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LIBRERIA gii NARDECCH1A
ROKIA
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.h
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ANNALES
DB
SAINT-LOUIS-DES-FRANÇAIS
BOME.
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ANNALES
DE
SAINT-LOUIS-DES-FRANCAIS
PUBLICATION TBIMESTKIELLE
DES ÉTUDES ET TRAVAUX DES CHAPEUINS
In omni opère bono firnetiileantee
et oxesoentes in sdentia Dei
S. Paul. Coloa. 1. 10.
VIII"* Année - T' Fascicule - Octobre 1908
ROME
Chbz le Supéribub
BB 8^. L0UIS-DB8-FrANÇAI8.
PARIS
Chez PICARD, Editeur
Eue Bonaparte, 82.
1903.
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BOME
ncniH. DE LA PAIX, DE PH. CUOOIAMI
Via dMa PaM, 55.
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DE LUXEMBOURG À ROME ALLER ET RETOUR
ITINÉRAIRE INÉDIT
D£ DEUX FRÈRES MINEURS CAPUCINS
1789-1740
{SuiU et fin)
Juin 1740.
Retour de Rome.
— 18 — Samedy, après la fête du vénérable (1), nous
partîmes de Rome vers un heure après minuit et vînmes
dîner à Campagnana (2): 7 lieux. Notre couvent est à l'autre
costé d'une montagne, sur une hauteur à droit du bourg
de Ohampagnana. Après avoir reposé Taprès midy et souppé,
nous continuâmes notre ruotte jusqu'à Mont rosé (3), beau
village, deux (4), où nous logâmes chez un aubergiste qui
nous reçut très charitablement. — 9 —
— 19 — Dimcmche nous essuâmes quelque peu de pluie
et vînmes dire la messe à Ronciglione, 3. C'est un bourg
assé beau, que l'on traverse pour arriver en notre couvent.
Le tems s'étant remis au beau, nous partîmes après le
dîner et vînmes à Viterbe, 4. Après avoir monté une mon-
tagne de 3 quarts d'heure environ, à mi-chemin on trouve
sur le haut de cette montagne une hostelerie où l'on peut
rafraîchir; delà on descend jusqu'à Viterbe. Il y a près de
(1) La fête du très saint Sacrement, qui, en 1470, tombait le
16 juin.
(2) Campagnano, environ 28 km. aa N. de Rome.
(S) MorUerœi.
(4) Sic; évidemment deux lieues.
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6 DE LUZEMBOURa À ROME ALLER ET RETOUR
Bonciglione, sur notre chemin, un lac. Viterbe est une assé
belle ville pour Tltalie, située an pied des hantes monta-
gnes, qui sont cependant encor éloigné de deux lieux. Nous
y réverrâmes le Corps de S** Bose, qui est encor tout en-
tier, et celuy de B. Hyacinthe (1), qui est en squelette. Notre
couvent est à quelques distance de la ville, dont on tra-
verse une partie pour y arriver, et on prend sur la
droit. — 7 —
— 20 — Lundy après le dîner, nous allâmes à Monte-
fiascone, 3. En chemin nous fûmes surpris d'une orage,
mais une pauvre hostelerie, dont nous sortîmes aussy secs
au dedans qu'au dehors, nous vint fort à propos. Seule (2)
cette ville est située sur une très haute montagne d'un
aspect très agréable, qu'on découvre de bien loin. Il y
croît du vin de plus excellent d'Italie, aussy en coûta y (3)
l'autre fois la vie à un S" étranger dont l'éphitaf se lit
encor dans le vieux Dhom en ces termes: e$t est egt et
propter nimium ut Mus Fouquet (4) mortuua est. Nous fû-
mes bien préservé de ce danger: nous n'en goûtâmes point,
et le vin des Capucins étoit pitoyable. Le Couvent est sur
la gauche, et la porte de la ville entre des cyprès. — 3 —
— 21 — Mardy nous prîmes le chemin vers Aquapen-
dente et passâmes à Bolsana (5) (Vulsinum). A mi-chemin
nous fûmes déjeûner chez le Sgr Capitano, qu'il nous donna
gracieusement, et à un lieu et demy delà, à un village
nommé San Lorenzo, le maître des postes nous invita chez
(1) La Bienheureuse Hyacinthe de Mariscotti, du tiers-ordre de
saint François au monastère de saint Bernardin de Sienne : morte en
1640; béatifiée par Benoit XIII; canonisée par Pie VII en 1807.
(2) Sic.
(8) En coÛta-t-U.
(4) Fugger, chanoine d'Augsbourg.
(5) Bolsena.
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DB LUXBMBOUBa À BOME ALLEE ET EETOUB 7
luy, OÙ nous prîmes eucor un bon rafraîchissement ce qui
nous donna des jambes pour arriver à Aquapendante, 6,
pour le midy, ayant toute la mâtiné cottoisé (1) une très
grand lac dont l'air nous rongea Testomac. Ayant dîné à
Aquapendante, et soupe, nous partîmes de ce Couvent, der-
nier de la Province de Borne, à laquelle on est fort mal.
Nous pensâmes aller loger dans une auberge afin d'aller
dire la messe à l'autre Couvent (2), mais comme la pluie
avoit tout gâté le chemin, et la nuit nous ayant surpris
plutôt que nous pensions, nous fûmes obligé de loger dans
une maison & l'escart où nous fûmes bien reçu mais mal
couché. Nous étions tous les six ensemble de notre pro-
vince: 4 couché sur le pavé de la cuisine; notre R* P. Pro-
vincial eut un lit sur le grenier, sans couvert, et moy je
trouva un bon monceau de laine où je fut très bien. Il fut
cette nuit un grand froid, étant un païs montagneux pir
que l'Ardenne. — 6 -f- 2 —
— 22 — Mercredy, partis de bon matin nous fûmes
agréablement invité par un aubergiste (à un lieu de notre
pauvre gîte) de prendre un ver de vin, quoyque bon matin.
Cela nous encourragea pour monter une montagne horrible,
de 2 lieux, sur laquelle est situé Badioofany, qui est une
village situé à l'entour d'une roc sur lequel est une ancienne
fortresse qu'on découvre comme un pain de sucre qui do-
mine sur toutes les autres montagnes. Cela (3) l'entrée de
la Toscane. Notre Couvent, qui est le premier de la d^* Pro-
vince, à l'autre costé du village, une peu sur la pente de
la montagne & gauche. Avant d'y entrer, la maistre des
Postes de Badicofani nous fit boire un ver d'excellent vin.
(1) Côtoyé.
(2) Cet antre couvent doit être celui de RadicofanL
(3) C'est là.
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8 DE LUXBMBOUBG À BOMB ALLBB BT BBTOUB
Notre convent est très petit; nous dinames et logâmes; nous
y eûmes après midy nne grande orage. — 3 —
— 23 — Jeudy nous arrivâmes a San Quirioo, bourg assé
beau, sur une éminence, pour le midy. Notre convent est
province de Toscane et a la porte sur une autre petite
éminence à droit. — B —
— 24 — Vendredy^ jour de S* Jean Baptiste, partîmes
de grand matin, nous vînmes à Bonn Convento (1) — 3 — ^
nous prîmes un petit rafraîchissement dans un hospice
chez des Séculiers; nous passâmes à Pontachebya (2), où
il y a un pont superbe en hauteur et en arcade. La maî*
tresse des Postes nous engagea de prendre un ver de vin,,
après quoy nous poursuivîmes jusqu'à Ouna — 2 — , où il
y a un hospital sur la gauche en entrant, dans laquelle
nous fûmes très charitablement reçu à faire une bonne
collation et à nous reposer pour laisser passer la caieur
du jour qui était très grande. Enfin nous arrivâmes a
Sienne pour le soupper, qui fut excellent et présentée d'un
grand cœur — 3 — . Ayant traversé cette belle grande
ville, nous trouvâmes notre convent hors de la porte à
droite. — 8 —
— 25 — Samedy nous séjournâmes à Sienne et fûme&r
veoir la ville qui est située sur une belle montagne avec
des grandes tours. Au milieu, ôur la place, la cathédrale
est une pièce admirable tant par son architecture que par
la diversité des marbres blancs et noirs dont toute l'église
en dedans et en dehors est entremellée. Son frontispice est
d'un goût excellent. Mais ce qui surpasse tout ce que nous
avons vu jusqu'à présent, c'est le riche, superbe et curieux
(1) Bnoncouvento.
(2) Pont sur l'Arbia.
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DB LUXBMBOUBO À BOMB ALLBB ET BBTOUB 9
paTement de cette église, qui est tout de marbre et qui en
pièces raportées forment des excellentes pinture de histoire
du vieu Testament. Ce pavé est couvert de planches; on
le découvre 3 ou 4 fois l'année. On noas découvra quelques
planches à deux endroits pour pouvoir juger du reste. On
nous conduit ensuitte dans une chapelle d'une Vierge mi-
raculeuse, où il y a une Magdeleine et un S^ Jérôme en
statues de marbre très estimé. Toute l'église en haut à la
comice est garni de médaillons de portraits de tous les
Papes en relief. Outre quantité des rares peintures qui se
voyent dans toutes les chapelles, on nous conduit en un
endroit nommé Livraria(l) à cause du manuscript d'enti-
phonaires, espotiers (2), très grands et anciens, en lettres
gotique, qu'on y conserve en quantité, et qui contient des
lettres en or et de très belles et ânes mignatures. Nous y
vîmes de plus cette grande place toute peinte en frisco
d'une manière toute singulière et très rare (3). On conserve
la chaire et le Crucifix avec laquelle S* Bernardin de
Sienne presohoît. On voit aussy la maison de Q^ Catherine
de Sienne, réduite en une belle chapelle, et son oreillier
de pierres, etc. Il y a une très belle hospital près de cette
hospital qui a été fondée par un cordonnier, ce qui a donné
occasion d'y faire cette inscription pour démentir l'ancien
dictume: ultra crepitam sutor (4). On y voit aussy une
peinture qui attire tous les curieux. L'après midy nous
famés à un petit quart d'heure de cette belle et grande
ville veoir une petite hospice où S* François demeureroit,
où ayant planté son bâton il y a crû une grande arbre
(1) Libreria.
(2) psautiers (?)
(8) Les célèbres fresques de Pintarioohio.
(4) JV* sutor ultra crepidam (s-e. indicet).
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10 DE LUZBMBOUBa À ROMB ALLBB BT BBTOUB
qui a été débattu par les désordres de la guerre, a repoussé
une jette qui est à présent un arbre d'une prodigieuse
grosseur et hauteur nommé liiez, qui porte une espèce de
glande. L'arbre le fruit et les feuilles sont miraculeux pour
ceux qui s'en servent avec dévotion. En ce même endroit
S' François fit quelque action curieuse et dévote rapportée
dans sa vie (1).
— 26 — Dimanche nous partîmes après le soupper de
Sienne à cause des caleurs et vînmes vers la minuit à Cas-
tellina chez un amy reposer 3 heures (3 lieux); ensuitte
déjeûner à San Donato, 2, chez M*" Gabriel £aphaël: le
bon vin, la bon chaire, et le bon cœur mérite que sou nom
soit écrit non seulement icy mais encor dans le livre de la
vie étemelle; amen. Ayant eu depuis Sienne un chemin
rempli de toutes sortes de pierres jusqu'à San Donato, nous
continuâmes un chemin plus aisé jusqu'à San Casciano,
3 Vs lieux. Notre Couvent est sur une montagne à droite
de ce bourg, qui est aussy sur une hauteur. — 8V, —
— 27 — Lundy, ayant dînez et reposé dans ce petit
couvent, nous partîmes vers les 4 heures et arrivâmes à
la gite chez les Chartreux de Florence: 3. Il est trop
tard pour arriver à notre couvent de Florence, Capitale de
Toscane.
— 28 — Mardy de bon matin arrivâmes à notre cou-
vent: j'y dit la messe: 1 V,. Nous traversâmes pendant une
bonne demy heure cette belle grande et magnifique ville
de Florence. Notre Couvent, nommé de Monty est sur une
belle montagne à un quart d'heure de la ville (2). — 4 V, —
(1) Il est difficile de déterminer à quelle chose curieuse font ici
allusion nos bons capucins, car il est souvent question de Sienne dans
la vie de saint François.
(2) Le couvent des oapuoins de Florence est en effet hors de la
ville sur une hauteur, à Montughi, jadis Montui {Mon» Ugarum).
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DX LUXEMBOUBa k BOICB ALLER ET RETOUR 11
— 29 — Mercredy, nous fûmes veoir la ville, qui e«t
pavée des grandes larges pierres. La Cathedra! le est belle
et grande: il y a nne tour qaarrée à costé, séparée de l'é-
glise, qui est d'une structure ezoellente, travaillée en relief,
toute de marbre, d'une hauteur prodigieuse. L'église de
S^ Jean Baptiste, qu'on apelle le Baptistaire parce que les
s*" fonds y sont, est un rotond très belle dont les portes
sont de bronc, ornées de figures et feuilles larges très esti-
mées: leur hauteur et largeur sont très grandes. L'église
de S^ Laurent est aussy fort belle et grande, nouvellement
réparée : la voûte travaillée en quarrée relevée en fleurage
d'orrée. Au costé de l'épître il y a une chapelle où sont
les sépulchres den Ghrands Ducs. Derrière le Chœur est
placé cette fameuse Chapelle du Calé (1) à laquelle on tra-
vaille depuis 187 ans, et elle est encore bien éloignée de
son achèvement parfait. Le tabernacle, qui est un chef
d'œuvre, s'est travaillé au vieux palais : il est fort avancé.
Quand le tout sera fini ce sera un merveille du monde que
cette chapelle, qui est un large rotond en haut et octogone
embas, le tout étant incrousté de marbre le plus fin et en
pièces raportées: elle servira de chœur à la susdite église.
L'église de Maria Ânnonciat, qui appartient aux P. P. Ser-
vîtes, est aussy une pièce digne d'être vue et admirée par
les curieux et d'être révérée par les pieux, à cause de
l'Image miraculeuse de la S^* Vierge contient (2) avoir été
faite par les mains d'un ange, et qui fait quantité des mi-
racles.
(1) Ducale: Il s^agit de la chapelle des Princes, oonstruite en 1604
par Matteo Nigetti.
(2) qu'on tient
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12 DB LUXBMBOUBe À BOMB ALLBB BT BBTOUB
La Coar da Grand Duc (1) est travaillée en dehors k
la rnstique, d'une très belle architecture. Les jardins sont
très agréables, où il y a une bassine d'une grandeur pro-
digieuse, entourrée d'appuis de barres de fer. Au milieu
de ce bassin il y a un petit jardin comme une isle; au
milieu de ce petit jardin il y a un autre bassine plus petit
où il y a au milieu un coup (2) de marbre d'une seule
pièce qui a environ 26 pieds de diamètre; cet coup est
élevé d'environ 8 pieds, soutenu par un pied d'estal. Nous
y vîmes jouer le jeux d'eaux. On voit près de cet endroit
la ménagerie du Grand Duc, où il y a toutes sortes d'ani-
maux, comme autrucheus, faisant bleus, cannars d'Indes^
vomarins etc. La gallerie du Grand Duc, qui est un vieu
Palais, est sans contredit la plus belle, la plus curieux^
la plus riche et fameux du monde. On y voit tout ce qu'on
y peut désirer d'excis (3) et de plus précieux en statues,
peintures mosaïques, ouvrages délicats de tour, sculpture,
pierrerie, orphèvrerie &*. Elle est d'une largeur prodigieuse
et toute ornée; et où se conserve des choses les plus rares
sont des cabinets fermés. A la Porte de Bologne qu'on passe
pour aller dans notre Couvent, on a élevé un très belle art
de triomphe fait en forme de porte à l'honneur du Grand
Duc François III de Lorraine (4), dont le statue est équestre
de marbre blanc est audessus.
— 31 — Jeudy nous nous embarquâmes sur la rivière
d'Amo, qui traverse la ville, et vînmes débarquer à Pont
(1) Le Palazzo Pitti, résidence des Duos depuis 1660.
(2) une coupe.
(8) exquis.
(4) La fftmille des Medicis s'ètant éteinte en 1737 avec Jean Gas-
ton, rémperear d'Autriche Charles VI avait donné ce fief yaoant à
François de Lorraine, époux de sa fille Marie Thérèse, moyennant
abandon de la Lorraine. François devint empereur en 1745.
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DE LUXBUBOUBO À BOMS ALLER ET BETOUB 13
a Dira, assé beau village, et loger à notre convent, qui est
à la porte sur la gauche: 10 lieux, province de Toscane.
- 10 -
Juillet 1740.
Retour de Rome Continué,
— 1 — Vendredy nous reprîmes notre barque et vînmes
dîner à Pises: 4 lieux. Cette ville est assé belle, grande.
La Cathédrale est une fort beau vas, soutenu de 4 rangs
de colonnes de marbre; les portes en sont de broncq: celle
du portail qui est superbe, sont d'un très excellent maistre
et très estimé (1). Vis à vis de ce portail est le Baptistaire,
d'un art et architecture surprenante, renfermé d'une très
grande haute et belle rotonde. Un peu à costé se voit le
Camposanto, qui sert de sépulture. C'est un bâtiment quarré
oblong en forme d'encloître, dont tous les mures sont ornés,
de très belles peintures in frisco représentant le mystère
du vieu et nouveau Testament. On voit dans cette encloître
très large quantité des vieux monumens; on dit que la
terre où l'on enseveli a été transporté de Jérusalem dans
cette sépulture ou encloître. Il y a une chapelle en autres
où l'on dit la messe de Bequiem le jour de P&que. Ce qu'il
y a de plus merveilleux dans cette ville c'est un tour auprès
de la Cathédrale, fort haute, distinguée par des galleries
munie de colonnes à chaque étage, et tellement courbé et
penchant par un art particulier (2) qu'elle paroît sur le
point crouler, quoy qu'il y a près de 1.000 ans (3) quelle
(1) Jean de Bologne.
(2) On pense généralement aujourd'hui que l'inclinaison est pu-
lement accidentelle.
(3) La «tour penchée» de Pi se, commencée en 1174 par Bonan-
nus de Pise et Guillaume d'Inspriiok, a été terminée en 1860 par
Tommaso Pisano.
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14 DB LUXBllBOnil0 À BOMB ALLBB BT BBTOUB
est dans cette situation et chargée des belles et grosses
cloches. L'église des Chevaliers de S^ Etienne a aussy sa
beauté: tous les murs sont couverts des drappeaux et autres
instruments de guerre pris sur les Turcs. Le convent des
Capucins, de la Province de Toscane, est sur la gauche
hors la ville. Le même jour, après avoir dîné chez nos PP.^
nous nous embarquâmes derechef sur le canal pour Li-
vorne, 5, dans la pensé de continuer par Gênes. Livornes,
fortresse considérable des Etats du Grand Duc (1), est situé
sur le bord de la mer: son port passe pour un de plus
commode et fameux de l'Europe, aussy est-il très marchand
par toute sorte de nation qui arrivent. Les bâtimens de la
ville sont très élevé et d'un bon goût; les rues bien dis-
posé et d'une largeur très grande, pavé de larges pierres ;
les places longues et larges; les Grecs et Arméniens Catho-
liques y ont leur église où on fait l'office divine selon leur
rites; les juifs y sont environ 20 mille. Notre convent est
à l'autre costé de la ville, à un petit quart d'heure à gauche.
— 6 —
— 2 Samedt/j nous fumes veoir le port, rempli des bâti-
mens et de toute sorte des vaisseaux et de galères. Nous
fumes ensuite rendre visitte à M'' le général Vastondonck,
commandant de ce fameux port et Généralissime de tous
les trouppes de la Toscane. Il nous invita et engagea à sa
souppe pour le dimanche. Nous profitâmes de cet honeur
et avantage et le
— 3 — Dimanche, après notre dîné royal, n'ayant point
trouvé des bataux pour nous conduire gratis à Gênes ou
qui voulu nous prendre tous six ou parce qu'il auroit fallu
attendre trop longue tems, nous résolûmes d'aller par terre
(1) Depuis 1424.
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DB LUXEMBOUBO À BOlfB ALLES ET BETOUB 15
et rebroursâmes chemin encor ane fois à Pise avec le
B. P. Bernard. Nons ne reprîmes point le canal, mais en
4 heures nous fîmes ce chemin. — 5 —
— 4 — Lundffy nous arrivâmes de bonheur à Luques,
capitale de cette petite [République (1), située au milieu
d'une belle plaine et de quantité de villages renfermées
de hautes montagnes qui font toute la Bépnblique. La ville
est assé grande et forte mais ancienne: le Couvent des
Capucins est à la droite vers l'extrémité de la ville. Ce
pais est très beau, agréable et fertil, mais le vin est brusque
et plein d'acide. Ayant dîné à notre couvent, qui est le
dernier que nous passâmes de la Toscane, nous avançâmes
notre chemin jusqu'à Sesto, 2, où nous fûmes gracieuse-
ment reçu par un bienfaiteur aubergiste nommé Nobilet,
* ayant peu auparavant passé à Ponte a Moriano, où il y a
un pont soutenu de deux arches admirable en leur longeur
et hauteur sur la rivière de Serchio, qui va arroser toute
la plaine de Luques. Cette rivière coûte beaucoup par ses
ravages. — 3 V, -f- 2 —
— B — Mardy, arrivé de bonheur à Borgo (2), il y a un
pont d'un seul arcade, sans pareil, par des chemins sca-
breux le long de la rivière de Cerkio entre des hautes
montagnes escartées (3), nous fûmes arresté et retenu pour
le cttner par M' Vincento Pelegrini, grand ami de l'ordre,
qui nous fit beaucoup d'instance et de caresse. Nous le
quittâmes vers les 11 heures à la plus grande caleur du
jour qui nous incommoda beaucoup, et à 2 V, lieux delà,
(1) Lnoqnes avait en 1369 payé 800X100 florins à Charles IV pour
sa liberté. Napoléon la lui reprit en 1805, et fit de la Bèpabliqne un
dnohè pour sa sœur Elis'e.
(2) Borgo a Mozzano,
(3) escarpées.
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16 DB LUXBMBOUBG À BOME ALLBB BT BETOUB
à nn village nommé Gallicano, nous trouvâmes le pied d'un
très rude montagne do 3 quart d'heures haute qui acheva
de nous lâcher (1), et arrivâmes enfin à Castel novo, 4, et
deux en haut, 6. Cette petite ville est située dans une
petite vallée environnée de montagnes. Sur le sommet d'un,
entre le midy et le couchant, est bâtie une belle grande
fortresse qu'on nomme Mont Ferdinando, du nom du Duc
de Modène qui fit la bâtir. Castel novo: icy commence la
Province de Lombardie jusqu'à Cassel (2), et capitale d'une
province appellée Grafagnane (3) qui contient 96 villages,
dont le terrain quoyque montagneux est très fertil. Cette
ville avec plusieures de ses villages étoit autres fois à la
République de Luques. Notre couvent est de la province
de Lombardie, située sur la pente d'une haute montagne
ou de la ville (4) : il fut bâtie par le B. P. Jean Baptiste
D'esty qui est des Ducs de Modenes (5), se fit Capucin,
abandonna le duché à son fils aîné et ses biens à ses au-
tres enfans, et mena une vie très sainte dans notre réforme.
Son corps se conserve dans un dépôt en un petit sous ter-
rain de ce Couvent. Il avoit fait bâtir un quartier supé-
rieur le long de l'église où il faisoit venir ses enfans pour
s'entretenir de Dieu avec eux. Il y a un beau bosquet qui
du jardin du Couvent s'élève jusqu'au sommet d'une belle
ronde et haute montagne entourré de muraille, qui fourni
le bois aux Capucins. La table du grand autel, qui repré-
sente le mariage de la S*"* Vierge, et celle de la Chapelle,
(1) Sic.
(2) Cascd pusterUngo, dont il est parlé plus loin.
(3) Garfagnana,
(4) Sic (probablement: au delà de la ville).
(5) Le B. J.-B. d'Esté, dao de Modène, est Alphonse II qni prit
le nom de Jean à son entrée chez les oapnoins en 1629. Il mourut
en 1644.
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DB LUXEMBOURG À BOMB ALLES BT BETOUB 17
portrait de notre P. S' François, sont des pièces très re-
nommées, — 6 —
— 6 — Mercredy, après avoir dîné, ayant bien été régalé
et caressé dans cet agréable convent, nous nous mîmes en
chemin vers San Pelegrino, mais nous ne arrivâmes qu'après
avoir monté pendant trois heures continuels avec beaucoup
de fatige (3 V^). Cette montagne nommé San Pelegrino,
passe pour une de plus haute d'Italie; nous logâmes à
l'hospital bâti au sommet d'icelle, qui est comme une for-
tresse: il apartient à la République de Lucques. Il y a
une église assé belle où audessus du maître autel repose
le corps entier de S' Pèlerin, fils d'un Roy d'Escose qui
abandonna la Cour et ses Etats pour mener une vie soli-
taire dans cet affreux désert, et celuy de S^ Blanc son com-
pagnon, dont on ignore le nom et la naissance. Nous eûmes
le bonheur de les veoir, quoyque l'on ne les montre à per-
sonne si non au mois d'août où il y a un grand con-
cours. — 4 —
— 7 — Jeudy, aiant dit la S** messe à l'église de cet
hospital à l'honeur de ce grand saint (qu'on invoque pour
les maux des yeux et qu'on assure que ceux qui ont le
bonheur de le veoir et le révérer en sont préservé), nous
achevâmes de franchir notre montagne sur laquelle nous
trouvâmes encore de la neige, aussy bien que sur celles des
«nvirens. Nous nous en lavâmes les mains par rareté et il
y avoit des endroits où il en restoit plus de 4 pieds de
hauteur. Il faisoit un grand froid sur cette montagne et à
l'hospital où nous logâmes, de même qu'à l'auberge qui est
contiguë: on y fait du feu à tout tems et on y découvre
les nuets beaucoup plus bas que la montagne. Enfin après
trois lieux et demy de descende entremellé de collins, nous
Anodlft* de S.-L.-d .F. 2
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18 DE LUXEMBOURG À BOME ALLEE ET BETOUB
vînmes dîner à FrMsinoro, village dont M' l'archiprestre
curé nous reçu et traita fort charitablement. Parmy ces
descendes il n'y fait pas encore des chaleurs: les grains
ne commençoient qu'à fleurir; à 4 lieux plus avant on fai-
soit la moisson. Après le dîné nous continuâmes notre des-
cende, qui se tira à la longue, quoyque souvent assé roide^
jusqu'à La Volta, lieu de notre gide (4 V« lieux). M' Mé-
diane, gentilhomme, nous reçu avec toutes les marques et
effets d'une affection singulière; Madame sa mère et ses
sœurs y correspondirent par la prête d'un souppé qui coûta
la vie à un agneau et un poullet. — 8 —
— 8 — Vendredy, parti de grand matin de La Volta,
nous passâme à un lieu de la Secchia qui descendant des
montagnes, occupant tout le fond de ce vallée par plusieurs
lits en été, et enfin un seul au débordement des eaux, ce
qui rend ce vallée remplie de pierres et de callioux et infruc-
tueux. Passant à Cassai grand, notre W Père Provincial
demanda un vers d'eau dans une petite maison où se trouva
à propos M"" le Curé. Sans le connoître, il nous offrit de
vin et nous conduit à sa maison qui etoit vis-avis, où il
nous régala du vin le plus exquis en trois sortes d'espèce
et nous fit veoir sa cave. Ayant rafraîchi et fortifié contre
l'excès de la chaleur, nous arrivâmes pour le dîne à Scan-
diano. Ce Couvent de Lombardie est hors du bourg sur la
droit; nous y fûmes très bien dédommagés de nos fati-
gues: outre le bon vin il faut pas oublier les ceris d'une
grosseur excessive et sans pareil que nous y mangeâmes en
quantité. — B —
— 9 — Samedy, ayant dit la messe à Scandiano, pen-
dant le matin nous nous rendâmes pour les 6 heures à
Reggio, ville assé belle et grande, de Modènes; (2 V2 lieux)»
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DE LUXEMBOUBG À BOMB ALLBB ET BETOUB 19
Notre Convent, de Lombardie, est raoouUotté (1) à l'extré-
mité de la ville sur la droite nous y dinâmes et reposâmes
et après avoir souppé nous y partîmes vers le soir pour
Parme, 5, où nous arrivâmes a cinque heures du matin ayant
reposé 2 heures à la poste. — 2 Vi -*~ 6 —
J'ay oublié qu'à un lieu et demi de Pise, venant à
Lucques, on monte un montagne très haute, pendant trois
quarts d'heure. Etant arrivé au sommet d'icelle, il y en
avoit une à notre gauche beaucoup plus haute, belle et
ronde (2) : nous y montâmes avec le R. P. Bernard, où nous
découvrâmes une de plus belle vue du monde, sçàvoir la ville
et les environs de Pise, Livorne et le circuit de la mer
jusqu'à vers Gênes, et de toutes costés tant que la vue
pouvoit porter.
— 10 — Dimanche, nous arrivâmes à 5 heure dire la
messe à Parme, ville belle et grande. Notre convent est
dans la ville, qu'il faut traverser presque entière, et puis
tourner à gauche. Nous fumes veoir après dîné le Palais
ducale, dont l'Infant don Carlos, à présent Roy de deux
Sicilles, l'a dépouillé de tous ses meubles (3). Il mérite ce-
pendant d'être vu par raport des peintures fameuses et
excellentes dont toutes les places sont dorrées, et qu*on n'a
pu emporter, étantes peintes en frisco sur les murailles (4).
Nous fûmes ensuitte veoir l'emphitéâtre, où on y fait couler
de l'eau 4 pieds de haut, qui est un chef d'œuvre sans pa-
(1) Sic. — Ce mot n'est pas dans le Dictionnaire de Qodefroy.
(2) Probablement le Mont Gerra (918 m.), point culminant des
Monts Pisans,
(8) Don Carlos, fils de Philippe V d'Espagne et d'Elisabeth de
Parme, devenu en 1784 roi de Naples, emporta de Parme dans cette
ville nombre d'œnvres d'art précieuses. On les voit aujourd'hui au
Musée National de Naples.
(4) Les plus connues sont d'Aug. Carrache.
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20 DE LUXBUBOUBG À BOMB ALLBB ET BBTOUB
reil, quoyqae vieux et négligé : il a 360 pieds de longeur,
il peut contenir 1.000 personnes, et quand on est outre le
Théâtre on parle de voix basse ou fort médiocre, on l'en-
tend jusqu'à Textremité, c'est à dire 360 pieds de long.
Nous y fûmes veoir le Baptistaire, qui est une charmande
rotonde où S* François fut dépeint de son vivant, en pas-
sant, trouché (1) en habit de Capucin. Ensuitte le Dhom,
très estimé pour ses rares peintures in frisco, où nous
révérâmes le corps de S* Hilaire évecque de Potiers, dans
une église sous terraine belle et grande. Dessous le choeur
du dhom, le tombeau du Duc Alexandre Farnëse (2).
Nous vîmes aussy à Parme le petit théâtre, qui joint le
le grand emphitéâtre, très dégagé et fort estimé. Ayant
bien été caressé de nos Pères, nous partîmes après souppé
pour Labadia et passâmes sur le champ de bataille où il
y eut une si grande carnage entre l'armée de l'empereur
et la France le jour de S' Pierre l'an 1736 (3): on y a érigé
un cimetière où tous les morts de part et d'autre furent
enterrés ; nous y dîmes le De Profondis en passant et arri-
vâmes à minuit à Labadia. — 3 —
— 11 — Lundy, Labadia est un beau village où le fils
d'Alexandre Famèse a fait bâtir un très beau Couvent aux
Capucins, avec une haute tour à 2 cloches et belle horloge;
et par dispence du Souverain Pontif ils jouissent d'une
rente de 2.000 pistolles que feu le Duc leur a fondé malgré
eux. Il y avait autre fois un abbaye de Bénédictins dont
(1) troussé (?).
(2) Alexandre Famèse, dnc de Parme, gouverneur des Pays-Bas
ne à Kome en 1545, mort près d'Arras le 3 décembre 1592, d'une bles-
sure reçue au siège de Kouen. Son oorps fut traspoité à Parme.
(8) Exactement le 29 juin Ï7S4, au cours de la guerre de la suc-
cession de Pologne.
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DB LUXEMBOURG À BOHE ALLEE ET BETOUB 21
ils retient le nom (1). Etans bien traité et ca-
ressés dans cet agréable Oonvent, nous en partîmes vers
les 7 heures du soir et arrivâmes vers le 10 heures à Borgo
san Donnino. Nous ne restâmes dans notre couvent que pour
reposer jusqu'à un heure après minuit. Il est situé à gau-
che de ce grand bourg, à peu de distance, dont ayant passé
la porte il faut enfiler la première rue à gauche. Nous ne
vîmes le bourg et le Couvent au (2) clair de lune : les ca-
leurs du jour nous obliger de marcher de nuit.
— 12 — Mardy, nous arrivâmes à Fiorenzuola vers les
5 heures, nous y dîmes la messe, dinâmes et soupâmes, et
après beaucoup des caresses dans ce Couvent, situé à la gau-
che de bourg ou villette, nous en partîmes vers le minuit.
— 3 —
— 13 — Mercredi/, nous arrivâmes à Plaisance vers les
6 heures, et dîmes la messe. J'ay parlé de cette et grande
ville cy devant. Le même jour, après avoir souppé, nous
nous remîmes en route, et après quelques menaces d'orages
et de coups de tonnere qui nous durer jusqu'à minuit, nous
arrivâmes à notre couvent de Cassai Pusterlengo. (Icy re-
commence la Province de Milan: nous eûmes bien de la
peine de trouver notre Couvent). — 6 -H 3 —
— 14 — Jeudtfj après avoir reposé jusqu'au matin et
dit la messe pendant les matines, dîné, souppé, bien cares-
sés, nous en partîmes. Je dois faire mention icy d'une belle
notre Dame miraculeuse que nous révérâmes en notre Cou-
vent de Cassai, qu'on ne montre que 4 fois par an au pu-
blic, quoy qu'on nous la montrâmes en particulier, ce qui
a donné occasion à l'établissement des Capucins en ce lieu.
(1) Ici se lisent deux mots inintelligibles: a sont
(2) qu'au.
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22 DE LUXBMBOUBa À BOME ALLEB ET BBTOUB
C'est notre Dame, statue assé grand, proprement habillé,
étoit honoré d'une chapelle champêtre de ce lieu, en la-
quelle on voioit presque tous les nuits venir en procession
grand nombre des Religieux vestus en Capucins, qui sont
encore inconnus dans ces quartiers. Un jour deux Capucins
passant par la forêt, reconnu comme oeux qui faisoient cette
dévote procession, on les pria d'accepter un établissement
dans ce lieu pour y mieux honorer la S** Vierge.
— IB — Vendredy, ayant dit la messe, nous nous ren-
dîmes à Laudy (1) pour les 7 heures, où ayant reposé le
soir après la collation, nous en partîmes et marchâmes
toute la nuit parmy une air marcageux jusqu'à Milan, où
nous arrivâmes le — B -+- 7 —
— 16 — Samedy à 4 heures du matin. Nous dîmes la
S^* messe. Comme j'ay passé par Milan allant à Home, je
ne répète pas ce j'en ay marqué auparavant. J'adjonte seu-
lement que nous vîmes le Baptistaire où S* Augustin fut
baptisé par S* Âmbroise, où tous deux remplis du S* Es-
prit ils entonner et répondirent alternativement en com-
posant ces hymnes si célébrées dans l'Eglise: Te Deum
Laudamus. Nous y vîmes aussy le figuier sur lequel S^ Au-
gustin fut convertis, où étant couché il ouy la voix qui
lui dit: toile Lege. Dans l'église de S^ Ambroise, où l'on
tient que son corps est sous le maître autel, que nous ré-
vérâmes, on y voit aussy le serpent d'airain sur une co-
lonne de marbre que l'on tient être celle que Moyse fit
élever dans le désert. Les portes de la susdite église sont
encore les mêmes que S^ Ambroise ferma à l'Empereur
Théose: elles sont extrêment vieilles; on en couppe des
petites morceaux comme des reliques. Le maître autel est
(1) Lodù
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DB LUXEMBOUBG À BOMB ALLBB ET BETOUB 23
cellny où S^ Ambroise célébroit la messe et se trouva en
même tems biloqué aux exëques de S^ Martin à Tour. Notre
Convent de S* Victor, qu'on apelle le petit Convent, où il
y a 35 Religieux, mérite aussi d'être vu, étant un de pre-
mier de notre réforme. On y voit briller la pauvreté et la
«implicite qui inspire de la dévotion. On y voit en outre
la pauvre petite chambre où S^ Charles Borromée faisoit
sa retraitte.
— 17 — Dimanche, nous séjournâmes, et vîmes ce que
je viens d'écrire.
— 18 — Lundy, nous séjournâmes encore à Milan pour
laisser passer les autres.
— 19 — Mardy de bon matin, nous prîmes la barque
et vînmes dîner à Biadegrasso (1). Notre Convent est à
l'antre oosté du bourge, qu'on laisse à droit. Le soir après
le souppé nous reprîmes la barque pendant toute la nuit
jusqu'à Torbigo, 5, de là nous allâmes de pied jusqu'à
Somma 4, village où nous — B —
— 20 — Mercredy — dinâmes chez scolare bienfaiteur.
Nous continuâmes ensuitte de pied jusqu'à Sesto 2, petit
bourg où la rivière Tecino coule du Lac major. Ayant là
bien rafraîchi chez le Signor Jouanrossy, qui nons procura
aussy une barque, nous commençâmes à nous mettre sur
le Lac major jusqu'à Bona (2), belle petite ville sur le
lac, où est né S* Charles Borromé. Notre convent est à
l'autre costé delà ville, à gauche, sur le pente d'une mon-
tagne, près du Séminaire et de la statue. — 13 —
— 21 — Jeudy, nous fûmes veoir cette fameuse et pro-
digieuse statue de S* Charles, qui est de bronc, d'une hau-
teur, largeur, et grosseur inconcevable: 4 personnes peuvent
(1) Abbiategrasso.
(2) Ar(ma.
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24 DX LUXEMBOCSa À BOMB ALLKB ST -BBTOOl
s'Mseoir commodémeat à Pentoiir d'une table ronde dans
ia tête; son ponce peut contenir on homme. A Bona non»
yfmee aiuiy la cambre où S* Charles naquit. Ayant eu nn
orage avec des grands coups de tonnere, la mâtiné nous y
logamea. A Bona est une forteresse où il y a garnison de
l'Empereur (1), et le
— 22 — Vendredy, à 2 heures du matin nous nous rem-
barquâmes sur le lac ou nous eûmes un orage, le vent et
les flots contraires, ce qui nous fit débarquer aux Isles
Borromé, dans la principale de ces isles, dont le jardin est
renfermé de très belle amphithéâtre. Il y at un palais très
proprement meublé par des peintures très estimés, de même
qae la belle galerie. On y voit quantités d'autres grottes
et des chambres embas travaillées à la rustique avec des
petites caillioux et des jolies pierres rapportées tant a
l'extérieur qu'intérieur, représentant diverses figures etc.
Ayant visitté cette Isle nous nous rendîmes & Palenza où
nous dimes la messe, à Palenza, bourg, mais avec peine
et risque, les ondes étans fort agitées, la barque nous con-
duit jusqu'au près du Couvent qui étoit à la gausche du
Bourg. — 4 —
— 23 — Samedy^ avec la barque du couvent nous par-
tîmes vers les 2 heures après minuit et arrivâmes vers le
9 heures à Cannobio, bourg. Notre Couvent est au milieu,
élevé comme une abbaye: on débarque au pied. Nous y
dîmes la messe et dinâmes, et comme le vent étoit changé
et rendu très favorable, nous continuâmes notre navigation,
et vers les 3 heurs nous abordâmes a Locamo, bourg. Notre
couvent est très bien situé au plus beau et au milieu du
(1) Charles VI d'Autriche. (1711-1740).
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DS LUXSMBOUBa À BOMB ALLBB BT BETOUB 25
bourg, qui n'est pas élevé (1) du port. Locarno est de la
Suisse mais capitale de Milan (2).
— 24 — Dimanche, aiant ouy la prédication nous di-
nâmes, et après beaucoup de caresses nous reprîmes la bar-
que pendant un heure et demie et fîmes le reste du chemin
à pied jusqu'à Belinsolana (3), mais le P. Gardien nous
accompagna sur la barque. Nous y fîmes encor une belle
collation, ensuitte de quoy ayant marché un demie heure,
nous fumes pris d'une grosse orage à labris de laquelle
nous nous mîmes dans une escurie de Champagne que nous
encontrâmes fort à propos^ ayant résout d'y loger en cas
que l'orage eût continuée. Après deux heures d'attent elle
cessa, et nous allâmes loger à 3 quarts d'heures de là dans
un village à une demie lieu de Bellensona. La première
maison que nous trouvâmes, étant fort tard, fut le lieu de
notre gîte: c'estoit un bonne auberge où on nous donna
bien à soupper et à loger quoyque nous étions à cinque.
— 26 T- Lundy de bon matin nous ne pouvâmes passer
le cin (4), qui étoit fort grossit par l'orage, nous fîmes un
grande détour par des chemins escarpés bien difficiles et
dangereux pour passer cette rivière dans une barquette, et
vînmes dire la messe à Belensolana, ville et fortresse du
canton d'Uri, de même que Locarno. Nous dînâmes fort
bien au refuge des bénédictins. Parti de Belensolana nous
fûmes surpris d'un orage et bien mouillés, ce qui nous
obligea à demander à loger à la première maison d'Osonio (6j.
C'estoit justement celle d'un commissaire Suisse, qui nous
(1) éloigné?
(2) Sic, — Locarno fnt jusqu'en 1513 ville italienne alliée, puis
Sujette de Milan. A cette date Maximilien Sforza la céda aux Suisses-
(8) Bellinzona.
(4) Tessin.
(5) Osogna.
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26 DS LUXEMBOUBO À BOKB ALLER BT BBTOUB
reçu à 8 pour le soùppé, qu'il nous donna aussy géneu-
reusement que gracieusement, et nous fit conduire à l'au-
berge pour nous loger. — 4-4-2 —
— 26 — Mardy, d'Osonio nous vîmes dire la messe a
Gemico (1) gros village, 3 lieux, où ayant ensuitte pris
une dîner magnifique, consistant entre autres choses 2 sortes
de pouUets et deux sortes de truits, chez la Signoria Maria
Calsa, nous arrivâmes vers le trois heures à Faito (2),
2 lieux, gros Bourg. Comme notre couvent étoit plein de
forestiers, nous nous détachâmes de ce grand nombre avec
le R^ père Bernard, et continuâmes notre chemin à 2 jus-
qu'à Ariolo (3), village au pied de la montagne de S* Q-o-
dart (4): 3 lieux, ayant soupe chez le Curé assé maigrement,
et logé à l'auberge. Notez que de Gemico on comn^ence à
monter. — 8 —
— 27 — Mardy, nous entreprîmes de bon matin à monter
l'horrible montagne de S* Godart. Il fit ce jour un vent et
un froid si violent que je craignois ne pouvoir le surmonter,
de sorte que je sufirois plus de froid et de la violence du
vent que je n'avois souffert en aucun jour de l'hiver, qui
fut très rigoureux cette année. Enfin, après bien de la peine,
nous arrivâmes en haut: trois lieux, m'étant conservé à
jeûne pour offrir sur cette haute montagne le Sacrifice à
l'union de celui que Jésus-Christ offrit pour nous sur le
Calvaire. J'en le bonheure de dire la messe; et après le
dîner dans l'hospice de nos P.P., qui sont à deux, dans la
Province de Milan, pour veiller à l'hospital et administrer
le Sacrament aux passans qui vient à y périr, nous des-
(1) Giomico.
(2) Faido.
(8) Airolo.
(4) Saint'Gothard.
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DE LUXEMBOURG À BOMB ALLEE ET RETOUR 27
cendîmes cette montagne, que nons laissâmes, toute couverte
de neige. Notez que sur lé haut, près de notre hospice, il
y at un lac d'où sorte la source du Ehône, du Tecin, et de
la Bosa (1), et à gauche de la montagne, la source du Bhin.
Le Sommet, à l'endroit où étoit notre hospice, est une petite
plaine entourrée des hautes Kochers. Enfin nous descendî-
mes par des chemins environnés des précipices tantôt à
droit tantôt à gauche. Ayant passé le Pont du Diable et
continué une descente très roidte, nous arrivâmes à Yiera,
beau village : 2. Il y at une hospice de 4 capucins, qui sont
curés des villages de la vallé du Cera; nous y fûmes reçu
comme des anges, traitté et caressé de même: nous y man-
geâmes une marmotte rôtie, dont on fait grand cas. Ces
Pères sont de la Province de Suisse. — B —
— 28 — Jeudy après la messe et le déjeûné, nous nous
remîmes en route, nous fûmes surpris de veoir le toit des
maisons tout blanc de gelé, de même que les herbes de la
Champagne, qui orocquoient sous nos pieds; mais nous le
fûmes encor plus lorsque l'on nous dit que nous avions
encor 4 lieu à descendre, et que nous croyons être au bas
de la montagne. A Viera en effet nous descendîmes toujours
entre des précipices et des rochers couppés, en outre nous
passâmes de dans un rocher environ 150 pas, par un chemin
qu'on a creusé dans les rochers, où il n'y a que de jour
que par les 2 entrémises (2) et par un trou qu'on y at encor
fait vers le milieu etc. La descende ou monté de ce costé
ioy est beaucoup plus pénible et difficile que du costé d'Ita-
lie, et nous vîmes évidenment qu'on ne peut monter ni
descendre cette fameuse montagne en hiver sans risquer
(1) La BeiMs.
(2) Sic. On lit oependant, sons ce mot entremises, écrit en sur-
charge le mot entrées.
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28 DE LUXEMBOURG À BOMB ALLEE ET BBTOUB
sa vie. D'uiera nous vînmes dîner, après 4 lieux de descende
et 2 la veille qui font 6, à Stack, village près d'une mon-
tagne superbe et affreuse, chez une charitable aubergiste;
de là nous nous rendîmes pour le -souppé à Altorf, autre-
ment dit Urie: 3 lieux. Notre couvent est au milieu et en
haut de ce gros bourg, situé au pied d'une terrible mon»
tagne et environnée d'autres. Après le souppé nous nous
rendîmes chez le Curé du lieu pour y attendre la barque
que nous prîmes à minuit. Nous eûmes sur ce lac un orage
avec un vent et grosse pluie: nous fûmes tous mouillés,
et après nous avoir mis à labris de la pluie pendant une
heure avec notre barque sur un rocher affreux qui s'avance
comme un toit sur le lac, nous fûmes obligés de continuer
notre navigation parmy les flots et la pluie et nous abor-
dâmes à Bronen sur les 3 heures et demie du matin. Faute
de feu pour nous sécher nous nous mîmes dans un lit de
plume jusqu'à 7 heures ainsy. Le — 7 —
— 29 ~ Vendredi/ nous allâmes dire messe à Suitz (1)
gros lieu. Notre couvent est à l'extrémité de ce lieu à la
gauche. Nous fûmes rendre visitte a W le Baron Beding,
dont le fils brigadier en France et qui a épousé au près
de Mont (2) la fille de feu M' Beding, seigneur d'athis. Ce
Sg' nous donna à maigre un repas magnifique. Notez que
d'Altorff notre chemin est en droiture sur Lucerne par le
lac, mais comme nous voulions aller à Einsidlen (3) veoir
le fameux sousterrain de notre Dame des hermites, nous
prîmes par Suitz. — 4 —
— 30 — Samedy nous allâmes dîner à Bddentous, vil-
lage, chez un bon aubergiste, et arrivâmes pour le souppé
(1) Schvoytz.
(2) Mons.
(8) Einsiedeln.
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DB LUZEMBOUBG À BOMB ALLES BT BETOUB 29
à Einsidlen, autrement dit à l'hennitage. C'est un bourg:
nous logâmes à la fameuse abbaye des Bénédictins, qui ont
une très belle église, laquelle renferme vers l'entré la très
S^* Chapelle de notre Dame des hermites, que Jésu Christ
consacra luy même en personne humaine et visiblement
assisté de S* Pierre et de S* Jean TEvangeliste. Il y dit
la messe pontificalement, ce que S^ Menrade évecque et té-
moin oculaire affirmer sur Serment à Home. En confirma-
tion de ce fait le Sauveur imprima ses cinque doigts dans
la pierre sur la porte, qu'on voit encor enfoncés comme
dans la cire et couverts d'une platte d'argent où il y a
6 troux pour veoir au travers ces marque. La statue de la
Vierge est — d'environ 4 pieds, la face et celle du petit
Jésa est noir; on y conserve 26 chandelles de cire d'une
grosseur prodigieuse qu'un canton Suisse hérétique y en-
voya toute remplie de poudre dans le dessein de faire sauter
ce S^ Sanctuaire, mais qui fut miraculeusement préservé.
Nous y vîmes aussy le riche trésor de la Vierge, en or,
argent, broderie, pierrerie, joyeaux, dont tous ses habits
sont parsemés. Nous y vîmes entre autres la fameuse et
riche remontrance (1) qui est sans pareille: elle est toute
d'or remplie de pierreries et de bijoux les plus fins, d'un
art et d'un ouvrage qui fait l'admiration de tout le monde:
il y a 1737 pierres précieuses de toute espèce, il y a 1174
perles les plus belles et les plus fines, l'0r pèse 320 onces
et plus. Après Lorette c'est le premier Sanctuaire de la
Vierge (ens portio) (2). — B —
— 31 — Dimanche, ayant dit la messe à cette S** Cha-
pelle nous partîmes et vînmes loger à Arte (3), gros vil-
(1) monstrance.
(2) Sic.
(3) Arth.
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30 DE LuxEMBonaa À bohe allbb et betoub
lage sur le bord d'une lac entourré de montagnes. Notre
couvent est à droit près du lac, à 3 lieux Suitz et autant
de Touge (1), qui est encore une ville sur le lac, où il y
a dessus de Suitz, 2 rochers fameux, comme deux cornes
qui s'élèvent au dessus de deux montagnes qu'on découvre
de loin et qu'on apelle mita major, mita minor. Cet en-
droit de Suitz a donné le nom à tous les Cantons Suisse
à cause que le chef de cette Bépublic était de cette endroit.
Il y a trois lacs aux environ de là.
Août 1740.
— 1 — Lundy nous nous embarquâmes à Arte sur le
lac pendant une bonne heure, et puis marchâmes une de-
mie (2) pour reprendre l'autre lac, sur lequel ayans essuyez
des grands vents pendant une heure nous arrivâmes enfin
à Lu cerne, ville au bord du lac, très bien située au pied
d'une montagne sur laquelle sont plusieures tours, murail-
les et forteresses. Notre Couvent est hors de la ville une
petit quart d'heure à droit sur une petite montagne; nos
PP. de Suisse se distinguent par l'excessive charité qu'ils
font. — B —
— 2 — Mardjfy jour de la Pentecoste nous séjournâmes
à trois pour profiter du jour suivant de la barque que Mes-
sieurs le magistfat et les Etats de cette ville voulurent bien
nous donner pour reconduire le Capitulaire tous les 7 ans
sur le Rhin jusqu'à Cologne où la barque reste aux Ca-
pucins (3).
(1) Zug.
(2) Sic.
(3) Nous ne connaissons pas Tnsage auquel il y est fait ici al-
lusion.
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DE LUXBMBOUBG À BOKE ALLEH ET BBTOUR 31
— 3 — Mercredi/, à 6 h^aren du matin, nous nous em-
barquâmes sur le lac dans la ville et continuâmes notre
navigation jusqu'à la rivière de Kosa (1), qui sorte dudit
lac à la porte de la ville. Nous avions deux feuillettes de
vin et un demie de bierre, avec quantité de viandes pour
2 jours que M" du Magistrat de Lucerne nous donner.
Nous eûmes de la pluie continuellement pendant toute la
journée, excepté une heure vers le midy, pendant lequel
nous dinâmes. Malgré le pare à la pluie qu'on nous donna
à Lucerne et qui nous fut d'une grande utilité, nous ne
laissâmes pas d'être bien mouillés et percés. A 12 lieux de
Lucerne la Bosa se joigne au Bhin. Nous eûmes le loing
de 2 fluves (2) quantités de beaux endroits et 2 Convents
des Capucins où nous nous arrestftmes point. Nous arrivâ-
mes à LaufiPenbourg vers les 5 heures et demie, ayant fait
séjour 20 lieux province d'Autriche Intérieure (3).
— 4 — Jeudy on fit descendre une barque parmy le
précipice des rochers où tout le Rhin passe et se précipice
entre les détroits et les abymes de ce creu. C'est une chose
aussy curieuse qu'affreuse à veoir un bateau précipiter dans
cet chout du Rhin. Il coûte bien de la peine et d'industrie
aux batteliers de ce bourg, et 10 écus pour chaque batteau
qui font passer. Et quoyque plusieurs se brisent et se fra-
cassent dans cet endroit de crise où il ne reste personne
ni même aucun batelier sur sa barque, la nôtre cependant
eu le bonheur de passer entière excepté une planche qui
fut fracassé. Notre couvent est à la porte de la ville à droit
en entrant: nous fûmes tous rejoindre notre batteau à un
demie lieu de Lauffen bourg et arrivâmes vers les 8 heures
(1) Reuss.
(2) le long des deux fleuves.
(3) Autriche antérieure.
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32 DE LUXEMBOURG À ROMS ALLER ET RETOUR
à Seckin (1), petite ville, 2 lieux, où il y a des chanoi-
nesses, et dont l'aînée est Princesse Souveraine du lieu, où
on nous invita à dîner et à déjeuner, et malgré notre refus
on nous apporta des grandes crouches de vin sur notre
barque et on nous donna d'autres batteliers, ce qui s'ob-
serve par tout sur le Bhin: les batteliers ne peuvent na-
viger que jusqu'à certaine distance d'un gros lieu, où l'on
doit prendre d'autres experts et jurer respectivement à leur
limites. Le Bhin étant fort enflelé et même débordé plus
bas, nous allâmes avec rapidité et arrivâmes vers les 11
heures à Bhinfelden, 3 lieux, il y a des Capucins. Entre
Seckin et cette fortresse il y a une place où le Bhin fait
faire à tous les bateaux un tour de cercle tout entier et
qu'on ne peut empêcher sans risque d'être engloutis (2):
nous fîmes ce cercle avec la même rapidité et aisance qu'un
tournicket et continuâmes jusqu'au près Binfelden, où le
Bhin est encor très dangereux par ses flots élevés et ra-
pides. Les bateliers sont obligés de présenter à descendre
de la barque; tous nos Pères descendirent, je resta seul
Prestre avec trois frères laïcs sur notre barque nos firent (3)
un quart de lieu de chimin à pied parmy les montagnes et
contenter leur curiosité en voyant de loin notre barque
afranohi des montagnes et de vallés d'eau, et se précipiter
ensuitte entre les édroits (4) de rochers sous un pont comme
un arbalet, au travers de bouillons de cette eau si furieu-
sement rapide et agitée que son bruit seul vous étourdi, et
l'espace de cette eau élevée est toute en écoume, nous fait
(1) Probablement Sâckingen, dont la célèbre abbaye fat sécula-
risée an commencement dn XIX« siècle.
(2) Pent-Ôtre le tonrbillon de Haellenhaken.
(3) Sic, nos frères firent.
(4) Sic, probablement détraits.
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DB LUXEMBOURG À BOME ALLES ET BETOUB 33
craindre sa colère et recourer à Dieu. J'ay le bonheur de
veoir tont cela de près et de passer heureusement. Nous
dînâmes ensuitte sur notre barque, et ayant changé de ba-
telier nous arrivâmes vers 1 Vj heure à Basle, 3 lieux, belle
et grande et longue ville toute hérétique. Nous demeu-
râmes arrestés pendant 2 heures sur l'eau dans une barque
-en attendans d'autres bateliers. Ce grand retardement fut
causé par l'absence du Chef du Magistrat. Nous conti-
nuâmes ensuitte notre navigation. En passant à un petit
lieu de Basle, le fort ou la cidadelle d'Hûnningen, endroit
fameux d'Alsace, qui est aux françois. Nous arrivâmes enfin
à Ottmersheim (1), gros village, 6 lieux de Basle: 12 fu-
rent invité à soupes chez les dames Chanoinesses de ce
lieu, où ayants été noblement traittés, ils y loger; les 18
autres furent dispersés à trois maisons et tout à l'envie
voyant le caresse de son hôte. Le lendemain sur la
barque — 14 —
— B — Vendredy, nous nous remîmes de bon matin à
la barque et arrivâmes à Brisach, ville et fortresse, vers
les 9 heures, 6 lieux. Ayant dit la messe et bien dîner en
notre couvent, de la Province de l'Autriche Intérieure (2),
qui est au haut de la ville, nous nous embarquâmes et
arrivâmes vers les 8 heures du soir à Strasbourg, 12 lieux.
Comme j'ay passé par cette ville en allant à Eome, je ne
répéteray pas ioy ce que j'ay marqué cy devant. — 18 —
— 6 — Samedy, nous séjournâmes à Strasbourg, en-
cor le
— 7 — Dimanche après midy : nous fûmes veoir toute
la garnison, forte de 7 mille hommes, rangé en 2 corps
(1) Ottmarsheim.
(2) Autriche antérieure.
AaaslM 4« 6..L..d..F.
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84 DB LUXEMBOURG À ROME ALLER ET RETOUR
de bataille sur une belle place hors de la ville, où ils-
firent plnsieures manœuvres de batailles.
— 8 — Lundy^ nous partîmes de bon matin de Stras-
bourg, nous dinâmes sur la barque et arrivâmes le soir à
Guermersheim (1), bourg, 19 lieux. Nous vîmes en passant
le fort Louis, à 8 lieu de Strasbourg; nous arrivâmes le
soir à Guermersheim: 8 loger et souper chez une mère
spirituelle (2), 6 chez les B*^" P. P. Bécollets, 4 autres d'un
autre costé et 4 autres de l'autre ; et tous se louer de leur
hostes. — 19 —
— 9 — Mardy, partis de bon matin nous vînmes dé-
barquer à Philipbourg, ville et fortresse £ftmeuse par son
siège de la guerre dernière (3). 2 lieux. Nous y considé-
râmes la situation, le fort et les ouvrages, corne et cou-
ronnes, et vîmes avec étonnement que les ruines et brèches
du dernier siège n'étoient pas encor réparées. De là nous
navigàmes encor un lieu et demie et puis quittâmes notre
barque pour aller de pied pendant une demie heure jusqu'à
Spyr, 2 lieux de Philipsbourg. Je fus dire la messe à la
Cathédrale, (Spyr est de la Province du Rhin) à la cha-
pelle où se conserve la statue de la S** Vierge qui parle
à S^ Bernard en le saluant: ave Bemarde. Cette ville, de
même que la Cathédrale sont très anciens (4) : l'une et l'autre
(1) Germersheim, aa confiaent de la Queich et dn Rhin.
(2) Mère spirituelle, une bienfaitrice qni se montrait une mère
pour les religieuses. On donnait aussi ce nom à une personne pieuse^
qui recueillait les aumônes pour les religieuses, qui les hébergeait k
leur passage. Il y avait de môme des pères spirituels
(3) En 1784, au cours de la guerre de Succession de Pologne^
Philippsbourg fut enlevé par les Français de Bemick, après 48 jours
de siège, aux Impériaux du prince Eugène. Bernick y eut la tête em-
portée par un boulet.
(4) Spire est VAugusta Nemetum des Romains. La cathédrale a
été fondée en 1090 par Conrad II (f 1089) pour servir à sa sépulture
et à celle de ses successeurs.
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DB LUXEMBOURG À BOMB ALLBB ET BETOUB 86
ont été brûlé par les François (1); il ne reste que le chœur
de la Cathédrale et les 4 tours qui sont aux deux extré-
mité de l'église selon sa longeur, y ayant un dhom entre
2 tours du costé de l'Orient et un dhom entre 2 tours du
costé de l'Ocoident, la neff au milieu toute brûlé et ruinée.
4 Empereurs sont enterrés dans cette église (2), et Bo-
dolph 1" Empereur d'Austriche (3). Cette ville est la plus
parte hérétique ; tout le magistrat le doit l'être. Nous con-
tinuâmes, après un bon dîné avec l'éveque et suffragant de
Spyr (4) à notre Couvent, qui est à gauche en entrant dans
la ville, notre heureuse navigation jusqu'à Manheim, ville
Capitale du Palatinat (6), 6 lieux, Province du Rhin. Ayant
passé par cette ville en allant, je n'y vit point le trésor
de l'Electeur c'est tout ce qui me reste à adjouter; mais
il me faudrait un volume entier pour exprimer une partie
de ces choses rares, curieuses, riches et précieux que nous
y vîmes; cela m'efiface l'idée de galerie de plus rare que
j'ay vu en Italie. — 10 —
— 10 — Mercredy après le dîner nous re embarquâmes,
nous eûmes un peu de pluie qui ne dura pas et qui ne nous
empêchas pas d'aborder heureusement à Worms pour le
souppé. Le £' P. Gardien nous attendoit; notre couvent
est hors de la ville, très petit, comme j'ay marqué oy de-
vant en allant. — 4 —
(1) En 1689, sous les ordres de Lonvois, pais en 1698. Une troi-
sième dévastation devait avoir lien en 1794.
(2) L'antenr semble ne penser ici qu'aux empereurs Franconiens
Conrad II (f lœ»), Henri III (f 1056), Henri IV (t 1106) et Henri V
(t 1126).
(8) Mort en 1291.
(4) Damien*Hngnes-Philippe de Scbœnbom; il mourut en 1748.
(6) Voir notre fascicule de janvier, p. 252, n. 1.
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36 DE LUXEMBOURG À ROME ALLER ET RETOUR
— 11 — Jeudy, de bon matin nous nous remîmes sur
l'eau vers les 11 heures, nous din&mes très bien par le soin
charitable de P. Gardien de Wonns, nous arrivâmes à
Mayence vers les 3 heures. J'ay parlé de cette ville cy
devant. — 10 —
— 12 — Vendredy, nous allâmes veoir la Favori tte,
maison de plaisance de S. A. l'Electeur de Mayence, où il
passe ordinairement une belle partie de la belle saison (1).
La disposition de ce bâtiment, des cabinets qui sont dans
les jardins, des quantité des statues, des hayes rangées et
taillées très artistement en sculpture, outre grand nombre
des jeux d'eau et des belles casquettes (2) qu'on fit jouer
à notre respect, et tout cela rangé et disposé en une belle
emphitéatre le long du Rhin, fait un aspect de plus agréable
et qui ne cède en rien de son racourcy au jardin de plai-
sance de Borne. Nous eûmes l'honneur d'y veoir son Altesse
et de luy faire la révérence, accompagné d'an petit com-
pliment. J'oubli de marquer qu'arrivé à notre débarque-
ment de Mayence, nous fûmes arresté au porte de la ville
par les soldats, et après quelques paroles nous fûmes obligés
d'aller chercher une autre porte par où nous entrâmes à 22,
de 30 que nous étions au paravant. Le confesseur de l'E-
lecteur, qui venoit au devant de nous, surpris de cette affi*ont,
• s'en plaigna au Général des Troupes, qui fit d'abord empri-
sonner ses soldats qui étoient de garde, et vouloit les mettre
le lendemain sur le cheval de bois (3), et pour le souppé il
nous envoya un bon pâté de cerf et du vin. Ayans dîné
en notre Couvent de Mayence, nous nous remîmes en barque
(1) Cf. oi -dessus, fasoicnle de janvier, p. 266.
(2) Le lecteur aura compris qu'il s'agit de cascctdes.
(3) Sorte de chevalet, aux arêtes aiguës, sur lequel on faisait
monter le soldat puni, avec un poids à chaque pied.
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DE LUXEMBOUBG À ROME ALLSB BT BETOUfi 37
jusqu'à Bingeu, gros bourg à gauohe du Bhin ; nous logâmes
à notre Couvent, situé sur le haut au milieu du bourg. On
voit au milieu du Bhin la Tour aux Eats (1). — 6 —
— 13 — Samedy de bon matin nous reprîmes notre voi-
ture d'eau ; nous passâmes contre la ville de Baochara (2),
la laissant à notre gauche. On l'apelle Bachara à cause
qu'on y adoroit le dieu Bachus, Bacohiara, 3 lieu. I^ous
vîmes aussy en passant à notre gauche la ville de Hesse
Bheinfeld (3) 2 lieux, où il y a une place dans le Bhin
où les eaux tournent, très dangereux à passer. Il y a
au dessus de cette ville une fortresse admirable sur des
montagnes et des rochers ; nous nous y arrêtâmes point,
mais nous continuâmes notre navigation jusqu'à Bomho-
ven (4), 3 lieux. Il y a dans cet endroit une belle grande
église bâtie à l'honneur d'une Vierge très miraculeuse.
C'est une statue de bois fort ancien, représentant la
S** Vierge qui tient le Sauveur mort sur son gironne.
Comme cette église est seule sur le bord du Bhin, à droit,
au pied d'un rocher escarpé et des montagnes chargés de
(1) Le Maeasethurm s'élève sur des rochers de quartz qui sur-
gissent du milieu du fieuve. Voici ce qu'en raconte la légende. Un
ëvêque de Majence du temps de l'empereur Othon, Hatton II (f 970) ,
eut un jour la fantaisie, pour débarrasser les pauvres gens du fléau
de la famine qui ravageait le pays, d'en enfermer un certain nombre
dans une grange et de les faire brûler, comme «n'ayant pas plus de
valeur dans ce bas monde que les souris qui s'attaquent au froment».
Depuis lors les souris ne lui laissèrent plus de repos. Elles le pour-
suivirent jusque dans la tour qu'il s'était fait construire au milieu
du Rhin pour leur échapper, et c'est là qu'il rendit l'âme, dévoré par
ces animaux.
(2) Bacharach^ nommé Bachercho en 1019 et Bagaracha en 1140.
(3) EhHnfels, appartenant en effet à la maison de Hesse; Tallard
ne put prendre cette forteresse défendue par le général hessois de Gœrz,
en 1692, mais le marquis de Castries devait l'enlever en 1758. Les
Hessois la recouvrèrent de 1763 à 1794.
(4) Bomhofen, sur la rive droite du Bhin.
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38 DE LrXBMBOUBO À BOMB AIXIB BT BBTOUB
▼igneSy on Electeor de Trêvee y fit bâtir on très beau gruid
Convent aux Capacina, qui se servent de cette église, ayant
soin du Sanctuaire de la S*" Vierge. Elle a soin récipro-
quement de les nourrir. Ayant fait collation à ce Convent
de Bomfaoven, nous arrivâmes pour les Vêpres à Cioblents,
5 lieux de Bingen, 13. Le B* P. gardien nous y fit des
caresses particulières. Coblents est une belle grande ville
à gauche du Bhin, où le Electeur de Trêves (1) fait sa
résidence. Sçachant notre arrivé il nous envoya 20 pots de
vin très exquis. Notre couvent est à l'autre costé de la ville
et du Bhin, à droit, au pied de la fameuse citadelle d'Her-
melstein (2), située sur une ronde montagne escarpée par
des rochers. Cette place est réputée pour une de plus forte
de l'Europe (3), elle domine sur le Rhin et sur la ville à
peu près comme le Château de Namur. La Moselle vient
se jetter dans le Rhin à cet endroit, c'est pourquoy on
Tapelle Confluentia. — 13 —
— 14 — Dimanche^ partîmes à 4 heures de Coblentz
parmy un grand braillard qui dégénéra en pluie. Nous
passâmes contre la ville d'Andernach, 4 lieux. Un peu
avant d'arriver nous vîmes à notre gauche nous vîmes le
Château de Neuvitte (4), très fameux à cause des spectres,
des esprits, ou des diables qui l'occupe; et quoyque cet
endroit soit très beau, très solidement bâtie, et couvert des
ar^doises bien proprement, personne n'ose l'habiter; tous
ceux qui l'ont tenté jusqu'à présent, ayant été punis de
leur hardiesse s'en sont bientôt repenti et l'ont abandonné
(L) Voir notre fasoicole de janvier, p. 254, n. 2.
(2) EhrenbreiUtein.
(8) Elle n'a été prise que trois foie, en 1631, par trahison, en 1637,
par famine, en 1799, à la quatrième reprise et après 10 mois oonsè-
cntifs de siège. Les Français eurent l'honneur de ce dernier triomphe.
(4) Neuwied.
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BE LUXBMBOUBG À BOKE ALLER ET KBTOUB 39
^assitôt. Ce bâtiment paroît même tout neuve et l'on apelle
communément le Château du diable. Nous arrivâmes vers
les 9 heures à Lintz (1), 4 lieux, petite ville et pauvre
petit couvent, le premier de la Province de Cologne, à droit
du Ehiu. La pluie nous ayant continué jusqu'à là, nous
fûmes charmé de nous y retirer pour y déjeuner en forme
de dîné, ayant porté avec nous de Coblentz jambons, vins,
et rôties. Le tems s'étant remis au beau vers les 10 heures,
nous poursuivîmes notre navigation heureusement jusqu'à
Bonn, où nous débarquâmes à 1 heure après midy, 6 lieux
de Lintz. Nos Pères, qui nous attendoient, nous servir
d'abord un beau dîné. Bonn est une assé belle ville: l'Elec-
teur de Cologne (2) y fait sa résidence. Nous fûmes veoir
son palais où il y a des appartemens très beaux et bril-
lans, et des jardins qui méritent d'être vu. Après avoir
contenté nos yeux et reçu beaucoup des caresses chez nos
P. P., nous reprîmes notre barque et bientôt après nous
fûmes menacé d'un gros orage. Nous en fûmes quittes
pour quelques coups de tonnere et pour une demie heure
de pluie assé violente, dont nous tachantes de nous gua-
rantir avec nos paraplits, comme nous avions fait jus-
qu'alors, quoyque nous laissions pas encor d'être mouillés.
Nous arrivâmes à Cologne vers les 7 heures du soir, 6 lieux
de Bonn et 18 de Coblentz, ayant fait sur le Ehin 130
lieux de chemin depuis Lucerne jusqu'à Cologne. — 18 —
— 15 — Lundy, jour de la S^* Vierge, nous restâmes
transquilles dans notre couvent.
— 16 — Mardy, nous allâmes visitter les églises. Nous
-commenceâmes par celle des Dames Bénédictines où nous
(1) Linz,
(2) Clémeat-Âugnste, fils de Télectenr de Bavière, Maximilien-
Emmanael.
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40 DB LUXEMBOUBa À ROME ALLBB ET BBTOUB
vîmea le corps de S* Faschasii, Evêque et martyr, ayant
encor une flèche fixé au milieu du front. Nous y révé-
râmes les 7 têtes des Machabées et celle de leur mère, qui
respirent une odeur suave, et que l'on conserve au milieu
du maistre autel à costé de l'évangile. Nous y vîmes et
baisâmes la tête de S* Joachim, Père de la S** Vierge. On
nous fit encor veoir quantité d'autres têtes des saints et
des saintes, enchâssées dans des boustes d'argent. Nous
allâmes ensuitte à l'église de S** Ursule révérer son tom-
beau. Touts les tours (1) de l'église est garnis des corpa
saints dans des gros sépulchres de pierre, et même au mi-
lieu de l'église d'une costé et d'autre. Au bas de l'église s»
voit le puit où l'on jetta le sang des martyrs qui firent
rougir le Rhin. Toutes les murailles de ce fameux sanc-
tuaire sont garnis des ossemens des onze mille vierges, et
vers le bout il y a une assé grande chapelle séparée de
l'église, où nous vîmes la tête de S^' Ursule au milieu du
grand autel. Elle est fort petite et délicate, dans une bouste
d'argent; nous eûmes le bonheur de la révérer et de la^
baiser; aussy l'agneaux d'épousale & sa droite et la tête de
S^ Eutérius, Roy martyr, à qui elle étoit fiancée, à sa
gauche; la tête de la sœur de S^ Eutérius, aussy martyr.
Toutes les murailles de cette chapelle sont garnies des têtes
des S'** Vierges, compagnes de S** Ursule, dont plusieures
sont enchâssées dans des boustes d'argent rangées en belle
ordre à l'entour de la chapelle, les autres se voient travera
des vitres rangées en colomnes il y a à chaque colomna
environ 16 ou 20 de ces têtes, et ces colomnes sont en si
grande nombre qu'elles font tout le circuit de la chapelle
et en couvrent les murailles au dessus de ces boustes et
(1) Tout le tour.
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DE LUXBMBOUBG À BOMB ÂLLBB BT BBTOUB 41
de ces colomnes. Les murailles sont enoor couyertes d'une
infinité des ossemens des S^*' Vierges et martyres, qui étoient
à onze mille. L'église de S^ Ursule apartient à un collège
de dames Ohanoinesses ; ce lieu est si saint, que la terre ne
souffre pas qu'on y enterre qui que ce soit, et toutes le»
fois que l'on n'a éprouvé, on trouve le lendemain le cada-
vre déterré. On éprouva enfin d'y enterrer un enfant de
deux ans, fils d^upe princesse, et ce petit corps innocent
eut le même sort que les autres. Les preuves se firent par
deux reprises, et la terre se rejetta et le vomit par 2 fois
de son sein. Nous fûmes ensuitte en la Cathédrale, très
grande et large église qui n'est pas achevée selon le des-
sein commencé, qui auroit été un merveil (1). Nous eûme»
le bonheur d'y veoir les S*' Chefe de trois Eois Gaspar,
Melohior, Balthasar. Après les avoir réverré de bien près
et touché nos chapellets, nous allâmes à la sacritie veoir
les riches thrésors, consistant en quantité de reliquai-
res en or et en argent, en chandeliers d'or et d'argent
d'un art extraordinaire, en bouste d'argent en bon nom-
bre qui ont chaqu'un un tête de saint, la mittre et l'é-
pée de S. A., et quand il office une remontrance (2) d'or
avec des pierres précieuses et des bijoux d'une grosseur
extraordinaire et en quantité, le bâton pastoral de S^ Pierre,
qui a une pome ronde : il n'y a qu'une partie de ce bâton,,
le fourreau est d'or. De la nous allâmes au Couvent des
E.R. P.P. Conventuels. Leur église mérite d'être vue pour
sa beauté riante et élégagee; nous y vîmes en la sacritie,
entre quantité d'autres reliques, une partie du cranne de
S** Anne, un noed de la corde de S* Antoine de Padue, du
(1) Commencée en 1248, interrompue vers la fin du XV "• siècle^
la cathédrale de Cologne fut achevée de 1842 à 1880.
(2) manstrance.
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42 DE LUXBXBOUBa À BOMB ALLER ET BBTOUB
sang sortie des stigmates de S^ François, la tasse dont il
se servoit pour boire et hors de laquelle (1) nous bûmes
avec respect, de la 8^* Croix, &^. Nous vîmes aussy, en la
Cathédrale, du voille qu'avoit la S'*» Vierge lorsqu'elle as-
sista à la mort du Sauveur sur le Calvaire: il est blanc et
assé simple. La ville de Cologne est assé grande, majes*
tueuse par ses tours et ses cloches. Elle est bâtie en forme
de demie lune, conformément au cours du Bhin, qui en cet
endroit fait un demi cercle oval. Elle est à gauche de ce
costé icy du Bhin. Nous passâmes avec notre barque tout
le long de la ville auprès de quantité des gros bateaux
hoUandois jusqu'à vis à vis de notre Couvent, qui paroît
à l'extrémité en venant de Bonn. Ayant reçu beaucoup
d'amitié et de caresses chez nos Pères, le
— 17 — Mercredyj nous en partîmes de bon mattin.
Nous vînmes dîner à Kerpen, 4 lieux, chez M"" le Chanoine
Beyer, grand ami de l'ordre, qui nous reçu avec beaucoup
de charité et nous traitta magnifiquement et de bon cœur.
Pendant deux heures et demie que nous fumes chez luy
il ne désista point de pleuvoir, si non lorsque nous en sor-
tîmes. Nous arrivâmes vers les 6 heures à Dûren ou Mar-
coduruniy 3 lieux. Arrivé à Dtîren, ville du Duché de Jul-
lier, assé belle, où il y a garnison de l'Electeur Palatin (2),
nous y reçûmes tous les devoirs de la charité la plus obli-
geante. Le Couvent est au milieu de la ville, encor tout
neuve et très beau: c'est le noviciat. Il y a dans l'église
une Vierge miraculeuse très petite. — 7 —
— 18 — Jeudy, à la sortie de Dtiren, à un petit quart
d'heure de là, nous passâmes la rivière de Bure (3), rivière
(1) Sic,
(2) Le daohè de Jnliers app&rtîat dès 1666 an PaUtinat-Nenboo^.
(8) Roer,
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DB LUZBMBOUBa À BOME ALLSB ET BBTOOB 43
qui va sans boucher à la Meuse à Buremonde. Tout ce pals
du Duché de Julier est très beau et fertil. On voit de là
la ville de Julier, qui n'en est éloignée que de 3 lieux.
Ayant passé auprès de 3 ou 4 villages, nous arrivâmes au
Château de Botgen vers les 11 heures, 4 lieux, où M** le
Baron de Bourscheid et Madame son épouse nous firent
mille caresses et amitié, y proportionnant un bon dîné.
Nous ayant délivré de leur invitation gracieuse pour y soup-
per et loger, nous poursuivîmes notre route, cottoyant les
montagnes de Stolberg, où il y a quantité des forges et
des fourneaux en cuivre. Jusqu'à Aix la Chapelle 3 grands
lieux. — 7 —
— 19 — Vendredy, nous séjournâmes ^ Aix la Chapelle
et fûmes prendre les bains en une bonne bande pour nous
relaver de notre voyage. L' après midy nous fûmes veoir le
basilique de Notre Dame Belle Eglise, que Charles Le Magne
fit bâtir (1), où il y mit quantité de belles et fameuses
reliques comme la ceinture de la S^ Vierge, de filet, celle
du Sauveur, qui est de cuire, la pointe d'un doux avec
lequel notre Sauveur fut attaché en Croix, des feuilles. et
£eurs de la verge d'Aaron, un dent de S*' Catherine, le
bras gauche de Charlemagne, une pièce de la corde avec
laquelle Notre Seigneur eut les mains liées dans sa Passion,
une épine de la Couronne du Seigneur, une pièce du roseau
que les Juifs luy mirent en mains et du suaire qui a. cou-
vert son visage au sépulchre, un anneau de la chaîne avec
laquelle S^ Pierre a été garotté, du sang de S^ Etienne
l*' martyr, sur lequel les Rois des Romains prestent leurs
serment le jour de leur sacre, une partie du bras du vieu
(1) De 796 à 804. Les siècles suivants, du XI1I»« au XVIl»*,
ont apporté leur tribut à renrichissement du monament primitif.
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44 DE LUZBMBOUBa À BOME ALLEE ET BETOUB
Siméon, l'Image de la S^ Vierge peinte par S' Luc, que
Cbarlemagne portoit tonjonr au col. Nous vîmes de plus
à Âiz la Chapelle des cheveux de la S** Vierge, le bras
droit de Cbarlemagne, son livre d'Evangile, écrit en lettres
d'or sur des écoroes d'arbre bleuâtres, lequel fut trouvé
dans son tombeau, et sur lequel les Bois des Romains pres-
tent pareillement leur serment, des cheveux de S* Barthé-
lemi et de S^ Jean Baptiste, un dent de S^ Thomas apôtre,
une pièce de la S'* Croix, que S^ Cbarlemagne portoit sur
luy, son épée, son corne de chasse, des osses de divers saints
en quantité, un Agnus Dei dont le Pape Léon fit présent
à Cbarlemagne &*. Voilà ce qu'on apelle jusqu'icy les pe-
tites Beliques, et que nous eûmes le bonheur de révérer
les grandes Reliques, qu'on ne montre que tous les 7 ans^
sont gardées dans une grande châsse d'argent d'orrée, bien
travaillée et enrichie de pierres précieuses (1), qui est au
dessus de l'autel de Notre Dame. On y conserve: l*' la robe
blanche de la S** Vierge, de laquelle elle étoit vêtue lors-
qu'elle enfanta notre Sauveur à Bethléem: elle est tissée
de coton; 2^ les linges ou maillots du Sauveur dont parle
l'ange au cap. 2^ de S^ Luc; 3"* le linge sur lequel fut dé-
capité S^ Jean Baptiste, et dedans lequel son corp décapité
fut envelopé et emporté: il est encor plein de marques vi-
sibles de sang, il est fort fin et grand comme un linceul ;
4^ Ip linge dont notre Sauveur fut couvert & l'arbre de la
Croix, et dans lequel on voit clairement les marques de
son précieux sang: il est d'une toille fort grosse, on donne
la Bénédiction avec iceluy, &*, et il excite par une vertu
céleste les larmes et les soupirs des spectateurs. On con-
(1) De style roman (1220).
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DB LUXEMBOURG À ROME ALLER ET RETOUR 45
serve anssy dans la même châsse ane cassette d'argent
d'orrée dans laquelle il y a des reliques inconnues qu'on
ne découvre point. Ces mots sont gravés sur la cassette-.
Noli me tangere, c'est à dire: qu'on ne me touche point-
On donne la Bénédiction avec cette cassette toutes les fois
qu'on ouvre la châsse pour en tirer les grandes reliques,
et lors qu'on les remet. Il y a encore quantité d'autres
reliques dans les autres églises et monastères. Charlemagne
fut enterré dans cette belle Basilique. Au milieu de l'église,
il y a une grande couronne d'or, d'argent, et autres mé-
taux, qui pend au dessus de sa sépulture (1). La chaire
prêchoire est couverte de lames d'or, il y a au milieu une
pierre d'agate d'une grosseur extraordinaire. Le grand autel
est aussy revêtu de lames d'or. La maison de ville est aussy
digne d'être vue (2).
— 20 — Samedy, ayant reçu pendant notre séjour toutes
les marques et les effets d'une véritable charité dans notre
Couvent, qui est au milieu de la ville, nous partîmes vers
les 7 heures et arrivâmes à Neaux un peu après 11 heures.
Nous y restâmes 8 jours. Ayant examiné l'étude (3), nous
en partîmes le . . . — 4 —
— 29 — Lundy, et vînmes loger au Bâtisse à la Pos-
terie — 4 —
— 30 — Mardy, nous arrivâmes pour le dîné à Liège
— 4 -
Mercredy nous reprîmes la barque pour Huy
— 6 —
(1) Cette ooaronne fîit donnée par Frédéric Barberoasse en 1166.
(2) (1353-1376).
(3) C'est-à-dire ayant fait subir des examens aux étudiants (sco-
lastiques) du couvent de Neaux.
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46 DB LUXBMBOURa À BOME ALLBB ET BBTOUB
Septembre 1740. .
Jeudy nous continuâmes par barque jusqu'à Namur.
— 6 —
Allant à Borne 545 lieux*
En revenant de Eome 388.
Et puis avant de partir de la province 120.
Total 1.063 lieux.
Albbbt Lamy.
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LES COMPTES DU DIOCÈSE DE BORDEAUX
DE 1816 A 14&3
D'APRÈS LES ARCHIVES DE LA CHAMBRE APOSTOLIQUE
{Voir les Annaies de Samt-LouiS'des-jn'ançais, juillet 1860 et octobre 1900)
IX.
Série des Obligations {suite).
{t. 37, Coll. 338, f. 38). TJniversie etc. Arnaldus etc. Ad
-aniversitatis etc. quod — Helias, arc. Bu., pro comple-
mento co. ser. d. Bernardi, antepredeoessori sni in quo etc.
septuaginta â. aari Camere ap°% item p. p. p. co. ser. d.
Amanevi, antepredecessoris sni, quadringentos et triginta fl.
auri Oamere ap** necnon p. p. p. IIIP' serviciorum fa-
miliarium sexaginta unam fl. auri, XIII s., VIII den. et
obol. monete avinionensis per manus d. fr. Iterii Alecti,
monachi mon. de Fontanellis, di Lucion., et d. Helie Ser-
vientis, archidiaconi Petragorioensis, — aolvi fecit, de qui-
bus etc. In quorum etc. Datum Avinione, die quarta dec,
anno [MCCC]LX* quarto.
(f6., f. 6P). Universis etc. Arnaldus etc. Ad universi-
tatis etc. quod — Guillermus, abbas mon. S. Aomani de
Blavia —, p. p. p. sui co. ser. in quo etc. quinquaginta fl.
-auri Camere ap*'* necnon p. p. p. IIII*" serviciorum etc.,
decem fl. auri clericis etc. per manus fr. Johannis de Mar-
'saco prepositi ejusdem mon. die date presentium solvi fecit,
de quibus etc. Verum, intellecta — , etc., eidem d. abbati
terminum usque ad — duximus prorogandum, ita tamen etc.
Insuper ipsum etc. In quorum. Datum Avinione, die ultima
feb., [anno MCCOLXV**].
(ti., f. 9P). Universis etc. Arnaldus etc. Ad universi-
tatis etc. quod — fr. Hugo, abbas. mon. Silve maj. — , p. p. p.
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48 LfiS COMPTES
sui co. ser. in quo eto. sexaginta fl. auri Camere ap"" neonon
p. p. p. ini"' servioiorum etc., duodecim fl. auri cleriois
Camere eto. per manus d. Guidonis de Tacxeriis, operarii
Montis Salvi, die date presencium solvi fecit, de qaibus etc.
Verum, intellecta — , eidem abbati terminuin nsque — dnxi-
mus prorogandum. In quorum eto. Datum Avinione, die
ultima mensis jnlii, anno [M**CCC*]LXV*.
{ih, f, 99). Universis etc. Arnaldus etc. Ad universi-
tatis etc. quod — fr. Qeraldus, abbas mon. S. Salvatoris
de Blavia — , p. p. p. sui co. ser. in quo etc. quadra-
ginta Otto fl. auri ap" Camere, neonon p. p. p. IIIP' ser-
vioiorum etc. duodecim fl. auri cleriois Camere etc., per
manus Aymerioi Lamberti, clerici et f^miliaris sui die
date presentium solvi feoit, de quibus etc. Verum, intel-
leota — , eidem d. abbati terminum usque — ducimus pro-
rogandum, ita tamen eto. In quorum eto. Datum Avinione,
die XXV mensis sept., anno [M'^CCC^JLX quinto.
(fô., f. 116^), Universis eto. Arnaldus etc. Ad universi-
tatis etc. quod, intellecta mole — pro parte — fr. Hugonis,
abbatis mon. Silve maj. — , nobis exposita etc., eidem d.
abbati terminum usque — duximus prorogandum, ita ta-
men etc. In quorum etc. Datum Avinione, die penultima
mensis ottobris, anno [M'^CCC^'JLX quinto.
{ib,, f, 123). Universis etc. Arnaldus eto. Ad universi-
tatis etc. quod — Helyas, arc. Bu., p. p. p. co. ser. d. Ama-
nevi, predecessoris sui, — in quo etc., quadringentos nona-
ginta fl. auri et XIII s. Camere ap** neonon p. p. p. IIII"'
servioiorum etc. septuaginta unum fl. auri, XII s. cleriois
Camere etc., per manus d. Helye Servientis et Helye Ja-
nuarii die date presencium solvi feoit, de quibus eto. Verum,
intellecta — , eidem d. archiepiscopo terminum usque —
duximus concedendum — . In quorum etc. Datum Avinione,
die XXII dec, anno [M^CCC^JLX" quinto.
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DU DIOCÈSE DE BOBDBAUX 49
(i6., f. 127^). Universis etc. Amaldus etc. Ad universî-
tatis eto. quod — fr. GaucelinnR, abbas mon. S. Pétri de
Insula — , p. p. p. sTii co. ser. in quo etc., quadraginta fl.
auri Gamere ap** necnon p. p. p. IIII**' serviciorum eto.
decem fl. aari clericis Camere eto. per manns Gnillermi
-de Laycherano, familiaris sai, die date presencinm solvi
fecit, de qnibus eto. Et qnia nondum Nobis sen Collegio —
oardinalium faota aliqaa relaoio de obligaoione per ipsum
d. abbatem facta in partibas racione sni oo. ser. et quinque
«ervicioram familiarium et offioialiam — Pape et dictoram
d. oardinalium per eum debitorum, coram oommissario per
Nos et — Gnillermnm, tit. S. Marie in Transtiberim presbi-
terum cardinalem et dicti Collegii camerarium snper hoc de-
putato, eidem d. abbati mandamns sub pena exe*' — qnat.
infra festum Nativ. beati Jobannis Baptiste proxime futa-
ram obligationem per ipsum factam de sue oom. ser. et
quinque serviciis familiarium et offîcialium predictorum
ooram comissario predicto sub bono instrumente publico
eidem comissario assignare procuret Nobis aut Collegio
predicto per dictum comissarium expensis ipsius d. ab-
batis transmittendum et quod de residuo débite racione
dicti sui co. ser. Camere ap*" necnon quatuor serviciorum
familiarium et ofSoialium et ipsius — Pape sub pena pre-
dicta infra festum predictum integraliter satisfacere teneatur.
Alioquin, si in dicto termine non satisfecit, de premissis
pénis et sententiis quibus antea tenebatur sit astrictus.
Insuper etc. secum super irregularitate etc. In quorum etc.
Datum Avinione, die XIX jan., anno (M*^CCC**]LXVr.
(ib., f. 13(y), Universis etc. Amaldus etc. Ad univer-
sitatis etc. quod, intellecta — pro parte — fr. Hugonis,
abbatis mon. Silve maj., — , nobis exposita etc., eidem
d. abbati terminum usque — ducimus prorogandum, ita ta-
men etc. In quorum eto. Datum Avinione, die penultima
jan. [M-CCOXXVrj.
AbbaIm d« 8.-L.-d -F. 4
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50 LBS OOMPTB8
(ib., f. 140). Universis etc. Arnaldus etc. Ad universita-
tis etc. quod — fr. Gnillermns, abbas mon. S. Romani de
Blavia — , p. p. p. sui co. ser. in quo etc. quinqaaginta^
fl. auri, XIII s. et IIIP' den. Camere ap^'jnecnon p.p. p.
IIII" serviciorum etc. duodeoim fl., XII b. et VHP den-
clericis etc. per manus Pétri Arquerii, fratris sni, die date
presentium solvi fecit, de quibus etc. Verum, intelleota — ^
eidem d. abbati terminam nsqiie — ducimus prorogandnm^
ita tamen etc. Insuper etc., secum super irregularitate etc.
In quorum etc. Datum Avinione, die XX mensis marcii,.
anno {M*COC"]LX sexto.
(•6., f. 144"). Universis etc. Arnaldus etc. Ad universi-
tatis etc. quod, intellecta — , pro parte — fr. Hugonis, ab-
batis mon. Silve maj. — , ezposita etc., eidem d. abbati
terminum usque — , ita tamen etc. In cujus etc. Datum
Avinione, die quarta mensis apr., anno [M*'CCC°j sexage-
simo sexto.
(«6., f. 153). Universis etc. Arnaldus etc. Ad universita-
tis etc. quod — fr. Gaucelinus, abbas mon. S. Pétri de In*
sula — , pro complemento sui co. ser. in quo etc., quadra*
ginta fl. auri Camere ap*"", necnon pro complemento sui oo.
ser. in quo etc., quadraginta fl. auri Oamere ap"^, necnon
pro complemento IIII**' serviciorum etc. sex fl. auri, XXI
s., X den. clericis Camere etc. per manus d. Itaymu[n]di
Bernardi de Roquerio.
(t, 38, Coll. 339, f, 21). Universis etc. Arnaldus etc. —
Helyas, arc. Bu., p. p. p. oo. ser. d. Amanevi, predecessori
sui, in quo etc. quadringenta fl. auri Camere ap'*, et p. p. p.
IIII"'' serviciorum ac sexaginta quatuor fl. auri clericis etc.
per manus d. Johaonis, prepositi canonioi Bu., solvi fecit, de
quibus etc. habuit dilacionem — , ita tamen etc. In quorum
etc. Datum Rome, die XXIX nov., anno [MCCC]LXVII^
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PU DIOOàSB X>3 90BDEAUX 51
(ifr., /l 23). Univ^nis etc. Amaldus etc. quod — HagOi
abbas mon. Silve maj., — p. p. p. sui oo. ser. in quo eto.
qnadraginta â. anri et p. p. p. IIIP' serviciorum etc. no-
vem fl. anri, viginti unnm sol., IIII'" den. monete avinion.
per manns Bertrandi de Veyraco, mag. hospitalis d. Pape,
solvi fecit, de qnibue etc. habnit tenninnm — , ita ta-
men etc. — In qnornm. Datnm Borne, die XXVIII sept.^
anno [MCCC]LXVII.
(»6., f. 66^). Univerflis etc. Amaldus etc. qnod — Ge-
raldus, abbas mon. S. Salvatoris de Blavia, — pro oomple-
mento sui co. ser. pro quo erat Camere d. nostri obligatns^
quinqnaginta quatuor fl. auri Gamere ap*"* necnon pro
complemento 1111^"" serviciorum familiarium et officiaiium^
tresdecim fl. auri et XIII sol. monete ourrentis avinion.
clerici Camere recipientibus per manns Aymerici Lamberti,
familiaris sui, die date presencium solvi fecit, de quibus
sic solutis etc. Insuper etc. Secum nichilominus etc. [super
irregularitate dispensante]. In quorum. Datum Rome apud
S. Petrum, die XIX apr., anno [MCOClLXVIir.
III fl., III gros, [computati sunt].
(*ô., f. 83). Universis etc. Amaldus etc. quod — Hugo,
abbas mon. Silve maj., — , p. p. p. sui co. ser. in quo est Ca-
mere obligatus, quinqnaginta fl. prefate Camere, necnon
p. p* p. IIII''' serviciorum familiarium et officialium decem
fl. auri clericis — per manus fr. Badulphi Litonis, monachi
dicti mon., die date presentium solvi fecit, de quibus etc»
babuit quitantiam. Verum, intellecta etc., auctoritate etc.^
usque ad festum — terminum duximus prorogandum, ita
tamen etc. In quorum etc. Datum Bome^ apud S. Petrum^
die XIIII mensis apr., anno [MCCCJLXVIIP.
II fl., II gross.
(«6., /". 127). Universis etc. Amaldus etc. quod, intel-
lecta etc. p. p. — Helie, arc. Bu., coram Nobis etc. usque
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52 LES 0OMPTB8
ad — , ita tamen etc. Insuper etc. Secum etc. Datnm Borne,
die XVI dec, anno [MCCC]LXVIII.
m fl., III gros.
(•6., f. 164% Universis etc. Arnaldus etc. quod, intel-
lecta etc. p. p. — Helie, arc. Bu., coram Nobis etc. quas ra-
tione sni co. ser. etc^ auctoritate etc. eidem d. archiepiscopo
terminam usqne ad festnm — duximiis prorogandum, ita
tamen etc. In quorum etc. Datum !Bome, apud S. Petrum,
die vicesima noua martii anno [MCCC]LXIX''.
(tô., f, 169"). Universis etc. Arnaldus etc. quod Helias,
arc. Bu., p. p. p. sui co. ser. in quo etc. ducentos quinqua-
ginta fl. auri clericis etc. recipentibus, per manus d. Johan-
nis, prepositi canonici Yastinen., die date presentiam soivi
fecit, de quibus etc. habuit quietantiam. Verum, intellecta
etc. quas ratione sui com. ser. et quatuor serviciorum etc.
auctoritate etc. eidem d. archiepiscopo terminum usque ad
— dnximus prorogandum ; ita tamen etc. In quorum etc.
Datum Rome, apud S. Petrum, die quinta mensis apr.,
anno MOCCLXIX^
ni fl., m gross.
(té., f. 203^). Universis etc. Arnaldus etc. quod, intellecta
etc. pro parte — Guillermi, abbatis mon. S. Romani de
Blavia — , coram Nobis, etc., quas ratione sui co. ser. et
quatuor serviciorum etc., auctoritate etc. usque ad — ter-
minum sibi duximus prorogandum, ita tamen etc. Insuper
ipsum d. abbatem etc. dnximus absolvendum, secum etc.
dispensantes. In quorum etc. Dat. apud Montemflasconem,
die quarta décima mensis julii, anno [MCCC]LXIX°.
III fl., m gross.
(e6., f. 217). Universis etc. Arnaldus, etc. quod, intellecta
etc. p. p. — Helie, arc. Bu., coram nobis etc., quas ratione
sui co. ser. Camere ap""* ac familiaribus et ofScialibus etc.,
auctoritate etc. usque ad — terminum sibi duximus proro-
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DU DIOCÂSB DE BOBDEAUX 53
gandam, ita tamen etc. In cajas etc. Datnm Borne, apnd S. Pe*-
trum, die penultima mensis oct., anno Domini MCCCLXIX^.
I fl., II gross.
{ib.j f. 223). Univereis etc. Arnaldus etc. qnod, intel-
leota eto. pro parte — H., arc. Bu., coram nobis etc., quas
ipse ratione sui oom. ser. Camere ap""* ac familiaribus et
officialibns etc., auctoritate jdtc. usque ad — terminum eibi
dnximus prorogandum, ita tamen etc. In cujus etc. Datum
Borne, apud S. Petrum, die penultima mensis novembris,
anno MOCCLXIX^.
I fl., II gross.
(«6., f, 235). Universis etc. Arnaldus etc. quod — Helias,
arc. Bu., p. p. p. partis sui co. ser. in quo etc. ducentos quin-
quaginta â. auri prefate Camere necnon et p. p. p. IIII''''
serviciorum etc. quinquaginta il. auri per manus d. Johan-
nis, prepositi procuratoris sui, die date presentium solvi
fecit, de quibus etc. usque ad — terminum sibi duximus
prorogandum, ita tamen etc. In quorum etc. Datum Bome,
apud S. Petrum, die V' jan., anno M*'OOCLXX^
III fl., III gross.
(»i., f. 288). Universis etc. Arnaldus etc., quod, intel-
lecta etc., pro parte — Helie, arc. Bu., coram nobis etc.,
quas ratione sui co. ser. Camere ap*"* ac familiaribus etc.,
auctoritate etc. usque — duximus prorogandum, ita ta-
men etc. In quorum testimonium Nos Guillermus etc. Da-
tum apud Montemflasconem, die ultima mensis maii, anno
[MCCCJLXX^.
I fl., II gross.
(t. 39^ Coll. 340, f. 24). Universis etc. Arnaldus etc.
quod — Helias, arc. Bu., p. p. p. sui co. ser. in quo etc. cen-
tum viginti quinque fl. auri Camere, nec non p. p. p. 1111*»'
serviciorum etc. viginti quinque fl. auri clericis etc. reci-
pientibus, per manus d. Johannis, prepositi canonici Yasti-
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54 LAS GOlffFniS
nen., Bituricen, di. «^ solvi fecii, de qnibas ertc. faabuit quie*-
tftntiam. Vérnm, intellecta etc., auotoriUte etc. usque ad —
terminum duximas prorogandum, ita tamen etc. In quo-
rum, etc. Datum Avinione, die IX ottobris, anno MGCCLXX.
III il., m gr088.
(tft., f, 43^). Univerais etc. Arnaldus etc. quod — He*
lias, arc. Bu., p. p. p. sui co. ser. in quo etc. quadrin-
gentos seidecim fl. auri,. decem et otto sol. et otto den.
monete avinion. prefate Oamere nec non p. p. p. IIII*' ser-
vioiorum etc. ottuaginta très 11. auri, novem sol. et qua-
tuor den. dicte monete, clericis etc. recipientibus, per ma-
nus d. Johannis, prepositi canonici de Yastino Bituricen.
di., — solvi fecit, de quibus etc. habuit quietantiam. Ve-
rum, intellecta etc., auctoritate etc. nsque ad — terminum
sibi prorogandum, ita tamen etc. Insuper etc. In quorum etc.
Datum Avinione, die XXVIII mensis nov., annoMCCCLXX.
m fl., III gross.
(tJ., f. 87''). Universis etc. Arnaldus [etc.] quod — Petrus,
abbas mon. S. Romani de Blavia — i p* p* P- s^i co. ser.
in quo etc. octuaginta fl. auri prefate Camere, nec non p. p. p.
mi"' servitiorum familiarium etc. decem et VII fl. auri
clericis etc. recipientibus, per manus d. Banulphi de Ma-
yinh (?), sacriste dicti mon., — solvi fecit, de quibus etc.
habuit quittantiam. Verum, intelletta etc. auttoritate etc.
usque ad — terminum sibi duximus prorogandum, ita ta-
men etc. In quorum etc. Datum Avinione, die IX mensin
apr., anno MOCOLXXI.
II fl., II gross.
(i6., f. 183''). Universis etc. Petrus etc. [arc. Bituricen.,
d. Pape camerarius] etc. quod, intelletta parte — Helie,
arc. Bu., coram Nobis etc., quas ratione sui et predeces-
sorum suorum communium serviciorum et IIII*' servicio-
rum familiarium etc., auttoritate etc. usque ad — terminum
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DU DiocésB J>n BoirDBÂUX 55
^ibi duximixs prorogancbam, ita tamen etc. In quoram etc.
Datnm Avimone, die- XXVII nov., anno MCCOLXXI.
I fl., II gross.
(«6., f. 200). Universis etc. Petrus etc. quod — Papa in
Oonsistorio, de voluntate et communi consensn dominorum
cardinalium, ad supplicacionem et reqnestam pro parte — Ar-
naldi, abbatis mon. S. Salvatoris de Blavia, — ac conventus
«dicti mon., factam ex certis, justis et rationabilibus causis,
ejus avinion. roonete totum servicium debitum racione sue
nove promotiouis Camere ap"*** et collegio antedictis cum
aliis quinque serviciis debitis familiaribus et offioialibus
d. nostri Pape et dominorum cardinalium predictorum,
dictis abbati et conventui ac monasterio, prout in litteris —
Ouillermi, — tituli Stephani in Celimonte presbiteri car-
dinalis, sacri Collegii — Cardinalium, super dicta remis-
sione et sub data presencium sibi concessis yidimus con-
tinerii ista vice graciose remisit. ITnde Nos, Petrus, arc.
et camerarius prefatus, de ipsius d. nostri Pape mandate
et auttoritate Nobis in hac parte commissa — , abbatem
et conventum ac monasterium supradict. de dioto servicio
cnm aliis quinque serviciis familiarium et officialium —
quantum dictam Cameram contingit et tangere potes t, ab-
«olvimus — . In cujus etc. Datum Avinione, die XXVII nov.,
anno [MCCC]LXX1.
II fl., II gross.
{ib.,f. 240). Universis etc. Petrus etc. qnod — Helias, arc.
Bu., p. p. p. co. ser. d. Philippi, predeceasoris sui, in quo etc.,
ducentos quinquaginta très fl. auri, viginti IIII*' sol. mo-
nete avinion. ditte Camere nec non p. p. p. IIII*»' servi-
oiorum etc., quadraginta sex fl. auri, IIII**' sol. dicte mo-
Bete clericis etc. reoipientibus, per manus d. Johannis de
Crota, rectoris eccl, de Corinhiac Bu. di., — solvi fecit, de qui-
bus etc. Verum usque ad festnm — , ita tamen etc. In quo-
mm etc. Datum Avinione, die XIII mensis apr., anno
[MCCOJLXXII.
m fl., m gross.
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56 LB8 OOMPTB8
{ib., f. 248). Universis etc. Petrua etc. qnod — Petms^
abbas mon. S. !Boxnani de Blavia, — , p. p. p. 8ui co. ser.
in quo etc., quadraginta unnm fl. auri, novem sol., IIU den.
monete avinion. ditte Camere, nec non p. p. p. IIU'" ser-
viciornm etc. otto fl. auri, decem et otto sol. dicte monete,.
clericis etc. recipientibas, per manus d. Helie Peleti, die
date presencium 8olvi fecit. De quibns etc. Yerum etc.,.
usque ad — termioum sibi duximas prorogandum, ita ta-
men etc. Datum Âvinione, die XXIIII'' mensis martii,.
anno [MCCCJLXXII.
III fl., III gross.
{ib., f. 346). Universis etc. Petrus etc. quod — Helias,.
arc. Ba., p. p. p. sni co. ser. in quo etc. ducentos quin-
quaginta novem fl. auri, sexdecim den. monete avinion.
Camere ap*' , nec non p. p. p. IIII**' serviciorum etc. quin-
quaginta unum fl. auri, viginti duos sol. et otto den. dicte-
monete per manus fr. Bernardi de Forcia — solvi fecit^
de quibus etc. Verum etc., usque ad — , ita tamen etc., in
quorum etc. Datum Avinione, die penultima nov., anno
[MCCC]LXXII.
III fl., m gross.
{ib., f. 348). Universis etc. Petrus etc. quod — abbas
mon. S. Komani de Blavia, — , p. p. p. suico. ser. in quo etc.
septuaginta fl. auri, decem et novem sol. et septem den..
monete avinion, Camere ap'* , nec non p. p. p. IIII'^' ser-
viciorum etc. XIIII fl. auri XXIIII"' sol. et otto den. ditte^
monete clericis etc., per manus d. J. de Marsaco, preposito-
dicti mon., die date presentium solvi fecit, de quibus etc.
Verum etc., usque ad — , ita tamen etc. Insuper — . In quo-
rum, etc. Dat. Avinione, die XV dec. anno [MCCCJLXXII.
un fl., un gross.
{t. 40, Coll. 341, f. 41). Universis etc. Petrus etc. quod
d. fr. Baymundus, abbas mon. Silve maj. — , p. p. p. sui
co. ser. in quo etc. quinquaginta fl. auri dicte Camere, nec-
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DU DIOCÈSE DB BORDEAUX 67
non p. p. p. mi''' servicioriim etc. duodeoim fl. aari cle-
ricis etc. per manus suas — solvit, de quibus etc. Ve-
rnm etc., usque ad — , ita tamen etc. In quorum etc. Datum
Avinione, die XXI mensis aprilis, anno fMGCGJLXXIII.
II fl., II g.
(«6., f. 72). Universis etc. Petrus etc. quod — Helias,^^
arc. Bu., p. p. p. sui et suorum predecessorum communium
serviciorum in quo etc. trescentos triginta fl. auri dicte
Camere, necnon p. p. p. IIII*'' serviciorum etc. septuaginta
fl. auri cleriois etc. per manus d. Bernardi de Forcia, priore
de Oabena, tempore débite solvi fecit, de quibus etc. Ve-
rum etc., usque ad — , ita tamen etc. In quorum etc. Datum
Avinione, die XXIII junii, anno [MCCCjLXXI^^
m fl-, m g.
(i6., f. 100). Universis etc. Petrus etc. quod — Ray-
mundus, abbas mon. Silve maj., — p. p. p. sui co. ser. in
quo etc. viginti quinque fl., quatuordecim sol. monete avi-
nion. prefate Camere, necnon p. p, p. IIIP' serviciorum
etc. sex fl. auri clericis etc. per manus suas tempore debito
solvi fecit, de quibus etc. Verum etc., auctoritate etc., usque
ad — , ita tamen etc. In quorum etc. Datum Avinione, die
XXVIII mensis sept., anno [MCCC]LXXIII^
n fl., II g.
(tô., f. 122^). Universis etc. Petrus etc. quod — Helias,
arc. Bu., pro complemento sui et dominorum Bernardi
Amonevi {sic) et Philip pi, predecessorum suorum, com*
munium serviciorum, in quo etc. ducentos nonaginta qua*
tuor fl. auri, sexdecim sol., quatuor den. monete avinion.
dicte Camere, necnon pro complemento IIII'*' serviciorum etc»
quatuor fl. auri, viginti quinque sol., unum denarium dicte
monete clericis etc., per manus d. Stepbani Ortiti, canonici
Bu., — solvi fecit, de quibus etc. In quorum etc. Datum
Avinione, die XXVIir mensis nov., anno (MCCCJLXXIII**
II fl., n g.
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58 LH8 GOM'PTBS-
(«6., f, 161). Universis etc. Petrua etc. quod — Pstru»,
abbas mon». S. Bomani de Bhtvia — , p. p. p. sui co. ser. in
q.ao etc. deoem et ooto fl. anri, sexdecitn- sol. monete avi-
nion. Camere ap«*, necnon p. p. p. quatuor serviciorum etc.
très il. auri, viginti quinque sol. dicte monete elericiffetc.,
per manus Pétri de Butella, prepositi S. Romani de Blavia,
de quibus etc. Verrum etc., usque ad — , ita tamen etc.
Insuper etc. secum etc. Datum Âvinione, die vicesima tercîa
menais febroarii, anno [MCCCJLXXIIII**.
IIII fl., IIII g.
(i6., f. 190). Universis etc. Petrus etc. quod, intellecto etc.
p. p. — Baymundi, abbatis mon. Silve maj., — , di., coram No-
bis quos racione sui ac d. fr. Hugonis, predecessoris sui,
communium serviciorum etc. et 1111°' serviciorum etc. usque
ad — , ita tamen etc. In cujus rei etc. Datum Avinione, die
XXVII mensis apr., anno [MOCC]LXXIIII^
I fl., II g.
(ib., f. 221). Universis etc. Petrus etc. quod, intellecta
pro parte d. fr. Raymundi, abbatis mon. Silve maj. — , coram
Nobis etc., quas tam racione sui co. ser. et IIII'^' serviciorum
etc. quam Hugonis, predecessoris sui, auctoritate etc. usque
ad — , ita tamen etc. In quorum etc. Datum Avinione, die
IIII»' mensis sept., anno [MCCC]LXXmi'«.
I il., Il g.
(tô.,/! 22r) Universis etc. Petrus etc. quod — Johannes,
abbas mon. S. Pétri de Insula in Medulco — , p. p. p. sui co.
ser. in quo etc. tresdecim fl., tresdecim den. monete avinion.
Camere prefate, necnon p. p. p. IIIP' serviciorum etc. duos
fl. et duos den. dicte monete clericis etc. per manus d. Helie
Peleti solvi fecit, de quibus etc. Verum etc., usque ad — ,
ita tamen, etc. Insuper etc. In quorum etc. Datum Avi-
nione, die XXVI aug., anno [MCCC]LXXIIir*.'
III fl., III g.
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DU DI0GÉS8 DS BOBDBAUX 59'
(ib.^ f. 226). Universis etc. Petrus etc. quod, inteilecta etc.
p. p. — Pefcri, abbaAis mon. S. Bomam de Bkvia — ooram
Nobis etc., quaa racione aui co. ser. et IIII**' serviciorum, etc.
usqne ad — , ita tamen etc. In qnomni etc. Datnm Avinione,
die nil sept., anno [MCCCJLXXIin'».
I fl., II g.
(fé., f. 263), Universis etc. Petnis etc. quod — Raymun-
dos, abbas mon. Silve maj. — p. p. p. sni co. ser. in qno etc.
undecim fl. auri, novem sol. et quatuor den. monete avi-
mon. Camere prefate, necnon p. p. p. IIIP' serviciorum etc.
duos fl. aari, decem et octo sol., ooto den. monete predicte
olericis etc. persolyit manualiter, de quibus etc. Verum, in-
teilecta etc., usque ad — , ita tamen etc. In quorum etc.
Datum Avinione, die penultima mensis oct., anno [MCCC]-
Lxxini**.
II fl.. Il tur.
(«. 41, Coll. 342, f. 26), Universis etc. Petrus etc. Ad
universitatis vestre etc. quod — Raymundus, abbas mon.
Silve maj. — p. p. p. sui co. ser. in quo est etc. tresdecim
fl. auri Camere prefate, nec non parte partis quatuor servi-
tiorum familiarium etc., très fl., viginti den. monete avi-
nion. clericis etc. recipientibus per manus suas proprias etc.
de quibus etc. Verum, inteilecta mole etc., usque ad — ita
tamen etc. In quorum etc. Datum Avinione, die XXVIII
mensis feb., anno [MCCCjLXXVo.
II fl., II g.
(tft., f. 39), Universis etc. Petrus etc. Ad universitatem etc.
qnod, anno et die infrascriptis — d. noster Papa in Oonsis-
torio, de voluntate et communi consensu sacri Collegii —
ad supplicationem et requisitionem — Baymundi Bernardi,
abbatis mon. Silve maj. — et conventusdicti mon., ex oertis,
jnstis et rationabilibus causis ejus animum moventibus, me-
dietatem illius summe que restât ad solvendum pro se tan-
tum ap** Camere et Collegio, tam pro suo com. servitio quam
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60 LES COMPTES
quinque servitiis familiarium et officialium dioti d. — Pape
et d. Cardinalium predictorum, cujua quidem summe me^
dietas, quantum tangit Cameram ap"^"*, est [tam] pro corn-
servicio quam quinque servitiis familiarium et officialium
— Pape triginta quinque fl., octo. sol., quatuor den., dictis
abbati et conventui in memoriam presencium graciose
remisit, Unde Nos, camerarius, de ipsius* d. d. Pape man-
dato et auctoritate Nobis in hac parte commissa, dictes
dominum abbatem et conventum ac monasterium supradic*
tum de medietate dicte summe et quatuor serviciorum pre-
dictorum, — , absolvimua tenore presentium et quitamus. In
quorum etc. Datum Avinione, die XX mensis martii, anna
[MCCC]LXXV^
I fl., II g.
(té., f. ôr), Universis etc. Petrus etc. Ad universitatis etc.
quod — Raymundus, abbas mon. Silve maj. p. p. p. sui .co.
ser. in quo etc. quinqnaginta fl. auri de Ca. predicte Camere
nec non p. p. p. quatuor servitiorum familiarium etc. unde-
cim fl. auri, decem et novem sol. clericis etc. recipientibu»
manualiter, tempore debito, sol vit, de quibus etc. Yerum etc.,
usque ad — , ita tamen etc. In quorum etc. Datum Avi-
nione, die XVn* mensis apr., anno [MCOCJLXXV**.
II fl., II g.
(fô., /*. 70). Universis etc. Petrus etc. Ad universitatis etc.
quod, anno et die infrascriptis, — Papa in Gonsistorio, de
communi consensu — , ad supplicationem et requisitionem
— Pétri, abbatis mon. S. Pétri de Insula in Medulco —, et con-
ventus dioti mon., ex certis, justis et rationabilibus causis
— , totum illud in quo tenetur tam ratione sui quam pre-
decessorum suorum communium servitiorum Camere ap"
et CoUegio ac familiarium et officialium d. nostri Pape et
cardinalium predictorum dictis abbati et conventui gra-
tiose remisit. Unde Nos, camerarius prefatus. de — Pape
mandate et auctoritate in bac parte Nobis commissa, die-
tum dominum abbatem et conventum ac monasterium pre-
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DU DIOCÈSE DB BOBDEAUX 61
dictam, suooesaores suos ac sua et eorum bona de dictis
«ervitiis communibus cum qninque servitiis familiariam
et offîcialium supradictis, — , absolvimus tenore presentiam
et qnitamiis. In quorum etc. Datum Avinione, die nona men-
sis maii, atino [MCCCjLXXV.
II il., II g.
(16., f. 108). Universis etc. Petrus etc. quod — Helias
Peleti, prier de Compriano, in Bu. et certis aliis civitati-
bus et diocesibus ap*^ Sedis nuntius et coUector, de pecuniis
per ipsum in sua collectoria receptis — de quibus computare
tenetur, mille centum ootuaginta octo franohos auri boni
ponderis per manus d. Pétri de Bozeria Burdegalen., cap-
pellani sui, Nobis — recipientibus, die date presentium solvi
et assignari fecit, de quibus etc. In quorum etc. Dat. Avi-
nione, die VI aug., anno [MOCC]LXXVII^
(tft., f, 119"), Universis etc. Petrus etc. quod — Raymun-
dus, abbas mon. S. Crucis Bu., in deductionem majoris
summe in qua cum Ca. ap®' composuit pro bonis et spo-
liis quondam d. fr. Pétri, ultimi defuncti abbatis dicti mon.,
— , Sedis ap'* reservatis, CXCII franch. auri boni ponderis
per manus Baymundi de Cassanh., di. Lascurren., familiaris
sui, Nobis etc., die date presentium solvi et assignari fecit,
de quibus etc. Insuper etc., secum etc. Verum etc., usque ad
— , ita tamen. In quorum — . Datum Avinione, die XXIX*
mensis maroii, anno [MOCC]LXXVIII*.
Similem litteram habuit dictus d. abbas, die IX oct., anno
{MCCC]LXXVin% de IIII" («te) nobilibus solutis pro VIII
franch. auri per manus d. Vitalis Caroli, cantoris Bu., ap*'
Sede vacante.
(ib., f» 186^), Universis etc. Petrus etc. quod — Raymun-
dus, abbas mon. S. Crucis — , olim abbas Silve maj. — , pro
complemento tam sui quam d. Hugonis, predecessoris sui,
communium servi tiorum pro dicto monasterio Silve maj.
oui prefuit, in quibus etc. centum triginta fl. auri de Ca.^
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62 LU aOMPTBS
sexdeoim sol (1), den. monete avinion. ipsi Gamere^
nec non pro complemento quatuor serviciorum etc. viginti
très il. auri, octo den. dicte monete, clericis etc., per manus
Pétri de Yagueri., mon. predicti monachi, temporedebito etc.
De quibas etc. In quorum etc. Datum Avinione, die XI
martii, anno [M^'CCCLXXVI].
(t. 42, Coll. 343, f. 40) (2). Universis etc. PetruB etc.
quod cum — Baymundus, abbas mon. Silve maj. —, die
VI. menais feb. proxime preteriti, oomposuit et firmavit ad
Cameram ap*^*" pro bonis et spoliis quondam d. Bertrand!
La Lana, presbiteri, in Bomaua Curia defuncti, pro Sede
ap""* reservatis, in ¥<" fi. auri ponderis Gamere per dictum
d. abbatem prefate Gamere certis terminis solvendos, prout in
instrumento per magistrum Jacobum de Solegiis, notarium
dicte Gamere, recepto, plenius continetur. Hinc est quod
prefatus d. abbas in déduction em dictorum Y*" il. auri dicti
ponderis Gamere, dicta die VI mensis febr. Il'^L, die ÎIII**
mensis junii II'XIIII, die XIIII* mensis aug. proxime pre-
teriti XVIII, et die date presentium pro complemento dicte
summe alios XVIII fl. auri ponderis dicte Gamere, Nobis
nomine ipsius Gamere recipientibus, die date praesenUum
manualiter solvit et assignavit, de quibus etc. In quorum etc.
Dat. Avinione, die XXX* mensis oct., anno [MCGC]LXXV'\
(t6., f. 49). Univerais etc. Petrus etc. quod — Eaymundus,
olim Silve maj., nunc Sancte Grucis — moniasteriorum abbas
in deductionem VIII" franchorum auri in quibus cum Ga-
mera ap*"* oomposuit pro bonis et spoliis quondam d. Hu-
gonis, abbatis dicti mon. Silve maj., predecessoris sui, pro
Sede ap*"* reservatis, prout in instrumento per mag. Johan-
nem fiosseti, dicte Gamere notarium, super premissis re*
(1) Lacune dans le Ms.
(2) On lit dans ce volnme, fol 46 'T «Universis etc. Petrus eto.
qnod — Amaldos Andrée, oanonious Bn., in provintia Narbonen.
ape« Sedis nuntius et oollector. ... ».
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DU DIOGÂfiffl DE BORDEAUX 63
cepto plenios continetur, II'' franch. auri per manus Joban-
nia Bricii Carpen dioti(?), proouratoris sui, Nobis nomine
diote Camere recipientibus, die date presentium solvi et
assignari fecit, de qulbos etc. Verum etc., usque ad — . In
quorum etc. Datum Avinione, die XIX* mensis jan., anno
[MCCCJLXXVr*.
(»6., f. ôô). Univereis etc. Petrus etc. quod cum — Ray-
mundus, olim Silve maj., nuno S. Cruois — moDasterio*
rum abbas, dudum composuerit et iirmaverit cum Oamera
ap^ pro bonis et spoliis quondam d. fratrie Hugonis, ab-
batis dicti mon. Silve mag. predecessoris suis, in VIII' francb.
auri, prout in instrumento per mag. Johannem Bosseti,
dicte Camere notarium, saper premissis recepto, latins con-
tinetur. Hino est quod prefatus d. Baymundus abbas pro
complemento diotorum VHP franchorum III franches auri
et X s. monete avinion. per manus fr. Pétri de Bagueriis,
camerarii dicti mon. S. Crucis, Nobis nomine dicte Camere
recipientibus, die date presentium solvi et assignari fecit,
de quibus etc. In quorum etc. Datum Avinione, die VP
marcii, anno [MCCCLXXVI].
(t6., f. 76). Universis etc. Petrus etc. quod — Guiller-
mus Borrelli, in Bu. et certis aliis civitatibus et diocesibus
ap'* Sedis nuntius et collecter, de pecuniis per ipsum in
sua coUectoria receptis ad Cameram ap"*"" pertinentibus,
de quibus computare tenetur mille franches auri per manus
— Helie Peleti, prions de Bersonio, G. S. A. Bu. di. !NobiB
etc., die date presentium solvi et assignari fecit, de quibus
etc. In quorum etc. Datum Avinione, die VIII aug., anno
[MCCC]LXXVI«^
(«6., f. 77''). Universis etc. Petrus etc. quod, cum —
Guillermus Borrelli, in provintia Bu. ap'^ Sedis nuntius et
coUector, de mandato per nostros patentes litteras sibi
facto, — Ay-solo de Rapnia (?), canonioo 8. Severini Bu.,
LXXX franch. auri, et subsequenter nobili viro d. Petro
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64 LES COMPTES
Guitardi, militi, Bnthen. di. IX'XXXIII franch. auri dt
X 6., valentes mille fl. auri ponderis Camere, in qnibus
Ca. ap^*" eis tenebatur certis ex cansis in dictis nostris
iitteris oontentis, de pecnniis ipsius Camere realiter sol-
verit et assignaverit, pront iu duobus pnblicis instm-
mentis per magistros Iteriam de Tuderto, habitatorem
de Reula, Vasaten. di,, auctoritate ap"' et Petrum Boberti,
Xanctou. di., auotoritate imperiali publicos notarios, re-
ceptis et signatis vidimns contineri, Nos, volentes dicto
d. Gaillermé — super premissis de opportuna provider©
cautela, de dictis LXXX et IX'XXXIII franch. et X s. per
ipsum solntis et assignatis, ut prefertur, ipsum ac heredes
et snocessores snos ac eornm bona nomine dicte Camere
tenore praesentium absolvimus et quittamus. In quorum etc.
Datum Avinione, die XXI- aug., anno [MDCCqLXXVr\
(tô., f. 94). Universis etc. Petrus etc. quod — Ray-
mundus, abbas mon. S. Crucis — , in deductionem majoris
anmme in qua cum Ca. ap*' composuit pro bonis et spoliis
quondam d. ultimi defuncti abbatis dioti mon. predecessoris
sui, per Sedem ap*''" reservatis prout in instrumento per
mag. Jacobum de Solegiis, dic^e Camere notarium, super
premissis recepto, plenius continetur, CCC franch. auri per
manus Bemireti (?) de Castranh, familtaris sui, Nobis etc.,
die date presentium etc., de quibus etc., et ad solvendum
resta dicte summe terminum usque ad — . In quorum etc.
Datum Avinione, die XXVI dec, anno a Nativitate etc.
[MCCCJLXXVII — .
{t 43^ Coll. 344, f. Ô). Die ultima dicti mensis [marcii
M°CCCLXXVII], fuerunt rec. a d. fr. Raymundo, abbate
mon. S. Crucis Bu., p. p. p. sui co. ser. CXXV fl. Camere.
{ib,, f. 13"). DieXXIIII. dicti mensis [sept. MCCCLXXVII],
fuerunt rec. a — Baymundo, abbate mon. S. Crucis Bu.,
pro complemento sui co. ser. CXXV fl. Camere.
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DU DIOCÈSE DE BORDEAUX 65
(»., f. 89). XXIII card. [Anno MCCCLXXVII (?)]
D. Gaillermus, abbas mon. Silve maj., proxnisit pro suo oo.
ser. VIII* fl. auri et quinque servitia coDsueta, solvendo — .
(t6., f. 60), XXII card, D. Robbertus, abbas mon. Santti
Pétri de Insnla, — , promisit pro suo oo. ser. Camere ap**' et
OoUegio CLX fl. auri et qninqne servitia consaeta, sol-
vendo — . Alioqnin etc.
(té. f. 54) XX card. [Anno M"CCCLXXIX^ die XXF
feb.], d. Quillermus, arc. Bu., promisit pro sao co. ser.
Camere ap" et CoUegio IHI**' fl. auri et servicia consueta,
solvendo — .
(th., f. 95"). XXIII card. D. fr. Amaldus, abbas mon.
Silve maj. — , promisit pro suo co. ser. VHP fl. et V ser-
vitia consueta, solvendo ut supra die tercia april. de anno
{MCCCJLXXXVI, fuit concessa dilatio quod in quolibet
anno in festo Pasce solvat CoUegio X fl.
(tô., f. 161). XXII card. Die XV dec, d. fr. duillermus,
abbas mon. Silve maj. — , promisit pro suo co. ser. VIII' fl.
et V servitia consueta.
XXIIII card. Item recognovit pro co. ser. — Arnaldi,
predecessoris sui, CoUegio, IIP X fl. et unum servitium
integrum, cujas predecessoris obligacio facta fuit die IX
martii de anno [MCCCJLXXXV, solvendo — (1).
{t. 47 Int. et ex. t. 672, f. 12^). Nos Nicolaus etc. quod,
intellecta mole gravaminum pro parte — Francisoi, Dei
(1) Ce volume, très important, renferme nn grand nombre de créa-
tions et d^obits de cardinaux, et (f. 51^) Tindication de la mort de
Grégoire XI: « Anno qno supra [MOCCLXXVIIP] et die XXVII
menais marcii, oirca boram secondam nootis, d. Gregorias papa XI»"*
roigravit ad Dominum.» Il a d'ailleurs, été utilisé par le P. tubel
AiiMles d« S.-L.-d.-F. 5
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66 LE8 COMPTES
gratia arc. Bu., coram Nobis exposita, qno Ipsum ad sol-
vendum id in que Camere CoUegii dictorum d. cardina-
lium pro suo commuui et uno minuto servitiis consueta
debito pro familiaribus et offioialibus dicti Gollegii sub
certis pénis et sentenciis racione dicte sue ecol. Bu. ezis-
tit effîcaciter obligatus, reddunt verisimiliter impotentem^
auctoritate terminum prorogamus, ita tamen — . In quo-
rum etc. Datum Ganne, sub anno — millésime trecente-
simo octuagesimo sexto. — , die XXIII mensis martii — .
fl. II, gross. II.
(«6., f. lO""). Nos Nicolaus etc. quod, intellecta mole gra-
vaminum pro parte — Prancisci, Dei gratia arc. Bu., —
que ipsum ad solvendum id in quo Camere CoUegii pro
suo communi et uno minuto serviciis consueto debito pro
familiaribus et ofïicialibus dicti coUegii ratione dicte sue
eccl. sub certis pénis et summis existit effîcaciter obliga-
tus, reddunt verisimiliter impotentem, auctoritate dicti Col-
legii Nobis in hac parte terminum faciende solutionis dicto-
rum — serviciorum usque* ad festum Purificationis — proxi-
me venturum prorogamus etc., ita tamen, etc. In quorum etc.
Datum Janue, snb anno — millésime CGC*" LXXXVF, — y
die vicesima tercia mensis junii — .
fl. I, gross. II.
dans sa Hierarchia caiholica medii aevi. An f. 29, se trouve la taxa»
tion snivantei dont rimportance n'échappera a personne:
« Taxatio litteramm oommunium et minutomm servitiomm, prout
sunt script., etc.
» Primo, pro littera C florenomm recipitar I fl., II gross. papales»
)» Secundo, de C fl. nsque ad V« exdusiye, III fl., III gross.
» Tertio, de V*" u. usque ad mille exclusive, III fl., III. gross.
» Quarto, de mille fl., V fl., V. gross.
» Quinto, de mille C fl., V gross.
» Sexto, de MCC fl., VI fl., VI gross.
» Septimo, de MV« fl., VII fl., VII gross.
» £t sic de singalis ut in primo miliario.
» Item, de clausula dilationis, I fl., I gross.
» Item, de clausula absolutionis, I fl., I gross.
> Item et de clausula dispensationis, I fl., I gross. >
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DU DIOCÈSE DE BOBDBAUX 67
(t6., /! 32''). Nos, Francisous etc. quod, intellecta mole
gravaminum p. p. — Francisci, Dei gratia arc. Bu., — que
ipsum ad solvendum etc., terminum faciende solucionis dic-
tomm oommunis et unius minuti servitiomm — prorogamus
— , ita tamen etc. In quorum etc. Datum Luce, sub anno —
millesimo treceutesimo octuagesimo septimo, — , die ultima
mensis jan., — .
I â., II gross.
(t6., f, 89). Nos, Franciscus etc. quod, intellecta mole
gravaminum p. p. — Amanevi, abbatis mon. S. Cruels Bu., —
terminum faciende solutionis dictorum comjmunis et unius
minuti servitiorum — , prorogamus, ita tamen etc.; ipsum-
-que etc., secum etc. In quorum testimonium etc. Datum Luce,
sub anno — millesimo treceutesimo octuagesimo, — , die
Ticesima mensis apr. — .
III fl., III gross.
{ib., f. 48). Nos, Franciscus etc. quod — Vitalis, abbas
mon. S. Pétri de Bertolio, — , p. p. p. sui communis etc. vi-
ginti unum fl. auri de Ca., sol. quatuor, den. octo monete
Bomane, et pro parte unius minuti etc. fl. unum, sol. vi-
ginti octo, den. unum et obol. monete predicte, Nobis et
familiaribus et officialibus dicti collegii per manus — Pé-
tri de Bosco, d. nostri Pape cubicularii die date presen-
tium soivi fecit realiter et cum eflfoctu, de quibus etc.; ip-
«umque etc., secum etc. Verum, intellecta etc., terminum
faciende solucionib residui dictorum — servitiorum usque
ad — prorogamus et de novo assignamus eidem, ita etc.
In quorum etc. Datum Luce, sub anno — M^^CCC* ottua-
gesimo septimo, — , die vicesima sexta mensis aug., — .
im fl., IIII gross.
{ib., f. 76^) Franciscus etc. quod — Vitalis, abbas mon.
S. Pétri de Bertolio —, pro complemento sui co. ser. in
•quo etc. triginta duos fl. auri de Oa., et pro complemento
unius minuti servicii fl. duos similes Nobis per manus d.
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68 LB8 OOMPTIS
Pétri de Bosco — die date presentiam solvi fecit etc., de
quibuB etc. Insuper etc., secum etc. In quorum etc. Datum
Borne, apnd S. Petmm, sub anno Domini millésime tre*
centesimo octuagesimo noue, — , die viceeima septima men*
sis sept., — .
fl. m, gross. III.
(t 48, Intr. et ex, Ô90, f. 30'). XVIcard. Anuo [MOCC-
LXXVP] — qno antea, die mercurii undecima dicti mensis
apr., coram prefato — Marine, — cardinalis («c), d. Pape
camerario, presentibus —, honorabilis vir d. Gaylardns Don-
bunit (?), rector eccl. S. Satumini de Beghedano dyocesis
Bu., tanquam principalis et privata persona obligavit ap""*
Camere et Collegio predictis omnia ejus bona beneôtiomm
suorum promictens quod bine ad festum omnium Sancto-
rum proxime futurum presentabit seu presentari faciet man-
datum suscipiens ratihabitationis (1) hujusmodi infrasoripte
obligacionis per — Vitalem, abbatem mon. S. Pétri de Ber-
tolio, promisit Camere et Collegio predictis pro sui dicti d.
abbatis co. ser. consueto centum sex fl. auri de Ca. et plus^
si plus debuerit taxari, et quinque servitia consueta, sol-
vendo — , Alioquin etc. juravit etc.
(En marge, de la même main). Indictione nona, die martis
undecima mensis sept., — Petrus de Bosco, cubicularius
d. nostri Pape, tanquam procurator suiSciens dicti d. ab*
bâtis, ratificavit presentem obligacionem omnibus modis et
terminis in ipsa obligaoione contentis. Fuit monitus in
forma Camere consueta.
(t6., f. 76). XIII card. Anno [MCCCLXXXX"] -, die
vero sabbati vigesima nona dicti mensis jan., — Geraldus,
abbas mon. Silve maj. personaliter promisit Camere et Col-
legio pro suo co. ser. octingentos û. auri de Ca. et quinque
servicia consueta, sol vende — Alioquin etc. juravit etc.
(1) Le Mb. porte, par errenr: suspicieos.
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DU DIOCÂSB DE BORDEAUX 69
(t 49, Coll. 305, f. 97) (1). XXI card. Eadem die [XV
deo. MCCOXCV], ibidem d. frater Guillermus, abbas mon.
Silve maj. — , promisit Camere et CoUegio pro sno com.
eer. VHP fl. aari de Ca. et quinque servioia consneta.
Item reoognovit ipsi Camere pro resta com. ser. d. fratris
Amaldi, predecessoris sni, videlicet CGC fl.
Et pro resta IIII" servitiorum ipsius LVII fl., XVIII s.
Item pro totalibus summis Guillermi, antepredecessoris
sui, videlicet
iin« Lxvin fl., XVIII s,
videlicet IIII' fl. pro com. et residuum pro minute ad Bo-
manonim cardinalium XXIII; solvendo medietatem pro-
misai infra nnam annnm postquam possessionem dicti mon.,
sea majoris et melioris partis bonomm et reddituum dicti
mon. fuerit adeptus, et aliam medietatem infra alium annnm
secnndam et totum recognitnm in tercio annis revoluto, etc.
et jnravit etc. alioquin etc.
(t 50, Coll. 347, f. 22). Universis etc. Francisons etc.
Ad nniversitatis etc. quod — Arnaldus, abbas mon. Silve
maj. — p. p. p. sni co. ser. in quo etc. decem fl. anri de
Ca. ipsi Camere necnon p. p. p. IIII**' serviciorum fami-
liarinm etc. nnnm fl. anri cum dimidio, eciam de Ca., cle-
ricis etc., qnod mannaliter juxta dilacionem sibi concessam
solvit, de qnibns etc. In quorum etc. Datum Avinione, die
XII mensis apr., anno etc. [MCCCJLXXXIV] — .
P. Borrerii. Beceptum est I fl., II gross.
(lé., /*. 80^). Universis etc. Francisons etc. Ad nniver-
sitatis etc. quod — Arnaldus, abbas mon. Silve maj. —
p. p. p. sui co. ser. in quo etc. decem fl. anri de Ca. ipsi
Camere, necnon p. p. p. IIIP' servitiorum familiarium etc.
nnnm fl. anri etc. de Ca. oentum etc. die date presentium
juxta atterminacionem sibi ooncessam, mannaliter solvi, de
(1) Au f. 1^, il est question de Guillaume, archevêque de Bordeaux,
an 18 novembre 1888.
4t
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70 LES COMPTES
quibus etc. In quorum etc. Datum Avinione, die vice8iin&
prima menais marcii, anno [MCCCJLXXXX — .
G-, de Lacu. Beceptum est I il., II gross.
{t. 52^, Coll. 367, f. 106^), Universis etc. Franciscus etc.
Ad universitatis etc. quod — Amaldus, abbas mon. Silve
maj. — , p. p. p. sui co. ser. in quo est Camere ap" obli-
gatus, decem fl. auri de Ca. ipsi Camere, necnon p. p. p.
quatuor serviciorum familiarium et offîcialium ipsius d. Pape
unum fl. auri de Ca. clericis dicte Camere etc. recipientibus
per manus fr. Gnillermi de Spiasaco, prioris de Exea Ce-
saraugustan. di., procuratoris sui, die date presencium et tem-
père débite juxta atterminationem sibi concessam solvi
fecit, de quibus etc. In quorum etc. Datum Avinione, die
XI apr., anno [millésime] nonagesimo secundo — .
P. Borrerii I fl., II g[ros8.]-
(t 53, Coll. 348, f. 10). XXIIIIcard. Die undecima apr.
[MXCIF], d. fr. Arnaldus, abbas mon. Silve maj. — solvit
p. p. p. sui co. ser. X fl., cujus obligaoio facta fuit die nona
mensis marcii de anno etc. [MCCCJLXXXV.
{ib., f. 30'') XXIII card. Die ultima marcii [MCCC]XCIII\
D. fr. Arnaldus, abbas mon. Silve maj. — solvit p. p.p. sui co.
ser. X fl., cujus obligatio facta fuit die nona mensis marcii
de anno etc. [MCCCJLXXXV.
(»., f. 52). XXIIIIcard, Die secundaapr. [MCCCCIIH^»],
d. Arnaldus, abbas mon. Silve 'maj. — solvit p. p. p. sui
com. servitii X fl. turon., cujus obligacio facta fuit die
X mensis marcii de anno etc. [MOCC]LXXXV.
{ib., f. 73^). XXIIII card. Die VI apr. de anno [MCCC]
XCV., d. fr. Arnaldus, abbas mon. Silve maj. — solvit
p. p. p. sui co. ser. X fl., cujus obligatio facta fuit die
IX martii de anno [MCCC]LXXXV^
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DU DIOCÈSE DB BOSDBAUX 71
(té., f. 195). [Extracfcum de libro taxacionum Arohiepis-
eopos] Burd«galen. [fl.]MCCC.
(i6., f. 197''). Habait [A. cardinalis Lauden., anno Domini
millesimo quadringintesimo sextodecimo Constantie pro
oelebratione concilii generali existens] a Bononien., Gra-
covien. et Bardegalen. fl. V* .
{t. 54, Intr. et ex. 64, f. 39% Gard. XI III [Anno MCOCCII*],
— die XII* feb., — Johannes, abbas mon. S. Pétri de
Insula in Meduloho — solvit p. p. p. sni co. ser. XIIII fl.
auri, sol. XI et den. IIII, et p. p. p. unins minnti servitii
unum similem fl., solid. III et den. octo. Samma fl. XV,
solid. XV. Fuit promotus anno VI* d. Bonifatii. Fuerunt in
ejns promotione card. XIIII, videlicet — . Ceteri mortui etc.
Capit clerious CoUegii solid. VII et den. VII. Restant
fl. XV, sol. VII et den. V. Capit quilibet fl. I et solid. IIII
et den. I. Capit camerarins portiones mortuorum VI, que
sùnt fl. VI, sol. XXIIII et den. VI.
(ib., f. 12P). Card. XIL [Anno MCCCCVI] — die VIIIP
mensis sept., — Petrus de Einhaco, abbas mon. S. Pétri
de Bertulio — , solvit p. p. p. sui co. ser. viginti sex fl.
auri de Ca., sol. viginti quinqne monete romane, et p. p. p.
nnius et sni minuti servit, dnos similes fl., sol. decem et
den. quinqne monete romane. Summa viginti octo, sol. tri-
ginta quinqne et den. quinqne. Fuit promotus anno primo
Innocentii. Fuerunt in ejus promotione card. XII, videlioet
— . Capit olericus Collegii fl. ^XIIII et den. V. Restant
fl. XXVIII et sol. XXI. Capit quilibet fl. II, sol. XVIII et
den. V, Oa. ap** nichil.
{t 65^, Coll. 349, f. 33^). Francisons etc. quod — Johan-
nes, abbas mon. S. Salvatoris de Blavia — , p. p. p. sui
co. ser., in quo Camere dicti Collegii sub certis pénis et
sententiis ac, termine diu elapso, ratione dicti sui mon.
tenebatur et extitit efficaciter obligatus, quadraginta fl. auri
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72 lâlS 00U9TEM
d^ C»., nuUa faeta solutione de minuto, Nobis pro ipao Col-
legio reolpientibuB, per manus — Johanais de Medicis et
sooiorum, mercatoram Florentinornm, Bomanam Cnriam
aequentiam, die date presentiam solvi fecit realiter et cam
effeota, de qaibus aio sointis ipsam d. abbatem et monas-
terium prediotam ac in eodem successores ipsiusque here-
des et eorum bona, tenore presentium abaolvimus et qui-
taxnus. Insuper etc., secnm etc. Vemm, qaia intellecta — ,
usque ad — terminam duzimus prorogandom, ita qaod — .
In qaorum etc. Datum Bononie, anno Domiui millesimo qua-
dringeutesimo quarto decimo — , die vero vigesima octava
menais sept. — .
fl. IIII, gr. IIII.
{ib.j f. 103). Francisons etc. quod — Petms, abbas mon.
S. Pétri de Insula, Bu. di., p. p. p. etc. fl. auri de Ca. tri-
ginta quinque et sol. triginta monete romane, nulla facta
solutione de minute, per manus — Gerardi Brie, decani
S. Severini Bu., Oamere ap""* clerici etc. solvi fecit etc., de
quibus etc. Insuper etc., secum etc. Verum etc., usque ad
— terminum sibi duximus prorogandum. Datum Florentie,
die nona augusti [MCCCOXVIIII] — .
fl. IIII, gros. IIII.
{t. 66, Imtr. ex. 593, f. 47) (1). Die vicesima sextamensis
martii [M^'CCCCXI], Bertrandus de Bossoro, canonicns re-
gularis S. Vincentii de Burgo — , procurator — Johannis
Saliverii, abbatis mon. — predicti, promisit Camere ap*^ et
OoUegio pro com. ser. dioti abbatis centum fl. auri de Oa.
et quinque minuta servicia consueta, et recognoyit in fonna ;
medietatem autem — , Alioquin etc.
(ib., f. 5(y). Valet hec obligaiio pro Ca. Die décima nona
mensis junii [M^COCCXII], — Raymundus Coronelli, pre-
(1) Ce volume renferme, dans les trois premières pages, un compte
rendn do conolave de Pise et de Pèleotion d'Alexandre V.
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DU DI00À8B DB BOXDEAUX 73
positns mon. S. Salvatoris de Blayia — , nomine d. Johan-
&i8, abbatis dioti mon., promisit Oamere ap** et ooUegio
pro com. 861. dicti abbatis qnadringentos fl. auri de Ca. et
quinqtie minuta servitia consneta et recognovit in forma
ipsornmy aactoritate oom. et quinqne minutorum servicio-
mm, medietatem in — et recognita in — solvere promisit.
Alioqnin etc.
(»., f. 77). Gard. XVIIII. Eisdem die [IX' menais nov.],
anno [MCCGOXII] pontificatns quibus supra, d. Petrus de
Castro, archidiaconuB Semiensis {sic) in ecol. Bu., procura-
toris et nomine procuratorio d. Pétri, abbatis mon. S. Oru-
ois Bu. 0. S. B. obtulit pro oo. ser. Camere et Collegio
debito quingentos fl. auri de Ca., ad quos dictum mon.
taxabatur, et quinque minuta servitia consueta. Item reco-
gnovit in forma eadem commune et minuta servitia nec
non recognita in terminis in quibus predictus S. Albini in
precedenti obligatione content, solvere — promisit — Ju-
ravit etc. et renunciavit in forma etc.
(/l 88), Gard. XXI. Die XXIIII mensis martii, anno
[M^CCCCXIII], — Petrus Bemardus, abbas mon. S. Ro-
mani de Blavia, — , per — Ylarionem de Bardis de Flo-
rencia, mercatore, obligante se tanquam principalem et pri-
vatam personam, promisit Camere et Collegio pro com. ser.
dicti abbatis sexcentum fl. de Ca. et quinque servicia con-
sueta. Item recognovit pro Collegio tantum si et in quan-
tum, solvendo — .
Die XXYII mensis martii, dictus Ylarion produxit man-
datum suffîciens et fuit absolutus a dicta promissione.
{ih.j f. 93). Gard. XXIL In nomine Domini amen. Anno
Nativitatis — millésime CCCCXIIP, — , die VI mensis julii,
— , in loco pro thesauraria Camere ap*"* deputato infra pal-
lacium ap*^"" apud S. Anthonium extra muros Florentin. ,
preeentibus —, venerabilis vir Petrus de Castro, litterarum
ap**""" scriptor, proctirator et nomine procuratorio — David,
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74 LBS GOHPTBS
electi in arc. Bu., de oujus procnracionis mandato suffi'
cienti clare docu.it pro dicte d. electo, et ejus nomine pro-
misit Camere ap** et sacro CoUegio — cardiualium pro
ipsius com. ser. debito etc. IIIP' milia fl. auri de Ca. et
quinque minuta servicia. Item recognovit si et in quantum,
solvendo — ,
(t. 57, Intr. ex. 592, f. 30"). Gard. IX. Anno [M^^CCCO
secundo] — , die X' mensis feb., — Eaymundus, abbas mon.
S. fiomani de Blavia, per — Petrum de Castro, litterarum
ap""" soriptorem, procuratorem suum ad hoc légitime oons-
titutum, promisit Camere et CoUegio pro suo com. ser.
sexcentos fl. auri de Ca. et quinque servicia consueta. Sol-
vendo — . Alioquin etc. juravit etc.
{ib.y f. 49). Attende vertus taxam. Gard. XL Anno [M^'CCCC
tercio], — , die XXII' mensis jan., — Antonius, — cardi-
nalis Aquilegen., commendatarius mon. S. Pétri de Berto-
lio — , per — Johannem Baynerii, familiarem suum et pro-
curatorem ad hoc légitime constitutum, promisit Camere et
CoUegio pro suo co. ser. centum sex fl. auri de Ca. et quin-
que servicia consueta et plus et minus secundum informa-
cionem mittendam de partibus, solvendo — . Alioquin etc.
juravit etc.
(i6., f. 108). Gard. XII. Anno [M^CCCCVP] —, die nona
mensis sept., — Petrus de Binchato, abbas mon. S. Pétri
de Bertolio — , per — Petrum de Bosco, presbiterum Le-
movicen., procuratorem suum ad hoc légitime constitutum,
promisit Camere et CoUegio pro suo co. ser. centum sex
fl. auri de Ca. et quinque minuta servicia consueta, et plus
et minus secundum informacionem mittendam de partibus.
{t. 58, Intr. ex. 594, f. 27). Gard. XVIII. Die XIIII*' julii,
d. Bernardus de Plonoha, prior prioratus conventualis béate
Marie de Solaoo — procurator et proouratorio nomine — Pétri
Artiosii, abbatis S. Pétri de Insula dicte di., pro suo co.
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DU DIOCÈSE DE BORDEAUX 75
ser. debito obtulit Camere et Collegio etc. fl. auri de Ca. OLX,
ad quos dictum monasterium tazatur et quinque minuta ser-
vicia consueta pro fanailiaribus et oflBciariis, etc., — medie-
tatem infra — solvere promisit, juravit, renuntiavit et se
snbmisit in forma. Et dominas tulit summas, et quia dictus
procarator non babuit mandatum sufficiens promisit fra-
tribus eisdem — producere mandatum rati habitionis infra
IIII*" menses proxime futures cum protestatione quod, pro-
ducto mandato liberatus sit obligatione praedicta; prote-
stabatur insuper quod per hujusmodi obligacionem non in-
tendit recedere ab ordinatione facta inter Papam et na-
tionem gallicam, prout Paulo de Sulmona Qerardo (sic)
Brie, olericus dicte Gamere, testificavit.
{t. 59, Intr. et ex. 678, f. 64'') (1). Henricus etc. [tit.
S. Anastasie presb. cardinalis, sacri CoUegii camerarius]
quod — Johannes, abbas mon. S. Pétri de Insula in Me-
dulcho — , p. p. p. sui co. ser. et viginti fl. auri de Ca.,
sol. viginti sex et den. novem Nobis, et p. p. p. unius etiam
minuti servitii unum similem fl., sol. trigiuta novem, den.
très, et obligavit Nobis die date presentium per manus
Pétri de Eosta, episcopi Aquen. in Vasconia, solvi feoit etc.,
de quibus etc., ipsum etc., secum etc. Verum etc., termi-
num etc. usque ad — prorogamus etc., ita tamen etc. In
quorum etc. Datum ut supra, die vicesima mensis maii
{MCCCXCVI] -.
fl. nn-, gr. IIII.
(f6., f. 70). Henricus etc. quod — Franciscus, Dei gratia
arc. Bu., pro complemento sui co. ser. ducentos quinqua-
ginta fl. auri die date presentium tempore debito per manus
— Pétri de Bosta, episcopi Aquen., fecit etc., de quibus etc.
In quorum etc. Datum ut supra, die vicesima mensis dec.
{MOCCXCIII] anno ottavo.
fl. II, gr. II.
(1) De Loye l'indique sons le n® 51. Ce volume contient, au f. 166,
l'obit de Boniûice IX et, au f. 178, celui d'Innocent VII.
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(ib., f, 127). Henricas etc. qnod — Johannes, abbas mon*
S. Pétri de Insala in Mednlcho — p. p. sni co. ser. qna-
tuordecim fl. auri de Oa., sol. nndeoim et den. qaatnor, et
p. p. p. nnias minati servitii unum similem fl., sol. tree
et den. octo, per manas d. Pétri de Castro, litteramm
ap**"" scriptoris, solvi fecit etc., de qnibns etc. ipsnm etc.
secum etc. Vemm etc. — terminum etc. nsque ad, proro-
gamus, ita tamen etc. In quorum etc. Datnm nt supra^
die XII mensis feb. [MCOCOII] — .
fl. IIII-, gr. IIII-
(lé., f. 143^). Henricus etc. quod — Geraldus, abbas mon.
Silye maj. — , p. p. p. sui co. ser. etc. triginta quatuor fl.
auri de Ca., sol. sexdecim, den. quatuor obligavit nobis, et
p. p. p. unius etc. sui minuti ser. etc. très similes fl., soL
tridec.im («te) et den. quinque per manus — Arnaldi Wil-
lelmi de Lottis, litterarum ap**"" scriptoris, solvi fecit etc.,
de quibus etc., ipsum etc. secum etc. Verum etc. termi-
num etc. usque ad — prorogamus etc., ita tamen etc., In
quorum etc. Datum ut supra, die XII* mensis sept., anno
[MCCCCIII].
fl. IIII", gr. IIII-.
(ib.yf. 17&'), Henricus etc. quod — Petrus, abbas mon.
S. Pétri de Bertulio — , p. p. p. sui co. ser. etc. viginti sex fl.
auri de Ca., sol. viginti quinque etc., et p. p. p. unius et
sui minuti ser. etc. duos similes fl., sol. decem et den. quinque
tempore débite, per manus Pizelli de Portinariis, mercha-
toris Florentini, solvi fecit, de quibus etc. In quorum etc..
Datum ut supra, die nona mensis sept. [MCCCCVI]. — .
fl. I, gr. II.
{t 16 If DivMiones 603, f. 6). Florentie, indictione sexta et
die XXV mensis sept., — David, arc. B., solvit p. p. p. sxii
co. ser., non facta solutione de minute, Vn° fl. auri Camere»
Fuit promotus Florencie, die lune VI Kal. mensis julii, pon-
tificatus d. Johannis Pape XXIII anno quarto [anno Do-
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DU DlOOteB DB BOBDBAUX 77
mini M* CGOO*" XTTI}. Fuemnt in eJQ8 promoiione Cardi-
nalM XXIIy videlicet — .
Capiunt clerioi CoUegii VU fl.
Bestant fl. YII« LXXXXIII.
Capit quilibet dominorum fl. XXXI, solid. XXY.
{ib,, f. 28^). Bonoûie, indictione septima, die XYII sept.^
pontifioatus d. Johannis Pape XXIII anno qninto [, anno Do-
mini M^ CCCC" XIIII',] — Petrae, abbas mon. S. Cruois, —,
pro complemento sui oo. ser. eolvit CLI fl. anri de Ca.
sol. VIII monete romane. Snmma fl. CLI et s. XYIII. Fuit
promotns Borne, XIF Kal. nov., pontificatus ejosdem anno
tercio. Et faemnt in ejus promotione Gard. YIIII, vide-
licet — .
{ib., f, 61). Constancie, anno Domini millesimo CGCC"''
XYI^, die ultima menais ootobris, — , David, aro. Bn., pro
oomplemento solncionis sui communia et minuti serviciorum.
solvit fl. auri de Ga. VI^ Fuit promotns Florencie XYI Kal. .
julii, pontificatus d. Johannis Pape, XXIII anno quarta
[, anno Domini M* CCCG" XYP]. Fuerunt in ejus promotione
Cardinales XXII, videlicet —
Capiunt clerici CoUegii fl. YI, s. XXY.
Bestant fl. VI% s. XXY.
Capit quilibet dominorum fl. XXIX, s. XII, den. YI.
(f. 106^). Florentie, die XYII mens nov. [W CCCCXYIIII],
d. frater Johannes, abbas mon. S. Salvatoris de Blavia, — ^
solvit fl. auri de Ca. octuaginta quinque. Fuit promotns
Bononie, die XYI mensis julii, pontificatus d. Johannis XXIII
anno primo [, anno Domini M^ CGCXYI]. Fuerunt in ejus pro-
motione Cardinales XX^', videlicet Ostien. — , Bu. — . (1).
(1) Cet Archevêque de Bordeaux, David, est indiqué dans oe même
volume comme ayant touché, à titre de cardinal, diverses sommes à
Toecasion de promotions (ff. 6^, 4(>, 67» 98^, 105, 119, 129, 127% 138-).
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78 LES COMPTES
(t. 62^ Intr. et ex. 576, f, 9) Totum [êolmt]. Franciscus etc.
[tit. S. Crncis in Jérusalem presbiter cardinalis, Venetiaram
vulgariter nuncupatus, sacri CoUeèiî camerarius] quod —
Johannes, abbas mon. S. Salvatoris de Blavia —, pro oom-
plemento solncionis commnnis et minuti serviciorum Gamere
prefati CoUegii sub certis pénis et sentenoiis ac termine
jamdin elapso sue promocionis racione debitorum octnaginta
quinque fl. auri de Ca. totidem sibi ea prefati CoUegii or-
dinaoione remissis per manus — Antonii Villari, Nobis etc.,
de quibus etc.; et insuper etc., secum etc. In quorum etc.
Datum Florencie, die décima septima menais nov., pontifi-
catus — d. Martini — pape quinti anno secundo [anno Do-
mini M^^CCCCXIX].
fl. IIII, gr. IIII.
{En marge^ de la même main). Die qua in presenti lit-
tera, d. A. Villart deposuit in banoho de Medicis fl. qua-
draginta pro abbate 8. Salvatoris de Blavia et, nisi infra
^estum Pentecostes proximo doceat alias ipsos fl. solvisse,
ex tune de illis débet fieri voluntas CoUegii. Jo. de Eeate.
Docuit infra predictum tempus aUos predictos XL fl. sol-
visse, et ei restituti sunt. Jo. de Béate.
{t. 64, Intr. et ex. 696, f. 19). Card. XVI. Solvit. Die
XVII. mensis marcii [MCCCCXXVIII] , d. Petrus Arnal-
dus de Vicecomitatu, canonious Burdegalen., procurator
et procuratorio nomine d. fratris Johannes, electi mon.
S. Pétri de Insula, ut de sue procuracionis mandate cons-
tat manu Henrici Belamente, imperiaU auctoritate notarii,
pubUcato (?) die XXI mensis nov. proxime-preteriti obtuUt
Camere ap** et CoUegio d. cardinaUum pro suo co. ser. débite
centum sexaginta fl. auri de Ca. et quinque minuta ser-
Ticia consueta pro famiUaribus et officiaUbus d. nostri Pape
et dicti CoUegii — . medietatem infra, — solvere promisit,
submisit, renunciavit, juravit et se obHgavit in forma. Et d.
Oddo, thesaurarius, tulit sententias excommunicationis in
scriptis in absencia locumtenentis. Aotum Rome, in thesau-
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DU DIOCÈSE DE BORDEAUX 79
raria Camere ap*'^ preseutibus ibidem dominis N. de Mer-
catello et M. de Yalle, dicte Camere clericis testibus, et me,
A. de Pisis.
(f6,, f. 92^). Card. XIIIL Die vicesimo tercio dicti mensis
marcii [MCCCCXXXI], Petrus Johannis perpetuus vicarius,
Henricns Oams decretorum doctor, Gombaldus Tidonis arohi-
presbiter de Molinis et canonicus ecclesie S. Severini extra
muros Bu., et Guillermus Tidonis, litterarum sacre penitentia-
rum {sic) scriptor, procuratores et procuratorio nomine —
d. Pétri, arc. Bu., sicut de eorum procuracionis patet
publico instrumento a me viso in Ca. ap"' dimisso, obtule-
mnt Camere ap" et — cardinalium [Collegio] pro co. ser.
per ipsum arc. ratione Bu. eccl. debito, fl. auri de Ca. qua-
tuor milia, ad quos dicta ecolesia reperitur taxata, et quin-
que minuta servitia consueta, — medietatem — solvere pro-
miserunt, submiserunt, juraverunt et obligaverunt in forma.
Et — Francisons de Condalmario (?), ap*'* Sedis prothono-
tarius et vicecamerarius antedictus, tulifc sententias exe'' in
scriptis in forma. Actum Rome, apud S. Petrum, in the-
sauraria, presentibus — .
(f6., f. 128"). Card. XL Die XXX mensis julii [M^CCCC-
XXXII], d. Antonius de Embilla, canonicus Oloren., pro-
curator et procuratorio nomine — Pétri, abbatis mon. S. Ro-
mani de Blavia — , ut de sue procurationis mandate cons-
tare vidi et publico documente, manu Pétri de Landa
Bu., imperiali auctoritate notarii, obtulit Camere ap''* et
Collegio d. cardinalium pro suo co. ser. fl. auri de Ca.
sexcentos, ad quos dictum monasterium reperitur taxatum,
et quinque minuta servicia consueta — . Eorumdem autem
medietatem — solvere promisit, submisit, juravit et se
obligavit in forma. Et d. P., episcopus Electen., tulit sen*
tentias in scriptis. Actum ubi supra, presentibus — et me,
A. de Pisis.
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80 LB8 OOMPTlttl
{f. 197). Gard. XVIII. Die IIII*' jul. [MCCCCXXIV], ~,
Amaldus Ouillermus de Media villa, prooarator et persona
légitima — d. Henrici, episcopi Vasaten., commendatarii mon.
S. Crncis — , nomine dicti d. episcopi obtnlit Camere ap*"*
et OoUegio — pro co. ser. dicti mon. racione commende sibi
— facte medietatem qningentorum fl. aari de Oa., ad qnos
dictnm monasterium taxatum reperitnr secnndnm reductio-
nem regni Francie, et quinque minnta servicia oonsneta
pro famiiiaribos et officiai ibus d. nostri Pape. — Eormndem
antem oommnnis et minutorum serviciorum medietatem in-
fra — solvere promisit, pro quibus se submisit, obligavit etc.
et d. locumtenens tulit sententias, presentibus — et me, A. de
Pisis.
(f. 6ôj Intr. et ex. 604, Divtsionum Martini V et Eug, IV
a 1428 ad 1437^ f. 19'') Bome dicta die [décima septima
menais dec. MCCCCXXVIII], Johannes, abbas mon. S. Pétri
de Insula, — , solvit fl. XL. Fnit promotns Eome, idibus
sept., pontificatus d. Martini Pape V** anno X*. Fuerunt in
ejus promocione card. XVII, videlicet — .
{ib., f, 23). Rome, dicta die [quinta mensis oct. MCCCC-
XXVIII], Johannes, abbas mon. S. Pétri de Insala Bu. [di]^
solvit fl. Vn, sol. XXV, de tractata pro décima solid.
XXXVII, den. VI et restantibus fl. VI, sol. XXXVII^
den. VI. Fuit promotus Some, idus septemb., pontificatus
d. Martini V" anno X^. Fuerunt in ejus promocione card. XVI,.
videlicet.
Capiunt — . Restant — . Capit —
(»6., f. 68"). Rome, dicta die [ottava feb. MCCCCXXVIII']^
Johannes, abbas mon. S. Pétri de Insula — solvit fl. XXXVII^
sol. XXV. Fuit promotus Rome, idibus sept., pontificatus
d. Martini Pape anno X**. Fuerunt in ejus promocione
card. XVI, videlicet — .
Capiunt — . Restant — . Capit — .
(»6., f. 80"). Rome, dicta die LXVI jun. MCCCCXXX], d.
Philippus, abbas mon. Silve maj., solvit fl. 0. Fuit promo-
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DU DIOOÂSS DE BOBDBAUX 81
tas Borne, VII kal. jan., pontificatus d. Martini Pape quinti
anno XIII. Faerant in ejns promooione card. YIII, vide-
licet — .
Capit clerioas CoUegii fl. XY.
Restant — . Capit — .
(té., f, 106). Rome, die XVir apr. [MCCCCXXXIP], d. Pe-
trus, arc. Bu., sol vit fl. VII*, LXXXX sol., XLII den. Fuit
promotns Rome, XVII* kal. nov., pontificatus d. Martini —
anno XIII^. Fuerunt in ejus promotione card. XIII, vid^
licet — .
Capiunt — . Restant —, Capit — .
(f&. f. 123). Rome, die XVIIII dicti mensis nov. [MCCCC-
XXXr], Johannes, abbas mon. S. Salvatoris de Blavia — ,
solvit fl. LXXVIII, sol. XVI, den. II. Fuit promotus Rome, II*
idns junii, pontificatus d. Martini -— anno XIII. Fuerunt
in ejus promooione card. XIII, videlicet — .
Capiunt — . Restant — . Capit — .
(ib., f. 127). Rome, die XXX dicti mensis jan. [MCCCC-
XXXIF], d. Petrus, arc. Bu., solvit fl. IIP LXXX. Fuit pro-
motus Rome XVII kal. nov., pontificatus d. Martini —
anno XIII. Fuerunt in ejus promocione card. XIIII, vi-
delicet.
Capit clericus Collegii fl. IIII, sol. XL.
Restant — . Capit — .
(f6., f. 149"). Rome, dicta die [XVI febr. MCCCCXXXIF],
Petrus, abbas mon. S. Romani de Blavia — , solvit fl. XII,
sol. XXV. Fuit promotus Rome XII kal. augusti, ponti-
ficatus d. Eugenii pape lUI" anno secundo. Fuerunt in ejus
promooione card. XIII, videlicet — .
Capiunt — . Restant — . Capit — .
(ti., f. 202^). Florencie, die XX* mensis junii [MOCCC-
XXXIII*], d. frater Geraldus, abbas mon. béate Marie Silve
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82 LES COMPTBS
maj. — , sol vît fl. L. Fuit promotus Eome, xiiii kal. apr.,
pontificatus d. Eugenii — anno quarto. Fuerunt in ejus
promooione card. VI, videlicet — .
Capinnt — . Restant. — Capit— .
(ib,, f. 224''). Bononie, die prediota [XXX' menais au-
gusti MCCOCXXXIir], d. Henricus, episcopus Vasaten.,
commendatarins mon. S. Crucis Bu., solvit fl. C. Fuit obli-
gatus Florencie racione dicte commende. Fuit obligbtus
Florencie die IIII** julii, pontificatus d. Eugenii — anno V**.
Fuerunt participantes — card. X, videlicet —
Capiunt — . Restant — . Capit — .
(té. f, 229^). Bononie dicta die [XV* mensis nov. MCCCC-
XXXIir], d. Petrus, abbas mon. S. Pétri de Insula —
solvit fl. XX. Fuit promotus Bononie, VI'** kal. sept., pon-
tificatus d. Eugenii — anno sexto. Fuerunt in ejus promo-
oione card. xii, videlicet — .
Capiunt — . Restant — . Capit.
{t. 66: Eug. IV. Nie. V. Cal. III. Pu II et Paul Ilpro-
vi8\iones] a 1438 ad 1441; f. 28). Die lune VI kal. sept.,
[MCCCCXXXVP] ~, ad relationem d, Cardinalis de Comité,
provisum fuit monasterio S. Pétri de Insula in Medulto {sic) - y
vacanti per obitum quondam Johannis, extra Romanam Cu-
riam defuncti, de persona d. Pétri de Senhoet, ipsius mon.
canonici, or4inem ipsum professe, ad ipsum monasterium
per canonicos ipsius concorditer eleoti.
{t. 67, Intr. et ex. ô78: Eug. IV. Solution, f. 60) (1).
Die VI aug. [M^'CCCCXL], Johannes de Navarra, archidia-
oonus Pampilonen., tanquam principalis, vice et nomine
Pétri Bruni obligavit se Camere ad solvendum annatam in
(1) Il est question aa f. 35^ , à propos du diocèse de Bazas, an
8 jnin 1437, de « Gombaldns Tidonis, oanonions Bn., et de » Helyas
de Villa, yicarins S. Pétri Bn. »
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DU DIOCèSB DB BORDEAUX 8B
mon. Béate Marie de Aquistris — , cnjus fructns etc. qnin-
quaginta libras turon. parvorum oommuni extimatione — .
{t. 68 j Int. et ex. 680: Eug. IV. Solutionutn ann. 1437; f. 31).
Dominicus etc. [S. Marie in Via Lata cardinalis, Firma-
nug vulgariter nuncupatus, Saori CoUegii camerarîus] —
quod Johannes, abbas mon. Béate Marie de Bono loco, ordi-
nis Cistercien. Bu. di., pro totali solutione suorum commnnis
et minuti serviciorum in quibus etc. ac termine nondum
elapso etc. il. auri de Ca. triginta duos, sol. duodecim, den.
sex., Nobis etc. per manus — Cosme et Laurencii de Me-
diois et sociorum suorum etc. die date presencium solvi
fecit realiter et cum effectu, de quibus etc. In quorum etc.
Datum Florencie, die tricesima mensis junii, anno —
M°CCCC"^XXXVIIII^ — .
{i. 69, Int. et ex. 606, f. 2)(1). Bononie, dicta die [IIIP
mensis julii] MCCCCXXXVII, d. Henricus, commendatarius
mon. S. Crucig — solvit il. XLIIIP'. Fuit obligatus Flo-
rencie die HII^ mensis julii, pontificatus d. Eugenii pape
IIII** anno V*°. Fuerunt participantes cardinales X, vide-
lioet — .
Capiunt — . Restant — . Capit — .
(ib., f. 37"). Florentie, dicta die [XVIII mensis maii
M^^CCCCXXXIX**], d. fr. Menaldus, abbas mon. S. Pétri de
Bertulio, solvit fl. XXV. Fuit promotus Florentie, pontifi-
catus d. Eugenii pape IIII'' anno VIIIP. Fuerunt in ejus
promotione cardinales VIII, videlicet — .
Capiunt — . Restant — . Capit — .
(t6., f. 40). Florentie, dicta die [XIIII' mensis julii
M^CCCCXXXIX°], d. Johannes, abbas mon. Béate Marie de
Bonoloco, ordinis (sic) B. di., solvit fl. XXXII, sol. XII,
(1) Indiqué par de Loye sous le n^ 69 ^*'. Il porte au dos le titre
de < Eug, IV divisioDum, 14S7-1468 >.
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81 LBS OOMFTBB
den. yi. Fait promotas Florentie, Ylin* idoB junii, ponii-
ficatufl d. Eagenii pape IIII** anno nono. Faemnt in ejos
promotione cardinales YIIII, videlicet — .
Capiant — . Beetant — . Capit — .
(t. 70, f. P). Card. XIIIL Die vigesimo tercio dicti men-
sis martii [MCCCCXXX primo], — Petrns Johannis, perpe-
tuns yicarius eccl. S. Pétri Bu., Henricns Canis, deoretomm
doctor, Gombaldus Tidonis, archipresbiter de Molinis et
canonicQS eccl. S. Severini extra mnros Bn., et Guillermns
Tidonis, litteramm Sacre Penitentiarie scriptor, procura-
tores et procuratorio nomine — d. Pétri, arc. Bu., sicut de
eorum procnratione patet publiée instrumente, a me viso,
in Ca. ap*^ dimisso, obtulerunt Oamere ap^ et Collegio car-
dinalium pro co. ser. per ipsum arc, ratione Bu. eccl. débite,
fl. auri de Ca. quatuor milia, ad quos dicta eccl. reperitur
taxa ta, et quinque minuta servitia consueta. Eorumdem au-
tem — medietatem — solvere promiserunt, submiserunt,
juraverunt et obligaverunt in forma, et — Francisons Tin-
dalmario (?), ap"* Sedis prothonotarins et vicecamerarius — ,
tulit sententias exe'* in scriptis in forma. Actum Borne,
apud S. Petrum, in thesauraria, presentibus — Johanne de
Vicellensibus de Cuncto (?), ap** Sedis prothonotario, et An-
geletto, eadem gracia episcopo Caven., d. G-uillermo de Lati-
nis de Prato ap'* Camere clerico, et me, Jo. de G-allesio,
duce, Camere notario.
(t. 70, Coll. 306, f, 119^). Gard. VIIIP, Die IIII julii
[MCCCCXXXV], — Arnaldus Guilielmi de Media Villa,
procurator et persona légitima — Henrici, episcopi Yasaten.,
commendatarii mon. S. Crucis — , nomine dicti d. episcopi
obtulit Camere ap~ et Sacro Collegio — pro co. ser. dicti
mon. ratione commende sibi — facta medietatem quingen-
torum fl. auri de Ca. ad quos dictum mon. taxatum repe-
ritur secundum reduotionem rengni (sic) Francie et quinque
minuta servitia consueta pro familiaribus et officialibus d.
nostri Pape. — medietatem — solvere promisit, pro qui-
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DU DIOCJBSB DB BOBDEAUX 86
bus — . Et Dominus tulit senientias^ preeentibus — et me,
A. de PiBis.
(En marge, d'une autre écriture presque effacée). Die XYII
dicti menais, addendum (?) quod deliberatnm fuit pênes
dominos de Ca. in presentia prefati d. locumtenentis quod
dictum monasterium Sanote Cruois non debeat gandere re-
ductione, et scil. (?) débet solvere pro com. servicio fl. quin-
gentos et quinqne minuta Bervicia, non obstante quod data
obligacio sit facta cum reductione, quia non fuerat data
bona informatio, prout ipsi domini deliberaverunt.
(fft., f. 160). Gard. XIL Die XVII dicti menais [nov.
MOCCCXXXVIJ, — Berardus de Villa, prior prioratus
Insula S. Oeorgii, 0. S. B.. Bu. di., tanquam principalis
et priva ta persona ac vice et nomine — Pétri, abbatis mon.
S. Pétri de Insula 0. S. A. Bu. di., obtulit Camere ap"* et
CoUegio — cardinalium pro suc com. ser. débite racione
provisionis sibi facte fi. auri de Ca. ceutum et sexaginta,
ad quos dictum mon. reperitur taxatum et quinque minuta
servitia consueta pro familiaribus et officialibus d. nostri
Pape et dictorum d. cardinalium. Eorumdem autem com-
munis et minutorum medietatem — solvere promisit, jura-
vit, rennntiavit, obligavit in forma etc. Et tulit sententias
e communicationis in forma reverendus pater d. A., épis-
copus Parentin., locumtenens, presentibus — et me, M.
Thennii.
(»., f. 230). Card. VIII. Dicta die [XXII maii MCCCC-
XXXVIIIP], — Menaldus, abbas mon. S. Pétri de Ber-
tbulio — , personaliter obtulit Camere ap*' et Collegio —
cardinalium pro suo com. ser. débite fl. auri de Ca. centum
viginti quinque et solid. viginti, ad quos dictum monaste-
rium reperitur taxatum, et quinque minuta servicia consueta.
Eorumdem autem communis et minutorum medietatem —
solvere promisit, jnravit, renunciavit, obligavit in forma etc.
Et d. locumtenens tulit sententias in forma. M. Thennii.
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86 LES COMPTES
{t. 71, Intr. et ex. 698: Eug. IV et Nie. V Ohligat. et Coll.
1443-1447 f. 24). Card. XIIII. Die XIIII' maii [MCCCC-
XLV], — Stephantis de Manso, electus abbas mon. Béate
Marie de Bono loco inter Duo Maria — , personaliter obtulit
Camere ap*' et ooUegio — cardinalium fl. auri de Ca. quin-
quaginta septem cum duobus tertiis et quinqne minuta ser-
vitia consueta. Eorumdem autem medietatem — solvere
promisit etc.
(f. 38^). Card. [Xf]. Die XU aug. [M«CCCC*^XLVP], —
Ivo de Campania, procnrator — Raymundi Fabri electi
mon. S. Salvatoris de Blavia — , obtulit Camere ap*' et
CoUegio — cardinalium pro suo com. ser. fl. auri de Ca.
quadringentos, ad quos dictum monasterium reperitur taxa-
tum, et quinqne minuta servitia consueta. Eorumdem autem
medietatem — solvere promisit. Flavenz. (?).
(f. 74, Intr. et ex. 682, Eug. IV, solution. 1443-1447) (f. 36).
Lucidus etc. quod — Oeraldus, abbas mon. Béate Marie Silve
maj. — , pro parte suorum communis et minuti servioiorum, in
quibus etc. ac termine nondum elapso etc., fl. auri de Ca.
quinquaginta/Nobis etc. per manus — Cosme et Laurencii de
Medicis et sociorum suorum, mercatorum Florentinorum Cu-
riam Romanam sequentium, die date presencium solvi fecit
realiter et cum effectu, de quibus etc. In quorum etc. Da-
tum Florenoie die ultîma mensis junii, anno — M'CCCC""-
XXXV»«' -.
fl. I, g. IL
(ib.j f. 65"). Lucidus etc. quod — Henricus, episcopus
Vasaten., commendatarius mon. Sancte Crucis — , pro parte
suorum communis et minuti serviciorum in quibus etc. ac
termine nondum elapso, racione commende dicti mon. etc.
fl. auri de Ca. centum — , Nobis etc., per manus — Cosme
et Laurentii de Medicis et sociorum suorum, mercatorum
Florentinorum Curiam Romanam sequentium, usque in diem
tricesimam mensis aug. proxime preteriti solvi fecit rea-
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DU DIOCÈSE DB BORDEAUX 87
liter et cum effecta, de quibus etc. lu quorum etc. Datum
Bouonie die, décima mensis dec, anno M*'CCCC"*XXXVI*'* — .
fl. I, g. ii.
(ib.j f, 66''). Lucidus etc. Ex iutellecta mole gravamiunm
pro parte — Heurici, episcopi Vasaten., commendatarii
mon. S. Crucis — , que ipsum ad solvendum illas peounia-
rum quantitates quas pro suis communibus et minutis ser-
vioiis — termine jam diu elapso racione promocionis sue
ad ecclesiam Vasaten. et mon. sibi commendati Camere
dicti CoUegii necnon familiaribus et officialibus dictorum
d. cardinalium solvere tenebatur, extitit effioaciter obliga-
tus, reddebant et adhuc reddunt verissimiliter impotentem,
auctoritate Nobis — a die tertia décima mensis sept, proxime
preteriti usque ad — terminum sibi duximus prorogandum — ;
ita tamen etc. ; et insuper etc., secum etc. In quorum etc.
Datum Bononie, die septima mensis dec. anno — M^CCCC""*
xxxvr*» -.
(/*. 81). Lucidus etc. quod — Henrious, episcopus Va-
saten., oommendatarius mon. S. Crucis — , pro parte sui com-
munis et minuti serviciorum in quibus etc. ac termino
jamdiu elapso, racione dicte commende etc. fl. auri de Oa.
quadraginta quatuor, Nobis etc. per manus — Dominici
de Cambiis dicti d. episcopi nepotis die date presencium
solvi fecit realiter et cum effectu, de quibus etc. Et insu-
per etc., secum etc. Verum, intellecta mole gravaminum
pro parte dicti d. episcopi — coram Nobis exposita etc.^
huic et usque ad — terminum sibi duximus prorogan-
dum, etc., ita tamen etc. In quorum etc. Datum Bononie^
die septima mensis aug. anno — M"CCCC"*^XXXVII^ — .
fl. IIII" , g. Illi-
co. 76, Intr. et ex. 593, f. 6"). Card. XV. Non habuit
effeetum, ut infra apparet. Die veneris XIIII* julii [MCCCC-
XLVII], — Thomas de Fargia, clericus beneficiatus in eooL
S. Severini extra muros Burdegalen., procurator — Petri^
electi mon. S. Vincentii de Burgo, — obtulit Camere ap**
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88 LES COMPTES
et Oollegip — cardinalium fl. aari de Ca. centnm et qoin-
que minata servicia consneta. Eommdem autem medietatem
— solvere promisit etc.
(»é., f. îô). Gard. [XIII?] Non hàbuit effecfwn. Infra est.
Die nona ejasdem [menais marcii MCCCCXLYIII), — An-
tonias de Ambilla canonicus Oloren., ut principalis et pri-
vata persona, nomine — Âlziarii (?) Capucii, eleoti abbatis
mon. S. Pétri de Insula — . obtalit Camere ap~ et sacro
Collegio d. cardinalium il. auri de Ca. centnm sexaginta et
quinque minata servicia consneta. Ek)ramdem antem me-
dietatem — promisit etc. S. Cousin (1).
(t6., f. 34''). Card. XV. Solvit. Dicta die [X*] mensis dec.
[MCCCCXLIX**], — Petrus de Prato, canonicus S. Severini
extra Burdegalen., ut principalis etc., nomine — Johannis
electi abbatis mon. S. Vincencii de Burgo — , obtulit Ca-
mere ap"^ et — cardinalium Collegio, racione provisionis
dicti mon. fi. auri de Ca. centum et quinquaginta servicia
consneta. Eommdem autem medietatem etc. G. de Vulterris.
(ib., f. 76). Card. X. f Recardor dominum dictum res-
pondisse in Ca. ap^ quod erat pauperrimus^ et relaxate fue-
runt propter paupertatem. Ideo pro signo feci crucem. Die
XIII' mensis oct. [MCCCCLIP] — Quillielmus Barorelli,
electus abbas mon. Béate Marie de Faesia — , obtulit per-
sonaliter Camere ap°* et Collegio d. cardioalium pro suo co.
ser. racione dicte facte provisionis auctoritate ap""', videlicet
il. auri de Oa. quadringentos, ad quos dictum mon. taxatum
reperitur, et quinque minuta servitia consneta. Eomm-
dem etc. infra sex menses promisit soluturus etc., numptia-
vit, curavit et se obligavit etc. et d. Perusinus .looumte-
nens tulit sententias exe" in scriptis in Ca. ap*^, presentibus
venerabilibus viris etc. et me, G. de Vulterris.
(A suivre).
J. Fraikin
Ancien ohapelain de Saint-Loais.
(1) On voit (ff. 52^ et 53^) que ces signataires étaient des notaires.
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JEAN XXII
ET LE PABLEE DE L'ISLE DE PEANCE
On sait comment, à parcir du XIIP siècle, le parler de
l'Isle de France entama une guerre lente, mais sûre,
contre les dialectes provinciaux qui circulaient dans la
France d'alors et surtout contre le latin, puis finit avec
le temps par s'assurer l'avantage sur ses rivaux. £ien n'est
plus curieux que d'interroger les contemporains sur l'usage
qu'ils font de notre langue française, surtout si ce con-
temporain est un personnage de marque. Dans l'occurrence
c'est Jean XXII, au début du XIV siècle, qui nous four-
nit la matière de l'interrogatoire. Voici dans quelles cir-
constances ce pape nous offre cette bonne fortune.
Le roi de France, Charles IV le Bel, avait envoyé à
Jean XXII des lettres écrites en français et relatives à une
affaire d'hérésie dans laquelle était impliqué un grand
seigneur. Ces lettres demandaient une réponse. Après l'avoir
fait attendre le pape l'expédia le 9 juillet 1328.
Le pontife s'excuse, tout d'abord, de son retard et prie
le roi de ne pas s'en formaliser. Il avoue qu'il comprend
difficilement le français et qu'à plusieurs reprises il a
tenté, mais en vain, de traduire les lettres royaux. Il ne
voulait point, pourtant, en confier le secret à un traducteur.
Finalement il y a été obligé. Aussi il prie le roi d'em-
ployer dorénavant une langue qu'il puisse comprendre.
Aanal** d« 8.-L.-d.-F. 6
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90 JEAN XXII BT LE PABLBB DE l'iSLE DE FRANCE
«... Nec super moram expeditionis hajnsmodi [responsîonis]
miretnr, sed nos potins evcvsatos habeat, qaesamns, regia cel-
situdo; nam litteras predîctas scriptas in vnlgari gallico minas
plene légère scivîmus nec legendas alii libenter commitiere vole-
bamns, qnod tandem facere et eas transferri de gallico in latinom
oportuit nt eamm valeamns percipere plenins intellectnm.
Qaare velit, amodo, nobis regia serenitas scribere litteraliter
nt communicare sécréta regia aliis, nisi videremns expédions, non
sît opaS) sed per nos litteris lectis regiis et faciliter intellectis
possimns qnantocitius qnod saper illis expedire secandam Deam
videbimns respoDdere. Datam Avenione, VII idus jalii, pontîfi-
catus nostri anno septimo > (1).
Cette ignorance du dialecte de Tlsle de France, de la
part de Jean XXII, n'a rien qui puisse surprendre; tout
au contraire. Originaire du Quercy, ce pontife passa une
bonne partie de sa vie à Cabors, à Montpellier, à Aix
ou Fréjus, c'est-à-dire dans des contrées où le français
n'était pas usité. Puis de la Provence il s'en fut à Naples,
près d'une Cour étrangère, y exercer les fonctions de chan-
celier, pour revenir à Avignon s'asseoir sur le trône pon-
tifical autour duquel se groupait un entourage qui, jusqu'au
personnel des écuries ou des cuisines, n'employait dans
l'usage courant que le latin.
De plus, Jean XXII était avant tout un homn^ d'E-
glise. Or la langue de l'Eglise était le latin. C'était en
latin que les prédicateurs parlaient devant leurs auditoires,
si bien qu'il faut descendre jusqu'à la fin du XIV siècle, à
Gerson, pour rencontrer avec certitude un prédicateur prê-
chant en français.
Ajoutez que Jean XXII avait conquis ses grades de
docteur in utroque jure près des universités qui ne prati-
(1) Eegistre Vatican, 112, secrètes, f. 203 r**.
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JBAN XXII BT LE PABLEB DE l'iSLE DE FBANCB 91
quaient d'autre idiome, sinon le latin. D'ailleurs celui-ci
conservera encore longtemps les préférences du public
lettré. Un des admirateurs les plus passionnés de notre
vieille langue française, tout en consacrant son éloge,
n'osera pas encore la mettre au-dessus du latin. Il l'appelle
< le doulz françois, qu'est la plus bel et la plus gracions lan-
£uage et le plus noble parler, après latin éCescole. . . » (1).
G, MOLLAT.
(1) Cité par Petit de JuUeville, Histoire de la Langue et de la
Littérature française, t. II, p. 611.
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UNE RÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE
INTRODUCTION, DÉVELOPPEMENT
ÉTAT ACTUEL DU PROTESTANTISME DANS LE DIOCÈSE DE NÎMES (1)
Lorsque Mgr de Ghaffoy prit, en 1821, possession du
siège épiscopal de Nîmes, supprimé par le Concordat de 1801,
il se trouva à la tête d'un diocèse bien plus considérable
que celui des anciens évêques ses prédécesseurs.
Sa jurisdiction s'étendait en effet sur tout le territoire
du département du G-ard ; et dans ces mêmes limites départe-
(1) L'antenr de oe travail, écrit sans aucune prétention, et avec
le souci d'éviter ce qui pourrait Inî prêter les apparences d*nne œnvre
de polémique ou de critique pour garder le caractère de simple exposé,
tient à remercier dès à présent les nombreuses personnes catholiques
ou non, mais spécialement MM. les curés du diocèse de Nîmes, qui
ont bien voulu lui communiquer de précieux renseignements et leurs
idées, sur la situation et l'état actuel du Protestantisme dans le Gard.
Il s'est documenté pour la partie historique auprès des auteurs
suivants :
Ménard: Histoire de Nîmes.
Devic-Vaissette : Histoire générale du Languedoc.
Th. de Bèze: Histoire ecclésiastique des Eglises réformées au
royaume de France (édité par Baum et Cunitz).
Merle d'Aubigné : Histoire de la Bé formation en Europe au temps
de Calvin.
A th. Coqnerel: Histoire des Eglises du désert.
Anonyme : Histoire des Camisards (imprimé à Londres en 1744).
Ed. Hugues: Histoire de la restauration du Protestantisme en
France.
Haag: La France Protestante.
Divers manuscrits enfîn des Archives municipales de Nîmes; d'au-
tres, cités par des auteurs dignes de foi, de la Bibliothèque nationale
de Paris et de celle de Genève.
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94 UNB RÉaiOK PROTESTANTS DB LA FRANCE
mentales se trouvaient enclavés les anciens diocèses d'Uzès (1)
et d' Alais (2), les cantons actuels d'Aramon et de Villeneuve-
lez-Avignon qui relevaient jadis du siège d'Avignon, et
celui de Beaucaire qui appartenait à la métropole d'Arles.
C'est de l'introduction, du développement et de l'ét&i
actuel du Protestantisme dans les seuls pays qui consti-
tuent aujourd'hui le diocèse de Nîmes (3), que j'ai l'intention
de m'occuper dans cette notice.
Il ne me serait en effet ni loisible ni possible de refaire
après d'autres une étude sur le Protestantisme dans le Midi
de la France; et d'autre part, le nombre de nos frères dio-
césains séparés est déjà trop considérable, les événements
fâcheux que l'histoire relate chez nous, sont trop multiples,
pour que je veuille encore paraître en accroître l'impor-
tance et la quantité, par l'énumération de ce qui peut con-
cerner nos voisins immédiats, même très rapprochés.
Cela seul, qui au dehors de ce territoire, pourrait servir
d'explication, ou qui se rattacherait directement, par des
relations de cause à effet, à ces notes exclusivement dio-
césaines, y trouvera place; ainsi d'ailleurs que certains
aperçus généraux indispensables même pour des études
locales et particulières.
(1) Le diooëse d^Uzès remonte aa début du V« siècle et a compté
64 èvôqneB.
(2) Celni d' Alais oe fat institué qn'en 1694 et occupé par 7 èvêqoes
seulement, dont le dernier, F. de Baueset, fut cardinal et membre de
r Académie française.
(8) C'est-à-dire le département da Gard dont les limites sont éga-
lement celles du diocèse. 11 remonte au IV^ siècle et l'évèque actuel,.
Mgr Béguinot, est le 86* successeur de saint Félix I"'.
Le 27 avril 1877, Mgr Besson, évoque de Nîmes, obtenait du Sou-
verain Pontife, pour lui et pour ses successeurs, l'autorisation de
joindre au titre d'évêque de Nîmes, ceux d'Uzès et d' Alais.
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UNE EiaiON PBOTBSTANTB DE LA FBANCB 96
L'on pourrait s'étonner en effet de la facilité et de la
persistance des rebellions contre l'autorité royale dans cer-
taines parties du Languedoc, si l'on ne savait que les anciens
grands fiefs n'étaient pas rentrés dans la centralisation gé-
nérale sans garder de nombreux privilèges: états provin-
ciaux, surveillance de l'administration, consentement de
l'impôt, pouvoirs étendus de leurs gouverneurs, puissance
de leurs parlements, etc., toutes choses qui en faisaient
presque des états indépendants.
L'on ne s'expliquerait pas non plus certains soulève-
ments, si leur provocation extérieure ou étrangère n'était
pas mise à jour; et l'on ne comprendrait guère mieux
comment des paysans mal armés^ poursuivis par des troupes
nombreuses, pouvaient résister si longtemps ; comment des
populations après avoir embrassé certaines idées y restaient
fidèles au prix de mille souffrances, ou s'en détachaient au
contraire, si l'on ne connaissait un peu et le pays lui-même,
et le tempérament des gens qui l'habitent, et par là, les
ressources qu'ils pouvaient trouver en eux-mêmes ou à
l'extérieur, comme aussi les causes de leurs variations.
Qui ne reconnaîtrait qu'entre la plaine et la montagne,
un pays riche et de pauvres régions, les pensées, les aspi-
rations et les coutumes doivent être bien différentes dans
les populations? que ceux qni chaque jour accomplissent
un rude labeur, sans grande rémunération, privés d'ailleurs
des facilités que les grands centres et l'aisance des com-
munications apportent à la vie, remplissent cette même vie
de toute autre manière que ceux à qui un travail, relati-
vement peu ingrat, et parfois d'un très gros rapport, permet
certaines jouissances, dont les offres vont aujourd'hui se
multipliant ?
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96 UNE BÉGIOK PROTESTANTE DE LA FRANCE
Or le territoire du diocèse de Nîmes, dans ses parties
constituant les vallées du Bhône, du Gard, de la Cèze, les
plaines de Beancaire, de Nîmes, d'Aigaes-Mortes dans la
Vannage et la Costière, offre d'incontestables facilités de
travail et une réelle richesse de production soit en vin, soit
en céréales, soit en fruits, sans parler de la richesse indus-
trielle qui distinguèrent toujours certaines villes comme
Nîmes et Beaucaire.
Tandis que l'on ne saurait oublier l'impressionnant spec-
tacle du travail dans les parties montagneuses de l'Ouest, où
la terre ne donnerait rien s'il ne fallait la forcer à produire
dans des conditions de fatigue extrême.
Peu ou point d'instruments de labour perfectionnés;
la charrue elle même ne peut pas être utilisée dans
ces lambeaux de terrain qui s'élèvent progressivement,
comme autant de terrasses superposées, bâties à main
d'homme, sans lesquelles la moindre pluie entrainant la
terre au fond des vallées, ne laisserait que le roc à nu.
Et c'est seulement avec la bêche ou la pioche que l'homme
peut recueillir, non pas de quoi faire l'objet d'un commerce,
bien loin de là, mais à peine de quoi subvenir à ses be-
soins quotidiens. Pas de bétail ; peu de pâturages, car l'exi-
guité des vallées ne saurait permettre le moindre élevage.
Au fond de ces vallées et sur les premières pentes des
montagnes où le ciel n'apparaît vraiment que par des échan-
crures, quelques mûriers, source d'aisance relative, jadis,
par l'industrie séricicole, aujourd'hui d'un très médiocre
revenu ; sur leur flanc, des chataigners, quand le régime
des terrasses devient impraticable à certaine hauteur. Mais
le fruit de cet arbre n'a jamais enrichi personne.
Là, l'homme doit tout faire par lui-même: porter les
fardeaux; parcourir à pied — et sur quels sentiers! — de
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UNE BÉGION PBOTESTANTE DE LA PRANOE 97
grandes distances ; s'estimer l'humble serviteur de la nature
et non pas son maître qui la dompte. Là, sur de grandes
étendues, que quelques routes desservent à peine, dans ces
vastes solitudes piquées de rares hameaux ou villages,
perdu aux recoins des gorges, d'aspect souvent merveil-'*
leux, au seuil des baumes ou cavernes assez nombreuses,
sur les pios dont certains dépassent 1500 mètres, l'homme,
travailleur isolé, connait par force le recueillement; et,
comme rien chez lui, dans ces bourgades endormies, ne
sollicite vivement son esprit, n'éveille sa curiosité, ne sou-
lève ses sens, ses pensées revêtent une forme grave, pres-
que forcément religieuse, et c'est bien là sa plus notable
caractéristique.
L'on peut dès lors mieux saisir certains états d'esprit
dans notre diocèse, qui, chez les uns, forment des carac-
tères rigides, austères, d'uue indiflTérence très grande pour
bien des choses, mais fermement attachés à leurs convic-
tions, obstinés et conservant toujours une certaine défiance
à l'égard de ceux qui ne pensent pas comme eux sur cer-
tains points, et un fond de rancune pour les souffrances
de leurs ancêtres dans le passé et les inévitables heurts
du présent.
Telles seraient nos populations des parties montagneu-
ses: catholiques ou protestants cévenols (1).
Chez d'autres, au contraire, l'indéniable influence du
Midi, chaud, poussiéreux et pourtant éclatant, aux hori-
(1) Les Géyennes sont la chaîne de montagne dont le faîte forme
en partie ]a limite ouest, nord-onest du diocèse de Nîmes. Leurs con-
treforts viennent expirer aux garrigues nimoises en mamelons très
dénudés qui rappellent les paysages palestiniens, mais où croissent
pourtant le chêne et l'olivier. Elles séparent bien, ainsi que Ta dit
O. Reclus, deux climats, deux végétations, deux natures comme deux
versants hydrographiques.
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98 UNB BÉaiON PBOTBSTAKTB DB LA FBANCB
zons crus, où les couleurs se heurtent, où la monotonie du
ohant de la cigale remplit de longs étés, où le vent fait
jouer les muscles, où il arrache les arbres ; cette influence^
dis-je, et une aisance relative, l'apport fréquent d'idées
.nouvelles par les contacts étrangers que procurent de mul-
tiples relations, l'activité de ces relations et des affaires;
les sollicitations pressantes de gain à conserver ou à ac-
croître ; la facilité de distractions qui s'offrent de plus en
plus nombreuses, enlèvent à l'esprit ce caractère de gra-
vité noté plus haut ; et nous trouvons, peut-être avec plu&
de plaisir, nos habitants des bords du Bhône, de la plaine
de Nîmes à Beaucaire et Saint- Gilles — on leur reconnaît,
il est vrai, un peu de sang et de type helléniques — de»
bords du Gard ou des environs d'Aigues-Mortes vifs, ar-
dents, d'aucuns diront un peu légers et superficiels, ama-
teurs de bruyants spectacles et peu portés aux graves mé-
ditations. Mais, comment méditeraient-ils, quand le Mis-
tral (1) les enveloppe de ses tourbillons, et lorsque la fa-
conde de leurs voisins du sud-est, en rapports constant»
avec eux, a monté leur esprit, comme le soleil a brûlé leur
sang?
Le fond de ces caractères divers, n'a pas changé depuis
longtemps évidemment, car les éléments qui concourent à les
former existaient autrefois comme ils existent aujourd'hui,
et, sauf les modifications inévitables apportées aux coutumes
et aux relations par les progrès modernes, et la centralisation
poussée à l'excès, tels ils sont aujourd'hui, tels à peu près
ils devaient être vers le XVP siècle quand les idées nou-
(1) Le Mistral (maitre), vent excessivement violent qui souffle du
nord dans tonte la vallée du Rhône et qui, s'il est desagréable, y
rend toutefois d'immenses services. Une locution du pays l'appelle:
« Le vent qui mange la boue ».
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UNE BÉQION PROTESTANTE DE LA FBANCE 99
veiles répandues par Luther et Calvin vinrent s'offrir à
l'enthousiasme des uns, à l'esprit sérieux et méditatif des
antres.
Mais avant d'aborder l'histoire du progrès de ces idées
dans le pays qui nous occupe, il est utile, pour eu expli-
quer l'extraordinaire rapidité de diffusion, de rappeler les
causes principales de cette vogue et de ce succès. Causes
générales s'appliquant à toute la nation, par conséquent
aussi aux diocèses d'Uzès et de Nîmes, causes particulières
qui favorisèrent spécialement la réforme dans le Midi, dans
la région cévenole surtout.
La vie religieuse au début du XVP siècle, laissait évi-
demment beaucoup à désirer et le vœu général appelait
bien certaines réformes, mais non pas celle qui fut une
véritable révolution. Tandis que la vie intellectuelle se
renouvelait, beaucoup d'âmes même dans le clergé, le bas
clergé séculier en particulier, sentaient le besoin d'une trans-
formation dans l'état qui était imposé par la négligence et
l'injsouciance des hauts dignitaires ecclésiastiques.
Les prélats se préoccupent surtout d'accroître et de mul-
tiplier leurs bénéfices ; l'on verra par exemple trois prélats
d'une même famille détenir à la fois six archevêchés, douze
évêchés, vingt abbayes.
Comment pourraient-ils donc s'inquiéter d'administration,
de justice, des intérêts religieux des populations dont ils
ont la charge et dont ils laissent le soin à des mandataires
préoccupés eux-mêmes d'établir d'abord leur fortune?
Les règles monastiques se sont considérablement relâ-
chées; et le peuple ne voit guère et n'entend guère que
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100 UNE BÉaiON PROTESTANTE DE LA FBANCE
les moines mendiants dont les intempérances de langage
et les virulentes apostrophes contre les grands ou les pré-
lats, hâteront la dissolution des liens de respect et de sou-
mission qui unissaient encore malgré tout les fidèles à leurs
chefs.
L'état général est mauvais ; les plaintes sont générales ;
le terrain est prêt pour que les idées des soi-disant Ré-
formateurs soient accueillies souvent comme une vraie ré-
novation de bien et de salut.
D'ailleurs la réforme s'introduisait en France alors qu'elle
était déjà devenue un grand fait contre lequel l'Eglise
n'avait pas encore d'organisation méthodique pour s'op-
poser à sa propagation ; et dans ces centres toujours agités
d'une curiosité éveillée qu'étaient les universités elle trou-
vera des foyers d'où rayonneront ses conquêtes. Quelle
opposition rencontrera- t-elle? L'organisation politique est
trop incomplète, la volonté royale s'émiette trop entre cent
intermédiaires, les provinces sont encore trop jalouses de
leur indépendance pour enrayer efficacement la diffusion de
ses idées.
Tout est à créer, à organiser: législation et procédure;
les tribunaux ecclésiastiques dépouillés d'une grande partie
de leurs attributions par les ordonnances de 1498 et de 1639
seront impuissants; les poursuites civiles déjà difficiles,
seront souvent empêchées par l'indifférence, la mauvaise
volonté ou la tolérance d'un seigneur, d'un officier, ou des
magistrats; et il suffira par exemple d'un changement de
résidence pour que les poursuites soient abandonnées.
Si encore l'autorité royale se manifestait clairement et
énergiquement ! mais à côté de François I" se trouve sa
sœur Marguerite qui couvre de tout son pouvoir et de sa
protection les premiers propagateurs de la Réforme.
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UNB BÉGION FBOTESTAKTE DB LA FBANGB 101
Fais la subite diffusion des Livres Saints par le moyen
de l'imprimerie et l'ignorance trop générale, même chez le
clergé, vont ouvrir un champ aussi vaste que dangereux aux
interprétations et aux discussions que multiplieront à l'en-
vie les prédicants et tous les réformés.
Dans le Midi et dans notre pays, d'autres causes en-
core s'ajouteront à toutes celles qui précèdent.
D'abord l'université de Toulouse très agitée, très vi-
vante fera bonne figure aux idées nouvelles et dès 1511 le
corps d'un médecin, Gondy Salvi de Molina est brûlé dans
cette ville, comme celui d'un hérétique et d'un apostat.
Puis, soit dans Toulouse même, soit dans la région les re-
ligieux augustins sur qui l'exemple de Luther pouvait
avoir une énorme influence se trouvent en très grand nombre.
Eu outre, les régions cévenoles ont autrefois servi de
refuge aux hérétiques Vaudois et Albigeois qui ont pu y
garder leurs erreurs grâce à l'isolement qui les favorisait
et en introduire les germes parmi ceux qui les entou-
raient.
N'est-il pas même à supposer que les souffrances et le
malaise dont l'écho se faisait entendre partout, devaient
être plus profonds encore dans ces paj'^s perdus, par con-
séquent encore plus abandonnés que les autres; et que le
peuple, assez naturellement disposé aux considérations reli-
gieuses, accepta volontiers la doctrine de ceux qui parais-
saient vouloir le rapprocher de Dieu, en supprimant les
intermédiaires, parfois hélas ! au-dessous de leur mission ?
Quoi qu'il en soit, il est indubitable que dès 1631 les
erreurs de Luther se sont introduites à Nîmes et dans le
Midi, tandis qu'elles se propagent ouvertement après avoir
été longtemps protégées par l'évêque de Meaux, aux en-
virons de Paris. Celui-ci reconnait bien son imprudence
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102 l'NB BÉeiOK PBOTESTAirrB DE LA FRANGE
mais les ouvrages de Lefevre d'Etaples ont porté leurs
fruits ainsi que les prédications de Farel.
Ce sera en vain que le Parlement de Toulouse instruira
contre des avocats, des procureurs, des religieux, des pro-
fesseurs; ceux-ci iront jusqu'au bûcher sans se retracter.
A Nîmes, un religieux augustin a « nory les habitants
de la ville, pabulo caritatis, et de bonne doctrine évangé-
lique > autrement dit, il prêche les erreurs de Luther. Il
est arrêté, jeté en prison, mais probablement soutenu par
les magistrats, le Parlement donne l'ordre de le relâcher.
Toutefois, l'évêque Briçonnet est invité en même temps à
venir résider dans sa ville, et, de plus, à désigner un pré-
dicateur qui serait chargé de prêcher tous les dimanches
pour réfuter les nouvelles doctrines.
C'est que l'appui leur vient de haut et il faut un réel
courage à la Sorbonne, puisé sans doute dans l'absence du
roi, pour qu'elle ose s'attaquer presque ouvertement à la
sœur même de François T" en condamnant un livre qu'elle
venait de publier sans nom d'auteur : « Le miroir de l'âme
pécheresse » et dirigé contre la confession et les œuvres de
satisfaction (1).
François P"* se trouvait sans doute dans un grand em-
barras et peut être aurait-il empêché ces poursuites de se
(1) La reine Marguerite de Navarre fut en effet Tun des pins
fermes protecteurs des idées nouvelles et sa plume dépassa souvent
les limites que la pudeur aurait du imposer à une femme, quelles que
fussent les mœurs de cette époque. Qu'il nous suffise de citer l'ap-
préciation d'un auteur protestant sur un autre de ses ouvrages en
forme de contes: <Ce livre innocent alors (!...) ne l'est plus à cette
heure: de nos jours on ne lira que les contes on laissera les sermons;
tout est dangereux pour la jeunesse de notre siècle. Nous absolvons
l'auteur quant à ses intentions (discrédit et mépris jeté sur les ordres
religieux) mais quant à son œuvre nous la condamnons». (Merle
d'Aubigné, Histoire de la réformation en Europe, T. II, p. 248).
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UNE RÉGION PROTESTANTE DE LA FEANCE 108
généraliser sans la fameuse affaire des placards sur « les
horribles abus de la messe papale » dont il trouva un exem-
plaire affiché à la porte même de sa chambre.
Cette audace l'exaspéra et il s^ensuivit une véritable
fièvre de recherches et d'enquêtes sans que s'arrêtât pour
cela l'infiltration générale de l'erreur.
Elle devient chose si familière et qui n'étonne plus,
que la ville de Nîmes choisit en 1537 pour régir ses écoles,
le maître es arts Imbert Pacolet, puis, son ami Gaspard
Cavard, tous les deux partisans avoués de la réforme Lu-
thérienne. Cependant le chanoine précenteur de la cathé-
drale leur refuse l'institution, qu'il lui appartenait de con-
céder et par ce fait leur enlève tout droit aux prébendes
et aux bénéfices qui devaient constituer les revenus de
leur charge et leur permettre de payer leurs aides. Et
d'autre part une lettre de Calvin nous montre que l'hé-
résie est sérieusement combattue puisqu'il signale aux
magistrats de Baie le supplice de deux réformés à Nîmes
et l'emprisonnement de plusieurs autres. Mais cet intérêt
qu'il montre précisément aux événements du Languedoc
ne sont-ils pas un signe qu'à cette époque, déjà (1637) la
réforme s'était largement propagée dans cette province ?
Et pendant que les idées nouvelles se gagnent ainsi de
nombreux partisans, le relâchement de la discipline, le
désir de l'indépendance et du bien-être éloignent toujours
davantage de la perfection chrétienne ceux que la vérité
qu'ils possédaient eut dû attacher à sa pratique.
Successivement les moines des abbayes de Saint-Gilles
et de Psalmodi obtiennent du pape Paul III leur sécu-
larisation; puis c'est le tour des chanoines de la cathé-
drale de Nîmes, qui vivaient sous la règle de saint Au-
gustin.
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104 UNE BÉQION PROTESTANTE DE LA FRANCE
François !•'' publie bien Tannée suivante un édit contre
les réformés de la sénéchaussée du Beauoaire; Honoré Faret
y répond, pour ainsi dire, en introduisant la réforme à
Semoulins, à Saint-Privat et dans la vallée du Gardon.
Deux ans plus tard, nouvel édit du roi, publié à Fon-
tainebleau et enjoignant de poursuivre l'hérésie sans aucun
ménagement. Les évêques de Nîmes, Michel Briçonnet, et
d'Uzès, Jean de Saint-Gelais qui donnera bientôt le triste
spectacle de l'apostasie, cherchent à le faire exécuter.
Mais les habitants de Nîmes et de Bagnols en particulier
s'y opposent et suscitent tellement d'obstacles que le Par-
lement doit intervenir et ordonner une enquête, taudis que
les Grands Jours sont convoqués à Nîmes à l'effet d'y faire
passer en jugement, les hérétiques saisis.
Et de fait, les autorités locales se trouvent impuissantes.
Le Parlement devra intervenir encore en 1543; Beaucaire
voit brûler au mois d'avril les nommés Armand et Saba-
tier; tandis que d'autres sont brûlés en effigie et un cer-
tain nombre envoyés aux galères ou fouettés en public.
En outre comme Beaucaire, aujourd'hui du diocèse de Nî-
mes, relevait alors du siège primatial d'Arles, l'Archevêque
de cette ville reçoit de très sévères injonctions au sujet
des mesures à l'observation desquelles il devra veiller. Oe
qui montre bien d'ailleurs quelle était la minime part que
prenaient les évêques et les officialités à ces punitions et
à ces poursuites dont ils n'étaient quelquefois pas même
informés, leur autorité et leur jurisdiction ayant été con-
sidérablement restreintes.
Mais ces violences et ces persécutions, moyens extrêmes
qui n'étaient guère employés cependant qu'après épuise-
ment des voies de persuasion et de douceur, ne produisaient
en somme que des résultats opposés à ceux que l'on en es-
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UNE RÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE 105
pérait. Dans les centres tant soit peu nombreux, ils faisaient
germer des ferments de haine et de représailles, gni se
•donnèrent jour une première fois par la lacération et les
outrages infligés à un tableau de la très sainte Vierge qui
«e trouvait dans une des chapelles de la cathédrale de
Nîmes.
C'était en 1545; l'émotion fut énorme tant on s'attendait
peu à cette sacrilège audace ; et une grande procession gé-
nérale eut lieu dans toute la ville en réparation de cet
outrage.
Cela n'empêchait pas, quelques mois plus tard, l'évêque
d'Uzès lui-même (1) et un certain nombre de ses chanoines
•de passer au parti de l'erreur. Puis c'est la petite ville
d'Anduze en avant-garde sur les premiers contreforts des
Oévennes, où le cordelier Eaymondi prêche la réforme.
Poursuivi par les magistrats, défendu par les consuls, ceux-
<5i sont contraints cependant de l'envoyer à Toulouse comme
prisonnier en 1647.
Dès ce moment l'Eglise réformée de Nîmes est déjà cons>
tituée. Elle est en relations avec Calvin dont les idées ont
remplacé celles de Luther. Des ministres venus de Genève
y prêchent dans des réunions qui se tiennent derrière la
Tour Magne (2), Poursuivis et condamnés ils sont brûlés
en efBgie; tandis que Sarcenat, prédicant des Cévennes est
lui aussi condamné au feu.
Ensuite c'est Pierre Delavau qui s'était aventuré à prê-
cher en pleine rue. On lui donne pour l'assister le prieur
(1) Destitué par le pape pins tard, il fut néanmoins réintègre dans
son siège par Charles IX.
(2) Imposante mine romaine de forme octogone qui a encore
28 mètres de hauteur et qui se trouve un peu hors de la ville au sommet
d'une colline qui sert de promenade. C'était sans doute un mausolée.
Annales du 8.-L.-d.-F. 7
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106 UNE BÉGION PE0TB9TANTB DE LA FKANCE
des Dominicains (1) Jacques Deiron qui était secrètement
calviniste, et qui après ravoir encouragé à rester ferme
dans ses croyances, se déclare lui-même et s'enfuit à Ge»
nève.
A Alaîs, l'un des Co-Seigneurs, Louis de Cambis em»
brasse l'hérésie. L'un de ses fils, chanoine de la collégiale,
se fait excommunier pour tentative d'assassinat et dès ce
moment il use de toute son influence et de celle de son
père pour répandre le calvinisme dans la ville et les en*
virons.
Tout cela n'est pas fait pour rétablir la paix dans les
esprits, ni dissiper les doutes qui peuvent naître dans les
âmes que la nouveauté attire et que leur ignorance livre
sans défense aux théories dont on leur fait un surprenant
mirage comme l'écrit Ménard. « On vit les peuples par une
espèce de fascination, courir en foule aux prédications des
nouveaux ministres, qui, abusant de leur simplicité ou de
leur ignorance, tachaient de les persuader que jusqu'à eux
on n'avait connu ni Dieu, ni sa loi, ni son culte > (2).
— Nîmes possède un certain nombre de monuments romains assez,
bien conservés: L'Amphithéâtre ou les Arènes; la Maison Carrée, un
des plus beaux et des mieux conservés parmi les temples romains
subsistant encore; la Porte de France, reste de l'enceinte romaine ;^
des ruines d'anciens bains et d'un nymphée, appelé «Temple de Diane»;
sans parler du grandiose pont du Gard, dont la construction est attri-
buée à Agrippa gendre d'Auguste et qui se trouve à quelque distance
de la ville.
(1) D'après le Bulletin du Protestantisme; Ménard, dit «des Ja»
cobins ».
(2j En 1551 redit de Chateaubriant constatait « qu'on avait vu
et qu'on voyait les erreurs continuer et croître tant secrètement qu'ou-
vertement, de sorte qu'elles s'étaient réduites en une commune maladie
de peste si contagieuse qu'elle avait infecté et contaminé en beau*
coup de bonnes villes et autres lieux et endroits du royaume, la plu-
part des habitants hommes et femmes de toutes qualités, môme les
petits enfants, nourris et appâtés de ce venin ».
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UNS BÉOION PROTESTANTE DE LA FBANCB 107
Les Etats du Languedoc ont beau rendre une ordon-
nance en 1555 pour obliger les chefs de famille à faire
fréquenter les offices. par leurs domestiques les dimanches
et jours de fête; prendre les mesures les plus sévères pour
arrêter les prédicants qui cherchent à passer la frontière
pour venir dans la province, il y en a dès lors à peu près
partout; et les doctrines nouvelles embrassées d'ailleurs par
d'illustres familles comme celle des Condé et des Coligny
de la maison de Châtillon, vont servir désormais de man-
teau à des rivalités de cour; leur histoire deviendra poli-
tique et les humbles consciences individuelles serviront
sans s'en rendre compte, ne croyant lutter et combattre
que pour leur foi, les intérêts seulement de ceux qui les
auront secrètement poussés à la révolte.
Dans les Cévennes, Anduze, Sauve, Saint- Jean-du-G-ard^
Le Vigan ont embrassé le calvinisme.
Mieux défendus, se sentant plus forts dans leurs mon-
tagnes que leurs coreligionnaires de la plaine, les habitants
de ces régions, partisans de l'erreur, se rassemblent en
armes malgré les décrets, et le Parlement y envoie en dé-
cembre 1566, le procureur général et deux conseillers pour
dissoudre ces réunions. Mais il ne peuvent rien contre une
foule armée qui s'élève à plusieurs milliers de personnes
aux environs d' Anduze, de Saint-Privat et de Saint-Mau-
rice; et le roi doit écrire en juillet au sénéchal de Beau-
caire, d'aller prêter main forte au Parlement, insistant en-
core à quelques jours d'intervalle pour l'autoriser à lever
l'arrière ban, s'il le faut, à cet effet.
Les ordres les plus sévères ont été donnés et l'autorité
ecclésiastique n'est plus même informée de la procédure
que les inquisiteurs de la foi nommés par le roi condui-
sent avec rapidité et rigoureusement contre les hérétiques.
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108 UNB BiGIOK PROTESTANTE DE LA FBANCB
C'est ainsi que des denx prédicants signalés à Anduze
Guy de Moranges et le cordelier Clande Rozier, ce dernier
est saisi et brûlé en Nîmes en 1557.
Mais le roi accorde une amnistie et l'année suivante le
ministre Pasquier Boust célèbre des mariages dans la petite
cité cévenole et finit par y organiser complètement l'Eglise
réformée.
Puis c'est Guillaume Mauget envoyé de Genève, comme
ministre à Nîmes, qui organise l'Eglise de cette ville. Aidé
par Pierre Lasserre, ils prêchent d'abord à la Tour Magne,
puis dans l'intérieur de la ville.
Des troubles s'élèvent; mais le nombre des huguenots (1)
est déjà très considérable ce qui leur permet au mois d'avril
de l'année 1560 de célébrer la cène en public. Le vicomte
de Joyeuse qui commandait en l'absence du connétable de
Montmorency et .du comte de Villars, accourt; il ordonne
aux étrangers de sortir de la ville et en expulse ainsi
plus de cinq cents, croyant empêcher l'exercice du culte.
Mesure inutile: les réunions publiques ont lieu non seule-
ment à Nîmes, mais à Vauvert, CalviRson, Aigues-Mortes
et des troupes marchent vers Lyon pour s'emparer de cette
ville comme le désirait Condé.
Des lettres de Joyeuse au gouverneur, au cardinal de
Tour non et au roi nous apprennent les progrès de l'erreur,
contre laquelle il réclame l'arrivée de Villars avec des
(1) Cette dénomination d*abord de sens politique, car on fait
venir ce mot de celai d'Eîdesgenossen corrompu en Ëidgnenots, Ei-
gtiots, Ëygnenots, Hngnenots appliqué d'abord aux Genevois confé-
dérés leur fût donné ensuite après la réformation comme désignation
de parti religieux et leur est resté juEqu'à nos jonrs, conservant un
caractère plutôt défavorable, bien que certains protestants actuels
s'en fassent gloire.
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UNE RÉGION PBOTESTANTB DB LA FBANCB 109
troupes, signalant que de partout on écrit à Q^nève pour
avoir des ministres.
Bagnols cependant ne peut conserver Jacques de Sé-
midde qu'elle en a reçu, tandis qu'à Uzès le peuple em-
pêche l'arrestation de son ministre. Près de quarante villes
du Languedoc avaient déjà dès cette époque (1560) des
églises complètement organisées.
D'ailleurs les troubles politiques s'élèvent et s'aggra-
vent en France. Oondé, Coligny et quelques autres grands
du royaume, partisans de la réforme, mais surtout jaloux
du crédit du cardinal de Lorraine et du duc de Guise, for-
ment la conjuration qui a pris le nom de la ville d'Âm boise
où la cour se mit en sûreté. Le gouverneur de Languedoc
Montmorency y trempa lui-même et ne s'opposa pas en
conséquence aux menées des émissaires secrets envoyés
dans sa province par Coudé pour provoquer une agitation
qui devait seconder ses desseins.
Aussi, augmentant de jour en jour d'audace, et se sen-
tant appuyés et encouragés au dehors, les protestants de
Nîmes excités dans leurs réunions toujours tenues en armes,
se précipitent-ils au mois de septembre pour donner l'as-
saut à l'église Saint-Etienne du Capitole (1) et au couvent
des cordeliers. Il s'en emparent, les pillent en détruisent
les statues et les tableaux et y installent leur prêche.
Ce succès les enivre, leur fureur s'accroît, leur troupe
grossit et ils s'en vont encore piller et brûler, aux environs
de Nîmes, trois, églises du diocèse d'Uzès.
Le désordre se généralise, au point que dans les Cé-
vennes, les recouvrements d'exploits ou d'amendes ne peu-
vent plus s'exécuter (2).
(1) Bonoet dit: Saint- Jacques.
(2) Ménard.
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110 UNE RÉGION PHOTKSTANTB DE LA FRANCE
En octobre, c'est le Vigan qui réclame un ministre à
Genève.
Mais, ce même mois, le comte de Villars, commissaire
du roi, réclamé par Joyeuse, se rend aux Etats réunis à
Beaucaire, à la tête d'un corps de troupe.
Il fait brûler dans cette ville des ballots de livres hé-
rétiques et dans les derniers jours, va parcourir les Cé-
vennes pour dissiper les rassemblements. Il rase les châ-
teaux des gentilshommes qui servaient de refuge aux ré-
formés et la plupart s'enfuient dans les bois. Il rétablit
le culte catholique, passe par Anduze et Âlais, chasse de
Mialet Baymond Maillard qui en avait fondé l'église; de
Saint* Jean-du-Oard, le ministre Tardieu; laisse des garni-
sons à Uzès et à Bagnols; fait exécuter en novembre le
ministre d'Aigues-Mortes, Elie du Bosquet; et, alors, l'exer-
oice du culte réformés cesse aussi à Nîmes, dont un grand
nombre d'habitants s'enfuient dans les Cévennes.
Mais François II vient à mourir; et après le départ de
Yillars, les religionnaires fugitifs rentrent dans la ville
plus remplis d'ardeur que jamais. Ils se réorganisent dans
une grande assemblée et les ministres reprennent leurs
fonctions chargés chacun d'un certain nombre d'église et
de tout un territoire.
Bagnols, Uzès, Le Pont Saint-Esprit, Alais et Mialet,
presque l'étendue d'un diocèse moyen, sont confiés à Ray-
mond Maillard; Anduze et sa région, la plus florissante
peut être des communautés réformées, à Pasquier Boust ;
Nîmes et les pays voisins, à Chassaignon ; Saint-Hippolyte,
Sauve, Ganges, Le Vigau et les Cévennes à Tartas; Som-
miéres à Graignon (1).
(1) Th. de Bèze.
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UNE RÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE 111
Le ministre Mauget rentre lui-même à Nîmes, et pro-
fitant de l'amnistie de 1561, il y fonde le consistoire, as-
«emblée directive composée du ministre, de diacres, de sur-
veillants, d'un secrétaire, d'un receveur et d'un contrôleur,
•qui devait se réunir tous les samedis. Immédiatement la
ville fat divisée en dix quartiers, sous la direction des
surveillants et de dizainiers; et les progrès de la réforme,
sous cette organisation puissante et méthodique s'accrurent
si rapidement, qu'au mois de mars, l'autorité municipale
-était tout entière entre les mains des protestants, et que
les consuls et le conseil faisaient parvenir aax Etats de
la province, une profession de foi demandant € le retour
i, la pureté évangélique, l'emploi de la langue française
-dans les ofiBces, etc. > (1).
En même temps, le consistoire, interdit de parai tre aux
offices catholiques, ou quelques réformés croyaient pouvoir
aller; il exige même d'eux des réparations publiques en
forme d'amende honorable; de même qu'il ne se contente
plus du simple passage de la religion catholique au culte
réformé, imposant la publicité solennelle de l'abjuration, à
l'issue des prêches.
Le vicomte de Joyeuse intendant général du Langue-
doc, peut bien écrire aux consuls, pour faire cesser la mul-
titude des assemblées. Ceux-ci, calvinistes de fait ou de
cœur, en réfèrent aux officiers du présidial qui, penchant
-eux-mêmes, vers la réforme, sont d'un mauvais vouloir,
d'une indolence et d'une incurie extrêmes.
Aussi, ce ne sont dans tout le pays, que demandes de
pasteurs et constitution de nouvelles communautés: Ara-
mon, Le Pont-Saint-Esprit, Le Vigan qui compte déjà IBOO
(1) Archives municipales de Nîmes.
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112 UNB BÉQION PROTESTANTE DE LA FBANCB
réformés, écrivent à Genève, ainsi que Bagnols et Uzè»
qui réclament leurs anciens ministres. Leur puissance est
telle, leur influence si bien établie, qu'ils peuvent faire
impunément ce que ne peuvent guère se permettre que le»
majorités : se disputer entre eux et se jeter des blâmes ou
des punitions réciproques.
Une grande querelle, en eflfet, s'élève à Nîmes entre les-
ministres Mauget et Mutonis et une vingtaine de minis-
tres s'assemblent en colloque pour trancher ce différent (1)^
Ils veulent remplacer Mutonis qui résiste, et Calvin lui-
même intervient par lettre pour faire finir cette dispute^
Le ministre de Sauve, Tartas, responsable de graves désor-
dres, pillages et incendies d'églises, qui pouvaient à ce
moment porter tort au parti, est dépossédé de son églisa
et remplacé.
Plus tard, les religieux observantins sont obligés d'a-
bandonner leur église, dont on leur proposait le partage
et l'usage successif; et enfin le consistoire ne délibère rien
moins que des moyens de fortifier la ville et d'y faire de»
levées d'argent.
Mais au mois de juillet, Charles IX publie un édit par
lequel il rend la liberté aux prisonniers et renouvelle la
défense de l'exercice public du culte réformé. Défense il-
lusoire, car il continue, partout où ses adeptes se trouvent
en nombre. Le culte catholique; au contraire, se trouve en
fait presque aboli dès le mois d'août, à Nîmes qui réclame
un second pasteur, tandis que Bernis fait la même dé-
marche. Aussi les magistrats du présidial, écrivent-ils au
Parlement que l'édit du roi n'est pas observé, mais ajou-
tent-ils, sans qu'il se produise de troubles. Et pourtant^
(1) Bibliothëqne de Genève.
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UNE RÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE IIS
Calvière, leur président, annonce à la reine (1) que le cou-
vent des Cordeliers a été pris et est gardé par la force.
D'ailleurs, les scènes de pillage et de désordre ne sont pas:
bien loin.
En effet, assemblés en armes, au mois de décembre, il»
veulent s'emparer de toutes les églises.
Espérant par un sacrifice, sauvegarder encore quelque
chose, l'évêque et le clergé leur livrent ou leur abandon-
nent oelles de Sainte-Eugénie, des Cordeliers et des Au-
gustins. Mais ce n'est pas assez: quelques jours plus tard,,
ils envahissent la cathédrale s'en emparent, la saccagent
ainsi que les couvents de Saint-Sauveur, de Sainte-Clair»
et d'autres encore, brûlant les livres et les ornements, et
portant ensuite la même dévastation dans les églises des
environs.
Alors, le ministre Pierre Viret prêche dans la cathé-
drale et l'évêque Bernard, à peine nommé, est obligé de
s'enfuir en Provence d'où il partira l'année suivante pour
se rendre au Concile de Trente.
A Alais, le nombre des réformés est moins important^
ce qui n'empêche qu'ils détiennent toutes les églises.
Il essayent bien de s'implanter en territoire pontifical^
mais le gouverneur d'Avignon disperse leurs prêches à Vil-
leneuve et les chasse de force après en avoir tué quel-
ques uns.
Tel fut chez nous le résultat de la conjuration d'Am*
boise. Les projets de Condé échouèrent; mais les troubles
qu'il avait essayé de provoquer dans les provinces, ne se
produisirent que trop ; et, désormais, ce sera partout, mais
spécialement dans les régions qui nous occupent la lutte
(1) Bibliothèque natioDale.
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114 UNE RÉGION PB0TE9TANTE DE LA FRANCE
incesEiaiite et désastreuse de deux partis à tour de rôle
vainqueurs et vaincus.
Ce ne fut pas l'infructueux colloque de Poissy, qui par-
vint à ramener la paix ; pas plus que l'édit publié en jan-
vier 1562, par lequel le roi autorisait les réunions protes-
tantes, hors des villes et dans les faubourgs. Le comte de
Grussol, nommé lieutenant général du Languedoc, fait
rendre les églises de Nîmes aux catholiques, en obligeant
aussi les protestants à déposer leurs armes à l'hôtel de
ville: mais il n'empêche pas qu'un synode, auquel assiste-
ront soixante-dix ministres, se réunisse à Nîmes et qu'on
n'y adresse aux catholiques la sommation d'avoir à abjurer
leur foi. Les vexations reprennent si fortement que l'exer-
cice du culte devient de plus en plus difficile.
C'est que de l'extérieur arrivent des causes d'excitation:
le malheureux massacre de Vassy vient d'avoir lieu et son
retentissement est si grand dans toute la France que ce
sont de véritables guerres qui s'organisent. Condé écrit
une lettre aux < deux mille églises réformées, pour déli-
vrer, dit-il, le roi et la reine, et pour l'honneur de Dieu >.
Faisant ensuite alliance avec l'Angleterre qui s'empare de
la basse Normandie, il dirige les opérations qui aboutis-
sent à la bataille de Dreux et à l'édit de pacification
d'Amboise après Tassassinat du duc de Guise (15B3).
Mais dans ce même temps, les protestants de Nîmes
s'emparent de nouveau de l'église des Observantins, de
Sainte-Eugénie et de la cathédrale où ils font la cène le
jour de la Pentecôte. Occupant tous les sièges du conseil
de ville, ils se fortifient aux environs, et s'emparent de
Saint-Laurent d'Aigouze, de Psalmodi, de Bezouce et bien-
tôt de Beaucaire et de son cliâteau, malgré la vive résis-
tance des catholiques.
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UNE BÉGION PBOTESTANTE DE LA FRANCE 116
Nîmes, Uzès, Aigues-Mortes, Anduze, Sauve, Bagnols,
Pont-Saint-Esprit sont ainsi en leur pouvoir, mais à quel
prix ! car les catholiques savent aussi se faire tuer plutôt
que de donner l'abjuration qu'on leur demande.
Ces succès amènent à Nîmes un grand nombre de reli-
gicnnaires de la Vannage (1) et des Cévennes. Leur audace
s'accroît avec leur nombre: les reliquaires et l'orfèvrerie
de la cathédrale ainsi que les trésors de l'église collégiale
de Saint-Gilles, qui sauve cependant ses précieuses reli-
ques, sont vendus pour augmenter les ressources du con-
sistoire. Au mois de juillet 1562 il ne reste plus un seul
prêtre à Nîmes et le parti songe à s'organiser définitive-
ment en se donnant un chef et un protecteur.
Il s'adresse au comte de Crussol, naguère encore si sé-
vère contre les réformés, et obligé de quitter la cour pour
se retirer dans un château du Vivarais. Après quelques
hésitations, les événements extérieurs et sans doute aussi
les succès remportes à Saint-Gilles par les protestants,
contre les troupes envoyées par Joyeuse pour arrêter les
ravages du fameux baron des Adrets qui dévastait la rive
occidentale du Bhône, le décida à accepter. Alors les pro-
testants s'emparent encore de Montfrin, mais échouent de-
vant Aramon. Le consistoire, auquel Condé écrit pour l'en-
conrager et pour demander des prières à son intention,
prend toutes les mesures possibles pour soutenir les luttes
engagées, et loge à l'Evêché, Crussol, frère de leur chef,
(1) La Vannage est une partie du diocèse de Nîmes qui s'étend
an sud-onest de cette ville, riche en vignobles, prospère sans doate
déjà au XVI« siècle, où le Protestantisme domine encore aujonrd'hni
avec un caractère marqué d'hostilité envers le Catholicisme et où
il s'était tellement développé dès le début que les réformés y avaient
déjà plus de trente églises avant la révocation de Tédit de Nantes
et lui donnaient le nom de «petite Canaan».
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116 UNB EÉaiON PROTESTANTE DE LA PRANCB
qui vient de faire en décembre, son entrée solennelle comme
gouverneur de la ville.
Deux mois après, Charles IX signait l'édit d'Amboise
par lequel il accordait l'amnistie, la liberté du culte ré-
formé dans une ville par bailliage et dans les maisons des
personnes nobles, un ou deux temples dans les faubourgs
des villes où Thérésie était maîtresse, mais interdisait en-
core de se servir des églises et ordonnait de les restituer
aux catholiques.
Nîmes pourtant ne se soumet qu'en août, sur l'injonc-
tion du comte de Caylus chargé par le roi de recevoir les
places au pouvoir des protestants et cette nouvelle paix
ne sera pas de très longue durée.
Sous le nouveau gouverneur du Languedoc, Henri do
Damville qui remplaçait son père Montmorency, et qui
installa un gouverneur et une garnison à Nîmes, le culte
catholique reprend peu à peu dans cette ville et les pays
environnants, mais non sans susciter les récriminations des
protestants qui rongent sourdement leur frein et adressent
au roi plusieurs pétitions. Celui-ci, justement, visite la
province, passe à Nîmes en 1564, et autorise l'érection de
deux temples dans la ville, aux environs de la Maison-Car-
rée. L'évêque cependant ainsi que le clergé rentrent en
possession des églises et de l'évêché.
Quelques mois de trêve relative s'écoulent; mais Condé
et Coligny prenant ombrage des relations entamées avec
l'Espagne, par la cour, ourdissent un nouveau complot
avec l'appui des princes protestants d'Allemagne et pro-
voquent une nouvelle rébellion. Nîmes, Uzés, Bagnols, Le
PontSaint-Esprit embrassent son parti avec enthousiasme
et les réformés se jettent sur les églises pour les démolir.
Mais ceux de Nîmes en particulier ont vu avec trop de
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UNE BÉGION PROTESTANTE DE LA FBANOE 117
rancœur leur pouvoir diminuer, et la révolte dans cette ville
va prendre un caractère de cruauté inouïe. Froidement voulu,
provoqué, préparé et exécuté le massacre de la Michelade,
précédant de cinq ans la Saint-Barthélémy pèsera toujours
comme une lourde tache de sang ineffaçable sur l'iiistoire
de la réforme en France.
Les auteurs protestants s'efforcent de prouver que le
consistoire et les ministres n'y furent pour rien. Ils ne
sauraient nier que quatre d'entr'eux furent cependant re-
connus coupables et condamnés Tannée suivante par le
Parlement de Toulouse; ni surtout que la seule haine du
catholicisme provoqua ces terribles excès dont le fanatisme
protestant fut le seul facteur, alors qu'est prouvée surabon-
damment Torigine exclusivement politique de ce que l'on
appelle la Saint-Barthélémy.
L'on parle trop de ce dernier événement pour qu'il ne
soit pas juste de rappeler les épisodes de la Michelade pro-
testante d'après les documents authentiques rapportés par
Ménard {Histoire de Nîmes) et Dom Yaissette {Histoire du
Languedoc).
De nombreuses querelles s'étaient élevées pendant l'été
de 1567 entre catholiques et protestants, apaisées aussitôt
par les chefs des partis ; mais avec les événements qui se
déroulaient à la cour et les manœuvres de l'étranger en
faveur de Coudé, l'assurance de ces derniers s'accrut avec
le désir de redevenir les maîtres indiscutés et définitifs de
la ville. Si bien que vers la fin de septembre les princi-
paux religionnaires s'assemblent et prennent la résolution
de s'emparer du pouvoir par la force, et de tuer pour cela
dès le lendemain tous les prêtres et les principaux catho-
liques.
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118 UNE BÉaiON PROTESTANTE DE LA PBANCE
Leurs mesures étaient si bien prises, que le jour sui-
vant, en effet, 30 septembre, fête de saint Miohel, ils étaient
maîtres des portes et que les rues étaient remplies de conjurés
en armes. Le premier consul, Rochette, veut apaiser l'émeute;
il est obligé de se réfugier à Tévêché où de nombreux catho-
liques sont déjà venus chercher un asile. Vaine espérance ;
déjà les portes du palais sont abattues et c'est un sauve
qui peut général dans lequel bon nombre de catholiques
sont arrêtés et aussitôt conduits sous bonne garde dans
différentes maisons, où ils restent prisonniers. L'évêque,
Bernard d'Elbène, se réfugie avec ses gens chez le seigneur
de Sauvignargues d'où il assiste au pillage et à la dévas-
tation de son palais. Immédiatement les églises sont en-
vahies et il n'en reste plus en un clin d'oeil que les murs
dénudés; tandis que les arrestations de catholiques se con-
tinuent et que les meurtres commencent, tel celui de l'ar-
chidiacre dont le corps est ensuite jeté par les fenêtres de
sa maison.
La terreur est à son comble d'une part, tandis que de
l'autre le pillage et tous les excès portent à l'extrême
l'excitation. La nuit arrive et les catholiques croyaient pou-
voir respirer, quand ils entendent proclamer une publica-
tion qui leur enjoint de ne point sortir de chez eux s'ils
veulent conserver la vie, et qui convoque en même temps
tous les religionnaires à se rendre aussitôt en armes sur la
place de l'hôtel de ville. C'est là que tous les prisonniers
ont été réunis, et ils peuvent entendre la décision qui est
communiquée aux réformés d'égorger dans cette nuit même
tous les principaux catholiques.
La liste n'en est pas complètement dressée et les chefs
huguenots travaillent froidement à sa confection. Elle est
enfin apportée et lue vers le milieu de la nruit; et alors,
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UNE BÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE 119
le sinistre défilé des prisonniers condamnés s'effectue. On
les amène dans la cour de l'Evêché où se trouvait un puits;
la dague, l'épée, le poignard, puis ensuite les armes à feu
accomplissent leur œuvre homicide, et les monstrueux assas-
sins jettent au fur et à mesure les corps de leurs victimes
dans le puits, sans même achever celles qui ne sont que
blessées. Quant le jour parut, près de soixante-quinze corps
se trouvaient entassés sous la terre dont on avait achevé
de combler le puits.
Les poursuites reprennent alors; l'évêque dépouillé de
ses vêtements va être tué à son tour lorsqu'un des conjurés,
connaissant certains liens qui l'unissaient à la reine Cathe-
rine, obtient pour lui la vie et le fait sauver à Beaucaire;
mais tous ses gens sont massacrés. Dans la campagne on
fait main basse sur les catholiques qu'on rencontre; les
détachements de soldats en garnison dans la Vannage sont
tout particulièrement frappés, et quand on ne peut plus
atteindre les gens, la rage se tourne contre les édifices du
culte. En huit jours les religion naires avaient rasé jusqu'aux
fondements le palais de l'Evêché, démoli la cathédrale,
ruiné le chapitre et les couvents ou églises des Dominicains,
des Âugustins, des Carmes, de Saint-Baudile, de Sainte-
Claire, etc. L'église seule de Sainte-Eugénie fut épargnée
et ils en firent une poudrière.
Ce ne fut que dix-huit mois plus tard que le Parlement
de Toulouse, après de longues et minutieuses enquêtes, con-
damna à mort par contumace et à une amende de deux-cent
mille livres, cent-quatre personnes parmi lesquelles, comme
nous l'avons dit plus haut, quatre ministres de la religion
réformée.
A la suite de cet affreux massacre, les religionnaires
s'emparèrent complètement d'Usés, de Laudun, Pont-Saint-
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120 UNB RÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCK
Esprit, Saint-Laurent-des-Arbres, Rochefort, Barjac et Alais,
y tuèrent les prêtres et quelques catholiques, et en rasèrent
les églises.
Au mois de novembre, la garnison de Nîmes, assiégée
dans le château, fut obligée de se rendre. Les catholiques
eurent liberté de sortir de la ville, qui, dès lors, s'érigeant
en petite république se gouverna quelque temps elle-même
par le moyen d'un conseil élu.
Malgré la paix de Longjumeau, qui ne dura d'ailleurs
guère plus de cinq mois, les diocèses d'TJzès et de Nîmes
sont perpétuellement ravagés et ruinés par les luttes et les
<3ombats qui ont lieu entre les troupes des religionnaires
et celles de Joyeuse. Celui-ci remporte plusieurs succès,
mais ne peut s'opposer efficacement, non plus aux progrès
de l'erreur, à qui il sera difficile d'accroître le très grand
nombre d'adhérents qu'elle a recrutés, mais à la domina-
tion qu'elle exerce d'une manière effective par un véritable
gouvernement qui arme des troupes, exécute des levées
d'argent et voit surtout ses ordres parfaitement exécutés.
Les guerres intestines, sur lesquelles nous passerons dé-
sormais plus rapidement, n'accroîtront plus, ni ne dimi-
nueront beaucoup l'importance du Protestantisme dans notre
pays. Ce qui précède nous a montré son introduction et son
rapide développement; de ce récit il semble bien se dégager
que la violence et les maladroites ou brutales sommations
du pouvoir civil ont été sans doute l'une des grandes forces
de l'hérésie que ces persécutions rendirent noble et sainte
à ses premiers adeptes.
L'action de l'Eglise ne put s'exercer librement; entravée
et dépossédée d'une part, affaiblie de l'autre par le relâ-
<3hement d'un certain nombre de ses membres, qui n'étaient
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UNE RÉGION PROTESTANTE DE L4 FRANCE 121
nnllement TEglise elle-même, son esprit de paix, les ré-
formes qu'elle eût. opérées et que le Concile de Trente allait
décréter en grande partie, la force de la vérité qu'elle dé-
tient eussent fait davantage pour ramener les populations du
Midi, surtout, et de la France en général aux saines doctrines,
■que tous les arrêts des Parlements ou les édits royaux.
Le sang versé et les souflfrances rendront irréductibles
€08 âmes dont, aujourd'hui même, il est presque impossible
■d'espérer le retour à l'unité catholique.
Grâce à la fermeté du vicomte de Joyeuse et malgré
le terrible souvenir de la Michelade, le massacre de la
Saint-Barthélémy n'eut aucune répercussion à Nîmes ni
dans le pays. Tandis que les meurtres ensanglantaient de
nouveau la France, catholiques et protestants de ces régions
se promettaient une sûreté réciproque.
Quelques mois auparavant s'était tenu un grand synode
où fut sans doute délibéré ce qui servit de loi fondamen-
tale aux églises du Languedoc sous ce titre : < Lois et or-
donnances politiques jointes à la discipline ecclésiastique
^t militaire, pour être la bride et l'éperon, l'épée et le
bouclier l'une de l'autre, et des deux ensemble la garde
et le soutien de l'église réformée > (1).
Mais la jalousie et la rivalité des deux partis seront
exploitées non plus seulement par les grands de la cour,
mais encore par des intérêts personnels en contact plus
immédiat avec les populations, et le gouverneur du Lan-
guedoc Damville, menacé de perdre ses fonctions, entraine
successivement avec lui, dans des luttes toujours funestes,
catholiques et protestants, selon qu'il se rapproche du roi
(1) Mènard donne le texte de ce document dans les prenves de
son Histoire de Nîmes, t. V.
AnnalcH do S.-L.od -K. 8
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122 UNE RÉGION PROTESTANTE DE LA FBANGE
OU veut résister à ses ordres. Sommières, Nîmes, Aimargaes,,
Alais, Bagnols sont ainsi le théâtre de nouveaux combats.
Charles IX cependant par l'édit de la Rochelle en 1573
a reconnu aux protestants le libre exercice de leur culte
dans plusieurs villes, entr'autres Nîmes, qui sont en outre
exemptes de garnisons royales et de citadelles. Il meurt
l'année suivante, et Henri III qui se met aux états du
Blois à la tête de la Ligue, déclare qu'il ne veut qu'une
seule religion en France. Les luttes se poursuivent donc,,
avec cette différence, que les rapines et le pillage en de-
viennent parfois Tunique objet et que les divers historiena
de cette époque qualifient justement de « brigands > les
bandes des deux partis qui mènent campagne sans avoir
beaucoup cure des prétextes qui les font marcher.
Puis le théâtre des événements se restreint, les protestants
jouissant d'ailleurs de leurs privilèges, et, malgré les dis-
senssions politiques qui subsisteront jusqu'à l'avènement
d'Henri IV, un calme relatif règne dans nos contrées.
Avec ce roi et le célèbre édit qu'il signa à Nantes en
1598, les uns et les autres jouiront enfin de la tranquillité,,
ou du moins, paraîtront en jouir. Mais des deux parts,,
l'idée qu'il ne saurait y avoir deux religions dans un
même Etat, est trop enracinée pour que chacun ne garde
pas l'espoir d'anéantir la religion de ses rivaux.
L'édit de Nantes, en outre, accorde aux protestants
de trop dangereuses concessions pour que l'autorité, plus
tard, ne veuille pas les supprimer en raison des abus et
des menaces perpétuelles qui en résultent.
L'acte royal, en effet, non seulement reconnaissait le
libre exercice du culte réformé, partout où il existait déjà;
rétendait ensuite considérablement ; ouvrait aux huguenots
l'accès à tous les emplois; leur rendait tous les droits oi-
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UNB BÉGION PHOTESTANTK DE LA FBANCE 123
vils et engageait même le roi à contribuer chaque année
aux frais du culte et des écoles ; mais il concédait surtout
aux réformés des privilèges politiques et militaires qui
constituaient un véritable danger pour Tunité du royaume.
Ils obtenaient des juges spéciaux ; le droit de réunir des
assemblées périodiques avec députation au roi ; ils restaient
enfin les maîtres absolus de certaines villes, appelées places
de sûreté, dont le roi payait les garnisons et nommait les
chefs sur la présentation du parti.
La Eochelle en était la principale et dans le pays qui
nous intéresse: Montpellier, Aigues-Mortes et Sommières.
Qu*arriva-t-il ? C'ost que deux nations se trouvèrent en
présence dans la France pacifiée; et que les populations,
si elles ne se battaient plus, n'en restèrent pas moins ri-
vales et hostiles.
Les catholiques sont-ils en majorité, ils outragent les
huguenots empêchent bien souvent l'exercice du culte, la
restauration des temples, etc. De leur côté, les protestants
ne souffriront pas la présence d'un prêtre dans leurs villes
de sûreté; ils continuent d'appeler le pape « l'Antéchrist >;
de traiter outrageusement les cérémonies catholiques et de
provoquer aussi leurs adversaires par de ridicules bravades.
Mais ils sentent si bien leur force, qu'au lendemain pour
ainsi dire de l'assassinat d'Henri IV, ils demandent une
organisation du royaume, telle, qu'au dire de Richelieu, un
roi et des ministres, fussent-ils protestants eux mêmes, ne
sauraient l'accorder.
Leurs aspirations ne sont guère plus religieuses; aussi
leurs révoltes ou rébellions, absolument injustifiées et sans
excuses sous Louis XIII, sont-elles exclusivement politiques,
et bien rares furent ceux qui prirent les armes par conviction
ou par fanatisme. Malgré ce caractère spécial de cette agita-
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121 UNE BÉaiON PROTESTANTE DE LA FBANCB
tion, nous ne pouvons omettre de signaler les principaux
faits dont notre pays fut le théâtre de 1620 à 1629 tandis
que Richelieu poursuivant ses pix>jets de détruire la puis-
sance politique des protestants de France, s'emparait succes-
sivement de leurs places fortes.
Soulevés par le duc de Rohan et le marquis de Châ-
tillon, les religionnaires battus à Marguerittes près de Nîmes
par les troupes de Montmorency, reprennent ensuite ce
village; ils dévastent le château de Mirabel aux abords
des Cévennes et marchent ensuite vers Montauban.
 Nîmes cependant éclatent de graves désordres où
réapparaissent la haine et le fanatisme. Tant bien que mal,
les catholiques s'étaient aménagé une nouvelle cathédrale ;
en 1621 la fureur protestante la ruine complètement; les
catholiques sommés d'abjurer prennent la fuite. Mais l'année
suivante l'armée royale aux ordres de Condé s'empare de
Sommières et d'Âigues-Mortes tandis que le roi lui-même
assiège Montpellier dont la chute termine cette guerre.
En 1625, nouvelle révolte: Bohan convoque une assem-
blée à Anduze; il est reçu au Vigan et à Sauve; Uzès et
Alais refusent de se joindre à lui et Nîmes après quel-
ques hésitations le reconnaît pour chef. Il s'établit dans
cette ville, y installe un conseil ou < bureau de direction»
qui supplantait Tautorité municipale, noue des relations
avec l'étranger et entraîne dans l'insurrection presque tout
le pays: Alais, Anduze, le Vigan, Sauve, Saint-Jean-du-
Gard, Saint-Hippolyte, La Salle, Uzès, Saint-Ambroix, etc.
Mais en 1628, tandis que la Bochelle succombe, les hugue-
nots sont aussi battus près de Nîmes, de Vèzenobres, d'Uzès
et dans la Vannage.
Arrivant en Vivarais Louis XIII s'empare de Privas et
montre une telle rigueur que la plupart des villes rebelles
se soumettent.
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UNE RÉGION PBOTBSTANTB DE LA FBANOE 125
Alais, devant laquelle il met le siège, essaye de résister
mais l'aspect des canons royaux terrorise les habitants qui
demandent grâce. La prise de cette ville sera le dernier
épisode des grandes luttes religieuses et politiques soute-
nues par le protestantisme, et la paix que le roi y signe
le 27 juin 1629 marque la fin de sa puissance comme parti.
Louis XIII a atteint son but ; les plsices de sûreté sont
supprimées, et pour le reste, il fait preuve d'une grande
modération, accordant l'amnistie générale, le libre exercice
du culte, le rétablissement de chacun dans ses biens, etc.;
seulement ce n'est plus dé puissance à puissance qu'il a
traité; c'est le roi qui a pardonné à ses sujets en révolte
et qui leur fait des concessions gratuites. Il ordonne même
en 1631 que dans les villes où ils auraient quelque impor-
tance, les consuls devraient être nommés en nombre égal
pour chaque parti; et les villes de Nîmes, Uzès, Alais,
Anduze, Sauve et Barjac, bénéficièrent aussitôt de ces dis-
positions.
Désormais les protestants vivront à l'écart, s'écartant
des troubles civils, et ne donnant à l'autorité supérieure
aucun sujet de mécontentement. Si le petit troupeau, dira
Mazarin, broute de mauvaises herbes, du moins il ne s'é-
carte pas.
Mais le petit troupeau ne restait pas inactif et la reli-
gion réformée continuait sa propagande, les temples se
relevaient de leurs ruines, de nouveaux se construisaient
et la haine restait toujours assez vive pour provoquer par
exemple à Nîmes en 1660 une violente émeute contre l'é-
vêque qui dût se réfugier à Beaucaire.
Puis, malgré la solennelle confirmation donnée par
Louis XIV à l'édit de Nantes, les idées d'unité religieuse
étaient trop ancrées chez le clergé, les magistrats, le peuple
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126 UNE BÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE
surtout, et elles flattaient trop les secrets désirs du roi,
pour que celui ci ne cherchât pas à réaliser ce que son
entourage et des démarches comme celle du Parlement de
Toulouse l'engageaient à obtenir: retour des protestants à
l'église catholique.
Il employa d'abord la séduction.
Exemptions d'impôts, charges, faveurs, pensions étaient
accordées aux nouveaux convertis; en même temps qu'on
s'efforçait de limiter au minimum l'interprétation des arti-
cles de l'édit et de réprimer les infractions qui pouvaient
être commises.
C'est ainsi que la réunion du synode général fut inter-
dite; que le Conseil d'Etat cassa comme séditieuses plu-
sieurs décisions de synodes particuliers, entr'autres du Vigan,
de Nîmes, d'Anduze, de 8aint-André-de-Valborgne où les
réformés avaient ordonné le serment de soumission aux
ministres; qu'un certain nombre de ministres sont bannis,
celui de Nî)nes, le célèbre Claude, le professeur au collège
Derodon, Bruguier et le libraire Baban tandis que leurs
ouvrages sont condamnés au feu.
Puis, comme l'article IX de l'édit de Nantes indiquait
le libre exercice du culte dans les endroits où il avait été
fait « par plusieurs et diverses fois en 1B96 et 1B97 » et
comme les protestants avaient élevé un grand nombre de
temples dans ces dernières années de calme, divers arrêts
du Conseil d'Etat ordonnent la fermeture ou la démolition
d'un grand nombre de ces édifices dans toute la France et
spécialement chez nous de ceux de Bibaute, Saint-Côme,
Générac, Bellegarde, Parignargues, Lascours, Crespian, Vie,
Seynes et bien d'autres encore qui ne pouvaient invoquer
d'existence légale. Ceux même en faveur desquels semblaient
exister quelques droits comme à Monredon, Lecques, Sali-
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UNE BÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE 127
nelles, Aspères, Bouillargues, et treize autres sur les ter-
ritoires de Calvisson, de Nages, d'Aulas et de Valleraugue
ne peuvent éviter la destruction (1).
C'était la période des mesures de rigueur succédant à celle
-des flatteries, des grandes controverses dogmatiques et des
missions. Mais l'on trouvait sans doute les conversions trop
lentes et la sévérité s'accentua.
Les écoles furent fermées ; les charges, les pensions, les
droits de noblesse furent retirés aux protestants, qui, peu
4 peu, se Vi>yaient exclus de l'université, des fonctions mu-
nicipales, des professions d'avocat ou de médecin ; et comme
■dès lors, sous le coup de ces vexations vraiment injustes
Après le pacte de 1B98 et près de cent cinquante aus d'exis-
tence, un certain nombre d'entr'eux cherchaient à sortir de
France, l'émigration fut défendue sous peine des galères.
Alors, reprennent les anciennes assemblées de l'époque
des luttes. Les ministres prêchent sur la persécution ; l'exal-
tation croît parmi les populations presque sauvages des Cé-
▼ennes qui se rendent en foule aux exercices interdits; mais
•cependant ces symptômes, avant coureurs d'une rébellion
violente, ne font pas explosion et tant à Nîmes qu'à Saint-
Hippolyte, les protestants acceptent de déposer leurs armes.
Deux ans plus tard en 1685 l'intendant d'Aguessau était
remplacé par Lamoignon de Baville déjà célèbre par les
-conversions qu'il avait provoquées en Poitou. Tristes con-
versions que celles qu'obtenait la présence des dragons logés
•dans les familles et dont l'arrivée dans une ville provoquait
toutes les craintes et les appréhensions que peut causer un
•corps de troupes dont les grossièretés et les violences sont
prêtes à se déchainer.
(1) An total près d'ane centaine de temples furent ainsi fermés
ou détruits dans les Cévennes et les diocèses d'Uzès et de Nîmes.
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128 UNE BÉGION PKOTESTANTB DE LA FRANCE
Baville, en arrivant dans sa province, se proposait surtout
d'accélérer le mouvement des conversions; les dragons s'é-
taient déjà vus à Nîmes en 1684, aussi s'empressa-t-on d'ob-
tempérer aux impérieuses invitations de l'intendant, écri-
vant que l'heure de la conversion est arrivée et qu'il espère
trouver dans le Languedoc autant de déférence aux désira
du roi qu'il en a rencontré en Guyenne.
Après avoir reçu en vingt quatre heures, l'abjuration des
protestants de Montpellier, il se dirige vers Sommières qui
se convertit à la première réquisition ; c'est ensuite Nîmes-
où l'évêque donne l'absolution générale du haut de la chaire
de la nouvelle cathédrale.
•Uzès, Alais, Sauve, Anduze, Saint-Hippolyte, Saint-Jean-
du-Gard prennent aussitôt des délibérations hâtives et en*
voient leur acte d'abjuration; mais en même temps beau-
coup de fuyards quittaient leurs maisons et cherchaient k
gagner la frontière.
Que pouvaient valoir ces abjurations de villes et de vil-
lages? Elles devaient établir matériellement le fait nouveau
qui rendrait inutile en apparence l'édit de Nantes; et l'acte
de révocation porte bien en effet que les privilèges anté-
rieurs n'ont plus de raisons d'être puisque à la suite des
conversions il ne reste plus personne pour en jouir. Les
horreurs d'une nouvelle guerre civile allaient donner quel-
ques années plus tard un triste démenti à ces aventureuses
assertions.
Quoi qu'il en soit, Louis XIV signait au mois d'octo-
bre 1685 l'acte de révocation qui ordonnait aux pasteurs-
d'abjurer ou de s'exiler dans le délai de quinze jours, qui
supprimait les derniers temples et les dernières écoles, là
même où ils étaient autorisés et qui abolissait en un mot
tout ce qui avait trait à la tolérance d'une religion que
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UNE BÉaiON PROTESTANTE DE LA FBANCE 129
Ton supposait ne plus exister. Un article, pourtant, per-
mettait aux reformés non encore convertis de rester en
France et d'y garder leur foi, mais dans le secret de leur
conscience.
Fâcheuse et funeste mesure dont tous s'accordent au-
jourd'hui à reconnaître les tristes résultats. Malgré les me-
sures les plus sévères, un formidable courant d'émigration
allait conduire à l'étranger qui leur ouvrait ses bras, des
milliers de familles; perte morale énorme pour la France
que celle de ces énergies et de ces caractères qui préfé-
raient Texil au sacrifice de leurs convictions; perte maté-
rielle non moins grande par la ruine qui devait frapper
bien des branches du commerce et de l'industrie, tandis
que les nations rivales allaient bénéficier du concours de
ces bras et de ces intelligences.
Le Languedoc et le pays de Nîmes surtout virent s'éloi-
gner par milliers des magistrats, des professeurs, des in-
dustriels dont le départ désorganisait l'importante industrie
du drap et du velours qui allait fleurir avec eux en Suisse
et en Allemagne, ainsi que celle des chapeaux.
Quelques uns, allèrent jusqu'en Angleterre et même
jusqu'en Amérique. Dans les Cévennes toutefois, en raison
de la pauvreté des habitants et des facilités relatives qu'ils
avaient de se cacher dans les gorges et dans les combes,
les réformés, du moins ceux des campagnes, s'enfermèrent
dans une sorte de muet désespoir dont les excitations des
assemblées allaient bientôt provoquer l'explosion.
Le premier moment de stupeur passé ; les nouveaux con-
vertis ne craignirent pas en grand nombre de retourner à
ceux qui étaient restes fidèles à leur foi; les assemblées
reprirent. Les religionnaires poursuivis, traqués, sans tem-
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130 UNE RÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE
pies et sans ministres, se réunirent la nnit dans les bois,
les cavernes, dans des endroits cachés et sauvages, si nom-
breux dans nos diocèses, et donnèrent à ces assemblées, le
nom d'Eglises du Désert. Des laïques, des prédicants, rem-
plaçaient les pasteurs, improvisant des sermons et des exhor-
tations, lisant la Bible, relevant le courage en essayant de
faire vivre l'espérance dans les âmes.
Les yeux de l'intendant Baville et des gouverneurs ne
pouvaient se fermer au danger renaissant. Non seulement
les ordres les pins sévères, férocement exécutés, sont don-
nés pour surprendre et disperser ces assemblées ; mais comme
l'Etranger menace le royaume d'une nouvelle guerre et que
l'on a tout à redouter d'une insurrection cévenole, trois
forts sont élevés à Nîmes, Alais et Saint-Hippolyte; des
routes militaires sont établies pour circonvenir tout le pays
dangereux et les milices sont organisées. Puis l'on réclame
aussi la création d'une nouvelle circonscription religieuse
et administrative afin de mieux pourvoir, dira-t-on, aux
besoins des nouveaux et nombreux convertis que l'évê-
que de Nîmes n'atteignait qu'avec peine, mais sans doute
aussi pour surveiller de plus près une population dont
les sentiments n'étaient pas très sûrs et qui pouvait se
dérober si facilement. Le nouvel évêché d'Alais est donc
érigé, formé surtout d'une partie de celui de Nîmes (1) en 1694.
Mais ces mesures, comme d'ailleurs toutes les mesures d'op-
pression inefficaces, provoquent uniquement une recru-
descence de fanatisme. Tant que les églises du désert ont
été dirigées ou présidées par des hommes sages et prudents
(1) Il comprenait les sept archiprêtrès d^Âlais, Andaze, La Salle,
Saint-Hippolyte, Snmène, Le Vigan et Mejmeis avec quatre vingt neuf
paroisses, réparties en trente six bourgs et quarante cinq villages.
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UNE BÉOION PROTESTANTE DE LA FRANCE 131
comme l'avocat Brousson (1) qui essayait d'obtenir du roi
et de ses ministres la liberté du culte, l'on put éviter les
scènes de désordre.
Mais bientôt les fanatiques, prêts aux luttes armées,
prirent le dessus dans ces assemblées.
Périlleuses en elles-même, entourées de mystère, de fa-
tigues et d'angoisses, elles n'entretenaient pas que la foi,
exaltaient l'imagination, et surexcitaient parfois à l'extrême
le sentiment religieux.
Il s'y produisit alors des scènes étranges: des femmes,
des enfants, plus tard les hommes et les chefs tombaient
en extase, prophétisaient et soufflant la révolte, agitant les
esprits, prêchaient l'insurrection.
« Ces infortunés se mettaient dans un tel état d'exal-
tation, qu'ils tremblaient de tous les membres, se jetaient
à la renverse, écumaient, versaient d'abondantes larmes,
tombaient en syncope, tournaient avec précipitation jusqu'à
perdre haleine, puis prononçaient des sermons assez uni-
formes, promettant tous le triomphe des enfants de Dieu,
la justification de son Eglise, l'anéantissement de la nou-
velle Babylone, en un mot, ce qui se répétait journellement
dans les assemblées protestantes. Ils témoignaient du reste
pendant ces heures d'égarement, de cette insensibilité à la
douleur physique, tant de fois signalée chez des hommes
que maîtrise la folie; on les voyait alors mépriser le fer
^t le feu, souffrir des blessures sans se plaindre, se donner
eux-mêmes des coups violents, se rouler comme des pelo-
(1) Natif de Nîmes; il fat cependant pins tard emprisonné, con-
damné et exécuté à Montpellier en 1698 pour avoir poussé à la ré-
volte. Ses coreligionnaires le regardent comme nn martyr. Cf. Lar-
rey, Hist. de France, t. VI.
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132 UNE RÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE
tons au miliea des roches on se jeter en bas dn bant des
arbres.
> Ils annonçaient qn'il y avait des traitres dann les réu-
nions, qne les enfants de Dieu seraient sarpris par les
soldats et leur échapperaient, ce qui se vérifiait la plupart
du temps. Ils gémissaient enfin sur les calamités présentes,
excitaient au repentir, à la confiance en Dieu et à la haine
des prêtres catholiques» (1).
Aussi en 1702 la terrible révolte qui devait porter le
nom de guerre des Camisards (2) éclata-t-elle dans l'affaire
du Pont de Montvert.
L'abbé du Chayla y avait fait disperser une réunion
avec quelque rigueur, emmenant même des prisonniers.
Un jeune homme du nom de Périer, qui avait dans ce
nombre sa fiancée, propose d'effectuer leur délivrance. Â
la tête d'une troupe d'une centaine de partisans, il assaille
la demeure de l'abbé qui est massacré.
Un de ces malheureux soi-disant prophètes, Esprit Sé-
guier, entraîne alors à sa suite une partie des gens de
Périer, et met aussitôt le pays à feu et à sang, assassi-
nant et égorgeant jusque dans leur lit, curés, prêtres, ca-
tholiques de tout sexe et de tout état.
Les troupes royales surviennent; Esprit Séguier saisi, est
livré au feu ; l'intendant Baville et son gendre de Broglie
commandant des forces, laissent des garnisons à Uchaud,
Oodognan, Calvisson arrêtent des mesures sévères et se
(1) E. Roschach, Etndes hisforiquen sur la province de iMn-
guedoc.
(2) Du mot patois indiquant la chemine qu^ils portaient par dessus
leurs habits et qa^ils gardèrent, tant comme signe de reconnaissance,
que pour être moins facilement ^identifiés.
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UNE BÉQIOK PROTESTANTE DE LA FRANCE 133
mettent à la poursuite des aggresseurs de l'abbé du Chayla,
dont plusieurs sont exécutés.
Mais alors, la résistance s'organise: Périer constitue
complètement un vrai corps de troupes; il remporte même
quelques succès après lesquels il se rend insaisissable dans
les bois. Blessé et obligé de quitter le royaume, il est rem-
placé par le fanatique Laporte qui gravement atteint près
de La Salle doit céder le commandement à son neveu Rol-
land. Oelui-ci, intelligent, instruit, jouera au gentilhomme
et se posera en véritable chef de parti et d'armée. En at-
tendant, il forme et il prépare les quelque douze cents
hommes qui sont auprès de lui; et profitant de la lenteur
du chef envoyé pour le réduire, M. de Julien, protestant
converti, il s'établit solidement dans les montagnes.
A un moment donné, l'un de ses lieutenants, Catinat,
s'avance dans la plaine jusqu'aux portes de Nîmes, que le
nouveau fort empêche de s'unir aux révoltés; profitant du
massacre d'un détachement de dragons, il soulève les pro-
testants de la Vannage; bat ensuite le régiment de Saint-
Sernin et remporte plusieurs autres avantages brillamment
secondé par un jeune homme qui va devenir le premier
chef des oamisards.
Jean Cavalier, originaire des environs d' A lais, s'était
d'abord réfugié à Genève et ne possédait rien moins qu'au-
cune instruction militaire. C'est pourtant une véritable
lutte stratégique qu'il engage contre les troupes royales,
essayant, sans succès, c'est vrai, d'envahir le Yivarais. Le
maréchal de Montre vel envoyé avec de nouvelles forces
l'empêche encore, ainsi que Rolland, de se jeter dans le
Bouergue, mais non pas de porter le trouble et la désolation
sur les bords du Rhône, à Roqueraaure, Uzès, Pont-Saint-
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134 UNE HÉGION PROTESTANTE DE LA FBANCB
Esprit, tandis que Catinat faisait de même à Montpellier^
Sauve, Anduze et Sommières.
Les églises de Saint-Laurent et de Pompignan sont in*
cendiées, mais une grave défaite dans ce pays oblige les
camisards à se réfugier dans les bois. C'est là que V < Esprit »
s'empara de Cavalier et ne le quitta presque plus; c'est-à-
dire que le jeune chef se mit à prophétiser et tomba lui
aussi dans de fréquentes extases qui lui valurent l'admi-
ration et la confiance absolue de sa troupe.
Pendant ce temps le maréchal de Montrevel pour faire
exécuter les ordres du roi, exerce de sévères mesures de
rigueur, aussitôt payées de retour par les camisards.
De véritables horreurs se commettent dans cette guerre
d'eftnbuscades que se livrent des partisans groupés sous
divers titres de camisards blancs, camisards noirs, cadets
de la croix. C'est ainsi que le curé de Saint-Qeniès fut
brûlé dans une tour avec un certain nombre de ses parois-
siens qui s'y étaient aussi réfugiés; et que Madame de
Miraman fut assassinée avec sa suite, en se rendant à
Saint- Ambroix, sinon par les soldats réguliers de Cavalier^
du moins par de fanatiques partisans.
En même temps des manifestes sont répandus partout
en faveur des révoltés; l'Europe s'intéresse à eux; l'An-
gleterre essaye de leur faire parvenir des secours; ils vont
être le motif et le secret espoir d'une guerre étrangère,
que suscite bien davantage la jalousie contre la France et
la brillante fortune de son roi.
Mais Cavalier subit d'énormes pertes à Vergèze; sa
cavalerie y est détruite. Après un léger succès sur les bords
du Gardon^ il est encore défait à Langlade et à Nages, un
instant même prisonnier dans cette dernière affaire. Désor-
mais sa causa est bien compromise, malgré les secours que
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UNE RÉGION PROTESTANTE DE LA FEANOE 13&
la Hollande essaye de lui donner. D'ailleurs le maréchal
de Montrevel, vient d'être remplacé par M. de Villars qui
profite des pertes de Cavalier pour l'engager à la paix.
Rolland refuse toute avance, malgré la découverte et la
prise des magasins qui contenaient les ressources des ré-
voltés.
Habile politique, M. de Villars semble de ne pas abuser
de ses succès: tout en prenant de fortes dispositions mili-
taires, il fait preuve d'une grande modération, et publie
un décret d'amnistie.
Le courage et l'obstination des camisards épuisés par
cette lutte de quatre ans, en sont d'autant diminués et
Cavalier se résout à la paix. Il accepte le brevet de co-
lonel qui lui est offert, mais va mourir à l'étranger. Ses
coreligionnaires, divisés, car ceux des villes parlent même
de se joindre aux catholiques, essayent en vain de conti-
nuer la guerre avec Rolland qui est tué; et dès le début
de 1706, cette longue et désastreuse insurrection était
complètement éteinte.
Les petits soulèvements qui eurent lieu de 1705 à 1710
n'eurent aucune importance, et furent d'ailleurs aussitôt
réprimés.
Les protestants vaincus, brisés contre le pouvoir royal,
plus que décimés par l'émigration d'un grand nombre
d'entr'eux et par les conversions aussi, qui ne furent pas
toutes fictives, vont se reconstituer lentement dans le calme
et l'ordre, revenus peu à peu aux églises du désert, sous
l'influence majeure d'Antoine Court. Du vivant même de
Louis XIV, le synode tenu à l'instigation de ce dernier
dans le désert près de Nîmes, décide et décrète de s'en
tenir à l'Ecriture Sainte comme seule règle de foi ; d'in-
terdire la prédication des femmes et de toute autre per-
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136 UNE BÉaiOK PROTESTANTE DE LA FBANCE
fionne non autorisée ; chaque église devait en outre élire un
oonsistoire et fournir un traitement à ses prédicants, etc.
Des synodes, dorénavant se tinrent chaque année au
désert; on y consacra des pasteurs, au nombre desquels
Court lui même en 1718. Le Protestantisme, n'était donc
pas mort, et c'était en réalité la volonté royale qui s'était
brisée contre des consciences.
(A suivre).
Abbé H. Qbange.
Chapelain de Saint-Louis.
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PRÉLATS ORIGINAIRES DU QUERCY
DANS L'ITALIE DU XIV SIÈCLE
Apres avoir fait connaître les familles plus ou moins
^apparentées à Jean XXII, il me reste à parler des autres
personnages qui lui ont dû en tout ou en partie leur for-
tune, c'est-à-dire des personnages ecclésiastiques auxquels
il a donné des postes importants soit comme évêques,
archevêques ou cardinaux, soit comme collecteurs. Toute-
fois il m'a paru que pour être plus utile, en faisant un
groupement plus complet, il valait mieux déborder de temps
«n temps un peu hors de mon cadre et mettre ici non seule-
ment ceux qui ont dû à Jean XXII personnellement leur
haute situation, mais encore ceux qui dans le cours du
siècle furent pourvus par ses successeurs français, grâce à
l'influence de leurs parents ou de leurs amis. Au reste je
ne m'écarterai que par quelques dates de Jean XXII, la
très grande majorité des prélats dont je vais parler lui
devant plus ou moins directement leurs sièges. J'insisterai
moins sur les familles de ces prélats qui n'ont pas la même
importance que les familles apparentées à Jean XXII, mais
J'en dirai assez pour faire connaître de mon mieux, quand
ce sera possible, les personnages qui défileront devant nous.
Pour un grand nombre d'entre eux on n'avait guère que
les prénoms, pour d'autres le nom de famille connu ne
disait rien ou prêtait à de graves confusions. J'espère que
•ces modestes notes pourront servir d'utile contribution non
AnaalM d« 8.-L.-d..F. 9
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138 PRÉLATS OBIGINAIRBS DU QUEBCY
seulement à notre histoire locale, singulièrement élargie^
mais encore à l'histoire des diverses églises occupées par
nos compatriotes. Elles serviront à compléter et à corriger
sur quelques points les divers ouvrages publiés même ré-
cemment sur le XIV* siècle (1).
Ecrivant dans une Revue française qui paraît en Italie,
il me paraît tout naturel de commencer par les églises de
ce pays; et d'ailleurs c'est ce qui me 'permet de mettre en
scène un plus grand nombre de personnages. J'ai suivi
pour plus de commodité l'ordre régional: il a l'avantage
de grouper d'une manière plus logique certains person-
nages que Tordre alphabétique aurait sans doute par trop
séparés. Souvent le rapprochement naturel des mêmes noms
amènera la conviction que ne produiraient pas les con-
jectures, dans les cas où la certitude manquerait. Trois
chapitres donc: Italie septentrionale, y compris la Sar-^
daigne; Italie centrale, avec Rome et les sièges suburbi-
caires; Italie méridionale (Royaume de Naples et Sicile).
(1) Je dois dire que la Hierarchia du P. Enbel m'a été très utile-
en me mettant sur la voie très souvent; et, malgré les erreurs qui
s'y trouvent, oe livre reste absolument indispensable. Presque tous
les documents dont je me suis servi sont tirés des Archives du Va-
tican, Boit des Begesta des papes, série du Vatican et série d'Avi-
gnon, soit des livres divers de la Chambre apostolique, étudiés sans
parti pris, sans chauvinisme, avec l'aide de nos publications locales
souvent fautives d'ailleurs. J'aurai commis moi-même plus d'une er-
reur, mais on voudra bien tenir compte de la difficulté, plusieurs fois
signalée ici, de se débrouiller au milieu de tant de noms, et de la
volonté évidente de ne pas critiquer les autres. L'on trouve des fautes
considérables, presque incroyables, dans les meilleurs livres: c'est un»
raison d'être modeste tout à la fois et moins timide.
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PBÉLATS OBIGINàIBES DU QUBBCT 139
Chapitbb I*'.
Italie septentrionale.
Je n'ai trouvé aucun de nos compatriotes sur les divers
sièges de la province de Gênes: les conjectures que j'ai
pu faire n'ont pas abouti par la difficulté de trouver les
noms de famille de certains évêques pris parmi les régu-
liers : tel par exemple un Raimondj 0. M. évêque de Ven-
timiglia en 1320, transféré à Vence en 1328, que certaines
relations avec des Quercynois m'avaient fait croire origi-
naire de notre diocèse.
ARTICLE PREMIEB.
Province de Milan.
J'ai déjà parlé de Bertrand du Pouget, Légat de Lom-
bardie, et de son entourage; j'aurai l'occasion de revenir
plus loin sur Bertrand de la Tour, 0. M., qui fut nonce
avec Bernard Gui, le célèbre dominicain. Je rappelle donc
seulement leurs noms.
A la province de Milan, mais en Piémont et non en
Lombardie, appartiennent deux évêchés qui ont eu un de
nos compatriotes, le premier comme administrateur, le se-
cond comme évêque.
I. Alba eut pour administrateur, lors de la traslation
de Guillaume Isnard à Brindes, Abnaud de Bosbt, proche
parent du cardinal-Légat, déjà évêque d'Asti, [du 3 dé-
cembre 1333 au 4 février 1334]. J'avais eu tort de laisser
entendre, à propos d'un neveu du Légat, que Guillaume
Isnard pouvait être des nôtres: c'était un italien, comme
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140 PBÉLATS OBIGINAIBBS DU QUEBCY
le prouve la fondation qu'il fit ou voulut faire d'un couvent
de Sainte-Claire dans sa ville natale (1). Il eut pour suc-
cesseur un français Pierre d'Artaud qui se rattache de très
près à Jean XXII, car il était le proche parent et peut-
être le frère de Béraude d'Artaud qui fut la troisième femme
de Pierre Duèse, le frère du pape (2). Pierre fut transféré
à Sisteron en 1349.
II. Asti. — Je n'ajouterai que peu de choses à ce que
j'ai déjà dit ailleurs d'ABNAUi) db Rosbt (3) qui fut 21
ans évêque d'Asti, sans compter les quelques mois de son
administration comme coadjuteur [février et août 1327 -
juin 1348]. Il était depuis déjà quelques années cha-
noine d'Asti et nonce- collecteur pour les diocèses de la
Vénétie. Outre ce canonicat, il en avait encore un autre
dans l'église de Saintes. II garda ses anciennes fonctions
avec celles de l'épiscopat: Sous Benoît XII, il ne devait
plus être collecteur; du moins ce nom ne lui est pas donné
soit dans la bulle qui le charrge, en octobre 1336, d'une
affaire intéressant le cardinal Bertrand de Montfavès, soit
dans le registre qui signale ses visites ad limina, par exem-
ple en novembre 1336 et en juillet 1337 (4). Un auteur
local (5) nous apprend qu'il tint en 1328 un synode, dont
il reste quelques statuts dans un recueil de 1539, et que,
après la réduction du diocèse par suite de la création de
nouveaux évêchés dans le voisinage, il fit faire un cata-
logue des églises du diocèse et de leurs revenus, conservé
(1) Civitella, dans les Abruzzes, voir BuUar, Francise, VI, n® 258,
cf. V, p. 890, n° 486.
(2) Voir Autour de Jean XXII, 2® partie, cbap. I, § 1. — Tirage
à part, p. 67.
(3) Ibidem, ch. V, art. II, p. 161.
(4) Reg. Vat., 121 ep. 458. Solut, 17 ff. 97* et 115.
(6) Bosio Gaspare, La Chiesa d'Astij 2* ediz., p. 112 et passim.
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PBÉLATS ORIGIKAIBES DU QUERGY 141
encore aujourd'hui. II mourut dans le courant de juin 1348.
Une bulle du 22 de ce mois nomme, comme administra-
teur de l'église laissée vacante par sa mort, un chanoine
d'Âsti, Guillaume de Raymond (1), qui pourrait bien ap-
partenir à l'importante famille de ce nom, domiciliée dans
le Bas-Quercy. Un autre compatriote, Bernard de Prestis,
(ou Pristin), parent du cardinal Bertrand de Montfavès,
était dans le diocèse d'Asti, archiprêtre de Baynarum in-
feriorum; le 24 février 1363 il échangeait ce bénéfice contre
le prieuré de Eoquemaure [Avignon] (2).
m. Pavie [Lombardie], qui relevait directement du
Saint-Siège, eut quelque temps le cardinal Gaugblme de
JjSAN, évêque d'Albano, comme administrateur, ainsi que
nous l'apprend la bulle de Clément VI qui nomme le 7
octobre 1342 à cet évêché Matheo de Eibaldis (3).
Je mets ici quelques noms de nonces-collecteurs des
provinces du nord de l'Italie, et appartenant à la patrie
du pape. Arnaud Sabotier (1317) dont j'aurai à reparler
comme évêque de Bologne et qui d'ailleurs, même évêque
resta quelque temps collecteur ; Guillaume Truel^ probable-
ment de Oahors même, qui est d'abord collecteur en Lom-
bardie < sed. Ap. nuntium in partibus Lombardie > (1328-
1829), puis, après 1330, nonce en Romagne, au moins jusqu'en
1335 et qu'on trouve en Toscane < in partibus Tusdce >
vers. 1344-46. Il avait entre autres bénéfices, un canonicat
dans l'église d'Auxerre et l'archiprêtré de Gardouch (Tou-
louse). Il était mort en 1346 (4). — Il semble avoir été dans
(1) Reg. Vat., 191, f. 44.
(2) Ibidem, 219, f. 96^
(3) Ibidem, t. 162, ep. 61.
(4) Re^. Vat., 71, ep. 490; 117, ep. 1539, 16É2 sqq.; 106, ep. 1232.
139, ep. 4t4; 120, ep. 862; SuppL, 12 f. 2; Int et Ex., 102 et 107. — Il
était probablement parent de cet Arnaud Truel de Cahors qni fut
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142 PBÉLATS OBIGINAIKES DU QUBSOT
les premiers temps l'aide de Bernard de Farcdd^ trésorier-
payeur du Légat pour les troupes de Lombardie. Celui-ci
était probablement du diocèse de Bodez: ou le trouve en
1324 parmi les familiers d'Âdhémar Amiel, évêque de Mar-
seille et trésorier du pape (1).
Comme collecteur en Lombardie, Guillaume Truel fut
remplacé par Pierre Marin, un fidèle serviteur du directeur
de la Chambre apostolique, déjà plusieurs fois envoyé en
Italie pour diverses affaires. C'est un des noms qui revien-
nent le plus souvent à côté de celui de Qasbert de Laval
dans les archives Camérales. II était du diocèse de Cahors
et probablement de la région de Lauserte comme son pa-
tron. Ses principaux bénéfices furent l'église de Vaillao
qu'il garda jusqu'à sa mort, les dignités ou ofiGlces de oa-
mérier à Saint-Martin de Tours, de préchantre à Nar-
bonne, avec canonicats et prébendes, et l'archidiaoonat de
Parme (etc.). Le pape lui confia la charge de son vicaire
pour la ville et le district de Plaisance. Il fut rappelé en
1336 par Benoît XII (2).
Dans les diocèses de Gênes et de la Toscane (in par*
tibus Januœ et Tusciœ) Guillaume Truel avait été précédé
par PoTis Siephanij chanoine de Béziers, vraisemblablement
en 1264 chargé par saint Louis de fabriquer de la monnaie royale
à Saint- Antonin avec Pierre Vidal, de Martel [CorrespOîtdance d'Aï-
fonse de Poitiers, n® 2034].
(1) Dit aussi clerc du diocèse d'Albi. d'où Adhémar Amiel était
originaire. 11 y a un château de Farald près de Figeac (Lot). — Voir
Int. et Ex., 107. — Collect., 379, f. 202 et f. 204*. — Obligat., 8, f. 30.
(2) Vat. 68, ep. 704; 70, «p. 1469; 85, ep. 329; 76, ep. 411: 89, ep.
51; 90, ep. 1883: 103, ep. 153; 115, ep. 16789; 114, ep. 1745; 117, ep.
60 et 1304; 106, ep. 648, etc , etc. Insir. Mise, en particulier cassette
de 1320 (XV, n° 22) et de 1335. Une bulle pour Raymond Marin,
fait chanoine de Narbonne comme lui est adressée à Raymond de Laval,
frère de Gasbert [Vat., 97, ep. 249].
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PBÉLAT8 ORIGINAIRBS DU QUEBCY 148
frère de Bernard Stephani de Gigouzac, protonotaire apos-
tolique, et de Raymond Stephani, clerc de la Chambre apos-
tolique, chargé d'aller chercher à Lucques l'antipape Pierre
de Corbière pour le conduire à Avignon. J'aurai occasion
de parler ailleurs de cette famille qui se perdit bientôt
dans celle de Valon, dont il reste encore aujourd'hui chez
nous des membres bien connus (1).
Dans la Bomagne il y eut comme trésorier du pape
Bernard de Péret (2), puis François de Pailleyrols, recteur
de l'église de Durfort (Lavaur), d'une famille appartenant
à la fois au Quercy et au Rouergue, à la région de
Saint-Antonin (3); puis Etienne Bénier^ dont j'aurai à dire
un mot comme évêque de Faënza. Et avant de passer aux
provinces ecclésiastiques de la Vénéfcie (Aquilée et Q-rado),
■je rappelle qu'il y eut sous Jean XXII comme nonces-
collecteurs Pierre Alric, qui fut archidiacre de Bologne,
et dont je n'ai pu retrouver la patrie (c'est un limousin
ou un rouergat), et Arnaud de Bozet, déjà nommé comme
évêque d'Asti. Un de leurs sous-collecteurs était le quer-
oynois Bertrand de Pechpeyroux qui fut archidiacre d'A-
quilée.
ARTICLE 2.
La province d' Aquilée,
Aquilée est aujourd'hui en Autriche: de même appartien-
nent à l'Autriche les sept anciens diocèses de l'Istrie, le dio-
cèse de Trente dans le Tyrol, et le diocèse de Gôritz formé
(1) JnU et Ex,f 145; cahier de comptes commencé le 5 octobre 1332.
(2) Frère de Pons de Péret qui fut évoque d'Orvieto, d'une famille
aujourd'hui quercynoise, mais d'origine languedocienne.
(3) On trouve plusieurs de ces Pailleyrols (orthographe assez
variée, on le devine) en relation avec les Cardaillac {Oliin, édition
Beugnot, III, p. 246).
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144. PBELATS OBiaiNAIRBS DU QUESCY
du démembrement du diocèse d'Aquilée en 1734; mais l'autre
partie du diocèse qui a formé rarchevêohé d'Udine, ainsi
que tous les diocèses de la Vénétie sont dans le royaume
actuel d'Italie. Au reste, nous n'avons à nous occuper qua
de l'organisation des diocèses telle qu'elle était au XIV® siècle.
§ 1«' — Lb Patriarchat.
Le bibnheurbux Bertrand db Saint-Obniës.
L'on pourrait peut-être ici élever le ton, puisqu'il s'agit
d'un de nos coi'upatriotes dont les papes ont autorisé le
culte, pour avoir, nouveau Thomas de Cantorbéry, préféré
donner sa vie plutôt que de livrer les droits et les bien»
de son église. Indépendamment de l'éclat particulier que
lui donne l'auréole de son martyre, Bertrand de Saint-Geniès
mériterait une longue étude historique, que j'aimerais bien
voir entreprendre par quelque compatriote. Je ne veux^
pour ma part, donner ici que quelques notes, la plupart
extraites des Archives du Vatican, sur sa famille et sur
ses commencements. Quant à son rôle d'évêque, je renvoie
aux publications bien connues, comme Vltalia sacra d'Ughelli
(V, p. 99 sqq.) et les Chiese d'Italia de Cappelletti (VIU,
p. 407 sqq.), qui lui ont consacré de longs articles. Sur ses
nonciatures, on peut voir Theiner en ses Manumenta Unga^
rica, et Riezler, en ses VatikaniscAe Akten. Bientôt on trou-
vera des documents plus complets dans le deuxième volume
des Acta Salzhurgo-Aquilejensia de M. Âloïs Lang, dont le
premier sur Salzbourg a paru cette année même. Les Bol-
laudistes ont publié une vie intéressante de Bertrand de
Saint-Geniès d'après un manuscrit de la Vallicellana de
Rome; mais elle passe trop brièvement sur la biographie
du bienheureux, et rapporte surtout les miracles accomplis
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PBÉLATS ORIGINAIBBS DU QUERCY 14&
par son intercession. Les commentaires dont les savants
religieux ont fait précéder ce texte ont leur intérêt et ren-
ferment même le portrait de Bertrand, assez ressemblant
à celui de l'évêque de Mirepois, Pierre de la Pérarède, dans
les tableaux qui représentent les maîtres du Sacré Palais (1).
Si nous en croyons leur calcul, le Bienheureux serait
né vers 1260. Cette date concorde bien avec ce que l'on
peut savoir de lui par ailleurs: Bertrand de Saint-Geniès
aurait été un peu plus jeune que Jean XXII, et à peu
près de l'âge des cardinaux Gaucelme (2) de Jean, Ber-
trand du Pouget, ou Bertrand de Montfavès, ses compa-
triotes, ses amis ou ses parents.
Il est né probablement au château de Saint-Geniès, dans
les environs (3 kilom.) de Montcuq. Je dis probablement,
parce que l'on peut voir par plusieurs actes de l'époque,
même par les Archives du Vatican, que divers membres
de la famille de Saiut-Geniès habitaient dans le castrum^
alors fort important, de Montcuq. Amalvin de Saint'Genièê
en 1269, et Raymond- Bernard en 1311, sont qualifiés don-
zels de Montcuq (3). L'archiprêtre de Moissac, Gasbert de
Saint'GenièSj qui résigne en 1310 ses bénéfices, nomme,
(1) Acta Sanctorum, 6 jun., pp. 764-789. Le portrait est à la
page 770. Sur 8 chapitres, 6 sont consacrés aux miracles.
(2) J'ai toujours jusqu4ci appelé Gaucelin ce cardinal, parce que
son nom est toujours écrit ainsi dans nos historiens locaux et que
plusieurs fois dans les registres j'ai trouvé Gaucelinus, avec un point
sur ri; mais j*ai remarqué des endroits où ce point avait été gratté»
et dans la majorité des cas on ne peut lire que Gaucelmus, Je crois
donc que Baluze avait raison dans sa petite dissertation sur le nom
de ce cardinal, et qu'il faut écrire Gaucelme {Vitœ pap. Aven., I, 720).
Toutes les occasions sont bonnes pour se corriger.
(8) Le premier est compromis dans une affaire menée contre les
chevaliers de Poudans {Correspondance d'Alphonse de Poitiers , édition
Molmier, n®» 1469-71). Le second donne une quittance à son beau-père
B. de Ouiscard (Cf. Lacoste, HisU du Quercy, III, p. 10).
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146 PRÉLATS ORIGINAIRES DU QUBRCY
en 1309, ses procureurs pour cela dans la chambre de la
maison qu'il habite au caatrum de Montcuq (1). Celui qu'on
regarde comme le père du Bienheureux, appelé Bertrand
comme lui, est souvent témoin dans des actes passés à
Montcuq : il est vrai que la petite ville était à une si courte
distance de Saint-Geniès !
Les Saint-G-enies avaient des alliances avec les meil-
leures familles du pays. Ils auraient même été une branche
de la puissante maison des Gourdon de Castelnau de Mon-
tratier; mais je n'ai pas pu vérifier la valeur de l'acte
indiqué par Lacoste, en son Histoire du Quercy (III, p. 9 ;
II, p. 1 1), d'où il ressortirait que Bernard ou Bertrand de
Saint-Geniès, en 1162, aurait été le frère de Hugues, che-
valier de Castelnau. La chose est fort vraisemblable étant
donné le voisinage de Castelnau-de-Montratier et de Saint-
Geniès.
Les Saint-Geniès étaient parents des Durfort, des Mon-
taigu de Montlanard, des Montfavès et des Boset, des Gui-
scard de La Coste et de Grèzels, des Narcès de Mon-
tcuq (2), etc.
La première mention que nous ayons de Bertrand dans
les Archives du Vatican me semble être un acte de 1294
où il est dit procureur de Marquèse de Talleyraud-Périgord,
(1) Keg. Clé.n. V, éd. Bénéd., n^ 7395; cf. 3768.
(2) Gasbert de Saint-Geniès, Tarchiprôtre de Moissac est dit oon-
saognin de Bernard de Darfort, seigneur de Flamarens; Clèm. V.
Bénéd. 7895. — Alasie de Saint-Geniès est dite en 1362 femme de
Bertrand de Montaigu, seigneur de Montlanard ; (Reg. Vat., 194,
€p 532). — Raymond- Bernard de Saint-Geniès, frère de Bertrand »
avait épousé la fiile de B. de Guiscard, seigneur de Lacoste, près
Orèzels, et d'Hélitz de Montaigu {H. du Quercy, III, p. 10); un de
leurs fils, Pierre, fondait en 1386 un couvent de Cisterciennes dans
le lieu de Saint- Jean, sous Bélaye, (près Grèzels) qui lui apparte-
nait par droit héréditaire (Reg. Vat., 119, ep. 882) — Guiscarde de
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PBÉLATS OBIGUNAIRBS DU QUEROY 147
du couvent de Olarisses de Périgueux, qui le charge de
revendiquer ses droits plus ou moins authentiques sur la
vicomte de Lomagne: car je pense qu'il faut lire Bertrandus
(et non Bemardus) de Sancto GenesiOj jurisperitus^ dans
la bulle de Clément V au sujet de l'arrangement qui fut
fait en 1307 (1).
Bertrand de Saint-Geniès, fut en effet célèbre par sa
science du droit. De bonne heure il professait à Toulouse :
£!n 1314, au moment où l'évêque donnait des statuts à l'Uni-
versité, il tenait la place de son compatriote Guillaume
de Montlauzun, professeur remarquable, dont un des fils
fonda le collège qui porte ce nom (2).
Il est appelé utriusque juris prof essor dans les premières
bulles de Jean XXII où il est question de lui; et c'est ce
qui explique pourquoi le pape se l'attacha comme auditeur
des causes du Palais Apostolique.
Jean XXII dit quelque part qu'il le connaît très bien:
en effet, étant cardinal-évêque de Porto, il lui obtint, pour
faciliter son enseignement à l'Université, de ne pas résider
dans son bénéfice, et de ne pas recevoir les ordres au dessus
du sous- diaconat. Le bénéfice de Bertrand était la cure des
deux églises annexes de Oreyssens et du Boulvé, dans les
environs de Montcuq (3).
Saint-Geniès avait épousé Galhard de Narcès, frère de Tarohévêque
d*Aix (et QOD le père, comme croyait M. Albanès; Bulletin du Co-
mité des travaux historiques; 1883 pp. b7 et suiv.). — Armand de
Boset, qui succède à notre Bertrand, comme écolâtre d'Angoulême,
est à la fois son consanguin et celui du cardinal de Montfavès (Reg.
Av. IX, f. 406*; Vat. 71, 339).
(1) Reg. Clém. V ; éd. Bénéd., n* 3656.
(2) Fonrnier, Statuts et privilèges des Universités, I, p. 495. —
Lacoste, op, cit., III, p. 10. Histoire du Languedoc, IX, p. 474.
(3) Reg. Clém. V; Bénéd., n° 9845; 7 août 1313.
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148 PRÉLATS OBIGIKAIBBS DU QUKBC7
Devenu pape, Jean XXII n'oublia pas le compatriote
dont il appréciait le mérite: il le fit un de ses chapelains,
et bientôt auditeur des causes (1), il lui donna des cano-
nioats à Saintes et à Angoulême (1316); Bertrand, qui
avait reçu aussi l'expectative de Vecolâtrerie, en cette der-
nière église, eut des difficultés avec un autre chanoine; il
préféra résigner les droits qu'il pouvait avoir; (son parent
Armand de Roset lui fut subrogé) (2); mais le pape lui
donna en compensation (4 mars 1318), la dignité de chantre
dans la nouvelle collégiale de Saint-Félix de Caraman, au
diocèse de Toulouse (3). Bientôt il lui donnait (4 février 1321)
la dignité plus important de doyen du chapitre dans l'é-
glise d'Angouleme (4). Bertrand laissait dès lors Creyssens
et Boulvé, et sans doute aussi le bénéfice de Saint-Félix,
car il n'est plus guère désigné désormais que comme
doyen: cependant il hérita le 29 juin 1328 de l'archidia-
conat de Noyon, laissé vacant par la mort de son parent
Amatui de Saint-Oeniès (6).
En 1332 Bertrand fut envoyé à Toulouse pour s'occuper
de certains affaires de l'Université, alors en désaccord avec
les capitouls. Les livres de comptes d'Avignon nous font
même connaître la dépense de son voyage (80 florins) (6),
(1) Bertrand était encore à Toulouse au mois de mai 1B17, comme
on peut le conclure d'un passai^e de l'interrogatoire d'Hugues Géraud,
l'évoque de Cahors. Celui-ci lui avait écrit (ainsi qu'à d'autres) pour
lui recommander un de ses familiers venu en apparence pour un
procès, en réalité pour préparer les poisons destinés au pape (Col-
lect., 498, f. 12*).
(2) Reg. Vat, 63, ep. 217; Reg. Av., IX, f. 406*, cf. X, f. 26*.
(8) Reg. Vat., 68, ep. 1499.
(4) Reg. Vat., 71, ep. 730.
(ô) Reg. Av., XXXI, f. 83*; cf. Reg. Vat., 100, ep. 216 — per-
mission de faire visiter cet archidiaconé par un délégué.
(6) Reg. Vat., 103, ep. 1566; Fournier, op. cit, I, p. 518; Histoire
du Languedoc, IX; Reg. Av., 73, f, 432.
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PBÉLATS OKIGINAIKES DU QUEKOY 149
L'année suivante, il fut envoyé à Rome et à Naples,
à Borne pour tâcher de rétablir la paix entre les Colonna
et les Orsini, à Naples pour quelque affaire ayant trait
au royaume d'Arles. Le voyage qui ne devait durer que
trois mois dura en réalité 284 jours, du 1"' septembre 1383^
jour de son départ, au 11 juin 1334, jour de son arrivée.
On lui avait compté 310 florins, y compris les frais du
navire qu'il fallut louer (40 florins); il lui fallut encore
300 florins qui lui furent payés sur le fond du trésorier
du patrimoine de Saint- Pierre (1).
C'est à son retour que le pape, pour récompenser son
grand mérite le nomma au siège patriarcal d'Aquilée
{4 juillet 1334) (2).
Il prit possession de son siège par procureur dans le
courant de septembre, comme on peut le conclure de cer-
taines pièces des Archives de Venise. Le 6 octobre 1334
Raymond de Puy-Begon, du diocèse de Cahors, reconnaît
avoir reçu une somme d'argent payée sur l'ordre du doge
«n vertu des deux pièces suivantes: 1**) une procuration
de Bertrand, patriarche d'Aquilée, en date du 19 juillet,
autorisant le dit Raymond à percevoir en son nom toutes
les sommes qui appartenaient à son église; 2"" une demande
adressée au doge par le doyen et le chapitre d'Aquilée de
faire payer à Raymond de Puybegon certaines sommes dues
par la République (3).
(1) Reg. Vat., 117, ep. 12, ep. 1187; Voir Theiner, op. cit., n*» 879-
880. Int. et Ex. 181 f. 86. Vat. 105, ep. 1280; permission de tester
avant son départ.
(2) Reg. Vat. 106, ep. 813 et 774; of. 117, ep. 1392-2. — Voir encore
pour divers privilèges reçus: Reg. Vat. 108, ep. 115, 141, 148, 175, 178,
212, 213. — Vat. 117, ep. 1397.
(3) 1 libri commemoriali délia Republica di Venezia, 1878, t. II,
p. 56.
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150 PBÈLATS OBIQINAIBES DU QUEBCY
D'après Cappelletti il ût sod entrée solennelle dans sa
métropole le 28 octobre, mais il n'aurait célébré que le
16 février 1335 sa première messe pontificale. Un registre
du Vatican le fait assister le 4 décembre 1334 à la protes-
tation dernière de Jean XXII mourant au sujet de la vision
béatifique. Il aurait donc repris presque aussitôt arrivé le
chemin d'Avignon, rappelé par son affection et sa recon-
naissance auprès du pape mourant, (laissant à Aquilée pour
vicaire de son église un certain G-uillaume Mairan) (1).
Dès son retour il fut tout entier à son nouveau ministère
et ne quitta plus sa province que pour quelques missions
dont il fut chargé. C'est par procureur qu'il payait pour
lui, ou pour son prédécesseur en retard, la taxe du Com-
mune servitium, ou qu'il faisait sa visite ad limina (2).
Tous les historiens s'accordent à reconnaître sa grande
piété, sa charité inépuisable, immense en tous temps, mais
particulièrement auz époques de grande disette où il nour-
rissait 2000 pauvres par jour, son zèle pour les intérêts
religieux de son diocèse. On trouvera chez les auteurs com-
pétents le récit des divers synodes diocésains ou provinciaux
qu'il a présidés, des réformes qu'il a accomplies, des fon-
dations pieuses qu'il a faites au favorisées. Udine eut par-
ticulièrement à se louer de sa munificence: Il érigea en
collégiale la nouvelle église de Sainte-Marie qui devait de-
venir plus tard une cathédrale, il fit bâtir une élégante
chapelle qui lui coûta plus de 400 marcs d'argent, il y
transféra solennellement des reliques de saints martyrs
d'Aquilée, il y posa les fondements d'un hôpital pour les
lépreux, et quand le tremblement de terre de 1348 eut achevé
(1) Archiv. Vatic, Armar. XXXI, t. 42, f. 99*. — Libri contint'
morialij loc, cit., p. 61.
(2) Archiv. Vat., SoLutiones, 17, f. 40, 41*, 112*; 18, f. 64, 141.
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PBÉLATS OBIGINAIBBS DU QUERCY 161
la ruine de l'aoïcieiine oité patriarcale, il demanda et obtint
de transporter sa résidence à Udine (1).
Son activité, malgré son âge, était infatigable. Elle fut
heureusement employée par Benoît XII et par Clément VI
qui surent utiliser son zèle et sa science. Ce dernier ne
craignit pas, tant il connaissait son intrépidité, de l'en-
voyer en 1346 (Bertrand avait 86 ans!) en mission auprès
de Louis roi de Hongrie, à l'occasion de la mort de son
frère André, roi de Naples. Les circonstances étaient graves.
Le voyage fut très pénible pour le généreux vieillard qui
dut, avant la an de Tannée, être remplacé par le cardinal
Bertrand de Daux (du titre de Saint-Marc) (2). Mais rentré
chez lui, il continua les luttes qu'il avait dû entreprendre
contre ses voisins.
Le patriarchat d'Aquilée formait un des Etats ecclé-
siastiques de l'Empire d'Allemagne, mais il avait des vas-
saux intrigants et rapaces qui supportaient mal cette suze-
raineté. Les voisins, et notamment les Vénitiens qui tra-
vaillaient à se rendre peu à peu les maîtres de tout le lit-
toral de l'Adriatique, convoitaient aussi cette riche proie.
Sous les prédécesseurs de Bertrand, bon nombre de seigneurs,
abusant de leur force, avaient usurpé des biens et des pos-
sessions de l'église patriarcale: Bertrand de Saint-Geniès
fort de son droit engagea vivement la lutte pour rendre
à son église les biens et les privilèges dont elle avait été
injustement spoliée. Il s'employa tout entier à la reprise
et à la défense de ses droits, ne craignant même pas de
(1) Officiellement, car en fait il résidait le plus souvent à Udine,
comme le prouvent des actes nombreux.
(2) Vat. 139, ep. 781-2-3... 803; ep. 1201.2-3... 12. — Janvier et
février 1346. — Vat. 140, ep. 261 .. . Juillet 1346. — Cf. Theiner, op, cit.,
n*»» 1062-1086.
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152 PRÉLATS ORiaiN AIRES DU QUBRCY
recourir à la voie des armes, en un temps où la faiblesse
exposait à tous les périls. Il a raconté lui-même presque
tout son épiscopat dans une longue lettre, adressée au doyen
de son chapitre, citée par Ughelli tout au long, et qui semble
être de Tannée 1348. Nous ne pouvons pas juger de son
authenticité, mais en tout cas elle résume fort bien les
luttes et les victoires, ainsi que les œuvres diverses de Ber-
trand; elle prouve éloquemment Ténergie indomptable de
ce vieillard, fils des preux chevaliers du Quercy.
Peut-être quelquefois dans l'ardeur de la bataille (il
était d'un temps si différent du nôtre), Bertrand de Saint-
Geniès ^entait montrer trop bouillant à son front le noble
sang 4e ses ancêtres, et alors, oubliant «pour un instant
son caractère sacré, excédait-il dans l'exigence de ses re-
vendications : une lettre de Clément VI du 4 novembre 1346
— c'était peu après son retour de Hongrie — lui reproche
d'avoir manqué de douceur à l'égard des Vénitiens, et l'en-
gage à se montrer plus conciliant. La lettre d'ailleurs est
assez vague et ne s'appuie évidemment que sur les plaintes
intéressées des Vénitiens. Notons tout de même en passant
cet acte du pape d'Avignon, qui ne craint pas, quand il
oroit la douceur évangélique en péril, de faire un reproche
à un de ses meilleurs et de ses plus glorieux serviteurs (1).
D'ailleurs, si le vieil évêque, attaqué de toutes parts
par des ennemis puissants et décidés à tout contre lui, se
(1) « Tu viarn pacis non sequens . . . ipsos Yenetos gravius exaape-
rare iion cessans, aliqua proonrare non desinis, que si ad eff'ectnm i
-deveoirent, in eorum dampnum et perioulnm rednndarent ». On sent
la formule de la supplique qui a occasionné cett« bulle. Reg. Vat.^
140, ep. 728, f. 165*. — Il est curieux de rapprocher cette lettre d'une
autre oti Benoît XII recomn^ande au nouveau patriarche de favoriser .
le doge et la république de Venise. — Instmm, Miscellanea^ 3 sep- '
tembre 1336.
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PRÉLATS ORlGIKAIfiBS DU QUBBCY 153
sentant débordé, résistait avec trop de rigueur, jusqu'à
«exaspérer» ses adversaires, ce n'était pas pour lui per-
sonnellement qu'il agissait. Il n'avait en vue que la jus-
tice et le droit. < Oe n'est pas pour thésauriser, dit-il hau-
tement dans sa lettre au doyen d'Aquilée, ni pour enri-
chir nos neveux, que nous avons supporté tant de fatigues
et de peines, dépensé tant d'argent, couru tant de périls :
c'est uniquement pour la reprise et la conservation des
droits et des privilèges de notre église». Je n'ai trouvé
en effet aucun de ses parents parmi les bénéficiers du
grand diocèse d'Aquilée, aucun même de ses compatriotes,
du moins depuis son élévation (1).
Oe désintéressement ne pouvait pas désarmer la rage
des spoliateurs. Ils eurent recours contre lui à toutes les
calomnies, et comme la piété du vaillant évêque empêchait
de rien croire contre lui, ils résolurent de se débarrasser
par la violence du nouveau Thomas de Cantorbéry. Ber-
trand avait d'ailleurs plusieurs fois répété qu'il donnerait
sa vie plutôt que de dépouiller son église au profit des
ambitions et des convoitises. Le plus acharné de ses ad-
versaires était le comte Henri de Goritz. Ayant échoué
devant la ténacité de l'évêque dans le Concile provincial
de Padoue, qu'un Légat du pape était venu présider pour
tâcher de ramener le comte à des sentiments meilleurs,
furieux de l'impassibilité de Bertrand qui avait gardé le
silence devant toutes ses injures, il le fit attaquer dans
(1) J'ai déjà nommé Bertrand de Pechpeyroux, dont la famille
tirait son nom d'un ohâteaa des environs de Montcnq, et qui pos-
sédait la seigneurie de Beancaire, près Lauzerte, an diocèse de Ca-
hors. Il fut le compagnon d* Arnaud de Boset, Tévêque d'Asti, comme
sous-collecteur. Il était archidiacre d'Aquilée en 1326 (Instr, MiscelL,
mai 1326) et le 11 avril 1328 échangea ce bénéfice contre l'archi-
prêtre de Verfeil (Toulouse). — Vat., 87, ep. 3347.
▲nnalea du S.-L.-d.-F. 10
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154 PBÉLATS OBIGINAIBES DU QUEBCY
une embascade sur la roate de Padoue à Udine, entre Sa-
cile et Spilimbergo. Le patriarche tomba, frappé de cinq
blessures mortelles. Joignant l'impudence et l'impiété au
meurtre commis, les soldats du comte seraient entrés dan&
Udine, conduisant avec eux sur un char le cadavre da
patriarche entre deux courtisanes. La réprobation univer-
selle se prononça contre le comte. Des miracles nombreux
firent bientôt éclater la sainteté du pontife martyr; de»
le XVI* siècle les papes permirent l'ostension solennelle
de ses reliques et en 1766 Benoît XIV publia le décret qui
autorisait le culte public. A cette date le patriarchat d'A-
quilée n'existait plus. Les diocèses d'Udine et de Cahors
célèbrent la fête de Bertrand de Saint-Geniès le 6 juin,
au jour anniversaire de sa mort. L'église d'Udine le vé-
nère comme son patron principal.
Je ne veux ni ne peux parler ici de tous les personna-
ges du nom de Saint-Geniès dont le nom se trouve dan»
les Regesta du Vatican ; il y a d'autres Saint-Geniès dan»
le Queroy, et une branche des Gontaut en Périgord s'ap-
pelait aussi de ce nom. Voici seulement quelques-uns de
ceux qui sort sûrement les proches parents du bienheu-
reux.
Bernard'Raimond, chanoine de Clermont (1), qui mourut
en 1316 ou 1317, recteur de Saint-Arnaud de Pellagal et
de Saint-Georges de Montbarla était un frère, car il eut
pour successeur son neveu Jean, frère d'un autre Bernard-
Kaymond, connu comme le neveu du patriarche d' Aquilée (2).
Gaabert qui fut transféré en 1316 de Saint-Maurin (Agen)
à Aurillac (Saint-Flour) pour avoir un bénéfice dépendant
(1) On le trouve exéonteur de bulles pour des membres de la fa-
mille en 1310 et en 1316 (Reg. Cl. V, n^ 6414; Vat., 65, ep. 2192).
(2) Reg. Vat., 66, ep. 2266; Av., XII, f. 207.
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PRÉLATS OBIGINAIRES DU QUBRCY 166
de cette abbaye était probablement un antre frère ; son neveu
Guillaume lui avait valu cette faveur. Ce neveu hérita de
son église de Salvianet (Béziers) à sa mort (1331) (1).
Lacoste nomme aussi comme son frère Pierre qui fut
curé de Saint-Daunès près de Montcuq. Le pape lui con-
féra (1316) un canonicat en l'église de Saint-Front (Péri-
gueux) qu'il possédait encore en 1329. Quant aux autres
frères que cite Lacoste, nous n'avons que sa douteuse au-
torité pour les nommer ici: Pierre, Oerebruns (?) et Ray-
mond-Bernard, laïques (2).
Des neveux de Bertrand je citerai Arnaud qui mourut
nonce-collecteur des provinces de Beims et de Cambrai. Il
était archidiacre de Noyon, après avoir été chantre de Bourges
et recteur de la Dalbade de Toulouse : il fut aussi chanoine
d'Aix et de Limoges (3). A sa mort qui arriva entre le 7
et le 29 juin 1328, il n'avait pas encore fait tous ses ver-
sements à la Chambre apostolique, et c'est son frère et son
héritier Guillaume qui paya pour lui (4).
Jean, autre neveu du patriarche, fut prieur de Bénas et
Lapérouse, près Moissac en remplacement de son oncle Gas-
bert (l'archiprêtre de Moissac qui résignait ses bénéfices
en 1310), et remplaça également son oncle Bernard-Ray-
mond à Montbarla. Un moment il céda ce dernier bénéfice
à son frère Bernard-Raymond II, puis les résigna tous deux
en 1327 entre les mains du cardinal Bertrand de Montfavès.
Il était docteur en droit canon (6).
(1) Vat. 66, ep. 8107 (bulle adressée à l'abbé de Gaillac, qui était
un parent, Armand de Montlanard). — Vat., 99, ep. 1097.
(2) Vat., 65, ep. 2724; 94, ep. 336; Lacoste, op. cit., III, p. 12.
(3) Vat., 6B, ep. 2192 et 2145; 79, ep. 157.
(4) Vat., 114, ep. 1778-79. — Int. et Ex., 19, f. 86; Obligatim. Xn,
f. 91; Reg. Av.
(5) Reg. Vat., 65, ep. 2266; 84, ep. 2584.
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156 PRÉLATS OBIGINAIBES DU QUSBGY
Bernard-Raymond II qui eut un moment, avec dispense
d'âge, les églises de Saint-Arnaud de Pelagal et de Saint-
Georges de Mcmtbarla (1819), fut fait chanoine de Laon
en 1323. En 1334 il remplaça le patriarche comme doyen
de l'église d'Ângoulême et abandonna à ce moment la pa-
roisse Saint-Nicolas de Toulouse, qui fut donnée à Gasbert
de Barata parent des cardinaux Bertrand du Pouget et
Bertrand de Montfavès (1).
A la cour d'Avignon nous trouvons plusieurs Saint-
Génies comme damoiseaux ou écuyers, presque tout le temps
du règne de Jean XXII: Arnaud, Oasbert et Séguin, Les
deux premiers noms semblent bien indiquer la parenté avec
notre Bertrand (2).
Nous pouvons nommer encore Gàlhard, chanoine de Saint-
Hilaîre de Poitiers en 1332 (bulle adressée à Bertrand de
Saint-G^niès), le même sans doute qui acheta les fruits de
la vacance du prieuré de Bénas et Lapérouse, résigné par
Jean (3), et Bertrand, damoiseau du diocèse de Cahors qui
obtient avec sa femme Albine en 1332 une indulgence plé-
nière in articula mortis (4).
§ 2. — La province d'Aquiléb.
Geneda. — Cette ville appelée aujourd'hui Vittorio,
«ut pour évêque, le 13 novembre 1349, un religieux domi-
(1) Reg. Vat., 69, ep, 1204; 76, ep. 1051; 108, ep. 104,
(2) Vol. div. des InL et Ex.; Collecta, 448, passim.
(3) Reg. Vat., 102, ep. 1662; CoUect., 70, f. 44*; cf. un Galhard
de Saint-Geniès en procès avec les habitants de Miramont près de
Lauserte (Boutaric, Arrêts..., n** 8637).
(4) Reg. Vat., 116, ep. 989.
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PHÉLATS OBIGINAIBE8 DU QUBRCY 157
nîoain qui pouvait bien être un parent du bienheureux
Bertrand d'Aquilée, Gasbekt d'Obgueil (1).
La famille à^ Orgueil, alliée à la plupart des familles des
environs de Montcuq et de Castelnau, portait le nom d'un
château fièrement posé sur une hauteur escarpée qui do-
mine le Lot à sa sortie du Queroy, sur les confins de TAge-
nais (2). Elle n'eut probablement aucun rapport avec le
village d'Orgueil en Toulousain, aujourd'hui commune du
Tarn et Garonne, qui appartenait aux chevaliers de Saint*
Jean de Jérusalem, et n'avait d'après M. Limayrac, aucune
famille seigneuriale parmi ses habitants (3).
Les Orgueil étaient une branche détachée de la maison
de Gourdon, vers le X* siècle (?). Elle hommageait aux
barons de Castelnau pour divers fiefs situés dans la ba«
ronnie et pour un grand nombre d'autres à l'évêque de
(1) Beg. Vat, 195, ep. 75, f. 49. — Cappelletti l'appelle Gasberta
daU'Orologio et le dit né dans la oitè de Cahors (X, p. 275). — Il snc-
cédait à François Ramponi que Ton pourrait peut-être rattacher à
la famille de Eùmpou (de Rampone on de Bamponio) dans le Queroy,
étant donné que c'est nn' èvêque nommé par Jean XXII, que sa
qualité de religieux (Ermite de Saint- Augustin) rend pins difficile de
fixer le vrai nom de sa famille, et qu'on troave dans les registres
du Vatican plusieurs personnages du môme cognomen qui sont du
Qnercy. Mais je n'ai ancan document capable de fournir une sérieuse
probabilité ; il suffît de faire remarquer la coïncidence. Rampou (écrit
aujourdliuî Bampous ou Bamponx, — on trouve en effet de Ramponi"
bus) est une commune du canton de Saint-Germain (Lot).
(2) Paroisse de Saint-Avit de la Capelle-Cabanac (de Capella
prope Orgolium, est-il dit dans les pouillés), commune de Mauroux,
oanton de Puy-l'Evêque (Lot}. — Il n'en reste aujourd'hui que des
restes informes, marqués pourtant sur les cartes de l'Ëtat-Major: la
position en est excellente : il 3' a un beau commandement sur la vallée
du Lot.
(3) M. l'abbé Galabert, continuateur de M. Moulenq (Docum. hist^
sur le Tarn et Garonne, t. IV) dans sa notice sur Orgueil en Tou-
lousain fait naître dans ce village (p. 486) le célèbre dominicain dont
il ne semble pas avoir connu l'èpiscopat.
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168 PRÉLATS OBIGIN AIRES DU QUERCY
Cahors. Une partie de ses possessions était en Agenais. Un
Boson d'Orgueil fut fait chevalier en 1247 par le comte
Baymond de Toulouse; en 1249 il prêtait le serment de
fidélité avec Guillaume d'Albas d'Orgueil aux commissaires
de la reine Blanche (1); Orgueilleux d'Orgueil est nommé
dans des Arrêts du Parlement de Paris de 1300, au sujet de
quelque moulin sur le Lot qu'on lui avait brûlé (2). Il y a
encore là aujourd'hui une écluse qui porte le nom d'Or-
gueil. Orgueilleux était peut-être le père de notre évêque.
Oasbert fit vraisemblablement profession au couvent des
Dominicains de Cahors, un des plus importants de la pro-
vince de Toulouse. Nous l'y trouvons en tout cas très sou-
vent: en 1324, sous-lecteur (professeur en second) de théo-
logie — il est nommé à cette date parmi les religieux du
couvent auxquels la paternelle sollicitude de Jean XXII
envoyait des habits — ; en 1326 lecteur de philosophie na-
turelle, en 1332 et 1339 lecteur de théologie, en 1333 lec-
teur des Saints Livres (3). Une pièce fort curieuse des Ar-
chives du Vatican, — plainte amère d'un bourgeois de
Cajarc, soupçonné d'usure, contre Tévêque de Oahors, —
nous apprend que vers 1346 Gasbert était inquisiteur du
crime d'hérésie dans sa province (4).
Il était depuis longtemps maître en théologie. Clé-
ment VI, peut-être sur la demande de Bertrand de Saint-
(1) Limajrac, op, cit., p. 79 et 181 ; Histoire du iMnguedoc, VIII,
«ol. 1263-64.
(2) Boutaric, Arrêts du Parlement, n*» 3090.
(3) Donais, Les Etudes chez les FF, PP. dan» le Midi. Appen-
dice, passim. Archiv. Vat., Inst. MisceU,, Cassette 1324, parchemin. —
On trouve Guillaume d'Orgueil, plusieurs fois cité dans les listes de
M. Tabbè Donais, et dans ses Acta capit, proviiic. un Arnaud d'Or-
gueil, qui ftit prieur de Montauban et morut en 1296 (pp. 76-7).
f4) Keg. Vat., 174, f. 414.
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PHÉLATS ORIGINAIRES DU QUERCT 169
Génies, le nomma en 1349 an siège de Ceneda, mais avant
même qu'il fut sacré il l'envoya comme nonce auprès de
l'empereur Jean Cantacuzène pour traiter la question si
souvent mais si vainement agitée de l'union des Eglises.
Gasbert était à Ceneda dans le courant de 1350 et payait
«en décembre 1351 le commune servitium à la Chambre apos-
tolique par les mains du £r. Galhard Borre (1). Il mourut
-dans les derniers jours de mars 1374. A la cour d'Avignon
nous trouvons un autre Gasberi d'Orgueil, damoiseau et
familier de Jean XXII (2).
Un troisième Gasbert fut en 1361 recteur de Cintega-
belle et chanoine de Beauvais (3); comme chanoine il suc-
<:édait (1368) à Boson d'Orgueil qui fat de plus recteur de
Trentels (Agen), et chanoine de Comminges, et que nous
trouvons procureur une fois de Bertrand Tissandier, évêque
de Ne vers, pour le' paiement du Commune servitium (1339),
une autre fois de Jean de Bérald, chanoine de Cahors (1350).
Ces deux personnages étaient neveu et petit-neveu du car-
•dinal Bertrand du Pouget (4).
Le même titre de neveu du cardinal est donné, on l'a
vu ailleurs, à Bernard d'Orgueil, prieur de Saint-Martory
{1349) et chanoine de Carcassonne (1369) (6). Un autre
Bernard mort en 1346 était chanoine de Saint-Avit (Sarlat) :
il fut remplacé dans ce bénéfice par Gaucerand d'Orgueil,
mort en 1347 (6). Les relations de ces différents person-
nages entre eux démontrent assez leur parenté commune.
(1) Solutiones, XXV, f. 144.
(2) 1833, Reg. Av., 73, f, 465.
(3) Reg. Av., 146, f. 142^
(4) Solutiones, 18, f. 91. Reg. Vat., 186, ep. 438 et 717 ; 199, ep. 601..
(5) Cf. Autour de Jean XXII, 2« partie, ch, V, art. 3, § 3, n° 11
— SuppL 30. f. 63.
(6) Reg. Clém. VI, Av. XXXV, f. 383.
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160 PSÉLATS OBiaiNAIBSS DU QUEBC?
La famille d'Orgueil existait encore au XVP siècle: elle
eut entre autres héritières les familles de Gaulejac-d'Es-
panel, de Lamothe-Fénelon et d'Escayrac de Lauture (1)*
CONCORDIA.
Le patriarche Bertrand de Saint- Génies, dans la lettre
au doyen d'Aquilée déjà cité, dit que Tévêque de cette ville-
lui aida beaucoup pour la conclusion d'un accord avec les
Vénitiens. Cet évêque de Concordia dont il parle doit être
Gui de Guisis, qui fut en effet en 1842, aveo le patriarche
de Grado, André Dotto, arbitre dans la querelle entre lea
Vénitiens et le patriarche d'Aqnilée (2). Mais plus d'un an
avant la mort de Bertrand, le pape avait mis à Ooncordi&
un évêque originaire du diocèse de Cahors. C'était Pierre du
Clusel, de l'ordre des FF. PP., comme Gasbert d'Orgueil,,
transféré de Melfi (3), évêché suffragant de Manfredonia (Si-
pontin. dioc), le 30 mai 1348. Quelques-uns ont voulu le
rattacher aux Clausetti du Frioul; les documents donnés à
l'appui le nomment pourtant de Clusello.
Il est probable que Pierre était d'une famille qui pos*
sédait le repaire du Clusel, près Pontcirq: il y eut un pro-
cès, au commencement du XIV** siècle entre Isarn de Luzeoh
et Hélène du Puy, veuve de Bertrand de Roussillon au sujet
des repaires du Clusel et de Tourgnac (4). Les relations de
(1) Voir la monographie de Cazillac (Tarn et Garonne), 2« partie^
par M. Tabbé Taillefer; et Moulenq, Docurn. hist, sur le Taym et Ga^
ronne, t. III, table des noms de personnes.
(2) I libri commemoriali di Venesia, p. 96, n** 651 et p. 99, n** 565.
— L'arbitrage de 1842 ne termina pas la querelles, parce qa'il avait
donné raison au patriarche. L'accord doit être de 1844 (Libri comme'
moriali, p. 142, n** 148.
(3) Reg. Vat. 187, ep. 168.
(4) Olim, édit. Beugnot, II, pp. 561-664.
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PBÉLATS ORiaiNAIBBS DU QUEBGY 161
révêque de Concordia et de ses parents avec la famille de
Jean fixent de manière certaine sur son origine. Le car--
dinal de Jean, évêqae d'Albano, faisait donner en 1330 un bé»
néfice (canonicat de Garcassonne) à Jean du Glusel, que nous
trouverons comme procureur de Tévêque de Viterbe, Ber-
trand du Lac (1). Philippe du Glusel est intéressé et même
compromis dans la querelle entre l'évêque de Gahors et les
de Jean (2). Or le Glusel de la commune de Pontcirq était
situé à peu de distance du château de la Johanie. Je ne peux
faire connaître les commencements de Pierre du Glusel ,
n'ayant pas trouvé son nom dans les listes des professeurs
ou lecteurs des Fr. PP. de la province de Toulouse qui
m'ont donné beaucoup de noms du Quercy. Il fut nommé
le 26 juin 1346 évêque de Ghioggia, près de Venise, Quoique
cette ville fût dans le patriarchat de Qrado, son voisinage
d'Aquilée laisse supposer, que Bertrand de Saint-Geniès
put bien ne pas être étranger à cette nomination. Il est
assez surprenant que de Ghioggia Pierre ait été moins de
deux ans après (12 décembre 1347), transféré à Melfi, presque
(1) Reg. Vat. 98, ep. 87; 157, ep. 881. — Un Géraud du Clusel
était en 1845 chapelain de la collégiale de RoquemanTe fondée par
le cardinal B. du Ponget (Vat. 168, de benef, vac, n" 68). -- Est-ce
le môme qui en 1331 était recteur de Parnac et de Gels, près de Cahors?
(Vat. 101, ep. 23-32).
(2) Vat. 229, ep. 1389.. On trouve aussi un Glusel près do Mont-
cnq, des seigneurs de ce nom dans la baronnie de Gastelnau ou en
relation avec de des Saint Génies [Lacoste, op. II, pp. 68, 367, 377]*
D^aatre part il y avait des Glusel au château de Latreyne, près de
Sonillae. Peut-ètre en était*il, ce Gasbert du Cluael qui reçoit le prieuré
de Lostanges au diocèse de Limoges. — Girons encore Pons du Clusel,
baohelier en droit canon du diocèse de Gahors, à qui le cardinal
P. des Prez fait avoir en 1353 une expectative (Vat. 224, ep. 672)
et un autre Pons du CluSel qui reçoit avec sa femme Gaysenne une
bulle d'absolution va articulo mortis, en 1359 (Reg. Av. 140, f. 376^)»
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162 PRÉLATS ORIGINAIRES DU QUEHCY
à Tautre bout de ritalie, mais la bulle ne permet pas de se
tromper. C'est bien le fr. Pierre, 0. P., qui était à Chioggia.
D'ailleurs, peut-être sur sa demande même, peut-être sur
celle du patriarche, il revenait cinq mois après dans le
Nord (30 mai 1348), cette fois dans la province d'Aquilée
et pour toujours (1).
On le trouve le 13 juillet à Udine, dans le palais pa-
triarcal. En présence de Bertrand lui même, il passe un
acte de procuration pour faire payer à la Chambre apos-
tolique le commune servitium relatif à sa nouvelle église.
On remarque parmi ses procureurs des parents ou des fami-
liers du cardinal Gaucelme de Jean : Guillaumon de Comilj
chanoine de Carpentras, camérier du cardinal, Hélie de
Toulsa, son chapelain, et Gaston de Pestilkac^ son damoi-
seau ; de plus Raymond d' Albefeuille^ damoiseau de la curie
d'Aquilée, que nous retrouverons plus tard, sous le titre
de clerc du diocèse de Cahors, travaillant avec l'évêque de
Viterbe. Un des témoins appelés est Ouillaume de Tail-
lade^ de Cahors, damoiseau du patriarche (2). L'origine quer-
cynoise de Pierre du Clusel achève ainsi de s'établir.
Il mourut en 1360, non sans avoir eu à lutter comme
son saint compatriote contre la rapacité des seigneurs du
pays (3).
(1) Bulles: pour Chioggia, Vat. 177, ep. 2; pour Melfi, Vat. 181,
ep. 64; pour Conoordia, Vat. 187, ep. 1B8.
(2) Arch. Vat., Instr, MiscelL, cassette de 1348, parchemin,
(3) Cappelletti, op. oit, X, p. 441. — On trouve dans les Begesta
plusieurs Pi&rre du Clusel: Pun, chantre de Téglise du castrum du
Bourges (stc), est fait en 1826 chanoine de Tours. Il est fait en 1882
chanoine de Sens, et en 1840 chanoine de la cathédrale de Bourges;
outre ces divers canonicats et celui de la Chapelle-Taillefer, au dio-
cèse de Limoges, il a plusieurs chapellenies dans ce dernier diocèse
(Reg. Vat., 81, ep. 1869; 103, ep. 114; 128, ep. 218); il pourrait bien
être de la Treyne ; Tautre mourut en 1884 recteur des églises d*£spanel,
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PRÉLATS ORIGINAIRES DU QUBHCY 163
PADOVA.
Je n'ai pas la prétention de démontrer qu' Hilde-
BRAND Comte ou Conti (en latin Comitis), évêque de Pa-
doue du 27 juin 1319 au 2 novembre 1352, était origi-
naire du Quercy, alors que les auteurs italiens le font
de Milan ou de Florence ; son prénom n'est guère d'usage
en nos pays ; je veux seulement faire remarquer qu'il devait
être particulièrement connu de Jean XXII, et peut-être
allié à sa famille. Si noble Hildebrand n'était que minoré
au moment de sa nomination, il avait au moins deux cano-
nicats et tous les deux en France : l'un en l'église de Sens
dont le titre lui est donné dans sa bulle de promotion, l'autre
en l'église de Tours où il fut remplacé par un quercynois,
Pierre Stephani, de Gigousac (1). De plus, il y avait parenté
de sang entre le neveu de Jean XXII et noble Jean Conti
(Comitis, Comté), proconsul des Romains (mort avant le 13 sep-
tembre 1320), puisqu'il fallut une dispense au quatrième
degré pour le mariage de sa fille, noble Catherine, avec
Jacques de Via, petit-neveu du pape (2). Or l'on trouve plu-
prës Montpezat (Vat., 106, ep. 1188); an autre fat admis, en 1355,
comme novice dans l'abbaye de la Chaise-Dien, snr la demande du
futur Grégoire XI (Reg. Vat., 229, ep. 928) ; un Déodat du Clusel fat
camérier de Moissac en 1336 (Vat., 122, n° 127); Isarn était en 1B32
clianoine de Rodez (Vat., 101, ep. 807); Bertrand fat chanoine régulier
de Chancelade (Vat., 103, ep. 1069), etc.
(1) Reg. Vat., 69, ep. 840; 77, ep. 1847. — Ce Pierre Stephani est
le frère des Stephani que j'ai déjà nommés.
(2) Vat., 71, ep. 149; cf. Autour de Jean XXII, 2« partie, chap. II,
§ 1*'. — Je pense que c'est la même chose, proconsul des Romains
ou sénateur, ainsi qu'on trouve le plus souvent. Comme c'était le pape
qui conférait cette haute dignité, il est à (groire que noble Jean Comte,
bourgeois de Cahors de 1278, est le même que noble Jean Comte, pro-
consul des Romains et parent de bourgeois de Cahors anoblis, mort
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164 PBBLATS OBIGINAIBBS DU QUEBCY
sieurs fois ce nom de Comte dans nos Annales : C'est ainsi
que noble Jban Comte, bourgeois de Cahors^ avance en 1278
la somme nécessaire pour la dot d'Aymerique de Lenti-
Ihac (1). Paul Comte (Comitiê\ chapelain de Jean XXII^
était nommé chanoine de Beims en 1316, malgré ses autres
bénéfices ; plus tard, en 1369, Itier Comte reçoit la cure de
Vaillac, au diocèse de Cahors, et en 1379, Hugues Comte^
prêtre du même diocèse, est fait chanoine de Castelnau-
dary (2).
Je ferai enfin remarquer que Pévêque Hildebrand semble
être un assidu de la cour d'Avignon. Il assiste en parti-
culier à l'abjuration solennelle de l'antipape le 6 septem*
bre 1330, et le 3 janvier 1334 à la protestation de Jean XXII
au sujet de la vision béatiôque (3). Il est au moins curieux,
de faire ces rapprochements.
TBBNTB.
Nous sortons de l'Italie, mais non pas du patriarchat
d'Aquilée pour dire un mot d'un évêque de Trente, élu
le 12 décembre 1347, et mort avant d'être sacré, vers
la fin de septembre 1348: Géraud db Manhac (4). Il était
avant son élection, chapelain du pape, archidiacre de Bau^
tesio (Bauptois) au diocèse de Coutances, avait canonioat
et prébende dans l'église de Nantes et chapellenie dans
avant 1820. Cela rend vraisemblable la conjecture de !a parenté entre
ces caduroiens et noble Hildebrand Comte, favori dn pape de Cahors.
(1) Nobiliaire du Limousin, III, p. 600.
(2) Vat., 63, ep. 669. Reg. Urban. V, Aven., XXII, f. 267. SuppL, 46,
f. 22^
(3) Arch. Vat., Armar^ XXXI, t. 42.
(4) Reg. Vat., 181, ep. 40; ponr son successenr 27 octobre 1848.
Vat., 187, ep. 152.
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PBÉLATS 0BIGINAIKE8 DU QUEHCY 165
celle de Bourges. Manhac était un village des environs de
Montcuq (aujourd'hui simple maison isolée), ce qui autorise
à voir dans l'élection de Qéraud rinflnence du patriarche
Bertrand. Le 4 octobre 1348 le cardinal-évêque d'Ostie,
Bertrand du Pouget, demandait pour des neveux de Gé-
raud, mort élu évêque de Trente, les bénéfices qu'il lais-
sait vacants, le canonicat pour Aymeric, la chapellenie pour
Pierre (1). Quelque temps auparavant, un autre neveu (pro-
bablement), Géravd de Manhac, damoiseau du diocèse de
Cahors, demandait également un bénéfice pour son frère
Bernard, clerc du même diocèse (2).
Je ne sais pour le moment rien de plus sur l'évêque
Géraud, sinon que, étant encore archidiacre, il fut pris en
1343 comme arbitre par Fortanier de Vassal, général des
FF. MM., dont il va bientôt être question, dans un procès
avec l'abbé de Saint-Jean-d'Angély (Saintes) (3).
Vérone. — Je ne parle ici de cette cité que pour re-
lever l'erreur de certains auteurs qui ont confondu un
évêque de cette ville avec un autre dont j'aurai à parler
plus loin, parce que tous les deux appelés Pierre furent
évêques de Viterbe la même année, ce qui explique la con-
fusion. Pierre N*** nommé à Viterbe dans les premiers
jours de mai 1348, puis le 16 juillet transféré à Vérone
d'où il passa un an après (27 juillet 1349) sur le siège de
(1) Suppl., 4 octobre 1348, tom. XV f. 252*.
(2) Suppl.f XV, f. 69, 12 juin. — On trouve aussi en 1349 un Hu"
gués de Manhac résignant un bénéfice an diocèse de Carcassonne pour
Jean de Manhac, du diocèse de Oabors. SuppLy 18, f. 40^. — Je pense
que le poète Olivier de Magny, de Cabors, pouvait appartenir à cette
famille. La forme Magny est la traduction de Magnac, forme méri-
dionale.
(3) BuUar. francise, VI, p. 107, 118, etc. — Géraud était licencié
in utroque jure.
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166 PBÉLATS OEIGINAIRBS DU QUBBCY
Péregueux, où il resta longtemps (1), était évidemment un
français, dont j'ignore la famille, mais non pas le même
que Pierre du Pin, celui-ci sûrement du diocèse de Cahors.
dont je reparlerai, et qui, élu évêque de Fréjus, fut nommé
à Viterbe le 10 décembre 1348, puis transféré le 18 no-
vembre 1350 à Bénévent où il siégea dix ans.
AETICLE 8.
Le patriarchat de Orado.
Située à quelques pas d'Aquilee, mais dans une île des
lagunes, la ville de Grado fut dès 607 le siège d'un autre
patriarchat; rival impuissant du premier, car il n'avait ni
des possessions aussi considérables, ni une province ecclé-
siastique aussi vaste; les évêchés qui le composaient étaieut
d'ailleurs de fort médiocre importance, sauf celui de Ve-
nise — (connu sous le nom de Castello di Rialto, ou d'évêché
de Saint' Marc) — qui finit par l'absorber en 1461.
§ 1«'. — Lb patriarche Fortanibr de Vassal.
Fortanier de Vassal (2) patriarche de Grado, le 20 mai
1361, appartient à une grande famille du Quercy, très an-
cienne (3), mais dont les nombreuses branches, même à
cette époque, produisent une confusion inextricable.
(1) Quelqties-uns l'appellent Pierre Pin (?) par confasion avec
l'autre. — Archiv. Vat. — Obligat, 22, f. 58 « Obligavit se 13 maj. 1348».
— Eeg. Vat., 19B, ep, 17 tr. ad Veronen., Vat. 196, ep. 19, transi, ad Pe-
tragoren. — Pour Pierre Dupin, cf. Bénévent.
(2) Son nom a été souvent mal écrit: Sertorius, VaseUus^ etc.
Villani le dit de la famille des Orsini, Ciaoconius en fait un An-
glais, etc.
(8) Certains auteurs locaux lui attribuent le cardinal Vassallus,
créé par Innocent II, mais je n'ai trouvé aucune preuve de ses at-
taches avec cette famille, bien que ce pape ait créé plusieurs car-
dinaux français.
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PBÉLATS 0BIGINAIBE8 DU QUBBGY 167
Je ne peux pas dire de façon certaine si Fortanier est
né à Frayssinet le Gourdonnais ou & Vaillac; les deux
châteaux étaient fort rapprochés, et appartenaient à ]a même
branche, mais déjà la fin du XIIP siècle les Vassal étaient
nombreux, dans chacun des deux châteaux (1). Le père de
Fortanier était Arnaud de Vassal, chevalier, seigneur de
Vaillac et coseigneur de Frayssinet (2): Un de ses fils,
Guillaume^ dont le nom reviendra bientôt, fut entre autres
choses sacriste du Vigan (1331); il renonça à ce bénéfice,
lorsqu'il rentra dans le monde et Fortanier lui-même de-
manda, en 1344, pour son frère Pierre cette sacristie rési-
gnée par son autre frère Ouillaume (3).
Fortanier fit profession chez les FF. Min. de Gourdon,
petite ville, située non loin de Frayssinet et de Vaillac,
qui a eu Phonneur de fournir successivement trois généraux
de rOrdre (4). Il fut reçu docteur de l'Université de Paris
en 1334, après un examen hors tour provoqué par Jean XXII.
Son mérite était si grand que Benoît XII le choisit avec
quelques autres pour la rédaction des nouvelles constitu-
ai) Lacoste conolat que Fortanier de Vassal était de Vaillac de
ce que VOrphis Seraphicus rappelle Valvensem Aquitanum; mais
Yalvensem est le do m de famille.
(2) On troave à la cour de Clément V, parmi les familiers de
son neveu le vicomte de Lomagne, puis à la cour de Jean XXII, aux
premiers jours, comme un des deux maîtres d^hôtel chevaliers, JPons
de Vassal que j'ai oru quelque temps le père de Fortanier; ce Pons
fut compromis avec son compagnon Isarn Escodata (du Pèrigord?)
dans le procès d'Hugues Gèraud, et on ne le trouve plus dès la deu-
xième année à la cour d'Avignon.
(8) Beg. Vat., 81, ep. 1492; 85, ep. 426; 97, ep. 631; 99, ep. 1288.
Supplie., VII, f. 78*.
(4) Voir la Chronica XXTV generalium éditée par les Pères du
collège Saint-Bonaventure près de Florence, 1897, page 588; le cur-
sus honorum de Fortanier y est très complet. Seulement les éditeurs
ont confondu Gourdon et Condom.
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168 PBÉLATS OBIOINAIBB8 DU QUBBCT
tions de Tordre de Saint François. Qaand le ministre gé-
néral, Géraud d'Odon, fut appelé en 1342, au patriarohat
d'Antioche, Fortanier qui était custode du couvent d'Avi-
gnon remplit les fonctions d'administrateur intérimaire (vi-
oaire général) et fut élu le 11 juin 1343 général au cha-
pitre de Marseille. Je n'ai pas à raconter son rôle ni son
administration qui semblent avoir été heureux. Le 28 octo-
bre 1347 il était nommé archevêque de Bavenne et gardait
jusqu'au prochain chapitre l'administration de TOrdre (1).
Le chapitre de Vérone qu'il présida choisit pour général
son compatriote, le provincial d'Aquitaine, Guillaume jPo-
rinier, de Gourdon.
C'est sans doute à cause de cette administration con-
servée que Fortanier ne prit possession de son archevêché
— ou plutôt ne se fit sacrer — que vers le milieu de l'an-
née 1348. Il est encore appelé archevêque élu dans des
actes d'avril et de mai. Au point de vue temporel il avait
pour procureur son frère Guillaume, docteur es lois (2).
Le 20 mai 1315 il reçut le patriarchat de Grade, mais
c'était surtout un titre honorifique, et il resta administra-
teur de Kavenne. Venise faisant partie de sa province,
le pape le chargea presque aussitôt de négocier la paix
«ntre cette ville et celle de Gênes alors en guerre (1351-
1352); il ne réussit pas tout d'abord, puis chargé par In-
nocent VI de recommencer les négociations il vint à bout
de réconcilier les deux républiques (3).
(1) Eeg. Vat., 181, ep. 8-9. Bullar. francise, VI, n° 428-9.
(2) Amadesii in antistitum Bavennaten. chronotaxis... Faven-
tiflB MDCCLXXXIII, 3 vol. in-4«, t. III, ohap. XI, § VIII, pp. 79-81.
Il y a dee pièces justificatives assez nombreuses.
(3) Eeg. Vat, 207, ep. 7-8. Bullar. francise, n» 577-B78. Il rési-
dait comme patriarche à Forojulium, d'après ce que dit Amadesius;
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PHÊLATS OHiaiN AIRES DU QUERCY 169
Le 16 septembre 1361 le pape récompensa son zèle en
l'élevant anx honneurs de la pourpre^ mais il mourut à
Padoue, dans le courant d'octobre, pendant qu'il se rendait
ji Avignon pour recevoir le chapeau (1). Il n'était pas en-
core mort, le 16 octobre, ou bien le pape ne connaissait
pas la nouvelle, car ce jour-là, un motu proprio d'Inno-
oent VI lui décernait grand nombre de bénéfices ayant ap-
partenu à des cardinaux morts récemment (2).
Guillaume de Vassal, le frère de Fortanier, lui servit
•de procureur dans ses affaires (3). Après avoir été d'Eglise,
.il rentra dans le monde, sans doute après la mort de ses
aînés, et donna le spectacle peut être assez rare d'un chevalier
«docteur. Ce titre lui est donné assez souvent pour qu'on ne
puisse pas le confondre avec un autre. Le 12 septembre 1348,
n'étant encore que damoiseau, il recevait de Clément VI
le péage de la chaîne du Pô à Ferrare « oâicium cathene
supra Padum, in districtu Ferrariense, ad R. E. pertinens »,
donné avant lui au célèbre jurisconsulte bolonnais Jean
André. Il devait payer 1 florin d'or, à titre de cens annuel,
et pouvait exercer cet oflSce par procureur. Il l'exerçait
encore en 1362 (4). Lacoste nous dit qu'en 1352 il était
c'est assez étrange si Forojnlinm est bien Gividale, ville du diocèse
d'Aqailèe. Il est probable qu'il ne dut faire là qu'an séjour acci-
dentel.
(1) Eabel, Hierarchia, I, p. 19, et toutes les Histoires de Cardi-
naux. Beaucoup sont très fautives.
(2) On trouve dans les registres de Suppliques d'Innocent VI
(33 f. CIIIxxLII («te)] le rotulus Fortanerii presbyteri Cardinalis
Gradensis.
(8) Amadesius, loc. cit., donne plusieurs documents où il est
appelé «venerab. et dise- vir. dfto Gfîio Vasalli, legum doctore, i-ice
comité et procuratore oonstituto a Bev. Pâtre dfio Fortanerio V
electo ... in archiep. Rav. eccL, ac. gen. miu. Or. FF. Min. » Appen
dicis n^ CVIII.
(4) « Per te quoad vixeris tenendum ao per te vel per alium geren
dum ». Reg. Vat., 186, ep. 345. Solut^ 25 f. 120. Int. et Ex., 296 f. 23.
AaualM de S.-L.-d.F. 11
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170 PBÂLATS OBIOINAIBES DU QUBRCY
lieutenant du maréchal d'Audenham, lieutenant-général
pour le roi de France des pays situés entre la Loire et la>
Dordogne (1).
Sa fille Aigline épousa Bernard de Rasgiols^ qui était
seigneur de Séniergues, paroisse voisine de Vaillac. Cette
famille, dont le château, bien déchu, existe encore, était
par ailleurs parente des Vassal, puisque en 1851 le pa-
triarche sollicitait une faveur pour son consanguin Gisbert
de Rassiols, vicaire perpétuel ds Bocamadour. Due petite-
fille d'Aigline, Jeanne de Eassiols, héritière de Vaillac,
porta ce fief dans la maison de Ricard de Ginouillac (2).
Raymond de Vassal, damoiseau, paie le 3 octobre 1351 à la
Chambre apostolique le cens dû par son frère Guillaume
pour le péage de la chaîne du Pô (3). D'après le Nobi-
liaire limousin il épousa Delphine des Pommiers, veuve
de son frère Guillaume. Son titre de damoiseau en 1351
et les dates postérieures me font conclure qu'il est différent
d'un autre Raymond de Vassal^ coseigneur de Vaillac, qu'on
trouve connétable de la cavalerie à la solde du Kecteur
pour le pape, en 1330, dans la Marche d'Ancône, et en 1334
dans le duché de Spolète, et qui reçoit en 1340 une bulle
d'indulgence in articula mortis (4).
J'ai déjà nommé un troisième frère de Fortanier, Pierre^
qui fut moine de Saint-Jean-d'Angély, en 1329, chanoine et
(1) Hist. du Quercy, III, pp. 186-6, cf. p. 145, note sur la faraille
de Vassal.
(2) Suppl , 21, f. 12. — En 1868 Gisbert recevait le prieuré de
Saint-Mamante an diocèse de Ravenne {Ibid., 23, f. 12).
(3) Solutiones, 25, f. 120.
(4) Theiner, Domin. tempor. S. S., n« 766; Arch. Vat., Inst. mi-
8cdL, cassette de 1384; Reg. Vat., 128, ep. 460.
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PBÉLATS OSIGINAIEES DU QUBBCY 171
saoriste du Vigan en 1344, et qui était mort en mai 1348 (1).
Un autre Pierre de Vassal était en 1363 chanoine et sons-
doyen de Poitiers; un troisième damoiseau du diocèse de
Cahors, avait épousé Aigline d'Auriole de la famille de l'ar-
chevêque d'Aix, Pierre d'Auriole, une des gloires de l'ordre
des FF. mineurs (2).
Je ne citerai qu'un autre nom à cause de son impor-
tance, Vidal de Vassal, qui fut collecteur des fruits des
bénéfices vacants dans les diocèses de Saintes, Angoulême,
Périgueux, Sarlat, etc. Il était fils de Sicard de Vassal^ sei-
gneur de Frayssinat, qui avait épousé une sœur d'Hugues
d'Engoleme, mort évêque de Carpentras. Hugues lui fit
obtenir l'église de Vaillac en 1346; au moment de sa mort
qui arriva avant le 5 avril 1364, il était encore recteur de
Vaillac et chanoine de Lérida et de Saintes (3). Guillaume
de Vassal, écuyer du diocèse de Cahors, sans doute un
frère ou un neveu, paya ce que Vidal avait encore en
caisse des fonds de la Chambre apostolique (4). Il fut rem-
placé comme nonce-coUecteur par un consanguin, Arnaud
de Garis, d'une famille du pays, possédant la coseigneurie
de Clairmont (5).
Je pourrais encore, avec les Archives du Vatican, faire
conn^atre ou confirmer la parenté des Vassal avec les Ca-
(1) Vat., 94, ep. 889; 168, de dign. vac, n** 17; Reg. Av., 241
f. 812. Guillaume de PeyrUle qui le remplace au Vigan est sans doute
un parent.
(2) Reg. Av., 151, f. 16; Reg. Vat., 166, de absolut, n*» 589.
(3) Lacoste, II, 294; Suppl. 12, f. 64*; Reg. Av., 125, f. 157;
Suppl. 87, f. 180S 40, f. 78. — Il avait été chanoine de Saint-Front
en 1827 et était chanoine de Saint-Martin-de-Tonrs depuis 1882; ayant
remplacé dans ce bénéfice Pierre Stephani de Gigonzac, un parent,
(Vat., 85, ep. 645-97, ep. 286, 102, ep. 1871).
(4) Inst miscell.f cassette de 1864, comptes de novembre.
(5) Ibid., cf. suppl. 87, f. 180*. Clairmont, p«« de Linars.
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172 PBÉLATS 0BIOINAIBE8 DU QUBRCT
vagnac (1) du Haut-Queroy et les Anfcéjac du Bas-Quercy (2),
mais on n'en finirait pas si l'on voulait entrer dans tous
les détails pour cette famille toujours très nombreuse.
§ 2. — La province db Grado.
Asolo. — Le nom ancien de cette ville {Civiias ruma)
prête à des confusions faciles: Ughelli l'avait confondue
dans sa première édition avec la Città nuova (Âemonia)
de ristrie, dépendant d^Aquilée. Nos auteurs locaux en ont
fait Neustadt, sans dire d'ailleurs lequel et sans s'informer
s'il y avait là quelque évêché. Lacoste a même mis au XV*
siècle notre Pierre de Bruniquel qui fut évêque de Civitas
nova (su£Pragant de Grado) en 1312. Comme il succédait
à un autre Pierre cela a amené de nouvelles erreurs: Eubel
lui-même s'y est trompé et n'a mis qu'un seul évêque.
Voici les faits: Augustin, évêque d 'Asolo, étant mort
les chanoines se réunirent pour lui donner un successeur.
Mais comme la majeure partie d'entre eux étaient origi-
naires du diocèse de Castello, c'est-à-dire do la ville de
Venise, alors excommuniée, le pape déclara nulle l'élection
de Jean de Trévise présenté par eux au vicaire du patriar-
che de Grado, leur métropolitain, et nomma frère Pierre,
de l'ordre des F. P. qu'il fit sacrer par le cardinal Nicolas
(1) Rigaud de Cavanhac demande en 134B pour son parent GuU-
laume de Vassal, fils à^ Arnaud, dn diocèse de Cabors nne place dans
Tabbaye d'Uzercbe (Limoges), le pape le fait recevoir à Pabbaye de
Marcilhac {SuppL VI, f. 71).
(2) Arnaud de Vassal remplace en 1346 comme curé de Cayrieoh
(Cahors) feu Galhard d'Antéjac son oncle (Reg. Av. 86, f. 26). Un
Raymond de Vassal, cbanoine de Carpentras, fat chancelier de TUni-
versité de Toulouse. Ses relations avec les Engolême font supposer
qu'il était un frère de Vidal de Vassal (Vat. 106, ep. 7B9..).
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PBÉLAT8 0BIGINAIRS6 DU QUBBCY 173
Alberti, évêque d'Ostie. La bulle est du 27 juin 1311, et
non 1310. Elle est oitée tout entière dans les Regesta de
Clément V publiés par les Bénédictins (n*" 7237).
Mais Pierre ne vécut pas longtemps, et le 31 juillet 1312
(non pas 1311) Clément V nommait à sa place Pierre de
Bruniquel, de Tordre des Ermites de Saint-Augustin (1),
religieux d'une grande science, comme on peut voir dans
Gandolphus (De Augustin, scriptoribus, p. 298). On conserve
de lui un manuscrit à la Bibliothèque de Toulouse dont
le titre et les premières lignes ne permettent de se tromper
ni sur son nom, ni sur ses qualités (2).
Il appartenait à la famille quercynoise de Bruniquel (3),
alUée comme on sait par mariage à celle de Clément V,
ce qui explique le choix du pontife. La première bulle de
ses Regesta est une dispense pour le mariage de Reginald
(Renaud)^ fils de Ouillaume de Bruniquel avec Braida, fille
de Beraud de Goth, frère de Clément V (21 octobre 1305).
En 1310 ce Guillaume est vicaire du pape, pour le tem-
poral à Ferrare (4). Ce nom de Bruniquel qui revient si
souvent sous Clément V ne paraît que fort rarement dans
les registres de Jean XXII: on sait que le vicomte de Bru-
niquel avait pris une part active au complot de l'évêque
de Cahors, Hugues Géraud.
(1) Reg. Vat. 69, ep. 809. — Les Bénéd. (n** 8509) ne donnent
qu'une brève analyse.
(2) Incipit liber super Histariis N, ac V. Testamenti . . . editus
per fratrem P. de Bruniquello, ordinis Heremitarum — Petrus eps
CivUaUs novœ,,., man. n° 227. (Prélats originaires du Tarn et Ga-
ronne, pp. 28-29).
(8) Bruniquel, château attribué à la reine Brunehaut. — Une fa-
mille de Nogaret (à laquelle appartenait un chanoine de Bordeaux,
Guillaume de Nogaret, souvent oité dans les Registres de Jean XXII)
fonda un hôpital à Bruniquel. Voir Moulenq, Documents historiques,
II, p. 163 sqq.
(4) Regesta, édit. des Bénéd., n*» 6313-7.
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174 PBÉLATS ORiaiNAIBBS DU QUERCY
Pierre de Braniquel resta 16 ans évêqae d'Asolo. Le
siège vacant par sa mort fat pourvu le 5 août 1828 (Eubel,
loc. cit.).
Caprla. — On voit sur ce siège du 1" octobre 1412 à
1431 un évêque du nom d^AwTOiNB de Cahors, de l'ordre
des FF. PP. (1). Il fut nommé par Jean XXIII, ce qui
nous éloigne beaucoup de la période que j'appellerais quer-
cynoise. Cependant ce pape avait de bonnes relations avec
des chevaliers du Quercy et Antoine pouvait être un pa-
rent de Poncet de Belmontet ou de Jean de Mechmont à qui
Jean XXIII avait confié une de ses places fortes (2). D'autre
part le forme latine de son nom, écrit d'ordinaire de Ca-
turcio ou de Gaturcis m'oblige à me demander s'il ne serait
pas de Cahors (aujourd'hui Chorges) au diocèse d'Embrun,
ou de Cahors (Ohaource) en Champagne (3).
Torcello. — On peut être moins hésitant au sujet de
l'évêque de Torcello, Jban de Cahobs (de Caturco)^ de l'ordre
des FF. Mineurs, maître en théologie, qui fut nommé le
(1) ArcfUr. Bull. Later., I prot\, f. 209.
(2) Reg. Vat. 845, f. 14, lettre de recommandation pour Poncet
de B. et Jacques de la Roque (de Rupe) familiers de Jean de Mech-
mont, «châtelain» de Soria.
(3) Il est facile de confondre en latin ces 3 lieux si différente et
si éloignes chacun par rapport aux autres. On a fait plusieurs fois
la confusion en effet. Ainsi l'éditeur des Libri commtmoriali di Ve-
nezia, que j'ai cités à propos de Bertrand de Saint* Génies et de son
procureur, traduit dans son texte: diœcesis caturcensis par deUa cUo-
cesi di Chorges. (Il a corrigé dans Verraium de la fin du volume).
En 1236 le collecteur du cens dû par certaines églises au Saint Siège
avait dans sa liste pour Tévêché de Cahors une église du Saint Sé-
pulcre qu'il cherchait vainement dans notre diocèse et qui est préci-
sément le prieuré bénédictin de Chorges. J'ai déjà parlé dans la pre-
mière partie de ce travail d'une famille de Cahors en Champagne
(cf. le Liber censuura publié par M. Paul Fabre, fasc. 2, p. 202, col. 2.
— Hergenrôtber, Reg. Léon. X. n** 6679. — Dictionnaire topografique
des Hautes Alpes),
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PBéLATS ORIGINAIRES DU QUEHCY 176
18 mai 1362 par Innocent VI (1). Celui-ci devait appar-
tenir à la famille de Cahors alors domiciliée à Martel (Haut-
i^uercy) et apparentée à de nombreuses familles limou-
sines (2). J'ai trouvé en effet depuis la publication de mon
premier article < Autour de Jean XXII » un certain nombre
de personnages appelés de Caturco non pour indiquer leur
origine, mais parce que c'était leur nom de famille (3).
Un Jean de Cahors, laïque du diocèse de Cahors, reçoit
en 1331 l'induit de l'absolution in articula mortis (4). Il
est sans doute le père d'un autre Jean de CahorSj recteur
d'une église au diocèse d'TJzès; celui-ci était employé à la
cour d'Avignon: en 1324 il achète un missel pour le compte
du pape (6); de 1328 à 1334 on le trouve en relations sui-
vies avec la protonotaire Bernard Stéphanie archidiacre de
Pigeac, et même son procureur pour l'administration de
plusieurs de ses bénéfices en particulier dans le diocèse de
Chartres, où lui-même possédait la vicairie de l'église de
Mésengey (?) que lui avait conféré Bernard Stephani prévôt
de cette église. C'est sans doute le même que l'on trouve
(1) Reg. Av., 148, f. 106.
(2) 11 y avait une chapellenie de Cahors, dans le monastère de
Saint-Martin-de-Brive en 1857 (SuppL, 27, f. 22^. — Ncus trouvons
un Guérin de Cahors chanoine d'Angers, de Poitiers et d'Autnn dit
tantôt dn diocèse de Cahors, tantôt da diocèse de Limoges, et parent
d'un limousin Gui de Lacalm (1342, 1344 et 1347); le même Lacalm
est également parent de Guillaume de Cahorts, qui ailleurs est dit
<;oasin du prévôt de Saint-Martin-des-Champs (Paris), Arnaud Dona-
dieu, de Cahors (Vat., 68, ep. 418 et Av., 73, f. 107*).
(3) Cependant certains auteurs prétendent qu'il n'y avait pas de
famille du nom de Cahors au XIV* siècle. Ils n'en donnent aucune
preuve, et le contraire est prouvé ici. (Cf. Lacoste, op, cit., II, pa-
^es 304-5, note 2).
(4) Reg. Vat., 116, ep. 982.
(5) Collect, 879. f. 296. — Le prix du missel est de 26 florins.
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176 PKÉLATS OBIGINAIBES DU QUERCY
en 1342, docteur es décrets, permutant une église du dio-
cèse de Mende contre une autre diocèse de Narbonne (1)^
Dans l'entourage du même Bernard Stephani il y a-
encore Grui de CcAors, de Marcel. Chanoine de Saint-Front-
de-Périgueux en 1327, recteur de Ferrières (Tours) en 1337,
chanoine de Tours en 1342, il paie en 1349 le commune ser-
vitium pour Tévêque d'Elne, Bernard- Hugues de Sainte-Ar-
thémie (Cahors), il compte à cette époque parmi les fami*
liers et chapelains de Bertrand de Cosnac, ancien prieur
de Brive, évêque de Lombez et plus tard cardinal, qui lui
fait avoir un canouicat dans l'église de Tolède. Il permuta.
^1362) avec Raimond de Larnaudie l'église de Ferrière
contre un canonicat deSaint-Silvain-de-Levroux (Bourge) (2).
Est ce le même qui demande un canonicat dans la cathé-
drale de Cambrai en 13B0 (il est dit prêtre du diocèse de
Cahors) et qui en 1352 est fait chanoine de Saint-Paul de
la ville de Saint-Denys près Paria? (3).
Tous ces rapprochements me permettent de croire que
le F. Mineur Jean de Cahors, fait évêque de Torcello par
le limousin Innocent VI, qui eut, comme Clément VI (4),.
tant d'attaches avec le diocèse de Cahors, est non seule-
ment de ce diocèse, mais même de la famille dont je viena
de citer quelques membres. Il resta évêque jusqu'à la fin
de 1366 (il fut remplacé, après sa mort, le 16 janvier 1367);
rien de spécial sur son épiscopat dans les auteurs italiens»
(1) Reg. Av., 42, f. 301, 306* entre autres. — Av., 66, f. 276*.
(2) Vat., 84, ep. 2388. — 124, ep. 387. — Reg. Av., 58, f, 3S. —
Solutiones, 26, f. 1*. — Supplie, 18, f. 97. — Vat., 206, ep. 499.
(3) Supplie, 20, f. 20. — 22, f. 42*. — Un Jean Gui de Cahors
est chanoine de Saintes sous Innocent VI. Int. et Ex., 296, f. 76*.
(4) Le frère de Clément VI, Gnillaume Roger, demande un bè-
nèfice pour Guillaume Pierre de Cahors fils de son juge d'Anduze
(Rodez). SuppL, 19 i. 86*.
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PBÉLATS OEIGINAIBBS BU QUBROY 177
Chioggia. — J'ai déjà nommé, à propos de Concordia,
Pierre du Clusel qui fut promu le 26 juin 1346 à cet évê-
ché, voisin de Venise, comme celui de Torcello et qui fut
transféré à Melfi le 12 décembre 1347. Le campanile de la
cathédrale de Chioggia étant tombé il le fit reconstruire;
mais comme ses affaires le retenaient à Venise, il chargea
le podestat de présider à la pose de la première pierre
(Cappelletti).
ARTICLE 4.
Province de Ravetme,
Fortanier de Vassal avait été précédé sur ce siège par
le limousin Aymeric de Châlus (1322-1332), ce qui explique
l'existence à Bavenne, comme archidiacre, d'un membre de
la famille de Castelnau de Bretenoux qui avait tant d'at-
taches avec le Limousin : Gisbert ou Gdsbert de Castelnau.
Il dut suivre Aymeric à Chartres, car il obtenait en 1333
l'autorisation de ne pas résider. Il était mort en 1346 (1).
On trouve encore à Kavenne divers parents de l'arche-
vêque Fortanier: Gisbert de Bassiols qui fut prieur de
Saint-Mamante, prieuré situé sous les murs de la ville;
Pierre Aytz ou d'Aytz qui le remplaça, puis fut fait en 1368
abbé du célèbre monastère de San Stefano à Bologne (2).
Pierre d'Aytz n'était pas originaire du château d'Ays en
Quercy (près Saux, non loin de Montcuq), mais plutôt du
Limousin. Les Vassal avaient beaucoup de parents dans
ce pays, et l'on trouve sous Grégoire XI un chevalier du
diocèse de Limoges, noble Aymeric de Aytz^ qui obtient
(1) Reg. Vat., 105, ep. 1208.
(2) Voir plus haut Gisbert de Bassiols et sa famille (SuppL, 29»
f. 282*).
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178 PBELATS OBIGINA.IBES DU QUBRCY
l'autorisation de faire conduire à Alexandrie, ou pays
d'outre-mer, un navire chargé d'armes, de fer, de bois et
autres marchandises prohibées (1). Enfin on trouve prieur
de Saint-Clément de Pt'unario (Ravenne) un Astorg de Sayris,
d'une famille qui avait son château non loin de Vaillac,
le pays d'origine de Fortanier de Vassal et dont plusieurs
membres fréquentaient la cour de Jean XXII (2).
BOLOGNE.
Ici un nom domine ceux des autres quercynois : le nom
du cardinal- légat Bertrand du Pouget. J'ai déjà longue-
ment parlé de lui et de sa famille dans un chapitre pré-
cédent, je ne reviens ici sur sa personne que pour faire
remarquer que mes conclusions sur son caractère, en op-
position avec ce que disent la plupart des auteurs ita-
liens anciens, se sont trouvées d'accord avec celles d'un
auteur moderne qui a entrepris d'étudier Bertrand du Pouget
à la lumière des documents d'archives, plus sûre que celle
des chroniques (3). On y peut voir en particulier ce que
le cardinal a fait comme gouverneur de Bologne: soit qu'il
ouvrît les portes de la ville à ceux que leurs compatriotes
avaient exilés, soit qu'il changeât, en le rendant moins
onéreux, le mode de perception des impôts, soit qu'il donnât,
en matière de procédure criminelle, des statuts nouveaux,
aujourd'hui perdus, mais que les actes de clémence, dont
ce «féroce Annibal» était coutumier, et les soins qu'il
(1) Reg. Vat., 264, f. 141*, 90 août 1372.
(2) Innocent VF, Av , 188, f. 60*; bulles de confirmation en 1358.
(3) M"« Lisetta Ciaccio, Il cardinal Legato Bertrando dd Sog-
getto m Bologna, Bologne, 1902; première partie d*nn travail plus
important.
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PRÉLATS ORIGINAIRES DU QUBRCY 179
prenait des prisonniers autorisent à croire moins sévères
que les habitudes du temps, soit qu'il veillât à l'hygiène
publique et fît des règlements pour la f>ropreté des rues,
soit qu'il travaillât à embellir et à fortifier la ville, l'on
est bien forcé de convenir avec M"* Ciaccio qu'il a montré
sur touij ces points des idées d'une certaine largeur (1).
Il aimait son pays et sa famille, et il avait autour de lui
bon nombre de quercynois, qu'il cherchait à favoriser pour
pouvoir compter davantage sur leurs services en ces temps
diflSciles, mais au point de vue politique il se montra tou-
jours prudent et ne donna qu'à des Italiens les charges
importantes de l'administration. J'ai parcouru plusieurs
registres aux Archives de Bologne et je n'ai trouvé aucun
de ses compatriotes dans des situations élevées, sauf au
point de vue ecclésiastique. Une seule exception : la dignité
militaire de maréchal, donnée, on l'a vu, à son neveu Oli-
vier de Bérald.
Trois évêques quercynois se sont succédé à Bologne du
temps du légat. En parlant de lui j'ai déjà donné leurs
noms, et surtout insisté, soit dans mes notes autour de
Jean XXII, soit ailleurs, sur la personne du neveu de
Bertrand du Pouget, qui a été l'occasion de beaucoup d'er-
reurs. J'ai eu depuis l'occasion de me confirmer encore dans
la vérité par de nouvelles lectures, comme les Annales de
Muzzi, ou comme la brochure de Mme Ciaccio. Mais je
n'aurais eu presque aucune peine à me donner si j'avais
connu plus tôt un excellent travail sur les évêques de
Bologne, qui m'a été signalé à mon passage par le savant
archiviste du diocèse, le chanoine Luigi dott. Breventani.
(1) Cette longne phrase est en quelque sorte Panalyse de tout le
second chapitre de la brochure publiée par M^* Ciaccio.
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180 PKÉLATS OBIGINAIRBS DU QUEBCY
Non seulement il m'a procuré gracieusement un exemplaire-
des Notizie diverse relative ai vescovi di Bologna, compilate
da Giu8. Gruidicifdj mais il a bien voulu me dire que ces
notes, qui ont pour but de relever et de corriger les gros-
sières erreurs de Sigonius et d^autres historiens de Bologne,
étaient probablement l'œuvre du savant Gaëtano Lorenza
Monti (I).
Aenaud Sabatier, évêque du 5 juin 1322 au premier
octobre 1330 (2). Il est appelé par beaucoup d'auteurs
Accarisi, qui est le nom d'une famille italienne. Les No-
tizie montrent qu'il y a eu une déformation de nom:
(Arnaldus a Caturcio, a Charusio, Accarisi) (3). Le pape
d'alors, disent-elles, était de Cahors et peut-être aussi le
nouvel évêque. Arnaud Sabatier n'était pas de la cité, mais-
il était dn diocèse de Cahors. Comme ce nom de Sabatier
est assez répandu dans nos paj^s. on pouvait hésiter pour
l'origine d'Arnaud entre la paroisse de Lavercantière, d'où
était un autre Arnaud Sabatier^ moine de Souillac, (1333)
et la paroisse de Montcuq, d'où était Guillaume Sabatier^
majordome de l'archevêque d'Aix, Armand de Narcès (4),
(1) Bologna, 1883, ïnA^, pages 43 à 50.
(2) Keg. Vat., 78, ep. 1158. Le P. Eubel l'appelle Acarisû
(3) On troave la forme intermédiaire dans certaines auteurs. La
môme chose est observée également par Mazzi dans ses Annali Bo*
lognesi, tome III, p. 27.
(4) Arnaud Sabatier, de Lavercantière (canton de Salviac). Reg.
Vat., 104, ep. 1149. Hugues Sabatier qai est fait le même jour cha-
noine de Saint-Aignan de Bourges, devait être aussi de Lavercan-
tière (Vat., 105, ep. 509). — Guillaume Sabatier est nommé comme
étant de Montcuq dans l'article de M. Albanës sur Armand de Narcès
{Bulletin du comité des travaux historiques, 1888, section d'histoire,
p. 99, note 2). Il est cité en 1347 comme étant aussi le familier de
Baymond de Laval, frère de Gasbert. Un autre Guillaume Sabatier
mourut en 1817 curé de Cèzac et Saint-Clément, près Montcuq (Reg»
Av., 6. f. 692).
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PRELATS ORIGINAIBES DU QUERCY 181
Mais le fait pour notre personnage d'être, avant sa promo-
tion à l'évêché, recteur de Tissac et Saint-Denys, églises
du diocèse de Cahors, situées au sud et non loin de Montcuq,
quoique dans le département du Tarn et Garonne aujour-
d'hui, m'autorise à conclure qu'Arnaud était du même pays
que Guillaume Sabatier, et donc du même pays que Ber-
trand de Saint- Génies (1).
Arnaud Sabatier devait être d'un certain âge, quand
il fut appelé à l'épiscopat, puisqu'il était nonce-collecteur
•en Lombardie pour les bénéfices vacants, au moins dès
1317, et que l'on ne donnait pas des missions aussi déli-
cates et périlleuses à des ecclésiastiques sans expérience.
Cependant on ne peut imaginer qu'il soit le même qu'un
Arnaud Sabatier, également recteur de Tissac, en faveur
duqnel l'évi^que de Cahors, Barthélémy de Roux, confirma,
le 23 août 1255, un arrangement conclu au sujet des dîmes
de cette paroisse avec Armand de Montlanard, fils d'Ar-
naud de Montaigu (2). L'évêque de Bologne, plus tard évê-
que de Siez, ne mourut en effet que le 5 août 1334, c'est-
à-dire 79 ans après l'acte en question. Il devait être un
neveu de l'ancien recteur.
Recteur de Tissac, Arnaud l'était en 1317 quand le
pape l'envoya en Lombardie comme nonce. Le 6 novembre
1320 il lui donna le canonicat de Meaux qu'avait eu Gas-
bert de Laval, c directeur > de la Chambre apostolique, et
c'est sous le titre de chanoine de Meaux qu'il fut nommé
(1) Tissac existe encore atgourd'hni comme paroisse, mais non
pins Saint-Denys, son annexe, canton de Lanzerte. J'ai déjà fait re-
marquer que la majorité des personnages élevés par Jean XXII
étaient de la région du Qneroy comprise entre Cahors, Montcuq, Lan-
zerte, Montpezat et Castelnan.
(2) Reg. Aven., 260, f. 428, d'après une confirmation de Clément VI,
du 21 novembre 1350.
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182 PRÉLATS OBIOINAIBBS DU QUBROY
évêque (1). Il resta chargé des mêmes fouctions de col-
lecteur après sa promotion. II entra, solennellement dans
la ville au mois d*ootobre et fut sacré le 27 dans Téglise
de Saint- Dominique. Son épiscopat ne fut pas sans quelques
difficultés en des temps aussi troublés, où chaque ville
avait deux partis bien tranchés, quand l'un des partis
n'était pas expulsé par le plus fort (2). Il ne paraît pas
que ces difficultés aient cessé quand le cardinal Bertrand
du Ponget se fut installé à Bologne: elles se compliquè-
rent au contraire de sa mésintelligence avec le Légat (3j
qui dut demander au pape de retirer Arnaud Sabatier.
Bernard Stephani, ayant fini, après un an d'hésitation, par
refuser d'être évêque de Riez, Jean XXII transféra le pre-
mier octobre 1331 Arnaud au siège résigné par Bernard (4).
L'auteur des Notizie dit que l'on trouve dans des actes
de l'église de Bologne, depuis le 13 novembre 1328 jusqu'au
7 février 1330 un certain Bernard, prieur de Saint-Amant,
qui se dit constitué par le Légat, comme administrateur
de l'évêché, et que le 17 mars 1330 on trouve des actes
portant le nom d'Ubert de Novi, vicaire général de l'évê-
que Arnaud. On trouve encore le nom de Bernard, mais non
plus comme administrateur: il a le titre de vice-camérier
du Légat. On peut croire que pour certaines raisons cano-
niques Arnaud Sabatier a pu un moment être suspendu de
ses fonctions. Ughelli et Gappelletti rapportent une opinion
(1) Vat., 63, ep. 103; 67, ep. 695; 71, ep. 102; 73, epI 1168. —
Voh: Albanës, Gallia christ noviss., I, col. 606-7, et 2« p. col. 392.
(2) Mttsi, loc. cit, p. 45.
(3) Cf. une lettre du pape an Légat pour qu'il fasse rendre jostioe
contre Arnaud anx habitants de Modène au sujet d'une tour de Ca-
rulis (dei Caroli) et de quelques péages (Vat. 87, ep. 8144. NotUUe,,.
loc. cit.) p. 45.
(4) Beg. Vat., 98, ep. 153 et 104. Albanës, loc. cU.
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PRÉLATS 0BIGINAIBB8 DU QUBKCY 183
oalomnienee dont plusieurs autres auteurs italiens se sont
fait l'écho. Le Légat aurait déposé Pévêque parce que celui-
ci avait acheté sa dignité épiscopale (1). Cette accusation ^
qui pourrait être possible, s'il s'agissait d'un prélat élu dans
d'autres conditions, est ridicule dès qu'il s'agit d'un fran-
çais, officier déjà du Saint Siège comme nonce, et directe-
ment élu par le pape, qui nomma d'ailleurs le prétendu
simoniaque à un autre siège, tout près d'Avignon (2). Il est
probable, comme dit Muzzi, que les deux caractères du Légat
et d'Arnaud Sabatier ne s'harmonisaient pas et que Bertrand
du Pouget a voulu avoir auprès de lui un personnage plus
souple.
Etienne Huoonbt — Il fit nommer son chancelier qu'il
connaissait depuis longtemps et à qui il avait fait donner
l'archidiaconat de Parme. La plupart des auteurs le disent
de Narbonne, mais ces affirmations ne prouvent rien : Ughelli
met bien, à propos d'Arnaud de Boset, la ville de Cahors
dans la !Narbonnaise. Toutefois je ne suis pas absolument
sûr qu'il soit des diocèse de Cahors, quoique cela soit très
probable. Sous le titre de chanoine de Mende on le trouve
en effet dès 1316 et 1317 exécuteur de bulles pour des quer-
cynois ; de même en 1320 pour des parents du cardinal du
Pouget (3). Il était en 1318 chanoine d'Albi et avait Thon-
neur de compter parmi les chapelains du pape. En 1324
il est fait archidiacre de Parme et la bulle est adressée à
(1) Gbirardacci dit qn'ArDaud avait été fait èvêque sans pouvoirs
et contrairement aux saints canons, ce qai est aussi invraisemblable*
(2) Ce qui ne semble pas une disgrâce, malgré la petitesse de
l'èvôché, étant donné Tâge probable d'Arnaud. 11 faut rappeler que
l'Université si célèbre de Bologne doit beaucoup à cet évoque qui sut
répondre aux vues de Jean XXII, le bienfaiteur de cette université.
(Voir Muzzi, op, cit., pp. 39-119).
(8) Vat., 68, ep. 12H2; 69-70, ep. 486 et 695.
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184 PRÉLATS ORIGINAIBE8 DU QUBRCY
Armand de Narces de Montouq, à Gasbert de Barata de
Lauzerte et à Armand de Fages, ce deux derniers parents
du Légat (1). Je n'ai jamais rien vu qui le rattachât à la
Narbonnaise, sauf le fait de ses deux canonicats de Mende
«t d'Albi. Pierre Hugonet fut fait en 1842 archidiacre de
Mirepois, à la demande de l'évêque, qui était un neveu
de Bertrand du Pouget (2). Guillaume Hugonet prieur de
Saint-Innocent (Genève) est témoin en 1345 dans Tacte de
la fondation par le même cardinal de la collégiale de Bo-
-quemaure (3).
Tout cela rend très vraisemblable l'origine quercynoise
•de révêque de Bologne, sans nous fixer sur le lieu de sa
naissauce ou sur sa famille. Comme il a été fort peu de
temps évêque, étant mort dans les premiers jours de juil-
let 1332, je n'ai rien trouvé aux Archives d'Etat qui ait
pu me servir à préciser davantage. C'était uu homme très
instruit et de sens droit. Docteur en décrets, il fut auditeur
des causes apostoliques au palais d'Avignon avant que le
Légat l'emmenât avec lui pour lui servir de chancelier. Un
volume des Collecîorie renferme plusieurs documents rédigés
par lui (4).
Bertrand Tissandibr. Je n'ai pas à revenir sur les préu-
*ves déjà données ailleurs que le neveu du cardinal-Légat
qui succéda à Etienne Hugonet, comme évêque de Bologne,
ne s'appelait pas Lambert du Pouget, ni Albert ou Ber-
trand Acciajoli, mais Bertrand Tissandier ou de la Tissan-
derie. Les Archives de Bologne sont formelles à cet égard
(1) Ibidem, 78, ep. 82.
(2) Eeg. Av., 56, f. 279.
(8) Eeg. Val., 172, f. 154. — Pierre et Guillaume doivent être
•des neveux d'Etienne.
(4) Collect, 378 et 879a. — Instr. MiscelL, cassette de 1828.
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PRÉLATS ORIGINAIBBS DU QUBRCY 186
<et les Bulles des papes qui nous permettent de le suivre
depuis son premier bénéfice presque jusqu'à sa mort ne
laissent place à aucun doute. Les Notizie qui ne s'appuient
guère que sur des documents bolonais n'admettent pas d'au-
tre nom que celui de Tessandari^ Texenderio^ Texenderius.
D'après cet ouvrage, la confusion est venue de ce que Ber-
trand, étant parti pour la France avec son oncle, après
l'émeute de Bologne, chargea de l'administration du dio-
-cèse Jean Acciajoliy évêque de Césena, comme le disent les
documents des Archives: cet évêque fut lui-même obligé
en 1336 de quitter la ville, après une vive altercation avec
JTacquds Pepoli, mais resta encore quelque temps adminis-
trateur; puis ce fut Bonaccorsi, qui fut vicaire général de
Bertrand, toujours évêque de Bologne, non seulement jus-
qu'au moment où celui-ci fut transféré à Nevers (15 mars
1339), mais encore l'année suivante, sede vacante (1).
Il y a dans les registres du Vatican des personnages
appelés indiflEeremment du nom de Textoris ou de Texchen-
deria, au hasard du scribe. Les uns sont de Caussade, les
autres de Carennac; quelquee-uns sont dits parents de l'évê-
que de Bieux, d'autres du cardinal Pierre. Nos auteurs
locaux, font naître l'évêque de Eieux, Jean Tissandier, à
Oahors, en s'appuyant sur son épitaphe, et j'ai trouvé de
quoi corroborer cette affirmation; il est sûr que Pierre Tis-
sandier, le cardinal, est né à Saint-Antonin, au diocèse de
Rodez, bien qu'il eût des parents dans le diocèse de
Cahors (2) ; mais rien n'a pu me fixer sûrement pour Ber-
(1) NoUzie.,.^ loc, cit., pp. 47 à 50; Muzzi, loc.cit.t p. 141. —On
le trouve souvent comme exécuteur de balles à la cour de Benoît XII,
avec son titre d'évêque de Bologne.
(2) Par exemple Barthélémy T, clerc du diocèse de Cahors, cou-
sin du cardinal, Vat., 70, ep. 702.
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186 PHÉLATS OBIGINAIBES DU QUJRECY
trand. Sa parenté avec le cardinal de Poaget me ferait
croire volontiers qu'il était, comme lui, originaire de Cas-
telnau Montratier: un Guillaume Tissandier était consul de
Castelnau en 1291; il pourrait bien être son père (1). C'est
la seule conjecture qui me paraisse plausible, car je n'ai
vu nulle part qu'il fût parent soit du cardinal, soit de
Tévêque dp Bieux, soit des Tissandier de Caussade ou de
Carennac (2).
Ses bénéfices avant d'être évêque furent dès 1320 (il
avait à peine 14 ans) un canonicat dans l'église de Bayeux
où Pierre de Jean était alors archidiacre, un autre dans
l'église de Palencia, où plus tard Raymond Tissandier, de
Carennac, eut l'archidiaconat de Serrad, et enfin l'archidia-
conat de Bologne où il remplaçait Pierre Alric. Le 10 avril
1331 il fut fait évêque d'Apt, avec dispense d'âge, et, sans
doute sur la demande du Légat, il fut appelé le 5 juin 1332,
n'étant pas encore sacré, à remplacer Etienne Hugonet à
Bologne (3).
(1) Limayrac, op. cit, p. 164 (Charte de la Commune de Castel-
nau). — Un Géraud T. qui reçoit un induit d'absolution in articulo
mortis le même jour que Tévêque Bertrand est sûrement un parent
très rapproché; mais la bulle l'appelle seulement « laïque du diocèse
de Cahors ». 12 juin 1845. Vat., 172, n*»» 744-6.
(2) Cependant presque tous ces Tissandier sont parents entre eux.
Ainsi Raymond T,, curé de Montolëra (Cahors) archidiacre de Serrad
(Palencia) fonde en 1860, avec son frère Gui, une chapelle sur une
place près du cimetière, dans le lieu de Carennac, leur paye natal,
et l'un des exécuteurs de la bulle est Pons T., nonce-collecteur du
royaume d'Aragon (R. Av., 65, f. 1324; Vat., 201, ep. 1064). Or le même
Haymond en 1342 est le familier du cardinal Annibal Gaetani, évoque
de Tusculum, qui a parmi ses écuyers Arnaud-Bernard T., de Caus-
sade, dont le fils M* Hugues T., son familier aussi, fut chanoine de
Laon, curé de Castanède (près Caussade), et abréviateur des Lettres
de Clément VI (R. Av., 60, f. 182; 65, f. 68; Vat., 172, f. 234*; 176, f. 295.
Suppl. 6, f. 92).
(3) Vat., 70, ep. 695; 100, ep. 85. C'est bien de Palencia et non de
Piaoenza qu'il est chanoine. Vat., 84, ep. 2005; 99, ep. 1084; 103, ep. 86.
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PRÉLATS ORIGINAIHES DU QUEHCY 187
Bertrand subit naturellement le sort du Légat et dut
quitter Bologne. Mais il garda le titre d'évêque de cette
ville jusqu'au moment où il fut fait évêque de Nevers,
comme de nombreuses balles le prouvent, pour lesquelles
il est désigné comme exécuteur, et comme on le voit par
les documents cités dans les Notizie.
Comme archidiacre de Bologne, il fut remplacé par
Raymond- Bernard de Sainte- Arthémie (1); mais ayant dû
quitter la ville avec le Légat, Raymond eut, cela se conçoit,
de grosses difficultés pour toucher ses revenus, même quand
la paix fut faite. De là de nombreuses plaintes au pape
qui écrivit plusieurs fois au chapitre de Bologne en sa
faveur. Raymond-Bernard, dont un parent, Reginald ou
Reynaud, fut gouverneur de Spolète pour le pape, fut lui-
même vicaire de la ville de Plaisance et de son district
avec un autre quercynois, Pierre Marin. Il était licencié en
droit civil. Le Cardinal lui fit donner en 133B un cano-
nicat dans l'église de Châlons (2). En 1349 il était mort
et remplacé à Bologne par Oalhard Saumade, sans doute
originaire du diocèse de Rodez, comme l'évêque dont il
portait le nom (3).
Cervia. — Le 16 juillet 1324 Géraud d'Anglars était
transféré de Cesena à Cervia. Les auteurs italiens ne con-
(1) Sainte- Arthémie, paroisse du diocèse de Cahors, anj. départ,
du Tarn et Garonne. Un antre Raymond^Bemard fut recteur de
Saint- Cyprien de Toulouse en 1808 (G^aWto, XIII, 107), chanoine de
Périgneux et de Rieux. Il était mort en mai 1326 (Vat., 69, ep. 1068;
Av., 26, f. 78) Bernard Hugues de Sainte- Arthémie fut évoque d'Elne.
(Voir Spolète).
(2) Vat., 105, ep. 1851. Bulle qui unit en sa faveur le 2 mai 1333
canonicat et prébende à Tarcliidiaconé de Bologne. Voir aussi Vat.,
117, ep. 1304 et 1396; 120, ep. 356; 176, de fr. penip. n*» 44.
(3) Vat., 196, f. 104. Galhard Saumade fut évêque de Riez, 1317,
de Maguelonne, 1317 et archevêque d* Arles (1818-1328).
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188 PHÉLATS OBIGINAIRBS DU QUERCY
naissent que son nom de G-éraud. C'est an registre de
comptes de Jean XXTI qui m'a permis de l'identifier avec
un personnage important que je connaissais déjà, mais que
j'avais cru évêque d'Agde (1).
Géraud d'Anglars, d'une famille apparentée aux Car-
daillac et aux Casfcelnau de Bretenoux (2) était avant le
21 décembre 1318 recteur de VialoUe au diocèse de Oa-
hors: ce jour-là il reçut une église plus importante au dio-
cèse de Carcassonne (Blumat); le 31 août 1319, il eut un
bénéfice plus lointain: un canonicat dans la cathédrale
d'Urgel; c'est qu'il était déjà nouce-collecteur des diocèses
d'Aragon avec Hugues de Mirabel, prévôt de Mende, peut-
être du Quercy comme lui (3). En 1321 nous le trouvons
trésorier pour le pape dans la Romagne, dont le gouver-
neur était Aymeric de Chalus. Ils recevaient comme ho-
noraires, le gouverneur 8 florins d'or par jour, et le tré-
sorier 8 gros tournois d'argent. Aymeric fut en 1322 ar-
chevêque de Bavenne (4). Lui-même ne tarda pas à être
appelé à l'épiscopat. Le 15 mars 1323 le pape le nommait
à Ceseua, mais l'année suivante il le transférait à Cervia
(14 juillet 1324), sans doute pour qu'il fût dans la même
province qu'Aymeric. Géraud y mourait le 11 octobre 1329,
(1) Reg. Av.. 47. f. 685 (Int. et Ex., de 1322-23). Le 10 juin 1328
Géraud, èvêque de Cei^na, paie le commune servitium (30 âor. auri)
par les mains de son frère Bertrand d'Anglars.
(2) Anglars, près La Capelle- Mari val (cf. une branche des Car-
daillao). — Il y a un autre Anglars du côté de Cahors, sur les bords
du Lot; et le même nom de paroisse se retrouve en Auvergne et dans
le Rouergue. Les relations de Géraud ne permettent pas de douter
sur ridentificatîon.
(3) Reg. Vat., 69, ep. 696, 1084, 1134. — Vat., 109, ep. 664.
(4) Reg. Vat., 71, ep. 439. — Curiales, ep. 115-116.
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PRÉLATS ORIGINAIRES DU QUBRCY 189
d'après Làmbertuzzi. C'est tout ce que nous savons sur
lui (1).
Les Archives nous fout connaître un Jean d'Anglars,
docteur es décrets, recteur 1309 de Féglise d'Anglars près
La Capelle Marival, en relation avec les Gasc de Mialet et
Bertrand d'Assier (2); Bertrand d' Anglars fr^re de QérsLudj
recteur de Martel, en 1320, chapelain de l'évêque de Ro-
dez, Pierre de Gastelnau-Bretenoux, et son procureur pour
payer le commune servitium (3); Guillaume d'Anglars^ qui
fut dès 1318 chanoine de Coïmbre, était en 1343 chanoine
de l'église de Se ville où il eut aussi l'arohidiaconat dJYssia,
en 1344 chanoine de Lisbonne et en 1345 officiai de Coïm-
bre : il était mort en 1349. Un Barthélémy-Atihémar d'An-
glars avait été trésorier de la même église de Coïmbre
en 1 327 (4). Tous ces personnages appartiennent à la même
famille que l'évêque.
FAËNZA.
Etienne Bénibr qui fut évêque de cette ville du 24
janvier 1343 jusqu'en 1378, devait être originaire de Sa-
lignac en Périgord (6), mais du diocèse de Cahors (notre
diocèse débordait un peu hors du Guercy, prenant quelques
paroisses au Périgord, au Rouergue et à l'Agenais). J'ai
trouvé une supplique faite par lui en 1357 pour ses ne-
veux, clercs du diocèse de Cahors et tous deux étu-
diants à l'université de Bologne; Gui B., de Salignac, pré-
Ci) Reg. Vat.. 74, ep. 802. — 94, ep. 1016.
(2) Reg. Clém. V. — Bénéd., n*» 4201.
(3) Obligationes, V, f. 101-107*. — Vat., 70, ep. 661. — En 1323
il payait pour son frère.
(4) Reg. Av., 66, £. 236*. — Vat., 83, ep. 1599. — 69, ep. 1599. —
163 de jyrib, vac, u** 2fi, 169 de dignit. vac, n^ 34. — 179, ep. 788-
(5) Il y a un village de Benier ou Beniës, près Salignac.
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190 PRÉLATS OBIOINAIBB8 DU QUBBCY
parait le doctorat en droit civil ; il obtint un bénéfice dans
l'églifie de Ravenne; Pierre B., de Salignac, qui avait déjà
le prieuré de Sainte-Marie-de-Baron^aro (Faënza) et celui-ci
de Saint-Cyr-de-Cucuion (Aix) fut fait chanoine de cette
même église de Bavenne, qu'administrait alors Fortanier
de Vassal (1).
Etienne Bénier était en 1334 grand panetier de la cour
de Jean XXII : on trouve son nom dans les derniers livres
de comptes et dans des quittances (2). Au moment de sa
promotion, et depuis plusieurs années déjà (1336) il avait
la possession de deux églises unies du diocèse de Sarlat,
Gaulejac et Veyrinhac, sur les confins du Quercy, non loin
de Salignac; il était en même temps trésorier pour le pape
dans la Romagne, dont le gouverneur était Astorg de Drir-
forty neveu par alliance de Clément VI (3). Il y a dans
Cappelletti à propos de l'évêque de Faëuza une curieuse
histoire au sujet de certain tribut dû par Tévêque au comte
de la Romagne et qui pour un motif bien futile (le non-
Ci) Reg. Clôm., VI. — Suppl., 27, f. 66 et 66*. — An f . 67 il y a une
demande de Guillaume Larzalier de Salignac, étudiant de l'université
de Toulouse, clero du diocèse de Cahors, recteur de Saint-Biaise
(FaëDza), il demande une autre église dans le même diocèse. —
Raymond Bénier^ recteur de N.-D.-de-Lherm (près des Junies, le
château des de Jean), et chanoine de Clermont, était fait en 1321
chanoine de Saint -Etienne-du-Tescou à Montauban et en 1S22 cha-
noine de Cahors. Il est exécuteur de bulle pour Benoît de Jean.
(Reg. Vat., 71, ep. 690 — 74, ep. 242, ep. 390). La bulle qui lui con-
fère le canonicat de Clermont le dit clerc du frère du pape (Vat. 73,
ep. 719). — Le 2 juin 1846 Pierre Bénier et sa femme Manfreda, du
diocèse de Cahors, reçoivent le privilège de Tabsolution in artieulo
mortis» Ce sont peut-être le père et la mère de l'évêque (Beg. Vat., 180,
f. 189»).
(2) Reg. Av., 78, f. 513. — Int. et Ex., 180, f. 27».
(3) Reg. Vat., 121, ep. 204 654, 132, ep. 133
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PBÉLATS ORIGINAIKES DU QUERCY 191
paiement prétendu d'une poule et de douze poussins), se
termine assez tragiquement. {Op. cit., t. II, p. 273).
Perrare. — J'ai déjà, à propos du patriarche de Grado,
parlé de son frère Guillaume de Vassal, à qui le pape avait
donné le péage de la chaîne tendue sur le Pô, dans le district
de Ferrare.
Imola. — Il s'agit encore ici d'un oflSce laïque et non
d'une dignité ecclésiastique: Le 1" mars 1371, le cardinal
Grimoaldi, frère d'Urbain V, recevait mandat du pape de
mettre en possession de la citadelle {arx, sive roca) du
castrnm de Lugo dans le diocèse d'Imola, sous le titre de
châtelain (ou capitaine) un chevalier quercj^nois: Raymond
de Béduer, seigneur de Corn au diocèse de Oahors, appar-
tenant à une des principales familles du Quercy (1).
Modène. — Deux abbés, peut-être trois, de l'importante
abbaye de S. Silvestre de Nonantola étaient originaires du
Quercy. J'ai déjà nommé le premier, Bernard, à propos du
liégat Bertrand du Pouget. Je n'ai pas retrouvé la bulle qui
le faisait prieur de Saint- Arnaud, ou prieur de Val-Tournet,
au diocèse de Castres, et ainsi je ne connais pas son nom
de famille. Il succéda en 1330 à Nicolô Baratti et s'occupa
avec zèle de son monastère auquel il fit restituer bon nombre
de possessions. Quand Etienne Hugonet fut évêque de Bo-
logne, le Légat prit Bernard pour son auditeur des causes.
Mais Bernard faillit payer très cher cette faveur de son
compatriote, peut-être son parent. L'émeute qui força le
Légat à quitter Bologne se déchaîna particulièrement contre
(1) Reg. Vat. 282, f. 366, n« 390. — Cf. une lettre d'Urbain V,
du 22 juin 1865 chargeant le cardinal Audroyn de faire une enquête
pour savoir si ce castrum appartient à l'église romaine, à l'église de
Bénévent on à Barnabo de Visconti qui l'avait tenu quelque temps.
L'enquôte avait dû faire remettre le castrum au pape. (Vat. 247,
f. 128^). Les Bédner étaient parents des Vassal.
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192 PKÉLATS OBIGINAIHES DU QUKHCY
lui: il fut jeté en prison, maltraité, et ses biens pillés. Enfin
il put rejoindre Bertrand du Pouget à Avignon, mais il
ne tarda pas à mourir, peut-être par suite des émotions
éprouvées. On dit que ses moines le regrettèrent beau-
coup (1).
En 1348 Déodat abbé de Sainte-Marie in Cosmedin (église
dont le titre cardinalice avait été donné au limousin Guil-
laume de la Jugie), était transféré par Clément VI à No-
nantola. C'était sûrement un français si l'on en juge par
les procureurs qu'il se choisit pour le paiement du com-
mune servitium ou pour la visite ad limina: Guillaume de
Saint-Germain du diocèse de Cahors et Pons de Roque-
fort, prieur de Saint-Martin d'Espiamont, au diocèse de
Rodez (2). Il meurt en 1366.
Il est remplacé en 1357 par Louis^ abbé de San vSeverino
de Naples, qui reste seulement 4 ans et devient en 1361
abbé de Montmayeur dans le diocèse d'Arles. La Gallia
christiana l'appelle Louis de Bolena (3). Je crois qu'il faut
lire Louis de Balène et attribuer ce personnage à une fa-
mille quercynoise, alliée aux Béduer, aux Castelnau et aux
Cardaillac, et dans le nom est resté à la prison actuelle
de la ville de Figeac, (château de Balène). En effet le
16 août 1360, l'abbé Louis, ambassadeur de la ville de Bo-
logne, après les demandes qu'il fait au nom de la cité, sol-
licite un bénéfice de 100 livres dans le diocèse de Cahors,
pour son neveu^ Arnaud d'Aujols, clerc du diocèse de Cahors (4).
(1) Cappelletti, Chiese d'Italia, XV.
(2) Arch. Vat., Imtr. mUcelL, cassette 1353-4, d? 71-6, juillet 1864.
(3) Tome I, col. 613, n° XXXIV; mort 1363.
(4) Snppl. 81, f. 224 et f. 248. Or Ton trouve dans des actes de
révêché de Carpentras Louis, abbé de S. Séverine de Naples, vicaire
général de Tévôque Geoffiroi de Vayrols — Le château de la famille
de Vayrols âtait dans les environs d^Aujols — [J. de Terris, Les
évêques de Carpentras, p. 163].
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PBÉLATS ORIGINAIBES DU QUBRCY 193
Les Cardaillac-Bioule étaient coseigneurs d'Aujols. Un
Pierre de Balène était moine de Fons, près Figeac en 1348.
— Nous avons vu Mathie de Balène épouser avec dispense
de consanguinité Barasc de Castelnau, ooseigneur de Thé-
mines (1).
Parme. — L'archidiaoonat de l'église de Parme fut pos-
sédé successivement par trois ecclésiastiques qui se ratta-
chent au Quercy: Sicard de Montant, du diocèse de Rieux,
mais neveu du légat Bertrand du Pouget. Tl était égale-
ment chanoine et sacriste de Mirepois et avait remplacé
dans le canonicat de Palencia Bertrand Tissandier. En 1333
il abandonna la carrière ecclésiastique pour se marier (2).
Le légat, autorisé par Jean XXII, donna l'archidiaconat de
Parme à un de ses familiers, Arnaud, que presque aussitôt,
en vertu des pouvoirs reçus du pape, il promut à Tévêché
vacant de Fossombrone, dans la Marche d'Ancone(3). Arnaud
garda son bénéfice un an, puis fut remplacé le 3 avril 1344
par Pierre Marin, curé de Vaillac, déjà nommé au début
de ce chapitre.
ARTICLE 5.
La Sardaigne et la Corse.
I. — Jusque dans la Sardaigne nous trouvons des per-
sonnages se rattachant au diocèse de Gahors, du moins avec
beaucoup de probabilités.
Bosa^suffragant de Torres. — Compterons-nous au nombre
des nôtres un Raymond de Gauzens qui mourut vers 1349
(1) Clément VI, Av. 50, f. 506. — Aut de Jean XXII, ehap. 7%
art. !•', § 2.
(2) Vat., 68, ep. 1098; 100, ep. 86; 104, ep. 872.
(3) Beg. Av., 45, f. 358* -454. — Cette référence se rapporte aussi
à Pierre Marin.
▲nualM d« S.-L.-d.-
18
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194 PBÉLATS OBIGINAIRES DU QUEBCY
avant d'être sacré, puisqu'il est appelé simplement élu dans
la bulle de son successeur? Il était collecteur des fruits
des bénéfices vacants en Corse et en Sardaigne, et possé-
dait un bénéfice dans le diocèse d'Elne (1). Or ce diocèse
fut gouverné vers cette époque par deux prélats originaires
du Quercy ; d'autre part on trouve en 1367 un Pierre del bos
alias de Gatizendo^ damoiseau du diocèse de Cahors, signalé
comme ayant une maison dans la paroisse Sainte-Madeleine
d'Avignon (2). Je ne sais d'ailleurs rien de plus sur cette
famille de Gauzens, sinon que parmi les chefs de bandes
qui ravagèrent notre pays vers cette même époque il y en
avait un qu'on appelait le bourc ou bâtard de Gauzens (3).
A Raymond succéda, le 2 septembre 1349, Pierbe de
Penne (?), prieur de Saint-Martial, 0. S. B., au diocèse de
Cahors, prieuré dépendant de l'église-cathédrale de Montau-
ban (4). Le prieur de Saint-Martial avait une place à part
parmi les moines ou chanoines de cette église. Dans un acte
de 1332, confirmé par Clément VI, il y a comme prieur
de Saint-Martial Pierre- Guillaume de Penne (6): c'est peut-
être bien le Pierre qui fut évêque de Bosa. Il mourut vers
la fin de 1359 et fut remplacé par un autre français, pro-
bablement limousin : Aymeric, transféré de Forli, qui avait
été recteur de la paroisse du Mont-Saint-Jean, au diocèse
d'Autun.
II. — Bon nombre d'auteurs mettent en Corse,. sur le
siège d'Ajaccio, sufifragant de Pise, le fameux Bertrand Atgier
(ou Lagier) qui fut évêque d'Assise puis de Glandève et enfin
cardinal: on connaît son rôle au moment du schisme; c'est
(1) Schedœ de Garampi: Vescovi.
(2) Vat., 232, f. 372. — Dans la me de la porta Aqueria.
(3) Lacoste, op. cit, III, pp. 290-293.
(4) Reg. Vat. 192, ep. 238
(6) Confirmation par Clément VI en 1344 (Reg. Av., 76, f. 172).
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PBÉLAT8 OBIGINAIBES DU QUBBCT 195
une erreur: Pévêque d'Ajaccio. qui fut évêque d'Assise,
s'appelwt Bertrand Escharpiti ou L'escarpit, La oonfusioD.
comme pour bien d'autres cas, provient de la similitude
clés prénoms (1). L'Escarpit était peut être français.
(A suivre).
Ed. Albe.
(1) Voir Hierarchia du P . Eubel. Je reviendrai sur B. Atgier
ii propos d'Assise.
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LE PAPE PAUL III ET JEANNE D'ALBRET
Avant d'éponser Antoine de Bourbon -Vendôme, la mère
■de notre grand roi Henri IV avait été mariée civilement
«t religieusement à un prince catholique d'Allemagne, le
duc Guillaume de Clèves. Mais cette union, purement po-
litique et imposée violemment par la volonté de François I^%
«e trouvait être nulle, la jeune princesse n'y ayant jamais
<ïon8enti librement, et le pape Paul III en proclama la
nullité, sur la demande du duc lui-même. L'historien de
Jeanne, M. Alphonse de Ruble, a raconté longuement (1)
les péripéties pas très romanesques des négociations et des
débats qui acheminèrent le mariage du contrat à la sépa-
ration définitive. Il a publié en pièce justificative (2) le
bref adressé au duc, par lequel le pape lui rendait sa li-
berté. Mais il constatait en même temps que ce document,
emprunté aux archives de Dusseldorf, l'ancienne capitale
du duché de Clèves, n'existait nulle part en France, et que
lui, pas plus que ses devanciers, n'avait pu, malgré de
longues recherches, retrouver l'expédition authentique de
la sentence que Jeanne d'Albret dût recevoir comme la
partie adverse.
En réalité les mêmes mobiles, qui ont sans doute pro-
voqué la destruction de cette pièce, les passions protes-
(1) Le mariage de Jeanne d'Albret, in-8**, Paris, 1877. Le premier
«ssai d'union remplit les deux tiers du volume, trois chapitres sur
quatre.
(2) md., pp. 318.821.
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198 LE PAPE PAUL III BT JEANNE d'aLBBET
tantes, ont aussi fait effacer toute trace de l'intervention
de la fiancée dans le procès mené en cour de Borne, car
M. de Ruble, qui connaît si bien tout ce qui concerne^
Jeanne d'Âlbret, ne dit pas un mot de la part qu'elle prit,
ainsi que ses parents, à la poursuite de l'annulation. Cepen-
dant le pape ne pouvait se contenter des nombreuses pro-
testations annexées au dossier, que Jeanne avait signée»
contre le mariage; il avait besoin d'un acte authentique,,
d'une requête par écrit, qui manifestât son désir d'être dé-
livrée d'engagements auxquels elle n'avait nullement con-
senti. Et comme Jeanne n'était pas majeure, il convenait,
il était même nécessaire que cette requête fut appuyée par
ses parents.
Tous les témoignages concernant cette démarche n'ont pas
disparu, et j'ai découvert aux Archives du Vatican, avec la
minute des brefs que reçurent l'un et l'autre époux, deux
lettres pleines de déférence, de respect, de dévotion et même
de piété, dans lesquelles Jeanne d'Albret et sa mère, Mar-
guerite d'Angoulême, reine de Navarre, suppliaient le pape
de faire droit à la demande du duc Guillaume, et de dis-
soudre le lien conjugal. Ce sont ces quatre documents que
je veux publier aujourd'hui, mais non sans en avoir tout
d'abord éclairci le sens et la portée par un exposé som-
maire des événements qui leur servent de cadre.
Parmi les alliés qui soutenaient en Allemagne le parti
de François I'^'' contre l'empereur Charles-Quint, il n'y en
avait pas de plus ancien, ni plus de fidèle que la maison
de La Mark, régnant souverainement sur les duchés de
Clèves, de Berg et de Juliers, c'est-à-dire sur les deux rives
du Rhin inférieur, entre Cologne et la frontière néerlandaise.
En 1639 elle s'agrandissait encore, par héritage, du duché
de Gueldre et du comté de Zutphen, dans les Pays-Bas,
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LE PAPE PAUL III ET JEANNE d'aLBBBT 199
que lui transmettait une autre famille, non moins dévouée
aux Français. Mais Charles-Quint faisait valoir les droits
des Habsbourgs sur ces domaines, qui allaient fortifier la
puissance d'un adversaire déjà redoutable. Il n'en fallait
pas tant pour que François I*", en froid avec l'empereur,
parce qu'il refusait d'exécuter les promesses faites pendant
son voyage en France, écoutât favorablement les avances
du duc Q^uillaume, qui sollicitait la main de sa nièce Jeanne
d'Albret. Le 17 juillet 1B41 était signé le contrat de ma-
riage, qui unissait les deux princes par des liens plus puis-
sants que ceux d'un simple traité d'alliance.
Jeanne d'Albret avait alors douze ans et demi, son con-
sentement ne portait pas à conséquence, et tout dépendait
des parents. Mais le père, Henri d'Albret, roi de Navarre,
ne voulait pas entendre parler du mariage, et négociait l'u-
nion de sa fille avec l'infant don Philippe, fils et héritier
de Charles-Quint. Et il rudoyait sa femme, qui avait cédé
trop facilement aux exigences du roi de France. On peut
dire que Henri d'Albret ne céda jamais, qu'au dernier mo-
ment, par force et lorsqu'il vit que toute résistance était
inutile. C'est peut-être de ce côté que Jeanne trouva les exem-
ples, le mot d'ordre et les encouragements qui lui donnè-
rent l'énergie de volonté et la constance opiniâtre, bien
extraordinaires chez une enfant, avec lesquelles elle résista
jusqu'au bout.
Cependant François I" s'obstinait, déclarait qu'il ferait
le mariage en dépit de toutes les oppositions, et rejetait
même les conseils de ses serviteurs les plus fidèles et les
plus éclairés. Quand il avait adopté une combinaison po-
litique, il s'y opiniâtrait avec l'entêtement d'un enfant
gâté, et à proportion de la résistance qu'il rencontrait.
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200 LE PAPE PAUL lU ET JEANNE d'aLBBBT
Il n'y a rien de plus étrange que l'attitude de ces deux
pauvres femmes, ainsi prises entre les exigences d'un père
et d'un frère qui, par pure politique, suivaient deux lignes
de conduite opposées. La mère, d'un caractère faible et sans
consistance, ne savait rien refuser au roi son frère, qui
depuis longtemps l'avait hypnotisée, et qu'elle avait été
habituée dès son enfance à traiter comme une idole. Elle se
rendit de bonne heure et ne tarda pas dans sa correspon-
dance à appeler le duc Monseigneur mon fils, en se disant sa
bonne mère, Jeanne elle-même se proclamait sa très humble et
très obéissante femme (1). Ce fut cependant de son côté que
vint la résistance, précisément parce que la jeune fille souf-
frait le plus des tiraillements qui surgissaient sans cesse
entre son père et sa mère, et que la volonté du premier s'im-
posait plus à son imagination que la sensibilité de l'autre.
•Pendant que Marguerite, pour apaiser son mari, proposait
de faire signer à sa fille une protestation secrète contre le
mariage (2), celle-ci ne cessa de résister et rédigea à di-
verses reprises des déclarations en ce sens, qui nous ont
été conservées (3). Mais François I", après l'avoir semoncée
et fait semoncer dans des formes d'un appareil trop théâ-
tral pour que la scène soit complètement vraie (4), déclara
que le mariage aurait lieu per verba de presenti.
Il n'en fallait pas tant pour faire céder la faible Mar-
guerite, mais sa fille ne se rendit qu'après avoir été rude-
(1) Voir les lettres des deux princesses publiées par de ïtuble,
pp. 289-312.
(2) De Ruble, pp. 91-93.
(3) Papiers d'Etat du cardinal de Granvelle, III, pp. 112-116,
Lettres de Marguerite d'Angoulême, éd. Génin, II, p. 289-294.
(4) Diaprés un agent d^affaires ou espion, que Charles-Qaint entre-
tenait auprès du roi de Navarre (De Ruble, pp. 96-103). — L'historien
se sert souvent de ce témoignage, dont il reconnaît Pinsuffisance, sans
discuter rigoureusement son autorité.
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LE PAPE PAUL III ET JEANNE d'ALBKET 201
ment fouettée, et an moment de la solennité elle fit secrè-
tement deux protestations contre la violence dont elle était
victime (1). Les 13 et 14 juin 1541 le mariage fut célébré
solennellement à Châtellerault, en présence de toute la cour,
et le cardinal de Tournon donna la bénédiction nuptiale.
A travers les témoignages très divers des contemporains,
on constate cependant que la fiancée résista tant qu'elle
put, et jusqu'au dernier moment (2). Le contrat était donc
manifestement nul.
La politique, qui avait préparé cette union, devait aussi
la rompre. Le duc de Clèves réclama plusieurs fois sa femme,
restée d'abord auprès de ses parents à cause de son jeune
âge : pendant deux ans le mauvais état de santé de celle-ci
empêcha qu'on ne la lui envoyât. Cependant, voyant ses
provinces envahies, à demi conquises par Carles-Quint en
personne, mal secouru par son allié, Guillaume fut con-
traint de signer le traité de Venloo (7 sept. 1643), par le-
quel il abandonnait la France, et déclarait ne tenir ses
Etats que de la générosité de l'empereur.
Ce fut le signal de la rupture: la cour criait à la trahi-
son ; François I*"" oublia ses précédentes combinaisons pour
courir à de nouvelles chimères politiques, et sa sœur sentit
renaître l'antipathie qu'elle éprouvait pour le mariage. Ce
fut elle qui dicta sans doute la lettre dans laquelle Jeanne
signifiait son refus à l'ambassadeur de Guillaume, et qui
résume assez bien son attitude dans cette affaire. Elle au-
rait cédé devant la volonté de ses parents, mais voyant que
le roi s'était résolu de la marier sans la vouloir ouir ni
écouter, elle avait délibéré de prendre son seul recours à
(1) Ibid., pp. 113, 114, 116.
(2) Selon Brantôme, le roi ordonna au connétable de Montmo-
rency de la porter de vive foroe à l'antel, ibid. p. 118.
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202 LS PAPE PAUL III ET JEANNE d'aLBRBT
Dieu, lequel avait fait que le duc par sa propre conduite
avait délié de leurs engagements ceux qui les avaient pris
contre son vouloir (1).
Guillaume accepta cette lettre comme un congé définitif,
et travailla dès lors à cimenter par un mariage sa nouvelle
alliance avec l'empereur. Une clause du traité de Crespy
soulignait l'importance que Charles-Quint attachait à cette
affaire, en constatant que le refus des Albret rendait le
mariage nul, comme il Tétait en réalité. Néanmoins on
jugea qu'il était indispensable de faire proclamer cette nul-
lité par une sentence pontificale. En vertu du même traité,
Jeanne d'Albret protesta de nouveau, à deux reprises, le
11 octobre 1544 et le 5 avril 1546, solennellement et devant
témoins, qu'elle n'avait donné son consentement que sous
l'effet de la crainte. i\luni de ces deux déclarations, le duc
de Clèves porta l'affaire en cour de Rome, dans la seconde
moitié de cette même année 1545, et le 12 octobre le pape
Paul III cassa le contrat par un bref adressé au requérant.
Pendant ces pourparlers la partie adverse n'était pas
restée inactive. Marguerite de Valois avait plaidé sa cause
auprès du cardinal Alessaudro Farnèse, petit-fils du pape,
au moment de sa légation en France, fin 1544, l'avait même
gagné, et ce fut lui qui, malgré les dire de de Ruble (2),
emporta le bref. Plus tard, lorsqu'elle eut saisi le duc des
dernières protestations de sa fille, et que les négociations
(1) Ibid., pp. 190, 313. — En comparant cette lettre avec celle qui
fut adressée au pape, et que je vais publier, on y trouve des ressem-
blances frappantes dans la manière d'exposer les faits: ce qui porte-
rait à croire que le texte dé Pune et de l'autre fat établi par Jeanne
d'Albret de concert avec ses parents.
(2) Voir les annotations ci-de«sous de la minute. Cependant l'his-
torien dit, p. 202, que le cardinal d'Armagnac, qui défendait le lien
conjugal, circonvint Farnèse.
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LE PAPE PAUL III ET JEANNE d'aLBRET 203
eurent été entamées, elle écrivit au pape et fit écrire par
sa fille pour solliciter le pontife de faire droit à la requête.
Enfin, informée de la conclusion de l'affaire, elle demanda
un double de la sentence, et la chancellerie romaine l'ex-
pédia dans un bref du 15 novembre.
Examinons maintenant les documents nouveaux que
nous avons en main. Le premier est la sentence elle-même.
De Buble en avait publié une expédition authentique, qui
se trouve aux archives de Dusseldorf. La minute que j*ai dé«
couverte aux Archives du Vatican (1), est identique à l'im-
primé, et n'en difiere que par quelques variantes de détail,
qui, chose curieuse, sont toutes à l'avantage de la minute,
ce qui prouverait que les fautes de l'imprimé sont l'œuvre
d'un copiste maladroit (2). Je ne reproduirai donc pas le
texte, mais je me bornerai à relever les annotations suivan-
tes, qui sont annexées à la minute, et qui rendent compte de
la marche suivie par la chancellerie en ces sortes d'affaires :
Dilecto filio nobili viro Willelmo Julie Clivie et Montium
duci
:zz S'' sua E,""" d. meo ardinghello (3) et mihi dixit contentari
instante d"" meo R"° farnesio
M. Car''" Crescentius
fab. Episc"' Spol°".
A tergo: 12; octobre 1546 a*" XF pro duce clivensi.
S" V. ex causis hic expressis déclarât matrimoniura inter eum
(1) Brevia minuta Pauli III y Arch. Vat.; Armar. XLI, t. 84, n® 69U
(2) Par exemple oa lit dans de Ruble, p. 320, ligne 25: Ita qnod
anus alterum in sno consortio recipiat, ce qui ne signifie pas grand
chose. Dans la minute il y a mntao consensu, beanconp pins satis-
faisant.
(3) Niccolo Ardinghelli, évêque de Fossombrone, exerçait alors les
fonctions de dataire ou prodataire. Il avait été nonce extraordinaire
en France en 1541, et s'occupait parfois des affaires de notre pays, ce
qui explique son intervention dans le procès de Jeanne â*Albret.
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204 LE PAPE PAUL III ET JEANNE d'aLBHET
et filiam Régie Navarre (contractnm) fuisse invalidum, et
quatenus aliquo modo posset validum censeri, illud dissolvit
dummodo consummatum non fuerit, ita quod ipse aliam
uxorem et ipsa alium visum ducere possint. Car. Oresc.
dicens S*" v. contentam.
Ces notes et celles que je mentionnerai à la suite du
double délivré à Jeanne d'Albret, demandent quelques ex-
plications, qui feront comprendre comment procédaient les
secrétaires du Bref. Le cardinal-préfet, Marcello Crescenti,
du titre de Saint-Marcel, après avoir reçu les instructions
du pape, faisait rédiger une minute par le secrétaire de
service, ici Fabio Vigili, évêque de Spolète, le plus sou-
vent Blosius, dont le nom revient sans cesse à la fin des
brefs de Paul III; il soumettait ensuite cette rédaction à
l'examen de Sa Sainteté, avant de dresser l'instrument; de
là la formule: Card, Crescentius Sanctitatem vestram dixit
contentam; et les annotations qui s'adressent au Souverain
Pontife directement. Les Minuta brevia des Archives du Va-
tican étaient des brouillons que l'on présentait au pape, pour
lui faire approuver la rédaction définitive, avec un som-
maire annexé de l'affaire, ou mémento sur lequel le pon-
tife jetait rapidement un coup d'œil, quand il ne jugeait
pas à propos, ce qui arrivait le plus souvent, de lire le
bref lui-même. C'était donc une correspondance qui s'éta-
blissait entre Sa Sainteté et la secrétairerie des brefs, pour
la marche régulière des travaux de la chancellerie, et on a
conservé ces minutes, non seulement comme des témoigna-
ges de l'action papale dans tous les domaines des affaires
publiques, mais comme des monuments sur lesquels s'ap-
puient encore de nos jours l'autorité de la chancellerie, ses
traditions et son activité.
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LB PAPE PAUL m ET JEANNE d'aLBBET 205
Je vais donner in-extenso, comme inédits, le bref de la
sentence qui fut dressé pour la maison d'Albret, et qui
a plus d'importance pour nous que la pièce publiée par de
Euble, ainsi que le prouvent les recherches qu'on a faites
avant lui, depuis le XVIIP siècle. En comparant les deux
textes, on s'aperçoit qu'en dehors de l'exposé des faits, qui
devait présenter quelques changements, ils renferment les
mêmes idées, et jusqu'à un certain point la même forme.
Le bref sera précédé cela va sans dire des deux lettres qui
en sollicitaient l'expédition.
Marguerite, reine de Navarre, au pape Paul 111,
Tressainct père
Comme celle quy toute sa vie désire feire seruice a
Vostre Sainctette je ne crains a my (sic) adresser pour la
suplier très humblement de monstrer enuers le Roy de
Navarre et sa fille et môy sa paternelle amytie en la des-
claracion que mons** de cleues demande de la nulite du
prétendu maryaige entre luy et ma dicte fille, de laquelle
il monstre les protestacions, lesquelles sont très véritables
comme mons"^ le cardinal farneze peult faire seur Kaport
a vostre dicte Sainctette par les paroles quil a ouyes de
ma fille, et suis seure très sainot père que sy Vostre Sainc-
tette heust veu la force et contrainte dont jay vuze (usé)
envers elle pour la faire condesandre seulemant a dire ouy
Vostre Sainctette heust heu compacion de la fille et non
mains (moins) estimée la mère cruelle, car pour obéir o
Roy jauoys oublie toute la doulceur maternelle que je luy
doy, mes (mais) dieu la conseilla sy bien quelle fist plu-
sieurs protestacions quelle ne entandoit rien dire en ce
maryaige que par force et contre son vouloir, et despuis
la ratifie et dist a Vuug jentihomme du duo de cleues, et
afin que Vostre Sainctette congnoise quellest au mesmes
propous ou elle a este, elle a pris la hardiesse vous en
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206 LE PAPE PAUL III ET JEANNE d'aLBRET
escripre de sa main, et la fille et la mère ce prosternent,
baisant les piedz de vostre Sainctete, la supliant deslier le
lien de mons' de cleues et desolairer a toute la crestiente
que ma fille ne fust onquea liée ny de fait ny de consen-
tement, et moy desliuree de ce tormant confeseray que a
James doit demeurer esclave et obligée a Vostre Sainctete
Vostre très humble et très obeisante
et deuote fille
Marguerite.
A nostre très sainct père le pape.
Jeanne de Navarre au même.
Très Sainct père
Congnoissant la bonne affection quil a pieu a vostre
«ainctete porter au Boy mon père, et a la Boyne ma mère,
jay prins la hardiesse de la supplier très humblement destre
mise au nombre de ses très humbles enfans, et auoir pour
recommende mon très iuste affaire: car combien (très Saint
père) que vostre sainctete en peult estre véritablement
«tdvertie, et prinsipalement par monsieur le cardinal freneze,
a qui j'en ay dict la vérité, si est-ce que jay tousiours désire
par lectres de ma main luy en mender ce que j'en sens,
qui est que je vous jure sur la part de salut que jespere
•éternellement que tout ce que jay mis en mes protestations
est véritable : car jamais en ma vie je neus volunte ni n'e
donné consentement au prétendu mariage de mons' le duc
de cleues : et ce que jen ay dict a este par la forse et con-
traincte que me fit la Royne ma mère, laquelle preferoit
Tobeissance du Boy a sa vie et la mienne, mais dieu me
voyant abandonnée de tous mes parens et amis par sa puis-
sante main ma délivrée de mes ennemys, et a donne a
entendre au Boy mon souverain seigneur la vérité que par
oraincte jestois contraincte de dissimuler. Et pour parfaire
<5este grande grâce a remis la conclusion entre voz pater-
nelles mains, par lesquelles j'espère recepvoir parfaicte con-
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LE PAPE PAUL III ET JEANNE d'aLBRET 207
solatioD, et que sontiendres la cause de linuoceuse affligée
et declareres le prétendu Mariage nul, comme je jure a
vostre sainctete quil est, et a jamais me tiendray obligée
et tenue a prier dieu pour vostre Sainctete, lequel je supplie
vous donner (très sainct père) longue et heureuse vie et
tenir en sa bonne grâce, a laquelle le plus très humble-
ment jusques aux piedz baiser dicelle, se va recommender (1)
Vostre très humble et très obéissante et dénote fille
(Signature coupée, l'adresse manque).
(Archivio Vaticano, Brevia minuta, Armar. XLI, tome 34, n<»* 661, 662).
Bref du pape en réponse aux lettres ci-dessus.
Dilecte in Christo filie nobili mulieri Joanne de Navarre
serenissimi Eegis Navarre nate.
Dilecta in Xpo filia Salm. etc. Preteritîs diebus expo-
sito nobis pro parte dilecti filii nobilis viri Willelmi Julie
Clivie et Montium duois quod, postquam ipse matrimonium
tecum per verba de presenti contrazerat, innotuerat quod
tu ante et post contractum matrimonium ipsum ac etiam
tempore ipsius contractus nunquam animo gesseris secum
dictum matrimonium contrahere et ad illius solemnitates
faciendas ac ad consensum desuper prestandum per vim et
metum qui in constantem illius etatis mulierem cadere
poterat inducta fueras, ac de premissis coram diversis no-
tarîis et testibus pluribus et iteratis vicibus reelamaveras,
et protestata fueras, Et demum in die paschatis resurrec-
tionis dûi nostri Jhu Xpi proxime preterite prout fidèles
Xpianos decet sumpto eucharistie sacramento in ecclesia
coram populo tactis sacrosanctis dei evangeliis jureiurando
afiSirmaveras protestationes ipsas veras esse teque nunquam
matrimonium ipsum contrahendi animum habuisse et minus
hodie, neque ad illud sic contractum ratum habendum induoi
(1) Phrase étrangement constrnite; le sens est: à laquelle, le pins
qu'elle peut, très humblement jusqu'à baiser les pieds d'icélle, se va
recouuuander
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208 LE PAPE PAUL III ET JEANNE D*ALBBET
potuisse aut posse iterum protestata faeras, prout a diversis
inde confeotis instramentis publicis plenius continebatnr
(à la marge : contineri dicebatur), Quod ciim ipse Willelmus
dux te ac parentes tuos pluries per buos etiam spéciales nancios
requisivisset et cum illis institisset ut te et tradere et con-
signare vellent et deberent tuque ad illum ire ut matri-
monium ipsum tecnm consummare posset ipsi tui parentes
id facere expresse recusaverant, Supplioatoque quod licet
dictum matrimonium secundum premissa nullum et inva-
lidam dioi posset nihilominus pro maiori quiète animi sui
matrimonium ipsum nullum declarare de benignitate apo-
stolica dignaremus. Nos predictis et nonnullis aliis tuno
expressis adducti causis ipsiusque Willelmi ducis (in ea
parte) (1) precibus inclinati matrimonium ipsum non tenuisse
nec tenere nuUumque et iuvalidum ac minus canonicum
fuisse et tore ac censeri debere per quasdam nostras in
forma brevis litteras decreuimus et declarauimus (ac ma-
trimonium ipsum quatenus consummatum non foret disse-
luimus et separauimus) aliaque voluimus et fecimus prout
in dictis litteris plenius continetur. Cum autem tu habita
notitia dictarum litterarum nostrarum nobis exponi feceria
narrata per dictum Willelmum ducem vera fuisse et esse,
Et nobis humiliter supplicare feceris ut animi tui quieti
pariter consulere dignaremus, nos qui illius in terris vices
gerimus qui pacem et concordiam nutrit, attendentes quod,
nisi inter virum et mulierem legitimus consensus interve-
niat, ita quod unus alterum mutuo consensu recipiat, ma-
trimonium non existât et quod tune licet aliis nubere, ac
cupientes ut ea que de non voluntariis nuptiis provenire
soient subsequantur providere, instrumentorum predictorum
ac quarumcumque aliarum scripturarum desuper conferta-
rum tenores ac si presentibus de verbo ad verbum inse-
rerentur pro sufficienter expressis et insertis habentes, huius-
modi tuis preoibus inclinati, ex premissis et certis aliis
(1) Les mots entre parenthèses ont été ajoutés en marge de la mi-
nute.
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LB PAPK PAUL ni ET JEANNE d'aLBBKT 209
rationabilibus nobis notis causis ex certa nostra scîentia
«o de apostolica potestatis plenitudine anctoritate aposto-
lioa tenore presentium matrimonium Ipsum non tenuisse
nec tenere nnllumque et inualidum ac minus canonicum
fuisse et fore ac censeri debere decernimus et deolaramus,
et quatenus ipsum matrimonium aliquo modo tenere et
canonicum fore dici seu censere posset, illud dummodo
oonsummatum non fuerit dissoluimus et separamus, Teque
a^ dictum Willelmum ducem a mutuo vinculo matrimonii
huiusmodi absoluimus et liberamus, necnon tibi cum alio
viro et eidem Willelmo duci cum alia muliere alias cano-
nico impedimento non obstante matrimonium alias legiti-
mum contrahendi licentiam et facultatem conoedimus pro-
lemque ex contrahendis matrimoniis huiusmodi suscipien-
dam legitimam fore decernentes, non obstantibus premissis
«c quibusuis apostolicis ac prouincialibus et synodalibus
constitutionibus et ordinationibus necnon imperialibus re*
giis regumque legibus et pragmaticis sanctionibus ac ju-
ribus municipalibus etiam juramento confirmatione apost*"*
vel quauis firm^ alia roboratis, Ceterisque contrariis qui-
buscumque. Datum fiome, etc. XV* O**''" 1B4B anno XII**.
S*" sua cum simile fuerit pro Willelmo duce conoes-
flum, dixit contentari.
M. Car"' Orescentius
Blosius.
A tergo: 16. Novemb. 1B45 A** XII Pro Joanna filia
Régis Navarre. S" v. preteritis diebus ad preces ducis cli-
uensis ex causis tune expressis declarauit matrimonium
inter eos contractum non tenere et esse inualidum, et qua-
tenus consummatum non foret illud dissoluit, nunc facit
idem etiam ad preces ipsius Jeanne.
Car. Cresc. dicens s**" v. contentam
(Ibid. 660).
Les lettres de Jeanne d'Albret et de sa mère provo-
quent quelques réflexions, par lesquelles je terminerai. Elles
ne sont pas datées, mais le contenu laisse supposer qu'elles
AnaalM do B.-L.-d.-F. 14
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210 LR PAPE PAUL m KT JBAîfNB d'ALBEET
durent n'arriver à Borne qu'après la mission qui devait
plaider la nullité du mariage au nom du duc de Clèves^
c'est-à-dire après le 8 septembre 1645 (1). Peut-être même
ont-elles été apportées par le chef de cette mission, le doc-
teur Johann Gropper, le même qui provoqua plus tard
l'admiration du monde chrétien, en refusant le chapeau de
cardinal, sous Paul IV, 1557 (2).
Ces deux lettres sont également curieuses, même dans
leur ton cérémonieux, qui n'engage à rien, avec leur forme
conventionnelle, sous laquelle se cachent les personnes et
leur pensée intime. On y reconnaît le caractère des deux
princesses qui écrivent, telles que l'histoire les dépeint: la
mère, tendre et sensible, s'accuse, prend sur elle les torts,
et gémit d'avoir maltraité sa fille. Quant à l'énigmatique
Jeanne, si elle proteste contre son mariage, que seule elle
a combattu, énergique et altière, elle se montre surtout re-
ligieuse, mystique même, soumise, dévouée, humble devant
le pape.
Il serait bien hors de propos d'établir des pronostics
et des comparaisons sur cette lettre écrite par une jeune
personne de dix-sept ans, qui n'avait encore ni indépen-
dance, ni maturité, ni pratique de la vie, sur une lettre
où les conventions, l'étiquette, l'intérêt dictaient à la fois
les idées et les mots. Néanmoins la mère de Henri lY, la
future souveraine des huguenots, la rivale jalouse de Ca-
therine de Médicis nous apparaît sous un jour un peu inat-
tendu, avec un singulier mélange de sentiments et de dis-
(1) De Ruble, p. 202.
(2) Proclamé cardinal au consistoire du 18 dèc. 1556, avec le titre
de Santa Lncia in Silice, il renvoya les insignes et justifia son refus
par une lettre datée du 15 mars 1557. Voir les auteurs ecclésiastique,
le recueil d'Angelo Massarelli sur les cardinaux, Arch. Vat., Miscel-
lanea, Armar. XI, tom. 34.
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LE PAPE PAUL III ET JEANNE d'aLBBBT 211
positions que domine déjà la réserve d'an esprit dissi-
mulé. L'impression la plus nette qui ressort de ce docu-
ment, ce n'est pas celle que donne le ton de mysticité, (on
sent un peu d'exagération dans l'étalage de cette piété),
mais plutôt l'étonné ment que cause l'habilité diplomatique
avec laquelle les faits sont exposés sobrement, brèvement
et sous un jour très restreint de vérité. Cette mère qui
préfère l'obéissance du roi à sa vie et à celle de ses enfants
cette Providence qui, pour délivrer l'innocent, réveille chez
François I*' le sentiment de la réalité, tout cela est bien
de gens qui craignent de se compromettre. La lettre a été
d.ictée, il n'y a pas de doute, mais qui a fourni la plus
forte contribution, de la douce Marguerite de Navarre ou
de celle qu'on appela plus tard le grand homme d'Etat du
parti huguenot?
D*" Richakd.
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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
Principaux ouvrages historiques publiés récemment en Italie.
M. Vatasso 6 Pio Fbakchi de'Cavalibri: Codicea VeUicani,
(tomns I, codicee 1-678, Homae, typis Vaticanis); 1902.
G. Stornajolo: Codices Urbinates latini, (tomos I, codioee 1-500,
Romae, ibidO; 1902.
G. Vitali: IDomenicani nella vita italiana del sec, XIII (Firenze^
Uffîcio délia Bassegna Nazionale); 1902.
Sommaire des principales Reyues liistoriques d'Italie
ArchiTio Storico Lombarde.
XXX, fasc. 37, — A. Mazzi : I « Confines Domi et PcUatii » m
Bergamo (continua). — Francesco Malajçnzzi Valeri : Hicamatori e araz-
eieri a Milano, nel Quattrocento (Notizie storiche). — Ettore Verga:
Le corporazioni délie industrie tessUi in Milano, loro rapporti e con^
flUH nei secoli XVI^XVIIL — Carlo Muller: Possedimenti del Mo-
nastero Vecchio di Santa Maria di Pavia in Valle Intrasca (Ïï7ô-Iï80).
— Giaseppe Bonelli : A proposito dei béni di Béatrice délia Scala nella
Calciana.
XXX, fasc. S8. — Alessandro Sepnlcri : I papiri délia basilica di
Monza e le reliquie inviate da Roma, — Achille Batti: Q^uarantadue
lettere originali di Pio II relative a la guerra per la successione nel
Reame di Napoli (1460-1463). — Ottavio Giardini : Nuove indagini sulla
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214 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
vita e le conduite di Andréa Alciato con un Appendice di Epistole inédite
traite dagli autografl di Basilea. — Emilio Motta : OUo pontificati del
cinquecento (Î5Ô5-Ï59Î) iUustrati da corrispondenze irivulziane, —
Franc esco Novati: Bariolomeo Delta Capra ed i primi suai passi in
corte di Borna (1402-1412). — Bartolomeo Nogara: I Codici di Maffeo
Vegio nella Biblioteca Vaticana e un inno di lui in onore di S, Am-
brogio. — Bemigîo Sabbadini: Il cardinale Branda da Castiglionei
e il iHto romano. — Solone Ambrosoli: Una medaglia poco nota di
papa Pio 2 V nel R, Gabînetto Numismatico di Breta in Milano,
Studi storici.
XI, fasc, 4. — F. Baldasseroni: La guerra ira Fireme e Giovanni
Visconti (con documenti inediti). — A. Crivellncci: Délie oHgini dello
Stato Pontificio. — G. Simonetti : Due leitere inédite di Girolamo Luc*
-chesini aWabate Denina.
Studi e documenti di storia e diritto.
Janvier-y/uin 1908. — M. Ricca-Barberîs : Efflcada givHdica del
patio de <fnon praestanda evictioney^, — C. Cipolla: Leitere inédite
di Baterio Vescovo di Verona. — P. Tacchi-Ventnri : Diario cond-
sioriale di Giulio Antonio Santori cardinale di San Severina, —
L. Cantarelli: La diocesi italiaciana da Diocleziano alla fine délVim-
pero occidentale,
IffuoTO Bullettino di archeologia cristiana.
1903, n. 1, 2 e 3. — O. Marucchi: Resoconto délie aduname te-
nute dalla Societh per le confereme di Archeologia cristiana. (a. 1902-
1903); Osservazioni storiche ed epigrafiche sulla iscrizione récente-
mente scoperia délia madré del papa Damaso; Brève aggiunta al-
Varticolo sulla iscrizione délia madré del papa Damaso; La ré-
cente controversia sul cimitero Osiriano e sulla sede primitiva di
s. Pietro in Borna. — A. Colasanti: Un sarcofago inedito con rap-
presentazioni cristiane, (Tav. I). — G. Wilpert: La scoperia délie ba-
siliche cimiteriali dei santi Marco e Marcelliano e Damaso (Tav. II
6 III). — P. Franchi de' Cavalieri : / ss. Gervasio e Protasio sono una
imitazione di Castore e Pollucef — A. Baccî: Lapide commémora-
iiva délia fondazione del « Castellum » a S* Lorenzo fuori le mura.
— G. Bonavenia: Soluzione di un problema intomo al Cimitero di
Priscilla, (Tav. IV- V). — A Profumo : LHncendio neroniano ed i cri-
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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 215
stiani. — R. Kanzler: Di un nuovo cimitero anonimo sulla via La-
Una. (Tav. VI e VII). — A. Bevignani : Osservazioni sulle caiacombe
di s. Vitiarino e cU Bazzano e sopra una capsella per reliquie.
NoTiziE. — O. Mamcchi : Itoma - Scavi nelle caiacombe romane ;
Scoperta di un cimitero ananimo sulla via LaUna - Africa ; Affresco
cimiteriale scoperto a TripolU - Palestina; Scoperta dt un antico pa-
vitnento a musaico in Madaba.
BiBLiOGRAFU. — Di G. Mori e 0. Maruochi.
Annunzio dt pbossima pubbligazionb. —• O. Marucchi :
Bessarîone.
Fasc. 73. (Anno VIIT, Série â«, Vol, V), Luglio-Agosto 1903.
— Marini Mgr. N.: A Sua Santith Papa PU) X. — Rahmani Igna-
tius Ephraem II; Sancti Ephraemi Carmina Bogatlonum (col testo
siro-caldaico). — Revillout E. : U évangile des douze Apôtres. — Pel-
legrini A.: Autografi di Champollion a Firenze. — Palmieri P. A.: Ija
Chiesa Buigara contemporanea, — Rocchi P. A.: In Paracleticam
Deiparae Sanctissimae S. Joanni Damasceno vulgo tributam, animad-
versiones (Appendix). — Revillout E.: Le premier et le dernier des
moralistes de l'ancienne Egypte. — Giamil Mgr. S.: Documenta rela-
tionum inter S. Sedem Apostolicam et Assyriorum Orientalium seu
Chaldaeorum Ecclesiam. (Appendix II, Capnt III-IV). — Parisotti:
Note sulla leggenda e sul culto di S. Giorgio.
Archivio storico italiano.
VoL XXXr, n. 2. — P. Molmenti : La corruzione dei costumi ve^
neziani nel Binascimento. — A. Virgili: Girolamo Aleandro. — N. Ta-
masia: I Barbaricini. — G. Sardi: La cerimonia del decanino a Lucca
nel sec. XVL
Vol. XXXII, fasc 3. — P. Kehr: Le Bolle pontificie che si con-
servano neW Archivio diplomatico di Fireme. — Pietro Santini: Studi
sulVantica costituzione del comune di Firenze (continua). — Clémente
Lupi: La Casa pisana e i suoi annessi nel medio evo (continua). —
Paolo Piccoloinini : Pontificato di Pio III seeondo la testitnonianza
di una fonte contemporanea (con documenti inediti del r. Archivio
di Stato in Siena). — Lnigi Villari: Una nuova Storia universale in-
glese. — Armando Tallone: //6 ostilUh fra la Provenza ed il Delfi'
nato nel secolo XI Y seeondo nuovi documenti. — Amy A. Bemardy :
Frammenii Sanmarinesi e Feltreschi. — Lnigi Rossi: SulV abbandono
di Piombino da parte del Be d'Aragona nel 1448.
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216 BULLETIN BIBLIOOBAPHIQUE.
MisG^Uanea di CMoria eecleriastiea e studl aiuiliari.
Ï903, n* 7. — L. Tonetti e G. Eossicî: L'erodianistno nelle pa-
rabole avangdiche. — II. Beoigni : Le « Umanith cristiane » ed il
can, Guillaume,
N. 8 et 9, — Una Chiesa d'illuminati fra gVIndiani d* America
al principio del XVIII secolo. — A. M. Riberi : Il<De Conformitate »
e la questione del cuore di S. Francesco. — U. Benigni : Il papa Mar-
ciano délia legenda di S. Aléssio,
N. ÎO et il, — 0. Benigni: Il linguaggio délia Scolastica ed il
nostro linguaggio volgare, — V. Boschi : La basilica reatina di S. Eleu-
terio attraverso i secoli. — R. Hinaldi: A proposito délia questione
délie itumanità cristiane».
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UNE RÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE
INTRODUCTION, DÉVELOPPEMENT
ÉfTAT ACTUEL DU PROTESTANTISME DANS LE DIOCÈSE DE NIMES
(Suite)
Ce n'est pas que les mesures de rigueur se soient re-
lâohées: si les synodes parviennent à se réunir, c'est en
trompant la vigilance des gouverneurs et des officiers.
Le supplice du pasteur Arnaud, pendu à Alais et la sus-
picion où étaient tenus les nouveaux convertis, exclus par
exemple des élections municipales, montrent assez la situa-
tion précaire des protestants.
Un fâcheux événement vient pourtant les servir. La peste
ravage la province, et, dans l'intérêt général, des mesures
sont arrêtées, des lignes sanitaires établies, qui vont leur
donner quelques facilités de se réunir sans trop d'inquié-
tudes.
Ils en profitent si bien qu'en 1724, l'évêque d'Alais,
Oh. d'Avéjan, se plaint des résultats absolument négatifs
de la révocation de l'Edit de Nantes et de l'inutilité de
tout ce qui a été fait depuis pour assurer la conversion
des religionnaires et la persévérance des nouveaux convertis.
Son mémoire (1) signale l'extrême fréquence des assem-
blées gardées par des gens armés; l'énorme diffusion de
livres imprimés à Genève, contre la doctrine catholique;
l'abandon général des églises, fréquentées jusque-là au moins
par respect humain ; celui des écoles où les parents refusent
d'envoyer leurs enfants; la célébration des baptêmes et des
(1) Bibliothèque Nationale. Manascrits, n^ 7046.
15
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218 UNE BÉGION PBOTESTÂNTE DE LA FBANCB
mariages sans les cérémonies de Téglise; et enfin, ce qui
provoquait surtout son anxiété, il remarque les progrè»
inquiétants de l'hérésie parmi ceux qui étaient restés fidèles^
à la foi catholique.
Ces doléances et ces plaintes que la voix de l'évêque
d'Alais n'était pas seule à formuler provoquèrent-elles abso-
lument redit de 1724? Il paraît plus probable, et les do-
cuments (1) ne manquent pas pour prouver cette vraisem-
blance, que le clergé n'y eut aucune part et qu'il pouvait
même y avoir dans cet édit un moyen de le soumettre uu
jour lui-même aux Parlements, en ce qui concernait l'ad-
ministration des sacrements et la question des mar^ages^
Car c'était sur ce point surtout que le nouvel édit renou-
velant les prescriptions de ceux qui l'avaient précédé, quant
au culte, aux écoles, aux charges, décernait de très rigou-
reuses pénalités; et les pasteurs ou prédicants étaient sou-
mis à des mesures capitales. Mais Malesherbes prétend qu'il
ne faut y voir qu'une manœuvre de parti visant plutôt
les rigoristes, tant chez les jansénistes que chez les protes-
tants.
Quoi qu'il en soit, l'émotion suscitée chez les religion-
naires par la proclamation de cet acte fut d'autant plus-
considérable qu'ils s'y attendaient moins et que les me-
naces étaient plus terribles. Une fermentation nouvelle de»
esprits se produisit et, sans les efforts d'Antoine Court, un
soulèvement général eut peut-être éclaté de nouveau.
Cependant quelques mois à peine après la promulga-
tion de l'édit, le ministre Corteiz écrivait: «Tous les lieux
ou je viens de passer sont tranquilles ; le zèle est considé-
(1) Eclaircissements historiques sur les causes de la Révocation
de redit de Nantes et sur l'état des protestants. — Rulhière (1788)^
Lettre de M, de Malesherbes (Biblioth. nat., mss. n* 7047).
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UNE BEGION PB0TE8TANTE DE LA FBANCB 219
Table, les assemblées sont nombreuses ». Il est donc pro-
bable que cette année-là, si les inquiétudes du protestan-
tisme renaissant furent très vives et l'alerte très chaude,
sa vie n'en fat pas violemment troublée et les églises con*
tinuèrent à se reconstituer peu à peu.
Un synode s'était immédiatement réuni, où l'on décida
que les protestants s'efforceraient de souf&ir patiemment
les maux dont ils étaient menacés, plutôt que de passer à
l'étranger, et où l'on ordonna un jeûne général pour apaiser
la colère de Dieu et arrêter « le torrent de vices qui étaient
la honte de la Béforme » (1).
L'année suivante, Court se plaignait à un nouveau sy-
node du petit nombre de prédicants et de ministres. Il n'y
avait en effet de pasteurs pour le Languedoc que lui-même
et Corteiz, plus dix coadjuteurs appelés proposants. Il ob-
tint l'élection d'un député général des églises réformées,
chargé d'aller quérir des subsides à l'étranger pour l'éta-
blissement d'une école où les futurs ministres recevraient
leur formation ; et, ce qu'on appela le séminaire de Lau-
sanne sortit de cette délibération, qui, après de pénibles
débuts, devait donner un grand nombre de pasteurs aux
églises de France. Plus tard même devaient se créer les
< écoles ambulantes » pour préparer les tout jeunes enfants
aux études de Lausanne et au ministère pastoral (2).
Des notes de Corteiz nous font connaître l'état de la
religion réformée à cette époque dans le Languedoc et les
Cévennes. S'il faut l'en croire, ces régions comptaient près
(1) Ed. Hugues, Hist de la Best, du Prot (T. I, p. 270;.
(2) Le père du conventionnel Rabant-Saint-Ëtienne, Paul Rabant,
ne à Bèdarrieux en 1718, les fréquenta, fut adjoint à Corteiz à Nî-
mes en 1738, puis passa xme année à Lausanne pour revenir à Nîmes,
d'où il exerça jusqu'à la fin de ses jours une inânenoe prépondérante,
sur les affaires protestantes.
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220 VNE KÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE
de deux cent mille protestants, non compris ceux qui se
disant fcels, assistaient cependant à la messe ! ... Il y avait
cinquante églises dont chacune comprenait plusieurs vil-
lages ou hameaux, ayant à leur tête un synode national;
puis un Conseil extraordinaire qui se réunissait dans les
circonstances graves ; trois synodes pour régler chaque année
les questions d'intérêt général et seize colloques pour les
affaires courantes.
Voici quelles étaient en 1728 les églises protestantes de
nos pays (1):
Synode du Pays-Bas (2).
1. Vauvert, le Cayla, Saint-Gilles, Générac, Beauvoisin.
2. Gaissargues, Saint-Cézaire, Nîmes.
3. Oaveirac, Langlade, Clarensac.
4. Bemis, Uchaud, Milhaud.
6. Calvisson, Saint-Dionisy, Saint-Cosme, Nages.
6. Congénies et les hameaux voisins.
7. Saint*Laurent, Aimargues, Marsill argues, Lunel, Gai-
largues.
8. Aiguesvives et ses hameaux.
9. Aubais, Junas, Villevielle, Sommières.
10. Au del& du Vidourle, Montredon, Favas, Aspères avec
Aujargues, Saint-Bauzille.
11. Oombas, Fontanès, Souvigniargues.
12. Saint-Félix, Vie, Cannes.
13. Sauve, Quissac.
(1) Cité intégralement d'après Corteiz, reproduit par Hugues.
(2) Correspondant à l'arrondissement actuel de Nîmes, plus les
cantons qui dans les arrondissements du Vigan et d'Alais sont aux
pieds des Ce ve un es, avec la partie ouest de Tarrondissement d'Uzés.
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UNE BÉGION PROTESTANTS DE LA FBAKCE 221
14. Saint-Hippolythe, La Cadière.
15. Lézan, Lédignan, Cassagnoles, Massane, Maméjols.
16. Boncoiran, Ners, Lascours.
17. Sauzet, Saint-Génies, Saint-Bauzély.
18. La Bouvière, Saint-Mamert, Dions, La Calmette, Cari-
gnargues.
19. Blanzac, Sanilhac.
20. Uzès, Pail . . .
21. Montaren, La Beanme, Puisargue.
22. Garrignes, Coulorgues, Aurillac.
23. Foissac, Aigaliers, Gatigues, Barron.
24. Saint-Hippolythe, Saint-Jean, Saint-Just, Enget.
25. Saussines, Bouquet, Mailaivargues, Seynes.
26. Lussan, Vendras, Rochegoude, Fond-les- Tavernes.
27. Saint-Laurent, Fontaines, Saint-Quentin.
28. Saint- Ambroiz, Les Mages, Miltem.
29. Saint- Jean-des- Anneaux, Barjac, Salavas, Vallon, La*
gorce.
Synode des Cévennes (1).
1. Ganges.
2. Sumène.
3. La Bivière, Saint-Laurens, Montdardier.
4. Saint-Julien, Boquedur.
5. Le Vigan.
6. Bréau, Molières, Avèze, Aumessas, Arigas.
7. Aulas, Mandagout.
8. Valleraugue.
9. Meyrueis.
(1) Embrassant comme son nom l'indique toutes les régions mon-
tagneases.
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222 UNE RÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE
10. Dnrfort.
11. Anduze.
12. Lasalle, Saint-Bonnet, Soudorgues.
13. Sainte-Croix, Toiras, SaintrJean, Corbes.
14. Mialet, Générargues, Saint-Sébastien.
16. Peyroles, Saint-Martin, Sanmane.
16. Saint-Jean-de-G-abriac, Le Pompidou, Sainte-Croix.
17. Saint-Etienne, Saint-Roman.
18. Les Plan tiers, Saint- André.
Il y avait en outre une église à Saint-Andéol, aujour-
d'hui de la paroisse du Pradel; à La Melouse et Blan-
Tiaves de La Grand' Combe ; ainsi qu'à Génolhac et Cham-
borigaud, localités portées par Corteiz comme appartenant
au synode de la Lozère.
La petite ville d' Anduze possédait enfin une école de
ohant pour l'exécution des psaumes dans les réunions.
Cependant, en 1726, Fleury arrivait au pouvoir; et, fai-
sant renouveler les mesures portées deux années auparavant,
•des protestants capturés au cours d'une assemblée à Val-
leraugue se voyaient condamnés aux galères ou enfermés
dans la tour de Constance (1). Plus tard, c'était le ministre
•d'Uzès, Alexandre Roussel, que l'on exécutait à Montpellier;
«t néanmoins les prédicants, Antoine Court, surtout, jus-
qu'au moment de sa fuite à Lausanne, parcouraient leurs
€ quartiers » pour soutenir le zèle et présider les réunions.
Bien souvent celles-ci furent surprises et dispersées par
les soldats: en 1730 près de Nîmes; en 1732 dans les Cé-
vennes; de 1736 à 1740 à Mandagout, près de Sauve, à
Aulas, aux environs de Nîmes et de Saint-Hippolyte.
(1) Tour qui fait partie des remparts d'Aiguesmortes et qui servait
de prison. Elle subsiste encore.
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UNB BÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE 223
Puis, à la mort de Fleury, le duc de Richelieu gouver-
neur militaire du Languedoc, suivant le changement qui
a'opérait à la cour, témoigna d'une grande indulgence et
laissa les religionnaires assister en paix à leurs assemblées.
L'anoée 1744 fut pour les protestants une année de tran-
<juillité et d'espoir. Eéunis à Calvisson pour la présenta-
tion d'un nouveau pasteur ils be comptent deux mille;
■en septembre, Court, qui est revenu de Lausanne pour
rappeler à l'unité le ministre Boyer (1), préside au delà de
la Tour Magne une grande réunion à laquelle auraient
assisté près de vingt mille personnes!... (2).
€ Jusqu'à cette époque, écrit E. Hugues, le protestan-
tisme n'avait fait ni bruit ni éclat. Il s'était propagé sour-
dement... évitant le grand jour. Maintenant le voici prêt.
Il se sent fort et il veut le prouver. Il ne se cache plus.
Il brave les prêtres >. Et le 18 juin, un synode national,
le premier depuis dix ans, se réunit dans une métairie sur
la route de Nîmes à Anduze avec dix pasteurs et un nombre
double d'Anciens. Aucun danger ne l'ayant menacé, pas
plus que les assemblées qui se multipliaient^ les réformés
pouvaient croire que l'édit de 1724 allait être officiellement
révoqué.
Une recrudescence de rigueur qui devait durer plusieurs
années détruisit leurs illusions, mais n'amena pas plus de
conversions et d'heureux résultats que ces moyens n'en
avaient produit jusque-là.
Soutenus par leurs prédicants et trop nombreux d'ail-
leurs pour jamais perdre complètement courage, profitant
(1) Vue sorte de schisme divisait depuis plusieurs années les pro-
testants et Boyer eu était l'auteur. Il avait pour « quartier » tout le
pays dont les villes principales étaient Valleraugue, Meyrueis, Le Vigan,
Ânduze et Saint-Hippolyte.
(2) Hugues, Hist de la Rest.
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224 UNE BÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE
des moments d^accalmie pour faire constater et lear place
et leur importance, ils conquièrent au contraire peu à peu,
d'abord autour d'eux-mêmes, puis dans l'esprit de ceux qui
gouvernent, cette situation qui finit par être acceptée, à
bout de contacts perpétuels et anciens, d'indifférence ou
d'impuissance.
C'est ainsi que le ministre P. Rabaut traita presque
officiellement, à diverses reprises, avec de grands seigneurs
et même avec Turgot en 1775; que le maréchal de Mirepoix
s'efforça, abandonnant toute idée de répressions, de faire
composer les consistoires des personnes les plus considé*
râbles de chaque pays, afin de prévenir par là toutes réso*
lutions aventureuses et de diminuer les chances que ces
conseils ne tombassent au pouvoir des plus hardis et de»
plus violents.
Il n'alla pourtant pas jusqu'à permettre la reconstruction
des temples et fit même disperser en 17ô6 des matériaux
qu'on avait amassés dans ce but sur les bords du Vidourle*
Mais ni lui, ni personne, même à la cour, ne devait plus
garder des espérances qui pouvaient être admises, à la ri-
gueur, trente ans plus tôt; et, c'eut été folie que de pour-
suivre par la force la conversion des protestants.
Ils allaient conquérir peu à peu les droits civils; et déjà
en 1769, le Parlement de Toulouse reconnaissait la validité
d'un mariage célébré au désert par le pasteur Rabaut. Leur
situation dans le territoire qui devait bientôt devenir 1&
département du Gard était dès lors acquise telle qu'ils la
possèdent encore aujourd'hui, car Nîmes renfermait quinze
à vingt mille réformés.
Ils avaient à Paris un représentant officiel: Court de
Gebelin d'abord, EabautSaint-Etienne ensuite, pour veiller
à leurs intérêts. Le père de ce dernier multipliait de Nîmes
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UNS BÂGION PBOTBSTANTE DE LA FRANCS 225
ses démarches pour obtenir ramélioration légale de l'état
de ses coreligionnaires. Il en parlait en 1785 avec le gé-
néral La Fayette qui lui promit de seconder à Paris le dé-
légué Saint-Etienne; et ce dernier obtenait en effet de
Louis XVI en 1787 l'édit de tolérance, qui, sauf la liberté
publique du culte, reconnaissait aux protestants les droits
communs aux autres citoyens.
lUbbaut-Saint-Etienne, qui avait succédé à son père dans
la charge de pasteur titulaire de Nîmes, rentra alors dans
cette ville et quand les Etats Généraux furent convoqués,
c'est sur son nom que les réformés voulurent aflBrmer
leur rôle politique en l'envoyant siéger à cette assemblée
comme député des sénéchaussées de Nîmes et de Beauoaire.
Il devait en devenir le président, après avoir contribué au
vote de l'article qui garantissait dans la Déclaration des
droits de l'homme la liberté de conscience, et, sous cer-
taines conditions, celle du culte, qui devenait absolue ainsi
que le choix des ministres, dans la constitution de sep-
tembre 1791. Aussi l'année suivante, le vieux Paul Babaut
consacrait-il à Nîmes le premier temple protestant autorisé
depuis la révocation de l'Edit de Nantes.
Quelles furent l'attitude et la situation des protestants du
Gard pendant cette période troublée et sanglante de la
Révolution? Ib l'accueillirent d'abord avec enthousiasme;
mais comme les catholiques ils eurent à souffrir; et leurs
services religieux furent suspendus dès le mois de juin 1794^
assimilés qu'ils étaient à des réunions factieuses. Ils renou-
velèrent alors les scènes du désert et n'eurent pas en gé-
néral de participation odieuse aux violences et aux mas-
sacres de la Terreur. Victimes au contraire de la Conven-
tion ils se virent atteints dans leurs familles principales
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226 UNE BÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE
des Guizot, des Ghabaad-Latoar, etc., et subirent presqu'ab-
solament le sort et la fortane des Girondins.
Leur vieux ministre Paul Babaut fut emprisonné; son
fils Saint-Etienne, élu par le département de l'Aube à la
Convention, fut mis hors la loi, dénoncé par Fabre d'Eglan-
tine, arrêté et guillotiné le même jour; tandis que ses deux
frères, pasteurs également, furent arrêtés et ne durent leur
salut qu'à la réaction thermidorienne.
Ici s'arrête la première partie de notre étude. Il nous
reste à parler de l'état actuel du protestantisme dans le
diocèse, en rappelant d'abord quelle est son organisation
générale, telle qu'elle fut établie par la loi du 18 germinal,
an X, et modifiée par le décret du 2B mars 1852. Nous expo-
serons ensuite son organisation locale chez nous et sa vie,
c'est-à-dire: les particularités de son culte, ses divisions et
son esprit, ses œuvres et ses rapports avec le catholicisme
et les pouvoirs publics.
IL
Lorsque Bonaparte engagea les négociations du Con-
cordat avec le pape, il ne pouvait ignorer ni laisser de
côté la question des églises protestantes. Aussi chargeait-il,
en même temps, un attaché du ministère des Relations
Extérieures, Blanc d'Hauterive, de préparer un projet d'or-
ganisation pour ces églises; et, après diverses propositions,
discussions et remaniements, le Corps législatif et le Tri-
bunat adoptaient une loi dont voici les principales dispo-
sitions :
Les agglomérations de six mille âmes de la même com-
munion dans les limites du même département forment
une circonscription à la tête de laquelle se trouve un oon-
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UNE BÉaiON PB0TB8TANTE DE LA FEANCE 227
siBtoire et des pasteurs. Ceux-ci sont nommés par le con>
sistoire à la pluralité des voix avec confirmation obligatoire
par décret du gouvernement. Ils reçoivent un traitement
et sont inamovibles. Les consistoires se composent des pas-
teurs de la circonscription et de dix à douze anciens
choisis parmi les contribuables les plus imposés de la com-
mune. Us sont présidés par le plus ancien pasteur et veil-
lent au maintien de la discipline, à l'administration des
biens, jouissant comme les fabriques catholiques de la fa-
culté de recevoir des legs et des dons. Au-dessus enfin
des consistoires est établi le synode particulier dont la
•circonscription comprend cinq églises consistoriales et qui
se compose de cinq pasteurs et de cinq laïques délégués
par chacun des consistoires. Mais ses réunions doivent être
autorisées par le gouvernement, et ses décisions, relatives
à la doctrine, au culte ou aux affaires graves, approuvées
par lui.
Cette loi de l'an X ne donna pas complète satisfaction
aux protestants qui ne cessèrent de réclamer des modifi-
cations, et ne parvinrent pourtant 'pas à s'entendre eux-
mêmes entr'eux en 1839. Mais en 1850 une commission
était enfin nommée dont le travail servit de base au décret
du 26 mars 1852 qui régit encore aujourd'hui les églises
réformées, uni aux articles non abrogés de l'ancienne loi
de Tan X.
La paroisse, qui était la base de toute l'organisation
dans l'ancienne discipline, est rétablie partout où se trouve
un pasteur payé par l'Etat. Elle est administrée par le
conseil presbytéral qui se compose du ou des pasteurs, y
compris les auxiliaires, avec l'autorisation du ministre des
cultes, et de laïques dont le nombre varie de quatre à sept,
renouvelables par moitié tous les trois ans, et rééligibles.
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228 UNE RÉGIOy PB0TS8TANTE DE LA FBANCB
Mais 8on autorité est cependant sonmise dans la plupart
des cas au contrôle et à l'approbation du consistoire, au-
près duquel seul il peut intervenir pour la paroisse.
Au-dessus de lui se trouve donc le consistoire composé
de tous les pasteurs titulaires de la circonscription; de tous
les membres du conseil presbytéral de la paroisse chef-lien -^
des représentants des diverses paroisses élus par elles en
nombre égal aux membres précédents, et de délégués laï-
ques élus par les conseils presbytéraux. Les laïques sont
renouvelables par moitié tous les trois ans; c'est parmi
eux que sont choisis le secrétaire et le trésorier, tandis que
le président est un pasteur élu par tous les membres, l'évê-
que de la circonscription, si l'on peut employer ce terme^
au point de vue surtout des préséances.
C'est au consistoire qu'il appartient de nommer les pas-
teurs et de les présenter à l'approbation gouvernementale;
il vote aussi pour le choix des professeurs des facultés de
théologie protestante, approuve les budgets et discute les
décisions des conseils presbytéraux, veille enfin au main-
tien de la discipline, du culte et de la liturgie.
Quant aux synodes particuliers, le décret de 1852 n'en
a pas modifié le caractère; et en 1871 un nouveau décret
répartissait les quelque cent consistoires de France et d'Al»
gérie en vingt et une circonscriptions synodales.
Un conseil central, dont les quinze membres ont tou*
jours été nommés par le gouvernement, malgré ses pre-
mières déclarations, siège à Paris et remplace en fait le sy-
node national sans avoir cependant de jurisdiction qui lui
soit propre. Mais il est consulté par les pouvoirs publics
et par les églises afin d'émettre son avis sur les questions
qui peuvent lui être soumises.
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UNE &ÉGION PROTESTANTE DE LA FBANCE 229
Les protestants du Gard appartenant tous au groupe
de la communion réformée qui suit les doctrines de Calvin,
nous ne parlerons pas des dispositions qui régissent celui
de la confession d'Augsbourg; et nous verrons plus loin
qu'un grand nombre de nos frères séparés, divisés entr'eux,
se soustraient à ces liens, renonçant aussi aux bénéfices
qui peuvent en résulter, pour adopter des cultes indépen-
dants.
Entrons maintenant dans le détail pour examiner la si-
tuation du protestantisme chez nous.
Près de cent paroisses, dix-huit consistoires, sans parler
des communautés indépendantes, environ deux cents pas-
teurs ou ministres, officiels ou privés, le cinquième à peu
près de la population protestante totale de la France (1),
voilà quelle est son existence concrète dans le seul diocèse
de Nîmes.
Hâtons-nous cependant de constater que si les données
fournies par Corteiz en 1728 sont exactes, cette situation
si importante a singulièrement diminué depuis cette époque,
en tenant compte surtout de Taccroissement de la popu-
lation.
Pourquoi ne pouvons-nous pas nourrir la douce espé-
rance de voir, non pas disparaître violemment, ce sentiment
ne saurait trouver place dans des âmes catholiques géné-
reuses et éclairées, mais revenir à l'unité de foi cet im-
mense troupeau que des obstacles presque insurmontables,
(1) On comprendra qu'il nous soit difficile de préciser exactement
les chifi&es, depuis qne le^ recensements officiels ne portent plus sur
la profession de foi religieuse. Nous croyons cependant ôtre près de
la rèalitèt grâce aux renseignements qui nous ont été foornis par
MM. les curés et quelques protestants — dois-je ajouter?... — un peu
moins fermés que la majorité de leurs coreligionnaires en ce qui
touche leurs affaires religieuses?
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230 UNB BÉGION PBOTESTANTB DE LA FRANCS
au moins an point de vne pratique, séparent de la véri-
table église?...
Nous avons énnméré pins hant les centres protestants
constitués au commencement du X VIIP siècle ; établissons
pour le XX* l'organisation des églises réformées, avec les
chiffires de la population, après avoir noté d'abord le rang
qu'occupent certains centres du Grard dans la liste générale
des Consistoriales les plus importantes.
Ed tête vient Paris; puis: NtmeSj Lyon, Marseille, Bor-
deaux, le Havre, Besançon, Alais, Saint-Etienne, Valence,
Mazamet, Nancy, Montpellier, Anduze^ Yernon, Bouen, Mon-
tauban, Saint-Hippolyte-du-Fort, Valleraugue et Saint-Jean-
durOard.
La seconde place ainsi que la huitième, la quatorzième,
les dix-huit, dix-neuf et vingtième ressortissent à notre
pays, attribuées à des villeis et à des bourgs, qui, sauf nos
deux chef-lieux de département et d'arrondissement, ne
jouissent vraiment d'aucune autre espèce d'importance dans
notre belle patrie.
L'archiprêtré de Nîmes voit donc établies, à côté de ses
doyennés et de ses paroisses, les églises consistoriales ré-
formées suivantes:
AigaesTives: 1360 protestants — 640 catholiques. Pa-
roisses relevant de ce consistoire ayant chacune un ou plu-
sieurs pasteurs: Aubais, Bernis, Codognan, Gallargues,.
Uchaud, Vergèze.
Calvisson: 1260 p. — 640 c; Congénies, Clarensac, Nages,
Caveirac.
Saint-Mamert: 300 p. — 260 c; Gajan, Montmirat.
Vauvert: 2890 p. — 1400 c; Aimargues, Beauvoisin,
Générac, Le Caylar, Saint-Gilles, Saint-Laurent-d'Aigouze»
Nîmes: 18000 p. — 67000 c; Milhaud-les-Nîmes.
Sommiëres: 1420 p. — 2390 c. ; Aujargues.
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UNE BÉ6I0N PBOTSSTANTE DE LA FBANCB 231
On trouve dans Tarohiprêtré d'Uzès :
Saint-Chaptes : 886 p. — 440 o. ; Blauzac, Garrigues^
La Calmette, Saint- G-eniès-de-Malgloirës.
Uzès: 1160 p. — 3900 c. ; Aigaliers, Fons-sur-Lussan^
Lnssan, Montaren, ' Saint-Quentin.
Dans l'archiprêtré d'Alais:
Saint- Jean-du-Gard: 3200 p. — 400 c.; Mialet: 960 p.
— 90 c.
Àlais: 6000 p. — 16000 c; Branoux, Saint-Paul-Ia-Coste,
Saint-Hilaire-de-Brethmas, La Grand'Combe, Saint- Chrietol-
les- Alais, Cendras, Tamaris (1).
Àndnze: 3300 p. — 720 c; Générargues, Bagard, Tornac^
Eibaute.
Tézénobres: 630 p. — 326 c; Brignon, Bouooiran, Oas-
sagnoles, Euzet-les-Bains, Lédignan, Lézan, Ners, Saint-
Maurice-de-Cazevieille.
Dans l'archiprêtré du Vigan:
8aint-Hlppolyte-da-Fort: 2760 p. — 1780 c; Gros, Ro-
quedur, Sumène.
SaQTe: 1660 p. — 820 o. ; Canaules, Cannes, Durfort^
Logrian, Quissac.
Tallerangue: 2260 p. — 360 c. ; Ardaillers, Les Plantiers^
Saint-André-de- Val borgne.
Lasalle: 1980 p. — 476 c. ; Colognac, Monoblefc, Sou-
dorgues, Thoiras, L'Estréohure.
Le Tigan: 1900 p. — 3640 c. ; Aulas, Aumessas, Avèze^
Bréau, Mandagout, Molières, Saint-Laurent-le-Minier.
Dans l'archiprêtré de Beaucaire ne se trouve aucune
église consistoriale, mais bien les grosses paroisses protes-
(1) Tamaris n'est qu'un faubourg très important d'Alais, dont la
population devrait s'ajouter à celle de la ville, donnée plus haut.
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232 UKE BEGION PROTESTANTE DE LA FRANCE
tantes de Saint-Laurent-d'Aigouze (consistoire de Vauvert),
Oénérao (id.) et Saint- Gilles (id.).
Enfin dans l'archiprêtré de Bessèges:
Saint-Àmbroix : 740 p. — 2760 c; Bronzet, Bessèges,
Oenolhac, La Vernarède, Les Mages, Saint-Jean-de-Ma^
ruéjols.
Les chiffres ainsi fournis ne s'appliquent qu'à la popu-
lation agglomérée des chef-lieux de consistoriales. Il était
impossible de les fournir de même pour les simples pa-
roisses, parce que celles-ci ont souvent comme annexes des
églises auxiliaires et que leurs circonscriptions territoriales
correspondent rarement à celles des paroisses catholiques
dont elles portent le même nom. Il en serait suivi des
comparaisons absolument fausses entre les deux popula-
tions et des idées inexactes sur la situation du protestan-
tisme au point de vue démographique comparé.
Mais après cet exposé des paroisses et des consistoires
établissons un tableau basé sur les divisions administra-
tives qui parlera davantage aux yeux et donnera une idée
plus précise des positions respectives des deux partis dans
le diocèse.
Tandis que dans la ville de Nîmes les protestants forment
à peu près le quart de la population totale, ils arrivent au tiers
pour l'ensemble de l'arrondissement. Nul sur les bords du
Bhône, dans les cantons de Beaucaire et d'Aramon, le chiffre
de cette population reste encore à près de zéro dans celui de
Marguerittes, mais il s'approche du sixième du total dans le
canton de Saint-Gilles, du cinquième dans celui d'Aigues-
mortes pour dépasser la moitié dans celui de Sommières.
Dans ce canton, les paroisses de Oalvisson, Congénies, Ai-
guesvives ; celles de Vauvert, Gallargues, Yergèze, Le Cailar
dans celui de Vauvert ; de Clarensac et de Gaveirac dans
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UNS BÉaiON PBOTBSTANTB DB LA FBANCE 233
celui de Saint* Mamert sont de véritables fiefs où les catho-
liques ne sont pins quelquefois qu'une infime minorité dans
une proportion qui varie de2à3 — 2à6 — làôet
même 1 à 8.
L'arrondissement d'Uzès ignorerait presque le protes-
tantisme sans les quelques adeptes qui se rencontrent soit
à ITzès même et dans ce canton, soit dans ceux de Lussan
et de Saint-Chaptes. Ceux de Bagnols, du Pont-Saint-Esprit,
de Remoulins, de Roquemaure et de Villeneuve-lez-A vignot),
tous situés à l'Est et sur les bords du Rhône, ne comptent
pas en tout cent protestants sur une population de près
de 48000 âmes.
Dans le canton d'Uzès ils peuvent être près de 3000
oontre 9300 catholiques, dans celui de Lussan 1300 contre
3800 cath. et dans celui de Saint-Cbaptes 3100 pour eu-
viron 4000 catholiques. Ce qui donnerait pour l'ensemble
de l'arrondissement un dixième de population protestante.
La région Cévenole véritablement martelée au coin de
la Réforme pendant les longues luttes religieuses que nous
avons sommairement narrées va nous offrir des proportions
plus fortes en faveur des calvinistes.
C'est d'abord Alais, qui compte plus de 6000 protes-
tants sur près de 25000 âmes. Les deux cantons réunis
avec leurs 38000 habitants doivent comprendre 10000 adeptes
des sectes réformées.
Les cantons de La Grand'Combe: 15700 cath., 3400 prot.;
de Bessèges: 16000 cath., 740 prot.; de Saint- Ambroix:
14800 cath., 2300 prot.; de Barjac: 4100 cath., 660 prot^;
de Genolhac: 10000 cath., 1600 prot., sont, il est vrai, en
très grande majorité catholiques. Mais ceux d'Ânduze:
1400 cath., 6700 prot.; de Lédignan: 900 cath., 3100 prot.;
et de Saint-Jean-du-Gard: 600 cath., 4260 prot. pèsent dans
16
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234 UNE RÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE
la balance de telle sorte, que la proportion totale pour
l'arrondissement serait d'un quart en faveur de la popula-
tion protestante.
Se doutait-on, hors de chez nous, que l'on pût rencbn-
trer en France certains villages comme les six ou sept qui
composent le canton d'Anduze, où quarante, cinquante,,
vingt catholiques, privés de prêtre, bien entendu, loin de
toute église en ces pays de montagne, se trouvaient perdus
dans une masse de cinq cents, quatre cents, cent cinquante
protestants?... — Nous trouverons pire encore dans l'ar-
rondissement du Vigan, où, sur les quelques 68000 habi-
tants se trouvent presque la moitié de protestants.
Le haut canton de Trêves ne les connaît pour ainsi dire
pas. Ils ne sont que 1500 contre près de 5000 oath. dana
celui de Sumène; 800 pour 3500 cath. dans celui d'Alzon;
1400 pour 1900 cath. à Quissac; 6000 contre près de 9000
cath. au Vigan. Si les catholiques l'emportent encore dana
le canton de Valleraugue: 2800 prot. pour 3400 cath., c'est
grâce à ces vallées qui portent le nom de € Terre Blanche »,
et à Valleraugue même les 850 catholiques et leur curé
doyen sont perdus au milieu de plus de 2000 protestants^
répartis en diverses sectes avec cinq ou six pasteurs.
Mais ils deviennent sensiblement supérieurs en nombre
avec 3500 adeptes pour 3300 cath. dans le canton de Saint-
Hippolyte. Ce chiffre passe à 3000 pour 1350 cath. dan»
celui de Sauve; enfin il s'élève à 4800 contre 750 cath. à
Lasalle et à 3500 pour 300 cath. à Saint-André-deVal*
borgne. Dans ce dernier canton se trouvent seulement deur
paroisses catholiques et deux prêtres pour les desservir:
l'un, M. le curé doyen consacre son ministère à 240 catho-
liques et sur ce nombre trente se trouvent véritablement
noyés parmi les mille protestants du bourg des Plantiers;
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VVK RÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE 235
l'autre donne ses soins aux soixante fidèles épars dans trois
villages qui réunissent ensemble une population protestante
de 1150 âmes!...
Tout commentaire et toute réflexion nous semblent ina*
tiles; et personne ne refusera avee sa sympathie son ad mi*
ration pour le dévouement, l'abnégation et le zèle si né-
cessaires et, disons-le bien haut, naturels et communs à
ces prêtres perdus dans un milieu si difficile, privés de tant
de secours et de consolations, ne jouissant pas même dans
ces pays de montagnes et quelque peu rudimentaires en-
core des commodités permises qui peuvent délasser l'esprit
et reposer le corps.
 côté de cette situation numérique si importante, le
protestantisme détient, dans le diocèse de Nîmes, une situa-
tion sociale plus considérable encore.
Si les talents, les vertus, la science ne sont certainement
pas plus son apanage qu'il ne serait exact de les revendi-
quer exclusivement pour le catholicisme, il n'en va pas de
même de la fortune, du commerce, de l'industrie et des places
dont nous connaissons les modes actuels d'attribution.
Tout cela, il faut l'avouer, est entre les mains des pro-
testants. C'est qu'ils savent merveilleusement se soutenir
et s'entr'aider. Par principe, la clientèle protestante ne
s'adressera qu'à un fournisseur protestant. Un solliciteur
protestant ne sera jamais éconduit par ses coreligionnaires.
Une catastrophe menacera-t-elle quelque maison d'en-
seigne huguenote? les derniers efforts seront tentés pour
la sauver. Nous connaissons tel tribunal de commerce où
sous une présidence protestante, l'homme étant d'ailleurs
vénérable et d'une probité au-dessus de tout soupçon, le
nombre des faillites prononcées contré des protestants s'a-
baissa a d'infimes proportions, tandis que celui des décla-
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236 UNE BÉGION PROTBRTANTE DE LA FRANCE
rations relatives à des catholiques ne subissait guère de
modifications.
Alors seulement qu'il devient tout à fait impossible de
sauver une situation ou un individu, le parti lâche son
adepte; mais dans oe cas, c'est un silence de tombe: plus
un mot de lui à l'extérieur; à peine quelque fugitive et
rapide allusion entr'eux.
Que n'obtiendrait-on pas avec une telle méthode et une
consigne devant laquelle s'effacent toutes les divergences
que pourraient susciter les opinions et les croyances par-
ticulières à chaque secte.
Ils n'ont pas chez eux cette action dissolvante d'une
certaine presse qui a tué chez nous le respect de l'autorité,
semant l'indifférence sinon la défiance à l'égard de nos chefs
qui se taisent souvent parce qu'ils savent trop combien ils
seraient discutés avant d'être suivis. . . s'ils devaient l'être.
Leurs chefs à eux, soit pasteurs, soit personnages in-
fluents, sont toujours sûrs d'être écoutés avec respect et
suivis avec confiance par ceux mêmes qui en religion pour-
ront discuter leurs doctrines. Aussi se sont-ils fait en France,
et tout particulièrement chez nous, une large place dans
la vie politique, municipale et représentative.
Que l'on établisse le nombre de députés et de sénateurs
protestants, et l'on sera édifié. C'est un fait extraordinaire
que deux protestants aient été remplacés à Alais et au
Yigan, ces dernières années, par deux hommes baptisés à
l'église dont l'un au moins doit son éducation à la charité
ecclésiastique, mais qui votent à la Chambre des députés
pour tout projet hostile à l'idée catholique. Leur élection
ne se fut point faite sans cela. Un ancien pasteur, grand
dignitaire de la Franc-Maçonnerie, représente les mêmes
idées à la Haute Assemblée.
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UNE RÉGION PR0TB8TANTB DE LA. FRANCE 237
Il est à constater, bien qu'on rencontre des protestants
dans tons les partis, qu'en général les divisions et les dis-
sensions politiques n'ont pas porté au protestantisme d'at-
teintes tant soit peu comparables à celles dont les partis
catholiques V>nt eu à souffrir. Le long passé de ces derniers,
leurs attaches et leurs traditions, de fières et nobles fidé-
lités en même temps que des sentiments de respectueuse
^'déférence, de confiance filiale, ou certaines considérations
inévitables, hélas! et presqu'inéluctables expliquent ces
atteintes. Mais le protestantisme d'origine plus que libérale
n'a eu aucune peine à s'accommoder très facilement de
l'esprit démocratique qui s'impose aujourd'hui en France
comme une réalité et comme un fait brutal. — D'ailleurs,
ne s'accommode-t-il pas avec une égale facilité des monar-
chies d'Allemagne ou de Scandinavie?...
Aussi a-t-il obtenu dans la vie publique des résultats
qui peuvent servir de leçons à ceux qui parlent beaucoup,
agissent pea et veulent ignorer surtout les sacrifices. Sont-ils
en majorité absolue dans une ville ou un village? ils ne
souffriront pas qu'un seul catholique praticant s'assoie eu
côté d'eux dans le conseil municipal ou remplisse une des
fonctions rétribuées par la commune. A cette condition ils
pourront témoigner une condescendance bienveillante envers
le culte catholique.
Mais si la lutte s'engage, l'issue en sera également re-
doutable aux catholiques: vaincus ils ne désarmeront jamais ;
vainqueurs, et c'est en général le cas le plus fréquent, leurs
adversaires n'ont à compter sur aucune générosité, heureux,
si une haine trop fréquente ne se met pas au service d'une
hostilité qui part de plus haut. Les municipalités de Nîmes
et d'Alais pour ne parler que de nos grandes villes sont
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^238 UNE BiGION PBOTSSTANTB DE LA FRANGE
entre les mains des protestants, malgré nne population ca-
tholique trois et quatre fois supérieure.
LA VIE PROTESTANTE. — Où serait-elle plus active
^ue dans notre diocèse?... Aussi les lignes qui suivent, bien
que se rapportant au protestantisme en général, sont-elles
d'un intérêt très présent dans cette étude. Nous y passerons
successivement en revue les ministres et leurs auxiliaires,
le culte, les fidèles et les œuvres, les sectes et enfin l'esprit
du protestantisme, ses rapports autour de lui et son avenir
^hez nous.
Les Ministres. — Une brochure qui nous parvenait hier
encore sur Tun des plus vaillants parmi les prêtres du Gard,
tombé récemment au champ d'honneur, nous disait sa jeu-
nesse et tous les signes évidents de la vocation auquel Dieu
l'appelait (1). Quand nous portons nous-mêmes nos regards en
arrière, vers ces premières années où la conscience s'éveille, où
le cœur connaît ses premières aspirations, nous retrouvons ces
signes, et notre esprit s'arrête avec complaisance sur leurs
naïves manifestations. Nous en avons ouï un récit identique
de bien de nos amis, prêtres à cette heure. Jamais à notre
connaissance, et nos premières années se sont écoulées ce-
pendant dans un milieu absolument protestant où nul de
nos jeunes compagnons n'appartenait à la religion catho-
lique, jamais nous ne leur avons entendu exprimer le désir
de devenir pasteurs. Nous fûmes même très surpris, plus
tard, d'apprendre que tel ou tel venait d'entrer à la fetculté
de théologie, alors que rien n'avait paru d'abord l'incliner
vers le pastorat.
(1) Un véritable sentiment d'admiration pour ses vertus sacerdo-
tales et son zèle souvent mis à de rudes épreuves, nous font un de-
voir de nommer ici Monsieur Joseph Bassaget, curé de Saint-Martin-
de-Valgalgnes, mort au mois de septembre dernier.
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UNE BÉGION PBOTBSTANTE DE LA FBANCE 239
Dès lors, y aarait-il vraiment chez les ministres du
culte réformé cette note de la vocation, requise chez nous,
•examinée, approfondie dans la conduit», non plus seulement
des premières années, mais de celles qui précèdent l'admis-
sion aux saints ordres, pour y être reçu ?
Non; nous ne pensons pas que la vocation telle que
nous l'entendons, existe chez les jeunes protestants, futurs
-élèves des facultés de théologie. Inclination, goût naturel,
oui; désir de se consacrer au prochain, de lui faciliter
l'imitation du Christ, de le lui faire mieux aimer, oui en-
core, mais assez tard, et pour certaines âmes d'élite bien
rares; pensée de la considération dont on jouira, vie com-
mode en somme et facile, perspective assez souvent réalisée
•d'un mariage meilleur que n'eussent pu le faire un médecin,
un avocat, oui, bien plus souvent. Voilà quels seraient les
facteurs, les éléments de la vocation pastorale. Les ap-
parences sont bien telles en effet: n'auront-ils pas une fa-
mille à laquelle ils devront d'abord se consacrer? Leur rôle
diffère-t-il beaucoup de celui de simples lecteurs et com-
mentateurs de textes, que chacun reste libre d'interpréter
À sa guise? Ont-ils une telle foi en leur mission qu'ils s'y
Attachent irrévocablement?... (1).
En fait, le jeune homme protestant fait ses études au
lycée où il reçoit l'instruction religieuse commune à tous.
Il doit les couronner par le succès aux examens du bac-
•calauréat, condition indispensable pour devenir étudiant de
théologie.
(1) Qaaod un pasteur est nommé à quelque église, on dit chez
les protestants, qu'il a € vocation» pour cette église.
Mais on comprendra que nous nous gardons bien de donner
comme absolnes, des considérations sur une question si délicate et
qui relève en somme de la conscience de chacun.
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240 UNE RÉGION PROTESTANTS DE L4 FRANCE
Et alors, sans autre formation, si le cœur lui en dit,,
si sa famille l'y décide (1), si un désir d'apostolat l'y
appelle vraiment, il ^ntre à Tune des facultés de théologie
protestante de Paris ou de Montauban reconnues encore
et payées par l'Etat; s'il ne préfère celle de Genève avec
ses doctrines libérales. Les étudiants y suivent une cer-
taine règle qui en fait un peu comme des séminaristes;
leur conduite, saut les faiblesses individuelles qui peuvent
se rencontrer partout, y est très digne, et leurs études suf-
fisamment approfondies pour que les thèses qu'ils pré-
sentent à la fin aient assez souvent une véritable valeur
scientifique, et défendent l'erreur avec un réel talent. Elles
ont pour objet une question de théologie, d'histoire ecclé-
siastique ou de discipline, i>ont imprimées et offertes par
l'auteur à ses amis.
Ses études terminées (2) par l'heureuse soutenance de
sa thèse, le postulant au ministère doit chercher ou se
faire trouver une église.
Les protestants ont des organes de publicité sortes
d'€ Officiel > qui font connaître les vides se produisant dan»
les rangs des pasteurs en exercice. Si le pays où une suc-
Ci) Ils se recrutent beaucoup comme le clergé catholique parmi
d^hnmbles familles grâce à des sacrifices ou aux bourses si nom-
breuses dans les établisëements public; et ces familles, en général trèa
religieuses, sont très fières de voir leurs fils pasteurs.
(2) Elles durent quatre ans, et embrassent le programme suivant:
Philologie biblique et ecclésiastique, comprenant Thébreu et Pa-
raméen, le grec du Nouveau Testament et la Patristique, ainsi que les-
langues anglaise et allemande. Tbéologie historique, qui se divise en
Histoire et Littérature bibliques, Histoire du christianisme et Histoire
comparée des religions. Théologie systématique et Théologie pra-
tique.
L'étude du grec et de l'hébreu est obligatoire ; et un étudiant ne
peut se présenter comme pasteur ofiBciel qu'après avoir obtenu soa
baccalauréat en théologie.
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UNE KÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE 241
cession vient de s'ouvrir plaît au jeune pasteur, il envoie
au conseil presbytéral de l'endroit, une lettre dans laquelle
il exprime son désir de se faire nommer à cette église. On
lui assigne un dimanche. Il arrive et prêche. S'il est heu-
reuXf s'il plaît, le conseil presbytéral l'accepte, ou en cas
contraire le refuse. S'il est refusé le candidat malheureux
cherchera une place ailleurs. S'il est accepté, le conseil
formule son acceptation, l'envoie au président du con-
sistoire de la région; celui-ci, s'il n'a rien à dire contre
le candidat, envoie sa nomination au préfet, le préfet au
ministre des cultes qui fait signer le décret de nomination
au Président de la République.
Le pasteur agréé émarge dès lors au budget et prend
possession de son poste. Il le gardera tant qu'il voudra,
étant inamovible; mais rien ne l'empêche d'aller ailleurs
en recommençant les mêmes démarches. Sont-ils plusieurs
pour la même église? il n'y a ni supérieur ni inférieur;
égaux entr'eux, et, s'ils le voulaient, absolument indépen-
dants l'un de l'autre, ils s'entendent généralement et éta-
blissent une sorte de roulement dans leur service.
Qui les a envoyés? Eux-mêmes. Pourquoi sont-ils là?
Pour de simples considérations de convenance, vous expli-
quera la doctrine protestante : en raison du besoin d'ordre
et de régularité inhérent à l'organisation de toute société.
Mais toutes leurs fonctions peuvent être accomplies par
d'autres fidèles qui se passent bien souvent d'eux d'ailleurs,,
soit que les pasteurs se rendent un dimanche à telle église,
le dimanche suivant à telle autre, s'ils en ont deux à des-
servir, soit qu'à l'époque des vacances, une plage ou quel-
que fraîche vallée les retienne de longues semaines loin
d'un troupeau qui trouve toute naturelle une pareille ab-
sence et n'en souffre pas.
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242 UNE RÉGION PROTESTANTE DE LA VRANOB
Ordinairement les fonctions pastorales consistent à annon-
cer la parole de Dieu, à présider les services religieux, à donner
le baptême, à procéder aux actes principaux delà vie religieuse:
première communion, mariage, enterrements, et à visiter les
malades bien que ce soin regarde plus spécialement les diacres.
Mais avant d'aborder ces fonctions, le jeune pasteur
aura reçu la consécration. Ce n'est pas notre ordination;
et l'imposition des laains, pour l'Eglise réformée, symbole
de bénédiction et de consécration tout ensemble, n'est nul-
lement prescrite, n'est pas réclamée, dit-elle encore; mais
c'est un mode d'institution qui a été généralement adopté
et l'ensemble de la cérémonie représente pour elle l'acte
«olennel par lequel un candidat s'engage non seulement à
son service, mais au service de Christ. « Ce n'est pas une
simple formalité religieuse rendue obligatoire par l'usage,
nous écrit-on; ce n'est pas non plus un opus operatum; c'est
une institution humaine, ecclésiastique, qui a pour but de
répondre d'une façon particulière à la parole de Jésus:
Allez, et faites disciples tous les hommes ... — Ce que
l'on demande, ou du moins, ce que l'on s'efforce d'ob-
tenir de tout candidat, c'est que dans son cœur il soit
déjà consacré à son maître, et qu'il ait répondu à l'appel
intérieur de Christ qui lui a dit: Toi, suis-moi, et va an-
noncer le royaume de Dieu! >
Ce n'en est pas moins une de leurs cérémonies les plus
imposantes que celle de la consécration d'un nouveau pasteur.
L'une des plus récentes se déroulait en décembre der-
nier dans une ville du midi de la France et c'était le fils du
pasteur lui-même qui allait être consacré. En voici un
compte rendu:
Un grand nombre de ministres — toujours le plus grand
nombre possible — sont réunis autour du candidat.
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UNE RÉGION PitOTBSTAKTE DE LA FBANOB 243
M. le pasteur G. fait la lecture en obaire, invoque
«aint Paul et demande à Dieu d'accueillir le nouveau
pasteur.
Pais M' A., père du jeune homme, prend la parole:
< Il plaît à mon cœur, dit-il, de voir s'épanouir en toi Tin-
fluence mystérieuse de Dieu>. Evoquant le souvenir de
saint Paul: € Comme lui tu seras placé, demain, au-dessus
de toutes les querelles de parti, prêchant au nom de Christ,
ayant mission en son nom de sanctifier le corps, la santé,
la jeunesse et Tâme >. — « Tu te méfieras, mon fils, de
œrtain socialisme qui voudrait rénover le monde d'un coup
de baguette magique. Les révolutions fécondes se font dans
les esprits, dans les lois, dans les mœurs, dans les cœurs,
et c'est ainsi que les institutions se renouvellent. — Aux
ligues de bien public et à toutes autres d'ordre public tu
prêteras ton concours actif». — € Les athées poussent des
cris d'allégresse. On veut retirer les subventions aux ins-
titutions religieuses. Ce sera, disent-ils, la fin du christia-
nisme. Les églises pourront être modifiées; elles ne dispa-
riatront pas». — cil ne faut plus de ces pasteurs dont le
succès en chaire éteint l'enthousiasme, le zèle et les fa-
cultés, qui, en dehors de cette chaire, ne savent rien dire !
Tu devras..., etc. Mais qui es-tu? Rien. Aussi bien ce
n'est pas toi, c'est Christ en toi! » etc., etc.; et il termine
par ces mots : € Quant à toi, ô mon Dieu, nous te remer-
cions de nous avoir donné ce fils! Ta m'as entendu.
Merci ».
Après ce discours vint la consécration proprement
dite, la réponse du nouveau pasteur au président: «Vous
promettez de garder pieusement les secrets qui vous seront
confiés, sauf en ce qui concerne les crimes de haute. tra-
hison, etc., etc. — Je le promets ». Tous les pasteurs alors,
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244 UNE BÉQION PROTBSTANTE DB LA FRANCE
en longue robe noire et rabbat blanc, se rapprochent et
lèvent lenrs mains sar la tête de leur nouveau collègue.
Le pasteur B. fait la prière de la consécration; un autre
rend grâces à Dieu pour l'introduction de ce nouveau ser-
viteur et enfin, après divers chants, le jeune pasteur monte
en chaire, narre sa vie, remercie ses parents, s'humilie di-
sant qu'il a péché et que Dieu lui pardonna, parle de son
ministère et de son espoir en Dieu et termine par son
premier « Amen » prononcé les bras levés en signe de béné-
diction sur l'assistance entière.
En dehors des actes, peu fréquents, de leur ministère,
les pasteurs travaillent surtout en vue de la prédication;
et certains ont le bon goût de ne point négliger ni Bos-
suet, ni Bourdaloue, ni Massillon. Pour le reste, avec une
très grande régularité de vie, ils se mêlent à la vie du
monde. Mariés 'au bout de quelques années au plus et gé*
néralement bien mariés, selon l'expression consacrée, car
ils sont pour les jeunes filles protestantes pieuses, ce que
les officiers ont été pour les jeunes filles en général jus-
qu'à ces dernières années, ils ont de nombreuses relations,
font des visites, voyagent, vont au théâtre, dans notre
Midi, aux arènes (1), on les voit aux réunions publiques,
ils connaissent nos opéras, leur bibliothèque renferme les
ouvrages de tous nos écrivains en renom, modernes et con-
temporains.
Leur costume un peu solennel avec la redingote et la
cravate blanche est assez délaissé aujourd'hui; ils s'habil-
lent comme tout le monde et s'accommodent des exigences
du sport ou des réunions mondaines.
(1) Très fréquentées au moment des courses de taureanx ou lors
de représentatioDs théâtrales extraordinaires.
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UNE BÉaiON PROTBSTANTE DE LA FRANCE 245
Ce n'est pas que leur situation soit brillante au point
de leur permettre un vrai train de maison; mais cepen-
dant leur traitement n'est jamais inférieur à 1800 francs
pour la troisième classe. Il s'élève à 2000 fr. pour la se-
conde et à 2200 fr. pour ]a première. L'Etat peut en outre
leur allouer sur demande annuelle un secours supplémen-
taire de 100 ou 160 francs, et presque toujours le conseil
presbytéral leur donne un supplément ^e traitement et une
indemnité de logement que la commune fournit, si le con-
seil justifie de l'insuffisance de ses ressources en produisant
son budget.
D'ailleurs, la paroisse se rend-elle compte de la pau-
vreté de son pasteur, qu'une souscription s'organise, qui
donne quelquefois un produit très considérable. Puis sans
qu'il y ait à proprement parler de casuel, les mariages et
les premières communions permettent d'offrir soit de riches
cadeaux, soit des dons en argent. Et très souvent enfin,
des leçons ou répétitions permettent d'arrondir un budget
que la dot de la femme vient souvent rendre très satis-
faisant, même avec les charges d'une nombreuse famille.
Si le pasteur est âgé ou devient infirme, on lui en
donne un autre qui prend le titre de suffragant; si c'est
la paroisse dont l'étendue réclame une assistance^ le pas-
teur supplémentaire s'appelle adjoint; enfin, dans bien des
endroits existent des agglomérations protestantes et des
églises non érigées en paroisses officielles. Le conseil pres-
bytéral pourvoit à leur service en y nommant, avec l'ap-
probation du consistoire, mais sans la ratifioation gouver-
nementale, un pasteur qui porte le nom d'auxiliaire, qui
peut siéger, en ayant voix consultative, dans les conseils
et dans les consistoires, avec autorisation du ministre des
cultes et que le consistoire sur l'avis du conseil prqsby-
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246 UNE RÉGION PB0TB8TÂKTE DE LA FRANCE
téral, peut révoquer lui-même, tandis que les pasteurs, nous
Pavons dit, sont inamovibles.
A côté de ces diverses catégories de pasteurs, siégeant
au € parquet » dans les réunions religieuses, se trouvent
les conseillers que l'on appelle aussi anciens, et les dia-
cres. L'élection des premiers se fait un dimanche à la porte
du temple par un choix d'électeurs, car tous ne sont pas
admis. Ils se rapprocheraient du type de nos fabriciens.
Les secouds qui n'ont rien d'un caractère que leur nom
paraît rappeler, sont chargés d'une certaine mission, par
exemple : veiller aux malades et aux pauvres, faire la col-
lecte, aider les pasteurs dans les œuvres de charité orga-
nisées, etc.
Le ealte. — Le dimanche, à une heure assez tardive de
la matinée, la cloche, très modestement suspendue, si l'édi-
fice n'est pas quelque ancienne église avec clocher, appelle
ou plutôt invite les protestants à se rendre au temple. Bien
ne les y oblige ; et nul précepte ne leur impose une assis-
tance à un office ou un mode particulier de sanctificatioui
du jour réservé au Seigneur.
Qu'une grande fgte se célèbre, qu'un prédicateur connu
prêche dans l'église voisine, et la curiosité les conduira au
pied de sa chaire, ou plus exactement dans les tribunes et les
bas côtés comme nous avons vu plusieurs fois, nous-mêmes,
se produire ce fait, toutes les convenances étant d'ailleurs
gardées. Aussi, selon les pays, arrive-t-il souvent que la
froide solitude du temple n'est pas plus animée ce jour-là
que les autres.
Et c'est pourtant cette réunion, qu'ils appellent «le
Culte >, qui est toute la manifestation extérieure de leur
religion !
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UNE BÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE 247
La cloche les invite donc, et le temple habituellement
fermé a ouvert ses portes. Kien que de grands murs nus et
peints à la chaux; des chaises, des bancs; une séparation
vers le haut de la salle qni forme le parquet des places
d'honneur; une table de marbre, et une chaire, au milieu,
tout à fait au fond. Des lampes dont on se sert rarement^
quelquefois une tribune avec des orgues ou un harmonium^
et c'est tout.
Sévère et glacial, le cadre Test. Que les joyeux canti-
ques de confiance et d'allégresse ne retentissent pas sous
ces voûtes! Que le sourire de l'amour divin ne naisse pas
sur les visages! leurs notes y détonneraient; sa grâce ne
pourrait pas s'y épanouir.
Aussi, des chants lents et austères s'élèvent-ils de ces
lèvres dont le mouvement ne rompt pas l'impassibilité du
visage.
En entrant, personne n'a témoigné par un geste que
cette salle est un lieu religieux; tous se sont assis et nul
genou ne se fléchira à l'heure de la prière; c'est debout
que prie le protestant.
Mais voici qu'au fond le pasteur apparaît en chaire.
Il a revêtu par-dessus ses vêtements une robe noire et un
rabbat, assez semblables à ceux que nos avocats portent
au prétoire. La voix s'élève, qui n'a plus le ton naturel^
et ce n'est pas non plus celui du seul recueillement, mais
plutôt d'une sorte de gravité monotone dont elle se défait
parfois dans les sermons. Il récite une partie de nos prières
catholiques: le Notre Père, le Je crois en Dieu, le Je me
confesse avec certaines mutations, et, à l'absolution, il étend
les mains sur le peuple. Celui-ci reprend le chant des Psau-
mes de David traduits par Marot et le pasteur commente
ensuite un passage de la Bible. Quelquefois il fait un ser-
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248 UNE BÉOION PROTESTANTE DE LA FRANCE
mon; on chante encore, les diacres passent dans les rangs
pour faire la collecte, et le Culte est fini; chacun rentre
chez soi.
Le temple reste ouvert cependant. Dans l'après-midi,
des dames, des demoiselles zélées y viendront faire ce qu'on
appelle l'Ecole du Dimanche. Cette école répond à nos ca-
téchismes, ceux qui la suivent sont les catéchumènes et les
personnes qui veulent bien s'y dévouer pprtent le nom de
monitrices. Ce sont les pasteurs eux-mêmes qui se chargent
des catéchismes de première communion.
Et après cela, le temple est fermé pour toute la semaine ;
pour plus longtemps encore s'il n'a pas de pasteur titulaire,
ou si celui-ci doit prendre des vacances et ne se fait pas
remplacer. Les fidèles peuvent-ils beaucoup en souflFrir?,..
Nous avons connu cependant en certains pays des Cévennes
des réunions pieuses qui avaient lieu au temple le jeudi soir
vers 7 h. ^\ du mois d'octobre à Pâques, mais bien rares
étaient les personnes qui s'y montraient assidues.
En dehors de ces assemblées religieuses, très souvent, des
pasteurs étrangers viennent donner des conférences; et selon
la renommée du prédicant le temple se remplit. Les sujets
traités sont des plus variés: mauvaise presse, alcoolisme,
missions, guerres, socialisme, immortalité de l'âme; on a
même donné dans un bourg des montagnes, où les exem-
plaires de ses ouvrages devaient être bien rares, une con-
férence sur le romancier philosophe russe Tolstoï.
Ou encore, ce sont de grandes réunions de pasteurs,
reçus chez les habitants - avec très grand empressement
et parfait accueil - car ils sont quelquefois trente et qua-
rante, pour traiter en public, au temple, des questions d'exé-
gèse, des découvertes et des fouilles récentes pouvant mo-
difier l'interprétation de la Bible, etc., etc.
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UNE BÉGION PROTESTANTE DE LA FHANCE 249
Quant à lenrs fêtes, les unes nous sont également com-
munes; d'autres ont leur caractère spécial. Ils ignorent
l'A vent et le Carême; et les jeûnes que nous avons vus
prescrits par les anciennes assemblées du désert leur sont
Aujourd' hui chose très inconnue. Quelquefois cependant
ils ont des prédications au cours du temps qui précède
la fête de Pâques. Pour la Koël, qui est une de leurs plus
grandes solennités, ils ont, pendant les trois jours qui pré-
cèdent, des réunions particulières le soir, au temple, une
sorte de triduum; et le jour même, à part l'office du matin,
qui ne se distingue en rien des autres, il faut que l'église
soit bien pauvre, pour qu'elle n'ait pas dans l'après-midi
«on « arbre de Noël >. Il nous souvient d'avoir vu, enfant,
le sapin qu'une riche famille protestante avait marqué dans
le petit bois qui entourait l'habitation, pour être offert à la
Noël au temple protestant de Valleraugue.
L'arbre est dressé au milieu de l'édifice, ses branches
sont garnies de jouets, de bonbons, d'objets utiles quelque-
fois, l'or des papiers reluit et des flots de rubans achèveut
d'égayer la sombre verdure des branches.
Une foule très nombreuse circule autour, sans aucuu
ordre naturellement, et ce jour-là, on ne reconnaît plus le
temple.
Les femmes des pasteurs, les dames patronnesses d'œu-
vres, les pasteurs eux-mêmes, procèdent au dépouillement
au milieu des désirs bruyamment exprimés et de la joie
non moins exubérante des enfants.
Il est bien inutile de parler des fêtes de la sainte
Vierge (1) ou des saints dont les protestants peu éclairés
(1) Un yènérable prêtre nous a pourtant raoonté qu'un jeune pas-
teur qui 86 trouvait dans sa paroisse lui avait dit qu^à Montauban
il aimait beaucoup à suivre les cérémonies du mois de Marie et les
17
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250 UNB BÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE
et quelques autres, même, se servent pour porter d'absur-
des accusations contre TEglise catholique.
Le Vendredi Saint, alors que tout, dans notre liturgie,,
indique le deuil et la tristesse, que la célébration du saint-
sacrifice et les communions sont suspendues, que nos cloches^
se taisent, les protestants, eux, mettent dans le plus grand
branle les leurs, et célèbrent avec grande pompe la « mort
de Christ». Ils font la Cène ce jour-là. Libre à chacun de
se présenter ou non à cette cérémonie qui n'est pour eux
qu'un symbole, une figure (1). La Cène, d'après le caté»
chisme de Monod, ^ représente l'appropriation de la vie di-
vine que le Christ a apporté aux siens par sa mort et qu'il
entretient par eux et entr' eux par sa présence spirituelle.
Le fidèle prend le pain et le vin - symboles du corps et
du sang de Christ - il rend témoignage à la mort rédemp-^
trice du Sauveur. Il se nourrit de pain et de vin, et il
témoigne que la vie de Dieu qui est en Jésus-Christ, est
la source de sa propre vie. Il prend le repas en commun
avec d'autres croyants et c'est l'acte d'union avec ses frères..
» La Cène est la vraie confession de foi de l'Eglise..
Pour participer à la Cène il faut croire, se revêtir de Christ,
s'aimer les uns les autres et désirer croître dans cette vie.
Sans quoi on communie indignement».
Serait-ce vraiment par scrupule et par suite de cette der-
nière déclaration, que bien peu de monde aujourd'hui fait
la Cène ?...
prédications de la cathédrale; que c'était une privation pour lui de-
ne pouvoir assister dans ce village aux réunions du mois de mai en
l'honneur de la sainte Vierge et qu'il avait son image chez lai.
Qu'il ne le dise pas, lorsqu'il sollicitera une paroisse plus importante..
(1) A tel point — on nous pardonnera de citer ce détail dont la
vérité nous est affirmée — qu'un homme laissant tomber par maladresse
son morceau de pain, son chien, qui l'avait suivi, le happa sans au-
oun scandale pour personne.
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UNE BiK^ION PROTESTANTE DE LA FRANCE 251
La cérémonie est en tous cas très simple: ceux qui se
présentent prennent chacun un petit morceau de pain or-
dinaire et trempent à tour de rôle leurs lèvres dans une
ooupe de vin; pas de préparation spéciale requise.
Et cependant, ils attachent une réelle importance à la céré-
monie de la première commun ion. Le grand nombre des enfanta
des pays encore religieux s'y présentent, après avoir suivi
pendant plusieurs années le catéchisme fait par le pasteur.
C'est au dimanohe de Pâques qu'est fixée cette solen*
nité, une des plus considérables de leur vie religieuse.
Il n'y a pas d'âge déterminé, mais garçons ou filles ont
presque tons quatorze et quinze ans. Nous les avons vus
revêtir pour cette circonstance les robes blanches et les
jolis costumes qui sont aussi en usage chez nous ce jour-là.
La première communion faite, les protestants peuvent
communier encore s'ils le désirent aux grandes fgtes de
l'année, car ils célèbrent généralement, mais toujours avec
la même uniformité de rites les jours anniversaires des
grands souvenirs laissés par le Sauveur.
La Toussaint n'est ni admise ni comprise par eux.
En dehors de ces fêtes, ils célèbrent avec la plus grande
pompe possible, faisant à cet effet de nombreuses invita-
tions, l'anniversaire de la Réforme, qu^ls ont fixé au
1" dimanche de novembre.
Les grandes églises invitent les pasteurs des environs
ainsi que leurs paroissiens et la Béformation donne lieu
à des discours extraordinaires, non moins qu'à des réjouis-
sances privées.
Dans nos Gévennes, cette fête change de théâtre chaque
année: tantôt dans un pays et tantôt dans un autre; sou-
vent dans les champs et toujours dans quelque lieu qui
rappelle les luttes religieuses ou certains épisodes des
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262 UNK BEOION PROTESTANTE DE LA FBANCB
guerres de religion du temps des Camisards. Ils honorent
alors leurs < martyrs » ; et l'on peut deviner quel est le
thème des discours qui sont prononcés en cette circonstance.
Pour un spectateur indiflFérent, rien de plus pittoresque
que ces assemblées, comme nous en avons vu, sous les
grands châtaigners, plusieurs centaines d'assistants étages
sur les flancs d'une vallée dont un emplacement moins
escarpé et assez vaste permettra d'installer ure chaire et
quelques sièges ou bancs pour les personnages de distinc-
tion.
Dans les pays de foi, on se figure grâce à elles, ce que
pouvaient être les fameuses assemblées du désert en sup-
pléant par l'imagination aux sentinelles cachées derrière
les roches avancées, à l'inquiétude des visages et à l'exal-
tation heureusement absentes.
Les protestants ne comprennent pas les sacrements
comme les explique la doctrine catholique et ils les rejet-
tent pour la plupart. C'est ainsi qu'ils définissent le bap-
tême: « Une cérémonie religieuse dans laquelle on présente
à Dieu les enfants nouveaux nés et on les recommande à
sa grâce par la prière». Ils baptisent pourtant comme nous:
Au nom du Père, du Fils et du Saint*Esprit ; se servant
d'eau naturelle qu'ils vont puiser à la fontaine la plus rap-
prochée. Et il ne semble pas que la validité de ce baptême,
sauf de graves raisons particulières de douter, puisse être
mise en cause.
Voici sommairement, comment s'accomplit la cérémonie
du mariage: le cortège prend place dans le temple et les
époux s'avancent près de la table qui se trouve en gé-
néral au milieu du < parquet >. Le pasteur, en robe, se
présente devant eux et leur adresse quelques conseils. Puis
ouvrant la Bible, il en lit certains versets, principalement
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I
UNE BÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE 263
ceux qui ont trait aux devoirs réciproques des époux. Si
la famille est connue de lui, considérable, ou liée par des re-
lations étroites avec lui, c'est un petit discours très soigné
qu'il adressera. Il fait échanger le consentement des inté*
ressés et c'est lui-même, non pas le marié, qui met l'an«-
neau au doigt de la jeune fille; anneau qui ne reçoit bien
entendu aucune sorte de bénédiction.
Et enfin, avant la sortie du temple, il remet au nou-
veau ménage, une Bible, toujours de même format et de
même valeur quelle que soit la condition des personnes qui
la reçoivent.
Les pasteurs visitent assidûment leurs malades ; et leurs
entretiens comme toutes leurs paroles, au cours de ces vi*
sites, ont véritablement un cachet de piété, se rapportant
exclusivement à la résignation, à la confiance et à l'amour
de Dieu. C'est bien sans aucune pensée de prosélytisme
que l'un d'eux se rendit un jour auprès d'une personne
qui nous était chère, et, qu'au moment de se retirer il de*
manda fort discrètement s'il lui serait permis d'adresser à
Dieu une prière à haute voix. La malade acquiesça à ce
désir et fut émue des pensées très surnaturelles dont elle
entendit l'expression, ainsi que des bénédictions appelées
sur elle et sur ses enfants, dont l'un se préparait au sacer-
doce (1).
Si un protestant vient à mourir, le pasteur chargé de
l'enterrement se rend à la maison du défunt à l'heare in-
diquée. Il est en redingote et porte le chapeau haut de
forme. La levée du corps a lieu dans la chambre même.
(1) Ce pasteur, véritable homme de Dieu, d'une inépuisable cha-
rité qu'il oonsaorait indistinctement an service de tous, n'était pas
l'un des pasteurs officiels et nationaux, mais celui de la secte des
méthodistes.
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254 UNE Bi:aioN protestante de la fbance
A son arrivée, ohacnn s'écarte; il reste seul près du cer-
cueil et avec les assistants peut réciter quelques versets
d'Ecriture sainte. Il adresse ensuite une exhortation pour
consoler ceux qui sont frappés. Le cortège formé, dans le
trajet de la maison au cimetière, sa place est derrière
le cercueil, à côté de la personne ou du parent le plus
rapproché du défunt et il doit lui adresser quelques pa-
roles de consolation. Au cimetière il commente en le dé-
veloppant un texte de l'Ecriture qui puisse s'appliquer à
<^elui qui est décédé, destiné aussi à soutenir ceux qui le
pleurent et à les instruire en même temps. Il est de règle
de ne point porter les cadavres au temple. Il y a peu d'an-
nées, cependant, un pasteur assez aimé et déjà ancien dans
la ville d'A.... vint à mourir. Le cortège passa par le
temple où de nombreux discours furent prononcés. Cette
nouveauté ne plut pas à tous, et certains mécontentements
ne se dissimulèrent pas. Etait-ce la crainte d'un rappro-
<)hement avec les rites de l'Eglise catholique?
Nous savons d'autre part que ce fait s'est reproduit
ailleurs et d'autres fois, sans qu'il soit tout à fait admis
ni d'un usage général.
Son discours terminé, le pasteur fait une prière, récite
par exemple le Notre Père qui êtes aux cieux... après quoi
il jette une pelletée de terre sur le cercueil et se retire.
Un dernier mot terminera ces lignes consacrées au culte
protestant; il aura trait aux frais et aux ressources et sera
très bref, car l'on comprend combien réduit doit être un
budget de temple protestant au chapitre: dépenses. Presque
pas de personnel: un sonneur et un concierge, les deux fonc*
tions ne paraissent pas s'exclure; un chantre, et c'est tout.
Pas de grands frais de luminaire, puisque les cierges n'y
brûlent jamais; et comme les offices ont lieu surtout dans
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UNE KÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE 2B6
la journée, il suflSt d'un peu de pétrole pour épuiser la
-question d'éclairage.
Pas d'ornements à réparer ou à renouveler puisqu'il n'y
a pas de sacristie et l'édifice lui-même exige bien peu d'en-
tretien. D'ailleurs le conseil municipal alloue généralement
une petite somme pour l'entretien du monument; et si de
grosses réparations deviennent urgentes ou nécessaires les
protestants ont recours à l'Etat comme nos propres fa-
triques.
Aussi les quêtes qu'ils font aux oflSces suffisent-elles la
plupart du temps pour ces menues dépenses et peuvent-ils
-dans la plupart des pays, nous semble-t-il, ne rien perce-
Toir pour les chaises et pour les bancs.
Néanmoins la récente loi sur la comptabilité des fabri-
•ques a également atteint les conseils presbytéraux qui doivent
présenter leur budget et le faire approuver. Nous avons
■dit plus haut que ces derniers avaient capacité pour rece-
voir, et les dons qui peuvent se produire achèvent d'enlever
tout souci aux administrateurs du temporel des commu-
nautés protestantes.
Les fidèles. — C'est un corps d'armée extraordinaire
•que l'ensemble des adeptes de la religion protestante dans
le diocèse de Nîmes. Mais jamais troupe ne se retrouverait
aussi compacte devant l'adversaire si elle avait autant de
-divisions et la moitié de l'indépendance que l'on rencontre
•chez les réformés.
Divisions très profondes, indépendance absolue qui dis-
paraissent pour ne laisser qu'un bloc en face de l'idée ca-
tholique. C'est le terrain où se retrouveront toujours étroi-
tement unis orthodoxes et libéraux, darbistes et métho-
distes, quakers, salutistes, baptistes ou athées.
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266 UNE RÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE
Les personnes échapperont souvent à cette hostilité et
pourront même nouer des relations l'idée; n'obtiendra ja-
mais une concession. Que d'éléments divers cependant, et
qui ne fraternisent guère habituellement!
Le protestantisme officiel connaît deux grandes divisions
bien tranchées, surtout dans le corps pastoral. Il est assez,
difficile de déterminer si tel centre est plutôt libéral qu'or-
thodoxe, orthodoxe plutôt que libéral. Les fidèles très ins*
traits mis à part, un protestant aura quelque peine à dire
lui-même s'il est l'un ou l'autre. Il peut se faire qu'il soit
l'un aujourd'hui pour devenir l'autre demain. Son pasteur
lui prêche les doctrines libérales, il les suit, ne cherchant
pas à se faire une conviotiou absolue. Un changement se
produit; le successeur est orthodoxe, son paroissien le de-
vient également. Qu'il y ait deux pasteurs attachés à son
église, de sentiments divers, ce qui arrive assez souvent:
il les suivra aussi bien l'un que l'autre ou n'en suivra
aucun.
La grande masse cependant de la population protestant»
celle qui pratique surtout, peut se dire attachée à la doc-
trine orthodoxe, qui est enseignée dans les facultés de Paris
et de Montauban ; car c'est de Genève qu'arrivent les pas-
teurs libéraux.
Et cette orthodoxie consiste en ce que l'inspiration de&
Saintes Lettres n'est pas objet de controverse, ainsi que la
trinité des personnes en Dieu et la divinité de Notre-Sei*
gneur; tandis que le libéralisme n'a pour ainsi dire pas de
dogmes. L'Ecriture sainte est pour lui discutable comme
tout livre historique. L'existence d'un Dieu Un est une
hypothèse, qu'il admet cependant comme probable et même
moralement sûre, mais par suite des données de la raison et
de la conscience! Il en résulte que N.-S. n'est plus pour les.
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UNE BÉGION PROTBSTANTB DE LA FRANGE 257
protestants libéraax qu'un grand prophète, prédicateur
d*ane morale dont ils font l'unique objet de leur enseigne-
ment. Il s'en fallut de peu qu'au synode général de Lyon
en 1872, le dernier en date, les libéraux ne fassent pour
ainsi dire écartés de l'église réformée officielle dont ils con-
tinuent à faire partie, malgré leur évident rationalisme qui
n'a presque plus rien de religieux et vers lequel inclinent
beaucoup de jeunes pasteurs aujourd'hui.
Les catéchismes qu'ils rédigent en portent plus que les
symptômes, et si nous croyons inutile de faire un exposé
théologique des doctrines de Calvin, suffisamment connues
de tous, il ne sera peut-être pas sans intérêt de citer quel-
ques lignes d'un catéchisme assez suivi dans notre diocèse.
« Que savons-nous — enseigne le volume de M. le pas-
teur Géminard, président du Consistoire de Florac — de
l'enfance et de la jeunesse de Jésus?
> B. Les Evangiles nous apprennent qu'il était issu
d'une famille obscure dont le chef était le charpentier Jo-
seph, époux de Marie. Il habita Nazareth avec sa famille^
croissant en stature, en sagesse et en grâce devant Dieu
et devant les hommes.
» Jésus est-il le Messie promis par les prophètes?
» Oui; en ce sens qu'il a accompli spirituellement l'œu-
vre du Messie attendu.
> N'était- il pas aussi Fils de l!)ieu ?
9 Jésus est le fils de Dieu parce qu'il a vécu dans une
union étroite avec *Dieu, tellement qu'il a pu dire: Moi et
mon Père, nous ne sommes qu'un.
> Que dit saint Paul en parlant de Jésus ?
> Qu'il a été semblable à nous en toutes choses excepté
le péché.
» Jésus s'est-il égalé à Dieu ?
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1Î68 UNE RÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE
»Noii; Jésus a toujours établi une distinction entre
Dieu et lui; toujours il s'est reconnu inférieur à son Père:
Mon Père est plus grand que moi.
» En quoi consiste la divinité de Jésus-Christ ?
> Elle réside dans sa sainteté; par cette sainteté même,
Jésus est le Fils unique de Dieu ».
— Nous supposons que MM. les pasteurs veulent bien
fournir aux jeunes intelligences protestantes une abondance
d'explications qui nous paraît un peu nécessaire. —
< Quel fut Teffet de la croyance à la Résurrection sur
les disciples?
» Comprenant que leur maître loin de succomber sous
l'effort des méchants, s'était élevé triomphant vers son
Père, ils furent enflammés d'enthousiasme eb entreprirent
courageusement la conquête du monde.
» Pourquoi croyons-nous en une autre vie?
» Parce que l'homme ne trouve pas sur cette terre la
satisfaction des besoins les plus élevés de sa nature mo-
rale, etc.
» Jésus n'a-t-il pas montré que l'homme ne meurt pas
tout entier?
» Christ a mis en évidence la vie et l'immortalité par
l'Evangile.
» En quoi consisteront les joies de la vie étemelle?
» Dans la communion avec Dieu et dans un progrès
continuel vers le bien.
» Quel sera le sort des méchants ?
» Ils seront éloignés de Dieu et comme brûlés par le
feu du remords.
> Peut-on espérer que leurs souffrances auront un terme?
» Oui; car l'amour infini de Dieu ne pourrait se conci-
lier avec le malheur infini de ses créatures » ! etc., etc.
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UNE BÉOION PBOTESTANTB DE LA FKANCE 259
Certaines réponses sont vraiment fort ingénieuses; mais
peuvent-elles satisfaire, même des orthodoxes, qui voudraient
leur appliquer rigoureusement le système du libre exa-
men?...
D'ailleurs, comme nous récrivait un de nos amis les
orthodoxes ne sont au fond que des libéraux retarda-
taires qui veulent s'accrocher encore à des dogmes chan-
celants sur leurs bases. Et il est temps de faire leur place
à ceux qui ne sont ni de l'une ni de l'autre école, qui n'ap-
partiennent pas davantage à une secte et qui ne sont rien
du tout en matière religieuse. Ils sont nombreux ceux-là,
«t sauf dans les paroisses montagneuses, le temple est bien
souvent désert. Les protestants de nos plaines vivent en
règle avec l'état civil; mais combien peu fréquentent le
oulte et sont instruits en matière de religion ! Les familles
ne sont pas rares qui vivent complètement sans religion
«t qui parfois détestent autant le pasteur que le prêtre.
S'ils ont un jour quelque regret, qu'ils en accusent leurs
ressources plus considérables, qui les ont fatalement entraî-
nés, sans contrepoids sérieux, aux jouissances et aux plai-
sirs, à toutes les satisfactions que l'idée de Dieu aurait pu
gêner !
Dans la montagne, les protestants sont plus religieux
' certaines sectes sont presque des congrégations visant au
mysticisme - et ils sont généralement plus instruits; leur
mémoire est surtout remplie de textes bibliques et beaucoup
possèdent les évangiles par cœur. Ont-ils vraiment une cer-
taine vie surnaturelle? Nous n'oserions pas le nier pour
quelques-uns; mais comment le concéder à des libéraux
ou à des orthodoxes qui n'ont comme idéal qu'une certaine
élévation morale toute naturelle?
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260 UNE BÉOION PBOTESTANTB DE LA FRANCE
A côté de ces deax grandes branches de la famille pro-
testante (1) an grand nombre de sectes et de groupements
particuliers vivent encore dans le diocèse de Nîmes.
Pour ne nous arrêter qu'aux principaux, ayant des cen-
tres assez importants soit à Nîmes, soit à Alais ou dans
les Cévennes, à Lasalle, Saint- André, Valleraugue, etc., nous
nommerons seulement: l'Eglise libre ou Convertis; l,es Mé-
thodistes ou Wesleyens; les Baptistes; les Darbistes; les
Quakers et l'Armée du Salut (2).
L'Eglise libre prit naissance il y a une cinquantaine
d'années, et ses membres s'appellent quelquefois Convertis,
soit parce qu'ils se sont convertis à l'ancienne tradition et
qu'ils sont revenus aux mœurs de leurs ancêtres, soit
parce qu'ils sont libres de toute surveillance, séparés de
l'Eglise officielle, indépendants du gouvernement avec lequel
ils ne veulent avoir aucun rapport. Ils ont leur salle de
réunion à part, ordinairement louée dans une maison par-
ticulière, sans décorations, avec des bancs pour les fidèles
et un siège pour le pasteur, car ils ont un pasteur en
titre, choisi par eux, et payé par eux. Ils lui demandent
de leur parler selon leurs idées, pas davantage; le con-
traire se produirait raremeut puisque c'est dans leur groupe
qu'ils le choisissent et que c'est souvent un bonhomme de
courte instruction. D'ailleurs ce sont les femmes qui com-
(1) Bien qu'unis officiellement pour ne former que < l'Eglise Ré-
formée», orthodoxes et libéraux ne le sont pas toujours en réalité
et ils se séparent parfois. A Lasalle, par exemple, lez» orthodoxes se
sont bâtis un temple à eux et se choisissent leur pasteur, laissant le
temple national aux libéraux et refusant des doctrines qu'ils ne trou-
vaient pas assez religieuses.
(2) Malgré notre vif désir, nous ne pourrons citer ancuD chiffre
relatif aux membres des diverses sectes. Les protestants passent trop
facilement de l'une à l'autre, en suivant même plusieurs, pour qu'ils
puissent eux-mêmes être fîxés à ce sujet.
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UKB BÊGION PROTESTANTE DE LA FRANCE 261
posent cette secte en grande majorité, et leur conversation
est toujours remplie du nom du Seigneur, émaillée d'une
profusion de textes évangéliques ou bibliques qui ne sont
même plus des citations, mais entrent dans ]e langage
courant.
Les Méthodistes prirent naissance en Angleterre vers
la fin du XVIIP siècle à la suite du mouvement non con-
formiste provoqué dans l'anglicanisme par J. Wesley.
Il y aura bientôt cent ans que ses doctrines parurent
chez noQs, où elles conservent d'assez nombreux adhérents,
en particulier dans les régions cévenoles de Valleraugue
par exemple.
Les Oévennes forment même l'un des quatre districts
de l'Eglise évaugélique méthodiste de France, divisés en
deux circuits ayant des pasteurs à leur tête. L'autorité
suprême est la Conférence, composée de pasteurs, qui se
réunit tous les ans.
Les Méthodistes, s'appellent aussi Wesleyens, du nom de
leur fondateur. Ils repoussent les idées de Calvin sur la
prédestination et la grâce ; et adoptent celles de la justifi-
cation par la foi, de la rédemption générale par l'expia-
tion de Jésus-Christ mort pour tous les hommes, du té-
moignage du Saint-Esprit dans la conscience, etc. Leur
secte a ceci de particulier, qu'elle se compose de membres
complètement attachés à ces doctrines et d'adhérents beau-
coup plus nombreux, mais qui suivent facilement d'au-
tres cultes en même temps.
Les Baptistes sont moins nombreux, mais l'on peut en
trouver à Nîmes et à Alais. C'est une secte encore d'ori-
gine anglaise, très répandue en Amérique, lesquels pays
envoient de forts subsides aux vingt-cinq ou trente églises
françaises et en payent les pasteurs.
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262 UNB HÉGION PROTESTA NTB DK LA FBANCB
Se basant sur le texte de Saint Marc : « Celui qui croira^
et sera baptisé sera sauvé », les Baptistes soutiennent que
l'acte de foi personnel et libre doit précéder le baptême.
Celui que l'on donne aux enfants est pour eux de nulle
valeur, en raison du défaut de la volonté. Aussi baptisent-
ils seulement les adultes qui émettent préalablement un
acte de foi et de repentancti, et la cérémonie se fait par
immersion. Les seuls baptisés ainsi sont membres de l'E-
glise, mais ils admettent encore à leurs offices de simples
adhérents et nous ne croyons pas que ceux ci tiennent
beaucoup en général à se faire rebaptiser.
On confond quelque fois, sous la même dénomination
Darbistes et Moraves, sans doute parce que les rares mem-
bres de cette dernière secte, d*origine luthérienne et ger*
manique, se sont fondus avec les premiers qui se rappro-
chent beaucoup de la secte des Quakers.
L'anglais Darby, persuadé que la succession apostolique
avait été interrompue dans sa continuité, en conclut qu'il
fallait rompre avec toute organisation ecclésiastique, quelle
qu'elle fut. Il vint lui-même apporter ses doctrines dans
le midi de la France il y a environ soixante ans, et en
plus de nos villes, on compte de ses disciples dans le&
montagnes. Ils s'appellent < frères » et n'ont aucun prési-
dent ni aucun orateur désigné d'avance dans leurs assem-
blées. L'un d'entr'eux leur sert pourtant de chef, de repré
sentant plutôt. Dans un pays que nous connaissons, c'est
un simple charron, qui convoque les réunions, accompagne
les convois funèbres, et préside aux mariages. Tout frère
cependant peut administrer le baptême et la sainte Cène,,
seuls rites qu'ils aient conservés.
Etant tous égaux, chacun parle dans les réunions, selon
qu'il se croit inspiré de l'Esprit, et quand il a fini se voit
remplacé par un autre.
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UNS BÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE 26^
La patience et la charité doivent se pratiquer forte-
ment dans ces réunions, si les membres ne sont pas tous
nn pen illuminés !
Les Quakers enfin, assez nombreux, tirent leur nom d'une
réponse que leur fondateur G. Fox faisait à un juge vers
le milieu du XVII^ siècle en lui disant qu'il fallait « honorer
Dieu et trembler (quake) devant sa parole ».
Ils condamnent eux aussi toutes les formes extérieures
de la religion, parce que, disent-ils, les rites et les céré-
monies sont un obstacle à la vision de Dieu ; la vérité étant
directement révélée par Dieu à l'âme humaine, ils n'ont
nul besoin de pasteurs. S'ils étaient fidèles à leurs doctrines
ils refuseraient de porter les armes à cause de la parole:
«Tu ne tueras point»; et de prêter serment, car il est
écrit: «Que votre parole soit oui, oui; non, non; ce qu'on
y ajoute vient du malin ». Us condamnent absolument le
luxe; se tutoyent et tutoyent les autres et ne saluent per-
sonne ne voulant se découvrir que devant Dieu. C'est dans
leur réunion mensuelle que s'accomplissent tous les prin-
cipaux actes de la vie: mariages, etc. Un comité qui se
réunit trimestriellement en reçoit les relations et envoie
ensuite des délégués anx grandes assemblées annuelles de
Londres.
Comme chez les Darbistes, leurs réunions commencent
dans un profond silence. On attend que l'Esprit-Saint éclaire
quelqu'un et le pousse à parler. Il y a des retards quel-
quefois et la situation devient gênante ; mais il faut recon-
naître, qu'en général, la fausse modestie n'existe pas chez
eux et qu'une grande sincérité règne dans leurs paroles»
Pour terminer, enfin, disons quelques mots de l'extra-
vagante secte qui porte le nom pompeux d' « Armée du
Salut ».
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264 UNE BÉGIOK PROTESTANTE DE LA FRANGE
Une irrespectueuse mais trop justifiée malignité rem-
place très souvent 1' « S » du dernier mot par un « ch » ;
en effet, l'ordre le plus grand règnerait-il dans la salle des
réunions qu'une véritable cacophonie descendrait encore de
l'estrade des présidents. Ce fut d'ailleurs la pensée et l'in-
tention de W. Booth, fondateur de la secte, qui pour « sauver
les âmes » imagina d'attirer les gens par l'excentricité et
le tapage. Il faut du bruit à la masse, disait-il, et un tam-
bour ou une grosse caisse attireront toujours plus de monde
que la voix de stentor du plus puissant prédicateur. La
confession publique de leurs crimes passés, faite par les
ivrognes, les repris de justice qu'il pouvait attirer sur ses
tréteaux et qui glorifiaient le Seigneur de leur conversion!...
constituait un second appât de scandale; sa prédication
devait alors jeter les âmes aux pieds de Dieu!...
Et les salutistes ont conservé toujours les mêmes pro-
cédés. Combien de fois avons-nous entendu, enfant, leur
charivari musical et vu des scènes de désordre indescrip-
tible!...
Imaginez l'effet produit par la confession publique d'un
homme que dans le village tout le monde connaît et qui
déclare en bégayant: < z'étais un ivrogne, à présent ze
boirai plus! gloire au Seigneur!» ou d'une fille, faible
d'esprit, qui déclare que jusqu'à ce jour: « elle ignorait le
Seigneur, et qu'elle lui rend grâce de s'être révélé; allé-
luia ! »
Ils imaginèrent de représenter un jour à V ... la para-
bole des vierges folles et des vierges sages. L'une des
premières, figurée par une vieille veuve, accoutrée d'un
drap en guise de voile, soupirant après le médecin des
âmes, un rire, plus homérique que jamais, secoua toute
l'assemblée à l'apostrophe lancée par un des assistants qui
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UNS RÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE 266
interpellait par son nom la folle vierge: « Plourès pa,
îîancy, Ion médeci es aqni ! > (1).
« Etes-vons sanvé ? > demandaient ensnite les officiers
^n faisant la quête ; < voulez-vous confesser la bonté de
■Christ?»
Pure extravagance, le salutisme n'a aucune doctrine;
pas de sacrements; c'est la prédication de la simple mo*
raie naturelle, bien qu'il se réclame de l'Evangile; et nous
ne voulons pas nous faire l'écho des accusations et des sus-
picions que provoquent la promiscuité de ces hommes et
de ces femmes officiers ou cadets ; et l'étrauge propagande
que des jeunes filles vont faire dans tous les milieux, et
qui n'ont pour les soutenir qu'un sentiment d'exaltation
i la merci de toutes les aventures que l'on peut supposer.
Presque tous les centres protestants du Q-ard, particu-
lièrement Nîmes et les pays de la région montagneuse, sont
réjouis, puis fatigués par l'armée tapageuse qui ne recrute
guère que des esprits très simples comme adeptes.
Quels rapports ces diverses sectes et les autres grou-
pements protestants ont-ils entr'eux? En général c'est pour
répondre à un désir de perfection plus grande que des
scissions se sont produites et c'est un idéal réel ou ima-
ginaire que poursuiyent les petites chapelles; mais nous
l'avons déjà dit une forte solidarité les réunira en face de
l'Eglise catholique. Un protestant d'ailleurs suivra quel-
quefois les réunions de plusieurs sectes ou passera de l'une
à l'autre (2). Ils acceptent tout : catholiques, juifs s'ils veu-
(1) <Eh! ne plenre pas, Nancy, le médecin est là!> Celui-ci était
en effet présent dans la salle.
(2) On me oite le cas d'nn homme qui était chantre payé au temple
national, et salutiste tout ensemble. 11 tomba malade et tous les mi-
nistres des diverses sectes l'allèrent visiter; mort, ce fut un officier
de l'Armée du Salut qui l'enterra.
18
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266 UNE BÉQIOX PROTESTANTE DE LA FBANGE
lent 86 présenter ne sont pets astreints à une abjuratioDr
solennelle. Qu'ils aillent de temps en temps au temple
— c*e8t une pure hypothèse qui très heureusement ne se
réalise pas, mais dont la conséquence serait certaine —
et meurent sans s'être réconciliés, le pasteur ira tout na-
turellement présider les obsèques. Mais entre les pasteurs,
et, de leur part, vis-à-vis de certaines sectes, régnent sou-
vent moins que des sentiments de bienveillance, plus même
que des sentiments d'indifférence, auxquels un peu de jalousie
ne serait sans doute pas étrangère.
Il nous resterait maintenant à parler des œuvres pro-
testantes.
Laissant à d'autres le soin de signaler les grande»
œuvres nationales d'évangélisation, de propagande, de bien-
faisance, etc., nous ne nous occuperons que de celles qui
sont établies parmi les réformés du diocèse de Nîmes; et
ceci, sans distinction de sectes malgré que chacune puisse
avoir ses œuvres, parce que dans ce cas, elles sont très
souvent similaires.
Et il nous plaît de rendre, tout de suite, un véritable
hommage au zèle que déploient nos frères séparés.
Malgré le nombre et la perfection des œuvres catholi-
ques, malgré la charité qui est l'une des gloires de nos-
associations et qui se manifeste si généreusement parmi
nous, les protestants pourraient peut-être encore nous servir
d'exemple.
N'établissons aucune comparaison; ce n'a jamais été le
but de ce travail; mais si les rares personnes qui liront
ces lignes veulent bien s'y arrêter, qu'elles méditent la
longue liste suivante que nous voulons loyalement citer,
telle qu'elle nous a été fournie par une dame protestante
dont toute la pensée est consacrée à plusieurs de ces œuvre»
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UNE BÉGION PB0TB8TANTB DE LA FRANCK 267
et à la propagande religieuse (1). Elle n'a trait qu'aux
œuvres établies à Nîmes et à Alais et beaucoup d'entr'elles
existent également dans les autres centres protestants.
Œuvres établies à Nîmes:
Diaconats. — Ecoles du dimanche et du jeudi.
Comité auxiliaire des missions évangéliques. — Société
Biblique. — Mission intérieure protestante (Evangélisation
des églises, subventions aux bibliothèques, aux écoles, etc.).
— Ecole Samuel Vincent (internat pour les futurs étudiants
en théologie qui suivent les cours du Lycée). — Société
de théologie du Midi, — Association protestante pour l'é-
tude pratique des questions sociales. — Assistance par le
travail. — Société de patronage pour les garçons; id. pour
les filles. — Salle de lecture et de correspondance pour
les militaires (2). — Ligue anti-alcoolique. — Union chré-
tienne de jeunes gens; id. de jeunes filles. — Maison de
santé où l'on soigne les malades protestants des deux sexes.
— Société des amis des pauvres. — Œuvre des bains de
mer pour indigents reçus dans des locaux spéciaux du
26 juin au 31 août. — Comité auxiliaire de l'Union Inter-
nationale des Amis de la jeune fille. — Œuvre des orphe-
lines du Gard pour les petites filles complètement orphe-
lines. — Orphelinat Coste pour les garçons. — Asile ma-
ternel. — Œuvre des femmes en couches. — Œuvre des
layettes données aux mères pauvres. — Crèche, qui reçoit
et garde les nourrissons privés de mère, jusqu'à six ans.
— Asile évangélique, reçoit à la Famille les petites filles
(1) Faisons toutefois remarquer que plusieurs de ces œuvres ènu-
mérées à part existent chez nous sous la rubrique d'une seule œu-
vre de dénomination plus générale.
(2) Nous n'avons pas appris que cette œuvre ait été frappée du
môme ostracisme que la Maison de Famille catholique, récemment
interdite aux soldats.
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268 UNE BÉaiON PROTESTANTE DE LA FRANCE
orphelines et au Befnge les filles tombées on vicieuses. —
Ecole de couturé du jeudi. — Ouvroir. — Comité de la
crèche des Cévennes, qui envoie les enfants à la montagne
pendant Tété. — Comité des habitations à bon marché
pour la construction de maisons salubres pour les ouvriers.
A la tête de ces diverses œuvres, nous relevons les
noms de cinq pasteurs et des personnes les plus distin-
guées de la haute société protestante.
Pour Alais, il faudrait presque reproduire la même liste.
Certaines œuvres y sont peut-être même plus développées
qu'à Nîmes. L'union chrétienne des jeunes gens et l'asso-
ciation de la solidarité y ont par exemple leur petit journal.
D'autres y sont groupées et réunies sous une seule déno-
mination. L'établissement de Lagorce (Dordogne) pour les
épileptiques, les idiots, les gâteux, etc., y a un comité.
Dans la société des « Fourmis » les jeunes filles doivent
confectionner ou donner chacune deux vêtements d'enfants,
et les distribuer à Noël aux pauvres. On trouve encore
une société protestante de secours mutuel et une belle
maison de santé ou Asile Bonnefon. Des maisons du même
genre existent aussi à Anduze et à Blannaves; enfin les
enfants sourds-muets de toute la Franco sont recueillis dans
une importante institution à Saint-Hippolyte-du-Fort; on
leur donne là l'enseignement que de merveilleuses méthodes
mettent à leur portée et chacun d'eux apprend en outre
un métier.
Cette simple énumération permet de se rendre compte
que la plupart de ces œuvres ne peuvent vivre que par
des cotisations et des dons ; des quêtes plus ou moins gé-
nérales subviennent aux besoins des autres.
Pour ce qui est de la charité immédiatement person-
nelle, les protestants pieux la pratiquent aussi très lar-
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UNE BÉQION PH0TB8TANTE DE LA FRANCE 269
gement. Us ne renverront jamais un des leurs dans le besoin
sans lai venir en aide dans une grande mesure, accompagnant
leur don de quelques encouragements et bonnes paroles. Et
s'ils ont souvent le mot de charité sur les lèvres, reconnais-
sons que tout en l'exerçant surtout et presqu'exclusivement
entr'eux, du moins ils sont très loin de méconnaître cette
vertu. Nous avons plus haut nommé un journal. Tous les
organes publiés par le protestantisme — il y en aurait près de
deux cents — ne sont pas lus évidemment chez nous. Mais^
l'aristocratie, les pasteurs et la bourgeoisie intellectuelle,,
reçoivent presque tous le < Temps >. Un journal populaire
exclusivement protestant rédigé et propagé par les pas-
teurs s'appelle € Le Signal >. Presque tous ses articles ren-
ferment des critiques très développées contre le catholi-
cisme et sa politique est également anti-catholique avant
toute autre chose.
Les pasteurs de l'Eglise libre répandent beaucoup € Le
Helèvement », d'allures très religieuses et point trop ba-
tailleur.
Le < Foyer Protestant » peut se comparer à notre € Se-
maine Religieuse: changements et nominations de pasteurs;
ordre des cérémonies ; comptes rendus des fêtes ; articles de
fond sur une question religieuse. Il relate encore les pro-
grès (?) du protestantisme et rapporte avec éclat les apos-
tasies qui peuvent se produire.
Enfin le journal, que l'on pourrait qualifier de plus sec-
taire, « Le Huguenot », fait une active propagande pour
maintenir le zèle des protestants et leur hostilité, nous ne
croyons pas le mot inexact, contre les catholiques.
Quant au journal salutiste < En Avant », il est le reflet
des idées sans aucune consistance de la troupe.
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"270 UNE RÉGION PBOTBSTANTE DE LA FRANCE
La propagande pour certaines de ces feuilles est telle
•que les curés les reçoivent souvent pendant plusieurs se*
maines; mais nous ne pensons pas qu'il faille attribuer
une grande importance et reconnaître une grosse influence
à toute cette presse, au moins en ce qui concerne notre
pays.
Esprit et Avenir. — De tout ce qui précède, on peut
■aisément se faire une idée de l'esprit et des allures des
protestants du Gard. Ceux qui ne croient à rien, qui ne
pratiquent pas, qui ne devraient pas même être rangés
parmi les protestants, et ils sont nombreux dans certains
pays bas, sont les pires de tous. Bafouant la religion en
général, les prêtres et l'Eglise catholique auront parti-
culièrement à souflPrir de leurs attaques et de leurs insi-
nuations à cause du vieux fond de haine huguenote qu'ils
ont dans le sang.
Quant aux praiicants, à quelque secte qu'ils appartien-
nent, la sécheresse calviniste, cette rigidité qui fige jus-
qu'à leurs visages et glace souvent leurs conversations les
plus banales se manifesteront toujours en eux. Nourris de
la bible, dont la lecture se fait en beaucoup de maisons le
soir en famille, ils paraîtront par leurs paroles tout pénétrés
de la pensée du Seigneur sans que leurs actes malgré cela
ee distinguent beaucoup de ceux de la généralité. Ils ne
pousseront pas la charité, par exemple, jusqu'à faire le
silence autour d'un scandale catholique, et, sauf de rares
exceptions, n'iront pas jusqu'à le déplorer. Sans revenir
sur leur esprit de solidarité, signalons la note de soumis-
sion presqu'absolue aux pouvoirs établis. Les opposants
sont bien rares parmi eux. Non pas que nous nous rébel-
lions nous-mêmes ni que nous voulions prêcher la révolte.
L'Eglise catholique a toujours été la première maîtresse du
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UNE BÉGION PROTESTANTE DE LA FBANGB 271
respect envers l'autorité. Mais il est des indignations légi-
times et des protestations indispensables, des voies de droit
dans lesquelles on peut entrer et une action efficace que
l'on doit mener vigoureusement sans mériter aucune taxe
-d'insubordination.
Les protestants ont épuisé la vertu de leur nom; ils se
taisent désormais; acceptent tout; ne blâment rien, du
moins ouvertement et se contentent de faire parvenir les
leurs aux charges élevées et aux plus hauts emplois. Pour
ne parler que de la magistrature, par exemple, elle est dans
le diocèse de Nîmes, recrutée du haut en bas de l'échelle,
-de la Cour d'Appel aux justices de paix, et composée dans
une énorme proportion de personnages protestants.
Quant aux fonctions municipales, nous avons vu dans
quelles proportions et avec quel exclusivisme ils se les
faisaient attribuer, non seulement dans les pays où ils sont
en majorité, mais partout où ils forment une minorité, tant
«oit peu importante.
Et cependant, malgré cette forte situation et leur in-
:fluence incontestable, leur esprit critique et rationaliste
n'a point trop envahi nos populations catholiques. Les
pertes que nous pouvons faire, c'est-à-dire les incroyants,
les indifférents, car l'on ne saurait dire qu'il y ait des
^abjurations de catholiques en faveur du protestantisme, ne
viennent pas du fait de leur présence ou de leur propa-
^nde. Et si la vie nationale, ou mieux, la vie des sphères
publique et gouvernementale peut se dire malheureusement
imprégnée de cet esprit, il n'en va pas de même de la vie
de nos paroisses du Qard.
S'il en existe où la religion et les pratiques religieuses
paraissent moins florissantes ce n'est pas à cause d'un pro-
sélytisme ou d'une influence protestante, mais pour les
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272 UNE RÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE
mêmes raisons qui auront enlevé avec plus de facilité en^
core et de meilleure heure aux protestants eux-mêmes, leurs
sentiments religieux. Et dans nos vieilles paroisses perdues
dans les vallées cévenoles, la persistance du culte et l'as-
siduité dans les temples rendrait peut-être plus vive encore
la foi de nos catholiques, leur fidélité aux pratiques reli-
gieuses plus soutenue, et plus profonds leur confiance et
leur respect envers le prêtre qui les dirige.
Il existe d'ailleurs comme une trêve de silence sur le»
questions religieuses entre ces populations mêlées, et lea
rapports de personne à personne sont la plupart du temps-
très cordiaux. En général les catholiques étant plus pau*
vres se trouvent au service de familles protestantes. Noua
n'avons jamais ouï dire que ces dernières aient abusé de
cette situation au détriment de la foi religieuse. Peut-être,,
de ci de là quelques malignes allusions, quelques critiques
mais l'on ne saurait transformer des faits isolés en un grief
général, qui ne se vérifierait guère en tous cas dans cer-
tains paj's de montagne que nous connaissons bien.
Cette cordialité de rapports pourra même exister au
dessus des personnes, entre les partis, quoique plus rare-
ment. La commune de Yalleraugue qui n'a qu'un nombre
infime de catholiques au milieu de deux mille protestants,
a toujours eu un conseil municipal exclusivement composé
de réformés. Il a fallu que les dernières élections y ame-
nassent de soi-disant socialistes pour que les processiona
jusque-là tolérées fussent interdites; Técole libre catholi-^
que jouissait aussi d'une grande bienveillance et des se-
cours étaient votés annuellement pour la fabrique de Téglise»
Dans une paroisse des mêmes régions, où les catholiques
sont moins nombreux encore, les processions continuent à^
se faire et tant le conseil municipal que le bureau de bien-
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UNE RÉGION PROTESTANTE DE LÀ FRANCE 27$
faisance allouent une même somme pour les catholiques et
les protestants.
Mais la situation du curé dans la plupart des cas n'en
est pas moins très délicate. Un manque de tact, un mot
imprudent vite colporté et commenté, et toute cette tran-
quillité serait ruinée, car l'esprit huguenot peut s'assoupir,
se détendre;, il ne meurt jamais.
Le seul moyen de rendre fructueux son ministère sera
de se montrer de relations faciles mais toujours très dignes,,
de s'employer à rendre service et d'observer une scrupu-
leuse politesse. Il y a dans l'esprit protestant vis-à-vis du
prêtre un fond de méfiance que cette seule attitude peut
vaincre.
Un point sur lequel, le curé doit d'abord, mais peut
aussi se montrer plud que ferme sera celui des mariage»
mixtes. Les protestants les voient avec autant de répu-
gnance que TEglise catholique et ils « lâchent > un peu
ceux ou celles qui les contractent.
Ces mariages seraient plutôt fréquents, malgré cette aver-
sion officielle des deux côtés, et. nous pensons qu'il faut en
général le déplorer. Les engagements et les promesses de la.
partie protestante sont rarement tenus. Elle semble faire
une grande concession en élevant les fils dans la religion
du père et les filles dans celle de la mère. Et encore, ce
qui arrive le plus souvent, c'est que, si la femme est pro-
testante, le mari ne pratique bientôt plus s'il pratiquait
auparavant ; et si la femme est catholique le mari ne per-
mettra presque jamais que ses fils le deviennent et il ne
se convertira pour ainsi dire en aucun cas.
Le catholicisme dans notre diocèse n'a donc aucun espoir
de gain dans ces mariages et ne peut qu'y perdre. Les fa-
milles s'y opposent très fréquemment soit d'un côté soit de
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274 UNE RÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE
l'autre car les protestants n'y gagnent guère non plus de
fervents adeptes; mais de quel poids sont aujourd'hui les
traditions familiales pour un grand nombre de jeunes gens?...
Parlerons-nous des conversions et de leur possibilité ?
L'on ne saurait appeler conversions soit d'une part soit
d'une autre les résultats des mariages mixtes relatifs aux
enfants et c'est un chapitre bien vite traité que celui de
cette question. En fait, parlant pratiquement, si le nombre
des catholiques passant au protestantisme est nul, celui des
protestants qui abjurent leurs erreurs est aussi bien peu
oonsidérable. Nous ne connaissons personnellement que deux
«as qui se soient produits pendant plusieurs années de notre
ministère paroissial dans la ville d'Alais et nous ne croyons
même pas qu'il faille se baser sur ces modestes chifires
pour établir une moyenne (1).
La conversion des protestants serait-elle donc impos-
sible? A peu près; et il faut surtout l'attendre de la grâce
et de voies bien surnaturelles. Bien imprudent serait le
<5uré qui voudrait faire du prosélytisme. Le respect qu'il
pourra s'attirer, sera la meilleure des prédications, la seule
efficace.
Un seul moyen, nous écrit-on, pourrait provoquer des
retours: un mouvement de réprobation et d'hostilité géné-
rales parti des sphères gouvernementales, parce que l'éner-
gie et la foi des aïeux ne se retrouveraient plus aujourd'hui.
Nous ne souscrivons pas à cette idée dont notre correspon-
dant ne désire pas plus que nous, d'ailleurs, la réalisation.
De pareilles conversions ne seraient pas fameuses et nous
(1) Uo cnre nons cite aussi deux cas de conversions dans la classe
aisée arrivés à la suite de mariages avec des jeunes filles catholiques
profondément religieuses.
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UNE RÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE 275
doutonu qu'il s'en produisit un si grand nombre parmi les
protestants vraiment religieux.
Les discussions et le raisonnement n'aboutiraient à rien;
ils ne réussiraient qu'à réveiller l'esprit sectaire et pas-
sionné et à provoquer à tout instant des actes d'hostilité.
D'autre part, leur ignorance religieuse, puisque des versets
de l'Ecriture forment tout le bagage de leurs connaissan-
ces, ne permet guère à la vérité de se faire jour dans leur
esprit et la force qui attache chacun à la foi du berceau
demande pour être surmontée de très profondes convictions
auxquelles il leur est presqu'impossible d'arriver. Et puis,
il leur en coûterait tant de se plier aux lois de l'Eglise
dont ils n'arrivent pas à comprendre la sagesse et l'utilité!
En6n les souvenirs historiques attachés à l'histoire de la
Séforme dans nos pays, souvenirs locaux, souvenirs de fa-
mille, etc., sont un dernier obstacle et non des moindres.
Des exemples ont prouvé combien les conversions qui n'é-
taient pas profondément réfléchies, comprises, toutes per-
sonnelles, dirions-nous volontiers, sont peu solides, et ce
sont les premières qui sont surtout difficiles et trop rares!
Il est arrivé par exemple qu'une jeune fille en service dans
une famille catholique — un peu trop zélée peut-être —
après avoir été instruite se convertit au catholicisme et fut
même admise dans une congrégation d'Enfants de Marie.
Elle revint dans son pays. Son ancienne maîtresse écrivit
au curé pour savoir ce qu'elle faisait, et celui-ci dût lui
répondre qu'il ne l'avait jamais vue à l'église et qu'elle
retournait au temple.
Nous devons donc tout attendre ici de la bonté de Dieu
et de sa grâce; beaucoup prier pour ces âmes égarées et
leur montrer par notre esprit, nos paroles et toute notre
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276 UNE RÉGION PROTESTANTE DE LA FRANCE
attitude qu'ils sont vraiment pour nous des frères momen-
tanément séparés, mais de vrais frères quand même.
Le protestantisme vivra donc encore longtemps dans
notre pays. Ses adeptes ne paraissent pas souffrir du vide
de leur culte et de leurs croyances, non plus que de leurs
divisions. Us ne sont par conséquent pas portés à changer
de condition. Ils sont les plus riches, les plus influents^
les municipalités, les bureaux de bienfaisance, l'industrie^
le commerce sont en grande partie dans leurs mains; ils
auront à cœur de faire constater cette influence, en main-
tenant toujours une religion dont ils seront peut-être dé*
tachés intérieurement.
Car l'avenir sera de plus en plus funeste aux doctrines
protestantes. Elles se diviseront de plus en plus, s'émiet-
teront et aboutiront à ne devenir que des thèses philoso-
phiques qui resteront cependant anti-catholiques par-dessus>
tout. Les pasteurs ne prêcheront plus qu'une certaine soli-
deu-ité; les devoirs immédiats des hommes entr'eux seront
le sujet de discours que personne peut-être ne viendra plus
entendre, s'ils ont une apparence cultuelle ; et les vieux
huguenots déploreront la ruine de la Bible dont on leur
aura prouvé les errements, les interpolations et le manque
complet de valeur historique; livre d'histoires désormais,
dont des évangiles nouveaux auront rempli la place ; livre
d'histoires sublimes et divines en qui l'Eglise catholique
reconnaîtra encore, reconnaîtra toujours la parole de Dieu
source de foi et de lumière, d'espérance et de vie.
Le temple protestant subsistera, mais il sera de plus
en plus désert. Il subsistera malgré une séparation possible
des Eglises et de l'Etat, parce que cette séparation a été
prévue et qu'on y a pensé pratiquement, autre leçon pour
nous! Aussi les protestants la désirent-ils presque; ce serait
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UNE RÉaiON PROTESTANTE DE LA FRANCE 277
leur vengeance tardive de la Bévocation de l'Edit de Nantes,
que cette ignorance voulue et décrétée de l'Eglise catho-
lique, par les pouvoirs et le gouvernement. Ils se trompent
pourtant, s'ils croient qu'ils n'en souffriraient pas eux-mêmes.
Quelles que soient leurs mesures prises; malgré le rêve de
certains d'entr'eux qui pensent pouvoir dans cette rupture
< serrer de plus près encore l'idéal apostolique en donnant
une nouvelle impulsion à l'activité de ceux qui aiment
Jésus-Christ et se consacrent surtout au soin du peuple,
des petits, des souffrants » (1) — sans doute parce qu'ils con-
sidèrent actuellement l'Etat qui les paye comme un inter-
médiaire dont ils dépendent entr'eux et Dieu — la sépa-
ration leur sera également funeste et achèvera de briser
les quelques vestiges d'unité et d'organisation dont la si-
tuation officielle des pasteurs était comme la base.
En somme, à l'heure présente, si la situation du pro-
testantisme dans le diocèse de Nîmes n'est pas en progrès
on ne saurait non plus la représenter comme étant en dé-
croissance. Très forte au point de vue économique, social
et politique, elle est encore, pourrait-on dire, satisfaisante
au point de vue religieux.
Et tandis qu'elle diminuera peu à peu et progressive-
ment sous ce dernier rapport; nous ne voyons guère les
causes qui l'empêcheraient de se maintenir sous les précé-
dents, et de s'accroître même, si, par une union qu'ils n'ont
pas connue jusque-là, et par une affirmation vigoureuse et
constante de leurs principes, appliqués dans la vie prati-
que, les catholiques n'opposent en un courant victorieux
l'esprit de la vraie foi et d'une réelle fraternité à l'esprit
(1) Lettre de M. le Pastear N. ... (octobre 190B).
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278 UNE BÉaiON PBOTESTANTB DE LA FRANCE
sceptique et rationaliste, que le protestantisme présente
comme le seul garant de la pure liberté!
Et c'est l'unique vœu que nous formions en achevant
ces trop longues lignes, que les catholiques veuillent enfin
pratiquer cet. apostolat, « uno corde et anima una », d'ua
seul cœur et d'une seule âme, avec douceur mais sans fai-
blesses !
Les plus beaux triomphes et les meilleures consolation»
seront leur récompense.
Abbé H, Gbanqe.
Chapelain de Saint-Louis.
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PRÉLATS ORIGINAIRES DU QUERCY
DANS L'ITALIE DU XYII» SIÈCLE
iSufie et fin)
Chapitbe II (1).
L'Italie centrale.
J'ai cru bon, pour faire un groupement complet de toutes
les notabilités quercynoîses qui ont possédé quelque église
en Italie, de nommer non pas seulement les diocèses subur-
bicaires, mais même les divers titres cardinalices de Rome
qui leur ont été assignés. Cela fait pour ce chapitre cinq
articles: B.ome et les sièges suburbicaires, la province de
Rome, rOmbrie, la Marche d'Ancône, la Toscane (division
de la Hierarchia du P. Eubel, p. 577).
ARTICLE PREMIER.
Rome et les sièges suburhicaires.
Le nombre des cardinaux originaires du diocèse de Cahors
est assez considérable, mais pas autant que pourrait le faire
croire l'enumération des titres qu'ils ont possédés.
(1) Bobbio. — J'ai trouvé, depuis la composition du chapitre
précédent, un évoque de la province de Oônes, qui est, selon toutes
vraisemblances, originaire du diocèse de Cabors : Jourdain de Mont-
CUQ (de Monte cucco), de Pordre des FF. Prêcheurs, nommé le 24 octo-
bre 1826 à révêcbé de Bobbio, non encore sacré le 25 juillet 1327
{JRiàf^. Vat., 84, ep. 2274; 114, ep. 68, Oblig,, 6, f. 68), et remplacé au
moins en 1339 (Gams). Il serait un compatriote de Bertrand de Saint-
Génies et d^Armand de Narcès. On trouve chez les Dominicains du
chapitre de Provence un frère Jean de Montcuq en 1264. Il mourut
à Montpellier en 1268 (Douais, Chapitres provinciaux,.,^ p. 101 et
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280 PRÉLATS OBIGINAIBES DU QUBBCY
§ !«>*. — Les éyêchés suburbioairbs.
Albano. — Ce siège fut occnpé par Gaucelmb de Jean, au-
paravant cardinal-prêtre des Saint8-Marcellin-et-Pierre(1327).
Il est dit évêque élu d'Albano dans une bulle du 19 dé-
cembre 1327 (Vat., 86, ep. 1374). Il succédait à Vidal Del-
four, et fut remplacé lui-même en 1348 par Talayrand de
Périgord. Je renvoie pour ce personnage si important au
chapitre sur la famille de Jean dans mes notes Autour de
Jean XXII, où j*ai démontré qu'il n'était pas le neveu du
pape (1).
Ostie et Velletri. — Dans le même travail, au cha-
pitre qui suit, j'ai aussi parlé de Bertrand du Pouget, qu'on
avait également à tort appelé neveu de Jean XXII, et
qui n'était peut-être même pas son parent (2). Il fut trans-
féré à Ostie, étant cardinal-prêtre de Saint-Marcel, le 27 dé-
cembre 1327; il remplaçait le limousin Beginal de Laporte,
et fut remplacé, en 1352, par un autre limousin, Etienne
Aubert, qui devait être Innocent VI.
Après avoir eu successivement cinq autres titulaires, dont
trois autres limousins (3) et un ruthénois, Pierre d'Estaing,
le siège d'Ostie fut donné à un quercynois, déjà cardinal
du titre de Sainte-Cécile, Bbbtband Atgibb. Bien que celui-ci
p. 135). Un Géraud de Montcuq, recteur de Montjoire (Toulouse, can-
ton de Fronton), fut fait en 1817 chanoine de Saint-Front de Périgneux
(MoUat, Lettres communes de Jean XXII, n® 3327).
(1) Annales de Saint-Louis, n® du l**" janvier 1903, Extrait p. 112.
Cf. chapitre précédent, article l*"", Pavie.
(2) Ibidem, même n**; Extrait p. 168. Cf. chapitre précédent, arti-
cle 4, Bologne.
(3) Un de ces limousins, Guillaume Sudre ou de la Sudrie, était
pent-être d'nne branche de l'ancienne famille qnercynoise de ce nom,
dont il reste encore des membres, propriétaires du château patrimo-
nial de Calvayrac, commune de Prayssac (Lot).
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PBiLATS OBiaiNAIBSS PU QUBBCY 281
ait joaé nn rôle important dans les événements qui ame-
nèrent le grand schisme d'Occident, il y a cependant, ici
on là, chez les meilleurs auteurs, certaines erreurs sur son
compte qui m'obligent à m'arréter quelques instants à son
nom. Je me dispenserai, pour plus de brièveté, de relever
toutes les erreurs, et de citer ceuic qui les ont commises.
Bertrand Atgier {Atgerii ou Aggerii^ écrit en français
de toutes les façons et le plus souvent Lagier ou Lager;
le nom d' Atgier existe encore dans nos pays) naquit à Fi*
geac. C'est l'opinion commune, contredite par quelques au-
teurs (1); mais j'ai pour la corroborer le fait que deux de
ses parents, < consanguinei », furent successivement recteurs
ou prieurs de Notre-Dame-du-Puy, la principale paroisse
de la ville de Figeac. Leurs noms, communs encore dans
le pays, et fort peu aristocratiques, Bertrand Fabre et An-
Urine Cayré^ semblent démontrer que Bertrand Atgier était
d'une famille modeste, sinon pauvre (2), bien loin d'être
le neveu du noble Ghrégoire XI, comme le dit, peuirêtre par
distraction, le P. Eubel {Hierarehia^ p. 21).
Il entra chez les Frères mineurs de sa villenatale et s'y fit
remarquer bientôt par l'élévation de son intelligence. Aussi
ne resta-t-il pas longtemps à Figeac. En 1350 on le trouve
professeur au couvent d'Assise, c'est-à-dire dans le premier
des couvents de l'Ordre. Il y avait déjà longtemps qu'il y
professait après avoir enseigné dans d'autres couvents avec
un grand succès, quand, le 16 décembre, le pape Clément YI
écrivit à plusieurs religieux de Pérouse de lui conférer,
(1) Parce que plasieurs, de ceux-là môme (p. ex. Purpura docta)
qui le disent de Figeao, le disent aussi d^ Auvergne !
(2) Bertrand Fahre fut curé le 6 janvier 1872 (Reg. Av., 176, f . 171)
sur la demande de son cousin, alors cardinal de Sainte -P risque, dont il
était le commensal. Antoine Cayré le remplaça, après sa mort, le
10 avrU 1874 (Reg. Av., 192, f. 493*).
AaQftlM d« B..L..4.-F. 19
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282 PRÉLATS ORIGINAIBES DU QUKBCY
après l'examen préalable, le grade de maître en théologie,
avec tous les privilèges des maîtres de la Faculté de Paria (1).
En 1365 nous le voyons témoin, puis conseiller, dans
un procès contre un Frère mineur de tertia régula^ où l'on
trouve plusieurs quercjnois, secrétaires ou chapelains du
juge extraordinaire du pape, Bertrand de Cosnac, évêque
de Comminges : ce sont Guillaume Benedioti, Jean La Brousse,
Bernard de Teyssieu et Gui de Cahors. Bertrand Âtgier est
dit in sacra pagina excellens professoTj ce qui montre qu'il
était aussi remarquable en exégèse qu'en théologie (2).
Le 18 décembre 1367 il fut nommé évêque d'Assise,
évêché toujours tenu par des franciscains, en remplacement
de Bertrand L'escharpit (Escharpiti). Celui-ci avait été au-
paravant évêque d'Ajaccio: la similitude des prénoms expli-
que l'erreur de la plupart des auteurs qui prétendent que Ber-
trand Atgier avait été évêque de cette ville, ce qui est faux.
Indépendamment de la bulle de sa nomination au siège va*
cant par la mort de son prédécesseur Bertrand (3), nous
avons de lui une supplique au pape Innocent VI où il est
dit que Bertrand, son prédécesseur, envoyé comme nonce
en Corse (où il avait été évêque) (4), n'ayant pas reçu de
la Chambre Apostolique des fonds suffisants, avait dû en-
gager des joyaux et ornements de l'église d'Assise (5).
Urbain V le nomma dans les premiers jours de 1868 à
l'évêcbé de Senez sur la fausse nouvelle de la mort de l'évê-
(1) BuUar. francise, t. VI, n* 569, p. 246,
(2) Bullar, franciscanum, t. VI, pp. 630-636.
(3) Reg. Av., Innoc. VI, t. 17, f. 268.
(4) Le 12 juillet 1357, B. L'escharpit, évêque d'Assise, était dé-
légué pour la réforme de Pile de Corse (Suppl., 27, f. 171*).
(5) SuppL, 29, f. 276*; date du 18 septembre 1368. — Dans la
même supplique il demande uu bénéfice pour Hugues de Balaguietj
moine de Conques, étudiant à TUniversité de Toulouse.
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PRÉLATS ORIGINAIRES DU QUEHCY 283
que (1); bientôt informé de la vérité, il le transféra à Glan-
dèves (2): il tenait à avoir tout près de lui un personnage dont
il appréciait la science et la haute valeur intellectuelle.
Les évoques de ces petits diocèses des environs d'Avignon,
sorte de diocèses suburbicaires, restaient le plus souvent à
la curie où le pape utilisait au mieux leurs diverses apti-
tades; c'est ce qui explique comment Bertrand Atgier pou-
vait dire plus tard aux Transtévérins, en se comparant au
pape, toujours évêque de Borne, même hors de Borne, qu'il
était toujours l'évêque de Glandève, quoiqu'il ne résidât
pas à Glandève (3).
U garda en effet, pour l'aider à supporter les frais de
sa nouvelle condition, l'administration du diocèse, même
quand Grégoire XI l'eut fait cardinal dans sa première
promotion du 30 mai 1371, et il la garda, de prorogation
en prorogation, jusqu'au jour où fut nommé pour lui suc-
céder Jean Vaquier, chanoine d'Agen (3 octobre 1376) (4).
Son premier titre fut le titre de Sainte-Prisque, que Gré-
goire XI accompagna de quelques bénéfices, comme l'ar-
cMdiaconat de Cancers (?) dans l'église de Coria (province
de Compostelle) (6) et un prieuré au diocèse de Sisteron (6).
En janvier et février 1373, on le voit exercer les fonctions
de vicaire général de l'Ordre des FF. mineurs, pendant la
vacance du ministère général (7). En 1375 il avait le titre
(1) Reg. Av., t. 166, f. 138*.
(2) 24 janvier 1368. — Reg. Av., Urbain V, t. 18, f. 8.
(3) Balaze, Vitae pap. Aven,, I, ool. 1072.
(4) Reg. Av., Grég. XI, t. 14, f. 104; t. 26, f. 50; Bullar. francise,
VI, n^ 1126. — Bertrand conserva même à Rome le nom de cardinal
de Glandèves.
(5) 9 décembre 1871. — Reg. Av., Grég. XI, t. X, f. 678; cf. 589.
(6) 1373. Ibid.y t. XXII, LUter cardinal., n^ 16.
(7) BuUar. francise, VI, n*» 1247-1319.
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284 PRÉLATS ORIQINAIBBS DU QUBBOY
important de Sainte-Cécile et recevait le 24 juin Farchi-
diaconat de Palencia (1). Il accompagna Grégoire XI à
Rome et logea à Sainte-Cécile, d'où le 6 février 1377 il
écrivait au général des FF. mineurs an sujet d'un couvent
de l'Ordre (2). On voit qu'il ne se désintéressa jamais des
affaires franciscaines.
Son rôle dans l'élection d'Urbain VI n'est pas encore
complètement éclairci, comme d'ailleurs toute cette affaire
d'où naquit le schisme. D'après le dernier auteur qui ait
écrit sur le grand schisme d'Occident, il faisait peut-être
partie de la faction française (opposée à la fraction limou-
sine) et n'aurait pas été éloigné de l'élection d'un pape
italien. L'archevêque de Bari ne lui déplaisait pas, et cepen-
dant, d'après sa déposition, il aurait dit avant d'entrer au
conclave que s'il donnait sa voix à un personnage étranger
au collège des cardinaux ce ne serait que par violence.
M. Noël Valois conclut de tous les documents qui se rap-
portent à Atgier: < Nul ne paraît avoir aussi peu désiré ni
aussi clairement prévu l'élection d'Urbain VI > (3).
Il se rallia d'abord au nouveau pape qui lui confirma
le titre d'évêque d'Ostie que Q-régoire XI mourant lui avait
donné (avril 1878) (4). Mais froissé par les façons du nou-
veau pape, il fit comme les autres français, s'échappa de
Rome et prit part, à Fondî, le 20 septembre, à l'élection de
Clément VII, qui lui maintint le titre d'Ostie. Mais Ur-
bain VI avait de son côté nommé un nouveau titulaire,
un certain Jean de Piccolbanis. Clément VII lui donna
(1) Reg. Av., Grég. XI, t. 25, f. 40B; 4 juin 1S75.
(2) Bullar. francise, VI, n* 1470. — Baluze, Vitae, col. 1073.
(3) Noël Valois, Le grand schisme d'Occident, t. 1«", pp. 23, 26; 823.
(4) Eubel, Hierarchia, I, p. 35, note 2. — Lacoste, op. cit,, III,
p. 226.
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PBÉLÂTS OBIGINAIBES DU QUBBCT 285
de nombreux bénéfices: prieurés de Yenne (Belley) et de
Euaux (Grenoble), l*"" novembre 1378 (1); cellérerie de Tab-
baye de Maurs (Saint-Flour), 8 mars 1383 ; prieuré de Car-
daillac (Gahors), 7 mai 1384 ; dignité de chantre de Ségoyie
et canonicat de Salamanque (3 mai 1385), contre lesquels
il échange Tarchidiaconé de Calatrava (Tolède) (2) ; on voit
qu'il avait aussi l'archidiaconé de Selves (Compostelle), et
deux ou trois autres prieurés sur lesquels il retient une
pension après les avoir résignés, par exemple, mne église
dans le diocèse de Lavaur (3).
En 1389 il fut chargé de sacrer Louis d'Anjou, roi de
Sicile. Il mourut & Avignon le* 8 novembre 1392 et fut
enterré chez les Frères mineurs de cette ville (4).
Une famille dauphinoise se réclamait de sa parenté avec
le cardinal Bertrand Atgier: € la famille de Jean-Jacques
Lagery, des seigneurs de Turicelle, garde à Turin des ar-
chives deS. A.B.de Savoye». M. Noël Valois dit que Duchesne
en rattachant le cardinal à cette famille se fonde sur une
pièce manifestement fausse (5). Il est sûr que le cardinal
s'appelait Atgier, et que la forme Latgier, Lagery, est une
forme italienne de ce nom. Peut-être quand il fut évêque
et cardinal, quelqu'un des siens put-il faire en Dauphiné
un riche mariage, cela ne serait pas extraordinaire, mais
ce n'est qu'une hypothèse. Je trouve cependant un Jacques
(1) Reg. Av., 206, f. 11* et 12. — Le 28 février 1390 pension sur
Yenne (Ibid., 262, f. 218).
(2) Reg. Av., 232, f. 62; 2B4, f. 82; 238, f. 59*; cf. 2B5, f. 58*.
(3) Ibid., 253, de div. formis, qtiat. 2; 254, ff. 28*, 44*, 45*; 247,
f. 491*, pension sur ParchiprêtVé de Palencia; 248, f. 56*; 20^, f. 239.
(4) Balnze, op, cit.; Lacoste, Hist. du Qnercy, t. III, p. 226-7.
(5) N. Valois, op» cit., I, p. 9; cf. DnchesnOi Histoire des card,
français, 1660, I, p. 621 et preuves p. 452. — Debon», Annales de
Figeac, p. 212.
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286 PBÉLATS ORIGINAIRES DU QUEBGT
Lagier {Lagerii)^ clerc du diocèse de Gap, employé de la
Chambre Apostolique, à qui le cardinal Bertrand fait donner
un canonicat dans Féglise d'Embrun (Œandèves était de la
province d'Embrun), mais je n'ai pas su que ce fut un
parent (1).
Les seuls parents que j'ai trouvés, outre les deux rec-
teurs nommés en commençant, sont Oéraud de Mciset ou
Géraud Maset, son cousin et Géraud Delbreil (de Brolio),
son neveu, qui fut évêque d'Apt, de Gouserans et d'Uzès,
et dont je n'ai pas à parler ici (2).
Porto et Sainte-Rufine. — A Jean Minius, mort dans
les premiers mois de 1313, succéda, non pas le quercynois
Bertrand de Car daillac, comme le disent quelques auteurs (3),
mais le quercynois Jacques Duése (d'Euse), transféré du
titre de Saint- Vital, et qui devait être le pape Jean XXII.
La première mention de son titre épiscopal est du mois
de mai 1313 (4). Pape, il mit sur le même siège, 18 dé-
cembre 1316, Bernard de Castanet^ que certains font ori-
ginaire du Quercy, d'autres du Rouergue, d'autres d'Albi
ou de Montpellier. Il fut évêque d'Albi (1276), puis du
Pny (1308). On voit qu'il devait être fort âgé quand il fut
fait cardinal et l'on n'est pas surpris qu'il soit mort dans
le courant de l'année 1317. C'est ce qui me ferait croire
qu'il était parent du pape, ainsi que la présence à la cour
(1) Suppl., 46, f. 42*, en novembre 1878. — En février 138B il
est procureur fiscal de la curie des auditeurs de la Chambre Apos-
tolique {Instrumenta Miscellama, cassette 1885, n** 6).
(2) Une supplique de novembre 1378 confirme cette parenté que
l'abbé Rose avait affirmée, que M. Albanèâ avait démontrée vraisem-
blable (Gallia novissima, I, 258-260). — SuppL, 466, 41*.
(8) V. Autour de Jean XXII. Annales de Saint- Ijmis, avril 1903,
ou Extrait p. 230.
(4) Eeg. Clém. V, Bened., n^ 9230, dit élu évoque de Porto.
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PBÉLATS ORIQINAIBES DU QUaRCY 287
pontificale ou les relations quercynoises d'un certain nom-
bre de personnages du nom de Castanet
Ainsi Ton trouve un Pierre de Castanet, qui pourrait
être un neveu de Bertrand, vice-gouverneur, puis gouver-
neur pour le pape du duché de Spolète, et qui a eu suc-
cessivement pour trésoriers Jean Rigal, de Cahors, et Pierre
Maynade, de Bocamadour ou des environs. Pierre de Cas-
tanet fut chanoine d'Albi (où le cardinal avait été évêque),
de !Rouen, de Narbonne, de Laon et de Beauvais (avec la
dignité d'archidiacre) (1). Un Guillaume de Castanet, cha-
noine de Puy (où le cardinal avait été évêque) était prieur
de Saînt-Jean-Lespinasse (près Saint-Séré, Lot); on le trouva,
souvent chargé de missions pour le cardinal Bertrand du
Pouget (2). Un Bernard de Ca^tanet fut le familier du car-
dinal Bertrand de Montfavès (3). Notre vieux Vidal fait
le cardinal de Castanet originaire de Cahors : d'autre part
on a vu à propos diBS familles de Cahors ou de Jean que
les quercynois étaient nombreux à Montpellier (4).
Palestrina. — Pibbeb Dks Pbez, cardinal du titre de
Sainte-Puden tienne, ancien archevêque d'Aix, remplaça en
1321 ou 1322, Guillaume de 3fandagot^ mort le 3 novem-
bre 1321. Le P. Eubel (Ilierarchia^ I, p. 36) ne lui donne
(1) Vat., 107, ep. 966; 117, ep. 701; c'est une lettre au roi de Si-
cile, pleine d'éloges pour Pierre. — Vat., 107, ep. 92; 78, ep. 677-8;
116, ep. 1656; 117, ep, 419; 124, ep. 390.
(2) 87, ep. 9073 et 3082; 106, ep. 1069; 199, ep. 220, etc.; 94,
ep. 918, bulle le relevant de certaine irrégularité encourue pour avoir
pris part à quelque combat en se rendant en Lombardie. — Un Gidl'
laume de Castanet était en 1268 templier de La Capelle-Livron (Es-
quieu, Bulletin de la Société des Etudes du Lot, XXIV, p. 37).
(3) Reg. Av., 21, f. 297* (église au diocèse de Saint Pons).
(4) La Gallia, I, col. 21, cite un récit de sa promotion à l'épis-
copat, extrait d'un manuscrit de l'église d'Albi, qui le dit expressé-
ment originaire de Montpellier: mqui a Magalonensi diocesi et villa
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288 PBÉLATS 0BiaiNA.IBB8 DU QUBBGT
ce titre qu'à la date du 25 mai 1323; mais Pierre des Prez,
préside, comme evèque de Palestrina, en septembre 1322,
la commission extraordinaire chargée d'entendre Pierre de
Saleilles, ancien complice du célèbre Hugues Gérand, évê-
que de Oahors, supplicié le 3 septembre 1317 (1). Le car-
dinal Pierre appartenait à une famille importante du Quercy,
des Prez de Montpezat (2) qui fournit encore d'autres pré-
lats, au XIV siècle, sans parler des siècles suivants: Jean
des PreZf neveu du cardinal, évêque de Goïmbre, puis de
Castres, et Pierre des Prez son frère, ou son neveu (?), qui
remplaça Jean sur ce dernier siège. Un oncle du cardinal,
Oodefroi de Vayrols^ fut successivement évêque de Lausanne,
de Carpentras et de Carcassonne, et archevêque de Toulouse.
Cette famille exigerait un article trop long; ce sera pour
un autre travail (3).
Pierre Desprez, mort seulement en septembre 1361, très
âgé, eut pour successeur Raymond de Canilhac dont un ne-
veu fut évêque de Cahors.
Sabine. — Au breton Hugues de Montelais, mort le
29 février 1384, succéda Pisrbe de Sobtbnac, du titre de
Saint-Laurent in Lucina^ de Tobédience de Clément VIL
Celui-ci était originaire de la ville de Cahors, et il n'y a
aucun doute là-dessus. « Sa maison paternelle était située
MantUpessulani traxU originem, » Notons pourtant encore qu'à cette
époque une famille de Castanet occupait la seigneurie de ce nom en
Bouergue, non loin de Saint- Anton in (Moulenq, Documents sur le
T.-et'G., III, p. 403.
(1) CoUect,, 493, f. 39 (Voir Bulletin de la Société des Etudes du
Lot, an. 1904).
(2) Montpezat, chef -lieu de canton du Tam-et-Garonne, jadis chef-
lieu d^archiprêtré et d'archidiaconè, et collégiale du diocèse de Cahors.
(3) V. Forestié et Galabert, Prélats originaires du Tam-et-Ga-
ronne, p. 7; ouvrage d'ailleurs trop plein d'erreurs, faute de docu-
ments.
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PKÉLAT8 ORIGINAIBES DU QUEBOY 289
an faubourg de la Barre, sur la place de Gaillard, tout
près du palais de Duèse » (1). Il était docteur es lois (en
droit civil) et déjà doyen de Saint-Félix-de-Caraman et
chantre de nie-Jourdain, deux collégiales fondées dans le
diocèse de Toulouse par Jean XXII quand le 11 novem-
bre 1363 Urbain Y lui donna un canonicat avec prébende
dans l'église de Narbonne (2). Un an après, 15 décem-
bre 1364, il lui conférait motu proprio le canonicat et la
prébende résignés par Etienne du Batut à Cahors (3). Il
était auditeur des causes du palais, et à ce titre son nom
revient très souvent dans beaucoup d'affaires dont quel-
ques-unes intéressent le Quercy, comme la vente de la ba-
ronnie de Gramat, achetée aux Tarride par Aymar d'Ai-
grefeuille (4). Il assistait en qualité de doyen de Saint-Félix
au concile de Lavaur de 1368 (6). Le 13 octobre 1374 le
pape Grégoire XI le nomma à l'évêché de Viviers (6) et
à sa seconde promotion du 20 décembre 1375 le créa car-
dinal du titre de Saint- Laurent (Eubel, Hierarchia, I, p. 21)
et il fut connu sous le nom de cardinal de Viviers. Pour
(1) Lacoste, Histoire du Quercy, III, p. 252, et sartout p. 300. —
Il l'appelle Pierre Bemier ou Pierre Bernic de Sortenac. Les bulles
ne disent qne P. de Sortenac,
(2) Beg. Av., 152, f. 92*. — Snppl, 34, f. 3*.
(3) Supphc,, 39, f. 89*.
(4) R. Vat., 280, f. 8*. — E. Av., 190, f. 17».
(5) Concilia Labbei et Gossard, èdit. Coleti, Venise, tome XV, col. 906.
— La rédaction du procès-verbal est d'an clerc du diocèse de Cahors,
Bernard de Fabrica, de Cornus. J*ai déjà fait remarquer ailleurs l'erreur
qu'a fait commettre la faute de transcription dans le texte de l'in-
dulgence qui accompagne les Statuts. On lit (éd. citée, col. 907) parmi
les noms des évoques présents : Johannes, Caturceiisis. C'est pour Car-
cassensis ou Carcassonensis: Jean Fabre^ (peut être d'ailleurs d'ori-
gine quercynoise), dont l'initiale I est seule donnée aux pages ou co-
lonnes 905, 844 et 837 et qui manque ici.
(6) R. Av., 193, f. 68.
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290 pbélâts origikaibss du quebcy
soutenir son nouveau rang le pape lui donna divers béné-
fices dans les diocèses de Carcassonne, de Bordeaux, de
Toulouse (1). Il appartenait à la faction limousine du con-
clave avec Pierre de Vernhe, qui avait été auditeur des
causes comme lui, et avec qui on l'a souvent confondu.
D'après M. Noël Valois, il ne semble pas avoir cru à au-
cun danger au jour de l'élection (2). D'après Lacoste, il
aurait été question de lui pour être pape si les circons-
tances n'avaient amené l'élection de Barthélémy de Pri-
gnano (op. cit^ p. 301).
Pierre de Sortenac fut un des électeurs de Clément VII
à Fondi. Le pape français le récompensa, comme les autres,
par de nombreux bénéfices, ce qui n'est pas pour donner
de cette élection une plus haute idée. Je citerai le prieuré
de Saint- Valéry (Amiens), l'archidiaconat d'Elue, le prieuré
de Hauterive (Toulouse), la dignité de maître d'œuvre dans
Téglise de Toulouse, l'archidiaconat d'Uzès avec l'église
d'Aramon, etc., etc., sans parler de pensions sur d'autres
bénéfices (1381-1383) (3). On voit qu'il était de plus archi-
diacre de Laon (4). En mars 1384 il reçoit le titre d'éveque
suburbicaîre de la Sabine avec de nouvelles faveurs (5). Il
mourut à Avignon le 17 août 1390 (Eubel, op, ciL^ p. 37);
le 16, d'après Lacoste (op. cit., p. 301). Les Chartreux de
Cahors dont il avait été le bienfaiteur lui érigèrent un
(1) Dignité de camèrier de la Grasse (Carcassonne), prieurés de
Castillon (Bordeaux) de Granhague (Toulouse). — Reg. Vat., 290, f. 81*,
35 et 40.
(2) Reg. Av., 228, f. 99*; 232, f. 58*-64-86S 88*; 235, f. 26 et 84.
(3) Reg. Aveu., 228, f . 99* ; 232, ff. 53*, 64, 86*, 88* ; 235, ff. 26 et 34.
(4) Induit de visite, janvier 1385. R. Av., 239, f. 27*.
(5) Canonicat de Cordoue, prieuré de Maubourguet (Tarbes). R. Av.
239, f. 24-262, f. 247*. Il résigne en 1385 la préchantrerie de Mirepois.
— R. Av., Clém. VII, t. 35, f. 186.
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PRÉLATS ORIGINAIRES DU QUBRGY 291
magnifique tombeau dans leur chapelle, qui fut détruit à
la Révolution (Lacoste, p. 302). Je n'ai trouvé le nom que
d'un seul de ses parents, Bernard de Ponstort (?) (Poncii
torti) auquel il fait donner le 20 mai 1381 une église dans
le diocèse de Narbonne (1).
Un autre quercynois mérite d'être nommé ici à propos
du diocèse de la Sabine: Arnaud Guillem d'Aïbiac^ qui fut
abbé de Farfa (0. S. B.). Il doit appartenir & la famille
d'Albiac près Lacapelle-Marival et près Fons, car il fut
prieur de Fons (0. Clu.); non sans difficultés, comme nous
l'apprend une bulle du 20 décembre 1348, qui lui subroge
Pierre d'Aymare dans tous ses droits sur ce prieuré dé-
pendant de l'abbaye de Figeac (2).
Tusculum (Frascati). — Bérenger de Frédolj parent de
Clément V, mort le 11 juin 1323, eut pour successeur dans
ce siège suburbicaire le frère franciscain Bertrand de la
Tour, déjà cardinal du titre de Saint- Vital.
Il n'y a pas de doute non plus pour le lieu de sa nais-
sance. Il était né vers 1265 à Camboulit, village des en-
virons de Figeac (3). Mais que dire sur sa famille? C'est
un nom si fréquent que celui de La Tour. Peut-être était-ce
une branche des La Tour de Capdenac, dont un mem-
bre, Aymeric de la Tour^ chevalier, est cité dans un acte
(1) SuppL, 67, f. 108 (la pièce comprend d'autres personnes pour
lesquelles Pierre de Sortenac a sollicité, mais qui ne sont pas du
Queroy).
(2) Reg. Vat., 191, f. 84*.
(3) Canton et arrondissement de Figeac. Du vieux cliâteau de
Camboulit, il ne reste qu'une partie moderne fort délabrée et des rui-
nes de la partie ancienne: quelques salles voûtées et de grands pans
de murs. — La paroisse primitive était plus bas, au lieu encore dit
de Saint-Martin; la cbapelle-annexe du château avait pour titulaire
Saint-Clément: la paroisse actuelle est consacrée à N.-D. de l'As-
somption.
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292 PBÉLATS OBIOINAIBB8 DU QUERCY
comme ayant fait des présents de noces à Ajmerique de
Lentillao, sans donte sa filleule, et dont un autre membre,
Pierre de la Tour^ était en 132B chanoine de Saint-Silvain-
de-Levroux (Bourges) (1). Je le croirais d'autant plus vo-
lontiers que les Lentillac, coseigneurs de Capdenac, étaient
parents des Sonac (près d'Assier) et que Bertrand de la
Tour, le cardinal, avait un neveu qui s'appelait FrançoU
de Sonctc (2). La famille de La Tour était ou fut apparentée
par mariage avec les familles voisines de Gtoudou (3) [Ber-
trand succédera comme archevêque de Salerne à Guillaume
de Goudou] et d'Hébrard de Saint-Sulpice (4).
Bertrand de la Tour entra de bonne heure chez les
FF. Mineurs de Figeao, dont le couvent existait déjà en
1259 et ne peut avoir été fondé par lui, comme l'ont cru
quelques auteurs (B). Peut-être y connut-il le frère Adhémar
de Felzins, mort en odeur de sainteté (6). Il se fit bientôt
(1) Nobiliaire limousin, III, p. 500. — Vat., 79, ep. 1868. — Un
Bernard de la Tour épousait en 1269, à Figeac, une fille de Phi-
lippe de Mont fort (Arohives du Lot, F. 451).
(2) Il obtient pour lui eo 1828 un bénéfice dans Téglise d'Angera.
(E. Vat, 90, ep. 1563). François de Sonac reçut en 1381 la paroisse
de Saint-Simon, limitrophe de Sonac (Reg. Av., 41, f. 461).
(3) En 1342, Saure de Goxidon, veuve de Bertrand de Latour,
damoiseau du château de Camboulit, faisait hommage & Sanchon de
Corn, par noble h. Pierre de Latour, pour le château de Boquefort,
qu'elle tenait de Bon père (Arch. du Lot, F. 380).
(4) 1834 contrat de mariage de Bertrand de la Tour, coseigneur
de Camboulit, avec Pellegrine d'Hébrard, fille de Bertrand d'Hèb. de
Saint-Sulpice (Depeyre, Les Quercynois en Portugal^ dans le Bulletin
de la Soc. des E, du Lot, XXII, p. 209). — Un Bertrand de la Tour,
damoiseau du diocèse de Cabors, reçoit, avec sa femme Bertrande, en
1349, une bulle d'indulgence in art. mortis (Vat. 194, f. 883).
(5) Le gardien des FF. Mineurs de Figeac est cité comme témoin
dans une enquête terminée en Parlement par un arrêt du 2 février 1258
ou 1259 (Olim èdit. Beugnot, I, p. 68. — Boutaric, Arrêts..., n"* 300).
(6) Adhémar de Felzins mourut vers 1311' (Vie publiée dans la
Chronica XXIV Generalium Ordinis minorum, tome III des Ana-
leota Franciscana des PP. du collège de Quaracchi, près Florence,
1897, p. 454).
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1PBÉLATS OBIGINAIBES DU QUEBCY 293
remarquer par son intelligence, son aptitude à tout appren-
dre, son éloquence naturelle. Il fut mis à la tête de la cus-
todie de Rodez, puis fut nommé en 1312 ministre provin-
cial d'Aquitaine (1). Il avait étudié à l'université de Tou-
louse, et prit à celle de Paris le grade de maître en
théologie ; on lui donnait le nom de doctar famosus, et ses
nombreux ouvrages dont beaucoup nous sont parvenus jus-
tifiaient sa haute réputation de savoir (2). En 1314, comme
régent de l'Université de Toulouse, il expliquait les nou-
veaux statuts : on voit qu'il était docteur en droit canon (3).
On conçoit que Jean XXII, qui choisissait de préfé-
rence ses agents et ses serviteurs parmi ses compatriotes,
mais qui tenait à ne faire que de bons choix (il ne semble
pas qu'il se soit souvent trompé) jeta les yeux sur le sa-
vant provincial d'Aquitaine pour lui confier une impor-
tante mission. Il l'envoya en Italie, avec le dominicain Ber-
nard Gui au moins dès le 13 mars 1317, pour tâcher de
mettre un peu d'ordre dans le chaos politique et social
qu'avaient produit les hérésies et les guerres entre Guelfes
et Gibelins (4). Nous avons le rapport qu'il reçut de ses
nonces: publié par Bietzler et par Theiner, il doit être
encore bientôt réédité avec notes par le D' A. Ratti, de
(1) Chronica XXIV Gener.^ p. 461, note. — Figeac faisait partie
de la custodie de Rodez (Btdlar. Frandsc, V, p. 682).
(2) « Vir in sacris scriptnrîs exercitatissimus, in dioendo omatis-
simns et in rebns agendis peritas » {Ibidem)» — Sbarralea, Supple-
menium, p. 188. — On trouve la liste de ses ouvrages un peu partout
(Wadding, Sbarralea, Baluze, etc.).
(8) Histoire du Languedoc, t. VII, p. 478.
(4) Reg. Vat.. 109, ep. 87 à 93. — Riezler, n** 31 à 50 des VaHka--
nische Akten. — Une bulle du 15 mars 1817 autorise les deux nonces
à créer deux tabellions pour les aider dans leur tâche (Reg. Av., 5,
f. 860*. — Abbé MoUat, Ijettres Comm. de J. XXIT, n» 8145). Une let-
tre du 22 novembre 1317 reproche au Fr. Bertrand d'avoir outrepassé
ses droits en donnant des absolutions de sentences directement por-
tées par le Saint-Siège (Vat., 109, ep. 427).
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294 PBÉLATS OBiaiNAIRBS DU QUBBCY
rAmbroisienne de Milan, ce qui prouve l'importance qu'on
attache à ce document. Mais deux simples nonces, avec des
pouvoirs restreints, ne pouvaient parvenir à rétablir Tordre,
parce que les esprits étaient trop échauffés pour goûter les
paroles de la paix : le pape dut se résoudre à employer des
moyens plus puissants et plus efficaces, et c'est pour cela
qu'il rappela ses nonces et les remplaça un peu plus tard
par le cardinal Bertrand du Pouget qui devait avoir à sa dis-
position comme Légat toutes les ressources de la papauté.
Il était d'ailleurs si peu mécontent des services de Ber-
nard Gui et de Bertrand de la Tour que dans le courant
de l'année 1318 il les employa pour une autre œuvre de
pacification en les envoyant comme nonces en France et
en Flandre (1).
Le zèle et la science de Bertrand de la Tour furent ré-
compensés. Le 3 septembre 1320 il fut nommé à l'arche-
vêché de Saleme, qu'avait occupé 8 ans (1298-1306) son
parent Guillaume de Goudou, vice-chancelier de Sicile (2).
Mais il ne résida pas longtemps, si même il y résida,
dans son diocèse de l'Italie méridionale (3), car le 19 dé-
cembre de la même année il fut créé cardinal du titre de
Saint-Vital (4) ; le pape lui laissa bien l'administration du
(1) Reg. Vat., 109, f. 153*, ep. 633; 100, f. 22', ep. 80-117-161. —
Coulon, 710.
(2) Reg. Vat, 70, ep. 1390. — BuUar, francise, V, n« 406. —
Bulle du 81 octobre lui permettant d'emprunter (Reg. Vat., 71,
ep. 358).
(3) En effet il était enoore à Avignon le 21 octobre 1320, où il
fat Bacrè par le cardinal de Tnscnlnm, Bèrenger de Frédol, auquel il
devait succéder, et reçut le pallium en présence de trois ou quatre
cardinaux, parmi lesquels Bertrand de Montfavès (Reg. Av., 14, f. 65'. —
Vat., 71, ep. 58).
(4) Qu'avait eu Jean XXII. — L'église de Saint- Vital avait charge
d'âmes (Vat., 73, ep. 911).
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PRÉLATS ORIQINAIBBS DU QUERCY 29B
diocèse, mais il était difficile de si loin de gouverner cette
église, et le chapitre profitait de Pabsence de son arche-
vêque pour mettre la main sur la mense épisoopale. Le
12 avril le pape décida que le chapitre de Salerne paye-
rait une somme de 300 onces d'or pour compenser les
usurpations de biens que Bertrand avait subies (1). Il est
probable que le cardinal préféra renoncer tout à fait à
l'administration du diocèse, et quelques jours après, le
30 avril, il était remplacé (voir Salerne). Jean XXII lui
donna d'autres bénéfices: déjà dès le début de l'année 1321,
la prévôté de Saint-Ange près Formies (diocèse de Capoue)
et le prieuré d'Issena (Rodez) (2). Après la cession de l'ar-
chevêché, il lui conféra successivement la prévôté de Saint-
Benoît de Capoue, qui dépendait du mont Cassin, le prieuré
de Chalais (Saintes), qu'il résignera bientôt, de Saint-Amand
(Saint-Paul-Trois-Châteaux) (3). Après le 11 juin 1323, date
de la mort de Bérenger, il le faisait évêque de Tusculum. Il lui
donnait d'autres bénéfices, le prieuré de Saletis (Biez), et
le gardait, auprès de lui comme un homme de bon conseil
et de grande science (4). Quand Michel de Cesena, général
de l'ordre des F, M., se fut révolté contre le Saint-Siège,
Bertrand de la Tour fut nommé vicaire général et prépara
la rédaction de nouveaux statuts (5). Il convoqua le cha-
pitre général à Paris pour 1329 et sans doute son influence
ne fut pas étrangère à la nomination de son parent Gé-
(1) Reg. Av., 15, f. 43. — Reg. Vat., 71, ep. 691.
(3) Reg. Vat., 71, ep. 652 ; 72, ep. 802. — Il eut aussi le prieuré
Saint-Côme (Agen) (Reg. Av., 43, f. 646).
(3) Vat., 78, ep. 172 et 911: 74, ep. 877-8. — Il permuta le prieuré
de Chalais contre la sacristie de Psalmodie (Nîmes), avec Gaillamne
de Ventadour (Av., 22, f. 384).
(4) Vat., 81, ep. 2168; 93, ep. 986 (mandat).
(6) /JuUar. fraticisc,, V, passim 714-6-7.728-747.771-791-866,
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296 PRÉLATS OBIOIXAIBBS DU QUBBOY
raud d'Othon (d'Eudes, d'Odon?) de Oamboulit (1). Il vécut
jusqu'à la fin de 1332 (on le voit sacrer plusieurs évêques
de l'Ordre) ou au commencement de 1333. Il était mort
avant le 8 mars 1333, comme le montrent deux bulles
au sujet de son testament. Les exécuteurs testamentaires,
qui étaient les cardinaux Gaucelme de Jean, évêque d'Aï-
bano, Napoléon Orsini et Bertrand de Montfavès, cardinaux-
diacres de Saint-Adrien et de Sainte-Marie in AquirOf s'étant
plaints que certains débiteurs du défunt ne se pressaient
pas de payer les sommes dont il avait disposé par testa-
ment (2), le pape écrivit à cette date d'une part aux évê-
ques de Noies et d'Aversa (ce dernier, Raymond de Maus-
sac, était peut-être du Limousin ou du Quercy), d'autre
part à Bertrand de Saint-Geniés et autres exécuteurs, bé-
néficiers d'Avignon, pour faire faire bonne justice (3).
Je ne dirai qu'un mot de quelques autres personnages
du nom de La Tour, nom qui revient souvent dans les re-
gistres; voici quelques parents: un neveu d'abord, Bebnabd
DE LA TouB qui avait des bénéfices dans le diocèse de Sa-
lerne et qui fut chanoine d'Urgel en 1324 (4); il permutait
en 1334 avec Bbbtband db la Toub, peut-être son frère,
pour des bénéfices dans le diocèse d'Astorga (5). Un autre
Bbbtband fut successivement moine de Marcillac et prieur
de Colonges (Cahors), puis moine de Carennac, et prieur de
(1) La parenté et Torigiiie de Géraud d^Odon n'étaient connues
d'aucun antenr (V. Assise et Gatane).
(2) 22 novembre 1826 et 18 août 1830, autorisation de faire son
testament (Vat., 80, ep. 16; 96, ep. 8281).
(8) Reg. Vat, 106, ep. 866-695. — Bullar., V, p. 640.
(4) Reg. Vat., 76, ep. 879; 77, ep. 1128. — Reg. Av., 20, f. 627.—
Est-ce le même qui était moine de Fons en 1819 avec les offices de
chantre et d'infirmier? (Reg. Vat., 69, ep. 718).
(6) Reg. Vat, 108, ep. 28-24.
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PBÉliATS ORiaiN AIRES DU QUBRCY 297
Montlogan (Montanban); il était mort en 1323 (1). Un Pierre
de la Tour fut aussi moine de Marcillac en 1329; et Gui
de la Totir, infirmier de Carennac, fut transféré en 1331
dans cette dernière abbaye (2). Mais à quelle famille appar-
tenaient Guillaume de la Tour^ qui fut archidiacre d'Avi-
gnon, et qui était, en 1317, chargé de la liquidation des
biens d'Hugues Géraud (3) ; un autre Guillaume de la Tour,
clerc du diocèse de Gahors, qui eut un bénéfice au diocèse
de Vabre (4) ; Raymond de la Tour, qui fut moine de Con-
ques (B) ; Pierre de la Tour, qui fut chanoine de Périgueux
(Vat., 69, ep. 1324); Géraud de la Tour, qui fut moine
d'AurîUac (6) Bertrand de la Tour, qui fut chapelain du car-
dinal Raymond de Goth, chanoine de Dol, recteur de Podio
serico (Carcassonne) et fit en 1317 un échange avec le car-
dinal de Via, etc., etc.? (7)
(1) Reg. Vat., 69, ep. 900; ep. 1324. — Av., 20, f. 233. — On trouve
en 1349 nn noble Bertrand de la Tour, damoiseau du diocèse de
Cahors, qui reçoit avec sa femme Bertrande une bulle d'indulgence
m articula moriis (Vat. 194, f. 318).
(2) Reg. Vat., 90, ep. 1357 ; 99, ep. 1603.
(8) D*abord chanoine et sacriste de Brive (Vat., GG, ep. 4059).
(4) En 1328; Reg. Vat., 89, ep. 883. — Sans doute le môme qui
était scripteur du pape et camérîer du cardinal des Prez en 1342
(Reg. Vat., 154, f. 125). — Un autre Guillaume de la Tour était mort
avant le 2 août 1317 où fut donnée son église de Saint-Geniès (Reg.
Av., 7, f. 62^). Je les rattacherais tous deux aux Latour du Bas-
Quercy ou de l'Agenais. — Un GuiUaume de la Tour, damoiseau du
diocèse de Gahors, reçoit en 1389 une bulle d'indulgence m articulo
moriis (Reg. Vat., 127, ep. 922).
(5) Celui-ci doit-être de Capdenac ou de Camboulit comme Pierre
de la Tour, nommé plus haut. Les bulles de tous les deux sont adres-
sées à Guillaume de Concots (Reg. Av., 33, f. 75. — Reg. Vat., 69, ep. 69).
(6; Reg. Vat., 70, ep. 1120. — Etait peut-être d'Auvergne. — Un
autre Géraud^ clerc du diocèse de Cahors fut fait tabellion en 1312
après examen devant le cardinal Jacques Duèse (Clément V, Bened.,
n«8282).
(7) Du Bas-Quercy ou de TAgenais (Clément V, Bened,, n^2457-
6418. — Reg. Vat., 65, ep.
AnaalM <!• S.-L.-d.-F. 20
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298 PRÉLATS ORIGINAIRES DU QUBRCY
Le cardinal eut plusieurs sœurs mariées: j'ai déjà cité
son neveu François de Sonac ; il faut encore nommer deux
autres neveux : Raymond Begon^ moine de Fons en 1322, et
Raymond Sayshet, moine de Gaillac, transféré à Alet en
1328 (1). Ces deux dernières familles me sont absolument
inconnues.
g 2. — Les titres des éolishs de Rome.
I. — Titres presbytéraux.
Les Douze apôtres. — Bernard du Bousquet, de
Cahors, dont je parlerai plus longuement comme archevêque
de Naples; promu le 22 septembre 1368 mort le 19 avril 1871
(Eubel).
Ce titre avait été aussi celui d'IicsERT Dupuis (de Pnteo),
appelé neveu de Jean XXII par presque tous les auteurs
et dont rien n'a pu à mes yeux prouver la parenté avec le
pape (voir Autour de Jean XXI L — Annahs de Saint-Louis^
n* de juillet 1903, Extrait p. 269). Promu le 18 décembre 1327,
il mourut le 26 mai 1348.
Sainte-Cécile. — Ce titre fut donné, ainsi que je l'ai
dit, à Bertrand Atgier, cardinal de Sainte-Prisque, vers
1375 (Reg. Av., 197, f. 40B). — Eubel a oublié de le men-
tionner comme cardinal de Sainte-Cécile, quoique Bertrand,
le cardinal de Qlandèves, soit bien connu comme tel.
Saint-Clément. — Bien que Guillaume de Ferrières
soit de la promotion de Célestin Y, je ne saurais l'omettre
ici, parce que ce fut peut-être lui qui commença la fortune
de Jacques Duèse, et non son neveu (?) Pierre de Ferrières,
chancelier de Sicile, comme lui (voir Autour de Jean XXII.
(1) Vat. 73 ep. 379. — Av. 29, f. 341*.
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PBÂLATS OBIGINAIBES DU QUBBCY 299
— AnmUes de Saint-Louis, n^ de juillet 1902, Extrait p. 15
et sqq.) (1).
Je profite de roccasion pour relever une omiseion d'Eu-
bel: Bernard de Oarve (ou de Jarre) fut transféré du titre
dftE.SMKta-Agathe à celui de Saint-Clément, ainsi que le
uiOMtatt mm baiLa au. sujet du monastère de Souillac (Gahors)
dont il fut le doyen (Beg. de Clém. VI. — Av., 34, f. 394).
Saints-Jean-efr-Paol. — Ce titre fut donné au nevea
de Jean XXII, Jacqubs ps Via, élu évêque d'Avignon, et
mort si mystérieusement vers le 12 ou 13 juin. Le procès
d'Hugues 3éraud démontre que, par une étrange coïnci-
dence, de toutes les images préparées contre le pape et
contre plusieurs cardinaux, celle de Jacques de Via fut la
seule qui subit les sacrilèges et odieuses pratiques de l'en-
voûtement (CoUector.^ 493 pamm).
Saint-Laurent < in Lucina > fut le titre de Pibbbe
DB SoBTBNAO, évéquo de Viviers (20 décembre 1375), avant
sa translation à l'évêché de la Sabine.
Saint-Marcel fut le premier titre de Bbbtband du
Pougbt; quand il fut fait évêque d'Ostie, il obtint Tauto-
risation de garder son église titulaire (SuppL 20, f. 159).
Saints-Marcellin-et-Pierre. — Ce titre fut celui de
Gaucblmb db Jban jusqu'au moment où il fut évêque d'Al-
bano (1316, décembre 18 à 1327 (décembre); non 1330,
comme dit Eubel. — Cf. R. Vat., 86, ep. 1374).
Il fut celui de Guillaumb Fabiniee, de Tordre des Frè-
res Mineurs, originaire de la petite ville de G-ourdon en
(1) Dès les premiers jours de son règne Jean XXII recomman-*
daît an Bègent noble homme Pierre de Ferrières, le frère de Tarohe-
YÔqne d'Arles, ponr les services! rendns et à canse de Tamitié qu'il
lui portait {Reg. Vat., 109, f. 16, ep. 66).
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300 KBÉLATS OBiaiNAIBES DU QUKHOY
Quercy (1). Je n'ai rien sur lui qui ne soit déjà connu (2).
Il fit sa profession dans le couvent de Gourdon qui avait
déjà eu les premières années de Fortanier de Vassal (V. Ea-
venne et Qrado). En 1343, il est cité comme provincial
d'Aquitaine dans un acte émané de Fortanier, vicaire gé-
néral de l'ordre (3) ; il fut reçu, à l'université de Toulouse,
maître en théologie le 24 janvier 1344, par le professeur
Jourdain Ourty, sur la demande de Clément VI à l'arche-
vêque de Toulouse (4).
Fortanier de Vassal aj^^ant été nommé à l'archevêché de
Bavenne, il le remplaça comme général de l'ordre (le 20').
On peut croire que l'influence de Fortanier, qui présida
le chapitre général de Vérone de 1348, fut pour quelque
chose dans l'élection de son compatriote (5). Mais celui*oi
avait assez de qualités en lui-même pour mériter le choix
de ses frères. Au chapitre de 1354 tenu à Assise il édita
des constitutions restées célèbres sous le nom de Farim'ères,
par lesquelles il fixa les esprits encore un peu troublés (6).
Le 23 décembre 1356 le pape Innocent VI le créa car-
dinal et lui conféra quelques bénéfices nécessaires pour
soutenir l'honneur de sa nouvelle condition. C'est la pré-
voté de l'église de Bamberg, ce sont des canonicats avec
(1) An petit moulin de Tartas, sur le missean du Bnlèou (H. Ca-
minade).
(2) Petite monographie par H. Gamînade dans le Bulletin de la
Soc. des Et. du Lot, XV, p. 142.
(3) Bull, francise, VI, n« 18B, p. 111.
(4) Bull, francise, VI, n® 257 a adeo in facult. theolog. stndendo
et legendo... profecit quod ad recipiendum . . . idonens repntetnr ». —
— Lacoste et Caminade le font recevoir docteur avant sa nomination
comme provincial. Les dates sont formelles contre eux. — Farinier
fat remplacé comme provincial d* Aquitaine par le queréynois Kaoul
de Cornac.
(B) Bull., p. 212, no 458. — Chronica XXIV gêner., p. 644.
(6) Ibid., p. 28 à note 5, Chronica, etc.
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PRÉLATS OBiaiNAIBES DU QUEKCY 301
prébendes dans les églises de Chichester, d'Oxford (avec
l'arohidiaconat), de Séville, de Lincoln et divers prieurés
aux diocèses de Pamiers et de Mirepois (1).
Quand Jean de Bue, le général qui l'avait remplacé,
fat mort (1358), il gouverna encore l'ordre des Frères Mi-
neurs, comme vicaire général et convoqua le chapitre de
Gênes (2). Innocent VI l'aurait envoyé en Espagne pour
tâcher de pacifier la Castille et l'Aragon, disent les auteurs
de la Chronique des 24 premiers généraux de l'ordre, qui
ont confondu avec Ouiïlaume de la Jugie, chargé en efiPet
en 1355 de réconcilier le roi de Castille et sa femme Blanche
(Baluze, Vitocj I, 326). Il mourut à Avignon le 25 août
de l'an 1361 et fut enterré chez les Cordeliers de cette
ville (3). Ses exécuteurs testamentaires furent le cardinal
limousin Pierre de Monteruc, du titre de Sainte- Anastasie,
l'archevêque d'Auch Arnaud Aubert, parent d'Innocent VI,
et Bernard Lacoste de Cahors, maître es arts, licencié en
médecine, chanoine d'Elne et de Saint-Astier (Périgueux) (4).
Parmi ses familiers on trouvait son parent Pierre Lajohanie,
Philippe d'Auriole, recteur ou vicaire perpétuel de Saint-
Pierre-de-Gourdon, Jacques de Carvelis, de Cahors (5).
Sainte-Prisque fut le premier titre cardinalice de Bbr-
TBAND Atgieb, évêquc de Glandèves (30 mai 1371), jus-
qu'en 1375.
Sainte-Pudentienne fut donnée à Piebbe des Pbez,
archevêque d'Aix, que certains auteurs ont confondu avec
son successeur sur ce siège, Pierre d'Auriole, d'ailleurs du
(1) Ibid,, no 708, p. 29a — SvppL 33, f. 187-202.
(2) Chronica XXIV gêner., p. 156.
(3) Lacoste met le 26 juin. — Hist du Quercy, p. 167. (La Chro-
nica, 8 kal. septembr.).
(4) Bull, frandsc, p. 388, n° 9i2. — SuppL, 80, f. 148*, 1B3-168.
(5) SuppL, 30, f. 190-211; 88, f. 252.
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302 PRÉLATS OBIGINAIBES DU QUKBOY
Quercy comme lui, ce qui explique Terreur. Son nom est
écrit de Prato par Eubel; d'ordinaire il est écrit de PratU,
Créé cardinal le 20 décembre 1320, il était au moins en
septembre 1322 évêque de Palestrina.
Saint-Sixte. — Le cardinal Abnaud de Yillemub doit
appartenir à la famille de Pierre de Via, seigneur de Cal-
vinet et de Villemur, neveu de Jean XXII. Il était sans
doute le frère d'Arnaud de Via, seigneur de Calyinet et
de Villemur, de Robert de Via, évêque de Lodève puis de
Lavaur, l'oncle de Bertrand de Villemur, évêque de Fréjus
en 1371. J'ai déjà parlé de cette famille de Via, à propos
de sa parenté avec Jean XXU, et je me suis arrêté un peu
vite, la croyant plus connue, car il existe encore des des-
cendants. Elle l'est moins que je ne pensais pour cette épo-
que: ainsi la Gallia qui nomme Robert de Via, comme petit-
neveu de Jean XXII, à propos de l'évêché de Lavaur ne
le reconnaît pas comme évêque de Lodève (XIII, 334; VI,
6B6) M. Albanès qui rattache Tévêque de Fréjus au car-
dinal Arnaud, et tous les deux à Jean de Villemur, fait
prisonnier par les Anglais (I col. 373-4) ne paraît pas se
douter qu'ils soient de la famille de Via. Je n'aurais pas
eu moi-même cette pensée, si je n'avais trouvé les deux
noms de Via et de Villemur pris souvent l'un pour l'autre,
si je n'avais vu Robert de Via et Bertrand de Villemur
héritiers d'Arnaud de Via, seigneur de Villemur {Gallia,
XIII, col. 334), si je n'avais pas remarqué que le cardinal
Arnaud de Villemur (neveu du cardinal Arnaud de Via)
avait été créé le même jour que son petit-cousin Jean Duèse
de Caraman (1).
(1) Villemur, anj. chef-lieu de canton de la Haute Garonne, alors
église du diocèse de Montauban. 11 est regrettable que M. Moulenq
ait borné ses rechercbes aux limites si peu régulières du département
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PBÂLAT8 OBIGIKAIRBS DU QUflBCY 303
Arnaud était prieur de Sos, 0. Can. S. A. (Auch), quand
il fut élu évêque de Périgueux le 16 ootobre 1347 (Eeg.
Vat., 178, ep. 19); mais dès le 13 février 1348, non encore
sacré, il fut transféré à Pamiers (Vat., 181, ep. 53) ; il fut
créé cardinal le 17 décembre 1360 et garda le nom de car*
dinal de Pamiers. Il mourut le 28 octobre 1355.
Saint-Etieiine < in GeUo >. — Je ne mets ici ce titre
que pour faire remarquer au rebours de plusieurs de nos
auteurs locaux que ni Piebbe Tissieb qui est de Saint-
Antonin-en-Bouergue (cardinal du 19 décembre 1320 au
du Tani-et-Oaronne (Documents. . . .)• Moi-xnôme je n'ai songé que trop
tard à l'identification des Via et des Villemnr, et je n'allais pas re-
prendre ponr si peu la lecture des registres déjà parcourus. Sans cela
mes preuves seraient plus nombreuses.
Amatid de Villemur, fils d'Arnaud de Via, est admis en 1851
avec dispense d*ftge au monastère Saînt-Géraud-d'Aurillac (Beg. Av.,
113, f. 848^). Jean de Villemur fils du même seigneur, remplace comme
chanoine d'Aix et comme prieur de Soucirac (Cahors) son oncle Jean
de Via (Reg. Av., 113, f. 166. — Vat, 186, ep. 682). En 1361 et en 1372
Robert de Villemur , neveu de Robert de Via, est archidiacre de Cahors
(R. Av., 186, f. 215. — SuppL, 133, f. 252). RobtH de Via, l'évÔque
de Lavaur et Lodève, fut prévôt de Fréjus où son grand-oncle avait
été évêque, où ses oncles Jacques et Arnaud de Via furent digni«-
taires, où Bertrand de Villemur, son neveu, fut évêque en 1371.
M. Albanès dit que ce dernier avait un frère nommé Jean qui
fut fait prisonnier par les Anglais (grandes compagnies) et pour le-
quel il dut payer une rançon (Gallia nov., I, col. 373-4). — On trouve
une bulle d'Urbain V mandant aux évoques de Saint-Flour et de Gler-
mont de ne pas absoudre les gens de ces handes qui ont promis d'aller
combattre chez les infidèles, tant qu'ils n'auront pas relâché Jean de
Villemurt chevalier du diocèse de Montauban (17 juin 1365. — Vat.,
247, f. 119^). C'est sûrement un de Via seigneur de Calvinet (Saint-
Flour) et de Villemur (Montauban). Une bulle du 23 octobre 1364 re-
proche à Arnaud, seigneur de Villemur de faire pour des raisons fri-
voles la guerre aux habitants d'Aurillac (Vat., 246, f. 355). Quant à
Pone de Villemur, qui fut évêque de Conserans en 1362 (jusqu'en 1370)
le fait d'avoir été abbé de Lézat, qui dépendait de Moissac (Cahors)
et d'être confondu quelquefois avec le cardinal, me fait croire qu'il
est aussi un de Via de Villemur.
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304 PBÉLAT8 OBiaiNAIBBS DU QUEBCY
mois de juin 1325), ni Guillaume d'Aigbbfeuille junior
(qui est dn Limousin et dont le frère Aymar acheta pour
son fils Jean aux Tarride la baronnie de Gramat), n'appar-
tiennent au diocèse de Cahors (pas plus que son oncle Guil-
laume senior, cardinal de Sainte-Marie in TVanstevere, puis
évêque de la Sabine, pas plus que son frère Faydit, cardi-
nal des Saints-Silvestre-et-Martin), bien qu'ils aient eu chez
nous des parentés, des alliances et de nombreux bénéfices.
Saint- Vital. — Je rappelle que Jean XII, quand, en**
core Jacques Duèse, il fut créé cardinal par Clément Y
le 24 décembre 1312, reçut le titre de Saint-Vital. Aucun
auteur n'a mentionné ce fait: seul, à ma connaissance, Pla-
tina dit qu'il fut cardinal-prêtre, avant de recevoir l'évêché
de Porto vers mai 1313. Une bulle du pape en faveur de
son neveu Jacques de Via nous a prouvé que Jacques Duèse
avait eu pour premier titre celui de Saint- Vital (1).
II. — Titres d'églises diaconales.
Saint-Eustache, titre du neveu de Jean XXII, An-
NAUD DE Via qui fut promu, seul, le 20 juin 1317, en rem-
placement de Jacques son frère. Il mourut dans les der-
niers mois de 1335, moins d'un an après son oncle (2).
Saint-Qeorges au Vélabre. — J'ai déjà nommé Jban
DE Caraman (ou Carmaing) (3). Il était petit-neveu de
Jean XXII, fils, et non frère, à^Ârnaud Duèse et de Mar-
guerite de l'Ile (4). Il fut protonotaire apostolique. Sous
(i; Reg. Clèm. V, Bened., n*» 9230, 19 fév. 1313.
(2) Autour de Jean XXIL — Annales de Saint-Louis, octobre 1902,
Extrait p. 95.
(3) Cette orthographe de Carmaing est du XV® siècle; an XI V«
011 écrit toujours: Carainano, au XV® : Caramagno.
(i) AxUour de Jean XXII. — Annales, ibid., Extrait p. 71-73.
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PBÉLATS 0ETOINAIRE8 DU QUEBCY 305
ce titre il reçoit le 13 novembre 1349 la dignité de chantre
dans l'église de Cahors, et celle de oamérier dans celle de
Béziers, toutes deux résignées par Guillaume de Roger,
neveu de Clément VI (1). Le 3 ' juillet suivant (1350), il
reçoit un archidiaconat dans l'église de LugOy le 28 no-
vembre deux prieurés, l'un au diocèse de Eodez (Saint-
Pierre-de-Gensac), l'autre au diocèse de Saint-Papoul (Saint*
Pierre-de-Graycens, qu'avait eu Arnaud de Villars) (2).
Il fut créé cardinal le 17 décembre 1350, le même jour
que son petit-cousin Arnaud de Villemur et reçut le titre
de Saint- Georges. Avec cela d'autres bénéfices: en 1351, la
prévôté d'Antonay en l'église Saint-Martin-de-Tours, le
prieuré de Lasseret (Poitiers), celui de Ohagny (Autun) (3),
et l'année suivante le prieuré de Saint-Innocent (Genève),
qu'avait eu le cardinal du Pouget, qui venait de mourir,
et le prieuré de Bornhem (Cambrai). En septembre 1357 le
pape le chargeait de réconcilier la ville de Toulouse avec
Jean, comte d'Armagnac (4). Il mourut le 1" août 1361 (5).
Sainte-Marie < in Aquiro ». — Bebtrand de Mont-
FAVÈs, qui eut ce titre, fut un des premiers cardinaux créés
par Jean XXII, 18 décembre 1816. II mourut le 1" dé-
cembre 1342. Il était né à Castelnau-Montratier comme
(1) Reg. Av., 110, f. 150. — Reg. Vat., 19B, f. 114*.
(2) SuppL, 20, f, 69^ — Reg. Vat., 205, flF. 113, 120, 182.
(3) Reg. Av., 256, ff. 48*, 57, 35*. — Au f. 45* on voit qu'il per-
mute un canoaicat dans l'église de Commingea contre une église au
diocèse de Saint-Papoul (janvier 1352).
(4) Ibid,, f. 53. — Reg. Vat., 213, f. 6*. — Vat., 239, f. 215. —
Cf. 245, f. 119: il publie avec le cardinal de Saint-Adrien, devant le
palais du pape, la citation contre Barnab6 Visconti.
(5) Sa nièce Marguerite Duèse de Caraman, fille d'Arnaud, épousa
eu 1351, avec dispense de consanguinité, Jean d'Armagnac, vicomte
de Fesenzaguet (Reg. Vat., 211, ep. 772). Son neveu Gaston Duèse,
lui succéda en janvier 1350 dans son prieuré de Craysens ou Gray-
chens (Saiut-Papoul). — Reg. Vat., 192, ep. 958.
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306 PBÉLATS OBIGINAIBBS DU QUBBGT
Bertrand da Pouget. Les deux cardinaux avaient des al-
liances et des parents communs. La monographie de ce per*
sonnage et de sa famille paraîtra ailleurs, étant trop im-
portante pour ne pas être disproportionnée avec ces sim-
ples notes,
Sainte-Marie « in Gosmedin ». — J'ai déjà parlé du
cardinal Raymond de Boux, qui donnait les plus grandes
espérances, mais qui mourut cinq ans après sa promotion
au cardinalat, tout jeune encore ; ce fut le plus jeune des
cardinaux créés par Jean XXII qui, en règle générale, ne
choisit pour les grandes dignités que des hommes déjà
mûris par les années et par la science (19 décembre 1320-
novembre 132B) (1).
Certains auteurs rattachent mal à propos au diocèse de
Oahors (pour la partie qui forme aujourd'hui le Tarn-et-
Garonne) les cardinaux Abnaud db Pbllegbue (du titre de
Sainte-Marie < in Porticu »), parce que sa famille posséda
certaines terres des environs de Lauzerte, et Tallbtband
DE Pébigobd du titre de Saint- Pierre-^g-liens^ puis évêque
d'Âlbano, parce que sa famille possédait Gaussade; mais
le premier est un agenais, le second est un périgourdin,
ARTICLE 2.
La province de Rome.
Sur les 15 ou 16 diocèses de cette province, très peu
de diocèses ont reçu des quercynois; mais de ces quercy-
nois aucun n'était connu de nos historiens locaux. En de-
hors des évêques,' quelques autres noms seront à citer.
Viterbe et Toscanella. — Le 6 février 1344 Bebnabd
du Lac, chanoine de Bodez^ était nommé à cet évêché par
(1) Autour de Jean XXII. — Annales de Saint-Louis, juillet 1908,
Extrait p. 292.
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PBÉLATS 0RIGINAIHE8 DU QUEBOY 307
Clément YI. Ce personnage était originaire du diocèse de
Cahors et devait appartenir à la famille de ce nom qui
possédait, dans la baronnie de Castelnau-Montratier, les
fiefs de Boisse et de Pern et dont le nom fut peut-être
défiguré en celui d'Eslax (1). Une bulle en sa faveur est
adressée à Bertrand de Genebrède dont la famille apparte-
nait à la même baronnie (2). Tout jeune encore, et simple
clerc du diocèse de Cahors, il obtient de Clément Y une
expectative de bénéfice, par l'intermédiaire du damoiseau
Bernard de la Mote, qui est sans doute un des parents du
cardinal Bertrand du Pouget (3). Il n'a encore que ce titre
de clerc du diocèse de Cahors dans une supplique adressée
au cardinal Arnaud de Yia pour obtenir sa récompense des
efforts qu'il s'est donnés (quoique ils aient été inutiles)
dans la poursuite d'Arnaud Géraud, frère de Hugues Gré-
raud, l'évêque de Cahors, poursuite dont l'avait chargé feu
le cardinal Jacques de Yia (4). On le retrouve, bachelier
en droit civil, en 1327 se faisant relever d'une irrégularité
pour avoir occupé une église du diocèse d'Agen, en vertu
d'une grâce expectative, mais sans avoir l'âge (B). Eecteur de
(1) Limayrao, Histoire de la baronnie de Castelnau-Montratier,
p, 209 : Comtesse du Lac, fille du seigneur de Boisse, épouse en 1361
Jean Batier, seigneur de Moliëres, d'une branobe latérale des Cas-
telnan; p. 220: Raymond du Lac, consul de Castelnau en 1409; p. 241:
noble Jean du Imc, seigneur de Pern en 1498; p. 868: noble Jacques
d'Eslax, seigneur de Pern en 1715 et François d'Eslax, seigneur
d*Âroambal et de Pern. Cependant (p. 869) Pierre d'Eslax (?) fait hom-
mage pour le château d'Eslax [des Laos] en 1871. Ce château était
un peu au sud de Castelnau, dans la paroisse de Lacabrette.
(2) Vat., 128, ep. 207; 186, ep. 817-8. — Dans ces dernières bulles,
B. de Genebrède a pour collègues l'archidiacre de Saint-Séré et le
frère de Bernard, Bertrand du Lac, archidiacre d'Ëlne.
(3) Clém. V, Bened., n« 5510, juillet 1310.
(4) Tnsir miscellanea, cassette 1817, n"" 80.
(6) Reg. Av., 29, f. 401. — Vat., 85, ep. 645-6.
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308 PBéLAT8 OBiaiNAIRBS DU QUEEOY
oette église de l'Oratoire, de mars à août 1333, il est chargé
de quelque affaire dans la haute Italie comme nonce-col-
lecteur avec ses deux compatriotes Bernard de Carit et
Pierre de Taillade; l'année suivante il est dit nonce-col-
lecteur des annates en Romagne (1); en 1336, toujours
nonce, mais recteur d'Olonzac ou Colonzac (Sàint-Pons), il
feçoit divers privilèges, comme l'autorisation de tester (2)i
Le fait d'être conservé par Benoît XII prouve bien que
Jean XXII n'avait pas fait un mauvais choix. Le 18 fé-
vrier 1340 il est chanoine de Rodez et c'est sous ce
titre qu'il recevra la bulle pour l'épiscopat (3). A cette date
il est dit aussi docteur en droit civil (4). A la fin de l'année,
Benoît XII, satisfait de ses services, lui donne la charge
de gouverneur du patrimoine de Saint-Pierre en Toscane,
et comme tel son nom revient très souvent dans les regis-
tres. (5). Le 6 février 1344 Clément VI le nomme évêque
de Viterbe, mais tout en lui laissant sa charge de gouver-
neur du patrimoine de Saint-Pierre et, ajoute Cappelletti,
de capitaine général de la sainte Eglise (6). Les occupa-
tions de cette charge qui, en ces temps de troubles et de
révoltes, n'était pas une sinécure, expliquent que son sacre
ait été retardé (7). Il mourut dans le cours de l'année 1347,
n'ayant pas siégé plus de trois ans (8).
(1) Reg. Vat., 117, ep. 61 sqq.; ep. 1874.
(2) Beg. Vaf., 121, ep. 24 et 2B, 7 février 1836.
(8) R. Vat., 128, ep. 49; ii fut remplacé par Robert de Via.
(4) Dit professeur (?). Reg. Vat., 128, ep. 267; docteur dans
d'antres bnlles.
(5) Reg. Vat., 135, ep. 208 à 233, 28 novembre 1340.
(6; Reg. Vat., KU, ep. 54; 137, ep. 702; 139, ep. 107-925. — Cap-
pelletti, Chiese d'Italia, VI, p. 136.
(7) Reg. Vat., 137, ep. 1017; cf. ep. 1018-1019.
(8) Lettre au sujet de ses spoliae, 27 juillet 1347. ■— Vat., 141,
ep. 2ia
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PBÉLATS ORIGINAIRES DU QUERGY 309
Un frère de Bernard, Bertrand du Lac, fut chapelain
et camérier du cardinal Gaucelme de Jean qui lui fit don-
ner le 20 avril 1338 Tarchidiaconat d'Elne, l'église d'O-
lonzac (Saint-Pons) qu'avait eue son frère Pévêque et autres
bénéfices. Il mourut vers le l*' octobre 1346 (1).
Je ne suis pas sûr que Guillaume du Lac, de l'ordre
des FF. PP., qui était le sodus de Jacques de Concots,
archevêque d'Aix, fût un parent, mais c'est possible: il
était à coup sûr un compatriote, la famille de Concots voi-
sinant avec les familles de la baronnie de Castelnau-Mon-
tratier (2). Un autre Guillaume du Lac, licencié es lois, cha-
noine de Cahors en 1366, qui fut en 1369 envoyé en Alle-
magne pour les affaires de la Chambre Apostolique et
nonce- collecteur de la province de Lyon en 1379, doit ap-
partenir à la famille de l'évêque de Viterbe (3).
Beaucoup plus tôt, sous Clément V, un Pierre du Lac,
clerc du diocèse de Cahors, familier de l'évêque de Tou-
louse, Galhard de Pressac, était vers 1312 archidiacre de
Gardouch, au diocèse de Toulouse, et de Saint-Flour, au
diocèse de Olermont (4).
A la mort de Bernard du Lac, un clerc, que les bulles
appellent jurisperitus Caturcensis, cadurcien instruit dans la
science du droit, le- remplaça provisoirement comme gou-
(1) Reg. Vat, 126, ep. 111. — Reg. Av., 66, f. 28B*; 62, f. 448*.
— Vat, 184, £ 66. — Ces relations aveo le cardinal de Jean nons
antorisent à rattacher à la môme famille Aymeric du Lac, dit clerc
du diocèse de Périgueux, pour qui l'évêque de Carcassonne, Gisbert
de Jean demande un bénéfice vacant par la mort de son familier
HéHe du Lac (1848; SuppU 80, f. 80*).
(2) Reg. ObligaHoH., 8, f. 19.
(8) Reg. Av., 162, f. 188. — Instr. misceU., cassette 1369. — Une
supplique de 1879 (51, f. 206) nomme ses deux neveux Antoine et
Guillaume de Rouffiac,
(4) Clém. V, Benedict., n« 8437-8-8442.
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310 PBBLATS OSSEHBAIBBS fiU QUKBCT
verneur du patrimoine de Saint-Pierre (1). Il a^appftlfcit
PiBBBB DU Pin (ou en français du Midi: del Pi, de Pin»). H
fut évêque de Viterbe et succéda comme archevêque de Be-
névent à Etienne du Pin, que je crois plutôt limousin. Outre
la note ci-dessus qui démontre clairement son origine quer-
cynoise (2), il a encore le titre de clerc du diocèse de
Oahors dans la bulle qui lui mande de transmettre tout ce
qu'il a en mains à Ouichard de Cambomy chevalier (3), nommé
recteur laïque du Patrimoine (1*' novembre 1347).
D'ailleurs le pape Clément VI n'entendait pas se priver
en Italie des services de Pierre Dupin; puisqu'il l'envoyait
comme trésorier pontifical dans la marche d'Ancône le
12 juin 1348 (4). Quelques mois après il le nommait à l'évê-
ché de Fréjus pour remplacer Pierre Alleman de Clermont,
décédé, mais revenait sur cette nomination pour le laisser
en Italie et le faisait évêque de Viterbe (10 décembre 1348) (5).
(1) Lettres dans lesquelles le pape lui confère le rectorat provisoire
et mande aux èvèqnes, barons, et fidèles du dit patrimoine de Saint-Pierre
de lui obéir en tout (3 août 1847) (Reg. Vat., 141, ep. 282-3; ep. 266-6).
(2) Sans doute on doit lui rattacher Géraud du Pin (ou del pi)
qui reçoit en 1846 la vicairîe perpétuelle de Saint-Jacques-de-Cahors,
avec son annexe Saint-Sulpice-de-Calziëges (Bègous) (Vat., 177, de be-
nef. vacanUf 149) ; Hugues du pin, laïque de Cahors, qui reçoit une
bulle dlndulgence in articulo mortis en 1852 (Vat., 218, de absoL,
n** 240); Barthélémy du Pin, clerc du diocèse de Cahors qui reçoit
dans le diocèse de Narbonne nn bénéfice qu'avait eu son compatriote
Raymond Stephani de Qigouzac en 1821 (Reg. Av., 15, f. 519). —
J'ai bien trouvé d'autres personnages appelés de Pinu, mais rien n'a
pu me permeitre de décider avec assez de probabilités s'ils apparte*
naient à notre diocèse. Les identifications sont difficiles avec ces noms
un peu communs.
(8) Vat, 141, ep. 787. — Guichard de Oombom était l'époux de
Blanche de Ventadour (ibid,, ep. 1229).
(4) Vat., 142, ep. 66-7. — Il a le titre de Notre-Dame-de-Casèles
(Rieux).
(5) La succession des évoques de Viterbe qui se succèdent si ra-
pidement dans la môme année est assez confuse dans les auteurs. Le
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PBÉLATS OBIGINAIBBS DU QUEBGY 311
Le 7 février 1349, Pierre du Pin, évêque élu de 7iterbe
et Toscanella, choisit comme seg procureurs, pour souscrire
à sa place en vue du commune sermtium et payer pour son
prédécesseur, divers procureurs, parmi lesquels le damoiseau
Bertrand de Falgayras^ d'une famille du Bas-Quercy rési-
dant à la curie, Raymond d'Albefeuille, autre damoiseau du
diocèse de Cabors, dont j'ai parlé à propos de Pierre du
Clusel (Concordia), qui avait été envoyé à Avignon porter
une somme de 2000 florins faisant partie de l'héritage de
Bernard du Lac, et Jean du Pin, moine d'Eysse (Agen),
évidemment nn parent (1). Le 4 mars l'obligation était
souscrite {C^lig., XXII, f. 78). Le 29 mars 1349 Pierre était
autorisé à retarder son sacre (Yat., 187, p. 356). Le 19 le
P. Eubel a mis un peu d'ordre daos oe obaos : A Bernard du Lac
saocéda le 18 mai 1848 (ou peat-être plus tôt) Pierre (Beg. Oblig,,
t. 22, f. 68), que quelques auteurs oot appelé du Pin par confusion. Le
pape l'envoyait le 27 mai à sa nouvelle église (Vat , 191, p. 51^), mais
presque aussitôt il le transférait à Vérone (27 juin 1348; Beg. Vat,
195, ep. 17), pois Tannée suivante à Périgueux (Enbel ici l'appelle
Pierre Pin) le 27 juillet 1849, d'après Beg. Vat., 195, ep. 19, et il
resta sur oe dernier siège jusqu'à sa mort vers 1884. Pierre N. fut
remplacé à Viterbe le 27 juin 1848 par un certain Jean, évoque de
Forli, cité par Ugbelli et nommé dans la bulle de Pierre du Pin,
oomme mort, ce qui laissait le siège vacant (Beg. Vat., 187, ep. 141).
Jean devait être un français puisqu'il avait un arcbidiaconat dans
le diocèse de Toul lorsqu'il fut nommé.
(1) Tnstr. miscelL, cassette 1849-1850, n"" 16. — Les Falgayras
étaient de la région de Lauzerte, et parents des Narsès. On Bertrand
de Falgayras, maître d'hôtel et familier de Clément VI est, sous In-
nocent VI, châtelain du palais pontifical de Pont-de-Sorgues {SuppL,
8, f. 124. — Int. et Ex., 296, f. 27). — Raymond d* Albe feuille, dit da-
moiseau dans cette pièce, est dit clerc du diocèse de Oahors dans une
bulle du mois d'août 1847, quittance pour les 2000 florins qu'il a portés
(Vat., 141, ep. 308). Sa famille était sans doute originaire d'Albefeuille
(diocèse de Montauban, mais sur les confins du diocèse de Gahors). —
On trouve en 1889 un Bigaud d'Albefeuille, clerc du diocèse de Cahorsi
orée tabellion (Vat., 127, ep. 957).
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312 PRÉLATS OBIGINAIBES DU QUBBCY
pape lui recommandait le nouveau recteur du Patrimoine
Jacques Gabrielli (de Gabrielibus) (Vat., 142, p. 224).
Le 18 novembre 13B0 Clément VI le transférait à Bé-
névent, avec le titre de recteur de la cité : c'est sans doute
pour cela que Cappelletti l'appelle « le bénéventin » Pierre
di Pino (1) (Voir Bénévent).
Orte. — Ce diocèse n'a pas eu d'évêques, mais seule-
ment des capitaines, originaires du Quercy.
A Orte même, le 21 août 1371, Grégoire XT établissait
Hugues de Rinhac, damoiseau du diocèse de Cahors, proba-
blement de la famille des Gramat ou des Castelnau, châte-
lain du castrum ou roche de sa ville d'Orte (2) ; et dans le
même diocèse, au castrum de Soria était établi en 1391
Jean Jaudan, de Mechmont près Cahors, à la place du fameux
routier Bernard de la Sale (3). Il est d'abord nommé avec
un chevalier de Genève, puis seul au moins de 1408 à 1420.
Ce n'est qu'à cette dernière date que le château que lui
avait confié Clément VII et que lui avaient laissé Gré-
goire XII, Alexandre V et Jean XXIII fut remis aux agents
de Martin V (4). Jean do Mechmont appartenait-il à la fa-
mille de Ouerre, qui avait la seigneurie de Mechmont, ou
était-il seulement originaire de ce pays? C'est que je ne
sais pas. Il avait avec lui entre autres sergents, noble homme
Poncet de Belmontet, damoiseau du diocèse de Cahors, son
(1) Beg. Vat., 199, ep, 32. - Cappelletti, t. III, p. 104-105.
(2) Eeg. Vat., 282, f. 377. — Il devait prêter serment entre les
mains de Pierre d'Estaing, cardinal, vicaire général du pape en ces
contrées.
(3) Clém. VII, Vat., 304, ff. 117, 119*. Il est appelé ensuite régu-
lièrement Jean de Mechmont.
(4) Armar. XXIX, tome 14, f. 26*, et tome 6, pp. 46*, 47, 4a
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PHiLATS OBIGINAIRES DU QUBBCT 313
ooQsin, et Jacques de la Roque, tous deux nommés dans une
lettre de recommandation du pape Jean XXIII (1).
Cività Castellana. — Guillaume, de Tordre des Car-
mes, d'abord évêque de Limassol (Chypre), transféré à Ci-
yità le 21 février 1324, puis à Isemia (1331), était peut-être
un compatriote de Jean XXII, qui chargea le cardinal
Bertrand de Montfavès de lui faire restituer ce qui lui
était dû par sa première église. J'ai déjà fait remarquer
que Jean XXII nomme presque toujours comme exécuteurs
de bulles, quand c'est possible, des amis, des parents ou
des compatriotes du personnage pour qui la bulle est faite (2).
J'ai nommé plusieurs gouverneurs du patrimoine de
SainUPierre ; je peux ajouter encore quelques noms à ce
sujet; noms de trésoriers ou de gouverneurs, originaires de
nos pays. Le 4 août 1320 Faydit Guibaudon, chanoine de
Carpentras, partait pour rejoindre son poste, comme tréso-
rier pontifical du gouverneur Guitto Famèse, évêque d'Or-
vieto (3). La famille Guiraudon, de Laval, (paroisse de
Saint- Aubin), était alliée aux Ithier, de Saint- Aubin (en Pé-
rigord, mais diocèse de Cahors) et aux Fénelon (ou, comme
on disait alors, Félenon), de Gourdon et de Goudou (4).
(1) Beg. Vat., 845, f. 14. — Ils allaient en France ponr les affaires
du capitaine. — Je ne sais quel est ce Jacques de la Boqne: Dans
l'acte de capitulation de 1420, le procureur de Jean de Mechmont est
Barasc de la Boqne damoiseau dn diocèse de Saînt-Flour. — Un Vidal
de Mechmont neveu d*Othon de Lomagne, et familier du cardinal Ber-
nard de Garve, fut recteur de Gourdon en 1816 et chanoine de Péri-
gueux en 1888 (Vat., 63, ep. 228; 104, ep. 865). Une Braida de Mech-
mont était en 1859 la femme de Galhard du Puy, du diocèse de Cahors
(Suppl^ 80, f. 78).
(2) Beg. Vat., 76, ep. 690; 78, ep. 872.
(8) Int et Ex., 89. — Le 18 décembre 1820 il portait sa commis-
sion à Guitton dans le palais de Montefiasoone.
(4) Bulletin de la Société des Etudes du Lot, XXIII, p. 5, notes
généalogiques de M. Tabbé Taillefer. Goudou, commune de Labastide*
Murât.
AnaiaM âm 8^L.-d.V.
21
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314 PRÉLATS 0RIGINAIBB8 BU QTJBBCY
Faydit fut lui-même recteur de Saint-Aabin. On le troave
en 1317 chargé avec Raymond de Genebrède, de faire payer
les procurations dues à l'archevêque de Bourges (1); en 1318
(il est alors chanoine de Oapdrot, diocèse de Sarlat) subrogé
à Bernard de Saint-Maurice comme collecteur pour recueillir
les annates dans les diocèses français de l'Est et du Sud-Est,
de Besançon à Embrun (2). Il reste en Italie comme tréso-
rier jusqu'en 1330: on a bon nombre de ses cahiers de
comptes. Rappelé, il fut envoyé comme nonce-collecteur
dans la province de Bordeaux avec le titre d'archiprêtre
de Sarlat (3).
Remplacé un moment par Guillaume Cabirol, il eut pour
successeur comme trésorier Etienne Lasgoutz, avec Piebbb
d'Abtis pour gouverneur du Patrimoine. On trouve cepen-
dant quelquefois celui-ci comme trésorier (Int. et Ex.^ 140,
141) et une fois Lascoutz faisant fonctions de gouverneur
(Int. et Ex., 61-113-116).
Il y avait à Cahors une famille de Lascoutz à laquelle
appartient le trésorier (4) : elle était apparentée aux de Via
(1) Int. et Ex., 19. — Conlon, Lettres de Jean XXII, n* 359. —
Vat., 68, ep. 1939.
(2) Reg. Av., 11, f. 484.
(3) Theiner, Domin. tempor,, n* 656. — Vat., 71, ep. 16 sqq., let-
tres an trésorier. — Int. et Ex., 106. Bernard Guiraudon, moine de
Vîgeois, est transféré en 1328 à Maroillao, pour jonîr dn prieuré de
Lalbenqne (Vat., 89, ep. 276. — Collect, 70, f. 61). Il permute pour
le prieuré dn Wast an diocèse de Théronanne, aveo Hngnes de Ba-
defol (Vat., 97, ep.238, en 1331). — Guillaume Guiraudon fut en 1321
moine de Moiseac (Vat., 73, ep. 657).
(4) Estève ou Etienne Lascoutz, notaire, fait citoyen de Cahors
en 1296 (Te Igitur, n" 812). Il pouvait être originaire de Sarlat: on
trouve dans Bontaric (Arrêts, n^ 4834), à la date de 1316, un Ray-
mond Lascoutz ancien bayle de Sarlat ; en 1330 un autre Raymond L.,
moine de Sarlat (Reg. Av., 37, f. 180). — Estève reçoit en 1331 une
bulle d^indulgence in arOculo mortis, avec sa femme Marguerite (Beg.
Vat., IIG). Ils eurent entre antres enfants le trésorier Etienne; GuU-
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PBÉLATS OBiaiNAIBES DU QUEBCT 315
et anx Delmcay peut-être aux premiers à cause des seconds (1).
Etienne fat recteur de Payzac, au diocèse de Limoges ; il
eut un bénéfice au diocèse de Sarlat, fut chanoine du Vigan
(Cahors) et de la cathédrale de Poitiers (2). Il fut remplacé
comme trésorier par Hugues Cornut, doyen de Bochefort
(InU et Ex., 164). On trouve souvent comme exécuteur de
bulles soit pour des Lascoutz, soit pour cent personnages
quercynois, un Raymond Jean Lascoutz, archidiacre d'outre-
Dordogne, qui doit être un proche parent d'Etienne (3).
laume qui reçut un bénéfice de l'abbaye de Moissac (Vat., 85, ep. 493):
Une bulle qui loi confère la chapelle du palais épisoopal de Lodève
en 1332, parce qu'il est le neveu du nouvel èvêque, Bertrand del mas,
est adressée à Jean Tissandier, évêque de Rienx, originaire de Cahors
(Vat, 104, ep. 66); en 1828 il avait été fait chanoine de Jargneil (Or-
léans, Eeg. Av., 82, f. 285); Nicolas Ijiscoutz, en 1817 chanoine de
Saint-Amant-de-Coly (Sarlat, Vat., 69, ep. 369); pout-être Bertrand
dont le fils Qéraud fut aussi en 1328 chanoine de la même église
(Reg. Av., 30, f. 652S 658), peut-être surtout Géraud, damoiseau du
diocèse de Cahors, dont la fille Galharde est reçae au couvent des
Bénédictines de la Daurade de Cahors le 23 septembre 1359 {SuppL,
80, f. 190).
(1) Guillaume Lascoutz, fils d'Etienne, est dit neveu de l'évêque
de Lodève, Bertrand Delmas, heau-frère d'Arnaud de Via (Vat., 10 i,
ep. 66); Jean Lascoutz du diocèse de Cahors, est dit consanguin de
Bobert de Via, alors évêque de Lavanr (1360). Robert lui fait donner
l'église de Monthrun vacante par la mort de Guillaume de Saint- Géry
(Reg. Av., 142, f. 196, — SuppL, 60, f. 301*). Jean devait être un
neveu de Guillaume, un neveu breton de Rohert.
(2) Vat, 82, ep. 81; 86, ep. 492. — Theiner, Domin, temp.,
n* 709.
(8) Une bulle du 10 décembre 1832, qui le confirme archidiacre
d'outre-Dordogne (Périgueux) le dit prêtre du diocèse de Limoges et
énumère tous ses bénéfices: Saint- Crépin, église, et Septfonds, prieuré
du diocèse de Cahors; Végenne, église du diocèse de Limoges. Il est
de plus chanoine de Limoges et prévôt de Riez (non de Reggio, comme
dit M. Faucon, dans son article sur les Arts à la cour d* Avignon,
Mélanges de l'Ecole française, 1882, p. 79). Il résidait à Avignon où
il était clero de la Chambre Apostolique (Vat., 69, ep. 1163; 98, ep.279;
98, ep. 654-5-6; 116, ep. 41; 117, ep. 416, 472. — Reg. Av., 19, f. 136;
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316 PRÉLATS ORIGINAIRES DU QUiBROY
Le gouverneur Pierre d'Artis, que Ton écrit souvent
Pierre d'Arcis, pour le rattacher à un nom plus connu (1),
me paraît également appartenir à une famille cadurcienne,
qui peut-être tirait son nom du village d'Artis, à quelques
lieues de Cahors, et dont il est plusieurs fois question dans
le Te Igitur: Un Jean Dartitz^ citoyen de Oahors, mort
avant 1299, avait laissé des fondations considérables pour
les hôpitaux de Cabors et de La Roque-des-Arcs. Un B. Dar-
titz est cité parmi les prud'hommes de Cahors à la date
de 1322 (2). Un Etienne Dartitz fait une transaction avec
les consuls de Oahors en 1311 (3). Notre personnage sera
archiprêtre de Lodève sous l'épiscopat de Bertrand Delmas,
de Oahors (4).
En 1325 il est chanoine de Périgueux, plus tard de Saint-
Front; en 1329 il reçoit l'église importante de Nailhoux,
au diocèse de Toulouse (5) ; en 1330, chanoine de Poitiers,
il est fait recteur du Patrimoine de Saint-Pierre, avec
Etienne Lascoutz, pour trésorier (6) ; puis vers 1336, tréso-
rier du Oomtat-Venaissin, charge qu'il conservera jusqu'à
sa mort (7). Les derniers bénéfices que je lui connaisse
80, f. 478). — Un Pierre de LascauUf fat archidiacre de Paphos (Chypre)
vers 1868 {Suppl., 88, f. 160^). — Hélie de Lascoutz était avant 1851
chanoine de SaintOmer (Vat., 207, f. 281*).
(1) On sait que dans les registres de cette époque le c et le ^ se
prennent Pan pour Tautre. J'ai trouvé le t bien indiqué au tome 41
de VArmar. XXXI, f. 81*.
(2) Manuscrit du Livre municipal publié par MM. Lacombe et
Oombarieu, n"* 81 et 24.
(8) Bulletin de la Société des Etudes du Lot, 18, p. 166 (d'après
Archives communales).
(4) Reg. Vat., 137, ep. 540.
(5) Reg, Vat., 79, ep. 1578. Cf. 104, ep. 84; 98, ep. 209,
(6) Int. et Ex., 19, f. 32*. — Reg. Av., 88, f. 89. — Vat., 116,
ep. 584 sqq. — Int et Ex., 141.
(7) Reg. Vat., 121, ep. 242. — Vat., 186, ep. 65w (ses bénéfices). —
Int, et Ex., 198.
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PBÉLATS OBiaiNAIBBS DU QUEBCY 317
sont, outre l'archiprêtré de Lodève, les canonicats du Puy et
de Carpentras (celai-oi permuté contre celui d'AIbi).
ARTICLE 8.
Omhrie.
Assise. — J'ai déjà parlé de Bertrand Atgier^ évêque
de cette ville, comme cardinal.
J'ai déjà aussi eu l'occasion de nommer presque tous
ceux de nos compatriotes qui ont eu l'honneur d'être mis
à la tête de l'ordre de Saint-François. Je les rappelle ici
pour les grouper.
Bertrand de la Tour fut vicaire général après la révolte
et la déposition de Michel de Césena en 1328. H présida
le chapitre de 1329 qui nomma son parent Géraud d'Othan,
de Camboulit, comme lui, dont j'aurai à reparler comme
archevêque de Catane. Celui-ci fut remplacé en 1342 par
le quercynois Fartanier de Vassal, d'abord comme adminis-
trateur provisoire, puis, élu au chapitre de Marseille le
11 juin 1343, comme général. Fortanier étant devenu en 1347
archevêque de Bavenne garda l'administration jusqu'en 1348
où le chapitre de Vérone choisit pour général le gourdon-
nais Ouillaume Farihier. Ce dernier ayant été créé cardinal
le 23 décembre 1356, les Franciscains élurent Jean Buch
ou Bucho, que le P. Eubel dit sorti comme ses deux pré-
décesseurs du couvent de Gourdon, décidément heureux
dans ses frères, et que je crois de Cahors même (1).
(l)*BulL francise,, V, p. 582 note. — Ce nom de Bvch on Bue
existe encore chez nous. En 1359 Michel Bucho et sa femme Saure,
de Cahors, en 1360 Bayniond de Bue et sa femme Ganside, de Cahors,
obtiennent indulgence « in articule mortis ». Malgré la différence d'or-
thographe due aux scribes, ce sont évidemment des membres de la
môme famille et ils sont sans doute des parents du franciscain (Reg.
Av., 140, f. 376; 144, f, 465).
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318 PRÉLATS ORIGIlïAIBBS DU QUBBGT
Il avait été professeur à T université de Toulouse et c'est
les quercynois Eaoul de Oornac, provincial d'Aquitaine qui
lui avait conféré la maîtrise en théologie (1). Elu dans le cha-
pitre de Barcelone le 19 mai 1367, Jean Buch mourut le 5 juin
de Tannée suivante, au couvent de Beaune, en visitant la pro-
vince de Bourgogne (2). Le cardinal Farinier administra
Tordre en attendant l'élection d'un nouveau général, qui
cette fois ne fut pas un quercynois. Mais nous avons vu
que le cardinal Bertrand Atgier avait été vicaire général
des Franciscains pendant une autre vacance (1378). Cette
série de 6 généraux ou vicaires-généraux, que personne
n'avait fait jusqu'ici ressortir valait d'être mise en relief.
Orvieto eut successivement deux évêques dont on re-
trouve très souvent les noms mêlés à ceux de nos compa-
triotes, mais que je ne crois pas cependant du Quercy,
tous deux anciens nonces-collecteurs, charge qui menait en
ejffet très souvent à l'épiscopat : Raymond de Ckameyrac que
je crois limousin, chanoine d'Amiens et licencié en droit
canon, évêque de Rieti en 1342, puis en 1346 transféré à
Orvieto. Il eut pour successeur Pons de Péret, d'une famille
devenue qnercynoise, mais non encore installée chez nous
à cette date; les Italiens l'appellent Pero^^ ce qui ne rendrait
pas l'identification facile sans son titre d'archidiacre de Yen-
dôme, qui permet de le suivre. J'ai déjà parlé de lui, sans
savoir qu'il avait été évêque, pour dire qu'il ne fallait pas
confondre son nom avec celui de Piret (ou Lapérarède). Il
mourut en 13G1.
Quelques années plus tard, 7 juin 1368, un quercynois,
Bernard de Sorbier ou Soirier, damoiseau du diocèse de
Cahors, était chargé par le pape Urbain V de la garde de
(1) Bull, franc, VI, n* 604, 2 février 1852. Voir n** 716.
(2) Chroniea XXIV gênerai., p. 552.
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fbAlats obiginaibes du qubbcy 319
la ville et de la citadelle d'Orvieto: il fut confirmé dans
son commandement par Grégoire XI le 18 avril 1371 (1).
On le trouve comme sergent d'armes à la cour de Clément YI
qui le chargea quelquefois de porter de ses lettres. Je n'ai
rien trouvé sur cette famille.
Spolète. — Aucun des compatriotes de Jean XXII n'a
eu l'honneur de siéger à Spolète comme évêque: quelques-
uns furent gouverneurs ou trésoriers du duché. C'est d'abord
Eaynal (Beginald ou Reynaud) db Saintb-Abthémie, gou-
verneur au nom du pape dès 1317. Il appartenait à une
famille, alors importante, du diocèse de Cahors, qui prenait
son nom de la seigneurie de Sainte-Arthémie, près la bas-
tide de Molières (cette bastide fut fondée avant 1229 sur
la paroisse de Sainte-Arthémie) (2). Un Bertrand de Sainte-
ArtTiéinie, chanoine de Cahors, fut vicaire général du dio-
cèse après la démission de Raymond Pauchel et la dépo-
sition d'Hugues Géraud (3). Un Pierre de Sainte-Arthémie,
damoiseau, était viguier de Figeac en 1317 (4). Un Bernard-
Hugues de Sainte-Arthémie fut évêque d'Elne en 1346 (6).
(1) Reg. Av., 174, f. 287.
(2) Moulenq, Documents, etc., op, cit., II, p. 212. — L'auteur a
confondu avec le prieuré de Molières sur la paroisse de Fran-
Goulès, près Cabors. On trouve dans la Correspondance d* Alphonse
de Poitiers (édit. Moîinier, n*» 945 et 1653) que vers 1269 J3er-
trand de Sainte-Arthémie se plaignait pour lui et pour ses frères
Eaynal et Guillaume des torts que leur faisait Arnaud Ratier, de
Montauban, en leur enlevant une partie des dîmes de blè de la paroisse
de Valeribos (M. Moîinier a lu Valariles et identifie avec Valeilles,
canton de Montaigu: il s'agit de Leribosc (autrefois Valeribos pour
Val Leribosc), commune de L'Honor-de-Cos, canton de Lafrançaise).
(3) M. Dufoar l'appelle Bert. de Sainte Archenn a (Et. hist. sur le
Saint-Siège, p. 71).
(i) Prête serment à l'abbé le 8 juin 1317. — Doat, tome 126, f. 126.
(5) Il est dit prieur de Sabonières (Lombez) dans la bulle de pro-
motion, c'est ce qui m*a permis de l'identifier. Je parlerai de lui ailleurs.
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320 PRÉLATS 0BIGTNAIBV3 DU QUBBCT
Un Raymond-Bernard de Sainte- Arthémie remplaça Bertrand
Tissandier comme archidiacre de Bologne en 1388, etc. (1).
Baynald de Sainte-Arthémie ent entre antres bénéfices nn
canonicat de Pérignenx, nn oanonicat avec prébende et di-
gnité de trésorier à Noyon, le décanat de l'église de Beanvais.
Il était chapelain dn pape et auditeur des causes du palais
apostolique, ce qui le suppose très au courant de la science
du droit qui plaisait tant au pape. Le 20 août 1317 il est
constitué recteur de la cité de Pérouse et du comté de
Spolète (2). Il était mort avant le 28 décembre 1323 et
fut remplacé par son trésorier Jean Amiel.
Jean d' Amiel, qui fut trésorier, puis recteur, est indiqué
comme originaire du diocèse de Sarlat, dans un document,
du diocèse de Périgueux dans un autre (3) ; je Pavais cru
longtemps de Cahors, où plusieurs fois des personnages
appelés d' Amiel (Amelii, d'Amelh, da Amelh) furent con-
suls au Xlir et au XIV siècle {Te Igitur, n** 437-448-20,
21), parce que j'avais trouvé avec lui de nombreux quer-
cynois, comme Jacques d' Amiel, de Cahors (4), et que lui-
(1) Reg. Vat., 105, ep. 1361. — La même aDuée il est, avec Pierre
Marin, vicaire du pape dans la ville et le district de Plaisance (Vat.,
117, ep. 1304-1896). En 1385 le pape Benoît XII le fait chanoine de
Châlons sur la demande du cardinal Bertrand du Pouget (Vat., 190,
ep. 356). Il était mort avant le 15 octobre 1349 (Vat 195, f. 104).
Un autre Raymond-Bernard était en 1308 recteur de Saint-Cyprien
de Toulouse (G allia, XIII, 107), chanoine de Périgneux en 1319 (Vat.,
69, ep. 1068), et chanoine de Bieuz. Il était mort avant le 20 mai 1326
(Reg. Av., 26, f. 78).
(2) Reg. Vat., 67, ep. 626; 68, ep. 1559; 63, ep. 16^.4-5.6. — R^.
Av., 9, f. 409*.10, f. 472; 18, f. 41*; 41, f. 296*.
(3) Dit du diocèse de Sarlat dans un acte écrit par lui et signé
par le clerc queroynois G. de Peyrille {Armar. XXXVI, t. 2, p. 107*);
il est dit clericus petragoricensis diocesis, ce qui n'implique nécessai-
rement une origine périgourdine, dans les Collect, 350, f. 11.
(4) Il porte l'argent pour le trésorier à la Chambre Apostolique le
7 décembre 1318 (Reg, Oblig., 5, f. 85). — Citons Guillaume Amiel et Gé-
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PBéLATS OBiaiNAIBBS DU QUBBGY 321
même eet appelé Jean d^Amiel de Càhor» dans une pièce
où il B'iutitule archidiaore de Fréjas, clero de la Chambre
Apostolique, nonoe et réformatenr des provinces et terres
de l'Elglise Semaine en Italie (1). Il est sûr que les Amiel
ont été favorisés par les papes : Aymar on Adhémar Amiel,
qni était dès 1313 le familier du fntnr Jean XXII (2),
fnt son trésorier et mourut évêque de Marseille en dé-
cembre 1383: celui-ci naquit à Montiez près Cahusao (Albi)
et il y fut enseveli {Oallia, I, 657). Ce qu'il y a de ou-
rieuZ| et ce qui laisserait supposer pour tous ces Amiel du
Sarladais, du Quercy ou de l'Albigeois une origine com-
mune, c'est le grand nombre de bulles où ils sont exécu-
teurs les uns pour les autres, ce sont les bénéfices que
ceux-ci et ceux-là ont dans le diocèse de Fréjus. Quant à
Pierre Amiel, qui fut successivement abbé de Saint-Bénigne
(Dijon), archevêque de Vienne en Dauphiné, de Naples,
d'Embrun et cardinal de Clément VU, je le crois plutôt
de la famille sarladaise que de la famille albigeoise, car il
raud Amiel clercs du diocèse de Gahors (Vat., 92, ep. 2865; 106,
ep. 854).
(1) Clément V, Appendice, 1. 1. A la date de 1389 chargé de faire
rinventaire des archives pontificales. Il était assisté de deax qaer-
cynois, M«» Gérand de [la] Carrière et Aymerio de Corn, notaires pu-
blics du diocèse de Cahors (Beg. Av., 88, f. 816). Il avait été fait ar-
chidiacre de Fréjus en 1828 (Vat., 74, ep. 764) étant déjà chanoine de
Lichfield, d'Albi, de Capdrot (Sarlat) et de Sarlat (Vat., 75, ep. 1889).
— Un antre Jean d* Amiel, neveu d'Aymar, était chanoine de Valmoys-
sine (Fréjus) en 1832 (Vat., 103, ep. 888-9). Le prieur de Vahnoys-
sine était nn autre neveu d* Aymar, Bernard d' Amiel chanoine
d'Albi, etc. (Vat., 71, ep. 811; 106, ep. 710).
(2) Clém. V, Bened,, 9289. — Jacques Duèse lui fait donner le
prieuré de Valmoyssine (1316), qui fut plus tard érigé en collégiale.
Son neveu Aymar y était chanoine en 13*28 (Vat., 87, ep. 2699). —
Aymeric d* Amiel qui fut chanoine de Beau vais, de Saint-Barthélémy
de Liège, mais au^si de Spolète, avec d'autres bénéfices dans la ré-
gion, doit se rattacher à Jean d'Amiel (Vat., 106, ep. 665).
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322 PEÉLATS OBIOIMAIBBS DU QUEBCY
avait parmi ses familiers Raymond de Bretenoux^ dit clerc
du diocèse de Sarlat (1). Mais faute de point de repère suf-
fisant, je m'abstiens de rien conclure.
Le trésorier de Jean d'Amiel, devenu recteur de
Spolète, fut PiBBBE Matnadb, du diocèse de Gahors, et
peut-être de Oreysse près Martel (2). Il fut recteur de
Saint-Vincent de Yergerol (Saintes) et ensuite de Besset
(Mirepois); il avait des bénéfices dans le diocèse de Spo-
lète qu'il échangea en 1331 contre les oanonioats de Bur-
gos et de Palencia (3). Il fut nommé en 1325 (28 janvier,
Int. et Ex., 74).
Il fut remplacé en 1332 par Jbak db Bioal qui partit
d'Avignon au commencement de septembre avec son frère
Pierre et deux notaires, M"" André Delmas et Aymeric Mo-
linier (4). Tous les quatre étaient de Gahors même. Il n'y
a pas de doute sur l'origine de Jean Bigal. Il se dit lui-
même de Gahors, dans plusieurs de ses livres de comptes (6)
et son frère Oéraud^ qui est venu le rejoindre à Spelète est
dit de civitate Cadurci (6). Les papes récompensèrent ses
(1) 8uppL, 70, f. 176.
(2) «Te le oonjecture d'une pièce par laquelle quittance lui est
donnée de complet paiement en 13d3 de la dette à^Adhémar May-
ncuie, de Creysse^ mort sons le coup de rexcommanicationi pouf n'avoir
pas payé la veuve de Jean de Rocamadour, Bernard de Farges (était-ce
un parent du cardinal de ce nom ?) neveu d' Adhèmar, avait payé une
partie en 1829 (Instrumenta miscellanea, cassettes de 1329 et de 1383).
Jean Maynade remplace Bernard Babot de Sainte-Spérie dans les
églises d'Arignac et du Haut-Pas au diocèse de Pamiers (1326-6).
Beg. Av., 24, f. 591.
(8) Cassette de 1331. — Vat., 91, ep. 2074. — Int et Ex., 91-74.
(4) Int. et Ex,, 122, f. 2. — Il ne fut d'abord que vice-trésorier,
puis remplaça définitivement Maynade.
(5) Le nom est écrit tantôt Biyaldi, tantôt de Rigaldo. — Ini.
et Ex,, 62.114-122-127-123.
(6) Dans nn acte passé à Spolète, où il est témoin avec Hngnes
Brun de Cabors (cassette 1334).
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PBÉLATS ORIGINâIBES DU QUBRGY 323
longs services (trésorier jusqu'en 1340) par plusieurs cano-
nicats: Bayeux, Albi, Saint-Laurent-de-Bourges, et diverses
églises: Aubiao (Toulouse), Saint-Germain-du-Theil (Mende),
Marquays (Sarlat) (1). Son frère Pierre^ acripteur, fut oha*
noine de Limoges et sacriste d'Avignon (2) : Oasbert Rigal
qui fut clavaire du château pontifical de Bédarrides doit
être également un parent (3), ainsi que Bernard dont la
bulle pour un bénéfice dans le diocèse de Montauban
(Gilhac?), a pour exécuteur Jean Bîgal, chanoine de
Bayeux (4). Mais qui dira si Jean Rigal, qui fut évêque
de Tréguier, religieux mineur, pénitencier apostolique, que
Jean XXII nomma le 21 février 1317, parce qu'il le con-
naissait bien ifamiUari eœperientia noiu8\ était de la même
famille? Ce qui me le laisse supposer, c'est que ses exé-
cuteurs testamentaires forent trois cardinaux du diocèse
de Cahors: Bertrand du Pouget, Gaucelme de Jean et Ber-
trand de la Tour (5).
Le gouverneur de Spolète qui eut Jean Bigal comme
trésorier, fut Pierre de Castanet, archidiacre de Beauvais,
que j'ai déjà nommé à propos du cardinal-évêque de Porto,
mais sans pouvoir affirmer avec certitude s'il appartenait
à notre diocèse. Il fut remplacé par un agenais Raymond
de Potijols (1337-1340).
(1) Beg. Vat., 89, ep. 110; 106, ep. 618-973; 107, ep. 149 943; 117,
ep. 903, 477; 122, ep. 89, 143; 184, ep. 10.— CoW^c^or., 416; remet ses
papiers à son snocesseur.
(2) Vat., 70, ep. 1616; 73, ep. 656; 79, ep. 1907. — Il était maître
es arts. Est-oe le môme que Pierre Rigal, clerc au service d'Hugues
Géraud? Je le croirais volontiers: Pierre fut relâché, après un seul
interrogatoire, sous la caution, entre antres, de Tarcbidiacre de Tor-
nès et du curé de Varaire (Cahors). — Collect, 493, f. 12, 33*.
(3) Collect, 379, f. 187, 188, en 1323.
(4) Rog. Vat., 107, ep. 176, en 1333.
(5) Reg. Av , 47, f. 690* (cahier à'Int. et Eœ, pour 1323).
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324 PRÉLATS ORiaiNAIBBS DU QUEBCY
Pierre de Taillade qui se trouvait comme nonce-collec-
teur à Spolète, en 1332, pendant que Jean d'Amiel était
recteur, est appelé legum excellentissimus professar^ pro refor-
matione et tuitione Spoletani ducatus Sancti Sedis nuntius.
On trouve son nom très souvent pour les affaires d'Italie,
quelquefois joint à celui de Bernard du Lao, sous les titres
de chanoine ou de saoriste ou de doyen de Burlats, collé-
giale du diocèse de Castres (1). Il était de Cahors même,
en tout cas du diocèse.
ARTICLE 4.
Marche d'Ancône.
Ici encore des noms de gouverneurs et de trésoriers
pour le pape. C'est d'abord Amiel de Lautree, gouverneur,
d'une famille albigeoise qui hommageait à l'évêque de
Cahors pour les fiefs de Lautrec et de Paulin. H fut abbé
de Saint-Semin de Toulouse et mourut évoque de Castres
(1326-1837). Il fut remplacé comme recteur par Foulc de
LA PoPi£ que j'ai déjà fait connaître à propos de la famille
de Cardaillac (2). Foulc eut pour successeur (1337) Canhard
de SahaZhan (pour moi inconnu) qui fut à son tour . rem-
placé par Jban de la Eivièrb {de Riperia) en 1343. Celui-ci
est dit {Int. et Ex., 213) prieur des hôpitaux de Eome et
de Pise. Le 6 juin 1364 Urbain V envoyait un Jean de la
Rivière, laïque du diocèse de Cahors, porter des lettres à
son légat le cardinal Audoyn, du titre de Saint-Marcel, et
(1) Reg. Vat., 97, ep. 327; 103, ep. 1662; 106, ep. 117; 117, ep. 64
flqq. — Instr. miscelLy cassette de 1332. — Jean de Taillade et sa
femme Burga, de Cahors, reçoivent en IBbO une indulgence tu arii-
culo martis (Reg. Vat., 194, f. 315*).
(2) Voir Autour de Jean XXIL — Annales de Saint-Louis, avril
1903, Extrait p. 231.
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PRÉLATS ORIGINAIBBS DU QUBRCY 326
priait ce dernier de lai donner un emploi en Italie où il
avait déjà séjourné et où il désirait demeurer encore (1).
Serait-il un parent du gouverneur de la marche d'Ancône?
Amiel de Lautrecf eut pour trésorier Hugues Bas (Bovis)
qui fut .remplacé vers 1329 ou 1330 par Guillaume de Nus-
solières (?), originaire du diocèse de Saint-Flour. Hugubs Bos
était du diocèse de Cahors, mais je ne sais de quelle ré-
gion, bien qu'il appartint à une famille noble: les relations
de cette famille me font penser qu'elle était du Bas-Quercy,
comme la famille du Bosc ou delbos (2).
Hugues Bos était chapelain du cardinal Arnaud de Fal-
guières qui lui fit avoir le 7 septembre 1316 une expecta-
tive, au diocèse de Rodez où il avait déjà Téglise de Cas-
telpers, qu'il céda quelques mois plus tard à Bernard Bos (8).
(1) Reg. Vat., 246, f. 2B9. — La famille de Balène avait le fief
de la Bivière (La Madeleine, jadis paroisse de Saint-Perdoox-de-la*
Bivière, anjourd'hui paroisse du Mas-de-Noyer, près Figeao). — Un
Jean, seigneur de la Bivière, chambellan du roi de France, envoyé
an roi Lonis de Hongrie par Charles V, a-t-il quelques rapports avec
les précédents? (Beg. Vat., 248, f. 70).
(2) Belations d'Hngnes et de Bernard Bos avec le cardinal de
Falgnières. — Bertrand Bos, recteur de Notre-Dame de Montlanard,
reçoit en 1811 un prieuré au diocèse d*Albi (Salvanhao) par les soins
da vicomte de Bmniqnel (Clèm. V, Bened,, n^ 6950). — Bernard Bos
mourait en 184B cnré de Babinia (ancien nom de Cazes-Montlanard)
(Colleetor,^ 74). — Adhémar Bos était chevalier du comte de Poitiers
à Toulouse en 1269 (?) (Correspond., n* 1417); un autre Adhémar Bos
eut le prienré séculier de Saint-Genièe, il mourut en Italie où il avait
précédé Hugues dans je ne sais quelle charge (Vat., 69, ep. 598,
20 avril 1819, le bénéfice donné à Pierre de Via). — Boson Bos, da-
moiseau du diocèse de Cahors, obtient Tantorisation en 1837 d'aller
en Terre Sainte (Vat., 124, ep. 285). Est-ce le même qui avait le
prieuré Saint-Martin-deSesquières (Albi), qui se sécularisa, fnt fait
chevalier, et obtint en mars 1860 pour les services rendus une pen-
sion de l'abbaye de Oaillac (Albi)? [SuppL, 18, f. 127^; B. Vat., 198,
f. 149*. — Voir pour ses frères Suppl,, 9, f. 72*).
(3) B. Vat, 68, ep. 669; 65, ep. 8021.
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326 PBÉLATS OBiaiKAIBBS DU QUBBCY
Il fut de bonne heure employé à diverses missions. En 1320
il avait été envoyé en Allemagne, sans doute pour les
affaires de la Chambre apostolique : il a le titre de rectenr
d'Aynac (Cahors) dans la quittance des 30 florins d'or qu'il
a reçus (1). En 1321 il est trésorier de la marche d' An-
cône, sous le titre de chanoine du Mans, auquel il ajoute
bientôt le canonicat de Vol terra: il était aussi chanoine de
Saint-Donatien-de-Bruges (Tournai) (2).
J'ai déjà nommé Pierre Dupin^ qui fut évêque de Vi-
terbe, comme trésorier de la Marche en 1818.
Camerino eut quelque temps comme administrateur
Foule de la Popie, vice-recteur de la marche d'Ancône, comme
nous l'apprend la bulle de promotion de François Monaldi,
successeur de Bérard (20 juin 1328) (3).
Cesena. -- J'ai déjà parlé de l'évêque Gébaud b'An-
GLABS, dans le chapitre précédent, à propos de sa transla-
tion à Cervia. Il était nommé à Cesena le 15 mars 1323 et
remplacé le 16 juillet 1324 par Thomas du Mur (?) familier
de Jean XXII.
Fossombrone. — Je n'ai pas pu savoir le nom de fia-
mille de l'évêque Abnaud, qui fut choisi par le cardinal
Bertrand du Pouget, à qui le pape avait donné mission de
pourvoir à la vacance du siège, pour succéder à l'évêque
Philippe (4). C'était sûrement un français: il fut transféré
à Apt, siège qui eut au moins quatre évêques d'origine
quercjnoise ; et probablement un queroynois, car il aban-
donna l'Italie en même temps que le Légat et on le trouve
(1) Inst miscelL, cassette 1320, 6 décembre 1320, témoins Baynald
d'Ëbrard et Pierre de Lacoar, reotenr du Bonrg-de-Visa (Cahors).
(2) E. Vat., 70, ep. 1448; 86, ep. 808. — Int. et Ex., 62, 68, 77, 45.
(3) Reg. Vat., lli, f. 130, ep. 137&
(4) Reg. Vat., 105, ep. 1147; 106, ep. 648; 117, ep. 16.
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PRÉLATS OBIGINAIRBS DU QUBRGY 327
plusiears fois exécuteur de bulles pour des ecclésiastiques
du diocèse de Cahors, soit avec l'évêque de Bolognei soit
avec ceux d'Albi et de Mirepois, tous quercyuois (1). Clé-
ment VI se hâta de lui donner un siège français (octo-
bre 1342). Je n'ai pas été plus heureux que M. Albanès
qui n'a pas pu retrouver sa nomination à l'archidiaconé
de Parme, bien que j'aie trouvé celles de son prédécesseur
Sicard de Montai (ou Montant) et de son successeur Pierre
Marin. Cette bulle m'aurait livré son nom de famille. Il
mourut en 1848.
ARTICLE B.
La Toscane,
Lucques eut pour évêque, de 1330 à 1349, Guillaume
Doucnr de Montauban, procureur général de l'ordre des
Frères Prêcheurs. Il appartient au Queroy de toutes façons
et au diocèse de Cahors par la plus grande partie de sa vie.
n est d'ailleurs bien connu (2), parce qu'il fut nonce en
Toscane avant son élévation à l'épiscopat (3). Il fut employé
dans l'affaire de l'antipape Pierre de Corbière qui fit sa
première soumission devant lui et qu'il livra, pour être
conduit à Avignon, au clerc de la Chambre apostolique
envoyé à cet effet, Raymond Stephani des Valon de Gigouzac
(Cahors) (4). Il fut nommé le 26 janvier 1330, et ne fut
pas sacré beaucoup avant le 13 juin. Il reçut le pallium
(1) Keg. Vat., 123, ep. 139; Albanès, Gallia christ, nov., I, col. 250-1.
(2) Prélais originaires du Tarnet-Garonne, p. 40, erreur sar la
date de sa mort. — Lacoste, op. cit., HT, p. 74.
(3) Nonce avec Bernard Gariti de 1826 à 1329. Eiezler, op. cit.;
Int. et Ex., 19, f. 139.
(4) Reg. Vat., 94, ep. 960; 98, ep. 307; 98, ep. 75 (Les évoques de
Lucques avaient droit au pallium).
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328 PRÉLATS OBIGINAIRBS DU QUEBOY
le 8 octobre (1). Il fut un évêque très appliqué aux soins
de son diocèse: visites pastorales, synodes diocésains, ordon-
nances pleine» de sagesse, rien ne fut par lui négligé. Il
mourut le 12 avril 1349 et fut enseveli, dit Cappelletti,
dans le chœur de Saint-Bomain, au milieu de ses frères
Dominicains (2).
On peut donner le nom de Pons Stbphani, de La même
famille que Raymond, que je viens de citer, parce qu'il fut
nonce-oollecteur pour les provinces de Gènes et de Tosoane
(1332-1337); mais j'aurai à parler ailleurs de cette famille im-
portante.
Ohapitbs m.
Italie méridionale.
ARTICLE PREMIER.
Province de Bénévent
Au gouvernement de Bénévent et de. la Oampanie se
rattache le nom de plusieurs de nos compatriotes au moins
comme trésoriers du pape. J'ai eu occasion de nommer
Baymand de Touha, probablement de Saini<3irq-la-Popie,
trésorier de 1828 à 1327; j'ajoute le nom de Oàlhard de
Carces, sur lequel je vais revenir à propos de Brindes et
qui fut trésorier vers 1333: il eut pour successeur Pierre
de Bicard^ recteur de Miramont (Âgen), gui pourrait bien
être des Bicard de G-ourdon, parents du cardinal Gauoelme
de Jean (3). C'est évidemment le même que Pierre de B.,
(1) Reg. Vat., 115, ep. 1318-9-20, 1898, etc.
(2) Clmst d*ltalia, XV, p. 580. ~ Son saooetaeur fut élu le 21 oo-
tobro 1349.
(3) Le neveu du cardinal, Gisbert de Jean, évêque de Carcassonne,
demande un bénéfice pour son consanguin Raymond de Bicard, sans
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PBÂLATS OBIGINAIBBS DU QUBBGT 329
sacriste d'AvignoD, très souvent exécnteur de balles pour
des quercynois et chargé en 1326 avec Guillaume de Ooncots
de recevoir les sommes recueillies par les collecteurs (1): il
était donc déjà un agent important de la Chambre apos-
tolique.
Le premier évêque du mont Cassin, Raymond de Qramat,
fut longtemps gouverneur de cette pactie des Etats Bo-
mains (2), ayant quelque temps, pour le suppléer à Béné-
vent même, en qualité de vice-recteur, son compatriote Ray-
mond de SalgueSj qui devait être évêque d'Elue (3). Pour
la partie de la Oampanie, le nonce Oéraud de Laval, frère
du célèbre camerlingue Gasbert, fut recteur au moins quel-
ques années (4), au début de sa nonciature (1326-8), avec
Foule de la Popie comme trésorier, puis Raymond de Gramat
eut la haute direction de tout le pays (5). L'archevêque de
Bénévent, Pierre Dupin, fut en même temps gouverneur
au moins de la cité. Plus tard Guillaume des Rosières, évêque
du mont Cassin. eut les mêmes fonctions (Beg. Yat., 238,
f. 200).
Bénévent. — Après Guillaume Isnard^ de Civitella, qui
succédait à un français, Arnaud de Brusac^ le siège de Bé-
donte fils de Raymond de Eicard, chevalier du diocèse de Cahors,
célèbre comme jurisconsalte, qne Jean XXII recommandait au roi
en 1829 (Vat., 11&, ep. 716) et dont la veuve Huga obtenait en 1344
une indulgence in arHculo mortis (SuppL, VI, f. 22). Un Âdhémar
de Ricard, fut chanoine du Vigan et de Thérouanne. Il était mort
en 1333 (R. Vat., 76, ep. 966. — R. Av., 43, f. 23*).
(1) R. Vat., 117, ep. 688. — Int, et Ex,, 129. — Vat., 113, f. 66.
(2) Inl, et Ex., 121, et quantité de bulles.
(3) Jnt et Ex., 129. — Vat., 116, ep. 1204 sqq. — Recteur avec
Guillaume N., abbé de Sainte-Sophie de Bénévent.
(4) Voir par ex.: Int. et Ex., 19, f. 49, 116. — Vat., 112, f. 14 sqq.
(6) 114, ep. 1476 sqq., 1458-9, 1606.
AnuaUs de S.-L.-d. F. 22
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330 PEÊLATS 0EIGINAIHE8 DU QUERCY
névenfc reçut Etienne Dupin patriarche de Constantinople,
depuis le 6 mars 1346, et transféré le 16 octobre (1).
Je ne pense pas que celui-ci soit du Quercy, car il est
appelé dans une pièce clerc du diocèse de Limoges (2):
il est assez curieux qu'il ait eu pour snccessenr Pierre du
Pin, qui est sûrement du diocèae de Cahors (3).
Etienne Dupin,. comme la plupart de ces évoques fran-
çais mis sur les sièges étrangers, était un personnage im-
portant de la Chambre apostolique. Il fut nonce-collecteur
en Sicile en 1318 1319 (4). Dès 1321 on le trouve avec le
titre de vice-auditeur général des causes de la chambre ; il
reste en fonctions à la Curie ou part pour diverses missions
se rapportant à sa charge tout le règne de Jean XXII (5).
Ses bénéfices sonfc successivement les prévôtés de Grasse,
de Sisteron, de Cavaillon, l'abbaye séculière du Dorât (Li-
moges) (6). C'est sous ce dernier titre qu'il reçoit le pa-
triarchat de Constantinople, titre simplement honorifique
qu'il échange bientôt pour le siège archiépiscopal de Bé-
névent. Il mourut dans le courant de l'année 1350, après
(1) Vat., 170, ep. 148, et 177, ep. 26.
(2) CoUecL, 873, f. 3. ~ Un Gui du Fin est dit en 1864 neveu du
cardinal Elie de Saint- Yrieix (Vat., 846, f. 377*).
(3) J'ai déjà fait observer que cette façon de parler: derc du dio-
cèse de...f qui peut mettre sur la voie pour découvrir l'origine d'un
personnage ne suffit pas cependant toute seule à fixer pour cette ori-
gine, car souvent elle indique simplement que le premier bénéfice de
tel personnage est dans tel diocèse: comme le premier bénéfice est
en général dans le pays d'origine, on comprend qu'il y ait en somme
assez peu d'erreurs à craindre en s'appuyant sur cette formule, quand
d'autres données la corroborent tant soit peu.
(4) CoUector., 373, ff. 3 et 22.
(6) Collector^ 378, f. 20'; 379, K 211, 218*. — Reg. Av:, 73, f. 506*.
— Vat., 122, ep. 388-BB9.
(6) Albanès, Gallia rww., tome I*»", col. 783.
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PKÉCiATS ORIGINAIBES DU QUERCY 331
avoir fait ériger en collégiale l'église Saint-Barthé-
lémy (1).
Il fut remplacé par Pierre Dupin ou Delpi, transféré
de Viterbe le 18 novembre 1350. Celui-ci est de plus in-
vesti de fonctions administratives par le pape, car nous
trouvons une grande quantité de bulles qui lui sont adres-
sées oomme nonce et comme recteur. Il fut nonce en
Sicile (Naples) dans les dernières années de Clément VI
et les premières d'Innocent VI (2). Quelques-unes de ces
bulles lui sont communes avec le collecteur i?eywaî (Renaud)
de Loupchat (ou Loupiac) (3), qui pourrait bien être du
Quercy. Une des plus intéressantes qu'il reçoit comme rec-
teur est une lettre d'Innocent VI qui soumet Pierre Caylon,
maréchal des troupes du pape, qui se prétendait indépen-
dant, non seulement à l'archevêque, mais encore à l'évêque
(administrateur) d'Aquin, Guillaume, trésorier de la pro-
vince, et à Jean de Saint- Maccime, vicaire du pape pour le
temporel (4). Il avait reçu le pallium pendant qu'il exerçait
ses foctions de nonce au royaume de Naples (6). A Pierre
Dupin qui siégea une dizaine d'années succéda, le 4 dé-
cembre 1360, un prélat limousin dont je ne connais pas le
nom de famille, Oéraud^ chanoine de Limoges, puis à ce-
lui-ci, le 10 janvier 1362, Guillaume Bourgeois qui était
prieur de Catus au diocèse de Cahors, et qui s'était fait
une grande réputation par sa résistance aux Anglais pen-
(1) Cappelletti, ITI, p. 104. Il l'appelle Stefano tout court.
(2) Bulle d'Innocent VI le confirmant dans cette charge (Vat.,
235, ff. 16*-18*). — Il est tout d'abord «juge an spirituel de la curie
générale du patrimoine» {Armar, XIII, cassette 4, n® 3).
(3) Vat., 239, f. 236* sqq., 1357; 237, ff. 44, 114*.
(4) Vat,, 239, f. 207*; 2 septembre 1367. — Jean de Saint-Maxime
est dit archidiacre de Bénévent (Vat., 222; de div.j n° 51.
(5) Vat., 203, f. 116.
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332 PRÉLATS OBIGINAIRSS DU QUBBCY
dant l'atroce guerre qui venait de se faire (1). Je n'ai pas
retrouvé sa bulle de promotion, mais seulement la rubri-
que analytique; M. Ludovic de Valon, qui prépare avec
beaucoup de soin et a presque terminé une monographie
de Catus, son pays natal, a bien voulu me communiquer
une note prise sur les manuscrits de Suarez qui avait vu
la bulle et qui en donne la référence exacte: malheureu-
sement la bulle s'est perdue, comme bien d'autres, dans les
voyages des archives d'Avignon à Eome (2). Guillaume ne
resta que très j^eu de temps à Bénévent et mourut peut-être
dans le courant de la même année. Il fut remplacé le 22 mars
1363: c'est ce qui explique pourquoi on trouve si peu de
choses sur lui.
Ghleti {Théatin.) dans la province de Bénévent, mais
relevant directement du Saint-Siège, eut pour évêque le
17 février 1321 Raymond de Maussac transféré d'Alba, puis
transféré en 1326 à Aversa (3). Il était de l'ordre des Frères
mineurs. Maussac étant une paroisse des environs des Ju-
nies, il pourrait se faire que ce religieux fut d'origine
quercynoise: il fut chargé comme évêque de Chietî, de dé-
fendre certains droits du cardinal Bertrand de la Tour sur
l'église de Salerne, comme évêque d' A versa de faciliter la
besogne des exécuteurs testamentaires de ce cardinal (4);
(1) Lacoste, op. ctï., III, p. 148 (Catus fut pris par les Anglais
an début de 1362, après le départ de Guillaume Bourgeois). — Arch,
du lJ>t., F, 24-28-29.
(2) G*»»*» priori Catusii, 0. S. B. Caturc. dioc. confert arekiep. Bé-
névent vac. per obitum Geraldi archiep. (Biblio. nat.^ Suarez, t. XV).
— La rubrique se trouve Reg. Av., Inn. VI, an 10, tome 29, f. 2.
(8) Appelé de Musaco, de Mausaco, de Maussaco, Moussaco,
comme dans les pouillés de cette époque le nom de cette paroisse. —
Ses bulles: Vat., 71, ep. 607; 80, ep. 879. — V. Buîlar. francise, V,
n*» 419.
(4) Ibidem, no 428-9, n* 1010.
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PRÉLATS OBiaiNAIRES DU QUBRCY 333
mais c'est bien peu pour appuyer une conjecture. Il était
mort vers 1336.
Teramo, comme Ohieti directement soumis au Saint-
Siège, eut en 1363 un évêque qui peut-être se rattache à
la famille du grand camerlingue Gasbert de Laval, dont
le nom revient si souvent pendant plus de trente ans dans
les comptes de la Chambre apostolique. Pierre de Laval,
chanoine de Teramo {Aprutinen. ecclesie) au moment de sa
nomination me paraît être que le même que Pierre de La-
val, chapelain du cardinal des Prez et familier du cardinal
Jean de Caraman. En 1352 il était chanoine de Clermont,
de Brioude, de Lérida, de Mende, recteur de Marcenac
(Clermont) et de Saint-Vincent (Vabre) (1); mais je n'ai
aucune certitude pour son identification, n'ayant pas trouvé
la bulle qui lui conférait le canonicat de Teramo. La chose
reste vraisemblable, étant donné ses premiers bénéfices, ses
protecteurs, son nom, et l'occupation du siège métropoli-
tain par plusieurs quercynois vers la même époque.
ARTICLE 2.
Province de Capoue,
La province de Capoue, à l'exception des gouverneurs
déjà cités de la Campanie, et des évêques de mont
Gassin, diocèse dépendant directement du pape, ne nous
oflfre le nom que d'un laïque. Le 13 décembre 1372 noble
homme Huguet de Gramat, seigneur de Ginouillac, au dio-
cèse de Cahors, recevait de Grégoire XI la charge de dé-
fendre dans la plaine de la Campanie la place de Castel
(1) Vat., 210, ep. 74-78. — SuppL, 18, f. 126; 22, f. 101^ — Eeg.
Av., Urb. V, t. 7, f. 104.
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334 PRÉLATS ORIGINAIRES DU QUBRCY
Patrizzio (?) avec sa tour. C'était évidemment un parent
de l'ancien évêque du mont Oassin, Raymond de Gramat
Cette bulle a l'avantage de nous faire connaître un des
seigneurs de Ginouillac avant l'acquisition de ce fief par
la famille de Ricard (1).
Mont Cassin.
J'ai déjà dit ailleurs quelque chose des évoques quer-
cynois, qui ont siégé au mont Cassin, à propos de Ray-
mond de Gramat. Peut-être est-il bon de mettre ici un peu
plus de précision et de détails.
Le dernier abbé du mont Cassin avant la création de
l'évêché par Jean XXII semble avoir été un français.
Isnard, en effet, était prieur d'Artacelle, au diocèse d'Aix,
prieuré dépendant de Saint-Victor de Marseille et où il fut
remplacé par Guillaume de Cardaillac, quand il fut mis
par Jean XXII à la tête de la célèbre abbaye au lieu et
place d'un certain Bitherus (?) élu par les moines et que
le pape ne voulut pas reconnaître (16 février 1317) (2).
Isnard serait mort en 1319 et l'abbaye resta vacante
assez longtemps, le pape s'opposant sans doute à l'élection
d'un nouvel abbé. Dès 1321 (3) il fit savoir aux religieux
que pour honorer davantage leur église où reposait le corps
de leur glorieux fondateur, saint Benoît, pour favoriser
les besoins des âmes pieuses, pour éviter les inconvénients
qui pouvaient résulter de la nécessité de recourir souvent
à des évêques très éloignés, etc., il allait rétablir l'ancien
(1) Reg. Av., Greg. XI, t. 13, f. 471*.
(2) Reg. Vat., 65, ep. 2038-2424-21 B9.
(3) Lnigi Tosti (O. B.), StoHa délia Uadia del Monte Cassino.
Roma, 1888-90, t. III, p. 46 sqq.
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PRÉLATS ORIGINAIRES DU QUEBCY 335
évêché du pays, faire de leur église une cathédrale, de leur
couvent un collège de chanoines toujours soumis d'ailleurs
à la règle de saint Benoît. La cité de Cassino, au bas de
la montagne sur laquelle s'élève le monastère, avait eu des
évêques jusqu'au temps de sa destruction, puis les abbés
exercèrent la juridiction épiscopale, ayant tous les pouvoirs
des évêques sauf celui de conférer les ordres sacrés et de
faire le saint chrême. Jean XXII crut bon de donner à ces
abbés mêmes le caractère épiscopal. On voit par sa bulle
combien ses intentions étaient louables. Il semble cependant
que l'expérience n'ait pas été bonne, puisque Urbain V
supprima le jeune évêché et rétablit les choses en l'état
ancien. Créé le 2 mai 1322 supprimé en décembre 1367,
l'évêché a donc duré en tout un peu plus de 45 ans, y com-
pris les vacances du siège. Sur ce temps il faut compter
le règne provisoire d'un administrateur qui dura près de
trois ans, et le règne des quatre derniers évêques, tous ita*
liens, qui a duré 13 ans, du mois d'avril 1353 au mois de
mai 1366, avec d'assez longues vacances. Ce sont ces évê-
ques-là, qui vraiment n'ont fait que passer, qui ont été la
cause de la suppression de l'évêché. A lui seul, Raymond
de Gramat, le premier évêque français, a régné plus long-
temps qu'eux tous. Il est sûr qu'une succession si rapide
de chefs ne pouvait pas être avantageuse à l'esprit de la
règle bénédictine; mais si les papes avaient laissé, comme
le voulait Jean XXII, les religieux libres d'élire leur évê-
que-abbé, ils se seraient habitués à cet ordre de choses, le
diocèse du mont Cassin, ne l'oubliant pas, étant toujours
resté et devant toujours rester, même de notre temps, le
diocèse de l'abbé. Jean XXII n'eut que le tort, peu grave,
ce me semble, de vouloir que ce fût un diocèse d'évêque.
Mais je n'ai pas à philosopher sur toutes ces choses et je
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336 PRÉLATS OBIOINAIBBS DU QUBBCY
m'empresse de venir à la série des évêques français, dont
trois furent des fils du Quercy.
Oddo de Sala, l'administrateur du nouveau diocèse (1),
étant mort (il avait été nommé le 6 juin 1323), Jean XXII
choisit un religieux bénédictin, de l'Ordre de Cluny, Ray-
MOND DE Gramat, priour de Paray-le-Monial, peut- être le
fils de ce Bertrand de Gramat, chevalier et docteur es lois,
que Clément Y avait envoyé en 1309 comme ambassadeur
à Ferrare (2). J'ai déjà fait connaître sa famille (3). Jean XXII
le connaissait très bien et lui-même voulut lui donner la
consécration épiscopale (4).
Baymond depuis longtemps au courant de la vie reli-
gieuse fut un évêque excellent. Il s'occupa sérieusement
de l'abbaye et du diocèse. Pour favoriser les éfcudes il fonda
à Naples un collège pour les jeunes religieux de l'abbaye
qui suivraient les cours de l'université (6), et sous son règne
se multiplièrent les manuscrits dont le monastère est si
justement fier; pour la résidence de l'évêque, il fit cons-
truire un beau château, ou palais, dans le village de Saint-
Pierre in monte: c'est là d'ailleurs qu'il mourut; quant à
la règle monastique, elle dut subir quelques changements
avec le nouvel ordre de choses, mais l'évêque sut faire res-
pecter la discipline (Ughelli). Quant à lui, il la respectait
tout le premier; même chargé de fonctions qui l'obligeaient
(1) Ancien archevêque de Pise, patriarche d'Alexandrie.
(2) Reg. Clém. V, Bened,, n» 3717.
(3) Autour de Jean XXI L — Annales de Saint- Louis, numéro
de juillet 1903. Extrait, p. 2B8.
(4) Ughelli, Italia sacra, II, p. 1032.
(5) Ughelli ne dit pas le but de cette fondation ; il nous est connu
par une supplique qui donne le nom de famille du fondateur (SuppL,
V, f. 96). Plus tard ce collège fut vendu aux Olivétains qui construi-
sirent sur cet emplacement leur célèbre monastère (Ughelli).
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PEÉLATS ORIGINAIBBS DU QUBBCY 337
à sortir, il revenait le plus tôt possible dans le monastère.
Le 27 novembre 1330 il demandait la permission d'étadier
le droit civil, n'étant que docteur en droit canon, mais il
demandait à Tétudier en chambre afin de n'abandonner sa
résidence que le moins possible (1). En 1328 le pape l'avait
chargé de gouverner en son nom la Campanie, la province
maritime et la cité de Bénévent(2): aussi trouve-t-on son
nom à chaque instant dans les Registres. Benoît XII lui
conserva une partie au moins de ces fonctions et le chargea
de plusieurs missions importantes auprès du roi de Sicile
ou auprès des Romains. Quelques jours avant sa mort, le
16 juin 1340, il l'envoyait à Rome pour certaines affaires
intéressant la ville et pour veiller à ce qu'on ne gênât pas
une mission qu'il avait confiée à deux sénateurs (3).
Il mourut au retour de ce voyage le 26 juillet, comme
le montre l'inventaire fait dès le lendemain de sa mort par
ses vicaires généraux et reproduit dans le compte des col-
lecteurs chargés de l'administration de la mense et de la
levée des spoliœ de l'évêque défunt (4). Par lettre du
17 août 1346 Benoît XII avait chargé de prendre les me-
sures conservatrices nécessaires Géraud de Laval et Ar-
noulph Marcellin, nonces-collecteurs en Sicile (Naples)(5);
mais ceux-ci n'ayant pu régler définitivement l'affaire, étant
(1) Reg. Vat., 100, ep. 542. — Le même jour le pape le dispensait
de payer da commune servitium la part qui lui revenait à lui-môme,
c^est-à dire à la Chambre apostolique. Raymond ne devait payer que
la part due anx cardinaux (ep. 711). Déjà en le nommant (1326) le pape
avait décidé que les sommes perçues par les collecteurs pendant l'ad-
ministration d'Odon serviraient à payer lo servitium de fen Tabbé
Isnard (Vat., 81, ep. 1711).
(2) R. Vat., 114, ep. 1475 sqq. — lut et Ex., 121, etc.
(3) R. Vat„ 128, curiales, ep. 32.
(4) CoUector,, 95, f. 9.
(5) Vat., 135, ep. 146. — Collect, 95, £ 1.
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338 PBÉLATS OBIGINAIIIBS DU QUEBCY
très occupés ailleurs, le pape envoya le 5 décembre Bay-
rnond de Chameyrac et Pons de Péret (qui devaient tous
deux être un jour évêques d'Orvieto). Le 21 décembre les
commissaires de Benoît XII partirent pour le mont Cassin
et le 24 janvier 1341 il commençaient leurs travaux (1).
Dans rintervalle on avait pillé une partie des biens de
l'évêque décédé (livres, argent, autres biens meubles). Le
pape écrivit au roi le 13 mars de vouloir bien prendre des
mesures pour les faire restituer en poursuivant les voleurs
et le 15 avril il le remerciait de la peine qu'il s'était donnée
dans ce but (2).
Autour de Raymond de Gramat l'on trouve plusieurs
compatriotes: Raymond de Salgues (futur évêque d'Elne, etc.)
attaché au service de l'évêque qui lui conféra l'église Saint-
Manr de Nuceria et qui le suppléa comme vice-recteur à Be-
névent (3), Rigaud de Cornac, Guillaume de Gramat, moines
du mont Cassin (4), Guillaume de Rocamadour^ qui avait la
garde du cb&teau de Valle rotonda (5).
Raymond fut remplacé par Gui de Saint-Germain, doc-
teur es lois, notaire apostolique, familier de Benoît XII.
A cause de ses nombreuses relations avec Jean XXII qui
l'avait nommé auditeur des causes et avec beaucoup de
quercynois, j'avais pensé qu'il pouvait appartenir à la fa-
mille de Saint-Germain d'Espanel ; mais la lecture de son
testament m'a convaincu qu'il était de Saint- Germain au
(1) Vat., 128, cur., ep. 57. — Collect, 95, f. 1 et 2.
(2) Danmet, Registres de Benoît XII, n«« 824-831.
(3) Vat., 81, ep. 2260; 85, ep. 445. — Int. et Ex., 129.
(4) SuppL, 3, f. 97. — Vat., 93, ep. 300; 98, ep. 611.
(5) Collect, 95, f. 23. — Rocamadour et Saignes sont tout près
de Gramat. Peut-être peut-on attribuer à la famille de Sajmond, un
Grégaire- Pierre de Cnstelnau, tabellion, dit clerc du diocèse du mont
Caeain vers 1350 (Vat., 203, tabell. n** 29).
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PRÉLATS OBIQINAIBBS DU QUBBCY 339
diocèse dn Puy(l). Nommé le 6 novembre 1340, il parut
à peine an mont Cassin, car il mourut bientôt, et dès le
10 octobre 1341 son successeur était nommé.
C'était révêque de Vaison, Ratibb de Mibamont. Mi-
ramont est le nom d'une seigneurie près de Lauzerte, dans
la paroisse jadis de Saint-Pierre-de-Nasac ou Najac, aujour*
d'hui Saint-Pierre-de-Miramont, dans le département de'Tarn-
et-Garonne. Cette paroisse était le lieu d'origine du célèbre
camerlingue Gasbert de Laval. Les Miramont devaient être
une branche des Gourdon de Castelnau de Mont-Ratier.
En 1249 Raiier de Miramont prête aux commissaires de la
reine Blanche le serment de fidélité pour le comte Alfonse
de Poitiers et Jeanne de Toulouse ; en 1259 avec son frère
Guillaume de Gourdon ils reconnaissaient leur vassalité et
le droit d'alberghe de 150 sous. Ils étaient aussi parents
des Durfort, qui avaient la coseigneurie de Miramont et la
reconnurent au même comte Alfonse. Au XIV^ siècle on
ne trouve plus que les Durfort, au XV*" siècle ce sont les
Pellegrue qui deviennent les seigneurs de Miramont, Najac
et Montbarla (2).
Il est probable que Ratier de Miramont, dont nous par-
lons, était le fils de Raymond de Miramont qui assiste
en 1279 à l'ouverture du testament de son parent G. de
Rosetf et fait son testament à Rome la même année (3).
Nous le trouvons en 1313 chanoine d'Albi (4).
Une bulle du 21 octobre 1316 qui lui confère un ca-
nonicat dans l'église de Salisbury, nous apprend qu'il
«
(1) Martène, VeL script, mon,, I, col. 1467 sqq. — La Gallia le
citant parmi les prévôts de réglise du Pny le rattache avec raison
à ce diocèse (VJ, col. 489).
(2) Moulenq, Documents sur le Tam-et Garonne, III, p. 2B4-259.
(3) Honlenq, loc. ciL, d'après d'Hozier.
(4) Reg. Clément V, Bened,, n^ 8887.
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340 PRÉLATS ORIGINAIBES DU QUBBG7
était à cette date recteur de Saint-Pierre de Nasac, sa pa-
roisse natale, chanoine d'Albi et de Lectonre (1). Il échangea
la paroisse de Saint-Pierre avec Gasbert de Durfori de Mi-
ramont contre le prieuré d'Albagnac (Rodez) en janvier 1 319;
à cette date il était déjà sacriste de Lectonre (2). Le 13
avril 1323 il recevait de plus l'archidiaconé de Lautrec
(Albi), avec l'église annexe de Masières (Albi, puis Castres),
et c'est désormais comme archidiacre qu'il est connu. C'est
dans cette bulle qu'il est dit consanguin du cardinal Ber-
trand de Montfavès (3).
Benoît XII le nomma à l'évêché de Vaison le 24 avril
1336: il faisait sa visite ad Umina le 12 juin 1337 par son
procureur Bernard-Hugues (de Sainte- Arthémie ?) et le 27 dé-
oembre 1337 payait le commune servitium par son fami-
lier Augier (Oger) de Salvanhac (4). Il ne se trouvait donc pas
à la curie, étant sans doute en mission. En 1338 Benoît XII
l'envoyait en Sicile avec le patriarche de Constantinople,
Gotius, que d'autres appellent Robert, pour faire faire la
paix entre le roi de Naples et le roi de Sicile. C'est ce
qui explique qu'il ait reçu le 1*"" août l'autorisation de tester
et l'indulgence in articula moriis (5). Le 10 octobre 1341,
peut-être étant encore dans ces régions de l'Italie méri-
dionale, Ratier est nommé à l'évêché du mont Cassin (6).
(1) Reg. Vat, 63, ep. 687.
(2) Ibid., 69, ep. 331-2. - Av , 11, f. 267* et 258*.
(8) Vat., 75, ep. 1182. Il est dit chapelain du pape.
(4) Vat., 122, ep. 6. — Solut, 17, f. 113* et 37*.
(6) Reg.'Vat., 126, ep. 16 à 51. Le P. Colomb, dans son De rébus
gesUs eptscoporttm Va8ione7tsiumt 1656, p. 130, met cette mission à la
date de 1341 (Reg. Vat., 125, ep. 272 et 157*^).
(6) Vat., 129, ep. 353. — Gams met: à Tévêchè de Cassano. — Il
fut réglé que les fruits de la mense épiscopale échus depuis sa pro-
motion jusqu'à sa prise de possession lui seraient remis et non à la
Chambre apostolique (Vat., 136, ep. 204).
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PBÉLATS ORiaiNAIRBS DU QUERCY 341
Il n'y résida pas bien longtemps, puisqu'il mourut le
27 février 1343, à Tarente, au cours de quelque mission
sans doute (1).
Clément VI le remplaça le 14 mars par son trésorier
Etienne Cambarou,q}ii probablement ne parut jamais au mont
Cassin, comme semblent l'indiquer les livres de comptes.
Trasféré à Saint-Pons le 13 février 1346 (puis à Arles,
14 août 1348, enfin à Toulouse, 22 décembre 1350, mort le
15 mars 1360) il eut pour successeur au mont Cassin un
troisième quercynois, Guillaume des Rosières (7 avril 1346).
Celui-ci appartenait à une famille noble, qui avait alors
une certaine importance, mais dont le nom s'est perdu,
éclipsé par le nom de celle qui a possédé après elle le
château des Eosières: la famille d'Hebrard de Saint-Sul-
pice. Ce sont les livres des Suppliques de Clément VI qui
nous ont fait connaître ce nom et certaines parentés abso-
lument inconnus, je crois, de nos auteurs locaux. Le châ^
(1) Ughelli, op. et loc. cit. — Ce qui prouve bien en tout ca49 qu'il
restait dans Pltalie, o'est qu'il payait le 28 septembre 1342 son com-
mune servitium par des marchands de Florence (Solut., 19, f. 3).
J'ai déjà dit qu'il était parent des Montfavès. C'est confirmé dans
loA balles qui confèrent à Galhard de Miramoni^ son neveu, en juin 1382
le canonicat de Lectoure, puis, en août 1336, la sacristie que Ratier pos-
sédait avant son élévation à l'épiscopat (Vat., 102, ep. 1125; 122, ep.
140). Le cardinal de Montfavès le remplaça comme archidiacre de
Lautrcc.
On trouve un Sicard de Miramont qui fut recteur en 1343 de
Saint-Julien de Valgineste, près Montpezat, Cahors (B. Av., 71, f. 38).
Celui-là devait être un parent de l'évoque Ratier. Peut-on en dire
autant de Sicard de Miramont, chanoine de Comminges et Saint-Gan-
dens, chanoine et chantre de Mirepois (1319), et de son neveu Sicard,
chanoine et chantre de Mirepois en 1330, archidiacre avisait en Com-
minges (13381889) (Vat., 68, ep. 1100; 94, ep. 644; 124. ep. 600; 127,
ep. 329). — Le premier doyen de la collégiale de Saint-Félix de Ca-
raman fut Pons Adhémar de Miramont (2 mars 1318, Vat. 68, ep. 1067).
— Voir Jourdain de Miramont, évoque d'Acerno (Saleme).
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342 PEÉLATS ORIGINAIBES DU QTJEHCY^
teau des Rosières (alors dans la paroisse de ConcotS) mh
jourd'hui dans la paroisse d'Escamps, canton de Limogne)
n'est pas éloigné du château de Yayrols dont les seigneurs
étaient apparentés aux seigneurs des Rosières (1).
Voici maintenant en quelques mots le cursus intéres-
sant de notre personnage. Guillaume des Rosières fut d'a-
bord moine de la célèbre abbaye de Conques au diocèse
de Rodez. Le 16 mai 1319, prieur de Sainte-Foi de Tré-
bosc (Rodez), il obtenait l'expectative d'un bénéfice plus
important ou d'un office dans le monastère. Il reçut la
maîtrise de l'œuvre, et c'est comme maître d'œuvre de Con-
ques qu'il fut nommé a l'abbaye des Saints Serge-et-Bac-
chus d'Angers (2). C'était donc un religieux de l'ordre
de saint Benoît. Sa science du droit-il était docteur es dé-
crets - le fit employer par les papes comme nonce- collecteur
en Sicile (Naples). Le 4 avril 1343, il fut promu à l'ar-
chevêché de Trani; c'est à peine s'il y parut, car le 28 fé-
vrier suivant il était transféré à Brindisi, étant d'ailleurs
toujours nonce en Sicile, ainsi que le prouvent de nom-
breuses lettres (3). Le pape voulut enfin le rapprocher de
(1) La seigneurie des Camps (aujourd'hui Escamps) appartenait
à cette époque aux Concots; le 13 mai 1865 Hugues de Conçois, da-
moiseau, obtenait que les habitants du village, trop éloigné du centre
paroissial, pussent entendre la messe et recevoir tous les sacrements,
dans la chapelle seigneuriale, de son chapelain ou de quelque autre
prêtre approuvé {Supp.^ 41, f. 42).
L'èvêque de Cahors, Antoine d*Hebrard de Saint-Sulpice (1577-
1601) fonda par testament une chapellenie aux Rosières qui lui ap-
partenaient (chanoine Sarny, Les llosières d' Escamps, dans la Eevue
religieuse de Cahors, février 1904).
(2) R. Vat., 69, ep. 790. - Gallia, XIV, 661. Elle ne^le met qu*en
1332, faisant durer Hélie jusque-là. Or en 1329, Guillaume, abbè de
Saint-Serge etc. était exécuteur de bulle pour Godefroi de Vayrols
(Reg. Av., 270, f. 244).
(3) Reg. Vat., 147, ep. 99; 161, ep. 67; 188, ep. 253 sqq. — Cap-
pelletti, op. citj XXI, p. 62.
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PRÉLATS ORIGHKAIRES DU QUERCY 343
son centre, et le 7 avril 1346 il le transférait au mont Cas-
sin (1). A des religieux bénédictins il donnait pour évêque
un ancien abbé de l'Ordre; mais il lui conservait ses fonc-
tions et ses pouvoirs de nonce (2), qui n'étaient pas tout à
fait une sinécure en ces temps troublés, comme le prouve
certaine supplique où nous voyons que Guillaume fut plus
d'une fois exposé à de graves périls, qu'il perdit tous ses
biens et fut même jeté en prison (3). Les dangers ne di-
minuèrent pas quand il fut évêque du mont Cassin, tout
au contraire, et de plus les calamités de toutes sortes tom-
bèrent à la fois sur la malheureuse abbaye. Après la mort
du roi André, peut-être assassiné par la reine Jeanne, son
frère Louis de Hongrie vint pour le venger avec une armée
de barbares (1348). La reine s'enfuit en Provence avec son
nouveau mari Louis de Tarente, et laissa le royaume de
Naples pour quelque temps aux mains du vainqueur. L'ab-
baye fut ravagée une première fois par les bandes hon-
groises. Après leur départ, les vassaux profitèrent de l'ab-
sence de l'évêque et de la fuite d'un grand nombre de re-
ligieux pour piller ce qui restait encore et pour se rendre
indépendants. Le plus hardi de ces révoltés fut Jacques
Papoue de Pignataro qui acheva de désoler le pays et rendit
(1) Vat., 169, ep. 55 — Ughelli, op. et loe, cit. Il met la date de
1345. — Le mont Cassin n'était qu'un èvêchè, mais dépendant direc-
tement du pape et ses revenus étaient considérables.
(2) Ughelli. — Reg, Av., 139, ep. 1127: Les lettres qui lui sont
adressées comme archevêque de Trani onde Brindisi, vaudront quoiqu'il
soit transféré à Cassino. — Vat., 140, et Vat., 141, nombreuses lettres
comme nonce, en particulier à propos de la mort d'André de Hongrie
et de l'enquête sur cette mort (140, ep. 57-58; 141, ep. 198-9-200 à
317. — Vat., 180, ep. 523-4 (divers privilèges). — SuppL, XIV, f. 17
(idem),
(8) SuppL, XV, f. 170V II reçut comme compensation divers prieu-
rés en commende: Bessian (Agde), Londres (Magaelonne) (25 août 1884,
— Vat., 186, ep. 148-9).
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344 PBÉLÂTS OBIGINAIBBS DU QUEBGY
inaccessibles pendant plus de quatre ans les abords de la
célèbre abbaye. Les autres vassaux imitèrent son exemple.
Pour comble de malheur la peste exerça ses ravages dans
la contrée, et enfin eut lieu le terrible tremblement de terre
de 1349 qui acheva le désastre (1). De l'abbaye construite
par l'abbé Didier, il ne resta plus que des pans de murs
entre lesquels les pauvres religieux survivants dressèrent
pour s'abriter de misérables tentes (2).
Innocent VI eut pitié du malheureux évêque et le
17 avril 1353 il le transférait à Tarbes. Guillaume avait
bien mérité de finir sur un siège français. Il y mourut
en 1361. Ses livres passèrent à la bibliothèque pontificale,
sans doute en vertu du droit de spoliae sur les biens des
nonces-collecteurs (3).
Les Suppliques nous font connaître deux de ses frères,
des neveux et d'autres parents, ce qui m'a permis de l'iden-
tifier. Jean et Bernard des Rosières^ du diocèse de Cahors,
ri) C'est sans doute pour remédier un peu au mal que Guillaume
ooDsentit certains échanges et alièDations dont il est parlé dans des
bulles d'Innocent VI (Vat, 235, f. 84 et f. 105).
(2) Ces détails sont tirés en partie de l'Histoire de Pabbaye par le
P. Tosti ipp, cit.,) : il y a des erreurs de dates, comme de mettre sous
Pépiscopat de Gui le passage des Hongrois et la campagne de Jacques
Papoue ; à Gui, mort de peur (!) il fait succéder Ricterius (Katîer) et
à celui-ci Guillaume. On voit que le savant bénédictin a manqué de
documents, et qu'il n'est pas tont à fait à croire sur cette période.
Il m'a para très injuste pour les évoques français (op, cU., III, p. 51
à 54).
Sur Jacques Papone, la bulle, Vat., 21B, f. 314, par laquelle le
pape, à la demande de Guillaume, lance en 1352 l'excommunication,
donne des détails intéressants (Cf. Vat., 211, ep. 631, lettres con-
servatoires (1352). Papone mourut bientôt après, et son testament
témoigne de son repentir et de ses efiPbrts pour réparer le mal (Tosti,
op. cit., et Beg. Vat., 235, ff. 105^-106).
(3) Ehrlé, Histtnia Biblioth. Rom. p<mt, p. 217 (lœ mss.). — Voir
Vat., 222, ff. 290S 351 S 373^ divers induits, dont une indulgence pour
aider à la réparation de la cathédrale.
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PHÉLATS ORIGINAIRES DU QUBRCY 34B
«es frères (1); Jean des Rosières (2) et Barrave (3) fils et fille
de Jean, ses neveux, ainsi q\\^ Aimertque (4), fille de Ber-
nard, sa nièce; Barthélémy de Treulon, autre neveu, fils de
son beau-frère Jean de Treulon; son cousin Guillaume de
Lesparre (5). Un autre personnage, Isarn des Rosières est
dit cousin germain de l'archevêque de Toulouse, Geoflfroi
de Vayrols, pour lequel jadis Guillaume, abbé de Saint-Serge,
* fut chargé d'exécuter une bulle quand il était chanoine de
Oahors (6). On peut sans crainte rattacher à la même famille
GfiibeH des Rosières, qui résigne en 1344 le prieuré de Oha-
lon (?), au diocèse d'Angers, dépendant de l'abbaye de Saint-
Serge, prieuré qui est donné à Eigaud de Cornac, trans-
féré du mont Cassin (7).
(1) SuppL, XIV, f. 17, ind. in art. mortis,
(2) Ibid., SuppL, XV, f. 170^
(3) Reg. Vat., 184, f. 297*.
(4) Ibid» Aimeriqne est dite de Figeac: peut-être mariée à un mem-
bre de la famille de Balëne: celle-ci avait des parents (voir chapitre 1**^
abbaye de Nonantula) à Anjols, qui touchait Escamps.
(5) Reg. SuppL, 14, f. 17. — Guillaume de Iiesparre» clerc du
diocèse de Cahors, avait un bénéfice dans celui de Bourges. Je ne
connais pas ces Treulon ou Treulou (cf. Trioulou, en Auvergne, mais
près de Figeac). Quant aux Lesparre, c'était vraisemblablement une
branche des seigneurs de Belfort en Quercy. Le château de Lesparre
(aujourd'hui commune de Montferraier, près Montpezat, Tarn -et- Ga-
ronne), était en 1361 en coseigneurie avec Guillaume de Belfort, sei-
gneur de Belmont. La plupart des auteurs, en écrivant Beaufort. pro-
duisent une grande confusion. Il n'y a aucun rapport entre cette fa-
mille et les Beaufort du Limousin ou d'ailleurs. M. Moulenq a omis
dans ses Documents la commune de Montfermier et ne parle de la
seigneurie de Lesparre qu'en passant (II, p. 294).
(6) SuppL, 27, f. 242», et 87, f. 177.
(7) SuppL, 3, f. 182. — Un Guillaume des Rosières, fait prieur
de Claunhac (Rodez) en 1832, doit être du Quercy, si j'en juge par
les exécuteurs de sa bulle (l'èvêque de Cahors et Bernard* Hugues
de Cardaillac-Varaire) (Vat., 108, ep. 103). Un autre Guillaume des R.,
de l'Ordre des FF, P., est reçu maître en théologie en 1384 (Reg. Av.,
AniiBlcs du 8.-L.-d.-F.
23
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346 PBÉLATS 0R1GINAIBE8 DU QUEBCY
t
ARTICLE 3.
Province de Naples.
J'ai déjà eu l'occasion en parlant des premières charges dit
futur Jean XXII de faire remarquer la curieuse réunion
de nombreux quercynois à la cour des Angevins de Na-
pies, tous dans les plus hautes fonctions vers le même temps.
C'était Ouillaume de FerrièreSj vice-chancelier au royaume
de Sicile, au moins en 1290; Pierre de Ferrières, probable-^
ment son neveu, vice-chancelier en 1295, chancelier de 1296
à 1308; Jacques Duèse^ chancelier de 1808 à 1310; Guillaume
de GoudoUj et Guillaume d^Hébrard, chanceliers l'un après
l'autre du duc de Calabre, Bobert d'Anjou, ou lieutenants
du chancelier de Sicile Pierre de Ferrières. Autour d'eux
durent se trouver bon nombre de leurs compatriotes, mais
je n'ai pas pu préciser faute de documents (1).
Le siège de Naples compte au moins trois archevêques
originaires du diocèse de Cahors, mais pour les temps pos*
térieurs à Jean XXII.
J'ai nommé le premier, Bebtbakd de Mbyghonbs (2)| à
propos de Bertrand du Pouget, le cardinal-légat, dont il
fut un neveu. J'ai acquis, depuis, la certitude qu'il était
236, 1*' cah.). Un Jeaii des Rosières, moine d'Alet, donc différent de
l'antre, reçoit en 1358 le prieuré de Manboorgnet an diocèse de Tar-
bes (Vat., 233, de div., ep. 340),
(1) Autour de Jean XXII, I'* partie.
(2) Ce nom est écrit en latin: de Meischonesio, de Meissoneriis,
de Mejanesio, de Meychones, del meichones. Quand il fut élu évêqne
d'Apt, le cardinal Bertrand dn Ponget obtint Tautorisation de distri-
buer lui-môme les bénéfices du nouvel élu son neveu, nepotis dicH
cardinalis (Voir Aut. de Jean XXII, -^ Annales de Saint-Louis^ n** de
janvier 1908, Extrait, p. 190). — Je ne savais pas alors d'où était
Bertrand, et un mot d'Ughelli m'a fait faire une fausse conjecture.
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PKÉtATS ORIOINàIBES DU QXJBKOY 347
de C^bors même, et je ne crois pas sortir de la vraisem-
blance ea le disant fils, en tout qsls proche parent^ d^Hugue-f
de M^)fehon^y ehevalier quercynois, caturtenri^^ au servioa
du légat en Lomba^die, au moins en 1833 (IX qui fut en-
terré chez les Frères Prêcheurs de la ville de Cahors, et
qui était apparenté à }a famille du Bousquet, dont T:^n
membre devait précisément succéder à Bertrand sur le-
siège de Naples (2).
Je ne connais à Bertrand d'autre bénéfice, avant son
élévation à l'évêché d'Apt, que deuK canonicats (Lavaur et
Mirepois) et une église, celle de Grenade au diocèse do
Toulouse: lorsqu'il reçut cette église, il était déjà chanoine
et bachelier en droit civil (3). Il dut se perfectionner dan»
cette science, et devint si remarquable que Clément VI
l'appela, le 10 juillet 1348, à succéder à Arnaud, évêque
d'Apt et ancien évêque de Fossombrone (4), mais ne le
laissa guère en son diocèse, l'employant constamment pour
des missions importantes. Il fut également apprécié par
Innocent VI qui se servit aussi de lui, surtout en Italie
où il finit par le laisser comme archevêque de Naples.
Il devait être en Italie dès 1349, puisque c'est par un
marchand de Florence qu'il paie le 11 avril son commune
servitium comme évêque d'Apt. (5). En 1360 il sert de pro-
cureur au second mari de Jeanne d'Anjou, Louis de Tarente^
(1) Hugues reçoit son salaire par les mains de Baymond de Co-
lombier. soD compatriote, le 17 avril 1323. — Int. et Ea:,, H, f. 120.
{2) Annuaire du Qu^rcy, de 1876, Obituaire publié par le oha-
noine Martin, p. 72, n^ 5. Jean du Bousquet, bourgeois de Oabors, paie
au couvent le legs laissé par le défunt pour un obit,
(3) Reg. Yat., 64, f. 88. -- Av., 66, f. 878. — Vat., 170, ep. 609;
of. 186, ep. 62.
(4) Beg. Vat., 187, ep. 26. — • Albanës, GaUia nùviss., I, Apt, col. 259.
(6) Beg. Sol., 21, f. 125. — Il achève de payer le 30 janvier 1850
(Sol., 25, f. 25).
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348 PBÉLATS ORIGINAIRES DU QUEBCY
qui demande de pouvoir prendre le titre de roi (1); il est
exécuteur testamentaire pour son cousin Pierre de la Pé-
rarède, évêque de Mirepois (2). En 1353 il est chargé de
mettre iin aux discordes qui s'étaient élevées entre l'évêque
de Gap et certains nobles du diocèse; mais au bout de
quelque temps le pape trouva plus simple de transférer
Tévêque à Troyes (3).
L'année d'après Innocent VI l'envoie d'abord en Sicile
où il dut rester une bonne partie de l'année (4), puis < pour
certaines affaires > en Bohême (6). Au retour de ce vo3'age
Bertrand revenait encore en Sicile et la reine le chargeait
de rendre pour elle à l'eraperenr l'hommage qu'elle devait
pour les comtés de Provence et de Forcalquier. Il profita
de cette occasion pour faire renouveler les privilèges de
8on église (6). En 1356, c'était le pape qui l'envoyait comme
légat avec l'abbé de Cluny auprès de l'Empereur (7).
Il le récompensa de tous ses voyages en le nommant
le 4 juin 1368 à l'archevêché de Naples, sachant qu'il ferait
plaisir ainsi à la reine Jeanne qui avait su apprécier le
talent du nonce pontifical (8). Il se servit encore de lui
(1) Lettres au roi et à la reine (Vat., 144, f. 48 et 48*).
(2) Armar. XXXV, vol. 23, f. 16, exécuteur avec Pierre de la P.,
chevalier.
(3) Reg. Vat., 236, f. 28-29-30, janvier 1368. — Voir Albanès, loc. cU.
(t) Reg. Vat., 227, Curiales, n** 1.; Sauf-conduit du 27 jan-
vier 1364. — Vat., 226, ff. 160-161. — Lettres conservatoires: Vat.,
286, f. 106, 184. — Lettres de juin et juillet 1864 à Naples.
(5) Vat., 285, f. 181 ; 227, ep. 818. — Lettre pour rapporter Pargent
recueilli par le collecteur, lettre de sauf-conduit: septembre et octo-
bre 1354.
(6) Albanès, loc. cit., 1«' février 1365. — A Pise Charles IV renou-
velle les privilèges de Tèglise d'Apt (Instr., col. 148, n** XXXV).
(7) Reg. Vat., 238, f. 75* et 77*. — Le 29 mai Innocent VI leur an-
nonce leur légation et l'arrivée de ses messagers : Arnaud de Molières,
chanoine de Tours et Lambert, abbé de Gengenbaoh (Strasbourg).
(8) Reg. Av., Innocent VI, tome 18, f. 303.
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PRÉLATS OKIGINAIRBS DU QCBRCY 34i>
pour de nombreuses négociations avec cette princesse (1).
Bertrand s'occnpa avec beaucoup de soin de son diocèse,
où il avait, chose curieuse, pour vicaire général, le futur
Urbain VI, Barthélémy de Prignano (2); il tint en 1362 un
concile de tout le clergé de sa province, en même temps
que la reine présidait une sorte de congrès de tous ses-
barons (3), et travailla activement à la réparation de l'é-
glise cathédrale, ruinée par un tremblement de terre (4). Il
mourut le 30 octobre 1362, d'après Pépitaphe de son tom-
beau (5).
De sa famille je n'ai retrouvé que deux membres, et je-
ne sais pas quel est le degré de la parenté: Fortanier de Mey-
chones, moine de Souillac en 1316 (6), et Jean de Mejanesio^
qui fut archidiacre de Montpezat en 1375 et clerc du col-
lège des cardinaux, ce qui fait qu'on le trouve assez sou-
vent nommé dans les livres de comptes (7).
(1) Memorie délia chiesa di Napoli, p. 141. — R. Vat., 240, f. 4BV
46^ Vat. 241, f. 127. — Uoe lettre du 9 juin 1860 qui le recommande
au doge de Gènes, pour son retour d* Avignon à Naples, nous apprend
qu'il avait porté au pape des lettres de la part de la reine. Il dut
s'arrêter à Florence pour une affaire du pape (Vat., 240, 2« partie, £F. 82*
et 84»).
(2) Memorie délia chiesa di Napoli, d'après un document qui ap-
pelle Barthélémy recteur de l'université, chanoine de Naples et vicaire
général au spirituel de RR. Bertrand... (p. 142).
(3) Ibidem. — Cf. Memorie atoriche de' vescovi ed arcivescovî délia
santa Chiesa napolUana (L. Loreto), p. 181.
(4) Indulgence pour les aumônes dans ce but, en particulier pour
la fête de saint Janvier (26 juin 1860. — Suppl.j 31, f. 138).
(5) D'abord dans la chapelle de saint Aspreno, puis changé par
Bertrand de Rodes et mis près de l'autel majeur, puis encore changé
au dernier siècle (Memorie),
(6) Mollat, Lettres communes de Jean XXII, n** 1142. Bulle adressée^
à Bertrand de Montfavës.
(7) Il succédait à Jean Donadieu^ de Cahors, ancien chapelain d&
Bert. de Meychones (Reg. Av., Greg. XI, t. 26, f. 96. — Svppl, 2b^
f. 19»). — Il était chapelain du cardinal Guillaume d'Aigrefeuille>
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360 PRÉLATS OHiaiNAIRES t)U QUERCt
Je ne reviens pas sur Pierre d'Amiel ou de Oratia qui
succéda à Bertrand de Meychohes, n'ayant pas pU savoif
avec certitude s'il était dès Âmiel de Cahofs, des Amiél
de TÂlbig^id oU du Sc^rladalï ou du Limousin (1).
Pierre eut pour successeur, le & septembre 1365) BsuNAtiD
DU Bousquet, compatriote et probablemeut patent de Bef»
tfaud de Mèycboues.
Celui-ci lipparteuàit à unô famille qui possédait la terre du
Bousquet et celle d'Àfcâmbal, non loin de Gahors, et qui ré-
sidait à Cahors même, dans une rue qui a gardé son nom (3).
Un frère de Bernard, Jéun du Bousquet, fut ahobli en 1341
par le roi de B^rance pour les services rendus, mais cet
ahoblisfiemeut n'enlevait pàS la qualité de bourgeois^ puis-
que c'est le titre qu'il a encoi^ dans l'ObitUaire d^s Doùii-
nicftins de Oahors où il est nominé comme Uû des héritiers
de Hugues de Meychones, et de même dans des bulles d'in*
dulgence in articula mortis de 1333 et de 1347 (3).
JunioTy qui Ini fit dt>nn«r d'autties béttéfioes. ^ Cf. Imt* et Ecc^,^ 296,
f. 107^ -^ InH. miscelL, oassette 1868.
(1) Voir duché de Spolète, chapitre précédent.
(2) Lacoste, op. cit, III, 98. — Le château du Boasqaet est le
centre d'un g;roUpo de aiaiftons formabt le chef»lfeu de la paroisse dn
même nom. La commune s'appelle Ahsambàl, aucienne eeigtieurio des
Bonsqnet. La station du chemin de fbr de Cahors à CapdeUac est
pb&sqae aux pieds du château.
(3) Baluze, Vitae, II, p. OOâ (lettres d'anoblissement). «^ Obituàire*
A>c. cit. — Bulle du 11 octobre 18B8 ( Vat., 106, ep. 1267) peut-être pour
autre JeAU (le père). -^ BViUe de Janvier 1847 pour Jean et sa femme
Marie (Vat., 176, f. 296)^ En 1851 Jean du Bousquet cité pardfii les
bourgeois qui ratifient Taccofd des consuls avec Tëvêque (Lacroix^
Séries episcop., § 279). — Un autre Jeaii du Bousquet, sans doute
neveu du cai^dinal, ftit successivement arohiprêtre de RoqUemaure
<1369) (Montauban), puis archidiacre de Cahors (1872). Il était aussi
chanoine de Rodez. Mort avant le 22 mars 1884 (Reg. Av., TJrb. V,
û* 22, f. 109; Grtg. XI, n* 14, ep. 16 et f. 216. — R. Av>, 238, f. 28).
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PRÉLATS OBIOnïÂI&ES DU QUEBOY 351
Bernard du Bousquet était en 1342 bachelier es arts et
recevait un canonicat de Saint-Hilaire de Potiers (1). En 1364
nous le trouvons licencié es lois et professeur de droit civil
i, l'université de Toulouse (2); en 1361, docteur es lois, fa-
milier du cardinal Guillaume Farinier. de Gourdon, recteur
de Saint- Vin cent rive d'Olt, chanoine de Cahors et de Nar-
bonne (3). Farinier étant mort, il devint le commensal du
cardinal de Périgord. II était alors auditeur des causes du
Sacré Palais, et le cardinal obtient pour lui en 1362*1363
un canonicat, puis la dignité de chantre dans l'église de
Bordeaux (4). Le 5 septembre 1365 il est nommé à l'arche-
vêché de Naples (5> Une lettre du 5 avril 1366 le recom-
mande à la reine de Naples^ ce qui prouve qu'il ne dut
pas avant cette époque s'en aller rejoindre son siège (6).
Dans ]« courant du même mois il recevait toute la série
de ces privilèges qui «e donnaient à la plupart des nou-
veaux prélats. Le 10 mai suivant il lui était permis de
célébrer dans sa cathédrale sa première messe pontificale,
(1) Eeg. Vat., 156, ep. 651. — Balle adressée à deux cadnroiens :
Pierre de Menoac et Jean de Rigal. On trouve en 1818 un Bernard
de Bosketo, chapelain de Poilfort de Rabastens, alors évêqne de Rienx
(Obligat, V. f. 80).
(2) Reg. Vat, 226, ep. 90. — Lacoste, op, cit., III, p. 199, dit que
B. prit ses grades à Cabors. On voit que cela peut être douteux.
(3) Reg. Av., 147, f. 899. — SuppL, 38, f. 252. — Il remplaça à
Scunt- Vincent et comme chanoine feu Guillaume de Cavanhac, collec-
teur du diocèse.
(4) 8uppL, 35, f. 48 et 37, ff. 139, 152* et 225'. — Je n»ai vu nulle
part qu'il fut camérier d'Audoin Aubert, cardinal d'Ostie, comme le
dit Lacoste, d'après Baluaie.
(5) Reg. Av., Urb. V, n^ 10, f. 103.
(6) Reg. Vat., 248, f. 69* : « puritatem oonscientie, morum ornatnm
donumque soientie, qnibus personam ven. fr. nostri Bern.ardi . . . Altis-
eimus insignivit». Cf. Ibid., f. 85 et 70 et 252.
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362 PRÉLATS ORIGINAIBES DU QUKBCY
publiquement et solennellement, en convoquant le peupla
au son des cloches (1).
En 1368 le cardinal Guillaume d'Aîgrefeuille senior,,
évêque de la Sabine, vint consacrer solennellement Téglise^
de la chartreuse de Saint-Martin de Naples (chartreuse de-
venue aujourd'hui un musée national) (2); et cette même
année l'archevêque fut créé cardinal par Urbain V, à la^
promotion du 22 septembre, faite à Montefiascone. Il reçut^
à Eome le titre des XII Apôtres. Il entra en curie le 31 oc-
tobre (3) et reçut quelques bénéfices pour avoir un revenu
conforme à sa nouvelle dignité: le 5 octobre la prévôté de
Valence, le 9 décembre Tarchidiaconat de Barkshyrie (Salis*
bury), en 1369 un canonicat avec prébende dans l'église-
de Lincoln; en 1371 deux prieurés aux diocèses de Vienne^
un autre dans celui de Besançon (4). Mais il n'en jouit
pas bien longtemps: il mourut en effet à Avignon le 19 avril
1371. Il avait pu assister au conclave qui élut Grégoire XI (6).
Deux de ses frères nous sont connus: Aymeric du Bous-
quet, à qui il fit donner en 1363 un canonicat à Saint-Etienne
du Tescou) ; Nicolas du Bousquet, chanoine de Cahors en 1371,
recteur de Quint (près Toulouse), sacriste de Saint- Félix de
Girone (6j. Son neveu Gaucelme du Bousquet fut évêque de
Eieux en 1416 (7).
(1) Eeg., Suppl., 42, fF. 150* et 157'.
(2) Memorie délia chiesa di Napoli, p. 146-7. - Italia sacra, V I, p. 132.
(3) Eubel, Hierarchia, I, p. 'JO. — Baluze, Vitae, I, col. 1026. .
(4) Reg. Av., 169, n° 1 et 10; tome 20 d'Urb. V, f. 268*; tome 10
de Grég. XI, ff. 604», 507 et 507*.
(5) 11 eat pour coDclaviste Jeati d'Arcambal, chanoine de Saint-
Pierre-de-Vic-Fezenzac et le fit nommer chanoine de Cahors (Reg. Av.,
117, f. 156).
(6) Suppl., 35, f. 43; 54, f. 130; Reg. Av., 176, f. 219*.
(7) Gallia, XIII, col. 190. — J'en parlerai à propos des qnercy-
nois èvêques en France.
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PRÉLATS ORIGINAIRES DU QUERCY 36S
Un troisième cadurcien monte aprèslui sur le siège de Na-
ples: Bernard de Rodes (1). Oelui-oi, comme Bernard du Bous-
quet, est assez connu de nos auteurs locaux. Lacoste {op, cit.^
III, 224) le dit fils de Raymond de Rodes, citoyen de Cahors^
nommé à propos de l'acte de pariage entre l'évêque et lo
roi de France en 1307. Il était apparenté à la famille de
Méonac (Menna?) qui demeurait également sur la paroisse
Saint-André (2). Il était sans doute le neveu de Déodat de
Rodes, vicaire perpétuel de Lodour, puis en 1322 de Notre-^
Dame-des-Soubirous, près Saint- André, et recteur de Vhà-
pital principal de Cahors (3).
Lui-même était au moins en 1848 (mars L2) recteur de
Lentilhac près Lauzès (4), en 1349 (mars 6) archiprêtre de
Saint-André de Cahors (5), (août 2), chanoine de Saint-Hilaire
de Poitiers, et (nov. 25), chanoine de Meaux (6), Ces diver»
(1) Ce Dom est écrit par dos auteurs locaax Rodez et peut-être
est-ce en effet Porigine. Je l'écris Rodes, parce que je Tai trouvé
plusieurs fois sons cette forme (Rodas, dans le Te igitur) qui répond
exactement an nom d'anjonrd'hni. En latin quand on le traduit on
met presque toujours de Ruthena ou Ruthene, une seule fois de Ro^
desio, et peut-être s^agit-il d^une autre famille.
(2) Suppl,, 17, f. 186. — Ce personnage, scripteur, correcteur,
abréviateur des Lettres apostoliques, dont on trouve le nom dans le
Te igitur, fut, entre autres choses, chanoine de Cahors, archiprêtre
de Montpezai, puis de Tégra.
(8) Reg. Vat., 78, ep. 646 et 1304 (remplacé à Lodour par Guil-
laume de Rodes). Lodour ou Loudour, est un village de la commune de
Creysse près Martel. Cette paroisse n'existe plus ; de même à Cahors
celle de Notre-Dame-des-Soubirous, dont Téglise était tout prés de
Saint-Barthélémy et de la citadelle.
(4) Le 12 mars 1848 il reçoit l'autorisation de tester; il résigne
cette église l'année suivante (Reg. Av., Clém. VI, n° 44, f. 466).
(5) Il remplace comme archiprêtre feu Jean de Noalhac (R. Vat,,
188, de dign. vacant, n^ 121). Le bénéfice valait alors 100 livres tour-
nois. Mais il fut ruiné par la guerre et quand Bernard le résignera,
en 1868, il y avait dix ans qu'il ne touchait plus rien {Suppl., 17,
f. 186).
(6) SuppL, 19, f. 108; 18, f. 97.
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354 FBÉLATS» ORIGINAIEES DU QUERCY
bénéfices s'expliquent par ses mérites personnels (il était
licencié en droit civil et bachelier en droit canon), et par
rinâuence de B. de Cosnac, alors évêque de Lombez, dont
il était le familier éi le commensal, et qui lui fit donner,
après le canonicat de Meauz, celui de Coïmbre (15 mars
1350) (1). Le 27 mai il reçoit encore un canonicat dans
l'église de Beauvais, et le 5 août 1353 le canonicat que
naguère Innocent VI avait à Palencîa (2). Il est employé
dans diverses missions ou enquêtes. Il est nommé comme
un des personnages chargés de régler l'affaire de Caylus
•et du vicomte de Turenne, ou d'enquêter sur des testaments
faits par des clercs ou laïques suivant la curie romaine
{1351) (3), On le voit encore beaucoup plus tard au service
de B. de Cosnac, devenu évêque de Comminges et resté tréso*
rier de la Chambre apostolique. En 1355 il est peut-être doc*
teur es lois (en droit civil) et siège avec Bertrand Atgier dans
le procès du fr. Marin (0. min.) (4). Devenu auditeur du
•cardinal de Tulle, Hugues de Roger, on le voit faire en 1360
le pèlerinage pénible de la Terre Sainte (5). Je pense que
•ce titre est le même que celui d'auditeur de la Chambre
apostolique qu'on lui voit en 1362, et que Hugues de Ro-
ger était peut-être grand camerlingue (6). Il a quelques bé-
(1) SuppL, 18, f. 19^ — Bertrand de Cosnac devint cardinal en 1871.
(2) Reg. Vat., 204, tf. 140 et 238*; 219, f. 197.
(3) Il s'agit bien de Caylnz et non de Carlnx. C'est une page
•encore inédite de Thistoire de eette ville dn Bas-Qaercy (Vat., 145,
f. 128*; f. 189, Tenquête sur l'autre affaire).
(4) Bull, franc^ VI, p. 685. — Je ne suis pas sûr qu'il s'agisse du
môme personnage. Il y a ici Bern. de Rodesio et le titre de docteur.
Or B. de Rodes est dit encore licencié an peu plus tard. De plus,
étant clerc de la Chambre, il n'était guère indiqué pour oe procès.
(5) SuppL, 31, f. 267S divers privilèges accordés pour la facilité
dn voyage.
(6) Int et Ex., 296, f. 43V — SuppL, 34, f. 112*. — Instr. miicell..
cassette 1864.
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PRÉLATS 0RIGIKAIBB8 DU QUERCY 356
niôces nouveaux qu4I songe à résigner, comme canonicat
4« Noyon, canonicat de Comminges proposés par lui pour des
familiers ses compatriotes, et il résigne aussi rarofaiprêtré
•de Saint^-Ândré. En échange le pape lui donne l'archidia*
coné des Vaux, dignité de l'église de Oahore (18 août
1363) (1), et quelques, années plus tard le prieuré séculier
de Oaussade. A cette date (7 janvier 1368), il est auditeur
général de la Chambre apostolique, le titre le plus élevé
dans cette administration^ après ceux de trésorier et de
oamérier (2). Il est prêt pour des dignités plus hautes.
Le 23 septembre 1968 il remplaça son compatriote et
ami Bernard du Bousquet sur le siège de Naples (3). Il as-
sista à ses derniers momeate. C'est dans sa maison même
d'Avignon, trois jours avant la mort du cardinal, peut-être
sur son conseil, qu'il fonda sur s» paroisse natale de Saint-
André de Cahors le callège qui porta son nom (16 avril 1371).
-Ce n'est pas ici le lieu de parleî de oette fondation impor*-
tante, sur laquelle d'ailleurs les documents ne manquent
pas (4). Quand il rentra à Naples, dans le courant de oette
année, il avait reçu de Grégoire XI le titre et les fonctions
de nonce apostolique, chargé de différentes affaires, en i>ar*
ticulier de recevoir le serment de fidélité dû par la reine
SM nouveau pape et de tâcher de faire faire la paix avec
(1) Supply 84, f, 112*; 87, f. 188,- 88, f. 40* et 68*. — Reg. Av.,
151, f. 63*. — 11 résigne également les canonicats de Palenoia et de
Beaavais. LWehiprètre de Saint^André fat conféré à son parent Jean
Mêâici d'une famille de Cabors.
(2) Reg. Av., Urb. V, n^ 19, f. 198».
(8).Reg. Av., Urb. V, n^ 17, f. 163.
(4) Foamier, Statuts et privilètgés.,., II, n' 1441. — On trouve
dans ce Recueil beaucoup de pièces importantes. On y voit entre au-
ifies, et ceci est confirmé par de nombreuses bulles, que ce collège s'ap-
pela de Eodez et de Laval, après la donation de Jean et Géraud de
Laval en 1473. — Ibidem, n* 1468.
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356 PBÉLATS OBIGIXAIBES DU QUEBCY
Frédéric III d'Aragon (1). Sous son épiscopat, sainte Bri-
gitte vint à Naples et y resta un an, comblée de préve-
, nances par la reine. Quelques-unes de ses révélations sont
sous forme de lettres à Tarchevêque: elle le prévient de
certains désordres qu'elle le conjure de faire cesser et lui
donne quelques conseils. Les liens dç la discipline ecclé-
siastique s'étaient un peu relâchés sous ses deux prédéces-
seurs, trop peu restés à Naples (2). Il est probable que Ber-
nard de Rodes, qui résida davantage et qui s'occupa de-
la parure matérielle de son église, ne dut pas avoir moins
de soins de l'amélioration morale du diocèse (3).
Lorsque éclata le schisme, il adhéra tout de suite à l'obé»
dience de Clément VII et alla au-devant de lui à Fondi.
Clément VII vint à Naples où la reine Jeanne l'accueillit
de son mieux, mais le peuple se souleva en faveur d'Ur-
bain VI, le pape dut prendre la route de France et l'ar-
chevêque de Naples fut obligé de partir avec lui. Déposé
par Urbain VI, il garda le titre d'archevêque, mais sans
pouvoir jamais revenir dans son diocèse (4). On le trouve
à Avignon en 1379; c'est lui qui examine les suppliques
avant qu'on leur donne le Fiat (5), mais il mourut dans
(1) Reg. Av., Greg. XI, n« X, f.469. — Vat., 263, ff. 231, 231*.—
Armar, II, cassette V, n® 32 (Garampi), Memorie délia chieaa di Na-
polij p. 148.
(2) Ibidem^ cf. Baluze, Vitae, I, ool. 1027. — Ughelli, IL sacra,
VI, p. 182.
(3) Memorie, loc, cit: Trône archiépiscopal, aux armes du pape-
Grégoire XI et de Tarchevôque; stalles du chœur, enlevées au XVI»-
siècle; règlements pour le chapitre.
(4) Ughelli, loc. cit , Memorie, — Oappelletti, XIX, p. 428. —
Ughelli, VI, p. 138. — Noël Valois, Histoire du grand schisme, 1^
p. 175.
(5) Suppl., 50, f. 260; au f. 328 supplique pour des familiers
parmi lesquels Pierre de Cabasac, clerc et Pierre de Peyresnègresy
prêtre, tous les deux de Cahors.
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PRÉLATS ORiaiNAlBES DU QUBRCY 367
l'année même. Le 2 mars 1380. il est dit bane mémo-
rie (1).
Pour en finir avec Naples, je rappelle le nom de Lonis
•de Balène, abbé de San Severino, transféré à Nonantola
(Modène, 1367) puis à Montmayeur (Arles) en 1361 (2); et
j'ajoute celui de Pierre d'Albiac, chantre du monastère de
Pigeac, devenu abbé de Saint-Sébastien en 1360 (3).
Quatre siècles et demi plus tard, un autre fils du Quercy
venait à Naples : c'était le roi Joachira Murât, dont le sou-
venir n'est pas encore effacé dans le pays.
Aversa. — J'ai déjà cité le nom de Raymond de Mous-
sac, successivement évêque d'Alba (1311), de Chieti (1321),
d'A versa (1326-1336), ces deux derniers diocèses dépendant
immédiatement du Saint-Siège.
ARTICLE 4.
Province de Salerne.
Salerne. — Le 3 octobre 1298 fut nommé à cet arche-
vêché Guillaume de Goudou de Roquefort, dont j'ai déjà
parlé comme chancelier du duc de Oalabre, et dont j'ai un
(1) Garampi. — Il y a 2 mars 1379, mais an mois de mai il était
•encore à Naples; le 21 ooèobre 1379 il était remplacé comme arche-
vêque. On pent rattacher à sa famille Arnaud de Rodes de Cahors,
qai résidait à Avignon du temps de Jean XXII {Collect, 379, f. 205)
et que le cardinal de Via envoyait en 1324 porter des lettres au roi de
France {Ibid,, f. 265) ; Jean de Rodes {Rodis) de Cahors à qui la vi-
comtesse de Tnrenne, Elèonore de Comminges, faisait donner en 1350
la vicairie perpétuelle de Tnrenne {SuppL, 20, f. 12).
(2) Voir chapitre !•' (Modène).
(3) Nommé dans une supplique où Bernard de Valgondon demande
la dignité de Figeac devenue vacante, (SuppL, 31, f. 188*. — Reg. Av.,
142, f. 200;. Pierre devait appartenir à une branche des familles d'An-
glars ou de Cardaillac.
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358 PBéLATS OBIGl)JAIRB8 DU QUBBCY
peu fait comiaître la famille. Il était remplacé le 22 jan-
vier 1306 (1).
Le 3 septembre 1320 c'était Bertrand de la Tour, da
Camboulit, le célèbre Frère Mineur, qui lui succédait sur
ce siège. Nommé cardinal en décembre, Bertrand gardait
l'administration du diocèse, non sans quelques difficultés
avec le chapitre, jusqu'au 80 avril 1321 où il fut rem-
placé par un religieux de son Ordre, Arnaud Rouiabd on
BoiARD, périgourdin, frère de Bernard R. évêque d'Arras,
que Jean XXII transféra à Sarlat le 27 juin 1330.
Je ne crois pas que Bertrcmd de Casielnau^ évêque élu
de Tarente, nommé à Salerne en 1349 et transféré à Em-
brun en 1364, appartienne aux Castelnau du Quercy. Il doit
être plutôt un compatriote d'Urbain V.
L'évêque de Ravello, qui fut chargé de remettre le pal-
lium à Guillaume de Ooudou, son métropolitain, portait un
nom de nos pays: Jean Allègre. J'ai trouvé un Jean Allé-
gre, chapelain perpétuel de Cahors en juin 1369 (2).
Acerno, — Jourdain de Mibamont, de l'ordre des FF"^
Prêcheurs, fut évêque du 25 mai 1319 à l'année 1331. C'était
sans doute un parent de Ratier de Miramout, év, du Mont-
Cassin. Il payait en 1323 son commune servitium par les^
mains d'un familier du pape, Géraud de la Trémolière^
chanoine de Saint-Pierre d'Ene^ac (Clermont), Le P. Eubel
met, en 1316, à Sarno, également suffragant de Salerne,
Jourdain de Miramont, mais sans aucune référence. Je
(1) Un Guillaume de Goudou qui fut chantre de Téglisede Cahors
en 1B61 et qni eut de nombreux bénéfices en divers lienx doit être
de la même famille. Ce serait trop long de relever tons les person-
nages de ce nom qne j'ai trouvés dans les Archives.
(2) Autour de Jean XXII, !'• partie Annales de Saint-Louis,
juillet 1902; Extrait, p. 32. — Reg. Av., Innoc. VI, n° 20, f. 466.
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PBÉLATS ORIGINAIRES DU QUERCY 35^
pense qu'il a fait confusion entre les deux diocèses de noms
similaires (1).
ARTICLE 5.
Provinces diverges.
I. Siponto. — Melfi. — Ce diocèse, aujourd'hui disparu^
eut pour évêque pendant quelques mois (12 décembre 1347 au
30 mai 1348) Pierre de Clusel dont j'ai parlé comme évê-
que de Chioggia, son premier siège, et comme évêque de
Concordia son dernier (V. chapitre premier).
II. Traili« — Guillaume des Rosières, abbé de Saint-
Serge, fut archevêque du 4 avril 1343 au 28 février 1344
(V. tnont Cassin).
IIL Bari. — Gattaro, en Dalmatie, eut en 1348, un cer-
tain Barthélémy qui était l'ami du cardinal Bertrand du
Pouget. Oelui-ci sollicite pour lui en 1349 de garder un
bénéfice (le plébanat de Sainte-Justine) qu'il avait, avant
d'être évêque, dans le diocèse de Padoue (17 janvier). Quel-
ques jours après il était transféré à Traù, également en
Dalmatie. Etait-ce un quercynois? Etait-ce un Italien quo
le Cardinal avait connu pendant sa Légation ? Le P. Eubel
dit qu'il était chanoine de Coutances, ce qui rend probable
une origine française (2).
IV. Otrante. — Lecce. — Antoine de Ferrariis fait évêquo
de Leoce en 1373 par Q-régoire XI était-il de la famille de
Guillaume et Pierre de Ferrières f Je ne peux que poser le
(1) Eubel, op. cit., I, p. 67, p. 459. — Salut, 8, f. 20.
(2) Eubel, op. cit., I, pp. 184 et 517. — SuppL, 16, f. 96: « con-
sideratione epi Ostiensis pro B. cUlecio suo, snpplictintis ». — A la
province de Bari appartient Bitonto où fat évêque en 1880 Pierre
de Laval (OE. SA.) transféré de Lavello (même province, 1372-1380).
Je ne puis affirmer qu'il fût des Laval du Quercy.
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360 PRÉLATS OBIGIN AIRES DU QUEBCY
point d'interrogation, n'ayant pas de données suflSsantes
pour résoudre le problème.
V. Amalû. — Lettere. — Je ne cite ce nom que pour re-
lever Terreur dans laquelle sont tombés plusieurs auteurs
italiens (et même français) qui ont fait le chancelier Pierre
de Ferrières, évêque de cette ville, par confusion pour
Lectoure.
AETICLE 6.
Province de Brindisi.
Guillaume des Rosières qui fut archevêque de Brindes
du 28 février 1344 au 7 avril 1346, eut pour successeur
Oalhabd de Carcès transféré de Wesprim. La terre de
Carcès, qui est le nom d'une paroisse de l'ancien diocèse
de Cahors, appartenait à une famille aujourd'hui peu con-
nue (1). Cette famille résidait peut-être à Lauzerte, dont
Carcès est peu éloigné et où Pierre de Carcès, damoiseau,
fondait par son testament de 1359 une chapellenie dont il
^st souvent question dans les Archives du Tarn-et-Ga-
ronne (2). C'est une supplique d^Aymeric de Carcès, frère
germain de l'archevêque qui m'a fait trouver l'identifica-
tion de l'archevêque de Brindes, car je n'aurais pas songé
à voir un compatriote dans l'évêque de Wesprim (3).
(1) Caroës et son annexe Cadamas. dans l'arcbiprêtré des Vanx,
aujourd'hui hameaux, et non plus paroisses, de la commune de Lauzerta
(Tarn-et-Garonne).
(2) Arch. du Tam-et-Garonne, série G, n*»» 1243-1246-7-1*253.
(3) SuppL 23, f. 145*. — La supplique dit d'Aymeric qu'il a long-
temps servi l'Eglise en Pologne et en Hongrie avec son frère Galhard ;
il demande un bénéfice pour un moine de Moissao. Est-ce Aymeric
-de CarcèSj damoiseaUi qui en 1846 (août 7) obtient une indulgence
in articulo martis, ou plutôt Aymeric, recteur en 1312 de Saint-Pierre
de Montcesson et de Saint-Amand de l'Espinasse, au diocèse d'Agen,
mais aux environs de Carcès? (Vat., 176, f. 293. — Cl. Y, Bened.,
n« 8069).
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PRÉLATS ORIGINAIRES DU QUBRCY 361
En 1331 Qalhard était recteur des églises de Luc et
Lac (Lax) au diocèse de Rodez (1), et trésorier pour la
Chambre apostolique dans la cité de Bénévent, où son frère
Bertrand l'avait suivi; il échangeait avec lai, contre l'église
Saint-Ange (de Cripta Castanharia), dans ce diocèse, ses
églises de Luc et Lax (2). Il avait fait construire une mai-
son, sans doute anx frais de la Chambre apostolique, dans
Tintérienr de la ville (infra elausuram castri nostri de Be-
nevento)^ mais il n'en jouit pas lui-même longtemps (3).
Jean XXII le remplaçait en juillet 1333 par Pierre de
Ricard, et l'envoyait, comme nonce-collecteur en Pologne
et Hongrie, à la place de Pierre d'Auvergne, qui semble
s'être compromis dans cette haute fonction (4). On trouvera
dans les Monumenta Hungariae et Poloniae de Theiner toutes
les pièces se rapportant à sa gestion. Il est toujours ap-
pelé clerc du diocèse de Cahors: elles sont très nombreuses
et je ne peux ici que renvoyer à cet important recueil (6)»
Quelques-unes des pièces sont des rapports dn collecteur.
Une bulle du 19 juillet 1836 qui le fait prévôt de Titel
(1) Vat., 97, ep. 130. — En 1B29, licencié es lois, il avait une expec-
tative de bénéfice au diocèse de Cahors et Pindnlg. in a, m, (Reg.
Av., 31, f. 372; 33, f. 380).
(2) Vat., 104, ep. 90. — Bernard ou Bertrand de Carcès fut cha-
noine d'Albi (1326) (B. Av., 25, f. 118), recteur de Coronzao (Tou-
louse), qu'il permuta pour une église du diocèse d'Agen (Sotz, Vat.,
101, ep. 818). Il avait échangé Luc et Lax pour Baziège (Pamiers),
mais la permutation fut cassée par Benoît XII (1336, abbé Vidal, op.
cit, n° 3738, 3749). On le trouve en 1346 chanoine de Saint-Donatien
de Bruges (Tournai) et chanoine de Toulouse, familier de Raymond
de Laval, notaire apostolique (Vat., 174, ep. 144. — SuppL, 10, f. 13*);
(3) Vat., 117, ep. 662; comme trésorier, 116, ep. 568; 100, ep. 684.
Int. et Ex., 129.
(4) Vat., 117, ep. 688, ep. 1091, etc.
(5) Theiner, Monumenta Poloniae et Hungariae, I, numéros 467 et
passim jusqu'à 1985.
Annale* de S.-L.*d. F.
24
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362 PRÉLATS OBIGINAIBBS DU QUERCY
(dioc. de Kalocza, Hongrie) montre qu'il avait en l'église de
Saint-Paul de Lex, près Lauzerte, église qu'il résignait à
cette occasion (1). Le prévôt de Titel fut nommé le 9 août
1344 à l'évêché de Csanad (rive gauche du Danube, suffra-
gant de Kalooza); le 2 mars 1346 il permutait avec l'évê-
que de Wesprim (Veszprém, suffragant de Qran ou Eszter-
gom). Le 19 juillet 1346 (on voit qu'il n'avait pas fait un
long séjour dans ces divers diocèses) Clément VI le trans-
férait à Brindisi (2). Deux lettres du pape à son succes-
seur et au roi de Hongrie (19 et 26 janvier 1348) montrent que
Galhard avait une pension sur le diocèse qu'il avait quitté.
L'archevêché de Brindes étant pauvre, (c'est pour cela que
Guillaume des Rosières avait été transféré au mont Cassin),
Clément VI dit que pour exonérer le diocèse de Wesprim,
il va transférer Galhard à un autre diocèse (3). Mais Ga-
lhard mourut cette année même, sans que la translation
eût été faite, à Nîmes (dit Eubel), en Sicile, dit Garampi
d'après la bulle du successeur (80 mai 1348).
J'ai déjà nommé deux de ses frères Aymeric et Ber-
trand; les suppliques nous en nomment encore deux autres,
Guillaume et Gui (4).
(1) Vat., 121, ep. 823, 664; 123, ep. 69; 182, ep. 88 (Becommandé
an roi de Hongrie pour qu'il puisse jouir de son bénéfice de Titel,
5 mars 1387).
(2) Vat., 167, ep. 23; 168, ep. 76; 173, ep. 17. — Il fut renaplaoé
comme oolleeteur par le limousin Arnand de la Cancine.
(3) Monumenta romana episcopatus Vesprimiensis, superbe pub-
blication faite aux frais de Mgr Homig, èvêque de Wesprim, 2 vol.
in-4^; Buda Pest, 1899; tome II, pp. 88-90-109-118-117-126-126.
(4) SnppL, 28, f. 145*. — Guillaume demande un bénéfice pour
Etienne del Truphe, prêtre agenais, recteur de Saint-Martin de Mois-
sac, qui avait servi Galhard comme vice -trésorier à Bénévent et en
Hongrie. On le trouve lui-même témoin en 1820 -dans des actes de la
Chambre apostolique. TnstruTn. MiscelL, 1320, n* 7. Dans la SuppL,
10, f. 56S Bertrand demande d'admettre Gui à Moissac. (1347). Ce-
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PBÉLATS OBIGINAIBBB BU QUEBCY 36&
ARTICLE 7.
La Sicile.
L'évêché de Catane, immédiatement soumis au Sainte*
Siège, fut donné eu 1342, à Gébaud d'Odon de CamboulUf
général des Frères Mineurs, créé patriarche d'Antioche le
même jour (27 novembre) (!)• Malgré sa célébrité on ne
connaissait pas l'origine de ce personnage, puisque nos au-
teurs locaux eux-mêmes le disent du Bouergue (2). C^était
un compatriote de Bertrand de la Tour de Camboulit, qui
saDS doute le fit venir à sa suite dans l'Ordre de saint
François. De nombreuses pièces ne permettent pas de dou-
ter, en particulier celle où Géraud de Camboulit (sic) gé*
néral des FF. Mineurs, sollicite un canonicat pour son
neveu Louis d'Odon de Camboulit, fils de son frère (3).
Ini-ci est différent d'un autre Gui de Carcès, recteur de Montheton^
près Montauban en 1888 (Vat., 107, ep. 64). D'autres membres de
cette famille sont nommés dans les Archives Vatioanes. Je citerai
noble femme Alpays ri346); Pierre de Carcès, recteur eu 1317 de
Cougournac (Cahors, Av., 6, f. 694*); Raymond de Oarcès, moine
de Moissac en 1805, mort avant 1827, prieur de la Salvetat-Majouse
(Cahors), dépendant de Moissac (Vat., 85, ep. 109); Bernard de Carcès
recteur de Sainte-Christine (Toulouse) souvent témoin pour des actes
de la Chamhre apostolique. La famille de Carcès existait encore au
moins au XV* siècle.
(1) Vat., 152, ep. 127; 147, ep. 112.
(2) Lacoste, op. cit., III, p. 23. — Les annotateurs de la Ckro-
nica XXIV gênerai, le disent « ruthenensis de Castro Radulphi, gal-
lîce OhateauroQX» (sic) p. 488, note. — Cf. l'Aquitaine Séraphique
par le P. Othon, de Pavie, Auch 1900, t. I, p. 202. — Baluze (VUae,
I, ool. 789) le dit compatriote de Jean XXII.
(8) SuppL, I, f. 210*. — II fut fait chanoine d'Albi (Reg. Av , 57,
f. 369). — Un Higaud d'Odon frère de Gèraud est nommé dans une
bulle comme résignant, par l'intermédiaire du patriarche d'Antioche,
des dîmes au diocèse de Vabre (Vat., 170, de benef. rac, n** 51). —
Les Suppliques nous font connaître encore la parenté de Géraud avec
Arnaud de Gréalou, son neveu, fait chanoine du Vigan (Gréalou est
une paroisse (commune du canton de Cajarc) peu éloignée do Cam-
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364 PRÉLATS OBIGINAIBBS DU QUEBG7
Géraud fit profession chez les Franciscains de Figeac (1);
comme Bertrand de la Tour, et se fit remarquer de bonne
heure par la vivacité de son intelligence et la vaste éten-
due de ses connaissances. II était maître en théologie {doctor
moralis) quand le 10 juin 1329 au chapitre de Paris que
présidait Bertrand de la Tour, il fut élu comme général
de l'Ordre, après la déposition solennelle par le pape de
Michel de Césena (2). C'était un moment difficile pour les
Franciscains dont une partie se trouvaient en révolte ouverte
fivec la papauté. Il fallait une main souple et ferme pour
conduire les Frères ainsi troublés. Oeraud d'Odon semble
bien s'être montré à la hauteur de sa tâche. Il va d'un
point à l'autre de la chrétienté, parcourt la France, l'Italie,
l'Allemagne, la Hongrie, pour rétablir chez tous ses frères
l'harmonie et la paix; il promulgue de nouveaux statuts
plus conformes aux nouveaux besoins des temps; il crée
un vicariat en Bosnie ravagée par l'hérésie; il envoie des
missionnaires jusqu'en Tartarie pour dépenser un peu de
cette exubérance franciscaine qui parfois avait mené l'Ordre
aux bords de l'abîme. Que dans ces quatorze ans de gé-
néralat il n'ait pas réussi à plaire à tous, comme certaines
plaintes semblent l'indiquer (8), c'est bien possible: le con-
traire serait invraisemblable.
boulit) (SuppL, I, f. 210*), et avec Gnillaume de Montméja, de Cam-
bonlit, soD consiDf (de Montemeiaiio) qui obtient par Ini un bénéfice
au diocèse de Rodez (iVupp/., 14, f. 109); peut-être ce dernier était- il
UD parent à^ Etienne de Montméja (Montemeiano) trésorier des guer-
Tes vers le même temps (fonds Gaigoières).
(1) Enbel, Bvll, francise, V. On trouve dans ce volume tontes
les balles relatives à Tadministration de Géraud.
(2) Ibidem, p. 388. — Wadding, AmiaUs, — Baluze, Vitme, I,
col. 316.
(3) Bull, francinc, t. VI, n° 20, 30 nov. 1335, plaintes du provin-
cial de Penna (Italie); pièce assez curieuse.
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PBÉLAT8 OBIGINAIRBS DU QUEBCY 36Ô
On sait qu'il avait la parole facile: il en usa dans une
circonstance célèbre bien connue de tous. Envoyé comme
nonce, pour rétablir la paix entre l'Angleterre et l'Ecosse,
avec le dominicain Arnaud de Saint-Michel, il s'arrêta
quelque temps à Paris et prononça, sur la vision béatifique,
^n assurant qu'il donnait la doctrine de Jean XXII, un
discoQrs qui souleva une tempête. On sait également que
Jean XXII, qui avait en efiPet soutenu dans un sermon
privé l'opinion que les âmes des justes ne jouiraient de la
vision béatifique qu'après le jugement dernier, se rétracta
solennellement à plusieurs reprises et de nouveau le jour
même de sa mort. Mais peut-être un peu ennuyé du discours
-de Géraud, il rappela les deux nonces sans que leur voyage
fut terminé, ce qui fit dire à de méchantes langues qu'il
ne les avait envoyés que pour prêcher sa doctrine (1).
Cette affaire ne semble pas avoir nui à Géraud dans
l'esprit de Benoît XII, sous le pontificat duquel Qéraud
déploya le plus sa merveilleuse activité, et qui fit paraître
les nouvelles constitutions (2). Des divers chapitres qui se
tinrent pendant son généralat, je citerai celui de Cahors
qu'il présida en 1337 où furent publiées ces constitutions,
et où plusieurs ministres et docteurs de l'Ordre réclamèrent
sa déposition. Mais la majorité se prononça en sa faveur.
-C'est dans ce chapitre qu'on décida de célébrer dans l'Or-
dre entier la fête des Stigmates de saint François (3).
(1) BulL, V, 1031-1044. —Lacoste, op. ctï., III, p. 75. — Chate-
lain et Denifle, CartuL de VUniv. de Paris, II, n*» 977982-4-6. — Ba-
luse, Vitae, I, col. 789. — R. Av., 73, f. 480 et f. 416.
(2) BuU., V, n** 1006. — Çhronica XXIV gêner., p. 528. — BulL,
VI, n^ 51
(3) Çhronica, p. 528. — Lacoste, III, p. 88-9, donne quelques dè-
taOs curieux sur ce chapitre général, sur la dépense qui fut faite
par les consuls.
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366 PBibLATS OBiaiNAIBBS DU QUBBCY
Nous sa vous peu de chose sur son administration dio-
césaine de Catane, sinon qu'il eut quelques difficultés en 1344
avec le métropolitain de Montréal. Le 18 août 1347 le pape
le recommandait, à l'occasion de sa visite pastorale, et pour
certaines affaires dont il le cliargeait, à la veuve de Pierre,,
fils aîné, et à Jean, deuxième fiLs du roi de Sicile Frédéric
d'Aragon (1).
Un mot pour finir sur son frère GtiiUaume d'Odon^ qui
fut vicaire général du diocèse de Cabors, sous l'épiscopat
de Guillaume de Labroue (2). Il remplaça en 1325, comme
doyen de Coïmbre, l'évêque Raymond II d'Hébrard, étant
déjà depuis 1318, chanoine de Mirepois, et comme chanoine
de Cahors Bertrand Delmas (3). Une curieuse bulle de Be-
noît XII adressée à Tévêque de Coïmbre en 1337 nous ap-
prend que depuis 10 ans Guillaume n'avait pas résidé, qu'il
restait à Cahors, exerçaint l'ofiice d'avoué(aé{t;oca^toiit8?), qu'il
avait 60 ans et ne s'était pas fait promouvoir aux ordres sa^
orés (4). Il avait été professeur en droit civil. En 1340 Be-
noît XII le chargeait de s'occuper de l'attribution des som-
mes qui restaient de l'héritage d'Aigline Duèse, nièce de
Jean XXII (6). Il était mort avant le 17 janvier 1344 (6).
Kd. Albe.
(1) Cappelletti, op. cit., XXI, p. 637. — Vat., 187, ep. 964; 141^
ep. 258.
(2) Lacoste, op. cit., III, p. 18. — Laoroix, Séries ep. Cad., p. 198.
(3) Vat., 79, ep. 1480 (div. bulles de non-résidence). — Vat., 108^
ep. 194).
(4) Reg. Vat., 124, ep. 209. L'évêque de Coïmbre était alors Jean
des Prez qui se trouvait à Avignon et ne semble pas avoir beaucoup
résidé lui-même.
(6) Reg. Vat., 128, ep. 7.
(6) A cette date il fut remplacé par Benoît de Jean (Vat., 161,
f. 218 *}.
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BIBLIOGRAPHIE
Jean XXII. — Lettres communes analysées d'après les re-
gistres d'Avignon et du Vatican par G. Mollat, chapelain
de Saint-Louis dès-Français à Rome. — Premier fasci-
cule, in-4**, V et 274 pages. A. Fontemoing, Paris, Jan-
vier 1904. — 20fr. 10.
L'abbé Guérard, ancien chapelain de Saint-Louis, avait
oonçu ridée de publier les analyses des lettres communes
des papes d'Avignon, avec le concours des chapelains qui
auraient le goût des archives (1), et cette idée parut si
bonne qu'on voulut, en haut lieu, faire de cette publication
<3omme une annexe de celle des Elèves de l'Ecole française
<l'Athène8 et de Rome, qui publient, des Papes d'Avignon,
les lettres secrètes et curiales se rapportant à la France.
M. l'abbé Vidal, dont les Annales ont donné tant d'ar-
ticles, prit pour lui seul le règne de son compatriote, Be-
noît XII, et déjà plusieurs fascicules de ce travail, com-
plètement terminé, ont paru, à la grande satisfaction des
•érudits. M. l'abbé Guérard commença la préparation de
Jean XXII, mais obligé de quitter Rome sans avoir beau-
coup avancé cette besogne, il en laissa à d'autres la charge
beaucoup plus considérable qu'on ne saurait croire. Deux
chapelains se mirent à l'étude des registres de Jean XXII:
M. l'abbé de Lesquen, qui est resté trop peu de temps
(1) Cf. Annales de Saint-Louis, juillet 1900, et Petite Introduction
aux Inventaires des Archives du Vatican. Paris, Picard, 1901, pp. 16
et 89.
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368 BIBLIOGBAPHIB
pour se charger d'antre chose que de la deuxième année, et
M. l'abbé Mollat, qui. plus libre, a déjà préparé plusieurs
années, et dont enfin le premier fascicule vient de paraître..
Il faut espérer que les autres fascicules seront imprimés
plus rapidement, sinon peu de personnes verront la fin de
cette entreprise. Il faut espérer encore que de nouveaux
chapelains pourront apporter aussi leur concours à cette
besogne énorme; je ne vois guère la possibilité d« publier
les analyses des registres des autres Papes d'Avignon, si
l'on n'en charge pas expressément quelques jeunes ecclé-
siastiques qui auraient le goût et les aptitudes. Ce sera près-
que miracle si M. Mollat peut arriver à finir Jean XXII (1).
Si l'on ne se presse pas un peu, on laissera faire des tra-
vaux particuliers comme ceux des Anglais, des Allemands,,
ou des Belges, qui ont analysé ou analysent ce qui inté-
resse leur pays, et la publication générale des Lettres com-
munes n'offrira plus le même intérêt. D'autre part la plu-
part des chapelains de Saint- Louis poursuivent des travaux
particuliers dont ils ne pourraient être détournes sans graves
dommages pour eux-mêmes ou pour les diocèses qui les ont
envoyés.
Tout ceci semble m'éloigner de mon sujet. Non, puisque
le mérite de M. Mollat ressort davantage de la difficulté
vaincue. Son premier fascicule renferme 2847 numéros et
comprend à peu près la moitié de la première année de
Jean XXII. La plupart des années, sur les 18, et plus, qu'ar
duré ce règne, comprendront ainsi 2 fascicules aussi fournis.
(1) Jean XXII a 46 vol. daos la série Avigo., autant dans la série
vaticane; Benoît XII seulement 8 et 11; Clément VJ, 66, et môme 68,
et 66; Innocent VI, 29 et 15; Urbain V, 23 et 18; Grégoire XI, 82
et 15; pour ne pas pousser plus loin que le schisme d'Occident, et
sans parler des registres caméraux et curianx dont les Elèves de TE-
cole française se sont réservé la publication.
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BIBLIOGBAPHIB 36^
L'énormité du travail se voit encore mieux quand on sait
que pour chaque numéro on a fait le coUationnement du
registre de la série dite d'Avignon avec le registre de la
série dite du Vatican.
Peut-être, pour un très grand nombre de bulles, trou-
vera-t-on que ce coUationnement demande une peine dis-
proportionnée avec le peu d'importance des documents, et
je suis de cet avis; mais les érudits ne se plaindront pas
de ce scrupule scientifique exagéré.
M. MoUat n'a pas suivi le plan de M. l'abbé Vidal, qui^
année par année, classe les bulles dans Tordre logique, in-
diqué d'ailleurs par la plupart des registres, ce qui ne l'em-
pêcbe pas de donner pour chaque série de bulles l'ordre des
dates. J'avoue que je préfère ce plan que pourtant certains
érudits trouvent moins bon. M. Mollat s'est attaché exclu-
sivement à l'ordre chronologique. Cela offre plusieurs avan-
tages, mais rendra moins commode, tant que les tables
ne seront pas publiées, la consultation des fascicules; et
les tables, paraîtront-elles ayant vingt ou trente ans?
On remarquera que les analyses sont très bien faites et
disent tout ce qu'il faut, sans rien d'inutile. Sans doute le
fonds de ces analyses et souvent la forme sont fournis par
les indices d'Avignon; mais M. Mollat ne s'en est pas con-
tenté et l'on voit bien qu'il a lu la bulle même, car il ajoute
plus d'un détail intéressant à l'analyse des indices; pour
la plupart des cas on n'aura pas besoin de recourir aux
documents eux-mêmes. Presque chaque analyse est suivie
du nom des personnages chargés de faire exécuter la bulle»
Ceci est précieux pour l'histoire locale. A cette époque, le
plus souvent les exécuteurs sont choisis parmi des ami a
ou des compatriotes de celui à qui est envoyée la bulle»
Il n'en est pas ainsi plus tard.
AnnaUa Au 8. L.-d.P. 25
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•370 BIBLIOGRAPHIE
Ce premier fascicule comprend les bulles envoyées depuis
le 6 septembre, au lendemain du couronnement, jusqu'au
16 février 1317; sur les 2847 numéros, 188 sont datés du 6
-et 642 du 7 septembre 1316 ; au premier jour appartien-
nent près de 80 pièces en faveur du Régent de France ou
•des divers personnages pour lesquels il a demandé quelque
faveur ecclésiastique; parmi les bulles du second jour,
«ur 642 plus de 350 pièces out rapport aux cardinaux :
il y a quelques privilèges pour eux-mêmes, mais surtout
des collations ou des expectatives de bénéfices pour leurs
parents, leurs chapelains, leurâ familiers, leurs médecins, etc.
Les cardinaux gascons, qui passent pour avoir fait le plus
d'opposition avant et même après l'élection de Jean XXII,
«ont peut-être ceux qui ont sollicité davantage. Une cin-
quantaine de bulles sur ce nombre de 826 (6 et 7 septem-
bre) intéressent à des degrés divers des compatriotes, du
nouveau pape (1). La proportion est peut-être plus forte
pour ces derniers sur les 2000 autres bulles analysées.
On trouvera que la plupart de ces 2847 articles sont
par eux-mêmes dé médiocre intérêt. A l'exception des bul-
les qui confèrent un évêché, ou d'un petit nombre qui ont
trait à quelque point spécial (2), 95 V(, ne sont guère que
des provisions de bénéfices (prieurés, canonicats, églises),
ou des grâces expectatives. Ce qui domine ce sont les ca-
nonicats avec expectative de prébendes : plus de 500 pour
(1) Le graDd nombre des bulles aux deux première jours s'expli-
que très bien par les demandes faites après rélectioii, en attendant
le couronnement. La plupart furent même rédigées dans cet inter-
valle ; de là quelques erreurs de date de la part des scribes et la
nécessité dans certains cas de faire une seconde bulle datée poste-
rieurement au 5 septembre, jour du couronnement.
(2) Je signalerai quelques numéros particulièrement intéressants:
1464, 1467, 1615, 2077, 2100, 2125, 2268, 2278, 2319, 2399,2441, 2568.9-70-71.
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BIBLIOGRAPHIE 371
les deux premiers jours. Les registres des Communes ren»
ferment surtout de ces documents d'intérêt secondaire, mais
on verra par les autres fascicules de Jean XXII, que beau>^
coup des bulles de ces registres dits de Communes ont un
intérêt aussi général que bien d'autres des registres dit»
de Secrètes.
Mais les bulles mêmes de collations de bénéfices seront
de grande utilité : elles permettront très souvent de suivre
toute la vie d^un personnage et, par suite, d'identifier avec
plus de certitude tel évêque ou tel abbé, dont on ne con-
naît que le prénom. On pourra ainsi relever de nombreuses,
erreurs soit de la Gallia ckristiana, soit de Vltalia sacra
ou d'autres ouvrages analogues. L'histoire locale y trou-
vera beaucoup pour la généalogie des familles, pour la
constitution des pouillés des diocèses à cette époque, pour
la date de la réparation ou de la construction d'une église,
d'une chapelle, d'un hôpital, pour la fondation et la do-
tation d'une collégiale, etc.
Grâce aux Lettres communes on pourra encore constater
la présence à des titres divers de nombreux Français dans
les autres pays du monde catholique, voir ou deviner le
rôle important joué par eux sous les papes du XIV* siècle»
A ce point de vue et à quelques autres cette publica-
tion sera bien l'annexe de la publication de l' Ecole fran-
çaise, celle-ci exclusivement employée à faire connaître,
d'après les Secrètes ou les CurialeSj ce qui se rapporte à la
France, mais laissant parfois de côté des personnages im-
portants dont seules les Communes font connaître l'origine^
française. En particulier, pour les quatre premières années,
le travail de M. Mollat sera le complément indispensable
de celui de M. Coulon. Il servira dans beaucoup de cas à
préciser les à peu près, ou à corriger les erreurs commise»
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372 BIBLIOGRAPHIE
dans les dates. Avec les seuls registres des Secrètes (OIX et
CX) qui renferment les bulles de septembre 1316 à septem-
bre 1320, où beaucoup de pièces, quoique mises deux fois,
ne sont pas datées, M. Coulon a dû se donner une peine
infinie, très méritoire, mais pas toujours récompensée, pour
essayer de trouver la date vraie. Il a commis, malgré ses
eflForts, de nombreuses erreurs que les registres d'Avignon,
analysés par M. MoUat, lui auraient fait éviter, car ces re-
gistres donnent souvent les mêmes pièces avec la date
exacte, ou bien, s'ils l'omettent dans certains cas, permet-
tent de préciser plus sûrement, puisqu'on n'a plus à cher-
cher dans 4 années, mais dans une seule.
Je pourrais énoncer encore d'autres avantages de la
publication commencée par les Chapelains de Saint-Louis,
mais tous ces avantages sont reconnus de ceux qui ont
déjà parcouru les fascicules de Benoît XII, bien qu'il n'y
ait aucune proportion pour l'étendue entre les registres
de ce pape et ceux de Jean XII ou de Clément VI et de
3es successeurs. Il me suffit de constater ici que le travail
de M. MoUat ne mérite pas moins de reconnaissance de la
part des chercheurs qui ne peuvent venir aux Archives du
Vatican, et de demander, pour conclure, qu'on s'occupe
sérieusement de favoriser cette publication et de procurer
è. M. MoUat, qui ne peut pas tout faire à lui seul, des col-
laborateurs aussi désintéressés et aussi actifs que lui-même.
A. E. A.
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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
Principaux ouvrages hi«itoriques publiés récemment en Italie.
E. Marcucci : Vantico arcMvio comunale di Senigallia, in-8*, p. B7
(Sesigallia, Pnocini e Massa, 1902).
6. EoMANO: Niccoïb Spinelli da Gîovinazzo diplomaiico del se-
-eolo XIV (Napoli, tip. Pierro e Veraldî, 1902), pp. xii-646.
U. Dallari: L'occupaziane francese di Beggio durante la guerra
-di mccessione spagnuola (1702-1706) (Torino, Paravia, 1903).
Sommaire des principales Revues historiques d'Italie
Siudi religion.
/y, fasc, i (janv.'-févr. 1904), — G. Bonaccorsi: L* Essenza del
ijristianesimo seconda il Professor Harnack. — IV. La religione cri-
stiana neWeià apostolica. — S. Minoochi: Storia dei Salmi. — Let-
-fcnra V, Uultima efà dei SalmL — N. Terzaghi: Prometeo. Cantributo
alla studio di un mita religioso Ellenico.
NuoTO Bullettino di archeologia cristiana.
1903, n. 4 (anno IX). — O. Marucchi: Osservaziani sopra il ci-
fnitero anonimo recentemente scoperto suUa via Latina. — G. Wilpert:
Scavi nel eimitero dei sanii Marco-Marcelliano e Damaso. — O. Ma-
mcchi: Il valore topograflco délia Silloge di Verdun e del Papiro di
Moma, — Avvertenza; Cenno necrologico.
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374 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Archivio storîcô italiano.
Vol. XXXII, 232. — Romolo Caggese: SuW origine délia parte
gvelfa e le sue relazioni col Comune. — Pietro Santini: Studi sulr-
VayUiea costitvjtione del Comune di Fireme (continna e fine). — Lo-
dovioo Frati : Tariffa daziaria fra il Comune di Bologna e queUo di
Firente. — Gnido Bonolis: SulVindustria délia lana in Firenze. —
Carlo Cipolla: Un nuovo documenta sopra Pietro délia Scala vescovo
di Verona e di Lodi alla fine del sec, XIV. — Michèle Lnpo Geo-
tile: Sul « De Mlo italico » di Leonardo Sfrenati. — Emilio Robiony r
Un'ambizione mal nota delta Casa di Savoia.
Archivio storico siciliano.
XXVII, 84. — S. Romano: Di alcune eccellenti figure in legno-
scolpite dal trapanese Matera verso il 1100 e cîie ora trovansi a Mo-
naco nel Museo nazionale Bavarese. — F. Maltese Not. : Memorie sto^
Triche suWorigine di Rosolini. — G. Pitre: / giornali e la pubblicità
in Palermo nella seconda meta del secolo XVIII. — G. Paolucci:
Pretese elezioni di givdici al tempo di Federico II di Svevia. — G. La^
Corte: Appunti di toponomastica sul territorio délia Chiesa di Mon-
reale nel secolo XIL — S. Romano: Francesco D*Aguirre e la sua
opéra mss. sul riordinamento degli studî generali in Torino or faita
pubblicare dal Municipio di Salemi. — F. Savio: La pretesa inimi-
cizia del papa Niccolh JII contra il re Carlo I d'Angib.
Studi e docutnenti di- storia e diritto.
Juillet-Décembre 1903, anno XXIV. — C. Cipolla: Spigolature
Corsiniane ; Scipione Maff'ei e Vineenzo Patuzzi, e alcune questioni
teologico-morali. — G. Cozza-Luzi: Gemma Colonna e V istrumento-
dotale pel suo matrimonio. — P. Tacchi-Venturi: Diario condstoHale
di Giidio Antonio Santori cardinale di San Severino (s ). — L. Gaa-
tarelli: La diocesi italiciana da Diocleziano alla fine delVimpero occi'
dentale. — F. Stella-Maranca: Il matrimonio dei soldait romani.
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BULLBTIN BIBLIOGRAPHIQUE. 37B
Miscellanea di Storia ecclesiastica e studl auailiari.
1903, n. 2. — Mons. P. Wenzel, sottoarchivista degli archivi
Taticani : Cinque lettere inédite di L. Antonio Muratori. — Sac. R. Ri-
naldi: A propoaito délia quistione Guillaume: L'amoralith e Vimmo^
raliià dei classîci; Le relativith del classicismo; Im lettera del cano^
nico Guillaume, — Sac. prof. U. Beai^ni : Metodo^ coltura, aitualith:
L La sciema storica ed i nostri studi (prolusione al corso acola-
stico); II. In bihlioteca : Di un segno terminale per opère in corso ed
accessionù
1904, n. 3, — La Souola di Storia ecclesiastica del P. Seminario
Romano: La periodistica deW evangelizzazione nell'impero romano:
I. Introduzione. — Sac. doit. P. Cenci, professore nel Seminario ve-
scovile di Gabbio : Un affresco del Nel H séoperto in GubMo. — Mon-
sigoor G. Wilpert, membro délia P. Commissione di Archeologia
«aora: Metodo, coltura, attnaliih: 1. La pih antica epigrafe con data
cristiana. — Sac. prof. U. Benigni: II. La galvanizzazione del veto,
— Sac. R. Rinaldi : III. Un anesteta délia Rinascenza : Antonio
Bargeo.
1904f n. 4. — Dott. D. Angelo Pedrinelli, alun no del P. Semi-
nario Romano: I/{6erto«j!>aj9a2t> : ConM6ufo alla storia del guelfismo
democratico^papale delValta e média Italia (studio premiato al 1° Con-
corso délia Miscellanea) .
1904, n. 6. — Sac. dott. M. Vatasso, scrittore délia Bihlioteca
Yaticana: Un ritmo sconosciuto sulla caduta di Gerusaltmme in mano
di Saladino e sulla nuova crociata handita da Clémente IIL — Sacer-
^ote dott, E. Bonaiutii professore nel P. Seminario Romano : La storia
dei dommi: Introduzione, — Prof. G. Gallo : La beata Caterina de
Maitei in un antico manoscritto ed in un periodico modemo, — Dot-
tor B. Nogara, scrittore délia Bihlioteca Vatican a; Metodo, coltura,
attualith : I. La cronaca di Freculfo in uii marioscritto vaticano, —
O. Montenovesi: II. Una iscrizione post-consolare inedita, in S. Clé-
mente di Roma. — Sac. dott. Vincenzo Boschi, professore nel Semi-
nario vescovile di Rieti: IIL Memorie reatine: Un antico pastorale.
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LE TRIBUNAL D'INQUISITION
DE PAMIERS
NOTICE SUR LE REGISTRE DE L EVÊQUE JACQUES FOURNIEU
Une histoire de Tlnquisition de Pamiers serait, je crois, fa-
<5ile à écrire. Créé pour Textirpation des derniers adeptes de
l'albigéisme dans le pays de Foix, ce tribunal cessa de fonction-
ner, s'il ne finit pas tout à fait d'exister, cette besogne accom-
plie. Huit années de vie très active (1318-1325) durant Tépis-
copat de Jacques Fonrnier, le fondateur et Tâme de l'institution ;
cinq années (1326-1330) de déclin, employées à liquider, sans
plus, la succession judiciaire de ce prélat; et puis l'inaction
léthargique des tribunaux sans causes ou sans magistrats: telle
est cette histoire, à s'en tenir aux documents actuellement connus»
J'ai groupé dans ces pages des renseignements suffisants pour
l'écrire. Ma tâche s'est bornée à une étude du Registre de la
procédure de Jacques Foumier, conservé à la Bibliothèque Va-
ticane sous la cote : Ms. latin Vat. 4030, et des volumes XXVII
et XXVIII de Doat, qui ont, avec celui-ci, d'étroits rapports.
J'ai relevé aussi dans le Liber Sententiarum Inquisitionis Tho-
losanae publié par Limborch la conclusion d'un assez grand nom-
bre de procès dont les actes sont contenus dans le Ms. du Va-
tican. C'est là, si je puis dire, toute la « littérature > du sujet,
quant aux sources. Encore ne suis-je pas le premier à l'avoir
exploitée. Avant Mgr Douais, qui a fait une brève description
▲naalM d« S.-L.-d..P. 26
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378 LB TRIBUNAL d'iNQUISITION DE PAMIEBS
du Ms. du Vatican, et analysé les registres de Doat (1), M. Char-
les Molinier, avait étudié le registre de Jacques Fonmier dans
son Mémoire: Etudes sur quelques manuscrits des Bibliothèques
d'Italie concernant V Inquisition et les croyances des hérétiques
du Xir et Xlir siècles (2). Il m'a paru que, ce dernier tra-
vail étant incomplet sur bien des points, une recension plus dé«
taillée du manuscrit pouvait mettre en lumière beaucoup de ren-
seignements nouveaux et importants (3).
Cette monographie comprendra trois chapitres:
I. Le Kegistre de Tlnquisition de Pamiers. Description et
sommaire analytique.
II. Le Tribunal de l'Inquisition. Son « personnel » et ses
travaux.
III. La procédure du Tribunal.
CHAPITRE PREMIER.
Le Registre de l'Inquisition de Pamiers.
Aeticle Premier.
Nature et importance du manuscrit.
Le Registre conservé à la Bibliothèque du Vatican est le
seul qui nous reste des volumes du greffe inquisitorial de Pa-
miers. Deux autres auxquels il est fait allusion dans ce manus-
crit même sont perdus pour nous. L'un contenait les sentences
(1) Documents pour servir à Vhistoire de V Inquisition dans le Lan-
guedoc (Société de THist. de France), 1900, 1. 1, pp. ciu-cxiii.
(2) Dans Archives des Missions scientifiques et littéraires, t. XIV.
(3) Plusieurs procès ont été extraits par nous du Reg. du Vat. et
publiés dans les Anfiales de Saint-Louis-des^Français, t. III, IV (1899^
1900), comme pièces justificatives des Mémoires intitulés: L'Emeute des
Pastoureaiuc en 1320; Une secte de Spirites à Pamiers en 1320; La pour-
suite des lépreux en 1321.
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LE TRIBUNAL d'iNQUISITION DE PAMIERS 379
da tribunal. Il était le complément nécessaire du Beg. 4030,
qui y fait de fréquents renvois: «Queratnr sententia in Libro
Sententiarnm beretice pravitatis». On peut juger de ce qu'il
devait être par le Liber Sententiarum de Bernard Gui, qui ne
renferme également que des procès-verbaux d'actes de foi.
L'autre, proche parent du manuscrit que nous étudions, y est
ainsi signalé, dans un interrogatoire de 1325: « Confessio facta
et scripta in Libro qui intitulatur: Primus Liber de dyocesi
Appamiarum scripta et recepta sub anno Domini 1318, die
nona aprilis. . . » (1).
Nous relèverons plus loin la mention de deux volumes de
rinquisition de Famiers, ayant appartenu à Benoît XII, et que
l'on conservait, en 1369, dans la Bibliothèque Pontificale d'A-
vinion. J'ignore s'il faut les identifier avec le ms. 4030, qu'ils
ont pu former en se fondant en un seul volume; ou si l'on
doit y reconnaître les deux registres perdus dont il s'agit ici;
ou enfin si c'étaient des documents distincts de ceux qui pré-
cèdent.
Quoi qu'il en soit — et les Registres XXVII et XXVIII de
Doat, comme le Liber Sententiarum de Bernard Gui en témoi-
gnent fréquemment — les dossiers de beaucoup d'hérétiques,
justiciables de Jacques Foumier, et dont nous connaissons les
sentences, ont totalement disparu.
Tel qu'il est cependant le Begistre du Vatican, ne laisse
pas de présenter une importance de premier ordre. Disons tout
de suite qu'il renferme des procès-verbaux d'interrogatoires dans
leur rédaction définitive, c'est-à-dire mis au net^ parce que des-
tinés à demeurer dans les archives de l'Inquisition. Tout y est,
de la procédure, sauf la conclusion, dont l'acte, ai-je dit, figu-
rait dans un recueil spécial. A cet égard, dans le classement
(1) Ma. 4030, f* 311 C.
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380 LE TBIBUNAL d'iNQUISITION DE PAMIERS
méthodique des sources originales de l'Inquisition, le Registre
de Jacques Fournier peut être placé à coté des Enquêtes de
Bernard de Caux et de Jean de Saint-Pierre (1245-1246) (1),
du grand Procès contre les gens d'Alhi (1299-1300) (2), et du
Registre de Geoffroy d'Ablis (1308-1309) (3), qui ne se com-
posent, aussi, que des actes de la procédure précédant la sentence.
Puisque j'en suis^ à « situer » mon volume dans les Archives
de l'Inquisition méridionale, il m'est défendu de le mettre sur
le même rang que ce curieux Manuscrit du Tribunal de Carcas-
sonne (1250-1258), publié naguère par Mgr Douais (4), et qui,
dans le négligé et le pêle-mêle de ses notes brèves, de ses
analyses prises au vol, en cours de séance, nous livre le secret
de la vie journalière et des procédés de l'Inquisition (5). Au
contraire, le Registre du Vatican oflfre, dans le froid appareil
des formules de greffe, un texte ample, de haute tenue, et à
jamais fixé. Aussi bien, est-ce par la prolixité des interroga-
toires, l'abondance et la variété des renseignements, non moins
que par leur intérêt, que ce volume me paraît se distinguer des
autres et, sans conteste, l'emporter sur eux.
Il contient les procès-verbaux d'environ cent interrogatoires,
dont quelques-uns atteignent une longueur démesurée (6), Celui
de Pierre Maury occupe vingt-sept folios de grand format, celui
de Jean Maury, quinze, celui de Raymond de la Côte, dix-sept,
celui d'Arnaud Siere, quatorze, et ainsi de plusieurs autres. Ce
n'est plus la brièveté un peu sèche et monotone des registres
(1) Ms. 609 de la Bibliothèque de la ville de Toulouse. Cf. Molinier,
L'Inquisition dans le Midi de la France (Paris, Fischbacher), pp. 16B-196;
Douais, op. cit, t. I, p. cliii-clv.
(2) Bibl. Nat., ms. lat. 11847. Mollnier, op. ait, pp. 79-105.
(3) Bibl. Nat, ms. lat. 4269. Molinier, pp. 107-161.
(4) DocumentSy etc., t. IL Cf. Molinier, op. cit.y pp. 261-451.
(5) Molinier, p. 267.
(6) Voir, plus loin, les analyses.
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LE TBIBUNAL d'iNQIUSITION DB PAMIEES 381
similaires. Aussi, que de détails curieux et d'importance n'y
trouve-t-on pas!
Par sa date, ce recueil se place après la réforme de l'In-
quisition tentée par le Concile de Vienne (1312), dont l'ob-
jectif principal était l'organisation de tribunaux mixtes, dans
lesquels la magistrature des juges monastiques serait contreba-
lancée et contrôlée par l'autorité des évêques diocésains. SToùs
pouvons étudier ici, de très près, le fonctionnement d'une de
ces institutions et constater les heureux résultats produits par
la fusion de deux juridictions jadis rivales. Je ne manquerai
pas de noter, en particulier, les bienfaits appréciables d'une
détente qui semble se produire dans les rigueurs de la procé-
dure, et qui est attribuable au décret de Vienne non moins qu'à la
longanimité du juge principal. Ces observations sont d'autant
plus précieuses que le Registre de Jacques Foumier est le seul
document original où l'on puisse les faire avec quelque suite et
sur un champ assez vaste.
Ce document est de plus grande importance encore et pré-
sente un intérêt plus vif pour l'histoire du Catharisme qui, au
commencement du XIV* siècle, et avant de disparaître pour
toujours, connut quelques heures de renouveau, nourrit de su-
prêmes espérances et tenta un retour offensif. Dès l'an 1308,
Geoffroy d'Ablis, inquisiteur de Carcassonne, et Bernard Gui,
inquisiteur de Toulouse, déciment l'hérésie qui menace dans les
vallées de l'Aude et de l'Ariège et dans le pays toulousain,
mais ils ne peuvent suffire à la besogne. En particulier le pays
de Foix, sauvage, impraticable cache dans ses hameaux inacces-
sibles de nombreux adeptes de l'erreur. C'est contre eux que
Jacques Foumier institue son tribunal. Ils y comparaissent, et
le juge sait provoquer leurs confidences. Ils ont tous fréquenté
les chefs de l'entreprise néo-cathare; ils les ont suivis dans
leurs courses, qu'ils décrivent ; ils ont assisté à leurs cérémonies.
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382 LE TRIBUNAL d'iNQUISITION DE PAMIER8
qu'ils racontent: ils ont entendu leurs catéchèses, qu'ils rap-
portent fidèlement ; ils savent les localités entamées par Terreur,
les familles et les individus qui ont pactisé avec elle. C'est un
tableau fort vivant de l'état religieux de ce pays qui se déroule
dans les longs procès-verbaux du Ms. 4030; et je dois remarquer
qu'il est, jusqu'à ce jour, imparfaitement connu (1). J'ajouterai
que ce n'est pas seulement l'histoire de l'hérésie cathare qui
trouvera à prendre dans ce volume, mais aussi, et avec non
moins de profit, celle des mœurs paysannes, des coutumes, des
superstitions, des croyances en honneur dans le milieu très
humble des artisans ruraux, des cultivateurs et des pâtres du
moyen âge. Le folklore lui-même s'y enrichira de données cu-
rieuses.
Mais il est un point de notre histoire religieuse que les
procès de Jacques Foumier permettront d'éclairer d'un jour
nouveau, qui contrastera avec l'obscurité relative dont on s'était
contenté jusqu'ici. Je veux dire les systèmes « théologiques »
et moraux, les pratiques religieuses, la vie et la conduite des
ministres albigeois. L'évêque de Pamiers, à en juger par la place
qu'occupe la doctrine dans son enquête, semble avoir pris à tâche
de pénétrer les secrets de la secte, à cet égard. Lorsqu'un accusé
se présente, qui paraît être particulièrement informé, il provoque
ses aveux et réveille ses souvenirs. Ainsi, certains < croyants »
admis jadis dans l'intimité des « bonshommes », apportent des
renseignements nombreux sur la manière de vivre de leurs
chefs; d'autres, dont la mémoire est singulièrement fidèle, s'é-
tendent sur les € sermons » des hérétiques, dont ils font d'abon-
(1) Le Registre de Geoffroy d^Ablis et le Liber Sententiarum de Bernard
Gui, qui renferment les résultats de poursuites semblables faites dans le
même pays, contre la même erreur, sont loin de présenter la même abon-
dance de détails. Ils complètent pourtant le Registre de Pamiers sur
bien des points. Cf. Molinier, LHnquisitiofi, etc., pp. 107-161.
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LB.TBIBUNAL d'iNQUISITION DE PAMIERS 383
dants comptes rendus; enfin, pour ceux d'entre eux qui sont
particulièrement compromis, on dresse un catalogue des erreurs
qu'ils devront abjurer et on l'adjoint, sous le titre : AriicuU hae-
reticales, aux actes du procès. Nous possédons ainsi une série
de témoignages, qui, contrôlés les uns par les autres et, en
jsomme, peu divergents, constituent une source excellente et peu
suspecte pour Tétude des doctrines du néo-dualisme.
Je dois ajouter que les dix-sept première folios du manus-
crit, consacrés à la transcription du procès d'un diacre vaudois,
ne sont pas moins importants en ce qui concerne les croyances
et les pratiques de cette secte, sur laquelle on ne possède encore
que des informations vagues et incomplètes.
Enfin le Registre du tribunal d'Inquisition de Pamiers mé-
rite d'être . étudié d'autant plus attentivement que le premier
rôle, dans la procédure appaméenne, appartient à un person-
nage appelé à de hautes destinées. Ce volume est, en somme,
le document capital de l'histoire épiseopale du futur Benoit XII,
et, mieux qu'aucun autre, il peut aider à tracer le portrait de
cet homme austère, zélé et juste.
Je ne m'attacherai, dans les pages qui suivent, qu'à recons-
tituer la physionomie du tribunal présidé pendant plus de sept
années par le futur pontife, et à décrire sa procédure; me ré-
servant d'exploiter bientôt son registre aux autres points de vue
indiqués.
Article 2.
Description du Manuscrit Vot. lat. 4030.
Le Registre de l'Inquisition de Pamiers est un volume in-folio
«de 375 X 260 millim., relié sur bois et veau, avec empreintes et
traces de fermoire. Au dos, on lit l'inscription à demi eflFacéei
Processus contra hereticos Valdenses, qui est, d'ailleurs, fort
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384 LE TRIBUNAL D'INQUISITION DE PAMIEBS
inexacte. Sur le plat, une cote ancienne: B n. 14. Le vélin est
fort, grossier par endroits, et présente entailles et lacunes. L'écri-
ture est une gothique moyenne; quelques lettres initiales sont
ornées, toujours en noir.
Le volume compte 325 folios et est écrit sur deux colonnes
par page (1). Le foliotage, contemporain de l'écriture, est en
chiffres romains. Il ne commence qu'au f* 6, pour se terminer
au r cccxiv (2). Au deuxième folio, une table des matières,
écrite en caractères cursifs, porte les titres des procès avec l'in-
dication des folios initial et final de chacun d'eux. Les quatre
folios suivants (non paginés) portent des documents étrangers
à l'Inquisition. Ce sont trois lettres de Gilles Aycelin (3), arche-
vêque de Narbonne, à Bernard Saisset (4), évêque de Pamiers,
et au clergé de son diocèse, portant communication (le 5 mai 1309)-
de divers documents pontificaux: d'abord, de la bulle de Clé-
ment V, Eegnans in Celis (12 août 1308), convoquant le con-
cile de Vienne (5); ensuite, des Constitutions Faciens miser i-
cordiam, Cum nos, et Ad omnium fere notitiam (6), concernant
les Templiers, leurs biens, et leurs procès. Ces documents occu-
pent les f^' 4 et 5 du manuscrit (7).
(1) Il 7 a donc quatre colonnes par folio; nous les distinguerons
ici par les lettres A, B, C, D. — Seuls, les f*'* 2 (non numéroté) et
cccxiv C-D sont écrits sur une seule colonne.
(2) Il y a donc, outre les six du commencement, cinq autres folios-
non paginés. Deux sont placés entre les f>" cxii et cxiii; un entre les
f '• cxcviii et cxcix; et deux à la fin du volume.
(3) Gilles Aycelîn, archevêque de Narbonne, de 1290 à 1311 ; arche-
vêque de Rouen, de 1311 à 1318 (Eubel, Hierarchia eatholiea medii aevi,
t. I, pp. 373, 447).
(4) Bernard Saisset, premier évêque de Pamiers (1295-1314). Eubel,
op, cit., p. 94.
(5) Regestum démentis PP. V (éd. Bened. Cassin.), n. 3626, 3628,
3629.
(6) Op. cit, n. 3400, 3401, 3402.
(7) Voir Molinier, Etudes sur quelques manuscritSy etc., dans Archives
des Missions, t. XIV, pp. 221-222.
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LB TBIBUNAL D '-INQUISITION DK PAMIEHS 385
Au r 6 A (f° I de la partie foliée), commence le registre
de l'Inquisition de Pamiers qui occupe le reste du volume.
Tous les folios sont entièrement écrits, excepté les f "• cxii b y^
(non numéroté) et ccxxxix A, dont une partie est restée blanche.
Chacun des procès est précédé d'un titre énonçant le con-
tenu du document: Confessio Pétri Sabaterii de VarilUs. —
Processm contra Bamundam uxorem Bamundi Buscailh quon-
dam de Pradis m Alione defunctam hereticatam. Une rubrique
semblable sert de titre courant à chaque page. En marge/ on
lit parfois des indications brèves qui facilitent la lecture du
texte; tantôt des noms d'accusés: Contra Simonem Barra; —
Contra rectorem de Monte Alionis; tantôt les mots Sermo^ en
regard d'une prédication d'hérétique (1); dbjuratio (2), à côté
d'un texte d'abjuration; ArticuU hereticales, en tête d'une liste
d'erreurs (3).
Au bas de certaines pages on trouve des réclames, quelques-
unes encadrées dans un dessin: figure géométrique, animal ou
caricature humaine. Au f° 69 B, l'inscription qui termine la con-
fession de Guillemette Clerc de Montaillou: Finito lihro sit
laus, gloria ChristOj marque peut-être la fin de la première partie
du volume. De même, au T 156 D, les mots AUer sermo, mis
en marge, indiquent sans doute que les prévenus dont les pro-
cès suivent parurent dans un acte de foi (sermo) diflFérent de
celui où furent condamnés ceux dont les confessions précèdent.
Le manuscrit présente au moins trois écritures (4). Du f ° i
au f*" cxxviii D le texte est régulier, et l'encre, d'un noir
(1) Par ex.: ff. 249, 250, 252 D, 255, etc.
(2) F^ 268.
(3) La confession de R. de la Côte, diacre vaudois, présente en
marge (f" 14, 16, 17) Pindication des erreurs exposées dans le texte:
Errores contra Sœramentum ordinis; — contra PiÂrgatorium,
(4) On en trouvera cinq si on tient compte de la table initiale et
des documents pontificaux dont nous avons parlé; et six avec celle dont
il est question dans la note qui suit.
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386 LE TRIBUNAL d'iNQUISITIQN DE PAMIEKS
foncé (1), Du f** cxxix A au f** cxxxiv D, l'écriture est plus com-
pacte, plus aiguë; du T cxxxv à la fin du Mb. elle est pale,
mais normale. An point de vue calligraphique nous diviserions
donc le Ms. 4030 en deux parties principales (chacune d'elles
étant l'œuvre d'un copiste différent), séparées par quelques
feuillets d'une troisième main.
Il n'est point inutile de rechercher quels ont été ces trans-
eripteurs, et à quelle époque et dans quelles conditions ils ont
exécuté leur copie.
On n'ignore pas qu'avant d'être fixés dans leur forme défi-
nitive les actes de l'Inquisition subissaient au moins trois trans-
formations. Le greffier du tribunal relevait d'abord, en séance,
le sommaire des interrogatoires. C'était le protocole, ou brouil-
lon, qui servait de base à la rédaction définitive. Dans le Ms. 4030
il n'est fait allusion à cet acte préparatoire qu'à propos des séances
auxquelles le notaire attitré, Guillaume Pierre Barthe, n'a pu
lui-même assister et où il s'est fait représenter par ses collègues.
L'un de ces derniers, Bataille de Lapenne, supradictam citatio-
netn et etiam dictam sententiam . . , recepit et in suo protocollo
scripsit Un autre, Guillaume Grassi, predicta recepit et in
suo protocollo scripsit; tamen Guillelmus Pétri Barta, notarius
dicti doniini episcopi, predicta mnnia de dicto protocollo dicti mag.
G. Grassi abstraxit et in originali transcripsit et posait; vice
cuj%is ego Johannes Jabhaudi^ clerictts, eadeny de originali trans-
cripsi fideliter et correxi (f* 146 C). Nous transcrivons en entier
cette conclusion de procès où il est clairement fait mention des
deux dernières transformations subies par l'acte pour arriver à
sa forme définitive.
(1) Remarquons toutefois que les folios non numérotés qui suivent
le f^ cxu ont été écrits par une main qui n'est celle d'aucun des antres
copistes.
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LB TRIBUNAL d' INQUISITION DE PAMIERS 387
Sur le canevas tracé séance tenante, le notaire rédigeait la
minute selon la forme officielle du saint-office, et il récrivait
«ur un registre en papier (1). C'est G. P. Barthe qui, dans le
cas qui précède, à l'aide du protocole du notaire Grassi, com-
pose, transcrit et < fixe > l'original (2). Cette rédaction faisait
foi: on en donnait lecture à l'accusé qui devait en approuver
ou en modifier la teneur.
Enfin un scribe, juré de l'Inquisition, avait la charge d'écrire
sur parchemin une copie de l'original, afin d'assurer à ce der-
nier une plus longue durée et de lui permettre de prendre place
dans les archives de l'Inquisition.
Le Ms. 4030 est un exemple de cette dernière rédaction.
<îuels en ont été les auteurs?
Ils étaient au moins deux, ai-je dit. Jean Jabbaud, dont
l'écriture commence au T cxxxivD, au milieu de l'interroga-
toire d'Aude du Merviel (3), a décliné ses nom et qnalité au
bas d'un grand nombre d'actes : Vice cujus [notarit\ ego Johannes
Jahbaudi, clericm de Tholosa^ ea de originali transcripsi fideliter
et correxi (folios 161 D, 162 B, 171 A).
C'est aussi un reviseur du nom de Jabbaud, Baynaud (4), qui
a corrigé sur l'original la copie de la première partie da Ke-
(1) Ce détail est spécifié au f® 165 de notre volume: Vice cujus
[G. P. BartaJ ego Arnaldus Baimundus FaJconis... in Ubro de papiro
transcripsi, registrari,
(2) Le ms. de la Bibl. de la ville de Clermont (n. 136 a du catai.
général) et le ms. lat. 4269 de la Bibl. Nationale qui renferment, l'un
le registre du greffier du tribunal de Carcassonne, Tautre les interro-
gatoires de Geoffroy d'Ablis, sont des rédactions sur papier. Voir
Douais, Documents pour servir à l'Histoire de V Inquisition da^is le Lan-
guedoc, t. J, p. ce LX VI II; Ch. Mol i nier, L'Inquisition dans le Midi dé
Ja France, pp. 111-114, 262, 267.
(3) La formule finale de Tînterrogatoire d'Aude est ainsi conçue
(f* 138 D): Ego Johannes Jahhaudi, clericus, predictas confessiones supra^
dicte Aude de originali in parte transcripsi fideliter et corexi.
(4) Et non Baymond, comme a lu M. Ch. Molinier, Arch. des Mis-
sions, t. XIV, p. 219.
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388 LE TRIBUNAL d'iNQUISITION DE PAMIERS
gistre : Et ego Bainaudus Jabbaudi, clerict^s de Tholosa, cum
originali fideliter correxi (f 86 A). Jean et Saynaad Jabbaud
étaient peut-être nn seal personnage. Leurs écritures se ressem-
blent un peu ; Tencre dont ils ont usé est également pâle ; tous
deux sont clercs de Toulouse et jurés de l'Inquisition. Mai&
nulle part leurs prénoms ne se trouvent réunis.
Il serait plus important de connaître le copiste des cent trente
premiers folios dont Baynand Jabbaud a été le correcteur. L'ex-
pédition de l'acte sur le registre en papier était toujours faite
par le notaire ordinaire, Guillaume-Pierre Barthe, qui nous en
informe lui-même dans les souscriptions de divers actes (1).
Bans la copie définitive que nous étudions, pour ce qui con-
cerne les documents de la première partie (!*' scribe), cette
remarque du notaire-rédacteur n'est suivie que de la signature
du correcteur. Raynaud Jabbaud, sans nulle mention d'un no-
taire transcripteur, ainsi qu'on la trouve au bas des pièces de la
deuxième partie (2* scribe). Ne pourrait-on pas conclure que
Bartbe lui-même a exécuté la mise au net? Cette hypothèse
sera confirmée par les remarques que nous allons faire à propos
de la date de ce dernier travail.
D'abord il est bien sûr que cette transcription n'est pas abso-
lument contemporaine de la procédure. On sait que l'Inquisi-
tion menait de front un certain nombre de causes, plusieurs
traînant des mois et des années, et exigeant de fréquentes com-
parutions de l'accusé; d'autres, expédiées en une ou deux séances.
Dans la même journée on entendait différents prévenus, aux dos-
siers desquels le greffier ajoutait, à mesure, ce qui leur reve-^
nait, des actes expédiés. Ainsi, la compilation du registre ori-
ginal procédait chronologiquement.
(1) Ainsi dans celles des actes que nous numérotons plus loini
XVIII, XXIV, XXV, XXVI, XXVII, XXVIII, XXX, XXXI, XXXII,.
XXXIII, etc.
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LE TRIBUNAL d'iNQUISITION DE PAMIERS 389
Les copistes de notre manuscrit ont en, évidemment, la préoc-
eopation de suivre autant que possible la chronologie des causes.
Ils y ont parfois réussi : en juxtaposant les procès terminés à la
même date. Mais, souvent, l'ordre est rompu par une ou plu-
sieurs pièces en retard ou en avance sur leurs voisines (l).
Cette double remarque appelle une double conclusion: Si le
copiste a pu grouper certains procès clôturés le même jour,
c'est que sa transcription n'a été faite qu'après cette conclu-
sion. Si, exceptionnellement, quelques pièces se trouvent en
avance sur celles qui voisinent avec elles dans la même page,
c'est que la copie de l'ensemble du volume est postérieure à
la liquidation des procès qu'il renferme. Les exemples de pièces
trop tôt transcrites, au sens d'une rigoureuse chronologie, sont
assez fréquents et répandus dans toutes les parties du volume
pour que nous puissions formuler cette déduction.
Est-il possible de préciser encore la date de ce travail? Les
notaires-transcripteurs affirment l'avoir entrepris sur l'ordre de
révêque-inquisiteur, Jacques Foumier : de mandata dicti domini
episcopi. Or le correcteur Baynaud Jabbaud a laissé échapper
quelque part (f 133 A) un mot qui constitue un précieux ren-
seignement : Et ego Baynaudus Jabbaudi ...de mandata domini
episcopi Mirapiscensis... carrexi. Jacques Foumier était déjà
(1) Exemples de pièces en retard: Le n® VIII (voir le sommaire)
«e termine le 3 décembre 1320, tandis que les n®* V, VI, VII se terminent
le 8 mars 1321. Da n^ XXXV au n"^ XL les actes se clôturent tous
le 8 mars 1321, tandis que les n°* XXII et suivants finissent le 2 août 1321.
Enfin le procès d'Aude du Merviel (XLII), qui est des mois de juillet et
août 1318, se trouve placé entre deux dossiers de 1322.
D^autres pièces sont, au contraire, en avance: le n** XVIII, qui ne
finit que le 2 août 1821, est égaré an milieu de procès terminés le 2 mars
précédent; les n^* XXIX, XXXII, LV, LVI, qui contiennent des actes
portant une date postérieure à celle des dossiers suivants. Ainsi, au
n^ LVI, une audience est datée du 7 août 1321, tandis que les onze
procès qui viennent après s'étaient terminés plus d'une année avant.
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390 LE TRIBUNAL !>' INQUISITION DE PAMIERS
évêqne de Mirepoix lorsque Baynand a fait la révision du ma-
nuscrit. Sa translation à ce siège étant du 26 janvier 1326, il
faudrait retarder jusqu'après cette date la correction de la pre-
mière partie et peut-être la transcription de la seconde.
Si l'on admet que G.-P. Barthe a exécuté la copie de la pre-
mière, toutes les remarques déjà faites concordent avec la date
de sa mort qu'un document nous permet de placer approxima-
tivement à la fin de 1325 ou au début de 1326. Le tome XXII
des Begistres d'Avignon de Jean XXII (f 508) porte la colla-
tion faite, le 13 août 1326, à Jean Strabaud, recteur de Prades,
notaire de Pamiers, de la paroisse de Vira, vacante par la mort
de Guillaume-Pierre Barthe. Cette mort expliquerait la brusque
disparition de l'écriture du premier scribe, au f 128 A du ma-
nuscrit, non loin de la page 133Â, on le correcteur Jabbaud
nous apprend que Jacques Fournier était évêque de Mirepoix à
l'époque de sa recension.
Barthe avait dû commencer sa copie avant la fin de l'an-
née 1325; il la poursuivit jusque dans les premiers mois de
1326, époque de sa mort. Alors l'évêque en fit faire la col-
lation par Baynaud Jabbaud, et confia à Jean Jabbaud le soin
de continuer la transcription.
Ce volume, exécuté par son ordre, Jacques Fournier le mit
dans sa bibliothèque pei-sonnelle, qui se fondit plus tard dans
celle des papes. Il passa dans la Bibliothèque du Vatican,
quand la Librairie pontificale d'Avignon fut ramenée à Rome^
Un catalogue (1369) de la Librairie du palais d'Avignon
signale deux manuscrits de procès faits aux hérétiques du dio-
cèse de Pamiers, par l'ancien évêque devenu pape: « Item pro-
cessus domini Benedicti pape contra hereticos, dum erat epis-
copus Appamiensis, coopertus corio albo, qui incipit in secundo
folio post tabulam errorum dictus et finit in penultimo folio in
criminel. — «Item processus contra hereticos cooperti corio
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LE TBIBUNAL D'INQUISITION DE PAMIERS 391
riridi qui incipiant in secundo folio suam et finiunt in pennl-
timo folio capellanos^i^ (1).
Article 3.
Sommaire analytique du Registre de l'Inquisition
de Pamiers.
I. — « Confessio (2) Ramundi de Costa (3), heretici Valdensis
et dyaconi in illa secta». — Folios 1A-17C.
Jours d'audience: 17, 18,21,29,31 décembre 1319; 2, 3, 4,
5, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 14, 15, 16, 19, 23 janvier, 24 avril 1320. Jean
de Beaune assiste à la séance du 24 avril.
L'accusé, vaudois obstiné, est livré au bras séculier et
brûlé, le 1*' mai 1320, avec Agnès Franc. (4).
IL — «Confessio Agnetis, uxoris condam Stephani Franco^
heretice, seu secte Pauperum de Lngdnno, [de Vermelaj (5)^
diocesis Viennensis». — Folios 17 C-18 C.
Jours d'audience: 10 août 1319; 18, 21, 23 janvier; 25, 30
avril 1320 (J. de Beaune),
(1) Ehrle, Historia Uhliotheeae Rom, Fontif., I, p. 338, d. 661;
p. 358, n. 925.
(2) Les sommaires qui vont suivre portent d^abord le titre ori>
ginal du procès; puis, les jours d'audience, les noms des témoins, la
nature du crime imputé, P issue de Tinstruction.
(3) La Cô^e-5am^^ndre( Isère), arrond. de Vienne, patrie de Raymond,
dont le vrai nom est Raymond de Sainte- Foy. C'est une faute que de
lire, comme Ta fait M. Ch. Molinier {Etude sur quelques manuscrits, etc.
dans Arch. des Missions, t XIV, p. 322, note 5), au f ** 1 A du ms., « ar-
chidiaconatus de saneta Fîde » au lieu de « alias dictus de sancta Fide^
diaoonus, etc. »; et de donner comme Heu d'origine de ce personnage,
la commune de Sainte-Foy, cant. de Semur-en-Brionnais, arrond. de
Charolles (Saône-et-Loire).
(4) Voir les interrogatoires de Bérenger Scola, de Foix (f® 27 D)^
de G. Austatz, d'Ornolac (f »>• 32 D, 33 A, 35 Aj, et de Huguette de la
Côte (f ^ 112 A).
(5) Vermeils (Isère). Les membres de phrase placés entre crochets,
sont introduits par nous dans le texte des en-têtes, d'après les indica-
tions du manuscrit.
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392 LE TRIBUNAL d'iNQUISITION DB PAMIBB8
Nourrice et sectatrice du précédent, elle partage son sort.
Sentence et supplice: 1*"' mai 1320.
III. — € Confessio Amaldi Egidii, alias vocatus (sic) Botheller,
de Manso sancti Antonini (1), Appamiarura, heretici con-
versi». — Folios 18 C-21 C.
Audiences les 23, 26, 28 février, 3, 25 avril 1320.
L'accusé, nécromancien et € spirite » avoue et abjure. Sen-
tence: le 1" mai 1320 (2). On ignore quelle elle fut (3).
IV. — € Processus contra Petrum Sabaterii de Varillis (4), Ap-
pamiensis diocesis, preventum super heretice pravitatis (^c)».
Folios 21 D-23 A.
Audiences: 23 octobre, 6, 21, 30 novembre 1818, 20 avril 1320
(J. de Beaune).
Accusé d'avoir tourné en ridicule les prières et cérémonies
de l'Eglise, dénigré les clercs et les moines, il abjure la vau-
doisie et toutes autres hérésies.
Sentence, le 1^"" mai 1320 (5). Le dispositif en est inconnu.
V. — «Testes contra Jacobam den Carot, de Ax (6), super
crimine heresis ». — Folio 23.
Le 3 mars 1320 (n. st.): Barthélémy Gleize (de Ecclesia),
prêtre de Sorgeat (7); Guillem Caussou, meunier, d'Ax; Gail-
larde, fille de Pierre de Ganals, de Saurat (8); Pierre Bougé,
recteur de Mérens (9).
(1) Le MaS' Saint' AnUmin, hameau prés de Pamiers.
(2) Devant TégliBe des Allemans (Ms. 4090, folios 21 A, 28 A).
(3) Nous avons publié ce procès dans notre Mémoire: Une secte de
spirites à Pamiers, (Rome, Cuggiani, 18d9), pp. 29-46.
(4) Varilhes (Ariége), chef-lieu de cant., arrond. de Pamiers.
(5) Ms. 4030, folios 21 A, 23 A.
(6) Ax (Ariége), chef-lieu de cant., arrond. de Foix,
(7) Sorgeat (Ariége), cant. d'Ax.
(S) Saurat (Ariége), cant de Tarascon, arrond. de Foix.
(9) MérenSf cant. d'Ax.
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LB TRIBUNAL d'iNQUISITION DB PAMIEBS 393
< Confessio Jacobe den Carot, de Ax ». — Folios 23 D-24 D,
Citée par lettres de Tévêque, elle comparaît les 4, 7 mars,
2 avril, 3 mai, 21 juin 1320, et le 7 mars 1321 (n. st.). Jean de
Beanne conclut le procès ce dernier jour.
Cette femme est accusée d'avoir nié Texistence de la' vie
future et la résurrection des corps; elle est convaincue de sor-
tilège et de maléfice. Elle s'obstine d'abord h nier, puis avoue
et abjure.
Sentence, le 8 mars 1321 (1), dans le cimetière de Saint-Jean,
à Pamiers (2). On ignore la peine édictée.
VI. — «Testes contra Arnaldura de Savinhano, de Tarascone (3),
super crimine heresis». — Folios 24D-25B.
Le 20 avril 1320: Bertrand Cordier, de Pamiers, domicilié à
Tarascon; Pierre de Maisselac, de Tarascon, de la paroisse de
-Quié (4). — Le 22 avril: Jean Ifort, surnommé Buèbre, de Ta-
rascon.
« Confessio Arnaldi de Savinhano, heretici conversi de Taras-
cone». — Folios 25C-26D.
Audiences: le 9 mai 1320, à Tarascon; le 11 mai, à Ver-
dun (5) ; le 15 juillet, à Pamiers. Le 5 septembre, Arnaud est
incarcéré aux Allemans (6). Audiences nouvelles: 25 octobre 1320,
7 mars 1321 (J. de Beaune).
Il nie la création et la fin du monde; croit cependant à
l'annihilation de toutes choses, les anges et les saints exceptés.
Il finit par abjurer l'hérésie vaudoise.
Par sentence du 8 mars 1321, il est condamné au mur. Cette
peine lui est commuée, le 4 juillet 1322, en diverses œuvres de
(1) Le ma. porte: 7 mars 1319; le contexte impose la lecture:
7 mars 1321 (n. st.), veille de Vacte de foi.
(2) Ms. 4030, folio 24 D.
(3) Tarascon (Ariége), arrond. de Foix.
(4) Çtéié, cant. de Tarascon.
(5) Verdun (Ariége), cant. des Cabannes, arr. de Foix.
(6) Les Allemans (Ariége), cant. de Pamiers, où se trouvaient les
prisons de l'Inquisition.
AnnalM d« S..L..<I.-F. 27
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394 LE TRIBUNAL d'iNQUISITION DE PAMIEH8
pénitence, port de croix, pèlerinages {Liber Sent., p. 294). Une
nouvelle procédure commence contre lui en novembre 1322
(cf. n. LXVIII).
VII. — Testes contra Berengarium Scola, de Fuxo >. — Folios
26D-27C.
Le 6 mai 1320: Gentille, femme de Pierre Scola. — Le 4 mai:
Fabre de Montant, notaire de la chatellenie des Pujols (1);:
Guillaume Bauzeilh, procureur du recteur de Ventenac (2),-^
Geffroi L'Ecrivain (Scripior), de Ventenac.
€ Preventio contra Berengarium Scola et ejus confessio >. —
Folios 27C-28B.
Audience: 6 mai 1320.
Partisan du vaudois Raymond de la Côte (I), brûlé par l'In-
quisition le P^ mai; il abjure l'erreur. Sentence le 8 mars 1321.
Il est condamné au mur. Son élargissement est prononcé le
4 juillet 1322; il reçoit, en écbange, des croix simples (Lib.
sent, p. 294), qui, en 1324, lui sont enlevées (Doat, XXVIII,
folio 62).
VIII. — € Confessio Baruc [teutonici], olim Judei, modo bap-
tizati et postmodum conversi ad judaismum ». — Folios
28 B - 31 B.
Audiences les 13, 14 juillet, 13 août, 25 septembre 1320 (abjn-
ration solennelle).
Pour échapper à la mort, lors de l'invasion des Pastoureaux (3) ,.
à Toulouse, ce juif avait dû recevoir le baptême; mais, le danger
disparu, il était retourné aux pratiques judaïques, tenant pour
(1) Les Pujols, cant. de Pamiers.
(2) Ventenac, cant. de Lavelanet, arr. de Foix.
(3) Voir, sur les excès des Pastoureaux dans le Midi: Hist de Lan-
guedoc (éd. Privât), tome IX, pp. 402-406; Vidal, L'Emeute des Pastou-
reaux en i32l; Lettres du pape Jean XXII; Déposition du juif Baruc
devant VInquisition de Pamiers (Rome, Cnggiani, 1898). On trouvera
dans cette dernière brochure le texte même du procès qui nous occupe,,
pp. 38-58.
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LE TSIBUKAL d'iNQUISITION DE PAMIERS 895
nul le sacrement reçu dans ces conditions. L'évêqae Ini prouve
le contraire et Tinstrait rar les vérités chrétiennes. Bédiiit par
nne discussion serrée, il fonle aux pieds le jndalsme»
Sentence, le 3 décembre 1820, « in caméra episcopali >. La
teneur nous en est inconnue (1).
IX. — « Testes contra Guillemmum Austatz, de Omolaco (2),
super crimine heresi8>. — Folios 31B-36B.
Les 11 et 16 mai 1820: Gaillarde, femme de Bernard Bos,
d'Ornolac. — Le 26 mai : Alazals, femme de Pierre Monier. —
Le 25 juillet: la même; Raymond Barrau, clerc; ÂlazaYs, femme
de Pierre de Lasbordes; Julien, d^Ornolac; Barsalona, femme
de Bertrand de Lasbordes. — Le 28 juillet: Pierre de Lasbordes.
Tous ces témoins sont d'Ornolac.
< Confessio âuillemmi Austatz, de Omolaco, heretici conversi >. —
Polios 38 A - 86 B.
Audiences: 15, 16 juillet, 11, 28, 29, 80, 81 août, 1«% 3 sep-
tembre 1320, 7 mars 1321 (J. de Beaune).
Il a professé les erreurs suivantes: V Dieu ne crée pas une
âme pour chaque corps humain. Les âmes émigrent d'un corps
dans un autre. 2^ Dans la résurrection générale, Pâme ne repren-
dra pas son corps. 3'' Les gens heureux dans ce monde ne peu-
vent qu'être malheureux dans l'autre; ceux qui sont malheureux
ici-bas seront heureux dans le ciel. En outre, Guillem Austatz a
fait Péloge de Baymond de la Côte. On finit par lui faire avouer
ses relations avec Pierre Autîer et Pradas Tavemier. Il abjure.
Sentence, le 8 mars 1321, édictant Temmurement. Cette peine
est adoncie en celle des croix doubles, le 16 janvier 1829
(n.st.) (3),
(1) Vidal, op. cit, pp. 57-58.
(2) OinoloCf cant. de Tarascon, arr. de Foix.
(3) Doat, XXVII, f * 148.
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396 LE TKIBUNAL d'iNQUISITÏON DE PAMIEHS
X. — « Testes contra Beatricem, axorem Othonis de Ecclesia
quondam, de Adalone » (1) ; [habitatricîs de Varillis]. — Fo-
lio 36 B-D.
Le 19 juin 1320 : Gnillem Roussel, de Dalou ; Guillem de Mon-
tauty recteur de Dalou.
< Confessio Beatricis, uxoris Othonis de Ecclesia quondam, de
Adalone ». — Folios 36 D - 45 A.
La lettre citatoire de l'évêque détermine cette femme à pren-
dre la fuite. Bamenée de Mas-Saintes-Puelles où elle Hvait été
arrêtée, elle comparaît les 1", 7, 8, 9, 12, 13, 22, 25 août 1320, et
le 7 mars 1321 (J. de Beaune).
Instruite par Pierre, Guillem, et Jacques Autier, qu'elle a
fréquentés à Montaillou (2) et à Dalou, elle avoue nombre d'er-
reurs cathares. Elle est, en outre, inculpée de pratiques de sorcel-
lerie et accusée d'avoir été la concubine, d'abord de Pierre Clerc,
curé de Montaillou, et puis de Barthélémy Amilhat, prêtre d'Urgel.
Elle abjure, et, le 8 mars 1321, est condamnée à l'emprisonnement.
Cette peine est commuée en celle des croix doubles, le 4 juil-
let 1322 {Lib. sent^ p. 294).
XL — € Confessio Bartholomei [Amilhati, de Ladros (3), diocesis
Urgellensis], presbiteri, super fautoria et celatione heretice
pravitatis >. — Folios 45 A - 47 B.
Audiences: les 11, 12 septembre, 8 novembre 1320; 5 et
7 mars 1321 (J. de Beaune).
Accusé de complicité dans la fuite de Béatrix Gleïzes, et
d'avoir partagé ses erreurs et ses désordres. Il abjure.
Sentence, le S mars 1321, édictant la peine du mur. Il est mis
en liberté le 4 juillet 1322, avec l'obligation d'accomplir une
autre pénitence {Lib, sent., p. 294).
(1) Dalou, cant. de Varilhes, arr. de Pamiers.
(2) Montaillou, cant. d*Ax, arr. de Foix.
(3) JJadros, dans le pays de Palhars, province de Lérida.
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LE TBIBUNAL D'INQUISITION DB PAMIEBS 397
XII. — € Contra Qaillemmam, uxorem qnondam Bernard! Benêt,
de Ornolaco ». — Polios 47 B-D.
Le 11 mai 1320: Alazals, femme de Pierre Monier; Gentille,
fille de fen Gaillem Bos; Raymond Bénet, tons d'Ornolac.
« Confessio ânillemme, nxoris qnondam Bernardi Benêt snpra-
dicti ». — Polios 47 D - 49 A.
Ândiences: 16 jnillet, 11 août, 3 septembre 1320; 5 mars 1321
(J. de Beanne). Elle refose de parler et, après la première an-
dience, est incarcérée anx AUemans.
Accusée d'avoir crn et enseigné que l'âme humaine n'est
antre chose qne le sang qui anime le corps, et qu'il n'y a ni
Paradis, ni Enfer. Elle finit par avouer et abjure.
Sentence, le 8 mars 1321, édictant l'emprisonnement, rem-
placé, le 4 juillet 1322, par des croix doubles {Lib. sent^ p. 294).
XIII. — < Contra Bamnndum Yayssiera. de Ax, super crimine
heresis ». — Polios 49 A - 50 A.
Le 7 octobre 1320: Jean Barte et Bertrand de Gaillac, d'Ax.
Le 24 octobre: Pierre de Gaillac (1), de Tarascon.
«Confessio dicti Ramundi Yalsiera super crimine heresis». —
Polios 50 A - 53 C.
Audiences: 24, 26 octobre, 15 novembre 1320, 7 mars 1321
(J. de Beanne).
Fervent adepte du catharisme, disciple des Autier, déjà con-
damné par l'Inquisition, sous Geoffroy d'Ablis (2). Accusé de
nier la présence réelle, d'avoir médit des inquisiteurs, tenté
d'assassiner un homme qui voulait le dénoncer, commis un in-
(1) Voir M. Ch. Molinier, L'Inguisitian dans le Midi de la France,
p. 115. Un procès avait été intenté à P. de Gaillac par Geoffroy d^Ablîs;
le texte original est dans le Registre de cet inquisîtenr: Ms. lat. 4269
de la Bibl. Nat., f»; 46-50.
(2) Ms. lat. 4269 de la Bibl. Nat., f«' 20-21; Molinier, op. eit, pp. 115
et 152, note.
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398 LE TBIBUNAL d'iNQUISITION DB PAMIERS
ceste, etc., il rejette tontes ces accasationg, mais dénonce plu-
siears partisans de Thérésie: Simon Bartbe, Baynionde Gap-
Blanc, d'Âx; Pierre Clerc, cnré de Montaillon; Sibille den Baile,
d'Âx; Arnaud Tisseire, de Lordat (1); Onillem Bayard, de Ta-
rascon; Stéphanie, de Château -Verdun (2); Palharesia, de Lu-
zenac (3); Guillem Boussel, d'Ax; Ouillem Andorra et sa inère,
d'Ax; etc.
Sentence le 8 mars 1321. Yayssière est condamné à Tem-
mnrement dans la prison des Aliemans (4).
Xlllbia. — «Seqnntur depositiones aliquorum testium contra
aliquas personas nominatas per Bamundnm Yalsiera in sua
precedenti confessione et aliquas alias super crimine heresi8>.
— Folios 53C-56C.
Le 13 novembre 1320: Guillemette^ femme de feu Pradas
JSavignac, d'Ax, dépose contre Simon Barthe, Arnaud Autier (5),
Esclarmonde, femme de Baymond Autier, Oailharde, femme de
rhérétique Guillem Autier.
Le 31 décembre suivant: a) Guillem Mathieu, d'Ax, dépose
contre Sicarde, femme de Baymond Gouzy, notaire de Pamiers,
et, en premières noces, de Simon Barthe, d'Ax ; contre Mersende,
femme de Bernard Laurent, d'Ax; P. Clerc, recteur de Mon-
taillon et son frère Bernard (6). — b) Gaillarde, femme de feu
G, Autier, hérétique, contre Bernard Clerc et sa femme (7);
contre Sibille, femme de Pierre Autier, dit Pane, d'Ax; Men-
garde, femme de Pons Clerc; la mère du curé de Montailloû.
Le 29 janvier 1321 (n. st.) : Esclarmonde, femme de Raymond
Autier, d'Ax, témoigne contre Simon Barthe, Mersende Laurent,
Arnaud Carot, d'Ax; Guillem Boussel et Sibille Autier.
(1) Lordat, cant. des Cabannes, arrond. de Foix. .
(2) Château-Verdun, cant. des Cabaones.
(8) Lueenac, cant des Cabannes.
(4) D'après plusieurs passages du ms. 4080: fo*58C, 142, 143 B.
(5) Voir sa déposition, n* LXXXI. f** 285.
(6) Voir son procès, ja9 LVI, f«>- 173 B - 181 A.
(7) Voir no LXXXV, f-- 293C - 2% B.
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LB TBIBUNAL d'iNQUISITION DB PAMIERS 399
Le 30 janvier: Raymond Auiier (1), frère des hérétiqnes»
dépose contre Arnaud Carot et Simon Barthe.
Le 7 février: Bernard Gombert (2) accuse Simon Bartbe.
Le 3 avril: Pierre de Gaillac (3), de Tarascon, accnse le
:même.
Le 8 novembre 1320: Rixende Palharesa, de Luzenac, dé-
pose contre Alazals, de Montaillon, et Bay monde, de Lazenac.
XIV. — < Confessio Grazide, nxoris Pétri Licerii qnondam, de
Montealionis». — Folios 56 C- 58 A.
Audiences: !•', 9, 21 août, 16 novembre 1320; 7 mars 1321
(J. de Beaune).
Accusée de catbarisme, elle nie que Dieu ait créé les choses
^t les animaux nuisibles, ne croit pas à l'enfer, est persuadée
qne ses relations coupables avec le curé de Montaillou ne cons-
tituent pas une faute grave, puisque tous deux agissaient selon
leur bon plaisir. Elle refuse de reconnaître ses torts et, pour ce
motif, est incarcérée aux Allemans pendant sept semaines. Elle
abjure enfin.
Sentence le 8 mars 1321. La peine de la prison lui est com-
muée, le 4 juillet 1322, en plusieurs œuvres et croix {Lib. sent.,
p. 294).
XY. — « Confessio Alazaicis, uxoris Pontii Ademarii quondam
de Montealionis ». — Folios 58 A - 61 D.
Audiences: 20, 23 août, 17 novembre 1320; 4, 17 janvier,
7 février, 7 mars 1321 (J. de Beaune).
Elle avoue une première fois ses relations avec les héréti-
-ques et abjure. Elle reparaît, le 17 novembre, pour continuer sa
déposition et est incarcérée aux Allemans. Elle fait de non-
Telles révélations et abjure une deuxième fois.
Sentence, le 8 mars 1321, qui reste inconnue.
(1) Interrogé par G. d^Ablia: Bis. lat. 4269 de la Bibl. Nat, f-6 8;
Molinier, op. cit., p. 115.
(2) Voir sa confeêsio, n" LX, f-- 189 C - 190 C.
(3) Voir plue haut, n^ XIII, note.
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400 LE TRIBUNAL d'iNQUISITION DE PAMIBRS
XYI. — «Confessio et depositio Fabrisse den Biba, de Monte-
alionis ». — Folios 62 A - 64 B.
Audiences: 26 septembre, 16 novembre 1320; 7 mars 1321
(J. de Beanne).
Sectatrice des Autier, elle reconnaît ses errements et accnse
sa propre fille Qrazidis (cf. n** XIV^), d'avoir en des relations
criminelles avec Pierre Clerc, curé de Montaillou.
Sentence, le 8 mars 1321. Nous ne savons quelle elle fut.
XVII. — 4i Confessio Pétri Majoris, de Kavato ». — Folio 64 B-D..
Audiences: le 21 avril 1320, à Rabat (l); le 7 mars 1327
(J. de Beaune), à Pamiers.
Légèrement compromis dans Vhéréticaiion de Pierre Amiel,.
de Rabat. Il est condamné, le 8 mars 1321, à Timmuration..
Cette peine est remplacée par celle des croix simples, le 4 juil-
let 1322 {Lib. sent, p. 294).
XVIII. — « Confessio Guillerme, uxoris Pétri Cleriei quondam>
de Montealionis ». — Folios 64 D - 69 B.
Audiences: 16 octobre, 5, 14 novembre, 23 décembre 1320;
18, 30 juillet, 2 août 1321 (B. Gui et J. de Beaune).
Nièce de Pradas Tavemier, elle a été gagnée à l'hérésie
par son oncle. Elle abjure après une détention préventive.
Sentence le 2 août 1321. Guillemette est condamnée à porter
des croix doubles et à accomplir certains pèlerinages {Lib. sent.^
p. 286).
A cet endroit du manuscrit (P 69 B) se trouve le texte de la-
commission de Gailhard de Pomiès, lieutenant de l'inquisiteur
Jean de Beaune, à Pamiers , en date du 10 décembre 1318 (2).
(1) Babat, cant de Tarascon, arr. de Foix.
(2) Publié par M. Ch. Molinler, dans Etudes sur quelques manus»-
criis, etc. (Archives des Missions, t. XIV), pp. 303-304, n° XIV.
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LB TRIBUNAL d'iNQUISITION DE PAMIBB8 401
XIX. — « Contra Bernardum Franca, de Golerio (1), parroehie
de Sos > (2). — Folios 69 C - 70 C.
Le 31 octobre 1320: Gnillein Ségnéia, Gaillem Bertrand^ Ray-
mond Mièjeville, Saymond Subra, Bernard Marie, Arnaud Aager,
Pierre Barbe, Arnaud Maury, tous de Qoulier.
€ Confessio dicti Bernardi Franca [clerici], heretici oortversi »►
— Folios 70 C - 74 A.
Audiences: 7, 10, 21, 22 novembre, 13, 16 décembre 1320;
7 mars 1321 (J. de Beaune).
Partisan zélé de l'albigéisme, il ne fait d'abord que des aveux
incomplets qu'il rétracte sous serment. II est incarcéré à cause
de son obstination. Il se rend enfin, reconnaît la vérité, réprouve
ses erreurs et est instruit par l'évêque.
Sentence le 8 mars 1321. Immuré aux Allemans, Bernard
Franc est mis en liberté avec des croix doubles, le 16 janvier 132»
(n. st.). (Doat, t. XXVII, T 148).
XX. — € Confessio et depositio Bamunde, uxoris Pradas den
Arsen quondam, de Pradis (3), habitatricis de^ Asnava (4),
contra seipsam, rectorem de Montealionis et quosdam alios ».
— Folios 74 B- 76 A.
Audiences: 23 novembre 1320, 7 mars 1321 (J. de Beaune).
Elle avoue ses relations avec Ouillem Autier et dénonce plu-
sieurs croyants, parmi lesquels Bernard et Pierre Clerc, de Mon-
iaillou. Elle abjure.
Sentence, le 8 mars 1321, prononçant l'immuration aux Alle-
mans (5). Baymonde fut relâchée et condamnée aux croix dou-
bles et aux pèlerinages, en août 1324 (Doat, t. XXVIII, folio 63).
(1) Goulier, cant. de Vicdessos, arr. de Foix.
(2) Vicdessos, chef-lien de cant., arr. de Foîx.
(3) Prades, cant. d'Ax, arr. de Foix.
(4) Arnave, cant. de Tarascon, arr. de Foix.
(5) D'après la « confession » de Bernard Clerc (n^ LVI).
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402 LE T&IBUNAL d'iMQUISITION DE PAMIRBS
XXI. — < Contra Arnaldnm Cogal, de Lordato ». — Fo-
lios 76A-76D.
Audiences: 5, 11, 21 décembre 1320; 7 mars 1321 (J. de Beaune).
< Dieu, dit-il, n'a créé ni le diable, ni les animaux nuisibles,
tels que les loups qui dévorent mes moutons. Ces êtres n'ont été
créés par personne ». Arnaud abjure le catharisme.
Sentence, le 8 mars 1321, édictant la prison. Le 4 juillet 1322,
cette peine est changée en celle des croix simples {Lib. senty
p. 294).
XXII. — « Confessio Brune, uxoris Guillermi Porcelli quondam
de Montealionis, filiam naturalem den Pradas Tayemeir, he-
retici ». — Folios 77A-79D.
Audiences: 18, 21 janvier, 7 mars 1321 (J. de Beaune).
Sectatrice de son père. Elle abjure.
Sentence le 8 mars 1311, édictant la peine du mur. Brune
est relâchée, le l(i janvier 1329, avec des croix doubles (Doat,
XXVII, folio 148).
XXIII. — Confessio Bernardi Beneti, de Montealionis ». — Fo-
lios 79D-83A.
Audiences: 25, 30, 31 mars, 7 avril, 20 juillet 1321.
Compromis dans plusieurs affaires d'hérésie, surtout dans
Vhérétication de Gnillem Ouilabert, de Montaillou; il fait des
aveux incomplets, est incarcéré aux Allemans d'où il s'évade.
Bepris à Ax par Pierre Roussel et sa femme Alissende, il est
reconduit aux Allemans où il fait des aveux complets et abjure.
Nous ne savons ni la date ni ie détail de sa sentence.
XXIV. — € Confessio Alazaicis, uxoris quondam Arnaldi Fabri,
de Montealionis ». — Folios 83 B- 86 A.
Audiences: 1,2,3,6,15 avril, 15,30 juillet 1321 (J. de Beaune).
Compromise dans Vhérétication de G. Guilabert par Pradas
Tavernier. Elle abjure Terreur cathare.
Sentence le 2 août 1321, prononçant l'em mûrement perpé-
tuel aux Allemans {Lib. sent, p. 287). Cette femme est mise
en liberté, le 16 janvier 1329 (Doat, XXVII, folio 148).
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LK TRIBUNAL d'iNQUISITION DE PAXISVS 408
XXY. — « Confessio Alamande, uxoris Johannis Guilaberti quon-
dam, de Montealionis». — Folios 86A-87D.
Andienced: 2, 6, 7, 17 avril, 30 juillet 1321 (J. de Beaune).
Compromise dans rhérétication de son fils Quillem, elle
abjure.
Sentence, le 2 août 1821. Même peine que pour la précé-
dente {Lib. sent., p. 287). Elle est également mise en liberté, le
même jour (Doat, XXVII, folio 148).
XXVI. — < Confessio Arnaldi Fabri, de Montealionis ». — Fo-
lios 87 D- 89 C.
Audiences: 4, 7, 15 avril, 24, 30 juillet 1321 (J. de Beaune).
Même accusation que pour les deux précédentes. Il abjure.
Il est condamné, le 2 août 1321, € ad murum perpetuum in
muro inter finvium Atacis et civitatem Carcassonam > (Lib. sent.,
p. 287).
XXVII. — € Confessio Guillelmi Auterii, de Montealionis ». —
Folios 89D-91B.
Audiences: 4, 6, 17 avril, 21, 30 juillet 1321 (J. de Beaune).
Même accusation que pour les précédents. Il abjure.
Sentence le 2 août. Même peine que le précédent (Lib. sent.,
p. 287) (1).
XXVIII. — € Confessio Guillermi Fortis, de Montealionis » —
Folios 91B-93B (2).
Par lettre épiscopale,du lundi avant lesBameaux (6 avril 1321),
adressée à Baymond Trille, sous-chapelain de Montaillou, sont
cités devant le tribunal: Bernard Clerc, Guillem Fort, Guille-
mette Benêt, Bclarmonde Clerc, Unissana, femme de Bernard
Testanera, de Montaillou.
Guillem Fort comparaît les 13, 20, 21 avril et 1" août 1321,
ee dernier jour, pour la confirmation de ses aveux devant les
(1) Cf. Ck. Molinier, U Inquisition dans le Midi, p. 148, note 1.
(2) Au folio 92 on remarque une lacune écrite en marge par le
•scribe Jabband.
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404 LE TRIBUNAL d'iNQUISITION DE PAMIBBS
évêques de Mirepoix et de Pamiers, les inquisiteurs B. Gai et
J. de Beanne, et l'abbé de Boalbonne (folio 93 A).
Déjà condamné par Geoffroy d'Ablis an port des croix pour
avoir nié la résurrection des corps, ce Guillem Fort est retombé
dans Phérésie. Il croit, entre autres choses, qn'après la mort les
âmes errent à l'aventure à travers les lieux arides, les mon-
tagnes et les rochers, du haut desquels les démons les précipi-
tent sans cesse. De plus, il est compromis dans l'hérétication
de G. Guilabert et accusé de négligence à porter les croix. U
abjure ses erreurs.
Le 2 aoât 1321, il est livré au bras séculier, comme relaps, et
brûlé (Lib.sent, pp. 287-288; ms. 4030, folio 1750).— Le folio 93 C
renferme les lettres de pénitence remises à G. Fort par Geoffroy
d'Ablis, le 28 mars 1316.
XXIX. — « Confessio Bamunde, uxoris Bemardi Testaniera
alias vocata (sic) Unissana, de Montealionis ». — Folios 93 C-
97 D.
Audiences: 13, 20, 30 avril. Citée à deux reprises pour en*
tendre sa sentence, elle ne se présente pas et se cache pendant
une année, à Saurat, où elle est arrêtée vers la sainte Madeleine
de l'an 1322. Audience le 23 décembre suivant.
Elle avoue avoir fréquenté plusieurs hérétiques et dénonce
certains croyants: Bernard Clerc, la maison Belhot, de Mon-
taillon, Arnaud Vidal, etc. Elle abjure.
Le 19 juin 1323, elle est condamnée < ad murnm strictum >.
{Lib. sent, p. 393).
XXX. — € Confessio Guillerme, uxoris Quillermi Beneti quon-
dam, de Montealionis». — Folios 97 D-lOO B.
Audiences: 16, 17, 19, 21, 30 mai, 26, 30 juillet 1321 (J. de
Beaune).
Sectatrice des Autier et de Tavernier; elle accuse plusieurs
personnes de Prades et de Montaillou. Elle abjure.
Sentence, le 2 août, prononçant la peine du mur perpétuel dans
le château des Allemans € cum vinculis et catenis ferreis in pe-
dibns, ubi panis doloris et aqua tribulationis... ministrentur » .
{Lib. sent., p. 287).
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LE TRIBUNAL d'iNQUISITIOK DE PAMIEBS 405
XXXI. — « Confessio Alazaicis, uxoris Den Vernans, parrochie
de Podio » (1). — Folios 100 C-102 A.
Audiences: 29 avril, l""' mai 1321. Citée avec Raymonde,
femme de Bernard Guilhon (n*" LI), elle est prévenue de rela-
tions fréquentes avec les hérétiques. Elle les avoue et abjure.
Sentence, le 2 août, prononçant l'emprisonnement à, perpé-
tuité, aux Alleraans (Lib. sent., p. 287). Mais Alazaïs est re-
lâchée, le 12 août 1324 (Doat, XXVIII, folio 63).
XXXII. — < Confessio Mengardis, uxoris Bemardi Boscalh,
de Pradis in Alione ». — Folioa 102 A- 103 C.
Audiences: 19, 20 mai, 24, 30 juillet 1321 (J. de Beaune).
Sectatrice des Autier. Elle abjure.
Le 2 août 1321, elle est condamnée aux croix simples et à
•certains pèlerinages mineurs (Lib. sent., pag. 286).
XXXII bis. — € Secunda confessio dicte Mengardis qnam fecit
postquam fuerat penitentiata de hiis que prius confessa fue-
rat se in crimine heresis commisisse; et postea fuit inven-
tum per testes qnod non plene fuerat confessa, cum plura
alia in dicto crimine heresis commisisset et fuisset in hère-
ticatione bina Raimunde uxoris quondam Bamundi Buscalh,
de Pradis». — Folios 103D-107A.
Audiences: 5 août 1321, dans le prieuré d'Unac (2); les 2, 7,
8, 29 octobre, 4 novembre 1321, 2 juillet 1322 (J. de Beaune),
à Pamiers.
Elle avoue, non sans avoir été mise en prison aux Allemans,
et abjure.
Le 5 juillet 1322, on prononce contre elle la peine du mur
perpétuel à subir dans la prison des Allemans. {Lib. seni.,
(1) Probablement Bwy-Saint'Fierret ermitage ruiné prés d^Albiés,
«ant. des Cabannea.
(2) Unac, cant. des Cabannea, arr. de Foix.
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406 LE TRIBUNAL d'iNQUISITION DE PAMIER8
p. 297). Elle est graciée et revêtne de croix, le 16 janvier 132^
(Doat, XXVII, r 148).
XXXIII. — € Confessio Johannis [Pusterii, sen Marinerii], de
Vienna (1), heretici Valdensig». — Folio» 107B-109 D.
Audiences: 11 août 1319; 9, 13, 16, 18, 23 mars, 7, 27 avril,.
21 mai, 17, 31 juillet, l''' août 1321; cette dernière audience
avec B. Gui et J. de Beanne.
Vaudois obstiné, du groupe de Kaymond de la Côte (n* I)^
il refuse de jurer et de renoncer à ses erreurs.
Le 2 août 1321, il est livré au bras séculier et brûlé {LiK
sent, pp. 289-291, et ms. 4030, folio 176 C).
XXXIV. — € Confessio Huguete fde Costa] (2), uxoris Johannis
de Vienna, heretice perfecte secte Valdensium, seu Paupe-
rum de Lugduno », — Polio 109 D-f^ A\
Audiences: 9 août 1319, 21 janvier, 13, 16, 18, 23 mars,.
7 avril, 30 juillet, T' août 1321 (cette dernière audience avec
B. Qui et J. de Beanne).
Venue, avec son mari, d'Arles à Pamiers, arrêtée et incar-
cérée comme lui, elle s'obstine c^^mme lui, et partage son sup-
plice.
Suivent detAX feuillets sans pagination, que nous désignerons
par A et B,
XXXV. — < Confessio domini Amaldi de Montenespulo (3)^
presbiteri [beneficiati sancti Antonini Appamiensis] ». —
Polio A.
Audiences: 11, 13 mars 1320; 7 mars 1321 (J. de Beaune)»
Complice du nécromancien A. Gélis (voir n* III). 11 n'abjure
qu'au moment d'entendre sa sentence (f" B»»).
(1) Vienne (Isère).
(2) La Côte- Saint" André (Isère), arrond. de Vienne.
(3) Monesple^ cant.. du Fossat, arr. de Pamîers.
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LE TRIBUNAL d'iNQUISITION DE PAMIERS 407
Cette dernière est prononcée le 8 mars 1321. Nous en i^o*
rons la teneur (Ms. 4030, f** B»») (1).
XXXVI. — € Confessio Guîllerme, uxoris Pétri Bathegani quon-
dam, de Appamiis ». — Folio B.
Audiences: 19 mars 1320; 7 mars 1321 (J. de Beaune).
Gomme le précédent. Sentence le 8 mars.
XXXVII. — « Confessio Mengardis, uxoris qnondam Amaldi de
Pomeriis, de Appamiis». — Folios 113A-114C.
Audiences: 6, 13, 20 mars 1320; 7 mars 1321 (J^de Beaune).
Comme la précédente. Sentence, le 8 mars.
XXXVIII. — - < Confessio Bamunde, filie Guillermi Fabri de
sancto Baudilio (2) qnondam, de Appamiis ». — Folios 1 14 C-
115 C.
Audiences: 10, 14 mars 1320; 7 mars 1321 (J. de Beaune).
Comme la précédente.
XXXIX. — € Confessio Navarre, uxoris Pontii Bruni qnondam
de Appamiis ». — Folios 115C-116B.
Audiences: 10 mars 1320, 7 mars 1321 (J. de Beaune).
Comme la précédente.
XL. — « Confessio Guillermi Ëscaunerii, de Ax, super crimine
heresis ». — Folios 116 C - 119 C.
Audience, le 14 janvier 1321.
Le 2 décembre 1305, Bérenger de Frédol, évêque de Béziers
et pénitencier du pape, avait délivré à Escaunier des lettres de
(1) NouB avons publié le procès d* Arnaud de Monesple, ainsi qu&
ceux des quatre femmes qui suivent (no- XXXVI, XXXVII, XXXVIII,
XXXIX), dans notre mémoire intitulé: Une secte de Spirites à Pa--
miera en 1320, pp. 46-65.
(2) Saint'Baueeil, cant. de Varilhes, arrond. de Pamiers.
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408 LE TRIBUNAL d'iNQUISITION DB PAMIER6
pénitence (1) qne celai-ei présente au tribunal de Paroiers avec
une lettre de Barthélémy Albert, notaire de Baoul, procureur du
roi pour les encours, ordonnant la restitution des biens de ce
prévenu (2). 11 fait quelques révélations intéressantes touchant
d'autres personnes. 11 est renvoyé sans sentence (f 118 D).
XLI. — € Confessio et depositio Âmaldi Sicredi, de Ax, super
crimine heresis ». — Folios 119 C - 133 A.
Audiences: 21 octobre, 12 novembre 1321, à Pamiers; 14 jan-
vier 1322, à Carcassonne.
Arnaud Sicret, surnommé Baile, était fils de Sibille den Baile,
<?élèbre croyante des Autier, dont il est souvent parlé dans notre
manuscrit. Loin d*avoir pour Phérésie les sentiments de sa mère,
il est devenu l'espion, < nuntius >, de l'évêque-inquisiteur, et s'est
mis à la recherche d'hérétiques fugitifs. Il s'empare de Guillem
Bélibaste, réfugié en Espagne, en feignant d'être dévoué à la
secte. Sa déposition est des plus intéressantes: il y raconte ses
pérégrinations au delà des monts; comment il parvient à décou-
vrir un groupe de fugitifs, justiciables du tribunal de Pamiers,
€t à se glisser parmi eux; comment il les trahit tous.
Le tribunal lui délivre un témoignage solennel de satisfac-
tion, le 14 janvier 1322 (3).
XLII. — € Processus super heretice pravitatis (sic), contra Au-
dam, uxorem Guillermi Fabri, de Muro Veteri » (4). — Po-
lios 133 A- 138 D.
Témoins, le 17 juillet 1318: Guillem Faure, mari de la pré-
venue; Ermengarde Garaud, de Merviel; le 19 juillet: Guillem
de Infirmaria^ sous-chapelain de Merviel; GeoflFroi L'Ecrivain
(Scriptor), de Yentenac; Bernard del Quié, de Merviel; Jean de
Montventoux; Jean Gayraud, de Merviel.
Audiences de l'accusée: 15, 17, 21, 29 juillet, 2 août 1318.
(1) Publiées par M. Molinier dans Etudes, etc. {Arch, des Missiofis,
XIV, p. 307).
(2) Voir le même ouvrage, p. 308.
(3) Voir Molinier, op. dt, p. 306.
(4) Mervieîf dans Ventenac, cant. de Lavelanet, arr. de Fois.
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LE TRIBUNAL d'iNQUISITION DE PAMIERS 409
Nouveaux témoins: Adalaïs, femme de feu Pierre Garaîce;
Guillemette d'Athon, fille d'Arnaud d'Athon, de Limbrassac (1),
^pedisseca» d'Aude Faure; Adalaïs, femme de Baymond Pre-
:golh, nourrice de Guillem Faure.
Aude a eu des doutes sur la présence réelle. Elle abjure,
le 3 août, et aussitôt la sentence est prononcée. Elle est con-
damnée à divers jeûnes et pèlerinages, à des visites d'églises,
à se présenter devant l'évêqne, une fois l'an, le jour de saint
Antonîn, pendant trois ans. Le texte de cette sentence se trouve
à la suite du procès, au f*" 138 I).
XLIII. — « Confessio Johannis Jaufredi, de Tinhaco (2), parro-
chie de XJnaeo ». — Folios 139 A - 141 D.
Audiences: 6 février, 14 avril, 4, 14 mai, 2 juillet 1322.
Croyant cathare, il avoue ses erreurs et accuse d'antres per-
^sonnes. Le 5 juillet 1322, il est condamné an mur étroit, aux
AUemans {Lib. sent., p. 297).
3LIV. — «Testes contra Bamundum de Area, alias dictum Bor,
de Tinhaéo ». — Folios 141 D - 143 D.
Le 5 février 1322: Guillem de Carrière, de Tignac.
Le 6 février: Baymond Séguin, de Tignac.
Le 20 avril: Guillem de Corneillan, de Lordat.
Le 26 août 132L dans l'église de Lordat: Guillem de Cor-
neillan, le vieux.
Le 20 avril 1322: Baymond Vayssière, emmuré aux AUe-
mans (n° xni).
Le 23 janvier 1322: Arnaud Laufre, de Tignac.
< Confessio Bamundi de Area, alias dicti Bor, de Tinhaco, super
crimine heresis ». — Folios 143 D - 145 C.
Audiences : le 18 août Ï321, dans le prieuré d'Unac; les 30 sep-
tembre 1321, 23 janvier, 4, 6 février, 2 juillet 1322 (J. de Beaune),
à Pamiers. Incarcéré aux Allemans, il s'évade, mais est repris
à Ax par Bernard Oordier, châtelain du lieu.
(1) Limbrassac, oant. de Mirepoix, arr. de Pamiers.
(2) Tignac^ cant. d'Ax, arr. de Foix.
ADn«le« <!• 8..L..d.-F. 28
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410 LB TRIBUNAL b'iNQUISITION DE PAMIEBS
Il avone ses erreurs : Dien et la Vierge ne sont pas, dit-il^
antre chose qne ce monde visible. Le Christ est né par une gé-
nération tonte naturelle. L'âme humaine n'est autre chose que
le sang. — Il abjure dans le sermon public.
Sentence le 5 juillet 1322: il est condamné an mar étroit,,
aux Allemans {Lib. sent., p. 295).
XLV. — € Confessio Guillermi Agassa, clericî, leprosî, commen-
datoris leprosie de Stagno [de Âppamiis], super crimine he-
resis ». — Folios 145 C - 148 A.
Audiences: 4 juin 1321, devant maître Marc Bivel, lieutenant
du viguier des Allemans, procureur de l'évêque dans l'affaire
des lépreux; puis devant Gaillard de Pomiès, lieutenant de l'in-
quisiteur de Carcassonne, vicaire général de l'évêque.
Le 11 juin, autre séance présidée par Bernard Saissier, offi-
ciai de l'évêque. Ce dernier conduit toutes les autres: 6, 7, 20 juil-
let 1321, 2 juillet 1322 (J. de Beaune).
Guillaume Agasse est un de ces malheureux lépreux aux-
quels la fureur populaire et la complicité forcée des magistrats^
civils et ecclésiastiques déclarèrent une si triste guerre, en l'an-
née 1321. Il affirme l'existence d'un complot de chefs de lé-
proseries contre les chrétiens. Il raconte avec détail de quelle
façon il y a été personnellement mêlé : un conciliabule tenu à
Toulouse, l'année précédente, par plusieurs chefs de léproseries
du Midi; les mesures qu'on y prend; la complicité assurée de-
plusieurs princes sarrasins; le reniement de la foi chrétienne
consenti par les assistants; la distribution de poudres empoi-
sonnées, destinées à contaminer les cours d'eaux et les puits;
les tentatives faites par lui*même dans le but de réaliser le-
complot à Pamiers.
Nous avons examiné ailleurs la valeur historique de cette
pièce (1). Agasse abjure ses erreurs et est condamné, le5 juil-^
let 1322, à la prison perpétuelle {Lib. sent.^ pp. 295, 297).
(1) Voir notre Mémoire: La poursuite des lépreux en 132 ï, pp. 20-25.
Aux' pages 42-59 de cette brochure se trouve le texte même des inter-
rogatoires de Guîllem Agasse.
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LE TRIBUNAL d'iNQUISITION DE PAMIBBS 411
XLYI. — < Confessio Mengardis, uxoris qnondam Bamundi Sa-
yinhani, de Pradis in Âlione, saper crimine heresis». —
Folios 148 A- 149 B.
Audiences: 28 août 1821, à Uoac; les 2 octobre, 3, 5 novem-
bre 1321, 2 juillet 1322 (J. de Beaune), à Pamiers.
Sectatrice des Autier et de Tavemier, elle abjure et est con-
damnée, le 5 juillet 1322, à la prison perpétuelle (Lib. sent.,
pp. 295, 297).
XLVII. — «Testes contra Petrum de Ponte, de Vaishis, par-
rochie de Ax, super crimine heresis ». — Folio 149 C-D.
Le 2 septembre 1321: Bajmond Gombert, d'Ax; Jean Mé-
dici; Pierre Médici, son fils; Bernard Joculaior; Baymond Oaillau,
d'Ax.
€ Confessio Pétri de Fonte, de Vaishis, parrochie de Ax, super
crimine heresis». — Folios 149 D- 150 B.
Audiences: 17 décembre 1321; 20 janvier, 16 juin, 2 juil-
let 1322 (J. de Beaune).
Accusé d'avoir fréquenté les ministres albigeois et en par-
ticulier G. Bélibaste, il fait des aveux et abjure.
Il est condamné, le 5 juillet 1322, à porter des croix dou-
bles et à accomplir quelques pèlerinages (Lib. sent, p. 296).
XLYIII. — € Testes contra Amaldum Textorem, filium Bamundi
Textoris, de Sellis (1), super verbis hereticalibus ». — Fo-
lios 150 B- 151 A.
Le 19 septembre 1321, à Saint-Paul-de-Jarrat (2) : Guillem
Perdiguaior, sous- chapelain de Celles; Arnaud Bertrand, de Lar-
roque d'Olmes (3); Baymond d'Arvigna (4), dit le Monje, de Va-
rilhes.
(1) Celles, cant. de Foix.
(2) Saint- Paul'de-Jarrat, cant. ue Foix.
(3) Larroque-d^Olmes, cant. de Mirepoix, arr. de Pamiers.
(4) Arvigna ,cant. de Pamiers.
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412 LE TRIBUNAL d'iNQUISITION DE PAMIERS
Le 4 octobre, Jean Perdiguaior, père du soas-chapelain de
Celles; Pierre Gilbert, de Celles.
«Confessio Amaldi Textoris, filii Arnaldi Textoris, de Sellis,
super verbis hereticalibus ». — Folio 151 A- D.
Audiences: 23 septembre 1321, au prieuré de Lieurac (1);
les 7 octobre, 13 novembre 1321, 2 juillet 1322, à Pamiers.
Accusé d'avoir, en public et à plusieurs reprises, tourné en
ridicule les excommunications de PEglise. Il abjure.
Sentence, le 5 juillet 1322. Il est enfermé à perpétuité dans le
mur des AUemans {Lib. sent, pp. 296-297).
XLIX. — € Confessio Guillenni Maurs, de Montealionis, super
crimine heresis » . — Folios 1 52 A - 1 56 D.
Audiences: 10, 22 octobre, 4 novembre 1321 ; 26 juin, 2 juil-
let 1322 (J. de Beaune).
Cité une première fois par l'inquisiteur de Carcassonne, il
avait été remis en liberté. Puis, craignant une nouvelle pour-
suite, il s'était réfugié à Pnycerda (2), avait parcouru la Cata-
logne et l'Aragon et s'était joint par moments au groupe de
croyants de l'hérétique Bélibaste. Appréhendé à Puycerda, par
l'espion Arnaud Sicret, il avait été remis à l'inquisiteur de Ma-
jorque, puis renvoyé à ses juges naturels, l'inquisiteur de Car-
cassonne et l'évêque de Pamiers. Sa déposition contient des
renseignements sur la manière de vivre et les doctrines des
hérétiques.
Il est, en outre, accusé de complicité dans la falsification
d'une lettre de l'inquisiteur de Carcassonne destinée à amener
la comparution de Pierre Clerc, curé de Montaillou, devant le
tribunal. Pour ce dernier méfait, il est condamné, le 5 juillet 1322,
à l'exposition au sommet d'une échelle, pendant deux jours de
marché, à Pamiers et à Carcassonne, puis à la prison perpétuelle
(Lib. sent., pp. 295-297; ras. 4030, folio 1990.
(1) LieuraCf cant de Lavelanet, arr. de Foîx.
(2) Puycerdciy ville espagnole à la frontière française.
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LB TRIBUNAL d'iNQUISITION DB PAMIBBS 413
L. — « Confessio Amaldi Textoris [notarii], de Lordato, super
crimine heresis». — Polios 156 D- 162 A.
TémoiDS, le 22 septembre 1320: Guillem Castel, vicaire per-
pétuel de Verdun ;
Le 24 octobre: Pierre de Gaillac, de Tarascon; Guillem
de Sila, recteur de Lordat;
Le 27 octobre: Philippe de Na Castella, de Lordat; Athon de
las Lenas, de Garanon (1) ; Pierre Bêle, recteur de Téglise de
Puy-Saint-Pierre ;
Le 3 novembre: Pons Coq, de Tarascon ;
Le 2 décembre: Gnillemette, femme de Taccusé;
Le 30 janvier 1321: Baymond Autier, d'Ax.
Audiences de l'accusé: 11, 30 janvier, 18, 21, 29 marp, 15 avril,
1-, 9, 12 décembre 1321, 29 mai 1323.
Maître Arnaud Tisseire était le gendre de l'hérétique Pierre
Autier. Il est accusé d'avoir fréquenté les ministres cathares, de
les avoir cachés dans sa maison, d'avoir conservé chez lui leurs
livres, d'être, en un mot, un croyant zélé de l'hérésie. On ne peut
lui arracher que des aveux incomplets. Il parvient à s'évader de
la prison des Allemans, mais on le reprend peu après à Limoux.
Liberté lui est laissée de présenter sa défense. On lui commu-
nique les charges qui pèsent sur lui; il refuse obstinément de
les réfuter. 11 meurt, impénitent, dans sa prison. Vraisemblable-
ment la procédure se poursuivit contre sa mémoire selon les
règles ordinaires.
LI. — € Confessio Bamunde, uxoris Bemardi Guilho, de Ver-
naus (2), diocesis Appamiensis, super crimine heresis». —
Polios 162 B- 165 A.
Audiences: 29 avril, 2 mai, 21 juillet, 20, 28 novembre, 12 dé-
cembre 1321; 26, 27 juin, 1" juillet, 5 septembre 1322; 3 mars 1323-
Accusée d'albigéisme, elle refuse de faire des aveux sur sa
propre culpabilité, accuse d'autres personnes, puis révoque sa
(1) Ga/ranou^ eant. des Cabannes, arr. de Foix.
(2) Vematuc, cant des Cabannes, arr. de Foix.
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414 LE TEIBUNAL d'iNQUISITION DE PAM1ER8
déposition, s'obstine à ne rien dire, et est condamnée, le 19 join
1323, an mar étroit (Lib. sent., p. 393). Elle est mise en liberté
et marquée de croix, le 16 janvier 1329 (Doat, XXVII, f 148).
LII. — « Processus habitns et factus contra Bamundam, uxorem
Bamundi Buscalh quondam, de Pradis in Alione, defnnctam
hereticatam ». — Folios 165 B- 166 C.
Le 18 janvier 1322, Tévêque cite par lettres les fils, les
parents et les héritiers de la défunte à comparaître devant son
tribunal pour y défendre sa mémoire du soupçon d'hérésie qui
y est attaché. Au jour marqué, nul ne se présente. — Le 18 fé-
vrier, nouvelle citation, inutile comme la première. — Le 25 mai
a lieu la publication des charges recueillies contre la défunte.
Le 5 juillet suivant, en sermon public, sa mémoire est flé-
trie, et l'on ordonne l'exhumation et l'incinération de ses restes
(Lib. sent, ji. 333).
LIIL — « Confessio facta per Johannem Bocas, de Salvetate,
diocesis Caturcensis (1). Deinde sequitur processus factus et
habitns super dicta confessione contra ipsum Johannem ».
— Folios 166 D- 169 D.
Audiences: 25, 28, 29 juillet 1321: 12, 27, 28 mars 1322, dans
la prison des Allemans.
Jean Boqnes croit qu'il n'y a, en Dieu, qu'une personne, le
Père, qui a créé le ciel et la ^erre. Il fait le signe de la Croix
en disant: Adjuva tneDeus, au front, qui fecisii cœlum, à l'épaule
gauche, et terram, à l'épaule droite.
II refuse d'abjurer, malgré les instances de Gaillard de Po-
miès, qui se rend souvent dans sa prison pour l'y amener. Il
meurt impénitent (folio 168 G).
Après sa mort, l'évêque signifie à l'official de Cahors, par
lettres du 6 septembre 1322, l'ordre de citer les parents et les
héritiers, ou les amis du défunt qui voudraient le défendre. Cet
acte n'a aucun résultat, non plus qu'une deuxième et une troi-
(l) La Sahetat (Tarn-et-Qaronne), canton de Montpezat, arr. de
Montauban.
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LE TBIBUNAL d'iXQUISITION DE PAMIERS 41B
isième sommations (1«S novembre 1322; 14 juin 1323). On publie
alors les charges reçues contre Roques. On en usa à son égard
comme pour le précédent; cela ne fait aucun doute, bien que le
texte de la sentence soit inconnu.
LIV. — € Processus factus et habitus contra Guillermum Guila-
berti, deffunctum hereticatum, de Montealionis, Appamiensis
dioceais». — Folios 169 D -171 B.
Citations des intéressés par le curé de Montaillou, les 14 jan-
vier et 18 février 1322. Le 19 mars, on interroge Alamande,
mère du défunt (cf. n* XXV), et Alazaïs Faure (cf. n* XXIV),
emmurées aux Allemans, sur leurs intentions au sujet de la dé-
fense. Elles renoncent à l'entreprendre. Le procès est terminé.
Je 25 mai 1322, par la publication des témoignages.
Le 5 juillet suivant, on prononce l'exhumation et l'incinéra-
tion des ossements de l'hérétique (Lib. sent., p. 333).
LV. — « Confessio facta per Bernardum de Ortello [majorem
dierumj, de Bavato. Deinde seqnitnr processus contra ipsum
habitus et factus super dicta confessione; et quadam alia
in fine processus per ipsum facta ». — Folios 1 7 1 B -1 72 B.
Le 2 mars 1322, premier interrogatoire et aveux incomplets
de l'accusé, à qui l'on reproche d'avoir nié la résurrection des
•corps.
Le 15 février 1323, témoin à charge: Qentille, femme de
Ouillem Macaire, de Babat; le 28 février, témoignage de Bay-
mond Pages, de Babat.
Le 8 avril suivant, Bernard d'Ortet, interrogé de nouveau,
persiste dans ses dénégations. On l'incarcère aux Allemans, où
il reste plus de neuf mois.
Le 21 janvier 1324, il avoue son hérésie. Il a cru que Dieu,
au lien de faire revivre les corps que nous possédons présen-
tement, en créera de nouveaux pour le jugement dernier, les-
•quels disparaîtront, le jugement accompli. 11 abjure.
Le 12 août 1324, Bernard est condamné au mur à perpé-
tuité (Doat, t. XXVIII, f 73). Cette peine lui fut remise, le
16 janvier 1329, avec l'obligation de revêtir les croix (Doat, XXVII,
folio 148).
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416 LE TRIBUNAL d'iNQUISITION DE PAMIER6
LVL -^ « Confessiones Bernardi Clerici, de Monte Alionis »^
— Folios 173 B- 181 A.
r^ confession : Le 7 août 1310, dans la maison de l'Inquisi-
tion, à Carcassonne, devant Geoffroy d'Ablis, Bernard Clerc, frère
da curé de Montaillon, avoue ses relations avec les hérétiques
cathares, cachés dans la maison Bellot, de Montaillon. Il abjure.
2^ confession: Même jour, devant le même inquisiteur, suite
de ses aveux.
5* confession: Le 13 avril 1321, devant Jean de Beaune^
suite des aveux.
4*" confession: Les 22, 25, 26 mai 1321, devant J. Pournier
(voir sa citation, au n** XXVIII). Ses aveux étant peu précisait
est envoyé à la prison des Allemans. Il en sort, le 2 novembre,,
fait des déclarations satisfaisantes, abjure et est mis en liberté
provisoire, sons cautionnement (r 176 D).
On apprend presque aussitôt qu'il a essayé, durant sa capti-
vité, aux Allemans, d'organiser un complot de faux témoignage
et de persuader à quelques prisonniers de revenir sur les dépo*
sitîons faites par eux à la charge de Pierre Clerc, son frère.
Cela motive une nouvelle procédure. On interroge les détenus-
suivants: le 14 novembre 1321: Barthélémy Amilhat (n* XI);.
le 23 novembre: Adalats, femme d'Arnaud Faure, de Montaillon
(n* XXIV); les 29 novembre et 22 décembre, Béatrix, femme
d'Eudes Gleïzes (n^ X); Grazide, femme de P. Lizier (n** XIV) ;
Alamande, femme de Guilhabert (n* XXV); Baymonde, femme-
de Pradas den Arsen (n^ XX).
5' confession de Bernard Clerc (folios 179 B - 181 A), le 23 no-
vembre 1322. Il nie formellement; de même, le 9 décembre. Oiv
lui donne toute facilité pour présenter sa défense. Les charges
qni l'accablent lui sont communiquées; il est autorisé à recourir
à un avocat; de nombreux délais lui sont laissés. Il n'en pro-
fite point et s'obstine à réclamer communication des noms de
ses accusateurs. Cela ne lui est point accordé. Séances les 3,.
9 février, 31 mars 1323. L'accusé renonce à présenter sa défense..
^* confession: Le 7 août 1324, devant Jacques Pournier et
Jean Duprat, inquisiteur, Bernard Clerc déclare persister dans^
ses négations et son refus (f 181 A).
Le 13 août suivant, dans l'église du Camp, Bernard Clere
fut condamné < ad strictum mûri Carcassonae Inquisitionis car-
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LE TBIBUNÂ.L d'iNQUISITION DE PAMIEB9 417
cerem, in vincnlis ferreîs ac in pane et aqna ». (Doat, XXVIII,
r 86).
LVII. — « Processus habitas et factus contra Mengardim Ali-
bertam et Gaillermam, ejus filiam, uxorem Pétri de Bono-
anno (1), de Savart (2), Bamandum de Laburato et uxorem
ejus, et Mengardim de Area, et Martinam, uxorem Amelii
Rubei de Tarascone». — Folios 181 A- 183.
Témoins, le 25 janvier 1322: Raymond Feyre (n* XC), de
. Quié, dépose contre Mengarde Alibert, hérétiguée sur son Ht de
mort par Baymond Faure et Guîllem Autier. — Fierté Peyre^
de Quié (n* LXXXVIII), contre la même, Baymond de Laburat,
sa femme, Blanche de Coneenac, d'Arignac, et Bixende Gasc, de
Tarascon.
Le 31 janvier: Guillem d'Aire, de Quié (n** XCV), contre
Mengarde et sa fille, et Mersende Gasc, de Tarascon. — Jacques
Tartier (n* LXXXIX), de Quié, contre B. de Laburat.
Le 25 novembre 1322: Baymond Peyre, contre le même.
Le 26 novembre: Bernard Faure, Arnaud Gasialde, de Quié,
Jean Montagne, de Tarascon, tons contre R. de Laburat.
Le 5 décembre: Baymond Frézat, curé de Quié, contre le
même.
LVIII. — € Deinde sequitur confessio per dictum Bamundam
de Laburato factam saper factis hereticalibns et sortilegiis
per dictas personas commissis». — Folios 183- 186 C.
Andience le 7 février 1323.
Accusé d'avoir fréquenté les hérétiques, et bravé pendant
longtemps Texcommunication contre lui lancée pour refas de
payer la dîme épiscopale. II abjure.
Sentence, le 19 juin 1323. Il est condamné à la prison étroite
(Lih. sent, p. 393). .
(1) Bouan, cant. des Cabannes.
(2) Sahart, dans Tarascon, arr. de Foix.
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418 LK TRIBUNAL d'iNQUISITION DK PAMIBRS
LIX. — « Contra Bernardam, uxorem Amelii de Bivis, de Ax^
super crimine heresis». — Folios 186 D- 187 A.
Témoin, le 13 mars 1323: Bernard Gbmbert, d'Ax, frère de
l'accusée.
< Confessio Bernarde, uxoris Amelii de Bivis, de Ax »: — Folios
187 A- 189 B.
Audiences: 2, 5, 6 avril 1323.
Accusée par son frère, elle le charge à son tour. Elle abjure.
Sentence, le 12 août 1324. Bernarde est condamnée an mur,
à perpétuité; mais elle eu soit avec Tobligation de porter les
eroix, le 16 janvier 1329 (Doat, tome XXVllI, f 71 et suiv.;
tome XXVII, f° 148).
LX. — «Confessio Bernard! Gk)mberti, de Ax, super crimine
heresis». — Folios 189 C- 190 C.
Audiences les 7 et 14 avril 1323.
Déjà condamné par OeofTroy d'Ablis, Bernard Qombert est
encore marqué des croix d'infamie. Il accuse sa sœur. Ses dires
étant en contradiction avec ceux de cette dernière, une confron-
tation a lieu, mais sans résultat. Ils sont tous deux retenus pri-
sonniers. On ignore quel fut le sort de Bernard.
LXI. — «Contra Adalaycam, filiam Aycredi Boreti, de Caus-
sone (1) ». — Folios 190 C - 191 B.
Témoins, le 29 juillet 1321: Guillem deu Home, de Lassur (2),
dans Téglise de Saint-Pierre, du Puy.
Le 6 août: Guillemette, femme du précédent, à Aston (2).
Le 30 juillet, dans le prieuré d'Unac, déposition d'Adalaïs
elle-même contre Ouillem Bec, de Caussou; elle avoue ses pro-
pres relations avec les hérétiques.
Sentence inconnae.
(1) Cwissou, cant. des Cabannes, arr. de Fois.
(2) Lassur, Aston, cant. des Cabannes.
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LE TRIBUNAL d'iNQUISITION DB PAMIERS 419
LXII. — < Confessio Onillerme^ uxoris Bernard! Bec quondam,
de CaaBSone, super crimine heresis ». — Folios 191 C -
192 B.
Andieoces: 22 novembre 1322, 31 janvier 1323.
Accnsée d'albigéisme, elle Tabjnre.
Le 19 juin 1323, elle est condamnée (xd murum largum {Lib.
sent., p. 393).
LXIII. — € Contra Bamnndnm Cicredi, majôrem dierum, de
Asco (1), parrochie de Ax». — Folios 192 C- 193 C.
Témoins, le 2 août 1322, à Ax: Bernard Qombert, d'Ax
(cf. n^ LX); le 3 août: Jean-Pierre Amiel, d'Ascou,* Bernard
Vincent, d'Ascou; le 4 août: Ascou Dupuy, d'Ascou; Bernard
Pons, d'Ascon.
« Confessio Ramundi Cieredi, de Ascone, principalis, super cri-
mine heresis». — Folios 193 C- 195 C.
Audiences: à Ax, le 3 août; à Pamiers, les 14 septembre,
4 novembre 1322; 20, 24 mai 1323; 7 octobre 1322 (sic).
D'après lui, l'âme humaine n'est autre chose que la nour-
riture donnée au corps. Si le corps souflFre la faim, l'âme lan-
guit. Il avoue à demi et abjure.
Le 19 juin 1323, il est condamné aux croix doubles (Lib,
sent, p. 393).
LXIV. — € Confessio Bemardi Laufredi, de Tinhaco, super cri-
mine heresis ». — Folios 195 D - 196 D.
Audience: 5 novembre 1322.
Croyant albigeois; il abjure.
Sentence le 19 juin 1323. Même peine que le précédent {Lib.
sent., p. 393).
(1) ABccm, caut. d'Ax, arr. de Poix.
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420 LE TRIBUNAL d'iNQUISITION DB PAMÏBBS
LXV. — € Confessio Ouillermi Bajnli, de Montealionis, super
crimine heresis». — Polios 197 A -200 A.
Audience: 1*' avril 1323.
Quillem Balle a fait partie du groupe de croyants réfugiés
en Catalogne avec 6. Bélibaste. Il est arrêté à Sainte-Suzanne
par les gens de Tévêque. Il avoue ses erreurs et abjure.
Le 19 juin 1323, il est condamné au mur étroit {Lib. sent,
p. 893). Il est mis en liberté et marqué de croix, Je 16 janvier 1329*
(Doat, XX VU, f° 148).
LXVI. — € Confessio et depositio Ramunde, uxoris Bemardi de
Pujolibus, de Ascou, filieque quondam Pétri Michaelis, de
Pradis, super crimine heresis ». — Folios 200 B - 201 B.
Audience : le 4 novembre 1322.
Elle a fréquenté Pradas Tavernier; elle abjure l'albigéisme.
Sentence, le 19 juin 1323, la condamnant aux croix simples.
{Ltb. sent , p. 393).
LXVII. — € Confessio et depositio Sybilie, [filie Johannis 6o-
zini de Lamato] (1), uxoris quondam Bamundi Pétri [de
Sinsato, alias de Savartesio], de Archis (2), diocesis Electen-
sis, super crimine heresis ». — Folios 201 C - 206 D.
Audiences: 13 novembre, 2 décembre 1322. L'évêque agit
comme délégué des inquisiteurs de Toulouse et de Carcassonne
(f** 205 D).
Venue d'Arqués à Mazères, où elle est citée. Elle fait une
déposition intéressante. Elle a connu plusieurs ministres de la
secte et paraît très instruite des doctrines cathares. Elle nous
apprend que Boger Bernard III, comte de Foix (mort le 3 mars
1302, à Tarascon) (3) avait été reçu dans l'albigéisme, sur son
lit de mort, par P. Autier (^ 206 B). Elle nomme de nombreux
(1) Larnat, Sinsat, oant. des Cabannes.
(2] Arques (Aude), cant. de Couïzaf arr. de Lîmoux.
Voir HisL de Languedoc, t. IX, p. 232; t. X. note X, pp. 51, j
(2)
(37
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LE TRIBUNAL d'iNQUISITION DS FAMIERS 421
partisans de Thérésie dans les localités de Verdnn, Boaan, Mi-
glos (1), Larnat, Tarascon, Mercns (1), Montaillou, Prades, etc.
Elle abjare. Nous ne savons qnelle peine lai fat imposée.
LXVIIl. — « Contra Amaldum Savinhani, de Capite-Pontis Ta-
rasconis (2) super crimine heresis ». — Folios 207 A - 208 C.
Témoins, le 25 novembre 1322: Vésia Tisseire; Gnillem Ti-
baat, fils de Guillem Bernard Massonier; 26 le novembre: Jean
Montanier, tous du Cap-de-Pont, de Tarascon, € paroisse de
Quîé ».
< Confessio Amaldi Savinhanî, etc. ». — Folios 208 C - 209 B.
Audience: le 30 novembre.
Un procès est intenté à Arnaud pour négligence à porter les
eroix dont il avait été marqué, le 4 juillet 1322 (cf. n° VI). On
le renvoie, une première fois.
Le 12 mai 1323, il comparaît de nouveau, après citation,
inculpé de la même négligence. Il se repent.
Le 19 juin, il est condamné au mur étroit (Lib. sent., p. 393).
Il est délivré et marqué de croix, le 16 janvier 1329 (Doat,
XXVII, r 148).
LXIX. — € Inquesta et confessiones transmisse per inquisitorera
Aragonie domino inquisitori Carcassone, facte et transmisse
per eundem anno Domini M°CWXXIIP, sunt infrascripte,
ir idus junii ». — Folios 209 C - 213 D.
Le 14 mai 1323, Arnaud Sicret (cf. n**XLI), espion de Tln-
quisition de Pamiers et de Carcassonne, qui s'est emparé de Jean
Maury, d'Asperta, sa belle-mère, et de Mathea, sa femme, com-
paraît devant le tribunal d'Inquisition de Lérida. Il raconte sa
mission et donne les motifs de l'arrestation de ces personnes.
Elles sont en fuite pour motif d'hérésie et recherchées par l'In*
quisition de Pamiers.
(1) Miglos, Mereus, cant. de Tarascon, arr. de Foix.
(2) Section de Tarascon située sur la rive gauche de l'Ariô^, vers
Quié.
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422 LB TRIBUNAL d'iNQUISITION DK PAMIEBS
Le lundi 15 mai, dans la maîam étm doonakaine de Lérida,
par devant frère Gnillem Coste, vicaire de l'inqiikileir» assisté
des frères Jacques Alfonso, prieur, et Pierre Olivon, d'AnMOid
Graya, expert, et Pierre Delzor, notaire, comparaissent Pierre
Manry (cf. n** LXXVII), déjà arrêté, Jean Manrj, son frère. Ma-
thea et Âsperta.
Les 12, 13, 14, 15, 16, 22 septembre 1323, nouveaux interroga-
toires faits par Tinquisiteur en personne, Bernard de Pnycerto&
(de Podio Certoso), et par l'évêque de Lérida assistés de Jac--
ques Ciro, officiai, des frères Bérenger de Paloneri, lecteur du
couvent des dominicains de Cerbère, et Raymond Delport, et de
Pierre Delzor, notaire. Dans ces divers interrogatoires les ac-
cusés font des révélations touchant leurs rapports avec les héré-
tiques: les frères Ântier et G. Bélibaste.
 la prière de Jean de Beanne, inquisiteur de Carcassonne,.
le pape Jean XXII donne ordre à Tévêque de Lérida et à l'in-
quisiteur d'Aragon, de remettre les fugitifs aux envoyés de l'In-
quisition carcassonnaise (8 novembre 1323) (1). L'ordre est exé-
cuté, au moins pour les deux frères Maury; et les actes du
procès entrepris contre eux au delà des monts les suivent en
France.
« Confessio et depositio Johannis Maurini, de Montealionis, [co-
ram domino episcopo Appamiensi], super orimine heresis ». —
Folios 213 D- 224 B.
Audiences: 18 février, 3 août 1324.
Remis à l'évêque de Pamiers par l'inquisiteur de Carcas-
sonne, Jean Maury fait une longue déposition sur son passé
hérétique, sa vie en Catalogne en compagnie d'autres fugitifs
et de G. Bélibaste. Il rapporte les discours ou instructions de
ce dernier et de ses collègues: Raymond Faure, Raymond de
Toulouse, Philippe Talayrac. Il abjure ses anciennes croyances.
Le 12 août 1324, il est condamné à la prison perpétuelle'
(Doat, t. XXVIII, f" 71 et suiv.).
(IJ Arch. du Vatican, EegesU Vatie., 76, f* 2, n** 4 de caria; et
Reg. 112, n» 822.
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LE TRIBUNAL d' INQUISITION DE P AMIBES 423
LXX. — € Confessio Amelii de Rivis [de Cantesio] (1) vioarii
perpetai ecclesie de Hanacho, snper crimine heresis ». —
Polios 224 C-225 C.
Audience, le 7 jain 1323.
Ce vicaire a cru et enseigné aux fidèles qu'après )e jnge-
ment général les corps retourneront dans la terre. « Il est écrite
dit-il, que la chair et le sang ne posséderont pas le royaume
de Dieu ». Il abjure.
Le 11 juin, Barthélémy Hugues, de Saverdnn, portier du
prieuré d'Unac, et Nicolas Daprat, sous-chapelain d'Unac, dé-
posent contre Amiel, devant B. Gui et J. de Beanne.
Le 19 juin, Amiel est condamné au mur {Lib.sent., p. 893).
Cette peine lui est remise, le 12 août 1824; il est condamné en
revanche à jeûner au pain et à l'eau les mercredi et vendredi
de chaque semaine, et les vigiles des fêtes, pendant deux ans»
(Doat, XXVIII, f" 63).
LXXI. — « Contra Amaldum de Vemhola (2) [subdiaconum^
apostatam ordinis minonim],filinm Guillermi de Vernhola (3),
de Mercatali (4) Appamiensi, super crimine heresis et sodo-
mie ». — Polios 225 C-230 A.
Témoins, le 9 juin 1323: Jean Ferrier,fil8 de Raymond Ferrier
de Bouriège (5), étudiant en grammaire à Pamiers.
Les 13 et 23 juin: Guillaume Bos, fils de Pierre Bos, de Ri-
bouisse (6), âgé de 16 ans; Guillaume Bernard, fils de Jean Jot^
de Gaudiès (7), âgé de 15 ans; Guillaume Bonier, fils de Ber-
nard Bonier, de Plavilla (8), âgé de 18 ans.
(1) Canté, cant. de Saverdan, arr. de Pamiers.
(2) Vemiolle, cant. de Pamiers.
(3) Le père de Paccasé était probablement ce Guillem de Vemiolle
consul de Pamiers, qui assiste, à ce titre, les 4 et 5 juillet 1322, au
sermon public tenu dans le cimetière Saint-Jean, de Pamiers (Lib. sent,
p. 291).
(4) Le Mereadal, un des quartiers de l'ancien Pamiers.
(5) Bouriège (Aude), arr. et cant. de Limouz.
(6) Ribouisse (Aude), cant. de Fanjeanx, arr. de Castelnaudary.
(7) Gaudiès (Arlége), cant. de Saverdun, arr. de Pamiers.
(8) Plavilla (Aude), cant. de Belpech, arr. de Castelnaudary.
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424 LE TRIBUNAL d'iNQUISITION DB PAMIEBS
Le 21 jain: Guillaume Pecs, fils de Faare den Pecs, de Bi-
bonisse, âgé de 19 ans. Tons ces jeunes gens sont étudiants en
grammaire à Pamiers.
Le 2 juillet: frère Pierre Record, carme (1).
4i Confessio Arnaldi de Varnhola (sic), filii Ouillermi de Var-
nhoia, de Mercatali Appamiensi, de crimine heresis et so-
domie ». — Folios 230 B-233 D.
Audiences: 23, 28 juin 1323; 1*' août 1324.
Il est accusé par ses complices de crimes contre nature, et
d'avoir, bien qu'il ne fût pas prêtre, entendu des confessions
dans les églises et les maisons particulières. Il recevait de
préférence les aveux des jeunes gens, qu'il pouvait ainsi plus
aisément solliciter au mal. Le carme Record s'était prêté à
eette supercherie. Accablé par les dépositions de ses victimes,
Arnaud avoue ses nombreux sacrilèges et répudie les miséra-
bles principes (!?) au nom desquels il avait réussi à triompher
des scrupules de ses complices.
Le 12 août 1324, il est condamné à la dégradation et à la
prison perpétuelle sans amnistie possible à l'avenir. (Doat,
t. XXVIII, r 73).
LXXII. — € Contra Arnaldum de Vedeilhaco (2), majorera die-
rum, de Vedeilhaco, super crimine heresis et sodomie ». —
Folio 234 A-B.
Témoins, le 21 juillet 1323, à Tarascon: Bernard de Jean,
recteur de Bédeillac. Le 25 juillet: Adhémar, de Bédeillac.
< Confessio et depositio Arnaldi de Vedeilhaco super crimine
heresis et fautoria eretice pravitatis ». — Folios 234 C-236 A.
Audiences: 18 janvier, 18 février 1324.
(1) Ce religieux, convaincu de Borcellerie, fut condamné, le 17 jan-
vier 1329, par Dominique Grima et les inquifiiteurs Chamayo et Brun,
à la dégradation et à la réclusion perpétuelle dans le couvent de son
ordre, à Toulouse (Doat, XXVII, f*' 150 v**).
(2) Bédeillac, cant. de Tarascon, arr. de Foix.
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LE TRIBUNAL D*INQUISITION DE PAMIEHS 425
Il a connu Guillem Bayard, hérétique, de Tarascon; il avoue
«es propres erreurs et dénonce d'autres personnes.
Le 12 août 1324, il est condamné à porter des croix dou-
bles et à faire des pèlerinages majeurs et mineurs (Doat,
t XXVIII, folios 68 et suiv.).
LXXIII. — « Confessio Bamnnde [Lezere], uxoris Amaldi Beloti
quondam, de Monte Alionis, filie Pétri de Argeleriis quondam
dicti loci, super crimine heresis ». — Folios 236 C-239 A.
Audiences: 23, 29 décembre 1323; 7 juillet 1324.
La maison Belot, de Montaillou, était fréquentée par les
hérétiques Autier et Tavemier; ils y tenaient des assemblées
-de croyants et y prêchaient. L'accusée finit par avouer ses rela-
tions avec eux, et abjure.
Le 12 août 1324, elle est condamnée an mur perpétuel.
{Doat, XXVIII, f" 71 et suiv.).
LXXIV. — «Confessio Johannis Pelicerii, filii Bemardi Peli-
cerii, de Monte Alionis quondam, super crimine heresis ».
Folios 239 B-242 B.
Audiences: 24 décembre 1323; 5 janVier, 9 juillet 1324; 8 jan-
vier, 5 février, 22 mars 1325.
Il n'avoue ses rapports avec les ministres cathares qu'après
Avoir été incarcéré aux Allemans.
Le 16 janvier 1329, il est condamné au mur (Doat, XXVII,
r 148 v").
LXXV. — « Confessio Guillerme, uxoris Guillermi Argeleriî, de
Montealionis, super crimine heresis et fautoria heretice pra-
vitatis». — Folios 242 B- 244 C.
Audiences: 7 janvier, 10 juillet, 5 octobre, 10-12 novem-
bre 1324.
Incarcérée comme le précédent, elle avoue son crime.
AaaalM de S. L.-d -F. 29
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426 LE TRIBUNAL d'iNQUISITION DE PAMIER8
Le 16 janvier 1329, elle est condamnée an mur (Doat, XXVII^
f 148 V**).
LXXVI. — < Confessio et depositio Baronnde, uxoris Guillérmi
Martini, de Monte Âlionis, filieqae Bamnndi Maurini qnon-
dam, dieti loci, super crimine heresis ». — Folios 244 D -
247 A.
Audiences: 21 juin, 5 et 7 juillet 1324.
Cette femme est la sœur de Jean et de Pierre Maurj (cf. nu-
méros LXVIII et LXXVII), sectatrice de Raymond Fabre et de
Philippe Talayrac. Elle abjure.
Le 12 août 1324, elle est condamnée au mur à perpétuité
(Doat, XXVIII, r 71 et suiv.). Elle en sort avec des croix, le
16 janvier 1329 (Doat, XXVII, folio 148).
LXXVII. — 4c Transcriptum confessionis et depositionis Pétri
Maurini, filii Bamundi Maurini quondam, de Montealionis^
quam fecit coram religioso viro fratre Bernardo de Podio
Cirtoso, inquisitore heretice pravitatis in regnis et terris
illustrissimi domini régis Aragonum; quam misit idem in-
quisitor venerabili et religioso viro fratri Johanni de Belna^
inquisitori . . . Carcassone, transmissa per dictum dominum
inquisitorem Carcassone reverendo in Christo patri domino
Jacobo, Dei gratia episcopo Appamiensi, de verbo ad verbum
talis {sic) est ». — Folios 247 A - 248 D.
Audiences, les 8 juillet, 6 août, 16 décembre 1323, présidée»
par l'inquisiteur d'Aragon assisté de frère Jean de Babilo, sous-
lecteur du couvent des dominicains de Barcelone et de frère
Antoine de Morage.
Pierre Maury a connu et fréquenté Pierre Autier, Prades
Tavernier, Guillem Bélibaste. Béfugié en Catalogne, comme ce
dernier hérétique, il y a été trahi et arrêté par l'espion Arnaud
Sicret (cf. n** XLI).
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LE TRIBUNAL d'iNQUISITION DK PAMIFRS 4'27
^.Confessio Pétri Maurini, de Monte Alionis, super crimine heresis
[coram domino episcopo Appamiensi ] ». — Folios 249 A -
274 D.
Bemis par ordre dn pape (cf. n** LXIX) à l'inquisiteur de
€area88onne et à Pévêqne de Pamiers, Pierre Maury eomparaît
devant ce dernier, le 25 juin 1324. Sa déposition est non seu-
lement la plus étendue, mais aussi Tune des plus curieuses et
des plus importantes du Registre. Elle contient, outre le récit
de la vie des fugitifs en Espagne, et des renseignements nom-
breux sur rhistoire de l'albigéisme dans le comté de Foix, de
précieux canevas de prédications (sermones) d'hérétiques, tels
que Pierre Autier (folios 249, 250), Tavernier (252 D), Jacques
Autier (251 B), Amiel de Perles, Baymond Faure, Philippe
Talayrac, Guillem Bélibaste (261-265), etc.
Les erreurs professées par Pierre Maury sont résumées dans
une série de propositions (62), articuli hereticales. qui tiennent
du r 268B au f^ 274B.
Il abjure et est condamné, le 12 août 1324, au mur perpé-
tuel (Doat, XXVIIl, folio 73),
LXXVIII. — «Confessio Bernardi Martini, filii Pétri Martini
quondam, de Ugenacho (1), dyocesis Appamiensis, super cri-
mine heresis ». — Folios 275 A - 282 D.
Audiences : 4 juillet, 4 août 1324.
Bernard Martin s'était, comme le précédent, réfugié en Ca-
talogne; il est arrêté par Arnaud Sicret, à Tarascon, dès son
retour dans le pays de Foix. Il a connu les hérétiques Guillem
Autier et Baymond de Saint-Papoul, qui étaient les hôtes de
son père, à Jnnac, quand ils venaient dans la contrée.
Son récit contient des détails nombreux sur l'extension du
eatharisme dans diverses localités du Savartès: Junac, lUier (2),
Miglos, Signer (2), Arignac, Rabat, Larnat, Capoulet (3), Sabart,
<iuié, etc.
(1) Junac, cant. de Viedessos, arr. de Foix.
(2) lUier, Siguer, cant. de Vicdessos.
(3) Capoulet, cant. de Viedessos.
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428 LE TRIBUNAL d'iNQUISITION DE PAMIERS
Il abjnre et, le 12 août 1324, est condamné an mnr à per-
pétuité (Doat, XXVIII, r 73).
LXXIX. — € Confessio et depositio Pétri Vitalis, habitatoris
Fuxi, qui fuit oriundus de Praderiis (1) >. — Folios 282 D-
284 B.
Témoins, le 5 août 1322, à Unac: Gérard, de Calvignae, an
diocèse de Glermont, maître d'école à Ax;
Le 5 août: Durand de Presbiteria, rectenr d'Orlu (2);
Le 5 janvier 1323: Bernard Hugues, prieur d'Unac;
Le 9 février: Raymond Mésiane, marchand, d'Âx; Gnillem^
Gilbert, salmeritiSy d'Ax.
Audiences du prévenu: 31 juillet, 4 sept. 1322; 29 mai 1323.
Il n'avoue que de mauvais gré ses erreurs cathares.
Le 19 juin 1323, il est condamné aux croix simples; on le
dispense de les porter, le 12 août 1324 (Doat, XXVIII, T 62).
LXXX. — € Confessio et depositio Bixendis, nxoris Pétri Cortil
quondam, de Ascone, filiaque (sic) quondam Bamundi Auterii,
de Vaishis (3), parrochie de Ax, super crimine heresis ». —
Folios 284 C - 285 B.
Audiences: 5 août 1324, et 6 août (J. Duprat).
Elle signale plusieurs croyants à Vaïchis et Mérens et abjure
l'erreur albigeoise.
Sentence le 12 août 1324: elle est condamnée au mur à perpé-
tuité (Doat, XXVIII, folio 71 et sniv.). Mais on la délivre en lui
imposant des. croix, le 16 janvier 1329 (Doat, XXVII, folio 148).
LXXXI. — < Confessio Amaldi Auterii, filins (sic) quondam
Pétri Auterii, heretici, de Ax, super crimine heresis». —
Folio 285 B-D.
Audience, le 27 janvier 1325, n'offrant rien d'intéressant.
L'issue de ce procès est inconnue.
(1) Pradièresy cant. de Foix.
(2) Orlu, cant. d'Ax, arr. de Foix.
(3) Vaïchis, cant. d'Ax.
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LE TBIBUNAL P' INQUISITION^ pg^MlRR8 429
LXXXIL — « Contra "^dominnm Bertrandnm de Taxîo (1), mi-
litem quondam, de Appamiis, super erimine heresis». —
Folios 285 D - 286 D.
Premiers témoins entendus: Le 13 novembre 1820: Marguerite,
femme d'Amiel d'Ascoù, d'Ax, servante de Bertrand. — Le 15 no-
vembre: Quillem de Bodès, de Tarascon.
« Inqnesta facta super eundem Bertrandum ». — Folios 286 D -
289 A.
Ténpioîns, le 31 décembre 1324: Jean Davin, bourgeois de
Pamiers. — Le 18 janvier 1325: Blanebe, femme de Guillem
de Kodès. — Le 21 janvier: Guillem d'Aire, de Quié (cf. n' XCV);
Guillemette, femme de Guillem Caramat, de Tarascon. — Le
22 janvier: Guillem Bernard, de Luzenac, damoiseau.
Il résulte des dépositions de ces personnes que Bertrand
de Taix est issu d'une famille depuis longtemps gagnée à l'er-
reur albigeoise. Isarn de Taix, son père, et A va, sa mère, ont
été condamnés par l'Inquisition. Ava a longtemps porté les croix.
Le vieux chevalier a eu lui-même jadis maille à partir avec Pin-
quisiteur Guillem Raymond (2) (folios 286 D, 287 B).
Il est probable que sa mémoire fut exécrée et que ses osse-
ments furent déterrés et brûlés. (Cf Douais, La Formule Corn-
municato, p. 42).
LXXXIII. — « Contra Petrum Guillermi, sutorem de Unaco,
super quibusdam verbis hereticalibus ». — Folio 289 B-D.
Témoins, le 7 janvier 1323 (n. st.): Barthélémy Hugues, de
Sa Verdun, écolier dans le prieuré d'Unac. — Le 8 janvier: Simon
Oéraud, marchand, d'Ax.
4k Confessio Pétri Guillermi, sutoris de Unaco, filii Pétri Guil-
lermi quondam dicti loci, qui est suspectus et delatus de
(1) Taix (Aude), prés de Ladigne, cant. de Limoux.
(2) Voir Douais, Doc. pour servir à VHist, de V Inquisition, t. I,
pp. CXXX, CXXXVIII-CXLIII.
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430 LK TBIBUNAL d'iNQUISITION DK PAMIEBS
heresi propter aliqna verbïThéïetfesliS-^-^ ïtriic» 289D-
291 C,
Andiencefl: 8, 16 février, 14 mars, 21, 23 novembre 1323.
Il a inédit des clercs et de la dîme. Il n'avone qu'après
avoir séjourné quelque temps dans la prison des Allemans.
Sentence, le 16 janvier 1329. Il est condamné sans doute à
Temmurement (1).
LXXXIV. — € Contra Aycredum Boreti, de Caussone, super cri-
mine heresis». — Folios 291 C- 293 A.
Témoins, le 26 février 1323: Raymond Bec, de Caussou. —
Le 5 mars: Vital Record: Oausie, femme de feu Bernard Pa-
lier; Raymond Parent fils; Bernard Borel, tous de Caussou. —
Le 10 mars: Raymond Parent, le vieux, de Caussou.
< Confessio Aycredi Boreti quam fecit apud castrum de Fuxo,
super crimine heresis». — Folio 293 A -D.
Il est interrogé, le 15 avril 1323, par Oailbard de Pomiès,
à Foix, ou il était retenu prisonnier pour avoir tué Ouillem
de Planissoles, son ennemi personnel. L'Inquisition lui reproche
d'avoir imputé à faux à sa victime le crime d'hérésie. On ne
sait quelle sanction le tribunal ajouta à la peine de mort qu'il
devait subir, par sentence de la cour séculière.
LXXXV. — « Confessio et depositio Gausie, uxoris Bemardi
Clerici, filii Amaldi Clerici, de Montealionis, super crimine
heresis et fautoria heretice pravitatis». — Folios 293 C-296 B.
Audiences: 24 janvier, 4 avril 1325.
Accusée d'albigéisme, elle avoue et abjure. Elle est con-
damnée, le 16 janvier 1329, an mur perpétuel (Doat, t. XXVII,
folio 148 V**).
(1) C'est la peine proposée par la Commission consultative réunie
le 14 janvier 1329 (n. st.) à Pamiers (Douais, La Formule Communia
catOf etc., p. 44).
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LE TAIBUNAL d'iNQUISITION DB PAMIEBS 431
LXXXVI. — € Confessio Guillermi Tranerii [presbiteri], de Ver-
duno, super crimine heresis». — Polio 296 B-D.
Audience, le 22 avril 1325.
Ouillem Tranier, lorsque commence cette nouvelle procédure,
subit la peine de la prison perpétuelle, qui, avec celle de la dé-
gradation, lui a été infligée, le 13 août 1324, par le tribunal de
Pamiers, pour complot de faux témoignage (Doat, XXVIII, T 86;
cf. Douais, La Formule Communicaio^ etc., pp. 25-26; et Bocuw,
pour servir à Vhist. de rinq., 1. 1, p. ex).
Il doit maintenant s'expliquer sur ses propres convictions
albigeoises. J'ignore quel fut son sort définitif.
LXXXVII. — 4L Contra Petrum den Hugol, Petrum Pétri, Ja-
cobum Tarterii, de Querio, super crimine heresis et fautoria».
— Polios 296 D- 297 C.
Témoins, le 14 août 1324: Bernard Mineur, tisserand, de
Loumet (1), à Pamiers. — Le 16 août: Guillem, fils de Bertrand
d'Alion, de Loumet.
«Confessio Pétri den Hugol ». — Polio 297 C- 298 A.
Audiences, les 9 et 11 septembre 1324.
Accusé, comme les deux suivants, de faux témoignage. II
refuse d'avouer et est envoyé en prison.
L'issue de son procès, terminé en lSâ9, nous est inconnue (cf.
Douais, La Formule Communicato, p. 42).
LXXXVIII. — «Confessio Pétri Pétri, de Querio». - Po-
lios 298 A- 302 B.
Audiences: 11, 18, 22, 24 septembre, 8, 31 octobre 1324.
Il refuse d'abord d'avouer. A la longue, il révèle ses rap-
ports avec les hérétiques Autier et Tavemier. Il a été mêlé au
complot tramé par Pierre de Oaillac, notaire de Tarascon (cf.
n"" XIII) contre son collègue et concurrent Guillem Tron, de
Tarascon. Pour se venger de ce dernier, qui attirait à lui tous
(1) Loumeij un quartier du vieux Pamiers.
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432 LE TRIBUNAL d'iNQUISITION DE PAMIBRS
les clients, Gaillac résolut de le charger du crime d'hérésie. II
lui fut facile de trouver des faux témoins qui afiSrmèrent avoir
vu Tron fréquenter chez Guillem d'Aire, de Qnié, rendez-vons
des ministres cathares. Baymond Peyre, de Qnié, et Pierre Lom-
bard, deTarascon (cf. numéros XC, XGIII), se portèrent garants
de cette calomnie devant les inquisiteurs G. d'Ablis et J. de
Beanne. L'expert Guillem Gautier (cf. n"* XOII), et Pierre Peyre
nient avoir trempé dans cette infamie.
Sentence de P. Peyre, le 16 janvier 1329, aux termes de
laquelle il est condamné au mur perpétuel (Doat, XXVII, riiav"";
cf. Douais, La Formule Communicaio, etc., p. 25).
LXXXIX. — € Confessio Jacobi Tarterii »(!). — Polios 3020
et 314 Y\
Audiences: 11, 27 septembre 1324.
Prévenu d'albigéisme, il n'avoue pas. Son procès n'est pas
terminé.
XC. — « Confessio et depositio Baraundi Pétri, de Querio, filii
Bamundi Pétri quondam, dicti loci, super crimine heresis
ac fautoria heretice pravitatis, ac super falso testimonio facto
in causa fidei ». — Polios 303 A -309 A.
Audiences: 9 octobre, 5 novembre, 26 décembre 1324; 23 jan-
vier, 8 février, 12 avril 1325.
Ce prévenu, dont on n'obtient d'abord que des dénégations
et des aveux incohérents, est écroué au cachot < très étroit > des
Allemans. Il avoue enfin.
Sentence inconnue.
XCI. — € Confessio Pétri Pomerii, de Surba (2), parrochie de
Tarascone, super crimine heresis ». — Folios 309 B-C.
Audience, le 3 janvier 1325.
Déposition insignifiante. Sentence inconnue.
(1) La fin de Pinterrogatoire de cet individu se trouve au verso
du folio 314. Elle est écrite sur une seule colonne.
(2) Surba, cant. de Taraficon, arr. de Foix.
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LB TRIBUNAL d'iNQUISITIOK DB PAMIBRS 433
XCII. — « Confesfiio magistri Gaillermi Gauterii, jurisperiti, de
Tarascone, filii Gnillelmi Qanterii qnondam, dicti loci, saper
crimine heresis et machinatione faisi testament! (sic) in causa
fidei contra aliqnas personas innocentes». — Folios 809 C-
810 A.
Audiences: 11,15 février, 18 avril 1825.
Il refuse d'avouer sa coopération au faux témoignage, et est
incarcéré aux Allemans. Le procès se termina en janvier 1829.
L'issue en est inconnue. (Cf. Douais, La Formule^ etc. p. 42).
XCIII. — < Confessio Pétri Lombardi, de Tharascone, super cri-
mine heresis ». — Folio 810 A-C.
Audiences: 11, 14 février 1825.
Il nie comme le précédent; est confronté avec Pierre et Ray-
mond Peyre. L'issue de l'instruction manque.
XCIV. — € Confessio Pétri de Lanraco, de Querio, super cri-
mine heresis ». — Folio 310 C.
Audience, le 11 juin 1825, dans l'église de Notre-Dame de
Sabart.
Déposition insignifiante. Sentence inconnue.
XCV. — € Confessio et depositio Guillermi de Area, filii quon-
dam Amelii de Area, de Querio, super crimine heresis, fan-
toria et celatione heretiee pravitatis et falsa impositione dicti
criminis, ac testimonio contra aliquas personas innocentes,
per eum, ut dicitur, factis ». — Folios 810 C - 312 B.
Audiences: 21 janvier 1825, à Pamiers; 25 février, à Car-
cassonne, devant l'évêque J. Fournier et l'inquisiteur J. Duprat.
Accusé d'hérésie et de faux témoignage dans l'affaire Tron,
il nie. Le 2 août 1321, ce personnage, jadis condamné à revêtir
les croix, est autorisé à les déposer {Lib. sent., p. 294) (1). Nous
(1) Cf. Molinier, L'Inquisition dans le Midi, p. 152, note (M8.4269,
lat, Bîbl. Nat., foi 12 B - 13 A).
AaaU«i U 8.-L.-d..r. 30
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434 LE TRIBUNAL d'iNQUISITION DE PÂMIERS
ignorons le résaltat de la nouvelle procédnre entreprise con-
tre lui.
XCVL — € Confessio domni Gaillermi AuricoUi, rectoris ecelesie
de Praderiis, super crimine heresis ». — Folio 312 B-C.
Le 9 novembre 1324, ce prêtre vient, € sponte », dénoncer le
prévenu qui suit.
XCVII. — [Contra Petrum de Bastida Seronis (1 ), diocesis Con-
seranensis]. — Folios 312 C — 313 B.
Témoins, le 13 novembre 1324 : Bernard Maestro, de l'Herm (2),
cité à la suite de la déposition de G. Anriol.
Le 19 novembre: Pierre Bernard d'Alavac, d'Ugenac (3), pa-
roisse de Qanac (4), maître de Taccnsé.
Le 8 décembre: Pierre Vidal, de THerm.
Le 9 décembre: Arnaud Maestre, de Gudas (5).
Le 10 janvier 1325: le même Pierre Bernard d'Alavac.
€ Confessio Pétri Aces, filii qnondam Kamundi Aces, de Planis
de Serone (6), [famuli domini Pétri Bemardi de Alavaco,
parrochie Sancti Pétri de Bipparia (7) in Yalle Agulhera (8),
(1) Labastide-de-SéroUf chef-lieu de cant., arrond. de Foix.
(2) IJHerm, cant. de Foîx.
(3) Ugenac, localité que nous n'avoDB pas identifiée, dans la paroisse
de Ganac on celle de Saint-Pierre-de-Riviére.
(4) Ganac, cant. de Foix.
(5) OudaSf cant. de Varilhes, arr. de Pamiers.
(6) Esplas-de Sérou, cant. de Labastide-de-Sérou.
(7) Saint' Pierre- de-Rivière, cant. de Foix.
(8) Barguilîère, vallée située à Touest de la vallée de PArîége, actuel*-
lement dans le cantoii de Foix,
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LE TBIBtJNAL D^IKQUISITION DE PAUflEBS 435
diocesis Appamiarnm] saper verbis hereticalibns ». — Fo-
lios 313 C - 314 B.
AQ4i^iices: 12 décembre 1324. Il est incarcéré aux Allemans
jusqu'au 9 octobre 1325, jour où il est renvoyé.
Pierre Aces est accusé d'avoir tourné en dérision l'Eucha-
ristie, les prêtres et les cérémonies de l'Eglise.
Sentence inconnue.
{A suivre).
J.-M. Vidal
Prof, an Grand Séminaire de Kice,
ancien chapelain.
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UNE LETTRE DE FOUQUET
Le monastère de Sorrèze, de l'ordre de saint Benoît, au
diocèse de Lavaur, était devenu vacant par la mort de
Tabbé commendataire, Barthélémy Robin, le 13 avril 1656.
Le roi lui donna pour successeur Claude de Bébé. Le 2 oc-
tobre 1666, Alexandre VU désigna Louis Fouquet, frère
du célèbre surintendant, qui devait l'emporter sur son con-
current (1). Sn 1661, le litige n'était pas encore terminé,
comme le témoigne la lettre de Fouquet au cardinal Ghigi:
Paris, ce 14 janvier 1661 (2).
Monseigneur,
Nous avons cru. Monsieur d'Agde et moi, qu'ayaut à
demander une grâce à Sa Sainteté nous ne pouvions recourir
à une protection plus puissante qu'à celle de Y. E. Si elle a
la bonté de nous l'accorder comme j'ose l'en supplier très
humblement, il ne nous sera sans doute pas malaisé de sur-
monter les difficultés qu'il y peut avoir en cette affaire, et
bien qu'il ne se puisse rien adjouster aux sentiments d'at-
tachement que j'ai pour V. E., je me croirai encore plus
particulièrement engagé à lui donner en toutes rencontres
des marques de ma parfaite reconnaissance et du zèle très-
respectueux avec lequel je veux être toute ma vie,
Monseigneur,
De V. E.
le très respectueux et très obéissant serviteur
FOUQUBT.
(1) GalUa christiana, t. XIII, ool. 367-368.
(2) Archives du Vatican, Vescovi, t. 46, fol. 63.
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438 UNE LETTBE DE FOUQUET
Au dos de la lettre, le minutante romain eu a indiqué
le sujet d'une façon plus explicite:
Al signor cardinale Datario.
Con questa supplica V. E. e, cou l'aggiunto memoriale,
la Santità di Nostro Signore a degnarsi di conferirli il mo-
nasterio di Soricino dell'ordine di S. Bened^, Vauren. di.,
vacato per morte del p. Bartholomeo Robin, litigioso con
Claudio (1) de B.ebe che vi prétende jus; supplica la S** V.
di concederglielo in commenda sicome è stato sempre pos-
seduto dalli predecessori, credendosi essere assai potente di
far ritornare i boni alienati da esso Monasterio et di restau-
rare gli edifitii rovinati.
A. CLEBaSAC.
(1) Et non François, comme écrit la G allia.
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DOCUHENTS POUR SERTIR A LIISTOIRE DES INDULGENCES
ACCORDÉBS
A LA VILLE DE MALINES AU MILIEU DU XJ7« SIECLE (1)
Comme beanconp de vieilles villes flamandes, Malines a gardé
nombreux les souvenirs du moyen âge, souvenirs de force et de
liberté. Avec son hôtel de ville et son vieux palais qui datent
du XI V*" siècle, ses vieilles églises: Saint- Eombaut, Notre-Dame
au delà de la Dyle, Notre-Dame d'Hanswyck, Sainte-Catherine,
Saint- Jean-Baptiste et Saint- Jean-rEvangéliste, Saints-Pierre-et-
Paul, Malines offre au touriste de nombreux spécimens de cet
art flamand qui fut si célèbre.
Au XV* siècle, cette cité devait prendre une importance con-
sidérable gi'âce aux soins des ducs de Bourgogne. Devenus maî-
tres de la Flandre par le mariage de Marguerite de Maie avec
Philippe le Hardi en 1369, ces princes devaient former de cette
province, du Brabant, du Hainaut, de TArtois, du Luxembourg,
des provinces de Hollande, une sorte d'Etat indépendant auquel
les villes de la Somme acquises per le traité d'Arras semblaient
devoir former une barrière du côté de la France. Pour administrer
ses pays « de par deçà », Philippe le Bon avait formé un Graçd
Conseil qu'il avait fixé à Malines, faisant de cette ville comme
la capitale de son futur royaume. Mais le grand duc d'Oc-
cident ne pouvait se contenter d'une administration politique.
(1) Ce travail De saurait avoir la prétention d^étre complet. II n'a
d'antre but que de faire connaître quelques documents des archives du
Vatican. Je tiens à remercier ici M. Tabbé Laenen, archiviste de Tar-
cbevêch^ de Malines, qui a bien voulu m'aider dans ce travail.
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440 DOCUMENTS POUB SEHVIB
Non content d'avoir « attrait » devant son grand conseil les
canses de pays qui relevaient nominalement de l'empire comme
le Cambrésis, il voulut faire de Malines une sorte de métropole re-
ligieuse. Les pays de « par de deçà » ne possédaient pas en effet de
centre religieux complètement soumis au duc. Cambrai, Tournai,
Arras, Thérouanne, Amiens relevaient de l'archevêché de Beims.
Cambrai, bien que soumise à l'influence bourguignonne, était ville
impériale et si Philippe avait pu placer un bâtard de sa famille sur
le siège épiscopal, les échevins ne cessaient de réclamer contre son
immixtion, s'appuyant tantôt sur l'empereur, tantôt sur le roi de
France. Arras et Thérouanne étaient près des frontières et un
retour de la fortune était possible. Tournai n'avait cessé de té-
moigner ses sentiments français. Il semble d'après les documents
que nous allons publier que le duc ait voulu donner à Ma-
lines une influence religieuse semblable à son influence politi-
que et éloigner de Beims les fidèles accoutumés à recourir à
l'archevêque dans les causes ecclésiastiques.
Le prétexte cherché fut l'embellissement de l'église de Saint-
Rombaut (1). Bâtie dès le XIIP siècle, la collégiale avait souf-
fert des injures des temps. Le prince fastueux qui devait être
le protecteur des arts et sous le régne de qui devaient briller
Van der Weyden, Antoine de Moiturier, Gilles le Backère, voulut
faire de cet édifice, un monument digne d'une capitale et em-
bellir en même temps les diverses églises de la ville.
Dès ce moment, les papes distribuaient en grand nombre
les indulgences soit afin de favoriser la reconstruction des égli-
ses (2) soit afin d'obtenir des secours pour la croisade, ce rêve
(1) Sur Saint-Rombaut, voir les ouvrages du chanoine Van Caster :
Le vrai plan de la tour de Saint-Bomhaut à Malines (Malines, Goddene,
in-8^ 1899, XIV, 96 avec planches); Festivités en Vhanneur de saint Bu-
mold (Malines, Goddene, 1903, în-8^ 155), etc.
(2) Des indulgences sont aussi accordées à Eeims. Archives Vati-
canes, Regesta 514, folio 28"". Sienne, l*' avril 1461.
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À l'histoire DBS INDULGENCES 441
grandiose qui allait être le bat de Pie II et qui devait se ter-
miner à Ancône. L'hnmenr chevaleresque du dac, ses promesses,
faisaient espérer de trouver en lui le chef de cette expédition
'et ces motifs allaient décider les pontifes à écouter ses prières
et à ouvrir très larges les trésors apostoliques.
Pour obtenir les premières indulgences, Philippe de Bour-
gogne n'avait rien négligé. Nicolas de Cusa ayant été chargé
■de prêcher l'indulgence du jubilé en Allemagne, le duc alla à
sa rencontre la distance d'un demi-mille et s'efforça dès lors
.de faire appliquer aux églises de Malines les avantages confé-
rés à celles de la ville étemelle. A cet effet, il délégua à Rome
maître Bombant de Wynkette chanoine et chantre de la collé-
giale. De son côté, le magistrat de Malines intervenait et en-
voyait Jean de Leeuw, docteur de droit, qui nous a laissé le
curieux compte-rendu de son voyage (1). Tous deux devaient
trouver un appui puissant dans Jean le Jeune, évêque de Thé-
rouanne, alors cardinal du titre de Sainte-Praxède.
S'il faut en croire Foppens, une première bulle que je n'ai
pu retrouver dans les registres du Vatican, fut accordée le 8 dé-
cembre 1450 (2). Celle retrouvée aux archives porte la date du
1^^ février 1451. A la demande du duc, Nicolas V lui accordait
ainsi qu'aux membres de sa famille et aux habitants de tous
ses Etats dé pouvoir remplir les conditions du jubilé en visitant
les sept églises de Malines : Saint-Eombaut, Notre-Dame outre
Dyle, Sainte-Catherine, Saints-Pierre-et-Paul, Saint-Jean-1'Evan-
(1) Inventaire en flamand, 4 feuillets in-folio (Archives de Malines)
-commençant ainsi : « In nomine Domîni, amen.' Anno a nativitate Do-
mini millesimo IIII« quinquagesimo, die XXIII Novembris >.
(2) Foppens, Mechlinia Christo nascens et crescens, donne le texte
de cette bulle ou les conditions nécessaires pour gagner Tindulgence
sont plus détaillées que dans la bulle publiée p. just. 1. Sur les négo-
ciations de Jean de Leeuw, on trouve des détails intéressants dans des
extraits des comptes de la ville publiés par de Munck^ Gedenksehr iften.
Aniiilot ilo S.-L.-d -F. 81
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442 DOCUMENTS POUB SEBVIR
géliste et Saint-Jean-Baptiste, Saint-Esprit-de-Nekeuspode, Notre-
Dame-d'HanBwyck, ces deux dernières situées en dehors des-
portes. Les habitants de la cité étaient tenus à faire ces visites
pendant quinze jours, les étrangers pendant huit jours, mais étaient
tenus à résider dans Ja ville. L'évêque de Soliwri, Jean l'ouvrier,,
0. P., Jean Hulhont dit de Malines, Jean Tinctoris, Jean Buysche,
Henri de Campo, maîtres en théologie, étaient députés pour re-
cevoir les confessions. Les lettres d'indulgence munies du sceau
du duc devaient être publiées dans tous ses Etats.
Alors que la bulle publiée par Foppens obligeait les fidèles
à verser la moitié de ce qu'ils auraient dépensé dans le voyage
de Rome, la bulle du l^"^ février n'oblige à donner que ce qui
aurait été distribué aux différentes basiliques. La moitié des
sommes recueillies devait appartenir aux églises, l'autre à la
chambre apostolique. Il est à remarquer que cette faveur était
accordée non seulement aux sujets du duc, mais encore étendue
à tous les voyageurs (1).
Arrivées le 12 mars, les bulles d'indulgence reçurent d'abord
le placet du duc. Paul de Rota vicaire général et l'official de-
Cambrai annoncèrent cette faveur par 18 lettres adressées aux
doyens de chrétienté. En même temps, des démarches étaient
faites près des archevêques de Cologne et de Trêves, des évê-
ques de Liège, Tournai, Thérouanne, Utrecht pour publier ces
indulgences dans leurs diocèses. Copie en fut expédiée à Lan-
grès, Besançon, Noyon, Amiens, Metz, Luxembourg ainsi qu'en
Hollande, Zélande, etc.
Accordé pour 4 mois, ce jubilé commença le vendredi 23
avril 1451 et fut prorogé jusqu'au 31 octobre, jour où il fut
clôturée par une grand'messe d'actions de grâces célébrée par
Antoine Sanctus, doyen de Saint-Rombaut. A la suite de cette
(1) P, Ju8t. 1.
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À l'histoibb des indulobncbs 443
cérémonie, la châsse de S' Bombant fnt portée processionnelle-
ment à travers les mes de la cité, par les confrères des gildes
militaires (1).
Non content de ces faveurs, le Pape accordait encore (l**^ avril)
anx confesseurs le pouvoir d'attribuer à la collégiale jusqu'à
4000 florins d'or de la chambre à percevoir sur les sommes
remises en restitution de biens mal acquis, et d'absoudre les
pénitents de ce chef (2).
En 1452, nouvelle demande de jubilé dont les motifs sont
énumérés dans un mémoire latin qui doit être remis à l'inter-
nonce (5). Il est accordé le 20 mai (4). De plus, le souverain Pon-
tife accorde une indulgence de 7 ans et 7 quarantaines à tous
ceux qui visiteraient Saint-Bombaut aux processions qui avaient
lieu le mercredi de Pâques et au mois de juillet et feraient une
aumône pour son embellissement (5).
Quand il s'agit de lutter contre les Turcs, de se procurer les
fonds nécessaires pour les armements, Calixte III amplifie encore
ces faveurs. A tous les fidèles qui visiteront les 7 églises de Ma-
lines du 1'*' octobre à la Noël, ou, pendant les 10 années sui-
vantes, pendant les 40 jours qui suivront le Vendredi Saint, qui
se confesseront et feront une aumône, des confesseurs désignés (6)
peuvent donner l'absolution de tous leurs péchés. Ces confes-
seurs peuvent également relever de l'interdit, de l'excommuni-
cation, etc., des vœux de pèlerinage et d'abstinence. Ceux qui
(1) Foppens, Mechlinia Christo, etc.
(2) Regesta Vaticana, 391, folio 210v.
(3) Archives de Malines.
(4) Regesta Vaticana, 396, folio 86 v.
(6) P. Just., 2.
(6) L'évêqoe de Soliwrî, Eyméric du Camp, Jean Pouvrier 0. P.,
Jean Riiysche, Jean Hnlhont, Jean de Vemalcre, maîtres en théologie;
Raoul de Beringhem, Jean de Bocthen, docteurs; Alexandre de Berin-
ghen, licencié en décrets; Pierre Pauli de Tumhout, curé de Sainte-Ca-
therine de Malines.
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444 DOCUMENTS POUR SEBYIB
ne peayent accomplir le voyage ponr eaase de santé on d'em-
pêchement physique, ont la faculté de se faire remplacer (1).
Les ordinaires devaient publier ces indulgences d'après les copies
authentiquées des sceaux du doyen et du chapitre de la collé-
giale (2).
D'autres faveurs furent encore accordées, puisque le 12 juin,
Oalixte III accordent la prorogation de certaines indulgences
dont le terme expirait à la Toussaint (3). Bien plus, le frère
Zeger, gardien des Mineurs de Dixmude, obtint pour lui et un
autre confesseur approuvé par l'ordinaire la faculté d'absoudre
les malades, lépreux, etc., à qai leur pauvreté ou leur faiblesse
ne permettrait pas de se rendre à Malines (4).
Sien n'était fixé pour la somme à verser par les pèlerins,
sauf dans la première bulle d'indulgence. Cornélius de Zandl-
viet remarque d'ailleurs que la taxe fut bientôt laissée à la
conscience de chacun. Toutefois, une bulle de prorogation en 1459
exige que les bénéficiaires donnent au moins ce qui leur est néces-
saire pour les dépenses d'une semaine (5).
Ces aumônes se déposaient dans des troncs disposés à cet effet,
sur les autels (6). Elles étaient réunies dans une caisse con-
servée dans chaque église et fermée de trois clefs. Une bulle
nous indique comme gardiens Pierre Clerici, archidiacre du
Brabant, trésorier du Pape — Jean de Poupeto, doyen de Be-
sançon, et Antoine de Hancion — Obert Trabolier « ouvrier > de
l'église Saint-Eombaut (7). Les mesures à prendre pour la sûreté
(1) L'usage de se faire remplacer dans les pèlerinages s'est cod-
servé dans les Flandres sous le nom de « servir >.
(2) 21 août 1455. P. Just, 3.
(3) P. Just., 6.
(4) P. Just, 11.
(5) P. Just, 12.
(6) P. Just, 7.
. (7) M. Van Caster a attaqué l'opinion de M. Thys (La métropole
de Saint-Eombaut à Malines, 1836), qui attribuait la construction de
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À l'histoire DBS INDULOEKCBS 445
de ce dépôt étaient indiquées dans des lettres adressées à ces
personnages, aux carés des différentes églises et an magistrat
de la ville, lettres dont malhenreusement, nous n'avons pins
la teneur (1). Les nonces apostoliques envoyés dans ces pajs
avaient le pouvoir de recevoir l'argent des collecteurs et sous^
collecteurs et d'examiner leurs comptes (2). Nul ne pouvait
toucher à ces sommes sous aucun prétexte à peine d'encourir
l'excommunication réservée au souverain Pontife et ceci fut con-
firmé par une bulle en date du 7 août 1456 (3).
Nous n'avons pas conservé les comptes indiquant la somme
produite par les indulgences. Une grande partie des archives
a été en effet détruite par les troubles des gueux au XVP siè-
cle (4). Nous savons seulement que le produit des offrandes faites
à l'église Saint-Jean en 1450-1451 s'éleva à 2253 fl., 10 sols (5).
D'autre part, en 1465, Louis, évêque d'Albano, donne quitti^nce
de 1790 fl. d'or versés à la chambre apostolique (6).
Contrairement à l'opinion du chanoine Van Caster, la ville
intervient directement non seulement dans les négociations rela-
tives à l'octroi des indulgences, mais encore elle fournit l'ar-
gent et s'immisce dans la gérance des fonds. C'est elle qui paie
les frais de la bulle du premier jubilé et ces débours se mon-
tent à 150 ducats d'or de la chambre soit 49 1. de Flandre,
la tour à an sieur Coolman, il semble quMl faut voir dans V ouvrier cité
le véritable architecte.
(1) P. Just, 4.
(2) Pouvoir doDné à Pierre Clerici, juillet 1456 fRegesta Latera-
nensia; 458, folio 233).
(3) P. Just., 7.
(4) LMntéressante publication de M. Frédéricq: Comptes des indul-
gences papales émises au profit de la cathédrale de Saint-Lambert à Liège
de 1443 à 1446 {Mémoires de V Académie de Belgique^ in S"", 1903), nous
fait d'autant plus regretter cette disparition.
(5) Archives de l'église Saint- Jean.
(6) Archives de Malines. Original. Fragment de sceau en cire rou^e
pendant à une double queue de parchemin.
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446 DOCUMENTS POUR SERVIR
4 sons (1). Les dépenses pour obtenir la bulle de 1455 exi-
gent 200 eavaliers d'or que Jean de Leeuw emprunte, à Gau-
tier van Qoerle (2). C'est probablement à Toecasion, de la pro-
rogation de 1459 que Luc Doncker reconnaît avoir reçu de l'ar-
gent pour être distribué à Borne (3). Enfin, le 13 avril 1456,
devant la chambre apostolique, Jean de Leeuw (4), syndic et pro-
cureur de Malines, oblige en son nom et au nom de ses con-
citoyens, tous les biens de la ville et de ses habitants et s'en-
gage à verser les sommes qui reviennent à Bome, à Nicolas
de Dryl de Bruxelles, député à cet effet par le souverain Pon-
tife (5). De plus, la bulle qui menace d'excommunication ceux qui
s'approprieraient une partie des dons indique que la troisième
partie des offrandes recueillies dans les églises doit être répartie
pour les travaux : « Ad ordinationem et dispensationem magi-
strorum communitatis et scabinornm predictorum, secundum ne-
cessitatem singularum ecclesiarum » (6).
Attirés par ces avantages considérables, par la facilité avec
laquelle pouvaient se gagner les indulgences, les pèlerins arri-
vèrent en foule apporter leurs offrandes. Le 22 août 1451,
Philippe vint avec sa femme et toute sa cour accomplir les
conditions du jubilé. Avec lui se trouvaient les abbés de Saint-
Bernard sur l'Escaut, de Grimberge, d'Aversbode, etc. A cette
occasion, une grand'messe célébrée par l'évêque de Soliwri
fut chantée par les musiciens de la chapelle du duc, et celui-ci
fut harangué en français par un dominicain. La ville offrit
(1) Foppens, Mechîinia Christo,
(2) Archives de Malines. Original. Cachet en cire rouge.
(3) Archives de Malines. Original signé.
(4; Joannes Leonis.
(5) P. Just., 4. — Un bref de Pie II, conservé aux archives de Ma-
lines, désigne en 1464 comme receveurs : Antoine de Rabatteau et Ber-
nard, banquiers de Florence, demeurant à Bruges. Tous deux étaient
les représentants d^Ambroise de Spanocchie de Piccolomini.
(6) P. Just., 7.
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447
^es présents de vin de Beaune à son suzerain, ainsi qu'à la
<luche8se et au comte de Oharolais. Le 27 août, le 12 et le 27
septembre arrivent successivement Tévêque de Liège, le chan-
celier de Bourgogne, l'évêque de Cambrai. La ville leur oflFre
aussi des préi^nts. L'archidiacre Nayelmacker assure qu'il se
trouva un jour plus de 100,000 pèlerins dans la ville. Il fallut
avoir recours à des confesseurs allemands et à un anglais. Pour
éviter l'encombrement aux portes qui conduisaient aux deux
églises suburbaines on y construisit des barrières permettant à
<îeux qui s'y rendaient de ne pas rencontrer ceux qui reve-
'«aient. On dut aussi installer des gardes aux 12 portes de la
Tille, ainsi que dans les églises (1).
Mais ces grands avantages n'étaient pas sans inconvénients,
•et bientôt il fallut mettre des bornes aux pouvoirs accordés
aux pénitenciers.
Le premier à réclamer fut le Souverain Pontife lui-même. Au
mois de juillet 1456, Calixte III déclarait que les indulgences
.accordées à ceux qui visitaient les églises de Malines n'étaient
pas applicables à ceux qui pouvaient partir eux-mêmes à la
<5roisade ou se faire remplacer (2).
Ce fut ensuite à l'évêque de Thèrouanne d'exprimer ses
plaintes. Certains individus excommuniés pour ne pas avoir payé
leurs dettes se faisaient absoudre par les confesseurs de Ma-
lines, et pouvaient ainsi continuer à s'approcher des sacre-
ments. Ceci ne faisait guère la joie des créanciers, qui voyant
le peu d'efficacité des censures ecclésiastiques, soumettaient
leurs causes aux tribunaux civils et délaissaient le tribunal
^piscopal. L'évêque de Thèrouanne obtint que ce privilège fut
supprimé pour les territoires soumis à sa jurisdiction (3).
(1) FoppeDB, Mechlinia Christo, etc., et du Munck, Gedenkschrifften.
(2) P. Just., 5.
(3) P. Just., 9.
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448 DOCUMENTS POUB SERVIR
Mais le cas le plus carieux est certainement celui de quatre
laïques, Léon d'Avelin, Siger de Venduille, Melchior le Fla-
mand et Martin Ganfroy, qui ayant assassiné dans son église
le curé d'Avelin Jacques Thomas, dit de le Loge, parce qu'il
ne se voulait pas se démettre de sa charge, se firent absoudre
à Malines. Malheureusement pour eux, on réclama de ce fait
à Bome, et le pape accorda que les censures ecclésiastiques con-
servassent leur force (1),
Grâce aux donations des fidèles, les constructions purent
s'élever rapidement. Si nous ne possédons pas de détails sur
trois églises, nous savons que la façade de Saint-Jean-Baptiste
et Saint-Jean-l'Ëvangéliste fut démolie ainsi qu'une partie de
l'église, et l'on commença dès 1451 à rebâtir la tour ainsi
que le transept. Le cimetière fut exhaussé. En même temps
des travaux d'ornementation étaient faits à l'intérieur, des pein-
tures étaient exécutées sur les parties de charpente qui se trou-
vaient sous le campanile. Une chaire de vérité, des confessionnaux
furent élevés (2), Notre-Dame au delà de la Dyle fut construite»
Quant à Saint-Bombaut, on y travailla au chœur, où une ins-
cription flamande rappelle le jubilé (3). Le 22 mai 1452, maître
Jean de Muysène posait la première pierre de la magnifique
tour qui devait avoir plus de 25 m. de large et atteindre jus-
qu'à 168 m. de haut.
Henry Dubbulle.
(1) P. Just., 10. L*aifaire du reste ne semble pas avoir eu de suite;
M. Bocquillet a publié la lettre de rémission accordée à Louis de Bar-
bangon, seigneur d'Avelin, par Charles VIII (Bulletin de la société d'é-
tudes de la province de Cambrai^ 1903, f ° 238-239).
(2) Note de M. Laenen.
(3) JiW Jaer MCCCLL
WasH Jaer van Jubileen hier gemeen
Doen wird gesïoten desen Steen,
Les armes de Nicolas V sont également gravées sur la façade de
Téglise Sainte-Catherine.
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À l' HISTOIRE DBS INDULOBNCBS 44&
DOCUMENTS
I. — L'indulgence du Jubilé est oxcordée au duc de Bourgogne
et à tous ses sujets qui visiteront les 7 églises de Malines
(r^ février 1451).
Nicolaus <&c. ad fnturam rei memoriam. Pastoris eterni qui
pro sainte gregis dominici se in precinm immolare non abnnit
vices qnamvis immeriti gerentes in terris cirea gregem nobi»
comnoiissum, quem indefessa solieitndine cupimus in loco pascae
coUoeariy extendentes paterne consideraeionis intnitnm eo celé-
rins singulorom fidelium occarrimus dispendiis eosqne aposto-
lieis proseqaimur favoribns quos velnti nostros et Bomane Ëc-
clesie pecnliares filios in visceribns gerimus caritatis. Dudnm
siquidem felicis recordationis démentis vj et Gregorii xj pre-
decessornm nostrorum Bomanorom Pontificnm vestigiis inhé-
rentes diversas snper indulgentiis Ânni Jnbilei a Christi fidelibns
yere penitentibus et confessis consequendis per eos concessa»
literas annovamns, approbamos, confirmamns et eciam indiximus^
statnimus, decernimus et ordinavimus qnod omnes Cbristifidelea
qui yere pénitentes et confessi in anno Natiyitatis Domini mille-
simo quadringentesimo quinquagesimo proxime preterito certis.
expressis diebns beatorum Fetri et Fauli apostolorum basilica»
ac Lateranensem et béate Marie Maioris de Urbe ecclesias visi-
tarent omnium peccatorum snorum plenissimam remissionem
consequerentur, prout in nostris inde confectis literis, quarum
tenores de verbo ad verbum presentibus haberi volumus pro
insertis, plenins continetur.
Gum ita, sicnt ex dilecti filii nobilis viri Philippi ducis Bur-
gundie insinnatione percepiraus, tam ipse dax tam etiam plures
alii nednm ex eius familia quinymo eciam ex incolis et habi-
tatoribus utriusque sexus sliorum ac eciam aliorum que pos-
sidet seu que sua protectione consistnnt dominiorum qui Anno-
Jubileo proxime elapso Basilicas et ecclesias Urbis predictas,
pro consequendis indulgenciis et remissionibus ab eisdem pre-
decessoribus concessis et per nos novatis huiusmodi, libenter
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460 DOCUMENTS POUB SERVIR
visitassent, si senio, debilitate corporis, inopia, impotencia, di-
vinornm humanorum vc obsequiomin vel alioram negociorain
occnpatione det^nti nou foissent, aut guerrarain tnrbines, via-
ram discrimioa, longam itineris distanciam, aeris intemperiem
aliosqne sinistros eventiis non formidassent, snmmopere copiant
et desiderent indnigenciaram anni jnbilei hainsmodi fore par-
ticipes, Nos qui cnnctoram Christifidelium animarum salntem
intensis desideriis aifectamns et qui prefato Dnci ex graciis,
obseqniis per eum nobis et Boroane Ecclesie laudabiliter im-
pensis non indigne afficimnr, cnpientes prefatum Dncem ac eins
<;ontemplacione snam familiam necnon incolas et habitatores
dominiorum buiusmodi, quorum meritorum fidei sinceritas mul-
tiplicibus laude dignis effectibus enitessit, favoribns prosequi
graciosis volumns et eidem Duci ac sue familie necnon incolis
et babitatoribus predictis ac aliis infrascriptis et annotatis Chri-
stifidelibns et cuilibet ipsoruni eciam apostolica auctoritate te-
nore presentinm concedimns pariter et indnlgemus quod con-
fessor qnem ex vcnerabili fratre nostro Simone episcopo Salu-
briensi aut dilectis filiis Johanne Operatore ordinis fratrum
predicatorum professore, Johanne Hulhont alias de Machlinia,
Jobanne Tinctoris, Johanne Ruysche et Henrico de Campo
presbiteris in Theologia magistris vel aliis ab eis seu eorum
aliqno pro tempore deputatis quilibet ex duce et ex familia nec
non ex incolis et babitatoribus prefatis seu eciam ex omnibus
illis qui a nono kal. maii nsque ad decem... kal. septembris
mensinm proxime futurorum in eiusdem dncis Dominiis se rep-
pererint vel ex quavis causa ad ipsa dominia intérim declina-
verint Christifidelibus ecclesiasticîs secularibus, regularibus vel
laicis eciam utriusque sexus cuinscunque gradus, ordinis vel
condicionis fuerint, eciam si archiepiscopali, episcopali, ducali
vel alia quavis ecclesiastica aut mnndana dignitate prefulgeant,
duxerint eligendom, eidem duci et cuicunque ex eius familia
ac ipsis incolis et babitatoribus seu reperientibus et declinan-
tibus huiusmodi vere penitentibus et confessis ac eorum cuilibet
post ininnctam per eumdem confessorem eis pro commissis cri-
minibus, peccatis, delictis et excessibus, eciam in casibus nobis
et Sedi Apostolice specialiter reservatis, salutarem penitenciam,
-super quo dictis confessoribus et eorum cuilibet auctoritate
apostolica predicta et ex certa scientia tenore presentium fa-
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1 l'hISTOIRB DBS INDULGENCES 451
ealtatem plenariam elargimiir concedere valeat quod ipsis et
eornm cailibet sic vere pénitentes et confessi qui collegiatam
sancti Bimoldi et parochialem béate Marie nltra Diliam ac
einsdem béate Marie de Hanstica, necnon Sancti Spiritus de
Necleaspode ac ecclesia sanctoram Pétri et Panli sanctoramqne
Johannis Baptiste et Evangeliste, necnon sancte Katherine opidi
Macbliniensis Cameracensis diocesis ecclesias, ridelicet si opi-
dani dieti opidi per qaindecim, si vero alii fovenses faerint
per octo continaos vel interpollatos dies semel saltem in die
dévote visitaverint, dammodo tamen in eodem opido vel eins
districtu et territorio eisdem dnrantibns diebns pernoctaverint
€t illas oblationes qnas in Basiiicis et ecclesiis TJrbis huinsmodi,
si illas personaliter visitassent, obtulissent, ibidem realiter ob-
tnlerint, plenissimam omninm peccatornm saornm reraissionem
ac eiusdem anni Jabilei plenam indnlgentiam perinde oonse-
<)nantur et babeant ac si eodem anno jnbileo ad prefatam Ur-
bem personaliter accessissent [ccclxj^j Basilicasque ac Latera-
aensem et béate Marie Maioris ecclesias prefatis dictis quin-
decim diebus personaliter visitassent et oblationes ipsas ibidem
obtulissent; Ita tamen quod idem Oonfessor laborem persona-
lem, quem quilibet eoram, si propter ea ad ipsam urbem ve-
nisset, passus fnisset commutet, prout sibi videbitur, in alia
opéra pietatis, Presentibns post quatuor menses incipientes et
^nientes ut prefertur minime valituris; quo tempore dictornm
quatuor mensinm durante omnes et singnlas per nos et nostros
predecessores Bomanos Pontifices indulgencias in dominiis ipsis
concessas suspendimus per présentes. Volnmus autem quod
transumptis presentium literarum per duos Notarios publiées
et auctenticos subscriptis et prefati Ducis sigillé munitis, ubi*
eumque exhibita fnerint vel ostensa, ea prorsns fides adhibeatur
ac illis stetnr in omnibus et per omnia prout ipsis presentibus
originalibus literis, si forent exhibite vel ostende. Volumus in-
'Super et etiam ordinamus quod média pars oblationum in qua-
libet ex ecclesiis visit-andis buiusmodi offerendarum in cuiuslibet
ecclesie in qua oblate fnerunt reparationem et conservationem
et utilitatem convertantur et exponantur; residua vero medietas
ad Sedem Apostolicam pro reparationibus, conservationibus et
aliis necessitatibus Basilicarum ac ecclesiarum Urbis buiusmodi
fideliter, diligeutcr et intègre mittantur et quantocius desti-
nentur.
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452 DOCUMBKTS POUR 8BBYIB
Nnlli ergo &c. nostre volontatis» eoncessionis, elargitionis et
saspensionis infringere <&c. Si quis <&c.
Datnm Rome apnd Sanctam Petrnm, anno <&c. MTGCC'qiiiii*
qnagesimo kal. februarii, anno quarto
(Arch. Vat., Reg. 398, folios 360'-3610-
IL — Indulgence de 7 ans et 7 quarantaines pour ceux qui
aident à la reconstructiofi de Saint-Rombaut (1*^ avril 1451)^
Nicolans à^ UniFersis et singnlis présentes literas inspecta-
ris Salutem.
Licet is de cnins mnnere renit ut sibr a suis fidelibus digne
et laudabiliter serviatur, de abundantia sue pietatis que mé-
rita supplienm excedit et vota bene servientibus sibî mnito ma-
iora retribnit quam yaleant promereri, nichilominus desideran-
tes Domino populnra reddere acceptabilem et bonornm operum
sectatorem fidèles ipsos ad complacendum ei quasi qnibusdam
ailectivis muneribus, indulgentiis, mercedibns et remissionibus
invitamus ut exinde reddantur divine gratie aptiores. Cum ita-
qne, sicut accepimus, ecclesia sancti Bumoldi Machliniensîs Ca-
meracensis diocesis, que inter alias collegiatas ecclesias illamm
partium insignis et notabilis habetur et que nuper in suis strnc*
turis et edificiis aropliata ac niagîs quam antiquitus consueve-
rat decorata existit, necnon defectum cbori iuxta amplitudinem
et decoreni buiusmodi patitnr, ac illius campanile ruinam mi-
netur nec ad construetionem chori et redificationem campanilis
buiusmodi ipsins ecclesie snfficiant facultates, Nos cupientes ut
dicta Ecclesia eo devotius ac frequentius a Christifidelibus fre-
quentetur et bonoretur ipsiqne fidèles eo promptius ad repara-
tionem et redificationem predictas illarnmque et quaruncunque
structurarnm ipsius ecclesie conservationem manns promptius
porrigant adiutrices quo ex boc dono celestis gratie uberius
conspexerint se refectos, de omnipotentis Dei misericordia et
beatorum Pétri et Paul! apostolorum eius auctoritate confisi,
omnibus vere penitentibus et confessis qui in singnlis duabus
singularum duarum solemnium prucessionum diebus, quarum
una videlicet in roercurii festornm pascalium, alia vero in una
mensis iulii diebus inibi fieri ad honorem dicti Sancti cousue*
verunt, ecclesiam fcccxxxvr] predictaro dévote visitaverint annua-
tim, et ad reparationem, redificationem et conservationem pre*
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À l'histoibe des indulgences 453
dictas manus adintrices porrexerint, Septem annos et totideni
€is qnadragenis de ininnetis eis penitcntiis misericorditer re-
laxamus, presentibns perpetnis ftituris temporibus daratnris.
Yolumas antem qnod si aliis ipsam ecelesiam yisitantibns et ad
reparationem, redificationem et conserTationem manus adintri-
ces porrigentibus, seu aiias inibi pîas elemosinas erogantibns
aliqna alia indulgentia in perpetnum vel ad dictnra tempos
nondnm elapsum duratara per nos concessa fnerit, présentes
litere nnllins existant roboris vel momenti.
Datum £ome <&c. anno <&c millesimo qnadringentesimo quîn-
quagesimo kalendis aprilis, anno qnarto.
(Archiv. Vat., Regest. 393, folio 336-336^).
III. — Indulgence accorde'e à ceux qui visitent les églises de
Matines et y font des dons. Les deux jtiers de ces dons sont
affectés à la croisade (21 août 1455).
Calistus &c. Âd fntnram rei memoriam Thesauri sacratis-
sime passionis dominice qnam in ecclesiasticis sacramentîs
reconditnm ineSabili divine pietatis miseracio pro suorum sa-
inte fidelinm in eterne vite premium erogari disposnit, di-
spensatores eflFecti licet irameriti, tune commisse dispensacionis
ministerium digne agere credimus cum ipsius thesauri salu-
bre commercium cum in opus catholice fidei ad convertendos
inimicos crncis Ghristi aniraarum lucrifactionem et cultum divini
nominis fîdeliter convertimus, et eos eîusdem thesauri locuple-
tes efficimus quos sue devocionis integritati altissiroi benepla-
citis severioribus studiis amplius animavit inherere. Dudum
siquidem felicis recordationis Nîcolaus papa qnintus predeces-
sor noster de venerabilium fratrum suorum sancte Komane ec-
clesie cardinalinm, de quorum numéro tune eramns, consilio et
apostolice potestatis plenitudine, quoromdam predecessorum no-
stroiiim Bomanorum Pontificum inhereneium {sic) vestigiis, omni-
bus Ghristifidelibns Basilicas et certas de Urbe ecclesias visitan-
tibus plenissimam suorum peccatorum remissionem sub certis
modis et formis concessit et induisit, certis etiam, ut accepimus,
suadentibus tune expressis causis omnibus etiam Christifidelibus
qui septem tune expressas ecclesias opidi Macliniensis Came-
racensis diocesis eciam sub certis modis et formis visitarent si-
milem plenissimam omnium peccatorum suorum remissionem
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464 DOCUMENTS POUR SERVIR
concessit pariter et induisit pront in diversis ipsius predeces-
soris nostri literis, quarnm tenores his haberi voinmus pro ex-
pressis, plenias continetnr. Ex quarnm indolgenciarnin, ut etiam
accepimuSy concessione sint pro ampiiori divini nominis cnlta
iu septem opidi Macliniensis ecclesiis hniusuodi pinra cepta
notabilia pietatis opéra, structure et edificia que commode per-
fiei nequeunt absque ulteriori Christifidelium subsidio. Cum au-
tem miserabilis modernornm temporum condioio, quibus homi-
num peccatis exigentibus Tnreharnra caulna rabies in nominis
Ghristi cultores crudelissime seviens non solum urbem Con-
stantinopolitanam, arecm Europe mnnitissimam, sed etiam quam-
plnra terras, districtus, dominia et loca Ghristianorum occupavit
ac sue dicioni subegit non cessans continue ut in alia fidelium
hniusmodi loca sue sevicie tela pertendat, Nos et omnes catholicos
evidentisHime necessitet ut adversus Turchas ipsos arma prote-
ctionis pro gregis dominici salvatione sumamus et erecto Ghristi
yexillo in illius virtute dyabolicam ipsorum potestatem conterere
studeamus sintqne pro tante rei necessaria prosecucione necnon
populi christiani et fidei catholice defensione expensis et sàm-
ptibus preterea subenndis pia erogaciones et suffragia Ghristifi-
delium maxime oportnna, Gnpientes igitnr ut Gbristi fidèles eo
fervencius pro conterendis Turchorum ipsorum persecutionibns,
immanitatibus et ceptis perficiendis operibus predictis manus
porrigant adiutrices, quo ex hoc dono ceiestis gracie et indulgen-
ciarum et remissionum muneribns uberius eonspexerint se refer-
tes, de omnipotentis Dei misericordia ac beatorum Pétri et Pauli
apostolorum élus anctoritate confisi, omnibus Ghristi fidelibus
utriusque sexsus, cninscunque status, dignitatis, gradus, ordinis,
condicionis seu preeminencie et undecunqne fnerint seu ubicun-
que moram traxerint, tenore presencium concedimus pariter et
indulgemus quod confessor quem ex venerabili fratre nostro
Episcopo Salubriensi aut dilectis filiis Eymerico de Garapo,
Johanne Operatoris fratrum Predicatorum professore, Johanne
Euysche, Johanne Hulshont, Johanne de Yernaclere in theolo-
gia magistris, Bodulpho de Beringhen, Johanne de Bocthen doc*
toribus, Alexandro de Beringhen licenciato in decretîs et Petro-
pauli de Turnont parochialis ecclesie sancte Gatherine dicti opidi
Macliniensis Bectore vel aliis a nobis seu ab eis vel aliquibus
pro residencia facienda in dicto opido simnl congregatis snb
sigillo communi pro tempore deputandis, quilibet ex Ghristifi-
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À l'histoire des indulgences 455
delibns supradictis qui hoc presenti anni a prima die meDsia
octobris usqae ad festam Nativitatis Domini nostri Jhesn Christi
tnnc proxime fntnram inclusive ac aliis decem annis tune proxime
fntnris a die veneris sancta cniadlibet anni et similiter per alios
quadraginta dies extunc secuturos ad prefatnm opidnm Machli-
niense ex peregrinationis, devotionis, sen alia quavis causa, de-*
clinayeriut vel se reppererint in eodem, duxerint eligendum>
eisdem et eorum cuilibet vere penitentibns et confessis pro com-
missis cri minibus, peccatis, delictis et excessibus, etiam in ca-
sibns nobis et apostolice Sedi etiam specialiter reservatis, nec*
non a qnibnscunque excommnnicationis, suspensionis et interdicti
aliisque sentenciis, censuris et pénis ecclesiasticis, etiam a inre
vel ab homine in eos et eoram qnemlibet qaalitercnnqne forsan
latis et inflictis debitam absolucionem impendere votaque père-
grinacionis et [cccvj^] abstinencie que commode servare non po-
terint commntare et eis post iniunctam per eumdem confessorem
penitenciam salutarem, super quo dictis confessoribus et eornni
cuilibet auctoritate apostolica predicta et ex certa scientia te-
nore presencium facultatem plenariam elargimnr, concedere va-
lent, quodque ipsi et eorum quilibet sic vere pénitentes et con-
fessi qui Collegiatam sancti Buwoldi et parochiales béate Marie
ultra dyliam ac eiusdem béate Marie de Haustroca nec non
sancti Spiritus de Necherspoecle et sanctorum Pétri et Panli^
sanctorum Johannis Baptiste et Evangeliste, necnon sancte Ca-
therine prefati opidi Machliniensis ecclesias, videlicet si incole
ipsius opidi per octo, si vero alii forenses per quatuor si pau-
peres iuxta confessorum predictorum moderacionem per certes
dies continuos vel interpoUatos semel saltim in die dévote visi-
taverint, et in prefatos presertim adversns dictes Turchos ac
perficiendorum inibi ceptorum edificiorum et strnctnrarum pre-
dictorum nsus pias elemosinas, oblationes, largitiones aut dona,.
prout eorum conscienciis videbitnr, erogaverint, plenissimam
omnium peccatorum suorum remissionem et indnigenciam ha-
béant et consequantnr. Yolnmus autem et eadem auctoritate
decernimus ac eciam ordinamus quod illi qui ad prefatum opi-
dum peregrinare non poterunt ntpote infirmi, decrepiti, divinis
aut humanis serviciis mancipati, seu personalis vel realis dis-
criminis impedimento detenti, si dicto termine durante suas vo*
luntarias oblaciones ad prefatas ecclesias miserint, a deputandis
ad hoc per confessores prenominatos, ut prescribitur, post lapsum
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456 DOCUMENTS POUR SBRVIB
<licti temporis remiasionem et indalgenciam ac absolntioneni pre*
dictas proinde conseqaî possint atqne valeant ac si modo pré-
misse ecclesias dicti opidi personaliter visitarent, proFiso qnod
talis confesser depiitandiis expensas et labores corporales, quos
ipsi peregrinando ad prefatum opidam et stando ibidem et cc"
lesias modo prémisse visitando, inxta personarum illarum qna-
litatem in similes eiemosinas et oblaciones similiter ad capsas
prefatarnm ecclesiarnm destinandas ac alia pietatis opéra te-
neantnr commutare qnibns et eornm cnilibet in casibas pre-
missis plenam et omnimodam etiam concedimus facultatem. Vo-
iumns insaper et etiam ordinamns pro tnciori eornmdem fideliam
«inceritate quod ipsi fidèles coDtriti et confessi de qnibnscnnque
criminibns, pecoatis, delictis et excessibns ac a sententiis et cen-
«nris prefatis presencinm vigore absolnti, ad qnevis ecclesias-
tica sacramenta eis conveniencia etiam ad extremam nnctionem
in vita, et post eornm obitum ad ecclesiasticam sepnltnram per
locornm curatos sen vicegerentes eorundem libère admitti ac
illa eis ministrari et exhiberi debeant ordinariornm locornm
49en officiariornm eornndem ant aliornm qnorancnnqiie licencia
minime reqnisita, previa tamen in premissis omnibns satisfac-
lione congrna, si per eos cuiquam alteri de inre prestanda foerit
vel de ea prestanda snffîcienti et ydonea cantione data. Pre-
terea volamus et presencinm série etiam decemimus quod sin-
goli dioeesani et ordinarii locornm, necnon parochialinm eccle-
«iarum rectores et quornnlibet mendicantium Ordinnm fratres
nbilibet constitnti presencium literaram publicacionem, insinna-
cionem et notificacionem in sermonibns et aliis divinis ofBciis,
qne in ipsorum ecclesiis fieri contigerit, libère et absqne ali-
caius rei exactione facere teneantnr, et qnoeiens super hiis re-
<|nisiti faerint fieri permittant sab excommunicationis pena, qnam,
ai secns fecerint, ipsos et eornm qaemlibet incurrere yolumns ipso
facto. Quodqne presencinm transnmptis per dnos Notariés pn-
blicos et anctenticos snbscriptis ac Decani et Gapitnli predicte
ecclesie sancti Bimoldi qno ntnntur ad causas sigillo ant alte-
rins auctentici commnnitis nbicnaqne exhibita faerint vel ostensa,
stetur illisqne plena fides adhibeatnr in omnibns et per omnia,
pront ipsis presentibns originalibns literis staretnr, si forent pre-
^ntate vel ostense. Insnper volnmns et eciam ordinamns qnod
in qnalibet dictarum septem ecclesiarnm nna capsa pro recon-
dendis elemosinis, oblacionibus, largicionibus et donis, qne eciam
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À l'histoire des indulgences 467
«ob quavis rernni specie in ipsis eeclesiis et earum qualibet,
tempore indnigenciarum haiusmodi durante, Deo inspirante of-
ferri contigerit, deputetnr, in qna très claves existant, quarum
unam dilecti filii magister Petrus Clerici Archidiaeonns Bra-
bancie, Béferendarins, subdiaeonas et Thesaurarius noster, ntrins-
-que iuris doctor, aliam vero Jobannes de Poupeto Decanns Bi-
suntinus, Antonîus Hancion Archidiaeonns Canieracensis, et reli-
quam Obertns Trabnlier prefate ecclesie saneti Kinioldi operarius
aut alii per nos forsan imposterum depntandi teneant fideliter
^t conservent; Qaodque etiam de omnibus et singulis elemosinis,
-oblacionibns, largicionibns et donis predictis omnimode dispo-
natur et provideatur prout et quemadmodum in aliis nostris
literis de die datarum presencinm super hoc confectis ac ma-
gistro Petro, Johanni, Anthonio, Oberto necnon Decano et Capi-
talo predictis dilectis quoque filiis aliarnm parochialiam eccle-
siarum Rectoribns ac Magistris Cominunitatis Scabinis et Con-
sulibus eiusdem opidi directis et qnarum tenorem hic baberi
volnmns pro snfficienter expresso lacius continetnr; et nichilo-
minus ut eiemosine, oblaciones» largiciones et dona huiusmodi
sincère et intègre conserventur, ac de illis iuxta tenorem earnn-
dem literarum nostrarum omniraodo disponatnr, omnes et sin-
gulos cniuscunque status, gradns, ordinis vel condicionis aut
preeminencie fuerint, etiam si archiepiscopali, episcopali,regali,
ducali aut alia quacunqne ecclesiastica vel mundana dignitate
prefulgeant, qui de elemosinis, oblacionibns, largicionibus et
<loni8 huiusmodi contra tenorem earundem literarum nostrarum,
necnon magistri Pétri, Johannis, Anthonii et Oberti prefatorum
per nos, ut premittitur, ad claves capsarum predictarum conser-
vandas deputatorum, voluntatem et consensum, sub quovis pré-
texta vel quesito colore, quicquam subtraxerint, abstulerint vel
•detinuerint aut alias qnam per nos ordinatum extitit disposuerit
per se vel alinm seu alios directe vel indirecte quovis quesito
colore, seu ad hoc faciendum auxilium, consilium vel favorem
dederint, excommnnicationis sentencia innodamns ac eterne ma-
ledictioni quam misit Dominns snper Ghore, Dathan et Abiron
^nos terra vivos absorbuit snbiacere volumus ipso facto a qna
nisi subtracta, ablata vel detenta infra mensem a die subtrac-
tionis, ablacionis vel detencionis huiusmodi integraliter resti-
tuerint, preterquam in mortis articulo constitnti ab aliquo quam
Annale* do S.-L.-d^K.
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468 DOCUMENTS POUK SERVIR
a BoDiano Pontifice pro tempore existent! absolncionis benefi-
cinin neqneant obtinere. Nulli ergo <&.
Datum Borne apnd Sanctnm Petram, anno iDcarnacionis Do-
minice millesimo qnadringentesiino quinquagesimo quinto, unde*
cimo kaleûdas septembris, pontificatus nostri anno primo.
(Arch. Vat., Regest. 454, folios 205'-207').
IV. — Engagement souscrit par Jean Leonis, syndic et procu^
reur de la ville de Malines devant la Chambre apostolique-
(13 avril 1466).
Die XIII menais Âprilis MCCCCLYI, cum sanctissimus do-
minns noster Papa, per diversas suas litteras, certas indalgen-
tias nuper et snb eertis modis concesserit visitantibas septenb
ecclesias oppidi Macliniensis, Cameracensis dioeesis, eertis tem-
poribus, et auxilinm porrigentibns pro bello contra Tnreas pront
in ipsis litteris eontinetar. Hinc est qnod honorabilis Johannes
Leonis, sno proprio et privato nomino, et nt sindacns et procn-
rator dictse civitatis et universitatis Macliniensis, ad hsec habens
plénum et spéciale mandatum, manu Johannis Coie de Macli-
niensi, pnblici apostolici et imperialis constitnti notarii, snb data
die XXVI roensis Januarii proxime prœteriti, rogatns in par-
tibus et in caméra apostolica dimissus, nominibus praedictis,
promisit reverendo patri domino Petro Daltello, domini nostri
Papse thesaurario prœsenti ac pro sanctissimo domino nostro
Papa et apostolica caméra stipulanti et recipienti quod omnes
singnlse pecnnisB et omnia et singnla boua qnse pro isto primo
anno, inchoando die publicationis dictarnm indulgentiarum, sicnt
sequitur, finiendo de vigore ipsarnm indulgentiarum, data, ob-
lata, donata aut qnovis alio modo concessa fueriut, dabuntur,
tradentur, et intègre consignabuntnr sanctissimo domini nostro
Papse, vel illi seu illis oui vel qnibus sua Sanctitas ordinabit,
absqne dilatione aliqua et contradictione. Pro quibus attendens
contra, ipse Johannes Leonis suo proprio nomine et particnlari
et sindacorum nomine commnnitatis Macliniensis praedictse no-
minibus et ad partes ipsis Johannis dictis nominibus rogatis,
honorabilis vir Lucas Keualdi merciarins in romana curia qui
se etiam in praedictis principalem constituit, se ipsos eorum que^
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À l'histoire des indulgences 459
civiom prsedictornm bona omnia roobilîa et immobilia ubi-
libet constitata, etiam omnium particnlarium personarnm opidi
predicti Macliniensis Sancti Pétri camerœ seelasim et in soli-
dam obligarnnt, sabmisernnt et jnravernnt in forma. Et
dominas thesaararias prœdictas tulit sammas prsedictas in forma;
Somse, in palatio apostolico in domibus habitas dieti domini the-
sanrarii, prîesentibns reverendo pâtre domini Petro Clerici sub-
diacono apostolico, venerabilibns viris dominis Jacobo de Mu-
ciarellis apostulicœ camerse clerico, Johanne Gesida domini nos-
tri Papse secretario et Yaltero Paaii, coram prœdictis testibas
et me G. de Vulteriis, dictœ apostolicœ camerse notario.
Item, ibidem, incontinente, Lacas Benaldi prœfatas ad reqai-
sitionem et preces dicti Johannis Leonis sindaci promisit prœ-
fato domino thesaarario, nt saper stipalatnr, qaod omnes pe-
cunisB et bona qnse de prsedictis indnlgentiis, obligationibas et
donatis provenirent ex isto primo anno ad manas honorabilis viri
Nicolai de Dryl de Brasselle mercatoris et per prsefatam domi-
nnm nostrnm Papam depositarii saper hoc specialiter depatati,
absque mora, inimitterentur tnte ad ipsam dominnm nostram
Papam, ad cariam per manns ipsias Lac», et qaod quam pri-
mnm ipse Lacas habebit certitadinem de pecuniis et bonis per
ipsnm Nicolaam in partibus perceptis, incontinente absqne alia
dilatione et contemptione, ipse Lacas jaxta valorem pecaniarnm
per ipsnm Nicolaam habitaram, intègre hic persolvet ipsi sanc-
tissimo domino Papse et camerœ apostolicœ nt supra, sub pœnis
Camer» etc obligavit et jaravit, ut supra, prœsentibus su-
pradictis.
Et dominas Johannes Leonis tam suo quam sindaco et pro-
curatorio nominibus prsedictis, promisit de praedictis in so-
lidum obligando et jnrando ubi sapra etc.
Archives d'Etat. Diversa. Boll. 1465-14B8, folio 7.
V. — Bulle déclarant que les indulgences de Malines ne s'ap-
pliquent pas à ceux qui pourraient partir à la croisade ou
se faire remplacer (lé juillet 1456).
Calistus etc. Âd futnram rei memoriam. Decet Bomani Pon-
tificis providentiam singala qae pietatis respecta in devotionis
filios dispensât gratiarum dona sub ea moderatione dirigere, ne
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460 DOCUMENTS POUB SERVIR
quod privatnm in fidelium salntem conceditnr in pnblice neces-
sitatis christiane religionis vergat detrimentam. Sane dudnm
felicis recordationis Nicolaus papa Y predecessor noBter debitos
prospectus dirigens ad reprimendam iramanem persecittionem
qiia sevissimus ille Machometus Turcborum princeps in chris-
tianiim debachatur sangoinem ac Christifideles ad repressionem
hninsmodi spiritualibns invitans stipendiis singnlîs qui perso-
naliter proficiscerentur vel qui alios mitterent adversus ipsuni
Machometum in exercitu contra ipsum parando, et reliquis qui
in expeditione exercitns huiusmodi pia subsidia erogarent certas
indnlgentiarnm et remissionum gratias concessit, nostra post-
modum super hoc approbatione et innovatione cum propension
accelerationis expeditionis exercitns hniusmodi excitatione sub-
secuta. Et deinde Nos etc. Christi fîdelibus qui usque ad certum
tempus certis diebus etiam tune expressis confessi et contriti
quasdam ecclesias oppidi Machliniensis Cameracensis diocesis
visîtarent et ad usus pios etiam tune expressos pia erogarent
subsidia etiam largas indulgentiarum et remissionum gratias
decrevimus eoneedendas, prout in dicti predecessoris et nostris
inde confectis literis plenius continetur. Nos itaque, quorum
omnis solicitudinis cura et intemi cogitatns circa expeditionem
exercitns profecturorum adversus dictum Machometum versantur
assidue, ne gratie, remissiones et indulgentie ad dictum oppi-
dum pro iliis consequendis confluentibus concesse quemqnam
retrahant ne pereonalîter in dicto proficîseatur exercitu vel alium
ad illum mittat vel expeditioni predicte subsidium prestet aut
alias in dispendinm expeditionis exercitns huiusmodi preten-
dantur providere volentes, auctoritate apostolica presentium série
decernimus et etiam declaramus gratias, remissiones et indul-
gentias per nos ad dictum oppidum confluentibus et prefatas
ecclesias visitantibus concessas ad illos non extendi qui com-
mode et ex suppetentibus eis ad hoc facultatibus se capaces
efficere possint indulgentiarum per litteras predecessoris nostri
et nostram approbationem predictasconcessarum; quinjmo literas
et concessionem indulgentiarum posteriores huiusmodi ipsis qui
priorum gratiarum et indnlgentiarnm predictarum se capaces,
ut prefertur, commode constituere possunt, illis alias in suo pleno
robore duraturis, nolumus aliquatenus suflFragari. Mandantes pré-
sentes literas per eos qui indulgentias posteriores huiusmodi pu-
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À L',HISTOIRE DBS INDULGENCES 46i
blicabnat in singulis locis publicationum hniasmodi sub pena
excommnnicatioais late sententie etiam solemniter publioari.
Nulli ergo etc.
Datiim Kome apud Sanctam Petrmn anuo etc. M^cccc'^Lvj''
pridie idns inlii, pontificatns nostri anno secundo.
(Arch. Vat , Reg. 450, folios 220v-22l).
YI. — Prorogation des indulgences accordées à la ville de Ma--
Unes (14 Juillet 1456).
Calistus &e. Âd futuram rei memoriam. Romanus Fontifex,
qui super omnia Begna divina obtinet institntione primatnm,
nonnulla quoque concedit que postmodnm rationabilibus sua-
dentibus causis transmutât et prorogat, pront personarnm et
loeorum, rerumque et tempornm qualitate pensata, conspicit in
Domino sainbriter expedire. Dudum siquidem pia consideratione
ducti omnibus Christifidelibus vere penitentibus et confessis cer-
tas ecelesias opidi Machliniensis Cameracensi diocesis certis tune
mensibns, diebus et annis tum expressis visitantibns et ad usus
similiter expressos pias elemosinas, oblationes, largitiones seu
dona erogantibus ac etiam illis qui in causis tune expressis
prefatas ecelesias visitare non valentibus elemosinas huiusmodi
in usus eosdem commutandas ad ecelesias predictas destinarent,
quidam Confessores sui, quos ex tune deputatis [?] per nos seu
deputandis [?] eligerent, ipsos a commissis per eos criminibns,
delictis, peccatis et excessibus nec non a quibusvis excommu-
nicationis, suspensionis et interdicti sententiis absolutionis be-
neficium nec non plenissimam omnium peccatorum suorum re-
missionem impendere et concedere possent, sub certis modis et
formis concessimus et indulsimns, pront in nostris prioribus sub
datum sexto idus aprilis Pontificatus nostri anno primo inde
eonfectis literis plenius continetur. Cum antem indnlgentie hu-
iusmodi saltem pro anno presenti in festo Omnium Sanctorum
inclusive proxime futuro expirate censeantur; et siout accepi-
mus quam plurime dévote utriusqne sexns persone, diversis in-
firmitatibus et aliis variis occupationibus détente pro indnlgen-
tiis huiusmodi consequendis ad dictnm oppidum, termine hu-
iusmodi durante, verisimiliter aceedere non poterunt pront cum
magna devotione ad aliud personaliter aceedere cupiebant, Nos,
qui lucrifactionem animarum Christifidelium cum maxima cordis
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462 DOCUMENTS POUB SERVIE
affectione, necDon qnod colligende elemosine et pia snbsidia
per fidèles ipsos oceasione indnlgentiarum huinsmodi eroganda,
et qne temporibus modérais pro defensione fidei catholice simi-
liter sunt neeessaria in illins sevissimi et crndelissimi tyranni
Maebometi Crueis Domini nostri Jbesn Christi inimici et per-
secntoris extirpationem eonvertantnr snmme desideramns, rootn
proprio et ex eerta bostra scientia auctoritate apostolica indul-
gentias ae nostras prières desnper confectas literas bninsmodi
eum omnibus et singnlis clausnlis, concessionîbus et graciis in
illis contentis ae in omnibus et per omnia iuxta earumdem prio-
rnm literarnm formaro et tenorem ac si ille de verbo ad ver-
bum presentibns inserte forent, ab eodem festo Omnium San-
etorum usque ad festnm Besurrectionis dominice proxime futurnm
etiam inclusive tenore presentinm prorogamus ae extendimus
illasque plenam vim ae robur harnm série habere volumnsatqne
decernimus, prefatis etiam prioribus literis eum omnibus et sin-
gnlis in eis contentis clausulis alias in suo robore permansnris,
Mandantes prorogationem ac présentes nostras literas huinsmodi
in omnibus et singnlis provinciis, civitatibns, dominiis et locis
ubi oportunum fnerit ac alias iuxta formam ac tenorem prio-
rum literarum huinsmodi ac sub pénis et censnris in ilIis con-
tentis solemniter publicari, contradictores per censnram eccle-
siasticam et alia iuris remédia compescendo. Preterea cum per
easdem prières literas, pro tueiori Christifidelium conscienciarum
securitate, inter cetera volnerimus et ordinaverimns quoddicti
Christifideles contriti et confessi de quibuscunque criminibns,
peccatis, delictis et excessibus ac a quibusvis exoommunicatio-
nis, snspensionis et interdicti sententiis priorum literarum hu-
insmodi vigore absolu ti, ad qnevis ecclesiastica sacramenta eis
convenientia etiam ad extremam unctionem in vita et posteo-
rum obitum ad ecclesiasticam sepulturam per locornm cnratos
sen vicegerentes eorumdem libère admitti ac illa eis Ordinario-
rum locorum seu Officiariorum eorumdem aut aliorum quorum-
cunque licentia minime requisita, previa tamen in omnibus sa-
tisfactione congrua, si per eos cniquam de iure prestanda fnerit
vel de ea prestanda snfficienti et ydonea cautione data, mini-
strari et exhiber! deberent, prout in eisdem prioribus literis
continetur.
Cupientes igitur ordinationem et volnntatem nostras huins-
modi înviolabiliter observari, quodque Christifideles ipsî, post-
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À l' HISTOIRE DBS INDULGENCES 463
<liiain de criminibns, peceatis, delietis et excessibus per eos com-
missis ac a sententiis, et censuris prefatis auctoritate priorum
aut presentinm literarnni hniusmodi débite absolnti fuerint, bq-
per illis vel eornm aliqao inde molestari ant perturbari non
possint, oDinibns et singulis Ârchiepiscopis, Epiacopis ac eornm
vicariis et officiariis nec non locornm curatis et illornm Tiee-
^erentibus tenore presentinm precipimns et mandamus, qnate-
uns, postqnam eis, in qnantnm ad eos commnniter vel divisim
spectat, per literas diiecti filii Magistri Pétri Cleriei ntriusque
inris Doctoris Archidiaconi Brabaneie in ecclesia Cameracensi
Thesanrarii ac nostri et Sedis Apostolice Nnncii, per Nos ad
hoc depntati, sno sigillo munitas et per tabellionem publicnm
«ubscriptas, constiterit, dictes Christifideles ntriusqne sexns, vi-
gore priorum literarura nostrarnm aut presentinm hniusmodi,
de omnibus predictis delietis ac excessibus per eos commissis
ac a sententiis et censuris prefatis fore confesses et absolûtes,
ipsos et eornm qnemlibet sic absolûtes, previa, ut premittitur,
satisfactione congrua, si per eos de inre prestanda fuerit vel
de ea snfficienti cautione data, snper premissis vel eorum ali-
<Iuo nullatenus molestent, nec eos seu eorum aliquem per vos
Tel alium seu alios, directe vel indirecte, quovis quesito colore,
molestari faciant ut permictant quominus possit eis in vita et
in morte omnia sacramenta ecclesiastica ministrari et eos post
eornm obitum ad sepulturam ecclesiasticam hniusmodi admitti.
<înod si secns, contra tenorem priorum ac presentinm literarum
nostrarnm veniendo fecerint vel aliqnis vestrum secns fecerit,
ipsos et eorum qnemlibet harum série sententia excommnnica*
tionis innodamus, in qua ab alio qnam a Sunimo Pontifice vel
ab eodem magistro Petro, si tune superfnerit, et in mortis ar-
ticule constitnti, absolutionis beneficium neqneant obtinere.
Bursus volumus et harum série indnlgemus quod ex colli-
rgendis elemosinis et piis subsidiis per fidèles predictos occa-
sione indulgentiarum hniusmodi erogandis, tempore proroga-
tionis huinsmodi dnrante, tercia pars ad opus et utilitatem Sep-
tem Ecclesiarum dicti oppidi applicari debeat, deductis tamen
prius ex tercia parte huinsmodi expensis per ipsum oppidum
occasione indulgentiarum predictarnm factis et faciendis» prout
«t quemadmodum pro annis futnris prorogationem hniusmodi
«equentibus per alias prières nostras literas predictas eisdem
«cclesiis sen earum fabricis terciam partent hniusmodi appli-
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464 DOCUMENTS POUR SERVIR
cari conce68imii8, Non obstantibus prefatis prioribns nostri»
literis ac oinmbns que in eisdem literis non obstare volaimus,
Ant si alicni vel aliqnibua a Sede Âpostolica indnitum forsan
extiterit quod interdici, snspendi vel excommimicari non pos-
8int per literas apostolicas nisi facientes plenam et expressam
ac de verbo ad verbnra de indalto huinsmodi niencionem, ce*
terisqae contrariis quibnscunque. Nnlii ergo <& nostraram pro-
rogationis, extensionis volantatis constitntionis precepti. man*
dati, innodationis et coneessionis infringere <&. Si qnis <&.
Datnm Some apud Sanctum Petrum anno & mcccclvj pridie-
idns jnnii, pontificatns nostri anno secundo.
(Arch. Vat, Reg. 468 folios 2l9-220v).
VIL — Peines édictées contre cetix qui s'emparent de l'argent
donné pour les indulgences (7 août 1456).
Calistus etc. Diiectis filiis Magistro Petro Clerici Archidia*
cono Brabantie in Ëcclesia Cameracensi, Beferendario, Snbdia-^
eono, Thesaurario, familiari ac Nnntio nostro, atrinsqne inris-
doctori ac Deeano et Capitule sancti Rimoldi opidi Machiiniensis-
Gameracensîs diocesis, necnon einsdemque etiam parochialia
ecclesie, et aliarum parochialiuni ipsios opidi Ecclesiarum Becto-
ribus ac Magistris Communitatis Scabinis et Consnlibus opidi
eiusdem, necnon Nicolao de Duele et Oberto Trabnkier ope-
rario ecclesie sancti Rnmoldi huinsmodi Salutem <&c.
Dudum siqnidem pia consideratione ducti omnibus Ghristifide*
libus vere penitentibus et confessis certas ecclesias opidi Machli-
niensis Cameracensis diocesis certis mensibus diebus et anni»
tum expressis visitantibns et ad usns tune similiter expresso»
pias eleniosinas, oblationes, largitiones seu dona erogantibu»
ac etiam illis qui in eausis tune expressis prefatas ecclesias
yisitare non valentibus elemosinas huinsmodi in usus eosdem
convertendas ad ecclesias predictas destinarent, quod confes-
sores sui qnos eligerent ipsos a commissis per eos de (sic) cri-
minibus, delictis, peccatis et excessibus, nec non a quibusvia
excommunicationis, suspensionis et interdicti sententiis absolu-
tionis beneficium necnon plenissimam omnium peccatorum sno-
rum remissionem impendere et concedere possent, snb certia
raodis et formis coneessimus et indnlsimus, pront in nostris inde
confectis literis plenius continetur, Yolentes igitur ut elemosine.
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À l'histoire des indulgences 465
oblationes, largitiones et dona predicta in usus in qaos illa^
iuxta mentis nostre propositom, converti disposnimns fideliter
dispensentur, oportnne providere, sub interminatione divini iu-
dicii ac eterno nialedictionis qaara misit Dominus super Chore,
Dathan et Âbiron, qnos terra vivos absorbait, districtins inhi-
beoins ne quis eninscanque statas, gradas, ordinis vel eondi-
tionis aut preeminentie faerint etiam si archiépiscopal], episco*
pâli, regali, docali aut alia quacunque ecclesiastica vel mnn-
dana prefulgeant dignitate, de elemosinis, oblationibus, largi*
tionibns sen donis predictis quisqnam subtrahat, anferat, de-
tineat ant sibi aliqnatenus appropriet vel nsnrpet per se vet
alinm sea alios directe vel indirecte, quo vis qnesito colore, sed
due partes omnium elemosinarum, oblatioi^ura, largitionnm et
donorum buiusmodi, que in septem ecclesiis prefatis sivç in iN
larum capsis sive trnncis vel super illarum altaribus aut alibi
tempore predicto durante et occasione indnlgentiarum buius-
modi erogari vel offerri contigerit, nobis per vos in snbsidium
reprimendarum oppressionum, de quibus in dictis literis nostris
fit mentio convertende, per prefatum Nicolaum de Duele depo*
sitarium nostrnm ad hoc série presentium specialiter per nos
deputatum, realiter assignentnr, reliquam vero terciam partem
ex illis restantem in opns fabrice singularum ecclesiarum in
quibus erogata fuerint ac in angmentum divini cultns inibi
fiende {sic) fideliter et integraliter ad ordinationem et dispen-
satiouem Magistrorum communitatis et Scabinorum predicto-
rum, secundum necessitatem singularum ecclesiarum, dispen-
sandam concedimus pari ter et assignamus per présentes, hoc
addito quod prefatus Nicolaus aut alius, vel alii per eum for-
san deputandi, omnes et singulas elemosiuas, oblationes et dona
predicta in isto primo anno et termino provenientia ac nobis
vel Gamere apostolice, ut premittitur, realiter assignanda re-
cipere possint et valeant, ita tamen quod super tercia parte
ecclesiarum predictarum expense capi et deduci possint. Si quis
antem in contrarium quicquid attemptare presumpserit non
possit a reatu buiusmodi ab aliquo nisi a Bomano Pontifice pra
tempore existente et satisfactione débita per eum de illis qui
{sic) subtraxerit, abstulerit, detinnerit, appropria verit vel usur-
paverit realiter prins facta, preterquam in mortis articulo con-
stitutus, absolntionis beneficinm obtinere. Vos igitur, quibus
elaves et custodiam capsarum et elemosinarum ac oblationnm
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466 DOCUIIENTS FOUB SEBVIB
faninsmodi gerendas oommisiiiinB atque committi cootigerit, si-
tis in commisso fidèles, necnon Decane, Beetores, Magistri, Coin-
mnnitas, Scabini et Consnles predicti, opem et operam diligen-
ter adbibeatis, nt singnle elemosine, oblationes, largitiones et
dona predicta in prefatos nsns, ad qnos eas, nt prefertnr, dis-
pensari volamns, qnantnm in vobis fnerit intègre et absqne
nlla frande convertantnr, recepturi pro [ccxxij*] inde eterne re-
iribntionis preminm ae a nobis et apostolica Sede favores be-
nevolentie et gratie spiritnales.
Datnm Rome apnd sanctam Mariam Maiorem anno de.
MCCCGLvj'* septimo idns angusti anno secundo.
(Arch. Vat., Regest. 458, folios 221»- 222").
VIII. — Autorisation accordée à Pierre Buclerc de changer les
gardes des clefs, notaires, etc. (7 a4)ût 1456).
Calistns Ac. Dilecto filio Magietro Petro Clerici Ârchidiacono
Brabantie in Ecclosia Cameracensi referendario, familiari et snb-^
diacono nostro, lurinsque inris doetori, Salntem <&c. Cnm te nos-
trum et Apostolice Sedis Thesanrarinm et Nnncinm in Bisnn-
tina, Remensi et Coloniensi Provinciis ae illaram civitatibns et
dioceBibns singnlisqne dominiis et locis dilecto filio nobiii viro
Philipo dnci Bnrgnndie snbiectis pro diversis nostris et Romane
Ecclesie promovendis negociis et inter cetera pro recipiendis ae
eolligendis Ghristi fidelium erogationibns et elemosinis, qne ex
indalgenciis et remissionibus qnas visitantibas certis diebus et
temporibus certas ecclesias opidi Machliniensis Cameracensis
diocesis piis respectibus concessimnSfproveninnt, dnxerimns cens-
titnendnm et etiam depntandam, Nos, qui eroganda per fidèles
îpsos in certis Ecclesiarnm hninsmodi capsis reponi et illarnm
•claves dilecto filio Antonio Ferrarii ecclesie Barchinonensis
Precentori ac familiari et Thesanrario nostro ad hoc depntato
«t qnibnsdam aliis notabilibus personis assignari volnimns cer-
tosqne Penitenciarios pro andiendis confessionibus ad dictnm
opidam pro consequendis indnlgentiis hninsmodi confluentinm
enm certis facnltatibus ad certos annos dnratnris per alias nos-
iras literas deputavimns, [ccxxiij'l Volontés quod colligende ele-
mosine et pia snbsidia per fidèles ipsos premissornm occasione
«roganda in debitos ad quos deputata sunt nsns convertantnr,
et ne dicte facultates per illarnm abusam protendantnr in noxam,
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À l' HISTOIRE DES INDULGENCES 467
sed earam usns snb rationis et discretionis moderaraine diriga-
tnr providere, ac de indnstria, fidelitate, prndentia et virtntibns
tnifl qnod in hiis solerter et prudenter providebis plena fidneia
dncti, tibi ut nna dnntaxat ex dictis elavibus per te eonservanda
retenta qnam malueris et qnam tibi harnm série mandamns
assignari, quascnnqne personas pro cnstodia capsaram etalia-
rnm clavinm haiusmodi deputatas et similiter Peniteneiarios
eani dictis facnltatibas per nos ant alios constitatos predictos
et qnoB etiam per te depntari eontigerit, Notarios qiioqne ad
scribendam acta et gesta pro tempore in premissis tam circa
facnltates qnam literas snper huiusmodi remissionibns et earam
oceasione concedendas receptos et recipiendos immntandi et des-
titnendi aliosque loco omnium supradictorum viros ydoneos vite,
legalitatis et fidei probate in loca mutandorum et destituendo-
rnm bninsmodi, quotiens tibi videbitnr, constituendî et depu-
tandi, destitntos etiam, ai in qnibns minus legaliter egerint,
corrigendi et puniendi et eis ne de andiendis confessionibns et
facultatibus huiusmodi se intromittant snb formidabilibns pénis
inhibendi ac que circa ea facienda decreveris per censnram
eccle^iasticam et alia iuris remédia, eciam cum invocatione
auxilii brachii secularis, exeqnendi, non obstantibus literis nos-
tris predietis super premissis concessis ac omnibus et singnlis
que in eisdem literis non obstare voluimns ac si persone ipse
quoruncnnque mendicantinm ordînum professores et quibuscun-
que ezemptionum et aliis privilegiis in contrarium munitefne-
rint, que licet de ipsorum ordinibus ac ipsorum locis-et privi-
legiis huiusmodi presentibus specifica et individuaiis mentio non
fiât, cniquam quo ad hoc suffragari nolumns, auctoritate apo-
stolica tenore presentium plenam et liberam concedimus facul-
tatem. Volumus autem et presentium série statuimus et ordinamus
qnod singuli per te deputandi Penitenciarii eisdem facultatibus
uti et gandere possint qnas deputatis per nos penitenciariis pre-
dietis duximus concedendas, et tam per nos sen alios deputati
quam per te deputandi penitenciarii nullum a periurii, symonie,
saerilegii, nsurarum et incendii seu aliis quibuscunque, in quibus
erit restitutio vel satisfactio imponenda, reatibus absolvere nec
cum aliquo super quavis irregularîtate dispensare neque etiam
quecunque per eos emissa vota in alia pietatis opéra cummu-
tare nisi de tnis consilio et assensu, nec literas suas super pre-
missis vel aliquo premissorum casibus cuiqnam concedere, nec
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468 DOCUMENTS POUR SERVIR
etiaiD quascunque ad capsas deferendas sive ex inioDcta peni-
tencia sive alias ab illis quos absolverint vel cnm qaibus dis-
pensayerÎDt pecunias recipere vel per alios recipi facere possint
aat valeant; sed ipse pecnnie in dictis capsis intègre et fidetiter
reponantar, et si seens fecerint excommunicationis sententiam.
a qna ab alio quam a Bomano Pontifie! absolvi nequeant, pre-
terquam in mortis artieulo et satisfactione previa incarrant ipso
facto; qaodqiie Penitenciarii, cnstodes clavium et Notarii depu-
tati vel deputandi predicti in manibas tuis de fideliter et lega-
liter exereendo ipsis commissa officia corporale prestare teuean-
tur iuramentum.
Datnm Borne apud sanctam Mariam Maioreni anno MCGCCLvj^
septimo idns angusti, anno secundo.
(Arch. Vat , Reg. 458, folios 223-224).
IX. — Satisfaction donnée aux plaintes de Vévêque de Thé-
rouanne relativement à la [levée des excommunications (2$
août 1457).
Calistus etc. Dilecto filio Magistro Michaeli Âmici canonico
Cameracensi, literarum apostolicarnm Âbbreviatori nostro et Âpo-
Btolice Sedis nuntio Salntem. Oravem qnerelam venerabilis fra-
tris nostri Henrici Ëpiscopi Morincnsis accepimns continentem
qnod, licet ad Cariam Episeopalem Morinenseni per dilectos filios
incolas civitatis et diocesis Morinensis tam ecclesiasticos qnam
seculares pro debitis et aliis sais iaribas conseqaendis in civi-
libas cansis ut plarimam soleat baberi recursus, ipseque Epis-
copns et predecessores sai, qui pro tempore faerant, in eosdem
incolas ex causis legitimis excommunicationis, snspensionis et
interdicti sententias, prout expediens et opportnnum fuerit, que
ab omnibus usque ad satisfactionem condignam inviolabiliter
observate fuerint, promulgare consueverint, tamen Qonnulli peni-
tenciarii in vim qaarundam literarum nostrarnm ad absolvendum
Christifideles pro consequendis certis indulgentiis ecclesie opidi
Mecliniensis Cameraceosis diocesis per nos concessis ad ipsam
ecclesiam confluentes deputati, pretendentes se fore qaoscunque
ab Ordinariis etiani ex huiusmodi causis excommunicationis et
aliis censuris ecclesiasticis irretitos absolvendi per easdem literas
facultate munitos, complures ex incolis prelibatis ab eodem Epis-
copo seu eius officialibus propter débita liquida post préfixes ae
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À l'histoikb des indulgences 469
peremptorios termiDOS non solnta aut alias contnmacias sen etiani
excessns et crimina excommunîcatos, suspensos vel interdîctos
necnon aggravatos et reaggravatos nulla précédente satîsfaetione
ab excomraunicatione et aliis sententiis hninsmodi absolvere ac
ipsis patentes eornm literas absolntiones huinsmodi continentes
tradere eorum parocbialium ecclesîaram rectoribus, lit taies pro
absointis habeant ac ad fidelium communionem admittant, etîam
sab exconimnnicationis pena, iniungere et mandare, ac plura
alia circa hoc indigna et insapportabilia facere non verentnr,
ex quo excommnnicatornm propter débita contumacias et excessns
hninsmodi ad eosdeni Penitentiarios magno conflnente concnrsn
ipsisqne excommnnicatis interdiim sirapliciter qnandoqne vero
snb nnda de snis creditoribns satisfaciendo promissione redeun-
tibns absohitis, credîtores ipsi frustrati spe debitî per ecclesias-
ticam Curiam hninsmodi censnris mediantibns consequendi, ipsa
Cnrîa penitns derelicta, ad seenlare fornm se transfernnt, in
einsdem Episcopi inrisdictionis et ecclesiastice discipline con-
temptnm necnon preindicium et iactnram, perniciosnm exera-
plnm et seandalnm plnrimornm. Quare pro parte dicti Epis-
<!opi nobis fnit hnmiliter supplicatnm nt sno snper hiis statui
et indemnitati oportune providere de benîgnitate apostolica di-
gnaremnr. Nos igitnr qni indnlgencias et remissiones necnon fa-
cnltates hninsmodi ad cuinscnnqne noxam sed ad animarum
salntem concedimns, quiqne etiam pro similibus absolucionibns
récurrentes ad Nos, nisi satisfactione previa, absoWi minime
volnmns, indignnm et irracionabile fore censentes nt iidem pe-
nitenciarii excommnnicatis pro cansis legitimis, quos ad excom-
mnnicatores suos remittere pocius debuerint, presertim sine pre-
yia satisfactione, absolucionis beneficium impenderint et absoln-
ciones hninsmodi irritas et ineflScaces fore non immerito recen-
sentes, hninsmodi supplicationibns inclinati, discretioni tue per
apostolica scripta mandarons qnatenns, vocatis dictis peniten-
eiariis et aliis qni fnerint evocandi de premissis omnibns et
singnlis snmmarie, simpliciter et de piano, sine strepitn et fignra
indicii, sola facti veritate inspecta, anctoritate nostra te dili-
genter informes, et, si per informationem hninsmodi ita esse rep-
pereris, prefatos penitenciarios at ea que circa absolntiones hn-
insmodi prêter et nltra facnltatem eis per nos concessam in
preindicinm inrisdictionis Episcopi ac Officialinm predictornm
attemptarnnt qnantocius revocent et annnllent ipsosqne excom-
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470 DOCUMENTS POUS 8EBV1B
municatos, suspensos et interdietos ad Episcopam et officiale»
prefatos ab eiBdem censaria abaolveiidoB remittant, aactoritate
predicta, monicione previa, per censuram eocleriastieaoi, appel-
lacione remota, eompellas, non obstantibus prenjissis ac felicia
recordationis Bonifacii pape viij predecessoris nostri, presertim
qua cavetor ne qnis extra snam civitatem et diocesinj, niai in
certis exceptis caeibus et in illifl ultra nnam dietam a fine sue
diocesis ad iadicem evocetnr, sen ne indices a sede depntati
predicta extra civitatem et diocesim in quibas depntati fuerint
contra qnoscunqne procedere ant alii vél aliis vices suas corn-
mittere, sen aliquos ultra nnam dietam a fine diocesis eorum-
dem trahere présumant ac de dnabns dietis in Gonsilio generali
et personis ultra certum numernm ad iudicium non vocandis et
aliis constitntionibus apostolicis contrariis qnibuscunque; aut si
aliqnibns communiter vel divisim a dicta sit Sede indultum
quod interdici, suspendi vel excoromunicari non possint per literaa
apostolicas non facientes plenam et expressam ac de verbo ad
verbum de indnlto huinsmodi mentionem.
Datuni Bome apud sanctum Petrum anno &e millesimo qna-
dringentesimo quinquagesimo septimo, decimo kal. septembris^
Pontificatus nostri anno tercio.
(Arch. Vat., Regest. 461, folio 291).
X. — Supplique adressée à Pie II contre la levée d'excommu^
nicaiion faite en faveur des assassins du curé d'Avelin
(10 juin 1459).
Beatissime Pater. Dudnm iniquitatis alumpni Léo de Avelia»
Sigidius de Venduille, Melchior le Flamene et Martinus Oaufroy
laici Tornacensis dyocesis diabolico spiritu instigati quondam
Jacobnm Thome aîias de le Loge presbiterum, rectorem patriar-
cbalis ecclesie dici loci de Avelin prefate dyocesis, infra chorum
ipsius ecclesie neqniter et appensate interfecerunt, propter quod
inquisitione per loci Ordinarium seu eius officialem et eius eu-
riam facta, idem ordinarins seu eius offieiales prefatos sacrilegos
sententiam excommunicationis in eos promnlgatam
incurrisse illamqne ecclesiam cnm ipsius cimiterio fuisse et esse
pollutam et eessam in divinis ne dum in dicta ecclesia vernm
etiam in novem . . . aliis viciais ecclesiis infra leucam circum-
quaque a dicto loco constitutis tune expressis tant esse
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471
forwaliter sua ordinaria auctoritate declaravit quodque iicet
nnllus prêter Romannm Pontifieem prefatos sacrilegos ab exceâsir
et reata predieto absolvere potnerit, ipsi tamen qnaadam per-
yersam vigore certarnm literarum indulgencie Ecclesie Mecbli-
niensis Cameracensis dyocesid concesse absolntionem lieet nul-
liter et de facto ecclesie ant partibus lesis propter ea minime
satisfacto extorserunt seqne absolntos fore iactarunt et pabli-
carant, in dicte Ëcclesie et psrtinm huinsmodi grave dampnnm
atqne detrimentnm. Dignetnr igitnr S. Y. sententiam excommu-
nicationis et alia prenarrata pront rite gesta sunt aactoritate
apostoliea ex certa sciencia approbare et confirmare, necnon
ip»am absolntionem et qnecumque inde secnta quatenus de facto
processernnt revocare, eassare et annnllare sen cassas ac nnllas
decernere et declarare de gracia speciali in contrarinra facien-
tibns non obstantibns quibnscunque et cum clansulis oportanis.
Fiat nt petitnr qnoad forum iudiciale &c.
Datum Mantue quinto idus iunii anno primo.
(Arch. Vat., 511, folios 269'-2B0).
XI. — Autorisation accordée au gardien des frères mineurs de
Dixmude d'appliquer les indulgences aux malades, lépreux, etc.
(1 septembre 1459),
Pins etc. Dilecto filio Zegero Guardiano domns de Dixmada.
ordinis fratrum Minorum de observancia nuncupatornm Mori-
nensis diocesis Salutem etc.
Merentnr exacte vite tue studia et magni labores quos in
obsequiis Romane Ëcclesie pertulisti ut personani tuam sinceri»
affectibns proseqnentes illa tibi favorabiliter concedamus per que
Christifidelium animarnm saluti valeat provideri. Cum itaque
sicut exhibita nobis nuper pro parte tua humilie et devota pe-
ticio continebat, in civitatibus, terris, villis, opidis atque locis
dominio dilecti filii nobilis viri Pbilippi ducis Burgundie nunc
subiectis sint quam plures pauperes leprosi et infirmi ac alie
miserabiles persone quibus gracie et indulgencie per felicis re-
cordacionis Calistum papam iij predecessorem nostram Ghristi
fidelibus in opido Macbliniensi Cameracensis diocesis snb certis
modo et forma concesse, non solum perutiles forent sed etiam
necessarie erant, tamen participes fieri nequennt observata forma
in literis apostolicis desnper confectis contenta, cum eisdem mi*
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472 DOCUMENTS POUB SERVIS
^erabilibus personis non subest facaltas propter inopiam et pan-
pertatem, nec potestas propter debilitatemetimpotenciam; Unde
pie motas eis subrenire cnpiens, diversis vicibus ab apostolicis
Nnntiis ceterisque Prelatîs ac doctoribuB ne dum tempore pre-
libati Calisti, verum etiam a felicis reeordationis Nieolao papa Y
etiam predeeessore nostro pro huiusmodi indalgenciis in dicto
opido deputatis commissiones caritative postnlatas pro ipsis mi-
serabilibns personis obtinuisti eisqne bénigne in diversis pre-
dicte diocesis terris et locis , unde ex|)eriencia doetus
ipsarnm miserabilium personarum necessitatem sciens et saln-
tem affectans nobis humiliter snpplicasti ut earnndem anima-
rnm et quarumdam aliarnm publicarum peecatricam ad Deum
eonversarum saluti providere de benignitate apostolica digna-
remur. Nos igitur qnl omnium animarum salntem supremis de-
fiideriis affectamns ipsis miseris misericordiam facere cupientes^
tuis devotis ac humilibus precibus in hac parte inclinati, tibi,
postqnani huiusmodi nostre litere Ordinario loci eum omni rêve-
rencia fuerint presentate et per eundem examinate, quod per te
aut alium eonfessorem regularem ant seeularem ipsi Ordinario
prius presentatnm et per eundem ad audiendas confessiones
admissum hinc ad triennium proxime futurum, omnes et sin-
gulos pauperes, débiles, claudos, leprosos, paraliticos, reos cap-
tivos, senes et impotentes necnon devotas personas que publice
de infelici comercio corporis prius victum querentes mundi blan-
dimenta fugierunt et ad Denra seu regularem vitam converse
sunt, aut quas in hoc tempore converti continget, cum illis per-
sonis que earum curam gerunt aut in communi vita cum ipsis
Domino famulentur, in dicto tamen dominio constitutis, eorum
ac omnium debilium pauperum hostiatim mendicantium confes-
sionibus diligenter auditis per commissionem etiam si talia fo-
rent propter que merito Sedes Apostolica foret consulenda semel
duntaxat in vita debitum absolutionis beneficium impendere et
penitentiam salutarem iniungere, necnon ipsis omnibus et sin-
gulis in sinceritate fidei unitate sancte Bomane Ecclesie ac obe-
diencia et devocione nostra et Bomanorum Pontificum canonice
intrantium quod confessor ydoueus secularis vel regularis in
Tnortis articuio plenariam peccatorum remissionem mediantibus
eertis orationibus pro statu nniversalis £cclesie ipsis omnibus
et singulis imponendis, super quo tuam et aliorum eonfessorum
«onscientiam oneramus, concedere valeas seu valeat tenore pre-
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À l'hISTOIBB DBS INDULaENGBS 473
sentium de apostolica largitate indalgefnns. Nalli ergo etc. nostre
concessionis infringere etc. Siquis etc.
Datum Mantne, anno etc millesimo quadringentesimo qnin-
quagesimo nono kal. septembris, pontificatns nostri anno primo.
(Arch. Vat., Reg. 501, folios 133^-134).
XIL — Prorogation des indulgences (17 septembre 1459).
Pins etc. Ad futnram rei memoriam. Pontifex qui saper omnia
régna divina. Capientes igitur ordinationem et volantatem dicti
predecessoris inviolabiliter observari qnodque Christi fidèles ipsi,
postqnatn de crimiDibas, peccatis, delictis et excessibus per eos
commissis ac a sententiis et censuris prefatis anctoritate prio-
rnm ant presentium nostrarnm literarum huiusmodi débita {sic)
absoluti fuerint, super illis vel eornm aliquo inde molestari aat
pertnrbari non possint, omnibus et singulis Archiepiscopis, Epi-
scopis ac Vicariis et Ofiiciariis nec non locorum Curatis et illo-
rum Vicegerentibus tenore presentium precipimus et mandamus
qnatenus, postquam eis, in quantum ad eos commnniter vel di-
visim spectat, per literas venerabilis fratris nostri Francisci epi-
scopi Interamnensis et dilecti filii magistri Roberti de Cambini
decani Furnensis Morinensis diocesis, decretornm doctoris, Apo-
stolice Camere clerici, quem loco dilecti filii magistri Pétri Cle-
rîci Archidiaconi [ccxxvj^] Brabancie in ecclesia Cameracensi,
quem prioribus literis nostris una cum dicto Episcopo Interam-
nensi Nnntium et Oratorem nostrum ad bec specialiter deputa-
verimus, certis de causis impediti huiusmodi commissiones exe-
qui non valentes, deputavimus et snbstitnimus, Oratorum nostro-
rum Thesaurariornm ac nostrum et Sedis Apostolice Nunciorum
per nos ad hoc deputatorum suis sigillis et sub nomine amborum
vel alterius eornm munitas et per notarinm publicum subscriptas
constiterit dictos Christi fidèles utriusque sexus vigore priorum
aut presentium literarum de criminibus, peccatis, delictis et ex-
cessibus per eos commissis ac a sentenciis et censuris prefatis
fore confessos et absolutos, previa ut preniittitur satisfactione
congrua, si per eos de iure prestanda fuerit vel de ea sufficienti
cautione data super premissis vel eorum aliquo nullatenns mo-
lestent nec eos seu eorum aliquem per se vel alinm seu alios
directe vel indirecte quovis quesito colore molestari faciant aut
permittant quominus possint eis in vita et in morte oronia sa-
Aaa&lM d« 8.*L.-d.-P.
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474 DOCUMENTS POUR SBBVni 1 L*HI8T0IBB DES nmULOENCES
cramenta ecclesiastica m^nistrari et eos post eornm obitnm ad
sepnituram ecclesiasticam admitti; qnod si secns contra teno-
rem priorum predecessorum ant presentinm literarnm nostrarnm
veniendo fecerint, vel aliqnis eomm secns fecerit, ipsos et eo-
rnm qnemlibet harnm série sententia excommnnicationis inno-
damus, a qna ab alio qnam a Komano Pontifice vel ab eisdem
episcopo et Boberto vel eornm altero, si tnnc snperfnerint, et
in mortis articule constitnti absolntionis beneficinm neqneant
obtinere. Yolnmns antem qnod qnilibet ex Cbristifidelibns ntrin-
sqne sexns pro eonseqnendis indnlgentiis et remissionibns hn-
insroodi ad opns contra sevissimnm prefatnm Tnrchnm Christi
nominis inimicum immanissimnm hninsmodi solvere et contri-
bnere habeat de bonis sais tantum quantnm pro nna septimana
commnniter expendere consuevit inxta ordinationes sui confes-
sons, alioqnin présentes induigencie et remissiones nnllatenns
sibi snffragentnr. Bursus yolnmns et harnm série indnlgemns
qnod ex colligcndis elemosinis et piis snbsidiis per fidèles pre-
dictos occasione indnigentiarnm hninsmodi erogandis, tempore
prorogationis hniusmodi dnrante, tercia pars ad opns et ntili-
latem Septem Ecclesiarnm predicti opidi aplicari debeat dednctis
tamen prins ex tercia parte hninsmodi expensis pcr ipsnm opi-
dnm occasione indnlgenciarum factis et faciendis, pront et qnem-
admodnm pro annis faturis prorogationem hninsmodi seqnenti-
bns per alias dicti predecessoris literas predictas eisdem ecclesiis
sen earum fabricis terciam partem hninsmodi applicari conces*
snm extitit, Non obstantibns omnibns que idem predecessor in
eisdem literis non obstare volnit, Ant si alicni vel aliqnibns a
Sede Apostolica forsan iudnltnm existât qnod interdici, snspendi
vel excomronnicari non possint per literas apostolicas non fa-
cientes plenam et expressam ac de verbo ad verbnm de indnlto
hniusmodi mencionem [cgxxvij| ceterisqne. Nnlli ergo.
Datnm Mantne anno etc. mcccclviiij qnintodecimo kalendas
octobris, pontificatns nostri anno secundo.
(Arch. Vat., Regest. 472 folios 223-227).
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BIBLIOGRAPHIE
Bibliothèque des Ecoles Françaises d'Athènes et de Borne,
3* série, n" 2"*. — Benoît XII (1334-1342). Lettres communes
analysées d'après les registres dits d'Avignon et du Vatican par
J. M. Vidal, ancien chapelain de Saint-Louis-des-Prançais, fas-
cicule 2 et 3, Paris, Pointemoing, 1903 et 1904; prix 21 et
17 fr. 40.
Monsieur l'abbé Vidal poursuit rapidement la publication
du bullaire de Benoît XII. 5127 documents sont analysés dans
les deux fascicules dont nous annonçons l'impression. Dans ce
nombre les grâces bénéficiales figurent toujours pour une large
part. Il y a, cependant, progrès dans la voie de la réforme:
si la première année le nombre de ces grâces bénéficiales s'élève
à 1493, la 2* on n'en compte plus que 664, la 3*— 670, la
4*n.6 441 Q^ i^ 5fcœe g^j Toutcfois il ne faut pas se faire illusion:
si Benoît XII conféra peu de bénéfices, les chroniqueurs nous
apprennent qu'il les retint pour lui sous prétexte qu'il ne trouvait
pas de candidats assez dignes de ses faveurs (1). D'autre part,
le pape maintint son droit de réserve. IjC 6 mai 1336 (n* 3973)
il se réservait la collation de tous les bénéfices majeurs sis dans
les terres soumises à l'Eglise Romaine. Par une bulle du 22 sep-
tembre il retenait pour lui tous les bénéfices mineurs vaquant
(1) Balnze, Vitae.,., t. I, p. 210, 226 et 240; cfr. Qalvaneus délia
Fiamma, Muratori, Berum italicarum Scriptores, XII, col. 1009.
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476 BIBLIOGRAPHIE
OU devant vaquer à la suite de l'obtention d'autres bénéfices
conférés par l'autorité apostolique, quand bien même ces premiers
bénéfices viendraient à vaquer par simple résignation ou par
permutation avant l'obtention des seconds (n° 3984). Le 23 oc-
tobre suivant, il revenait sur son décret pour déclarer que per-
sonne ne pourrait disposer des bénéfices compris dans la réserve
portée par la bulle précédente (n* 3988). Enfin il déclarait
(n*" 3985) que toutes les réserves promulguées par Jean XXII
n'étaient pas annulées par suite de la mort de ce pontife, mais
qu'elles demeuraient en pleine vigueur. En conséquence, il cassait
toutes les élections, provisions, collations et permutations ad-
venues après ces réserves. Il y a donc lieu de croire que les
registres de Benoît XII sont incomplets ou que des cahiers de
ces registres ont été égarés. Cette hypothèse est assez vraisem-
blable, car en parcourant la liste des bulles retrouvées par
M. Déprez dans divers dépôts d'Archives italiennes on constate
qu'un bon nombre ne se retrouve pas dans les registres que
nous possédons (1).
La catégorie de bulles mises sous le titre de Litterae de
diversis forints oSre un intérêt très réel. A l'aide des renseigne-
ments qu'elles renferment on peut reconstituer un tableau assez
fidèle des mœurs de l'époque. Quelques exemples typiques le
montreront.
Les routes qui menaient en Avignon étaient pen sûres. Sachant
que les voyageurs qui s'y aventuraient n'y cheminaient que
l'escarcelle bien garnie, les voleurs s'embusquaient derrière les
haies, fondaient à l'improviste sur eux, les détroussaient soigneu-
sement. Bien heureux était le volé qui sortait sans blessures de
ces gue^apens (n*»' 6246, 6295, 7176...).
(1) Recueil de documents pontificaux conservés dans diverses Ar-
chives d'Italie, Quellen und Forscfmngen ans italienischen Archiven imd
iJibliotheken, 111 (1900), pp. 103-128, 255-307.
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BIBLIOQRAPHIK ' 477
Quelquefois même le voleur était un abbé qui, à la tête de
une petite troupe, marchait à l'assaut d'un village, mettait le
feu aux maisons, puis retournait dans son monastère, chargé d'un
lonrd butin et traînant à sa suite une longue file de prisonniers
dont il escomptait tirer une bonne rançon (n*" 5117).
Dans ces siècles de fer la vie de l'homme compte peu. Tel
s'était réfugié dans une église, assuré d'y trouver un asile in-
violable. Son ennemi qui le poursuit avec acharnement y pénètre.
Dans sa détresse^ le malheureux monte sur l'autel majeur et
embrasse désespérément la croix qui le surmontait. Les sicaires,
ameutés contre lui, lui assènent un conp de lance qui lui fait
lâcher prise, le jettent à terre, le traînent dans l'église la corde
au cou et le pendent (n*" 4999).
L'évêque du Mans complotait depuis longtemps d'enlever an
chapitre de sa cathédrale la juridiction que celui-ci s'arrogeait
sur les chanoines et leurs serviteurs. Sur ses instigations la com-
mune envahit le cloître canonial, brise les portes de la demeure
d'un chanoine, s'empare de sa personne, pille tout son avoir et
blesse ses serviteurs qui ont le courage d'opposer de la résis-
tance. Puis, étant parvenue à mettre la main sur l'écuyer du
chapitre et sur quelques varlets, cette foule insensée les soumet
à une torture si atroce que l'un d'eux en rend l'âme (n"* 3807,
3826, 3904).
Mais si les gens du XIV siècle sont grands pécheurs devant
le Seigneur, leurs grossières natures connaissent le repentir sin-
cère. Que de chapelles, d'autels, d'hôpitaux s'érigent. Quels longs
pèlerinages ne s'impose-t-on pas pour expier les fautes d'une
vie aventureuse. Il suffit pour s'en convaincre de parcourir les
induits, dispenses et privilèges que Benoît XII est sollicité d'ac-
corder.
Ainsi donc l'un des mérites, - et non pas des moindres, - de
la publication des lettres communes de Benoît XII, sera de -
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478 BIBLIOGRAPHIE
permettre de retracer partiellement les mœurs rudes de nos an-
cêtres. On chercherait en vain une aussi grande variété de détails
piquants sur leurs faits et gestes dans les lettres de curie ou
les secrètes.
Abbé F. UzuREAU. Les Serments pendant la Bévolution, Le-
coffre, Paris 1904, in-12^ 368 pages; 3 fr. 50.
Le titre du livre publié par M. Uzureau indique suffisamment
ce qu'il renferme. Nous y trouvons étudiés successivement le
serment de la Constitution civile du clergé (26 novembre 1790),
le serment de liberté et d'égalité (14 août 1792), la promesse de
soumission aux lois de la Bépublique (30 mai 1795), le serment
de haine à la Eoyauté et à l'Anarchie (5 septembre 1797), et
la promesse de fidélité à la Constitution de l'an VIII (28 dé-
cembre 1799). Si elles n'avaient pas de doute à l'égard du
premier serment, les consciences chrétiennes étaient dans une
cruelle alternative à l'égard des autres. Le diocèse d'Angers eut
le rare avantage d'avoir à sa tête un vicaire général qui, doué
d'un esprit clairvoyant, d'une doctrine sûre et d'une grande pru-
dence, sut y remplir le rôle pacificateur dont M. Emery s'acquitta
si bien à Paris. M. Meilloc, qu'une courte notice nous fait con-
naître, composa à l'occasion des serments imposés au clergé
plusieurs petits traités dans lesquels il lui donna de sages règles
de conduite. Ce sont ces traités, jusqu'ici inédits, que publie
M. Uzureau. Il est intéressant de les parcourir pour se rendre
compte de la résistance que M. Meilloc éprouva à faire accepter
aux prêtres du diocèse d'Angers le parti de la soumission aux
lois de l'Etat. Il ne fallut pas moins de sept traités, fort remar-
quables d'ailleurs par la netteté des décisions, pour convaincre
certains récalcitrants qu'il était permis de prêter le sonnent de
Liberté et d'Egalité,
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BIBLIOGRAPHIE , 479
Le livre de M. Uznreau est une bonne contribution à Thi»-
toire de l'Eglise de France pendant la période qui précède le
Concordat, et explique comment, grâce aux enseignements d'un
humble sulpicien, le schisme de la petite Eglise rallia si peu
de partisans dans le diocèse d'Angers.
G. MOLLAT.
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CHRONIQUE DE SAINT-LOUIS
Au début de Tannée scolaire 1903-1904 M. Grange, du dio-
cèse de Nîmes, et M. Corbin, du diocèse de Séez, ont été nommés
chapelains en remplacement de M. Frobert, vicaire à la cathé-
drale de Moulins, et de M. Dumaz qui a ouvert, 20 via Sistina,
un cours pour les jeunes français résidant à Eome.
Deux des prêtres pensionnaires qui Tan dernier faisaient
partie de notre communauté nous ont quittés. M. Lamy est vi-
caire à Saint-Jacques de Reims et M. Raymond, vicaire à Vil-
lefranche (dioc. de Rodez).
Au mois de novembre nous avions T honneur de compter
parmi nos hôtes Mgr. Callegari, évêque de Padoue, qui venait
recevoir de Sa Sainteté, Pie X, la barrette et le chapeau car-
dinalices. Les visites de caîori ainsi que de splendides réceptions
eurent lieu dans les trois grands salons du premier étage, dé-
corés pour la circonstance avec un goût parfait.
La station de l'Avent a été confiée à MM. Grange et Corbin.
Le Carême a été prêché par M. le chanoine Cézérac, vicaire
général d'Auch. Par sa parole à la fois simple et convainquante
et par sa science théologique il a su s'attirer la sympathie de
ses auditeurs qui plus nombreux que de coutume vinrent l'écouter.
Avec le zèle qui le caractérise M. Chamiot-Prieur a tenu à se
charger du soin de prêcher le mois de Marie.
Dans le courant du mois de juin M. Grange a été reçu Docteur
en droit canon; M. Corbin, Docteur en théologie; M. Durantel
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482 CHRONIQUE DE SAINT-LOUIS
Docteur en théologie et en philosophie. Ont obtenu le diplôme
de licencié en philosophie M. Cartier, du diocèse de Chambéry,
et M. Lejards, du diocèse de Chartres. Le diplôme de licencié
en théologie a été décerné à MM. Lejards, Cartier, Lefèvre, du
diocèse d'Amiens, BoUon, du diocèse de Chambéry; celui de
licencié en droit canon à M. Bech, du diocèse de Bodez, et à
M. Coiffier, du diocèse de Clermont.
Mgr d'Armailhacq a publié sous le pseudonyme de Bom Air
berto un ouvrage de direction spirituelle à l'usage. des congré-
gations religieuses, intitulé: De la conformité de notre volonté
à celle de Dieu. (Bome, 1903, Cuggiani; in-12°, 276 pages).
M. Yidal a fait paraître chez Fointemoing dans la collection
de l'Ecole Française les fascicules 2 et 3 des Lettres communes
de Benoît XII (1334-1342) et M. Mollat le T' fascicule des
Lettres communes de Jean XXII (1316-1334).
M. Albe, qui travaille pour le diocèse de Cahors, a donné
à la Semaine Beligieuse de son pays divers articles intéressants:
n" de janv. et avril 1903 = Poignée de testaments a) évêques
originaires du Quercy: Pierre de Jean évêque de Carcassone,
Armand de Narcès archev. d'Aix, Barthélémy Gras évêque de
Fréjus. - b) Guillaume de Veyrac notaire apostolique — n** de
nov. 1903 = Fulco Simonis, évêque de Cahors — n"" de jan-
vier 1904 zz Indulgences accordées à diverses églises du dio-
cèse au XIV siècle. - Visites pastorales au bon vieux temps
(XIIP siècle). De plus il corrige en ce moment les épreuves
d'une importante brochure sur le procès du trop célèbre Hugues
Géraud, l'évêque supplicié de Cahors (éditeur Privas à Toulouse).
M. Dubrulle, sous-archiviste du diocèse de Cambrai, a fait
paraître dans la «Bévue des Sciences ecclésiastiques de Lille »,
(déc. 1903 et janv. 1904) des notes sur Saint-Louis-des- Français
et un travail intitulé: Saint Fiat fut-il évêque? Vm plus d'une
collaboration au Bépertoire ^nétJwdiqu^e de l'histoire moderne et
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CHBONIQUB DE SAINT-LOUIS 483
c ntemporaine de la France (année 1901), il a publié dans la
Bévue des Bibliothèques et Archives de Belgique (1904) un In-
ventaire des archives de Saint André du Cateau.
M. Clergeac, du diocèse d'Auch, s'est signalé par deux ar-
ticles parus dans la «Eevue de Gascogne» (févr.-avr.-juin 1904)
sur les HôpitatAX de Ginumt et sur Clément VI et la Guerre
de cent ans en Gascogne.
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TABLE DES MATIERES
PA0B8.
De Luxembourg à Rome, aller et retour. Itinéraire inédit de
deux Frères Mineurs Capucins, 1739-1740. (Suite). M. Tabbé
Albert Lamy 5
Les comptes du diocèse de Bordeaux de 1316 à 1453 d'après les
Archives de la Chambre Apostolique. (Suite), M. l'abbé
J. Fraikin 47
Jean XXII et le parler de Flsle de France. M. l'abbé G. Mollat. 89
Une région protestante de la France. M. l'abbé H. Grange. . 93, 217
Prélats originaires du Quercy dans l'Italie du XIV* siècle.
M. l'abbé Ed. Albe 137, 279
Le pape Paul III et Jeanne d'Albret. M. l'abbé D' Bichard. . 197
Le Tribunal d'inquisition de Pamiers. Notice sur le registre de
PévÔque Jacques Foumier. M. l'abbé J.-M. Vidal .... 877
Une lettre de Fouquet. M. l'abbé A. Clergeac 487
Documents pour servir à Phistoire des indulgences accordées
à la ville de Malines au milieu du XV* siècle 489
Chronique de Saint-Louis 481
Bibliographie. MM. les abbés E. A. et G. Mollat .... 867, 475
Bulletin bibliographique 213, 878
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!
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