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Full text of "Annales de la Société géologique du Nord"

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I 




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f f 9 



SOCIETE GEOLOGIQUE DU NOED 

Fondée en 1870 

et amorisfie par arrtKs en dates des 3 Joilltt 1811 et 28 Juin 1813 



ANNALES 



DE LA 



SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE 



DU NORD 



TOME XXVII 



1898 



LILLE 
Imprimerie Liégeois-Six 

1898 



ANNALES 



DE LA 



SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE 



DU NORD 



TOME XXVII 



1898 



LILLE 
Imprimerie Libgeois-Six 

1898 



^02 



LISTE DES MEMBRES 



I^E LA 



SOCIETE GEOLOGIQUE DU NORO 



AU 1*' JUIN 1 



I^ésident . . . 
Vice- Président . . . 
Secrétaire .... 
Trésorier-Archiviste . 
Bibliothécaire . . . 
Directeur. . . . . 
Membres du Conseil, 



. MM. Ladsièskb. 

Ch. Barrois. 

Lagaisse. 

Dbfrexnes. 

QUAfiRÉ. 
Gk)SSKLET. 

Ardaillox, Vaillant, Lecocq. 



ME.MBRES TITULAIRES ET CORRESPONDANl^ ( I ) 

AGNIEL, Georges, boulevard Montparnasse, 145, Paris. 

ANGELLIER, Doyen de la Faculté des Lettres, rue Solférino, 18, Lille. 

ANTOINE, Ingénieur, rue Marais, 33, Lille. 

ARDAILLON, Proies' de Géographie à la Faculté des Lettres, rue de Lens, 47, Lille. 

ARRAULT Paulin, Ingénieur, rue Rochechouart, 69, Paris. 

AULT(d')-DUMESNlL, rue d'Eauette, i, Abbeville. 

6ARDOU, Pharmacien, à Ault (Somme). 

BARROIS, Ch., Professeur à la Faculté des Sciences, rue Pascal, 37, Lille. 

BARROIS, Jules, Docteur ès-sciences, Villefranche (Alpes-Maritimes). 



(1) Les Membres correspondants sont ceux qui résident en dehors de la 
circonscription académique (Nord, ?as-d«-CaUis, Somme, Ai9nc> Ardennas). 



BARROIS, Th., Professeur à la Faculté de Médecine, rue Solférino, 220, Lille, 

BARROIS, H., Ingénieur-Directeur de l'usine à gaz, Tourcoing. 

BAYET Louis» Ingénieur, Walcourt, près Charleroi (Belgique). 

BI'XOURT, Inspecteur des Forets au Ouesnoy, 

BENECKE, Professeur à l'Université de Strasbourg (Alsace) 

BERGAUDjIng' en chef hon. des Alines de Bruay, rue de la Station, 3, Douai. 

BERGERON, D' ès-sciences, boulevard Haussmann, i57, Paris. 

BERNARD, ex-fabricant de sucre, rue de Compiègne, 4, Paris. 

BERTRAND, Prof' à le Faculté des Sciences, rue Malus, 14, Lille. 

BËZIERS, Directeur du Musée géologique, Rennes. 

BIBLIOTHÈQUE DE GOTTINGEN (Allemagne). 

BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE DE LILLE. 

BIBLIOTHÈQUE ROYALE DE BERLfN. 

BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE DE ULLE 

BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE DE MONTPELLIER. 

BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE DE RENNES. 

BiERENT, Ingénieur aux forges de la Providence, Haumont. 

BILLET, Docteur ès-Sciences, Médecin-niajor à Abbeville. 

BINET, Dir' du S. des eaux de Roubaix-Tourcoing, r. de Lille, 14?, Tourcoing. 

BLATTNER, Ingénieur chimiste aux Établissements Kuhlmann, Loos. 

BOLE, Pharmacien, rue de Lannoy, 3 10, Roubaix. 

BOULENGER, Edmond, route de Mons, à St-Saulve. 

BOURIEZ, Pharmacien, rue Jacquemars-Giéiée, io5, Lille. 

BOUSSEMAER, Ingénieur, rue Auber, 57, Lille. 

BO U VA RT, Inspecteur des Forêts en retraite, au Quesnoy. ' 

BRÉGI, Inf:,énieur, rue des Tanneurs, 22, Lille. 

BRETON Ludovic, Ingénieur rue Royale, 18, Calais. 

CAMBESSEDÈS, Professeur à l'École des Maîtres-Mineurs, Douai. 

CALDERON, Professeur à l'Université de Madrid (Espagne). 

CARTON, Docteur, Médecin-Major au 19» Chasseurs, rue Voltaire, 33, Lille. 

CAYEUX, prép'aux Ecoles des Mines et des P.-et-Ch., b*l. St-Michel, 60, Paris. 

CHAUVEAU, Pharmacien, Avesncs. 

COGELS, Paul, è Deurne, province d'Anvers (Belgique). 

COGET, Jean, Teinturier, rue Pellart, Roubaix. 

COLNION, Victor, Propriétaire, à Ferrière-la-Grande. 

CORNET Jules, Professeur à l'École des Mines, Mons. 

COUVREUR, Licencié ès-sciences naturelles, à Gondecourt. 

CRÉPIN, Ingénieur aux Mines de Bully-Grenay. 

CRESPEL, Richard, Industriel, rue Léon-Gambelta, 54. 

CUVELIER, D'en droit, boulevard de la Liberté, 108, Lille. 

CUVELIER. Capitaine-Commandant, Professeur à l'Éeoîe Militaire rue du Conseil, 5o. 

Ixelles, Belgique. 
ÛANEL, Léonard, rue Royale, 85, Lille. 



DEBLOCK, Pharmacien, rue Pierre Legrand,85, Lille. 

DECROIX, Étudiant, rue d'Inkermann, 5, Lille. 

DEFERNEZ Edouard, Ingénieur à Liévin-lez-Lens. 

DEFRENNE, rue Nationale, 295. Lille. 

DELANGHE, Licencé-ès-Sciences, rue Nain, 7 i, Roubaix. 

DELECROIX, Avocat, Docteur en Droit, Directeur de la Revue de la Léghlation 
des Mines f place du Concert, 7, Lille. 

DELESSERT DE MOLLINS, villa Verte Rive, Cully (Suisse). 

DELVAUX, Géologue, avenue Brugmann, 216, Bruxelles. 

DENIS, J. Professeur à l'Ecole sup", r. de l'Amiral-Courbet, 12, Tourcoing. 

DErENNES, Ingénieur chimiste, 25, boulevard Barbes, Paris. 

DERNONCOURT, Représentant de la Compagnie d'Anzin, Fourmies. 

DESAILLY, Ingénieur aux Mines de Liôvin, parLens. 

DESCAT, Jules, Manufacturier, rue Henri-Kolb, 3i, Lille. 

DESCHIN, mécanicien-constructeur, rue du Bourdeau, 44, Lille. 

DESTOMBES, Pierre, boulevard de Paris, Roubaix. 

DEVOS, Ingénieur des Ponts-el-Chaussées, rue des Postes, 20, Lille. 

DEWATTINES, Relieur, rue Nationale, 87, Lille. 

D'HARDIVILLIERS. Docteur en médecine, rue Fabricy, lo, Lille. 

DHARVENT, Membre de la Commission des Mon hist., Bélhunc (P.-de-C). 

DOI.LFUS, Adrien, 85, rue Pierre Charron, Paris. 

DOLLFUS, Gustave, rue de Chabrol, 45, Pari"*. 

DOLLO, Conserv'au Musée d'Histoire naturelle de Bruxelles. 

DORLODOT, (Abbé), Professeur à l'Uniyersiié, rue au Venî, 10, Louvain. 

DORMAL, Professeur à l'Athénée d'Arlon (Belgique). 

DUBOIS, Professeur au Lycée de St-Quentin (Aisne). 

DUBRUNFAUT, Chimiste-Industriel, 3, rue de l'Ouest, Roubaix. 

DUMAS, Inspecteur au ch. de fer d'Orléans, rue Dumousticr, i bis, Nantes. 

DUMAS, Directeur du Phosphate, 76, Finsbury Pavement E. C. Londres 

DUMONT, Docteur en médecine, à Mons-en-Barœul, près Lille. 

DUTERTRE, Docteur en médecine, rue de la Coupe, 6, Boulogne-sur-Mer 

EECMANN, Alex, rue AlezandreLeleux, 28, Lille. 

ÉCOLE NORMALE D'INSTITUTEURS de Douai. 

FEVER, Chef de division à la Préfecture, 24, rue des Pyramides, 24, Lille. 

FÈVRE,Tngénieur, au Corps des Mines, r. Baudimont 38, Arras. 

FLAMENT, Comptable, à Proville, près Cambrai. 

FLAMMERMONT, Prof, à la Faculté des Leltes, r. Ponts-de-Comines, 24, Lille. 

FLIPO, Louis, propriétaire à Deûlémont. 

FOCKEU, Docteur en médecine, rue Barihélemy-Delespaul, Z.\, Lille 

FOkEST, Philibert, Maître de carrières à Douzies-Maubeuge. 

FORIR, répétiteur à l'Ecole des mines, rue Nysten, 2 3, à Liège. 

FOURMENTIN, Percepteur, à Bône (Algérie;. 



SOUBETRilN, Ingénieur des Mines, Square Labruyère, 3, Paris. 

STEGHBRT, Libraire, rue de Rennes, 76, Paris 

STEVENSON, Prof' à l'Université, Washington square, New-York city. 

SUTTER Jean, Licencié ès-sciences, rue des Ponts-de-Comines, 24, Lille. 

TAINE, Pharmacien, rue du Marché St-Honoré, 7, Paris. 

THÉLU, Directeur de l'Ecole primaire supérieure, Frévent(P.-de-G )• 

THÉRYDE LATTRE, Piof' au Collège, rue de l'Eglise, 21, Hazebrouck. 

THÉVENIN, Préparateur au Muséum, boulevard Henri IV, ^3, Paris. 

THIERRY, Ingénieur aux mines de Courrières, à Billy-Montigny (P.-de C ). 

THIERY, Ad , Géologue, rue Corneille, 7, Paris, 

THIRIET, Docteur ès-sciences, Professeur au Collège de Sedan. 

THOMAS» Professeur de chimie à Auxerre (Yonne). 

TARTARAT, Brasseur, rue des Trois-Molettes, 2 bis, Lille. 

TRODDE, Maître-Répétiteur au Lycée, Amien*. 

TRUPFEL, Brasseur, Dorignies près Douai, 

VAILLANT, Victor, Prép' à la Faculté des Sciences, 87, rue Barlhélémy-Delespaul, Lille. 

VAN ERTBORN (le baron Octave), rue des Lits, 14, Anvers. 

VIALA, Ingénieur en chef aux Mines de Liévin. 

VIVIEN, Chimiste, rue Baudreuil. 18, Sl-Quentin. 

VUILLEMIN, Directeur des Mines d'Aniche, à Douai. 

WAELSCAPPEL, Ingénieur, rue des Tanneurs, 22, Lille. 

WALKER, Ambroise, Pilateur, quai des 4 Écluses, Dunkerque. 

WALKER, Emile, Filateur, quai des 4 Kcluses, Dunkerque. 

WARTEL D', rue Bernos, 24, Lille. 

WATTEAD, Géologue, Thuin, Belgique. 

WIART, Industriel, Cambrai. 

WILLIAMS , Prof' à l'Université, Yale Collège, New-Haven, Gonneclicut. 



MEMBRES ASSOCIES 

BERTRAND, de I Institut, Profr à l'école des Mines, rue de Rennes, loi, Pari5< 

BONNET, Professeur de Géologie à University-Collcge, Londres. 

GAPELLINI, Recteur de l'Université de Bologne. 

CORTAZAR (de), Ing** en chef des Mines', Calle Isabcl la Catolica, 23, Madrid. 

DEWALQUE, Professeur à l'Université de Liège. 

DUPONT, Directeur du Musée d'histoire naturelle de Bruxelles. 

FOUQUÉ, de l'Institut, Professeur au Collège de France, Paris. 

GAUDRY, de l'Institut, Professeur au Muséum, Paris. 

HALL, Directeur du Musée d'histoire naturelle de l'Etat de New- York, Albany. 

JtJDD, Prof' au Collège of Science, South Kensington, S. W. Londres. 

KATSER, Professeurde Géologie à l'Université de Marbourg, Allemagne. 

LAPPARENT (de), de l'Institut, rue Tilsitt 3, Paris. 

LA VALLÉE-POUSSIN (dei, Professeurde Géologie à l'Université, Louvain. 

MAC-PHERSON, Calle de la Exposicion, Barriodo Monasterio, Madrid. 

MALAISE, Professeur émérite à Gembloux. 

MERCEY (de;, à la Faloise (Somme). 

MIGBEL-LÉVT, de l'instiiut, D' de la Carte Géologique de France, Paris. 

MOURLON, de l'Acad. Roy. de Belgique, rue Delliard, 19, à Bruxelles. 

PELLAT, Ed., La Tourette par Tarascon s.-Rlîône (Bouches-Ju-Rhône). 

POTIER, de l'Institut, boulevard Saint-Michel, 89, Paris. 

RENARD, Professeur de Géologie à l'Université de Gand. 

RUTOT, Cons' au Musée d'hist.nat., rue de la Loi, i77, Bruxelles. 

SCBLDTER, Professeur de Géologie à l'Université de Bonn. 

VAN DEN BROECK. Cons' au Musée, place de l'Industrie, 39, Bruxelles. 

VELAIN, Professeur de Géographie physique à la Sorbonne, Paris. 



i 



ANNALES 



DE LA 



SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE 



DU NORD 



Séance du 19 janvier 1898 



On procède au renouvellement du bureau, 13 membres 
étaient présents; 31 ont voté par correspondance. Sont 
élus : 

Président MM. Ladrière 

Vice-Président Ch. Barrois 

Secrétaire Lagaisse 

Trésorier Defrenne 

Bibliothécaire Quarré 

Membres du Conseil MM. Ardaillon et Vaillant en 
remplacement de MM. Boussemaer sortant et de M. Charles 
Barrois, élu Vice-Président. 

M. Ch. Barrois présente la carte géologique, feuille de 
Belle-Isle (»). 

(I) Ann. Soc. (iéol. du Nord, XXVI, p. 226. 



'> 



Séance du 16 Février 1898 

La Société admet comme membre Tlastitution K. K. 
Naturischen Hof Muséum de Vienne (Autriche). 

M. Gosselet annonce qu'il a eu occasion d'étudier les 
alluvtons de la Scarpe aux portes même de Douai dans 
une cavité faite à quelques mètres du Canal pour poser la 
cuve d'une cloche à gaz. On y voit : 

1. Terre noire de marais. 

2. Tourbe de marais remplie de racines. 

3. Sables boulants argileux contenant à la base de petits 

paquets de galets de craie. 

4. Argile noire plastique, qui pourrait être l'argile de 

Louvil. 

Le même membre montre quelques échantillons de grès 
très dur, connu sous le nom de Bisette, et exploité dans 
le Pas-de-Calais pour l'empierrement des routes. 

Ces échantillons proviennent des environs d'Arleux. 
11 fait ensuite la communication suivante ; 

Hydrographie deà environs de Laon 
. « « « 

par J. Gosselet. 

, < .a • 

Pour peu que l'on possède quelques notions de Géologie, 
on sait que la colline sur laquelle est bâtie la ville de Laon 
est une butte de sable antée sur une plaine de craie. Aussi 
quand on arrive en chemin de fer à Laon, venant de 
Soissons, on est étonné de traverser des marais. L'éton- 
nement augmente encore, si l'on quitte la voie pour se 
promener dans la campagne. On constate que toute la 
plaine qui sépare la butte de Laon des collines voisines est 
presque complètement couverte de marais, qui se prolon- 



^ 4 — 

<»'ent au loin vers VO du cùté de Laniscourt et de la Folie 
Roger. 

Si l'on consulte une carte d'Etat-Major, on y voit un 
lacis de ruisseaux et de rigoles qui se bifurquent et se 
réunissent sans ordre, sans même que l'on puisse souvent 
déterminer comment l'eau v coule. 

Ce réseau de cours d'eau rendant difficile le travail 
tles graveurs de la carte d'Etat-Major, il ne faut pas 
s'étonner qu'ils se soient quelquefois mépris sur la valeur 
des signes, qu'ils aient par exemple transformé le curieux 
amas de blocs de grès qui porte le nom de Hottée de 
Gargantua en un vulgaire moulin à eau. 

Avant de tracer la carte géologique, j'ai dû chercher à 
distinguer les cours d'eau naturels des canaux artificiels. 
J'ai dû aussi me demander qu'elle était Torigine des 
sources. 

Dans ces recherches j'ai été guidé par M. Gallois, direc- 
teur de la station agricole de l'Aisne et auteur d'une carte 
agronomique très remarquable. La plupart des données 
topographiques ci-dessous sont déjà figurées dans sa carte. 

Il y a pour les eaux des environs de Laon deux exhu- 
toires principaux : TArdon et le ruisseau de Suzy, qui se 
rendent tous deux à l'Ailette, affluent de l'Aisne-, en 
enveloppant la grande colline de Montarcène. 

I/Ardon prend sa source près de la ferme Saunoir à 
TE. de Laon. 

Son premier affluent lui vient de l'Est. Ce n'est plus 
maintenant qu'un canal de dessèchement des marais, mais 
ce canal correspond a peu près à l'ancien lit d'un ruisseau 
venant de Bruyère et passant près du château de BreuiL 

Le second affluent naturel est le ruisseau de Vorges, qui 
passe à la Christopherie et va joindre l'Ardon au faubourg 
de I^euilly. A une époque que des recherches historiques 



- li - 



arriveraiéiût peut être à déterminer et dans le but probable 
d'alimenter des moulins, on a dirigé le ruisseau de Vorges 
sur le faubourg d'Ardon, en le faisant passer par une 
légère dépression entre des collines de sable. De petits 
moulins se sont établis sur celte rigole et comme Teau y 
venait en quantité insuliisante, on y a dirigé le ruisseau de 
Bruyères presqu'au sortir de cette ville. J)e sorte que la 
route d'Ardon à Bruyères traverse deux cours d'eau qui 
sont tous deux artificiels. 

L'Ardon reçoit un troisième courant sur la rive gauche. 
11 naît par deux branches dont l'une vient du cimetière 
de Vorges, tandis que l'autre prend naissance au Nord des 
villages de Nouvion, de Prestes et de Thierny. Le ruisseau 
passe près du vieux château de Corneil ; puis il se perd 
dans le grand marais en face de Chivy, parce qu'on a 
creusé un canal de dérivation pour limiter les territoires 
de Presles et de Laval. 

A Chivy, l'Ardon reçoit plusieurs aiïluents sur la rive 
droite. C'est d'abord un ruisseau qui vient du Sud du 
faubourg de Sémilly, drainant un marais situé là où la 
carte ligure une petite éminence; puis un ruisseau qui 
nait de la butte, côte 116 et qui passe au N. de Chivy. Il 
n'est pas plus que le précédent marqué sur la carte d'Etat 
major, tandis qu'il est parfaitement indiqué sur la carte 
de M. Gallois. 

Entre Chivy et Etouvelles se trouve le confluent de 
l'Ardon avec un cours d'eau beaucoup plus important, le 
Sart-l'Abbé. Ce ruisseau prend naissance dans la forêt de 
de Saint-Gobain près du château dit Sart-l'Abbé (et non 
Serf-l'Abbé, comme l'écrit la carte d'État major). 11 fait 
tourner les divers moulins de Molinchart, passe entre 
Laniscourt et la ferme ïierret, à Clacy,où il reçoit un petit 
ailluent qui vient du champ de manœuvre et qui n'est 
séparé du ruisseau précédemment cité que par la voie 
ferrée. 



Le ruisseau de Sart-FAbbé continue son chemin vers le 
S., et après avoir reru les eaux du marais de Mons-en- 
Laonnois, il va rejoindre TArdon. 

En aval du moulin de Chivy, TArdon décrit un grand 
circuit, qui contourne le monticule sableux d'Etouvelles. 
On a rectifié son cours par un canal traversant ce massif 
de sable dans une légère dépression. 

Le ruisseau de Belïecourt rejoint TArdon dans le coude 
même, et plus loin arrive le ruisseau qui descend de 
Bourguignon. La carte a réuni les embouchures de ces 
deux ruisseaux cependant séparés par deux kilomètres et 
par un massif de sable. 

En face sur la rive gauche arrive le ruisseau de Lavai 
dont le confluent actuel se perd au milieu des fossés de 
dessèchement. 

Le ruisseau de Suzy descend du village de ce nom et 
va rejoindre l'Ailette près d'Anisy-le-Chàteau. Dans la 
première partie de son cours, il coule au S.-E. et dans la 
seconde au S.-O. Cette seconde partie située en aval du 
moulin de Manneux est dans le prolongement naturel des 
marais de Château-Roger. 

On a établi dans ce marais un canal de dessèchement 
qui unit les marais affluents du ruisseau de Suzy à ceux 
qui sont tributaires du ruisseau de Sart l'Abbé, en passant 
au S. de Molinchart. La séparation des deux marais, qui 
est bien difticile à saisir, se trouve sous la route de 
Laniscourt à Molinchart. 

Les nappes aquifères des environs de Laon sont au 
nombre de quatre. 

La plus élevée, située vers le sommet des collines, est 
contenue dans les sables à ?iummulUes lœviyata. Elle y est 
retenue par Targile qui constitue la partie supérieure de 
rassise des sables de Cuise. Cette argile, qui a une dizaine 






WWI 



— 7 — 

de mètres à Laon, d'après Melleville, correspond à l'étage 
paniselien des géologues belges. Je la nommerai pour 
cette raison argile paniselienne et la nappe aquifère 
correspondante sera la nappe paniselienne. Malgré Téloge 
qu'en faisait Melleville, elle est très souillée. En effet, la 
ville de Laon étant isolée et complètement couverte 
d'habitations, la nappe aquifère paniselienne ne peut y 
être alimentée que par les eaux pluviales, qui pénètrent à 
travers les pavés des rues. De plus, la ville s'est en quelque 
sorte construite sur place; on a tiré du sol même les 
pierres de construction. Elle est donc presque complè- 
tement escavée d'anciennes carrièi^es. On y voit souvent 
trois étages de caves. La première cave est dans le calcaire 
supérieur à la Pierre à Liard (Calcaire à iV. lœvigata) ; la 
seconde dans les calcaires inférieurs à ce banc et la troi- 
sième, qui est la plus basse, est creusée dans le sable 
glauconifère jusqu'au niveau de l'eau. Comme cette 
dernière cave est très humide, beaucoup de propriétaires, 
avec une inconscience vraiment slupéliante, Tout trans- 
formée en fojsSQ d'aiçaijce.. Que. dçit être Teau des fontaines 
et des puits alimentés par une pareille nappe aquifère. 

La nappe paniselienne existe dans toutes les collines des 
environs de Làon. Il en sort dés ruisseaux' quelquefois 
assez abondants pour faire tourner des moulins ou pour 
alimenter les fontaines et les lavoirs des villages voisins. 
Elle contribue donc pour une part assez importante à la 
composition des rivières du Laonnais. Elle leur fournit 
l'eau pluviale qui tombe sur les collines. 

La seconde nappe aquifère est celle qui a pour fond 
l'argile à lignites (Lignites du Soissonnais). 

Cette assise si caractéristique du Laonnais et du Soisson- 
nais diminue beaucoup d'épaisseur vers le nord. On la 
trouve encore très développée à Urcel. Elle se continue 
le long de la colline qui va d'Urcel à Bruyères, mais en 



— 8 — 

s'amincissant fortement; à Vorges et à Bruyères, elle n'a 
pas plus d'un mètre, si même elle existe. On ne peut 
constater sa présence que par de petits suintements que 
Ton voit à la surface du sol, vers le bas des collines. 

De même dans le plateau de Montarcène, l'argile à 
lignites, si épaisse à Chaillevois et Chailvet, diminue vers 
le Nord. A Lanniscourt et surtout à Mons en-Laonnois, 
elle n'est plus représentée que par un ou deux mètres 
d'argile grise, que signalent de petites sources sans impor- 
tance. On en voit une par exemple à la sortie de Mons-en- 
Laonnois sur la route du fort, à la borne hectométrique 6. 

Sur la colline isolée de Laon, l'argile à lignites man- 
que presque complètement. Cependant dans les grandes 
sablières qui sont sur les flancs N. et E. il y a de petites 
couches argileuses et ligniteuses qui tiennent la place de 
l'argile à lignites. Voici la coupe que j'ai relevée avec 
M. Gallois d'une des deux sablières actuellement en 
exploitation entre Vaux et Ardon : 

Sol argilo-sableux, sommet de la carrière . . 1" 

Sable blanc fin 0"80 

Argile sableuse grise 1»50 

Argile noire séparée en 2 lits par un banc de 

sable 0»20 

Sable blanc 2" 

Sable jaune 20" 

Les couches argileuses que Ton trouvait à ce niveau du 
côté de la gare étaient plus ligniteuses. 

Melleville qui avait été témoin de la construction de la 
nouvelle rampe d'Ardon attribue aux argiles l'épaisseur 
de 2™50. 11 ajoute qu'elles forment de simples amas de 
lenticulaires. 

Elles ne produisent donc pas de sources dans la mon- 
tagne de Laon et elles ne sont pour rien dans la formation 
des marais qui l'entourent. 



"- 9 — 

I^ troisième nappe se trouve dans les sables d'Ostricourt 
(sables de Bracheux), retenue par Targile de Vaux. 
Melleville a désigné sous le nom d'argile de Vaux (*) la 
coucbe tertiaire la plus ancienne des environs de Laon. 
Il y a quelques années on pouvait l'observer dans 
les fabriques de tuiles, de briques et de chaux situées 
près du passage à niveau de Vaux, des deux côtés du 
chemin de fer. La carrière au S. de la voie est aujourd'hui 
presqu'entièrement comblée par des immondices. En 1883, 
on y voyait (*) sur la craie une couche d'argile noire 
plastique de l'"o() d'épaisseur, contenant à la base des 
dents de Requins (^) et un peu plus haut des débris 
d'Ustrea hellovacina. Au-dessus il y avait une argile 
sableuse verdâtre dont les fossiles, quoiqu'assez nombreux, 
étaient trop mauvais pour être déterminables. 

Quelques années auparavant la carrière située au N. du 
chemin de fer m'avait fourni les coupes suivantes : 

LJmon avec galets de craie à la base .... 2"'50 

Sable veut argileux . 1» 

Argile jaune et grise panacbée l" 

Argile noire l'"50 

Craie 

Dans un point de la carrière l'argile noire devenait plus 
sableuse; elle était remplacée par une sorte de tufïeau 
argileux, qui présentait à la base une ligne de gros galets 
noirs. Cette modification minéralogique concordait avec 
une disposition ditïérente de la surface de la craie. Celle-ci 
au lieu d'être horizontale comme on la voit toujours 
lorsqu'elle est couverte par Targile, présentait des poches 
d'un mètre de profondeur (*). 

(1) MELLEyiLLE : Bull. Soc. géol. France, 2* S-, XVII, p. 712. 

(2) QUEVA : Ann. Soc. géol. du Nord, X, p. 259. 

(3) Ch. Barrois : Ann. Soc. géol. du Nord, VI, p. 342. 

(4) GossELET : Ann. Soc. géol. du Nord, VI, p. 337. 



— 10 — 

L'argile de Vaux était exploitée à Ardon, à Semilly, à 
Leuilly pour faire des tuiles; aujourd'hui, tuileries et 
exploitations ont disparu. 

Melleville avait remarqué depuis longtemps que Targile 
de Vaux n'est pas constante, qu'elle manque dans bien des 
endroits. Les fossiles qu'il y a recueillis entre autres : 
Pholadomy a Koninki, Arca crassatina, Cyprina scutellaria 
prouvent bien que c'est le représentant argileux du tuffeau 
de la Fère. (*) 

Il se pourrait que l'argile de Vaux contribuât pour une 
bonne part à la nature marécageuse du sol d'alentour de 
Laon. L'emplacement actuel de la gare était occupé par un 
marais. 

Néanmoins elle ne donne pas lieu à une véritable nappe 
aquifère, car, là où elle existe, elle est presque toujours 
superficielle, ou tout au moins à une faible profondeur, 
recouverte par une mince couche de sable tertiaire ou 
pléistocène.. Elle y retient l'eau de sorte que ces sables 
sont complètement imbibés.. . . 

La 4« nappe aquifère des environs de Laon est celle de la 
craie fendillée. 

La craie qui forme la pilaînè au N. de Laon est de la 
craie blanche, compacte, par conséquent, peu perméable 
par elle-même, mais laissant passer l'eau par ses fissures. 
Il arrive souvent que la surface supérieure de la craie 
a été très fendillée, plus ou moins désagrégée, d'une 
manière locale et sur une profondeur très variables. Il en 
résulte qu'il y a à la tète de la craie une nappe aquifère 
irrégulière, mais qui peut être très abondante. Elle est 
d'autant plus riche que tout autour de Laon le limon est 
très sableux ; il passe au sable pur (sable de Sissonne de 
de M. Barrois) ; le ruissellement y est donc faible et 
l'absorption de la pluie presque totale. 



(1) HEBERT : Bull, Soc. géol. France, t S., XI, p. 657. 



-< Il — 

' Dans tous les points où la craie affleure aux environs de 
Laon, il y a des sources. L'Ardon sort de la craie à Saunoir 
et tout le long de son cours jusqu'à Vaucelles, il y a des 
pointemeuts de craie. 

Si la surface de la craie fournit une nappe d'eau impor- 
tante il ne semble pas qu'il y ait de Teau dans l'intérieur 
de l'assise. Un sondage fait à Montreuil en 1832 n'a rien 
produit, bien que l'on soit allé jusqu'à 305»". Il est vrai que 
l'on cherchait de l'eau ascendante. 

Ainsi diverses nappes aquifères contribuent à constituer 
l'état marécageux de la plaine laonnaise. La nappe panisé- 
lienne alimente les dernières ramifications des ruisseaux ; 
l'argile de Vaux donne au sol la plasticité et l'imper- 
méabilité qui favorise l'épanouissement des marais, en 
même temps qu'elle retient l'eau dans les sables super- 
ficiels; enfin la craie est un foyer de sources aussi 
abondantes que constantes. 

M. Parent lit la note suivante de la part de l'auteur : 

AUuvlon orayense des rims de /'Oise (Senercy) 

par A. Rabelle 

La voie ferrée de raccordement à l'usine de Senercy a 
amené la coupe de la falaise sur environ 400 mètres de 
longueur. 

Cette coupe montre une alluvion crayeuse où les 
fragments de craie du volume d'un poids à celui d'une 
petite noix dominent de beaucoup ; on y trouve des 
fragments de belemnites, ce qui prouve que les éléments 
de l'alluvion viennent d'un petit rayon, la limite de la 
zone à belemnite ne remontant qu'à quelques kilomètres. 

Vers le tiers supérieur de la coupe il y a une bande 
continue de 0,30 à 0,40 où l'alluvion devient limoneuse et 
de couleur gris cendre. 



Vers le bas on voit un simple lit de petits silex i^clatés. 

Cette même aliuvion a été tranrbée, sur la rive droite, 
par une nouvelle voie ferrée, à Berthenicourt et on y a 
trouvé des ossements. 

En haut de la grande fairsise d'Origny et formant 
remplissage sur la craie on voit, à la carrière de la 
sucrerie, cette aliuvion mais plus argileuse et présentant 
une belle coupe d'ergeron à éléments crayeux un peu gros. 

A la Ferté, S., on voit également sous une puissance de 
plusieurs mètres le même ergeron. M. d'Archiac l'avait 
remarqué et il en dit ce qui suit : « Sur le territoire de La 
Ferté-Clievresis, à la sortie du Bois-Tilleul, l'alluvion 
ancienne est mêlée d'une grande quantité de petits 
fragments de craie qui constituent presque entièrement 
le dépôt. Cette circonstance, qui, d'ailleurs, se retrouve 
assez souvent au contact de la craie, se présente aussi dans 
une carrière au S. E. de Marie. C'est une sorte de brèche 
crayeuse, incohérente, dont les éléments s'atténuent insen- 
siblement et se mêlent au dépôt argilo-sableux. 

On y observe quelques zones diversement colorées et 
des indices de stratification. Des ossements de très grands 
mammifères ont été trouvés dans sa partie inférieure, et 
nous-mêmes y avons recueilli un fragment d'os long, 
d'éléphant ou de mastodonte». 

Dans l'ergeron d'un ravin entre Ribemont et Séry je 
viens de trouver une belemnite défossilisée si je peux 
m'exprimer ainsi ; aussi était-elle d'une fragilité telle que 
malgré mes précautions, elle s'est délitée. 

Pour moi cette aliuvion est l'assise supérieure très 
développée de M. Ladrière. 

A Vendeuil la couche limoneuse contient de nombreux 
instruments de silex éclatés ; ces instruments, antérieurs, 
ont été stratifiés avec le limon. 

11 y a là toute une question à voir pour chercher d'où 



— ia — 

viennent ces silex remaniés, question intéressante au 
point de vue de Thabitat primitif de notre contrée. 

Excursion du S7 Févner 1898 
au Hamel. 

La Société descend du train à la station d'Arleux. 
Avant d'arriver au pont, sur le canal, M. Gosselet donne 
quelques explications sur la géographie physique de la 
région. 

Le canal passe dans une légère dépression entre deux 
collines ; il tranche le seuil de craie et de limon qui sépare 
la vallée primitive de la Sensée, de la vallée de la Scarpe. 
Au Sud du Pont d'Arleux, s'étend le bief de partage des 
eaux qui coulent les unes vers le N. et vers Douai ; les 
autres vers le S.-E. et Bouchain. Le bief de partage est 
alimenté par une rigole qui lui amène les eaux de la 
Sensée. Elle a été élargie et arrangée par Vauban ; mais 
elle est beaucoup plus ancienne. (^) 

La Société se rend ensuite à la sablière d'Arleux. Elle 
est située sur la route du Moulinet. On y voit 6 à 8 m. de 
sable dont la base est du sable fin verdatre et dont le haut 
à grains plus gros est coloré en jaune ou même en rouge 
par les produits d'oxydation de la glauconie. La stratitica- 
tion y est plus visible. 

La Société marche ensuite vers le Nord : Du haut d'une 
des collines entre Arleux et Estrées, M. Gosselet montre 
le canal séparant deux groupes de collines, celles de l'Ouest 
qui portent les villages d'Estrées, de Gouvy, de Bellonne ; 
celles de l'Est qui appartiennent à la chaîne d'Erchin. (-) 

On arrive aux exploitations de grès. Plusieurs trous 
sont encore ouverts. On voit que l'on exploite dès 

(1) Ann. Soc. géol. Nord, XXVI p. 25i. 

(2) Ann. Soc. géol du Nord XXVI p. 249. ' 



— 14 - 

fragments de grès irréguliers qui comblent d'anciens 
trous ou qui sont agglomérés à la base du limon. 
M. Gosselet expose que ce sont les résidus d'anciennes 
exploitations, qui ont duré pendant des siècles. 

Primitivement toutes ces collines étaient couronnées 
par des grès, on en a tiré une très grande quantité de pavés 
et de pierres de constructions que l'on tafillait sur place. 
On rejetait les débris dans les trous que Ton remplissait 
ensuite avec de la terre provenant d'une fouille voisine. 

Parmi ces débris M. Gosselet fait remarquer la présence 
d'un grès très dur d'aspect un peu cireux. 

Il est recherché dans le Pas-de-Calais pour l'empier- 
rement des routes ; on lui donne le nom de Bisette. A 
Arleux les ouvriers ne paraissent pas en connaître la 
valeur. 11 est assez abondant dans ces anciens débris 
d'exploitation, parce que, ne pouvant pas se tailler régu- 
lièrement, il était rejeté par les premiers ouvriers. 

Après que chacun eut fait collection de Bisette, on se 
dirigea vers le dolmen du Hamel. 

Dans un chemin creux, près de ce dernier village, on 
examine une tranchée dans le limon. M. Ladrière y 
reconnaît l'ergeron surmonté du limon supérieur. 11 ne 
paraît pas exister d'autre assise pléistocène dans les 
environs. 

Le dolmen du Hamel (*) a été construit avec des grès 
landenieus pris sur place. 11 est heureux pour lui et pour 
les amateurs de science qu'il soit défendu, comme 
monument historique, contre les atteintes des exploiteurs: 
il est même étonnant qu'il ait pu échapper à la rapacité 
des siècles précédents. 

Nous constatons que les grès qui constituent le dolmen 

(1) Pour la descriplion du Dolmen, voir Quarré Reybourbon : 
Les monuments mégalltlques dans les départements du Nord 
et du Pas-de-Calais, 



— V6 — 

ont une de leur surface mamelonnée et l'autre percée de 
trous, dont Torigine est très problématique. Ils sont plus 
larges que les trous visibles sur les grès de Marlemont et 
beaucoup d'autres grès du Nord, trous que Ton attribue à 
la déstructure de racines. 

Du haut du dolmen, nous apercevons la large vallée de 
la Sensée remplie d'eau ; puis en face de nous la pointe du 
menhir de l'Ecluse élevé sur la rive méridionale de la 
rivière. Les deux monuments du Hamel et de l'Ecluse 
indiquait peut-être la route qui traversait les marais de la 
Sensée. Autour du dolmen du Hamel, nous trouvons des 
restes de trous peu profonds et à côté des tas de Bisette. 

M. Gosselet expose que la Bisette ne se trouve que vers 
le sommet des collines. Quand elle est en place, comme 
cela existe autour du dolmen, elle constitue une petite 
couche de grès plus ou moins cassée et brisée dans une 
argile sableuse grise. Il la considère comme le produit 
d'une sorte de métamorphisme atmosphérique, produit 
pendant une période continentale. Ce serait un fait tout à 
fait comparable à celui que M. Barrois a signalé pour les 
grès de MarlemonL 

Au pied de la colline du Dolmen, se trouve une belle 
source; les eaux sont retenues par la couche d'argile 
landénienne située entre les sables et la craie : 

Après cette dernière observation la Société retourne 
prendre le train à Arleux. 

Séance du 16 Mars 189S 

M. Waelscappel, entrepreneur de sondages à Lille, est 
nommé membre titulaire. 

MM. Lay, Lecocq et Quarrô sont élus membres de 
la Commission des finances. 



- 16 — 

M. Gosselet annonce ta mort de M. Briart. 

La ^iHtiéié fçéologîqiie du Nord partage Je deuil des 
géologues belges. Aver M. Briart disparait un savant qui 
a reodu de grands services à la géologie de la Belgique el 
qui sVîtait concilié une sympathie universelle. En toutes 
cinronstances, même dans les discussions scientifiques, il 
restait courtois, aimable et bienveillant, alliant une grande 
franchise à une bonté toute natuielle. 

M. Briart nous a plusieurs fois acconipagné dans nos 
excursions. Il a présidé Texcursion internationale que 
nous avons organisée pour Tétude du quaternaire. Il était 
ii Cassel au jubilé de 2;> ans de notre Société. C'est un ami 
que nous fierdons. 

M. (josselet ajoute qu'il a Tintention d'aller représenter 
la Société à ses funérailles. 

M. (losselet fait la communic^atlon suivante : 

Note sur le (iite de 
Phosphate de Chaux (/'flaravesnes 

par J. Gosselet 

Le gite de phosphate de chaux d'Haravesnes qui ne 
sVtend que sur quelques hectares est le prolongement de 
celui de Huire, dont j'ai déjà entretenu la Société (*). 

Comme tous les autres gites du Nord de la France, il 
consiste en poches creusées dans la craie et remplies par 
le sable phosphaté et le bief. 

A Haravesues, comme à Buire, le sable phosphaté est 
divisé eu deux couches bien distinctes : 

La couche supérieure est le sable phosphaté jaune 
semblable au célèbre sable de Doullens; il a un mètre à 
un mètre cinquante d'épaisseur, quelquefois plus. 



(1) Ann. Soc. GéoL du Sord^ XXI, p. 5. 



— 17 - 

La couche inférieure est grise, formée essentiellement 
de nodules ou de fragments de nodules très altérés ; elle 
est remplie de parcelles noires et traversée de filaments 
argileux noirs. A Buire, où j'avais déjà observé cette 
couche, je Tavais désignée sous le nom de conglomérat. 
Son mode de formation m'avait vivement préoccupé. Je 
m'étais demandé si elle n'avait pas été remaniée avant 
d'être couverte par le sable phosphaté jaune. Le désir de 
l'étudier à nouveau, avec les idées que j'avais puisées dans 
l'observation d'autres gites, était un des motifs qui me 
conduisait à Haravesnes. 

Dans la partie sud du gisement et dans le chantier 
Bernard, les poches sont assez profondes pour laisser 
Yoir une belle coupe de la craie où elles ont été creusées. 

Voici cette coupe de haut en bas : 

A. Limon et bief 1-50 

B. Craie blanche 0"40 

C. Craie phosphatée O-iO 

D. Craie phosphatée remplie de nodules 0"10 

E. Craie blanche creusée d'un très grand nombre de perfo- 

rations remplies de craie pliosphatée (Pseudo-conglo- 
mérat) 0"30 

F. Craieblanche légèrement phosphatée, nombreuses perfo- 

rations remplies de craie phosphatée 0"50 

G. Craie blanche, très peu phosphatée, présentaDt encore 

quelques perforations remplies de craie phosphatée . 1" 

H. Craie blanche avec traînées de grains de phosphate . 0"10 

/. Craie phosphatée grise 0»30 

J. Craie phosphatée fossilifère : débris d'huitres et de 

coraux 1-20 

K. Conglomérat de nodules phosphatés dans de la craie 
phosphatée. Les nodules sont peu roulés, peu vernissés, 
maison y voit encore les perforations Intérieures des 
nodules de Fresnoy et d'Etaves - . . 0"20 

Annales de la Société Géologique du Nord, T. xxvii. 2 



_ IS — 

L. Craie blanche à lar<;es perforations remplies de craie 
phosphatée très riche en nodales i Pseudo-conglomérat). 
La craie hlanclie elle même contient des grains et des 
petits nodales de phosphate de ohanx 0"30 

M. Craie blanche montrant encore des i^erforations et 

contenant encore des grains et des nodules 0"30 

.V. Craie blanche homogène 

Il est d*abord à constater qu'H y a à Haravesnes comme 
à Hem-Monacu iM deux niveaux de craie phosphatée. Le 
niveau supérieur C, D, dont E est la base et le niveau 
inférieur I, J, K, qui n'est traversé que par quelques 
poches. 

D'autres faits montrent aussi l'analogie de ce gite avec 
ceux d'Etaves et d'Hem-Monain. La craie blanche sous la 
craie phosphatée est traversée de larç:es et irrégulières 
perforations, qui sont remplies par de la craie brune 
phospliatée. Ces perforations sopt quelquefois assez nom- 
breuses et assez larges pour . avoir donné à la roche 
l'apparence d'un conglomérat (pseudo-conglomérat), où 
des morceaux de craie blanche seraient englobés dans une 
pâte de craie phosphatée [*), Dans un seul point du chantier 
Rouzé, j'ai pu observer, à Haravesnes, le durcissement 
de la oraie que gavais vu à Étaves. l'ne petite couche de 
craie durcie de Qn^lo s'y ti-ouve intercalée entre les nodules 
de la base de la craie'phosphastée {K» et la craie blanche 
perforée ILL 

Mais' je n'ai pas vu à Haravesnes le banc de phosphate 
de chaux compact qui forme souvent à Etaves la surface 
de la craie blanche sous la craie phosphatée. Cependant la 
présence à la base de celle-ci d*un véritable conglomérat, 
K, formé de nodules de phosphate de chaux compact à 



.1» Arnu Soc Gèol. du Nord, XXIV, p. 119. 

(2) Ann. Soc. Géol. du Nord, XXI, p. iW et XXIV, p. 130. 



- 19 ~ 

surface vernissée et avec fines perforations intérieures, 
tout à fait semblables aux nodules et à la croûte de la craie 
inférieure à Fresnoy, Étaves, etc. (*), porterait à croire qu'à 
Haravesnes il y a eu aussi une couche de phosphate 
compact qui a été enlevée. 11 se pourrait cependant que 
le phosphate de chaux qui constitue les nodules, au lieu 
d'avoir fait partie primitivement d'une couche continue 
ait été à l'état de nodules enfermé dans de la craie non 
durcie et que ces nodules aient été perforés lorsqu'une 
portion de leur surface a été découverte par l'enlèvement 
de la craie ambiante. Ce qui porte à croire qu'il en était 
ainsi, c'est que les couches de craie blanche inférieure au 
conglomérat contiennent des nodules de calcaire phos- 
phaté. Ceux-ci doivent être contemporains de la craie qui 
les renferme et s'être formés à la manière des concrétions. 
En tous cas les nodules du conglomérat proviennent d'une 
couche démantelée sur place. 

Les bancs de craie blanche à larges perforations remplies 
de craie phosphatée me paraissent donner l'explication 
des sables phosphatés gris à linéoles d'argile noire. 

On sait que dans les poches de la craie, qu'elles soient 
remplies de sable phosphaté ou de sable quarzeux, il y a 
une petite couche d'argile noire qui tapisse les parois de 
craie blanche et qui présente des traces de laminage et de 
glissement, d'autant plus intenses que la poche est plus 
profonde. On admet généralement que cette argile est le 
résidu de la dissolution de la craie blanche. 

Quand le pseudo-conglomérat ou même la craie très 
perforée se dissolvent, la partie phosphatée donne du 
sable phosphaté, tandis que les portions de craie blanche 
se transforment en petits nids d'argile noire. A mesure 
que les sables descendent dans les poches, ces petites 

■ ■ » I ti u, ^— ».»»— ^— ,— ^— I » ■ I I II ,,„ 

(l) Ann. Soc. Géol. du,Nord, XXIV, p. 124. 



— m — 

pelotes d*argile s'étirent, se divisent et se mélangent plus 
ou moins intimement au sable. 

A Haravesnes, au fond du chantier Bernard, il y a une 
poche qui donne une preuve de l'exactitude de cette 
hypothèse. 

Dans ce chantier, les couches de la craie se relèvent 
vers le Nord, de telle sorte que les bancs inférieurs 
existent seuls et le sable phosphaté est formé aux dépens 
du deuxième niveau de phosphate I, J, K. La poche est 
creusée dans la craie blanche inférieure L, M, N. On y voit, 
au fond et sur les parois : 1<> du sable un peu gros, gris- 
noirâtre, qui est le résidu de la couche L de craie largement 
perforée ; 2^ du sable grossier gris, formé essentiellement 
de nodules altérés qui provient du conglomérat K; 3<> du 
sable phosphaté jaune provenant de l'altération des 
couches I et J. 

Les deux zones de sable gris et noirâtre ne se distinguent 
pas toujours bien Tune de Tautre, soit qu'il y ait eu 
mélange pendant le mouvement de descente, soit plutôt 
que la craie phosphatée qui remplit les perforations de la 
craie blanche était mélangée d'une grande quantité de 
petits nodules. C'est l'hypothèse qui me paraît la plus 
probable pour expliquer le conglomérat que j'ai observé à 
Buire et en particulier au chantier Castex où il avait 
jusque 2"" d'épaisseur en certains endroits. (*) 

Dans les poches, les sables gris ne se trouvent jamais 
au niveau de la craie phosphatée; ils n'apparaissent que 
quand le creusement a atteint la craie perforée ou pseudo- 
conglomérat. 

Le gite de phosphate de chaux d'Haravesnes est à 
l'extrémité septentrionale d'une ligne de petits lambeaux 
dç craie phosphatée qui commencent près de Vaux et que 

(1) Ann, Soc, géol. du Nord, XXI, p. 9. 



— 21 — 

* 

Ton peut suivre par Mamur, Buire, Bachîmont, jusqu'au 
delà d'Haravesnes. Les fossiles qu'on y a recueillis sont 
à ma connaissance très peu nombreux. Je n'y ai vu que 
des dents de squales. On est donc en droit de se demander 
si cette craie phosphatée appartient à l'assise à Belemnitella 
quadrata. C'est cependant l'opinion qu'il faut adopter 
jusqu'à preuve contraire, car on ne peut sans de graves 
raisons séparer les gites du groupe de Buire de ceux du 
groupe de Doullens, qui n'en sont pas bien éloignés. 

Si la craie phosphatée de Buire et d'Haravesnes 
appartient à l'assise à Belemnitella quadrata, la craie 
santonnienne ou craie à Micrastercor anguinum et Micraster 
cor testudinarium a une bien faible épaisseur de ce côté. 
En effet, à Bachimont on trouve la craie à Micraster 
brevip(yrus à 300 mètres de distance du gite de phosphate 
et à un niveau inférieur de 20 mètres à peine. En supposant 
qu'il y ait une inclinaison de quelques degrés comparables 
à celle du chantier Bernard à Haravesnes, on aurait au 
plus 30 mètres pour l'épaisseur de la craie santonnienne. 

Je rappellerai que j'avais estimé à 40 mètres l'épaisseur 
delà même craie près du gite de Fresnoy (*). 

Cette faible épaisseur est en contradiction avec ce que 
nous disent un grand nombre de sondages. Faut-il en 
conclure que la craie santonienne a une ép'iisseur très 
variable, ou que la craie à Belemnites est en stratification 
transgressive et discordante sur la craie santonienne, ou 
enfin que, dans plusieurs sondages, on a rapporté à la craie 
santonienne ce qui appartient en réalité à la craie à 
Belemnites ? La question mérite d'être sérieusement 
discutée. 



(1) Afin. Soc^ géol. du Nord^ XXIj p. 155. 



— 22 — 

M. Gh. Barroîs fait la communication suivante : 

Sur le gisement 

des roches cristallines anciennes 

du massif de Paimpol 

par Charles Barrols. 

On peut rapporter à des manifestations volcaniques 
successives, filons, coulées et projections, la venue des 
principales roches cristallines de la région de Paimpol, 
citées à tort jusqu'ici comme des exemples du métamor- 
phisme de contact. Nous énumérerons successivement ici 
les deux séries de formations sédimentaires et éruptives, 
telles qu'elles nous sont actuellement connues, en recti- 
fiant quelques données de notre rapport de 1897 au 
Directeur du Service de la Carte géologique (*). 

Roches sédimentaires 

La série sédimentaire est la suivante, de haut en bas : 

Grès armoricain à Scolites et Bilobites. 

Grès feldspathique, avec bancs de poudingue à galets de quartz» 

phtanile et cornaline (Poudingue d'Erquy). 
Scliiste pourpré. 

Scliistes noduleux en dalles, calcaires et quartzites de Plouézec. 
Poudingue de Bréhec, à galets variés de roclies sédimentaires 

et éruptives. 
Schistes et grauwackes de Saint-Lô^ 
Mica schistes et gneiss fondamentaux. 

La structure tectonique de la région, fonction des défor- 
mations éprouvées par cette série sédimentaire, paraît 
simple. Nos observations permettent de Tinterprêter 



(1) Bull. Serv. Carte géol., t. 10, 1898. 



— 23 — 

comme la résultante d'une ondulation du sol, qui aurait 
développé deux plis synclinaux parallèles, dirigés est- 
ouest, limités et séparés de part et d'autre par des voûtes 
anticlinales. Par suite de ce ride ment, la carte géologique 
présente ainsi, du nord au sud, cinq bandes parallèles, 
alternativement anticlinales et synclinales, que nous 
distinguerons comme suit : 

I. Anticlinal de Perros-Guirec, présentant successivement 
du nord au sud, et en lambeaux noyés parmi des roches 
intrusives : 1° des gneiss (Port-Béni) ; 2» des schistes de 
Saint-Lô (Keralain). 

II. Synclinal de Paimpol, ne renfermant plus de couches 
supérieures aux schistes pourprés. Il s'étend de Tréguier 
à Lézardrieux et Paimpol et correspond, par conséquent, à 
l'alignement de tous les Chefs-lieux de canton de la région. 

III. Anticlinal de la lioclie Derrien, remarquable par le 
beau développement des schistes de Saint-Lô, avec leurs 
caractères habituels élastiques, leur niveau ardoisier 
connu, et surtout par l'absence de toute roche éruplive 
associée. 

IV. Synclinal de Plourico, moins profond et moins long 
que celui de Paimpol, il s'étale sur une aire superficielle 
plus large, et offre les couches les plus récentes de la 
région, représentées par le grès armoricain fossilifère. 

V. Anticlinal de Pontrieux, continu de Mantallot à 
Plouha, et suivant lequel les roches présentent des 
caractères lithologiques variables. Les schistes de Saint Lô, 
bien caractérisés sur la rivière de Pontrieux, deviennent 
graduellement micacés et feldspathiques vers Mantallot et 
Plouha. A mesure que ces modifications métamorphiques 
se manifestent, les filons de porphyrite et variolite, 
intercalés dans cette série à Pontrieux, passent à des 
schistes amphiboliques et à des amphibolites. 



— 24 — 

Roches cristallines massives 

La série des roches cristallines massives est la suivante, en 
commençant par les plus récentes : 

1. Porphyrlte micacée et Kerzanton de Trestraou. 

2. Diabase ophitique do Pleubian. 

3. Granité à biotlte de Mantallot à Plouha. 

4. Porphyre quarzlfôre de Pors-Even, mlcrogranulites, mlcro- 
pegmatites, porphyres sphérolitlques, pélrosiliceux et fluldaux. 

5. Orthophyre de J'Arcouest, comprenant plusieurs venues 
successives dont les fiions se coupent et se disloquent. 

6. Porphyrlte à pyroxène de Kerlty, verres porphy ri tiques en 
coulées, tufs à projections. 

7. Granité à amphibole de Tréguler. 

La répartition géographique de ces roches permet de les 
répartir en deux séries : la première (n®» 1, 2, 3) ne nous 
a pas offert de relations topographiques générales ; la 
seconde au contraire (n^s 4 à 7) est liée par des relations 
définies avec la tectonique. 

Les venues de la première série, sont les plus récentes ; 
elles forment des filons minces de quelques mètres, 
groupés en faisceaux parallèles qu'on suit sur de longs 
kilomètres : on ne connaît aucune roche, en dehors de ces 
filons, qui puisse être considérée comme produit de leur 
éruption. Elles ont fait leur apparition api'ès le ridementde 
la contrée, et leurs produits superficiels n'étant protégés par 
aucun recouvrement, ont été balayés par les dénudations 
post-carbonifères. Ce fait, joint à leur identité lithologique 
avec des roches déterminées des feuilles voisines, atteste 
leur âge carbonifère. 

Les roches cristallines de Tautre série (n^ 4 à 7) sont 
plus anciennes et antérieures au ridement de la contrée : 
elles présentent avec les formations sédimentaires de la 
région des relations génétiques déterminées, de telle sorte 



— 25 ~ 

que toutes les roches éruptives observées dans les zones 
anticlinales sont intrusives (liions), tandis que celles des 
zones synclinales sont efïusives (coulées, projections). 

Dans les zones anticlinales, on retrouve les racines 
profondes filoniennes d'anciens volcans ; dans les zones 
synclinales des débris de leurs émissions ont été conservés 
à Tabri des dénudations : l'effet des dénudations a été de 
séparer les filons des coulées, et de détruire les appareils 
de sortie, necks et cratères. Toutefois Tétude lithologique 
comparée des roches intrusives et des roches effusives de 
ces massifs, révèle entre elles des analogies et des diffé- 
rences, qui permettent dans la plupart des cas de rattacher 
avec une approximation suffisante les coulées, de leurs 
filons nourriciers. 

Les levers géologiques ont eu pour premiers résultats 
positifs, la répartition des roches cristallines, si nom- 
breuses sur cette feuille, en deux séries successives, Tune 
postérieure, l'autre antérieure aux mouvements orogé- 
niques de la région ; il ont révélé, en outre, les relations 
de la série la plus ancienne, avec des phénomènes 
volcaniques antérieurs à l'époque silurienne. De nouvelles 
recherches sur le terrain nous seront nécessaires, pour 
préciser les relations de ces roches éruptives avec les 
divers massifs de granité, distincts les uns des autres par 
leur gisement et par l'époque de leur intrusion. 

L'étude analytique de la feuille de Tréguier permet, dès à 
présent, d'interpréter plus simplement la variété des 
roches éruptives de la région, en l'expliquant par les 
circonstances de leur formation. Elle est en effet la 
résultante de plusieurs facteurs, dont le partage a pu 
être tenté, et a permis de distinguer parmi ces roches les 
différences dues à leur âge, des différences qui sont liées 
à leur répartition géographique suivant divers parallèles,, 
comme aussi de celles qui dépendent de leur gisement 



— 26 — 

- « 

stratigraphique, en filons profonds où en nappes superfi- 
cielles. C'est ce que fera ressortir l'exposé succinct de la 
succession des phénomènes anté-siiuriens. 

Succession des phénomènes observés 

La structure tectonique de la région dérive d'un système 
de plis parallèles, à pendage inégalement élevé, très 
allongés de Test à ouest ; les ondes constituantes se distin- 
guent principalement de celles du reste de la Bretagne, 
parce que leurs portions synclinales contiennent, interstra- 
tifiées, de nombreuses roches cristallines et tufïacées. Les 
plis synclinaux, au nombre de deux (Plourivoet Paimpol), 
ne se poursuivent pas indéfiniment d'ouest à est, suivant 
les dépressions parallèles ; le premier est bientôt limité à 
l'est par le relèvement des couches de la Pointe de Minard, 
tandis qu'à l'ouest, vers Quemperven, il conflue avec 
celui de Paimpol. La disposition des strates, au confluent 
de Quemperven, où leurs tranches abrasées contournent 
l'anticlinal de la Roche-Derrien, montre qu'elles l'ont 
recouvert lors de leur formation ; elles n'en ont été 
enlevées que postérieurement, par dénudation, et rien ne 
permet de croire que leur dépôt ait été confiné à son pied. 
Le dépôt des schistes pourprés s'est opéré d'une façon 
uniforme dans les deux synclinaux et sur l'anticlinal de 
la Roche-Derrien ; leur ensemble appartient bien à un 
même bassin de dépôt, et la vague anticlinale de la Roche- 
Derrien, alors submergée, en représente même la partie 
centrale, profonde. Or cette bande anticlinale se trouve 
remarquablement dépourvue de roches éruptives, à 
l'inverse de celles qui l'entourent. 

L'absence de toute racine intrusive dans les parties 
profondes du bassin, ainsi offertes à l'observation grâce 
aux phénomènes secondaires de ridement et dedénudation, 



_ 27 — 

concorde avec les notions fournies paf leur structure, 
pour établir que les formations éruptîves accumulées 
dans les synclinaux sont superficielles, et venues du 
dehors. Elles ne représentent pas des culots la ccoli tiques, 
nés sur place, et portés par des racines profondes; elles 
correspondent à des épanchements sous-marins ou 
littoraux, généralement tufïacés, de nappes diverses, 
issues des régions continentales qui limitaient, au nord et 
au sud, le bassin cambrien de La Roche-Derrien. 

Ainsi à l'époque du dépôt des schistes pourprés, Tétage 
des schistes de Saint-Lô formait déjà des rivages émergés, 
sur lesquels s'espaçaient des volcans en activité. Ces vieux 
volcans, depuis lors démantelés et privés de leur appareil 
de sortie, necks et cratères, montrent cependant par la 
répartition de leurs racines iiloniennes et de leurs coulées, 
qu'ils dépendaient de deux centres distincts, localisés de 
part et d'autre du bassin, sur les anticlinaux de Pontrieux 
et de Perros-Guirec, où nous les décrirons successivement. 
Nous noterons toutefois auparavant, que l'activité volca- 
nique avait débuté dans le Trégorrois avant l'époque 
cambrienne, puisqu'on trouve des galets roulés de granité, 
d'obsidienne, et de porphyrites dans les poudingues qui 
constituent la base de ce terrain, dans l'anse de Bréhec et 
dans celle des Sévignés. 

Volcan du massif anticlinal de Pontrieux, — Les roches 
volcaniques venues de ce massif anticlinal, offrent leur 
plus beau développement dans la dépression synclinale 
de Plourivo où elles s'étalent en nappes interstratifiées. 
Elles gisent en filons, au sud de ce bassin ; elles se montrent 
en filons et en coulées, à l'est ; les coulées deviennent de 
plus en plus prépondérantes sur les filons, à mesure qu'on 
avance de l'est vers le nord-est, où bientôt ellesNprésentent 
des parties vitreuses passant à l'obsidienne, associées à des 
roches de projection; enfin au nord, et assez loin de ce 



— 28 — 

côté, les projections dominent, associées à de minces 
coulées, à des sédiments élastiques, parfois complètement 
envahis par la pluie des matières projetées. Il semble 
donc bien, qu'on retrouve ici un ancien volcan ; on en 
foule les projections, bombes, cendres et lapilli, à Ploué- 
zec, Kérity, Guilben, les coulées scoriacées ou vitreuses et 
massives à Yvias, La Magdeleine, Plouézec, et enfin les 
racines profondes filoniennes, autour de Saint- Jean. On 
peut hésiter à reconnaître au sud de Fry-an-daou-dour, 
des parties plus profondes de ces racines ou des venues 
plus anciennes, dans les filons de diabase et de variolite 
qui se trouvent dans les schistes de Saint-Lô. Les mani- 
festations les plus basiques de ce volcan sont des porphy- 
rites à pyroxène ; les plus acides, sont les porphyrites à 
amphibole passant aux orthophyres dTvias à Pléhédel. 

Volcan du massif anticlinal de Perros-Guirec. — Ce massif 
offre des produits éruptifs plus acides que le précédent, et 
répartis sur une aire beaucoup plus étendue. Les filons 
sont groupés suivant deux champs principaux, l'un de 
Penvenan aux Héaux, l'autre de Camlez à l'Arcouest ; de 
part et d'autre, la succession est la même, des venues 
successives d'orthophyres à acidité croissante, se coupent 
sous forme de filons, enclavant des débris des parties 
antérieurement consolidées. Des venues de porphyre 
quarzifère succèdent aux orthophyres, ainsi coupés par 
des filons de microgranulite et de micropegmatite avec 
variétés sphérolitiques. C'est au sud de ces champs de 
filons, de Trédarzec à Ploubazlannec, que s'observent de 
vastes coulées d'orthophyres feuilletés, parfois tuflacés, 
souvent altérés, et des coulées étendues de porphyres 
pétrosiliceux fluidaux, plus ou moins vitreux et sphéro- 
litiques. 

Ainsi les roches éruptives du massif anticlinal de Perros- 
Guirec (SiO^ = 62 à 75) sont plus acides que celles du 



— 29 — 

massif anticlinal de Pontrieux (SiO* = 57 à 68) : leur 
ensemble paraît former une série continue, antérieure au 
Silurien et d'ége Cambrien; les orthophyres les plus 
acides du massif méridional correspondant aux roches les 
moins acides du massif septentrional. Les manifestations 
volcaniques les plus anciennes de la région ont débuté 
par les termes les plus basiques, et ils sont cantonnés 
au sud du bassin sédimentaire ; les éruptioiis suivantes 
devinrent graduellement plus acides, et leurs points de 
sortie sont concentrés au nord de ce bassin de Plourivo- 
Paimpol. Des traits communs à tous les produits de ces 
massifs sont fournis par la pauvreté en CaO et la richesse 
relative en K»0 et Na«0. 

M. de Parades communique les sondages suivants : 
Sondages aux environs de Lille 



Forage au tissage de tUnion, rue de Tourcoing à lioubaix 

fait par M. Videlaine 



Altitude 


Profjndear 














Epaisseur 


33 




Argile sableuse (limon). ... 5 




5 


Sable vert mouvant. . 






2 




n 
/ 


Gravier (diluvium) 










2 


24 


9 


Glaise grise • . 










4.20 




13.20 


Glaise bleue . 












24.55 


. 5 


37.75 
38 60 
48.20 


Sable noirâtre. 
Sable durci. . . 
Sable noirâtre. 












0.95 

9.»?0 

18.45 


34 


66.65 


Glaise bleue. . 




* 








15.85 


50 


82,50 
85.80 


Craie sableuse. . 
Silex purs . . . 












3.30 
6.20 


59 


92 


Craie et dièves . 












20.50 


80 


112.55 
115.20 


Calcaire carbonifère 
Dolomie 


• • 




i 




2.65 
12.90 




128.10 


Fin du sondage 










t 


• 



^30 — 

Forage chez M, Wauquier, tanneur à Mouveaux, 
fait par M. Videlaine 

Epaisseur 

Terre végétale 0.80 

Limon jaunâtre 3.20 

Sable jaune 2 

Glaise . 1.20 

Sable 0.70 

Glaise jaune , 5.50 

Glaise bleuâtre sableuse ... 5.40 

Glaise bleue. 45.10 

Sable durci 8.30 

Glaise pure brune 22.15 

Glaise bleue 9 25 

Craie 19.20 

Dièves 17.50 

Calcaire carbonifère dolomilique 23 
Dolomie avec fissures .... 9 

Fin du sondage 

Séance du 24 Avril 1898 

M. Georg, libraire à Lyon, est nommé membre de la 

Société. 

• • • 

La Bibliothèque royale de Berlin est admise à 
recevoir les publications aux mômes conditions que les 
membres. 

M. Gosselet présente de la part de M. Piérard un 
échantillon de calcaire carbonifère d'Eclaibes couvert de 
Chonetes Llangotlehsis. 

M. Leriche présente de magnifiques échantillons de 
spongiaires de la craie de Lezennes, que M. Ch. Barrois 
vient de préparer de manière à en montrer la structure. 
Presque tous* ces spongiaires de Lezennes ont été donnés 
par M. Décocq. 



Altitude 


Profondeur 


45 






0.80 




4 


39 


6 




7.20 




7.90 




13.40 




18 


- 18 


63.10 




71.40 




93.55 


- 58 


103.30 


- 77" 


122.50 


- 94 


139 




162 




171 



— 31 — 
Il lit ensuite la note suivante ; ■ ■ 

j 

Sur les Hexaotinellides de la Craie de Lezennes 

par Charles Barrois. 

La craie de Lezennes fournissant le seul gisement 
fossilifère des environs de Lille, a été souvent explorée 
par les membres de la Société géologique du Nord. Aussi 
ont-ils doté le musée de l'Université d'une belle collection 
de ces fossiles; plusieurs ont été figurés et décrits dans 
nos Annales, Tétude des Spongiaires a été plutôt délaissée. 

Cependant M. Cayeux a récemment attiré Tattention sur 
rintérêt que présentent leurs débris, et sur leur impor- 
tance pour la genèse des dépôts. Il a reconnu que tous 
les débris de spongiaires fournis par le lavage de la craie 
sont pseudomorphisés par la glauconie ou la calcite, et 
exceptionnellement par la pyrite et la limonite. D'après 
lui, les spicules monoaxes prédominent sur toutes les 
autres et appartiennent en partie aux Monactinellides, ; 
Les Tetractinellides ont laissé des débris à tous les 
niveaux, sauf dans la craie d'Ennequin : leur maximum 
de fréquence est réalisé au sommet du Turonien (zone à . 
M, breviporus). La fréquence des Lithistidœ est tout-à-fait 
exceptionnelle. Les Calcisponges ne se trouvent guère que 
dans le Turonien. Les Hexactinellides ont laissé leurs 
premiers vestiges, en la région, dans le premier tun ; ils 
se montrent avec quelque fréquence dans le banc de Um ; 
c'est dans le banc des roux que leurs débris sont les plus 
répandus. On peut dire que quant aux Spongiaires, les 
craies sénoniennes de Lezennes sont caractérisées par le3 -^ 
Hexactinellides. 

Mais la détermination spécifique de ces spongiaires a 
été négligée jusqu'ici; c'est que leur détermination ne. 



— 32 — 

peut être faite que d'après de très bons échantillons, et 
qu'ils ont passé jusqu'ici pour très rares. Leur préparation 
est toutefois devenue facile et amusante, depuis que le 
tour américain des dentistes a été introduit dans les 
laboratoires de géologie. Grâce à cet instrument, j'ai pu 
dégager et mettre en valeur un certain nombre de 
spongiaires de la zone à M, cortestudlnnrium de Lezennes 
et je puis en donner une première lisle. 

Coscinopora in/undibuli/ormis, Gold. 
VentricuUtes aicyonoïdes, Mant. 

» mammillarlsj T. Smith. 

» angustatuSy Koem. 

» cribroêus, PhlU. 

» impressus, T. Smllh. 

Callodyction angustatunif Hinde. 
Poroehonia simplex, T. Smith. 
Cœloptyehium noo. sp. cf. agaricoïdes, Gold. 
Plocoscyphia e le g ans, T. S mit h. 

La faune d'Hexactinellides de Lezennes se distingue 
nettement par ses caractères spécifiques de celle de la 
zone immédiatement sous-jacente à M. breviporus, telle 
qu'elle se montre, riche en Spongiaires, dans la région 
voisine de l'Aisne. Cette zone nous a fourni plus d'espèces 
nouvelles que la précédente; nous y avons reconnu parmi 
les espèces les plus communes : 

Craticularia digitatay T. Smith. 
Plocoscyphia coaleêcenSy Roem. sp. 
Ventrlculites radiatua, Mant. 

La liste spécifique des Spongiaires de Lezennes est 
entièrement composée d'Hexactinellides, je n'y ai reconnu 
aucun individu appartenant à un autre ordre. Un nombre 
extrêmement restreint d'Hexactinellides ont conservé leur 
composition initiale : les spicules en opale sont extrême- 



— 33 - 

ment rares, ils sont généralement remplacés par de la 
pyrite, et transformés en limonite. Sur ces tissus en 
limonite sont parfois fixées directement des huîtres qui 
ont conservé leur composition initiale en calcite. 

Cette limonite, quand elle est dégagée avec soin, ce qui 
n'est pas difficile avec le tour américain, nous conserve les 
formes des spicules avec la plus grande netteté, quant à 
leur contour et à leur agencement. Il est ainsi facile de 
voir et de distinguer sur ces échantillons les spicules du 
squelette, des spicules diversement différenciés qui forment 
sur les surfaces libres un tissu réticulé diiTérent de celui 
des parties profondes. Les Spongiaires de Lezennes 
méritent ainsi d'être cités parmi ceux des meilleurs 
gisements dont Tétude se recommande aux spongiologistes. 

M. Leriche fait la communication suivante : 

Géologie de la Forôt de Saint-Oobain 
par M. Leriche 

Pendant les vacances de Pâques, j'ai eu la bonne for- 
tune d'accompagner M. Gosselet dans une de ses excur- 
sions à travers le Laonnois, dont il a entrepris la carte 
géologique. 

C'est le résumé des quelques observations faites pendant 
notre séjour dans la forêt de Saint-Gobain que je vais 
essayer d'exposer, 

La forêt de Saint-Gobain s'étend à l'O. du Laonnois sur 
une surface d'environ 4000 hectares. 

Elle est limitée au N. par l'Oise ; à l'O et au S. par 
l'Ailetle ; à l'E. par le ruisseau de Suzy, affluent de l'Ai- 
lette et par la voie ferrée de Laon à la Fère. 

Elle se divise en deux parties qui se distinguent par une 
différence d'altitude très prononcée : 



Annales de ta Société Géologique du Nord, T. xxvii. , 3i 



1^1 partie orientale ou Haute- 
Forêt est la plus importaiile, 
elle repose sur le massif de St- 
Gobain iloiit l'altitude moyenne 
est de 180 mètres; 

Lu partie occidentale ou Basse- 
Forêt (altitude moyenne 100"') 
est s»'-parée de la premiêi-e par 
un escarpement assez abrupt au 
pied duciuel coule le ruisseau de 
Servais. 

Ix sol de la fortH est exclu- 
sivement formé par le terrain 
éocène dont les difféi-enles 
assises présentent une inclinai- 
son générale vers l'O. Une coupe 
faite à travers la forêt dans la 
direiliou E. 0. mettra ce plon- 
gement en évidence. 

La craie I.Vl, qui est invisible 
dans la vallée de l'Ailette, vient 
affleurer dans la plaine qui 
s'étend à l'K. du massif de Sl- 
Cobain : elle est exploitée à 
Crépy. où elle se trouve à une 
altitude supérieure à celle de la 
vallée précitée. 

On peut faire la même consta- 
tation surlessablesde Bracheux 
(Bil qui, dans la vallée de l'Ai- 
lette, sont à une altitude de 
30 mètres, tandis qu'à l'E. du 
massif, entre Fressaucourt et 
Kounlraiu. ils s'élèvent jusque 
près de la cùle 100. 



— 33 - 

La géologie de la Basse-Forêt n'offre que peu dlntéret ; 
on n'y rencontre que les sables de Bracheux, Targile 
à lignites et en quelques points les sables de Guise dont la 
base renferme quelques galets. 

La Haute-Forêt, au contraire, est très intéressante aussi 
rétudierons-nous avec quelques détails, 

Landénien, — Les assises inférieures du Landénien (Bi) 
sont invisibles ; on soupçonne toutefois leur présence 
dans le ravin de Saint-Nicolas, où, grâce à leur nature 
argileuse, elles retiennent les eaux qui forment tout une 
ligne d'étangs. 

Quant aux sables de Bracheux (B2) ils n'apparaissent 
qu'à la base du versant oriental du massif. 

SparnacieiK C. — L'argile à lignites forme autour de 
la forêt un cordon continu dont l'afïleurement est parfois 
dissimulé par les éboulis. Tandis qu'à l'O, et au S. elle 
n'apparaît que tout à fait à la base du massif^ elle en 
occupe à TE. et au N. la partie moyenne du tiers inférieur. 
Dans les talus de la^^oute de Saint-Gobain à Servais on 
peut voir son contact avec les sables supérieurs. 

Au débouché de la vallée du Passage, près de Barisis, 
à Servais et à l'O. de Fourdrain, les affleurements sont très 
fossilifères ; malheureusement, les fossiles sont brisés et 
et les ornements ont disparu de sorte qu'une détermi 
nation précise devient presque impossible. 

L'argile à lignites se rencontre encore à l'intérienr de 
la forêt, où elle a été entamée par les ravins profonds qui 
découpent le massif. 

Suessoîiien, 1). — Les sables de Guise acquièrent un 
développement considérable, ils atteignent souvent 30 
mètres d'épaisseur. 

Dans les tranchées du chemin de fer de Ghauny à Saint 
Gobain qui en donnent de magnifiques coupes, ils sont 



— % — . 

extrêmement fossilifères. La liste des fossiles des sables 
de Cuise ou de Mons-en-Pévèle ayant souvent figuré dans 
les Annales, il nous semble inutile de la reproduire ici. 

Patmélien. E, — Les sables de Cuise sont surmontés par 
une formation peu épaisse, mais constante dans tout le 
massif. Elle est souvent à TJtat de sables grossiers et 
glauconieux, plus rarement à Tétat de marnes glauco- 
nifères. On a dans cette formation l'équivalent de la 
glauconie du M^ Panisel. 

Parisien. F. — Le calcaire grossier forme au bord des 
ravins un escarpement très abrupt, parfois dépourvu de 
végétation, et communiquant alors à la contrée un aspect 
ruiniforme. Nous distinguerons dans cet étage un certain 
nombre d'assises. Parmi celles-ci, il en est une, l'assise à 
Nummulites lœdgata, qui, par sa constance dans tout le 
bassin de Paris, constitue un point de repère extrêmement 
précieux. 

Assise inférieure. — Nous désignerons sous ce nom tout 
ce qui est compris entre le Panisélién et l'assise à Num- 
mulites lœcigata. 

Cette assise inférieure est représentée dans le massif de 
Saint-Gobain par un calcaire sableux et iridhle k Hostellnria 
ampla et, Nummulites Lamarki. Celle ci est souvent 
accompagnée d'une autre nummulite beaucoup plus 
grande, très mince et généralement onduleuse : ce n'est 
qu'une variété de la N, lœiigata. 

Dans la plupart des cas, le calcaire à Nummulites 
Lamarki dont l'épaisseur est de 5 à 6 mètres repose 
directement sur le Panisélién. En certains points 
cependant, il existe entre les deux formations des dépôts 
qui sont tout à fait sporadiques. C'est ainsi qu'aux 
grandes carrières de Saint-Nicolas, on trouve entre les 
sables paniséliens et le calcaire à Nummulites Lamarki 



4 à 5 m. de sables jaunes renfermant de nombreuses 
concrélions (têtes de chat) activement exploitées pour 
Tempierremenl. 

A rO. de Suzy, le calcaire à Nummulites Lamarki 
semble avoir singulièrement perdu de son importance. 
En même temps qu'il diminue d'épaisseur, on voit s'in- 
tercaler entre son banc inférieur et le Panisélien des grès 
à gros grains de quartz et de glanconie. Ces grès sont 
parfois transformés en une arène très grossière également 
glauconieuse. 

Le grès et l'arène des environs de Suzy sont absolument 
identiques à ceux qui constituent dans le massif de 
Montarcène l'assise inférieure du calcaire grossier. 11 est 
probable que si le ravinement pleistocène n'avait pas 
isolé le massif de Saint-Gobain de celui de Montarcène, il 
eût été possible de voir le calcaire à Nummulites Lamarki 
passer entièrement au grès glanconieux. H est donc 
logique de considérer le calcaire à Nummulites Lamarki 
comme un faciès du grès glauconieux. 

Assise à Nummulites lœvigata. — L'assise à Nummulites 
lœmgata est formée par un calcaire très dur absolument 
pétri de nummulites. L'abondance de ces coquilles dis- 
coïdales a frappé les habitants qui, en désignant la 
roche sous le nom de pierre à liards ont parfaitement 
traduit sa structure. 

En quelques points du massif le calcaire se désagrège 
et s'ameublit, les nummulites alors mises en liberté se 
rencontrent par milliers à la surface du sol. 

La pierre à liards atteint rarement plus de deux mètres 
d'épaisseur. 

Assise à Uitrupes. - L'assise à Ditrupes est aussi cons- 
tante et aussi facile à reconnaître que l'assise précédente. 



— 38 — 

Elle est représentée par un calcaire renfermant d'innom- 
brables Ditrupa sîratujulata; elle mesure de 1 à 2 mètres 
d'épaisseur. 

Assise à Miliolites. — Cette assise dont la puissance varie 
entre 5 et 8 mètres est constituée par un calcaire à grains 
lins caractérisé par l'abondance des Miliolites. C'est dans 
ce calcaire que sont creusées les nombreuses carrières 
souterraines des environs de Saint-Gobain. 

On peut établir dans l'assise à Miliolites trois niveaux 
paléontologiques importants. Ceux-ci n'ont- évidemment 
pas de lignes de démarcation bien tranchées : le passage 
de l'un à l'autre se faisant d'une manière insensible, il en 
résulte que les limites qui pourront être tracées seront 
tout-à-fait arbitraires. 

Le niveau inférieur est caractérisé par Ceritliium gigan- 
teum qu'on rencontre à l'état de moule à la base de la 
plupart des carrières souterraines. 

Le niveau moyen est remarquable par les nombreuses 
Orbitolites complanata qu'il renferme. Les Orbitolites ne 
sont pourtant pas toutes localisées à ce niveau ; on les 
rencontre déjà, mais beaucoup moins fréquemment dans 
l'assise à Ditrupes; nous les retrouverons aussi plus haut, 
à la base du calcaire à Cérithes, où elles sont d'ailleurs 
assez rares. 

Le niveau supérieur à Lucines et à Natices est beaucoup 
moins visible que les deux niveaux précédents. C'est dans 
les anciennes carrières du bois de Saint Nicolas qu'on 
peut l'observer avec plus de facilité. 

Assise du calcaire à Cérithes. — Le calcaire à Cérithes est 
très réduit dans le massif de Saint-Gobain ; il v atteint 
rarement plus d'un mètre d'épaisseur. Il est formé par un 
calcaire très fossilifère qu'on reconnaît toujours facilement 
aux nombreux moules de Cérithes qu'il renferme. A sa 



-^ 39 — 

base, on trouve, associés aux Cérithes, des Miiiolites 
encore nombreux et quelques OrbitoUtes. 

Près de la Fontaine à la Goutte, le calcaire à Cérithes 
est surmonté par un calcaire peu épais, caractérisé 
par d'innombrables Corbules qu'accompagnent quelques 
Cérithes. 

Il eut été intéressant en étudiant les différentes assises 
parisiennes du massil de Saint-Gobain, de chercher à les 
assimiler à celles de Gassel ; mais cette question ayant 
déjà été traitée dans les Annales (*) je n'avais pas à m'y 
arrêter. 

Argile de Saint-Gobain G. — Au-dessus du calcaire à 
Cérithes, on trouve dans les parties élevées de la forêt une 
argile plastique et verdâtre que M. Gosselet a désignée 
sous le nom d'Argile de Saint-Gobain. 

Cette argile n'apparaît bien avec tous ses caractères 
qu'en un seul point : dans les tranchées de la route de 
SaintrGobain à Lâon, entre la maison forestière du Gros 
Grès et la Croix des Tables. En ce point, elle semble 
être divisée en deux parties par un lit de sable jaune. 

Partout ailleurs, l'argile est invisible ; sa présence n'est 
révélée que par la nature argileuse du sol et par les> 
sources auquelles elle donne naissance. 

Très développée aux environs de Saint-Gobain, où elle 
peut atteindre jusqu'à 20 mètres d'épaisseur, elle se 
réduit considérablement à mesure que l'on s'approche du 
bord méridional du massif ; vers Prémontré et Suzy, elle 
semble même disparaître complètement. 

A quelle assise des environs de Paris peut-on assimiler 
cette argile? Doit-on comme l'a fait d'Archiac la rapporter 
aux caillasses ou comme l'a fait M. de Lapparent la com- 

(l) J. GossELET, — Annales de 1» Société géologique du Nord. 
Tome XXIIi, 1895, page 180. 



— 40 — 

prendre parmi les sables de Bauchamps ? C'est uûe 
question qui n'est pas encore définitivement résolue ; la 
faune étant tout à fait inconnue, ou peut se ranger indif- 
féremment à Tune ou à l'autre opinion. 

Bartonien H. — Les points culminants de la forêt sont 
couronnés par des sables que Ton rapporte à ceux de 
Beauchamps et qui constituent au N. de Saint Gobain une 
série d'îlots, tandis qu'ils s'étendent au S. en une bande 
continue. 

Ces sables ne sont jamais fossilifères ; ils sont toujours 
accompagnés de galets et de grès qui atteignent parfois 
des dimensions considérables. Les grès ont été l'objet de 
nombreuses exploitations ; on les rencontre encore dissé- 
minés sur les hauteurs. 

On trouve fréquemment à la surface du plateau des 
plaquettes siliceuses qui semblent occuper la base des 
sables. Nous nous bornons à les signaler, aucune coupe 
n'ayant permis d'établir leurs relations. 

Limon L, — Le limon ne se rencontre qu'à la limite de 
l'argile de Saint-Gobain et des sables de Beauchamp de 
rsorte que sa composition n'est jamais bien fixe. Tantôt il est 
franchement argileux, tantôt au contraire, il a une nature 
sableuse très prononcée, sa limite devient alors difficile à 
tracer. 

Quelques mots sur les niveaux aquifères et sur l'hydro- 
graphie termineront, cette courte étude de la forêt de 
Saint Gobain. 

L'argile de Saint-Gobain forme un premier niveau 
^quifèrequi alimente la plupart des puits de la ville et 
d'où sortent les importantes sources de Charles-Fontaine 
et la Fontaine à la Goutte. 

Au S, de Saint-Gobain, à la Chesnoye, Targile tapisse 



— 41 - 

quelques petites dépressions où les eaux se sont accu- 
mulées pour former dés étangs. 

Le Panisélien, lorsqu'il est à l'état de marnes donne 
aussi naissance à quelques sources dont le débit est 
généralement très faible. Les filets d*eau qui s'en échappent 
n'ont qu'une existence éphémère ; après un parcours de 
quelques mètres, ils se perdent dans les sables de Cuise. 
' L'argile suesssonienne provoque la formation d'une 
*nappe aquifère importante. Au fond de tous les ravins 
qui l'entament on voit sourdre de nombreuses petites 
sources venant grossir les quelques filets d'eau descendus 
de l'argile de Saint-Gobain sans avoir été entièrement 
absorbés par les sables. 

Dans les ravins, il arrive parfois que la déclivité n'est 
plus suffisante pour permettre l'écoulement des eaux. 
Celles-ci s'étalent alors entre les deux versants et donnent 
naissance, comme à Prémontré, à des étangs assez étendus 
que la meunerie a souvent utilisés. En élevant une digue 
en aval, elle a en effet déterminé une différence de niveau 
et s'est assurée des réserves d'eau considérables. 

L'influence de l'argile glauconieuse du landénien infé- 

^rieur, ne se fait sentir qu'au N. du massif, dans le ravin 

de Saint-Nicolas, où elle constitue le fond des étangs. 

L'origine de ces derniers est al^solument la même que 

celle des étangs de Prémontré. - 

La forêt de Saint-Gobain est sillonnée par de nombreux 
ruisseaux qui, partant du centre du massif, s'irradient dans 
toutes les directions. 
- Les plus importants sont ^ 

Le ruisseau de Servais, affluent de l'Oise ; 

Le ruisseau de Saint-Lambert, déversoir des étangs de 
Saint-Nicolas, affluent de la Serre ; 
* Le Sart-l'Abbé affluent de l'Ardon ; 

Les ruisseaux de Suzy, de Prémontré et du Renault 
affluent de l'Ailette. 



— 42 — 



Compte-rendu 
de V Excursion Géologique du i«r mai 1898 
à Crèveoœur et Cambrai 
par Lagaisse 

Y assistaient : MM. Flament et ses fils, Godon (abbé), 
GossELET, Hautefeuillb, Houzé, Ladrière, Lagaisse, Lax, 
Lebrun, Leriçhev» Meyer Adolphe, M^yer Paul, Perger, 
Salmon, Smits, Vaillant, M™» Vaillant. 

Arrivés à Masnières nous nous dirigeons derrière TéglisQ, 
vers une carrière de craie blanche sénonienne à silex.. 
Quelques lits de ces silex disparaissent brusquement et 
nous signalent une faille. 

A deux kilomètres de là, contre la route qui mène à 
Crèvecœur, une ancienne exploitation nous montre uii« 
couche immédiatement inférieure : la craie turonienne à 
Micraster bremporus, craie glaucoùieuse, parfois phos- 
phatée. A la partie supérieure, elle se divise en plaquettes 
fossilifères. 

A Crèvecœur, grâce à Tobligeance du propriétaire, nous 
Tisitons une cave creusée dans le diluvium. Nous y remar- 
quons deux couches de sable alternant avec deux couches de 
silex; la couche supérieure est un sable grossier, grisâtre, 
qui n'est autre que le sable grossier du quaternaire 
inférieur. Un peu plus loin un trou fraîchement creusé 
permet de voir, outre les couches que nous venons 
d'observer, quelques autres qui leur sont supérieures, 
savoir : une glaise assez bariolée que surmonte un lim^on 
plus foncé représentant un ancien sol végétal. Environ 8"^50 
de terrain de remplissage recouvrent ce limon. 

Quant au pléistocène moyen et supérieur, nous le 
r<e]ajControns à quelques pas, le long de la route qui 



^ 43 --. 

mène à Cambrai, routa en pente, flanquée de deux talus 
élevés. M. Ladrière nous y montre, à partir du point 
culminant, et en descendant : le limon supérieur ou terre à 
brique, puis Ter^cron qui peu à peu fait place au fendillé, 
A signaler entre ces deux derniers une mince couche d'une 
e.T-terre végétale ou une faible épaisseur de gravier supé- 
rieur. 

Sous le fendillé arrive le limon à points noirs; puis 
devrait venir le panaclié : nous n'avons p"u l'observer. 

Un appétit que ces deux heures de marche avaient 
fortement aiguisé nous fait enlevxT lestement l'excellent 
déjeuner qui nous attendait à Crèvecœur. 

Puis nous nous dirigeons par la Rue des Vignes vers 
l'abbaye de Vaucelles. 

Nous passons l'Escaut et bientôt nous rencontrons une 
couche d'environ cinq mètres de dilumum reposant sur la 
craie. 

Ces imporlanles couches de dihmum n'ont rien qui doive 
étonner, étant donné le voisinage du confluent de l'Escaut 
et du torrent é'Esnes. 

Bientôt nous passons sous la voûte de l'abbaye et visitons 
l'ancien cloître édifié au XIII^- siècle. C'est un vaste bâti- 
ment affecté maintenant à divers usages domestiques. 

D'énormes et lourds piliers qui n'ont pas trois mètres de 
haut, supportent l'édifice. 

Plusieurs pierres tumulaires indiquent la sépulture de 
grands personnages. Au fond est une vaste pièce en style 
roman pur. De l'église il ne reste plus que quelques 
ruines informes. 

L'ensemble de Téditice a dû être autrefois splendide. 

Parmi les pierres qui ont servi à édifier l'abbaye de 
Vaucelles, nous reconnaissons la craie grise phosphatée 
du pays; les nodules de phosphate de chaux font saillie 
sur les pierres en par'.ie effritées. 



_ 44 - 

Nous contournons ensuite le monastère, et, nous diri- 
geant vers Lesdain, nous rencontrons successivement : 

1. Brèche formée de fragments de craie blanche Inférieure 

à silex. 

2. Craie grise. 

3. Craie bréchiforme à ciment cristallisé. 

4. Craie Jaune dolomitisée. 

5. Ergeron. 

6. Terre à brique. 

Quelques pas plus loin, au Ravin de Bonabus, est une 
carrière de Mariette à Terebratulina gracilis. La brusque 
apparition de la marlette s'explique, par la faible épaisseur 
de la zone turonienne à Micraster breviporus. Et en eHet, 
au-delà de la carrière, le chemin s'élève, la craie grise 
apparaît presque aussitôt. La couche intermédiaire de 
craie à silex ne peut donc avoir ici qu'une bien faible 
épaisseur. 

A Lesdain, il s'agit de recheixher à quel niveau aquifère 
appartiennent les nombreuses sources de la Fontaine 
Glorieuse et de la Fontaine de la ville. 

Après avoir constaté qu'un peu plus bin, et à une 
altitude supérieure, on rencontre la craie blanche supérieure 
à silex, surmontant la craie grise magnésienne, M. Gosselet 
en déduit que l'eau doit vraisemblablement sortir de cette 
craie et de la craie à Micraster breriporus très peu épaisse, 
où elle est retenue par les mai4ettes. 

Ce fait important établi, nous retournons hâtivement à 
Masnières prendre le train pour Cambrai. 

Là nous visitons les derniers vestiges des anciennes 
carrières de la citadelle. Nous y voyons un affleurement 
de craie blanche que surmontent une mince couche de 
sable landénien (quelquefois avec grès) et une glaise, en 
poches larges et peu profondes. Divers lits de cette glaise 
sont noircis par des matières charbonneuses. 



— 45 — 

Quelques gros blocs de grès encore visibles autour du 
trou sont les seuls restes d'une couche assez régulière qui 
avait été exploitée avant la construction de la citadelle. 
Les grès qui n'avaient pas été enlevés à cette époque ont 
été remis au jour par le démantellement; ils viennent 
d'être taillés en pavés. 

Ces diverses constatations faites, nous nous rendons à 
l'bôtel Boissy où le diner nous attend. 

Excursion du 19 Mai 1898 
au Caillou-qui-bique 

Ont pris part à cette excursion : 

Membres de la Société 

MM. CoLNiON. MM. Lagaïsse. mm. Parent. 

Deblock. Langrand. Ronelle. 

Dewattines. Leriche. Smits. 

GOSSELET. Le VEAU. VAILLANT. 

Ladrière. a. Meyer. 

Elènes de la Faculté 

MM. Damis. mm. Lebrun. MM. Sanson. 

Dantan. Lemay. Taconnez. 

DUCAMP. Salmon. 

Personnes étrangères 

M. Anache, d'Avesnes. 

M"« Anache. 

MM. Blattner, chimiste à Loos. 

BouRGuiN, professeur à la Faculté de droit de Lille. 

Boutillier, de Paris. 

Brame, comptable à Haubourdin. 

Caplier, maire de Bettrechies. 

Cornet, professeur à l'Ecole des Mines de Mons. 



— 46 — 

MM. Decagny, de Maubeuge. 

Delannoy, pi'ofesseuL' à l'École supérieure de Roubalx. 

Leduc, Docteur à Tourcoiug. 
M"* Leduc. 

MM. Moulin, directeur de l'usine do chaux hydraulique de 

Beltrechles. 

PsRwuELz, directeur de la marbrerie de Gussignies. 

Peucelle, négociant à Lille. 

Pontet, d'Haubourdin. 

Roset, ingénieur au Seivice des eaux à Paris. 

Six, de Lille. 
M'"' Vaillant. 

La Société ayant débarqué à la gare de Bavai à 11 heures, 
on se rendit de suite à la sablière voisine. Elle est creusée 
dans les sables d'Ostricourt. La partie inférieure du sable 
est légèrement glauconieuse et à grains fins, tandis que la 
partie supérieure est blanche, grise ou jaune et à grains 
plus gros. 

Le sable est disposé par couches horizontales; mais 
plusieurs de ces couches montrent les grains de sable 
en petits lits inclinés, tantôt dans un sens, tantôt 
dans un autre. Cette disposition que les géologues ont 
appelée stratification entrecroisée est l'effet de courants 
marins qui s'exerçaient sur le rivage de la mer pendant 
l'accumulation du sable. 

Sur le sable, il y a des blocs de grès enveloppés dans le 
limon. Ces grès formaient primitivement une couche 
presque continue sur la partie supérieure du sable. Ils ont 
été complètement déchaussés à l'époque quaternaire ; 
beaucoup ont été enlevés, ce qui reste a été enveloppé de 
limon. 

M. Ladrière donne ensuite quelques indications sur la 
division du limon visible dans la carrière : 

A la partie supérieure, on voit un limon rouge brun 
qui est la terre à briques ; en dessous un limon jaune 



— 47 — 

r 

clair qui est l'ergeron ; puis vient un limon de couleur un 
peu plus foncée, qui dessine sous rescarpement une très 
légère saillie marquée par quelques louffés d'herbes ; 
c'est une variété du limon fendillé qui appartient à l'assise 
moyenne et qui peut aussi servir à faire des briques. Sa 
partie inférieure est plus sableuse, barriolée ; on peut y 
voir le représentant du limon panaché. 

Sur le limon, remplissant quelquefois des poches arti- 
ficielles creusées dansle limon, on trouve une terre noire 
charbonneuse. Ce sont les restes d'un dépôt d'immondices 
fait à l'époque romaine ; on y recueille une grande quantité 
d'ossements et de fragments de poteries romaines. 

On se rend à une autre sablière située en face de la 
première, de l'autre côté de la route. On y trouve des grès 
en beaucoup plus grande quantité. Ils sont exploités pour 
faire des pavés. * Plusieurs blocs présentent une forme 
mamelonnée très remarquable. 

A midi ){, on prend le train pour Eetlrechies et on se 
rend à la fabrique de chaux ' hj'draiïlique située contre 
la gare. M. Moulin, directeur nous gu'dedans la carrière. 
Le calcaire exploité appartient au teriain dévonique et à 
l'étage givétien. Il est en couches inclinées vers le sud de 
30 à 40°. Les couches inférieures, c'est à-dire celles qui 
sont vers le nord, ont été anciennement exploitées comme 
marbre, on y voit un banc rempli de coquilles et en 
particulier le banc à Murchisonies (jui correspond au 
marbre de Boussois et qui fait partie de la division supé- 
rieure établie par M. Ladrière (') dans les calcaires givé- 
tiens des environs de Bavai. 

Le calcaire exploité pour faire de la chaux hydraulique 
est un calcaire noir rempli de linéaments schisteux. 

M. Moulin nous communique plusieurs analyses qui en 
ont été faites. 



— 48 — 

!• Analyge par M. Moulin^ pharmacienrchimiste 

Carbonate de chaux 76.50 

Silice 19.00 

Alumine et fer 2.2) 

Magnésie 0.80 

Eau, etc 1.50 

100.00 
2* Analyse par M. yNidieM^ clilmiste-ejrpert à Valenciennes 

Carbonate de chaux 87.38 

Silice 10.40 

Alumine et péroxlde de fer 1.20 

Magn<^sle et sulfate 0.66 

Soufre 0.16 

Eau 0.20 

3* Analyse faite à VEeole des Ponts et Chaussées 

Chaux 84.60 

Silice 10.60 

Alumine 2.00 

Péroxlde de fer 2.10 

Magnésie 0.60 

M. Gosselet fait observer que ces analyses sont assez 
différentes pour conclure que la composition de la pierre 
est variable parce que c'est un mélange grossier de calcaire 
et de schiste argileux. Il remarque ensuite que l'analyse 
chimique est une façon un peu brutale d'apprécier la 
valeur des matériaux industriels. Pour les chaux hydrau- 
liques et les ciments en particulier il semble que Tétat où 
se trouve la silice, joue un rôle considérable sur la valeur 
du produit. 

Il rappelle à cette occasion l'observation faite par notre 
toujours regretté confrère Ortlieb (^) de grains de silice 

(1) Ladriére — Ann. Soc. géol. Nord, II p. 74 et VII p. 1. 
GossELET, A rdenne, p. 438. 

(2) Ortlieb. — Ann. Soc. géol. du Nord, I, p. 37. 



— 49 — 

translucide et insoluble dans un calcaire d'Hergies-lez- 
Bavai, qui lui avait été fourni par M. Ladrière. Ortlieb 
pensait que c'était de la silice gélatineuse devenue inso- 
luble lors du métamorphisme de la roche. 

La Société se rend ensuite à la marbrerie de la Société 
marbrière d'Avesnes. Le directeur M. Perwuelz guidé la 
Société dans ses ateliers. On voit successivement les 
différents marbres qui sont travaillés dans l'usine ; puis 
on visite la scierie et Tatelier de polissage. 

Le sciage se fait avec des lames de fer et du sable à gros 
grains. 

La Société admire les nouvelles meules à polir qui 
suppriment presque entièrement le polissage à la main. 

La Société sVtant réunie dans le fond de la cour; 
M. Gosselet l'entretient du marbre en général et des divers 
marbres qu'on a observés. 

« Le marbre est une pierre compacte à cassure plate assez 
dure pour prendre et conserver le poli. Vu au microscope 
il se montre formé d'un agrégat de petits romboèdres 
cristallins de calcite. Le marbre de nos pays a évidemment 
pour origine un sédiment calcaire marin plus ou moins 
analogue à la craie et au calcaire grossier. Comment le 
calcaire a-t-il durci et s'est-il transformé en marbre ? 
C'est un problème que les géologues ne sont pas encore 
arrivés à résoudre. 

La première idée fut de supposer qu'il avait été méta- 
morphisé sous l'influence de matières éruptives. Cette 
opinion, qui dominait encore il y a un demi-siècle, est 
aujourd'hui abandonnée, car on ne trouve aucune matière 
éruptive dans le voisinage de nos marbres. 

On admit ensuite que le marbre avait été durci par la 
chaleur que déterminaient les ridements de Técorce 
terrestre. Vous ven«z de constater que le marbre est à 
Bettrechies en couches inclinées. Il en est de môme dans 

Annales de la Société Géologique du Nord, T. xxvii. 4 



-- 50 — 

tout l'arrondissement d'Avesnes et en Belgique. Ces 
couches calcaires étaient primitiveraent horizontales; 
elles se sont redressées après l'époque houillère par une 
série de mouvements que Ton désigne sous le nom de 
Ridement du Hainaut. On comprend très bien que la 
chaleur développée dans ces mouvements ait pu modifier 
profondément les calcaires primitifs. 

Cette hypothèse paraît d'autant plus plausible que les 
marbres des Pyrénées et dltalie dont nous venons de voir 
des échantillons sont aussi en couches inclinées. 

Cependant je vous ai montré un marbre qui donne à 
réfléchir. C'est la brèche exploitée actuellement en 
Belgique près de Landlies et anciennement à Dourlers 
près d'Avesnes. Elle est formée de débris argileux de 
marbre de diverses natures réunis dans un ciment 
calcaire et elle existe interstratifiée au milieu du calcaire 
marbre. Lorsqu'elle s'est formée, les calcaires qui ont 
fourni ses fragments étaient déjà à l'état de marbre. Or à 
cette époque les couches n'étaient pas encore redressées. 
Ce n'est donc pas les mouvements du sol qui ont pu 
donner naissance au marbre, au moins pour les marbres 
de ce pays-ci. La marmorisation s'est faite très peu de 
temps après Ja sédimentation; elle lui est presque 
contemporaine (•). 

Les marbres du Nord et de la Belgique appartiennent 
aux deux terrains carbonique et dévonique. Ceux du 
terrain carbonique sont à la partie inférieure de ce terrain, 
sous la houille, dans l'étage dit carboniférien ou dinantien, 
ceux du terrain dévonique se trouvent à la partie 
moyenne de ce terrain dans les étages frasnien et 
givétien. 

Il ne suffit pas qu'un calcaire soit homogène, dur, 

(1) Ann. Soc. géol. du Nord, XV, p. 175. 



— SI — 

polissable, pour constituer un marbre, il faut encore qu'il 
ait une couleur agréable, puisque le marbre est essentiel- 
lement une pierre décorative. 

Sous le rapport de la couleur et de la nature des 
dessins, on peut diviser les marbres en plusieurs groupes : 

1» Les marbres unis; 2° les marbres tachetés; 3» les 
marbres veinés; 4® les marbres coquillers; 6<> les marbres 
construits ; 6» les marbres brèches. 

1° Le type du marbre uni est le marbre blanc de Carrare 
dont vous venez de voir de beaux blocs ; c'est le marbre 
statuaire par excellence. Il n'y a pas de marbre blanc 
dans notre pays, mais on y trouve des marbres noirs unis. 

Le marbre noir est assez fréquent; il constitue des 
variétés qui sont loin d'avoir la même valeur. Celui qui 
est employé le plus souvent est le noir de Basècle 
(dinantien) à grains très fins, mais gardant mal le poli et 
sujet à s'écailler. 

Le noir de Denée près de Dinant (dinantien), à grains 
plus cristallins, est le principal marbre noir; c'est celui 
qui sert à faire des pendules. Nous venons d'en voir de 
beaux spécimens. 

Le noir de Golzinne près Namur (frasnien) est aussi très 
estimé. 

Il y a aussi le noir d'Hestrud (frasnien) que vous avez 
vu également , mais dont l'exploitation est bien peu 
active en ce moment. 

Enfin il faut citer le noir d'Avesnelles (dinantien) 
anciennement exploité par MM. Hannoye et Aubry qui 
furent les fondateurs de la marbrerie d'Avesnes. 

Le marbre noir doit sa couleur à des particules charbon- 
neuses mélangées au calcaire. On peut supposer avec 
M. Dupont qu'il s'est déposé dans une mer couverte de 
.végétation, comme la mer actuelle de Sargosses. 



-«2 — 

29 Les marbres tachetés sont ceux qui présentent de 
petites taches irrégulières. Les plus communs sont des 
marbres noirs avec taches blanches. 

Nous en avons eu un exemple dans le marbre à boules 
de neiges de Gussignies;on pourrait en trouver un autre 
dans le Petit-Poité de Glageon. 

3^ Les marbres veinés sont suffisamment désignés par 
leur nom. Le plus fréquent est le Grand Antique qui 
présente sur un fond noir de grandes veines blanches qui 
sont des filons de calcite. On a remarqué que ces veines 
sont surtout abondantes lorsque le marbre a subi des 
flexions importantes qui ont déterminé de nombreuses 
«assures. Le Grand Antique peut donc se trouver partout 
et par conséquent n'a pas d'âge déterminé. 

40 Les marbres coquillers montrent des coquilles plus ou 
moins bien conservées. Généralement les coquilles sont en 
calcite blanche tandis que le fond du marbre reste noir ou 
bleu foncé. 

Le plus beau de ces marbres coquillers de notre région 
est celui de Boussois (givetien) ; il présente sur un fond 
d'un beau noir des coquilles blanches de Murchisonies, de 
Macrocheilus, de Strigocéphaies, etc. 

Nous avons rencontré dans la carrière de Bettrechies, 
un banc de marbre qui montre les mêmes coquilles que 
celui de Boussois, mais elles sont moins nettes et le fo&d 
est moins noir. 

Nous venons de voir dans l'atelier, deux autres marbres 
coquillers du givetien des environs de Bavai : un marbre 
rempli de Bellérophons et un autre de Lucines. Ce dernier 
est appelé marbre à Amandes. 

On doit encore ranger parmi les marbres coquillers le 
Petit Granité de Soignies, et des Ecaussines qui a été 
exploité anciennement à Marbaix. U est formé de débm 



— ,13 - 

de tiges d'encrines ; ces aninMcix, que I'oq a quelquefois 
nommés des Lys de mer, se composaient d*un calice 
surmonté de plusieurs bras et porté sur une tige articulée. 
Ils formaient de véritables prairies au fond des mers 
anciennes. Après leur mort, les articules se séparaient, 
s'amoncelaient au fond de la mer et y prenaient la structure 
cristalline tout en conservant leur forme. H s'est produit 
des bancs épais de ces débris réunis par un peu de calcaire 
compact. 

Le marbre Petit Granité est le plus souvent simplement 
taillé; il est très employé pour les constructions et princi- 
palement les monuments funéraires. Il a donné lieu 
récemment à un singulier procès. 

Un habitant du Midi de la France voulant élever à la 
mémoire de sa femme un monument en rapport avec la 
douleur que lui causait sa mort, commande une tombe 
en granité ; sous quelles conditions et à quel prix je n'en 
sais rien. Le fait est qu'il s'adressa à un marbrier de 
Belgique. Celui-ci lui fournit un mausolée en pierre de 
Soignies. Le veuf se récria, prétendant que ce n'était pas 
du granité. L'entrepreneur soutint que c'était le granité 
des monuments funèbres et que pour le prix convenu, on 
devait bien savoir qu'il ne pouvait livrer du granité 
d'Ecosse ou de Finlande. 

C'était un de nos anciens élèves du Lycée de Bordeaux 
qui était chargé de l'afTaire. 11 m'envoya un morceau de la 
pierre. Je dus lui répondre que ce n'était pas le granité des 
géologues, mais que dans le commerce de la marbrerie la 
pierre portait le nom de Petit Granité et même de Granité 
tout court. J'ignore comment jugèrent les tribunaux. 

Un autre marbre coquiller que nous venons de voir est 
souvent désigné sous le nom de Florence. Il est formé de 
débris de Polypiers branchus qui se sont rassemblés au 
fond de la mer près de l'endroit où vivaient ces animaux* 



— 34 — 

Celte variété de marbres coquillers conduit aux marbres 
construits. 

5° On peut appeler marbres construits ceux formés par 
des restes d'animaux, qui se développaient dans la mer 
à la façon des récifs de Coraux, M. Dupont directeur du 
Musée de Bruxelles a appelé avec raison l'attention des 
géologues sur la structure de ces marbres. 

Le plus remarquable peut-être est celui qui garnit les 
urinoirs de la station d'Aulnoye. Il vient de Belgique, 
appartient au frasnien et est composé de Stromatopores 
empilés les uns sur les autres. 

Les Stromatopores sont des êtres depuis longemps 
éteints, dont la place zoologique est peut-être parmi les 
polypiers Sertulariens, mais que je comparerai pour la 
plus part d'entre vous qui ne sont pas naturalistes, à des 
éponges. 

Les autres marbres construits ont été élevés par des 
êtres plus problématiques encore, auxquels M. Dupont 
a donné avec raison différents noms, mais dont Torga- 
nisation est encore complètement inconnue. 

Le beau marbre rouge dont nous venons d'admirer les 
blocs dans la cour est le type de ces marbres. Les orga- 
nismes qui le constituent ont été appelés Stromatactis, Us 
ont des formes sinueuses, très irrégulières. Ils sont 
accompagnés, selon les variétés, d'Encrines, de Réceptacu- 
lites, d'Acervularia et d'autres débris de coquilles. La 
pâte du marbre est un calcaire qui passe du rouge au gris 
rosé. Il est connu sous un grand nombre de noms : Rouge 
de Flandre, Griotte de Flandre, Malplaquet, etc. Il est rare 
dans le Nord, mais commun en Belgique. Nous avons 
l'habitude d'aller l'étudier en excursion géologique à 
Senzeilles et à Vodelée. Il constitue d'énormes blocs isolés 
au milieu des schistes frasniens. 



~S5- 

Les exploitations en ont été très actives pendant les 17« 
et 18« siècks. Tous les châteaux qui datent de cette époque 
en sont abondamment pourvus. C*est à lui qu'appartiennent 
les marches de marbre rose de Versailles, chantées par de 
Musset. Abandonné un moment par le goût public, il revient 
en faveur et avec juste raison, car, quand il est bien 
choisi, c'est le plus beau marbre du pays. 

Le marbre de Cousolre est formé par des sortes de 
rubans épais, gris-clair dans une pâte bleu foncé. Ces 
organismes rubannés ont été appelés Diapora. Ils s'étalaient 
les uns sur les autres et l'ensemble s'étendait comme un 
vaste et épais tapis au fond de la mer. 

Le Cousolre se trouve en couches dans le frasnien des 
environs de Maubeuge; ses couleurs un peu ternes en font 
un marbre secondaire et son abondance, par suite son bon 
marché, le répandent partout. 

Le marbre Saint-Anne actuel est du Cousolre où les 
Diapora sont moins abondants et où il y a une foule de 
taches blanches de calcite très irrégulières, très ramifiées, 
d'origine tout-à-fait inconnue. La vivacité de ces taches 
relève le fond du marbre et le Saint-Anne est plus estimé 
que le Cousolre. 

Dans le vieux Saint-Anne de La Buissière les Uiapora 
disparaissent et on ne voit plus guère que les taches 
blanches. 

Peut-être doit-on aussi ranger parmi les marbres 
construits le marbre Henriette du Boulonnais, dont nous 
venons de voir quelques exemples ; mais il n'a pas encore 
été étudié quant à l'origine de ses dessins. 

6® Les marbres brèches sont, je vous l'ai dit, formés de 
fragments de marbre différents par leur nature et leur 
couleur, réunis par un ciment calcaire. Ils sont très 
décoratifs. Je vous ai parlé précédemment de leur origine. 



- s« - 

Après avoir reraercié M. Perwuelz de sa complaisaDce à 
Hous montrer ses ateliers, la Société reprend sa marche 
sur la rive droite de THogneau. 

A Gussignies, elle rencontre une ancienne carrière, où 
Ton voit à la partie supérieure du calcaire dévonien une 
poche remplie par le sarrazin. Elle a fourni un très grand 
nombre de fossiles. La Société remarque à la base du 
sarrazin plusieurs galets de calcaire ou de grés dont la 
surface est complètement perforée par des trous dus à des 
mollusques lithophages. 

On traverse le pittoresque escarpement qui* termine le 
village de Gussignies et on se dirige vers le Caillou-qui- 
bique. 

Chemin faisant nous constatons les nombreux plis 
synclinaux et anticlinaux du calcaire givetien. 

Un de ces plis synclinaux est bien visible à la carrière 
d'Autreppe. La surface du calcaire dévonien y est horizon- 
tale par suite des dénudations, qui se sont produites après 
le redressement du calcaire et lorsque la mer crétacée est 
revenue couvrir le pays. A Autreppe, on ne trouve plus ni 
le sarrazin, ni le tourtia. Les marnes crétacées recouvrent 
directement le calcaire. On y distingue deux couches : 
l'inférieure gris-bleuâtre est caractérisée par la présence 
de Belemnites plenus ; la supérieure blanche fournît en 
Terebratalina gracilis. 

Après avoir dépassé la gare de Roisin, nous voyons 
cesser le calcaire et nous trouvons les couches suivantes 
qui plongent vers le sud en s'enfonçant sous le calcaire. 

Nous reconnaissons successivement : 

!• Des schistes calcarifères avec calcéoles; 

2^ De la grauwacke avec débris d'encrines; un banc de 
cette grauwacke est un psammite assez fin qui a servi 
pendant longtemps à polir le marbre, sous le nom de 
Rabat ; 



r- 57 - 

3^^ Le Poudingue du Caillou-qui-bique. Il y a deux bancs 
de poudingue séparés par des schistes rouges, et sous le 
banc inférieur on trouve encore des schistes rouges. Tout 
Tensemble doit-être rapporté à l'assise de Burnpt. 

Après un court séjour devant le Poudingue de Burnot, 
on a été dîner au Lapin blanc. Après le repas, M. Gosselet 
ouvre la séance. 11 annonce la mort de M. Maurice 
Hovelacque, docteur ès-sciences. Il dit combien est 
malheureuse pour la science la mort de ce savant si 
sympathique, enlevé tout jeune encore, au moment où il 
préparait un grand travail de Paléontologie végétale. La 
Société s'unit unanimement à ces regrets. 

On présente plusieurs membres nouveaux. M. Gosselet 
insiste sur quelques points de TExcursion, puis la Société 
reprend le train pour Bavai. 

En attendant le départ du train qui devait nous ramener 
à Lille, on est allé étudier la carrière de grès du Ramet. 

Cette carrière, de plus de 2 hectares de superficie, est 
ouverte dans le terrain dévonique, étage famennieu. Le 
grès y est en bancs assez réguliers plongeant d'environ SO® 
vers le N.-O. ; il fournit de bons pavés, moins bons 
toutefois que ceux des grès tertiaires que nous avons 
vus au matin. Les grès ou psammites de l'étage famennien, 
qui sont aussi exploités à Maubeuge et dans de nombreuses 
localités de Belgique, ont leurs éléments sableux disposés 
en petits lits horizontaux, parallèles à la stratification, 
les paillettes de mica présentent aussi la même disposition. 
11 en résulte que le pavé a une certaine tendance à se 
fendre .suivant la surface des lits, aussi on le taille généra- 
lement de manière a ce que la surface qui est destinée à 
porter la charge des voitures soit parallèle à la stratifi- 
cation, mais alors un autre inconvénient se produit, le pavé 
. s'exfolie à l'usure. On rencontre fréquemment dans les 



^ 58 — 

rues de Lille de ces pavés, dont la surface porte un léger 
creux, en forme de chancre ovaiaire assez irrégulier, dû à 
Texfoliation et à la disparition d*un feuillet de grains 
quarzeux. , 

Là se termine notre excursion. 



Séance du i^^ Juin 1898 

La Société élit comme membres : 

MM. Bierent, agent-comptable de la Société de la 
Providence, à Haumont. 

Cornet, professeur à l'École des Mines de Mons. 

Blattner, ingénieur-chimiste aux Etablissements 
Kuhlmann, à Loos, Président de la Société 
chimique du Nord de la France. 

Peuoelle, négociant, à Lille. 

Le Président présente plusieurs cartes agronomiques 
du département de TAisne. otïertes par Fauteur, M. Oaillot, 
membre de la Société. 

M. Lay, au nom de la Commission des finances, 
propose d'approuver les comptes de M. Defresnes, tréso- 
rier, et de le remercier de son dévouement aux intérêts 
de la Société. Cette proposition est accueillie avec des 
applaudissements. 

La Société fixe ensuite la date de plusieurs excursions. 
M. Gosselet fait la communication suivante : 

Notre confrère, M. Rigaux, m'a mené visiter les 
fondations d'une maison en construction au coin de la rue 
des Douze-Apôtres et du Parvis Saint-Maurice. 



— 59 — 

On y voit sous une épaisse couche de dëcombres : 

!• Tourbe, argileuse du côté de Saint-Maurice, plus 
tourbeuse et plus épaisse vers la rue des Ponls- 
de-Commines 1 à 2» 

2» Argile tourbeuse, plus tourbeuse vers la rue des 

Ponts-de-Com mines 1"50 

3« Argile sableuse, jaune vers Saint- Maurice, grise 

vers les Ponts-de-Com naines 1"50 

i^ Argile avec petits galets de craie 

A la base de Targiie tourbeuse n^ 2, il y a un grand 
nombre de fragments de tuiles romaines. Dans cette argile, 
à un niveau un peu plus élevé et dans la tourbe qui est au- 
dessus, M. Rigaux a recueilli des poteries du moyen-âge 
et une quantité de débris de chaussures avec forme à la 
poulaine. 

L'argile sableuse n® 3 date probablement de Tépoque de 
la pierre polie, car M. Rigaux y a fréquemment trouvé 
des instruments en silex. 

Ce savant archéologue a reconnu depuis longtemps que 
réglise Saint-Maurice avait été construite sur l'extrémité 
de la plaine et sur le bord de la vallée de la Deûle, dont le 
canal des Ponts-de-Commines était un bras. 

M. Gosselel fait la communication suivante : 

Sur la terminaison occidentale du massif ardoisier 

de Fumay 
par MM, Gosselet et Malaise 

On sait que Dumont assimile les ardoises de Fumay aux 
ardoises de Deville et de Monthermé et leur donne le nom 
de système Devillîen. Il suppose que ces ardoises avec les 
phyllades verts, les quarzites verts ou blancs qui les 
accompagnent constituent deux voûtes anticlinales au 
milieu du Revinien. 



— 60 - 

En 1868, nous avons proposé de renoncer à ropinion de 
Dumont, quant à Tassimilation des deux groupes d'ardoises 
de Fumay et de Deville ; nous avons montré que le p]i sur 
lequel se base Téminent géologue pour établir la disposi- 
tion anticlinale des quarzites de Monthermé n'est qu'un 
accident local sans importance, et que le contournement 
des assises à Fumay est dû à une série de rejets successifs 
par plissements ou bonds, qui laissent aux couches leur 
même direction. 

Quelques années après (1883) l'un de nous a repris la 
question (*). Il a démontré que la carte de Dumont est 
erronée pour le contour du massif devillien de Fumay. 
Le revinien qu'elle figure au nord d'Haybes n'existe pas. 
A ro. le système de Fumay ne s'étend pas comme le croit 
Dumont au sud de Bruly, tandis qu'il affleure au nord de 
cette localité tout le long du ruisseau du Prince jusqu'à la 
limite du dévonien. 

Nous avions déjà supposé en 1868 que le massif de 
Fumay se termine à l'O. par une faille; le travail de 1883 a 
démontré l'existence de cette faille. 

Nous venons d'étudier à nouveau cette terminaison du 
massif de Fumay pour le levé de la carte géologique de la 
planchette de Cul de Sarts. Les observations, qui étaient 
précédemment difflciles le long du ruisseau du Prince, 
viennent d'être singulièrement facilitées par l'établisse- 
ment de la nouvelle route de Couvin à Rocroi faite depuis 
trois ans. On y voit très clairement, outre les affleurements 
que l'un de nous avait indiqués, d'après quelques indices 
aperçus dans les bois, d'autres affleurements plus septen- 
trionaux, qui mettent hors de doute l'erreur que Dumont a 
commise en prolongeant son Revinien jusqu'au ruisseau 
du Prince. 

(1) GossELET. — Ann. Soc. géol. Nord, X, p. 63. 



m 



— 61 — 

Ces nouvelles constatations conduisent nécessairement à 
admettre quB le massif de Fumay se termine à l'O. par une 
faille, qu'il ne forme pas une voûte et par conséquent que 
l'assimilation des ardoises de Fumay avec celle de Deville 
n'a aucune raison pour être maintenue. 

Comme la dénomination de Devillien au massif ardoisier 
de Fumay consacre ce que nous considérons comme une 
erreur, nous donnerons à l'assise des ardoises de Fumay 
le nom de Fumacien (^). 

Venons au détail de nos observations. 

Le village de Cul-de-Sarts est sur le revînien ainsi que 
les villages de la Verte-Place et de la Petite-Chapelle situés 
sur la frontière française. Pourquoi Dumont y a-t-il figuré 
du devillien, ainsi qu'à Gué-d'Hossus en France. Nous 
ne voyons aucun moyen de l'expliquer que par une erreur 
de tracé, d'autant plus que dans son Mémoire sur le 
Terrain Ardennals [-)\ il cite comme reviuien les ardoises 
de Cul-de-Sarts, de la Verte -Place et les ardoisières 
françaises entre Regnowez, Gué-d'Hossus et Rocroi. 

L'affleurement le plus méridional des phyliades violets 
du Fumacien, est celui que Ton voit aux dernières 
maisons de Bruly contre la frontière. Au moment de notre 
passage on venait de creuser un puits d'où l'on avait 
extrait de nombreux débris de schistes. Cette couche de 
phyllade violet affleure encore plus à l'ouest, à un croisé de 
chemin dans la Taille-la-Vacîie ; elle s'arrête un peu au 
delà, car au Hétre-Joseph, à un kilomètre du Bruly, on ne 
voit plus que des débris de phyllade noire. 

A l'est du Bruly le prolongement du phyllade violet a 
été coupé par un nouveau chemin, qui suit le ruisseau du 



(1) De Fumaeum, nom ancien de Fumay. 

(2) p. 31. 



— 62 — 

dilïérent sur le territoire belge, entre rancienne route de 
Gouvin et le chemin des Censés Séverin. 

Au Bruly même, il y a une seconde bande de phyllade 
violet oHgislifère qui a été exploitée près de la place du 
village. C'était une ardoisière à ciel ouvert que Dumont a 
parfaitement connue. Il la rangeait dans son deviilien, 
ainsi que le précédent affleurement. Cette seconde bande 
du Bruly n'a pas encore été reconnue dans les environs, 
ni à l'E. ni à TO. 

La troisième bande affleure dans la Taille de la Fosse au 
sable sur le chemin qui va de la ferme Lamotte au Prè 
Lambert et sur la rive droite d'un petit ruisseau. Sur la 
rive gauche du même ruisseau, dans le prolongement des 
phyllades violets, on voit les phyllades noirs du revinien. 
On saisit là le passage de la faille qui limite les deux assises. 

A 300™ à rO. de l'affleurement ledit chemin coupe un 
chemin transversal dirigé du N. au S. Si l'on se dirige 
vers le Sud, on constate à 200™ du croisement uu affleu- 
rement de phyllade oligislifèreprolongementdu précédent. 
On ne connaît pas son parcours vers TE. ; il doit aller 
passer sous le Pré Lambert et sous le hameau du Trieux- 
Pochaux. 

La quatrième bande est sigoalée^uniquement par des 
débris de phyllade violet dans le chemin au S. du ruisseau 
des Deux Faulx. On pourrait la considérer comme dou- 
teuse, si elle ne concordait avec une bande étroite, inégale 
et irrégulière des environs de Fumay. 

La cinquième bande beaucoup plus nette se voit dans 
deux chemins creux au N. et contre le ruisseau des Deux 
Faulx. En suivant celui de gauche, nous avons vu des 
phyllades et des quarzites reviniens à 150™ de l'affleu- 
rement Fumacien. Si l'on remonte vers l'O. le ruisseau 
des Deux Faulx, on ne tarde pas à arriver à des carrières 
de quarzite revinien et un peu plus loin à l'ardoisière de 



— 63 — 

phyllade noir de la Groix-Resy où les couches plongent 
au S. 35°» E, 

C'est à la cinquième bande que Ton peut rapporter les 
phyllades rouges visibles dans les chemins à Textrémit^ 
S. du hameau de la Queue de FÉtang. 

La sixième bande, très voisine de la précédente, se voit 
dans un trou de recherches dans la Taille de TEscaillère 
et le long de la roule de Gouvin autour de la borne 44. 

La septième bande affleure au S. du hameau de la Forge- 
du-Prince; elle ne devrait peut-être pas être séparée de la 
précédente et on aurait une bande d*une grande largeur. 

La huitième bande est visible dans le hameau de la 
Forge du Prince, près de la borne kilométrique 43 et sur la 
rive droite derrière la Forge. 

La neuvième bande est coupée par la route à 400 mètres 
environ au N. de la précédente. On a tenté de Texploiter 
dans le bois du Bahy. à 80 mètres au-dessus du niveau de 
la route. Cette même bande affleure sur la rive droite dans 
le chemin qui monte vers le nord et aussi dans le chemin 
des 7 frères, où elle est accompagnée de nombreux débris 
de quarzite gris-blanc. 

La dixième bande est coupée par la route sur un 
parcours de 500»», depuis le kilomètre 42 jusqu'à l'affleu- 
rement du dévonien près du pont. Le bois étant désigné 
sur la carte comme Taille du Supré, c'est ce nom que l'on 
peut appliquer à la bande. Elle est caractérisée par la 
présence des quarzites oligislifères que Ton rencontre 
aussi dans les Longues Tailles sur la rive droite du 
ruisseau. 

Les quarzites oligislifères sont généralement rouges ou 
rougeâtres. Ils doivent leur couleur à la présence dans les 
cristaux de quarz de grains rouges d'oligiste, qui ont pris 
une teinte brune et parfois jaune sous l'influence de 
l'altération. Ils sont porphyroïdes, parce qu'ils contiennent 



— 64 — 

des cristaux de quarz plus gros au milieu d'autres beaucoup 
plus petits et tous à peu près de mêrae dimension. 

C'est une roche qui n'existe pas autre part dans 
l'Ardenne. Nous n'avons pas pu la voir en place ; on la trouve 
seulement par débris avec les phyllades oligislifères de la 
Taille du Supré et surtout en galets dans le poudingue 
gedinnien du voisinage. Si les ardoises de Fumay sont la 
base du Cambriende l'Ardenne, les quarzites oligislifères 
en sont la roche la plus ancienne. 

Le dévonien commence près du pont par du poudingue 
désagrégé et par de l'arkose en beaux rochers presque 
horizontaux dans le haut de l'escarpement et un peu 
disloqués vers le bas. 

Sous l'arkose, on trouve sur la rive droite du ruisseau 
quelques bancs en place de quarzite blanc-rosé présentant 
la même structure phorphyroîde que le précédent. Par sa 
couleur, il se rapporte également au Fumacien. 

Mais un peu plus loin, au N. du pont, il y a des blocs 
d'un quarzite gris-foncé, dont quelques-uns présentent une 
légère teinte verdâtre. Ils ressemblent à beaucoup de 
quarzites reviniens. S'ils sont de cet âge, on doit supposer 
que la faille qui limite à l'O. le Fumacien, passe entre eux 
et les quarzites roses. Rien toutefois ne s'oppose à 
admettre qu'il y a à la base ou même dans l'intérieur du 
système de Fumay quelques bancs de quarzite gris-foncé. 

Ainsi les environs de Cul-des-Sarts nous montrent un 
certain nombre de bandes de phyllades oligislifères 
semblables aux ardoises de Fumay, dont elles sont 
probablement le prolongement. Il est à remarquer qu'elles 
y sont plus serrées; les quarzites qui les séparent du côté 
de la Meuse semblent avoir presque complètement disparu. 

Peut-être plusieurs se sont-elles rejoint, en tous cas 
elles semblent avoir acquis plus d'épaisseur, et surtout 
plus d^épaisseur relativement aux roches qui les séparent. 



— 6o - 

On n'y aperçoit aucune trace de contournement. 
Néanmoins le Fumacien ne se prolonge pas vers TO. ; les 
premières roches que Ton rencontre dans cette direction 
sont du Revinien. Au N. de la Groix-Resi, le loog du 
ruisseau de Roblay, nous avons cherché en vain les 
phyllades de Fumay, nous n'avons trouvé que des débris 
de quarzile blanchis ou rougis par altération dont l'âge 
est aussi indéterminé que la position. 

M. Parent fait la communication suivante : 



Contribution 
à /'Étude du Jurassique du Bas-Boulonnais 

(Coupe de Colembert à La Capelle) 

par H. Parent 

Des travaux importants, commencés en 1897, pour 
rétablissement d'une voie ferrée entre Le Portel et 
Bonningue-lez-Ardres, ont mis à jour une partie des 
terrains jurassiques jusqu'alors cachée, connue seulement 
par lambeaux dans les carrières de la région. 

Les tranchées sont à peu près terminées entre Boulogne 
et Colembert, point où la voie pénètre dans le terrain 
Crétacé ; entre Boulogne et Le Portel et de Boulogne à La 
Capelle elles sont faites dans les terrains Kimméridien et 
Porllandien, dont les falaises sud et nord de Boulogne 
nous do inent une coupe excellente, mais en s'engageant 
dans la Forêt de Boulogne la voie traverse le Kimméridien 
inférieur, TAstartien (hameau du Croquet et des Croix), 
le Corallien près de la route de Conteville à Belle, 
rOxfordien supérieur et le Callovien aux environs de cette 
dernière localité, pour rejoindre la route de S^-Omer à 
Boulogne, après avoir rencontré le Bathonien supérieur, 

Annales de la Société Géologique du Nord^ T/XXVII. 5 



— 66 — 

^nous offrant ainsi une coupe à peu près complète de la 

. Grande oolithe aux assises à Ostrea virgula. 

Je donne dans les figures qui suivent la nomenclature 
des différentes couches telles qu'on peut les suivre entre 
jColembert et La Capelle; je reviendrai ensuite sur l'étude 
de chacun des terrains traversés en commençant par le 

'^ plus ancien. 

Partant de Colembert la voie ferrée suit, après être sortie 
des argiles du Gault, la roule de S^-Omer à Boulogne sur 
une long^ueur de trois kilomètres. Au kilomètre 45, à 
l'endroit où une route se détache à gauche vers Bellebrune, 
une première tranchée est creusée dans le terrain Batho- 
nien ; on voit, à droite de la route, dans trois carrières, 
les 'calcaires bathoniens, exploités comme ballast pour le 
chemin de fer, surmontés par des couches argilo ferrugi- 
neuses (base du Callovien); le Bathonien est formé des 
assises à Rhynchonella elegantula et à Terebratula lagenalis 
(coupe 1). 

Il y a ensuite un espace de 500 mètres en terrain plat, 
puis deuxième tranchée longue de près d'un kilomètre se 
terminant à la route de Bellebrune à Belle; on y voit 
(coupes 2, 3 et 4) : 

Un calcaire oolithique à Ciypeus Ploti (coupe 2) séparé 
par une faille des argiles ferrugineuses calloviennes 
(assise à Amm, macroceplialus) que l'on peut suivre long- 
temps; un chemin traverse la voie et un peu plus loin 

.deuxième faille faisant apparaître les calcaires à Terebratula 
lagenalis (coupe 3) ; troisième faille séparant ces calcaires 
des couches argileuses à A.maci^ocephalus (partie sup'^) ; 
deux autres failles délimitant un calcaire blanc à 
Rhynchonella elegantula (coupe 4) en couches fortement 
inclinées, puis partie supérieure de l'assise à Terebratula 
lagenalis et argiles à Amm. macroceplialus, surmontées par 
une marne grise, commençant le Callovien supérieur. 



— 67 — 

Dans celte tranchée les couches -sont d'abord fortement 
inclinées vers le Nord-Ouest (carrières de Bathonien) ; 
au-delà du calcaire à Clypeus Ploti vers le sud -ouest (très 
faible inclinaison), puis vers Touest; c*est cette direction 
qui persiste jusqu'au point où la tranchée vient rejoindre 
la route de Belle à Conteville ; à partir de cet endroit 
toutes les couches plongent vers le sud-ouest. 

Il y a un nouvel espace de quelques centaines de 
mètres en remblai et terrain plat au-delà de la route de 
Bellebrune à Belle ; ensuite tranchée ouverte dans le 
Callovien supérieur et TOxfordien (coupes 5 et 6); de 
nouveau terrain plat puis petite tranchée dans les argiles 
noires et les calcaires marneux coralliens (coupe 7) ; 
100 mètres plus loin argiles à Ostrea suhdeltoidea, partie 
supérieure du Corallien (coupe 8). La voie traverse ensuite 
la route au hameau des Croix ; on voit immédiatement 
au-delà (coupe 9) l'assise à Trigonia Bronni, Toolithe à 
Nérinées (terrain Astartien). A partir de cet endroit 1« 
chemin de fer fait un grand détour, se rapproche de la 
route de St-Omer pour revenir ensuite vers le Nord ; en 
se dirigeant vers le sud il traverse (coupe 11) des argiles 
à Ostrea deltoidea (du Kimméridien); il manque donc, 
pour que la coupe soit complète, la partie supérieure de 
l'Astartien mais de l'autre côté de la vallée, une tranchée 
montre au-dessus de l'oolithe à Nérinées un calcaire blanc 
à lithodomes (coupe 10) et un calcaire sableux à Cerithium 
Pellati, partie supérieure de l'Astartien. 

La voie passe ensuite en terrain plat sur les argiles à 
0. deltoidea observées plus haut et pénètre dans une grande 
tranchée (coupe 12), pratiquée dans les argiles gTises avec 
cordons calcaires à Ostrea virgula (assise à Amm. ortho- 
ceras) ; enfin, au-dessus de la route de St-Omer, elle entre 
dans les argiles et calcaires à Amm, caletanus. 

Les coupes suivantes ( 1 à 12) ont été prises, pour la plupart, 



— «8 — 

à droite de la tranchée, en se dirigeant de Golenibert vers 
la nier; les chitïres qui y figurent correspondent à ceux 
que je donne dans le cours du travail. 

Bathonien (') 

Assise à Clypeus Ploti^ — La coupe 2 (page 80) nous 
montre sur une épaisseur de 1"^50 un calcaire oolithique en 
plaquettes, séparé par une faille des argiles calloviennes, 
sans qu'il soit possible de constater ses relations avec les 
terrains inférieurs. 

A la base on voit une marne oolithique gris-jaune (A) 
contenant en dihon&dnce Terebratula suhmaxillata?. ..dont 
les deux valves sont séparées, brisées, souvent réduites à 
la partie cardinale. 

Cette couche marneuse, visible sur 0,40c d'épaisseur, 
est surmontée d'un calcaire à grosses oolithes (B), tendre, 
de couleur blanche, poreux à Tair, rempli de bryozoaires 
et de débris de coquilles; j'y ai trouvé deux exemplaires 
de Clypeus IHoti; les Cylindrites sont abondants (1"^/ visible). 

Les fossiles les plus communs sont : 

Cylindrites cyliadrlcus^M. L. ) de grande c. c. 

id. Tkorentiy Buo. ) taille c. 

Pseudomelania Lomtdalei^ M L. . . . r. 

Terebratula obooata^ Sow c. 

id. submaœillata, Dav. . . . c. 

Terebratula aublagenalis, Dav. ... ce. 

Rhynchonella oarians^ Schl r. 

Clypeus Ploti^ Klein a. c. 

Acrosalenia spinosa, Ag r. 

Holectypus depressus. Des a. c. 

Anabacia orbulites ? Lam a. c. 

(1) Les listes dos fossiles qui suivent sont certainement incom- 
plètes; elles sont seulement composées des fossiles caractéristiques; 
pour l'ensemble de la faune batlionienne du Boulonnais, voir 
Rigaux, Notice géol. sur le Bas-Boulon nais. 



Parmi ces diQérenU fossiles il y a quelques formes, 
comme Cli/peus Ploti, Ciflinr/rites ciiUndricus, Pseadomelania 
Lonsdalei, que l'on peut considérer comme caractéristiques 
de la Grande oolithe ; les autres existent dans tout l'étage 
Bathonien, saul la T. sublayenalix qui parait tMre localisée 
dans le Cornbrash. 

J'hésite à assimiler les couclies A et B de la trancliée à 
l'assise à Clypeus Plotiou à,rassiseà Hbynclionefla Uopkimi 
qui renferme souvent un banc à Chjpeus, (gros banc des 
ouvriers de Marquise). La marne oolithique A rappelle 
l'oolithe désagrégée à Terehratula submanllala intercalée 
dans les bancs calcaires ii /t. Hopkitisi, visible autrefois à 
Relie, d'après la notice géologique sur le Bas Boulonnais, 
de M. Rigaux. 

Assises à Htiynclionella elegantuln et à Terehratula 
lagenatis. — Les carrières ouvertes au début de la tranchée 
près de la roule de St-Omer (fig. 1, page ()9) donnent une 
coupe complète de ces deux assises ; elles offrent la 
succession suivante de bas en haut : 

(Les chiffres correspondent à ceux des coupes). 



IJ Trois bancs de calcaire blanc, marneux, assez dur, à 
cassure rosée, contenant abondamment Plioladomya lijrala : 
Im.Wc. 



— 70 — 

'La faune, assez pauvre, est identique dans les trois 
bancs : 

Rhy nchonella elegantulaf Bouch. ... ce. 

Terebratula obocata, Sow a. t. 

Ampullina VerneuLllf d'Arch c. 

Pholadomya lyrata, Sow ce. 

id. Heraulti, Ag r. 

id, soeialU, M. L. . • . . r. 

Pinna cuneata, Phill r. 

Myacitea securijormls, Phlll c. 

Acrosalenia Lamarki^ Phill c 

Anabacia Bouchardi, E. H a. c. 

Dans la tranchée (coupe 4, 1, page 85) on trouve en 
outre : 

Rhynchonella cf. HopkinsU .... « a. e. 

Nerlnœa acicula, d'Areh a. r. 

Modio^atmôrtcata, Sow. (très grande taille) a. e. 

Anatina undulata^ Sow. , r. 

Cyprina Lovoeana^ Lyc c. 

Cardlum globoÈum^ Bean ce 

Cyprlcardia caudata^ Lyc a. r. 

Arca concL.ma, ML a. e. 

Acrosalenia spinosay Ag a r. 

Hernie idarU LuciensiSj d'Orb r. 

Acrocidaris striata ? Ag. ..... a. c. 

(Je rapporte à cette espèce des radioles plats, subtriangulaires, 
bicarénés, assez semblables aux figures données par Cotteau). 

A signaler également la présence de nombreux débris 
de bois, parmi lesquels on peut reconnaître un Equisetum, 
très commun. 

Le calcaire blanc à Pholadomya lyrata a trois mètres 
d'épaisseur dans la tranchée (coupe 4, 1, page 85) ; il y a en 
ce point quelques bancs marneux, surtout à la partie 
supérieure. 



— 71 — 

2>) Argile noire. ligniteuse, jaune par endroits, contenant 
en abondance des Terebratules de grande taille, très bien 
conservées : 0.20 à 40 c/m. 

Terebratula inter média, Sow c. c. 

id, maxUlata, Sow ce. 

id. globata, Sow ce. 

id, obooata,Sow a. c. 

(Les 3 premières espèces sont souvent déformées ; la 
T. globata s'allonge et ses sillons frontaux se déplacent ; 
la T. maxillata est large et toute contournée ; elle présente 
une forme très irrégulière). 

Les autres fossiles sont : 

Rhynchonella oarians, Schlo c. 

id. badenais, Opp ce. 

id. Morieri^ Dav c. 

id. elegantula, Boueh ... a. e. 

Cardium Buckmanni, M. L ce. 

id. Strie -tlandi, M. L c. 

Panopœa securi/çrmiSy Pliil c. c. 

Geroillia subcylindrlca, M. L. . . . c 

id, tortuosa, M. L c. 

C eromy a concentrica, Sow. ..... c 

La faune de ce banc est composée uniquement de 
brachiopodes et de lamellibranches. 

3j Banc d'oolithe ferrugineuse ; calcaire marneux 
tendre rempli d'oolithes ferrugineuses, à faune trè.s 
riche : abondance de Lamellibranches [Trigonies, Astartes. 
etc.) ; la surface du banc est couverte de bivalves admira- 
blement conservés, rappelant par leur aspect les fossile» 
de Toolithe ferrugineuse de Bayeux ; 0.40 à 0.50 c. : 

Belemnite» ind. r. 

Perisphinctes subbackeriœ, d'Orb. (espèce 

de grande taille) r. 

Terebratula obooata, Sow. \ de c. c. 

id. intermedia, Sow. '. petite a. c. 

id, sublagenalis^ Dav. \ taille a. c. 



— 72 — 

Rhynchonella badennU, Opp c. 

id, elegantulay Bouch. . . a. c. 

Cylindrites Thorenti, Buv a. c. 

id, bullatus, M. L r. 

Actœon eingillatum, Terq a. p. 

Alaria trldigltata» Piette * . r. 

Chenopus Bouchard i, R. S r. 

Ampullina Michelinij d'Arch a. o. 

Turbo Daooustl, d'Orb a. c. 

Solarium pulchellum, d'Orb a. c. 

Trigonla Jlecta, Lyc ce. 

id. Bouchardij Opp c. 

id. detrita, Terq r. 

id. Griesbaehi, Lyc r. 

id. elongata, var. angustata. . . ce. 

id. id. var. lata ce. 

Macrodon hiraonensiSj M. L c. 

Ceromya concentrica^ Sow c. 

Anatina undulata^ Sow a. r. 

Panopœa securiformis, Phil ce. 

id. craasiuscula, Lyc r. 

id. Haueri, Opp r. 

Corbula inooluta, Lyc c. 

A s tarte Bathonicay Lyc ce. 

id. rotunda, Mor ce. 

id. Wiltoni, M. L a. P. 

id. boloniensiêy R. S. p. 

Jsocardia tenera, M. L c 

Cyprina Loweana, M. L e. 

Cypricardia caudata^ Lyc c. 

Cardium Buckmanni, M. L ce. 

id, Stricklandiy M. L. . . . . o. 

id. globosunij M. L a. c. 

Lucina belloha^ d'Opb c. 

id. cardioîdes, d'APch. ..... c 

Opis Leckenbyi, Lyc c. 

Nucula Waltonij M. L c 

Limopsis oolithicus^ M. L c 

Arca concinnayM. L a. c. 

Mytilus bathonicuSj Lyc ...... a. c. 

Lima gihbosa, Sow ce 



— 73 — 



Lima ooalis, Sow c. 

id. impressQt M. L a. r. 

Pecten oaganSy Sow c. 

id. peregrintiSy M. L. a. r. 

EcJiinobriissus clunicularis, Dcsh. . . a. c 

Holectypus depre»sus, Desh a. c 

Anabacia BoucharJi^E. H a. c. 

Les gastéropodes signalés sont rares ; la faune est 
composée à peu près entièrement de lamellibranches. 

Dans la tranchée on retrouve cette couche calcaréo- 
marneuse (coupe 3, page 83) avec même faune. La surface 
de rassise 3 est perforée de trous de lithophages ; au-dessus 
vient : 

4j Calcaire marneux blanc, dur, à grosses pholadomyes : 
Ph. solitaria et Homomya ^ittosa, très abondantes; 0,40 
c/m : 

Espèces peu nombreuses : 

Terebratula obooata^ Sow. (var. très 

renflée) ce. 

Terebratula digona, Sow a. e. 

Homomya g ibbosa, Sow c. c. 

id. Vezelayi, Laj. .^ r. 

Pholadomya solitaria, M. L c. c. 

id, deltoideat Sow. . , . , r. 

id. Phillipêi, Mor c. 

Myacites securiformis a. c. 



6) Calcaire oolithique feuilleté, à nombreux petits 
brachiopodes, principalement Terebratula ohovata, de 
petite taille ; 0,40 c/m : 

Terebratula obooata, Sow. ..... ce. 

id, digona, Sow a. e. 

id. Intermedla, Sow a. r. 

(fossiles rares) 

6) Calcaire blanc, très dur, à grosses oolithes irrégulicres 
et nombreux débris de coquilles; 0,40 à 0,50 c/m.; les 



74 — 



fossiles sont abondants, mais empâtés dans la roche ; vers 
Belle le même calcaire affleure (coupe 4, page 85) et fournit 
une faune variée, caractérisée par Tabondance des gastéro- 
podes (surtout Nérinées, Chenopus, Pseudomelania, Turbo, 
etc.) et de la Lima cardiiformis. 



Terebratula sublagenaliê, Dav. 

id» obooata (var. renflée) 

Rhynrhonella elegantula, Bouoh 
id» sp. f (presque lisse) 

Cylindrites Thorenti, Buv. . 
Alarla tridlgitata, Plette. . 
Chenopuê Bouchardit Rlg. . 
id. cameluê^ Plette. . 
id, balanuê y Desl. . . 
Cerithium mulUoolutum, Plette 
AmpulUna Verneuill, d'Arch. 

id. Strlcklandi, M. L 

Pseudomelania communié^ M. L 
Nerinœa bathonica, Rlg. Sauv 

id. implicata, d'Orb. . 

id. bacilluêj d'Orb. . . 
PhasianeUa tumidula. M. L. 
Turbo Daooustiy d'Orb. . . 
Pholadomy a Phillips i.MoT. . 
Panopoea securi/ormis, Phll. 
Thraeia êubcurtansata, Surv. 
Astarte rhomho'idalis,. M. L. 
Cardium Buckmanni, M. L. . 
Opis Leckenbyi, Lyc. . . . 
Limopêis oolithicuêy M. L. 
Lima cardlf/ormi»^ Sow. . . 
Pecten oagans. Sow. . . . 

id, demiêsuêt Phll. . . 
Echinobrissus cluniculariSy Des 
Anabacia Bouchardiy E. H. , 



c. c. 
a. c. 
a. c. 
r. 
c. 



a. c. 



0. 

a. c. 



a. c. 
c. 
c. 
c. 

0. 

c. e. 

c. 



a. c. 



a. r. 

0. 

a. c. 
a. c. 



a. c. 



a. r. 



a. c. 

c. 

c. 

c. 

c. 



a. c. 



a. r. 
c. 



1) Calcaire oolithique jaune, en plaquettes, très 
feuilleté, pétri de Terebratula lagenalis ; 1°»/ environ. C*est 
ce banc calcaire qui affleure vers Alincthun dans les 



7â — 



champs, un peu au-dessus de la route de St-Omer, endroit 
bien connu des collectionneurs. 
On y trouve surtout : 



Ter-ehratula lagenaliê, Schl. 
id. êublagenalis, Dav 

id. obooatay Sow. 

id, globata^ Sow. 

Rhynchonella badenêiê, Opp 
id. Morieri, Dav 

Panopœa tecuriformis, Phll 

Cardium Buckmannif M. L 

Pecten oagans, Sow. . . 

Aoieula echinatat Sow. . 

EchinobrisBus cluniculariê. Des 

Holectypuê depresêus^ Des. 

Isaitrœa limitata, Lam. . 

Anabacia Bouehardi, E H. 



c. c. 



c. 

a. c. 
a. c. 



e. 
c. 
c. 

c. c. 
c. 
c. c. 



c, 
c. 

a. c. 
c. c. 



Les brachiopodes dominent dans ce banc. 
Dans la coupe 4 (page 85), ce calcaire devient dur et ne 
peut se distinguer des couches 6 et 8 qui l'entourent. 

H) Calcaire dur, blanc-jaunâtre, -marneux, à grands 
Bryozoaires (Aspendesia cristata, Lam.) et T, lagenalis très 
eommune ; 0,30 à 0,40 c/m ; ce banc est percé de trous de 
lithodomes. Bien visible dans la tranchée (coupe 4). 

La faune est. à. peu près semblable à celle de 7, sauf 
Tabondance des Aspendesia. 

9) Marne oolithique sableuse, traversée par des lits très 
minces d'argile noire; oolithes ferrugineuses abondantes; 
0,30 à 40 c/m ; caractérisée par Pecten Rushdenensis 
répandu à profusion, ainsi que Avicula echinata. 

La faune en est très intéressante : 

Terebratula lagenalis a. c. 

Pecten Rushdenensis ce. 

Aolcula echinata c. c. 

Belemnites Pusoslanus a. r. 



— 76 — 

Rhynchonella socialis a. r. 

Oêtrea dilatata (Toutes) a. c. 

Aoicula Inœquloalols a. r. 

Pectenjibroêuê a. r. 

Les trois premières espèces sont bathoniennes et 
beaucoup plus communes que les autres; celles-ci sont 
calloviennes. 

Pecten liushdenensis peut servir de fossile caractéristique. 

Cette marne a le môme aspect et la même faune dans la 
tranchée (coupe 4, page 85). 

lOJ Banc de calcaire oolithique jaune, épais à peine de 
0,10 c/m dans la carrière, mais augmentant vers Belle ; 
dans la coupe 4 il a 0.30 c/m d'épaisseur ; il est dur, 
oolilhique et contient une Térébratule très abondante, 
forme de passage entre le T. lagenalis et le T, umbonella, 
du Callovien. J'y ai trouvé les fossiles suivants : 

Terebratula aff. lagenalis ce. 

Nerinœa bacillus, d'Orb r. 

Panopœa seeurl/ormlêf Phil c. 

Astarte rotunda, Mor c. 

Cypricardia caudata, Lyc a. c. 

Cardlum globosunit M. L o. 

Holectypuê dépressifs. Des a. c. 

Isastrœa limitata, Lam a. r. 

Anabacia BouchardC, E. H. . . ♦ . . a. o. 

La surface du calcaire 10 est corrodée et perforée. 

Observations. — La faune du calcaire blanc à Pholadomya 
lyrata contient des espèces que Ton retrouve dans le 
Gornbrash, mais les formes les plus caractéristiques et les 
plus abondantes, telles que Àcrosalenia Lamarki et Rhyn- 
chonella elegantula sont des fossiles de la Grande oolithe ; 
on doit donc voir dans les calcaires à petites pholadomyes 
l'équivalent de l'assise à llh ynchonella elegantula (Forest- 
Marble). 



— 77 — 

Les couches qui suivent appartiennent certainement au 
Cornbrash ; on peut faire dans cette assise deux divisions : 
partie inférieure ou Ton constate Tabsence de Terehratnlâ 
lagenalis, partie supérieure où ce fossile est répandu à 
profusion. 

Dans la partie inférieure de l'assise à Terehratula 
lagencdis la faune, malgré Tabsence de ce fossile caracté- 
ristique, est bien celle du Cornbrash anglais; seule la 
couche argileuse 2 qui sépare les calcaires à petites 
pholadomyes des couches supérieures, pourrait appartenir 
à la grande oolithe ; toutefois elle semble séparée nettement 
de rassise à lili, elegantula et au contraire elle passe peu à 
peu à la couche d*oolithe ferrugineuse 3 contenant une 
faune très riche, entièrement composée d'espèces du 
Cornbrash. 

Au dessus de ces deux bancs, dans les calcaires à grosses 
pholadomyes et les plaquettes à petits brachiopodes 4 et 5, 
on commence à trouver le T. lagenalis. Elle est encore peu 
commune dans le banc suivant : calcaire à Nérinées (6); 
c'est seulement dans la partie supérieure de l'assise 
qu'elle est répandue en grande quantité (couches 7 à 10). 

L^ faune de la marne oolithique 9 mérite de nous 
arrêter un instant ; cette couche contient de nombreuses 
formes batlioniennes parmi lesquelles le Pecten liushde- 
nensis, très commun, caractéristique du Cornbrash anglais, 
mais elle renferme d'autres espèces franchement callo- 
viennes et dont j'ai donné la liste plus haut, notamment : 
Ostrea dilataîa (var. minor), Belemnites Puzosianun. 

J'avais d'abord considéré cette couche marneuse comme 
un terme de passage entre le Bathonien et le Callovien, 
sans savoir dans lequel des deux terrains je devais la 
ranger. Le petit banc de calcaire oolilique (10) qui se 
trouve immédiatement au-dessus ne m'avait fourni que 
quelques formes sans intérêt et son peu d/épaisseur me 



- 78 — 

Tavait fait négliger. Dans la tranchée située entre les 
carrières de Bathonien et la route de Belle on retrouve en 
un point : (coupe 4) le même banc calcaire (10), mais plus 
épais, et dans celui-ci j*ai trouvé un certain nombre de 
fossiles, énumérés plus haut; on constate que les espèces 
calloviennes de la couche sous jacente ont disparu, et que 
la faune est entièrement bathonienne. A signaler toutefois 
la forme de la Terebratula lagenalis, qui ressemble à 
T. umhonella (sans doute forme de passage). 

J'ai observé dans le terrain Bathonien supérieur, trois 
surfaces perforées el souvent corrodées ; on peut constater, 
chaque fois que ce fait se reproduit, un changement 
de faune assez sensible ; le l*'^ ravinement se trouve 
au-dessus du banc calcareo marneux 3 ; or, il y a très peu 
d'espèces semblables dans les couches 3, 4 et les suivantes. 
Le 2« banc perforé est le n® 8 au-dessus duquel vient la 
marne à fossiles calloviens. La 3^ surface ravinée est sur 
le calcaire 10, dernier banc du terrain bathonien. 

En résumé je crois pouvoir diviser le Balhonien supérieur 
de Belle comme suit : 

Assise à Rk. elegantuia^ — Calcaire â petites plioladomyes 
P. lyrata. 

^'Argile à Terebratula maxUlata. 
i Oolitlie ferrugineuse à Trigontts et 
Partir isFÉR'* \ A sfarre« (Ravinement). 
{ T. laffenalië Calcaire à grandes pholadomyes 
abffole ou rire) j [P, solitaria). 

I Plaquettes à petits braehiopodes. 
Assise a ^ Calcaire à Nérinées. 



T. lagenaUs\ ., , , , ♦,•-,• i /• 

* J ' Calcaire en plaquettes a 7. Za//eAîa<i«. 



1 Calcaire à grands bryozoaires (Ravi- 
Partib sopér" ^ 



nement). 



(T.lagenalisJ ^ « ^ n l » 

aboDdaoïe) j Marne à Pecten nuêhdenensis. 

'calcaire à Terebratula aff, umbo, 
\ nella (Ravinement). 



— 79 — 

(En terminant l'étude du terrain Bathonien je tiens à 
remercier M. Volmant, de la Compagnie du Chemin de fer, 
qui a facilité les recherches que j'ai faites dans les carrières 
où il est surveillant). 

Callovien 

Assise k Ammonites m^crocepkalus. — La partie inférieure 
du Callovien est bien exposée dans la tranchée qui se 
prolonge jusqu'au village de Belle, sur une étendue d'un 
kilomètre, mais son étude est rendue difficile par de 
nombreuses failles qui coupent le terrain et font 
apparaître de petits lambeaux de calcaires bathoniens; 
de plus cette assise est sujette à de fréquentes variations. 
Prenons d'abord la coupe 4 (page 85) où l'assise à A. macro- 
ceplialus apparaît en son entier ; au-dessus de la marne 
oolithique 9 à fossiles oxfordiens, étudiée plus haut et du 
banc oolithique 10, commence le terrain Callovien : 

H) Argile brune sableuse, contenant en abondance des 
oolithes ferrugineuses et des plaquettes de fer; fossiles 
rares : moules de Lamellibranches ; 2 m. 50. 

12 à 18J Lits calcaires dans argile brune; à la base un 
banc calcareo-marneux (A) renferme de nombreux 
fossiles 0,20 c/ ; au-dessus en (B) on voit une argile 
ferrugineuse, (0,50 c/) surmontée par une couche argilo- 
sableuse remplie d'huîtres (C), à minerai de fer 
abondant; en suivant la voie vers l'ouest, on peut 
constater que les huîtres disparaissent pour reparaître 
plus loin; la partie supérieure de ce banc se trans- 
forme en un calcaire jaune assez dur avec nombreux 
fossiles (i^ environ). 

L'assise se termine par un lit argilo-sableux jaune- 
rouge de 0,20 c/ (D) ; il est recouvert par une argile 
grise à S. vertebralis, appartenant à l'assise suivante. 



~ 80 - 



Les fossiles recueillis dans les bancs A et C sont 



Peltoceras calloolensis, Sow. . 
Perlsphlnctes Baker iœ, Sow. . 
Delemnites Puzoifianus, cl'Orb. 
Terehraiula umbonella, Lani. . 
li/ii/nchonella socialiê, Dav. 
Oatrea cUlatata (var. minor), Sow 
Tliracia Chaueiniana, rt'Orb. . 
Fholadomya acutlcottata^ Sow. 
Pecien ûbrosuSy Sow 



a. r. 



c. c. 
c. c. 

a. C; 

c c. 
c. c. 
a c. 
c. 



et d'autres espèces peu déterminables. 

L'assise à Àmm. mncrocephalus présente en ce point une 
faune uniforme sur une épaisseur de 4"» à 4"^50 ; vers 
TEst ( coupes 2 et 3 ) les argiles de cette assise augmen- 
tent de puissance et peuvent se diviser en bancs bien 
distincts ; dans cette direction, la partie inférieure n'est 
pas visible, mais la petile Iranchée qui suit les carrières 
balhoniennes montre une couche d'argile brune ferrugi- 
neuse (il) (coupe 1, page 69) qui surmonte le banc 
oolithique 10 et disparaît sous le limon un peu plus loin 
(i"i 50 visible). 




La coupe 2 donne la succession suivante : 

\2) Calcaire marneux bleu-noir à oolilhes ferrugineuses; 
banc dur à faune très riche ; 0,20 à 30 c/m. 
13j Banc marneux jaune fossilifère ; 0,20 c/m. 
14j Marne noire ; 0,25 c/m. 



— 81 - 

La faune est identique dans ces trois couches ; la 1^^ 
renferme toutes les espèces énumérées ci-après, les deux 
autres contiennent surtout des lamellibranches : 

Macrocephaliteê macroeephaluê^ ScUlot. a. c. 

Stephnnocera» coronatum^ Brug. . . . r. 

Perisphlnctes Bakeriœ, Sow c. 

Belemnlies Pusosianus, d'Orb. . . . e. 

Terebratula umbonella, Lam ce. 

Rhynchonella sociaUê, Dav c. 

Serpula iulcata, Sow c. 

id. gordialiê, Schlot c. 

Ostrea dilatata, Sow. (var. minor.). . c. c. 

id, gregarea, Sow c. 

id. Marshiit Sow a. c. 

PectenJibrosuSt Sow ce. 

Lima alternicoita, Buv r. 

Aoicula inœquioaloiêy Sow c. 

id. ooaliSf Phil a. c. 

id. BraamburiensiSt Phil. . . . c 

id. echinata^ Sow c. 

Modiola cuneata^ Phil a. c 

id. pulchra, Phil r. 

Tfiracia Chauoiniana^ d'Orb e. c. 

Panopœa recuroa, Phil e. 

Pholadomya acuticostata^ Sow. . . . c. 

Pholadomya lyrata^ Sow a. c. 

Trigonia eloagata, Sow r. 

id. . paucicosta, Lyc r. 

id. arduenna, Buv r. 

Holectypufi depcesjus^ Des a. r. 

15j Argile ferrugineuse à fossiles rares ; nombreuses 
plaquettes de fer ; à la partie supérieure couche d'argile 
jaune à Pelwceras calloviensis ; Im/. 

16^ Bancs d'argile sableuse jaune alternant avec des 
couches argilèuses^ grises ; abondance de Tliracia Chauvi- 
niana et autres lamellibranches ; 1 m. 50 c/m. 

Annales de la Société Géologique du Nord, T. xxvil. 6 



— 82 — 

Au dessus d'uu sentier qui traverse la voie (coupe 3) 
on retrouve un des bancs d'argile jaune de 16 surmontant 
directement le terrain Bathonien (partie moyenne de 
rassise à T. layenalû) ; on peut suivre ce lit argileux 
jusqu'à l'endroit où il s'intercale au milieu des argiles 
grises de la coupe 2. 

Au dessus de cette argile jaune à Thracia Chamnniana, 
épaisse de 0,20 c/m. viennent : 

il) Argile à plaquettes de fer, terminée par un banc 
d'argile grise; 0,20 c/m. 

18j Argile sableuse colorée en brun par le fer ; 0,50 c/m. 

19 j Argile plastique grise à Serpiila vertebralis (base de 
l'assise à À. Lamberti, que l'on pourrait confondre avec 
les couches ferrugineuses du Callovien inférieur, vers 
l'ouest; cette argile se charge peu à peu de plaquettes de 
fer, jusqu'au point où elle vient buter contre une 
faille (coupe 3). 

Les argiles 15 à 18 renferment la faune suivante, que 
l'on trouve surtout dans les deux premières : 

Crustacés. 

Peltoceras calloolensls, Sow ce. 

Perlsphlnctes Bakeriœ^ Sow r. 

Belenmites PcuosianuSy d'Orb ce. 

Terebratula umbonella^ Lani ce. 

Rhynchonella socialiSy Dav a. c. 

Serpula sulcata, Sow c 

Pleurotomaria Munsterl r. 

Ostrea dllatata, Sow. (yar. mlnor). ..ce 

id. gregareay Sow c. 

Pecten jfibrosus^ Sow ce 

A oiculalnœquioaloiSf So\v c. 

Modlola cuneata, Pliil. . . . . . ■. . c. 

Thracia Chauolnlana, d'Orb. .... ce. 

Thracia curtansata, Surv. ..... r. 

Lyonèia peregrina, Lye r. 



- 83 - 

Cypricardia caudata^ Lyc. . . 
Cardium Buckmanni, Lyc. . . 
Pholadomya aoutlcoittata, Sow. 
Trigonia claoellata^ Sow, , . 



• • 



a. c. 
r. 

a. c. 
a. i\ 



Il existe entre les deux coupes que je viens de donner 
un autre affleurement de Tassise à A macrocephalus mais 
il présente peu d'intérêt. On y voit au-desssus d'une faille 
(coupe 3) les bancs supérieurs de l'assise (couches 16, 17 
et 18) ; le premier est à l'état d'argile jaune, les autres 
sont réunis en une argile brune sableuse à fragments 
ferrugineux. Un peu plus loin, dans ces mêmes argiles, 
épaisses de 2m/ environ, s'intercalent des bancs calcaires ; 
on a alors de bas en haut : (coupe 3). 




"16 -^-4-.5:6 - -3-''-l&--l?---16 6 _16. . 



Goiipo 3. 

A Argile à plaquettes ferrugineuses 
B Calcaire Jaune très fossilifère 
C Argile remplie d'O. dllatata. 
D Calcaire k O. dllatata. . . 
E ^Argile sableuse brune. . . 
F Banc argileux, ferrugineux. 



0.30 c/ra 
0.30 c/ni 
0.40 c/m 
0.20 c/m 
0.30 c/m 
0.20 c/m 



19j Argile grise, visible sur 0.50 c/m, base des argiles 
à Serpula vertebralis. 

Observations, — Ainsi qu'on peut le voir d'après les 
différentes coupes données plus haut, l'assise à Amm. 
macrocephalus présente de nombreuses variations : 1^ au 
point de vue de l'épaisseur totale qui est dé 8 mètres à 
l'est et seulement de 4 mètrçs à l'ouest ; 2® au point de vue 



— 84 — 

de la variété tfes sédinietits : des couches argilo-ferrugi- 
neuses passent sur quelques mètres d'étendue à des bancs 
calcaires ou à des argiles plastiques; les fossiles, très 
rares en un endroit, abondent un peu plus loin dans une 
même couche au point de former des bancs presque 
uniquement composés de coquilles : huîtres, etc. 

Malgré cela, on peut diviser l'assise à Amm, macroce- 
phnlus en trois parties bien nettes : 

lo A la base, argile brune sableuse, sans fossiles, 
épaisse de 2 m 50 à 3 m/. 

2« Bancs calcaires caractérisés par Ammonites w^croce- 
phalus, A, coronntus. 

3« Argiles à Ammonites calloviensis. 

A signaler dans les bancs à Amm. macrocephalus la 
présence de Trigonia arduenna, caractéristique des pre- 
mières couches calloviennes de Test du bassin de Paris 
(Ardennes et Meuse) ; Trigonia pauclcostata, du Kelloway- 
Rock d'Angleterre. Une autre trlgonie trouvée dans les 
argiles kAmm. calloviensis, Trigonia clacellata, se montre 
souvent plus haut, dans la partie supérieure de l'oxfordien. 

Ammonites calloiriensis, espèce rare en France, est très 
commune en Angleterre. 

La diminution constatée vers l'ouest dans l'épaisseur de 
l'assise à .1. mUrrocephalus ne doit pas nous étonner; 
suivant M^^^ Pellat et Rigaux elle est représentée dans la 
tranchée du Mont Despittes, au sud de Marquise, par 
0,50 c/jn de calcaire argileux et près de la gare de 
Rinxent le Cornbrash est recouvert directement par les 
argiles à Amm. Lamberti. 

Assise à Ammonites Lamherti. — Nous avons vu en 
quelques points les argiles ferrugineuses à .4mm. 
callô/ciensis surmontées par une argile grise à Serpula 



— 85 — 

tertebrcUis ; cette couche d'argile incline légèrement vers 
l'ouest (coupe 4) et forme un petit talus qui se termine à 
la route de Belle à Bellebrune : 




19 D C B A 11 10 9 8 6»i7 if 1 f 

Coupe 4. 

19j Argile grise, visible sur une» épaisseur de 3 à 4 
mètres, avec fossiles rares : 

Belemultes hastatus, Blainv. (très petites). . a. r. 

RhyncUonella socialis,DB.Y *• a. c. 

id, spothica, Lain r. 

Serpula oertebralis, Sovv. ....... ce. 

De l'autre côté de la route, après un intervalle de 
quelques centaines de mètres, on trouve l'assise à Amm. 
Lamberti en son entier : (coupe 5). 

• v^. . • ,j^ .^^^^ ^^^:^^^^^ ^V 

5'» 32 31 ?n la 29 28 27 28 25 24 232221 20 

Coupe 5. 
20j Argile marneuse grise ; 2 m/ visibleè. 

Cosmoceras Jaton^ Ziet a. c. 

Terebratula impreisa, Buch c. 

Serpula oertebralis, Sow a. c. 

Pecten Jibrosua, Sow a. c. 

O^trea (ind.) c. 

2i) Lit argilo sableux feuilleté à S, tertebralis ; 10 à 20 
c/m. 





— 86 — 

22j Argile gris-jaunâtre à Serpula vertebralis très 
abondante Im. 
23) Lit argile-sableux jaune; 20 à 30 c/m. 
26t) Argile grise fossilifère ; S, vertebralis rare : Im. 50 

Ammonites Duncanl^ Sow a. c. 

Belemnites haftatus, Blainv a. r. 

Rhynehonella ipathica, Lam c. 

Serpula oertebralis, Sow a. r. 

ici. êuLata, Sow a. r. 

25j Banc argilo-sableux jaune 20 c/m. 

26J Argile marneuse grise à moules de Lamellibranches 
4 à 5 mètres. 

21) Banc mince de calcaire marneux gris ; 0,10 c/m 

28) Argile grise à Belemnites liastatus ; i^. 

29j Argile remplie de nodules calcaires, très petits, 
augmentant graduellement vers le haut de façon à former 
un banc presque entièrement calcaire (a) à la partie supé- 
rieure ; fossiles très abondants ; Im. à lm.50. 

Amaltheuê Lamberti, Sow c. 

Belemnites hastatus, Blainv. .... ce. 

Rhynehonella spathica, Lam a. c. 

id. Pellcùti, RÏg r. 

Serpula sulcata, Sow c. 

Ostrea dilatata {minor)^ Sow c. 

(souvent roulées ou en fragments) 

Ostrea (ind.) de grande taille c. 

Aoicula inœquicalois, Sow ce. 

id, Braamburiensis, Phil. . . . c. 

Pecten ftbrosus, Sow c. 

id. giganteds f Munst : ce. 

30j Argile grise à Pecten gigantens? abondant ; (mêmes 
fossiles que couche 29 mais beaucoup plus rares) 3 m/. 



— 87 — 

31j Argile avec petits nodules calcaires, à lihynchonella 
spathica, 0,30 c. 

Avec le banc 31 finit l'assise à Amm. Lamlterti; les 
argiles supérieures deviennent noires et contiennent une 
autre faune, caractéristique de l'assise à Ammonites 
cordatus, 

Ohsej'va lions, — La partie inférieure des argiles à Amm. 
Lamherti (couches 19 à 25) correspond aux argiles 
sableuses du Wast que signale M. Pellat; l'épaisseur de 
6ni/ qu'il leur assigne au Wast est inférieure à celle des 
argiles de Belle qui ont 9 m/ au minimum, sans tenir 
compte des bancs cachés entre 19 et 20. 

Les argiles supérieures de l'assise (n"2() à 31) paraissent 
correspondre aux calcaires marneux fissiles du Wast 
visibles sur 2 m./ dans les carrières du Montaubert, 
immédiatement au-dessus des argiles kSerpula vertebralis, 
(d'après M. Pellat) ; ces bancs calcaires manquent dans la 
tranchée de Belle, mais l'argile renferme de nombreux 
nodules calcaires (banc 29) et les mêmes fossiles que ceux 
de la partie supérieure des carrières ouvertes entre 
Le Wast et la routé de St Omer. M. Rigaux réunit 
l'ensemble des argiles h A. Lamberti sous le nom d'argiles 
de Montaubert. . 

Il est nécessaire de séparer l'assise à A. Lamberti en 
deux parties comme Ta fait M. Pellat ; les couches infé» 

Heures (19 à 25) sont caractérisées par Ammonites Jason, 

. • • • . . 

Ammx)nites Duncani, Serpnla rèrtebralis, par la rareté de 
Belemnites hastatus, et l'abondance de Terebratula impre^sa. 
Au contraire la partie supérieure renferme Ammonites 
Lamberti, Aiicula inœquiralvis, Pecten giyantcus?, d'abon- 
dantes Bdmmîej hastatus (de petite taille) et Ostrea dilatata 
(var. minor). 

L'épaisseur de cette assise est beaucoup plus forte 
que celle qu'on lui attribuait jusqu'ici : M. Rigaux lui 



- 88 — 

donne 10 m.; M. Pellat, en réunissant les argiles sableuses 
du Wast et les bancs calcaires fissiles, 8 mètres seule- 
ment. Dans la tranchée les argiles a Amm, Lamberli 
sont visibles sur environ 20 m. d'épaisseur. 

OXFORDIEN 

' Assise à Ammonites cordatus, — Au-dessus du banc 31 
commenee (coupe 5, page 85) Tassise kAmm. cordatus : 

32) Argile noirâtre à fossiles très rares : 

Belemnites hastatus à la base. 

Ostrea dilatata (var. major) à la partie supérieure. 

La tranchée est interrompue au milieu de cette argile 
pendant un espace très court mais on peut suivre ce banc 
dans le ruisseau creusé sur le côté de la voie ; 11 devient 
de plus en plus noir à mesure qu'on avance vers le haut; 
on peut lui donner 10 à 15 m. d'épaisseur. 

33J Argile noire à Ostrea dilatata (très grandes) 2à 3 m/. 

34j Argile noire à Ammx)nites Mariœ ; 4 m/. 

Amaltheuê cordatuê, Sow r. 

id. Lambertif Sow, . . . . , r. 

id. Mariœ, d'Orb a. c. 

Oppelia oculata, Bean r. 

PerUphinctes pllcatLlùs, Sow a. p. 

Belemnites hastatus, Blalnv a. r. 

Rhynchonella spathica, Lam a. c. 

Terebratula impressa, Buch r. 

Ostrea dilatata^ So\y. {Y» major). ... ce. 




45 44 43 42 41 40 39 38 37 36 35 

Coupe 6. 

Coupe 6— 35j Banc de calcaire marneux gris pâle ;' 
0.20 c/m. 



— 89 — 

36J Argile ligniteuse, très noire ; 1 m. 50 c/m. 
31) Lit calcaire à nombreuses serpules (Serpula sulcata et 
autres) : 0,20 c/m. 
dS) Argile grise (blanche à Tair) ; 1 m. 50. 
39j Calcaire argileux gris-pâle ; 0,30 à 0,40 c/m. 

Amaltheuê eordatuê^ Sow a. r. 

Rhynchonella ëpathlca^ Lam c. 

Colly rites bicordatay Des r. 

Miller Icrlnus horrldua, d'Orb. .... a. c. * 

40 j Argile grise ; 1 m. 50. 

41 j Calcaire marneux gris pâle ; 0.30 c/m ( mêmes fossiles 
qu'en 39). 

42J Argile grise à Belemnites hastatus (de grande taille), 
1 m. 50 à 2 m/. 

Les couches suivantes sont visibles dans le ruisseau 
sur le prolongement du talus : 

43j Calcaire jaune (épaisseur inconnue). 
44j Argile grise. 

Les derniers bancs (42 à 44) contiennent : 

Amaltheus cordatus, Sow r. 

Belemniteê hastatuê, Blainv. (de gdc taille) a. c 

Terebratula bucculenta^ Sow r. 

Rhyndtonella spathlca, Lam c. 

Lima rigida, Sow r. 

Oêtrea dllatata, Sow. (v. major). ... c. 

Millericrinus horridus, d'Orb a. c. 

Observations. — L^assise à Ammonites cordatus est 
bien développée dans la tranchée que nous venons d'étu- 
dier ; les argiles noires ont environ 20 mètres d'épaisseur, 
les bancs calcaires supérieurs 10 mètres, ce qui fait un 
total de 30 mètres. C'est beaucoup plus que ne leur 
donne M. Rigaux qui,, réunissant les argiles et les bancs 



^ 90 — 

calcaires, leur attribue 16 mètres environ. M. Pellat 
assigne à ces mêmes couches 10 à 11 mètres d'épaisseur. 

On doit diviser les argiles et calcaires à Amm. cordaLus 
en deux parties ; à la base, les argiles noires ( 32 à 34 ) 
contiennent Ammonites Marioe ; Ammonites Lamherti, 
Ammonites oculatus, de rares Ammonites cordatus et de 
nombreuses O^^rea dilatata (v. major) ; c'est Targile du 
Coquillot de M. Rigaux désignée sous le nom d'argile 
noire du Wast par M. Pellat et exploitée dans ce village, 
un peu au nord, sur la route de Réty. 

Au-dessous les calcaires et argiles en petits bancs (35 à 44) 

•correspondent aux argiles et calcaires à Ostrea dilatata 

(major) et Millericrimis de la Liégette, étudiés par M»*8 

Pellat et Rigaux ; ce dernier les désigne sous le nom de 

Marne à Millericrinus, 

La faune y est bien différente : les Ammonites Lamberti 
et Mariœ ont disparu, V Ammonites cordatus est abondante ; 
on y trouve Belemnites hastatus, de grande taille, Collyrites 
bicordata, Millericrimis horridus, bien caractéristiques, 
dans le Boulonnais, de la partie supérieure de l'assise à 
A mmonites cordatus. 

Assise à Ammonites Martelli. — La tranchée creusée 
dans le terrain Oxfordien se termine dans les bancs 
supérieurs de l'assise à A. cordatus; quelques centaines 
de mètres plus loin une autre tranchée montre le terrain 
Corallien. Cependant entre ces d.eux points, sur un petit 
talus (coupe 6, page 88), haut à peine de 0,40 c/m, on 
remarque la surface d'un banc calcaire jaune (45) dans 
lequel j'ai trouvé les fossiles suivants : 

Belemnites ind. 

Pseudomelania heddlngtoncnsls, Sow. 
Serpula runcinatay Sow. 
id. tricarinata, Sow. 



- 91 - 

Pecten oimineuSt Sow. 
Peeten Orontes^ d'Orb. 
Osirea dllatata [major], Sow. 

id. raêtellaris, Lor. 

id. ind. (très commune). 

Les huîtres, les serpules et les peignes sont abondants. 

C'est bien la faune du calcaire d'Houllefort, étudié par 
M. Pellatà Réty, au pont de la Liégette et au pied du 
M* des Boucards. 

L'Oxfordien, en comprenant sous ce nom le Callovien et 
rOxfordien supérieur, atteint, dans la tranchée qui s'étend 
de la route de St-Omer à la route de Belle à Gonteville, 
une épaisseur de 50 à 60 mètres. Il se divise d'une façon 
très nette en plusieurs assises que je résume comme suit : 



Callovien 



\ 



Assise a i ArgUe brune sans fossiles. 
A. mac ocepfialu9^ CaAcairefikAmm.macrocephalas. 

[ Argiles à Amm. callooicnsis. 

. Argile grise à Amm. Jason, 
ASSISE A \ 5" ; I. î- 

A.Lamberti i S. oertebraliê. 

20 m/ ' Argile calcaire kAmm Lamberti, 



Oxfordlen -. 



Assise a 

A cordatus 

30 m/ 



.Argile noire à Amm. Ma^iœ, 
\ O. dllatata [major). 
j Calcairesà A mm. cordatus, Mille- 
I riarinu9. 



Assise a Calcaire d'Houlleforl à Amm. 

A Martelai m/ MarteW. 

Corallien 



Le terrain Corallien affleure dans les talus de la tranchée 
du chemin de fer, près de la route de Conteville à Belle, 
au point où la voie tourne vers le sud. Les différentes 



— 92 — 

couches qui le composent plongent régulièrement vers le 
sud-ouest, à peu près dans le sens de la voie ferrée. 
En voici la coupe (fig. 7) : 




-^-^ 52 --51:-50-49 -48---47 46 

Coupe 7. 

46j Argile noire à nodules calcaires (septaria) gris-pâle ; 
à la partie inférieure petit lit calcaire à Ostrea nana; 
5 m/ visibles. 

il) Banc calcaire jaune formé de nodules ; 0.10 c/m 

48J Argile noire semblable à 46 ; 4 m/. 

A la partie supérieure Targile devient grise et contient 
Ostrea nana. 

L'argile noire paraît au premier abord sans fossiles ; j'y 
ai trouvé toutefois, après de patientes recherches, quelques 
espèces dont les principales sont : 

Serpula Del fusai ) , 

^ r . M * V f dans l'argile. 

Ostrea (en fragments) ) 

Pecten qualicosta, dans banc 47. 

Ostrea nana, ^ 

Terebratula înd. (déformée) j ^ , ^ ^ ,. 

_,, ^ . . . J à la base de largile. 

Pleurotomaria Legayc ) 

Cette argile noire correspond à une puissante masse 
argileuse, inconnue pendant longtemps et que M. Rigaux 
a étudiée sous le nom d'argile de Selles. 

L'argile de Selles, épaisse de 40 mètres, ne renferme 
comme fossiles que des serpules carrées, Serpula Dolfussi, 
M. Rigaux a pu la suivre dans le Bas-Boulonnais, à Selles, 
entre Brunembert et Bournonville, sur le plateau du 
Chocquel à HouUefort, entre les collines de Bazinghem et 
la route de Marquise à Wissant, enfin auprès du Noirbois 



- 93 -^ 

et de Warcove. Partout Fargite à Serpula Ihlfussi surmonte 
les couches supérieures de TOxfordien et supporte les 
calcaires marneux du Mont-des-Boucards. 

L'argile à Serpula Ihlfussi est assez semblable à Targile 
oxfordienne, mais elle contient de très nombreux petits 
cristaux blancs qui ne se trouvent pas dans la deuxième. 

M. Rigaux réunit l'argile de Selles au terrain Oxfordien ; 
elle surmonte cependant le calcaire à Ammonites Martelli 
qui termine dans tout le bassin de Paris l'étage Oxfordien. 
De plus la présence d'Ostrea nana, Pecten qualicosta, au 
milieu de cette argile, semble indiquer qu'elle appartient 
au même étage que le calcaire du Mont des Boucards. Si 
l'on ajoute à cela que le calcaire du Mont des Boucards 
renferme, d'après M. de Loriol, une faune séquanienne 
avec un certain nombre d'espèces kimméridiennes, on en 
arrive à conclure que l'argile de Selles correspond au 
véritable Corallien, le calcaire du Mont-des-Boucards, 
contenant une faune qui le rapproche du terrain Astartien, 
n'étant que la partie supérieure de l'étage. 

Dans le sondage de Montataire, M. Rigaux fait remar- 
quer que les argiles de Selles contiennent des rognons 
calcaires et des fossiles pareils à ceux Ibs Boucards, 
descendus, suivant M. Rigaux, par suite d'éboulements. Il 
est à supposer, d'après ce que nous voyons dans la tran- 
chée de Belle à Conteville, que les rognons calcaires et 
les fossiles étaient bien en place. 

Au-dessus des argiles de Selles commence une série de 
bancs calcaires, noduleux, séparés par des couches 
argileuses grises : 

49j Calcaire blanc, noduleux; 0.40 c/m (même faune 
que bancs suivants, mais Terebratula Bourgueti rare, 
Hholadomya Protêt commune). 

50j Argile grise à Ostrea nana; 0.50 à 60 c/m. 

51j Calcaireblanc; Û.30 c/m. 



— 94 — 

.%ij Argfile grise ; 0.30 c/m. 
{»; r^haire blanc; 0.60 c/m. 
î>4) Argile grise; 0,60 c/m. 
ÎW) Oiloaii^ blanc ; 0.30 c/m. 
JU>) Argile grise ; 0. W) c/m. 
S7) Calcaire blanc ; 0,40 c/m. 

I/argile ilmncs SO, ol ^>i. 56) ne renferme abondamment 
qn*un fossile : 

ihlna «ciiMî. 

Les »i Ikuics calcaires contiennent les mêmes fossiles 

Ifirhitimla Itonryurd est rare à la base et pullule au 
sommet. 
Lm (aune, ti^'^s riche, est la suivante : 



/r.{^'«.**..'*i«».',\i f^.^;i.H.*itloiJes, Et. 
Sv* '7' u »\* 4i ruiul^. ennMiKv sur eUe-méme) 
.ViiMvMi /iv^eiv'a» i*V*i;?**. l.or, 
.^ ^.o •*"•'; ai i /H»Mv*a ^*Vh4I*> l.or 

AstAtte ^au.^st^vi» l.or, , 

i;Jucar^^ia str.ata. vVOrb. . 

A'ucMui Men.'*ei^ lUvm, , 
iA r e -.1 /"A o m 6 o i 1 1" a J V j^ . Cv^ H t . 

tU. texta^ Rœm. , . , 



c. c. 
a. r. 
r. 
c. 

a. c. 
a. r. 
c. c. 
r. 
r. 

a. c. 
a. c. 
a. c. 
c. 

a. c. 
a. c. 
a. r. 
a. c. 
e. 

a. e. 
a. e. 
c. 



— 93 — 

MytUa» ëubpectlnaluêj d'Orb ce. 

id. perplicatus, Et. c. 

id. œquiplicatu9 y Siromh a. r. 

Lima lœoiuseula^ Sow. p. 

id. Bowsardensis, Lor a. c. 

id. olternicosta^ Buv c. 

Pectenrfualicosta^YA ce. 

id. Virdunensis, Buv r. 

id, \imineuSy Sow a. c. 

Plicatula horrUla, Desl r. 

Ostrea pulligera, Goldt ce. 

id» nana ce. 

id. moreana a. r. 

Anomia 3nd. r. 

Stomeehinus y y ratas, Ag r. 

Les brachiopodes (Térébratules) et les lamellibranches 
(pholadomyes, astartes, arches, moules, limes et peignes) 
abondent. 

Nous sommes en présence du calcaire à Térébratules, 
couche B, de M. Pellat, qui, au Mont des Boucards 
surmonte un calcaire corallien A h polypiers et Cidari<; 
florigemma. Le récif A manque ici et dans toute l'épaisseur 
du Corallien il n*y a pas trace de polypiers. 

Comme au Mont des Boucards ce calcaire B est suivi, 
dans la tranchée, de bancs calcaires plus blancs, plus 
fissiles, alternant avec des argiles grises. Ces bancs sont 
moins nombreux que ceux de B, mais ils ont une 
épaisseur plus grande ; (coupe 8). 



^ ' - -62- ^ -61 - -60 - -ïV 58" 




58J Argile grise, environ 2m/. 
69) Calcaire blanc, environ 2m/. 
60^ Argile grise, 1 à 2 m/. 
61j Calcaire blanc, 1 m/ environ. 



— 96 — 

62j Argile grise avec pyrite et. rogoons ferrugineux, 
sans fossiles (épaisseur invisible). 

Ces différentes couches se voient le long d'un ruisseau 
creusé sur le côté de la ligne; leur épaisseur exacte est 
difficile à donner. 

Les argiles 58 et 60 contiennent encore Ostrea nana, 
beaucoup plus rare. 

Les calcaires blancs 59 et 61 renferment des Cf rompes, des 
hocardes et quelques autres fossiles : 

Pholadomya Protei, Àg. c. 

Ceromya excentrica, Ag ce. 

Isocardia striata, d'Orb ce. 

Mytiluê perplicatus, Et c. 

GerolUla tetragona, Rœm r. 

Arca rhomboïdallê, Cont c 

Stomechinus gyratus^ Ag r. 

c'est-à-dire la faune du calcaire exploité au four-à-cliaux 
du Mont des Boucards. (G de M. Pellat). 

L'argile 62 sans fossiles peut se suivre (coupe 8, page 95) 
dans le ruisseau sur un espace de plus de 100 m. ; son 
épaisseur doit être très grande ; elle représente l'argile à 
pyrite de M. Rigaux, visible au Mont des Boucards et 
épaisse de 15 à 16 mètres. Elle est surmontée par : 

63J Argile noirâtre à ihtrea subdeltoïdea, traversée par 
deux tranchées successives ; la première sur une épaisseur 
de 8 à 10 mètres ; la seconde sur 4 à 5 mètres Elle contient 
un banc calcaire noduleux peu épais (a). WOstrea subdel- 
toïdea est assez commune. 

L'argile à Ostrea suhddtoidea doit avoir d'après MM. Pellat 
et Rigaux 10 à 15 mètres d'épaisseur ; dans la tranchée elle 
paraît dépasser ce chitîre; toutefois l'argile visible dans 
la S'nc tranchée ne renferme pas d'huîtres et contient des 
nodules ferrugineux; c'est peut-être l'argile à pyrite 
ramenée au jour par une faille. 



— 97 - 

Observations. — En résumé, le terrain Corallien que 
nous venons d'étudier se divise de la manière suivante : 

Argile de Selles 40" 

Calcaires et argiles à T. Bourguett. . . 4" 

Calcaires et argiles à Ceromya excentrica. 6" 

Argile à pyrite 15" 

Argile à Ostrea subdeltoîdea • IS" 

Total. . , 80- 

L'argile de Selles, par sa position entre la partie supé- 
rieure de rOxfordien et les calcaires du Mont-des-Boucards, 
à faune séquanienne, représente le véritable Corallien. 

Le terrain Corallien est presque en entier argileux ; sur 
les 80 mètres constatés il y a à peine 6 mètres de calcaire 
marneux. 

Le récif à Polypiers, lihynchonelles et Cidaris, observé à 
la base du Mont des Boucards, est bien comme le 
supposait M. Pellat, un accident local. M. Rigaux Ta 
retrouvé cependant à Bournonville, également sous les 
calcaires à Terebratula Bonrgueti. 

Les trois récifs coralliens signalés jusqu'ici dans le 
Bas-Bouionnais : Mont des Boucards, Brucdale et Belle- 
dalle sont à des hauteurs bien différentes : le premier à la 
base des calcaires à T. Bourgneti (peut-être même dans 
l'argile de Selles)-; Ib deuxième correspondant aux argiles 
à 0. snMeltoidea, d'après ce que Ton admet généralement, 
le dernier intercalé dans les argiles à Ostrea virgula^ du 
Kimméridien. 

Au sujet du récif de Belledalle étudié par M. l'abbé 
Bourgeat en 1889, je crois utile de rappeler que ce faciès 
du terrain kimméridien a été découvert par M. Legay en 
1880 ; M. Rigaux, dans son étude géologique, donne la 
liste des fossiles qu'il renferme. 

Annales de la Société Géologique du Nord, t. xxvii. 7 



A*T%KTIEX tir >Ù»1'ASIES 

L'A^Urti*fn commem;'; â apparaiire aa hameau des 
Croix, immédiatement au-de->u< de la roate de Wierre- 
Elfroy à la For«ft de Boulogne «O^upe 9 . 




Conpe 9. 

04) Argile grise avec plaquettes de grès micacé, sans 
fossiles; 2m. Dans le fossé de la route, à quelques pas de 
la tranchée, un banc de grès est intercalé dans l'aigle ; 
on Ta exploité dans les champs voisins il y a un ou deux 
ans. Le banc de grès, épais de 0,75 c/m, contient 
TrUjonia Hronni. 

iMi) Marne calcaire remplie de petites Ostrea. 
Cette marne renferme par endroits des oolithes ferrugi- 
neuses ; j'y ai trouvé encore Trigonia Bronni. 

60) Calcaire ooiithique jaunâtre, peu cohérent, formé 
d*oolithes irrégulières, très grosses et souvent désagrégées. 
Les Mérinées sont abondantes et la faune v est assez variée : 

Terebratula egena, Douv ce. 

UL clncta, Cott a. c. 

Id, êu'/sella, Leym r. 

R/ignc/ionella pinguls, Rœm c 

Nerinœa GoodhalU, Sow. =N. Desooidyi, 

(l'Orb ce. 

Nerlnœa Cœcllla, d'Orb e. 

Id, ornataj d'Orb e. 

Id. strlgillata, Cred r. 

Trochalla depresêOy Voltz r. 

Ceromya excentrica, Ag a. r. 



— 99 — 

Anisocardla elegans, Munst c. 

Cardlum inteœturriy Munst o. 

Trigonia paplllata, Ag r. 

Lima argonnen^is, Buv r. 

Ostrea rantellarls^ Munst c. 

id. (ind.), de petite taille ce. 

Echinobrissus scutatusj Lani a. c. 

L'oolithe à JSérinées a ici une épaisseur de 6 à 8 mètres. 

De Tautre côté de la vallée qui descend vers le village 
de Conteville, une nouvelle tranchée montre au-dessus 
de Toolithe à Nérinées, une couche d'argile grise de peu 
d'épaisseur, séparant Toolithe d'un banc de calcaire 
blanc ; (coupe 10) : 




Coupe 10. 

61) Argile grise, sans fossiles. 

68J Calcaire blanc compacte, à grain très fin, peu 
fossilifère, à surface perforée par les lithodomes : 0.40 c/. 

69j Marne sableuse feuilletée grise ; 0,20 c/ ; les grains 
de quartz sont gros et réunis par un ciment marneux. 
Pas de fossiles. 

10) Calcaire blanc, dur, en deux bancs, semblable au 
calcaire 68 ; le banc supérieur est corrodé et perforé ; 
0,50 c/. 

^ Les iîalcaires (68 et 70) à lithodomes contiennent de 
rares fossiles : 

Ceromya eœcentrieay Ag. 
Pleuromya tellina^ Ag. 

71J Calcaire sableux, commençant par un sable cohérent 
remplissant de petites poches dans le calcaire à litho- 



— 100 — 

dômes ; 1 m. Il est tantcH à Tétai de calcaire oolithique, 
tantôt formé de deux bancs sableux et de deux bancs 
calcaires ; parfois aussi lesoolilhes, de grosseur moyenne, 
se trouvent dans du sable. Le banc supérieur est durci à 
la surface. - • 
Fossiles nombreux et variés : 

Rhynchonella pinguls, Rœm r. 

Terehratulahumeralis^Rœm ce. 

Tornatlna Sauoageij Loi* r. 

Natiea hemisphœrlca, Rœm .... r. 

Nerinœa strigillata, Grecl a, c. 

id. quehenensis. Loi* a. c. 

Trochalia depressa^ Vollz r. 

Cerlilùam Pellatl, Lor ce. 

id. quehenenêe, Lor c. 

Pleuromya teLllna, Ag a. c. 

Astarte aliéna, Phil a. c. 

id. extensa^ Phil a. c. 

I&ocardia Beaugrandi, Lor e. 

id. striata, d'Orb c. 

Aniaocardia Legayi, R. S e. 

Jsodonta himmeridiensis, Doll. ... a. c. 

Ceromya eoocentrica, Ag c. 

Mytilus œquiplicatus, SlP e. 

Pecten strictus, Munst a. r. 

Arca teœta, R(cm a. c. 

A otcula obliqua, Buy c. 

Trigonia papillata, Ag e. c 

Ostrea Bruntrutana, Thur c. 

id. rastellaris, Munst a. r. 

Pygurus BlumenOoc/ii, Ag r. 

Rliabdocidaris boloniensls, Wr. . . . r. 

Pseudodiadema mamillanum, Rœm. . r. 

Les fossiles les plus communs sont Cerithium Pellati, 
les Nérinées, Trigonia papillata et Terebratula humeralis. 

Le calcaire à Cerithium Pellati est surmonté d'une argile 
grise, visible sur 1 m/ et que Ton retrouve dans la forêt de 



— K)l — 

Boulogne, un peu plus loin, formant un petit talus ; elle 
représente la base du terrain Kimméridien. 

Les grès de Questrecques à l^ygurus manquent ; 
M. Rigaux Tavait déjà constaté à Conteville, où les bancs 
à Cerithium Pellati sont recouverts directement par le 
calcaire de Bréquerecque. 

En résumé la nouvelle tranchée ouverte dans TAslartien, 
sans nous apporter de faits nouveaux, donne une coupe 
complète de Tétage, tel qu'il est représenté au centre du 
Boulonnais. 

On doit le diviser de la façon suivante, d'après 
MM. Rigaux et Pellat : 

1. ATÇiUeetsr(iSà.Trlgonia Bronnù. Grès de Brunembert. 

2. Argile marneuse à petites 05 trea.i ,. tu- 
« ^ ,.*x. . xr^ • V 4 Oolitlie d'Hesdin 1 abbe. 

3. OoWihe s. Nérmée i > 

4. Argile grise \ Calcaire à lithodonies et 

5. Odlcaire à. litho do me s . . . •> calcaire sableux de Belle- 

6. Calcaire sableux, oolitlque. . ,) htune à. Cer. PellatL 

ViRGL'LIEN 

Le calcaire de Bréquerecque n'est pas visible dans la 
tranchée ; il affleure non loin de là sur la route de Conte- 
ville à La Gapelle ; il surmonte l'argile 72, est formé d'un 
assez grand nombre de petits bancs blancs et se termine à 
une couche argileuse noire de grande éi^aisseur. 



Coupe 11. 



74) Cette argile noire (coupe 11) est traversée dans une 
tranchée faite un peu au nord du hameau des Croix, près 



— 102 — 

de la roule de St-Onier à Boulogne ; elle est intéressante 
en ce sens qu'elle n'avait jamais été mise au jour. 

En effet Tassise des marnes du Moulin-Hubert à 
Ammonites orthoceras, dont celle argile fait partie, n'est 
visible qu'à la côte, un peu au nord de Boulogne; on y 
voit 18 mètres de marnes noires séparées par une vingtaine 
de cordons de calcaire gris (Rigaux) ; c'est la partie 
supérieure de l'assise à Ammonites orthoceras. Il manque, 
pour arriver au calcaire de Bréquerecque, une dizaine de 
mètres (suivant M. Rigaux) entre le bas de la falaise et 
les 13 bancs de Bréquerecque. 

Dans la coupe 11, les argiles noires 74, visibles sur une 
épaisseur d'environ 8 mètres, contiennent de rares 
fossiles : 

Ostrea deltoïdea, abondante. 
id. oirgula^ rare. 

Dans le haut, quelques plaquettes calcaires, épaisses de 
10 à 20 c/m, qui paraissent disséminées dans l'argile, 
renferment : 

Ostrea deltoîdea* 

Trigonia papillata, abondante. 

Un peu après le hameau du Croquet la voie ferrée entre 
dans une tranchée profonde qui montre sur une épaisseur 
de 14à 15 mètres les argiles et bancs calcaires à Ammx)nites 
orthoceras de la falaise du Moulin-Hubert. 

On pourrait croire que ces bancs reposent directement 
sur l'argile à Ostrea ieltoidea mais il doit manquer entre 
ces deux terrains des couches argilo-calcaires visibles un 
peu au sud de Belle, dans une ancienne carrière, rame- 
nées au jour par la grande faille de Wimereux-Alincthun. 

Au-dessus d'un banc de grès grossier glauconiéux 
(peut-être formation locale) on trouve, dans cette carrière. 



— 103 — 

une masse d'argile grise remplie d'Ostrea virgula et dans 
laquelle s'intercalent à la partie supérieure des bancs de 
calcaire sableux gris à nombreuses Pholadomya hortulana; 
la faune de ces bancs est assez variée : 

Natica hemiêphœricaj Rœm. 
Pholadomya hortulana^ Ag. 
Maetromya rugosUj Ag. 
Geroillia tetragona, Rœm. 
Aoieula Struckmanniy Lot. 
Peeten strictus, Munst. 
Ostrea oirgula Sow. 
id. Bruntrutana, Th. 

C'est-à-dire les fossiles du calcaire de Bréquerecque et 
quelques formes des argiles du Moulin-Hubert. L'abon- 
dance de Phol, hortulana, Ostrea virgula, doit faire ranger 
ces argiles et calcaires au-dessus de l'argiJe noire à 
0. deltoïdea et immédiatement sous les argiles à Ostrea 
virgula visibles dans la tranchée du hameau du Croquet. 
Celle-ci donne la coupe suivante : (fig. 12). 




Coupe 12. 

16) Argile grise remplie dVstrea virgula; 1 m/. 

11) Calcaire sableux à Gervillies ; 0.30 à 0.40 c/m. 

IS) Argile noire passant dans le haut à une argile 
grise ; 4 m/. 

19) Banc calcareo-sableux tendre, plus dur à la partie 
supérieure, très fossilifère ; 0.40 c/m. 



80j Argile noire à Ostrea rirgula, contenant plusieurs 
bancs calcaires gris discontinus ; vers le haut trois cordons 
calcaires continus ; o à 6 m/. 

81 j Calcaire sableux jaune (bleu au centre) en deux 
bancs ; fossiles nombreux ; 0.50 c/m. 

82) Argile grise à (htrea mrgula; i m. 50 

83; Grès jaune ; 0,20 c/m. 

84j Argile grise. 

Les bancs de calcaire sableux contiennent : 

Ammonites orthoceras, d'Orb r. 

Terebratula subsellay Leym ce. 

Pholadomya multicostata, Ag c. 

Thracta depressa^ Mop c. 

Trigonia papillatay Ag c. 

Nucula Menkel, Rœm c. 

Pinna granulata, Sow a. c. 

Geroillia klmmerldiensiSy d'Orb. ... ce. 

Ostrea olrgula, Sow ce. 

Pygurus Blumenbachiy Cott a p. 

Avec ces bancs se termine l'assise à Ammonites ortho- 
ceras ; la voie ferrée traverse la route de St-Omer et 
pénètre en tranchée dans les calcaires de Tassise à 
Ammx)nit€s caletanus ; le premier banc calcaire a 1 m/ 
d'épaisseur. 

On peut diviser Tassise à Ammonites orthocera.H comme 
suit : 

1 . Calcaire de Bréquerecque à Mactromya rugosa. 

2. Argile à Ostrea deltoïdea. 

3. Caleaires et argiles à O. olrgala^ Ph. hortulanà. 

4. Argiles et cordons calcaires à O. oirgula. Ammonites 

orthoceras. 



— 105 - 

Obsenmtions sur la faille de Wimereux-Alincthun . 

La carte géologique donne le tracé, entre Winiereux 
et Brunembert, d'une grande faille dont les elïets sont 
visibles dans la falaise des deux côtés de la rivière de 
Wimereux et que l'on peut également bien étudier : 1» 
à x\lincthun, où elle met en contact Toolithe astartienne 
et le Callovien inférieur, 2<^ au sud de Belle où les 
argiles à Ostrea virgula de l'assise à .1mm. orthoceras 
viennent buter contre le Bathonien supérieur. Le déplace- 
ment des couches est (in ce dernier point d'environ 
160 mètres. 

Le chemin de fer du Portel à Bonningue suit, à une 
très faible distance, la faille de Wimereux, durant trois 
kilomètres. Entre la route de Conteville à Belle et le 
hameau des Croix il tourne au sud, se dirigeant vers la . 
faille tracée sur la carte ; or jusqu'au hameau les couches 
se succèdent régulièrement, le Corallien est surmonté de 
l'Astartien, le Kimméridien vient ensuite; il n'y a plus 
trace de faille. 

Si on étudie ces différents terrains en montant de 
Conteville à la forêt de Boulogne, par le Croquet, on 
constate la même succession normale. 

La faille de Wimereux-Alincthun est donc divisée en 
deux tronçons ; le premier va du village de Pernes à la 
mer ; le second de Belle à Brunembert. L'intervalle entre 
les deux tronçons est d'environ 5 kilomètres. 

Le tronçon Brunembert-Belle se termine un peu au sud 
de ce dernier village, à un kilomètre du point où les 
couches ont subi un déplacement de 160 mètres. 

Les deux coupes suivantes passant, la première par une 
ligne tracée parallèlement à la route de Belle à Bellebrune, 
à 300 mètres à l'est, la deuxième par la route de Wierre- 



— 106 — 

Efïroy à la Forêt de Boulogne, par les Croix, donnent 
l'aspect des terrains jurassiques à Test et à Touest de 
Belle : 




Coupe 13. 



A. Bathonien supérieur 

B. Callovien inférieur. 



..,..J 



C. Oolithe à Nérinées. 

D. Calcaire de Bellebrune 

E. Grès glauconieux. . 

F. Argile à O. oirgula. 



Astaitien 



Virgullen 



if. Faille de Belle-Bru- 
nembert. 

A Failles secondaires. 




Coupe ii. 



A . Oxfordien supérieur. 

B. Argile de Selles . . 



I 



C Calcaires du M* des Boucards '- Corallien. 

D. Argile à O. subdeltoïdea. . y 

E. Astartien. 



— 107 — 

La faille ne peut se terminer brusquement à Belle sans 
produire de violentes cassures dans les terrains environ- 
nants. C/est pourq uoi la tranclu'e d u chemin de fer montre de 
nombreuses failles, disposées à peu près parallèlement à la 
grande ; elles font apparaître au milieu du terrain Callovien, 
rassise à Terebratula lagenalia et en un point Tassise à 
Rhynchonella eleganUda (*). De Tautre côté de la grande 
faille, au sud, une faille secondaire sépare le Virgulien 
de Toolithe astartienne. 




Tranchée 

'TF 



KbntnàrhiliRi 



Figure 15. 

Le plan ci-dessus donne la position de ces failles secon- 
daires par rapport à la faille Belle- BrunemberL 

Notes sur la Carte géologique des Plane kettes 
de Gedinne et de Willerzies 

par J, Gosselet (') 
(PI. I) 

La Commission de la Carte géologique de Belgique m'a 
fait l'honneur de me charger de lever la feuille composée 
des deux planchettes de Gedinne et de Willerzies. Je 



(1) La coupo 3 présente une particularité curieuse; entre le 
calcaire à Ph. lyrata et le Callovien on voit (6 ou 7) un paquet de 
calcaire à T. lagenall»\ entre le même calcaire et les couches 
supérieures du Bathonien (en Z) (coupe 4) la faille est remplie 
par 10 c/m d'argile brune. . 

(2) Communiqué dans la séa:ice du 2 décembre 1896. 



— 108 — 

présente à la Société la carte au 40.000^ qui doit être 
publiée et la carte au 20.000^ qui doit rester dans les 
archives de la Carte géologique. 

Le territoire de cette feuille ne comprend que les étages 
Gambrien, Gedinnien et Taunusien 

Cambuien. — Le Gambrien appartient uniquement à 
rassise de Revin (Revinien). Il se compose comme à l'or- 
dinaire de quarzite gris ou noir et de phyllade noir, ses 
affleurements sont très rares ; on ne constate guère sa 
présence que par des débris de quarzite plus ou moins 
altéré qui sont mélangés au limon. 

On a essayé une exploitation d'ardoise contre la frontière 
française à TE NE des maisons du Franc-Rois et une 
autre sur la nouvelle route de Willerzies aux Vieux 
Moulins. 

Le quarzite gris constitue un rocher saillant de plusieurs 
mètres contre le gué du chemin de Gedinne à la Gense 
Jacob sur le ruisseau Rurhère (Houille). Il existe trois 
autres rochers de même nature à la pointe N-E du Franc- 
Rois, à 200 m. de la limite de la France. 

L'inclinaison des couches cambriennes est comme dans 
toute l'Ardenne sensiblement vers le S. un peuE. 

Le massif se termine à l'E. par une série de failles 
dirigées à peu près N. S. qui font apparaître le gedinnien 
dans le prolongement des strates cambrien (PI. I). 

L'extrémité orientale du massif cambrien se trouve près 
d'un rocher saillant de poudingue à l'entrée du bois de 
Louette-Saint-Pierre, à 100 m. du chemin de Louette à la 
Gense Jacob. Je l'ai désignée depuis longtemps sous le 
nom de Cap de Louette. 

Au N. du cap de Louette, les failles ramènent vers le S. 
le côté oriental de la cassure, tandis qu'au Sud du cap, 
elles portent ce côté vers le Nord, des cassures sont donc 



— 109 — 

dues à des etïondrements ou enfoncements progressifs au 
N. et au S. d'un axe est-ouest, qui est resté à peu près en 
place. 

Faillefi du Nord. — La première Fi de ces failles, dont 
j'ai constaté Texistence, coupe le ruisseau de Burhère à 
la limite des communes de Willerzies et de Rienne, entre 
les deux chemins parallèles et distants de 100 m. qui 
appartiennent celui de l'O. à la commune de Bourseigne, 
celui de TE. à la commune de Rienne. Sur le premier, on 
voit, à 600 de la route de Willerzies à Louette, commencer 
un affleurement d'arkose gedinnienne qui a 200 m. de 
large. On Ta exploitée lors du dernier essartage dans plu- 
sieurs trous contre le chemin. A 800 mètres sur le même 
chemin Tarkose cesse et on ne voit plus que des quarziles. 
Si en ce point, on traverse le bois qui sépare les deux 
chemins, on constate qu'il n'y a sur le second chemin ni 
arkose ni quarzite. Depuis la route de Louette jusqu'au 
ruisseau de Burhère, c'est-à dire sur un kilomètre, on ne 
voit que des schistes gedinnieiis. Il y a donc une faille 
perpendiculaire aux bancs qui rejette de 200"» vers le Sud 
la limite du cambrien et du gedinnien et qui de plus fait 
disparaître l'arkose. 

On pourrait supposer une autre faille sur le ruisseau de 
Burhère, entre le cambrien et le gedinnien, pour expliquer 
la disparition de l'arkose. Mais comme cette assise ne 
s'étend pas plus loin vers l'est, on [jeut croire qu'il y a 
eu en ce point, dès Tépoque dévoniennne, transgression 
entre l'arkose et les schistes qui la surmontent. 

La seconde faille F^ se trouve dans le bois de Louette 
Saint-Pierre, près de la limite dts territoires de Rienne 
et de Louette. 

Si, partant des chemins précités, on suit la route de 
Willerzies à Louette, on marche sur le dévonien jusqu'au 
ruisseau de Burhère, où se fait la jonction de cette 



— 110 — 

route avec celle qui vient de Willerzies. Dès qu'on a 
passé le pont, on se trouve sur le cambrien. Que Ton 
suive alors la route vers Louette et que Ton prenne le 
premier chemin de bois sur la droite à 200 m. dans 
le bois, on aperçoit un rocher de poudingue, où Ton a 
ouvert une carrière pour les chemins. Si on cherche à 
suivre ce poudingue vers TO, on arrive à une dépression 
où il n*y a plus que des quarzites cambriens. Toute la 
rive droite du ruisseau de Burhère jusqu'à TE. de la 
maison Cocole est couverte de quarzites. La limite du 
dévonien et du cambrien subit donc, entre le pont et 
Taflleurement de poudingue, un rejet de 600 m. environ 
vers le sud. 

La troisième faille Fa est située également dans le bois 
de Louette à 500 m. environ de la présente. Si on reprend 
la route de Willerzies à Louette à Tendroit où on Ta 
quittée et que Ton marche vers Louette, on arrive à une 
croix commémorative, d'où part un chemin qui se dirige 
vers le Sud. En suivant ce chemin pendant 400 mètres, 
on rencontre un banc de poudingue dirigé vers l'0, 3o<> N. 
C'est le banc dont il vient d'être question, reporté par une 
faille, à 4150"™ au Sud; il s'étend au S. E. jusque près du 
chemin de Louetle à la Censé Jacob. 

Failles du Sud, — A 400 m. au S. de l'affleurement du 
poudingue précité, Dumont signale dans ses notes manus- 
crites un affleurement de schistes dévoniens fossilifères, 
qu'il avait probablement pu observer pendant un essar- 
tage. Je doute d'autant moins de sa détermination, que 
ces schistes sont sur le prolongement des schistes fossili- 
fères que l'on voit sur le chemin de Louette à la Censé 
Jacob. Les mêmes schistes affleurent encore dans un 
chemin au S. de l'endroit signalé par Dumont. A l'O. 
d'une ligne passant par ces deux points, on ne voit que 
des quarzites cambriens et à l'E. des schistes gedinniens. 



— Hi — 

11 y a donc là une faille (F4) de 1200 m. de longueur, qui 
reporte le banc de poudingue au Sud et à TOuest. On 
rappellera faille de Louette, parce que son trajet est en 
grande partie dans le bois de Louette. 

La faille suivante (Fs), qui est toute entière dans le bois 
des Petits Villages, est signalée par le fait que la base du 
poudingue dëvonien, qui est exploitée dans la carrière des 
Petits Villages, se trouve rejetée dans le même méridien 
à 1100 m. au Sud. Le côté oriental de la faille est formé 
par les schistes gedinniens et le côté occidental par le 
canibrien. 

Viennent enfin, encore sur le territoire belge, près de 
Saint- Jean, une série de 3 ou 4 petites failles (F6, F?, F»), 
qui, semblables à des escaliers, rejettent le poudingue 
depuis le rocher Anet jusqu'à la frontière française. 

Gedinnien. — Poudingue de Fôpin. — Le poudingue 
de Fépin, réduit à quelques blocs épars sur le bord nord 
du massif cambrien à TO. de la faille Fi prend un plus 
grand développement sur le bord oriental. H y forme un 
banc en grande partie caché par la végétation, mais 
probablement continu, sans antres interruptions que les 
failles dont il jalonne le parcours. 

Il constitue souvent des rochers qui font saillie dans les 
bois. 

Le long du ruisseau de Saint-Jean, il est surmonté de 
grès à gros grains, souvent fossilifère, que j'ai désigné 
sous le nom de grès de Saint- Jean. S'il élait plus régulier 
et mieux connu, on pourrait y voir un représentant de 
Tarkose, d'autant plus qu'en certains points il contient des 
débris de feldspath et que par conséquent c'est une véri- 
table arkose. Mais à Tournavaux, un grès semblable est 
intercalé dans le poudingue. Il est bien difficile pour le 
moment de le séparer du poudin^^ue. On ne le connaît pas 
autour du cap de Louette. 



— 112 — 

Au S.-E. de la maison de Saint-Jean, près de la frontière 
française, on voit le long de la route quelques blocs de 
poudingue et de grès qui proviennent de Tescarpement 
voisin. 

Dans cet escarpement on rencontre plusieurs affleu- 
rements de poudingue : 

i^ Sur le chemin au S. de Saint-Jean, au point où il 
joint la frontière française ; 

t^ Sur la crête sud d'un profond (») ravin qui débouche 
à Saint-Jean et sur la gauche du chemin qui monte au 
S. de Saint-Jean, il y a là un rocher de poudingue que Ton 
peut suivre sur 100"^ de distance; 

3^^ Sur la crête nord du même ravin. En ce point j'ai 
reconnu avec M. Malaise que le poudingue est accompagné 
de schistes ottrélitifères comme au ravin du Corbeau. 
Voici la coupe que nous avons observée de haut en bas : 

Schiste noir non oltrélitifére. 

Poudingue à grains lins 0"50 

Pilon de quarz O^Oo 

Scliisle pliylladique non oltrélitifére. . . O-'IO 

Schiste quarzeux avec ottrélites ... 1" 

Schiste phylladlque ottrélitifère. . . . 0'»40 
l^oudlngue contenant quelques ottrélites à 

la partie supérieure 2" 

Le poudingue est incliné de 20'^ vers le S. 20° E. Il 
repose en sti^atification concordante sur le phyllade noir 
cambrien qui ne contient pas d'otlrélite. J'ai déjà fait 
remarquer que cette concordance coïncide avec le déve- 
loppement de l'ottrélite dans les schistes qui accompagnent 
le poudingue. Lç long du chemin qui monte vers cet affleu- 
rement de poudingue, on trouve des blocs de grès de 
Saint-Jean. 

(1) La carte militaire de Belgique n'en donne pas une idée. 



— 113 — 

4® On voit ensuite un bloc de poudingue à l'entrée d'un 
chemin qui monte en se dirigeant vers TO. N. 0., à 100^ 
de Saint- Jean. Dans ce chemin on aperçoit d'abord du 
cambrien, puis du grès de Saint-Jean. Est-ce le véritable 
affleurement du poudingue et le bloc de la route est-il 
éboulé ? C'est une question dont le bois cache actuellement 
la réponse. 

5» A TE. d'un ravin peu marqué sur la carte, il y a au 
milieu des bois deux rochers de poudingue, dits les rochers 
Anet, dont je n'ai pas pu prendre l'inclinaison. 

6<> Dans le bols des Petits-Villages (enclave de Sart 
Gustine) et au S. d'un chemin dirigé à peu près de l'E. à 
ro. à partir du signal géodésique, se trouve la carrière 
désignée quelquefois sous le nom de Nouvelle Falize, où 
l'on exploite le poudingue formé de cailloux de quarzite 
dans du schiste compacte. L'inclinaison est de 15» au S. 
150 E. 

7® A l'entrée du bois de Louette, contre le chemin de la 
Censé -Jacob, on aperçoit au milieu de la futaie un rocher 
saillant de poudingue, qui plonge de 22» vers le N. 10» 0. 
On l'exploite poui* les chemins. Il y a quelques 30 ans 
on y voyait un beau filon de quarz. Cette partie a été 
exploitée. 

S^ Dans le prolongement le poudingue forme une coUme 
dirigée N. 55« 0. à S. 55» E. 

9'> Plus au N. encore, dans le bois de Louette, à 200"™ 
de la route de VVillerzies, il y a une ancienne carrière dans 
le poudigue, qui a été exploitée pour l'empierrement de 
la route. L'inclinaison n'y est plus visible, mais la direction 
est la même que la précédente. Les cailloux se détachent 
très facilement du ciment schisteux qui les réunit. Quand 
on les voit au pied de la carrière ou en tas sur les 
chemins, on est tenté de les prendre pour du diluvium. 

Annales de la Société Géologique du Nord, T. xxvii. • 8 



— H4 — 

Arkose d'Haybes. — L'cirkose d'Haybes est bien 
connue de tous ceux qui se sont occupés de la géologie 
de TArdenne. Il est inutile de rappeler ses caractères. 

Ses affleurements compris dans la carte en question 
sont tous situés sur le territoire de Willerzies. On les 
reconnaît aux nombreux blocs qui sont épars à la surface 
du soi. Car Tarkose ne constitue guère de rochers que 
lorsqu'elle est à Tétat métamorphique. 

Sur une grande partie de son aire, elle se termine 
supérieurement par quelques couches de grès blanc. 

L'arkose se présente à Tétat normal dans la pointe 
septentrionale du Franc-Bois ; près du ruisseau frontière, 
(ruisseau des saules) à 1100 m. environ de son confluent 
avec la Hule, son apparition est signalée quand on vient 
du sud par un gros bloc de poudingue. 

On la voit dans le chemin de Willerzies à la Haute-Butte 
(France). Quand on descend par le chemin du plateau 
cambrien du Franc-Bois vers Willerzies, on rencontre 
d'abord mêlé au limon à la surface du sol, des galets, 
restes d'un poudingue qui a été désagrégé mélangé de 
débris de grès à très gros grains, puis de Tarkose blanche 
plus ou moins phylliteuse et enfin du grès blanc schisteux. 

Dans le chemin circulaire qui traverse le Franc-Bois à 
peu près à son milieu, on rencontre en descendant vers la 
vallée de la Huile quelques blocs et galets de poudingue, 
puis Tarkose. En approchant de la vallée cette arkose 
prend une teinte verte. On y rencontre aussi des blocs de 
grès à très gros grains de qUarz comparable à ceux de 
l'arkose réunis par un ciment de phyllade noir. C'est 
l'extrémité occidentale du massif d'arkose, qui dessine 
un golfe au milieu du Cambrien et que j'ai déjà décrit sous 
le nom d'arkose métamorphique du Franc-Bois de Willer- 
zies (*) ; je n'ai rien à ajouter à cette description. 

(1) Ann. Soc. géol., XI, p. 11 et 141 et Ardenne, p. 773, 



-r 115 — 

L'arkose reprend peu à peu ses caractères normaux à 
Test de ce golfe, sous le Gros Bois ; mais son épaisseur 
y diminue fortement à mesure que l'on gagne vers Test. 
Elle se termine comme il a été dit (*) à la faille Fi. 

L'arkose, avec son soubassement de poudingue et de grès 
blanc qui la surmonte, forme un petit massif au sommet 
du Franc-Bois sous la maison du garde. 

Schistes de Mondrepuits et de Levazy. — Cette 
assise a une composition litbologique variable avec- sa 
position. 

Sur le territoire de Willerzies, elle est essentiellement 
formée de schistes plus ou moins quarzeux vert jaunâtre 
et de psammites durs ; dans le golfe entre le Franc-Bois 
et le Gros-Bois, elle est à Tétat de phyllade noir et contient 
du quarzite gris, si semblable au quarzite revinien que 
je Tai d'abord considéré comme tel. Mais la présence de 
fossiles dans les phyllades qui entourent le quarzite, 
ajouté à la difficulté d'expliquer la présence du cambrien 
au milieu du gedinnien, m'a conduit à admettre que 
phyllades et quarzites étaient un faciès métamorphique 
des schistes de Mondrepuits. 

A Test du Gros-Bois, l'assise est généralement à l'état de 
phyllades noirs, plus tendres et plus luisants que ceux du 
revinien, mais cependant si voisins que l'on s(j demande 
souvent à quel phyllade ou a affaire. La présence de 
fossiles dans le phyllade dévonique est dans certains cas 
le moyen unique de le reconnaître. La difficulté se 
présente surtout quand les deux phyllades sont séparés 
par une faille perpendiculaire à leur direction et sont 
par conséquent dans le prolongement l'un de l'autre. 

Au milieu des phyllades de Levrezy, il y a des bancs de 
schistes grossiers qui rappellent les schistes de Mondre- 



{i)Ante,, p. 109. 



— 116 — 

puits. Je n'ai pu reconnaître s'ils occupent une position 
spéciale. D'un autre côté dans les schistes de Willerzies, 
il y a des bancs noirs tirant sur le phyllade. 

Le passage des deux faciès se fait donc irrégulièrement 
aux environs de Willerzies. 

En égard à l'absence de l'arkose à l'est et au sud de la 
faille Fi, il est possible que dans cette région la base des 
schistes de Levrezy soit contemporaine de l'arkose. 

Près du pont Colin-sur-la-Hulle et en aval, les schistes 
sont vert foncé, un peu phylladiques. Au nord du pont il 
y a des rochers où ils sont plus compacts et plus quarzeux ; 
en amont du pont ils deviennent arénacés et micacés. On 
y voit en remontant la rivière un affleurement de grès 
alternant avec des schistes, puis de beaux rochers de 
quarzophyllades. x\u confluent de la Huile avec le ruisseau 
des Saules, on rencontre une petite saillie rocheuse formée 
par trois bancs d'arkose qui sont séparés par des schistes. 
Toutes ces couches plongent vers l'est plus ou moins nord 
ou sud. 

Si l'on remonte la rive droite de la Huile jusqu'à son 
aflluent le ruisseau de Willerzies, on ne voit que des 
schistes durs quarzeux et des quarzophyllades. Lors qu'à 
partir du confluent on prend le sentier qui suit la rive 
droite du ruisseau de 'Willerzies, on marche encore sur 
les mêmes roches mélangées de blocs d'arkose; à 700 m. 
on rencontre une carrière importante qui montre la coupe 
ci-contre : 

Cette carrière est intéressante à bien des égards. 

n faut d'abord noter la présence du grès noir ou 
noirâtre, qui est une roche rare à ce niveau ; puis le 
passage sans joint de stratification du grès à l'arkose ; 
enfin l'existence de fossiles, qui, malgré leur mauvais état 
de conservation, peuvent être déterminées comme des 
Orthis du groupe de 1*0. vukaria. 



— 117 — 

L'inclinaison des couches de la carrière est de 25® à TE. 
30^ S. Toutes ces inclinaisons à TE. plus ou moins S. 
indiquent l'entrée du golfe que dessinent les couches 
gediennes dans la vallée de la Huile entre le Franc-Bois 
et le Gros-Bois. 



Coupe de la carfière de Willersie^ 




a Schistes 1»2() 

h Grès 1- 

c Grès à gros grains 1-50 

d Grès noirâtre ...... !■ 

e Grès . 0"50 

/ Arkose 0"60 

g Grès noirâtre fossilifère 4" 

Le reste du chemin entre la carrière et le village montre 
des schistes noirs phylladiques du faciès Levrezeux. Au 
contraire sur la rive gauche du ruisseau de Willerzies, 
les schistes sont plus grossiers. Quand on suit Tescarpe 
ment vers le S. 0. jusqu'à l'extrémité du pré, on rejoint 
la Huile et Ton trouve alors sur la rive droite du ruisseau 
des phyllades noirs très feuilletés et sur la rive gauche 
un rocher de quarzite gris dont l'inclinaison peu 
distincte est vers le S. E. 

La première impression à la vue de ces roches c'est 
qu'elles sont reviniennes, mais à moins de 50 m. en 



— 118 — 

amont du quarzite, une tranchée dans un chemin en 
construction entaille du schiste phylladique noir rempli 
d'Encrines et d'Ortkis on est donc bien dans Tassise de 
Mondrepuits. 

Il est probable que la vallée de la Huile en amont de ce 
point s'est creusée dans les mêmes schistes jusque près de 
Tendroit où elle approche de la route de Willerzies aux 
Vieux-Moulins, elle entre alors dans Tarkose métamor- 
phique. Mais la bande de phyllade dévonique se prolonge 
plus loin au S. comme je l'ai établi précédemment (*). 

Les schistes de Mondrepuits sont coupés par toutes les 
tranchées de la route de Gedinne à Hargnies entre le 
pont Colin et Rienne. 

A TE. de Willerzies, sur la rive droite du ruisseau, il y 
a une carrière de schistes noirs phylladiques qui paraissent 
incliner de 10® au S. 65° E. Si on se dirige vers le S., c'est- 
à-dire vers le Gros-Bois par la route des Vieux-Moulins, on 
rencontre du schiste grossier verdâtre. A un kilomètre 
environ du village on a ouvert lors de la construction de 
la route une tranchée dans du schiste compacte avec bancs 
très fossilifères. Ces rochers sont aujourd'hui cachés sous 
les remblais. 

Dans les chemins qui se détachent de la route en se 
dirigeant vers le SE., on marche sur des débris de schiste 
phylladique noir et de filons de quarz. 

La route de Willerzies à Louette-Saint-Pierre est 
presque toujours sur le limon. 

A 2 kilomètres de Willerzies et à 200 m. au S. de la 
route il y a d'anciennes carrières de phyllade noir, la 
schistosité est de 30** vers le S. 35° E, mais l'inclinaison 
n'y est pas déterminable. 

Au N. du ruisseau de Bruhère les schistes de Levrezy 

(1) Ann. Soc. géol du Nord, XL p. U et 41 et Ardenne, p. 185. 



— H9 — 

constituent une bande qui s'étend sur la rive gauche de 
ce ruisseau jusque près de Gedinne, formant les hauteurs 
qui portent sur les cartes les côtes 375, 371, 369, 3io. 

On les exploite comme pierre de construction près du 
pont de la route de Rienne à Louette. Ils y sont très 
phylladiques, mais dans la tranchée de la route ils sont 
plus grossiers. Dumont y signale dans ses notes une 
couche d'arkose. La schistosité est vers K. 35® S. On peut 
se demander si elle correspond à Tinclinaison et si celle- 
ci n'a pas été troublée par le voisinage de la faille Fl». 

Ils affleurent dans tous les chemins qui se rendent à 
Rienne. Au N. du ruisseau de Noblet il y a une petite 
carrière dans de Tarkose, qui est probablement le même 
banc que celui de la route. 

Dans le plateau entre le ruisseau Burhère et la Houille 
ou ruisseau Barbais, à TO. de Louette-S^-Pierre, les schistes 
noirs phylladiques forment une grande partie du sol. La 
route de Willerzies à Louette les coupe plusieurs fois en 
tranchées. Au S. de cette route le schiste se prolonge, plus 
ou moins couvert de limon jusque dans le bois de Louette. 

Sur le chemin de la Censé Jacob, il y a des phyllades 
noirs que Ton hésite à première vue à rattacher au 
gedinnien ou au revinien. Mais un examen attentif montre 
qu'ils contiennent des bancs grossiers où Ton trouve des 
encrines. H en est de même dans le chemin qui descend à 
la scierie Bagat. 

Le village de Louette-S^-Pierre est tout entier sur un 
escarpement de schistes phylladiques noirs inclinés en 
apparence au S. 30° E. Sur la route de Louette à S*- Jean, 
la première tranchée est dans les mêmes schistes phylla- 
diques, où rinclinaison, très difficile à déterminer, paraît 
être vers le S. 80° E. ; la 2^^ tranchée qui traverse le bois Coraie 
montre des schistes grossiers à faciès de Mondrepuits 
inclinés vers S. 20° 0. Dans la 3^' tranchée à l'O. du môme 



— 120 - 

bois, le faciès Levrezieux revient avec une inclinaison de 
35« vers 30» E. 

Quand, après avoir passé le plateau limonneux de 
Linchamps, on redescend dans la vallée de S^-Jean, on 
rencontre des phyllades noirs que leur aspect et quelque- 
fois leurs fossiles montrent appartenir au Gedinnien. 
L'inclinaison, si on la confond avec la schistosité, est 
constamment vers le S. E. Du reste au S. du cap de 
Louette, Tinclinaison S. et S. E. est l'inclinaison normale 
puisque l'on se trouve sur le bord nord du Golfe de 
Gharleville. 

A 1700 m. du hameau de S^^-Jean : carrière (inclinaison 
S. 20® E.) ; â 1100 m. : rocher coupé par la route ; à 800 m. : 
autre rocher (inclin. S. 35° E. = 25°) ; à 200 m. : nouveau 
rocher (inclin. S. 20« E. = 10"^). 

Toute la pente de la colline de la rive gauche de S^-Jean 
est composée de phyllades noirs gedinniens, toujours 
inclinés vers le S. E. 

On voit par place les phyllades de Levrezy à la surface du 
sol au N. et au S. du plateau de Linchamps, entre la route 
de St-Jean et celle d'Houdremont à Vresse. 

Le village d'Houdremont est tout entier sur le phyllade 
de Levrezy paraissant incliné vers le sud, bien que norma- 
lement il devrait plonger au nord. Peut-être la saillie du 
cap de Louette se prolonge-t-elle vers l'E. sous forme 
d'une voûte isoclinale dont Taxe n'a pas encore été déter- 
miné. 

Une petite carrière à TE. du village près du ruisseau de 
Plate exploite les mêmes schistes, mais l'exploitation la 
plus considérable est sur la route de Bièvre. 

Les phyllades noirs affleurent dans tous les ravins qui 
descendent du plateau d'Houdremont vers le S., tant dans 
celui de Charmeuse, que dans celui du Grand-Plaquay, où 
on constate l'inclinaison S. lo^ E = 20°. 



Sur le territoire de Bellefontaine au coin S.-E. de la 
planchette de (îedinne, il y a plusieurs carrières de 
phyllade de Levrezy. Dans l'une d'elles, sur le chemin de 
Bièvre à Orchiinont, rinclinaisoii est au S. 'lly^i) = ^0^ et 
près de là, sur le chemin de Bellefontaine, au N., .'5()°0. 

La partie supérieure des schistes de Mondrepuits, faciès 
de Levrezy, est formée par des schistes verts, passant au 
quarzophyllade et au fçrès, remplis de petits octaèdres 
d'aimant, qui sont quelquefois altérés et transformés en 
limonite. 11 y a en outre des grains d'oligiste qui annoncent 
l'assise suivante. Cette zone (jui paraît correspondre aux 
quarzophyllades de Braux sur la Meuse, n'a encore été 
bien reconnue que dans le golfe de Charleville. 

On la voit à Bièvre sous la place ; sur la route d'Houdre 
mont, au point où celle-ci pénètre sur la planchette de 
Gedinne; sur la rive droite du petit ruisseau de la Platle ; 
tout le long de la route d'Houdremont jusqu'à Louelte- 
Saint-Pierre; dans une petite carrière à l'O. de ce village et 
dans la cour d'une maison, près du pont (Dumont dans ses 
notes y signale des fossiles); au N. de Louette où elle 
forme le rocher qui a été percé pour établir la conduite 
d'eau de l'ancien moulin; euliu, au point où le chemin de 
Gedinne à la Censé Jacob se détache de la route. 

Schistes d'Oignies. — Les schistes bigarrés d'Oignies 
sont très développés sur les planchettes de Willerzies et de 
(îedinne ; cependant vers le sud ils deviennent plus phylla- 
diques et passent en faciès de Joigny. 

L'assise est composée de schistes rouges, de schistes 
bigarrés, rouges et jaune verdàlre, de schistes vert clair, 
de quarzites verts et d'arkose. Je n'ai pu reconnaître 
aucune continuité dans les bancs de quarzite et d'arkose. 
Du reste la stratigraphie de l'assise est difficile à établir, 
en raison de la dilïérence entre la schistosilé et la stratiti- 



— 122 — 

cation et souvent de l'impossibilité de reconnaître celle-ci. 
Quand on se trouve en présence d'une tranchée ou d'une 
carrière dans les schistes, on ne distingue que la 
schîstosité, qui sans aucune exception est vers le S. un peu 
E. Mais s'il y a un banc de quarzite ou d arkose intercalé 
dans les schistes, presque toujours il plonge vers le N. 
marquant la véritable stratification. Partout où le schiste 
est seul, il y a une grande incertitude sur l'inclinaison. 

Les limites de l'assise sont difficiles à établir, parce 
qu'il y a. passage insensible, aux assises voisines. 

A la base les schistes arénacés et les quarzophyllades 
du sommet de l'assise de Mondrepuits prennent peu à peu 
la compacité et la couleur vert clair qui caractérisent les 
schistes d'Oignies. 

A la partie supérieure, ces mêmes schistes vert clair ou 
vert d'herbe l'emportent sur les schistes rouges ; puis 
leur couleur se modifie ; elle passe au vert jaunâtre en 
même temps que leur grain devient plus grossier. On 
arrive insensiblement aux schistes de St-Hubert. 

Si des limites vagues et insensibles sont accueillies 
avec plaisir par le géologue philosophe, pour une carte il 
faut au contraire des limites bien tranchées. Dans ce cas 
il peut être utile de faire commencer les schistes d'Oignies 
aux premiers schistes rouges et de les terminer aux 
derniers schistes rouges. On peut toutefois y joindre, 
au-dessus et au-dessous, quelques mètres de schistes vert 
clair, qui ont encore l'aspect des schistes de même nature 
intercalés dans les schistes rouges. 

Ces limites sont d'autant plus difficiles à déterminer 
que les schistes verts de St-Hubert, prennent en s'altérant 
une teinte rougeàtre ocreuse par la transformation de la 
chlorite en fer oligiste. Les schistes rouges subissent, 
quoique plus rarement, une altération qui les amène au 
même état. L'oligiste concrétionné, qui les colore, s'hy- 



— 123 — 

drate et prend une structure terreuse en même temps que 
sa teinte passe au rouge clair. 

L'assise d'Oignies commence sur la rivière d'Huile à 
1 kilomètre au N. du Pont Colin par des schistes compacts 
vert-clair qui forment des rochers dans le cours même de 
la rivière et qui ne tardent pas à être suivis de schistes 
bigarrés. 

Elle constitue le sous-sol des bois situés sur la portion 
des territoires des deux Bourseigne contenue dans la 
carte. Elle s'étend au S. jusque près du coude de la route 
de Gedinne entre la 9*^ et la 8*^ borne. Elle est coupée par 
quelques tranchées de la route de Willerzies à Bourseigne- 
neuve (*). 

Le village de Rienne est construit à la liraitedes schistes 
de Mondrepuits et des schistes d'Oignies. Les maisons 
cachent le terrain, mais la montée du village est trop 
raide pour ne pas être sur les schistes. Dans une note de 
Dumont il est écrit : au N. de l'église de Rienne à 20 m. 
au S. d'une croix, j'ai vu dans un trou de Tarkose désa- 
grégée qui correspond probablement à celle qui se montre 
sur la Houille. A l'est de Rienne le même géologue cite 
des schistes verdâtres, aimantifères. Dès qu'on sort du 
village vers le nord ou vers l'est le schiste rouge affleure 
partout ; les champs sont teintés en rouge. 

Dans le bois entre Rienne et Bourseigne il y a plusieurs 
carrières : 

Au N. du Grand-Franc-Bois il y a une carrière, en partie 
bouchée, dans du schiste vert. Sur hi rive droite du ruis- 
seau de Rompray. on a ouvert plusieurs carrières dans du 
schiste rouge et dans du grès de même couleur, l'inclinai- 
son est de 12® au S. 28° et le clivage de 30° dans le même 



(1) Sur cette route au nord des bols et à l'altitude de 400 ni. 
on jouit d'un^ vue splendide sur les 3/4 de l'horizon. 



— 124 — 

sens. On remarquera combien rinclinaison est faible ; sa 
direction vers le S-E prouve que tout ce massif présente 
de légères ondulations. 

A 600 m. de ce point, au sommet de la colline côte 397, 
on exploite dans plusieurs carrières un grès blanc pail- 
leté qui passeàTarkose et qui se décompose très facilement. 
L'inclinaison un peu obscure m'a paru être vers le S 55° E. 

La route de Rienne à Vencimont s'élève en sortant du 
village sur un petit plateau de schistes rouges, après 
avoir traversé une dépression limoneuse, elle rencontre 
un nouveau plateau de même nature. A l'extrémité de la 
planchette de Gedinne, elle atteint des grès verts felds- 
patliiques qui se prolongent sur la planchette de Yenci- 
mont. Près de là, il y a une carrière de grès tendre, de 
psammite vert-jaunâtre et de schiste vert, zonaire, que je 
range encore dans l'assise d'Oignies, parce qu'il y a des 
schistes rouges un peu au N. 

Les tranchées de la route de Gedinne èi l'E. de Rienne 
sont dans des schistes rouges, ainsi que la route de Sart- 
Custine, là où elle sort du limon. 

Il y a un peu d'arkose à la descente vers l'étang de 
Boiron. Dumont signale aussi un petit banc d'arkose, fine 
pailletée au S. du moulin de Boiron; il n'y a actuellement 
de visible que des schistes rouges et verts. 

Le village de Sart-Gustine est construit sur l'assise 
d'Oignies. On y exploite du schiste rouge. La nouvelle 
route de Vencimont commence par une tranchée dans des 
schistes rouges, qui contiennent une petite couche de grès 
gris, inclinaison 0.5° N. = 10°. Plus loin, vers la limite de 
la planchette, les mêmes schistes sont exploités comme 
moellons. On y voit la coupe ci-contre de haut en bas ; 

L'inclinaison est de 5° vers le S. 40° E. et le feuillet 
plonge de 30° vers le S. 25° E. 

La faible inclinaison des couches et leur ondulation sont 



— i25 — 

encore digoes de remarque. Aussi serait-on lente de lauger 
dans l'assise de S'-Huberl les schisles veris plus ou moins 
arénacés que l'on trouve en montant de 4U™ dans le Kranc 
Bois (') vers l'E., sans les i)Hncs de schistes rouges qui 
alternent avec eux. 

Coupe li'iine carrière à Sart-Cuatine 



a. Schistes compacts verts 1" 

II. Schistes arénaciïs 0-20 

c. Schistes compacta vei-ts 1*50 

d. Schistes compacts panacWs 2" 

Sur la pente sud-est du Kranc-Bois, il y a une grande 
carrière de schiste vert exploitée pour dalles, 

La route qui part de Sart-Custine vers l'E. se rendant ^i 
Palignies est presque toute entière sur Ira schistes rouges 
et bigarrés. Une carrière de grès verdiUre intercalée dans 
ces schistes montre une inclinaison de & au S. ^(1" R. 

Au tournant de la route, des schistes verts compacts 
avec surface brunâtre s'intercalent dans les schistes 
rouges. Ceux-ci fournissent une helle tranchée le long 
de la descente de la route dans la vallée de la Houille. 

Il) 11 y a sur la carie trois bois dôslgnés sous le nom de Franc- 
Bols : le Franc-Bois de WJIIerzIes ilont il a l'ii' question plus haut. 
le Grand Franc-Bots sur li- terrllolre do Klcnne et le Franc-Bols 
de Sart-Cuïtlne qui est cité Ici. 



— 126 — 

La rive droite de la Houille peut facilement s'étudier 
dans les deux routes nouvelles qui vont à Malvoisin et à 
Patignies. On constate qu'elle est toute entière formée par 
l'assise d'Oignies. Une carrière située à 400«» du pont, sur 
la route de Mal voisin exploite du grès gris incliné de 10° 
vers l'E. 50® S. Plus loin une autre carrière montre du grès 
verdâtre recouvert de schistes rouges, incliné de 15<» vers 
TE., 35 N. 

Ainsi ces roches en couches ondulées présentent une 
légère inclinaison générale vers l'E., c'est-à dire vers le 
plateau de Patignies. On peut suivre les schistes rouges 
mélangés de schistes verts jusqu'au delà de la borne 3, où 
l'inclinaison paraît être vers l'E. 55° S. 

La route quitte alors l'escarpement pour s'élever sur un 
plateau couvert de limon ; mais un petit chemin descend 
reprendre la Houille en restant sur les schistes d'Oignies. 
A la limite de la planchette, il y a un beau rocher de 
schiste brunâtre intercalé dans le schiste vert ; mais 
au-delà on retrouve le schiste rouge. En face un nouveau 
chemin vient d'ouvrir une magnifique tranchée dans les 
schistes bigarrés. 

Si au lieu de marcher vers le nord, on eut pris la route 
de Patignies, on eut marcher sur les schistes rouges et 
verts jusque près du village. 

Au point où le sentier de Sart-Custine à Patignies 
traverse la Houille, on exploite un rocher de schiste vert- 
brunâtre ; un peu au S. il y a des schistes bigarrés et plus 
loin des schistes gris et verts. Au vieux moulin de Gedinne 
on voit un autre rocher de schistes rouges inclinés de 
33° au S. 30« E. 

Le nom de Gedinne a été donné avec beaucoup d'à propos 
par Dumont à l'étage qui contient les schistes rouges, puis- 
que cette assise a un développement remarquable autour 
de ce village. 



— 127 — 

Le village de Gedinne assis au confluent de plusieurs 
ruisseaux est construit sur le schiste rouge qui affleure 
dès qu'on sort de la vallée dans une direction quelconque. 

La route de Willerzies et d*Hargnies y coupe plusieurs 
tranchées. A rentrée, près de Gedinne, passe un petit banc 
d'arkose que Ton voit bien dans la vieille route. 

La nouvelle route de Sart-Custine débute par une belle 
tranchée où la schistosilé est S. 40<» E. = S. 8°. 

Au N. de Gedinne, en suivant le cours de la Houille sur 
la rive droite, on passe contre de magnifiques rochers 
escarpés de 40 m. de hauteur en schistes compactes rouges 
et verts avec quelques bancs de quarzite vert. De nombreux 
blocs éboulés forment un talus au pied de l'escarpement. 

La rive gauche de la Houille possède aussi des rochers 
de même nature, mais moins élevés. Vis-à-vis de Vieux- 
Moulin, il y a une carrière d'arkose en bancs très faible- 
ment inclinés vers le S . 

Quand le chemin de Gedinne à Patignies' se détache 
de la route de Grîbelle, il descend par une tranchée de 
schistes rouges dans la vallée de TEugéon. L'ancien chemin 
remontait un escarpement rapide sur les mêmes roches. 
On l'a détourné pour lui faire parcourir une pente plus 
faible et un trajet plus considérable. 

A l'entrée de ce nouveau chemin, il y a une carrière de 
grès gris intercalé entre deux masses de schiste compact 
vert. Tandis que le schiste semble plonger vers le S. 18® E., 
l'inclinaison des grès est de 10° vers le N. o^)^ E. On doit 
donc admettre que l'inclinaison observée dans les schistes 
n'est que celle du clivage. Ces roches appartiennent encore 
à l'assise d'Oignies, car il y a un banc de schiste rouge 
intercalé dans les schistes verts inférieurs au grès et les 
schistes verts supérieurs sont eux-mêmes recouverts de 
schistes rouges, puis de schistes bigarrés compacts, 
exploités dans une petite carrière et dont l'inclinaison est 
indiscernable. 



— 128 — 

Sur la roule de Gedinne au Gribelle, on trouve les 
schistes bigarrés en montant, en face du cimetière. 
.Au-delà la route est sur le limon, mais, près du coude, les 
taupes ramènent au jour des fragments de schiste rouge, et 
il suffit de monter en haut de la côte, sur le vieux chemin 
de Haut Fayt pour voir affleurer des schistes, et des grès 
rouges. Un peu plus loin sur la route, il y a une carrière 
de schiste arénacé gris, dont Tattribution serait douteuse, 
si à 200 m. au-delà, en face de l'auberge, on ne voyait un 
nouvel affleurement de roches rouges. On y a ouvert une 
carrière dans des grès ferrugineux et on les suit jusqu'à 
400 m. de la route de Bouillon à Falmignoul (route du 
Gribelle). Alors apparaissent les schistes de S^-Hubert. 

La route de Gedinne à la gare s'élève aussi au sortir de 
la ville sur un léger escarpement des schistes rouges. Une 
carrière contre la route montre une couche de grès vert 
dans les schistes rouges. 

Grâce à ce banc de grès, on voit que l'inclinaison est 
de 45° au N. 15° E. tandis que les feuillets du schiste 
plongent au S. 40° E. La route présente ensuite quelques 
tranchées de schistes panachés. 

A l'entrée du bois, à 100 m. au S. de la route et sur un 
vieux chemin, on exploite sous 1 m de limon du sable 
rouge et blanc qui provient de la désagrégation du grès 
surplace. Le reste de la route jusqu'à la gare est sur le 
limon. Dans toutes les tranchées exposées à la pluie 
du sud, on voit saillir de nombreux débris de schiste, 
tandis que les tranchées exposées au nord paraissent 
presqu'entièrement limoneuses. 

Sur la ligne du chemin de fer, au S. de la gare, il y a 
une première tranchée dans des roches vertes que l'on 
peut rapporter à l'assise de St-Hubert, mais tout à fait à 
sa limite, car un peu au-delà, au disque, on voit apparaître 
des schistes rouges dont les feuillets plongent de 10° au 
S. 35° E. 



— 129 — 

La tranchée suivante, située au N. de la Halte de Louette- 
Saint'Denis, montre des schistes rouges et bigarrés, en 
bancs compacts, traversés de diaclases horizontales et 
paraissant inclinés vers le S.-E. Mais il est probable que 
cette apparence est l'effet de la schistosité, car dans la 
tranchée qui est au S. de la halte, près du kilomètre 94, 
on voit sur le c6té N.-E. des schistes compacts rouges 
séparés de schistes arénacés gris par un joint presque 
horizontal. Il y a en outre dans cette tranchée deux 
failles qui se coupent. L'une oblique à la voie a eu pour 
effet d'abaisser la partie S.-E. ; l'autre, parallèle à la voie 
et que l'on peut déduire des dénivellations, abaisse le 
côté N.-E. 

Des affleurements se voient aussi le long de la route de 
Bièvre. Un peu à l'E. de la neuvième borne, on trouve 
des débris de schistes rouges dans la campagne. Des 
débris analogues existent sur le côté de la route, à 
180 m. au S. du Gouverneur. Les schistes rouges sont 
mieux développés au coude situé plus loin, et mieux 
encore dans le chemin qui descend à la halte de Louette. 

Si, partant -de Gedinne on remonte la Houillette, on 
rencontre à l'entrée du sentier de Bièvre un beau rocher 
de schistes rouges avec parties arénacées vertes. Le sentier 
continue à monter dans les mêmes couches. Puis on trouve 
plusieurs carrières, les unes abandonuées, les autres en 
activité. Dans l'une de ces dernières, il y a un banc de 
grès micacé qui plonge de 45^^ vers le N. 15^ E. Les schistes 
rouges qui l'accompagnent ont leurs feuillets pendant au 
S.-E. Ils sont verts au voisinage du grès. Une autre 
carrière située contre un petit ravin contient un banc 
d'arkose incliné aussi au N. Plus loin c'est un banc de grès 
gris qui plonge au N. 10^0. 

Au delà d'un second ravin le bord de la prairie est 
formé par des rochers escarpés, couverts de bois; les 

Annales de la Société Géologique du Nord» T. xxvii. 9 



— 130 — 

premiers sont des schistes rouges et verts, au delà viennent 
des grès. verts et des arkoses. L'escarpement se continue 
jusqu'à Louette- Saint-Denis, toujours sur la même assise. 

La rive gauche de la Houillette est moins escarpée. On 
y voit cependant encore les roches rouges et vert-clair. 
Elles affleurent au sommet d'un petit plateau qui est au S. 
de Gedinne. L'arkose y est exploitée dans une petite 
carrière. 

Si après avoir passé la Houille à Gedinne, on remonte la 
rive droite du ruisseau de Roupeton arrive à une carrière 
très intéressante. 

Coupe d'une carrière d'arkose à VO. de Gedinne 




a. Arkose, incl. N. 35" E. = 30». 

b. Schistes verts, souciés aux suivants. 

c. Schistes rouges feuilletés; incl des feuillets S. 30» E. = 20«. 



On y exploite un banc d'arkose qui incline au N. 35® E., 
tandis que les schistes rouges qui l'entourent ont leurs 
feuillets plongeant au S. 30° E. Au contact de l'arkose les 
schistes passent au vert; il n'y a aucune démarqualion 
entre les schistes rouges et les schistes verts. 



- 131 — 

La couleur n'est donc pas en rapport avec la stratifi- 
cation. Elle est due au voisinage de Tarkose ; car on 
constate que les schistes rouges deviennent toujours verts 
dans le voisinage d'un banc de grès ou d'arkose. J'étais 
donc disposé à donner à ce changement de couleur une 
cause analogue à celle qui a créé les veines vertes de 
l'ardoise de Fumai. Je l'attribuais à l'action d'eaux 
siliceuses, qui, circulant dans l'arkose, auraient trans- 
formé dans le schiste du voisinage, l'oxide de fer en 
silicate, l'oligiste en chlorite. 

Mais l'examen microscopique m'a forcé de modifier mon 
interprétation. Le changement de couleur, s'il est, comme 
je le crois, postérieur à la sédimentation, ne peut être 
qu'antérieur au métamorphisme de la roche. 

En effet, l'oligiste, qui colore le schiste en rouge est à 
l'état de grains concrétionnés très visibles. Si l'action de 
l'eau s'était bornée à dissoudre l'oligiste dans le schiste 
déjà formé, il en résulterait des vides, qui seraient facile- 
ment observables au microscope. Si elle avait produit la 
transformation pseudomorphique de l'oligiste en chlorite, 
on verrait des grains de chlorite ayant la même forme 
que ceux d'oligiste, qu'ils remplacent. Il n'en est rien. 
La chlorite est disséminée dans les schistes en filaments 
qui courrent entre les grains de quarz ou en petites masses 
formées d'écaillés empilées les unes sur les autres. 

Elle a pris naissance en même temps que le mica blanc, 
lors du métamorphisme des schistes. A quel état était alors 
le fer ? Nous ne le savons pas. Probablement il avait déjà 
complètement disparu de ces parties destinées à être 
vertes. La compression qui a déterminé la schistosité de 
la roche, la formation du mica blanc et de la chlorite ont 
effacé les cavités qui avaient été produites par la disso- 
lution des grains de fer oligiste. C'est dans les roches 



— 132 — 

bigarrées de vert et de rouge d'âge plus moderne qu'il 
f^ut ohepcher la solution du problème (')• 

Le chemin reste sur les schistes bigarrés. A 50 m. du 
pont où il traverse le ruisseau, on voit un rocher de 
schistes brunâtres, et panachés. Plus loin ce sont des 
schistes verts et brunâtres dont les feuillets inclinent de 
25° au. S. 40® E. Le schiste brunâtre forme un paquet dans 
le vert et la schistosité se prolonge de Tun dans l'autre. 

En suivant le ruisseau vers le nord, on trouve des 
schistes rouges, panachés et verts où la schistosité est 
manifestement vers le S., mais où l'inclinaison est indis- 
cernable. Les diaclases perpendiculaires à la schistosité 
sont très irréguliers. En face, sur l'autre rive, il y a un 
banc de grès, mais je n'ai pas pu reconnaître son incli- 
naison. 

En remontant le ruisseau, on voit de côté et d'autre 
quelques débris de schistes rouges. Le bois Ramisseausur 
la rive droite, est presque tout entier sur ces roches. 

La pointe du terrain entre les ruisseaux de Roupet et de 
Burhère montre au nord des schistes rouges qui appar- 
tiennent à la base de l'assise. 

En effet au point où le chemin de Gedinne à la Censé 
Jacob se sépare de la route, sur la droite de la Houille, il y 
a une carrière dans du schiste grossier noirâtre, incliné 
S. 20° E. En face sur la rive gauche, on exploite un rocher 
de grès gris et de schiste jaune verdàtre, à teintes acci- 
dentelles brunâtre : inclinaison (S. Sa'' E == 10^>). Ces roches 
doivent appartenir à la partie supérieure des schistes de 
Mondrepuits. Ce qui paraît être l'inclinaison n'est peut-être 

(1) Dans une note très intéressante qui vient de paraître pendant 
l'impression de ces lignes [Bull. Ac. R. di Belgique y t. 35, p. 521). 
M... V. Spring admet aussi que les parties vertes des scliistes 
l^igairés gedinniens sont dues à la dissolution de l'oxide de fer 
â^ans'des roches qui étaient primitivement uniformément rouges. 



— 138 — 

que la scbistosité, car sur la rive nord du ruisseau de 
Burhère quelques affleurements de schistes compacts de 
même âge présentent l'inclinaison N. 50^ E. = 25^. 

La route d'Houdremont au delà du chemin de la Censé 
Jacob n'a que des tranchées très ancieones où l'observation 
est difficile. On y voit des schistes verdâtres très quarzeux, 
puis des grès gris verdàtre aimantifères et des schistes 
brunâtres plus ou moins violacés, qui contiennent des 
bancs de schiste rouge. Vis-à-vis de la brasserie, il y a une 
carrière de grès gris avec schistes rouges ; près de la 5'^ 
borne une autre carrière de grès verdàtre et de schistes 
bigarrés ; nn peu plus loin un irou d'où l'on tire du schiste 
quarzeux brunâtre parsemé de points ocreux qui pro- 
viennent de l'altération de la magnétite, et à quelques 
mètres au-dessus une belle carrière de schistes rouges 
dont le feuillet plonge de 40° à l'E. 50*> S. Sur l'^iutre rive 
de la Houille, une tranchée faite pour amener de l'eau dans 
les prairies a coupé un grès gris verdàtre, qui paraît 
être identique au précédent ou appartenir à l'assise de 
Mond repuits. 

Les schistes d'Oignies forment presque toute la colline 
en grande partie couverte de limon entre Louette-S<^-Pierre 
et Louette-S^-Denis. Ils affleurent sur la rive gauche de la 
vallée de la Houillette. Dans un petit bois sur le bord de 
•la rivière, on exploite un rocher d'arkose où l'inclinaison 
est au N. 40'>E. = 35'>. 

Le village de Louette Saint-Denis est construit sur un 
escarpement de schistes d'Oignies. De nombreuses 
carrières sont ouvertes dans le village et tout autour dans 
du schiste qui est presque toujours bigarré. Ses feuillets 
inclinent vers le S. 30° E; quanta sa stratitication, elle est 
indiscernable en raison de l'homogénéité de la roche. M 
n'y a d'exception que pour la carrière d'arkose située au 
N. du village sur la rive gauche de la Houillette; rincH- 
naison y est au N. 40» E. = 33^ 



— 134 — 

Sur le chemin d'Houdremont, on voit le passage de 
rassise d'Oignies à celle de Levrezy. A l'entrée de la route 
il y a une petite tranchée dans le schiste bigarré et deux 
carrières l'une à gauche l'autre à droite. A 20 mètres de 
là, on voit sur le bord de la route du schiste compact 
vert-clair que Ton peut encore ranger dans Oignies ; puis 
du quarz à phyllade vert-jaunâtre aimantifère, avec 
phyllade de môme nature, appartenant au sommet de 
rassise de Levrezy. 

Au S. de Louette, un plateau couvert de limon ne 
permet pas de voir la limite des deux assises. Cependant 
sur le bord septentrional du ruisseau de Plate-Pierre, on 
trouve dans le bois des schistes quarzeux et des phyllades 
aimantifères appartenant au Levrezy. Un peu en amont 
près du sentier de Bellefontaine , on peut ramasser 
quelques débris de schiste rouge. 

Le chemin de traverse de Louette-Saint-Denis à Bièvre 
est sur les schistes d'Oignies. 

Schiste de Saint-Hubert. — L'assise de Saint-Hubert 
est généralement composée de schiste vert-jaunâtre plutôt 
arénacé que phylladique et de grès verdâtre ou gris. Elle 
contient souvent des bancs subordonnés de schiste rouge. 
Je n'ai pas eu l'occasion d'en observer sur la planchette de 
Gedinne, où les schistes de Saint-Hubert sont peu déve- 
loppés et souvent cachés par du limon ou des bois, mais 
j'en ai vu sur la planchette voisine de Vencimont. 

On ne connaît l'assise de Saint-Hubert que dans la 
partie nord de la planchette de Gedinne, sur la rive droite 
de la Houille. 

Le vieux chemin de Gedinne à Patignies rencontre près 
du sommet de la côte 381 des schistes arénacés verts et 
une petite carrière de grès gris d'apparence presque 
taunusien, mais plus verdâtre. Des débris de schistes 



j 



— 136 — 

arénacés verts se montrent aussi à l'entrée du chemin de 
la gare et en divers points de ce chemin. 

Le village de Patignies est construit sur l'assise de 
Saint-Hubert. On trouve des débris appartenant à l'assise 
sur tout le plateau qui est au N.-O. 

A TE., près du bois, il y a deux carrières ouvertes dans 
des schistes compacts vert-jaunâtre, dont les feuillets 
plongent au S. 40® E. Les débris de ces schistes et des grès 
grisâtre parsèment le plateau jusqu'à la route. Contre la 
route de Falmignoul, il y a des exploitations de grès gris- 
blanchâtre qui se distinguent du grès taunusien par 
une plus grande schistosité. L'inclinaison est au N. 23° 0. 

Le chemin de Patignies à Malvoisin après avoir traversé 
le ravin monte sur une rampe de schiste et grès de Saint- 
Hubert. Les grès sont exploités dans deux carrières à 
droite et à gauche de la route. Le bois du Chenai à l'O. de 
Malvoisin doit être aussi sur l'assise de Saint-Hubert, 
ainsi qu'une grande partie du village. 

La même assise aiQeure sur la route de Falmignoul, au 
S. de la 26® borne. Au S. de l'auberge du Gribelle, à 400™ 
au S. de l'entrée de Gedinne, il y a une carrière de schistes 
verdâtres compacts. Dumont écrit dans ses notes : « A 
Gribelle on voit sur la route le grès reposer en stratification 
discordante sur le schiste compact; l'inclinaison du grès 
est au N., tandis que celle du schiste est au S. » Il est 
évident que Dumont a pris ici la schistosité pour l'incli- 
naison. H a dû reconnaître lui-même son erreur, car il 
n'est pas fait mention de cette observation dans ses 
Mémoires. Si je cite le fait, c'est pour montrer combien il 
est facile de se tromper dans ce pays couvert de bois où 
l'altération modifie l'aspect normal des roches, où la 
schistosité simule la stratification. 

CoBLENziEN. — Grès d'Anor (Taunusien). — Le 
taunusien avec son caractère de grès blanc feldspathique 



— 136 — 

forme la petite colline, côte 415, entre le village de 
Malvoisin et la route. Un bloc, peut-être légèrement 
éboulé, est exploité dans le village même. 

Sur la route de Falmignoul, au N. de Malvoisin (Plan- 
chette de Vencimont) ; il y a une briqueterie où Ton exploite 
Im à lm50 de limon contenant sur toute la hauteur de 
petits fragments de ^rès et à la base de gros blocs de 
même nature. 

Tout près de là, au poteau indicateur, côte 487, on jouit 
d'une vue admirable vers TO. et le S. Malheureusement 
elle est masquée par les bois au N. et à TE. 

Observations sur la formation du schiste ottrélitifère 

de Saint-Jean 

Le schiste phylladique ottrélitifère de Saint-Jean dont 
il a été question plus haut (*) est coloré en noir par du 
charbon. Il contient des microlites de rutile qui sont 
souvent réunis en glomérules autour d'un grain de 
charbon. 

Les cristaux d'Ottrélite se présentent sous la forme de 
prismes terminés aux deux extrémités par des gerbes 
de mica blanc et de quarz comme dans les schistes 
salmiens (*) ; mais ils ne sont pas brisés comme dans ces 
derniers schistes et ils ne présentent aucune trace de 
mouvements postérieurs a leur formation. 

Ils sont surtout remarquables parce qu'ils ont englobés 
de nombreux grains de quarz dont le diamètre peut 
atteindre le quart et même le tiers de la largeur du prisme. 

Dans les coupes perpendiculaires aux prismes, on croit 
voir un grès dont chaque grain est réuni en grain voisin 



(1) Antep. 112. 

(2) Ann. Soc. Géol. du Nord, XV, p. 199. 



j 



— 137 — 

par du ciment d'Ottrélite. Il est bien évident que TOttré- 
iite a cristallisé au milieu de la roche déjà formée. 

Tandis que les grains de quarz remplissent les prismes 
d'Ottrélite, les grains charbonneux y sont très rares. Ils 
semblent avoir été chassés de Tespace où s'est édilié le 
cristal, car lorsque celui ci s'est formé dans une masse où 
les grains charbonneux étaient abondants, ils se sont 
réunis en une auréole noire autour du cristal. 

Le schiste phylladique noir ottrélitifère est divisé en 
deux bancs : Tun de 10, l'autre de 40 centimètres par un 
banc de schiste quarzeux où les Otlrélites sont moins 
abondantes, mais plus curieuses encore. 

Les grains de quarz qui y sont enclavés sont très gros. 
Aussi les cristaux d'Ottrélite sont-ils réduits à de véritables 
squelettes. On y distingue un grand nombre de petites 
fibres prismatiques de longueur variable, qui remplissent 
les intervalles entre les cristaux de quarz. Bien peu 
s'étendent d'une extrémité à l'autre du cristal. 

La roche contient des granules de limonite. Ceux qui 
se trouvaient dans l'espace qu'occupe l'éditice cristallin 
ont été rejetés au dehors et leur amoncellement forme 
comme un étui à TOtlrélite. 

Le schiste ottrélitifère est situé entre deux bancs de 
poudingue qui, eux, ne contiennent pas d'Ottrélites. 
Cependant le poudingue inférieur jjasse supérieurement 
à un grès schisteux, où on découvre encore des Ottrélites 
en cristaux petits, minces, disposés dans toutes les 
directions. 

C'est avec Bogny et le ravin du Corl)eau, la troisième 
localité où j'ai constaté des cristaux d'Ottrélite dans le 
gedinnien au contact du revinien. On pouvait penser, lors 
de la première découverte de ce genre, que l'Ottrélite était 
remaniée et provenait du terrain cambrien. Mais en 
remarquant que les paillettes d'Ottrélite ne sont pas 



— 138 — 

parallèles entre elles et qu'elles ne sont pas disposées à 
plat dans le sens de la stratification, j'en ai conclu qu'elles 
se sont formées dans la roche postérieurement à sa 
sédimentation et même à son métamorphisme primitif, 
c'est-à-dire à sa transformation en phyllade (*). Les obser- 
vations que je viens de citer en sont une nouvelle preuve» 
puisque le rutile, ce minéral si caractéristique du méta- 
morphisme phylladique existait déjà, avant le développe- 
ment des cristaux d'Ottrélite qui les englobent. 

On remarquera aussi que dans les trois seuls points où, 
l'on rencontre de TOttrélite à la base du gedinnien, 
celui-ci repose en stratification concordante sur le cambrien 
et que ces trois localités ottrélitiques sont aussi les seules 
où la stratification concordante ait été observée; partout 
ailleurs elle est discordante. 



Séance et Excursion géologique du S Juillet 1898 

à Béthune 

La séance à été ouverte à l'Hôtel de France, à il heures. 
Étaient présents : 



MM. Bregi. 



MM. Ladbière. mm. Parent. 



Breton. 
Defrennes . 

DeWA TTINES . 

Eeckmann. 
Goblet . 
Gosselet. 



Lagaisse. 
Lay. 
Lecocq . 
Leriche. 
Lonquéty . 
Meyer, Adolp. 



Peucelle. 
Routier . 
Smits . 
Théry . 
Treuffel. 
Van den Broeck 



membres de la Société. Et en outre : 



(1) Ardenne, p. 791. 



- 139 — 

MM. Beghin. 

Bergerat, ingénieur aux mines de Lens. 

Carrez, de Dunkerque. 

Delannoy, professeur à rÉcole supérieure deRoubaix 

Dl'bus, de Béthune. 

Guerre, ingénieur aux mines de Nœux. 

Hertemann. 

Lebrun, élève de la Faculté de Lille. 

Legay, docteur en médecine à Lille 

De la Porte, chef du Secrétariat aux mines de Lens. 

Salmon, élève de la Faculté. 

Après la lecture du procès-verbal de la séance précé- 
dente, la Société admet au nombre de ses membres : 

MM. Edmond Crampon, entrepreneur des travaux 
publics à Bettrechies. 
Lefebvre, directeur de la Revue Noire, à Lille 

M. Gosselet fait la communication suivante : 



Etude préliminaire des récents Sondages 

faits dans le Nord de la France 

pour la recherche du ba'isin houiller 

par J. Gosselet 

PI. II 

Les sondages qui ont été faits depuis dix ans dans le 
Nord de la France en vue de rechercher la prolongation 
occidentale du grand bassin houiller Franco-Belge ont été 
entrepris non pas au hasard, mais sous Tinspiration de 
considération scientifiques bien déterminées. 



— 140 - 
Ils peuvent se diviser en quatre groupes. 

1«* Ceux de la Liane ; 
2® Ceux de la Flandre ; 
3° Ceux du Calaisis ; 
4'» Ceux de la Côte. 

Les premiers, ceux de la Liane ont été entrepris sous 
mon inspiration d'après des suppositions que Texpérience 
a prouvé être erronées. 

Bien que j'eus démontré depuis longtemps que le bassin 
houillerd'Hardinghem et de Ferques est le prolongement 
du grand bassin houiller Franco-Belge, je n'étais pas 
convaincu qu'il en fut le seul représentant, je pensais que 
les couches de calcaire carbonifère et de psammites 
dévoniens qui affleurent au S. E. de Ferques et d'Hardin- 
ghem constituaient peut-être une voûte anticlinale, plon- 
geant au Sud sous un autre bassin houiller, comme cela 
se voit aux environs de Namur. 

Ce nouveau bassin houiller supposé devait être situé 
entre la voûte anticlinale psammitique et calcaire et la 
Grande Faille dont la position était alors complètement 
inconnue dans cette région. De là vint la pensée de le 
rechercher vers le Sud du Boulonnais. 

Ce raisonnement semblait confirmé par le résultat d'un 
sondage fait à Desvres pour avoir de l'eau. On m'en avait 
montré une carotte qui rappelait beaucoup le Houiller 
inférieur (jue Ton avait découvert quelques années au 
paravant à Liévin et à Drocourt, au S. du bassin houiller. 

Un premier sondage fait à Meuneville, au N. de 
J3esvres a atteint à 148 m. de profondeur, des schistes 
noirs compacts durs qui ont paru aussi appartenir au 
houiller inférieur. Un second soudage fait à Bournonville 
a recoupé des schistes identiques de 187 m. à 382 et un 



— 141 — 

troisième à Wirwignes de 230 à 508 m. On s*est 
reporté plDs au nord, près du Waast ; les mêmes 
schistes se sont présentés à 44 m., mais à 136 m. on a 
trouvé des psammites rouges du dévonique supérieur. 

Ainsi, toute cette partie orientale du Boulonnais était 
formée par un terrain schisteux que Ton avait rapporté 
au Rouiller inférieur parce qu'il n'avait aucune analogie 
avec les roches dévoniques connues. Restait une suppo- 
sition à faire. Ce terrain schisteux ne serait-il pas le 
Culm des Anglais et le bassin hou iller ne pouvait-il pas se 
trouver entre ce Culm et la Grande Faille; car jusque là, 
on n'avait pas encore reconnu l'emplacement de la crête 
du Condros, caractérisée par la présence du dévonique 
inférieur : Gedinnien ou Coblenzien. 

Une dernière tentative fût faite à Chantraine, à l'O. 
de Samer. On rencontra sous le jurassique, à 150 m. de 
profondeur, des schistes rouges et A^erts, dont l'âge 
gedinnien n'était pas contestable. Donc la crête du Condros 
était atteinte. 

Alors l'idée vint que les schistes que nous prenions pour 
du houiller inférieur pourraient bien être siluriques. 
M. Barrois les examina au microscope. U n'y trouva pas 
lès granules charbonneux des schistes houillers. 

Les recherches de la Liane conduisaient donc à la 
conclusion qu'il y a sous la pointe orientale du Boulonnais 
une masse silurienne analogue à la bande silurienne du 
Condros, au S. de Namur et d'Hûy. On pouvait aussi en 
conclure que le bassin d'Hardinghem et de Ferques était 
l'unique prolongement du bassin houiller du Pas-de- 
Calais. 

Pendant que se faisaient les sondages de la Liane, on 
découvrait à Douvres un magnifique bassin houiller. 

Après quelques années d'hésitation, plusieurs sociétés 
se mirent à chercher en France la prolongation du bassin 



— 442 — 

de Douvres. Les idées théoriques qui les guidaient n'étaient 
pas les miennes. J'estimais que le grand plateau de schistes 
et de quarzites siluriques du Brabant se prolonge sous la 
Flandre jusqu'aux confins du Boulonnais. Cependant je ne 
regardais pas la découverte de houille en Flandre comme 
absolument impossible, mais je pensais que si ce bassin 
houiller bien problématique existait, il devait être com- 
plètement indépendant du bassin houiller Franco-Belge. 

Voilà ce (fue je disais et ce que j'écrivais (*) à ce sujet 
en 1891. 

« Au N. de la bande dévonienne dont je viens de parler 
il y a le grand plateau du Brabant, constitué par les 
terrains silurien et cambrien. Ce terrain a été reconnu 
souterrainement à Bruxelles, à Ostende et à Cafiiers entre 
Marquise et Calais. Il est donc probable qu'il s'étend sous 
tout le Nord de notre département a une profondeur qui 
n'est pas encore déterminée. Il n'y a rien d'impossible à ce 
qu'il y ait à sa surface des bassins houillers comparables 
à ceux du Shropsire en Angleterre, qui reposent aussi sur 
le terrain silurien. Tout ce que l'on peut dire c'est que l'on 
n'en a pas encore constaté, à moins que ce ne soit le cas 
du bassin houiller signalé à Douvres. Il se peut que le 
terrain houiller de Douvres forme un petit bassin à la 
surface des schistes siluriens que la sonde a atteint à 
Ostende et à Caffiers, il pourrait alors s'étendre à l'E. 
jusqu'à Calais. Je n'ai rien à objecter à cette hypothèse 
mais je n'y crois pas. » 

Onze sondages furent entrepris en Flandre dans le 
Département du Nord et dans la partie voisine du Dépar- 
tement du Pas-de-Calais. Quatre seuls atteignirent les 



(1) GosSELET. — Les richesses minérales de la région du 
Nord : Conférence faite devant la Société Industrielle du Nord de 
la France, le 18 Janvier 1891 ; p. 15 et 16. 



— 443 — 

terrains primaires. Devant leurs résultats négatifs les 
autres furent abandonnés. 

Les quatre sondages qui furent poussés jusqu'au 
primaire sont ceux deNoordpeenne, duGuindal, deBray- 
Dunes et de Gravelines. Ils ne rencontrèrent que le silu- 
rique à l'état de schistes noirs compacts très durs, ou de 
roche blanche, provenant de l'altération de ces schistes. 

Mes prévisions se trouvaient donc confirmées. 

Au point de vue géologique, les sondages de la Flandre 
nous apprirent que la pente de la surface des terrains 
primaires entre Noordpeenne et le Guindal est très forte. 

Noorpeenne. Altitude de la surface primaire. 266* ■ 

Le Guindal 346* 

Gravelines 346" 

Mais cette surface se relève rapidement vers TE., car à 
Bray-Dunes (limite de la France et de la Belgique à l'E. de 
Dunkerque) elle n'es| plus qu'à 290°» et à Ostende, à 310"». 

En présence des résultats négatifs des sondages de la 
Flandre, on en revint à se guider par l'hypothèse que 
j'avais émise en 1891. 

« Je pense que la houille de Douvres appartient au 
grand bassin Franco-Belge, dont nous trouvons le prolon- 
gement dans le Boulonnais. Ce bassin, après s'être dirigé 
du N.-E. au S.-O. depuis Dortmund en Wesphalie jusqu'à 
Namur, marche ensuite de l'E. à l'O. jusqu'à Valenciennes ; 
puis, à partir, d'Anzin prend une direction vers le N.-O. ; 
il va enfin se montrer à Bristol et à Swansea avec une 
direction de TE. à l'O. Il est possible qu'entre Marquise et 
Douvres, le terrain houiller éprouve un rejet vers le N. 
soit par une faille transversale, soit par un pli analogue a 
celui qui, près de Douai, rejette le bassin vers le N. et en 
a longtemps fait perdre la direction. » 



— lU — 

« L'important serait de connaître la place de cet 
accident. S'il est situé dans le détroit il n'y a pas de 
charbon à Calais. Mais il pourrait être sur le territoire 
français. A partir de la roule de Boulogne à Calais, la 
bande de terrain primaire du Boulonnais s'enfonce 
brusquement sous le terrain jurassique ; c'est peut-être en 
ce point qu'a lieu le rejet. » 

La réjîion des environs de Calais n'hélait pas tout à fait 
inconnue. 

Lorsqu'on avait fait le puits artésien de Calais, on y avait 
rencontré à 320 m. de profondeur un calcaire qu'Elie de 
Beaumont avait déterminé comme calcaire carbonifère. 
A Guines, un sondage avait rencontrera 224 m. un terrain 
de grès et de schistes gris et rouges, qui a été qualifié de 
dévonien. 

Telles étaient les connaissances que l'on avait sur le sol 
primaire du Calaisis, lorsqu'on entreprit les nouvelles 
recherches. 

La première fût faite à Coquelle, près de Calais. Elle 
confirma la découverte d'Elie de Beaumont, car elle 
rencontra le calcaire à 340 mètres, et sous ce calcaire, à 
426 mètres des schistes rouges fossilifères dévoniens. 

A Sandgatte à l'O. de Calais le même calcaire fut trouvé 
à 139™ et dessous à 155™, un terrain schisteux qui parut 
être silurien. C'était une anomalie singulière que ce 
calcaire superposé au silurien. Néanmoins l'existence bien 
constatée du calcair? carbonifère à Calais était un argument 
sérieux en faveur de ma théorie. On devait se porter vers 
rO. pour rencontrer le houiller. 

Sans suivre Tordre historique des recherches, je me 
bornerai à dire que deux sondages furent faits à Escalles et 
qu'ils tombèrent sur le terrain silurien à 233™ et à 235™ 
de profondeur. On peut en conclure que le calcaire de 
Calais, de Coquelles et de Sandgatte est un fragment isolé 
sur le silurien. 



— 145 - 

A 2 k. au S.-E. d'Escalles se trouve le sondage de 
Folemprise et à 3 k. plus loin celui de TAnglaise, qui 
rencontrèrent le terrain dévonien rouge à 248 et à 210™. 

Enfin en suivant toujours la côte vers TO. à Strouane on 
trouva à 166"» de profondeur, le terrain houiller parfaite- 
ment caractérisé avec trois veines de houille en position 
normale avec toit au-dessus et mur en dessous. A 295"^ on 
sortit de ce terrain pour pénétrer dans le calcaire (*). La 
houille rencontrée dans ce sondage présentait les caractères 
de la houille d'Hardinghem. On avait donc trouvé le trait 
d'union entre le bassin de Douvres et le bassin du 
Boulonnais. 

On devait espérer que ce terrain se prolongerait vers le 
S. Malheureusement les faits n'ont pas confirmé ces 
espérances. Des sondages faits à Hervelinghem au S.-E., 
au Colombier au S. et à Tardinghem au S.-O. ont rencontré 
le premier le dévonien, les deux autres le calcaire. On 
devait en conclure que le bassin houillier de Wissant 
n'avait qu'une étendue restreinte, mais on ne se découragea 
pas. Deux autres sondages furent faits à Wissant même. 
Celui du Sud atteignit à 215™ des schistes probablement 
dévonien et celui du Nord vient de rencontrer à 190'» le 
calcaire carbonifère bien caractérisé. 

Si on ajoute aux faits précédents, cet autre qu'à 
Witrethun la sonde a rencontré le calcaire carbonifère, 
on peut en conclure que le bassin dévonique et carbonique 
du Boulonnais, prolongement certain du bassin de Namur, 
subit à rO. de la route de Boulogne à Calais un rejet vers 
le Nord, que j'avais assez exactement dessiné en 1891. 

Dans ce rejet, les diverses assises sont très probablement 
aussi fracturées qu'elles le sont aux environs d'Hardin- 

(1) Ce calcaire contenait une petite veine de schiste rouge qni 
a pu faire croire à la présence du dévonien. 

Annales de la Société Géologique du Nord, T. xxvii. 10 



— 146 — 

gheiD. Ce serait une témérité que d'y tenter une exploi- 
tation. 

« 

Il y avait encore un autre problème géologique à 
résoudre. 

On sait que le Bas-Boulonnais est essentiellement 
constitué par un dôme de terrain jurassique qui fait 
saillie au milieu de la grande plaine crétacée du Nord. 
Tous les sondages du Calaisis étaient situés sur la craie au 
Nord -Est des affleurements jurassiques. Ceux de la Liane 
avaient été faits vers la limite Sud du Bas-Boulonnais. 
Que se passait-il sous le dôme jurassique ? On l'ignorait. 

Il était possible qu'il y eût entre Wissant et Samer une 
région dévonique et carbonique, plissée et fracturée 
comme celle de Ferques et ou l'on pouvait encore espérer 
trouver de la houille. 

Il était naturel de supposer que si ce bassin houiller 
hypothétique existait il devait correspondre à un des 
synclinaux tectoniques jurassiques. 

Un sondage fut entrepris dans le synclinal de Wimereux 
au Pas-de-Gay au N. d'Aubenge. 11 rencontra le terrain 
silurien à 443m. de profondeur. 

Un autre sondage fait à Framzelle près du Gris-Nez, sur 
l'anticlinal du Gris-Nez rencontra le même terrain à 441 m. 
de profondeur. 

Il est donc reconnu que le dôme du Boulonnais corres- 
pond dans sa partie occidentale, comme dans sa partie 
orientale, a un plateau silurien et on perd tout espoir d'y 
trouver de la houille. 

Toutefois, à Framzelle le terrain silurique est recouvert 
en stratification discordante par des roches rouges dont 
l'âge est discuté. 

Sans préjuger ce que pourra apprendre l'étude des 
couches jurassiques traversées, on peut déjà constater que 



- 147 ^ 

ranticlinal géotectonique du terrain jurassique du Boulon- 
nais se trouve superposé à une profonde dépression de la 
surface des terrains primaires. 

En effet la surface primaire est presque à la même 
altitude, — 130 à — 140°^, à Strouane au N. du Boulonnais 
et à Samer au Sud. Entre ces deux points extrêmes s'étend 
une large dépression qui correspond au dôme jurassique 
du Boulonnais. 

strouane — 138" 

Tapdinghem. — 194 

Framzelle — 398 

Pas-de-Gay — 385 

Wirwlgne — 210 

Samer — 134 

Quel est rage de cette dépression primaire? Comment un 
synclinal orographique inférieur a-t-il pu se transformer 
en un anticlinal géotectonique supérieur? C'est j'espère ce 
que nous apprendra Tétude des couches jurassiques tra- 
versées par ces sondages. 

Si on revient à des considérations purement stratigra- 
phiques, on constate que le massif silurique du Boulonnais 
est situé dans une position analogue à celle du massif 
silurique du Condros, entre le Gedinnien, qui est au S. de 
Samer, et la Grande-Faille, qui a été constatée au Waast et 
qui passe entre Framzelle et Tardinghem. 

Il diffère du massif du Condros par sa largeur beau- 
coup plus grande. Quant à son âge exact, il ne peut pas 
être fixé exactement, car on n'y a pas trouvé d'autres 
fossiles que des débris indéterminés de Graptolites. 

On ne pouvait certes pas soupçonner son existence, 
puisque la bande silurique du Condros cesse d'affleurer à 
l'E. de Charleroy et n'avait pas encore été reconnue, ni sur 



— 148 - 

■le territoire français, ni en Angleterre au S. du bassin de 
Bristol. 

Les découvertes du Ëoulonnais ne sont pas les seules qui 
montrent l'importance du terrain silurique dans la consti- 
tution de la partie souterraine de la crête du Condros sur 
le territoire du Pas-de-Calais. 

Dans des travaux récents, les ingénieurs des mines de 
Liévin ont traversé, au S. de la concession, des schistes 
noirâtres calcarifères dans lesquels M. Barrois a reconnu 
les fossiles caractéristiques du silurien supérieur. 

Ce paquet provenant de la Crète du Condros est séparé 
des veines de houille exploitées par une faille très faible- 
ment inclinées. On peut supposer que le silurien de 
Liévin est le commencement du massif qui va s'épanouir 
sous le Bas Boulonnais et s'étend probablement aussi sous 
le Weald. 

On voit combien sont complexes les problèmes que l'in- 
dustrie pose à la science géologique. Si nous pouvons 
quelquefois guider utilement ceux qui recherchent et 
exploitent les mines, en revanche, les sondages et les 
travaux d'exploitation nous fournissent les documents les 
plus précieux pour rectifier nos erreurs et faire progresser 
la science. 

Plus d'un demi-million de francs a été dépensé dans 
ces sondages sans que ceux qui les ont entrepris rem- 
portent d'autre avantage que la conscience d'avoir tout 
tenté pour doter leur pays d'un nouveau bassin liouillier. 

En terminant, je dois remercier M. Dinoir, ingénieur 
aux mines de Lens qui m'a communiqué presque tous les 
renseignements sur lesquels j'ai basé ce travail. 

A la suite de cette communication, M. Breton ajoute 
quelques renseignements sur les sondages qu'il a dirigés. 







— 149 - 


m 








1 


SONDAGES 


Profondeur 

des 

Terrains primaires 


/Lliitade 
du 
lieu 


Altitude 

du 
primaire 


Prof. 

du 

soudage 


Framzelle . . . 


Silurien 


453 


55 


— 398 


455 


2 


Pas de Gay . . . 


Id. 


443 


58 


— 385 


458 


3 


Tardinghen. . . 


Calcaire 


214 


30 


— 184 


240 


4 


Wlssant sud. , . 


Dévonien 


215 


40 


175 


282 


5 


Le Colombier . . 


Calcaire 


225 


40 


— 185 


265 


6 


Hervelinghen . . 


Dévonien 


176 


94 


— 182 


282 


1 


Wissant nord . . 


Calcaire 


190 


28 


— 162 


192 


8 


Slrouanne . . . 


( Houiller 
i Calcaire 

Silurien 


166 
295 


28 


— 110 


298 


9 


Escalies . . . . 


235 


30 


- 205 


243 


10 


Escalles . . . . 


Id. 


233 


29 


— 204 


251 


11 


Folleuiprise . . . 


Dévonien 


248 


50 


— 198 


258 


12 


L'Anglaise . . . 


id. 


210 


72 


158 


212 


13 


Bonnlngues . • . 












14 


Peuplingues . . . 












15 


Sangatle . . . . 


( Calcaire 
^ Silurien 


139 
155 


22 


- 117 


169 


16 


Marck 


Dévonien 


350 


8 


- 342 


375 


17 


Guemps . . . . 












18 


Vieille-Église . . 












19 


S'-Omer-Capelle . 












20 


Gravelines . . . 


Silurien 


350 


4 


— 346 


440 


21 


Guindal . . . . 


Id. 


350 


4 


346 


365 


22 


Cray Vick . . . . 












23 


S'- Pierre- Brouck . 












24 


Audrulck. . . . 












25 


Petite-Synttie . . 










325 


26 


Bray- Dunes . . . 


Silurien 


293 


3 


- 290 


443 


27 


Noopdpeene . . . 


Id. 


294 


28 


— 266 


313 


28 


Oiïekerque . . . 


Dévonien 


342 


6 


336 


362 


29 


Coquell«s (Calais) . 


' Calcaire 
\ Dévonien 


340 
426 






375 


30 


Wltrettiun . . . 


ïd. 


200 


15 


— 185 


602 


31 


Menneville . . . 


Silurien 


148 


48 


- 100 


241 


32 


Bournon ville , . 


Id. 


181 


45 


- 136 


382 


33 


Le Waast. , . 


S Id. 
( Dévonien 


44 
156 


50 


+ 6 


162 


34 


Samer. . . ^ . 


Gedlnnien 


150 


16 


— 134 


168 


35 


Wirwlgnes . . . 


Silurien 


230 


20 


— 210 


508 


36 


Puits art. de Calais 


i Calcaire 


320 





— 320 




37 


Guines . . . , 


Dévonien 


224 








38 Pontd'Ardres . . 


Calcaire 


330 


10 


— 320 





- 150 — 
M. Van den Broeck fait la communication suivante : 

La Météorologie endogène et le grisou 
par Ernest Van den Broeck 

Causerie faite le S Juillet 1898, à l'occasion 

de la Session extraordinaire 

de la Société Géologique du Nord, à Béthune 

M. Van den Broeck rappelle, en commençant sa 
communication, que c'est Tétude qu'il avait entreprise 
en 1895-96, des ((Mistpoetîers» ou détonations mysté- 
rieuses de la mer du Nord et des plaines horizontales de 
la Basse Belgique qui Ta conduit à rattacher ce phénomène 
acoustique aux manifestations de l'activité endogène. 
Avec plusieurs observateurs, il avait été amené, quoique 
sous une forme encore dubitative, à admettre qu'il n'y 
avait dans cette manifestation acoustique que la transfor- 
mation d'une vibration ou trémulation de Técorce terrestre 
en une onde sonore s'élevant dans les airs. La résultante 
de cette hypothèse était que les dispositifs microphoniques 
imaginés et spécialement appropriés par M. le Professeur 
L. Gérard de Bruxelles, en vue de la recherche de ces 
corrélations, étant appelés à déceler des mouvements 
microsismiques, pourraient aussi être utilisés pour 
signaler corrélativement ces stades de plus grande activité 
endogène, phénomène que divers auteurs ont considéré 
comme l'un des principaux facteurs des dégagements 
grisouteux ('). 

(1) Au moment de l'ini pression de ces lignes, M. Van den Broeck a 
re(;u de Calcutta d'une part, d'Italie de l'autre, des données 
extrêmement intéressantes et nouvelles, desquelles il résulte que la 
corrélation, avec des phénomènes sismiqucs et avec des meuve- 



— 151 - 

Tel fut le point de départ des recherches de M. Van den 
Broëck dans Ja voie, déjà indiquée d'ailleurs, notamment 
par des spécialistes du Nord de la France qui, appliquant 
les idées de S. de Rossi, Walton Brown, de Chancourtois 
et d'autres, établirent des faits précis en faveur des 
corrélations existant entre l'activité grisouteuse et les 
phases de grande activité microsismique. 

Après Texposé que fit M. Van den Broeck en janvier 
1896, à la Société belge de Géologie de ses vues sur de 
telles corrélations, il fut malheureusement obligé 
d'abandonner temporairement ses recherches et expé- 
riences sur les Mistpoeiïers, «xclusivement^bsorbé qu'il 
s'est trouvé, dans la seconde moitié de 1896 et pendant 
toute Tannée 1897, par l'organisation de la Section des 
Sciences de l'Exposition internationale de Bruxelles, 
section dant il fut le promoteur puis le Secrétaire et qui, 
pendant plus d'un an et demi, lui réclama tout son temps. 

C'est à la suite d'une récente proposition de la Société 
belge d'Astronomie, faite à la Société belge de Géologie, 
que l'élude des applications de la Météorologie endogène 
et plus particulièrement celle du grisou a enfin été reprise. 

Monsieur le Professeur Eug. Lagrange s'est fait derniè- 
rement en Belgique le promoteur de la création de stations 
géophysiques et a trouvé dans la Société d'Astronomie un 
appui précieux. Cette dernière a récemment décidé, grâce 



ments du sol, des manifestations acoustiques, — identiques aux 
Mlstpoeffers des côtes belges, — connues respectivement dans le 
Delta du Gange et en Ombrie sous le nom de Barisal Guns et de 
Marina, est actuellement chose bien établie. Dans le Delta du 
Gange, c'est l'ensemble des phénomènes acoustiques et autres 
ayant accompagné le grand tremblement de terre de 1897 qui a 
permis d'établir, sur des bases solides, cette conclusion, qu'avait 
naguère fait prévoir M. Van den Broeck. 



— 152 — 

au bienveillant appui de plusieurs généreux amis de la 
science, de fonder en Belgique un réseau de quelques 
stations de géophysique ayant pour butTétude de recherches 
sismiques, conçues dans une large acception, mais dont 
Tun des principaux buts, était, outre Tétude des phéno- 
mènes magnétiques, géologiques et sismiques, la distri- 
bution de la gravité à la surface du globe, en même temps 
que rétude des variations de la verticale. Ces dernières 
recherches doivent être effectuées conformément au 
programmé élaboré par un Comité international, dont le 
siège est à Strasbourg, et qui a pour directeur le profes- 
seur Gerland, 

L'instrument qui forme l'élément essentiel d'obser- 
vation de ces stations géophysiques est le merveilleux 
pendule horizontal triple de von Rebeur-Paschv^^itz. La 
création et le fonctionnement de trois stations : Gand, 
Bruxelles et Liège sont assurés par la Société belge 
d'Astronomie, qui s'est ensuite adressée à la Société de 
Géologie en vue de lui demander son assistance pour l'orga- 
nisation d* une quatrième station, devant être située dans la 
région des bassins houillers du Hainaut, où l'on a l'avan- 
tage de pouvoir, grâce aux profondes mines de ces régions, 
organiser en quelque sorte des stations doubles fournissant 
à la fois des données sur les mouvements de la surface et 
sur ceux de la profondeur de l'écorce terrestre. Il y avait 
là à escompter une source de déductions et d'éléments de 
comparaison pouvant fournir d'utiles constatations 
scientifiques et pratiques. 

Mais la Société belge de Géologie y a vu plus encore, car 
M. Van den Broeck lui ayant rappelé ses études antérieures, 
provoquées par l'observation des Mistpoeffers — qui lui 
faisaient prévoir les services qu'une observation métho- 
dique des phénomènes et manifestation de la vie endogène 
de notre globe pouvaient rendre à Vétude du grisou — 
l'assemblée du 29 mars dernier, à laquelle M. Eug. 



— 153 - 

Lagrauge exposa les projets et la demande de la Société 
d'Astronomie, fît mieux encore que ce qui lui était 
demandé. 

Au lieu de se borner à contribuer à l'établissement, 
dans le Hainaut, d'une quatrième station de géophysique 
surtout appliquée à l'étude des déviations de la verticale, 
elle décida de chercher à obtenir la création d'une station 
de Météorologie endogène, dont l'objectif principal serait 
l'étude des corrélations sismiques et grisouteuses, mais qui, 
parallèlement à ce but, répondrait également au vœu de 
la Société belge d'Astronomie. Celle-ci s'engagea, de son 
côté, à installer dans les autres stations, déjà en voie 
d'organisation, l'outillage et les appareils qui lui seraient 
confiés en vue de l'étude des corrélations grisouteueses 
avec les phénomènes sismiques et microsismiques. Ce 
réseau de stations largement espacées était indispensable 
d'ailleurs pour contrôler et compléter les indications que 
fourniront les postes du Hainaut. 

Afin de donner à ce programme scientifique et humani- 
taire, dont l'un des buts était la lutte contre le grisou, 
l'ampleur voulue, la Société belge de Géologie a décidé, 
sur la proposition de M. Van den Broeck, de créer dans son 
sein, mais aussi avec l'adjonction de spécialistes divers, 
belges et étrangers, une Section spéciale permanente d'études 
du grisou. Après la distribution aux membres de la Société 
belge de Géologie d'un programme détaillé et d'un exposé 
des motifs montrant la haute utilité de l'œuvre en vue, il a 
été décidé, à la séance du 14 juin dernier, que la Section 
était définitivement fondée, avec un noyau d'une cinquan- 
taine d'adhérents ('), qui paraît destiné à former le centre 

(1) Au moment de l'impression de ces lignes le nombre des 
adhérents à la section de grisou a plus que doublé et M. Aug. 
Beernaert, Ministre d'Etat et Président de la Chambre des 
Représentants, qui avait accepté de faire partie du Comité de 
patronage^ a été élu Président de ce Comité, en môme temps que 
de la Section elle-même. 



— 154 - 

d'un groupement scientifique et technique de premier 
ordre. M. le Ministre du Travail et de rindustrie a bien 
voulu témoiji^ner sa bienveillante sympathie à l'œuvre 
entreprise par la Société de géologie, celle-ci a obtenu 
aussi le précieux concours de TAdrainistration des Mines 
dont le savant Directeur-général : M. Harzé, ainsi que 
tout son état-major, font d'ailleurs partie de la Société et 
du Comité technique de la Section spéciale du grisou. 

Après cet exposé préliminaire de Tétat actuel de cette 
organisation scientilique, dans une voie nouvelle de la 
lutte contre le grisou, M. Van den Broeck fournit quelques 
détails sur les divers types de mouvements de Técorce 
terrestre décelés par les appareils les plus délicats 
employés dans l'étude des phénomènes de la Météorologie 
endogène. 

Déjà actuellement on a pu reconnaître au moins cinq à 
six espèces de ces mouvements, dont l'origine est différente 
et dont les manifestations graphiques se spécialisent assez 
nettement dans les tracés fournies par les instruments 
enregistreurs. 

Il y a d'abord une série de petites déviations, pour ainsi 
dire microscopiques, (fui gravitent, sous forme de minimes 
trémulations ou tremblements,autour delà ligne moyenne 
de position fournie par le stylet des pendules horizontaux 
ou bifilaires. Ces trémulations, d'abord bien étudiées au 
Japon, ont reçu du professeur Milne le nom de tremors. 
Elles sont uniquement dues à l'action d'un facteur pure- 
ment atmosphérique: le vent, et elles démontrent quecette 
force agit comme le ferait une série de vagues terrestres 
successives. Les tremors n'apparaissent que lors que le 
pendule esl établi sur la Couche superficielle du sol ; ils ne 
s'observent plus dans un local situé à 5 mètres sous terre, 
ou bien lorsque les fondations, supportant l'appareil 



— 155 — 

enregistreur sont indépendantes du sol superficiel, et 
descendent à cette même profondeur. 

Une seconde catégorie de microsismes paraît être 
en rapport, bien que le fait ne soit pas encore absolu- 
ment démontré, avec les variations brusques de la 
pression atmosphérique. Ce sont des pulsations, consistant 
en mouvements ondulatoires de faible amplitude et 
qui ne correspondent pas à des chocs terrestres. Ces 
pulsations ne montrent pas la symétrie des trémulations 
par rapport à la ligne de moyen déplacement du stylet 
enregistreur. Les trémulations, comme des pulsations, 
varient de nombre et d4ntensité suivant les types d'ins- 
truments, les localités, les régions et ne montrent nulle- 
mentdeconnexions systématiques entredespointséloignés. 
Il en est tout autrement de certaines ondes sismiques, si 
curieusement mises en évidence par les appareils et travaux 
de von Rebeur. Il s'agit en l'espèce d'une intéressante 
manifestation de périodicité semi-diurne dans les variations 
relatives de la verticale et cette périodicité paraît être 
générale à la surface de la terre ; de plus, l'onde ainsi 
formée se montre sensiblement parallèle à celle décrite en 
24 heures par la déclinaison magnétique. La trace gra- 
phique que fournit le pendule vertical de cette action 
journalière et constante constitue une sorte d'ellipse 
allongée, orientée du S. E. au N. E. 11 est acquis qu'en des 
points éloignés de l'écorce terrestre, comme Postdam 
Wilhemshaven et Orotava (où furent faites des observations 
en partie simultanées) les tracés se trouvaient être les 
mêmes dans leur allure générale. 

Gomme il est nettement établi que la température n'est 
pour rien dans le phénomène, c'est à la marche du soleil 
par rapport à la terre, qu'il convient d'attribuer l'origine 
de ces ondes terrestres ainsi décelées et ce qui confirme 
une telle opinion c'est que si les formes des graphiques 



- 156 - 

fournis sont constantes, leur grandeur présente des écarts 
variant avec les saisons. 

D'autres ondes diwnes ont été observées, indiquant une 
sorte de rotation ou de flexion périodique, mais présentant 
cette particularité que si par exemple deux instruments 
enregistreurs sont mis en observation des deux côtés d'une 
même vallée, ils fourniront des mouvements simultanés 
mais de directions opposées dans le tracé des variations 
de la verticale. 

M. Milne attribue ces ondes diurnes à des changements 
différentiels produits sur les côtés opposés des bâtiments 
d'une station en ce qui concerne les charges enlevées le 
jour ou ajoutées la nuit, par le fait de Tévaporation et de 
la condensation des vapeurs aqueuses de Tatmosphère. 

Dans les stations ou observatoires géophysiques voisins 
des côtes, surtout de celles où la marée s'exerce avec une 
forte amplitude, il y a encore un nouveau facteur qui 
entre en jeu dans les mouvements de Técorce terrestre : 
celui de l'influence des marées. Toutefois les recherches 
de M. d'Abbadie paraissent avoir établi que cette influence, 
bien que réelle, présente des irrégularités dues sans doute à 
des causes encore peu connues — l'élasticité du sol terrestre 
sans doute, agissant en sens contraire de l'influence 
de la marée montante — causes qui masquent parfois et 
contrarient même, en certains* cas, l'influence qui sem 
blerait devoir s'attacher plus systématiquement à l'action 
de la marée. 

Il est une autre cause encore d'ondulation du sol 
terrestre, qui se décèle obscurément dans les tracés de 
l'auscultation du phénomène endogène. C'est l'influence 
lunaire sur la gravité. Bien que le professeur Kortazzi l'ait 
considérée comme insensible, ou bien masqués par d'autres 
facteurs, conclusion basée sur 15 mois d'observations, 
d'autres observateurs l'admettent comme réelle et l'ont 



- 137 - 

étudiée. Il semblerait, d'après le rapport du Comité 
anglais, présidé par M. H. Darwin, qu'il n'est guère aisé 
pour de telles observations, de se débarrasser des manifes- 
tations des multiples facteurs qui tentent à masquer les 
effets de l'action lunaire et qu'une station ayant pour but 
d'étudier spécialement celle-ci devrait, pour bien faire, 
être établie dans des conditions spéciales qui pourraient 
peut-être se trouver le mieux réalisées au fond d'une 
profonde mine, 

M. Van den Broeck fait remarquer, après cette revue qu'il 
ji^ient de faire des indications des mouvements du sol 
terrestre non en relation avec les tremblements de terre, 
avec les éruptions volcaniques et les microsismes qui s'y 
rattachent, que s'il s'est étendu un peu longuement peut- 
être sur les multiples indications graphiques fournies, en 
dehors de ces derniers phénomènes, par les instruments 
d'auscultation des phénomènes endogènes, c'est afin de 
montrer combien la science nouvelle qui englobe ces 
études a progressé depuis peu d'années et qu'il n'y a plus 
guère à craindre, comme c'était le cas autrefois, de con- 
fondre tous les tracés indistinctement, ou certains d'entre 
eux, avec les mouvements d'origine purement endogène. 

Cette confusion, qui a existé aux débuts de l'étude et qui 
a aussi enrayé le développement et l'utilisation pratique 
d'un autre précieux instrument d'auscultation endogène : 
le microphone, tend de jour en jour à cesser complètement 
et il importe de mettre ce fait en évidence afin de montrer 
combien le problème s'est simplifié. 

L'expérience a montré également, par l'usage du 
pendule horizontal, que les mouvements et chocs de la 
surface terrestre dus à des causes extérieures, tels que le 
passage de lourds véhicules, de groupes d'êtres en marche : 
soldats, etc., produisent un effet de transmission verticale 
qui laisse insensible cet instrument, si prompt à dévier 



— 158 - 

sous rinfluence des actions précédemment passées en 
revue. Cette insensibilité, bien entendu, ne s'applique ni 
aux microphones ni à certains microsismographes, dans 
l'observation desquels il convient, au contraire, de se 
mettre en garde contre ces actions perturbatrices. 

Passant aux tremblements de terre, à la volcanicité et 
aux microsismes qui en dérivent, M. Van den Broeck 
rappelle que, dès 1874, M. S. de Rossi avait attiré l'attention 
sur l'existence de périodes d'activité endogène, périodes 
variant de quelques jours à une semaine au plus, pendant 
lesquelles le sol se montre en continuel mouvement, décelé 
alors par les agitations du pendule et suivies de périodes 
de calme relatif ou parfois presque absolu. C'étaient les 
u périodes sismiques » de M. de Rossi, et il fut constaté 
que vers le milieu ou à la fin de telles phases d'agitation il 
se produisait fréquemment de terribles tremblements de 
terre, des chocs plus ou moins accentués. 

Depuis ces débuts, de rapides progrès ont été accomplis. 
On a constaté des actions sismiques englobant des 
continents entiers et cela dans les régions paraissant, par 
suite de leur éloignement d'aires volcaniques ou à 
tremblements de terre habituels, soustraites à l'influencede 
tels mouvements. La relation entre ces agitations sismiques 
insensibles à l'organisme humain et les événements volca- 
niques et les chocs terrestres les plus éloignés, voire 
même aux antipodes de ces points de répercursion 
microscopique, fut bientôt élablie, malgré la lacune consi- 
dérable que représente l'action cachée de plus de la 
moitié de l'écorce terrestre couverte par la mer et dont les 
mouvements régionaux sont perdus pour nous dans la 
recherche de telles relations. 

Les observations de météorologie endogène ayant été 
multipliées comme études de prévision pendant ces 



— 159 — 

dernières années dans les pays sujets aux trembleme&is 
de terre, comme le Japon et ritalie par exemple, il a été 
possible de baser sur les observations, recueillies et 
soigneusement enregistrées, des calculs précis sur les 
vitesses de propagation des vagues terrestres et des mouve- 
ments microsismiques qui sont, dans les contrées loin- 
taines, le contre-coup des grands chocs et des phénomènes 
sismiques et volcaniques. 

ï^ transmission d'un choc violent peut s'effectuer en 
20 minutes environ aux antipodes du point d'origine et si 
Ton mesure de pareilles vitesses en suivant Tare du grand 
cercle de notre sphéroïde, on trouve que la vitesse appa- 
rente d'ondes de transmission de cette espèce est de 
10 kilomètres à la seconde. C'est le choc initial d'un 
tremblement de terre qui se transmet avec cette vitesse 
considérable et l'on peut admettre comme à peu près 
démontré, par un ensemble de constatations faites au sujet 
de la loi de décroissance de cette vitesse, en corrélation 
avec l'amoindrissement de l'étendue traversée, que la trans- 
mission du choc initial important d'une phase sismique 
de contrée éloignée se fait directement au travers de la 
masse du globe. 

M. Van den Broeck fait remarquer à ce sujet que cet 
énoncé pourrait constituer à lui seul une preuve frappante 
et des plus curieuses de la non fluidité d'un noyau central et il 
ne faut pas que la Géologie perde de vue les progrès 
ultérieurs de ce mode d'investigation et d'auscultation des 
parties internes de la terre. 

Dans de nombreux cas de tremblements de terre 
survenus en des contrées éloignées du point d'observation 
microsismique, on constate une alcamie après ce premier 
choc, annoncé par le rapide éclaireur qui paraît avoir 
traversé la masse terrestre. Puis se présentent, soit en 
décroissance, soit avec des récurrences d'accentuation, 



~ 160 - 

des séries de mouvements, massés en groupes distincts et 
successifs, correspondant à d'immenses vagues qui font 
osciller le sol de nouveau. Dans le cas de tremblement de 
terre très éloignés ces vagues terrestres n'apparaissent 
que 30 à 40 minutes après la transmission du premier 
mouvement. lia pu être démontré que ces ondes sismiques 
— qui, comme le fait remarquer M. Eug. Lagrânge dans 
rétude que M. Van den Broeck analyse et résume ici, 
changent périodiquement le niveau de la surface et font, 
sans que nos yeux s'en doutent, subir des mouvements de 
tangage à nos édifices, — ont parfois une longueur trans- 
versale de 40 à 50 kilomètres et une hauteur de quelques 
centimètres seulement. Toutefois elles peuvent s'accentuer 
davantage, car M. Agamennone, lors du dernier grand 
tremblement de l'Inde, en 1897, vient de calculer que les 
vagues terrestres avaient, en passant en Italie, une 
amplitude de 54 kilomètres, d'une crête à l'autre, pour 
une hauteur d'environ 50 centimètres. 

Ce qui montre bien que ces vagues terrestres se trans- 
mettent différemment des premières ondes directes, et 
qu'elles s'avancent en faisantonduler sur leur passage la 
surface terrestre, c'est que leur vitesse moyenne n'est 
plus que de 2 k. 8 par seconde pour les grandes distances; 
vitesse qui s'abaisse même à 2 k. 4 pour une aire d'action 
bornée à 1500 kilomètres et qui est plus minime encore 
pour de plus petites distances de l'épicentre. 

Une grande partie des renseignements qui précèdent 
ont été extraits, parfois même assez littéralement, signale 
M. Van dexN Broeck, de l'intéressant Programmedes recherches 
géophysiques présenté à la Société belge d'Astronomie par 
M. Elg. Lagrânge (^), notice qui englobe le texte signé 

(1) Programme de recherches géophysiques par Eug. Lagrânge. 
Bull. Soc. belge d'Astronomie, 3«aniiêe, N» 5, mars 1898^ pp. 145-163. 



- 161 - 

par le Comité international relatif au projet d'organisatioû 
d'un système international de stations sismiques. 

Ce comité international, avant son appel final aux bonnes 
volontés de tous pays, dit encore ceci : 

(( On ne saurait trop insister sur l'importance des obser- 
» valions de tremblement de terre que nous venons de 
» proposer pour Tétude de la physique de la terre. Comme 
)) il est presque certain que le mouvement vibratoire 
» occasionné par un tremblement de terre se répand à 
» travers le globe terrestre avec une vitesse dont la grandeur 
» dépend de la densité et de l'élasticité des coucbes à 
» diverses profondeurs et qu'il existe de sûrs symptômes 
» que cette vitesse varie avec la profondeur atteinte par le 
» phénomène, ces observations de tremblement de terre 
» permettent d'obtenir des éclaircissements indirects sur 
» l'état de l'intérieur de la terre, région probablement à 
» jamais dérobée à l'observation directe. Ces observations 
» systématiques fournissent donc le moyen d'attaquer avec 
» quelque espoir de succès la solution d'un problème 
)) d'une importance fondamentale pour la science entière, 
» que jusqu'à présent différentes personnes ont essayé de 
» résoudre d'une manière très contradictoire. 

» En même temps on rendra un grand service à la sis- 
» mologie, car ainsi les parties les plus inaccessibles du 
» globe seront ouvertes à l'observation ». 

Si le Comité international s'est borné à faire ressortir 
l'intérêt scientifique et pratique qu'offre, pour la physique 
de la terre, pour la géographie physique, comme pour la 
géologie, la solution des problèmes de son programme 
d'études géophysiques il est une autre et importante face 
de la question qui réclame impérieusement d'être égale- 
ment mise en lumière, fait remarquer M. Van den Broegk. 

C'est la corrélation qui parait exister, qui existe même 

Annaleê de la Société Géologique du Nord^ t. xxvii 11 



- 162 — 

certainement dans une mesure qui doit être étudiée, entre 
certains microsismes décelés par les méthodes et appareils 
des études géophysiques et les dégagements grisouteux. Il y a 
là une voie précieuse et non encore explorée méthodi- 
quement, que M. Van den Bhoeck a signalée à l'attention 
de la Société belge de géologie lorsqu'il lui a présenté 
l'exposé dès motifs qui a été le point de départ de la 
création, au sein de la Société, d'une Section permanente 
d'études du grisou. 

M. Van den Broeck renvoie à cet exposé des motifs, 
actuellement publié et dont il met des exemplaires à la 
disposition de ses auditeurs et de tous ceux qui s'adres- 
seraient à lui pour en obtenir (*). Il désire ensuite passer 
rapidement en revue l'historique de la question de ces 
relations microsismiques et grisouteuses. Il ose espérer, 
ajoute t-il, que son auditoire suivra avec quelque intérêt 
cette rapide revue, car celle-ci lui fournira l'occasion de 
rappeler que cette fois encore, c'est « du Nord que nous 
vient la lumière »). En effet, c'est à la suite principalement 
d'expériences faites à la fosse d'Hérin, des Mines d'Anzin, 
près Valenciennes, sous l'inspiration de M. de Chan- 
couRTOis et par les soins de M. Ghesneau, que l'on peut 
conclure, conjointement d'ailleurs avec d'autres données 
concordantes, au bien fondé des corrélations sus-indiquées. 

C'est en Angleterre toutefois, qu'en 1875, le précurseur, 
resté inconnu, des recherches qui suivirent, attira pour 
la première fois, dans un journal minier, l'attention du 
public sur les relations qui venaient, à cette époque, de 
se manifester ouvertement entre une succession de 
tremblements de terre et de violents dégagements 
grisouteux. 

(1 Adresse : Secrétariat de la S^^iètè belge de Géologie; de 
Paléontologie et d'Hydrologie, 39. Pla^^e de l'Industrie, à Bruxelles. 



- 163 - 

La catastrophe d'Anderlues, de sinistre mémoire, vers 
la fin de Tannée 1880, engagea ensuite M. S. de Rossi, le 
fondateur de la Météorologie endogène, à signaler ces 
mêmes relations dans son Bulletin du vulcanisme italien. 
Constatant que les prévisions fondées sur les dépressions 
barométiques étaient souvent en défaut, quand encore la 
corrélation n'était pas renversée au point de vue chrono- 
logique, M. DE Rossi adressa au monde savant, aux admi- 
nistrations minières, aux pouvoirs publics un chaleureux 
appel, qu'il renouvela en 1883, lors d'une magistrale 
conférence donnée à Amsterdam, en faveur de l'adjonction 
d'appareils d'auscultation interne, aux modes d'avertisse- 
ment atmosphérique et autres des dégagements grisouteux. 
La routine hélas, prévalut comme c'est généralement le 
cas, et l'appel ne fut pas entendu ! 

Une note, toujours dans le même sens, présentée par 
M. de Chancourtois, en juillet 1883, à l'Académie des 
Sciences de Paris, montre que l'émiuent géologue et 
inspecteur général des mines de France s'était rendu 
compte, indépendamment des recherches de Rossi, 
semble-t-il, de l'utilité d'entrer dans cette voie nouvelle. 

Mais déjà le Japon précédait l'Europe ; car, en janvier 

1884, parut dans la « Gazette du Japon » un arrêté 
chargeant M. Milne, le spécialiste bien connu, d'organiser 
le programme détaillé, et qui fut remarquablement 
complet, d'une étude à appliquer aux mines grisouteuses 
de Takoshima, pour rechercher les corrélations des 
mouvements du sol avec la variation des dégagements 
grisouteux. 

L'ingénieur anglais Walton Brown entra bientôt, en 

1885, dans le courant d'idées nouvelles, qu'il paraît, 
cependant comme M. de Chancourtois, avoir ignoré 
lorsqu'il formula l'énoncé des mêmes vues et, l'année 
suivante, la Commission anglaise du grisou s'occupa à 



- 164 — 

son tour de la question, admettant tout au moins ces 
corrélations comme probables. Elle préconisait rétablis- 
sement de stations spéciales consacrées à ce genre 
d'observations. 

La note de M. de Chancourtois, cependant, avait porté 
ses fruits en France. M. Raynal, Ministre des travaux 
publics à cette époque, délégua M. de Chancourtois, en 
lui adjoignant deux savants spécialistes : MM. G. Chesneau 
et Ch. Lallemand, pour aller examiner, en Italie et en 
Suisse, les stations géodynamiques et microsismiques 
établies dans ces deux pays, à fréquents tremblements de 
terre. Le résultat de cette mission fut la publication dans 
les Annales des mines, d'un rapport extrêmement intéres- 
sant, paru en 1886, et l'établissement, dans le bassin 
houiller du Nord, d'un double poste d'études comprenant 
l'Observation de Douai et l'un des puits les plus grisouteux 
alors de la Compagnie d'Anzin : la fosse d'Hérin. 

La date de publication du rapport de M. de Chancourtois 
et de ses collègues ne permit que de comprendre deux 
modes d'observations seulement dans l'exposé des premiers 
résultats obtenus. 

Le diagramme qui les synthétise se compose, outre 
l'indication des phases lunaires, de trois lignes : intensité 
des mouvements microsismiques, proportion du grisou et 
hauteur barométrique. Le rapport, tout en signalant le 
faible développement de cette première phase d'observation 
et mettant le lecteur en garde contre des déductions 
hâtives, conclut cependant que les rapprochements cons- 
tatés constituent un premier et réel encouragement en 
faveur de la poursuite du but qu'avait voulu atteindre 
M. de Chancourtois. 

M. Van den Broeck fait remarquer à ce sujet que si les 
corrélations observées s'éteodent aux fortes dépressions 
barométriques c'est parce que les dégagements grisouteux 



— 165 — 

de la fosse d'Hérin devaient forcément subir, dans une 
certaine mesure, leur influence. Ce n'étaient pas d'ailleurs 
des dégagements instantanés, comme il s'en produit en 
Belgique principalement et qui affectent des condensations 
grisouteuses à hautes pressions, sur lesquelles l'action 
atmosphérique devient un facteur négligeable. Les déga- 
gements de la fosse d'Hérin appartiennent à la catégorie 
des dégagements dits normaux, bien qu'ils puissent subir, 
à certains moments de trouble endogène, par exemple, 
des fluctuations et augmentations considérables. 

Le grand tremblement de terre du 23 février 1887, qui 
éprouva si fortement la région nord du littoral méditer- 
ranéen, à Nice et en Italie, lit éclore quantité de travaux 
parmi lesquels on doit citer une étude de M. le professeur 
FoREL, lequel formula (Séance du 21 mars de l'Académie 
des Sciences de Paris), l'énoncé suivant, connu sous le 
nom de loi de Forel : // faut redoubler de précautions contre 
le grisou les jours qui suivent un tremblement de terre dont 
l'aire sismique s'est étendue jusqu'au territoire de la mine à 
protéger. 

Cette loi, fait remarquer M. Van den Broeck, semble 
avoir reçu dans ces dernières années de multiples confir- 
mations, qui paraissent en montrer tristement le bien 
fondé (M. 

(1) Le jour même;diinanclie 3 juillet, où fut faite cette causerie, 
eut lieu un dégagement grisouleux absolument anormal, puisqu'il 
se produisit dans une mine belge (le Grand-Hornu^ fosse pour ainsi 
dire non grisouteuse) où l'on travaille généralement sans crainte 
du fléau. Le gaz^ s'enflammant au contact d'une lampe mal vissée, 
ou dévissée par imprudence, provoqua une explosion qui amena 
des brûlures et des blessures dont furent victimes plusieurs 
ouvriers occupés à des réparations. Or cette manifestation si 
inattendue de l'activité endogène fut comprise dans une période 
limitée qui commença par de violents orages, fut caractérisée par 
une série de tremblements de terre, en Italie et en Autriche, 



L'année suivante, c'est-à-dire en 1888, parut dans les 
Annales des Mines un important travail de M. G. Chesneau, 
intitulé : De Vinfluence des mouvements du sol et des 
variations de la jyression atmosphérique sur le dégagement 
du grisou. 

Les observations de Douai et d'Anzin y sont reportées et 
cette fois elles s'étendent — avec un certain nombre de 
jours d'interruption malheureusement — du i*^^ février au 
31 décembre 1886. Les trois courbes montrent, comme le 
faisait prévoir le rapport de M. de Chancourtois de 1886, 
d'intéressantes et multiples concordances, surtout en ce 
qui concerne les microsismes et les phases d'intensité du 
dégagement grisouteux. M. Chesneau, comme conclusion, 
se trouve amené à reconnaître «une certaine corrélation 
entre les mouvements microsismiques et les dégagements 
du grisou. » 

Ce qu'il importe surtout de coDstater dans cette série de 
données, que traduisent graphiquement les diagrammes 
de M. Chesneau, c'est que les maxima de dégagement 
grisouteux se trouvent très constamment précédés ou 
accompagnés de fortes agitations sismiques. 

Un agrandissement que M. Van den Broeck exhibe à 
l'Assemblée, d'un des diagrammes partiels de M. Chesneau 
(voir la fig. ci-contre) met en lumière d'une façon saisis- 

répartis en deux groupes principaux, du 27 juin au 4 juillet, et 
qui dans nos parages, après l'accident du dimanche 3 juillet, 
fut clôturée le lendemain, lundi 4, par une série d'orages violents 
qui alTectèrent une bonne partie du territoire belge. La portée de 
ces observations — de ces coïncidences si l'on veut — eût été 
autrement grande si l'on avait possédé actuellement en Belgique, 
comme le demande M. Van den Broeck, des appareils enregistreurs 
de microsismes qui eussent pu permettre de savoir si oui ou non 
en cette circonstance, le territoire belge faisait partie de l'aire 
sismique des tremblements de terre qui furent en coïncidence 
avec le phénomène d'émanation grisouteuse anormale du Grand- 
Hornu. 



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santé les faits suivants, comme exemple de ce qui précède. 
Un véritable orage endogène a coïncidé, pendant la période 
du 7 au 10 décembre 1886 dans la partie occidentale de 
l'Europe, avec une intense dépression barométrique et avec 
l'apparition de dégagements accentués de grisou. 

Le diagramme ci-contre, exécuté d'après les tracés 
enregistrés à la mine d'Hérin et à Douai, montre que 
le début de la grande dépression atmosphérique a, non 
moins bien que le début du signal sismique, précédé 
d'environ i2 heures le commencement de la poussée du 
grisou ; de même cette dépression a commencé à s'établir 
22 heures avant le maximum dangereux de l'émanation 
grisouteuse, en même temps que l'augmentation d'agita- 
tion sismique l'a précédé de 21 heures. Mais voici le fait 
capital : la période maximum et vraiment anormale de 
l'agitation sismique, celle qui par conséquent constituait 
le véritable avertisseur, a précédé de neuf heures le maximum 
dangereux du dégagement grisouteux, tandis que la 
période maximum et anormale de la dépression baromé- 
trique a suivi de près de douze heures cette phase dange- 
reuse. 

Voilà donc bien acquis, par un fait précis, qu'un fort 
dégagement grisouteux, suivi d'une baisse barométrique 
accentuée, a été précédé d'une forte agitation sismique. 

Et il n'y avait pas là une simple coïncidence, fait 
remarquer M. Van den Broeck car, M. Ghesneau lui-même 
Tannonce, le même jour, de nombreuses mines du Nord et 
du Pas-de-Calais ont été le siège de dégagements 
grisouteux accentués, et en certains points, les chantiers 
ont dû être abandonnés. 

Le 8 décembre toujours il y eut, a constaté M. Van den 
Broeck dans un relevé de M. Roberti-Lintermans, un 
éboulement considérable de charbon menu (72 hectolitres) 
accompagné d'un dégagement assez important de grisou. 



— 169 — 

dans le puils « des Aguesses » du Charbonnage d'Angleur, 
soit à plus de 150 kilomètres d'Anzin. Le lendemain 
9 décembre, le charbonnage de Beaulieusart, dans le 
Centre, en Belgique, fut encore le théâtre d'un accident 
causé par un dégagement instantané grisouteux, qui 
ensevelit cinq ouvriers sous un amas de charbon et de 
terre projetés. 

Mais il y a mieux encore. M. Van den Broeck, en 
compulsant des travaux anglais, constate que le 8 décembre 
toujours, de grandes perturbations microsismiques furent 
constatées à la mine de Marsden, dans le Durham (Angle- 
terre), où précisément la Commission du grisou avait, 
depuis peu, installé des instruments enregistreurs. 

Or dans cette miue de Marsden, de même que dans 
d'autres de la même région, de forts dégagements 
grisouteux eurent lieu, donc en même temps qu'en France 
et en Belgique, et là aussi ils forcèrent l'évacuation des 
mines par les ouvriers. 

Comme dernière et frappante preuve de l'existence 
dans récorce terrestre, d'une phase spéciale d'activité 
endogène sismique et volcanique correspondant à la 
période susmentionnée, l'orateur signale une série de 
tremblements de terre et d'éruptions volcaniques, 
groupées dans la période finale de la première quinzaine 
de décembre 1886 surtout du 8 au 16 et ayant nettement, 
en Europe, en Asie et en Amérique, caractérisé cette 
période qui agît si activement, eu des régions bien 
distinctes, sur l'intensité des dégagements grisouteux. 
Le 8 décembre entre autres, il y eut des secousses terrestres 
nettement ressenties en diverses régions de l'Amérique 
du Nord, et le surlendemain, il y eut des éruptions 
volcaniques d'une rare violence au Japon. 

Il n'est pas douteux dit M. Van den Broeck, que si 
M. Chesneau avait eu connaissance, à l'époque où il 



— 170 — 

écrivait son mémoire, de ces divers faits, qui ont donné 
un surcroît de portée à ses observations, localisées à Anziu 
et dans la région environnante, il eut été plus affîrmatif 
encore dans la conclusion de son mémoire de 1888, qui 
était que : « Dans une mine grisouteuse à dégagement 
» de gaz permanent et relativement légulier, les bourras- 
» ques barosismiques produisent une augmentation 
» sensible dans le dégagement du grisou ». 

L'orateur, craignant d'abuser de l'attention bienveillante 
de son auditoire, déclare arrêter ici son exposé historique 
qui cependant pour être complet, même dans ses grandes 
lignes, devrait encore comprendre les recherches de Milne, 
A. DoNELx et signaler les contributions de F. Laur, Canu, 
Zenger, etc., à la question qu'il vient de traiter. 

En résumé, dit M. Van den Broeck, c'est dans cette voie 
spéciale de la recherche des corrélations grisouteuses et 
sismiques que compte s'engager la Société belge de Géologie, 
qui, de plus, va entreprendre une étude scientifique du 
grisou plus systématique et plus complète que ce qui a été 
fait jusqu'ici. Il ne faut pas s'étonner d'ailleurs de ce qu'un 
programme général d'études scientifiques de l'espèce 
puisse être plus complet qu'auparavant et, qu'entre les 
mains d'un Comité technique et d'hommes de science, ce 
programme puisse faire aboutira des résultats importants 
surtout par l'application de procédés nouveaux et de 
méthodes d'investigations inconnues auparavant. Gomme 
exemple, M. Van den Broeck cite la nouvelle méthode 
pratique d'examen des houilles à cokes par l'application 
des rayons X, dont M. Couriot vient récemment d'entre- 
tenir l'Académie des Sciences de Paris. 

Ce programme général d'études scientifiques du grisou 
aura encore l'avantage, par son indépendance du but 
spécial poursuivi en ce qui concerne les corrélations 
grisouteuses et sismiques, de mettre à l'actif de l'œuvre 



I 



I 



- 171 — 

entreprise, des progrès divers que l'on peut considérer 
comme certains, si même le but spécial ne devait pas 
répondre complètement aux espérances de ceux qui, 
sucessivement avant Tinitiative nouvelle de M. Van den 
Broegk, s'en sont lait les promoteurs. 

A TAdministration des Mines de Belgique, dont le 
Directeur général et les Chefs de service ont promis leur 
concours à Tœuvre entreprise par la Société, parait 
régner un courant qui; tout en espérant d'utiles résultats 
à obtenir dans cette voie, considère cependant que c'est 
au travail lui-même et au choc de l'outil du mineur qu'il 
faudrait attribuer les ruptures d'équilibre et par suite le 
fait subit de la dissociation des éléments grisouteux dont 
l'explosion, ainsi provoquée, constituerait le dégagement 
instantané. M. Van den Broeck admet parfaitement l'in- 
fluence du travail et celle du choc de l'outil comme un 
élément à prendre en considération ; mais, dans le 
microsisme, il y a aussi choc et ce choc — qui échappe, 
lui, à la volonté humaine, mais que des avertisseurs 
spéciaux peuvent dénoncer — présente, suivant toute 
apparence, des corrélations intimes avec des changements 
d! états électriques et magnétiques dont l'étude devra être l'un 
des principaux objectifs des recherches nouvelles à faire. 
Ces phénomènes se montreront peut-être, comme l'a 
prophétisé naguère M. A. Doneux, les mystérieux facteurs 
donnant à certains chocs d'origine interne une propriété 
spéciale fournissant la clef decesredoulables phénomènes 
dç subite rupture d'équilibre et de dissociation des élé- 
ments grisouteux occlus tantôt dans le charbon tantôt dans 
la roche encaissante. 11 y aura peut-être plus tard à 
constater la sagacité de M. Guibal (') et, plus particuliè- 

(1) Les explosions de grisou clans l"s houUlàrer, Conférence 
donnée à Mons le 5 mai 1879, par M. T. Guibal, brocl). in 16, 16 p. 
Mons, 1879. Voir p. 15. 



— 172 - 

rement encore, de M. A. Doneux (*), qui prévoyait qu'il y 
aura un jour, dans rintérieur de nos mines, des conducteurs 
spéciaux ou autres dispositifs, véritables paratonnerres 
des explosions grisouteuses de l'orage endogène, comme 
nos édifices sont munis de paratonnerres contre les explo- 
sions de Vorage exogène ou atmosphérique. 

En matière de science, a répété, après un illustre savant 
de France, Thonorable Directeur des Mines de Belgique 
en formulant les espérances que lui faisait, malgré ses 
prudentes réserves, concevoir Tœuvre entreprise par la 
Société, celui qui, en dehors des sciences mathématiques, 
prononce le mot impossible, commet une imprudence, 

M. Van den Broeck, s'adressant ensuite aux savants, 
aux spécialistes, et aux exploitants du Nord et du Pas-de- 
Calais, dont les représentants autorisés constituent son 
auditoire, leur adresse, au nom de la Société belge de 
Géologie, un chaleureux appel en vue d'aider celle-ci dans 
son entreprise à la fois humanitaire et scientifique. 

Il espère que son appel sera d'autant mieux entendu 
qu'il est fait dans cette partie de la France où ont été 
effectués les premiers essais pratiques dans le sens indiqué 
et que ceux ci y ont fourni de précieux encouragements 
pour le but en vue. 

En terminant, M. Van den Broeck ajoute que le pro- 
gramme d'études que va entamer la Société belge de 
Géologie est plus vaste et plus complexe qu'on pouvait 
le croire tout d'abord. Ainsi, il conviendra d'y rattacher 
l'influence, curieuse et peu connue encore, que M. de Rossi 

(1) Électricité et magnétisme terrestres. Théorie de N. R. 
Brûck appliquée à la physique du globe, à la météorologie, aux 
incendies et au grisou, par A. Doneux. 3 vol. in 8", Paris, 
Bruxelles 1892. Voirtome II. Le Grisou. La volcanicité. La nouvelle 
météorologie. — Voir également tome III. 



— 173 — 

f 

a signalée naguère entre les fluctuations de niveau des 
nappes aquifères et les actions endogènes. Les puits 
artésiens et les puits s'alimentant à la nappe phréatique, le 
débit des sources, les infimes mais constantes variations 
de niveau hydrostatique des eaux jaillissantes : tout cela 
formera un champ d'étude spécial qui sera englobé dans 
le programme de la Société. 

De même, les variations, insensibles à nos sens, de 
température des eaux, surtout des eaux profondes et des 
eaux thermales de surface comme celles de Chaudfontaine, 
Comblain-la-ïour, en Belgique, etc., constitueront, ainsi 
que le dosage de la variation des gaz : acide carbonique et 
autres, dégagés par les eaux minérales (Spa, le Bru, etc.) 
une intéressante adjonction à ce programme adventif des 
relations de THydrologie avec les phénomènes de la 
Météorologie endogène. Nul ne peut prévoir ce qui, au 
point de vue scientifique et pratique sortira de ces recher- 
ches multiples. La Société espère aussi, grâce à de géné- 
reuses interventions, pouvoir établir des stations géophy- 
siques supplémentaires et spéciales d'un grand intérêt ; 
comme par exemple celle qu'elle compte pouvoir faire 
établir sur le massif éruptif de Quenast, dont le Président 
du Conseil d'Administration : M. Ad. Urban, fait partie 
du Comité de patronage de la Section du grisou et dont 
l'aide et la bonne volonté sont entièrement acquises à 
l'œuvre entreprise par la Société. 

M. Van den Broeck s'excuse de l'étendue qu'il a dû 
donner à sa communication ; développement causé par la 
complexité de la question qu'on l'avait prié de développer 
devant la Société géologique du Nord et, en finissant, il 
remercie son bienveillant auditoire de l'attention soutenue 
qu'il a bien voulu mettre à entendre les considérations qui 
précèdent. 



-~ 174 - 

Celte attentiou sympathique lui fait bien augurer des 
résultats pratiques de son appel et celte fois encore, pour 
le plus grand bien de la Science et de rHumanité on y 
verra s'affermir la devise belge : VUnion fait la Force. 

Dacours de M. Ladrière, Président 

Après le déjeûner, M. Ladrière, Président, prend la 
parole : 

Il est d'usage chez nous. Messieurs, de dire à ses hôtes, 
au dessert • seulement, entre la cerise et le fromage 
pourquoi Ton à cette année dressé la table à Béthune, 
plutôt qu'à Lille, plutôt qu'ailleurs. 

Ayant l'honneur d'être en ce moment le porte parole de 
la Société, il m'est bien permis ce me semble d'être un peu 
indiscret. 

Je vous avouerai donc très franchement que notre 
première idée en venant à Béthune était non pas tant d'y 
faire de la science que de serrer la main à nos bons amis 
MM. Breton, Routier, Longuéty et autres. 

Nous avons dans le Pas-de-Calais d'éminents géologues 
et ce qui ne gâte rien d'excellents camarades tout dévoués 
à notre Société et que la distance seule empêche d'assister 
à nos réunions mensuelles. Eh bien, nous avons fait 
comme Mahomet, nous sommes venus à la montagne parce 
que la montagne ne pouvait venir à nous, et puisque je 
suis sur la voie des aveux, je vous dirai encore, Messieurs, 
que nous comptions bien aussi faire en cette excursion, 
quelques prosélytes. Nous espérions avoir à notre table 
nombre d'ingénieurs de la région capables de nous 
fournir des renseignements intéressant la géologie du 
pays. Les fêtes multiples qui coïncident avec notre réunion 
ont empêché la réalisation de nos désirs. 



- 178,- 

Nous avons au moins le plaisir de voir parmi nous 
MM. de La Porte, Bergerat, Guerre, etc.. Saluons en 
eux leurs confrères absents et remercions les d'avoir bien 
voulu se joindre à nous. 

Vous rappellerai-je. Messieurs, que Tan dernier, notre 
réunion eut lieu à Bruxelles ? Personne de vous n*a pu 
oublier l'aimable accueil que nous fit la Société Belge de 
Géologie, les attentions délicates dont nous fûmes l'objet, 
notamment de la part de MM. Mourlon, Van den Broeck, 
Rutot. etc.. 

Notre Société, pour consacrer le souvenir de cette belle 
journée, a nommé récemment MM. Van den Broeck et Rutot 
membres associés sans attendre comme il est d'usage 
que des places fussent vacantes. 

Si vous voulez bien, nous chargerons l'honorable M. 
Van den Broeck de porter à ses collègues le salut le plus 
cordial de la Société géologique du Nord et nous le remer- 
cierons lui-même d'avoir consenti à honorer de sa pré- 
sence notre réunion annuelle. 

Avant de terminer, ma qualité de rapporteur m'oblige 
encore , Messieurs , à appeler quelques instants votre 
attention sur la situation de notre Société. Nous venons, 
sans que vous vous en doutiez, de traverser une crise 
financière sérieuse. Malgré tout le zèle de notre trésorier 
nous avons eu pour la première fois un déficit assez 
considérable. Ayant voulu donner un témoignage de 
sympathie à un de nos jeunes et savants confrères 
M. Gayeux, nous avons pris à notre charge les frais de sa 
thèse, ouvrage absolument remarquable qui fera époque 
dans la science. Mais les frais de cette publication ont, 
comme vous le pensez bien, creusé dans nos finances, 
une tranchée si profonde que nos ressources ordinaires 
n'auraient pu la combler. Je suis heureux de vous appren- 
dre que, grâce à un secours extraordinaire de M. le Ministre 



- 176 — 

(le l'Instruction publique, l'équilibre a pu être rétabli dans 
notre budjet. 

Ce secours nous a même permis de réaliser un projet que 
nous caressions depuis longtemps déjà, celui d'accorder 
des jetons de présence à ceux de nos sociétaires qui 
assistent aux excursions, afin d'en attirer un plus grand 
nombre et de contribuer ainsi à répandre de plus en plus 
dans le Nord, le goût de la géologie. 

Messieurs, j'ai réservé pour la fm le meilleur morceau. 
Je vous demanderai de lever vos verres en l'honneur de 
notre cher Directeur, M. Gosselet, dont l'Académie a 
dernièrement récompensé les travaux par un de ses plus 
grands prix, et dont nous apprécions tous, mieux 
que jamais, la vaste science, les hautes qualités d'esprit 
et de cœur qui font de lui non seulement le maître le plus 
éminent, mais le meilleur et le plus dévoué des amis. 

Visite à la Sablière de La Beuvrière 

La Société se rend ensuite à la sablière de La Beuvrière 
dont le propriétaire M. Denaes lui a très obligeamment 
ouvert rentrée. 

Nous abordons la carrière par le Sud. Sous nos pieds 
se trouve un vaste trou provenant des exploitations 
passées et en face se dresse l'escarpement actuellement 
exploité sur une longueur de 300 mètres. 

M. Gosselet fait remarquer que le sable exploité 
présente trois variétés qui correspondent à peu près aux 
trois étages de l'exploitation. A la base il y a 4«» de sable 
vert fin, qui est surtout employé pour façonner les 
briques ; à la partie moyenne sur &^ environ d'épaisseur 
le sable est gris-verdâtre, plus gros ; il sert à paver et à 
maçonner. 



Sable 
inférieur 


Sable 
moyen 


Sable 
supérieur 


0,1 


1,3 


2 


7 


13 


22 


13 


14 


30 


30 


34 


44 


50 


28 


2 



— 177 — 

Enfin à la partie supérieure sur 3 à 4"^ le sable est blanc, 
ses usages sont plus nombreux en raison de sa pureté. 

Les divers usages du sable dépendant de sa pureté et 
de sa grosseur, il est quelquefois utile de pouvoir appré- 
cier celle-ci. On peut reconnaître approximativement la 
grosseur du sable en le passant à travers des tamis gradués. 

Après avoir écarté le sable aggloméré en pelotes par du 
calcaire, de l'argile ou d'autres causes, j'ai fait passer le 
sable par des tamis de plus en plus fins. Les résidus 
successifs en poids montrent approximativement comment 
se divise le sable quant à la grosseur des grains de quarz. 



Résidu du passage au tamis n* 50 

id. Id. id. n*60 

id. Id. id. n»70 

id. id. id. n*90 
Passant au tamis 90 

Ainsi tandis que le tamis n» 90 laisse passer la moitié 
du sable inférieur, il retient presque tout le sable supé- 
rieur. Il y a passage progressif d'une variété à l'autre sous 
le rapport de la grosseur des grains comme sous le 
rapport de la couleur. C'est une même formation. Mais 
tandis que la partie inférieure se déposait dans la mer à 
une certaine profondeur la partie supérieure est un dépôt 
de rivage, soumis à l'influence des courants du littoral, 
autant qu'on peut en juger par les faits de stratification 
entrecroisée qu'on y observe. 

M. Gosselet rapporte tout l'ensemble de ces sables au 
landenien supérieur, assise d'Ostricourt. 

M. Van den Broeck expose les idées actuelles des 
géologues belges sur le landenien supérieur. 

La Société s'approche de l'escarpement pour étudier les 
divers sables ; puis elle gravit au sommet de la carrière 
afin d'observer les couches supérieures au sable. 

Annales de la Société Géologique du hiord^ T. xxvii. 12 



— 178 — 

Ce sont successivement de bas en haut : 

1. Sable argileux dur cohérent. . . . 1"10 

2. Sable très-fln en lentilles Irrégullôres. 0"10 

3. Argile feuilletée Jaune 0"50 

4. Argile grise 1"50 

5. Limon avec silex unis k patine blanche 1*50 

Les couches 1 et 2 sont d'âge indéterminé, intermédiaire 
entre les sables d'Ostricourt et Targile d'Orchies. C'est à 
ce dernier étage qu'il faut rapporter les couches 3 et 4. 

M. Gosselet appelle l'attention sur la couche 5 qui est 
certainement pléistocène et qui se retrouve dans tout 
l'Artois, reconnaissable à la patine blanche de ses silex. 

Visite à la collection Dharvent 

La Société après être rentrée à Béthune, va visiter la 
curieuse collection de M. Dharvent. 

M. Dharvent a réuni un grand nombre de silex taillés 
des environs de Béthune. Le grand intérêt de sa collection 
réside dans des formes imitatives d'animaux ou de 
masques humains. Plusieurs peuvent être de simples 
accidents (Ludvs naturœ), mais d'autres présentent des 
marques évidentes d'une taille intentionnelle. 

Séance du 10 Juillet 1898. 
M. Barrois fait les communications suivantes : 

Découverte de la faune silurienne de Wenlook 

à Liévin (Pas de-Calais) 

par Charles Barrois 

M. Gosselet a bien voulu me confier l'étude d'une collec- 
tion de fossiles envoyée au Laboratoire de l'Université, par 
M. Simon, Ingénieur-principal aux Mines de Liévin. Ces 



— 179 — 

fossiles ont été recueillis dans une galerie de recherches 
de la Ci® des Mines de Liévin, à la profondeur de 476™, à 
environ 2 kil. au S. du puits n» 1 de cette Compagnie. Ils 
se trouvent dans une roche calcareuse, incl. de 20® vers le 
Sud ; cette roche généralement grise, schisteuse et à peine 
calcaire, passe à des calschistes plus sombres et même à 
des lentilles de calcaire bleu-noir, remplies de veines de 
calcite blanche. 

L'abondance dans ce gisement de Atrypa reticularis, Lin., 
forme si répandue dans le Dévonien supérieur du Boulon- 
nais, la présence en outre de quelques Orthis à affinités 
dévoniennes m'avait porté dès l'abord à rechercher dans 
la série dévonienne, la position systématique de cette 
faune. 

Toutefois je fus bientôt arrêté. Il me fut impossible de 
reconnaître dans les faunes dévoniennes, assez bien con- 
nues, du Boulonnais et de l'Ardenne, une petite espèce de 
Brachiopode, très répandue dans ce gisement. Elle forme 
certains lits à elle seule, et se trouve ainsi l'espèce la plus 
caractéristique de ce niveau, par son abondance, comme 
par certains traits génériques saillants. Son importance 
me décida à en dégager soigneusement quelques échantil- 
lons, et il me fut possible avec quelque patience d'en 
obtenir quelques individus complets, bivalves, et de 
préparer les appareils internes de certains aatres. Toutes 
les parties de la coquille étant ainsi connues, elle me parut 
identique à une petite espèce, très répandue dans les 
couches de Wenlock en Angleterre, et dans l'étage E de 
Bohéme,l<i Dayia navicula (^), caractéristique du Silurien 
supérieur. 

Dayia navicula étant accompagnée dans le Silurien 
de Wenlock par Atrypa reticularis, la présence de cette 

(1) Sowerby, in Davidson, Brit. Brach. pi. 17 et 22 flg. 20, 23, p. 190. 



— 180 — 

dernière espèce, bien que jusqu'ici limitée en France au 
Dévonien, ne saurait suffire à autoriser le classement du 
calcaire de Liévin dans le Dévonien. 

D'ailleurs, d'autres fossiles trouvés à Liévin, en compa- 
gnie de Dayia navicula et Atrypa reticulaiis^ quoique moins 
nombreux et moins bien conservés que ceux-ci, sont 
venus confirmer la détermination d'âge fournie par 
D. navicula. 

Ce sont des Orthocères, tDuj,ours si répandus dans le 
terrain Silurien supérieur, des tiges d'encrines, et les 
Brachiopodes suivants : 

Discina rugata, Sow. in Davidson, pi. 5, fig. 17. 

Ortliis elegantula, Daim, ou une forme très voisine 
(Barrande, pi. 65). 

Stropkomena du groupe de corrugatella, Davidson. 

Des débris de Trilobites, malheureusement plus rares et 
assez incomplets, sont venus confirmer l'attribution de 
cette faune au terrain silurien supérieur : 

Calymene Blumenbachi, Brongn. (2 queues), 

Acaste Downingiœ, Murch. (2 glabelles, 3 queues). 

L'existence de la faune de Wenlock dans le Pas-de- 
Calais me paraît établie suffisamment par cet ensemble de 
formes. Celte découverte des ingénieurs de Liévin présente 
pour la connaissance tectonique du bassin une importance 
réelle, que M. Gosselet a mise en relief devant la Société 
géologique. 

Nouvelles observations sur les faunes siluriennes 

des environs de Barcelone (Espagne), 

par M. Charles Barrois 

M. le Chanoine Jaime Aimera ayant bien voulu me 
confier nombre de fossiles paléozoïques recueillis par lui 
aux environs de Barcelone, j'ai eu à deux reprises déjà 



— 181 — 

roccasion d'entretenir la Société de ses intéressantes 
découvertes (*). 

Les récentes recherches de ce savant nous ont permis 
d'étendre et de compléter plusieurs de ses découvertes 
antérieures. Les nouveaux Graptolites, envoyés de Torre 
Vileta de Cervello (Province de Barcelone) mieux 
conservés et plus nombreux que ceux qui nous avaient été 
précédemment communiqués permettent de préciser et de 
corriger les conclusions basées sur les premières détermi- 
nations. Parmi eux, en effet, nous avons reconnu : 

Cyrtograptus Murchisoni^ Carr. 
Monograptus colonus, BSirr. 
)) » Riccartonensiê, Lapw. 

Ces formes caractérisent des niveaux élevés du Silurien, 
notamment la base de Tétage de Wenlock. 

Schistes pourprés de Papiol : La faune de Papiol présente 
un intérêt particulier, comme représentant, si nous ne 
nous trompons, la plus ancienne couche fossilifère de 
Catalogne. Les caractères des Trilobites (Asaphidœ) nous 
avaient amené à rapporter ce gisement à la faune 
seconde silurienne (Ordovicien), sans pouvoir en préciser 
davantage le niveau, en Tabsence d'assimilations spéci- 
fiques avec des formes connues. Toutes les espèces rencon- 
trées nous paraissant nouvelles, mériteraient d'être 
figurées et décrites. Nous signalions en effet : Ogygia sp. 
(cf, desiderata Barr.), Asaphus sp. (cf, nobilis Barr.), 
Aticulasp. (cf. pusillaB^vr.), Avicula sp. (cf, insidiosaBRvr,), 
Syneksp.(cf. rremu/a Barr.), Orthonotasp. (cf.perlataBdLvr,), 
Lingula sp., Leptaena sp, (cf. sericea Sow.), tiges dVnmnes. 

Les récentes études de M. Brogger ayant mis en lumière 
les relations réciproques de 0. desiderata et A . nobilis entre 

(1) Annales, Soc. géol. du Nord, T. XIX, p. 63 , T. XX, p. 61. 



— 18a — 

elles, et avec le genre Asaphellusde M. Callaway, la fauiie 
de Papiol se trouve présenter des affinités avec la faune à 
Euloma-Niobe des régions septentrionales, parles caFat^tèFeB 
de ses Trilobites. 

VAsaphellus de Papiol, que nous comparions kA.nobilis 
Barr., est une espèce nouvelle, bien plus voisine de 
Asapkellus Solvensis, Hicks (*) des couches de Trémadoc, 
que de l'espèce de Barrande. 

V Asapkellus de Papiol, comparé à Ogygia desiderata 
Barr., est une nov. sp., très voisine, sinon identique, 
d'Asaphellus innotatus, Barr. de Hof en Bavière ( p. 69. 
pi. 1,flg. 30-32 )(«). 

On reconnaît en outre à Papiol, avec ces espèces : 

Niobecf, Homfrayi, Salter: Pal. Soc. pi. 20, fig. 3-12. 

Asapkellus cf. Wirthi, Barrande, p. 66, pi. 1, fig. 7; de 
Hof. 

Toutefois la richesse de cette faune en Lamellibranches, 
lui donne un aspect plus jeune que le Trémadoc du N. du 
Pays de Galles. Elle présente ses plus grandes analogies 
avec les couches de Trémadoc du S. du Pays de Galles, 
telles qu'elles ont été décrites par M. Hicks, et avec les 
couches de Hof en Bavière. Elles paraissent ainsi occuper 
dans la série stratigraphique, Textréme base du Terrain 
Ordovicien. 

M. Rabelle montre des échantillons qu'il vient de 
rapporter de la craie de l'Aisne ; on y remarque en parti- 
culier un fragment d'Ammonite provenant de Bernot; des 
fossiles : B. quadratus, A, gibba, Inoceramus, provenant* 



(!}. Hicks: Quart. Journ. geol. soc, Vol. 29, p. 39. 
(2). J. Barrande : Faune silurienne de Hof en Bavière, Prague^ 
Décembre, 1868. 



[m — 

de Villers-le-Sec ; ua galet de grès empâté dans la ccaie 
de Bernot. Ce galet paraît à M. Barrois d'origine secon- 
daire, jurassique ou crétacée inféril5ure. 

M. Péroche fait la communication suivante : 

Les balaDoements polaires^ 
par J^. Péroche 

M. Péroche tait une communication verbale relativement 
aux balancements polaires, sujet dont il a déjà entretenu 
la Société. 

Il fait connaître' que jusqu'ici, vingt-et-un observatoires 
se sont livrés à d'es recherches de cet ordre et que des 
résultats qui y ont été obtenus, il découle là certitude 
que les pôles sont dans un état continu d'oscillations. 
Quelques astronomes douteraient encore, il est. vrai, delà 
réalité du fait; mais la concordance des variations 
relevées, malgré leur très minime importance, ne saurait 
laisser d'incertitude à cet égard. 

Entrant dans quelques développements au sujet des 
constatations astronomiq,ues, M. Péroche place. sous les 
yeux de ses collègues, d'une part, l'ensemble d«s: 
tableaux émanant des établissements où elles ont été 
obtenues et, d'autre part, les courbes qu'il en a' lui-même 
tirées et qui mettent en pleine évidence les mouvements 
relevés. Il en est donné ici des extraits en ce qui concerne 
les principaux lieux d'observations, et relativement aux 
années pendant lesquelles le bakmcement a revêtu ses 
caractères les plus particuliers, en extension et en 
resserrement, 1891 et 1892 dans un sens et 1895 dans 
l'autre. Les variations, notées en centièmes de seconde, 
y figurent en plus ou en moins par rapport à la 
moyenne des positions polaires. 



— «84 — 



1891 



Janvier 

« Février 

Mars . 
I Avril . 
I Mai . • 

Jain. . 

JaUlet. 

Août. . 
! Septembre 

Octobre , 
! Novembre 

Décembre 



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+ 28 
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+ 18 



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1892 

Janvier 
Février 
Mars . 
Avril . 
Mal . . 
Juin. . 
Juillet. 
Août. . 
Septembre 
Octobre . 
Novembre 
Décembre 



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— 09 

— 21 

— 25 

— 25 

— 05 




+ "07 

— 10 

— 21 

— 25 

— 25 



+ "05 

— 07 

— 15 

— 19 

— 23 

— 16 

— 07 

— 02 

— 08 

— 15 

— 17 

— 15 



— "10 

— 09 

— 11 

— 08 

— 04 
+ 06 
+ 16 






— "09 

+ 01 

+ 09 

+ 14 

+ 15 

+ 17 

+ 12 



—"04 
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+ 25 



— 18B - 



1895 


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Janvier . . 
Février . 
Mars . . . 
Avril . . . 
Mal . . . , 
Juin .... 




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— 05 

— 05 

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+ 05 

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— 04 

— 09 

— 13 


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— 06 

— 05 

— 01 

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+ 10 

+ 11 
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+ 02 

— 03 

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— 08 

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+ "08 
+ 04 
+ 01 

- 03 

- 09 

- 13 






+ "02 
+ 05 
+ 09 
+ 11 
+ 10 


Juillet. . , 
Août. . . 




- 07 

- 08 

- 08 

- 07 

- 03 


Septembre 
Octobre . . 
Novembre. 
Décembre , 













Ainsi qu'on le voit et comme M. Péroche Ta fait 
remarquer, l'accord des chiffres existe bien chaque fois 
qu'on met en comparaison des résultats obtenus dans les 
mêmes conditions en longitude, par exemple, pour Berlin 
et Prague, pour San Francisco et Honolulu, en 1891 et 
1892, de môme que pour Strasbourg et Potsdam, Bethléem 
et Washington en 1895, mais ce qui est plus particulière- 
ment frappant, c'est la concordance des chiffres obtenus, 
avec inversion des différences lorsque les observatoires se 
trouvent longitudinalement en opposition entre eux, tels 
que San Francisco et Honolulu avec Prague, Berlin et 
Pulkova. Rien ne saurait mieux démontrer la sûreté de la 
méthode suivie et la précision des résultats. 

Est-ce l'axe de rotation qui se déplace ou le mouvement 
qui apparait résulterait-il d'une autre action? C'est aussi 
un point sur lequel M. Péroche se croit fixé. 



— 186 —^ 

S'il y avait déplacemeBt de l'axe, ce déplacement n'aurait 
lieu que dans le sens même de la rotation du globe. Or, 
d'après des savants éminents, non seulement Taxe ne 
saurait se déplacer sans une déformation du globe, mais 
encore s'il se déplaçait, il ne le ferait qu'à l'inverse du 
mouvement qui se marque : si ce n'est pas l'axe qui 
oscille, c'est donc la croûte du globe qui le ferait sur son 
noyau fluide, et en cela, ajoute M. Péroche, on rentre biea 
dans sa théorie. 

Pour le cas où l'axe se serait déplacé, on conçoit, tou- 
jours, selon M. Péroche, qu'il l'eût fait circuiairement. 
Du moment où c'est la croûte, le balancement annuel ne 
saurait avoir lieu que de haut en bas pour remonter de 
bas en haut. Seulement la marche s'élargirait plus ou 
moins de chaque côté du travers, et cela en raison même 
des attractions. Ce qui dénoterait bien du reste l'action 
des attractions dans l'ensemble du balancement c'est la 
direction que reçoit son allongement qui se prononce 
surtout, par rapport à nous, lors du passage du globe par 
le périhélie où la croûte subit ses plus forts entraînements. 
Mais la périodicité des retours, calculée d'abord à 10 mois, 
puis à 14, ne serait pas non plus exactement d'une année. 
Il resterait k en rechercher la cause. Ce qu'on voit en tout 
cas, c'est que la déformation de l'allongement elliptique 
coïncide avec le passage du globe par le point le plus 
rapproché de l'orbite, alors que les retards se sont accu- 
mulés, et même en cela on pourrait encore voir un effet 
des influences attractives. 

Laissant les attractions comme causes des oscillations 
polaires, des savants les ont rattachées à des actions 
d'un autre ordre. Rien ne serait peut-être moins justifié.. 

Comme cause des déplacements de l'axe on a, entr'autres 
faits, invoqué la formation de dépôts sous l'action des 
grands courants marins, celle des massifs madréporiques 



— 187 — 

et plus particulièrement les soulèvements de montagne. A 
rencontre de cette manière de voir il y a justement à invo- 
quer tout aussi bien celui de nos Alpes que celui des Andes. 

Le dernier soulèvement des Alpes date de l'époque 
quaternaire, à très peude chose près. Si ce soulèvement 
avait eu pour effet d'altérer l'équilibre du globe, notre pôle 
aurait été rejeté au delà de sa position actuelle, et par ce 
fait nous nous serions abaissés en latitude dans la même 
mesure. Nous aurions donc eu des températures supé- 
rieures à celles actuelles. Qui ne sait ce qu'ont été 
réellement celles de l'époque. L'apparition des Andes, qui 
appartiennent à l'autre hémisphère, pourrait expliquer la 
situation climatérique qui s'.est produite dans l'Amérique 
du Nord. Mais n'y aurait-il pas à se demander pourquoi le 
même fait ne se serait pas* manifesté de notre côté et 
surtout comment et* pourquoi, après avoir été remontée 
jusque si près du pôle, l'Amérique serait redescendue à 
ses latitudes .actuçlles. . 

M. Péroche se- résume ainsi : Deux points sont désormais 
acquis; c'est d'une part, que nos latitudes sont constam- 
ment changeantes, et, d'autre part, que ces variations ne 
tiendraient pas à des déplacements du pôle, mais à des 
glissements de la croûte du globe qu4 nous en éloigneraient 
ou nous en rapprocheraient selon les circonstances. 
Il resterait bien ét-abli que le mouvement principal 
s'effectuerait rel'ativemeînt à nous, du Nord-Nord-Ouest au 
Sud-Sud-Est, comme il l'avait tout d'abord indiqué. 11 n'y 
aumit plus -à se fixer que sur la marche progressive du 
déplacement dans ce dernier sens. Il faudra assurément 
une bien plus longue suite d'observations pour en arriver 
là. Un peu de confiance ne nous est dans tous les cas pas 
interdite. 

M. Oosselet fait une communication sur la craie du 
Laonnais. 



— 188 — 



Sondages aux environs de Lille 
Forage chez M. Hannart à Croix. 

Altitude Profondeur Epaisseur 

21 Terre végétale 0.50 

0.50 Limon, argile jaune et sable. . 3.50 

4 Sable mouvant noirâtre ... 4 

8 Sable et glaise bleuâtre ... 6 

14 Cailloux roulés mélangés de sable 1 

15 Cailloux roulés purs 3 

3 18 Sable noirâtre 3 

21 Argile sableuse bleuâtre ... 1 

22 Sable durci et gravier grisâtre . 2 

— 3 24 Glaise sableuse bleuâtre ... 4 

28 Glaise bleue 10 

38 Sable mélangé de gravier noirâtre 3.50 

— 20 41.50 Craie pure 4.50 

46 Marne grise 8 

54 Silex purs noirs 3.50 

57.5 Marne mélangée de silex . . . 2.50 

— 39 60 Marne grise 7.50 

— 46 67.5 Dièves grise et bleue . • . . 14.50 

— 61 82 Calcaire carbonifère friable . . 8 70 

90.7 Fissure 1.30 

92 Calcaire friable 0.70 

92.7 Calcaire dur noir 0.40 

93.1 Calcaire friable 1.10 

94.2 Fissure 1.10 

94.55 Calcaire dur 0.35 

95.95 Calcaire friable 1.40 

99.95 Fissure 4 

Profondeur totale . . 101.40 

L'eau s'élève à 5 m. 70 du sol. 

Quantité d'eau extraite du 22 mars au 30 septembre : 239.700 
mètres cubes. 

Cette eau est devenue momentanément noire tant elle était 

chargée de dolomle pulvérulente ; elle a repris au bout de 
quelques mois sa limpidité originelle. 

Au bout de 4 ans, le forage donne encore 4,000 mètres cubes en 
24 heures sans que le niveau s'abaisse d'une manière appréciable. 



— 189 — 



Excursion géologique du 24 Juillet 1898 
à Saim-Symphorien, Spienoes et Harmignies 

(environs de Mons) 
sous la direction de MM. J. Cornet et Rutot 

Le 24 Juillet les membres des Sociétés géologique du 
Nord et Belge de géologie se rencontraient à Mons à 10 h, 
et se rendaient directement par tramway à Saint-Sympho- 
rien où M. Hardenpont, Sénateur et Industriel leur faisait 
l'honneur de les recevoir et de les conduire dans ses 
immenses exploitations de phosphate. 

L'excavation visitée, longue de plusieurs centaines de 
mètres, montre la coupe suivante : 

1. Limon altéré ou terre à briques 1" 

2. Ergeron llmono-sableux, très stratifié, avec cailloutis 

assez faibie à ia base 2 à S*" 

3. Sable vert, glauconifère, formé dsi sable landenîen 

remanié, avec petit lit graveleux à la base . .là 2" 

4. Argile sableuse, très glauconifère, noir-verdAtre, à 

texture schistoïde, d'âge landenien (Eocène inférieur), 
dans laquelle se rencontre Pholadomya KoninckL 
et présentant un très important cailloutis de silex et 
de phtanites à surface corrodée et verdie 2" 

5. Craie phosphatée à faciès veit spécial à la localité. 

Cette orale phosphatée est traversée, surtout vers le 
haut, par des lits subcontinus de silex tout imprégnés 
de pyrite grenue irisée d'un bel aspect. La craie 
phosphatée renfernie d'assez nombreux fossiles et 
notamment Peeten pulchellus 5" 

M. Rutot fait remarquer qu'en des points très voisins 
de la coupe, vient s'intercaler entre ia base du Landenien 
et le sommet de la craie phosphatée, un tufïeau durci, gris, 
renfermant Thecidium papillatum et présentant un gravier 



de nodules phosphatés à la base. C'est le Tuffeau de 
Saint-Symphorien qui représente aux environs de Mons, 
le tufleau de Maestricht. 

M. Rutot ajoute qu'il considère la couche sableuse N» 3 
comme représentant le terme quaternaire le plus inférieur 
de Belgique, c'est-à-dire le Moséen. 

M. le sénateur Hardenpont a bien voulu ajouter 
que le phosphate vert qu'il exploite renferme de 15 à 30 
o/o de phosphate tribasique puis, après la visite de la 
carrière, il offre aux excursionnistes, de la façon la 
plus gracieuse, des rafraîchissements auxquels il est 
fait honneur. 

Après un déjeuner sommaire, l'on se dirige vers 
Spiennes. 

A la limite des deux communes, on observe une« coupe 
intéressante : 

1 . Limon ou terre à briques !■ 

2. Ergeron liarono-sableux très stratifié, avec important 

lit caillouteux à la base 2 à 3" 

3. Sablo verdâtre, hétérogène, à stratification irrégullère 

et oblique, avec important cailloutis de silex à la base 1" 
Ce sable a fourni un beau bassin de Mammouth gui figure au 
Musée de Bruxelles. 

4. Poches de sable noir, argileux, landenlen, avec Impor- 

tant cailloutis de silex à la base 0.50 

5. Tufleau caverneux, Jaune passant au tufleau tendre, 

avec gravier de roches crétacées durcies à la base. Ce 
tuffeau renferme Thecidiumpapillatumeiunon deux 
bancs subcontinus de silex brun, grossier, très 
spécial * là 2" 

6. Craie phosphatée, bi une, très fossilifère, exploitée 3 à 4" 

Le tuffeau N» 5 représente le tuffeau de Maestricht ; la 
couche N® 3 est le Campinien des géologues belges. L'er- 
geron N<> 2 est classé par eux dans le Flandrien, 

M. J. Cornet, professeur de géologie à l'Ecole des mines 



- 191 — 

à Mons, montre, dans une galerie d'exploitation du phos- 
phate, un véritable lit de grosses Ostrea vesicularis bivalves. 

De cette exploitation, on passe immédiatement dans 
une suite d'autres, abandonnées et éboulées dont la prin- 
cipale, connue sous le nom de Carrière Hélin restera à 
jamais célèbre dans les annales de la science anthropolo- 
gique. 

Il y a quelques années on y voyait la coupe suivante : 

1. Terre à briques, puis ergeron très stratifié à base 

oblique, très ravinante, mais peu graveleuse. . 3 à 6* 

2. Limon gris, stratifié. (Étage moyen de M. Ladrlère), 

avec cailloutlsà la base. . à l^eo 

3. Sable irrégulièrement stratifié, verdâtre, avec lits gra- 

veleux intercalés et Important callloutis à la base . 2"'50 

4. Lambeaux de sable vert avec faible callloutis à la base 

(Identiques à la couche N» 3 de la carrière Hardenpont) 0"50 

5. Lambeaux de sable argileux vert-noir, landenien, avec 

très important callloutis de silex verdis à la base . . 0"50 

6. Faille : d'un côté on voit le tuffeau de S'-Symphorien^ 

jaune, à Tbécidées avec son gravier de base, reposant 
sur la craie brune phosphatée ; de l'autre côté, craie 
brune phosphatée. 

Ici, tous les termes du quaternaire de Belgique sont 
représentés : 

No 1 est le Flandrien; 
N» 2 VHesbayen; 
N^ 3 le Campinien ; 
N<> 4 le Moséen. 

C'est au bas du callloutis de la couche 3 (Campinien à 
Mammouth et Rhinocéros tichorinus) que M. Cels, membre 
de la Société d*Antropologie de Bruxelles, a fait la 
découverte mémorable d'un très imporlanl et riche atelier 
détaille de silex fournissant par centaines des instruments 
en tout aemblables à ceux découverts précédemment dans 



— 192 - 

la tranchée de Mesvin par M. Neryackx; puis par 
M, E. Delvaux, enfouis à la partie supérieure d'un sable 
identique au Moséen N<> 4. 

Le cailloutis base du campinien (n^ 3) et celui base du 
Hesbayen (n® 2) fournissent la hache en amande achen- 
léenne de M. de Mortillet et la pointe moustérienne 
du même auteur. 

L'industrie découverte par MM. Nerynckx, Delvaux et 
Gels est toute différente de l'industrie achenléenne et vu 
sa position inférieure au campinien, M. Rutot y voit avec 
M. Delvaux la première industrie de l'homme quaternaire 
en Belgique, celle de l'homme moséen, que M. Rutot 
croit être du môme âge que l'industrie chelléenne en 
France, mais manquant de l'arme caractéristique princi- 
pale : le coup de poing chelléen. M. Rutot a du reste 
recueilli vers la crête de l'Artois, bon nombre d'outils 
de l'industrie « mesinnienne » et sa présence est également 
très bien connue tout le long des collines anglaises faisant 
face au cap Blanc-Nez. 

De la carrière Hélin, on se rend directement à la carrière 
de Malpiaquet appartenant actuellement à la Compagnie 
de Saint Gobin. 

On y voit : 

1. Terre à briques et ergeron 3 à 4" 

2. Sable vert Irréguiièrement stratifié, avec important 

cailloutis à la base (Campinien) 1-50 

3. Sable argileux noir landcnien avec important cailloutis 

de silex verdis à la base !■ 

4. Tufleau à Thécidées avec gravier à la base 2" 

5. Craie brune phosphatée avec lits de silex, remplie de 

beaux fossiles conservés avec le test {Oêtrea cesicu- 
laris; O. suleata; O, Zaroa, etc. Pecten pulchellus; 
P. orblcularls ; Pyrgopolon Msœ ; Belemnitella 
mucronata ; Terebratula carnea , Rhynchonella 
plicatllis^QtG. Catopygus /enestratuSy eiQ . , . . 6» 



— 193 — 

Entre la carrière Saint-Gobin et le village de Spiennes, 
M. Rutot montre le nouveau gite de silex taillés qu'il a 
découvert il y a deux ans. 

A la surface du sol sont répandus de très nombreux 
silex taillés dont les formes rappellent étonnamment celles 
de rindustrie quaternaire mesvinienne, au point que M. 
Rutot a d'abord cru que ces silex provenaient delà base 
du quaternaire visible dans des excavations voisines. 

Vérification faite, aucun silex taillé n'existait à la base 
du quaternaire des excavations et, du reste, les silex 
taillés étaient répandus uniformément à la surface du 
sol, reposant au sommet de l'ergeron, sur une assez 
grande surface. 

Le gite était bien superficiel et par conséquent les silex 
étaient bien d'âge néolithique. 

On a tenté de confondre ces silex avec ceux du 
(( Champ à Cayaux » de Spiennes, dont le gisement est 
contigu à celui indiqué par M. Rutot; mais celui-ci ayant 
étudié la question sur place, demeure convaincu qu'on se 
trouve bien en présence d'une industrie toute spéciale, à 
formes primitives, qui vient sans doute se placer à 
l'aurore de l'époque néolithique. 

A Spiennes on est descendu au bas de la vallée de la 
Trouille pour voir le passage insensible par diminution 
progressive des grains phosphatés, de la craie brune 
phosphatée à la craie de Spiennes. 

Remontant ensuite sur le plateau, nous avons reconnu 
l'immense accumulation d'éclats de taille de silex consti- 
tuant l'atelier néolithique de Spiennes anciennement 
connu. 

Là, l'industrie est toute différente de celle indiquée un 
peu auparavant par M. Rutot. 

Au lieu de formes du type mesvinien, les sile^^fabriqués 
sur place au a Champ à Cayaux » sont des haches 

Annales de la Société Géologique du Nord^ T. xxvii. 13 



— 194 - 

destinées à être polies, des lames ou couteaux et des 
grattoirs. C'était une véritable fabrique, travaillant large- 
ment pour l'exportation et qui a inondé de ses produits 
une vaste région de la Belgique. 

Les préhistoriques de l'époque de la pierre polie allaient 
chercher les blocs de silex qu'ils travaillaient, par puits 
profonds de 10 mètres environ, pénétrant dans la craie 
de Spiennes et d'où partaient des galeries horizontales. 

L'abattage de la craie était fait au moyen de pics en 
silex ou en bois de cerf, dont de nombreux spécimens ont 
été recueillis. 

Au pont du chemin de fer jeté sur la Trouille, existe le 
point type de la craie de Spiennes, que l'on reconnaît être 
à texture rude, grossière, à blocs sonores. 

Vers le haut, la craie de Spiennes est encombrée de 
gros bancs de rognons de silex gris, qui ont été utilisés 
pour la taille par l'homme préhistorique. 

On est alors entré dans l'énorme tranchée d'Harmignies, 
existant le long de la voie ferrée entre le pont sur Ja 
Trouille et la gare d'Harmignies. 

Cette tranchée, grâce à l'inclinaison des couches vers 
'Ouest, montre successivement : 

1* La craie de Spiennes. 
2« La craie de Nouvelles. 
3» La craie d'Obourg. 
4' La craie de Trivlères. 

La Craie de Spiennes est très épaisse ; vers le bas, les 
silex sont moins volumineux. La base est nettement 
marquée par un lit de nodules roulés reposant sur le 
sommet de la Craie de Nouvelles, toujours durci. 

A mesure que l'on s'avance, on voit la ligne de contact 
s'élever, s'abaisser ou même disparaître. 

Ces inégalités sont dues à quantité de failles produi- 
sant les dénivellations constatées. 



— 195 — 

Vers le milieu de la tranchée existe une excavation 
profonde montrant, sous environ 8 à 10 m. de craie de 
Spiennes une forte épaisseur de craie de Nouvelles, passant 
au bas, par transition insensible, à la craie d'Obourg. 

La craie de Nouvelles est la véritable craie fine et traçante 
et elle est débitée en petits bâtons pour écrire au tableau 
noir. 

A Harmignies, elle est surtout exploitée pour la fabrica- 
tion de dalles pour amidonneries ; enfin le déchet sert à 
fabriquer la craie lavée ou a blanc d'Espagne ». 

Le fossile caractéristique de la craie de Nouvelles est 
Magas pumilus. On y rencontre également des huîtres, des 
brachiopodes et des oursins. Elle renferme quelques lits 
tabulaires de silex noir. 

Plus loin, se développe largement la Craie d^Obourg, 
surmontée de craie de Nouvelles. 

Il n'existe pas de séparation stratigraphique entre ces 
deux craies, dont l'ensemble constitue un même étage. La 
craie d'Obourg est sensiblement moins fine et moins 
traçante que la craie de Nouvelles et le Magas pumilus y 
est beaucoup plus rare. On y rencontre aussi fréquemment 
une très grande ammonite. Les fossiles abondants sont les 
mêmes dans les deux craies. A Harmignies, les silex font 
presque absolument défaut dans la craie d'Obourg. 

Tout à l'extrémité orientale de la tranchée se montrent 
quelques failles et bientôt on voit apparaître dans la 
masse crayeuse une ligne oblique qui est le contact de la 
craie d'Obourg sur la craie de Trivières. 

Au contact s'observe un épais conglomérat de galets de 
craie durcie et phosphatée englobés dans une pâte de 
craie pure très fossilifère. 

C'est dans cette base que M. Rutot a recueilli une faune 
très riche comprenant une dizaine d'espèces de Céphalo- 
podes, environ 150 espèces de Gastropodes, une centaine 



— 196 - 

d'espèces de Lamellibranches, plus, beaucoup de Brachio- 
podes, d'Echinodermes, de Spongiaires et de Polypiers.' 
C'est l'une des plus riches faunes crétacées que l'on 
connaisse. 

Dans le conglomérat de contact on rencontre parfois une 
multitude de Belemnitella mucronata, associées à Belem- 
nitella quadrata. 

La Craie de Trivières, qui se montre sous le contact est 
beaucoup plus argileuse que la Craie d'Obourg; elle est un 
peu grisâtre, non traçante. Elle renferme, en proportion 
à peu près égale, Belemnitella mucronata et B, quadrata. 
Cette craie est l'exact équivalent du Hervien de la province 
de Liège. 

On se rappellera que la craie de Trivières repose à son 
tour, aVec conglomérat de nodules roulés à la base, sur la 
craie de Saint- Vaast à Actinocamax verus, qui termine la 
série sénonienne en Belgique; en-dessous s'étend le 
Turonien. 

Nous n'avons pu observer ces contacts trop éloignés du 
point où nous nous trouvions et les excursionnistes ont 
pris à 4 h. 30 à Harmignies, le train pour Mons. 

Le beau temps a favorisé cette excursion très instructive. 

Excursion du 16 Octobre 1898 
dans la vallée de PHogneau 

Par suite d'un orage arrivé dans le courant de l'été, 
l'Hogneau et ses affluents ont eu une crue exceptionnelle 
qui a produit des faits géologiques très curieux de ravi- 
nement et de sédimentation. 

Une excursion, conduite par M. Ladrière, a été organisée 
pour observer ces phénomènes, avant que les travaux de 
réparation ou l'hiver les aient fait disparaître. Elle a visité 
Crespin, Baisieux, Angre, Roisin, Autreppe. 

M. Ladrière publira ultérieurement un travail sur ce 
sujet. 



— 197 — 

Cours de 
Géographie Physique 

du Nord de la France et de la Belgique 

par J. Gosselet 

VIII 
Cambrésis 

Le Cambrésis envisagé au point de vue de la Géographie 
physique est la partie de Tarrondissenient de Cambrai 
situé à rO. de la Selle. Au nord, le Cambrésis est 
limité par la vallée de la Sensée et ensuite par celle de 
l'Escaut. Comme limite sud, séparant le Cambrésis du 
Vermandois, on peut prendre une ligne allant de la source 
de la Selle à celle de TEscaut. 

La limite occidentale, tout aussi incertaine, sera le 
cour de la Gâche , le ravin de Mœuvres et celui de 
Trescaut entre le Cambrésis et TArtois, puis les hauteurs 
d'Épéhy, de Lempire et de Bellicourt. 

Le Cambrésis est une plaine qui présente sa plus grande 
dépression sur les bords de l'Escaut et s'élève progres- 
sivement vers l'E. et vers TO., mais bien plus vers l'E. 
que vers l'O. 

Elle a en outre une inclinaison générale vers le N. Cette 
double pente est parfaitement mise en lumière par les 
eûtes suivantes : 

ALTITUDE DE LA VALLÉE DE L'ESCAUT 

A sa source, au Catelet 86» 

A Cambrai 45 

A Bouchai!), confluent de la Sensée ... 36 

A Neuville, confluent de la Selle. .... 31 



— «8 — 



Altitude des plateaux près de la vallée 



/• Sur la rloe droite 

AU Catelet 140- 

A Vauoelles 137 

Près Cambrai .... 100 

Près Iwuy 86 

A Lieu Salnt-Amand. . 70 



2° A l'extrémité orientale 
du pays 



Près Buslgny . . . 
Près Le Cateau. . . 
A NeuvlUy . . . 
A Fonlalne-au-Tertre 
A Villers-en-CauchIe 
A Avesnes-le-Sec . . 



162- 
143 
133 
119 

86 
78 



Altitude des plateaux a distance de la vallée 



1° Sur la rioê gauche 

A Lemplre 144" 

A Bonavls 133 

A Marcoing ..... 120 

A TlUoy 75 

A Thun-l'Évêque ... 72 



2^ A Vextrémité occidentale 
du pays 

A Épéhy 147" 

A Gouzeaucourt. . . 134 

A Havrincourt 110 

A Haynecoupt 86 

A Éplnoy 80 



Cette disposition superficielle du Cambrésis est le reflet 
de sa structure intérieure. Le sous-sol est essentielle- 
ment constitué par une masse de craie blanche. Toutes 
les couches se relevant vers TE, la craie blanche qui est 
épaisse d*une vingtaine de mètres à Havrincourt, va se 
terminer en sifflet sur les bords de la Selle. 

Sous la craie blanche, il y a une zone de 4 à 5 mètres de 
craie grise sableuse qui doit sa couleur à des grains verts 
de glauconie et à des grains bruns de phosphate de chaux. 
Puis vient la craie à gros silex et à Micraster breviporus, 
dont répaisseur, qui est de 15 à 20 m. sur les bords de la 
Selle, diminue progressivement vers TE. de manière à ne 
plus avoir qu'un mètre à Vaucelles. Cette craie repose sur 
les marnes turoniennes à Terebratulina gracilis, formées 
de bancs alternatifs de craie dure compacte et de marne 
argileuse plastique. C'est le principal niveau de sources 
du Nord de la France. 



La craie grise constitue une zone facile à observer dans 
les endroits creux et dans les puits. Elle permet de suivre 
l'allure souterraine des couches. 

Carte du Cambrésis 



On peut constater qu'elle plonge de tous côlés vers la 
vallée «le l'Escaut'C) comme le fait la surface du sol. 

(I) Cayeux. Ondulations de la Feuille df Cambrai et rapporta 
de la itriiùtwe ondulée acec le tyttème liydrogrnpnique de 
cette earte. Ann. Soc. Géol. du Nord, XVII, p. 7i. 



— 200 — 

Les observations tirées de la même nappe de craie 
grise glauconienne ont permis de reconnaître quelques 
ondulations intérieures qui paraissent se répercuter au 
dehors sur la disposition hydrographique. 

La grande plaine du Gambrésis est presque partout 
recouverte de limon. Il n'y a aucun espace un peu étendu 
où la craie affleure. Quelquefois entre la craie et le limon 
s'intercalent des sables ou des argiles éocènes et même un 
peu de tuffeau. Les lambeaux tertiaires se trouvent en 
général sur les points les plus élevés du pays; ils 
surmontent le plateau sous forme de dômes tellement 
déprimés qu'ils ne paraissent être que les sommets de la 
plaine. C'està peine si deux de ces saillies, celles d'Oisy et 
de Palluel, peuvent être désignées comme collines, mais 
elles ne sont en réalité que le prolongement des collines 
d'Ostrevant. 

Les autres lambeaux tertiaires les plus importants 
sont ceux de Bourlon, de Fontaine-au-Pire, de Selvigny, 
de la Terrière, de Prémont et surtout de Busigny. 

Le massif tertiaire, qui s'étend sur les territoires de 
Busigny, de Becquigny et qui se relie avec celui de 
Prémont est remarquable par son étendue. Il est essentiel- 
lement formé de sable ; mais sous le sable, il y a une 
couche de 4 à 6 m. d*argile plastique qui retient Teau 
et donne naissance à des mares insalubres, que Ton 
pourrait facilement arriver à dessécher. Il n'en sort pas 
de cours d'eau permanent ; les ruisseaux n'ont pas plutôt 
descendu les pentes de la colline qu'ils rencontrent la 
craie perméable et s'y perdent. 

Le limon supérieur, qui constitue la surface du sol 
dans presque tout le pays, convient parfaitement à la 
culture des céréales et de la betterave. Aussi le Gambrésis 
est-il une des régions agricoles les plus riches de la 



— 201 — 

France. Les lambeaux tertiaires sont moins favorables à 
la culture, surtout quand ils sont en argile. Très souvent 
ils sont plantés de bois (bois de Busigny, d'Arche, 
d'Ardissart, de Valincourt, de Bourlon, etc.). Néanmoins 
les bois ont beaucoup diminué depuis un siècle et aucun 
n'a assez d'étendue pour mériter le nom de forêt. 

Les exploitations minérales du Gambrésis se bornent 
au limon ou terre à briques, au sable, à l'argile tertiaire 
qui sert à la fabrication des tuiles et des pannes (Bourlon, 
Viesly, Walinoourt, etc.), à la craie blanche dont on fait 
de la chaux, ou que l'on emploie en sucrerie. 

Anciennement on exploitait comme pierre de taille les 
couches inférieures de la craie (Craie grise à Micrasler 
bremporus), la plupart des édifices et même des maisons 
de Cambrai en sont construits. Les carrières d'Hordain, 
d'Avesnes-le-Sec et de Lieu-Saint-Amand ont été longtemps 
en activité, mais aujourd'hui, elles sont presqu'entière- 
ment abandonnées. L'exploitation se faisait sous terre, 
aussi est-il difficile de juger de son importance. Il existe 
probablement dans le Gambrésis bien d'autres carrières 
souterraines dont l'exploitation remonte au delà des 
souvenirs de la population. 

Il y a en outre, sous une grande partie du territoire, des 
souterrains qui ont dû être creusés uniquement pour 
servir de refuges pendant la guerre. C'est probablement 
l'emploi d'anciennes carrières qui avait donné l'idée de 
creuser ces souterrains. Le travail était facilité par la 
faible dureté de la craie glauconifère qui se taille presque 
comme du sable. 

Près du Catelet la craie jaune, dure, faciès local de la 
craie grise, est aussi exploitée pour faire des moellons. 

Aux environs de Marcoing, on trouve des caves dites 
boves, creusées dans le limon ou dans le diluvium. 



— 202 — 

Il y a peu de sources dans le Cambrésis. 

A la base du limon pléislocène, une petite couche argi- 
leuse légèrement imperméable, fournit de Teau à des 
abreuvoirs et à des fontaines qui tarissent tous les étés. 

Les sources produites par les argiles tertiaires sont 
plus constantes ; mais, par cela même que les lambeaux 
tertiaires ont peu d'étendue, elles sont peu abondantes. 
Néanmoins, elles onl permis rétablissement de fermes et 
de villages. Dès que Ton voit une vieille ferme ou un 
village sur un plateau, on peut être certain qu'il y a dans 
le voisinage une source, déterminée par la présence de 
l'argile tertiaire. 

La craie du Cambrésis est perméable par ses fentes sur 
une grande épaisseur. L'eau n'y est retenue que par les 
couches de craie compacte ou marneuse turoniennes, 
inférieures à la craie blanche. Aussi les puits sont-ils très 
profonds ; il n'est pas rare d'en trouver qui ont 40 et 
même 50 m. de profondeur. 

Les seules vallées de l'Escaut et de la Selle sont assez 
profondément excavées pour atteindre la nappe aquifère. 
C'est donc dans ces vallées seules que Ton trouve des 
sources importantes. 

La vallée de la Selle est étroite. Elle suit à peu près 
l'inclinaison du sol, aussi elle ne s'encaisse pas. Elle reste 
presque toujours au niveau de la base des marnes 
turoniennes, ce qui lui vaut de nombreuses sources. Elle 
appartient plutôt à la Nervie qu'au Cambrésis. 

L'Escaut coule dans une vallée synclinale qui suit aussi 
à peu près l'inclinaison des couches. Le thalweg reste 
presque toujours au niveau de la craie grise. Les sources y 
sont très nombreuses et quelques-unes sont célèbres par 
leur abondance. Telles sont la source même de l'Escaut 
qui sort près du Catelet de la craie jaune ; la Fontaine 



— 203 — 

Glorieuse et la Fontaine de la Ville à Lesdains, provenant 
de la craie à silex ; les sources de Proville qui fournissent 
de Teau à Cambrai et qui appartiennent à une nappe 
supérieure à la craie grise, etc. 

La vallée de l'Escaut est très peu marécageuse. Elle est 
remplie tantôt par du limon sableux jaunâtre, tantôt par 
une argile grise ou* blanche, désignée dans le pays sous le 
nom de Turquey. Quelquefois il y a en dessous de la 
tourbe avec bois et ossements. Partout à 5 ou 7 mètres de 
profondeur, on trouve une couche peu épaisse de petits 
silex brisés qui forme le fond du thalweg, et qui doit 
dater de Tâge de la pierre polie. 

La vallée de l'Escaut existait déjà à l'époque pléistocène. 
On a vu plus haut qu'elle correspond à un synclinal 
orographique, et même à un synclinal géologique dans la 
région en aval de Marcoing. Le double coude que fait la 
rivière à Crévecœur et à Marcoing, correspond à la portion 
de l'ancien cours d'eau pléistocène, où arrivaient l'Escaut, 
le ravin Warnelle sur la droite et le ravin d'Havrincourt 
sur la gauche. C'est le seul point du Cambrésis où les 
cailloux du diluvium soient amassés en abondance jusqu'à 
une hauteur d'une dizaine de mètres au-dessus de la 
vallée. On y a trouvé des silex taillés et d'assez nombreux 
débris d'Eléphants. 

En aval de Cambrai, la vallée de l'Escaut devient 
rectiligne; il n'y a plus d'anse ni de cirque dans lesquels 
les dépôts pléistocènes aient pu s'amasser. 

L'Escaut évacue toutes les eaux pluviales qui tombent 
dans le Cambrésis. Il serait sujet à des inondations 
formidables, si le sol du pays n'était pas éminemment 
perméable. La couverture de limon dont l'épaisseur atteint 
jusqu'à 10 mètres, forme une énorme éponge qui retient 
presqu'entièrement l'eau météorique. Toutefois il y a des 
circonstances où elle se comporte comme une nappe misse- 



voi- 
lante. C'est lorsque sa surface est gelée ou fortement 
durcie par une longue sécheresse. Dans ces cas, comme 
aussi lorsque la chute d'eau au moment des orages est 
plus rapide que la pénétration, il y a inondation des 
dépressions. S'il y a barrage du vallon par un talus de 
chemin ou de voie ferrée, il se produit une mare, où l'eau 
séjourne quelque temps, et où s'arrête le limon qui a été 
entraîné par ruissellement. Le même dépôt se forme 
quand un vallon étroit débouche dans une vallée plus 
large, là où le cours des eaux ruisselantes se ralentit. 

Les eaux pluviales qui ne pénètrent pas dans le sol 
sont menées au fleuve par des ravins généralement peu 
profonds, qui sillonnent le pays dans toutes les directions. 
Par suite de l'absence de sources, ce ne sont pas des 
rivières, mais des torrents, où il n'y a d'eau qu'en temps de 
pluie. Quelques uns atteignent une grande longueur. Aussi 
lorsque de violents orages éclatent dans la région, l'eau 
y afflue de toutes parts, et ils causent de sérieux ravages. 

Les principaux torrents du Cambrésis sont : l'Erclain, 
le ravin Warnelle, le canal des Torrents, le ravin des 
vingt-deux, les ravins de Villers-PIouich, d'Havrincourt, 
de Mœuvres, etc. 

L'Erclain, qui passe à Iwuy, et ses affluents les ravins 
de Boussières et de Garnières, suivent la pente générale 
du sol vers le N. 0. Ils vont joindre l'Escaut en aval de 
Cambrai. 

Le ravin Warnelle, qui prend naissance à Bertry et qui 
longe la ligne de Busigny à Cambrai, se réunit au ravin 
d'Ardissart, qui vient de Villers-Outréau, pour donner 
naissance au Torrent d'Esnes. Celui-ci aboutit à Lesdains 
au cours d'eau permanent qui sort des Fontaines 
Glorieuses et de la Ville et qui va joindre l'Escaut. 

Le canal des Torrents prend naissance aux environs de 
Guise par plusieurs branches dont la principale part 



- 208 — 

d'Aisonville. Après de. nombreux méandres, il va joindre 
au Mont Saint-Martin près du Gatelet, la Source de 
TEscaut. Il reçoit sur la gauche, la Fosse Ussigny qui 
vient du Nord. 

Ces divers torrents de la rive droite de TEscaut sont 
creusés dans la craie blanche et même dans la partie 
supérieure de la craie grise. En approchant de la vallée, 
ils atteignent la nappe aquifère et immédiatement les 
sources jaillissent ; le torrent se transforme en un 
ruisseau permanent. 

D'après M. Cayeux la position initiale de ces torrents 
aurait été déterminée par les ondulations de la craie. 

Sur la rive gauche, l'Escaut reçoit à Banteux le torrent 
des vingt-deux qui vient de Villers-Guislain, et, à 
Marcoing, les ravins de Villers-Plouich et d'Havrincourt. 

Ces ravins coulent aussi sur la craie blanche et sur la 
craie grise ; mais ils n'atteignent pas le niveau des sources. 
Ils présentent sur leurs bords des dépôts de diluvium 
exploités pour les chemins. 

A rO. du Pays, le ravin de Mœuvres et quelques autres 
se réunissent à Sains-lez-Marquion, où commencent les 
sources permanentes de la Gâche, petit affluent de la 
Sensée, presqu'aussi riche en dépôts tourbeux que la 
rivière où il se jette. 

Vermandois 

Le Pays du Vermandois est situé au S. du Cambrésis 
dont il est séparé par une ligne idéale allant des sources 
de la Selle à celles de l'Escaut. 

A l'E. le Vermandois, au sens vulgaire du nom, est 
limité par le cours du Noirieux à partir d'Etreux, puis 
par celui de l'Oise, depuis son confluent avec le Noirieux 
jusqu'à La Fère. 



— 206 — 

Mais au point de vue de la Géographie physique, on doit 
y joindre la petite portion de la Thiérache comprise entre 
rOise et la Serre. La limite sera alors une ligne passant 
à TE. de Guise et de Sains ; puis le Vilpion et la Serre. 




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Carte du Vermandois 

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Crée 



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Tergnier , 



i Fère 



Z' ô onn axs 



Cette dernière rivière, à partir de Dercy-Mortier jusqu'à 
son confluent avec TOise, sert de limite méridionale au 
Vermandois : Au-delà le même rôle est rempli par la 
dépression que suit le canal Grozat entre Tergnier et 
St-Simon ; puis par la Somme jusqu'au delà de Ham. 

A rO. on peut prendre une limite très artificielle qui 
passerait par Ham, Monchy-la-Gache, Epéhy. C'est presque 
la limite départementale. 



— 207 — 

Le Vermandois est une vaste plaine qui diffère très peu 
du Gambrésis ; aussi est-il important de signaler les 
caractères qui l'en distinguent. 

Tandis que le Gambrésis a sa pente générale vers 
le Nord, le Vermandois est incliné vers le Sud. Il est 
aussi affecté d'une légère inclinaison vers l'Ouest. 

ALTITUDE DE LA PLAINE 

A l'Ouest A l'Est 

Epéhy 147 Wassigny. ..... 166 

Vralgnes ...... 116 Andlgny ...... 164 

Lanchy 101 La Hé rie 150 

Ham 88 Bois-les- Pargny. ... 136 

La ligne de partage des eaux entre l'Escaut et la Somme, 
indépendante de la pente générale, est toute entière située 
dans le Vermandois. Son point le plus élevé (L^"™), au 
S. de Ramicourt, a ses eaux qui s^écoulent dans l'Escaut, 
dans la Somme et dans l'Oise. Il correspond à une saillie 
d'un axe anticlinal des couches crétacées qui vient des 
environs de Wassigny en passant par Brancourt. G'est 
probablement le prolongement de l'axe cambrien de 
l'Ardenne. 

Gomme le Gambrésis, le Vermandois est une plaine de 
craie blanche homogène, surmontée par place de collines 
tertiaires très surbaissées et recouverte d'un manteau de 
limon. Le limon y est toutefois moins épais que dans le 
Gambrésis et surtout beaucoup moins général. Il y a, 
particulièrement à l'E. entre l'Oise et la Serre, de vastes 
surfaces où la craie est ramenée par le fer de la charrue. 

On y rencontre, surtout dans le S. 0., quelques terres 
fortes, dues à ce que la base du limon s'est formée aux 
dépens des argiles sableuses du terrain tertiaire. Il n'en 



- 208 -^ 

est pas ainsi dans le Cambrésis, où la même assise tertiaire 
est presque partout représentée par du tuffeau sableux, 
dont la destruction donne naissance à une terre légère. 

Les quelques lambeaux tertiaires qui couronnent les 
hauteurs du Vermandois sont souvent couverts de bois : 
le bois d'Holnon, la Forêt d'Andigny, les bois d'Hennechy 
et de Riquerval ; d'autres ont été presque complètement 
défrichés. 

Le bois d'Holnon, rendez-vous des promeneurs de 
Saint Quentin, couvre plusieurs collines séparées par des 
vallons. Son sol est essentiellement formé par une couche 
de sable épaisse de 10 m. environ et surmontée par des 
argiles ligniteuses. Le tout est recouvert de limon ; mais 
la présence de Targile ligniteuse rend les sommets très 
humides. 

La Forêt d'Andigny ou de Wassigny est aussi fort 
humide, mais cette fois dans ses parties basses. Comme 
dans le massif tertiaire de Busigny, dont il est si voisin, 
celui d'Andigny présente à la base un grand développe- 
ment d'argile qui forme niveau d'eau. Sur cette base légè- 
rement bombée s'élève quelques petites collines sableuses 
que le bois dissimule. Un peu au S. 0. une de ces collines 
allongée du N. au S. porte le village de Mennevret. 

C'est le commencement d'une longue et étroite chaîne 
qui passant par Marchavenne, Grougis, Aisonville, Monti- 
gny, Fieulaine, Fontaine-Notre-Dame, s'étend jusque près 
de Saint-Quentin ; son altitude maximum (174 m.) est à 
Grougis. 

Une autre chaîne tertiaire presque parallèle s'étend 
depuis Andigny-les-Fermes jusqu'à Beautreux au S.-O. 
d'Etaves. 

L'altitude de ces deux chaînes est en rapport avec 
l'inclinaison du sol ; elles sont plus élevées au nord que 
vers le sud. 



— 209 — 

Plus à ro. encore, la colline de Riquerval, couverte de 
bois, se relie avec les hauteurs de Busiguy. 

La colline de Pleine-Sel ve, qui s'étend à TE.de Ribemont, 
des fermes de Séru à celle de Torcy (ait. max. 147»"), est 
presque complètement cultivée. 

Il en est de même des collines entre Crécy-sur-Serre et 
Montigny-sur-Crécy (142) et des collines de Bois-les-Pargny 
(147"™) où Ton voit un très beau menhir. 

La forêt de Berjaumont est aussi plantée sur un massif 
tertiaire assez étendu. 

, On peut enfin indiquer les petils tertres isolés de 
Catillon-du-Temple et de Châtillon-les-Sons. 

Plus au nord, un certain nombre d'ilôts tertiaires, 
quoique peu élevés, dominent cependant de quelques 
mètres la plaine de craie environnante, ce sont ceux de 
Viermont, de Berlaigmont, de la Hérie, etc. Tous portent 
des lambeaux plus ou moins étendus d'argile tertiaire, qui 
se manifeste par la présence de terres fortes. Ils sont 
presque toujours signalés au loin par un bouquet d'arbres. 

Les seules nappes aquifères du Vermandois sont celles 
de la craie. Elles sont presque partout a une assez 
grande profondeur, aussi n'y a-t-il pas de sources. 
Comme dans le Cambrésis, les rivières sont rares; 
récoulement des eaux pluviales se fait par des torrents. 
Le Canal des Torrents mène à TEscaut une partie des 
eaux pluviales de la partie nord du pays. 

La principale rivière du Vermandois, la Somme, a sa 
source. Elle sort de la craie blanche à Fonsomme. 

Elle se maintient longtemps au niveau de la nappe 
aquifère. C'est ce qui explique les clairs, ou grandes 
sources d'eau limpide, qui existent entre Fonsomme et 
Saint-Quentin et aussi les grands marais tourbeux que 
Ton voit non seulement aux environs de Saint-Quentin, 
mais sur tout le cours dé la rivière. 

Annales de la Société Géologique du Nord, T. xxvil 14 



— 210 — 

En amont de Fonsomme, la vallée de la Somme est 
occupée par un ravin qui vient d'Aisonville et que suit la 
rigole menant à Lesdins, au canal de Saint-Quentin, Teau 
de rOise prise au moulin de Lesquielles. Cette eau serait 
insuffisante à l'alimentation du canal souterrain; mais 
comhfie il a été creusé presqu'au niveau de la nappe 
aquifère de la craie grise, il en reçoit toutes les sources, 

UOmignon est le principal affluent de la Somme 
dans le Vermandois. Il prend sa source près de Bellenglise 
dans les mêmes couches de craie grise. Comme la vallée 
de la Somme, la vallée de TOmignon est tourbeuse sur 
presque tout son parcours. 

La Germaine prend sa source à Douilly. En amont ce 
n*est qu'un ravin torrentiel dont les racines remontent 
bien près de Saint Quentin. 

L'Oise n'appartient au Vermandois qu'à partir de son 
coude à Vadencourt jusqu'à Tergnier. Sa vallée est 
large, marécageuse, mais pas tourbeuse. Elle est remplie 
•par un important gravier, probablement d'origine quater- 
naire bien qu'on n'y ait pas encore rencontré de fossiles. 
On l'exploite sous l'eau. 

Sur les bords de l'Oise, à des niveaux différents, mais 
plus élevés que la vallée, on a rencontré en plusieurs 
endroits des restes de Mammouth qui fixent parfaitement 
l'âge quaternaire des graviers supérieurs. 

Au confluent de la Serre et de l'Oise ces dépôts s'élèvent 
Irès haut, jusque près de 40 mètres au-dessus de la vallée. 

L'Oise reçoit peu de ravins sur sa rive droite. Il est 
cependant intéressant de signaler une légère dépression 
située entre les hauteurs qui bordent la rivière et la chaîne 
tertiaire de Fieulaine ; elle n'a d'ouverture que vers le 
nord du côté de Longchamp, mais comme l'inclinaison 
généi'ale du pays est vers le S., on peut supposer que 
l'absorption des eaux s'y fait en grande partie directement. 



- 211 — 

Sur la rive gauche le principal ravin, affluent de TOise, 
est celui de Courjumelles qui aboutit à la rivière à Lucy 
au N. de Ribemont. 

Presque tous les ravins qui creusent la partie du 
Vermandois entre l'Oise et la Serre se rendent au Pérou. 

On désigne sous ce nom un cours d'eau qui se jette dans 
la Serre en aval de Crécj-. Il prend sa source à Chevressis, 
mais ses ramifications torrentielles remontent jusqu'à 
Landifay, La Hérie et môme Guise. Il est sujet à des 
sèches remarquables. 

Il sera question ultérieurement de la vallée de la Serre 
et de ses affluents. 

Le Vermandois, est comme le Cambrésis, un pays de 
grande culture. Les villages sont agglomérés dans les 
vallées ou sur les buttes tertiaires, là où il y avait des 
sources. En dehors des villages, on trouve dans les 
mêmes conditions quelques grandes fermes réunies au 
nombre de deux, trois ou quatre. Elles suffisent à la culture 
de tout un plateau. Elles sont cachées dans un bouquet 
de grands arbres qui décèlent au loin leur présence, et 
indique en même temps l'existence d'un lambeau d'argile 
tertiaire. 

Vers l'Est du Pays, la craie affleure presque partout. Le 
sol est formé de menus fragments de craie m*^langée d'un 
peu de limon et, à quelques décimètres de profondeur, on 
trouve la craie pure. Ce sol convient très bien aux céréales, 
mais les variétés de betteraves qui poussent dans les 
terres profondes du Nord ne pourraient y vivre. Il faut 
des variétés spéciales que les agriculteurs de l'Aisne 
savent parfaitement produire. 

Le limon pleistocène augmente de plus en plus vers 
l'ouest comme épaisseur et comme étendue. Près des 



212 

limites orientales du Veriiiandois le sol ne difïère plus de 
6eluidu Cambrésis. 

La population du Vermandois appartient à la famille 
picarde. Le parler présente les sons aigus de la Picardie. 
Bien qu'il n*y ait guère de pommiers, le cidre y est en 
honneur. 

Séance du 20 Octobre 189S 
M. Ch. Barrois lit la note suivante : 

L'extension du Silurien supérieur 

■ 

dans le Pas-de-Calais 
par Charles Barrois 

La découverte inattendue, faite récemment à Liévin (') 
de fossiles siluriens de IVige de Wenlock, dans une galerie 
de recherches, à 476'» de profondeur, a de nouveau attiré 
l'attention des ingénieurs sur les échantillons calcaires 
recueillis à différentes époques, en divers sondages du 
Pas-de-Calais. Un assez grand nombre de ces échantillons 
m'ont été adressés par les ingénieurs qui les avaient 
tiaversés dans leurs travaux; et parmi ces échantillons, 
j'ai reconnu quelques fossiles susceptibles d'une détermi- 
nation. 

Tous ces calcaires avaient été jusqu'ici attribués 
unanimement au Calcaire Carbonifère, tant en raison de 
leur gisement au contact du terrain houiller, que de leurs 
caractères lithologiques, et de la faune carbonifère 
signalée, en quelques points du bassin. Rien d'ailleurs ne 
pouvait faire supposer qu'ils appartinssent au Silurien, 

(1) Cil. Barrois, Annal. Soc. géol. du Nord, T. XXVIT, p. 178. 



— 213 — 

r 

en l'absence de nixejux calcaires reconnus, dans les 
affleurements siluriens du Condroz. 

M. Thiry, Ingénieur-Directeur de la O^'de TEscarpeUe, 
a bien voulu m'adresser des échantillons de calcaire, 
jusqu'ici rapportés au Carbonifère, qui recouvrent le 
terrain houiller exploité à la fosse n» 1 de celte compagnie, 
à Courcelles-lez-Lens, à côté du sondage N" 1908 de TAtlas 
de M. Soubeiran, à l'angle S. 0. de la concession de 
l'Escarpelle. 

J'y ai reconnu les espèces suivantes : 

Atrypa reticularis, Lin. 

Strophomena rhomboidatis, Wahl. 

Strophomena du groupe de corrugatclla, Dav. ('). 

L'existence d'échantillons très bien caractérisés ù\itrypa 
reticularis empêche de laisser ce calcaire dans le Carbo- 
nifère ; d'autre part, l'identité de ces échantillons, comme 
celle de Strophomena sp. voisine de corrugatella, avec ceux 
de Liévin, permettent d'identifier ce calcaire de Courcelles- 
lez-Lens à celui de Liévin, où ces espèces sont associées à 
des formes siluriennes authentiques (Dayia navicula, Caly- 
mene, Acaste, etc.). 

M. Masson, Directeur de la Compagnie de Drocourt, a 
bien voulu m'adresserpar l'intermédiaire de M. l'ingénieur 
Simon, des échantillons d'un calcaire fossilifère rencontrés 
dans les fosses n® 1 et n^2 de sa compagnie, en dessous du 
terrain crétacé, et au-dessus du terrain houiller exploité. 



(!) Celte espèce probablement nouvelle, est encore voisine de 
Strophomena a/itlquata Sow. (Davidson, p. 299, pi. 44, lig. 2-13), et 
de S. segmentum, Ang. (Davidson, ii. 321, pi. 48, lig. 28-30). Les 
échantillons sont insuffisants pour être déterminés avec certitude ; 
toutefois leur Identité avec l'espèce de Liévin ne p?ut laisser place 
au doute. 



— 214 - 

Ces échantillons peu nombreux, et insuflisainment con- 
servés, ne m'ont pas permis de déterminations spéci- 
fiques. Ce sont : 

Fosse N* 1. 

Orthoccras, de grande taille (des profondeurs de 162" à 226»). 
Ctenodonta sp. (à 168"). 
Ortld» 6p. {à 16i-). 
Monticulipora sp. (à 16i"). 
Tiges d'encrines {à 162"). 

Celte faunule est méconnaissable ; l'aspect des gros 
Orthocères rappelle le faciès du Silurien (Etage E) du 
N. 0. de la France. 

Fosse N° 2. 

Ortlùs Edgclllana ? Sait. (154- et 178"). 
Spiri/er sp. 
Atrypa sp. 
Tiges d'encrines. 

Pachypora sp. (petite espèce, à cormus cylindrique, très abon- 
dante, formant un banc de 4" (de 189" à 193"). 

Cette faunule n'est pas plus reconnaissable que la 
précédente. La formation calcaire qui renferme ces 
fossiles se continue de 126"^ à 292™ de profondeur, au 
puits no 1, atteignant ainsi une épaisseur de 166"^, soit 
56™ de plus qu'à Liéviu. 

Le Silurien supérieur présente, néanmoins, un assez 
grand développement dans le Pas-de-Calais, de Courcelles- 
lez-Lens à Liévin. Je crois en avoir reconnu encore un autre 
gisement à Méricourt, parmi des échantillons étudiés à la 
demande de M. Simon, Ingénieur principal des mines de 
Liévin. Ces fossiles se trouvent dans des schistes calcareux 
compactes, gris-bleuâtre, extraits en 1877 d'un sondage 
creusé par la Compagnie de Liévin sur le territoire de 
Méricourt (sondage n» 1630). Us appartiennent à un 



— 215 — 

massif de 110°» d'épaisseur recouvert par des schistes 
gris-verdàtre gédinniens, el recouvrant le terrain houiller 
à la profondeur de 329"». 

Les fossiles fragmentaires et en assez mauvais état de 
conservation ne m'ont permis il est vrai que des déter- 
minations approchées ; elles me paraissent cependant 
suffisantes pour apporter quelque lumière sur Vàge de la 
formation qui les a fournis. Les espèces reconnues sont 
les suivantes : 

1. PrIMITIA cf. JONESII, DE KoN 

de Koninck : Annal. Soc. géoL de Belgique, 1876, 1\ 3, 
p. 29, pi. /., fig. 16. 

Petite espèce à valves allongées, ovales, lisses, présentant 
un tubercule assez prononcé sur l'un des côtés des valves, 
et très voisine de l'espèce de Mondrepuits par sa taille 
comme par ses autres caractères. 

2.-TENTACUUTES ORNATUS, SOW. 

Soiccrby, in Murchison, SU. System, p. l!2S, pi. 02, fig. 25. 
Salter : Catalogue Cambridge Collection 187S, p. i2S, fig. 

La détermination générique de ces petites coquilles, 
assez nombreuses à Méricourt ne saurait laisser de place 
au doute : elle suffît pour empêcher l'attribution de la 
formation au Carbonifère, puisque le genre TrntacuHtes 
n'y a jamais été rencontré. C'est un genre siluro-dévonien ; 
apparu dans le Silurien moyen, il atteint son apogée dans 
le Dévonien moyen et disparait à la fin du Dévonien. Les 
caractères de nos échantillons les éloignent des formes du 
Dévonien supérieur à stries longitudinales fines ; ils 
portent des anneaux transverses entre lesquels se trouvent 
des rainures 3 fois plus larges, à fond plat, à stries fines 



-- 216 — 

trans verses. Le moule inlerne est scalarifomie, comme 
celui de Tentaculiles scalahs, Schlt (') du Dévonien infé- 
rieur, dont il est difficile de le distinguer. 11 est plus 
voisin encore du T. irregularis, de Kon (^) dont il ne nous 
paraît guère distinct. 

Nous n'hésitons dans sa détermination spécifique 
qu'entre les formes du Dévonien le plus inférieur, et celles 
du Silurien supérieur; et croyons ne pas nous tromper en 
l'assimilant à l'espèce de Wenlock. 

3. LiNGLLA LeWISII, SoW. 

Sow. in Davidson, SU. Brlt, Bmch. p. 13tj, pL 3 fiy, 16, 

Forme voisine de l'espèce de Ludlow par ses dimen- 
sions, son contour subquadrangulaire, ses valves égale- 
ment convexes, sa surface ornée de stries concentriques, 
quelques unes plus fortes correspondant ù des ondulations 
du test. 

4. SpmiFER MURCURI, Goss. 

(iosselet, Esquisse gcol. du Nord, 18S0, pi. /, fig. 8. 

Petite coquille transverse, plus large que longue, ne 
dépassant pas 1 cent, de largeur ; la grande valve montre 
un sinus assez large, sur les côtés duquel il y a 5 à 6 plis 
simples séparés par des sillons de même largeur et assez 
profonds. La petite valve un peu moins convexe que la 
précédente, à bourrelet simple, non caréné, présentant 
de chaque côté un pli de moins que l'autre, valve. La 
surface des deux valves est ornée de lamelles d'accroisse- 
ment concentriques, ondulées, légèrement imbriqués, 

(1) Schlotheim : Petrefactonk, 1820. p. 377, pi. 29, flg. 9. 

(2) de Koniiick : Ann. Soc géol. de Belgigue, 3., p- 47, pi. 3, lîg. 
13, 1876 ; et Gosselet, Esquisse géol. 1880, pi. 1, fig. 11). 



~ 217 — 

rappelant celles qui caractérisent le Spirifer crispas des 
auteurs. 

Cette coquille appartient à un groupe naturel de 
Spirifers, caractérisés par leur petite taille, leurs gros plis 
lamelleux, peu nombreux, et la constance de leur 
forme générale ; ils sont répandus en divers pays, du 
Silurien au Carbonifère, et ne présentent pendant cette 
longue période que d'insignifiantes modifications. Ainsi 
on a cité le Sp, octoplicatus dans tous les terrains paléo- 
zoïques. Cette espèce se distingue du Sp. cripus Linn. par 
le nombre plus grand de ses plis ; elle diffère du Sp. 
elevata {* ) Daim, par son sinus et son bourrelet entiers, non 
subdivisés ; je ne saurais la distinguer, à part ce caractère, 
de la figure de cette espèce donnée parSowerby fous le 
nom de ,>p. octoplicatus (-). Elle me paraît identique par 
son ornementation comme par sa taille, à la petite espèce 
si abondante à Mondrepuits, et désignée par M. Gosselet 
sous le nom de Sp. Mercuri. 

11 faut encore en rapprocher Spirifer inchoans Barr [^) 
du Dévonien de Bohême ; — Sp. mesocjonius de Kon (*) non 
Mac Coy, du Carbonifère de Chokier ; — Sp. fragmctitalis, 
Barr. (^] du Silurien; — Sp. partita, Port. (6) du Carbo- 
nifère. 

O. OrTHIS cf. LCNATA, DaV. 

Davidson: SU. Brit. Brach., p.2h}, pi. 35, fiy. i 5. 

Cette espèce est assez abondante, mais d'une détermi- 
nation douteuse, en raison de son état de conservation. 

(1) Davidson : Sil. Brit. Bracli p. 95, pi. X, li^^. 7-11. 

(2) Murchison : Silur System, pi. 12, Hj?. 7. 

(3| Barrande : Syst Sil. Bolièrne, pi. 124. li;,'. VII. 

(4) de Koninclc : Dascript. Carb. Belg. p. 66), pi. 56, fig. 4. 

(5) Barrande : Syst. SU. Bohême, pi. 93, fig. II. 

(6) Porllock in Davidson': Carb. Monog., p. 41, pi. 7, Hg. 60-61. 



— 218 — 

Elle nous présente des analogies avec les formes de 
Liévin, comparées dubitativement à 0. elegantula (^) ; elle 
est plus voisine cependant de U. Verneuili, de Kon (-), et 
surtout de 0. lunata Dav. figurée sous le nom de 0. orbi- 
ciilaris par Sowerby (-^j : elle en présente Tornemenlation 
générale ainsi que les longues et étroites impressions 
musculaires, à l'intérieur de la petite valve. 

6. Strophomema cf. semiglobosa, Dav. 

Davidson : SiL Brlt, Brack, p, 286, pL 41, fig, 1-4. 

De mauvais échantillons nous présentent leurs plus 
grandes analogies avec cette espèce anglaise de Wenlock. 

7. Rhynchonella deflexa, Sow 

Datidson : SU. Brit. Bracli,, p, 178, pL 22, fig, 24-27. 

Échantillons indéterminables, appartenant au groupe 
de cette espèce de Wenlock. 

8. Retzia Bouchardi, Dav. 

Vacidson : SiL Brit. Brach., p. 127, pL 12, fig. 26- 30. 

Échantillons insuffisants pour être identifiés, mais 
présentant les dimensions, les plis lins, et le petit sillon 
médian de cette espèce de Wenlock. 

9. ScmzoDLs sp. 
Spécimens indéterminables. 

(1) Je eroisque cette espèce de Liévin devra être identifiée à Ortliis 
EdfjelUana (Salter, in Davidson, Sii Brach, III, p. 228. pi. 32, flg. 
1-4), de Wenlock. 

(2) de Kouinck : Annal. Soc géol. de Belgique, T. 3, 1876, p. 3ô, 
pl. 1, fig. 6. 

(3) Murcliison : Sil. Syst., pl. 5, fig. 16. 



— 219 — 

En résumé, le sondage de Méricourt a fourni les formes 
suivantes : 

1. Prlmitla Jones à f de Kon. 

2. Teniaculites ornatus, Sow. 

3. Llngula LcvoUii^ Sow. 
4. SpLri/er Mercuri.Goss. 

5. Orthis lanata'? Dav. 

6. Strophomena semigloboêa ? Dav, 

7. nynchonella defiexa ? Sow. 

8. lietzla Douchardi'^ Duv, 

9. SchUodus sp. 

Cette faunule de Méricourt, dont je ne puis donnerqu'une 
liste incomplète et des déterminations rendues douteuses 
par rétat de conservation des fossiles, permet cependant 
des conclusions stratigraphiques positives. Elles sont 
fournies par la présence du genre Tentacnlites, inconnu 
jusqu'ici dans le Carbonifère, et par l'absence du genre 
Productas, si caractéristique de tous les affleurements 
carbonifères de la région. 

11 est permis d'en conclure, même en dehors de mes 
déterminations spécifiques, que le calcaire de Méricourt 
n'appartient pas au Carbonifère ; les caractères génériques 
de sa faune permettent de le ranger dans le Silurien ou 
dans le Dévonien. Ce point étant acquis, il ne reste qu'à 
choisir entre le Silurien et le Dévonien ? 

Je crois devoir éliminer le Dévmien supérieur, non 
seulement par ce que l'on n'y trouve aucune de nos 
espèces ordinaires — (bien ([ue ce terrain soit représenté 
justement dans la région, par des faciès calcaires analo- 
gues, à Brachiopodes), — mais encore parce que les carac- 
tères des Tentacnlites rencontrés ne sont pas ceux du 
Dévonien supérieur.Celte particularité empêche d'éliminer 
de même le calcaire de Wenlock, bien que je n'aie 
rencontré à Méricourt aucune des espèces signalées à 
Liévin. 



— 220 — 

En se bornanl à des considérations purement paléonto- 
logiques, basées sur des fossiles médiocres, il serait 
impossible de se décider ici entie le Silurien supérieur et 
le Dévonien inférieur. Les schistes calcaires de Méricourt 
peuvent correspondre à Tétage de Wenlock, à celui de 
Ludlow, ou représenter un faciès calcaire des schistes de 
Mondrepuits ; Tindéterminalion ne va pas au-delà. 

Le calcaire précité de Méricourt n'est pas le seul 
calcaire rencontré d'ans les sondages du Pas-de Calais, qui 
ait été rapporté antérieurement, à tort, au Calcaire 
Carbonifère. Telle est du moins mon appréciation, pour 
les schistes calcareux rencontrés à Lens en 1859, par la 
Société d'Aix (inspirée par M. Calonne), dans un sondage 
sjr le chemin de Béthune, à la profondeur de 130 à 140 
mètres ('). 

Ces schistes calcareux contenaient des fossiles déposés 
dans les collections de TUniversité, par divers donateurs ; 
ces fossiles ont été rapportés par moi même (*) en 1874, au 
Calcaire Carbonifère. La présence du genre Productus dans 
cette petite collection ne me permettait pas d'hésiter dans 
la détermination. Cependant la révision que je viens de 
faille de cette série m'a montré mon erreur. Les collections 
de ce sondage, déposées à ITniversité depuis 1860, 
comprenaient un mélange accidentel de fossiles de 
provenances diverses, que l'on peut reconnaître à leurs 
dllïérences lilhologiques : les uns sont Carbonifères 
(Productus), les autres Siluriens (i7>iri/cr)? Les Spirifers et 
les Oslracodes sont identiques à ceux de Méricourt ; les 
ProJuctus sont d'origine inconnue. Ainsi, la faune de Lens 

(1) Diverses indicalions nous font croire que les échantillons 
ainsi calaloguôs dans les collections de l'Université proviennent 
du sondage n" 1G17, de l'atlas de M. Soubeiran (Bassin houiller du 
Fas-de Calais, Paris, 1898, p. 56). Les mêmes fossiles paraissent 
avoir été trouvés au sondage voisin n° 1609. 

(2) Bull. soc. géol. de France, 3' Scr.,T. II., p. 223, avril I87i. 



— 221 — 

bien qu'elle ne renferme aucune forme réellement caracté- 
ristique du Silurien comme celles de Liévin et de 
Courcelles, peut cependant être identifiée à celle de 
Méricourt. 

Les faunules carbonifères marines signalées dans le 
même mémoire, à Carvin au N., et à Auchy au-bois au 
S. du bassin, sont par contre bien caractérisées, et très 
distinctes de celles de Méricourt. Il en est de même du 
Calcaire Carbonifère avec Productus, rencontré à la fosse 
n'^ 2 de TEscarpelle. 

En outre des 4 gisements de Liévin, Courcelles, 
Méricourt, Lens, rapportés ici au Silurien, il y aurait lieu de 
déterminer la faune des schistes calcareux reconnus dans 
les sondages d'Ilénin-Liétard, Drocourt, Aix Noulette. Ces 
schistes à nodules calcaires, décrits par M. Gosselet, dans 
son grand Mémoire sur TArdenne (*) occupent en effet la 
même position statigraphique que les calcaires siluriens 
précités, au-dessus du terrain houiller, et au-dessous des 
schistes et grès dévoniens. Toutefois ils ne nous ont pas 
encore fourni de fossiles suffisamment caractérisés, et je 
devrai me borner à faire remarquer que l'examen de leurs 
caractères lithologiques les rapproche plus du Silurien de 
Liévin Méricourt que du Carbonifère de Carvin. Les formes 
citées ici à Drocourt ne s'opposent pas à cette assimi- 
lation. Tous ces gisements appartiennent donc aussi, 
suivant toutes probabilités, au Silurien. 

Il me semble établi par ces divers exemples, que le 
Silurien supérieur, jusqu'ici méconnu dans cette région, 
et dont l'existence nous a été prouvée par la bowette de 
Liévin, forme une bande continue au sud du bassin houiller 
du Levant du Pas-de-Calais. 

Cette bande constitue le prolongement de la crête du 
Condroz de M. Gosselet. Depuis, en effet que j'ai signalé à 

(1) Gosselet : L'Ardenne, 1888, p. 265. 



222 

Liéviû la présence de la faune de Wenlock, M. Cornet, 
professeur à TÉcole des Mines de Mons, a bien voulu 
appeler mon attention sur les relations singulières de 
cette faune, avec celle qui vieni d'être découverte dans le 
Condroz par M. Malaise ('). La description en a été donnée 
dans le Bulletin de l'Académie royale de Belgique. La 
comparaiscm montre les plus grandes analogies litholo- 
giques et ])aléontologiques entre les calcaires fossilifères 
des sondages de Liévin, de Méricourt, et les calcscbistes 
avec schistes et calcaires compactes ou encrinitiques de 
Claminforgos (Entre - Sambre - et - Meuse) , récemment 
trouvés par M. Mahûse, et dont il a donné une liste de 
fossiles ; ces gisements jalonnent l'affleurement d'une 
même bande de la crête silurienne du Condroz. 

On voit, d'après ces observations, que si le niveau 
carbonifère à Prodactus carbonarius affleure régulièrement 
au N. du bassin houiller du Pas-de-Calais, il n'en est pas 
de même au S., où il es' probablement limité au lambeau 
de poussée, au Couchant du bassin. Le lambeau de poussée 
dans le Levant du Pas-de Calais, du n^ 4 de Nœux au n^ 1 
de l'Escarpelle (Concessions de Liévin, de Drocourt), n'est 
pas constitué par le paquet de roches bleuâtres qui lui avait 
été attribué à tort. Ce paquet tout entier appartient à la 
crête silurienne du Condroz, et le lambeau de poussée est 
représenté dans celte région, comme l'a indiqué très 
exactement M. M.Bertrand (2), par les terrains houillers 
renversés, au S. de la faille des Plateures. 

Au S. de la grande faille, on observe dans le Pas-de- 
Calais, de l'Escarpelle à Bully-Grenay, et reposant direc- 



(1) C. Malaise : sur la constitulion de la l)ande silurienne de 
Sambre-et-Meuso, Bull. aead. Roy. de BL'lgique, 3« ser., T.XXXIII, 
N" 6, 1897. 

(2) M. Beilrand : Le Bassin crôlacé de Fnveau, Ann. dos Mines 
Juillet 1898, p. 70. 



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— 224 — 

tement sur le terrain bouiller renversé du lambeau de 
poussée, le terrain silurien en couches régulières et non 
renversées. Ces schistes calcareux traversés dans les 
mines, avec des épaisseurs variables de 50 à 166 mètres, 
et en couches peu inclinées vers le sud (20») appartiennent 
à la crête silurienne du Gondroz ; ils sont recouverts en 
stratification peu discordante par des schistes et grès vert 
et rouge (S. lo« à 20^ à Beugin), appartenant à Tétage 
des schistes de P'ooz de M. Gosselet, et formant le bord 
nord, en place, du Bassin de Dinant. 

L'inclinaison de la grande faille du midi, au méridien de 
Liévin, étant de 25» d'après les données de l'Atlas de 
M. Soubeiran, et l'inclinaison des couches siluriennes 
étant inférieure à 20^^, on voit que le paquet silurien loin 
de se coincer en profondeur, à la façon d'un lambeau de 
poussée, gagnera au contraire en épaisseur, en s'enfonçant. 

L'obliquité de la grande faille, relativement à la crête 
silurienne explique comment le Gédinnien vient buter 
directement contre le terrain bouiller, au Sud de la 
concession de Nœux. On peut en déduire que les nouveaux 
sondages, celui d'Hersin n» o9o par exemple, qui a 
traversé 437™ de Gédinnien, d'après M. Soubeiran, devra 
traverser le Silurien, avant de rencontrer le Terrain 
bouiller. 

Rappelons pour conclure, que l'examen des échantillons 
récoltés par les soudages, dans le paquet des roches 
bleuâtres des sondeurs, y révèle l'existence de deux faunes 
différentes ; la première, représentée par les échantillons de 
Liévin et de Courcelles-lez-Lens, identique à celle de 
la bowette de Liévin, la seconde par ceux de Méricourt 
et de Lens (chemin de Béthune). La première appartient 
à l'étage silurien de Wenlock ; la seconde lui appartient 
probablement encore, comme un lit fossilifère un peu 
supérieur, où apparaîtraient des formes voisines de 



— 225 — 

celles de Mondrepuits. Cette dernière toutefois, pourrait 
représenter Tétage de Ludlow, ou même un faciès calcaire 
des schistes de Mondrepuits ? 

Rien ne rappelle dans les sondages récents du 
sud du Pas-de-Calais la série des roches dévono- 
carbonifères du bord sud du Bassin de Namur, et le 
recouvrement direct du terrain houiller au sud de ce bassin 
par la bande silurienne du Condroz, en couches peu 
inclinées, témoigne en faveur de Tamplitude de la Grande 
faille du midi. 

M. Rabelle envoie la note suivante : 

Aux Leiches entre Ribemont et Séry dans la vallée de 
rOise, on exploite des cailloux pour ballastage. La coupe 
de la grévière Nirry est la suivante : 

Alluvlon récente 0"50 

• CaiUoux ..••.. O-'ôO 

Argile 0"40 

Cailloux 4- 

Argile bieue 0"50 à i". 

Craie • • . 

La couche de cailloux, séparée obliquement en deux 
parties à sa partie supérieure par de Targile, indique une 
sédimentation torrentielle. Sa surface est ondulée ; sur 
cette surface on trouve des fers à cheval ayant proba- 
blement traversé à cause de leur poids une partie de 
Talluvion supérieure. 

La couche la plus intéressante est Targile plastique 
bleue de la base. Elle encaisse des cailloux à sa partie 
supérieure et des fragments de craie à sa partie infé- 
rieure. Cette argile est bleue quand elle e^t humide, en 
séchant elle devient blanche et se durcit. Alors avec les 
cailloux et les fragments de craie qu'elle empâte on dirait 

Annales de la Société Géologique du Nord, T. xxvil. 15 



— 22C — 

un poudingue. Elle contient du bois mal conservé et des 
coquilles d'eau douce; Lymnées, Hélix. Les petites 
coquilles qu'elle contient abondamment indiquent que 
sa sédimentation s'est faite dans une eau calme. Ensuite 
l'argile a été enlevée par places par les eaux torrentielles 
qui ont amené les cailloux. 

Les ouvriers disent ne pas trouver d'ossements ; j'en ai 
cependant trouvé à 200 mètres de là. Plus bas (gare de 
Séry), on a trouvé il y a dix ans une tète de cerf? et, sous 
le gravier, une poche considérable de noisettes. 

Je suis porté à penser que ce diluvium du fond de la 
vallée est plus récent que le diluvium des rives. Actuel- 
lement il se fait encore dans le lit de la rivière des 
charriages de cailloux qui, recouverts par les éboulis des 
bords, pourront révéler un jour des débris de Tépoque 
contemporaine. 

M. Gosselet fait uhe'coYnmu'ni'cation sur les sources de 
la Somme et de l'Escaut. Le même membre présente de 
la part de M. Gaillot une .Gaj-te dps jen.vir,ons de Laon, où 
sont marqués trois^affleurementsde dolomie crétacée, qui 
n'étaient pas encore t^'onnus; sur les territoires de Besny, 
Aulnois et Ghamory. 

M. Gosselet présente les coupes de deux forages faits 
à Bailleul, l'un à la ville, l'autre à l'asile des aliénées, à 
1600 mètres au NNE. du précédent. Ces coupes lui ont été 
communiquées par M. Duflo, ingénieur de la maison 
Lipmann, qui a dirigé les sondages : 

Sondage de Bailleul (ville) 

Altitude Profoo'Ieur ÉpalsKor 

47 Terrain rapporté 0.55 

C0,55 Terre argileuse (ancien cime- 
tière) 1.00 

1.55 Sable argileux jaunûtre . . 0.50 



Argile des Flandres, 98*70 

Altitude Profondeur 
45 2.05 Argiles grises et blcuûtres, très 

compactes 



5i 



— 150 



— 213 



- 248 



Landenien, 45*55 

100.75 Sables argileux noirâtres, avec 
débris fossiles, pyrites de fer, etc. 

101.15 Alternances de sables argileux et 
sables gris aquiféres, . . , 

106.93 Calcaire gris-jaunâtre très-dur. 

110.85 Sables gris fins aquiféres , . . 

112.15 Alternances de sables argileux et 
de sables gris aquiféres, • , 

124.10 Argiles gilses compactes • . • 

130.10 Sables gris fins aquiféres. . . 

138 00 Argiles grises -noirâtres, très 



197 00 
199.70 
216.10 
221.85 
223.50 



260-00 



295 
500.51 



Epaisseur 
98.70 



0.40 

5.80 
3:90 
1.30 

11.95 
6.00 
7.90 





• • 


\*Vf AJ.J I^VIV^ l«\- O • • ^ • 

Craie, 50*70 


• • • • 


\J • w 


99 


116.^0 • 


Craie blanche, dure . 


• • • • 


28.60 


127 


174.90 


Calcaire dur (Tun) . 


• • • . 


1.80 




176.70 


Silex cornus noirs . 


• • • • 


0.70 




177.40 


Calca'ire dur (Tun) . 


• • • • 


2.30 




179.70 . 


Craie un peu grisâtre avec rognons 






• 


. de silex noirs . , 


• • • • 


17.30 



Diéoe», 63* 

Marne argileuse (dlèves) . • . 2.70 

Calcaire dur blanchâtre. . . . 16.40 

Marne argileuse (dlèves) ... 5.15 

Calcaire fort dur blanchâtre . . 2 25 

Marne argileuse dure (diôvesj . 36.50 

. Carboniférey 35* 

Calcaire excessivement dur 
fissuré 35.00 

Déoonierij 5*5Î 

Schistes bruns • 5.51 

Profondeur totale du forage. * 



Nota. — Le niveau du sol du chantier est à la cote + -^T-lil 

— Pendant l'exécution des travaux du forage, on a constaté que 
les nappes des terrains landéniens, sont remontées à 34 mètres 
au-dessous du niveau du sol. — Le niveau stationnaire des eaux de 
la craie à 33 mètres en contre-bas du sol. — Et enfin le niveau de la 
nappe du calcaire carbonifère s'est fixé à 30"30 en dessous du sol, 

— Le captage des eaux de celte nappe a été soigneusement 
exécuté. — Le diamètre de la colonne de tube est de 560 ■/" dans 
toute la partie supérieure à la nappe. — Le débit de la pompe 
actuellement : minimum 30 mètres cubes, maximum 37 mètres 
cubes à l'heure, soit 720 et 838 mètres cubes par 24 heures. — Ces 
eaux ont 20 degrés centigrades. Elles sont parfaitement limpides, 
mais un peu sodiques. Cependant elles sont potables, et peuvent 
servir sans inconvénient à tous les usages domestiques. 

» 

Sondage de Bailleul (asile des aliénées) 



Altitude 
41 



ProfoDileur 



Terrain rapporté . . . 
Sables argileux-jaunâtre 



EpïiiBenr 
3- 
0.40 



38 



Argile des Flandres, 6i*10 

m 

3.40 Argiles grises et bleuâtres, déli- 
quescentes 62.70 

66.10 Septarias calcaires 1.00 

67.10 Argile grise-noirâtre. , . • . 0.40 



— 26 



Landénien iÔ'^ôO 

67 .50 Sables noirs agglomérés bois : fos- 
sile, pyrites de fer, dents de 

squales 

68.10 Sables argileux-grisâtres • . 
75.00 Sables gris aqul/êres . . , 
83,50 Sables gris argileux. . . • 
85.00 Sables gris agrégés agui/éres 
89.30 Argile grise compacte . . . 
92.60 Sables gris agrégés aqulfères 
94.1,5 Argile grise compacte . . . 
107.00 Argile noirâtre très homogène 



0.60 
6,90 
8"50 
1.50 
4.30 
3.30 
1.55 
12.85 
6.00 



— 229 — 



Altitude 


Profondeur 


— 72 


113 




146.70 




155.10 




155.80 




161.90 


- 124 


170 




183 




188.95 




200.61 



Craie, 57* 

Craie blanche assez dure 
Craie avec silex • . , 
Banc de silex .... 
Craie avec silex noirs . 
Craie marneuse . • . 



Épaisseur 
33.70 
8.40 
0.70 
6.10* 
8.10 



DUces, 30*61 

Marne argileuse grisâtre (dièves) 13.00 
Alternances de plaquettes de 

marne et de calcaire . . . • 5.95 

Marne grisâtre (dièves). . • . 11.66 
Fin du Sondage ...••• 

Nota. — Le niveau station naire des eaux landôniennes se 
maintient à 28"80 au-dessous du niveau du sol du cliantier. — 
La craie aquiXère comprise entre 150 et 161 mètres donne des 
eaux ascendantes dont le niveau stationaire s'est fixé à 26.60 en 
contre-bas du sol. — Ces eaux sont de bonne qualité ; elles servent 
à tous les usages dans l'établissement. — Avec un débit continu 
de 12.500 litres à* l'heure, elles restent parfaitement claires. •— 
Le niveau du sol du chantier se trouve exactement à la cote 4- 
40-990. — Le diamètre final du forage est de 610 ■/"• — I-^ captage 
de la nappe de la craie, a été exécuté avec les plus grands soins, 
et a parfaitement réussi. 

M. Gosselet continue '. 

J'ai vu des échantillons de forage de Vasile. Voici mes 
déterminations : 



A 10 mètres. 


Argile sableuse verdâtre. 


A 25 


— 


Argile plastique noire. 


A 40 


— 


Argile plastique grise. 


A 50 


— 


id. id. id. 


A 60 




id. id. id. 


A 57 


— 


Septaria de carbonate de fer 


A 61 


— 


Sable grossier. 


A 70 




Sable vert très fin. 


A 80 




Sable un peu plus gros. 


A 95 


— 


TulTeau. 


A 113 




Belle craie blanche. 


A 115 


— 


id. id. id. 


A 150 


— 


id. id. avec silex* 


A 180 


j^ 


Argile des dièves. 


A 200 


— 


Argile plus compacte. 



— 230 -- 

Le forage de la ville montre la limite du calcaire carbo- 
nifère vei;s le nord. Comme le terrain dévonien du nord 
du bassinée Namur est toujours peu épais, il est probable 
que si le sondagerdeTasileeut été poursuivi jusqu'à 300™, 
il eut rencontré le Silurien, reconnu partons les sondages 
du nord de la Flandre. 

La comparaison des deux forages de la ville et de l'asile 
montre des différences bien manifestes. Toutes les couches 
plongent vers le sud, ce qui contraste avec la pente 
générale du.bqssin delà Flandre vers le nord. Par suite 
de cette inclinaison^ l!argile est plus épaisse à Tasile qu'à 
la ville. La pente des couches va en diminuant à mesure 
que la profondeur augmente. 

Pente de la surface supérieure du landenien 17""'5 par mètre. 
Pente de la surface supérieure de la craie . 16 8 — 
Pente de la surface supérieure des dièves , 12 5 — 

Ce fait ne peut guère s'expliquer qu'en supposant une 
inclinaison du fond primitif de la mer crétacée vers le 
sud et une épaisseur des couches moindre au nord qu'au 
sud. L'altitude plus élevée du sol vers le nord tenait peut- 
être au voisinage du plateau silurien 

Le sondage d'Hazebrouck fait à 17 kilomètres à l'ouest 
et celui de Noordpenne à 30 kilomètres à l'O.N.O. méritent 
d'être comparés à ceux de Bailleul. 

Profondeur par rapport 
au nloeau de la mer 





LANDENIEN 


CRAIE 


DIEVES 


Bailleul asile 


- 26 


72 


- 12i 


Bailleul ville 


— 5i 


- 99 


— 150 


Hazebrouck 


- 51 


— 90 


— 168 


Noordpeenne 


- 58 


- 105 


- 192 



— 231 — 

Séance du 24 Décembre 1898 

M. Gosselet annonce que le Président, M. Ladrière, 
vient d'être nommé Chevalier du Mérite agricole. Bien que 
Tarrété ministériel parle de champ d'expériences, il croit 
que les remarquables cartes agronomiques qu'a faites 
M. Ladrière sont le principal titre de notre collègue à la 
reconnaissance des agriculteurs. 

M. Gosselet annonce que la Société géologique du Nord 
vient de perdre un de ses membres, M. Henri Barrois. 
11 rappelle la mort, arrivée pendant les vacances, du 
grand géologue américain, James Hall, membre associé 
de la Société. 

M. Ch. Barrois veut bien se charger de retracer à la 
Société les services rendus à la science par James Hall. 

Sont élus membres de la Société : 

MM. Morin, ingénieur aux mines de Liévin. 

Ramond, assistant au Muséum d'Histoire naturelle. 

M. Barrois fait les communications suivantes : 

Des relations 

des mers dévoniennes de Bretagne 

avec celles des Ardennes 

par Charles Barrois 

SOMMAIRE 

Introduction. 

I. Exposé sommaire des caractèras distinctifs des principales 

divisions du terrain dévonien de Bretagne : !• Bassin du 
Finistère; 2" Bassin de Laval; 3» Bassin d'Angers; 4" Bassin 
d'Ancenls. — Conclusions. 

II. Dévonien des Ardennes : succession des principales faunes 

d'Ammonoïdés des Ardennes. 

Conclusion : Des candilions dilTê rentes dans lesquelles se dépo- 
sèrent les assises dévoniennes en Bretagne et dans les 
. Ardennes. 



— 232 



INTRODUCTION 

J'ai résumé dans les pages suivantes Tétat de nos 
connaissances sur les faunes dévoniennes de Bretagne, 
notamment sur les plus récentes. Puis, comparant ces 
séries paléontologiques, aux assises mieux connues de 
TArdenne, j'ai cherché à comprendre la répartition et 
les conditions des mers de ces époques, dans le nord de 
la France. Des travaux excellents, mais écrits à des points 
de vue très différents, ont déjà été publiés sur ces ques- 
tions par MM. Gosselet et F. Frech : nous aurons souvent 
l'occasion d'y revenir dans la suite de ce mémoire. 

Il fut longtemps admis que, les époques dévoniennes 
moyenne et supérieure, correspondaient en Bretagne, à 
une période d'émersion, à une lacune immense, terminée 
par la discordance dévono-carbonifère ; mais depuis 1889 {*) 
il y a plutôt lieu de croire, que c'est vers la fin du Dévonien 
que la mer dévonienne acquît sa plus grande profondeur, 
à l'ouest de la France. C'est alors en effet, que l'on 
reconnaît des dépôts pélagiques, c'est alors que les condi- 
tions physiques ont le moins changé dans le Finistère, 
comme l'indique la constance des caractères lithologiques 
du niveau de Porsguen jusqu'à celui de Rostellec, soit du 
Dévonien moyen au Dévonien supérieur. L'étude de ces 
dépôts est peu avancée ; ils dépendent d'une même masse 
uniforme de schistes argileux fins, à minces lentilles calcai- 
res intercalées. Les faunes actuellement reconnues dans ces 
lentilles, au lieu d'être des faunes littorales, comme on 
aurait pu s'y attendre, correspondent au contraire à des 
faciès réputés profonds à Céphalopodes et à Brachiopodes, 



(1) Ann. Soc. géol. du Nord, T. XVI, p. 132, Mars 1889. 



— 233 - 

— plus profonds en tous cas, que les grès et les grauwackes 
riches en Lamellibranches, du Dévonien inférieur régional. 

Les Ammonoîdés trouvés dans quelques gisements bre- 
tons, sont plutôt rares dans les contrées dévoniennes les 
plus étudiées du Devonshire, des Ardennes et de TEifel ; 
dans ces régions classiques, le système dévonien présente 
une succession de formations clastiques variées, compre- 
nant des constructions calcaires intercalées, avec 
Brachiopodes ou Coraux. Ce n'est qu'au sud de ces massifs, 
qu'affleurent en masses moins épaisses, de nouveaux 
gisements dévoniens fouillés récemment avec soin, 
semblablement caractérisés par des sédiments lins, 
argileux, avec lits noduleux de calcaires à Ammouoidès. 
L'étude stratigraphique de cette série sédimentaire 
uniforme fut assez négligée, jusqu'au jour où les travaux 
paléontologiques de M\L Kayser, Holzapfel, suivis bientôt 
de ceux de MM. Maurer, Waldschmidt, Frech, vinrent 
montrer la variété de leurs éléments ainsi que leur 
caractère pélagique, et déterminèrent les études si détail- 
lées de MM. Denckmann, Koch, Beushausen du Service 
officiel de la carte géologique. Les résultats de ces tra- 
vaux ont été rendus familiers au lecteur français par 
M. Haug, dans ses importantes études sur les Goniatites.(*) 

Nous savons aujourd'hui que les régions pélagiques de 
la mer dévonienne s'étendaient en Europe, de la Bretagne, 
aux vallées de la Moselle, de la Lahn et au-delà, Keller- 
wald, Sauerland, Harz. En Bretagne, ce fut en 1877 que 
l'on décrivit sous le nom de Schistes de Porsguen à 
Céphalopodes, des schistes à nodules calcaro-siliceux avec 
Ammonoîdés, Pléropodes,* en signalant leurs relations 
paléonlologiques avec les schistes de Wissenbach de la 



(1) Haug : Étude«ur les Gonlatites : Mém. Soc. géol. de Fiance, 
T. VII, 1898, p. 5i 



vallée de la Lahn. C'est depuis cette époque, que de 
nombreuses divisions ont été tracées dans les schistes ii 
Céphalopodes du Nassau, et que toutes les zones paléon- 
tologiques distinctes du Dévonien moyen et du Dévonièn 
supérieur y ont élé successivement distinguées ; il en sera 
de même en Brelague, ou du moins y a-t il de sérieuses 
raisons de le supposer (^). Nous nous approcherons de ce 
but, en examinant successivement dans ce travail, en 
Bretagne et dans les Àrdennes, les relations paléontolo- 
giques que présentent les divisions du Terrain dévonien, 
avec celles qui ont été basées en Allemagne sur la 
répartition des Ammonoïdés. 



1. Bretagne 

• 

Rappelons d'abord, que le Terrain dévonien présente 
en Bretagne 3 grandes divisions lithologiques, corres- 
pondant naturellement à des conditions bathymétriques 
différentes. 

Ce sont, de haut en bas r 

A. Schistes fins à nodules calcaires ou siliceux. Epaisseur 
approximative 100'". Ils comprennent de haut en bas, les 
schistes de Roslellec, les schistes de Porsguen, etc.. 



(1). Ann. Soc. Géol. du Nord, T. IV, p. 59. 

(2). Celte conclusion doit être étendue aux schistes de la Collada 
de Llama, dans le Léon, que nous avons rapproché des schistes 
de Porsguen et de Wlssenbach (Assoc. franc. Av. Se. ; Congrès 
du Havre, août 1877). Les fossiles jadis cités par nous, suffisent à 
établir qu*lls correspondent dans le Léon, comme en Bretagne, à 
un faciès profond des étaj^jes dévoniens supérieurs, où devront 
être établies des subdivisions paléonlologiques, comme dans les 
schistes de Porsguen. 



— 23b — 

B. Schistes et grauwackes avec récifs et amas calcaires. 
Epaisseur approximative SOGn^». Il comprennent de haut en 
bas, la grauwacke du Faou avec les lentilles calcaires de 
Néhou, d'Erbray. 

C. Schistes grossiers et grès. Epaisseur approximative 
1000"™. Ils comprennent de haut en bas, les grès de Gahard. 
les schistes et quarzites de Plougastel. 

On a ainsi : 



^ ( Schistes de Roslellec Fameanlen 

' ( Schistes de Porsguen Ei/élien 

B. Grauwacke du Faou avec lentilles calcaires Coblensiea 

Grès de Gahard Taanusien 



•) 



Q 

'' Schistes et quarzltes de Plougastel . . . Gédlnnlea 

Ces divisions si marquées sur le terrain, n'ont cepen- 
dant qu'une valeur purement régionale ; c'est ce que 
montre le petit tableau précédent, où sont présentées les 
correspondances basées sur l'examen des faunes. Les deux 
divisions inférieures (C.B.), malgré leur épaisseur relative 
démesurée, rentrent dans le système dévonien inférieur 
des auteurs, tandis que la division supérieure (A), si peu 
épaisse, comprend l'ensemble des faunes du Dévonien 
moyen et supérieur. 

L'esquisse suivante indiquera la répartition des massifs 
dévoniens en Bretagne. Ils sont limités à des noyaux 
synclinaux, derniers débris épargnés par les dénudations ; 
de telle sorte, que leur gisement, comme leur faune 
permettent d'y voirdes témoins des formations pélagiques 
primitivement étendues à de grandes surfaces, sinon à la 
totalité du pays. Dans les synclinaux dévono-carbonifères, 
délimités sur cette esquisse, les étages supérieurs du 
Dévonien ne sont représentés que par des taches irrégu- 
licres, par des points isolés actuellement dépourvus de 
continuité. Mais ces témoins sont formés de sédiments 



à 



— 236 — 



••A 

o 

« 

I 

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• ••••£•• I 



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i^wwqp» 



fins, à faune pélagique ; et ce caractère, joint à Tabsence 
de sédiments élastiques grossiers dans cette série uni- 
forme, tendent à faire croire que les étages dévoniens 
moyen et supérieur furent représentés au complet dans 
les contrées bretonnes. Ainsi malgré leur peu d'épaisseur, 
l'importance des divisions supérieures est prépondérante 
pour la connaissance de la géographie ancienne de la 
région : ce sont les seules dont nous aurons à nous 
occuper dans ce mémoire. 

Les quatre massifs distingués sur la carte ci contre, sont 
respectivement situés à TOuest (Bassin du Finistère), à 
l'Est (Bassin de Laval), et au Sud de la Bretagne (Bassin 
d'Angers, et Bassin d'Ancenis) : nous les considérerons 
successivement. 

1^ Bassin du Finistère 

Les principaux affleurements du Dévonien méso supé- 
rieur se montrent au bord des baies, à rivage plat, de la rade 
de Brest, où ils présentent leurs meilleures opportunités 
d'étude; ces schistes à nodules, sont reconnaissables à 
l'est, jusqu'à Bolazec, à la limite du Finistère. Ils s'éten- 
daient toutefois encore au-delà de ce point vers l'est, dans 
les parties centrales du grand synclinal du Menez Bel- Air, 
avant l'ère des dénudations : on peut ainsi tracer leur 
continuité à l'est, jusque dans le Bassin de Laval. 

Les affleurements continus qu'on observe dans la rade 
de Brest, mieux encore sur les grèves à marée basse, que 
dans les falaises basses et éboulées, montrent la grande 
uniformité lithologique de ces étages. Ils sont formés de 
schistes fins, fissiles, brun-verdàtres ou vert-olive, géné- 
ralement découpés en esquilles allongées, par des 
plans de schistosité transversale, toujours très tranchés. 
Ces conditions rendent la récolte des fossiles à peu près 
stérile dans les bancs de schiste : ces schistes toutefois 



— 238 — 

admettent des bancs calcaires, où se trouvent concentrés 
les fossiles, et qui seuls permettent de distinguer la 
stratification de la schistosité. Ces lits calcaires minces, 
discontinus, sont formés généralement de petits nodules 
alignés, parfois soudés entre eux et continus ; tantôt 
ils contiennent des (Céphalopodes (Goniatites, Orthocères), 
tantôt des Ptéropodes (Styliolina, Teniaculites), ou des 
Lamellibranches paléoconques à test mince, et tantôt des 
Brachiopodes, comme formes prédomidantes. Certains 
lits sont même formés entièrement de polypiers alignés, 
parmi lesquels dominent les Cystiphyllum, les Fawsites ; 
les conditions étaient moins exclusivement pélagiques que 
celles des marbres à Céphalopodes d'Allemagne. Mais les 
gisements se ressemblent cependant par leur faible 
épaisseur : la série complète des couches dévoniennes 
méso -supérieures de TEnse, près Wildungen, n'atteint 
pas 100»" d'après la carte au 1/20.000 de M. Dençkmann, 
et la division du calcaire d'Odershausen (Givétien) y est 
réduite à l"^oO d'épaisseur. 

Les assises qu'il nous a été permis de distinguer jusqu'ici 
au-dessus des grauwackes du Faou, à lentilles calcaires de 
Néhou, sont les suivantes. Nous les énumérerons succes- 
sivement, en citant les principaux fossiles que nous y 
avons reconnus : 

1. La grauivacke du Fret se voit en divers points de la 
Rade, au-dessus de la grauwacke du Faou, à Terenez en 
approchant de Prioly, à l'E. du Fret, etc. ; elle est formée 
de schistes grossiers, calcareux, et passe insensiblement 
par ses caractères lithologiques, aux couches entre 
lesquelles elle est comprise. 

Les fossiles suivants, qui y sont répandus, permettent 
de rapporter cette couche à la grauwacke de Hierges (*), 

(1) E. Kayser : Lelirbuch d. gcol. Forrii., Stuttgart, 1891, p. 83. 



— 239 - 

ou à la zone à Spmfer cultrijugatus, zone ou disparaissent 
les espèces infra-dévoniennes les plus caractéristiques, 
comme Spirifer Hercyniae, Urthis hysterica, Athyris 
undata : 

Phacops Potier if Bayle. 
Llopteria VLcnnaijl, Œhl. 
Spiri/er arcluennensiSy Slein. 
Spirifer paraUoxus, SchJt. 
Rhynchonella Pareil, Vern. 
Athyris concentrica, IJucli. 
Pentamerus Oehlertl, nol). 
Chonetes Barcinulata^ Schlt. 
Prodactus subaculeatas^ Murch. 
Pleurodtjctlum granullferum^ Schliï. 

2. Les schistes de Porsguen, restreints à des gisements 
typiques, 0. de Porsguen, le Fret, etc., et débarassés 
d'un certain nombre d'autres gisements rapportés 
actuellement à des niveaux différents, présentent une 
faune eifélienne. Les schistes fins, argilo calcareux, 
feuilletés, vert-brunatre, très clivés, et traversés de fausses 
stratifications, qui composent cet étage sont entièrement 
dépourvus de fossiles, il faut les chercher dans de minces 
lits de calcaires noduleux, d'épaisseur variable mais 
toujours faible, interstratifiés dans ces schistes. Des 
récoltes méthodiques faites dans ces divers bancs fossili- 
fères augmenteront certes encore le nombre des niveaux 
distingués dans le Dévonien de TOuest. Nous avons 
ramassé et déterminé les espèces suivantes dans les 
nodules calcaires de Porsguen et du Fret : 

Phacops Potlerlf Bayle. 
Dalmanites laclnCata^ Rœni. 
Orthoceras regulare, Schlt. 
Anarcestes subnautillnuSy Schlt. 
Gonlatltes sp. ' 
Tentaculitea scalaris, Schlt. 
Acroculla triyona^ Gold. 



— â4Ô - 

LoiTonema Hennahianat Sow. 
Cypricardinia crenlstrLa, Sandb. 
Nucula Krachtœ, Rœm. 
CticuUella cultrata, Sandb. 
Spiri/er aurlculatus, Sandb. 

» conceniricus, Schnur. 

» curpatuSj Schlt. 

» eleganSt Slein. 

» subspeciosuêy Vern. 
Cyrttna heteroclyta, Defr., var. multlplicaia, Dav. 
Retsia Adrieni, Vern. 
Ambocœlta umbonata^ Rou. 
Pentamerus rhenanus var. œlilertl, nob. 
Rhynchonella (Wilsonia) orblgnyana^ Vern. 

» parallelepipeda, Kays. 

» angulosa, Schnur. 

» procubotdeSj Kays. 

Rhynchonella GullUerl, Œhl. 
Blfida lepida, Gold. 
Nucleospira lens, Phill. 
Strophomena SedgwLckU, Arch. Vern. 
Plectambonltes rhomboîdalls^ Wahl. 
Leptœna interstrlalis, Phill. 

» iœniolata, Sandb ( = Phllllpsi) 
Strophodonta comltaas, Barr. 

» Naranjoana^ Vern. 

Orthothetes umbraculurriy Schlt. 
Merlsta plebeia, Sow. 
Atrypa retlcularis^ Sow. 
Centronella Schulzti, Vern. 

» Bordlu. Vern. 

Athyris concentrica, V. Buch. 

» Ezquerra^ Vern. 
Orthis eifellensiSy Vern, 

» strlatula, Schlt. 

» Beaumonti, Vern. 

» Trigerl, Vern. 
Productus subactileatus, Murch. 
Dlscina marglnata, Sandb. 
Chonetes Daooustl, Œhl. 
Melocrinus gibbosus, Gold. 



- Ml - 

Pentremlte» €{feliensùt, F, Rœm. 
Cyathophyllum Steiningeri, Edw. H 

» Michelim, Mich. 

» heterophyllum^ Edw. H 

» torquatum, Schlu. 

» Lindstromif Frech. 

» ceratiteSj Gold. 

» noe, 8p. 

Menophyllum marginatum^ Gold. 
Mesophyllum Lissinyenerme, Schlu. 

» noo, s p. 

Cystiphyllum oealculosum» Go)d. 

» pseudoseptatunif Schlu. 

» noo. sp. 

Aulacophyllum Looghlense, Schlu. 

» celtieum, d'Orb. 

» noo. sp, 

Zaphrentlt GuilUeri, Nob. 

» 7100. êp, 

H allia sp, 

Metrlophyllum Bouehardi^ Edw. H. 
Microcyclus ei/eliensîSj Kays 
Combophyllum Osismorum, Edw. H, 
Pleurodyctlum granull/erum, Schluter. 
, A loeoUtes suborbiculariSj Lk. var. squammosus. 

Michelinla geometrica^ Edw. H. 
FaoosUes Goldfussi\ d'Orb. ( = Forbesij Nich) 

• sp. 

FistuUpora Torrubiae, Edw. H. 

» sp. 

Aulopora serpens, Gold. 

» sp. 
Monotrypa Trigeri, Edw. H. 
» sp. 

Cette liste, où nous signalons de nombreuses espèces, 
auparavant inconnues en Bretagne, est une liste eifélienne. 
Elle a même plus de relations avec la faune de la base, 
qu'avec celle du sommet des Schistes à Calcéoles. 
Comparée aux faunes eiféliennes de TEifel et des 

Annules de la Société Géologique du iVord, t. xxvii. 16 



Asturies, cette faune de Porsguen se distingue par des 
caractères négatifs saillants, tels qu'absence complète du 
groupe des Stromàtopores, absence des Tetracoralliaires 
cespiteux, absence de divers Brachiopodes caractéristiques 
Spirifer suhcuspidntvs, lietzia ferita, Kay séria dividua. Il y 
a d'autre part entre elles, de nombreuses formes 
com munes , A ctinocystis (Mesophyltum) , Cystiphytlum , 
MeîriopliyUum, Orlhis, IHfida, Spirifer, Anarcestes, etc., 
citées plus baut. Un grand nombre des espèces précitées 
sont connues également dans le Givétien, mais elles ne 
sauraient sufîire h le caractérivser. Je n'ai pu encore 
distinguer la faune givétienne, dans le Finistère, parmi la 
série uniforme des scbistes à nodules, et sa recherche 
nécessitera de nouveaux efforts. 

3. Schisîea de Traouliors : La faune de ce niveau permet 
de le distinguer des schistes de Porsguen, dont il est 
très difficile à séparer sur le terrain, en raison de l'identité 
de leurs caractères lithologiques. La récolte systématique 
des fossiles, montrant que les espèces citées ci-dessous 
sont limitées à certains bancs, a permis de séparer 
ces schistes de Traouliors, à titre de zone paléontologique 
distincte; la comparaison de ses fossiles avec les listes 
des régions classiques indique que ce niveau a des relations 
avec la faune frasnienne : 

Pentamerus glohus, Bronn. 
Cyrtlna heteroclyta, Defr. 
Rhynchonella cuboïdes, Sow. 
» pugnaSy Mart. 

Sken'clium Baylel, Œhl. ou areola^ Kays. 
Spirlfer Vrli, Fleni. 
Productus subaculeatuSy Murch. 
Cyathophyllum torquatum, Sçhluter. 
Faoosites Bolonlensis, Goss. 
Fistullpora sp. 
Receptaculltes Neptunij Defr. 



- 243 - 

4. Schistes de Rostellec : Schistes fins, noirs, plus char- 
bonneux que les précédents, contenant des lits noduleux 
dé calcaires bitumeux noir (Rostellec, Ile Longue), ou des 
nodules très durs, silico-pyriteux (Porsguen Prioly). Les 
principaux fossiles sont : 

Cypridina serratostrlata^ Sandb. 
Orthoceraa gregarlas^ MÛDSt 
Poradoceras VerneuiU, Mûnst. 
Tornoceras êiinpleœ^ V. Buoh. 
» undulaturrit Sandb. 

Bactrites carlnatus f Mûnst. 
Tentaculiteg tenuicinctuê, Rœm. 
Camaro^ihoria rhomhoïdea, Phill. 
Posidonomya oenusta, Mûnst. 
Aoicula laeois, F. Rœm. 
Cardiola retroêtriata v. Bucb. 

C'est la faune de Nehden, en Westphalie, et celle du 
niveau à Goniatites pyriteuses de Cabrières, que nous 
rapportons au Faniennien. Elle se distingue de la faune 
frasuienne (schistes de Matagne), par la présence des 
Poradoceras à lobe latéral aigu et par l'absence des 
goniatites Primordiales. 

Aucune Clyménie n'ayant encore été rencontrée dans le 
Finistère, pas plus que les Sporadoceras qui leur sont 
habituellement associés, on ne possède encore aucun 
document sur l'étage Strunien de Bretagne. 

2» Bassin de Laval 

L'étude spéciale que nous avons faite sur le terrain, du 
bassin précédent, nous a permis d'y reconnaître des 
représentants de la plupart des assises dévoniennes. Le 
faciès pélagique uniforme qu'affectent les assises supé- 
rieures rend plus vraisemblable la continuité de la série, 
plutôt que son interruption par des lacunes ; et on peut 



— 244 — 

par là prévoir, que la découverte de termes manquants 
est encore réservée à Tavenir. 

Mais peut-on étendre ces prévisions et généraliser la 
conclusion aux régions orientales de la Bretagne, au 
bassin de Laval? Ce bassin nous est plus connu par les 
importantes publications de M. Œhlert (*) que par nos 
recherches personnelles ; et d'après ces études, le Dévonien 
inférieur, seul développé dans cette contrée, présenterait 
les divisions suivantes : 

' Calcaire de Sablé {est de la 

r^ 1 • ^ A*i • 1 ^ ^ Mayenne). 
Calcaire a Athiir 19 undata \ ^ , , , , ^ 

1 Calcaire de la Baconniere^ 

{ouest de la Mayenne), 

Grés à OrtJils Monnleri. 

Schistes et quorsltes de Plougastel, 

Les schistes et quarzites de Plougastel sont moins 
développés dans le bassin de Laval que dans celui du 
Finistère; les grès àU. 17oMMicri correspondent exactement 
aux couches décrites, depuis longtemps, sous le nom de 
grès de Gahard, Les calcaires de la Baconnière (Brûlon, 
Néhou, 0. de la Mayenne) se rattachent seuls à la 
grauwacke du Faou, du bassin précédent. Les calcaires de 
Sablé (Saint Germain-le-Fouilloux, Viré) doivent être 
rapportés aux schistes de Porsguen, et par conséquent à 
la base de TEifélien. Les relations paléontologiques de 
ces niveaux sont telles, qu'il ne paraît pas possible 
d'échapper à cette conclusion. 

En réunissant ces derniers niveaux, nous nous éloignons 
un peu de M. Œhlert, puisqu'il compare les calcaires de 
Sablé à la grauwacke de Hierges ; mais la différence de 
nos conclusions tient apparemment à ce que nous avons 
eu la bonne fortune de rencontrer des coupes continues 

(1) Œhlert. Comptes-iendus Ac. Se, 21 Février 1887. 



— 245 — 

sur les rives de la rade de Brest, tandis que M. Œblert a 
dû ramasser ses fossiles dans les déblais du chemin de fer 
de Sablé au Mans et à la Flèche, sans qu'il lui ait été 
possible de relever une coupe exacte indiquant à quel 
niveau étaient cantonn^ps ces espèces. (*) 

D'ailleurs M. OËhlert insiste à diverses reprises sur les 
relations de sa faune de Sablé avec celle du Dévonien 
moyen, et il n'y a pas de divergence entre nos vues. Le 
fait essentiel ne consiste pas ici à rattacher la faune de 
Sablé à FEifélien, plutôt qu'à la grauwacke de Hierges, 
mais à distinguer plus nettement, que cela n'a été fait 
jusqu'à présent, les deux faunes distinctes groupées dans 
ce système des calcaires à Athyris undata, l'une Huns- 
ruckienne (ou Coblenzienne inférieure), l'autre Eifélienne 
(ou Coblenzienne supérieure). Cet assemblage de 2 faunes 
distinctes a entraîné, croyons-nous, quelques inexactitudes 
dans les assimilations faites dans ces derniers temps, à 
l'étranger, des niveaux rhénans avec les niveaux de l'ouest 
de la France. Ainsi c'est à tort, que dans les derniers 
tableaux publiés en Allemagne, tableaux comparatifs 
excellents d'ailleurs, on assimile le calcaire de Néhou à la 
grauwacke de Hierges (zone *du Spirifer paradoxus de 
M. Frech), en se basant sur les listes des calcaires à 
Athyris undata. Si on limite le calcaire de Néhou, comme 
je l'ai fait depuis 1886 sur la carte géologique de Bre- 
tagne (2), à des faciès calcaires de la grauwacke du 
Faou, elle se rapporte au Coblenzien inférieur (zone à 
Spirifer Hercyniae de M. Frech) (^), La grauwacke de 



(1) Œhlerl: Annal. Sciences gêol., T. XIX. Article n° 1., 1887, 
p. 2. 

(2) La feuille de Chateaulin, au 1/80.000, avec sa légende, a été 
publiée en 1886. 

(3) F. Frech : Letkœa paleo^oïca, Stuttgart 1897, p. 196, 



— 246 - 

Hierges n'est représentée que par la grauwacke du Fret, 
et ses homologues, dans les autres bassins (calcaire de 
Sablé, partim). 

Au-dessus des Calcaires de Sablé, qui comprennent 
pour nous TEifélien inférieur, M. (Ehlert n*a signalé à 
notre connaissance aucun étage dévonien plus récent, dans 
le bassin de I^val. Les étages dévoniens moyen et supérieur 
sont donc très peu développés, si même ils sont exposés 
dans cette région : il y a toutefois plus de motifs de croire 
que ces étages supérieurs ont été enlevés ou recouverts 
transgressivement par les mers carbonifères, plutôt que 
d'admettre un mouvement régressif de la mer dévonienne 
supérieure. Ces motifs sont fournis par la découverte (*), 
restée il est vrai isolée, de schistes à Goniatites à Izé (iUe 
et Vilaine), au sommet de la série dévonienne. Ces schistes 
argileux, fins, rougeâtres, visibles dans les fossés de la 
route, nous ont fourni dans la vallée, entre la Hubaudière 
et TEssort : 

Anarcestes cf. sabnautiluius, Schlt. 

» lateseptatus, Beyr. 

P leur oto maria cf^ êubearlnata^ Rœm. 
Spirl/er cf. Indiffèrent, Barr. 

La pauvreté du gisement et l'état de conservation des 
fossiles ne m'ont pas permis une étude bien précise; 
ainsi les deux seules Goniatites rencontrées ne montrent 
pas leurs cloisons, et leur détermination basée sur leur 
seule forme extérieure est insuffisante. L'exactitude de 
notre détermination permettrait de rapporter les schistes 
Goniatites d'Izé à l'Eifelien (schistes de Porsguen) ; son 
inexactitude, si elle venait à être rectifiée, ne pourrait 
toutefois que les faire rapporter à des couches dévoniennes 

(1). Annales Soc. géol. du Nord. T. XXII, 1894, p. 305. 



— 247 — 

plus récentes, aucune Goniatite n'étant connue dans le 
Dévonien inférieur de la région. Quel que soit donc le 
résultat des futures rectifications, il est dès aujourd'hui 
acquis que des schistes à nodules, avec Goniatites, se 
trouvent vers le sommet de la série dévonienne du bassin 
de Laval, et que ces couches d'âge dévonien moyen ou 
supérieur appartiennent à un faciès plus pélagique que 
celles qu'elles recouvrent. 

Si on rapproche ce fait, de la continuité matérielle des 
bassins de Laval et du Finistère, pendant les époques 
siluro-dévono-carbonifère, continuité établie par nos tracés 
cartographiques (*), il semble difficile de repousser cette 
conclusion générale, que la série dévonienne entière s'est 
déposée dans le bassin de Laval comme dans celui du 
Finistère. 

3«> Bassin d'Angers 

Ce bassin présente sur notre esquisse (p. 236) une forme 
étroite, démesurément allongée. L'interprétation que nous 
avons donnée de sa structure (^), n'a pas rallié, il est vrai, 
les suffrages des auteurs des feuilles de Ghâteau-Gontier et 
d'Ancenis (^) ; sur ces cartes, les divers gisements dévoniens, 
bien que d'âge différent sont représentés par des ilôts 
indépendants, reposant en discordance sur un substratum 
silurien. 

Ces discordances apparentes avaient été expliquées 
sur notre coupe schématique du bassin d'Angers 
( = Erbray), par un jeu de failles imbriquées, parallèles 
à la directions des couches, et à pendage uniforme d'un 

(1) Feuilles de Rennes et de Fonlivy au 1/80. OOU publiées en 
1890, 1895. 

(2) Méni. Soc. gêol. du Nord, T. III, 1889, p. 6. 

(3) Feuille d'Ancenis par MM. E. L. Bureau 1890, feuille de 
Chàteau-Gontier par MM. L. Bureau et Œhlert, 1895. 



— 248 — 

même côté ; cette disposition des dénivellations permet- 
tait la descente centripète des tranches centrales du 
synclinal, et la suppression mécanique de ses bords. Il me 
parait d'autant plus difficile d'abandonner ces vues, que 
le progrès de nos études sur le terrain montre chaque 
jour davantage leur généralité : le mécanisme de ces 
effondrements synclinaux, a été exposé avec détail dans 
notre étude du massif synclinal de Menez-Bel-Air (*), il 
nous a permis depuis (2), d'interpréter d'une façon plus 
rationnelle, la structure des bassins houillers de la 
Loire-Inférieure et de la Vendée. Nous ajouterons enfin 
que des courses récentes aux environs d'Angers, nous 
ont également montré la dissymétrie de ce bassin : d'après 
ces observations, le bord sud de ce bassin est enlevé par 
faille, puisque de ce côté les phtanites siluriens (Age du 
Llandovery) arrivent au contact des calcaires dévoniens 
des Fourneaux (d'âge Hundsruckien). 

Dans un synclinal, où les couches sont ainsi imbriquées, 
par suite des déplacements mécaniques, la paléontologie 
seule, donne des indications positives, sur la succession des 
couches et sur l'extension originelle des dépôts. Elle 
apprend que des lambeaux d'un très grand nombre 
d'étages dévoniens sont ensevelis dans cette fosse synclinale 
d'Angers, profonde ^t étroite. Ils sont les témoins, malgré 
leur extension superficielle à peu près nulle, des conditions 
pélagiques qui ont présidé à la sédimentation des 
diverses mers dévoniennes consécutives. Ils affirment la 
persistance de ces mers et leur continuité avec celles des 
bassins du Finistère et de Laval. 

Ces conclusions sont basées sur la variété des niveaux 
distincts observés dans ce bassin ; il suffît pour les établir. 



(1). Annal. Soc. géol. du Nord, T. XXII, 1894, p. 181. 
(2). Annal. Soc. géol. du Nord, T. XXVI, 1897, pi. I. 



— 249 — 

de rappeler successivement les caractères des dernières 

assises dévoniennes, supérieures aux calcaires de Vern, à 

faune de Néhou. C'est ce que nous allons faire brièvement. 

lo Les schistes calcareux de Pont-Maillet, nous ont fourni : 

Phac.ops PoUeriy Bayle. 
Cryphaeus stellifer, Burin. 

» laciniatuSy Rœm. 

Cyphaêpis ceratophthalma^ Gold. 
Proetuê laecigatun, Gold. 
Meriëta pleheia, Sow. 
Cyrtina heteroclyta, Defr. 
Atrypa aspera, Schlt. 

» reticularlSy Linn. 
Stenoscliisma microrhyncha, F. Rœm. 
Pentamerus globosuSy Sow. 
Ortkis striatula, Schlt. 

» ei/eli nsiSy Vern. 

» canallculatay Schnur. 
Strophomena taeniolatOy Sandb 
Combophyllum marianuniy Vern. 
Pleurodyctium problematlcurriy Gold. 

Celte liste présente les caractères eiféliens de la faune 
de Porsguen, plutôt que ceux des niveaux plus anciens 
du Coblenzien. 

2» Les calcaires à Tenta^^ulites de la Fresnaie présentent 
de si fâcheuses conditions de gisement, que l'on n'a pu 
encore se faire une idée de Tensemble de leur faune. Il 
est néanmoins fort facile de constater l'abondance des 
Ptéropodes accumulés dans ces plaquettes calcaires 
(Tentaculites, /iJacfnto'). Les formes paraissent identiques 
à celles du Dévonien supérieur du centre de TAllemagne : 
Tentaculites tenuicinctus, A. Rœm., T. acuarius Hirht. On 
trouve à la fois Tindication des conditions pélagiques de 
leur dépôt, dans leurs faunes, et dans Tidentiléde leur 
faciès lithologique avec celui des calcaires pélagiques 
à Tentaculites du Dévonien supérieur de Thuringe. 



— 230 — 

S^ Les schistes à nodules de La Vallée, à Dechenella cf. 
Homanoiski, Tschn., Entomis cf. fragilis, A Rœm., Posido- 
noîïiya temista, Mùnst., Cardiola cf\ Nvhdensis, Kays ?, 
Nucula cornuta Santlb., Hetzia sp., rappellent par ces 
caractères les schistes h Cypridiiies et à Lamellibranches 
paléoconques, du Dévonien allemand, considérés comme 
pélagiques, d'un commun accord (*). 

Ainsi rélude stratigraphique du Bassin d'Angers montre 
que la série dévonienne y lut complète, et probablement 
continue. Les premiers sédiments formés furent élastiques 
(grès de Gahard), puis vinrent les conditions coralliennes 
d'Erbray, puis les calcaires de Vern, puis les calcaires 
plus profonds de Pont-Maillet à faune eifélienne, et enfin 
les conditions pélagiques des calcaires à Tentaculites et 
des schistes à Cypridines, lors du Dévonien supérieur. 

4"^ Bassin d'Ancenis 

Ce bassin le plus méridional de la Bretagne, n*a peut- 
être été envahi par les eaux dévoniennes, qu'après les 
précédents? 11 est du moins le seul, où Ton n'ait point 
encore reconnu jusqu'ici de représentant du Dévonien 
inférieur, malgré les études détaillées de MM. E. et 
L. Bureau. 

Les couches dévoniennes les plus anciennes, connues 
dans ce bassin, sont les cafcaire.s de Chaudefonds (^), elles 
schistes de Lire, ('^) ces assises représentent des niveaux 
divers de l'Eifélien. 

Le Givétien, toujoujs bien aberrant, dans l'ouest de la 
France, est mieux caractérisé dans ce bassin que dans les 



(1) F. Frecli : Lethœa paleozoica, p. 131. 

(2) Annal. Soc. géol. du Nord, T. XIII, p. 170, 1886. 

(3) E. et L. Bureau : Lé^'ende de la carte j?éolog. d'Ancenis, 1890. 



- 251 - 

précédents, par les calcaires de l*Ecoclière, de Montjean, où 
M. QEhlert (M signale : 

Uncltes Galloisi, Œhl. 
Pentamerus Daoyi, Œhl 
Amphigeniaf Bureaul, ÇEhl, 

Le Dévonien supérieur est représenté à Cop-Choux par 
des calcaires à Brachiopodes : Rhynchonella cuboïdes, 
Sow, Hh. pugnus, Mart., Atrypa reticularis, Lim., Produc- 
tus subaculeatus Murch., Pentamerus globus Bronn, Spirifer 
striatosulcatus, F. A. Rœm. J*y ai trouvé en outre une 
GoniatitQ, en mauvais état. Ce calcaire de Cop-Choux 
reposerait directement, d'après M. Bureau, sur le grès 
ordovicien et en contiendrait des galets roulés à la base. 

Le bassin d'Ancenis se distingue ainsi des précédents 
par des particularités importantes: il en difïère beaucoup 
plus, que ceux-ci ne diffèrent entre eux. En raison de cette 
autonomie, ce bassin se recommande d'une façon spéciale, 
comme l'objet d'une future étude monographique. 

Conclusion : L'examen comparé des quatre' bassins 
dévoniens de Bretagne montre entre eux des rapports 
et des différences. Les rapports toutefois l'emportent 
beaucoup sur les diflEérences, et permettent d'entrevoir la 
suite et la simplicité des phénomènes qui ont présidé 
dans la région, à l'accumulation des sédiments dévoniens. 

La mer peu profonde en Bretagne, au début de l'époque 
dévonienne, n'a déposé alors que des grès et des schistes 
élastiques. Plus tard, des lentilles calcaires apparaissent 
à divers niveaux de l'étage coblenzien des grauwackes du 
Faou : ce sont des calcaires construits, coralliens, ou des 
calcaires k Brachiopodes. La mer s'approfondit h l'époque 
eifélienne, où dominent les calcaires noduleux à 

— — - - - - ■ - , , , ■ ■ ^.^.— .. ■ .. , ■ .1 ■■ ■ ■ . ■ 

(1) Œhlert : Annal, sciences géol., T. XTT, n- 2, 1881. 



Brachiopodes et rares Céphalopodes. Enlin le Dévonien 
supérieur, souvent passé inaperçu, bien que très généra- 
lement répandu, est uniformément représenté par des 
formations minces, pélagiques, à Ptéropodes et Céphalo- 
podes. Dans rétat actuel de nos connaissances, l'hypothèse 
la plus rationnelle, si Ton cherche à se rendre compte de 
l'extension de cette ancienne mer, consiste à admettre que 
la mer recouvrait la Bretagne toute entière, lors de la 
période dévonienne, qu'elle alla s'approfondissant 
graduellement, du début à la fin de cette période. Les 
lacunes, les termes absents, signalés dans les divers 
bassins, doivent s'expliquer dans cet ordre d'idées, par 
des lacunes d'observation en pays couvert, et par la non- 
conservation des formes animales dans certains niveaux 
non fossilifères. 

La mer dévonienne étala uniformément ses sédiments 
sur la Bretagne; ils ne furent confinés qu'après-coup, aux 
bassins synclinaux, où nous les retrouvons à l'état de 
lambeaux, grâce à l'action superposée des plissements du 
sol et des dénudations atmosphériques. Les étages supé- 
rieurs de la formations échappent souvent à l'observation, 
en raison de leur peu d'épaisseur, de leur composition 
lithologique uniforme, et aussi de leur recouvrement en 
^ stratification transgressive par les sédiments carbonifères. 

II. ArDEiNNES 

Bien autre est l'histoire des mers dévoniennes dans les 
Ardennes. Elle a été exposée d'une façon si claire et si 
élevée par M. Gosselet, que l'histoire des bassins jumeaux 
de Dinant et de Namur est devenue classique. 11 serait 
oiseux de la résumer ici, même dans ses grands traits. 

Elle a d'ailleurs été le point de départ et la clef de toutes 



- 253 - 

les interprélations stratigraphiques faites dans la région 
minière, des Ardennes au Boulonnais ; et si on voulait 
reprocher à cette conception, si originale, de la géographie 
ancienne de FArdenne, d*ôtre un peu hypothétique, on ne 
pourrait refuser à cette hypothèse d'avoir été féconde. 

M. Gosselet considère les bassins de Namur et de 
Dinant, étroites dépressions parallèles, allongées de 0. à 
E, comme des aires initiales de sédimentation ; les 
diverses assises dévoniennes s'y sont déposées sur des 
rivages toujours en mouvement, déterminant ainsi entre 
elles des trangressions et des lacunes, contemporaines 
des dépôts. Les sédiments dévoniens de TArdenne, avec 
leur épaisseur considérable de 6000"" sont dans cette 
théorie, des formations sub-littorales peu profondes, et 
c'est ce qu'établissent les considérations paléontologiques 
indépendamment des inductions stratigraphiques. La 
détermination de quelques nouvelles espèces de fossiles 
nous permettra d'insister sur ces considérations paléon- 
tologiques. 

Rien n'est rare en etïet, dans la série des faciès si variés 
du Dévonien des \rdennes, comme les calcaires noduleux, 
en lits minces, avec Goniatites et Ptéropodes, d'origine 
pélagique. Ni les schistes de Wissenbach, ni les schistes 
de Nehden, reconnus en Bretagne, ne sont représentés 
dans les Ardennes par des faciès profonds à Céphalopodes ; 
les schistes de Budesheim seuls, sont représentés par le 
faciès équivalent des schistes de Matagne. 

Le Dévonien inférieur des Ardennes s'est montré 
jusqu'ici complètement dépourvu d'Ammonoïdés ; c'est 
dans le Givétien qu'ont été signalées à ma connaissance, 
les plus anciennes formes d'Ammonoïdés dans cette région. 
J'y ai trouvé, il y a quelques années d'assez beaux fossiles, 
à Nîsmes, dans le gisement de calcaire corallien de cette 
localilé bien connue, au cours d'une excursion faite sous 
la direction de M. Gosselet. Les espèces les plus répan- 



— 2o4 — 

dues, décrites pour la plupart par M. Lehon, ont déjà 
été citées par lui (^). Bien que les gastéropodes et les 
lamellibranches donnent à ce récif ses traits essentiels, 
la présence de quelques céphalopodes in*a paru assez 
intéressante pour mériter leur détermination. J'y ai 
reconnu, en outre des formes énumérées par M. Gosselet, 
les espèces suivantes : 

AgoniaVtes inconstant Phill. var. co«tuZatu«, A roh.Vern.(^). 
Agoniatltis paucUtriatam f Arch. et Vern. {^). 
Agoniatltes f pentangularis, Whidb. (*). 
Anarceites canôellatus, Arch. Vern. (■). 
Kophùnoceraê ornatum, Arch. Vern. (•). 

» fimbriatan*^ Phlll. ('). 

Orthoceroê dolatum, Whidb. (8). 

L'apparition des Goniatites dans les Ardennes, à l'époque 
givétienne, est un argument en faveur de l'opinion 
de M. Gosselet, qui ne fait commencer le Dévonien 
moyen qu'avec cet étage. Et cette opinion me paraît 
corroborée par l'étude des régions rhénanes, où cependant 
on groupe dans le Dévonien moyen, les étages Eifélien et 
Givétien. Cette coupure conventionnelle, aujourd'hui 



(1) M. Gosselet : L'Ardenne, Paris 1888. p 415. 

(2) D'Archiac et de Verneuil : Trans. geol. Soc. London, 2^ sér., 
vol. VI. Part. 2, p. 341, pi. 26, lig. 3. 

Ilolzapfel : Abhandl. K. preuss. geol. Landesa., Heft 16, 1895, 
p. 55, 63, pi. 6. flg. 2, pi. 8. flg. 5. 

(3) D'Archiac et de Verneuil : loc. cit., p. 339, pi. 25, fig. 8. 

(4) Whidborne : Paleont. Society 1888, p. 79, pi. 7, fig. 2, 
= incertus, d'Archiacet de Verneuil, loc. cit.> p. 342, pi. 26, flg. 6. 

(5) D'Archiac et de Verneuil : loc. cit., p. 339, pi. 25, flg. 6. 
Holzapfel : loc. cit , p. 69, pi- 6 fig. 10, 13, 14. 

(6) D'Archiac et do Verneuil : loc. cit., p. 349, pi. 28, flg. 5. 

(7) Phillips, in Whidborne : loc. cit., p. 104, pi. 10, flg. 3, 4. 

(8) Whidborne : loc. cit., p. 132, pi. 14, flg. 1, 3. 



admise, ne correspond pas à la principale évolution 
paléontologique. La répartition des Goniatites dans les 
contrées rhénanes (*) montre les relations intimes qui 
relient la faune de Tétage inférieur du Dévonien moyen 
(Eifélien), avec celle du Dévonien inférieur; aucun genre 
qui ne soit déjà représenté dans le Dévonien inférieur 
n'apparaît à la base du Dévonien moyen. Avec Tétage 
supérieur du Dévonien moyen (Givétien) apparaissent 
brusquement trois genres nouveaux : Poradoceras, Mcne- 
ceras, Tornoceràs, qui viennent s'ajouter à ceux de la faune 
précédente. 

Le Dévonien supérieur des Ardennes est plus riche en 
Ammonoïdès que le Dévonien moyen. Le calcaire de 
Frasne à Camarophoria (Frasnien) a fourni : 

Gephyroceras intumescens, Beyr. 
» complanatum, Sandb, 

Les schistes de Matagne, constituent le niveau le plus 
riche, on y reconnaît : 

Tornoceras simples, v. Buch. 
» auriSy Quenst. 

• undulatum, Sandb 

Gephyroceras calculi/ormet Beyr. 
» complanatum, Sandb. 

» serratum, Stein. 

y> intumescens^ Beyr. 

L'étage Famennien, plus pauvre en Céphalopodes, que 
rétage Frasnien précité, doit à ce point de vue être partagé 
en trois phases. La plus ancienne, comprenant Tensemble 
des schistes de Senzeilles à lihynchonella Omaliusi et des 



(1) F. Frech : Lethœa paleczoïca, p. 168. 



- 236 - 
schistes de Marienbourg à Rhynchonella Dumonti^ a fourni : 

Tornoceraa undulatum^ Sandb. (*) 
» êimpleîB, v. Bach. (2) 

Elle peut être assimilée au calcaire d'Adorf, de M. 
Holzapfel. 

La phase inoyenne du Fanienuien, comprenant les deux 
zones des schistes de Sains et des psam mites de Montfort, 
n'a pas encore, à ma connaissance, fourni d'Ammonoïdé : 
leur découverte serait intéressante, car c'est à ce niveau 
qu'il faut cherc^ier la faune de Nehden et de Rostellec. 

La section supérieure , comprenant le calcaire 
d'Etrœungt (Strunien), a fourni à M. Hébert (^) : 

Clymenia lœoigata, Mûnst. 
» undulata, Mûnst. 

Ces formes, que nous n'avons pu encore retrouver en 
Bretagne, occupent cette môme place au sommet de la 
série dévonienne, sur la rive droite du Rhin. 

Les niveaux à Goniatites que nous venons d'énumérer 
ne sont pas répartis uniformément dans les Ardennes : ils 
sont strictement limités au bassin de Binant, et aucune de 
ces formes pélagiques n'a encore été signalée dans le 
bassin de Namur. L'examen des Goniatites ajoute ainsi un 
argument à ceux qu'a développés M. Gosselet, pour définir 
les conditions bathymétriques différentes de ces deux 
bassins. 

Ainsi, le bassin de Namur se dislingue, d'une part, du 
bassin de Dinant, parce qu'il ne contient pas comme celui-ci 
des sédiments élastiques grossiers du Dévonien inférieur. 



(1) Au N. de Marienboupg, au fort des Vignes à Givet. 

(2) A Floyon. 

(3) Hébert : Bull. Soc. géol. de France, 2« ser., T. XII, 1854, 55, 
p. 1178. 



— 257 — 

il était exondé à cette époque et faisait partie de la terre 
ferme. Pendant le Dévonien supérieur, d'autre part, on 
constate une autre différence de môme ordre, entre les 
deux bassins ; des calcaires sublittoraux se forment dans 
le bassin de Namur, pendant que se déposent des schistes 
à nodules pélagiques, dans le bassin de Diûant. 

Ces considérations permettent de conclure, d'une façon 
indépendante des données stratigraphiques, telles que 
formes, contours et profondeurs des bassins synclinaux, 
sur lesquelles s'était surtout basé M. Gosselet, que Ces 
bassins se sont rempiisdans des conditions bathymétriques 
bien différentes. 

La profondeur toujours moindre au N. qu'au S., des 
bassins ardennais, permet de rapporter à la dénuiiation 
des continents septentrionaux par des rivières venues du 
nord, rapport des sédiments élastiques qui se déversèrent 
dans ces mers;, on apprend en même temps parla, que 
ces mers s'étendirent graduellement, au cours de la 
période dévonienne, vers le nord, à mesure qu'elles 
s'approfondissaient au midi. L'examen du Dévonien infé- 
rieur des Ardennes a depuis longtemps fait la preuve de 
l'envahissement progressif de la mer de cette époque du 
S. au N. de TArdenne, du Bassin de Dinant vers le bassin: 
de Namur, de telle sorte que la submersion ne fut compléta 
que lors du Dévonien moyen. 

Au N. de ce massif inondé, les régions continentales 
entrecoupées de lacs et parcourues de fleuves d'eau douce, 
auxquelles nous reportons la source des sédiments arden- 
nais n'ont pas seulement une existence hypothétique ; 
elles sont connues depuis les travaux de Ramsay î Ce sont 
les contrées du Vieux grès rouge, de l'Angleterre et de la 
Scandinavie. 



Annales de la Soaiété Géologique du Nord, T. xxvii. 17 



— 258 — 

CONCLUSIONS 

Dans rétat actuel rie nos connaissances, Touest de 
l'Europe aurait présenté pendant la période dévonienne 
trois grandes aires sédimentaires, différentes à la fois par 
leur relief et par leurs conditions bathymétriques. Ces 
aires, si dissemblables eulre elles, quand on procède du 
N. au S., présentent au contraire une grande uniformité 
de conditions, quand on les suit de 0. à E.: on y reconnaît 
suivantcettedirection de véritables provinces homozoïques. 

La première comprend le N. de la Grande Bretagne et 
la Scandinavie : c'est la région continentale avec forma- 
tions lacustres et fluviatiles, habitée par des faunes d'eau 
douce. 

La seconde s'étend du S. de l'Angleterre au N. de 
l'Allemagne, par le canal de Bristol, le Boulonnais, 
l'Ardenne, l'Eifel, le bassin de la Ruhr. Cette province 
naturelle des époques paléozoïques, dont l'individualité a 
été depuis longtemps proclamée par d'Omalius d'Halioy 
et Godwin-Austen, correspond pour nous à une zone 
littorale, et elle a enregistré le balancement séculaire des 
rivages dévoniens. Ce sont ces conditions topographiques 
spéciales, qui expliquent la variabilité des sédiments 
élastiques et celles de leurs faunes sublittorales; ce sont 
elles qui permettent les reconstitutions de géographie 
paléozoïque tentées par M. Gosselet, et qui rendent 
l'Ardenne dévoniennedifférente de la Bretagne dévonienne, 
si défigurée d'autre part, par l'action profonde des dénu- 
dations superficielles. 

La troisième province s'étend de W. à E., de la Bretagne 
à la vallée de la Lahn et au Harz. Les sédiments sont 
moins grossiers que dans la province précédente, plus fins, 
moins épais, plus pélagiques par leurs caractères litholo- 
giques, comme par leur faune. C'est la province caractérisée 



— 259 - 

par les faciès pélagiques des boues à Ptéropodes, avec 
calcaires noduleux à Ammonoïdés : elle nous olïre les 
profondeurs de la mer dont les rivages nous sont 
connus dans les Ardennes. De semblables conditions 
sont nécessairement plus générales, et étendues à de 
plus vastes régions, que celles qui présidaient au dépôt 
des formations littorales précédentes. Aussi ne les 
trouve-ton pas limitées comme celles-ci, à une étroite 
bande allongée de 0. à E. — Elles conservent longtemps 
vers le Sud, des caractères uniformes ; ainsi, la série 
de Cabrières montre également à Tétat pélagique, et 
représentés par de minces calcaires à Goniatites, les 
représentants des étages dévoniens moyen et supérieur. 
11 en est de même en Espagne,* notamment dans la 
province de Léon. 

Dans cette vaste mer dévonienne, déjà vue par M. F. 
Frech et décrite par lui en un livre remarquable (^), 
il y avait cependant des îles et des formations littorales : 
telles sont, en dehors des Alpes, les plateaux du 
centre de la France, de Bohême, du centre de TEspagne, 
autour desquels se déposèrent les bancs de sable et les 
récifs coralliens des Vosges (Schirmeck dans la vallée de 
la Bruche, Chagey dans la Haute-Saône), ceux de TAllier 
(lambeau de Diou, d'après M. Michel-Lévy), et ceux des 
Pyrénées de France et d*Espagne. 

L'existence d'une Normaniiischc Halbinsel (2) qui aurait 
séparé à Tépoque dévonienne la Bretagne des Ardennes, 
nous paraît plus hypothétique ; et bien loin que nos obser- 
vations lui apportent un nouveau fondement, nos notions 
sur les conditions de ces rivages anciens du N. de la France, 
exposées dans les pages précédentes, nous ont amené à 
des conclusions différentes sur la ligure de leurs contours. 

(1) F. Frech : Lethœa paleozolca, Stuttgart 1897, p. 231. 

(2) F. Frech : Ibld., p. 236. pi. 3. 



--- 260 — 

Les Goniatites du Ravin de Goularie 

(Haute-Garonne) 
par Charles Barrois 

Le compte-rendu sommaire, récemment paru, des 
Séances de la réunion extraordinaire de la Société géolo- 
gique de France à Barcelone, nous a fait connaître Tavis 
de nos confrères MM. Aimera, Bergeron, Garez, sur le 
marbre griotte de Moncada, et d'une manière générale 
sur celui des Pyrénées. Certaines opinions émises dans 
cette séance, celles même qui m'y ont été prêtées, me 
paraissant un peu absolues, il ne sera peut-être pas sans 
ù propos de signaler ici, relativement à l'âge du griotte, 
un fait local nouveau, dont nous sommes redevable à 
M. Maurice Gourdon. 

De nombreuses observations de ce genre seront encore 
toutefois nécessaires avant que nous connaissions d'une 
façon suffisante la faune du marbre griotte. Le point délicat 
en effet, n'est plus aujourd'hui de décider, si le griotte est 
Dévonien ou Carbonifère ; mais bien de i-echercher dans 
les dépôts pélagiques de griotte, comment s'est fait dans 
les Pyrénées, le passage de la faune dévonienne à la faune 
carbonifère ? Du moins, je ne vois pas pour ma part, 
d'autre conclusion rationnelle à tirer de la comparaison 
des diverses listes de Goniatites de la région pyrénéenne, 

La série des listes publiées et des comparaisons propo- 
sées commence avec les grands noms de de Buch, de 
Beaumont, Girard, de Verneuil : ils rapportent le marbre 
griotte au terrain dévonien, mais n'en font point la preuve. 

Ce ne fut qu'en 1879 que les caractères carbonifères 
du griotte des Pyrénées Cantabriques furent signalés ; les 
figures des Goniatites recueillies furent publiées et 
montrèrent que leurs caractères génériques, aussi bien que 
l'ensemble de leurs formes spécifiques nécessitaient leur 



- 261 — 

classement dans le Carbonifère. Ces premières espèces 
citées étaient en eflet : 

Goniatites {Glyphlocera») crenistrîat Phlll. 
» {Mûnsteroceras) Malladae, C. B. 

» [ProlecanUei] Heuilowi^ Sow, 

» [Pronorlteê] cyclolobus^ Phlll. 

Depuis lors, les vieilles coflèctions de S. P. Pratt (*) 
failes en 1845, dans les Asturies, et conservées au British 
Muséum, ont été étudiées par MM. A. Foord et G. Crick. 
Ces savants purent ainsi signaler en 1897, dans les 
griottes des Asturies, les espèces suivantes, parmi 
lesquelles deux formes nouvelles : 

Mânateroeeras Hirpanicurn, Fooid et Crick. 

» noo, sp, 

Prolecanites ceratitoïdes, v. Buch. 
)) eompres3U8t Sow. 

Leur attribution au Carbonifère n'est pas douteuse, pas 
plus que celle des précédentes. 

Dans l'intervalle, MM. Bergeron (*) et Frech (3) avaient 
signalé d'une façon indépendante et à peu près simultanée 
dans le griotte de Cabrières, la présence de Clyménies et 
de Goniatites dévoniennes des genres Sporadoceras et 
Tornoceras, Ils établissaient ainvsi Fage précis du griotte 
de la Montagne-Noire, en montrant l'identité de sa faune 
avec celle des calcaires dévoniens à Clyménies du 
Fichtelgebi rge, illustrée par Munster et Gùmbel : M. Frech 
conclut à juste titre, que cette faune était totalement 
différente de celle du griotte des Asturies (*). 11 n'y 
avait aucune base paléontologique pour les assimiler. 

(1). S. P. Pi'alt : On the CQal dcposits of Aslurias, Alhenaeum 
1845, p 676. 
(2). Bergeron : Bull. soc. Géol. France, T. XV, mars 1887, p. 380. 

(3) Frech : Zeits, d. d. geol. Ges. T. 39, avril 1857. p. 447. 

(4) F, Frech : 1. c, p. 447. 



Ed 1891 92 M. Seunes (M décrÎTit dans la vallée d'Aspe 
(Basses-Pyrénées), un calcaire violacé renfermant la faune 
du griotte carbonifère des Asturies. Sous le griotte, on 
trouve des couches d'âge dévonien supérieur, et dans la 
vallée d'Ossau un calcaire à Tornoceras amblylobus. 

Je dois à M. M^^ Gourdon l'obligeante communication 
des Goniatites qui font l'objet de cette note, et qui ont été 
recueillies par lui, dans le ravin de Coularie, parmi les 
marbres Campan, à 2 Kil. 0. du Bourg d'Oueil. Leur 
conservation très médiocre, m'a cependant permis de 
reconnaître parmi ces échantillons : 

Oxyclymenia undulata, Mûust. 
» striata, Mûnst. 

Cyrtoclymenia lœoigata, Mûnst. 
Brancoceras êulcatum, Mûnst. 
Gephyroeeras ? échantillon un peu usé, présentant la 
suture des Primordiales de Beyrieli. 

Près de la, en remontant au nord le ravin de Coularie, 
dans la montagne de Tréchouère, M. M*^® Gourdon a 
recueilli d'autres Goniatites, dans des roches plus schis 
teuses. Mais ces Goniatites ne sont plus dévonit^nnes, 
comme les précédentes, elles se rattachent nettement au 
genre (Hypliioceras (Goniatites s. st, de Haug), avec lobe 
externe divisé par selle médiane, première selle latérale, 
étroite, pointue, sublancèolée; lobe latéral pointu, profond, 
2« selle latérale arrondie large ; suture identique à la 
figure 76 (p. 161) de MM. Foord et Crick. 11 m'est impos- 
sible de les distinguer de (Hypliioceras crenistria, PhilL, 
des Asturies. 

Ce nouvel exemple me paraît s'accorder avec les 
observations de nos confrères, pour indiquer l'existence 
d'au moins deux faunes différentes de Céphalopodes dans 

(1) Sennes : Comptes-rendus Ac. Se, Février 1891, Janvier 1892, 
Octobre 1892. 



— 263 — 

les terrains paléozoïques des Pyrénées, l'une au sommet 
du Dévonien, l'autre vers la base du Carbonifère. La 
première se rattache à la faune d'Etrœungt, la seconde à 
celle de Visé. Mais de nouvelles recherches sont nécessaires 
pour faire connaître leur composition, voir leurs relations, 
et permettre de les faire cadrer dans la succession 
générale des zones d'Ammonoïdés paléozoïques, si bril- 
lamment esquissée par M. Haug ('). 

Le faciès de griotte des Pyrénées rappelle d'une façon 
curieuse celui des marbres rouges du Lias du Tyrol, qui 
sous un aspect uniforme et avec une épaisseur de 16™ 
seulement, au Fons-Joch par exemple, donne la succession 
complète de toutes les différentes zones à Ammonites du 
Lias. La conservation des Céphalopodes est malheureu- 
sement moins bonne dans les Pyrénées que dans le Tyrol, 
"et je n'ai pu pour cette raison déterminer des séries de 
Goniatites des Pyrénées-Orientales et de l'Ariége, qui 
m'ont été communiquées à diverses reprises par M. de 
Lacvivier et M. Roussel. Je n'ai pas été plus heureux dans 
l'examen des fossiles de Catalogne qu'avait bien voulu me 
confier M. J. Aimera. Il y a cependant des gisements 
d'une conservation suffisante, comme l'attestent les 
découvertes de MM. Seunes et Gourdon pour que l'on 
puisse désigner aujourd'hui la limite du Dévonien et du 
Carbonifère, comme l'un des points intéressants de la 
géologie des Pyrénées. 

Au-dessus des griottes, les calcaires carbonifères 
présentent encore un développement considérable dans 
les régions occidentales des Pyrénées. L'épaisse masse 
pélagique du calcaire des canons, qui les surmonte, est 
puissante de plusieurs centaines de mètres ; celle-ci est 
recouverte à son tour par le calcaire de Lena à Fusulines, 

r 

(1) Haug. Mém. Soc. Géol. de France, T. VII, 1893, p. 68. 



— 264 - 

• 

dont Ja formation s'est poursuivie jusqu'à Tépoque 
sléphanienne. 

Telle est du moins Topinion que je m*en suis faite à 
la suite de mon excursion dans le Bassin du Donetz. 
M. Tschernyschew, qui a bien voulu voir ma collection, a 
reconnu parmi mes fossiles de Sebarga (Assise de Lena) : 
Camarophoria plicata Kutorga, Chonetes uralica Moëller, 
fossiles caractéristiques de la division supérieure C3 du 
Calcaire Carbonifère avec houille du Donetz et de l'Oural 
(Gshélien). Nous devons continuer à voir dans le (iriottedes 
Pyrénées Cantabriques, le début de la faune carbonifère, 
et dans le calcaire des Canons le représentant des étages de 
Tournay et de Visé réunis ; il y aurait dans les Astaries, 
au-dessus du calcaire des Canons, des intercalations de 
calcaires marins à tous les nivaux, du Culm au Stéphanien. 

A ces faits, il convient d'ajouter la découverte à Saint- 
Girons (Ariège), des Céphalopodes permiens de Sicile, 
faite par M. Caralp, et parmi lesquels M. Haug (^) a 
reconnu les genres Gastrioceras, Paraceltites et Daraelites. 

S'il est permis de dégager une conclusion générale de 
ces observations, c'est que le passage du Dévonien au 
Carbonifère s'est fait dans les Pyrénées par des formations 
pélagiques. On pourra coistater en même temps que la 
série des sédiments carbonifères est presque aussi 
complète dans l'Ouest des Pyrénées que dans le bassin du 
Donetz, et qu'elle montre la même alternance de conditions 
pélagiques et continentales, avec prédominance de ces 
dernières, dans les étages supérieurs. Nous devrons laisser 
à l'avenir le soin d'étendre ces conclusions à la partie 
française des Pyrénées, nous bornant à signaler les 
probabilités croissantes de l'important développement du 
Carbonifère dans cette chaîne. 

(1) Haug : Congrès géol. International de Zurich, 1894. p. 91. 



— 268 — 

Sur le gisement 

des roches oristallines aDciennes 

du massif de Paimpol 

par Charles Barrois 

(2« Note) (») 

Nous avions indiqué dans une note précédente (^) sur le 
gisement des roches cristallines de ce massif, l'intérêt 
exceptionnel du Trégorrois pour l'histoire des roches 
volcaniques anciennes, les plus anciennes qui aient été 
jusqu'ici signalées en France, puisqu'on les retrouve à 
l'état de galets dans les poudingues du Cambrien. 

Nous avions énuméré successivement dans cette note, 
en deux séries parallèles, les termes reconnus parmi les 
formations sédimentaires et éruptives, telles qu'elles sont 
provisoirement tnicées sur la feuille de Tréguier. Nous 
n'avions pas osé aller plus loin, et grouper ces deux séries 
en une seule, de façon à donner la succession dans le temps 
de tous les phénomènes observés. 

Mais les notions alors acquises, sur le gisement de ces 
roches et sur la tectonique générale du massif, nous ont 
permis de faire depuis quelques progrès, dans sa strati- 
graphie, notamment concernant les relations de ces 
formations superficielles avec les masses intrusivcs pro- 
fondes (granulites, granités, diorites), et avec les deux 
poudingues d'âge différent (poudingue de Bréhec, et 
poudingue d'Erquy) distingués par nous dans cette région. 
Nous croyons aujourd'hui pouvoir résumer dans le tableau 
suivant la succession des formations géologiques anciennes 
du massif de Paimpol. 



(1) Communication faite à la Séance du 10 Jnillet 1898. 

(2) Annales, Soc. Géol. du Nord, T. XXVII, p 22, Mars 1898. 



266 — 



Carbonifère 



s 



Ordovicien 



Cambriên 



1 . Porphyrite micacée etKerzanton deTrestraou. 

2. Diabase ophitique de Pleubian. 

3. Graaile à biolitc de Mantallot à Ploulia. 

4. Granité à ampiiiboie de Tiégastel. 

5. Grès armoricain à scolites et bilobitcs. 

6. Grès feldspatliique. 

7. Poudingue d'Eiquy à galets de roches cam- 
briennes et précambriennes. 

8. Schiste \eit ou pourpré de Plourivo. 

9. Porphyre quartzlfère de Pors-Evon, microgra- 
nulltes, micropegmalites, porphyres sphé- 
rolitiques, pétrosiiiceux et fluidaux. 

10. Orthophyre de l'Arcouest, comprenant plu- 
sieurs venues successives dont les liions se 
coupent et se disloquent. 

11. Porphyrite à pyroxène de Kerity, verres 
porphy ri tiques en coulées, tufs à projections. 

12. Schistes noduleux ou dalles, calcaires et 
quarzites de Plouézec. 

13. Poudingue de Bréhec, à galets variés de 
roches précambriennes, sédimentaires et 
éruptives. 

14. Granité à amphibole de Tréguier. 

15. Schistes et grauwaclces de St-Lô comprenant 
la grande série des roches éruptives contem- 
poraines du Trégorrois : diabases, porphy- 
rites, variolites (Pontrieux, Lannioh, 
Lanmeur), et les lits de poudingue de 
Gourin (Anse d'Yïflniac, Salnt-Brieuc). 

16. Granité de Vire. 
Micaschistes et gneiss fondamentaux de Port-Bènl. 

A mesure qu'avance notre tracé de la carte détaillée de 
Bretagne, on voit ressortir plus nettement chaque année, 
sur la carte, en longues bandes parallèles, la structure 
rayée de son sol ; et la notion de ces dépressions synclinales 
continues est venue graduellement remplacer la conception 
ancienne des bassins indépendants. Ainsi nous avons 
reconnu que le bassin du Finistère n'était que la conti- 
nuation du bassin de Laval ; de même il ressort aujourd'hui 
de nos contours que le massif de Paimpol appartient à 
une zone synclinale continue, passant par Jersey et le Nord 
du Cotentin. 



ta 
PS 

< 
u 

PS 



Briotérien 



- 267 ^ 

La comparaison de ces zones allongées entre elles, et 
avec leurs voisines, montre non seulement qu'elles 
correspondent à des plis du sol, mais encore à des bandes 
homozoïques de Tépoque des dépôts, caractérisées par des 
conditions bathymétriques particulières, et aussi par la 
succession et la parenté des roches éruptives et intrusives 
qu'on y observe. 

C'est ce que suffirait à prouver, même à défaut des autres, 
où le fait est plus net, le massif de Paimpol, prolongement 
de la bande de Jersey au Cotentin dont M. de Lapparent 
et M. Bigot nous ont fait connaître les caractères. Nos 
observations détaillées mettent hors de doute, la continuité 
de celte zone. Le poudingue de Bréhec représente le prolon- 
gement du poudingue pourpré de Normandie, tel qu'on 
le voit dans la vallée de la Laize ; le poudingue d^Erquy 
correspond au poudingue de Couville, Beaumont, dans le 
Cotentin; les schistes de Plouézec et Plourivo aux schistes 
verts et pourprés du Cotentin avec calcaires et roches 
éruptives contemporaines (Caudard). Les granités précam- 
briens de Tréguier correspondent par leur âge et leurs 
caractères lithologiques à ceux de la pointe de Jerdheux 
(Cotentin) et des îles anglo-normandes; ceux de Saint- 
Brieuc à ceux de Coutances ; et les venues granitiques 
carbonifères de Trégastel sont en relations génétiques avec 
celles de Flamanville. 

M. Ardaillon fait la communication suivante : 

Géologie de Java 
par E. Ardaillon 

L'île de Java, de toutes les régions de l'Extrême Orient, 
est celle qui est la mieux connue. Occupée depuis très 
longtemps par les Hollandais, elle, a été l'objet de très 
nombreuses études de détail, et de deux grands travaux. 



.— 268 — 

En 1852, F. Junghuhn publiait son livre : Java, seine 
Gestalt, Pflanzendecke und innere Bauart, traduit du 
hollandais en allemand par J. C. Hasscarl (Leipzig, 1852- 
1854J. En 1855, le même auteur faisait paraître une 
carte géologique de Tîle de Java, à 1/350.000, (4 feuilles en 
hollandais). (*) Ce remarquable ouvrage servit de fonde- 
ment à toutes les recherches postérieures, jusqu'à ces 
çlernières années. En 1896, MM. R. D. M. Verbeek et 
R. Fennema, ingénieurs en chef des mines des Indes 
Néerlandaises firent paraître en hollandais et en français 
à Amsterdam un nouvel ouvrage : Description géologique 
de Java etMadoura, Le texte est accompagné d'un atlas 
en hollandais, contenant une carte géologique détaillée 
en 26 feuilles, à 1/200.000, une carte géologique d'ensem- 
ble en 2 feuilles à 1/500.000; ces caries sont enrichies 
de coupes et de profils (2). 

Java est une grande ile, dont la longueur dépasse 
1000 kilomètres, et dont la largeur maxima est d'environ 
200 kilomètres. Elle fait partie de la grande ligne de 
terres insulaires qui va de la Birmanie à la mer de Banda. 
Elle est située entre Tile de Sumatra à l'Ouest, et les 
petites îles de la Sonde à l'Est. Elle se compose essentiel- 
lement de sédiments tertiaires et de terrains volcaniques. 
Les mesures planimétriques donnent en effet pour chaque 
formation géologique les chiffres suivants : 

Formations prémiocènes (crétacé et éocène) 1 p. % 

Miocène et pliocène 38 p. % 

Terrains volcaniques 28 p. % 

Post tertiaire (quaternaire et terrain récent) 33 p. % 

Les terrains, qui constituent les assises profondes de 
Java, sont vraisemblablement des schistes et des grès 

(1) Voir les analyses étendues decet ouvrage dans les Peterman*s 
geographische Mittheilungen, 1860, p. 188; 1866, p. 447. 

(2) Un résumé très précis en a été donné dans les Pet. Geog. 
Mittheil., 1898, p. 25—33, avec carie géologique. 



— 269 — 

anciens d'âge palézoïque, analogues à ceux que Ton trouve 
à Sumatra et à Bornéo, à Bangka et à Billiton, mais il§ 
n'affleurent nulle part à Java. Le granit y existe sans 
doute aussi, puisqu'on rencontre des cailloux de granit 
dans des conglomérats du Tertiaire inférieur, mais il 
n'est pas visible. Les roches les plus anciennes, qui 
puissent se relever sur place, sont des schistes verts, 
serpentineux, avec des chloritoschisles ; des bancs cal- 
caires s'intercalent en concordance dans les schistes ; 
ces calcaires renferment des Orbitulines qui permettent 
de les classer, ainsi que les schistes, dans les formations 
crétacées. Ces sédiments sont accompagnés de roches 
éruptives (diabase, gabbroj qui paraissent être du môme 
âge. 

En discordance sur les couches crétacées se montrent 
ensuite des terrains éocènes : grès quartzeux jaunes, avec 
couches d'argiles et de lignites ; calcaires nummulitiques, 
avec Alvéolines et Orbitoïdes, Des filons et des nappes de 
diabase et de diorite apparaissent au milieu de ces forma- 
tions en concordance avec elles. L'oligocène serait 
représenté à Java par d'autres argiles et d'autres calcaires 
à nummulites, que Ton a voulu aussi rapporter au miocène 
inférieur. — A la fin de celte période tertiaire ancienne, 
il y eut à Java des éruptions étendues d'andésites à 
pyroxènes et de basaltes, dont les centres d'émission 
semblent être des cratères démantelés, que l'on observe 
dans les montagnes de Lasem et de Pandam fRembangj. 

Les formations miocènes de Java sont de beaucoup les 
plus importantes. On les divise en trois groupes. 

Groupe inférieur ou des bi'êclics^ 
Groupe moyen on des argiles. 
Groupe supérieur ou des calcaiies. . 

Le groupe des brèches est constitué par des brèches, 
des conglomérats, des grès, avec quelques bancs calcaires ; 



— 270 — 

les éléments de ces roches sont en majeure partie 
empruntés aux andésites et aux basaltes de Tâge 
précédent. Le groupe des argiles comprend des argiles, 
des grès et quelques calcaires. Le groupe des calcaires est 
composé surtout de calcaires avec des argiles et des 
conglomérats. Ces diverses formations ont des origines 
différentes ; les unes sont conHnentales et d'autres sont 
marines. Elles reposent en discordance sur les terrains 
éocènes. Leur puissance est remarquable ; elles atteignent 
jusqu'à 6000 mètres dans le Ghéribon et 4500 mètres dans 
le Jogjakarta. 

C'est à la fin du Miocène qu*ont commencé les princi- 
pales éruptions volcaniques de Java, qui atteignirent leur 
paroxysme à Tépoque quaternaire. Les grands volcans de 
rile sont de cette époque. Leurs cônes sont construits de 
matériaux meubles et de laves accumulés, dont la pente est 
concave. La plupart d'entre eux ont été plus ou moins 
détruits à leurs sommets par l'érosion; quelques-uns seu- 
lement ont conservé leurs pointes coniques, p. ex., le 
Semeru (3676'»). Certains de ces cratères ont des dimen- 
sions considérables: celui du volcan Ringgit (Java oriental) 
a 21 kilom. de diamètre; celui de Tldjen et du Hijang 
mesure 8 kilomètres de largeur. La hauteur des sommets 
volcaniques, est variable : on en compte 131, qui s'élagent 
surtout entre 1000 et 3000 m. d'altitude. Quatorze de ces 
volcans ont eu des éruptions à l'époque historique ; les 
éruptions les plus récentes sont celles du Krakatau 
(détroit de la Sonde), en août 1883, du Lemongon et du 
Semeru en 1885. La plupart de ces volcans n'ont émis que 
de l'andésite et du basalte, avec un peu d'obsidienne. Cinq 
d'entre eux ont émis des roches de leucite, et l'un deux a 
émis de la phonolithe. On remarque qu'ils sont situés sur 
une ligne ou plusieurs lignes parallèles à l'axe de 
l'île, qui coïncident avec des plis anticlinaux ou syncli- 



— 271 — 

naux des couches tertiaires, ou bien avec des failles. 
Quelques-uns cependant n'ont, par leur position, aucune 
signification tectonique particulière, du moins apparente. 

Les terrains quaternaires sont des alluvions dont les 
éléments sont empruntés en grande partie aux terrains 
volcaniques; les unes sont de formation marine; d'autres 
de formation lacustre. Ces dernières sont les plus éle- 
vées (Bassin de Bandung, 680™). — Les terrains récents 
se rencontrent sur le bord des fleuves ou de la mer : ce 
sont des argiles, des sables, soit d'origine corallienne, 
soit d'origine volcanique. 

Toutes les formations géologiques de Java ont été 
soumises, à diverses reprises, à des mouvements divers. 
On suppose l'existence de dislocations paléozoïques, qui 
auraient donné naissance à une grande faille, le long de 
rOcéan Indien. A la fin du dépôt des sédiments crétacés, 
la terre Javanaise aurait subi une nouvelle dislocation. 
A la fin du miocène, des plissements intenses ont affecté 
les terrains tertiaires, qui, sur le versant septentrional de 
l'île, se pressent en anticlinaux et en synclinaux, alors 
qu'au Sud ils affectent généralement une allure mono- 
clinale. Au commencement de l'ère quaternaire, Java 
constituait une série d'Iles, séparées les unes des autres 
par des bras de mer peu profonds, où se déposaient des 
alluvions anciennes. Le relief de ces îles allait en 
s'aplanissant grâce à une érosion très active, que favori- 
saient des précipitations atmosphériques très abondantes. 
Mais en même temps, les volcans, situés sur le bord de 
ces détroits, travaillaient à les combler, et édifiaient leurs 
cônes majestueux. Un soulèvement récent fit émerger le 
lit des détroits, souda en une masse unique une dizaine 
d'iles et porta les alluvions anciennes d'origine marine à 
une altitude parfois supérieure à 120 mètres. 

Ces mouvements du sol, ces éruptions, et l'érosion ont 



— 272 — 

créé le reliel actuel de Java. Le modelé en diffère selon 
les diverses formations géologiques. Les alluvions 
quaternaires et récentes s'étalent en larges plaines ; les 
argiles du miocène donnent des collines arrondies et 
ondulées; les, brèches, les grès, les calcaires se dressent 
en falaises; mais ce sont surtout les volcans qui commu- 
niquent à rîle son caractère montagneux, principalement 
dans sa partie occidentale. C'est à ce relief aux formes 
multiples, qui s'étagent du bord de la mer à 3000 mètres 
d'altitude, c'est aux qualités fécondes de ces terrains 
volcaniques, comme aussi à la chaleur et à l'humidité du 
climat, que Java doit la variété et la richesse de sa végé- 
tation et de ses cultures. 

M. Gosselet fait la communication suivante : 

De l'Alimentation en Eau des Villes 
et des Industries du Nord de la France 

par J. Oosselet 

Parmi les applications de la Géologie, la recherche de 
l'eau est une de celles dont on a le plus souvent à s'occuper. 
A mesure que la population s'amasse dans les villes, que 
l'industrie se perfectionne et se multiplie, le besoin 
d'eau croît et se fait sentir avec une impérieuse nécessité. 
Dans le nord'de la France, où la population est si dense, 
où l'industrie est si développée, la recherche de l'eau est 
une des grandes préoccupations des municipalités et des 
industriels. 

Un industriel venait me consulter, il* y a quelques 
années sur les moyens de se procurer de l'eau pour une 
sucrerie située, je crois, en Artois, a Mon usine est cons- 
truite, me disait-il, mais je ne puis pas marcher, parce que 
je n'ai pas d'eau. J'ai fait faire un forage qui ne m'a donné 



- 273 - 

qu*une quantité d'eau insuffisante. Si vous ne pouvez pas 
m'indiquer le moyen d'en avoir, je suis obligé d'aban- 
donner les bâtiments et d'en reconstruire d'autres 
ailleurs. » 

Pendant qu'il me parlait je me disais en moi-même 
qu'il avait été bien imprudent de construire sa sucrerie 
avant de s'assurer qu'il pourrait avoir de l'eau. Je pourrai 
multiplier les exemples de cette nature et en prendre 
aux portes mêmes de Lille. 

Cet été on manquait d'eau à Lille, les robinets de la 
distribution ne coulaient qu'à moitié et l'eau ne montait 
pas aux étages. Que l'année prochaine soit sèche et il n'y 
aura plus d'eau , ni pour l'industrie , ni même pour 
l'alimentation. 

On comprend qu'une question aussi grave préoccupe 
tous ceux qui peuvent avoir une opinion sur le sujet. Or 
l'étude des nappes aquifères ressort essentiellement de la 
géologie. La formation, la richesse, l'étendue d'une nappe 
aquifère dépendent des roches qui constituent le sol, de 
leur régularité, de leur inclinaison, toutes choses qui ne 
peuvent être appréciées qu'avec des connaissances géolo- 
giques. 

C'est pourquoi naguère répondant, à l'appel que le 
dévoué Président de la Société Géologique de France avait 
bien voulu me faire, pour exposer devant la Société une 
question de géologie appliquée, je lui ai proposé de traiter 
de l'alimentation en eau des villes et de l'industrie dans le 
Nord de la France. Cette question est tellement importante 
pour l'industrie du Nord que j'ai pensé que la Société 
Géologique du Nord me saurait gré de rééditer ma confé- 
rence devant elle. 

Je ne crois pas avoir besoin en parlant à une Société 
Géologique d'expliquer ce que c'est qu'une nappe aquifère ; 

Annales de la Société Géologique du Nord^i, xxvil. 18 



— 274 — 

le rôle de la couche perméable qui contient l'eau et celui 
de la roche imperméable qui l'empêche de descendre et 
qui constitue le fond de la nappe; la différence qu'il y a 
entre une nappe aquifère contenue dans du sable qui 
baigne en quelque sorte dans le liquide et une nappe 
enfermée dans les joints et les fissures d'une roche plus 
compacte. Je n'ai pas à rappeler non plus les conditions 
dans lesquelles une eau est ascendante ou jaillissante. 
J'entre donc immédiatement dans le sujet. 

11 y a deux procédés principaux pour l'alimentation 
aqueuse ; la captation des sources et les puits et forages ; je 
les examinerai successivement. Mais auparavant il est 
nécessaire de signaler les principales nappes aquifères qui 
alimentent les uns et les autres. 

La région du Nord de la France étant essentiellement 
une plaine de craie, c'est dans la craie que se trouvent 
les principales sources. Il y a donc lieu de rappeler 
rapidement la structure géologique de la craie du Nord. 

Presque partout, on trouve à la surface du sol, ou à une 
faible profondeur, de la craie blanche, compacte, poreuse, 
faiblement perméable, mais traversée par des fentes, où 
l'eau peut circuler. Cette craie appartient aux assises à 
Belemnitelles et à Micraster cor-anguinurn et cor-testudi- 
narium. On l'exploite aux portes de Lille, en sortant vers 
Hellemmes ou vers Loos. 

La craie est par elle-même une couche très peu 
perméable. Quand elle est imbibée d'eau, elle peut en 
contenir 36Vo de son poids. Mais c'est de l'eau hygrosco- 
pique, qui ne se déplace que très lentement sous Tinfluence 
du dessèchement ou d'une pression supérieure. La craie 
agirait donc plutôt comme terrain imperméable, si elle 
n'était souvent coupée par des fissures dans lesquelles 
l'eau circule librement. La craie peut donc jouer à la fois 
le rôle de couche perméable aquifère et le rôle de couche 



— 27o — 

imperméable plus ou moins étanclie, formant le fond 
d'une nappe aquifëre, selon qu'elle présente des fissures 
ou qu'elle constitue un banc compact et continu. On y 
trouve plusieurs nappes aquifères. 

Sous la craie blanche, il y a une craie spéciale qui a été 
étudiée avec beaucoup de soin par M. Cayeux ; elle est 
souvent grise, chargée de glauconie ou de phosphate de 
chaux. Elle est tantôt compacte et employée comme pierre 
de taille, tantôt tendre, presque sableuse. Elle contient 
des bancs durs que les carriers nomment tun ou meule. 
On peut désigner les nappes aquifères qui y sont contenues 
sous le nom de nappes du tun. 

Puis vient de nouveau de la craie blanche caractérisée 
par la présence de nombreux silex à formes irrégulières, 
appelés Cornus. Le Micraster hreviporus y est fréquent. 
Son épaisseur varie de 1™ à 30"". 

Elle repose sur une assise formée de bancs alternatifs 
de craie grisâtre, marneuse, compacte et de marne argi- 
leuse plastique dite marlelte; cette dernière est imper- 
méable, tandis que les couches compactes présentent 
souvent des fentes noifibreuses qui livrent passage à Teau. 
On désigne cette assise sous le nom de marne à Terebra 
tulina gracilis et à Inoceramus Brongniarti ou plus simple- 
ment sous celui de Marleltes. 

En dessous viennent les dièves, marnes bleuâtres, 
plastiques, imperméables. Elles appartiennent au turonien 
comme les deux assises précédentes ; elles sont caracté- 
risées par Vlnoceramus labiatus. 

Quant au Cénomanien, généralement peu épais dans le 
Nord, il est aussi imperméable ou presqu'imperméable, 
de sorte qu'il ne fait que doubler les dièves. Il ne joue 
aucun rôle au point de vue hydrologique. 

Ainsi, on doit distinguer dans le terrain crétacé du 



— 276 — 

Nord la nappe des iiiarlettes, la nappe du tun et celles de 
la craie blanche. 

Alimentation par captation de sources 

On sait que les sources sont situées à certains points 
d'affleurement des nappes aquifères. On peut donc les 
classer par les nappes aquifères qui les fournissent. 

Nappe des marlettes, — C'est la plus importante du , 
département du Nord, et en particulier du sud du dépar- . 
tement. Elle produit les sources de la Sambre et de 
ses affluents, de plusieurs afffuents de TEscaut et de 
rOise. On peut môme lui rapporter les sources de TEscaut. 
Plusieurs de ces sources sont tellement abondantes 
qu'elles font tourner des moulins à 100»" de leur émergence. 

Cependant peu de villes importantes ont recours aux 
sources des marlettes parce qu'elles en sont trop éloignées. 
Vnlenciennes fait exception; elle amène dans ses murs les 
sources de la vallée de la Ronelle situées à la tête de? 
marlettes. La petite ville de Landrecies a caplé également 
une fontaine provenant de ce niveau. 

A une certaine époque on avait songé à alimenter 
l'agglomération Roubaix-Tourcoing avec les sources qui 
sortent des marlettes de la vallée de la Marque, Mais ces 
sources ont été trouvées trop peu importantes. Il ne faut 
pas s'en élonner. Les marlettes de la vallée de la Marque 
sont situées sur un anticlinal de peu d'étendue et sont en 
grande partie recouvertes de couches tertiaires imper- 
méables. 

Dans le cenlre du département et dans la partie voisine 
du Pas-de-Calais, l'assise des marlettes est beaucoup moins 
aquifère. On peut même dire qu'elle ne Test pas du tout. 
Ce qui cause sa richesse dans la région sud, c'est qu'elle 
se compose de plusieurs couches alternantes de craie 



— 277 -- 

compacte, mais fissurée, et de marne argileuse plastique. Il 
en résulte qu'il y a souvent plusieurs nappes distinctes. 

A mesure qu'on s'éloigne des bords de l'ancienne mer 
crétacique pour gagner vers l'intérieur, c'est-à-dire sensi- 
blement du N.-O. vers le S.-E., on voit la composition se 
modifier. Les couches crayeuses deviennent plus argileuses 
et moins fissurées, les couches marneuses plus crayeuses et 
moins plastiques; l'assise devient homogène, passe à ce que 
les mineurs ont appelé les bleues. Il ne s'y trouve que peu ou 
point d'eau. 

Nappe de Tun, — Celte nappe est bien connue à Lille 
où elle fournissait les bons puits avant que l'on eut établi 
la distribution d'eau d'Emmerin. A Lille, il y a deux bancs 
de tun séparés par une craie sableuse, glauconifère, très 
perméable, qui contient de l'eau. C'est là proprement dit 
la nappe du tun. Pour l'atteindre, il faut forer le premier 
tun. 

Le tun est peu épais; il affleure rarement. Aussi il ne 
donne naissance à aucune source connue. Mais on verra 
plus loin que si le tun ne joue qu'un rôle très restreint 
comme nappe aquifère, il contribue probablement à la 
formation d'une nappe très importante. 

Nappes de la Craie, — En réalité c'est aux nappes de 
la craie que la plupart des villes du Nord demandent leur 
alimentation en eau. 

La nappe de la craie la plus remarquable est celle de la 
craie fendillée. Elle se trouve à la tète de la craie et elle 
est indépendante du niveau géologique. Dans plusieurs 
pays, particulièrement aux environs de Douai, on ren- 
contre sous le limon ou sous les sables tertiaires une 
sorte de conglomérat formé de fragments anguleux de 
craie enveloppés de limon ou de sable tertiaire. Ce n'est 
probablement pas un terrain de transport. Il est dû à un 



— 278 — 

feDdillement de la surface de la craie pendant la période 
continentale qui a précédé l'époque tertiaire. Le sable 
tertiaire ou plus tard le limon ont pénétré plus ou moins 
dans les interstices. L'eau qui circule facilement dans 
toutes ces fissures, est arrêtée infôrieurement lorsque la 
craie devient plus compacte. 

Pour donner une idée de la richesse que peuvent 
atteindre les sources de la craie fendillée, il suffit de 
rappeler ce qui s'est passé lors du creusement de la fosse 
n» 4 à FEscarpelle. 

A 14 mètres de profondeur sous le limon et sous le 
terrain tertiaire, on rencontre le conglomérat de fragments 
de craie; Teau arrive en abondance. On établit les pompes 
les plus puissantes et on parvient à pénétrer encore de 
quelques mètres dans la craie fendillée. Mais Teau 
augmente toujours. Pendant un an les pompes fonctionnent 
sans aucun succès. L'exhaure en était arrivée à 100.000 
mètres cubes par jour. Les puits voisins s'asséchèrent, 
parce que l'avalresse était établie dans une dépression de 
la craie, où l'eau se rendait de toutes parts. Les propriétaires 
des puits intentèrent des procès à la Compagnie. Mais il ne 
suffit pas de tirer de l'eau, il faut s'en débarrasser. Les 
fossés naturels étant insuffisants pour l'écoulement, les 
terrains environnants furent inondés, d'où nouveaux 
procès. Alors la Compagniese recueillit suivant l'expression 
de son Directeur. Heureusement pour elle, le procédé 
Chaudron, si funeste à la géologie, vint lui donner le 
moyen de traverser la nappe aquifère, sans procéder à 
l'épuisement. 

Lorsque la craie fissurée affleure sur le bord d'une vallée, 
elle donne lieu h des sources. Telle est l'origine des 
sources de l'Escrebieux que la ville de Douai a captées. 

La nappe aquifère à laquelle les villes de Roubaix et 
de Tourcoing vont demander leurs eaux potables est aussi 



— 279 — 

celle de la craie fendillée. On va les chercher, non pas 
dans des sources, mais par des forages établis près de 
Pecquencourt dans la vallée de la Scarpe enlre Douai et 
Marchiennes, dans le voisinage de l'ancienne abbaye 
d'Anchin. 

En cet endroit le terrain tourbeux de la vallée de la 
Scarpe repose sur des sables qui appartiennent au terrain 
quaternaire, car on y a recueilli des ossements de 
Rhinocéros. Sous ce sable, on trouve le landénien infé- 
rieur représenté par le tulîeau à Cyprina planata; à la 
base, le tulîeau alterne avec des argiles noires, que Ton 
désigne sous le nom d'argile de Louvil. Elles constituent 
une couche imperméable qui empêche rinfiltration des 
eaux marécageuses superficielles. Si Ton traverse ces 
couches tertiaires, on arrive à la craie fendillée et Teau 
jaillit à la surface du sol. 

On a donc installé dans le marais de Pecquencourt, huit 
forages de 0"ï40<^ de diamètre. L'eau sourdant dans ces 
huit forages est captée par un premier relai de pompes 
qui ramènent dans un réservoir intérieur, d'où elle est 
refoulée par de puissantes machines jusqu'au sommet 
de la colline de Mons en-Pevèle. Puis des conduites la 
mènent à Roubaix et à Tourcoing, où elle arrive avec une 
pression de 50 mètres et après un trajet de 30 kilomètres. 

On y puise en moyenne 13.000 m. cubes par jour. 
Naturellement les puits des environs ont dû baisser. 
L'influence de la succion s'étend dans certaines directions 
jusqu'à 12 kilomètres. Mais la richesse de la nappe est 
telle que quand on cesse de pomper, c'est-à-dire le 
dimanche, l'eau remonte immédiatement. 

On s'est demandé ce que devenait cette eau avant qu'on 
la conduisit à Roubaix-Tourcoing. Restait-elle emprisonnée 
sous terre ? Non. Dans quelques points la pression 
crevant la couche argileuse supérieure, il se produisait 



— 280 — 

une source. Tout le long de la vallée de la Scarpe, il 
y avait des sources, les unes naturelles, les autres produites 
par de petits sondages. La captation des. eaux de Roubaix- 
Tourcoing les a taries ou du moins en a ab:iissé le 
niveau. 

C'est encore à une nappe superficielle de la craie qu'il 
laut rapporter les sources de TArdon, qui servent à 
alimenter la ville de Laon. Au S. de la ville il y a une 
plaine marécageuse, qui sépare la colline de I^on des 
collines voisines. Le sol en est formé par du sable et 
quelque peu d'argile, sauf en certains points où la craie 
affleure. Ces îlots de craie sont toujours accompagnés de 
sources. Lorsque la craie est cachée par le sable, il n'en 
sort pas moins de Teau, mais elle pénètre dans le sable, 
rimprègne complètement et produit un marais. L*eau se 
trouve seulement dans la partie supérieure de la craie ; 
la masse de l'assise n'en contient pas. Le forage de 
Montreuil au pied nord de la colline de Laon a été poussé 
jusqu'à SST'nPS dans la craie, sans donner d'autre eau, que 
celle qui vient de la tête de la roche. 

Outre la nappe superficielle, la craie contient plusieurs 
nappes intérieures dont la position dépend de sa structure. 
Quand la craie présente des fissures, elle livre passage à 
l'eau ; lorsqu'elle est à l'état de banc compact, continu, 
non fissuré, elle forme obstacle à la circulation. Donc 
au-dessus de ces bancs compacts, il se forme une nappe 
aquifère dans la craie plus ou moins fissurée qui les 
surmonte. 

Les sources d'Emmerin qui alimentent la ville de Lille 
se trouvent dans ces conditions. Elles font partie d'une 
vaste nappe qui s'étend sous la région du Pas-de-Calais, 
voisine du département du Nord. On l'a traversé dans les 
fosses houillères des concessions de Bully-Grenay, Lens, 



— 281 — 

Courrières, etc. Elle se maintient au niveau de 35 à 20 
mètres au-dessus de la mer avec une pente d*E. N.-E. 
L'eau est contenue dans la craie blanche fissurée. Elle y 
est retenue par un banc dur, la meule, qui est semblable 
au tun des environs de Lille. 

La nappe d'Emmerin diffère de celle du tun des puits 
de Lille parce que cette dernière est inférieure au premier 
tun, tandis que la nappe d'Emmerin est supérieure à la 
meule. Sous la meule, il n'y a plus qu'une quantité d'^a 
insignifiante. 

D'un autre côté cette nappe d'EUnmerin est bien 
différente de celle de la craie fendillée, car la quantité 
d'eau fournie par les avaleresses va en diminuant depuis 
la tête de la craie (craie fendillée) jusqu'à une certaine 
profondeur, puis elle augmente à mesure que l'on approche 
delà meule. 

Le débit de la nappe d'Emmerin est variable avec la 
structure plus ou moins fissurée de la craie. Il a été de 
60 mètres cubes à la fosse n*^ 5 de Lens, tandis qu'il n'était 
que de 42 m. c. à la fosse n» 4 située très près de la 
précédente et de 3 m. c, 6, à la fosse n» 7 de Wingles. 

Les sources de Courrières, Meurchin, Wingles, Béni 
fontaine proviennent de la même nappe aquifère. 

La ville de Cambrai s'alimente à la fontaine St Laurent 
il Proville ; elle y trouve une quantité d'eau qui fournit 
amplement à tous ses besoins. 

La fontaine St-Lanrent est située dans la craie blanche 
à l'altitude dé 45 m. et au niveau de la nappe aquifère du 
pays. A Cambrai, en aval de I^roville, l'eau des puits se 
maintient à des cotes comprises entre 43"^ et 39'"50. 

Sa position géologique n'est pas au premier abord 
parfaitement fixée, cependant quelques faits tendent à 
prouver que c'est à peu près celle des sources d'Emmerin. 

Dans la grande carrière de craie d'Escaudœuvres, aux 



portes de Cambrai, on extrait jusqu'au niveau de Teau et 
on ne voit que de la craie blanclic. La nappe aquifère 
canibrésienne est donc bien dans la craie blanche. 

A Cambrai, des forages ont dépassé la première nappe 
et après avoir percé la craie grise, qui correspond à peu 
près à notre lun, elles ont atteint une seconde nappe vers 
la cote 30, puis une troisième vers la cote 7, sous la craie 
à silex, au niveau probable des Marlettes. 

La craie à silex qui d'après ces forages aurait 23 mètres 
d'épaisseur à Cambrai, diminue beaucoup d'épaisseur vei s 
le sud, le long de la vallée de l'Escaut. A Vaucelles, elle n'a 
plus que 2 mètres. Alors les deux nappes inférieures de 
Cambrai se confondent. Les sources de Vaucelles pro- 
viennent de la partie supérieure des marlettes. 

Il en est probablement de même des sources de Lesdain 
près de Crévecœur, entre Cambrai et Vaacelles. Il y a à 
Lesdain deux fontaines très remarquables, la Fontaine 
glorieuse à l'O. du village près de la rive gauche de la vallée 
et la Fontaine de la ville dans le village même et sur la rive 
droite. Cette dernière source prend naissance au pied d'un 
escarpement de craie grise au niveau de la craie à silex; 
si cette craie n'a pas plus de 2 m., comme à Vaucelles, la 
nappe aquifère repose sur marlettes. 

M. Cayeux, frappé du grand débit des sources de 
Proville et de Lesdain, a émis l'avis qu'elles étaient 
alimentées par la nappe des marlettes. Si c'est exact pour 
les fontaines de Lesdain, ce ne Test pas pour la source de 
Proville. 

Du reste, M. Cayeux appliquait dans les deux cas la 
théorie par laquelle il avait expliqué les sources de 
l'Escaut et de la Somme. 

Cette théorie très ingénieuse mérite d'être examinée 
avec soin, car si elle était fondée, elle aurait des couse- 



-- 283 — 

quences importantes pour la recherche des eaux souter- 
raines. 

M. Caj^eux suppose qu'aux endroits où apparaissent 
l'Escaut et la Somme, il y a une fissure naturelle qui 
permet à Teau du niveau des marlettes de s'élever à 
travers la craie à silex et la craie grise jusqu'à près de 
30 m. au-dessus de son niveau primitif. Si de telles fissures 
naturelles existent dans la craie, les sources sont indé- 
pendantes du niveau des nappes aquifères. Il importe 
donc dans une étude sur les sources et les nappes aquifères 
d'examiner et de discuter la théorie de M. Cayeux. 

On vient de voir que pour la fontaine de Lesdain, 
M. Cayeux a en partie raison. L'eau provient de la nappe 
des marlettes, mais elle n'a pas à s'élever au-dessus de 
son niveau. A Proville, au contraire, la source est complè- 
tement indépendante de la nappe des marlettes, située 
30 mètres plus bas. 

Passons donc aux deux principaux cas spéciliés par 
M. Cayeux, les sources de l'Escaut et de la Somme. 

L'Escaut, sort au Mont Saint-Martin près du Gatelet, 
à la cote 86, d'une craie dure, jaunâtre, exploitée comme 
pierre de taille et rapportée par M. Cayeux à l'assise à 
Micraster hrctiporus, partie supérieure. La profondeur où 
se trouvent les marletles en ce point n'est pas connue. 
La nappe aquifère de la source de l'Escaut s'étend 
aux environs. Elle alimente lés puits du Catelet et de 
Gouy. On ne peut donc pas supposer que la source de 
l'Escaut vient par une fissure d'une profondeur de 13 à 
20 mètres. S'il en était ainsi il faudrait qu'elle s'étendit 
en nappe tout autour du Catelet. Du reste, dans celte partie 
sud du Cambrésis, tous les puits vont à la même nappe 
aquifère, qui est sensiblement au niveau de l'Escaut. 

On peut en dire autant de la source de la Somme. Dans 
tous les villages qui l'entourent jusqu'à 4 kilomètres de 



— 284 — 

distance, la nappe des puits est sensiblement au niveau 
de la Somme. 

Cette nappe est dans la craie blanche, reposant sur de la 
craie à silex, dont on ne peut préciser Tâge, parce qu'elle 
n'affleure pas et que la présence du silex ne suffit pas pour 
déterminer une craie. 

On a fait un forage [)our une sucrerie à 2 kilomètres de 
la source de la Somme. On a traversé trois nappes 
aquifères, d'abord celle de la source qui est au niveau de 
la vallée; puis une seconde à 9 mètres plus bas et une 
troisième distante de 12 mètres de la seconde. 

La seconde nappe doit être dans la craie à silex et à 
Micraster bretiporus, car pour l'atteindre près de la gare de 
Croix-Fonsomme, on a dû trancher une pierre dure, 
probablement la craie jaune, et Ton est arrivé sur de la 
craie à silex, qui a donné de l'eau. 

La troisième nappe, la plus abondante des trois, doit 
provenir des marnes à T. gracilis. 

Ces trois nappes réunies fournissent à la sucrerie 
d'Essigny 36.000 mètres cubes d'eau en vingt-quatre heures 
pendant la durée de la fabrication. C'est naturellement 
aux dépens des puits voisins et de la source de la Somme. 

Elles persistent dans toute la région, car on les retrouve 
à Péronne. 

Il était bon d'insister sur ces nappes de l'Escaut et de la 
Somme, pour montrev qu'il peut y avoir dans la craie 
plusieurs nappes superposées, pouvant fournir des quan- 
tités d'eau considérables. 

La considération est importante, car il y a une tendance 
à substituer l'eau des forages à celle des sources pour 
Talimentation des villes et des industries. 

Les sources étant une nappe d'eau à l'affleurement sont 
quelquefois difficiles à préserver des altérations superfi- 
cielles. 



— 285 — 

Ainsi à Eamieria, les sources de la ville de Lille sont 
toujours menacées par rinfiltration des eaux qui ont lavé 
la campagne. La pluie qui tombe sur les champs voisins 
de la source arrive dans la nappe aquifère sans avoir été 
suffisamment liUrée. C'est un danger dans un pays où Ton 
fume avec Tengrais flamand. Cependant il ne faut pas 
Texagérer. En temps ordinaire, en dehors des grandes 
pluies, la partie qui pénètre sans filtration suffisante est 
excessivement minime par rapport à la masse d'eau qui 
sort de la source. 

Le danger est plus grand aux époques d'inondation, si 
Teau de la vallée vient à refluer dans la source. Dans une 
captation bien faite, on doit parer à cet inconvénient. 

Alimentation par Puits, Galeries et Forages 

Depuis un temps immémorial, on a creusé des puils pour 
aller chercher Teau d'une nappe profonde loin de son 
point d'affleurement. 

Les forages ne sont pas autre chose que des puils que 
l'on peut enfoncer profondément et à peu de frais en 
raison de leur faible diamètre. 

L'idée de creuser des galeries dans la nappe aquifère est 
plus récente. On les fait rayonner autour d'un puits, ou 
bien, quand la localité où l'on veut conduire l'eau se 
trouve à un niveau plus bjs que la nappe aquifère, on se 
borne à construire une simple conduite. 

Ce procédé d'alimentation est employé en Belgique pour 
les villes de Liège et de Charleroi. en Allemagne pour 
Viesbaden et Hambourg. MM. Menche de Loisiie (M, 



(1) Menche de Loisne, Mémoire sur V alimentation en eau 
des agglomérations de ^arrondissement de Lille» Ann. des 
Ponts et Chaussées, 1878, t. XV. 



— 286 — 

Ch. Barrois (2) et tout récemment M. Moreau Tont proposé 
pour la ville de Lille. 

Bien des industriels s'en servent; ils creusent un puit 
et établissent des galeries au niveau de la nappe, de 
manière à augmenter la surface par où Teau peut 
distiller. 

La ville de Jeumont est pour le moment la seule du 
département du Nord où l'alimentation en eau soit assurée 
par une galerie. Au S. de Jeumont se trouve un plateau de 
schiste etdegrèsdévonienen couches fortement inclinées. 
La pluie qui tombe sur le plateau filtre à travers le limon. 
Elle pénètre dans les joints des couches, particulièrement 
à la séparation des grès et des schistes. Elle descend 
jusqu'à ce que la compacité de la roche soit assez grande 
pour boucher complètement toutes les fissures. Il y a donc 
sous le plateau une nappe aquifère irrégulière en profon- 
deur et en activité. 

L'éniinent ingénieur hydrologue, M. Moulan, a percé 
une galerie perpendiculaire aux bancs. Il a recoupé par 
sa galerie tous les joints par lesquels l'eau filtrait. Il n'a 
eu qu'à la prolonger jusqu'à ce qu'il ait pu obtenir la 
quantité d'eau qui lui était nécessaire. 

On a vu précédemment que l'exploitation d'eau de 
Roubaix-Tourcoing peut rentrer dans le système des 
prises par puits dans une nappe souterraine. Mais ce pro- 
cédé d'alimentation de puits et sondages est généralement 
le fait des petites villes ou des particuliers : 

On l'applique particulièrement dans la Flandre dont le 
sol argileux, ruisselant, ne peut produire que de petites 
sources et où les nappes aquifères ne se trouvent qu'à des 
profondeurs considérables. 

(2) Ch. Barrois, Note sur les nappa aquifères de Lille» 
Ann. Soc. Géol. Nord., XVIII, p 177. 



— 287 — 

A Armentières beaucoup d'industriels ont des forages 
qui après avoir traversé l'argile des Flandres, les sables 
verts landeniens, où Ton rencontre une première nappe 
aquifère, Targile deLouvil et la craie blanche s'arrêtent à 
une couche marneuse qui représente les marlettes ou 
les dièves. Ils trouvent généralement à ce niveau toute 
Teau dont ils peuvent avoir besoin. 

ABailleul, qui est située plus avant dans la Flandre, on 
vient de creuser deux forages ; celui de l'Asile s'est arrêté 
dans les dièves ; mais son eau lui vient de la base de la 
craie blanche. 

Quant au forage de la Ville, il a été poussé beaucoup 
plus profondément. Il est probable qu'il puise au moins 
en partie son eau dans les terrains primaires. 

C'est surtout dansl'agglomérationdeRoubaix-Tourcoing 
que l'alimentation en eau par les forages a été appliquée 
sur la plus grande échelle. 

Le sol y a la même structure qu'à Armentières. Sous 
l'argile des Flandres, on trouve dans les sables verts 
landeniens une première nappe aquifère. Elle est géné- 
ralement négligée, parce que le sable qui est très fin est 
entraîné avec l'eau dans les corps de pompe et les use 
rapidement. En dessous, au niveau du tun ou des marlettes, 
il y a la nappe de la craie; elle est peu abondante et a de 
plus l'inconvénient de fournir une eau calcaire. 

Les industriels vont chercher leur eau plus bas encore 
sous le terrain crétacique, dans le calcaire carbonifère, à 
une profondeur de 80 à 130 m. 

Chez l'un d'eux, M. Eugène Motte, on tire 700 mètres 
cubes à l'heure, de six heures du matin à neuf heures du 
soir, c'est-à-dire pendant 15 heures, soit près de 10,000 
mètres cubes par jour. On ne pourrait probablement pas 
dépasser beaucoup ce chiffre, car le niveau de l'eau dans 
le tube de forage baisse de O'^SO tous les soirs. 



11 existe une quarantaine de forages analogues dans les 
eilvirons. Tous ne fournissent pas autant, mais l'exemple 
suffit pour donner une idée de la masse d'eau que Ton 
prend journellement à Roubaix-Tourcoing dans la nappe 
du calcaire carbonifère. 

Lorsque l'on y pense, on n'est pas sans se demander 
avec quelque inquiétude, si ces sources du calcaire carbo- 
nifère dureront toujours? Si ce n'est pas de Teau 
emprisonnée dans des cavernes souterraines pendant une 
longue série de siècles et qui finira par s'épuiser? 

Afin de résoudre cette question qui est de premier 
ordre pour l'industrie de Roubaix-Tourcoing, il faut 
examiner d'où l'eau vient et comment elle arrive dans le 
calcaire. 

L'assise du calcaire carbonifère qui fournit de l'eau à 
Roubaix-Tourcoing est la dolomie. C'est une roche dure, 
solide, mais à texture grenue et cristalline ; elle est criblée 
de géodes, c'est-à-dire de vides tapissés de cristaux ; elle 
se présente même sous forme de sable cristallin, tantôt 
disposé en bancs réguliers, tantôt constituant une enclave 
plus ou moins volumineuse au milieu du calcaire compact. 
On comprend qu'une telle roche offre à l'eau des voies 
larges, nombreuses et où le courant peut s'établir avec 
une grande rapidité. 

L'affleurement du calcaire carbonifère, et de la dolomie 
en particulier, n'existe dans le département qu'aux envi- 
rons d'Avesnes. Mais ce ji'est pas de là que peuvent venir 
les eaux de Roubaix ; car Roubaix et Avesnes sont dans 
deux bassins géologiques tout-à fait différents, sans aucune 
communication entre eux. La dolomie de Roubaix appar- 
tientaubord septentrional du bassin de Namur. Son prolon- 
gement oriental est connu en Belgique, dans la vallée de 
de la Dendre entre Ath et Ghièvres, tout autour de 
Brugeletles. On peut supposer que les eaux de la Dendre 



- 289 - 

pénètrent dans la dolomie et descendent en suivant la 
pente des couches jusque sous Roubaix ; mais ces infil- 
trations seraint probablement insuffisantes pour expliquer 
la masse d*eau que Ton y puise. 

Il faut faire intervenir une région du sud de la Belgique 
que Ton appelle Tournaisis, où le terrain crétacique 
n'existe pas. Le sol est formé par le limon qui repose 
directement sur le calcaire carbonifère. Quelquefois le 
sable landenien vient s'interposer entre les deux. L'eau 
de pluie traverse facilement ces couches perméables; elle 
arrive sur le calcaire carbonifère, pénètre dans ces fissures, 
remplit ses cavités et doane par là naissance à une nappe 
très importante. 

Ainsi c'est la Belgique qui fournit de l'eau aux indus- 
triels de Roubaix. Comme ceux-ci sont d'honnêtes gens, 
après s'être servi de l'eau ils la rendent à la Belgique par 
l'Espierre; ils la lui rendent avec usure, enrichie de matières 
grasses et tinctoriales de toute nature. Et dire que nos 
voisins ont le mauvais goût de n'être pas satisfaits! 

Malheureusement les forages dans le calcaire présentent 
un aléa extraordinaire. 

Il y a quelques années M. Hannart, teinturier à Croix 
vint me demander s'il pourrait trouver de l'eau par un 
forage. Dans son voisinage, certains forages avaient de 
l'eau, d'autres n'en avaient pas. Je m'inquiète de la 
position de ces divers sondages, et j'indique à M. Hannart 
un endroit situé à l'O. des sondages productifs, en me 
disant que les bancs de calcaire carbonifère étant dirigés 
de l'E. à l'O. il était probable que l'on trouverait à l'endroit 
indiqué les bancs caverneux qui alimentaient les forages 
productifs. A 82 m. M. Hannard rencontra la dolomie du 
calcaire carbouifère et jusqu'à 101"» il traversa successi- 
vement trois cavités. L'eau s'éleva à 5 m. 70 du sol. Le 



Annaleâ de la Société Géologique du Nord, T. xxvii. 19 



— 290 ~ 

forage donne 4000 m c. en 24 heures sans que le niveau 
s'abaisse d'une manière appréciable. 

Deux mois après Touverture du forage, son eau devint 
noire, ce qui était fort désagréable pour un teinturier. Je 
remis cette eau à mon collègue M. Buisine, professeur de 
chimie à la Faculté des sciences. 11 reconnut que la colo- 
ration était due à ce que Teau contenait de la dolomie 
pulvérante. Il n'y avait qu'un remède, c'était d'enlever 
toute la dolomie contenue dans la cavité d'où provenait 
l'eau. Pompez, dis-jeà l'industriel, pompez jusqu'à ce que 
l'eau devienne claire. En 7 mois 240000 me. d'eau relative- 
ment pure furent jetés dans le cloaque qui porte le nom 
de canal de la Marque. Jamais les poissons, s'il y en a, ne 
furent à pareille fête. L'eau, était redevenue claire et toute 
la dolomie de la poche enlevée. 

Actuellement les 4000 m. c. quotidiens ne suffisent plus 
à la teinturerie. M. Hannart résolut d'établir un second 
corps de pompe et par conséquent un second tube de 
sondage, jugeant la nappe de son premier forage assez 
riche pour en alimenter un second. Il fit un trou à 10 m. 
du précédent, rencontra encore de la dolomie, mais cette 
fois de la dolomie compacte. Il la traversa pendant 30 m. 
sans avoir une goutte d'eau. 

C'est Lille qui avait donné l'exemple aux villes du Nord 
d'aller chercher l'eau dans le calcaire carbonifère. De 
1839 à 1841, trois forages avaient été faits à Lille par la 
maison Degoussée, à l'Hôpital général, à l'Esplanade et à 
l'Hôpital militaire. L'eau jaillissait d'abord au-dessus de 
la surface du sol, mais bientôt il fallut la prendre a une 
certaine profondeur et elle fut toujours peu abondante. 

C'est que le calcaire que l'on atteint à Lille n'est pas du 
tout le même qu'à Roubaix. C'est un calcaire compact 
appartenant probablement à l'assise du marbre à Productus 
Cora, Il est beaucoup plus compact que la dolomie, ne 



— -291 — 

présente pas les mômes géodes et ne peut guère fournir 
d'eau que par les fissures de sa partie supérieure. 

Les forages au calcaire offrent à Lille le même aléa 
qu'à Roubaix. Ainsi rue de Fontenoy, un sondage fai 
chez M. Wallaert a donné beaucoup d'eau : on en fit un 
autre à 100 m. de distance, on recoupa les mêmes terrains 
et Ton n'eut pas d'eau. 

Mais le plus grave inconvénient des sondages profonds 
vient de la nature alcaline des eaux qu'ils fournissent. 
M. Violette a trouvé jusqu'à 28 gr de soude par 100 litres 
d'eau au puits de l'Hôpital militaire. L'alcali est à l'état 
de sulfate, de chlorure ou de carbonate. M. Buisine a 
reconnu 40 gr. de sulfate de soude dans l'eau du forage 
de M. Hurtrel à Armentières. L'eau de presque tous les 
sondages profonds est alcaline quels que soient la nappe 
et le terrain dont elle provienne, aussi bien l'eau de la 
craie que celle du calcaire carbonifère. Cependant tous 
les sondages profonds ne le sont pas également alcalins. 
Il en est qui ne renferment pas d'alcali, sans que leur 
position permette d'expliquer l'exception. 

On se pert en conjectures sur l'origine de l'alcali. 

Quelques savants qui ne connaissent pas la géologie du 
pays ont supposé qu'il y avait au voisinage des forages des 
couches triasiques analogues à celles de la Lorraine. Mais 
jamais un sondage n'a atteint ce terrain triasique au N. 
des collines d'Artois. 

L'alcali viendrait-il de la mer, c'est à la rigueur possible, 
car la profondeur de ces sondages est inférieure au niveau 
de la mer. Mais on se demande alors pourquoi l'eau de 
tous les sondages profonds n'est pas également alcaline ?; 
pourquoi elle ne contient pas de magnésie? Est-ce que 
dans sa marche souterraine l'eau de mer aurait cédé sa 
magnésie aux calcaires en les transformant en dolomies ? 
Ce serait une cause imprévue de dolomilisatiôn. 



- 292 - 

En terminant, il est bon d'examiner une question qui 
vient souvent à la pensée des industriels : Ces précieuses 
nappes aquifères, où nous allons chercher l'eau, sont elles 
inépuisables ? 

Non, elles ne sont pas inépuisables. Ce sont de simples 
réservoirs, où s'amasse Tenu de pluie qui pénètre dans le 
sol. On ne peut pas extraire d'une nappe aquifère plus 
d*eau que celle qui tombe dans la région où elle s'alimente. 

On a quelquefois essayé de calculer la richesse d'une 
nappe aquifère en mesurant l'eau qui tombe dans son 
bassin d'alimentation. Mais ces calculs ne peuvent même 
pas être approximatifs, car toute l'eau de la pluie est loin 
de pénétrer dans le sol. Une partie s'écoule à la surface; 
sa quantité est très variable, puisqu'elle dépend de la 
violence de la pluie et de l'état du sol. Il y a une autre 
partie, qui est rendue à l'atmosphère par évaporation ; 
celle-ci est en relation avec la température au moment de ^ 
la pluie, avec l'état de la végétation, etc. 

Une seconde cause s'oppose à l'estimation de l'eau que 
l'on peut retirer d'une nappe aquifère : dans cette nappe 
l'eau ne circule pas avec une complète facilité comme dans 
un canal ou un tuyau de conduite. Elle est retenue par 
le frottement, la capillarité, l'hygroscopicité de la roche. 
Quand on en puise une très grande quantité en un point 
donné, on ne peut pas espérer que le vide se comblera 
immédiatement, quelle que soit l'énergie de la succion. 

Enfin il y a encore une troisième cause qui empêche 
d'apprécier le rendement d'une nappe aquifère, ce sont les 
fuites du réservoir. Dans la nappe, l'eau s'écoule en 
général par des chemins particuliers, qui la mènent aux 
sources et aux rivières. Des galeries et des sondages faits 
en dehors de ces chenaux privilégiés peuvent ne donner 
que peu d'eau, bien que la nappe aquifère soit riche par 
elle-même. 



— 293 -- 

Pour des raisons géolojçiques qu'il serait trop long 
d'exposer, une nappe aquifère est d'autant moins riche 
que Ton s'éloigne davantage des sources par où elle 
s'échappe. Elle est moins riche sous les plateaux que dans 
le voisinage des vallées; donc une galerie faite sous un 
plateau tarira plus vite que les sources de la vallée, 
émanant de la même nappe aquifère. 

Les dernières sources qui tarissent sont celles de la 
vallée même ; celles qui alimentent la rivière, non pas 
seulement la rivière visible, mais aussi la rivière souter- 
raine, c'est-à dire la nappe d'eau qui empreigne le terrain 
d'alluvion de la vallée, qui descend avec la rivière, mais 
bien plus lentement qu'elle. C'est là le dernier refuge des 
nappes aquifères; c'est là que l'on serait obligé d'aller 
chercher l'eau, si la sécheresse, qui sévit depuis quelques 
années, continuait à régner. Si cette eau n'a pas les qualités 
que réclame la boisson, elle est parfaitement apte aux 
besoins de l'industrie et de la voirie, c'est-à-dire aux 
besoins de la grande consommation. 

On lui reproche de n'être pas parfaitement exempte de 
colonies microbiennes; mais elle en contient infiniment 
moins que la poussière et la boue des chaussées qu'elle est 
destinée à enlever. 

Il y a quelques années, avant les découvertes de Pasteur, 
on ne parlait que de miasmes; on cherchait à se garantir 
contre le vent qui avait passé sur un cimetière, sur un 
dépotoir, sur un atelier d'équarrissage, etc. Depuis l'ère 
Pasteurienne, on accuse avec raison l'eau d'être l'agent 
principal du transport des germes nocifs et personne ne 
pense plus au vent. 

Il n'en est pas plus innocent pour cela. Constamment le 
vent, de quelque point de l'horizoa qu'il vienne, souffle 
dans les villes la poussière arrachée au sol végétal de la 
campagne, celui-là même qu'on a imprégné d'engrais. Cette 



— 294 — 

poussière joiate à la boue qu'apporte les attelages et les 
piétons, aux défécations des animaux, aux débris de toute 
nature jetés sur la voie publique constitue un amas 
microbien auprès duquel Teau d'une rivière, fut-ce même 
celle de la Deûle, est d'une véritable pureté. 

Là où Teau de source est insuffisante, il faut se contenter 
de Téau de rivière, et s'estimer encore heureux si elle ne 
tarit pas. 



— 295 — 



Production Houillère du Paa-de-Calais et du Nord 

en 1897 et 1898 

{Déduction faite des déchet» de triage) 





1898 


1897 




__ — "- ' — - 


a 
o 




ClilFFRKS 


CHIFFRES 


en plus 


en moins 


^t; 


COMPAGNIES 


Ap^roiiflialifs 


Défoitifs 


TONNES 


TONNES 






rONNFo 


rONNKS 








B 


ASSIN DU 


Pas-de-Calais • 






Dourges . . . . 


839.730 


740.020 


99.710 


» I 4 1 


Courrier es . . . 


1.791,264 


1.674.836 


116. 42^ 


» 


8 


Leiis . . . . . 


2. 977. 148 


2.733.72.J 


243.428 


» 


13 


Dully-Grenay . . 


1.455.781 


1.346.170 


10J.6I1 


» 


8 


Nœux 


1.376.029 


1.370.543 


5.486 


» 


7 


Bruay 


1.514.131 


1 439. 60 i 


74.527 


» 


6 


Maries . . . . 


1.100.578 


1.015,9H) 


84.P62 


» 


6 


Ferfay . . . . 


165.623 


193.527 


» 


27.901 


2 


Fléchtnelle . . . 


103.292 


58.2.<i 


44.993 


» 


1 


Liéoia . . . . 


1.0i0.530 


937.507 


103.0^^3 


» 


6 


Vendifi . . . . 


97.2J0 


100.607 


» 


3.397 


2 


Meurc/iin . . . 


455.338 


433.110 


22.228 


» 


3 


Car in . . . , 


217.300 


204.731 


12.569 


» 


3 


' OMtrioourt . . . 


206.700 


212.200 


)) 


5.50J 


2 


Drocourt . . . 


540.250 


598,710 


« 


58.460 


2 


Hardlnghem . . 
Total. . . 


752 


1.121 


» 


369 


1 

74 


13.881,656 


13.060.615 


916.671 


95.630 


' • 






EN PLUS 


: 821.041 






Bassin 


DU NORD 






Ansin . . . . . 


3.168.000 


3.132.747 


35.253 


» 


21 


Aniche . . . . 


1.179 879 


1.097.013 


82.866 


» 


9 


Escarpelle . . . 


734.645 


730.099 


4 . 546 


» 


7 


Doucliy . . . . 


407.509 


413.932 


» 


6.423 


4 


Vicoigne. . . . 


137.272 


137,712 


» 


439 


1 


Fresnes-Midi . . 


123.386 


137,367 


» 


13.981 


2 


Azincourt . . . 


114.830 


109.842 


4.988 


» 


1 


Crespin . . . . 


71.717 


71.544 


173 


» 


1 


FlineS'les^ Râches 
Total. . 


136.391 


51.325 


85.066 


» 


1 
47 


6.073.630 


5.881.581 


212.892 


20.843 








EN PLUS 


: 192.049 




Ens) 


imble pour 


les deux ] 


Bassins : 




19.955.286 


18.942.196 


\A2\).bCi\ 


' 116.473 


12 1 








EN PLUS : 


1.013.090 





— 296 — 

Congrès International de Géologie 

Sur la proposition des géologues français, le 7« congrès 
géologique international réuni à Saint-Pétersbourg a 
décidé, dans la séance du 3 septembre 1897, que sa 
8® session se tiendrait à Paris en 1900. 

Les géologues français ont constitué un Comité d'orga- 
nisation. Dans nine première séance, ce comité a nommé 
un bureau et décidé de s'adjoindre les personnes qui 
pourraient être utiles à l'organisation du Congrès. 

La composition du Bureau du Comité d'organisation est 
la suivante : 

Président : M. Albert Gaudry, membre de l'Institut, 
professeur au Muséum d'histoire naturelle. 

T ice- Présidents : M. Michel-Lkvy, membre de l'Institut, 
directeur du Service de la carte géologique, et M. Marcel 
Bertrand, membre de l'Institut, professeur à l'École des 
mines. 

Secrétaire général : Charles Barrois, ancien président 
de la Société géologique. 

Premier Secrétaire : M. Cayeux, préparateur à l'École des 
mines et à l'École des ponts et chaussées. 

Secrétaires : MM. Léon Bertrand, maître de conférences 
à l'Université de Paris ; Thèvenin, préparateur au Muséum 
d'histoire naturelle ; Thomas, chef des travaux graphiques 
au Service de la carte géologique. 

Trésorier: M. L. Carez, directeur de VÀnnuaire géolo- 
gique. 

Le comité, réuni les 11 janvier, 23 février, 13 avril 1898, 
a adopté les bases suivantes pour l'organisation du congrès 
géologique international de 1900. 



— 297 — 

SESSION 

Les séances du Congrès s'ouvriront à Paris le 16 août 
et se termineront le 28 août 1900. La durée de la session 
permettra aux congressistes de visiter l'Exposition 
universelle, d'étudier les musées géologiques, et de 
suivre les courses organisées aux environs de Paris. 

Les séances du Congrès se tiendront dans un pavillon 
spécial dépendant de l'Exposition : il n'y sera pas organisé 
d'exposition permanente. Les membres du Congrès qui 
voudraient exposer des cartes géologiques, coupes, photo- 
graphies, échantillons, sont priés de s'adresser au commis- 
saire de leur pays, qui réservera à leur exposition 
particulière une place dans la classe correspondante. 

EXCURSIONS 

Le Comité d'organisation, assuré de pouvoir compter 
sur le concours de tous les géologues français, sera en 
mesure de naontrer la géologie de la France entière aux 
membres du Congrès. Pour éviter de trop grandes 
affluences, et faciliter les études de détail des spécialistes, 
il a décidé d'organiser un grand nombre d'excursions 
simultanées, qui auront lieu avant, pendant et après le 
Congrès. 

Les excursions seront de deux sortes : générales, 
ouvertes au plus grand nombre de membres possible ; 
spéciales, réservées aux spécialistes et auxquelles ne 
pourront prendre part plus de vingt personnes. 

Les plans des diverses excursions feront l'objet d'une 
circulaire ultérieure qui sera envoyée en 1899, quand les 
inscriptions individuelles seront demandées. Dès à présent, 
le Comité peut soumettre à titre documentaire, et sauf 
modifications, une liste des excursions qui seront 
organisées et les noms des savants qui en ont accepté la 
direction. 



— 298 ^ 

EXCURSIONS GÉNÉRALES. 

1. Bassin tertiaire parisien. — Des courses de 1 à 2 
jours seront faites sous la conduite de MM. Munier- 
Chalmàs, Dollfus, L. Janet, dans les gisements fossilifères 
principaux des environs de Paris. 

M. Stanislas Meunier conduira une excursion dans le. 
parc de TEcole d'agriculture de Grignon a vec des conditions 
exceptionnellement favorables à la récolte des fossiles. 

Ces excursions dans le bassin parisien auront lieu 
pendant la durée du congrès, dans les intervalles des jours 
de séances. 

2. Boulonnais et Normandie, sous la conduite de 
MM. Gosselet, Mumer Chalmas, Bigot, Cayecx, Pellat, 
RiGAUx. — Étude des falaises de la Manche et des gise- 
ments classiques fossilifères des terrains crétacé et juras- 
sique de Boulogne à Caen. — Formations paléozoïques 
du Boulonnais et de la Normandie (10 jours). 

3. Massif central, sous la conduite de MM. Michel- 
LÉVY, Marcellin Boule, Fabre. — Etude comparée, au 
point de vue géologique et de la géographie physique, 
des trois grandes régions volcaniques du massif central. 
Chronologie complète des éruptions depuis le Miocène 
jusqu'à la fin du Quaternaire. M. Fabre continuera 
Texcursion par les Causses de la Lozère, les gorges du 
Tarn et la montagne de FAigoual (10 jours). 

EXCURSIONS SPÉCIALES 

1. Ardennes, sous la conduite de M. Gosselet. — 
Étude straligraphique du terrain cambrien ; succession 
des étages dévoniens, leurs faunes et leur faciès. Phéno- 
mènes de métamorphisme (8 jours). 



— 299 — 

II. Picardie, sous la conduite de MM. Gosselet, Cayeux, 
Ladrière. — Phosphate crétacés de Picardie. Limons 
quaternaires du nord de la France (6 jours). 

m. Bretagne, sous la conduite de M. Charles Barrois. — 
Successions des formations paléozoïques fossilifères, leurs 
modifications sous Pinfluence des granités. Massifs volca- 
niques précambriens et cambriens du Trégorrois. Massifs 
volcaniques siluriens du Menez-Hom. Kerzanton de Brest 
(10 jours). 

IV. Mayenne, sous la conduite de M. D. P. Oehlert. — 
Coupe du bassin de Laval : succession des formations 
siluro-cambriennes, études des principales faunes dévo- 
niennes ; série carbonifère. Roches cristallines paléo- 
zoïques des Coëvrons : roches éruptives, filons. Relations * 
stratigraphiques des terrains secondaires et tertiaires 
avec les formations paléozoïques sous-jacentes (8 jours). 

V. Types du Turonien de Touraine et du Céno- 
manien du Mans, sous la conduite de M. de Gros- 
souvRE. — Succession des étages turoniens et sénoniens de 
la Touraine: vallée du Cher, Vendôme, Saint-Paterne. 
Cénomanien de la Sarthe (6 jours). 

VI. Faluns de Touraine, sous la conduite de M. Dol- 
FUS. — Visite des gisements célèbres les plus fossilifères 
des Faluns de Touraine: Pont-Levoy, Manthelan. Leur 
faune, leur faciès, leur stratigraphie (4 jours). 

VII. Morvan, sous la conduite de MM. Vélain, Peron, 
Bréon. — Terrains secondaires de la vallée de TYonne et 
région dé TAvallonnais (Auxerre, Vezelay, Mailly-la- 
Ville). Série liasique et infra-liasique de Semur. Traversée 
du Morvan, failles limitatives, structure zonaire, suc- 
cession des formations éruptives. Bassin permiend'Autun; 
massif volcanique de la Chaume, près dlgornay (10 jours). 



— 300 — 

VIII. Bassin* houillers de Commentry et de 
Decazeville, sous la conduite de M. Fayol. — Particu- 
larités diverses et mode de formation du terrain houiller. 
Commentry (3 jours) ; Decazeville (4 jours). 

IX. Massif du Mont-Dore, chaîne des Pays et 
Limagne, sous la conduite de M. Michel-Lévy. — Étude 
des volcans à cratères des environs de Clermont ; soubas- 
sement granitique avec enclave de schistes et quartzites 
métamorphiques ; phénomènes endomorphes subis parle 
granité d'Aydat. Succession des éruptions du Mont-Dore. 
Étude des environs d'Issoire et de Périèr; pépérites, 
basaltes et phonoliles de la Limagne (10 jours). 

X. Charentes, sous la conduite de M. Glangeaud. — 
Terrain jurrassique des Charentes et ses divers faciès, à 
Céphalopodes, à oolites et à récifs coralliens. Terrain 
crétacé des falaises des Charentes et leurs faunes de 
rudistes (8 jours) . 

XI. Bassins de Bordeaux, sous la conduite de 
M. Fallot. — Succession des couches du Lutétien au 
Miocène; principaux gisements fossilifères. Roque-de-Tau 
et Blaye, Sainte-Croix-du-mont et Bazadais, Faluns de 
Léognan, vallée de Saucats, Salles (6 jours). 

XII. Bassins tertiaires du Rhône, terrains secon- 
daires et tertiaires des Basses-Alpes, sous la conduite 
de MM. Depéret et Mal g. — Bresse méridionale (Pliocène); 
Bas-Dauphiné (Miocène supérieur) ; bassin de Bollène 
(Pliocène, Miocène, Eocène) ; bassin pliocène de Théziers, 
bassin ogliocène d'Apt (Gargas) ; bassin oligocène et mio- 
cène de Manosque et de Forcalquier (8 jours). 

Série jurassique fossilifère des environs de Digne, 
mollasse rouge et Miocène marin de Tanaron, dislocations 
à la limite de la zone du Gapençais et du Diois (4 jours). 



— 301 — 

XIII. Alpes du Dauphiné et mont Blanc, sous la 
conduite de MM. Marcel Bertrand et Kilian. — Grenoble; 
chaînes subalpines (Vercors, rÉchaillon, Aizy). Chaîne de 
Belledonne : la Grave. Zone intraalpine (grand Galibier). 
Albertville ; plis couchés du mont Joly et extrémité de la 
chaîne du mont Blanc (10 jours). 

XIV. Massif da Pelvoux (Hautes-Alpe<i), sous la 
conduite de M. Termier. — Du Bourg d'Oisans à Vénosc, 
Saint-Christophe, La Bérarde, Ailefroide, Vallouise, Monè- 
tier, le Lautaret, la Grave et le Freney. 

Schistes métamorphiques et gneiss; massifs granitiques 
avec syénites, diabases et lamprophyres ; Mouiller avec 
éruptions d'orthophyres ; Trias et Lias avec éruptions de 
mélaphyres (spilites) ; Jurassique supérieur; Nummuli- 
tique et Flysch. Nombreux problèmes tectoniques (10 à 
12 jours). 

XV. Mont Ventoux et montagne de Lure, sous la 
conduite de MM. Kilian, Leenhardt, Lory, Paquier. — 
Orange; mont Ventoux (Urgonien). Montagne de Lu-re 
(horizons du Barrémien). Sisteron ; terrasses fluvio-gla- 
ciaires. Devoluy et Diois ; transgressions et discordance 
du Crétacé supérieur, de TÉocène et de l'Oligocène. 
Cobonne (M. Sayn) (10 jours). 

XVI. Basse-Provence, sous la conduite de MM. Marcel 
Bertrand. Vasseur et Zûrcher. — Toulon et le Beausset; 
série fossilifère, nappe de recouvrement. Marseille ; gise- 
ments de la Bedoule et des Martigues ; bassin de Fuveau 
(Crétacé lacustre). Nappe générale de recouvrement 
(10 jours). 

XVII. Massif de la Montagne-Noire, sous la conduite 
de M. Bergeron. — Saint-Pons, Saint-Chinian ; Paléo- 
zoïque fossilifère et métamorphisé ; Jurassique inférieur 
fossilifère; plis en éventail, écailles (8 jours). 



— 302 — 

XVIII. Pyrénées (roches cristallines), sous la con- 
duite de M. Lacroix. — La Iherzolite de Tétang de Lherz. 
Ophites de la Haute-Ariège. Granité et phénomènes de 
contact de la haute vallée de TAriège : Quérigut (10 jours). 

XIX. Pyrénées (terrains sédimentaires), sous la 
conduite de M. Garez. — Succession et tectonique des 
formations éocènes, crétacées et jurassiques des Gorbières, 
de Foix et des Petites-Pyrénées de la Haute-Garonne; 
nombreux gites fossilifères. Série nummulitique et 
crétacée de Lourdes, Glaciaire, roches éruptives crétacées. 
Cirque de Gavarnerie, Dévonien fossilifère et Houiller, 
Crétacésupérieur et Nummulitique. L'excursionà Gavarnie 
pourrait être remplacée par une course dans le Trias, le 
Crétacé supérieuretleNummulitiquede Biarritz (10 jours). 

Un livret-guide sommaire, écrit par tes directeurs des 
diverses excursions, sera mis en vente au commencement 
de 1900 

Au nom du Comité général d'organisation : 

Albert GAUDRY, membre de Tlnstitut, président. 
Chales BARROIS, secrétaire général. 



— 303 - 



TABLE DES MATIERES 

Terrains ^ruptif et Métamorphique 

Sur le gisement des roches cristallines anciennes du 

* 

massif de Paimpol, par M. Ch. Barrois, 22, 265. 

Terrains Primaires 

Des marbres, particulièrement des marbres du Nord 
et de Belgique par M. Gosselet, 49. — Excursion du 
19 Mai 1898 au Caillou-qui-Bique, 45. — Sur la termi- 
naison occidentale du massif ardoisier de Fumay, par 
MM. Gosselet et Malaise, 59. — Notes sur la Carte 
Géologique des Planchettes de Gedinne et Willerzies, 
par M. Gosselet, 107. — Élude préliminaire des récents 
sondage faits dans le Nord delà France pour la recherche 
du Bassin houiller, par M. Gosselet, 139. — Découverte de 
la Faune silurienne de Wenlock à Liévin, par M. Ch. 
Barrois, 178. — Nouvelles observations sur les Faunes 
siluriennes des environs de Barcelone (Espagne), par 
M. Ch. Barrois, 180. — L'extension du silurien supérieur 
dans le Pas-de-Calais, par M. Ch. Barrois, 212. — Des 
relations des mers dévoniennes de Bretagne avec celles 
des Ardennes, par M. Ch. Barrçis, 231. — Les Goniatites 
du ravin de Coularie, par M. Ch. Barrois, 260. 

Terrain Houiller 

Production houillère du Pas de-Calais et du Nord en 
1897 et 1898. 

Terrain Jurassique 

Contribution à TÉtude du Jurassique du Bas-Boulonnais, 
par M. H. Parent, 65. 



- 304 — 

Terrain Grétacique 

Phosphate de chaux d'Haravesnes, par M. Gosselet, 16. 

— Sur les Hexactinellides de la craie de Lezennes, par 
Ch. Barrois, 31. — Compte-rendu de l'Excursion Géolo- 
gique du 1er Mai 1898 à Crévecœur et Cambrai, par 
M. Lagaisse, 42. — Escursion Géologique du 24 Juillet 
1898 à Saint-Symphorien, Spiennes et Hamiignies, par 
MM. Cornet et Rutot, 189. 

Terrains Tertiaires 

Risette, par M. Gosselet, 2. — Excursion au Hamel, 13. 

— Géologie de la Forêt de Saint Gobain, par M. Leriche, 33. 

— Excursion Géologique du 3 Juillet 1898, à Réthune, 138. 

Terrain Holocène ou Récent 

Alluvions de la Scarpe, par M. Gosselet, 2. — Alluvion 
crayeuse des rives de l'Oise (Senercy), par M. Rabelle, 11. 

— Coupe des terrains quaternaire et récent au Parvis 
Saint-Maurice, par M. Gosselet, o8. — Excursion du 
16 Octobre 1898, dans la vallée de THogneau, 196. 

Hydrographie et Météorologie 

Hydrographie des environs de Laon, par M. Gosselet, 2. 

— La Météorologie endogène et le grisou, par M. Van den 
Rroeck, 150. — Les balancements polaires, par M. J. 
Péroche, 183. — De Talimentation en Eau des villes et des 
industries du Nord de la France, par M. Gosselet, 272. 

Géographie Physique et Géologique 

Géologie de la Forêt de Saint-Gobain par M. Leriche, 
33. — Cours de géographie physique du Nord delà France 
et de la Relgique : Cambrésis et Vermandois par M. J. 
Gosselet, 197. — Géologie de Java par M. Ardaillon, 267. 



- 308 - 

Sondages 

Sondage au tissage de l'Union, rue de Tourcoing, à 
Roubaix, par M. Videlaine, 29. — Sondages faits dans le 
Nord de la France pour la recherche du bassin houiller 
par M. Gosselet, 139. — Forage chez M. Hannart à Croix, 
par M. Gosselet, 188. — Sondages faits à Bailleul, par 
M. Gosselet, 226. 

Excursions 

Compte rendu de TExcursion géologique du l^r mai 1898 
à Crèvecœur et Cambrai par M, Lagaisse, 42. — Excursion 
du 19 mai 1898 au Caillou-qui Bique p. 43. — Séance et 
excursion géologique du 3 Juillet 1898 à Béthune, 138. 
— Excursion du 24 Juillet 1898, à Saint-Symphorien, 
Spiennes et Harmignies par MM. Cornet et Rutot. 189. — 
Excursion du 16 Octobre 1898 dans la vallée de THogueau, 
196. 



TABLE DES AUTEURS 

Ardaillou. — Géologie de Java, 267. 

Ch. Baprois. — Carte Géologique feuille de Belle-lsle. 
1. — Siir le gisement des roches cristallines anciennes 
du massif de Paimpol, 22, 62, 65. — LesHexactinellides 
de la craie de Lezennes, 31. — Découverte de la faune 
silurienne de Wenlock à Liévin, 178. — Nouvelles 
observations sur les faunes siluriennes des environs de 
Barcelone (Espagne). 180, — L'extension du silurien 
supérieur dans le Pas-de-Calais, 212. — Des relations des 
mers dévoniennes de Bretagne avec celles des Ardennes, 
231. — Les goniatites du Ravin de Coularié, 260. 



— 306 — 

Cornet et Rutot. — Excursion géologique du 24 Juil- 
let 1898 à Saint-Symphorien, Spiennes et Harmignies, 
189. 

Gaillot. — Carte des environs de Laon. 226. 

J. Gosselct. — Alluvions de la Scarpe, 2. — Bisette. 
2. — Hydrographie des environs de Laon, 2. — Phosphate 
de chaux d*Haravesnes, 16. — Coupe des terrains qua- 
ternaire et récent du parvis Saint-Maurice, 58. — 
Notes sur la Carte Géologique des Planchettes de 
Gedinne et Willerzies, 107. — Étude préliminaire des 
récents sondages faits dans le nord de la France pour la 
recherche du Bassin houiller, 139. — Cours de géogra- 
phie physique du Nord de la France et de la Belgique • 
Cambrésis et Vermandois 197. — - Sondages de Bailleul, 
226. — DeTalimentationeneaudes villeset des industries 
du Nord de la France, 272. 

J. Gossiclct et Malaise. — Sur la terminaison occi- 
dentale du massif ardoisier, 59. 

Lagaisse. — Compte-rendu de TExcursion géologique 
du l®»* mai 1898 à Crèvecœur et Cambrai, 42. 

Lericlie. — Géologie de la Forêt de Saint-Gobain, 33. 

Parent. — Contribution à TEtude du Jurassique du Bas 
Boulonnais, 65. 

Péroehe. — Les balancements polaires, 183. 

Rabelle. — Alluvion crayeuse des rives de l'Oise 
(Senercy), 11. 

Rutot, voir Cornet. 

Van den Broeck. — La Matéorologie endogène et le 
grisou, 150. 

Errata. — Page 209 ligne 27, au lieu de: la Somme a sa 
source. Elle sort de la craie, lises : la Somme sort de la craie, etc. 






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