le plateau qui
sépare la Bièvre de la Seine, à 300 mètres en dehors de
Tenceinte fortifiée se trouvent des carrières de calcaire gros-
sier; dans Tune d'elles, voisine delà Bièvre, on voyait sur les
bancs du calcaire grossier supérieur, 6 à 7 mètres de
diluvium gris classique, reposant soit directement sur le
calcaire en place, soit sur des agglomérations de blecs cal^
caires à peine déplacés et cimentés.
Ce diluvium est composé de lits bien distincts, de gros
silex et de cailloutis peu roulés, de sable plus fin avec cailloux
plus roulés, de sable fin, de sable marneux, présentant
l'espèce de stratification habituelle à ces dépôts; sur une
partie seulement de la carrière existe un banc de sable gras
surmonté d'ailleurs d'un nouveau Ut de cailloux, engagé dans
une gangue argilo-sableuse grossière; en haut, enfin, cailloux
brisés, recouverts par un loss trës*char|;é de concrétions
- 59 -
calcaires, passant presque à un tuf, avec lit de cailloux
anguleux.
Le sable contient de nombreux cailloux calcaires,
de toutes dimensions, depuis dix centimètres jusqu'à un demi
millimètre, les gros blocs calcaires étant à la base ; il contient
eo dehors des silex, de petits cailloux granitiques venant du
Horvan.
Ce diluvium est sillonné de veines rougeâtres, ou plus exac-
temeut, dont la coloration varie du jaune clair au rouge-vif;
veines grossièrement parallèles à la stratification, et dans
lesquelles les caiUoax calcaires se présentent avec un aspect
particulier ; aucun n'est intact, les uns sont seulement cou-
verts de dendrites, les autres sont devenus entièrement
friables, sont jaunes jusqu*au centre, et sont alors couverts
d'un enduit argileux très-fin, gélatineux à Tétat frais , et qui
abandonne à la potasse de la silice.
Les feldspaths et le mi6a blanc des granités, intacts dans
les veines blanches, tombent en poussière rouge dans ces
veines colorées ; là, il est impossible de nier que la coloration
et la présence de l'argile sont liés intimement à la dissolution
des éléments calcaires par des eaux venues du haat; dans une
autre partie de la môme carrière, le lOss, suivi au dessus du
lit de cailloux brisés, devient de la terre à briques.
Sur le môme plateau, à la môme hauteur et en se dirigeant
vers la Seine, est une autre carrière qui borde le chemin
conduisant au cimetière dlvry ; là, au dessus des bancs du
ealcaire grossier, les choses se passent tout différemment ;
les six mètres de diluvium sont rouges du haut en bas,
aucune stratification n'est visible ; on voit d abord, sous 0,20
de terre végétîile, 0,40 de terre à briques, puis, un lit de cail-
loux brisés, anguleux et tassés, surmontant une masse de
cailloux engagés dans un sable quartzeux, d'origine grani-
tique (mais sans feldspath), noyés dans une argile rouge ; la
couleur rouge cache toute strati&cation^ mais w sondant lo
— 60 -
terrain, on voit bien un lit de sable fin, dont tons les grains
sont réunis par le même ciment rouge, sous le cailloutis
reconnu en haut ; les silex sont brisés dans le ciment, mais
les fragments sont encore soudés de manière à garder la
forme des cailloux roulés ; on ne trouve plus un seul petit
caillou calcaire, quelques gros blocs, profondément altérés,
se trouvent seulement à la base, représentant les aggloméra-
tions de Tautre carrière. Le contact avec le calcaire grossier,
ou avec ces gros blocs, donne lieu aux poches bien connues,
toujours limitées par la couche d'argile brune.
En un point, vers la base^ se trouve un véritable minerai
de fer, agglutinant des silex, et dans lequel se trouvent des
nombreuses cavités ayant la forme des cailloux calcaires, mais
ne contenant plus qu'un peu de matière jaunâtre, analogue
au résultat de la dissolution de ces calcaires à Pabri de Tair,
ce qui rappelle les poudingaes autrefois appelés Diestiens de
nos régions, où Ton trouve dans le grès ferrugineux, tantôt
des galets de silex, tantôt des cavités remplies par la craie
altérée.
Plus on examine ces deux carrières, et plus la théorie de la
dissolution sur place parait satisfaisante.
En marchant toujours au sud-est, on arrive sur le flanc
du coteau dominant la Seine, dans la partie inférieure
duquel sont ouvertes des carrières de lôïs avec lits de
cailloux brisés.
L'intérêt de ces carrières n'est pas seulement dans ceci,
qu'on peut saisir sur le fait, le processus de Taltération, mais
aussi dans la parfaite identité du dépôt rouge diluvien, avec
celjai de Villecresnes, qui est à une cote plus élevée (un peu
plus de 100 mètres), et d'autres dépôts encore plus élevés
(180 mètres à la montagne de Trin), en même temps qu'avec
le dépôt décrit par M. Hébert; la présence de débris grani-
tiques montre que ce dépôt, comme le diluvium gris vulgaire,
vient du Morvan,. source également du sable granitique asso-
- 61 -
cié aux terrains d'argile à menliëres supérieures : on est
donc dispensé d'invoquer des courants venus du Nord, au
moins pour cette partie caillouteuse du diluvium rouge; dis-
pensé également d'imaginer, après le creusement complet des
vallées, un retour des eaux déposant ce diluvium. Cette
théorie ne pourrait être invoquée que pour expliquer la for-
mation du limon et Pétat Q) anguleux des cailloux.
Si on se restreint aux terrains caillouteux des plateaux et
des vallées, on peut se borner à constater, sur les plateaux
très-élevés, absence de'dépôt de transport caractérisé, et sur
tous les autres, dépôts de plus en plus roulés à mesure qu'on
descend, correspondant à un creusement successif des vallées,
et suivant toute probabilité, à un exhaussement du sol, pour
le bassin de la Seine, la Picardie et TÂrlois. Ces divers dépôts,
et la craie, ont été plus ou moins transformés ensuite par les
eaux météoriques.
J'ai insisté sur Page de l'argile à silex des hauts pla-
teaux de notre bassin, et j'y reviens encore : on peut bien
dire théoriquement qu'elle est d'un âge quelconque, posté-
rieur à Témersion de la craie, émersion sur la date de
laquelle tout le monde est loin d'être d'accord ; mais lors-
qu'on cherche les rapports de cette argile avec les sédiments
tertiaires, autoul* de la proéminence dont le Boulonnais est le
centre, ou autour du pays de Bray, ou encore plus au sud,
sur le bord du bassin parisien, de Louviers à Houdan, ou
encore autour du petit affleurement crétacé de Beynes, qui
est un pays de Bray microscopique,on est toujours dans
l'impossibilité de trouver ladite argile à silex sous le terrain
tertiaire.
Pour ce dernier petit lambeau, en particulier, on est bien
sûr qu'à partir des marnes vertes au moins, jusqu'aux meu-
lières de Beauce, les couches tertiaires ont dû se déposer
(1) État que les actions almosptiériques suffisent à expliquer.
— 6Î —
au dessus de la craie, sur les flancs de laquelle paraissent
appuyés des bancs de calcaire grossier^ qui n'ont peut-être
M. Meulière.
5. Sable de Fontainebleau.
E. Eocène.
A. Argile à silex.
CG, Calcaire grossier.
C. Craie.
pas passé sur elle partout; la craie est couverte d'argile à
silex qui n'existe pas sous le calcaire grossier, il est bien
clair que cette argile ne peut être éocène et est postérieure
même à un Tort creusement des vallées.
■>
Fig. 8.
Dans les environs de Broglie, Lyons, la coupe ordinaire des
plateaux est figurée ci-dessuâ. .C. Graie^ 1 . Conglomérat
— 63 -
éacëne de silex ; 2. Poodingues et Grès ; 3. Argile à silex ,
souvent mélangée de sable grossier ; parfois 1 et 2 sont
complètement masqués ou ravinés.
La distinction des deux argiles à silex, a du reste été faite
avec soin par M. Hébert (Tome XXI), en parlant du Thime-
rais, qui est construit sur le même plan que la Normandie,
et lorsqu^on s'approche des meulières de Rambouillet, soit en
venant d'Evreux, soit en venant de Chartres, on doit cons-
tater que cette argile à silex est postérieure à une grande
dénudation des sables de Fontainebleau et post-miocène. (Dans
la coupe du Tome XXIX, du Perche à TArtois, M. Hébert n'a
pas indiqué de silex éocène entre la Seine et Lille).
Aussi bien en France qu'en Angleterre, les silex se montrent
toujours dans Tune des positions suivantes : ou bien infé-
rieurs à toute la série tertiaire, ou bien supérieurs à toute
cette série, et postérieurs à de grandes dénudations ; les
silex éocènes n'ayant été, dans le Nord du bassin de Paris,
conservés que lorqu'ils étaient recouverts, à peu d'exceptions
près. Si cela est évident pour les exemples que Je viens de
citer, évident encore pour l'extrémité méridionale du Bray.
si Ton tient compte de la position des sables de Fontainebleau
aax environs, il n'est plus possible de le démontrer dans le
nord, où manque toute trace de miocène ; pour un dépôt
souvent en contact avec la craie, et non recouvert, Vanalogie
ou la continuité peuvent seules nous guider.
Peut-être trouverez-vous quelqù'intérêt, aussi bien au
point de vue de Textension ancienne de la mer tertiaire,
qu'au point de vue de la question du remaniement subsé-
quent des silex aux observations suivantes, bien qu'elles
datent de 1871 ou 1872.
i.— Chemin montant de Dennebroucq à la route de
Fmges à Saint-Omer, vers le haut du plateau, côte 188. cr.
craie, à JUicrasler breviporm, contre laquelle est appliquée
— 64 —
une mince bande d'argile noire ; des argiles verdàtres, et de
sables jaunes avec quelques silex verts , remplissent en
couches contournées les intervalles, l'argile rongea silex (^4)
ravine ces sables.
2. — Sur le plateau élevé (180), entre Pernes et Boyaval,
se bief, sous le limon, renferme des cailloux verts et roulés,
il répose sur une couche d*argile verte recouvrant la craie à
Terebratulina gracilis ; sur le flanc N.-O , vers Sachin ou
vers Pressy, grès abondants dans Targileàsilex.
3. — Vers Maisoncelle, commune de Créquy (près de la
route de Fruges au point culminant de Saint-Philibert),
exploitation de sables, un peu micacés, contenant des silex
entièrement transformés en silice pulvérulente ; le sable est
grossier, à grains très-inégaux, comme près de Laires, et est
surmonté par de Targile rouge.
4. — En descendant des bois de Sainte Wandrille sur
Humbert (tout-à-fait à l'Ouest de la feuille d'Arras), craie à
breviporiiSf surmontée d'une argile rouge avec sable grossier
et cailloux verts, le tout intimement mélangés.
5. — Au sud de cette feuille, en montant au Nord-Onest de
Frévent, j'ai vu (fig. 5 ) :
1. Limon.
2. Arjçilc noire.
8. Blocs de grès dans un bit f rouge, 4 m.
4. Sables mélangés de veinules d'argiles noires.
5. Sable pur, assez fln.
— 65 -
et à cdié aa trou donaait :
M'^
f^.5
B. Biefi 6 m.
5. Sable, d m.
t Glaise noire.
1. Marne.
Vous voyez que la ceinture du Bouloboais est suivie de bien
près parles gisements 1 , 2, 3 et 4, ainsi que par ceux marqués
sar la feuille de Boulogne , que Plie crétacée était en
France du moins, bien peu étendue, et que les traces de re-
maniement postérieur au dépôt de Targile plastique, sont
visibles, partout où des dépôts tertiaires ont été conservés;
c'est-à-dire presqu^uniquement daas des poches, qui, for-
mées par la dissolution de la craie, les ont protégés contre
une dénudation ultérieure, dont l'existence me semble impor-
tante à constater.
5
Annales de la Sodélé géologique du Nord, t. vu.
- 66 —
Aujourd'hui, Ae nombreux chemins de fer permettent de
circuler facilement dans ces parages ; je serais bien heureux
que quelques-uns de vos élèves s'intéressassent à cette
question : y a-t-il eu une dénudation postérieure à Féocëne
sur les plateaux de TArtois ? et viennent appuyer ou combattre
ma thèse.
Pavais commencé cette lettre afin de vous adresser deux mots
de remerciements, et j'ai bien divagué ; permettez-moi de
continuer encore un instant pour vous signaler :
1® Que la théorie des poches par dissolution de la craie
sous-jacente, n*est pas une nouveauté , et que M. Lyell
(5^ édition), 82 et 280, H, Philipps, Geology of Oxford and
the Thames Valley^ pages 442 et 487, qui Texposent, ne
paraissent la considérer comme une nouveauté.
2" Que l'existence de dépôts résidus, comme Targile des
terrains jurassiques, carbonifères, et la théorie des cavernes
sont deux choses connexes, et traitées, je crois, comme
telles dans les classiques.
3° Qu'un très- bel exemple est donné par M. Lory :
Description du Dauphiné, p. 629, des produits d'épuisement
d'un terrain à cailloux calcaires, exemple intéressant en ce
que le maslodon arvernensis a été rencontré dans les glaises
provenant de cet épuisement, tandis que les produits d'épui-
sement des autres régions n'ont guère donné que la faune des
cavernes.
4" Que depuis Girard, les auteurs qui ont écrit sur la plaine
du nord de TAllemagne, ne distinguent pas au point de vue
géologique, le limon des Loss mergel^ c'est-à-dire le loss
décalcifié et le loss encore calcaire; nous appesantir outre
mesure sur ce sujet nous ferait passer pour arriérés.
M. Gosselet dit avoir vu le limon jusque sur les hauts
plateaux de PArdenne même à la Groix-Scaille. Il a constaté
que ce limon, sur le plateau de Rocroi, a une épaisseur
- ft7 -
de 10 mètres ; il recoavre aussi bien les schistes siluriens
qae les sables tertiaires. Sur les pentes de TArdenne, on
tnure un limon de lavage bien différent du limon des
plateaux.
Il a aussi observé des dépôts diluviens de cailloux roulés à de
grandes distances de la Meuse et à une certaine hauteur au
dessus de la vallée. L'un de ces dépôts est à Cons-la-granville,
SDr la rive droite et à 3 kilom. de la Meuse ; son altitude est de
278<», la Meuse étant à 140*" environ. L'autre dépôt est sur
la ri?e gauche, près de Sorel, également à Taltitude de
ÎW, et à une distance de 3 à 4 kilom. de la vallée.
Je n'y ai pas trouvé de galets des Vosges^ comme on en
rencontre dans le diluvien de la vallée de la Meuse. Tous les
galets sont des quartzites qui semblent venir des hauts
plateaux de TÂrdenne et des grès tertiaires qui pourraient
aussi bien venir du Nord que du Sud.
M. Ortlieb fait la lecture suivante :
Compte rendu d^une excursion géologique
à Renais (Belgique) [*].
Par M. Ortlieb.
SonAiRK : Système Yprésicn : argile des Flandres et sable à Nummu-
Utes planulata. — Système Paniselien : composition, étendue,
discussion. — Remarques sur l'absence de sédiments bruxelliens et
laekéoieos inférieurs.— Présence du Laekénien supérieur récemment
appelé Wemmelien. — Passage des sables chamois aux grès
ferrugineux. — Dieslien et Diluvium. Discussion.
■
Dans sa séance du 5 Avril dernier, la Société malacologique
de Belgique convoquait ses Membres pour une excursion
dans les environs de Renaix.
(1) Ce compte-rendu a été rédigé quelques jours après i^excursion,
— 68 —
Les impressions que j'ai rapportées de cette course m'en-
gagent à TOUS en faire part.
J'ai donc Thonneur de vous entretenir de quelques-un«g
des observations recueillies sur place, et principalement des
appréciations émises par nos confrères belges, sur différents
points géologiques observés récemment par MM. Rutot,
Vanden Broeck et Vincent, aux environs de Bruxelles. Nous
verrons, par la suite, que le pays de Renaix offre d'autres
exemples également favorables aux vues de nos collègues.
L'objectif principal de la journée était Texploration du
Mont de la Musique, le géant des collines de la région. Son
altitude est de 155™ environ, altitude que nous trouvons
à peu près constante pour la plupart des collines remarquables
de notre bassin tertiaire anglo-flamand : Mont Gassel, Mont
des Chats, Mont de la Trinité, etc. Cette coïncidence peut
surprendre, mais ces massifs, aujourd'hui isolés les uns
des autres, doivent être considérés comme des témoins
ménagés par d'importantes érosions dans une ancienne plaine
soulevée au niveau actuel, vers la fin de l'époque éocène.
Ces érosions se continuent encore de nos jours, maJ3 sur une
échelle presque imperceptible : la petitesse de la plupart des""
.vallons tertiaires et le tarissement des sources qui les arrosent
réduisent, en effet, la corrosion actuelle aux simples influences
atmosphériques.
Quant à la petite ville de Renaix, elle occupe le. centre
d'une de ces vallées latérales d'érosion. Son ouverture fait
face au Mont de la Trinité dont la silhouette se détache de
rhorizon au Sud-Ouest, sur la rive gauche de l'Escaut, tandis
m I I ■ I ■ I I , , ^
mais il n'a été lu à la Société géologique du Nord qu'en Novembre 1879.
Dans rintervaile, la Société a visité les environs de Bruxelles (voir
Annales 18*79, page 431) el depuis lors plusieurs passages de celte
communication, relalifsauxassisesUekanienneetdiestienncue possèdent
déjà plus ViQiévéi (ïactualilé qui, dans la pensée de Tau leur, justifiait
^'abord cette relation, La Société en a jugé autrement. I. 0.
— 69 —
qae le Mont de la Musique occupe le sommet de la vallée.
Dans cette situation, il forme le nœud duquel partent deux
branches : Tune se confond avec une ligne qui joindrait
Cassel à Bruxelles ; l'autre est sur le prolongement de la
ligne Bctive qui passerait par Mons-en-Pévèle et le Mont de
la Trinité. Cette dernière branche, qui comprend les collines
de Frasnes et de Saint-Sauveur, a déjà fait Tobjet d'une
description géologique 0). La branche septentrionale non
encore décrite, offre une composition semblable à la
première.
Avant l'ascension du Mont de la Musique, nous nous
arrêtons quelques instants au tunnel du chemin de fer de
Renaix à Audenarde pour y constater la présence et la position
des sables à NummulUes planulata. Les déblais qui se
remarquent au dessus de rentrée du souterrain constituent
an bon type de ce niveau. La Société y a constaté la plupart
des fossiles caractéristiques et en outre^ quelques débris
d'une grande huître attribués à VOstrea rarilamella.
Un tunnel dans les sables Yprésiens, cela n'est pas probable
selon H. Cornet. La vérification confirme les doutes de ce
géologue. En effet, la Société constate que le pied et la voûte
du tunnel sont creusés dans deux masses d'argile entre
lesquelles lesdits sables forment un lit peu épais. Elle
adopte comme con( lusion, que l'argile grise supérieure au
lit à Nummulites est la base de l'assise paniselienne ,
l'argile noire inférieure étant le sommet de Targile des
Flandres.
M. Rutot dit que le Paniselien débute toujours par
un faciès argileux qui le soude en quelque sorte encore à
VYprésien.
La Société géologique se rappelle que nous avons tout
(1) Mémoires de la Société des Sciences de Lille : Etude géologique
des collines tertiaires du département du Nord, comparées avec celles
de la Belgique, par J. Ortlieb et Ë. Chellonneix, 1870.
— 70 -
récemment, H. Ghellonneix et moi, (0 émis devant elle
une opinion qui se rapporte à cette manière de voir, en
assimilant la partie sapérienre dePargile, dite de Ronbaix, à
la formation paniselienne dont la zone inférieure/ argileuse,
s'étendrait jusque dans les environs de Lille. Rien ne semble
plus s'opposer à considérer ce point de notre géologie
locale comme bien fondé. Nous pouvons donc admettre
le fait que, dans les premiers temps de Tépoque paniselienne,
il s'est déposé une vaste nappe d'argile généralement douce
au toucher, de couleur grisâtre ou brunâtre par altération,
tandis que Targile Yprésienne est plus sèche, d'un noir
bleuâtre et schistoïde*
L*argile paniselienne a plus de iO^ d'épaisseur à Rénaix;
de plus, elle est en concordance de stratification avec
TYprésien qui lui sert en quelque sorte de bordure. M. Rutot
confirme également ce point, par ses observations person-
nelles : sur les rivages seulement, remarque- t-iU lePaniselien
ravine TYprésien, et alors la formation paniselienne est à
rétat siliceux.
Du tunnel, la Société se rend à une sablière que Ton
distingue à mi-côte du Mont, à la lisière d*un bois. Chemin
faisant, nous observons avec beaucoup ' de facilité les
principales modifications minéralogiques de l'assise panise-
lienne : l'argile devient peu à peu calcaire, puis calcaro-
siliceuse, enfin, vers le sommet du s)stème,rélément siliceux
règne seul. Chacun fait sa petite moisson de fossiles dans le
tuffeau, les grès argileux et les grès lustrés que nous fran-
chissons dans leur ordre de superposition.
Dans le tnffeau supérieur, M. Briart a ramassé l'empreinte
d*un magnifique crabe, presqu'au même point où dix années
auparavant, j*avais également trouvé un de ces fossiles.
Lyetl et M. Dewalque (Prodrome d'une description géologique
de la Belgique, 1868, page 201.) avaient déjà mentionné le
(l) Ado. de la Soc. géol. da Nord. T. VI, p. 5L
— 71 —
Cmcer Leachi de Renaix. li semble donc que les crustacés
soient assez fréquents à ce niveau, eu égard à la rareté
extrême qu'ils présentent dans les horizons voisins. Cette
circonstance ne nous permettrait-elle pas de rapporter
également au Paniselien, comme gisement d'origine, les
nombreux débris de crustacés trouvés dans le Diluvium lor$
du creusement du canal de Ronbaix (^ où nous les avions
annoncés comme Yprèsiens ? On ne distinguait pas alors le
niveau dit de l'argile de Roubaix (*). Or, aujourd'hui que I9
lamiëre semble se faire sur la géologie de notre bassin
tertiaire, nous pouvons mieux apprécier Tâge probable des
vestiges de cet âge, non encore retrouvés en place, disséminés
parmi les cailloux diluviens de nos environs.
Nous voici arrivés à la petite carrière. On y exploite un
sable grisâtre, pointillé de grains de glauconie. Il est sans
fossiles. Minéralogiquement, il possède la composition de
certains grès à Pinna vus plus bas. Il rappelle également
certains sables exploités à Cassel, au Mont Noir, etc., que
dans notre Étude sur ks collines tertiaires, nous avions
reconnus Paniseliens. Enfin, dans Pouvrage cité, nous
mentionnons encore d'autres affleurements de sables analogues
et en position identique à ceux dont il est question,
notamment dans les environs de Saint-Sauveur, au Mont
Saint -Laurent, à la Croisette, etc.; mais l'âge de ces derniers
ne s'accordait pas, dans notre esprit, avec l'indication de
la carte de Dumont. Ce géologue avait vu et indiqué ces
sables comme Bruxelliens. C'était surtout aux pages 161,
177 et 204 que nous nous sommes attachés à justifier notre
doute sur cette détermination. Toutefois l'autorité de
Dûment était si puissante , que tout en nous déclarant en
(1) Notice géologique sur le Monl de la ferme Masure, près Roubaix,
par E. Chellonneix el Ortlieb. Mémoires de la Société des Sciences de
Lille, 1861.
(2) 6. PoUfus : Ann. de la Soc. géol. du Nord, 18'V2, p. 19.
- 72 —
faveur d'une ancienneté plus grande de ces sables, celte
influence nous avait fait maintenir Texpression de Brnxelliens
dans les chapitres relatifs à la branche méridionale d(*s
collines de Renaix, à Grammont et aux environs de Gand.
Je rappelais ces souvenirs à mes compagnons et une
discussion s^est aussitôt établie sur ce sujet. MM Briard,
Cornet et Rutot confirment notre manière de voir de 1870
et reconnaissent que, non-seulement le sable glauconifère
de la petite sablière, est bien d'âge panisetien et doit, comme
tel, encore rentrer dans Tétage éocène inférieur, mais ils
admettent' encore , comme complètement hors de doute,
quMl n'y a aucun représentant du groupe bruxellien» ni
dans la chaîne entière de Renaix, ni au Panisel, malgré les
indications contraires de la carte de Dumont . Ce fait est
explicable : Tillustre géologue n'avait sans doute pas alors
suffisamment établi ou appliqué les caractères définitifs
qu'il voulait donner au système paniselien qu'il venait
de créer.
De ce qui précède, on conclura de suite, à l'importance de
la formation sableuse glauconifère en question, puisqu'elle
se trouve sur tout le littoral ouest, en Jongueur, au moins
depuis Cassel jusqu'à Mons, et en rayon, jusqu'à Grammont
et Gand.
Enfin, au dessus du sable précédent, M. Rutot nous fait
observer une autre zone de sable. Celui-ci est blanc et à
peine pointillé de glauconie : il rappelle un sable de dune.
M. Rutot le rattache encore à la série panisélienne dont il
représenterait le faciès continental, ou plus exactement^ le
cordon littoral. Donc, la mer, manifestement plus étendue
dans la période précédente, se retire insensiblement. L'Eo-
cëne inférieur se termine par une période d'émersion pro-'
gressive à laquelle participe tout le pays compris au sud
d'une ligne courbe passant par Cassel , Gand , et le midi de
Bruxelles,
-- 73 -
Anx sables blancs, de dune ou d^émersion, dont nous
venons de parlor, correspondent, d'après MM. Rulot. Vanden
Broeck et Vincent, les points coliers désignés sous le nom de
Couches à TtirritelleSy dont les points les plus connussent
Gassel, le Mont Rouge, Gand et Aeltre.
Plus tard, lorsque la mer bruxellienne vint recouvrir les
parties basses du pays, par une transgression des flots venant
da bassin de Paris, comme on est fondé de l'admettre, elle
réoccupa Cassel, Gand, Bruxelles, etc., oii ses sédiments se
déposèrent avec une faune nouvelle dont les formes
nombreuses se sont conservées dans les localités nommées,
mais sans dépasser sensiblement la ligne indiquée plus haut,
et sans atteindre les collines de Renaix relevées par des
aUerrissements, ou un mouvement du sol tel que Ton en
pourrait concevoir si l'on supposait prolongée la faille de la
Senne, ou plutôt encore un système de failles dont l'un des
éléments serait dirigé de TEst à TOuest, en passant au Nord
des collines de Bailleul qui se rattachaient ainsi aux collines
de Renaix, sans interruptions connues. Cette interprétation
concorde avec l'absence, qu'elle explique, de toutes traces
bruxelliennes au sud .de la ligne supposée, comprenant les
hauteurs qui dominent les vallées de la Lys, de l'Escaut et
de la Dendre, jusqu'au delà de Grammont. Elle expliquerait
donc la différence entre les deux collines bien voisines de
Cassel et du Mont des Chats, sans avoir besoin d'exagérer ,
en la généralisant trop, Timporlance des dénudations que
d'autres preuves ont cependant fait admettre 9 mais en
d'autres parages. Ces distinctions , permettront peut-être ,
un jour , d'arriver à délimiter plus exactement le contour de
la mer, ou plutôt du golfe, dans lequel se sont déposés les
bancs à Cerithium giganteum et à Nautilus de Cassel.
L'hypothèse contraire consisterait dans Vidée que les
assises bruxelliennes et laekéniennes inférieures auraient
été enlevées des collines ou nous ne les retrouvons plus,
— 74 —
mais dans cette hypothèse , n'auraient - elles pas laissé
quelques vestiges comparables aux grès à Nummulites trouvés
par M. Gosselet (^l en maintes localités ?
Or, on n'en connaît pas encore* Il n'est même pas
probable que les assises dont nous recherchons les traces
dans les collines de Renaix , s'y trouvaient à l'état de sables
dont la disparition pouvait s'opérer sans laisser de témoins,
puisque nous reconnaissons dans le sable blanc de la petite
carrière les traces d'une dune plus ancienne !
La suite de Texamen du pays de Renaix, nous instruira
encore sur ce point. En effet, la petite excavation du mont
de la Musique nous fournit l'exemple du sable paniselien
susdit recouvert d'un autre sable, jaunâtre^ assez fin, séparé
du précédent par un lit mince de gravier quartzeux. Ce sable
appartient manifestement à une autre assise. Il a été reconnu
par tous les géologues comme appartenant au Laekéuien
supérieur, c'est-à-dire à la partie de cette assise que
MM. Rutot , Yanden Brœck et Vincent désignent sous le
nom nouveau de WemmMen. Elle correspond à un mou-
vement d'enfoncement du sol. La superposition de ces deax
horizons sableux nous autorise d'admettre que la limite des
mers bruxellienne et laekénienne était réellement au nord
de l'Escaut; que la merwemmelienne gagnait sur les rivages
précédents et conquérait un espace beaucoup plus considé-
rable, dont d'assez nombreux témoins attestent encore Tan-
cienne étendue. Le lit de gravier quartzeux, bien que très-
mince partout, est la ligne séparative la pins constante et la
plus générale de notre éocène. Ce caractère lui attribue une
grande valeur stratigraphique à laquelle il a déjà été fait
allusion. C'est dans ce gravier qu'il faudrait chercher l'his-
toire de l'éocène moyen du pays compris entre la Lys et h
Dyle.
Le sable (laekénien supérieur pour les auteurs, wemmelien
^1) BuileUp de la Soc. ^éol. de France, 8* série. T. 1|, p. 51.
— 75 —
font DOS amis), n^a pas, ici, conservé ses fossiles, mais la
ligne graveleuse de la base s*est fréquemment silicifiée et
alors les Nummiditcs variolaria, et d'autres fossiles, y sont
bien coaservés. La Société a observé ce cas dans la branche
septentrionale des. collines de Renaix, à une faible distance
de la ville.
LYtode de la faune du système wemmelien autorise les
auleurs à synchroniser cette nouvelle division avec Téocène
supérieur. Nos confrères de Bruxelles confirment ainsi, mais
avec des preuves réelles, des appréciations sur cet étage,
que vous avez déjà entendu émettre ici même, en 1875 (*) et
«n 1876 ('). C'était également l'avis de M. Potier qui pendant
l'excursion à Cassel des Membres de TAssociation française
pour l'avancement des sciences (congrès de Lille), assimilait
Pargile glauconifère supérieure aux caillasses du bassin de
Paris.
La lacune, ou la période continentale du pays de Renaix,
comprend donc toute la durée de Téocène moyen.
L'échelle stratigraphique du système wemmelien est la
suivante :
Au sommet ; 5 Sable glauconifère, ferrugineux, par allé-
ralioD dans le haut.
4 Sable chamois micacé.
8 Argile glauconifère.
2 Sable caicareux à Nummuliles variolaria
cl à Nvmmuiîles planulataysir.mittOT,
ou par altération, sable sans fossiles.
1 Mince lit graveleux.
L'ascension du mont de la Musique nous a permis de revoir
la superposition de toute cette série de dépots que nous avions
(1) Rutcl : Annales de la Soc. géol. du Nord, T. V, p. 488.
(2) Orilieb : Annales de la Soc. géol. du Nord, t. H, p. loi et 201,
(3) Gh. Barrois ; ^ \. UI, p. 84.
- 76 —
déjà en grande partie relatée dans les collines leriiaires.VdX"
gile glâuconifëre (ancien Tongrien deDumont) y est très-nette.
Il en est de même des sables chamois dont les nombreuses et
larges paillettes de mica brillaient au soleil. La Société a
constaté que ce sable devient plus grossier vers le haut où il
passe insensiblement à l'état de grès ferrugineux, autrefois
assimilés au Diestien et, par suite, confondus avec ceux de
celte assise (^) .
Enfin, toul-à-fait au sommet, gisent d'autres bancs de
grès, également ferrugineux, reposant sur un lit de cailloux
roulés de silex de la craie [C'est le Diestien proprement dit
des auteurs.
Le passage du sable jaune au grès ferrugineux que je
viens de mentionner, tire son grand intérêt de ce que ce
passage est rarement visible dans la nature. Il faut des cir-
constances spéciales, telles que le percement d'une tranchée
ou rélargissement d'un chemin, pour mettre ce phénoûiëne
au jour. C'est pour cette raison que ce double aspect, d'une
seule et même zone, est resté si longtemps inaperçu. Lorsque
les grès ferrugineux sont fossilifères, comme dans bien des
localités de notre bassin tertiaire (*), la paléontologie triom-
phait toujours, à un moment donné, de la difficulté, mais ce
sont là des cas particuliers, La règle est l'absence de fossiles
(1) Lorsque nous avons parcouru les collines de Renaix, M. E. Ghel-
lonneix cl moi, nous avons remarqué (voir: Collines tertiaires, p. 165),
au-dessus de Targile glauconifèré : a un sable jaune-rougeâtre, légè-
rement argileux et agglutiné, offrant à sa base un Ut ondulé de silex
parfaitement arrondis et non brisés» Ce sable, épais de 1" 80, paraît
se rapporter au terrain miocène. » Aujourd'hui il me semble que le
sable se rapporte bien aux sables chamois* Dans son excursion, la
Société malacologique n'a plus revu ce lit de galeUs II serait intéres-
sant de le retrouver, car aucun lit continu de silex n'a encore été relaté
ailleurs, à ce niveau. J. 0.
(2) MoDt des Chats, Roûge-Cloftre, etc. (Bruxcllien) ; Mont Noir,
(Laeckénien), Litchaert. Poderlé, Herenthals (Scaldisien).
— 77 -
dans les grès ferrugineux et en cette circonstance, il ne res-
tait au géologue que les caractères tirés de la stratigraphie,
caractères qui, appliqués seuls, sont non-seulement insuffi-
sanls, mais même généralement équivoques dans les
passages où nous rencontrons ces formations.
Aussi n'est-il pas d*assises tertiaires dans tout notre bassin,
dontrorigine ait donné lieu à autant d'hypothèses ingénieuses
ou originales : éjaculations , cordon littoral , fleuve, etc.?
Les circonstances d'examen étant favorables, M. Rutot en
profile pour nous donner sur place d'intéressantes expli-
cations. Les faits sont ici, en effet, plus saisissants qu'ail-
lears. On y voit les sables chamois se colorer en rose et en
ronge, puis s'agglutiner pour former soit des grès ferru-
gineux normaux, soit des plaques très-dures, à cassure
métalloïde, celles-ci traversent irrégulièrement les bancs et
représentent les joints d'infiltration des eaux superficielles :
donc Taltération est manifeste. C'est la glauconie qui s*est
décomposée et la coloration est due au peroxyde de fer. Au
Mont de la Musique, le passage du sable janne au grès ferru-
ginenx est donc facile à suivre et l'on ne saurait pas recon-
naître deux assises lorsque Ton n'y trouve que deux faciès
différents.
Quant aux roches supérieures au lit de cailloux roulés,
dits diesliens , M. Rulot les assimile au diluvium formé aux
dépens des sables éocènes simplement remaniés, altérés et
cimentés Cette explication est neuve et bien différente de
celles qui ont été émises jusqu'à ce jour, mais elle n'a pas eu
le don de convaincre tous les membres présents. On a
demandé des preuves de Tassimilalion des cailloux de
silex du poudingue pliocène aux cailloux de silex diluviens ;
mais la question réciproque peut être posée également. Ce
débat a seulement prouvé, pour le moment du moins, qu'il
est toujours plus facile de poser bien une question que d'y
bien répondre. Quoi qu'il en soit, l'hypothèse de M. Rutot
— Ig-
né présenle rien d^invraisemblable, si Ton s'en tient aux
eollines. Elle est, également plos aisée à comprendre
que l'assimilalion, faite par Dnmont et les géolognes qai ont
adopté sa manière de voir, de la formation dont nons nous
occopons avec les sables noirs d^ Anvers. Cette assimilation
n'eiige-t-elie pas également l'intervention d'nne hypothèse
particulière t Enfin, la Société s*est rappelée que j'avais éga-
lement essayé (i) de concilier l'harmonie d'âge entre les
poudingaes et les grès diestiens avec les sables d'Anvers, en
supposant pour les uns que ce sont les alluvions d'un ancien
fleuve, tandis que les autres sont les sédiments qui ont com-
blé son emboQcbure. Entre les dépôts d'un ancien fleuve et
ce que Ton est convenu d'appeler le c Diluvium », la diffé-
rence n'est pas très-grande. Il est parfois déme difficile de
les dislinguer Tun de l'autre, bien qu'en d'autre cas la dis-
tinction ne semble pas douteuse, comme le prouvent les
expressions de < Diestim en place, Diestien remanié^ Dilu-
vium formé aux dépens des éléments du Diestien » que Ton
trouve dans les livres et dans la nature. Elles ont un sens :
il s'agit de les bien interprêter.
Quant aux distinctions basées sur les silex roulés du Dies-
tien et ceux du Diluvium, c'est un sujet très-difficile, peut-
être même insoluble , car les éléments roulés et remaniés y
sont les mêmes de part et d'autre : leur témoignage ne tire
pas à conséquence,
Nous voyons donc que l'idée du démembrement du Dies-
tien, tel qu'il est admis aujourd'hui, règne encore. Après les
localités fossilifères viennent celles, bien plus difficiles à
traiter, des localités sans fossiles. C'est sur elles que la dis-
cussion est venue s'engager, mais non encore se résoudre.
En effet, les membres les plus éminents de la Société mala-
cologique ont déclaré maintenir leur doute, tout en recon-
(1) Ann. de. la Soc. géol. du Nord, 1. 111, p. 94.
naissant que les grès ferrugincnx supérieurs aux hancs de
poudingue constituent une masse muette que les idées de
M. Rutot, si elles pouvaient être démontrées, éclaireraient
d'un jour tout nouveau. Nous verrions alors l'ancien Diestien
des auteurs se réduire aux couches marines et fossilifères
d'Eddeghem et de Kiel et bien des obscurités disparaître.
Tel est, Messieurs, le résumé des observations et des
discassions qui ont animé cette promenade. Pour les relater,
j'ai cm devoir introduire dans ce compte-rendu quelques
réflexions rétrospectives afin de donner plus de cohésion au
sujet, tantôt par un résumé de certaines questions, d'autre-
fois par un aperçu rapide sur d'autres régions de notre
bassin tertiaire. J'ai voulu vous montrer ainsi que Renaix est
Taa des points les plus intéressants de nos environs :
Renaix complétée par Cassel constituent assurément les
deux pivots autour desquels se groupent tous les éléments de
Thistoire géologique de TEocène de notre contrée.
Séance du 3 Décembre 1879.
m
M. Gosselet donne lecture d'une notice sur d'Omalias
d*Hallor.
La Société géologique du Nord désireuse de témoigner son
admiration pour le caractère et les travaux de d'Omalius
d'Halloy décide d'insérer cette notice à la fin du tome VI de
ses Annales.
Le Secrétaire lit la note suivante :
Note sur FArgUe à silex du Nord de la France
par M. de JLapparent»
J*ai lu avec grand intérêt les deux notes sur l'argile à silex
que MH. Gosselet et Barrois ont publiées récemment dans les
Annales. On me permettra de me féliciter de la précieuse
- 80 -
adhésion donnée par nos deux savants confrères à la théorie
de la dissolution avec effondrements, que j'avais proposée
dans le Bulletin de la Société Géologique de France. Néan-
moins, il subsiste encore entre nous certains désaccords que
je crois opportun de bien préciser, afin que ceux qui. vou-
dront travailler à la solution définitive de ce litige, sachent
exactement sur quel point doivent porter leurs observations.
Mon opinion est que, en admettant une argile à silex
éocène, dans le Nord de la France, MH. Gosselel et Barrois
confondent deux choses distinctes, savoir: le conglomérat
éocène^ caillouteux et graveleux, qui forme la base de Téocëne,
et la forme argileuse que ce conglomérat a revêtue, postérieu-
rement à son émersion, sous les influences qui ont changé les
affleurements oxfordiens en argile à chailles, ceux du grès
à nummulites, en meulières à nummulites, ceux du calcaire
de Brie, en meulières de Brie, ceux du calcaire de Beauce, en
meulières de Beauce.
Dans le Nord de France, partout où il existe une épaisseur
suffisante de couches tertiaires non remaniées au dessus d'une
craie à silex, je trouve à la base de la craie, en couches par-
faitement réglées^ le conglomérat à silex, à gangue sableuse ;
ce conglomérat, vert à Bracheux, aux environs de Gompiègne
et dans toute la Picardie, devient plutôt roux et graveleux
dans le nord-est : mais il n*est pas argileux là où il existe,
par dessus, des couches tertiaires, en place; je n'en veux
pour preuve, d'ailleurs, que les coupes mômes publiées par
M. Gosselet, et où je vois constamment la soi-disant argile à
silex éocène désignée sous le nom de « gros silex, ^ c silex
avec sable, » « gros silex mélangés de sable, if etc."
L'argile à silex est^ mes yeux, un phénomène très-géné-
ral, accompli, pendant une longue durée, aux dépens des for-
mations déjà émergées et consistant en deux choses :
1» l'introduction de l'élément argileux, souvent bariolé ;
2o la dissolution du substratum calcaire avec effondrement
dans les cavités ainsi produites.
-^SI-
MM. Gosselet et Ban^ois n*hésiteront pas^ je pensé, à
reconnaître que les meulières de la Brie et de la Beauce ne
se sont point formées à Tétat de blocs anguleux dans une
argile bigarrée. Ils savent que, partout où ces meulières
sont recouvertes par quelque cbose de stratifié, elles existent
àPétat de bancs réglés, sans argile. Or il en est ainsi, à mes
jeux, du moins, du conglomérat éocène du nord de la France.
Ce conglomérat était certainement émergé quand se sont pro-
duites les actions dissolvantes qui ont enrichi le bassin de
Paris 4e toutes ses diverses argiles à meulières et à silex, y
compris celle à meulières nummulitiques du détroit de Saint-
Qaentin. Comment donc une action aussi générale aurait-elle
respecté le conglomérat éocène sans lui imprimer, en quelque
sorte, sa marque de fabrique? Or, elle n'y a pas manqué^ et
c'est par là que ce conglomérat, d'abord graveleux (excepté
peut-être quand il reposait directement sur les dièves), serait
devenu Pargile à silex de la Thiérache.
J'arrive maintenant à Torigine de l'argile à silex. Je n'en
dirai qu'an mot : c'est que la théorie de M. Gosselet, fondée
sur la pénétration des «aux pluviales à travers des formations
eatièrement perméables, me parait en désaccord formel avec
ce que Tobservalion nons apprend sur le Pays de Caux. Dans
ce pays, la terra classique de l'argile à silex, il est de toute
évidence que cette argile, caractérisée par ses couleurs
rutilantes, a été faite, tant aux dépens de la craie (et peut-être
d'un conglomérat qui la recouvrait), qu'aux dépens d'une
wflppg continue d*argile plastique rouge et violette, qui a
recouvert autrefois toute la Seine-inférieure. De nombreux
lambeaux de cette argile sont encore bien visibles ; celui de
Mélamare, près Bolbec, est en place et exploité pour
poteries. Une foule d'autres s'observent dans les poches
effondrées, en compagnie des sables et grès éocènes du
niéme âge. Comment donc parler de perméabilité quand
6
Annales de la Société géologique du Nord, t. yi.
~ 82 —
une nappe conlinue d'argile recouvrait ainsi taute la
contrée ?
Est-ce à dire qae je prétende avoir entrevu , d'une
manière très* claire, le mode de formation de Targile à silex ?
Assurément non ; mais il m'est impossible, ou tout au moins
bien difficile, d'attribuer à Peau depluie^ filtrant à travers des
terrains perméables, la puissance de creuser dans la craie des
poches de trente à quarante mètres, comme celles du Pays
de Caux, séparées, quelquefois, les unes des autres, par de
simples piliers, sans épaisseur, preuve manifeste que des
érosions antérieures ne sont pour rien dans cette disposition.
Tout cela me parait nécessiter Pintervention d'agents plus
actifs que ceux que nous voyons à Toeuvre de nos jours et
voilà pourquoi, remarquant une coïncidence manifeste» en
Normandie, entre le phénomène des failles et le développe-
ment des poches avec effondrements, j'avais été conduit
à établir entre ces deux ordres de faits un rapprochement
que les observations de M. Gosselet ne me semblent pas avoir
détruit.
M. CSoaselet attendra pour répondre à M. de Lapparent
la publication d une note plus détaillée que son savant
contradicteur a lue il y a quelques jours à la Société géolo-
gique de France.
M. Charles Barrois lit la note suivante :
Note sur les Alluvious de la Serre (Aisne)
par le D^ Cltarles Barrois»
La Serre est une rivière dont le cours a environ 100
kilomètres ; sa source est dans les Ârdennes^ et elle passe
par 4 chefs-lieux de canton du département de l'Aisne,
- 83 --
Boz&j, Montcaraet^ Marie, Grécy, avant de se jeter dans
rOise, rive gaacbe, dans les vastes prairies de La Fère. /Ses
principaux tributaires sont le Vilpion, la Brune, le Hurtaut,
et la Souche.
Les alluvions de ce cours d*eau ont été étudiées par
4'Ârcbiac(*) comme celles des autres rivières du département
de P^^isne. La Serre dépose dans ses grandes crues un limon
dont répai3seur totale n'a pas moins de 1 mètres entre Assy
et La Fère ('). En remontant le cours de la Serre, Palluvion
moderne diminue, et de Mortiers à Marie la rivière coule sur
le dépôt de cailloux diluviens. Son lit est très peu profond et
les berges montrent partout Kalluvion récente reposant sur
les cailloux; au dessous de Crécy, au contraire, la rivière est
fort encaissée et son lit est entièrement creusé dans Talluvion
moderne qui parait être formée aux dépens de Palluvion
ancienne argilo-sableuse.
€ Le dépôt de cailloux roulés ^quaternaire) de la vallée de
la Serre renferme, d'après d'Ârchiac (*), outre les silex et les
fragments de craie qui à la vérité, en forment la plus grande
partie, des éléments étrangers aux terrains que parcourt
aajourd'hui cette rivière. Ce sont d'abord les fragments de
roches et les coquilles tertiaires qu'on ne trouve en place
qu'à trois lieues au Sud et qui n'ont pu y être amenés par
aucun des cours d'eau actuels, et ensuite des cailloux de
quartz dont le gisement était sans doute beaucoup plus au
N.-E. que le plateau de la Fèrée, où cette rivière prend sa
source. On pourrait donc en conclure que les eaux qui les
ont apportés étaient au moins à 123 mètres au dessus
de son niveau actuel à Rozoy. La conséquence serait
la même si Ton supposait qu'ils ont suivi le cours du Vilpion
ou de ses autres affluents. >
(1) D'Archiac ; l'Aisne, Mém. soc. géol. de France. '
(2) D'Archiac, Descriplion de l'Aisne, p. 87.
(3) D'Archiac, Description de i*Aisne, p. 68.
- 84 —
L'étnde détaillée que j'ai faite de cette région m'empêche
d'admettre une semblable supposition : je ne crois pas que
les eaux de la Serre se soient jamais élevées à 123 mètres
au dessus de leur niveau actuel à Rozoy, c'est-à-dire à
l'altitude de 262 mètres. J'ai montré dans une note précé-
dente que la Souche s'était élevée à 50 métrés au dessus de
son niveau actuel, la Serre a laissé des alluvions anciennes
jusqu'à 40 mètres près la ferme de Dormicourt ; au Vilpion
se rattachent les cailloux roulés de Cbevennes^ qui sont à 45
mètres au dessus du niveau de la rivière. Je ne crois pas
qu'il y ait de dépôt diluvien dans cette région à plus de 40 ou
50 mètres au dessus du niveau actuel des cours d'eau voisins ;
cette manière de voir serait du reste plus conforme aux
observations générales faites par M. Belgrand dans ce bassin
de la Seine 0): c L'es lambeaux des terrains quaternaires
dans les vallées, se trouvent jusqu'à 15, 20, 30, et même
jusqu'à 50 mètres au dessus du niveau des eaux actuelles. »
— Il convient toutefois de se rappeler ici (') que les altitudes
atteintes par les eaux de l'époque quaternaire^ ne sont pas
dues à des cours d'eau comparables à ceux qui rempliraient
les vallées actuelles, puisque ces vallées n'étaient à l'origine
que de faibles dépressions des plateaux : Tapprofondissement
graduel des vallées, a contribué pour beaucoup dans la
diminution en étendue superficielle et en altitude , des eaux
qui y circulent.
Je décrirai dans cette note les principaux caractères da
terrain diluvien de la vallée de la Serre, en remontant le
cours des rivières pour reconnaître Torigine des différentes
roches trouvées dans les alluvions. Les éléments dominants
de ce diluvium, sont comme pour les autres rivières de
(1) Belgrand : la Seine, Paris 18*72. p. 83.
(2) Lodin : Du mode de formation des terrains superficiels. Bull. Soc.
Linnéenne de Normandie, 8« Sér , T. 2, 1878, p. 5.
-^ 85 —
Picardie qui eoalent sur l'argile à silex , des silex remaniés
et roulés, alternant avec des lits de sable grossier ; il y a en
outre des fragments de craie, de grès tertiaire, des roches et
des fossiles dn calcaire grossier, et des galets parfaitement
arrondis de quartz. On exploite ces cailloux à la gare même
de Mortiers, ainsi qu'à Yoyenne où MM Papillon et Rogine
oniivowfé Elephas primigenius ; les cailloux ne constituent
pas toutefois la formation diluvienne la plus ancienne de ce
district ; on en.a la preuve en suivant la route de Dercy à
Srlon, qui est à un niveau plus élevé que lea graviers que je
viens de citer. On voit la coupe suivante à la limite de ces
deux communes.
Coupe de Dercy.
1 Limon jaune ordinaire , de lavage.
2. Limon jaune ordinaire, avec quelques silex brisés.
8. Apparence de stratificalion.
4. Argile rougeàtre avec silex brisés, silex roulés, et quelques
galels de quartz blanc (base de l'ergcron).
Dans le chemin creux, au N. de Dercy, il y a de la grève
crayeuse à la base du limon. Il faut sans doute aussi
rapporter à la même formation les cailloux brisés de silex,
de jaspe, et les galets de quartz qui sont abondants dans les
— 86 —
ravins, près da bois da Baty. Ces cailloux de silex et ces galets
de quartz que Ton trouve à la base du limoo rappellent < les
galets diluviens qui s'observent souvent remaniés à la base de
l'Ergeron», d'après MM. jVanden Broeck et RutotO; nous
devons noter qu'ils ne se trouvent dans cette région qu'au
voisinage des Outîiers Landéniens , où Ton voit en place
et déjà roulés les galets signalés ici à la base du limon.
L'origine de ces galets est donc essentiellement différente de
celle des vrais galets dihviens , roulés dans les vallées par
les eaux sauvages.
De Voyenne à Marie, ensuit le Diluvium des vallées, formé
par les eaux sauvages de MM. Vanden Broeck et Rulot ; il y a '
de nombreuses exploitations de ces silex pour les routes à
Montigny-sous-Marle. A Touest, dans le bois de la ferme
d'Haudreville, et à 12 mètres au dessus du niveau delà vallée,
il y a de grandes exploitations de silex diluviens; les tran-
chées ouvertes à 5 et 6 mètres de profondeur montrent des
alternances de lits irréguliers de sable argileux , et de
cailloux brisés el roulés ; la plupart sont des silex, mais on y
trouve en outre des roches tertiaires et des galets de quartz.
En remontant la Serre, les affleurements diluviens deviennent
plus rares, car ils sont recouverts par des dépôts récents ;
près la ferme Dormicourt, le Diluvium s'élève jusqu'à 40
mètres: MM. Papillon et Rogine y ont trouvé Elephas
primigenius. A Sechelles, près du mouUn, exploitation de
silex roulés diluviens. Dans le ravin de Dolignon, au N.-O.
du village, on exploite encore des silex analogues. Aux
Molineaux^ près de Raillimont, autres exploitations du même
genre ; avec les silex de la craie qui constituent la plus grande
partie de cette formation, on trouve des blocs de grès
Landéniea, très durs, analogues à ceux qu'on voit en place
W^^— ^»^»^M I I I II I I I I. I »^— ^— — *p— ,
(l) Vanden Broeck el Rutol. Les phénomènes posl-terliaires, Annal,
de la Soc. Géol. du Nord, T, VIÏ.
— 87 —
sar dd nombreax plateaux des environs. An S.-E. de
Grandrieux^ vers Hainbresson, exploitation de cailloux
diluviens, silex roulés, fragments de gaize, et rares galets
qaarzeax empâtés dans une argile sableuse, grossière,
renfermant de nombreux grains de glauconie.
En remontant le cours du Hurtaut, affluent de la Serre, on
trouve des dépôts de cailloux quaternaires analogues à ceux
de la Serre^ dans les ravins au N.*0 de Berlise, ainsi qu'à
Fraillicourt. Au sud de Fraillicourt, il y a au dessus de
Targile à silex (éocëne), qu'elle enlève parfois, une autre
formation diluvienne, épaisse de 1 à 2 mètres, et consistant
en une argile blanchâtre, avec quelques points de glauconie,
petits fragments de craie et de silex brisés, patines. On trouve
la même formation au sud de la Maison Rouge, commune de
Wadimont.
Au N. de Fraillicourt^ le limon qui recouvre les sablières
Landéniennes montre à sa partie inférieure comme à Dercy,
des galets roulés de silex. On en a un exemple dans le n^ 3
de la coupe suivante prise à !2 kil. au N. de Fraillicourt:
1 Limon argileux rouge 1"
2 Limon calcaro-sableux, devenant de plus en plus
sableux à la base . 2*
8. Galets de.quariz roulés, formant un petil lit.
4. Sable blanc (Landônien sup') rubané de veines brunes.
La constance du gisement de ces galets roulés de silex et
de quartz (n^S), à la base du limon du Nord de la France
lorsque celui - ci repose sur des formations tertiaires ,
m'empêche de les regarder avec MM. Vanden Broeck
et Rutot comme des galets diluviens , témoins remaniés
de nouveaux affouilléments du sol par une inondation crois-
sante. Ces galets roulés ne sont pour moi qu'une des nom-
breuses preuves à Tappui de ce fait remarquable, qu*il existe
— 88 —.
des relations intimes entre la. composition de TErgeron et
celle des couches qu'il recouvre : que ce manteau uniforme
d'Ërgeron ne présente pas les mêmes caractères, dans le dépar-
tement des Ardennes par exemple, sur les terrains tertiaires,
sur les terrains crétacés, ou sur les terrains oolitiques.
La rivière de la Malacquise qui est la continuation du
Hurtaut, coule sur la Craie inférieure, le Gault, et le Callovien.
Les éléments dominants de ses alluvions sont les silex dérivés
de Targile à silex, des nodules de phosphate de chaux, de
quartz, et des fragments de grès*: cette formation diluvienne
a une eïtension considérable sur le territoire de Saint-Jean-
aux-Bois, à IVst de la Petite-Picardie. C'est dans la grande
Forêt de Signy que se trouvent les affluents les plus élevés
de la rivière ; j'ai pu relever un certain nombre de coupes
dans cette forêt, grâce au concours de H. G(Vard, garde
général des Forêts, qui voulut bien m'y servir de guide Le
ruisseau de la Fontaine-Rouge montre sur ses rives quelques
cailloux diluviens, il en est de même des ruisseaux situés à
Test de Maranwez, où j'ai relevé la coupe suivante dans une
nouvelle tranchée du chemia du curé, au point dit « la passe
du curé > :
1. Limou brun marneux (lûnon de lavage) . . . . i<*50
2. Argile sdbleuse à gros grains de glauconle, avec
silex brisés el galets de quartz ..*.... o"50
8. Marne grisâtre, profondément ravinée (callovien).
Dans le chemin des Neufs-Prés, marne gris-blanchâtre,
avec glauconie ; les tranchées ouvertes pour établir le Pont
des Neuf-Près ont montré 1 "50 de cette môme marne gris-
blanchâtre, sous laquelle il y avait un lit de silex roulés
diluviens et de galets de quartz : M. GéArd y a trouvé des
micraster breviporus en silex^ des éponges de la craie
silicitiées, et des ossements de cheval.
- 89 —
Aa S. -O, de la Gainpiette» vers la Canogoe, sable argileux
glaaconieax, difficile à distinguer à première vue ^es forma-
tioDs crélacées environoantes^ mais qui contient de nombreux
éclats de silex patines et arrondis, et des galets de quartz.
On ne peut terminer cet examen des dépôts des cours
d'eau de la Forêt de Signy, sans dire quelques mots du
phénomène particulier que Ton observe généralement à leur
source, et qui leur a valu dans le pays le nom de Fontaines-
Ronges. Ces fontaines jouissent d'une certaine notoriété dans
iepajs; telle est la Fontaine-Rouge qui se trouve dans la
grande Forêt de Signy, à la côte 236» près de la Vierge
Cayase, et la Fontaine*Rouge qui se trouve au N.-O. du boiS'
de la Férée : les eaux en sont assez limpides, tandis qae les
feuilles et les branchages qui tombent dans leur bassin se
recouvrent d'une épaisse couche ocreuse. L'explication de
ces faits est bien facile quand on prend en considération la
composition des terrains dans lesquels circulent ces eaux
avant de couler à la surface du sol ; ils contiennent tous en
abondance dés grains de glaucçnie. Cette glauconie com-
posée essentiellement de silice, de protoxyde de fer et d'un
peu de potasse, d'alumine et de magnésie, est décomposée
dans le sol sous Faction continue des eaux pluviales chargées
d'acide carbonique qui s*y infiltrent : l'acide carbonique
s'unit aux bases et Tacide silicique devient libre. Le carbonate
de protoxyde de fer arrive en dissolution à la surface du sol
dans les eaux de la source, grâce à l'acide carbonique libre
que ces eaux renferment, mais ce fer se dépose bientôt après
son arrivée au dehors à Pétat de iimonite. Ce dépôt est dû â
deux causes : d'abord à l'action de Tair sur Peau courante de
la source, d'oA résulte une perte d'acide carbonique et une
absorption d'oxigène par les carbonates ; et pnsuite à l'action
des plantes qui vivent dans lé ruisseau, elles absorbent aussi
de l'acide carbonique et dégagent de l'oxygène. C'est par ces
moyens que le carbonate ^rreux est rapidement décomposé,
— 90 —
et que le fer à l'état d'oxyde bruD vient revêtir d'une couche
continue les plantes, les pierres, et jusqu'aux rives des cours
d'eau appelés Fontaines-Rouges dans les Forêts de Signy.
Le Yilpion, affluent de la Serre, a un cours moins long
que les rivières précédentes» il coule constamment sur la
craie et dans une région où Targile à silex est très déve-
loppée ; aussi ses alluvions anciennes sont- elles très
puissantes, et les silex y dominent de beaucoup. II y a des
exploitations de ces graviers diluviens dans les ravins entre
Montigny et Rogny ; il y en a dMmportantes dans le village
même de Rogny, près le ruisseau, les silex alternent avec des
lils de sable grossier brun, il y a beaucoup moins de galets
de craie que dans les graviers de la route de Montigny. Prèâ
de Rogny, la Brune vient se réunir au Vilpion ; on observe
bien le Diluvium des vallées dans le bassin de cette rivière
à Prisces, il y est formé par des silex roulés, des fragments
de craie et du sable grossier ; on l'observe encore dans les
ravins à TE. et à l'O. de Dagny, au N. de Morgny-en-Thiérache,
où j'ai trouvé des ossements de Bas primigmius^ et au S.-O*
d'Iviers.
Au Vilpion, il faut rattacher le petit ruisseau de Harfontaine,
dont la source se trouve actuellement dans le bois de ce nom;
il était à répoque quaternaire plus important que de nos
jours, car son cours est non seulement jalonné par des
débris diluviens à travers le bois de Marfontàine, mais on
les suit bien au delà jusqu'à Chevennes et Lcmé. Les gravières
de Chevennes ont fourni à MM. Papillon et Rogine une
magnifique série de silex taillés et d^ossements quaternaires :
Ursus spelœus, Elephas primigenius^ Rhinocéros tichorhinus,
Bos primigenius. Voici la coupe des ravins de Chevennes :
1. Limon fin, jaune, stratifié 1»
2. Limon plus brun, non stratifié 1*
3. Silex diluviens» roulés, ei lits irréguliers de sable
grossier argileux, ossements, pierres taillées • . • &■»
— 91-'
Les allavioAs da Yilpion et de ses afflaents ont été trop
bien étudiées par MM. Papillon et Rogine (') pour qu'il soit*
nécessaire dMnsisler davantage sur ce sujet: les alluvions
modernes sont assez développées ; le terrain diluvien affleure
encore à Gambron, où ces géologues ont trouvé un squelette
d'Éléphant presque entier.
Les ruisseaux de Lemé, Chevennes, Marfontaine, Youlpaix,
qni se rendent dans le Yilpion, expliquent facilement la
présence des galets et fos«les tertiaires dans les alltivioQs de
la Serre, sans que Ton doive recourir à des changements de
niveau de 123 mètres; en effet les collines comprises entre
Lemé et Youlpaix sont couronnées d'Outliers de sables
tertiaires (Landénien), contenant des lits de galets roulés, de
silex et de quartz ; à leur sommet se trouvent des fragments
de grès à Nummulites. (*)
Conclusion : Tous les éléments du Diluviuoi de la vallée de
la Serre se retrouvent donc dans le bassin actuel dé cette
rivière, et on ne doit pas admettre le changement de niveau
de 123 mètres proposé par d'Archiac ; les eaux de la Serre
à Tépoque quaternaire n'étaient guère à plus de 45 mètres
an dessus de leur niveau actuel, altitude où se trouvent
encore des formations diluviennes dans cette vallée.
(1) p. Rogine : Noie sur la géologie de la Thiérache, La Thiérache,
2* vol. 1872, p 92 On doit pourtant rapporter les graviers de '
la Reinetlc au terrain Aaehénien.
Papillon : La ligne du chemin do fer dans Tarrondissennenl de .
Vervins, Journal de Vervins, 1868 69.
(2) Gosselet: Bull soc. géol de France, 3« sér. T. 2. p. 51^
De Lapparent: Bull. soc. géol. de France, 8* sér. T. 2,p. 134. 1874.
Rogine : Notes sur la géologie de la Thiérache, La Tbiérache,
2- vol. 1872, p. 121.
Ch. Barrois : Ann. soc. géol. du Nord, T. 5, 1878» p, 846.'
— 98 —
H. 6o88elet dépose de la part de M. Riti«t une commani-
cation sur une coupe observée à Frameries. La Société donne
acte de ce dépôt et décide que la lecture de la note sera
reportée à la séance suivante.
Séance du 48 Dééembre 1879.
Le Secrétaire lit la note suivante :
Note sur une coupe de terrain
observée dam la Ciare de Fraufteries pris Mons (Belgique)
Par A. Rotot.
PI. IL
Dans ces derniers temps, Targile à silex a fait Tobjet de
nombreuses et intéressantes études à la Société géologique
du Nord.
Ayant eu récemment l'occasion de visiter les travaux
considérables que la Compagnie du Nord-Belge fait exécuter
en ce moment pour ragrandissementde la gare de Frameries,
près Mons, j^ai observé dans toute sa fraîcheur une coupe
que j'ai cru utile de faire connaître à la Société.
Pour préciser, au point de vue géologique, remplacement
de la tranchée dont il est question, j'ai figuré dans la planche
qui accompagne cette note, une coupe allant de Mons à
Frameries.
Ainsi qu'on peut le voir, la gare de Frameries se trouve
au sommet d'un monticule; et entre la tranchée et la ville de
Mons, on rencontre une très belle série de couches tertiaires
et crétacées, qui se présente comme suit en partant de la plus
récente :
PànîselieD. (Au moDt Panisel).
Sable yprésien à Nxtmmulites planulaia. (Kont Panisel).
Argile ypresienne. (Mont Panisel el Eribus}*
Sables glauconifôres landéniens.
Calcaire de Mons à grands Cerilhes.
Tuffeao de Maestricht.
Poudingue de la Malogoe.
Craie bruue de Ciply.
Craie blanche.
Craie grise.
Rabots.
Fortes toises et diôves.
Tontes ces couches , tertiaires et crétacées, sont assez
fortement inclinées vers le Nord et Ton reconnaît d'après
leur disposition, que la tranchée de Frameries doit se trouver
sur l'affleurement des rabots,
La longueur totale de la tranchée est d'entiron 800 mètres,
nous allons donner ci-après la description détaillée des
direrses couches qui ^'y rencontrent en commençant par te
bas:
Couche N^ 7. (Voir PI. XIII vue d'ensemble de la tranchée).
— Lit entièrement composé de gros silex, de volume consi«>
dérable, irréguliers, visible sur 0"^ 60 à 0» SO et suivant une
allure sensiblenlent horizontale.
Ces silex sont d'un noir brunâtre à Tialérieur, leur surface
est blanchâtre, ils sont entassés les uns sur les autres, sans
ordre. Leur surface extérieure est comme corrodée et
nettoyée, les aspérités sont intactes et ne présentent aucune
trace d'usure par entraînement. Quelques silex sont brisés*
mais tous les fragments se trouvent réunis au complet. Les
interstices entre les blocs sont absolument vides, sauf pour la
partie la plus supérieure du banc, où les silex les plus
élevés sont reliés entr'eux par un sable siliceux, blanchâtrOj
durci et adhérent.
-94 -
Couche N"* 6. — Bande d*argtie fine, grise^iméftre, très
compacte et très ptaMiqne quand elle est humide, subissant
un fort retrait et se fendillant en petits feuillets courts
lorsqu'elle est sèche. Toute la masse semble très pure et
homogène, cependant on aperçoit disséminés, de petits
amas-calcaires blanchâtres, en concrétions pulvérulentes ou
tapissant des fentes.
La partie inférieure de cette argile se moule fidèlement sur
le lit de silex sur lequel elle repose et en suit toutes les
aspérités, elle n'est arrêtée dans sa descente que par le sable
agglutiné qui cimente les premiers silex. Cette argile ne '
renferme aucune trace de débris organiques.
Cmche iVo 5. — La couche 5 n'est pas une couche à
proprement parler, elle n'est que la partie inférieure d'un
ensemble comprenant les lits indiqués sous les N<>* 5, 4 et 3.
Le contact de la couche 5 avec la précédente est net et indique
d'iine manière évidente un ravinement. Cette ligne de contact
est ondulée, au point qu'en beaucoup d'endroits l'argile
verte sous-jacente est réduite à une très faible épaisseur et
même complètement enlevée.
La couché 5 n'a guère que 0,10 à 0,15 d'épaisseur, elle
est constituée par un sable grossier blanchâtre, empâtant des
cailloux roulés de nature très diverses.
Les uns sont formés de marnes crétacées durcies^ les
autres sont en silex rouge, translucide, d'autres encore sont
en calcaire (probablement dévonien) altéré et blanchi. Quant
au volume de ces cailloux qui, en général sont imparfaitement
roulés, il est ordinairement assez réduit et ne dépasse guère
celui d'une petitc^noix.
Couche iVo 4. — A 0™ 10 ou 0»» 15 du contact des couches
5 et 6, apparaissent de gros silex de même nature que ceux
qui composent la couche 7, mais généralement plus petits et
formés de fragments de ceux-ci.
- 95 -
Ces fragments sont anguleux, les angles et les arêtes ne
paraissent pas émoassées, quoique portant en certaines
places des traces d'éclats produits par des chocs.
Ils sont disposés irràguliérement dans une m^sse sableuse
dont le tiers inférieur est blanchâtre, et n'est que la
continuation de la couche 5, dont les deux tiers supérieurs
rechargent de giauconie jusqu'à devenir rapidement d'un
fert foncé. Dans ces conditions la surface extérieure des
fragments de silex empâtés prennent également une teinte
Terddtre. Le banc de silex qui constitue la couche 4 a en
moyenne 0,80 d'épaisseur.
Couche N^ S. — Au dessus du lit de silex fragmentaire
dont il vient d'être question, se continue à Tétat pur le sable
glauconifëre qui en empâtait la partie supérieure.
Ce sable est d'un beau vert foncé, très glauconifëre, et
m'a paru dépourvu de fossiles^ il n'est du reste visible qu'en
certains points de la tranchée, car le plus souvent il a été
raviné profondément et même totalement enlevé par le
phénomène qui a provoqué la formation du dépôt supérieur.
Partout où Ton pouvait l'observer, le sable vert était
homogène et ne présentait aucune apparence de stratification.
Couche N" 2. — Le contact des couches 2 et 3 indique,
comme nous venons de le dire, un ravinement considérable;
tout le long de ce contact qui est très net, on aperçoit une
ligae de cailloux de silex roulés, semblables à ceux qui
caractérisent partout en Belgique la base du diluvium. Au
dessus de ce lit de cailloux, se développe sur une épaisseur
très variable, mais qui, vers le milieu de la tranchée pouvait
atteindre 4 à 5 mètres, un limon très argileux, compact,
constitué par des strates ondulées d'une façon assez irrégu-
lière et diversement colorées.
La masse inférieure, la plus épaisse et la plus homogène,
se présente sous forme d'une argile verdâtre clairOf zonée
— 96 —
de lignes rougeâtres oa panachée de points bruns on noirs,
lîgniteux ou manganesifëres.
Dans la masse supérieure , on aperçoit des traînées
bléncliâtres, minces, paraissant plus sableuses, et Tensemble
prend une teinte brunâtre ou rousse, plus ou moins
régulièrement disposée.
Couche N*^ 1. — Enfin, au dessus du limon précédent et le
ravinant nettement^ vient s*étendre le manteau d'ergeron,
épais de 4 à 5 mètres et plus peut être dans les parties basses
'delà tranchée; réduit à moins d'an mètre dans les parties
élevées, et présentant tous ses caractères les plus évidents
comme couleur, composition chimique, etc.
Tout naturellement, la surface de cet ergeron, modifiée par
les infiltrations superficielles et dépouillé ainsi de son
calcaire , s'est tranformée sur une épaisseur, à peu près
constante d'un mètre, en ce que Ton appelle vulgairement en
"Belgique t terre à briques >.
Il ne m'a pas été possible de voir d'une manière certaine
si le contact de Pergeron N^ 1 avec le limon argileux panaché
N"" 2, présentait des cailloux roulés, ainsi que cela existe
' généralement Je n'ai pu approcher suffisamment de ce
contact à cause de la verticalité des talus et de la hauteur à
laquelle s'opérait le contact, il m'a cependant semblé voir
quelques rares silex disséminés le long de la ligne de
ravinement.
Telle est la composition détaillée de la coupe de
Frameries, il me reste maintenant à donner quelques
appréciations concernant Page des différentes couches
reconnues.
En ce qui concerne les couches N^ 7 et 6, je crois qu il ne
se présente aucune difficulté. Nous sommes en présence
d'un affleurement des rabots soumis aux influences . des
infiltrations superficielles, dont toutes les parties calcaires
— 97 —
ont été dissoutes et dont il ne reste qu'un lit d'argile au lieu
de marne et un amas de silex à interstices vides, en place de
parties calcaires qui primitivement les cimentaient.
L'ensemble des couches 7 et 6 rappelle Vargile à silex qui
a fait l'objet de si consciencieuses études de la part de nos
confrères de Lille, et je crois qu'il y a lieu d'assimiler ces
coaches à Vargile à silex. Les caractères et la nature des
roches ne sont cependant pas identiques, mais il est à
remarquer que les matières premières , c'est-à-dire les
couches primitives qui ont servi à la formation de Vargile à
silex proprement dite d'une part, et notre lit de Frameries de
l'autre, ne sont pas les mêmes.
L'argile à silex proprement dite a surtout été formée aux
dépens de la craie blanche, dont la nature diffère sensiblement
de celte de la roche connue des mineurs sous le nom de
rabots et qui, du reste, est plus ancienne.
Quoiqu'il en soit, les rabots ayant été modiQés sur place et
transformés ainsi peu à peu en une variété particulière
i^argile à silex, il convient de prendre pour âge du dépôt
l'Age de la roche normale primitive, en conséquence on doit
considérer nos couches 6 et 7 comme rentrant dans la série
crétacée, entre la craie grise qui les surmonte et les Dièves et
Forles-toises qui suivent.
Passons maintenant aux couches 3, 4 et 5 de la
tranchée.
J'ai d'abord hésité sur l'âge de ces couches qui se relient
intimement entre elles et forment un ensemble continu.
J'avais cru devoir en faire du quaternaire inférieur, mais
une élude plus attentive m'a mis d'accord avec M. l'Ingénieur
E' Dejaer, et nous sommes d'avis que l'ensemble des strates
3) 4 et 5 représente le Landénien inférieur, réduit ici à
sa base.
Ce qui m'a confirmé dans cette manière de voir, c'est
l'existence du Landénien inférieur en place sur tout le
7
Annales de la Société géologique du Nord, l. vu.
- 98 —
plaleau et bien visible dans divers chemins creux, notammenl
vers Qaévy-le-Grand.
La seule différence consiste en ce que dans ces parages, le
Landénien ne repose plus sur les rabolSy mais sur les Dièves
et les Forles'toises dont raffleurement ne fournit plus de
silex.
Du reste, l'homogénéité du sable et sa pureté constituaient,
un indice sufQsant, démontrant qu*on ne pouvait être en
présence d*un remaniement qualernaire.
L'ensemble des couches 3. 4 et 5 représente donc la base
du Landénien inférieur.
Ce qui m'a été d'uu grand secours pour arriver à la
précédente détermination, c'est la ligne de séparation nette,
trouvée entre les couches 1 et 2 et que je n'avais pu voir
pendant longtemps à cause de la manière dont s'exécutait
le travail.
Depuis que les talus ont été bien aplanis, la séparation que
je soupçonnais, mais qui m'avait échappée à cause de la
constitution et de la couleur assez semblable des roches, est
apparue nettement et je n'ai plus eu de difficulté à séparer
Yergeron bien caractérisé, des couchées argileuses sous-
jacenles.
Nul doute maintenant que ces couches de limon argileux
zôné et panaché ne représentent le diluvium inférieur y ainsi
que l'indique du reste le lit de cailloux de silex roulés qui en
forme la base, et que les deux grandes divisions que nous
avons si généralement retrouvées dans le quaternaire,
n'existent encore ici très bien représentées.
La seule observation que nous ayons à faire consiste en
ce que d'ordinaire, dans nos plaines flamandes, où le
sous-sol tertiaire est souvent sableux, le diluvivm inférieur
ou ancien est généralement constitué par des éléments
sableux assez grossiers, arrachés aux couches sous-jacentes.
Il est composé de sables paniseliens, bruxelUens , laekeniens,
— 99 -
wefflmelieDs , etc; remaniés, irrégulièrement stratifiés et
irayersés par des lits discontinus de galets ou par des veines
ou lentilles d'argile provenant des strates argileuses de
TYpresien, du Paniselien et du Wemmelien.
Sur le plateau élevé de Frameries, au contraire, le
diluvium ancien a une constitution analogue à celle reconnue
par M. Ladrière et ses collègues de Lille, aux couches
quaternaires inférieures qui recouvrent une grande partie
du département du Nord et qui sont elles-mêmes rerouvertes
soit par des limons divers sur les pentes, soit par lergeron
proprement dit aux environs de la frontière, au nord de
Lille, etc.
Le diluvium inférieur du plateau de Frameries a donc cette
parlicularité commune avec le diluvium inférieur du dépar-
tement du Nord, qu'il est composé de limons argileux,
stratifiés et panachés, au lieu d'être constitué principalement
par des sables comme dans les Flandres.
J'ai été fort heureux de rencontrer à Frameries cette
liaison des limons anciens de Picardie avec notre diluvium
aocien, et cette découverte vient parfaitement à point pour
mettre d'accord des observations exactes faites de part et
d'autre et que Ton ne parvenait pas à relier, parce qu'on ne
s'entendait pas sur les termes. En effet, nos collègues de
Lille appelaient ergeron ce qui pour nous constituait le
dilumm ancien; on conçoit que dans de pareilles conditions
il y avait impossibilité de s'entendre.
Voici les premiers pas vers l'accord absolu, je crois que
les derniers ne se feront pas attendre.
M. liadrière fait les observations suivantes :
La communication de M. Rutot présente la question qui
nous divise d'une manière toute nouvelle.
Il y a un mois, lorsqu'il nous avait fait le plaisir de venir
— 100 —
nous voir, il ne nous avait pas parlé du limon panaché,
ni de son diluvium inférieur argileux d^ la tranchée de ^
Frameries ; à C( Ue époque il désignait encore, je crois^ tous
ces limons sous le titre d'ErgeroUy que M. Cornet leur avait
donné.
En effet, MM.' Cornet et Briaitont, les premiers, en 1869,
appliqué à la partie inférieure du limon le nom d'Ergeron,
peut-être ont-ils confondu sous ce litre du limon ancien
et du limon récent, mais là n^est pas la question.
M. Gosselet, en 1865, dans sa Géologie du Cambrésis,
s'était servi du nom de Loess pour le même terrain ; plus
tard, il adopta celui d'Ergeron en Tentendant dans le sens
que lui donnaient MM. Cornet et Briart, et c'est aussi le sens
que nous avons jusqu'ici attaché à ce mot.
On ne peut, je crois, le prendre dans une acception
différente; il faut, ou l'abandonner, ou s'en servir pour
désigner tout le quaternaire ancien , graveleux, argileux
ou sableux, y compris la terre à briques des plateaux; je
préfère la première détermination et je crois que l'on peut
donner atout l'ensemble des couches quaternaires antérieures
à l'approfondissement des vallées le nom de quaternaire
ancien.
M. Gosselet fait la communication suivante :
Notes sur les sables tertiaires du plaieaa de
TArdeone,
par M. Gosselet.
On admet généralement que le terrain silurien de TAr-
denne, entre Hirson et Louelte-Sainl-Pierre, était émergé
dès l'époque dévonienne et qu'il n'a pas été recouvert par
les mers successives. En effet, à Mondrepuits, à Textrémité
-. 101 —
orientale de ce plateau silurien , on trouve les traces des
rivages dévonien, jurassique et crétacé, sous forme de
trois poudingues, qu^on distinguerait difOciiement Tun de
l'autre, si on ne pouvait voir leurs rapports avec les
roches fossilifères voisines.
A Mondrepuits môme, le poudingue gédinien repose en
stratification discordante sur les tranches des schistes silu-
riens ; la mer dévonienne était au N.O. et son rivage se
dirigeait de l'E.-N.-E. à l'O -S -0.
A 3 kilomètres, au S., au Petil-Loudier, le poudingue
liasien constitue également des bancs presqu'horizontaux,
directement superposés aux schistes siluriens fortement
redressés. La mer jurassique était au S.-O. et son rivage se
dirigeait de E.-S.-E. à TO.-N.-O., formant avec le rivage
dévonien un angle aigu dans lequel est compris le plateau
silurien de l'Ardenne.
A. 4 kilomètres au S -E. de Mondrepuits, près de Blangy,
MM. Papillon et Rogine ont signalé dans les tranchées du
chemin de fer, au dessus des schistes siluriens, des bancs
horizontaux de poudingue que M Ch. Barrois (^j a rapportés
àl'Apiien. La mer crétacée s'étendait à TO. et au S.-O. et
son rivage décrivait une courbe d'un quart de cercle, à peu
près à l'endroit où est maintenant Hirson.
Ou pouvait présumer que ce qui s'était passé pour les
ïûers dévonienne et crétacée, avait aussi dû se produire
^ l'époque tertiaire Tous les géologues en avaient jugé
aiûsi. Que Ton jette les yeux sur la carte géologique
de Belgique, par Dumont, sur celle du département de
l'Aisne, par d'Archiac, ou sur celle du département des
Ardennes par Sauvage et Buvignier , on voit que le plateau
ardennais est libre de tout dépôt postérieur au silurien et
q^e les terrains tertiaires, en particulier, s'arrêtent assez
loin.
(0 Ann. Soc. ^6ol. du Nord, v. p. ^46,
— 102 —
Aussi M. Ch. Barrois a-l-il fait faire un grand progrès à la
géologie de celle région en élablissant (') que la mer éocène
s'est élevée sur les hauteurs de l'Ardenne et y a laissé des
traces de ses* sédiments.
L'exploration de TÂrdenne pour la carte géologique
détaillée de la France m'a permis d'apporter de nouveaux
faits à Tappui de celle thèse.
Les sables landéniens du terrain éocène s'avancent jusque
près d'Hirson : à Quiquengrogne, vers le N.-O., et à Lan-
douzy-la-Ville, vers le S.-jO. A Hirson môme les travaux du
fort ont' mis à découvert un^ lambeau de sable qui est peut*
être éocène.
m
Le puits y a coupé les couches suivantes :
1 Limon 0,40
2 Diluvium 1,10
3 Limon rouge veiné de sabie gris. ... l,5o
4 Sable pur 1,50
5 Gravier 0,50
Le sable m 4 a tous les caractères du sable d'Oslricourt et
la présence d'un gravier de silex en dessous ne suffit pas
pour le classer dans le diluvium.
Le sable tertiaire ne s'observe pas à l'E. d'Hirson sur les
terrains secondaires ; il y a été enlevé par les courants dilu-
viens avec d'autant plus de facilité, que, reposant sur les
couches argileuses du gaull ou du lias , il a formé un
niveau de sources et a dû glisser sur le flanc des collines.
On pourrait peut-être rapporter au terrain tertiaire un sable
que Ton voit à Blombay, près de Maubert-Fonlaine, formant
une émiçence au sommet d'un escarpement de lias. Je l'ai
visité avec M. Ch. Barrois et nous étions assez incertains
sur son âge.
(1) Ann. Soc. géol. du Nord, VI, p. 866.
— 103 —
Mais si le sable a été enlevé , il D*en a pas été de môme des
parties plus solides, grès, poudingue ou galets, qui étaient
mélangés au sable. M.Ch. Barroisles a retrouvés à l'état erra-
tique sur toute cette région. I.es galets de silex' parfaitement
arrondis sont particulièrement fréquents à la base du limon
et, quand celui-ci manque, à la surface du sol.
Le sable déposé sur la surface des plateaux primaires de
l'Ardenne, a mieux résisté aux agents diluviens. Je n'en ai
pas trouvé dans la forêt de Saint-Michel ; mais il est abon-
dant à Signy-le-Petit et aux environs.
La sablière de Signy-le-Petit est située au hameau de la
Croix-Colas. On y exploite un banc de sable fin, blanc ou
jaune, épais de 2 à 3 mètres et recouvert par 1 à 2 mètres
de limon avec galets.
A 500 mètres à l'O., sont les sablières du Pavillon
(commune de La Neuville-a ux- Joules), dont voici la coupe :
Limon brun o,80
Sable fin, jaune 3
Gravier, grès, cailloux roulés de qnarlz, clc. 0,30
. Sable blanc un peu plus gros i
Argile blanche.
Des minerais de fer ont été exploités sous tout le plateau
entre la Croix-Colas et le Pavillon ; leur coupe, donnée par
Sauvage et Buvignier (') fait connaître les couches inférieures
aux précédentes.
Argile sableuse jaune avec lâches et infillralions blanches \
(limon panaché). ^
Sable de couleur jaune plus foncé i 4 ^ 5in
Lit de sable et d'argile sableuse . . v
Argile blanche à potiers *
Sable jaune
(1) Géologie du départ, des Ardennes, p. 418.
— 101 —
Minerai en gôodes. Petits cailloux du terrain ardoisicr. . \
Sable avec lits d'argile
Minerai
Sable. Mà3«.
Minerai *
Schiste ardoisier /
Le minerai de fer est donc subordonné au sable et il y a
lieu de le rapporter au môme âge. Cet âge serait diluvien
pour Sauvage et Buvignier, mais je prouverai plus loin
qu'en réalité il est tertiaire.
Dans une autre sablière de La Neuville-aux-Joutes , au
hameau du Corps-de-Garde , j'ai fait creuser au fond d'une
sablière. On en a ramené des silex pyromaques, de forme
très irrégulière, non roulés, mais profondément altérés;
quelques-uns atteignent la grosseur de la tôle ; ils forment
une couche dont je n'ai pu apprécier l'épaisseur, mais ils
sont serrés les uns contre les autres.
Le sable du Corps-de-Garde est isolé de tous côtés. A 200
mètres au N.-O., sur la route de la forge Philippe, un puits
construit pour une briqueterie, est descendu à 12 mètres
sans rencontrer de sable Un peu au S., dans le hameau de
Rouge-Ventre, les puits ont aussi 10 mètres et ne traversent
pas de sable ; enfin, à TE., on voit affleurer les schistes à
quelques mètres de la sablière, sur la pente, vers la rivière.
A Brognon , à l'entrée du chemin qui va à la forge
Philippe, on a ouvert une petite sablière dans du sable
rouge avec grès ferrugineux.
AEleignères, entre Signy-le Petit et Maubert-Fontaine,
il y a aussi une sablière très intéressante; elle est située dans
le village, à 100 mètres de l'Eglise ; le sable est tin dans le
bas, gros et mélangé de silex à la partie supérieure. Ces
silex, souvent fort volumineux, sont profondément altérés,
presque complètement cachalonnés. C'est à peine si on peut
- 105 —
y trouver une partie iùtacie. Ils ne sont pas roulé$, néan-
moins ils sont dans rintérietir da sable ; leur position est
tout^à-fait analogue à celle des silex que j'ai mentionnés
dans les environs de Maubeuge , à la partie inférieure dû
sable éocène.
On exploite du sable au nord d'Eteignëres, au Bas-Taillis
et sar le chemin de Beaulieu, dans le bois défriché.
Au N. d*Eteignëres, on trouve un grand massif de sable
qui s'étend sous le bois de Beaulieu, de Susanne, etc.. et
sous les rièzes de Rocroi.
Il y a une carrière dans le bols de Beaulieu; dans le bois
Susanne, j'ai observé un mo'nticule de sable qui sert de
retraite aux renards. Au hameau de la Grunerie, à Texlré-
mité de la forôt de Signy, le long du ruisseau, dès que Ton
fait un trou de quelques décimètres, Peau monte en entraî-
nant du sable, et un peu plus loin du cours d'eau, on ouvre
de petites sablières pour Tusage des habitants.
A la Loge-Rosette, près du bois Susanne , sur le territoire
de Regnowez , un puits a atteint le sable à 4 mètres de pro-
fondeur. Entre la LogeRosette et la censé Dupont, un autre
puits a trayersé :
Limon. 2"
Sable • . . . , 2
Limon argileux bleu , avec nombreux
débris de schisles et de quarzites . . 5
Une sablière ouverte au S.-O. du village de Regnowez
m'a présenté la coupe suivante :
Limon brunâtre. . . 4 . , . . . • 0,50
Limon sableux , jaune , panaché, avec
débris de grès ferrugineux à la base . 0,40 à 1°.
Sable jaune 1 à 2".
3able blanc avec ooncrétions ferrugineusea 5
— 106 —
L'eaa empêche d'atleindre le fond da sable.
On a aussi reconnu ou même exploité le sable dans plu-
sieurs points des Rièzes : à la censé Beauchamps, à la censé
Meunier, au S. des censés Rouily, à la Patte-d'Oie. Ce der-
nier puits a traversé :
Argile jaune sans cailloux 6".
Sable blanc.
Une sablière est ouverte à 1 kilomètre de la Patte-d'Oie,
près de la censé Gallois, une autre, à i kilomèlres, au S,
contre la briqueterie Rose et contre la lisière voisine du bois,
des Potées.
Dans rintérieur du bois des Potées, je n'ai pas trouvé de
sable, mais le village de Sévigny-la-Forôt est construit sur
une butte de sable ayant plus de 6 mètres d'épaisseur ; il
repose sur une couche de galets de quartz blanc .semblables
à ceux qui accompagnent aussi le sable dans les environs de
Maubeuge. A Sévigny, le sable est fréquemment pénétré
de limonite, qui Ta cimenté en un grès ferrugineux
assez cohérent ; mais en outre, il y a un banc de grès blanc
compacte, beaucoup plus dur et fort analogue au grès de
Marlemont. Enfin, quelques affleurements et exploitations
de sable existent à Bourg-Fidèle, entre Rocroi et le Tremblois.
Je n'en connais pas plus loin à l'Est
On le voit, le sable s'étend sous presque toutes les rièzes de
Rocroi. à l'altitude de 370 m.; mais il n'y est pas en couche
continue, car, dans un grand nombre de puits, on ne l'a
pas rencontré. Il y repose sur une couche d'argile bleue,
remplie de débris de quarzites et de schistes. C'est une
sorte de limon antérieur à Tâge tertiaire, et qui se laisse
difficilement pénétrer par Teau. Aussi cette argile forme-t-elle
un niveau de sources d'où sortent une foule de ruisseaux qui
se rendent les uns dans l'Oise, par le Gland, les autres dans
— 107 -
la H6use,par la Sormonne et l'Eaa-Noire. La ligne qui sépare
le bassin hydrographique tle la mer dn Nord de celui de
la Manche, passerait donc au milieu du plateau de Rocroi. Il
est si peu indiqué que la carte d'état-major fait couler dans
rOise des eaux qui vont à la Meuse.
Sar les hauteurs du territoire belge au nord de Regnowez
et de la Grunerie, à Escourmont (propriété des Trappistes), à
la Loge, on trouve aussi du safole qui repose sur le dévonien
inférieur.
Ces sables étaient primitivement en relation de continuité
d'une part avec ceux du plateau, d'autre part avec les sables
de Seloignes, Bourlers, Momignies, Trélon, Fourmies, qui
sont également tertiaires.
Sauvage et Buvignier ont évidemment connu les sables des
environs de Rocroi, mais il les ont placés dans le terrain
dilavien C) sans en indiquer la raison.
Peut-être subirent-ils l'influence de d'Archiac. qui rangeait
aussi dans ses alluvions anciennes les mômes sables, situés
dans le département de l'Aisne.
La situation des sables au môme niveau^ et sur les points
les plus élevés du plateau, leur éloignement des cours d'eau,
leurs relations avec les sables tertiaires des environs de
Fourmies excluent cette hypothèse ; d^un autre côté, les sables
du plateau de Rocroi ne sont pas antérieurs à Tépoque
tertiaire, puisqu'ils contiennent les silex pyromaques à Etei-
gnières et à La Neuville-aux-Joutes.
La présence- môme de ces silex constitue un problème
difQcile à résoudre, car la craie à Micraster breviporus, dont
ils proviennent, ne se voit que bien loin des rivages de
l'Ardenne.
L'hypothèse qui se présente la première à l'esprit, c'est que
la craie à silex a existé anciennement à Eteignières et à la
(1) Géolof^ie des Ardennes, p. 4i5.
- 108 —
Neuville-anx-Joutes et qu'elle a été enlevée par déaudation
ou ravinement.
Pour admettre que la craie à silex a existé sur TÂrdonne,
une première difâculté se présente. Tous les étages crétacés
dans Test du bassin de Paris forment des ceintures concen>
triques, et les plus récents sont les plus intérieurs. II fant
donc, ou que la craie à Micraster breviporus ait dépassé
beaucoup sur ce point les limites des autres assises, ou que
le gault, le cénomanien et les diëvcs aient aussi existé sur le
plateau des Ardennes, en môme temps que la craie à
breviporus. Plus on supposera que les dépôts crétacés ont été
nombreux et épais sur le plateau de l'Ârdenne , plus il sera
difficile d'admettre qu'ils ont élé complètement enlevés, sans
qu'il en reste un lambeau en place.
Si le ravinement avait eu lieu à l'époque diluvienne, on
retrouverait le terrain crétacé sous le sable, c'est ce qui n'a
jamais lieu.
DoDc la dénudation, si dénudation il y a, a du se produire
avant l'époque tertiaire. Encore peut-on s'étonner qu'elle
ait été aussi complète, que les silex soient IrëB localisés
(Eteignères et La Neuville), et qu'on les trouve non pas à' la
base du sable, mais dans son intérieur, séparés du fond par
plusieurs mètres de sable fin. On ne peut donc faire intervenir
dans celte circonstance la théorie de dénudation aérienne,
que j'invoquais pour expliquer l'argile à silex des environs
de Vervins.
Les silex d'Éieignières ne sont pas remaniés sur place ; ils
ont été apportés en mêâie temps qu'il se faisait un dépôt de
sable grossier succédant à une formation de sable fin. Cepen-
dant leur forme irrégulière, nullement arrondie, exclut l'idée
qu'ils aient pu être roulés par les eaux sur une plage, en
môme temps que leur altération profonde et leur corrosion
démontrent qu'ils sont restés longtemps exposés à l'air.
Ainsi, apport sans roulis^ origine lointaine, exposition
— 409 —
préalable à i'air, telles sont les conditions auxquelles doit
' satisfaire riiypolbèse destinée à expliquer la présence des
silex à Ëteignières.
Voici celle qui me parait la plus probable.
Le plateau ardennais constituait an commencement de
l'époque éocène une plaine basse, voisine de la mer, où le
vent amoncelait des dunes; au mijieu de ces danes, il y avait
des marais, peut-être même des lacs, et les ruisseaux qui,
descendant des parties les plus élevées du plateau , y
amenaient le minerai de fer comme le font encore la fontaine
de Laifour et bien d'autres ruisseaux de FArdenne. Telle
serait rorigine des minerais de fer de Signy.
Plus tard, par suite peut- être d'un affaissement du sol, se
produisit un formidable raz de marais venant du sud qui
apporta à Eteignèces des silex arrachés à Pargile à silex de
Vervins, ou môme enlevés à la surface du sol de certaines
îles crayeuses qui pouvaient exister dans la mer tertiaire.
Nous avons dans la nature actuelle de nombreux exemples
de phénomènes analogues. Il est tout aussi facile à un flot
envahissant une terre iasse. peut-être déjà inférieure au
nireaude la mer. d'y porter au loin quelques silex, que de
transporter un vaisseau sur le flanc d'une montagne, comme
cela s'est vu sur la côte du Chili.
J'ai dit que les sables de Riez de Rpcroi atteignent une
altitude 370% et qu'ils ne dépassent pas à TE. la latitude de
Rocroi. Je ne crois pas que le terrain tertiaire ait couvert les
^ants plateaux de PÂrdenne.
Sauvage et Buvignier qui plaçaient les sables des environs
de Rocroi \}) dans le terrain éthivien. y rattachaient les
poudingues qu'ils avaient trouvés sur le plateau ardoisier
des bois de Revin et de Fumai.
J'ai vu ces poudingues en place dans le howtîe Reyin, près
i « ^'
(1) Statistique minéralogique et géologique, p. 415.
— no —
do moulin. Ils forment nn banc horizontal à 80°^ environ
aa*dessnsda niveau delà vallée; je les considère comme
nn dépôt diluvien sms relation avec les sables tertiaires
de Rocroi.
Si les sables éocënes ne se sont pas déposés sur les
sommets de TArdenne, ils les ont contournés, car on les
retrouve au nord, vers Givet.
Tout le plateau entre Foische, Doische et Vaueelles est
couvert de petits galets blancs parfaitement arrondis. Au
premier abord on pourrait se croire en présence d'un
diluvium, et telle avait été ma première opinion. Je crus
avoir affaire à on ancien lit de la Meuse. Hais lors du
congrès préhistorique de Bruxelles, nous observâmes des
galets semblables au Nord de Namur et Belgrand , à qui je les
fis remarquer, me dit que jamais les fleuves ne roulaient de
galets aussi sphériques, que c'étaient nécessairement une
formation littorale, due, soit à un lac, soit à une mer.
La pensée me vint alors de rapporter les galets de quartz
de Foische à un lambeau d'aachénien, d*autant mieux qu'eu
approchant de Givet, ils sont en relation avec les grès dont il
va être question plus loin.
L'ouverture de carrières près de la censé de La Haye^ à
Hierges, a fourni des preuves en faveur de cette hypothèse.
Covpe de la Sablière de la Censé de La Haye.
— m —
1 Limon avec nombreux galets blanc . . l »
2 Àrt^ile réfracLaire 1 »
3 Sable jaune « 1.50
4 Sdble rouge panaché \
4* Sable blanc > 8 à IQ m.
4" Sable bien slraiifié, incl. 2V . . . i
5 Gros sable et galets, la plupart de quartz
blancs , quelques uns de quaiisute
ardennais, traversés sur . • . . • i« »
6 Argile plastique jaune, traversée par un
sondage sur une épaisseur de ... . 8 »
Ces dépôts sont contenus dans une poche à la surface du
calcaire dévonieu.
A 500 mètres vers Foische, il y a eu anciennement une
exploitation semblable; entre les deux, on a tiré delà
lerre réfractaire n? 2.
Le plateau calcaire se prolonge jusqu'à Charlemont. Avant
d'arriver à cette forteresse on voit à la surface du sol, près
du signal d'Asfeld, de nombreux blocs siliceux parfois
accompagnés de galets de quartz blancs. J'ai montré ces blocs
à la Société géologique de France en 1863, sans oser me
prononcer sur leur origine, le mode et Tépoque de leur
transport (^j.
Depuis lors, en considérant l'abondance de ces blocs et
leur localisation, j^ai abandonné Tidée de transport et trou-
vant des roches analogues associées aux sables aachéniens
des environs de Matagne, je les ai aussi considérées comme
un dépôt aachénien démantelé à Tépoque diluvienne (*).
L'année suivante, M. Ch. Barrois rapporta ces dëpdts au
terrain éocëne , en se basant sur l'analogie des grès d^Asfeld
avec ceux de Marlemont ('). J'admets entièrement celte
manière de vok.
(1) Bull. Soc. géol. de France, 2* Série, XX, p. 866, 1863.
(2) Ann. Soc. géol. du Nord, IV. p. 219, 222, 1877.
(3) Ann. Soc. géol. du Nord, V, p. 165, ISlô. et T. VI, 1879.
Un autre gisement de sable se trouve à Fromelennes, à
l'Ë. de Givet. Le sable est rouge ou jaune, sans stratification;
il remplit une poche au milieu dii calcaire, je crois qu'on
doit aussi le rapporter aii terrain tertiaire. Tout le long du
bord nord de l^Ârdenne , il existe des dépôts analogues. Le
plus remarquable est celui qu'on trouve entre Forges,
Bourlers et Bailieux , il ie compose de poches irrégulières
remplies de Sable blanc , de galets de quarz^ parfaitement
arrondis , d'argile blanche et bigarrée et de minerai de fer.
Il est tout- à-fait semblable à celui des environs de Givet et à
ceux que j'ai signalés précédemment aux environs de Mau-
beuge.
A Fromelennes comme à Hierges , le sable est à Tisiltitude
deSSO"* au-dessus du niveau de la mer, iOO™ environ plus
bas qu'à Rocroi. Les mêmes sables sont à 230<^ aux environs
de Trélon. Comme il est probable qu'ils se sont déposés
an même niveau tout autour de PArdenne, nous pouvons
présumer qu'à l'époque tertiaire le bord méridional de l'Ar-
donne était plus bas qu'il ne l'est aujourd'hui , relativement
du bord septentrional.
M. Ortiieb communique de la part de M. Potlev les
résultats de deux sondages de fÊanégmtte.
1" Sondage
à Cextrémiié ouest du village de Sandgatte,
Profondeur. Épaisseur.
1 Gazon 0,*70
2 0,70 Sable terreux 0,20
8 0,90 » tourbeux gris-violacé 0,86
4 i,lQ » blanc coulant . . . . < 0,25
5 2,01 Tourbe (mal formée), poterie vernissée, <?oquilies
d*eau douce 0,33
6 2,84 Sable gris-violacé avec quelques lits de glaises et
coquillfs marines (modioles) 0,74
7 8,08 Glaise sableuse; . 0,87
-Hâ-
ProfoDëênr* Épùeiear*
8 3,95 PeliU galets rouies, mélangés de sable, argileux en
haut, plus maigre eu bas 0,n
9 4.12 Glaise plastique, bleu-gris . 0,l5
îo 4,27 Tourbe compacte et cailloux roulés 0,47
il 4,'Ï4 Galets m/^langés de sable gras vaseux 1,25
12 5,99 Glaise vcrdàtre grasse O.Sl
13 6,30 . » sableuse avec silex et galets isolés,
petits morceaux de craie 1,02
14 '7.32 'Glaise gris-clair, galets de silex, coquilles marines,
sable gris, crayeux, morceaux de craie, quelques
galets • 0,88
15 8,20 Craie jaun&tre, remaniée avec sable blanc (calcaire),
quelques silex roulés; reposant sur la craie en place l,8d
16 9,50 Craie turonienne 26,4^
n 35,95 Craie de Rouen
2« Sondage à la Ferme Mouron , à 8 kilomètres de Sangatte
vers Calais, fait par les ingénieurs anglais, non publié.
1 Limon, argile et tourbe noire. ........ 0,90
2 90 Sable gris aquifôre 14,60
3 15 50 Sable gris avec cailloux uoirs roulés 1,50
4 n.oo Argile brune 0,60
5 n.60 Gravier 2,70
6 20,30 Sable (gris-clair) 0,30
*? 20,60 Silex (rindication du sondeur est^ simplement Flint.) 0.90
B 21.50- Craie en fragments .* 1,50
9 23,00 Craie dure à silex. 0,90
10 23,90 Craie blanche 57,60
11 81,50 Arrêt du sondage.
H. Ortlleli ajoute que pour le premier de ces sondages,
beaucoup mieux décrit que le second, on voit avec intérêt la
succession des influences, tantôt terrestres , tantôt marines,
qui ont présidé à la sédimentation et par conséquent les
oscillations de notre plage depuis des temps presque récents,
contemporains mêmes pour la partie supérieure.
8
Annales. de la Sociélé géologigtie du Nord, t. vu.
— 114 -.
Ainsi, les couches 1 à 5 sont alternativement lacustres et
côtiëres : leur ensemble mesare 2'*34. Les numéros 6 à 9
sont marines : épaisseur 1°*93. La couche 10 est lacustre :
0'°47. — Les 3<°46 qui suivent comprennent les n*^ 11 ft 14 :
origine marine. La craie remaniée mesure 1^30. En résumé,
la craie en place a été atteinte à la profondeur de 9n50.
Dans le forage N*» 2, au contraire, la craie en place s'est
trouvée à la profondeur plus notable de 23«, ce qui. donne à
Fensemble des alluvlons de la ferme Mouron i3>B50 en plus
d^épaisseur qu'au sondage de Sangatte. Ils sont compris,
presqu'en entier sous le N» 2 portant la désignation de sable
gris aquifëre.
En poursuivant la comparaison pour les dépôts inférieurs,
on arrive facilement au tableau suivant qui résume les deux
sondages que H. Potier a bien voulu présenter à notre
Société.
Sondage de Sangatte. Sondage de ta ferme Mouron.
1 Gazon ) "* ^ Limou. J
' . (2 • j lablf gril aqiiftM }
il Galets mélangés de sable 8 Cailloux noirs, roulés,
gras vaseux 1,25 "" avec sable gris . . . 1,50
12 Glaise verdâtre grasse . 0,81 t 4 Argile brune .... 0.60
18 Glaise verdâlre, sableuse,
avec silex el galets isolés >_ 5 Gravier 2.10
el pelils morceaux de
craie 1,02
14 Glaise gris-clair , galels
de silex, coquilles mari- ( ~ ^ ^^^^^ gris-clair , * 0,80
nés, sablegris, morceaux I ~* '7 Silex. ...... 0,90
de craie, quelques galels 0,88
15 Craie jaunâtre remaniée
avec sable blanc, quel- , « ^ - , . , .^
,^ , ) 8 Craie en fragments. . 1,50
quesMlex roulés reposant
sur la craie en place . . 1.80
9,50 28,00
— «5 —
La Société nomme membre titulaire :
M. Jannel, Dessinateur principal au Chemin de fer de
rSst, à Charleville ;
Et membre correspondant :
M. P. Coi^els, à Anvers.
Séance du 7 Janvier 1880,
Il est procédé au renouvellement du bureau pour 1880 ;
sont élus :
Président. .
Vice-Président
Secrétaire .
Trésorier . .
Bibliothécaire
. MM. P. Hallez.
Bertraod»
A. Six.
liadrlèpc.
Debray.
La Société nomme membres titulaires :
MU. Colas, Licencié ès-sciences naturelles ;
Biilief , Licencié ès-sciences naturelles.
M Ach. Six lit le résumé suivant :
Le genre Oldhaiiila Forbes
d'après Ferd. Roemep.
La première livraison du texte de la LethaBa palœozoïca,
du savant paléontologiste Ferdinand Rœmer, vient de
paraître 0- Il est intéressant d*y voir les opinions que ce
(i) Ferd Rœmer, Lelhsea palœozoïca, Siutlgart 1880.
— 116 -
savant maître en paléontologie exprime sur plusieurs fossiles
importants, entre autres les Oldhamia, qui nous touchent de
plus près à cause de leur présence dans les couches cam-
briennes de TArdenne. Après avoir passé en revue les
opinions de Forbes, de Baily, qui considèrent tous deux
Toldhamia comme un animal, de Schimper qui la décrit
comme une algue, Rœmer s^exprime ainsi :
« Pour moi, je ne considère pas du tout comme organique
> le corps appelé Oldhamia. mais seulement comme un
» ridement ou un plissement du schiste argileux, produit soit
> par pression, soit par contraction. »
Les raisons qui Tout engagé à penser ainsi sont les
suivantes :
€ 1° Le désordre complet, sans aucune loi, des parties de ce
» corps, malgré les apparences de régularité que l'on observe
) parfois sur un type isolé.
» On ne peut, en effet, ni reconnaître à ce corps un point
) médian d'où partiraient les rayons, ni suivre tous les
» rayons jusqu'à un point central, mais ils cessent tout à
i coup, en majeure partie, avant d'avoir atteint le centre.
> 20 Uabsence d'une masse fossilifère d'origine organique^
» différente du reste de la roche.
» Ce fait se présente de la manière la plus évidente quand
» on observe des plaques minces. Sur ces plaques , on
» reconnaît en effet que le soi-disant fossile est tout-à-fait
) la môme chose que la masse de roches enveloppantes,
» composée de tous petits grains d'un minéral noir et d'un
» minéral vert d'émeraude.
» 3» Le manque d^autres organismes dans la roche en
question, >
Ces raisons, surtout la dernière, ne sont pas indiscutables;
aussi cette question va sans doute prendre sa place à côté
de celle de TEezoon, d'autant mieux que M. Ferdinand
-—117-
Rœmer ne s'attaque pas seulement aux Oldhamia, mais qu'il
fait une véritable hécatombe dans les genres d*algues marines
décrits par Hall, Lesquereux, etc. Pour lui, les Ëophyton,
les Bilobites , les Rhyssophycus , les Palaeophycus , les
Asterophycus, les Conostichus, les Spirophyton pins connus
sons le nom de Fucoides Cauda galli, qui servent de
caractère à un étage dévonien en Amérique, les Physophycus,
les Alectornrus, les Phycodes, les Harlania (Arihrophycus
Harlani Hall des États-Unis) , les Spongillopsis c sont les
produits de certaines actions mécaniques Q). o Ils auraient
été produits par contraction ou pression, ou par Faction des
vagues sur les plages, qui, comme on Tobserve pour les
schistes rouges à Vireux^ auraient formé des empreintes,
analogues aux c riple-marks, » de nos plages actuelles.
•
M. Ch. Barrolfl présente un échantillon d'^Eopieris
Criei des ardoises d'Angers. A cette occasion il résume les
études de M. de Saporta sur ce sujet.
H. Debraj dit quelques mots au sujet des poteries du
XIV« siècle trouvées dans la plaine maritime.
H. Ortlieb présente les remarques ci -jointes :
Note sur les moillAeaiioias réeenies de la côte
à Sani^atte.
Par J. OrUieb.
Dans un séjour à Sangatte, que nous flmes, M. E. Chellon-
neix et moi, au mois d'Août dernier, M. le D^ Robbe nous fit
remarquer sur la plage quelques puits maçonnés, visibles à
marée bas£e, dans un banc de tourbe.
T
CD F. Ifœmer, Loc. cit. p. 181.
— 118 —
La coupe suivante donne une idée de la position de ces
puits par rapport à la mer.
2
ii!ii
iibIPmiirilliilliiii:
4««»« •••• •• •• • • «^ • • • I
• ••• ••«••••••• «^w • • •
Reulc mar
1 Sable des dunes.
2 et 2> Bancs de galets.
3 Tourbe.
4 Sable marin à Cardium.
P Puits.
Les puits sont disposés sur une môme ligne et distants
Tun de l'autre de 5 à 6 mètres ; leur ouverture, d'environ
0J5 de diamètre, est sensiblement ronde ; leur profondeur
actuelle ne dépasse pas deux mètres. Les moellons qui
forment le cuvelage sont en craie du Blanc-Nez.
La tourbe a été reconnue comme s*étant formée à Tépoque
romaine : les puits sont, par conséquent plus récents.
Les recherches que M. Robbe fit au fond de ces puits
amenèrent la découverte de différents objets, de poteries
notamment.
Je laisse tout-à-fait de côté le point de vue archéologique
que M. Robbe voudra sans doute bien publier dans nos
Annales, pour ne m*attacher qu'à Tintérét géologique de
cette découverte. Elle nous démontre, en effet, l'importance
de quelques-uns des changements éprouvés par la côte de
Sangatle et, par conséquent, par la plaine maritime tout
entière, depuis les temps historiques. Elle nous fait toucher
du doigt les preuves d un affaissement du sol, et Tenvahisse-
ment par les eaux de la mer, d'une localité régulièrement
bâtie. Nous voyons là les ruines d'un village aisé, où chaque
— «9 —
maison possédait son puits, enlevé par les flots on noyé sous
le sable et les galels.
Ce mouvement d'enfoncelnent du sol, ou, en d'autres
termes, Tenvahissement de la côte par la mer, continue
encore de nos jours. Comme preuve à Tappui de la
continuation de ce phénomène, M. le D' Robhe nous a
appris que, lors dé son arrivée à Sangatte, la route figurée
sur la coupe passait entre deux rangées de maisons dont
Pane se trouvait sur remplacement même de la dune
actuelle: derrière ces maisons s^étendaient encore des
jardinets et du terrain vague. Voilà donc un second exemple
tout-à-fait actuel d'une modification rapide et de nature
à intéresser la Société géologique dont Tattention est depuis
longtemps attirée sur notre plaine maritime par les inté-
ressantes communications de MM. Debray, Gôsselet et
Rigaux.
Comme exemple de modification plus ancienne de cette
même contrée, je rappellerai que la tourbe de Tépoque
romaine a pour substratum une formation marine de sable
gris, légèrement argileux, dans lequel abondent des coquilles
bivalves, parfaitement en place, telles que Cardium ednle^
Scrobicularia compressa,,., dont les descendants vivent encore
de nos jours dans les mêmes parages.
La série des modifications de la côte de Sangatte peut donc
se résumer par le tableau suivant :
Époques ?? ? La mer ocupe une grande parlie de la plaine
maritime. Dépôt du sable à Cardium edule,
Scrobicularia compressa,
? ? ? Retrait de la mer.
Époque romaine. Le pays est marécageux : formation de la tourbe
de Sangatte et autres localités.
Moyen-àge. Nouvel envahissement de la mer : Destruction
d'une partie du village de Sangatte.
Époque actuelle. ContiLuation de l'envahissement et nouveaux
changements dans la disposition du village.
— 120 --
Enfin, il existe derrière le village de Sangatte, une mince
couche de limon avec quelques silex roulés. Elle constitue
la terre végétale de la localité et semble être descendue des
hauteurs voisines par voie de lavages par les eaux atmosphé:
riques.
Doit-on l'intercaler dans le tableau ci -dessus entre
répoque romaine et le moyen-âge? ou bien est-elle encore
plus récente? Cette dernière hypothèse parait plus probable.
Ce serait donc un dépôt fort récent et intéressant pour la
géologie. Il mérite d'être signalé aux archéologues de notre
compagnie qui pourraient posséder des matériaux pour
résoudre cette question.
M. Henri Hlgaas demande à présenter une observation
qui nenlève rien de l'intérêt géologique des constatations
faites par MM. Ortlieb et Chellonneix.
En 1873, il a eu occasion de visiter la collection d objets
recueillis par M. le D^ Robbe sur la plage de Sangatte
Parmi ces objets, plusieurs, datant de Tépoque romaine ou
d'époques antérieures, avaient été ramassés sur la couche
de tourbe ou dans le sable qui la recouvre : les autres, qui
étaient tous des objets céramiques, avaient été tirés des puits
des habitations reconnues sur la plage. Ces habitations,
MM. Robbe et Cousin ont cru pouvoir les attribuer à Tépoque
romaine ; or, il résulte de Pexamen des poteries trouvées
dans les puits que toutes appartiennent au moyen-âge. Il s'en
suit donc que les habitations auxquelles ces puits servaient
sont de beaucoup postérieures à la domination romaine
dans notre pays, l'âge des poteries trouvées ne pouvant être
reculé au delà du XIIP siècle.
 ce propos/M. Rigaux fait remarquer que les archéolo-
gues se sont souvent trompés sur la date de poteries
semblables à celles recueillies dans les puits de Sangatte. Leur
facture grossière les a fait attribuer par les uns à l'époque
— 121 —
gauloise, par les antres à Pépoque romaine ; c'est ainsi qn^un
vase à anse de la colleclion Herrewyn, trouvé à Hoy mille,
près Bergnes^ sons nne couche de tourbe et attribué aux
Gaulois, est bien évidemment un vase de la même époque
que ceux de Sangatte. On comprend quelles graves erreurs
ces attribuations fautives peuvent faire commettre, et combien
il est important que toute description «oit accompagnée d'un
dessin ou d'un croquis.
•
H. Goflselei demande à M. Rigaux de vouloir bien
indiquer les caractères qui distinguent les poteries des deux
époques.
M. Rii^aax répond que plusieurs de ces poteries ne
peuvent être classées que très difficilement ; c'est par la
grande habitude et surtout par les monnaies avec lesquelles
on les trouve qu'il est possible de leur donner une date
indubitable. Toutefois celte incertitude cesse à peu près
complètement lorsqu'il s'agit de vases à anse ; à Tépoque
romaine le goulot est toujours très étroit, au moyen-âge le
goulot est largement ouvert. Un autre signe distinctif c*est le
plissé qu'on remarque presque toujours à la base des vases
du moyen-âge (voir planche ni).
Pour en revenir à Sangatte, M. Rigaux insiste sur ce que
ses conclusions ne s'appliquent qu'aux découvertes faites par
M. Robbe jusqu'en 1873; si de nouveaux puits et de
nouveaux olqets ont été trouvés depuis cette époque, il y
aurait lieu d'examiner ces objets et de déterminer leur
date.
En tout cas nu point reste acquis, c'est qu'au moyen-âge
la partie de Sangatte située maintenant aunlelà des dunes
était encore habitée. Elle dut môme l'être à une époque assez
rapprochée de nous, puisqu*on voyait encore en mer au XYP
- 122 —
et même au XVII« siècle, des vestiges da vieux chemia de
Térouanne (*).
Cette conclasion peut d^ailleurs s'appliquer à beaucoup
d'autres points du littoral. Pendant tout le moyen-âge et
depuis, de nombreuses et terribles inondations ont non^
seulement forcé les populations du littoral à émigrer en
Angleterre ou en Allemagne, mais encore ont modifié complè-
tement la configuration des côtes.
Il serait on ne peut plus intéressant de faire riiistoriqae
m
de ces inondations ; cet important résultat pourra être atteint
moyennant le concours de la géologie et de Tarchéologie.
Séance du 22 Janvier 1880,
H. B. Lcpao est élu membre titulaire.
M. Gosselet lit la note suivante :
De Vmage du droit de priorité et de son application
aux noms de quelques Spirifèrcs,
Par H. Gosveiet.
Lors de la réunion du Congrès international à Paris, en
1878, j'émis le vœu de voir nommer un jury international
chargé d'apporter quelque réglementation à la nomenclature
spécifique des fossiles.
Tons ceux qui se sont occupés de détermination ont
déploré la difficulté de la synonymie et la multiplicité des
noms donnés à la même espèce.
C'est un inconvénient qui résulte de la marche même de
(l) Consultera ce sujel Paul Mérula, Sanson, Malbrancq.
- 123 —
la science, qu'on ne peut détruire complètement, mais auquel
on pourrait^ je crois, apporter quelque atténuation.
11 y a plusieurs causes qui contribuent à compliquer la
synonymie.
lo Nous ne sommes pas tous d'accord sur Tidentification
des formes spécifiques. Tel paléontologiste réunit sous le
même nom les formes qui nô présentent entr^elles que de
très légères différences; tel autre, au contraire, en fait
autant d*espèces et leur donne autant de nonis. Ce sont des
appréciations qui touchent aux points vitaux de la science et
pour lesquelles chacun doit conserver son libre arbitre.
î° D'autres fois une même espèce dont Tautonomie est
admise par tous, porte plusieurs noms, soit qu^elle ait été
décrite en même temps par plusieurs paléontologistes, soit
que, décrite une première fois d'une manière incomplète, elle
n'ait pas été reconnue par lés savants qui s'en sont occupés.
m
Obligé de faire un choix entre ces noms multiples et
complètement synonymes, on a jugé qu'il était juste de
donner à l'espèce fossile le nom qui lui a été imposée par
le premier descripteur, c'est ce qu*pn a appelé le droit de
priorité.
Hais ce droit lui-même a donné lieu à des abus.
Quelques auteurs pour s'assurer la priorité d^un nom se
sont bornés à une description très courte, de quelques lignes
à peine, tout à fait insuffisante, pour permettre aux autres
savants de reconnaître le fossile dont ils ont voulu parler.
Quelques-uns même, se sont contentés de publier des listes
avec des noms nouveaux et sans y joindre aucune caracté-
ristiqae, procédé non seulement ridicule, mais indélicat, car
Tauleur qui consulte ces listes passe beaucoup de temps à
chercher en vain les figures ou les caractéristiques de
fossiles, dont l'étude se borne souvent à un nom mis au bas
d'un carton.
- 124 -
Ainsi le premier abtis du droit de priorité est de faire
naître des descriptions insuffisantes.
De l'avis de tous les hommes sérieux ces descriptions
insuffisantes doivent être considérées comme non avenues
et ne donnant aucun droit à la priorité. Mais la difficulté est
de juger quand une description est insuffisante.
Pourquoi n'établirait -on pas une sorte de tribunal inter-
national chargé non pas de juger de la valeur de l'espèce,
mais d'enregistrer et de faire connaître son nom et l'époque
exacte de sa publication, si la description est jugée suffisante.
Ce serait en quelque sorte Tétatcivil des fossiles. Les frais
de publication du journal seraient facilement couverts par
les abonnements des savants.
Quant au travail demandé aux commissaires, il se réduirait
à peu de choses; car ils n'aqraient besoin d^étre consultés
que dans les cas douteux. Un secrétaire pourrait faire le
travail ordinaire.
Le droit de priorité a encore un autre inconvénient, et
c'est peut-être le plus grand. Quelques paléontologistes
poussant à Textréme les conséquences de la priorité, ont été
amenés à changer les noms les mieux établis et admis
d'un consentement unanime , par suite de recherches
archaïques et de jugements qui ne reposent souvent que sur
des présomptions.
Le droit de priorité a été établi dans un but de justice
envers les auteurs, mais aussi, et surtout, d'utilité pour la
masse des savants. C'est la règle qui doit leur servir pour se
reconnaître dans la synonymie. Mais si cette règle vient à
chaque instant changer leurs habitudes, si au lieu de
simplifier la synonymie, elle la . complique, on peut sinon
blâmer la règle,, trouver au moins qu'on en fait un usage
abusif.
La Commission dont je parlais tout à l'heure pourrait
prononcer dans ce cas, et tout en rendant hommage au^
— 125 —
éludes des anciens, aux recherches archéologiques des
modernes, déclarer : soit, que, dans Tintérét de la science^
il y a plus d'inconvénients que d'avantages à modifier un
nom universellement établi; soit, que les descriptions
anciennes sont trop imparfaites pour établir une certitude ;
soit, que tel nom a été employé dans tant de circonstances
différentes, qu'il y a lieu de Tabandonner.
Ces jugements rendus par des hommes impartiaux, ne
pourraient blesser Tamour-propre d'aucun auteur et seraient
acceptés par tous les hommes sérieux.
Quelques jours avant que je fisse cette proposition an
congrès, et sans que j'en eusse eu connaissance, H. Flower
faisait une proposition semblable au congrès de l'association
britannique, à Dublin.
Les exemples suivants feront connaître plus facilement que
de longues explications les cas où le jury aurait, selon moi, à
donner une décision.
Spirifer ITernciilli.
Ce Spirifer est très fréquemment désigné sous les noms
de disjunclas et de calcaratus. D'après beaucoup de paléon-
tologistes, on doit aussi y rapporter les Sp. Archiaci, Lons--
dalit etc.
Les noms de Spirifer disjunclus ont été donnés en 1840
par James Sowerby à des Spirifer du terrain dévonien du
Devonshire. (Trans. Soc. géol. de Londres, S"* série, t. Y,
pi 53 et 54).
Lorsque M. Lonsdale communiqua, le 25 Mars 1840^ à la
société géologique de Londres, ses notes sur Page des
calcaires du sud du Devonshire, il donna la liste des fossiles
qu'il y avait recueillis. Il ne cite pas les noms de H. James
Sowerby, bien qu'il eût consulté les travaux de ce savanl.
Néanmoins il connaissait fort bien le Spirifer du dévonien
^ 126 —
supérieur du Boulonnais que lui avait montré H. Murcliison.
Il avait même eu entre les mains les types du Musée de
Boulogne.
Il compare ce Spirifer au S. attenuata du terrain carboni-
fère de Belgique, signale exactement leurs différences, mais
ne lui donne pas de nom spécial.
Murcbison, parti de Londres immédiatement après la
séance du 25 Mars, lut sa note sur le terrain dévonien du
Boulonnais, à la société géologique de France, le 6 Avril,
et rédigea la partie paléontologiquH de' son mémoire en
commun avec MM. de Verneuil et d'Ârchiac (>), pendant
son séjour en France.
En même temps, Sowerby décrivait les fossiles dévoniens
d'Angleterre. Les planches où sont figurés les Spirifer
diyunctus et calcaratus sont signées comme gravées et
décrites en Mai 1 8 iO.
La description d*un fossile, pas plus que la gravure d'une
planche ne sont suffisants pour établir une priorité» la
priorité ne date que du jour où le travail est livré au public.
Or quel a été le premier publié de la livraison de la
Société Géologique de France ou du volume de la Société
Géologique de Londres. Rien ne rétablit.
En r absence de preuves authentiques sur Tordre d'appa-
rition des deux publications, il faut s*en tenir aux dates
portées par les mémoires Le nom de Verneuili est du
6 Avril, celui de disjunctm du mois de Mai.
Dans le fait, on peut dire que la première notion de Tespèce
est due à Lonsdale qui ne lui a pas attribué de nom, que
Murchison et les paléontologistes français ont parfaitement
caractérisé Tespèce et l'ont appelée Verneuili, queC. Sowerby
n'a pas reconnu l'identité du Spirifer d'Angleterre avec celui
du Boulonnais, et lui a donné le nom de disjunctm.
(1) Bull. soc. géol. de France, !'« série, i. XI, p. 251.
— 127 —
La distinction des deux formes a longtemps prévalu.
En 1841; Phillips (Paleozoic fossils ofComwallf Devon
mi WestSommerset, p. 74 et 75), cite Tanalogie de forme
entre le calcaratus, le disjunctus et le Vernetiilij mais il
maintient la distinction des espèces.
En 1845, De Vemeuil {Russiaand Vrai.) conserve la même
distinction, il énonce formellement que le mémoire sur les
fossiles du Devonshire est postérieur à celui sur les fossiles
du Boulonnais.
Maintenant tous les paléontologistes sont d'accord pour
réunir les deui types, les uns se servent du nom de
Yemeuiliy les autres du nom de disjunctus, d'autres enfin
rappellent calcaratus. Ils se basent sur ce que le Sp. calcc^
raitts porte le signe defig. 7, tandis que le Sp, disjunctus^
placé à côté , ne porte que le signe de fig. 8«
Si un tribunal composé de paléontologistes choisis par
leurs collëgaes, exprimait publiquement son jugement, tout
savant, fût -il même d'une opinion contraire, ferait
volontiers le sacrifice de sa manière de voir, dans Tintérét
de la science.
Spirifcr apér tarai u9.
Scklotheim créa ce nom en 1822, (Nachtrag, pi. 17, fig. 1)
pour un fossile de Paffrath, près Gologae. Il le décrivit et le
figura.
En 1850, M. Davidson (') prétendit que ce nom devait être
changé et que Tespëce en questionétait celle que Valenciennes
avait appelée en 1819 le Terebratula (Spirifer) canalifera.
[in Lamarck, Animaux sans vertèbres).
Valenciennes, après une très courte description, renvoie à
TEncyclopédie méthodique» pi. 244, fig. 5 et 4. La figure 5
est celle de l'espèce type et la figure 4 celle d'une variété
plus petite.
(1) Ann. of Nal. bistory, 2« série, V, p. 850 p. 442.
- 128 —
Celte petite variété est le Spirifer Verneuili, d'après
M. Davidson, et je suis camplè^^ment de son avis Dans la
forme type, Tillustre paléontologiste croit reconnaître le
Spirifer aperturatus ieSchXoiheim et il propose de substituer
le nom de Valenciennes à celui de Schlotheim.
Je pense qu'il a tort, la fig. 5 de TEncyclopédie se rapporte
comme la flg. 4 au Spirifer Verneuili.
Elle ne présente nullement le caractère du Spirifer
aperturatus dont les intervalles des plis sont plus larges que
les plis eux-mêmes.
Ainsi les figures désignées par Valenciennes s'appliquent
au Spirifer Verneuili et la description lui convient aussi bien
qu'à tous les autres Spirifer analogues.
Donc si l'on voulait suivre les règles absolues de la priorité
telles qu'on les entend, les noms de calcaratus, disjunciusy
Verneuili disparaîtraient devant celui de camli férus. Ce
iserait un des plus fâcheux abus du droit de priorité contre
lequel je réclame maintenant. ^
Il ne faut pas songer k recourir aux collections que
Valenciennes a eues entre les mains pour connaître le fossile
qu'il a voulu désigner, elles ne peuvent guère nous être
utiles, car on y trouve^ H. Davidson lui-même nous l'apprend,
téunis sous le même nom, Sp. aperturatus, Sp. Verneuili,
Sp. Bouchardi et même Sp. rostratus du Lias.
Spirifer ostlolatu».
En 18:22, Schlotheim donnait ce nom à un fossile de
lEifel {Nachtragen.ipl. 17, flg. 3), quil décrivait el figurait
assez exactement.
Ce nom fut adopté par tous les paléonlologistes jusqu'en
1850.
Cependant dans la l**^ édition de Lamarck : Animaux sans
vertèbres, 1819, dans laquelle Valenciennes s'était chargé
des Mollusques, on trouve le nom de Terebratula lœvicosla
— 429 —
poar on fossile que Valenciennes dit avoir rapporté de
Bemberg, près de Cologne.
Il n^en donne et n'en indique aucune figure ; la description
esl très courte et peut s'appliquer à plusieurs espèces de
Spirifer.
En 1850, M. Davidson, ayant demandé à Valenciennes
commnnication de son type, y reconnut le Spirifer ostiolalust
de Schlotheim, et proposa (') de substituer au nom de
Scblolheim, celui de Valenciennes. Il me semble qu'il faisait
abus de la priorité. La description de Valenciennes était
tellement vague qu'on avait été pendant 30 ans sans recon-
naître de quel fossile il avait voulu parler. Il Tindiquait de
Bemberg, et le fossile en question ne s'y trouve pas.
Est-il étonnant que dans ces conditions, Schlotheim et
bien d'autres n'aient pu assimiler le fossile de l'Eifel avec
celai qu'on disait avoir trouvé à Bemberg ?
Spirifer bj^sierlcns.
Le nom A* Hyslerolites hystericm a été donné eu 1820 par
Schlolheim (Petrefacienkunde, p. 429, pi. 29, fig. 1) à un
fossile de TEifel dont il ne connaissait que le moule.
M Kayser a reconnu dans la collection de Schlotheim
conservée au Musée de Berlin qu'il y a plusieurs espèces
portant l'étiquette de Spirifer hystericus.
\^ Des moules internes du dévonien inférieur qui pour
Quenstedt, Ferd. Rœmer et Kayser sont identiques au Spirifer
Umcosta,
20 Des moules appartenant au Sp. subcuspidatus.
30 Des moules appartenant au Sp, elegans.
le ne partage pas l'opinion de mes collègues allemands
sur ridenllfication du Spirifer ostiolatus ou lœviœsta de
Paffralh avec l'espèce de la grauwacke de TEifel désignée
sous ce nom.
(l) Ann. of nalural hislory, »• série, vol. V, p. 443.
Ànnaies de la Société Géologique du Nord, t. vu. ^
^ 130 -*
Quoiqu'il en soii, d'après M. Kayser, c'est cette forme qui
a été figurée par Schlotheim sous le nom A^hystericus et il
rappelle lawicosta.
En 1843, M. de Koninck rapporta un fossile carbonifère
au Sp. hystericus de Schlolheim. En 1 851^ le savani paléonto-
logiste belge reconnut son erreur et inscrivit sous le nom de
tricornis le fossile carbonifère, mais celui-ci avait déjà reçu
en 1844, de M. Coy, le nom de lamino.^u$ sous lequel il doit
être connu.
En 1876, M de Koninck reprit le nom à^hystericus de
Schlotheim et rappliqua au Sp micropterm de Goldfuss. Déjà
en 1864, M. Davidson avait émis I avis que le Sp. hystericus
de Schlolheim est identique au Sp. micropterus de Goldfuss
qui dalle de 1839. Mais M. Kayser considère comme très
vraisemblable que le Sp. micropterm de Goldfuss est syno-
nyme de Sp. elegans de Steininger.
Dans ces condilions.ie nom de Spirifer hystericus ne doit-il
pas ôlre abandonné en raison de rincertitude où on est pour
l'appliquer à une espèce plutôt qu'à une autre.
Ainsi, dans le cas du Spirifer Verneuili ou disjuncttis , la
Commission aurait à prononcer un jugement sur la priorité
des deux noms.
Dans le cas du Spirifer ostiolatm ou lœvicosta, elle pourrait
décider ce qui est le plus avantageux pour la science, de
revenir à l'ancien nom de Schlotheim ou de conserver celui
de Valenciennes.
Dans le cas du Spirifer aperiuratvs ou canalifernsy je crois
qu'il ne peut pas y avoir doute, la forme de Paffrath doit
reprendre le nom i'aperturatus; quant à celui de canaliferus
à la Commission à juger s*il ne vaut pas mieux le laisser
tomber dans Toubli.
Enfin, pour le Spin/fer hystericus, la Commission déciderait
d'abandonner définitivement le nom, ou, si on le conserve,
elle désignerait l'espèce moderne qui doit le porter.
— 431 —
Saurais pu maltiplier ces remarques, mais celles qae j'ai
faites me paraissent suffisantes pour montrer l'utilité de ma
proposition et la nécessité d'une entente, au point de vue du
droit, au sujet de la nomenclature.
On aura pu constater la difficulté de s'assurer de ^identité
des fossiles qu'ont voulu désigner les auteurs anciens;
OD aura, par conséquent, pu juger combien il est important
d^éiablir un point de départ qui dispense chaque paléon-
tologiste de faire lui-même ces recherches archéologiques
oa de devoir s'en rapporter à Topinion d'un de ses confrères;
celui-ci, si compétent qu'il soit, n'a pas l'autorité morale
d'arbitres nommés par les savants et jugeant en leurs noms.
. On pourra penset* que ces arbitres se trompent; mais
les sages s'inclineront devant leur jugement en réfléchissant
qu'il importe peu à la science qu'un Sffirifer s'appelle
hystericm ou micropterus, une fois que l'on est fixé sur la
valeur du nom. La gloire d*un Goldfuss ou d'un Schlolheim
en sera-t-elle diminuée parce que le nom qu'il a donné à
un fossile ne lui aura pas été conservé ?
Il est bien entendu que la Commission dont je propose
l'instilution ne peut avoir la prétention de décider les
questions scientifiques; celles-ci doivent rester toutes
entières.
J'explique celte réserve par un exemple. On trouve
dans les terrains silurien, dévonien et carbonifère, des formes
très voisines, sinon identiques, de Strophomènes, que Ion
désigne sous les noms de Strophomena iepressa^ Strophomena
analoga, Strophomena rhomboidalis.
Beaucoup de paléontologistes admettent que toutes ces
formes ne constituent qu'une seule espèce. Quel nom doit-
elle porter? à la Commission à décider. Mais son jugement
ne sera obligatoire que pour ceux qui réunissent toutes ces
variétés. Les paléontologistes qui admettent plusieurs espèces
pourront naturellement conserver les différents noms.
- 438 —
* ËQ se renfermaDt dans le rôle arbitral qae je propose, la
Commission rendrait de grands services et verrait son aatorilé
d'autant mieux respectée qu'elle même respecterait la
liberté de la science.
M. Cb. BarroUi présente à la Société divers fossiles qui
lui ont été communiqués par M. de Lapparent, et qui ont été
trouvés par M. Maurice Gourdoû à Cathervieille, dans la
yallée de TArboust. Ces fossiles sont à Tétat d'empreintes
dans des schistes grossiers gris-hoirâtre, et paraissent se
rapporter comme Ta indiqué M. de Lapparent à la partie
tout-à-fait supérieure du terrain silurien. L'espèce la plus
commune se rapporte au Phacops fecundus de Bohême, une
autre forme tribobitique parait très voisine du Dalmanites
Hausmanni, les orthocères ne sont pas déterminables.
M. Cb. Barrols parle à la Société des intéressantes
recherches encoro inédites, faites par M. Ernest Westlake,
dans le Terrain crétacé du sud de l'Angleterre. M. Westlake
vient de reconnaître la zone à Belemnites plenus, dans le pli
anticlinal de Winchester, à Chilcombe. tl a également
découvert de nombreux gisements nouveaux de la zone à
Belemnitella mucronata ; tous ces gisements sont confinés au
bassin crétacé du Hampshire. Ils se trouvent cutre Salisbury
(Wiltshire) et Fordingbridge (Hampshire) , près du contact
des terrains crétacés et tertiaires.
Séance du 18 Février mO.
H. Gosselet fait la communication suivante :
Rocbes crislalline» dem Ardeones
Par M. Gosselet.
Lorsqu'on suit les bords de la Meuse entre Deville et
Revin, on rencontre au milieu des schistes et des quarzites
— 133 —
siluriens un certain nombre de roches cristallines qni ont
depuis longtemps appelé Tattention des géologues.
Le premier écrivain qui en ait parlé, Coquebert de Mon-
bret (1804) , les prit pour du Granité (^).
D'Omalius d'flalloy fit de la roche cristalline de Mairus
l'objet d'un mémoire spécial (1810) : Sur Vexistence dans le
département des Ardennes d'une roche particulière renfermant
du feldspath (*) Il la désigna sous le nom i' ardoise porphyroïde,
il observa qu'elle passe à Tardoise véritable et il en conclut
qu'elle est conlemporainc des roches environnantes.
M. Von Dechen visita plusieurs gites(1823); il reconnut la
structure gneissique de ces roches; il vit également qu'elles
sont régulièrement intercalées dans les schistes et il admit
qu'elles leur sont subordonnées.
En 1835, la Société Géologique de France visita le gîte du
Moulin de Mairus.
En face de ces rochers sauvages, il y eut une longue discus-
sion à laquelle prirent part les premiers géologues de France,
de Belgique et d'Angleterre.
Dumont et D'Omalius jugeaient que le porphyre était
éruptif , Constant Prévost , Buckland et Greenough , qu'il
était élastique.
Ceux-ci^ invoquant la forme arrondie des gros cristaux de
feldspath et la structure schistoide de certains bancs, soute-
naient que la roche de Mairus est un conglomérat contem-
porain des schistes et formé aux dépens d'un porphyre
antérieur.
D'Omalius et Dumont demandaient qu'on leur fit voir ce
porphyre; ils ajoutaient que si certains, cristaux sont
arrondis, d'autres ont leurs arêtes trôs vives ; enfin ils
voyaient dans un conglomérat ferrugineux situé entre les
(1) Journai des Mines, T XVI, p. 203
(2) Journal des Mines, T. XXIX, p. 55.
porphyroides et les ardoises, la preuve d^un frottement
exercé par une masse éruplive violemment injectée.
Mais les uns et les autres reconnaissaient que la roche
porphyrique est en stratification concordante avec les schistes
ardoisiers.
Éiie de Beaumont dans Texplication de la carte géologique
de France émit Tidée que les roches de Mairus pourraient
bien être* métamorphiques.
Sauvage et Buvignier (1842) décrivirent les principales
roches cristallines sous les noms de porphyroïde et de
diorile ; ils en firent tantôt des roches éruptives, tantôt des
roches métamorphiques.
Dans son Mémoire sur le terrain Ardennais (1847),
Dumont désigna les roches cristallines des bords de la
Meuse sous le nom d'eurite, d'hyalophyre , de diorite
chloritifère. d'albite chlorilifère et dalbite phylladifère.
Il admit comme en 1834 que ce sont des filons couches.
Dans mes publications précédentes, j'adoptais les idées
régnantes sans rien y ajouter qu'une remarque sur l'analogie
des roches cristallines de l'Ardenne avec celles du Brabant :
je désignais les amphiboliles comme des porphyres à base
d'oligoclase, d'épidote et d'hypersthène.
M. Dewalque, en 1874, considéra encore la roche de
Mairus comme éruptive, et admit, avec une certaine restric-
tion toutefois, qu'elle a coulé à la manière des laves (*).
M. Daubrée (1876) fît remarquer que la structure schis-
teuse de ces roches n'est pas une preuve de leur origine
sédimentaire ; car si ces masses , supposées éruptives ,
n'étaient pas encore solidifiées lorsqu'un mouvement général
a produit le feuilleté des schistes, elles ont pu participer
à ce mouvement et acquérir la structure feuilletée (•).
(1) Ann. Soc. Géol. Belg. I, p. 69.
(2) Bull. Soc. géol. de France, V. p. 106.
— 135 -
En 1876, MM. de La Vallée-Poussin et Renard publièrent
un travail magistral sur les roches c istallines des Arden-
nics (*), j'y ai emprunté les considérations générales et la
plupart des faits particuliers qui suivent {*).
MM. de La Vallée et Renard rapportent les roches cristal-
lines des Ardennes aux porphyroïdes et aux amphiboliles.
Les porphyroïdes ont été définies par M. Lossen, des
roches sédimentaires qui présentent des cristaux de quarz
et de feldspath dans une pâte euritique ou gneissique ,
rendue plus ou moins schisteuse par Tintercalation de miné-
raux du groupe des phyllites.
MM. de La Vallée-Poussin et Renard distinguent trois
variétés de porphyroïdes.
jo — La porphyroïde compacte, dont le type est à l'usine
de Mairus, présente les caractères suivants :
Le quartz est en cristaux bipyramidés, atteignant parfois
1 centimètre de longueur ; leur cassure donne une surface
hexagonale plus ou moins curviligne ; ils sont d'une transpa-
rence laiteuse et do couleur bleuâtre.
Les cristaux de feldspath appartiennent les uns à Torthose,
d'autres à Toligoclase.
Les premiers, d'un beau rose, sont les plus gros : ils arri-
vent parfois h une longueur de 10 centimètres ; leurs arêtes
sont toujours émoussées comme s'ils avaient été roulés et ils
se détachent de la masse comme des galets d'un poudingue.
Mais leur structure ne permet pas d'admettre que leur forme
arrondie soit due à un transport.
(1) Ce travail a éié présenté au concours de l'Académie des Sciences
pour 1874. Il a élô complété en iS're, et ce complément se rapporte
surtout aux roches cristallines de r\rdenne française.
(2) J'ai pensé que les Membres de la Société (géologique me sauraient
gré de leur donner une analyse de cet important mémoire, que beau-
coup d*eDtr*eax ne peuvent se procurer.
— 436 —
Ils sont entouras d^une zone plas oa moins mince d'oligo-
clase en très petits cristaux, tous orientés de la même manière
que le noyau d'orthose.
Cette croûte cristalline d'oligoclase, en se développant
autour des cristaux d'orthose, a pu contribuer à leur donner
leurs formes arrondies; mais d'autres crtstaux d'orthose
portent la marque évidente d^une courbure primitive des
faces, comme s'ils s'étaient développés dans une masse
plastique où la cristallisation était gênée Les cristaux
d'orthose sont généralement fissurés dans la direction des
clivages, et ces fissures sont remplies de quarz; on
remarque qu'elles s'étendent dans la zone périphérique
d'oligoclase, mais qu'elles ne la dépassent pas. Elles sont
donc antérieures à la formation de la pâte. Il arrive souvent
que les diverses parties fragmentaires ont joué Tune sur
Tautre avant d'être resoudées par le quarz. Or, on remarque
que ces fissures sont toutes parallèles entr* elles dans les
cristaux d'un même bloc de roche, et qu*elles sont à peu
près perpendiculaires aux feuillets de la pâte, elles seraient
donc aussi le résultat des actions mécaniques qui ont
déterminé la schistosité de la roche.
Ainsi les gros cristaux arrondis ne sont pas roulés , ils se
sont formés en place ; on peut le déduire :
^^ De la régularité de la zone d'oligoclase qui les entoure
et du parallélisme des petits cristaux qui la constitue.
2^ De ce que ces petits cristaux présentent parfois des
groupements délicats que le roulis eût détruit.
30 De l'existence de faces courbes sur des cristaux à arêtes
vives.
4» Dé ce qu'on ne trouve aucun fragment irrégulier de
feldspath comme cela aurait lieu s'il y avait eu roulis.
L'oligoclase se présente tantôt eu petits cristaux à arêtes
vives , peu translucides, d'une couleur verdâtre, d'un éclat
k
- 137 —
gras (*), tantôt en aggrégats sphéroïdanx formés d^nn très
grand nombre de petits cristaux d'oligoclase mêlés à des
cristaux de quarz.
Ces nodules d'oligoclase ne peuvent donc pas être confondus
non plus avec des cailloux roulés, puisque si leur surface est
courbe, on constate qu'elle est formée par la juxtaposition
d'une série de petites protubérances arrondies.
La pâte de la porphyroïde est un aggrégat granulo-
cristallin de quarz, de cristaux microscopiques d'oligoclase,
de microlites analogues à ceux des schistes voisins et d'une
infinité de paillettes de pbyllite.
La phyllile est très variable. C'est la biotite au gîte n» 2,
la sérielle et la chlorite au gîte n^ 3.
Elle est sous forme de paillettes fibreuses alignées dans le
sens des couches, ce qui donne à la roche une apparence
gneissique. Elle enveloppe les cristaux en décrivant autour
d'eux des lignes ellipsoïdales.
Les gros cristaux eux-mêmes sont orientés de manière
à ce que leur grand axe soit parallèle à la stratification.
Les phyltites se sont parfois amassées sur une surface
restreinte de manière à former des nids que l'on a souvent
pris pour des fragments de roches plus anciennes^ empâtés
dans la porphyroïde.
2^ — La deuxième variété est la porphyroïde scbistoïde,
elle diffère de la précédente par Tabondance des phyllites et
en particulier de la séricite, ce qui lui donne un éclat soyeux
el argentin.
Les cristaux de feldspath y sont plus petits, plus fendillés
qne dans la porphyroïde compacte; Torlhosey est plus rare,
et y manque même souvent.
Le quartz y est tantôt en cristaux, tantôt en globules
>"■ — . ■ ■ ■ ■ , . I II. il .1. I -
(l) Il arrive parfois (gîie no 3) que les cristaux d'oligoclase sont
fortement altérés et transforn^és ep une su))stanc'e pinitoTde verdâtre.
- 138 —
lenticulaires dont le grand axe est parallèle à la schistosilé; il
domine dans la pâte : celle-ci renferme souvent de la calcite
qui parait ôlre le résultat de Taltération du feldspath.
La séricite est souvent accompagnée de biotite et de
chlorite ; lorsque cesphjllites dominent^ elles communiquent
à la roche une couleur brune ou verte.
3® — La troisième variété dont le type est à Revin,
peut être désignée sous le nom de porphyroïde euritiqne
ou môme d'eurite. Damont rappelait albite phylladifère.
C'est une roche schistoïde, compacte, composée de cristaux
très petits de quarz et de feldspath plagioclase, entrelacés
par des filaments tous parallèles d'une phyllite qui est proba-
blement la séricite. La pyrrolhine s'y trouve en petits
aggrégats lenticulaires. Certaines parties de la roche sont
calcaires, et ce calcaire est probablement le produit de l'alté-
ration du Feldspath.
Cette roche forme la transition de la porphyroïde typique
"^.ux schistes euriliques sériciteux (albite phylladifëre de
Dumont), qui presque partout accompagnent les porphyroïdes
et forment une couche intercalée entre ces roches et les
schistes devillo reviniens ; ils sont formés de cristaux micros-
copiques de quarz et de feldspath, surtout de feldspath,
traversés d*une foule de filaments soyeux et argentins de
séricite. Quelquefois (gîte n» 10) la chlorite se substitue à la
séricite, et alors la roche passe au chloroschiste.
Dans certains cas (gîte n'' 7), le schiste euriiique sériciteux
est parsemé d'une foule de petites tâches noires ou brunes
qui sont de la pyrrhotine.
Une variété particulière de cette roche euritique est celle
qu*on trouve à Mairus dans le gUe «n" 2, et que Dumont a
appelée albite chloritifère. Elle est verdâtré, compacte,
tenace. Elle est formée d'une masse fondamentale, composée
de cristaux de feldspath et de calcite, de grains de quarz, de
- 189 -
graoules de pyrrotbiae et d'ane foule de microlites; au
milieu de cette masse courent des lamelles fibreuses de
pbjllites : biotite, chlorite, séricite.
Uoe antre espèce de roche verte qui parait aussi en
relalioQ avec la porphyroïde est le chloroschiste. Dumont
ravait appelée albite chloritifëre comme la précédente.
C'est une roche schisteuse, cristalline, à structure feuilletée,
d'ua vert noirâtre. Elle est formée essentiellement de pail-
lettes et de filaments de chlorite enlaçant des grains de quarz
et des lamelles calcaires provenant probablement de l'altéra-
tioD du feldspath (celui-ci y est très rarej^
Elle contient aussi un grand nombre de petits cubes de
pyrite M de la pyrrhotine.
Dans le gtte n"" 10^ on trouve le chloroschiste, il forme une
couche au milieu de la porphyroïde schisteuse. Il y a passage
des deux roches Tune à l'autre. Dans le voisinage du chloro*
schiste, la porphyroïde .se charge de nids de chlorite ; ceux-
ci augmentent bientôt, et Ton voit des lentilles de porphyroïde
enveloppées de feuillets chloriteux.
Les roches amphiboliques des Àrdennes, diorite de Dumont
se rapportent d'après MM. de La Yallée-Poussin et Renard
à 4 types.
i'» — Diorite schistoïde, roche schisto-grenue, d'un vert
foncé, tachetée de blanc verdâtre.
Elle est formée de grains de quarz, de petits cristaux de
feldspath plagioclase et de masses fibreuses d'horneblende ;
on y trouve aussi des lamelles de chlorite qui déterminent la
schistosité, de la pyrrothine et de Tépidote.
^0 ~ Amphibolite granitoïde, roche finement granitoïde,
formée de lamelles fibreuses d'horneblende. d'écaillés chlo-
riteuses qui paraissent le produit de Taltération dePamphibole.
Ces divers éléments sont enclavés dans du quarz limpide
— 140 —
avec des honppes d'asbeste , des cristaux d'épidote et des
grains de pyrite et de pyrrhotine.
30 — Amphibolite schistoïde ( Diorite chlorilifère de
Du mont). Cette roche qui diffère peu de la précédente, s*en
distingue par sa texture schisteuse due à l'alignement mieux
marqué de ses éléments.
Les grains cristallins de calcaire y sont assez abondants.
40 — Chtoroschiste amphibolique. C'est une roche feuil-
letée , d'un vert sombre , composée essentiellement de
chlôrile associé à de la horneblende ; les auteurs pensent
même que la chlorite est le produit de l'altération de la
horneblende. Avec ces minéraux on trouve des grains
brillants de quarz et de calcite. Enfin la biolite et la séricite
s'y présentent parfois en quantité considérable. Il se trouve
généralement aux limites inférieures et supérieures des
bancs d'amphibolites.
MM. de La Vallée-Poussin et Renard repoussent Torigine
éruptive des porphyroïdes par les raisons suivantes : (')
1** Ces roches forment des bancs parfaitement réguliers et
parfaitement concordants au milieu du schiste et des quar-
zites du silurien.
2o Elles ne montrent aucune apophyse pénétrant dans les
roches encaissantes.
30 On ne peut y observer comme dans les filons éruptifs
une structure plus cristalline au centre que sur les bords.
40 La brèche ferrugineuse qui les accompagne à Mairus,
et dans laquelle d*Omalius voyait la preuve d'une action
mécanique, est un dépôt de source qui s'est produit dans
un grand nombre de points des Ardennes.
5^ L'analogie que présentent certaines parties des porphy-
roïdes avec les porphyres quarzifères (et en particulier la
■ ' ■ I ■ ■ ■ H ■ I I I II . !■
(1) P. 205
- 1« —
tome cristalline des grains de qaarz), est compensée par le
passage de la même roche à des schistes satinés.
60 Où n'y trouve aucun dés caractères que le microscope
rèyèle d'habitude dans les roches éraptives 0;.
D'un autre côté, les mêmes savants rejettent l'idée de
copglomérat présentée par Buckland et Constant Prévost.
Ils combatteot Torigine élastique des porphjroïdes par les
arguments suivants : (') .
i** On n'y découvre jamais un seul fragment de feldspath
isolé.
2o II y a des cristaux d'oligoclase d'ane netteté irrépro*
cbable, même dans les couches les plus schistoïdes.
S^* Les cristaux arrondis de feldspath et les aggrégal<( cris-
tallins d'oligoclase doivent leurs formes non pas à ce qu'ils
ont été roulés, mais aux circonstances de leur cristallisation «
40 Les masses fragmentaires que Ton a cm reconnaître
dans les porphyroïdes, sont des accidents de structure, de
ségrégation.
Enfin ils n'admettent pas que ce soit une roche métamor-'
phique, car on ne comprendrait pas que le métamorphisme
se soil produit sur certaines couches à l'exception des
couches voisines, et d'ailleurs les fractures des cristaux
d'orlhose prouvent que ces roches sont antérieures aux
pressions qui ont déterminé la schistosité et le relèvement
des couches (*).
MM. de La Vallée-Poussin et Renard pensent que les
porphyroïdes ont cristallisé sur place 0, au fond de la mer,
peu après la sédimentation et lorsque . les matériaux étaient
encore plastiques C).
(1) Zeilsch. dcr Deulsch Geolog;. Geselischaft, ibie, p« 768.
(2) Loc. cit. p. 209.
(3) Loc. cit. p. 188,'207.
(4) Loc cit. p. 200.
(5) Loc. cit. p. 207.
MM. Sauvage et Bavignier signalèrent tO gUes de roches
cristallines, Dament en indiqua 12 nouveaux, mais il
déclara en même temps que beaucoup ponvaient être
cachés par la végétation et que ceux qu'il connaissait peuvent
se développer ou disparaître dans leurs prolongements.
MM. de La Yallée-Poussin et Renard ont reconnu 4 nouveaux
gîtes, et accentuent encore la remarque de Dumont.
Depuis leur travail, H. Jeannel, l'habile explorateur des
Ardennes, trouva quelques gites nouveaux ; j^en découvris
moi-même, dans mes explorations, soit avec M. Jeannel, soit
avec M. Ch. Maurice, soit seul.
L'on compte maintenant 54 gîtes de roches cristallines,
savoir : 20 de porphyroïde, 6 d'eurite, 25 d'amphibolite,
2 qui contiennent à la fois un banc d*amphibolite et un banc
de porphyroïde, 1 avec eurite et amphibolite.
Mais comme ou ne peut découvrir ces roches que dans les
vallées là où le sol est fortement entamé et où le limon a été
enlevé, ou peut assurer qu'elles sont extrêmement abon-
dantes dans les Ardennes et qu'elles forment un des traits
caractéristiques du terrain silurien de ce pays.
Leur distribution donne lieu à plusieurs remarques qui ne
sont pas sans importance.
l"" Elles ne s'étendent pas au N. de Revin, et à TO. ne
dépassent pas le méridien de Rocroi. Elles n'existent donc
que dans les Hautes Ardennes.
2*" Dans la région de la rive droite de la Meuse , on ne
trouve guère que des porphyroïdes ; dans la région de la
rive gauche ce sont les amphibolites qui dominent
d^ Elles existent aussi bien dans la zone des schistes de
Deville que dans celle des schistes de Revin, mais tandis que
vers l'Est elles sont uniquement dans la zone de Revin, vers
rOuest, elles sont surtout situées dans la zone de Deville.
Il en résulte qu'elles s'étendent sur une bande oblique à la
stratification.
-• 143 —
Ces circonstances ne sont pas favorables aux idées émises
par MM. de La Vallée -Poussin et Renard; car si les roches
cristallines sont des couches sédimentaires, ayant acquis
leur composition et leur structure spéciale avant leur conso-
lidation, pourquoi les conditions qui leur ont donné naissance
n'ont-elles pas été générales à Tépoque où se formaient les
porphjroïdes de Hairus et de Laifour ? En admettant leur
localisation, pourquoi les dites conditions, spéciales d'abord
à la vallée de la Meuse et à ses environs, se transportent-elles
plus tard du côté de Rimogne, pour s'y localiser également ?
Ce sont au contraire des caractères que Ton est habitué à
considérer comme propres aux roches métamorphiques, et
les objections que MM. de La Vallée-Poussin et Renard font
à rhypothèse métamorphique sont de même ordre que celles
que je fais à leur théorie.
Du reste si depuis les travaux de MM. Daubrée et Delesse,
on ne peut mettre en doute le métamorphisme, il faut
néanmoins dans Tapplication se défier de ces explications
qui ont pour résultat d^arrêter les investigations en abritant
notre ignorance sous Tégide d'une théorie qui a acquis avec
jaste raison droit de cité dans la science.
Nous rencontrons bien peu de roches qui ne soient
métamorphiques dans le sens rigoureux du mot , c'est-à-dire
qui depuis leur dépôt n'aient éprouvé quelque modification
pins on moins importante. Mais rarement nous avons le
secret des causes qui ont amené ces modifications.
Lestravauxdes.savants illustres dont je citais tout-à-rheure
les noms, ont montré que dans bien des cas, la pression,
la chaleur, les vapeurs, les eaux minéralisées étaient des
agents puissants de métamorphisme. Peut -on expliquer
simplement par l'intervention de ces agents la présence des
roches cristallines dans TArdenne? Je ne le crois pas Gomme
Tont fait remarquer MM. de La Vallée- Poussin et Renard,
pourquoi toutes les couches de TArdenne n'ont-elles pas
— 144 -
éprouvé le même métamorphisme? ont-elles sobi ans
pression moindre ou une chaleur moindre? trouve-t-on la
trace dans le voisinage des roches cristallines de matières
émptives, de filons, de canaux ayant livré passage à dès
liquides ou: à des gaz ?
Si ce sont les couches cristallines elles-mêmes qui ont
servi de voie aux agents métamorphiques , qu^étaient-elles
avant le métamorphisme? en quoi différaient elles des schistes
et des quarzites voisins? Elles devaient être d'une natare
bien particulière, bien appropriée à l'action métamorphique,
car nous ne voyons jamais celle-ci dévier de sa voie et passer
d^une couche dans une autre.
Dans les 54 gîtes que j'ai observés, toutes les fois que j^ai
pu voir la disposition de la roche cristalline, elle formait une
couche parallèle aux schistes encaissants : c'est général.
Aussi, comme MM. de La Vallée-Poussin et Renard, je ne
puis voir dans les roches cristallines des Ardennes, ni des
filons éruptifs, ni des conglomérats , ni des roches méta-
morphiques. Mais l'explication qu'ils donnent de leur
formation ne me parait pas suffisante. Il a dû y avoir inter-
vention d'une cause inconnue, peut-être contemporaine du
dépôt de sédiments, mais assurément locale (quand on
envisage Tensemble de l'Ardenne), d'une durée très longue,
et se déplaçant en gagnant peu à peu de Test à l'ouest.
J'admettrai volontiers que cette cause est éruptive , si j'avais
pu découvrir les traces des ouvertures qui auraient livré
passage aux éléments de ces roches cristallines.
Les roches cristallines de l'Ardenne soulèvent encore
d'autres problèmes. On n'a observé leurs différents gttes que
sur une faible étendue. On ne sait pas s'ils se prolongent au
loin. MM. Sauvage et Buvignier. et à leur exemple Dumont,
supposent que les bancs de la vallée de Faux sont les mêmes
que ceux qui sont coupés par la vallée de la Meuse.
Je n'ai pas trouvé qu'il y eut similitude, je suis plutôt
disposé à admettre que les roches cristallines constUaeat des
amas lenticulaires indépendants les uns des autres.
Je me suis en outre demandé si les divers amas étaient
homogènes dans toutes leurs parties? au gîte n<» 10, la
porphyroide est divisée en deux bancs distincts par uneeoucbe
de chloroscbiste ; au gUe n^ 13 , la porphyroïde et
ramphiboiite sont, au contact, réunies par une couche
schisteuse qui participe de Tune et de Paulre ; au gUe n« 19,
à Revin,. au pied de l'escarpement, dans la vallée de la Meuse,
on ue trouve que de Teurite ; si on suit ce banc d'eurite dans
.^escarpement de la montagne, on le voit se modifier, devenir
plus schisteux et se rétrécir ; puis il se charge de cristaux
d^hornebïende et dans son prolongement on rencontre un
banc d'amphiboliie que Ton peut suivre sur plusieurs
centaines de mètres dé distance. Il faut donc admettre que
dans ce cas les deux roches passent latéralement de Tune â
Tautre.
Giles dans la vallée de la Meuse.
Voie ferrée, borne 16). 58. C'est probablement elle qui
se montre à '700 m. dans la montagne.
Voie ferrée, borne 164.7. Dans le ravin, à 500 m. de
son ouverture.
Voie ferrée, borne 165. Au nord et à l'entrée du ravin
de Mairus.
Voie ferrée, borne 165.09.
Voie ferrée, borne 166.
Rive droite de la Meuse , entre la Grande et la Petite-
Commune.
Voie ferrée à la borne Kilom. 166.04 à 166.12.
Dans la montagne, sur la rive droite de la Meuse, dans.
le ravin de la Petite-Commune.
20 m. au nord du giie 7.
Vis à vis Laifour.
10
Annales de la Société géologique du Nord, L vu.
Gtlei
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P
IB
E
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EA
— 146 —
Un peu au sud du tunnel de Lalfour»
Rive gauche près du barrage.
A 200 m. au N. du précédent.
Au nord du petit vallon qui descend des Dames de la
Meuse.
A l'entrée du tunnel de Laifour vers Revin.
Rive gauche en face du canal de dérivation.
Dans le lit de la Meuse, vis à vis Anchamps.
Rive droite, vis à vis le passage k niveau d*Anchamps.
A 50 m. au sud du moulin de la Pile.
A 800 ni. à TE. du pont du chemin de ferdeRevin, dans
le chemin des Ardennes et dans le ravin des Cocboni .
to E Dans la tranchée de la route de Revin A Roeroi, avant
la vallée de Faux.
A 100 m. au nord de rentrée de la vallée de Faux.
A 600 m. au nord de rentrée de la vallée de Faux.
Gttes à r Est de la Meuse.
Vallée des forges de la Grande-Commune, à rentrée,
id. à 200 m. au N. du m. de la Pilette.
id. à l k. au N-E de la Pilette.
id. à 1 k. au N de la Pileite.
id. à 800 m. au S. des Hauts-Buteaux*
A l'église de Buleaux.
Vallée de la Petite-Commune à 'loo m. de la bifurcation
des ruisseaux.
80 E Vallée de la Petite-Commune à 1 k. 1/2 plus loin.
Gîtes à rOuest de la Meuse.
Alk.àTE. S.-E.desMazures.
A 1 k. au S. du moulin de la Pile, route des Mazures.
Vallée de Faux, devant le laminoir.
Près de Notre-Dame des Hermites.
Vallée de Misère, près du pont Hardy.
Vallée de Faux, à 600 m. au S. du moulin Dumaine.
id. 800 m. en amont.
id. 1 k. au N. de la Neuve-Forge.
id. 200 m. au N. de la Neuve-Forge.
id. vis à vis la Neuve-Forge.
id. route des Mazures.
21
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P
41
A
42
A
43
P
44
A
45
A
46
A
47
A
48
A
49
A
50
A
51
AP
52
A
53
A
54
A
55
E
— 147 —
Vallée da ruisseau de Bourg-Fidèle,. moulin Rulutu.
Vallée de Faux entre la Neuve et la Vieille-Forge.
A l k. au N. de la Vieille-Forge.
Bois d'Harcy , embouchure du ravin de la Haque ,
sentier de la Vieilte-Porge à Rimogne.
Id. môme sentier , à 1800 m., à TesL
Roule de Bourg-Fidèle à Rimogne , à l k. au S. de
la censé Recollet.
Id. à 800 m. au S., entrée du chemin de la colline 887.
Vallon entre les routes de Bourg-Fidèle à Rimogne et
à Harcy.
A 800 m. au N de la station de Rimogne.
Au S-0 de rétang de Rimogne.
A la Fosse au bois.
1 kilom. au N de Ghâlelet.
Roule du Trembloy, à 100 m. au S du chemin de fer.
Route de Revin à Rocroi , à 400 m. en aval du Moulin
Dumaine.
GUe «• / (a, de La Vallée-Poussin et Renard). — Ce gtte
découverl par MM. de La Vallée-Poussin et Renard, se
trouve sur la voie ferrée à la borne 164,68.
Il présente la coupe suivante du sud au nord :
«
Schistes noirs, inc1.de 42o.
Schiste euritique sériciieux l ^0
Porphyroïde schistolde 4 50
Schiste euritique sériciteux l »
Schiste sériciteux.
Schistes noirs, imprégnés de limonite.
Schistes noirs, incl. de 81».
Le porphyroïde de ce glle présente les caractères ordinaires
des porphyroïdes de Mairus, mais il est plus schistoïde. La
séricite y est très abondante.
Celte veine se prolonge dans la montagne ; c'est elle proba-
blement qui se montre à 700 m. environ dans le ravin de
Mairus.
Gîte n» 2 (6, de La Vàllée-Poassm et Renard; !•>' filon de
Dumont). — Ce gîte est visible dans la tranchée de chemin
de fer à la borne 164,7, et dans le chemin qui est en dessous
à 200 m. au sud du ravio de Hairus, sa coupe est la suivante
<lu sud au nord :
Schistes noirs.
Schiste tendre, séridleux 6 25
Schiste compacte, verdâtre, tenace, passant
auchloroschislectconienant des cristaux
de quarz ei de feldspath au contact de la
porphyroïde 2 >
Porphyroïde massive 10»
Schiste compacte verd&ire comme plus haut
Schiste tendre, sériciteux.
. Schistes noirs.
Ce gîte est remarquable par Paspect porphyrique de la
porphyroïde; c'est là que MM. de La Vallée et Renard ont
pris le type de leur porphyroïde massive.
Il a été question plus haut de la roche verdâtre que Dumont
appelait albite chloritifère.
La porphyroïde du gîte n^ 2 présente en outre une dispo-
sition qui a appelé l'attention des observateurs.
M. Dewalque (>) a observé que la porphyroïde a la forme
d'un coin, le bord nord étant incliné de 60^^ et le bord sud de
35®. J'ai trouvé des nombres un peu différents, 48o et 28«,
mais qai ne changent rien au résultat général. En remarquant
aussi la symétrie qui existe des deux côtés de la masse de
porphyroïde compacte, M. Dewalque conclut qu'il y a là
évidemment un pli anticlinal et même le sommet d'un pU.
Cette hypothèse serait corroborée par un autre fait signalé
par MM. de La Vallée-Poussin et Renard. On remarque dans
la porphyroïde massive des joints courbes qui paraissent
indiquer un reploiement.
(1) Ann. Soc. géol. Belg. 1, p. 67.
- 149 —
M. Dewalque donne une autre preave à l*appm de son
opinion, tandis que. le porphyroïde est bien visible dans la
tranchée du chemin de fer, un chemin d'exploitation, établi
à quelques mètres plus haut , ne montre plus que des
schistes sans trace de roche porphyrique.
Le raisonnement était juste mais reposait sur une observa^
lion incomplète. En effet, M. Jeannel en gravissant la colline
a retrouvé le porphyroïde à une vingtaine de mètres plus
haut. J'ai vu moi-même le prolongement du même banc de
l'autre côté du vallon sur le sentier qui va à Secheval. Quant
à l'absence du porphyroïde sur le chemin d'exploitation,
y a-t-il étranglement du banc, y a*t-il une faille, je ne puis le
dire.
Gite no S (r, La Vallée-Poussin et Renard ; 2* filon de
Dumont). — Ce gîte situé au nord et à l'entrée du ravin de
Mairus s'étend jusqu'en face du kilom. 165. C'est la roche
célèbre qui a été étudiée par tant de géologues et qui a
donné lieu aux discussions de la Société Géologique de
France.
Voici la coupe du sud au nord :
Porphyroïde schisloïde (a).
Porphyroïde massive (fi) 5 à 6*
Schfsle feldspathique et quarzeux très altéré . 1*
Schiste sériciieux (h» 90
Schistes noirs.
La porphyroïde schistoïde a diffère de la porphyroïde
typique du gite n" 2 parce que Torthose y est plus
rare, que le grain de la pâte est plus fin, que la phyllite
qui y joue le rôle le plus important est, non la biotite brune
du gite no 2, mais la chlorite associée à la séricite ; en même
temps sa structure est plus schisteuse.
— 150 -
La porphyroïde massive b a une pâte pins quarzeuze que
celle du gtte n° % et sa phyllite dominante est la séricite.
La pâte.est très riche en quarz, elle contient de nombreuses
lames de sérielle ; elle renferme de nombreux paquets noir-
bleuâtre qui sont des nids de biotite, et à la base des masses
brunes d'apparence schistotde que Dumont avait prises pour
des portions de schistes, mais qui d'après MM. de La Vallée-
Poussin et Renard ne seraient que des paquets de phyllite
altérée séparés par ségrégation de la masse générale au
moment de sa consolidation.
lis ont suivi la veine n» 3 jusqu'à plus de 100 m. au-dessus
du niveau de la Meuse.
On le voit, le gite n» 3 diffère beaucoup du gtte n» 2.
Néanmoins MM. de La Vallée-Poussin et Renard supposent
que c'est la continuation dé la même veine et que la couche
a n'est que la porphyroïde du gîte n« 2 repliée sur elle-
même 0). Les différences précédemment signalées sont trop
grandes pour qu'on puisse admettre cette hypothèse, que
détruit du reste le prolongement du gîte n" 2 découvert dans
la montagne.
GUen^ d.— Bdinc de porphyroïde de 1^50 d'épaisseur,
visible dans la voie ferrée, vis-à-vis la borne 165,09, par
conséquent avant le passage à niveau qui est à la
borne 165,20.
Gtte n° 5 (d, de La Vallée-Poussin et Renard. — 3*»*' filon
de Dumont). — Le banc de porphyroïde est en grande partie
sehistoïde ; le feldspath qui est de Toligoclase, est très altéré
et transformé en veridite ; la porphyroïde a 7 à 8 m d'épais-
seur ; elle est située au milieu des quartzites, on la voit dans
le chemin de fer à la borne 166 et dans le chemin qui est
au-dessous du pont où passe un petit ruisseau.
^^■^ j^— — n i II > . I ' n i I ■ . I ■
(1) p. 190.
— 451 -
J'admets avec Damont que c'est le même banc qui se voit
snr la rive droite de la Meuse, entre la Grande et la Petite-
Conmiune (p. de La Yallée-Poussin et Renard).
Voici la coupe de cette carrière d'après Dumont du sud au
nord :
Schistes noirs.
Schiste sériciteux • • 1* »
Porpbyroïde massive .....••.• 5 •
Schiste sériciteux, calcarifère ....... 1 30
Schiste compacte avec grains de leberliise. . l 50
Schistes noirs.
Gilen^6(e, f, q, de La Vallée-Poussin et Renard.— 4« filon
de Damont). — Amphibolite granitoïde en banc très épais
qui passe sur la voie ferrée entre les bornes kilométriques
166,04 et 166,12. Elle a été exploitée dans une carrière sur
le bord de la Meuse, contre le chemin de fer. MH. de La
Yallée-Poussin et Renard supposent qu'elle est divisée en
deux parties par un banc de 15 m. de schiste ; je n'ai pas
pu constater le fait. On peut la suivre dans la montagne où
elle a été exploitée en plusieurs endroits.
On la retrouve, mais fort altérée, sur le sentier de Laifour,
aux Mazures , près de la côte 312 de la carte de Tétat-majori
puis de l'autre cdté de la Meuse, près de la Petite-Commune^
où elle forme la masse q de MM. de La Vallée-Poussin et
Renard ; elle suit parallèlement la vallée de la Petite-Commune
et on la voit encore sur le sentier de la Petite-Commune au
moulin de la Pillete.
Gtie n« 7 (f, de La Vallée-Poussin et Renard. — 5"w filon
de Dumont). — A 1 kilom. au nord de la Petite-Commune
on trouve un banc de porpbyroïde schistoïde déjà connu de
Sauvage et dont MM. de La Vallée-Poussin et Renard donnent
la coupe suivante : ^
- I5i -
Schiste euritique pailleté.
Porphyroîde schi»toï(te soyeuse
Schiste eurilique t&chetô.
La porphyroîde de ce gtte est le type de la porphyroîde
schisteuse.
Gffano'f. --k Couche 4'eurite schisteuse découverte par
M. JeaiïTief à 50™-environ du gîte n» 7. Celte eurite a environ
l»n50 d'épaisseur; • • • •
G(tenr9(s,AeLdi Vallée-Poussin et Renard). — Amphi-
boiite schistoïde visible près du rivage, au hameau de
Devant-Laifour, et que Ton peut suivre jusqu'en haut de la
colline.
Gtte n» 10 •(!, de La Vallée-Poussin et Renard ; 5« filon
de Dumont). •— Glle remarquable situé à SÛO*» au sud du
tunnel de Laifour et déjà signalé par Sauvage.
HM. de La Vallée-Poussin et Renard en ont donné la coupe
suivante :
• « « •
Schistes noirs.
Schiste euritique !■
, , Porphyroîde schistoïde ...... J . 2
Chloroschfsie. . 2
Porj^hyroïdc scbisloïfle . . , 5 ^
Schiste gris luisant ' .
^ Schistes noirs. *
f r -
La porphyroîde est rendue schistoïde par là présence des
JaiQ^Ues de biQtite, de chlorite ou de séricite; sa.ootuleur
varie selon que domine. Tune ou Tautra de ces phyliites. i
MM. de La Vallée-Poussiu et Renard voient dans'la cooche
jde chlorçschiste int^rcalé^ dans la porphyroîde, la preuve
que cette dernière roche est sédimentaire ; toschiste eurîiiqu^
— 158 -
qai snrmoatd la porphyrolde ressemble assez au cbloroschista
du centre.
Gite nrH (g ei h de La Vallée-Poussin et Renard ; 5»fllon,
Dnmont) — Ce gtte également connu de Sauvage est situé
tin peu au nord du barrage de Laifour ; il est formé par
une porphyroîde schisteuse surmontée d'un banc asiez
épais d'eurite ; rinclinaison est au Sud 15<> Est.
Je n*ai pu observer qu'une seule veine de porphyroîde, la
masse h de HH. de La Vallée- Poussin et Renard me parait le
prolongenoent de leur masse g*
Dûment rapporte ce gtte à son 5'' filon qui comprendrait
ainsi les gîtes n° 7, n^ 10 et n'^ i\ ; c'est possible, mais
ridentité de composition . de ces trois gîtes n'est pas
parfaite.
Giten^ 12 (t, de La Vallée-Poussin et Renard). — Couche
d'ampbibolite située à 200<" au nord des préeédents.
Gite n« 1S (k, de La Vallée-Poussin et Renard, 6' filon de
Dûment). — Situé au nord d'un petit ravin qui descend des
Dames de Meuse. Voici sa coupe donnée par MM. de La Vallée-
Poussin et Renard :
Schisles noirs.
Schiste euriiique, séricilenx onio
Porphyroîde 8 •
Chloroscbiste amphibolique 80
Amphibolite granitoTde 6 »
Schistes noirs.
La porphyroîde de ce gîte est massive, elle est formée de
bancs alternatifs foncés et pâles. Dans les premiers, l'orthose
est le feldspath dominant; dans les seconds, c'est Toligoclase.
La couleurmoire des premiers est d&e à la biotite qui y est
tràs ré|iaiidiie ^ réclusion de la sériçite. Pans le prolon|[e*
— 154 —
ment de la couche , veçs le haut de la montagne, la por-
pbyroïde contient des lentilles de chloroschistes.
MH. de La Vallée-Poussin et Renard font remarquer que
Pépaisseur de3 schistes euritiques supérieurs n'est pas en
rapport avec la masse dei porphyroïde, ce qui prouve qu'ils
n'ont pas été produits par métamorphisme.
Gite no f4.— Découvert par M. Jeannel , il consiste en
deux bancs d'eurite, l'un de 0"60, l'autre de 1°», séparés par
quelques mètres de schistes noirs et situés dans la tranchée,
à l'entrée du tunnel de Laifour, du côté de Revin.
Gite »o /5(J,de La Vallée-Poussin et Renard).— Connu de
Dumont et de Sauvage ; il est situé sur le territoire d'An-
champs, et sur la rive gauche en face de l'entrée du canal :
amphibolite .schistoïde.
GUe n^ 16, — Vis-à-vis Ânchamps, on a fait sauter à la
mine, du fond de la Meuse, d'énormes blocs d'amphibolite
granitoïde ; il doit passer là un banc qui n'a pas encore été
reconnu sur les rives.
GUe w« 17 (w, de La Vallée-Poussin et Renard). — Connu
de Dumont, situé sur la rive droite, en face du passage à
niveau d'Anchamps. C*est une Porphyroïde schisteuse à
feldspath rouge. MM. de La Vallée-Poussin et Renard y virent
à tort le prolongement de la porphyroïde de Revin.
GUeiv 18 (w, de La Vallée-Poussin et Renard). — Connu
de Sauvage et de Dumont; située à 50 m. au sud du moulin
de la Pile et exploitée dans une carrière sur le chemin des
Mazures, c'est une eurite ; Dumont y cite plusieurs bancs.
Gite n^ 19 (v, de La Vallée-Poussin et Renard). — Signalée
par Dumont comme eurite et parfaitement étudiée par
MM. de La Vallée-Poussin et Renardi qui en font le type de
leur porphyroïde euritique. Ce gite est situé à l'Est de la yiUe
- 455 -
de Reyin et à 300 m. da pont dn chemin de fer. Il forme nn
banc de 2 m., incl. S. 25» E. = 35°. Il est exploité dans
plusieurs carrières le long de la montagne et il est coupé
plusieurs fois par le chemin des Ardennes. Dans le bas
de Fescarpement, Teurite est plus porpbyroïde qne dans le
haut. A partir An 4« lacet de la. route, le banc d'eurite n'a
plus qu'un mètre d'épaisseur et il est traversé de nombreux
filons de quarz. Au delà , il se charge d'amphibolite et passe
à l'aipphibolite ; celle-ci a été exploitée au 5® lacet , sur le
bord du ravin des Cochons : l'inclinaison y est au S. lO»
0. = 380.
On peut suivre ce banc d'amphibolite schistolde dans la
vallée du ravin des Cochbns jusque sur le côlé septentrional,
où on a jadis exploité dans unepetite carri^e.
•
Giten'' 20 (n, de La Vallée -Poussin et Renard). —Dans
la tranchée de la route de Revin à Rocroi, avant l'entrée du
ravin de Faux, il y a un banc d'eurile schistoïde d'un
mëlre d'épaisseur. MM. de La Vallée-Poussin et Renard le
considèrent comme le prolongement des bancs du gtte n°19.
Gîte no 2f. — Ce gîte qui m'a été indiqué par M. Jeannel,
est une amphibolite granltoïde, il est situé à 150 m. au nord
du ravin de Faux, sur la rive gauche de la Meuse. M. Jeannel
y a relevé la coupe suivante :
Schiste euritique,sériciteux.. ...... O'^SO *
Schisle amphibolique verdàtre 80
ÂnipbiboHlc schistoïde dans le haut , devenant
graniloïde dans le bas . . 2 50 visibles.
Dans le prolongement de ce banc, à 300 m. au sud du
cimetière de Revin, M. Jeannel a trouvé une masse d'amphi-
bolite grenue qui pourrait bien être en place.
- 16©-
Gtte n« 2t- — H. Jeannel a troavé à 500 m. an nord du
gtte précédent , dans le chemin en constrnction qni longe la
Mense, un banc d'eurite épais de O^ôO.
Gttes sur la rive droite de la Meuse ^
en dehors de la vallée.
Gite n« 23. — Porphyroïde schistoïde dans la vallée des
Forges de la Grande-Commune. Un premier afflenrement
se voit à rentrée du sentier qui va à Monthermé, on peut
suivre le banc sur la rive droite dn ruisseau, sur un espace
de près de 1500 mètres. Sauvage le connaissait. Dumont le
considère comme le prolongement du gîte n« 2 ; il en signale
des blocs sur la rive gauche du ruisseau, mais ces blocs
ne m*ont pas paru en place. MH. de la Vallée-Poussin et
Renard assimilent ces porpbyroïdes à ceux du gite n^ 1.
Gite n^ 24. — Au Pont» à 200 mètres au nord du moulin
de la Pilette, on trouve un banc de porphyroïde massive au
milieu des schistes, incl. S. 10» E.
Gtte no 25. —' k 1 kilomètre environ au N.-E. du
gisement précédent, banc de porphyroïde schistoïde soyeuse.
Giie n* 26. — ki kilomètre environ au nord du Pont de la
Pilette, sur le chemin de la Passée-Chalmart , banc de
porphyroïde schisteuse à éclat soyeux, au milieu de schistes
qui plongent auiS. Ipo E. ==42o.
Gite n* :?7. — A 800 m. au sud des Hâuts-Buteaux, an
point où le sentier qui conduit de ce hameau a Monthermé
descend dans la vallée, il y a un banc de porphyroïde très
schisteuse.
Giie n» 28. — Un banc de- porphyroïde schisteuse a été
exploité contre, la vieille église des Bateaux, et dans le
— 157 -
chemin qui descend à Bas^Bnteaax j^ai rencontré des frag-
ments probablement éboulés de la même porphyroïde.
Gile no S9. — Dans le ravin de la Petite-Commune, sur le
sentier de Kevin, j*ai trouvé, en compagnie de M. Jeannel, un
banc de porphyroïde schistoide à 700 mètres environ de la
bifarcation du ruisseau.
Gtie n^SO. — \ kilomètre et demi plus loin, près d'une
nouvelle bifurcation^ nous avons rencontré un banc d'eurite
schistoïde.
Giles situés à VOuest de la Meuse.
Giten^Sf. — A 1 kilom. à l'E. S.-E. des Mazures, à
renu:ée d*un chemin qui monte dans le bois des Webes,
on trouve au milieu de schistes noirs un petit banc d*eurite.
GUe n*" 32. — Amphibolite schistoïde sur le chemin des
Hazores à Revin, à 1 kil. au sud du moulin de la Pile ; déjà
vue par Sauvage et par Dumont.
Gile no 33. — Banc d'amphibolite exploitée devant le
laminoir St-Mcolas, dans la vallée du ravin de Faux; il
parait dans le prolongement de Tamphibolite exploitée au
nord de l'entrée de la vallée.
Les gites 19 , 21 et 33 semblent n'être qu'un même
banc qui serait à Tétat *de diorite aux deux extrémités
et d'eurite au centre.
*
GUe n"" 34. — Si on remonte le premier ruisseau sur la
droite, qui vient de la place auxMérains à la vallée de Faux,
on rencontre à 2 kil. environ de Tembouchure du ruisseau,
un arbre portant une petite chapelle dite Notre-*Dame des
Hennîtes ; à 200 mètres à l'ouest de ce^ point , sur un sentier
qui conduit à la Yiei^e Maillart, j^ai trouvé des amphibolites
schisteuses.
— 158 —
Gite n^ S5. — Dans la vallée de Misère <roisseaa de la
Marée), à 200 m. da pont de la route de Rocroi, on trouve
dans le ruisseau de nombreux blocs d'amphibolite schisteuse;
nul doute que celte roche ne forme un banc dans les
environs. On en trouve aussi sur le bord de la route à TE.
du pont.
Gite no 36, — Dans la vallée de Faux, à 600 m. environ du
moulin Dumaine, on trouve de nombreux débris de porpby-
roïde indiquant la présence d*un banc.
Gîie n* 37. — Dans la même vallée^ 800 m. plus haut, il y
a encore un banc de porphyroïde indiqué par la présence de
débris abondants.
Gite n» 38. — k\ lil. au nord de la Neuve-Forge, amphi-
bolite exploitée formant un banc de 3 m. d^épaisseur, au
milieu de schistes noirs ; incl. S. = 52o.
Gîte w 39. — A 200 m. au nord de la Neuve-Forge, contre
le bâtiment en ruine dit la Platinerie, gros banc de diorite
pyritifëre et aimantifëre très compacte, on en trouve des
fragments dans le ruisseau qui débouche sur ce pointet qui
vient du nord des Mazures. Ce gisement est signalé par
Dumont.
«
Gîte n« 40, — Contre la *Neuve -Forge, j'ai trouvé des
débris de porphyroïde schistoïde 4éjà signalés par Dumont.
Gîte n"" 4L^^ Amphibolite constituant un banc visible
dans le fossé de la route de Rocroi aux Mazures, du côté des
Mazures.
Gîte n» 42» — Dans la vallée du ruisseau qui descend de
Bourg-Fidèle, on rencontre un banc de diorite qui passe
sur la rive droite du ruisseau et qui affleure entre le
moulin Jlututu et le moulin Chaton ; peut-être est-il le
prolongement de celui du gite précédent.
— 159 —
OUe n9 43. — Domoni cite entre la Vieille et la Neuve-
Forge des blocs de porphyroïde (Hyalophyre) •
Gîie n« 44. — A 1 kil. environ au nord de la Vieille-Forge,
on trouve sur là rive droite du ruisseau de Faux, le long
da bois du Gué du Four, de nombreux blocs d'amphibolite. .
GUe n» 45. — Dans le bois d'JSarcy, vers Fembouchure de
lallaque, sur le sentier des Vieilles-Forges à Rimogne, on voit
m banc d'ampbibolite schisteuse, très altéré, q\xi a bien une
vingtaine de mètres d'épaisseur, il est dans les schistes de
Deville.
000 n« 46. — A 1800 m. plus à Test, sur le même sentier,
on trouve de nombreux . débris d*amphibolite qui indiquent
la présence d'un banc.
Gite no 47. — Sur la route de Bourg-Fidèle à Rimogne, à
1 kil. au sud de la censé Recollet, on tronve dans une tran-
chée du chemin des roches arénacées vertes, qui pourraient
bien être de Tamphibolite altérée.
Gite n"" 48. — Sur la même route, à 800 m. au sud, à
rentrée d'un chemin qui se dirige vers la hauteur portant la
côte 387 sur la carte de Tétat-major, on trouve des grès
rouges qui me paraissent de la diorite altérée.
Gite w*» 49. — Dans le vallon, entre les routes de Bourgr
Fidèle à Rimogfie et de Bourg-Fidèle à Harcy, on trouve de
nombreux blocs d*amphibolite qui paraissent être dans les
schistes de Deville.
Gite no 50. — A 300 m. de la station de Rimogne, et à
Test du chemin de Bourg-Fidèle, il y a dans le bois des blocs
d'ampbibolite déjà vus par Dumont.
Gîte no 51. — Au S.-O. de Tétang de Rimogne, on trouve
deux bancs, Tun de porphyroïde, l'autre d'ampbibolite,
séparés par 50 m. de schistes et intercalas Tun et l'autre dans
la zone de Deville. Sauvage et Dumont !es connaissaient.
Gite n^ Si. -r- Banc d'amphibolUe rencontré à la Grande-
Fosse. Cité par Dumont.
Gite n° 5S, — Banc d*amphibolite de 3 mètres d'épaisseur,
aitaé à 1/4 de lieue au nord de Chatelel. Cité par Damont.
Giten'' 54. " Bàuc d'amphibolite exploité sur la route du
Trembloy, à iOO m. au sud du chemin de 1er. Il m'a été
signalé par H. Jeannel.
C'est le dernier affleurement de roche cristalline que Ton
connaisse à Touest.
Gîte »• 55. — Pendant l'impression de cette note, j'ati
trouvé une couche d'eurite schistoïde sur la route de Revin
à Rocroi, à 400 m. en aval du Moulin Dumaine.
Séance du 8 Mars 1880.
M. Berlin lit un rapport sur la bibliothèque.
M. Charles BarroUi lit une note sur une roche
cristalline de TArdenne.
M. Charles Barrois expose les recherches géologiques
de W G. K. Gilbert dans les monts Henry (>)« Ces recherches
qui lui furent d'abord communiquées par l'auteur, viennent
d*étre publiées par le Geological Survey de la Rocky mountain
Région.
Elles portent Air des montagnes qui n'ont encore été
étudiées que par Fauteur ; celles-ci méritent cependant de
fixer Pattention des géologues par le type tout spécial de leur
formation , reconnu et exposé avec tant de talent par
(1) G. K. Gilbert: Report on the geology of the Henry mouutains
Washington, 1877. U. S. Geographical and geological Survey of tbe
Rocky mountain Région. J. W. Poweli,geoiogist in charge.
— 161 —
G. K. Qilbert. Ces moats Heory ne figuraient sur aucona
carte avant 1869, et on n'en avait fait mention dans aucun
des travaux sur les montagnes rocheuses. Powell en 1869
leur donna leur nom , dans une exploration scientifique où
il descendait le Colorado en barque.
Les monts Henry sont situés dans le sud de PUtah, sur la
rive droite du Colorado occidental. lis ne forment pas une
chaine et ne présentent pas de direction générale : ils
constituent un simple groupe de cinq montagnes plus
ou moins indépendantes, séparées par des cols peu élevés.
Les roches qui les forment sont d'origine sédimentaire,
et comprises entre le terrain crétacé et le terrain carbonifère:
il est probable que le terrain tertiaire les couronnait
autrefois avant sa dénudation ; on voit aujourd'hui, de haut
en bas :
Terrain crétacé 8500 pieds.
Jura-Trias 2930 pieds.
Garbonifôre, quelques centaines de pieds, formant la base.
Cet ensemble est en stratification concordante ; la série
stratigraphique n*est cependant pas continue, et il y a eu des
interruptions marquées par des ravinements locaux et par
des lits de houille dans le terrain crétacé ; elles n*ont pas
altéré le parallélisme des couches.
Ces couches sédimentaires ont été soulevées dans les
monts Henry, où elles présentent actuellement une struc-
ture en gerbe ; toutes inclinent autour des différentes
montagnes, à partir d'un point central qui est le sommet de
chacune d'elles. Cette structure anormale s*explique d'après
M"f G. K. Gilbert par des Laccolithes,
La Laccolithe [laccoSt citerne, lithos^ pierre) est une roche
éruptive qui s'est amassée entre deux couches stratifiées au
lieu de se déverser au dehors. Le volume de la nouvelle
11
Annales de la Société géologique du Nord, i, vu.
— 162 —
montagne ainsi formée, est évidemment le même dans les
deux cas.
Toute lave injectée par des forces souterraines (qne nous
n^avons pas à étudier ici) à travers des couches sédimentaires,
doit toujours finir par s'arrêter grâce à la résistance des
couches solides trayersées, et grâce surtout à la tendance de
la masse de lave injectée d'arriver en un point où elle soit
en état d'équilibre hydrostatique. Si donc la lave injectée a
une densité moindre que celledes couches soUdes encaissantes,
elle les traverse toutes, et s'épanche à la surface du sol où
elle forme un volcan. Si au contraire la lave injectée a une
densité intermédiaire à celle des différentes couches sédimen-
taires qu'elle devrait traverser, elle s'élèvera encore, mais
pour s'arrêter au niveau où sa densité est supérieure à celle
de l'ensemble des couches sous-jacentes, et inférieure à
celle des couches recouvrantes: elle forme dans ce cas une
Laccolithe.
Tous les monts Henry sont formés par des Laccolithes.
Dans le mont Ëllen il y a une trentaine de Laccolithes, dans
le mont Holmes il y en a deux, dans le mont Ëllsworth, un ;
le mont Pennell et les monts Hillers en ont une grande et
plusieurs petites. La distribution horizontale et la distribution
verticale de ces Laccolithes sont également irrégulières; il
n'y a pas plus d'ordre dans leur distribution horizontale que
dans l'arrangement de la plupart des évents volcaniques; on
■
n*y reconnaît aucune direction, aucun alignement, elles
forment parfois des groupements qui sont alors indépendants
les uns des autres et ont des centres distincts.
La distribution verticale des Laccolithes est aussi irrégu-
Uère : il s'en trouve à différents niveaux d'une série sédimen-
taire épaisse de 4500 pieds au moins. On les trouve cependant
rassemblés à deux niveaux principaux (du Blue gâte au
Flaming gorge, et du Vermillon cliff au Shinarump). Cette
remarque est vraie pour les Laccolithes, ou masses
-.163 —
cristallines, mai^ non pour les filons qui en dépendent ; car
^6^ Laccolithes partent toujours' des filons qui coûpenl ou
suivent diversement les couches sédimentaires supérieures.
Considérées isolément, ces montagnes se ressemblent
entre elles par leur structure rayonnée et par le noyau
cristallin qu'elles renferment; les roches cristallines qui
constituent ce noyau ou Laccolilhe appartiennent toutes à un
ffiéme type lilhologique.
C'est surtout par leur aspect extérieur, dûauxdénudations,
6t au mode d^affieurement de leurs Laccolithes que les
Dîonts Henry diffèrent les uns des autres. Ces Laccolithes
'fl/ectées en effet dans les couches, lors de la formation de
ces montagnes, en nombres différents et à des hauteurs
différentes, furent pour cela môme dénudées avec plus ou
moins de facilité. Aussi trouve-t-on aujourd'hui dans ces
inontagnes des Laccolithes entièrement dénudées , sans
relation avec les couches soulevées et formant des sommets,
d'autres sont encore recouvertes et ne montrent à la surface
î^ô le chevelu de filons qui les couronnent, d'autres
montrent leur masse trachytique au milieu des couches
sédimentaires relevées, d'autres ne montrent pas leur
nature cristalline sous le dôme resté intact des couches
slraliflées.
^a roche des Laccolithes a été étudiée avec soin par le
capitaine Dulton. Il y a reconnu de grands cristaux d'Orlhose
^^ parfait état de conservation et empâtés dans une masse
fondamentale compiacte, où se trouvent d'assez nombreux
cristaux de Hornblende. Avec l'Orthose qui domine de
l^eaucoup , on observe aussi un feldspath triclinique ^
rapporté avec doute à Talbite et en partie à l'oligoclase.
La masse fondamentale est isotrope, elle contient par places
^cs parties feldspathiques qui polarisent, ainsi que des
cristaux de fer magnétiques et d'autres bien plus rares
.<l'apaiiie, de néphéline et de quarz. L'absence du mica est
— 164 —
remarqaable. D*aprës H. Dutton, une partie de ces roches
sont des Trachytes vrais, d'autres sont des felsit-porphyres,
et le reste est intermédiaire entre ces deux extrêmes ; aussi
les range-t-il toutes sous la même dénomination de Trachytes-
porphyriques.
On ne peut songer à voir dans ces roches des Tufs
porphyriques ou Trachytiques, dont Paccumulation sous-
marine aurait formé les Laccolithes avant les couches qui les
recouvrent. Ces strates supérieures toutefois ne sont pas
brisées et entrecoupées de failles comme on pourrait le
croire de couches soulevées ; elles se sont bombées sans se
briser, et ont ainsi gagné en développement superficiel. Ces
faits ne peuvent se comprendre qu'en prenant en considération
la plasticité relative des roches solides, soumises à l'énorme
pression des massifs sédimentaires qui les recouvraient avant
les dénudations.
Les parties du Colorado situées prés de la région des
monts Henry, présentent également quelques exemples de
montagnes formées par Laccolithes. Leur forme est alors la
même que celle des monts Henry, et il n'est pas sans intérêt
de noter que les roches cristallines qui en forment le noyau
sont aussi des Trachyles-porphyriques. Dans la région
limitrophe connue sous le nom de Plateau, il y a aussi un
certain nombre de montagnes, mais qui cette fois sont de
véritables volcans, et les roches qui les constituent diffèrent
de celles des Laccolithes ; ce sont des Trachytes-basiqaes et
des basaltes. Il y a donc une relation simple, qui serait même
d*aprës Fauteur une relation de cause à effet entre les deux
types de roches éruptives de ces régions et les deux types
différents de montagnes, les volcans superficiels et les.<
volcans souterrains ou Laccolithes.
La théorie des Laccolithes de H' G. K. Gilbert, contraire
à ce qui est admis et à ce qui existe dans les régions
volcaniques les mieux étudiées de l'Europe, étonne au
— 165 —
premier abord. Qaand cependant on envisage que les
couches sédimentaires qui renferment ces Laccolithes dans
les monts Henry sont horizontales et Tout toujours été, que
cette ré^on est dépourvue de failles, que de plus, de
nombreux ravins, des lits de torrents, des escarpements
montrent partout l'affleurement de couches que ne cache
pas une végétation inconnue dans ce pays aride, quand
on reconnaît surtout le soin et la science avec laquelle
l'auteur a développé sa thèse, on doit fermer le travail de
H^* G. E. Gilbert avec un vif désir de voir le pays curieux
qu'il a découvert à la science.
M. Cil. Barrols parle à la Société d'une roche cristal-
line trouvée aux Masures (Ardennes) par H. Gosselet.
Division à établir dam le terrain dllnwlen
de la vallée de la Somme
Par M. Gosselet*
Les communications qui nous ont été faites il y a quelques
séances par HBI. Ladrière, Vanden Broeck et Potier m'ont
remis en mémoire des observations qui datent de plus de dix
ans et que j'avais réservées pour faire un travail général sur
le terrain diluvien du Nord.
Gomme seloa toute probabilité, ce travail ne verra jamais
le jour, je demande à la Société la permission de lui
communiquer mes observations, en les accompagnant de
courtes réflexions. Je parle de localités déjà bien étudiées
par des géologues d'une haute valeur, malheureusement je
n'ai pas le temps, pour le moment, de vérifier tout ce qui a
été publié à ce sujet; je m'expose donc à présenter comme
nouveaux des faits déjà connus. Cependant il est quelques
observations de détail que je ne me rappelle avoir vu dans
aucun mémoire et qui ont une certaine importance dans les
discussions actuelles.
— 166 — •
Je suis obligé de prendre pour point de départ la coupe
des célèbres graveliëres de St-Acheul déjà donnée tant de
fois et que je dois cependant représenter de nouveau pour
insister sur quelques détails.
Fig, 1.
A
im »
1 »
1 SO
1 50
i'
A Limon argileux, rouge -brun . . . . .
a Stratification suivant une ligne ondulée
B Couche ar^ilo-sableuse jaune-clair, remplie
de silex brisés et de petits galets calcaire
^ Stratification très ondulée,
C Argile rouge avec quelques silex brisés à la
base, dé0"60à *
y Stratification fortement ravinée.
P Sable jaune-clair avec petits galets les uns
très nombreux, en craie, les autres plus
rares, en silex; marmolites, 0*50 à . .
a. Ligne ondulée.
E Sable gris (terre à pipe des ouvriers), avec
nombreuses coquiUesterrestresetfluvialiles
ç Ligne ondulée,
F Diluvinm formé de galets de silex et aussi
de petits galets de craie, surtout à la
partie supérieure.
C'est avec une grande défiance que je compare ma coupe
avec celles de mes devanciers , dans la crainte de mal
interpréter leurs opinions, car la forme et l'épaisseur des
I
— 167 —
coaches change continaellement avec les progrès de Teiploi-
tation.
La coache F correspond, je crois, aax sables et cailloux
roulés de M. de Mercey ; la couche E à son sable aigre^ et la
coache D représente son sable gras.
L'argile rouge E appartient au diluvium rouge de mon
savant ami, et c'est probablement aussi à cette division ou à la
terre à briques qu'il faut rapporter ma couche B.
En haut de la colline de St-Acheul, et au delà de Torphe-
linat, il y a d'autres carrières qui laissent voir des coupes
assez analogues aux précédentes.
Fig. 2.
A
c
A Limon argileux brun 1" à 40
a Stralificalion suivant une ligne ondulée
B Couche ar{?iIo-sableuse, Jaune-clair; pelits
galets et graviers de craie. ... l" à 1 60
^ Ligne de passage insensible avec la
couche suivante.
C Argile rouge remplie de silex brisés el de
petits fragments de craie roulée ... 1"»
y Stratification ravinée.
F Diluvium gris avec quelques lambeaux de
sable à la partie supérieure.
A 1Û0« de ce point, dans une autre carrière, la ligne de
séparalion est nettement marquée ; elle est ondulée ,
surmontée par un grand nombre de petits galets , en même
temps la couche C est devenue plus argileuse, un lambeau de
sable fossilifère semblable au sable E de St-Acheul, est
intercalée entre la couche F et la couche C.
- 168 -
Enfin à mi-côte d'an yallon $itné à TO. de St^Âchenl, on
exploite de Targile sableuse, jaune-clair, remplie de petits
fragments de craie et surmontée de limon rouge-brun.
Entre ces trois observations il y a accord, et nous pouvons
distinguer dans cette partie du terrain diluvien deux assises
séparées par un profond rayinement (ligne y).
IA Limon argileux brun.
B Argile sableusejaune clair avec débris de craie (Presle).
. C Argile sableuse rouge avec silex bris<^s cl craie.
iD Sable jaune-clair, avec pelits galels de craie.
E Sable gris — terre à pipe.
F Diluvium gris.
Dans le haut de la ville d'Amiens^ rue Laurendeau, les
fondations d'une maison m'ont montré la coupe suivante :
Fig. 8.
A Limon argileux brun avec silex brisés. .
a Ligne ondulée,
C Ârgiie sableuse ronge avec nombreux silex
brisés, épaisseur maximum
y Stratification profondément ravinée.
P Limon sableux ]aune rempli de petits galets
de craie.
E Marne grise au maximum.
F Sable gris rempli de petits galets de craie.
60
1 50
\ 00
40
Le limon argileux brun A est superposé directement à l'argile
rouge C, la couche B manque ; aussi le limon renferme
quelques silex brisés comme la couche C dont il est séparé
par une surface ondulée.
- 169 —
Les couches inférieures au grand ravinement y diffèrent
aussi un peu de celles de St-Acheul.
Enfin contre le chemin de fer, à un niveau inférieur aux
carrières de St-Acheul, il y a une carrière signalée par
H. de Hercey et aujourd'hui inexploitée : elle présente la
coupe suivante :
Fig. 4.
A Argile sableuse rouge avec silex brisés.
y Slraliflcation ravinée .
Z)' Galets de silex et sable gris avec quelques
fragments de craie.
D Sable jaune-clair avec petits galets de craie
très nombreux.
J'appelle Taltention sur la couche D, plus chargée de
fragments de craie qu'elle ne Test à St-Acheul.
Les ouvriers du pays la désignent sous le nom de Presie,
H. de Mercey Tavait observée dans une carrière située près
du chemin de fer. U la rapporte au Diluvium rouge,
c'est-à-dire qu'il la réunit à la même assise que la couche C,
je ne puis partager son avis, je l'en vois séparée par le
profond ravinement y qui partout forme la base de Targile
sableuse rouge.
Sa position est plus nette peut-être encore à Menchecourt,
près d'Abbeville.
Fig. 5.
A
— 170 —
A Limon altéré par la cullure 50
« Ligne ondulée.
C Argile sableuse rougeàlre presque sans silex 60
c* Argile brune avec nombreux silex.
y Stratification profondément ravinée,
P Presle r limon jaune rempli de silex brisés
el de fragments de craie.
P^ Môme limon renfermant moins de craie et
de silex ; il parait passer à la couche sous-
jacentc dont on peut cependant le distin-
guer avec quelque attention.
9 Ligne de stratification ondulée.
D Limon jaune.— Sable gras de M. deMercey.
Dans les autres sablières des environs d'Abbeville, on ne
trouve ni la presle, ni la couche D. Ainsi à l'entrée du
chemin de Gamaches, la couche rouge C recouvre le sable
aigre E.
A Moulin- Quignon, on constate très nettement que le
diluvium gris F est surmonté par une petite couche de
diluvium rouge C, qui souvent pénètre dans des poches
creusées au milieu du diluvium gris ; d^autres fois, celui-ci
est simplement coloré en rouge par infiltration de la
matière colorante.
Si on passe de la vallée de la Somme aux petites yallées
adjacentes, on voit disparaître le diluvium gris, il ne reste
plus que la presle et les couches supérieures.
Aussi en face de Boves, il y a sur la route, entre le chemin
de fer et TArve, une tranchée qui montre à la partie
inférieure le sable argileux jaune-clair, avec lignes de petits
silex brisés et de galets de craie parfaitement stratifiés ; vers
la partie inférieure, ces fragments sont quelquefois si
abondants qu'on dirait de la craie remaniée.
Sur l'autre rive de TArve, et sur la route de Colteiichy, le
sable argileux jaune-clair forme une couche de 2 mètres
d'épaisseur, remplie de fragments roulés de craie disposés
par zones inclinés, il est surmonté d'argile sableuse rougefttr^
— ni -
avec silex disséminés. Dans le haut de Tescarpement, cette
couche se divise en deux, Tinférieure d'un rouge foncé, la
supérieure passant au jaune-clair; on aurait donc là les
assises B et C de St-Acheul.
A Glisy, sur le flanc de la vallée de la Somme, on voit sous
le pont du chemin de fer le sable argileux jaune-clair, épais
de 3 mètres , surmonté d'argile sableuse rongeâtre avec
débris de silex et de craie.
Ainsi dans la vallée de la Somme on peut distinguer dans
les couches diluviennes deux assises bien différentes. Il m'est
impossible de dire quels sont leurs rapports exacts, soit
avec ce que Ton a nommé à Paris diluvium gris et diluvium
rouge, soit avec les deux assises reconnues par M. Ladriëre
dans le limon du Nord. Je me borne à signaler quelques faits
où le diluvium supérieur ( diluvium rouge ? ) n'est pas
uDiquement le résultat de l'altération du diluvium inférieur
[àilumum gris\
H. Yanaen BroecU fait les observations suivmcites :
Pour tout ce qui concerne la distinction entre lé diluvium
gris et le diluvium rouge, ainsi que les relations mutuelles
de ces couches, on ne peut raisonnablement s'appuyer sur
des coupes et des observations notées autrefois. En effet, de
nombreux et frappants exemples ont montré tout récemment
que des aspects qui avaient été signalés et décrits comme
présentant les incontestables caractères de poches de ravine-
ment et de dénudation, n'étaient en réalité que de pures
apparences. Les phénomènes relatifs à l'altération des
couches par l'infiltration des eaux météoriques n'ont pas été
suffisamment étudiés pour qu'il soit possible, — sans revoir
de nouveau le terrain, — de les distinguer des phénomènes
de ravinement réel, à la simple lecture des notes et des
coupes prises autrefois, lorsqu'on ne soupçonnait môme pas
la possibilité d'actions de ce genre. En somme^ M*. Vanden^
— 172 —
«
Broeck croit dangereux d'évoquer ces matériaux anciens, et
tout au moins peu utile de les discuter. Ce que Ton peat
admettre, c'est quMl convient de signaler et de faire explorer
à nouveau les coupes qui ont été vues jadis et qui pourraient,
soumises à de nouvelles observations, fournir des données
utiles à la discussion.
M. Gosselet répond qu'à Pépoque où il a fait ses observa-
tions son attention était déjà appelée sur la transformation du
diluvium gris en dilumum rouge ^ sinon par suite d'altération,
du moins par infiltration de matières ferrugineuses. Les faits
lui ont paru contraires à cette théorie.
M. Ortlleli présente quelques dents du diluvium de la
vallée de la Sambre, H. Charles Barrois les a examinées :
il les rapporte au genre cheval. Elles ont été trouvées à
2 mètres de profondeur sur les hauteurs qui bordent la
Sambre^ dans le lit des galets anguleux à 40 mètres au-dessus
du niveau actuel de la rivière, par M. C. Walter, ingénieur
en chef de la fabrique de produits chimiques d*Auvelais
entre Charleroi et Namur.
Séance du 17 Mars 18 fO.
M. L. C«rton est élu membre titulaire.
M. Ch. MAurlce fait un rapport sur les finances de la
Société. Conformément à ses conclusions, les comptes de
Tannée 1879 sont approuvés et des remerciements sont votés
à H. Ladrière^ trésorier.
H. Gh. Barrois lit la note sairante :
Note sur rÉlage Turonleii de Tlrlande
Par M. CiftArte» Barrobi.
Le lerraia crétacé de Tlrlande vient d'être Tobjet d'une
nouvelle étude, due à M' W. Gault, de Belfast. Ce travail C),
où Fauteur a bien voulu rappeler mes recherches sur
la géologie de l'Irlande en des termes pour lesquels je
loi dois tous mes remerciements, contient de très inté-
ressantes listes de fossiles. Un certain nombre de dé-
terminations doit être revu d'après Fauteur qui n'a donné
son travail que comme une communication préliminaire ;
il en est toutefois d'autres qui présentent un haut intérêt.
H' W. Gault m'a communiqué un certain nombre de ces
dernières espèces ; elles viennent confirmer l'existence de
rétage turonien que j'avais découvert en Irlande. Sans
revenir sur T historique des études faites sur le terrain
crétacé de l'Irlande^ je rappellerai seulement que le travail
principal, écrit sur ce sujet par H. Ralph Tate (*), avait
reconnu dans la série crétacée de ce pajs la succession
suivante :
Calcaire b'anc.
Vpper Chaikt } Zone des éponges.
Zone ft Echinocorys gibbus.
Zone à Exogyra columba.
_ , , Zone à Inoceramus Cripsû.
Hiberman Greensand. ^ zone k Os trea carinata.
Zone k Exogyra conica.
(1) William Gault : Observations on Ihe geology of the Black moun-
tein, wiih spécial référence to Ihe creiaceous rocks. — Proceed. Belfast
nal. Field Club, 21 Feb. 18T7.
(2) Ralph Tate : Quart. Journ. Geol. Soc. Vol. XXI, p. 15. 1865.
. - f 74 ..-
M' Ralph Tate avait assimilé les divisions supérieures
à rassise Sénonienne à BelemDitelles du Bassin de Paris,
et ses divisions inférieares au Cénomanien (groupe du
Peclen asper el groupe de Ammonites navicularis de la
Sarlhe). Réunissant les deux niveaux supérieurs du
Sable vert Hibernien- sous le nom de Chloritic sand and
Sandstone (D), qui lui avait été anciennement assigné,
j'avais pensé que la faune de ces niveaux devait les faire
rapporter à Tétage turonien, et je les avais assimilés aux
divisions à TerebratuUna gracilis et à Holaster planus de
l'Augleterre 0).
Cette opinion basée sur mes listes de fossiles, trouve
une curieuse confirmation dans les découvertes de M' W.
Gault ; un des fossiles turoniens les plus intéressants qu'il
ait recueilli, est une Callianasse indiquée comme nouvelle
dans sa liste.
Cette espèce est limitée d'après Hl^ W. Gault à la partie
supérieure de notre Chloritic sand and sandstone (D) ; elle y
est si abondante, quMl a donné le nom de lit à Callianasses
à la couche de grès tendre verdâtre rempli des pinces de
celte espèce, qui affleure dans le ravin de Colin- Glen. Le
corps de ces crustacés est d'une mollesse remarquable, tous
leurs téguments sont membraneux, à Texception de ceux des
pattes qui au contraire présentent une grande consistance
et dont ils se servent pour creuser le saille. Il n'est donc
pas étonnant de rencontrer ces pattes presque seules, à
Texclusion des autres parties, dans la couche à Callianasses
de Colin-Glen.
Les pinces de droite el de gauche sont très inégales,
c*est tantôt lune tantôt Tautre qui atteint la plus grande
taille. La main, presque quadrilatère, est comprimée
(\) Ch. Barrois: Recherches sur le lerrain crélacô de l'Irlande» Mém*
Soc. Géol. du Nord, Lille, 187ô, p. 203.
— 175 —
laléralement, ses bords inférieur et supérieur sont tranctiants ;
sa face extérieure est lisse, sans granulations ; la face
interne moins bombée que la précédente est lisse, elle offre
vers sa partie postérieure un tubercule aplati qui disparaît
dans la plupart de nos échantillons, sans doute un peu
roulés. L^index est presque droit ; le pouce plus recourbé
que l'index n^offre, aussi que des dents à peine marquées.
La main s'articule avec Tayanl-bras par une ligne un peu
oblique.
L'avant-bras égale a peu près la main en longueur; il se
rétrécit légèrement en arrière, son bord supérieur est droit
comme celui de la main ; ses faces sont lisses et portent un
petit tubercule à peine visible à la partie interne ; Tangle
antéro-inférieur se prolonge en une pointe, brisée dans la
plupart de nos échantillons.
Le bras est court et renflé, il est très grêle comparé à
Tavantr-bras, et s'articule à l'angle supérieur et postérieur de
ce dernier. Le Trochanter est long et grêle, il est formé
comme le bras de deux pièces, Tune externe convexe,
l'autre interne plate et lisse.
Tous ces caractères rapprochent la Callianasse d'Irlande
de la forme la plus commune dans le terrain crétacé de
France, et décrite par M"^ Alphonse Milne-Edwards {») sous le
nom de Callianassa Archiaci; les échantillons qui m'ont été
communiqués par M' W. Gault me paraissent identiques aux
figures de M' Milne-Edwards, je ne puis les distinguer non
plus d'échantillons typiques que j'ai recueillis dans le terrain
luronien de la Sarthe, en compagnie de M. Guillier.
La Callianassa Archiaci est caractéristique en France
du terrain turonien ; on ne Ta pas encore reconnue en
dehors des limites de cet étage, ni dans le Génomanien,
(i) Alphonse Milnb-Edwards ; Sur les crustacés fossiles: Annales des
Sciences naturelles, zoologie, 4^ sér. T. XIV, 1860. p. 832, pi. XIV, Qg. 1.
— 176 —
ûi dans le Sénonien. M' Alphonse Hilne-Edwards (i) la cite
à Gourdon dans le département dn Lot, ainsi qn'à Boltène
(Dauphiné) d'après d'Archiac, dans Tétage tnronien;
H. Guillier (*) la considère comme caractéristique de la zone
supérieure à Terebratella Bourgeoisi du terrain turonien de
la Sarlhe. M. Hébert (*) l'indique comme caractéristique de
ses divisions supérieures (2 et 3) des grès d'Uchaux.
On doit donc admettre que la Callianassa Archiaci est
limitée en France au terrain turonien, et môme comme en
Irlande à la division supérieure de cet étage ; on Ta trouvée
à ce niveau dans toutes les parties de la France où les
sédiments mécaniques dominent, on ne Ta pas encore signalé
dans les parties plus profondes et calcaires du nord du bassin
de Paris et des bassins anglais. Ce crustacé parait avoir
vécu à la même époque dans la région comprise entre
le nord de l'Irlande et le midi de la France^ dans
tous les points où il rencontrait les mêmes conditions
d'existence.
Les espèces actuelles de Gallianasses dont on a pu
observer les mœurs, et il y en a dans le Pas-de-Calais, à
Wimereux, vivent à quelque distance du rivage, au-dessous
du niveau des plus basses marées et enfouis dans le sable.
La Callianassa Archiaci devait précisément trouver ces mêmes
conditions d'existence, qui nous y expliquent son abondance,
dans le golfe formé par la mer crétacée en Irlande, tel que je
l'avais précédemment décrit C) .
La découverte de M' W. Gault en Irlande nous fournit
donc non seulement une nouvelle preuve de l'existence du
(1) ALPHONSI MlLNB-ËDWARDS : LOC. Cil- p. 332.
(2) GuiLLiBR : Nolice accompagnant les proQls géologiques des roules
de la Sarlhe, Paris 1868. p. 36.
(3) Hubert: Description du Bassin d'Uchaux. Annales des Sciences
géologiques, 1875. p. 94.
(4) Gh. Barrois : Loc. cit. p. 217.
— 177 —
terrain tnronien dans ce pays, mais nous fait connaître de
plus, la yaste répartition géograpbiqne de la Callianassa
Archiaci à cette époqne.
M. ChariM Barroto présente à la Société le 28« Rapport
da Musée d'Histoire naturelle de New-York (State muséum
Edition) publié par M. le professeur James Hall, d'Albany (0*
Ce volume continue d'une façon brillante la série des
fiombreuses publications paléontologiques, qui ont rendu
les États-Unis une région classique, où les géologues de
toutes les parties du monde qui étudient les formations
paléozoïques doivent aller chercher leurs types et leurs
termes de comparaisons dans les ouvrages du professeur
James Hall .
Nous ne parlerons pas ici du Rapport du directeur sur
Fétat du Musée et sur les additions qui y sont faites annuel-
lement: nous nous laisserions entrainer trop loin par le
désir de décrire et de faire connaître ainsi le Musée
géologique d'Albany, sans égal en Europe. Ce n'est pas le
nombre des pièces, ni leur rareté (quoiqu'il en soit de très
précieuses), qui donae sa valeur au State Muséum de New-
York; mais bien le choix scrupuleux qui a été fait des pièces
exposées : toutes sont utiles à l'étudiant; toutes sont
importantes pour le géologue étranger, qui veut comparer
les faunes ancieDines de l'Amérique avec celles de son pays.
On apprend plus à Albany en une heure, qu'ailleurs en
une semaine.
Le mémoire principal contenu dans le présent volume est
dû au Professeur James Hall, il a pour objet la faime du
groupe de Niagara dans le centre de TÉtat d'Indiana.
Ce mémoire est accompagné de 34 planches où soni figurées
(1) Prof. James Hall : Tweoly-eighlh annual report of Ihe New-York
Staie Muséum of natural Hislory, State Muséum Edition» Albany 18*39.
12
Annales de la Société géologique du Nord, t. tu.
— 178 -
les nouvelles formes décoavertes réceounent dans cette
division da terrain silurien : Annélidès., Brachiopodes ,
Lamellibranches, Gastéropodes, Céphalopodes. Crustacés,
Crinoïdes, Coralliaires et Spongiaires. Les espèces nouvelles
sont nombreuses, on remarque surtout les études sur les
Coralliaires et les Bryozoaires, formes si peu connues en
France , et si bien décrites dans le présont travail. On
remarque encore la description des Annélidès (Spirorbes,
Gornulites) ; le professeur Hall a pu faire rentrer dans ce
dernier genre les genres récents Concholites et Ortonia de
Nicholson. Il a pu suivre le développement de ces animaux ;
dans leur jeune âge, ce sont de petits tubes enroulés qui se
fixent sur diverses coquilles, on les a souvent confondus
alors avec des Tentaculites et môme avec des tiges de
Cystidées ; à Tétat adulte elles restent fixées ou deviennent
libres, mais prennent un développement considérable et
n^ont plus guère de ressemblance extérieure avec leur
premier étal.
Le groupe de Niagara du centre de l'Indiana (Waldron)^
contient plus d'espèces connues dans ce groupe dans l'état
de New-York, que dans les états plus occidentaux du
Wisconsin et du Tennessee. Les formes nouvelles découvertes
dans rindiana appartiennent aux mêmes genres, et sont sou-
vent alliées aux espèces connues de Niagara (New-York). Il
faut toutefois signaler que tandis qu'il y a deux fois plus d'es-
pèces deCrinoïdes à ce niveau dans Tétat dlndiana que dans
celui de New-York, et qu'il y a au moins dix fois plus d'indi-
vidus dans le premier de ces États que dans le second ; on n'y
trouve pas un seul Caryocrinus, forme si commune dans
les États de New-York, de Wisconsin, de l'Iowa et du
Tennessee.
Les conditions physiques dans lesquelles le dépôt s'ac-
complissait dans rindiana devaient surtout se rapprocher de
celles qui présidaient à leur dépôt dans Touest de TÉtat de
— 179 —,
New-Tork. Dans le Wisconsia et l'Iowa^ les afflenrements
sont surtout formés de calcaires magnésiens, les Gastéropodes
et les Céphalopodes sont les formes les pins communes, il y
a presque autant de Cystidées que de Grinoïdes. Dans
rindiana, les Gystidées deviennent au contraire très rares,
elles étaient aussi peu répandues dans le Tennessee; leur
nombre était un peu plus élevé dans l'État de New- York.
Il y a toutefois différents niveaux fossilifères dans ce groupe
de Niagara ; ainsi le niveau de New-York qui correspond à
celai de Tlndiana et du Tennessee occidental est vers le bas
de la série, tandis que celui du Wisconsin et de Tlowa est
près du sommet.
Ce que Ton connaît actuellement de celle faune du
Niagara-group j conduit à penser que la mer de cette
époque était peu profonde, et que son fond était trè-s
inégal.
Ce 28' volume des Rapports du Musée de New-York
contient encore plusieurs autres mémoires. Je ne ferai que
citer celui de M' C. D. Walcott qui annonce avoir découvert les
appendices natatoires et branchiaux des Trilobites. Les
sections transparentes faites par M>^ G. D. Walcott des
nombreux trilobites si bien conservés du calcaire de
Trenton, sections que M' G. D. Walcott a bien voulu me
communiquer, ne peuvent laisser de doutes sur sa découverte.
Nous reviendrons sur cet important travail lorsque les
planches à Tappui seront publiées, ce qui, nous l'espérons,
ne saurait tarder.
Un article du professeur J. Hall sur quelques formes
aberrantes de Grinoïdes du Lower Helderberg group termine
le volume. Ce n'est pas le moins intéressant. On sait combien
sont variées les formes des Grinoïdes, et combien parmi
celles-ci les genres Edriocrinus^ Ancyr&crinus, Lichenocrinus ^
différent de toutes les autres par leur structure ; les nouvelles
formes décrites ici par le professeur James Hall sous le nom
.- 180-
de Camarocrinus ne sont pas les moins curieuses. Elles
diffèrent totalement de tontes celles qui ont été décrites
jusqu'à ce jour; et il est bien difficile de reconnaître au
premier coup-d'œil leurs caractères et leurs relations.
On ne peut mettre en doute leur parenté avec les
Crinoïdes, mais on ne voit pas d'analogie entre leurs
différentes parties et celles des Crinoïdes ordinaires. Elles
paraissent avoir un sommet élargi en forme de ddme ; la
cavité viscérale serait une petite cavité située à l'intérieur,
immédiatement au-dessus du point d'attache de la colonne,
les lobes seraient un développement exagéré des espaces
interbrachiaux ou iDterradiaux. Le professeur James Hall
voit toutefois surtout dans le dôme, un organe d'adaptation
comparable à la racine des eacrines ordinaires ; il rappelle
surtout le bulbe qui se développe à l'extrémité de la colonne
de Ancyrocrinus du Upper Helderberg^ et
qui devait servir de flotteur ou d'ancre au
corps et aux bras de Tencrine. Il est donc
porté à considérer les Camarocriiitts comme
formés par une masse bombée, ou bulbe
divisé en chambres, et auquel est attachée
la colonne; cette colonne devait porter à son
autre extrémité le calyce et les bras de l'en-
crine, mais ces parties sont malheureuse-
ment encore inconnues. I.a figure idéale
donnée par H. le professeur Hall et que
nous reproduisons ici , peut seule donner
une idée de cette forme étrange.
M. Corenwlnder fait part à la Société d'un procédé
nouveau qu'il vient de trouver avec M. Contamine pour doser
rapidement et facilement les potasses.
M. DupoBcbeile présente à la Société quelques fossiles
trouvés à Bouvines, parmi lesquels se trouve un crusiacé
provenant des dièves^ qu'il rapporte au genre Clytia.
--» 181 —
Séance du 17 Mars 1880.
Note sur la faune quaternaire
de Sansatte
Par M. Charles Barrola.
^9 Gominission da Musée d'Histoire natarelle de Lille a
^^is récemment ponr ce Musée la précieuse collection
^^'^^Kique du D' Robbe, de Sangatte. La plus grande
ûn^ des fossiles a été trouvée dans la falaise crétacée
^ ^lano-Nez, un certain nombre provient des couches
H^^X&tnaires de la falaise de Sangatte : L'intérêt qui
%'^\iache à ces dernières formes nous a engagé à en
donner de suite la liste dans les Annales de la Société
géologique.
Les études de MM. Prestwich, Sauvage et Hamy, Ghel-
lonneix, ont fait connaître dans tous ses détails la composition
du terrain quaternaire de la falaise de Sangatte; tous
ces mémoires sont d^accord pour répartir ces couches
diluviennes en trois séries principales, qui sont de haut
en bas :
A. Mélange confus de silex entiers ou brisés, et de grès ferrugineux,
dans une argile sableuse brune. Epaisseur 8 à 7 mètres.
B. Dépôt formé de craie délayée ei de sable en lits irréguliers alter-
nants ; couche de marne, d*argile, de sable, de grève crayeuse, et
à petits fragments de silex. Epaisseur 15 à 25 mètres.
C Lit de gros silex roulés de la craie, contenant des blocs roulés
d'autres roches, et recouvert d'une couche mince de sable grossier,
glauconieux. L'épaisseur de cette couche est de 1 à 4 mètres : elle
bute contre la falaise crétacée à 5 mètres au-dessus de Testran.
Les fossiles trouvés par le D' Robbe dans cette série
proviennent des couches B et C, la première ne contient
— 182 —
qae des formes terrestres, la coacbe inférieure n'a fourni
qae des espèces marines. J'ai reconnu dans la couche B les
espèces suivantes :
Succinea oblonga. Drap.
Pupa marginata. Drap.
Hélix conctnna,
» pMlchella, Miill.
Ces espèces ont , déjà été indiquées en partie par
MM. Prestwicb 0) et Ghellonneix; c'est dans cette même
division et dans une couche plus marneuse que celle où se
rencontrent les coquilles, que M. Robbe a découvert les
débris i^Elephas primigeniiis d(^jà signalés à la Société
par M. Ghellonneix (*). La couche B qui contient cette
faune correspond donc à notre diluvium des vallées (a^ de la
carte de France,) et à la craie remaniée de la falaise
de Brighton.
La couche C a fourni à M. Robbe une faune nouvelle pour
nous, j'y ai reconnu :
Purpura lapillus, Lin.
Liitorina liUorea, Lin.
> obtusata^ Lin.
Modiola modiolus. Lin.
Tellina ballhica. Lin.
Myfilus edulis. Lin.
Cardium edule. Lin.
Celte liste nous apprend à la fois qu'une faune marine
vivait dans le Pas-de-Calais au commencement de Tépoque
quaternaire, et que cette faune était la même que celle
qui vécut à l'époque romaine (*) dans le golfe voisin
(l) Prkstwich : Quart. Journ. Geol. Soc. novembre 1865. M. Preslwich
cite en outre à ce niveau Arion aler et Lima^v agreslis (p. 442).
(3) GHELLomiEix : Annal. Soc. Géol. du Nord, T. I, p. 88, 18*78.
(8) Debrat : Élude des tourbières du littoral flamand, Soc. des
Sciences de Lille, 1818.
— 183 —
de TAa, et qui vit encore de nos joars (^) sur cette
même côte.
Les coquilles sont assez mal conservées dans le sable
grossier du diluvien de Sangatte, ce qui explique pourquoi
la liste n'en est pas plus complète. Toutes cependant se
retrouvent dans les Raised-Beaches d'Angleterre^ étudiées
par MM. Godwin-Ansten et Prestwich, et auxquelles nous
assimilons aussi par conséquent la plage soulevée de
Sangatte. La faune de cette époque dans le sud de TAngle-
terre, a été étudiée par M. Gwyn-Jeffreys, la compétence
bien connue de ce savant nous engage à reproduire ici
son appréciation des caractères de cette faune, puisqu'elle
existe aussi (quoiqu'à peine connue) en France, du
Pas-de-Calais à TOcéan^ de Sangatte à Kerguillé en
Bretagne (*).
D'après M. Gwyn-Jeffreys {*) les espèces des Raised-Beaches
sont plutôt septentrionales que méridionales, il n'a pas
reconnu pourtant parmi elles d'espèce arctique, mais encore
moins de formes méditerranéennes ou lusitaniennes. Toutes
ces espèces se trouvent sur les côtes actuelles de l'Angleterre,
entre les Shetlandes et le Yorkshire , à l'exception d'une
seule, qui lui paraît nouvelle, la Rissoa subcylindrica. Une
autre espèce Trochus helicinus n*a pas encore été rencontrée
au midi du Yorkshire, ou de la baie de Dublin ; le Trochus-
umhilicatus (du Raised-Beach de Portrush) a été trouvé
jusqu'à Stornoway dans les Hébrides. Toutes les coquilles
appartiennent à la zone littorale.
(1) La Modiola modiolus ne fait pas exception, M. de Guerne m*a
assuré l*avoir trouvée communément à marée basse à Wimereux, où
elle vit au bas de Teau.
(2) Annal. Soc. Géol. du Nord, T. IV, p. 186, 18T7.
(3) Quart Journ. GéQl. Soc. 1875. p. 52.
— 184 —
Séance du il Avril 1880.
é
Le Président •annonce la mort de M. ivyst, membre
associé. La Société décide qu'une notice nécrologique sera
lue à la réunion extraordinaire sur notre regretté Confrère.
Le Président fait aussi part du décès de M. HermUe*
membre correspondant.
M. Ladrière fait la communication suivante :
Observations sur le Terrain créiacé
des environs de Bavai.
Dans une excursion aux environs de Bavai, j*ai pu étudier
quelques tranchées nouvellement établies dans le terrain
crétacé de cette région ; les notes que j'ai recueillies m'ont
paru présenter un certain intérêt, c'est pourquoi je me
permets de les communiquer à la Société.
A St-Waast-lez-Bavai, sur la rive droite de l'Hogneau, le
chemin de fer de Yalenciennes à Douzies entame assez
profondément les psammites du Gondros. Les bancs relèvent
au N. et leur extrémité au lieu d'être nivelée comme cela se
voit généralement, présente au contraire de nombreuses
dépressions ; dans Tune d'elles, il existe un petit lambeau de
poudingue ferrugineux, jaunâtre, avec points verts de glau-
conie, renfermant de nombreux galets de quarz blanc, de
psammites et de schistes dévouions. Cette roche qui a
beaucoup d'analogie avec le Tourtia de Montignies-sur-Roc,
contimit les fossiles suivants :
Otodus appendieulatus. Rhynchonella icUissima,
Spondylus striatus, Cidaris vesiculosa.
Terebratula iineata. — àirudo.
— ' depresstt»
Att-dessos, ily a on sable argilenx, rerdâtre, glaucooifèra, .
dans lequel i'ai trouvé de très nombreas fossiles, enir'antrea :
Lamna, TerebraluUna graciUt.
Vermtcularia ambcmitta. — rigida.
Janira guadricoslala. — atriala.
Oïlrea hippopodium. Rhync/tonella talUsima.
— lulcaia, Cidaris Sorigneti.
~~ tateralis. • — Airudo.
— Bayteif — veskvioia-
Spondytug tlriatus. MiÈTies.
-- spitumti. Ëponges(t. ab,)
Tonl cela est recoarerl par une faible couche de marne à
Terebratvlina gracilis.
La coacbe argilo-rerdSlre me semble appartenir à la zone
à Beletnnites plenus; elle est identique à celle qne j'ai
signalée près du château de ftametz et dont M. Barrois a
parlé dans son travail sur le Terrain crétacé des Ardennes.
Au pont de Beitrechies, sur la roule de Bellignies,
j'ai relevé une coilpe beaucoup plus complète que la
Tranchée de Beitrechies.
- 186 —
Dans une poche des terrains primaires, on voit la sncces-
sion de couches saivantes :
a Limon de lavage grisâtre, sableux y fin , avec Hélix
nemoralis et pomatia , Cyclosioma elegans, etc. 0,40
b Limon brun-jaunâtre, argileux, renfermant dans toute
la masse et surtout à la partie inférieure une quantité
de petits éclats de silex. 0,45
c Argile verdâtre. très pure, très plastique, se divisant en
fragments parallélipipédiques assez volumineux : c'est
la marne de la Porquerio de M. Gosselet. On trouve à
la base quelques rares galets de silex. 0,20
d Marne blanchâtre, argileuse, à Terebratulina gracilU.
0,30
Plychodus mamillaris Inoceramus Brongniarli.
Oslrea àippopodium, Rhynchonella Cuvieri.
Spondylus spinosus.
Marne verdâtre , argileuse, glauconifëre, à Belemf^Ues
plenus (t. ab.) 0.10 à 0,20
Dentalium déforme, Spondylus spinosus,
Oslrea suicata — striatus.
— àippopodium. Cidaris veéiculosa.
f Sable glauconifère à Pecten asper (t. ab.) 0,10 à 0,30
Ostrea phyllidiana. Oslrea nummus,
g Sable argileux, brun-verdâtre, avec nombreux galets de
grès rouge et de sarrazin formant une espèce de
conglomérat. 0,20 à 0,40
On y trouve quelques Pecien asper et de nombreux
fossiles roulés parmi lesquels M. Barrois a reconnu :
Plychodus polygurus. Janira quadricoslala.
Pleurolomaria. Trigonia.
Cyprina ligeriemis. Eponges ( Ventriculites) .
Arca malleana. Bryozoaires.
— 187 —
h Sarrazin de Bellignies. Calcaire coqniller, très dur,
formé de débris de fossiles, de grains de limonite et
de galets, empâtés dans un ciment calcaro-ferru-
gineox. 0,50
J'y ai trouvé :
Ptychodua décor ens. Rhynchonetla compressa.
Janira quadricostata, Cidaris vesicalosa.
Ostrea carinata. — àirudo.
Oslrea f Quantité d'épongés
i Argile jaunâtre, calcaire, schisto/de, contenant des
grains de quarz blanc assez gros. * 0,30
i Argile brun-violet, plastique, très douce au toucher. 0,30
k Sable grossier, quarzoferrugineux 0,20
l Argile brun-violet, très pure. 0.20
m Calcaire de Givet (zone supérieure). 2™
Dans le bois d'Encade, le long du chemin de fer de
Cambrai à Dour^ il existe, à la surface du calcaire dévonien,
(une foule de petites dépressions contenant des dépôts
identiques à ceux que je viens d'indiquer. Je me bornerai à
lonner le détail d une coupe que j'ai prise vers le milieu du
lis, elle montre de haut en bas :
a Limon récent, très fin, très doux, avec petits éclats de silex.
h Petit lit de silex brisés.
larne de la Porquerie.
[Châtre, à Terebratulina gracilis.
[arne verdâtre.
îre, avec Pecten asper.
avec v^^» asper, galets de grès rouge.
argileux,
h Sarrazin de Bellignies.
Argile plastique, brun-vHt.
lits de sable fin .^p^aouleux, blanc ou jaunâtre,
its de quarz et de phtanite de
iioolithiqueou géodique, plaques
de limonite passant au grès ferrugineux,
m Calcaire de Givet (zone supérieure].
- 188 -
Enfin, an bois d^Angre, en crensant une tranchée an lieu
dit la Fontaine Lhermite, on vient de rencontrer également
à la sarface des terrains primaires différentes conches
aachéniennes : argile blea-noirâtre et sable grossier ferru-
gineux.
Ces diverses observations établissent d'une manière
évidente la position du sarrazin de Bellignies entre les
dépôts aachéniens et la zone à Pecien asper; elles moptrent
de plus que, dans notre région, il existe en certains points, à
la base des couches* à Pecien asper y un niveau de fossiles
roulés, semblable à celui que H. Barrois a signalé dans
r Aisne et les Ardennes.
H. lioMelet fait la communication suivante : •
Sondage de Henln.
J'ai rhonneur de présenter à la Société, de la part de
M. le baron Van Ertborn, des échantillons provenant du
sondage de Menin. M. Van Ertborn fait gracieusement don
de ces échantillons au musée géologique de Lille.
Les ouvriers sondeurs ont relevé la coupe ci-jointe :
- Profondenr Epainenr
Terre végétale o 50
50 Sablejauoe légèrement argileux .... o 80
1 80 Sable Jaune Q 10
9 50 Limon jaane 1 50
Limon grisâtre 8 00
18 10 Limon gris bleuâtre . ^ ...... , 1 20
Sable et fossiles 1 10
Cailloux • 20
20 » Argile bleuâtre 85 *75
55 '75 Une pierre 25
Argile bleuâtre 8 00
La môme plus plastique. ....... 9 00 ,
68 » Argile sableuse grisâtre 1 50
Argile très dure ..*....... 1 50
1
- 189 —
71 » Argilite • • • ^^
Argile verte sableuse ... ^ ... . 50
76 50 Argilite 8 50
Argile . . . .' 3 00
Argile très dure 5 90
Une pierre , 10
Argile très dure 2 00
Une pierre . , 42
Argile Ires dure 2 58
Une pierre 85
Argile très dure 2 85
Une pierre 12
Argile très dure 9 18
Argilite 1 95
Argile très dure 40
Une pierre tendre o 75
Argile dure i 10
Une pierre dure ' 15
Argilite 2 oo
113 50 Craie blanche 16 30
Silex . • • 85
Craie blanche o 85
Silex 42
Craie blanche . . . ' 2 58
134 » Marne grisâtre avec silex noirs 6 oo
140 » Marne bleuâtre avec silex grisâtre .... 12 90
. 152 90 Pierres bleues brisées, cailloux et coquilles .
155 00 Pierre bleue, la source augmente de 5 lit. par minute.
156 00 id id id 7 lit. par minute.
156 50 La source s'élève à 130 lit. par minute môme •
pierre.
J'ai examiné les échantillons et je les ai classés de la
manière saivanle :
Profondear. ÉpaiaMor.
0"50 Sable argileux. \
1 80 Sable. I
8 00 Sable fin, argileux. ^Quaternaire. 20"Oo
9 50 Sable plus fin, glauconifère.
18 70 Sable à gros grains, silex, débris de coquilles.
— 190 —
20 00 Argile grise. Argile de Roubaix 35 75
55 '75 Argile grise, plus plastique. Argile d*Orchies 12 25
68 00 Sable gris, glauconifère, à grains fins. ) Sable
'71 50 Sable plus glàuconifére. ) d'OstricourL 8 50
76 50 Argile sableuse, grise. \
88 90 Argile plastique, grise. > Argile de Louvil 8*7 00
97 22 Argile avec débris de craie. ;
113 50 Craie blanche. Sénonien. 20 50
134 00 Craie marneuse, grise. )^ .
140 00 Dièves. JTuronien. 18 90
Les derniers échantillons rapporiés'par la sonde sont composés de :
Dièves.
Silex gris foncé, à cassure conchoïdale.
Craie grise, avec parties siliceuses et peu de glauconie.
152 90 Les échantillons provenant de ce niveau sont composés de :
Marne grise.
Calcaire concrétionné
Galets de dolomie.
Nombreux fossiles :
Pseudodiadema, Spondylus t. vois, de slriaius Goldf.
Cidaris dissimilis. Oslrea Lesuerii d'Orb.
Oslrea naumani Reuss. • Inoceramus.
Terebratula striala Schlot Osselets d'A stéries.
Ontoirochus Carleri Dunck.
Ces fossiles ont été déterminés par H. Barrois qui les
rapporte à la zone à Bel. plenus.
Cénomanien. 2 50
1 55 Dolomie grenue, avec cristaux Dévonien. 1 50
Si on compare ce sondage de Menin avec celai de Quesnoy-
sur-Deûle, dont M. Corenwinder nous a donné les échantillons,
et avec celui d'Halluin, ou a :
Menin. Qaesnoy. Hallnia.
Terrain diluvien ou quaternaire 20,00 12 \
Argile de Roubaix et d'Orchics 48,00 23 /
Sable d'Ostricourt 8,50 18
Argile de Louvil 37,00 28
Craie blanche (Sénonien) . 20,50 18,00
Craie marneuse (Turonien Cl Cénomanien) . 2l,oo .22,50
; 113,00
— 191 —
M. Daponclielle commence la lecture du compte-rendu
de l'excursion de la Faculté à Spa et dans TEifel.
Séance du 5 Mai 1880.
H. Gosselet lit la lettre suivante, de la part de H. le baron
Vao Crtborn.
Je crois vous avoir dit dans ma dernière lettre que
HH. Rutot et Vanden Broeck voulaient transformer le diestien
de Dnmont en quaternaire marin. J'ai suivi ce terrain des
environs d'Anvers, où je l'ai vu recouvert par les sables
scaldisiens à Trophon antiquum, jusqu'à Pellenberg, près de
Loavain. De ce point, je l'ai de nouveau suivi pas à pas
jusqu'à Hérenthals, où je Tai vu disparaître sous le Scaldisien.
La question est donc vidée, le diestien reste donc bien dans
le pliocène.
Cette recherche a nécessité un certain nombre de sondages
et m'a permis de faire une autre découverte. Vous savez que
près d*Hérenthals, des collines courent parallèlement à la
Néthe. Ces collines ont une vingtaine de miHres de hauteur.
Lear sommet est formé de grès ferrugineux fossilifères, et
leur base de sable blanc ou jaune, fin ou demi-fin, micacé.
Dumont a pris les grès pour son diestien; mais M. De-
walque a prouvé depuis qu'ils représentent, sur ce point, la
partie supérieure du scaldisien, c'est-à-dire le niveau des
Trophon (Ann. Soc. Géol de Belg. T. III).
Les sables (') qui se trouvent en dessous de ces grès que
Dumont considérait comme diestiens, il devait en faire du
boldérien, et, de plus, la ressemblance minéralogique est
frappante. De là son erreur.
Ces sables, je les ai vus reposer sur le diestien. Ce sont les
sdibles k Isocardia cor, partie inférieure du scaldisien. Cette
(1) Dumont désigne môme souvent le boldcricn sous le nom de sable
de Gaslerlë Gaslerlé et Lichtaerl, villages près d*Hcrenlhals.
- 102 —
erreur a en. pour la carte de Dnmont, une conséquence
grave, car il a représenté le N.-E. de la Belgique avec la
teinte bolderienne, et il faut la remplacer par le Scaldisien.
Cette indication de la carte avait beaucoup intrigué les
géologues; on ignorait le mobile qui Pavait amené à cela.
La solution de la question, la voilà. Cette solution n'était pas
bien difficile à trouver ; avec une bonne sonde et une bonne
équipe de sondeurs, nous avons abouti promptement.
Lettre à M le Maire de Tourcoing y
au sujet de Pétablissement d*un Cimetière,
Par M. J. OrUieli.
M. Ortlieb fait part à la Société que l'Administration de
la ville de Tourcoing s'est préoccupée de l'emplacement d'un
nouveau cimetière, et qu'il a été consulté sur ce sujet par
M. Roussel-Défontaine» maire de Tourcoing.
Comme rétablissement d'un cimetière touche par un de
ses grands côtés à la géologie autant qu'à Thygiène qui n'en
est qu'une conséquence, H. Ortlieb pense que sa réponse
pourrait peut-être offrir quelque intérêt pour la Société.
Voici cette réponse ;
Monsieur le Maire,
Ainsi que vous avez bien voulu me le dire dans notre
entrevue, la question des cimetières se rattache de la manière
la plus intime à Thygiène publique.
Étudiés au point de vue de leurs effets nuisibles, les
cimetières offrent à considérer les infiltrations aqueuses
chargées des produits divers provenant de la décomposition
des cadavres, puis les gaz et les miasmes qui, dans certaines
conditions, peuvent vicier l'air.
Si les cas d'altération de l'air sont très rares, il n'en est
pas de même de l'importante question des infiltrations
— 193 -
aqueuses chargées des produits divers de la décomposition
patride des cadavres. C'est, en effet, un point de vue qui
doit toujours préoccuper les personnes chargées de choisir
un emplacement pour un cimetière destiné à recevoir les
inhumations d une grande ville.
Le D^ Bouchardat recommande' de choisir un terrain
perméable^ poreux, non inondé ; mais il n^en dit pas plus.
Lorsqu'en 1873 ou 1874, MM. Belgrand, Delesse et Heuzel
se sont occupés de cette question pour la ville de Paris, ils
ont choisi la localité de Méry-sur-Oise, où l'on trouve sous
0<^>5û de limon et de terrain de transport diluvien» la puissante
assise sableuse dite des sables de Beauchamp.
Ces ingénieurs se sont certainement basés dans leur choix
sur des faits d'observation démontrant que la décomposition
complète d'un cadavre exige un temps d'autant plus long que
le sol est plus compacte, attendu qu'un tel sol conserve tous
les produits do la décomposition, et l'œuvre de la destruction
se ralentit de plus en plus, le sol étant devenu impropre à
opérer les changements qui constituent la putréfaction : il se
sature. Des sols ainsi saturés sont toujours malsains, surtout
si on les remue, môme après un temps extrêmement long. Il
faut donc, de toute nécessité, diriger les recherches vers un
terrain où la putréfaction puisse toujours faire son offlce.
Par contre, et là est recueil, dans nos environs, c'est que
si le sol est dune nolable perméabilité, il admet par cela
même facilement les infiltrations pluviales dont une partie
se vaporise, mais dont l'autre constitue la première nappe
aquifère du sous-sol. Autour de nous, cette nappe est très
exploitée, bien qu'elle offre le double défaut d'être très peu
filtrée et d'avoir un caractère intermittent, ce qui peut la
rendre dangereuse à la reprise. Les eaux de pluie en s'enfon-
çant dans le sol dissolvent les produits solubles, naturels ou
artificiels qu'elles rencontrent; elles acquièrent ainsi de
13
Annales de la Société géologique du Nord, t. th.
nouvelles propriétés qu'elles communiquent à la nappe
aquifëre, formant une tache de plus en plus étendue lorsque
la stratification est sensiblement horizontale, ou unetrainée
lorsque celle-ci est en pente. Il y a donc lieu d'envisager
également la structare et Thydrologie de votre canton. Cette
double considération soulève une question géologique que
Ton ne peut résoudre qu'en s'aidant, d'une part, des.notions
que Ton a pu recueillir dans les différents quartiers de
Tourcoing à propos de terrassements ou de foncages de puits
domestiques ou industriels ; d'autre part, à Taide d'une série
de sondages nouveaux, à entreprendre spécialement au point
de vue du nouveau cimetière.
En nous plaçant spécialement au double point de vue du
pays de Tourcoing, et des rapports du sol avec le sous-sol
généralement imperméable au nord de Lille, nous voyons
• qu'il y a également lieu d'éviter les localités où le sous-sol
imperméable pourrait être trop rapproché de la surface, parce
que la compacité de ce dernier nous mettrait facilement en
présence d'une zone trop humide, impropre à une prompte
destruction et par suite trop disposée à la saturation. Or,
comme tout le territoire de Tourcoing est formé par l'argile
tertiaire compacte, à quelques lambeaux près, qui sont un
peu plus. sableux, le tout étant uniformément recouvert par
le limon, l'emplacement le meilleur semble devoir coïncider,
• soit avec un ilôt sableux au milieu de l'argile tertiaire s'il
peut s'en découvrir un , soit avec un autre point où le limon
se présente sous sa plus forte épaisseur avec une pente
générale, non habitée, vers un ruisseau situé à quelques
centaines de mètres de distance, atin de profiter d'un
drainage spontané et d'une filtra lion souterraine assez longue
avant que les eaux du Champ de repos ne se rendent vers
leur écoulement naturel.
H. Dnponclielle continue la lecture du compte-rendu
commencé dans la séance précédente.
— 195 —
S* note sur le Famcnnicn. r-
Tranchée du Chemin de fer du Luxembourg. —
Les Sclftlstes de Barvaax.
Par M. GoMiclet.
LeFamennien est encore peu connu et on sait pourquoi (*).
En étudiant cette assise dans Touest du bassin de Dinant,
aax environs de Givet, de Philippeville, et surtout d'Avesnes,
j'ai montré que l'on peut y distinguer plusieurs niveaux
paléontologiques distincts. Il me reste à prouver que les
niveaux ont une certaine étendue. Dans l'impossibilité où je
me trouve d'entreprendre maintenant une étude complète de
ces couches, je dois me borner à publier mes observations à
mesure que je.les fais!
Grâce à l'obligeance de TAdministration des chemins de fer
de Belgique', qui m'a autorisé à parcourir à pied la ligne du
Luxembourg, je viens de reconnaître quelques faits dignes
d'intérêt.
A. — En sortant de la gare de Marloye, la voie ferrée
traverse des tranchées ouvertes au milieu des schistes à
nodules argilo- calcaires, faiblement inclinés au S -E., au S.
750 E et au N. 159 E Entre la station d'Aye on voit les
mêmes schistes plonger au S. 10» E.
Je n'ai pas recueilli de fossiles entre Marloye et Aye, mais
dans le prolongement des mêmes couches, du côté de
Marche, d'Hotton, de Barvaux, j'ai trouvé :
Camarophoria formosa, Spirifer pachyrhynchus,
Camarophoria megislana, Spirifer Verneuili, grosse variété.
B. — Au nord de la station d'Aye, on voit successivement
des schistes vert foncé avec nodules moins abondants.
Wiynchonella semiiœvis,
(1) Ann. Soc Géol. du Nord. t. IV, p. 303.
- 196 —
C — Schistes brunâtres et violacés avec les Spirifers à
ailes très allongées, de Barvaox. J*y ai recoeilli en outre :
Cyrtia Mvrchisoniana. Orfhoceras,
Spirtgera coiicenlrica, . Baclriles.
Hhynchonella, Convlaria.
Slreptorhynchus. Entomis seiTalo-slriataJ
Cette faune est intermédiaire entre celle du frasnien et
celle du famennien, mais le mélange peut être dû à ce que
ne voyant pas de limites minéralogiques entre cette couche
et la suivante, j^ai mélangé moi-même les fossiles qui eu
provenaient.
F. — Schistes verdâtres, brunâtres ou violacés, sans
nodules.
Spirifer Vef^neuiti. Productus subaculeatus.
Spirigera reticulata. Càoneles.
Rhynchonella Omaliusi.
G, — Schistes verdâtres.
fl. — Schistes verdâtres
Cyrlia Murchisoniana, Rhynchonella pugnus.
Rhynchonella Orna linsi • Productus suùa culea tus .
K, — Schistes verdâtres quelquefois violacés, contenant
quelques nodules.
Spirifer Verneuili^ Irès abondant.
M, — Schistes verdâtres, incl. S. 35" E = 55«.
Spirifer Verneuili. RhynchoneUa Omaliusi.
Cyrtia Alurchisoniana, Productus subaculeatus.
Spirigera reticulata.
Tranchées de Sérinchamps.
N. — Schistes verdâtres, à grandes lames; incl. N. 2(^ 0.
Cyrtia Murchistmiana, Rhynchonetta.
— 197 —
0. - Schistes verls, compactes.
Cyrlia Murcàisoniana. Rhynchonella Iriœgualis.
SpiriyeraRoyssi, Streptorhynchus, (<).
P. — Schistes bleus.
Q. — Schistes plus psammiliques, incl N 55« 0.
Spirifer Vemeuili, Productus éubaculealus.
Cyrtia Murchisoniana Belleropàon,
R, — Schistes compactes gris, en masses qu^on enlève à la
mine, peu de fossiles.
Camarophoria crenulûta.
Tranchée de Basse.
S. — Schistes verdâtres à divisions très irrégulières.
T. — Schistes bleus, compactes, incl. N. 45» 0.
V. — Schistes verts, compactes.
Tranchée d'Raversin.
V. — Schistes calcarifères.
Cyrtia Murchisoniana. Rhynchonella Iriœgualis,
Spirifjera Royssi.
X. — Schistes avec nombreux nodules calcaires.
Z. — Psammites verls, plissés.
Spififer Vemeuili. Rhynchonella leliensis.
Z'. — Psammites avec banc nodulaire.
Ainsi , j'ai retrouvé dans les schistes de Famenne du
Luxembourg, les mômes zones fossilifères que j'ai reconnues
dans le Hainaut et dnns TEntre-Sambre-et-Heuse.
(1) Cette espèce se retrouve à Senzeilles et à Saios (schistes de Sains).
— 198 —
Les diverses couches que j*ai indiquées plus haut, peuvent
se grouper de la manière suivante :
A, B. — Zone à Rh, culoides, caractérisée par :
Camarophorta megistana. RhynchonellaseniUœois^ elc.
C. — Zone à Cardium palmatum*
JB, G, fl, Ky M. -r- Zone à Rh. Omaliusi^ caractérisée par:
Cyrtia Murchisoniana, Rhynchonella Omalivsi.
Spirigera reticulala»
N, 0, P. 0, B, S, T, ir, 7, X. — Zone à Rh. Dumonti,
caractérisée par :
Cyrtia Murchisoniana, Rhynchonella triœqualis.
Spirigera Royssi.
Z. — Commencement de la zone à Rh. Lèliemis.
J'ai peu d'observations à faire au sujet des couches supé-
rieures. Je constate seulement que dans le Luxembourg, on
retrouve les mêmes associations de fossiles que dans l'ouest,
on peut donc considérer ces niveaux paléontologiques
comme parfaitement caractérisés pour toute là partie sud du
terrain dévonien supérieur de la Belgique.
Les couches que j'ai rapportées à la zone à Cardium
palmatum demandent quelque réflexion.
Je n'y ai pas rencontré le Cardium palmatum dans les
tranchées du chemin de fer, mais j'y ai reconnu les fossiles
qui raccompagnent ordinairement.
Bactrites, Enlomis,
Dans les mêmes couches, ou dans des couches très
voisines, j'ai recueilli des fossiles qui annoncent la zone
suivante :
c. Murchisoniana, Orlhoceras,
Spirigera concentrica. Conularia.
Slreptorhynchus,
- 199 —
Il y a en oulre de grands Spirifers à ailes extrêmement
allongées, comme ceax que l'on trouve en très grande abon-
dance dans la tranchée de Barvaux.
Tout me porte à croire que les schistes de Barvaux
représentent dans cette région les couches à Cardium
palmalum.
La faune des schistes de Barvaux n'est pas très riche, les
seuls fossiles que j*y ai recueillis sont :
Sptfifer Verneuili, Strophomena bielensis,
Âtrypa reUcularis. Autopora repens,
Streptorhynchus elegans. Spirorbis.
Ces espèces n'appartiennent pas au Famennien, elles sont
plutôt du Frasnien.
Le Strophomena est une espèce peu différente peut-être de
Leptœna Duteririi, mais que je trouve constamment dans
le Frasnien.
Le Slreptorhynchus elegans ne m'est connu que du
Frasnien du Boulonnais.
La position des schistes de Barvaux n'a pas encore été
nettement définie au point de vue stratigraphique; il y a
quelques difficultés à le faire, à cause des nombreux ' plisse-
ments dont les couches sont affectées La grande tranchée de
Barvaux est parallèle aux couches et ne montre par conséquent
aucune relation.
Au S.-E. de la tranchée de Barvaux, j'ai relevé la coupe
suivante, il y a huit ans, avec HM. Charles et Jules Barrois.
Cette coupe montre : 1<» la coexistence dans les mêmes
couches des Cardium palmatum et des Spirifer à grandes
ailes dans des schistes violets qui ne peuvent être distingués
de ceux de Barvaux ; 2» la multiplicité des failles, des plisse,
ments et des renversements dans cette région.
— 200 —
Covpe du Famennien aux environs de Barvaux.
a Schistes violets contenant quelques nodules calcaires à
Cardium palmatum et Spirifer Yemeuili très allongés
b Schistes avec nodules et bancs calcaires, Spirifer Ver-
neuili, Camarophoria megistana, Acervutaria.
c Schistes à Spirifer Vemeuili très allongé, et Cardium
palmatum.
d Schistes avec nodules, Sp, pachyrhynchus^ Sp. Verneuili
C. megistana.
e Schistes à Cardium palmatum,
f Schistes avec nodules.
g Schistes violets, Spirifer Verneuili, à ailes très allongées,
Cardium palmatum,
h Schistes avec nodules, Spirifer Verneuili, individus gros
mais non ailés, iucl. S. 30* E.
i Schistes avec nodules.
k Schistes violets à Cardium palmatum, incl. Ë.
r r' K Failles.
Ainsi, les schistes de Barvaux sont inférieurs aux schistes
de Senzeilles, ils sont supérieurs aux schistes de Frasne ; ils
contiennent une faune frasnienne , et dans certains schistes
qui ne peuvent en être distingués, on trouve le Cardium
palmatum.
On peut donc les regarder comme correspondant aux
couches à C palmatum.
Les schistes de Frasne à nodules argilo-calcaires sont très
développés aux environs de Marche et de Barvaux, ils y
offrent tout à-fait le même aspect qu'aux environs de Givet,
mais quelques espèces fossiles sont remarquables par la
taille qu'elles y acquièrent, entr'autres Spirifer Verneuili^
Spirifer pachyrhynchus^Camarophoriamegistam, C. formo$a.
Ces quatre fossiles y possèdent une taille supérieure d'un
quart à la taille ordinaire. Ce fait, ajouté à ce qui a lieu
aassi pour les Spirifer Verneuili à grandes ailes, des
schistes de Barvaux, prouve qu'à Tépoque frasnienne^ le
rivage oriental du bassin de Dinant était très favorable au
développement de certains habitants des mers.
La base des schistes de Frasne est caractérisée dans le
Luxembourg comme dans TO. par la zone à Sp, Orbelianus,
Le Spirifer Orbelianus y est probablement rare, car je ne l'y
ai pas ramassé ; le point le plus oriental où je l'ai trouvé est
à Martousln, près Beauraing.
A Marche comme à Hotton, on rencontre à la partie
supérieure du calcaire de Givet, de grosses Atrypa reticularis,
Orthis striatula, Spirifer aperturatus^
Séance du 26 Mai 1880,
La Société décide qu'elle tiendra sa séance extraordinaire
del880,àSaint-Omer.
Le Secréiaire lit li note suivante :
Noie sur la présence de phosphates
dans le lias des Ardennes et de la Mease.
Par M. JaDDel.
L*dnnée dernière, H. l^Ingénieur des Mines, Nivoit. appe-
lait mon attention sur la présence possible de gisements de
phosphates dans le lias des Ârdennes. Il n'était pas sans
intérêt de se mettre à leur recherche, j*y consacrai toutes
mes excursions.
Les résultats obtenus méritent de fixer l'attention, bien
qu'ils ne permettent pas encore de provoquer les spéculations
de l'industrie , et dès maintenant il convient de les publier.
*<
— 202 —
M. l'Ingénieur Nivoit vient d^en présenter le compte-rendu
et Tanalyse à la Société Géologique de France; de mon côté,
je m'empresse d'en faire part à mes collègues de la Société
Géologique du Nord.
J'ai découvert des nodules :
1« Dans les grès inférieurs ;
i^ Dans le calcaire sableux ;
3« Dans le calcaire ferrugineux ;
40 Dans les marnes supérieures.
1® Dans les grès inférieurs.
On trouve Tacide phosphorique en concrétions dès la base
du lias. J'ai retiré de l'ancienne minière de Fleigneux
quelques nodules du minerai et du calcaire cot|uillier qui le
surmonte.
Les champs, dont le sol est formé aux dépens des grès
proprement dits, sont parsemés de nodules sur les territoires
de Floing, d'Illy, deSt-Menges. V Ammonites angulatm^ est
quelquefois transformée en phosphate.
Le banc à 3JontlivaUia sinemuriensis qui termine ce sous-
étage en renferme également.
Les nodules échappent à première vue, et il faut une
certaine attention pour les remarquer, ce qui sans doute est
cause qu'ils n'ont pas été signalés. Ils sont disséminés sous
l'aspect de petits graviers d'un gris cendré et de formes
diverses : mais leur légèreté, leur cassure violacée, cons-
tantes et caractéristiques, ne permettent pas de s'y méprendre
quand on les a vus une fois.
Je n'ai rien trouvé dans les calcaires à gryphées arquées.
2<' Dans le calcaire sablmx.
On les rencontre dans le sable et dans le calcaire. Dans le
sable, ils sont pulvérulents ou solidifiés; dans le calcaire, ils
ont l'apparence d'une auréole ou se dégagent sous le marteau.
- 203 —
Ils ont aussi la cassure violacée, sont plas volumineux que
ceax des grès et empâtent des fossiles. Leur forme est le plus
souvent ovoïde, ils atteignent jusqu'à 0,10 de longueur.
Malgré leur fréquence en quelques points, ils ne présentent
pas comme ceui du gault de couche continue exploitable.
L'une des carrières Est du mont 3ertaucourt, près de
Charleville, m'en a fourni quelques-uns. J'en ai recueilli
d'autres avec la gryphea obliquata dans la carrière de la
Ferme du Temple (territoire de Damouzy), dans celles de
Romery et dans la redoute du mont Bertaucourt.
Près de Mohon, le petit coteau qui, de Yillers, s^avance
dans le triangle de la gare, confient au milieu d une gaize
tendre, des nodules, des Gryphœa cymHum, des Belemniies
dont Bel. clavatus, des plicaiules, un grand peigne, une
pholadomie.
AAvioih (Meuse), on exploite dans la côte, au nord du
village, des calcaires bleus où les nodules sont nombreux et
accompagnent une pinna. une grande modiole.
On peut se rendre compte de leur abondance en examinant
le dallage de Téglise.
A Sapogne , les calcaires à Gryphœa cymbium en sont
également incrustés. Les champs qui s'étendent de ce village
à Margut (rive gauche du ruisseau de la Marche) sont
couverts de nodules, de Gryphœa cymbinum et lobata dont
rintérieur est quelquefois phosphaté, de fragments d'ammo-
nites transformés en phosphates, de plicatules, de plaquettes
ocreoses et de belemnites. M, Six y a reconnu Am, planiœsla
et Plicatula spinosa,
L^étude des ravins permet de mettre un peu d'ordre dans
toutes ces épaves En effet, on observe à la base des bancs de
sable et de calcaire dont les derniers se composent d'une
gaize tendre où se confondent des nodules, des Gryphœa
cymbium et lobata, des Plicatula spinosa, un grand peigne,
des Belemnites, et rappellent le gisement de Mohon.
— 204 —
Au-dessus s'élèvent quelques mètres d'un calcaire bien,
pyriteux, brunâtre par altération, avec lit de lumachelle
subordonné et quantité de nodules, A* Ammonites planicosta,
de Belemnites.
Ces calcaires sont surmontés par les ovoïdes et plaquettes
ocreuses et par les marnes grises dont Tensemble constitue
l'étage des marnes moyennes.
Entin, la côte est couronnée par le minerai du calcaire
ferrugineux.
J*ai exploré sans résultat les marnes moyennes à ovoïdes
sur les hauteurs qui dominent Hoiry et au fort des Ayvelles
où elles ont une puissance considérable.
3® Dans te calcaire ferrugineux.
Cet étage est bien connu dans les Ârdennes. IF commence
par un minerai quelquefois pisolithique en bancs ou dalles
grossières et se termine par des calcaires gréseux, gris;
verts ou bleus, brunâtres par altération. Les fossiles suivants.
y sont communs : Terebratula tetraedra et subpunctata, Am.
communiSy Pleuromya Jauberli, AesBelemnites.
Le minerai offre quelques rares nodules, mais les calcaires
sont particulièrement riches et remarquables et peuvent être
comparés aux zones à Gryphœa lobata et Am. planicosta. Les
nodules y sont pareillement volumineux, et, quoiqu'ils soient
inégalement distribués, on constate leur présence dans les
calcaires ou à la surface des champs, partout oii affleure
rétage, de Petit- Verneuil et LaFerté-Sur-Chiers à Si-Marcel
(vallée du Thin) où ils tendent à disparaître.
40 Dans les marnes supérieures,
La roule de Petit-Verneuil â Thonne-la-Long permet de voir
le contact du calcaire ferrugineux et des marnes supérieures.
Un lit dovoldes ocreux les sépare. Les marnes, d'abord
— «05 -
jaunes et micacées^ avec lits d'aoe gaize tendre» feuilletée, à
Am, serpenlinus ^ Inoceramus , deviennent noires et sont
divisées par plusieurs lits ferrugineux de lumachelle ou de
leolilles calcaires à Am, bifronsei Raquinianus: enfin, elles
redeviennent jaunes à la partie supérieure.
Les nodules sont dispersés dans toutei la hauteur de l'étage,
mais Taspect qu'on leur connaît d'habitude est bien changé..
Us sont petits, graveleux, le plus souvent de la grosseur
d'une fève, sunt noirs ou gris suivant les lits d'où ils
proviennent, et relativement lourds. Leur cassure n'est plus
violacée, mais gris cendré. Les nombreux débris A^Am raqui-
nianus sont également phosphatés.
Je les ai observés entre Grand et Pelit-Verneuil, au nord-
ouest de ce dernier village et entre Mairy et Âmblimont.
La teneur de tous les gisements en acide phosphorique
étant donnée dans la notice de M. Nivoit, je n'entre dans
aucun détail à ce sujet.
Mes explorations sont loin d'être terminées, et cependant
* Ton peut déjà dire que le lias est aussi riche en niveaux de
phosphates que la formation crétacée. La présence des
nodules libres au milieu du sol prouve qu'ils sont diffici-
lement destructibles et me font espérer de les trouver
accumulés quelque part.
A la suite de ce travail, nous nous proposons, M. llngé-
' nieur Nivoii et moi, d'entreprendre la monographie du lias
lorsque tous les matériaux que nous nous efforçons de réunir
seront au complet.
M. Ortiieb fait remarquer que dans un travail récent,
M. Riche a constaté jusqu'à 8 <>/» d'acide ptiosphorique dans
les eaux de la source de la Bourboule.
M. Cli. nanrlce commence la lecture du compte- rendu
de l'excursion faite par les Elèves de la Faculté, dans la
région volcanique de l'Ëifel.
- 206 -
H. Billet lit à la Société la traduction d'un mémoire de
M. Hugghes sur les mouvements du sol de la Grande-
Bretagne.
Séance du 2 Juin,
M. Clt.Manrlce continue la lecture du compte-rendu
de l'excursion de TEifel.
M. Cb. Barroifl fait une communication sur le granité
des Asluries.
M. GoBscict lit une note sur le Famennien.
4e Note sur le Famennien, Divisions à établir
dans les Schistes et les Fsainmltes des environs de
illiialieiise, par M, Gosselet.
Dans la 2^ Note que j'ai présentée à la Société sur le
Famennien 0, après avoir établi des niveaux paléonto-
giques dans ce que Ton appelait les schistes de Famenne, je
disais qu'il me restait à comparer ces couches schisteuses
avec les Psammiles du Gondros des environs de Maûbeuge.
J^avais déjà quelques faits pour m'aider dans cette compa>
raison. Je viens de les vérifier et bien qu'ils ne forment pas
encore un tout complet, je suis obligé de les publier pour la
deuxième édition de VEsquisse géologique,
A la base du Famennien des environs de Maûbeuge, on
rencontre des schistes argileux finement feuilletés, verts ou
noir-verdâtre. A la surface du sol, ils s'allèrent rapidement
et deviennent si fragiles qu'on a la plus grande peine à en
obtenir les fossiles. Geux-ci sont en grande partie des Lamel-
libranches d'espèces nouvelles. Le Spirifer Verneuili y est
abondant. Je désigne ces schistes sous le nom de Schistes de
Cousolre. Ils reposent directement sur le calcaire frasnien ou
sur les couches à A cervularia,
(1) Ann, Soc. géoi. du Nord, VI, p. 889. . *
— 207 -
A Golleret, on rencontre à une certaine distance au-dessus
du frasnien des schistes grossiers, moins fissiles, se divi-
sant en petits éclis prismatiques et contenant quelques
plaquettes de psammites
Ils sont très fossilifères. J'y ai recueilli :
Spirifer Verneuili.
Cyrtia Murchisoniana,
Rhynchonella Dvmonli,
et aussi de nombreux Lamellibranches. Les Schistes de
Colleret appartiennent certainemenlà la zone du Famennien
du sud que j'ai désignée sous le nom de schistes de Marien-
boorg ou schistes à Rhynchonella Dumonti.
Malheureusement je ne puis établir quelles sont exacte-
ment leurs relations avec les schistes de Cousolre. Ceux-ci
sont certainement inférieurs, mais peut-être ne sont-ils que
la partie la plus basse de la même zone.
A Wattissart, hameau de Jeumont, on voit les couches sui-
vantes, en commençant par les plus anciennes.
Calcaire frasnien à Cyalhophyllum hexagonum.
Schisles ei nodules calcaires à Acervularia.
Schistes verls, fissiles (i). (Schisles de Cc.usolre).
Espace caché.
Grès et psammilcs exploités pour pavés.
Schisles avec noyaux calcaires.
A Colleret, on voit la succession suivante :
Calcaire frasnien à C. hexagonum.
Schisles et nodules calcaires à Acervularia {V.
Espace caché.
Schistes de Colleret.
Grès et psammites.
U) Ce sont ces schistes dont on a voulu faire des ardoises.
(2) Je viens de reconnaître leur présence un peu à l*E de la scierie.
— 208 -r
Les deux coupes présentent chacune une lacune d'obser-
vation au point même où l'on devrait trouver la superposition
des schistes de CoUeret sur ceux de Cousolre.
A CoUeret, au-dessus des schistes de ce nom, et à Wattis-
sart, à une certaine distance des schistes de Cousolre, on
voit des grès et des psammites qui sont très développés
dans les environs de Maubeuge ; on les exploite dans plu-
sieurs endroits pour en faire des pavés ou des matériaux
destinés aux chemins.
Au N. de Cerfontaine, sous le fort> ils constituent un petit
bassin au centre d'un pli synclinal. Je les désigne sous le
nom de Grès de Cerfontaine On y trouve beaucoup de fossiles
et en particulier des Lamellibranches. Le Spirifer Verneuili
y abonde.
Le grès de Cerfontaine est surmonté à Wattissart par des
schistes verts remplis de noyaux calcaires; souvent ces
noyaux ont été dissous par les eaux chargées diacide carbo-
nique ; ils ont disparu, et à leur place, il ne reste plus qu'un
vide. Ces schistes à nodules calcaires se voient très bien à
Choisies, au Pont-des-Bôles; ils y sont associés à des schistes
verdâtres, luisants, et à des psammites beaucoup plus schis-
teux que ceux qui accompagnent le grès de Cerfontaine. Les
fossiles y sont rares, cependant j'y ai trouvé Spiri;er
Verneuili et Rhynchonella leliensis. Cette zone est assez déve-
loppée entre Maubeuge et Solre-le-Château ; on doit lui
rapporter les psammites^ dans lesquels on a ouvert la belle
tranchée de Solrinne, sur le chemin de Dlmechaux.
Autour du village de Dimont, on trouve des psammites
schisteux remplis de débris végétaux et associés à des
schistes avec bancs calcaires subordonnés. On y trouve
abondamment :
Spirifer Verneuili de grande taille et à larpie ar^i.
Rhynchonella letiensis.
- 209 -
J& les désigne soas le nom de Schistes de Dimmt. Ils sont
certainement supérieurs aux schistes de Choisies, et ils me
paraissent correspondre à la partie des schistes de Sains que
Ton rencontre entre la gare de Sains et le passage à niveau
de Sémeries.
Enfin, la zone d'Eirœungt existe aussi dans les environs de
Maubeuge. Elle y est formée de schistes alternant avec des
psammites et avec bancs épais de calcaire encrinitique.
Les fossiles que j'y ai recueillis sont :
Pàacops lalifrons. Orthis arcuata,
Spirifer Verneuili, Slreptorhyncàus crenistria,
Spfrigera concenlrica. Clisiophyllun Omaliusi,
Le calcaire est exploité à Damousies, Âibes, Quiëvelon :
je lui rapporte aussi les schistes avec bancs calcaires qui
forment un petit bassin au S. de Wattignies, sur le chemin
de Dimont. Il serait cependant possible que les schistes de
Wattignies dépendissent de ceux de Dimont.
Si on cherche à comparer le Famennien des environs de
Maubeuge avec celui des environs d'Avesnes, on peut établir
te parallélisme suivant :
Environs de Macbedge. Environs d'àyesnes.
Faciès arénacé ou septentrional Faciès schisteux ou méridional,
f Schistes de Cousoire. Schisles de Senzeiilcs.
Schistes dt; Colleret. Schisles de Marieobourg.
Grés* et psammiles de Cerfonlaine i ^ ^. ^ „ . . . *^
^. . . . . .. . /,. • ! Schistes de Sains, partie infér'*.
fcchistes et psAinmiies de Choisies ) -
Schisles et psammites de Dimont. Schistes de Sains, partie super'*.
Calcaire de Damousics et schisles Calcaire et schistes d'Eirœuagt.
do Wattignies.
Le faciès schisteux est riche en fossiles et particulièrement
en Brachiopodes et en Céphalopodes. Le faciès arénacé est
plus pauvre^ les Lamellibranches y dominent de beaucoup.
14
Annales de la Société géologique du Nord, t. vu.
— 210 -
Si^ dans ce dernier faciès^ les zones paraissent plus tranchées
au point de vue paléontologique, c'est parce que les sédi-
ments ont fréquemment changé de nature, tandis que là où
les sédiments sont restés schisteux pendant toute la durée de
répoqne famennienne, il y a passage insensible d*une faune
à rantre.
Je ne yeux pas entreprendre, pour le moment, la comparai-
son des couches que je viens d'étudier avec les diverses assises
que M. Hourlon à établies dans les psammites du Condros
en Belgique* J'espère que notre savant confrère voudra bien
faire lui-même cette comparaison et venir étudier le Famen-
nien du département du Nord, il se convaincra alors que Je
n^ai pas pris pour des schistes les produits de Taltération
du Psammite. J*ai une haute confiance dans l'expérience
quMl a dû acquérir au sujet de ces roches depuis le temps
qu*il les étudie; mais cependant je ne crois pas m'étre trompé
aussi grossièrement.
M. €h. Barrols, demande à M. ûosselet s'il peut rendre
compte des différences qu'il a constatées entre les deux
faciès.
M. Gosseict répond :
Si on examine les cartes géologiques que je. viens de cons-
truire pour la seconde édition de mon Esquisse, on reconnaît
qu'à l'époque du Dévonien supérieur, il y avait dans notre
région un bras de mer étroit faisant communiquer la mer
qui couvrait le nord de l'Europe avec celle qui s'étendait à
travers l'Atlantique jusqu'en Amérique. Ce bras de mer était
séparé de la mer d'Allemagne par un détroit situé aux
environs de Liège. Un courant dirigé de l'est à l'ouest venait
peut-être, en sortant du détroit, buter contre le haut fond
formé par la crête silurienne du Condros. Il s'y divisait en
deux branches. La branche septentrionale suivait le bassin
de Namur, la branche méridionale, après avoir tournoyé du
— 211 —
côté de rOàrthe, longeait la côte seplentrionale du bassin de
DinaDt. Partout où passait le courant, les sédiments étaient
peu épais et de nature aréoacée. Au contraire, dans le sud
du Bassin de Dînant, en dehors de Faction du courant,
les eaux moins agitées déposaient des sédiments plus
menus qui donnèrent naissance aux schistes.
Ce n^est pas seulement à 1 époque famennienne que ce fait
s'est produit ; il a duré pendant toute la période dévonienne.
Déjà aux époques gédiniennes et coblenziennes, les forma-
tions arénacées se produisaient presqu'exclusivement sur le
rivage nord du bassin de Dinant, tandis que le côté sud du
môme bassin, abrité par Tile silurienne de Stavelot ne
recevait guère que des sédiments de nature argileuse.
Séance du 16 Juin 1880.
H. Ejadrière lit la note suivante :
Note sur les tranchées du chemin de fer
d'HénIn-Llétard à Corwln.
Par M. Ladrière.
La région parcourue par cette ligne de chemin de fer
présente Taspect d'une vaste plaine légèrement ondulée par
quelques ramifications des collines de PArtois.
Deux larges sillons entament le sol assez profondément :
le canal de la Haute-Deûle, qui se dirige du nord-ouest au
sud-est, unissant La Bassée et Lille à Douai, et la Souchez
OQ Deûle proprement dite, qui vient de Lens et jette ses
eaux dans le canal à Courrières. .
En côtoyant la Deûle sur une grande partie de son cours,
la compagnie a pu éviter les principaux accidents de terrain ;
les plus grandes tranchées n'ont pas trois mètres de profon-
deur; les dépôts secondaires et tertiaires n'affleurent qu'en
un point, le terrain quaternaire seul offre quelque intérêt.
— 212^ —
Sar le territoire d'Hénin-Liétard, la TOie ferrée est établie
presque partout au niveau du sol, mais entre ce yillage et
Hontigny, on rencontre quelques petites tranchées do 0,50
à un mètre, creusées dans le limon. On y voit deux couches
parfaitement distinctes.
l<> A la partie supérieure, un limon fin, sableux, jau-
nâtre {limon de lavage), très doux au toucher, contenant
quelques petits éclats de silex et quelques nodules de craie ;
épaisseur moyenne 0,40.
On y trouve :
Sucdnea oblonga. Acàalina fasciculala.
J'ai ramassé à la base de cette couche plusieurs débris de
poterie grossière.
2*" A la partie inférieure, un limon brun-rougeâtre, très
argileux, fragmentaire (quaternaire ancien), partie visible
0.40.
Dans la gare de Hontigny, le sol est constitué par un
limon sableux, feuilleté, grisâtre, bariolé de veines jaunes
de limonite (alluvions récentes).
Il contient en abondance :
Vatvala piscinalis, Succinea oblonga.
Hélix puicMia, Zua lubrica,
— sericca- Cyclas.
Un peu plus loin, près du chemin du Marais, dans un
vallon transversal qui aboutit à la Souchez, la terre cultivée
consiste en un limon récent, noirâtre, tourbeux, avec
nodules de craie. Il ne renferme pas de coquilles terrestres,
mais j'y ai recueilli quelques fragments d'unies.
Il y a en dessous de ce limon, une couche de sable
argileux, gris-verdâtre, très fin, contenant une grande quan-
tité de nodules de craie, elle me parait également d'âge récent
et pourrait bien correspondre à celle que Ton rencontre à
Lille sous la tourbe, dans certaines constructions du boule-
— 213 —
YardYanban Un léger coteaa que la voie traverse avant
d'arriver à la stalion d'Harnes^ un peu au-dessus du chemin
de Fouquières, présente une constitution assez remarquable.
On y voit, formant pour ainsi dire le noyau central de la
colline, les trois couches suivantes qui appartiennent an
quaternaire ancien, ce sont de bas en haut :
10 Amas de nodules de craie, plus ou moins
Itrossiers et roulés, formantun véritable
diiuvium !■».
20 Limon jaune-clair, très sableux, grossier,
avec petits nodules de craie .... 0,30 à l".
30 Limon rouge-brun, fragmentaire, très
argileux, très pur . 0,15 à 0,80. ^
Au-dessus, il y a une couche qui semble avoir été formée
par le remaniement des précédentes, c*est le limon de lavage
que nous avons vu à Montigny ; celui-ci est gris-jaunâtre,
sableux, fin, il contient aussi dans toute sa masse de très
petits éclats de silex, quelques rares nodules de craie, quelques
fragments de poterie, etc.
On y trouve :
Succinea oblonga. Achatlna fasciculala.
Contre les flancs du coteau en partie dénudé, sont adossés
les dépôts modernes suivants :
l"" Limon grisâtre, sableux, feuilleté avec
Hélix pulchella, Succinea oblonga.
— sericea.
2o Limon noirâtre, tourbeux, recouvrant le précédent et
s'étendant même assez loin sur la hauteur.
J'y ai recueilli :
Hélix nemoralis. Umnœa limosa.
Succinea oNonya. Planorbif (eticostofifa,
Umnœa staçnaliSr
— 214 —
La craie blanche, fendillée, afOeufe dans la gare d'Harnes,
elle y est recouverte en partie par un petit lambeau de tuffeau
landénien, celui-ci est argileux et ne contient pas de fossilesi
il présente tout à fait les mêmes caractères que celui de
Lesquin- lez-Lille. •
Près du chemin de Courrières. on voit sur ce dépôt :
1® Amas de nodules de craie.
go Limon très sableux , jaune-clair , avec nodules de
craie.
3* Limon argileux, brun-rougeâtre.
Cette dernière couche affleure sur les plateaux,, mais dans
les dépressions du sol elle est surmontée et quelquefois même
remplacée par le limon de lavage.
Sur l'autre versant de la Souchez la constitution du sol
est identique à ce que je viens d'exposer. En effet, si l'on
traverse la rivière au village d'Harnes, par exemple, lors-
qu'on se trouve sur la hauteur, près du Moulin, le limon des
plateaux affleure; vers l'Église il diminue d'épaisseur et est
surmonté par une faible couche de limon de lavage qui
augmente d'importance au fur et à mesure que l'on descend
dans la vallée; plus bas enfin, c'est le limon noir, tourbeux^
avec hélix que l'on rencontre à la surface du sol.
En continuant à suivre la ligne du chemin de fer, on peut
avant de franchir le pont établi sur la Souchez, étudier
encore dans une petite tranchée les deux couches d'alluvion
dont j'ai déjà parlé, savoir :
io Limon tourbeux, noirâtre, contenant :
Bithynia téntaeulata. Planorbis complanattis.
Hélix serieea. Pisidium amnicum^etc,
Limnea paluslris,
2o Limon gris, sableux, feuilleté, avec quelques débris de
poteries grossières à la base, il renferme :
fielix pulchelta. Suçcinea oblonga.
— 215 —
Mais c'est surtout de Tautre côté du cours d^eaa, et parti-
culièrement dans la gare de Courriëres que les dépôts récents
sont bien développés.
En cet endroit^ la voie ferrée coupe transversalement
Textrémité orientale d'une colline qui aboutit à la Deûle ;
dans le milieu de la tranchée', on observe ce qui suit, de bas
en haut :
1* Limon sablo-argileux, gris-jaunâtre, panaché, ren-
fermant une grande quantité de sepiarias et
quelques nodules de craie.
2** Limon sableux, grisâtre* avec veinules blanches,
contenant également des septarias et de nom-
breuses poupées.
3» Limon de lavage.
Les couches m» i et 2 qui appartiennent au Quaternaire
ancien ont été profondément ravinées. Le flanc sud-
ouest de la colIiDe est recouvert par le limon gris-sableux, à
Succinées, et par le limon tourbeux avec Hélix.
Sar le versant nord-est il y a, à la séparation des couches
anciennes et récentes, un lit de poupées, de septarias et de
nodules de craie remaniés, puis au-dessus, on voit :
i"* Limon sableux, grisâtre^ renfermant en immense
quantité :
HHix pulchella. Limnœa stagnalis.
— serieea — iimosa,
Succinea ofeifTeri, — truncatula.
2» Petite veinule d'argile noire, tourbeuse, assez pure.
3^ Limon gris, feuilleté, avec nodules de craie et poupées,
renfermant les mêmes coquilles que la couche n^ 1.
ÂP Limon noirâtre , tourbeux , recouvrant les couches
précédentes.
- «6 —
J'y ai recueilli :
Bythinia tentacula. Limnœa stagnalis.
Ileiix memoralis. Physa hypnorum,
Zonilen — Planorbis fœvis.
Sxicdnea obionga, — ieucosioma,
Limnœa limosa, • — complanalus.
— truncatula, Cycias scatdiana.
— auricula, Pisidium amnicum.
ACourrières, l'établissement d'un pont sur le canal a
nécessité des travaux importants. Sous les différents dépôts
dont je viens de parler, on a rencontré une argile grisâtre,
feuilletée, q^ui représente, je crois, la partie inférieure de
rassise Landénienne.
M. Meugy signale, en effet, Targile landénienne sur une
grande partie du territoire de Carvin. Un forage creusé entre
Oignies et Courrières, non loin du point qui nous occupe, l'a
également traversée sur plusieurs mètres d'épaisseur.
Près du canal, la partie supérieure de l'argile est remaniée,
on y trouve quelques coquilles terrestres et fluvlatiles.
Sur le flanc de la vallée, en montant vers Carvin, on revoit
encore le limon noir, tourbeux^ avec Hélix, il recouvre un
véritable diluvium formé de sable vert, de nodules de craie
et de silex roulés assez volumineux ; un peu plus haut, vers
le chemin des Préaux, à 200 mètres environ du lit de la
Deûle, le limon tourbeux disparait et ce n'est pas encore le
limon des plateaux qui affleure à la surface du sol.
Dans la tranchée, on voit de bas en haut :
lo Limon jaune-clair, sableux, grossier, avec nodules de
craie.
2o Limon grisâtre, bariolé de veines de limonites rou-
geâtres ou jaunes et de veinules blanches dé sable fin ; il
renferme :
Bythinia tentaciUa, Succinea obionga.
ffeligs sericea* ^mlubricu-
— 217 -
Un petit lit de poupées et de nodules ferrugineux indique
nettement la séparation de ces deux couches qui appartien-
nent la première au quaternaire ancien^ la seconde au
quaternaire récent.
Au fur et à mesure qu'on s^élëre sur le plateau, le limon
de lavage diminue dMmportance. A ciriquante mètres environ
du passage à niveau, j*ai relevé la coupe suivante :
1* Limon jaune-clair, sableux, fin, avec petits
nodules de craie disséminés dans la
masse ou formant des veinules irrégu^
iières de 0,10 à 0,80 d'épaisseur. ... 1".
2* Limon rouge-brun, très argileux, très pur.
(Limon des plateaux) i»
ao Limon sableux, gris-jaun&tre, très fin (limon
de lavage), avec Succinea oblonga.
Achalina fasciculata. 0.15 à 0,B0
En avançant vers Carvin, la voie ferrée s'exhausse peu à
peu, les quelques tranchées que Ton rencontre ne traversant
plus la couche supérieure du quaternaire ancien ne méritent
pas d'être signalées.
M Ch. Barrold lit une note sur les kersantites récentes
des asturies.
Séance extraordinaire du 20 Juin à Salnt-Omer.
Discours de M. Panl Halles, Président.
Messieurs,
Le but que notre Société se propose, en se réunissant tous
les ans dans Tune des villes du Nord de la France, est un but
de propagande..
Répandre le plus possible le goût de la géologie, vulgariser
cette science si attrayante et si éminemment utile, faire de
bonnes recrues : tel est le résultat que nous désirons
Atteindre.
— 218 —
Attirer les nonveanx prosélytes dans le sein de notre
Société, lenr ouvrir notre bibliothèque dont Timportance
s^accrott tous les jours, leur procurer les moyens de publier
leurs observations ; tels sont les avantages que nous oITrons
aux hommes désirenxdesinstruire ou d'apporter leur modeste
contingent de matériaux à cet édifice immense qui s'élève
tous les jours et qui restera toujours inachevé : i la Science.
Les avantages que nous leur offrons sont réels, car nos
.Annales sont aujourd'hui répandues dans le monde entier,
et sont lues partout, chose rare, vous le savez, pour une
publication faite en province, et qui démontre bien la valeur
qu'on accorde aux travaux de notre Société.
L'importance de la Géologie, considérée au point de vue
«
de la science pure, est considérable.
Les notions qui nous sont fournies par la Géologie n'ont-
elles pas la même valeur, n'offrent*elIes pas le môme intérêt
que celles que nous enseignent les autres sciences?
Quel spectacle plus digne d'attrait que celui des transfor-
mations lentes, mais continues, qu'a subies notre planète
depuis son origine ?
La mer modifiant sans cesse ses limites, les continents
successivement envahis puis abandonnés par les eaux, les
bouleversements grandioses dont nous retrouvons les traces
encore imposantes, les variations climatériques, l'évolution
lente et graduelle des êtres organisés s*accomplissant à
travers des siècles sans nombre^ tous ces phénomènes que
nous révèle la Géologie, sont certes bien propres à captiver
les esprits! La terre, ce soleil encroûté, comme rappelait
Laplace, étant le seul astre que nous puissions fouiller à
notre aise, n'est-il pas juste que nous cherchions, par une
étude approfondie de son histoire, à satisfaire, du moins en
partie, ce désir irrésistible qui nous pousse à pénétrer tou-
jours plus avant dans le détail des grandes lois qui régissent
l'univers ?
— 219 -
Je n'essaierai pas défaire passer sous vos yeux la série des
cartes et des paysages antiques de notre planète, tels que h
science géologique nous permet de les tracer. -Cette tâche
serait de beaucoup au-deseus de mes forces. Je me conten-
terai d'emprunter au livre de Thistoire de la terre une page
qai vous intéressera peut-être, car elle concerne une époque
presque moderne du pays où nous nous trouvons réunis
aujourd'hui.
Je veux parler de la tourbe que nous rencontrons sur tout
notre littoral flamand.
Il me sera facile de traiter ce sujet, grâce aux remarquables
travaux de savants que notre Société s*houore de compter
parmi ses membres, HM. Gosselet, Debray et Rigaux.
La tourbe, cette houille récente, forme une couche régu-
lière que Ton peufsuivre depuis Sandgatte jusqu'en Hollande.
EUo renferme de nombreux débris végétaux. Les mousses,
les Equisetum, les Joncs, les Typha, les Iris et un grand
nombre d'arbres vivant encore dans nos forêts actuelles, s'y
rencontrent abondamment. Personne n'ignore que c'est
précisément le carbone de ces plantes qui donne à la tourbe
sa valeur comme combustible.
Les coquilles appartiennent toutes à des espèces d*eau
douce ; Tabsence complète de coquilles marines est impor-
tante à constater, car elle nous démontre que la tourbe s'est
formée dans un 4errain marécageux^ à Tabri des incursions
delà mer.
Les Insectes, agents ordinaires de la fécondation chez les
plantes, ont aussi laissé de nombreux débris dans cette
couche d'origine essentiellement végétale.
Mais je me hâte de vous parler de l'homme des tourbières
qui nous intéresse bien autrement.
On connaît -aujourd'hui un certain nombre d'objets de
Tindastrie humaine, qui ont été trouvés tant dans les tour-
bières du littoral que dans celles de la Somme, et qui offrent
^220 —
nn intérêt considérable pour la détermination de Tâge de
notre tourbe.
Ce sont des haches en silex po!i, des pointes de flèche en
silex, des grattoirs en silex, des os dirersement travaillés et
ornementés, une gaine de hache avec casse-téte en bois de
cerf, des poteries grossières, durcies au soleil, antérieures à
l'époque gallo-romaine, en un mot, tous objets indiquant
nettement Page de la pierre polie^ Ces trouvailles archéolo-
giques ont été faites toutes à la base et dans ri&térieur même
de la tourbe.
A la partie supérieure, on trouve des poteries grises ou
rouges, gallo-romaines, dont quelques-unes en parfait état
de conservation, des haches et des fers de lance en bronze,
des objets en cuivre et des médailles romaines de Domitien,
d'Adrien, de Faustine mère, de Quintilte et de Posthume.
Cet exposé rapide nous montre que la tourbe est contem-
poraine de la pierre polie, qu'elle a été habitée par les
Gaulois, et que ses dernières couches datent de la domination
romaine ou même sont postérieures à cette domination.
Les hommes qui fabriquaient ces haches et ces flècbes en
silex poli que nous exhumons aujourd'hui, habitaient nos
tourbières.
Bien que Ton n*ait pas encore rencontré, dans ce terrain,
de vestiges d'habitations, nous pouvons croire, par analogie,
que les terrains marécageux où se formait la tourbe portaient
plusieurs cités établies sur pilotis et composées de cabanes
construites à l'aide de branches d'arbres tressées et couvertes
d'argile à Tintérienr, ainsi que nous l'indique César. Des
cités semblables, datant de la même époque, ont été décou-
vertes sur les bords des lacs de la Suisse, de la Savoie, et
dans notre pays même, à Uouplin.
Il est infiniment probable que les hommes de notre littoral
devaient construire comme ceuxd'Houplin ; et, dans cette loca-
lité, M. Rigaux a retrouvé desPalaffites de l'époque néolithique.
— Ml -
Ces habitations étaient reliées aux rires du marécage par
des ponts mobiles que les hommes levaient sans doute le
soir, pour se mettre à Pabri des animaux sauvages» ou encore
quand ils craignaient un assaut de Tennemi.
Nous possédons, des hommes de cette époque, plusieurs
ossements, des crânes et un squelette entier, trouvé à Âveluy
par M. Debray, et qui a figuré à l'exposition de 1878. Le crâne
de ce dernier squelette présente, au-dessus de Tapophyse
mastoïde gauche, une perforation de forme irrégulièrement
elliptique, de deux centimètres environ de diamètre. Comme
ce crâne a été transporté à Lille avec la masse de tourbe qui
Tenveloppait encore entièrement, comme il a été dégagé petit
à petit et avec le plus grand soin dans les laboratoires du
Musée de notre ville, il ne parait pas possible d'attribuer la
perforation que je viens de signaler à un coup de pioche.
D^ailleurs, les contours en sont trop nets, et plusieurs anthro-
pologistes qui font autorité dans la science ont admis qu'il y
avait ici un de ces cas de trépanation sur lesquels Tattention
a été appelée, il y a quelques années, par H. le D^ Prunières
et par M. Broca.
Le premier de ces sarants a étudié un grand nombre de
crânes ainsi perforés et provenant des dolmens.
Il résulte de ses observations que les populations de
l'époque néolithique devaient faire très fréquemment Topé*
ration du trépan. D*autre part , « nous savons , dit
» M. Prunières, par les récits des voyageurs, que beaucoup
> de peuplades sauvages pratiquent aujourd'hui encore et
> journellement, souvent môme pour des mobiles insigni-
> fiants, cette opération devant laquelle hésitent nos plus
> illustres chirurgiens, i Dans quelques lies de la mer du
Sud, les maux de tête, les névralgies, les vertiges et autres
affections analogues sont traitées par la trépanation. Certaines
tribus kabyles ont également recours à ce genre de traitement
pour des maladies relativement peu graves.
— 224 —
Od sait aussi < qa*à la fin du siècle dernier, c'était nn
> principe généralement incontesté que toute fracture da
> crâne réclame l'emploi du trépan sur le point où elle
> siège ; et ce principe fut admis par TAcadémie jusqu'au
> moment où Desault et Bichat tentèrent de le renverser. »
Des chirurgiens de grande valeur ont même «: recommandé de
» traiter les fractures simples du crftne par Tapplication
» préventive du trépan, sans attendre les accidents. >
Cette pratique très ancienne a pris bien certainement son
origine dans des faits d'observation, car les hommes de la
pierre polie, comme tous les peuples sauvages, étaient* de
bons observateurs, ainsi quMlest facile de s'en convaincre en
examinant leurs dessins, d'un réalisme souvent complet.
La vue d'une plaie du crâne donnant lieu à des accidents
épileptiformes, puis s'abcédant et guérissant enfin spontané-
ment après que quelques esquilles osseuses auraient été
rejetées au dehors, a peut-être suffi, comme Texplique
H. Prunières, pour faire de la trépanation une pratique
chirurgicale qui aurait ensuite été étendue à une foule
d'autres cas.
Peut-être même la superstition a-t-elle poussé les hommes
de l'époque néolithique à porter ces esquilles dans le but de
se préserver de certaines maladies. Cette manière de voir
nous expliquerait une autre coutume qui consistait à découper
post mortem des rondelles osseuses autour des perforations
crâniennes qui avaient été suivies de guérison, et à les percer
d'un trou pour les porter comme amulettes.
Cette croyance superstitieuse, qui nous fait sourire
aujourd'hui, s'est pourtant transmise, bien que sous uue
autre forme, presque jusqu'à nos jours. En effet, au XVIIP
siècle encore, la poudre de crâne humain était employée
comme antiépileptique, et des livres sérieux, approuvés par
toutes les autorités scientifiques du temps, recommandaient
même de choisir le crâne d'un jeune homme d'un bon tem-
— 223 —
pérament, qui soit mort d'ane mort violente et qui n'ait
point été inhumé. Toutes ces conditions n'étaient pas de
trop pour assurer la gùérison.
Ne sommes-nous pas d'ailleurs, encore aujourd'hui môme,
tout aussi crédules que nos ancêtres de la pierre polie,
quand nous employons les Orehis comme aphrodisiaques, la
pulmonaire contre les affections de poitrine, etc. ?
Quoiqu'il en soit, la perforation crânienne du squelette
d'Aveluy est intéressante à constater, parce qu'elle nous
montre une similitude remarquable dans les mœurs et les
coutumes des populations néolithiques de notre contrée et
celles mieux étudiées du midi et du centre de la France.
D'ailleurs, nous avons la preuve que ces différents
peuples avaient des relations les uns avec les autres, ear nos
hommes des Palaffites d*Houplin notamment, se servaient
d'objets en silex provenant du Grand-Pressigny.
Les hommes de nos tourbières avaient, à n'en pas douter,
une civilisation relativement très avancée. Ils devaient
former un peuple pasteur; ils avaient, en tout cas, de nom-
breux troupeaux de bœufs dont ils faisaient leur nourriture
ordinaire.
Le Musée de Lille possède plusieurs tombereaux d'osse-
ments d'animaux de cette époque. Ceux du bœuf sont les
plus nombreux, et je me suis assuré, en les étudiant avec
soin, qu'ils appartenaient à trois espèces ou races bien
distinctes.
Je citerai d'abord le Bosprimigenius. Cette grande et belle
espèce est trop bien connue pour que je m'y arrête, je ferai
seulement remarquer que ses ossements sont assez rares
dans nos tourbières, et ne présentent aucun caractère de
domesticité.
Il est probable qu'il était chassé comme tous les animaux
sauvages, et que l'homme de la pierre polie n'en faisait sa
nourriture qu'accidentellement. Il existe au Musée de Lille
- 824 —
une tète incomplète de ce bœuf, ^yant encore ses deux cortiès.
ainsi qu'un radius brisé transversalement «t portant les
marques d*un couteau en silex.
Les bœufs domestiques, qui formaient les troupeaux de
cet âge reculé, appartenaient à deux races distinctes. La
première^ grande et forte, quoique de taille moins considé*
rable que le Dos primigenius, avait un squelette rappelant
entièrement par Tensemble de ses caractères, celui de l'espèce
sauvage. Ses cornes fortes, tordues rt dont la pointe se
dirigeait en avant, présentaient aussi les plus grandes
analogies, bien que dans des dimensions plus réduites, avec
celles du Bos primigenius. Je considérerais volontiers cette
race domestique comme dérivant directement du grand bœuf
des tourbières,
L*autre race était très différente. De taille petite, elle avait
des formes élancées qui devaient singulièrement contraster
à cdté de la musculature puissante de la grande race. Les
cornes étaient courtes, légèrement courbées en arc et dirigées
latéralement.
A l'époque de la pierre polie, ces deux races paraissent
avoir été représentées par un nombre d'individus à peu pr^s
égal, peut-être même la grande race prédominait-elle sur la
petite. A l'époque gallo-romaine, au contraire, la grande
race diminue beaucoup en importance, elle parait même
s'être profondément modifiée, peut-être par suite de croise-
ments avec la petite race, car j'ai examiné un très grand
nombre d'ossements dont les caractères sont mixtes. Quant à
la petite race, elle était alors beaucoup plus répandue que
l'autre, si j*en juge par le nombre de ses os qui me sont
passés par les mains.
Tous les os longs datant de cette époque néolithique sont
intentionnellement brisés en travers, et plusieurs présentent
la trace du couteau qui en a séparé la cbair. Il n'est pas
douteux que les hommes de cet époque . en extrayaient la
— 225 -
moelle, il n'est pas douteux non plus qu'ils savaient mettre
leurs pièces de viande à la broche, car un certain nombre
d'os présentent des traces manifestes du feu.
Si les hommes des tourbières faisaient^ de leurs troupeaux
de bœufs, leur nourriture ordinaire, cependant ils ne dédai-
gnaient ni le Bas primigeniusy ni le cerf, ni le chevreuil, ni
le sanglier, quand les hasards de la chasse leur faisaient
tomber ces animaux entre les mains.
Je ne connais aucun débris osseux du cheval ni du chien
à cette époque.
Parmi les autres vertébrés qui ont laissé leurs traces dans
la tourbe, je citerai Testurgeon, le coq, le canard, la buse, le
putois, le castor, etc. Je ne connais aucun os pouvant être
attribué au loup.
Et cependant, il est bien difficile d*admettre que cette
espèce n'habitât pas notre région à celte époque. Hais cet
animal ne devait pas pouvoir s'aventurer facilement dans les
habitations suspendues de nos ancêtres, et il est fort probable
que ceux-ci se contentaient de le chasser, de le tuer comme
animal nuisible, et ne le rapportaient jamais dans leurs
cabanes.
Les vues que je viens d'émettre relativement à la faune de
#
Tâge de la pierre polie, sont établies d'après des documents
extrêmement nombreux, accumulés dans le Musée de Lille
depuia une dizaine d'années, et recueillis avec le plus grand
soin par M. Rigaux et surtout par H. Debray.
Il doit me suffire de citer les noms de ces infatigables
chercheurs, pour prouver qu'il ne peut y avoir aucun doute
sur la détermination de Tâge des gisements où les ossements
ont été trouvés.
La tourbe, dont l'épaisseur varie de i à 3 mètres, repose
sur une argile bleue marine, imperméable, qui, en retenant
à sa surface les eaux pluviales et celles provenant des
15
Annales de la Société géologique du Nord t. vu.
^ 226 -
inondatioas de TAa, a été le point de départ da dépôt que
nous venons d'examiner.
Âu-dessas de la tourbe, on rencontre des argiles et des
sables renfermant des coquilles marines. La mer est donc
venue recouvrir le sol qu'avaient habité les hommes de la
pierre polie, les Gaulois et les Romains.
La date de cet envahissement, qui dût être brusque, car la
surface de la tourbe est ravinée et présente de nombreux
objets roulés, a été précisée par les savants que j'ai cités
plus haut. C'est vers le IV^ siècle que la mer vint ravager le
pays qui s'étend de Sandgalle à Ardres, d'Ardres à Watten, de
Watten à Bergues, et forma ainsi un grand golfe dans lequel
se trouvaient quelques lies : celles de Marck et FréthuD,
celle de Coulogne, celle de Grand- Synthe et celle de Bergues.
La mer ne séjourna sur ce pays que quelques siècles. Le
mouvement lent d'exhaussement du sol, combiné au comble-
ment du golfe par les sédiments, ne tarda pas à restreindre
les limites de là mer. Au X« siècle, il n*existait plus qu'an
petit golfe qui se dirigeait de Sangatte à Fréthun, et un autre
en Belgique.
Aujourd'hui, ce mouvement d'exhaussement du sol est
arrêté depuis longtemps.
Le mouvement d'affaissement a repris sa marché progressive,
et si bien, que le sol de la contrée est, de nos jours, à un
niveau peut-être plus bas qu'à Tépoque de la pierre polie. Si
la mer faisait une nouvelle irruption sur notre territoire,
elle s'étendrait sans doute plus loin qu'elle ne l'a fait au
IV« siècle.
Heureusement, la civilisation humaine suit, comme toute
chose, sa marche progressive.
Si nos ancêtres étaient industrieux, nous le sommes plus
qu'eux. Ils peuvent, pour employer une phrase de Bembard-
Cotta empreinte de la plus grande vérité, « ils peuvent nous
» faire beaucoup d'honneur, mais il vaut bien mieux que ce
— 227 —
) soit noas qui leur eu: fassions. > S'il était nécessaire, nous
saurions, comme les Hollandais, mettre nos habitations à
Tabri de la fureur des flots.
L'exemple restreint et peut-être mal choisi que je viens de
vous citer, peut vous donner une idée de Tintérét que pré*
sentent les études géologiques. Il pourrait servir aussi à vous
montrer jusqu'à quel point toutes les branches du savoir
humain sont solidaires les unes des autres. Pour ne pas
sortir du domaine de Thistoire naturelle, voyez s'il est possible
de faire une étude sérieuse de nos races domestiques sans
tenir compte des données de la paléontologie.
Et cette branche de ^histoire naturelle, encore si peu
explorée et pourtant si intéressante, qui s'occupe de la
distribution géographique des animaux et des plantes, peut-
elle être abordée d'une manière réellement scientifique, si
Ton ne se préoccupe pas des découvertes paléontologiques et
géologiques? Si les géologues n'avaient pas déterré le castor
de répoque néolithique, qui nous aurait dit que cet animal
avait habité notre pays ? Bien mieux, dans beaucoup de cas,
c'est la géologie seule qui pourra donner la cause des
émigrations, préciser leurs dates, nous faire connaître la
/oute suivie par les animaux émigrants et nous révéler les
changements climatériques qui ont contribué à former des
variétés et à élever ensuite celles-ci au rang de véritables et
bonnes espèces.
Si la Géolo(;ie, comme science, présente une importance
considérable, son utilité pratique n'est pas moins grande.
On pourrait dire d'une manière générale que tous, quelle
que soit notre condition, quelle que soit notre .profession,
nous trouverons toujours à tirer profit de nos connaissances
en géologie..
Ëtes-vous propriétaire ? La géologie vous dira ce que vous
pourrez tirer de votre terrain. L'Argonne était, il y a quelques
— 228 —
aimées, un pays pauvre, tous les propriétaires de terrain y
font en ce momeûl leur fortane, en* retirant des coquins de
phosphate de chaux du soi.
Avez-^vous de l'argent à placer ? Avant de le lancer dans
une exploitation métallurgique ou houillère, réfléchissez à
deux fois.
Avez-vous besoin d*eau ? Les géologues seuls pourront
vous renseigner.
A ceux qui seraient tentés de me dire : mais qu*avons-
nous besoin d'être géologues pour cela ? Nous saurons bien,
à l'occasion^ consulter un homme compétent. — A ceux là,
je leur répéterai, avec une variante, les paroles de Béralde et
de Toinette à Argan : Faites-vous géologue vous-même.
La commodité sera encore plus grande d'avoir en vous tout
ce quMl vous faut. Cela est vrai, voilà le vrai moyen de vous
renseigner bientôt.
Messieurs^ je sais bien que, parmi les personnes qui se
sont données rendez-vous dans cette enceinte, il en est, et
c'esl la majorité, qui, depuis plus longtemps que moi peut-
être, sont de fervents adeptes de la Géologie. A celles-là, je
leur demande pardon des quelques minutes d'ennui que je
n'ai pas su leur éviter. Mais il est aussi d'aulres auditeurs, je .
Tespëre, qui ne voyaient peut-être, dans la géologie^ qu'une
science aride, abstraite, purement descriptive, qui n'aperce-
vaient pas suffisamment les nombreux et importants pro-
blèmes, les vastes horizons qui sont cachés derrière cette
foule d'observations de détail, base nécessaire de toutes
les sciences. C'est pour ceux-là que j'ai pris la parole. Je
m'estimerais heureux, si j'avais l'espoir d'avoir fait quelques
conversions.
— 829 —
Rapport de M. Théodore Barrols, Secrétaire,
sur les travaux de la Société m 1878-79.
Messieurs,
La Société Géologique du Nord a bien voulu me confier
Thonneur de vous rendre compte des travaux de ses membres
pendant Tannée 1878-1879.
Et d^abord, Messieurs, je suis heureux de pouvoir vous
dire que notre Société ne s'est pas arrêtée dans son essor,
toujours croissant depuis sa fondation. Nos publications
prennent chaque année un plus grand développement: notre
bibliothèque s'enrichit tous les jours, soit par des dons, soit
par des échanges ; le nombre de nos membres s'est encore
accru, en un mol, notre Société a continué l'ère de prospérité
qu'elle a toujours suivie depuis qu'elle a été créée par notre
savant directeur et maître, M. Gosselet.
Notre dernière séance extraordinaire, tenue à Lens, a
fourni une notable quantité de recrues à notre Société ;
presque tous les ingénieurs des bassins houillers ont tenu à
nous témoigner leur sympathie en s'enrôlent sous notre
drapeau. Puisse notre voyage à St-Omer être aussi favora-
blement marqué.
Hais il n*est pas de médaille sans revers ; après la joie que
j'ai éprouvée à vous signaler l'augmentation de notre
personnel, j'ai la douleur de vous annoncer que la mort a
promené dans nos rangs sa faux implacable.
Deux de nos collègues ont succombé sous ses coups, ce sont
MM. Ilermite et Nyst. Ce dernier surtout était connu de
beaucoup d'entre nous ; tous ceux qui se sont occupés du
terrain tertiaire de nos régions ont pu apprécier les hautes
qualités de ce géologue, et savent avec quelle bienveillance
il mettait toute sa science et toute son expérience à la dispo*
-J80-
sition des membres de noire Société. II est de notre devoir
de rendre ici un dernier hommage à cet honune d'intelli-
gence et de bien qni fût longtemps des nôtres.
Nous allons maintenant passer à Tanalyse rapide de$
principaux travaux publiés cette année, dans nos Annales,
et nous nous occuperons spécialement dé ceux qui ont trait à
notre région.
Terrains primaires.
M. Gosselet a fait sur la roche à Fépin de nouvelles obser-
vations qui Pont engagé à changer sa manière de voir
primitive. Tous ceux d'entre nous qui ont suivi les excursions
du maître dans les Ardenues, connaissent ce mont Fépin , où
nous allions étudier le contact du silurien et du dévoniea.
HH. Gosselet et Malaise avaient admis que le poudingue de
Fépin n'était autre chose qu'un lit de galets qui s'était déposé
aux pieds de» roches siluriennes disposées en falaises.
Depuis, M. Gosselet a totalement modifié sa manière de voir.
11 a pu constater un renversement dans le poudingue et dans
Farkose ; ces roches se sont donc déposées horizontalement,
et ne se sont plissées que plus tard, lors de la grande
poussée du nord au sud qui s'est produite dans toute
TArdenne.
Noire directeur, chargé de la carte géologique de la
feuille de Maubeuge, nous a donné une grande partie de
ses résultats dans un travail qu'il a intitulé c Description
géologique du canton de Maubeuge >. M. Gosselet à suivi
ici la même marche que dans sa description géologique du
Gambrésis, c'est-à-dire qu'après avoir exposé d'une façon
générale la géologie du canton, il décrit chaque village Tun
après l'autre, en signalant les carrières qui s'y trouvent et les
particularités stratigraphiques ou paléontologiques qu'il y a
observées.
— 231 —
M. Gosselet a résolu, en outre, une question intéressante ;
il a pu démontrer que les schistes de Senzeilles étaient infé-
rieurs aux schistes de Harienbourg. Dans la même note.
M. Gosselet a aussi décrit une nouvelle zone du Famennlen,
qu'il a nommée c schistes de Sains ».
Nos Annales ne donnent pas seulement asile aux travaux
concernant notre région, mais elles sont ouvertes à tous nos
membres qui veulent y consigner les résultats des études
qu'ils ont entreprises dans des pays étrangers. C*est ainsi
que cette année nous avons à mentionner deux notes de
M. Charles Barrois , sur le dévonien inférieur de la
province de Léon (Espagne), et sur le marbre griotte des
Pyrénées.
M. Barrois a pu ramener la série dévonienne inférieure
espagnole aux couches qu'il avait observées dans la Bretagne ;
mais il n'en a pas été de même pour le dévonien supérieur.
Tout le monde connaît ces belles cheminées de marbre
vert ou rouge, qu'on retrouve dans les monuments construits
sous Louis XIV et dans nos riches hôtels actuels; elles
sont taillées dans un marbre qu'on appelle marbre griotte
quand il est rouge, et marbre Gampan quand il est vert.
C'est ce marbre que M. Barrois a étudié ; il est caractérisé
par la présence des Goniatites, et appartient au carbonifère
inférieur et non dévonien comme on l'avait cru jusqu'alors.
Passant de l'ancien monde au nouveau, M. Charles
Barrois nous a donné le résumé de ses recherches sur le
carbonifère de TAmérique. Après une intéressante description
des bassins américains, Tauteur nous a exposé les comparai-
sons qu'on pouvait établir entre notre terrain houiller et celui
des États-Unis.
Profitant de notre passage sur la concession de Liévin,
lors de notre séance extraordinaire à Lens, M. Desailly,
ingénieur des mines, nous a fait une communication sur
quelques sondages exécutés au sud de Liévin. Ces sondages
— 232 —
sont d'ane grande importance géologique et même indas-
trieile,. car ils traversent le calcaire carbonifère renversé
avant d'arriver au terrain houiller. M. Desailly a pu en tirer
des renseignements intéressants an point de vue des failles
qai traversent le bassin houiller du Pas-de-Calais.
Nous en arrivons maintenant aux
Terrains secondaires.
De même que notre Société fait tous les ans une excursion
extraordinaire dans une des villes de notre ressort acadé-
mique, TAssociation géologique de Londres organise chaque
année une excursion plus ou moins lointaine. En 1S78, elle
a choisi le Boulonnais, et c'est à deux de nos membres,
MM. Pellat et Charles Barrois, qu'est revenu Thonneur de
guider les géologues d'Outre -Manche dans une de nos
contrées les plus curieuses au point de vue géologique.
M. Charles Barrois nous a donné un résumé de cette
intéressante excursion.
Après avoir terminé son important travail sur le crétacé de
l'Angleterre et de l'Irlande , M. Charles Barrois a voulu
comparer les séries qu'il avait données avec d'autres plus ou
moins éloignées. L'année dernière, il publiait dans nos
Annales un important travail sur le crétacé des Ardennes ;
cette année ci, se$ recherches ont porté sur le crétacé du
bassin d'Oviédo.
En outre, M. Barrois a décrit quelques espèces de la craie
du Nord, et spécialement un Inocéramus de la craie de
Lezennes, découvert par un de nos collègues, M. Décocq,
dont nous avons à regretter la perte.
La faune de notre terrain crétacé s*est encore enrichie
d'un Rudiste, trouvé par M. Ladrière dans la zone à
micraster breviporus^ à Sebourg, près de Yalenciennes. Il est
intéressant de retrouver dans une z4ne aussi basse un de ces
- 233 —
Rudistes si rares chez nous, et si nombreux, au contraire,
dans la craie da Midi. On en avait signalé quelques espèces
dans la craie supérieure de Mons. mais c'est la première
fois , il me semble , qu'on en a trouvé à un niveau aussi
inférieur.
La Société Géologique fait tous ses efforts pour propager
le goût de la géologie parmi les jeunes gens de nos Facultés.
Dans ce but, elle a décidé qu'après chaque excursion
préparatoire à la licence, le meilleur résumé serait imprimé
dans nos Annales, après avoir été lu par son auteur dans une
de nos séances.
Deux de ces résumés ayant trait aux terrains secondaires
ont été reçus cette année. Les auteurs sont du reste membres
de notre Société, ce sont MH. Six et Charles Maurice.
Le premier nous fait suivre pas à pas une intéressante
excursion dans les Ârdennes ; le second nous a conduit dans
la craie des environs de Mons
Terraifi^s tertiaires.
Les terrains tertiaires ont été non moins étudiés que les
terrains primaires et les terrains secondaires.
H. Gosselel nous a montré une fois de plus que la plupart
du temps les prétendus sables aacbéniens doivent se rap-
porter au tertiaire ; il a trouvé à Haiitmont, dans des sables
ayant toute Tapparence d'un dépôt aachénien, un superbe
silex pyromaque.
Poursuivant ses études sur Targile à silex tertiaire, dont il
a toujours été un défenseur assidu, M. Gosselet a lu à la
Société un travail sur Targile à silex de Yerdns. Cette argile
remplit toujours des poches plus ou moins profondes creusées
à la surface de la craie. On sait que beaucoup de géologues
ne voulaient pas admettre Page landénien de cette argile.
M. Gosselet a tranché la question d'une manière définitive
-Î84 -
en montrant qne ces argiles à silex étaient inférieures am
sables d'Ostriconrt.
Cette question de Pargile à silex était à Tordre du jour,
aussi M. Barrois, dans ses voyages en Ârdenne n'a pas
manqué de Pétndier : il est arrivé aux mêmes conclusions que
M. Gosselet. Dans ce même voyage^ notre Président de
Tannée dernière^ s'est occupé aussi du tertiaire inférieur, en
général, dans les Ârdennes. La couche la plus inférieure du
Landénien inférieur, est formée par Pargile de Marlemont;
au-dessus vient Targile à silex> puisTargile de Vaux.
Le Landénien supérieur est représenté par des sables
quarzeux, plus ou moins ferrugineux.
Pour achever de vous exposer les travaux qui ont été faits
sur le tertiaire, il me reste encore à citer les noms de
MM. Billet, Six et Legay, tous trois élèves de la Faculté
des Sciences, qui ont vu insérer dans nos Annales les
comptes-rendus de plusieurs excursions, à Tournai, Bruxelles
et Anvers.
Terrains quaternaires. •
Une importante question a été souvent soulevée dans nos
séances, et a amené plus d'une chaude discussion, c'est la
question des limons
M. Ladrière a étudié le limon des environs de Bavai. Pour
ce géologue, le diluvien, Tergeron et le limon supérieur ne
forment qu'une seule assise; le limon ancien, qui s'est
déposé sans interruption. Plus tard, dans des ravinements
creusés à la surface de ce limon ancien, s'est déposé un autre
limon, le limon récent, à la base duquel on trouve toujours
des fragments de poterie ancienne.
J'aurais encore à mentionner les travaux de MM. Gosselet,
Ortlieb, Chelloneix, Debray, Charles Barrois, sur les
terrains quaternaires, mais je craindrais d'abuser de votre
bienveillance.
— ÎS5 —
Le coup-d^œil rapide que f ai jeté avec vous sur les travaux
de notre Société a pu vous convaincre, Messieurs, qae nous
ne sommes pas restés inactifs. J'aurai complètement rempli
mon but, si ce court exposé a pu vous attirer vers la géologie
et vous faire bien sentir Tintérét puissant que présente
l'étude de cette science.
Compte-rendu de Vexcursion aux environs de fÊtAmi-Onè^r^
par M. le Professeur ClwMielet.
Pai l'habitude de rendre compte de l'excursion qui pré-
cède la séance; je vais le faire en peu de mots.
En venant à Saint -Omer, la Société géologique voulait
étadier quelques questions spéciales. Il s'agissait d'abord de
déterminer l'âge de la craie exploitée entre Blandecques et
Wizernes. Ce fut par là que nous commençâmes.
Dans les carrières de Wizernes nous trouvâmes quelques
fossiles tels que :
Micrasler cor anguinum,
Ecàinoeorys gibbiis.
Inoceramus inwlutus,
H. Gh. Barrois y reconnut le niveau iofétieur de la z6ne
à Micraster coranguinum. Cette détermination a une certaine
importance, car elle permet de prévoir à peu près la pro-
fondeur à laquelle se trouverait la nappe aqùifère si abondante
le long des falaises du Blanc-Nez, dans les couches de craie
grise du cénomanien. Ces sources sont à ilO mètres environ
sous la base de la craie à Inoceramus involutus. On les ren-
contrerait donc à Wizernes à 120 ou 130 mètres de profon-
deur.
A cette occasion je dois vous exprimer un r^ret. Piu-
sienrs sondages ont déjà été entrepris dans la Flandre et
toujours on s'est découragé avant d'avoir atteint la nappe
aqaifère.
— 236 —
II y aurait cependant un intérêt de premier ordre à con-
naître quelle est la profondeur de cette nappe, de manière à
ce que ceux qui youdraient entreprendre un forage puissent
prévoir la dépense à laquelle ils s'engagent.
Pourquoi les industriels intéressés et les hommes désireux
d'être utiles au pays ne constitueraient-ils pas une société
de recherche. La dépense serait relativement minime et le
résultat aurait une très grande importance.
Nous désirions étudier aussi le dépôt de cailloux roulés qui
couvre les hauteurs des environs de Saint-Omer ; nous Tavons
vu au camp d'Helfaut et aux Bruyères de Longuenesse.
Dans ces deux points il recouvre les couches tertiaires. On
est d'accord pour lui trouver une très grande analogie de
composition avec le dépôt de cailloux roulés de Fontinettes.
Mais tandis que celui-ci n'est pas à plus de 30 mètres au-dessus
du niveau de la mer, les cailloux sont à Longuenesse à
70 mètres et à Helfaut à 95 mètres.
M. Potier a appelé Tattention de la Société sur cette diffé-
rence de niveau. Il a fait remarquer aussi que les cailloux
roulés des hauts niveaux ne contenaient jamais de débris de
l'industrie humaine, tandis qu'on en trouve dans les cailloux
roulés des bas niveaux. Les premiers lui paraissent s'être
déposés, soit à la fin de la période tertiaire, soit au commen-
cement de répoque quaternaire, avant le creusement des
vallées.
Nous avons constaté les faits signalés par M* Pottier, mais
nous n'avons pu rien ajouter à ses observations.
Enfin notre attention a aussi été appelée sur le singulier
phénomène des puits naturels que l'on voit si bien à Tatin-
ghemet à Saint-Marlin-au-Laërt, à la surface de la craie. Nous
nous sommes assurés que ces cavités, profondes parfois d'une
dizaine de mètres, sont terminées en pointe vers le bas et
ne ressemblent en rien à des cheminées ayant servi à .
l'évacuation de matières intérieures.
— 237 -
Séance du 7 Juillet 1880.
hoie sn,r la confusion résultant de Vemploi de la dénomination
d'Argile h silex appliquée à deux dépôts placés,
Tm à la base^ et Vautre au sommet de la série tertiaire
du Nord de la France
Par M. N. de nercey.
La continuation des discassions sur VArgile à silex^
provient certainement d'une confusion résultant de l'emploi
de cette dénomination appliquée à des dépôts très distincts.
L'Argile à silex de Vervins ou le Conglomérat à silex,
étudié par M. Gosselet ('), n*a rien de commun avec l'argile à
silex proprement dite de l'Artois, du pays de Caux, de la
Picardie et de TEure.
Ce conglomérat, essentiellement glauconieux, se retrouve
partout en Picardie, à la base de la Glauconie inférieure de
la Fère, comme l'a dit avec raison M. de Lapparent {*). L'âge
de ce dépôt remonte ainsi dans le nord de la France au
début de la période tertiaire.
Quant à son origine, elle ne doit pas être atmosphérique
comme le pense M. Gosselet avec M. Boussinescq ('), mais
sédimentaire comme l'atteste Timprégnation des silex par la
matière colorante verdâtre qui caractérise minéralogiquement
la première assise éocène.
(1) GossBLCT : Ânn. Soc. Géol. du Nord, t.VI, p. 31*7 ; 1878.
(2) A. DE Lapparent : Bull. Soc. Géol. de Fr.; 2e sér., i. VHl, p. 35;
1879.
(3) Gosselet : Ânn. Soc. Géol. du Nord, t. VI, p. 330-831.
— J38 —
Il ne peut y avoir de doutes pour les géologaes parisiens
sur Page de ce premier dépôt à silex. Aussi H. Hébert (')
refuse-t*il comme M. de Lapparent le nom i' Argile à silex,
à ce conglomérat de la base de la glauconie inférieure. Mais,
si M. de Lapparent admet une succession de plosiears
argiles à silex formées pendant toute la durée delà période
tertiaire, M. Hébert n'applique cette dénomination qu'à un
dépôt de cette période, plus ancien que les sables tertiaires
inférieurs du Nord de la France et étudié par lui dans le
Perche et dans d^autres contrées voisines (*). Ce dépôt se
trouverait ainsi sans analogue dans le Nord.
Je ne. puis ici me prononcer sur ce dépôt d'après son
étude sur le terrain ; mais je puis faire observer qae les
indications relatives aux environs de Dreux, données par
M. Hébert en 1863 (') et auxquelles il vient de renvoyer en
dernier lieu 0, me paraissent susceptibles d'une inter-
prétation différente de celle quMl a présentf^e.
En effet, dans la coupe figurée par M . Hébert les bancs
horizontaux de la craie se trouvent coupés sous une très-
forte incidence par l'Argile à silex à laquelle s'adosse du
sable qui lui-même supporte de Fargile plastique.
Mais, dans cette coupe, là ou M. Hébert voit un glissement
de couches, dont la plus voisine de la craie est la plus
ancienne, je crois moi-même pouvoir voir une cheminée
ayant servi au passage successif de dépôts d'émanations de
divers âges, dont le plus récent doit être celai qui se trouve
appliqué contre la paroi de la cheminée, c*esl à dire V Argile
à silex. Ce dépôt représente la dernière salbande resiée
appujée contre Téponte de craie, après le passage antérieur
du sable qui se trouve habituellement lié à TArgile à silex
(i; HÉBERT 1 Bull. Soc. Géol. de Fr. 8e série, t. VIII, p. 89; IS*?*.
(2) Hébbrt : Bull. Soc. Géol. de Fr., ^e sér., t. XIX, p. 445: 1862.
(8; HÉBERT : Bull. Soc. Géol. de Fr , Se série, t. XXI, p. 69 et '70: 1863.
(4) HÉBSRT : BttU. Soc. GéoL de Fr., 8« &ér., t. YllI, p. 8^, ; 1879.
— 289 —
comme on le Terra plus loin, et de TAriple plastique,
dépôt d'émanation beaucoup plus ancien.
Cette explication s'accorde, d*und part, avec le mode d'ori-
gine que j'ai attribué dernièrement à l'Argile plastique ('j, et
d'autre part avec- le mode d'origine que MM. Potier et Dou*
YiUé (') ont indiqué pour l'Argile à silex et les sables grani-
tiques des environs de Vernon dont l'éruption aurait eu lieu
par une faille, postérieurement à la formation du calcaire de
Beauce.
L'argile rougeâtre avec silex, s'observerait d'après
M. Douvillé C), d'une manière générale au contact des
Sables granitiques et de la Craie, c'est-à-dire dans une
situation absolument conforme à celle qui se trouve indiquée
dans la coupe de M. Hébert pour l'Argile à silex appliquée
presque verticalement contre la Craie et en contact avec du
sable qui parait correspondre aux sables granitiques.
Ces deux termes, Sables granitiques et Argile à silex ne
.doivent pas être considérés comme distincts, car ce que
l'on appelle argile à silex n'est, en réalité, comme je l'éta-
blirai plus loin, que du sable dont les grains, d'une très-
grande ténuité sont liés par une certaine proportion de
matières diverses habituellement colorées en brun ou en
rouge.
Mais, ayant de parler de la composition de ce dépôt, je
dois exposer quelques-uns des motifs qui me font regarder
son âge comme exactement établi par MM. Potier et Dou-
villé.
(1) N. DE Mercet : Bull. Soc. Géol. de Fr, Si sér., t. Vtll, p. 19 ; 1879
(2) Potier et Douvillé : Comples-rendas, Ac Se., 6 mai 1872. —
H. DouTiLLé : Bull. Soc. Géol. de Fr., 2^ sér., t. XXIX, p. 472 ;
1872.
(3) DooYiLLiâ : Op. cit., p. 475.et 477 — M. Douvillé a anssi eniplo>'é
pour ce dépôt Texpression de Conglamirai qoeje ne reproduis pas.
afin d'éviter toute équivoque avec le dépôt de la base dessables
éocénes.
— 240 —
M. de Lapparent a admis dans une de ses pablications (*)
un âge analogue, c'est-à-dire très yoisin de la fia de
la période tertiaire (*), pour T Argile à silex étudiée par lui
dans diverses parties du nord de la France ; il a cherché en
même temps, dans les dislocations du sol qui se trouvent en
rapport avec la formation de ce dépôt et dans la dissolution
de la craie qui Ta accompagnée, l'explication de fréquents
effondrements des couches éocènes inférieures.
Une manière de voir, relativement à Tâge du dépôt, très
différente de la précédente et que M de Lapparent avait
primitivement soutenue ('), c'est-à-dire l'hypothèse de la
récurrence de l'Argile à silex c produit d'une transformation
» opérée à bien des reprises pendant la période tertiaire
» aux dépens de formations d'âges très divers i vient d'être
en dernier lieu C), reprise par son auteur. Je crois que
M. de Lapparent a renoncé sans nécessité à attribuer un âge
bien défini à l'Argile à silex.
Si, en effet, il est rationnel de chercher, comme le fait
H. de Lapparent, à comparer avec PArgile à silex proprement
dite, dépôt formé en partie par réaction au contact delà
craie, les dépôts analogues formés au contact de divers
autres dépôts de la région, il n'est pas nécessaire de
regarder les dépôts ainsi formés comme séparés dans le
temps. Rien n'empêche de les considérer comme synchro-
niques et comme formés tous à la même époque, sous '
rinfluence d'un même phénomène s'étant manifesté lorsque
le sol de la région avait déjà subi une première dénudation
préparatoire de sou valonnement. En outre de sa disposition
(0 A. DE Lapparent : Bull. Soc. Géol. de Fr.. de sér., t. IV, p. 348;
1876.
(2) Idem, p. 851.
(8) A. DE Lapparbut : Bull, géol de Fr., 8* sér., 1. 1. p. 186; 1872.
(4) A. DE Lapparrbnt : Bull. Soc. géol. de Fr.. 8 sér., t. VIII, p. 37;
1879.
-«II-
snr QBe surface valonnée, PArgile à silex ne s*est jadiais
montrée recoaverte par aacan autre dépôt tertiaire. A
semble donc en résulter qu'elle forme un dernier dépôt
effectué à la surface de la région déjà émergée du sein des
eaux marines.
Je ne ferai pas ici de comparaison entre les divers faciès
de contact pouvant correspondre avec le faciès de contact de
la Craie et du dépôt d'émanation appelé Argile. Je dirai
seulement que cette dénomination est impropre, et que j^ai
préféré faire emploi, pour le dépôt non argileux en réalité
dont il s'agit, du nom picard de Bief.
Le bief est un dépôt essentiellement sableux. Voici quel-
ques indications que je donnais en 1875 sur ses principaux
caractères 0).
c Le lavage d'une petite quantité de ce bief rouge
t montre que ce dépôt, improprement appelé argile, se
) compose essentiellement de grains de quartz plus onmdins
1 limpides et d'une proportion assez notable de peroxyde de
) fer hydraté ou même anhydre, qui enveloppe ces grains
» en les souillant et en déterminant la coloration de la
» masse.
» L'examen des grains de quartz qui composent ainsi la
> plus grande partie du bief apprend qu'ils forment un
» mélange de grains de rr- ^^ millimètre et même plus,
> avec des grains de -^^ de -^ et de g7$ de millimètre.
> Ces grains se précipitent sans former de dépôts aussi
» distincts que ceux du limon. L*eau ne reste que peu de
» temps laiteuse. Cela indique que les grains de -tô- et de
> -^h de millimètre sont relativement peu nombreux dans
» le bief.
(1) N. dbMercet : Butl. Soc. Linu. du Nord de la France, t. II,
p. 286-287 ; 18'75,
i6
Annales de- la Sociélé géoiogiqm du Nord, t. tu»
> .... La structure du bief indique, par le mélaDgede
> grains de diverses dimensions, et surtout par l'interpo-
> sition entre ces grains de la matière ferrugineuse, qu'il
» s'est déposé à Tétat de boue.
> La nature de cette boue fait supposer qu^elle est le
D résultat d'émanations siliceuses, ferrugineuses et manga-
» nésiennes, sorties à travers la craie et les assises du
» terrain éocène, par des cheminées dont on retrouvé
» quelquefois les traces en^ suivant certaines lignes de
» fracture. .
» Les éjections boueuses du bief paraissent avoir eu lieu
» à une température assez élevée, d'après Tétat du peroxyde
» de fer qui le colore et qui est en partie anhydre.
> D'Omalius d'Halloy. auquel on doit depuis longtemps
n la théorie de réjaculation de Pargile ou bief à silex , avait
> étendu sa théorie à la formation du limon de Picardie
> qu'il attribuait à une cause analogue.
» La probabilité de la théorie de d'Omalius s'est trouvée
» confirmée par Tobservation en ce qui concerne le bief à
» silex ; mais il n'en a pas été de même au sujet du limon.'
J'ajouterai à ces indications sur les caractères du Bief que,
si la préseÉee des silex de la craie empâtés dans le Bief, où
Us se trouvent à l'état d'éléments non roulés, témoigne d'un
effet intense de destruction sur place et probablement d'une
dissolution de la craie par des eaux acides, on ne peut néan-
moins, comme on l'a fait quelquefois, regarder le Bief
comme un simple résidu de la dissolution de la Craie.
La Graie ne laisse pour résidu de sa dissolution que
quelques centièmes de matières argilo -sableuses, ainsi que
l'ont établi les analyses de MM. Savoy e et Duvilier, rappelées
à l'appui de celte manière de voir par M. Barrois (*) et ainsi
que M. Meugy l'a également reconnu (*) .
^t) Ch. Barrois : Ânn#soc. géol. du Nord, t. VI, p. 363; 18*78.
(2) Meugy : Bull; soCi géoL de Fr.,.8vsér., l. !, p. 160; 1872.
— 243 —
II est bien certain qae la craie a été dissoute par les eaux
acides qui amenaient de lUatérieur les éléments du Bief;
mais elle n^a laissé pour résidu appréciable de sa dissolution
que les silex, dont la proportion peut permettre de se rendre
compte approximativement de la masse de craie dissoute, et
toujours à peine suffisante pour former quelques centièmes
du Bief ou argile à silex. Pour voir dans ce dépôt essentielle-
ment siliceux et ferrugineux, un résidu de la dissolution de
la craie, il faudrait avoir recours à une véritable transmu-
tation.
Enfin, on ne doit pas oublier que Tun des caractères du
Bief ou Argile à silex, consiste dans l'épaisseur, souvent
considérable, présentée par ce dépôt. Des épaisseurs de
40 mètres dans le Perche, de 35 mètres dans le pays de Caux,
ont été indiquées par H. Hébert (*) et par H. de Lapparent (*)
En Picardie et dans l'Artois» les épaisseurs, sans atteindre
les précédentes, sont encore suffisantes pour que ce dépôt
conserve son importance jusqu'aux limites de son extension,
c'est-à-dire jusqu'aux approches de la Flandre.
C'est de cette Argile à silex que M. Gosselet (*) a voulu
parler en rendant compte de l'exploration faite par les
membres de la Société aux environs de Souchez.
Hais au lieu de chercher ce dépôt à TEst de Souchez, sur
le dernier plateau de TArtois, à Givenchy, il eût fallu, pour le
rencontrer, s'élever au nord-ouest de Souchez, sur un plateau
beaucoup plus élevé que le précédent.
Le dépôt rougeâtre que les membres de la Société ont vu
à Givenchy, où il recouvre des cailloux roulés quaternaires
ou des sables tertiaires, en empruntant à ces dépôts sous-
jacents une partie de ses éléments, n'est autre que ce Diluvium
rouge, objet lui-même de discussions que je cherche à éclairer
dans une note présentée en même temps que celle-ci.
(1) HÉBERT : Bull. SOC. géol. dé Fr., 2e 8ér.,<> t. XXI, p. iSS : 1864.
(2) A. Db LAPPAàKNT : BqIL. soc géol. de Fr., 8fl sér.. t. lY, p. 840, 1876.
(8) GossELiT : Ann. soc. géol. du Nord, t. YI, p. 856-258.
— 2U —
La confusion à laquelle il a donné lieu à Givenchy, n^est
pas nouvelle ; elle a été faite, par exemple, d'une façon
identique par H. Hfeugy ('), qui a compris dans le dilavium
rouge placé entre le diluvium gris et le loess, l'Argile à silex
des plateaux d*Othe, dépôt incontestablement tertiaire, dans
cette contrée comme dans le reste du bassin de Paris.
La véritable Argile à silex du plateau de Souchez au bois
d'Olhain, ne contient que des silex entiers, non roulés et
n'ayant subi aucune usure appréciable (^). J'ai observé ce
dépôt à 165 mètres d'altitude au-dessus de Souchez, au lieu
dit N.-D. de Lorette, à environ 60 mètres plus haut que le
plateau de Givenchy. H. Ghellonneix Ta vu comme moi
au-dessus de Bouvigny. Enfin, je Tai rencontré sur la lisière
du bois d'Olhain, entre Verdrel et Fresnicourt, comme mani-
festement intercalé entre le limon superficiel et les sables et
grès éocènes (*).
(1) Mrugt: Bull, soc.géol. de Fr., 3« sér., 1. 1, p. 161 ; 18*72.
(2) Pour M. Ghellonneix (Ann. soc. géol. du Nord, 1. 1, p 50), les
angles des silex soni simplement émoussés. Aucun observateur ue
pourra eousidérçr ces silex comme roulés. En réalité, ces silex sont
entiers et ils se distinguent par une certaine imprégnation de la colo-
ration rougeâtre du Bief, et surtout par un endurcissement extrême,
qui en fait des matériaux d'empierrement très difficiles à casser.
Les silex des hancs de cailloux roulés quaternaires forment au
contraire, un bon empierrement sans difficultés de cassage.
Les silex du conglomérat de la base des sables éocènes, exploités
comme matériaux d'empierrement dans le Sanglerre, sont trop friables*
(3) N.* DE Merget : Ann. soc. géol. du Nprd, t. II, p. 121 ; 1875.
M. G. Barrois (Ann. soc géol. du Nord, t. VI, p. 361) paraît avoir
observé le même fait dans la Thiérache, et il en a conclu, comme M. de
Lapparent, quMl y avait des argiles à silex de divers âges.
Ëi\ rappelant, en môme temps, les diverses opinions émises relative-
ment à la question d'origfne de Targite è silex, M. Barrois m*a rangé
parmi les géologues qui en oui IhiinnQ formation glaciaire^ au lieu de
me placer au nombre de ceux qui y voient un dépôt chimique, comme
je n*ai cessé de le faire, notamment dans les deux publications citées
(Bull. soc. gtfol. de Fr., 8e sér., 1. 1, p. 184 et 198, 1812«'38).
— S45 —
Ce dépôt est d'aillears facile à observer dans tout rArtois ;
il a été teinté comme miocène sur la Carte de France, ainsi
que l'a rappelé. M. Gosselet en le rapportant à la période
quaternaire, par confusion avec un dépôt de cette période.
Quoiqu'il en soit, ce dépôt se reliant bien certainement à celui
dePEure dont Tâgeest voisin de la fin delà période tertiaire,
il dejûent intéressant de s'arrêter sur une remarque dont le
dépôt de TArtois (normal et dégagé, comme je viens de
l'expliquer, d'une erreur d'observation) a été l'objet de la
part de H. Gosselet. Il importe, a dit M. Gosselet, de ne
pas confondre cette argile à silex avec T argile à silex infé-
rieure aux sables éocënes.
En faisant cette remarque M. Gosseleta donné une solution
du problème qui se trouve^ au fond, conforme à celle que je
viens, dans ce travail de chercher à faire prévaloir.
Il n^y a entre nous de différences qu'en ce qui concerne la
nomenclature relative aux deux dépôts à distinguer, et en ce
qui regarde les caractères et l'ige du dépôt des plateaux de
l'Artois.
En effet, je propose :
1<» De retirer avec M. de Lapparent et M. Hébert le nom
d'argile à silex au dépôt de la base des sables éocènes, en lui
appliquant la dénomination de conglomérat primitivement
employée par M. Gosselet ;
2o De réserver le nom i' Argile à silex pour le dépôt des
plateaux de l'Artois, de la Picardie, du pays de Caux et de
TEurej dépôt d'émanation postérieur au calcaire de Beauce.
C'est ainsi, je le crois, que l'on pourra faire cesser la
confusion entre deux dépôts non- seulement distincts, mais
bien éloignés comme époque de formation, puisque par ime
particularité remarquable, ils se trouvent placés, Tun à la
base et l'autre au sommet de la série tertiaire du nord de la
France.
-246 -
Observations à Poccasion de quelques' travaux
publiés dans les Annales de la Sociélé géologique du Nord
sur le Qnaicmalre imcleii,
Par M. N. de nercejr.
J^ai cra quMI pouvait être utile de communiquer à la
Société géologique du Nord quelques observations à l'occasion
de travaux publiés dans ses Annales sur le Quaternaire ou
sur ce que j'appelle le Quaternaire ancien (>), en distinguant
ce groupe du groupe moderne de la même période, dont je
considère la durée comme se prolongeant encore actuel-
lement.
Deux ordres de faits concernant l'un les limonsy et Pautre
la description ainsi que le classement des divers dépôts du
groupe ont été étudiés par les auteurs des travaux dont je
vais avoir à nroccuper.
(t) J'ai employé dernièrement cette dénomination dans une note
adressée à la Société géologique de France. Sous celle dénomination de
Quaternaire ancien je comprends, d*aprés le système de classification
que j'ai présenté en 1875 à la Société Linnéenne du Nord de la France
(t. lY des Méni., p. 18), tous les dépôts de la période quaternaire ou du
terrain humain formés jusqu'à et y compris la terre à briques que j'ai
appelée Umon glaciaire.
C'est après la formation de cedépôt superficiel, d'une extension géné-
rale et qui coîucide avec une leumne entre les âges paléolithiques ou de
la pierre taillée et i'àge néolithique ou de la pierre polie ainsi que les
âges métalliques, que je fais commencer le groupe moderne.
Ces deux groupes correspondent à ce que l'on appelle ordinairement
terrain quaternaire et terrain moderne.
La dénomination de Quaternaire ancien a été employée également
par M. Ladrière dans un travail que je n'avais pas encore lu en faisant
moi-môme usage de la même expression; mais dans ce travail, dont je
parlerai plus loin, la dénomination de quaternaire ancien ne supplique
qu'à une partie de ce que je désigne ainsi.
Hais dans ces di?èri^ travaux, la question des limons a primé
toutes les autres, et rimpoftance exceptionnelle attribuée à
cette question par mes collègues de la Société géologique du
Nord, démontre bien que sur le terrain qu'ils étudient comme
près de Paris, il n*existera de base solide pour Tétude du
Quaternaire ancien que lorsqu'on aura clos le débat dont
cette question est Tobjet et lorsque raccord se sera fait entre
les partisans, jusqu'à présent si complètement divisés, de
roiïité et de la pluralité des limons.
La doctrine de runité des limons, soutenue dernièrement
en Picardie par M. d'Âcy dans un travail sur le Limon des
plateaux dont M. Gosselet a parlé dans ce recueil (i) et que je
dois discuter moi-même dans les Mémoires de la Société
Linnéenne du Nord de la France, a été défendue, dans les
Annales, par MH. Vanden Brœck etRutot(*), qui ont soutenu
que le limon et l'ergeron ne font qu'un (*), qu'il n'existe
entre le limon et l'ergeron aucune séparation sensible offrant
les caractères d'un ravinement réel, que le limon n'est que
Taltération superficielle de la partie supérieure deTergeron 0.
Déjà, précédemment, M. Yanden Brœck avait soutenu la
même thèse dans le Bulletin de la Société géologique de
France 0, en y exposant une théorie sur l'altération des
roches quaternaires par les agents atmosphériques que je
viens de discuter dans le même recueil et d'interpréter en
partie dans un sens favorable, relativement à certaines péné-
trations du Diluvium gris par la matière colorante rouge, qui
se présente normalement à la base de la terre à briques ;
(1) GossKLET : Ann. soc. géol, du Nord, t. IV, p. 107; 18*79.
(2) A. RuTOT et Ë. Vanden Brqeck: Ann. soc. géoi. du Nord, t. Vi,
p. 215; 1879.
(8) Id., p. 216.
(4) Id.. p. 217.
(5) E. Vanden Brcegk : Bull. soc. géol. de Fr., 2« sér., t, V, p. 298 et
p. 326 ; 1877. - T, VII, p. 216 ; 1879.
mais je n'ai pa admettre, à aacim point de Tne, la réttiion
en an seul et même dépôt de la terre à briques et de
Tergeron.
Je dois ici me prononcer de nouTean contre cette manière
de voir et m'associer à mes collëgnes de la Société géologique
du Nord, MM. Gosselet, G. Barrois» Ortlieb, Chellonneix,
Ladrière, qui ont soutenu, dans les Annales, la doctrine de
la pluralité des limons.
Je rappellerai en quelques mots les principaux caractères
différentiels inroqués pour attribuer i deux dépôts distincts
les deux limons, c'est-à-dire Tergeron m et la terre i
briques.
Un premier caractère tiré de la puissance habituellement
considérable de Pergeron et de la faible épaisseur de la terre
à briques a été invoqué également par les partisans de Tunité
des limons, qui ne voient dans la terre à briques qu'une alté-
ration superficielle de Tergeron n'ayant pas pénétré à une
grande profondeur.
Mais la véritable explication de la différence entre les
épaisseurs des deux dépôts doit, en réalité, se déduire de
Torigine elle-même de chacun d'eux (*). L'origine de Tergeron
ou plutôt des ergerons,cariIyen a de plusieurs âges comme
je le rappellerai plus loin, est fluviatile, tandis que celle de la
terre à briques est, d'après moi, atmosphérique et glaciaire.
Ce dernier point de vue peut sembler, en ce qui concerne
l'influence d'une cause atmosphérique, établir un point de
contact entre la manière de voir de MM. Yanden Brœck et
Rutot et la mienne, mais, là où mes deux collègues ne voient
qu'une aUératian atmosphérique, je vois moi-même un
(1) VErgeron des géologues belges correspond aux dépôts que]*ai
appelés» en Picardie, sable gras et aigre.
(2) Cette différence d'origine explique aussi l'épaisseur variable de la
^erre à briques et même son absence quelquefois complète sur Tergeron
comme M, Chellonneix en a donné un exemple (Ânn. soc. géol. du
Nord, t. VI, p. S82; 1879) et comme je Tai moi-même souvent observé.
- 8*9 —
rmamement atmosphérique, remaniement C) aya^n^ atteint
sous rinfluence d^on phénomène glaciaire terrestre tous les
dépôts, quels qu'ils fussent, affleurant à la surface du sol
après le creusement des vallées.
Les autres caractères dont on a fait mention viennent,
d'ailleurs, témoigner tous de cette différence d'origine entre
les deux dépôts.
En regard de la structure grossière et uniforme, de la
stratification, de l'infertilité de l'ergeron et de l'existence de
coquilles et d'ossements dans ce dépôt, viennent se placer la
structure fine et tenue au haut de la terre à briques, variable
à la base suivant la nature des dépôts voisins (*), la non
stratification, la fertilité de ce dépôt ainsi que l'absence
complète de coquilles et d'ossements que Ton y constate
toujours.
Enfin, il me reste à parler d'un caractère sur lequel j'ai
souvent insisté depuis 1866 et dont sans remonter à mes indi-
cations, M. Chellonneix (") vient à son tour d'invoquer spon-
(1) M. Ortlieb, dans une réponse à MM. Rulot et Vanden Brœc:k(Ann.
soc. géol. du Nord, t. VI, p. 806; 18*79), a très bien distingué les phéno*
mènes chimiques d'altération des phénomènes stratigraphiques de
remaniement ou bien les apparences de superposition des super-
positions évidentes.
(2) J'ai souvent parlé de cette relation entre la composition du limon
glaciaire et celle des dépôts sous-jacents. M. Gosselet vient également
de faire très bien ressortir ce caractère dans sa description du canton
de Maubeuge (Ann. soc. géol. du Nord, t. IV, p. 151 ; 18*79).
(3) Çheli^ihibix : Ann. soc. géol. du Nord, t. Vl, p. 88*7; 1879.
Dans Texemple qu'il donne aux environs de Lens, M. Chellonneix
fop. cit., p. 883) indique, au contact de la terre à briques et de Tergeron,
uoe ligne de séparation très ondulée, marquée par un lit de silex brisés
mêlé de quelques fragments de craie. Ces silex sont très anguleux,
décolorés et d'nn.voiume de l à2 cent, cubes.
Le limon brun avec silex, etc., que M. Ladrière a observé dans la
même localité, en recouvrement de la tene à briques correspondait a
des dépôts terreux, piqués de silex, paraissant, en Picardie, dater de
r&ge néolithique.
- 25Ô —
tanément la Taléar. Il s'agit des silex brisés oa anguleux (ponr
moi, éclatés sous rinflaence d'un refroidissement glaciaire)
qui se présentent si fréquemment à la base de la terre à
briques.
La valeur de ce caractère, franchement séparatif pour
H. Chellonneix, et que j'ai moi-même, à de nombreuses
reprises, signalé comme tel, peut néanmoins ne pas être
regardée par les partisans de l'unité des limons, comme suffi-
sante en elle-même au point de vue stratigraphique, en
Tabsence de données paléontologiques ou archéologiques.
Hais cette pénurie, du moins en ce qui touche les données
tirées de Tarchéologie préhistorique/ parait sur le point de
cesser dans le Nord de la France.
Je crois, en effet, qu'il existe conjointement avec les silex
éclatés, des silex taillés à la base de la terre à briques.
Ces silex taillés, d'un type distinct du type acheuUen de
M. de Mortillet, et se rapprochant plutôt du tvpe moustiérien
caractérisé par la taille sur une face seulement, Tautre étâDt
restée plate, se présenteraient tion roulés à la base de la terre
à briques, aussi bien sur les plateaux (plateaux de Cologne
et de Busigny, étudiés par M. Pilloy) que sur les flancs des
vallées (Saint-Acheul).
Des observations faites par M. Chouquet et par M Maufras
dans le bassin de la Seine et dans celui de la Charente
s'interpréteraient d'une façon favorable à cette manière de
voir.
II semble donc probable que l'on arrivera à distinguer I}) la
(1) Par exemple, dans In coupe que MM. Vanden Brœck et Rutol ont
donnée (Ânn. soc. géol du Nord. t. Yl, p. 224), c'est à la base du dépôt
superficiel /, considéré par mes deux collègues comme représentant
l'ensemble de la terre à briques et de l'ergeron et où je ne vois que de
la terre à briques, c'est-à-dire dans la couche H (Lit de galets ? contiuu)
que devraient, d'après ma manière de voir, être cherchés les silex
moustiériens.
Les couches sous-jacéntes, sableuses et limoneuses G eiE corres-
pondent, pour moi. à TErgeron et aux sables boulante ^u à mes sables
gras et aigre (alluvions des rives).
~ t5! —
terre à briqnes des dépôts sous-jacents et à en déterminer
partout rage comme poBt-mowtiérien, puisque les silex mous-
tiériens, dont le gisement normal à Tétat ronlé se troure
dans les dernières alluvions anciennes à Eléphants des bas
niveaux, se présentent à la base de la terre à briques comme
enfouis sans aroir été roulés» et dans les mêmes conditions
que les autres matériaux remaniés à la base de ce dépôt, que
j'ai appelé limon glaciaire.
z, ^ Limou glaciaire (terre à briques avec cailloux
éclatés à la base).
Xj X' x" — Âlluvions des rives (sables aigres et gras,
sables k)ouIants ou Ergeroos), contemporaines des
graviers y, y* y"
y* y y*' ~ Graviers de fond de divers niveaux.
Le diagramme ci-dessus, extrait d^on travail que je viens
de présenter à la Seciété géologique de France, dans le but
de chercher à élucider la théorie du Quaternaire ancien par
la discussion des doctrines de M. Preswitch, de Belgrand, etc,
permettra de bien saisir le rôle que j'attribue à la terre à
briques Z, avec cailloux anguleux ou éclatés à la base et
silex taillés moustiériens, dépôt formé par voie de remanie-
— Î5S —
ment^ le plas souvent â«x dépens del dépôts de gra?iers de
fend et d'alluvions des rives de divers âges, dont les plus
anciens correspondent à Tâge de VElephas meridionalis ei\es
plus récents à Page de VElephas primigenius Ç).
Je dois ici foarnir quelques explications relativement aux
dépôts de divers âges relevés dans le diagramme.
En ce qui concerne les plus anciens de ces dépôts, une
allusion a été faite par M. Potier (*) à un ossement trouvé à
la base du limon des plateaux. Il s*agit d*un fragment de
fémur d'un très grand Eléphant signalé en 187:2 par Buteux('),
comme rencontré sous plus de 5">00 de dépôts limoneux sur
le plateau dTtalon (Somme). M'étant rendu Tannée suivante
dans cette localité, j*ai pu constater que Tossement avait été
rencontré, vers 84^ d'altitude, dans la couche de cailloux
verts remaniés du Tertiaire et que je venais de décrire {^)
aux environs d'Amiens, comme appartenant probablement à
l'âge de VElephas meridionalis. Il me fut, en outre, facile de
me convaincre, par la comparaison avec le gisement de
Saint-Prest, dé Tidentité qui existe entre les plus anciens
dépôts caillouteux de la Somme et de FEure. Enfin, au
commencement de 1878, je pus annoncer dans une commu-
nication à la Société Géologique de France C), que
j'étais arrivé à rapporter également à Tâge de VElephas
meridionalis, les alluvions des rives ou sables gras des hauts-
plateaux qui format partout, dans le Nord de la France, la
partie inférieure et principale de ce que Ton appelle ordinal-
(1) Dans ce diagramme ihéorique et réduit à la plus simple expression
on n^ pas indiqué tous les niveaux do graviers de fond et d*alluvion
des rives qui sa présentent en réalité sur les bords de la vallée de la
Somme, à laquelle il s'applique.
(2) Potier : Ann. soc. géol. du Nord, t. VI, p. 878, 18*79.
(3) BoTEux : Bull. soc. linn. du Nord de la France. 1. 1, p. 29, 18*72.
(4) N. DE Mbrcet : Bull. soc. linn. du Nord de la France, t. I, p. 88
etp. 119. 18*72.
(5) N. DB MERCEt : Bull. soc. géol. de Fr,. 3e sér., t. VI, p. 201, 1878
— 283 —
rement le Limon desplaieaux, dépôt que je cessais de cansi-
dérer comme un, et dont la partie sapérieure et relalirement
peu épaisse, formée par la terre à briqaes avec cailloux
anguleux ou éclatés à la baae, se trouvait seule correspondre
à mon limon glaciaire ou au dépôt général superficiel, posté-
rieur au creusement des vallées.
Ce démembrement du limon des plateaux en deux parties
absolument distinctes, dont Tune aurait précédé et Tautre
suivi le creusement des vallées, et dont les formations
auraient ainsi été séparées par tout Tinlervalle du temps
correspondant au^ creusement, ne s* est trouvé sans doute
énoncé que trop sommairement.
En effet, M. Yanden Brœck (') a cru d'après une lettre de
H. de Lapparent que je considérais totU le limon des
plateaux comme antérieur au creusement des vallées et que
ce limon était formé tout entier pour moi p^r la terre à
briques avec cailloux anguleux à la base, tandis que, en
réalité, je ne regarde comme antérieure au creusement que
la partie du limon des plateaux inférieure à la terre à briques,
formation superficielle qui elle-même est postérieure an
creusement.
Eh insistant ici sur la véritable interprétation de mes
indications, je puis ajouter que cette interprétation se trouve
au fond conforme aux vues que M. Potier a exprimées
d'après sa propre manière de voir, en réponse à une
question, posée par M. Gosselet, sur la légende des Limons
de la Carte de France C).
Il me reste maintenant à parler des travaux publiés dans
les Annales, qui ont eu. pour objet la description et le
classement des divers dépôts dont S3 compose ce que
j'appelle ici le Quaternaire ancien.
(1) £. Vanden Brgeck : Bail. Soc. Géol.de Fr , d« sér., t. Vil, p. 215 ;
1879. '
(2) Gosselet : Ânn: Soc. G(^ol. du Nord. t. VI, p. 876-877.— Potier
Op. cil, p. 877-879 ; 1879.
— «54 —
M. Hallez a bien mis en évidence, dans âne cdope de
la colline de TEtnpenpont 0), la discordance qui existe
toujours entre la terre à brigues n** 1 et les dépôts sous-
jacents limoneux ou sableux n"* 2 et 3 (alluvions des rives de
mon diagramme), qui eux-mêmes se séparent nettement de
la couche de silex et grès roulés n9 4 (gravier de fond de
mon diagramme).
M. Barrois, dans son travail sur les sables de Sissonne (*),
a également donné sur les âges relatifs des divers dépôts
qu'il a étudiés des indications tout à fait conformes à la
manière de voir que je viens d'exposer dans cette note. En
effet. M Barrois a montré, dans deux coupes d'ensemble (*),
que le limon des plateaux qui bordent la vallée de la Souche
(première alluvion des rives de mon diagramme) est
antérieur au creusement de la vallée et à la sédimentation
sur ses flancs des deux couches de grève crayeuse et de sable
de Sissonne (gravier de fond et alluvion des rives de mon
diagramme); il a en même temps dû tenir compte de la.
superposition évidente (^) sur le sable et sur la grève crayeuse
d'un limon qu*il a considéré (*) comme entraîné sur les
terrasses par un remaniement du limon des plateaux. Pour
moi, ce limon correspond au limon glaciaire ou terre à
briques Z de mon diagramme, dépôt dont il ne resterait,
pour vérifier complètement mon système, qu*à reconnaître
la présence sur les plateaux où il formerait la partie super-
ficielle de ce que H. Barrois a appelé le limon des plateaux.
H. Barrois s'est aussi occupé dans uu travail sur les
alluvions de la rivière d*Âisne d'un dépôt limoneux avec
*
fi) p. Hallbt : Ann Soc. Gôol. du Nord, t. V, p. 82; 1878.
(2) C. Barrois ; Ânn. Soc. GéoL du Noid. l. V, p. 84; 1878
(3) Id , Ck)upe I, p. 88 ; coupe 4, p. 97.
(4) la., p. 95,96; coupe V, p. 98.
(6) Id., p. 95.
(6) G. Barrois : Ann. Soc. Gôol. du Nord. t. V, p. lio; 1878.
- 255 -
fragments de craie et silex, grève crayeiue antérieure an
Diluvium gris. D'après son extension plas grande et son
altitude plus considérable (*), et qui me parait correspondre
à la partie des alluvions des rives que j'ai décrite sous le
nom de Prèle (*). Ce dépôt serait pour moi de la même
nature que celui qui termine TaUuyion des rives à la colline
de TEmpenpont (n® 4 de la coupe de M. Hallez ci-dessus
mentionnée).
M. Gosselet, qui a fourni sur le quaternaire du Nord de la
France des indications locales toujours si exactes, a visité de
nouveau H la sablière de Cologne, et il regarde le limon
argileux qui recouvre Targile plastique et le sable tertiaire,
comme présentant les caractères du limon supérieur. Ce
limon contiendrait là, à sa base, non -seulement des silex
taillés, mais même des poteries grossières.
Je n'ai moi-même recueilli à Cologne que les silex taillés
décrits par M. Pilloy; j'ignorais, lors de mon exploration,
qui a eu lieu l'automne dernier, la découverte de poteries
faite par H. Gosselet. Ma manière de voir, relativement à
Page du limon de Cologne, que je considère comme corres-
pondant à la terre à briques et qui a d'ailleurs été employé*
comme propre à la fabrication des briques, se trouve d'accord
avec celle de M. Gosselet.
4
MM. Ortiieb et Chellonneix C) ont donné sur les affleu-
rements quaternaires coupés par la voie ferrée entre
Tourcoing et Menin des détails très-intéressants, non-seu-
lement en ce qui louche les dépôts eux-mêmes, mais encore
en ce qui concerne un mouvement du sol postérieur à la
formation de couches qui pour moi correspondent à une
(1) C. Barrois : Ann. Soc. Géol. da Nord. t. V, p. 124 ; 18 1S,
(2) N. DE Mbrgey : Bull. Soc. Linn. du Nord de la France, t. VI^ p. 51 ;
1873.
(3j Gosselet ; Ann. Soc. Géol. du Nord, t. VI, p. 1 ; 18*78;
(4) Ort^bb et Chbllonheix : Ann. Soc. Géol. du Nord, t. VI, p. 51;
18*78
(5) ld.,.pl.II.fig.l.
-286 -
allavion des rives, el autérieur à la formation d*aiie coocha
superficielle de limon qui pour moi correspond à la terre à
briques on à mon limon glaciaire.
Ce dernier dépôt se distinguerait i»ussi par un ra? inement
prononcé entamant même le tertiaire 0)f Les auteurs de ce
travail se fondent avec raison sur ce caractère pour repousser
la tnéorie attribuant une origine et un âge communs aux
deux limons (^).
M. Ladriëre, dans son étude sur les limons des environs de
Bavai (*), a donné des indications très détaillées et des coupes
d*oû je crois pouvoir conclure que l'auteur a décrit sous le
nom de limon supérieur A et limon inférieur B, limon
homogène a et limon à silex 6, deux terrasses disposées
comme celles figurées dans mon diagramme et présentant
chacune un dépôt de limon glaciaire ou terre à briques en
recouvrement d'une alluvion de rives sous laquelle se ren-
contrerait du gravier de fond.
Dans un dernier travail plus spécialement consacré à
rétude du terrain quaternaire du Nord (^) . M. Ladrière s*est
placé à un point de vue sensiblement différent de sa pre-
mière manière de voir. Sous le nom de Quaternaire ancien,
Tauteur décrit divers dépôts superposés au Tertiaire et ayant
été formés lors d^un creusement préliminaire des vallées,
bien distinct du creusement principal. Je ne puis ici me pro-
noncer avec certitude sur Tige de ces dépôts ; mais je serais
disposé à ; voir des dépôts correspondant à ceux de Tige de
VElephas meridionalis dans la Somme et dans l'Eure, et peut-
être aussi de l'âge de Baulder-Clay anglais, dont la formation
correspond en Picardie à une lacune entre l'âge de VElephas
meridionalis et celui ieVElephas primigenius.
(1) Ortlieb et Chbllonniix : Anu. Soc. Géol. du Nord, l. VI. pL 11,
fig. 2 ; 1878.
(2) Id., p. 60.
(8) J. Ladrière : Ann. Soc. Géol.du Nord, t. VI, p. '74, pi. III et p. 800,
pi. vn ; 1879.
(4) J. Ladrièrb : Ann. Soc. Géol. du Nord, t. VII, p. Il, pi. I ; 1879.
— 257 —
D'aatresdép6tss<mt décrits comme formés pendant la période
récente et après le creasement des vallées, sur les flancs
desquelles ils se seraient déposés de bas en haut, et néces*
sairement alors pendant un mouvement d'abaissement du
sol.
Les alluvions modernes formées en dernier lieu rem-
pliraient le fond de la vallée.
Je dois me boiiier ici à mentionner les vues théoriques
de ce dernier travail, sans chercher à les interpréter comme
les vues précédemment exprimées par lé même auteur et
qui m* ont seules paru susceptibles d*étre mises en parallèles
avec ce que je connais en Picardie.
M. Gosselet(l). dans une analyse du livre de M. d'Acy sur
le Limon des plateaux, eu repoussant, comme je l'ai déjà dit,
Tattribution des deux couches de limon à un seul et même
dépôt, réclame {^), en ce qui concerne Tâge du limon des
plateaux, des preuves du creusement préalable des vallées
admis par U. d'Acy. J'ai pu répoudre à cette demande en
démontrant que la partie inférieure du limon des plateaux est
antérieure au creusement, et que la partie supérieure lui
est seule postérieure,
M. Gosselet a fait aussi ressortir avec raison la ressem-
blance qui existe entre plusieurs des silex figurés par
M. d'Acy et les silex taillés de Cologne (silex du type
Mousliérien).
Il me sera donc de nouveau permis, en terminant cet
examen, de rappeler que le moment parait arrivé, dans le
Nord de la France, de tenir compte des caractères archéolo-
giques dans le classement des dépôts anciens de la période
quaternaire.
(1) GossiiLET : Ann. Soc. Géol du Nord, t. VI, p. 107; 1879.
(2) id., p. 108
17
Annales de la Société géologique du Nord, t. vil •
— 258 -
Depuis i'enyoi de cette note, j'ai en eonnaissance d'ane
commanication faite à la Société par M. Gusselel, au mois de
Mairs dernier (Ann. soc. géol. du Nord^ t. VU, p 165>, sur le
Terrain diluvien de la vallée de la Somme,
L'interprétation des coupes présentées par mon savant ami
se trouve tout à fait d*accord avec la manière de voir que je
viens d'exposer dans ce travail 0.
M. Gosselet a distingué, dans la vallée de la Somme, et
sans chercher à faire de comparaisons avec les environs de
Paris ou le Nord, deux assises séparées par un profond
ravinement. L'une de ces assises ou la plus inférieure
(couches F, £, D, de M. Gosselet) correspond aux graviers
de fond et aux allumons dérive; l'autre (couches C, B^ A, de
M. Gosselet) au <tmon glaciaire ou terre à briques avec
cailloux éclalés et coloration rouge à la base.
M. Ch. Barrois fait la communication suivante :
Séance du 2i MM 1880.
Sur le Terrain allarien supérieur
de la presqu'île de Crozon.
Par le D^* Charle» Barrois.
J'ai relevé dans la presqu'île de Crozon (département du
Finistère) diverses coupes qui m'ont permis de reconnaître
la succession des couches de la faune troisième silurienne,
dans celte région peu étudiée jusqu'à ce jour.
(1) La divergence qui, d'après M. (iosselel (p. 169), existerait entre sa
manière de voir et celle que j'ai exprimée en 1864 relativenient à un
des éléments de ces coupes formé par la Preste, drsparaîi, en tenant
compte de ce que j'ai définitivement admis en l872-'75 (Bull. soc. linn.
du Nord de la France, p. 116. 24(5 24*7, 260-261) au sujet de cette Presle
que j'ai rattachée au sable gras et décrite comme formant la couche
lermhiale des atluvions de rive de divers âiges.
— 259 —
La falaise de Lostmarc'h montre da Sud au Nord la
succession suivante, de la Palue à Lostmarc'h :
1 Pàammiles blancs, micacés, avec scolilhes.
— Schistes et quarziles verts.
— Diabase.
8 Scliistes noirs, avec minces lits de quarzite.
— Schistes noirs pyriteux, avec nodules à ortho-
cères, et Cardiola interrupia.
4 Diabase, grauwaclie métamorphique , et lits
atternaots de calcaire métamorphisô (calcaire
de Rosan).
5 Schistes et quazites verts compactes de Plougastel
La falaise au Sud de Gamaret, montre au-dessus de la
faune seconde, la coupe suivante dans la partie Est de la
baie, en se dirigeant vers la pointe de la Tavelle :
1 Psammites blancs, lustrés micacés.
2 Schistes noirs, ampéliteux, à graptolites.
s Schistes avec minces lits de quarzite et nodules à
Ceratiocaris.
— Faille.
— Calcaire de Néhou à Spirifer lœvtcosta.
— Grès ferrugineux de Landévennec.
— FqiUe,
•^ Grès armoricain (grès blancs à scolithes).
La falaise Ouest de Morgat montre très bien développées les
couches 1 et 2 des coupes précédentes ; il est difficHe d'y étu-
dier leurs relations avec les autres couches, à cause des
constructions qui couvrent cette partie, et des modifications
qui y ont été produites par les filons de diabase.
La rive gauche de TAber, près Tembouchure de cette
rivière, montre du Sud au Nord la succession suivante :
— ^60 —
1 Schistes et quarzites très métamorphisés, diabase
et d^rauwACkes cristallines métamorphiques.
S Schistes ampéliteux noirs à graptolilhes.
— Diabase.
3 Schistes avec nodules à Ceratiocaris,
— Diabase.
8 Schistes avec nodules.
4 Calcaire de Rosan.
— Dial)ase.
8 Schistes avec nodules.
La rive de la rivière de Châteaulin, entre Treuzeulom et
Lanneurec, montre encore ces mômes couches, dans le même
ordre de succession, mais entrecoupées de failles et diver-
sement métamorphisées par des diabases. Ceis coupes, comme
celles qui précèdent, ont été relevées en détail, mais elles
sont destinées aux Mémoires de la carte géologique détaillée
de la France, et je n^en donne ici à la Société que le résultat
général. Ces coupes permettent d'établir quatre divisions
constantes (numéros i à 4) dans le terrain silurien supé-
rieur (faune 3»«) de cette partie du Finistère ; ce sont de bas
en haut :
1 Psammites blancs à scolithes.
2 Schistes ampéliteux à graptolites. ' ^
8 Schistes à nodules à Cardiola interrupta.
4 Calcaire de Rosan à Orthis.
Je vais indiquer successivement les principaux caractères
de ces quatre divisions, en commençant par la plus ancienne :
1 . Les psammites blancs à scolilhes forment le membre le
plus caractéristique de la division inférieure du terrain silu-
rien supérieur (faune 3®) dans le Finistère, ils sont en rela*
tion avec des schistes et quarzites également sans fossiles.
L'épaisseur des psammites blancs est d'environ 30 mètres ;
bien que d'assez nombreuses carrières soient ouvertes à ce
niveau (Morgat, Rundaoulin^ la Palue, Argol^ Kérivin, etc.).
— 261 —
il ne m'a pas été possible d'y trouver d'autres fossiles que les
traces obscures décrites sous les noms de TigilUtes prœcy-
lindricuSf etc. Ce niveau correspond sans doute au grès
blanc de Poligné, de Bourg-des-Gomptes et de Beslé, décrits
par MM. de Tromelin et Lebesconte, qui ont parfaitement
reconnu et indiqué la succession de ces couches dans l'IUe-et-
Vilaine. Ces psammites à scolithes que je considérerai avec
ces géologues comme formant la base de la faune S""® ne
reposent pas directement dans le Finistère sur les schistes
ardoisiers d'Angers à Calymene Tristaniy ils en sont séparés
par des grès schisteux, grisâtres, tendres, assez grossiers,
où l'on peut espérer trouver uq jour la faune de May et de
Saint-Germain.
2. Les schistes ampélHeux à graptolites forment une boue
noire charbonneuse dans beaucoup de chemins creux du
Finistère ; leur affleurement dans l'anse de Dinan fut déjà
Tobjet d*une demande en concession dès 1790, et a môme
été indiquée comme anthracite sur la carte générale de
France. Ce fut toutefois M. Guillier qui reconnut le premier
Texistence de graptolithes à ce niveau, au Maudennou
(commune de Dinéault), et put ainsi les rapporter à la faune
troisième silurienne.
^ Leur position entre les schistes à nodules à Cardiola
interrupta et les psammites blancs s'observe dans la plu-
part des coupes; ce n'est toutefois que dans des affleurements
privilégiés qu'il arrive de trouver des graplolites. Ils y sont
alors en grand nombre, mais en assez mauvais état de con-
servation ; c'est dans la falaise de Morgat, sous les premières
maisons à l'Est du bourg, que j'ai trouvé les plus beaux.
J'en ai trouvé également dans la falaise au N. de la Mort-
Anglaise, ainsi que dans la falaise basse au S. de la pres-
qu'île de Rosan, mais les schistes sont là altérés, très
compactes, et les espèces sont difficilement détermioables ; il
en est de même dans le beau gisement au Sud de Camaret,dans
— 262 —
les falaises an Nord de la pointe de la Tavelle, où ils se
détachent nettement en blanc sur le fond noir dn s^chiste.
Les pressions ont été si puissantes en ce point, que ces
graptolites sont disposés perpendicnlairement au clivage
facile du schiste, qui est par conséquent ici le plan de
flssilité, et non le plan de stratification. Lé pins abondant de
tous ces graptolites est le Monograplus colonus, Barr., il s'y
trouve associé à nombre d'autres formes : Monograptus
Sedgwickii, Port. , Monograptus priodon, Brohn., Monograptus
Hisingeriy Garr , auxquelles est souvent associée VHyolites
simplcx, Barr.
3. Les Schistes à nodules à Cardiola interrupta^ se trouvent
immédiatement sous le calcaire de Rosan ; ils sont très fossili-
fères dans toute cette presqu'île de Crozon. J*ai signalé
pour la première fois leur présence dans le Finistère
Tannée dernière, au Congrès de Montpellier ; il serait
fastidieux de citer toutes les localités où je les ai
reconnus, je ne citerai que celles qui m'ont fourni des
fossiles : Clouchouren, Kerclunhiou,Kervéneuzé,Landaoudec,
Kerlaboussec, falaise S. de Camaret, Lo>tmarch, Keradennec,
Rosan, Kerivoas, Moulin de Rouvarch, Argol et hameaux
environnants, le Roscoat.Kernivinen, Treuzeulom, Lescoat,
Coat-Garec, Neizic, le Cosquer, Trégarvan et hameaux envi*
ronnants , Pen-ar-ros , Penarster , Lanvian , Dinéault et
hameaux environnants, Lestrélan, Kerarvaill, etc. La faune
très riche de ce niveau est en grande partie nouvelle, elle
contient dans le Finistère de nombreux restes àeCeratiocariSy
d'orlhocères (0, styloïdeuirty 0, subannulare, etc.), Bolbozoe
anomala, Cardiola in terrupta y Cardium œstulatum, Grapto-
litus priodon, Scyphocrinus,
C'est la faune connue depuis longtemps à FeugueroUes
(Calvados), correspondant à l'étage E de M. Barrande, et
étudiée récemment, avec succès, en divers point de la
Sarthe, de la Mayenne, d'Hle-et-Vilaine, de la Loire-lnfé-
- Î63 '
rieure et de Maine-et-Loire, par MM. Guillier, Oehlert, de
Tromelin et Lebesconte, Farge, Hermite.
4. Le calcaire de Hosan à Orihis n a été exploité que dans
la presqa*Ue de ce nom; il est toutefois bien exposé aussi et
fossilifère dans la •pointe de Lostmarc'h. ainsi que sur la
riTiëre de Châteaulin à Coat-Garec et à Trégarvan ; il est de
pins reconnaissable en divers points intermédiaires, comme à
Kerlouantec, Horgat, etc , et Ton ne peut douter de sa position.
Ce calcaire a été signalé pour la première fois par M. de
Fourcy 0), en 18ii; l'année suivante, M. Frapolli (^) publiait
une carte détaillée de cette région dans le bulletin de la
société géologique de France, il assimilait ce calcaire de
Rosan, à celui qui est exploité en de nombreux points de
la rade de Brest (RoscanveU Lanveoc, Armorique, etc.) et
dans lequel on trouve la faune dévonienne, bien caractérisée,
de Néhou et d'Izé ; sa présence à Rosan était due d'après
Frapolli^ à un pli synclinal qui ramenait ces couches au
milieu d'une région formée de strates plus anciennes, c'est
dans ce môme synclinal que se trouvait Tembouchure de la
rivière Aber. Toutes les coupes que j'ai relevées montrent
qu'on ne peut considérer ce calcaire de Rosan comme un lam-
beau de calcaire dévonien conservé dans un polit synclinal,
ipais qu'il fait, au contraire, partie d'une bande calcaire
distincte quej'ai pu suivre sur une longueur de 25 kilomètres,
depuis la falaise de Lostmarc'h jusqu'à Trévargan, sur la
rivière de Châteaulin.
Cette bande calcaire est régulièrement interstratiflée entre
les schistes à nodules, contenant la faune silurienne de Feu-
gueroUes, et les quarzites de Plougastel à faune dévonienne.
Elle représente donc la couche silurienne la plus récente du
Finistère, ou la couche dévonienne la plus ancienne.
(1) Db Fourct : Description gôoi. du Finistère, Paris, 1844. p. i28.
(2) FiUPOLLi ; Mémoire sur le terrain silurien du Finistère buli. soc.
géol. France, 2* sôr., T. 2., 1845, p. 548, pi. XVIll,
- 264 —
Les géologues au courant de la géologie de la Bretagne,
recoanaîtront de suite dans ce calcaire, un représentant des
célèbres calcaires d'Erbray, découverts par Gailliaud dans la
Loire-Inférieure, calcaires si curieux parle mélange d'espèces
siluriennes et dévoniennes qu'on y renconire. Je fus bien
surpris en examinant la faune du calcaire de Rosan, de ne
trouver aucune espèce commune entre sa faune et celle
d'Erbray. A l'exception d'une grande Orthis et de tiges d'en-
crines, les fossiles sont peu répandus dans le calcaire de
Rosan ; c'est cette circonstance, jointe à l'état de métamor-
phisme avancé du calcaire, qui explique comment il a échappé
jusqu'ici à l'attention des géologues stratigraphes. Les
curieuses modifications du calcaire de Rosan avaient cepen-
dant été remarquées déjà par Durocher (0, qui les rapportait
au contact du Kersanton et indiquait Rosan comme une des
localités ou le métamorphisme produit par le Kersanton sur
les roches adjacentes, s'est manifesté de la manière la plus
saillante. Les nouveaux procédés d'examen microscopique
des roches montrent que la roche éruptive de Rosan, que
Durocher rapportait au Kersanton, est formée essentiellement
de cristaux de feldspath triclinique, de pyroxène, et d'une
matière serpentineuse dérivant sans douie du pyroxène ; elle
contient en outre, comme minéraux accessoires, des grains
de fer oxydulé, et à leur voisinage, quelques lamelles de mica
brun dichroïque : on doit donc rapporter cette roche comme
nous le faisons ici, aux diabases. Les modifications produites
par le contact de cette diabase (métamorphisme exomorphe)
sont réellement remarquables comme l'indiquait déjà Duro-
cher ; on y reconnaît des grauwackes cristallines, des amyg-
daloïdes, des spilosites, et les autres roches de contact décrites
dans les mômes conditions dansleHarz, parKayser et Lossen.
(l) Durocher ; Etudes sur le métamorphisme des roches, Bull, soc,
géol. de France, T 3, p. 593, 1846.
- 265 —
Il y a tontefois ici une variété étonnante dans ces rocties de
contact ; cette variété est due à ce que les roches éruptives
qui ont déterminé leur formation ne sont pas, comme on Ta
indiqné jusqu'ici . des masses isolées» mais qu'elles se
rattachent à un énorme filon que j'ai pu suivre sans interrup-
tion sur une longueur de près de 50 kilomètres, suivant le
versant nord du Menez-Hom et des Montagnes Noires
A part quelques variations Acales, sur lesquelles je revien-
drai plus tard, ce filon reste limité sur cette grande longueur
à l'affleurement des couches de la faune troisième silurienne :
il simule donc à première vue sur la carte, un véritable filon-
couche. Il n'en est pas toutefois ainsi, et la roche éruptive qui
a suivi, dans sa venue au jour, la ligne de moindre résistance
fournie par cette division des terrains sédimentaires de la
région, a coupé irrégulièrement et obliquement, les quatre
assises différentes de cet étage silurien. La composition de
ces différentes assises étant très hétérogène, les nombreuses
modifications produites au contact par la roche éruptive,
donneront lieu à d'intéressantes études.
Un filon de quarz oligistifère, épais de 2 à 3"*, est sensible-
ment parallèle à cette venue de diabasé^ et a la même ex-
tension. J*ai dû constater, que dans des recherches de
minerai de fer, faites il y a quelques années sur la rivière de
Châteaulin, on avait confondu cette roche Plutonienne (Rosan,
Trégarvan, Penenezj avec le minerai stratifié du niveau dévo-
nien de Landévennec, le Faou, etc.
Le calcaire de Rosan est argileux, gris, gris-bleuâtre, à
grains fins, parfois pas plus cristallin que les calcaires
dévoniens de la même région, mais il présente d'autre part
une série étendue de modifications. Nous ne citerons ici que
la plus ordinaire, qui consiste dans sa dolomitisation, il est
souvent aussi chargé de chlorite, ou est changé en marbre
blanc au contact de la diabase ; on en a un bel exemple à
Trégarvan, où ce calcaire est à l'état de marbre blanc sur une
- 266 -
épaisseur de ^^y la plupart da temps, le calcaire gris-
jauuâlre argileux recueilli au contact, ne révèle que sous le
microscope les modifications intimes qu*il a éprouvées. Ce
calcaire en plaques minces, se montre uniquement formé
de petites perlés de calcite striées par Tinterposition de
lamelles hémitropes, et sillonnées par des lignes de clivage
coupant ces stries ; la mâcle de ces lamelles est la mâcle qai
a été reconnue dans les maîtres cristallins par Oschalz,
Inoslranzeff, Renard ; son plan d^assemblage est parallèle et
son axB d*hémitropie est normal à — f- R. Les stries d'hémi-
tropie sont parallèles entr'eiles, elles sont courbes. Ces perles
de calcite sont isolées, et noyées dans une pâte verte, serpen-
tineuse, avec nombreuses sphérolites; cette matière, que je
ne puis distinguer de la serpentine, est postérieure à la
calcite ; il s'est enfin infiltré dans cette roche postérieurement
à la serpentine, de la calcédoine en grains irréguliers.
La faune du Calcaire de Rosan nous est encore trop
imparfaitement connue pour qu il soit possible de fixer
absolument sa place. dans le terrain silurien supérieur; ce
qui ne laisse pas de doutes à nos yeux, c est sa position
stratigraphique enire les schistes à nodules avec Cardiola
interrupta et les quarzites dévoniens de Plougastel. J'ai
terminé actuellement la carte géologique au jôiôô ^® celte
région pour le service de la carte de France, et ce travail per-
mettra de reconnaître la position assignée ici au calcaire de
Roian. Je n*ai pu toutefois trouver dans ce calcaire aucune des
formes caractéristiques de Tétage F de M. Barrande^ ni
aucune forme hercynienne de M. Kayser, que Ton devait
s'attendre à rencontrer au-dessus des couches à Cardiola
interrupta : cette circonstance m'a rendu très prudent dans
la détermination des fossiles, elle expliquera les incertitudes
et les lacunes de ma liste.
Les espèces que j'ai trouvées appartiennent aux genres
suivants :
— 2»T —
Trilobites (fragments indéterminables). Coat-Garec.
Rhynchonella, 2 espèces Rosan.
Stropàomena, l espèce Goat<Garec.
Ortàis, 8 espèces Rosan, Trégarvan.
Goat-Garec.
Ungula, I espèce Rosan.
Feneslella, l espèce Rosan, Coat-Garec.
Crindides Rosan.Lostmarc'h.
Trégarvan, Goat-Garec.
Cfiœtetes , 1 espèce Rosan, Goat-Garec.
FavosUes, l espèce Rosan.
Les Orthis sont les seuls fossijes de celte liste dont Je puisse
donner ici la détermination avec un degré de certitude sufnsant. Ge
sont les formes les mieux conservées, et les seules communes dans le
calcaire de Rosan : une grosse espèce plissôe s'y rencontre par cen-
taines, d'autres or tais striées, plus petiies, y sont moins communes,
mais quant aux autres genres, on ne les trouve 'qu*à Télat d'échan-
tillons isolés, qu'on ne ramasse qu'en cherchant bien.
Orthis actoniœ, Sow.(*) — La grande Orthis si commune à Rosan où
elle atteint 0,04 sur O.OS appartient au groupe des Plicosœ de de Ver-
ncuil, et à sa division à plis dichotomes et à crochet dorsal très-
recourbé. La coquille est semi-circulaire, plus large que longue, ayant
sa plus grande largeur au bord cardinal, et terminée de chaque côté
par des angles sensiblement droits; front et côtés arrondis. Vahe
dorsale (petite) déprimée, peu convexe et sans aréa. Valve ventrale,
très gibbeuse, sans sinus, sans aréa apparente; crochet fortement
recourbé et dépassant le bord cardinal. La surface externe des deux
valves couverte de gros plis rayonnants, anguleux, inégaux et dicho-
tomes piar inten^osition d'une ou deUx petites cotes qui se placent
entre les premières. On compte ordinairement 14 à 20 plis près de
la charnière, 30 à 60 au bord. Ils sont traversés sur les deux valves,
et surtout sur la dorsale, par des stries concentriques, écailleuses,
d'autant plus serrées que la coquille est plus âgée.
(*) Depuis que ces lignes sont écrites, M. Davidson a bien voulu
comparer mes échantillons à ses types ^"Orthis actoniœ d'Angleterre,
le savant paléontologiste anglais me fait savoir qu'il croit à l'identité de
ces coquilles. (Note ajoutée pendant riinpressiou).
— 268 —
A Tiniérieur, la valve dorsale porte une dent médiane proéminenie,
prolongement d*une arôle médiane, qui ne s'éiend pas tout-à-fiilt
jusqu'au milieu de la valve, et qui sépare deux impressions oblon{;ues.
Des deux côtés s'élèvent verticalement deux autres petites dents.
Le limt>e fortement épaissi est strié. La valve ventrale a deux dents
cardinales séparées par une petite fente médiane triangulaire où
pénètre la dent médiane de la valve opposée.
Cette forme rappelle les espèces pi us petites, flî;urées par de Yerneuil.
sous le nom û^Orthis oàlusa (Russie d'Europe, p. 212), et par
M. Barrande sous le nom de Orthis honorata; elle a des analogies
avec Strophomna Murchisoni, mais elle me semble identique à
VOrthis acloniœ de Sowerby, telle qu'elle est décrite par Salter et
M. Davidson.
Orikis 8tnée9 : En outre des grandes Orthis précédentes à gros
plis, il s*en trouve un assez bon nombre de plus petites, et qui s*en
distinguent non seulement par la taille, mais encore par les striés dont
leurs valves sont ornées. Ces coquilles sont petites, arrondies, leur
aréa est toujours plus courte que le diamètre transversal ; leurs stries
latérales, en quittant le crochet, décrivent un arc et reviennent sur le ^
bord cardinal. Elles appartiennent à la section des Arcuaio-strialœ de
de Verneuil ; il avait subdivisé les espèces de celte section en Filiariœ
et en Elegantulœ^ selon qu*elles avaient les stries plus ou moins
fines. Les Filiariœ appartiennent en général, d'après ses observations
au système dévonicn ; les Elegantulœ sont toutes siluriennes, sauf
\' Orthis lunata,* qui se trouve à la lois dans les système silurien et
dévonien.
L'abondance des Elegantulœ donne un caractère franchement silu-
rien à Rosan. J'en distingue deux espèces :
Orthis teslydinaria^ Daim., mes échaniillons de Goat-Garec me
semblent identiques à ceux de Gembloux; ils s'en rapprochent par leur
forme suborbiculaire plus large que longue, arrondie ou un peu
émarginée, sur le devant ; la charnière droite, plus courte que la
longueur de la coquille. Valve ventrale peu convexe, un peu élevée
longitudinalement vers le milieu; bec petit incurvé, aréa étroite.
Valve dorsale, à peu près aplatie, avec une dépression longitudinale le
long du milieu. Surface des deux valves couverte de nombreuses côtes
radiées, minces, qui s'accroissent en nombre, à différentes distances
du bec, par bifurcation ou par l'interposition d'une ou de deux petites
— 269 -
stries placées entre chaque paire de grandes côtes ; celles-ci si:>nt
marquées de lignes concentriques d'accroissement. Les caractères
intérieurs de ces coquilles concordent également.
J'ai ramassé celte espèce & Goal-Garec et à Rosan, elle se distingue
de YOrthis Budleighensis (variété du 0. redux d'après Davidson), à
plis plus fins, moins arqués sur les bords, et aussi de toutes les autres
OrthU(\\xQ ]'ai trouvées dans le niveau des schistes d'Angers.
OrtMs elegantula^ Daim. Cette espèce est la moins abondante à
Rosan, elle concorde bien avec les figures qu'en a données Davidson
(Pal. Soc.Brit. Brach.. p. ItW, pi. XXYII, fig. 1, 9), ainsi qu'avec mes
échantillons de Wenlock. On sait qu'elle a un très grand développe-
ment dans le T. silurien, du Ludiow au Llandeilo en Angleterre, et de
£à Fen Bohème. Elle se distingue surtout de 0. testudinaria par la
plus grande convexité de sa valve ventrale, son aréa moins large, et par
ses stries moins grosses» moins séparées, moins anguleuses.
Le peu que Ton connaît jusqulci de la faune du calcaire de
Rosan suffit toutefois à faire voir qu'elle est absolument diffé-
rente de celle dudévonien auquel on Ta rapportée jusquMci ;
elle est aussi distincte de celle du silurien supérieur (faune 3«)
sur laquelle elle repose ; si enfin on prend en considération les
OrlAt^qui donnent par leur abondance son cachet spécial à cette
faune, on est amené à la rattacher à la faune seconde du ter-
rain silurien. La présence de ces fossiles de la faune seconde
an-dessus des couches à graptolites et à Cardiola interrupta^
(faune 3") fournit un curieux exemple de' migration dans le ter-
rain silurien de France ; peut-être pourra-t-on même y recon-
naître une colonie, au sens de M BarrandeîDe nouvelles
recherches sont nécessaires pour fixer cette question, dont la
solution dépend aujourd'hui d'une bonne liste de fossiles.
La découverte du calcaire de Rosan porte à trois le
nombre des calcaires d'âge différent qui existent dans la
presqu'île de Grozon : i<> le plus ancien est le calcaire silu-
rien de Rosan que nous décrivons ici ; ^^ le second est le
calcaire dévonien de l'âge de Néhou, c'est le mieux connus
il affleure dans la presqu'île, au Lez, à la Pointe-du-Diable,
à Quélem, au N. de la Tavelle, au Fret, à Lanveoc, dans la
— 370 —
baie du Poulmic, à Landévennec; 3<» le troiûème et ie plos
récent, est uq calcaire à Goniatites, visible à' Rostellec, et n
rOuest de l'Ile Longue, où il forme une leniille dans les
schistes dévoniens de Porsguen.
M. Gosselet fait la communication suivante :
Description Géologique
du canton de Berlalmont (*)
par M. Gosselet.
Le canton de Berlaimont forme un plateau élevé de 150 à
170 mètres au-dessus du niveau de la mer et coupé en deux
par la vallée de la Sambre. Il présente une légère inclinaison
versTC, c'est-à-dire vers la forêt de Mormal et vers le S.,
c'est-à-dire vers le canton de Landl'ecies.
L'orographie du pays à Page tertiaire était peu différente
de ce qu'elle est actuellement; c'était un littoi*al sur lequel
se déposaient quelques sédiments grossiers et où se formaieQt
quelques dunes.
Plus anciennement, à l'époque crétacée^ l'angle compris
entre la Sambre et la Grande-Helpe était un promontoire
où il ne se produisait aucun sédiment, tandis que les couches
crétacées se déposaient à 10. de la Sambre et au S. de la
Grande-Helpe.
A rage primaire, le territoire de Berlaimont faisait partie
du bassin de Dinant. Il était même situé au milieu de ce
bassin, de sorte que les couches inférieures du dévonien,
(0 Pour faciliter la lecture, les roules sont indiquées par leurs
Duméros adminislratifs.
Roules départementales,
N« 12, d^Avesnes au Quesnoy.
No 13, de Maroilles à Maubeuge.
Chemins de grande communication,
l No S4, d'Avesncs à Ghissignies
No 29, de Berlaimont à Aulaoye.
chemin vicinal d'intérêt commun.
Nki u, de Berlaimont à Yillereau par la Graode Carriôre.
— 27! —
qui ne sont visibles que sur le& bords du bassin, dans les
cantons de Bavai et de Maubeuge, sont inconnues dans le
canton de Berlaimont.
Les couches primaires du canton comme celles de toute
la région, sont redressées et plissées» disposées en une série
de petits plis synclinaux, et dirigées sensiblement de Fest
à rônest.
La liste des terrains que Ion trouve dans le canton de
Berlaimont est la suivante :
Terrains
Terrain Etages Assises
Contemporains Diluvien
Récent
(
Couches da canton de
Berlaimanté
Alluvions des vallées.
( Limon.
( Diluvium.
Tertiaires
Néogène
Oligocène
Eocéne
/ supérieur
) moyen
inférieur
Yprésien.
Argile d'Or- »
chies. \ Sables d'Ostriconrt.
Landénien. { Marne de la Porquerie.
Argile à silex.
/ Danien.
Séuonien.
sopérienrL^onlen.
Secondaires
Crétaeé
''lurassi<Tue
Triasique
I Mariette à Inoceramus Brofi'
Dièvet à Jnoceram. lablatvs
CéDomaDien. j Marne à Belemnites plenus.
* Blamc à Pecten asper.
inférieur | Aacbénien. Sable^ Argile, Minerai de Fer.
/Supérieur
Carbonifère } moyen 1 "^"*"' ^Vf, a k" . . o ,.
I ' \ » mfér' Schistes et Bouille.
^inférieur CarbooiférieD Calcaire carbonifère.
Tertiaires
Dévonicn
Silurien
i Si-histes d'Etrœungt.
ÎFamennien .Psammites.
' Si'histes feuilletés
Frasnien { Schistes à Acervularia.
' Calcaire de Ferrières.
nooyen >
inférieur
»
Azoîques
— 872 —
TERRAIN DÉVONIEN.
FraaiileD.
La couche la plus aucienne du caalon est le calcaire
frasnieo, qui forme une voûte dans le village de Boussières.
C'est un calcaire compacte, noir bleuâtre, du môme âge que
celui de Ferrières. On n*y a pas encore trouvé de fossiles.
Le calcaire de Boussières est recouvert par des schistes
remplis A^Acervularia. On le voit sur le chemin qui va de ce
village au moulin de la Fosse.
Famennien.
Le famennien du canton de Berlaimont a le même faciès
psammitique que celui du cantonade Maubeuge; mais il
présente si peu d'affleurements qu'on n'en possède aucune
coupe. Les zones inférieures pourraient s'observer le long de
la Sambre à Boussières. Au N. de ce village, on a exploité
des psammites arénacés qui doivent être rapportés aux grès
de Gerfontaine (*) • Les zones supérieures eonsiiluent la voûte
qui sépare la bande carbonifère de Taisnières de celle de
Berlaimont, et vers Test du carton, les petites bandes schis-
teuses qui séparent les divers plis de la bande calcaire de
Berlaimont.
Au nord ( e St-Remy-Chaussée, la route départementale
N<» 12 a été ouverte en tranchée dans des psammites accom-
pagnés de schistes calcarifères. On y trouve les fossiles sui-
vants :
Spirifer Verneuili, Rynchonella leliensis,
Spirifer slrunianus. Productus subaculealus.
Ces couches paraissent se rapporter soit à la zone des
schistes de Choisies, soit à celle de Wattignies.
(1) Esquisse géologique du Nord de la France, 2* édilioD.
- 273 —
La zone d'Etrœungl formée de schistes contenaot des bancs
calcaires affleure en plusieurs points entre Levai etSt-Remy-
Ghaussée. On a exploité le calcaire sur le chemin de Levai à
St-Waast, les fossiles y sont abondants.
Spirifer distans, Spirigera Royssi.
OrlMs cremistria. Clisiophyllum Omalittsi.
TERRAIN CARBONIFÈRE.
Carboiilférlen ou Calcaire carboalfèra
Le calcaire carbonifère qui constitue le sol primaire de la
plus grande partie du canton de Berlaimont, appartient au
massif de la Sambre et à la bande de Berlaimont(*).
Cette bande calcaire de Berlaimont, qui s'étend sur la rive
gauche de la Sambre %epuis Levai jusqu'à Pantignies, est
formée par la réunion de plusieurs petits plis synclinaux
qui se séparent vers Test.
La bande calcaire de Taisnières traverse aussi le canton
à St-Remy-Gbaussée.
. Les diverses zones du carboniférien que Ton peut distin-
guer dans le canton de Berlaimont, sont les suivantes :
Calcaire de Bâchant.
/<" Faciès de Bâchant. — Calcaire noir compacte ou sub-
grenu, plus ou moins traversé de veines blanches, et con-
tenant à la partie supérieure des nodules de silex phtanites.
Les fossiles y sont nombreux ; les principaux sont :
Bélier ophon àuilcus. Eomphalus àelicoides.
Ce faciès existe dans presque toutes les parties de la bande
deBerlaimont et peut-être aussi dans celle de Taisnières (à la
Cressinière, commune de Monceau).
(l) Esquisse géologique du Nord de ia France.
18
Annales de ia Société géologique du Nord^ t. vu.
— 274 —
2« Faciès de Dompierre. — Calcaire dolomitiqae légère-
ment grenu, criblé de géodes qoi sont tantôt creuses, tantôt
pleines. Les premières sont tapissées par des cristaux de
calcite ; les secondes sont remplies par un mélange de quarz
grenu et de calcaire spatbique. On voit ce faciès à Levai.
Dolomie de Namur.
Dolomie compacte ou pulvérulente alternant avec des bancs
calcaires.
Cakaire du Haut-Banc.
Calcaire blanc ou bleu clair, disposé souvent en bancs très
épais où on ne distingue pas de stratification ; on y voit df s
couches de dolomie. Le fossile le plus commun est Productus
cor a.
Cakaire de Visé.
Calcaire compacte, noir, à reflets rougeâtres. Souvent il
est fendillé et les fentes sont remplies, soit par de la calcite
oligislifère, soit par une matière rouge argilo-calcaire.
Au contact du calcaire de Visé et du calcaire du Haut-
Banc, il y a tanlôi un banc argileux rempli de galets de cal-
caire noir, t/intôt une brèche formée de fragments calcaires
à cassure irrégulière, ressoudés par de la matière argilo-
calcaire.
HonlUer.
Dans le bassin de Berlaimont. les schistes hoaillers rem-
plissent deux peUts bassins ; Tun, situé à Aulnoye, a été
Tobjet de quelques tentatives d'exploitation, Tautre passe
sous la limite sud du canton, près de Riez-Wyart.
Vers le milieu de Tépoque houillère, un ensemble de phé-
nomènes désigné sous le nom de Ridemetit du HainatH
redressa et plissa les couobes {râiaires qui dès loirs firent
partie d'un couliBent
- 275 —
TERRAIN CRÉTACÉ.
Pendant toute la période continentale qai comprend les
êpoqnes carbonifère supérieure, triasique, jurassique et cré-
tacée inférieure, la surface du sol fut ravinée. Il s'y déposa
çâ et li des sables, des argiles et des minerais de fer dont
l'âge est indéterminé. On les désigne sous le nom d'Aachénien.
Pendant les périodes cénomanienne et turonienne, la mer
s'avança sur les bords du canton de Berlaimont et y déposa
quelques sédiments de caractère littoral. Un peu plus tard, à
répoque sénonienne, la mer s'éloigna complètement du ter-
ritoire du canton.
AachenlcD.
Dumont et après lui, M. Meugy ont rapporté à leur
assise dite aachénienne, les dépôts de minerai de fer que Pon
rencontre dans des poches, à la partie supérieure des terrains
primaires. Le minerai de fer est du sesquioxide hydraté
jaune et du carbonate mélangé de sable ; il se présente à
l'état de concrétions plus ou moins arrondies, souvent géo-
diques. Les poches qui le contiennent sont en général situées
à la limite entre les schistes et le calcaire. On'y trouve avec le
mineTai de fer, des sables et de Pargile plastique rouge ou
blanche.
Ainsi, à Monceau- St-Waast, on signale sous la zone à
Pecten asper du sable à gros grains et du sable blanc qui
doivent se rapporter au terrain crétacé.
Lés exploitations de minerai de fer ont été très actives
dans le canton de Berlaimont ; mais elles sont actuellement
complètement abandonnées. La plupart des gites sont épuisés
et d'ailleurs le minerai n'est pas assez riche pour suffire aux
nécessités présentes de l'industrie.
— 276 —
Ceacmaalea.
Le Cénomanien existe toat le loog de la rive gauche de la
Sambre, de SassegQies à Boiissières; on le coooait aussi au
S. du territoire de Honceau-St-Waast. Il commence par on
poudingue à ciment calcaire et ferrugineux et se termine par
une masse sablonneuse verle. Dans ces deux niveaux, on
rencontre : ^
Pecien asper Ostrea conica
P. iaminosus 0. vestcuioêa
Janira guadricostaia O. phyllidiana
La zone supérieure à Belemnites plenus n'existe que près
de Boussiëres.
Le Turonien du canton de Berlaimont présente deux zones :
1« La zone à 'Inoceramus labiatus ou Dièves est formée par
une argile plastique bleue. Elle n^exisle que sur la rive gauche
de la Sambre et au sud du ruisseau de Levai.
2" La zone à Inoeeramw Brangniarti ou Mariette est cons-
située par une marne grise remplie d'un petit fossile, Tere^
bratulina gracilis; on laconnait sur la rive gauche de la
Sambre à Berlaimont.
TERRAIN ÉOCÉNE.
Màmndemien,
Le dépôt tertiaire le plus ancien du canton de Berlaimont
est la Marne de la Porquerie (>). Elle couvre tout le plateau
de la rive gauche de la Sambfe, depuis Pont jusqu'à Sasse-
(i) Le hameau de la Porquerie est dans la cummune de Pont-sur*
Sambre,
- 277 -
gnies. Elle contient parfois à la base de gros silex pyromaques
ce qui prouve bienqa^elle appartient aux terrains tertiaires
et non an terrain crétacé comme on Tavait d*abord supposé ;
on ; trouve anssi à la base une couche d'argile noire pyri-
tease.
La marne de la Porqucrie présente une épaisseur moyenne
de 4 à 5 m ; cette épaisseur peut aller jusqu'à 8 m. (Bous-
siëres).
Sur la rive droite de la Sambre, on rencontre, au-dessus du
calcaire carbonifère et tapissant les poches creusées dans ce
calcaire, de Ta^gile plastiqae brune, verte ou rouge, contenant
de nombreux silex. Ces silex sont tantôt en blocs volumineux,
tantôt en fragments plus petits. Ils sont toujours cachalonnés
et fortement altérés à la surface. Lorsque ces silex sont m
petits fragments et que Targile est impure, il est bien difficile
de les distinguer de Targile sablonneuse et caillouteuse qui
esta la base du limon diluvien. La difficulté s'accroit encore
quand les silex sont dans du limon, soit que le limon ait
pénétré dans leurs interstices, soit qu'ils aient été eux mêmes
remaniés à Tépoque diluvienne, mais dans quelques cas,
comme à St-Remy-Ghaussée, Targilc à petit silex est recou-
verte par du sable.
Le sable éocëne est très développé dans le canton de
Berlaimont, sur les deux rives de la Sambre. Il est blanc ou
roux ; il alterne avec des couches d'argile grise employée pour
la fabrication des poteries.
Les couches tertiaires pénètrent dans les poches creusées
dans le calcaire carbonifère ; elles y sont descendues lente-
ment au fur et à mesure que les poches se creusaient sous
Tinfluence des eaux pluviales. On en trouve un exemple très
curieux aux carrières d'Estrées, près d^Aulnoye.
Le calcaire carbonifère y est creusé d'une poche profonde
de "5 m., large de 1 m 50 dans le haut et de m. 30 dans le
bas. Les parois de cette poche sont tapissées par une très
— 278 —
I
mince couche d^argile rouge compacte et la poche elle-
même esl remplie de sable argileux. Au contact de Targile et
du sable, il y a une ligne de silex disposée presque verticale-
ment. Ces silex n'ont pu se déposer dans un- telle position;
ils ne Font acquise que par suite d*un glissement lent dans
l'intérieur de la poche.
e Calcaire carbonifère.
m. Argile rouge compacie.
b. Sable argileux avec ligne de silex disposée verlicalemenl
au contact de l'argile.
TERRAIN DILUVIEN.
Le canton de Berlaimont offre un des rares affleurements
de dilnvium dans la vallée de la Sambre. Â Aulnoye, à Tangle
des voies ferrées de Saint-Quentin et de Valenciennes, on a
exploité pour balast un amas de caUlonx plus ou moins
roulés, empâtés dans du limon rougeàtre. On y reconnaît des
silex de la craie qui dominent de beaucoup, des petits galets
de quarz blanc provenant des sables tertiaires, des blocs de
grés éocënes, des morceaux arrondis de silex à NummulUes
•
et des fragments de psammites dévoniens , c*est-à-dire des
débris de toutes les roches solides que Ton rencontre dans
— 279 —
les basAîns hydrographiques de la Sambre, de la Riviérelie,
des deux Helpes etda roissean de Levai. Ce dépôt est âPâlti-
tade de 140 m.
A aae altitude égale, sar la rive gauche de la Sambre, on
rencontre à la surface des terrains primaires pu secondaires
une couche de petits silex brisés à angles arrondis ; ils sont
généralement empâtés dans du limon et la première pensée
est de les rapporter au diluvium, mais dans quelques points,
on constate la présence d^une couche analogue sous les sables
tertiaires. Ce fait m'a engagé à rapporter presque partout la
petite couche de silex au terrain éocëne. Une autre preuve à
Tappui de cette opinion, c^est quon n y a encore signalé, au
milieu des silex pyromaques, aucun débris de roches à Num-
mulites comme dans le diluvium d*Aulnoye. Cependant il
est probable qu'outre la couche de silex tertiaire, il y a aussi
une couche analogue formée des mômes silex remaniés à
répoque diluvienne et enfermés dans le limon.
Le limon qui couvre tous les plateaux du canton de Ber-
latmont, n'a encore donné lieu à aucune étuJe de détail;
mais il est probable qu'on pourrait y distinguer plusieurs
zones comme Ta fait H. Ladrière pour le limon des environs
de Bavai.
TERRAIN MODERNE.
Dans la vallée de la Sambre et dans celle du ruisseau de
Levai, il y a des dépôts d*alluvion moderne qui s'accroissent
encore de nos jours. Ils n'ont, comme les précédents, été
l'objet d'aucune étude.
DESCRIPTION DES COMMUNES
/kntmoje.
Le sol d'Aulnoye est constitué par le terrain carbonifère
recouvert de limon ou de diluvium. La vallée de la Sambre
est formée d'alluvions modernes.
— 280 —
Le limoD est parfois très épais : les puits de la gare Tont
recoupé sur une épaisseur de 90 m. et un puits fait chez
M. Cambon, fabricaDtde briques sur le chemin de Berlaimûol
n'a rencontré le calcaire carbonifère qu'à 17 m.
A la base dujimon, on rencontre parfois du sable gras avec
silex.
Le diluvium s'observe très bien^ comme il a été dit plus
haut, dans une carrière de balast, entre le chemin de fer de
Yâlenciennes et celui de Saint-Quentin.
A la -surface du terrain carbonifère, on trouve par place
quelques petits lambeaux éocènes composés de sable ou
d'argile plastique. On a rencontré celle-ci avec une épaisseur
de 3 m. dans un puits près de la gare d'Aulnoye.
Quant au sable, il est exploité dans le village.
Les schistes houillers forment à Aulnoye une bande qui est
large de 150 mètres environ, près de la Sambre, mais qui
doit se rétrécir vers l'Est. Ils affleurent tout autour de la
nouvelle maison d'école. On y a ouvert ua puits, d'où on a
retiré du charbon, mais la faible largeur du bassin ne permet
pas d'espérer qu'on puisse y établir une exploitation avan-
tageuse.
A Texception de cette mince bande houillère, tout le sous-
sol est formé par le calcaire carbonifère. Les puits du village
sur le chemin d'Aymeries le rencontrent à 2 ou 3 mètres de
profondeur. A l'entrée du chemin, ils sont dans les zones
supérieures du calcaire; au-delà de l'église, ils atteignent le
calcaire de Bâchant.
Au S. de la bande houillère, le calcaire est moins connu, il
est à quelques mètres à peine de profondeur à l'usine métal-
lurgique. Autour de la gare, on rencontre un calcaire rose
concrétionné, accompagné de brèche et appartenant, je crois,
à la zone du Haut-Banc. Au S. de la gare, à la bifurcation da
chemin de fer de Hécrimont, il y a de la dolomie.
— 281 —
A Texception de la vallée de ia Sambre, où les alluvions
moderDes recouvrent le diluvium, tout le terriloire de la
*
commune est formé de limon. Sur le plateau de la rive gau-
che, on doit rencontrer sous le limon le sable d'Ostricourt et
la marne de la Porquerie; sur la rive droite, ces couches
manquent et le limon recouvre directement les terrains
primaires.
Puits : i"" A la dernière maison sur le chemin de Pont :
Limon 11 m.
Gravier diluvien. «....* 8
Calcaire carbonifère
2« A Hurtebise, le puils a 13 m. et va dans le sable.
Bâchant*
Le calcaire carbonifère forme seul le sous-sol de la com-
mune de Bâchant.
Sa surface est très inégale; elle est creusée de poches nom-
breuses et profondes, tantôt remplies, tantôt simplement
tapissées par une argile plastique rouge, brune ou verte.
. Au-dessus de Targile il y a un sable argileux panaché avec
quelques silex ; ceux-ci sont en amas irréguliers ou disposés
en couché assez régulière. A l'extrémité orientale du terri-
toire, sur le chemin d'Ecuélin, un puits a rencontré à 6 m.
un de ces amas de silex épais de 12 m. Au fond il y avait du
minerai de fer.
Le calcaire carbonifère exploité sur le territoire de Bâchant
appartient tout entier à la bande de Berlaimont II y a plu*
sieurs plis synclinaux, Fun d'eux «est exploité dans les
carrières de THoripette, Tautre dans les carrières de la
Sambre II y a en outre quelques carrières disséminées qui
appartiennent à d'autres plis synclinaux.
Les carrières de riloripette montrent la coupe saifanle» de
bas en haut :
Calcaire noir bleuâtre à veines blaochea, environ ..5m.
Calcaire noir bleuâtre, à vrines apathiques plus rares . 5
NauUtus suicalus. Eomphatus co»wides.
Ori/loeeras Munsleriantu. E. . Mtccidei»
Cyrlhoceras Verneuflfanum, E. œqualis.
Cfiemnitzia Lefebvrei Deilerophofi hiulcut.
Serita ampHata. B, Mcarenus.
Serpularia serpula. Denialium prtscum,
Calcafrc noir subgrenu. . lo m.
Ces trois calcaires sont en conches fortement plissées ; les
suivants ont une inclinaison légnlière vers le S. 20» E.
Cfilcaire grenu dolomiliquc, avec phtanites. .... » 80
Calcaire avec phtanites 1 10
Banc régulier de phtanites » 20
Calcaire schistolde «20
Calcaire noir. suh<^rcnu 8 »
Dolomie 2ô »
Calcaire blanc légèrement dolomittqueProe/uc/(/5Cora.'' 8 *.
Calcaire bleu clair, Produclus Cora ....... 80 »
Banc d*or. — Calcaire argileux, rougcfttre, avec nodules
roulés de calcaire noir compacte 1 50
Calcaire noir rougràtre. . > »
Elles se prolongent le long dn chemin de Fontaine Jusqn'aa-
delà du four à chaux; puis elles se relèvent de manière à
constituer nn petit bassin; mais leurs affleurements ne sont
pins visibles.
Sur les bords du canal où les carrières sont cependant
nombreuses, la coupe est moins netle en raison des plis et
des failles qui les affectent. On n'y voit du reste, que les
couches supérieures. Cette bande du canal est séparée de
celle de THoripette, par des schistes que Ton a atteint à mi-
route entre Bâchant et Aulnoye.
La série des carrières du canal commence au S. d'Estrées,
par la carrière Leblanc. On y exploite du calcaire noirâtre et
— 283 —
blanchâtre. Une partie des couches «st verticale. Les antres
incliaées de 62<> au S., 15o 0., reposent sur les premières,
avec Tapparence d^une stratification discordante, c^est pro-
bablement le résultat d'une faille accompagnée d'un glisse-
ment.
A 150 m. au N. de cette carrière, se trouve la carrière
Dollez, où on y exploite un calcaire gris de fer et gris bleuâtre
avec Prodwitns Cora; au N. se trouve le Banc d or, puj^ le
calcaire noir. Dans une carrière voisine, on voit une brèche
grossière et le calcaire noir en bancs verticaux, dirigés de
TE. à ro. Les calcaires noirs se prolongent jusqu'au delà du
pont. Dans la première carrière au N. du pont, on exploite
la brèche. Au tournant du chemin, on voit du calcaire gris,
blanc et vis-â-vis TÉglise. du calcaire blanc. Plus loin , près
d'une fontaine, qui touche au canal, le calcaire est blanc
rosâtre. Au N. et près du canal, il y a de nouveau, une
grande carrière de calcaire compacte noir rougeâtre. Tous
ces bancs plongent au S. 10" E. Il est probable que les
calcaires blancs, constituent une voûte inclinée au milieu des
calcaires noirs.
Le calcaire carbonifère est encore exploité :
1° A ro. de la Censé de Thôpital; il y a une ancienne
carrière dans la dolomie surmontée de quelques silex.
2* A la Toque -à-Sorcières ; cette carrière est ouverte dans
le calcaire gris à Productm cora, recouvert d'argile plastique
rouge, brune ou verte.
S"" Aux Quatre bras, un puits a atteint le calcaire carbonifère
supérieur à 7 mètres.
BerlalmoBt.
Le limon couvre presque tout le territoire de Berlaimont
sur une épaisseur qui va jusqu'à 10 m
Le sable tertiaire est exploité au S. 0. du bourg; il est
accompagné d'argile noire que l'on emploie pour la fabrica-
— Î84 —
tion des poteries. Ces sablières sont remarqoaUes par les
exemples de la striUflcation croisée (■) qu'on y observe.
Sablière de Btrlaimont.
Dans Tune de ces sablières on voit des couches d'argile
plastique noire contenant quelques reines de sable blauc qui
sont inclinées de H," et Tiennent buler contre ane masse de
sable blanc ; celle-ci contient une lentille d'argile presqn'ho-
rizoDtale.
Sablière à lest de la précidente.
(1] Lf! nom iIp straiiflcslion crnispc n CLé propose p«r M. Vanurs-
BRtKCi, h 1b réunion do la Soci'^lti ;iéoIo(;ic|UR ilr France, & Bnuloenc-s-
Mer, |iour une dispo'iiion icIIr qui; Iph couches sonl divirsemcnt
inclinËes dans des conditions où on ne pcui admettre un mouvement
des cooctiea InKrieam avtni le depfti des couches supirienres.
— 285 -
Dans une aatre sablière située an peu à Test, la partie
supérieure du dépôt est formé de lits alternatifs de sable et
d'argile ; elle est en couches inclinées de i5<» tandis que la
partie inférieure est inclinée de 10° dans un sens opposé.
Le sable accompagné d^argile noire a encore été exploité à
Tangle du chemin de Sassegnies et du chemin du Sarbarras,
ainsi qu*à Taiigle du bois de Mastaing.
Dans les anciennes carrières du calcaire carbonifère qui
sont à la sortie de Berlaimont sur le chemin de Sassegnies,
ce calcaire dont la surface est très inégale est recouvert par
de Pargile plastique qui descend dans toutes les anfractuosités
de la roche. On peut se demander si cette argile est tertiaire
ou aachénienne. En effet, on lit dans les notes de Dumont :
€ Au S. et près de Berlaimont, calcaire bréchiforme, au-
dessus :
» B. Argile bréchiforme, gris-pâle, hétérogène, renfermant
des fragments de calcaire, quelques ossements^ fossiles
et des végétaux.
» A. Lit d^argile verte, glauconifère, qui pourrait bien être
du greensand remanié ; il y a une terebratule. >
La Société géologique de France lors de sa réunion à
Yalenciennes, en 1853, a étudié à Berlaimont une argile
rouge remplissant les fentes verticales du poudingue ; elle Ta
jugée aachénienne.
Le sable a été rencontré dans presque tous les puits du pla-
teau et on indique à sa base unecouchede petits cailloux. J'ai
vu ceux qui proviennent du puits de la mairie ; ce sont des
fragments de silex jaunes, très usés, mais non arrondis. Je
les rapporterais volontiers au diluTium, sans leur position sous
le sable. Cette petite taille des silex tertiaires parait générale
sur le territoire de Berlaimont. Un puits les a rencontrés
sur la route du Quesnoy, à 3 kilom. de la vallée, ils y
sont signalés comme de la grosseur d'un œuf. Faul-il voir
- 286 -
dans ces petits silex, TargUe à silex oa un premier c^pôt
littoral indiquant le commencement de la formation sableuset
Au hameau de la Grande Carrière et sur le chemin qui i
conduit, on a trouvé la marne blanchâtre ou grise, superpo&ée
au gravier tertiaire et qui doit être la marne de la Porqaerie;
elle ^ est accompagnée d^argile noire pyriteuse.
La Marhtte ou marne à Terebratulina gracilis^ est ex-
ploitée au S. de Marohelle et sur le chemin ïï? 96. à l'angle
du chemin du Sarbarras. On Ta rencontrée à la briqueterie
sur ce même chemin n^ 96.
Les Diives sont . plus générales : elles affleurent sur le
chemin de Ribaumelz et le long des petits ruisseaux;
cependant elles n'arrivent pas jusqu'à la Sambre. ËUes ont
15 m. au puits de M. Saint-Aubin, sur le chemin du Sarbarras
et plus de 33 m. à l'extrémité du Sarbarras, chez M. Savoye.
Les marnes vertes à Pecten asper du cénomanien^ existent
par place. On les voit très nettement au dessus des carrières
de calcaire carbonifère qui sont le long de la Sambre,
dans la tranchée du chemin de fer et à la Fontaine Zeblée
près du Sarbarras.
La bande houillère d'Aulnoye doit passer sous Berlaimont,
dans le bas du Bourg et suivre quelque temps au sud le
chemin n° 96* Je lui rapporte les schistes que Ton a ren-
contrés contre le ruisseau des Abreux, sur le chemin de
la Grande-Carrière à Sarbarras.
A Peiception de cette bande étroite tout le sous-sol pri-
maire, appartient au calcaire carbonifère.
Au N. de la bande houillère, un puits situé à la dernière
maison sur le chemin de laPorquerie a atteint le calcaire
gris du carbonifère supérieur à 7 m. de profondeur et un
autre ouvert sur le chemin de la Grande-Carrière a trouvé la
brèche à 17 m.
Au S. de la bande houillère, le calcaire carbonifère forme
Tescarpement sur lequel est construit le bourg de Berlaimont.
— an —
Le ehemia de fer de Yatendeimes a ouvert une tranchée
dans la brèche. Cette roche est exploitée dans de petites
carrières autour de la voie, elle a aussi été trouvée à 18 m.
de profondeur sur le chemin du Sarbarras. (Puits de H de
Saint-Aubin), et dans une carrière voisine. Ces derniers
points sont trop éloignés dès précédents, pour que Ton puisse
croire que ce soient les mêmes bancs ; il est plus que probable
qu'il y a un pli.
Dans les carrières situées au S. du bourg et en face du
haut fourneau d'Aulooye, le banc de brèche plonge de bi^
au S., i5<^ ; il est accompagné de calcaire noir compacte.
Uue grande carrière située au S de la précédente/ est ou-
verte dans du calcaire gris à Productus cora. Je n^ai pas pu
déterminer les relations de ces deux calcaires.
Les puits de la route n* 12 atteignent le calcair^ à des
profondeurs d'autant plus grandes, qu'ils sont plus éloignés
vers rOuest.
Puits : 1« A la Mairie.
Limon . . • 4«
Sable 1 80
Gravier de peliis silex brisés
i^ A la Sucrerie, contre la Sambre.
Limon moderne • 4 50
Sable mouvant 1
30 Sur la route n^ 13, borne kilométri pie 14,2.
Limon , I j^ ^
Sablu boulant /
Gros bloc de calcaire
40 Même route, à la Croix Daniel.
Limon 5 »
Argile plasiique 410116 5 •
Sable 5 •
Calcaire 1 ^
- 288 —
5>M6me roale, borne Idlométriqae 15,8.
Limon 8"
Sable • 8
Gravier de |ieliia tUez - o 50
Dièves 3
Marne? « 5
Calcaire carbonifère à 20"*
6<» Même route, borne 16.
Limon
Sable (peu épaii). •.••.•.....
Gravier de petits silex . . . . .. •
Dièves & 16-
7« Même roate, près de la forêt.
Limon. •• 10
Sable y 6
'Gravier de silex. i
Dièves'à li"
S"* A l'extrémité da Sarbarras, chez H. Savoye.
Limon jaune 10.
(au milieu de ce limon on a trouvé une zone
sableuse qui a fourni de reau)<
Terre noire 30
Dièves 83
90 Chemin du Sarbarras, chez M. de S^-Aubin.
Limon . . . ' 1 20
Gravier. 1 20
Argile blanch&tre (Dièves?). . 120
Dièves avec marcassite .14
Tuf dur avec coquilles (Tourtia). ..... l 20
Calcaire brèche à IS^SO.
10^ Chemin n^ 96^ à la Briqueterie,
Limon 8
Marne blanche (Marne de la Porquerie 7 ) . . 5
Argile noire avec pyrites 8
Débris de schistes 60
Calcaire.
— 289 —
11<> Id., au boat de la Grande Carrière.
Limon 3
Marne grise collante (Marne derla Porqueric) . 5
Gravier 6
Argile brune.
12<^ I(J.) chez H. Bascoart.
Limon. • 2
Argile noire ,...,. l
Argile blanche avec quelques silex 1
Marne (Mariette P) , 10
13» Id • à rentrée du chemin de Terre-Noire.
On m'a aftirniô avoir rencontré 21" de marlette. Il est
probable que dans ce chiffre sont comprises les
dièves.
14^ Id ^ près du Rnisseau.
Dièves 12
Schistes houillers.
Bonssières.
Le territoire de Boassiëres est couvert par le limon sur le
plateau et dans la vallée de la Sambre, il est formé par les
alluvions modernes.
Sur le bord de cette vallée, on trouve des fragments de
silex brisés enfermés dans du limon; ils appartiennent à une
couche tertiaire, mais ils ont peut-être été remaniés à Tépoque
diluvienne.
Le sable tertiaire n'affleure nulle part ; peut-être existe-t-il
sous la partie nord du territoire, du côté du bois d'Hautmont.
La marne de la Pori|uerie a été rencontrée par plusieurs
puits; on Ta exploitée à l'entrée du chemin du Vieux-Mesnil.
19
Annales de la Société géologique du Nord, t. vu.
— 290 —
Elle doit se trouver le long de rescarpement de la Sambre.
Ainsi que les marlettes et les marnes à Pecten asper yisiblcs
un peu au delà du territoire dans la carrière du bois
d'Haulmont (•).
Le village de Boussiëres est sur une voûte de calcaire fras-
nien ; mais le calcaire n'affleure nulle part. On ne le connaît
que par les puits. Il doit passer sous l'église. La couche à
Acervularia se rencontre sur le chemin de Lauroy.
Les schistes argileux feuilletés, ou schistes de Cousolre, ont
été entamés en tranchées sur la rue qui monte du passage à
la rue principale ; on les voit encore dans une ruelle voisine.
Leur inclinaison est au N. 25^ 0.
Le psammite forme Fescarpement entre le village et les
carrières du bois d'Hautmont; il a été exploité dans une car-
rière oii rinclinaison est au S,
Puits : l" au milieu du village, chez M. Forez.
Calcaire à 18" sous le limon.
2o Id., en face du chemin de Pont, — ancien puits , très
profond.
Argile grise
Schisie argileux
Calcaire
3^ Sur le chemin de Pont, chez M. Mailtet.
Limon . 6*
Calcaire 20
4*» A l'entrée du chemin 4e Vieux-Mesnil.
Limon ". 3
Silex dans du limon 2
Argile brune • . . . . 8
Silex dans du sable blanc
(l) Géologie du canlon de Uaubeuge.
— 291 —
b"" Sur le même chemin.
Limon S
Siiex dans le limon l 50
Marne grise 1 50
Gros silex dans l'argile 2 50
Ecuélin.
Presque toat le sol est convert de limon. An pied de la
hauteur du bois de Dourlers, il y a dit sable; on en a tiré
sur la lisière du bois, près du Pot-de-Vin. Le sous-sol pri-
maire est formé de schistes ou de psam mites. Cependant, au
Pot-de-Vin, contre le bois de Dourlers , on a rencontré du
calcaire intercalé dans les psammites.
Puits : !<> Près de rÉglise.
Limon 5
Argile noire savonneuse (Eocène) 5
Sable trace.
Schiste.
2^ Au S. du Pot-de-Vin, contre le bois de Dourlers.
Limon
Sable
Schiste
Calcaire à 1".
Hars^nles*
• Sur ce territoire, il n*affleure aucune couche inférieure
au limon.
Puits de la Briqueterie.
Limon 5
Sable S
Gravier (argile à silex ?) SO
— 292 —
A TeicepUon de la vallée de la Sambre et de celle du ruis-
seau de Levai , dont le sol est formé par des alluvions , le
limon recouvre presque tout le territoire ; à sa base il con *
tient des silex, et quand il repose sur le sahie il est panaché.
Sous le limon, on voit des sables^et des argiles qui se rap-
portent soit au terrain éocène, soit à Taachénien.
Dans la carrière Vitrant- Loiseau, contre la route u^ 13, on
voit la coupe suivante :
Disposition des couches superficielles dans une carrière
de calcaire carbonifère à Levai.
liV
Z Limon avec petits débris de silex.
V Très nombreux débris de silex cassés et cachalonnés
avec quelques galets de psanimilrs
Y* Débris de même nature empâtés dans du limon sableux
rougeàtre ; ils recouTrcnt alors directement le
calcaire.
U Limon argileux brun avec quelques débris de silex
pyromaque.
T Blocs relativement volumineux de silex dans de l'argile
rouge.
C Calcaire caibonifére
Dans la carrière Bois, à lE. de la précédente, on voit la
suite de la coupe.
- 293 —
Disposition des couches superficielles dans une autre carrière
de calcaire carbonifèie à Levai.
T Argile plastique avec silex el gros sable rouge. Les
silex sonl 1res volumineux : ils ni*onl fourni Mi*
craster brfiviporus,
S Argile plastique verte.
R Argile plastique brune.
C Calcaire carbonifère.
Ces coQches d'argile plastique avec oa sans silex me
paraissent devoir être rapportées aux terrains tertiaires.
Dans le prolongement des bancs de cette carrière, dePautre
côté du chemin de fer, on exploite du sable à gros grains de
quartz et de Pargile plastique blanche qui présentent les
caractères de Taachénien.
Toutes les carrières de Levai sont ouvertes dans du cal-
caire bleu grisâtre , géodique. Certaines géodes sont creuses
et tapissées de calcite, d'autres sont pleines et remplies
d*un mélange de calcaire spathique et de silice grenue.
Cest tantôt Tune, tantôt Tautre substance qui domine.
Certains bancs sont dolomitiques ; d'autres qui paraissent
inférieurs aux précédents sont plus lamellaires. L'inclinaison
est au nord : elle varie du N. 7» 0. au N. 20* E.
La carrii^re la plus occidentale, sur le chemin de Monceau,
appartient au terrain dévonien et à la zone d'Élrœungt. On
peut y recueillir :
Spirifer distans, Orthis crenUtria.
OrtMs arcuata. CUsiophyllum OmaliusL
- 294 —
Puits : Presque tous les puits du plateau s'arrêtent à la
base du limon.
Au PetitMaubeuge, sur la route n® 12.
Limon 4 80
Silex 1 70
Calcaire à 6 mèlres.
nonceiiu-SI.-l^aast.
Le territoire est traversé du S.-E. au N.-O. par la vallée
du ruisseau de Levai, dont le sol est formé d'alluvions. Sur
les plateaux, on trouve le limon ; mais les terrains primaires
se montrent sur la rive droite de la vallée et dans quelques
ravins.
Au Bout-du-Diable , existe sous le limon une couche de
marnes vertes avec Pecten asper qui repose sur de gros sables
aachéniens. Dans le voisinage, il y a une mine de fer dont le
puits traversait ; .
Limon 6
Marne verte 3
Touriia ; poudingue ferrugineux à ciment
marneux 30
Minerai de fer 20
Sable blanc 2
C'est la seule trace de terrain secondaire sur le territoire
de Monceau. Mais on a exploité du sable tertiaire près de la
ferme Rombise, et on voit à côté, dans le fossé, de la marne
verle de môme âge.
La bande de calcaire carbonifère de Taisnières passe sous la
partie sud du territoire ; elle affleure près de la route du
hameaii du Roi, où il y a eu des carrières, et dans un ravin
au S. du village.
A la Cressinière, il y a une carrière dans la zone de
Bâchant. Le calcaire est noirâtre, il ne conlienl pas de silex,
— 295 -
mais il est recouvert d'énormes phtanites qai proviennent de
la destruction des couches supérieures. Celles-ci doivent se
rencontrer un peu au sud. Plus loin, vers le chemin de fer.
on a tiré de la pierre grise ; plus loin encore, il y a une car-
rière de calcaire noir compacte incliné vers le S
Le terrain dévonien affleure dans le village môme et sur la
rive gauche de la vallée.
La zone d'Étrœungt formée de bancs calcaires mêlés de
schistes constitue en grande partie le sol de ce village. Les
psammites se montrent surtout sur la rive droite, à la ferme
St.-Waast et dans le bois voisin , à la ferme Rombise et sur la
chaussée n* 24. Ils contiennent à leur partie supérieure, des
bancs calcaires qui affleurent dans la chaussée et sur la
route n» 12.
Noyeileii.
Le limon couvre en grande partie le territoire de Noyelles..
Les vallées de la Sambre et de THelpe sont formées d'allu-
vions. Le long de ces vallées, on trouve une ligne do gravier
que Ton peut rapporter au diluvium, et il existe encore une
autre couche de gravier à un niveau plus bas dans la vallée.
Le pont de Noyelles avait été primitivement construit sur ce
dernier gravier; lorsqu'il eût été emporté par une inondation,
ses fondations furent établies sur le calcaire.
Du sable argileux, trop bas pour être en place, se voit à
un niveau un peu ihférieur à la ligne de gravier ; il doit
aussi être rapporté au diluvium. La sablière de la rue du
Marais donne la coupe suivante :
Limon jaunâtre avec silex roulés et corrodés, o 50
Sable très argileux 8
Gravier conlenant des galets de quarz «l de
psammites o 50
- 296 -
Les dièves et la marne verle à Pecten asper existent sur la
rive gauche de THelpe. Parloul où les terrains primaires ont
été atteints, on a trouvé le calcaire carbonirëre.
Puits : 1« Sur la rive gauche de l'Helpe, route n» 13, borne
kilométrique 16.9, presqu'au niveau de la rivière.
Limon ^
Gravier de silex de la grosseur d'une noix . 2
Calcaire carbonifère.
2« Sur la route n« 13, au Moulin au nord du village,
Galciiîre cariMnirère à 12*
3'' Id , à l'extrémité nord du territoire.
Limon ®
Argile noire (dièves) ^
Calcaire à '7«
4« A la ferme Gabet. entre Noyelles et Maroilles.
Argile grise ^*
Calcaire argileux 1res dur O ^0
Argile noire (dièves) • • a
Sable vert à gros grains de glauconie. . . . ^ 1
Calcaire carbonifère à l6"^o
Pont-sar*8anilire.
La vallée de la Sambre est remplie d'allavions. Le limon
couvre toutes les hauteurs et toutes les pentes. La base du
limon dans le voisinage de la vallée contient de nombreux
fragments de silex nisés. Par exemple à Pantignies et an bois
S*-Georges.
Le sable tertiaire peut se rencontrer sur les hauteurs ;
mais on ne l'exploite qu*au hameau de la Porquerie et au N.
de Pantignies, sur la rive droite de la Sambre ; dans ce point
le sable est gris ou jaune, très peu glauconieux, recouvert de
— 297 -
limon panaché qui contient un grand nombre de silex.
M. Meogy, signale à TE. de Pont, du sable que je n'ai pu
découvrir.
La marne de la Porquerie couvre toui le plateau de la rive
gauche ; elle forme le sol du bois de la Marliëre, où elle est
exploitée. On la voit aussi autour de la ferme de la Fosse et
le long du ruisseau de la Porquerie, à sa sortie du bois.
Le terrain crétacé est inconnu sur le territoire de Pont.
Peut-être faudrait il rapporter à Taachénien le sable qu'on
exploite près du moulin ; mais je le crois plutôt tertiaire.
Le calcaire carbonifère supérieur se voit^sur la rive gauche
autour de Téglise de Quartes et sur la rive droite à Paniignies.
Dans le jardin de Tancienne ferme de Pantignies. on a
entaillé des rochers de calcaire compacte avec phtanites, qui
me parait se rapporter au calcaire carbonifère supérieur.
Les psammites dévoniens existent à Lauroy. à la ferme de
la Fosse (incl. S. ib"* E.) et tout le long de l'escarpement,
jusqu'au bois de la Marliëre. On les a atteints au moulin de
Quartes à iO^ de profondeur.
Puits : 1» Au Moulin à Test du chemin n"" 24.
Limon *;•
Limon avec silex.
Sable?
Argile plastique.
Psammiles à 20»
2** Au Petit-Bavai, sur le chemin n® 24.
Limon 12"
A '<"> on trouve une petite couche de gravier.
3" Au chemin de la Porquerie. chez Bruyère César.
Limon 10
Marne. . , 3
Argile à silex.
— 298 —
k^ A la Porqaerie, près du bois.
Limon . a
Limon avec silex l
Sable , 6
5<^ En haut de la Porqaerie , sar le chemin d'Hai^ies.
Limon.
Limon avec silex.
Marne à 10".
Salnt-Remj-Chanssée.
Le limon couvre les plateaux des deux côtés du ruisseau.
Des silex ont été trouvés au Pot-de-Vin, à l'angle du ter-
ritoire ; ils proviennent probablement de la base du limon.
Au S -0. du village, il y a une sablière où on exploite du
sable jaune surmonté de limon qui contient quelques petits
cailloux.
Ce sable est tertiaire. Il en est de même de celui que Ton
rencontre dans la carrière de calcaire au-dessus d'une couche
de marne verte avec petits silex i}).
On a tiré du gros sable aachénien ? dans le point où on a
fait un puits pour tirer du charbon, et au N. de la Malmaison,
on a exploité de la mine rouge, d'apparence sableuse.
Le terrain houiller n'existe pas sur le territoire de S^Remy-
"Chaussée ; les couches où on a voulu tirer du charbon appar-
tiennent au terrain dévonien.
Au S. du village, contre la route, il y a une carrière où on
exploite le calcaire carbonifère blanc avec dolomie dure ou
pulvérulente.
D'autres carrières existent à la Queue-Noire-Jean ; mais
elles sont en grande partie sur le territoire de S^-Aubin. Dans
le voisinage de ces carrières, il y a quelques affleurements de
(1) Argile à silex de Vervinspar M. Gosselet. Ann. soc.|géol. do Nord,
l. VI. p. 838, pi. IX, fig. 18.
— 899 -
doîomie et de calcaire carbonifère supérieur. Rue Miraunois,
on a retiré d'une, cave du calcaire bleu foncé avec nombreuses
géodes et taches blanches de silice ; ce sont des bancs ana-
logues i ceux de Levai.
La zone d'Élrœungt se voit sur la rive gauche. Au S. du
Moulin, il y a dans une pâture quelques trous où on a exploité
du calcaire noir, légèrement encrinilique, qui me parait
intercalé dans les schistes dévoniens.
La partie supérieure des psammites avec une inclinaison
générale vers le sud se voit au Moulin et le long de la rue
au N. du ruisseau. On y a taillé une belle tranchée pour la
chaussée n^ 24. Ces couches supérieures contiennent des
bancs de calcaire argileux et des fossiles.
Les psammites se voient encore à rentrée et le long du
chemin du Point-du-Jour; on y a fait un puits pour la
recherche de la houille.
A la Halmaison, les psammites sont à 2"^ de profondeur; il
en est de même à Tangle du territoire» près du Pot-de-Vin
Les alluvions modernes remplissent la vallée delà Sambre.
el le limon couvre le plateau. Le diluvium proprement dit
n'a pas encore été signalé à Sassegnies.
Le sable tertiaire doit exister sur Ja hauteur; mais il n'af-
fleure nulle part d'une manière bien nette. On doit considérer,
comme la base de cette assise sableuse^ le sable grossier
mélangé de gravier, qui affleure rue de Sambre, avec une
épaisseur de 2 à 7°*, et que l'on rencontre dans un puits à
rO. du village. C'est au même niveau qu'il faut placer la
couche de gravier visible près de la Haye-Mastaing, et celle
qui est remaniée à la base du limon à la carrière du Pont-
de-Bois.
- 300 —
Dans cette carrière, des silex reposent sur nne couche d^ar-
gile plastique verdâlre ou jaunâtre ; à la Haye-Hastaing an
puits traverse cette argile sur une épaisseur de 10 mëlres; je
la crois aussi tertiaire et appartenant à la marne de la
Porquerie.
La carrière de rÉcluse-du-Pont-de-Bois est classique poar
le cénomanien ('),
On y observait, il y a quelques années, la coupe suivante :
Limon contenant à la base un très grand nombre
de petits silex brisés o 40 à 1*
Argile plastique verdfttre ou jaunftlre (marne
de la Porquerie) o 20 à !■
Marne verte formée de grains verts de glau-
conie disséminés dans une marne grise. . . 1"
Ces grains vrrts dominent à la partie supé-
rieure et impriment leur couleur à la roche,
(à Texception toutefois de la surface de con-
tact avec l'argile plastique , surface qui est
grise sur une épaisseur de 0,10). Dans le bas,
les grains de glauconie diminuent de plus
en plus, et la marne a un aspect grisâirc ;
elle passe à la couche suivante.
Poudingue formé de petits cailloux de silex
jaunes, empalés dans une marne grise argilo-
calcaire. On y voit aussi quelques grains de
glauconie 1"
(1) Consultez: Léveillë : Mt'm, Soc, Géol, de France — D'ABCHtAc:
Histoire des Progrès de la Géologie, IV p. 190. — Mboct : Recherches
sur le terr, crétacé du nord de ta France et Bull. Soc géol. de France,
2* s., XIII, p. 881. — Hilbert; Bull. Soc. géol. de France. 2* s., XVI,
p. 2S6. — Gossblet; Descript, Géol du Cambrésis, p. 18. - Cormt
et Briart : Descript. du T. crét, du Hainaut, p. T7. — Dumoht; Métn.
sur tes terr. crétacé et tertiaires^ édiles par M. Mourlon. — Barrois :
Âtém sur le T. crétacé des Ardennes et des régions voisines, Ann.
Soc. Géol. du Nord, V, p. 889.
— 301 —
La liste la plus complète des fossiles de Sassegnies est
celle donnée par M. Barrois :
Olodus Sp. •
Serpuia Sp. voisiue mais dis-
tincte de amphisbœna.
Serpuia cf. sexangularis,
Janira guinqttecostata.
• gueuiricostata,
Spondpius strialus.
Oslrea vesicuiosa,
» conica,
Dilrupa déforme.
Vermiciilaria elongata.
Anrnuniiles Bochumensis.
Ammonites Manteiii, Sow
Nautitus subrcuiialus.
Pteuroiomaria cf perspeclioa
Trigonia scabra.
Cypina Ugeriensis, d*Orb.
» quadrata
Pecten asper.
laminosus.
metnbranaceus ?
serralus.
elongatus. .
conica .
iateraiis.
halioloi'dea.
Lesueurii.
carinata,
plicaiuia.
phyllidiana \})
nummus.
Terebratella pectifa, Sow.
Terebraluiina slriata.
Rynchonnella Grasiana.
Cidaris vesicuiosa
FtabeUina. Sp.
lima simplex.
Deax puits signalent à la surface des terrains primaires
une couche de 2 à B"' de terre noire avec ou sans minerai de
fer. Serait-ce de Taachénien ou tout simplement la marne
Yerte à Pecten asper ?
Le calcaire carbonifère constitue le sous sol de tout le ter-
ritoire de Sassegnies.
Puits : 1« A 200« au S.-E. de PÉglise.
Argile Tf»
Gravfer el sable .* 2 50
Terre noire et minerai 5
Calcaire 2 50
(1) La (orme désignée sous ce nom est générait ment connue dans
le Nord sous le nom de 0. Diluviana, Linné. M. Hébert (bassin
d'Uchaux. p. 119) ayant montré que le type de Scanie de Osirea dilu-
«fana (Nilssonn. pi. 6. f. l A. Bet f. 2) était sénonien. fait remarquer
qu'on lui rapporte à tort les échantillons cénomanicns du Nord.
— 302 —
2« Près da Calvaire.
Limon , . 2
Gravier . . . . • *. . . 2
Sable 15
Gravier. . . • l
Terre noire 2
Calcaire a 10"
Vlenz-niesnil.
Le sol est couvert par le limon. Le sable tertiaire existe
presque partout ; il a été exploité sur le chemin de Neof-
Me^nil et au N. du village, sur la droite du ruisseau.
Sous le sable, on rencontre la marne de la Porquerie à
l'état d'argile plastique grise, et sous la marne les gros silex
de Pargile à silex. On voit ceux-ci dans un chemin sous
l'église. L*argile avec ou sans silex forme le fond du ruisseau
et le niveau des sources.
Puits : Près de TÉglise.
Limon 2
Sable . - 1
Ar(i;il(' filasliqtte . . 2
Gros silex.
M. Ladriëi e fait la communication suivante :
Etude sur les Limons
des environs de Bavai (suite ^
Par H. S, Ladrière.
En 1875, lorsque j'ai commencé mes études sur les limoDs
des environs de Bavai , je croyais, avec mes collègues de la
Société géologique du Nord , que le terrain quaternaire se
composait de trois assises nettement séparées les unes des
autres, à savoir : le diluvium, le limon inférieur, loess ou erge-
ron, et le limon supérieur ou terre à briques.
(ij Ans. Soc. Géol. du Nord, t. VI, p. 74 et 800.
— 303 —
C'est sous l'influence de ces idées trop théoriques que j'ai
publié les deux premières parties de cette note; mais l'obser-
vation ultérieure de certains faits. a modifié peu à peu mes
opinions. J*ai exposé ma nouvelle manière de voir à la
Société dans la séance du 5 Novembre 1879. Si Ton veut
bien se reporter à cette communication et la comparer aux
précédentes, on verra en particulier que la couche désignée
en premier lieu sous le nom de limon supérieur, est tantôt
le limon des plateaux, c'est à dire du quaternaire ancien ;
tantôt du limon de lavage qui appartient à l'époque récente.
La communication que j*ai Thonneur de faire aujourd'hui,
apporte de nouvelles preuves en faveur de la manière dont
je comprends maintenant la classification des limons.
Territoire de Wargnies-le-Petit (suite)
A partir de la route de Bry, les tranchées sont, peu pro-
fondes; la voie ferrée traverse quelques faibles éminences
couronnées par le limon feuilleté des plateaux. Dans les
dépressions qui séparent chacune d'elles, il y a toujours une
couche plus ou moins épaisse de limon de lavage. La limite
de ces deux assises de terrain est indiquée par une ligne de
silex à demi roulés et quelques débris de poterie grossière (■).
Les inflexions du sol sont dues non seulement au relief
plus ou moins accentué des dépôts sous-jacents, tertiaires et
crétacés , mais encore à la disposition en plis synclinaux ei
anticlinaux des couches qui constituent le quaternaire ancien^
et au ravinement de ces couches postérieurement à leur for-
mation: c'est ce dernier cas qui se rencontre le plus souvent.
■ 1 1 ■ ' . . Il „
(iL) Le icrrain quaternaire du Nord. Annales, T. Vil, p. il,
(2) Une découverte récente m'a permis de déterminer exactement
j*àge de ces poteries ; j'en ferai l'objet d'une note qui sera publiée
ultérieurement.
— 304 -
Lorsque le limon de lavage s^est formé dans un pli syn-
clinal du terrain quaternaire, s'il repose sur les couches
supérieures : limon des plateaux, limon fin sableux etc. le sol
conserve toujours une grande perméabilité qui lui permet
d'absorber facilement les eaux pluviales ; c'est pourquoi, au
fond des vallons ainsi constitués, il n'existe presque jamais
de courant.
Si, au contraire, il recouvre le limon panaché ou la glaise
bleue, toute Peau qui tombe est retenue à la surface de ces
couches imperméables et donne naissance à de nombreux
ruisseaux; c'est ce qui se voit tout près du chemin de la Bois-
crette, dans les prairies marécageuses que Ton rencontre le
long de la voie ferrée.
Au lieu dit : Ferme-au-Lait-Buré , en creusant un puits
pour le garde-barrière, on a atteint le limon panaché à 4
mètres de profondeur ; Teau fournie a un goût ferrugineux
très prononcé, c'est pourquoi on la trouve mauvaise. Elle tarit
en été.
La tranchée qui touche à la maisonnette du garde n'a guère
plus de i^oQ de hauteur; les couches traversées, malgré leur
marbrure blanchâtre, appartiennent à la partie supérieure du
terrain quaternaire, il en e^t de même de celles que Ton voit
un peu plus loin dans une autre petite tranchée : ni Tune ni
Tautre ne présentent guère d'intérêt.
A la limite do territoire de Wargnies, le chemin de fer
coupe un tout petit cours d'eau : le ruisseau du Sart, dont
l'étude est bien intéressante.
Le ruisseau du Sart descend de la forêt de Moi mal. Dans le
village d'Amfroipret, c'est-à-dire à moins de trois kilomètres
de sa source , il a raviné toutes les couches supérieures du
quaternaire ancien et il coule sur le limon panaché; à partir
du pont du chemin de fer, c'est la glaise bleue que l'on trouve
dans le fond du ruisseau, elle forme même sa berge occiden-
tale sur un assez long parcours ; dans la vallée proprement
— 305 —
dite cette couche est recouverte par un amas de silex roulés
ou brisés, ainsi que Pont montré quelques petits sondages
que f ai pratiqués en différents endroits.
Ce courant atteint Targile à silex en amont du village de
Bry; plus loin, il ravine la craie à Micrasler breviporus; enfia
à Elh et à Sebourg, il coule sur les marnes à gracilis, voire
même sur les diëves. Il descend donc une à une toutes les
couches qui constituent le sol de cette région.
Sur ses deux rives, on rencontre de distance en distance
desdépôts torrentiels qui contiennent des débris de poteries
d'âges différents; j'en ai signalé quelques uns dans une note
précédente 0), leur étude permettrait de reconstituer en partie
Pbistoire de nos cours d'eau.
Territoire de la Flamengrie,
Près du cabaret nommé le S'-Quentinois, le limon, visible
dans la tranchée du chemin de fer, à une altitude de 130
mètres, est sablo-argileux, brun-rougeâtre, un peu feuilleté ;
il est traversé de nombreuses bigarrures blanchâtres fort
irréguliërcs. Le puits du garde -barrière a rencontré le limon
panaché à 5 mètres de profondeur.
Avant d'arriver au chemin de Ruiuce^ la voie ferrée entame
une petite éminence dans laquelle on remarque, sous la cou-
che arable, une marne argileuse, blanchâtre, épaisse de 0,40
centimètres. Ce dépôt, qui n'a guère plus de 100 mètres de
longueur , forme une espèce de lentille imperméable, qui
nécessite l'établissement d'une prairie en un point où Ton
rencontre ordinairement les meilleures terres aVables.
m
Dans la gare de St-Waast-la-Flamengrie, (à la côte 43:2
mètres) la couche supérieure a été exploitée en partie pour la
fabrication des briques; cependant, sur le bord sud du quai
de déchargement, on peut encore l'observer : elle est d'un
(1) Le lerraiD qualcrnaire du Nord. AnD. t. VII, p. II.
20
Annales de la Société géologique du Nord, t vu.
— 306 —
brun jaunâtre, argileuse, un peu friable et bigarrée de nom-
breuses petites veinules de limonite ou de limon blanchâtre;
en dessous, il y a du limon fin, sableux , jaune clair , égale-
ment bariolé de veinules de différentes couleurs.
Ces diverses couches offrent peu de ressemblance avec les
dépôts qui constituent ordinairement la partie supérieure du
quaternaire ancien ; aussi, me suis-je trouvé longtemps fort
embarrassé pour les rapporter à Tune ou l'autre des divisions
que j^ai faites dans ce terrain.
II y a quelques jours, «n de mes amis, M. Dassonville, en
creusant un puits près d'une habitation qu^il fait construire à
cent mètres de la gare, a rencontré, immédiatement sous la
terre arable, la couche â manganèse, puis le limon fendillé
et le limon panaché ; il a traversé également la couche tour-
beuse sur une épaisseur de 0,30 centimètres ; enfin, il s'est
arrêté à i^f>0 dans la glaise bleue. Le puits a une profondeur
totale de 10 mètres.
D'après les renseignements que j'ai pu recueillir, la glaise
bleue acquiert, dans les environs de Bavai, une assez grande
importance ; ici elle peut avoir 4 mètres d'épaisseur.
Je viens de montrer que le limon des plateaux a subi une
modification profonde sur toute la partie du territoire de la
Flamengrie traversée parle chemin de fer; or, il y a quelque
trente ans, il existait dans cette région, sous le nom de bois
de Roisin , une magnifique plantation d*arbres de haute
futaie et de taillis; né pourrait-on pas admettre que les
travaux de défrichement, et surtout l'action prolongée que
1 es racines Qt les radicelles des plantes ont exercée sur le
f>ol sont la cause principale de cette transformation du limon!
Territoire de Sl-Waastrlez-Bavai.
En quittant la commune de la Flamengrie, la voie ft- rrée
s'enfonce de plus en plus ; elle passe sous la route nationale
— 307 —
de Valendennes à Maubeuge dans une tranchée profonde de
5 mètres environ» où l'on observe les couches suivantes :
1. Limon feuilleté, b*un rougcàlre; l 10
2. Limon jaane clair, fiQ 50
3. Limon blanchâlre , contenant de nombreux
nodules de manganèse et quelques concré-
tions ferrugineuses 30
4. Limon fendillé, jaun&tre argileux l i»
5. Limon jaune, fin, sableux 40
6. Limon jttunc clair l 50
De même qu'à la Flamengrie, et sans doute pour la même
raison, toutes ces couchés sont bariolées de grandes veinules
blanches, fort irréguUëres.
Sous la couche n» 6, on a rencontré, en établissant la culée
du pont :
7. Limon grisàlre, sableux, panaché, contenant,
surtout à la partie inférieure, une immense
quantité de septarias et de nodules de man-
ganèse.
8. Petite veinule d'argile brune.
9. Limon gris bleuâtre, très argileux, très compacte.
Les couches supérieures de 1 à 6 sont visibles dans la
tranchée sur cent mètres de longueur seulement ; puis, vers
le ruisseau de Harvy , on rencontre un faible vallon , dans
lequel la s^^paration des deux grandes assises du terrain qua-
ternaire est assez nettement indiquée. Sous le limon de
lavage , on voit le limon fendillé ou le limon panaché ; de
nature plus argileuse que les couches supérieures , ils ont
résisté davantage aux influences atmosphériques; cependant
la moditication qu'ils ont subie est parfois si profonde qu^il
n'est pas toujours facile de les distinguer du véritable limon
des plateaux.
Le ruisseau de Marvy fournit une' coupe aussi intéressante
qne celui du Sart. Il doit son origine aux eaux pluviales qui
lui arrivent d'un certain nombre de plis de terrain s' étendant
des hauteurs de Criauleux et de Bermeries jusqu'au May; dans
— 308 —
ce hameau, comme il a raviné non-sealement toutes les cou*
' ches quaternaires mais encore Targile à silex et même la
craie à graciliSy de nombreuses sources jaillissent de toutes
parts dans le ravin ; Tune d'elles, dite Fontaine-des-Malades,
a un débit considérable , Teau qu'elle fournit est renommée
pour ses propriétés curatives : il serait utile d'en faire
lanalyse.
Le cours du ruisseau de Marvy a été détourné pour le pas-
sage du chemin de fer; en creusant le lit actuel, on a traversé:
1. Limon brun&trc, sableux, renfermaDt de petits éclats
de silex, quelques hélix, quelques lymnées, etc.
2. Limon jaune, assez clair, plus argileux que le précé-
dent, et contenant les mômes coquilles.
8. Limon gris-blancb&tre, très sableux, avec des septa-
rias très abondants et de nombreux petits lits irré-
guliers de silex.
4. Amas de silex assez gros, ^ demi roulés.
Toutes ces couches m*ont semblé appartenir à Tépoqne
récente. Près du village de St.-Waast, le ruisseau coule sur
le calcaire dévonien, zone du calcaire de Frasnes.
Si l'on continue à suivre là voie ferrée, on voit dans le talus
du chemin de May à St.-Waast :
1 . Limon argileux, brunâtre 30
2. Limon grisâtre avec veinules de limonile,
nodules de manganèse, nombreux septarias,
etc 40
3. Limon gris-blancbâtre, contenant d'énormes
septarias 60
4. Mélange de petits silex brisés, d'argile plas-
tique jaunâtre , et de sable ferrugineux
grossier 50
Dans une autre tranchée, non loin du ruisseau de Bavai •
il y a vers la partie inférieure quelques couches qui méritent
d'être signalées, ce sont :
1. Limon blanchâtre, sableux, fin, avec nombreux scp-
1 arias et quelques succinées.
— 309 —
2. Amas de silex brisés, emp&iésdans uneargileocreuse,
jaun&lre ou roage, quelquefois gris&ire,
8. Argile à silex.
4. VLdiTne k gracilis.
Les concfaes supérieures ayant été remaniées et exploitéiss
en partie pour la fabrication des briques, il est assez difficile
de les déterminer d*une manière certaine; je crois cepen-
dant que toat cet ensemble de dépôts appartient au quater-
naire ancien.
J^ai relevé la coupe suivante dans le nouveau lit du ruis
seau de Bavai :
1. Limon brun&lre, tourbeux, avec Hélix, petits
silex brisés, Uôbris de psammiles. etc. 20 à 80
2 Petits amas de silex brisés, de galets de silex,
de sable graveleux, contenant quelques frag-
ments de poterie grisâtre iXIlI siècle ?). . o 20
8. Limon sableux, blanchâtre, bariolé de veines
de limonite. On y trouve des succinées, des
planorbes, etc 10 à o 50
4. Tourbe ou limon tourbeux rempli de débris
végétaux , troncs et branches de saule, de
chêne, etc o 40 à [^
5. Gravier composé de blocs énormes de grès
tertiaires roulés, de galets de psammites, de •
schistes et de calcaire à Spirifer venievili ,
de silex brisés ou roftilés, d*ossemenls indé-
terminables et de fragments de tuiles ro-
maines roulées o 50 a 2"
De nombreuses recherches m*ODl permis de reconnattre
dans la plupart de nos vallées deux graviers bien distincts.
Le premier à éléments petits et peu variés, contient parfois
des fragments de poterie grossière, que notre collègue,
M. Rigaux, rapporte au XIII* siècle. Son épaisseur varie entre
0*10 et 1 mètre. Le second, inférieur, est formé de blocs
volumineux de roches très diverses ; il renferme ordinaire-
ment des ossements de bœuf, de cheval^ etc., des débris de
meulière eiûe^ tuiles on paieries romaines à Tétat de galets;
90n épaisseur peut atteindre 3 mètres.
— 340 —
En gravissant le côleaa qui forme la rive droile da ruisseau
de Bavai, on voit, â la surface du sol, un limon brunâtre,
argileux , rempli de petits silex brisés et cachalonnés, de
fragments de grès landéniens et de psammites de Condros.
Cette couche, assez peu épaisse d'ailleurs, repose sur uq
amas de silex éclatés, à patine blanchâtre, fortement
altérée*
Les psammites du Condros se montrent en place un pea
plus loin , dans la tranchée, à une altitude de 105 mètres. Il
n'est pas rare de rem^ontrer, à la surface de certains bancs
de psammites , quelques lambeaux de poudingue crétacé ,
recouvert de sable argileux, glauconifère, à Belemnites plenus
ou de marne à Terebratulina gradlis (*).
Dans ce pays, Targile à silex a complètement disparu du
flanc des vallées. Au-dessus des marnes à gradlis il y a une
argile brun-verdâtre , très grasse , se divisant en fragments
parallélipipédiques. M. Gosseletqui, le premier a signalé
cette couche, Ta nommée Marne de la Porquerie.
Entre le chemin du Pissotiau et celui de Bermeries, on voit
de bas en haut, dans une tranchée de sept mètres :
1 . Marne bleue, très grasse . sans fossile, formant un
niveau d*eaa très abondant,
2 . Marne blanchâtre, argileuse à Terebratulina gradlis.
Celle couche, qui a environ 3^ d'épaisseur, est
divisée en trois bandes par deux lits parallèles de
nodules calcaires assez volumineux.
3. Petite veine d'argile brun-verd&tre (marne de la
Porquerie).
4. Amas de silex quaternaires et blocs de grés landé-
niens remaniés dans un ciment argileux ou sablo-
ferrugineux.
5. Limon à silex.
Ces diverses couches affleurent dans les talus du che-
min de fer â peu près jusqu'à Bavai.
(1) Note sur le terrain crétacé des environs de Bavay. Annales t. VII.
p. 184. •'
— 3ii —
Vis-à-vis du moulin Hiolle, Tescarpement nor de la
rivière est formé par la marne à gracilis et la marne de la
Porquerie, disposées en plan très incliné, et recouvertes par
da limon récent. Cette dernière couche , qui est grisâtre et
panachée à la base , noirâtre et tourbeuse à la partie supé-
rieure, contient de petits silex éclatés ou roulés, des frag-
ments de tuiles, de briques, etc. Comme elle est détachée
des dépôts sous-jacents par un niveau d eau considérable ,
cédant à une pression énorme occasionnée par les milliers
de mètres cubes de remblais qui la recouvrent* elle a glissé
lentement vers la rivière, emmenant avec elle non seule-
ment tous les travaux d*art, mais encore la prairie tout
entière, y compris les arbres fruitiers.
De Tautre côté du chemin de fer^ dans les talus d un fossé
de deux mètres de profondeur , on voit encore du limon
récent, grisâtre, sableux, fin, renfermant pôle-môle quelques
silex roulés ou brisés, quelques fragments degrés landéniens,
de tuiles et de poteries romaines. J'y ai trouvé des coquilles
terrestres : Hélix, Lymnées, Planorbes, Succinécs.
Le môme limon se continue jusqu'au château de Rametz,
où il repose sur la marne de la Porquerie. Arrivé en ce point,
si on quitte la voie ferrée pour remonter le coteau jusqu'à la
route de Valenciennes, par exemple, on remarque que le
limon récent diminue peu à peu d'importance , et qu'il es
bientôt remplacé par la couche à silex, et celui-ci parle limon
homogène.
Ce dernier est très développé dans la sablonniëre Delefosse
où j'ai relevé la coupe suivante, de bas en haut :
1 . Sable blanc avec veines jaun&tres et petits
lits d'argile plastique brune 2m
2. Sable grossier gris&tre , glauconieux, raviné
à sa surface . 1 eTo
8. Sable jaune, grossier, ferrugineux . . o 80à l oo
4. Amas de fer carbonate, de limonitef^ de galets
de silex, de fragments de grès etc. o 10 à o 80
— 312 —
5 Limon Jaunfttre, sableux, grossier, renfermant
des fragments de grès et même des blocs
fendillés assez volumineux, quelques silex
éclatés ou roulés. J*al trouvé, aux 2/8 infé-
rieurs de cette couche, une hache en silex
polie, un nucléus, et quelques débris de
poterie grossière 50
6. Limon fin, sableux, grisâtre* avec veinules
blanches, contenant quelques éclats de grès
ou de silex, quelques fragments de poterie,
elc !■
Cette couche passe insensiblement à la précédente ; toutes
les deux constituent le limon homogène , que je considère
comme le plus ancien dépôt de la période récente. Il me
parait formé, comme je Tai déjà dit, par le remaniement des
couches supérieures du quaternaire ancien. On Tobserve ici
à une altitude de 125 mètres, c'est-à-dire à 20 mètres environ
au dessus du niveau de la rivière.
Un peu plus au nord, vers la côte 132, se trouve la carrière
Fiévet. Dans celle ci, on voit, le long de la route nationale ,
les couches qui forment généralement le quaternaire ancien,
lorsqu'il recouvre les sables landéniens. Ce sont :
1 . Limon brun-jaunâtre, très argileux (limon des
plateaux) 1 lo
2. Limon jaune clair, fin, sableux 1 80
8. Limon argileux, brun rougeâtre 50
4. Limon jaunâtre, sableux 50
5. Sable roux, assez grossier. . 1 20
6. Sable roux, très grossier, avec galets de silex
et blocs de grès très volumineux et très
compactes, formant des bancs réguliers. . 50
7. Argile plastique, brune 80
8 . Sable glauconifère 00
Vers le milieu de la tranchée et dans la partie sud, il y
a, au-dessus de la terre à briques, une couche de 0,50 cen-
timètres de limon hoiçogène identique à cehii que nous
avons étudié dans la sablonnière Delefosse.
<
— 313 —
Territoire de Bavai-Louvignies,
En descendant par le petil chemin qui longe la sucrerie de
Rameiz, on regagne facilement la voie ferrée.
A cent mètres du pont du chemin de fer, dans une prairie
située en face de T usine de M. Lèvent, un ancien trou d'ex-*-
ploitation monire les psammites du Condros recouverts par
un sable argileux, très glauconifëre, que M. Barrois rapporte
à la craie à Belemnites plenus; au-dessus, il y a une très
petite couche de marnes à Terebratulina gracilis; puis la
marne de la Porqucrie et le limon à silex, avec débris de
poteries romaines.
J'ai recueilli dans les couches crétacées les fossiles suivants :
Olodus Terebratulina rigida^
Ditrupa déforme. — gracilis.
Belemnites plenus Plicatula nodosa
Ostrea hippopodium. Cidaris Sorigneti,
Oslrea sulcata. — vesiculosa.
Spondilus spinosus, — hinido.
• Inoceramvs Brongniarti, Nombreuses éponges.
Terebralula semi-globosa.
Non loin de la route du Quesnoy à Bavai, derrière chez
M Trouillèt, on voit :
1. Limon brunâtre ^ silex. . 20
2. Amas de silex brisés dans de rargile verte ou
brune 50
3. Petit lit d'argile plastique brune, fendillée,
ferrugineuse 10 à 20
4. Udivne^ gracilis blanchâtre, fortement ravinée
à la surface. . . . , 2
Un peu plus au nord, vers Bavai, le limon homogène forme
la couche superficielle du sol. Il est sableux , fin, grisâtre
avec veinules blanches. On trouve dans toute sa masse quel-
— 3i4 —
qnes petits éclats de silex , quelques ga4ets, des débris de
poteries, etc. Son épaisseur atteint quelquefois 1"*50.
La sablonnière Trouillet fournit la coupe suivante :
1. Limon homogèn<) !■
2. Sable jaune rerrugineux avec grès 1^
8. Sable 1res glauconilère o 80
4. Argile à silex * . . 50
' Au-dessus du sable, les silex quaternaires sont générale-
ment remplacés par un lit de petits galets de silex.
La ville de Bavai «est située au sommet d^une colline en
grande partie constituée par les sables landéniens.
C'est sur le flanc méridional de cette colline et à peu près
à mi-côte de Tescarpoment que se trouve la gare , dont la
construction a nécessité un nivellement général du terrain
sur une étendue considérable. Les deux nappes aquifëres les
plus importantes du pays : Targile à silex et les marnes à
gradlis , mises à nu dans la tranchée sur une longueur de
plus de 500 mètres, ont produit une telle abondance d'eau »
que les travaux ont dû être interrompus plusieurs fois.
Au début de la tranchée, derrière le gazomètre Wanty, on
observe ce qui suit :
1. Limon homogène , 60
2. Amas de galeis de silex ei de fragments de
grès dans du sable grossier 15
8. Sableroux, avecgrès à v^gélaox. ... là 4"
4. Sable verdfttre, formani une bande régulière
et continue, plus ou moins épaisse, ravmée
à la surface 20 à 1"
5. Argile ou conglomérat à silex verdis, un peu
roulés, perforés, plus volumineux à la base
du dépôt qu'à la partie supérieure .... 80
6. Marne blanchâtre avec :
Oslrea hippopodium» Terebratula semi-globosa.
Jnoceramui Brongniarti. Terebralulina giacilis.
Rhynchonella Cuvieri, — rigida,
7. Argile plastique, bieu&tre, sans fossUes (dièves?)
— 315 -
Non loin de la gare des marchandises, un ravin qui descend
de Bavai a son lit en usé dans du limon noirâtre qui ren-
ferme des silex j des débris de poterie, etc.; en dessous-, mais
en quelques points seulement, on reconnaît le petit amas de
silex quaternaires, puis l'argile à silex; celle ci pénètre dans
les nombreux ravinements de la craie.
Près de Louvignies , le limon superficiel présente deux
niveaux différents. A la partie supérieure , il est rempli de
débris de constructions romaines: briques, tuiles, grès et
silex; on y trouve aussi des fragments de poteries grises ou
rouges, et de nombreux ossements de bœufs : c'est un véri-
table dépôt d'immondices. Vers la base, tous ces éléments
grossiers n'existent pas. Le limon a une apparence fluviatile,
il contient quelques nodules de craie, quelques fragments
d'unios, etc.
L'argile à silex, les marnes à gracilh et les dièves affleu-
rent tout le long de cette tranchée.
Les principales couches qui constituent le terrain
récent sont parfaitement représentées à Louvignies, près de
la chaussée Brunehaut, dans le nouveau lit du ruisseau de
Bavai. J'y ai relevé la coupe suivante :
1 . LimoD sabio-argileux, fiuemenl feuilleté, brun
rougcâtre , avec quelques veinules blau-
ches. On le confondrait facilement avec le
limon des plateaux 50
2. Limon grisâtre bariolé de blanc^a/ec petites
veiflcs de iimonile ocreuse et nombreux
septanas; on y trouve des coquilles terrestres:
hélix, p1anorbes,succinées. A la base de cette
couche, on voit, en certains points, quelqut^s
petits lits de silex, au milieu desquels il y a
ordinairement des débris de poterie .... 40
3 . Limon tourbeux, noirâtre 20 à 50
— 316 —
4. Amas de cailloux plus ou moins roulés, assez
volumineux: grès, calcaire, silex, tuiles, etc.
dans du sable grossier. J*y ai ramassé des
poteries romaines, des ossements brisés ou
taillés, et quelques galets de calcaire ooli-
thique • ^ 4o à 1»
Ce gravier repose sur une argile gris-verdâtre , que je
considère comme la glaise bleue du quaternaire ancien.
Territoire d'^udignies.
Enire la route d'Avesnes et le ruisseau de Bavai, la voie
ferrée s'engage dans une petite tranchée on l'on voit, de haut
en bas :
1 . Limon fin, sableux, grisâtre. . i 50
2. Limon Jaunâtre, contenant de très gros sep-
larias l*
8. Limon blanchâtre, sableux, avec mccinées*. o 50
4. Limon gris bleuâtrcf ou glaise bleue.
Cette dernière couche forme le sous-sol des nombreuses
prairies marécageuses que Ton rencontre en se dirigeant
vers la Longueville.
Près du chemin de Mal-Garni, à une altitude de 152 mètres,
il y a quelques affleurements de sable landénien et de grès
avec empreintes végétales ; mais un peu au-dessus, on ren-
contre une petite colline constituée comme suit :
1. Limon-brun rougeâfre, feuilleté
2. Limon jaune d'ocre, fia, doux
3. Limon blanchâtre à manganèse
4. Limon lendillé.
— 317 —
Territoire de la Longueville.
C'est sar le territoire de celte commune que la voie ferrée
traverse la vallée de THogneau. Le lit da courant est
creusé dans le limon panaché qui donne naissance à de
nombreuses sources; il est recouvert d'une couche de
limon gris, sableux (limon de lavage), et de quelques dépôts
brunâtres un peu tourbeux.
Le puits de la gare a traversé :
1. Limon Jaun&lre, très argileux, très plastique,
avec grandes veinules bfanches (Umon pana-
ché) 3"
2. Limon gris-bleuàlre ou glaise bleue.
A partir de la gare, la voie ferrée est établie à peu près
partout au niveau du sol ; en quelques points seulement, j'ai
vu affleurer le limon des plateaux et le limon jaune d'ocre
qui lui est inférieur.
Avant d'arriver à la route de la Longuevilhe à Hautmont, à
la côte 160"", la tranchée montre les couches suivantes :
1. Limon feuilleté l 20
2. Limon jaune d*ocre 40
8. Couche *à manganèse 20
4. Limon fendillé 80
5. Limon panaché 40
Cette coupe est excessivement nette.
Au-dessus de la route , on traverse une suite de marécages
où le limon panaché forme le sous-sol ; il est recouvert par
une couche plus ou moins épaisse de limon fin, sableux,
blanchâtre.
— 318 —
Territoire de Douzies
Non loin du chemin de Liniëre, dans une pelile colline on
voit :
Limon fpuilletC des pialcaux.
Limon jaune, fin, sableux.
Couche à manganèse.
Le limon de lavage existe sur les flancs de celte colline ; il
est séparé des couches précédentes par quelques silex arron-
dis, assez volumineux.
Enfin, avant d'arriver à la station de Douzies. on rencontre
une dernière tranchée dans le fond de laquelle le limon pana-
ché affleure sur une épaisseur de i^bO ; au dessus, il y a
environ 1<" de limon jaunâtre, fin, bariolé de veinules
blanches ; puis 0,50 de limon de lavage.
La station de Douzies est établie sur la hauteur qui borde
au midi le ruisseau de la Flamenne ; le puits de la gare a
traversé 6 mètres de limon, non compris la glaise bleue qui
a 1"b50 d'épaisseur.
Sur Taulre versant, le calcaire dévonien supérieur apparaît
en différents points.
On Texploite dans la carrière de Sous le Bois, où j'ai
relevé la coupe suivante :
1. Limon roiïgeâlre avec silex.. ...... . o 80
2. Amas de pcliis silex, à surface altérée blanche
ou rouge, dans une argile ferrugineuse ... 40
8. Argile plastique brun-verdâtre (marne delà
Porquerie) 30
4. Sable glauconifére à Pecten asper 8o
5. Poudingue ferrugineux . 30
6. Terrain dévonien 4 00
M. de OaerDe montre à la Société des échantillons de
Lignites de Fuveau , et donne des indications sur leur
gisement. -
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COMPTES-RENDUS DES EXCURSIONS GÉOLOGIQUES
DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE LILLE (')
Conipte-rendu de F Excursion du 29 Août au 7 Septembre 1879
dans les terrains primaires de T JLrdeDne et de TBifel (*)
Par M. Paul Daponelicllc*
Élève de la Faculté,
Licencié ès-Sciences naturelles.
PL. IV.
L'excursion qui a eu lieu du 29 Août au 7 Septembre 1879
sous la direction de M. le professeur Gosselet, a eu pour but
rétude des terrains primaires de TArdenne et de TEifel.
Je me propose, dans ce compte-rendu, de passer rapide-
ment sur les résultats de nos études, déjà connus par les
travaux de M. Gosselet, et d'insister, en revanche, sur les
coupes que nous avons prises dans l'Ei^'el ainsi que sur les
assimilations des couches dévoniennes de cette région avec
celles de la Belgique.
Première joumde.
Partis de Liège le matin en chemin de fer, nous arrivons
au village de Nessonvaux. Nous nous trouvons sur le flanc de
TArdenne, et les couches qui devraient plonger vers le bassin
d'Aix-la-Chapelle, ont par renversement une disposition pré-
cisément inverse.
(1) La Sociélô a décidé d'imprimer dans ses Annales les comptes-
rendus de ces excursions rédi<;és par les élèves qui y ont pris part.
Ces comptes- rend us sont classés par les prorosscurs de géologie de la
Faculté; celui qui occupe le premier rang est lu à la Société et imprimé
dans les Annales.
(2) Cette excursion a été dirigée par M. le I rofcsseur Gos£e!et.
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Nous voyons d'abord des schistes rouges avec grès et
quelques bancs de poudingue (schistes de Burnot).
Un peu plus loin nous observons à distance, à notre droite,
des exploitations de calcaire frasnien. Enfln plus loin encore,
au village de Fraipont, nous voyons, de près celle fois, des
schistes et grès famenniens.
Ces trois niveaux, vus à une certaine distance les uns des
autres, sont séparés par des couches que nous allons chercher
à reconnaître.
Nous revei.ons sur le calcaire frasnien, d'où une montée
assez rude nous conduit à des schistes rouge amaranthe
(coblentzicn supérieur).
Nous avons donc, plongeant vers le sud par renversement,
la série suivante :
Psam mites.
Calcaire frasnien.
Schislcs rouge amaranlbe.
Schistes de Burnol.
Une carrière (îoxxv à chaux de Fraipont) ncus permet
d'examiner avec soin le calcaire frasnien.
Il se présente à l'état compacte, bleu-foncé, avec des
parties vertes stéatiteuses.
Nous y ramassons de très nombreux Siromatopora.
Cpalh. hexagonum. Sp. VemeuiU,
Ces derniers sont plus nombreux dans les schistes qui
occupent tout un côté de la carrière.
La détermination de Page de ces schistes serait d'un
grand intérêt, parce que M. Gosselet y a ramassé de grands
Spirifer fort semblables à ceux de Barvaux, et l'on sait que
cette couche de Barvaux n'est pas encore nettement placée (M.
(1) Depuis que ces lignes ont été écrites, de nouvelles ctiidos ont
permis à M. Gosselet, d'établir avec une parfaite co.rlilude la position
des schistes de BarvauK dans le Frasnien; et dans une excursion récente
dans le pays de Liège, où Je l'ai accompagné, nous avons de nouveau
confirmé cette détermination par de nombreuses coupes.
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Comme ici les recherches paléontologiqaes seraient
longues , pénibles, et probablement infrnctneases , la
méthode slratigraphique est appelée à rendre de grands
services.
Nous prenons donc avec soin la coupe ci-jointe :
1 Calcaire frasnien.
2 Schistes (Sp. Vemeuili).
a Schistes rougc&tres à grands Spirifer.
4 Schistes verd&tres (Sp. VemeuUi).
5 Schistes à nodules calcaires.
Or, M. Gosselet, dans une excursion précédente, à quel-
ques pas de Pendroit où nous sommes actuellement, a trouvé
un calcaire rouge directement sous-jacent, c'est-à-dire, à cause
du renversement, reposant directement sur les schistes à
nodules calcaires. On sait que le calcaire rouge est un
horizon assez constant que Ton rencontre soit à la partie
supérieure du calcaire frasnien, soit à la partie inférieure
des couches de Hatagne, mais qui n'en caractérise pas
moins la partie supérieure de l'étage frasnien. Nous sommes
donc en droit de considérer comme frasnien tout Tensemble
schisteux que nous venons d*é(udier ; et si Ton admet le
parallélisme, au moins très possible, entre les schistes rouges
et les schistes de Barvaux, ceux-ci se trouvent ainsi rangés
dans le frasnien.
Enfin, à la gare de Nessonvaux, en y revenant prendre le
train pour Pepiuster, nous voyons des schistes fissiles à
divisions irréguliëres constituant la partie inférieure du
famennien.
Nous n'avions pu trouver, bien que nous l'eussions cher-
ché, le calcaire de Givet à Fraipont. Plus heureux à Pepinster,
nous voyons la succession de couches suivante.
21
Annales de la Société géologique du Nord, t. vu.
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Calcaire frasnien avec Slromalopora,
— Cyathophyllum.
— FavosUes.
Banc calcaire à Strigocéphales, enclavé au fond d'une
ancienne carrière. ^
Grauwacke rouge amaranlhe.
Nous verrons quelle extension prendra dans TEifel le
givétien, ici réduit à 5 mètres au maximum.
De r autre côté de la Vesdre, nous prenons, en suivant la
route, la coupe classique de Pepinster à Spa.
La grauwacke amaranthe constitue un pli anticlinal dans
lequel coule la rivière de la Vesdre. Elle est accompagnée de
grès vert foncé avec bancs de poudingue encrinitifère ; ces
grès n'ont d'aillears qu'une faible épaisseur ; puis viennent
des schistes rouges (sch. de Burnot) au milieu desquels se
dresse le mur du Diable, formé par un banc vertical de pou-
dingue dénudé.
Ils reposent sur des grès verts (grès de Yireux) et ceux-ci
sur une grauwacke verdâtre avec schistes rouges (grauwacke
de Montigny).
Bientôt, à un passage à niveau, une faille amène au
contact du gédinnien que nous n'avons pu nettement recon-
naître^ le calcaire et les schistes carbonifères, ceux-ci étante
par renversement, sous le calcaire.
Nous sommes dans le bassin houiller de Theux.
En reprenant notre route après le déjeuner, nous voyons
le calcaire reposer directement sur des psammites très
riches en mica, avec bancs calcaires remplis d'encrines, ces
psammites forment les hauteurs sur lesquelles se dressentles
ruines du château de Franchimont.
Le limon d'une vallée met ensuite une lacune dans notre
coupe. Nous arrivons sur les schistes rouges de Burnot,
reposant sur les grès de Yireux, grès verts, fournissant de
bons pavés et formant un pli.
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Nous voyons ensuite la série descendante régulière :
Grauwacke de Monligny.
Grès d'Anor.
Schistes bigarrés.
Puis une double faille intercale au. milieu des schistes
gédinniens un lambeau de quarzophyllades salmiens.
Avec les schistes bigarrés que Ton retrouve ensuite ,
alternent des bancs d'arkose quUl ne faut pas confondre
avec Tarkose de Weismes, bien que minéralogiquement on
ne I*en puisse distinguer.
Enfin une faille amène au Marteau, les quarzophyllades
zonaires (incl. S. lO^ £. = 31^) au contact des schistes
bigarrés.
Les observations interrompues sur la route de Marteau à
Spa sont reprises au-delà de Spa, sur la route de Sart, où
nous voyons des schistes à Dictyonemay intercalés entre
deux couches de quarzophyllades dont l'une est le banc de-
Marteau prolongé.
La base du salmien, contre le noyau de Tile de Stavelot,
est bordée par une petite ligne de schistes qui sont entre les
quarzites du noyau et les quarzophyllades de Spa. Ces
schistes, moins résistants, ont formé la vallée à laquelle est
due Torigine de Spa.
Enfin, dans le bois de Spa, nous constatons de la manière
la plus nette la stratification discordante entre le gédinnien,
représenté par Tarkose de Weismes avec poudingue, et les
quarzophyllades siluriens.
i^ journée.
Nous allons, pendant cette journée, traverser le noyau
devillo-revinien de Stavelot, pour arriver au salmien de
Viel-Salm.
Nous partons en chemin de fer de Spa pour Francorchamps.
 la station de Hokai, nous ramassons dans la tranchée des
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silex crétacés, témoignant de l'extension de la mer, qni a
laissé les dépôts da plateau de Hervé.
A Francorcbamps nous voyons les quarzites, et nous nous
dirigeons vers Malmédy, pour étudier les dépôts triasiques.
Ce sont des couches presque horizontales de poudingue avec
galets siluriens, dévoniens et même carbonifères, des schistes
et des grès rouges, couches qui remontent vers TArdenne
belge et constituent probablement la trace d'un ancien fleuve
déterminé par une faille dans le silurien.
Nous revenons à Stavelot où nous déjeûnons et prenons le
train pour Grand-Halleux. Nous y voyons des schistes et
quarzites verdâtres, contrastant avec la couleur que nous
venons de voir aux couches des Hautes-Fanges, et que nous
allons retrouver plus loin. On sait que ces couches, de môme
que celles de Deville, ont été Tobjet de nombreuses hypo-
thèses de la part des géologues. MM. Gosselet et Malaise se
bornent à constater Tintercalation des roches vertes dans
les roches noires, en invoquant à Test et à Touest une
faille dont la probabilité s'accroît du brusque passage des
couches, et de Texistence des filons de quarz dont on yoit
tant de débris au S.-E. de Grand-Halleux.
Ces couches vertes nous présentent plusieurs niveaux :
Schistes verdâtres à Oldhamia,
Schistes ardoisiers bleuâtres.
Quarzites blancs de Hour.
Schistes verdâtres aimantifères.
Nous constatons pour les quarzites, l'inclinaison S. 20« E.
c= 41° que nous rapprochons de celle des quarzophyllades
du Marteau, S. 25® E. = 3r.
Puis vient le second système de roches noires, les schistes
de Brûcken qui, pour M. Gosselet, seraient plus récents que
les quarzites des Hautes-Fanges.
Le Salmien commencepar des quarzophyllades semblables
à ceux de Spa, puis les schistes ardoisiers olîgistifères de
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Viel-Salm, recouverts par un banc de quarzophyllades, enfin
les schistes violets manganésifères avec veines de coticule.
Nous n'avons pas réussi à trouver en place les schistes oltré-
litifëres qui surmontent les couches précédentes.
Enfin, en gravissant la colline, nous voyons l'arkose dévo-
nienne reposer en stratification discordante sur les schistes
manganésifères.
3« journée.
Nous partons le matin de Viel-Salm pour Prûm. A Burton-
ville, nous voyons l'arkose reposant sur les schistes ardoisiers ;
à Salm-le-Ghàteau, elle reposait sur les schistes mangané-
sifères; plus loin, on la voyait au contact des quarzo-
phyllades.
C'est un bel exemple de ce que Ton appelle stratification
transgressive.
Nous nous trouvons sur une chaîne parallèle aux Hautes-
Fanges, chaîne à laquelle appartient la colline du Colanhan,
près de Salm-le-ChâieaUi et qui est formée de schistes oligis-
tifères.
Au-dessus de l'arkose est nn petit banc de schistes arénacés
grisâtres (sch. de Mondrepuits)^ le sommet de la colline est
occupé par du limon qui cache le contact de ces schistes avec
les grès taunusiens qui les surmontent et forment une
seconde colline.
A Hinterhausen, nous voyons des schistes noirs avec filons
de quarz. C'est le caractère sous lequel se présente, dans
cette région, la grauwacke de Montigny, faciès qui rappelle
celui de Houffalize et du Hundsriick. (Incl. S. 30" E)
D'Hinterhausen à Rodt, nous marchons parallèlement aux
couches. Puis le grès taunusien se relève et forme un
bombement qui sépare deux bassins de schistes noirs.
C'est la structure du Hundsrûck» ainsi formé par une série
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de plis. Les collines, correspondant à la yonte anticlinale de
ces plis, sont en grès taunusiens, et les yallées sont creusées
dans les schistes noirs qui forment la partie synclinale des
plis. Cet étage taunnsien n'est pas très développé dans
TEifel. Dans le Hundsrûck, il prend une grande extension
et deyient fossilifère.
Les schistes noirs se présentent à nous à St-With ayec un
grand développement. Ils sont fissiles, passant à Tardoise ;
un peu plus loin, ils sont recouverts par un petit bassin de
grès verts avec schistes ondulés représentant les couches de
Vireux.
Les schistes de St-Wiih se relèvent à Atzrath, enclavant
ainsi le bassin de grès ondulés. Plus loin, sur la route de
Schonberg, nous voyons d'abord des schistes fissiles, puis
des schistes passant à la grauwacke avec grès noirs et
vert sombre, formant des couches fortement plissées. Il est
probable qu'il y a là un pli des schistes de St-With, séparant
les deux massifs de grès de Vireux.
Toutes ces couches présentent d'ailleurs des connexions
étroites.
En approchant de Bleialf, nous observons des schistes
rouges avec grès verdàtres (schistes de Bumot).
Un peu plus loin, vers Sellerich, on revoit les grès avec
grauwacke qui viennent buter par une faille . contre des
schistes de Bumot d'inclinaison différente.
Si nous faisons abstraction des accidents stratigraphiques,
nous voyons qu'à notre entrée dans TEifel nous retrouvons
sur le bord du bassin dévonieui des couches identiques à
celles que nous avons coutume de rencontrer en Belgique et
disposées de la même manière.
4« journée.
La matinée fut consacrée à l'étude de la grauwacke de
Hierges. La coupe de Nieder-Prum à Elveratb nous montre
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d'abord le niveau inférieur à Sp. arduennensis^ où nous
ramassons :
sp. arduennensU. Chonetes plebeia
— hystericia, Ràynchaneiladalei densis.
— carinaius. Phacops,
Streptoràyncàusumbracutum Pterinea coslata.
Pois, au-dessas, un calcaire encrinitique impur avec
Sp. cuitrijugatus. Chonetes dilatata.
— hystericus. Produclus siibaculealtis.
Chonetes plebeia*
C'est le niveau à Sp. cultrijugatus.
Enfin; au sommet de la colline, nous voyons la base des
couches à calcéoles où nous ramassons :
Favosites polymorpha, Pentamerus galealus,
CyalhophyUumvermiculare. Alrypa reticularis,
— heliantoides. Calceola sandalina»
Après déjeûner, nous nous mettons en route pour Gerols-
tein. Nous revoyons rapidement la grauwacke de Hierges
avec ses deux niveaux, les schistes à calcéoles, avec noyaux
calcaires beaucoup mieux développés près de Weinheim et
dont la saillie produit de petites chaînes de collines perpen-
diculaires à la direction de la coupe. Le givétien se présente
sous forme de dolomie, passant, à la partie supérieure, à un
calcaire en plaquette avec
Favosites. Cyathophyllum,
Stromatopora Alvéolites.
Nous pénétrons dans le bassin de dévonien supérieur de
Bûdesheim.
D'abord, nous voyons des schistes avec bancs calcaires,
représentant les couches à cuboïdes (frasnien et homologue
des Kramenzelkalke de la rive droite du Rhin). En certains
points , nous recueillons des Favosites dans ces lentilles
calcaires.
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Plus loin, reposant sur les couches à cuboides^ nous voyons
des schistes contenant de petites plaquettes de grès, avec
GonialUes relrorsus. Baclriteê graçilis.
Cardium paltnatum.
Cette faune qui est celle de la partie supérieure du Arasnien
(schistes de Matagne de Belgique), est ce qu'il y a de plus supé-
rieur dans TEifel ; on n'y trouve rien de correspondant au
famennien.
Plus loin, au contact, nous retrouvons le frasnien à
Camarophoria formosa et la dolomie givétienne qu'une faille
fait buter contre les schistes de Burnot.
Il y a là évidemment un relèvement de tout le côté sud qui
a été rejeté sur le côté nord.
Nous avons donc vu le centre du bassin de TEifel, présen-
tant un pli fortement anguleux de chaque côté duquel les
couches se succèdent régulièrement.
Cet ensemble est limité de chaque côté par une faille.
5« journée.
Nous allons le matin étudier à Pelm le calcaire rougeâtre
à Crinoïdes, Celle couche est formée d'articles de tiges de
Crinoïdes, de Coraux, de Brachiopodes, et parait établir dans
FEifel un passage très net entre les couches à Calcéoles et le
calcaire à Strigocéphales, dont nous étudions, à Pelm, la
superposition aux couches à crinoïdes.
Dans l'escarpement de dolomie qui se dresse en face de
Gerolstein, sous le volcan, M. Kayser a signalé une faille qui
rejette à un niveau plus élevé les couches à crinoïdes et la
dolomie qui les surmonte 0).
Reprenant, après déjeûner, notre route vers Daun» nous
voyons d'abord les schistes à calcéoles avec bancs calcaires
remplis de polypiers, rappelant les calcaires de Weinheim.
(i) Katsbr : Zeit der deutsch. géol. gesell. XXIII Bd, p 888.
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Plus loin, à Gaes, nous Toycms de la graawacke à Sp. cuUri-
ivgalùs^ aa milieu de laquelle» évidemment par suite d'une
dislocation locale, nous trouvons des couches à Sp. spedo^
sus; puis viennent les grès rouges et verts de Burnot,
reposant, vers Stadtfeld, snr une grauwacke noirâtre, avec
grès vert sombre, qni est homologue aux couches vues entre
St-With et Bleialf . et représente le grès de Vireux.
Cette graawacke fort intéressante mérite de nous arrêter
un instant. Elle contient :
*
Ctenocrinus typas. Pteurodyctium proàlemaUcum
Spirifer macropterus. Rhyncàonella daleidensis.
— arduennensis. Chonetes sarcinulata.
Leptœna laticosta. Plerinea costata.
— Murcàisoni,
Or, nous sommes conduits, par l'étude des relations
stratigraphîques, à y voir le représentant des couches de
Vireux ; et d'autre part, la grauwacke de Stadtfeld est pour
les Allemands le membre le plus inférieur de la formation
dévonienne dans TEifel {^). Cependant, nous avons reconnu
en divers points des couches plus anciennes, notamment les
schistes fissiles de St-With, le Taunusien et le Gédinien, de
Burtonville.
Nous sommes ainsi amenés à établir un parallélisme
absolu entre les couches dévoniennes de TEifel et celles de
la Belgique, et en cela nous ne faisons que confirmer les
opinions de Dumont. Dans la carte de la Belgique et des
contrées voisines, il a parfaitement reconnu les divisions du
dévonien inférieur de FEifel.
La grauwacke peut se suivre sur un long parcours, de
Daun jusqu'à Lutzerath. Vers Bertrich, elle fait place à des
schistes noirs que nous assimilons à ceux de St*With. Enfin,
de Bertrich à Alf, nous voyons des grès taunusiens sur
lesquels reposent les couches précédentes.
i^i) Katskr : Zcil der deulsch. feoL gesell. Bd, XXIU, 2 Hefl p. 821.
— 330-
Le résultat principal de notre excursion a donc été de
constater la ressemblance presque absolue des couches dans
les deux bassins de Dinant et de TEifel, et d'en conclure
d'une part :
La communication large entre les mers qui déposaient ces
sédiments ;
D'autre part : La concordance des faunes dans les divers
points où affleure une même couche. C'est une des hypo-
thèses fondamentales de la géologie, et qui tend de jour
en jour à s'établir avec plus de certitude^ et sur des
bases plus irréfutables.
EXPLICATION DE LA PLANCHE IV.
Q Qaarzopbyllades siluriens.
S Schistes ardoisiers siluriens.
a Arkose.
s Schistes arénacés.
g Grès blancs.
8* Schistes noirs, fissiles.
g' Grès verts, ondulés
s** Schistes rouges.
g' Grés à Chonetes plebeia.
(Scb. de Hondrepuits).
(Taunusien).
(Grauwacke de Montigny).
(Grès de Vireux).
(Schistes de Burnol).
^'* Gx2î\x?fd,c}Lt^Sp,arduennensi8\ (Grauwacke de Hierges).
c Calcaire à Sp cuUrijugatus.
Schistes à caicéoles avec
G* lentilles calcaires.
X Calcaire à crinoïdes.
st Calcaire à Strigocéphales.
d Dolomie givetienne.
(T Calcaire en plaquettes.
p Schistes avec bancs calcaires
D Dolomie frasnienne.
p" Couches à Cardium palmatum.
r Faille.
1
i
1
(Eifelien).
(Givetien).
(Calcaire de Frasnes).
(Scb. de Matagne).
-331 -
Campt&^eniu de l'excursion du S au 7 Septembre W9,
dans les ré^loiiMi Tolemiliiiieft dé rsifel.
Par M. Oiarleii Haiirlee*
Elève de la Facalté, licencié ès-scienoes naturelles.
Depuis déjà quatre jours nous parcourions, sous la
direction de M. Gosselet, les formations primaires de l'Ar-
denne et de l'Eifel, lorsqu'il nous fut donné de yoir le pre-
mier et en même temps le plus célèbre des yolcans de cette
région dans laquelle nous entrions et qui nous ménageait
plus d'une surprise.
Journée du S Septembre» — Partis de Gérolstein, le 3
Septembre, par un brouillard intense, nous nous dirigeons
vers Lissingen ; nous passons au pied de beaux rochers de
dolomie givélienne qur surplombent la route, puis nous
commençons à gravir le volcan en Fabordant par le côté
nord-ouest. Nous traversons d'abord des champs remplis de
scories, fait dont nous nous rendons compte lorsque nous
arrivons aux deux tiers de la montée. Là, en effet, nous
voyons, en nous retournant, que nous avons longé une
ancienne coulée de lave qui s'est étendue au loin dans la
plaine et dont on peut très bien suivre la trace ; les cendres
donnent, en effet, par leur décomposition, un excellent sol
végétal et les moissons sont de beaucoup plus belles en cet
endroit qu'en tout autre. Cette lave n'est pas sortie du
cratère lui-même, mais d'une fente qui s'est produite sur le
flanc de la montagne, fente qui n'a nullement changé la
stratification de la dolomie ou altéré sa composition. Cette
lave est descendue dans la vallée et, comme dans toute
coulée, il s'est formé tout autour du courant, de chaque
cêté, aussi bien qu'en dessus et en dessous de lui,
une épaisse couche de scories due au refroidissement
— 832 —
des régions superficielles de la coulée. Cette couche de scories
a fini par constituer un tube gigantesque dans lequel circulait
la lave liquide pour aller se répandre dMs la campagne.
Ce tube, après Téruption, est donc resté vide sur les
pentes escarpées du cône volcanique ; et plus tard, par suite
de l'infiltration des eaux pluviales, la voûte que formaient
les scories au-dessus de la coulée s'est efibndrée. Voilà ce
qui fait qu'aujourd'hui on ne voit plus sur la montagne, à
l'endroit de la coulée, que deux sortes de murailles arrondies,
formées de scories et de blocs de lave durcie^ murailles qui
limitaient et protégeaient la lave pendant Péruption ; et au
centre même de la coulée quelques rares scories, derniers
vestiges de l'écrasement de la voûte, entraînées et en partie
décomposées par les agents atmosphériques.
Nous continuons à monter et nous arrivons ainsi au
sommet du volcan. La première chose que nous remarquions,
c'est, comme nous Tavons déjà fait observer plus haut,
que la dolomie est parfaitement intacte, tant au point de vue
de la stratification qu'au point de vue de la structure et de
la composition de la roche, partout dû elle est en contact
avec des produits volcaniques et sur les bords mêmes du
cratère. C'est ainsi qu'au-dessus de la coalée de lave dont
nous venons de parler, entre elle et le cratère, nous voyons
de la dolomie en place qui est absolument dans le même
état qu'avant la formation du volcan. Celui-ci a déplacé une
masse de rochers juste pour livrer passage aux produits
volcaniques, mais n'a nullement ébranlé les blocs voisins.
N'est-ce pas là un fait caractéristique qui réduit à néant la
théorie des cratères de soulèvement que Ton avait invoquée
pour expliquer le volcan de Gérolstein.
Nous descendons dans le cratère et nous pouvons étudier
les débris qui forment le cratère du volcan. Ce sont des
scories stratifiées et dont Tinclinaison se fait vers le centre
du cratère. Il y a, au milieu des cendres, des morceaux de
— 333 -
schistes qui ont été rejètés par le volcan avec les cendres et
les bombes volcaniques. Quelques-uns ont même été si peu
altérés par ce séjour au sein du volcan qu^en les cassant on
peut y retrouver des fossiles encore intacts.
Nous traversons le cratère de Touest et nous arrivons à
une colline formée de scories et de cendres ; c^est une crôte
qui sépare le cratère que nous venons d'étudier d*un seceud
situé à Test du premier et beaucoup plus grand que lai ;
elle résulte évidemment des déjections des denx cratères. Il
n'y a pas de cône spécial pour chacune des deux bouches du
volcan de tiérolstein ; toutes deux s'ouvrent au sommet d*une
même montagne, formée presqu'exclusivement de dolomie.
Après avoir encore longé quelque temps la crête de la mon*
tagne, nous redescendons sur la dolomie à Gérolstein et nous
ipassons près d une source d'éau minérale, dernier vestige
des émanations volcaniques.
Le reste de la journée fut employé à ùentinuer TétHde
stratigraphique des divenses assises des terrains primaires
de TEifel. Nous passâmes près du Mont Neroth, mm sans
pouvoir Téiudier. Le soir nous étions à Daun, d'où nous
devions partir pour nous enfoncer au sein de la région dans
laquelle nous venions de faire le premier pas.
Journée du 4 Septembre. — De Daun à tiemund nous
continuons notre étude stratigraphique de la veille. Après
avoir traversé Gemund, nous gravissons une colline boisée,
et arrivés au faite de la hauteur, nous nous trouvons devant
un spectacle splendide. Nous avons devant nous un immense
cirque, bordé de toutes parts par des coIUnes boisées, élevées
d'une cinquantaine de mètres au-dessus du fond du cratère,
fond qui est occupé par un beau lac sans écoulement et sans
affluent. Nous sommes en présence d*un Maar.
On a beaucoup discuté sur les causes qui ont pu 'donner
naissance à ces maar. On a prétendu qu'rls n'étaient que le
résultat de l'explosion et de la i'uptùre momentanée d'une
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portion de la croûte terrestre. Les gaz volcaniques, en s'accu-
molant sur nn point où Fépaissenr des couches sédimentaires
était relativement faible, auraient brisé l'obstacle qni les
maintenait an sein de la terre et auraient projeté à l'extérieur
des morceaux de grauwacke arrachés à la croûte terrestre
en même temps que des blocs de tuf, des scories et des
cendres. On les a appelés crat^es d'explosion et Pon
suppose qu'après cette éruption, de très courte durée, le
volcan s'est éteint pour toujours, laissant, à la place des
roches projetées au dehors, une cavité dans laquelle viennent
se rendre les eaux pluviales. D'après ces auteurs, un maar
serait donc le premier pas fait par un volcan pour arriver à
constituer nn cône volcanique et Ton trouverait, d'après
eux, tous les passages entre ces maar et les volcans stratifiés,
produits par des éruptions successives et répétées sur l'empla-
cement d'un ancien maar.
C'est là une explication que je ne saurais admettre, il me
semble, et c'est d'ailleurs Popinion professée par M. Gosselet,
que loin d'être le premier des stades parcourus successi-
vement par un volcan, un maar est au contraire le dernier
état que nous présente un cône volcanique. Après l'éruption ,
par suite du retrait résultant du refroidissement de la partie
qui occupait le centre du cratère, il s'est produit au centre
du cône volcanique une immense cavité qui n'était fermée
à la partie supérieure que par une mince croûte de scories
et de laves. Cette croûte, en s'effondrant, a laissé béante
cette cavité, dans laquelle se sont accumulées les eaux
pluviales, de manière à constituer ces lacs intérieurs qae
nous admirons aujourd'hui.
Nous continuons notre route en suivant la crête des
hauteurs et nous arrivons à un second maar dont les bords
sont dénudés. C'est le Weinfelder-Maar. Une église isolée se
reflète dans l'eau bleue de ce lac sauvage. Nous constatons
les mêmes choses qu'au Gemund-Maar. Les hauteurs qui
l'aToUinent sont également reconvertes d'une couche pen
épaisse de scories et de morceaux de grauwacke altérée par
le feu; les couches slratifiées de la grauwacke coblentzieaae
sont également iotactcs sur les bords du maar, elles n'ont
nullement été dérangées par l'éruption ; nous en relrouvans
même un superbe bloc toat aa bord de l'eau.
Une crête peu élevée sépare le Weinfelder-maar d'un troi-
sièmelac, an bord duquel est bâti le petit village de Schalken-
mebrea ; ce troisième maar est à an niveau moins élevé que
les deux précédents ; de sorte que le village de Schalken-
mehren serait bien vite inondé si la faible crête qui sépare
les deai maar venait à se rompre. Yoici la coupe que qqus
aTons pu relever le long d'une route qui passe sur la crête
elle-même. Elle nous montre la stratlOcalion irrégulière que
présente tout dépAt aérien constitué par des déjections
volcaniques, dépôl régi complètement par la plus ou moins
grande prédominance du vent de tel ou tel cdlé.
Tranchée dam let débris volcanique* prêt du
Schatkenmeliren-JUaar,
1 LapiUU avec débris de grauwaeke l-
2 . M. id. 10
s Ceodre* 10
4 "d 16
B Lapillis avec débris de Rrauwacke 1 oo
6 Cendres , .' o 10
1 Scories et greowftcke dans du limoD rouge 40
- 336 —
. Nous nous dirigeons alors vers Mehren et nous prayissons
la hautear qui domine le Schalkenmerhen-maar ; nous pou-
yons en prendre le plan et noter la disposition des champs
cultiyés et des terres marécageuses autour du lac et du
yillage.
Nous passons à Mehren qui est sur le bord d'un ancien
cratère, puis à Steiningen et à jSteinberg. Près de ce der-
nier village, nous allons voir une colline de basalte qui
présente un phénomène remarquable.
Nous avons bien affaire à une roche éruptive, mais, d^une
part, on ne peut voir le point d'où elle serait sortie, il n*y a
aucune trace de cratère dans les environs, et, d'antre part, on
ne trouve tout autour de ce bloc aucune trace de scories ni
de lapillis; on n'y constate la présence d'aucune bouche
volcanique ; les deux éminences que nous avons vues border
la coulée de lave du volcan de Gérolstein font ici complè-
tement défaut , nous sommes en présence d*un bloc com-
pacte, d'un dôme homogène de lave basaltique. C'est là un
fait qui embarrasse au premier abord, mais qui n'étonnera
plus lorsque Ton songera que nous n'avons pas affaire ici à
une coulée, mais bien à la masse homogène et basaltique
qui remplit la cheminée de certains volcans. Nous avons vu,
à propos des maar, que quelquefois la cheminée volcanique
est vide et ne présente aucune trace des déjections volca-
niques ; mais, d'autres fois^ cette même cheminée est com-
plètement obstruée par la lave qui n'a pu s'écouler au
dehors. Que Ton se place dans cette dernière hypothèse et
que Ton suppose que, par suite de l'action des agents atmos-
phériques, toutes les cendres, les lapillis qui constituaient le
cône du volcan ou limitaient extérieurement le dôme basal-
tique aient disparu et Ton comprendra comment il se
fait que nous trouvons ici une masse compacte sans qu'aucun
des<^rps environnants ne garde^Pempreinte de son passage.
Nous . passons ensuite aux villages d;£Llscheid 0t de
- 337 -
Gitlenfeld où nous déjeunons ; puis, continuant notre route»
nous allons voir un quatrième lac, le Pulver-Maar. La beauté
du sUe nous retient un instant. C'est certainement, au
point de vue pittoresque, ce que nous ayons vu de plus beau
pendant toute notre excursion. Les grands châtaigniers dont
sont complètement garnies les collines qui bordent le maar
nous laissent apercevoir par place ^ à travers leur noir
feuillage, Tazur des eaux du lac.
Nous passons à Immerath, puis à Lutzerath, en nous
dirigeant à travers bois et nous pressons le pas pour arriver
avant la nuit au grand volcan de Bertricb, qui est le dernier
de l'Eifel, quand on se dirige vers le sud-est, à la limite de
l'Eifel, du côté du Hundsrûck.
Arrivés à Kennfus, au crépuscule, nous pouvons encore
constater que nous sommes sur des cendres et par suite
dans le voisinage d'un cratère qui se trouve à gauche de la
toute. Nous descendons dans la vallée et les sinuosités de la
route nous amènent en un point où elle est traversée par un
courant de lave sorti du cratère situé dans le haut, nous
nous bornons à en constater la présence, devant l'étudier
le lendemain.
Journée du 5 Septembre. — Bertrich est situé au fond
d'une des vallées du Hundsrûck, région composée essen-
tiellement d'un vaste plateau de 2 à 300» d'altitude et où
chaque petit ruisseau s* est creusé une vallée ou plutôt une
gorge d'une profondeur inouïe; les pentes des vallées
sont excessivement abruptes et couvertes d'une végétation
luxuriante. C'est sur un de ces affluents de la Moselle, le Us>
que se trouve bâti Bertrich, qui est une ville d'eaux fort
visitée par les touristes. Il existe en effet au pied du volcan,
des sources d*eaux minérales.
Nous nous dirigeons le matin vers le point où nous
n'avons pu continuer nos observations la veille; nous
Annaies de la Société géologique du Nord, t. tu.
— 338 —
arrivons^ au boat de quelque temps, au pied d^un escar-
pement assez élevé en haut duquel nous ayions constaté la
présence de la lave. Nous trouvons en ce point une très
grande coulée de basalte qui descend évidemment du haut
de la montagne. Or, entre ce^ endroit et celui où nous avons
trouvé une coulée, à la partie supérieure du volcan, on ne
constate aucune trace de lave, mais il existe un mur presque
vertical de grauwacke. Il a donc dû y avoir une véritable
cascade de liquide incandescent qui, descendant du haut du
volcan, s'est répandu dans la vallée dont il occupe presque
tout le fond. Le courant s'est dirigé vers Berfrich, situé à
2-3 kilomètres de là, et, à son extrémité, au point où il s'est
arrêté, a formé un monticule sur lequel est bâti le temple
protestant de la ville.
Nous allons voir au bas, dans la vallée, une belle carrière
de basalte qu'on exploite pour empierrer les routes. Noos y
trouvons de très beaux cristaux que je ne cite que pour
mémoire, ne m'occupant nullement dans tout ce travail de
la constitution minéralogique des roches, mais seulement de
leur stratigraphie.
Ce basalte se décompose au bout d'un certain temps en
prismes aplatis qui, altérés par l'acide carbonique de Tair et
des eaux pluviales, prennent une forme arrondie et finissent
par ressembler complètement à des fromages empilés les uns
sur les autres; cest ce que nous avons été admirer à Kas-
Keller (Grotte des fromages). Ce mode de décomposition est
spécial au basalte.
Nous rentrons à Bertrich, puis nous gagnons Alf à pied.
D*Alf, qui est situé sur la Moselle, nous nous rendons ea
chemin de fer, à Goblentz.
Après avoir séjourné quelque temps dans la ville, nous
prenons le train pour Niedermendig. Une marche de nuit de
4 kilomètres nous amène au grand hôtel situé sur- les bords
du Laacher See.
— 339 —
Journée du 6 Septembre, — Le lac de Laach peut être
considéré comme on grand maar ; c'est, en tout cas, le plus
grand de toute la région. Il présente une surface d'eau qui
n'a pas moins de 9 kilomètres carrés. Il est entouré au nord^
à l'est et à Touest par des pentes abruptes de montagnes^ au
sud, par des collines à pentes douces*
Le matin du 6 Septembre nous nous dirigeons vers Bell^
en tournant le dos au lac, nous longeons Tancien couvent
de Maria Laach et nous passons dans un chemin creux qui
nous montre de beaux dépôts de cendres dont les couches
inclinent vers Niedermendig. Elles ont donc été disposées sur
les pentes du volcan^ et, comme celles du Schalkenmehren-
Maar, elles sont en couches irréguUëres et de formation
aérienne. Nous traversons Bell, puis Obermendig où, nous
relevons une belle coupe ; nous sommes en présence de dépôts
alternatifs de cendres et de ponce^ mais ici les couches ne sont
plus irréguUëres comme celles du bord du lac, elles sont
régulièrement et horizontalement stratifiées ; cela indique
nettement qu'elles ont été déposées tranquillement et unifor-
mément au fond d'un lac.
Nous allons, de là, voir les laves de Niedermendig que l'on
exploite pour faire des meules, ce sont des Leucitophyres
avec Sanidine et Angile.
C'est en extrayant cette lave que Ton a creusé les caves
dans lesquelles on fait la bière renommée de Nieder-
mendig.
Nous revenons à Thôtel par la route que nous avions
suivie la veille au soir^ et, après le déjeuner, nous montons
en barque pour nous faire conduire en différents points du
Jac particulièrement intéressants. Nous naviguons un certain
temps jusqu'à ce que nous soyons arrivés à la Jâger Spitz
(pointe du diasseur), où nous descendons.
Nous trouvons tout au bord de l'eau des scories basaltiques
— 340 —
allérées, ce sont les dernières laves sorties du volcan. En
montant un peu, nous arrivons à une splendide carrière où
noas constatons la trace de deux éruptions différentes, quant
aux roches qu'elles ont émises et quant au point du lac et au
cratère d'où elles semblent provenir.
Dans le bas nous trouvons une lave basaltique contenant
du pyroxène et du mica rouge. Au dessus de cette couche,
et reposant en stratification complètement discordante sur
elle^ il y a des dépôts provenant^ cette fois, d'une éruption
trachytique, c'est un tuf ponceux renfermant des blocs
énormes de basaltes lancés par le volcan ou provenant des
coulées des éruptions antérieures. Tout à fait à la partie
supérieure de la carrière, il existe un tuf ponceux plus fin
et des bombes basaltiques plus petites que les précédentes :
on constate là le ralentissement graduel de Péruption.
Coupe de JfagersfJ^iz.
1 Lave basaltique. 1'* éruplion*
2 Tuf ponceux trachytique, et blocs de basaltes. 2* éruption.
3 Le même avec des blocs de basalte plus petits.
Nous avons là, ai-je dit, la trace de deux éruptions diffé-
rentes et venant de cratères différents. C'est ce qui a permis
à M. Gosselet d'émettre Popinion suivante, justifiée d'ailleurs
par la forme même du lac, dont voici le plan.
j
WissrnacA
y.".'.*.*.V.V.*.'"'C^'^ ^ fltejywf
(
/ '/>n/(fTr j
4
/
B^
Jaixchersu. \
NiedPTiîjonJlq
— 841 —
IL Gosselet suppose qall y a ea deux cratères au Laacher-
See.
Le plus petit, situé du
côté de PMtel, aurait don-
né les laves de Niedermen-
dig, les scories et cendres
du couvent et les tufs pon-
ceux de Bell et d'Ober-
mendig, ainsi que le tuf
trachytique de la partie
supérieure de la carrière
de la pointe du Chasseur.
L'autre cratère, le plus
grand des deux> serait situé dû ciMé du couvent des novices ;
il aurait donné la coulée basaltique de la partie inférieure de
la pointe du Chasseur, et les diverses laves et scories que
nous verrons dans la direction de Wassenach.
Pour en revenir à la pointe du Chasseur, nous y trouvons
la trace de trois éruptions successives.
Le premier dépôts le dépôt basaltique de la partie infé-
rieure a été effectué par une éruption du grand cratère ; le
tuf ponceux, trachytique, qui lui est supérieur, est sorti du
petit eratère ; enfln, les cendres et bombes du haut de la
earrière proviennent également du petit cratère.
Nous remontons en bateau et nous arrivons en un point
au bord du lac, où Ton voit bouillonner Teau absolument
comme si elle était en ébullition ; c'est là un dégagement
d'acide carbonique qui se fait assez activement, et qui nous
montre que le volcan duLaacher See n'est pas encore
complètement éteint.
Nous passons près du couvent des novices, où Ton peut
remarquer des blocs de grauwacke parfaitement intacts, ils
n'ont pas bougé et n ont subi aucune altération par suite des
noBobreuses éruptions dont ils ont été témoins. C'est là, nous
— 348 "
Tavons déjà dil^ on argament irrëfatable contre la théorie
des soulèvements.
Nous débarquons dans nn fourré, et après avoir gravi à
travers bois la colline qui borde le lac, nous débouchons dans
les champs, en vue de Wassenach, nous voyons encore des
cendres qui, vu leur inclinaison, proviennent évidemment
d-une éruption du grand cratère du Laach.
Nous descendons à Wassenach qui est bâti sur la grau-
wacke. Devant nous se dresse un immense cône volcanique,
entièrement dénudé à la base et garni de bois à son sommet»
c'est le volcan du Kunkskopfe.
Voici la coupe que nous avons relevée en gravissant cette
montagne.
Au dessus de la grauwacke • nous avons constaté la
présence d'une couche de limon, puis une belle carrière
nous montra de grands amas de cendres au dessus du limon
qui forme le sous-sol de la carrière et dont le dépôt est par
conséquent antérieur à la dernière éruption du Kunskopfe.
Au milieu de ces cendres, on trouve des bombes volcaniques
parfois très volumineuses, des scories et des lapillis, le tout
disposé sans stratification. Une seconde carrière nous
montre, au-dessus des cendres, des masses de scories
entremêlées de coulées de laves inclinées parfois deSS».
Nous continuons à monter et nous nous engageons dans te
bois, dans Tespoir de trouver enfin le cratère du volcan,
mais nos recherches demeurent infructueuses, nous ne
voyons partout que des scories et nous redescendons. Le
cratère a donc été presqu'entièrement obstrué par les érup-
tions successives.
Nous tournons autour du Kunkskopfe et nous arrivons
dans un ravin qui divise en deux parties très inégales le
volcan ; mais il y a ici un fait de première importance à
noter et qui nous montre bien les valeurs différentes qu'ont
les diverses éruptions d'uq mÔQie volcan. Tandis t}ue le
— 343 —
grand cône du Knnkskopfe était presqu'exclusivement
formé de cendres et de lapillis, celui-ci, qui n'en est séparé
que par un ravin de minime importance, est exclusivement
composé de basalte compacte. Est-ce le résultat d'une
éruption d'un cratère voisin du premier ou d'une éruption
différente et antérieure du même cratère?
Sur la pente, de l'autre côté du petit cône du Kunkskopfe
nous trouvons une couche de limon qui recouvre le basalte,
lequel sous Tinfluencjd des agents atmosphériques se
décompose et prend un aspect qui le rend méconnaissable,
même pour Toeil le mieux exercé.
Sous le basalte, on aperçoit la grauwacke légèrement modi-
fiée par son contact :
Coupe du Kunskopfe.
..M»
L Limon.
g Gnauwacke.
B Basalte compacte.
s Gendres et lapillis.
t Seories et coalées de lave.
K Scories,
Avant Burgbrohl, nous allons voir dans la vallée d'un
petit affluent du Rhin, une belle carrière de trass. On appelle
ainsi un tuf pumîcitique enfermant des débris de pierre
ponce» de grauwacke, de schistes argileux, de basalte, etc..
ainsi que de nombreux cristaux. Sa couleur est blanc-
jaunâtre, il devient noir par altération. La partie inférieure
— 344 —
du banc est beaucoup plas compacte que la partie supérieure^
on exploite le trass pour la fabrication du mortier hydrau-
lique. C'est donc une boue volcanique qui s^est répandue
dans la vallée qu'elle remplit entièrement de Burgbrohl
jusqu'à Brohl sur le Rhin. Le petit affluent du Rhîn qui
arrose la vallée a dû se frayer un chemin à travers le traas
qui s'élève jusqu'à une hauteur de 20 à 30 mètres au-dessus
du fond de la vallée. En la suivant jusqu'à Brohl, on
traverse des localités ou le trass a coulé sur le sol d'une
forêt; on retrouve, en effet, en parfait état de conservation,
des feuilles et des arbres entiers. Le trass provient très pro-
bablement d'une éruption du Kunkskopfe.
En quittant Burgbrohl nous gravissons une montagne
au pied de laquelle se trouve le village ; nous arrivons alors
à une splendide carrière. A la base on voit un basalte fendillé
probablement par une exposition prolongée à Pair et dans
lequel pénètre du limon. Sa surface profondément ravinée
s'est recouverte de débris de basalte empâtés dans du limon.
C'est évidemment un dépôt fait sur la pente de la colline, ce
que la carte géologique de France a appelé un dépôt sur les
pentes. Ce basalte passe insensiblement à un autre beaucoup
plus altéré et d'une toute autre couleur. Le tout est recouvert
de limon assez pur. Ces diverses roches volcaniques pro-
viennent d'un volcan situé derrière Burgbrohl, et que nous
ne gravissons pas jusqu'à son sommet.
Nous continuons notre route vers Brohl en suivant la
ligne des hauteurs; nous marchons toujours sur des cendres
et des scories, ce qui prouve que nous ne sommes pas loin
d'anciens volcans.
Nous arrivons enfin au Leitenkopf, le dernier volcan que
nous devions étudier de la journée.
Le Leitenkopf , comme le montre la coupe suivante, est un
bel exemple de cratère situé sur le flanc d'une montagne et
ouvert du côté de la vallée. A une certaine hauteur au-dessus
-3iK —
du «ratftrft noa> trenTon» un dépAt de scories bBsattiqves
réanies en un eoDglomérat solide et rentsnnani de très
Dombrent débris de paawacfce.
Coupe de la valKe de Brohl, prêt du Leilenla^.
g GreuvrBcke. f Scoriet, aneieD eralèn. .
s Scoriei conglontirées. T tnxt.
Sons one très faible épaisseur de ces scories vient la
grauwacke, puis plus bas, sar les bords mêmes dn cralére,
on troDTe encore un dépAt de cendres ei de scories. Le
cralëre n'est dessiné que do c6té de la montagne, sur
l'antre bord, il eslourert et bordé parla granwacke en bancs
réguliers. De Tantre cAté de la vallée, nons apercevons
toujours le trass-
Nous descendons presqn'aossitdt de la ligne des hauteurs
pour venir nons embarquer à Brohl snr le Rhin et gagner
Bonn où nous passons la nuit.
Joumie du 7 Septembre. — Le 7 Septembre fiit entièrement
consacré à l'étude du Siebengebii^e. Un train qai traverse le
Rhin en bac peu de temps après avoir qoitlé Bonn, nous
transporte à la station de Dollendorf.
Le Siebengebirge constitue & lui âenl l'enseèble volcanique
que l'on tfonve sur la rive droite dn Rhin ; comme son nom
l'indiqâe, il se compose de sept cdnes volcaniques. Derrière
Iqî commence le Tauons, région exclusivement formée de
roches sédimentaires.
— 346 —
Nous faisons de suite rascension da Petersberg ; bous
montons d*abord sor la grauwacke et nous arri? ons & un
terrain de formation tertiaire qui va BOttS sertir pear déter-
miner l'âge des volcans du Siebengebirge dont nous parlerons
plus loin ; ce sont des sables très grossiers entremêlés de
blocs de grès, de poudingue et de galets de quarz ; notons,
en passant, que comme aspect ils ressemblent très fort aux
sables grossiers de raachénien; en Allemagne, on les place
dans Toligocëne ; ils seraient de Page des lignites du bassin
de Hayence. On ne trouve dans ces sables que des débris
végétaux sur lesquels on s'est appuyé pour les rapprocher de
l'oligocène.
Au-désstts de ces sables, nous constatons la présence
d'une coulée de basalte qui les recouvre et est, par. consé-
quent, postérieure à leur dépôt.
Nous redescendons au village de Winter Hûhlendorf que
nous traversons et nous arrivons à un petit ruisseau tout
près duquel nous relevons la coupe vivante de haut en bas :
Conglomérat trachylique avec dendriies 5 00
Minerai de fer, ancien sol végétal . . 30
Grès 1 00
Poudingue 1 50
Grès schisteux o 50
Grès • . . . 2-00
A la partie inférieure, on retrouve des grès et poudingue
oligocènes, ce sont les mêmes que ceux que nous avons vus
au Petersberg. Immédiatement sur ces grès repose un con-
glomérat trachytique contenant beaucoup de ponce et compa-
rable au trass de Brohl. Mais entre les deux il y a une ligne
de ravinement et la trace d'un ancien sol végétal; on voit
encore des restes de troncs et des racines qui ont pénétré
dans les grès. Il y a beaucoup de dendrites très étendues
dans le conglomérat. Au-dessus de la carrière, et sur un
côté seulement, il y a 3 m. de limon; ailleurs, le tuf
— 347 —
poaceox est en, contact directement avec rbiunns et légè-
remenl décomposé à sa surface.
Nous rq'oignons à trafers des prairies la routé qui monte
au Drakensfèld, nous admirons tout d'abord vn filon de
basalte qui a tra?ersé le conglomérat trachytique et est
entouré par lui de tontes parts. Le coni^omérat est légère*
ment altéré sur tout le pourtour du basalte.
La première montagne que Ton gravit pour atteindre le
sommet du Drakensfeld en suivant la route carrossable qui y
mène s'appelle le Hlrschberg. On trouve d'abord la grauwacke;
ensuite, tout le long de la pente, on voit alternativement du
conglomérat trachytique du limon tantôt pur et tantôt chargé
de débris d'andésite décomposée ; le limon repose sur le
conglomérat trachitique ; enfin on arrive à Tandésite amphi-
bolique qui forme le sommet du mont. Ainsi, pour classer
les roches par ordre d'éruption, la plus ancienne serait le
conglomérat, viendrait ensuite l'andésite, dont les débris
sont venus recouvrir les autres roches.
Coupe de deux montagnes du Siebengebirge»
Hirschberg.
Volkênburg.
t GoDglomérat tracbytiqac.
/ Limon.
a Scories et débris d'andésite dans du limon.
A Andésite amphiboHque.
— 348 —
Après être redesoeadus un peu, nous monlOQs immédia-
tement sur le Volkenbarg. Ici comme «a ifirscbberg, c'est le
conglomérat trachytique qui formo le oœnr même do yolcan.
Noos trouToos donc d'abmrd le conglomérat, vient ensuite du
limon puis des scories et bombes d'andénte, et enfin le con-
glomérat qui reparaît de nouveau. La route quitte alors le
Yolkenburg au point où il se rattache au Drakensfeld, nonS'
allons néanmoins constater que le sommet du Yolkenburg
est formé comme celui du Hirschberg, par une andésite
amphibolique compacte. Cette andésite est donc la dernière
des roches qui apparat sur le Yolkenburg.
Noas quittons alors le conglomérat et nous nous trouvons
de suite sur le tradiyte da Drakensfeld, disposé en couches
verticales et contenant d'énormes cristaux de Sanidine.
Nous ne quittons plus cette roche jusqu'au sommet de la
montagne.
Maintenant que nous avons terminé notre étude des
volcans de TEifel et de ceux da Siebengebirge, nous pouvons
nous étendre un peu sur Tâge supposé des volcans de toute
cette région.
On trouve dans TEifel diverses roches sédimentairés, mais
qui appartiennent tontes, soit au dévonien, soit à roligocène
ou aux terrains postérieurs. Le dévonien a été plissé et
redressé après la période carbonifère, mais, avant F âge
permien, à une époque où aucun volcan n'existait encore
dans la région. Sur le dévonien^ il s*est déposé des grès
triasiques que l'on voit encore en couches horizontales.
Pendant tout le temps qui s'écoula depuis le trias jusqu'à
roligocène, l'Eifel fut un continent; aucun dépôt ne s*y
forma qui put, en s'intercalant dans les roches éruptives,
nous donner l'âge des premières éruptions volcaniques.
Néanmoins, il est probable que la période d'éruption ne
commença guère avant l'oligocène : voici sur quelles raisons
M. Yon Dechen, l'illustre savant de Bonn, qui a si bien étudié
r- 349 —
toute C6tle région,, se fonde pour ayancor ce làil dans son
étude sur le Siebengebirge 0).
Il divise Tétage des ligoites du bassin de Mayence en trois
zones. Ce sont :
lo A la base, des sables et grès dans lesquels on retrouTO
de U^ès nombreuses feuilles d'arbres dicotylidonés de nos
forêts.
2o i,e dépôt ^uiv£|nt se compose du conglomérat traeliy"
tique, ieqael se rattache au conglomérai basaltique. . Or le
conglomérat trachytique ne se trouve que dans le voisinage
du trachyte et est du même âge que'lui.
30 Enfin viennent des grès, des sables et lignites riches en
abiétinées^ m:âis ces dépôts ne sont nullement mêlés aux
roches éruplives.
On voit, d'après cela, que Page des éruptions qai ont
donné le trachyte et par- suM le conglomérat, est par-
faitement fixé par les dépôts de sable et Ugnites oligocènes.
Mais les volcans de TEifel ne se sont pas éteints après cette
période, les basaltes ont en effet, ici comme dans toute
éruption volcanique, apparu les derniers et par conséquent
postérieurement à Tépoque oligocène. Le Yorderberg est
même de Tâge du loess, son cratère est rempli de dépôts de
cette époque.
Gomme conclusion, on peut dire que les volcans de la
Prusse rhénane ont apparu quelque temps avant ToUgocène
pour rester en éruption, du moins si on les prend dans leur
ensemble, j usqu'au loess.
Du soDimet du Drakensfeld nous admirons la vue dont on
jouit sur toute la vallée du Rhin ; on aperçoit jusqn'am
tours de la cathédrale de Golog^o^ dans un lointain brumeiix.
Nous redescendons cc^tte fois du côté du.Rhin ; unecoui^
précipitée nous amène au pied de lam/QQtagne.à Kônigs-
(1) Geognostischer Pfthrer in das Siebengebirge am Rbein. — Voif
Db. h. Von Dechin, Kôniglichen obergbauplmann. — Bonn. IMI.
^350 -
winter. De là nons regagnons Bonn en bateau à rapear
laissant à notre droite le massif dn SiebMigebirge.
Notre excnrsion était dès lors terminée. De Bonn nous
regagnons la France par Cologne, * Aix-la-Chapelle, Liège el
Bruxelles, et nous nous séparons alors de Téminent profes-
seur qui nous avait guidés pendant quinze jours sur la terre
étrangère. Il est de mon devoir de lui payer ici, en mon nom
et en celui de mes camarades, un juste tribut de reconnais-
sance et de remerciements.
Comptê'rmdu de V Excursion géologique
du 29 Mareau /«' Avril 1880, dans le Bonlonaai* (>)
fo Falaise 4ku Blanc-Mes
par M. Obarles Havrlée
élève de la F^eaUé, lieenciô ès-sciences naturelles.
Pl.V
/w Journée. — I^undi 29 Mars 1880.
Partis de Calais de très bonne heure , nous arrivons à
Sangatte à temps pour pouvoir doubler le Blanc-Nez ayant la
marée haute.
Jusqu*à Sangatte , nous sommes dans le vaste stuaire de
l'Âa. La mer formait encore au X"^ siècle un vaste golfe qai
s'enfonçait jusqu'à SM)mer. Les dépôts de la mer de cette
époque sont des sables et des argiles qui affleurent tous deux
alternativement. On trouve à la partie supérieure une argile
4 Rissoay dessous des Sables à Cardium^ et plus profondément
encore de la fotirte , dans laquelle on retrouve des objets ro -
mains, preuve inoontestaMe de Texistence de la terre ferme •
- ■ II... .
" (1) Cette excursion a été dirigée par M. le D' Gh. Babrois, maître de
conférences.
— ^4 —
on du moins des marais an commencement de Père chrétienne.
Cette région a donc snbi pendant la période historique trois
changements snccessifs, deux exhaussements séparés par nn
a£fd)ssement. Nous allons voir qnecene sont pas là les seules
modifications de la géographie de cette contrée.
En qoittant Saogatte, noas nous dirigeons vers la plage, et
là nous commençons à longer la falaise. Je donne ci-après
la coupe des dépôts diluviens que l'on remarque en ce point.
l"" On trouve immédiatement, et recouvrant par suite tous
les autres dépôts , une couche composée d'une argile brune^
sableuse, remplie de silex hrisis et sans fossiles.
2» Dessous Ton trouve une argile sableuse analogue à la pré-
cédente, niais dans laquelle les $ilex sont devenus beaucoup
plus rares, et qui contient énormément de petits morceaux
de craie ; c^est la grève crayeuse des Ardennes.
Si Ton compare entre elles les deux couches^ 1 et 2, on
Voit que la principale différence qu'il 7 a entre «lies consiste
en ce que Ton trouve beaucoup de fragments de craie à la
partie inférieure dans la couche n^ 2, tandis qu'il n'y en a
pas à la partie supérieure. Mais cette absence de craie dans
la couche n^ 1 n'est que le résultat de Paltération de la roche
et de la dissolution du calcaire, par suite du contact avec les
agents atmosphériques. On se rend aisément compte de la
façon dont cela se produit par Pexamen de la ligue de sépa-
ration B des deux couches. La surface de contact est en effet
poreuse , on remarque dans son sein de nombreuses cavités
arrondies qui ont la forme des petites boules de craie de la
couche n*" 2 ; seulement tout le calcaire a été dissout par les
eaux pluviales.
Maintenant, si la couche n* 1 ne contient plas ces cavités,
c'est qu*elle a subi un tassement postérieur à la disparition
de la craie. Ce qui prouve d'ailleurs surabondamment ce
tassement, c'est la plus grande abondance de silex à la partie
'svpérieure que dans la zone inférieure. Ces silex ^ par suite
- 3»-
de la dûainotion du ?olame de Fargile ae sont eu effet troayés
rapprochés les us des autres.
. Sous la couche n* V nous trouvons une argile (n<» 2) et des
nwnM». qui alternent par petits lits de 0,30 avec d'autres lits
plus rares formés de tout petits %il6x brisis. Nous y avons
trouvé des jS^Iîa;puIcAaUa, des Pupa, ainsi qu'un fragment de
défense d'éléphant. Le docteur Robbe, de Sangatte , y avait
d^ailleursdéjà trouvé des traces de VElepkasprifnigeniu$ qu'on
retrouve dans le diluvium de Brighton. Ces découvertes
simultanées ont de l'importance au point de vue de la com-
munication qui devait alors exister entre la France et
lAngleterre.
Sous cette couche» nous trouvons encore jukegrhe crayeuse
(p*" 2") avec grandes Hélix nemoralis. Ici, nous constatons
comme dans les couches précédentes des fausses stra-
tifications : il n'y a presque plus de silex. Cette stratification
sans ordre, que l'on appelle stratification fluviatile ou tor-*
rentielle, nous prouve que nous avons évidemment affaire à
un dépôt fluviatile ou tout au moins lacustre.
Nos deux premières zones appartiennent donc au Dihivium^
et ce sont des dépôts essentiellement d'eaa douce.
3r A la base de notre couche n« 2'* on trouve on petit banc
de sable vert de 0,10 (n® 3), dans lequel il y a des silex roulés
nous n'avons donc plus affaire à un dépôt fluviatile, mais bien
à un dépôt marin. Voici d'ailleurs les fossiles que nous avons
pu y ramasser :
Modiola modioltts. Trochus.
Nassa reticulala. Cordium edule.
Mytilus edulis.
En Angleterre , aux environs de Brighton , où ces eoucbes
ont été mieux étudiées » on a pu constater que ces fossiles
sont semblables à ceux que Pon retrouve aujourd'hui aa
BDfd de l'Éoosse et de l'Irlande* La faine était doao
— 353 -
faane analogue à celle de la période glaciaire, et nallement àr
celle de nos mers du Sud. La mer était donc alors large-
ment ouverte vers- le Nord.
Sous ce banc de sable 3 on trouve une couche d'un mètre
environ (n^ 3'), uniquement formée, de silex rouf^s beaucoup
plus gros que ceux du banc de sable. Ces silex viennent butter
contre le terrain crétacé. Nous avons donc là les restes d'une
ancienne falaise que la mer venait battre dans une direction
perpendiculaire à celle qu'ont les mêmes falaises de craie de
nos jours. M. Prestwich prétend avoir trouvé quelques galets
de granité dans cette coache inférieure, ce qui pourrait faire
supposer que la mer charriait alors, comme à Tépoque gla-
claire, des glaçons flottants qui apportaient * de Suède ces
galets de Syénite. Malgré nos recherches, nous ne trouvâmes
aucun de ces galets.
Ce banc de silex rdulés s'élève à 6"" au-dessus du niveau
actuel de la mer^ ce qui tend à prouver qu'elle était plus
élevée alors que de nos jours.
Au nombre de ces galets, on en trouve un certain nombre
en calcaire jurassique ; il y a aussi des galets de craie et
des galets de grès ferrugineux diestien.
La calcite s'est par place dissoute dans Teau, et a ensuite
empâté et réuni entre eux les galets roulés. Ces morceaux de
calcaire proviennent probablement du Bas-Boulonnais. Le
Pas-de-Calais aurait dès lors déjà existé àcetteépoquepuisque
les galets venaient librement de Boulogne à Calais.
Pour nous résumer, retraçons sommairement l'histoire de
cette région depuis l'époque Pliocène jusqu'à nos jours :
io A l'époque Pliocène les mômes eaux recouvraient uni-
formément le Boulonnais et l'Angleterre, puisque nous
retrouvons de part et d'autre, au haut des North-Downs
comme aux Noires-Mottes un dépôt de crag, c'est-à-dire de
sable rouge noirâtre avec grès ferrugineux ("c'est le dépôt
diestien de Cassel). 23
Annales de la Société géologique du Nord, t. vu.
— 354 -.
. ^ Alors se produisit un exhaussement du sol , et il se
forma un isthme que la mer vint battre par le nord et par
le sud ; elle avait par conséquent, par rappprt aux falaises de
craie, une direction perpendiculaire à celle que nous cons-
tatons aujourd'hui.
30 Elle rompit cette digue en un point quelconque de
risthme, et ce qui le prouve , ce sont les galets portlandiens
deSangatte.
¥ Puis il y eût un nouvel exhaasimMnt qui commença
une période pendant laquelle l'Angleterre communiqua
largement encore et pour la deuxième fois avec le continent.
Ce qui le prouve , ce sont les restes A'Elephas primigenius^
et de la faune 2% que Ton retrouve des deux côtés du détroit.
b^ La mer* revint ensuite, et cette fois elle forma défini-
tivement le .détroit qui n'a d'ailleurs que 50"^ de profondeur
au maximum.
6"^ Puis elle envahit postérieurement é Tépoque romaine,
la région comprise entre Calais, Dunkerque et S^)mer, et
forma ainsi le golfe de SL-Omer.
7° Enfin elle se retira de ce golfe vers le X>n« siècle de
notre ère.
Terrain crétacé.
Nous commençons alors l'étude de la falaise crétacée du
Blanc-Nez.
Afin de mettre de Tordre dans Texposé des couches, je vais
commencer par les plus récentes.
Turonien. — l"" Au sommet du Blanc-Nez, au point le plus
élevé et se poursuivant même jusqu'aux dépôts diluviens, on
trouve une couche de craie E, que nous irons voir à Ëscalles,
dans laquelle on remarque de nombreux bancs de . silex
visibles à l'œil nu du bas de la falaise. C'est la zoneàMicraster
Breviporus; c'est ce qu'il y a de plus récent dans le crétacé
du Boulonnais.
— 355 -
2« Immédiatement ad-dessous vient une zone (D) de craie
blanche compacte de 20<n d'épaisseur , et qui, elle non plus,
n'est pas visible au bas de la falaise Malheureusement pour
le géologue les couches crétacées du Blanc-Nez sont trop
horizontales ; celles qui occupent le sommet n'apparaissent
pas au pied de la falaise.
Cette zone est la zone à Inoceramus Brongniarti ou à Tere-
bratulina gracilis. Nous avons pu ramasser dans des blocs
éboulés de cette zone reconnaissable aux nodules, les fossiles
suivants :
Spondylus spinosus, Terebralulina gracilis,
EchinocontLS vulgaris. Inoceramus Brongniarti.
Denis de Plycàodus. Dercetis elongalus, Cop'^oliles.
Terebratuia semigtobosa.
30 Dessous vient (C) la craie conglomérée à A. nodosoïdes
et In. laHatus. Cette touche n'affleure pas plus que la précé-
dente au bas de la falaise. On trouve dans les blocs éboulés :
*
A,peramplu8. Ter.semiglobosa.
A. nodosoides. In. labialus.
A. ruslicus. Discoïdea minimà.
A. Lewesiensis.
Ces trois zones constituent tout le turonien du Boulonnais.
Cénomanim. — 4® Vient ensuite une petite couche (Bj, trop
faible pour qu'on puisse l'apercevoir du bas de la falaise ,
c'est la zone à Belemnites plenus.
On peut la retrouver sur la plage, en face à peu près du
milieu de la falaise diluvienne, à cause du pli que nous expli-
querons tout à r heure. C'est une marne calcareuse verdâtre
dans laquelle on peut recueillir des échantillons de H, plenus.
b^ Vient alors une nouvelle zone . de la craie glauco-
nieuse, c'est la zone à A. Cenomanensis ou à ^. Rothoma-
gensis. Elle forme tout le bas de la falaise jusqu'au cran
— 356 —
d'EscalIes et le sommet du Petit-Blanc-Néz. Elle a une
épaisseur de 40"". Noqs y distioguons deux niveaux ^4 et A*.
1. Dans le niveau supérieur (^4) la craie est compacte, gris
verd&tre. On y trouve peu de fossiles.
2. Dans le nifeau inférieur au contraire (A')^ où la craie
est plus compacte, plus argileuse, nous trouvons :
A* Rothomagensis, In. slriatus.
' A. Cenomanensis. Peeten Beaveri,
Des Pyrites présentant des formes variées, et la plupart
des fossiles de la zone suivante.
»
6» Sous cette zone, nous trouvons avant le cran d'Escalles
une zone [ïï) très argileuse, et qui, par suite, retient Teau et
forme un niveau constant de sources dans toute la falaise au
grand comme au petit Blanc-Nez. G^est la zone à A. varians.
C'est sur cette couche que Ton compte pour arrêter les eaux
qui pourraient s'introduire dans le tunnel sons-marin projeté.
Nous trouvons :
A. varians. TarriUles tvU)erculatU8y\, abondant,
A . navicularis, — coslatus.
A. Mantelli, — Scheiichzerianus.
A . sulcatus, Rà . MantelUana.
Kingena lima, Rà. Cuvieri.
0. carinata. PUcatula creiacea.
Magas Geinilzii. . Ter. disparilis et semigloàosa.
Ces deux dernières zones à A. varians et à ^. Cenomà-
nensis sont très argileuses, par suite elles se délaient facile-
ment au contact de la mer , et les zones supérieures plus
dures surplombent jusqu'au jour où elles s'éboulent en
blocs énormes. C'est là un fait général, partout où des cou-
ches argileuses se trouvent sous d'autres plus dures. Ici ce
sont les couches à A. nodosoïdes et à /n. Brongniarti qui
surplombent.
Nous allons déjeuner à Escalles.
— 357 —
Après le déjeûner, en attendant que la mer baisse , nous
allons voir la zone à M, Wmporus^ au haut da Grand-Bianc-
Nez. Nous ramassons :
Holasier ptanus. Micraster àre^porus.
Spondplus spinosus In. undulalus.
Nous revenons au cran d'Escalles» où nous récoltons beau-
coup de fossiles des couches A^ et H.
Nous continuons notre marche, cette fois nous sommes au
Petit- Blanc-Nez. Entre les couches JT et 6 , nous trouvons
un banc de marnes de 0,50 à Plocoscyphia meandrina,
7<> La couche G est une marne glauconieuse , dans laquelle
les fossiles sont en phosphate de chaux, elle a 3 à 4°". C'est
la zone à A . laticlavius des Ardennes.
8® Avec la zone suivante (K) nous entrons dans le gault ,
c'est une argile gris bleu, très-plastique, Targile à poteries.
C'est la zone à A. inftatus. Nous trouvons :
In, mlcatus.. A. Candolleanus,
Bêlemnites minimus.
C'est cette zone qui constitue TArgonne toute entière ; on
rappelle la gaize. C'est alors un sable congloméré et avec les
mômes fossiles quMci.
En Angleterre, on appelle cette zone Fupper green sand.
M. Barrois la range dans le Cénomanien. Il faut, en effet,
distinguer dans le gault des géologues anglais le Vraconnien
des géologues suisses.
A la base de K, on trouve un banc de nodules de phos-
phate de chaux.
Albien. — 9*" La zone L est une argile noirâtre à A . inter-
rupluSy A. aurituSf In. concentricus. C'est le gault propre-
ment dit.
10<> La couche M est composée d-un sable vert kA.mamil-
laris. Cette couche contient des coquins, nodules de phosphate
— 358 —
de chaux, qu'on a autrefois exploités. Le ûiveaa où on en
rencontre le plus est la ligne de contact entre ces sables et
la zone suivante.
Aplien. — 41» Sous ces sables, nous voyons de gros grès
durs verts dont nous allons constater la présence au loin
sur la plage. Ces grès affleurent très Icoigtemps, pendant près
d'un kilomètre à marée basse: ils forment comme le sol de
la plage, cela tient au peu d inclinaison des couches et au pli
qui existe immédiatement après la falaise. En Angleterre^ on
range ces grès dans le Néocomien. flous en ferons de TÂptien
supérieur.
12<* Sous ces grès, on peut trouver (mais en général le
sable des dunes recouvre tout) la zone à grandes huttres, à
0. Leymerii et 0. Aquila^ qui est TAptien proprement dit.
Toutes les couches crétacées que nous venons d'étudier
sont plissées immédiatement sur la plage ; elles prennent une
direction très accentuée vers le nord; nous ^vons pu le
constater pour les grès de la zone à mamillaris.
Mais si ces couches continuaient dans cette nouvelle direc-
tion, elles iraient passer bien au nord de Folkestone ; il faut
donc qu'elles reviennent sur elles-mêmes. Près de la côte
anglaise, il existe d'ailleurs un second pli comme l'indique
H. Chellonneix dans son travail sur le Blanc Nez. (*) Le
tunnel pour rester dans la couche à A, varians^ qu'il ne
devra pas dépasser, sera donc peut-être obligé de suivre les
sinuosités de la couche.
Néocomien. — 13° Sous les argiles à grandes huttres , on
trouve quelquefois des sables ferrugineux sans fossiles,
lower green sand ou sables de Hastings. Cette couche très
(1) Note sur le Diluvium de Sangalte et les assises orélacées du cap
Blanc-Nez. Mémoires de la Société des sciences, de l'agriculture cl des
arts de Lille. Année 1872, 3- série, 10* Yolume.
— 859 —
inégale^ et sur Page de laquelle on discute encore, est le seul
représentant dans le Pas-de-Calais de rassise du Néocomien.
Nous verrons demain qu'une partie de la ville de Wissant
est bâtie sur ces sables.
Nous continuons notre route en longeant les dunes jusqu'à
Wissant. A l'embouchure du petit ruisseau qui descend de
S^-Pot , nous relevons la coupe suivante :
En dessous du sable des dunes et au-dessus de Targile du
gault , on trouve , en allant de haut en bas , les couches
suivantes :
8. Sable tourbeux.. . . . o 80 . •
2. Sable verd&tre 50
1. Tourbe; à la base, tout à fait contre Taptien, il y a
un banc de silex brisés, mais non roulés.
Dans la tourbe n*" i , nous avons rencontré des coquilles
terrestres (Hélix et autres) avec des poteries et des ossements
d'animaux probablement domestiques. Dans la tourbe supé-
rieure n9 3, nous avons trouvé encore quelques ossements et
des coquilles marines à la partie supérieure.
Le relevé de cette coupe présente un intérêt assez grand.
Dernièrement, en effet, H. Day a assimilé les silex que nous
voyons ici aux silex roulés de Sangalte, qui reposent directe-
ment sur le crétacé, et des sables verdâtres qui sont sous les
deux bancs de tourbe, aux sables marins de Sangatte. M. Day
a retrouvé à marée basse à 200°^ vers la plage les mêmes
bancs de tourbe avec ossements de bison.
Mais les assimilations que M. Day établit pour les couches
inférieures ne sont pas certaines. En effet, les silex que
nous trouvons dans la couche inférieure ne sont pas roulés
comme ceux de Sangatte. On ne peut donc les comparer.
Ces divers dépôts sont donc plus récents que tous ceux de
Sangatte.
- 360 - •
Eq face de Wissant et au-delà, la mer découvre à marée
basse un «banc de tourbe de 0,46 dans lequel pous avons
trouvé des morceaux de bois, des Succinées et autres
coquilles iluviatiles. C'est probablement le banc que H. Day
a observé et qui est la prolongation de ceux que nous avons
étudiés dans les dunes.
Nous entrons à Wissant où nous retrouvons les sables néo-
comiens.
2° Grla«NeB et enwlroof» die Marquifle
Par M. PavI DuponcKi^lle 9
Élève de la Faculté, Licencié es-Sciences- naturelles.
Le résumé de la partie de Texcursion consacrée aux falaises
crétacées du Blanc-Nez ayant été publié par M. Charles
Maurice, je n*ai à m'occuper que des études faites dans les
terrains jurassiques et primaires. Pour ces derniers , je ne
ferai que relater brièvement nos observations , dont l'intérêt
n'est plus que tout-à-fait secondaire en présence des travaux
de M. Gosselet.
En partant de Wissant, nous constatons à distance des
exploitations de sable jaune ferrugineux, situées au hameau
du Colombier. Ces couches sont Néocomiennes, et recouvrent
en stratification discordante les couches jurassiques. Elles
correspondent aux sables de Hastings des Anglais.
Après une heure de marche, nous arrivons au cap Gris-
Nez, où nous relevons la coupe suivante (de haut en bas] :
a. Argile noire feuilletée, qui représente les couches à
Oslrea expansa (Porllandien moyen). Tous les
niveaux sous-jacents jusqu'au bas de la falaise,
sont du Portlandicn inférieur ...... 1 50
b. Sable jaune avec petits lits argileux. ... 2"
c. Grès calcareux et argileux à Panopées . . l 50
â?. Lit mince d'argile noire avec ligoites.. . . 50
— 3M -
e. Sable Janne avec lits de (^rès, prôsenlaot ia
slratificatioD dite ilUTialile 6"
Nous y trouvons Pema Suessi,
f Grès jaunâtres 1 50
g. Argile schisteuse noir- bleuâtre â Pema
Suessi, , 2 50
A. Sable â OsL virgula avec galets 1"
t. Sable jaune avec lits de gros grès noduleux
et mamelonnés en certains points du pou-
dingue.
r. Munieri
Osl. virgula (spiraHs du pays).
D'ane façon générale, on peut faire dans ces couches deux
divisions, la supérieure, sables à Pernes, Tinférieure, grès
noduleux à T. Munieri.
En Angleterre, noire Portlandien inférieur du Gris*-Nez
manque complètement. Au contraire, dans la Marne el
TYonne , le Portlandien supérieur fait presque enlièrement
défaut.
Ce sont de nouveaux exemples de ces lacunes que Ton
retrouve dans les couches Génomaniennes.
Cette coupe prise en détail , nous suivons le haut de la
falaise jusqu'en face du phare > où nous trouvons dans la
couche e des Pema Suessi dans un état de conservation très-
remarquable, avec leur test nacré.
Après en avoir fait une ample provision, nous descendons
sur la plage, et continuons notre route par le bas de la falaise
vers Audresselles. Nous y relevons la coupe suivannie ;
1 . Argile noire et calcaire (Portlandien moyenj.
2. Sables à Pernes (Portlandien inférieur).
8. Sable avec grès noduleux id.
4. Argile à Osl, virgula,
5. Grès id.
6. Argile id.
— 362 -
7. Calcaire marneux à Pholadomya horiulana.
Ceromya.
Pinna.
(Couches de Bréquerèque de M. Peilat).
«
Après déjeûner, nous quittons le bord de la mer ponr noos
engager, presque à angle droit de la direction que nous
venons de suivre, dans Tintérieur des terres vers Marquise.
Les couches plongeant vers la côte, nous allons passer sur
des zones successivement de plus en plus anciennes.
Nous voyons en effet :
1 . Sable jaune avec gros t;rès corrodés.
2. A Onglevert, argile grise h Ostrea virguta.
Nous n'en constatons la présence que par une seule obser-
vation, dans un fond, mais elle nous est clairement indiquée
par la v^étation (joncs, pâturages).
8. A la grande maison de Bazinghien, Cale-aire jaune
pisolithique à Nerinea Goodhalii,
constituant la base de l'astartien, et que M. Pellat range
avec différents autres faciès difficiles à paralléliser dans son
étage séquanien.
Le corallien , fort réduit dans le Boulonnais , nous fait
défaut, et dans un chajnp où Ton creusait des sillons de drai-
nage, à Golincthun, nous constatons :
4. Argile plastique oxfordîenne à OsL dilatata,
6. Un peu plus loin , vers Berne, nous voyons un
calcaire oolithique à Terebratula et à Rh, Hop-
kinsii , couche qui tbéoriquemenl est séparée
de la précédente par le Callovien et la partie supé-
rieure de l'oolithe que nous ne voyons pas.
Cependant une sablière nous montre du sable jaune ferru-
gineux, bien semblable à celui de Wissant, et reposant en
stratification discordante sur les couches jurassiques.
- 363 —
5. A quelque disUnce de Berne , nous trouvons à la
carrière Leieu, reposant sur le calcaire à AA.
Bàpkinsii. une partie des couches qui nous
manquaient tout à l'heure. C'est un calcaire mar*
neuz très fossilifère, où nous ramassons :
Rh. elêgantula. Acrosalenia Lamarckii,
» concinna. Ana^acia Bouchardi.
Cette zone correspond an forest marble des Anglais.
Sons la conche à Rh. Hopkinsii, nous avons une lacnne, cor-
respondant peut-être au. calcaire d'Aubenlon des Ardennes.
7. En descendant vers le ruisseau de Blacourt nous
voyons sous les couches à Rà. Hopkinsii un cal«
caire compacte alternant avec des bancs marneux
à Tereb, maxitlataei Ost. acuminata^ qui repose
directement sur le
8. Calcaire carbonifère bleu, constituant le rivage
jurassique, et percé de trous de lithophages. Une
partie de la surface de ce calcaire est à nu, et
nous y constatons des traces ondulées, dans les>
quelles on a voulu voir l'empreinte des vagues
de la mer jurassique.
Il est intéressant de rapprocher cette observation de celle
qne nous avons faite dans une excursion précédente à Hydre-
quent, de Tâ^utre côté du plateau primaire , où nous avons
pris la coupe suivante :
Calcaire oolitbique à Tereb. maxillata,
Marne à Osi, Sowerbpi, Mytilus (1.50).
Sable et grès (8»).
Calcaire carbonifère à P. gïganteus (marbre Joinvllle)
en couches inclinée:*, et dont la tranche est perforée
de trous de lithophages 0).
(1) On peut rappeler, au même point de vue, la coupe dps carrières
d'Assevent, près de Maubcupe, où Pon voit du calcaire frasnicn bleu
coroprcle à surface perforée par des trous de lithophages.
- 364 -
En remoDUnl la colline vers Marquise , nous avons rêva
les coaches précédentes , mais ici nne couche de limon à
silex brisés nous a empêchés de combler la lacune que nous
avions sous les couches à Ost. dilatata.
Le lendemain , nous partons de Marquise vers Bléquene-
ques, et constatons d'abord dans les tranchées de la route la
superposition de Pargile grise oxfordienne à Bel. hastalus^
Amm. cordatus , Pecten vagans , sur Toolithe de Marquise à
Rh. Bopkinsii. Le Callovien manque donc ici complètement
ainsi que la partie supérieure de la grande oolithe.
Nous suivons la ligne des carrières de Blequeneques en
refaisant la coupe établie par M. Gosselet. On y voit en cou-
ches horizontales les niveaux suivants (de haut en bas) :
Argile grise à Osl. dilatata'
Oolilhe à Rà, Hopkinsii.
Calcaire marneux à Ost. Sowerbyi. Afodioles, partie
inférieure du BaJocieD, représenlantlefullers-earih.
Sable grossier blanc-jaun&lre avec ligniles.
Ces zones reposent en stratification discordante sur la
tranche des couches suivantes :
A Calcaire bleu-violacé avec banc dit de il pieds et
marbre taché de puce dans le bas.
B Cale, bleu à veines violacées avec Produclus cora.'
Terebn hastata
m
^ Ulhosirotion,
Calcaire gris-clair avec bancs violacés dans le bas.
Calcaire gris-clair avec banc blanc dans le haut.
Cale, blanc à Sp. gtaber en couches presque hori-
zontales.
Pr. undatus^
Pr.semireticulates.
Entre les couches A et JB, il y a des couches A* qui passent
entre les carrières Beisir et Régnier , et que Ton peut voir
très nettement dans la carrière du Haut-Banc. Ce sont les
marbres Henriette et Caroline.
— 365 —
Quant à Texistence de la houille dans ces environs , voici
l'opinion de M. Gosselet : [^)
€ Cette étroite bande hoaillère ne peat évidemment four-
> nir les frais d'une exploitation lucrative, mais rien ne nous
> prouve encore que la faille qui la sépare du calcaire de la
> bande du Haut-Banc soit verticale. Si elle était inclinée et
> que les calcaires fussent coupés en sifflet , la partie supé-
> Heure du terrain houiller pourrait se développer sous eux.
> C'est une hypothèse que je ne considèreonéme pas comme
> probable, mais que l'observation seule pourrait résoudre. >
Nos observations ne nous ont pas permis de constater au-
delà de la faille le calcaire noir à P. gigantens (que Ton
retrouve dans le bois des Aulnes^ près d'Hardinghem), ni le
calcaire blanc à Spirifer glaber. A la carrière des Ramo-
nettes, nous voyons le calcaire bleu violacé à Pr. cora plon-
geant en direction précisément inverse de celle qu'il avait à
la carrière Régnier.
Plus loin , dans les champs, nous rencontrons des mon-
ceaux de dolomie qui nous indiquent la présence de cette
roche sous le cakaire violacé. Dans cette dolomie , on trouve
des tiges d*encrines (dolomie du Hure). Elle correspond à la
dolomie de Brugelettes, en dessous de laquelle on trouve en
Belgique le calcaire de Tournai, qui manque dans le .Boulon-
nais. A partir de ce point, nous entrons dans le Dévonien du
Boulonnais , identique à celui du bassin de Namur , et qui^
comme ce dernier, se distingue de celui du bassin de Dinant,
par l'absence du Dévonien inférieur.
1. Sable argileux et grès.^
2. Psammites jaunes et grès, que nous éludions dans
une carrière.
8. Calcaire bleu foncé de Ferqaesà
Sp. Vemmaii. . Rhyncàmetia boloniensis.
A trypa reticularis. Cyathophylium.
Spirigera concentrica. Acervularia.
(1) GossBLBT et BniTAUT : Loc. cit., p. 16, du tirage à part.
— 366 —
qoi correspond aa calcaire de Frasaes, et spécialemeDt dans
le bassin de Nanrnr, an calcaire de Rhisnes.
«
4. Schistes au milieu de$quels une ieniille de dolo-
mie ÎDlercalée constitue :
5. Le Rocber des Noces. ^
Ces schistes de Beaulieu nous présentent un cer-
tain nombre de fossiles, que nous ramassons
dans un ravin. Ce sont :
OriMs eleganlula, * S/?. Bouchardi.
Polypiers (grand nombre).
Ils sont netleoaent assimilables aux schistes de Bovesse.
Ici s^arréle le Dévonien supérieur.
Près de la ferme de la Cédule. on rencontre :
6. Calcaire de Blacourt, bleu argileux, avec polypiers.
Cyalh. gvadrigeminum. Spirigera concenlrica.
Proâuctus suàaculeaius. Spirifer (voisin du) medkh
Lucina proavia, textus.
C*est la faune de la région des monstres, partie supérieure
du calcaire de Givet. Lors de l'excursion de la Geologist
Association, H. J. Grant y a ramassé le Sp. Orbelianus.
7. Schistes ronges et grès verts à Psilophyton, corres-
pondant à ceux de Pairy-Bony et d*Horrues.
8. Terrain silurien, schistes de Galfiers à QraptoHlhm
colonus.
Quand nous étions au sommet du Rocher des Noces,
H. Barrois nous a fait observer les principaux traits orogra-
phiques du Boulonnais. Je ne puis mieux faire que de ren -
Yoyer au compte-rendu qu'il a donné lui-même de Texcursion
de la Société Géologique de Londres dans le Boulonnais {*).
Nous nous dirigeons vers Fiennes , afin d'étudier les cou-
ches dont se compose l'escarpement de craie. Nous y voyons
■ I I. ■ I II! I ».
(1) Gh. Barrois : Excursion de la Gcoiogis*l Association de Londres
dans le Boulonnais. Ann. Soc. Géol. du Nord, t. VI, p. 1 13.
— 367 —
la craie à silex cornas et à Mieraster breviporus reposant snr
une craie blanche compacte, exploitée comme pierre à cbanx^
et contenant :
Spandylus spinosus.
Jnoc» Brongniarti,
En descendant vers Hardinghem , nous avons constaté la
présence du gault sons forme d'argile grisâtre retiré d'un
puits. Le Cénomanien nous a échappé dans l'interralle.
Nous avons ainsi une excellente idée de ce que l'on entend
par la ceinture du Bas-Boulonnais. En se réunissant aux
downs qui en Angleterre entourent la région des Wealds,elle
constitue un ovale dont le grand axe est à peu près perpen-
diculaire à la direction du détroit, et qui représente une
sorte de gigantesque boutonnière, par Touverture de laquelle
nous pouvons examiner les terrains plus anciens.
Ces terrains se présentent à nous sous Taspect d'un Ilot de
roches primaires redressées, sur lequel se sont déposées
des couches horizontales de terrain jurassique, qui ont
avancé très irrégulièrement 0) sur cet Ilot. Elles ne sont
jamais arrivées jusqu'à TE. ou le S.-E., où l'on voit le terrain
crétacé reposer directement sur les terrains primaires en
stratification discordante.
En passant aux mines de Réty , nous avons vainement
cherché dans les déblais des empreintes de plantes. L'exis-
tence de ces mines est due à ce qu'un système compliqué de
failles amène à ce niveau, la bande houillère (*) qui appar-
(1) Comparer à ce sujel la coupe d'Hydrequenl, où i*OD voit sous les
couches à T. maxillata 2 à 8 mèlres des couches à Osl. Sowerbyi et des
sables sans fossiles, avec la coupe du ruisseau de Blacourl où la couche
à Tereb. maxillata repose directement sur le calcaire carbonifère, et
avec la coupe de Blenqùenecques où Ton voit le calcaire G' à Ostr*
Sowerbyi s*avancer beaucoup plus loin que les sables inférieurs S.
(2) Voir la carte géologique des terrains primaires du Boulonnais par
MM. GossELBT et Bertàot, loc. cit., pi. I*
— 368 —
tient au bassin d'Hardioghem, lequel est le prolongement des
bassins de Valenciennes et de Mons, partie synclinale du bas-
sin de Namur.
H. Tabbé Boulay a fixé Page des houilles de Réty et d'Har-
dinghem. Il les place au dessous des houilles grasses de
LenSy mais au dessus du charbon de Fresnes.
Le lendemain, ane carrière au nord de Marquise nous
montre la succession des couches bathoniennes :
1. Gale, ft Rh. elegantula,
2. Gale, à Rh, badensis.
8. Cale, roameoi à Rh, concinna.
4. Oolitbe miliaire à Rh, Uopkinsii (pierre de Marquise).
Le tout est recouvert par une couche de limon bmn-^
rougeâtre qai repose sur la surface irrégulièrement cmdalée
du baïic à Rh. badensis.
Ce limon forme, dans une carrière yoisine, une poche fort
curieuse dans la couche k Rh. continua.
4
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T-
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x_i:
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1 — T- inr"!
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a. Limon.
2. Gale* à Rh. badensis.
8. Gale. kRh, concinna.
4. Oolitd à Rh. HopkinsH.
— 369 -
Edûû plas loin, à St-Godelaine, noas voyons soqs ces
couches et en stratificalion discordante des psammitos avec
bancs de schistes N. AO^ E. = 50o. Nous y voyons Ctœullea
Uardingi. Ce sont les grès de Fiennes, constituant en ce
poiut la bande méridionale du bassin de Naniur, et qui, pour
M. Mourlon, représentent uniquement (es psammites de
Monfort du bassin de Dinant.
Comple-rendu de VExcnnion du Jeudi 29 Avril 1880
à §aiashin ,
par M. S. Coroënne ,
Èièvcdc ia Faculté.
La première carrière qui se présente à Sainghin montre :
Limon argileux et terre vôgcialc 30
Limon sableux el poches contenant des silex et des
fragments de poteries gauloises découvertes par
M. Ladriôre 1 40
Limon argileux, Jaune-clair, avec Hélix et Bulimcs. 60
Craie marneuse en plaquettes à In, Brongniarii . . 1"
Marne grise en plaquettes (vulg. marlette) à nom-
breuses Terebralulina gracilis 5'
m
Les deux couches inférieures (/n. Brongniarii ^i Ter ,
gracilis) appartiennent à la partie moyenne du Turonien;
quant aux couches supérieures, elles sont do Tépoque dilu-
vienne.
Au fort de Sainghin^ nous voyons une nouvelle coupe :
1. Limon des plaleatix caràciéTisé par un aspect
tout spécial; il est perce d'uu iiès grand
nombre de cavités analogues à des trous de
vers.
2. Ergeron^ limon jauno-clair, sableux.
24.
Annales de la Société géologique du Nord, t. vu.
— 370 -
Ces limons sont lout à fait différents de ceux de la carrière
précédente ; c'est qne l'altitade est, en effet, supérieure d'au
moins 30 mètres, -fin somme, la coupe des dépôts diluviens
serait la même qu'à Mons, si, toutefois au limon des plateaux,
on substituait la terre à briques.
On prétend souvent que le limon des plateaux résulterait
dune altération de Tergeron. Mais on sait que le premier
dépôt est, pour ainsi dire, homogène, que le second, an con-
traire, renferme des morceaux de craie, voire même de petits
silex. Comment pourrait-on expliquer la transformation de
ces derniers fragments, lors de la transformation de Tergeron
en limon des plateaux? Voilà Tobjection de M. Ladrière.
Puis commence le Turonien :
8. Craie glauconieuse d'un aspeci vcri-ardoise très p&lc .
avec nodules de phosphate de chaux.
4. Craie avec siiex à Aficrasler brevipqrus el Terebratula
semiglobosa,^ Celle couche apparlienl à la parlle supé-
rieure du Turonien ; plusieurs liis 1res minces de siiex
la traversent d'une façon plus ou moins régulière ,
mais on n*y voii pas comme à Vervins les deux couches
à Epia-iler brevis el à Hofasler planus.
5. Craie sans silex, marneuse, blanche ; se cassanlconco'i-
diiement. — C'est la môme couche en plaquettes de
Sainghiu {Inoceramus Brongniarti et Terebralulina
gracias).
On observe au fort deux poches creusées dans la craie, et
remplies par l'argile supérieure.
— 37i —
En face de l'ane d'elles, on est tenté d'admettre certaines
exploitations anciennes, mais dès lors la profonde sinuosité
de Tun des bords ne s'explique pas, et, da reste, celte
explication n'aarait rien de bien vraisemblable.
Considère-t-on Taatre poche dont la largeur moyenne
est de 5 mètres, la première hypothèse est aussitôt rejetée,
et on sent qae cette formation se complique^ qu'elle devient
difficile à concevoir. On trouve d'abord de petits galets roulés
tout le long de la face gauche de la poche, ce qui ne s'ex-
plique pas, soit par le passage de courants diluviens ravinant
la craie, soit par la sédimentation tranquille dans une mer
postérieure à la formation de la cavité primitive. De plus, on
voit deux gros silex noirs, fortement roulés, placés tout à la
base, auxquels s'ajoute un troisième sur la face gauche ,
et à un niveau plus supérieur. Enfin , des ravinements assez
profonds s'étendent de part et d'autre du bord supérieur.
Quant au contenu de la poche, il est argileux, et cette argile
grise, qui remplit exactement toutes les sinuosités, est la couche
tertiaire la plus ancienne du pays. Voici, je crois, comment
on peut résumer l'explication que donne M. Gosselet, de la
formation de ces poches ; supposons des couches horizon-
tales de craie sillonnées de cornus ; des phénomènes météo-
rologiques y occasionnent des ravinements, séparent les silex
et les réunissent dans les parties profondes : la mer terliaire
survient, nivelle la région, et la couvre d'argile; par la
suite, Igs eaux pluviales chargées d'acide carbonique s'y
infiltrent , et séjournent dans les cavités primitives, qu'elles
creusent en profitant du drainage naturel que forment les
silex du fond. Les poches s'élargissent donc encore de nos
jours, en même temps les silex de la craie , mis en liberté ,
s'ajoutent latéralement à ceux de l'argile à silex. Ainsi, les
petits galets latéraux ont été entraînés dans le dépôt de
Targile , les gros silex inférieurs ont été roulés à la fois par
la mer tertiaire et par les eaux qui ravinèrent antérieurement
— 372 —
la craie. Quant au silex latéral, il a été sans doute isolé dans
Tagrandissement de la poche au dépens de la craie dissoute.
M. de Lapparent admet la formation sur place de Targile
par Taclion corrosive locale des eaux acides, mais à cela on
objecte surtout que les canaux ayant donné lieu à ces sources
n'ont jamais été constatées.
En revenant, nous passons par Ronchin et dans un ravin
assez éloigné du village, nous prenons la coupe suivante :
1. Limon brun des plateaux.
2. Limon argileux renfermant d'innombrables petits frag-
ments de craie. — Celte couche , sorte de diluvium,
pourrait, si l'on n'y prenait garde, passer pour de i*cr-
gcron.
8. Tuffeau. C'est une roche calcaro-sableuse grise, où sont
disséminés des morceaux de craie plus ou moins
aUérés.
4. Craie.
Compte-rendu de l'excursion du 2 Mai 1880
à CaMcl (0
parCltArle« naaricc,
élève de la Faculté, licencié ès-sciences naturelles.
Yprésien. — l** De la gare de Cassel au pied du mont, on
marche environ un kilomètre au milieu de prairies qui nous
aitesteni la présence en ce point d*un sous-sol imperméa-
ble et que Ton a d'ailleurs pu étudier dans des ^uits. Ce
soussol est constitué par V Argile des Flandres qui s'étend an
loin sur toute la plaine et a une épaisseur d*environ 100 m.
2® Nous gravissons alors un premier gradin de la colline
sur laquelle est bâtie Cassel; là une tranchée nouvellement
ouverte pour la construction d'un chemin nous donne une
coupe qui présente un assez grand intérêt. Nous y voyons
(l) Cetie excursion a été dirigée par M. Gosselet.
— 373 —
en effet sous une faible couche de limon, une argile sableuse
et jaune sans fossiles, constituant la partie supérieure de
Targile des Flandres. Elle n'est autre que VArgile de Roubaix
ou faciès argileux des Sabks de Mons-^n-Pévèle.
Panisélien. — 1» Au-dessus de cette argile, nous trouvons
des sables gm verdâtres, glauconieux, renfermant des
blocs de grës^ nous n'y avons pas trouvé de fossiles; mais
c'est là évidemment là Glaucome du mont PaniseL
â"" Vient ensuite une argile sans fossiles, partie supérieure
des sables précédents.
Bruxellien. — l"" Après une faible descente, nous gravis-
sons le mont proprement dit et nous trouvons sous du limon
et des blocs de poudingue diestien éboulés, des marnes dans
lesquelles nous ramassons en grand nombre :
Cardium porrulosum. Cardita planicosta.
— obliquum, Turritella edila.
Nucula fragilis, — mullisutcata,
Ostrea flabellula, . Venus suberycinoides.
•
Ces bancs de marne se trouvent à un niveau plus élevé
que les couches précédemment observées et sont horizontales
comme elles. Ils sont donc plus récents qu'elles, et nous
sommes en présence des marnes à turritelles, base du Bru-
xellien.
%"* Sur ces marnes vient un sable blanc sans fossiles. C'est
cependant à ce niveau que MM. Ortlieb et Chellonneix ont
recueilli des débris de tortue.
Des éboulement^ et les maisons empêchent de poursuivre
la coupe jusqu'au sommet du monl. Remarquons seulement,
que le limon ne recouvre pas le sommet du mont Cassel ; les
collines tertiaires du golfe d'Hazebrouck formaient des Ilots
isolés au milieu du bassin où il s'est déposé.
— 374 —
Pour continuer notre coupe nous allons nous transporter
de suite au mont des Hécollets et étudier la grande carrière
Grande], bien qu'en réalité nous l'ayons vue après la car-
rière du mont Cassel. Je serai très bref dans ce résumé, la
coupe ayant été donnée avec les plus grands détails et une
parfaite exactitude par MM. Ortiieb et Chellonneix. (i)
Nous constatons d'abord à gauche du sentier qui conduit
à la carrière, dans un chemin creux, l'existence Jcs marnes
à Tiirritelles. Voilà donc notre coupe parfaitement reliée à
la précédente. Dans la carrière, on trouve à la base, le sable
blanc, très pur et sans fossiles que nous avions vu à Cassel.
Il a une épaisseur de 3 à 4 mètres.
3^ Vient ensuite un sable très fossilifère, mais dont les
fossiles se brisent au moindre attouchement. Il est caracté-
risé par
Lenita paiellaris, Osirea flabellula-
Roslellaria ampla.
On remarque 2 à 3 bancs de grès dans celte zone.
4'' Puis une petite couche de sable et un banc de grès
'caractérisé parrabondance des Nummuliies lœvigata eiscabra.
Un important ravinement, encore plus visible dans la i^^
carrière Grandet que dans celle-ci, est venu nettement séparer
cette zone de la suivante. C'est ici que MM. Ortheb et Chel-
lonneix placent la limite entre le Bruxellien et le Laekénien.
Laekénien. —- Sables fins calcareux caractérisés par les
Nummulites variolaria et la Terebratula Kickxii, A sa base on
trouve des fossiles de la zone précédente roulés et remaniés.
Ce sont des Nummulites lœvigata et scabra libres ou agglomé-
rées en galets ; on trouve également des dents de squales et
de myliobates.
(l)Elude géologique des co'.iines tertiaires du département du Nord
comparées avec celles de la Belgique, Lille 18*70.
— 375 —
Dans ces sables on remarque 3 bancs de grès dont le plas
inférieur est caractérisé par le Cerithium giganieum, le
second par le NautUus Burtini et le supérieur par VOslrea
inflata, et des Turritelles,
En ce point, on remarque les traces d^un second ravine-
ment et des Nummulites Heberli roulées.
Wemmélim. — /"" Sable fin sans fossiles^ on y remarque
cependant à la base quelques N. planulata minor»
i^ Sab'e /In, surmonté d'un banc de grès durs, siliceux
et caractérisé par Nummulites variolaria, Oslrea inflatay Tur-
ritella imhricatoria^ Dentalium Deshayesianum.
30 Petit lit de sable sans fossiles.
40 Bande sableme et glauconifére, parfois fossilifère^ c'est
ce que les ouvriers appellent la bande noire. Elle présente des
ondulations.
5" Argile sableuse jaunâtre plus ou moins glauconifère^
ayant bien 4 à 5 mètres d'épaisseur et contenant comme fos-
siles caractéristiques :
Pecten corneus. Oslrea inflata,
Cortula pisutn. Cardium Edwarsii.
Ce sont les caractères paléontologiques qui ont décidé MM.
Ortlieb et Chellonneix à placer cette argile glauconifëre dans
leur laekénien. Cette, assise laekénienne a depuis été divisée
par les géologues belges en laekénien* proprement dit et en
wemmélien. C'est. cette division que nous adoptons ici.
Nous avions vu. ai-je dit, avant d*aller au mont des Récol-
lets, une carrière nouvellement ouverte presque au sommet
du mont Casse! et derrière la ville; nous ne reviendrons pas
sur la coupe que nous avons relevée en ce point, elle nous
montre les mêmes bancs, mais beaucoup moins nettement
que la carrière Grandel.
— 376 —
En quittant iemont des Récollets, nous sommes allés voir au
sommel du mont Casscl une argile grise avec, filets de lignite»
Cette argle surmonte le wemmélien dont elle serait séparée,
d'après M. Heugy, par une couche de sable intercalée. Ce^^t
cetle couche d'argile qui alimente la plupart des puits
du Mont. Cette zone rappelle minéralogiquement, d'après
HM. Ordieb et Chellonneix, Tassise Tongrienne supérieure
du Limbourg (miocène).
Tout à fait au sommet du mont Cassel, on peut encore voir
par place des sables ferrugineux avec plaquettes de grès cl
blocs de poudingue à ciment siliceux et ferrugineux. On ne
trouve 1res souvent cette assise qu'à Tétat remanié. Ce sont
les sables de Diest (Pliocène) qui couronnent la plupart des
collines de noire dé parlement.
Notre excursion terminée, nous retournons à la gare où
nous prenons le train pour Lille.
Compte-rendu de Vexcursion du 6 Juin 1880
à Ath et à liCBSy
par M. S. Coroénitc,
élève de la Faculté,
Nous arrivons à Ath par le train et nous nous dirigeons
vers Maffle. .
A MafDe, la carrière Rivière que nous visitons est creusée
dans le petit granité et le calcaire à géodes. Elle montre de
haut en bas :
1. Calcaire pclil (;ranile. à pâle compacte el encriniiiquc,
couleur bleu foncé, (incl. S. 40* 0= 10®) .... . lO"
2. Calcaire encriniiiquc 8
8. Calcaire avec {{ôodcs remplies de cristaux de quartz
très brillants; c'est le calcaire dit à diamaals. . . 2
4. Calcaire encriniiiquc 6
Le tout rentre dans la zone du Petit Granité.
— 377 —
Les sables aachénieas remplissent des poches dans ces
calcaires.
L'une d'elles se trouve dans
le banc supérieur du petit gra-
nité. Le cours d*eau qui Ta
formée a délité une partie du
calcaire, de sorte qu'on peut
observer sur touB les bords une
région blanchâtre, où les fos-
siles sont mis en liberté. Des
sables à lignites la remplissent,
des galets en constituent le
fond, et favorisent récoutement
de Teau par le drainage qu'ils
forment. Â la partie supé-
rieure, et sur une face seule-
ment, apparaît Targile ligniteuse(i4) analogue à celle qui ren-
fermait les Ignanodons à Bernissart.
Une seconde poche pénètre plus avant, et s'avance jusqu'à
quelques mètres de la couche à géodes Tous ses bords sont
formés par une épaisse bande d'argile ligniteuse; elle montre
en haut une argile crétacée avec limonite sur les bords.
Encore actuellement , il se forme à cet endroit des inflU
Irallons. Dans la couche encrinitique la plus inférieure, se .
sont produits des délits. Ces délits sont parcourus par
d'étroits fiiets d'eau qui n'apportent que de faibles quantités
de sédiments. Quon accumule à la longue ces dépôts, et on
aura des infiltrations sableuses» dont la formation sera iden-
tique à celle des poches précédentes.
De Maffle on se dirige sur Attre.
i^a carrière Piermann laisse voir de haut en bas :
Dépôts quaternaires.
Terre rapporlôc I»
Limou argileux. 040
— 818 — '
Couches tertiaire.^.
Sables argileux micacés, gris-jaune, à grains fins l dO
Argile sableuee avec moucbes de ligniles, gris-foncé 50
Argile sableuse colorée par la limonile 1 60
Sable brun très argileux, à grains moyens 1 50
Sable argileux verdàlre, panacbé de brun , formant .
le passage entre les deux coucbes supérieure et
inférieure 40
Sable à grains moyens micacé, gris-verdàtre. — La
couleur est due à la glaucome 1*
Héme sable coloré en Jaune par un peu de limonite o 80
Même sable, gris ^^
Argile schisteuse noire l*
Jusqu*ici les coucbes sonl horizontales, elles couvrent les
terrains primaires qui inclinent au S. 10^ 0. = 12*".
Couches primaires.
Schistes et petits bancs de calcaire noir encrinitique 5™
Schistes argileux noirs, légèrement bleus, pyritifères
avec Spirifer Afosquensis, Cypridinés et Pecten, 2"»
Xirès gris 2"
Grès bleu 5"
Les schistes bleus présentent un intérêt tout particulier.
En effet , il y a ici passage du Dévonien supérieur au cal-
caire carbonifère. Ces schistes bleus sont-ils dévoniens comme
le grès qu'ils surmontent, ou bien remplacent-ils une couche
de calcaire carbonifère? La dernière hypothèse est la
plus probable , puisqu'on voit peu à peu les schistes alterner
^ifBc le calcaire encrinitique qui leur fait suite.
La carrière Duchaleau, à Allre , présente sous quelques
mètres de sables, et avec Tinclinaison S. 70" 0. = 17o :
Sch. noirs dévoniens.
Grès blanc-gris&lre 20
Schistes noirs 40
Grès intermédiaire 50
Schistes noirs. 80
y
- 379 —
Il y a donc ici passage insensible des grès aux schistes,
et nous avions remarqué dans la carrière Piermann^
une transition analogue des schistes au calcaire encrini-
iique. Ceci nous porte, une fois de plus, à considérer les
schistes comme une couche transitoire du Dévonien au
Carbonifère.
Restait à voir lé calcaire carbonifère faisant suite au petit
granité, à en déterminer la nature et les rapporti avec les
couches suivantes de dolomie.
Voici la coupe de trois carrières des environs de Mever^
gnies, où Tinclinaison est S. = 70, on y voit de haut en
bas :
Carrière Mauroy.
Calcaire schisteux avec phlanites. (Incl. » 130).
Calcaire noir com pacte avec quelques lamelles d'encrines
alternant avec des schistes.
Môme calcaire formant un seul banc épais.
Carrière Declercq.
Calcaire encrinilique avec grand nombre de polypiers
Calcaire noir, compacte 4»
Calcaire encrinitique et géodique im
Carrière voisine.
Calcaire et schistes noirs.
Grès.
Toutes ces couches se, suivent. L'espace qui sépare la
seconde carrière de \a troisième ne permet pas , il est vrai ,
d'apercevoir les couches qui pourrai^t être intermédiaires ;
cependant, tout.porte à croire que la série est complète.
C'est» en effet, la même succession qu'à Attre : grès, schiste
et calcaire encrinitique.
— 380 -
Les bancs supérieurs de ces calcaires sont exploités pour
faire de la chaux hydraulique; ils portent le nom de Calcaire
de Mévergnies.
M. Dupont croit y retrouver le même niveau qu'à Dinant
et à Tournai.
En faveur de ce rapprochement , il invoque la succession
des couches qui est analogue de part et d*autre et Texistence
de caischistes et de bancs avec rognons de phtanite comme
on peut le constater à la carrière Mauroy; en un mot, le
calcaire de Hévergnies rentrerait dans la zone du calcaire
de Tournai.
D'autre part^ M. Gosselet a mentionné les rapports qui
existent entre ce niveau et le calcaire de Bâchant.
En passant à Brugelette^nousr rencontrons, près du moulin,
un escarpement de dolomie à pâle nettement, cristalline. Il
faut élucider la question du passage de ces deux couches ,
le calcaire et la dolomie.
Revenus à la carrière Hauroy, on constate la présence
d'un banc assez épais de phtanite : c'est le niveau transitoire
. cherché. On saisira Tinsensibilité de ce passage si Ton se
rappelle Texistence de nombreux phlanites dans l'escar-
pement du moulin de Brugelette.
Ainsi, au-delà de ce point, on aborde la dolomie deNamur.
Le village entier de Brugelette est bâli sur la même roche
cristalline.
Celle-ci est-elle en bancs continus? S'est-il formé une
faille ou des plissements qui font retrouver au-delà le calcaire
encriniiique ou alterne-t-elle simplement avec des calcaires?
Leil observations suivantes vont justifier, après une certaine
discussion, la valeur de la dernière hypothèse : au-dessus de
la grotte du bois de la comtesse de Tienne , à Brugelette , on
remarque une roche paraissant faire transition entre le cal-
caire encrinitique et le calcaire dolomitique. Son existence
- 381 —
an sud de la dolomie, précédemment étadiée» nous fait
fiadre les deax hypothèses suivantes :
1* II y aurait un plissement anticlinal dont la dolomie de
Brugelette constituerait le centre, en d'autres termes la
couche de la grotte opérerait le passage entre le bom-
bement de dolomie et le calcaire à encrines qui serait
au sud.
2* H y aurait une faille entre la dolomie de Brugelette et le
calcaire encrinititue de la grotte.
Or, en poursuivant notre marche au nord de Cambron-
Casteau, nous rencontrons, à la Roquette, la dolomie à
encrines reposant sur du calcaire compacte avec encrines et
géodes.
n y a donc impossibilité d'admettre Tune ou Tautre de ces
deux hypothèses.
Plus au sud, c'est encore la dolomie. Â Pexlrémité du mur
qui limite le parc de Gambron-Gasteau , elle est pulvérulente
ou compacte et contient de nombreux phtanites. (Incl. S.
25» 0. = 8".)
Au-delà, on verrait encore à un kilomètre environ, au nord
de Lens, la dolomie caverneuse.
Ainsi, nous cesserons d'admettre Texistence d'une faille ou
d'un pli, et nous considérerons la dolomie de Namur comme
directement superposée au calcaire de Mévergnies.
Si on rencontrée la grotte ou en d'autres endroits des cal-
caires soit légèrement dolomltiques , soit nettement encrini-
tiques, c'est que dans toute cette région, au milieu de la
dolomie, il y a des bancs intercalés de calcaire à encrines.
- 382 -
Compta-rendu de rExcursion géologique du 16 au 18 Mai 1880
dans Varrondissemenl d*At>esnes (')
r
par M. Traeltet,
£lè¥e de la Faculté.
Cette excnrsion a été consacrée à Tétude des terrains pri-
maires des environs de Haabeuge e^d^Avesnes.
Arrivés à Jeumont, nous allons de suite étudier quelques
couches tertiaires visibles dans de fo'rt belles carrières exploi-
tées non loin de Jeumont.
L'une d^elles nous donne la coupe suivante :
1. Sable el marne blanche en zônos alternantes.
2. Sable à stratification peu visible, 3 mètres.
8. Couche régulière de sable à slratification fluvîalile. Ce
sable renferme des grains de gfaucoDie, des silex
usés, roulés, mais non transformés en galets; il ren-
ferme encore des galets de quarz et de gros galets de
psammltes. Cette couche a l"50
4. Sable JauDàtre homogène sans stratification apparente,
8 nii^tres.
Ces couches tertiaires reposent sur le terrain crétacé ; nous
sommes ici sur le bord du bassin crétacé de Mons.
Une deuxième carrière, située contre la précédente, nous
montre ces mêmes couches avec quelques particularités
nouvelles toutefois. Sur les sables homogènes de la base ,
nous revoyons la couche de cailloux roulés très réduite (40^)
et» se terminant en pointe des deux côtés. Puis viennent
5 mètres de sablés en stratification fluviatile, renfermant trois
couches de galets d'argile. Au-dessus , on voit des lentilles
d'argile et des couches de sables qui alternent.
(I) Cette excursion a été dirigée par M. le Professeur Gosselet.
— 383 -
La présence des galets d'argile nous indiqae on littoral ;
ils ont été enlevés aux couches inférieures» probablement
aux marnes de la Porquerie.
Une troisième carrière ne nous apprend rien de nouveau.
Dans la quatrième carrière étudiée , H. Gosselet signale
quelques faits non observés : la discordance de stratification
de la couche n*" 3 (sables à stratification fluviatile) , sur la
couche no 1 (sable jaunâtre homogène), l'inclinaison des
couches plus prononcée que dans les premières carrières ,
enfin, la présence à la surface de la craie (entre la craie et le
sable jaunâtre homogène) d'une petite couche de 2 centi-
mètres d'argile sableuse noirâtre, qui représente un ancien
soF végétal. La surface de la craie est irréguliëre et altérée.
Nous quittons ces intéressantes carrières, et revenons vers
Jeumont. Nous allons voir, sur la rive droite de la Sambre,
une ancienne carrière de calcaire dévonien , où l'on exploi-
tait un calcaire compacte caractérisé par des Favosites nom-
breux. L'inclinaison de ce calcaire est Sud 12" Est Hag. = 34«
Nous longeons ensuite la rive gauche de la Sambre , en
cherchant les couches supérieures. Nous les trouvons dans la
carrière Maillart, où nous voyons un calcaire noir argileux ,
se délitant à Pair , surmonté par un calcaire noir compacte
avec Strigocephalus Burtini, Murchisonies, Macrocheilus,'
LMnclinaison est au Sud 15'' Ouest. = 45».
La couche supérieure à ces calcaires est formée de schistes
que nous venons voir sous Téglise même de Jeumont. Ces
schistes sont surmontés par un calcaire gris-clair, sur lequel
est bâtie une partie de Jeumont.
Ces deux dernières couches, schistes et calcaire gris, appar-
tiennent au Frasnien.
Nous allons ensuite un peu au-delà de Jeumont, au Watis-
sart, étudier les couches supérieures du Dévonien.
La couche la plus inférieure est le calcaire à Cyathophyllum
— 3» —
heùBogùnum» Oe caldaire , exploité au Watissart , eât assez
développé. L'inclinaison dé la partie infétienre do calcaire
est au Sud 5® Ouest. = 8i<>. Elle diffère de iUncHnaison
des parties supérieures du même banc II s^est, en effet, pro-
duit, au milieu de cette couche à Cyathophyllum^ une faille qui
a fait glisser les couches supérieures sur les couches infé-
rieures, et leur a donné des inclinaisons différei;ites.
Nous rencontrons, un peu au-delà de cette carrière, sur le
bord de la route» un affleurement de schistes où abon-
dent les Acervularia. Ces schistes à Acervularia reposent
sur le calcaire à Cyathophyllum. Ils sont surmontés par des
schistes verts * minces;» renfermant des encrines; on a
voulu en faire des ardoises* Supérieurement, nous rencon-
trons des grès à Cncullies et à Spirifer Verneuili : c'est la
zone J des psammites du Condroz; au Watissart, cette zone est
plutôt représentée par des grès que parades psammites. Nous
obs^vons à la surface de ces grès quelques ondulations ,
considérées comme des traces de vagues.
Au-dessous de toutes ces couches, nous voyons des schistes
quarzeux percés d^un grand nombre de petites cavités , rem-
plies à Torigine de calcaire que les eaux pluviales ont dissout.
2^ Journée. — Nous quittons M^ubeuge, et nous nous
* dirigeons vers Assevent , en suivant le cours de la Sambre.
Contre les fortifications de Haubeuge » nous remarquons un
affleurement de schistes verts que nous déterminons comme
appartenant au Famennien.
La carrière d' Assevent noi^s montre la superposition du
crétacé sur le calcaire frasnien.
Ce calcaire frasnien , noir^-bleuâti^e, compacte:, en bancs
inclinés vers le Sud , à surface perforée de nombreux trous
de pfao^ides, estsurmonté d'un caM^e sableux, glauconifëre
avec concréticms , oà l'on trouve Amm^iies Cenomanensis .
Oslrea columbf i Ostreaunc^m. Ce calcaire a <«50 d'épais-
— 385 -
sear. Nous trouvons au-dessus : d'abord 0"^50 de marne
glauconifère à Belemnites plenus , puis i^QO de marne grise
désignée sous le nom de la marne de la Porquerie.
Au-dessus, vient le limon à silex. ,
Nous passons la Sambre à A^event.
Un peu au-delà de Rousies, nous rencontrons une carrière
où nous voyons des sables gris rapportés à Tassise indéter-
minée de l'Aachénien. Ils sont surmontés par une argile verte
glauconifère d'une épaisseur de 2 à 3 mètres , qui parait
former une pocbe au milieu des sables. Uabsence de fossiles
et de tout renseignement slratigrapbique ne nous permet pas
de résoudre cette fois encore la question de rAachénien.
Nous commençons ensuite une longue coupe de Dévonien
et de Carbonifère, qui nous occupe une grande partie de la
journée. Celte coupe s'étend de Rousies à Ferrières-la-Petite.
Nous rencontrons dans les champs, près du château Ray-
mond^ à Ferrières-la-petite, une carrière où Pon exploite une
argile grise employée pour la fabrication des poteries ; nous
▼oyons, sous ces argiles, des sables jaunes aachéniens, dont
rage est encore ici indéterminable. La surface de séparation
des sables et de Pargile fait un angle de 6(y*avec Phorizontale.
Nous nous dirigeons ensuite du côté de Damousies.
Dans ce village, nous rencontrons les schistes d'Étrœungt
qui forment un petit bassin. Au-delà de Damousies, nous
voyons, à l'entrée du chemin de Choisies, dei^ psammites
accompagnés de schistes avec Rhynchonella leliensis.
Les schistes de Choisies renferment en abondance Rhyn-
chonella leliensis. Nous avons trouvé dans les psammites
quelques débris de végétaux, des fragments de Rhacophytum
en particulier. Sur la route, au pont desBétes, les psammites
renferment des nodules calcaires ; ces couches de psammites
sont presque verticales. Elles sont surmontées par les schistes
25
Annales de la Société géologiqm du Nord, t. vil
l
- 386 —
d*Étrœungt que nous vojons au sud de Waltignies. Les psam-
mites se relèvent de nouveau, et forment un bassin enclavant
les schistes d'Étrœungt.
La fin de la journée approchant, nous nous dirigeons du
côté de Solre-Ie Château.
A- Offies, village situé à quelques kilomètres de Solre-îe-
Château , nous rencontrons deux carrières où Ton exploite
une argile tertiaire accompagnée de sable blanc et de
lignites. Cette observation termine notre seconde journée
d'excursion.
5*"* Journée. — De Soire-le Château nous allons à Heslrud,
village célèbre par ses carrières 'et par ses marbres. Nous
trouvons à la partie supérieure des carrières d'Heslrud le
calcaire à Spirifer Verneuili et Cyalhophyllum hexagonum. Au-
dessous, nous voyons un calcaire gris avec veines blanches :
c'est le marbre d*Hestrud.
Ce marbre repose sur le marbre de Cousolre , caractérisé
par de nombreux Slromatoiora. Au-dessus, se trouve un
calcaire schisteux à Spirifer Legayi^ puis des schistes, et
' enfin un calcaire noirâtre à polypiers. Ce calcaire forme une
voûte sur laquelle est bâti le village d'Uestrud.
Un peu au-delà de ces carrières , nous rencontrons une
ancienne carrière où Ton exploitait autrefois du marbre rouge.
Ce marbre rouge provenait d'un nodule enchâssé an milieu
des schistes à Acervularia, Ces schistes sont supérieurs au
calcaire à Cyalhophyllum hexagonum.
Après un rapide déjeuner que nous revenons faire à Solre-
le-Château> nous nous remettons en route dans la direction
de Liessies^ et de Liessies, nous nous rendons à Sains.
Le fait le plus intéressant de cette partie de l'excursion ,
c'est la détermination de Tàge de l'Aachénien. Nous rencon-
trons, en effet, à Sains, près d'une sablière 9 où cette assise
est exploitée, un gros silex de la craie empâté dans du sable
aachénien : première preuve que l'Aachénien est postérieur
— 387 —
au crétacé; de plus, la coupe d'une ancienne carrière située
près de là est concluante.
Nous y voyons, en effet , les sables aachéniens reposant
sur une argile qui contient des silex delà craie, et surmontés
d'une couche de lignites.
Le sable aachénien est donc certainement, au moins en ce
point, de Page tertiaire.
Après cette importante détermination, nous marchons
pendant un certain temps, sans rien voir , dans la direction
d'Avesnes.
A Semeries, nous ramassons d^ns les schistes famenniens
de nombreuses Rhynchonella letiensis.
A Avesnelles, nous voyons (dans la carrière du Diable) la
couche la plus inférieure du calcaire carbonifère , c'est le
calcaire d'Avesnelles à Productus Flemingii ; il plonge vers
le Nord. Ce calcaire repose sur le calcaire d'Étrceungt ; il
est surmonté par les schistes à Plcurodyclium, puis par un
calcaire noir géodique , formant un bassin dans lequel on
trouve des couches de dolomie.
Cette coupe d'Avesnelles est désignée sous le nom découpe
du camp de César.
La coupe de la tranchée du chemin de fer nous montre la
superposition du calcaire noir d'Avesnelles sur le calcaire
d'Ëtrœungt, et la superposition des schistes à Pleurodyctium
sur le calcaire noir.
Nous allons ensuite aux environs d'Avesnes étudier les
carrières de Gaudin.
Chemin faisant, nous signalons sur le bord de la route un
affleurement de sables à Peclen asper recouverts de limon
d^altération.
Le calcaire carbonifère repose sur les schistes d'Ëtrœungt,
que le manque de temps ne nous permet pas d*aller voir de
près. Le calcaire d'Avesnelles est caché ainsi que les schistes.
La coupe de la carrière commence par un calcaire petit
— 388 —
granité d'ane épaisseur de 10">, au-dessus viennent 20*^ de
calcaire géodique, surmontés d'un calcaire compacte, sans
géodes, d'une épaisseur de 10""; puis reparaissent dans le
calcaire des géodes nombreuses. Ce calcaire à géodes est
exploité dans les carrières de M. Berlaimont.
Nous quittons ces carrières et continuons la coupe perpen-
diculairement aux couches.
Au-dessus du calcaire à géodes nous rencontrons 50"^ de
dolomie tendre, sableuse; puis un calcaire à Productus
sublœvis employé à faire des pavés. II est surmonté par un
calcaire compacte bleu-foncé. Sur cette couche reposent des
couches de dolomie compacte ou pulvérulente, alternant
avec des bancs de calcaire noir ou de calcaire gris-bleuâtre,
légèrement dolomitique.
Nous marchons pendant quelque temps, puis nous rencon-
trons de nouveau, plongeant dans une direction contraire, 1^
calcaire bleu dolomitique ; le calcaire forme donc un bassin-,
et nous allons revoir de l'autre côté la série des couches que
nous venons d'observer.
Après un certain temps de marche , nous retrouvons en
effet le calcaire à Productus subkem, puis successivement le
calcairegéodique, le calcaire compacte, le calcaire faible-
ment géodique, et enfin le calcaire petit granité.
Errata. - Page 847 et suivanies, au lieu de Drakensfeld, lisez
Drachenfels.
- 389 —
TABLES DES MATIERES
par M. J. Orllteb.
Page».
Table par ordre géologique
Table par noms d'autears
Table géographique des localités citées des
départements du Nord et du Pas-de-Calais. . . .
Table des planches
î^ TABLE DES COMMUNICATIONS
par ordre géologique,
jo TerrAini6 primaires.
Documents nouveaux pour Tétude du terrain dévonien des
environs de Bavai, par M. Ladriëre, 2. r Roches cristallines
des Ardennes, par M. Gosselet, 432. — 3® note sur le Famen-
nien: les schistes de Barvaux, par M. Gosselet, 195. —
4fi note sur le Fainennien : divisions à établir dans les schistes
et les psammites des environs de Haubeuge, par M. Gosselet^
206. — Sur le terrain silurien supérieur de la presqu'île de
Crozon, par M. Gh. Barrois, 258. ^ Description géologique
du canton de Berlaimont, par M. Gosselet, 270.
2o Terrains «eecndairee.
Sur les recherches inédites de H. E. Wesllake sur le ter-
rain crétacé d'Angleterre, par M. Gh. Barrois, 132. — Note
sur rélage turonien de Tlrlande, par M. Gh Barrois, 173. —
Observations sur le terrain crétacé des environs de Bavai,
par M. Ladrière, 184. — Note sur la présence de phospha-
tes dans le lias des Ardennes et de la Meuse, par M. Jeannel,
201. — Description géologique du canton de Berlaimont, par
M. Gosselet, 275.
— 390 —
3o Terrains terllaire».
Les phénomènes post-ierliaires en Belgique dans leurs
rapports avec Torigine des dépôts qaaleruaires cl modernes,
par MM. A. Rulot el E. Vanden Broeck, 33. — Sur l'argile à
silex, par M. Potier, 53. — Sur l'argile à sile\ du nord de
la France, par M. de Lapparenr, 79. — Note sur une coupe
de terrain observée dans la gare de Frameries. près Mons,
par M. Rutot, 92. - Observations sur ce sujet, par M.
J.adrière, 99. — Note sur les sables tertiaires du plateau de
TArdenne, par M. Gosselet, iOO. — Sur la position du
diestien et l'âge du sable de Uerenlhals, par M. le baron Van
Ertborn, 191.— Noie sur la confusion résultant de l'emploi de la
dénomination d'argile à silex appliquée à deux dépôts placés,
l'un à la base et l'autre au sommet de la série tertiaire du
nord de la France, par M. de Mercey, 237. — Description
géologique du canton de Berlaimont, par M. Gos>elel, 276.
40 Terrains quaternaires et récents.
Le terrain qualeinaire dn Nord par M. Ladrière, il. * —
Noie sur les ailuvions de la b^erre, par M. Cb. Barrois, Si, —
Deux sondages à Simgdttc, par M. Potier, 112. — Remar-
ques sur ce sujet, I ar M. Ortiiob, 113. - Note sur les modiû-
calions récentes de la côte de Sangalle, par M. Ortiieb, 117.
— Observations sur ce sujet, par M. Rigaux, 120. — Divisions
à établir dans le terrain diluvien de la vallée de la Somme,
par M. Gosselet, 165. — Observations sur ce sujet, par M.
Vanden Broeck, 171 . — Note sur les tranchées du chemin de
fer d'Hénin-Liétard à Carvin, par M. Ladrière, 211. —
Observations à l'occasion de quelques travaux publiés dans
les annales de la Société géologique du NoFd, sur le quater-
naire ancien, par M. de Mercey, 266. — Description géolo-
gique du canton de Berlaimont,* par M. Gosselet, 278. — •
Etude sur les limons des environs de Bavai (Suite), par M.
Ladrière, 302.
- 391 —
PAléontolog^le.
Le genre Oldhamia (Forbesj. d'après Ferd. Roemer, pai* M.
Six, il5 — Antiquités de Sangatte, par M. Rigaux, 120 —
Fossiles siluriens de Calher vieille, par M. Gh Barrois,132. —
Dents de cheval dans le diiuviuin de la valléo do* la Sambre,
par M. Orllieb» 172 — Crustacc du genre Glytia dans les
dièves de Bouvines, par M. Duponchelle, 180. — Sur la faune
quaternaire de Sangatte, par M. Gh. BarroJs, 181.
Deux sondages à Sangatte, par M. Potier, 112. — Sondages
à Menin, Quesnoy, Halluin, par M. Gosselet, 188.
Compteii-rciidtis, elc.
Compte-rendu d'une excursion géologique à Renaix, par
M Ortiieb, 67 — De l'usage du droit de priorité et de son
applicalion aux noms^de quHques spirifères, par M. (ïosselel,
122. — Exposé des recherches de M. Gr.-K. Gilb:rt dans
les Monts Henry, par M. Gh. Barrois, IGO. — Résumé du
28« rapport du Musée d'histoire naturelle de New-York, publié
par M. J Hall, par M. Gh. Barrois, 177. — Projet d'établis-
sement d'un nouveau cimetière à Tourcoing, par M. Ortiieb.
192. — Description géologique du canton de Berlaimont, par
M. Gosselet, 270 — Compte-rendu de l'excursion de la
Faculté dans les terrains primaires de TArdenne et de l'Eifel,
par M. Duponchelle, 319. — Idem, dans les régions volcani-
ques de l'Eifel, par M. Gh. Maurice, 331 — Idem, dans le
Boulonnais, \^^ partie; Falaise du Blanc-Nez, par M.
Gh. Maurice, 350. — 2c partie, Gris-Nez et environs de
Marquise, par M. P. DuponchelUe, 360 — Idem, à Sainghin,
par M. J. Coréenne, 369. — Idem, à Gassel, par M. Gh.
Maurice, 372. —Idem, à Ath et à Lens, par M. J. Goroënne,
376. — Idem, dans l'arrondissement d'Avesnes, par M.
Trachet, 382.
- 392 —
Séanre exlraordlnatre à Sàlnt-Omer
Discoars de M. P. Hallez, PrésideDi, 217. — Rapport de
de M. Th. Barroissar les travaux de la Société en 4878-79,
229. — Compte-renda de Texcarsion aax environs de Saint-
Omer^ par it. Gosselet, 235.
Table par noms d'autenra.
Barrola (Cb.) — Note sur les allavions de la Serre (Aisne) ,
82. — Fossiles silariens de Cathervieille, 132. — Sur les
recherches inédites de H. E. Westlake, sur le terrain
crétacé d*Angleterre, 132. — Exposé des recherches de M.
G.-K. Gilbert sur les. Monts Henry, 160. — Note sur l'étage
turonien de l'Irlande, 173 —Résumé du 28" rapport du
Musée d'histoire naturelle de New- York, publié par M J.
Hall. 177. — Note sur la faune quaternaire de Sangalte,
181. — Sur le terrain silurien de la presqu'île de Crozon,
258.
Barroia <Th.) — Rapport sur les travaux de la Société en
1878-79, 229.
»
Coroêniie (J.) — Compte-rendu de l'excursion à Sainghin,
369. — Idem, à Ath et à Lens, 376.
Dopanebelle. — Grustacé du genre Glytia» dans les dièves
de Bouvines, 180. — Compte-rendu de.rexcursion dans les
terrains primaires de l'Ardenne et de l'Eifel, 319. — Idem>
au Gris-Nez et environs de Marquise, 360.
Ctoaselet (J.) — Note sur les sables tertiaires du plateau de
l'Ardenne, 100. — De l'usage du droit de priorité et son
application aux noms de -quelques Spirifëres, 122. —
Roches cristallines des Ardennes, 132. — Divisions à
établir dans le terrain diluvien de la Somme, 165. — Son-
dage à Menin , 1 88. — 3« note sur le famennien : les
- 393 —
schistes de Barvaux, 195. — 4" note sur le famennien:
divisions à établir dans les schistes et les psammiies des
environs do Maubeugc, 206. — Compte-renda de Texcar-
sion aux environs de Saint-Omer, 235. — Description
géologique du canton de Berlaimont, 270.
€nern€ (de) — Les ligniles de Favean, 318.
■ailes (P.) — Discours présidentiel à la réunion extraordi-
naire à St-Omer, 217.
Jeannel. -— Note sur la présence des phosphates dans le
lias des Ârdennes et de la Meuse, 201 .
Ladrlère (J.) — Documents nouveaux pour Tétude du ter-
rain dévonien des environs de Bavai, 1. — f-e terrain
quaternaire du Nord. 11. — - Observations sur une commu-
nication de M. Rutot, 99. — Observations sur le terrain
crétacé des environs de Bavai, 184. — Note sur les tran-
chées du chemin de fer d'Hénin-Liétard à Carvin, 2t1. —
Etude sur les limons des environs de Bavai (suite), 302.
Lapparent (de) —Sur Targile à silex du Nord de la France,
79.
Maiirlce (Ch.) — Compte-rendu de Texcursion dans les
régions volcaniques de TEifel, 331 . — Compte-rendu de
Texcursion dans le Boulonnais, l^» partie: Falaise du
Blanc-Nez, 350 — Idem, à Cassel, 372.
Hereejr (de) — Note sur la confusion résultant de remploi
d^ la dénomination d'argile à silex appliquée à deux
dépôts placés, l'Un à la base et l'autre au sommet de la
série tertiaire du Nord de la France, 237. — Observations
à Toccasion de quelques travaux publiés dans les annales
de la Société géologique du Nord sur le quaternaire
ancien, 246.
Opilleb (J.) - Compte-rendu d'une excursion géologique à
Renaix, 67. - Remarques sur deux sondages à Sangatte,
112. ~ Note sur lès modifications récentes de la cOte de
Sangatte, 117. — Dents de cheval dans le diluvium de la
— 394 —
vallée de la Sambrp, 172. — Sur le projet d'élablissement
d^un Doaveau cimetière à Tourcoing, 192.
Potier (A ) — Sur Targiie à silex, 53, — Deux sondages à
Sangalte, 112.
Rlffftam (H) — Remarques archéologiques à propos d'une
communication sur Sangatte, 112.
Rntot (A.) — Note sur une coupe de terrain observée dans
la gare de Frameries, près Mons, 92.
Bntot et VAnden Brocck. ~ Les phénomènes post-
tertiaires en Belgique, dans leurs rapports avec Torigine
des dépôts quaternaires el modernes, 33. — Appendice, 51.
Six (Ach./ — Le genre Oldhnmia (Forbes), d'après Ferd.
Roemer, 115.
Traciict — Comple-rendu de l'excursion dans l'arrondis-
sement d'Avesnes, 382.
Vanden Brocck (Er) — Observations sur une communi-
cation de M, Gossclet (terrain diluvien de la Somme). 171.
Waod^n Broeck (Er.) et Riitot. — Voyez Rutol.
Van Ertboro(le Baron) — Sur la position du dieslien, et
l'âge des sables blancs de Hérenthals, 191 .
- 395 -
TABLE GÉOGRAPHIQUE
des localUés citées des départements du Nord et du Pas-de-Calais.
Aibes, 209
Angre. 1,2, lo, 8i.
Arlres, 2i,
Assevent, 384.
Audignies. 316.
Aulnoye, 27i, 218, 2"79.
Aunelle (R) 24.
Aulreppe, 3.
Audresselles, 361.
Avesnes, 20, 209, 382.
Avesnelles, 387.
Aymerios, 281.
Bâchant, 273, 281.
Bavai, 15-17, 24, 184,
. 256.
Bavai (R.) 2-11, 302,
818.
Bellignics, 5, 184.
Berlaimont. 270, 283.
Beriandois (tranchée) 24
Bettrechies, 3,5, 184.
Blanc-Nez, 350, 354, 355.
Blandecques, 57.,
Bléquenecques, 364.
Boisd'Encade((ranchée)
4, 10. 187.
Boussières, 272. 2"6, 289
Bouvigny, 244.
Boyaval. 64.
Brangies. «, 10.
Bruay, 57.
Bry, 17.
Calais, 358, 854.
Carvin. 211,216.
Gassol. 372-376.
GerfonlaiUL». 208.
Choisies. 208. 385.
Colleret, 207, 208.
Courrières, 214 , 215,
216.
Créquy, 64.
Curgies, 21.
Damousies, 209, 385.
Dennebroucq, 63
Deûle (R ) 32, 21 1
Diinont, 208, 209.
Dohem, 57.
Dompierre, 274.
Douzies, 818,
Dunkerque, 354.
Ecuélin, 291.
Encade (bois) 4, lo, 187.
Englos, 32.
Enneliéres, 32.
Enapenpont, 254, 255.
Escalles, 354. 356.
Eslrées, 217.
Eth, 30.
Favril, 19,
Ferrières, 272.
Ferrières-la- Petite, 835.
Fiennes, 866.
Fiamengrié, 805.
Fouquières, 213.
Fresnicourt, 244.
Frévent. 64.
Fruges, 57.
Givenchy, 58, 248, 244.
Goramegnies, 18,24,29
Gris-Nez, 860.
Gussignie», 8, 10. 31
Halluin, 140.
Hardinghem. 365, 867,
868.
Hargnies, 294.
Harnes, 2r3, 214.
Hautmonl, 17.
Heifaut, 57, 236.
Henin-Liétard, 211,21*2.
Hcstrud, 886.
Hiron, 19.
'^ogueau (R) l, 2, 3, lo,
24, 31, 184.
Hoii-Hcrgîes, 1.
Uoudain, 81.
Houplines, 82.
Huiiiberl, 64.
Hydrequent, 3G3, 367.
Jeumont, 207, 382, 333.
Landrecies, 31.
La Porquerie, 276
Lens, 57, 249.
Usquin, 214.
Levai, 273, 274, 276, 292.
Longuenesse, 286.
Loogueville, n SKSIT
Louvignies, 30. 818.
Lys (R.) 82.
Marly. 21, 29.
llarqaise, 862, 364, 868
Maubeuge. n, 206, 299,
882, 884.
Mecquignies, 9.
MeoiD, 188, 255.
Monccan-S» - Waasl, 273,
275. 276, 294.
Monllgny, 212. 218.
Normal (forêt) 19.
Noircs-Moltes, 57, 858
Noyelles, 295.
Obies, 19.
Offies, 886.
Oignies. 216.
Olhain (bois) 56, 244.
Pantignies, 273.
Pérenchies, 32.
Pernes, 64.
Piémontî(tranch6e)8, 10
Pissoliau (ham ) 9, 31.
Pont-des-Bétes, 208. *
— 293 —
PonUsur-Sambre, 276.
296.
Potelle, 29.
Prémesques, 21, 81.
Pressy, 64.
Quesnoy-8ur-Deûle, 190,
Quiéveloo, 209.
Ramez (chat.) 9, 185.
Réty, 867, 868.
Riczde-Marvy (R) 8, 10.
Riezdes-Trieux (R ) 6.
Rhooelle (R.) 29.
Roussies, 885
Sachin, 64.
SainghlD, 869
Sains, 386.
St-Godelaine, 869.
St-Martio*au-Laërt. 236
St-Omer, 57, 235, 354.
St-Pol, 56.
SuRemy-Chaussée, 272,
273,217,298.
Si- Waasl, 7-10. 17.80.
]84, 273, 806.
SaDgatte. 112. 117 -il
181-183,850, 859.
SassegDies, 276, 299.
Sebourg, 29.
Semeries, 887.
Souchez, 248.
Souchez(R.)211
Solre-le-Gbftteau,
886.
Solrione, 208.
Taisnières, 1, 10, 272.
TatiDgbem, 236.
Tourcoing, 192-194,22
Tout-Vent (tranchée)
Verdrel, 244.
Vieux-Mesnil, 802.
Viliereau, 29.
Wargnies- le -Petit, r
27. 303.
Waitignies. 209. 886.
Watttssart, 207, 383.
Wissant. 359, 360.
Wizernes, 285.
Zobicau, 19.
TABLE DES PLANCHES
Pl. L l4adrlère. Fig. 1, Coupe d'une vallée. — Fig. 2,
Relief du sol entre la Rhonelle et TAunelle. -
Fig. 3, Plateau entre la Lys et la Deûle.
A. uutot. Coupe de la tranchée de Frameries,
près Mons.
H. Hisaoz. Poterie du Moyen-Age. — Poterie
romaine.
DupoDclielle. Coupe géologique de FEifel.
Dopoiicfaelle. Coupe de Sangatte à Wissant.
PL. IL
PL. m.
PL. VI.
PL. V.
StaLiDTi de Gommefimes
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