Aunarzs DES SUENCES NATURELLES:.
£ ,sortoete ET PRALEONTOLOGIE,
Gser. v.10 — 1899 /ga
ANNALES
SCIENCES NATURELLES
PALÉONTOLOGIE
COMPRENANT
L’ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE, LA CLASSIFICATION
ET L'HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX
|
ZOOLOGIE
PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE
MM. H. er ALPH. MILNE EDWARDS
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PARIS
G. MASSON, ÉDITEUR
LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE DE PARIS
Boulevard Saint-Germain et rue de l’Éperon
EN FACE DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE
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ANNALES
DES
SCIENCES NATURELLES
SIXIÈME SÉRIE
LOOLOGIE
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ZOOLOGIE
PALÉONTOLOGIE
COMPRENANT
L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE, LA CLASSIFICATION
ET L’HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX
PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE
MM. H. ET ALPH. MILNE ED WARDS
TOME x.
PARIS
G. MASSON, ÉDITEUR
LIBRAIRE DE L'ACADEMIE DE MÉDECINE DE PARIS
Boulevard Saint-Germain et rue de lÉperon
En face de l’École de médecine.
1879-80.
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RECHERCHES ZOOLOGIQUES ET HISTOLOGIQUES
SUR
LES ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE
Par Etienne JOURDAN,
Docteur en médecine.
INTRODUCTION.
Ces recherches ont été faites au laboratoire de Zoologie de
la Faculté des sciences de Marseille, dirigé par notre excel-
ent maître, M. le professeur Marion.
Les moyens d'étude que ce laboratoire possède nous ont
permis d'entreprendre les observations dont nous allons
exposer les résultats.
Notre travail se divise de Jui-même en trois parties.
Après quelques mots sur les études de nos prédécesseurs et
sur la distribution des Actinies de nos côtes, nous étudierons,
dans un premier chapitre, la zoologie descriptive et systéma-
tique de nos principaux Zoanthaires malacodermés et scléro-
dermés.
Les espèces que nous citons donneront sans doute une
idée suffisante de la faune des Zoanthaires de nos régions :
nous regrettons vivement que le temps ne nous laisse pas pour-
suivre ces recherches pendant plusieurs années, la liste serait
peut-être plus complète ; mais on nous permettra de ne pas la
considérer comme close.
Dans la deuxième partie de notre travail, nous étudierons
aussi attentivement que possible, et avec les moyens que la
technique histologique met aujourd’hui à la disposition des na-
turalistes, les tissus des genres remarquables par quelques par-
ticularités anatomiques.
Nous réunirons dans une troisième partie le résultat de
nos recherches embryogéniques. Nous aurions voulu observer
toutes les phases du développement, mais on sait avec quelle
ANN. SC. NAT., ZOOL., JUILLET 1879-80. X. À. — ART. N° {.
2 E. JOURMPAN.
facilité les premiers phénomènes dela segmentation des Cœlen-
térés échappent aux observateurs.
Nous nous proposons de reprendre plus tard ces études em-
bryogéniques, et nous nous efforcerons de les compléter.
Nous terminerons enfin ce premier mémoire en résumant le
résultat de nos observations et en indiquant les particularités
histologiques les plus importantes.
Nous nous sommes attaché, dans nos dessins histologiques,
à reproduire aussi exactement que possible, à l’aide de la
chambre claire, les éléments que nous observions.
L’exécution de nos deux premières planches est due à notre
excellent ami M. Penot, qui a su reproduire avec talent et
vérité les caractères des espèces qui nous ont paru les plus
intéressantes. Nous ne pouvons aussi oublier l’empressement
avec lequel notre excellent ami M. Riesteh s’est mis à notre
disposition pour nous faire connaître les travaux des natura-
listes allemands; nous le remercions vivement de son précieux
concours.
HISTORIQUE.
Nous ne pourrions présenter une analyse complète de tous
les travaux auxquels ont donné lieu les Zoanthaires, sans nous
exposer à des longueurs inutiles. Nous ne ferons que citer les
mémoires des anciens naturalistes, pour insister davantage
sur les recherches des auteurs récents.
Des deux ordres qui constituent la classe des Coralliaires,
Jun, celui des Alcyonaires, a été l’objet de longues hésita-
tions, la véritable nature de ces êtres ayant été méconnue
jusqu’à une époque relativement récente; tandis que l’autre,
celui des Zoanthaires, était rangé dès la plus haute antiquité
dans le Règne animal.
Aristote a mentionné les Zoanthaires parmi ses Axankoot.
Rondelet s’en est occupé et les a distingués des Méduses, à côté
desquelles il les a placés. Plus tard Réaumur (1) et d’autres
(4) Rétumur, Mémoires de l'Académie royale des sciences, 1710, p. 466-
ARTICLE N° 4.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE, 3
naturalistes les ont observés et en ont décrit plusieurs espèces.
Enfin, Dicquemare s’est livré sur ces animaux, qu’il a nommés
Anémones de mer, à des observations intéressantes encore de
nOS JOUrS.
Mais tous ces naturalistes ont laissé de côté anatomie des
êtres qu’ils étudiaient. Spix (1), en 4809, est Le premier qui ait
essayé de pénétrer leur structure : il crut reconnaitre chez les
Actinies un véritable système nerveux formé par des gan-
olions et des plexus; ces organes n’ont été retrouvés par per-
sonne, et 1lest permis de mettre fortement en doute les opi-
mions de cet auteur.
Delle Chiaje (2), dans ses mémoires sur les Invertébrés du
golfe de Naples, décrit sept espèces du genre Actinia; il figure
de plus, sous le nom d’Actinia elongata, un Zoanthaire dont
il nous a été impossible de trouver la description dans le texte
de son ouvrage, et qui parait être identique avec un Phellia
commun sur nos côtes, et que nous décrirons plus loin sous
le nom de Phellia elongata.
Les observations anatomiques de l’auteur ont peu d’impor-
tance. Delle Chiaje distingue, dans les parois du corps, un
premier plan, qu'il compare à une couche tégumentaire, et un
second plan fibreux, formé d'éléments entrecroisés dans toutes
les directions. Il attribue à la bouche un muscle circulaire
particulier qui permettrait à l'animal de faire précéder la
digestion d’une sorte de mastication.
Le naturaliste napolitain a observé les cloisons, mais il n’a
remarqué ni leur importance, ni l’ordre de leur distribution.
Il parle des organes de ia génération et semble avoir vu les
spermatozoïdes. Il se livre enfin à des considérations quelque-
fois puériles sur les mœurs des Actinies, leur atiribuant par
exemple la propriété de prédire le temps.
En 1896, Risso (3), dans son Histoire naturelle, classe les
(1) Spix, Annales du Museum, 1809, 1. XIE, p. 460,
(2) Delle Chiaje, Memor. sulla storia e notomia degli Animali senze ver
tebre del regno di Napoli. Naples, 1823-29.
(3) Risso, Histoire naturelle des principales productions de l'Europe meri-
dionale, 1826.
4 E. JOURMDAN.
Actinies dans sa famille des Fistulides, qu'il place dans l’ordre
des Échinodermes, parmi les Radiaires. Il en distingue qua-
torze espèces appartenant aux genres Actinia et Anemonia. Il
ne donne d’ailleurs aucun détail anatomique, et ses descrip-
tions, quoique meilleures que celles de Delle Chiaje, sont le
plus souvent incomplètes.
Dugès (1), de Montpellier, décrivit en 1836, sous le nom
d’Actinia parasitica, une Actinie qu’il considéra comme nou-
velle, et qui n’est autre que l’Actinia carciniopados de Delle
Chiaje.
En 1849, M. de Quatrefages (2) publia dans les Annales un
mémoire important sur le nouveau genre Edwardsia des côtes
de l'Océan. Le travail de l’éminent naturaliste est surtout re-
marquable en ce qu'il ne consiste pas uniquement en une des-
cription des espèces nouvelles, et qu'il contient une étude
soignée de leurs particularités anatomiques. Le savant profes-
seur du Muséum décrit d’abord les espèces qu’il vient de
découvrir leurs mœurs et la forme générale de leur corps. Il
examine ensuite successivement les téguments, l’appareil di-
cestif, l’appareil respiratoire, les organes de la reproduction.
Les téguments se composent de deux couches, ne pouvant être
isolées que dans la partie moyenne du corps; dans les autres
régions où ces téguments sont transparents, 1ls paraissent for-
més d’un seul plan. Dans la région moyenne du corps des
Edwardsies, l’épiderme est rugueux, comparable à l'écorce
d’un arbre; le derme sous-jacent est fibreux, et l’auteur y
place les capsules urticantes. Au-dessous de cette couche tégu-
mentaire, le tronc présente une zone de fibres musculaires
transversales, une autre assise de fibres musculaires longitu-
dinales très nettes, puis enfin un épithélium interne formé par
le repli d’une couche cellulaire jouant le rôle d’un péritoine.
Une cavité oblongue, entourée d’une forte masse musculaire,
précède un espace plus grand, que l’auteur considère comme
un intestin ; les cloisons y sont au nombre de huit.
(1) Dugès, Annales des sciences nalurelles, 2° sér., 1836, t. VI, p. 97.
(2) De Quatrefages, Ann. des sciences natur.. 2° sér., 1842, t. XVIII, p. 65.
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. )
Les ovaires des Edwardsies se présentent sous la forme de
cordons attachés le long des cloisons intestinales. M. de Qua-
trefages n'a pu observer d'individus mâles : 1l suppose que les
Actinies sont hermaphrodites, et considère les capsules qui
garnissent les filaments des cloisons comme des corps féconda-
teurs. Dans la troisième partie de son mémoire, le même au-
teur recherche la place que les Edwardsies doivent occuper
dans les classifications zoologiques. L’émiment professeur pense
que ces êtres ont des rapports intimes avec les Alcyonaires,
qu'ils présentent des caractères communs avec les Holothuries,
et conclut enfin que leur véritable place est parmi les Acti-
niaires.
Contarini (1) fit paraitre en 1844 une monographie des
Actinies de l’Adriatique. Ge travail comprend deux parties :
la première se rapportant à l’anatomie des Actinies, l’autre à
la description des espèces observées. Nous lisons dans cette
monographie une description de l'aspect extérieur des Acti-
nies et des diverses parties qui les constituent. Contarini In-
siste sur les fonctions du pied, sur La forme du corps et sur les
changements que les Actinies peuvent présenter, mais il ne
pénètre pas leur structure intime. Il ne distingue même pas
une couche tégumentaire et une couche fibreuse, et croit que
les parois du corps sont parcourues par de nombreux canaux.
À propos de l’œsophage, Gontarint déclare, avec raison, qu’il
ne peut se ranger à l'opinion de Delle Chiaje. I admet un mode
de reproduction asexuel et un autre sexuel, mais il distingue
difficilement les individus mâles des femelles. [1 croit à la pré-
sence d’un appareil circulatoire distinct, et pense que les ten-
tacules, qu'il compare à des branchies, ont des fonctions spé-
clalement respiratoires. La seconde partie de son travail est
précédée de l’exposé des classifications admises jusqu’à Fur. I
décrit enfin lestreize espèces qu’il a observées et dont plusieurs
doivent être réunies dans le même groupe.
En résumé, le traité de Contarini est un exposé complet des
(4) Contarini, Trattato dell’ Atlinie, 1844.
6 H. JOURHDAN.
mémoires publiés jusqu’à son époque; il contient peu de ré-
sultats nouveaux, et présente surtout un intérêt bibliogra-
phique.
La monographie du genre Actinia de Hollard (1) est un
travail bien différent des précédents; il suffit de lire le « coup
d'œil général sur la forme et l’organisation des Actinies », pour
voir que l’auteur a bien compris la structure de ces animaux.
I décrit successivement le pied, la colonne, les tentacules,
l'œsophage formé par une sorte de renversement des parois du
corps, les cloisons et l’ordre de leur disposition. Dans les parois
du corps, Hollard décrit deux couches. L'une constitue la peau
ou système tégumentare, etcomprend, d’après l’auteur, quatre
strates : épithélium, corps pigmental et fonds d'éléments gra-
nulo-cellulaires. L'autre couche correspond à un système loco-
moteur, qui est considéré par Hollard comme formé d'un plan
de fibres circulaires externes et d’un plan de fibres longitudi-
nales internes. Les tentacules ont une structure semblable à
ceile des parois du corps : ils sont munis d’un pore terminal.
Hollard étudie les bourses chromatophores et signale le grand
nombre de nématocystes qui les garmissent; 1 pense que ces
bourses ont des fonctions sensitives, mais il ne les considère
pas cependant comme des yeux composés. Il étudie ensuite la
disposition des cloisons et leurs rapports avec les tentacules.
il remarque que deux cloisons voisines se regardent toujours
par leurs faces homologues ; il en distmgue de plusieurs ordres,
les plus anciennes atteignant seules l’axe du corps. Il considère
les filaments mésentériques comme des cæcums hépatiques.
En 1854, Haime (2) publia un mémoire important sur un
type faisant partie des Zoanthaires malacodermés, le Cérianthe.
Get animal n’était encore connu que par quelques deserip-
tions incomplètes de Spallanzani, de Delle Chiaje, de Rapp et
d'Edwards Forbes. Le travail de J. Haime constitue, pour l’épo-
(4) Hollard, Monographie anatomique du genre AcriNiA (Ann. sc. nat.,
3e sér., 1851, t. XV).
(2) 3. Haime, Mémoire sur le Cérianthe (Ann. sc. nat., Le sér., 1854, t. I,
p. 241).
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. vi
que, une monographie des plus remarquables. Dans la pre-
mière partie de son mémoire, ce zoologiste éminent démontre
que toutes les espèces du genre Cérianthe mentionnées par
Pelle Chiaje appartiennent réellement à une seule et même
forme. Il décrit l'aspect général, les variations de couleur que
ce Cœlentéré peut présenter, son mode d’existence, les lieux
qu'ilhabite de préférence, la manière dont ilse sert de ses longs
tentacules pour saisir sa proie ; il remarque que le Cérianthe est
sensible à l’action des rayons solaires, ne s’étalant jamais en
pleine lumière. Ces observations sont très justes. J. Haime
étudie ensuite les diverses parties du corps du Cérianthe, Les
résultats de ses travaux concordent ici beaucoup moins avec
nos propres recherches, À l’aide de Ia macération, il distingue,
dans les téguments du corps, plusieurs plans superposés ; il com-
pare cette structure à celle des Actinies, et remarque avec raison
que les différentes couches décrites par Hollard sont quel-
quelois fort peu distinctes. L'auteur avoue que ses observations
histologiques sont bien incomplètes, mais il pense qu’elles
suffisent pour démontrer que les téguments du Cérianthe ont
une structure au moins aussi complexe que celle des Actinies.
Dans la tunique musculaire, Haime a vu des fibres muscu-
laires circulaires externes, et d’autres longitudinales internes.
Les observations de Rapp, qui mentionne surtout des fibres
longitudinales, sont plus justes. J. Haime classe les tentacules
en deux cycles distincts. Il cherche à appliquer au Cérianthe
les lois formulées par Hollard et M. Milne Edwards, et conclut
de ses observations que le Gérianthe, n'ayant primitivement
que quatre tentacules, fait exception à cette règle et se rap-
proche des Goralliaires fossiles désignés par M. Milne Edwards
et par lui-même sous le nom de Zoanthaires rugueux. L'appareil
sexuel est exactement décrit : l’auteur reconnait l’hermaphro-
ditisme complet du Cérianthe, pense que la fécondation doit
se faire dans les lames génitales elles-mêmes, et que par la
rupture de la faible cloison qui sépare une capsule spermato-
oène d’une capsule ovigène, les éléments de la reproduction
sont mis en contact, Dans son dernier chapitre, Haime insiste
8 E. JOURDANX.
justement sur les caractères qui séparent le Cérianthe des
autres Actiniaires.
M. Milne Edwards et Haime (1), en 1857, modifièrent les idées
adoptées jusqu’à cette époque, et établirent que la classe des
Coralliaires forme une subdivision naturelle des Gœlentérés de
Frey et Leuckart. La classification adoptée par les auteurs
français nous semble la meilleure qu’on puisse suivre. Leur
ouvrage, qui est entre les mains de tous les naturalistes, est trop
important pour que nous ayons la prétention d'en donner
une analyse ; il est encore, à notre avis, le meilleur guide pour
l'étude des Coralliaires.
L'ouvrage de Gosse (2), publié en 1860, est surtout ‘remarc
quable par ses figures et par les descriptions détaillées qu’il
donne des espèces, qui constituent une sorte de monogra-
phie purement zoologique des Actinies des mers de l’Angle-
terre. [Il est précédé d’une introduction anatomique, où l’au-
teur résume les travaux de ses prédécesseurs. Il croit à la pré-
sence de deux couches de fibres musculaires dans les parois du
corps, fait remarquer la vive sensibilité desActinies, et constate
que personne n’a encore trouvé d'éléments qu'on puisse con-
sidérer comme nerveux. Il insiste surtout sur les capsules urti-
cantes, dont il décrit la structure avec beaucoup de soin; il
pense qu'elles sécrètent un liquide venimeux. Après l’explica-
tion des termes employés pour désigner les diverses parties
du corps des Actinies, Gosse aborde la partie systématique de
son œuvre. Îl groupe les Zoanthaires malacodermés en six fa-
milles. Les nombreuses chromolithographies qui accompa-
gnent ce travail remarquable facilitent la diagnose des espèces.
Verrill (3) publia en 1868 une revue des Polypes des côtes
des États-Unis, dans laquelle il propose la création du genre
Calliactis, adopté depuis par Kluzinger (4) pour une forme de
(1) M. Milne Edwards etJ. Haime, Histoire des Coralliaires (Suites à Buffon,
1857.) :
(2) Gosse, À History of the British sea Anemones and Corals, 1860.
(3) Verrill, Notes on RApraTA (Review of the Corals ana Polyps of the West
coast of America).
(4) Kluzinger, Die Korallthiere des Rothen Meeres, 1871.
ARTICLE N° i.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 9
la mer Rouge, que nous considérons comme très voisine d’une
espèce de nos côtes connue depuis bien longtemps.
Fischer (1), dans un travail entrepris surtout à un point de
vue zoologique, décrit une trentaine d'espèces provenant des
côtes océaniques de France et dont quelques-unes sont nou-
velles.
Les travaux de Vernill, Gosse, Kluzinger, Fischer, visent
uniquement des questions systématiques. Cependant l’histolo-
oie des Gœlentérés commençait à préoccuper les anatomistes.
Külliker (2), en 1865, fait remarquer que les Zoanthaires pré-
sentent des particularités intéressantes. Les Zounthus viridis
et Solanderi ont surtout attiré son attention. Par leur struc-
ture, ils différent des autres Zoanthaires ct se rapprochent
des Alcyonaires. Les parois du corps possèdent une couche
mésodermique, sur laquelle Kôlliker s’arrète de préférence.
Elle a une structure fibreuse avec de nombreux noyaux, et pré-
sente cette particularité remarquable d’être parcourue par des
vaisseaux que l’on considérait autrefois comme propres aux
Alcyonaires. Au-dessous du mésoderme, Külliker décrit une
couche de fibres musculaires circulaires, munies de noyaux.
La zone ectodermique est dépourvue d'éléments glandulaires.
Le savant histologiste, n'ayant pu étudier que des animaux
conservés dans l’alcool, insiste peu sur les éléments qui com-
posent les couches cellulaires. Les Palythoa ont une structure
peu différente de celle des Zounthus, mais Kôlliker n’a pu les
étudier à cause des grains de sable qui recouvrent leur
colonne.
Les recherches de Schneider et Rotteken (3) nous sont con-
nues par une analyse des auteurs eux-mêmes. Ce travail com-
prend deux parties. Dans la première, ces naturalistes exa-
minent les lois qui régissent la disposition des cloisons et de
leurs faisceaux fibro-musculaires chez les Hexactinies. Les faits
(1) P. Fischer, Recherches sur les Actinies des côtes océaniques de France.
(2) Kôlliker, Icones histologicæ, 2 Abth., 1865.
(3) Schneider et Rotteken, Untersuchungen über den Bau der Actinien und
Corallen, 1871.
10 H. JOUREPAN.
qu'ils exposent, diffèrent peu de ceux publiés par Hollard,
M. Milne Edwards et Haime, et les lois qu’ils proposent sur le
développement des Polypiers sont analogues à celles qui ont été
posées par ces naturalistes. Rotteken, dans la deuxième partie
de ce mémoire, s’occupe spécialement des bourses chromato-
phores de l’Actinia equina, il les considère comme des yeux
composés. L'erreur du naturaliste allemand a été relevée de-
puis par Korotnelf; cependant, à cause de la gravité des opi-
nions émises par Schneider et Rotteken, nous analyserons la
description histologique de ces prétendus yeux composés. Ils
les comparent à une rétine, et décriventles couches suivantes ;
4° une couche cuticulaire, qui, par de nombreux pores, se
divise en bâtonnets ; ® une couche de sphères et de granula-
tions fortement réfringentes, qu'on peut considérer comme des
lentilles; 3° une zone de cône consistant en cylindres ou
prismes creux fortement réfringents, striés transversalement et
arrondis à leur extrémité; 4° une couche de fibres avec noyaux
emplissant des espaces entre Les cônes; 5° une couche se colo-
rant fortement par le carmin, contenant de nombreuses fibres
très fines et des cellules fusiformes; 6° une couche muscu-
laire; 7° lPendothélium. Les auteurs ajoutent que des éléments
semblables existent dans les tentacules de l’Anthea Cereus et
d’autres Actinies.
Schneider et Rotteken terminent leurs recherches par l'étude
de la couche mésodermique des parois du corps, couche qu’ils
considèrent comme fibreuse. Ils ont vu également les fibres
musculaires circulaires et les fibres longitudinales des cloisons.
Le professeur H. de Lacaze-Duthiers publia en 1872 (1)
deux mémoires très intéressants sur le développement des
Coralliaires ; l’éminent professeur de la Sorbonne modifia les
idées qu’on avait jusqu’à cette époque sur le mode d’appari-
tion des cloisons et des tentacules : l'importance de ces recher-
ches nous engage à les analyser spécialement dans le chapitre
où nous exposerons nos observations embryogéniques.
(4) H. de Lacaze-Duthiers, Développement des Coralliaires (Archives de
zoologie expérimentale et générale, vol. I et Il, 1872 et 1873).
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 14
Dans une note adressée en 1874 à la Royal Society, Martin
Duncan (1) adopte les idées de Rotteken sur les bourses chro-
matophores; il décrit, de plus, un plexus nerveux sous-endo-
thélial, dont les cellules fusiformes et les fibres, semblables,
d’après l’auteur, à celles du grand sympathique, pourraient bien
n'être que des éléments musculaires.
Korotnelf (2) a également étudié à Roscoff en 1876, dans le
laboratoire de M. le professeur Lacaze-Duthiers, les bourses
chromatophores de l’Actinia equina. U ne peut partager lopi-
mon de Schneider et Rotteken et de Martin Duncan. Le natura-
liste russe établit que les baguettes et les lentilles de ces auteurs
correspondent aux eridocils, que les corps cylindriques sont
de véritables nématocystes, et que les longs éléments fusiformes
de l’ectoderme sont analogues aux éléments sensitifs des ten-
tacules de la Lucernaire.
Les recherches du même naturaliste (3) sur l'Hydre et la
Lucernaire s'adressent à des types voisins de ceux que nous
étudions, et l'ont conduit à des résultats analogues. Korotneff
examine d’abord les opinions de Kleinenberg (4) sur les élé-
ments neuro-musculaires, [l a suivi exactement les imdicalions
techniques de l’auteur allemand, et les résultats obtenus sont
cependant différents, Il croit que la partie basilaire contrac-
ile de la cellule n’est pas, ainsi que l’a figuré l’histologiste
allemand, un simple prolongement protoplasmatique, mais une
fibrille plus fortement réfringente, quelquefois extérieure à la
cellule. I fait remarquer que F, Etlh. Schulze et Kôlliker sont
de cet avis.
L’ectoderme des tentacules de la Lucernaire est garni de né-
matocystes ; il renferme de plus des éléments sensitifs de forme
fibrillaire, munis d’un ou de plusieurs renflements protoplas-
(1) Martin Duncan, On the Nervous System of Actinia (Annals and Magazine
of Natural History, p. 13, n° 75, fourth Series).
(2) Korotneff, Organes des sens des Actinies (Archives de zoologie experi-
mentale et générale, 1876, t. V, n°2).
(3) Korotnelf, Histologie de l’'Hydre et de la Lucernaire (Archives de zoologie
expérimentale et generale, 1876, t. V, n° 3).
(4) Kleinenberg, Hydra.
12 E. JOURDAN.
matiques, et terminés à leur extrémité libre par des prolonge-
ments de même nature (cnidocils), que Schulze considère
comme des organes du tact. Korotneff pense que ces éléments
constituent des organes des sens, sans qu’on puisse cependant
déterminer plus exactement leurs fonctions spéciales.
Les Lucernaires ont les sexes séparés, et Korotneff dit que
les éléments mâles et femelles naissent aux dépens de cellules
situées à la base de l’ectoderme ou de l’endoderme, et qui ne
peuvent être considérées que comme mésodermiques. [l en con-
clut que les zoospermes et les ovules naissent dans le méso-
derme. D'ailleurs cette opinion sur l’origine de deux sortes
d'éléments sexuels chez les Gœlentérés n’est pas isolé. F. Eilh.
Schulze a rencontré des faits semblables sur une Éponge cal-
caire, et des observations analogues ont été publiées sur les
Hydraires.
Les recherches de Heider (1) sur le Sagartia troglodytes se
rapprochent davantage de notre sujet. L'auteur résume d’a-
bord les dispositions anatomiques de cette Actinie en relevant
les erreurs de Gosse, de Schneider et Rotteken; il aborde en-
suite l'étude histologique, qui constitue la partie la plus im-
portante de son travail. Ilexamine successivement les tentacules,
le disque buccal, le tube œsophagien, la colonne, le disque
pédieux, les cloisons et les organes de la génération. L’ecto-
derme est formé d'éléments glandulaires en massue et de cel-
lules vibratiles. Heider n’a pas rencontré d'éléments nerveux
n1 de cellules neuro-musculaires; les coupes paraissent lui
avoir donné de meilleurs résultats que les dissociations. Il a vu
les éléments de la reproduction naître dans le tissu conjonctif
des cloisons, près du filament mésentérique ; 1l n’a observé
que les ovules, et pense que ce Sagartia est hermaphrodite.
Le travail de Heider présente une valeur incontestable, nous
aurons souvent l’occasion de le citer en exposant nos propres
recherches.
On nous permettra enfin de rappeler ici la note insérée aux
Comptes rendus de l'Institut, et dans laquelle nous indiquions
(4) Heider, Sagartia troglodytes.
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 13
en août dernier la signification etles résultats principaux de
l’étude que nous venions de terminer et qui est l’objet du pré-
sent mémoire (1).
Nous croyons devoir analyser encore quelques travaux qui,
quoique ne se rapportant pas directement à la structure des
Actiniaires, peuvent nous être d’une utilité réelle. En effet,
Claus (2) a trouvé chez une Méduse, lAwrelia aurita, des élé-
ments musculaires semblables à ceux que Kleimenberg décrit
comme neuro-musculares et que nous retrouverons chez les
Actinies. Le savant professeur de Vienne pense que la partie
protoplasmatique de ces éléments représente le reste de la cel-
lule ectodermique dans laquelle l'élément contractile a pris
naissance ; on ne saurait lui attribuer des fonctions sensitives.
Dans ses études sur Les Polypo-Méduses (3), Claus a rencontré
sur bien des points une organisation semblable à celle que
nous décrirons chez les Actinies. Dans l'Halistemma, 11 a vu le
mésoderme fibreux former des plis rayonnants entre lesquels
sont contenus les éléments musculaires longitudinaux ; les
dessins de ses coupes transversales ont complètement l'aspect
des coupes des faisceaux fibro-musculaires des cloisons des
Actinies. L’endoderme du Polype de l’Halistemma présente
également une structure semblable à celle de l’endoderme du
Cérianthe; les tentacules de la Carmarina rappellent égale-
ment, par la disposition des couches cellulaires et des fibres
contractiles, les coupes des tentacules des Actiniaires. Cette
concordance est assez remarquable pour être signalée.
Nous devons également attirer l'attention sur la monogra-
phie du système nerveux et des organes des sens des Méduses,
publiée par R. et O. EHertwig (4). Nous croyons devoir rap-
(1) E. Jourdan, Note sur les Zoanthaires (Comptes rendus de l'Institut,
25 août 1879).
(2) Claus, Studien über Polypen und Quallen der Adria, 1878.
(3) Claus, Untersuchungen über Charybdea marsupialis, über Halistemma
tergestinum, n. sp. nebst Bemerkungen über den feineren Bau der Physopho-
riden (Arbeiten aus dem zoologischen Institut der Universität zu Wien 1878).
(4) R. et O0. Hertwig, Das Nervensystem und die Sinnesorgane der Medusen.
Leipzig, 1878.
14 BE. JOURDAN.
peler ici la description qu'ils donnent du système nerveux,
regrettant de ne pouvoir faire une analyse complète de cet
ouvrage fondamental. Les éléments auxquels ces auteurs attri-
buent les fonctions nerveuses sont des cellules et des fibrilles
situées à la base de lectoderme, en rapport avec lextérieur
par des cellules sensitives quise distinguent des autres éléments
épithéliaux par un flageflum et par des prolongements basi-
laires quelquefois très nombreux. Les cellules nerveuses dési-
gnées par ces auteurs sous le nom de cellules ganglionnaires
sont rondes, munies d’un noyau distinct, aplaties du côté qui
est en rapport avec la couche fibreuse. Elles sont le plus sou-
vent bipolaires; leurs formes et leurs dimensions sont très
variables. Quelquefois elles sont multipolaires et portent alors
jusqu’à cinq prolongements. Les fibrilles nerveuses présentent
des dimensions très variables, qui dépendent de l'anneau ner-
veux qu'on examine. Elles sont le plus souvent très délicates
et se brisent facilement. La distribution des cellules nerveuses
diffère avec la région considérée. Dans l’ectoderme de l’om-
brelle des Méduses, elles se réunissent en anneaux distincts.
Dans leurs tentacules, elles sont disséminées et mêlées aux élé-
ments sensitifs et aux cellules musculaires. Les cellules épithé-
liales sensitives diffèrent quelquefois à peine des cellules
sanglhonnaires; elles ne s’en distinguent que par la présence
d'un cil.
Les éléments ganglionnaires de R. et 0. Hertwig corres-
pondent complètement aux cellules que nous considérons
comme nerveuses dans l’ectoderme des tentacules des Acti-
nies. Îl nous sera donc possible de généraliser dans ce mé-
moire les belles observations des naturalistes d’'Iéna, et nous
espérons que nos conclusions sur le système nerveux des Acti-
nies seront acceptées.
Dans le résumé général de leur mémoire, les deux Hertwig
critiquent la théorie neuro-musculaire de Kleinenberg. Ils par-
tagent l’opinion de Claus et de Schulze sur l’origine de la
fibrille. {ls comparent la fibrille située à la base de la cellule
au muscle pédonculure des Vorticelles. Ils fontremarquer avec
ARTICLE N° Î.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 15
raison que lirritabilité est une propriété générale du proto-
plasma, et que la présence d'éléments contractiles ne nécessite
pas celle d'éléments nerveux : aussi, dans l’état actuel de la
physiologie, doit-on admettre que les muscles de certains ani-
maux peuvent parfaitement se contracter sans l'intermédiaire
de nerfs. n'ya, disent R. et O0. Hertwig, niraison histologique,
n1 raison physiologique pour nous forcer à croire que, chez les
Hydroméduses, les éléments sensitifs, ganglionnaires, muscu-
laires et nerveux, qui sont séparés chez les animaux supérieurs,
soient réunis dans une seule cellule; aussi les histologistes al-
lemands ont-1ls remplacé le nom de cellule neuro-musculaire
par celui d'éléments épithélio-musculares. Nous avons éprouvé
une légitime satisfaction en trouvant dans ce mémoire une con-
firmation des idées que nous avions adoptées avant de connaitre
les arguments des naturalistes allemands auxquels nous avions
inconsciemment emprunté le terme même d'éléments épi-
thélio-musculaires pour désigner les cellules dont il est ici
question.
Ciamician (1) a également trouvé, dans les tentacules d’un
Hydraire, le Tubularia Mesembrianthemum, une disposition
dans les éléments musculaires, identique avec celle que nous
décrirons pour les tentacules du Cérianthe.
Nous arrètons iei cette rapide revue. Nous aurions pu citer
plusieurs autres mémoires, dont quelques-uns sont aujourd’hui
absolument classiques, nous avons cru pouvoir nous en dis-
penser. Les grands traités systématiques sont entre les mains
de tous les naturalistes et par leur importance échappent à
l'analyse. Nous retrouverons enfin au cours de ce travail Poc-
casion de mentionner certaines recherches embryogéniques
dont nous saurons profiter.
Nos recherches zoologiques et histologiques étaient achevées, et notre travail
allait tre livré à l’impression, lorsque nous avons trouvé dans le numéro 41
du Zoologischer Anzeiger (3 novembre 1879), l'indication de la nouvelle publi-
(1) V. Giamician, Ueber den feineren Bau und die Entwicklung von Tubu-
laria Mesembrianthemum (Zeitschrift für wissenschafliiche Zoologie,t. XXXHT,
1879).
16 HE. JOURDAN.
cation du D' Heider (Cerianthus membranaceus, ein Beitrag zur Anatomie der
Actinien). Il nous à été possible de prendre connaissance de cet important mé-
moire, dont nous avons voulu joindre à notre travail une courte analyse.
Après avoir rappelé l’histoire naturelle du Cérianthe, Heider expose la struc-
ture de ce Zoanthaire. Il étudie la disposition des tentacules, des cloisons, des
lames génitales. La description anatomique donnée par l’auteur diffère peu de
celle donnée par J. Haime. Le naturaliste allemand passe ensuite à l’examen
histologique. Après quelques mots sur les réactifs employés et sur les difficultés
qu'il a rencontrées, le D" Heïider décrit successivement les couches formant le
corps du Cérianthe. Les trois éléments que l’auteur a déjà décrits chez le
Sagartia troglodytes se retrouvent chez le Cérianthe : ce sont des capsules
urticantes, des cellules vibratiles et des cellules glandulaires. Les deux pre-
miers de ces éléments sont surtout nombreux dans les tentacules, ils deviennent
plus rares dans les parois du corps. Heider insiste sur la présence, à la base de
l’ectoderme, d'une zone homologue à Ja couche granuleuse des Actinies, qu'il
désigne sous le nom de 3one interbasale ; il pense qu’elle renferme des fibrilles
nerveuses mettant en communication la partie basilaire des cellules ectoder-
miques avec les couches contractiles du Mésoderme.
L’endoderme est formé, d’après lauteur, d’une couche unicellulaire sem-
blable à celle des Actinies, contenant de petites capsules urticantes analogues
à celles des méduses.
Sous le nom de mésoderme, le D' Heider entend l’ensemble des couches
fibreuses et musculaires. Il insiste avec raison sur limportance des fibres
musculaires. Il ne paraît pas avoir réussi à isoler les éléments de cette couche
et avoir vu cette disposition ondulée que prennent les lames musculaires à
l’état de contraction. Dans l'épaisseur de la couche fibreuse, l’auteur a vu des
cellules munies de prolongements amyboïdes, sembiables à celles que nous
décrirons dans le mésoderme de l’Ilyanthus, et qui existent également dans la
couche conjonctive de la plupart des Actinies.
L'étude du développement des éléments de la reproduction constitue, à notre
avis, la partie la plus intéressante du travail de Heider. Get histologiste, ayant
pratiqué les coupes des lames génitales au printemps, c’est-à-dire au moment
où les vésicules mâles étaient encore incomplètement développées, a pu suivre
les différents stades de leur formation. Heider conclut de ses observations, que
le système nerveux du Cérianthe est formé par des éléments fibrillaires dissé-
minés dans le réseau interbasal, et mettant en communication les éléments
cellulaires de l’ectoderme et les fibres musculaires du mésoderme. On le voit,
les nouvelles observations du D' Heider ont souvent la même signification que
celles exposées plus loin à propos du même animal, et qui se trouvent ainsi
définitivement acquises à la science.
GÉNÉRALITÉS.
La facilité avec laquelle les Actinies vivent dans les aqua-
riums, l’attrait de leurs vives couleurs, ont frappé de bonne
heure les anciens naturalistes ; mais bien peu se sont préoccupés
ARTICLE N° Î.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 407
des conditions naturelles de l'existence de ces êtres. Nous pen-
sons que les observations de ce genre ne peuvent être négligées
aujourd'hui, et nous pourrions être accusé d’avoir fait un tra-
vail incomplet, si nous omettions de signaler le mode de dis-
tribution des espèces que nous avons rencontrées sur nos
rivages. |
La récolte des Actinies présente d'assez grandes difficultés
dans la Méditerranée, alors qu’on est privé de la marée; mais
le zèle du patron pêcheur du laboratoire, Armand Joseph,
nous à permis d'étudier tous les types ordinaires du golfe de
Marseille.
Les Actiniaires se fixent à la fois à la côte, dans les prairies
de Zostères, sur les pierres ou les coquilles vides des fonds
coralligènes et des sables vaseux.
La côte, par la nature du terrain, par son exposition, par la
qualité des eaux qui la baignent, est loin de constituer un mi-
lieu uniforme. Aussi voyons-nous les Actinies qui lhabitent
se diviser en deux groupes. Les unes vivent dans les eaux pures,
les autres dans le voisinage de nos bassins.
Les espèces caractéristiques de la faune des eaux vives sont
le Phellia elongatu, le Sagartia Bellis, qui porte quelquefois à
la base de ses tentacules une tache en forme de B, particularité
qui pourrait faire confondre cet animal avec le Sagartia tro-
glodytes; enfin le Corynactis vridis et le Balanophyllia regia,
qui représente sur nos côtes l’Aséroides culyculuris des pays
plus chauds. D’autres formes, telles que l’Actinia equina et
le Paractis striata, se rencontrent également dans ces sta-
tions, mais elles servent pour ainsi dire de transition entre
la faune des eaux pures et celle des eaux saumâtres.
C’est surtout dans les petites calanques qui découpent la
côte des îles ÆRatonneau et Pomèque, qu'on rencontre ces
espèces. Le port du lazaret de Pomèque, interdit aux pêcheurs
et non encore dévasté par les carrières de pierres, est remar-
quable par sa richesse ; nous y avons rencontré en abondance
le Sagartia Bellis, représenté par de nombreux individus,
vivant côte à côte et formant comme une couche continue, qui
ANN. $C. NAT., ZOOL., JUILLET 1879-80. X. 2. -£ ART. No f.
18 E. JOURDAN.
ne se révèle que par des tentacules grisâätres, disparaissant au
moindre contact. Le Phellia elongata, protégé par sa colonne
rugueuse, vit mêlé à ce Sagartia, lixé au fond des moindres
anfractuosités, d’où 1l est souvent impossible de. le détacher.
. On rencontre également en grande abondance, dans cette
anse, le Balanophyllia regia et le Sagartia Penoti, qui se
trouvent aussi à 2 où 5 mètres de. profondeur. sur les pierres
du fond de la calanque. Ces individus sont particulière-
ment remarquables par leur grande taille. Le Palythoa are-
nacea lui-même, qu'on recueille ordinairement avec la drague
à 20 ou 30 mètres, se fixe sur les pierres à un mètre. de. pro-
fondeur, et y revêt un faciès particulier (pl. 2, fig. 6 @).
Au nord-ouest des mêmes îles se présente la calanque de
Morgilet, baignée par des eaux aussi pures, mais ne possédant
pas une faune aussi abondante : cette pénurie doit être attri-
buée à un fond privé d’Algues et récemment bouleversé par
divers travaux. De cette calanque les Sagartia Bellis. sont
absents ; les Phellia elongata y semblent rares; au contraire
les Corynactis viridis se multiplient tout particulièrement sur
les pierres du fond. Les Actinia equina sont représentés par de
orands individus semblables à ceux qui ont été décrits par
Contarini sous le nom de concentrica. Les Paractis, remar-
quables par leur analogie avec la variété. précédente, sont
aussi très communs. On voit également à Pentrée du Morgilet
et le long de Vile de Ratonneau, le Bunodes verrucosus et sa
jolie variété. rose.
Les espèces que nous venons de signaler, reparaissent à la
côte depuis le Pharo jusqu'au cap. Groisette.
Dans la direction, opposée, la portion du golfe qui s'étend
du bassin National à PEstaque. présente quelques particula-
rités : Les Sagartia Penoti y sont communs, mais ils n’attei-
onent pas une grande taille; on y rencontre fréquemment les
Bunodes Ballii, ainsi que des Actiniaequina et des Anemonia
sulcata. Les Actina equina et les Paractis sont donc les Actinies
des eaux vives susceptibles d’habiter le plus près. des eaux
impures.
ARTICLE N° {,
ZOANTHAIRES DU GOLFE., DE MARSEILLE, 19
En approchant des ports, on voit l’Anemonia suleata se
mêler à elles. Bientôt les Anemonia prédominent, et dans
l’avant-port sud de la Joliette ils demeurent presque seuls.
Cette dernière Actinie se montre et tend à se multiplier
toutes les fois que sont réalisées les conditions favorables à
son développement. C’est amsi qu'absente le plus souvent le
long de la côte de Cassis et de la Ciotat, elle vit en abondance
dans les ports de ces localités, et revêt alors des caractères
particuliers : ses tentacules se raccourcissent et sa colonne
s’allonge, tandis que dans nos avant-ports les Anemonia mon-
trent des tentacules très longs et une colonne très basse.
Le Bunodes verrucosus, le Sagartia mimata, le Sagartia
troglodytes et le Bunodes Ballii, représenté par la variété livida,
se rencontrent dans les mêmes conditions que les Anemonia.
Le Bunodes Ballii var. livida, qui, après l'Anemonia sulcata,
est l’espèce la plus commune, vit parmi les Cronia intestinalis,
fixé sur les coquilles des Moules.
Les espèces qu'on peut se procurer au moyen du gangui ou
de la drague se divisent également en plusieurs sections, les
unes préférant les prairies de Zostères, les autres les fonds
coralligènes, d’autres enfin les fonds vaseux. Dans les fonds
vaseux, en dehors des Zostères, on rencontre fréquemment le
Calliactis effæta, fixé quelquefois en colonies sur les grosses
coquilles vides du Cassis sulcosa et en commensalisme avec
le Pagurus striatus. E? Adamsiu palliata, qui vit isolé avec son
commensal lEupaqurus Prideauxr, attire Patiention par sa
forme bizarre et par les belles taches violacées de sa colonne.
L’Adamsia se montre depuis 30 mètres dans les mêmes sta-
tions, et se multiplie surtout dans la vase, au large de Carry
et de Mejean. C’est également dans Les sables vaseux du nord-
ouest, à 60 ou 80 mètres de profondeur, qu'a élé recueillie
une curieuse forme d'{lyanthus; nous là devons à lobligeance
de notre excellent maître, M. Marion (voy. pl. 2, fig. 5).
Dans les prairies de Zostères, on trouve encore assez fré-
quemment l’Adamsia palliate et le Callinetis effœia. Gette der-
nière espèce présente alors une coloration d'un brun plus
20 EH. JOURDAN.
intense, ne vit pas en colonies, et n’attemt Jamais la taille des
individus des régions profondes. Les prairies de Zostères du
fond du golfe possèdent également quelques Anemonia sulcata
remarquables par leur grande taille, qui atteint jusqu’à 0",10
de diamètre.
Les fonds coralligènes ou de graviers vaseux constituent, de
30 à 60 mètres, la région préférée des Zoanthaires seléroder-
més. On y trouve encore diverses espèces de Malacodermés.
Parmi eux, 11 faut citer surtout le Sagartia Bellis, le Sagartia
Penoti et des Phellia elongata, remarquables par la petitesse
de leur taille et les rugosités de leur colonne. Toutes ces
espèces vivent de 20 à 40 mètres de profondeur.
Les Sclérodermés sont représentés dans les mêmes fonds
coralligènes par le Balanophyllia ualica, le Cladocora cæspi-
tosa, le Caryophyllia clavus, qui est surtout abondant dans les
fonds du nord-ouest, près de Carry.
Le Flabellum anthophyllum vit également, depuis 30 jusqu’à
70 mèires, dans les mêmes conditions que le Balanophyllia
ialica. Enfin le Paracyathus pulchellus à été pris récemment
à 100 mètres de profondeur par les lignes de fond des pêcheurs
au palangre.
En résumé, on peut dire que les Zoanthaires malacodermés
sont bien moins étroitement parqués sur nos côtes que les
Sclérodermés. Parmi ces derniers, le Balanophyllia regia peut
seul exceptionnellement quitter les roches du littoral pour les
Algues encroûtées des fonds coralligènes. Au contraire, les
Sagartha, les Phellia, possèdent une zone de distribution des
plus larges, depuis la côte jusque dans les profondeurs.
PREMIÈRE PARTIE
ZOOLOGIE DESCRIPTIVE ET SYSTÉMATIQUE.
Une étude zoologique des Actiniaires exige quelques ré-
flexions préliminaires sur la somme des modifications morpho-
logiques dont ce type de Métazoaires semble susceptible.
ARTICLE N° À,
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 21
Il nous parait que le zoologiste ne devrait pas employer une
commune mesure dans la classification de groupes de valeurs
nécessairement inégales. Il convient d’insister sur cette idée
qui s’est déjà présentée à l’esprit de beaucoup de naturalistes,
et avec laquelle les cours et les conférences de notre excellent
maître, M. le professeur Marion, nous ont depuis longtemps
familiarisés.
Les caractères spécifiques sont fondés sur la présence ou
l'absence de certains organes, sur les différences d'aspect, sur
les modifications morphologiques secondaires que ces organes
éprouvent. [l en résulte nécessairement que la nouon d'espèce,
assez nette lorsqu'il s’agit d'êtres différenciés, offrant des
organes nombreux et variés, devient plus confuse à mesure
qu'on descend dans la série et qu'on observe des animaux de
plus en plus simples. Les difficultés du zoologisteaugmentent ;
les modifications légères ne sont point facilement perçues, et
lorsqu'elles existent, on les considère difficilement comme
ayant une valeur spécifique. Lorsque, au contraire, on est en
présence de modifications réelles, elles prennent une grande
importance et l’on doit leur attribuer une valeur générique.
Ainsi Pidée de genre devient prédominante, tandis que celle
d'espèce diminue.
Chez les Cœlentérés, adaptés à une vie pélagique el extraor-
dinairement diversifiés par suite de la cormogenèse, chez les
Siphonophores par exemple, ces difficultés disparaissent.
Elles subsistent en entier chez les types qui, comme les Zoan-
thaires, n’offrent que des différenciations morphologiques
secondaires.
Nous comprenons bien aussi les hésitations des naturalistes
classificateurs, encore peu d'accord sur le compte de certaines
espèces. Si nous considérons, par exemple, les deux genres
Actimia et Sagartia, nous voyons que, pour le premier, les
zoologistes admettent une seule espèce, autour de laquelle se
groupent de nombreuses variétés caractérisées uniquement
par des différences de coloration. Il n’est accepté par aucun
que ces particularités soient suffisantes pour consacrer de véri-
22 HE. JOURDAN.
tables espèces. Par contre, lorsqu'il s'agit du genre Sagartia,
les traités systématiques abondent en espèces, dont plusieurs
ne peuvent guère se justifier que par des différences semblables
à celles que présentent les variétés de l’Actinia equina.
La contradiction est done manifeste : nous ne disons pas
que plusieurs espèces du genre Sagartia doivent être consi-
dérées comme de simples variétés, ni que les variétés de l’Acti-
nia equina doivent être élevées au rang d'espèce ; nous ferons
seulement remarquer que, si les auteurs sont partagés dans
- des questions spécifiques de cette nature, leur accord est facile
lorsqu'il s’agit des groupes génériques, personne ne confon-
dant un Actinia orné de sa couronne de bourses chromato-
phores avec un Bunodes couvert de verrues, ou avec un
Sagartia lançant ses filaments mésentériques. Le doute renait
lorsqu'il s’agit de réunir tous ces animaux dans une classifica-
tion générale.
Le groupe des Zoanthaires, établi par de Blainville, à con-
tenu pendant longtemps les types les plus divers. M. Milne
Edwards et Haime en ont, les premiers, indiqué les limites
dans une classification généralement adoptée. Ces naturalistes
éminents ont divisé les Zoanthaires en trois groupes :
4° Les Zoanthaires malacodermés, dont les téguments ne
constituent jamais un polypier.
2 Les Zounthaires sclérobasiques, dont le sclérenchyme est
constitué par un tissu corlace, parsemé de spicules, et donne
naissance à une base ou tige solide.
3° Les Zounthaires sclérodermés, dont l'appareil tégumen-
taire se solidifie de manière à constituer les véritables poly-
piers.
Gosse, dans son traité des Anémones des mers d'Angleterre,
admet une classification différente.
Son sous-ordre des Actinaria correspond à l’ordre des Zoan-
thaires de M. Milne Edwards et Haime. Le naturaliste anglais,
à l’exemple de Dana, ne tient aucun compte de la présence ou
de l’absence d’un polypier; 11 divise ce groupe en quatre tribus,
et les caractérise de la manière suivante :
ARTICLE N° Î,
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 93
Tribu Ï : ASTREAGEA. == Tentacules nombreux, en série in-
complète. Polypiér calcaire (quand il existe), éônsistant en
chambres quirenferment denombreusés cloisons ravonnantes ;
les cloisonsse prolongent extérieurementau delà des éhambres
qui les contiènnent.
Tribu IT : CARYOPHYLLAGEA, — Tentacules nombreuxen deux
où plusieurs séries. Multiplication par bourgeonnements laté-
raux, constituant un polypier toujours calcaire, pourvu de
nombreux sillons.
Tribu IT : ManReporacEA —— Tentâcules én üñe seule
série, douze, rarement davantagé. Bourgeonnement lAtéral.
Galice très pétil. Cloisons au nombré dé six où douze, où com-
plètément absentes.
Tribu IV : ANTIPATHAGEA. — Polypé à six tentacules for -
“ânt tin axé Corhé. |
On voit, par l’ekfiosé précédent, que les trois premières tribus
de Gosse comprennent les Malacodérmés et les Sclérodérinés.
La quatrième correspond exactement aux Sclérobasiques. Le
zoologiste anglais laissé de côté cette dernièré tribu et celle
des Madreporacea, qui n’ont pas deréprésentants dans lès mérs
d’Aügléterre, et s'occupe spécitlemént des détix premières.
Là principale différence qué Gosse sighalé éntre sés deux
breniières el ses deux dernières tribus dépend du nombre
des téntaculés.
Lä tibu des Astreacoa diffère de celle dés Caryophyllacen
par le mode de bourgeonnetheñt des iidividus à polypiers com-
püsés, indis Güssé hé sighalé aücuné différénce essentielle
cütre ceux à polypiérs simples.
Lä première de ces tribus contiehit la plupart des Mälaco-
dérmés.
Les cnidæ (nématocystes) de cette tribu sont disséminés
dans lectoderme, tandis que chez les Cüryophyllacea is sont
groupés en lobules, et constituent les lètes des tentacules des
Corynachs et les lobules des tentacules des Balanophyllia.
Le groupe des Caryophyllacea de Gosseréuniten une section
les Coyrnactis et certains Sclérodermés, qui présentent en
924 E. JOURDAN.
effet dans leur structure des ressemblances que nous imdique-
rons plus loin en résumant nos observations histologiques.
La classification adoptée par Gosse présente, à notre avis,
un grand inconvénient. Elle confond les Zoanthaires malaco-
dermés et sclérodermés, ne tenant aucun compte de la pré-
sence ou de l’absence d’un polypier.
La présence d’un polypier ne correspond certainement pas
à un plan d'organisation complètement distinct; elle nous pa-
raît cependant essentielle et préférable, pour établir les bases
d'une classification, aux détails secondaires sur lesquels re-
posent les groupes proposés par Gosse.
Cette classification présente de plus l'inconvénient de con-
fondre en un seul groupe, avec les autres Zoanthaires mala-
codermés, le Cérianthe, qui possède cependant une structure
anatomique et histologique complètement différente, que nous
avons eu déjà l’occasion d'indiquer dans une note insérée aux
Comptes rendus de l'Institut (1).
Aussi préférons-nous adopter le mode de groupement de
M. Milne Edwards et Haime, qui correspond mieux à des
caractères faciles à apprécier. à
Nous diviserons donc les Zoanthaires de nos côtes en deux
groupes : celui des MALACODERMÉS et celui des SCLÉRODERMÉS.
Les premiers comprendront trois familles, suivant que les
Polypes sont simples ou agrégés, ou encore contenus dans des
tubes feutrés. Ce sont : les Actininæ, les Zoanthinæ et les
Cerianthidæ. Les deux dernières de ces familles sont représen-
tées sur nos côtes chacune par un seul genre; la première con-
tient des représentants bien plus nombreux, que nous classe-
rons en prenant pour point de départ le mode de fixation de
leur base, la rétractilité de leurs tentacules et la perforation
de leur colonne.
(1) Et. Jourdan, Note sur les Zoanthaires malacodermés (Comptes rendus
de l'Institut, 25 août 1879).
ARTICLE N° 1
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 25
MALACODERMES.
Tentacules non rétractiles............,:...., Anemonia.
Bourses
Colonne CA chromato-
imperforée. L a phores.... Actinia.
subulés, À Pas de bourses chroma-
\W Tentacüles LONhOTES EE te ceer Paractis.
\ rétractiles Colonne tuberculeuse. Bunodes.
Dee CADITÉS Re er cer eee Corynactis.
adhésive. MPOTES AU /SOMMEL. een semis ne Sagartia.
dise , Colonne normale ..... Galliactis.
ACTININÆ. Pores à la un
Colonne base. Colonne transformée ;
perforée par le commensalisme. Adamsia.
DUPUGUSP ER ep Cr id ent eee Phellia.
BASeMOHE AU ES EVE ste ee nets c aernare ere ate ire ae stars fee intel D ele Ilyanthus.
ZOANMRAEN CR A RS RES SNA em AN LIN AS sa NRA eee ere ere Palythoa.
CEREANDHID Re mandat ans td sas nue Les sn lessentnerss u à Cerianthus.
SCLERODERMES.
Caryophyllia.
Paracyathus.
ADOTES AE Clare ces ee sauce te Flabellum.
Cladocora.
HO ion de bone none don lon bond o nent Balanophyllia.
ANEMONIA SULCATA, Pennant.
1786. Actinia Cereus, Ellis et Solander, Hist. of Zooph., pl. 1.
1816. Actinia sulcata, Lamarck, Hist. des animaux sans vertèbres, t. I,
p.. 69.
1826. Anemonia edulis, Risso, Hist. naturelle de l'Europe méridionale.
1840. Actinia Cereus, Grube, Actinien.
1844. Anemonia Cereus, Gontarini, Trattato dell Attinie.
1847. Anthea Cereus, Johnston, Brit. Zool.
1854. Anemonia sulcata, Miine Edwards et J. Haime, Coralliaires.
1860. Anthea Gereus, Gosse, Brit. sea Anemones and Corals.
Cette Actinie, commune sur nos côles, au voisinage des
_ ports, est remarquable par la longueur de ses tentacules.
La base, très large par rapport à la hauteur de la colonne,
est légèrement ondulée; elle adhère aux rochers, mais il est
facile de la détacher.
La colonne est courte; le diamètre de sa base l’emportant
de beaucoup sûr sa hauteur; elle est plissée longitudinale
ment avec quelques rides transversales, mais elle reste cepen-
dant parfaitement lisse, sans aucun appendice.
26 #. JOURDAN.
Sa couleur est brune, avec ‘des intensités variables. Elle
n'adhère pas aux doigts aussi fortement que les tentacules,
qui, à l’état d'extension, la cachent presque complètement.
Le bord supérieur de cette colonne est crénelé.
Le disque buccal est plan, brun verdâtre; les lèvres sont
ondulées et même garnies de petits mamelons.
L’æœsophage, facilement protractile, plissé dre ie
ment, «est d’un blanc sale.
La couleur des tentacules st variable : elle est le plus sou-
vent vert-olive et rose à l'extrémité, tandis que dans certains
cas les teintes brunes prédominent. Les bras sont alors sem-
blables à la colonne; quelquefois enfin ils sont complètement
blancs. Ces tentacules, très longs et nullement rétractiles, se
contractent facilement.
Leurs dimensions sont très variables; ils adhèrent aux ob-
jets mis en contact avec eux. Leur nombre est considérable,
et il est difficile de se faire une idée exacte de la disposition
de leurs cycles.
Les individus vivant à 15 où 20 mètres de profondeur dans
les prairies de Zostères diffèrent de ceux de la côte par leur
grande taille, Le diamètre de leur base péut atteindre jusqu’à
10 centimètres. Il faut ajouter que le bord supérieur de la
colonne de ces Anémones des prairies de Zostères est profon-
dément godronné,
Les tentacules paraissent groupés dans chacun de ces sinus
péribuccaux de manière à laisser croire qu'une seule de ces
Actinies résulte de la soudure de plusieurs individus.
Nous avons déjà signalé plus haut les particularités Qué pré-
sentent les Anemonia sulcatà provenänt d’un petit port voisin
(la Ciotat} où cette espèce vit éen grändé abondance. Lä co-
lonne est plus élévée, lès tentacules sônt relativement plus
courts, mais la coloration n’a rien de particulier.
ACTINIA EQUINÀ, Lin.
1786. Actinia Mesembrianthemum, Ellis et Solander, Zooph.
1823. Actinia rubra, Delle Chiaje, Animal senze vertebre.
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. DFI
1823. Actinia Cari, Delle Chiaje.
1826. Actinia corallina, Risso, Histoire nat. de l'Europe méridionale.
1826. Actinia concentrica, Risso.
1844. Actinia rubra, Contarini, Trattato de l'Attinie.
1854. Actinia equina, Milne Edwards et J. Haime, Coralliaires.
1860. Actinia Mesembrianthemum, Gosse, Brit. sea Anemones and Corals.
Gette espèce est représentée sur nos côtes par de nombreux
individus, appartenant à trois ou quatre variétés. Toutes
sont munies d’une couronne de bourses chromatophores,
bleues. ;
La base est étalée, à peu près égale à la hauteur de la
colonne ; celle-ci est lisse, quelquefois ridée, ornée à sa base
d’un liséré bleu.
Les tentacules et le disque buccal ont la même couleur que
la colonne ; les tentacules sont courts, nombreux, sans taches
d'aucune espèce.
L'œæsophage, chéz les variétés rouges, est d’une belle tete
écarlate.
Les variétés de nos côtes sont celles que Gosse désigne sous
les noms d’olivacea, umbrina, glauca, hepatica; cette der-
nière est la plus commune. Nous avons rencontré encore une
variété remarquable par sa grande taille, par la coloration
brune de sa colonne et la teinte bleu clair de ses bourses
chromatophores. L'ensemble de ces caractères permettrait de
la rapporter à l’Acfinia concentrica de Risso, mais nous ne
croyons pas que ces particularités tirées de la taille et de la
couleur soient suffisantes pour caractériser une espèce.
Nous avons trouvé en abondance, dans la cavité mésenté-
rique de l’Acfinia equina, une Infusoire parasite d’une grande
taille (pl. 5, fig. #1), que nous décrirons plus lom, quand nous
nous occuperons de l’histologie de cette espèce.
PARACTIS STRIATA, Risso, sp.
(PI. L fig. 1.)
Ce genre diffère du précédent par l’absence des bourses
chromatophores ; il n’est pas signalé dans l'ouvrage de Gosse.
28 E. JOURDAN.
Fischer paraît également ne pas l'avoir rencontré. M. Milne
Edwards et J. Haime en mentionnent plusieurs espèces, la
plupart exotiques, mais dont quelques-unes habitent les côtes
septentrionales de l’Europe. Risso décrit brièvement, sous le
nom d’Actinia striata, une Ortie de mer qui paraît se rapporter
au Paractis que nous avons observé. Le naturaliste de Nice
déclare lui-mème que cette Actinie ne diffère de la précédente,
l'Actinia concentrica, que par l’absence des bourses chroma-
tophores.
Cette remarque est très Juste, et il nous à été souvent très
difficile de distinguer les Paractis à l’état de contraction des
Aciinia equina var. concentrica.
La base du Paraclis striata est étalée, elle mesure de 25 à
3o millunètres; elle est couleur blanc sale, légèrement ver-
dâtre. |
La colonne est lisse, très aplatie à l’état de contraction. A
l’état d'extension complète, sa hauteur ne dépasse pas son
diamètre. Elle est parcourue, de son bord supérieur à sa base,
par des lignes verticales vertes qui alternent avec des lignes
brunes. Au sommet de la colonne, ces deux couleurs se con-
fondent en une teinte unique plus foncée. La base de la co-
lonne est ornée, comme chez l’Actinia equina, d'un liséré bleu.
Le disque buccal et les tentacules ont une couleur vert
d’eau uniforme, plus claire que celle du sommet dela colonne.
Les tentacules sont courts, sans taches n1 lignes caractéris-
tiques, moins serrés que chez l’Actinia equina. Les lèvres sont
complètement lisses, œæsophage est brun.
Cette espèce est remarquable par sa curieuse habitude de
se contracter sous l'influence des rayons lumineux. Aussi nous
a-t-il été impossible de nous faire une idée exacte du nombre
et de la disposition de ses tentacules. Elle s'étale au contraire
facilement à l’obscurité; mais si on la découvre, même avec
précaution, elle ne tarde pas à se contracter.
Ses tentacules s’agitent, se rétractent, et finissent par dis-
paraître complètement. L'animal se présente alors sous l’as-
pect que nous avons figuré.
ARTICLE N° {.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 29
BUNODES VERRUCOSUS, Pennant (1).
1777. Actinia verrucosa, Pennant, Brit. Zool.
1786. Actinia gemmacea, Ellis et Solander, Hist. of Zooph.
1825. Actinia pedunculata, Delle Chiaje, Animali senze vertebre.
1844. Actinia verrucosa, Contarini, Trattato dell” Attinie.
1854, Cereus gemmacea, Milne Edwards et Haime, Coralliaires.
1860. Bunodes gemmacea, Gosse, Brit. sea Anemones and Corals.
Cette petite espèce attire l'attention par les verrues qui hé-
rissent sa colonne.
Elle présente les caractères suivants :
La base est légèrement étalée; elle a 2 centimètres de dia-
mètre et adhère fermement aux rochers.
La colonne égale en hauteur le diamètre de la base ; elle est
garnie de verrues, dont les dimensions augmentent en se rap-
prochant du bord supérieur de la colonne; elles sont disposées
en lignes verticales suivant l’ordre indiqué par Gosse. Les
verrues des six premières séries sont blanches et se distinguent
facilement des autres, qui ont une couleur grise, se confon-
dant avec la teinte générale de l'animal. Ces six lignes de ver-
rues blanches nous semblent caractéristiques. Nous avons vu
cependant quelques rares individus qui ne les offraient pas,
tous les autres caractères restant les mêmes. À la base de la
colonne, les verrues s’effacent et finissent par se confondre
en autant de lignes verticales grises. Lé nombre des séries
de verrues est du reste en rapport avec l’âge de l'animal.
Le disque est plan, quelquefois un peu concave, orné de
lignes rayonnantes roses, disposées régulièrement sur un fond
brun verdâtre très clair. Cette couleur verte est surtout nette
sur les bords des lèvres, qui présentent deux belles taches
carmin.
Les tentacules ont l'aspect figuré par Gosse. Les deux pre-
(1) Nous adoptons le genre Bunodes de Gosse, pour désigner les Actinies
verruqueuses, à cause de la confusion à laquelle a donné lieu le genre Cereus
d'Oken, conservé par M. Milne Edwards et J. Haime, et qui a l'inconvénient de
comprendre à la fois des Actinies perforées et des Actinies imperforces.
30 E. JOURDAN.
miers Cycles sont formés par six tentacules chacun. La formule
de Fischer est exacte.
On trouve encore à Marseille une jolie variété à colonne
complètement rose.
Gette espèce est fréquente sur nos côtes, elle se rencontre
à fleur d’eau sur les pierres.
BUNODES BALLII, Gosse.
F1849. Actinia Ballii, Gocks, Rep. Corn. Soc.
1851. Actinia clavata, Thompson, {he Zoologist.
1854. Cereus clavatus, Milne Edwards et J. Haime, Coralliaires.
1860. Bunodes Ballii, Gosse, Brit. sea Anemones and Corals.
La colonne de cette espèce diffère de celle du Bunodes ver-
rucosus par son aspect et par sa consistance. Elle est égale-
ment garnie de verrues, mais ces organes sont bien plus petits
que dans lPespèce précédente, et souvent la tache rouge qui
les marque permet seule de les apercevoir. Es sont disposés
en séries longitudinales qui différent les unes des autres par le
volume de leurs verrues. Elles deviennent mdistinctes en se
rapprochant de la base. La colonne est rose à la base, légère-
ment brune à son sommet.
Le disque et les tentacules sont bruns, irrégulièrement
tachés et rayés de blanc; ils sont disposés suivant la formule
indiquée par Gosse. Les tentacules sont plus longs que chez le
Bunodes verrucosus, quelquefois brusquement effilés à teur
extrémité, qui se courbe et se réfléchit en dedans.
La bouche ne présente pas la belle coloration verte de Pes-
pèce précédente.
Outre Fe type que mous venons de décrire, on trouve une
variété habitant avec les Anemonia sulcata, dans l'avant-port
sud de la Joliette. Ses caractères permettent de là rapporter
complètement à la description que Gosse donne de la variété
lées, et de plus les tentacules offrent au milieu de leurs taches
blanches de petits points rouges, semblables à ceux de [a co-
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU, GOLFE DE MARSEILLE. 3
lonne. Les individus appartenant à cette variété nous ou tou-
jours paru avoir une, taille. supérieure. à ceux de la variété
r'OSeU.
CORYNACTIS VIRIDIS, Allman.
1846. Corynactis viridis Allan, Ann. and: Mag. of Natural Hist., t. XVIT.
1847. Corynactis Allmani, Thompson, Brit. Zoology.
1857. Corynactis viridis, Milne Edwards et Haime, Coralliaires.
1860. Corynactis viridis, Gosse, Brit. sea Anemones and: Corals.
Gette petite espèce est remarquable par la forme de ses ten-
tacules.
Sa base est Ctalée et difficile à détacher des roches aux-
quelles elle adhère.
Ea colonne est lisse, molle et délicate; elle sécrète un mu--
cus abondant, et se laisse facilement écraser. Sa couleur est
le plus souvent orangée, quelquefois gris-perle un peu trans-
parent; nous n'avons jamais rencontré de variété absolument
verte. Le bord marginal est rose orangé. Le disqué est plan,
un peu concave; sa couleur est semblable à celle de la colonne,
mais un peu plus rose. FF ne porte aucune tache caractéris-
tique.
Les tentacules sont peu nombreux; disposés en trois cycles,
ils attirent l'attention par leur forme bizarre. Ts se composent
de deux parties distinctes, une tige et une extrémité renflée ou
tête. La tige n’est pas lisse, mais formée de petits lobules qui
“apparaissent distinctement lorsque le tentacule est complè-
tement étalé, et s'effacent quand il est à demi contracté ; cette
tige est brune (couleur terre de Sienne), et se distingue ainsi
nettement de la tête du tentacule, qui est blanche.
La bouche est plissée et rose.
Les individus de notre région paraïssent appartenir presque
tous à la variété Chrysochlorina de Gosse.
Les Corynactis, par la forme bizarre de leurs tentacules,
nous semblent constituer un type à part parmi les Malaco-
dermés ; 1ls établissent même une transition vers les Secléro-
dermés. Leur corps ne présente, il est vrai, aucune incrusta-
[9]
39 E. JOURDPAN.
tion calcaire, mais outre la structure fortement lobulée de
leurs tentacules, on retrouve dans l’ectoderme de la colonne
les gros nématocystes à fil pelotonné du Cérianthe et des Sclé-
rodermés, organes qui sont absents des téguments de tous les
autres Actiniaires que nous avons pu observer.
Les Corynactis vivent à la côte, fixés sur les frondes de Cys-
loseira, et en abondance sur les pierres du fond de certaines
calanques, ainsi que sur les rhizomes des Zostères.
SAGARTIA MINTATA, Gosse.
1852. Actinia miniata, Gosse, Ann. of Natural History, ® série, t. XL.
1860. Sagartia miniata, Gosse, Brit. sea Anemones and Corals.
Nous n'avons rencontré qu'un seul individu de cette espèce ;
il vivait parmi les Anemonia suleata et les Bunodes Ballii, sur
les pierres de l’avant-port sud de la Joliette.
La base est légèrement étalée.
La colonne, égale en hauteur au diamètre de la base, est
lisse, légèrement plhissée, d’un brun foncé au sommet, passant
vers le bas à une nuance fauve. Le sommet de la colonne est
taché de points blancs au niveau des pores, par lesquels sortent
en abondance des filameñnts mésentériques d’un blanc rosé.
Le disque est brun marron, légèrement soulevé en cône ; il
présente huit taches linéaires blanchâtres, disposées suivant
une circonférence à égale distance de la bouche et de la base
des tentacules.
L'ouverture buccale est blanchâtre.
Les tentacules se montrent disposés en trois cycles, ceux du
cycle externe beaucoup plus courts que ceux du premier cyele.
Les tentacules des deux premiers cycles sont brun clair,
presque blanc sale; ceux du dernier cycle sont blancs à la
pointe et orangés à la base.
N'ayant pu examiner qu'un seul individu de cette espèce,
nous ne pouvons dire quelles sont l’importance et la con-
stance des caractères que nous venons de signaler.
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 39
SAGARTIA VENUSTA, Gosse.
Actinia venusta, Gosse, Ann. Nat. Hist., sér. 2, t. XIV, p. 281.
Nous rapportons avec doute à cette espèce deux petites
Actinies prises à 100 mètres de profondeur avec le Palythoa
Marioni. Voici les caractères offerts par les deux mdividus
que nous avons eus à notre disposition.
Le disque pédieux mesure 0"*,007 de diamètre.
La colonne est égale en hauteur aux dimensions de la base;
elle est d’un blanc sale uniforme sans taches n1 stries d'aucune
espèce.
Le centre du disque buccal est jaune sale; il est entouré
d'une large couronne orangée, située à la région inférieure des
tentacules. La base des tentacules forme autour de la bouche
une circonférence de douze points jaunes.
Les tentacules sont jaune grisâtre, avec une tache brune à
la région médiane; ils présentent à leur base une belle couleur
orangée. La formule tentaculaire paraît être 12, 49, 24.
Malgré la petite taille de cette Actinie, qui pourrait la faire
confondre avec les Corynactis viridis, nous croyons qu'eile
était déjà adulte. Contarini, Schmarda, Kluzinger, ne men-
tionnent aucune espèce semblable à ce Sagartia.
SAGARTIA PENOTI, nov. sp.
(PL. E, fig. 3.)
Ce Sagartia, que nous ne pouvons rapporter à aucune
espèce déjà décrite, est remarquable par ses longs tenta-
cules.
La base n’est pas étalée.
La colonne est molle, capable de s’allonger beaucoup; elle
mesure de 20 à 25 centimètres de hauteur, mais ces dimen-
sions sont loin d’être constantes. Cette région du corps est
lisse, terminée à son sommet par un bord régulier et entier,
séparé du dernier cycle de tentacules par une petite fosse. La
couleur de la colonne est d’un fauve plus foncé au sommet
ANN. SC. NAT., ZOOL., JUILLET 1879-80. X. 3. — ART. N° {.
34 E. JOURPAN.
qu'à la base. Cette région est parcourue dans toute sa hauteur
par des lignes verticales brunes ; on la voit toujours tachée à
son sommet par des points blancs irrégulièrement disséminés,
indiquant les pores par lesquels sortent les filaments mésen-
tériques. DE
La bouche est fauve, ornée de douze rayons verts très clairs,
qui correspondent à la base des tentacules du premier cycle ;
le reste du disque est formé par une zone d’un brun très foncé,
qui se prolonge sur la base des tentacules.
Les tentacules sont disposés en quatre cycles, dont la for-
mule ést 12, 12, 24, 48. Le dernier cycle est constitué par des
tentacules tout petits et comme en voie de formation. La cou-
leur de ces tentacules varie avec les individus, avec leur taille,
avec l’état d'extension ou de contraction de l’animal. Chez les
individus jeunes, vivant à la côte, ils ont une nuance fauve uni-
forme; chez les individus plus âgés, les tentacules s’allongent
considérablement, en même temps que leurs couleurs de-
viennent plus variées. [ls peuvent alors attemmdre une longueur
de 35 à 45 millimètres ; ils sont rayés et tachetés de bleu sur
un fond fauve. L'aspect est différent suivant que l’une ou
l’autre de ces teintes prédomine. Nous avons vu un Sagartia
Penoti provenant des fonds coralligènes, dont les tentacules
étaient complètement bleus; mais cette couleur s’est effacée,
elle est devenue secondaire, lorsque l’animal a été complète-
ment étalé.
Un autre mdividu de la même espèce, provenant des mêmes
fonds, avait des tentacules complètement fauves, sans la
moindre tache bleue (pl. 1, fig. 3). Les tentacules de ce
Sagartia sont, le plus souvent, réfléchis sur la colonne ou sur
le disque ; ils sont terminés en pointe effilée, et ils restent in-
complètement rétractiles.
Les filaments mésentériques sont blancs, émis facilement
et en abondance
Ce Sagartia est commun sur nos côtes, où il affecte deux
types différents. Certains individus sont petits et ont des
couleurs peu brillantes; 1is vivent mêlés aux autres espèces
ARTICLE N° Î.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 90
de la côte, Les autres habitent, en moins grand nombre, les
calanques de Pomèque ei de Ratonneau, existent aussi dans
les fonds coralligènes, atteignent une grande taille et sont
ornés de belles couleurs. C’est un de ces derniers que notre
ami M. Penot, à qui nous dédions cette espèce, a figuré avec
un rare talent et la plus grande exactitude.
Cette espèce nous semble voisine du Sagürlia ignea de
Fischer.
Nous n'avons pu trouver, dans les auteurs qui se sont
occupés spécialement des Invertébrés de la Méditerranée, de
description à laquelle nous puissions la rapporter avec certi-
tude.
SAGARTIA BELLIS, Gosse.
1786. Actinia Bellis, Ellis et Solander, Hist. of Zooph.
1825. Actinia Bellis, Delle Chiaje, Animali senze vertebre.
1844. Actinia Bellis, Contarini, Tratiato dell? Attinie.
1847. Actinia Beliis, Johnston, Hist. of Brit. Zool.
1837. Cereus Bellis, Milne Edwards et J. Haime, Coralliaires.
1860, Sagartia Bellis, Gosse, Brit. sea Anemones and Corals.
1876. Cereus pedunculatus, Fischer, Actinies des côtes océaniques de France.
Les particularités que présentent les Sagartie Bellis de nos
côtes nous ont fait hésiter pendant longtemps. Quelques indi-
vidus portent en effet à la base de leurs tentacules une tache
en forme de B qui permettrait de les rapporter au Sagartia
troglodytes (pl. À, fig. 4). Mais nous croyons que l’ensemble
de leurs autres caractères nous autorise à les considérer comme
étant bien des Sagartia Bellis. Le B, considéré par Gosse
comme un caractère spécifique, perdrait donc beaucoup de sa
valeur, puisque, non<seulement il n’existe pas nettement
marqué chez tous les Sagartia troglodytes, mais qu’on le
retrouve encore sur les Sagartia Bellis de nos régions.
Cette espèce se présente avecles caractères suivants :
La base est considérablement étalée, elle dénasse de beau-
coup le diamètre de la colonne; elle est légèrement ondulée et
mesure jusqu'à » centimètres de diamètre.
La colonne est ferme, très basse, surtout qnand l’animal est
36 HE. JOURDPAN.
contracté; on y remarque plusieurs zones distinctes. L’infé-
rieure est lisse, rose ou couleur de chair ; à sa partie supérieure,
cette région change d'aspect, elle devient ridée, en même
temps que sa couleur passe Insensiblement à un gris de plus en
plus foncé. Elle est alors ornée de taches bleues, qui sont tout
autant de petites glandes auxquelles adhèrent des débris de
coquilles et de petits cailloux.
le disque présente une forme particulière. [-es large,
creusé en coupe; son bord, régulier, présente de nombreuses
ondulations, et 1l est caché par les tentacules. Ce disque est
d’une teinte brun sombre, taché de blanc, le plus souvent
d’une manière irrégulière ; quelquefois cependant ces taches
forment deux bandes rayonnantes qui s'étendent jusque sur la
base des tentacules. Ceux-e1 sont courts, très nombreux, gris
où brun-chocolat, avec des taches orangées, d’autres fois pres-
que fauves, avec un B très nettement marqué à la base ; chez
quelques individus ils sont même d’un blanc presque pur.
Cette espèce habite en grand nombre les petites calanques
de Pomèque et de Ratonneau, où elle vit cachée par les petits
cailloux qu'elle fixe à l’aide des glandes de sa colonne, et qui
lui permettent de disparaître complètement, quand elle est
contractée. Elle existe également avec les mêmes caractères
dans les fonds coralligènes, dans les cavités des Mélobé-
sies.
SAGARTIA TROGLODYTES, Gosse.
1847. Actinia troglodytes, Johnston, Brit. Zool.
Tous les individus de cette espèce que nous avons eus à
notre disposition avaient été pris avec des Anemonia sulcata
dans l’avant-port sud de la Joliette. Deux d’entre eux étaient
très jeunes; les autres paraissaient adultes et présentaient des
caractères assez nets, qui nous ont permis de les rapporter
au Sagartia troglodytes de Gosse.
La base, un peu étalée, mesure un centimètre environ. La
colonne est cylindrique, un peu plus élevée que le diamètre
de la base. La distance entre l'extrémité de deux tentacules
ARTICLE N° {.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE, 3
opposés, l’animal complètement étalé, est de 15 millimètres.
La couleur de la colonne est vert-olive, avec des lignes blan-
ches. Des bandes plus claires partent de la base de la
colonne et s'élèvent à des hauteurs inégales. Au sommet,
les lignes brunes se confondent en une couleur vert sale uni-
forme.
Les tentacules sont d’un blanc sale, et portent à la base un
B incomplètement formé chez les individus adultes, très net-
tement marqué au contraire chez les jeunes. La base des ten-
tacules est elle-même verte; le disque, qui résulte de teur
réumon, est orné de taches blanches disposées en cercle. La
bouche est garnie de plis d’un blanc verdàtre.
CALLIACTIS EFFŒTA, Lin., sp.
1767. Actinia effæœta, Lin., Syst. nat.
1825. Actinia effœta, Delle Chiaje, Animali senze vertebre.
1896. Actinia effæta, Risso, Histoire naturelle de l'Europe méridionale.
1844. Actinia maculata, Contarini, Trattato dell’ Attinie.
1847. Actinia parasitica, Johnston, Brit. Zool.
1857. Adamsia effæla, Milne Edwards et J. Haime, Coralliaires.
1860. Sagartia parasitica, Gosse, Brit. sea Anemones and Corals.
1879. Calliactis effœta, Marion, Draguages au large de Marseille.
Le genre Calliactis a été établi par Verrill pour des espèces
de l'océan Pacifique. Leurs caractères se rapprochent beau-
coup de ceux de l’Adamsia effæta de M. Milne Edwards et
J. Haime.
Ce genre nouveau diffère, d’après Verrill, des autres Sagar-
tiadés par sa base étalée et par la présence d’une seule ligne de
verrues perforées, situées dans la région inférieure de animal.
Verrill considère ce genre comme plus voisin des Adamsia que
des Sagartia, mais les dimensions et [a rétractilité complète
des tentacules permettent de séparer les Calliaclis des Adamsia.
De plus la base des Calliactis ne s'étale jamais au point de for-
mer ces deux ailes qu’on remarque chez les Adamsia vrais. En
outre, les particularités anatomiques et histologiques présen-
tées par les Calliactis de notre région contribuent à justifier
leur place dans un genre particulier.
38 EH. JONERPAN.
La colonne lisse, couverte de mucus, est conique quand
l’animal s’est contracté, cylindrique quand 1l est étalé. Elle
est très dure, et se laisse nettement couper par le scalpel :
on la dirait formée par du tissu cartilagineux. Sa couleur est un
peu variable. Elle est souvent rayée et tachetée de brun ou pres-
que noire. La teinte peut être cependant plus claire et n’être
interrompue que par quelques taches pourpres.
Elle porte à sa base une série de pores disposés régulière-
ment sur une ligne circulaire. Ges pores sont percés au centre
d’une petite verrue, et laissent échapper en abondance des
filaments mésentériques blancs ou roses. La couleur de ces
filaments n’a absolument aucune importance spécifique; nous
avons vu un même individu émettre des filaments qui tantôt
étaient blancs, tantôt étaient roses.
Les tentacules sont courts et nombreux; ils sont ornés de
deux lignes brisées parallèles, disposées suivant l'axe.
Le disque est jaunâtre ou orange, quelquefois blanc; les ten-
tacules et l’œsophage ont la même couleur.
Ce Calliactis est commun dans nos régions; ses habitudes
coloniales, aussi bien que sa forme et sa coloration, nous font
penser qu'il pourrait être considéré comme une forme du
Calliactis Polypus de la mer Rouge décrit et figuré dernière-
ment par Kluzimger.
ADAMSIA PALLIATA, Boh:dsch.
1764. Medusa palliata, Bohadsch, Anim. mar.
1825. Actinia carciniopados, Delle Chiaje, Animali senze vertebre,
1826. Actinia picta, Risso, Hist. nat. de l'Europe méridionale.
1836. Actinia parasitica, Lugès, Ann. sciences nat.
1844. Actinia carciniopados, Contarini, Trattato dell Attinie.
1847. Adamsia palliata, Thompson, Brit, Zool., 2 édit.
1857. Adamsia palliata, Mine Edwards, J. Haïme, Coralliaires.
1860. Adamsia palliata, Gosse, Brit, sea Anemones and Corals.
Cette Aétinie, d’une forme si bizarre, est connue des natu-
ralistes depuis fort longtemps. Elle présente des caractères tel-
lement spéciaux, que nous croyons inutile de la décrire ici.
Nous nous contenterons de dire qu’elle vit dans le golfe depuis
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 39
25 jusqu'à 80 mètres de profondeur, fixée sur de petits
Gastéropodes (Natices et Murex), dansles prairies de Zostères
et dans les fonds vaseux du N. O. Les individus qui habitent
plus profondément sont décolorés et présentent une taille plus
petite.
PHELLIA ELONGATA, Delle Chiaje, sp.
(PI. I, fig. 2.)
1895. Actinia elongata, Delle Chiaje, Animali senze vertebre.
On trouve assez souvent, sur nos côtes et dansles fonds coral-
ligènes, une Actinie dont l’épiderme rude rappelle la peau
d’un Siponele.
Sa rétraculté complète et les filamentsmésentériques qu’elle
émet, permettent de la rapporter à la famille des Sagartiadés,
et plus spécialement au genre Phelha. Delle Chiaje a figuré
une Actime qu'il n'accompagne d'aucune description. Sa
forme est tout à fait semblable à celle de l'espèce que nous dé-
crivons ; aussi lui conserverons-nous le nom d’elongata donné
par le naturaliste italien, qui fui convient d’ailleurs parfai-
tement.
La base de cette Actinie est à peine étalée.
La colonne est haute, cylindrique. Chez quelques individus
cependant, elle a plutôt la forme d’un tronc de cône renversé.
Elle mesure alors.un centimètre de diamètre à sa base, et un
centimètre.et demi à. son sommet. Elle est recouverte, excepté
à sa partiesupérieure, paf une couche de mucus qui, en agolu-
tinant les petites particules de sable, Jui forme comme un épi-
dermerugueux,ridétransver salementet parcouru par des sillons
longitudinaux. Cette couche factice n’existe pas au sommet de
la colonne, où Pectoderme apparait sous la forme d’une zone
rose carmin. Le bord calicinal est parfaitement continu et se
présente sous l'aspect d’une ligne rouge. | Pot
Le disque est soulevé en cône et d’une couleur très variable :
il est tantôt brun, ou divisé en quatre quartiers, deux noirs et
deux blancs, tantôt orangé ou brun vinaigre, ou enfin d’un beau
40 E. JOURDAX.
jaune-citron. Quelquefois la bouche est entourée d’un demi-
cercle blane.
Les tentacules sont disposés en quatre cycles inégalement
développés, ayant la formule6, 6,192, 48. Ceux du cycleexterne
sont hyalins ct tachés de noir; ceux du cycle interne sont le
plus souvent fauves. Ges colorations ne nous paraissent avoir
aucune valeur spécifique, elles changent réellement avec
chaque individu.
Le Phellia elongata se présente avec ses caractères les plus
nets dans les fonds coralligènes. Sa colonne est alors très lon-
oue et irès rugueuse ; sa taille est petite. À la côte, elle devient
plus volunineuse, son épiderme perd en même temps de sa
rudesse.
Cette Actinie se fixe de préférence au fond des trous, dans
lesquels elle disparaît complètement à l’état de contraction. Îl
est alors fort difficile de l’apercevoir et de la détacher.
Quelques Phellia elongata ont été pris par les pêcheurs
au palangre, dans les fonds vaseux, au large de Planier,
à 100 mètres de profondeur.
Ces individus offraient quelques particularités qui méritent
d’être signalées. Le sommet de la colonne, au lieu d’être rose
carmin, présentait des bandes alternativement blanches et
violettes, correspondant à celles du disque buccal. De plus,
deux individus vivant dans un cristallisoir ont perdu, après
quelques jours de captivité, cet épiderme factice qui donne à
leur colonne une rudesse caractéristique. Gelle-c1 était alors
d’un blanc jaunâtre, avec des bandes complètement blanches,
qui ne s’élevaient pas au-dessus du quart infé:ieur de la co-
lonne.
Les Phellia elongata ainsi modifiés ressemblent singuliè-
rement aux espèces du genre Sagartia.
M. le professeur Oscar Schmidt, pendant son séjour à Mar-
seille, nous a dit avoir observé cette espèce sur les côtes de la
Dalmatie, où elle habite également les anfractuosités des
rochers. Il la considérait comme non décrite.
ARTICLE N° f.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 41
ILYANTHUS MAZELI, nov. sp.
(PL. II, fig. 5.)
Nous devons à l’obligeance de notre excellent maitre, M, le
professeur Marion, de pouvoir décrireici cette espèce recueillie
par lui dans les fonds vaseux du nord-est, à 60 ou 80 mètres
de profondeur.
Cet Ilyanthidé présente des caractères de nature à faire hé-
siter entre les trois genres Peachia, Ilyanthus et Halcampa.
Par sa forme 1l se rapproche des Peachia et en diffère par
l'absence de tubes gonidiaux. Ilse rapproche des [lyanthus par
l'absence de pore terminal et par sa colonne lisse, et rappelle
les Halcampa par sa forme cylindrique, tout en différant de ce
genre par absence de tubercules et de renflement terminal.
Nous croyons cependant, en tenant compte de l'importance re-
lative des caractères, pouvoir rapporter cette espèce au genre
[lyanthus.
Comme chez tous les Actiniens, sa forme est très variable et
dépend beaucoup de l’état d'extension ou de contraction dans
lequel se trouve l'animal. Son disque buccal est conique, de
couleur orangé, sillonné de lignes plus foncées, allant de Ja
bouche à la base des tentacules. Ceux-ci sont au nombre
de vingt, disposés en deux cycles, blanes avec une tache brune
au sommet; ceux du cycle interne sont plus petits que ceux
du cyele externe.
La colonne est cylindrique, de couleur rouge orangé, par-
courue par des lignes verticales plus claires, qui partent du
sommet de la colonne, entre les insertions de deux tentacules
du cycle externe. La région pédieuse, plus claire et plus mem-
braneuse, se creuse fréquemment par suite d’un refoulement
de l'extérieur à l’intérieur ; elle n’est pas adhésive.
Les coupes longitudinales et transversales de la région
pédieuse permettent de s'assurer que la dépression située
au centre ne correspond pas à un pore véritable.
»
49 H. FOUREMAN.
PALYTHOA ARENACEA, Delle Chiaje, sp.
(PL. I, fig. 6.)
1825. Mamillifera arenacea, Delle Ghiaje, Animali senze vertebre.
1847. Zoanthus Couchii, Johnston, Brit. Zool.
1860. Zoanthus Couchii, Gosse, Brit. sea Anemones and Corais.
1868. Palythoa arenacea, Heller, Die Zoophyten und Echinodermen der
Adriatischen Mecres.
Palythoa Couchü, Fischer, Actinies des côtes océaniques de France.
Les colonies de ce Zoanthairese rencontrent sur les pierres,
dans les calanques de la côte de Pomèque, et sur les coquilles
vides des fonds vaseux. Suivant qu’elles habitent lune ou
l’autre de ces stations, ces colonies prennent des formes qui
pourraient les faire considérer comme appartenant à deux
espèces distinctes.
Un examen attentif démontre cependant qu’elles se rappor-
tent bien à une seule et même espèce et qu’elles possèdent de
nombreux caractères communs.
La colonne est recouverte par une couche de sable agglu-
tiné sous laquelle se cachent quatorze côtes, qui se terminent
à leur extrémité supérieure par autant de dents blanchâtres.
Les tentacules sonten nombre double des dents de la colonne,
brun jaunâtre très clair, susceptibles de s’allonger considé-
rablement, présentant une pointe effilée et blanche. Le disque
est brun, taché près de la bouche par un grand nombre de petits
points blanes ; les lèvres sont indiquées par un liséré de mêrne
couleur ; l’œæsophage lui-même est brun comme le disque.
Les colonies de Palythoa arenacea de la côte de Pomèque
(fig. 6 «&) se présentent sous l'aspect d’une lame presque conti-
nue, tapéliforme, brun verdâtre, couverte d’une légère couche
de sable fin. Les Polypes, à l’état de contraction, apparaissent
comme de petites verrues faisant à peine saillie ; le diamètre
de leur colonne ne dépasse pas 3 millimètres; la hauteur de
la colonne est égale aux dimensions de son diamètre.
Les individus qui vivent sur les coquilles vides des fonds
vaseux (fig. 6 à) sont plus grands. La hauteur‘de leur colonne.
ARTICLE N° {.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 43
dépasse deux ou trois fois les dimensions de son diamètre; elle
est brune. Les grains de sable ÿ sont moins visibles. Au lieu
d’être fixés sur une lame continue, les Polypes sont adhérents
à des stolons radiciformes, ce qui pourrait les faire considérer
comme des Zoanthus.
PALYTHOA AXINELLÆ, Oscar Schmidt.
Palythoa Axinellæ, Oscar Schmidt.
Les colonies de ce Palythoa vivent fixées sur des Spongiaires,
et ont été décrites en premier lieu par Esper, qui les considé-
rait comme représentant les organes de ces êtres inférieurs.
Depuis, ils ont été retrouvés par Oscar Schmidt sur les
Axinella cinnamomea et verrucosæ. Ge naturaliste a reconnu la
véritable nature de ces organismes et les a décrits sous le nom
de Palythoa Axinelle. Nous n’ajouterons rien à sa description,
si ce n’est que dans nos régions ces Palythou se rencontrent
quelquefois fixés sur les Algues encroûtées des fonds coralli-
oènes et conservent néanmoins la coloration fauve des indi-
vidus qui vivent sur lAvinella.
PALYTHOA MARIONE, nov. sp.
Les caractères spécifiques de ce Zoanthaire ne permettent
pas de le rapporter à aucune des formes décrites. Nous croyons
pouvoir le considérer comme nouveau, et nous le désigner ons
sous le nom de Palythoa Marioni.
Cette espèce présente les caractères suivants qui paraissent
assez fixes.
Les stolons sont courts et étroits. Les colonies sont peu
nombreuses et composées seulement de trois où quatre imdivi-
dus, qui par contre atteignent une grande taille.
La colonne mesure chez quelques individus jusqu’à 15 ou
48 millimètres de hauteur. Elle est munie de côtes à peine
visibles, qui se terminent au sommet par dix-huit dents.
La colonne présente une coloration blanche, légèrement
teintée de rose ; la mince couche de sable qui la recouvre ne
-
44 Æ. JOURDAN.
lui fait pas perdre toute sa transparence. On distingue en effel
une tache orangée, qui n’est autre chose que la masse des fila-
ments mésentériques et des corps reproducteurs.
Le disque est tantôt creusé en godet, tantôt, lorsque l’ani-
mal est complètement étalé, disposé en forme de cône; les ten-
tacules sont alors réfléchis sur la colonne.
Les tentacules, au nombre de trente-six, sont courts; leur
longueur ne dépasse pas 2 millimètres, même lorsqu'ils sont
en extension complète. À demi- étalés, les tentacules ue
raissent comme de petits boutons rose pâle.
Les dimensions de ce Palythoa, le petit nombre d'individus
qui composent ses colonies, et sa transparence, permettent de
le distinguer facilement des espèces précédentes.
Les colonies de cette espèce que nous avions à notre disposi-
tion avaient été prises à 110 mètres de fond, au sud du phare
de Planier ; elles étaient fixées, les unes sur des tubes de Ser-
pules, les autres sur une Éponge. Ce Palythoa appartient donc
à la zone profonde des sables vaseux, dont M. le professeur
Marion décrit la faune aux stations n° 1 et n° 2 de ses dra-
guages profonds (1), zone caractérisée par l’Antedon Phalan-
gium et le Lophogaster typicus.
Grâce au petit nombre de grains de sable qui tapissent la
colonne du Palythoa Marioni, nous espérons pouvoir nous
livrer sur cette espèce à des recherches histologiques que nous
avons tentées en vain sur les Palythoa arenacea et Axinelle.
CERIANTHUS MEMBRANACEUS, Gmelin.
1825. Cerianthus cornucopiæ, Delle Chiaje, Animali senze vertebre.
Cerianthus Breræ.
Cerianthus actinoides.
1854. Cerianthus membranaceus, J. Haime, Ann. sc. nat., 4° série, t. Ï.
1860. Cerianthus Lloydii, hosse, Brit. sea Anemones and Corals.
Ce Zoanthaire est bien connu depuis la description que
J. Haime en a donnée. Les individus que nous avons rencon-
(1) Annales des sciences naturelles, t. VIT, n° 2 et 3.
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 45
trés sont semblables à ceux que ce zoologiste a observés ; nous
n’insisterons donc pas sur leurs caractères spécifiques.
Les Cérianthes de notre région ont des couleurs très varia-
bles; leurs nuances vont du violet presque noir à une teinte
presque fauve, et ne nous paraissent pas sans relation avec
le milieu qu'ils habitent.
Ceux qui vivent dans les petites calanques de Pomèque et de
Ratonneau atteignent une très grande taille. Leur colonne a
une couleur violette très foncée ; leurs tentacules ont une teinte
analogue et sont ornés d’anneaux d’un beau vertirisé ; le dis-
que et les tentacules du eyele interne sont quelquefois complè-
tement noirs. Les individus habitant les prairies de Zostères
plus profondes ont une couleur fauve uniforme. Leurs tenta-
cules ne portent pas ces anneaux que nous avons signalés, et
leur taille paraît plus petite.
Zoanthaires selérodermés aporés.
CARYOPHYLLIA CLAVUS, Sacchi.
Le polypier de cette espèce est bien connu. Nous en avons
recueilli plusieurs dans les fonds coralligènes et dans les sables
vaseux du N. O., depuis 30 mètres jusqu’au delà du golfe,
dans les grandes profondeurs.
Les individus pris dans les fonds du N. O., près de Carry,
mesuraient 15 millimètres de hauteur; le grand axe de
leur calice ovalaire avait 14 millimètres.
Les Caryophyllia clavus sont pris aussi en grand nombre
par les pêcheurs au palangre dans les fonds vaseux, à 100 mè-
tres de profondeur, au large de Plamier.
Les différences présentées par les polypiers sont légères et
dépendent de l’âge des individus.
Le Polype lui-même offre des caractères assez fixes. I est
remarquable par les belles taches d’un vert métallique qui
bordent son disque buccal. Le calice lui-même, ainsi que les
tentacules, est jaune bistre, et présente seulement des diffé-
46 D. FOURPAR
rences dans l’intensité des couleurs. Quelques individus
étaient même complètement décolorés et tout à fait blancs.
PARACYATHUS PULCHELLUS, Milne Edw. et J. Haime.
Cyathina pulchella, Philips, Archiv für Nat., 1842, p. 42.
Paracyathus pulchellus, Milne Edw. et J. Haime, Ann. des sc. nat.,
3° série, 1848, t. IX, p.321.
Ge polypier se rencontre en dehors du golfe de Marseille,
au sud de l’ilot de Planier, dans des fonds de 100 à 420 mè-
ires. |
Il vit avec les Caryophyllia clavus, auxquels ï1 ressemble au
premier aspect. Il s’en distingue par ses cloisons presque
égales, disposées en quatre cycles, couvertes de granulations
et légèrement godronnées sur les bords. Les palis forment une
double couronne incomplète ; ils sont aussi moins larges et plus
épais. La base est relativement large.
Ce polypier est enfin parfaitement conforme à la description
de M. Milne Edwards et J. Haime.
Le Polype diffère de celui des Caryophyllia par sa colora-
tion vert sale.
FLABELLUM ANTHOPRYLLUM, Milne Edw. et J. Haime.
Ce Madréporaire se trouve dans les fonds coralligènes de la
région E., et dans les graviers vaseux, depuis 30 jusqu’à
70 mëtrés, Ce polypier est légèrement comprimé, ses côtes sont
minces et fragiles,
CLADOCORA CÆSPITOSA, Milne Edw. et J. Haime,
(PL. I, fig. 7.)
Îls forment dans le voisinage des îles Pomègue et Ratonneuu
à 30 mètres de profondeur, de grosses touffes. Leurs Poly-
pes ont été étudiés attentivement par d. Haime. Nous ajoute-
rons cependant, dans la deuxième partiede cetravail, quelques
remarques sur l’histologie de cette espèce,
ARTICLE N° fÎ.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 47
Perforés.
BALANOPHYLLIA ITALICA, Milne. Edw. et J. Haime.
Ce polypier atteint quelquefois des dimensions remarquables
(3 centimètres de diamètre; le grand axe de son calice ova-
laire mesurant 2 centimèêtrés). À} abonde dans les graviers
des fonds coralligènes et dans les sables vaseux, depuis 30
jusqu’à 60 mètres.
BALANOPHYLLIA REGIA, Gosse.
(PL. LL, fig. 8.)
Les caractères présentés par les individus de notre région
se rapportent complètement à la description de Gosse.
Le polypier est cylindrique, sa hauteur est très variable, La
muraille est poreuse, recouverte par un épithèque qui s'élève
presque jusqu'au bord du calice, ne laissant qu'un espace de
À où 2 millimètres entre ses limites supérieures et le som-
met dela muraille ; quelquefois cependant cet épithèque sem-
ble manquer complètement. Le calice est légèrement ovale:
son plus grand axe mesure de 7à 9 millimètres. Les côtes sont
fines et serrées.
La columelle est bien développée, spongieuse, semblable à
celle du Balanophyllia italica. Elle ue fait passaillie au fond de
la fossette. Les cloisons sont moins nettes que chez le Balano-
phyllia italica; elles sont perforées, finement et régulièrement
dentées sur les bords et sur les faces. Deux cloisons de chaque
système, douze en tout, dépassent de beaucoup les autres en
dimensions, et, se réunissant deux par deux, atteignent seules
la columelle. |
La colonne de ce Zoanthaire est protractile et d’un Jaune
orangé.
Les tentacules sont au nombre de cinquante environ, eà-
pables d’une grande extension, hyalins, garnis de petites ver-
rues jaunes qui sont fout autant d’amas de nématocystes. Ces
48 E. JOURDANX.
tentacules peuvent se contracter au point de se réduire en une
petite boule jaune.
Le disque est d’une belle couleur orangée.
Tandis que le Balanophyllia italica est une espèce des eaux
profondes, le Balanophyllia reqia habite presque exclusive-
ment à la côte. Nous en avons rencontré cependant un indi-
vidu sur les pierres des fonds coralligènes. Les polypiers de ce
type vivent très bien en captivité et nous ont donné des larves
vermiformes dont nous avons pu suivre le développement.
Cette énumération des Zoanthaires du golfe de Marseille est
évidemment susceptible d’adjonctions futures.
Nous savons que quelques espèces que nous ne mention-
nons pas 101 ont été recueillies exceptionnellement par M. le
professeur Marion. L'une d'elles semblait identique à l’Aure-
hana augusta; une autre ne différait peut-être pas du beau
Cladactis trouvé par le regretté Paolo Panceri dans le golfe de
Naples (1). Nous savons encore qu’il existe dans les régions
vaseuses profondes un Pedchia à longs tentacules. Cette
Acünie errante est prise quelquefois par les lignes de fond
des pêcheurs de Nice. Nous avons eu plusieurs exemplaires
conservés dans l'alcool, mais nous ne possédons pas sur tous
ces ètres des observations personnelles assez exactes.
On remarquera, de plus, que nous ne citons aucune
Edwardsie : nos recherches pour découvrir les espèces de ce
senre ont été Jusqu'à ce Jour infructueuses. Nous croyons
bien qu’un hasard heureux pourra peut-être nous livrer quel-
ques nouveaux types, mais nous sommes certain d’avoir
donné dans les pages précédentes l’ensemble des formes les
plus ordinaires et qui caractérisent, pour ainsi dire, la faune
de nos côtes provençales.
C4
(1) Paolo Panceri, Intorno a due nuovi Polipi, Cladactis Costæ e Halcampa
Claparedii (Napoli, 1869).
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 49
DEUXIÈME PARTIE.
HISTOLOGIE.
Avant d'aborder lhistologie des Zoanthaires, nous croyons
opportun de résumer en peu de mots l'anatomie de ces êtres.
Le corps d’un Actiniaire correspond, dans une certaine
mesure, à la phase embryonnaire connue sous le nom de
gastrea. Aussi peut-on dire sans exagération que les Actinies
sont des gastrula individualisées, dont les éléments de l’ecto-
derme se sont différenciés. Par conséquent, ces animaux sont
fort simples.
La forme extérieure de ces êtres est cylindrique : le disque
inférieur constitue le pied à l’aide duquel les Actinies se
fixent; le disque supérieur, muni au centre d’une ouverture et
portant sur ses bords une couronne de tentacules, forme le
plateau buccal. Entre ces deux disques, les parois du cylindre
représentent la colonne.
L'ouverture placée au centre du disque buccal est à la fois
une bouche et un anus. Ses bords sont, le plus souvent, simples
ou plissés, quelquefois munis de tentacules particuliers. Elle
fait communiquer, par l'intermédiaire d’un tube droit et large,
la cavité mésentérique avec l'extérieur. Cette cavité mésenté-
rique, on le sait, n’est que la cavité gastrique primitive de la
larve. Tel est le plan général des Actiniadés.
Les tentacules qui ornent le disque buccal sont disposés en
plusieurs cycles, suivant des lois bien connues. Ce sont tout
autant de tubes percés d’un pore à leur extrémité libre, com-
muniquant à leur base avec la cavité mésentérique ; ils peuvent
être considérés comme de simples refoulements des parois du
corps et sont quelquefois très nombreux et très longs. Leur
vive sensibilité, leurs mouvements variés, la force avec laquelle
ils adhèrent aux objets en contact avec eux, montrent qu’ils
possèdent des fonctions multiples. De plus, le pore dont ces
tentacules sont percés à leur extrémité indique qu’ils doivent
jouer un rôle dans Îles fonctions respiratoires. Cependant,
ANN. SC. NAT., Z0OL., JUILLET 1879-80. X. 4. — ART. N° f.
90 E, JOURHDANX.
à cause des cnidocils et des nombreux nématocysies dont ils
sont pourvus, on peut les considérer comme étant spéciale-
ment chargés de fonctions sensitives comparables au toucher
et aussi de la préhension des aliments.
Entre le disque buccal et le disque pédieux, les parois du
corps sont formées de trois couches : l’éctoderme, l’endoderme
et le mésodermé. Cette dernière constitue la partié profonde
de l'ectoderme transformée en tissus fibreux. La surface du
corps est souvent complétement lisse; elle est quelquefois
munie à son sommet d’une couronne de bourses chromato-
phores, qui sont tout autant d’amas de capsules urticantes.
D'autres fois la colonne est couverte de verrues, constituant de
véritables petits organés glandulairés. La Couché ectoder-
nique des Phellia sécrète un mucus visqueux; en se dessé-
chant, le mucus donne à cette Actinie une enveloppe artificielle,
considérée par quelques naturalistes comie un épiderme.
Chez les Sagartiadés, la colonne est perforée pour le passage
de filamenis mésentériques.
Les pores de sortie dé ces organes ne paraissent pas être
permanents chez toutes les espèces. Heider les a recherchés en
vain dans les parois du corps du Sagartia troglodytes. Cepen-
dant, chez le Calliactis, ils constituent des canalicules parfaite-
ment distincts, et nous verrons plus loin qu’ils sont même
pourvus d’une couche cellulaire. Toutes les Actinies sécrètent
un mucus abondant, et le Cérianthe, agglutinant ies longs fila-
ments de ses nématocystes, se fabrique un tube feutré, dans
lequel il se retire à la moindre alarme.
La partie supérieure dela colonne du Sagartiu Bellis estpour-
vue de petits orgañes glandulaires, indiqués par tout autant
de taches bleues. À laide de ces glandes, le Sagartia Bellis
se revêt de petiis cailloux et de débris de coquilles, qui lui
permettent de se dissimuler facilement. La colonne des Zoan-
thaires est munie de fibres niusculaires circulaires, disposéesau-
dessous de la couche fibreuse. Quelquefois, chez le Calliactis,
par exemple, des faisceaux de fibres contractiles existent
même dans l'épaisseur du mésoderme fibreux et permettent
ARTICLE N° Î.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. ol
à l'animal de se contracter avec une grande force. Les colora-
üons variées offertes par l’ectoderme de fa colonne des Acti-
niadés sont dues à dés granulations pigmentaires dont le
siège est fort différent.
Nous avons trouvé du pigment à la base de l’ectodérme,
dans le mésoderme, et, ainsi que nous le verrons plus loin,
dans la couche endodermique elle-même. E’embryogénie dé-
montre que le tube œsophagien provient d’un refoulement
des deux feuillets primitifs de lPembryon; aussi la structure
de cette région diffère-t-elle peu de celle des parois du corps.
L’œsophage est plissé longitudinalement, mais ces plis, qui
existent chez toutes les espèces, ne nous paraissent pas avoir de
fonctions spéciales. Ce tube œsophagien, en partie protractile,
paraît destiné à faciliter la préhension des aliments; il est
maintenu par les cloisons qui s'étendent entre fui &t les parois
du corps.
Il est fort difficile de se faire, par la dissection, une idée
exacte de la disposition dés lames mésentéroïdes (À) et des or-
ganes de là cavité mésentérique. Les coupes d'ensemble con-
dRene! à de bien meilleurs résultats, et, en Îles faisant à des
hauteurs différentes, on peut étudier la structure de ces lames
et l’ordre qui préside à leur disposition. Chacune d’entre elles
est essentiellement constituée par une lame fibreuse, recou-
verte sur chacune de ses faces d’une couche de fibres muscu-
laires tongitudinales et tapissée par l’endoderme. De plus,
chaque lame mésentéroïde porte, sur une de ses faces, un ren-
flement qui s'étend avec elle, depuis le disque buccal jusqu’au
disque pédieux, et qui constitue une sorte de faisceau fibro-
musculaire formé par les replis de la cloison. Ces muscles
(1) Nous employons de préférence la dénomination de lames mésentéroïdes
pour désigner les replis de la cavité du corps des Zoanihaires, à cause de !a
confusion à laquelle pourrait donner lieu le terme de cloison. Cette dénomina-
tion est en effet employée par quelques naturalistes, pour désigner es replis
fibro-musculaires de la cavité mésentérique et les lames calcaires des polypiers.
Nous savons cependant, d’après les belles recherches de M. le professeur de
Lacaze-Duthiers que les cloisons molles des Malicodermés et les cloisons cal-
caires des polypiers ne sont nullement des parties homologues.
92 E. JOURDAN.
longitudinaux constituent un système contractile d’une grande
puissance, et leur action, combinée avec celle des muscles cir-
culaires de la colonne, permet aux Actinies de rétracter avec
facilité leurs nombreux tentacules. Chaque lame mésentéroïde
est en rapport, par son bord externe, avec les parois du corps, et
par la partie supérieure de son bord interne avec l’œsophage.
La partie inférieure de ce même bord est garnie d’un fila-
ment et flotte librement dans la cavité mésentérique. Les plus
anciennes de ces lames mésentéroïdes atteignent seules l’axe
du corps; ce sont celles que Heider appelle complètes. Les
autres sont beaucoup plus petites et situées entre celles qui
sont entièrement développées. Toutes sont disposées par paires
et portent leur faisceau fibro-musculaire sur leurs faces homo-
logues.
Les filaments mésentériques qui bordent les lames mésenté-
roides sont de plusieurs sortes, ainsi que Hollard l'avait déjà
reconnu et figuré. Quelques-uns sont communs à toutes les
espèces et portent un épithélium vibratile très puissant, au-
dessous duquel on remarque un amas pigmentaire qui pourrait
bien jouer un rôle important dans la digestion, et justifier ainsi
en partie le nom de cæcum hépatique donné par Hollard. Ces
filaments sont complètement dépourvus de nématocystes.
Les autres, surtout propres à la famille des Sagartiadés, dif-
fèrent des précédents par leur structure et probablement aussi
par leurs fonctions. Les coupes transversales permettent de
voir qu'ils sont formés d’une couche externe presque complè-
tement constituée par des nématocystes. Au-dessous existe une
zone granuleuse, et enfin un axe fibreux par lequel ces petits
organes adhèrent à la cloison. Ces filaments mésentériques
doivent se reproduire avec une grande rapidité, mais il est fort
difficile de se faire une idée exacte de leur mode de formation,
et c’est en vain que nous avons examiné dans ce but un grand
nombre d'individus.
Les organes de la reproduction naissent dans l'épaisseur de
la couche fibreuse des lames mésentéroïdes et dans la partie si-
tuée entre le filament et le faisceau fibro-musculaire. Ils appa-
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 93
raissent au fond de la cavité mésentérique sous la forme de
lobes juxtaposés ou de cordons en forme d’'S, blanes ou jau-
nâtres suivant le sexe. À l'exception du Cérianthe, nous n'avons
trouvé dans aucun cas les éléments mâles et femelles réunis
sur le même individu; si les Actinies sont hermaphrodites, elles
produisent successivement les éléments mâles et les éléments
femelles.
Il résulte de ce rapide exposé que, dans nos recherches his-
tologiques sur les Zoanthaires, nous serons forcé de procéder
par régions, ne pouvant faire une histologie d'organes chez des
animaux réduits à un simple appareil gastro-vasculaire.
Nous adoptons, dans cette étude, les termes employés par
nos prédécesseurs, et examinons successivement les tissus des
tentacules, du disque buccal, du tube œsophagien, de la
colonne, du disque pédieux, des lames mésentéroïdes et des
organes de la reproduction, dans les divers genres qui nous
ont présenté des particularités anatomiques notables,
Moyens d'observation.
En histologie, le résultat obtenu varie bien souvent avec les
moyens employés. Aussi croyons-nous devoir dire un mot sur
les méthodes que nous avons suivies, afin de permettre le con-
trèle de nos observations.
L’anatomiste qui étudie les tissus des Vertébrés trouve dans
les traités techniques des guides sûrs qu'il peut consulter en
toute confiance.
Il n’en est malheureusement pas ainsi du zoologiste qui se
livre à des recherches spéciales sur les animaux inférieurs. Il
s'aperçoit bientôt que les moyens conseillés par les auteurs
classiques sont le plus souvent insuffisants, qu’il doit se créer
lui-même une méthode, et chercher, parmi les réactifs usités en
histologie, ceux qui lui paraissent les meilleurs.
Nous avons mis en usage, pour nos recherches, l'observation
des tissus vivants, les coupes et les dissociations. Le premier
de ces procédés paraît primitif; il est quelquefois le seul qui
\
D4 HE. JOURMBAN.
donne cependant de bons résultats et qui permette de vaincre
certaines difficultés.
Ainsi cette méthode a pu seule nous faire distinguer, dans
certains cas, les cils vibratiles des cnidocils. Ces éléments
offrent de grandes analogies, et diffèrent plutôt par leurs fonc-
tions que par leur aspect. On sait combien est grande la déli-
catesse de certains éléments vibratiles.
Les réactifs fixateurs Îes plus sûrs ne permettent pas tou-
jours, à notre avis, d’aitirmer sur les coupes la présence ou
l'absence de ces cils.
L'observation des cellules vivantes lève toute espèce de
doute.
Les coupes sur des pièces fraiches présentent beaucoup
de difficultés.
Les tissus des Actinies exigent l’action des réactifs durcis-
sants, Parmi eux, l’alcooi absolu, conseillé par Glaparède pour
l’étude des Annélides, nous a donné quelquefois de bons résul-
tats. Cependant son action n'est pas toujours suffisante, et
nous avons dù la compléter par celle de l'acide picrique et de
la gomme. Ce moyen classique n’est bon que pour les tissus
fibreux et musculaires; il ne gêne pas la coloration, mais il
perd beaucoup de sa valeur, quand on veut étudier en même
temps les couches cellulaires. Les éléments de lecioderme et
de l’endoderme sont réduits en une bouillie granuleuse, de la-
quelle toute forme cellulaire à compiètement disparu. IT est
donc indispensabie de faire précéder l’action de Palcool de
celle d’un réactif fixateur : l’acide osmique est le seul qui nous
ait donné des résultats satisfaisants.
Nous avons employé des solutions différentes, suivant le but
que nous voulons obtenir. Celle qui nous a surtout servi était
à la dose de un demi pour 100. Ce réactif fixe parfaitement les
éléments dans leur forme; mais son action ne doit pas être
trop prolongée, ni la solution être trop concentrée. L'acide
osmique a l'inconvénient de gêner beaucoup la coloration, et
même, en laissant agir le pierocarmin pendant vingt-quatre
heures, nous n'avons obtenu que des résultats incomplets. Aussi,
ARTICLE N° fi.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 99
renonçant bientôt à ces tentatives, avons-nous monté directe-
ment dans la glycérine les coupes faites sur des pièces traitées
par l'acide osmique.
Nous avons essayé, sans obtemr de bons résultats, le chlo-
rure d’or et le nitrate d'argent. Le premier de ces réactifs
donne aux tissus une fermeté suffisante pour qu'on puisse y
faire des coupes, mais les éléments sont moins nets qu'après
l'action de l'acide osmique, et de plus nous n’avons pas remar-
qué une action élective spéciale, Nous regreftons beaucoup de
n'avoir pu employer le nitrate d'argent, mais Peau de mer qui
imbibe le corps des Actinies rend son action tout à fait ineffi-
cace. Le chlorure d'argent qui se forme immédiatement enlève
aux préparations toute netteté.
L’acide chromique en solution faible, employé, soit seul, soit
mélangé à l'acide osmique d’après la formule de Fleisch, nous
a donné de bons résultats. Nous nous en sommes servi surtout
pour les pièces de petites dimensions, comme les lames géni-
tales du Cérianthe; après deux ou trois jours de macération,
les tissus avaient acquis une consistance suffisante pour les
coupes. R
Nous avons engagé les pièces durcies dans Ja moelle de
sureau ou dans la cire. Suivant leur volume, nous les avons
coupées au mierotome ou à main levée. |
Le picrocarmin, l’hématoxyline, l'éosine et la purpurine
nous ont servi à colorer les coupes. Les deux premiers de ces
réactifs nous ont surtout donné de bons résultats, aussi les
avons-nous employés à peu près exclusivement. Nous avons
essayé de préparer l’éosine hématoxylique suivant la méthode
de Renaut, mais nous n’avons pas pu obtenir un liquide dans
lequel l'hématoxyline ne se précipliàt pas ; nous le regrettons
vivement : les résultats fournis parce réactif colorant semblent
mériter attention des histologistes. |
Les coupes ont été montées, suivant les cas, dans la glvcé-
rine pure, soit salée, soit picrocarminée, ou dans le baume du
Canada.
Pour les études d’embryogénie, nous avons mis en usage la
56 E. JOURDAK.
méthode que nous avons vu employer au laboratoire de Mar-
seille par le professeur Kowalevsky, d’Odessa. Nous avons traité
les larves vivantes par l'acide chromique en solution faible,
soitseul, soit mélangé à l’acide osmique et après deux ou trois
jours de macération, nous les avons engagées dans la cire et
montées ensuite dans le baume du Canada. Cette méthode nous
ayant donné de bons résultats, nous n’avons pas essayé le pro-
cédé par le collodion, conseillé par Mathias Duval.
À l’aide des coupes, on apprécie plutôt les rapports des élé-
ments que leur forme. Pour acquérir sur leur structure des
notions exactes, il faut avoir recours aux dissociations. Nous
avons essayé dans ce but la plupart des liquides recommandés
dans les traités d’histologie, tels que l'alcool au tiers, l'acide
acétique, l’acide azotique en solution faible, et l’eau salée;
aucun de ces réactifs ne permettait une dissociation facile. Les
uns altéraient les cellules; les autres n’arrivaient pas à dis-
soudre le mucus, qui constitue la plus grande difficulté pour
séparer les éléments des Actinies. Le sérum iodé nous aurait
probablement donné de meilleurs résultats, mais nous n’avons
pas pu nous en procurer dans des conditions convenables.
Nous avons eu recours, avec beaucoup plus de succès, à l'acide ,
chromique en solution très faible, au bichromate d’ammo-
niaque à la dose de 1 pour 200. Après un mois de macération
dans 200 grammes de ce liquide, les éléments se séparent
le plus souvent sans grande difficulté, et ils sont en parfait
état de conservation.
Nous avons pu les colorer par le picrocarmin d’une manière
suffisante pour nous faire une idée exacte de leur structure.
Nous avons essayé les injections interstitielles, mais sans
aucun succès, à cause du peu d'épaisseur de la couche fibreuse
des parois du corps chez les Actinies.
Nous avons dissous le polypier des Sclérodermés par l’acide
picrique, et nous avons employé, pour l'étude de ces Zoan-
thaires, les réactifs que nous venons de signaler.
Quelques Zoanthaires, tels que les Palythoa, ont opposé à
nos recherches des difficultés que nous n’avons pu vaincre;
ARTICLE N° Î.
ZOANTIHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE, 57
elles sont dues aux grains de sable qui imcrustent leur colonne.
Aucun des moyens usités en histologie n’a réussi à les faire
disparaitre.
ANEMONIA SULCATA.
TENTAGULES. — L’Anemonia suleata, par la facilité avec la-
quelle on peut se le procurer, s’offrait à nous comme un type
favorable aux études histologiques. L'absence de rétractilité
dans ses tentacules, la facilité et la ténacité avec laquelle ces
organes adhèrent aux objets qui entrent en contact avec eux,
leur vive sensibilité, nous laissaient entrevoir des particularités
intéressantes ; aussi est-ce vers eux que notre attention s’est
surtout portée. Ces tentacules sont ordinairement simples;
nous avons cependant rencontré quelques imdividus chez les-
quels ils étaient anormalement bifurqués à leur extrémité
(pl: 3, fig. 9).
D’autres étaient soudés au milieu de leur longueur, séparés
à leur extrémité et à leur base, mais ces faits sont excep-
tionnels.
Après l’action de l’acide osmique, nous les avons soumis à
des coupes transversales et longitudinales ; nous avons reconnu
qu’ils étaient formés de trois couches : un ectoderme et un
endoderme également développés, séparés par un mésoderme
fibreux et musculaire.
L'ectoderme mesure 12 centièmes de millimètre. Il parait
légèrement strié; l’aspect différent qu'il présente, suivant
qu'on examine les coupes transversales ou longitudinales,
est dù aux prolongements fibreux du mésoderme.
Nous ne pouvons, à lexemple de Hollard, distinguer dans
cette couche tégumentaire plusieurs plans nettement séparés ;
les éléments qui la constituent, existent aussi bien à sa surface
que dans sa profondeur. Nous voyons cependant, à son bord
libre, une mince zone complètement distincte des éléments
sous-jacents, mais on ne peut la considérer comme une couche
organisée : elle est due simplement à l’agglutination des cils
vibralles par du mucus.
D6 H. JOURDAN.
Au-dessous de cette zone artificieile, les éléments les plus
nombreux sont les nématocystes, qui se présentent sous trois
aspects différents (pl. 3, fig. 42 & et b) : les uns contiennent
encore leur fil enroulé en spirale, les autres en sont dépourvus ;
d’autres enfin, coupés en travers, apparaissent comme de gros
points noirs. Ces capsules urticantes sont cylindriques, très
longues, à fil régulièrement enroulé : celles qui sont vides
apparaissent comme des bâtonnets hyalins, et lon pourrait, à
l'exemple de Rotteken, les prendre pour des corps réfringents.
On retrouve des éléments semblables jusque dans la parte
M de l’ectoderme,
En isolant ces éléments, on peut se rendre aoripite de leur
mode de formation (pl. 3, fig. 49 a). Îls naissent dans de
petites cellules le plus souvent ovales, avec un prolongement
basilaire, cellules qui se rencontrent en grand nombre dans les
dissociations, Au milieu du protoplasma granuleux, on dis-
tingue un gros noyau, et un petit bâtonnet qui n’est autre chose
que le jeune nématocyste. En examinant plusieurs de ces cel-
lules, on voit le protoplasma disparaître peu à peu, Île néma-
tocyste s’accroître et son fil devenir de plus en plus distinct.
Bientôt il persiste seul, enveloppé de la membrane cellulaire
au milieu de laquelle il a pris naissance. À l’aide du même
procédé, on peut pénétrer la structure mtime de ces éléments,
On voit qu'ils se composent de deux parties distinctes, la
capsule et le fil. Le fil est tantôt encore contenu dans la cap-
sule, tantôt déroulé où même absent. La capsule est eylin-
drique, hyaline, vide de tout contenu protoplasmatique ; elle
parait être de nature chitineuse ; elle se colore fortement par
l'acide picrique et la solution iodée. Le filest long, disposé en
spirale, finement barbelé à sa base,
Les capsules urticantes sont loin de constituer à elles
seules la totalité des éléments de la couche ectodermique. On
distingue en effet, en moins grand nombre il est vrai, des
cellules de nature évidemment glandulaire (pl. 3, fig. 40
et 11 g). Elles sont fusiformes ou cylindriques, quelquefois
bilobées, et s'étendent de la surface de lectoderme, où elles
ARTICLE N° 1,
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE, 09
viennent s'ouvrir, jusqu’au mésoderme, avec lequel elles sont
en contart, à l'aide d’un prolongement basilaire.
Nous n'avons jamais rencontré ces éléments glandulaires
des tentacules en aussi grand nombre que chez l’Anemonia
sulcata. L'aspect de leur contenu est fort variable. [est tantôt
fortement, tantôt à peine granuleux. Ces cellules sont'quelque-
fois complètement vides, et apparaissent alors comme des
espaces hyalins nettement limités.
Dans les dissociations, on retrouve ces éléments, avec les
formes que nous avons déjà décrites; quelques-uns d’entre
eux sont bilobés (pl. 3, fig, 13 g) ; leur contenu, coloré en
jaune orangé par le picrocarmin, est plus fortement granu-
leux à la base de la cellule qu’à son extrémité libre. Le prolon-
gement basilaire est formé par la membrane d’enveloppe. 11
présente le plus souvent -un renflement d'aspect variable.
Tantôt c'est un pelit amas granuleux, tantôt il est compa-
rable à un petit globule dé graisse et résiste à laction des
réactifs. | -
Outre les nématoeystes et les glandes unicellulaires, lecto-
derme des tentacules possède encore des éléments particuliers
peu distincts chez cette espèce, difficiles à apercevoir sur les
coupes (pl. 3, fig. 14), mais qui se retrouvent en grand
nombre dans les dissociations, Îls sont comparables aux élé-
ments décrits comme sensitifs par Korotneff, dans les bourses
chromatophores de l’Actinia equina et dans les tentacules de
la Lucernaire. Les renflements protoplasmatiques sont très
nets et moins volumineux, mais le enidocil Fui-même est
absent. Nous avons cependant aperçu quelques-unes de ces
cellules qui portaient un renflement terminal très net et en
forme de cône. À cause de leur délicatesse, ces élémenis sont
le plus souvent incomplets; il nous serait difficile de leur
assigner une fonction, si nous n'avions pas retrouvé leurs ana-
logues dans lPectoderme d’autres espèces.
Au-dessous de lectoderme, on voit nettement une zone
épaisse qui, sur les coupes à l'acide osmique, parait parfaite-
ment homogène (pl. 3, fig. 10 et 11 /). Son aspect est diffé-
60 H. JOURDAN.
rent, suivant qu'on examine Les coupes transversales ou longi-
tudinales. Dans le premier cas, son bord externe paraît comme
frangé. Cet aspect est dù aux nombreux prolongements que le
mésoderme envoie dans l’ectoderme sous forme de lames lon-
gitudinales rayonnantes, servant de soutien aux éléments de
cette couche épithéliale. Dans le second cas, les bords externes
de cette zone sont nettement limités. Les coupes seules ne per-
mettent pas de se faire une idée Juste de la nature du tissu qui
constitue cette zone, et, à voir l'absence presque complète de
noyaux, on serait porté à la considérer comme une membrane
élastique. Après l’action de l'alcool, on peut dilacérer cette
couche; on voit alors qu’elle est formée par des fibrilles de
tissu conjonctif très nettes et colorées fortement par le car-
min. Sur les préparations de tentacules n'ayant pas subi l’ac-
tion de l’acide osmique, on peut voir ces fibrilles apparaitre
également par l’action du picrocarmin. Le système muscu-
laire se rattache au mésoderme ; il se compose de deux couches
contractiles, une de fibres longitudinales externes, et une autre
de fibres circulaires internes. Sur les coupes longitudinales, on
voit, le long du bord externe de la zone conjonctive, quelques
fribrilles plus fortement colorées par les réactifs et à contours
très nets. Elles constituent le plan de fibres musculaires longi-
tudinales. Elles se retrouvent, sur les coupes transversales,
sous la forme d’une série de points noirs qui suivent toutes les
sinuosités de ce bord externe. Sur le bord interne de la même
zone, on distingue, sur les coupes transversales, une ligne plus
foncée, qui est une fibre musculaire circulaire mterne. Les
coupes longitudinales montrent cette couche musculaire sous
la forme d’une ligne de petits points noirs. Il nous à été impos-
sible d'obtenir de bonnes préparations de ces éléments mus-
culaires. Isolés, ils se confondent, grâce à leur petit volume,
avec les éléments fibreux.
L’endoderme est remarquable, chez l’'Anemonia sulcata, par
son épaisseur, égale à celle de l’ectoderme (11 centièmes de
millimètre), et par les corpuscules de pigment qui entrent dans
sa composition (pl. 3, fig. 11, en). On pourrait y distinguer
ARTICLE N° {.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 61
deux couches nettement tranchées, la première contenant les
gros Corps pigmentaires, l’autre formée par des cellules vibra-
tiles. Cependant un examen attentif démontre que ces deux
zones se confondent en une seule ; on peut même les consi-
dérer comme représentées par une seule couche de cellules. I]
semble d’abord, quand on examine une coupe, soit longitudi-
nale, soit transversale, que chaque corpuscule de pigment soit
contenu dans une cellule particulière; mais bientôt on voit
que tous ces corps pigmentaires sont régulièrement disposés
en ligne perpendiculaire au mésoderme et séparés les uns des
autres, non par une enveloppe distincte, mais par un simple
étranglement qui les isole incomplètement; de sorte qu’en
réalité plusieurs de ces corpuscules, huit ou dix, sont contenus
dans une seule et même cellule très longue, en forme de boyau,
disposée perpendiculairement au mésoderme et vibratile à sa
pointe interne.
Les corpuscules pigmentaires sont très volumineux, à bord
nettement tranché, de couleur orangée, mais fortement teintés
en noir, à la manière des vésicules adipeuses, par Pacide
osmique. Ces corpuscules disparaissent complètement au bord
interne de l’endoderme. Ils sont remplacés par un amas de
protoplasma très légèrement granuleux, avec un noyau peu
distinct. Les cils vibratiles sont longs et peu nombreux.
L’Anemonia sulcata est la seule espèce chez laquelle nous
ayons rencontré un endoderme aussi épais etavec des corpus-
cules de pigment aussi volumineux et aussi nets.
Ces tentacules manifestent une vive sensibilité : il suffit d’en
pincer un légèrement, pour le voir se contracter rapidement
et se réduire au quart de sa longueur; mais en même temps
cette contraction reste isolée et ne s’élend pas aux autres ten-
tacules, qui conservent leur longueur primitive, sans paraître
impressionnés par la sensation éprouvée par l’un d’eux. Ce fait
nous semble propre à démontrer l’absence d’un système ner-
veux central chez les Actinies.
DISQUE BUCCAL ET TUBE ŒSOPHAGIEN. — Une coupe radiale
de la base nous à permis d'observer à la fois la structure
62 _ N. SOURDAN.
du disque buccal et du tube œsophagién, dont noùs avons
compléié l'étude par des coupes transversales (pl. 8, fig. 145).
Le plateau buccal présente les trois couches fondamentales
que nous avons signalées dans les tentacules. L’éctoderme lui-
même à, avec celüi de ces organes, de grandes analogies; les
nématocystes y sont seulement en moins grand nombre; ils
ont d’ailleurs des caractères identiques À ceux que nous avons
déjà décrits. Les éléments glandulaires s’y retrouvent égale-
ment souvent représentés par de simples espaces hyalins: Au
milieu de ées éléments, on distingue aussi des cellules sensi-
tives, dont le enidocil $e confond avec la zone artificielle qui
limite extérieurement l’ectoderme.
La zone ectodermique acquiert, chez quelques individus;
uné épaisseur remarquable 0"",45. En se rapprochant de
là lèvre, la proportion des éléments qui constituent cette
région se modifie, le nombre des nématocystes diminue, en
mème teinps äpparaissent des éléments glandulaires parti-
culiers, que nous n’avous retrouvés que dans l’œsophage.
La transition entre lectoderme du disque buceal et celui
du tube œsophagien se fait insensiblement; la limite qui les
sépare n’est pas indiquée par Îa présence d'aucun organe
essentiel. Au-dessous de l’ectoderme, le imésoderme se pré-
sente avec des caractères histologiques plus nettement fibreux ;
les noyaux y sont très nets, même sur les coupes à l'acide
osinique : il présente de.plus, avec la région voisine, des rap-
ports différents de ceux que nous avons signalés pour le méso-
derme des tentacules (pl. #, fig. 47). I n’envoie pas dans
l’ectoderme les prolongements que nous avons décrits dans
les tentacules; iais son bord intérné, au leu d’être rectligne,
présente sur les coûpes üne série de festons correspondant à
des plis circulaires, dont toutes les anfractuosités sont tapissées
par une couche de fibres musculaires représentées sur les
coupes verticales par des points très nets. L’endoderme pré-
sente ici les mêmes caractères que dans les tentacules.
Le tube œsophagien est régulièrement plissé suivant sa lon-
oueur (pl. 4, fig. 48). Sur les coupes transversales, on voit
ARTICLE N° {.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 63
que chacun de ces plis est représenté par un lobe très net,
formé par l’ectoderme etle mésoderme. Au niveau de chacun
de ces lobes, le mésoderme envoie à travers l’ectoderme un
prolongemént fibreux qui n’est autre que le bord interné des
cloisons. Celles-ci sont ainsi, chacune, en continuité avec un
pli du tube œsophagien; inférieurement, elles se terminent
librement, bordées par un filament mésentérique.
À ce propos, nous ferons remarquer que chacun des fila-
ments qui bordent les lames mésentéroïdes dans Ia cavité
mésentérique, correspond par conséquent à un pli du tube
œsophagien; on pourrait donc considérer ce dernier comine
résultant de la soudure du bord interne des lames mésenté-
roïdes, si lembryogénie et lhistologie ne démontrarent pas
que lœsophage à, par son origine etsa structure, des rapports
bien plus grands avec les parois du corps. Chacun de ces plis
présente donc à étudier un ectoderme et un mésoderme. On
retrouve, dans lectodérme, les éléments supposés sensitifs
déjà signalés ; les nématocystes en sont presque complètement
absents; il en est de même des glandes, dont le contenu gra-
nuleux est rémplacé par un protoplasma fortèment coloré par
l’osmium. Ces éléments nous paraissent caractéristiques de
l’œæsophage ; non-séeulement ils n'existent chez lAnemonia
sulcata que dans cette seule région , mais ils se retrouvent
sur d’autres espèces dans le même organe.
Le mésoderme se présente ici avec une structure aussi net-
tement fibreuse que dans le disque buccal; il est surtout
développé dans la partie centrale des plis ou lobes; ïl y
forme un tissu plus lâche, mais il diminue d'épaisseur et
d'importance dans l’espace intermédiaire, où 1l n’est plus
représenté que par une couche aussi mince que le plan mus-
culaire sous-jacent, qui, par ses fibres circulaires, constilue
seul Ta zone contractile du tübe œsophagien.
Les corpuscules de pigment si volumineux, que nous avons
signalés dans lendoderme des tentacules du disque buecal,
et que nous retrouverons dans les parois du corps, manquent
dans l’æsophage, où cette couche est souvent réduite en
64 EH. JOURDAN.
bouillie, mème après l’action de l’acide osmique. Aussi est-il
à peu près impossible d'observer la forme des cellules qui la
constituent. Nous remarquons seulement de nombreux corpus-
cules, fortement colorés par l’acide osmique, de forme et de
dimensions diverses, ne rappelant en rien, ni par leur aspect,
ni par la teinte produite par les réactifs, les corps pigmentaires
des tentacules, qui, par leurs caractères nettement tranchés et
réguliers, constituent des éléments faciles à reconnaître. Le
bordinterne de cette couche est aussi souvent incomplet, etil
fait quelquefois défaut sur les coupes imparfaites. Ces diffi-
cultés montrent au moins que les éléments endodermiques
sont ici d’une grande délicatesse.
Parois pu corps. — Lames mésentéroides (pl. 3, fig. 16). —
On rencontre dans les parois du corps la même disposition de
couches que dans les autres régions. L’ectoderme présente
cependant des caractères spéciaux qui ne se retrouvent pas
ailleurs ; les nématocystes sont très rares, et les éléments glan-
dulaires sont représentés seulement par quelques espaces
hyalins. On distingue au contraire de nombreuses fibrilles,
disposées perpendiculairement au mésoderme, munies chacune
d’un ou de plusieurs renflements protoplasmatiques. Ces par-
lies se retrouvent en grand nombre dans les dissociations,
et elles paraissent constituer la grande majorité des éléments
de l’ectoderme.
Au-dessous, le mésoderme se présente avec un caractère
nettement fibreux ; son bord interne possède cette série de
festons correspondant à autant de plis circulaires, que nous
avons déjà signalés dans le mésoderme du disque buceal. La
couche des fibres circulaires internes, qui constitue à elle seule
tout le système musculaire de la colonne, en tapisse toutes les
sinuosités. L’endoderme se présente ici avec les mêmes carac-
tères que dans le disque buccal, et dans les tentacules les
corpuscules de pigment y sont presque aussi volumineux et
aussi nets.
Lesreplis mésentéroïdes prennent leur origine dans le méso-
derme fibreux; lectoderme en est complètement indépen-
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE: 65
dant ; ils sont recouverts, sur chacune de leurs faces, par une
couche de fibres musculaires longitudinales qui acquièrent ici
peu d'importance. L’endoderme recouvre les lames mésen-
téroïdes.
Les organes de la reproduction prennent naissance dans
une sorte de dédoublement du mésoderme ; les sexes sont
séparés et se distinguent par des différences de coloration.
ACTINIA EQUINA.
TENTACULES. — On trouve ici, comme dans toutes les Acti-
nies, les trois couches fondamentales que nous avons décrites
chez l'espèce précédente. L’ectoderme mérite surtout de fixer
notre attention. Nous l'avons étudié à l’aide des coupes et des
dissociations. Les coupes montrent que son bord externe est
hérissé de cnidocils semblables à ceux des bourses chromato-
phores. Au-dessous on distingue de nombreux nématocystes
cylindriques à fil enroulé en spirale (pl. 5, fig. 28). La base
de l’ectoderme est moins nette; il est difficile de se faire une
idée exacte des cellules qui la constituent et de leurs fonctions.
Les dissociations font voir que l’ectoderme possède d’autres
éléments histologiques du plus grand intérêt; mais à cause de
leur importance, nous préférons les décrire avec les éléments
de imême nature qui existent dans les parois du corps.
Parois pu corps. — Chez lActinia equina, et probablement
chez toutes les Actinies, l'épaisseur des parois du corps varie
suivant l’âge. Les chiffres suivants montrent combien on doit
tenir compte de la taille des individus. Chez une Actinie de
petite taille, adulte, l’ectoderme mesure 0,03 de millimêtre ;
le mésoderme fibreux et musculaire, 0,055 de millimètre.
Chez une Actinie de grande taille, l’ectoderme avait 0,11 de
millimètre, le mésoderme fibreux et musculaire 0"*,49. Les
figures 19 et 20 de la planche # montrent, sous des grossisse-
ments inégaux, l’aspect différent que prend l’ensemble des
couches, suivant l’âge des individus. La structure de l’ecto-
derme se modifie en même temps, mais les éléments qui le
constituent, restent les mêmes. Geux qui attirent d’abord Fat-
ANN. SC. NAT., ZO00L., AOUT 1879-80. X. D, — ART. N° Î.
66 H,. JOURRAN.
tention par leur nombre et la netteté de leurs contours sont
des cellules ovales ou en forme de massue à contours hyalins
ou fortement granuleux, le plus souvent dépourvues de noyaux.
Sur les coupes de l’ectoderme d’une Âctinie de grande taille,
elles apparaissent comme des espaces vides (pl, 4, fig. 21 9).
Entre ces éléments de nature glandulaire, on voit des cellules
allongées, plus fortement colorées par l'acide osmique, dont
l'extrémité libre est aplatie et porte un revêtement de cils
vibratiles, que leur nombre et leur finesse ne permettent pas
de confondre avec des cmidocils (pl. 4, fig. 21 »). La partie
profonde de la couche cellulaire externe se présente avec Pas-
pect granuleux caractéristique ; l’épaisseur de cette couche
semble augmenter avec l’âge des imdividus, mais la nature des
éléments qui la constituent n’en devient pas plus facile à
comprendre. On distingue un aspect vaguement fibrillaire et
des noyaux très fortement colorés par l’osmium ; les granula-
tions deviennent plus nombreuses et plus visibles près du méso-
derme, mais il nous a été impossible de distinguer aucune
forme cellulaire. La macération pendant un mois, dans le
bichromate d’ammoniaque à la dose de 4 pour 200, nous a
permis d'obtenir par la dissociation des éléments en parfait
état de conservation. Nous notons d’abord une absence com-
plète de capsules urticantes, et nous remarquons une grande
abondance de cellules munies à leur base d’une fibrille, et
qui rappellent complètement par leur aspect les éléments de
même nature qui ont été vus chez l’Hydre, d'abord par Klei-
nenberg, ensuite par Korotneff et divers autres observateurs
(pl. 4, fig. 24 à 26).
Chacun de ces éléments se compose d’une cellule et d’une
fibrille fusiforme très réfringente, dépourvue de noyau et se
colorant très fortement par les réactifs. La portion cellulaire
possède un protoplasma granuleux avec un ou deux noyaux
très apparents. La fibrille est tantôt courte, à peine visible, se
confondant presque avec le protoplasma cellulaire; d’autres
lois au contraire elle est très longue, effilée aux deux bouts,
apparaissant comme une formation tout à fait indépendante du
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE BE MARSEILLE. 67
protoplasma. La cellule diminue de plus en plus d'importance,
et finit par devenir comme une annexe de la fibrille. Ces
éléments sont alors semblables à celui qui est figuré par
Schulze (1), à propos de l’'Hydraire Spongicola fistularis.
Dans les tentacules, ces éléments se présentent sous un
aspect encore plus curieux. Les parties qui les constituent
sont nettement séparées (pl. 5, fig. 30 et 34). Chacun d’eux
se compose d’une cellule volumineuse, en forme de massue,
entourant un protoplasma granuleux, eoloré en rose par le
picrocarmin ; l'enveloppe de la cellule forme une sorte de
pédoncule, par l’intermédiaire duquel elle est mise en rapport
avec une fibrille courte dépourvue de noyaux. Nous ferons
remarquer que, dans les tentacules, la cellule est toujours très
volumineuse et la fibrille très courte ; de plus, ces deux par-
ties sont toujours nettement séparées.
La forme que nous venons de décrire, est celle qui se ren-
contre le plus souvent, mais elle n’est pas la seule. Les cellules
épithélio-musculaires se présenteut quelquefois avec des as-
pects encore plus remarquables. La base amincie de la cellule,
au lieu d’être directement en contact avec la fibrille, présente
un où deux renflements variqueux, contenant quelques granu-
lations de protoplasma (pl. 5, fig. 30 cb).
Ces éléments prennent alors un aspect qui rappelle le schéma
n°2 et n° 3 donné par Ranvier dans son traité sur l’Histologie
du système nerveux. Nous n’avons pas la prétention de croire
qu'ils correspondent à l’état figuré par l’éminent histologiste,
et que le petit renflement imtermédiaire à la cellule et à la
fibre constitue une cellule nerveuse. Nous pensons plutôt que
“les éléments que nous avons observés représentent simple-
ment une forme bizarre de cellules épithélio-musculaires digne
d’être signalée, sans que les particularités de leur structure
permettent de leur attribuer des fonctions spéciales.
Kleimenberg (2) est le premier naturaliste qui ait vu des élé-
(1) Franz Etlhard Schulze, Spongicola fistularis (Archiv für mikroskopische
Anatomie, 1871).
(2) Kleinenberg, Hydru, 1872.
66 A. JOUEREHAN.
ments de la nature de ceux que nous avons décrits ; 1l les avait
observés dans l'ectoderme de l’Hydre, et il en a donné une des-
cription qui a été rectifiée depuis par Korotneff. I avait cru
que les cellules de l’ectoderme portaient à leur base un ou
plusieurs prolongements protoplasmatiques, un peu plus réfrin-
gents, mais ne constituant pas des fibrilles distinctes ; de plus,
il pensait que ces éléments remplissaient des fonctions spécia-
lement neuro-musculaires. Korotneff (1) a répété les observa-
tions de Kleinenberg, et il est arrivé à des résultats semblables
à ceux que nous venons d'exposer. Il considère les prolonge-
ments basilaires comme formés par des fibrilles parfaitement
distinctes, et il ne croit pas que ces éléments méritent le nom
de neuro-musculaires, qui leur a été donné par Kleinenberg.
Les observateurs avant eu l’occasion de voir des éléments
analogues à ceux de l’ectoderme de l'Hydre ou des Méduses
en ont donné une description semblable à celle de Korotneff.
Nous partageons complètement leur manière de voir. Nous
croyons qu'on doit considérer ces cellules ectodermiques
comme des éléments dans lesquels les fonctions épithéliales et
sensitives sont encore confondues, et susceptibles de donner
naissance à des fibres musculaires. Il serait en effet difficile
d'admettre, ainsi que pourrait le laisser croire l'opinion de
Kleinenberg, que des fibrilles musculaires peuvent se déve-
lopper aux dépens d’une cellule nerveuse. Aussi préférons-nous
désigner ces éléments contractiles sous le nom de cellules
épithélio-musculaires, qui nous paraît bien propre à indiquer
l’origine et les fonctions de ces éléments de l’ectoderme.
Les éléments glandulaires se rencontrent en grand nombre
dans les dissociations (pl. #, fig. 29) ; ils ont une forme ova- .
laire ou parfaitement sphérique ; tous sont munis d’un prolon-
gement basilaire, contiennent un protoplasma granuleux et
quelquefois un noyau. Le contenu de la cellule se colore en
jaune orangé par le picrocarmin. Cette teinte, leur aspect
finement granuleux et leurs proportions permettent de les
(1) Korotneff, Histologie de l’'Hydre et de la Lucernaire (Archives de z00-
iogie expérimentule el générale, 1876, n° 3).
ARTICLE N° Î
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 69
distinguer facilement des autres éléments. Les cellules épi-
thélio-musculaires et les glandes unicellulaires constituent la
presque Lotalité des éléments de l’ectoderme ; on rencontre
cependant encore des cellules en massue avec un protoplasma
coloré en rose (pl. #4, fig. 23). Elles différent complètement,
par leur aspect, des éléments glandulaires et des cellules mus-
culaires ; nous sommes porté à les considérer comme des cel-
lules vibratiles, bien que leurs cils ne soient pas nettement
visibles.
Le mésoderme présente es caractères d’un tissu fibreux
(pl. 4, fig. 19 et 20 M). Chez les individus de petite taille, son
épaisseur ne dépasse pas celle de lectoderme. Les noyaux de
tissu conjonctif y sont nettement visibles ; son bord externe est
rectiligne et nettement tranché ; son bord interne est ondulé
el porte sur les coupes longitudinales une couche de noyaux
fortement colorés par l'acide osmique, qui représentent les
coupes de tout autant de fibres musculaires circulaires. Ghez
les individus plus volumineux, le mésoderme acquiert des
dimensions plus considérables; sa structure se modifie en
même temps ; 1l renferme alors de nombreuses lacunes conte-
nant des amas granuleux sans structure appréciable. Les sinuo-
sités de la face interne augmentent en nombre et en profon-
deur ; les fibres musculaires prennent ainsi une importance
bien plus considérable, quelquefois même les plis se soudent,
et alors quelques fibres musculaires sont isolées et entièrement
contenues dans l’épaisseur du mésoderme : cette disposition
rappelle ce qui existe dans la colonne du Calliactis.
L'endoderme ne présente rien de remarquable. Ses cellules
sont très délicates ; renflées à leur extrémité hbre, elles ne con-
tiennent pas ces corps pigmentaires si volumineux qu'on voit
dans l’endoderme de l’Anemonia sulcata. Les corpuscules
de pigment de l’Actinia equina paraissent situés à la base de
l’'ectoderme.
BOURSES CHROMATOPHORES. — Ces petits organes forment au
sommet de la colonne une couronne remarquable par sa colo-
ration bleue. Les appendices qui la constituent ont été étu-
70 __ HE. JOURDAX.
diés pour la première fois par Hollard (4), qui avait noté
l'abondance et la dimension considérable de leurs capsules
urticantes, ainsi que les difficultés que l’on rencontre pour
distinguer le fil contenu dans leur intérieur. Depuis, leur étude
a été reprise par Schneider et Rotteken et par Martin Duncan.
Les premiers de ces observateurs ont étudié des individus con-
servés dans lalcool; nous avons déjà cité dans Phistorique de
ce travail la description donnée par ces naturalistes. Korotneff
a pensé que les résultats auxquels ils étaient arrivés exigeaient
une vérification ; dans ce but, il s’est livré à de nouvelles re-
cherches, qui ont été faites au laboratoire de Roscoff, dans le
courant de l’année 1876. Korotneff a démontré que les baguettes
et les lentilles décrites par Schneider et Rotteken correspon-
dent aux cnidocils ; que les corps cylindriques sont de véri-
tables nématocystes. La zone musculaire n’est autre chose
que le mésoderme fibreux ; enfin lendothelium correspond
à l’endoderme. Il résulte de ces conelusions que les bourses
chromatophores sont des organes du tact et non des yeux
composés.
La différence des résultats obtenus par ces observateurs
tient à ce que les premiers ont étudié des individus conservés,
tandis que Korotnelf à pu faire ses recherches sur des ani-
maux vivants. La facilité avec laquelle le fil des capsules urti-
cantes se déroule et se détache, suffit à expliquer comment
les naturalistes allemands ont pu prendre des nématocystes
vides pour des bâtonnets réfringents. En effet, même dans les
bourses chromatophores, étudiées sur des individus frais, le fil
urticant est difficile à voir; il est court et gros, diffère sensi-
blement de ceux qu’on observe habituellement: de plus, 1l se
sépare de la capsule avec la plus grande facilité; le PRÉ sou-
vent il est même complétement absent.
Les observations de Korotneff paraissent coneluantes ; cepen-
dant nous avons pensé qu’il était impossible de faire une étude
histologique complète de l’Actinia equina en laissant systémati-
A) Hollard, Monographie du genre AcriNiA (Ann. des sciences nat.,t. XXV
1851).
ARTICLE N° {.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 74
quement de côté la structure des bourses chromatophores.
Aussi, bien que lesrésultats de nos recherches à ce sujet soient
souvent conformes à ceux du naturaliste russe, nous croyons
devoir les exposer, ne serait-ce que pour confirmer les recher-
ches de ce savant observateur, dont nous sommes heureux de
pouvoir partager les opinions.
Les coupes verticales de bourses chromatophores permet-
tent de distinguer les trois couches qui se rencontrent dans les
parois du corps de toutes les Actinies (pl. 5, fig. 32). La cou-
che ectodermique est très épaisse; son bord externe est garni
de cnidocils très nets, colorés en gris par losmium; leur vo-
lume et leur rigidité ne permettent pas de les confondre avec
de simples cils vibratiles. La zone externe de l’ectoderme est
presque uniquement constituée par des nématocystes cylindri-
ques très longs, presque tous dépourvus de leur fil urticant.
On aperçoit, disséminés parmi ces capsules, quelques rares
éléments glandulaires à contenu granuleux. Au-dessous de
cette zone à nématocystes, on distingue une couche très épaisse
formée par des fibrilles très nombreuses, serrées les unes contre
les autres et fortement colorées par losmium. Ces fibrilles pré-
sentent quelques noyaux. Si l’on suit quelques-unes de ces
fibrilles, on voit leur extrémité externe s’insinuer entre les cap-
sules et se terminer derrière des cnidocils ; quelques-unes vont
aboutir à de petites vacuoles situées près du bord externe er
dont les fonctions sont difficiles à interpréter. La zone granu-
leuse qui existe à la base de lectoderme de toutes les Actinics
manque dans les bourses chromatophores.
Le mésoderme est formé par du tissu conjoncetif complète.
ment dépourvu de noyaux et semblable à une membrane élas-
tique. Sur la coupe que nous avons figurée, le mésoderme con-
tient des cellules munies d’un noyau. Leur volume permet
difficilement de les considérer comme de simples éléments du
tissu conjonctif; cependant, comme elles manquent complète-
ment sur quelques coupes de bourses chromatophores et
qu'elles se rencontrent dans d’autres parties du mésoderme,
nous ne croyons pas qu'on puisse leur attribuer des fonctions
72 E. JOURDAN.
spéciales. Des cellules semblables existent dans le mésoderme
de plusieurs espèces.
L’endoderme des bourses est formé par de grandes cellules
contenant quelques granulations plus fortement colorées par
l'acide osmique. Il est vibratile. Le pigment qui colore en
bleu les bourses chromatophores siège à la base de l’ecto-
derme; il est formé par des granulations très fines, difficiles
à apercevoir. |
Les éléments des bourses chromatophores, isolés par la dis-
sociation, sont plus faciles à étudier; l'observateur peut se
faire une idée beaucoup plus nette de leur structure, de leurs
fonctions et même de leurs rapports. On remarque d’abord
que les nématocystes sont très nombreux, presque tous dépour-
vus de fil urticant, cylindriques, et portant à l’une de leurs ex-
trémités un noyau que les réactifs colorent bien plus fortement
que la capsule. On voit également en grand nombre des fibrilles
terminées à leur extrémité libre, le plus souvent par un, quel-
quefois par deux cmidocils (pl. 5, fig. 33). On rencontre encore
des éléments de même nature, qui se terminent en s’évasant
en forme de calice. On pourrait croire d’abord que cet aspect
particulier est produit par deux cnidocils réunis par du mueus;
mais un examen attentif démontre que cette interprétation,
vraie quelquefois, ne peut être admise dans tous les cas (pl. 5,
fig. 37). Ces fibrilles présentent un ou deux renflements. Ko-
rotneff admet qu’ils sont produits par un ou plusieurs amas de
protoplasma extérieurs à la fibrille, et 1l croit que ceile-c1 les
traverse en conservant son intégrité. Nous ne pouvons partager
cette manière de voir; nous avons toujours vu la fibrille se di-
later au niveau des amas proloplasmatiques. Le protoplasma
et les noyaux siègent à l’intérieur même de la fibrille; celle-ci
est très réfringente ; les réactifs colorants ont peu d’action sur
elle, tandis qu’ils agissent avec beaucoup plus d'intensité sur
le protoplasma et sur les noyaux des renflements.
Quels sont les rapports des deux espèces d'éléments que nous
venons de décrire? Korotineff dit : « Je ne puis trouver une
liaison intime entre les fibrilles et les nématocystes, cependant
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE, FL]
je ne puis affirmer qu’elle n'existe pas. » Nous pensons avoir
été plus heureux que le naturaliste russe. Nous avons pu obser-
ver des éléments jeunes (pl. 5, fig. 35 et 36) qui nous ont per-
mis d'apprécier les véritables rapports du nématocyste et de
l'élément à enidocils.
Les capsules urticantes se développent aux dépens de l’ex-
trémité externe de la fibrille qui porte le enidocil dans un petit
amas de protoplasma dont le volume diminue avec le dévelop-
pement du nématocyste. C’est aux dépens de la même cellule
que le enidocil se forme. On voit donc qu’au moins à une cer-
taine période de leur existence, ces deux éléments ont entre
eux des rapports intimes. Plus tard ces rapports deviennent
plus difficiles à apprécier ; nématocystes et éléments à enidocils
restent seulement juxtaposés, et la figure 35 montre combien
il est alors malaisé de se faire une idée exacte des relalions qui
les unissent.
L'observation précédente montre que la différence signalée
par Korotneff entre les éléments des bourses chromatophores
et ceux des tentacules de la Lucernaire n'existe pas, et que,
chez les Actinies, les fibrilles sont liées au nématocyste par des
liens aussi intimes que chez la Lucernaire. Les éléments que
nous venons de décrire sont les plus importants parmi ceux qui
constituent l’ectoderme des bourses chromatophores ; cepen-
dant'ils se rencontrent ailleurs et ne peuvent être considérés
comme caractéristiques. Les bourses chromatophores possè-
dent des éléments glandulaires nombreux; les uns sont fusifor-
nes, les autres sont bilobés (pl. 5, fig. 38). Tous contiennent
un protoplasma finement granuleux se colorant fortement par
les réacüfs ; nous n’avons jamais pu observer les noyaux signa-
lés par Korotneff. De plus, les éléments que nous avons vus
portaient presque tous un prolongement basilaire et hyalin.
Cette forme de cellule glandulaire est la plus commune, mais
elle n’est pas la seule qu'on puisse rencontrer dans les bourses
chromatophores, qui possèdent encore des éléments ayant des
fonctions probablement glandulaires, éléments d’une forme
bizarre, différente de celle que nous venons de décrire, Les
74 1. JOUER) AN.
organes dont nous voulons parler sont plutôt conformes aux
fibrilles nerveuses, mais ils en diffèrent par quelques carac-
tères essentiels, FIs ne portent jamais un cnidocil ou une for-
mation analogue. [ls se terminent simplement par un petit
corps globuleux (pl. 5, fig. 39) et sont munis de plusieurs ren-
flements dont le contenu diffère complètement de celui des
cellules à enidocils. Au lieu d’un protoplasma finement granu-
leux, on voit des vésicules hyalines sur lesquelles les réactifs
colorants n’ont pas d'action, et qui sont tout à fait comparables
à des vésicules adipeuses.
Quelles sont les fonctions des bourses chromatophores?
Devons-nous les considérer comme des organes sans analogues
chez les autres Zoanthaires? Korotneff termine son mémoire
en disant : « Les bourses marginales sont des organes des sens
sui generis el ressemblant surtout à des organes de tact. Cepen-
dant la fonction de ces formations n’est pas entièrement spé-
cialisée, ce qui est prouvé par la présence des nématocysies et
des cellules glanduleuses. » Nous adhérons pleinement aux
conclusions du naturaliste russe ; nous pensons que, dans l’ec-
todérmé des bourses marginales, les éléments fibrillaires à eni-
docils possèdent des fonctions sensitives analogues à celles du
toucher et en rapport intime avec l'émission du fil urticant. La
vive sensibilité de ces éléments nous semble propre à expliquer
la difficulté qu’on a pour observer des nématocystes contenant
encore leur fil enroulé en spirale. Nous croyons en outre que
ces fonctions ne sont pas particulières à ces petits organes,
puisque nous avons rencontré des éléments histologiques ana-
logues dans l’ectoderme des tentacules, chez la plupart des
espèces et même dans ceux de lActinia equina. Nous verrons
plus loin que les têtes des tentacules du Corynactis et les lobules
des tentacules du Balanophyllia sont garnis d'éléments à cnido-
cils comparables à ceux des bourses marginales dont nous
nous OCCUpPONs ici. 1
(ŒsopHAGE. — La structure générale de cette région est la
même que celle du tube œsophagien de la plupart des autres
Zoanthaires. Elle présente des plis longitudinaux profonds,
ARTICLE N° 1.
OX
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 7
dont l’ectoderme suit toutes les sinuosités, La surface de
la couche cellulaire mérite seule quelque attention (pl. 4,
fig. 27). Elle est couverte de cils vibratiles. Les coupes après
l'action de l'acide osmique montrent une structure particu-
lière, difficile à interpréter; cette couche est constituée par
des granulations plus fortement colorées par l’acide osmique,
noyaux de tout autant de petites fibrilles, On remarque, dans
cet ectoderme, des espaces vides produits par lPécartement
des éléments fibrillaires, et des cellules glandulaires privées de
leur contenu et qui se présentent comme des espaces hyalins.
Ces glandes sont colorées très fortement par l'acide osmique et
apparaissent sur les coupes comme des points entièrement
noirs. Il est probable que le produit de leur sécrétion doit jouer
un rôle dans la préhension des aliments et même dans la
digestion.
LAMES MÉSENTÉROÏDES. — Les coupes transversales de lAc-
hinia equina, durcies par l'alcool, montrent que les lames mêés-
entéroïdes possèdent une structure fondamentale semblable
à celle des autres Zoanthaires malacodermés. Le plan médian
de ces lames mésentéroïdes est formé par du tissu conjonetif;
cette couche apparaît sur les coupes transversales comme un
axe fibreux, et présente sur un de ses bords des sinuosités, qui
deviennent plus profondes en se rapprochant davantage de
l'axe de l’Actinie. Ges plis forment ainsi un simple épaississe-
ment, qui a pour but d'augmenter le nombre des fibres mus-
culaires, mais leur ensemble ne va pas jusqu’à constituer,
comme chez plusieurs espèces, un faisceau fibro-musculaire
distinct. L'espace entre les lames mésentéroïdes est occupé
par des filaments mésentériques et par les organes de la repro-
duction.
Bien que la présence des larves dans la cavité mésentérique
de lActinia equina soit difficile à expliquer, nous n'avons cepen-
dant jamais rencontré des Imdividus possédant à la fois des
ovules et des vésicules mâles. Les sexes sont faciles à distin-
ouer ; la coloration des vésicules mâles est toujours plus claire
que celle des ovaires. Les coupes seules donnent une idée exacte
76 EH. JOURDAN.
de la structure des organes reproducteurs. Les vésicules mâles
sont disposées suivant une seule série dans l'épaisseur de la cou-
che mésodermique. Chacune d’elles est constituée par une mem-
brane fibreuse distincte (pl. 5, fig. 40) et porte un revêtement
endodermique formé par une seule couche de cellules. Les vé-
sicules contiennent sur les bords une ou plusieurs couches de
cellules rondes ou légèrement polygonales, qui tapissent l’inté-
rieur de la coque fibreuse; les noyaux de ces éléments devien-
nent visibles par l'emploi des plus forts objectifs. Les sperma-
tozoides, arrivés à leur état de complet développement, occu-
pent le centre de la capsule ; ils apparaissent sous la forme
d’un amas granuleux, et prennent certainement naissance aux
dépens des cellules de la vésicule. Les organes mâles ne possè-
dent aucun conduit permanent permettant la sortie des sper-
matozoïdes. Les vésicules se vident à l’aide d'un mécanisme
particulier que nous avons pu observer avec une grande net-
telé dans une de nos coupes.
Sur un ou plusieurs points d’une vésicule mâle se manifeste
une sorte de dépression, et plus tard un véritable enfoncement.
La coque fibreuse se refoule ainsi de plus en plus et finit par
se rompre; les cellules endodermiques, qui ont suivi le méso-
derme dans son refoulement à l’intérieur de la vésicule, con-
stituent alors un revêtement cellulaire aux parois du canal
délérent, qui prend ainsi naissance. Les spermatozoïdes mûrs
s'engagent dans ce conduit, et parviennent ainsi dans la cavité
mésentérique. On voit que la sortie des éléments mâles se fait,
chez l’Actinia equina, par un procédé assez compliqué. Les
spermatozoïdes, arrivés à leur complet développement, sont
constitués par deux parties parfaitement distinctes. La tête est
très nette et facile à apercevoir ; la queue est formée par un fil
long et délicat.
Lorsqu'on ouvre un Actinia equina dans le courant de la
belle saison, depuis le mois de mai jusqu’à l'automne, on
trouve en grand nombre, dans la cavité mésentérique, des
larves à divers degrés de développement, nageant entre les
lames mésentéroïdes. On remarque de plus des parasites qu'un
ARTICLE N° 1.
ZOANTIHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. firl
examen superficiel pourrait faire confondre avec les larves. [ls
présentent pourtant une forme bizarre, qui rend toute confu-
sion impossible. En les examinant attentivement, on est bientôt
convaincu que, malgré leur taille, ces corps sont de véritables
Infusoires (pl. 5, fig. #1). Ils mesurent de 15 à 30 millimètres
dans leur grand axe et ont une forme aplatie nautiloïde. Mal-
gré leurs fortes dimensions, leur organisation est toujours très
simple. Ils sont formés par une cuticule très distincte, conte-
nant un protoplasma fortement granuleux. Par l'emploi des
réactifs, nous n’avons Jamais distingué nettement une granu-
lation plus forte que les autres, ou un espace hyalin pouvant
être considéré comme un noyau. La cuticule porte des crêtes
obliques disposées perpendiculairement au grand axe du corps
et garnies de eils vibratiles. L’acide osmique fait apparaître
cette enveloppe avec la plus grande netteté; le picrocarmin
colore le protoplasma en rouge. Par l’action de l’acide acé-
tique, la masse protoplasmique devient plus transparente. Cet
Infusoire parasite, que nous avons cherché en vain à détermi-
ner génériquement, mériterait de nous arrêter plus longtemps ;
nous nous proposons de reprendre plus tard son étude, et nous
tàcherons d'observer son développement. L’Actinia eguina est
la seule espèce chez laquelle nous ayons trouvé cet Infusoire
parasite, qui vit de préférence, en grand nombre, dans les
individus habitant les rochers du Pharo.
BUNODES VERRUCOSUS.
TENTACULES. — Le Bunodes verrucosus présente des tenta-
cules hyalins, transparents, ornés de taches régulières et con-
stantes. Observés par compression, ces appendices apparaissent
couverts de cils vibratiles, et ils contiennent, dans une couche
endodermique, de nombreux corpuscules de pigment. Ces
tentacules, isolés et durcis par l'acide osmique, peuvent être
soumis à des coupes. On remarque alors que: les nématocystes
sont très nombreux, et qu’ils forment, au bord externe de
l’ectoderme, une couche presque continue. Les cellules glan-
dulaires [sont bien plus rares et faciles à reconnaitre par la
78 EH. FOUREHAN.
couleur jaune orangée que prend leur contenu sous Pinfluence
du picrocarmin. Entre la zone à nématocystes et le méso-
derme, existe une couche granuleuse dont la structure est
difficile à apprécier. Par les dissociations, on trouve des élé-
ments munis d'un où deux renflements à protoplasma coloré
en rose par le picrocarmin, éléments que nous considérons
comme des cellules vibratiles. Tous ces éléments histologiques
sont munis à leur base d’un prolongement formé par l’enve-
loppe de la cellule, et à l'aide duquel ils se mettent en contact
avec le mésoderme. Les petits noyaux situés sur ces prolonge-
ments basilaires contribuent à former la couche granuleuse
de l’ectoderme.
Le mésoderme est formé par les faisceaux longitudinaux de
üssu conjonctif. Les fibrilles et les noyaux de ce tissu rap-
pellent complètement ceux des animaux supérieurs. Des cel-
lules délicates, qui ne se retrouvent pas dans les dissociations,
constituent l’endoderme. Sur les coupes à l'acide osmique
(pl. 7, p. 49), on remarque que ces éléments possèdent une
enveloppe très fine et contiennent un protoplasma à peine
granuleux. £
Parois pu corps. — Les bourses marginales de PActnia
equina ontattiré depuis longtemps l'attention des observateurs.
Les saillies de la colonne du Bunodes n’ont pas eu ce privilège ;
leur nom indique qu'on ignore encore la structure et les fonc-
lions de ces organes. Nous ne connaissons aucun travail ana-
tomique sur ces petits appareils. Gosse les désigne sous le nom
de verrues, sans chercher à pénétrer la nature de leur'tissu.
Les boutons urticants du Cladactis de Panceri diffèrent com-
plètement de ceux qui se trouvent sur le Bunodes.
Nous erovons que la structure histologique des boutons du
Bunodes présente quelque iniérèt. Ces verrues sont tantôt
complètement ectodermiques, tantôt au contraire elles sont
logées dans épaisseur du mésoderme; dans tous les cas, leur
origine est la mème et les éléments de l’ectoderme contribuent
seuls à les former; aussi ferons-nous précéder leur étude de
celle de la couche cellulaire externe.
ARTICLE N° Î.
ZOANTISAIRES, DU GOLFE DE MARSEILLE. 79
L'ensemble des parois du corps a une épaisseur de 60
à 80 millimètres. L’ectoderme mesure 42 millimètres; mais,
par ses replis, cette couche peut attendre de 25 à 35 milli-
mètres. Le mésoderme forme une zone fibreuse de 10 à
15 millimètres.
À un faible grossissement, on remarque d’abord, sur les
coupes faites dans des individus durcis par lacide osmique,
que l’ectoderme forme des plis très nombreux et très profonds ;
on voit également qu'il présente des stries fortement colorées
par l’osmium; on distingue aussi des espaces hyalins de forme
ovale. Des grossissements plus forts permettent de considérer
ces espaces comme des éléments glandulaires privés de leur
contenu.
À l’aide des objectifs plus puissants, il est possible d’avoir
une idée nette des éléments qui entrent dans la composition de
l’'ectoderme (pl. 7, fig. 951); on en distingue alors de deux
sortes bien différentes. Les uns, fortement colorés par lPos-
mium, sont analogues aux éléments à cnidocils; 1ls sont seule-
ment plus épais et leurs prolongements sont de simples cils
vibratiles souvent agglutinés par du mucus (pl. 7, fig. 53).
Les autres sont des cellules glandulaires affectant deux types
parfaitement distincts : les plus nombreuses sont en forme de
massue, à contenu fortement granuleux, privées de noyaux,
analogues à celles que Heider a observées dans l’ectoderme
du Sagartia troglodytes. Gette espèce de cellule n’est pas la
seule qu'on rencontre chez le Bunodes. Nous avons observé,
sur les coupes à l'acide osmique, des cellules glandulaires qui
diffèrent complètement de celles que nous venons de décrire :
elles ont l'aspect d’une petite bourse et s'ouvrent à la surface
de l’ectoderme par un pertuis bien distinet ; elles doivent avoir
des fonctions différentes de celles des cellules en massue,
fonctions difficiles à préciser. Leur contenu est hyalin, et elles
possèdent un noyau parfaitement distinct, mais qu’on ne re-
trouve pas dans les dissociations, Ces trois espèces d'éléments
histologiques constituent à eux seuls la couche ectodermique ;
les cellules en massue sont surtout remarquables par leur
80 Hi. JOURIDAX.
volume et la nature de leur contenu (pl. 7, fig. 52). Les néma-
tocystes ne se rencontrent qu'accidentellement dans lecto-
derme de la colonne.
Les verrues de la colonne du Bunodes sont formées par la
réunion des cellules glandulaires que nous venons de décrire.
Nous avons déjà dit que l’ectoderme présente des plis nom-
breux et profonds. Les verrues glandulaires apparaissent dans
les anfractuosités formées par ces replis. Une partie de l’ecto-
derme s’isole d'abord en forme de cône (pl. 7, fig. 48 Vo) et
tend à s’enfoncer de plus en plus. En même temps les tissus
s'élèvent tout autour de lui et forment une sorte de bourrelet.
La portion de lectoderme qui contribue à la formation de
ce nouvel organe se différencie. Les cellules vibratiles dispa-
raissent elles cellules glandulaires persistentseules. La glande
ainsi formée s'enfonce de plus en plus dans le mésoderme
fibreux, et finit par paraître complètement distincte de l’ecto-
derme (pl. 6, fig. 46 Vg). Un organe glandulaire complète-
ment différencié, d’origine ectodermique, situé dans lépaisseur
du mésoderme, prend ainsi naissance et constitue les verrues
qui garnissent les parois du corps. Des cellules glandulaires
semblables à celles qui sont disséminées dans l’ectoderme, et
non des éléments spéciaux, contribuent seules à la formation
de ces saillies particulières au genre Bunodes. La structure de
ces organes, alors qu'ils sont contenus dans l’épaisseur du
mésoderme, né diffère pas de ceux qui sont encore complète-
ment ectodermiques; elle est seulement moins nette. Les élé-
ments sont en effet coupés dans tous les sens, le plus souvent
obliquement ou transversalement; 1ls apparaissent alors sous
la forme de points ou d'espaces vides. D’autres fois 1lssemblent
avoir subi une dégénérescence granuleuse. Il nous semble diffi-
cile d'admettre que ces verrués glandulaires, devenues intra-
mésodermiques, soient privées de toute communication avec
l'extérieur ; nous croyons plutôt que les coupes semblables à
celles qui sont repr ésentées figure 46 ne passent pas par l’axe
des verrues, mais par une expansion latérale.
Les verrues du Bunodes constituent donc tout SUN de
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. SI
petits organes glandulaires, tantôt purement ectodermiques,
tantôt, au contraire, situés dans l'épaisseur du mésoderme.
Leur structure est toujours la même, et les verrues de la zone
fibreuse de la colonne ne représentent qu'un état de dévelop-
pement plus avancé. La fonction de ces glandes ne diffère pas
de celle des éléments glandulaures disséminés dans lecto-
derme ; elle contribue à la sécrétion du mucus qui recouvre le
corps du Bunodes comme celui de tous les Zoanthaires.
L'étude du développement de ces glandes nous à semblé
encore plus intéressante que celle de leur structure ; elle nous
a permis de suivre toutes les phases de la formation d’un organe
par groupement d'éléments cellulaires auparavant disséminés
sur toute la surface du corps.
Le mésodermedu Bunodes se compose d’une couche fibreuse
externe et d’une couche musculaire interne. La couche fibreuse
présente elle-même deux zones distinctes. L’externe est formée
par du tissu conjoncüf lâche, qui suit tous les replis de l’ecto-
derme et offre des fibres entrecroisées dans tous les sens, et
des noyaux, bien visibles après l’action du picrocarmin ou de
l’hématoxyline. La zone interne possède une structure bien
différente. Le tissu conjonctif forme des lames régulières légè-
rement ondulées, qui apparaissent avec une égale netteté sur
les coupes transversales et longitudinales. L'aspect du bord
interne de cette zone est complètement différent, suivant qu'on
examine des coupes verticales ou transversales. Dans le pre-
mier cas, il est irrégulièrement découpé en festons (pl. 7,
fig. 48 M) et présente l’aspect figuré à un plus fort grossisse-
ment pour le mésoderme du disque de l’Anemonia sulcata. On
voit aussi, sur les coupes de l'acide osmique, que cette partie
du mésoderme est parsemée de lacunes, coupes de tout autant
de petits canaux existant également dans les lames mésenté-
roïdes. Les coupes transversales du mésoderme font voir, au
contraire, un bord interne parfaitement régulier ; nous pouvons
donc supposer que les festons signalés sur les coupes verticales
correspondent à des plis circulaires.
La couche musculare du mésoderme est représentée, sur
ANN. SC. NAT., ZOOL., AOUT 1879-&0. X. 6. — ART. N° 1.
82 EH. JOURDAN.
les coupes verticales, par une série de noyaux, suivant toutes
les anfractuosités de la zone fibreuse ; sur les coupes transver-
sales, cette couche musculaire est formée par des fibres plus
fortement colorées par l’osmium, lisses et sans noyaux visibles.
Les fibres musculaires longitudinales font compiètement
défaut.
Sur les préparations à l'alcool, et quelquelois même sur
celles à l’acide osmique, l’endoderme apparaît sous la forme
d’une bouillie granuleuse dans laquelle toute forme cellulaire
a disparu (pl. 6, fig. 46, /n). Dans quelques cas cependant, en
employant de fortes solutions d'acide osmique, on voit que les
cellules endodermiques possèdent un noyau et des vésicules
adipeuses colorées en noir par l’osmium.
LAMES MÉSENTÉROIDES. — Le petit volume du Bunodes, et la
consistance de sa colonne après l’action de l'alcool, nous ont
engagé à étudier attentivement la disposition des lames mésen-
téroïdes et leur structure. Des coupes transversales, plutôt que
la dissection, permettent d’arriver facilement à ce résultat.
Toutes, quelles que soient leurs dimensions, présentent, à
leur région médiane, un renflement longitudinal formé par
des plis nombreux et profonds situés sur un seul de leurs côtés
(pl. 6, fig. 49). Les renflements de deux lames mésentéroïdes
voisines se font face. L'aspect présenté par ces plis cou-
pés en travers est comparable aux ramifications d’un buis-
son (pl. 6, fig. 44). Claus a trouvé une disposition analogue
pour les fibres musculaires longitudinales des parois du corps
des Physophores (1).
Chaque lame mésentéroïde est formée par un plan médian
fibreux en rapport avec la couche conjonctive du mésoderme
(pl. 6, fig. 43). Ce tissu fibreux présente, sur les coupes et
dans la dissociation, des caractères histologiques semblables
à ceux du mésoderme. On y remarque, de plus, quelques
espaces à contenu granuleux.
1) Ciaus, Ueber Halistemma tergestinum, nov. sp., #ebst Bemerkungen über
acn feinsren Bau der Physophoriden (Arbeiten aus dem zoolog. Institut zu
Wien, Heft [, Taf. IV, fig. 3).
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 89
Des fibres musculaires longitudinales, remarquables par
leur volume, tapissent tous les replis des lames mésentéroïdes
et en suivent toutes les anfractuosités ; elles sont disposées sui-
vant une seule couche (pl. 6, fig. 42, 43 et 44), et les lamelles
fibreuses longitudinales, en augmentant la surface de la lame
mésentéroïde, accroissent sa puissance musculaire. Leur en-
semble forme un faisceau fibro-musculaire qui, chez le Bu-
nodes et quelque autre genre, se distingue parfaitement des
lames méseniéroides.
Les fibres longitudinales constituent à elles seules le sys-
ième musculaire des lames mésentéroïdes. Sur les coupes
verticales, elles sont le plus souvent coupées obliquement ;
malgré leur volume, elles sont lisses él dépourvues de noyaux.
Les coupes transversales (pl. 7, fig. 47) faites à travers les
renflements des lames mésentéroïdes montrent que ces élé-
ments musculaires sont en contact avec l'axe fibreux, et xls
apparaissent comme de petits corps irrégulièrement quadran-
gulaires, serrés les uns contre les autres, suivant une seule
couche. Ces fibres se colorent en rouge par le picrocarmin,
tandis que le tissu conjonetif prend, sous l’action du même
réactif, une coloration rose. Chaque fibre présente, sur ces
coupes transversales, une partie centrale plus fortement
colorée que la zone périphérique.
Chez la plupart des Actimiaires, le disque pédieux ne diffère
pas, par sa structure, des autres parties du corps. On distingue
ici également une couche cellulaire externe, une zone fibreuse
et une couche cellulaire interne. Le disque pédieux de quel-
ques espèces est complètement dépourvu de fibres muscu-
laires. Le Bunodes verrucosus possède une couche contractile
spéciale. L’ectoderme est semblable à celui de la colonne,
mais les verrues glandulaires sont absentes. Le mésoderme
présente une zone externe fibreuse et une couche interne de
fibres musculaires rayonnantes (pl. 6, fig. 45) qui n’existe
que dans le disque pédieux. On voit en outre, sur les coupes
longitudinales, le tissu fibreux des lames mésentéroïdes s’étaler
sur le disque pédieux et présenter des vides occupés par des
SA EH. JOURDANX.
fibres musculaires circulaires qui apparaissent sur ces coupes
comme des noyaux fortement colorés par les réactifs.
Le système musculaire du disque pédieux et les fibres longi-
tudinales des lames mésentéroïdes doivent contribuer à fixer
solidement les Bunodes par un mécanisme analogue à celui des
ventouses.
Les filaments mésentériques situés le long des bords des
lames mésentéroïdes présentent de grandes cellules vibratiles
et une couche pigmentaire ; 1ls sont dépourvus de némato-
cystes, et diffèrent complètement de ceux qui sont lancés par
les Sagariia.
CORYNACTIS VIRIDIS.
TenTacuLes. — [ls aturent l'attention par leur forme bi-
zarre, et sont formés de deux parties, une tige et une extré-
mité renflée ou tête. Leur ensemble rappelle Le style et le stig-
mate de certaines fleurs. Ces deux régions diffèrent beaucoup
plus par leur aspect extérieur que par leur structure. Les sec-
tions transversales de Corynactis, durcies par l'acide osmique,
passent, par les tentacules, à l’état de contraction, et les ren-
contrent suivant leur axe ou suivant des coupes obliques. On
reconnait sur les coupes que le renflement terminal des ten-
tacules n’est pas dù à une dilatation de sa cavité, mais à
l'épaisseur plus grande de la couche ectodermique. Les élé-
ments histologiques qui entreni dans la structure de ces deux
régions sont les mêmes. Dans l’ectoderme de la tête, les longs
nématocystes cylindriques, à fil enroulé à spirale, sont dispo-
.sés en couche serrée. Dans la tige, 1ls sont groupés en lobules,
qu’on peut voir sur l'animal vivant, lorsqu'il est complètement
étalé. Ces capsules urticantes (pl. 8, fig. 56) constituent
presque à elles seules la totalité des éléments de l’ectoderme ;
les cnidocils, bien visibles le long du bord externe de cette
couche, indiquent pourtant la présence d'éléments sensitifs
mêlés aux nématocystes. Ces éléments diffèrent par leurs di-
mensions seules de ceux que nous avons vus dans les bourses
marginales de l’Actinia equina. Il est cependant plus rare de
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE, 89
rencontrer dans les dissociations des fibrilles à renflements
protoplasmatiques aussi nets que dans l’Actinie. Le fil des né-
matocystes cylindriques est long, mince et lisse ; on le voit tou-
jours enroulé en spirale. Ces capsules urticantes paraissent
propres aux tentacules et ne se rencontrent jamais dans l’ecto-
derme de la colonne. On distingue encore dans l’ectoderme de
latige des tentacules quelques cellules glandulaires, et des
capsules urticantes ovoides, à fil pelotonné (pl. 8, fig. 55);
mais ces éléments ne se rencontrent qu’accidentellement. Le
mésoderme et l’endoderme des tentacules ne présentent rien
de particulier. On distingue à la base de l’endoderme une
mince couche de fibres musculaires longitudinales externes.
Parois pu corps. — Elles sont complètement lisses, ne
possédant ni saillles, ni noyaux d'aucune espèce. L’ec-
toderme mesure 0"",05; le mésoderme, 0"",02; l’endo-
derme 02,02 à O0" 03. Ces trois couches sont bien dis-
tinctes. L’ectoderme apparaît comme une zone fortement
colorée par l’osmium (pl. 8, fig. 54), au sein de laquelle
on distingue de nombreux espaces hyalins, ovales, serrés
les uns contre les autres, paraissant constituer à eux seuls
cette couche cellulaire. Ges espaces sont limités par des
lignes plus fortement colorées par l’osmium. La nature et la
fonction de ces lignes sont difficiles à interpréter. Les corps
ovoides hyalins sont des cellules glandulaires privées de leur
contenu. On rencontre, dans les dissociations, des éléments de
même nature renfermant encore un protoplasma granuleux.
Les lignes plus foncées qui les séparent, représentent le plus
souvent les coupes des membranes d’enveloppe. Quelquefois
elles sont munies d’un noyau, et indiquent ainsi qu’elles con-
stituent des éléments distincts. Ces éléments sont peut-être
des cellules vibratiles dont les cils, agglutinés par le mucus,
sont devenus invisibles. On voit encore, dans l’ectoderme de
la coloune, des capsules urticantes ovoides, semblables à celles
de l’ectoderme des tentacules. Leur fil est pelotonné ou irré-
gulièrement enroulé. Il est très gros, se déroule avec lenteur,
et, lorsqu'il est complètement déroulé, il est garni de fines
80 NH. JOURPAN.
barbelures disposées en spirale et déjà figurées par Gosse (1).
Cesnématocystes rappellent, par leur forme, les cellules glan-
dulaires à mucus. Le genre Corynactis est le seul de la famille
des Aciininæ, chez lequel nous ayons rencontré des éléments
urticants aussi volumineux. Le bord externe de l’ectoderme
est limité par une couche granuleuse fortement colorée par
l’'osmium et dont la structure reste inappréciable.
Le mésoderme de la colonne est complètement indépendant
de l’ectoderme. El se colore faiblement par l’acide osmique et
apparaît comme une zone d’un blanc sale, parfaitement homo-
gène, sans trace de fibres ni de noyaux. Son aspect, sur les
coupes longitudinales et transversales à l’acide osmique, pour-
rait le faire considérer, à bon droit, comme une membrane
élastique. Sur les coupes longitudinales, on constate que son
épaisseur augmente au sommet de la colonne. Le bord interne
du mésoderme présente les plis et les fibres musculaires que
nous avons décrits chez d’autres espèces. Les fibres muscu-
laires sont surtout nombreuses au sommet de la colonne, où
elles sont disposées en une couche serrée. L’endoderme est
formé par une couche de cellules ciliées, qui contiennent des
corpuscules pigmentaires munis de noyaux et de granulations
graisseuses fortement colorées par l’osmium.
LAMES MÉSENTÉROÏDES. — Elles sont formées par un plan
fibreux d’origine mésodermique, recouvert par l’endoderme,
Les cellules de cette couche ne possèdent aucun caractère par-
ticulier; elles sont seulement plus longues et renflées à leur
extrémité. L’axe fibreux de la lame mésentéroïde présente,
sur les coupes transversales, une série de festons qui ne con-
stituent pas, comme chez quelques espèces, des plis profonds
etsinueux. On distingue, sous forme de points noirs, les coupes
des fibres musculaires longitudinales, suivant toutes les sinuo-
sités de ces plis. | ï
(1) The British sea Anemones and Corals.
ARTICLE N° 1,
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE, 87
SAGARTIA PENOTI
Nous avons laissé un peu systématiquement de côté les
espèces du genre Sagartia, le travail de Heider constituant,
à notre avis, une monographie remarquable. Nous avons pu
vérifier, sur cette espèce marseillaise, les descriptions du natu-
raliste allemand, nous arrêtant surtout à l’étude des organes
mâles, qui ont échappé à cet observateur. Les coupesnous ont
démontré que ces organes possèdent une structure semblable à
ceux de l’Actinia equina. Les cellules spermatogènes sont con-
tenues dans des vésicules disposées dans l’épaisseur du méso-
derme et recouvertes par l’endoderme. La sortie des sperma-
tozoïdes se fait par un mécanisme semblable à celui que nous
avons déjà signalé.
CALLIACTIS EFFŒTA.
La densité et l’épaisseur de la zone fibreuse de la colonne,
la rapidité et la force avec laquelle cette Actinie se contracte,
nous ont engagé à faire une étude histologique complète de ce
type un peu aberrant dans la famille des Sagartiadés.
TENTACULES. — Les coupes transversales et longitudinales
ne montrent rien, dans la succession des couches, qui mérite
d’être signalé. Les nématocystes constituent toujours les élé-
ments les plus nombreux. Les dissociations font voir cependant
qu’ils ne forment pas à eux seuls la couche cellulaire externe.
Les éléments épithéliaux, remarquables par leurs formes
variées, s’y voient en grand nombre : les uns sont renflés en
massue, contiennent un protoplasma légèrement granuleux et
un noyau ; quelques-uns d’entre eux s’étalent à leur base sur
une fibrille très courte, quelquefois à peine distincte (pl. 8,
fig. 58, ad); d’autres sont fusiformes; d’autres enfin ont un
aspect plus remarquable encore : ils sont munis d’un noyau,
au-dessus duquel la cellule s’amincie, s’'étrangle etse prolonge
ensuite en une languette légèrement renflée à son extrémité.
Nous ne pouvons assigner à aucune de ces cellules des fonc-
tions spéciales, et nous les considérons comme de simples
ss le JOURDAN.
éléments épithéliaux, probablement sensitifs. L’ectoderme ren-
ferme encore des éléments plus volumineux (pl. 8, fig. 58 g),
bilobés, contenant un protoplasma coloré en jaune orangé par
le picrocarmin, dépourvus de noyaux, et qui possèdent certai-
nement des fonctions glandulaires. Les cellules épithélio-
museulaires sont rares et peu volumineuses (pl. 8, fig. 58 b).
Chez les unes, la portion protoplasmatique est bien distincte ;
chez les autres, elle est réduite à un petit amas granuleux,
étalé sur la fibrille, qui se distingue toujours par son aspect
homogène et par la coloration intense qu'elle prend par Île
carmin, Ges cellules musculaires ne constituent pas une
couche continue; elles sont disséminées dans la région pro-
fonde de l’ectoderme. Les fibres musculaires longitudinales
sont souvent d’une longueur corsidérable; elles ont un aspect
bizarre. La fibrille représentée fig. 58, /m, dépassait en lon-
oueur le diamètre du champ du microscope. Sa forme nous a
engagé à la reproduire avec le plus grand soin. Elle ne constitue
pas d’ailleurs une exception, et tous les éléments musculaires
observés par nous présentaient une forme semblable à celle de
cette fibrille. Les réactifs colorants font distinguer deux parties
dans chacun de ces éléments. L’une de ces parties est repré-
sentée par une longue fibrille, homogène , lisse, fortement
réfringente; l’autre est constituée par des renflements situés
tous du même côté, contenant un protoplasma granuleux et
souvent un noyau. Ces renflements représentent tout autant de
cellules. Leur aspect ne permet pas de les confondre avec les
simples ondes de contraction, que nous signalerons dans les
fibres musculaires des lames mésentéroïdes des Phellia. Elles
existent aussi dans les éléments contractiles qui forment les
parois du corps du Cérianthe. Nous considérons ces fibres
musculaires comme étant le résultat de la réunion de plusieurs
cellules musculaires, et nous les désignerons sous le nom de
fibres musculaires pluricellulaires. Nous verrons qu’elles ne
sont pas spéciales aux tentacules du Calliactis, et qu’elles exis-
tent avec des formes encore plus originales dans les cloisons
des Phellia.
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE, 59
Les tentacules du Galliactis ne sont pas dépourvus d’élé-
ments auxquels on puisse attribuer des fonetions nerveuses.
L’ectoderme possède en effet des fibrilles très minces; elles
présentent un ou plusieurs noyaux fortement colorés par les
réactifs, et contenus dans l'épaisseur même de la fibrille
(pi. 8, fig. 48 AV). Ges éléments sont le plus souvent incom-
plets. La finesse de leurs fibrilles et le volume de leur noyau,
fortement coloré par le carmin, les rendent semblables à ceux
qui ont été décrits et figurés par R. et O. Hertwig (1) sous le nom
de cellules ganglionnaires. Cette identité d'aspect nous auto-
rise à les considérer comme des éléments de communication ner-
veuse. [ls doivent former, à la base de l’ectoderme des tentacules,
un plezus diffus, mettant en rapport les éléments épithéliaux et
musculaires. Claus (2) a aussi trouvé des éléments analoques
chez une Méduse (Charybdea marsupialis). Nos observations
démontrent que ces éléments nerveux ne sont pas spéciaux à un
seul groupe de Cælentérés, et qu'ils se retrouvent avec des carac-
tères identiques chez les Zoanthaires.
TUBE ŒSOPHAGIEN. — Les plis longitudinaux de cetterégion
ne présentent aucun caractère particulier etrappellent complè-
tement ceux des autres Actiniaires. Sur les coupes transver-
sales, ces plis apparaissent comme des lobes juxtaposés. La
couche ectodermique est irrégulièrement striée. Son bord
externe, au lieu d’être nettement limité, apparait sur les
coupes transversales, caché par une couche de mucus granu-
leux (pl. 8, fig. 59). La présence dans cet ectoderme de
cellules glandulaires ovoïdes ou fusiformes, à contenu granu-
leux fortement coloré par l’acide osmique, constitue la seule
différence essentielle entre l’ectoderme du tube œsophagien et
celui de la colonne. Ges éléments glandulaires sont situés
tantôt à la surface de l’ectoderme, tantôt près du mésoderme.
Cette zone profonde, légèrement granuleuse, diffère à peine de
(1) R. et O. Hertwig, Das Nervensystem und die Sinnesorgane der Medusen.
Leipzig, 1878. |
(2) Claus, Untersuchungen ueber Charybdea marsupialis (Arbeiten aus dem
zoologischen Institut der Universität zu Wien, 1878).
90 EH. JOUREDAN.
la partie externe de l’ectoderme. Le mésoderne ne présente
rien de particulier. Il est nettement fibreux, avec des noyaux
bien visibles, et ne possède Jamais cette épaisseur considérable
qui donne aux parois du corps cette consistance car HAS
faisant du Calliactis un type remarquable.
- Parois pu corps. — La colonne du Calliactis possède une
épaisseur exceptionnelle. L’ensemble de ses couches mesure
souvent 4 à 5 millimètres d'épaisseur. Le tissu fibreux méso-
dermique montre, à la coupe, l’aspect du cartilage hyalin. Cette
densité remarquable facilite lexamen ; aussi les coupes peu-
vent-elles être exécutées sur les pièces fraiches. Cependant la
macération dans les solutions d'acide osmique rend la struc-
ture de la zone fibreuse plus facile à apprécier, et permet en
même temps l’étude des couches ectodermique et endoder-
mique. Le Calliactis, à l’état de contraction, prend la forme
d’un cône portant près de la base une circonférence de pores
permanents, indiqués par de petites verrues qui proéminent
légèrement à la surface du corps. Ces pores correspondent à de
petits canaux munis d’un revêtement cellulaire. Nous les étu-
dierons après la description des couches qu'ils traversent.
L’ectoderme mesure 0"",10 à 0""%12, et présente, sur les
coupes, un aspect particulier qui ne se voit chez aucun des
genres étudiés jusqu’à présent. On ne distingue pas dans
cette couche cellulaire ces espaces hyalins à peine colorés
par l’acide osmique, à contenu granuleux, qui existent dans
l’ectoderme de l’Actinia equina, du Bunodes, du Corynactis.
On peut aussi voir, sur les coupes, que les éléments de
lectoderme des Calliactis sont d’une seule espèce et fort
peu différenciés (pl. 40, fig. 67). L’ectoderme est entièrement
formé de cellules fusiformes serrées les unes contre les autres;
elles ne peuvent être aperçues que sur les préparations les plus
minces. On ne distingue pas, à la base de l’ectoderme, cette
zone granuleuse dont la structure est si difficile à apprécier.
Les cellules glandulaires et les capsules urticantes sont com-
plètement absentes. Le mucus recouvrant le corps du Gal-
liactis permet cependant de supposer que certains de ces élé-
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE, 91
ments possèdent des fonctions glandulaires. Quelques-uns
sont en eflet semblables à ceux qui constituent les amas glan-
dulaires du sommet de la colonne du Sagartia troglodytes (1).
Ghez les Calliactis, ces éléments fusiformes ne constituent pas
des organes distinets, mais 1ls sont disséminés dans toute la
couche cellulaire externe des parois du corps. L'aspect de cette
zone est le même sur les coupes transversales etlongitudinales.
Le bord externe de l’ectoderme, constitué par les extrémités
des éléments fusiformes, est mal limité; on re distingue pas
cette ligne noire, qu’on pourrait prendre pour une cuticule,
mais, sur l’animal vivant, les cils vibratiles manquent. La
colonne possède cependant une sensibilité remarquable.
Les macérations dans le bichromate d’ammoniaque per-
mettent d'obtenir avec facilité des éléments complètement
isolés (pl. 10, fig. 68). Ils sont munis, à leur extrémité libre,
d’un renflement conique qui se termine quelquefois par un
mince prolongement, comparable à un cnidocil; on voit même,
dans certains cas, deux de ces prolongements, au fieu d’un
seul. Ces cellules possèdent à leur partie centrale un renfle-
ment avec un noyau bien distinct, qui cependant peut être
absent. Ces éléments deviennent alors parfaitement fusiformes,
à contenu granuleux, et 1ls portent toujours à leur extrémité
libre un renflement conique.
Les formes représentées planche 10, fig. 68 «& et D, e, sont les
plus communes, mais elles ne sont pas les seules qu’on ren-
contre dans les dissociations. On voit ausst (fig. 68, c,.d) des élé-
ments, plus rares il est vrai, dépourvus de renflement médian,
mais terminés par une partie beaucoup plus volumineuse, rare-
ment étranglée. Ces éléments ont sans doute des fonctions spé-
cales; ils se colorent par le carmin. Nous ne croyons pas qu’on
puisse assigner avec certitude à chacun d'eux des fonctions
particulières.
Le mésoderme constitue une couche très épaisse. Son aspect,
sur les coupes, pourrait le faire considérer comme du tissu
(1) Heider, Sagartia troglodytes.
99 EH. JOURBPAX.
cartilagineux. À l’état de contraction, l'épaisseur de cette couche
est plus grande au sommet qu'à la base de la colonne ; nous
remarquons en outre que la partie supérieure de la couche
mésodermique renferme des éléments qui manquent complè-
tement à la région inférieure (pl. 8, fig. 60, et pl. 9, fig. 54).
Sur les coupes faites’ dans des pièces durcies par lacide
osmique, on distingue, près du bord externe, des corpuscules
volumineux colorés en noir et de forme irrégulière (pl. 8,
fig. 60 p). En examinant des coupes faites sur des individus
non traités par les réactifs, on voit que ces éléments corres-
pondent aux bandes brunes de la colonne : on est doncen droit
de les considérer comme des corps pigmentaires ; leur aspect,
leur contenu irrégulier, permettaient déjà de le supposer.
A l’aide d’un fort grossissement, on voit que le mésoderme
est formé par du tissu fibreux, dense à la base de la colonne,
plus lâche au sommet. Ces fibres conjonctives sont très fines et
disposées suivant l’axe de l'animal.
Les coupes transversales permettent de distinguer, dans la
couche fibreuse, deux zones assez nettes : une zone externe,
dans laquelle les fibres conjonctives ne sont pas disposées en
tissu lamineux, et une zone interne, où la couche fibreuse
forme des lames légèrement ondulées, présentant, au niveau
des lames mésentéroïdes, une disposition particulière (pl. 40,
fig. 69 M). Les éléments cellulaires du tissu conjonctif du
mésoderme ne sont pas représentés par de simples noyaux,
mais par de petits amas granuleux. Le picrocarmin colore en
rouge ces éléments, et en Jaune orangé les lames de la zone
profonde du mésoderme. L’éosine colore faiblement le tissu
conjonctif, et, avec plus d'intensité, le protoplasma des élé-
ments cellulaires. À la base de la colonne, les fibres conjone-
tives sont tellement serrées les unes contre les autres, qu’elles
deviennent difficiles à apercevoir. Au sommet, au contraire,
elles sont nettement visibles et disposées en faisceaux longitu-
dinaux.
Le bord interne du mésoderme est limité par la couche de
fibres musculaires cireulaires, signalées par nous chez tous
ARTICLE N° f.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE, 93
les Actiniaires (pl. 10, fig. 69, mc). Les faisceaux de ces fibres
ne s’interrompent pas au niveau des lames mésentéroïdes, mais
traversent leur plan fibreux, constituant une couche continue.
La figure 63 représente une coupe longitudinale du bord
interne du mésoderme et du bord externe d’une lame mésen-
téroide ; elle montre que ces faisceaux musculaires, coupés en
travers, sont semblables à des amas ovoides de noyaux forte-
ment colorés par les réactifs. Elle fait voir en même temps
comment le tissu fibreux des lames mésentéroïdes est en con-
tinuité avec le mésoderme. Cette couche musculaire existe dans
toute la hauteur de la colonne, mais elle ne constitue pas à elle
seule le système musculaire des parois du corps.
On remarque en effet que le mésoderme fibreux contient
dans son épaisseur, à la partie supérieure de la colonne, des
faisceaux de fibres musculaires, qui diffèrent complètement
des fibres conjonctives par la netteté de leur contour, par leur
volume, et par l’intensité avec laquelle ils se colorent à l’aide
des réactifs.
Sur les coupes longitudinales, ces faisceaux de fibres muscu-
laires disposés en sphincter au sommet de la colonne, appa-
raissentsous forme de points contenus dans de grands alvéoles,
qui représentent chacun la coupe d’un faisceau musculaire
(pl. 9, fig. 64 et 65, me). Ces faisceaux de fibres musculaires
commencent à apparaître seulement vers le milieu de la colonne
et deviennent plus nombreux et plus serrés en approchant du
sommet. Le tissu conjonctüif diminue ainsi de plus en plus
d'importance ; les fibres musculaires augmentent en nombre ;
elles apparaissent non plus comme des faisceaux disséminés,
mais comme de véritables lames qui finissent par constituer
à elles seules toute épaisseur du mésoderme.
S1 l’on étudie avec un fort grossissement ces faisceaux de
fibres musculaires, sur les coupes transversales de la colonne
(pl. 9, fig. 66, mc), on voit qu’ils sont disséminés sans ordre,
formant une sorte de réseau au sein de la couche conjonctive.
Leurs fibres sont entièrement lisses, sans noyau distinct. Le
tissu qui les sépare est nettement fibreux; les noyaux sont
94 E. JOURDAN.
devenus plus nets, seulement ils présentent toujours un aspect
granuleux ; ils ont des dimensions très inégales, et les fibres
conjonctives, coupées en travers, apparaissent comme de fines
granulations. C’est en vain que nous avons essayé l'emploi des
réactifs et des injections interstitielles dans le but d'isoler Les
fibrilles conjonctives et les éléments museulaires. Nous avons
échoué dans nos tentatives, mais les coupes transversales très
minces que nous avons réussi à faire au sommet de la colonne
nous ont paru suffisantes pour acquérir une idée exaete de la
structure des fibres musculaires et du tissu conjonetif méso-
dermique.
Ges fibres musculaires contenues dans Pépaisseur du méso-
derme, sans être absolument propres au Culliactis, n’acquiè-
rent cependant, chez aucun autre Actiniaire, un développement
aussi remarquable. L’épaisseur de la zone eonjonctive, et les
fibres musculaires qu’elle contient, font du Culliactis un type
à part, et ces particularités nous semblent suffisantes à elles
seules pour justifier la séparation de cette Actinie des autres
Sagartiadés. Ge développement musculaire explique également
la vigueur avec laqueile ce Zoanthaire peut se contracter.
L'endoderme du Galliactis (pk. 40, fig. 69, en) est formé par
des cellules renflées à leur extrémité, disposées en toufte, et
possédant un noyau et un protoplasma hyalin. L’épaisseur de
cette couche est fort variable : tantôt elle est presque égale
à celle de lectoderme ; d’autres fois, au contraire, elle prend
un développement plus considérable.
Les filaments mésentériques projetés par les Galliactis
sortent par des pores, situés au sommet de la colonne chez les
Sagartia; à la base, chez les Calliactis et les Adamsia. Heider
les a cherchés en vain chez le Sagartia troglodytes, où ils ne
constituent peut-être pas des ouvertures constantes. Chez le
Calliactis, nous avons été plus heureux que le naturaliste alle-
mand, nous avons pu étudier la structure des pores à l’aide
de coupes radiales et tangentielles (pl. 8, fig. 60 et 64). En
pratiquant des coupes radiales à la partie inférieure de la
colonne d’un Calliactis, on voit que les filaments mésenté-
ARTICLE N° {.
ZOANTHAIRES DU GOLFÉ DE MARSEILLE. 95
riques sortent par de petits canaux constituant des ouvertures
permanentes. Ces tubes mettent la cavité mésentérique en
communication avec l'extérieur. Ils possèdent un revêtement
cellulaire spécial, qui, par ses caractères, est intermédiaire à
l’ectoderme et à l’endoderme. Îl n’existe pas, dans les parois
- de ces canalicules, de fibres musculaires capables, en se con-
tractant, d'interrompre cette communication ; le mésoderme
ne montre pas au niveau de ces pores une disposition spé-
ciale; La rigidité de la couche fibreuse doit contribuer aussi
à maintenir ces ouvertures béantes. La coupe que nous avons
figurée passait par axe d’un de ces petits canaux et contenait
dans son ouverture une portion de filament mésentérique.
Disque PÉDIEUX. — La base du Calliactis adhère aux
coquilles avec une. si grande ténacité, que souvent elle se
détache en parte de l'animal. La disposition des couches est
la même, mais le mésoderme ne présente pas cette épaisseur
exceptionnelle qui fait du Galhiactis un type à part parmi
ceux que nous avons étudiés. L’ectoderme de cette région
sécrète un mucus visqueux à l’aide duquel l’animal se fixe.
LAMES MÉSENTÉROIDES. — Chez les Calliactis, leur disposi-
on et leur structure sont semblables à celles que nous avons
déjà décrites chez le Bunodes. Le plan médian est nettement
fibreux. Sur les coupes transversales, après l’action de l’acide
osmique, on distingue de petites vacuoles, qui sont complète-
ment absentes du mésoderme de la colonne. Le système mus-
culaire est représenté par des fibres longitudinales disposées
suivant tous les replis du plan fibreux. L’endoderme forme
une couche épaisse, constituée par des cellules renflées à leur
extrémité, disposées en touffes, contenant un noyau et un proto-
plasma hyalin (pl. 10, fig. 69). Ges lames mésentéroïdes sont
de plusieurs ordres, mais toutes possèdent une structure seni-
blable, et même les plus jeunes-ont déjà leur revêtement mus-
culaire. Parmi les filaments mésentériques situés dans la cavité
du corps, les uns ne se voient jamais à l’extérieur ; ils possèdent
des cellules vibratiles volumineuses et sont complètement
dépourvus de nématocystes. Les autres sont lancés par l’ani-
96 E. JOURDAN.
mal et sortent en abondance de ses pores ; ils ont une structure
qu'on peut étudier aisément à l’aide des coupes longitudinales
et transversales. Après l’action de l'acide osmique, on dis-
üngue, sur les coupes longitudinales, trois zones (pl. 9,
fig. 62) : une zone externe, entièrement constituée par des
nématocystes, ayant pour la plupart leur fil déroulé; une
couche granuleuse, sans structure cellulaire appréciable;
enfin un axe fibreux coloré en rose par le picrocarmin et dans
lequel sont disséminés des espaces à contenu granuleux. On
retrouve, sur les coupes transversales, les trois couches décrites
précédemment; en outre on peut reconnaitre, à l’aide de ces
coupes, le rapport des filaments mésentiériques avec le bord
interne des lames mésentéroides. On voit que ces filaments
sont réunis aux cloisons par une partie amincie du plan fibreux
qui se continue avec l’axe du filament mésentérique ; ce der-
nier se détache à la suite d’une brusque contraction des fibres
musculaires des lames mésentéroïdes, qui doivent rompre
la partie fibreuse réunissant le filament à la lame mésen-
téroide.
ADAMSIA PALLIATA.
Cette Actinie constitue un type remarquable par sa forme
bizarre plutôt que par ses particularités histologiques.
Les tentacules possèdent une structure semblable à celle des
espèces que nous venons de décrire; la constitution de la zone
mésodermique mérite seule d’être signalée.
L’ectoderme de la colonne renferme des éléments glandu-
laires semblables à ceux de la plupart des Actiniadés. Le méso-
derme sous-jacent forme une mince couche fibreuse, dans
laquelle on distingue une zone externe de tissu conjonctif lâche
et une zone interne de tissu lamineux ; elles renferment toutes
deux des noyaux parfaitement visibles. On remarque de plus,
au sommet de la colonne, des faisceaux de fibres musculaires
circulaires, disséminés dans l’épaisseur de la région interne.
Sur les coupes tangentielles, ces faisceaux donnent au méso-
derme un aspect réticulé.
ARTICLE N° {.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. O7.
Les fibres musculaires longitudinales des lames mésenté-
roïdes sont peu développées; la région mésodermique contient
des vésicules mâles remarquables par leur volume. Les sper-
matozoïdes sont nettement groupés en faisceaux convergents
vers un même point.
La base de cet Adamsia prend une forme parüculière : elle
s'étale en deux ailes dont les extrémités se rapprochent, se
soudent, et constituent ainsi une cavité servant de demeure
à un Pagure. L’ectoderme de la base sécrète un mucus qui se
dépose et forme une couche cornée, constituée par des feuillets
colorés en Jaune par l'acide picrique.
PHELLIA ELONGATA.
Quelques Zoanthaires malacodermés possèdent une colonne
rugueuse, particularité qui avait fait grouper ces espèces dans
des sections caractérisées par la présence d’une couche épider-
mique spéciale. Tels sont le genre Phellia parmi les Sagartia-
dés, et le genre ÆEdwurdsia parmi les Hyanihidés. Le Phellia
elongata est Ia seule espèce de ce groupe que nous ayons pu
étudier.
La longueur et les imégalités de sa colonne lui donnent l’as-
pect d’un Siponcle ou d’une Holothurie. La couleur terreuse
de cette Actinie et les fibres musculaires puissantes qui garnis-
sent ses lames mésentéroïdes lui permettent de se dissimuler
facilement au fond des trous où elle habite.
TENTACULES. — Nous ne nous arrêterons pas sur la disposi-
uon des différentes couches des tentacules. Les éléments dis-
sociés de l’ectoderme nous paraissent seuls dignes d'intérêt. Is
sont dispersés au milieu de nombreuses granulations qui gè-
nent bien souvent l'observateur. Parmi ces éléments (pl. 10,
fig. 70), les plus nombreux sont des cellules en voie de forma-
tion, munies d’un noyau bien distinct, et quelquefois d’une
sorte de pédoncule. On voit aussi des nématocystes peu volumi-
neux, cylindriques, à fil enroulé en spirale et des éléments
glandulaires facilement reconnaissables à leur contenu granu-
ANN. SG. NAT., ZOOL., AOUT 1879-80. X. 7. :— ART.-N° 1,
98 H. JOURDAN.
leux. Ces diverses sortes d'éléments, qui constituent l’ecto-
derme des tentacules chez la plupart des espèces, ne forment
pas à eux seuls la couche cellulaire externe de cette région.
On rencontre en effet, en très petit nombre, des cellules épi-
thélio-musculaires (pl. 10, fig. a, d). Les unes possèdent un
amas protoplasmatique en contact immédiat avec la fibrille ;
les autres sont mises en rapport avec elle par une partie étran-
olée, et rappellent ainsi les éléments de l’ectoderme des ten-
tacules de l’Acfinia equina. On voit encore, dans les dissocia-
tions de la même couche, des éléments épithéliaux qui diffèrent
des cellules épithélio-musculaires par la nature de leur pro-
longement basilaire (pl. 10, fig. b, c, e). Ceux-ci, au lieu de con-
stituer des fibrilles distinctes fortement réfringentes et homo-
gènes, colorées en rouge par le carmin, forment au contraire
de minces fibres basilaires hyalines, qui paraissent être de sim-
ples prolongements de l'enveloppe de la cellule; quelques-unes
de ces cellules possèdent un noyau parfaitement distinct; d’au-
tres ont un renflement intermédiaire à la cellule et à la fibrille,
semblable à ceux que nous avons décrits chez l’Actinia equina.
Ces éléments rappellent alors les cellules considérées comme
nerveuses chez les Méduses par R. et 0. Hertwig (1).
Parois pu corps. — Les rugosités de la colonne des Phellia
sont-elles formées par une couche spéciale? résultent-elles de
la desquamation de l’ectoderme, ou bien sont-elles le pro-
duit de la sécrétion des glandes de la couche cellulaire externe?
Des coupes précédées de l’action de lacide osmique (pl 44,
fig. 73) montrent d'abord que les plis de la colonne des Phel-
lia correspondent à de véritables sillons, et que les crêtes qui
les séparent sont formées par lectoderme etle mésoderme. On
remarque encore que la couche dite épidermique est formée
par du mucus ayant agglutiné de petits corps étrangers et con-
stituant une sorte de couche supplémentaire, indépendante de
l'animal, sans structure appréciable, et renfermant des grains
de sable, des débris de coquilles, des Diatomées, etc. L’ecto-
(4) Loc. cit.
ARTICLE N° {.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 99
derme, fort peu développé, disparaît sous cette zone granu-
leuse, qui, par son épaisseur, pourrait être considérée comme
la couche ectodermique réduite en bouillie. Cependant, en
examinant attentivement les coupes faites sur des pièces fixées
par lacide osmique, on distingue une zone très mince située
entre la couche de mucus et le bord externe du mésoderme.
Cette zone représente le véritable ectoderme. À l’aide d’un fort
orossissement, on voit que Îles éléments qui entrent dans sa
composition sont de deux sortes (pl. 11, fig. 74, ec). Les uns,
cylindriques, à contenu granuleux, sont des glandes à mucus;
lés autres, ovoïdes, situës au bord de lectoderme, dépourvus
de tout contenu protoplasmatique, sont des capsules urticantes
privées de leur fil. Dansles dissociations de la couche ectoder-
mique, on retrouve les mêmes éléments (pl. 10, fig. 74-et 72).
Les cellules glandulaires possèdent quelquefois un renflement
terminal, et toujours un contenu granuleux. Les capsules
urticantes sont faciles à reconnaître. Ces nématocystes, carac-
térisés par une sorte de bâtonnet garni de barbelures, situés
suivant l’axe de la capsule, sont complètement absents de
l'ectoderme des tentacules et paraissent propres aux parois
du corps. On rencontre aussi, dans les dissociations de l’ecto-
derme, des cellules musculaires qui diffèrent de € Îles des
tentacules par la longueur de leurs fibrilles. I est impossible
de confondre ces fibrilles effilées aux deux extrémités et for-
tement réfringentes, avec des prolongements basilaires de
nature nerveuse. |
La couche mésodermique est nettement fibreuse. Ses noyaux
ne permettent pas de Fa considérer comme une membrane
élastique. La face interne du mésoderme présente des plis cir-
culaires tapissés par des fibres musculaires.
LAMES MÉSENTÉROÏDES. — Elles présentent la structure
fondamentale que nous avons déja montrée chez toutes les
Actinies, mais elles sont remarquables, chez le Phellia, par
le développement exceptionnel de leurs muscles et par Paspect
irrégulier de leurs fibres musculaires. Si lon examine par
transparence un fragment de ces lames mésentéroïdes coloré
100 EH. JOURDANX.
par le carmin (pl. 11, fig. 75, en), on distiigue des fibres mus-
culaires longitudinales très volumineuses, situées de chaque
côté du plan fibreux ; ces éléments sont recouverts par les eel-
lules endodermiques, avec lesquelles elles sont étroitement
unies. Les lames mésentéroïdes sont peu nombreuses chez le
Phellia, mais le système musculaire y acquiert une grande 1m-
portance. Les lamelles fibro-musculaires résultant des plis de
l'axe fibreux des lames mésentéroïdes prennent un développe-
ment considérable; elles se groupent, se rapprochent à leur
base ef forment un faisceau longitudinal parfaitement distinet,
situé d'un seul côté de la lame mésentéroïde : cet état est Pexa-
oération du système musculaire des cloisons du Bunodes, du
Calliactis. Gas lamelles fibro -musculaires, dont l’ensemble
constitue ues faisceaux parfaitement distincts des lames
mésentéroïdes, sont réunies à elles par une partie fibreuse qui
prend naissance à leur centre au niveau d’une sorte de hile.
Chacun de ces faisceaux fibro-musculaires mesure, en coupe
transversale, de 2 à 3 millimètres de diamètre.
Les fibres musculaires des lames mésentéroïdes isolées,
après l’action de l’acide chromique en solution faible, ou du
bichromate d’amimoniaque, présentent très rarement les for-
mes figurées dans les traités classiques (pl. 17, fig. 76, a et b).
L'élément représenté en «est à l’état d'extension; celui repré-
senté en b, à l’état de contraction; ces fibres sont lisses, dé-
pourvues de noyau, effilées à leur extrémité. Les éléments
représentés pl. 11, fig. 77, 78, 79, 50, sont les plus fréquents.
Nous nous sommes assuré, en faisant nos observations, que
l'ivrégularité de leurs formes n’était pas le résultat de nos pro-
cédés de dissociation. Si l’on colore ces éléments par le picro-
carmin, on remarque que les saillies qui leur donnentun aspect
irrégulier et anormal sont toutes situées du même côté de la
fibrille; en outre, ces proéminences paraissent être de deux
espèces. Les unes, par la manière dont elles se colorent par
les réactifs, peuvent être considérées comme de simples ondes
de contraction (pl. 11, fig. 77, on). Les autres font une saillie
beaucoup plus forte, s’isolent davantage de la fibre, possèdent
ARTICLE N° Î.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE, 401
un protoplasma granuleux et quelquefois un noyau bien visible
(pl. 11, fig. 78, 79, ce), qui ne permettent pas de les confondre
avec la fibrille : on doit les considérer comme de véritables
cellules qui peuvent même s'isoler presque complètement de
la fibre musculaire.
La présence de ces cellules et des ondes de contraction donne
aux fibres musculaires des lames mésentéroïdes un caractère
particulier qui n'est cependant pas exceptionnel chez les Acti-
niadés; nous les retrouverons en effet dans les fibres muscu-
lairesdes parois du corps du Cérianthe. Les cellules qui ont avec
ces fibrilles des rapports intimes sont certainement endoder-
miques; aussi nous paraît-il impossible de leur attribuer des
fonctions sensitives. On n’ignore pas, en effet, que cette couche
est fort peu sensible chez les Zoanthaires ; 1l est bien rare de voir
l'animal contracter ses tentacules, même si l’on introduit une
aiguille dans sa cavité mésentérique. On le voit, les fibres mus-
culaires des lames mésentériques peuvent avoir avec les cel-
lules de Pendoderme des rapports analogues à ceux qui exis-
tent entre les cellules de lectoderme et les fibres musculaires
destentacules de plusieurs espèces. Des relations aussi mtimes
permettent également de supposer que les éléments cellulaires
et les fibrilles doivent avoir une origine commune. Aïnsi,
comme nous le verrons plus loin, tandis que le mésoderme
fibreux et les fibres longitudinales des tentacules seraient
d’origine ectodermique, les éléments musculaires des lames
mésentéroïdes prendraient naissance aux dépens des cellules
de l’endoderme.
Les organes de la reproduction sont situés au fond de la
cavité mésentérique. L'étude de ces organes, chez les espèces
précédentes, nous a fait connaitre la structure des vésicules
mâles : aussi nous sommes-nous appliqué, chez le Phellia, à
l'étude des ovaires (pl. 44, fig. 81 et 82). Is sont remarquables
par leur couleur jaune orangé, et se présentent sous la forme
de corps pelotonnés, situés au fond de la cavité mésentérique.
Les ovules naissent au milieu de la couche mésodermique des
lames mésentéroïdes; 1ls sont ovoïdes, légèrement granuleux,
102 EH. JOURDAN.
munis d’une vésicule et d’une tache germinative; Île tissu
fibreux dans lequel ils prennent naissance ne présente aucun
caractère particulier. L’endoderme, dont la structure est dif-
ficile à apprécier, présente un aspect granuleux; même après
l’action de l’acide osmique et des réactifs colorants, sa struc-
ture cellulaire n’est pas toujours bien visible : cependant, en
examinant certaines coupes, mieux colorées et plus minces,
on distingue des stries perpendiculaires au mésoderme, qui
représentent tout autant de cellules cylindriques, très longues,
remplies de petites granulations colorées en noir par Pos-
mium.
ILYANTHUS MAZELI, nov. sp.
Le seul individu de cette espèce dont nous ayons pu faire
lPétude histologique avait été traité par Palcool; aussi nous
a-t-1l été impossible d'examiner la structure de ses couches
cellulaires, et avons-nous dù borner nosrecherches à larégion
mésodermique.
Sur les coupes transversales, le picrocarmin colore vivement
celte couche et permet d’y distinguer deux zones : l’externe,
composée de tissu conjonctif lèche; l’interne, formée de tis-
sus lamineux. La couche mésodermique du tube œsopha-
gien, fort peu développéechez la plupart des Actinies, acquiert
chez l’Ilyanthus une épaisseur remarquable. Elle présente
une struciure nettement fibreuse. Les coupes, légèrement
dilacérées, montrent que les fibres conjonctives sont très fines
et disposées en faisceaux. Elles rappellent complètement les
fibres de même nature des animaux supérieurs. Le mésoderme
contient, outre les noyaux colorés en rouge, des cellules beau-
coup plus volumineuses, qui prennent, sous l’action du picro-
carmin, une coloration orangée. Elles possèdent un noyau
bien visible et ont quelquefois un aspect irrégulièrement
étoilé. Ges cellules volumineuses, et la densité de la couche
fibreuse au sein de laquelle elles sont situées, donnent au
mésoderme l'apparence d’un fibro-cartilage. Nous n’avons
rencontré chez aucune autre Actinie des cellules mésoder-
ARTICLE N° {,
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 103
miques de dimensions aussi considérables; nous ne croyons
pas cependant qu’on puisse leur atiribuer des fonctions spé-
ciales, car elles existent réellement, un peu plus réduites et
avec des contours peu différents, chez la plupart des espèces.
Les parois du corps etles lames mésentéroïdes de l’lyanthus
sont très minces; elles portent un faisceau de fibres muscu-
laires longitudinales peu volumineux et presque complète
ment isolé de la lame mésentéroïde.
CERTANTHUS MEMBRANACEUS, Gmel.
Le Cérianthe possède une structure anatomique spéciale,
et diffère des autres Actinies par de nombreuses particularités
histologiques.
Le corps du Cérianthe, contenu dans un tube feutré, pré-
sente un aspect fusiforme; 11 est muni d’un pore à son extré-
mité aborale. Les tentacules, au lieu d’être disposés en cycles
difficiles à distinguer, sont groupés en deux couronnes, sépa-
rées par une large zone lisse. Au centre des tentacules labiaux
se trouve un tube comparable au tube œsophagien des Acti-
nies, maintenu en place par les lames verticales qui s'étendent
des parois du corps à la paroi interne de l’œsophage. Ces
lames se continuent au-dessous et descendent dans la cavité
du corps; elles forment alors de simples membranes portant
un filament mésentérique. Leur ensemble constitue la
zone des cordons pelotonnés. Plus bas encore, ces lames
mésentéroïdes se continuent, les éléments de la reproduc-
tion se développent dans leur épaisseur; elles forment
ainsi les lames génitales. Deux de ces lames mésentéroïdes se
prolongent seules jusqu’au pore aboral, constituant un canal
longitudinal, désigné par 3. Haime sous le nom de gouttière
interlamellaire impaire. Tel est en peu de mots le plan anato-
mique du Cérianthe. Étudions maintenant la structure histo-
logique des différentes régions que nous venons de signaler.
FENTACULES. — Ces appendices sont capables d’une grande
extension. Îls possèdent une vive sensibilité et sont couverts
104 E. JOURDANX.
de eils vibratiles faciles à apercevoir. Les coupes transversales
et longitudinales montrent que ces tentacules sont formés de
trois couches (pl. 19, fig. 83 et 84). Une couche cellulaire
externe, ou ectoderme, mesurant 0"",15; son bord externe
est indiqué par une mince zone colorée en noir par l'osmium,
simulant une cCuticule. On aperçoit également des cils
vibratiles courts et serrés, agglutinés par du mucus. L’ecto-
derme est remarquable par le grand nombre de nématocystes
qui garnissent son bord externe; ces organes urticants pré-
sentent un aspect cylindrique ou légèrement fusiforme. Ils
constituent une couche presque continue et se rencontrent
plus rarement dans la partie profonde de là couche cellulaire
externe. Leur taille est variable, leur fil est presque toujours
enroulé en spirale, Qn voit, exceptionnellement dans les ten-
tacules, les gros nématocystes à fil pelotonné, qui abondent
dans les parois du £orps. Au-dessous de la zone externe à
nématocystes, on distingue une couche formée par les longues
cellules, probablement vibratiles, qui vont se terminer entre
les capsules urticantes. Ges éléments sont mumis d’un ou de
plusieurs noyaux. À la partie profonde de l’ectoderme, et
immédiatement en contact avec les fibres musculaires longi-
tudinales, on aperçoit sur les coupes longitudinales et trans-
versales, une zone finement granuleuse, colorée en gris par
l'acide osmique, très nettement séparée de l’ectoderme et du
mésoderme, zone dans laquelle 11 nous à été impossible de
distinguer une structure cellulaire, même par l'emploi des
objectifs à immersion.
Le mésoderme des tentacules comprend des fibres longitu-
dinales externes, une couche de tissu conjonctif et des fibres
circulaires internes. Sur les coupes transversales (pl. 19,
fig. 87 et 88), les fibres longitudinales apparaissent sous la
forme de points noirs disposés entre les lames rayonnantes du
mésoderme fibreux; ces lames musculaires présentent ainsi en
coupe transversale un aspect penné qui n'existe que sur les
tentacules du cycle externe. Au-dessous de cette couche muscu-
laire, on remarque une zone très faiblement colorée par l'acide
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE, 4105
osmique, ayant un aspect homogène. On serait tenté de la
considérer plutôt comme une membrane élastique que comme
unecouchedetissu conjonctif. Au-dessous de cette zone fibreuse
existent des fibres circulaires disposées en une seule couche ;
sur les coupes longitudinales, elles apparaissent comme
une série de points noirs bordant le mésoderme. Si lon exa-
mine la zone fibreuse à l’aide d’un fort grossissement, on
distingue des fibrilles très minces, sur lesquelles nous nous
arrêterons un instant (pl.19, fig. 87 et 88, /n). L'aspect de ces
fibrilles diffère suivant qu'on examine le mésoderme en coupe
longitudinale ou transversale. Dans le premier cas, on distin-
gue, au sein de la lamelle mésodermique, des fibrilles très
minces, faiblement colorées par l’acide osmique. Elles parais-
sent partir chacune d'une fibre musculaire circulaire interne,
traversent le mésoderme, la couche des fibres musculaires
longitudinales, et arrivent dans l’ectoderme. Sur les coupes
transversales, ces fibrilles, de nature probablement nerveuse,
s’étalent légèrement sur les fibres musculaires cireulaires avec
lesquelles elles sont en contact, traversent le mésoderme, et
arrivent dans les lames fibreuses rayonnantes. Elles mettent
ainsi en rapport les fibres cireulaires internes et les éléments
de l’ectoderme. Plusieurs de ces fibrilles partent quelquefois
d’un même point et seramifient avant de pénétrer dans lPecto-
derme. Ces fibrilles ne sont pas de nature conjonctive, elles se
distinguent facilement du mésoderme par leur direction et par
la couleur qu’elles prennent sous l'influence des réactifs. Bien
que notre opinion puisse paraitre peu fondée, nous sommes
porté à les considérer comme des éléments de communica-
ton nerveuse, mettant en rapport les fibres circulaires internes
avec les cellules de l’ectoderme.
Si l’on isole par la dissociation une portion du mésoderme
d'un tentacule du cvele interne, on distingue à sa surface, au-
dessus de la lame conjonctive, deux systèmes de fibres mus-
culaires (pl. 12, fig. 89). Les unes, très longues, disposées en
couche serrée, sont les fibres musculaires longitudinales.
Les autres, très courtes, sont faciles à distinguer des précé-
406 EE. JOURDAN.
dentes par leur volume et leur direction; chacune est en
contact avec un petit amas de protoplasma. La lamelle méso-
dermique, examinée par transparence, offre un aspect tout
à fait comparable à la figure de Ciamician, représentant la
lamelle de soutien des tentacules d’un Hydraire (Tubularia
Mesembrianthemum) (1). Les cellules musculaires sont dissé-
minées au-dessus des fibres longitudinales, elles ne sont pas
disposées en couche continue et correspondent peut-être aux
fibres circulaires. Les dissociations permettent seules de voir
ce système musculaire diffus, qui ne se retrouve pas sur les
coupes. | |
Les appendices du cyele interne se distinguent de ceux du
cycle externe par quelques particularités. Les nématocystes ne
constituent plus à eux seuls la zone externe de l’ectoderme. On
aperçoit en effet, dans cette couche, parmi les capsules urti-
cantes (pl. 19, fig. 85 et 86), des éléments de forme et de di-
mensions variées, les uns ovoides et ne dépassant pas les dimen-
sions des nématocystes, les autres, beaucoup plus volumineux,
atteignant presque la couche des fibres musculaires longitu-
dinales par leur extrémité interne, et ne communiquant avec
la surface de l’ectoderme que par une sorte de goulot. Ces
cellules glandulaires constituent des éléments spéciaux que
nous n'avons pas encore rencontrés chez les Actiniadés. Elles
renferment un protoplasma coloré en gris par losmium, divisé
en petits grumeaux serrés les uns contre lesautres, et donnant
à ces éléments lapparence d’une glande pluricellulaire. On
distingue encore, dans lectoderme des mêmes tentacules, des
cellules glandulaires plus petites, en forme de raquette ; nous
les retrouverons en grand nombre dans l'œsophage et nous les
étudierons alors plus attentivement. Les tentacules du eyele
interne se distinguent encore, de ceux du cycle externe, par le
peu de développement des fibres musculaires. Elles ne sont pas
disposées en lames rayonnantes et ne présentent pas, sur les
coupes transversales, cette disposition pennée si remarquable;
(1) Giamician, Ucber den feineren Bau und Entwicklung von Tubularia Me-
sembrianthemum (Zeitschrift für wissenschaftliche Zoologie, 1879, t. XXXII).
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 107
elles sont simplement rangées en une seule ou plusieurs cou-
ches sur la face externe du mésoderme.
L'endoderme offre encore des caractères identiques dans les
tentacules du eyele externe et dans ceux du cyele interne, Les
cellules formant cette couche possèdent un seul ou plusieurs
noyaux et des cils vibratiles longs et peu nombreux. Ces cellules
présentent, sur les coupes longitudinales des tentacules du
cycle externe, une disposition partieulière (pl. 49, fig. 84).
Elles sont groupées deux par deux et sont en contact seule-
ment par leur extrémité libre.
On peut, par la dissociation, isoler les éléments musculaires
des tentacules (pl. 12, fig. 90 et 91). La forme bizarre de ces
fibres, à contours irréguliers pourrait les faire considérer
comme des produits artificiels résultant des moyens mis en
œuvre pour les séparer. Mais la présence d’un grand nombre
de ces éléments encore adhérents à la lamelle mésodermique,
el ayant néanmoins des caractères identiques à ceux qui sont
représentés (fig. 90 et 91), indique que ces fibres ne sont pas
exceptionnelles ; elles représentent en effet l’état normal des
fibres musculaires des tentacules Chacun de ces éléments se
compose de deux parties distinctes : d’une fibre longue, effilée
aux deux extrémités, homogène, vivement colorée par le car-
min, complètement dépourvue de stries transversales ou longi-
tudinales, qui présente des amincissements et des renflements
successifs, au niveau desquels la fibre se met en rapport avec
les cellules, tantôt en contact immédiat, tantôt séparées d’elle
par un étranglement. Ces cellules possèdent un protoplasma
oranuleux et un noyau. On voit, par cette description, que les
éléments musculaires des tentacules du Gérianthe sont tout à
fait comparables aux fibres musculaires pluricellulaires des
lames mésentéroïdes des autres Actinies. Les tentacules du
cycle interne possèdent encore des éléments contractiles dissé-
minés à la partie profonde de lectoderme. Nous les avons déjà
décrits, et l’examen de notre figure suffira pour démontrer que
ces fibrilles sont semblables aux cellules musculaires des autres
Actiniadés.
108 K. JOURDPAN.
ŒsorHAGe. — L’ectoderme de cette région est formé à peu
près uniquement par des cellules vibratiles et des cellules
glandulaires. Il présenteles plus grandes analogies avec l’ecto-
derme des tentacules du cyele interne, ets’en distingue surtout
par le petit nombre de nématocystes. Les cellules vibratiles
sont longues, difficiles à isoler, munies d’un noyau et serrées
les unes contre les autres. Elles apparaissent, à un faible gros-
sissement, Comme des stries parallèles. Les cellules glandu -
laires sont de deux sortes, faciles à distinguer à leur forme, et
surtout à la nature de leur contenu. Les unes sont le plus
souvent ovoides et volumineuses. Leur protoplasma, en appa-
rence homogène, se colore très faiblement par l'acide osmique
sous l’action du carmin, il prend une teinte rose; il devient
violet par l’éosine hématoxylique. Ces cellules glandulairés,
semblables à celles qui sont signalées plus haut dans les ten-
tacules du cycle interne, se montrent alors composées de
petits corpuseules polygonaux, serrés les uns contre les autres.
Ces éléments ont ainsi une apparence finement réticulée. Outre
ces cellules glandulaires, on aperçoit en nombre presque égal
d'autres éléments de même nature, mais différents par leur
forme et par leur contenu. Ils sont plus petits, en forme de
bourse ou de raquette, et communiquent avec la surface de
l'ectoderme par un étroit goulot. Leur contenu, au lieu d’être
homogène, est fortement granuleux; il se compose de cor-
puseules arrondis, colorés en noir-par lacide osmique, à con-
tour net et bien tranché. Les réactifs colorants ont peu d’ac-
tion sur eux. L'aspect complètement différent du contenu de
ces cellules glandulaires nous autorise à les considérer comme
ayant des fonctions parfaitement distinctes; mais nous ne
croyons pas qu'il soit possible de préciser et d’assigner à cha-
cune de ces cellules des fonctions spéciales. La seconde forme
de cellules glandulaires doit cependant jouer un rôle dans la
digestion, car ces éléments existent surtout en grand nombre
dans l’œsophage. Les capsules urticantes se rencontrent rare-
ment dans l’ectoderme de cette région. Les cellules vibratiles
et glandulaires constituent presque à elles seules la totalité
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 109
des éléments cellulaires de la couche externe du tube œæso-
phagien.
Parois pu corps. — dJ. Haime avait distingué, chez le
Cérianthe, quatre strates cellulaires : couche épidermique,
couche pigmentale, couche à nématocystes; enfin couche cel-
lulaire profonde, dans laquelle les éléments formeratent une
véritable membrane délicate et peu résistante. Dans la tunique
musculaire, sur laquelle 1! insiste peu, cet observateur à ren-
contré une couche de fibres circulaires externes et une couche
de fibres longitudinales. I nous à été impossible de retrouver
chez le Cérianthe les quatre couches cellulaires de J. Hiime ;
la disposition des fibres musculaires signalée par ce naturaliste
ne concorde pas non plus avec ce que nous avons vu. Nos
coupes au niveau de la région moyenne des parois du corps
du Cérianthe permettent de distinguer les trois couches fon-
damentales du corps de toutes les Actimiadés : une couche
cellulaire externe ou ectoderme, une zone fibro-musculare ou
mésoderme, et enfin une couche cellulaire interne ou endo-
derme (pl. 15, fig. 92 et 93). Le mésoderme contient une
épaisse couche de fibres longitudinales propre au Gérianthe,
w’existant chez aucun autre Actiniaire. Au-dessous d'elle, on
voit une mince zone de tissu conJonctif et une couche de fibres
musculaires circulaires.
Les parois du corps du Cérianthe présentent l'épaisseur la
plus considérable au niveau de la partie moyenne. Elle est due
surtout au développement de la couche musculaire. La struc-
ture de l’ectoderme varie peu avec les régions. Si l’on examine
un fragment de cette couche cellulaire pris sur l’animal vivant,
on constate aisément l'absence complète des cils vibratiles. Sur
une coupe longitudinale, l’ectoderme mesure 0,23 de milli-
mètre. Son bord externe dessine des lobes qui correspondent
a autant de plis cellulaires (pl. 45, fig. 94). L’acide osmique
permet seul d'acquérir une idée bien nette de la structure de
cette couche cellulaire. On chercherait vainement les quatre
strates de J.Haime. Tous les éléments se confondent en une cou-
che unique; ce n’est pas sans peine qu'on peut déterminer les
110 E. JOURDAN.
limites d’une zone située à la base de l’ectoderme, tout à fait
homologue de la couche granuleuse des Actinies. L’ectoderme,
malgré son épaisseur, est formé par une seule couche de cellules
très longues, disposées perpendiculairement au mésoderme.
Sur les coupes transversales ou longitudinales, ces éléments
sont coupés le plus souvent obliquement, et il est alors très
difficile de se faire une idée nette de leur disposition.
Ces cellules, qui forment pour ainsi dire la charpente de
l'ectoderme, sont très minces et très longues, légèrement
renflées à leur extrémité; elles s'étendent depuisle bord externe
de cette couche jusqu’à la zone granuleuse, dans laquelle
elles se perdent. Leur aspect les rend tout à fait comparab es
aux cellules vibratiles des tentacules. Mais Pabsence complète
de tout mouvement vibratile à la surface de l’ectoderme des
parois du corps rend leurs fonctions difficiles à mterpréter.
Nous ne croyons pas émettre une opinion trop téméraire en les
considérant comme des cellules sensitives. Ces éléments se
retrouvent d’ailleurs dans les dissociations; leur aspect nous
semble propre à justifier notre interprétation. À cause de leur
délicatesse, ces éléments sont difficiles à isoler : on les retrouve
le plus souvent brisés et presque toujours réunis en faisceau,
semblable à celui qui est représenté (pl. 1%, fig. 98); quel-
quefois ils sont isoiés. On voit alors qu'ils sont fusiformes avec
un ou plusieurs étranglements (pl. 14, fig. 97) et qu'ils se
terminent par un mince prolongement, comparable à un cni-
docil. Lis contiennent un protoplasma granuleux et se colorent
vivement par le picrocarmin.
On rencontre très rarement, dans la couche ectodermique
dissociée, des éléments pouvant être considérés comme des
cellules musculaires. Le seul que nous ayons aperçu (pl. 14,
fig. 96, ») était formé par une fibrille mince et très courte,
rompue à ses deux extrémités, et par une cellule à proto-
plasma granuleux, à noyau en contact immédiat avec la
fibnille.
Les capsules urticantes attirent tout d’abord l'attention de
l'observateur par leur forme et leurs dimensions. Nous insis-
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. lit
terons peu sur l’aspect varié de ces éléments. J, Haime a dé-
crit et figuré d’ailleurs avec beaucoup d’exactitude les varié-
tés les plus remarquables. Nous avons même cherché en vain
certaines formes représentées par ce zoologiste. Ces némato-
cystes diffèrent complètement de ceux des tentaeules; ils sont
beaucoup plus gros; leur fil, au lieu d’être enroulé en spirale,
est irrégulièrement pelotonné. [ls sont semblables à ceux
qui sont représentés planche 7, fig. 2 et 3, dans le mémoire
de J. Haime. Ils sont, pour la plupart, disposés au bord exté-
rieur de l’ectoderme ; quelques-uns, cependant, sont encore
situés dans l’épaisseur de cette couche. On voit enfin, à la
partie profonde de lectoderme (pl. 43, fig. 94, »j), immédia-
tement au-dessus de la couche granuleuse, des cellules ovoides
ou parfaitement sphériques, qui sont tout autant de jeunes
nématocystes en voie de formation. Ces cellules sont surtout
intéressantes à étudier après l’action de l'acide osmique, qui
les fixe parfaitement dans leur forme, et colore leur contenu
avec des intensités différentes (pl. 14, fig. 96, «, b, c, d,e, f). Au
stade le plus jeune, les capsules urticantes sont représentées
par de simples cellules semblables à des éléments épithé-
liaux. Le protoplasma et le noyau sont primitivement conden-
sés en une masse centrale, fortement colorée par l'acide
osmique. À un état plus avancé, ces éléments prennent une
forme en raquette, et en même temps on remarque que le
protoplasma s’est divisé en deux parties parfaitement dis-
tinctes : l’une est faiblement colorée par lacide osmique ;
l’autre au contraire a pris, sous l'influence de ce réactif, une
coloration noire intense. C’est dans cette dernière partie que
le nématocyste va apparaitre. Ces cellules deviennent alors
parfaitement ovales, el portent à chaque extrémité une sorte
de prolongement. Le prolongement filiforme inférieur se perd
dans la couche granuleuse; l’autre, celui qui se dirige vers le
bord externe de l’ectoderme, présente la forme d’un petit tube.
Malgré toute notre attention, il nous a été impossible de voir
si ce prolongement est propre au nématocyste, ou s’il est formé
par la juxtaposition de deux éléments fibrillaires voisins. Quelle
112 E. JOURDANX.
qu’en soit l’origine, nous croyons être en droit de le considé-
rer comme destiné à faciliter la migration de la capsule urti-
cante vers le bord externe de l’ectoderme.
Par quel mécanisme les nématocystes complètement déve-
loppés atteignent-1ls la surface de l’ectoderme? Nous pensons
que leur déplacementest produit par la contraction de l’épaisse
couche musculaire formant le mésoderme du corps du Cé-
rianthe. Notre opinion n’est ici qu'une simple hypothèse, mais
elle est au moins vraisemblable.
Les éléments glandulaires sont, après les nématocystes, les
cellules les plus remarquables de l’ectoderme; ils rappellent,
par leur forme (pl. 14, fig. 99) et leur contenu, les cellules
glandulaires propres aux tentacules et à lœsophage. Les pe-
tits corps polygonaux constituant le protoplasma cellulaire
sont faiblement colorés par l'acide osmique, et prennent, sous
l'influence du picrocarmin, une coloration rose. La forme de
ces éléments est d’ailleurs assez variable : quelques-uns font
penser aux nématocystes par leur aspect et leurs dimensions;
d’autres sont fusiformes ; d’autres enfin, munis d’un prolonge-
ment basilaire, possèdent un noyau souvent très volumineux.
On le voit, ces cellules glandulaires ne présentent rien de spé-
cial; elles sont presque identiques, par leur aspect et par la
nature de leur contenu, à une des formes décrites plus haut
dans les tentacules du cycle interne.
Les corpuscules de pigment qui donnent au Cérianthe sa
coloration brune siègent dans lPectoderme. Ils sont très re-
connaissables sur les coupes traitées par des solutions faibles
d'acide osmique (pl. 13, fig. 94, p). Leur couleur brun rou-
geûtre ne permet pas de les confondre avec les autres éléments,
Ils sont souvent disposés en boyaux, entre les cellules de l’ec-
toderme ; leur aspect pourrait alors les faire prendre pour des
cellules glandulaires, mais cette confusion n’est pas possible
lorsqu'on examine les coupes avec attention. On reconnaît alors
bien vite une absence complète de membrane d’enveloppe;
leur couleur lève enfin toute espèce de doute.
Outre ces éléments, on remarque, sur les coupes à l’acide
ARTICLE N° {.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 115
osmique, une zone granuleuse analogue à celle qui existe chez
les Actinies, et située à la partie profonde de l’ectoderme. Cette
couche contient des fibrilles dirigées suivant l’axe de l'animal,
apparaissant sur les coupes transversales comme des points
fortement colorés. Ges fibrilles nous paraissent être les seuls
éléments différenciés de la couche granuleuse; nous croyons
que si le Gérianthe possède des éléments nerveux, ils doivent
exister dans cette zone. C’est là en effet que nous les avons
rencontrés chez une Actimie. Is doivent exister dans cette ré-
sion chez tous les animaux de ce groupe. Gette couche granu-
leuse acquiert ainsi une grande importance ; les minces fibrilles
qui la traversent dans tous les sens sont propres à mettre en
communication entre elles les parties basilaires des cellules
de l’ectoderme, et à établir des rapports entre cette couche cel-
lulaire et les couches musculaires des parois du corps. Le mé-
soderme du Gérianthe présente un aspect spécial. Le tissu
conjonctif ne constitue plus 1c1, comme chez les autres Zoan-
thaires, la partie essentielle de cette couche. Les fibres mus-
culaires longitudinales, complètement absentes dans les
parois du corps des Actinies, ont acquis chez le Cérianthe
une grande importance; elles forment une couche qui peut
attemmdre 2 millimètres d'épaisseur. Elles sont disposées sur
de minces lames rayonnantes dépendant de la couche fibreuse
sous-jacente. Nous la décrirons d’abord, et nous étudierons
ensuite la disposition des fibres musculaires.
La couche fibreuse du mésoderme mesure 0"",05. Le bord
interne de cette zone paraîtrégulièrement ondulé sur les coupes
longitudinales, et rectiligne sur les coupes transversales. Son
bord externe, qui ne présente aucune sinuosité sur les coupes
longitudinales, est au contraire irrégulier sur les coupes
transversales. Gette couche conjonctive se colore en gris par
l’acide osmique, en rose par le picrocarmin ; mais ces réactifs
ne font apparaître ni fibres, ni noyaux; tout au plus si, par
l'emploi du picrocarmin, on aperçoit des stries irrégulières,
simples plis de la substance conjonctive, ne correspondant pas
à des fibrilles analogues à celles des tentacules.
ANN. SC. NAT, ZOOL., AOUT 1879-80. X, 8. — AAT, N° #,
114 E. JOURDAN.
Les coupes longitudinales radiales (pl. 43, fig. 93) mon-
trent que l’espace entre lectoderme et cette mince zone
fibreuse est occupé tout entier par des fibres musculaires ;
maisil est bien difficile, à l'aide de ces seules coupes, de recon-
naître la véritable disposition de ces éléments. Les coupes
transversales faites au niveau de la région moyenne du corps
(pl. 43, fig. 92, et pl. 14, fig. 400), c’est-à-dire ‘au point où
la couche musculaire atteint son plus grand développement,
sont au contraire bien propres à montrer la disposition des
fibres contractles. Sur ces coupes, on voit des tractus con-
jonctifs très minces partir de la zone fibreuse, traverser la
couche musculaire et se perdre dans Pectoderme. De chaque
côté de ces fibres conjonctives on distingue des noyaux volu-
mineux, fortement colorés par le carmin, représentant, en
sections transversales ou légèrement obliques, tout autant de
fibres musculaires. I résulte de l’examen de ces coupes, com-
parées avec les sections longitudinales, que les fibres muscu-
laires sont disposées sur des lames conjonctives rayonnantes,
comparables à celles des tentacules, mais elles prennent ici
une importance et un développement exceptionnels. x
Par la dissociation, on peut isoler facilement des portions
de ces lames musculaires, et observer la disposition des fibres
et leur structure. Get examen nous confirme dans la manière
de voir que nous venons d'exposer. Nous remarquons, sur
quelques-unes de ces lames, examinées par transparence,-un
aspect particulier (pl. 44, fig. 104) dù sans doute à l’état de
contraction des éléments musculaires ; ceux-ci forment de vé-
ritables plis, plus ou moins saillants, au-dessus des fibres
musculaires. L'aspect offert par ces lames contractées peut
alors donner lieu à des Imterprétations variées. Nous pensons
que ces plis représentent de véritablés ondes de contraction,
et confirment ainsi notre opinion sur certaines saillies offertes
par les fibres musculaires des lames mésentéroïdes du Phellia
elongata. Les fibres musculaires longitudinales des parois
du corps du Cérianthe se laissent facilement isoler; on voit
alors que ces éléments ne présentent ni stries, ni noyaux. Ils
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU/GOLFE DE MARSEILLE. TES
sont volumineux, se colorent vivement par le carmin, et pré-
sentent les plis déjà signalés sur les lames musculaires.
Les fibres longitudinales constituent la couche contractile la
plus importante des parois du corps du Gérianthe. On distingue
cependant, au-dessous de la zone fibreuse, des fibres muscu-
laires circulaires, qui apparaissent sur les coupes longitudi-
nales comme une série de noyaux suivant tous les replis de
la partie fibreuse du mésoderme. Gette couche est analogue
à celle de tous les Zoanthaires et ne présente rien de parti-
culier.
L’endoderme a été décrit par J. Haine comme une mem-
brane muqueuse formée de cellules polygonales vibratiles, ta-
pissant l’intérieur des tentacules et la cavité mésentérique,
Nous avons étudié cette couche cellulaire à l’aide de coupes
transversales et longitudinales. Ges dernières, pratiquées sur
des pièces traitées par Pacidé osmique, sont intéressantes
à étudier (pl. 13, fig. 95). Elles permettent de voir, non-seu-
lement la structure imtime des cellules de l’endoderme, mais
encore la disposition générale de leurs éléments,
L’endoderme du Cérianthe rappelle complètement celui de
l'Halistemma tergestinum, décrit et figuré par Claus (1). Les
cellules sont très longues et mincés, renilées à leur extrémité
libre et portant de longs cils vibratiles. Leurs noyaux sont le
plus souvent invisibles. Gette couche présente encore chez le
Gérianthe des cellules glandulaires spéciales que nous avons
cherchées en vain chez les autres Actimadés. Ces éléments se
colorent faiblement par Pacide osmique, et peuvent être con-
fondus, à un faible grossissement, avec de simples lacunes. Un
examen attentif et l'emploi de certains réactifs colorants dé-
montrent que ces cellules sont de véritables éléments glandu-
laires, mesurant jusqu’à 0"",0%, et rappelant, par l'aspect de
leur contenu, les cellules glandulaires de Pectoderme.
Nous avons pu, à l’aide de coupes à l’acide osmique et de
(1) Claus, Ucber Halistemma tergestinum (Arbeiten aus dem zoologischen
Institut der Universität zu Wien, 1878, Taf. [V, fig. 9).
416 E. JOURDAN.
dissociations, étudier ces éléments glandulaires de lPendo-
derme (pl. 14, fig. 102 et 103). Ces cellules, colorées à
l’'hématoxyhne et examinées par un fort grossissement, pa-
raissent subdivisées en un grand nombre d'éléments secon-
daires, qu’on pourrait prendre pour tout autant de cellules
distinctes, si la présence d’un corpuscule, plus fortement
coloré par Îes réactifs et représentant le noyau de la cellule, ne
démontrat pas que ces petits corps sont de simples amas de
protoplasma serrés les uns contre les autres, et dont les limites
sont nettement indiquées par les réactifs. La membrane cellu-
lire qui les maintient réunis est très délicate et disparaît le plus
souvent par la dissociation. Ces cellules présentent alors un
aspect sensiblement différent. Les petits corps polygonaux sont
alors complètement sphériques, et leur ensemble constitue un
corps müriforme. On trouve encore, dans les mêmes prépara-
tions, des cellules représentant les stades plus jeunes des élé-
ments glandulaires contenus dans l’endoderme. Ces cellules
ont primitivement un noyau très volumineux; plus tard leur
contenu se divise en plusieurs globules à contenu hyalin. A ce
stade, elles possèdent encore un novau et une membrane d’en-
veloppe distincte; plus tard ces éléments étant constitués, les
cellules perdent leur enveloppe et souvent leur noyau. Les
cellules vibratiles et les cellules glandulaires sont les seuls
éléments de l’endoderme ; nous n’avons jamais distingué dans
cette couche des corpuscules de pigment ou des nématocvstes.
LAMES GÉNITALES. — Les éléments de la reproduction se
développent, chez le Cérianthe, dans la partie mférieure des
lames mésentéroïdes. Leur ensemble constitue une zone bien
distincte. J. Haime a reconnu, dans son mémoire, l’herma-
phroditisme complet du Gérianthe. Nos recherches confirment
ces observations. Le Gérianthe offre en effet cette particula-
rité remarquable de posséder les éléments mâles et femelles
réunis en même temps Chez un même individu. J. Haime à
observé par transparence les éléments reproducteurs. Nous
avons pensé que pour acquérir une idée juste sur leur situation
et leur structure, il fallait recourir aux coupes. Ces sections
ARTICLE N° Î.
=
ZOANTIIAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE, 117
sont faciles à pratiquer sur les organes durcis et engagés dans
la cire (pl. 14, fig. 105 et 106). On reconnait alors sans dif-
ficulté, que les lames génitales sont formées par un plan mé-
dian de tissu conjonctif, recouvert sur chacune de ses faces
par des cellules endodermiques vibratiles et glandulaires, sem-
blables à celles des parois du corps. Ghaque lame génitale est
bordée par un filament mésentérique, constitué par des cellules
vibratiles et des nématocystes semblables à ceux qui sont
représentés fig. 24 et 25 par J. Haime. En juin, les éléments
de la reproduction sont complètement formés, et les ovules se
manifestent par la saillie qu'ils forment sous l’endoderme.
Sur les coupes pratiquées à cette époque, on voit que les
ovules et les vésicules mâles sont situés dans un dédoublement
de la lame fibreuse mésodermique. Ces œufs sont faciles à
reconnaitre à leur volume, à leur couche jaune et à leur résis-
tance aux réactifs colorants. Les vésicules mâles, également
situées dans le mésoderme, se distinguent des ovules par une
taille généralement inférieure, un contenu fortement granu-
leux, coloré par les réactifs. Chaque vésicule male est tapissée
intérieurement par une couche de petites cellules polygonales
munies d’un noyau. L’amas de granulations situé au centre
de chaque vésicule représente des spermatozoïdes, tantôt
réunis en une masse centrale, tantôt groupés en faisceau et
convergeant vers un point commun.
Chez le Cérianthe (pl. 14, fig. 106), la sortie des sperma-
tozoïdes n’est pas précédée par la formation de cette sorte de
canal déférent que nous avons décrit chez l’Actinia equina.
Les vésicules mâles arrivées à maturité se rompent et laissent
échapper les éléments qu’elles renferment. Les spermatozoïdes
complètement développés sont semblables à la figure donnée
par J. Haime.
La gouttière interlamellaire impaire est formée par deux
lames mésentéroides se prolongeant jusqu’au pore aboral. Les
filaments qui les bordent sont souvent détachés et disposés en
bouquets. Leur structure ne diffère pas de celle des filaments
mésentériques des Actinies.
1148 À E. JOURDAN.
CLADOCORA CÆSPITOSA.
Nous insistons peu sur l’histologie de cette espèce, les élé-
ments qui constituent les couches cellulaires étant semblables
à ceux que nous allons décrire avec détait dans le paragraphe
suivant, à propos du Balanophyllia regia. Chez les Cladocora,
les corpuscules de pigment siègent dans l'endoderme, et rap-
pellent, par leur volume, ceux de l’Anemonia suleata. L’ecto-
derme est formé par des cellules vibratiles et des espaces hya-
lins semblables à ceux du Balanophyllia. La petite taille de ce
Zoanthaire permet d'y pratiquer des coupes d'ensemble après
action de l’acide picrique, de reconnaître que les lames
mésentéroides occupent l’espace compris entre les cloisons du
polypier, et qu’elles possèdent une structure semblable à celle
des Malacodermés.
BALANOPHYLELIA REGIA.
Les Coralliaires de cette section présentent à l'étude des dif-
ficultés spéciales souvent difficiles à vaincre. Ce n’est qu'après
un séjour prolongé dans l'acide pierique, qu’on peut pratiquer
des coupes suffisamment minces.
TenTacuLes. — Les tentacules du Balanophyllia sont garnis
de nombreuses verrues (pl. 15, fig. 107). Suivant que ces
appendices sont étalés ou contractés, ces verrues paraissent
serrées les unes contre les autres ou disséminées à la surface.
Elles sont jaunes, et, lorsque les tentacules sont contractés,
cette teinte domine. Si l’on coupe d’un coup de ciseau un de
ces tentacules et si on l’examine par compression, son ecto-
dérme paraît couvert de cils vibratiles très longs et animés de
mouvements rapides. On voit aussi des enidocils plus courts,
coniques, faciles à distinguer des eils vibratiles. En traitant
par l’acide acétique, on fait cesser le mouvement vibratile, et
les nématocystes lancent leurs fils urticants. La préparation
devenue plus transparente ne montre cependant rien de nou-
veau. Les verrues des tentacules apparaissent nettement
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE, 419
comme tout autant de petites pelotes de nématocystes. On peut,
à l’aide de coupes longitudinales et transversales, acquérir
une idée plus exacte de la structure des tentacules (pl. 45,
fig. 408). On voit d’abord qu'ils possèdent la disposition fon-
damentale de ceux de tous les Zoanthaires. Le bord externe de
l’ectoderme est hérissé de enidocils; au-dessous d’eux, on
aperçoit de nombreux nématocystes à fil enroulé en spirale.
Ces capsules urticantes sont en rapport, à leur base, avec de
longues cellules fibrillaires semblables aux éléments à enido-
cils de PActinia equinu. L'aspect de cet ectoderme, en coupe
transversale, rappelle ainsi complètement celui des bourses
chromatophores. Les cellules glandulaires, si nombreuses dans
les tentacules de plusieurs Zoanthaires malacodermés, sont
ici complètement absentes. À la base de la couche cellulaire
externe, on aperçoit quelques rares cellules pigmentaires et
une mince zone granuleuse. Les fibres musculaires longitudi-
nales sont peu nombreuses et apparaissent comme une ligne
mince et irrégulière. Le mésoderme se colore faiblement par
l'acide osmique; il ne présente m fibres ni noyaux. L’endo-
derme est formé de longues cellules munies d’un noyau et d’un
protoplasma granuleux.
(ŒsopaAGEe. — L'ectoderme de cette région diffère complè-
tement de celui des parois du corps (pl. 15, fig. 109). IT est
formé d'éléments fibrillaires juxtaposés, munis de noyaux for-
tement colorés par l’osmium. Ces longues cellules sont rare-
ment complètes; le plus souvent elles sont coupées obli-
quement, ce qui donne alors un aspect granuleux difficile à
interpréter. Au bord externe de l’ectoderme, on voit quelques
espaces hyalins et des cils vibratiles très longs, semblables
à ceux des tentacules. Ces coupes, colorées au carmin, font
voir, dans les parties où les éléments sont dissociés, des cel-
lules nettement fusiformes.
Parois pu corps. — La colonne du Balanophyllia possède
une structure anatomique semblable à celle des Malacoder-
més; on y retrouve les trois couches fondamentales de tous les
Actiniaires, Nous étudierons d’abord la couche ectodermique,
120 E. JOURDAN.
mesurant de 0%",05 à 0,08. Par l'emploi de l'acide osmique,
la structure histologique de cette région est très nette et facile
à apprécier (pl. 15, fig. 110). On y disiingue des éléments très
volumineux, possédant des caractères bien tranchés. Les uns,
en forme de massue, sont le plus souvent privés de toute espèce
de contenu et apparaissent semblables à des espaces hyalins.
Ils peuvent être considérés comme des cellules glandulaires
réduites le plus souvent à leur membrane d’enveloppe; elles
contiennent quelquefois un protoplasma granuleux rappelant
celui des cellules glandulaires du Cérianthe. A la base de l’ec-
toderme, on distingue une zone remarquable par sa coloration
foncée. Elle est formée par de grandes cellules ovoides, à con-
tenu granuleux, fortement coloré par l’osmium et à noyau bien
visible. Nous pensons que ces éléments doivent être considérés
comme des cellules pigmentaires, qui se rencontrent aussi avec
des caractères presque identiques dans l’endoderme des parois
du corps et des cloisons. Parmi ces cellules volumineuses, on
aperçoit des éléments fusiformes légèrement étalés à leur ex-
trémité libre. Les cils des cellules vibratiles, agglutinés par le
mucus, sont devenus invisibles.
Cette structure est celle de l’ectoderme du sommet de la
colonne. À la base, la proportion des éléments que nous venons
de décrire s’est modifiée (pl. 15, fig. 111). Les cellules glan-
dulaires ont presque complètement disparu, les cellules pig-
mentaires sont moins nombreuses ; tandis que les éléments vi-
bratiles ont pris une grande importance et constituent presque
à eux seuls la totalité des éléments cellulaires de l’ectoderme.
On retrouve, dans les dissociations de l’ectoderme, les trois
sortes de cellules signalées dans le paragraphe précédent. Les
cellules glandulaires et les cellules pigmentaires ne présentent
aucune particularité méritant de fixer notre attention. Les
cellules vibratiles, au contraire, qui sur les coupes se con-
fondent si facilement avec les autres éléments, sont très nettes
et peuvent être étudiées avec soin. Elles sont fusiformes et
identiques par leur aspect aux éléments décrits par Claus chez
une Méduse (Charybdea marsupialis), sous le nom de cellules
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 121
nerveuses épithéliales : cette ressemblance nous autorise à
penser que les éléments vibratiles du Balanophyllia regia
doivent posséder en même temps des fonctions sensitives. Chez
ce Zoanthaire sclérodermé, ces éléments supposés sensitifs se
présentent sous deux aspects principaux (pl. 15, fig. 112). Ils
sont toujours fusiformes, mais leurs dimensions sont variables.
On les voit tantôt très courts, d’autres fois au contraire sem-
blables à de longues fibrilies légèrement renflées à une
extrémité. Leur forme la plus habituelle est celle qui est
représentée fig. 112, d. Ces cellules sont donc tout à fait
comparables à des éléments fusiformes munis d’un ou de
deux noyaux volumineux, se colorant fortement par le
carmin. On remarque en outre que les deux parties de la
fibrille présentent des dimensions inégales, la portion basilaire
étant beaucoup plus mince que l’autre. On rencontre encore,
dans les dissociations, des nématocystes très volumineux, me-
surant 9 millimètres (pl. 15, fig. 113 et 114). Leur fil est très
oeros et irrégulièrement pelotonné. Ces capsules urticantes
ne siègent pas dans l’ectoderme, mais, ainsi que les coupes le
démontrent, dans les filaments des lames mésentéroides.
LAMES MÉSENTÉROÏDES. — Leur structure est semblable
à celle des Zoanthaires malacodermés. Elles sont constituées
par une lame fibreuse centrale, recouverte par une couche de
fibres musculaires longitudinales. Ces fibres sont en général
peu développées et ne se groupent jamais en un faisceau dis-
tinct. L’endoderme qui les tapisse (pl. 15, fig. 115) est formé
par des cellules vibratiles très nettes. Elles sont coniques, et
leur grosse extrémité est dirigée vers le bord externe ; leurs
cils sont très apparents. Ces éléments contiennent un noyau
très volumineux, se colorant quelquefois très fortement par
l'acide osmique et pouvant alors être considérés comme un
corps pigmentaire. Au milieu de ces cellules vibratiles, on en
distingue d’autres, ovales ou sphériques, à contenu granuleux,
coloré par l’osmium et à noyau bien visible. Elles sont iden-
tiques aux cellules pigmentaires que nous avons décrites
à propos de l’ectoderme.
122 E. JOURDAN.
Les cloisons calcaires ont nécessairement disparu sur nos
coupes; elles doivent cependant être situées entre les lames
mésentéroides. Elles ont laissé en effet, sur ces lames, des
empreintes qui ne peuvent être causées que par elles.
TROISIÈME PARTIE.
EMBRYOGÉNIE.
Les travaux récents sur l’embryogénie des Zoanthaires
sont peu nombreux ; nous n'aurons à analyser que les belles
recherches de M. de Lacaze-Duthiers (4) et les observations du
professeur Kowalevsky, d'Odessa (2).
Dans un premier mémoire, le savant professeur de la
Sorbonne, après avoir résumé les opinions de M. Milne Edwards
et J. Haime, ainsi que celles de Schneider et Rotteken, expose
le résultat de ses études. Elles ont porté sur les trois genres
Actinia, Sagartia, Bunodes. L'auteur signale les stations habi-
tées de préférence par lActinia Mesembrianthenum, l'époque
de la reproduction, les moyens de se procurer les embryons.
M. le professeur de Lacaze-Duthiers a souvent rencontré des
individus unisexués; 1l croit cependant que l’hermaphrodi-
tisme est la règle. Les glandes mâles et femelles sont contenues
dans l’épaisseur des lames mésentéroïdes ; la fécondation doit
se passer lorsque les ovules y sont encore renfermés. M. de
Lacaze-Duthiers n’a pu observer les premiers phénomènes
de la segmentation. Il a vu, peu de temps après la sortie de
l'ovaire, apparaître la couche cellulaire externe et interne. Les
larves ainsi constituées se couvrent de cils vibratiles, la bouche
se mamfeste par une dépression obscure et s’entoure d’un
bourrelet circulaire. En même temps de nombreux némalo-
(1) H, de Lacaze-Duthiers, Développement des Coralliaires (Archives de
zoologie expérimentale et générale, vol. I et Il, 1872 et 1873).
(2) HaGaroaenia Haas Passuriems Cœlenterata. Moscou, 1873. — Ces études si
importantes, publiées malheureusement en langue russe, n’ont pas été suffisam-
ment remarquées.
ARTICLE N° Î.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILEE. 195
cystes apparaissent dans la couche externe. M, de Lacaze-
Duthiers rappelle le plan général de structure des Actinies, et
fait remarquer qu'il borne ses recherches à l’évolution mor-
phologique des Actimiaires, en laissant de côté l’histologie et
l’histogenèse, M. de Lacaze-Duthiers croit que l’ectoderme
participe à la formation des eloisons ; il décrit ensuite le mode
d'apparition de ces lames mésentéroides. Deux replis appa-
raissent d'abord et divisent la cavité centrale en deux loges de
dimensions Inégales. Lorsque ces deux replis primaires sont
bien constitués, deux lames, de seconde formation, appa-
raissent dans la plus grande des loges. Les replis de troisième
ordre se montrent ensuite dans la plus petite des deux moitiés
primitives restées indivises. Le stade à une cloison est ainsi
constitué, mais il est très fugace ; bientôt deux nouvelles eloi-
sons apparaissent dans la plus grande des loges primitives :
ainsi s'établit le stade à huit cloisons. La production des replis
s’arrôête alors un instant et une période de régularisation com-
mence. La cinquième paire de lames apparaît près des replis
primaires; deux autresse montrent ensuite : le stade douze est
ainsi réalisé. Le développement des cloisons comprend donc
deux périodes bien distinctes : une période de formation, et une
autre de régularisation. Arrivé au stade douze, le développe-
ment des replis s'arrête un instant, les nématocystes deviennent
plus nombreux dans l'ectoderme. La naissance des tentacules
est régie par les mêmes lois, Après le nombre, c’est la gran-
deur relative qui est l’objet du travail embryonnaire. Pour la
formation des éléments du troisième cycle, c’est-à-dire de
douze à vingt-quatre, les lames mésentéroïdes apparaissent
par paires, Lorsque les lames ont plus de vingt-quatre tenta-
cules, la formation des replis et des tentacules devient difficile
à apprécier. L'éminent professeur de la Sorbonne résume
nettement les lois qui découlent de ses recherches. Leur im-
portance et leur complexité font que nous ne pourrions en
donner 1c1 qu'une analyse bien incomplète ; aussi préférons-
nous renvoyer le lecteur au mémoire original. L'auteur étudie
également le développement des larves du Sagartiu Belles et
124 HE. JOURDAN.
du Bunodes verrucosus; ses observations confirment celles qui
ont pour objet l’Actinia Mesembrianthemu.
Dans son second mémoire, M. de Lacaze-Duthiers s'occupe
du développement d’un Actiniaire à polypier, l’Astroides
calycularis. Le savant professeur analyse les travaux des natu-
ralistes qui se sont occupés de cette partie de la zoologie; ilfait
remarquer qu'aucun d’entre eux ne s’est appliqué à recon-
naître les premières traces du dépôt calcaire formant le poly-
pier. Après avoir examiné les ouvrages de M. Milne Edwards et
J. Haime, de Schneider et Rotteken, de G. Semper, de Dana,
l’auteur expose le résultat de ses recherches. Il divise son tra-
vail en deux parties. Dans la première, il étudie le dévelop-
pement du Polype lui-même. Dans lexplication des termes
employés pour son mémoire, M. de Lacaze-Duthiers fait
remarquer avec raison qu'on appelle cloisons, deux parties
qui sont cependant complètement différentes : les lames més-
entéroides des Zoanthaires malacodermés, et les lames cal-
caires des polypiers. Gette dénomination commune présente
de grands inconvénients pour l'étude des Selérodermés ; elle
s'applique alors à deux parties essentiellement différentes :
aussi l’auteur conserve le nom de cloisons aux lames calcaires
des polypiers, et désigne sous le nom de plis mésentéroiïdes les
lames radiées qui, chez les Malacodermés et les Sclérodermés :
portent les filaments mésentériques. M. de Lacaze-Duthiers
examine la structure des organes de la reproduction et consi-
dère l’Astroëdes calyculuris comme unisexué. [n’a pu observer
le fractionnement. Les larves sortent du corps de la mère à
l’état vermiforme ; elles sont semblables à celles du Corail. Les
embryons restent pendant longtemps à cet état, et se trans-
forment ensuite subitement en petits disques. Le défaut de
transparence rend le développement des cloisons difficile à
suivre ; cependant on voit que les lois régissant l’ordre de leur
apparition sont les mêmes que chez les Malacodermés.
La seconde partie du mémoire de M. de Lacaze-Duthiers est
plus importante encore. L'auteur commence par indiquer les
principaux traits de l’histologie de l'embryon : il pense que les
ARTICLE .N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 123
dénominations d’ectoderme et d’endoderme présentent de
nombreux inconvénients, et préfère désigner ces deux zones
sous les noms de couche externe et de coucheinterne. Il regrette
que les conditions dans lesquelles il se trouvait placé ne lui
aient pas permis de pratiquer des coupes et de faire une étude
histologique complète de ces larves.
M. de Lacaze-Duthiérs admet deux couches dans le corps
des larves de l’Astroides calycularis, et pense que la couche
externe, contenant les nématocystes, forme les replis mésen-
téroïdes; l’espace entre ces plis est occupé par le tissu de la
couche interne, composée de grosses granulations jaunâtres au
milieu desquelles apparaissent les premiers nodules calcaires.
L'auteur a réussi à faire fixer quelques larves sur des lames de
verre, et a pu ainsi observer le mode de formation du polypier.
Il a vu les nodules calcaires destinés à former les cloisons
naître avant ceux qui constitueront la muraille. Les cloisons
n'apparaissent pas avec la régularité qu'on remarque plus tard
chez l'adulte; elles se rencontrent d’abord et se régularisent
ensuite, formant alors des cvcles de grandeur différente. La
columelle est le résultat de dépôts spéciaux qui apparaissent
au centre du polypier.
Le professeur Kowalevsky, d’Odessa, à publié à Moscou,
. en 1873, des observations intéressantes sur l’embryogénie
des Cœlentérés. Le chapitre traitant du développement des
Actinies a été traduit par M. le professeur Marion (1). Les
recherches de l’éminent embryogéniste russe ont porté sur
une espèce que l’auteur n’a pu exactement déterminer, mais
elle parait être le Bunodes verrucosus. M. Kowalevsky n’a pu
observer sur cette espèce les stades de la segmentation ; pour-
tant il à vu un œuf immédiatement après ce phénomène,
possédant encore un seul feuillet blastodermique. Au stade
suivant, le feuillet interne se forme par refoulement, les bords
de louverture se rapprochent ensuite, et les deux feuillets
s’amincissent. On remarque bientôt, sur les coupes transver-
\1) Revue des sciences naturelles, t. IV.
196 E. JOURDAN.
sales, deux pis uniquement formés par l’endoderme, s’éten-
dant de l’ouverture buccale jusqu’à la moitié inférieure du
corps : ce sont les deux cloisons primitives. Pendant que ces
cloisons apparaissent, les bords de l’ouverture buccale com-
mencent à s’invaginer et constituent le tube œsophagien par
une sorte de refoulement secondaire ; de nouvelles cloisons
apparaissent et les anciennes s’accroissent. Bientôt on voit,
sur les coupes transversales, entre l’endoderme et l’eetoderme,
ainsi qu'au milieu de chaque pli mésentérique, une couche de
substance amorphe, sorte de membrana propria, considérée
par M. Kowalevsky comme appartenant probablement à l’en-
doderme. Le professeur d'Odessa n’a pas borné ses recherches
sur Pembryogénie des Actinies à cette seule espèce ; il a
observé la segmentation des œufs de l’Acfinia parasitica, mais
il n’a pu en suivre les stades, à cause de leurs globules de
oraisse. L’endoderme se forme, chez cette dernière espèce, par
scission de cellules du premier feuillet blastodermique, et non
par refoulement.
Chez les larves de l’Actinia aurantiuca, Kowalevsky a trouvé
la cavité centrale remplie par un épais vitellus de nutrition,
de telle sorte que l’endoderme ne s'était pas formé par refou-
lement. Ainsi M. Kowalevsky est de l'avis de M. de Lacaze-
Duthiers sur les lois régissant l'apparition des cloisons, mais .
il ne partage pas son opinion sur le rôle joué par l’ectoderme
dans la formation des lames mésentéroïdes. Nous verrons
plus loin que son avis à êté modifié par des recherches récentes.
Le professeur d'Odessa à également observé les larves d’un
Astrea et du Gérianthe. Il n’a pas vu la segmentation, mais il
note chez Astrea la présence d’un endoderme occupant entiè-
rement la cavité de la larve. L’endoderme du Cérianthe se
forme par refoulement.
Nous signalerons encore les observations récentes du pro-
fesseur Kowalevsky sur le Sympodium coralloides, et celles que
l'embryogémiste russe a faites en collaboration avec notre
maître, M. le professeur Marion, sur le Clavelaria crassa (À).
(1) Zoologischer Anzeiger, n° 38, 22 sept. 1879.
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 197
Les recherches de ces deux savants les ont portés à penser que
la couche dite mésodermique des Alcyonaires était d’origine
ectodermique, et qu’elle ne peut réellement être considérée
comme absolument homologue du mésoderme des Cœlomates.
Nous verrons, en exposant les résultats de nos recherches sur
lPActinia equina et sur le Balanophyllia regiu, que nos obser-
vations nous conduisent à dés résultats analogues.
Nous avons observé les larves de trois espèces appartenant
à des groupes différents : lActinia equina, le Cérianthe,
le Balanophyllia reqia. Nos recherches sont sans doute
incomplètes, mais ellés nous permettent au moins de
confirmer les lois posées par M. de Lacaze-Duthiers sur le
développement des lames mésentéroïdes, et elles nous auto-
risent à dire que la couche dite mésodermique des Zoanthaires
se développe aux dépens de l’ectoderme.
ACTINIA EQUINA.
On peut aisément obtenir les embryons de cette espèce. [sut-
fit d'ouvrir la cavité mésentérique à l’époque de la reproduc-
tion pour voir s’en échapper des larves à divers états de déve-
loppement. Cette abondance exceptionnelle de matériaux nous
a engagé à les utiliser. Dans son premier mémoire sur Pem-
bryogénie des Coralliaires, M. de Lacaze-Duthiers à étudié le
développement de cette espèce avec beaucoup de som. Aussi
n'avons-nous pas la prétention d'arriver à des résultats nou-
veaux sur le mode de développement morphologique dés loges
et des tentacules. Le professeur de la Sorbonne laisse de côté,
dans son mémoire, l’histologie et l’histogenèse de la larve; il
indique lui-même cette lacune que nous essayons de combler.
Enoutrenousavonsdéjà signalé le désaccord entre M. de Lacaze-
Duthiers et M. Kowalevsky, sur l’origine des lames mésenté-
roides. Nos préparations démontrent que l’ectoderme propre-
ment dit est étranger à la formation de ces cloisons, mais que
le mésoderme qui constitue leur axe pourrait passer pour une
dépendance de lectoderme. C’est en vain que nous avons
128 RE. JOURDAN.
essayé de surprendre le phénomène de la segmentation, nos
tentatives dans ce but n’ont pas réussi. Les embryons les plus
Jeunes présentaient tous une couche externe déjà complète-
ment différenciée de la masse centrale. Les coupes à travers
le corps de la larve nous ont seules permis d’avoir une idée
exacte de leur structure. Ges sections à travers des embryons
à peine visibles à l'œil nu sont difficiles à pratiquer; ce n’est
qu'après des essais plusieurs fois répétés, qu'il nous a été pos-
sible de faire des préparations bien nettes et bien conservées,
Le stade le plus jeune que nous avons observé (pl. 16, fig. 116)
correspond à la phase embryonnaire bien connue sous le nom
de gastrula. On voit, sur les coupes longitudinales, la larve
déjà composée de deux couches de grosses cellules munies
d’un noyau et d’un protoplasma granuleux. Les deux feuillets
sont déjà parfaitement constitués, et la présence d’une ouver-
ture de refoulement montre que l’endoderme s’est formé par
invagination. La cavité gastrique de la larve, devenue plus
tard la cavité mésentérique de l'adulte, est alors complètement
vide. Les granulations que nous y rencontrerons plus tard ne
se montrent pas encore.
Au stade suivant (pl. 16, fig. 117), l'ectoderme présente, sur
les coupes longitudinales et transversales, une structure diffé-
rente de l’endoderme. Les cellules constituant la couche externe
sont alors plus petites, elles deviennent cylindriques et plus
tard fusiformes. Les coupes longitudinales passant par l’axe
de la larve sont surtout intéressantes à étudier. En effet, les
deux feuillets primitifs de l’embryon se renversent dans la
cavité gastrique et constituent ainsi le tube œsophagien par
une sorte de refoulement secondaire. La couche interne offre
moins de modifications que la couche externe; elle est encore
formée par de grosses cellules à membrane d’enveloppe déli-
cate et à contenu légèrement granuleux. L’estomac de la larve
est occupé par de grosses granulations vitellines.
Dans les coupes transversales de larves plus âgées (pl. 16,
fig. 118), les éléments de l’ectoderme sont déjà différenciés, et
de jeunes nématocystes commencent à apparaître dans cette
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 129
couche cellulaire. Les plis mésentéroïdes se dessinent d’abord
sous la forme de lobes dépendant uniquement de l’endoderme.
Entre les deux couches primitives existe alors une ligne forte-
ment colorée par les réactifs et qui envoie vers le centre de la
larve, au milieu des lobes endodermiques, des lames rayon-
nantes, représentant sur les coupes l’axe des cloisons. L'aspect
des sections transversales des larves arrivées à ce stade corres-
pond exactement aux figures de M. Kowalevsky relatives aux
stades embryogéniques de lAleyonium palmatum (1). Gette
analogie entre le développement des lames mésentéroïdes d’un
Alcyonaire et celles d’un Zoanthaire nous à paru devoir être
signalée. M. Kowalévsky considère cette couche formant lPaxe
des cloisons comme une membrana propria dont l’origine est
difficile à déterminer. Il nous a été impossible en effet de
reconnaitre nettement si cette zone dépendait de l’ectoderme
ou de l’endoderme. Elle parait correspondre à la couche des
muscles circulaires internes de l'adulte.
Au stade suivant, les plis mésentéroïdes continuent à se
former suivant les lois de M. de Lacaze-Duthiers. L'espace
entre les cloisons est toujours occupé par une masse probable-
ment vitelline, et qu'on croirait exsudée des tissus de la
larve (2); cette masse nutritive est formée par de grosses
vésicules semblables à des cellules adipeuses et par des noyaux
fortement colorés par les réactifs. Arrivées à cette phase de
leur développement, les larves sont d’une étude très mstruc-
tive, car elles font connaître l’origine de la couche fibreuse ou
externe du mésoderme (pl. 16, fig. 119). On remarque à la
base de l’ectoderme une zone plus claire, ne constituant pas
une couche cellulaire distincte, mais une région granuleuse
formée par les extrémités internes des cellules de l’ectoderme,
L’épaisseur de cette couche de nouvelle formation augmente
avec l’âge; elle tend à se séparer de plus en plus de l’ecto
derme et à constituer une bande qui deviendra plus tard
fibreuse et formera la plus grande couche dite mésodermique
(1) Kowalevsky, loc. cit., pl. 5, fig. 12.
(2) Comparez aux observations d’Oulianin sur les Geryonides.
ANN. SC. NAT., Z00L., SEPTEMBRE 1879-80, Xe DU ART, No
130 E. JOURDAN.
des Zoanthaires. Cette origine du mésoderme est difficile à
apercevoir chez l’Achinia equina, mais elle est très nette, ainsi
que nous le verrons plus loin, sur les coupes des larves du
Balanophyllia regia.
Les larves de lActinia equina, restées jusqu'alors parfaite-
ment ovoides, se modifient. Leur extrémité opposée à l’ouver-
ture buccale s’aplatit et forme le disque pédieux. En même
temps les tentacules commencent à apparaître sous la forme
de petits tubercules disposés en couronne autour de l’ouver-
ture buceale. L’Actinie, encore errante, possède cependant la
structure fondamentale de l'adulte ; les éléments de lecto-
derme continuent à se différencier (pl. 16, fig. 120). Cette
couche est alors formée par des cellules glandulaires qui con-
stituent, ainsi que nous l’avons déjà vu, les principaux élé-
ments de l’ectoderme de l’Actinia equina adulte. Sur la coupe
longitudinale représentée fig. 120, on voit en £ les premiers
tentacules qui, par leffet de la contraction de l'animal, pa-
raissent tre situés complètement en dehors de leur place
babituelle. L’endoderme, qui jusqu'alors était presque con-
fondu avec la masse vitelline, constitue maintenant une couche
distincte, formée par des cellules allongées à. protoplasma
à peine granuleux.
CERIANTHUS MEMBRANACEUS.
Deux naturalistes seulement se sont occupés de l’embryo-
sénie du Cérianthe : nous voulons parler de 4. Haime et de
Kowalevsky. Le premier de ces observateurs a suivi le dévelop-
pement morphologique du Cérianthe et le mode d'apparition
des tentacules. I à vu naître, après un court espace de temps,
quatre petits mamelons autour de l’ouverture buccale, mame-
lons qui se sont ensuite allongés et ont constitué chacun un
teutacule. Get observateur à reconnu qu'il se développait en-
suite, entre les deux plus grands tentacules, deux nouveaux
mamelons, mais il n’a pu observer leur croissance, les larves
ayant toujours succombé après dix ou douze jours.
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. L5
Les observations de M. Kowalevsky sont plus complètes.
Elles se rapportent du reste, comme toujours, aux phénomènes
les plus intimes du développement, L’embryogéniste d’Odessa
a pu voir l’endoderme apparaître par un véritable refoulement
du blastoderme ; il a suivi et figuré les différents stades de
cette formation. Il a vu également le tube œsophagien appa-
raitre à la suite d’un refoulement secondaire, et les lames
mésentéroides prendre d’abord naissance comme des amas de
cellules endodermiques. Nous ajouterons peu de chose aux
résultats précédents ; cependant nous croyons devoir exposer
nos observations, quelque incomplètes qu’elles soient.
Le 16 juin, nous avons remarqué qu'un Cérianihe pris la
veille avait rejeté des œufs, encore contenus pour la plupart
dans un amas de mucosités flottant à la surface de l’eau. La
plupart des œufs soumis à notre examen n'étaient pas fécondés ;
en les traitant par la glycérine et l'acide acétique, ils parais-
saient constitués par de grosses granulations vitellines, sans
aucune apparence de segmentation. Les coupes que nous
avons pratiquées à travers ces œufs nous ont confirmé dans
cette opinion. Cependant nous avons trouvé un de ces ovules,
certainement en voie de segmentation. Son aspect était com-
parable à un amas de pseudova; les éléments cellulaires qui
le constituaient, n'étaient pas contenus dans un follicule,
Nous regrettons vivement d’avoir laissé passer ce stade sans
le dessiner, car 11 nous à été impossible de le retrouver. Le
lendemain, malgré la précaution que nous avions prise de
changer l’eau du eristallisoir, la plupart de ces ovules étaient
en décomposition. Nous les avons alors négligés, les considé-
rant comme non fécondés. Aussi avons-nous été bien étonné,
lorsque quatre ou cinq jours après, le 25 juin, nous avons
remarqué quelques larves déjà: munies de quatre petits ten-
lacules et nageant à la surface de l’eau. Ces embryons, durcis
el coupés d’après la méthode que nous avons déjà indiquée,
étaient constitués par deux couches (pl. 46, fig. 124). L'ecto-
derme était formé par des cellules fusiformes pourvues de
uoyaux et de vésicules hyalines, L’endoderme était compest
132 H. JOURDAN.
de cellules à membrane délicate et à protoplasma légèrement
sranuleux. Leurs dimensions et leurs formes étaient variables.
Les unes sont en massue, les autres cylindriques : elles consti-
tuent une couche d'épaisseur différente, suivant les régions
examinées. Nous avons nettement aperçu, sur plusieurs de nos
coupes, les corps filamentaires signalés par M: Kowalevsky et
qui sont les premiers filaments mésentériques. Si l’on étudie
ces coupes longitudinales à laide d’un fort grossissemenit
(pl. 16, fig. 122), on remarque, entre l’ectoderme et l’endo-
derme, une ligne plus foncée correspondant à la zone consi-
dérée chez les Actinies comme une #embrana proprie. On
voit encore sur le bord interne de cette zone une série de
petits points, représentant les coupes de tout autant de fibres
musculaires cireulaires. La ligne noire située immédiatement
sous l’ectoderme doit correspondre à des fibres longitudi-
nales. Les larves possèdent donc un système musculaire déjà
différencié, qui leur permet de changer de forme et de nager
avec rapidité.
BALANOPHYLLIA REGIA.
Le Balanophyllha regia vit sur nos côtes en grande abon-
dance, et dans des conditions semblables à celles que signale
M. de Lacaze-Duthiers pour l’Astroides calycularis du littoral
de l'Algérie. Les ovules non fécondés, encore contenus dans
les lames mésentéroïdes de la mère, sont volumineux et possè-
dent un protoplasma granuleux, facile à apercevoir.
Le 80 juillet, plusieurs Balanophyllia avaient rejeté par
la bouche des larves vermiformes couvertes de cils vibratiles,
de couleur jaune orangé et ayant en moyenne de 1 à 2 mil-
limètres de longueur. Nous pûmes recueillir quelques-unes
de ces larves, qui tantôt nageaient rapidement, tantôt au
contraire flottaient à la surface de l’eau. Elles étaient peu
nombreuses, et nous ne pümes les utiliser que pour en des-
siner le facies (pl. 17, fig. 123). Le 17 août, nous vimes que
les Balanophyllia vivant dans nos cristallisoirs avaient de
ARTICLE N° f{.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 15:
nouveau donné naissance à des larves semblables aux précé-
dentes.
Nous avons pu, cette fois, suivre leurs transformations.
Elles sont restées longtemps à Pétat vermiforme. Le 95 août
seulement, nous avons constaté une modification dans leur
aspect. Elles étaient alors renflées à une de leurs extrémités
(pl. 17, fig. 124), et leurs allures s'étaient sensiblement mo-
difiées : au lieu de nager avec rapidité, elles se laissaient
balancer de préférence à la surface de l’eau, leur petite extré-
mité dirigée en bas. En les examinante au microscope, on
distinguait des côtes longitudinales correspondant à tout au-
tant de cloisons. Nos larves ont conservé cette forme Jusque
dans la soirée du 3 septembre. Le lendemain, deux d’entre
elles s'étaient subitement transformées en petits disques, me-
surant 2 millimètres de diamètre (pl. 17, fig. 195). Tantôt elles
nageaient à la surface, tantôt elles restaient appliquées aux
parois du cristallisoir. On peut, sans employer les coupes,
étudier la structure des larves arrivées à cet état : les granula-
tions vitellines forment alors une masse centrale jaune orange,
constituant un amas moins opaque. On reconnait que ces
larves possèdent déjà douze lames mésentéroïdes et un ecto-
derme bien distinct. L'acide acétique et la olvcérine rendent
cette structure plus apparente. C’est en vain que nous avons
disposé des lames de verre, dans le but de faire fixer ces larves
discoïdes ; nos tentatives ont été infructueuses, et nous avons
renoncé à observer la formation des premiers nodules cal-
caires. Cependant nous avons pu étudier, bien imparfaitement
il est vrai, un jeune Balanophyllia fixé sur les pierres avec les
individus adultes, possédant déjà douze cloisons et douze ten-
lacules. Notre examen nous porte à penser que les cloisons
calcaires doivent se développer conformément aux lois for-
mulées par M. de Lacaze-Duthiers pour lAstroides caly-
cularis.
L'étude histologique des larves du Balanophyllia nécessite
des précautions particulières, si Pon veut obtenir des coupes
entières et minces. L’acide chromique, employé suivant les
134 EH. JOURDAN.
procédés ordinaires, n’est pas suffisant. Son action n'étant pas
assez prompte, les larves se contractent et se déforment com-
plètement ; si l’on prolonge au contraire son action pendant
quelques jours, Pectoderme se détache et la pièce est alors
perdue. Nous avons employé avantageusement le mélange
d'acide chromique et d'acide osmique, proposé par Flesch,
prosecteur à Wurtzhourg. Mais la dose d'acide osmique qui
entre dans la liqueur est trop forte ; les larves traitées par ce
mélange deviennent très noires et difficiles à utiliser. Nous
avons employé une solution contenant la moitié moins d'acide
osmique, et nous ne l’avons laissée agir sur les larves que pen-
dant dix à douze heures seulement ; après cet intervalle de
temps, nous avons remplacé la Hhqueur de Flesch par la solution
d'acide chromiqne, complétant le durcissement.
Nous avons réussi à pratiquer des coupes sur des larves
à l'état vermiforme, sortant du corps de la mère, et sur des
embryons plus âgés, possédant déjà des cloisons.
Sur les larves les plus jeunes (pl. 17, fig. 498), on dis-
tingue nettement une couche ectodermique et une masse cen-
trale endodermique ; on remarque que les cellules de la por-
ton de lPendoderme en contact avec lPectoderme présentent
une forme spéciale. Elles sont très volumineuses, allongées,
contiennent des nucléoles fortement colorés par les réactifs et
de grandes vésicules hyalines. Au centre de la masse vitelline
constituant lendoderme, ces cellules disparaissent, les vési-
eules nyalines persistent seules. L’ectoderme est formé par des
cellules fusiformes munies d’un ou de plusieurs noyaux ; ces
cellules n’ont pas cet aspect cylindrique qu’on donne habituel-
lement aux éléments de la couche externe : nous nous sommes
attaché à reproduire leur forme avec exactitude. Ces deux
feuillets primitifs ne sont pas encore séparés par la zone con-
nue sous le nom de membrana propria ; elle apparait plus tard.
L'épaisseur de lectoderme augmente à mesure que les larves
deviennent plus âgées. Chez les larves déja munies de six cloi-
sons au moins, on distingue entre l’ectoderme et la masse cen-
trale, une mince zone granuleuse, sur laquelle nousreviendrons
ARTICLE N° 1,
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 139
plus loin, Décrivons d’abord l'aspect général de ces coupes
(pl.17,fig.426 et127). Les sections longitudinales démontrent
que le tube æsophagien est ici, comme chez les Actinies, une
dépendance de lectoderme ; 1l provient d’un refoulement de
cette zone cellulaire externe, dans la masse endodermique.
Sur les coupes transversales, les grandes cellules situées au
bord externe de l’endoderme des larves vermiformes ont dis-
paru ; les vésicules hyalines persistent et forment la totalité de
la masse endodermique, L'aspect de cette zone est alors iden-
tique à la région homologue de lAstrea figurée par M. Kowa-
levsky (4). Les cloisons sont difficiles à distinguer ; six d’entre
elles sont complètement développées ; d’autres, plus petites,
sont en voie de formation, et ne sont visibles que grâce au
prolongement de la membrana propria, qui constitue leur axe.
Les cellules de Pendoderme sont surtout plus volumineuses au
centre. La structure de l’ectoderme des larves arrivées à ce
stade est bien plus complexe que chez les larves vermiformes:On
distingue alors des éléments fusiformes fortement colorés par
les réactifs, et dont quelques-uns possèdent un contenu gra-
nuleux. On voit encore, au bord externe de cette couche, une
série continue de petites cellules en raquette, portant chacune
un noyau distinct (pl. 17, fig. 129). Ces éléments sont ab-
sénts dans l’ectoderme des larves vermiformes; ils doivent
constituer les cellules en forme de massue, que nous avons
décrites dans l’ectoderme des individus adultes.
Nous avons déjà signalé, en étudiant le développement des
larves de lPActinia equind, la naissance du mésoderme aux
dépens de lectoderme. Nos observations sur l’origine péri-
phérique de la zone fibreuse du Balanophyllia confirment ce
que nous avons vu sur l’Ac#nia equina. Sur les coupes trans-
versales et longitudinales, on remarque, à la base de l’ecto-
derme, une bande granuleuse, qui se distingue nettement de
la couche cellulaire externe et de la membrana propria sous-
jacente (pl. 17, fig. 129). En examinant cette zone à l’aide
(4) Loc. cit., pl. 5, fig. 18.
156 E. JOURDAN.
d’un fort grossissement, on ne distingue aucune apparence
cellulaire ; on remarque seulement que la région devient plus
épaisse avec l’âge des larves et qu’elle tend à prendre de plus
en plus un aspect fibreux. Elle finit bientôt par constituer la
plus grande partie de la couche dite mésodermique chez
l'adulte. On voit ainsi que les résultats de nos recherches sur
l’origine du mésoderme concordent entièrement avec les
idées de M. le professeur Kowalevsky et de notre maitre,
M. le professeur Marion, sur le mésoderme des Alcyonaires (1).
En outre, 1l importe de remarquer que nous confirmons ainsi
indirectement les opinions de M. le professeur de Lacaze-
Duthiers sur le rèle joué par l’ectoderme, dans la constitution
des cloisons mésentéroïdes des Actiniaires.
CONCLUSIONS.
Nous croyons ne pas devoir terminer ce travail sans indi-
quer en quelques mots les résultats les plus importants de
nos observations. La faune des Zoanthaires de nos côtes
méditerranéennes nécessitait quelques recherches. Nous
avons indiqué le facies de cette faune en signalant les espèces
les plus habituelles qui la constituent ; nous avons décrit
aussi quelques types nouveaux ou peu connus. Parmi les
Malacodermés, trois étaient inédits ; nous avons msisté, en
.es décrivant, sur les caractères qui nous semblaient les plus
essentiels et les plus constants. Nous avons pensé cependant
que les descriptions de ces êtres inférieurs sont toujours insuffi-
santes, aussi avons-nous Joint à notre texte des aquarelles qui
permettront de les reconnaitre facilement. Plusieurs espèces,
parmi celles que nous considérons comme déjà connues,
avaient été simplement signalées, sans description détaillée
par les auteurs qui se sont occupés de l’histoire naturelle des
Zoanthaires : tels sont le Paractis striata sp., Risso; le Phellia
elongata Sp., Delle Chiaje. Nous nous sommes appliqué à les
(1) Loc. ct., Kowalevsky et Marion.
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 137
étudier comme si elles étaient nouvelles. Les espèces telles
que l’Actinia equina, l'Anemonia suleata, sont bien connues
des naturalistes, elles méritaient moins de fixer notre atten-
tion ; les individus représentant ces espèces sur nos côtes
devaient cependant être mentionnés, car ils possèdent des
particularités zoologiques intéressantes. De même le Paly-
thou arenacea se présente dans nos régions sous deux facies
complètement différents ; nous les avons reproduits aussi
exactement que possible. Une espèce nouvelle du groupe des
Zoanthine, le Pulythoa Marioni, nous à été rapporté alors que
nos planches étaient déja lthographiées; c’est à regret que
nous n'avons pu joindre à notre travail Le dessin de cette espèce
nouvelle et spéciale à la région profonde de notre golfe. Les
Sclérodermés que nous citons sont, pour la plupart, bien
connus. Nous avons signalé seulement leur distribution
bathymétrique.
La plupart de nos espèces se rencontrent fréquemment dans
nos régions, l’Uyanthus seul est rare. Aussi la liste que nous
donnons nous paraît-elle propre à caractériser la faune des
Zoanthaires de nos côtes de Provence. Elle comprend la plu-
part des espèces signalées par les auteurs, Delle Chiaje, Risso,
Grube, Contarini, qui se sont occupés spécialement des Inver-
tébrés de la Méditerranée. Nous renvoyons aux pages précé-
dentes pour tous les détails zoologiques qui ne peuvent
retrouver leur place 1er.
Mais, en nous engageant dans cette étude zoologique, nous
avons bien vite reconnu que ces Cœælentérés devaient être
examinés d’une manière plus approfondie. Le groupe des
Zoanthaires avait été longtemps négligé par les anatomistes et
les histologistes ; nous essayerons de résumer en quelques
pages les résultats de nos propres recherches. Nous passerons
rapidement en revue les tissus du corps des Actinies, en
indiquant, pour chacun d'eux, les faits les plus impor-
tants.
Une différenciation histologique avancée et l'absence
presque complète d'organes constituent le fait anatomique
138 EE. JOURDAN.
général et essentiel, sur lequel nous croyons devoir surtout
attirer l'attention.
Les éléments qu’on pourrait comprendre sous lé dénomi-
nation de tissu de cellules restées autonomes constituent
l’ectoderme et l’endoderme. De ces deux couches cellulaires,
la première, en rapport plus direct avec le monde ambiant, se
différencie davantage. Les éléments qui la forment, sont des
cellules vibratiles urticantes, glandulaires, pigmentaires et
sensitives. La proportion différente de ces éléments suivant
les régions et les espèces, donne aux coupes des aspects variés
qui correspondent en définitive à des différences de structure.
L’ectoderme des tentacules varie fort peu chez les Actinies,
et cette uniformité d'aspect est due à la présence constante de
nombreuses capsules urticantes mêlés à des éléments à enido-
cils. L’ectoderme des parois du corps offre au contraire des
aspects différents, suivant les types. Il suffit de citer le Bunodes,
le Calliactis, le Phellia, les Sclérodermés, pour rappeler com-
bien la structure de cette région est quelquefois difficile à in-
terpréter. On trouve constamment à la base de cette couche
une zone granuleuse; nous avons vu que cette partie de l’ecto-
derme contenait les éléments nerveux.
La couche cellulaire interne, ou endoderme, est d’une sim-
plicité remarquable ; elle diffère à peine de celle de la larve.
Les cellules sont longues en général, renflées à leur extrémité
libre, munies de longs cils vibratiles.. Les corpuscules de
pigment sont quelquefois très nombreux dans cette couche
(Anemonia suleuta). Chez le Cérianthe, nous y avons rencontré
des cellules glandulaires remarquables par leur contenu et
leur volume. Elles constituent une différenciation exception-
nelle.
Les cellules vibratiles représentent la forme épithéliale la
plus répandue dans l’ectoderme; elles ont un aspect fibrillaire
et leur extrémité interne effilée se perd dans la couche granu-
leuse. Leur extrémité externe se renfle légèrement, s'étale
même un peu au-dessus des éléments glandulaires et porte
quelquefois un seul, d’autres fois plusieurs cils vibratiles, dont
ARTICLE N° {.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 139
les dimensions dépassent souvent celles des enidocils. La déli-
catesse de ces cellules permet rarement de les observer dans
les dissociations. Ces éléments doivent, à notre avis, posséder
des fonctions sensitives. L'observation de ces cellules dans
les tentacules du Cérianthe, et leur comparaison avec les élé-
ments sensitifs des parois du corps, montrent que ces deux
sortes d'éléments différent seulement par la présence ou lab-
sence de cils vibratiles. Ils existent aussi bien chez la plupart
des Malacodermés que chez les Selérodermés. La colonne du
Phellia et celle du Cérianthe sont dépourvues de ces cellules,
qui sont d’ailleurs toujours plus nombreuses dans les tenta-
cules que dans les parois du corps.
Les cellules glandulaires ectodermiques sont remarquables
par leur volume et par leur nombre. Elles présentent des
aspects variés. Leur contenu granuleux,coloré en jaune orangé
par le picrocarmin, ne permet pas de les confondre avec les
autres éléments. Le plus souvent, elles sont en forme de
massue et constituent, ainsi que nous pensons l'avoir démon-
tré, les verrues du Punodes, dont la nature et les fonctions
étaient encore inconnues. Elles sont disséminées dans Pecto-
derme de la plupart des espèces, où elles apparaissent souvent
privées de leur contenu, et comme de simples espaces hyalins;
quelquefois elles sont plutôt sphériques et à contenu fortement
granuleux. Elles portent toujours un prolongement et même
un renflement basilaire. Ges cellules glandulaires se vident
par la rupture de leur membrane d’enveloppe. On distingue,
dans l’œsophage, des éléments glandulaires semblables par
leur forme à ceux que nous venons de décrire, mais bien
différents par la nature de leur contenu. Celui-et, au lieu d’être
eranuleux, se montre toujours homogène, et il se colore en noir
par losmium. Ces cellules nous semblent caractéristiques
de l’ectoderme du tube œsophagien. On observe encore dans
l’'ectoderme de plusieurs espèces des cellules glandulaires à
aspect varié. Les unes sont en forme de bourses et à contenu
hyalin. Les autres, propres au Cérianthe, affectent deux types
différents. Les plus nombreuses, ovoïdes ou fusiformes, mais
140 E. JOURDAN. |
toujours dépourvues de prolongement basilaire, contiennent
un protoplasma homogène, formant de petits corps polygo-
naux colorés en gris par l'acide osmique, en rose par le picro-
carmin. Les réactifs ne font Jamais apparaître de granulations
au sein de ces cellules. Le noyau est quelquefois très net ; il
semble d’autres fois faire défaut. Dépouillés de leur membrane
d’enveloppe par la dissociation, ces éléments apparaissent
comme des corps müriformes. Ges cellules glandulaires ne
sont pas spéciales à une région déterminée ; elles existent dans
l’ectoderme des tentacules du eyele interne, dans celui du tube
œsophagien et des parois du corps. Dans le tube œsophagien
du Cérianthe, on rencontre, en assez grand nombre, sur les
coupes, des cellules glandulaires différentes de celles que nous
venons de décrire. Elles sont en forme de raquette ou de bou-
taille et communiquent avec l'extérieur par un étroit goulot,
facile à distmguer sur les coupes ; elles possèdent un contenu
très fortement granuleux.
Les corpuscules de pigment qui donnent aux Actinies leurs
couleurs variées ne sont pas situés spécialement dans l’une
ou l’autre des trois couches fondamentales du corps des Zoan-
thaires. Ils se rencontrent quelquefois dans lectoderme : dans
le mésoderme, chez le Calliacths ; mais, le plus souvent, ces
corpuscules siègent dans les cellules de l’endoderme. Le Balu-
nophyllia reqia est la seule espèce où les corps pigmentaires
soient contenus dans des cellules spéciales situées dans lecto-
derme. Ce fait n’est pas commun à tous les Sclérodermés.
Chez le Cladocora, nous avons vu les éléments pigmentaires
rappeler, par leur disposition dans l’endoderme, la structure
de la couche cellulaire interne de l'Anemonia suleata. |
Les cellules épithéliales sensitives sont très répandues chez
les Zoanthaires. Klles se présentent avec leurs caractères les
plus nets, dans les bourses chromatophores de lAcfinia
equina. Mais ces éléments ne sont nullement spéciaux à ces
petits organes. Ils se rencontrent en effet, avec des caractères
presque identiques, dans les tentacules et même dans Îles
parois du.corps de la plupart des espèces. Ces éléments sensi-
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 14
fs sont essentiellement constitués par une mince fibrille,
portant un ou plusieurs renflements protoplasmatiques ter-
minés à leur extrémité hbre par un renflement conique, sur-
monté lui-même d’un ou de deux enidocils. Les nématocystes
ont avec les cellules sensitives des rapports intimes. Les élé-
ments sensitfs peuvent exister cependant d’une manière indé-
pendante, et nous avons vu que l’ectoderme des parois du corps
du Calliacthis, complètement dépourvu de capsules urticantes,
possédait cependant des cellules à emidocils semblables à
celles des bourses chromatophores de lActima equinu et des
tentacules du Balanophyllia requa. Les fibrilles à enidocils ne
constituent pas les seuls éléments sensitifs des Actinies. Nous
avons rencontré en effet, dans l’ectoderme des tentacules, chez
le Phellia, des cellules épithéliales semblables aux éléments
épithélio-musculaires, mais portant à leur base, au lieu
d’une fibrille distincte, un ou deux prolongements très minces,
qui se perdent dans la couche granuleuse.
Les capsules urticantes affectent, chez les Sclérodermés,
des aspects variés, qui peuvent se ramenér à trois types essen-
üels. Le plus commun est celui en forme de fuseau, avec fil
urticant enroulé en spirale. Il est très répandu chez lesActinies,
et existe chez tous les individus de: nos côtes. On rencontre
encore, chez les Zoanthaires, des nématocystes beaucoup plus
volumineux, à fil pelotonné se déroulant avec lenteur. Ils
existent seulement chez le Corynactis, le Cérianthe et les Sclé-
rodermés, où 1ls se rencontrent surtout dans les parois du
corps. La troisième forme de capsules urticantes possède, au
lieu d’un fil, un bâtonnet garni de barbelures disposées en
spirale. Le Cérianthe présente ces trois sortes de capsules
urticantes : la première est propre à ses tentacules, la seconde
aux parois de son corps, la troisième aux filaments qui bor-
dent les lames mésentéroides.
L'ectoderme des Actinies possède encore d’autres éléments
connus depuis quelque temps déjà chez certains Cœlentérés,
tels que l’'Hydre et la Lucernaire, mais qui n’ont pas encore
été signalés chez les Zoanthaires. Ces cellules sont analogues
142 É. JOURDAN.
aux éléments neuro-musculaires de Kleinenberg, et nous les
désignons, dans le cours de notre travail, sous le nom de cel-
lules épithélio-musculaires. Nous rappellerons les particulari-
tés que ces éléments contractiles présentent chez les Actinies,
lorsque nous nous occuperons du tissu musculaire.
Le tissu conjoncüf est très répandu chez les Actinies ; 1l
forme la région dite mésodermique et le plan médian des lames
mésentéroides. C’est dans son épaisseur qu'apparaissent,
ainsi que nous lavons vu, les œufs et les vésicules mâles. Ge
tissu se présente avec des caractères histologiques variables :
il est souvent nettement fibreux ; les minces fibrilles et les
noyaux rappellent alors le tissu conjonctif des animaux supé-
rieurs. Chez quelques espèces, ces fibres conjonctives forment
dans le mésoderme un véritable tissu lamineux, pouvant
acquérir, chez le Cullinctis, une épaisseur exceptionnelle. La
structure fibreuse de cette région n’est pas toujours facile
à apprécier. Chez quelques types, on pourrait la considérer
comme une membrane élastique homogène. Dans d’autres
cas au contraire, le mésoderme renferme, non plus de simples
noyaux, mais de véritables cellules à contour irrégulier, et
donnant à cette couche l'aspect de certains fibro-cartilages,
La disposition du système musculaire varie peu chez les
Actimies, et le Gérianthe constitue seul un type à part. Dans
les tentacules, les fibres musculaires forment une couche cir-
culaire interne et une couche longitudinale externe, présen-
tant, sur les coupes transversales, un aspect penné, très net
sur les espèces à tentacules rétractiles. Les parois du corps
sont complètement dépourvues de fibres longitudinales ; mais
elles présentent des fibres musculaires circulaires nombreu-
ses, surtout au sommet de la colonne où, chez quelques types
(Galliactis), elles sont disposées au sein du mésoderme fibreux.
Ces fibres constituent une couche continue qui ne s’interrompt
pas au niveau des lames mésentéroïdes. Les dissociations de
l’ectoderme et de l’endoderme font voir que ces couches cellu-
laires possèdent encore des cellules musculaires disséminées à
la partie profonde, et nombreuses surtout dans les tentacules.
ARTICLE N° {.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 143
Ces éléments ne sont jamais assez abondants pour constituer
une couche distincte appréciable sur les coupes. [ls forment un
système musculaire diffus, bien visible sur les tentacules du
Cérianthe. Les lames mésentéroïdes possèdent un système mus-
culaire d’une grande puissance. Des fibres musculaires longitu-
dinales sont disposées sur les deux faces de la lame fibreuse,
et en tapissent tous les replis. Leur ensemble va même jusqu’à
conslituer une sorte de faisceau presque complètement
distinct. Le système musculaire du Gérianthe présente une
disposition spéciale. Les fibres musculaires longitudinales,
complètement absentes dans les parois du corps des Actinies,
prennent au contraire, chez le Cérianthe, une importance
remarquable ; elles sont disposées sur des lames conjonctives
rayonnantes et rappellent en coupe transversale la disposition
pennée des fibres musculaires des tentacules.
Les éléments contractiles des Zoanthaires sont des fibres
musculaires lisses qui se rapportent toutes, plus ou moins, à
la forme connue sous la dénomination de cellules épithélio-
musculaires ou plus simplement sous le nom de cellules mus-
cukures. Certains de ces éléments sont tout à fait comparables,
par leur simplicité, à ceux des parois du corps de l'Hydre d’eau
douce, tels que les décrit Korotneff. Ils se composent de deux
parties : une cellule et une fibrille en contact plus ou moins
intime. La cellule possède un contenu protoplasmatique gra-
nuleux, s'étalant plus ou moins sur une fibrille lisse, homogène,
fusiforme, sans noyau distinct. La portion cellulaire n’est pas
toujours en contact immédiat avec elle, quelquefois ces deux
parties sont réunies par la région basilaire, très amincie, de la
cellule. Ces éléments présentent les aspects les plus variés,
ainsi qu'il est facile de s’en assurer en examinant les figures
qui accompagnent notre travail. Les fibres musculaires des
lames mésentéroïdes et celles des parois du corps du Cérianthe
sont très longues et résultent de la réunion de plusieurs cel-
lules musculaires; aussi les désignons-nous sous le nom de
fibres musculaires pluricellulaires. Ces fibrilles possèdent
encore des sortes de renflements latéraux, qui ne sont pas des
144 H. JOURDAN.
cellules, mais de simples ondes de contraction faciles à distin-
guer des amas protoplasmatiques par leur aspect homogène.
Ces ondes de contraction se voient très nettement sur les lames
musculaires du Cérianthe isolées par la dissociation.
C’est en vain que nous avons recherché, chez les Actinies,
un système nerveux central. Le résultat négatif de nos obser-
vations ne nous à pas surpris. Les Zoanthares, possédant en
effet des éléments glandulaires, sensitifs, musculaires, dissé-
minés sur toute la surface du corps, et non groupés en orga-
nes, il était permis de supposer que les éléments nerveux
ne devaient pas constituer un fait exceptionnel. Des éléments
de nature nerveuse existent en grand nombre à la base de
l’ectoderme des tentacules, chez le Calliactis. Il est facile de
démontrer leur présence par la dissociation. On peut recon-
naître alors des cellules et des fibrilles analogues aux éléments
décrits chez les Méduses, par R. O0. Hertwig, sous le nom de
cellules ganglionnaires et de cellules nerveuses. Cette ressem—
blance, nous pourrions même dire cette identité d'aspect,
nous autorise à les considérer comme étant de naturenerveuse.
Nous pouvons donc conclure de cette observation, d’abord
que les éléments nerveux des Zoanthaires sont semblables à
ceux des Méduses, ensuite qu'ils sont ici disséminés à la base
de tout lectoderme et ne sont pas disposés en anneaux
distincts.
Nos observations embryogéniques sont concluantes sur un
seul point seulement, l’origine du mésoderme. Nos prépara-
tions démontrent que, chez les Zoanthaires, cette couche ne
prend pas naissance par une formation cellulaire distincte,
mais qu’elle résulte d’une simple différenciation de la région
basilaire de l’ectoderme. Une zone simplement granuleuse
d'abord, plus tard fibreuse, et d’origine ectodermique, appa-
rait. Le mésoderme ne constitue pas ainsi une région complè-
tement distincte des deux feuillets primitifs. Nos recherches
embryogéniques sur les Zoanthaires confirment ainsi celles
de M. Kowalevsky et de M. Marion sur l’origine du méso-
derme des Aleyouaires.
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 145
Endex bibliographique.
L'histologie des Zoanthaires a préoccupé au même moment
un grand nombre d’observateurs. Certaines questions doivent
ainsi bien des fois s'imposer à l'attention de chacun.
Nos propres recherches ont été faites du mois de février au
mois de septembre 1879. À ce moment, et alors que nous
avions déjà annoncé nos travaux par une courte note insérée
dans les Comptes rendus de l’Institut (tome LXXXIX, numéro
du 25 août 1879), le mémoire du D' feider sur le Cé-
rianthe et celui des frères Hertwig ne nous étaient pas encore
parvenus. Le retard qu'entraine toujours l’impression d’un
mémoire accompagné de nombreuses planches nous à permis
de signaler en note ces publications; mais il nous semble
qu'il convient de ne rien Changer à notre texte primitif, dont
la forme et le fond conservent toute leur Indépendance. Il sera
bien plus aisé de déterminer les points définitivement élucidés
et ceux bien peu nombreux sur lesquels quelque doute peut
subsister.
Nous ajoutons seulement, au moment de limpression, cet
index bibliographique, qui sera d’une grande commodité pour
le lecteur.
1710. Réaumur, Mémoires de l'Académie des sciences.
1713. Dicquemare, Mémoire pour servir à l'histoire des Anémones de mer
(Trans. of the Phil. Society of London, vol. LAN, p. 581).
4784. Spallanzani, Memorie di malematico e fisica della Socielà italiana
Verona, t. I, 2 partie, p. 627.
1809. Spix, Mémoire pour servir à l'histoire de l’Astérie rouge, de l'Ac-
tinie coriace, elc. (Annales du Muséum, t. XII, p. 460).
1816. Lamarck, Histoire des animaux sans vertlebres.
1825. Delle Chiaje, Memoria sulla storia e notomia degli Animali senza
vertebre.
1826. FRisso, Histoire naturelle des principales productions de l'Europe
méridionale.
1829, Wilhelm Rapp, Ueber die Polupen in allgemeincn und die Actinien
insbesondere.
1830. Blainville, Manuel d'aclinologie.
1836. Dugès, Aciinia parasilica (Ann. sciences nat., 2° série, t. VEp. 97).
1840. Grubce, Actinien.
ANN. SC. NAT., ZOOL., SEPTEMBRE 1879-80. X. 40. — anT. N° 1.
146 E. JOURDAN.
1842. De Quatrefages, Mémoire sur les Edwardsies (Ann. des sc. nat,
2° série, it. XVIII, p. 69).
1842. Forbes, Annals and Magazine of Natural History, 1° série, t. VIN,
p. 244, pl. 8, fig. 1-5.
1843. Owen, Lectures of the comparative Anatomy and Physiology of In-
dertebrate Animals.
1844. Contarini, Trattato delle Attinie.
1847. lrey und Leuckart, Beiträge zur Kenntniss virbelloser Thiere.
1847. Johnston, History of the British Zoophytes.
1850. Hollard, Note dans les Comptes rendus de l'Institut, t. XXX.
1851. Hollard, Monographie du genre AcriniA (Ann. des sc. nat., t. XXV).
1852. Schmarda, Zur Naturgeschichte der Adria (Denkschr. der Wiener
Acad. math.-nat. CL, Bd. IV).
1854. J. Haime, Mémoire sur le Cérianthe (Ann. des sc. nat., 4 série,
t. [,p. 341);
1857. Milne Edwards et J, Haime, Histoire naturelle des Coralliaires.
1860. Gosse, the British sea Anemones and Gorals.
1860. Claus, Ueber Physophora hydrostatica.
1860. Claus, Neue Beobachtungen über Struct. und Entw. der Siphono-
phoren (Zeischr. für wiss. Zool., Bd. XII).
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1865. Kôlliker, Icones histologice.
1866. Môübius, Bau, Mechanismus und Ent. d. Nesselkapseln.
1868. Verrill, Notes on Radiata (Review of the Corals and Polyps of the
West coast of America).
1871. Schneider et Rotteken, Untersuchungen über der Bau der Actinien
und Corallen.
1872-73. H. de Lacaze-Duthiers, Développement des Coralliaires (Arch. de
zool. exp., vol. I et IT.)
1874. Martin Duncan, On the nervous System of Actinia (Ann. and Mag.
of Nat. History, vol. XIII, n° 75, fourth Series).
1876. Korotneff, Histologie de l’'Hydre et de la Lucernaire. Organes des
sens des Actinies (Arch. de zool. exp., t. V, n° 3°et 2).
1876. Fischer, Actinies des côtes océaniques de France (Comptes rendus
de l’Institut, n° 21).
1877. Taschenberg, Anatomie, Histologie und Systematik der Cylicozoa.
1877. Heider, Sagartia troglodytes, eine Beitrag zur Anatomie der Ac-
tinien.
1871. Claus, Studion über Polypen und Quallen der Adria.
1877. Klusinger, Die Korallthiere des Rothen Mecres.
1877. Schulze, Spongicola fisiularis (Arch. für mikrosk. Anat., t, XI,
Bd. IV).
1818. Claus, Unicrsuchungen über Charybdea marsupialis (Arbeiten aus
dem zootogischen Institut der Universität zu Wien).
1878. Claus, Ueber Halistemma tergestinum, nov. sp., nebst Bemerkungen
über den feineren Bau der Physophoriden (Arbeiten aus dem zoologischen
Institut der Universität zu Wien).
ARTICLE N° 1.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 447
1878. Oscar und Richard Hertwig, Das Nervensystem und die Sinnesorgane
der Medusen.
1879. Ciamician, Ucber den feineren Bau und die Entwicklung von Tubu-
laria Mesembrianthemum (Zeitschr. für wiss. Zool., t. XXXII, B. 2).
1879. Et. Jourdan, Sur les Zoanthaires malacodermées des côtes de Mar-
seille (extrait dans Comptes rendus de l'Académie des sciences, Paris,
t. LXXXIX, n° 8, p. 452, 25 août 1879).
1879. Heider, Cerianthus membranaceus, ein Beitrag zur Anatomie der
Actinien.
1879. R. et O0. Hertwig, Die Actinien analomisch und histologisch mit be-
sonderer Beruchsichtung des Nervenmuskelsystems Untersuch. (Jenaische
Zeitschrift für Naturwissenschaft., dreizehnter Band, neue Folge, sechster
Brand, drittes und viertes Band.) | ;
1880. GC. Merejkowsky, Sur la structure de quelques Coralliaires (Comptes
rendus de l'Académie des sciences, 3 mai).
EXPLICATION DES PLANCHES.
Nous nous sommes servi dans nos recherches d’un microscope de Verick. Tous les
dessins histologiques ont été faits à la chambre claire.]
PLANCHE 1.
Fig. 1. Paractis striata, Risso (sp.), grand. nat. Individu à l'état de contrac-
tion.
Fig. 2. Phellia elongata, Delle Chiaje (sp.), grand. nat.
Fig. 2 a. Disque buccal et tentacules, grand. nat.
Fig. 20. Tentacule grossi trois fois.
Fig. 3. Sagartia Penoli, nov. sp., grand. nat.
Fig. 3a. Disque huccal et tentacules d’une variété des fonds coralligènes,
grand. nat.
Fig. 3b. Tentacule de la même variété.
Fig. 3c. Tentacuie d'une variété de la côte.
Fig. 4. Tentacule du Sagarhia Bellis, portant un B semblable à ceux des
tentacules du Sagartia troglodytes.
PLANCHE 92.
Fig. 5. Ilyanthus Mazeli, nov. sp.
Fig. 5 a. Coupe verticale de la région basilaire, grossie deux fois.
Fig. 6. Palythoa arenacea, Delle Chiaje (sp.) : disque buccal et tentacules gros-
sis deux fois.
Fig. 6a. Forme de la côte, grand. nat.
Fig. 6b. Forme des graviers vaseux, grand; nat.
Fig. 7. Cladocora cϾspitosa, Ehr., grand. nat.
Fig. 7 a, Individu étalé et grossi deux fois.
—
148 LE. JOURDPAN.
Fig. 8. Balanophyllia regia, Gosse, grand. nat.
Fig. 8a. Polypier, grossi sept fois.
Fig. 8b. Tentacule, grossi deux fois.
PLANCHE 9.
Anemonia sulcala.
Fig. 9. Tentacules anormalement bifurqués, grand. nat.
Fig. 10. Coupe transversale d’un tentacule : ec, ectoderme; g, cellules glan-
dulaires; n, nématocystes ; €, éléments à endocils ; M, mésoderme; ml, fibres
musculaires longitudinales; mc, fibres musculaires cireulaires ; f, tissu con-
jonctif formant le mésoderme ; {m, lames fibreuses d'origine mésodermique.
(310 diam.)
Fig. 11. Coupe longitudinale d’un tentacule : ec, ectoderme ; g, cellules glandu-
laires ; n, nématocystes ; c, éléments à enidocils; M, mésoderme; ml, fibres
musculaires longitudinales ; f, tissu conjonctif mésodermique; mc, muscles
circulaires; en, endoderme; p, corpuscules de pigment ; v, zone de cellules
vibratiles. (310 diam.)
Fig. 12. a, cellules à nématocystes en voie de formation (600 diam.).
Fig. 13. g, cellule glandulaire de l’ectoderme; », son renflement basilaire ;
b, nématocyste déroulé. (600 diam.)
Fig. 44. Élément à enidocil incomplet (600 diam..).
Fig. 15. Lévre (coupe radiale) : ec, ectoderme; en, endoderme; #, fibres mus-
culaires. (310 diam.)
Fig. 16. Ectoderme des parois du corps (coupe longitudinale) : n, némato-
cystes; g, glandes; c, éléments épithéliaux. (310 diam.)
PLANCHE 4.
Anemonia sulcata.
Fig. 17. Mésoderme du disque buccal (coupe radiale) : f, zone fibreuse; me, fibres
musculaires circulaires. (170 diam.)
Fig. 18. Œsophage (coupe transversale) : ec, ectoderme; g, éléments glandu-
laires; M, mésoderme; #, fibres musculaires ; en, endoderme; 5, cloisons.
(100 diam.)
Actinia equin«.
Fig. 19. Parois du corps (coupe longitudinale), individu jeune : ec, ectoderme
9, éléments glandulaires en massue; M, mésoderme ; f, zone fibreuse; mc, fibres
musculaires circulaires. (300 diam.)
Fig. 20. Coupe longitudinale des parois du corps, individu de très grande taille :
ec, ectoderme; g, cellules glandulaires ; M, mésoderme; mec, fibres muscu
laires circulaires ayant acquis un grand développement. (60 diam.)
Fig. 21. Ectoderme en coupe longitudinale : g, cellules glandulaires ; v, cellules
vibratiles; g, zone granuleuse. (500 diam.)
Fig. 22. Cellules glandulaires de lectoderme (500 diam. ).
Fig. 23. Cellule vibratile de l’ectoderme (500 diam.),
ARTICLE N° Î.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 149
Fig. 2%, 25, 26. Cellules épithélio-musculaires : ne, amas de protoplasma avec
noyau; », fibrille contractile . (500 diam.)
Fig. 27. Coupe transversale du tube œsophagien : ec, ectoderme; g, cellules
glandulaires. (310 diam.)
PLANCHE 9.
Aclinia equina.
Fig. 28. Nématocyste des tentacules (160 diam.).
Fig. 29, Cellules de l’ectoderme (500 diam.).
Fig. 30. Cellules épithélio-musculaires de lectoderme des tentacules : c, cellule
portant un renflement protoplasmatique intermédiaire à la cellule et à la
fibrille; b, cellule ayant deux renflements semblables.
Fig. 51. Groupe de cellules épithélio-musculaires (500 diam.).
Fig. 32. Bourse chromatophore (coupe transversale) : ec, ectoderme ; €, cnido-
cils; n, nématocystes, g, cellules glandulaires; M, mésoderme; en, endo-
derme. (500 diam.)
Fig. 33. Élément à enidocil isolé : c, cnidocil. (500 diam.)
Fig. 34. Nématocystes des bourses chromatophores : €, cnidocil; #, némato
cystes ; #, noyau du nématocyste. (500 diam.)
Fig. 35. Rapport des nématocystes et des éléments à cnidocils : n, nématocystes ;
€, élément à cnidocil. (500 diam.)
Fig. 36. Cnidocil et nématocyste jeune prenant naissance dans le même élé-
ment (500 diam.).
Fig. 37. Cellule fibrillaire des bourses chromatophores se terminant en forme
de calice (500 diam.).
Fig. 38 et 39. Cellules glandulaires des bourses chromatophores.
Fig. 40. Vésicule mâle (coupe transversale) : en, endoderme ; M, mésoderme ;
æ, cellules spermatogènes; 3, spermatozoïdes; d, canal déférent. (500 diam.)
Fig. 41. Infusoire parasite de la cavité mésentérique de l'A. equina (170 diam.).
PLANCHÉ 6.
Bunodes verrucosus.
Fig. 42. Coupe transversale au niveau du tube œsophagien : €, parois du
corps ; 0, Ͼsophage; $, cloisons ; ms, muscle de la cloison. (18 diam.)
Fig. 43. M, mésoderme ; f, zone fibreuse ; mc, fibres musculaires circulaires ;
en, endoderme; $, lame mésentéroïde ; #5, fibres musculaires longitudinales.
(160 diam.)
Fig, 44. Coupe transversale d’une lame mésentéroïde au niveau des replis se-
condaires et de leurs fibres musculaires : $, lame mésentéroïde; ms, fibres
musculaires; en, endoderme, (160 diam.)
Fig. 45. Système musculaire du disque pédieux (coupe radiale) : , mésoderme ;
mr, fibres musculaires rayonnantes ; mc, fibres musculaires circulaires.
(310 diam.)
Fig. 46. Coupe transversale des parois du corps : ec, ectoderme; g, cellules
glandulaires; M, mésoderme ; Vg, verrue glandulaire; f, tissu fibreux du
mésoderme ; mc, fibres musculaires circulaires; en, endoderme; $, lames
mésentéroïdes. (60 diam.)
190 E. JOURDAN.
PLANCHE 7.
Bunodes verrucosus.
Fig. 47, Coupe transversale des fibres musculaires des lames mésentéroïdes :
ms, fibres musculaires; fs, tissu conjonctif. (880 diam.)
Fig. 48. Coupe longitudinale des parois du corps : €, ectoderme ; g, cellules
glandulaires; Vg, verrue glandulaire en voie de one M, mésoderme,
mc, fibres musculaires circulaires; en, endoderme. (60 diam.) au ?
Fig. 49. Tentacule (coupe transversale) : M, mésoderme; en, endoderme.
(310 diam.)
Fig. 50. Mésoderme des tentacules (310 diam.).
Fig. 51. Ectoderme de la colonne (coupe transversale au niveau d’une verrue
glandulaire) : ec, ectoderme; Vg, verrue glandulaire ; cv, cellules vibratiles ;
gm, cellules glandulaires en massue ; ge, cellules alahüutiives en forme de
bourse. (310 diam.)
Fig. 52. Cellule en massue isolée.
Fig. 53. Cellules vibratiles (500 diam.).
PLANCHE 8.
Corynactis viridis.
Fig. 54, Coupe transversale des parois du corps : ec, ectoderme; M, méso-
derme ; en, endoderme; g, cellules glandulaires ; n, nématocystes; $, lames
mésentéroïdes ; ms, fibres musculaires coupées en travers. (310 diam.)
Fig. 55. Nématocyste des parois du corps (500 diam.).
Fig. 56. Nématocyste des tentacules (500 diam.).
Fig, 57, Nématocystes en voie de formation (500 diam.).
Calliactis effæta.
Fig. 58. Éléments de l’ectoderme des tentacules : & et d, cellules épithéliales ;
q, cellules glandulaires; b, cellules épithélio-musculaires; N, éléments de -
communication nerveuse; nc, cellules nerveuses; fm, fibre musculaire pluri-
cellulaire. (500 diam.)
Fig. 59. Coupe transversale de l’ectoderme du tube œæsophagien (310 diâm.)."
Fig. 60. Coupe radiale des parois du corps au niveau d’un pore laissant passer
un filament mésentérique : ec, ectoderme; W, mésoderme; en, endoderme;
p, corpuseules de pigment; /, pore en coupe longitudinale ; mf, filament mé-
sentérique. (25 diam.)
Fig. 61. Section longitudinale tangentielle passant par le mésoderme et cou-
pant un pore : M, mésoderme; p, corpuscules de pigment ; {, pore et son revê-
tement cellulaire. (60 diam.)
PLANCHE 9,
Calliactis effœta.
Fig. 62. Filament mésentérique en coupe longitudinale : n, couche de néma-
tocystes; h, couche granuleuse ; af, axe fibreux. (310 diam.)
ARTICLE N° À.
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 151
Fig, 63. Coupe longitudinale radiale passant par le plan fibreux d’une lame
mésentéroïde ; M, tissu fibreux du mésoderme ; $, tissu fibreux de la lame
mésentéroïde ; mc, section des faisceaux de fibres musculaires circulaires.
(160 diam.)
Fig. 64. Coupe longitudinale du sommet de la colonne : ec, ectoderme ;
M, mésoderme fibreux; S, lames mésentéroïdes coupées obliquement ;
mc, faisceau de fibres musculaires circulaires dans l'épaisseur du mésoderme
fibreux. (18 diam.)
Fig, 65. Une partie de la coupe précédente plus fortement grossie : mc, fibres
musculaires, (160 diam.)
Fig. 66. Mésoderme du sommet de la colonne en coupe transversale : Mf, tissu
conjonctif, mc, faisceau de fibres musculaires circulaires. (310 diam.)
PLANCHE 10.
Calliactis effæta.
Fig. 67. Ectoderme des parois du corps en coupe transversale : ve, ectoderme ;
M, mésoderme; p, corpuseules de pigment. (310 diam.)
Fig. 68. Éléments de l’ectoderme : à, cellules fibrillaires à un seul renflement ;
b, éléments fusiformes; €, cellules fibrillaires à deux renflements à contenu
granuleux et terminées en enidocil; d, cellules terminées en massue; e, élé-
ments à deux cnidocils. (500 diam.)
Fig. 69. Mésoderme et lames mésentéroïdes en coupe transversale : M, partie
profonde du mésoderme; e, zone externe; à, zone interne; mc, fibres museu-
laires circulaires; en, endoderme ; $, lames mésentéroïdes; ms, fibres mus-
culaires. (100 diam.)
Phellia elongata.
Fig. 70. Éléments des tentacules dissociés : ad, cellules épithélio-musculaires ;
b,c,e, cellules sensitives en rapport à leur base avec une fibrille probablement
nerveuse; g, cellule glandulaire ; 4, cellule glandulaire en voie de formation;
n, nématocyste. (310 diam.)
Fig. 71. Cellule épithélio-musculaire de l’ectoderme (310 dat. ).
Fig. 72. g, cellule glandulaire; n, nématocyste. (310 diam.)
PLANCHE 11.
Phellia elongata.
Fig, 73. Coupe longitudinale des parois du corps : #, couche de mucus simulant
un épiderme ; ec, ectoderme; M, mésoderme. (60 diam.)
Fig. 74. Parois du corps : #, couche de mucus ; ec, ectoderme; g, cellules glan-
dulaires ; n, nématocyste ; M, mésoderme. (310 diam.)
Fig. 75. Lame mésentéroïde observée par transparence : en, cellules de l’endo-
derme; m”s, fibres musculaires. {170 diam.)
Fig. 76 à fig. 80. Fibres musculaires des lames mésentéroïdes : a, à l'état d’ex-
tension; b, à l'état de contraction; ce, cellules de l’endoderme; #, fibre;
on, onde de contraction.
459 EH. JOURDAN.
Fig. 81. Ovaire (coupe transversale) : en, endoderme ; M, mésoderme ; O, ovules.
(60 diam.)
Fig. 82. Coupe précédente plus fortement grossie : en, endoderme ; M, méso-
derme ; O, ovules. (470 diam.)
PLANCHE 12.
Cerianthus membranaceus.
Fig. 83. Tentacule du cycle externe (coupe transversale) : ec, ectoderme; M, méso-
derme; en, endoderme; n, nématocyste; {, couche granuleuse; #m{, fibres
musculaires longitudinales ; mc, fibres musculaires circulaires. (170 diam.)
Fig. 84. Tentacule du cycle externe (coupe longitudinale) : ec, ectoderme ;
M, mésoderme; en, endoderme; n, nématocystes; #, couche granuleuse ;
ml, fibres musculaires longitudinales ; mc, fibres musculaires circulaires.
(170 diam.)
Fig. 85. Tentacule du cycle interne (coupe transversale) : ec, ectoderme ;
M, mésoderme; en, endoderme; n, nématocyste; t, couche granuleuse;
g et g', cellules glandulaires. (170 diam.)
Fig. 86. Cellule glandulaire d’un tentacule du cycle interne. (500 diam.)
Fig. 87. Mésoderme d’un tentacule du cycle externe (coupe transversale) :
ml, fibres musculaires longitudinales; mc, fibres musculaires circulaires ;
fñ, fibrilles de nature probablement nerveuse. (500 diam.)
Fig. 88. Mésoderme d’un tentacule du cycle externe (coupe longitudinale) :
ml, fibres musculaires longitudinales ; mc, fibres musculaires circulaires ;
fa, fibrilles de nature probablement nerveuse. (500 diam.)
Fig. 89. Portion de la lame mésodermique d’un tentacule du cycle interne isolé
par la dissociation : M, mésoderme fibreux; mi, fibres musculaires cireulaires ;
cm, cellules épithélio-musculaires. (200 diam.)
Fig. 90. Fibres musculaires pluricellulaires des tentacules : ce, cellules ; m, fibre
musculaire. (500 diam.)
Fig. 91. Cellule musculaire (500 diam.).
PLANCHE 13.
Cerianthus membranaceus.
Fig. 92. Parois du corps (coupe transversale) : ec, ectoderme; M, mésoderme;
intl, couche des muscles longitudinaux ; f, zone fibreuse; #c, couche des fibres
musculaires circulaires; en, endoderme. (18 diam.)
Fig. 93. Parois du corps (coupe longitudinale) : ec, ectoderme ; M, mésoderme ;
ml, couche des muscles longitudinaux; f, zone fibreuse ; mc, couche des fibres
musculaires circulaires internes ; en, endoderme. (25 diam.)
Fig. 94. Ectoderme des parois du corps (coupe longitudinale): n, nématocystes ;
nj, nématocystes en voie de formation ; g, cellules glandulaires ; p, corpus-
cules de pigment; {, couche granuleuse; ml, fibres musculaires longitudi-
nales. (170 diam.)
ARTICLE N° 4,
ZOANTHAIRES DU GOLFE DE MARSEILLE. 153
Fig. 95. Endoderme et mésoderme fibreux des parois du corps (coupe longitu-
dinale) : en, endoderme; g, cellules glandulaires; cv, cellules vibratiles ;
mc, fibres musculaires circulaires ; f, zone fibreuse; ml, fibres musculaires
longitudinales. (170 diam.)
PLANCHE 14.
Cerianthus membranaceus.
Fig. 96. a,b,c,d,e, f, cellules à nématocystes en voie de formation; k, cel-
lule musculaire. (310 diam.)
Fig. 97. Éléments sensitifs de l’ectodermne des parois du corps(310 diam.).
Fig. 98. Éléments sensitifs réunis en faisceau (310 diam.).
Fig. 99. Cellules glandulaires de l'ectoderme des parois du corps (310 diam.).
Fig. 100. Coupe transversale de la couche des fibres musculaires longitudi-
nales (170 diam.).
Fig. 101. Lame musculaire des parois du corps isolée par la dissociation :
on, ondes de contraction. (310 diam.)
Fig. 102. Cellule glandulaire de l’endoderme (720 diam.).
Fig. 103. Cellules glandulaires encore jeunes, isolées par la dissociation
(720 diam.).
Fig. 104. Cellule glandulaire de lendoderme isolée par la dissociation
(510 diam.).
Fig. 105. Lame génitale (coupe transversale) : mf, filament mésentérique ;
en, endoderme ; M, mésoderme ; 0v, ovules ; vs, vésicules mâles. (60 diam.)
Fig. 106. Vésicule mâle rompue et laissant échapper les spermatozoïdes :
en, endoderme ; M, mésoderme; x, cellules spermatogènes tapissant l’inté-
rieur de la vésicule; 3, spermatozoïdes ; d, ouverture de sortie des éléments
mâles. (170 diam.)
(vie)
PLANCHE 15.
Balanophyllia regia.
Fig. 107. Coupe longitudinale d’un tentacule : ec, ectoderme ; en, endoderme ;
S, lames mésentéroïdes. (60 diam.)
Fig. 108. Tentacule (coupe transversale) : ec, ectoderme; n, nématocyste;
c, enidocil; M, mésoderme; en, endoderme. (310 diam.)
Fig. 109. Tube œsophagien (coupe transversale): ec, ectoderme ; v, cils vibra-
tiles; M, mésoderme. (310 diam.)
Fig. 110. Parois du corps (coupe transversale) : ec, ectoderme ; cp, cellules
pigmentaires; g, cellules glandulaires; cv, cellules vibratiles; M, méso-
derme ; mc, fibres musculaires circulaires ; en, endoderme. (310 diam.)
Fig. 411. Parois du corps, région inférieure de la colonne (coupe transversale) :
cv, cellules vibratiles; cp, cellules pigmentaires ; M, mésoderme; en, endo-
derme. (310 diam.)
Fig. 112. a, cellule pigmentaire; b, cellule vibratile de l’endoderme ; ed, cel-
lules épithéliales, probablement sensitives, de l’ectoderme. (500 diam.)
Fig. 113. Nématocyste (500 diam.).
154 E. JOURDAN.
Fig. 114. Cellules à nématocystes en voie de formation (500 diam.).
Fig. 115. Lames mésentéroïdes (coupe transversale) : en, endoderme; €v, cel-
Jules vibratiles; cp, cellules pigmentaires; S, cloisons. (500 diam.).
PLANCHE 16.
Actinia equina (embryogénie).
Fig. 116. Larve ayant déjà les deux feuillets blastodermiques (coupe longitudi-
nale) : ec, ectoderme; en, endoderme. (310 diam.)
Fig. 117. Refoulement secondaire formant le tube œsophagien (coupe longitu
dinale) : ec, ectoderme; en, endoderme; 0, tube œsophagien. (310 diam.)
Fig. 118. Stade à huit cloisons (coupe transversale) : ec, ectoderme; n, endo-
derme; $, membrana propria formant l’axe des jeunes cloisons. (170 diam.)
Fig. 119. Portion d’une larve plus âgée (coupe transversale) : ec, ectoderme;
n,nématocystes; M, zone plus claire située à la base de l’ectoderme, qui sera
bientôt le mésoderme fibreux de l'adulte ; S, lames mésentéroïdes ; en, endo-
derme. (310 diam.)
Fig. 120. Larve avec de petits tentacules : ec, ectoderme ; en, endoderme ;
eo, ectoderme du tube Ͼsophagien; {, tentacules. (60 diam.)
Cerianthus membranaceus (embryogénie.)
Fig. 121. Farve (coupe longitudinale) : ec, ectoderme; en, endoderme ;
P, membrana propria : 0, tube œsophagien. (60 diam.)
Fig. 122, Portion de la coupe précédente plus fortement grossie : ec, ectoderme;
P, Mmembrana propria: en, endoderme. (310 diam.)
PLANCHE 17.
Balanophyllia regia (embryogénie).
Fig. 123. Larve vermiforme (18 diam.).
Fig. 124. Larve plus âgée (18 diam.).
Fig. 125, Larve aplatie en disque, prête à se fixer et munie de douze lames
mésentéroïdes (18 diam.).
Fig. 126. Coupe longitudinale d’une larve au stade représenté figure 124 :
ec, ectoderme ; en, endoderme; ©, tube œsophagien.
Fig. 127. Coupe transversale d’une larve ayant six lames mésentéroïdes :
ec, ectoderme; M, mésoderme en voie de formation; en, endoderme, $, clai-
sons. (60 diam.) s
Fig. 128, Larve vermiforme (portion d’une coupe longitudinale) : ec, ectoderme ;
en, endoderme, (310 diam.)
Fig. 129. Larve munie de six lames mésentéroïdes (coupe transversale :
ec, ectoderme; M, mésoderme en voie de formation; P, membrana propria ;
en, endoderme. (310 diam.)
ARTICLE N° 1.
- OBSERVATIONS
SUR
LES GLANDES SALIVAIRES CHEZ L'ÉCHIDNÉ
| (ECHIDNA HISTRIX)
Par M. Honri VIALLANES.
Malgré l'intérêt que présente l’étude des Monotrèmes, ces
animaux sont loin d’être encore parfaitement connus. Aussi
ayant eu, grâce à la bienveillance de M. le professeur Alph.
Milne Edwards, deux Echidnés à ma disposition, j'ai pu com-
pléter sur plusieurs points les observations des naturalistes qui
avaient étudié avant moi l’anatomie de cet animal. Dans les
quelques lignes qui vont suivre je m’occuperai seulement de
l'appareil salivaire, et, chemin faisant, je comparerai sous ce
rapport l'Echidné, d’une part à son plus proche parent l'Orni-
thorhynque, d'autre part aux Fourmiliers, qui, bien que fort
éloignés des Monotrèmes, se rapprochent pourtant de l’Echidné
par leur genre de vie et par quelques caractères d'adaptation.
On peut, d’après la répartition anatomique des différentes
masses glandulaires qui produisent la salive, distinguer chez
l’'Echidné les trois groupes de glandes que l’on retrouve
chez la plupart des Mammifères, savoir :
_ 4°Les glandes parotides; ® les glandes sous-maxillaires ;
2° les glandes sublinquales.
Glandes parotides.— Cesglandes, si constantes chez les Mam-
mifères, ont échappé à l'attention de Cuvier et de M. R. Owen:
ce dernier en nie même formellement l'existence (1). Je les ai
trouvées bien développées chez l’'Echidné (2), mais leur situa-
tion tant soit peu anormale fait comprendre qu’elles aient pu
jusqu'ici passer Inaperçues. En effet, au lieu d’être logée en
(1) Owen, Todd's Cyclop. of Anatomy and Physiology, t. UE, art. MONOTRE-
MATA, p. 388.
(2) PI. 18, fig. 1 f.
ANN. SC. NAT. — ART. N° 2.
9 Hi. VIALLANES,
avant du trou auditif, la glande parotide est située bien loin en
arrière. C’est une masse ovalaire, légèrement lobulée, longue
de 0,02 environ ; elle est sous-cutanée, accolée à la face ex-
terne du muscle trapèze (1), au niveau du milieu du cou. Le
canal de Sténon, auquel elle donne naissance, se porte direc-
tement en avant, croise le long tube formé d’anneaux carti-
lagineux qui constitue le conduit auditif externe, el va s’ouvrir
en avant du muscle masséter, dans l’espace compris entre le
maxillaire supérieur et le maxillaire inférieur (2).
Chez l’Ornithorhynque (3), la parotide est une masse glan-
dulaire formée de lobules aplatis en feuillets; elle est placée
au fond de l’abajoue, en avant du conduit auditif externe.
M. Richard Owen a dit que de tous les Mammifères, les Four-
miliers sont ceux qui présentent les plus longs canaux paroti-
diens. Sous ce rapport, l’Echidné ne leur cède en rien. Le canal
de Sténon de l’Echidné mesure 0",07 ; la tête du même animal,
de la symphyse du menton au conduit auditif, 0",08 ; la tête du
Fourmilier Tamandua compte 0",12, son canal parotidien
0",08 (4). Comme nous le voyons, l’avantage reste encore au
Monotrème qui nous occupe.
La glande parotide de l’Echidné se compose d’une masse
unique; on ne peut y découvrir nulle trace d’une parotide
accessoire analogue à celle décrite par Rapp (5) dans l’Ar-
madille. |
Glandessous-maxillaires. —CGhezl'Echidné,il existe de chaque
côté deux glandes sous-maxillaires, l’une profonde, l’autre su-
perficielle. La glande sous-maxillaire profonde (6) constitue
une masse énorme, de couleur grisâtre, de consistance assez
molle, profondément lobée. Son contour affecte la forme d’un
(1) Fig. 1 g.
(2) Fig. 1 b.
(3) Owen, loc. cit,
(4) J. Chatin, Observations sur les glandes salivaires chez le Fourmilier
Tamandua (Ann. sc. nat., 5° série, 1870, t. XII).
(5) Rapp, Anatomische Untersuchungen über die Edentaten. Tübingen,
1852, p. 73.
(6) Fig. 1 A.
ARTICLE N° 2.
GLANDES SALIVAIRES DE L'ÉCHIDNÉ. 3
triangle irrégulier. Elle est longue d'environ 5 à 6 centimètres,
large de 2 centimètres. Son volume représente au moins quatre
ou cinq fois celui de la parotide. Elle s'étend depuis la clavi-
cule jusqu’au niveau du conduit auditif externe, en recouvrant
presque complètement la trachée et les muscles propres du
cou; elle est bridée par le sterno-mastoïdien. Le conduit excré-
teur qui nait de la glande sous-maxillaire profonde est très vo-
lumineux, surtout sur l'animal frais, car alors 1l est gorgé de
salive; il se dirige directement en avant, et perce le grand
muscle transverse qui constitue la couche superficielle du
plancher de la bouche; c’est en ce point qu’il reçoit le canal
excréteur de la glande sous-maxillaire superficielle (1).
La glande sous-maxillaire superficielle (2) est une masse
glandulaire résistante et de couleur rosée, d’une forme ovalaire,
un peu plus grosse que la parotide, immédiatement située sous
la peau, appliquée contre le musele grand pectoral, et recou-
vrant un peu l’extrémité inférieure du muscle sterno-mastoï-
dien. Le canal excréteur qu’elle émet est d’un calibre assez
faible, il est long de 0,09; 1l se porte en avant en croisant le
sterno-mastoïdien et va se Jeter dans le conduit exeréteur de la
sous-maxillaire profonde, au point que nous avons indiqué
plus haut.
La glande sous-maxillaire superficielle est la première qui
apparaisse quand on vient à dépouiller un Echidné ; elle a pour-
tant jusqu’à ce jour échappé à l'attention des anatomistes.
Le canal commun formé par la réumion des conduits excré-
teurs de la glande sous-maxillaire profonde et de la glande
sous-maxillaire superticielle est situé sous le grand muscle
transverse du plancher inférieur de la bouche, au niveau de
la base de la langue; là il présente une disposition des plus
remarquables, qui avait échappé à l'attention de Cuvier
et Duvernoy. Cette disposition a été en partie signalée par
M, R. Owen, qui la regarde comme unique dans la classe des
Mammifères.
(A) Fig: 10.
(2) Fig. 1 2.
4 H. VIALLANES.
Le conduit excréteur, après s'être un peu dilaté, se dirige en
avant en décrivant quelques flexuosités et en diminuant assez
rapidement de volume ; il atteint la symphyse du menton en
longeant le bord interne du maxillaire inférieur. De son côté
interne se détachent des branches latérales (1), d'autant plus
petites qu’elles naissent plus en avant. Ces branches à leur
tour se divisent plusieurs fois et s'ouvrent sur le plancher de
la bouche par des orifices très étroits. Geux-ci, fort nombreux,
sont situés de chaque côté de la ligne médiane, sur une seule
file (2) dirigée d’arrière en avant et de dehors en dedans, éten-
due de la base de la langue à la symphyse du menton. À l’aide
d’une injection colorée, j'ai pu reconnaitre cette disposition,
facile à constater même chez des animaux conservés depuis
longtemps dans l'alcool. Les branches de ramification du canal
excréteur, étant fort grosses par rapport au tronc qui leur donne
naissance, servent évidemment à emmagasiner la salive dans
l'intervalle des repas. Chez l’animal frais, toutes ces branches
sont turgides et remplies d’une salive extrêmement gluante
qui, couvrant la langue d’un enduit visqueux, permet à cet
organe de récolter les insectes dont l’Echidné fait sa nourri-
ture. C’est sans doute à une contraction du grand muscle trans-
verse du plancher de la bouche qu'est dû l'écoulement de
cette salive.
J’ai eu la bonne fortune de pouvoir examiner les parties
charnues de la tête de l’Echidné de la Nouvelle-Guinée (Acan-
thoglossus Bruijni), espèce encore si rare, que le Muséum de
Paris est seul à en posséder quelques exemplaires. [ci nous
voyons varier un peu la disposition de la partie terminale du
canal excréteur (3) des glandes sous-maxillaires. Ge conduit, au
niveau de la base de la langue, se renfle en un réservoir fusi-
forme à parois très glandulaires, surtout en arrière, étendu
jusqu'à la symphyse du menton. De la face interne de ce réser-
Voir parteït quatre ou cinq canaux secondaires d'autant plus
(1) Fig: À a
(2) Fig. 2c.
(3) Fig. 3.
ARTICLE N° 2.
GLANDES SALIVAIRES DE L'ÉCHIDNÉ. 9
petts qu'ils sont situés plus en avant, et qui vont directement
s'ouvrir sur le plancher de la bouche.
Chez l’Ornithorhynque, la glande sous-maxillaire est simple,
médiocrement développée, et verse son produit dans la bouche
par un orifice unique. Les mœurs de l’Ornithorhynque sont si
dissemblables de celles de l’Echidné, que lon n'a pas lieu
de s'étonner de ces différences anatomiques.
En revanche, la plupart des Édentés présentent des glandes
sous-maxillaires d’un volume vraiment considérable. Les
olandes sont toujours simples, excepté chez le Fourmilier
Tamandua (4) et le Fourmilier Tamanoir (2). Ces animaux pos-
sèdent de chaque côté trois glandes sous-maxillaires. Mais
chacune de ces glandes est pourvue d’un eanal excréteur
propre, s’ouvrant dans la bouche par un orifice distinct. Plu-
sieurs Édentés, Dasypus novemcinctus (3), D. sexcinctus (4),
D. minutus (5), D. gymnurus (6), sont pourvus de réservoirs
salivaires propres à emmagasiner la salive sous-maxillaire.
Ces réservoirs sont constitués par une simple dilatation du
canal excréteur de la glande. Nous avons vu que chez les
Echidnés les réservoirs salivaires ont une structure plus
complexe.
Glandes sublinquales. — Si l’on vient à soulever cette sorte
de paquet vasculaire formé par les ramifications terminales du
canal excréteur des glandes sous-maxillaires, on aperçoit une
masse glandulaire (7) volumineuse, fusiforme, plus renflée en
arrière qu’en avant, étendue le long du bord interne du maxil-
laire inférieur et presque aussi longue que cet os: c’est la
glande sublinguale. Gette glande est multiple : en effet, si on
l’injecte en la piquant en plusieurs endroits, on voit la masse
(1) J. Chatin, loc. cit.
(2) Gervais, Comptes rendus Institut, séance du 29 nov. 1869.
(3) Winker, Dissert. sistens observationes anatomicas de Talu novemcinclo.
Tubing., 1824, p. 10-11.
(4) Owen, Comparative Anat. and Physiol,
5 et 6) Hyrtl, Chlamydophori truncati cum Dasypode gymnuro compa-
ratum Examen analomicum, 1854,
(7) Fig. 1 d.
6 UN. VEMLLANES.
colorée perler à la surface du plancher de la bouche sur un
grand nombre de points (1).
Sous le rapport des glandes sublinguales, les deux espèces
d'Echidnés que j'ai pu observer sont absolument semblables.
Les glandes sublinguales de lEchidné ont été décrites pour
la première fois par Guvier; elles semblent avoir échappé
à l’altention d'Owen, qui n’en fait pas mention.
En résumé :
1° J'ai démontré lexistence de glandes parotides chez
l'Echidné.
2° J'ai découvert chez cet animal une paire de glandes sous-
maxillaires accessoires, situées sous la peau en avant du muscle
pectoral.
3° J'ai précisé le mode de terminaison des canaux excréteurs
des glandes sous-maxillaires chez l'Echidna Histrix, et j'ai
décrit la disposition spéciale que présente l’Acanthoglossus
Druijni.
(1) Fig. 2 d.
EXPLICATION DES FIGURES.
PLANCHE 18.
Fig. 1. a, ramifications terminales du canal excréteur commun de la glande
sous-maxillaire profonde et de la glande sous-maxillaire superficielle de
l'Echidna Hyshrix. — b, point de terminaison du canal de Sténon. — €, point
de réunion du canal excréteur de la glande sous-maxillaire profonde à celui
de la sous-maxillaire superficielle. — d, glande sublinguale. — e, conduit
auditif externe. — f, glande parotide. — g, muscle trapèze. — k, glande
sous-maxillaire profonde. — à, glande sous-maxillaire superficielle. —
j, muscle sterno-mastoïdien.
lig. 2. Partie antérieure du plancher de Ja bouche. — &, langue. — b, rangée
de papilles formées par la muqueuse buccale. — c, rangée des orifices
excréteurs de la salive sous-maxillaire. — d, orifices nombreux de la glande
sublinguale.
Fig. 3. Réservoir salivaire de l’Acanthoglossus Bruijnii, ouvert et coupé à son
extrémité postérieure et à son extrémité antérieure 4. — b, un des orifices
faisant communiquer le réservoir salivaire avec la cavité buccale. — c, ori-
fices excréteurs des glandes de la paroi du réservoir salivaire. — d, Paroi
épaissie du réservoir salivaire, renfermant des glandes nombreuses.
ARTICLE N° À.
NOTE
SUR UNE
NOUVELLE ET TRÈS PETITE ESPÈCE DE MUSARAIGNE
DE MADAGASCAR
Par 10 D° Æ. KL. TROUESSART
Les Insectivores de Madagascar appartiennent en général à
un type très distinct, et l’on a créé pour eux dés genres parti-
culiers tels que Centetes, Oryzoryctes, Geogale, etc., qui for-
ment aujourd’hui des familles et des sous-familles spéciales.
Aussi, jusqu’en 1848, le grand genre Sorex de Linné était-il
considéré comme étranger à cette grande terre et aux petites
iles qui en dépendent. A cette époqne, M. Gh. Goquerel, méde-
cin de la marie française, fit connaître, sous le nom de Sorex
madagascariensis (LE), une très petite Musaraigne trouvée par
lui à Nossi-Bé (île de la côte nord-ouest de Madagascar), et
qui appartient par ses caractères au genre moderne Crocidura
(Wagler) et au sous-genre Pachyura (de Sélys). Plus tard, en
1855, M. Léop. Fitzinger décrivit sous le nom de Pachyura
auriculata (2), une Musaraigne de beaucoup plus grande taille
rapportée par M" Ida Pfeiffer de son voyage à Madagascar.
Mais cette seconde espèce ne paraît différer par aucun carac-
tère essentiel de la Pachyura serpentaria (Es. Geoff.), del’Inde
et de Ceylan, qui se trouve aussi à l’île de France (Maurice), où
elle à été importée par les navires, comme c’est aussi proba-
blement Le cas pour les mdividus recueillis à Madagascar. Enfin
plus récemment encore, en 1866, M. Peters a décrit une autre
espèce provenant des Gomores, îles qui font également partie de
la faune malgache : mais celle-ci appartient au sous-genre Cro-
(1) Annales des sciences naturelles, Zoologie, 3° série, IX, 1848, p. 193,
et pl. 2. ‘
(2) S. B. der math. naturwiss. Class. der kais. Akad. der. Wiss. in
Wien, XXXI, 1855, p. 242; et LVII, 1868, p. 145 (tirage à part, {° Abth., p. 25).
ANN. SC. NAT., ZOOL., OCTOBRE 1879-80. X. 11, — ART. N° 3
2 TROUESSART.
cidura proprement dit, qui compte de nombreux représentants
sur la côte voisine du continent africain : c’est la Crocidura
albicauda (Peters), de l’île Angasilia (1).
Quand au Sorex madagascariensis (Goquerel), espèce bien
distincte de toutes celles précédemment connues, elle forme,
avec le S. etruscus (Savi), du sud de l’Europe et du nord de
l'Afrique, avec S. gracilis (de Blainville), de l'Afrique australe
et avec une quatrième espèce dont nous allons donner la
description, un petit groupe de formes minuscules, limité à
l'Afrique (en y comprenant le pourtour de la Méditer ane), et
à Madagascar avec lesiles qui en dépendent, Ces quatre espèces
représentent les plus petits mammifères connus.
CROCIDURA (Pachyura) COQUERELIT, n. sp. (PI. 19, fig. [.)
(Pollen et v. Dam, MS., Mus. de Leyd.)
Minima, unicolor, ex toto rufescente-fulva, gasiræo, labiis, cauda pedibus-
que concoloribus. — Magnitudine et forma Cr. (P.) etruscæ similis, capite
magno, cauda robusta, tetragona, corporis sine capite longitudine.
Ex Insula Mayolte (Madagascar), a POLLEN ET VAN Dam collecta, specimen
unicum (sine descriptione), în museo Lugdunense Batavorum.
Cette espèce est remarquable, au premier abord, par l’uni-
formité absolue de la couleur de son pelage, caractère qui la
distingue de toutes les espèces voisines. Tous les poils, sans
exception, sont gris fauve à leur base et terminés de roux bril-
lant, cette dernière couleur donnant la teinte générale, qui
n’est en aucune manière plus pâle sous le ventre ni sur aucune
autre partie du corps, des pieds ou de la queue. C’est là un
faittrès rare chez les Mamnufères sauvages, et notre petite
espèce mérite plus qu'aucune autre les noms d’ «unicolor » et
de « concolor » (2).
4) M. B. Akad., Berlin, 1866, p. 885; — et Baron Carl Claus von der Dec-
ken’s Reisen in Ost-Africa, IE, (1), 1869, p. 10, fig. pl. IV.
(2) Dans la famille des Soricidæ, le pelage est presque toujours plus clair
sous le ventre; exceptionnellement il est au contraire plus foncé, comme chez
Pachyura atrata (Blyth), de l'Inde. La seule Crocidura umbrina (Temm.), du
Japon, était déjà signalée comme présentant une teinte du pelage à peu près
ARTICLE N° 04
SUR UNE MUSARAIGNE DE MADAGASCAR. 3
La taille et les proportions du corps, de la tête et de la
queue sont semblables à celles de la Cr. (P.) etrusca (Sawi),
propre au pourtour de la Méditerranée, et qui se trouve dans
le sud de la France et en Algérie.
Dimensions de Cr. (P.) Coquerelii (exemplaire conserve dans l'alcool).
Milliimètres.
Longueur totale (du bout du museau à l’extrémité de la queuc).. 67
s q
— du corps avec la tête........ EU ANS et Os et 40
ut Jdéla.quené.:s .." 55.8. Mrs dites bot obas. nds, 27
Distance du bout du nez à lœil....... SRE eh et does eq us 5
— de l’œil à l'oreille. ARE RUE PEU -e x Muse Le 'RRE A Li 3
Largeur de l'oreille (d'avant en arrière).......,........,,.... 4
— (de haut en bas). sspemeislieraresstsse D
Hauteurde la conque auditive, en arFIêre... use cerise 2
Longueur des plus grands poils de la moustache............... 13
5 Étdes pieds de détrière.. 2.414 MR AE LEUR 7
— du cràne (approximativement)..... Het: -00e 12
—:, de lactête (avec les partiesmolles)s, AE... ..0 14
Tête grande, nez terminé par un petit muffle nu et noirâtre;
moustaches d’un fauve pâle (1); oreilles grandes, arrondies,
avec deux valves internes bien développées, noirâtres et cou-
vertes de poils ras et roux assez clairsemés, mais qui devien-
nent plus longs et plus abondants sur le bord de la conque et
des valves. Pieds velus jusqu'aux doigts, avec de longs poils
qui dépassent les ongles : ceux-ci sont jaunâtres; la plante
des pieds de derrière est nue jusqu’au talon et noirâtre. Queue
carrée, forte, mais non épaissie à la base, s’amincissant in-
sensiblement jusqu’à son extrémité qui est terminée par un
petit pinceau, couverte dessus et dessous de poils ras et serrés,
d’un roux uniforme, avec d’autres poils plus longs et plus rares
qui partent du niveau de chaque vertèbre. — Il n’y a pas trace
uniforme : c’est une espèce deux fois plus grande que notre Pachyura Coque-
relii.
(1) Dans notre individu, ia partie du museau qui porte la moustache est ren-
fée de chaque côté d’une façon remarquable. C’est là, d’après M. Elliot Coues
(Precursory Notes on Insectivorous Mammals, in Bulletin of U. S. Geol. and
Geog. Survey, HT, 8, 1877, p. 636), une particularité passagère et qui se ratta-
cherait à l’époque du rut. On l’a observée chez la plupart des espèces : elle ne
peut donc pas être mentionnée comme un caractère spécifique,
4 TROUESSART.
de glande odorante surles flancs. — Le sexe n’a pu être distin-
qué, l'animal ayant été éventré et les viscères extraits pour
assurer sa bonne conservation et la pénétration de la liqueur
forte.
Dentition. — 30 dents blanches, dont #4 petites intermé-
diaires supérieures (unicuspids de M. Elliot Coues), savoir
2 incisives latérales, À canine et À prémolaire (rudimentaire) :
— sous-genres Pachyura. -
Formule deE. Brandt (4):1%5°, C2, M 336 — 49 — 90 dents.
Mâchoire supérieure (la gencive recouverte des parties
molles). — Première grande incisive longue et recourbée, sa
pointe antérieure dépassant de beaucoup sa pointe postérieure
(ou talon) qui forme avec la précédente un angle aigu;
deuxième imcisive (latérale, ou 1° intermédiaire des auteurs),
orande, sa pointe arrivant au niveau de la pointe anté-
rieure de la première incisive ; troisième incisive et canine
(2° et 3° intermédiaires des auteurs), petites et semblables
entre elles, dépassant à peine la gencive ; la canine est séparée
de la première molaire par un espace vide où se voit la gencive.
La prémolaire rudimentaire (4 intermédiaire des auteurs),
non contique à la canine, séparée d'elle par un espace égal au
diamètre antéro-postérieur de cette dent, rejetée en dedans de
la ligne dentaire et {out à fait invisible du dehors, très petite et
visible seulement à ia loupe, en dedans de Ja gencive, le long
du bord interne de la première grande molaire, entre Le tuber-
cule antérieur et la portion principale de cette dent. La pre-
mière molaire (2) très grande, allongée, son tubercule anté-
rieur presque mousse, dépassant à peine la gencive, sa pointe
médiane (coupante) constituant presque à elle seule toute la
face externe de la dent, dirigée en arrière, et la pointe posté-
rieure ne formant que l'extrémité du tranchant postérieur de
(1) Bulletin des natur. de Moscou, 1868, II, p. 76 et seq. avec pl. ; 1870 et
1873.
(2) La principale de De Blainville et de M. Coquerel (Loco citato). — Cette
dent, par sa forme et sa position, est une vraie carnassière, l’analogue de celle
des grands Carnivores.
ARTICLE N° 3
SUR UNE MUSARAIGNE DE MADAGASCAR. 5
la pointe principale. Vue en dessous, cette dent est triangu-
laire avec son tubercule antérieur prolongé en avant, mais non
jusqu'à toucher la canine. La deuxième molaire porte un
prisme ou tubercule interne médian très grand, et dont la
pointe arrive au niveau de la pointe principale de la première
molaire. 4
Müchoire inférieure. — Les deux grandes incisives sont rele-
vées à leur extrémité et divergentes, laissant entre elles, à leur
pointe, un espace égal à leur propre diamètre. Les molaires
postérieures sont hérissées de pointes fortes et aiguës.
Habitat. — L'ile de Mayotte, sur la côte nord-ouest de Ma-
dagascar (1), d’où elle a été rapportée par M. Pollen et van
Dam (1863), qui l’ont déposée dans le musée de Leyde avec
l'étiquette « Sorex Coquerelii, n. sp.? », mais sans la décrire.
Je dois la communication de cette intéressante petite espèce
restée si longtemps inédite, à la gracieuseté de M. le D° F.-A.
Jentink, du musée de Leyde, qui a bien voulu m’autoriser à la
décrire.
La Crocidura (Pachyura) Coquerelii se distingue facilement
de toutes les espèces précédemment connues.
On se peut la confondre avec la Cr. (P.) gracilis (De Blain-
ville), de l’Afrique australe, caractérisée par sa queue épaisse
à la base et dans le premier tiers de sa longueur ; par les valves
internes de l’oreille plus petites, et par sa couleur d’un brun
marron, plus elair sur les parties inférieures.
La Cr. (P.) madagascariensis (Goquerel) se distingue denotre
espèce par ses formes plus sveltes, sa tête plus petite, sa queue
plus grêle et sa couleur d’un gris brun, plus pâle en dessous.
Enfin la Cr. (P.) etrusca (Savi), bien que très voisine, s’en
distingue par ses teintes d’un gris lavé de roux sur le dos, plus
clair sur les flancs, et passant au blanchâtre sur les joues, le
dessous du corps et de la queue, et sur les pieds.
(1) Au nord-ouest et non loin de l'ile de Nossi-Bé, patrie du Sorex mada-
gascariensis, et au sud-est des Comores (patrie de la Crocidura albicaudu
(Peters), qui sont le groupe d'îles Malgaches le plus rapproché du continent
africain. |
6 TROUESSART.
Parsa dentition, la Cr. (P.) Coquerelii diffère encore plus
des trois autres espèces auxquelles nous l’avons comparée. Sa
petite prémolaire rudimentaire à la mâchoire supérieure (4° in-
termédiaire), est rejetée en dedans et en arrière plus que dans
aucune autre espèce, de telle sorte qu’elle est séparée de la ca-
nine par un espace vide; en outre, la première grande molaire
est triangulaire plus allongée en avant que dans aucune autre
espèce, et cependant son tubercule antérieur ne remplit qu'in-
complètement l’espace laissé vide, en arrière de la canine, par la
pelite prémolaire rejetée en dedans; enfin cette première mo-
laire est plus longue que large, tandis que dans les autres es-
pèces elle est à peu près aussi large que longue (comme dans
Cr. etrusca), ou même tout à fait quadrangulaire (comme dans
Cr. madagascariensis).
Cette disposition des dents Folle ce que l’on observe. chez
la Musaraigne géante de l’Inde : Cr. (P.) cœrulescens (Shaw),
ou Cr. (P.) indica (E. Geoff.); mais dans aucune autre espèce
du genre elle n’est aussi exagérée, toute proportion gardée, que
dans notre Gr. (P.) Coquerelii. On remarque, au contraire, que
chez toutes les très petites Pachyura de l'Inde (1), la prémo-
laire rudimentaire est bien contiguë à la canine, et — quoique
souvent rejetée en dedans, — foujours visible, au moins en par-
he, de dehors. De telle sorte que la grande Pachyura cœrules-
cens de l'Inde semble plus proche alliée des petites Pachyura
des faunes africaines et malgaches que des petites Pachyura de
la faune indienne.
Il est à noter d’ailleurs qu'aucune espèce d'aussi netité taille
n’a encore été signalée dans Îa partie orientale du continent
africain, parmi les nombreuses espèces de Musaraignes décou-
vertes au Mozambique, à Zanzibar et à Mombaze, et dont la
plupart ont été décrites par M. W. Peters.
(1) Ces petites espèces sont : Pachyura Perrottettii (Duvern.); P. nudipes
(Blyth.) — P. macrotis (Anderson), P. melanodon (Blyth) — P. nitidofulva
(Anders.) ; P. nilgirica (Anders.); P. travancorensis (Anders.); P. micronyx
(Blyth) ; B. pygmæa (Hodgs.), et B. Hodgsonii (Blyth.) ; — toutes ces espèces
asiatiques sont d’ailleurs un peu plus grandes que celles de Madagascar et
d'Afrique précédemment citées.
ARTICLE N° 3.
SUR UNE MUSARAIGNE DE MADAGASCAR. 7
Notre nouvelle espèce porte à trois le nombre des Saricidæ
connus avec certitude jusqu'à ceJour, comme propres à Mada-
gascar : toutes trois semblent confinées dans les petits archi-
pels situés au nord-ouest de Ia grande île : — Nossi-Bé,
Mayotte et les Comores, — c’est-à-dire par le fait, dans la ré-
ogion de la faune malgache la plus rapprochée du continent
africain.
Remarque au sujet de la répartition géographique du genre
Grocidura ef du sous-genre Pachyura. — Les deux sous-genres
dont se compose le nombreux genre Crocidura présentent une
distribution géographique remarquable. Le sous-genre Croci-
dura (dans lequel la petite prémolaire rudimentaire a complè-
tement disparu) est le plus généralement répandu sur tout
l’ancien continent; mais sur 40 espèces environ, il y en a 25 pro-
pres à l’Afrique (dont 1 aux Comores), et dont 3 se retrouvent
en Europe : 45 seulement sont propres à l’Asieet à la Malaisie
jusqu'à Timor. — Le sous-genre Pachyura, au contraire, est
presque exclusivement asiatique : sur 40 espèces et plus, 35
sont propres à l’Asie, et l’on ne connaît guère en Afrique, avec
certitude, d’autres représentants de ce genre que les # très
petites espèces signalées dans ce mémoire, dont 1 se retrouve
en Europe, et dont deux sont propres à Madagascar. Quant
aux grandes espèces de Pachyura que l’on a trouvées en Afrique,
notamment en Égypte et sur les bords de la mer Rouge, il est
probable qu’elles ont été introduites par les navires et sont
‘toutes originaires d'Asie, ainsi qu'on.en a la certitude pour un
certain nombre d’entre elles.
EXPLICATION DES FIGURES.
Planche 19.
ig. 1. CROCIDURA (PACHYURA) COQUERELH (Pollen et van Dam) Trouëssart,
— de grandeur naturelle. ,
Î a. CROCIDURA (PACHYURA) COQUERELIT, sa mâchoire supérieure vue par en
dessous et grosste six fois pour la mettre à la même échelle que la figure 4.
4 b. CROCIDURA (PACHYURA) COQUERELIT, sa première molaire supér. (prèn-
cipale) grossie 15 fois (d’après M. Coquerel).
ee
R
8 TROUERSSART.
1. c. CrocipurA (PACHYURA) COQUERELI, son crâne et sa mâchoire inférieure
grossis D fots.
Fig. 2. Crocidura (Pachyura) etrusca (Savi), mâchoire supér. grossié 6 fois.
Fig. 3. Crocidura (Pachyura) madagascariensis (Goquerel), mâch. sup.
grossie six. fois.
9 b. C: (P.) etrusca : sa l'° molaire sup. (principale) grossie 15 fois (d’après
Coquerel).
8 b. C. (P.) madagascariensis : 1° molaire sup. (principale) grossie 15 fois
(id.).
Fig. 4. C. (P.) gracilis (de Blainville), 1"° molaire sup. (principale), id. (id.).
Fig. 5. Crocidura (Pachyura) cœærulescens (Shaw), — mâchoire supér. vue en
dessous et grossie deux fois pour servir de comparaison avec CG. (P.)
Coquereli (d’après E. Brandt, loco citato).
NOTE
SUR UNE
MUSARAIGNE DE COCHINCHINE
PRÉSENTANT D'UN CÔTÉ LA FORMULE DENTAIRE DU SOUS-GENRE (Pachyura)
ET DE L'AUTRE CELLE DU SOUS-GENRE (Crocidura),
Par M. le D'E.L. TROULSSART
- En examinant récemment le crâne de plusieurs grandes
Musaraignes asiatiques, appartenant à la collection du Muséum
de Paris, et très obligeamment mises à notre disposition par
M. A. Milne Edwards, nous avons pu constater sur lune
d'elles une anomalie dentaire qui paraît assez rare dans ce
genre, Car personne, à notre Connaissance, n’en avait encore
signalé de semblable.
Cette grande Musaraigne, envoyée de Cochinchine par
M. Germain, et que nous croyons devoir rapporter au Sorex
murinus (L.) des naturalistes anglais (1), présente à la
(1) Crocidura murina, Gray, Blyth, Cantor, Jerdon, etc., ou Sorex myosorus
(Pallas), de Blainville, espèce dont le squelette est figuré pl. II de lPOstéo-
graphie des INSECTIVORES de ce dernier auteur.
ARTICLE N° 4.
SUR UNE MUSARAIGNE DE COCHINCHINE. 9
mâchoire supérieure du côté droit, la petite prémolaire rudi-
mentaire (ou 4° intermédiaire) qui caractérise pour les auteurs
modernes le sous-genre Pachyura; mais, du côté gauche, cette
dent fait totalement défaut, et bien qu'il y ait un vide entre la
canine et la première vraie molaire, on n’y trouve aucune
trace d’alvéole, même sur l'os dépouilié de toutes les parties
molles.
Il résulte de cette particularité, que si l’on s’était contenté
d'examiner cette Musaraigne du côté gauche, on eût été con-
duit à la classer dans le sous-genre Crocidura, tandis qu’en
réalité elle appartient au sous-cenre Pachyura.
L'importance de ce fait, au point de vue de la classification
des Soricidæ, n’échappera à personne.
En effet, il est généralement admis que, dans cette famille,
le nombre des dents est foujours fixe pour une même espèce,
quel que soit l’âge ou le sexe. Bien plus, un certain nombre de
senres ou sous-genres modernes démembrés du grand genre
Sorex de Linné, ne sont fondés que sur un seul caractère : le
nombre des dents à la mâchoire supérieure.
Dans le cas particulier qui nous occupe, on sait que le
sous-genre Pachyura (Sélys), ayant pour type le Sorex etruscus
de Savi, ne diffère absolument du genre Crocidura que par la
présence de cette petite prémolaire, qui reste toujours rudi-
mentaire, ainsi que nous l’avons déjà dit. Le genre Crocidura
étant très nombreux en espèces (on en a décrit plus de cent),
cette décision a été généralement adoptée comme naturelle et
propre à en faciliter l'étude. Mais un certain nombre de natu-
ralistes ont été plus loin et ont voulu considérer le sous-genre
Pachyura comme un véritable genre avant la même valeur
systématique que les genres Crocidura, Sorex, Grossopus, etc.
Cependant, dès l’année 1834, et plus tard en 1849, dans
son important Mémoire sur le genre Musaraigne (1), Duvernoy
s'était élevé, avec raison, contre cette manière de voir : Une
(1) Notices pour servir à la monographie du genre Musaraigne, in Magasin
de Zoologie, 1842. Le passage cité est souligné par Duvernoy lui-même.
10 _ TROUESSART.
dent rudimentaire de plus ou de moins, dit-1l (p. 44), n’ayart
aucune influence fonctionnelle, ne peut servir à caractériser un
groupe générique ou sous-générique, sans d'autres modifications
organiques correspondantes.
L’anomalie que nous venons de signaler sur le Sur murinus
de Cochinchine vient à l’appui de ce principe si bien posé par
Duvernoy, mais trop souvent méconnu par les naturalistes
modernes. | |
Nous croyons aujourd’hui pouvoir aller plus loi, et étendre
aux espèces ce que Duvernoy appliquait aux genres et aux
sous-genres : en d’autres termes, il nous semble probable que
chez certaines grandes Musaraignes asiatiques la petite prémo-
laire rudimentaire peut exister ou faire défaut dans la même
espèce, suivant dés variations purement individuelles et qui
tiennent vraisemblablement à l’âge.
Ge fait, s’il venait à être confirmé par l'observation ee
nous fournirait l'explication bien simple de certaines diff
cultés que nous avons rencontrées en rédigeant la partie de
notre Cataloque des Mammifères vivants et fossiles qui se
rapporte au genre Crocidura. On a décrit et classé, tantôt dans
le sous-genre Pachyura, tantôt dans le sous-genre Crocidura
proprement dit, des Musaraignes présentant exactement les
mêmes caractères extérieurs, mais différant par la présence ou
l'absence de la petite prémolaire rudimentaire à la mâchoire
supérieure. Îl en est résulté souvent des confusions presque
inextricables.
Ainsi, en 1870, M. Peters, décrivant (1) plusieurs espèces
nouvelles du sous-genre Pachyura, les compare aux Sorex Son-
nerulir (5. Geoff.), S. serpentarius (H.Geoff.), et S. myosurus
(Pallas), en supposant que ces trois espèces appartiennent au
sous-genre Crocidura. On sait, cependant, que toutes trois ont
été décrites par les naturalistes français comme présentant la
formule dentaire du sous-genre Pachyura (2). Si donc les
(4) M. B. Akad. Berlin, 1870, p. 584 etseq.
(2) Voy. Duvernoy, loc. cit, p. 24 et seq., et pl. XLVI; de Blainville,
Ostéographie des Insectivores, pl. I.
ARTICLE N° 4.
SUR UNE MUSARAIGNE DE COCIHINCHINE. 41
espèces nouvelles proposées par M. Peters n'étaient fondées
que sur cette prétendue différence dans la dentition, nous
aurions double raison aujourd’hui pour mettre en doute leur
véritable valeur.
De même le Sorex crassicaudatus d'Ehrenberg est décrit par
Lichtenstein comme ayant la formule dentaire du sous-genre
Pachyura, tandis qu'Ehrenberg et Duvernoy lui donnent celle
du sous-genre Crocidura. — Deson côté, M. Fitzinger indique
une Musaraigne rapportée de Hong-Kong (Chine) par la
frégate Novara, et présentant seulement trois petites dents
intermédiaires à la mâchoire supérieure ; cependant, d’après
l'examen de ses caractères extérieurs, il croit devoir la rap-
porter au Soreæ soccalus (Hodgs.), qui est une Pachyura à
quatre petites intermédiaires supérieures (3).
En rapprochant tous ces faits, et d’autres du même genre,
de celui que présente notre Sorex murinus de Gochinchine, on
est conduit à penser que, chez un certain nombre d'espèces du
sous-genre Pachyura, smon chez toutes, la dentition n’est pas
aussi invariable qu’on l’a supposé jusqu'ici. Déjà de Blainville,
dans son Ostéographie (pl. X des Insectivores), avait figuré sous
le nom de « Sorex myosurus jeune », une {mâchoire qui parait
manquer de la petite prémolaire rudimentaire; mais le texte
ne fait aucune allusion à cette figure, qui reste par suite un
peu énigmatique. Nous sommes plutôt portés à admettre, par
analogie à ce qui se passe généralement chez les Mammifères,
que cette petite prémolaire se montre chez le jeune et tombe
avec l’âge ; en un mot qu’elle est caduque.
Ainsi M. R. Hensel remarque (1), au sujet de l’Écureuil du
Brésil méridional, Sciurus æstuans (L.), qu'il y a, chez îe
jeune, une deuxième petite prémolaire rudimentaire, à la
mâchoire inférieure, qui tombe chez l'adulte. Sur 24 crânes
recueillis par lui et présentant tous les caractères de l’adulte,
(3) S. B. Wiss. Wien, LVII Band, 1868, p. 140 et 163; tirage à part, p. 20
et 43, 1e Abtheil.
(1) Beiträge zur Kenntiss der Säugethiere Süd-Brasiliens, in Abandl. der
K. Akad. der Wiss. zu Berlin, phys.-nat. Class., 1872, n° 1.
12 TRQUESSART.
il yen a 17 sur lesquels on ne trouve plus trace de Palvéole de
cette dent ; sur # on trouve l’alvéole d’un côté seulement; sur
les 3 autres, cette alvéole existe des deux côtés.
Dans le grand genre Roussette (Pteropus), si difficile à
subdiviser en petits groupes naturels, on trouve des espèces
qui ont la première prémolaire supérieure persistante et de
taille ordinaire (Pteropus molossinus, Pt. ancüteanus, Pt.
Rayneri, ete.) ; d’autres ont cette dent plus petite mais encore
persistante (Pt. scapulatus, Pt. macrotis) ; tandis que chez le
plus grand nombre elle est tout à fait rudimentaire et plus ou
moins caduque (Pt. vulgaris, Pt. rubricollis, Pt. edulis, ete.) —
Les variations de cette nature ne sont pas rares chez les Chi-
roptères insectivores (1).
Je ne serais pas étonné que, par une étude plus attentive de
la dentition des grandes Musaraignes asiatiques, nous soyons
amené à reconnaître qu'il existe dans ce groupe, relativement
à la présence ou à l’absence de la petite prémolaire supé-
rieure, des variations tout aussinombreuses que celles signalées
dans le gènre Pteropus, variations qui ont dù donner lieu à
l'établissement d’un grand nombre d'espèces nominales.
En attendant que des matériaux plus complets nous per-
mettent d’élucider la question, nous avons cru utile d'appeler
sur ce point l'attention des naturalistes. Dans tous les cas, 11Y
a lieu de faire les plus grandes réserves au sujet de la valeur du
sous-genre Pachyura, quine peut être conservé que comme une
coupe purement arüficielle du genre Crocidura, et ne doit, sous
aucun prétexte, être élevé au rang de genre, amsi qu’on l’a
proposé récemment.
(1) Voy. Dobson, Catalogue of Chiroplera, in Brit. Mus., 1878, p. 18 et,
seq.
ARTICLE N° 4,
. MONOGRAPHIE
DES
OISEAUX DE LA FAMILLE DES MÉGAPODIIDÉS
Par F.ÆE. GOUSTALETX.
AVANT-PROPOS.
Il y a une cinquantaine d’années, les naturalistes attachés
aux expéditions célèbres de l’Uranie, de la Coquille, de l’Astro-
labe et de la Zélée, avaient rapporté en France une foule de
plantes et d'animaux recueillis à la Nouvelle-Guinée et dans
les îles avoisinantes; aussi, pour tout ce qui concernait la
faune de ces terres australes, le Musée de Paris s’était-il trouvé
rapidement à la tête des autres établissements scientifiques de
l’Europe. Mais peu à peu le courant qui apportait les repré-
sentants variés de la faune et de la flore dela Papouasie s'était,
pour ainsi dire, détourné de notre pays, pour aller enrichir les
musées des contrées voisines où s’accumulaient les spécimens
récoltés au prix de mille fatigues, par M. de Rosenberg,
M. Meyer, M. Beccari, M. d’Albertis, M. Comrie, et d’autres
eurs hollandais, anglais, allemands ou italiens.
Il en était résulté, pour le Muséum d’histoire naturelle, un
état d’infériorité relative, qui, je me hâte de le dire, n’existe
plus à l'heure actuelle. En effet, pour ne parler ici que des
animaux supérieurs, plusieurs milliers de mammifères et d’oi-
seaux ont été, depuis deux ans, acquis de MM. Raffray et
Maindron de M. Léon Laglaize, ou donnés par M. le docteur
Charnay. Parmi les oiseaux se trouvent, à côté de Perroquets,
de Paradisiers et de Soui-Mangas remarquables par la beauté
de leur plumage, quelques Gallinacés, aux couleurs ternes,
appartenant à la famille des Mégapodüdés et plus particuliè-
rement aux genres Talégalle et Mégapode.
En examinant de près ces Gallinacés, en les comparant à
ceux qui existaient déjà dans les galeries du Muséum, j'ai ren-
ANN. SC. NAT. — ART. N° 5.
2 E. GUSTALET.
contré certaines difficultés de détermination qui, peu à peu,
m'ont conduit à entreprendre une révision du groupe auquel
ils se rattachent. Mais je n’ai pas tardé à reconnaitre qu’un
semblable travail serait forcément incomplet si je ne voyais,
par mes propre yeux, les types des différentes espèces. Grâce à
une mission qui m'a été accordée par l’École des Hautes
Études, j'ai pu donner à mes recherches ce complément in-
dispensable en parcourant les grands musées de : Angleterre
et de la Hollande.
L'étude comparative des squelettes de Talégalle, de Maléo,
de Mégapode, de Pénélope, de Pintade, etc., m'a démontré
que la création, proposée par M. Huxley, d’un groupe parti-
culier, celui des Péristéropodes, embrassant les deux familles
des Cracidés et des Mégapodiidés, était pleinement justifiée;
mais que les Pintades offraient avec ces oiseaux certaines ana-
logies de structure que le savant professeur n’avait peut-être
pas assez mises en lumière. En disséquant un Talégalle, j'ai
retrouvé certaines dispositions signalées par M. Garrod chez le
Megacephalon maleo, mais, en revanche, je me suis assuré que
d’autres particularités dans le mode d’insertion de certains
muscles des membres postérieurs ou antérieurs n’avaient pas
l'importance zoologique que M. Garrod avait cru devoir leur
attribuer.
En passant en revue plusieurs centaines de spécimens, je
me suis convaincu que le nombre des espèces de Mégapodiidés
mentionnées dans les catalogues de feu M. Gray ou signalées
à une époque plus récente était certainement trop considé-
rable et pouvait être réduit à vingt-cinq environ. Dans
plusieurs cas en effet, les zoologistes n’avaient pas tenu suffi-
samment compte des particularités du développement des
Mégapodidés, etavaient pris pour types d’espèces nouvelles de
jeunes oiseaux appartenant à des espèces déjà connues. L’er-
reur était, du reste, bien excusable, les jeunes Mégapodes
étant dès leur naissance, singulièrement robustes, couverts en
erande partie de plumes normales et ressemblant, sauf pour la
taille, à des individus adultes.
ARTICLE N° 5.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 9
Enfin je me suis efforcé de recueillir les documents les plus
circonstanciés sur les mœurs et l’habitat de chaque espèce, et
de donner une idée générale de la répartition de ces Gallinacés
à la surface du globe.
Quatre parties consacrées, la première à la structure anato-
mique, la seconde à la classification générale, la troisième à la
description zoologique des genres et des espèces, la qua-
trième à la distribution géographique des Mégapodidés, con-
stitueront done les divisions de ce travail qui est, comme
je lai dit plus haut, le fruit de recherches poursuivies
au Muséum d'histoire naturelle de Paris, au Musée britan-
nique, à la Société zoologique de Londres et au Musée de
Leyde. Dans ces divers établissements M. A. Milne Edwards,
M. Günther, M. Sclater, M. Schlegel, ont mis à ma disposition,
avec la plus grande bienveillance, les spécimens nécessaires à
mes études.
M. le comte Salvadori (de Turin) m’a fourni de précieux
renseignements, et M. le docteur Meyer (de Dresde) à bien
voulu me communiquer les types d’une espèce qu'il a décrite.
Enfin mon amiR. Bowdler Sharpe, senior, assistant au British
Muséum et M. Buttikofer, attaché au Musée de Leyde, m'ont
donné des preuves répétées de leur extrême obligeance. Qu'il
me soit permis d'offrir ici à tous les naturalistes dont je viens
de citer les noms l’expression de ma vive reconnaissance.
Ï. — STRUCTURE DES OISEAUX DE LA FAMILLE
DES MÉGAPODIIDÉS.
$& 1. — Squelette.
Les Mégapodidés en général, et les Talégalles en particu-
lier, se font remarquer par la force et la pesanteur des os qui
entrent dans la constitution de leur squelette ; aussi un savant
anatomiste anglais, M. W. K. Parker, s’est-1l cru autorisé à
dire, en parlant du Talégalle d'Australie : « C’est le Mylodon
robustus de la classe des Oiseaux, et en considérant pour la
cinquantième fois sa charpente osseuse, on se sent frappé de
4 H. GŒUSTALE"E.
la même surprise que lors d’un premier examen. Les os de
l'extrémité d’un des membres postérieurs d’une femelle de
cette espèce, se trouvant dans un état de grande siccité et
presque entièrement dépourvus de substance graisseuse, pe-
saient autant que le crâne et les mandibules d’un Flamant et
d’un Ibis sacré réunis, c’est-à-dire 5 drachmes et 45 grains (1).
Les os de l’extrémité du membre postérieur d’un grand Tou-
can ne pesaient au contraire que 4 drachme # grains, et
n'avaient par conséquent que le cinquième du poids de ceux
du Talégalle. Le crâne entier et les mandibules d’un Rham-
phastos toco pesaient 2 drachmes 55 grains (2); ceux d’un Bu-
ceros ruficollis (femelle) 3 drachmes (3); le reste du squelette
de ce grand oiseau, 41 drachmes et À serupule (4) : ce qui
donne pour le squelette entier 14 drachmes et 1 serupule (5)
ou un peu moins de À once £roy (6), et moins de trois fois le
poids des os de la patte d’un Talégalle (7). »
Îl est certain en effet que le Talégalle de Latham est, toutes
proportions gardées, plus fortement charpenté que. beaucoup
d’autres Gallinacés, tels que les Perdrix, les Goqs, et même les
grands Phasianidés (Crossoptilon auritum, Lophophorus im-
peyanus); mais on ne peut le comparer au Mylodon sans une
extrème exagération.
La tête osseuse des Mégapodidés (fig. 2, 3, #, 18, 19, 20)
ressemble, par sa forme générale, à celle des Dindons, des
Hoccos et des Pénélopes (8) : la région frontale est large, les
os lacrymaux sont médiocrement développés et tellement sou-
(1) Environ 95,50.
(2) Un peu plus de 3 grammes.
(3) 59,91.
(4) Près de 20 grammes.
(5) Près de 25 grammes,
(6) Environ 30 grammes.
(7) W. K. Parker : On the Osteology of the Gallinaceous Birds and Tina-
mous, Transactions of the Zoological Society, 1864, t. V, p. 164.
(8) Voy. A. Milne Edwards, Recherches sur les Oiseaux fossiles, pl. 123,
fig. 2, 3et4. — E. Blanchard, Caractères ostéologiques des Gallinaces ou
Gallides (Annales des sciences naturelles, 1857, 4° série, t. VII, pp. 102 et 105).
— W. K. Parker, On the Osteology, etc., p. 149.
ARTICLE N° 5,
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 5
dés avec les frontaux, que c’est à peine si l'on aperçoit en avant
une trace de la suture fronto-lacrymale; ils n’ont point d’ail-
ieurs de ces processus recourbés qu'on trouve chez beaucoup
d'autres Gallinacés, par exemple chez le Tefrao urogallus et
même chezle Crax globicera (1). Les os nasaux, élargis hori-
zontalement dans leur portion basilaire, envoient latéralement
une branche descendante qui est HE ou plus forte que
chez un grand nombre de Gallinacés et qui, dans une espèce
(Megacephalon maleo) présente même une saillie osseuse très
prononcée (fig. 4 et 18). Cette saillie est recouverte, de même
que sa congénère, par un casque accessoire qui descend jusque
sur la base du bec et qui fait suite au casque principal coiffant
le sommet de la tête.
Les os prémaxillaires (ou intermaxillaires) forment un os
très robuste un peu moins élevé que dans les Cracidés, et qui
sur le crâne desséché constitue avec les os nasaux le bord an-
térieur des ouvertures nasales. Celles-ci Sont piriformes, mais,
comme l’a fait observer M. Parker (2), elles ne sont pas dispo-
sées tout à fait comme chez la Poule don nestique. Dans ce der-
nier oiseau en effet, la partie la plus élargie de l'ouverture na-
sale est située en arrière, tandis que dans le Talégalle de
Latham elle se trouve en avant. Les Cracidés (Crax globicera,
Crax carunculata, etc.) et les Ortalidés (Ortalis vetula) res-
semblent à la Poule sous ce rapport, tandis que les Numididés
ou Pintades (Numida tiarata) rappellent le Talégalle. Chez le
Grand Tétras (Tetrao urogallus) ces mêmes ouvertures affec-
tent la forme d’un ovale régulier ; enfin chez certains Râles
(Ocydromus australis et Tribonyx Mortieri) elles figurent une
fente très allongée (3), de sorte qu'il n’est guère possible
d'établir, avec M. Parker (4), une comparaison entre ces
oiseaux et les Mégapodudés.
Ce savant anatomiste a du reste parfaitement reconnu que
) Parker, loc. cit., p. 162. — H. Gadow, Journ. f. Ornith. (1877), p. 182.
2) Loc. Cie, p: 105:
3) À. Milne moe op. cit., pl HE
) Loc..cit., p. 163.
ANN. SC. NAT., ZOOL., OCTOBRE 4879-80. X. 12. — ART. N° 5.
6 É. OUSTALET.
chezle Talégalle d'Australie (et l’on peut ajouter chez les autres
représentants de la même famille), les processus nasaux des
prémaxillaires, au lieu de rester indépendants l’un de l’autre
sur toute leur longueur, comme chez la plupart des Gallinacés
(Gallus, Lagopus, Crax), sont ici complètement soudés en une
lame osseuse unique, comme chez les Ocydromes (1) et chez le
Tribonyx Mortieri.
La région interorbitaire est large, particulièrement chez le
Talégalle de Latham; mais elle n’est point excavée comme
chez les Faisans, ni brusquement rétrécie en avant de la cour-
bure occipitale, comme chez les Pintades (Numida tiarata) ;
elle n'offre point d’ailleurs, sur la ligne médiane, de crête se
prolongeant en arrière jusque sur le sinciput; sa surface est,
au contraire, complètement plane ou même légèrement con-
vexe ; tandis que chez les Hoccos (Crax globicera) 1 existe,
comme chez les Tétras (Tetrao urogallus), sur le milieu du
front et de la région interorbitaire, une dépression produite
par le relèvement des régions sourcilières. Chez les Hoccos,
les os lacrymaux s’articulent aussi plus largement avec les
frontaux, et les os nasaux acquièrent un développement en-
core plus considérable, tant dans leur portion basilaire que
dans leur portion descendante; enfin l'angle postorbitaire
est un peu plus prononcé que chez les Mégapodiidés, sans
l'être autant que chez le Paon ou chez la Numida tia-
ralu.
Chez les Mégapodidés la partie postérieure du sinciput est
très inclinée en arrière comme chez la plupart des Gallinacés,
et les fosses temporales sont peu profondes, mais elles ne
présentent pas la disposition curieuse qui a été signalée par
M. Milne Edwards (2) chez les Poules Sultanes et chez un
grand nombre de Gallinacés et qui est particulièrement appa-
rente chez les Hoccos : il n’y a point en effet chez les Mégapo-
diidés de branche osseuse horizontale reliant l'angle postorbi-
taire à une saillie inférieure de la tempe et simulant une
(4) Voy. Parker, loc. cit., p. 163.
(2) Op. cit, t. IL, p. 210.
ARTICLE N° 5.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 7
arcade zygomatique (1). Les crêtes occipitales sont moins mar-
quées que les Hoccos, les Pénélopes, les Pintades, les Tétras
et les Faisans; mais la région basilaire est disposée comme
d'habitude; sa moitié antérieure forme un angle très faible
avec la partie supérieure de l’occiput; sa moitié antérieure, au
contraire, Change brusquement de direction et présente une
surface élargie, bombée d’arrière en avant et prolongée en
pointe du côté du bec; ses bords latéraux sont épaissis et four-
nissent de larges surfaces d’insertions aux ligaments allant des
caisses aux os tympaniques; mais les parois inférieures des
caisses tympaniques sont moins convexes que chez les Hoccos,
où elles dessinent de chaque côté une forte gibbosité; enfin
on distingue assez bien chez les Talégalles, et surtout chez les
Mégapodes, la protubérance cérébelleuse, qui apparait plus
nettement encore chez les Paons et les Lophophores (2) sur le
milieu de la partie supérieure de la région basilaire du crâne,
tandis que ce même bourrelet fait complètement défaut chez
le Megacephalon maleo. De même, dans la famille des Cracidés,
la protubérance cérébelleuse est assez marquée chez les Hoc-
cos (Crax globicera), tandis qu’elle est à peu près effacée chez
les Pénélopes.
Le condyle occipital est, comme le dit M. Parker, intermé-
diaire, pour la grosseur, entre celui d’une Poule et celui d’un
Râle et n'offre à sa surface qu’une légère dépression représen-
tant la fossette bien distincte qui existe chez le Tetrao urogal-
lus, chez le Crax globicera, etc. (3).
L'os carré ou tympanique a, comme d'ordinaire, sa tête
bifide ; mais celle-ci n’est pas aussi fortement entaillée que
chez beaucoup d’autres oiseaux (tels que les Ocydromes parmi
les Échassiers), et ressemble davantage à ce qui existe chez la
Poule commune ou chez les Cracidés,
(1) Comparez sous ce rapport les Ortalides (Ortalis vetula), et les Pintades
(Numida tiarata), A. Milne Edwards, op. cit., pl. 111 et 112 et pl. 123, fig. 1.
— Huxley, Proceedings of the Zoological Society, 1867, p. 433, fig. 15.
(2) Voy. A. Milne Edwards, op. cit.,t, Il, p. 211 et pl. 122, fig. 7, 8 et 9.
(3) Voy. Parker, loc. cit., p. 161,
8 E. OUSTALET.
D'autre part, chez lés Mégapodudés (fig. 3 et 19), comme
l'a fort bien indiqué M. Huxley (1), les processus horizontaux
des maxillaires, processus que cetanatomiste appelle maxillo-
palatins, s'avancent d’abord à la rencontre l’un de l’autre,
sous forme de lames minces qui vont en s’atténuant, puis, au
lieu de se rejoindre sur la ligne médiane en se soudant avec
un septum osseux, comme chez certains Cracidés (Graz globi-
cera) (2),se coudent brusquement à angle droit et dirigent
leurs pointes en arrière (3). Les palatins, étroits et très écartés
l’un de l’autre, laissent une large ouverture sur le milieu de la
voûte palatine ; ils sont arrondis en arrière eten dehors comme
chez les Cracidés, mais, vers leur extrémité postérieure, ils ne
sont pas tout à fait aussi séparés que chez ces derniers oiseaux,
et laissent par conséquent un peu moins à découvert le vomer
qui est mince et la portion contiguë du sphénoïde. En dehors
et en arrière ces mêmes os palatins s’étalent quelque peu sous
la forme d’une lame osseuse qui est encore moins épaisse et
moins étendue que chez les Cracidés. Sur la portion antérieure
ou rostrale du sphénoïde il existe de chaque côté une facette
ovale contre laquelle vient s'appuyer l’extrémité de los ptéry-
goïdien correspondant. Des facettes semblables et situées de la
même manière peuvent être observées également chez les Crax
carunculata et globicera, où elles remplacent aussi les proces-
sus dits basiplérygoidiens, dont M. Huxley à constaté la pré-
sence chez d’autres oiseaux (4).
La cloison interorbitaire est presque complète chez les Mé-
gapodiidés comme chez les Cracidés (5), et n'offre que deux
(1) Proceedings of the Zoological Sociely, 1867, p. 433.
(2) Voy. Huxley, Proceedings of the Zoological Society, 1867, p. 453, fig. 15.
— Antérieurement, M. Parker avait déjà présenté (loc. cit., p. 162) diverses
considérations sur la disposition de la région nasale chez le Talégalle d'Australie
comparé aux Pigeons, aux Hémipodes, aux Ocydromes, etc.
(3) M. Parker (loc. cit., p. 163) appelle ces os les prévomériens.
(4) Notamment chez les Oiseaux Coureurs des genres Rhea, Dromaius et
Apteryx (voy. Proceedings of the Zoological Society, 1867, p. 421 et suiv.,
fig. 2, 3 et 4).
(5) A. Milne Edwards, op. cit., pl. 125, fig. 1.
ARTICLE N° 9.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 9
petites fenêtres situées vers le haut, la seconde vers l’angle
postérieur (fig. 4 et 17). Chez les Râles au contraire et, par
exemple, chez l'Ocydromus australis et le Rallus cayennensis,
comme l’a fait remarquer M. Parker, cette même cloison fait
presque entièrement défaut et les cavités orbitaires commu-
niquent largement (1). Chez les Pigeons on constate en géné-
ral une disposition intermédiaire, les fenêtres étant au nombre
de trois ou de quatre, savoir, une ou deux supérieures, une
médiane et une postérieure.
Les bords supérieurs ou oraux des branches de la mandibule
inférieure sont garnis, chez les Talégalles, et aussi, quoique
à un moindre degré, chez les Mégapodes, d’un léger ourlet
qu’on retrouve chez un grand nombre de Gallinacés, mais qui
manque chez les Cracidés ; les angles postérieurs sont aussi un
peu moins allongés et moins relevés que chez le Hocco caron-
culé, le Hocco globicère, etc. (2).
Enfin, d’après M. Parker, l’os hyoïde du Talégalle de La-
tham est conformé absolument sur le type le plus commun
dans les Gallinacés : le cératohyal est cartilagineux dans toute
étendue de son tiers antérieur et même au delà, etle basihval,
l’urohyal, ainsi que le thyrohyal, ont, comme dans la Poule,
leurs extrémités cartilagimeuses.
La colonne vertébrale ne présente rien de particulièrement
remarquable dans le groupe qui nous occupe (fig. 4 et 17) : les
vertèbres cervicales sont au nombre de quatorze, comme chez
la très grande majorité des Gallinacés (3) ; il y a sept vertèbres
dorsales qui, pour la plupart (deuxième, troisième, quatrième
et cinquième), sont soudées en une pièce unique, disposition
que l’on observe aussi chez les Pintades, chez les Faisans, chez
les Pénélopes, chez les Hoccos, etc. Ginq vertèbres sacrées
(1) Parker, loc. cit., p. 162. — A. Milne Edwards, op. cit., pl. 102, fig. 15,
(2) Parker, loc. cit., p. 164. — A. Milne Edwards, op. cit., pl.193, fig. 1.
(3) Si M. Parker a compté 16 vertèbres cervicales chez le Talégalle d’Austra-
lie, c'est que, contrairement à l'opinion généralement adoptée, il a attribué
à la région cervicale deux vertèbres qui portent déjà des côtes, comme les ver-
tèbres dorsales. |
40 E. OUSTALET.
sont embrassées par l’extension en arrière des os iliaques;
quant aux vertèbres coccygiennes, elles offrent beaucoup de
force et sont munies d’apophyses épineuses et d’apophyses
transverses assez longues chez le Talégalle de Latham (1), dont
la queue est très ample et susceptible de s’étaler lorsque l’oi-
seau se pavane, tandis qu’elles sont beaucoup plus faibles chez
le Mégapode de Duperrey, dont la queue est médiocrement dé-
veloppée. Sous ce rapport les Talégalles ressemblent un peu
aux Lophophores (Lophophorus impeyanus) et aux Faisans
oreillards (Grossoptilon auritum), tandis que les Mégapodes
ordinaires peuvent être comparés aux Ortalides (Ortalis ve-
tula). La dernière vertèbre caudale, prismatique chez le
Maléo (2), est comprimée latéralement chez le Talégalle, comme
chez les Cracidés. M. Parker avait cru utile de signaler (3) que
chez le Talégalle d'Australie les vertèbres dorsales et cervi-
cales, ainsi que les côtes, sont pneumatiques, et reçoivent une
certaine quantité d'air par des pertuis d’une assez grande té-
nuité ; il avait même fait ressortir qu'il existe à cet égard plus
de rapports entre le Talégalle et les grands Gallinacés arbo-
ricoles, tels que les Cracidés, qu'entre ce même oiseau et les
Gallinacés terrestres de moyenne tulle, tels que les Cogs et les
Faisans. Mais M. Huxley à reconnu depuis qu'il ne faut pas
attacher trop d'importance à la nature plus ou moins cellu-
laire de telle ou telle partie du squelette. C
Le sternum des Mégapodüdés (fig. 5 et 21) diffère sen-
siblement de celui des Numididés et des Phasianidés, et,
par sa forme générale, se rapproche au contraire, comme
l'avaient déjà parfaitement reconnu MM. Quoy et Gaimard (4)
M. Blanchard (5) et M. Parker (6), du sternum des Cracidés
(14) Voy. A. Milne Edwards, op. cit., pl. 111.
(2) Voy. Giebel, Zeitschrift für gesammten Naturwissenschaften, 1880,
3* série, t. V, ps 207.
(3) Loc. cit., p. 165.
(4) Voyage de l’Astrolabe, 1830, Zoologie, t. I, p. 240, et pl. 25.
(5) Caractères ostéologiques des Gallinacés (Annales des sciences naturelles,
1857, 4° série, t. VIE, p. 95, pl. 10, fig. 1).
(6) Loc. cit., p.165. — M, Giebel (Zeitschrift für gesammten Naturwis-
ARTICLE N° 5.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 411
(Hoccos et Pénélopes). Les échancrures principales ou in-
ternes, moins enfoncées que les échancrures externes, sont
séparées de ces dernières par une lame solide plus large que
chez les Pintades et chez les Faisans : cette lame se dilate très
fortement, en forme de hache, dans sa portion terminale, et
chevauche sur -les deux dernières paires de côtes; enfin les
lignes intermusculaires qui limitent les insertions des moyens
pectoraux, au lieu d'aboutir au sommet des échancrures in-
ternes, comme cela arrive souvent chez les Gallinacés, se pro-
longent ordinairement, comme chez les Pénélopes (1), jusque
vers le bas du bréchet. Toutefois, chez le Mequcephalon maleo
ces lignes tendent à s’effacer, leur portion inférieure se con-
fondant avec les lignes saillantes qui longent l’espace intermé-
diaire entre les échancrures externes et internes (2). Chez les
Cracidés les échancrures principales sont déjà moins profondes
que les échancrures externes (3), mais la disproportion n’est
pas aus$i grande que chez les Talégalles et surtout que chez
les Mégapodes (Megapodius Duperreyi). Ghez les Dindon-
(Meleagris gallopavo), que lon à parfois rapprochés des Mé-
gapodidés, les échancrures externes et internes sont dans les
mêmes rapports, mais découpent plus profondément la sub-
stance osseuse ; chez les Pintades, ces deux sortes d’échan-
crures offrent encore les mêmes relations (Numida tiarata) ou
bien arrivent au même niveau (Numida meleagris); chez les
Paons, au contraire (Pavo cristatus et Pavo spiciferus), les
échancrures internes tendent décidément à dépasser dans le
sens de la hauteur les échancrures externes, et cette prédomis
senschaften, 1880, 3° série, t. V, p. 207) a remarqué des différences assez im-
portantes entre le sternum du Maléo et celui d’une Pénélope; mais il n'avait
sans doute pas sous les yeux une espèce de Cracidé de grande taille, et ii ne
serait, je crois, pas arrivé aux mêmes conclusions s’il avait pris comme terme
de comparaison un sternum de Hocco.
(1) A. Milne Edwards, op. cit., pl. 120, fig. 3, 4, 5.
(2) Voy. Giebel, loc. cit., p. 208.
(3) À. Milne Edwards, op. cit., t. Il, p. 195 et pl. 121. — Huxley, Procee-
dings of the Zoologicai Society, 1868, p. 297, fig. 1. — KE. Blanchard, Annales
des sciences naturelles, 1857, 4° série, t. VIT, pl. 10, fig. 1.
49 E. OUSTALET.
nance est encore plus accusée chez les Faisans. Enfin chez les
Roulrouls (Cryptonyx cristatus) que le prince Gh. Bonaparte
avait placés, dans son Tableau des Gallinacés, à la suite des
Mégapodes, les échancrures internes sont tellement dévelop-
pées qu'elles ne laissent de chaque côté de la carène qu’un
rebord étroit; les échancrures externes, qui sont cependant
très profondes, sont néanmoins beaucoup moins considérables
que les autres, et ne sont séparées de celles-ci que par une
lame extrêmement grêle, le sternum, dans son ensemble,
offrant de grandes analogies avec celui des Perdrix.
À la partie supérieure du sternum des Mégapodüdés, sur la
ligne médiane, il existe, comme d'ordinaire, une apophyse la-
melleuse au-dessous de laquelle un pertuis fait communiquer
entre elles les deux rainures coracoïdiennes (1); mais cette
apophyse, dite épisternale, est beaucoup moins développée que
chez les Faisans, les Pintades et même que chez les Hoccos et
les Pénélopes ; elle est considérablement réduite chez le Mega-
cephalon maleo (2) et chez le Mégapode de Duperrey. Dans
tous les Mégapodidés les angles hyosternaux sont rejetés en
dehors et ne s'élèvent pas en pointe de chaque côté de lapo-
physe épisternale ; la même disposition existe chez les Péné-
lopes, tandis que chez les Pintades (Numida tiarata), chez les
Dindons (Meleagris gallopavo) et surtout chez les Faisans pré-
lats (Euplocamus prelatus) et chez les Roulrouls (Cryptonyx
cristatus) ces angles sont fortement redressés. D'ailleurs chez
les Numididés et les Phasianidés le sternum est pour ainsi dire
réduit au bréchet dans sa partie inférieure qui, vue de face,
apparait comme une lame tranchante ; il est resserré dans sa
partie supérieure; tandis que chez les Mégapodidés et les
Cracidés (3), il présente vers le bas des lames assez larges bor-
(1) Voy. Parker, op. cit., p. 165.
(2) Chez le Maléo, cette apophyse, au lieu de s'élever sous la forme d’une
lame étroite comme chez l'Ortalis vetula, forme une protubérance tronquée ou
légèrement excavée, comme l’a fort bien remarqué M. Giebel (Zeitschrift für
gesammten Naturwissenschaften, 1880, 3° série, t. V, p. 207).
(3) Voy. A. Milne Edwards, op. cit., pl. 120, fig. 4, 5, 6.
ARTICLE N° à.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 43
dant le bréchet, et vers le haut, des branches latérales qui se
dilatent et s’étalent en forme de hache à l'extrémité.
Les côtes sont du reste assez robustes (fig. 4 et 17), de sorte
que la cage thoracique offre plus de résistance que chez les
Faisans et les Pintades.
Les branches de la fourchette, qui sont à peu près droites
chez les Tétras et les Dindons, se recourbent en arrière chez
les Pintades, chez les Pénélopes, chez les Talégalles, chez les
Megacephalon (fig. 1) etsurtout chez les Mégapodes (fig. 17) ;
elles se réunissent sous un angle plus ou moins ouvert et
s’arrondissent plus ou moins dans leur portion inférieure, de
manière à présenter tantôt la forme d’un V, comme chez les
Gallidés ; tantôt celle d’un U, comme chez les Hoccos, les
Maléos et les Mégapodes (Megapodius Duperreyi) (fig. 5 et 21) ;
tantôt une forme intermédiaire, celle d’un V à branches légè-
rement courbes, comme chez les Pénélopes et les Talé-
salles (1). De même l’apophyse qui est située immédiatement
au-dessous de leur point de jonction, sur la ligne médiane,
affecte des formes et des dimensions variables, non seule-
ment suivant les genres, mais encore suivant les espèces;
elle est de grandeur médiocre et presque triangulaire chez le
Crossoptilon auritum, beaucoup plus développée et réniforme
(le bord inférieur étant convexe et le bord supérieur un peu
concave) chez beaucoup de Faisans (Lophophorus impeyanus,
Euplosamus prelatus, Nycthemerus argentatus, et chez quelques
Pintades (Numida tiarata) ; très allongée mais moins élargie
chez les Hoccos (2), chez les Maléos et chez les Talégalles ;
petite et arrondie au contraire chez les Pénélopes (3), chez les
Mégapodes et chez quelques autres Gallinacés. Quant à la lame
qui termine supérieurement chaque branche de la fourchette,
elle est assez réduite, comme chez les Hoccos et les Péné-
f
(1) Voy. Giebel, Zeitschrift für gesaminten Naturwissenschaften, 1880,
3* série, t. V, p. 208.
(2) À. Milne Edwards, op. cit., t. IT, p. 197. — H. Gadow, J. f. Orn. (1877),
p. 184.
(3) A. Milne Edwards, ibid., et pl. 119, fig. 8.
44 Æ. OUSTALET.
lopes (1), qui ne me paraissent pas, quoi qu’en dise M. Giebel,
différer beaucoup à cet égard du Megacephalon maleo (2).
Le coracoïdien des Mébanodiilés (fig. 5 et 21) présente les
caractères généraux signalés par M. A. Milne Edwards chez les
Gallinacés (3); il est presque droit et très épais, son bord in-
terne ne s’amincissant pas en forme de crête; la facette arti-
culaire sternale est très large, surtout chez les Talégalles et
les Maléos, tandis que l’apophyse hyosternale est rudimentaire ;
la surface glénoïdale est étroite et allongée et l’apophyse sous-
claviculaire très réduite. En comparant le coracoïdien des
Mégapodndés avec celui des Cracidés (4), on constate une
grande ressemblance; dans l’une et l’autre famille en effet cet
os est très robuste, mais assez court, fortement dilaté vers le
bas, mais rétréci au niveau du tiers supérieur; du reste iloffre,
suivant les genres, des différences notables sous le rapport
des node à chez les Mégapodes il est un peu plus allongé
que chez les Ortalides, oiseaux du groupe des Pénélopes qui
ont cependant à peu près la même taille que les Mégapodes ;
chez le Maléo, il acquiert une force singulière, mais n’offre pas
en avant une crête aussi prononcée que chez les Pénélopes (5);
enfin chez les Talégalles il est à peu près aussi robuste relative-
ment que chez le Paon spicifère (6).
L’omoplate des Mégapodudés est également construite sur
le même plan que l’os correspondant des autres Gallinacés, et
ressemble particulièrement à lomoplate des Cracidés (Pene-
lope obscura) (7); elle est mince, falciforme, élargie dans son
tiers postérieur et se termine en arrière par une extrémité ar-
(1) E. Blanchard, Caractères ostéologiques des Gallides (Annales des sciences
naturelles, 4° série, t, VII, p. 96).
(2) Giebel, Zeitschrift für gesammten Ne erAG tn. 1880, 3° série,
t.4V,:p; 208,
3) À. Milne Edwards, op. cit., p. 198.
(4) À. Milne Edwards, op. cit., pl. 120, fig. 6 et 7. — H. Gadow, Journ. f.
Orn. (1877), p. 184. \
5) Giebel, loc. cit., p. 208. — Voy. aussi A. Milne Edwards, op. pe ne 120,
» 6
6) A . Milne Edwards, op. cit., pl. 120, fig. 8 et 9.
1) A. Milne Edwards, op. cit., pl. 120, fig. 14 et 15.
ARTICLE N° 5
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 45
rondie ; sa tubérosité furculaire est très prononcée, particuliè-
rement chez le Talégalle de Latham (1).
Dans ce dernier oiseau, comme chez le Megacephalon maleo
(fig. 1) etle Mégapode de Duperrey (fig. 17), l'aile est tou-
jours plus courte que la patte; le bras et l’avant-bras sont à
peu près de même longueur, ce dernier l’emportant toutefois
d’une faible quantité, et la main est extrêmement réduite (2).
Les proportions de ces diverses parties se trouvent consignées
dans le tableau suivant :
TALEGALLUS | MEGACEPHALON | MEGAPODIUS |
LATHAMI. MALEO. DUPERREYI.
m m | m
Longueur du bras.....,,,,.. 0,095 0,083 0,077
— de lavant-bras..... 0,103 0,096 0,083
— de la uMmAIN; : 605 mes 0,080 0,079 0,068
Rapport de l'aile à la patte, celle-
ci étant réduite à 100...... 80 11 90
En comparant ce tableau avec ceux que M. A. Milne
Edwards a donnés dans ses Recherches sur les Oiseaux fos-
siles (3), on voit que l'aile n’est jamais aussi réduite chez les
Mégapodidés que chez certains Faisans ou Gallides.
(1) Chez le Talégalle, dit M. Parker (loc. cit., p. 165), l’omoplate et la four-
chette sont solides, mais les coracoïdiens sont pneumatiques. Ilen est de même
chez la Poule; mais chez le Crax globicère les omoplates sont spongieuses et
renferment de l'air. D’un autre côté, M. Giebel (loc. cit., p. 208) en comparant
l'omoplate d’une Pénélope, dont malheureusement il n'indique pas l’espèce,
avec l’omoplate d’un Maléo, à trouvé des différences sensibles dans les dimen-
sions relatives de ces deux os. Suivant ce naturaliste, l'extrémité de l’omoplate
du Maléo dépassait le bord antérieur du bassin. Toutefois il n’en est pas ainsi
dans le squelette de Mégacéphalon que j'ai sous les yeux : ici comme dans un
squelette de Talégalle de Latham, ni l’omoplate ni l’humérus n’atteignent par
leur extrémité postérieure le bord antérieur du bassin, comme cela a lieu au
contraire chez une Ortalide (Ortalis vetula).
(2) Giebel, loc. cit., p. 208.
(3) Tome IH, p. 164 et 202.
16 E. OUSTALET.
L’humérus des Mégapodiidés (fig. 6, 7, 22 et 93) est un
peu moins fortement courbé en $ que celui des Pénélopes (1)
et ne paraît pas présenter, suivant les genres, de différences
notables, si ce n’est sous le rapport des dimensions. C'est
naturellement chez les Talégalles qu’il acquiert son maximum
de développement (2). La crête pectorale est épaisse, mais
moins proéminente que chez les Pintades (Numida tiarata) où
elle se recourbe parfois en forme de voûte; tandis que Îles
dépressions sous-trochantériennes sont aussi marquées que
chez ces derniers oiseaux et sensiblement plus profondes que
chez les Pénélopes (3). L’extrémité inférieure de l'os est
épaisse, le condyle radial gros et arrondi, l’épitrochlée peu
saillante; mais on remarque au-dessus de l’épicondyle une
petite saillie sus-épicondylienne représentant faiblement la
tubérosité si marquée qui existe chez les Pigeons et particu-
lièrement chez le Goura couronné (Goura coronata).
Le cubitus offre, chez le Megacephalon maleo (fig. 1) et
chez le Mégapode de Duperrey (fig. 17), une courbure un peu
plus prononcée que chez le Talégalle de Latham, et rappelle
le cubitus des Ortalides (4) et aussi celui des Pintades. Le
radius va rien de bien remarquable.
Comme chez tous les Gallinacés (5), la petite branche du
métacarpe est fortement convexe (fig. 8 et 24), ce qui donne
beaucoup de largeur à cette portion du membre antérieur;
quant à la branche principale, elle s’élargit beaucoup à son
extrémité supérieure, où la saillie radiale est très prononcée
(surtout chez le Talégalle) et où l’apophyse pisiforme est bien
distincte. L’apophyse intermétacarpienne, en revanche, est si
petite chez le Megacephalon maleo, qu'on l’aperçoit à peine
(fig. 8); elle fait même complètement défaut chez le Talégal le
(1) A. Milne Edwards, op. cit., pl. 121, fig. 17 et 18.
(2) M. Giebel a constaté que chez le Maléo l'humérus était pneumatique, de
même que le fémur (Zeitschrift für die gesammten Naturwissenschaften,
1880, 3 série, t. V, p. 206.)
(3) Voy. A. Milne Edwards, op. cit., pl. 121, fig. 18.
(4) Voy. À. Milne Edwards, op. cit., pl. 111 et 112.
(5) Voy. A. Milne Edwards, op. cit., t. II, p. 205.
ARTICLE N° 9.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 17
de Latham et chez le Mégapode de Duperrey( fig. 2%). Cette
apophyse, très développée chez un grand nombre de Galli-
nacés, et par exemple chez les Faisans, est déjà fort réduite
chez les Paons, et manque chez les Pintades, chez les Hoc-
cos (1) et chez les Pénélopes, qui ont aussi la petite branche
du métacarpe fortement courbée et qui par ces deux carac-
tères se rapprochent encore des Mégapodidés.
Vu par la face supérieure, le bassin des Mégapodiidés
(fig. 9 et 25) est proportionnellement plus large, mais offre
presque exactement la même forme que celui des Pintades ; il
diffère un peu plus de celui des Pénélopes ou des Hoccos (2),
par la disposition du sacrum qui, au lieu de s’élargir, de
s’élaler, pour ainsi dire, un peu au delà des fosses cotyloïdes,
n’augmente pas sensiblement de diamètre, ou se rétrécit même
quelque peu en ce point. [Il en résulte que les lignes de suture
latérales du sacrum et des lames ischiatiques, au lieu de des-
siner une double parenthèse, comme chez le Crax globicera
ou la Penelope obscura (3), marchent presque parallèlement
l’une à l’autre comme chez les Pintades, ou décrivent de très
fables sinuosités en s’écartant légèrement en arrière. Les
trous sacrés sont du reste oblitérés, comme chez les Cracidés,
tandis que chez les Pintades ils sont un peu apparents. Les
crêtes sus-ischiatiques sont extrêmement saillantes et moins
épaisses que chez les Hoccos et les Pénélopes ; mais, comme
dans ces deux derniers groupes, la forme des lames ischia-
tiques varie quelque peu suivant les genres et peut-être même
suivant les espèces. Aïnsi, dans le Mégapode de Duperrey
(fig. 25), les bords externes de ces lames sont régulièrement
convexes et leurs angles postérieurs sont presque effacés,
tandis que chez le Megacephalon (fig. 9) et plus encore chez le
Talégalle de Latham, ces mêmes bords, d’abord presque droits,
(1) À. Milne Edwards, op. cit., pl. 123, fig. 5, 6, 7,8 et 9.
(2) Voy. E. Blanchard, op. cit., p.99. — M. Giebel (loc. cit., p. 208) a con-
staté également que chez le Maléo la portion postcotyloïdienne du bassin est
plus étendue que chez les Pénélopes.
(3) À. Milne Edwards, op. cit., pl. 118, fig. 4 et 5.
18 E. OUSTALET.
se coudent brusquement en arrière, suivant un angle légé-
rement obtus, comme chez le Hocco caronculé (Crax carun-
culata). Dans ce dernier oiseau, le bord postérieur des lames
ischiatiques est toutefois un peu plus échancré. Gette échan-
crure est encore plus prononcée chez le Hocco globicère
(Craxæ globicera); mais les lames ischiatiques sont toujours
coupées obliquement de dehors en dedans, tandis que dans la
Penelope obscura (4) elles sont coupées presque carrément en
arrière, et que chez l’Ortalis vetula l'angle postéro-interne
est moins avancé que l’angle postéro-externe.
En considérant le bassin par sa face inférieure, on recan-
nait que les fosses rénales antérieures et postérieures ne sont
euère plus distinctes les unes des autres que chez la majorité
des Gallinacés, et ne sont jamais séparées par une sorte de
cloison formée par les apophyses transverses de deux vertèbres
sacrées unies à un prolongement des os iliaques, comme chez
les Pintades et surtout chez les Pénélopes (2).
De profil, le bassin du Talégalle de Latham ressemble beau-
coup à celui d’une Pintade (Nunida tiarata) plus encore qu’à
celui d’un Hocco (Crax globicera,Crax carunculata, etc.), les
crêtes ischiatiques étant plus nettes, plus droites, moins bom-
bées, et les ischions moins convexes en arrière; mais ces os
sont moins étroitement accolés aux branches pubiennes que
chez la Pintade que je viens de citer (3), et l’apophyse iléo-
pectinée qui se trouve immédiatement en avant de la cavité
cotyloïde est moins longue et n’est pas plus proéminente que
chez les Hoccos et les Pénélopes (4). Chez les Dindons, au
contraire, cette même apophyse est très développée. Consi-
(1) Voy. A. Milne Edwards, op. cit., t. Il, p. 187 et pl. 118. fig. 4.
(2) Voy. À. Milne Edwards, op. cit., t. IL, p. 1487 et pl. 118, fig. 31.
(3) Néanmoins dans la région moyenne les os ischiatiques et les branches
pubiennes se rapprochent assez pour fermer en arrière le trou obturateur.
M. Parker avait déjà fait remarquer (loc. cit., p. 165) que dans le Talégalle
d'Australie les pubis sont moins fortement unis au sacrum que dans la Poule
ordinaire.
(4) Voy. A. Milne Edwards, op. cit., pl. 118, fig. 3, 4, 5, et Parker, loc, cit,
p. 165,
ARTICLE N° ©.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 19
dérés sous le même point de vue, le bassin du Wegacephalon
(fig. 4) et celui du Mégapode de Duperrey (fig. 17) offrent à
peu près le même aspect. Chez le Mégapode, toutefois, les
ischions sont plus aplatis et coupés plus neltement en
arrière, les pubis relativement plus épais dans leur portion
terminale et plus écartés des ischions dans leur portion mé-
diane.
Chez les Mégapodiüdés, le fémur est courbé, avec une con-
cavité postérieure, comme chez tous les Gallinacés (fig. 10
et 26); sa longueur est toujours assez considérable, mais ne
. conserve pas dans tous les genres une valeur constante rela-
tivement à la longueur de l'os du pied (fig. 4 et 17); ainsi le
tarso-métatarsien étant compté pour 100 parties, le fémur
équivaut à 104 chez le Talégalle de Latham, à 102 chez le
Megacephalon maleo et à 100 chez le Mégapode de Duperrey.
Chez les Cracidés, les proportions de ces deux os paraissent
osciller entre les mêmes limites (4). La gorge rotulienne est
relativement un peu moins resserrée chez les Maléos (fig. 11),
les Mégapodes (fig. 27) et chez les Talégalles que chez les
oiseaux du groupe des Cracidæ; mais elle est toujours
limitée par des bords très saillants : la même disposition se
retrouve d’ailleurs aussi chez les Pintades (Nuinida tiarata).
Enfin il existe, chez les Talégalles et chez les Mégapodes, des
orifices pneumatiques, comme chez les Pénélopes proprement
dites, tandis que ces pertuis manquent chez les Hoccos et les
Ortalides (2). |
Le tibia des Mégapodüdés (fig. 1, 10, 17 et 26) est toujours
notablement plus long que le fémur et que le tarso-métatar-
sien : celui-ci étant compté pour 400 parties, le tibia équivaut
en effet à 148 chez le Talégalle de Latham et chez le Mégapode
de Duperrey, et à 156 chez le Megacephalon maleo. Comme
tous les autres os de la patte, il est extrêmement robuste, sur-
(4) Voy. A. Milne Edwards, op. cit., t. Il, p. 175, — Giebel, Zeitschrift für
gesammien Naturwissenschaften, 1880, 3° série, t. V, p. 208.
(2) Voy. À. Milne Edwards, op. cit, t. IN, p. 180 et pl. 118, fig. 10.
20 E. OUSTALET.
tout dans sa moitié supérieure (1); c’est ce dont il est facile
de s’assurer en mettant le squelette du Mégapode de Duperrey
en regard du squelette d’un Gallinacé de même taille, par
exemple de l’Ortalis vetula; les condyles arliculaires sont
allongés et séparés par une gorge profonde (fig. 13 et 29). On
voit dans celle-ci la petite dépression où s’insère le ligament
articulaire inférieur ; la gouttière où glisse le tendon de l’exten-
seur commun des doigts s'enfonce profondément sous-un large
pont sus-tendineux, comme chez les Pintades et chez les
Pénélopes (2); mais elle ne se prolonge peut-être pas tout à
fait autant sur la face antérieure et l'os que chez ces derniers
oiseaux. À l'extrémité supérieure, la crête tibiale antérieure
et la crête péronière (fig. 12 et 28) sont plus prononcées que
chez les Pénélopes.
Le tarso-métatarsien ou canon (fig. 14 et 30) est fortement
comprimé d'avant en arrière comme chez les Numididæ et
les Cracide, et présente, en avant, le même aspect que chez
les oiseaux de cette dernière famille, c’est-à-dire que sa face
antérieure est large, mais n’est point excavée longitudimale-
ment dans sa portion supérieure (3). Chez les Faisans et chez
les Dindons il existe, au contraire, dans cette région, une gout-
üère assez profonde. Versle bas du canon, la coulisse du muscle
. adducteur du doigt externe n’est que faiblement indiquée
comparativement à ce que l’on observe chez d’autres Gallina-
cés. À l’extrémité supérieure, la tubérosité intercondylienne
est naturellement très saillante et les cavités glénoïdales sont
fortement creusées, ce qui est en rapport avec la profondeur
de la gorge intercondylienne et le développement des condyles
du libia. Les faces latérales sont étroites, comme chez Îles
Cracide, et celle qui regarde du côté interne est tellement
mince dans sa partie supérieure, qu’elle figure une lame tran-
(1) Voy. Giebel, Zeëlschrift für gesammten Naturwissenschaften, 1880,
3° série, t. V, p. 208.
(2) Voy. A. Milne Edwards, op. cit., pl. 116, fig. 11.
(3) Cette légère différence a été constatée également par M. Giebel, loc. cit.,
p. 208.
ARTICLE N° 5.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 21
chante. Cet amincissement provient de lexistence, sur la face
postérieure du canon, d’une fosse profonde où s’insère Île
muscle fléchisseur propre du pouce, et qui s'étend jusqu’au
bord même de l'os. Une dépression semblable à été signalée
par M. A. Milne Edwards chez les Cracidæ (4). Chez les
Pintades le canon est aussi fortement creusé en arrière, mais
la fosse est plus longue et plus étroite, elle ne s’étend pas jus-
qu'au bord même de l’os qui reste un peu plus épais et
arrondi. Les Mégapodudés, les Cracidés et les Numididés
ne présentent aucune trace de la crête osseuse qui s’étend le
long du bord postéro-mterne du tarso-métatarsien, en pro-
longement du bord inférieur du calcanéum, et qui résulte,
d’après M. A. Milne Edwards (2), de l’ossification d’un liga-
ment aponévrotique qui continue inférieurement la surface
d'insertion des muscles gastro-cnémiens. Cette arèête est au
contraire extrêmement prononcée chez les Faisans et chez la
plupart des Gallinacés. Elle manque chez les Pigeons mar-
cheurs du genre Goura (Goura coronata) dont le canon res-
semble singulièrement à celui du Mégapode de Duperrey par
l’amincissement du bord interne, la profondeur de la fosse où
s'insère le fléchisseur du pouce, leffacement partiel de la
coulisse du musele adducteur du doigt externe, l’écartement
et l'épanouissement des trochlées digitales, ete. (3). Chez le
Goura couronné, le talon est cependant un peu plus large
que chez les Méganodudés où il occupe environ la moitié du
diamètre transversal de l’os. Gomme chez les Pintades et chez
les Cracidés, la crête interne du talon est très développée
en hauteur dans tous les oiseaux du groupe des Mégapodidés
(fig. 15 et 31), mais elle ne se continue pas inférieurement
par un prolongement osseux; la crête externe, moins saillante
que la précédente, se soude avec celle-ci pour constituer une
(1) Voy. A. Milne Edwards, op. cit. t. I, p. 172, et pl. 115, fig. 19 et 23.
(2) Op: cit, t. Il, p. 165.
(3) Tous les autres os du membre inférieur du Goura ont du reste une grande
analogie de forme avec les os correspondants d’un Mégapode, mais le sternum,
le bassin, la tête, sont construits sur un modèle tout différent.
ANN. SC. NAT., ZOOL., OCTOBRE 1879-80. X. 193. — ART. N° 4.
Ü
22 E. OUSTALET.
gouttière tubulaire, dont la paroi offre en arrière deux sillons,
un interne très marqué et un externe moins profond. Enfin,
en dehors de la crête externe, on voit une dépression limitée
extérieurement sur une ligne intermusculaire où s’insère Pab-
ducteur propre du doigt externe. Les poulies digitales sont
courtes, aplaties et écartées (fig. 16 et 32), et l’externe est
plus fortement rejetée en dehors que chez les Pintades et
même que chez les Cracidés, ce qui donne beaucoup de
largeur à lextrémité inférieure du eanon. Cette largeur est
encore augmentée, chez le Mégapode de Duperrey, par la
position de la trochlée interne qui est située à peu près sur le
même plan que la trochlée médiane, au lieu d’être rejetée en
arrière comme chez le Talégalle de Latham et chez la plupart
des Gallinacés. La poulie médiane est aussi un peu moins
allongée par rapport aux autres que chez les Pénélopes (1). Le
pouce est un peu plus développé que dans les oiseaux de ce
dernier groupe; toutefois, son métatarsien n’atteint pas tout à
fait l'extrémité de la trochlée interne (fig. 44 et 30). Ge méta-
tarsien est singulièrement large vers son extrémité inférieure ;
la phalange qui lui fait suite est également très longue et très
forte. Il en est de même de la phalange unguéale. Les doigts
antérieurs sont aussi remarquablement allongés; pour en
donner une idée, 1l me suffira de dire que le tarso-métatarsien
étant réduit à 400 parties, le doigt médian {avec la phalange
unguéale) équivaut à 79 chez le Talégalle de Latham, à 70 chez
le Mégacéphalon et à 78 chez le Mégapode de Duperrevy. Ces
doigts antérieurs ne sont pas entre eux tout à fait dans les
mêmes proportions que chez les Ortalides, les deux latéraux sont
relativement un peu plus longs, l'extrémité de la dernière
phalange du doigt externe (celle qui précède la phalange un-
guéale) correspondant au milieu de la dernière phalange du
doigt médian, et l’extrémité de la dernière phala ge du doigt
interne arrivant au niveau de l’origine de la dernière phalange
du médius (fig. 1% et 30). Les protubérances osseuses qui se
iQ
(1) A. Milne Edwards, op. cût., pl. 115, fig. 18, 19, 22 et 95.
ARTICLE N° 4.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 0e
trouvent à ia base des phalanges unguéales et qui donnent
attache aux tendons des muscles fléchisseurs perforants des
doigts et du fléchisseur long du pouce acquièrent chez les
Mégapodüdés un développement tout particulier.
Dans les deux tableaux suivants j’ai consigné les dimensions
des principales pièces du squelette de trois Mégapodiidés
appartenant à des genres différents. |
À. — DIMENSIONS RÉELLES.
u 6
un
SRE M MEN
cine Sal hate
m. nm. nm.
Longueur de la colonne vertébrale... .,... 0,424 0,564 0,280
Longuu r de la tête osseuse............. 0,091 0,100 0,078
Longueur du crâne, de la suture frontale
aù trou occipital, en suivant la
COUTRUPÉ ER. a de dee ss ms se 0,054 0,056 0,048
Largeur maximum du crâne............. 0,029 0,027 0,020
Largeur du crâne dans la région temporale.. 0,026 0,025 0,018
Largeur de l'espaceinterorbitaire dufrontal. | 0,022 0,024 0,016
Longueur de la mandibule supérieure, sui-
vant la courbure du bec........... |" :0:098 0,045 0,031
Longueur des os ptérygoïdiens........... 0,011 0,011 0,010
Longueur de la mandibule inférieure de la :
pointe à l'articulation. ......... 0,055 0,056 0,045
Longueur du sternum sur la ligne médiane. 0,091 0,095 0,065
Largeur du sternum en avant............. 0,030 0,028 0,025
_ — au milieu (maximum)... 0,056 0,050 0,040
Hauteur dusbréchet. 2.1.2 fue", 0,037 0,037 0,025
Longueur: duscoracoidien...;............ 0,062 0,064 0,043
Hauteur de 4 fourchettes 224 RU USE 0,061 0,061 0,041
LonsueurideHiomoplate:.:1........1..%: 0,081 0,081 0,062
Longueur Dé MTUMELUSS 4e à hs ooe cle 0,092 0,083 0,076
Longueur duCuMTUS 8 ere mises 0,097 0,094 0,081
Longueur JULMÉTACATPIEN. 4... eee à 0,050 0,049 0,039
Longueur du doigt principal PA dr nr À 0,03 0,030 0,029
Longueur du bassin sur la ligne médiane... 0,109 0,104 0,085
Longueur du LÉMUT SAN LORS AU NENN € 0,103 0,087 0,070
Longueur ŒUE CDI Are Rsseae do aipeim nds 0,141 0,128 0,104
Longueur UNE tATALSIENN TH. ANTEE A. dede 0,095 0,085 0,070
Longueur du doigt externe (sans la phalange
unguéale) ARR AS. a DRAUE L 0,045 0,058 0,082
Longueur du doigt médian (id.).......... 0,050 0,048 0,040
Longueur du doigt interne (10e) Ne dade 0,041 0,03 0,030
Longueur du doigt postérieur (id.)........ 0,024 0,023 0,017
2% EH. OUSTALET.
B. — DIMENSIONS RELATIVES, LA COLONNE VERTÉBRALE ÉTANT COMPTÉE
POUR 1000 PARTIES.
2 & 2
AAA eo Er
Zz 2 = à SRE
BE ÉLSTN eme
ere a à
= a E
LE
mn. mn. mm.
Longueur de la colonne vertébrale. ....... 1000 1000 1000
Longueur de la tête osseuse. 22h... 214 274 978
Longueur du crâne, de la suture frontale au
irou Occipital.4 edit 126 153 171
Largeur du crâne (maximum)........... . 68 74 74
Largeur du crâne dans la région temporale. 61 68 64
Largeur de l’espace interorbitaire du front. o1 6 57
Longueur de la mandibule supérieure sui-
vant la courbure du bec. ....... 89 120 110
Longueur des os ptérygoïdiens........... 25 90. 35
Longueur de la mandibule inférieure, de la
pointe à l'articulation... ..... 99 96 45
Longueur du sternum sur la ligne médiane. 91 D) 65
Largeur du sternum en avant...... He 70 76 89
Largeur du sternum au milieu (maximum). 132 137 142
Hauteur duibréchel LA te.é ee 87 101 89
Éonsueur du coracoidient.. le Lerr. 146 179 153
Hauteur de la fourchette......:......... 143 167 148
Écnéueurde l’omoplatest.,. 240 191 222 221
Lonosueur de l'humérus.....|.,.1. 0.0 216 228 271
Lonbueur du Cubitus:uenes lise diner. 228 258 217
Longueur du métacarpien ............... 120 134 139
Longueur du doigt principal............. 15 87 110
Longueur du bassin sur la ligne médiane... 257 285 205
Longueur du fémur. 51.1... 12... 238 239 235
longueur du tibia......... RE 208 901 907
Longueur du métatarsien. ............... 205 219 254
Longueur du doigt externe (sans la pha-
| lange unguéale):.........::. 106 104 114
1 Longueur du doigt médian (id.).......... 117 1 149
À Longueur du doigt interne (id.)........... 96 101 107
{ Longueur du doigt. postérieur (id.)........ 06 63 67
ne |
S 2. — Système musculaire.
Je n'ai que peu de chose à dire sur le système muscu-
laire des Mégapodidés. Chez le Megacephalon maleo, d’après
M.A.H. Garrocl (1), les principaux muscles sont disposés sui-
(1) A. H. Garrorl, Proceedings of the Zoological Society, 1878, p. 680.
ARTICLE N° 4.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 95
vant le plan commun à tous les Gallinacés. Le troisième
muscle pectoral ou petit pectoral est moins développé que
le second pectoral ou moyen pectoral, et n’est sans doute pas
recouvert par ce dernier, comme le dit M. Garrod, mais est
plutôt situé à côté de lui pendant une partie de son trajet. Chez
les Oiseaux en effet, le moyen pectoral part de la partie moyenne
et supérieure du sternum, tout contre le bréchet, se dirige
ensuite vers le haut en se rétrécissant, suit le coracoïdien
en dedans, passe entre la tête de cet os, la clavicule et lomo-
plate, dans une coulisse tendineuse, change de direction et se
recourbe en bas et en dehors pour venir s’insérer sur l’extré-
mité supérieure de la crête humérale au trochanter externe (1).
Le petit pectoral au contraire prend son insertion fixe plus en
dehors, sur le sternum et en partie aussi sur le coracoïdien et
sur la membrane coracoïdo-claviculaire, monte obliquement
vers la tête de l’humérus et vient s'attacher en dedans de la tu-
bérosité radiale de cet os, après avoir glissé dans une coulisse
dépendant de l’articulation.
En disséquant un Talégalle de Latham, j'ai constaté que les
muscles de la poitrine étaient disposés de cette façon, le grand
pectoral s’insérant le long de la carène sternale et sur la cla-
vicule, le moyen pectoral le long du bréchet et jusque sur Les
côtes, le petit pectoral sur le coracoïdien, ete.
Mais en examinant des sternums de Mégapode, de Talégalle
et de Maléo, j'ai pu voir aussi que les lignes qui séparent ces
muscles releveurs de l'aile, sont moins prononcées que chez
d’autres Gailinacés, et que le sillon peu profond qui existe,
chez les Faisans, sur la face interne du corps du coracoïdien,
et dans lequel passe le moyen pectoral (2), est ici presque com-
plètement effacé.
M. Garrod ayant reconnu que chez le Maléo Le muscle biceps
du bras envoie vers le haut un petit faisceau qui traverse le
patagium (c'est-à-dire le repli cutané étendu entre le bras et
(1) À. Milne Edwards, Recherches sur les Oiseaux fossiles, t. If, p. 52, pl. 4,
fig. 8 (à, f), pl. V, fig. 1 (m), pl. 9, fig. 4,°et pl. 10, fig. 2et 4.
(2) A. Milne Edwards, op. cit., t. IL, p. 198.
96 ÆE. OUSTALE.
l’avant-bras, et qui vient rejoindre le ligament tenseur de la
membrane alaire, j'ai naturellement recherché s’il existait une
disposition semblable chez le Talégalle de Latham, et je me
suis assuré que dans ce Gallinacé, le filet issu du biceps est
d’une gracilité extrème et se rend non pas au ligament margi-
nal ou fensor longus de la membrane alaire, comme chez le
Maléo, mais au ligament moyen ou fensor brevis de cette même
membrane (1). Gette observation m'a confirmé dans une idée
que j'avais à priori, à savoir, que, contrairement à l’opinion de
M. Garrod, 1l n’y à pas lieu d’attacher une grande impor-
tance à cette disposition particulière du système musculaire.
Dans son Mémoire sur lanatomie du Chauna derbiana (?),
M. Garrod avait admis en effet que l’existence du faisceau en
question entre le biceps et le tenseur marginal, était presque
toujours un indice de parenté entre les oiseaux. Or, s’il en eût
élé ainsi, ce faisceau aurait déjà dù manquer chez le Maléo,
puisque, d’après M, Garrod lui-même, il fait défaut chez les
Gracidés qui se relient d’ailleurs aux Mégapodidés par un
grand nombre de caractères.
Le musele extenseur des pennes secondaires (eæpensor secon-
dariorum), qui a été appelé par plusieurs auteurs ligament in-
férieur de l'aile, existe chez le Maléo, le Talégalle de Latham
et probablement aussi chez les autres Mégapodiidés. L'insertion
mobile de ce musele est à la base des dernières pennes secon-
daires, tout près du coude; quant à linsertion fixe, elle ne se
trouve pas au même point chez tous les Gallinacés. En effet,
dans le Coq de Bankiva, d’après M. À. Milne Edwards, l’ex-
trémité supérieure de ce ligament est une simple branche du
muscle coraco-brachial (3); au contraire, d’après M. Garrod (4),
chez certains Francolins, et chez des Gallinacés appartenant
(1) Voy. Garrod, Proceedings of the Zoological Society, 1876, pl. 14, fig. 2,
4. p. 6. — À. Milne Edwards, op. cût., pl. 9, fig. 8 et pl. 10, fig. 1. — E. Alix,
Recherches sur l'appareil locomoteur des Oiseaux, pl. 2, fig. 2, n° 4,
(2) Proceedings of the Zoological Society, 1876, p. 195.
(3) À. Milne Edwards, op. cit., t. E, p.55 et pl. 10, fig. 2, n° 5. — Voy. aussi
E. Alix, Essai sur l'appareil locomoteur des Oiseaux, p. 392.
(4) Proceedings of the Zoological Society, 1876, p. 194.
ARTICLE N° 4,
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 27
aux genres Coturniæ, Odontophorus, Ortyr, Eupsychortyx et
Numide, le tendon d’origine de ce même ligament ne remonte
pas jusqu’au coraco-brachial, mais vient se confondre avec le
bord axillaire du muscle grand rond, en envoyant parfois
quelques fibres à l’omoplate. M. Garrod pensait d'abord qu’il
en était de même chez tous les Mégapodes ; cependant il a re-
connu, à une date plus récente, que chez le Megacephalon ma-
leo le muscle extenseur des pennes secondaires part de lomo-
plate et possède un petit tendon accessoire inséré sur la
première côte (1), et de mon côté J'ai cru voir que chez le
Talégalle ce hgament est issu d’une aponévrose se rattachant au
musele sous-scapulaire, muscle qui va s’insérer sur le trochan-
ter interne de l’humérus, tout près du muscle coraco-bra-
chial (2).
Dans son Essai sur l'appareil locomoteur des Oiseaux (3),
M. le D' Alix a décrit la disposition des muscles fléchisseurs
profonds des doigts chez le Coq domestique. Le fléchisseur
commun des doigts antérieurs affecte, dit-il, la forme d’un long
faisceau charnu qui s'attache à l’espace interosseux, au péroné,
à la moitié externe de la face postérieure du tibia, et se termine
par un fort tendon plat qui passe dans le pertuis le plus intime
de la gaine osseuse du talon, et se dirige vers l'extrémité digi-
tale du métatarse pour se diviser en trois tendons qui vont se
fixer à la phalange terminale des trois doigts proprement dits.
De son côté, le fléchisseur profond du pouce part de la face
interne du condyle du fémur, s'applique contre la face pro-
fonde du fléchisseur superficiel sans cesser d’en être distinct,
el se termine par un tendon qui se place dans la gaine osseuse
du talon en dehors du tendon du fléchisseur commun, puis
croise ce dernier, en lui envoyant un certain nombre de fibres
passé le quart du métatarse, devient interne et gagne le pouce
par une branche assez grêle. Un an après le D' Alix, en 1878,
un anatomiste anglais fort habile, M. H. Garrod, à constaté
(1) Proceedings of the Zoologicat Society, 1878, p. 620.
(2) A. Milne Edwards, op. cit., t. 1, p. 55 et pl. 10, fig. 2, n°°11.
(3) Page 462.
28 5. GUSTALET.
que cet arrangement des tendons plantaires n’était point par-
ticulier au Coq domestique, mais qu'il se rencontrait aussi
chez plusieurs autres Gallinacés, tels que le Coq de Bankiva et
le Megacephalon maleo, chez une Colombe (Geopelia cuneata),
chez divers Échassiers, tels que la Foulque noire, l’Ebis rouge,
la Spatule ajaja, l'Eurypyga helius où petit Paon des roses, le
Marabout argala, le Savacou, chez deux Oiseaux de proie,
l’un diurne, le Baza huppé, l'autre nocturne, la Chouette hu-
lotte, chez un assez grand nombre de Grimpeurs, tels que FAni
à bec sillonné (Crotophaqu sulcirosiris),V Eudynamis orientalis,
le Coucou vulgaire, le Musophage violet, le Schizorhis africa-
nus, et chez quelques Perroquets américains (Ara chloroptera,
Chrysotis festiva, Chrysotis ochrocephala) (1). Chez le Coq de
Bankiva, dit M. Garrod, le ligament qui rattache le fléchisseur
du pouce au muscle fléchisseur perforant des doigts, est tou-
jours dirigé obliquement de haut en bas. Il résulte de là que
si le tendon du fléchisseur perforant des doigts est seul tiré
vers le haut par la contraction du muscle, les trois doigts an-
térieurs sont seuls fléchis, tandis que si le fléchisseur long du
pouce entre en Jeu, non seulement ce doigt, mais encore les
trois autres sont simultanément repliés.
Chez les vrais Passereaux au contraire, le tendon du muscle
fléchisseur perforant des doigts et celui du fléchisseur long du
pouce sont indépendants l’un de l’autre (2), tandis que chez
le Calao rhinocéros, la connexion est encore plus intime que
chez le Megacephalon et le Coq de Bankiva, les tendons des
deux museles étant confondus sur une partie de leur trajet (3).
Beaucoup d’autres modes d’arrangement intermédiaires en
quelque sorte entre ces deux extrèmes, ont été signalés par
M. Garrod, soit chez les Rapaces diurnes, soit chez les Momots,
soit chez les Barbus, mais je n’ai pas à insister 1c1 sur ces par-
ticularités dont il ne faut point exagérer l’importance. Je ferai
remarquer seulement que, dans le cas des Passereaux ordi-
(1) Proceedings of the Zoological Society, 1875, p. 342 et suiv.
(2) Garrod, loc. cit., p. 347, fig. 9.
(3) Garrod, loc. cit., p. 342, fig. 4.
ARTICLE N° #4
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 29
naires, la flexion des doigts antérieurs et celle du pouce sont
indépendantes, que chez le Calao rhinocéros au contraire, ces
deux mouvements ne peuvent s'effectuer isolément, etqu’enfin,
chez le Megacephalon les doigts antérieurs peuvent agir à vo-
lonté, soit de concert avec le pouce, soit en dehors de lui. Cette
disposition des tendons plantaires indiquée par MM. Alix et Gar-
rod chezle Coq, chez le Megacephalon et chez un certain nombre
d’autres oiseaux, je l’airetrouvée chez un autre représentant de
la famille des Mégapodudés, chez le Talégalle de Latham, et je
suis disposé à admettre que, au moins chez les Gallinacés de
ce groupe, elle a pour but de permettre à l'oiseau de se servir
tour à tour de ses trois doigts antérieurs seulement pour grat-
ter la terre, ou de ces doigts réunis au pouce pour se percher
en saisissant plus solidement une branche.
Dans d’autres dissections (4), M. À. H. Garrod a également
retrouvé chez de nombreux Gallinacés parmi lesquels il cite le
Talégalle de Latham et le WMegacephalon maleo, un certain
nombre de muscles qui appartiennent à la région supérieure
du membre inférieur et qui, pour la plupart, ont leurs ana-
logues chez les Mammifères supérieurs. Ces muscles, qui
n’existent pas tous chez les divers représentants de la classe
des Oiseaux, et qui peuvent fournir peut-être certains carac-
tères utiles pour la classification, sont le muscle ambiens, le
fémoro-caudal et son accessoire, le demi-tendineux et son ac-
cessoire et le tenseur du fascia lata.
Le muscle amnbiens de Sundevail manque probablement chez
les Mammifères. Il prend son insertion immédiatement en
avant de la cavité cotyloïde, sur l’apophyse iléo-pectinée qui,
sans être aussi développée que chez les Faisans, est néanmoins
bien distincte chez les Mégapodidés. De là, ce muscle passe
sur la surface ou en dedans du crural interne et se termine par
un tendon qui glisse transversalement dans une coulisse
fibreuse sur le tendon rotulien, descend obliquement sur la
(1) Voy. A. H. Garrod, Proceedings of the Zoological Society, 1873, p. 640,
et 1878, p. 630.
30 E. OUSTALET.
face externe du péroné et vient se terminer dans la tête externe
de la couche profonde des fléchisseurs superficiels 4). L’am-
biens a été assimilé par Meckel et par Cuvier au muscle droit
antérieur de la cuisse (rectus anticus), par M. Owen au con-
traire au muscle pectiné des Mammifères.
Il manque, d’après M. ie D" Garrod (2), comme d’après
M. le D' Alix, chez les Rapaces nocturnes, chez beaucoup de
Perroquets, chez les Passereaux proprement dits, chez les
Hérons, chez les Pigeons marcheurs du genre Goura et chez
les Colombes terrestres nommées Geopélies (Geopelia), chez
les Grèbes, chez les Casoars, etc. Suivant la plupart des au-
teurs, ce muscle fait fléchir les doigts lorsque le genou vient à
être ployé, par exemple lorsque l’oiseau se perche sur une
branche (3); sa présence chez les Mégapodidés est par consé-
quent d'accord avec ce que nous savons des habitudes de ces
Gallinacés, qui d’une part se retirent sur les arbres, soit pour
dormir, soit pour échapper au danger, et de l’autre ont sou-
vent besoin de fléchir fortement les doigts antérieurs pour
gratter la surface du sol.
Le muscle fémoro-caudal de M. Garrod est le cruro-coccy-
gien de Vicq-d’Azyr et de Tiedemann, le fémoro-caudal de
Cuvier, le pyramidal de Meckel, le fémoro-coccygien du
D' Alix ; 1l s'attache d’une part aux apophyses transverses des
dernières vertèbres coccygiennes et de l’autre à la ligne âpre
du fémur, sur un tiers de la longueur de cet os environ. Chez
beaucoup d'oiseaux, et en partie chez les Gallinacés, il est ren-
forcé par un faisceau charnu (fémoro-caudal accessoire),
allant de la crête iléo-ischiatique et du bord postérieur de lis-
chion à la ligne âpre, un peu au-dessus de la tête du fémur.
Ge muscle, dit le D° Alix (4), agit à la fois sur la cuisse qu'il
ramène en arrière et sur la queue qu’il tire vers le bas : « Vicq-
(1) Voy. E. Alix, Essai sur l'appareil locomoteur des Oiseaux, 1874, p. 443.
(2) À. H. Garrod, loc. cit., p. 630 et suiv.
(3) Owen, Anatomy of Vertebrates, t. I, p. 107. — G. Colin, Trailé de
physiologie comparée des animauæ, 1871, t. 1, p. 378 (Accessoire fémoral).
(4) Op. cil., p. 438. ,
ARTICLE N° 4.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 931
d'Azyr lui attribue la dépression de la queue qui se produit
dans certains oiseaux quand on les force de courir plus vite
qu'à ordinaire. » Si tel est l’usage de ce muscle, il n’est pas
étonnant de le trouver bien développé chez les oiseaux qui,
comme les Tétras, les Francolins, les Faisans, les Hoccos, les
Pénélopes, les Mégapodes et les Talégalles, balayent le sol avec
l'extrémité de leurs plumes caudales, soit lorsqu'ils s’enfuient,
soit lorsqu'ils se pavanent autour de leur femelle. Au contraire,
on pourrait s'attendre à priori, à le voir manquer chez des
Gallinacés tels que les Paons et les Dindons, qui font la
roue en redressant leurs rectrices et chez lesquels les mus-
cles élévateurs de la queue ont au contraire beaucoup de
force.
Le muscle demi-tendineux prend son insertion, chezles Gal-
linacés, sur les apophyses transverses de la première vertèbre
caudale et sur la membrane fibreuse qui rattache cette ver-
tèbre au bord inférieur de liléon; il se porte ensuite vers la
jambe en couvrant les fibres initiales inférieures du tenseur du
fascia lata et va se fixer par un tendon plat sur le bord interne
de la tête du tibia ; mais peu de temps auparavant, il reçoit un
faisceau accessoire partant de la crête postcotyloïdienne et
s'attachant aussi au bord interne du fémur, non loin de la tête
de ce dernier os. En se contractant, ce muscle doit déterminer
la flexion de la jambe. Un muscle correspondant au grand
fessier des Mammifères a été signalé par M. Garrod chez le
Megacephalon maleo, et existe bien certainement chez tous les
Mégapodndés, où 1l doit s'attacher, comme d'ordinaire, au
moyen d’une aponévrosesur la crête iliaque supérieure (4) ; ses
fibres forment sans doute, comme chez d’autres oiseaux, un
plan charnu triangulaire qui s'insère par un tendon sur la face
externe du fémur, un peu au-dessous du trochanter, ou qui
se prolonge jusque vers le tibia, en se confondant plus ou
moins avec le vaste externe (2). M. Owen range le muscle
(1) Voy. A. Milne Edwards, Recherches sur les Oiseaux fossiles, t. 1, p. 99,
et pl. 9, fig. 1. — Owen, Anatomy of Vertebrates, t. I, p. 100.
(2) Alix, Essai sur l'appareil locomoteur des Oiseaux, p. 459.
32 E. OUSTALET.
grand fessier des Oiseaux parmi les muscles abducteurs et élé-
vateurs du fémiur (4).
Chez le Magacephalon maleo loblurateur mterne (2) est de
forme triangulaire; quoique M. Garrod ne fournisse aucun
renseignement à cet égard, on est en droit de penser que ce
muscle, issu du bord postérieur de l’échancrure ischio-
pubienne et rattaché d'autre part au bord postérieur du grand
trochanter, est au moins aussi développé que chez d’autres
Gallinacés afin de faciliter les mouvements d’abduction de la
cuisse.
Enfin, d’après M. Garrod le musele qui correspond chez les
Gallinacés au tenseur du fascia lata des Mammifères prend son
origine sur le bord postérieur de la fosse iliaque, et sur une
crête située en arrière de la cavité cotyloïde et, sous la forme
d'une lame qui va en se rétrécissant par suite de la conver-
gence de ses fibres, il va s’insérer sur le devant de la tête du
tibia; dans cette portion terminaleil se confond en partie avec
le vaste externe pour produire le tendon aplati qui recouvre le
genou. Chez les Mammifères, ce musele s'attache d’un côté au
bord externe de l’iléon; par sa contraction il détermine donc la
flexion du fémur en soulevant le membre postérieur tout en-
er, chez les Gallinacés au contraire, où ses fibres se dirigent
en sens inverse, 11 doit plutôt tirer l'os de la cuisse en arrière ;
chez les Mégapodidés en particulier, il entre probablement en
Jeu quand l’animal gratte le sol avec sa patte.
$ 9. — Appareil digestif.
L'appareil digestif des Mégapodidés est construit sur le
mème plan que celui de [a plupart des Gallinacés. Chez le We-
gacephalon maleo, qui a été disséqué par M. Garrod (4), la
(4) Loc. cit., p. 100.
(2) M. Alix appelle ce muscle obturateur externe, le considérant, en dépit de
sa position, comme le représentant de l’obturateur externe des Mammifères.
(3) A. Milne Edwards, op. cit., t. Il, p. 40 et 41, pl. 8, fig. 8 et pl. 9, fig. 2.
(4) Proceedings of the Zoogical Society, 1878, p. 629 et suiv.
ARTICLE N° 4.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODHDÉS. 33
langue est simple et charnue; 11 y à un jabot bien développé,
situé entre les branches largement écartées de la fourchette; le
ventricule succenturié est cylindrique, le gésier trèsmusculaire;
l'intestin grêle mesure environ 1°,40; les cæca 014, et le
gros Intestin 0,195.
La première partie du tube intestinal équivaut donc chez
le Maleo à un peu plus de deux fois la longueur totale du corps
celle-ci étant de 0,625 environ; quant aux cæca, ils sont
proportionnellement beaucoup plus courts que dans la Poule
commune où ils atteignent le + de la longueur du corps; et se
rapprochent par leurs faibles dimensions des cæca de la Pe-
nelope Guan (1).
Chez les Mégapodes d'Australie dont M. Gould a examiné les
viscères (2), le gésier avait également des parois épaisses et
musculeuses, l'intestin grêle, du calibre d’une plume d’oie,
était étranglé de distance en distance et mesurait 0",86 de
long; il était par conséquent dans les mêmes proportions,
par rapportà la longueur totale de l'oiseau, que chezle Meqa-
cephalon maleo; mais les cæca, d’un faible diamètre, étaient
relativement encore moins développés que dans cette dernière
espèce puisqu'ils n'avaient que 0,12, c’est-à-dire un quart
environ de la longueur du corps.
Dans son Mémoire déjà cité sur l’ostéoloqie des Gullinacés
et des Tinamous (3), M. W.K. Parker a donné, 11 y a déjà
plusieurs années, quelques renseignements sur les viscères du
: Talegallus Lathami. Il a reconnu que dans un individu de cette
espèce le tube digestif était bien développé, l’œsophage allongé,
le ventricule succenturié garni de petites glandes simples et
ovoides comme chez les Râles, et non de glandes ramifiées
comme chez la Poule ou le Tétras, que le gésier était épais
comme chezles autres Gallinacés, la vésieule bihaire ample, et
que la membrane muqueuse qui tapisse les cæca, n’offrait
(1) Voy. Owen, Anatomy of Vertebrates, t. I, p. 171. — Gadow, Journ.
f. Ornith. (1877), p. 187.
(2) Gould, Brids of Australia (1818), Megapodius tumulus (M. Duperreyi).
(3) Transactions of the Zoological Society, 1864, t. V, p. 166 et 167.
34 EH. OUSTALET.
point ces plis longitudinaux qu’on sense chez les Syrrhaptes
et les Lagopèdes.
Enfin ce savant anatomiste en mesurant, chez le même
oiseau, les diverses parties du tube digestif et ses annexes, a
obtenu un certain nombre de dimensions dont je me bornerat
à indiquer iles principales, en réduisant leur valeur en mètres
et millimètres :
Longueur totale du tube digestif depuis le pharynx
jusqu'à l'extrémité du clodque.s.s...sess...n. 1,750
Longueur de l’œsophage, du pharynx au gésier. ., .. 0,305
Longueur de la portion du tube œsophagien comprise
entre le pharynx et le jabot.......... LE 0,100
Diamètre moyen de cette portion du tube œsophagien. 0,017
Longueur du jabot::,.) 4. Rice Enter euees 0,067
Diamétre :moyendu JAbOt: 52155 247..mte nose 0.051
Grand diamètre du gésier.. fs. .4:412 tisane. 0,050
Petit diametrés dev naissent nt + 0,038
Diamètre du ,duodénum...ss. 1e sde se ense: 0,011
—.. de l'iléon.....:...: RER A RL «ra MOUUS
Longueur d'un CæCum. 2:17: 212 théatre 0,111
Lil dél'auirent, En Es LEMENN AS LARGES T0 0,108
Diamètre moyen de ces tubes........... seb be 0,017
Longueur du gros intestin et du cloaque réunis..... 0,127
Diametre du SOS ANtes lise ne ace etes 0,015
= + du‘cloique......se "tft Mu TMS LUNA 0,025
Chez un Talégalle d'Australie dont j'ai fait lautopsie, les
parois du gésier étaient également très musculaires et attei-
gnaient sur Certains points 2 centhnètres d'épaisseur; les
graines contenues dans cette poche étaient entremêlées d’un
grand nombre de petits cailloux quartzeux. L’intestin mesurait
4%,35 de long, et offrait les mêmes dimensions relatives que
dans les Mégapodes d'Australie ou dans les Maléos, la lon-
oueur totale du corps du Talégalle pouvant être évaluée à
0,65. En revanche les cæca étaient encore plus courts que
dans les oiseaux examinés par M. Garrod et par M. Gould; ces
tubes aveugles n'avaient en effet que 0",43, soit 4 de la lon-
eueur de l'individu. Le foie était très volumineux, bilobé, et
la vésicule du fiel, distendue, avait à peu près la grosseur d’un
ARTICLE N° 4.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 39
grain de café. M. le D' Crisp avait déjà constaté (1) que dans
cette espèce le réservoir biliaire est ovoïde et contient environ
3 drachmes (55°,31) de liquide.
Enfin les reins du Talégalle de Latham sont d’un brun rouge
et multilobés.
$ 4. — Système circulatoire.
Il existe, d'après M. Garrod (2), chez le Talégalle de Latham
et chez le Megacephalon maleo, une particularité curieuse
déjà signalée chez plusieurs espèces appartenant à des groupes
différents et que l’on constatera sans doute aussi chez d’autres
représentants de la famille des Mégapodudés : ces oiseaux
n’ont qu'une seule carotide, celle du côté gauche; ce caractère
leur est commun avec une espèce de Turmicidé (Hemipodius
tachydromus), tandis que tous les autres Gallinacés examinés
par M. Garrod, les Gangas, les Tétras, les Faisans, et les Cra-
cidés eux-mêmes ont deux carotides.
$ 5. — Appareil respiratoire.
M. A. H. Garrod a publié récemment une figure de la trachée-
artère du Maléo; ce tube présente, dans sa portion inférieure,
une disposition qui n’a été signalée jusqu'ici chez aucun autre
Gallinacé. A l'anneau terminal qui offre une triple ouverture
se soude de chaque côté le premier demi-anneau bronchique.
Mais celui-ci s'élève considérablement de chaque côté, sous la
forme d’un lobe arrondi. En outre le dernier anneau trachéen
est largement uni en arrière avec le pénultième sur la ligne
médiane; mais de chaque côté de cette bande de Jonction il
offre une languette cartilagineuse qui monte verticalement de
son bord supérieur. Les museles sterno-trachéens sont faibles,
elles muscles intrinsèques s’étalent en lames minces qui cou-
vrent presque entièrement le tube aérifère et se terminent sur
(1) Étude sur la vésicule biliaire chez les Vertébrés (Proceedings of the
Zoological Society, 1862, p. 137).
(2) Proceedings of the Zoological Society, 1873, p. 9 et 468, et 1878,p. 650-
(3) Proceedings of the Zoological Society, 1878, p.630, fig. a et b.
36 E. OUSTALET. |
la surface externe du premier demi-anneau bronchique et
dans la membrane semi-cartilagineuse située entre cel anneau
incomplet et l'anneau suivant
La présence de muscles bréncho-trachéens servant à modi-
fier la longueur et la tension des tubes bronchiques et à élargir
le diamètre du larynx inférieur, avait du reste déjà été signalée
par M. Owen et par M. Parker chez le Talégalle d'Australie (1),
et citée parmi les caractères qui éloignent cet oiseau des Vau-
tours et qui lui assignent une place dans lordre des Gallina-
cés (2). L'existence de ces muscles, ajoutait M. Owen, concorde
avec les renseignements fournis par M. Gould relativement à
la voix des Talégalles.
Dans le Talégalle de Latham (mâle) que j'ai disséqué, la par-
lie inférieure de la trachée n’était pas construite tout à fait sur
le même modèle que celle du Maléo et différait également à
plusieurs égards des trachées de Paon, de Perdrix, de Faisans,
de Tétras, de Pénélopes, etc., figurées par Temminck (3) ou
par M. Garrod (4). D'un côté, l’avant-dernier anneau trachéen,
au lieu de se souder avec l’anneau suivant, sur la ligne mé-
diane, comme chez le Maléo, en restait indépendant et ne
s’infléchissait pas sensiblement à son bord inférieur, et le der-
nier anneau s’avançait sous la forme d’une languette obtuse
assez large dans l’écartement des troncs bronchiques, diver-
gents dès l’origine; de l’autre côté enfin, ce même anneau n’of-
frait point, à son bord supérieur, les languettes cartilagineuses
qui ont été indiquées par M. Garrod chez le Megacephalon (5).
(1) Owen, Proceedings of the Zoological Society, 1840, p. 112. -— Parker,
loc. cit., p.167.
(2) Les muscles laryngiens inférieurs n'existent pas cependant chez tous les
Gallinacés ; ils manquent, d’après M. Parker, chez les Lagopèdes, les Dendror-
tyx ; mais ils peuvent être observés chez les Syrrhaptes, les Pigeons, etc.
(3) Temminck, Histoire naturelle des Gallinacés, 1813-1815, pl. 1 et suiv.
(4) Garrod, Proceedings of the Zoological Society, 1879, p. 355 et suiv.
(5) Garrod, Proceedings of the Zoological Society, 1878, p. 630, fig. b. —
Voyez aussi les détails sur la structure de la trachée chez les Cracidés publiés
par M. I. Gadow dans le Journ. für Ornith. (1877), p. 189.
ARTICLE N° 4.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 94
$ 6. — Système tégumentaire.
On sait que Nitzch a montré, il y a fort longtemps (1), que
l’on pouvait trouver certains caractères de classification dans
le mode d'implantation des plumes à la surface des téguments ;
aussi, dans ces dernières années, un assez grand nombre d’oi-
sceaux ont-ils été examinés à ce point de vue; mais comme la
disposition des plumes, la péérylose, ne peut être nettement
distinguée que sur des oiseaux en chair et morts récemment, il
n’est pas étonnant qu’elle soit très imparfaitement connue chez
les Mégapodes proprement dits. Nitzch ayant eu entre les
mains un Megapodius rubripes (M. Duperreyi?), a constaté
que dans cette espèce les bandes de plumes offraient le même
aspect que dans les représentants des familles voisines, et que
la glande coccygienne était couverte de plumes (2). M. Garrod
a fait de la ptérylose du Maléo une étude plus complète (3).
Dans cet oiseau, dit-il, la surface antérieure du cou est assez
parcimonieusement revêtue de plumes qui se partagent, seule-
ment au niveau de la fourchette, en deux bandes pectorales
distinctes; celles-ci descendent en conservant une largeur
uniforme jusqu’au niveau de la carène sternale, où elles se
terminent chacune par une extrémité obtuse. Les bandes
ventrales manquent sur la partie tout à fait supérieure ou
antérieure de la région pectorale, mais elles commencent
légèrement au-dessous, vis-à-vis du milieu de la carène ster-
nale, de sorte qu’elles n’arrivent pas en contact avec les bandes
pectorales; elles se dilatent dans la région abdominale, et
descendent parallèlement l’une à Pautre jusque dans le voi-
sinage de l’anus, où elles se confondent en une seule bande. La
ligne que chacune d’elles suit sur l'abdomen fait un angle de
(1) Nitzch, Pterographische Fragmente, in Voigls Magazine (1806), XT,
p. 393 à 418. — Pterographia avium (1833). — System der Pterographia, édit.
H. Burmeister (1840).
(2) Cette glande, formée de deux glandes accolées, sécrète une graisse cireuse
dont l’oiseau se sert pour,lubrifier ses plumes.
(3) Proceedings of the Zoological Society (1878), p. 629 et 630.
ANN. SC. NAT., ZOOL., NOVEMBRE 1879-80. X. {4.— ART. N° 4.
30 E @USTALE®.
25 degrés environ àvec la direction de la bande pectorale. Sur
la carène sternale et sur la ligne médiane de l'abdomen, la peau
est dure et écailleuse. La bande hypoptérale est peu déve-
loppée. ; :
Sur le dessus du cou règne une forte bande de plumes qui
suit la ligne médiane et qui est limitée de chaque côté par un
espace nu. Cette bande ne se dilate point et ne se bifurque
pas en arrière, mais est brusquement interrompue un peu en
dessous des articulations scapulaires. Sur le bas de la région
scapulaire et sur le croupion, la bande dorsale est mal définie;
elle cesse un peu avant d'atteindre la glande coccygienne, qui
est, par conséquent, à découvert. L'espace éphippial manque,
et la bande lombaire n’est bien développée qu'au-dessus de la
tête du tibia et un peu en arrière. La bande humérale n’offre
rien de particulier. M. Garrod a compté 16 rectrices, 9 rémiges
primaires et 16 pennes secondaires : parmi celles-ci, la pre-
mière et la deuxième sont notablement plus courtes que les
pennés suivantes. Les plumes du duvet sont régulièrement
distribuées; elles n’ont qu’une faible tige secondaire, et n’of-
frent point (à l'exception de quelques-unes des plus petites de
renflement sur le rachis.
La ptérylose du Falégalle de Latham m'a paru presque exac-
tement semblable à celle du Maléo. Chez le Talégalle, la bande
antérieure du cou se subdivise également en deux bandes laté-
rales qui descendent de chaque côté de la poitrine en conser-
vant une largeur uniforme, et qui se terminent, presque en face
de l'angle supérieur du bréchet, par une extrémité obtuse. Un
peu plus bas commencent les bandes ventrales, qui, après avoir
marché parallèlement, deviennent confluentes dans la région.
anale ; sur le dessus du cou règne une bande qui est limitée de
part et d'autre par un espace dénudé, et-qui s’interrompt brus-
quement au niveau des épaules; enfin, sur le croupion, on
remarque une bande ou plutôt une plaque ovoïde, s’arrêtant
en arrière un peu au-dessus de la glande coccygienne, qui est
bien développée et se trouve à découvert comme chez le Maléo.
Sur cette plaque s’insèrent des plumes floconneuses, à rachis
ARTICLE N° 4.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 39
légèrement aplati, et munies d’une plumule accessoire, à tige”
crôle, plumes qui, par leur aspect et leur nature, contrastent
fortement avec celles de la région dorsale antérieure. Enfin
J'ajouterai que, chez ce mème Talégalle, j'ai compté 9 pennes
primaires, 14 pennes secondaires et 18 rectrices.
II. — RELATIONS DES MÉGAPODIIDÉS AVEC LES : AUTRES
GROUPES ORNITHOLOGIQUES. — SUBDIVISIONS GÉNÉRIQUES
DE CETTE FAMILLE.
Tous les naturalistes sont d'accord aujourd’hui pour rap-
procher les uns des autres les quatre genres Lerpoa, Megace-
phalon, Talegallus et Megapodius, pour constituer un groupe
naturel dépendant de l’ordre des Gallinacés ; mais il n’en a
pas toujours été ainsi, et, comme J'aurai Poccasion de le dire
plus loin en traitant spécialement des genres Talegallus et
Megapodius, certains de ces oiseaux ont été tour à tour rap-
prochés des Rapaces, des Échassiers ou des Passereaux. Les
véritables affinités des Talégalles et des Mégapodes avaient
déjà été pressenties par MM. Quoy et Gaimard (1); mais elles
furent mieux établies par M. Owen, qui eut l’occasion,
en 1840, d'examiner un squelette de Talégalle de Latham,
présenté par M. Gould à la Société zoologique de Londres, et
qui prouva que M. Swainson avait eu tort de considérer pri-
mitivement son A/ectura comme un Vulturidé (2).
« En comparant, disait M. Owen (3), la charpente osseuse
du Talégalle avec celle des autres olseaux, on voit qu’elle
présente tous les caractères essentiels des Gallinacés, et
qu’elle ressemble particulièrement à celle des Penelope et des
Crax parmi les Rasores. Dans tous les points principaux, il y a
concordance entre les squelettes de ces trois types ornitholo-
giques; les différences ne portent guère que sur les dimensions
des os, tandis qu’en examinant comparativement des sque-
(1) Voyage de l’Astrolabe (1830), Zoologie, t. I, p. 240, et Atlas, pl. XXV.
(2) Voyez ci-après, genre Talegallus.
(3) Proceedings of the Zoological Society (1840), p. 112.
40 E. OUSTALET.
lettes de Raptores, et particulièrement de Vautours, on con-
state des dissemblances extrèmement frappantes. »
D’après M. Owen, ces dissemblances apparaissent surtout
dans la conformation des vertèbres, du sternum, de la four-
chette, des os de l'aile, de la mandibule inférieure, ces diffé-
rentes parties étant, comme je l'ai mdiqué plus haut, con-
struites sur le même plan que chez les Cracidés.
Dès l’année suivante, M. G. R. Gray (1), tirant part de
l'étude faite par M. Owen et des observations recueillies par
M. J. Gould, établit dans l’ordre des Gallinacés ou Gallinæ
une famille des Megapodiide, venant immédiatement après
celle des Cracidæ et précédant celle des Phasianide. Ces Meqa-
podiidæ comprenaient, pour M. Gray, les genres : 4. Talegallus
(Lesson), 2. Leipoa (Gould), 3. Megapodius (Quoy et Gaimard),
4. Mesites (S. Geoffroy), et 5. Alecthelia (Lesson).
Un peu plus tard, en 1849, le même auteur, dans le Genera
of Birds qu'il publia en collaboration avec M. Mitchell (2),
modifia quelque peu l’arrangement systématique des WMegapo-
dde. les subdivisa en deux sous-familles : 1° lesTalegalline,
au bec de longueur médiocre, mais robuste, avec le culmen
relevé à la base, convexe du côté de la pointe, qui est obtuse,
les côtés de la mandibule supérieure comprimés, les bords
recourbés et la portion angulaire peu développée et dessinant
une ligne ascendante; 2° les WMegapodiinæ, au bec médiocre
et assez. faible, avec le culmen déprimé dans sa portion basi-
laire, légèrement convexe dans la portion apicale, qui est
allongée, les côtés comprimés, la portion angulaire dessinant
une ligne courbe et un peu ascendante.
Dans la première subdivision, celle des Talegallinæ, prirent
place les genres Talegallus et Megacephalon ; dans la seconde,
les genres Megapodius (Alecthelia) et Leipoa; et tout à la fin
se trouva relégué le genre Mesites, qui, du reste, n’aurait pas
dù être rangé parmi les Gallinacés. Mais cette classification
(4) List of Genera of Birds (1841), p. 76.
(2) Genera of Birds (1846), t. IT, p. 488 et suiv.
ARTICLE N° 4.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIDÉS. 41
était un peu artificielle, puisqu'elle ne reposait que sur la
forme du bec; et si M. Gray avait choisi un autre caractère,
par exemple la longueur de la queue, ou le développement des
pattes, ou l’aspect du plumage, 1} serait certainement arrivé à
un autre résultat. Les Leipoa, qui ont le bec assez grèle et la
tôte huppée comme les Mégapodes, ont en effet des allures et
un plumage tout différents; ces derniers oiseaux ressemblent
aux Rallides; les Leipoa, au contraire, ont la livrée d’un
Tétras et les formes générales d’un Pigeon. De même, les
Megacephalon où Maléos ont le bec épais et le cou dénudé
comme les Talégalles, mais 1ls ont la queue moins longue et la
tête surmontée d’un casque rappelant celui de certains Cracidés
ou de certaines Pintades. Du reste, en s'appuyant aussi sur des
caractères extérieurs, le prince Ch. Bonaparte fut conduit plus
tard à proposer un autre mode de répartition des genres de
Megapodiidæ (1). Admettant, comme M. Gray, deux sous-
familles, celle des Megapodiine et celle des Talegallinæ, À mit
dans la première les genres Megapodius, Alecthelia (2) et Me-
gacephalon ; dans la seconde, les genres Leipoa, Gatheturus (3)
et Talegalla. Je crois donc qu’au lieu de grouper deux à deux
les quatre genres qui constituent la famille naturelle des Mega-
podde, 11 vaut mieux les considérer comme quatre types
parallèles.
Dans son Tableau des Gallinacés, le prince Ch. Bonaparte
ne se contenta pas de subdiviser les Megapodüdeæ en groupes
secondaires ; il les réunit à quatre autres familles : Mesitide,
Rollulide, Numaidide et Meleagridæ, pour former une pre-
mière tribu des Gallinæ qu'il nomma Passeraceæ. D'un autre
côté, 1l composa, avec les deux familles des Cracidæ et des
Penelopide, la première cohorte d’une deuxième tribu, celle
des Gallinaceæ, qui renferma en outre les Pavonidæ, les Pha-
sianidæ, les Thinocoride, les Pteroclide, les Tetraonide, les
(1) Gallinarum conspectus systematicus (Comptes rendus de l'Acad. des
sciences (1856), t. XLII, p. 876, fam. n° 2).
(2) Genre fondé sur un jeune Megapodius.
(3) Genre établi par Swainson, pour le Talégalle de Latham.
42 E. OUSTALET.
Perdicidæ et les Tinamidæe. Ge fut là, assurément, une tentative
de classification malheureuse, et l’on est forcé de convenir
que, dans cette circonstance, Ch. Bonaparte ne montra point
cette justesse de coup d’œil qu'il apportait d'ordinaire dans ses
travaux ornithologiques. Il est évident d’abord que, par l’as-
pect extérieur et par les allures, les Talégalles, les Megacepha-
lon, les Pintades et les Dindons ne méritent guère le titre de
Passeraceæ ou de Passerigalles, c’est-à-dire de Gallinacés à
formes de Passereaux, et qu'ils sont tout aussi franchement
Gallinacés que les Hoccos, les Pénélopes, les Dimdons, les Faï-
sans, etc. En outre, si le prince Bonaparte avait eu l’occasion
d'étudier la structure intime de ces divers membres de l’ordre
des Gallinacés, il n’eût certainement pas mis dans deux tribus
différentes les Cracidés et les Mégapodidés, puisque, comme
je lai déjà dit, 1l n°y a, au point de vue ostéologique, que de
faibles dissemblances entre ces deux familles. Assurément
aussi le savant ornithologiste n'aurait point compris la famille
Rollulidæ dans la même tribu que les Megapodiide, et à plus
forte raison il ne l’eût point intercalée entre ces dermiers
oiseaux et les Nuñaidide. Par la conformation de leur ster-
num et de leur bassin, les Rollulidæ ou Roulrouls ressemblent
beaucoup, en effet, aux Perdrix, et n’ont point d’analogie avec
les Mégapodes n1 avec les Pintades. Enfin, M. Alph. Milne
Edwards à reconnu récemment que les Mesites ne sont ni des
Gallinacés n1 des Pigeons, comme le pensaient J. Geoffroy
Saint-Hilaire et le prince Gh. Bonaparte; que ce ne sont pas
davantage des Passereaux, comme le supposaient Gray, Sun-
devall et Hartlaub, mais qu'ils doivent prendre place parmi
les Échassiers, et former dans cet ordre une famille voisine
de celle des Râles et de celle des Hérons (1).
Dans son Mémoire sur la détermination de quelques Oiseaux
fossiles et sur les caractères ostéologiques des Gallides, publié
en 1857, M. le professeur Blanchard fit mention, en passant,
(4) Voyez A. Milne Edwards, Comptes rendus de l’Acad. des sciences
(22 avril 1876), et Annales des sciences ncturelles, 6 série, t. VIT, art. n° 6.
Voyez aussi E. Bartlett, Proceedings of the Zoological Society (1877), p. 292.
ARTICLE N° 4.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 43
des Mégapodiidés, mais n’indiqua qu'avec une grande réserve
la position que ces animaux doivent occuper dans la classifi-
cation, n'ayant pas eu entre les mains les éléments nécessaires
pour en faire une étude approfondie (1). « Les Alectors (Cruæ,
Urax, Penelope) forment, dit M. Blanchard, une division cor-
respondant comme valeur à celle des Tétras, et caractérisée
nettement par la forme de la tête, du sternum et du bassin. Ils
ont certains rapports avec les Tétras et offrent aussi dés affi-
nités avec les Colombides. Quant aux Gallides océaniens, tels
que les Mégapodes et les Talégalles, ils paraissent constituer
un autre groupe se rattachant à celui des Dindons et des
Pintades par l'intermédiaire des Paons. »
Puis, en 1862, M. W. K. Parker, traitant de l’ostéologie des
Gangas, Syrrhaptes € et Tmamas (2 ), fut conduit à re inCi-
demment du groupe qui m'occupe.
€ L'habitude, dit-il, qui à valu à l’ordre des Gallinacés le
nom de Aasores (3), est, chose singulière, portée à son plus
haut degré de développement, non chez les espèces typiques,
mais chez certains Gallinacés, moins bien caractérisés, qui
sont répandus aux Philippines;sen Australie et sur: une: partie
de l archi pel Indien, et que l’on‘appelle des Mégapodés.
« Le (4) rappelle singulièrement la: Poule
domestique par la grâce des allures et élégance du contour,
mais présente une ressemblance isomorphique frappante avec
certains représentants d’une tout autre famille, je veux dire
avec les Gallinules.
» Mes connaissances relatives à la structure du Talégalle
remontent à seize ou dix-sept ans; à cette époque, j'eus, en
effet, l’occasion d'étudier un squelette précieux de cette espèce
conservé dans les tiroirs du musée du Collège royal des Chi-
rurgiens,.… et je pus me convaincre que le Brush-Turkey (5)
(1) Annales des sciences naturelles Vent 4 série, t. VIL p, 104.
(2) Id., ibid.
(3) Proceedings of thé Zoological Society (1862), p. 254.
Megapodius Duperreyi où tumulus.
( ) Talégalle.
44 E. OUSTALEX.
ne différait, dans aucune partie essentielle de sa charpente
osseuse, du Dindon commun et du Dindon ocellé (Helea-
gris gallopavo et M. ocellata); aussi fus-je tout surpris de
constater que, jusqu'au printemps dernier, le professeur Owen
classait encore cet oiseau parmi les Macrodactyles de Cuvier.
& Dans le compte rendu de la quatrième lecture faite à
Jermyn Street, par M. Owen, le 25 mai de la présente année
(1862), compte rendu qui a été publié dans le Medical Times
and Gazette, je trouve en effet la classification adoptée par
cet anatomiste, et je vois les Oiseaux constructeurs de tumuli
placés entre les Râles et les Kamichis. »
Je ferai remarquer toutefois que si M. Owen, à l'exemple
de plusieurs autres naturalistes, à cru devoir, à un moment
donné, reporter les Mégapodiidés dans l’ordre des Échassiers,
il n’a pas toujours agi ainsi, et que, en 1840, comme je lai
rappelé ci-dessus, il à parfaitement saisi les rapports des Talé-
galles avec les autres Gallinacés ; 11 ne mérite done point com-
plètement le reproche que lui à adressé M. Parker. D'un autre
côté, ce dernier anatomiste émettait, je crois, une opinion trop
absolue, en disant qu'il n’y a aucune différence entre le sque-
lette des Mégapodidés et celui des Dndons. Les ressemblances
ostéologiques sont grandes assurément entre ces deux groupes
de Gallinacés, mais ne sauraient être comparées à celles qui
existent entre les Mégapodiidés et les Gracidés, En comparant le
sternum d’un Pindon commun à celui d’un Talégalle, d’un Crax
ou d’un Pénélope, on voit, par exemple, que, chez le premier de
ces oiseaux, les angles hvosternaux sont beaucoup plus dévelop-
pés et presque verticaux; que les échancrures externes et in-
ternes, tout en conservant les unes par rapport aux autres les
mêmes rapports, sont beaucoup plus profondes, et que, par
conséquent, les lames osseuses qui les séparent sont plus allon-
gées. Sous ce rapport, les Pintades (Numida tiarata) offrent
un type imtermédiaire entre les Dindons et les Talégalles. Dans
le bassin on constate également certaines différences : chez
les Dindons, le trou obturateur est ouvert en arrière; chez les
Talégalles, au contraire, il est entouré de toutes parts (1); chez
ARTICLE N° 4.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 45
les Dindons, l’apophyse iléo-pectinée est large et saillante ;
chez les Talégalles, elle est moins développée encore que chez
les Hoccos, les Pénélopes et les Pintades. Enfin, chez les Din-
dons, les branches de la fourchette sont presque droites, au
lieu d’être recourbées comme chez les Mégapodes, les Péné-
lopes, etc.
Dans un travail beaucoup plus étendu et consacré à l’étude
de l’ostéologie des Gallinacés et des Tinamous, travail que j'ai
déjà eu l’occasion de citer à diverses reprises (2), M. W. K.
Parker a modifié, du reste, quelques-unes de ses vues à l'égard
des Mégapodiidés, et a montré, d’une façon plus nette qu’on
ne l'avait fait jusqu'alors, les liens étroits qui rattachent ces
oiseaux à la famille des Cracidés.
Excluant avec beaucoup de raison, du groupe des Gallinacés
proprement dits, d’une part les Pigeons, qui sont des altrices
et non des præcoces, mais qui ont cependant quelques relations
incontestables avec les Cracide, les Hemipodiide, les Ptero-
clide, les Megapodiide; de l’autre, les Tinamous, qui offrent
une prépondérance remarquable des caractères struthioniens
mélangés à quelques traits de l’organisation des Pluviers,
M. Parker a réparti les Gallinacés en sept tribus principales,
SAVOIT :
1. Gallinæ typicæ ou Phasianine.
2. Telraonine.
3. Megapodiine.
4. Cracine.
o. Hemipodiine.
6. Pterocline.
Parmi ces groupes, le premier seul est {ypique, aux yeux
de M. Parker; le second, celui des Tétraoninés, offre déjà une
altération du type primitif; le troisième, celui des Mégapo-
(1) Ge caractère n’a pas toutefois une grande importance, puisque dans la
famille des Cracidés il n’est pas constant.
(2) On the Osteology of Gallinaceous Birds and Tinamous (Transactions of :
the Zoological Society (1864), t. V, p. 149 et suiv.).
A6 E. OUSTALET.
dinés, s’en écarte également, mais en l’exagérant; c’est un
groupe wltratypique; le quatrième, celui des Cracinés, est
aberrant; enfin le cinquième et le sixième sont des groupes
de transition.
Les caractères ostéologiques des oiseaux appartenant à ces
diverses tribus et leurs relations naturelles sont successive
ment étudiés dans le mémoire de M. Parker; mais pour le
moment Je n'ai à retenir que les détails fournis par ce savant
anatomisie au sujet des Mégapodiidés, ou plutôt d’une espèce
de ce groupe, le Talégalle de Latham.
Les Gallinacés typiques, ou Phasianine, dit M. Parker, se
distinguent à plusieurs égards des autres représentants du
même ordre; 1ls ont en effet une structure assez différente ;
leur voix est toute particulière et les sons qu'ils émettent sont
toujours simples, étant produits par un appareil vocal peu
compliqué, par un larynx inférieur dépourvu de museles spé-
ciaux; leur plumage est d'ordinaire très éclatant (au moins
chez les mâles), et rivalise par la beauté des couleurs avec
celui des Paradisiers et des Oiseaux-Mouches; enfin les pattes
sont très souvent armées d’éperons. Mais dans les groupes
suivants ces caractères tendent à disparaitre; les éperons
manquent, le plumage devient sombre, et le larynx inférieur
possède une paire de muscles qui lui sont propres (chez les
Pieroclinæ et les Megapodiine). En ne considérant que le
groupe typique, on voit, continue M. Parker, que les relations
les plus frappantes des Gallinacés sont avec les Tinamous,
sortes de Struthioniens aberrants ; de sorte que, dans une série
naturelle, le Coq domestique serait placé à égale distance des
Corbeaux et des Passereaux chanteurs, qui sont les oiseaux par
excellence, et des Autruches, qui sont les moins oiseaux d’entre
les oiseaux, s'il est permis de s'exprimer ainsi, D'un autre
côté, certains groupes secondaires de Gallinacés ont aussi des
affinités évidentes avec les Échassiers, ce qui n’a rien d’éton-
nant, d'après M. Parker, puisque le type des Struthiones ne passe
pas directement au type des Gallinacés, mais semble hésiter
quelque peu, pour amsi dire, en inclinant du côté des Pluviers.
ARTICLE N° 4.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 47
Fait digne de remarque, le groupe des Mégapodidés tient
aussi par cerlains côtés aux Échassiers; toutefois ce n’est pas
aux Pluviers qu'il ressemble, c’est aux Râles; et cette ressem-
blance n’est pas interne, elle est superficielle; elle ne réside pas
dans la structure intime, mais dans la physionomie générale de
l'oiseau et dans ses allures. [y a là un cas d’isomorphisme
qui a fréquemment induit en erreur les auteurs de classifica-
tions ornithologiques (1).
Après avoir longuement insisté sur les différences ostéolo-
giques qui ne permettent point de placer dans un même ordre,
ni à plus forte raison dans une même tribu, le Talégalle de
Latham et l’Ocydrome austral (2), M. Parker a cherché à
reconstituer, dans le tableau comparatif suivant, les deux
chaines qui rattachent le genre Gallus et le genre Notorns à
certains types dégradés de la classe des Oiseaux :
Notornis. Gallus.
Brachypteryx. Crax.
Ocydromus. Talegallus.
Tribonyx. Palamedea
Crex. Ansenaras.
Rallus. Plectropierus.
Gallinula. Anser.
Porphyrio. Anas,
Fulica. Fuligula.
Podilymbus. Harelda.
Podiceps. Diziura.
Podica. Merganser.
Aptenodytes, Phalacrocorax. Colymbus, Aica.
Il ne m'appartient certainement pas de discuter si tous les
termes des deux séries parallèles qui rattachent, d’une part, les
Notornis aux Aptenodytes où Manchots, de l’autre, les Coqs ou
Gallus aux Pingouins ou Alca, sont également bien établis;
mais je dois constater qu'il y à infiniment plus de distance
entre le Kamichi (Palamedea) et le Talégalle qu'entre le
Tribonyz et l'Ocydrome. Geux-c1 offrent assez de ressemblance
(1) Parker, loc. cit., p. 161.
(2) Voyez ci-dessus, pp. 8 et 9.
48 E. @OUSTALET.
dans leur structure anatomique pour qu’on puisse admettre
entre eux lexistence de liens de proche parenté ; mais il en
est tout autrement du Talégalle et du Kamichr.
Quand on met en regard l’un de l’autre un squelette de
Palumedea chavaria et un squelette de Talegallus Lathami, les
différences sautent aux yeux ; et ces différences n’existent pas
seulement dans tel ou tel os; elles résident à la fois dans la
tête, dans les os de l’épaule, dans la fourchette, dans le ster-
num, dans le bassin et dans les os des pattes. Aussi je ne
comprends pas bien sur quelles analogies M. Parker à pu
s'appuyer pour tracer le schema suivant des relations natu-
relles, du genre Talegallus (1) :
Gallus,
Crax,
Brachypteryx, Talegallus, Rhinochetus,
Palamedea,
schema qu'il explique en disant (2): « Le Talégalle et ses
alliés n’ont pas seulement des relations avec les Cracidés et
les Palamedea, mais aussi avec les Râles aux ailes courtes, et
par ceux-c1 avec le Kagou (/hinochelus). »
J'arrive maintenant à un travail qui touche plus directement
encore au sujet de la présente étude; je veux parler du
mémoire important de M. Huxley sur la Classification et la
Distribution des Alectoromorphe et des Heteromorphe, publié
en 1868 dans les Proceedings de la Société zoologique de Lon-
dres (3). Dans un mémoire précédent (4), cet habile anato-
misle avait réuni dans une même subdivision des Gallinacés,
sous le nom d’A/ectoromorphe, les Phasianidæ, les Megapo-
diideæ, les Cracide, les Pteroclidæ et les Tunicidæ, tout en
faisant ressortir les caractères aberrants de ces deux dernières
familles. Mais il ne tarda pas à réconnaître qu'il fallait aller
plus loin et réserver le nom d’Alectoromorphæ aux trois pre-
(1) Loc. cit., p. 236.
(2) Loc. cit., p. 231.
(3) Proceedings of the Zooiogical Society (1868), p. 294 et suiv.
(4) Proceedings of the Zoological Society (1867), p. 415 et suiv.
ARTICLE N° 4.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 49
miers groupes : Phasianidæ, Megapodüde et Cracide, qui
diffèrent des deux autres par les caractères ostéologiques
suivants :
« 1° Les dernières vertèbres cervicales et les vertèbres dor-
sales antérieures sont toujours ankylosées chez l'adulte. Une
des vertèbres dorsales postérieures (généralement, sinon
toujours, la pénultième) demeure libre, tandis que la dernière
s’ankylose avec les vertèbres lombaires pour former une partie
de ce qu'on appelle ordinairement le sacrum. »
Chez les Mégapodudés, les Gracidès, les Numididés et les
Phasianidés j'ai trouvé les vertèbres dorsales disposées comme
l'indique M. le professeur Huxley, mais J'ai cru remarquer
que chez les Mégapodidés, au moins, les dernières vertèbres
cervicales restaient indépendantes, tout en étant rattachées
solidement les unes aux autres par des ligaments puissants.
& 2 Le nombre total des vertèbres situées dans les diverses
régions du corps, en avant du sacrum, peut se décomposer
ordinairement, sinon toujours, de la manière suivante :
16 cervicales, 5 dorsales et 3 lombaires. Il y a donc, en avant
de la région sacrée, 24 vertèbres, comme chez l’homme. »
J'ai fait remarquer, en traitant de la colonne vertébrale des
Mégapodudés, qu'il y avait chez ces oiseaux, comme chez
l'immense majorité des Gallinacés, 14 vertèbres cervicales et
7 dorsales : la différence dans l'évaluation provient de ce que
j'attribue, suivant l’opinion de la plupart des auteurs, à la
région dorsale, portant chacune une paire de côtes rudimen-
taires, les vertèbres que M. Huxleyet M. Parker rapportent
à la région cervicale.
« 3° Les os maxillo-palatins varient beaucoup sous le
rapport de la forme et des dimensions et du degré d’ossifi-
cation, mais sont toujours lamelleux. [ls ne se réunissent sur
la ligne médiane, avec un septum osseux, que chez quelques
Cracidés.
» 4 Il ya des facettes basiptérygoïdiennes ovales, sessiles,
etsituées en avant, sur le rostre du sphénoïde.
» 0° Les palatins sont étroits et allongés, sans lames in-
90 E. OESTALET.
ternes distinctes; leurs angles postéro-externes sont arrondis.
» 6° L’angle de la mandibule inférieure est allongé et
recourbé, et les bords oraux des branches de cette mandibule
ne sont pas garnis d’un ourlet saillant du côté externe.
» 7° Les processus xiphoïdiens externes du sternumi ({)sont
bien plus courts que les processus internes ; ils se recourbent
en dehors au-dessus des dernières côtes et se terminent par
une portion dilatée.
» 8° Les coracoïdiens n’ont pas de processus sous-clavicu-
laires, |
» % L’extrémité scapulaire de la fourchette n’est pas
épanouie, mais forme presque toujours la totalité ou du moins
la majeure partie du canal où glisse le tendon du muscle pec-
toral moyen. L’hypooleidium (ou lame dilatée de la symphyse
des deux elavicules) est bien développé et de forme variable.
» 10° Le processus acromien de l’omoplate est très
court.
» 41° L'humérus n’a point d’épine supinatrice, et le bord
antérieur de la crête deltoiïdienne est taillé obliquement.
» 42% L’hypotarse (qu'on appelle communément le pro-
cessus calcanéen du tarso-métatarsien) est traversé par un
seul canal.
» 18° Le pouce existe toujours, mais varie sous le rapport
de la grandeur et du point d'insertion. »
En se reportant à ce que j'ai dit plus haut de la forme des
différents os qui entrent dans la constitution de la charpente
solide des Mégapodiidés, on verra facilement que l4 plupart
des caractères assignés par M. le professeur Huxley à ses
Alectoromorphæ conviennent aux oiseaux dont je fais l'étude ;
il n’y a guère d'exception que pour le caractère tiré des bords
supérieurs de la mandibule, qui chez les Talégalles, les Méga -
podes, etc., offrent du côté externe un léger ourlet, dont on ne
voit aucune trace chez les Cracidés, Mais c’est là une différence
qui mérite à peine d’être mentionnée.
(4) Ce sont les lames osseuses qui limitent en dehors les échancrures
éxternes.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 51
Ainsi définis, les Alectoromorpheæ sont divisés par M. Huxley
en deux sections, savoir :
A. Les Péristéropodes, ayant le pied conformé comme les
Pigeons, le pouce étant allongé et situé sur le même plan que
les autres doigts ; j
B. Les Alecloropodes, ayant le pied conformé comme les
Poules, le pouce étant court et inséré à un niveau plus élevé
que les autres doigts.
Toujours d’après le même auteur, les Péristéropodes se dis-
tinguent par les caractères suivants :
& 4° Dans ie sternum, le metosteon (1) s’unit largement
avec le {ophosteon (2); les échancrures internes n’atteignent
que la moitié de la longueur totale du sternum.
» 2° Les pleurostea (2) se terminent par un processus costal
court, dont les bords antérieurs forment un angle droit ou
presque droit avec l’axe du sternum (4).
» 3 Le pouce est inséré au même niveau que les autres
doigts, et sa phalange basilaire est aussi longue ou même plus
longue que celle du troisième doigt. »
Ces trois caractères, dit M. Huxley, permettent déjà de
reconnaitre les Péristéropodes ; on peut cependant remarquer
encore qu'iln’y a chez ces oiseaux n1 processus s’élevant de la
portion terminale du deuxième métacarpien, ni saillie basi-
laire sur la phalange du troisième doigt; que l’éminence iléo-
peetnée, qui, chez beaucoup de Gallinacés, fait saillie en avant
de la cavité cotyloïde, est ici complètement où presque com-
(4) Portion des lames latérales dans lesquelles s’enfoncent les échancrures.
Voyez, au sujet de ces diverses parties du sternum, le mémoire de M. Parker :
À Monograph on the structure and development of the Soulder-girdle and
sternum in the Vertebrate, publié par la Roy. Society (1868).
(2) Portion médiane dusternum, portant le bréchei (voy. Huxley, loc. cit.,
pr: 297, fig: 1 et 2; L::0.).
(3) Portion supérieure et externe des lames sternales (Huxley, loc. cit., fig. 1
et 2, DL. 0):
(4) Les processus costaux ne sont autre chose que les lames hyosternales
dont j'ai parlé plus haut, et dont les angles sont en effet rejetés fortement en
dehors chez les Mégapodiidés.
F
92 E. OUSTALET.
plètement effacée; enfin que le vomer est généralement
robuste (1) et comprimé latéralement. |
Dans les Alectoropodes, au contraire, suivant M. Huxley:
« 1° Le metosteon s'unit avec le lophosteon par une lame
osseuse étroite, Péchancrure interne dépassant toujours la
moitié de la longueur du sternum.
» % Les processus costaux des pleurostea sont plus allongés
que chez les Péristéropodes, et presque parallèles à l'axe du
sternum (2).
» 3 Le pouce est inséré au-dessus du niveau des autres
doigts, et sa phalange basilaire est beaucoup plus courte que
celle du troisième doigt. »
D'autre part, chez ces Alectoropodes, le second métacarpien
est toujours, sauf dans le genre Numida, muni en arrière d’une
saillie osseuse (3); il y a fréquemment aussi un tubereule sur
le bord postérieur de la base de la phalange du troisième doigt ;
l’apophyse iléo-pectinée est en général bien développée ; enfin
le vomer est faible et comprimé dans le sens vertical.
Pour M. Huxley, les Alectoropodes se subdivisent en trois
familles : les Numididæ où Pintades, les Meleagride ou
Dindons, et les Phasianide, comprenant les Faisans, les Coqs,
les Paons et Les Tétras.
Les Péristéropodes, à leur tour, se partagent en deux
familles : les Cracide, c’est-à-dire les Hoccos et les Pénélopes,
et les Megapodide (sic) renfermant les Mégapodes, les Talé-
calles, les Leipoa et les Megacephalon. € On peut être surpris,
dit M. Huxley (4), de voir rangés dans le même groupe des
oiseaux aussi différents d’allure et de physionomie; mais je
(4) Il n’en est pas toujours ainsi, et chez les Mégapodidés, le vomer est
plutôt mince que robuste.
(2) Sauf chez les Numididés.
(3) M. Blanchard, dans son Mémoire sur les caractères ostéologiques de la.
famille des Gallides (Annales des sciences naturelles, 1857, 4 série, t. VI,
p. 99), pensait que cette saillie osseuse devait exister chez tous les Gallinacés,
mais il avait reconnu cependant qu'elle était peu marquée chez les Hoccos et
les Pénélopes.
(4) Loc. cit., p. 296.
ARTICLE N° 4.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 53
dois aller plus loin etdéclarer qu'après un examen attentif des
genres Talegalla, Megapodius, Grax (Pauxi), Penelope, Oreo-
phasis ei Ortalida, je n'ai pu découvrir aucune différence
ostéologique importante entre les Megapodidæe et les Cra-
cidæ (4). Le doigt postérieur, cependant, parait être, chez les
Megapodidæ plus long relativement aux autres, et tous les
doigts semblent plus développés par rapport au tarso-méta
tarsien. »
Il est certain en effet que le squelette des Cracidés et celui
des Mégapodiidés sont construits sur le même plan ; toutefois,
en s’attachant aux détails, on pourrait encore trouver d’autres
particularités à signaler à côté de celles qui ont été indiquées
par M. Huxley: par exemple, comme je lai dit plus haut, iln’y
a pas, chez les Mégapodiidés, sur le bord postérieur de la fosse
temporale, cette sorte d'arcade zygomatique qui existe chez
les Hoccos (mais non chez les Ortalides) et chez la plupart des
Gallinacés ; il n’y a pas non plus de fusion des maxillo-
palatins avec un septum osseux, comme chez certains Hoccos ;
les lêvres du maxillaire inférieur sont garnies d’un ourlet; la
disproportion entre les échancrures internes et les échan-
crures externes est extrêmement marquée; enfin on constate
certaines différences dans la structure du bassin. Il est juste
de dire cependant que dans l’une et l’autre famille la région
pelvienne présente, d’un genre à l’autre, certaines variations
de forme. Ainsi l’espace situé en arrière d’une ligne menée
d’une cavité cotyloïde à l’autre, espace que M. Huxley appelle
l'aire postacétabulaire et dont j'ai parlé plus haut sous le nom
d’aire postcotyloïdienne, est très large chez le Talégalle et le
Maléo, ainsi que chez les Penelopinæ (Penelope, Oreophasis,
Ortalida), étroite au contraire chez les Mégapodes proprement
dits, ainsi que chez les Hoccos (2).
(1) Il est vrai, ajoute en note M. Huxley, que sous le rapport de la pneu-
maticité des os, les Cracidæ et les Megapodidæ diffèrent énormément, comme
M. Parker l’a déjà montré ; mais ce caractère n’a aucune valeur systématique.
(2) Les épithètes large et étroite appliquées par M. Huxley à l’aire postcoty-
oïdienne ne doivent, bien entendu, pas être prises dans un sens absolu. L’aire
ANN. 5C. NAT., ZOOL., NOVEMBRE 1879-80, X. 19. — AnT, N° 5.
54 E. OUSTALET.
M. le professeur Huxley insiste également sur les caractères
qui permettent de séparer les Alectoropodes en trois familles,
mais de cette partie de son travail je n’ai à retenir ici que ce qui
s’applique aux Numididés.
« Les Numididæ, dit M. Huxley, ou, pour parler Le EXAC-
tement, les oiseaux appartenant au genre Numida proprement
dit, car je n’ai pas eu sous les yeux de spécimens du genre
Agelastes ni du genre Phasidus, se distinguent de tousles autres
Alectoropodes par l'absence de toute éminence osseuse vers le
deuxième métacarpien, par la forme obtuse et par l’incli-
naison en dehors des processus costaux, et par la courbure de
la saillie acromienne de lomoplate. Dans tous les autres
groupes, la saillie récurrente du second métacarpien est plus
développée ; les processus costaux sont plus aigus, généra-
lement même très eue, et se dirigent plus neltement en
arrière. »
Parlant ensuite Fe Meleagridæ ou Dindons, M. Huxley
constate que ces (Gallinacés sont remarquables à un triple
point de vue.
4° Chez eux, la distance du centre de la cavité cotyloïde au
bord postérieur de l’os iliaqne (ou ce qu’on peut appeler la
longueur de l'aire postcotyloidienne) est supérieure à la distance
de ce même centre au bord antérieur du bassin (c’est-à-dire à
la longueur de l'aire précotyloidienne).
2 Le bassin étant considéré par la face supérieure, paraît
plus long que large dans sa portion postcotyloïdienne (1).
3° La fourchette, vue de côté, paraît très faible, presque
droite, et se termine Inférieurement par un appendice grêle et
styliforme.
postcotyloïdienne est large quand son diamètre transverse surpasse sa longueur,
étroite dans le cas contraire, ou même quand les deux dimensions principales
sont égales. Voy. Huxley : Proceedings of the Zoological Society (1868), p. 298,
fig. 3 (bassin de Crax globicera), et fig. 4 (bassin de Penelope cristata). A.
Milne Edwards, op. cit., pl. 118, fig. 4 (bassin de Penelope obscura).
(1) Voy. Huxley, Proceedings of the Zoological Society (1868), p. 300,
fig. 5.
ARTICLE N° 9.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 55
« Au contraire, ajoute M. Huxley, dans tous les autres Galli-
nacés que J'ai examinés, l'aire préacétabulaire (ou précoty-
loidienne) est ou plus longue que l'aire postacétabulaire (ou
postcotyloidienne) ou du moins égale à cette dernière, comme
dans le cas isolé du Tetrao cupido. L’aire postacétabulaire
est d’ailleurs plus large que longue; la fourchette, vue
latéralement, parait plus courbée et se termine inférieu-
rement par une apophyse (hypocleidium) élargie d’avant en
arrière.
Après avoir exposé les caractères de la famille des Phasia-
ndæ, dans laquelle il distingue deux groupes principaux,
celui des Coqs et des Faisans et celui des Tétras, qui toutefois
tendent à se confondre par l'intermédiaire des Perdrix et des
Cailles, M. Huxley ajoute : « Dans toute cette série (des Alec-
toropodes), les Paons constituent le groupe le plus aberrant
par suite des modifications curieuses de l'aire postcotyloi-
dienne de leur bassin. Les processus costaux du sternum,
chez ces oiseaux, sont obtus à l’extrémité et relativement
courts; l’acromion est un peu recourbé et l’apophyse récur-
rente du second métacarpien est très peu développée. Par plu-
sieurs de ces caractères les Paons se rapprochent plus du
genre Numida que tous les autres types de la série des
Coqs et des Tétras. D'autre part cependant, ils parais-
sent avoir d’étroites affinités avec les oiseaux du genre
Lophophorus, chez lesquels le bassin manifeste une ten-
dance vers la forme pavonine et l’acromion est légèrement
recourbé. »
Enfin, dans le mémoire important dont j'essaye de donner
un aperçu, M. Huxley partage l’opinion exprimée par
M. Parker relativement à la position systématique des Tina-
mous, qui doivent être exclus de l’ordre des Gallinacés pour
être rapprochés des Struthioniens ou Coureurs; il considère
aussi les Turnicidés et les Hémipodiidés (Turnicimorphe)
comme un groupe intermédiaire entre les Gallinacés typiques
et les Tinamous, et les Gangas et Syrrhaptes (Pteroclomorphe)
comme établissant la transition vers les Pigeons (Peristero-
96 E. OUSTALET.
morphæ). En résumé done, il adopte la classification sui-
vante :
\ 1
! 7 Cracide.
a. PÉRISTÉROPODES } 9
. Megapodiide.
A. ALECTOROMORPHÆ. / 4. Numidide.
b. ALECTOROPODES.{ 2.
)
Meleagridæ.
Phaswanide.
B. TURNICIMORPHÆ.
C. PTEROCLOMORPHÆ.
D. PERISTEROMORPIHÆ,
Dans son magnifique ouvrage intitulé : Recherches sur les
Oiseaux fossiles de la France, M. le professeur A. Milne
Edwards est arrivé, en même temps que M. le professeur
Huxley, mais par une autre voie, à une subdivision presque
identique de l’ordre des Gallinacés. Comme le savant z0olo-
giste anglais, il a été conduit à séparer de ces oiseaux les
Tinamous, et à créer pour les Turnicidés et pour les Gangas
deux familles distinctes. Toutefois 1l à insisté davantage sur
les points de contact qui existent entre les Talégalles, les
Hoccos, les Pénélopes et les Pintades. Ces affinités sont, en
effet, extrèmement nombreuses au point de vue de la struc-
ture anatomique, et ne se manifestent pas seulement entreles
Pintades et les Hoccos ou les Talégalles, mais entre ces
mêmes oiseaux et les Maléos ou les Mégapodes proprement
dits, ainsi que j'ai eu l’occasion de le montrer en décrivant le
squelette des Mégapodidés. D’autres ressemblances existent
aussi dans la conformation extérieure, et 1l suffit, pour s’en
convaincre, de mettre en regard un Maléo et un Hocco Pauxi,
un Mégapode de Freycimet et une Pintade noire du Gabon
(Phasidus niger). Aussi, sans vouloir exagérer l'importance de
ces analogies de forme et de structure, je crois qu'il importe
d'en tenir compte dans une classification naturelle en rappro-
chant davantage les Numididæ des Megapodiide.
Dans sa Liste des genres et des espèces des oiseaux, publiée
en 4870, feu M. G.R. Gray, tirant parti des recherches de
M. Huxley et de M. Milne Edwards, retira les Tinamous des
Gallinacés ou Gallinæ et partagea ces derniers en cinq
ARTICLE N° D.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIDÉS. 57
fanulles : 4. Pteroclide, 2. Cracide, 3. Megapodiidæ, 4. Pha-
sanidæ, 5. Tetraonidæ, dans chacune desquelles il pratiqua
des coupes secondaires. Ainsi les Cracideæ furent subdivisés en
Penelopinæ, Oreophasinæ et Cracinæ; les Megapodiidæ en
Talegalline et Megapodiüde; les Phasianidæ en Pavonine,
Phasianine, Gallinæ, Meleagrine et Numidine, etc. Mais
en plaçant dans une même subdivision, d’une part les genres
Talegallus et Megacephalon, de l’autre les genres Leipoa et
Megapodius, À établit, suivant moi, des rapprochements un
peu forcés, tandis qu’en repoussant les Numidinæe à la fin des
Phasianide, entre les Meleagrinæ et le premier groupe des
Tetraonidæ, et en les séparant, par conséquent, des Megapo-
diidæ par toute la série des Faisans et des Goqs, c’est-à-dire
des Gallinacés typiques, il 'rompit manifestement les enchai-
nements naturels.
Plus récemment, dans son Traité de 20oloqie (4), le docteur
Claus a dit aussi quelques mots des WMégapodiides, dont il a
fait la troisième famille de l’ordre des Gallinacés; mais il ne
me parait pas avoir tenu suffisamment compte des travaux de
M. Blanchard, de M. Parker, de M. À. Milne Edwards, de
M. Huxley, puisqu'il a continué à admettre, dans le même
ordre, comme première famille, les Crypturides ou Tinamous,
précédant immédiatement les Pénélopides.Ges derniers oiseaux
se trouvent ainsi à leur place naturelle, dans le voisinage
immédiat des Mégapodides ; toutefois, M. Claus range parmi
eux, comme simple genre, les Dindons (Meleagris) qui s’en
écartent pourtant par beaucoup de traits de leur organisation,
etil rattache encore à ces Pénélopides, à ütre de sous-famille,
les Opisthocomides où Hoazins, qui, d’après M. Huxlev, sont
bien des Gallinacés, mais qui doivent à eux seuls constituer
un groupe particulier sous le nom de Heteromorphæ. Enfin,
dans la classification de M. le docteur Claus, les Pintades
(Numide) se trouvent, comme dans celles de M. Gray, relé-
guées tout à la fin de la quatrième famille, celle des Phasia-
(1) Traduction de M. G. Moquin-Tandon. Paris (1878), p. 980.
58 E. OUSTALET.
nides, non loin des Tétraonides qui constituent le cinquième
groupe, etsont ainsi à une distance beaucoup trop considé-
rable des Mégapodiides (1).
Pour remédier aux inconvénients que je viens de signaler,
je proposerai, non pas de changer l’arrangement intérieur des
Gallinacés adopté par M. A. Milne Edwards et M. Huxley,
mais de séparer un peu plus nettement les Numididæ des
Phasianidæ pour les rapprocher des Péristéropodes (2). On
pourrait, par exemple, dresser pour la subdivision des À ectoro-
morphæ, c'est-à-dire des Gallinacés typiques, le tableau dicho-
tomique suivant, en faisant usage seulement de quelques par-
ticularités de structure faciles à discerner.
1. ALECTOROMORPHÆ,
a. Apophyse intermétacarpienne nulle ou à peine distincte.
Processus costaux généralement courts et obtus.
a. Échancrures internes du sternum ne dépassant
jamais la moitié de la longueur de cet os. Pouce in-
séré au niveau des autres doigts (Péristéropodes).
a". Doigts antérieurs assez longs; doigt posté-
rieur médiocrement développé..........,.... 1. CRACIDÉS.
b"'. Tous les doigts, y compris le pouce, extrême-
ment déVelOPPÉSE tel: 0fee tbe Reese 2. MÉGAPODIIDÉS.
b'. Échancrures internes du sternum plus ou moins
profondes, mais dépassant toujours la moitié de la
longueur de cet os. Pouce inséré un peu au-dessus
des autres doigts.
a". Région précotyloïdienne du bassin plus longue
que la région postcotyloïdienne... ........... 3. NUMIDILÉS.
b''. Région précotyloïdienue du bassin notable-
ment plus longue que la région postcotyloi-
diéRne he a ee Re RÉ ue à 4. MÉLÉAGRIDÉS.
(1) Dans le tome VIII du Muséum d'histoire naturelle des Pays-Bas, qui me
parvient en ce moment (octobre 1880), lorsque mon travail est déjà à l’impres-
sion, M. le professeur Schlegel, donnant le catalogue des Mégapodidés du
Musée de Leyde, ne discute pas les relations de ces oiseaux, qui «a forment,
lit-il, dans l’ordre des Gallinæ une tribu plus ou moins isolée par le mode de
propagation » et qui se répartissent naturellement en quatre genres.
(2) Ge nom de Péristéropodes n’est pas très bien choisi; il a l'inconvénient
de rappeler beaucoup celui de Peristeromorphæ, appliqué aux Pigeons par
M. Huxley.
ARTICLE N° 9.
MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIIDÉS. 59
b. Apophyse intermétacarpienne bien distincte. Processus
costaux aigus et allongés. Pouce inséré bien au dessus des
autres doigts.
a. Région postcotyloïdienne de largeur médiocre;
tarso-métatarsien dépassant en longueur la moitié du
CD te ce à ste eee ct e D. PHASIANIDES.
b'. Région postcotyloïdienne très large ; tarso-métatar-
sien n'atteignant pas la moitié de la longueur du
DID RES en nm a cr cn dtios eaul 6. TÉTRAONIDÉS.
2. TURNICIMORPHÆ.
3. PTEROCLOMORPHÆ.
J’ajouterai que dans le cas où l’on ne pourrait avoir recours
aux caractères tirés du squelette, on reconnaitra facilement
les Mégapodiüdés aux caractères suivants, fournis exclusive-
ment par les formes extérieures :
Taille moyenne ; plumage généralement de couleur sombre ;
côtés de la tête et du cou fréquemment dénudés ; queue courte
ou assez développée, mais jamais effilée; bec robuste, avec la
portion apicale souvent élevée et convexe; pattes très déve-
loppées, avec les tarses couverts de larges écailles, les doigts
insérés tous au même niveau, très longs et très forts, terminés
par des ongles puissants et légèrement recourbés.
Enfin les quatre genres qui constituent cette famille diffèrent
les uns des autres par leur facies, comme le montre ce tableau
dichotomique :
a. Tête surmontée d’un casque. Plumage mi-parti d’un brun
noir.soyeux et d'un blanc rosé else Lust 1. Megacephalon
b. Point de casque.
a'. Livrée grise, variée de brun et de fauve, ressem-
blant un peu à celle d’un Tétraogalle. Tête légè-
rement huppée. Col emplumé. Queue large........ 2. Leipoa.
b'. Livrée foncée, joues et côtés du cou souvent dénu-
dés et teints de couleurs vives.
a". Plumes de la tête et du cou très clairsemées,
filiformes. Taille très forte, bec très épais, queue
argementretalecr ere nn tea. 3. Talegallus.
b"'. Plumes de la tête et du cou de forme ordinaire.
Taille assez faible ; bec médiocre; queue courte. 4. Megapodius.
00 E. QUSTALET. — MONOGRAPHIE DES MÉGAPODIDÉS.
EXPLICATION DES FIGURES.
Fig. 1. Squelette du Megacephalon maleo, réduit aux deux cinquièmes environ.
Fig. 2,3 et 4. Crâne du Megacephalon maleo vu en dessus, en dessous et par
la face postérieure.
Fig. 5. Sternum, coracoïdiens et clavicule du Megacephalon maleo.
Fig. 6 et 7. Humérus.
Fig. 8. Métacarpien du Megacephalon maleo.
Fig. 9. Bassin, vu en dessus, du Megacephalon maleo.
Fig. 10. Fémur.
Fig. 11. Extrémité articulaire inférieure du fémur.
Fig. 12. Tibia.
Fig. 13. Extrémité articulaire du tibia.
Fig. 14. Tarsométatarsien et phalanges.
Fig. 15 et 16. Extrémités articulaires du tarsométatarsien, du Megacephalon
maleo.
Fig. 17. Squelette du Megapodius Duperreyi, réduit aux deux cinquièmes
environ.
Fig. 18, 19 et 20. Cräne du Megapodius Duperreyi vu en dessus, en dessous et
par la face postérieure.
Fig. 21. Sternum, coracoïdiens et clavicule du Megapodius Duperreyi.
Fig. 22 et 23. Humérus.
Fig. 24. Métacarpien du Megapodius Duperreyi.
Fig. 25. Bassin vu en dessus, du Megapodius Duperreyi.
Fig. 26. Fémur.
Fig. 27. Extrémité articulaire inférieure du fémur.
Fig. 28. Tibia.
Fig. 29. Extrémité articulaire du tibia.
Fig. 30. Tarsométatarsien et phalanges.
Fig. 31 et 32. Extrémités articulaires du tarsométatarsien du Megapodius
Duperreyi.
(La suite prochainement.)
NOUVEAUX CAS DE MYIASIS
OBSERVÉS DANS LA PROVINCE DE CORDOVA (RÉPUBLIQUE ARGENTINE) ET DANS
LA RÉPUBLIQUE DE VENEZUELA
Par M. P. Auguste CONIL
Lorsque, lan passé, je décrivis l’insecte parfait dont les
larves produisent la Myiasis dans ce pays (1), je ne pensais pas
devoir m'occuper de nouveau, et surtout aussi promptement,
de cette maladie terrible, ne me doutant pas qu’elle fût aussi
générale qu’elle paraît l'être, à en juger par les faits qui se
sont présentés l’été dernier.
Cinq cas de myiasis sont arrivés à ma connaissance, et
combien d’autres se seront produits sans que j'en aie été in-
formé, soit que la maladie n’ait pas été reconnue ou que le
domicile du patient, trop éloigné des voies de communication,
n'ait pas permis à la nouvelle de se faire jour et de rentrer
dans le domaine public. J’ignore complètement les faits relatifs
à trois des cas dont je viens de parler, ne les connaissant que
par oui-dire; quant aux deux autres, le premier a eu un résul-
tat fatal et l’autre s’est terminé par une guérison radicale. Je vais
principalement m'occuper de ce dernier cas, m’étant trouvé à
même de pouvoir suivre pas à pas la marche de la maladie,
d’en voir les progrès effrayants par leur rapidité et d’en étudier
toutes les phases, car la malade se trouvait dans la maison
contiguë à celle que j'habite à Cordoba et un simple mur nous
séparait; J'ai done pu décrire et figurer exactement les larves,
causes de la maladie, ainsi que les nymphes, en ayant eu de
tous les âges et en nombre assez considérable à ma disposition.
La Calliphora anthropophaga Conil, a malheureusement
recommencé à donner signe d'existence par les accidents
(1) Études sur la Myiasis, par les D: Ch. Lesbini, H. Weyenbergh et P. Au-
guste Conil. (Voy. Actas de la Academia nacionat de Ciencias, t. III, ent. IT.
Buenos-Ayres, 1879.)
ANN. SC. NAT., ZOOL., NOV. 4879-80.
2 A. CONIL.
habituels qui se déclarent après son passage, et, en venant se
loger si près de moi, elle m’a permis de compléter mes obser-
vations de l’année dernière, et de pouvoir offrir au public des
données plus sûres et plus détaillées sur ce diptère et ses di-
verses métamorphoses, ainsi que de nouveaux détails sur la
maladie qu’il occasionne.
CAS DE MYIASIS.
I]
La maison située à côté de la mienne est occupée par M. Au-
guste Ortiz, dont la famille habite « le Totoral », village situé
à vingt lieues au nord de Cordoba, tout près de la ligne du
chemin de fer qui relie cette ville à celle de Tucuman. Une de
ses sœurs, Josefa Ortiz, âgée de dix-huit ans, tombe malade
et ressent des douleurs tellement aiguës qu’elle se décide à
consulter un médecin qui, après avoir interrogé et examiné la
malade, la déclare attemmte d’une angine et la soigne pour cette
affection. Malgré tous les remèdes administrés, loin de cesser,
les douleurs augmentent au contraire d'intensité, et la mère,
justement alarmée par l’état de la jeune malade qui empire de
jour en jour, écrit à son fils pour qu'il consulte un autre pra-
ticien à Cordoba.
Il s’adressa immédiatement au D' Lesbini, à qui il donna,
touchant la maladie de sa sœur, les détails contenus dans la
lettre qu’il venait de recevoir.
Le dimanche, 5 janvier 1879, Josefa Ortiz commenca à se
plaindre de démangeaisons insupportables dans la narine
droite et elle eut ce même jour plusieurs saignements de nez;
les jours suivants, elle avait éprouvé de violentes douleurs à la
face, à la nuque et à la gorge; ce dernier symptôme frappe le
médecin qui lui prête ses soins et, lui faisant croire à une
angine, lui fait par conséquent faire fausse route.
Au récit des douleurs qu’éprouve la malade, le D' Lesbini
reconnait les mêmes indices ét tous les symptômes qu’il a
observés chez Ramona Marchand, soignée et guérie par lui un
ARTICLE N° 6.
NOUVEAUX CAS DE MYIASIS. 3
an auparavant. L'analogie des douleurs ressenties par les
deux, ne lui laisse aucun doute que la maladie ne soit produite
par la présence de larves dans les fosses nasales et les sinus
frontaux, et il ordonne en conséquence de faire par les na-
rines des injections avec un décocté de basilic et une solution
d'acide salicylique ; il conseille aussi d'amener immédiatement
la malade à Cordoba, afin qu’elle soit plus à portée des re-
mèdes et des soins médicaux.
Le mardi, 14 janvier, le palais est perforé et deux larves,
accompagnées de matières, sortent par la bouche. Ayant flairé
un rameau de basilic, 80 larves assez développées s’échappent
de la narine droite de la malade. Les douleurs deviennent de
plus en plus violentes et Auguste Ortiz, étant averti, part pour
«le Totoral ».
Arrivé dans sa famille, l’état de sa sœur lui parait si grave,
qu'il se résout à l'emmener avec lui à la ville. fl rend compte
dans tous ses détails de la consultation que lui a donnée le
D' Lesbini, et 1l ajoute que, d’après l’opinion de ce dernier, la
maladie de Josefa serait produite par des larves qui, à l’état
d'œufs, auraient été déposées dans son nez par une mouche.
Les parents de la malade, malgré les 82 larves expulsées, ne
peuvent croire à une pareille assertion, leur paraissant chose
impossible que les vers qu’ils ont vus puissent provenir d’une
mouche ; ils ne peuvent pas comprendre qu’une relation quel-
conque puisse exister entre celle-ci et les larves, et 1ls doutent
d'autant. plus que la malade affirme qu'aucune mouche ne
s’est introduite dans son nez.
Frappée cependant de ce qu’elle entend dire, Élisa, une des
sœurs de la malade et plus jeune qu’elle, raconte qu’une mouche
lui est entrée l’avant-veille dans la narine gauche, et, comme
dans la soirée elle éprouve les mêmes symptômes que la ma-
ladie de Josefa a présentés à son début, la famille commence
a se persuader que le D° Lesbini pourrait bien avoir raison.
Le départ est résolu, et il est aussi décidé qu’il s'effectuera
par le premier convoi et qu'Élisa fera partie du voyage, déci-
sion à laquelle celle-e1 doit indubitablement la vie.
4 A. CONEL.
Le samedi, 48 janvier, à midi et dix minutes, la malade
prend le chemin de fer; à la station de « Jesus-Maria », elle
descend de wagon et se promène un moment, il est une heure
et demie; le train touche à la station « General Paz » à deux
heures cinquante, et déjà l’état de Josefa est tellement empiré
que sa famille, plongée dans la plus grande mquiétude, craint
qu’elle ne puisse arriver vivante à sa destination; à trois
heures, lorsque le convoi se remet en marche, la malade est
privée de ses sens et, peu après avoir laissé la station « Ge-
neral Paz », elle meurt dans les bras de sa mère.
Le cadavre, transporté chez le frère, est aussitôt examiné
par le D" Lesbini et deux de ses confrères appelés immédiate-
ment; le premier désirait faire l’autopsie, mais la famille s’y
est formellement opposée. Le lendemain, dimanche 19 jan-
vier, Josefa Ortiz était portée à sa dernière demeure.
Le diagnostic du D' Lesbini se trouve amplement confirmé
par la chute des larves tombées de la bouche et des fosses
nasales de la malade, ainsi que par la perforation du palais ; il
est donc hors de doute que Josefa a succombé à la maladie
dont nous nous occupons, la myiasis, et que sa mort a été
occasionnée par les larves de la Calliphora anthropophaga
Conil, qui auront probablement pénétré dans le cerveau ou
dans les poumons.
Il
Le mercredi,15 janvier, Éliza Ortiz, âgée dequinze ans etsœur
de Josefa alors très malade, se trouvait au « Totoral » étendue
sur son lit et occupée à lire : c'était l'heure de la sieste, la cha-
leur était suffocante, et Élisa, à demi assoupie, était dans cet
état qui n’est plus la veille, mais n’est pas encore le sommeil,
lorsqu'elle sentit une chose qui s’introduisait dans sa narine
droite. Elle se Iève immédiatement, et ayant sous la main une
poudre sternutatoire, elle en aspire une ou deux pincées à
plusieurs reprises; dans un des éternuments provoqués par
cette poudre, est rejetée une mouche, dorée, dit-elle, qui
ARTICLE N° 6.
NOUVEAUX CAS DE MYIASIS. D
n'avait dû rester dans la narine indiquée qu’une minute et
demie à deux minutes, tout au plus.
Elle ne fit d’abord aucun cas de cette circonstance, ne sup-
posant pas qu’il pût en résulter pour elle aucune conséquence
fàâcheuse, et étant bien éloignée de se douter que le diptère en
question venait de déposer sa progéniture dans sa fosse nasale,
— toute une population qui devait bientôt lui occasionner des
souffrances atroces.
Le vendredi 47, vers midi, entendant raconter par son frère
Auguste ce que le docteur Lesbini opinait sur la cause de la
maladie de sa sœur, Élisa se souvient de ce qui lui est survenu
lPavant-veille, et elle en fait part à sa famille. Le soir même,
elle a des éternuments fréquents, des épistaxis, et elle com-
mence à éprouver de légères douleurs à la gorge, dans le con-
duit auditif et au côté droit de la face.
À la vue des symptômes qui se déclarent, lesquels sont
complètement analogues à ceux qu’a présentés à son début la
maladie de Josefa, on fait aspirer à Élisa du décocté de basilic
contenant une solution d'acide salycilique, remède prescrit
pour la sœur par le docteur Lesbini; ces aspirations, quoique
plusieurs fois répétées, ne donnent cependant aucun résultat.
Malgré cela, mais seulement comme mesure de précaution, le
voyage d’Élisa pour « Cordoba » est résolu par la famille
inquiète, qui décide qu’elle accompagnera sa sœur afin de pou-
voir la faire soigner dans le cas où elle se verrait atteinte de la
même affection que celle-ci.
C’est dans la soirée du samedi 18, que le docteur Lesbini
examine la jeune malade pour la première fois ; son opinion est
qu’elle est également atteinte de myiasis, et, par la narine, il
lui fait personnellement des injections de chloroforme et d’es-
sence de térébenthine étendus par moitié d’eau. Aucune larve
ne paraît à la suite de ces injections, mais malgré la semi-espé-
rance que lui laisse ce résultat négatif, et quoique n’ajoutant
pas encore foi à la réalité du diagnostic donné, la famille est
dans la plus grande désolation, car elle reconnait parfaitement
que, produite ou non par une mouche, la maladie d’Élisa est
6 A. CONIL.
la même que celle qui vient d’emporter sa sœur au tombeau,
et elle craint que pour cette enfant comme pour l’autre, elle
n’entraîine la mort.
Le dimanche 19, la malade se plaint beaucoup; les douleurs
sont déjà vives et la céphalalgie devient de plus en plus aiguë ;
le docteur Lesbini lui ayant fait dans la matinée des injections
analogues à celles de la veille, de petites masses blanchâtres
sont entrainées par le liquide; ces amas blanchâtres ressemblent
à des larves à l’état d’embryon. Verstrois heures de Paprès-midi,
une nouvelle injection avec du chloroforme amène une larve
vivante, remède qui est ensuite répété plusieurs fois sans autre
résultat. À neuf heures du soir, de nouvelles injections avec
un décocté de basilic sont administrées, et 150 larves tombent
par la narine.
Le plus grand nombre de ceslarves sont privées de vie, mais
pourtant vingt, qui se trouvaient vivantes, sont recueillies dans
un verre et me sont remises immédiatement; Car, instruit du
désir que j'avais de pouvoir poursuivre mes observations de
l’année précédente, et sachant d’ailleurs que le docteur Lesbini
et moi étions d'accord à ee sujet, le frère de la jeune Élisa
m'avait promis de faire réunir avec soin et de m'envoyer toutes
les larves qui sortiraient en vie, promesse qu'il a tenue scrupu-
leusement pendant toute la durée de la maladie. Aussitôt en
possession de ces larves, je mesurai la plus développée de
toutes, qui avait 0",005 de longueur.
Les jours suivants, les douleurs augmentent encore d’inten-
sité ; les Imjections sont régulièrement répétées trois fois chaque
vingt-quatre heures, et jusqu’au jeudi 23, des larves en plus
ou moins grand nombre tombent de la narine droite d'Élisa
Ge jour-là, les douleurs deviennent si intolérables et les injec-
tons la font tellement souffrir, que la jeune patiente pousse
des cris terribles et supplie qu’on la laisse mourir plutôt que
de la tourmenter ainsi. ,
Le vendredi 24, deux larves plus développées que toutes celles
obtenues jusqu'à ce jour s’échappent de sa fosse nasale; la ma-
lade n’accuse que de légères douleurs du côté droit, vers la
ARTICLE N° 6
NOUVEAUX CAS DE MYIASIS. 7
région frontale, et malgré cela, deux autres larves vivantes et
excessivement développées sortent pendant la nuit.
C’est à cette date que je vis s’opérer les premières transfor-
mations parmi les larves dont Je prenais soin, et, dès le soir,
J'avais déjà cinq nymphes en ma possession.
Samedi, 25, la malade n’éprouve aucune douleur et se sent
parfaitement bien; à la suite d’injections faites avec une solu-
tion d’acide salicylique, elle-éternue souvent, mais ne rend
que des masses de détritus blanchâtres qui ne peuvent être que
des lambeaux de la membrane pituitaire déchiquetée par les
sandibules des larves. Dans la nuit, une dernière larve, arrivée
au maximum de sa croissance et qui cherchait probablement
la terre pour s’y interner et opérer sa métamorphose, tombe
encore de la narine de notre malade.
Dimanche, 26, la patiente n’aceuse aucune douleur et, de-
puis lors, tout symptôme de maladie a disparu; les injections
ont cependant été suivies pendant quelques jours, non seule-
ment pour le cas où quelque larve serait restée dans la fosse
nasale ou les sinus frontaux, mais aussi pour aider à la cicatri-
sation des parties lésées.
Élisa Ortiz se trouve à présent radicalement guérie et rien
chez elle, si ce n’était sa maigreur, ne donnerait à connaître
qu’elle vient de passer par une épreuve aussi terrible. Il n’est
d’ailleurs pas étonnant que la maladie qui nous occupe n'ait
pas laissé de traces postérieures chez notre sujet, car les
seuls symptômes extérieurs qu’elle ait présentés sont: une
légère tuméfaction du nez, de l’arcade sourcilière et de la
joue, les éternuments, l’épistaxis et l'écoulement par la fosse
nasale droite d’un mucus sanguino-purulent d’une odeur
infecte.
Élisa Ortiz est retournée au Totoral, se promettant bien à
l'avenir de prendre toutes les précautions nécessaires afin de
ne plus se trouver de nouveau dans un pareil état.
8 A. CONEL.
ÉDUCATION DES LARVES.
Comme je l'ai dit plus haut, dans la nuit du 19 janvier,
150 larves furent amenées par les injections faites à Élisa Ortiz
par le docteur Lesbini; la plupart de ces larves étaient
mortes (probablement celles qui s'étaient trouvées plus en
contact avec le chloroforme et l’acide salycilique), 20 cepen-
dant se trouvaient encore en vie et me furent apportées; elles
me parurent un peu tristes et se ressentaient évidemment de
l'effet des remèdes administrés à la jeune malade.
Aussitôt que j'eus ces larves en mon pouvoir, je m'empres-
sai de me procurer de la viande fraiche et de les placer des-
sus avec le plus grand soin; les ayant mesurées, je trouva
qu’elles avaient déjà de 3 à 5 millimètres de longueur, quoi
qu'il n'y eût que quatre jours et quelques heures que les œufs
d’où elles étaient sorties avaient été déposés par la mouche.
Je changeais tous les jours la viande qui leur servait de
pâture, opération qui n’était pas des plus agréables, à cause
de l’odeur infecte qui s’en exhalait. Aussitôt que les larves se
trouvaient sur le morceau de viande fraiche, elles commen-
çaient à ramper en tous sens comme pour reconnaitre les lieux,
puis, une fois cette reconnaissance terminée et l’endroit qui
leur convenait choisi, elles se mettaient immédiatement à
l'ouvrage et ne tardaient pas à pénétrer à l’intérieur de la
viande et à disparaître complètement, grâce à l’acharnement
qu’elles y mettaient et aux crochets mandibulaires dont est
armée leur extrémité céphalique.
Ces larves sécrètent en abondance une espèce de liqueur
visqueuse et verdâtre qui empêche la viande de se sécher, mais
qui en même temps hâte sa putréfaction d'une façon étonnante,
à tel point qu’au bout de vingt-quatre heures elle était complè-
tement putréfiée par l’action de ceite liqueur, et elle exhalait
une odeur nauséabonde horrible ; malgré cela, j'étais obligé de
la disséquer vece le plus grand soin pour, sans les blesser,
extraire les larves des galeries qu’elles s’étaient creusées dans
ARTICLE N° 6.
NOUVEAUX CAS DE MYIASIS. 9
son intérieur, et je les transportais ensuite délicatement sur le
morceau frais qui leur était destiné. Régulièrement toutes les
vingt-quatre heures j'ai fait cette opération, craignant que
l'humidité des matières organiques en décomposition ne leur
fût préjudiciable; chaque jour aussi, je notais chez elles la
même voracilé insatiable, une augmentation de volume, et
une vivacité qui me faisait augurer un heureux résultat pour
ma nouvelle expérience.
Le 93 janvier, je remarquai qu'au heu de disparaitre comme
d'habitude, en s’internant dans le nouveau morceau de viande
sur lequel je venais de les mettre, quelques-unes d’entre elles
s’en séparèrent et se mirent à ramper autour avec nonchalance ;
celles-ci paraissaient inquiètes, leur allure était lourde, pares-
seuse; elles revenaient vers le morceau de viande et s’en éloi-
gnaient tour à tour; ces remarques me firent présumer que
l’heure de leur première métamorphose approchait. Les ayant
observées de nouveau durant la nuit, je les aperçus blotties
sous la viande, immobiles, comme paralysées, et entourées
d’une matière visqueuse, de couleur jaune, assez semblable
(sauf la couleur) à celle dont J'ai déjà parlé, mais qui était
cependant plus gluante que cette dernière; cela me confirma
dans mon opinion que la métamorphose était sur le point de
s’opérer.
Le lendemain, 24, mes prévisions se trouvèrent réalisées,
car cinq larves étaient transformées en pupes; Je détachai
celles-ci, ayant bien soin de ne pas les écraser, et je les mis
dans un bocal à part, aux parois duquel elles adhérèrent
immédiatement, grâce à la liqueur ou matière dont il a déjà été
question, et je continuai ensuite à soigner, comme par le
passé, les autres larves.
C’est le 25 à la nuit, que me fut remise la dernière larve
tombée de la fosse nasale d’Élisa; cette larve était plus déve-
loppée qu'aucune de celles que je possédais, son corps était
plus adipeux, ce qui me prouva que Îe régime auquel je les
avais soumises, ne leur convenait pas autant que celui que leur
avait procuré l'instinct du diptère auquel elles devaient Pexis-
ANN. SC. NAT., ZOOL., NOVEMBRE 1879-80. X. 16. — ART. N° 6.
10 A, CONEL.
tence: cette dernière larve était d’ailleurs comme les autres,
avec lesquelles je la mis, sur le point de se métamorphoser, ee
qu'il était facile de reconnaître à ses allures, et démontrait que
le plus ou moins de croissance obtenue selon un milieu plus ou
moins bien approprié à leur organisation, n’influe pas sur l’é-
poque de leur changement d'état, et ne retarde ni n’avance
l'heure où celui-ci doit s’opérer.
Le 26, neuf nouvelles transformations ayant eu lieu, les unes
sous la viande et quelques-unes dans l’intérieur, 1l ne me resta
plus de larves, en ayant perdu quelques-unes qui étaient mortes
malgré les soins que je leur avais prodigués, et en ayant tué
moi-même trois pour les étudier et en faire le dessin.
Le moyen que j'employai pour faire mourir ces dernières,
fut de les introduire dans un tube que je remplis d'alcool à 35°
et que je bouchai ensuite hermétiquement. Désirant me
rendre compte du temps qui serait nécessaire pour que la vie
les abandonnât dans de telles conditions, je remarquai lheure
où elles furent rises dans le tube; je m’applaudis d’avoir eu
l’idée de faire cette expérience lorsque je vis le résultat qu’elle
me donna, résultat qui me surprit extrèmement et auquel
j'étais loin de m'’attendre, car il ne fallut pas moins de 1 heure
35 à 4 heure 40 minutes pour les faire mourir, temps pendant
lequel elles ne cessèrent de se contracter en tout sens.
Ce fait constaté me démontra la difficulté que l’on doit ren-
contrer pour ôter à ces larves une vie si tenace; J'en parlai au
docteur Lesbini et nous résolümes alors de faire tout notre
possible pour obtenir une nouvelle génération des mouches
qui allaient sortir des coques. Si nous avions la chance de
réussir etsi ces œufs arrivaient à éclore, les larves ne nous
manqueraient pas pour expérimenter sur elles divers remèdes,
ce qui nous permettrait de reconnaitre d'une façon certaine
lesquels sont plus efficaces et susceptibles de produire leftet
le plus prompt.
Nous désirions ardemment pouvoir nous livrer à cette étude
que nous considérions comme très importante, car les liquides
injectés ne pouvant séjourner que très peu de temps dans les
ARTICLE N° 6.
NOUVEAUX CAS DE MYIASIS. 11
fosses nasales, les remèdes que l’on applique ont d'autant plus
besoin d’être bien choisis pour produire, le plus rapidement
possible l'effet que l’on se propose d’obterir, et donner un
résultat satisfaisant.
Pour arriver au but que nous nous proposions, le docteur
Lesbini fit construire une espèce de cage, en forme de garde-
manger, qui avait 0,60 centimètres de base sur 0,80 de hau-
teur; un des côtés latéraux était fermé par une porte vitrée
à deux battants, les trois autres côtés ainsi que la partie supé-
rieure étaient fermés par une fine toile métallique. Aussitôt
construit, il m'envoya cet appareil dont, après examen, je ne
jugeai pas prudent de me servir dans l’état où il se trouvait,
car, la porte devant nécessairement être ouverte une ou deux
fois par jour, il. était très facile à quelque mouche de s’échap-
per par une semblable ouverture, et je ne voulais pas m’expo-
ser à laisser en liberté un diptère dont la propagation aurait pu
causer la mort à une quantité de victimes, peut-être même
à quelque personne de ma famille.
Il fallait done trouver un moyen d'éviter ce péril, qui me
permit d'utiliser l'appareil en question et de faire l'expérience
projetée; après y avoir réfléchi, je m’arrêtai au suivant qui
obviait à tout inconvénient : Je clouai un morceau de tulle tout
autour du côté latéral où se trouvait la porte, tulle qui, très
plissé sur ses bords, formait une poche assez grande pour per-
mettre d'ouvrir un des deux battants; au fond de celte poche,
je fis une fente qui se fermait au moyen d’une coulisse. Orga-
nisé de cette façon, 1l m'était facile, sans qu'aucune des cap-
tives pùt prendre la clef des champs, d’mtroduire dans l’appa-
reil où d’en sortir ce que je voudrais, pourvu que j’eusse soin
de n’ouvrir la porte que lorsque la main, une fois passée par la
fente, aurait la coulisse bien ajustée au poignet.
Nous n’avons malheureusement pas pu réussir à obtenir de
larves, les mouches ne s'étant pas posées sur la viande, que
j'avais disposée à cet effet, pendant les 24 à 48 heures qu’elles
sont restées vivantes. Une fois cependant j'ai cru à la réussite,
car. je fus témoin d’un exemple de l’union des deux sexes, mais
19 A, CONFEL.
mon espoir fut déçu et les œufs n’ont pas été déposés, la
femelle n'ayant probablement pas été fécondée. N'ayant vu
aucune de nos Calliphores anthropophages s'approcher de la
viande, j'ai été porté à croire qu’elles ne recherchent les ma-
tières organiques que lorsque le moment est venu, pour elles,
de déposer leur progéniture dans un milieu propre à leur dé-
veloppement ; ce milieu, leur infernal instinct le leur fait trou-
ver pour le malheur de l'individu qu’elles choisissent pour
propriétaire, confiance qui, pour plus honorable qu’elle soit,
n’est pas à désirer.
J’ai donné un exemplaire de la Calliphore anthropophage
à Élisa Ortiz, qui m'a promis de voir au Totoral si ce diptère
y est aussi commun que je suis porté à le supposer, et, dans
ce cas, de tàcher de nous en procurer quelques exemplaires
vivants, Ce qui nous permettrait de recommencer nos expé-
riences dans des conditions bien meilleures.
Résumant les données qui précèdent, il résulte : qu'un œuf
de Calliphore anthropophage Conil, déposé, le 15 janvier,
dans une fosse nasale d’Éliza Ortiz, était éclos et avait déjà,
4 jours 1/2 après, une longueur de 0",005 ; que cette larve
avait atteint toute sa croissance et s'était métamorphosée en
nymphe 8 jours 1/2 après la ponte de l’œuf; et enfin que
11 jours ont été suffisants à la nymphe pour parfaire ses formes
et opérer sa transformation en insecte parfait, ce qui nous fait
en tout 19 jours 1/2 pour le cycle de ces diverses métamor-
phoses.
À présent, si l’on considère la quantité d’œufs que chaque
femelle du diptère qui nous occupe est susceptible de déposer
à chaque ponte, on sera étonné du petit nombre de cas de
mylase quirelativement se produisent, même en tenant compte
de ce que beaucoup de cas ne peuvent pas être constatés par
la science et restent par conséquent ignorés (1). Si malgré sa
(1) Ces cas doivent être de beaucoup les plus nombreux, car ce sont ceux
qui se produisent dans les campagnes, où les Caltiphores doivent être plus
abondantes, et où font défaut les personnes intelligentes pour reconnaitre la
cause de la maladie.
ARTICLE N° 6.
NOUVEAUX CAS DE MYIASIS. 15
prodigieuse fécondité elle ne se multiplie pas davantage, il est
à croire que la Calliphore anthropophage à quelque ennemi qui
arrête une multiplication qui serait si pernicieuse à notre
espèce (1); c’est ce que probablement l'avenir nous appren-
dra, je l'espère du moins, car, si cela m'est possible, je me
propose de poursuivre, l'été prochain, mes observations sur ce
diptère et de m’appliquer spécialement aux observations bio-
logiques.
DESCRIPTION DES LARVES.
La plus développée des larves que j'ai eues en mon pouvoir
est naturellement celle que j'ai figurée (voy. p. 24), elle avait
0%,016 de longueur lors de son plus grand développement ;
au moment où les autres allaient opérer leur première transfor-
mation, leur longueur variait entre 0",010 et 0",015, tandis
qu'elles avaient de 0,002 à 0",0035 de largeur, dimension
maxima qui, au repos, se trouve constamment située sur le
quatrième segment postérieur.
Ces larves sont atractosomes et leur corps est composé de
douze segments; lorsqu'il est bien étendu, son extrémité posté-
rieure est tronquée, tandis que l’antérieure ou extrémité
céphalique est conique et atténuée, le neuvième segment se
trouvant alors le plus renflé.
La progression, qui est assez rapide, se produit chez nos
larves par un mouvement de reptation qu’elles opèrent de la
manière suivante: s'appuyant sur les épines des segments pos-
térieurs, elles allongent leur corps le plus possible, puis, s’ac-
crochant avec leurs mandibules, elles contractent l’un après
l’autre tous leurs segments, en commençant par les antérieurs,
évolutions qu’elles recommencent de nouveau et à l’aide des-
quelles elles avancent très vite; leur forme change naturelle-
ment pendant ces diverses manœuvres, mais lorsqu'elles ne
les exécutent pas, elles sont fusiformes.
Comme celles des autres diptères qui appartiennent à ce
(1) Il est probable que sa larve vit aussi sur quelque animal, peut-être même
de quelque autre manière.
14 A. CON,
genre, cés larvés sont apodes; elles ont une couleur blafarde,
mais un peu flavescente lorsqu'elles sont à jeun; repues, elles
prennent une teinte rose carminé qui s'étend sur toute la sur-
face du corps, excepté cependant une bande Hatérale qui, de
chaque côté, conserve la couleur indiquée plus bas pour celles
qui n’ont pas pris d'aliments; cette couleur rose doit indubi-
tablement provenir de la nourriture conténué dans le tube
digestif, qui apparaît par transparence à travers le derme.
Le premier segment antérieur est peu développé et le tronçon
céphalique ne montre pas d'organes des sens; Ce dernier est
armé de deux mâchoires divergentes, écailleuses, ankyroiïdes,
dont la pointe est dirigée vers le bas, et qui sont d’un beau
noir luisant. Ces crochets mandibulaires, très aigus, servent à
ces larves pour hacher et déchiqueter les matières organiques
dont elles se nourrissent, ainsi que d'organes de locomotion,
comme jé l'ai dit ci-dessus en décrivant leur marche. Cette
extrémité antérieure ou céphalique paraît effilée par moments,
lorsque les crochets sont projetés à Pextérieur, elle est au con-
traire capitellée lorsque ceux-ci sont rentrés; situées au-dessus
de louverture buccale, fes mandibules se voient alors par
transparence comme une ligne noire sur la partie médiane des
deux premiers segments antérieurs.
Au-dessus de ces mâchoires existent deux excroïssances mas-
toïdes, destinées sans doute à les protéger, et sur Pespacesemi-
lunaire qui les sépare se notent deux petits appendices qui
sont composés de deux articles visibles et qui, par leur forme,
rappellent les palpes des diptères (1). Au-dessous de cès appen-
dices prend naissance une dépression sulsiforme dans laquelle
se trouve située Pouverture buccale, qui est deltoïde etau fond de
la cavité de laquelle s'aperçoit une masse hémisphéroïdale dont
je n'ai pu découvrir les usages, mais que je soupçonne être
l’haustellum de notre larve.
Sur chaque côté du deuxième segment et près de son extré-
mité postérieure se trouve un stigmate ou orifice extérieur de
(1) Je suis porté à croire que ces appendices remplissent le même office que
les palpes des insectes.
ARTICLE N° 6.
NOUVEAUX CAS DE MYIASIS. 45
la trachée, autour duquel existe un bourrelet, où péritrème
échinulé destiné à le recouvrir. À ses deux extrémités, chaque
segment est garni de séries erontformes ouannulaires de petits
mamelons cuspidés et disposés régulièrement; généralement
quadrisériés, 1ls sontiristiques entre le deuxième et le troisième
seoment, et seulement bisériés entre le premier etle deuxième.
Les couronnes érinacées formées par ces mamelons se bifur-
quent sur la face abdominale lorsque les muscles sont tendus
et, recouverts par le derme, ils disparaissent totalement ou en
partie, quant au contraire la larve contracte ses museles.
L’extrémité postérieure du corps, vue par fa face dorsale,
apparaît quelquefois arrondie lorsque le dernier segment se
trouve recouvert par l’antérieur, selon la position de la larve,
mais ce seoment terminal est réellement tronqué, comme nous
l'avons déjà dit; à son extrémité se trouve située l’ouverture
de l’appareil anal, bordée par deux renflements, et au-dessus
de laquelle se font remarquer deux appendices mastoïdes dont
chaque sommet est percé d’une ouverture qui est l’orifice des
deux trachées postérieures, lesquelles, sur le tergum, se voient
par transparence comme deux lignes noires dvertéités qui
sont visibles jusqu'à la base du pénultième segment, lorsque
la larve est allongée, et jusqu’à l’extrémité postérieure du ia
tième quand son corps est ramassé.
Les épines qui garnissent les mamelons des couronnes et
dont il a été question ci-dessus, servent, comme je l’ai déjà dit,
d'organes de locomotion à nos larves auxquelles elles permet-
tent d'opérer la progression en avant avec rapidité; mais, se
trouvant toutes dirigées vers l’extrémité postérieure du corps,
elles sont un obstacle presque insurmontable pour le recul,
qu’elles ne peuvent opérer qu'avec de grandes difficultés quand
elles ont de l’espace, et ce mouvement en arrière leur devient
impossible lorsque l’espace est limité.
Malgré tous les soins que j'ai apportés dans mes remarques,
je n’ai pu observer aucune mue chez ces larves (1); elles n’a-
(1) Elles doivent probablement en avoir, mais elles sont inappréciables.
16 A. CONEE.
bandonnent pas leur peau pour opérer leur métamorphose ;
l’époque arrivée, le derme se durcit et forme une enveloppe
solide, à l'abri de laquelle la nymphe va se transformer.
DESCRIPTION DE LA COQUE.
Comme il a été dit dans le chapitre précédent, le derme de
la larve se contracte et se solidifie par la dessiccation; il de-
vient corné ou plutôt écailleux et forme la pupe qui, lorsqu'elle
est nouvelle, est d’un blond clair, dont la teinte fonce de plus
en plus jusqu’à arriver au brun marron foncé. Leur forme n’est
pas toujours constante, quoique pourtant elle diffère peu; il
arrive quelquefois que l'extrémité antérieure est un peu plus
aiguë que la postérieure, mais, en général, elle estau contraire
plus obtuse; cependant, la forme la plus ordinaire est sub-
ovoïde, ce qui fait que la coque ressemble à un tonnelet.
À l'extrémité postérieure, on peut encore reconnaître les
traces des mâchoires ou crochets mandibulaires de la larve,
ainsi qu'une rimule qui indique la situation de l’ouverture
buccale qui l’a formée en se desséchant; à l’extrémité anale,
restent également visibles les organes qu’y possédait la larve,
mais le tout est desséché, racorni, et en somme assez peu dis-
tinct.
La pupe n’est composée que de dix segments qui sont faciles
à distinguer, grâce aux séries d’épines, disposées en couronnes,
qui ont été décrites; mais celles-ci ont également bien changé
d'aspect, car les mamelons qui les supportaient ont complète-
ment disparu en se desséchant, et ils ont été remplacés par de
petites pyramides à base triangulaire, lesquelles sont d’une
teinte plus foncée que celle du reste de la coque, et l'on peut
même dire presque noire.
Les deux segments antérieurs de la larve, y compris le
tronçon céphalique, se trouvent supprimés par la dessiccation
et n’en forment plus qu’un avec le troisième segment, ce qui
réduit à dix le nombre total de ceux de la coque.
La nymphe ne reste emprisonnée que onze jours, temps suffi-
ARTICLE N° 6.
NOUVEAUX CAS DE MYIASIS. 47
sant pour qu’elle perfectionne ses formes, que tous ses organes
soient complètement transformés et qu'elle en sorte insecte
parfait;.ce dernier, le moment venu, arrive à se délivrer en
faisant force avec la tête sur la paroi intérieure de l'extrémité
antérieure de la coque qui, se séparant vers la base du troi-
sième segment, saute généralement comme une calotte, ou,
comme cela arrive quelquefois, elle se partage longitudinale-
ment, suivant une ligne médiane, en deux parties qui, en se
séparant, restent cependant soudées au tronc par un seul point
qui fait alors office de charnière ; dans les deux cas, le passage
pour la Calliphore anthropophage se trouve libre.
DESCRIPTION DE L'INSECTE PARFAIT.
Dans la description détaillée que j'ai déja donnée de ce
diptère dans les Actas de la Academia, Nacional de Ciencius
de la République Argentine (t. II, ent. n), je l'ai désigné sous
le nom de Calliphora anthropophaga, à cause des maux qu’il
cause à l’homme lorsqu'il est encore à l’état de larve.
Le diptère qui nous occupe appartient bien au genre Calli-
phora établi par Robineau-Desvoidy (Essai sur les Myodaires),
ou à la division du genre primitif Wusca de Meigen qu'il a
indiqué par les lettres B. À. (Meigen, Besch. d. Europ. zweift.
Insect. V, p. 60), où elle prend place à côté des espèces vomi-
taria L. et erythrocephala Meig.
D’après Robineau-Desvoidy, le genre Calliphora appartient
à la famille des Caliptérées, division des Coprobies ovipares,
tribu des Muscides, section des Cérulées ; ce genre a été adopté
par Macquart (Suites à Buffon, Diptères, t. IT, p. 261), qui le
place dans la division des Brachocères, subdivision des Di-
chætes, famille des Athéricères, tribu des Muscides, section
des Créophiles, sous-tribu des Muscies ; la Calliphore anthro-
pophage peut être placée entre son n° %, C. vomitoria, et le
n° 3, C. fulvibarbis.
La diagnose du genre Calliphore peut s'exprimer ainsi:
Muscidarum genus. Caput globusum nec antice nec transverse
18 A. CONEL.
productum. Pedibus mediocribus. Seta antennarum ad apicem
usque plumosa. Thorax latis radiis longitudinalibus ornatus.
Nervus alarum discoidalis anqulatus versus apicem. Epistoma
proyectum. Palpi ferruginer.
Ayant déjà, dans les Actes cités, décrit la Galliphore anthro-
pophage, je n’en donnerai ici qu’une description sommaire.
Sa taille est un peu plus développée que celle de la mouche
commune (Wusca domestica L.), et elle est à peu près égale
dans les deux sexes, qui présentent, d’ailleurs, les mêmes
caractères généraux. Les différences les plus sensibles qui se
font remarquer entre eux, sont les suivantes: la forme de la
tête distincte, le thorax du mâle plus long et son abdomen plus
court que les mêmes parties du corps de la femelle, et enfin
son aspect plus trapu que celui qu'offre cette dermière,
La tête est assez volumineuse et elle est plus large que lon-
ue ; la couleur générale de la face est d’un jaune qui varie
depuis le jaune paille (sur les joues) au jaune doré, couleur qui
devient de plus en plus franche à mesure que les poils se trou-
vent implantés sur une partie plus rapprochée de l'extrémité
inférieure de la tête. Les veux à facettes sont dietyodes, mor-
dorés, et chaque cornée est composée de 7838 cornéules.
Trois ocelles circulaires, noirs et luisants, se trouvent situês
sur le vertex, disposés comme d'habitude en triangle; la tache
du vertex est d’un noir mat, couleur qui la fait ressortir sur
celles de la bande frontale qui est d’un brun ardent. Les
antennes sont fauves; leur premier article est très court, le
deuxième est ordinaire et le dernier, environ 4 fois 4/4 plus
long que celui-ci, est en forme de palette et il supporte un style
plumeux couleur marron.
Le premier et le dernier article de la trompe sont fauves, et
le deuxième est d’un beau noir luisant.
Le thorax est scutiforme et d’un beau vert métallin avec des
reflets bleus sur le prothorax et le mésothorax, qui le font sou-
vent paraître de cette couleur; trois bandes longitudinales,
fuligineuses et presque paralièles, s'étendent sur toute la lon-
gueur du prothorax et du mésothorax, divisant ces parties en
ARTICLE N° 6.
NOUVEAUX CAS DE MYIASIS, 19
sept zones à peu près égales; le métathorax, sans bande ni
tache, est également couleur vert métallique. La partie anté-
rieure du prothorax est plus étroite que la tête, ce qui contribue
à donner à l’insecte qui nous occupe, Paspect robuste dont j'ai
déjà parlé plus haut. La partie médiane du tergum décrit une
ligne courbe.
Les ailes, transparentes et incolores, sont cependantun peu
enfumées à leur base. Leurs nervures et leurs cellules, se dis-
tinguant parfaitement dans les figures que je donne, me dis-
pensent de répéter 1e1 la description que j'ai faite d’une manière
détaillée dans mon premier article sur cet insecte, article dont
j'ai déjà fait mention. Au repos, ces organes du vol se croisent
de telle façon que les extrémités des deux nervures interno-
médiaires arrivent presque à se Jomdre; dans cette position,
les ailettes se trouvent relevées, doublées et plaquées l’une
contre l’autre.
L’abdomen est sessile et, ainsi que le thorax, d’une belle
teinte vert métallin, quia les mêmes reflets bleus signalés pour
les deux parties antérieures de ee dernier ; il est composé de
quatre segments, dont le dernier est un peu incliné et à l’ex-
trémité duquel se trouve l’ouverture génitale, qui laisse aper-
cevoir l'extrémité de l'oviscapte des femelles et donne issue
chez le mâle à un pénis qui est apparent.
Les pattes sont médiocres, velues, garnies d’épines, et leur
couleur est fauve mélanien.
Les cuillerons sont ordinaires, opaques, et d’un blane un
peu plombé, avec une bordure d’un blane mat.
Les balanciers, blancs et arspelligiformes, sont complète-
ment recouverts par les cuillerons; leur volume est ordinaire.
Le corps de la Calliphore anthropophage est polifère et garni
d'épines sur les flancs, ainsi que sur les bords transversaux
des différentes parties du thorax et dessegments de labdomen.
La diagnose, que je donne ci-dessous, résume les principaux
caractères généraux et particuliers qui distinguent ce diptère
et permettront de le reconnaitre au premier abord: Diagnosis :
Calliphora, thorace cϾruleo, nitido, antice subvilatto; capnte
20 A. CONIL.
sub{errugineo; espistomutis carinis breviter vibrissatis ferrugi-
neis ; orbila oculorum faciali flaviada; barba fulva; alarum an-
qulo nervi discoidalis acutissimo, ejusdem nervi parte apicali
undulata ; squamis albicantibus.
Comme je l’ai déjà dit dans ma première description, je ne
connais que cinq espèces qui peuvent être confondues avec notre
anthropophage cordovais, et ce sont: Calliphora vomitoria L.
(d'Europe), C. erythrocephala L. (également d'Europe), C. an-
nulipes Ph. (de l'Amérique méridionale), C. fulvipes Macq. et
C. infesta Ph. (originaires les deux du Chili). Dans le tableau
suivant, je donne les caractères distincüfs de trois de ces
espèces, afin de convaincre M. Henry Lynch Arribalgaza qui,
dans une bienveillante critique publiée dans les Anales de la
Sociedad Cientifica Argentina, t. VIT, p. 253, exprime la
croyance que l’espèce à laquelle j'ai donné le nom de Call.
anthropophaga, à déjà été décrite. Comme lui, je ferai abstrac-
tion des deux espèces originaires d'Europe et ne vais m'occuper
que des espèces trouvées sur le sol américain.
ANTHROPOPHAGA Conil. INFESTA Ph. FULVIPES Macq. (1).
Cyanescens. Cyanescens. Cyanescens.
Fascie barbaque fulvis, | Fascie antennisque rufo- | Fascie antennisque ful-
antennis ferrugineis. fulvis, fascie absque | vis;
nitore albido.
Thorace cæruleo, nitido, | Thorace nigro, trivit- | Thrace cyanæo, albido
trivittato. tato (2). vittato.
Abdomine æneo, viridi. | Abdomine viridi, æneo. | Abdomine violaceo cæ-
ruleo.
Pedibus nigris. Pedibus omnino nigris, | Pedibus nigris, femori-
tibiis piceis. bus medus et posticis
rufis.
Squamis albicantibus. | Squamis nigris. Squamis albicantibus.
Long. 3 1/2 à 4 lignes. | Long. 4 1/2 lignes. Long. 4 lignes.
D I
(1) Gay, Historia fisica de Chile. Paris, 1866.
(2) Philippi dit : « Le reflet blanc que d’autres espèces de ce genre présentent
ARTICLE N° 6.
NOUVEAUX CAS DE-MYIASIS. 21
Mais c’est surtout l'espèce nommée Call. montevidensis,
décrite par Bigot, que M. Lynch croit être identique à la nôtre.
Je dois d’abord déclarer que les genres de Rondani ne
peuvent être considérés que comme des sous-genres et que,
n'étant pas partisan d'augmenter les classifications, et surtout
sans nécessité la quantité déjà assez considérable des noms, je
me refuse à les accepter. Je ne reconnais donc que le genre
Calliphora et le conserve seul, d'accord en cela avecles grands
maitres Schiner et Gerstäcker qui, en plus d’une circonstance,
ont donné leur opinion sur les sous-genres de Rondani. Je ren-
voie les lecteurs aux ouvrages de ces célébrités, afin de ne pas
avoir à m'étendre davantage sur cette question (1).
Nous limitant aux espèces sud-américaines citées par
M. Lynch, celles avec lesquelles pourrait être confondue la
Call. anthropophaga, sont les suivantes: C. infesta Ph., fulvipes
Macq., annulipes Ph., macellaria Fab., tamaria Hfg., mon-
tevidensis Big.
Quant à moi, en diptérologie, je considère Schiner comme
une autorité bien plus éminente que Gersläcker, et J'admets
avec lui que #macellaria est un nom qui comprend plusieurs
espèces; si l’on veut le conserver, on doit alors s’en référer
seulement à la variété e de Wiedemann, d’où il résultera
C. macellaria Wied. C. taniaria Hfg.
D’après la dernière indication de Schiner (dans Novara
Reise), je me suis convaincu que annulipes Ph., n’est autre
que fulvipes Macq., et qu’elle est aussi la var. b de macellaria
sur le thorax est dans énfesta presque invisible, raison pour laquelle j'ai pré-
féré dire dans la diagnose « nigro trivittato » au lieu de « albo vitlato ».
Il ajoute encore que le style plumeux (arista) des antennes est noir, que le
corselet présente la même couleur que l'abdomen quoique tirant un peu sur le
brun, et que le front est noir avec des bandes rouge brun (Paicippr, Giebel's
Zeilschr f. d: ges. Naturw, 1861, t. XVII, p. 513).
= Tout ce qui est dit ci-dessus est loin de se rapporter à la Call. anthropo-
phage.
(4) Je suis du reste parfaitement d'accord avec M. Linch, en ce qu'une
Calliphora ne doit, dans aucun cas, être confondue avec une Lucilia, et vice
versa. Ce sont deux genres aussi différents que Bos et Ovis.
22 A. CONEE..
Wied. (malgré que la différence qui existe entre les deux mots
«nigricantibus » et « albicantibus » consiste en ce que l’un
est précisément le contraire de l’autre). Mais peu importe!
CG. infesta Ph. est en tous cas une espèce bien distincte, et il
en est de même de €. montevidensis Big., à propos de laquelle
comme espèce distincte, 1l ne peut être soulevé un débat
Sérieux. |
Des considérations qui précèdent et de mes études détaillées,
il résulterait que nous avions jusqu’à présent dans l'Amérique
méridionale, non trois, mais bien quatre espèces de Calliphora
qui ont beaucoup d’affinités entre elles et qui occasionnent la
€ Myasis »; Ce sont:
19 C. macellaria Wied. — Brasil.
Syn. C. macellaria Wied. var. C.
C. taniaria Hfg.
(Comme macellaria, je ne reconnais que cette seule var. €.
2 G. fulvipes Macq. — Chili et République Argentine.
Syn. C. macellaria Vied., var. B.
C. annulipes Ph.
(Gest la même espèce que Blanchard, Rondani, Schiner et Gerstacker nom-
ment également fulvipes.)
3° C. infesta Ph. — Chili.
40 C. montevidensis Big. — Uruguay.
Vient à présent le tour de la dernière question? C. montevi-
densis est-elle identique à €. anthropophaga, ou bien cette
dernière doit-elle être considérée comme une cinquième espèce
analogue ?
N'ayant pas à ma disposition les Ann. de lu Soc. Ent. de
France, je remercie M. Lynch pour Pamabilité avec laquelle
il a bien voulu me faire connaitre la diagnose que Bigot a
donnée de la G. montevidensis, diagnose que, dans le tableau
suivant, Je mets en regard de celle de la C, anth'opophaga.
Je n’ajoute pas d’autres caracières à ce tableau, parce que
ceux des autres parties paraissent être à peu près égaux dans
les deux espèces; je ferai seulement remarquer les particu-
larités suivantes : Chez montevidensis, la couleur générale
paraît être plus vert métallique, au lieu qu’eile est plus bleu
ARTICLE N° 6.
NOUVEAUX CAS DE MYIASIS. 93
métallique chez anthropophaga ; es antennes de cette dernière
paraissent être plus foncées que celles de la première espèce;
nous ne rencontrons pas chez montevidensis la bande orbitale
plus claire, comme elle l’est effectivement chez anthropophaga;
le thorax ainsi que l'abdomen de cette dernière sont verts, mais
avec des reflets bleus qui la font souvent paraître entièrement
de cette couleur surtout à la simple vue, aussi ai-je douté plu-
CG. MONTEVIDENSIS Bigot. C. ANTHROPOPHAGA Gonil.
Aenea.
Antennis fulvis (mâle), pallide fuscis
(femelle) et basi fulvis.
Fronte grisea, vitta fulva, facie sor-
dide albida in medio fulva, genis
testacels.
Ore tantum macrochætis murieto.
Thorace viridi, albido prunoso, vit-
tis quatuor, latis nigris.
Cyanescens.
Antennis ferrugineis.
Facie barbaque fulvis. Capite sub- }
ferrugineo, orbita oculorum fa- |
ciale flavida.
Epistomatis carinis breviter wibris- |
satis ferrugineis.
Thorace cæruleo nitido, antice sub- }
vittato. |
Abdomine ejusdem coloris, segmento | Abdomine æneo, viridi.
Ÿ 1° nigro, linea intermedia obscura
incisuris obscure cæruleis.
Pedibus castaneis, femoribus anticis
Pedibus nigris (fauve mélanien),
extrinsecus parum ænescentibus. -
Long. 0,006. Long. 0"008 à 00,009.
sieurs fois de la véritable teinte de ces parties, jusqu'à ce que
l'examen minutieux que j'en ai fait sous le microscope m'a
donné l’assurance que je cherchais ; la montevidensis n’a pas
ces reflets sur son thorax qui est franchement vert, tandis que
son abdomen est bleuâtre; ces parties sont donc d’une même
couleur dans aathropophaga, au lieu qu’elles ont une teinte
différente chez montevidensis ; Les pieds de cette dernière sont
d’un brun rougeâtre qui est encore un peu métallique sur les
fémurs antérieurs, pendant qu'anthropophaga a les pattes noi-
24 A. CONIL.
res, où du moins d’un gris excessivement foncé; enfin, pour
terminer, la longueur du corps est bien différente dans les deux
espèces; montevidensis n'ayant que 6 millimètres, et anthro-
pophaga en ayant 8 et même 9.
Il me semble que ce qui a été dit ci-dessus est suffisant pour
faire reconnaitre C. anthropophaga Conil, pour une espèce
véritable, qui est alors la cinquième de ce groupe d'espèces
alliées que nous rencontrons occasionnant la miasis dans
l'Amérique du Sud.
Mais nous nous sommes déjà étendus plus que raison sur
des dénominations et des subtilités systématiques! La science
moderne, heureusement, ne fait plus autant de cas des noms
que l’on en faisait encore 1l n’y a de cela qu’un demi-siècle,
lorsqu'on appelait 20oloque qui que ce soit qui, à première
vue, savait reconnaitre 10000 animaux (plus ils étaient petits,
d'autant plus de mérite!) et citer leurs noms latins; celui qui,
à cette époque, arrivait à en connaitre 100 000, était alors gra-
üfié du titre de z0oloque célèbre. Tempora mutantur ! —Aujour-
d’hui on peut parfaitement devenir un célèbre zoologue, . sans
connaître un seul animal de la façon indiquée !
C’est pour cela que, après avoir remercié M. Lynch de l'offre
amicale qu’il me fait et que Je regrette de ne pouvoir accepter,
à cause de la distance qui nous sépare, je terminerai en eltant
quelques nouveaux faits sur la myiase, lesquels sont arrivés à
ma Connaissance.
CAS OBSERVÉS A CARACAS.
Dans une lettre, en date du 20 octobre de l’année qui vient
de s’écouler, M. le docteur Anton Ernst, de Caracas (Rép. de
Venezuela), donne communication à M. le docteur H. Weyen-
bergh de trois cas de myiase, que ce dernier m'a autorisé à
publier; profitant de la permission, je m’empresse de traduire
les passages qui ont rapport à la maladie qui nous occupe,
sans rien changer aux descriptions que fait le docteur Ernst
des trois cas dont il est question.
ARTICLE N° 6.
NOUVEAUX CAS DE MYIASIS. 95
I
« Il ya environ dix ans que mon ami le docteur Juan Cuelto,
de cette ville, me donna huit larves qu’il avait sorties des fosses
nasales d’un horloger allemand, individu adonné à l'ivresse et
de coutumes peu hygiéniques. Je mis à l’instant ces larves dans
une petite boîte dont le fond contenait une cape d’environ
0"06 terre, dans laquelle elles s’introduisirentimmédiatement.
Environ quinze jours après, je trouvai dans la boîte six diptères
vivants que je pris pour la Musca vomiloria L. et, encore au-
jourd’hui, et après avoir vu les descriptions comparatives de
M. P. A. Conil, je ne puis changer d’opinion, pour peu que
celle-ci vaille, considérant que mes Connaissances entomolo-
oiques ne sont que très générales (probablement C. macellaria
Wied ?) (4). Je dois ajouter que le docteur Guello fit tomber
ces larves au moyen d’insufflations de calomel (2).
» Le patient habitait Caracas depuis longtemps et il avait
presque constamment souffert d’un catarrhe nasal.
IT
» L'an passé, un jeune Français, employé d’une maison de
commerce de cette capitale, s’adressa au docteur P. Medina,
mon collègue de l'Université de Caracas comme professeur de
pathologie générale, sollicitant un secours scientifique pour
une grosse tumeur dont il était affecté au eôté gauche de loc-
ciput. Comme ce jeune homme habitait chez mon beau-frère,
j'avais eu occasion de le voir et d'examiner la partie malade.
Cette partie formait une protubérance ovale de 0",06 de lon-
gueur sur près de 0,04 de largeur ; la peau cédait avec élasti-
cité à la pression du doigt.
» Le docteur Medina déclara tout de suite que c’était un cas
de « gusanera » (3), mot par lequel le peuple désigne ici Les
(1) Note de l’auteur.
(2) Le docteur Ortiz Herrera (de Cordoba) m’a assuré s’être servi souvent de
ce remède, qui lui a donné de bons résultats. — Note de l’auteur.
(3) De ver, en espagnol « gusano ». (Note de l'auteur).
ANN. 8C. NAT., ZOOL., NOVEMBRE 1879-80 X. 17, ART. N° 6.
26 A. C@NIL.
différentes formes de Myiasis. La tumeur étant ouverte, il en
sortit comme 200 larves, d’après le médecin eité: je ne les vis
malheureusement pas, parce que la famille du jeune homme
les détruisit sur-le-champ, et le docteur Medina, d’ailleurs, ne
crut pas que ce cas pouvait offrir un intérêt zoologique quel-
conque.
» La blessure fut guérie par des lotions de pétrole.
III
» Au commencement de cette année, me trouvant dans une
des plantations qui sont situées sur les rives de la rivière Tug,
je ressentis une douleur très forte à la nuque et, comme en
même temps se formait une tumeur, je crus que c’était un
nouveau Cas d’anthrax, indisposition dont j'ai eu à souffrir plu-
sieurs fois. Après trois Jours de souffrances, un des ouvriers de
l'établissement me dit qu’il me guérirait tout de suite: à cet
effet, il cueïllit une feuille fraîche de tabac, il la fit chauffer
sur des braises et me l’appliqua ensuite fortement sur la partie
postérieure du cou. Le jour suivant, il revint pour examiner
mon état et, en sortant la feuille, 1l trouva dessous une larve
d’insecte, qui était morte et que je conserve encore. C’est indu-
bitablement la larve d’un diptère qui, par l’effet de l'alcool
dans lequel elle se trouve, s’esttellement ratatinée qu’il serait
impossible de la décrire (1).
Dans le Venezuela, il y a des endroits où cet insecte est com-
mun; cependant, je n’ai jamais eu occasion ni de le voir, ni
d’être témoin d’un autre cas de l’invasion de sa larve. »
Lè s'arrête le récit du docteur Ernst.
Ces trois cas m'ont paru d'autant plus intéressants qu'ils
ont été observés par un naturaliste aussi connu que M. le doc-
teur Anton Ernst, dont la parole ne peut d’aucune façon être
mise en doute, comme cela arrive si souvent lorsque le témoin
oculaire, quoique de très bonne foi, n’est pas habitué à
observer.
(4 ) Probablement une espèce du genre Rogenhoferia.
ARTICLE N° 6.
Fig. 1.
Fig. 2.
Fig. 3.
Fig. 4.
augme
Fig. 5.
Fig. 6.
Fig. 7
Fig. 8.
Fig. 9°
Fig. 10.
Fig 11:
Fig. 12.
Fig. 13.
Fig. 14.
NOUVEAUX CAS DE MYIASIS. 07
EXPLICATION DES FIGURES
PLANCHE 24.
Larve de Calliphora anthropophaga Conil, de grandeur naturelle.
La même, vue de profil et grossie quatre fois.
La même, vue de face, même grossissement.
Stigmate du deuxième segment antérieur de la larve, vu sous une
ntation de vingt diamètres.
Extrémité antérieure de la larve, augmentée vingt fois.
Son extrémité postérieure, même augmentation.
. Nymphe, grandeur naturelle.
La même, grossie quatre fois.
C. anthropophaga @, grandeur naturelle.
» o >» »
Le même, sous un grossissement de trois diamètres et demi.
Tête de GC. anthropophaga Q vue de face et augmentée six fois.
Tête du &', même grossissement et vue également de face.
Tête vue de profil, avec la même augmentation.
PRET
PUBLICATIONS NOUVELLES
ho VWilloughby Soeicty.
Plusieurs zoologistes anglais se sont associés sous ce nom, pour faire réim-
primer les anciens écrits ornithologiques qui sont devenus rares où qui se
trouvent dans de grands recueils difficiles à consulter, et leur entreprise, dont
l'utilité est incontestable, sera certainement accueillie favorablement par les nä-
turalistes. Les membres de la Société, en acquittant annuellement une cotisa-
tion de 1 livre sterling (environ 25 francs), reçoivent toutes les publications de
cette Compagnie savante. Les trois fascicules déjà parus contiennent :
1° Ornithologica britannica, par Turnsrer (publié en 4771);
20 Un mémoire de DESFONTAINES sur des oiseaux des côtes de Barbarie (Aca-
démie des sciences, 1787);
39 Une série d'articles sur l’ornithologie de l'Afrique australe, par À. SMITH,
publiés dans le South african quarterly journal de 1830 à 1854.
Une quatrième livraison (pour 1880) est sous presse et contiendra le Cata-
logus rerum naturalium rarissimarum, par A. LICHTENSTEIN (1693). Les de-
mandes d'admission à la Société de Willoughhy doivent être adréssées au se-
crétaire, M. Goodinun, 10, Chandos street, Cavendish Square, Londres.
Recherches sur les affinités des Crustacés déenpodes, par M. J. Boas.
4 vol. in-4°. Copenhague, 1880.
Le travail de ce zoologiste a été publié in eætenso, en langue danoise, dans
les mémoires de l’Académie de Copenhague ; mais l’auteur y a joint une analyse
très complète rédigée en français, de sorte que tous les carunologistes pourront
facilement en prendre connaissance (ce livre est accompagné de 7 planches con-
sacrées principalement à la représentetion des pièces de l’appareil buccal des
décapodes).
Les Parasites et les maladies parasitaires chez l'Homme, les Animaux
domestiques et les Animaux sauvages, par M. MEGNEN.
1 vol. in-8° avec atlas de 26 planches.
Les observations de M. Megnen sur les Acariens ont été publiées en partie
dans les Annales des Sciences naturelles ou dans d’autres recueils scientifiques,
mais le volume que nous annonçons ici én contient beaucoup d’autres et il con-
stitue une acquisition intéressante pour l’entomologie.
Alllgators im China,
By A. FAUVEL, conservateur du Musée de Shanghaï,
Cet opuscule, imprimé en Chine, est consacré à l’histoire, la description et
la détermination des Crocodiliens de la Chine. On y trouve beaucoup de ren-
seignements sur les mœurs de ces animanx et sur les écrits des Chinois relatifs
à leur histoire.
ART. 6 bis.
MÉMOIRE
SUR
LA DISPOSITION DES VERTÈBRES CERVICALES
CHEZ LES CHÉLONIENS.
Par M. Léon VAILLANT,
(Présenté à l’Académie des sciences le 45 novembre 1880).
Les caractères singuliers qu'imprimentau squelette splanch-
nique des Ghéloniens ses connexions avec le squelette der-
mique, si exceptionnellement développé, ont depuis long-
temps fixé l'attention des zoologistes. Ainsi le rôle des côtes
dans la formation de la partie dorsale de la carapace, celui
des pièces sternales dans la composition du plastron ont
été discutés par les auteurs les plus éminents et diversement
interprétés. La position des membres dans la boîte solide
qui enveloppe plus ou moins complètement ces animaux,
la singulière conformation de plusieurs os, surtout de l’hu-
mérus et du fémur, obligés souvent de se contourner pour
permettre les mouvements dans cette situation anormale,
ont également donné lieu à de très intéressantes considé-
rations. Quant au crâne, Guvier, l’un des premiers, a insisté
sur les importantes modifications qu’il offre dans cet ordre et
Gray, en étendant et complétant cette étude, s’est servi lar-
gement, dans ses derniers travaux sur la classification des
Chéloniens, des différences présentées par cette portion du
squelette.
La région cervicale de la colonne vertébrale paraît toute-
fois n'avoir été jusqu'ici l’objet que d’un petit nombre de
remarques de la part des anatomistes et cependant, comme
on le verra dans la suite de ce travail, elle présente des diffé-
rences qu'on ne s’attendrait pas à rencontrer dans un groupe
si remarquablement homogène.
Cuvier, lors de la première édition de ses Leçons d'anatomie
comparée, ne parle qu'en passant (1) des vertèbres cervicales
(1) Leçons d'anatomie comparée, de Georges Cuvier, recueillies et publiées
sous ses yeux, par C. Duméril, chef des travaux anatomiques de l'Ecole de
médecine de Paris, t. [, p. 172, an vit (1800).
ANN; SC. NAT. ZOOL. — ART. N° 1.
2 L. VAILLANT.
des Chéloniens et n’indique pas quel est le mode d’articula-
tion des centrums. Dans les recherches sur les Ossements
fossiles (4) et la seconde édition des Leçons d’Anatomie com-
parée (2), bien qu'on ne trouve qu’une courte description de
ces parties, elle en fait fort exactement connaître les caractères
généraux. Le nombre des vertèbres cervicales y est rectifié et
indiqué comme étant de huit, non de sept, ainsi que cela se
trouvait mis par erreur dans la première édition (3). Quant au
mode d’articulation des corps vertébraux, abstraction faite de la
vertèbre atlo-odontoide, il se ferait suivant le mode procælien
habituel chez les Reptiles, chaque centrum étant « concave en
avant, convexe en arrière ».
Pendant l'intervalle qui a séparé la publication de ces im-
portants ouvrages, d'autres auteurs avaient étudié de leur côté
cette question et il convient de citer en première ligne
Bojanus.
Dans son remarquable travail sur l’anatomie de la Cistude
d'Europe (4), ce savant anatomiste à parfaitement figuré et
décrit les vertèbres cervicales de cette Tortue. Sur les fig. 47a
et47b (pl. XHE), ilreprésente la cinquième vertèbre cervicale de
face et de côté. L'ensemble des huit vertèbres est donné par les
fig. 1 et 52 (pl. XIV); sur la première, elles sont vues par la
face inférieure et disjointes pour montrer les surfaces articu-
laires ; sur la seconde, c’est au contraire la face supérieure
qui est représentée et les os sont réunis en deux groupes: le
premier, composédes cinq vertèbres antérieures ; le second, des
(1) Recherches sur les ossements fossiles, 4° édit., t. IX, p. 409, 1836. (Le
texte de cette édition est la reproduction de celui donné précédemment en
1824.)
(2) Leçons d'anatomie comparée, 2° édit., t. FE, p. 212, 1835.
(3) Ce chiffre de huit vertèbres est donné dans le texte des deux derniers
ouvrages, mais dans le tableau du nombre des vertèbres pour les reptiles (Ana.
comp., 2 édit.,t. Æ, p. 220), on trouve le chiffre 9; pour la Tortue franche, le
Trionyx du Gange, la Chélide matamata, la Tortue des Indes, seuls chéloniens
cités, il y a également une unité de différence, 8 au lieu de 7, entre le texte et
le tableau analogue, moins étendu, de la première édition (Loc. cit., p. 176).
(4) Anatome Testudinis Europeæ. Accedunt tabulæ, XXXI, quarum, IX,
duplici exemplo. Vilnæ, 1819-1821.
ARTICLE N° 7.
VERTÉBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. o
trois postérieures: quoniam nimirum vertebrarum colli spina,
obstanteplurinrum musculo retrahente capitis et colli (Musc.27)
nunquam in rectam lineum extendi potest, sed, vel maxima
extensione, & quinta inde vertebra oblique assurqit ; Roc loco
vertebrarum series dividenda videbatur. Siquidem hic omnia
explanato, nec contracto, vel obliquo positu demonstranda
erant. (Explic. Tab. p. 51.) La position du cou à l'état
d’élongation et de rétraction est admirablement figurée dans
son ensemble (fig. 12 et fig. 46, pl. VI). Il faut remarquer
cependant que le musele (27) rétracteur de la tête et du cou
n’est pas sans doute la principale ou tout au moins la seule
cause de l’obliquité dont parle Bojanus pour les dernières
vertèbres dans l'extension du cou, 1l faut avoir égard à
la disposition des facettes articulaires, tant du centrum
que des zygapophyses, et à l’obliquité même de la portion
inclinée de la carapace surplombant le cou. Quoi qu’il en soit,
ces figures et lexplication qui les accompagne peuvent être
regardées encore aujourd’hui comme le travail le plus exact
sur ce point d'anatomie.
Cependant Meckel (1), vers la même époque, tout en met-
tant à profit l'ouvrage précédent, y ajoute plusieurs remarques
importantes. Les espèces qu'il a étudiées sont, dit-il, le
Chelone midas, VEmys europæa et le Testudo græca. La dispo-
sition des surfaces articulaires des centrums est indiquée avec
soin, mais l’auteur paraît n'avoir étudié que l’Emys, et c’est
à tort qu'il dit : « La disposition des surfaces articulaires
est la même dans les différents genres. » En s’en tenant aux
espèces citées, on verra plus loin qu’il existe des distinetions
essentielles à établir entre elles à cesujet. Quant au mode d’ar-
ticulation en lui-même, cet anatomiste a, le premier, montré
qu'il s’effectuait chez les Chélonées par l’interposition d’une
substance fibro-cartilagineuse, tandis que chez les Emydeset les
Tortues on trouve des cartilages d’encroûtement, une syno-
(1) JS Meckel, Traité général d'anatomie comparée. Trad. de l'allemand,
par MM. Riester et Alph. Sanson, t. II, p. 578. 1828.
4 L. VABLLAN.
viale, des capsules fibreuses unissant les os; en un mot, une
articulation diarthrodiale au lieu d’une amphiarthrose.
Un peu plus tard, Duméril et Bibron, dans le premier volume
de leur Erpétologie générale (4), ont donné, d’après Bojanus,
la disposition des surfaces articulaires des vertèbres cervicales;
ils font remarquer en même temps les variations qu'on ren-
contre dans la longueur des corps vertébraux, en rapport avec
la dimension également variable de la région cervicale, et
indiquent, sans détails, les différences qui devraient exister
pour permettre les mouvements de rétraction du cou suivant
que lanimal est cryptodère ou pleurodère.
La portion cervicale du rachis des Ghéloniens ne paraît pas
avoir particulièrement fixé l'attention de Blainville ; du moins,
dans une note assez brève publiée vers 1837 (2), il se borne à
cette mention générale pour les Reptiles, que leurs vertèbres
sont «le plus souvent convexo-concaves (?) sphériquement,
avec appareil synovial, et quelquefois profondément bicon-
caves, sans solution de continuité ». |
Enfin, M. Wilhelm Peters, en 1839, a publié dans les
Archives de Müller (3) un travail sur l’ostéologie de l’Æydro-
medusa Maximiliani, où se trouvent d’intéressants détails sur
les vertèbres cervicales des Chéloniens. Malheureusement,
l’auteur n'avait eu à sa disposition que dessquelettes montés et,
comme il en fait très justement la remarque, 'il est difficile, avec
de semblables pièces, de se faire une idée exacte du rapport
des organes; d’ailleurs, l’objet principal de ses recherches était
d'étudier le crâne de cet animal et d'établir la signification des
différents os qui le composent; aussi ne parle-t-1l qu’inci-
(4) Duméril et Bibron. Erpétologie générale, t. 1, p. 270. 1834.
(2) Blainville. Note sur la forme des extrémités articulaires du corps des
Vertèbres dans les ostéozoaires ou vertébrés (Annales françaises el étrangères
d'anatomie et de physiologie, t. 1, p. 140).
(3) Zur Osteologie der Hydromedusa Maximiliani (Arch. f. anat., phys. u.
swiss Medicin, 1839, p. 280, pl. XIV, fig. 1 à 4. (L’année précédente, le même
auteur avait fait paraître comme {"° partie de sa thèse inaugurale un travail
analogue, sinon identique : Descriptio osteologica Hydromedusæ Maximiliani,
Berlin, 1838 ; je n’ai pu le consulter.)
ARTICLE, N° 14
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. )
demment de ces vertèbres. Gependant, il insiste (1), sur la dif-
férence que la soudure des pièces de l’atlas avec l’odontoïde,
chez l’'Hydroméduse, imprime aux mouvements de la tête; la
rotation de l’anneau atloïdien, sensible sur les Tortues, où ces
piècessont simplement réunies par des ligaments, devant faire
défaut dans l'espèce qu'il étudie. Un peu plus loin, il signale
les articulations des corps vertébraux entre eux comme variant
dans les différents genres et donne à ce propos (2) un tableau
dont l’objet se rapporte trop directement aux faits qui nous
occupent pour qu'il ne me paraisse pas utile d’en donner ici
la traduction.
85 VERTÈBRE. 7° VERTÈBRE. 6° VERTÈBRE. 5° VERTÈBRE. 4° VERTÈBRE.
CR CS D CS D OS RS. PRE OS RS
|
Postért, | Antért. | Postért.| Antért. | Postért.| Antért. | Postért.| Antért.| Postért.| An tért.
IL têtes. [IT cotyl. [IT cotyl. [IL cotyl. | E cotyl.| I cotyl.| I cotyl.| I tête. | I tête.
IT cotyl.|IT têtes. — — — — — — =
IL têtes. [IL cotyl.| I tête. | I cotyl.| I tête. | I cotyl.| I tête. | TI cotyl,| I tête. À
Hydromedusa I tête. { I cotyl.| I cotyl.| I tête. | I cotyl.| I tête. | I tête. — —
Comme on le voit, l’auteur, pour les cinq dernières vertèbres
cervicales, fait connaitre la forme des extrémités du centrum
postérieurement et antérieurement (3), en les indiquant comme
têtes (Kopf) ou cotyles (Gr.),1l note également s’il en existe une
ou deux à chaque articulation. Ges observations présentent
des lacunes, et même certaines erreurs, ce qui tient sans
doute à l’état des pièces sur lesquelles à porté l’examen.
Ainsi, pour l’Æmys, aux deux articulations séparant les
cinquième, sixième et septième vertèbres, il est singulier de
voir des cotyles répondre à des cotyles; ce mode d'union,
(4) Loc. cit., p. 287.
(2) Loc. cit., p. 288.
(3) Bien que ce tableau soit la reproduction de celui donné par M. Peters, je
dois faire remarquer que les désignations postérieurement (Hint) et antérieu-
rement (Vorn.) sont transposées ici; dans l'allemand, la première est en tête
de la seconde colonne pour chaque vertèbre et inversement quant à la seconde;
c'estévidemment là une erreur typographique.
6 EL. VAELLANT.
rare dans les Reptiles de notre époque (il n’est cité que chez
les Geckotiens et le singulier Hatteria punctata Gray), n’a
été trouvé jusqu'ici chez aucun Chélonien. En revanche,
M. Peters a fort bien reconnu la nature des vertèbres opis-
thocæliennes des Trionyx; il indique très exactement la
position de la vertèbre amphicælienne et des vertèbres amphi-
eyrtiennes chez l’'Hydroméduse de Maximilien.
M. Richard Owen a communiqué, le 8 novembre 4850, à la
Société royale de Londres un travail relatif à l’anatomie du
Mégathérium. S’occupant, dans une première partie, des
apophyses exogènes du rachis (1), il décrit certaines ver-
tèbres cervicales des Chéloniens et en figure quelques-unes.
L'auteur, ayant surtout pour objet d'éclairer une de ces ques-
tions d'homologie pour lesquelles il a acquis une si grande
autorité, n'entre pas dans l’étude détaillée de la portion rachi-
dienne cervicale des Tortues et n’en parle que d’une manière
tout à fait incidente. Il discute dans le texte (2) la signification
de l'os odontoïde et, en comparant l’atlas soudé de l’Hy-
draspis (Ghelodina) longicollis (3) à celui d’un Trionyx (4), où
les différentes parties Composantes sont distinctes, arrive à
cette conclusion que la pièce basilaire atloïdienne doit être
considérée comme l’analogue de l’hypapophyse. L’atlas typique
se trouverait chez les Poissons, les Batraciens, les Énaliosau-
riens ; cet os se présenterait sous une forme anormale chez
les Vertébrés à sang chaud, mais on pourrait trouver des
transitions chez les Chéloniens, les Lacertiens et les Ophidiens.
On voit aussi figurée (5) la huitième vertèbre cervicale de
ce même Hydraspis longicollis, qui, dit l’explication des
planches, car ilne paraît pas en être fait mention dans le corps
(1) R. Owen. Onthe Megatherium (Megatherium americanum, Blumenbach)
Part. [ : Preliminary observations on the exogenous processes of vertebræ. —
Phil. trans. London, 1851, pp. 719-764, pl. XLIV:à LIT.
(2) Loc. cit., p. 756.
(3) Loc. cit., pl. LIL fig 57, 58.
(4) Loc. cit., pl. LIN, fig. 53, 54, 55 et 56.
(6) Loc. cit., pl. LIL, fig. 59.
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS, 1
du mémoire, « est biconvexe comme la première vertèbre
caudale des Crocodiles ».
Le fait le plus intéressant, sur lequel M. Owen ne donne
pas, par malheur, de détails eirconstanciés, est relatif à la hui-
tième vertèbre cervicale des Trionyx. Elle est fort bien figurée
vue par la face inférieure (1) et par extrémité antérieure (2) ;
l'extrémité postérieure de la septième vertèbre est également
représentée, pour faire comprendre le mode d’articulation des
deux os (3). Le savant anatomiste anglais insiste spécialement
sur ce que cette huitième vertèbre offrirait « réunies deux
modifications remarquables, qui sont présentées séparément
par la vertèbre occipitale de la Grenouille et de l'Homme », à
savoir la présence de deux condyles articulaires et la jonction
des centrums des vertèbres occipitale et atloidienne par un
simple ligament. Il indique en effet que chez le Trionyx le corps
de la huitième vertèbre cervicale s’atténue postérieurement, se
réduit en une lame aplatie, jointe par un ligament au corps
de la vertèbre suivante, c’est-à-dire la première dorsale. Gette
comparaison, présentée sans développement dans lexplication
des planches, avec des renvois inexacts, car 1l marque une
figure, laisse peut-être un peu à désirer sous le rapport de la
clarté et l’auteur se réservait sans doute de revenir sur ce
point, mais il ne parait pas s’en être occupé depuis et, dansun
de ses plus récents ouvrages, parlant des vertèbres cervicales
des Tortues (4), se borne à indiquer la grande mobilité de
celte partie du squelette chez ces animaux, puis la présence
de deux vertèbres biconvexes, la quatrième et la huitième, cette
dernière ayant deux têtes articulaires en avant et son arc
neural fortement arqué, pour se prêter à la saillie de la plaque
nuchale qui la surplombe. C’est la disposition indiquée et
figurée par Bojanus pour la Cistude d'Europe.
Les traités généraux d’anatomie comparée parus vers la
(4) Loc. cit., pl: LIT fig: 65:
(2) Loc. cit., pl. LT, fig. 64.
(3) Loc. cit., pl. LIL, fig. 63.
(4) On the anatomy of Verlebrates, t. 1, p. 64, London, 1866.
8 E. VABELAN'T.
même époque ou postérieurement, et que J'ai pu consulter,
n’ajoutent rien à ce qu’avaient dit les auteurs dont les travaux
viennent d’être analysés. Stannius, dans son Manuel bien
connu (1), donne simplement une idée générale de la dispo-
sition des vertèbres et des formes variées que présentent les
surfaces articulaires des centrums,sans préciser aucune diffé-
rence suivant les espèces. M. Miine-Edwards (2) rappelle comme
M. Owen la mobilité extrème de cette partie du squelette et
sa Composition.
M. Huxley (5) et depuis Paul Gervais (4) ont plus récemment
fait connaître avec quelques détails les vertèbres cervicales chez
deux Tortues de mer, le Chelone midas et le Sphargis coriacec ;
il sera question plus lom de ces travaux dans la description
des espèces analogues.
En résumé, la région du cou n’a été étudiée jusqu'ici
chez les Chéloniens que sur un fort petit nombre d’espèces
et, d’après les anatomistes, on n'observerait chez ces ani-
maux que des variations insignifiantes, permettant de sup-
poser que le groupeest non moins homogène sous ce rapport
qu'au point de vue de la forme générale. |
Frappé il y a quelques années des différences que me montra
l’étude des vertèbres cervicales dans des espèces très voisines
telles que les Testudo pusilla Shaw, Testudo pardulis Bell,
d’une part, les Testudo radiata Shaw, Testudo elephantina
D. B., d'autre part, et des modifications encore plus considé-
rables offertes par différents Trionychida, dont le laboratoire
d'herpétologie possédait de fort bonnes pièces ostéologiques,
Je fis préparer tous les os provenant des animaux mis en peau
pour les galeries. Nous sommes ainsi parvenus à rassembler
(1) Nouveau manuel d'anatomie comparée. Trad. par MM. A. Spring et
Th. Lacordaire, t. II, p. 146, Paris, 1850.
(2) Leçons sur la Physiologie et l’'Anatomie comparée de l'homme et des
animaux, t. X, p. 396. Paris, 1872.
(3) A Manual of the anatomy of Vertebrat. 4 Animals, p.197. London, 1871.
4) Osteologie du Sphargis luth (Sphargis coriacea), Nouv. Arch. du Mu-
eum, t. VIII, p. 199, pl. V à IX, 1872.
ARTICLE N° 1.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. )
les séries des vertèbres cervicales de plus de soixante individus
appartenant à environ quarante-six espèces, qui représentent
les formes les plus variées de l’ordre des Chéloniens et ont
permis de reconnaître la grande diversité offerte dans ce
groupe par cette portion du squelette.
Ce fait peut s'expliquer théoriquement au point de vue
biologique, si on réfléchit à la variété de conditions d’exis-
tence des Tortues et à leur conformation toute particulière.
Nous trouvons dans ce groupe des animaux complètement
terrestres, tels que les Testudo; d'autres qu’on peut regarder
comme essentiellement aquatiques : tels sont les Chelone et en
général lesautres Tortues de mer, qui ne viennent sur le rivage
exclusivement qu'au moment de la ponte ; entre ces extrêmes,
les Terrapene, les Cistudo, les Chelydra, les Trionyx, etc., don-
nent, on peut dire, tous les intermédiaires. D'un autre côté,
chez les Chéloniens, les membres, contournés pour sortir de Ia
carapace au travers des ouvertures qui leur livrent passage,
n'ont que des mouvements très peu variés el leur rôle se
trouve réduit à servir à la progression, qu'il s'agisse de la
natation ou de la marche. Le cou et la tête sont done les
seules parties qui, pouvant jouir d’une certaine mobilité,
permettent à ces reptiles de se mettre en rapport avec les
objets qui les entourent par le toucher, et ce sens parait
devoir être fort obtus sur la plus grande partie du tégu-
ment, revêtu d'ordinaire d’écailles sèches, dures, doublées
d’une enveloppe osseuse. C’est encore le eou mobile qui
permet à ces êtres de saisir leur nourriture; or, le régime étant
tantôt végétal, tantôt animal, el consistant, dans ce dernier
cas, soit en proies vivantes, soit, plus rarement, en proies
mortes, on comprend que pour répondre à ces différentes
nécessités [a Nature ait dù modifier de façons multiples les
parties osseuses, lesquelles, formant la charpente de cette
région, en commandent les mouvements.
Malgré la diversité qui, on le verra plus loin, se ren-
contre dans la série des vertèbres cervicales, surtout pour
les dimensions proportionnelles et le mode d’articulation
40 L: VAHLLANT.
des pièces les unes avec les autres, il y a cependant un fond
commun, des caractères généraux, permettant de reconnaître
ces organes et de les distinguer, on peut dire à première vue,
des parties homologues des autres vertébrés. Avant d'aborder
la description des différents types que j'ai pu distinguer chez
les Chéloniens, il n’est pas inutile de rappeler brièvement ces
particularités, lesquelles d’ailleurs ont depuis longtemps
frappé les anatomistes et se trouvent exposées en partie dans
les ouvrages précédemment cités.
Dans toutes les espèces connues de Chéloniens, les vertèbres
cervicales, très nettement distinctes, comme région, de la co-
lonne vertébrale, sont au nombre de huit, quelle que soit
la longueur du cou.
La première vertèbre est généralement composée de quatre
pièces, trois appartenant à l’atlas proprement dit, la qua-
trième n'étant autre chose que l’apophyse odontoïde, toujours
distincte du corps de la seconde vertèbre. Cet ensemble
peut être désigné sous le nom de vertèbre atlo-odontoïde. La
réunion de ces différentes parties est d'autant plus justifiée, au
moins au point de vue descriptif, que souvent, chez la Tortue
matamata par exemple, 1l y a entre elles soudure complète,
comme Cuvier paraît le premier en avoir fait l'observation.
Chez des individus très âgés du genre Testudo, il peut aussi
y avoir soudure accidentelle des trois pièces de latlas, ce que
j'ai pu observer sur un Testudo tabulata, Walb., mais los
odontoïde reste toujours libre (1).
(1) La manière dont les différentes parties de la vertèbre atlo-odontoïde sont
jointes fait que, sur les squelettes préparés par la méthode ordinaire de
macération, il est fort difficile de les obtenir dans leurs rapports naturels et
trop souvent, par suite de leur petitesse, une ou plusieurs pièces se perdent,
ce qui nous est arrivé quelquefois, et pour des animaux rares et précieux.
Aussi, dans ces derniers temps, a-t-on préparé dans notre laboratoire ces séries
de vertèbres séparées par le procédé de l’ébullition, en employant toutefois le
carbonate d’'ammoniaque, au lieu des carbonates de soude ou de potasse, comme
on le fait d'ordinaire. La base de ce sel ne déplaçant pas la chaux, on a le
double avantage de pouvoir mettre les os dans cette lessive dès le début de
l'opération et la surveillance ne demande pas à être aussi active. En exami-
nant de temps à autre la pièce, on peut, à un certain moment, enlever la ver-
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 11
Les sept vertèbres suivantes sont allongées, le corps étant au
moins moitié plus longque large, sauf chezles Tortues de mer.
La suture qui sépare le centrum de Pare neural persiste sur la
plupart des os durant toute la vie; cependant, avec l’âge, elle
devient peu distincte aux vertèbres antérieures ; sur les posté-
rieures, au contraire, pour peu que la macération soit trop
prolongée, il n’est pas rare de voir les parties se disjoindre
spontanément suivant cette suture.
Les apophyses épineuses, tant supérieures qu'inférieures,
peuvent être regardées comme faisant absolument défaut, ou
tout au moins ne sont en général représentées que par des
crêtes, des carènes peu saillantes. Cependant, la seconde ver-
tèbre, désignée souvent, par analogie, sous le nom d’axis,
dénomination qui, au sens propre du mot, serait fautive chez
les Chéloniens, est d'ordinaire munie d’un prolongement plus
réellement épineux et sous le corps de Îa huitième existe sou-
vent une saillie assez élevée, qui, dans certaines espèces, les
Cinosternes et les Staurotypes par exemple, est bifide (4).
Les apophyses transverses, chez les Tortues cryptodères,
sont très peu développées ou même nulles: c’est là un des
caractères principaux donnés par les auteurs pour distinguer
les vertèbres des Chéloniens en général, mas il ne s’applique
pas aux Tortues pleurodères, chez lesquelles ces parties sont
nettement distinctes (2).
Quant aux apophyses articulaires, on conçoit qu'elles doi-
vent présenter de notables différences suivant que le cou se
rétracte directement d'avant en arrière ou se rabat de côté;
ce point sera exposé plus en détail dans la suite de ce mé-
moire,
ièbre atlo-odontoïde et la nettoyer à part, tandis qu’on laisse bouillir les autres
os aussi longtemps qu’on le veut sans crainte d'accident. Les muscles et les
ligaments, surtout dans les pièces fraiches, sont changés en une sorte de matière
gélatineuse qu'on enlève avec la plus grande facilité, soit en brossant les parties
sous l’eau, soit en les frottant avec un linge, Ce procédé nous a donné d’ex-
cellents résultats.
(4), PL:28, fe. VIT, D: 8:
(2) PL. 29, fig. XI et XIL.
49 L. VAILLANT.
Cependant, on peut donner, comme caractère général pour
tous les Chéloniens, que les zygapophyses forment des prolon-
gements nets et que les facettes antérieures regardent toujours
en haut et plus ou moins en dedans et en arrière, les facettes
postérieures en bas et plus ou moins en dehors, même parfois
en avant. La seconde vertèbre fait exception en ce qui con-
cerne les facettes articulaires antérieures, lesquelles ne sont
pas portées, à proprement parler, sur un pédoncule et regar-
dent en dehors. ;
Enfin, il est utile de faire remarquer que les tendons des
intertransversaires du cou, insérés à la partie postérieure et
inférieure du centrum, présentent de petits os sésamoïdes qui,
avec l’âge, peuvent se souder à la vertèbre et, sur une même
espèce, produisent des changements de forme assez singuliers
auxquels il est important d’avoir égard, surtout dans les études
paléontologiques.
Les faits que je désire exposer dans ce mémoire montrant
que chez les Ghéloniens des différences sensibles, sous le rap-
port de la disposition des vertèbres cervicales, se rencontrent
dans des animaux très voisins, J'ai cru devoir procéder d’une
manière analytique, en distinguant un certain nombre de
types autour desquels peuvent se grouper les différentes es-
pèces examinées.
Ces divisions sont établies anatomiquement en se basant sur
le mode d’articulation des centrums.
On rencontre chez les Chéloniens, et très fréquemment dans
une même espèce, toutes les combinaisons signalées par les
analomistes pour la forme des extrémités articulaires. Tantôt,
la facette antérieure étant concave, la postérieure est convexe ;
cette sorte de vertèbre, dite procælienne, est, on le sait, la plus
habituelle ; pour les Reptiles, d’autres fois, la vertèbre est opis-
thocælienne, dans d’autres cas amphiceælienne, enfin une qua-
trième forme est donnée par des vertèbres amphicyrtiennes,
c’est-à-dire convexes aussi bien en avant qu’en arrière. Ces dif-
férents types vertébraux, se combinant de manières variées, per-
mettent d'établir des groupes baséss pécialement sur la présence
=
ARTICLE N° 4.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 13
ou l’absence, le nombre et la situation des vertèbres amphi-
cyrtiennes dans la portion cervicale du rachis.
D’autres caractères sont donnés par la complication
variable des surfaces ‘articulaires, fait d’un grand intérêt
au point de vue physiologique. Le plus souvent, ces sur-
faces articulaires sont simples, c’est-à-dire qu'à une tête
convexe, soit parfaitement hémisphérique, soit ovoïde, cor-
respond une cavité cotyloïde semblable d’où résulte une
articulation énarthrodiale permettant des mouvements variés,
limités seulement par la disposition des apophyses articu-
laires conjointes. Dans d’autres cas, on trouve deux têtes
et deux cavités correspondantes 1ormant l'articulation de
deux vertèbres successives, ces surfaces articulaires doubles
sont placées suivant le sens transversal, c’est-à-dire qu'il y
a une tête à droite de la ligne médiane et une à gauche, de
même pour les cavités. Cette disposition, on le comprend,
s’oppose aux mouvements de latéralité et ne permet plus que
la flexion et l'extension, les apophyses articulaires sont dis-
posées pour concourir au même résultat et l’articulation, dans
cecas, devient un véritable ginglyme. On peut ici encore avoir
égard à la présence, au nombre, aux points où se rencontre
ce mode d’articulation, quoique d’ailleurs, comme on le verra
plus loin, toutes les transitions existent entre l'articulation
franchement énarthrodiale formée de surfaces hémisphériques
et l’articulation double ginglymoïde.
Enfin, des différences importantes se tirent de la disposition
des zygapophyses et du mode d’articulation des corps verté-
braux, suivant que, dans ce dernier cas, la présence de liga-
ments périphériques et d’une synoviale en fait une diar-
throse, ou que l'union a lieu par amphiarthrose comme chez
l’homme.
Avant d'aborder l’étude des différents groupes établis
d’après les caractères qui viennent d’être brièvement énu-
mérés, 1} est nécessaire d'indiquer certaines conventions
adoptées pour rendre les descriptions plus régulières.
La position de chaque vertèbre sera toujours supposée telle
ANN. SC. NAT., ZOOL., DÉCEMBRE 1879-80. X. {8.— ART. N° 1.
44 E. VAILLANT.
que l’extrémité du centrum, dirigée vers la tête, soit anté-
rieure, et inversement pour l'extrémité opposée dite pos-
térieure; l'arc neural est désigné comme côté supérieur et la
face opposée du centrum comme côté inférieur ; les côtés droit
et gauche n’offrent pas de difficultés. Ges désignations, con-
formes à ce qu’on pourrait appeler la position anatomique, si
elles sont exactes ou peu s’en faut, pour les Ghéloniens pleuro-
dères, dont le cou se replie dans un plan horizontal, et même
pour les Tortues de mer, à tête peu ou pas rétractile, sont
absolument fautives, au sens propre du mot, chez les Ghélo-
niens cryptodères, pour les dernières vertèbres dans lPétat
d'extension du cou, pour la moitié d’entre elles dans Pétat
de rétraction. On peut consulter à cet égard les belles planches
de Bojanus et je reviendrai plus loin sur ce point, à propos
des Trionyx, dont la dernière vertèbre cervicale offre au maxi-
mum une disposition insolite dans la direction de l’axe du
centrum.
Admettant avec la plupart des anatomistes que les trois
pièces de l’atlas et l’os odontoïde forment un ensemble, les
vertèbres seront désignées suivant leur rang par un numéro
d'ordre de Ia première à la huitième.
Quant aux articulations entre les vertèbres successives, pour
plus de simplicité, elles seront également numérotées en regar-
dant comme première articulation celle placée entre la pre-
mière et la seconde vertèbre cervieale, et ainsi de suite jusqu’à
la septième, qui se trouverait entre les septième et huitième
vertèbres, chaque articulation porte amst le chiffre corres-
pondant à los antérieur, qui concourt à sa formation. La
jonction de la tête avec le rachis se fait par l'articulation
occipito-cervicale ; celle de la huitième vertèbre cervicale avec
la première dorsale pourrait encore être désignée sous le nom
d’articulation cervico-dorsale.
ARTICLE N° 7,
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 45
Ï. CISTUDO ORBICULARIS, Lin.
(PI. XXVEL, fig. E séries À, B, G. D. E : 1 à 8.) (t)
On sait avec quel soin la Gistude d'Europe a été étudiée par
Bojanus au point de vue anatomique; aussi cet animal, dans
un travail de la nature de celui qui nous occupe ici, mérite-t-1l
d’être pris de préférence pour type. C’est d’ailleurs une Tortue
cryptodère, dont la tête peut être entièrement cachée dans la
carapace, puisque celle-ci est susceptible de se refermer; elle
présente donc les particularités qui caractérisent essentielle-
ment les Chéloniens, tout en appartenant à un genre imtermé-
diaire entre les Tortues tout à fait terrestres et celles qui, au
contraire, sortent peu de l’eau.
Sauf la première et la huitième, toutes les vertèbres sont
allongées, elles vont en croissant comme longueur jusqu’à la
quatrième et cmquième, et décroissent à partir de là à peu près
dans les mêmes proportions. La première, ou vertèbre atlo-
odontoïde, offre une conformation toute spéciale et doit être
étudiée à part.
VERTÈBRE ATLO-ODONTOÏDE. — Dans cette espèce, comme
dans la grande majorité des Chéloniens, la vertèbre atlo-
odontoïde est formée de quatre os distincts {2) : la pièce basi-
laire et les deux lamelles neurakes, plus un os posté-
rieur, l’apophyse odontoïde, toujours séparée de la seconde
vertèbre, et devant être décrit en mêmetemps comme on l’a vu
plus haut.
La pièce basilaire de l’atlas, de forme irrégulièrement
(1) Les vertèbres de la Cistude d'Europe ayant été admirablement figurées
par Bojanus, dans le travail et les planches précédemment citées, j'ai préféré
faire représenter ces os d’aprèsjune espèce voisine, le Terrapene carrinata, Lin.
ou Cistude de la Caroline, laquelle appartient au groupe des Cistudes clau-
siles de Duméril et Bibron, tandis que la première fait partie des baillantes.
Ces espèces sont assez semblables, en ce qui concerne la portion cervicale du
rachis, pour que cette substitution ne présente aucun inconvénient au point de
vue descriptif et il y a, je crois, avantage, dans un semblable sujet, à faire
connaître par des figures un plus grand nombre d’espèces différentes.
81226 gl DET.
16 EL. VAILLANT.
cubique, présente en avant une facette, laquelle concourt à
former la cavité articulaire qui reçoit le condyle occipital (1).
La face postérieure est dirigée en haut au point de se con-
fondre avec la face supérieure ; elle est occupée par une partie
plate qui glisse sur une surface correspondante de l’os odon-
toide. La face supérieure, très réduite, forme en parue le
canal dans lequel passe le ligament rond occipito-odontoïdien.
La face inférieure, un peu relevée en toit, offre un petit tuber-
cule d'insertion médian postérieur. Latéralement, on trouve en
avant une surface pour l'articulation avec la lame neurale cor-
respondante ;en arrière, c’est plutôt un bord qu’une face, ce bord
se termine par une saillie pour des insertions ligamenteuses.
Les lames neurales (2), de forme assez difficile à caracté-
riser, peuvent être considérées comme composées de deux par-
ues, l’une inférieure, l’autre supérieure, limitées par une ligne
menée de l’échancrure du trou de conjugaison antérieur à
celle du trou de conjugaison postérieur (3). La première
se porte en dehors et en arrière; elle est renflée en avant,
lamelleuse au côté opposé; la portion renflée présente trois
surfaces articulaires : l’une, antéro-interne, concourt avec l’ho-
mologue de l'os du côté opposé et la face antérieure de la
pièce basilaire à former la cavité (4) qui reçoit le condyle
occipital ; la seconde, inférieure, s'articule par amphiarthrose
avec cette même pièce basilaire; cette articulation jouit de
peu de mobilité et, d’après des observations faites sur d’autres
espèces, peut disparaître avec l’âge par suite d’une véritable
soudure; la troisième surface, dirigée en dedans et en arrière,
est destinée à l'articulation avec l'os odontoïde. La partie supé-
rieure des lames neurales en avant se porte en haut et en
dedans, pour s'unir par amphiarthrose à la lame du côté op-
posé et compléter ainsi en dessus le canal rachidien (5); en
(1) PL. 96, fig. I, D : 1.
(2) Voy. surtout pl. 26, fig. I, B, D. E. : 1
(8) PI: 20;fi9. 48 (B.:41.
(4) PI. 26, fig.,L -D..: 1.
(6) PI 26e PE: 1.
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 17
arrière, elle se bifurque, la branche externe styliforme peut
être considérée comme une apophyse transverse, l’autre
branche est la zygapophyse postérieure et porte une facette
articulaire interne regardant en dedans et un peu en bas pour
répondre aux zygapophyses antérieures de la seconde ver-
tèbre.
L’os odontoide est allongé, les trois pièces de l’atlas lui
forment une cavité de réception, mais il est loin d’y être con-
tenu entièrement et dépasse d'environ moitié de sa propre
longueur l’extrémité postérieure de la pièce basilaire précédem-
ment décrite (1). Sa forme est celle d’un prisme triangulaire
horizontalement placé une des faces en haut et dilaté en ar-
rière pour présenter une extrémité carrée. La face supérieure
est en quadrilatère, concave. Les faces latérales excavées sont
rhomboïdales. L’extrémité antérieure, transversalement diri-
oée, étroite, beaucoup plus large que haute, présente au
centre une dépression où s’insère le ligament rond occipito-
odontoïdien et, de chaque côté, une facette articulaire légère-
ment oblique d'avant en arrière et de haut en bas, qui répond
aux facettes internes de la portion inféro-antérieure des lames
neurales. La face postérieure concave est obliquement dirigée
de haut en bas et d’avant en arrière, regardant par suite un
peu en haut, quadrilatérale comme on l’a vu précédemment ;
son côté supérieur est moins étendu que l’inférieur. Les arêtes
supérieures n’offrent rien d'important à noter, l'arête infé-
rieure est occupée par une facette ovalaire, très allongée, qui
répond à la facette articulaire de la face supérieure de }a
pièce basilaire atloïdienne.
VERTÈBRES POST-ODONTOÏDEs. — Les vertèbres suivantes
offrent entre elles plus d’analogies, on peut les étudier simul-
tanément et comparativement dans les différentes parties qui
les composent.
Centrum. — La disposition des surfaces qui terminent les
centrums et servent à leur articulation les uns avec les autres,
(1) PL. 6, fig. I, B:1.
18 L. VAILLANT.
permet de distinguer des vertèbres se rapportant aux diffé-
rents types admis par les anatomistes. La première verièbre
atlo-odontoïde, dans son ensemble, étant amphicælienne,
les deuxième et troisième sont opisthocæliennes, la quatrième
amphicyrtienne, les cinquième et sixième procæliennes, la
septième amphicælienne, enfin la huitième amphicyrtienne.
Les quatrième et cinquième vertèbres sont les plus longues,
doubles environ de la huitième, dont la longueur est un peu
supérieure à celle de la première; les autres sont intermé-
diaires sous ce rapport, les troisième et sixième étant toutefois
plus longues que les deuxième et septième. En résumé, la
longueur du centrum va en croissant de la première à la qua-
trième vertèbre et en décroissant de la cinquième à la der-
nière (1).
La forme, toujours allongée, varie suivant que l’on consi-
dère les vertèbres antérieures ou postérieures. De la deuxième
à la quatrième, le corps est en prisme triangulaire, renflé à
ses extrémités avec une arête dirigée en bas; dans les trois
suivantes, c’est un prisme quadrangulaire, également renflé
aux extrémités, à peu près régulier pour la cinquième, beau-
coup plus large que haut pour la sixième et la septième. Sur la
huitième vertèbre, 1l peut être comparé à une pyramide qua-
drangulaire aplatie, plus large que haute, dont la base répond
à l’extrémité antérieure et le sommet à l’extrémité postérieure
du centrum.
À la partie médiane de la face inférieure, se voit une crête
longitudinale tranchante (2); elle occupe toute la longueur du
centrum de la deuxième à la cinquième vertèbre, s’atténue
graduellement en arrière sur les deux suivantes et se change
en une sorte de tubercule comprimé, élevé, sur la huitième.
Le bord libre de cette crête, un peu convexe pourla deuxième
vertèbre, est plutôt rectiligne sur les suivantes, jusqu’à la ein-
quième.
(1) PL. 96, fig. I, A,
(2) PI. 26, fig. I, À,
ARTICLE N° 7,
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 19
Les facettes articulaires antérieures (1) convexes des
deuxième, troisième et quatrième vertèbres sont en tête
hémisphérique, supportée par une espèce de col sur les deux
dernières, sur la seconde la saillie est beaucoup moins
sensible et le cartilage d’encroûtement; non distinct. Ces
facettes, sur les trois vertèbres qui viennent ensuite, sont
concaves, mais fort différentes suivant le rang dans la série :
sur la cinquième, c’est une cupule simple, un peu plus large
que haute et tournée très légèrement en haut; sur les sixième
el septième, 1l existe une double cupule, chacune ovoïde à
srand axe dirigé transversalement, elles sont séparées par une
petite arête verticale et regardent un peu en haut pour la
sixième vertèbre, directement en avant pour la suivante. La
huitième vertèbre, à sa surface articulaire antérieure, pré-
sente une disposition inversement analogue; ce sont deux
saillies ovoides transversales, séparées par une dépression mé-
diane.
Les deuxième et troisième vertèbres offrent en arrière (9)
des surfaces articulaires à contour à peu près quadrilatéral,
creusées en cupule au centre, la direction en est oblique
d'avant en arrière et de haut en bas. La quatrième présente
une tête convexe comparable à celle décrite précédemment
pour son extrémité antérieure. Les cinquième et sixième ont
une double saillie ovoide transversale, comme la face anté-
rieure de la huitième vertèbre. Enfin, la septième est munie
à sa partie postérieure, comme à sa partie antérieure, de deux
cupules ovoides séparées par une petite crête médiane. Quant
à la huitième vertèbre, elle s’articule avec la première dorsale
au moyen d’une tête hémisphérique portée sur un col rétréct;
cette tête est légèrement aplatie de haut en bas et le cartilage
d’encroûtement se prolonge sur les parties latérales, montrant
par là combien les mouvements de cette articulation sont
étendus
20 L. VAILLANT.
Arc neural.— Les lames neurapophysaires se réunissent en
un toit plus ou moins élevé suivant les vertèbres (1), très sur-
baissé, presque plan de la troisième à la cinquième, il est
aigu sur la deuxième et, en arrière, s'élève de plus en plus
de la sixième à la huitième. La longueur de larète (2) du toit
sur la deuxième vertèbre est égale à la longueur du centrum ;
elle esc plus courte sur les suivantes, sauf la huitième, où elle
lui est supérieure. Au reste, ce nom d’arête, même chez les
individus où cette partie est le plus marquée, ne peut être
pris dans un sens absolu pour toutes les vertèbres. Sur la
deuxième, c’est une crête saillante comparable à celle de la
face inférieure du centrum etoccupant toute la ligne de jonction
des lames neurapophysaires. Pour la troisième, la crête encore
bien visible est cependant très surbaissée. Sur la quatrième,
c’est un tubercule comprimé latéralement qui s'élève au
bord antérieur des lamelles et se continue en arrière en une
ride peu apparente. Quant à la cinquième, on peut dire qu’elle
est absolument privée de crête; 1l en est de même pour
la sixième, où cependant se voit une petite ligne saillante
bifurquée en arrière ; les branches de la bifurcation gagnant
les zygapophyses postérieures. Sur la septième, la petite ligne
saillante antérieure manque, mais les branches de bifureation
se relèvent fortement en crêtes véritables. C’est encore la dis-
position qu’on observe sur la huitième, où ces crêtes forment
comme des sortes d’ares-boutants pour soutenir les zygapo-
physes postérieures. D'ailleurs, en ce qui concerne la saillie de
la crête neurapophysaire médiane, sauf sur la deuxième
vertèbre, où elle est constante, on observe sur les quatre
suivantes des variations individuelles qui peuvent aller jusqu’à
une disparition complète, même chez des sujets adultes et bien
développés.
Les zygapophyses antérieures sur la deuxième vertèbre (3)
forment deux prolongements aplatis directement dirigés d’ar-
(1) PL 96, fig.
(2) PI. 96, fig. 1, B, C.
(3) PL. 96, fig. 1, B, C
ARTICLE N° 2
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 91
rière en avant, la facette articulaire en occupe la partie exté-
térieure, elle regarde en dehors et en haut, linclinaison étant
d'environ 45 degrés, la surface en est un peu convexe pour se
prêter au mouvement de rotation de l’atlas. Toutes les autres
vertèbres (1) ont ces apophyses nettement séparées de la
lamelle neurale et formant une saillie à l’extrémité interne et
supérieure de laquelle se trouve la facette articulaire. Elles
se dirigent de bas en haut et d’arrière en avant, obliques de la
troisième à la cinquième vertèbre, tout en se relevant de plus
en plus, presque verticales pour les deux suivantes, et de nou-
veau inclinées en avant sur la huitième. La facette articu-
laire (2) est dirigée obliquement en dedans sur la troisième ver-
tèbre ; sur les deux suivantes, elle regarde de plus en plus en
arrière et est presque complètement tournée dans cette direc-
tion sur la sixième; pour les septième et huitième, elle
s’abaisse de nouveau, la position de la facette sur la dernière
vertèbre étant à peu près celle qu'on trouve sur la troi-
sième.
La facette articulaire zygapophysaire postérieure de l’atlas
a été décrite plus haut avec cet os. Les zygapophyses posté-
rieures des vertèbres suivantes (3), sauf la huitième, sont
disposées d’une manière assez uniforme. Ge sont des prolonge-
ments en pyramide triangulaire, dirigés directement et hori-
zontalement en arrière, dépassant plus ou moins le niveau de
l'extrémité du corps, si celui-ci porte des surface articulaires
concaves (4), l’atteignant à peine dans le cas contraire (5). La
facette articulaire, de forme ovoïde à grand axe dirigé d'avant
en arrière, occupe une des faces de la pyramide et regarde
obliquement en dehors et en bas. Les zygapophyses postérieures
de la huitième vertèbre sont très fortes et, dans la position
conventionnelle où nous considérons cet os le centrum hori-
(PIE 20e DB 29 878
(2):P126, fig. 1 C8 48
GP 2616 BCE
(4) PI. 26, fig. 1, B: 8 et 7.
B
(5) PL. 26, fig. 1, B : 5.
22 L. VAILLANT.
zontalement placé, se recourbent de haut en bas (1) en décri-
vant un quart de cercle, qui ramène leur extrémité au niveau
du bord inférieur du corps vertébral. Une large facette articu-
laire occupe presque toute la partie Interne de la courbe, pour
s’enrouler autour de la zygapophyse dela première dorsale (2),
formant une sorte de gond, qui cependant permet certains
mouvements de latéralité.
Pleurapophyses.— Ges parties, chez la Gistude de la Garoline
et la Cistude d'Europe, sont proportionnellement peu déve-
loppées.
On a vu que, pour latlas, elles consistent en deux sortes de
prolongements styliformes placés à la partie postérieure et
dirigés en arrière. Sur les autres vertèbres (3), au contraire,
ce sont plutôt des tubercules ; ceux des premières sont aplatis
de haut en bas, leur dimension va en décroissant de la deu-
xième vertèbre, où leur longueur est égale à la largeur du
centrum, jusqu'à la huitième, sur laquelle ne se voit plus
qu'une sorte de tubérosité rugueuse surbaissée; toutes sont
placées à la partie antérieure du corps de chaque côté de la
surface articulaire, dirigées directement en dehors et, pour les
plus longues, un peu en bas.
La huitième vertèbre présente, au-dessous des tubérosités
articulaires antérieures, sur la face inférieure du corps, une
éminence souvent très développée (4) qu’on doit regarder sans
doute comme représentant la parapophyse.
La disposition anatomique a été trouvée la même dans les
espèces suivantes : Emys terrapin Schn., E. serrata Daud,
E. quitata Schneïd, Æ!. elegans Neuw., E. macrocephala Gray.
Le mode suivant lequel a lieu l'articulation des vertèbres
présente quelques variations. Pour les zygapophyses, pour une
parte des articulations des corps vertébraux entre eux, ce
(DPL96, fig, 1, B: 8:
(2) PI, 26, fig. TI.
(3) Voy. surtout pl. 26, fig. 1, A, B.
(4) PL. 26, fig. 1, À : 8.
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS, 23
sont de véritables diarthroses, mais pour d’autres de ces der-
niers ce seraient plutôt des amphiarthroses.
Les vertèbres sont réunies par des ligaments s'étendant de
lune à l’autre sur tout leur pourtour, formant ainsi une gaine
tubuleuse au rachis; de cette gaine générale partent des cloi-
sons internes, qui complètent les manchons articulaires des
centrums et des zygapophyses. Ges lames sont généralement
minces; cependant, sur certains points, la partie supérieure de
la VIE articulation par exemple, ils s’'épaississent en donnant
naissance à de véritables cordons ligamenteux aplatis.
Des synoviales existent aux articulations zygapophysaires ;
elles n’offrent rien de spécial à noter. On en trouve également
aux articulations Ie, LIT, IVe, Ve et VIT: des corps vertébraux ;
souvent un cartilage d’encroûtement épais et mou adhère à
l’une des surfaces articulaires et est séparé de l’autre par la
cavité séreuse ; c’est une sorte de disque interarliculaire mcom-
plètement libre, Dans les VI et VIT° articulations, ce cartilage
adhère aux deux surfaces ; ce sont donc des amphiarthroses ;
toutefois, la laxité et la mollesse de ce tissu, presque diffluent,
permettent des mouvements très étendus.
Dans l'articulation occipito-atloïdienne existe un ligament
rond, se rendant de la fossette de la tubérosité occipitale à los
odontoïde au travers de l’anneau formé par les trois pièces de
l'atlas. L’os odontoïde lui-même adhère intimement par am-
phiarthrose à la deuxième vertèbre, la mobilité dans cette
articulation étant presque nulle:
Le mouvement de la tête sur l’atlas est très étendu et
comprend la flexion, l'extension, l’abduction, la circum-
duction par conséquent, et une rotation dans laquelle les
positions extrêmes de la tête peuvent différer d'au moins
90 degrés.
Pour les mouvements de l’atlas sur la seconde vertèbre, il
faut considérer deux articulations, l’apophyse odontoïde étant
isolée, mais celle-ci, on vientdele voir, est intimement unie au
corps vertébral suivant et les mouvements sont là très limités.
Au contraire, l'articulation atlo-odontoïde jouit de mouvements
24 L. VAILLANT.
variés, l'extension (1) et l’abduction sont notables, mais la
rotation l’est davantage et concourt à augmenter ce mouve-
ment pour la tête, qui arrive, avecle jeu desarticulations IT et
IV® suivantes, à pouvoir occuper deux positions différant de
180 degrés l’une de l’autre.
Les articulations I et IIT° ont à peu près les mêmes mouve-
ments, moins nombreux cependant ; on y reconnait l’abduc-
tion, plus limitée pour la seconde que pour la première, et lex-
tension, fort étendue, car elle permet aux vertèbres de se placer
dans ce sens à angle droit, l’une par rapport à l’autre. Pour
la IV°, il en est à peu près de même; seulement, Pabduction est
encore moindre et l’extension ne dépasse pas 45 degrés.
Les articulations V°, VI et VIT° ne jouissent pas du tout du
mouvement d'abduction, ni de celui de rotation; pour les deux
premières, on ne trouve que l’extension, de 90 degrés pour la V°,
moitié moindre pour la suivante; quant à la VIF, elle jouit
des deux mouvements de flexion et d'extension, ce dernier
étant le plus accusé.
La VII articulation, qui a lieu entre la dernière vertèbre
cervicale et la première dorsale, se prête à une flexion consi-
dérable d’au moins 180 degrés ; l’abduction est aussitrès nette;
enfin, en demi-flexion, il peut y avoir une rotation légère.
IT. EMYS ORNATA, Bell.
(PI. 26, fig. IT, séries À, B : 1 à 8.)
La disposition des vertèbres cervicales dans cette espèce
est pour le plus grand nombre des points très semblable à ce
qui existe chez la Cistude d'Europe ; aussi suffira-t-1l d'indiquer
brièvement les principales différences qu’on peut remarquer.
Quelques-unes sont de peu d'importance. Ainsi la longueur
proportionnelle des vertèbres n’est pas la mème, la troisième
et la cinquième étant les plus développées d’avant en ar-
(1) Il est bien entendu que le mouvement inverse, la flexion, existe également ;
mais, pour simplifier, jene crois devoir signaler que celui des mouvements dont
l'étendue est la plus grande en partant de la position du cou en extension
moyenne, ce qu’on peut considérer comme l’état de l’animal au repos.
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 25
rière (1). Les saillies d'insertion sont généralement plus accu-
sées; cela, ilest vrai, peut être un faitimdividuel. Les apophyses
transverses de la deuxième à la cinquième vertèbre (2) sont
fortes et, sur les deux premières d’entre elles, dirigées en
arrière, se nn en une pointe saillante.
Mais c’est la disposition des surfaces articulaires des cen-
trums qui doit spécialement être mentionnée et oblige de
regarder cetie espèce comme constituant, sous le rapport des
verièbres cervicales, un type anatomiquement distinct. La ver-
tèbre atlo-odontoide formant une vertèbre amphicælienne, la
deuxième seule est opisihocælienne, la troisième amphicvyr-
tienne, les trois suivantes procæliennes, la septième amphi-
cœlienne et la huitième amphicyrtienne. D'ailleurs, le mode
d'articulation des corps vertébraux est le même, c’est-à-dire
que les surfaces sont simples partout, excepté pour les V°, VI°
et VIT articulations, lesquelles présentent les doubles con-
vexités et doubles concavités correspondantes, caractéristiques
des ginglymes.
Toute la différence porte donc sur la position de la première
vertèbre amphicyrtienne, laquelle est remontée d’un rang.
Il est inutile d’insister sur la disposition des lames neurales
et des zygapophyses, lesquelles ne présentent, comparées à ce
qu'on a vu exister chez les Cistudo orbicularis et tortues voi-
sines que des différences insignifiantes.
Avec l'espèce citée, le Testudo semiserrata (Smith) est le
seul jusqu'ici sur lequel cette disposition ait été observée.
IT. TESTUDO CAMPANULATA, Waib.
(PI: 27, fig. IV, séries:A 2 4-8; B, 1à8; D, 1.)
La Tortue bordée de Duméril et Bibron (Testudo campanu-
lata, Walb), appartenant à la faune européenne, étant suscep-
tüble d'acquérir une taille assez considérable, est celle qu’il
paraît le plus convenable de choisir comme type de ce groupe;
ig. 11, À : 3 et 5.
ig. II, A : 2 à 5.
26 L. VABEKLANT.
celui-ci renferme d’ailleurs un grand nombre de Tortues ter-
restres, parmi lesquelles la Tortue mauritanique de Duméril
et Bibron (Testudo pusilla, Shaw), le Chélonien le plus facile
à étudier aujourd’hui, puisqu'il arrive en abondance sur nos
marchés.
C’est encore une tortue essentiellement cryptodère et, si le
plastron, immobile en avant, ne permet pas l’occlusion comme
chez la Cistude, en revanche la carapace, plus développée,
protège mieux la tête, et les pattes antérieures, garnies de
plaques écailleuses, solides, peuvent, en se joignant au-devant
du museau, former une barrière derrière laquelle celui-ci
s’abrite complètement. Ce mode de protection acquiert chez
quelques espèces voisines, telles que le Testudo sulcata Miller,
une plus grande efficacité, les écailles qui couvrent les pattes
s’élevant en cûnes allongés pour présenter à l’agresseur des
pointes aiguës et rigides. |
VERTÈBRE ATLO-ODONTOÏDE. — Cette vertèbre (1) offre la
mème disposition que chez la Gistude. La pièce basilaire, plus
large que longue, a sa face inférieure simplement convexe en
travers, sans tubérosité bien appréciable. Les faces antérieure
et postérieure, destinées, l’une à former en partie la cavité
d’articulation avec le crâne, l’autre à se mettre en rapport
avec une facette de l’os odontoïde, se réunissent en un angle
solide sans qu’il y ait, à proprement parler, de face supérieure.
Les lames neurales sont moins larges d'avant en arrière,
plus massives ; la partie mférieure n’est qu’un pédoncule sans
apophyse postérieure ; la partie supérieure donne en haut un
prolongement qui va se joindre à celui du côté opposé pour
compléter l’anneau rachidien (2), puis un prolongement posté-
rieur médiocre, épais, triangulaire, dont la partie interne porte
une facette post-zygapophysaire de forme ovale, inclinée en
arrière et en dedans sous un angle d'environ 45 degrés ; lapo-
physe transverse n'apparait que sous la forme d’un tubercule
très peu saillant.
(4) PL. 27, fig. IV, B,D:1,
() PI. 27, fig. IV; DEA;
ARTICLE N° 7.
VERTÉBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 1
L’os odontoide (1), comparé à celui de la Cistude d'Europe,
est également plus court et plus épais, sa face supérieure plus
large que longue ; les surfaces d’articulation avec les trois
pièces de l’atlas sont plus développées; enfin, la face postérieure,
à peu près régulièrement quadrilatérale, regarde en arrière et
en haut sous un angle d’environ 45°.
En somme, prise dans son ensemble, la vertébre atlo-odonr-
toïde est élargie, ramassée, la cavité articulaire qui reçoit le
condyle occipital (2) proportionnellement plus large et plus
profonde, l’anneau rachidien plus élevé.
VERTÈBRES POST-ODONTOÏDES. — Centrum. — Les surfaces
articulaires des corps vertébraux sont disposées exactement
de la mème manière que chez le Cistudo orbicularis, c’est-à-
dire que la vertèbre atlo-odontoïde étant amphicyrtienne,
les deux suivantes sont opisthocæliennes, la quatrième amphi-
cyrtienne, les cinquième et sixième procæliennes, la septième
amphicælienne et la dernière amphicyrtienne (3). C’est seule-
ment sur la composition de certaines de ces surfaces articu-
laires que portent les différences principales.
Au point de vue des dimensions relatives, les deuxième et
huitième vertèbres étant les moins longues, la quatrième est
la plus développée, mais diffère toutefois peu sous ce rapport
de la cinquième et même des deux suivantes, la troisième
tient le milieu entre ces dernières et les plus petites.
La forme générale se rapproche de celle d’un prisme qua-
drangulaire, à peu près régulier jusqu'à la quatrième ou
cinquième vertèbre, aplati de haut en bas sur les suivantes.
La huitième, comme chez la Cistude d'Europe, étant élargie
en avant, rétrécie en arrière, est encore ici comparable à une
pyramide tronquée. |
La largeur, proportionnellement à la longueur, étant un peu
plus grande que dans les types précédemment étudiés, le corps
(1) PL 27, fig. IV, B : 1.
(2) PL 27, fig. IV, D : 1.
- (3) PI. 27, fig. IV, A, B:2à8.
28 L. VAILLANT.
paraît plus robuste et moins évidé à la partie moyenne, malgré
la dilatation des extrémités pour les articulations des centrums
les uns avec les autres.
La face supérieure, plane sur la plupart des vertébres, pour
les cinquième et sixième est visiblement courbe d’avant en
arrière, à concavité tournée en haut. |
La face inférieure sur la deuxième vertèbre, quoique tran-
chante, ne présente pas de saillie notable (1), les suivantes sont
munies de carènes peu élevées; c’est sur la troisième une
simple ride longitudinale, une petite crête sur les quatre sui-
vantes; elles s'étendent d'autant moins en arrière qu’on les
examine sur une vertèbre plus reculée. La huitième (2) pré-
sente une lame triangulaire, s’élevant au milieu de la longueur
de la vertèbre et les saillies latérales, si marquées chez la
Gistude de la Caroline, se confondent complètement avec les
pleurapophyses tuberculeuses placées sur les côtés de la cavité
articulaire.
La facette articulaire antérieure de la deuxième vertèbre
est convexe, peu saillante, dirigée obliquement en bas et en
avant, sans cartilage d’encroûtement net. Pour chacune des
deux suivantes, c’est une tête à peu près hémisphérique, mais
aplatie légèrement de haut en bas, un léger rétrécissement lui
forme un col, qui la sépare du corps de los. Les cinquième
et sixième présentent toutes deux à leur partie antérieure une
concavité en parallélogramme arrondi aux extrémités, du
double au mois plus large que haut, les bords latéraux et
inférieurs de la cupule ainsi formée sont plus élevés que le
bord supérieur; cependant, comme direction générale, elles
regardent en avant. La septième, du même type, a sa facette
articulaire subdivisée en deux cupules secondaires ovales,
transversalement dirigées et placées de chaque côté d’une petite
crête verticale médiane (3). Sur la dernière vertèbre, cette fa-
(L PI. 27, fig. IV,B: 2.
(2) PL 27, fig. IV, À, B:8.
(8) PI. 27, fig. A : 7.
N
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 29
formée de deux saillies ovalaires (1) et transversales, sépa-
rées par un sillon médian, les surfaces articulaires se pro-
longent sensiblement sur les côtés.
Les facettes postérieures comparées aux parties homo-
logues chez la Cistude d'Europe sont généralement plus éten-
dues, surtout en largeur. Sur les deuxième et troisiènre
vertèbres, ce sont des cupules profondes, arrondies ou subqua-
drangulaires, inclinées, en particulier la première, de haut er
bas et d'avant en arrière. Les deux vertèbres suivantes (2) ont
des têtes convexes plus larges que hautes, on remarque en
dessous à leur bord inférieur une saillie de chaque côté pour
des insertions ligamenteuses, ces tubercules appartiennent
en réalité à la face inférieure du corps. La sixième vertèbre (3)
offre deux têtes ovoides séparées par un sillon vertical mé-
dian, les saillies inférieures sont plus marquées que sur les
deux précédentes. À la septième, ce sont au contraire deux
cupules ovalaires, entre lesquelles existe une crête médiane,
età bords externes relevés, prolongés en arrière pours’accom-
moder à la disposition des éminences articulaires de la vertèbre
suivante. Celle-ci s'articule avec la première dorsale par une
tète aplatie près de quatre fois plus large que haute, fortement
convexe dans le sens transversal.
En résumé, dans la Tortue bordée, en ayant égard seulement
auxcorps vertébraux, cette espèce diffère de la Cistude d'Europe
par la force plus grande de ces parties dans tous leurs éléments
constituants; les surfaces articulaires semblent indiquer sur-
tout que les mouvements d’adduction et de cirrcumduction sont
moins étendus et que la région cervicale, dans son ensemble,
doit jouir d’une moindre souplesse. Remarquons en outre qu'il
y à une articulation ginglymoïdale en moins, la VE.
Are neural. — L'anneau rachidien limité par le corps et Les
neurapophyses diminue de diamètre jusqu’à la quatrième ou
cmquème vertèbre ; 1l augmente progressivement sur les sui-
(1) PL 27, fig. IV, À, 8.
(2) PI 27, fig. IV, A, B:4et5.
+(3) PI. 27, fig. IV, A :6.
ANN. SC. NAT., ZOOL., DÉCEMBRE 1879-S0. X. 19. — ART. N° 7,
30 L. VAILLANT.
vantes, où 1l devient même plus développé que sur les anté-
rieures.
Jusqu'à la cinquième vertèbre, les lames neurales se réunis-
sent en dessus en formant un plan horizontal, ou faiblement
relevé en arrière (1). Sur la deuxième, il est pourvu d’une
petite crête longitudinale, les deux suivantes n’offrent que des
traces de saillies peu sensibles, la cimquième présente une
très petite tubérosité antérieure. Les trois dernières ver-
tèbres (2) ont leurs lames neurales réunies en un toit, d'autant
plus aigu et relevé, qu’elles sont d’un rang plus reculé; les
septième et huitième présentent même chacune une saillie
lamelleuse pour la première, en pyramide pour la seconde,
qui peuvent être regardées comme dé véritables apophyses
épineuses. |
Comparées aux parties homologues de la Terapene carinata,
les lignes de jonction des lames ont moins d’étendue d’avan
en arrière et, si les saillies épineuses sont moins marquées an-
térieurement, elles le sont, par contre, davantage sur les ver-
tèbres postérieures.
Les zygapophyses antérieures et postérieures différent si
peu de celles de la Cistude, qu’il est inutile de revenir ici
sur ce sujet. Cependant les post-zygapophyses de la huitième
vertèbre, qui répondent aux facettes correspondantes de la
première dorsale, forment une portion de cercle moins éten-
due et la surface articulaire regarde plus en bas et moins en
avant (3). On doit aussi noter qu’il existe en arrière des zy-
gapophyses antérieures, en particulier sur les quatrième,
cinquième et sixième vertèbres, une fossette très accusée,
laquelle reçoit la post-zygapophyse de la vertèbre précédente
dans le mouvement d’extension poussé à sa limite extrême.
Ces fossettes existent plus ou moins développées chez toutes les
tortues cryptodères, avec des variations individuelles assez
grandes, depuis l'effacement presque complet jusqu'à une exa-
(1) PI. 97, fig. IV,B:2à5.
(2) PI. 27, fig. IV,B:6à8.
(3) PI. 97, fig. IV, B: 8.
ARTICLE
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 31
gération de la profondeur, qui peut amener la perforation de
la lame neurale osseuse.
Pleurapophyses. — Les apophyses transverses apparaissent
sous forme de tubercules peu saillants et moins développés,
surtout pour les vertèbres antérieures, que chezles Gistudes, la
disposition fondamentale est d’ailleurs la même, c’est-à-dire
que ces prolongements sont placés sous les zygapophyses anté-
rieures, sans toutefois se porter autant en avant (1).
En résumé, ces deux types de vertèbres cervicales ont entre
eux les plus grands rapports, la différence principale porte
sur le nombre des articulations ginglymoïdes qu’on ne trouve
qu'aux VE et VIT articulations. |
L’articulation occipito-cervicale estune enarthrose parfaite,
il yexiste un ligament rond. Pour les autres vertèbres, les apo-
physes articulaires forment toujours des arthrodies lâches, avec
des membranes synoviales développées permettant un mouve-
ment de glissement étendu dans un ou deux sens. L’os odon-
toïde s’articule en avant avec les pièces de l’atlas par des sur-
faces multiples, qui permettent un ensemble de mouvements
d'extension, de flexion, d’abduction et de rotation; c’est une
sorte d’enarthrose. En arrière, au contraire, cet os est
réuni à la deuxième vertèbre par une véritable amphiar-
throse ne permettant que des mouvements très limités. Les
autres corps vertébraux s’articulent tous par diarthroses, ayant
un système de ligaments fort complet et des synoviales très
développées, un ligament inter-articulaire médian divise la
VIT articulation en deux articulations secondaires.
Quant aux mouvements des vertèbres les unes sur les autres,
il varie naturellement avec la forme des surfaces articulaires.
On vient de voir ce qu'ils sont pour la tête et les deux premières
vertèbres. Pour les IE° et [TT articulations, les surfaces articu-
laires, à peu près sphériques ou peuélargies,permettent des mou-
vements presque en tous sens, les zygapophyses étant d’ailleurs
(1) PL, 27, fig. IV, A:2 à 8.
7 EL. VAILLANT.
peu relevées, cé sont, surtout la première, des enarthroses, ce-
pendant le mouvement de rotation y est très Inmité. La TV, for-
mée par des surfaces déjà notablement plus élargies, ne permet
plus que la flexion, Pextension et l’abduction comme une
véritable condylarthrose. De la V® à la VIT articulations, la
largeur des surfaces articulaires, qui finisssent même, on vient
de le voir, par se dédoubler, le relèvement des zygapophyses,
ne permettent plus de mouvement sensible dans le sens latéral ;
ce sont des ginglymes parfaits. L’articulation de la huitième
vertèbre cervicale avec la première dorsale revient au type de
la condylarthrose.
Les mouvements d'ensemble de la région cervicale per-
mettent la rétraction et la protraction de la tête, mais celle-ci
a moins d’étendue que chez la Cistude d'Europe, la dossière
de la carapace, plus convexe et plus prolongée en avant, s’oppo-
sant à un redressement aussi complet des dernières vertèbres.
La rétraction est la même pour l’une et l’autre espèce et,
si elle paraît plus parfaite dans la Tortue bordée, cela tient
non pas aux mouvements réciproques ou à la disposition
des vertèbres, mais à la conformation de la carapace, plus
prolongée antérieurement, puisque sur le cou développé son
bord antéro-postérieur atteint la partie moyenne de la qua-
trième vertèbre et n'arrive qu’à celle de la cmquième chez la
Cistude. L’abduction et la cirrcumduction, de la tête se passent
dans les premières articulations et ce même mouvement pour
Pensemble du cou se produit dans la VIII. La rotation
a lieu surtout par le moyen des articulations occipito-cervicale
et atlo-odontoïde ; cependant, la laxité des IE° et [T° articu-
lations paraît leur permettre d'y concourir dans une cer-
taine limite, bien que l'étendue de ce mouvement ne dépasse
pas 180 degrés dans les deux positions extrêmes que peut
occuper la tête; c’est l’analogue de ce qu'on à vu exister chez
la Cistude.
Sur bon nombre de Tortues terrestres on trouve la même
disposition des vertèbres cervicales que chez le Testudo campa-
=
ARTICLE N° 1,
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS, 30
nulata Walb : tels sont les Testudo pusilla Shaw (Tortue
mauritanique D. B.), T. Leithiè Gray, T. pardalis Bell, T. sul-
cata Miller, T. tabulata Walb. Les différences que l’on peut
constater sont de peu d'importance, surtout en tenant compte
de la taille variée que peuvent attemdre ces diverses espèces ;
ainsi, sur les trois dernières, les corps des vertèbres, surtout
jusqu’à la cinquième ou sixième, sont plus allongés proportion
nellement; par exemple, la cinquième vertèbre chez le Testudo
tabulata à la largeur en son milieu comparée à sa longueur
dans le rapport : : 1 : #4, tandis que chez le Testudo pusilla ou
le T. campanulata ce rapport devient : : 4 : 3. Le prolonge-
ment zygapophysaire des lames neurales de l’atlas est plus
étendu en arrière, se portant toutefois peu en dehors chez
les Testudo pardalis et T. tabulata. Enfin, le Testudo sul-
cata offre des apophyses épineuses beaucoup plus marquées
que dans les autres espèces, ce prolongement ne manque d’une
manière absolue que sur la sixième vertèbre, il est bifide sur
la septième, en grosse pyramide tronquée quadrangulaire sur Fa
huitième. Quoique se rapprochant par la taille de cette der-
mère espèce, le Testudo pardalis ne présente pas ces apophyses
avec un degré de développement à beaucoup près aussi consi-
dérable et elles manquent absolument chez le Testudo tabulata.
Il est curieux de voir se rapprocher du Testudo campanu-
lata sous le rapport de la disposition des vertèbres les Terra-
pene amboinensis, Daud., Emys leprosa Schweig., Emys cas-
pica, Gmi; E. longicollis, Lesson, Chéloniens du groupe des
Elodites. Pour la première, 1l suffira de faire remarquer que,
d’une manière générale, les vertèbres sont plus grèles et plus
fables, jusqu’à la sixième les surfaces articulaires des cen-
trums sont à peine élargies et les zvgapophyses antérieures,
moins relevées, s’inclinent obliquement en avant.
IV. TESTUDO GRÆGA, Linné.
(PI. 27, fig. V, séries À, B : 1 à 8.)
La Tortue grecque, et plusieurs autres espèces de Chersites,
te les que les Testudo radiata Shaw, T. carbonaria Spix.,
34 L. VAÏLLANT.
T. elephantina D. B., T. ureolata Thunb., auxquelles il faut
joindre les C. erosa, Schweig. Cinixys belliana Gray, dans la
disposition des vertèbres cervicales, comparée à celle qu'on
vient de voir exister chez les Chéloniens réunies au Testudo cam-
panulata, offrent une modification exactement semblable à celle
que présente l'Æmys ornata comparé au Cistudo orbicularis.
La forme générale des vertèbres est la mème; on peut en
dire autant des corps, si cé n’est qu'ils ressemblent plutôt
à ceux des Testudo tabulata ou T. pardalis, c’est-à-dire que,
de la deuxième à la éiiiquièrne vértèbre, ils sont à sec-
tion triangulaire non en prisme à quatre pans. Il n’y a pas dé
différence iportante à signalér pour la disposition des neura-
pophyses et des pleurapophyses.
L'os odontoide (1) parait plus court et terminé par une
facette articülairé, presque verticale, moins prolongée inférieu-
rement, ce qui, on Île sait, n’a pas une importance morpholo-
gique très grande èt peut ténir à la non-soudure avec les os
sésamoïdes dés téndons des intertransversaires du €ou.
Par suite de cette brièvété, les zygäpophyses des lames de
l’atlas font une saillie pro opürtiontellement plus considérable
en arrière de la vertébre atlo-odontoïde.
Mais la différence réellement importante entre ces Tortues
et celles du groupe du Testudo campanulata résulté de la
position qu’occupe la première vertèbre ämphicyrtienné,
laquelle se trouve occuper le troisième rang (2) au lieu du
quatrième, en sorte qu'au point de vue de la disposition des
facettes articulaires des corps vértébraux, on trouve la succes-
sion suivante :
Vertèbre atlo-odontoide amphicælienne ; déuxième vertèbre
opistocælienne; troisième vertèbre amphicyrtienne ; quätrième,
cinquième et sixième vertèbres procæliennes:; septième ver-
tèbre amphicælienne ; huitième vertèbre amphicyrtienne.
D'ailleurs, les VI et VII articulations sont seules gingly-
(LD) PET Mise bien
(2) P1.:27, fig. V, A et B : 53.
ARFICLE N° 7
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 39
moïdes , comme dans le type précédemment étudié (1).
Il est difficile de savoir quelles différences amène chez ces
animaux un tel changement dans la position de 14 première
vertèbre amphicyrtienne. La Tortue éléphantine parait, il est
vrai, avoir la tête plus relevée; dans la position de deini-ex-
tension ou de repos, Île cou, à partir de larticulation
cervico-dorsale, décrivant dans son tiers postérieur une courbé
à concavité antérieure et supérieure, se redresse presque ver-
ticalement, touchant le bord de la dossière ; puis, d’une façon
brusque, se coude à peu près à angle droit dans son quart où
son cinquième antérieur, ce qui ramène la tête dans la posi-
ton horizontale et au moins à la hauteur de la paftie la
plus élevée du dos (1). Dans la Tofrtue mauritanique, le
cou ne se redresse ni ne coude pas aussi brusquement, et la
tête s'élève moins, Mais ces comparaisons sont fort difficiles
à établir d’une manière rigoureusement positivé et, en exa=
minant les Tortues grecques, comme aspect et dimensions
plus voisines des Tortues mauritaniques, j'avoue n’avoir pu
saisir de différences réellement nettes. Des observations faites
sur des individus en liberté, et dans les pays où ces animaux
jouissent de toute leur activité, donneraient peut-être de
meilleures indications.
V. CHÉRSEMYDINA, sp. ind.
(PI. 97, fig. VI, séries À, B:2à48.)
Cette série singulière de vertèbres cervicales provient d’un
individu qu'il est, par malheur, actuellement. impossible de
déterminer comme espèce, les indications n'ayant pas été
retrouvées quand les os sont:sortis de la macération; jusqu'ici
(Aÿ Pl: 97; fig: NV, A.2 0 4, Tia.
(2) Une figure dounée par M. Günther d’une Tortue gigantesque des îles Ga-
lapagos, Tortue à laquelle il donné le nom de Testudo ephippium, indique
d’une manière exacte cette position particulière de la tête et du cou dans un
animal voisin de la Tortue éléphantine (Description of the living and extinct
races of gigantic Land-Tortoises. — Phil. Trans., Roy. Soc. of London, 1875.
PI. 34, la figure au bas de la planche).
36 L. VAILLANT.
aucune disposition analogue n’a été rencontrée dans les Ché-
loniens que j'ai eu l’occasion d'examiner.
La vertèbre atlo-odontoïde a été perdue, les sept autres
cervicales sont en série régulière Pour les dimensions et
la forme générale, ces os peuvent être rapprochés des par-
ties homologues prises sur un T'estudo radiata de taille
ordinaire. La forme des centrums, des lames neurales, des
apophyses articulaires, des pleurapophyses rappelle ce
qu'on rencontre dans les animaux précédemment décrits et
groupés autour des Testudo campanulata et T. græca.
Les particularités qu'on pourrait signaler dans les propor-
tions relatives de la longueur, de la hauteur, de l'épaisseur
dans la saillie de la carène hæmapophysaire, ou de l’apophyse
épineuse, elc., en comparant cet animal aux espèces qui
paraissent s’en rapprocher le plus, tels que les Testudo radiata
et T. pardalis, n’ont pas assez d'importance pour que je croie
devoir y insister, car elles ne dépassent pas ce qu'on peut
regarder comme dépendant de la variation mdividuelle.
Ce que cette espèce présente de spécial est uniquement
relatif à la disposition des surfaces articulaires des corps
vertébraux, quise succèdent dans l’ordre suivant :
Deuxième vertèbre amphicyrtienne; troisième, quatrième,
cinquième et sixième vertèbres procæliennes; septième ver-
tèbre amphicælienne ; huitième vertèbre amphicyrtienne.
La tête articulaire antérieure de la deuxième vertèbre (1)
n’est pas tout à fait aussi large proportionnellement que chez
les autres Testudo, le diamètre transversal n'excède guère le
vertical que d’un eimquième. De la troisième à la septième
vertèbre, chaque corps offre en avant une cupule, simple sur
les quatre premières, double sur la dernière ; les cupules sim-
ples augmentent de largeur avec le rang des vertèbres. Sur la
troisième, lerapport du diamètre vertical au diamètre horizontal
est environ : : #:6; et sur la sixième ce même rapport n’est
plus que : :5:9; sur la septième, en prenant comme dia-
(4) PI, 27, fig. VI, À et B: 2.
ARTICLE N° 7
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. a
mètre transversal la distance des bords extrêmes des deux
cupules ovalaires qui composent l’articulation, le rapport
s’abaisse encore et devient : : 3 : 11. La huitième vertèbre
présente deux tubérosités transversalement ovalaires, trop
semblables à celles qu'on rencontre sur les espèces dont
se rapproche ce Chélonien pour qu'il y ait lieu d’y insister.
Les facettes articulaires postérieures des corps vertébraux,
sauf en ce qui concerne la deuxième vertèbre, sont disposées
absolument comme chez les Testudo du quatrième groupe, en
particulier le Testudo radiata. Sur celle qui fait exception (1),
elle consiste en une surface hémisphérique subquadrila-
térale, très peu plus haute que large, différant sous ce rapport
de ce qu'est la facette postérieure de la première vertèbre
amphicyrtienne dans les Tortues de la troisième et quatrième
section.
En résumé, tout en se distinguant de celles-ci par la position
de la première vertèbre cervicale amphicyrtienne, elle s’en
rapproche par la conformation générale de ces parties et sur-
tout par la présence de deux ginglymes occupant les VIT: et
VIT articulations.
Il résulte de ces faits que ce Ghélonien, par la disposition
sénérale des vertèbres du cou, est surtout voisin des Tor-
tues proprement dites, avec lesquelles on serait tenté de le
réunir, si les précédentes études ne montraient assez que
des différences notables peuvent se présenter dans des es-
pèces voisines, el, par contre, que des animaux appartenant
à des genres différents ont parfois les vertèbres cervicales
établies d’une manière analogue.
VI. PYXIS ARACHNOIDES, Bell.
(PI. 28, fig. IX, séries À, B : 1 à 8.)
Cette espèce appartient à un genre que tous les zoologistes
s'accordent à placer parmi les Chersites, et, « la mobilité de la
portion antérieure du plastron mise à part, les Pyxides, disent
(1) PI. 97, fig.VI, À, B : 2.
38 L. VAILLANT.
les auteurs de l’Erpétoloqie générale (1), ressemblent tout à
fait, par la forme de leurs pattes et celle de leur carapace, qui
est très bombée, à la plupart des Tortues proprement dites ».
On peut donc s’étonner de trouver ici pour les vertèbres du
cou une disposition toute spéciale et qui s’écarte notablement
de ce qu’on a vu exister dans les types précédemment décrits ;
ellene diffère pas moins de ceux dont 1l sera question plus loin.
L'unique squelette examiné, que je dois à l’obligeance de
M. Grandidier, n’est pas absolument complet, mais les
quelques pièces qui manquent sont sans importance et lon
peut avoir une idée très nette de la région cervicale de cette
espèce. Pour les comparaisons, j'aurai Surtout égard aux rap-
ports et différences qu’on peut observer entre la Pyxide et la
Tortue mauritanique, ainsi que la Gistude d'Europe.
VERTÈBRE ATLO-ODONTOIDE. — Î]l ne reste plus de la vertèbre
atlo-odüntoide que la lamelle neurale du côté gauche, et
l’os odontoide
Celle-là (2) est remarquable par sa brièveté et se rapproche
plutôt ainsi du Testudo pusilla que du Cistudo orbicularis. La
partie inférieure porte comme toujours une facette anté-
rieure concourant à former la cavité condylienne et une
facette interne pour l'articulation avec l’os odontoide, elle
est séparée de la portion lamelleuse supérieure par un véri-
table col, deux échancrures notables, l’une antérieure, l’autre
postérieure, évidant l’os en ce point. Cette lamelle porte pos-
térieurement, à sa face interne, une facette articulaire qui
n'offre rien de remarquable; extérieurement, la saillie pleu-
rapophysaire forme une simple crête surbaissée, encore moins
distincte que chez le Testudo pusilla.
L'os odontoïde est comprimé, cunéiforme, à face supé-
rieure en quadrilatère allongé, les faces latérales sont un peu
dissemblables, celle de droite étant convexe, celle de gauche
concave. Le bord inférieur est mousse. En avant, se trouve une
(1) Duméril et Bibron (Erpétologie générale, t. IL, p. Sie 1835).
(2) PLI285fi9..1X,1B : 4.
ARTICLE N° 71.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 39
face arrondie ; en arrière, c’est plutôt un bord, tant la hauteur
l'emporte sur la largeur ; il est convexe. Get os ayant été dis-
joint des autres pendant la macération prolongée, je n'ai pu
lexaminer directement en rapport avec les parties avoisinantes.
VERTÈBRES POST-ODONTOIDES. Gentrum. — Si on examine
l'ensemble des vertèbres cervicales au point de vue de la dis-
position des surfaces articulaires des corps, on trouve que
toutes, de la première à la huitième, sont procæliennes, en
considérant toujours les pièces qui composent la vertèbre atlo-
odontoïde comme ne formant qu’un tout. C'est jusqu'ici le seul
Chélonien où cela ait été rencontré. Abstraction faite de cette
particularité, les vertèbres sont analogues dans leur aspect à
ce qu’elles sont dans d’autres espèces, surtout les Tortues de
terre telle que la Tortue mauritanique.
La forme du centrum (1), surtout de la deuxième à la cin-
quième vertèbre Imelusivement, se montre nettement triangu-
laire, moins large en arrière qu’en avant, ce qui est en rapport
avec la forme de la cavité articulaire plutôt qu'avec le déve-
loppement des pleurapophyses, ici presque nulles. Les crêtes
inférieures hæmapophysaires sont peu marquées.
La facette articulaire antérieure de la seconde vertèbre n’est
que très légèrement concave, à surface rugueuse, montrant
ainsi que larticulation avec l’os odontoide a lieu par am-
phiarthrose, comme sur les espèces étudiées jusqu'ici. Sur
les suivantes, jusqu’à et y compris la huitième, on trouve de
véritables cupules, peu profondes il est vrai ; elles sont simples
jusqu’à la sixième, doubles sur les deux dernières, la largeur
l'emporte d'autant plus sur la hauteur qu’on considère une
vertèbre plus reculée.
Les têtes postérieures répondant à ces cavités sont simples
sur les deuxième, troisième, quatrième et cinquième ver-
tèbres, doubles sur les deux suivantes, de nouveau simples
sur la huitième. À la seconde vertèbre, la surface articu-
laire se continue en un biseau étendu obliquement d’arrière
(4) PL. 98, fig. IX, À : 2 à 8.
40 L. VAILLANT.
en avant et de haut en bas, qui tronque en quelque sorte
l’arête hæmapophysaire du corps dans sa partie postérieure ;
en examinant la manière dont se fait l'articulation entre
cette vertèbre et la suivante, on peut regarder comme cer-
tain que cette surface ne concourait pas à l’union des deux
vertèbres, mais devait être en rapport avec ces os sésa-
moïdes qu’on rencontre habituellement dans les tendons
des muscles intertransversaires. Les vertèbres suivantes,
au-dessous de la surface articulaire, toujours plus large
que haute, offrent des tubérosités d'insertion rapprochées
et soudées, égalant ensemble comme dimension les surfaces
elles-mêmes, de. sorte que, jusqu’à la cinquième vertèbre,
l'extrémité postérieure du corps a une forme carrée. Sur la
sixième vertèbre, les tubérosités, moins développées, appa-
raissent comme deux éminence écartées, ainsi que cela se
voit dans la Cistude d'Europe. La septième vertèbre offre
une disposition semblable; seulement, les tubérosités infé-
rieures sont tout à fait rudimentaires. Quant à l’extrémité
articulaire, qui sert à l’union de la dernière vertèbre cervicale
avec la première dorsale, c’est une véritable tête portée sur
un col et ne différant pas de celles décrites dans d’autres types;
sa forme transversale la rapproche de ce qu’elle est pour la
Tortue mauritanique plutôt que de la forme presque hémi-
sphérique qu’on trouve chez la Cistude d'Europe.
Arc neural. — Les lames neurales se réunissent en un plan
et ne présentent pas de crête ou de saillie notable, sauf sur la
seconde et les deux dernières vertèbres (1). Sur celle-là,
on remarque antérieurement au-dessus du canal rachidien
une élévation en pyramide triangulaire, qui s'élève, se por-
tant très peu en avant, et rappelle par suite ce qu'on
trouve dans le Testudo pusilla. La septième vertèbre montre
au même point une petite crête transversale, relevée à ses
deux extrémités en deux tubérosités mousses. Quant à la
huitième, elle présente à la partie moyenne du toit neurapo-
(1) PI. 28, fig. IX, B : 2, 7et8.
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. HA
physaire un tubercule rugueux à son sommet et très développé.
Les zygapophyses antérieures et postérieures ont la même
direction générale que chez la Tortue mauritanique (1). Il en
est de même des surfaces articulaires qu’elles supportent,
cependant aux zygapophyses antérieures des sixième, septième
et même huitième vertèbres, les surfaces regardent plus direc-
tement en dedans et doivent rendre, les mouvements d’ad-
duction encore plus difficiles, les surfaces articulaires
des zygapophyses postérieures correspondantes ont naturel-
lement une disposition inverse et regardent plus direc-
tement en dehors. On trouve des fossettes de réception en
arrière des zygapophyses antérieures à partir de la troisième
vertèbre, elles sont particulièrement marquées sur la sep-
tième.
Pleurapophyses. — Ces parties sont très rudimentaires
et apparaissent sous la forme de simples tubercules laté-
raux à la partie antérieure de chaque vertèbre (2). Distincts
sur les deuxième, troisième et quatrième vertèbres, ils dis-
paraissent presque complètement sur les suivantes. C’est, en
somme, ce qu'on observe chez la Tortue mauritanique, mais le
développement relatif est encore moindre.
VII. CINOSTERNON PENSYLVANICUM, Gml.
(PI. 28, fig. VIL, séries A, B : 1 à 8; D : 8.)
Cette petite espèce, tout en différant par des points impor-
tants du Cistudo orbiculuris et du Testudo pusilla, quant à la
disposition et à la conformation de ses vertèbres cervicales, se
rapproche davantage de la première. Ces os, pris dans leur
ensemble, sont grêles, évidés à leur partie moyenne, renflés à
leurs extrémités, et montrent une tendance à s’aplatir de droite
à gauche, la hauteur étant très grande proportionnellement à
la largeur, par suite de la forme de l'os et de l’adjonction de
crêtes plus développées que dans les précédentes espèces.
- (1) PL 26, fig. IX, B:238.
(2) PL 98, fig. IX, A: 2 à 8.
49 | L. VABLELANT.
VERTÈBRE ATLO-ODONTOÏIDE. — Elle est ici encore com-
posée de quatre pièces (1); celles qui appartiennent en
propre à l’atlas sont grèles. La pièce basilaire, tout à fait
semblable à celle qu'on trouve chez la Cistude d'Europe,
a sa face inférieure relevée en toit dans le sens de la
-ongueur il y a done plutôt deux faces latéro-inférieures ; les
saillies, qui terminent en arrière les bords latéraux, sont bien
marquées. Les lames neurales présententen dehors (2) une crête
pires très saillante, horizontalement dirigée, analogue à
l’'apophyse transverse styliforme de la Coue mais c’est
une lame en triangle à sommet saillant en arrière, laquelle
soutient en quelque sorte comme un arc-boutant la zyga-
pophyse postérieure, sans en être séparé par une échancrure.
L’os odontoide ne mérite pas de mention spéciale, sa face
postérieure est sensiblement inclinée de haut en bas et d’avant
arrière, regardant en haut; son bord inférieur est saillant.
VERTÈBRES POST-ODONTOÏDES. — Centrum. — La disposition
des surfaces articulaires qui terminent les corps des vertèbres
donne la différence caractéristique de ce groupe au point
de vue du type vertébral; ces os se succèdent dans l’ordre
suivant :
Première vertèbre atlo-odontoïde,amphicælienne; deuxième
et troisième vertèbres, opisthocæliennes; quatrième vertèbre,
amphicyrtienne ; cinquième, sixième, septième et huitième
vertèbres, procæliennes.
Le corps, on l’a vu, est de forme allongée et élevée, en
prisme triangulaire sur presque toutes les vertèbres, devenant
à quatre pans sur Îa sixième et surtout la septième, en
pyramide quadrangulaire sur la huitième ; il est notablement
rétréci au centre, élargi pour les articulations aux extré-
mités (3). La face supérieure ne présente pas de concavité
sensible sur aucune des vertèbres. Inférieurement, il existe
toujours une carène, bien plus développée même que chez la
(1) PI. 98, fig. VIT, A, B : 1. L’os odontoïde n’est pas figuré.
(2) PL 98, fig. ,VIL, B: 1.
(3) PI. 98, fig. VIE, A: 2 à 8.
ARTICLE N° 1.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 43
Gistude d'Europe; cette carène est formée, de la deuxième à la
cinquième vertèbre (1), par l’arête résultant de la jonction
des faces latérales, son bord bre étant rectiligne; sur la
sixième, c’est une crête convexe descendant plus bas en arrière
qu’en avant (2); pour la septième, la disposition est à peu près
la même; toutefois, la crête, encore plus élevée, comparable
en quelque sorte à un bréchet d'oiseau (3), a le sommet de sa
convexité reporté beaucoup plus en avant; enfin, la face infé-
rieure de la huitième vertèbre (4) est munie, sur la ligne
médiane, d’une saiilie en triangle rectangle dont l’hypothé-
nuse serait dirigée obliquement de bas en haut et d'avant en
arrière ; cette saillie, assez épaisse, est creusée en avant d'une
gouttière et profondément bifide à son extrémité inférieure
libre.
La facette articulaire antérieure de la deuxième vertèbre est
une surface triangulaire convexe un peu inclinée de haut en
bas et d’avant en arrière. Sur chacune des deux vertèbres
suivantes, se voit une tête hémisphérique directement dirigée
en avant, portée sur un col rétréci. Les cinquième et sixième
vertèbres offrent des cupules ovalaires transversalement, pour
l’une regardant en avant, pour la seconde légèrement inclinée
de bas en haut et d'avant en arrière. Sur les septième et hui-
tième vertèbres, on trouve de doubles cupules séparées sur la
ligne médiane par une crête, plus large pour la dernière ; cha-
cune de ces cupules est ovalaire à grand diamètre transversal.
Sur l'extrémité postérieure des deuxième et troisième ver-
tèbres, la facette articulaire a la forme d’une cupule profonde,
circulaire, inclinée de haut en bas et d'avant en arrière. Aux
quatre vertèbres suivantes, ce sont des surfaces convexes simples
pour les deux premières, où elles ont ‘une forme ovalaire à
grand axe transversal, doubles sur les deux autres. Au-dessous
des surfaces articulaires de ces six vertèbres, on voit des saillies
ut) PL. 98, fig. VII, B: 2à 5.
(2) PL. 98, fig. VIE, B: 6.
_G) PL 98, fig. VII, B: 7.
2) PL. 98, fig. VIL B et D:8.
44 L. VAILLANT.
d'insertion pour les tendons des muscles longs du cou; ces
saillies apparaissent sous la forme de deux tubercules latéraux
peu saillants sur les deuxième et troisième vertèbres, plus
accusées sur la quatrième; elles forment des sortes d’apo-
physes sur les cinquième et sixième, pour diminuer à la
septième (1). La tête articulaire postérieure du corps de la
huitième vertèbre ne diffère pas de ce qu’elle est dans les
espèces précédemment étudiées ; sa forme est ovalaire, le dia-
mètre transversal étant triple de la dimension verticale ; sous ce
rapport, elle se rapprochede ce que l’on observe chez la Tortue
mauritanique ; mais, dans la position conventionnelle où nous
étudions ces parties, elle regarde en bas et en arrière plus
encore que chez la Cistude d'Europe.
Arc neural. — Le canal rachidien est, abstraction faite de
la vertèbre atlo-odontoïde, peu large jusqu’à la quatrième ver-
tèbre, sur laquelle son diamètre paraît être le moins développé ;
les dimensions augmentent progressivement jusqu’à la hui-
tième, où elles atteignent leur maximum.
Les lames neurales se réunissent en toit sur la seconde
et les trois dernières vertèbres cervicales, sur les troi-
sième, quatrième et cinquième; le relèvement est faible
ou nul, c’est plutôt un plan horizontal. Il n’existe d’arête (2)
réellement distincte qu'à la deuxième vertèbre, sur laquelle
se trouve une crête prolongée en une apophyse antérieure et
atténuée en arrière; sur les vertèbres suivantes, on voit de
simples rides ou même 1l n’en existe pas trace. Les derniers
vestiges d’une apophyse épineuse font donc presque partout
complètement défaut.
Les apophyses articulaires antérieures sur la deuxième ver-
tèbre n’offrent rien de particulier à signaler. Sur les sui-
vantes (3), elles s'étendent horizontalement en avant, sans se
relever sensiblement en haut ; les surfaces articulaires, allon-
gées d'avant en arrière, légèrement convexes dans le même
(1) PL. 28; fig. VILLA: 2 à 7.
(2) PI. 28, fig. VIL, B: 2 à 8.
(3) PI. 28, fig. VII, B: 3 à 8.
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 45
sens, regardent en haut et en dedans; l’obliquité, plus sensible
pour la sixième vertèbre, sans toutefois dépasser 45 degrés, est
moindre dans les autres et presque nulle pour la troisième et
la huitième.
Les zygapophyses postérieures, pour s’accommoder à la forme
des précédentes, sont, de la deuxième à la septième vertèbre,
horizontalement dirigées et représentent des sortes de prolonge-
ments aplatis séparés par une échancrure en fer à cheval; en
dessus, de la deuxième à la quatrième, se voit sur chacune
un tubercule rugueux d'insertion ; sur les trois suivantes, la
partie supérieure est simplement convexe. Les surfaces arti-
culaires dans ces mêmes vertèbres, en ovale allongé d'avant
en arrière, sont un peu tournées en dehors de la deuxième à
la cinquième et directement en bas pour les deux suivantes.
Ces zygapophyses, sur la huitième vertèbre, sont recourbées
en quart de cerele et la facette articulaire regarde en avant;
toutefois, l'extrémité s’abaisse moins relativement et reste au-
dessus du niveau de l’axe prolongé du corps de la vertèbre :
ces dispositions sont intermédiaires, comme on le voit, entre
ce qui existe chez le Cistudo orbicularis, d’une part, et le Tes-
tudo pusilla.
Pleurapophyses. — On à déjà vu, à propos de la vertèbre atlo-
odontoide, que la lame neurale présentait extérieurement une
crête saillante rappelant lapophyse transverse qu’on trouve
sur la Gistude d'Europe, tout en étant moins nettement déta-
chée. Sur les autres vertèbres (1), la disposition des pleura-
pophyses est également très voisine de ce qu’elle est dans cette
dernière espèce. À la partie antérieure du corps, de chaque
côté de la facette articulaire, se voit une saillie représentant
l’apophyse transverse; cette saillie, sur la deuxième vertèbre, a
la forme d’une éminence triangulaire aplatie et dirigée obli-
quement de haut en bas; surles deux suivantes, c’est un tuber-
cule encore bien distinct, qui le devient moins sur la cinquième
et, à partir de là, n’est plus représenté que par une sorte d’é-
(1) PI. 98, fig. VIT, A, B: 2 à 8.
ANN. SC. NAT., ZOOL., DÉCEMBRE 1879-80. X, 20. — ART, N° 7.
A6 L. VAILLANT.
paississement du bord externe des cupules articulaires
Une disposition semblable à celle que l'on vient de décrire
pour le Cinosternon pensyloumeum Gml a été observée chez
les Chelydra serpentina Linné et Ch. Temminchii Schweigg.
Notons cependant que l’hæmapophyse de la huitième ver-
tèbre est simple dans ces deux espèces.
VIII. STAUROTYPUS ODORATUS, Latr.
(PI. 28, fig. VIIL, séries À, B : 1 à 8).
On retrouvé dans cette espèce et le Cinosternon leucostomum
A. D., comparés aux espèces du groupe précédent, une modi-
fication tout à fait analogue à celle qui distingue les unes des
autres les espèces du groupe du Cistudo orbicularis en face
de l'Emys ornata, les espèces du groupe du Testudo campa-
nulala par rapport au Testudo græca et autres, c’est-à-dire
le déplacement d’une vertèbre biconvexe.
Au point de vue de la disposition des surfaces articulaires des
centrums, les vertèbres se succèdent, en effet, dans l’ordre
suivant :
Vertèbre atlo-odontoïde, amphicælienne ; deuxième ver-
tébre, opisthocælienne ; troisième vertèbre, amphicyrtienne ;
quatrième, cinquième, sixième, septième et huitième vertèbres,
procæliennes.
Sauf cette particularité dans la position sériale de la vertèbre
biconvexe, qui devient la troisième au lieu d’être la quatrième,
on ne trouve aucune différence réellement importante à signa-
ler entre le Séaurotypus odoratus et le Cinosternon pensylvani-
cum. Les corps des vertèbres sont peut-être un peu moins
étroits en leur centre, proportionnellement aux extrémités
articulaires, les cotyles plus élargies. Les arceaux supérieurs,
formés par les lamelles neurapophysaires sur les deuxième,
troisième et quatrième vertèbres, ont leurs crêtes plus aceu-
sées. Enfin, les zygapophyses antérieures offrent des surfaces
articulaires plus étendues et montrent une certaine tendance
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 41
à regarder plus directement en dedans; à la sixième vertèbre,
par exemple, leur inclinaison est de près de 50 à 60 degrés. Les
zygapophyses postérieures offrent des modifications de même
ordre et inverses ; ainsi, sur la cinquième vertèbre, elles sont
fortement relevées en haut et en arrière, les surfaces articu-
laires regardant presque directement en dehors. Les apophyses
articulaires de la première dorsale ne sont pas relevées en
dehors comme dans les espèces précédentes.
Ces légères différences doivent sans doute influer sur la
manière donts’exécutent les mouvements du cou. Ainsi, il est
probable que l’adduetion est moins facile, pour les vertèbres
postérieures surtout, que chez le Cinosternon pensylvani-
cum; par contre, l'extension est plus accusée ; les fossettes de
réception pour les zygapophyses postérieures de chaque ver-
tèbre précédente sur les quatrième, cinquième et surtout
sixième vertèbres parlent en faveur de cette hypothèse.
Mais dansle Cinosternon leucostomum, que la disposition des
surfaces articulaires des centrums rapproche du Séaurotypus
odoratus, toutes ces différences s’atténuent et conduisent
directement à l’espèce du même genre type, du groupe précé-
dent, le Cinosternon pensylvanicum.
IX. THALASSOCHELYS CARETTA, Linné.
(PL. 28, fig. X, séries À et B: 1 à 8.)
La disposition des vertèbres cervicales chez les Tortues de
mer appartenant soit à la famille des Chelontida, soit à celle
des Sphargidina, parait toujours être la même ; elle a été étu-
diée par M. Huxley sur le Chelone viridis Schneid. (Chelone
midas, auct.), par P. Gervais sur le Sphargis luth (Dermato-
chelys coriacea Lin.); Jai pu examiner ces parties sur le
Thalassochelys caretta Lin. et une autre espèce indéterminée
appartenant à l’un de ces genres.
Chez ces animaux, le cou est beaucoup moins long, comme
on le sait, que chez les Chéloniens compris dans les autres
groupes et le mouvement de rétraction de la tête presque nul;
48 L. VAILLANT.
aussi les vertèbres cervicales sont-elles assez notablement
différentes de celles étudiées précédemment, surtout en ce
qui concerneles proportions relatives etle mode d’articulation.
VERTÈBRE ATLO=ODONTOIDE. — Cette vertèbre (1) est com-
posée de quatre pièces distinctes.
La pièce basilaire, vue par sa face inférieure, est assez régu-
lièrement carrée, convexe en dessous, légèrement concave en
dessus ; en avant, se voit une facette semi-lunaire pour lar-
ticulation avec le condyle occipital. L’extrémité postérieure
présente deux petits sillons verticaux, qui la divisent en trois
portions ; les deux latérales sont analogues aux petits prolonge-
ments signalés chez la Gistude et d’autres espèces; mais 1e ils
sont moins prononcés, ce qui tient peut-être à l’âge de
l’exemplaire ; car, dans la figure donnée par Gervais (2) pour
le Sphargis luth très adulte, qu’il avait examiné, on voil en ce
point deux cornes apophysaires assez saillantes.
Les lames neurales, par leur forme élargie, l’aplatissement
des parties postérieures, l’élongation en arrière de l’apophyse
tansverse placée en dehors de la facette articulaire de la
post-zygapophyse, rappellent beaucoup les parties homologues
chez la Gistude d'Europe et 1l serait inutile d’insister sur leur
description.
L’os odontoide, absolument contenu dans la cavité que lui
lorment les trois os précédents, est globuléux, convexe en
avant, aplati en arrière, présentant en haut une surface ova-
laire concave et de chaque côté, en bas, un enfoncement
placé au niveau des sulures d’union entre les lames neurales
et la pièce basilaire ; cet enfoncement est occupé par un car-
tilage épais, à ce que j'ai pu voir sur Pindividu desséché.
VERTÈBRES POST-ODONTOIDES. — Centrum. — Les vertèbres
cervicales qui suivent la vertèbre atlo-odontoïde sont, chez
les Chélomiens thalassites, remarquablement courtes, la lon-
(4) PI. 98, Ge X, A etB: 1.
(2) Nouv. Arch. du Museum, t. VI, pl. 6, fig. 3,e, 1872.
ARTICLE N° 1.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 49
gueur du corps étant égale à sa largeur ou très peu différente ;
par ce caractère, elles se distinguent déjà des parties homolo-
oues considérées chez les autres reptiles du même ordre.
Le mode suivant lequel les articulations se succèdent se
rapproche de celui déjà signalé chez les Chélydres. La ver-
tèbre atlo-odontoide pouvant être considérée comme amphicæ-
lienne, les deuxième et troisième sont opisthocæliennes, la
quatrième amphicrytienne, et les cinquième, sixième, septième
et huitième, procœliennes. Il faut toutefois remarquer que
pour plusieurs des articulations, en particulier La I° et
la VIF, les surfaces qui concourent à les former étant presque
planes, le type ne peut pas être considéré comme aussi net
que d'ordinaire. Enfin, le mode suivant lequel les vertèbres se
réunissent mérite d’être signalé; en effet, ce sont partout des
amphiarthroses, comme Meckel Pavait déja remarqué (1),
sauf entre la huitième vertèbre cervicale et la première dorsale,
où l’on trouve une diarthrose. Les [V°et V®° articulations pré-
sentent aussi une certaine laxité; ce sont elles qui permettent
au cou de se courber en U lors de la rétraction Imcomplète de
la tête chez ces Chéloniens.
Tous les centrums sont d’ailleurs construits d’une manière
uniforme. À la face inférieure se voit une carène longitudinale
(2) à bord libre mousse, élevée et convexe sur les deuxième,
troisième, quatrième et cinquième vertèbres, diminuant sur
les suivantes, pour être réduite à un simple tubercule sur la
huitième. La face supérieure est toujours fortement con-
cave d’avant en arrière. Les facettes articulaires ont à peu
près la même hauteur et largeur pour les premières vertèbres,
elles vont en augmentant dans cette dernière dimension au fur
et à mesure que l'os occupe un rang plus reculé; on pourrait
les regarder toutes comme simples; cependant, on distingue,
surtout chez les individus âgés, à la face postérieure convexe
de la septième vertèbre, une impression médiane indiquant
(1) Trailé général d'anatomie comparée. Trad. française, t. IT, p. 578,
1828.
(2) PI. 98, fig. X, A. B:2à8.
50 L. VAILLANT.
deux têtes latérales dont les fossettes de réception sur là hui-
tième vertèbre sont nulles ou peu marquées. Sur les côtés des
facettes articulaires antérieures se voient des saillies dépen-
dant des faces latérales; elles peuvent être regardées comme
constituant les pleurapophyses et servent en grande partie à
l’articulation du corps avec les lames neurales, comme on le
verra plus loin. |
Arc neural. — Le trou vertébral, triangulaire sur la vertèbre
atlo-odontoïde, est arrondià peu près régulièrementsur les ver-
tèbres suivantes jusqu’à la cinquième; la sixième et la septième
l'ont plus développé, ovalaire, notablement plus haut que large,
surtout pour celle-ci; à la huitième cervicale, ce trou de
dimensions moindres est en triangle isocèle.
Les lames neurales s’articulent par une portion pédonculée
à la partie antérieure du centrum; les renflements pleurapo-
physaires concourent à cette articulation, comme on Pa dit
précédemment. Au point d'union, en avant et en dehors, se
voit une excavation (1) formée par deux plans réunis en angle
et appartenant l’un au renflement, l’autre au pédoncule; elle est
surtout marquée de la troisième à la septième vertèbre. Un
cartilage remplit ce vide, sa position peut faire penser que ce
serait là une pleurapophyse, non ossifiée sur cet individu.
À une certaine hauteur, le pédoncule, dont la direction est
verticale, s'étale (2) en une lameille qui, avec sa congénère, com-
plète l’anneau rachidien. Sur la deuxième vertèbre, l’arête
formée au point d’union des lames donne une surface rugueuse
et se prolonge en une pointe antérieure. Jusqu'à la cmquième
vertèbre, les lames s'unissent en un toit surbaissé, étroit d'avant
en arrière et dont l’arête, à peine sensible, estrugueuse. Sur les
trois dernières, les lamelles, confondues avec les apophyses arti-
culaires postérieures, sont plus fortement inclinées de dehors et
dedans et de bas en haut; de plus, elles se relèvent fortement
d'avant en arrière et donnent sur les septième et huitième
(1) PL 28, fig. X ; A et B ; surtout nette sur les vertèbres 4 et 5.
@) PL 28 ex Br 28.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 51
vertèbres une apophyse massive analogue à celle qu'on verra
exister chez quelques Tortues pleurodères, en particulier la
Chélyde matamata; cette disposition est surtout en rapport
avec le développement énorme des zygapophyses posté-
rieures.
Les zygapophyses antérieures n’offrent rien de bien particu-
lier. À la deuxième vertèbre, ce sont deux prolongements lamel-
leux peu saillants, sur [a face externe desquels se trouve une
facette articulaire arrondie, obliquement dirigée de bas en haut
et de dehors en dedans. Sur les vertèbres suivantes (1), lapo-
physe est constituée par un prolongement plus ou moins eylin-
drique, tronqué à son extrémité libre pour former la facette
articulaire; ce prolongement est presque verticalement dressé
sur la cinquième vertèbre; à partir de celle-ci, dans les deux
sens antérieur et postérieur, il s'incline de plus en plus d’arrière
en avant et de bas en haut. Les facettes articulaires, de
forme arrondie ou ovale, sont obliquement dirigées de haut
en bas et de dehors en dedans, regardant en arrière sur les
troisième, quatrième et cinquième vertèbres, s’inclinant pro-
sressivement sur les trois dernières au point d’avoir l’axé anté-
ro-postérieur presqu'horizontal à là huitième.
Les zygapophyses postérieures, comparées sur les seconde
et huitième vertèbres, commençant et terminant la série, diffé-
rent beaucoup entre elles; cependant, on est conduit de l’une
à l’autre d’une manière insensible par les vertèbres intermé-
diaires. Sur la seconde, ce sont des prolongements horizon-
taux (2), divergents et séparés par une profonde échancrure en
V; la face supérieure de chacun d'eux est chargée de rugosités;
inférieurement, on voit une facette articulaire obliquementtour-
née en dehors sous une faible inclinaison. Sur la huitième
vertèbre, les zygapophyses postérieures se réunissent en une
masse relativement très-développée (3), dont le volume est
comparable et même supérieur à celui du centrum; elle est
(1) PI. 98, fig. X,
(2) PI. 98, fig. X, B
(2) PL 98, fig. X, B:
52 L. VAILLANT,
comme pédonculée à son point d'attache aux lames neurales
et se dilate en arrière; la forme générale peut être com-
parée à celle d’une pyramide quadrangulaire dont le sommet
tronqué serait le point d’adhérence; la base est convexe de
hauten bas, concave ou creusée en gouttière dans le sens trans-
versa] ; les deux faces latérales sont planes; la face supérieure
convexe; l’inférieure, plus compliquée, présente au milieu une
gouttière longitudinale profonde, qui fait suite au canal ra-
chidien, les bords de cette gouttière, très saillants à leur partie
o stérieure, renflés ence point pour produire deux tubérosités,
portent des facettes articulaires de forme ovale, lesquelles,
l’axe du centrum étant supposé horizontal, regardent en avant
sous un angle de 30 à 40 degrés et légèrement en dehors.
C’est une courbure beaucoup momdre que celle indiquée pour
les parties homologues de la dernière vertèbre cervicale dans
les espèces précédemment étudiées.
Des vertèbres intermédiaires, les quatrième et cinquième (1)
rappellent la troisième quant aux zygapophyses postérieures,
seulement, l’échancrure en V s’élargit et perd de sa profondeur.
Sur la sixième, cette échancrure est petite, arrondie en demi-
cercle, les apophyses elles-mêmes sont plus épaisses, oblique-
ment dirigées de dedans en dehors et de bas en haut, la facette
regarde plus en dehors. À la septième vertèbre (2), les zyga-
pophyses postérieures prennent évidemment l'aspect décrit plus
haut pour la vertèbre suivante; c’est une masse épaisse ; toute-
fois, la séparation des deux apophyses est mdiquée à la face su-
périeure par un sillon profond qui sépare deux saillies élevées;
il est facile de reconnaitre que la gouttière longitudinale, qui
inférieurement est placée entre les tubérosités portant les sur-
faces articulaires, est l’analogue de l’échancrure en V des ver-
tèbres précédentes; ces surfaces sont inclinées en dehors sous
un angle d'environ 45 degrés.
Pleurapophyses. —- On a déjà fait remarquer que chez la
Chélone les pleurapophyses peuvent être regardées comme
(1) PI. 98, fig. X, B : 4 et 5.
(2) PLOS Rex PP: 7.
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 93
manquant, à moins qu'on ne veuille donner ce nom à la tubé
rosité formée au point de jonction du centrum avec la lame
neurapophysaire par les saillies de chacun de ces deux os.
Peut-être aussi doit-on regarder comme représentant la pleura-
pophyse le cartilage qui remplit le vide angulaire laissé en ce
même point (1).
Les Thalassites offrent done en résumé un type encore spé-
cial à distinguer parmi les Chéloniens. Elles se rapprochent des
Chélydres, puisqu'elles n’ont qu’une seule vertèbre amphicyr-
tienne, la quatrième, mais s’en éloignent par l’absence d’arti-
culation ginglymoïdale nette; toutefois, les VI®'et VIT® articu-
lations, très élargies, doivent physiologiquement en constituer.
Il faut joindre à ces caractères différentiels la forme géné-
rale tout autre des os. Ces modifications ne permettent plus
qu'une rétraction incomplète ou nulle de la tête.
X. CYCLODERMA AUBRYI, A. Dum.
(PL. 30, fig. XIIL, séries À, B, C: 1 à 8 et 1d; D: 1, 4,7, 8; E : 1, 3, 6,7;
fig. XI bis et XIILter).
XI. TRIONYX JAVANICUS, Geoff.
(PI. 31, fig. XIIL, séries A,B,C :1 à 8 et 14; D: 1, 4, 7, 8 et 1d;; E : 1, 5, 6, 7;
fig. XV bis).
La disposition des vertèbres cervicales chez les Potamites
ou Tortues molles ne parait avoir que peu fixé l'attention des
(4) Cette description a été faite d’après un individu jeune, depuis ayant pu
examiner un exemplaire de plus grande taille dont la dossière mesure 55 centi-
mètres, j'ai trouvé dans la disposition de ses vertèbres cervicales quelques lé-
gères différences. Les surfaces articulaires convexes sont plus franchement
sphériques et plus lisses. Le centrum de la septième vertèbre, plan en avant,
offre toutefois une légère crête médiane verticale, indice de la séparation en
deux cotyles rudimentaires, en arrière la double tête se montre plus nette sans
être toutefois très accusée. Sur ce même os le rapprochement à établir quant
à la forme des zygapophyses postérieures avec ces mêmes parties sur la huitième
vertèbre est loin d’être aussi complet, elles rappellent davantage sous ce rap-
port les vertèbres antérieures. Le cartilage pleurapophysaire se trouve très
réduit. L'âge, on le voit, peut amener certaines modifications dont il est néces-
Saire de tenir compte. (Note ajoutée pendant l’impression.)
5# L. VAILLANT.
anatomistes, sauf ce qui en a été dit par M. Peters et M. Ri-
chard Owen (1). J'ai pu l'étudier sur un certam nombre d'indi-
vidus appartenant à deux des genres principaux : les Trionyx
T. ægyptiacus Geoffroy, T. javanicus Geoffroy, et les Gyclo-
derma, C. Aubryi, À. Dum. Gette portion du rachis est con-
struite chez ces animaux, malgré quelques différences, sui-
vant un type très uniforme, bien en rapport avec l’homogé-
néité du groupe lui-même, et, de plus, très distinet de tous
ceux étudiés précédemment.
VERTÈBRE ALTO-ODONTOIDE.— Cette vertèbre, au moins chez
les Trionyx, rappelle assez ce qu'on connaît chez les Tesfudo et
les Cistudo. Elle est également composée par la réumion de
quatre pièces.
La pièce basilaire atloïdienne, dans le Trionyx javanicus,
que je prendrai comme exemple, est courbée transversalement
ayant à peu près la forme d’une selle renversée. Deux faces
inféro-latérales se réunissent en une arête mousse inférieure.
La partie supérieure est constituée par deux plans inclinés
l'un vers l’autre et séparés par une arête échancrée, transver-
sale ; le plan antérieur regarde en haut et en avant, ilconcourt
à former la cavité où est reçu le condyle occipital; le posté-
rieur regarde également en haut; mais, en arrière, il consti-
tue une facette pour l'articulation avec l’os odontoïde. Les
extrémités de la courbe s’articulent avec les lames neurales.
La forme de cet os, analogue, comme on le voit, à celui des
Tortues proprement dites, est la même chez le Trionyx ægyp-
tiacus et lespèce de Cochinchine. Quant au Cycloderma
Aubryi (D), sa pièce basilaire atloïdienne offre quelques diffé-
rences; la partie supérieure, au lieu d’être échancrée, est
convexe; la face postérieure semi-lunaire se trouve presque
verticale ; en somme, on a une forme plus courte et plus élevée.
Chaque lame neurale (2) à la figure d’un à couché, la
: (4) Voir plus haut, p. 5 et 7.
(1) PI. 30, fig. XIIT; À, B, C, D, E, 1.
(2) PI. 31, fig. XV, B : 1; pl. 30, fig. XIE, B : 1.
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 59
branche verticale s'articule en bas avée la pièce basilaire atloï-
dienne, en haut avec la lame neurale du côté opposé; la branche
horizontale, insérée à la partie moyenne de la première, se
dirige directement en arrière. La partie mférieure de la branche
verticale forme une sorte de tête en pyramide triangulaire ;
son sommet tronqué se trouve en rapport avec la pièce basi-
laire; une face externe sert à des Insertions ligamenteuses et
musculaires; deux autres faces antéro-nternes et postéro-
internes sont revêtues de cartilages d’encroùtement articulaires
et concourent, la première à former la cavité qui reçoit le con-
dyle occipital, la seconde celle qui reçoit l'os odontoiïde. La
partie supérieure de cette même branche à la forme d’une lame
large aplatie de dehors en dedans; la Jonction avec la lame
neurale du côté opposé se fait par des surfaces assez étendues
et couvertes de rugosités formant une suture dentée à engre-
nures réciproques, d’où résulte une articulation plus solide
que celle rencontrée chez la plupart des autres Chéloniens.
La branche horizontale forme un prisme triangulaire courbé
suivant sa longueur (1), la convexité étant tournée en dehors.
Une arête externe saillante, rugueuse, mousse où tranchante
suivant la taille des individus, est formée par l’union de deux
faces, l’une supérieure, l’autre inférieure ; la face interne con-
cave présente à son extrémité postérieure (2) une facette
arrondie pour l'articulation avec la zygapophyse antérieure de
la seconde vertèbre. Cette facette, dans les espèces africaines
que j'ai pu examiner : Trionyx ægyplhiacus et Cycloderma Au-
bryr, est simplement placée à l'extrémité de la branche ; dans le
Trionyxæ javanicus et un autre individu de Cochinchine, indé-
terminé spécifiquement, mais appartenant au même genre,
l'arête externe se prolonge postérieurement en une tubérosité
saillante, séparée de la facette par une échancrure (3).
L'os odontoïde, chez les Trionyx (4), se rapproche beau-
(A) PI. 91, fig. XV, C : 1.
(2) PL 31, fig. XV,A,E : 1.
(8) PI. 34, fig. XV, C: 1.
(4) PL. 91, fig. XV, A,B:1.
96 L. VAILLANT.
coup de celui des Testudo, étant toutefois un peu plus allongé et
plus élevé proportionnellement. La partie moyenne est en
prisme triangulaire, ayant une arête mousse inférieure, tron-
quée obliquement en avant pour s’articuler avec la pièce basi-
laire atleïdienne. Antérieurement, on trouve deux faceltes
ovalaires (1) inclinées en dehors, en rapport avec les lames
neurales ; ces facettes sont séparées, sur le Trionyx ægyptiacus,
par un enfoncement infundibuliforme que remplit sur Le frais
un cartilage biconvexe; sur le Trionyx javanicus, cet enfonce-
ment n’existe pas et les facettes s'unissent au centre en une
saillie, comme si le cartilage était remplacé par une ossifiea-
lion réelle; on trouve parfois sur la saillie une impression
punctiforme, trace du point où s’insère sans doute le liga-
ment rond de l'articulation occipito-altoidienne. La face pos-
térieure (2), quadrangulaire, est occupée par une cotyle à
direction générale presque verticale et moins inclinée que
chez le plus grand nombre des autres Chéloniens ; les dimen-
sions en hauteur et en largeur diffèrent peu entre elles chez le
Trionyx ægypliacus ; dans l'espèce indienne, la première l’em-
porte sensiblement sur la seconde.
Ce même os, chez le Cycloderma Aubryi (8), présente
d'importantes différences. Le corps est plutôt cylindrique,
s’élargissant en avant et en arrière, aplati supérieurement.
L’extrémité antérieure (4), en triangle isocèle à côtés courbes,
est fortement relevée en cûne à sa partie moyenne et supé-
rieure ; cette élévation pénètre dans la cavité laissée libre entre
les pièces atloïdiennes et la remplit complètement; toute cette
face antérieure est d’ailleurs rugueuse et encroûtée d’un car-
ülage, qui établit une union intime entre l'os odontoïde, les
lames neurales et la pièce basilaire altoïdienne ; il en résulte
une articulation amphiarthrodiale, mais si serrée que les
mouvements de l’anneau atloïdien sur los odontoïde doivent
(1) PI. 30, fig. XIV.
(2) PI.930, fig. XV: E : 1.
(3) 21.30, fig. XIIL, À, B, C, E 41,
(4) PI. 30, fig. XIII ter.
=
ARTICLE N° /.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 97
être très limités ou nuls, autant qu'il est possible d’en juger
sans avoir vu l'animal absolument frais. Cette particularité
mérite de fixer l’attention, car elle établit une liaison avec
ce qu'on rencontre chez les Ghéloniens pleurodères, où la sou-
dure des quaire pièces de la vertèbre atlo-odontoïde se voit
habituellement. Quant à l’extrémité postérieure, elle n'offre
rien de bien particulier à signaler; sa forme est quadrilaté-
rale (1), comme chez les Trionyx, un peu plus large que haute.
VERTÈBRES POST-ODONTOIDIENNES. — Les sept dernières ver-
tèbres, malgré certaines différences dont quelques-unes ne sont
pas sans importance, se ressemblent cependant assezentre elles
comme disposition générale. Le cou est remarquablement
long, eu égard à la dimension de la carapace, autant peut-être
que chez aucun Pleurodère; il parait toutefois plus court sur
le vivant, par suite du mode d’articulation de la huitième ver-
tèbre cervicale avec la première dorsale, lequel ne permet qu’une
extension très incomplète comme on le verra plus loin. Les
vertèbres elles-mêmes ont donc une forme allongée, d'autant
plus frappante qu’elles sont à proportion étroites, sauf les der-
mères, et encore, pour celles-ci, chez les Trionyx seulement.
Quant au mode d’articulation des centrums entre eux,
ceux-ci présentent sous ce rapport une grande uniformité. On
a vu que la vertèbre atlo-odontoïde dans son ensemble peut
être regardée comme amphicælienne, les deuxième, troisième,
quatrième, cinquième, sixième et septième vertèbres sont
opisthocæliennes. La huitième présente en avant des surfaces
convexes (2); mais, ne s’articulant pas directement avec le
corps de la première dorsale (3), il n’est pas possible de dire
à quelle catégorie elle appartient et si elle doit être regardée
comme opisthocælienne, ainsi que les précédentes, ou comme
amphicyrlienne, ce qui se rencontre, on l’a vu dans un grand
nombre d’autres espèces.
GPL 00 he TD 1
(2) PI. 41, fig. XV, D':8.
(3) PL 30, fig. NII bis.
D8 L. VAILLANT.
La similitude dans la disposition générale, le grand volume
des vertèbres, rendant les mensurations plus faciles, j'ai cru
utile de donner un tableau des principales dimensions des cen-
trums et de la hauteur de chaque os.
La longueur est prise du sommet de la convexité antérieure
au bord de la cupule postérieure, ou de l’une à l’autre cupule
pour la vertèbre atlo-odontoïde, sur laquelle je reviens 11
pour la comparaison générale de ces parties les unes avec les
autres. Cette mesure, appliquée à la huitième-vertèbre, n’est
pas tout à fait de même nature que pour les six vertèbres inter-
médiaires, la partie postérieure n'étant pas régulièrement
conformée , 11 est important pour les comparaisons d’avoir
égard à ce fait. La largeur du centrum en avant est donnée avec
les pleurapophyses; à la partie moyenne, c’est le point le plus
rétréci de la vertèbre; postérieurement, cette dimension est
représentée par le diamètre transversal au milieu de Îa
hauteur.
Quant à la hauteur de la vertèbre, on la prise éga-
lement au milieu de la longueur; la hauteur absolue, me-
surée par la distance séparant deux plans parallèles dont Pun
toucherait le point le plus saillant supérieur, l’autre le point le
plus saillant inférieur, serait plus grande, au moins sur plu-
sieurs des vertèbres dont la face inférieure est fortement con-
cave. Deux dimensions ont été omises pour la vertèbre atlo-
odontoïde, à savoir les largeurs du centrum en avant et à la
partie moyenne, la forme particulière de cet os l’éloignant
sous ce rapport des suivants. -
Pour faciliter les comparaisons, à côté des mesures réelles
exprimées en millimètres, se trouve en regard, dans une se-
conde colonne, le rapport en centièmes à une dimension prise
pour unité. Cette dimension, pour la longueur du centrum,
est la longueur totale du cou, obtenue en additionnant les
longueurs des différentes vertèbres. Pour les autres inesures,
c’est la longueur même du centrum correspondant. La hui-
tième vertèbre du Trionyx indéterminé de Cochinchine
manquant, les calculs n’ont pu être complètement faits pour
ARTICLE N° 7.
CHELONII
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60 L. VAILLANT.
cette espèce, peut-être identique au Trionyx javanicus, dont
elle s’écarte fort peu.
Si nous examinons les dimensions absolues de chacune
des parties, on voit, en ce qui concerne la longueur .des
centrums, qu'il y a augmentation de la première vertèbre
à la cinquième chez les Trionyx, puis diminution graduelle
sur les trois suivantes ; chez le Cyeloderme, il y aurait deux
maxima, à la quatrième et à la septième. Dans toutes les
espèces, sauf les vertèbres extrêmes, les six intermédiaires dif-
férent peu les unes des autres. Les dimensions relatives par
rapport à la longueur totale du cou font ressortir ce fait,
qu’elles sont on peut dire identiques dans toutes les espèces,
les différences les plus notables, qui se rencontrent sur la sep-
tième vertèbre, 12 et 15 centièmes, étant réellement insigni-
fiantes. On peut done, sans grande erreur, regarder pour les
autres mensurations les valeurs relatives portées sur le tableau
comme comparables, puisqu'elles sont données par rapport
à la longueur de ces centrums.
La largeur du centrum en avant croit d’une manière con-
tmue de la deuxième à la septième vertèbre dans les Trionyx ;
elle augmente encore un peu pour la huitième dans le Trionyx
œgyptiacus, diminue au contraire dans le Trionyx javanicus ;
le Cycloderma Aubryi présente un maximum de largeur aux
troisième et quatrième vertèbres, diminue jusqu’à la septième
pour augmenter un peu de nouveau sur la huitième. Quant
aux dimensions relatives de la largeur comparée à la longueur
du centrum, sans entrer dans des détails que le tableau fait
ressortir d’un seul coup d’œil, on doit remarquer d'une ma-
mière générale, que les chiffres pour la deuxième et même la
troisième vertèbre indiquent des différences nulles ou peu sen-
sibles entre les diverses espèces, tandis qu’à partir de là, si
d’une part les Trionyx se rapprochent les uns des autres, ils
s’éloignent par contre sensiblement du Cycloderme, chez lequel
la largeur proportionnelle est toujours moindre et cela
d'autant plus qu'on considère une vertèbre plus reculée.
La largeur à la partie moyenne offre quelque chose d’ana-
=
ARTICLE N° i.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 61
logue; chez les Trionyx les dimensions absolues pour les
deuxième, troisième et quatrième vertèbres sont les mêmes; à
parür de là, elles croissent régulièrement d’une façon continue
jusqu'à la huitième ; chez le Cycloderme la largeur est la même
d'une part pour les deuxième et cinquième vertèbres, d'autre
part pour les troisième, quatrième, sixième, septième, ces
quatre dernières étant un peu plus épaisses que les premières,
la huitième est encore la plus développée sous ce rapport. Les
dimensions relatives de la deuxième à la cinquième vertèbre
sont sensiblement les mêmes pour les trois suivantes; la largeur,
proportionnellement à la longueur, est plus grande chez le
Trionyx d'Afrique que chez les Trionyx des Indes, surtout pour
les sixième et septième; la différence est encore plus prononcée
dans le même sens en comparant ces Chéloniens au Gyclo-
derme.
La largeur du centrum en arrière chez les Trionyx croit
progressivement de la première à la septième vertèbre; la diffé-
rence est toutefois brusque entre celle-ci et la sixième ; chez
le Gycloderme, la deuxième vertèbre est plus large en arrière
que la première et que les suivantes jusqu’à la cinquième,
laquelle offre le chiffre minimum sous ce rapport; les deux
vertèbres qui suivent croissent de nouveau, mais présentent
entre elles un écart moins sensible que chez les Trionyx. Les
dimensions relatives montrent que chez le Trionyx ægyptiacus
la largeur en arrière, proportionnellement à la longueur du
centrum, est toujours plus grande que chez le Trionyx javanicus
et l’autre espèce de Cochinchine, lesquelles ne diffèrent pas
notablemententre elles; quantau Cycloderma Aubryt, le rapport
pour les première et deuxième vertèbres est plus élevé mème
que chez le Trionyx d'Égypte; il s’en rapproche pour la troi-
sième; les trois suivantes sont comparables à leurs homologues
chez les Frionyx des Indes, mais la septième offre un chiffre
très inférieur à celui de toutes les autres espèces. La mesure de
la largeur du corps à sa partie postérieure donnant assez exac-
tement celle de la surface articulaire, on peut, d’après cela, sup-
poser que les mouvements du cou chez les Cyclodermes sont
ANN. SC. NAT., ZOOL., DÉCEMBRE 1879-80. X. 21. — ART. N° 7.
62 L. VABEHELANT.
différents et plus variés que ce qu'ils sont chez les Trionyx ;
l'examen plus détaillé des vertèbres, comme on le verra plus
loin, parle en faveur de cette manière de voir.
La hauteur à la partie moyenne, en ne tenant pas compte
de la première vertèbre, trop différente des suivantes par sa
forme pour pouvoir leur être comparée, n'offre que de faibles
différences dans les dimensions absolues chez les Trionyx, les
deuxième et troisième vertèbres sont égales, la quatrième plus
haute, les deux suivantes en diffèrent peu; la septième, plus
développée encore dans ce sens pour l'espèce d'Égypte, est au
contraire moins élevée dans l’espèce des Indes; quant à la hui-
tième, chez les uns comme chez les autres, la dimension est
plus faible que pour celle qui la précède. Quantau Cycloderme,
la hauteur croît de la deuxième à la troisième vertèbre, retombe
un peu à la quatrième, pour augmenter Jusqu'à la sixième, qui
présente l’élévation maximum, les deux dernières diminuant
régulièrement. Cette même dimension, comparée à la longueur,
nous montre que pour la première vertèbre l'élévation est rela-
tivement plus grande chez les Trionyx que chez le Cycloderme ;
le rapport est sensiblement le même dans les deuxième, troi-
sième, quatrième et cinquième vertèbres ; pour la sixième, il est
plus faible chezles Trionyx que sur le Cycloderme; pour la
septième, au contraire, le Trionyxæ ægyptiacus V'emporte sur les
autres espèces, peu différentes les unes des autres sous ce rap-
port; 1l en est à peu près de même pour la huitième.
Centrum. — Le corps de la vertèbre chez les Trionyx (1)
offretoujours plus de largeuren avant qu’en arrière, Cet élargis-
sement est formé par les pleurapophyses, qui s’avancent de cha-
que côté de la tête articulaireantérieure en formant deux tuber-
cules séparés de celle-ci par une simple échancrure. Le sommet
de ces tubercules se trouve en arrière dela tête sur les deuxième,
troisième, quatrième et cinquième vertèbres, de niveau sur
la suième, en avant sur les septième et huitième. Chez le Cy-
cloderma Aubryi (2), la différence est plus faible, les tubercules
(4) PL 31, fig. XV, A: 2à 8.
(2) PI. 30, fig. XV,A:248.
ARTICLE N° 7.
VERTÉBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 63
pleurapophysaires étant beaucoup moins développés; sur les
troisième, quatrième et cinquième vertèbres, ils sont plus ou
moins en arrière de la tête articulaire, à peu près de niveau sur
les autres. Le corps est rétréei assez exactement au milieu sur
les sixième et septième vertèbres. Chezles Trionyx de l'Inde, la
moindre largeur se trouve un peu plus en avant. La section en
un point quelconque de la longueur, sans tenir compte des
crêtes qui peuvent se rencontrer à la partie imférieure, est
toujours voisine d’un quadrilatère. A la partie moyenne de la
vertèbre, ce quadrilatère, chez les Trionyx, serait à peu près
régulier sur les vertèbres antérieures, beaucoup plus large que
haut sur les sixième et septième dans l'espèce d'Afrique, sur la
septième seulement dans les espèces des Indes. Pour le Cyclo-
derma Aubryi, on n’observe pas de semblables différences,
partout la section au milieu de la longueur donne un carré
de petite dimension, car dans cette espèce le corps des vertè-
bres est remarquablement faible et plus évidé à sa partie
moyenne (1) que chez les autres Trionychida étudiés.
Le corps de la huitème vertèbre, tout à fait anormal, mérite
d’être décrit à part (2). Son aplatissement de haut en bas
est si considérable que ce n’est plus un prisme, mais une véri-
table lame formant le plancher du canal rachidien. L’épaisseur
se trouve un peu plus grande en avant qu’en arrière. La forme
de cette lame est celle d’un triangle à sommet postérieur et
tronqué, presque équilatéral chez les Trionyx, allongé sur le
Cycloderme. La base, qui forme le bord antérieur, porte les
têtes articulaires, Les côtés, continus sur la plus grande partie
de leur longueur avec les lames neurales, sont libres en
arrière et, ainsi que l'extrémité postérieure, servent à l’in-
sertion de puissants ligaments, qui unissent médiatement
celte vertèbre au corps de la première vertèbre dorsale,
modifiée d’une manière correspondante, c'est-à-dire ne pré-
sentant pas de facette articulaire (3). Chez le Trionyx ja-
(4) PL. 30, fig. XII, A : 2 à 7.
(@) PL. 34, fig. XV, A, B: 8; pl. 30, fig. XIII, À, B: 8.
* (3) PL 31, fig. XV, A, B, D: 14; pl. 30, fig. XII, A, B: {d.
64 L. VAILLANT.
vanñicus, cette extrémité antérieure de la première vertèbre
dorsale se termine par un bord droit rugueux, en arrière du-
quel se trouvent deux perforations arrondies (1) fermées sur le
frais par une membrane fibreuse ; chez le Cycloderma Aubryi
c’est un bord mousse formant un demi-cercle à concavité
antérieure, d’où résulte une profonde échancrure (2), qui sans
doute, à l’état frais, est comblée également par une membrane.
Des extrémités du bord ou de l’échancrure partent sur Pune
et l’autre espèces des lignes de rugosités fort marquées, qui se
dirigent obliquement en dehors et en arrière pour gagner les
côtés du corps de la vertèbre vers son tiers antérieur.
Sur un individu conservé dans l’alcool, j'ai pu examiner la
disposition des attaches, ce qui permet de mieux compren-
dre les faits, que montre l'étude des os isolés. Les corps ver-
tébraux sont, à l’état de flexion, immédiatement appliqués
l'un contre l’autre, leurs faces anatomiques inférieures se tou-
chant (3);en réalité, la première vertèbre dorsale, articulée avec
la carapace, ayant, dans la position normale, son grand axe
dirigé horizontalement ou un peu d'avant en arrière et de
bas en haut, sa face anatomique inférieure regarde directement
en bas ou un peu en arrière; la huitième cervicale a son axe pa-
rallèlement situé par rapport au précédent, mais sa face ana-
tomique inférieure regarde directement en haut ou un peu en
avant. Des ligaments de nature sans doute élastique s'étendent
des bords libres et du sommet du triangle, qui termine le corps
de la dernière vertèbre cervicale, à l'extrémité du corps et aux
lignes rugueuses obliques indiquées sur la première dorsale.
L'ensemble représente une sorte de poche infundibuliforme, H-
mitée par les centrums aplatis et les ligaments qui les
joignent. Si l’on cherche à étendre le cou en écartant les ver-
tèbres, on reconnaît que le mouvement est trèslimité et les axes
des deux os peuvent au plus s’écarter de 90 degrés (4). On verra
(1) Pl 91, fig: XV, A: 14.
(@) PI. 30, fig. XIIT, A: 1d.
(3) PI. 31, fig. XV bis.
(à) PI. 31, fig. ANT bis.
ARTICLE N° 7.
+
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 69
plus loin comment les apophyses articulaires assurent l'union
solide de ces vertèbres. |
La face supérieure du centrum chez les Trionyx est, vu
la forme allongée de la vertèbre, étroite de la deuxième à la
quatrième, plus large sur la sixième et surtout la septième;
elle est à peu près plane. Chez le Cyeloderme, élargissement
des dernières vertèbres ne s’observe pas, toutes sont étroites
et, à partir de la quatrième, les lames neurales, en s’articu-
lant avec cette face, la rétrécissent beaucoup; aussi le canal
rachidien, au lieu d’avoir, comme chez les autres Chéloniens,
une forme plus ou moins circulaire, est comprimé et donne
en bas une gouttière rétrécie.
La face inférieure de la deuxième vertèbre dans le Trionyæ
ægypliacus, fortement concave d'avant en arrière et non
relevée en crête, a la forme d’un triangle très allongé,
à sommet antérieur; la suivante, également concave dans le
même sens, offre une arête mousse en avant, la partie trian-
gulaire plane n’occupant plus que la moitié postérieure; sur
les quatrième et cinquième, la concavité va en diminuant, la
sixième est plane, la septième un peu convexe; la quatrième
rappelle la troisième quant à la disposition générale, mais la crête
qui occupe la moitié antérieure est moins prononcée; sur les
cinquième, sixième et septième, la face inférieure s’élargit pro-
gressivement et devient plane, la crête antérieure s’atténue et
n’est plus représentée sur la sixième que par un tubercule, qui
manque complètement sur la septième. Dans les Trionyx des
Indes (1), la concavité à la face inférieure se.montre beaucoup
plus marquée et s'étend jusqu’à la sixième; la partie moyenne
est occupée par une crête longitudinale (2) tranchante, sauf sur
cette dernière, où elle est mousse; antérieurement, cette crête
se relève en une saillie très marquée. La septième vertèbre est
large, moins toutefois proportionnellement que chez le Trionyx
d'Afrique ; en avant, elle est inclinée de haut en bas et d'avant
(4) PL 34, fig. XV, B: 24 7.
(2) PL 91, fig. XV, A: 2à 7
66 L. VAILLANT.
en arrière environ sur lequartde sa longueur totale, horizontale
sur le reste de son étendue; au point d'union des deux parties
existe une tubérosité, qui estlanalogue de la saillie antérieure
de la crête sur les autres vertèbres; en arrière, cette face est
concave transversalement.
Le Cycloderma Aubry diffère aussi sous ce rapport des
précédentes espèces. La partie moyenne des centrums est oceu-
pée par une crête () longitudinale de la deuxième à la septième
vertèbre. Jusqu'à la quatrième, cette crête, formée par l'union
des faces latérales se joignant sous un angle aigu et par suite
fortement accusée, est concave d'avant en arrière, occupant à elle
seule la partie inférieure du centrum ; sur les suivantes, il ya en
réalité une face inférieure plus ou moins plane, étroite sans
doute, mais nette, dont la crête oceupe la partie moyenne en
n’y apparaissant souvent que comme une espèce de ride. Sur
la cinquième vertèbre la face inférieure et la crête sont rectili-
gnes, elles sont convexes sur les sixième et septième, fortement
sur celle-er, faiblement sur celle-là (2).
Les faces latérales, plus nettement concaves dans les
Trionyx que chez le Gycloderme, par suite de lélargissement
différent des extrémités dans les deux genres, n’offrent rien de
spécial à noter. L’angle solide, formé par l’union des faces
inférieure et latérale, donne en avant une crête mousse chez
les Trionyx, plus aiguë chezle Gycloderme, laquelle s'étend jus-
qu'à la pleurapophyse, dont elle semble en quelque sorte être
l’origine (3).
D’après ce qu’on a vu plus haut, la facette articulaire anté-
rieure de la deuxième à Îa dernière vertèbre est toujours
convexe. Chez les Trionyx, jusqu’à la cinquième, c’est une tête
surbaissée pour la deuxième, hémisphérique et portée sur une
sorte de col rétréei pour les suivantes (4).
Pour la sixième chez le Trionyx ægyptiacus et la septième
(1) PI. 30, fig. XIII, A: 2 à 7.
(2) PI. 30, fig. XHI, B: 5 à 7.
(8) PL. 34, fig. XV, B:2 à 7 et pl. 30, fig. XII, B : 2 à 7
(4) PL 91E ie NV, ANT D, 4
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES CIÉLONIENS. 67
dans les espèces de l'Inde (4), il en estde même; seulement, la
facetie convexe estplus large que haute. Gette sixième tête dans
le Trionyx ægyptiacus et la huitième sur toutes (2) sont dou-
bles, compostes de deux facettes convexes, ovoïdes, séparées
par une dépression qui, à la dernière vertèbre, devient une
véritable échancrure semi-lunaire (3).
Le Cycloderma Aubryi présente, de la deuxième à la sixième
vertèbres, des facettes articulaires toujours plus larges que
hautes (4) et d'autant plus que le rang de l'articulation est plus
reculé, Elles sont toujours peu-saillantes et sans col appré-
ciable ; les septième et huitième vertèbres (b) ont des têtes
doubles, séparées par une échancrure; elles sont faiblement
ovoides, surbaissées, et, sur la dernière vertèbre, présentent
une inclinaison singulière de dehors en dedans et d'avant en
arrière (6).
Les facettes postérieures, inversement disposées, pour s’arti-
culer avec celles des précédentes, qui leur correspondent, sont
en cupules simples ou doubles et, dans ce dernier cas, rappro-
chées ou écartées selon l’arrangement des têtes qui suivent,
ioutes plus où moins inclinées de haut en bas et d'avant
en arrière (7). Sur la deuxième vertèbre, la cupule est ar-
rondie; sur les suivantes, jusqu'à la quatrième, son con-
tour se rapproche de la forme d’un carré régulier (8). Sur
la sixième c’est, chez les Trionyx de l'Inde (9), un quadrilatère
élargi ; pour les autres espèces, les extrémités postérieures sont
toujours fort allongées dans le sens transversal, vu la disposi-
tion des doubles cupules qu’elles portent (10).Chez les Trionyx,
particulièrement le Trionyx javanicus et l'espèce de Cochin-
(1) PL 31, fig. XV, D:
(2) PI. 34, fig. XV, D: g
(3) PL 31, fig. XV, A : 8.
(4) PL. 20, Ag. XUI, D : 4.
(5) PI. 30, fig. XIIL, D :7 et 8.
(6) PI. 30, fig. XIIL, À, €.
(1) PI. 30, fig. XII et pl. 31, fig. XV, B:2 à 7.
_(8) PL. 31, fig. XV, E: 3.
(9) PI. 31, fig. XV, E : 6.
(10) PL. 31, fig. XV, De 7
68 L. VAILEANT.
chine, sous les cupules simples, l'extrémité du centrum se
renfle en une tubérosité présentant en son centre une impres-
sion, un sillon vertical, destinée sans doute à des insertions
musculaires. Ghezle Gycloderme, ces points d'attache, réduits
à de simples tubercules latéraux inférieurs, qui manquent
même sur un certain nombre de vertèbres, sont beaucoup
moins développés.
Arc neural. — Le canal rachidien sur les vertèbres cervi-
cales des Trionyx(1) est régulièrement cireulaire.Son diamètre,
un peu plus grand sur la deuxième que sur les suivantes jus-
qu’à la sixième, n'offre en somme que de faibles différences ;
à la septième, 1l s'accroit notablement, pour diminuer un peu
sur la huitième tout en restant encore élevé. Ce dia-
mètre chez le Cyeloderme (2) diminue légèrement de la
deuxième à la cinquième, puis croît sur les suivantes jusqu’à
la huitième, où il est maximum; il est à remarquer que le
canal, cylindrique sur les vertèbres extrêmes, devient sur les
intermédiaires plus ou moins elliptique à grand axe vertical.
Les lames neurales, toujours séparées du corps par une
suture dentelée très nette, même sur notre Trionyx ægyp-
hacus, dont la taille considérable indique un sujet fort
avancé en âge, s'élèvent verticalement pour se réfléchir
ensuite et former un plan horizontal ou très faiblement
relevé en toit, excepté sur quelques vertèbres intermédiaires du
Gyeloderme (3). Ge plan supérieur est, sauf pour la deuxième
vertèbre, largement échancré (4) en V en avant et en arrière ; les
branches du V antérieur, sous forme de lames verticales tran-
chantes, s'étendent jusqu'aux zygapophyses antérieures; celles
du V postérieur, en lames plus épaisses, horizontalement pla-
cées, sont à proprement parler les post-zygapophyses elles-
mêmes. La deuxième vertèbre présente une arête longitudinale
médiane relevée et prolongée en avant, où elle forme une
(1) 21:31; 6g. XV, D, E.
(2) PI. 30, fig. XIII, D, E.
(3) PL 30, fig. XII, B : 5, 6.
(4) PI. 30, fig. XIE, C; pl. 31, fig. XV, C.
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 69
saillie plus ou moins marquée entre les zygapophyses anté-
rieures. Sur le Cycloderma Aubry, cette ‘arête peu saillante
n’est plus représentée en arrière que par une simple ride (1) ;
celle-cimanque sur le Trionyxægyptiacus, chezlequel par contre
l’arête est plus marquée. Pour les espèces indiennes, la crête
se relève un peu en arrière et, comme antérieurement elle est
aussi fort développée, 1l en résulte que larête supérieure
est concave (2). En outre, sur le Cycloderma Aubryi, deux au-
tres crêtes, formées par l’angle qui résulte de l’union des por-
tions ascendante et horizontale des lames neurales, se prolon-
gent en divergeant sur les zygapophyses postérieures. Ges
crêtes se voient dans cette espèce sur les vertèbres suivantes
jusqu'à et y compris la septième (3). Elles sont plus longues et
plus élevées sur la troisième et vont en décroissant sur les sui-
vantes. On trouve des crêtes analogues, toutefois moins déve-
loppées dans les Trionyx de l'Inde, mais elles n'existent que
jusqu'à la sixième (4) ; dans le Trionyæ œgyptiacus, 1 n'y en a
pas trace sensible, sauf peut-être sur les troisième et quatrième
vertèbres. |
Les Trionyx de l'Inde présentent une arête longitudinale
peu marquée de la troisième à la sixième vertèbre. Sur le Cy-
cloderma Aubryi, une crête analogue plus saillante se voit sur
la quatrième; sur les trois suivantes, elle est remplacée par une
tubérosité, sorte d’apophyse épineuse, comprimée et élevée sur
les emquième et sixième, en tubercule mousse sur la septième.
Les zygapophyses antérieures, sous forme de prismes verti-
caux, plus ou moins triangulaires et résultant d’un épaissis-
sement des branches du V antérieur des lames neurales,
comme on l’a déjà vu, ne dépassent pas le niveau supérieur
de la vertèbre (5); elles s’élargissent en haut pour fournir la
surface articulaire. La deuxième vertèbre seule offre une dispo-
(1) PL 30, fig. XII, B, V, 2.
(2) PL. 91, fig. XV, B : 2.
(3) PL 30, fig. XIIT, G : 2à7.
(4) PL. 314 , fig. XV, C:2 à7.
(5) PI. 30, fig. XIN, B : 3 à 8: pl. 91, fig. XV,B:3à8.
70 L. VAILLANT.
sition différente ; cette zygapophyse y forme un prolongement
lameïleux (4) vertical, continuant la lame neurale et faisant
saillie en avant; la surface articulaire se trouve placée à la
partie externe, elle est arrondie, proportionnellement plus
grande chez les Trionyx de l'Inde que dans l'espèce d'Égypte
etle Gycloderme, elle regarde en haut et en dehors un peu
plus dans cette dernière direction chez les Trionyx, un peu
plus dans la première chez le Cycloderme. Les facettes arti-
culaires pour les autres vertèbres onttoujours une forme plus ou
moins ovalaire à grand diamètre antéro-postérieur, elles sont
plus larges à proportion chez les Trionyx que chez le Cyclo-
derme (2); dirigées directement d'avant en arrière, elles ne pré-
sentent qu'une seule courbe convexe, très prononcée d’ailleurs
dans le même sens chez ce dernier. Il en est à peu près de
même pour le Trionyx ægyptiacus, mais dans les Trionyx de
l'Inde, on voit sur les vertèbres intermédiaires une seconde
courbure concave perpendiculairement dirigée par rapport à
l’autre, c’est-à-dire de dehors en dedans. Sur la huitième ver-
tèbre, chez les Trionyx, la facette est tournée plus où moins
en dedans, un peu en dehors au contraire chez le Gycloderme.
Les zygapophyses postérieures de la deuxième à la septième
vertèbre sont, dans toutes les espèces, construites d’une ma-
mère analogue. Les branches du V postérieur, qui les forment,
sont en prismes triangulaires horizontalementdirigés en arrière
et en dehors, renforcées ou non de crêtes à la face supérieure,
comme on l’a vu précédemment; l’une des faces inférieures du
prisme est tronquée en arrière pour fournir la facette articu-
laire. Celle-ci, de forme arrondie, plus souvent ovalaire, moins
large chez le Cycloderme, est aplatie sur les vertèbres anté-
rieures, légèrement concaves sur les sixième et septième, où
elle regarde en bas et un peu en dedans, tandis qu’elle est
directement dirigée en bas sur les autres.
La disposition des zygapophyses postérieures sur la huitième
vertèbre et l'articulation de celle-ci avec la première vertèbre
(1) PI. 30, fig. XIE, 2: :: 25 (pl. 91, fig.IXV,4B 29;
(2) Comparez pl. 31, fig. XV et pl. 30, fig. XIII, les séries C : 3 à 7.
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 71
dorsale sont très remarquables et n’offrent pas d’analogue non
seulement chez les autres Chéloniens, mais même dans l’en-
semble des vertébrés. Ces zygapophyses (1) sont sans doute
construites d’après le type fondamental décrit pour les précé-
dentes; seuiement, le V postérieur sur cette vertèbre étant
beaucoup moins prononcé, elles sont plus larges; la facette
articulaire, en ovale très allongé, est si fortement courbée dans
le sens antéro-postérieur qu'elle fait un demi-cercle chez les
Trionyx (2); chez le Gycloderme, elle a moins d’étendue (3),
L'apophyse articulaire antérieure de la première dorsale est
un prolongementlamelleux, épais, contourné en corne de bélier,
ce qui lui donne l'apparence d'un cylindre perforé, évidé sui-
vant son axe à sa partie postérieure ; la surface extérieure de ce
cylindre est entièrement occupée par une facette articulaire,
un peu concave, relevée au bord interne (4). La zygapophyse
creuse de la huitième vertèbre cervicale, engagée sur ce
cylindre qu'elle embrasse, donne une articulation exactement
comparable à une sorte de gond ne permettant que l’exten-
sion et la flexion. C’est un type parfait du ginglyme angulaire.
On à vu plus haut que la jonction des corps de ces vertèbres
par de simples ligaments permettait une flexion maximum, car
les faces inférieures peuvent s'appliquer directement l’une sur
l’autre (5) ; quant à l'extension, l’étude des surfaces articulaires
confirme l’observation faite à propos des ligaments qui assu-
rent l'union des vertèbres, elle ne peut dépasser 90° (6).
Ce mode d’articulation est, on le voit, tout à fait différent
de ce qui existe dans les Tortues soil eryptodères proprement
dites (7), soit planérodères (8), soit, comme on le verra plus
(1)/PL:
(2) PI.
(3) PL
(4) PI.
(5) PI.
(6) PI.
(7) PL.
_(8) PI.
Le |
VE
XV C8 :pl 20e rXTC 2: €
D XV B.:9;
, fig. XIII, B : 8.
1e VE EN CE TT DE SUR XIE RC TEE
œ. XV bis.
, fig. XII bis.
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C2 Go co ©
LO ©2 CO
ss
, lig. Xbis.
LO
79 L. VAILLANT.
loin, pleurodères (1); le ginglyme que l’on rencontre entre les
seconde et troisième dorsales chez le Glyptodon est également
moins complet (2).
Pleurapophyses. — Ges parties sont très peu développées.
Chez les Trionyx (3), elles forment de chaque côté du corps,
sur la deuxième vertèbre, une petite arête élevée, allongée,
ayant entre le quartet lecmquième de la longueur de celui-ci;
de niveau antérieurement avec le col, qui supporte la tête ar-
üculaire, ne dépassant pas en dehors les zygapophyses;
elle finit en mourant vers le milieu de la longueur du cen-
trum. Pour les autres vertèbres, les pleurapophyses sont consti-
tuées par des tubérosités placées de chaque côté, juste au-
dessous des zygapophyses antérieures, en continuité avec elles
et plus ou moins de niveau avec la tête articulaire, dont une
échancrure les sépare.
Chez le Cycloderma Aubryi(4), ces pleurapophyses deviennent
encore moins nettes; ce sont sur toutes les vertèbres des
tubercules peu saillants ayant la même situation que dans
les Trionyx par rapport aux zygapophyses et à la tête articu-
laire avec laquelle elles se confondent, sauf sur les quatrième,
cinquième et sixième. Elles se prolongent postérieurement en
une arête, une sorte de ride, atteignant environ le milieu du
corps, et qui n’est autre chose que l’angle formé par la jonc-
tion des faces latérale et inférieure de celui-ci (5).
(4) PL. 99, fig. XIbis.
(2) Voir les publications faites sur ce singulier animal, par M. Huxley (Proc.
zool. Soc., t. XII, 1863 et Phil. trans., t. CLV, p. 41, 1865) par Serres
(Comp. rend. Acad. Sc., t. LVE, p. 885 et 1028, 1863.) et surtout M. Pouchet
(Journ. de l'anat. 1866).
(2) PL, 91, fig. XV,A, B,G:2à8.
(4) PI. 30, fig. XIII, À, B, C : 2 à 8.
(5) Pendant l'impression de ce mémoire, j'ai eu l’occasion d'examiner un in-
dividu du même groupe appartenant à un autre genre, l'Emyda granosa,
Shoepff. La disposition générale des vertèbres cervicales rapproche beaucoup
cette espèce des Trionyæ. L'animal étant frais, il a été facile de constater que
la mobilité est beaucoup plus grande dans l'articulation atlo-odontoïde qu’entre
l'odontoïde lui-même et la seconde vertèbre. L’articulation VI sur les os dé-
pouillés de toutes les parties molles est formée par une cotyle simple anté-
rieure, répondant à une double tête sur la septième vertébre, mais un cartilage
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 73
XII. CHELODINA LONGICOLLIS, Shaw.
(PI. 29, fig. XI, À, B : 1 à 8: fig. XIbis.)
Dans les Chéloniens appartenant à ce groupe aussi bien
qu'au suivant, c’est-à-dire chez les Tortues pleurodères, la
similitude existant entre les différentes vertèbres sur un même
individu est plus grande que chez les Tortues cryptodères ;
aussi, quoique la première, l’atlo-odontoïde, s’écarte un peu
du plan général, il est cependant inutile de l’étudier à part.
Les pièces de l’atlas intimement soudées avec l’apophyse
odontoïde (1), ne forment en effet qu’un tout, dans lequel il
est difficile de reconnaitre le point d'union des différents os (2).
On distingue cependant, au moins chezla Chelodina longicollis,
une suture verticale sur la face latérale du corps, indiquant la
jonction de la pièce basilaire de l’atlas avec l’apophyse odon-
toide.
Centrum. — Les corps appartiennent, quant au mode d’ar-
ticulation, aux différents types qu’on peut distinguer et se suc-
cèdent dans l’ordre suivant : première vertèbre amphicæ-
lienne; deuxième, troisième, quatrième opisthocæliennes ;
cinquième amphicyrtüienne; sixième procælienne ; septième
amphicælienne ; huitième amphicyrtienne. La longueur totale
du cou étant d'environ 150 millimètres; l’atlas mesure 13 mil-
limètres de long, les autres corps vertébraux 18 à 21 milh-
mètres ; le plus développé est le troisième, le plus court le
huitième. Forme générale aplatie, atténuée à la partie
moyenne, renflée aux extrémités, ce renflement est plus sen-
d'encroûtement donne sur le frais une tête simple, c’est d’ailleurs une sorte
d'amphiarthrose des cartilages unissant les deux os. Le ligament qui joint les
centrums de la huitième cervicale et de la première dorsale est composé sur
tout de fibres lamineuses en écheveau, on y distingue aussi des fibres élastiques
plus larges, que le picro-carminate d’ammoniaque ne colore pas en rouge.
(AN PI29/f9..XP AB: 1.
(2) On verra plus loin qu'il ya une exception pour l’Elseya latisternum,
Gray.
74 L. VAILLANT.
sible lorsqu'il correspond à une cotyle (1), ce qui s'explique
naturellement dans le mode d’artieulation par enarthrose, sui-
vant lequel les corps vertébraux sont réunis. La plus grande
largeur n'excède jamais le tiers ou le quart de la longueur.
La face inférieure offre une carène médiane (2) élevée,
tranchante, dilatée antérieurement en une tubérosité d’in-
sertion placée vers le bord sous la surface articulaire, s’atté-
nuant en arrière; l’arête inférieure est rectiligne dans les
vertébres une et huit, en portion de cercle à convexité supé-
rieure dans les vertèbres intermédiaires ; la courbure, très
marquée dans les troisième, quatrième, cinquième et sixième,
l’est beaucoup moins sur la septième. |
La cupule articulaire antérieure de la première vertèbre,
exactement hémisphérique, reçoit la tête articulaire occipitale.
Les facettes des quatre vertèbres suivantes (3), en surfaces con-
vexes, sont limitées par un léger rétrécissement formant une
espèce de col, leur forme est un peu ovalaire à grand axe ver-
ücal sur les deuxième et troisième, plutôt circulaire sur les
deux autres, toutes sont dirigées directement en avant. Les
cupules des sixième et septième vertèbres sont cordiformes
avec les bords latéraux épaissis et relevés. La tête articulaire
de la dernière vertèbre, établie sur le type de celles précé-
demment décrites, est notablement plus développée, assez
régulièrement hémisphérique.
Les cupules postérieures des quatre premières vertèbres (4),
sauf une légère différence dans les dimensions, qui vont en
croissant de l’atlas à la dernière, sont fort semblables les unes
aux autres, l'extrémité qui les supporte, singulièrement large
si on la compare à celle de la vertèbre suivante, est à peu près
quadrilatérale, élargie en bas. La cavité, par suite de l’exten-
sion, de lépaississement des bords latéraux d’une part,
de l’évidement des bords supérieur et inférieur de l’autre,
(1) PI. 29, tig. XI, À : 4 comparé à 6.
(2) PI. 29, fig. XL, B : 1 et 8.
(8) PL 29, fig. XI, À, B : 2 à 5.
(4) PI. 29, fig. XI, A, B : 1 à 4.
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES. CIHÉLONIENS. 75
forme transition entre une cotyle et une gouttière; la ver-
tèbre, à sa portion terminale, étant légèrement taillée en
biseau de haut en bas et d'avant en arrière, la facette articu-
lire se trouve un peu tournée en haut. Les deux vertèbres
suivantes (1) offrent des tubérosités comparables, dans leur
disposition, à celle déerite plus haut en parlant des surfaces
articulaires antérieures analogues. Celle de Ia cinquième
est hémisphérique, dirigée directement en arrière; celle de la
sixième ovalaire, le cartilage d’encroùtement se prolongeant
sur les côtés de manière à donner une beaucoup plus grande
étendue à l'articulation dans ce sens; en outre, cette tête est
un peu relevée en haut et en arrière. La septième vertèbre
offre une cupule plus étendue encore que celle de son extré-
mité antérieure (2), elle est large de 7", 3, haute de 5%, 5,
de forme régulièrement ovalaure, les bords latéraux épaissis,
urtout en bas; c’est la cotyle la plus parfaite de toutes les
articulations vertébrales dans cette espèce. La surface ar-
ticulaire postérieure de la dernière vertèbre doit être
regardée comme une tête (3), mais faiblement bombée. Son
contour représente un cercle un peu entamé supérieurement,
et, inférieurement, sa direction est inclinée de quelques degrés
de haut en bas, et d’arrière en avant.
Arc neural. — Les lames neurales de l’atlas (4) s'élèvent
verticalement pour se réfléchir à angle droit et donner par leur
réunion un plan horizontal. Celles des autres vertèbres se diri-
gent en dedans et se joignent en toit sur la ligne médiane, for-
mant en ce point une arête étendue sur toute la longueur de
l'os, et qui représente la neurépine, comme la carène de la face
inférieure du corps représente lhémépine. Sur la deuxième
vertèbre (5) l’arête offre un prolongement apophysaire antérieur,
La neurapophyse de l’atlas présente en dessus une rugosité
(1) PI. 29, fig: XI, À, B : 5 et 6:
(2210209102 XP AS DENT:
(3) PL. 29, fige XL À, B : 8.
(4) PL 99, fig. XL, B : 1.
(5) PI. 29, fig. XI, B : 2:
76 L. VAILLANT.
triangulaire allongée, dont la base répond au bord antérieur,
le sommet à l'extrémité postérieure de la surface plane indi-
quée plus haut. L’arête des autres vertèbres (1) varie comme
disposition, elle est horizontalement dirigée sur toute sa
longueur pour la seconde; mclinée d'avant en arrière et de
bas en haut dans son quart antérieur pour la suivante,
horizontale dans le reste de son étendue. Sur la quatrième, 1l en
est à peu près de même, seulement la partie postérieure est
légèrement relevée d'avant en arrière ; dans les trois vertèbres
qui viennent après, l’arête suit une ligne droite inclinée dans
le même sens; sur la huitième, enfin, cette arête, tout en
avant une disposition analogue, se montre un peu courbée et
présente une concavité tournée en haut et en avant. |
Les zygapophyses antérieures manquent comme tou-
jours sur l’atlas; c'est ce que cette vertèbre présente de plus
spécial, comparée aux suivantes. Sur là deuxième vertèbre
elles sont horizontales et parallèles (2); sur les vertèbres
suivantes, ce sont des prolongements en prisme triangulaire
dirigés en avant, en haut et très peu en dehors, séparés par
une échancrure demi-circulaire ; pour la huitième, celle-ci est
un peu plus profonde. Les facettes articulaires sur la deuxième
vertébre sont ovalaires allongées, situées à la partie supé-
rieure de l’apophysearticulaire et horizontales. Sur les six der-
nières vertèbres, ces facettes, plutôt circulaires, très légèrement
concaves, surtout à la huitième, regardent en haut et en
dedans, d'autant plus inclinées dans ce dernier sens; qu’elles
appartiennent à des os plus reculés dans la série, celles
de la dernière vertèbre sont de plus un peu tournées en
avant.
Les zygapophyses postérieures de l’atlas (3) sont très diffé-
rentes de celles des vertèbres suivantes ; elles constituent deux
prolongements séparés par une échancrure, dans laquelle se
loge la saillie apophysaire antérieure de la vertèbre suivante,
(1) PI. 29, fig. XI, B : 2 à 8.
(2) PI. 29, fig. XI, B:2à8.
)
(3) Pl: 29e. XI, À, B: 1:
ARTICLE N° 71.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 71
ces apophyses sont aplaties de haut en bas, portant à leur face
inférieure une facette articulaire arrondie, de petite dimension.
Les zygapophyses postérieures sur les sept dernières ver-
tèbres (1), malgré certaines différences de détail, sont
construites sur un même plan; elles forment une masse dis-
coide portée sur un pédoncule, lequel termine la crête neu-
rapophysaire, ce pédoncule se relève graduellement et insen-
siblement en haut et en arrière de la deuxième à la sixième
vertèbre; aux deux dernières, sur lesquelles il est allongé
davantage, le relèvement se trouve beaucoup plus accentué;
sur la huitième, l’axe du pédoncule fait avec celui de la crête
neurapophysaire un angle de 30 à 35° (2). À La base et de
chaque côté se trouve une cavité où se logent les extrémités
des zygapophyses antérieures de la vertèbre suivante dans les
mouvements d’abduction forcés ; ces cavités, peu sensibles sur
les deuxième et troisième vertèbres, sont plus développées sur
les suivantes, particulièrement sur les cinquième, sixième et
septième (3). Le disque lui-même augmente en dimensions
jusqu'à la cinquième et sixième vertèbre, pour décroître
ensuite, et prolonge en quelque sorte le pédoncule, sauf sur
les deux dernières vertèbres; là, il est nettement placé au-
dessous. Sa forme générale est demi-circulaire, avec une
pette fente postérieure, indice de la distinction anatomique
des deux zygapophyses. Cette fente, par suite d’une soudure,
est réduite à une perforation sur les quatrième et cinquième
vertèbres (4); il n’en ‘existe pas trace à la dernière. La
partie supérieure, au point d'union du disque et du pédoncule,
présente des rugosités d'insertion. Les facettes articulaires
occupent tout le pourtour inférieur'du disque, de la deuxième
à la septième vertèbre; elles sont séparées par un espace
ogival, dont le sommet répond à l’origine de la fente pos-
térieure du disque ou à la perforation qui la remplace. Get
) P1..29, fig. XI, A, B: 2 à 8.
OYPl--99/ fie XT, 1:10:
PL 20e XLR 1510207
4) PL 29, fig. XI, À : 4, 5.
ANN. SC. NAT., ZOOL., DÉCEMRRE 1879-80. . 22, — ART. N° 7
18 L. VAILLANT.
espace va en s’élargissant jusqu’à la sixième vertèbre, il se ré-
trécit sur la septième. Les deux facettes articulaires de chaque
os, considérées comme un tout, forment ainsi une sorte de
fer à cheval divisé sur les deuxième et troisième vertèbres,
mais réunies sur les suivantes, chez lesquelles la fente posté-
rieure du disque devient nulle ou peu marquée; sur la septième
vertèbre, cette fente étant oblique en arrière et à droite, la
facette gauche se trouve un peu plus étendue que l'autre; le
plan courbe de la facette articulaire s’meline de haut en bas,
et de dehors en dedans; cette inclinaison, presque nulle sur
la deuxième vertèbre, s’accuse le plus sur les cinquième et
septième. Quant à la dernière cervicale, ses facettes arti-
culaires, absolument confondues, forment une véritable tête
sphérique, qui, anatomiquement au moins, pourrait être
regardée comme donnant avec la cavité de la première
dorsale une articulation par enarthrose (1); cette tête, assez
régulièrement hémisphérique, regarde directement en bas et
un peu en arrière.
Pleurapophyses. — Les pleurapophyses sont d'autant plus
développées et d'autant plus robustes qu’on les considère sur
une vertèbre plus reculée. Leur forme est celle d’une lame
triangulaire (2) adhérant par sa base, qui est le côté le plus
large, au point d'union du corps de la vertèbre avec les lames
neurales. Gette lame est dirigée de haut en bas et, sur les
dernières vertèbres, regarde un peu en avant; cette inclinaison
est faible. Le sommet libre offre une tubérosité d'insertion
dont le volume augmente avec le rang de l’os et qui, dans ce
même sens, se porte de plus en plus vers la partie postérieure
du centrum, étant à peu ‘près au milieu de la longueur de
celui-ci sur les premières et à l’union des quatre cinmquièmes
antérieurs avec le cinquième postérieur sur le huitième.
Dansle Platemys Hilari, D. B., la disposition est identique-
ment la même; il n y aurait à signaler que des différences
(1) PI. 29, fig. XL bas.
(2) :P1299/fig XL A: Ta.
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 19
si faibles qu’on pourrait, à la rigueur, les regarder comme des
différences individuelles. Ainsi, les surfaces articulaires de la
zZygapophyse postérieure à la quatrième vertèbre ne sont pas
réunies sur la ligne médiane. Le pédoncule de cette même zyga-
pophyse sur la huitième vertèbre est percé d’un orifice qui fait
communiquer les deux cavités où se logent dans le mouvement
d’abduction leszygapophyses antérieures de la vertèbre suivante;
toutes ces cavités de réception sont d’ailleurs plus développées
dans cette espèce que dans le Chelodina longicollis, Shaw, etsont
déjà nettement distinctes sur la seconde verèbre. L'Hydrome-
dusa Maximiliani, Mikan, se rapporte au même type.
On trouve sur l’Elseya latisternum, Gray, des différences
plus importantes. En premier lieu, contrairement à ce qu'on
avait observé jusqu'ici chez les autres Tortues pleurodères,
l’atlas se décompose en ses: diverses parties et l’apophyse
odontoïde est libre, cette vertèbre sous ce rapport et par sa forme
générale rappelant ce qu’on connaît chez les Tortues proprement
dites. En second lieu, les vertèbres sont proportionnellement
plus courtes et plus robustes, car la hauteur étant à peu près
la même que pour les os homologues du Chelodina longi-
collis, la longueur est moindre d’un tiers ou de moitié; ceci
conduit, jusqu'à un certain point, au type suivant. Toutefois, le
mode d’articulation des corps vertébraux les uns avec les au-
tres se fait comme dans le Chelodina longicolhs ; 11 peut cepen-.
dant y avoir doute pour la septième articulation, les extrémités
des septième et huitième vertèbres ayant été détruites par un
accident pathologique sur l’exemplaire décrit iei (1). La carène
inférieure des corps vertébraux offre un bord libre, non point
concave, mais convexe, épaissi surtout en avant. L’articulation
zygapophysaire de la première et de la seconde vertèbre se
fait, comme chez les Tortues proprement dites, suivant un
(4) Get individu présentait dans différents appareils d’autres désordres pa-
thologiques; c’est de lui qu’ilest question, sous un nom impropre, dans une note
présentée à la Société philomatique de Paris, le 27 octobre 1877 (Observations
anatomo-pathologiques faites sur une Platemys macquaria, Cuv. — Bull. Soc.
Philom., T° série, t. II, p. 14, 1877-1878).
80 L. VAILLANT.
plan incliné de hauten bas et de dedans en dehors, ce qui doit
permettre un mouvement de rotation plus étendu que chez les
Chelodines et les Platemydes, où le mouvement d’abduetion
prédomine. Les zygapophyses antérieures des autres vertèbres,
y compris celles de la première dorsale, sont relevées plus for-
tement que dans les os homologues du Chelodina longicollis
et surtout les facettes articulaires sont dirigées plus en dedans
et même en arrière pour les vertèbres postérieures. Les zyga-
pophyses postérieures ont le pédoncule également plus oblique
d'avant en arrière et de bas en haut, inclinaison sur la sep-
tième vertèbre n’est pas moindre que 30 ou 35°. La séparation
des facettes articulaires se trouve partout complète, même sur
la huitième vertèbre, où les surfaces articulaires, sécuriformes,
sont dirigées presque directement en avant. Les apophyses
transverses sont moins saillantes etréduites à un gros tubercule
d'insertion.
Les vertèbres cervicales du Chelys fimbriata Schneid, ou
Tortue matamata, ne me sont connues que par un squelette
sur lequel malheureusement la huitième manque. L'animal
était de grande taille; les sept os restant ne donnent pas, en
effet, une longueur moindre que vingt centimètres, la pre-
mière vertèbre mesurant 19%, les autres 27% à 34m, La plus
courte est la septième, les deuxième et troisième les plus lon-
ques. Les quatre pièces qui composent l’atlas peuvent être re-
connues par la trace des sutures. La disposition générale est
la même que dans les espèces précédemments étudiées. Les
deuxième, troisième et quatrième vertèbres sont allongées,
rappelant celles du Chelodina longicollis, tandis que, par leur
brièveté relative et la lourdeur de leurs formes, les dernières
se rapprochent davantage de ce qu'on connait chez l'Eteya
latisternum, Gray. Le bec antérieur de larête neurapo -
physaire de la seconde dépasse notablement le corps. Sans
insister sur des différences de moindre importance, je crois
devoir signaler surtout là disposition des facettes articulaires
des zygapophyses. Les antérieures, inclinées en avant sur les
troisième et quatrième vertèbres, ont leurs facettes articu:
ARTICLE N° e
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 81
laires obliques de haut en bas et de dehors en dedans; sur les
deux suivantes, l’apophyse se relève à 45° et les facettes re-
cardent presque directement en dedans ; sur la septième, les
facettes sont sensiblement tournées en avant. L'articulation
zygapophysaire des deux premières vertèbres se fait suivant un
plan, non pas horizontal, mais fortement incliné de haut en
bas et un peu de dehors en dedans. Les zygapophyses posté-
rieures de la deuxième à la sixième inclusivement, tout en
rappelant la forme discoïde précédemment décrite, sont beau-
coup plus épaisses dans le sens vertical; sur la septième, l'apo-
physe est énorme, égalant à peu près en longueur le corps de
l'os; son extrémité postérieure, relevée en dos d'âne, est aussi
haute que large. Les facettes articulaires sont séparées
par un sillon proportionnellement élargi; elles sont toutes
fortement inclinées de haut en bas et de dehors en dedans,
sauf la septième, sur laquelle les facettes articulaires sont
dirigées presque directement en bas. Quant aux pleurapophyses,
elles atteignent leur maximum de développement sur la
quatrième vertèbre et décroissent comme taille à partir de
ce point en avant et en arrière. Il résulte de l'étude anatomique
des vertèbres de la Tortue matamata, autant qu'il est permis
d’en juger en l’absence de la dernière vertèbre cervicale, que
dans l'extension l’axe de la septième vertèbre doit rester à
pêu près vertical. La sixième, très peu relevée, ne jouit, par
rapport à la précédente, que d’un mouvement de latéralité
limité; ce mouvement devient, au contraire, beaucoup plus
étendu dans les articulations [V® et V°. Pour les articulations
placées plus en avant, le mouvement de latéralité est réduit;
par contre, il s’y ajoute un mouvement de flexion et d’exten-
sion. D'ailleurs, la cinquième vertèbre amphycyrtienne est
toujours l’axe du mouvement dans la courbure du cou, qui
ramène latéralement la tête sous la carapace. L’examen de la
première dorsale peut fournir des renseignements quant au
mode d’articulation avec la partie postérieure de la vertèbre
manquante. Les zygapophyses antérieures, presque verticales,
regardent en dedans et ne paraissent pouvoir permettre que
82 L. VAILLANT.
les mouvements de flexion et d’extension. J’ajouterai que les
gouttières dorsales, destinées à recevoir le musele long du
dos (longissimus dorsi, Bojanus), sont remarquablement déve-
loppées et, sur l'individu étudié, l’ossification de la cloison
verticale qui les sépare est complète.
XIII. STERNOTHÆRUS CASTANEUS, Schweigger.
(PI. 29, fig. XIL, séries À, B, G, D, E).
Ce Ghélonien, appartenant au type des Tortues pleurodères
comme le Chelodina longicollis, n’est pas sans présenter dans
la disposition de ses vertèbres cervicales les plus grands rap-
ports avec celui-ci; cependant, l'articulation des corps verté-
braux a lieu d’après un mode différent et doit être étudié à
part.
L’atlas, court proportionnellement à sa hauteur, est formé
par la soudure des trois pièces composant l’atlas et de l’apo-
physe odontoïde deux fentes, obliques de haut en bas et de
dedans en dehors, indiquent, dans la cavité articulaire anté-
rieure, le point d’union des premières (1).
Centrum.— Quant à la configuration des corps des vertèbres,
sauf l’alto-odontoïde comme d’ordinaire amphicælien et le
second amphicyrtien, tous les suivants sont procæliens.
La forme général est ramassée (2), avec rétrécissement au
centre et dilatation aux extrémités articulaires. En dessous,
la carène hémapophysaire de l’atlas forme, sur un sujet âgé,
deux élévations antérieure et postérieure rugueuses, trian-
gulaires, réunies à la partie centrale par leurs sommets tron-
qués (3); sur les autres vertèbres, elle est plus où moins tran-
chante, concave (4), terminée en avant par une tubérosité
d'insertion très développée, sauf sur la huitième vertèbre; en
arrière, sur les troisième et quatrième (5), elle se divise en deux
(1) PL 29, fig. XIL, D, {.
(2) PI. 29, fig. XI, À.
(3) PL 29, fig. XIE A : 1.
(4) PI. 99, fig. XII, B, D: 2 à 8.
(5) PI. 29, fig. XIT, A : 2 et 3.
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 83
branches aboutissant chacune à un tubereule d'insertion; pour
les suivantes, le tubercule est unique; cependant, un sillon
permet de reconnaitre sur un Certain nombre d'os, particu-
lièrement chez les jeunes sujets, la trace de la fusion de deux
tubereules primitifs. Ges points d’insertions sont plus déve-
loppés dans cette espèce que dans toutes celles groupées autour
du Chelodina longicollis, mêmelElseya latisternum : OÙ ils sont
cependant le plus apparents.
Les facettes articulaires antérieures de l’atlas et des vertèbres
procæliennes, c’est-à-dire des six dernières (1) sont toutes
transversalement ovalaires, directement dirigées en avant,
concaves, à bords également relevés sur tout le pourtour ; la
hauteur est environ moitié de la largeur ; la dimension absolue
augmente d'avant en arrière, l’atlas mis à part, car le dévelop-
pement de sa facette atloïdo-occipitale est au moins compa-
rable à celui qu'on rencontre sur la sixième ou septième
vertèbre. La tête articulaire antérieure de la deuxième ver-
tèbre (2) est d’une forme correspondante, c’est-à-dire égale-
ment ovalaire dans le sens transversal.
Les surfaces articulaires postérieures ne sont pas moins
simples dans leur conformation générale. Celle de l’atlas (3), à
peu près quadrilatérale, est seule concave, regardant très légère-
ment en haut et en arrière. Sur les sept dernières vertèbres (4),
ce sont des têles ovalaires, d'autant plus allongées transversa-
lement qu’elles occupent un rang plus avancé dans la série ;
la convexité est beaucoup plus prononcée dans le sens horizon-
tal que de haut en bas, Îe cartilage d’encroûtement se montre
aussi plus étendu dans le même sens, l’abduction est donc le
mouvement principal.
Neurapophyses. — Les lamelles neurales de latlas s’arron-
dissent en haut pour s'unir en voûte au-dessus du canal mé-
) PL 29, fig. XIE, D: 1 et 3 à 8.
) PI. 29, fig. XI, D: 2.
3) PI. 29, fig. KI, E:1
) PI. 99, fig. NW, E:2à 8.
84 L. VAHLEANT.
dullaire, elles ne présentent par de tubérosité bien sensible (1).
Sur les autresvertèbres, elles s’élèventobliquementformantune
arête. Celle-ci, sur la deuxième vertèbre (2), est faiblement
concave, également élevée à ses deux extrémités, celle de
devant prolongée en une saillieneurapophysaire antérieure, qui
dépasse le corps de la vertèbre; en arrière, ellese bifurque pour
donner naissance aux zygapophyses postérieures. Sur les deux
vertèbres suivantes (3), l’arêteneurapophysaire s’élève oblique-
ment et régulièrement de bas en haut et d’avant en arrière;
sur les cinquième, sixième et septième (4), elle s'élève plus
brusquement vers le milieu de la longueur, où se trouve parfois
une petite épine saillante; à partir de ce point, elle est horizon-
tale. Quant à l’arête neurapophysaire de la huitième ver-
tèbre (5), elle est un peu convexe, mais pour la direction
rappelle ce qui existe sur les troisième et quatrième. La
longueur de l’arête, en y comprenant la masse des zygapo-
physes postérieures qui la terminent, est à peu près la même
sur les troisième, quatrième et cinquième vertèbres; à partir
de celle-ci, elle est de plus en plus longue jusqu’à la huitième.
Les zygapophyses antérieures sur la deuxième vertèbre (6)
ne sont guère distinctes des lames ; on trouve au-dessous du pro-
longementneurapophysaireantérieur, de chaque côté de sa base,
les facettes articulaires de forme ovale, obliquement dirigées de
haut en bas et de dehors en dedans. Sur toutes les vertèbres
suivantes (7) et la première dorsale, ce sont des prolongements
un peu divergents d'avant en arrière et de haut en bas, plus
relevés sur les vertèbres postérieures. Les facettes articu-
laires planes, faiblement concaves à partir de la sixième ver-
tèbre, en occupent la partie supérieure et regardent un peu
en arrière de la deuxième à la sixième vertèbre ; sur les sui-
(1) PI. 29, fig. XI, D: 1.
(2) PI. 29, fig. XII, B et C: 2.
(8) PL. 29, fig. XIL, Bet C: 3 et 4.
(4) PI. 29, fig. XIL, B: 5,6 et 7.
(5) PI. 29, fig. XII, B:8.
(6) PI. 29, fig. XIT, B, C:
2,
(7) PI. 29, fig. XIE, B, CG, D':3 à 8
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 85
vantes, elles sont tournées d'autant plus en dedans que la ver-
tèbre est plus reculée dans la série.
Les zygapophyses postérieures de l’atlas (1) méritent à peine
d’être mentionnées.Ce sont deux prolongements étendus direc-
tement en arrière, séparés par une échancrure profonde, large,
arrondie en avant, dans laquelle se loge le prolongement neu-
rapophysaire antérieur de la vertèbre suivante; les facettes ar-
ticulaires situées à l'extrémité postérieure de la face interne
sont circulaires, dirigées de haut en bas et de dedans en dehors,
regardant un peu en arrière. Pour les autres vertèbres (2),
ces zygapophyses forment des masses pédonculées très ana-
logues à celles décrites chez les Tortues pleurodères, étudiées
précédemment. À la base du pédoncule se trouvent des fos-
settes latérales où se logent les zygapophyses antérieures de la
vertèbre suivante dans le mouvement d’abduction, à la partie
supérieure et postérieure sont des rugosités d'insertion, dou-
bles jusqu'à la cinquième vertèbre inclusivement, réunies en
une seule masse saillante sur les trois suivantes. Les facettes
articulaires, de forme ovoïde, regardent en bas et en dehors,
d'autant plus inclinées dans ce dernier sens qu'elles appar-
tiennent à une vertèbre plus reculée (3) ; sur la huitième ver-
tèbre, elles sont tournées un peu en avant.
Pleurapophyses. — Elles (4) ont la forme de gros prolonge-
ments aplatis terminés par une tubérosité, leur longueur est
médiocre et leur volume s’accroit d'avant en arrière. Ces apo-
physes se dirigent directement en dehors et, pour celles de
l’atlas et de la deuxième vertèbre (5), un peu en bas ; en avant,
elles se continuent en une crête inclinée (6), qui vient mourir
sur la base de la zygapophyse antérieure; leur bord postérieur,
rectiligne, aboutit à l’union des corps avec la lame neurale et au
(t) P12.29 fig XIE BAC; ET.
(2) PI. 29, fig. XIIE, B, GE : 2à 8.
(3) PL. 29, fig. XII, E : comparez 3 à 6.
(4) PI. 29, fig. XIT ; toutes les figures, mais surtout celles de la série C.
(D) P1::29, fre. XII, D°: 1 et 2:
(6) PI°29; fig: XIT,B : 1'à 8.
86 L. VAILLANT.
niveau de l’orifice postérieur du canal médullaire de chaque
vertèbre.
Comme se rapportant à ce type vertébral, on peut encore
citer le Pelomedusa galeata Schœpf (Pentonyx capensis. D.B.).
Les différences constatées dans la disposition des vertèbres
cervicales entre cet animal et le Séernothærus castaneus sont
peu importantes et, l'examen n'ayant pu porter que sur un
exemplaire, 1l est même possible que quelques-unes soient
de simples particularités Imdividuelles. Sur l’atlas, la cavitéarti-
culaire dans laquelle est reçu le condyle occipital est hémi-
sphérique et non ovalaire transversalement ; on n’y distingue
pas les vestiges de la soudure des trois pièces qui entrent
dans sa composition. A la seconde vertèbre, la tête antérieure
est arrondie ou du moins peu allongée transversalement ,
cette disposition pourrait faire présumer que le mouvement de
rotation a une certaine étendue, mais il se trouve contre-
balancé par l'existence du prolongement neurapophysaire an-
térieur, très développé, qui, comblant tout à fait l'échancrure
laissée entre les zygapophyses postérieures de l’atlas, s'oppose
au mouvement de torsion ; l’abduction est donc seule possible.
Les corps vertébraux sont plus longs et plus grêles propor-
tionnellement que chez le Sternothère, l’arête neurapophysaire
n’est nulle part anguleuse n1 épineuse, enfin les pleurapophyses
sont plus saillantes et plus faibles.
RÉSUMÉ.
Les détails qui viennent d’être donnés sur la disposition des
vertèbres cervicales dans les- Ghéloniens montrent assez
quelle-diversité on rencontre sous ce rapport chez ces ani-
maux, malgré l’homogénéité si remarquable du groupe.
Quoique le nombre des espèces examinées, près de cin-
quante, puisse déjà paraitre assez considérable, cependant
il n’est pas suffisant pour permettre de saisir les lois générales
qui donneraient la raison de cette diversité, d'autant plus
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 87
que, da s des espèces très voisines ou incontestablement d’un
même groupe, des différences assez importantes peuvent se
rencontrer.
Afin de mieux faire comprendre ces faits, j'ai cherché à les
résumer dans le tableau et les figures ci-contre. Gelles-ci in-
diquent schématiquement la disposition des centrums dans
chacun des groupes, le nom placé en tête de la colonne étant
celui de l'espèce prise pour type ; des hachures distinguent les
diverses variétés de vertèbres, établies d’après la disposition des
surfaces articulaires : sur les vertèbres procæliennes, ce sont
des traits verticaux; sur les opisthocæliennes, des traits hori-
zontaux ; sur les vertèbre amphireyrtiennes, c’est un quadrillé ;
les amphicæliennes ont été laissées en blanc; une forme
particulière fait connaître la position des articulations doubles
en ginglymes; quant aux chiffres placés à gauche, le chiffre
arabe se rapporte au rang de la vertèbre, le chiffre romain au
rang de l'articulation. Il en est de même, en ce qui concerne
ce dernier point, pour le premier tableau, qui présente d’une
façon synoptique lénumération de toutes les espèces dont la
portion cervicale du rachis à pu être étudiée, elles sont grou-
pées d’après la considération des vertèbres amphicyrtiennes
et des articulations gmglymoïdes.
Pour ce qui est des premières, on peut en rencontrer deux
ou une; dans d’autres cas, elles font défaut. S'il y en a deux,
l’une des vertèbres est toujours là huitième, l’autre peut être
soit la cinquième, Chelodina longicollis, soit la quatrième,
Cistudo orbicularis et Testudo campanulata, soit la troisième,
Emys ornata et Testudo græca, soit la seconde, espèce indé-
terminée du groupe des Chersémydines. Lorsqu'il n°y a qu’une
vertèbre amphicyrtienne, ce peut être la quatrième, Cino-
sternon pensylvanicum et Thalassochelys caretta, où la troi-
sième, Staurotypus odoratus, ou la seconde, Sternothærus
castaneus. Enfin, certaines espèces n’ont aucune vertébre à
double convexité articulaire, mais alors il y a une différence
importante à établir, dans l’état actuel de nos connaissances,
car tantôt toutes les vertèbres sont procæliennes, Pyxis arach-
88
L. VAILLANT.
noïdes, tantôt au contraire elles sont toutes opisthocæliennes,
Cycloderma Aubryi et Trionyx javanicus.
TABLEAU DONNANT L'ÉNUMÉRATION DES ESPÈCES ÉTUDIÉES, RÉUNIES EN GROUPES
D'APRÈS LE NOMBRE DES ARTICULATIONS GINGLYMOÏDES ET LA POSITION DES VER-
TÈBRES AMPHICYRTIENNES.
ARTICULATIONS GINGLYMOÏDES.
RE EE PEN
5e- Se
4e-8e
3e8e
VERTÈBRES AMPHICYRTIENNES.
Ve-VIe-VIIe
Cistudo orbicularis.
Terrapene carinata.
Emys terrapin.
serrata.
guttata.
elegans.
macrocephala.
Emys ornata.
Testudo semiserrata.
VIe-VITe
Testudo campanulata.
pusilla.
Leithii.
pardalis.
sulcata.
{abulata.
Terrapene amboinensis
Emys caspica.
leprosa.
mercatoria.
longicollis.
Testudo grœca.
radiata.
carbonaria.
elephantina.
areolata.
Cinixys belliana,
erosa.
Chersemydina sp. ind,
ns
VII 0
Chelodina longicollis.
Platemys Hilarii.
Elseya latisternum.
Hydromedusa Maximi-
liani.
Chelys fimbriata.
Cinosternon pensylva-|Thalassochelys caretta
nicum.
Ghelydra serpentina.
Temminekii.
Staurotypus odoratus.
Cinosternon leuco-
stomum.
ee
EEE
Pyxis arachnoïdes.
Cycloderma Aubryi.
Trionyx œgyptiacus.
Chelone viridis.
Dermatochelys
cca.
coria-
————————_——_—__—
Sternothærus casta-
neus.
Pelomedusa galeata.
ee
Trionyx javanieus.
Emyda granosa.
À ER
ARTICLE N° 7.
Ann. des Sc. nat. T. X, pl. 25.
“hehg, a
Slcols
D
90 L. VAILLANT.
En voyant des espèces si rapprochées les unes des autres pré-
senter de telles différences dans la situation relative de la
première vertèbre amphicyrtienne, on est naturellement porté
_à se demander si, conime explication, on ne pourrait pas invo-
quer des différences individuelles. Certaines observations
paraissent d’ailleurs justifier cette mamière de voir. En pre-
mier lieu, j'ai pu constater sur une CGistude d'Europe que
l’épiphyse antérieure du centrum pour la quatrième vertèbre
est constituée par une portion osseuse parfaitement sphérique :
c’est ce que Dugès avait observé pour la partie homologue
terminant en arrière le centrum des vertèbres chez les Batra-
ciens anoures (1). On pourrait supposer que, suivant les cas,
cette sphère se soude soit à la vertèbre antérieure, soit à la
vertèbre postérieure, ce qui, par exemple, ferait placer indif-
féremment une espèce soit dans le groupe du Cistudo orbi-
cularis, soit dans celui de l’Æ£mys ornata. D'un autre côté, un
orand individu du Testudo radiata, rapporté de Madagasear
par M. Grandidier, rend encore cette hypothèse plus admis-
sible; sur cet individu, l'articulation ginglymoïde VIT est
formée à gauche par un condyle antérieur répondant à une
cotyle postérieure et inversement à droite, où la surface
articulaire antérieure est une cotyle, la postérieure un con-
dyle; en un mot, au lieu d’avoir la septième vertèbre double-
ment amphicælienne et la huitième amphicyrtienne, la pre-
mière est procælienne à gauche, tout en restant amphicælienne
à droite; la seconde, réciproquement, est procælienne d’un
côté, amphicyrtienne de l’autre. Sur cet animal, 1l est vrai, on
peut constater que la singulière disposition qui vient d’être
décrite est évidemment accidentelle ; les surfaces articu-
laires n’ont pas leur régularité habituelle et, malgré le grand
âge de l'individu, les épiphyses sont incomplètement soudées,
les traces de sutures restant parfaitement distinctes. Ce fait
porte donc en soi les caractères d’une anomalie.
Quant aux rapports de la sphère épiphysaire libre chez la
(1) Recherches sur l'ostéologie et la myologie des Batraciens à leurs diffé-
rents àges, p. 57, pl. IV, fig. 33, c. Paris, 1834.
ARTICLE N° 7.
VÊRTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 91
Cistude d'Europe, sur l'individu jeune où j'ai pu l’observer,
l'articulation, avec surfaces de glissement et synoviales, exis-
tait déjà à la moitié antérieure de cette portion osseuse, tandis
que l'hémisphère postérieur était solidement uni au centrum de
la quatrième vertèbre par un cartilage d’ossification. Get
animal, physiologiquement, appartenait donc déjà au type
normal.
Aussi, considérant que sur les individus assez nombreux de
Cistudo orbicularis et de Testudo pusilla examinés à ce point de
vue, la disposition a toujours été trouvée identique, que les
auteurs, pour les espèces déterminées dont ils parlent, sont
d'accord entre eux et avec les observations consignées dans ce
mémoire quant à la similitude de disposition anatomique, il
est difficile de ne pas regarder cette hypothèse de indifférence
dans larticulation des corps vertébraux, si cette expression
peut être employée, comme n'étant pas justifiée dans lPétat
actuel de nos connaissances.
Les articulations ginglymoïdes varient, comme nombre, de
trois à une ou manquent complètement: Comme cette disposi-
ton, lorsqu'elle existe, se rencontre toujours sur les articula-
tions cervicales les plus reculées, s’il y en a trois, ce sont les W°,
VI et VIT, Cistudo orbicularis, Envys ornata ; S'i y en a deux,
les VI° et VIT, Testudo campanulata, Testudo greca, Gherse-
mydina (?), Cinosternon pensylvanicum, Staurotypus odoru-
lus, Pyxis arachnoïdes, Gycloderma Aubryi; si n'y en a
qu'une, c'est la VII, Thalassochelys caretta, Trionyx java-
nicus. Enfin, les Tortues pleurodères, Chelodina longicollis et
Sternothærus castaneus, présentent au rachis une région cer-
vicale sans articulations ginglymoïdes, telles qu’elles ont été
définies plus haut (1).
Il existe, 1l faut le reconnaitre, dans la pratique certaines
difficultés pour déterminer exactement le nombre de ces
articulations en ginglymes. On peut, anatomiquement, ne
regarder comme telles que celles présentant une double sur-
(D) Voy. p. 13,
92 L. VAILLANT.
face articulaire ; cependant, lorsqu'une facette simple est très
notablement élargie dans le sens transversal, si les apophyses
articulaires sont verticalement dirigées, ainsi que les surfaces
de glissements qu’elles portent, les mouvements d'extension et
de flexion restent seuls possibles, ceux d’abduction devenant
nuls ; c’est, dans ce cas, au point de vue physiologique, un gin-
glyme plus ou moins complet. Une autre difficulté peut résulter
dans cette appréciation de la saillie variable des convexités et
des cotyles se correspondant; ainsi, surun individu d’'Emys ma-
crocephala, la tête postérieure de la cinquième vertèbre, du
triple plus large que haute, n'offre qu’un sillon vertical très
faible ; comme imdice de la séparation en deux convexités laté-
rales, la cavité de réception placée à la partie antérieure de
la sixième vertèbre, encore plus élargie proportionnellement,
n'est séparée en deux cavités que par une saillie mousse peu
visible. Dans ce cas, on pourrait indifféremment mettre cette
espèce soit dans le groupe du Cistudo orbicularis, soit dans
celui du Testudo campanulata. Toutefois, 1lm'a paru plus con-
venable de la réunir à la première, attendu que l’individu étu-
dié avait, quoique sec, conservé ses ligaments et une bride
étendue entre les cinquième et sixième vertèbres à la partie
médiane, achevait de parfaire, autant qu'il était possible de le
reconnaître, la division distinctive du vrai ginglyme chez les
Chélomiens.
On voit, par cet exemple, quelle importance 1l y aurait à
pouvoir compléter ces études sur les os détachés et séchés par
l'examen de ces mêmes articulations sur le frais, ce qu'il ne
m'a été possible de faire que pour un petit nombre d'espèces.
L’encroûtement par les cartilages peut, en effet, modifier aussi
l’état de ces surfaces articulaires. Ainsi, pour l’'Emyda gra-
nosa (1), Tortue dont j'ai eu l’occasion d'examiner récemment
la colonne vertébrale, sur un individu mort à la ménagerie du
Muséum, bien qu'il y ait deux têtes très nettement séparées
par une fossette médiane sur la partie antérieure de la septième
(1) Voir la note 5 page 72.
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 93
vertèbre, les os étant dépouillés de toutes parties étrangères,
lorsque la surface est revêtue de ses cartilages d’encroûtement
il n’en est plus de même et on rencontre une tête unique,
très élargie transversalement. Aussi, sur le tableau, cette
espèce est-elle considérée comme n’ayant qu'une articulation
oinglymoïde, la VII°. Au reste, pour les Trionychida, en raison
du mode suivant lequel les vertèbres sont réumies, la distinc-
tion en deux groupes, telle que je l'ai établie, est certainement
moins nette que pour aucune des autres divisions.
Quelle est, au point de vue biologique, l'importance de ces
modifications? En ce qui concerne les articulations gingly-
moiïdes, il est facile de reconnaitre qu’elles sont directement
en rapport, d’une part, avec le mode suivant lequel le cou se
rétracte; d'autre part, avec le degré de la rétraction plus ou
moins complète. La présence de ces articulations ne permet-
tant plus, pour les vertèbres qui concourent à les former, que
les mouvements de flexion et d'extension, on s'explique qu’elles
fassent défaut sur les Tortues pleurodères, chez lesquelles le
reploiement du cou est produit par des mouvements d’abduc-
tion. Mais la rétraction, chez les Chéloniens où ce mouvement
se fait dans un plan vertical, présente de notables degrés ; elle
peut être très incomplète; ainsi, les Tortues de mer sont en
quelque sorte phanérodères ; aussi ne trouvons-nous chez elles
qu'une articulation ginglymoïde. Dans les Tortues réellement
cryptodères, en prenant ce nom dans son sens physiologique
et, par suite, avec une acception plus étendue que celle adoptée
par Duméril et Bibron, c’est-à-dire en joignant aux Élodites
de la première section établie par ces auteurs les Chersites,
nous trouvons de deux à trois articulations ginglymoïdes.
Les Trionychida, Cycloderma, Trionyæ, Cryptopus, Emyda,
sembleraient faire exception; car, bien que ces Tortues aient
la faculté de rétracter leur cou dans le plan vertical à un
degré qu’atteignent à pemeles Chéloniens les plus cryptodères,
elles ne présentent que deux ou même qu’une seule articula-
tion ginglymoide. Mais il faut observer que, chez ces animaux,
l'articulation cervico-dorsale forme un ginglyme supplémen-
ANN. SC. NAT., ZOOL., DÉCEMBRE 1879-80. x. 23. — ART. N° 7
94 L. VAILLANT,
taire, qui contre-balance et au-delà, pourrait-on dire, vu sa
perfection, le manque des articulations analogues placées plus
en avant dans la série des vertèbres cervicales. Cette particu-
larité fait de ces animaux un type absolument à par dans le
groupe des Ghéloniens.
Le rôle physiologique des vertèbres amphicyrtiennes est
moins facile à déterminer, car on rencontre, comme on vient
de le voir, les variations les plus singulières sous le rapport du
nombre et de la situation de ces os dans des espèces évidem-
ment très voisines les unes des autres. Sans doute, on peut
regarder comme évident que ces vertèbres amphicyrtiennes
jouent un rôle important dans le reploiement du cou. Ainsi,
chez les Chéloniens phanérodères, les Thalassites, nous ne
trouvons qu’une vertèbre amphicyrtienne, et encore à con-
vexités peu marquées. Les Chélydres, les Cinosternes, les
Staurotypes sont dans le même cas quant au nombre; seu-
lement, les surfaces articulaires sont plus parfaites; or,
on sait que, chez ces animaux, surtout les premiers, la ré-
traction du cou est incomplète, quoique notablement plus
marquée que chez les Tortues marines. Dans les Chéloniens
réellement ceryptodères, Cistudo, Terrapene, Emys, Tes-
tudo, etc., on rencontre deux vertèbres amphicyrtiennes. Les
Tortues pleurodères présentent des différences du même
ordre ; toutefois, autant qu’on peut le conjecturer, le nombre
de ces mêmes vertèbres paraît être plutôt en relation avec les
dimensions du cou; dans les espèces où cette parlie est relati-
vement allongée, il existe deux vertèbres amphicyrtiennes; il
n’yen a qu'une dans le cas contraire : les Chelodina d’une part,
et les Séernothærus de l’autre en sont des exemples.
Quant à la situation différente qu'occupent ces vertèbres
amphicyrtiennes, 1l m'a été jusqu'iét impossible d'en saisir la
raison physiologique. Lorsqu'on voit des animaux, si voisins
les uns des autres qu'un examen attentif est souvent néces-
saire pour ne pas les confondre, avoir, les uns a vertèbre
amphicyrtienne au quatrième rang, Esnys quitata, Testudo
pusilla, Cinosternon pensylvanicum, les autres au troi-
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 95
sième, Emys ornala, Testudo nræca, Ginosternon leucostomum,
on ne peut s'empêcher d'éprouver un certain étonnement, et,
par l'examen anatomique aussi bien que par l'observation des
individus vivants, je n’ai pu saisir jusqu'ici aucune différence,
soit dans la manière dont la tête se rétracte, soit äans la facon
de saisir les aliments, ou dans tout autre acte biologique. C’est
là un point d'adaptation fonctionnelle à élucider.
[Il faut ajouter que cette étude, réduite à la seule considéra-
tion des parties dures, est incomplète; il faudrait y joindre la
connaissance du monde réel d'articulation et aussi de l’appa-
reil musculaire duquel dépend le jeu de ces organes passifs.
Cest sur quoi je me réserve de revenir si les circonstances me
permettent de réunir les matériaux nécessaires pour cette
étude.
En ce qui concerne le premier point, la syndesmologie, par
le peu qui en été dit dans le cours de ce mémoire, on reconnait
déjà que les os s'unissent d’après des modes très divers, soit
suivant les espèces, soit, sur un même individu, suivant le rang
de larticulation. Il est aussi à noter qu'ici encore on peut
reconnaître la difficulté de rapporter certains modes d’articu-
lation aux différentes variétés généralement admises par les
anatomistes. Par exemple, les articulations ginglymoïdes typi-
ques offrent habituellement , dans l’espace qui sépare les sur-
faces concaves et convexes revêtues de synoviales, un ligament
formé de tissu conjonctif absolument analogue à celui qui
constitue les disques intervertébraux ordinaires ; c’est donc
une diarthrose sur les côtés, une amphiarthrose au centre.
Chez l'Emyda granosa et, autant qu'on en peut juger d’après
des pièces desséchées, chez les autres Trionychida, un liga-
ment interarticulaire, adhérant, quoique d’une façon lâche,
aux surfaces des os, remplit toute l'articulation; son aspect et
sa structure rappellent également les disques intervertébraux.
C’est là une véritable amphiarthrose, qui toutefois, par suite
de la laxité de ces ligaments, permet des mouvements très
étendus. D’après Meckel, les tortues de mer présenteraient des
amphiarthroses plus serrées, rappelant par conséquent davan-
96 L. VAILLANT.
tage ce qu'on rencontre chez les animaux supérieurs. Mais
le plus souvent, comme on l’a vu au début de ce travail, les
corps des vertèbres cervicales dans les Chéloniens sont unis
au moyen de diarthroses parfaites.
Pour le mode d’articulation des vertèbres, un fait des plus
intéressants, c’est la différence dans la manière dont se
meuvent l’une sur l’autre les deux premières. On a vu en effet
que, dans la grande majorité des cas, l’atlaset l’apophyse odon-
toide restent distincts; or, celle-e1 étant jointe parüne amphiar-
throse serrée à laseconde vertèbre, les mouvements s’exécutent
au moyen des articulations qui l’unissent aux trois pièces de
l’atlas, lesquelles peuvent êtreregardées comme ne faisantqu’un
tout ; celamëme, on l’a vu, est réalisé par suite de soudures chez
certains individus très âgés. La plupart des tortues pleurodères
étudiées jusqu'ici ont, au contraire, l’apophyse odontoïde unie
solidement aux trois pièces atloïdiennes, de manière à ne former
qu’un seul os. Les mouvements ne peuvent, par suite, se passer
que dans l’articulation formée par.la facette postérieure de l’os
odontoïde et la facette terminant en avant le corps de la
seconde vertèbre. La disposition des zygapophyses antérieures
de la seconde vertèbre indique d’ailleurs qu'il s’agit d’un
mouvement de rotation, quelle que soit l’espèce. Pourquoi ce
mouvement se passe-t-il tantôt à la partie antérieure, tantôt
à la partie postérieure de l’apophyse odontoïde ? C’est un point
que je n'ai pu éclaircir et la question paraît jusqu'ici d'autant
plus difficile à résoudre que des exceptions tout à fait singu-
lières peuvent se rencontrer. Ainsi, parmi les tortues pleuro-
dères, l'Elseya latisternum, par son faciès extérieur si voisine
des Chelodina, des Hydromedusa, des Platemys, a son apo-
physe odontoïde distincte des pièces composant l’atlas, les-
quelles doivent jouir d’une certaine mobilité par rapport à
celle-là, moins grande cependant peut-être que chez les tor-
tues ordinaires, à en juger par l’état des surfaces articulaires
étudiées sur les os secs et isolés. D’un autre côté, le Cycloderma
Aubryi, faisant partie du groupe si homo ne des Triony-
chida, a les surfaces de jonction entre les pièces atloïdiennes
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 97
et l’os odontoïde (1) agencées de telle sorte que tout mouve-
ment un peu étendu entre elles paraît être impossible, ce qui
rapproche cet animal sous ce rapport des espèces pleuro-
dères.
La division systématique des Chéloniens, au moins en ce qui
concerne les grandes coupes établies dans cet ordre, est au-
jourd’hui si bien étudiée qu'il semble peu probable qu’on
puisse y introduire d'importantes modifications. On est généra-
lement d'accord pour y admettre trois grandes familles : les
Chelonäda, correspondant aux Thalassites de Duméril et
Bibron, les Trionychida Potamites des mêmes auteurs, les
Testudinida, comprenant les Élodites et les Chersites (2).
Les différences constatées dans la disposition des vertèbres
cervicales ne paraissent pas répondre à ces divisions, car si,
jusqu’à un certain point, elles permettent de distinguer les
Tronychida comme formant un groupe à part, d’un autre côté
elles tendraient à faire réunir les tortues de mer aux tortues
de terre et aux élodites cryptodères en éloignant de celles-ciles
élodites pleurodères, qui sans doute ne sont pas liées avec
elles aussi intimement que l’admettaient les auteurs de lEr-
pétoloque générale, mais cependant en sont voisines. On en
conclura que les caratères fournis par l'étude anatomique de
ces vertèbres ne sont pas d'ordre supérieur et se rapportent
plutôt à des analogies qu’à de véritables affinités, ce qui porte
à penser qu'ils dépendent moins de l’organisation fondamen-
tale ou typique des animaux que de nécessités biologiques en
rapport avec le genre de vieetles besoins spéciaux des espèces.
Dans ce cas, il serait possible d’en faire emploi pour des divi-
sions d'ordre inférieur telles que tribus ousous-tribus. Les Che-
londa et les Trionychida ne présentent sous ce rapport aucune
différence bien notable à signaler et ces groupes doivent être
regardés comme des plus naturels. Les Testudinida ne sont
(1) Comparez les figures XIIT {er et XIV, pl. 30.
(2) Voir pour plus de détails à cet égard : Remarques sur la classification
et les affinités réciproques des Chéloniens (Bull. Soc. Philom. de Paris, 7° sé-
rie, t. [, p. 54, avec tableau explicatif).
98 EL. VABLEANY.
pas dans le même cas, la plus importante particularité, la
présence où l’absence d’articulations ginglymoïdes, confirme
la division en deuxtribus, déjà établie dans cette famille : d’une
part, les Cnkzypina, Élodites pleurodères de Duméril et Bibron ;
d'autre part, les CHersewyDiINA, Élodites cryptodères et Gher-
sites réunies.
Dans chacune de ces tribus, les animaux qui les composent
peuvent être répartis en deux groupes, suivant le nombre des
vertèbres amphicyriiennes. Pour les Chelydina, les divisions
ainsi formées, qui rapprocheraient d'une part les Chelodina,
Hydromedusa, Platemys, etc., et d'autre part les Sfernothærus
et Pelomedusa ne paraissent avoir aucune valeur, car ces
animaux, sauf ce caractère et la brièveté du cou, sont très
voisins les uns des autres et, s’il y en a qui méritent de former
dans la tribu un groupe spécial, ce sont certainement les
Chelys, avec la singulière Tortue matamata, si remarquable
par ses mâchoires sans bec proprement dit et sa trompe
nasale; cependant, quant aux articulations des vertèbres du
cou, on ne peut les distinguer par un caractère important des
Chélodmes. |
Pour Les Ghersemydina, la division donnée par le nombre des
vertèbres amphicyrtiennes se joint à d’autres particularités
et justifie, je crois, une séparation. Ainsi, les Testudo, Homopus,
Cümxys, Terrapene, Gistudo, Emys, ete., franchement crypto-
dères, à tête et becmédiocres, à plastron bien développé, couvert
ordinairement de douze plaques (excepté les Ghersina Gray), se
distinguent nettement des Cinosternon, Staurotypus, Ghely-
dra, incomplètement cryptodères ou même phanérodères, à
tête remarquablement développée, armée d’un bec robuste,
montrant un plastron de moins en moins complet, avec au
plus onze plaques cornées. Les premiers formeraient la section
des TESTUDINE®, les secondes celles des CHELYDREE.
Le rang différent que peut oceuper la première vertèbre
amphicyrtienne, si l’on a égard à l’ensemble des caractères des
animaux, n'a même pas une valeur générique; pourrait-il
servir utilement dans certains cas à des distinctions spéci-
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 99
fiques? Le nombre des spécimens observés ne permet pas
encore de répondre à cette question.
En résumé, l’ordre des Chéloniens pourrait être divisé
comme l'indique le tableau suivant :
Ordre. Familles. Tribus. Sections.
Chelonida..….… Sphargidina.
°°" À Chelodina.
Chelonia.…. À Trionychida:
Chelydina.
RAMATNURT | Chersemydina.… \ Chelydreæ.
| Testudineæ.
Cette classification est celle adoptée dans le travail eité plus
haut, sauf la division des Chersemydina en deux sections.
Au point de vue des idées généralement admises par les pa-
léontologistes sur la valeur du type vertébral, l'étude qui vient
d’être faite pour une portion du rachis des Chéloniens paraît
avoir une certaine importance. On sait que parmu les Crocodi-
liens fossiles a été établie une division exclusivement basée sur
la conformation du centrum des vertèbres et qu’ils sont par-
tagés en amphicæliens, opisthocæliens et procæliens. Le second
de ces sous-ordres, c’est ainsi que les désigne M. Owen, est, il
est vrai, indiqué comme artificiel par cet auteur (1), les faits
apportés par l’étude des vertèbres chez les Tortues mfirment
encore la valeur de ces divisions. Ces animaux nous présentent
en effet des vertèbres de tous les types connus sur un même
mdividu. À la région cervicale, on vientde voir quelle variété peut
exister. De plus, toutes les vertèbres dorsales sont biplanes ou
même, laissant entre elles un certain vide quand les cartilages
sontenlevés, pourraient êtreregardées commeamphicyrtiennes.
Les vertèbres sacrées et caudales sont procæliennes chez tous
les animaux sur lesquels j'ai pu les examiner. Dans le groupe
des Crocodiliens, on sait déjà que pour les espèces vivantes, si
complètement connues en ce qui concerne l’ostéologie depuis
les recherches de Cuvier, les vertèbres ne sont pas absolument
—
(4) R. Owen. Paleontology, 2 édition, 487t, p. 300.
100 L. VAILLANT,
identiques dans toute l’étendue de la série quant au mode
d’articulation des centrums ; latlas, réduit à la pièce basilaire
et aux trois pièces qui composent lare neural, étant amphicæ-
lien, Paxis amphicyrtien, par suite de la soudure de l’os odon-
toïde, toutes les autres vertèbres cervicales et dorsales procæ-
liennes, le sacrum amphicælien, la première caudale parfai-
tement amphicyrtienne, les suivantes reprenant le type procæ-
lien, admis à juste titre comme caractéristique des Crocodi-
liens tertiaires et de l’époque actuelle. |
On peut donc regarder comme très douteux que les vertèbres
opisthocæliennes, découvertes à Honfleur, au Havre ou en
Angleterre, etrapportéesaungenre particulier, le genreStrepto-
spondylus Meyer, méritent de former une division de ce degré.
Il ne serait pas étonnant que ces os, sur lesquels repose exelu-
sivement la distinction, appartinssent à quelque saurien du
eroupe des Téléosaures, dont on connaît aujourd’hui des
formes si variées. Sachant que ces différences dans la disposi-
tion des surfaces articulaires sont directement en rapport avec
des nécessités fonctionnelles, mobilité spéciale de la rame
caudale chez les Crocodiles, rétraction variable du cou chez
les Tortues, rien n'empêche de supposer qu’une forme, une mo-
bilité particulières de la carapace dermique ne puissent expli-
quer.la présence sur un point du rachis d’un de ces animaux de
ces vertèbres opisthocæliennes. Les Crocodiliens de la période
secondaire, malgré les remarquables travaux publiés dans ces
derniers temps, surtout par MM. Deslonchamps, ne peuvent
être regardés que comme encore imparfaitement étudiés pour
ces détailsdélicats d’ostéologie et l’onneconnaitquesur un bien
petit nombre d'individus la colonne vertébrale complète. Dans
le plus grand nombre des cas, vu le mode de fossilisation, qui
ne permet ordinairement de voir l’animal que sculpté en demi-
bosse dans la roche, il est même bien difficile d’avoir une idée
exacte de la disposition des surfaces articulaires.
Lorsqu'on constate pour des animaux aussi complètement
connus dans toutesleurs parties quele Testudo pusilla et le Pyris
arachnoïides des différences réellement considérables dans la
ARTICLE N° 7.
VERTÈBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 101
constitution de la portion cervicale du rachis, avec des rapports
si intimes pour le reste de l’ensemble de l’organisation, et
même l’aspeet extérieur, on ne peut s'empêcher d'établir
une grande différence entre les genres créés au moyen des élé-
ments dont dispose la paléontologie et ceux que lon établit
pour les animaux de la période actuelle en utilisant un ensemble
de notions incomparablement plus complètes et plus étendues.
Aussi les uns et les autres ne paraissent-ils pas mériter d’être
admis au mème titre dans la classification générale des êtres,
et, malgré utilité incontestable de ne pas séparer l’étude des
animaux de notre faune de celle des races éteintes, ce sont les
premiers surtout qu'il convient de considérer dans Papprécia-
tion des affinités naturelles, les seconds n’arrivant en quelque
sorte que comme appoint et le zoologiste ne pouvant, dans
l’état actuel de la science, en faire emploi qu'avec certaines
réserves.
Au moment de terminer la correction des épreuves de ce travail, des faits
nouveaux viennent modifier en partie les conclusions, données ici telles qu'elles
ont été présentées à l’Académie des sciences. Plusieurs individus appartenant
à des espèces déjà étudiées montrent que l'indifférence dans la position de la
première vertèbre amphicyrtienne ne doit pas être regardée comme hypothé-
tique (1), mais peut réellement se rencontrer. Un Emys ornala, Bell, m'a le
premier présenté celte vertèbre au quatrième rang au lieu du troisième, comme
sur deux individus précédemment étudiés; toutefois, le groupe renfermant un
grand nombre d’espèces fort voisines les unes des autres, l’exemplaire, d’un
autre côté, s’écartant un peu de la taille normale, il pouvait encore y avoir
doute. Depuis, les Testudo grœca Linné et Testudo pusilla Shaw ont offert
des faits du même ordre, à savoir un individu de la première espèce ayant la
première vertèbre amphycyrtienne reculée au quatrième rang, un individu de
la seconde ayant, au contraire, cette vertèbre avancée au troisième. Pour
le Testudo pusilla, ceci à d'autant plus d'importance que le nombre des
individus examinés est relativement assez grand ; les chiffres donnés plus bas
pour cette espèce, aussi bien que pour le Cistudo orbicularis Linné, sont en
effet inférieurs à la réalité ; ils se rapportent aux exemplaires collationnés depuis
que mon attention avait été appelée sur ce point, beaucoup d’autres avaientété
précédemment examinés sans qu’il en fût pris note, attendu qu’ils ne présen-
taient rien d'irrégulier. Ajoutons que ces différences ne peuvent être mises en
rapport avec le sexe.
- Il résulte de là qu’il faut réunir deux à deux les groupes Cistudo orbicularis
(1) Voy p. 91.
109 HE. VAEELEANT.
et Emys ornala, Testudo campanulata et Tesiudo græca, même par analogie
Cinosternon pensylvanicum et Staurotypus odoratus. Je n’oserais être aussi
affirmatif pour les groupes Chelodina longicollis et SiernothϾrus castaneus en
l'absence de types intermédiaires. On peut trouver aussi dans ces faits nouveaux
la confirmation de l’importance biologique plus grande des articulations gin-
glymoïdes comparées aux vertèbres amphicyrtiennes. Enfin, il serait bien pos-
sible, d’après ces considérations, que l'animal indéterminé sur lequel est
basé le cinquième groupe ne fût qu'un exemplaire anormal du Testudo radiata
Shaw. La ménagerie possède, en ce moment, grâce à la libéralité de M. Hum-
blot, bon nombre d'individus appartenant à cette espèce, aussi bien que quelques
Pixis arachnoïdes Bell; on peut donc avoir l'espérance de vérifier si les ano-
malies présentées par ces Chéloniens terrestres doivent être admises comme
constantes ou dépendent de quelques anomalies individuelles.
En terminant, je crois devoir encore insister sur l'importance que pré-
sentent, au point de vue de la zoologie générale, ces variations dans une
partie fondamentale du squelette ; il est bien difficile d'admettre, en présence
de ces faits, qu’il soit légitime d'établir, au moins chez les Reptiles, des classifi-
cations exclusivement basées sur la considération de cet appareil et que les
moindres changements qu’on y observe puissent autoriser à eux seuls la création
même de simples coupes génériques, comme différents naturalistes l'ont pensé.
ENUMÉRATION SYSTÉMATIQUE DES CHÉLONIENS ÉTUDIÉS DANS CE MÉMOIRE.
I. Fam. TESTUDINIDA.
ire Trib. CHERSEMYDINA (1).
$ 1. — Testudineæ.
Nombre Ca
d'exemplaires à
examinés, À
Testudo campanulata, Walb. (T. marginata, D. B.) (2)..... 2 — 9%
— pusilla, Shaw (T. mauritanica, D. B.)..... ARE 9 — 26
AL EUITD GTVe se eee rente Se run ss. 2 — 92
= 'OTECO, NUE, 2 ets. PR ER NE de D 2 — 33
EE SOMAISER TA LOS s es asser ee sed des eut ga 1 — 25
—."" pardans, Bell tes. idées asia ren POTERIE 1 — 55
NN SUICALG, Ml 202% A MO PER Le RES A ENS ë 1 — 3
— radiäla, Shaw........ dre diese niete 58 A RE 1 — 33
— .dabulata, WNalb.......:...:.4 RTS RE re 1 — 3
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— elephantind, DÉRA CROS nuess Se Et ROUE 2 — 34
— . -aréolata, Thunb (Hémopus ar AIDES D. 8) RE 1 — 34
(4) C'est à cette tribu que se rapporte, suivant toute probabilité, l’espèce
indéterminée dont les vertèbres ont été décrites p. 35, et figurées pl. 27, fig. VE.
(2) Pour faciliter les recherches quant à l'assimilation des espèces, chaque
fois que la désignation spécifique, donnée conformément aux règles de la no-
menclature, diffère de celle adoptée dans l'ouvrage classique de Duméril et
Bibron, cette dernière est indiquée entre parenthèses.
ARTICLE N° 7.
VERTÉBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS.
PUIS NADINE RENE RAS. ses l
CiniLus A belhanes GANT RE: PURES in 1
POSTES CNED 2 ed paies anis: 1e
Terrapene carinata, Linné (Cistudo carolina, D. B.)......... 2
— amboinensis, Daud (Cistudo amboinensis, D. B.).... 1
Cistudo orbicularis, Linné (Cistudo europea, D. B.)......... 8
ÉMIS CUSDIGU MOMIE SC ee nd ie eo
— Leprosa, Schweig (Emys sigriz, D. B.)..::........... 1
— terrapin, Schœpff (Emys concentrica, (D. B.)......... 1 -
CPR MD AU de 20 su Enter nes tie edéie ser 4
OT D DE 2eme: cu 2e meuns autistes vas 24 «5e 2
STORES Ress shéran aan we Rs SAVE 26 LE à Î
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A MACHOLEDLO IQ GTAMe us soir es ee te see ane exe qui 1
— longicollis, Lesson (Tetraonyx Lessonii, D. B.)....... |
$ 2. — Chelydreeæ.
Chelydra serpentina, Linné (Emysaurus serpentina, D. B.).. 1
— Temmincki, Schweigg........… cs 1
SUUROUIDUS OTONUUS, LA eee 4e au ee eva saute 2
Ginosternon pensylvanicum, Gml.s:..:.144..63 cum ane 1
—- Le Cs LOU MS À Élu ns 23 es da Ce D uTe Î
2e Trib. CHELYDINA,
Sternothwrus castaneus, Schweigæ. ........,.,,:...,...,.. 4
Pelomedusa galeata, Schoepf (Pentonyx capensis, D. B.).... 1
POUEMUSE AUOT DEAD ST un 2e soso mese sens tes den ne 1
BISCNANLQUSLERNUMN AT AY. 2e. sn her aies Us see Î
Hydromedusa Magimiliani,Mikan(Chelodina Maximiliani,D.B) 1
Chelodina longicollis, Shaw (Chelodina Novæ-Hollandiæ, D.B.) 1
Chelys fimbriata, Gml (Chelys matamata, D. B,)............ 1
IT. Fam, TRIONYCHIDA.
Trionyx œgyptiacus, Geoff. Gymnopus œgyptiacus, D. B.).... 1
— _ javanicus, Geoff. (Gymanopus javanicus, D. B.)...... 2
Cycloderma Aubryi, À: Düm.:sssivcsoo ss ques creuses sie s
Emyda granosa, Schæœpf (Cryptopus granosus, D. B.)........ 1
IT. Fam. CHELONIIDA.
14° Trib. CHELONINA.
Chelone viridis, Schneïid. (Ghelonia midas, D. B.)........... 1
Talassochelys caretta, Linné (Chelonia caouana, D. B.)...... 2
2° Trib. SPHARGIDINA.
” Dermatochelys coriacea, Linné (Sphargis coriacea, D. B.).., auct.
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104 L. VAILLANT.
EXPLICATION DES PLANCHES.
Le chiffre romain s'applique à une même espèce.
Les lettres indiquent le sens suivant lequel les vertèbres sont figurées :
A. Vertèbres vues par la face inférieure.
— par la face latérale.
— par la face supérieure.
— par l'extrémité antérieure.
— par l'extrémité postérieure.
Le chiffre he fait connaître le rang de la vertèbre dans la portion cervicale
du rachis. Les premières vertèbres dorsales, lorsqu'elles sont figurées, sont
distinguées par la lettre d.
Les parties sont représentées de grandeur naturelle, sauf les fig. VII, VIIL et
IX, PI. 28, dans lequelles le grossissement est d’une fois et demie, et les
fig. XII, XIII bis et XIV, PI. 50, XV et XV bis, PI. 31, qui, au contraire, sont
réduites à moitié de la dimension réelle.
Bunw
PLANCHE 25. (Voir page 89.)
PLANCHE 26.
Fig. I. Terrapene carinata, Linné. Chélonien cryptodère, présentant deux
vertèbres amphicyrtiennes, 4 et 8, et trois articulations ginglymoïdes. Les
vertèbres sont figurées sous leurs différentes faces suivant les séries A,
B, C, D, E.
Fig. 11. Emys ‘ornata, Bell. Chélonien cryptodère présentant deux vertèbres
amphicyrtiennes, 3 et 8, et trois articulations ginglymoïdes. Les vertèbres
sont figurées vues par la face inférieure, À, et de côté, B.
Fig. IL. Testudo sulcata, Mill. Dernière vertèbre cervicale, 8, et première
dorsale, 14, vues de côté, réunies en demi-flexion, pour montrer leur position
réciproque caez les Tortues cryptodères.
LS
PLANCHE 21.
Fig. IV. Testudo campanulata, Walb. Chélonien cryptodère, présentant deux
vertèbres amphicyrtiennes, 4 et 8, et deux articulations ginglymoïdes. Les
vertèbres 2 à 8 sont figurées vues par la face inférieure, A, puis touies de
côté, B, enfin la première par l'extrémité antérieure, D.
Fig. V. Testudo græca, Linné. Chélonien cryptodère présentant deux vertébres
amphicyrtiennes, 3 et 8, et deux articulations ginglymoïdes. Les vertèbres
sont figurées vues par la face inférieure, A, et de côté, B.
Fig. VI. Chélonien indéterminé, mais appartenant certainement à la tribu des
Chersemydina. C’est une espèce cryptodère présentant deux vertèbres am-
phicyrtiennes, ? et 8, et deux articulations ginglymoïdes. Les vertèbres sont
figurées vues par la face inférieure A, et de côté, B. La vertèbre atlo-odontoïde
manque.
ARTICLE N° 7.
VERTÉBRES CERVICALES DES CHÉLONIENS. 105
PLANCHE 98.
Fig. VII. Cinosternon pensylvanicum, Gml. Chélonien imparfaitement cryp-
todère, présentant une seule vertèbre amphicyrtienne, 4, et deux articulations
ginglymoïdes. Les vertèbres sont figurées vues par la face inférieure, À, de
côté, B, et pour la huitième par l'extrémité antérieure, D. L’os odontode
manque. — Grossissement de 1 diam. 1/2.
Fig. VII. Séaurotypus odoratus, Latr. Chélonien imparfaitement cryptodère,
présentant une seule vertèbre amphicyrtienne, 3, et deux articulations gin-
glymoïdes. Les vertèbres sont figurées vues par la face inférieure, À, et de
côté, B. — Grossissement de 1 diam. 1/2.
Fig. IX. Pyxis arachnoïdes, Bell. Chélonien cryptodère ayant toutes les ver-
tèbres procæliennes. Elles sont figurées vues par la face inférieure, À, et de
côté, B. La pièce basilaire et la lame neurale droite manquent à l’atlas. —
Grossissement de 4 diam. 1/2.
Fig. X. Thalassochelys caretta, Linné. Chélonien phanérodère ne présentant
qu'une vertèbre amphicyrtienne, 4, et une articulation ginglymoïde. Les ver-
tèbres sont figurées vues par la face inférieure, À, et de côté, B.
PLANCHE 29.
Fig. Xbis. Thalassochelys caretta, Linné. Dernière vertébre cervicale, 8, et
première dorsale, 1d, vues de côté, réunies en demi-flexion pour montrer
leur position réciproque chez les Chéloniens phanérodères. La seconde dor-
sale 24 est également figurée.
Fig. XI. Chelodina longicollis, Shaw. Chélonien pleurodère présentant deux
vertèbres amphicyrtiennes, 5 et 8. Les vertèbres sont figurées vues par la
face inférieure, À, et de côté, B.
Fig. XIbis. Dernière vertèbre cervicale, 8, et première dorsale, 14, de l'espèce
précédente, vues de côté et réunies pour montrer leur position réciproque
chez les Chéloniens pleurodères.
Fig. XII. Sternothærus castaneus, Schweig. Chélonien pleurodère ne pré-
sentant qu’une seule vertèbre amphicyrtienne, 2. Les vertèbres sont figurées
sous leurs différentes faces suivant les séries À, B, C, D, E.
PLANCHE 90.
Fig. XIIT. Cycloderma Aubryi, À. Dum. Chélonien eryptodère ayant toutes
les vertèbres cervicales opisthocæliennes, sauf l’atlo-odontoïde, et présen-
tant deux articulations ginglymoïdes, non compris larticulation cervico-dor-
sale. Les huit vertèbres cervicales et la première dorsale sont figurées vues
par leur face inférieure, A, de côté, B, et par la face supérieure, CG; les
vertébres cervicales, 1, 4, 7, 8, sont figurées vues par l’extrémité anté-
rieure, D, et les vertèbres 1, 3, 6, 7, par l'extrémité postérieure, E.— Toutes
ces figures, ainsi que la suivante, sont réduites à moitié de la grandeur natu-
relle.
106 EH. VAHELEANT.
Fig. XIITbis. Dernière vertêbre cervicale, 8, et première dorsale, 14, de
l'espèce précédente, vues de côté et réunies en demi-flexion pour montrer
leur position réciproque et le mode d’articulation en ginglyme parfait au
moyen des zygapophyses seules, chez les Trionychida.
Fig. XI £er. Os odontoide de la même espèce vu par l'extrémité antérieure,
on ne peut y reconnaitre aucune surface articulaire de glissement.
Fig. XIV. Trionyx ægyptiacus, Geolf. Os odontoïde vu par Pextrémité anté-
rieure, montrant les surfaces de glissement latérales et inférieure, qui
permettent les mouvements des pièces atloïdiennes sur cet os. La fossette
centrale est remplie sur le frais par le cartilage d’encroûtement. — Cette
figure est réduite à moitié de la grandeur naturelle.
PLANCHE 91.
Fig. XV. Trionyr javanicus, Geoïff. Chélonien cryplodère ayant toutes les
vertèbres cervicales opisthocæliennes, sauf l’atlo-odontoïde, et ne présentant
qu'une articulation ginglymoïde, non compris larticulation cervico-dorsale.
Les huit vertèbres cervicales et la première dorsale sont figurées vues par la
face inférieure, À, de côté, B, et par la face Supérieure, C; les vertèbres cer-
vicales 1, 4, 7, 8 et première dorsale sont représentées vues par lextré-
mité antérieure, D, et les vertèbres 1, 3, 6, 7 par l’extrémité postérieure, E.
—- Toutes ces figures et la suivante sont réduites à moitié de la grandeur
naturelle.
Fig. XV bis. Dernière vertèbre cervicale, 8, et première dorsale, 14, vues de
côté et réunies pour montrer le rapport des parties en flexion complète chez
les Trionychida.
TABLE
PAR
ConiL. — Nouveaux cas de Myasis
observés dans la province de
Cordova (République argentine)
et, dans Ja république de Vene-
AUELA D ee lets
JOURDAN, — Rech Ha
giques et histologiques sur les
Zoanthaires du golfe de Mar-
SEE ses sorebe ae
OUSTALET. — Monog ic des
Oiseaux de la famille des Méga-
podiidés (première partie). ...
TRouEssaRT. — Note sur une
nouvelle et très petite espèce
DES
ARTICLES
NOMS D'AUTEURS
ART.
AI
de Musaraigne, de Madagascar.
-—— Note sur une Musaraigne de
Cochinchine, présentant d’un
côté, la formule dentaire du
sous-genre Pachyura, et de
l’autre côté, celle du sous-genre
Crocidurasssvss iii
VAILLANT. — Mémoire sur la dis-
position des vertèbres cervicales
chez les Chéloniens,
VIALLANS. Observations sur
+00
TABLE DES ARTICLES
CONTENUS DANS LE TOME X.
Recherches zoologiques et histologiques sur les Zoanthaires du
golfe de Marseille, par M. E. Jourpan.…
Observations sur les glandes salivaires chez l’Échidné, par
5 » D
M. VIALLANES
les glandes salivaires chez
lEchidné..... à eds es
SAN EEE ARTICLE. N°
LEA Preeebiuem, ARTICLES, NO
Note sur une nouvelle et très petite espèce de Muéai igne, de
Madagascar, par M. TROUESSART
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Note sur une Musaraigne de Cochinchine, présentant d’un côté la
C] 2
formule dentaire du sous-genre Pachyura, et de l’autre côté,
celle du sous-genre Crocidura, par M. TROUESSART.
ARTICLE N°
Monographie des Oiseaux de la famille des Mégapodiidés, par
M. OUSTALET (première partie).
Myasis observés dans la province de Cordova
Nouveaux cas de
ARTICLE N°
Shots is ess aie
(République argentine), et dans la république de Venezuela,
par M. A. CONIL......
Publications nouvelles. .....
Mémoire sur la disposition des Des cervicales chez les
Chéïoniens, par Me /L2 VAILLANT... 6...
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ARTICLE N° 3.
4.
ARTICLE N° 6.
ARTICLE N° 6 bis.
ARTICLE N° 7.
108
TABLE DES PLANCHES.
Planches
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8
10.
11:
TABLE DES PLANCHES
CONTENUES DANS CE VOLUME.
. Paractis striata ; Phellia elongata. Sagartia.
Hyanthus mazeli: Palythoa, etc.
Anemonia sulcata.
. Anemonia sulcata; Actinia equina.
5. Actinia equina.
et 7. Bunodes verrucosus.
et 9. Corynactis.
Calliactis effeta, etc.
Phelia elongata.
. 13, 14. Cerianthus membranaceus.
. Balanophyilia regia.
. Actenia equina, etc.; Embryologie.
. Balanophyllia. Embryologie.
. Appareil salivaire des Échidnés,
. Crocidura coquerctis; C. etrusca ; C. Madagascarensis.
. Squelette du Megacephalon maleo.
Pièces du squelette du Megacephalon maleo.
2. Squelette du Megapodius Duperreyi.
. Pièces du squelette du Megapodius Duperreyi.
. Callephora anthropoptraga.
. Vertèbres cervicales des Chéloniens (cette planche est insérée
dans le texte, à la page 89 de l’article n° 7).
26. Terrapene carenata : Emys ornata ; Tesiudo sulcata.
27. Testudo campanulata : T. grœca; Chersemydina ind.
28. Cinosternon pensyloanicum; Staurotypus odoratus; Pyxis
arachnoides ; Thalassochelys caretta.
29. Thalassochelys caretta; Chelodina longicollis : Sternothærus
castaneus.
30. Cycloderma Aubryi: Trionyx œgyptiacus.
. Trionyx javanicus.
FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES.
PARIS. — IMPRIMERIE ÉMILE MARTINET, RUE MIGNON, ?.
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Fig. 17 Squelette du Megapodius Duperreyi
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Zoologie et Botanique réunies. 30 volumes in-8°, 1824-1833.(Kpuisée.)
Deuxième série, par MM. AupouIN et H. MIiLNE Epwarps. —
20 volumes ASSATSAI ER AUS NRA RP Re NS 290 fr.
Eroisième série, par M. H. MiLNE Epwarps. — 20 vol. 1844-1853.. 9250 fr.
Quatrième série, par M. H. MILNE Epwarps. -— 20 vol. 1854-1863.. 250 fr.
Cinquième série, par M. H. MILNE EpwaARps: — 20 vol. 1860-1874. 250 fr.
Sixième série, par MM. H. et Alph. MILNE EbwaRDs, en cours de
publication. L’année........... HO NO es A ou o 25 fr.
2ARIS. — INMPRIMERIE EMILE MARTINET, RUE MIGNON, 2
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