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ANNALES
SCIENCE AGRONOMIQUE
FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE
Comité de rédaction des Annales.
Rédacteur en chef : ;
L, GRANDEAU, directeur de la Station agronomique de l'Est.
Secrétaire de la Rédaction :
E. HENRY, professeur à l'École nationale des eaux et forêts.
U. Gayonu, directeur de la Station agro-
nomique de Bordeaux.
Th. Schlæsing, membre de l'Institut.
Th. Schlæsiag fils, membre de l’Ins-
titut, directeur de l'École des manu-
factures de l’État.
L. Mangin, membre de l’Institut, pro-
fesseur au Muséum d'histoire natu-
relle.
A. Müntz, membre de l’Institut.
E. Reuss, inspecteur des forèts à Fon-
tainebleau.
C. Flammarion, directeur de la Station
de climatologie agricole de Juvisy.
Correspondants des Annales pour les colonies
et l'étranger.
COLONIES FRANÇAISES.
H. Lecomte, docteur ès sciences, pro-
fesseur au lycée Saint-Louis.
ALLEMAGNE.
L. Ebermayer, professeur à l'Univer-
sité de Munich.
J. Kôünig, directeur de la Station agro-
nomique de Münster.
Fr. Nobbe, directeur de la Station
agronomique de Tharandt.
Tollens, professeur à l'Université de
Gôüttingen.
0. Kellner, directeur de la Station de
Môckern.
ANGLETERRE.
R. Warington, à Harpenden.
Ed. Kinch, professeur de chimie agri-
cole au collège royal d'agriculture
de Cirencester.
BELGIQUE.
Grégoire, directeur de l’Institut chi-
mique et bactériologique de l'État
(Gembloux).
Graîftiau, directeur du laboratoire agri-
cole de Louvain.
CANADA.
Dr 0. Trudel, à Ottawa.
ÉCOSSE.
T. Jamieson, directeur de la Station
agronomique d'Aberdeen.
ESPAGNE ET PORTUGAL.
Joäo Motta dâ Prego, à Lisbonne.
ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE.
E. W. Hilgard, professeur à l’Univer-
sité de Berkeley (Californie).
D' W.-H. Beal, Office des stations d’ex-
périence (U.S. Department of agri-
culture à Washington).
HOLLANDE.
A. Mayer, directeur honoraire de la Sta-
tion agronomique de Wageningen.
ITALIE.
D' L. Savastano, professeur d'arbori-
culture à l’École royale supérieure
d'agriculture.
SUÈDE ET NORVÈGE.
Dr Al. Atterberg, directeur de la Sta-
tion agronomique et d'essais de se-
mences de Kalmar.
SUISSE.
E. Schultze, directeur, du laboratoire
agronomique de l'École polytech-
nique de Zurich.
RUSSIE.
M. Ototzky, Privat-docent à l’Univer-
sité impériale de Saint-Pétersbourg.
P. Kossovitch, professeur à l’Institut
impérial forestier de Saint-Péters-
bourg.
NorTa.— Tous Les ouvrages adressés franco à La Rédaction seront annoncés dans
Le premier fascicule qui paraîtra après leur arrivée. Il sera, en outre, publié,
s'il y a lieu, une analyse des ouvrages dont la spécialité rentre dans le cadre
des Annales (chimie, physique, géologie, minéralogie, physiologie végétale et
animale, agriculture, sylviculture, technologie, etc.). ;
Tout ce qui concerne la rédaction des Annales de la Science agronomique
francaise et étrangère (manuscrits, épreuves, correspondance, etc.) devra étre
adressé franco à M. L. Grandeau, rédacteur en chef, 48, rue de Lille, à Paris.
ANNALES
DE LA
SCIENCE AGRONOMIQUE
FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE
ORGANE
DES STATIONS AGRONOMIQUES ET DES LABORATOIRES AGRICOLES
PUBLIÉES
Sous les auspices du Ministère de l'Agriculture
PAR
ÉOUTS GRANDE AU
DIRECTEUR DE LA STATION AGRONOMIQUE DE L'EST
MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANCE
RÉDACTEUR EN CHEF DU « JOURNAL D'AGRICULTURE PRATIQUE »
PROFESSEUR AU CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET MÉTIERS
INSPECTEUR GÉNÉRAL DES STATIONS AGRONOMIQUES
VICE-PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ENCOURAGEMENT A L'AGRICULTURE
MEMBRE DU CONSEIL SUPÉRIEUR DE L'AGRICULTURE
3° SÉRIE — QUATRIÈME ANNÉE — 14909
Tome I
BERGER-LEVRAULT ET C'*, LIBRAIRES-ÉDITEURS
PARIS NANCY
RUE DES BEAUX-ARTS, D--7 RUE DES GLACIS, 138
1909
AUX LECTEURS DES ANNALES
Fondées en 1884 sous les auspices du ministère de l'agricullure,
les Annales de la Science agronomique française et étrangère comp-
tent aujourd’hui vingt-cinq années d'existence.
Accueillies très favorablement, dès le début, par les agronomes
de tous les pays, les Annales ont vu, d'année en année, s’accroitre
le nombre de leurs lecteurs. .
Les agronomes les plus distingués de la France el de l'étranger
sont devenus nos correspondants et nos collaboraleurs, accentuant
ainsi le caractère international de notre recueil, ce dont nous leur
eæprimons loule notre gratitude.
La Rédaction a pensé que le moment était venu de répondre au
désir, souvent exprimé par de nombreux lecteurs, de modifier La
périodicité de cette publicalion.
A daler d'aujourd'hui, les Annales, orgrne bimestriel jusqu'ici,
parattront tous les mois. E'les porteront ainsi plus rapidement à la
connaissance de leurs abonnés les travaux originaux el la « Biblio-
graphie », aussi complète que possible, de tous les documents inté-
ressant de prés ou de loin l’agronomie el les sciences qui en forment
les bases les plus solides.
Nous savons déjà que la « Bibliographie », innovation qui date de
quelques mois seulement, « reçu de nos lecteurs le meilleur accueil.
Celle annexe importante des Annales donnant des indiculions pré-
cises sur les travaux épars dans les recueils, chaque jour plus nom-
breux, consacrés en France et à l'élranger aux questions agronomi-
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 1 Î
2 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
ques, évilera au lecteur des recherches longues el purfois difficiles
sur les sources originales des mémoires qu'il désire consulter.
La Rédaction des Annales saisil avec empressement l’occasion
d'adresser des remerciements à lous ceux, correspondants, collabo-
raleurs el amis, dont le concours lui est si précieux el auxquels elle
doil une bonne part de l'accueil sympathique qu'elle « rencontré
depuis vingt-cinq ans dans le monde agronomique.
L. GRANDEAU,
Rédacteur en chef.
En. HENRY,
Secretaire.
Paris-Nancy, 1% février 1909.
FONDATION
DE L'INSTITUT INTERNATIONAL D’AGRICULTURE
A ROME |)
L'Institut international d'agriculture, à Rome, est une institution
unique. Il forme une classe à lui seul. Il n’est pas destiné à l’instruc-
tion, comme on pourrait le supposer, mais strictement aux recher-
ches, à la collection des données et à la prompte divulgation des
informations intéressantes sur tous les points du globe. Il doit surtout
s'occuper des fails économiques de production et de distribution
agricoles.
L'idée d’un institut international d'agriculture vient d’un Améri-
cain, M. David Lubin, de Californie, qui à réclamé l’aide du roi
d'Italie pour la réaliser. Le projet plut au Roi qui fit, par les ambas-
sadeurs italiens, un appel aux différentes nations du monde dans le
but de réunir à Rome une conférence qui aurait à examiner la
possibilité d'établir un tel institut international. La conférence eut
lieu au mois de mai 1905. Cent quatorze délégués représentant
quarante pays étaient présents. Après avoir délibéré un peu plus
d’une semaine sur ce sujet, l'acte final a été adopté et signé par les
délégués présents, préparant l'installation de l’Institut et esquissant
sa constitution et ses fonctions. La convention a ensuite été ratifiée
par les plénipotentiaires des pays en question. Vingt-cinq nations,
(') Traduit de l'Experiment Station Record, février 1908.
4 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
comprenant presque toutes celles qui ont une importance agricole,
ont pris part à l’entreprise et garanti son entretien.
L'Amérique allouàa 4800 dollars pour le paiement de sa quote-
part dans l’entretien de lInstitut pour l’année fiscale 1907, et
8 600 dollars pour le salaire d’un membre du comité permanent
et pour les dépenses des délégués à l'assemblée générale de l’Institut,
Le gouvernement ilalien est en train d’ériger un palais dans les
jardins de la Villa Borghèse, à Rome, pour servir de quartier général
à l’Institut. C’est un bâtiment élégant à deux étages, contenant une
salle de réunion et des bureaux divers. Il a été annoncé que la
première assemblée du comité permanent, chargé de l’Institut, aura
lieu au printemps et que l’Institut sera inauguré et commencera son
travail actif aussitôt après (°).
En attendant, la Commission royale italienne a fait des recherches
sur le caractère exact et l'étendue de l'information que les différents
pays peuvent fournir, vu leur production agricole. Ces informations
seront cataloguées et classées, et un rapport à ce sujet sera prêl
à être soumis au comité permanent quand il se réunira, Les systèmes
employés dans les différents pays pour l'établissement des stalistiques
agricoles seront aussi étudiés, pour que la valeur de ces statistiques
puisse être Jugée et qu’on donne, le cas échéant, des conseils pour
les améliorer.
Les fonctions de l’Institut sont strictement économiques et socio-
logiques. Tant que ses devoirs ne sont pas encore fixés en détail,
l'acte final prescrit, comme l’un des principaux, que l’Institut doit
collectionner, étudier et publier, le plus promptement possible, des
informations statistiques, techniques, économiques ayant de l'intérêt
pour les agronomes, en excluant «toutes questions relatives aux
intérêts économiques, à la législation et à ladministration de chaque
nation ». Plus spécialement, les données recherchées pour être
publiées se rapportent à la culture du sol, la production des récoltes,
la vente et les prix des produits agricoles sur les différents marchés,
(*) Cet Institut a été inauguré solennellement en présence du roi et de la reine
d'Italie le 24 mai 1908. Le ministre de l'extérieur, M. Tittoni, le sénateur Faina,
délégué italien de l'Institut, et M. Carvalho y Vasconcellos, ministre du Portugal, doyen
des délégués, prirent successivement la parole.
FONDATION DE L'INSTITUT INTERNATIONAL D'AGRICULTURE A ROME 9
les salaires des ouvriers ruraux, l'apparition, l'étendue et les moyens
de prophylaxie de nouvelles maladies des plantes. I fera surtout
aussi attention aux sujets de coopération agricole, d'assurance et de
crédit. Il est done destiné à servir de grand bureau de renseigne-
ments des pays intéressés, pour la dissémination des informations sur
la production agricole dans le monde entier et sur les phases écono-
miques et sociales de agriculture.
Les finances de l’Institut sont fournies coopérativement. Les dé-
penses annuelles sont d'environ 175 000 dollars. Pour cette somme,
le roi d'Italie a donné les revenus de deux domaines près de Pise,
lesquels s'élèvent annuellement à 60 000 dollars. La différence de
115 000 dollars sera fournie par les nations intéressées, sous forme
de souscriptions proportionnelles.
Cinq groupes ont été reconnus :
Le groupe [ comprend 5 voix et 16 unités de souscription ;
Le groupe If, 4 voix et 8 unités ;
Le groupe IF, 3 voix et 4 unités ;
Le groupe IV, 2 voix et 2 unités,
Et le groupe V, 1 voix et 1 unité de souscription.
Pour les deux premières années, une unité de souscription est
fixée à 300 dollars par an, et la constitution prévoit qu’elle ne peut
jamais dépasser 500 dollars. Les souscriptions vont donc de 300 à
4 800 dollars par an.
Chaque nation élit le groupe auquel elle veut se joindre dans la
direction et le soutien de l’entreprise. Les États-Unis se trouvent à
la base du groupe f. |
Le contrôle de l’organisation est entre les mains d’une assemblée
générale de délégués envoyés par les nations adhérentes et présidée
par un président élu et deux vice-présidents. Le comité permanent,
composé de membres désignés par les gouvernements respectifs, est
chargé de l’administration exécutive de l’Institut, sous la direction et
le contrôle de l’assemblée générale. Des membres du comité peuvent
servir de représentants d’une nation ou plus, mais le nombre actuel
des membres ne doit pas être de moins de quinze. Le secrétaire
général opérera pour le comité et pour l’assemblée.
De cette façon on a donc réalisé un vrai parlement des nations,
6 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
avec un cabinet permanent et un service consacré uniquement à
des intérêts agricoles. C'est un pas significatif dans la coopération
internationale et cela d'autant plus qu'il a trait à l’industrie inter-
nationale la plus considérable, à celle qui a la plus grande portée
dans ses influences sociales. Cela signifie un accord des forces
dans des occupations paisibles et produc:ives en vue d’un secours
muluel et pour un profit mutuel. Comme telle cette institution est
remarquable. C’est le signe d’un pas en avant dans la civilisation.
BIBLIOGRAPHIE
EXPERIMENT STATION RECORD
OCTOBRE 1907 (suite)
Sylviculture
Le but des forêts nationales (LU. S. Dept. Agr. Forest Serv. [1907],
p. 4>, avec 6 planches).
C’est un travail important. La surface totale des 153 forêts nationales (États-
Unis, Alaska, Porto-Rico) est de 6o millions d'hectares ! Elle dépasse de
beaucoup la surface de la France.
Conseils pour la plantation des forêts dans les États du
Nord-Est et dans les États des lacs (U. S. Dept. Agr. Forest
Serv., Cire. 100, 15 pages, avec 1 figure).
Conseils pour la plantation de forêts sur les plaines semi-
arides (U. S. Dept. Agr. Forest Serv., Cire. 99, 15 pages).
Rapport du surintendant des forêts, par R.-S. Hosuer (Apt. Bd.
Comrs. Agr. and Forestry Hawaï, 3 [1906], p. 15-66, avec 4 cartes).
Rapport sur les progrès de l’administration des forêts dans
les provinces du Bengale oriental et de l'Assam, pour
1905-1906, par W.-F.-L. Torrexxam (Apt. Forest Admin. East
Bengal and Assam | 1905-1906], 62 pages, avec 1 carte).
Notes sur les bois de l'Australie occidentale, par R.-J. Darrox
(Agr. Gas. N. S. Wales, 18 [1907], n° 2, p. 143-145, 1 figure).
Les bois du Colorado : I. Les arbres de 12 famille des pins
au Colorado, par F. Ramazey (Univ. Colo. Stadies, k [1907], n° »,
P. 106-122, avec 1 planche ct 1 figure).
8 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
L'emploi du bois de hêtre, par H. Zorxkorrer (Ann. Gembloux,
17 [1907], n° 5, p. 264-279).
Production du cèdre rouge (Juniperus Virginiana) pour bois
de crayon, par L.-L. Ware (U. S. Dept. Aqgr. Forest Serv., Cire.
102, 19 pages).
Le sapin de Douglas depuis son introduction en Europe
(1828-1906), par J. Boorx (Al{g. Forst-u. Jagdztq, 83 [1907], Jan.,
p. 5-10; Feb., p. 45-50; März, p. 87-93; Apr., p. 113-118).
Acacia Macrocarpa par rapport à sa production de tanin,
par G. BarrioN (Bul. Soc. Hort. (Tunisie), 6 [1907]; n° 25, p. 79-
80).
L'eucalyptus, par A. Rover (Bul. Soc. Hort. (Tunisie), 5 [1906],
n° 22, p. 207-216; n° 23, p. 271-277; 6 [1907|, n° 24, p. 52-56;
n° 25, p. 99-99).
Ponction du caoutchouc chez le Funtumia elastica, par H.-H.
Berz (Agr. News (Barbados), 6 [1907], n° 127, 797 pages).
Cet arbre, qui donne le caoutchouc de Lagos, a été depuis quelques années
planté en quantité considérable dans lande occidentale. Ce caoutchouc se
vend à Londres 5,63 shillings la livre (453 grammes) ; il vaut le meilleur Para.
L'évaluation du caoutchouc, par M. Carmon (Bol. Dir. Agr.
[Bahia}, 9 [1907], n° 1, p. 1-32; n° 2, p. 117-154).
La méthode d’imprégnation à l'air Lhbre pour le traitement
du bois, par C.-G. Crawrorp (U. S. Dept. Agr. Forest Serv., Cire.
101, 15 pages, avec / figures).
Maladies des plantes
Rapport de la division biologique, par F.-L. Srevens (North Ca-
rolina Sta. Rpt. [1905], p. 20-29).
Le champignon de la pourriture des racines (Thielavia ba-
sicola), par M.-C. Cooke (Gard. Chron., 3, série 41 [1907], n° 1067,
p- 9561, avec 1 fiqure).
BIBLIOGRAPHIE 9
Take all et son contrôle, par G.-H. Ropinson (Journ. Dept. Agr.
(Victoria), 5 [1907], n° 4, p. 253-256).
La maladie connue en Australie sous le nom de take all est due à l'Ophro-
bolus graminis.
Maladies et dommages dans les betteraves en 1906, par
R. Scuranper (Pl. Zuckerrübenbau, 14 [1907], n° 8, p. 113-119).
La gale zonale de la betterave, par A. Srirr (PB. Zuckerrüben-
bau, 14 [1907], n° 10, p. 151-153).
Cette maladie a été attribuée à diverses causes. Est-elle due à des cham-
pignons ou à des vers ? On ne sait encore.
La sélection de boutures de canne à sucre pour combattre
la pourriture rouge, par E.-J. Burzer (Agr. Journ. India, 2[1907],
n° 2, p. 193-201, avec 3 planches).
La pourriture rouge est causée par un champignon, le Colletotrichum fal-
calum.
Les charbons des céréales; distribution, moyens préventifs,
par O. Brerezp, O. Arpez et autres (Jahrb. Deut. Landiw. Gesell.,
22 [1907], NP, p. 75-91).
Notes sur Ustilago esculenta, par S. Hon (Ann. Mycol., 5 [1907],
n° 2, p. 190-19/, avec 2 planches).
Les grains attaqués par le charbon sont considérés, à Formose, comme une
friandise.
Quelques maladies des céréales causées par Sclerospora
graminicola, par E.-J. Burcer (Mem. Dept. Agr. India, Bot., sé-
rie 2 [1907|, n° 1, avec 24 pages et 5 planches).
Note sur l'infection et l’histologie de deux froments réfrac-
taires à l'attaque de la rouille, par Dorornea C.-E. Marryar
(Jour. Agr. Scr., 2 [1907], n° 2, p. 129-138, 1 planche).
Une maladie des feuilles de la cassave, par À. ZIMMERMANN
(Pflanzer, 2 [1905], n° 10, p. 145 ; résumé dans Centbl. Bakt., etc.
2. Abt., 18 [1907], n° 10-12, p. 366-367).
Le mildiou de la grosse groseille américaine (Jour. Bd. Agr.
[Londres], n° 2, p. 104-106, planche 1, avec 2 fiqures).
Il est dû au Sphærotheca Mors-uvæ dont l’auteur donne une description
illustrée.
10 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Notes sur quelques maladies de l'ananas, par N.-A. Coss (/a-
watt, Forester and Agr., 4 [1907], n° 5, p. 123-144, avec 9 figures).
Maladies du café, par G. Deracroix (Agr. Prat. Pays chauds, 5
[1907], n° 50, p. 384-399; n° 52, p. 26-41; n° 53, p. 152-165, avec
3 planches).
Maladies des racines du thé, par T. Percu (7rop. Agr. and Mag.
Ceylon Agr. Soc., 28 [1907], n° 5, p. 292-296, 1 planche).
Elles sont causées par diverses espèces de champignons, notamment Rosel-
linia radiciperda, Porias hypolateritia.
Le mildiou de la vigne (downy mildew) et son contrôle, par
J. Capus (Rev. Vit., 27 [1907], n° 705, p. 677-680 ; n° 706, p. 705-
708).
La résistance des raisins de table au mildiou (downy mil-
dew), par R. Sazomon (Rev. Vit., 27 [1907], n° 701, p. 536-578;
n° 703, p. 630-633).
Un nouveau traitement du mildiou (downy mildew), par
E. Cauarp (Chron. Agr. Vaud., 20 [1907], n° 9, p. 181-188).
Une maladie des sapins dans le Jura, par L. Mana et P. Ha-
rior (Bul. Trim. Soc. Mycol. (France), 23 [1907], n° 1, p. 53-68,
avec 9 figures).
Une maladie de l’érable, par F. von Hünnez (Oesterr. Bot. Zeitschr.,
57 [1907], n° 5, p. 177-181).
Attribuée au Polyporus radiatus.
Le noir des feuilles de l’érable (Journ. Bd. Agr. (Londres), 14
[1907], n° 2, p. 106-107, avec 1 fiqure).
Moyens préventifs contre le RAytisma acerinum et le R. punclatum.
Une maladie du pin (Journ. Bd. Agr. (Londres), 14 [1907], n° 3,
p- 164-166).
Zoologie économique — Entomologie
Aperçu de zoologie pour les forestiers, par A. JacoBr (H. Laupr-
cHeN, Grundriss der Zoologie für Forstleute (Tübingen), p. x1-263,
avec {41 figures).
BIBLIOGRAPHIE 11
Destruction des daims par les loups dans les forêts du nord
des États-Unis, par V. Baiey (U. S. Dept. Agr., Bar. Biol. Sur-
vey, Cire. 58, 2 pages).
Protection du gibier en Floride, par R.-W. Wicciams Jr. (OU...
Dpt. Agr., Bur. Biol. Survey, Cire. 59, 11 pages avec 1 figure).
Notes sur la réserve de chasse de Sabi, par J.-S. Jamirron
(Transvaal Agr. Jour., 5 [1907|, n° 19, p. 603-617).
Méthodes pour détruire les rats, par D.-E. Lanrz (U. S. Dept.
Agr. Farmer's Bul., 297, 8 pages, avec 1 figure).
Moyens pour détruire les rats, les souris et les limacçons,
par H. RarsiGer (Jahrb. Deut. Landw. Gesell., 22 [1907], n° 1,
p- 104-130).
Moyens de détruire les campagnols, par N. Hicrwer (Prakt. BI.
Pflansenbau u. Schutz, n. sér., 5 [1907], n° 5, p. 50-51).
La protection de nos oiseaux, par T.-H, Monrcomery (Bul. Univ.
Texas Sci. Ser., n° 8, 30 pages).
La protection des oiseaux, par H. vox Berrersca (J/ahrb. Deut.
Landiw. Gesell., 22 [1907], n° 1, p. 130-157, avec 20 figures).
Oiseaux nuisibles, par Kxorek (Waturw. Zeitschr. Land-u. Forstw.,
5 [1907], n° 6, p. 273-280, avec 3 figures).
Catalogue avec table des matières de la zoologie médicale
et vétérinaire, par C.-W. Srirrs et A. Hassazz (U. S. Dept. Agr..
Bur. Anim. Indus., Bul. 39, partie 18, p. 1309-1398).
L'emploi des vases en verre pour l'étude des relations entre
les insectes et les fleurs, par F. Prareau (Acad. Roy. Belq.
Bal. CI. Sci. [1906], n° 12, p. 741-775, avec 2 figures).
Quatrième rapport annuel de l’entomologist: gouvernemen-
tal de Montana, par R.-A. Coorex (Montana Sta., Bul. 64,
P- 33-45).
Bulletin mensuel de la division de zoologie, par H.-\. Surracr
(Penn. Dept. Agr., Mo. Bal., Div. Zool., h [1907], n° 11, p. 385-
414; n° 12, p. 415-450, avec 6 planches).
12 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Sur quelques insectes nuisibles en 1906, par R.-S. Macpoucarz
(Trans. Highland and Agr. Soc. Scot., 5, sér. 19 [1907], p. 175-
188).
Il s’agit surtout de la Lampronia rubiella, insecte nuisible aux framboises.
L'histoire naturelle du Tapinostola musculosa, par S. MokrzEcxi
(Zeitschr. Wiss. Insektenbiol., 3 [1907], no 2, p. 50-53 ; n° 3, p. 87-
92, avec 6 figures).
La chenille de ce papillon attaque les tiges de blé, d'orge et d'autres
céréales, leur causant parfois de sérieux dommages.
La lutte contre Leucania unipuncCta, par W.-W. FroGGar (Agr.
Gaz. N.S. Wales, 18 [1907], n° 3, p. 265-268).
La cigale périodique en 1907, par C.-L. Marrarr (U, S. Dept.
Agr., Bur. Ent., Cire. 89, 4 pages, avec 3 fiqures).
L'emploi de barrières de drap et de filets cypriotes contre
les sauterelles, par E. DE Paxô (Com. Par. Agr. (Mexico), Cire. 56,
9 pages, avec 8 planches).
Quelques insectes nuisibles à la récolte des légumes. Le
mineur des asperges. Notes sur les insectes des asperges,
par F.-H. Carrrenpen (U.S. Dept. Agr., Bur. Ent., Bui. 66, part. I,
10 pages, avec 2 fiqures).
L’Agromyza simpleæ, qui est répandue de la Nouvelle-Angleterre jusqu’au
Tennessee, a nui aux asperges depuis 1896.
Quelques insectes nuisibles à la récolte des légumes. La
punaise du cresson de fontaine (Mancasellus brachyurus),
le coléoptère des feuilles du cresson de fontaine (Phædon
æruginosa), par F.-H. Currenpen (U. S. Dept. Agr., Bur. Ent.,
Bul. 66, part. II, p. 9-20, avec 3 figures).
Notes biologiques sur la chrysomèle des pommes de terre
du Colorado, avec description technique de ses stades,
par A.-A. Cnrauzr et A.-H. Rosenrezn (Psyche, 14 [1907}, n° 5,
p- 45-47).
La chrysomèle des pommes de terre du Colorado, par F.-H. Crir-
TENDEN (U. S. Dept. Agr., Bur. Ent., Circ. 87, 19 pages, avec
6 fiqures).
BIBLIOGRAPHIE 15
Lutte contre la puce de la vigne, par Fonzes-Diacon (Progrs
Agr. et Vit. (Éd. de l'Est), 28 [1907], n° 20, p. 582-585).
Insectes nuisibles aux arbres fruitiers, par C.-J.-S. Beraune
(Ontario Dept. Agr., Bul. 158, 36 pages, avec 4 figures).
Xyleborus xylographus comme peste des vergers, par
O.-E. Brenxer (Canada Ent., 39 [1907], n° 6, p. 195-196).
Le pétrole comme remède contre la mouche des fruits, par
G. Cowrere (Journ. Dept. Agr. West. Austr., 15 [1907], n° 4,
p. 244-245, 1 planche).
Destruction de la chenille des pommes à l’aide des com-
posés arsenicaux, par J. Barsaco (Jardin, 21 [1907], n° 48/4,
124-126, avec 2 fiqures).
La cochenille Terrapin, par J.-G. Sanpers (U. S. Dept. Aqgr., Bur.
Ent., Cire. 88, 4 pages, avec 3 figures).
Description détaillée de l’£ulecanium nigrofasciatum, qui attaque surtout
les pêchers.
Notes sur les chermes, par Bürner (MWitt. K, Biol. Anst. Land- u.
Forstw., 2 [1907], n° 4, p. 54-60, avec 3 figures).
L'histoire de certains insectes nuisibles à l’olive, par A. BEr-
LESE (Redia, 4 [1907], n° 1, p. 1180, 3 planches, avec 60 fiqures).
Notamment Lasioptera berlesiana, Lecanium oleæ, Philippia oleæ.
Le combat contre la mouche de l'olive, par J. AGuer (Coltiva-
tore, 53 [1907], n° 19, p. 586-590).
Insectes nuisibles aux parcs et aux arbres des pays boisés,
par E.-P. Fer (NV. Y. State, Mus. Mem., 8, vol. I, p. 1-332-a333-
al59 ; vol. IE, p. 333-877, avec 70 planches et 223 figures).
Ce travail, du plus haut intérêt, est le mieux élaboré sur ce sujet depuis le
cinquième rapport de la Commission entomologique des États-Unis, par le
D: Pacxanp. Les deux volumes sont soigneusement illustrés.
Guêpes du bois, par R.-S. MacoouGarr (Journ. Bd. Agr. (Lon-
dres), 14 [1907], n° 2, p. 98-104, avec 4 figures).
C’est l’histoire des genres Streæ et Xiphydria.
14 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Le charançon du pin blan:, par A.-D. Hopxixs (U. S. Dept. Agr.,
Bur. Ent., Gire. go, 8 pages, avec 6 figures).
Mœurs du Pissodes Strobi et moyens de le combattre,
Quelques insectes domestiques nuisibles, par J.-B. Surra (Ver
Jersey Sta., Bul. 203, p. 47, avec 31 fiqures).
Notes pratiques sur les procédés de destruction des espèces les plus impor-
tantes.
Deuxième rapport sur les taons (mouche des chevaux) de la
Louisiane, par J.-S. Hixe (Loustana Sla. Bul. 93, 59 pages,
avec 37 fiqures).
Deux tiques peu connues du Transvaal, par C.-W. Howarp
(Transvaal Agr. Journ., 5 [1907], n° 19, p. 581-584, avec 2 plan-
ches).
Il s’agit de la biologie de lArgas persicus et de lOrnithodoros Savignyi
céæeCcus.
Sarcophaga caridei, nouvelle espèce de mouche parasite
des robiniers, par J. Brèrues (An. Mus. Nac. Buenos-Ayres, 5,
sér. 6 [1906], p. 297-307, avec 3 figures).
Pulvérisations, par A. Dickens et R.-E. Easrmax (Kansas Sta.,
Bul. 145, p. 193-216, avec 7 fiqures).
Calendrier d'arrosage (Vew York Cornell Sta., Bul. 245, p. 127-
130).
Les arbres des jardins, vergers, pares sont rangés par ordre alphabétique,
avec les principaux insectes et champignons qui les attaquent. On donne des,
formules pour la préparation des meilleurs insecticides ou fungicides.
Bulletin zoologique de la division de zoologie, par H.-A. Sur-
FACE (Zoo. Bul. Penn. Dept. Agr., 5 [1907], n° 1, 32 pages, avec
3 planches).
Fumigation des arbres du genre Citrus avec le gaz acide
cyanhydrique, par F. Taousex (Transvaal Agr. Journ.. 5 [1907|,
n° 18, p. 710-719).
La vesce comme plante à miel, par L. Lesrepox (Apiculleur, 51
[1907], n° 5, p. 196-198, avec 1 figure).
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LAND (Les Aliments : Clumie, Analyse, Expertise, Valeur alimen-
taire. Paris, J.-B. Baullière et fils [1907], vol. I, vu-432 pages,
vol. II, 508 pages).
Comment pouvons-nous nous nourrir le mieux ? par À. Gau-
TIER (fev. Sci. (Paris), 5, sér. 7 [1907], n° 11, p. 321-326).
Formaidéhyde dans les aliments, par A. Moxvoisix (Hygiène:
Viande et lait, I {1907}, n° 3, p. 111-113).
Aliments employés pour l’ascension des montagnes en Alaska,
par F.-A. Cooke (Harper's Mo. Magq., 114 [1907], n° 684, p. 821-
837, avec 1 planche et 13 figures).
Composition des aliments de l'Inde orientale analysés au
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et G.-L. pe Fouw (Bal. Kol. Mas. Haarlem [1906], n° 34, Sup. ré-
sumé dans Zetlschr. Unters. Nahr. u. Genussmtl., 13 [1903], n° 7,
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Pommes de terre et autres récoltes de racines employées
comme nourriture, par C.-F. Loxeworruy (LS. Dept. Agr., Far-
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Sur la solanine contenue dans les pommes de terre et l'effet
des méthodes de culture sur la formation de la solanine
dans les plants de pommes de terre, par F. vox MORGENSTERN
(Landiw. Vers. Stat., 65 [1907], n°s 5-6, p. 301-338).
16 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Propriétés qui déterminent la qualité du froment, par À. Cser-
gai (Zettschr. Landiw. Versuchsw. Oesterreich, q [1906], p. 899;
résumé dans Chem. Ztq, 30 [1906], n° 102, Répert. n° 55, p. 462).
Les protéides de l'orge, leur importance pour l'évaluation
des grains et leur relation avec la dureté de l'orge, par
E. Prior (Pure Products, 3 [1907], n° 2, p. 92-98, n° 3, p. 143-146,
n° 4, p. 192-195, n° 5, p. 232-242).
Un aliment fermenté provenant de la farine de seigle, par
K. Tercuerr (Centralbl. Bakt., etc., 2, Abt. 17 [1906], p. 376 ; ré-
sumé dans Chem. Ztq, 31, Répert. n° 11, p. 62).
La pistache de terre Bambarrza, par J. Burry-Davyx (7ransvaal
Agr. Journ., 5 [1907], n° 18, p. 453-456).
On donne des analyses du Voandzeia sublerranea. Ces noix sont semblables
aux pistaches de terre.
Sur le thé, par A.-D. MaurensrecHer et B. Tozcens (Ber. Deut.
Chem. Gesell., 39 [1906], p. 3581, résumé dans Chem. Ztq, 30 [1906],
n° 102, Répert. n° 55, p. 462).
Les hydrates de carbone du cacao, par A.-D. MaurRENBRECHER
et B. Tocrexs (Ber. Deut. Chem. Gesell., 39 [1906], p. 3576; ré-
sumé dans Chem. Ztq, 30 [1906], n° 102, Répert. n° 55, p. 461).
Le riz, son nettoyage et polissage, par H. Mc K. Fuzcan (Bur.
of the Census U. S., Bul. 61, p. 49-58, 1 diagramme).
Sucre de betteraves, par C.-Z. Ezxix (Bur. of the Census U. S.,
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Préservation des fruits et légumes, des poissons et des
huîtres, par E.-K. Ercsworru (Bur. of the Census, U. S., Bul. 6x,
p. 9-48).
Conservation et maturation des aliments, par H. Marrez (//y-
giène : viande et lait, [1907]. n° 1, p. 1-14, avec 3 figures; n° 2,
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La toxicité des produits primaires de la digestion et l'in-
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Fixation de ‘créatine dans les muscles, par F. Urano (Beitr.
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ANN, SCIENCE AGRON. — 3° SERIE — 190) — 1: P)
18 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Créatinine et les réactions du sucre dans les urines, par
H. Me Leax (Bio-Chem. Journ., 2 [1907], n° 4, p. 156-173).
Les variations diurnes et nocturnes dans l’excrétion d'acide
urique, par J.-B. Learnes (Journ. Physiol., 35 [1906], n° 1-2.
p. 125-130, avec 2 diagrammes).
Production animale
Aliments concentrés autorisés [1907], par F.-W. Worz et
G.-A. OLsox (Wisconsin Sta., Bul. 149. p. 19-29).
Valeur comparative des aliments commerciaux, par \. RENxER
(Vierteljahrschr. Bayer. Landw. Rat., W[1907]. n° 4, p. 824-858).
Valeur de substitution de différents aliments concentrés, par
L. Graxpeau (Journ. Agr. Prat., n. sér., 13 [1907]. n° 16, p. 485-
487 )-
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Expériences sur la valeur alimentaire des constituants azo-
tés non-protéides du foin, par M. Mrirer (/ourn. Landiw., 55
[1907], n°5 1-2, p. 123-141).
Expériences supplémentaires sur la valeur alimentaire des
amides, par M. Murrer (Æühling's Landw. Zlg, 56 [1907], n° 3.
. 21(4-2 30).
L'emploi du rebut des villes dans l'alimentation des ani-
maux, par Herrer (Deut. Landiw. Presse, 33 [1907], n° 25, p. 207-
208 ; n° 26, p. 214-215; n°27, p. 222-223 ; n° 28, p. 232-233 ; n° 20.
p. 241-242; n° 50, p. Re HP ST (PHA0UD)
Les mélasses de pulpe séchée de betteraves et le sucre dé-
naturé dans la nourriture des animaux de ferme, par Bot-
con (Sucre indig. et colon., 69 [1907], n° 18, p. 494-507, avec 1 fig.).
Aliments mélassés, par A. Scuricar (//{ustr. Landiw. Ztq, 27 | 1907.
n° 2/4, p. 218-220).
Matières employées à dénaturer le sucre pour son emploi
dans la nourriture des animaux de ferme (/etlerave, 17
[1907]. n° 422, p. 113).
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pricx et E. Carpraux (Bul. Agr. (Bruxelles), 22 [1907], n° 7, p. 953-
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Noix Yebb de Somaliland (Bu/. Imp. Inst., 5 [1907], n° 1, p. 1Y-20).
Ces noix sont utilisées par les indigènes pour leur alimentation ; mais le
nom botanique est inconnu.
Haricot à huile du sud de Nigeria (Bul. Imp. Inst., 5 [1907|
n° 1, pp. 10-14).
Le végétal producteur d’huile est le Pentaclethra macrophylla.
L’agave bleue, nourriture de famine, par J.-M. Havmax (Apt.
Agr. Sta. Orai, Jalaun (Inde) [1906], p. 11-14).
Cette plante, qui croît dans les déserts, est l'Agave lurida et pourrait être
utilisée en temps de famine, mêlée à d’autres aliments.
Feuilles de l’Erythrina comme nourriture (Agr. Gaz. N. S.
Wales, 18 [1907], n° 4, p. 361).
Elles peuvent servir d’aliment au bétail, en Australie, pendant les temps de
sécheresse.
La jacinthe d'eau comme nourriture (Queensland Agr. Journ.,18
[1907], n° 4, p. 207-209).
Malheureusement, la valeur alimentaire de cette plante aquatique si enva-
hissante dans les cours d’eau de la Floride semble être très faible.
Recherches récentes sur la nourriture des animaux de ferme,
par O. Kezrxer (Braunschiweig Landiw. Ztqg, 75 [1907], n° 1»,
p- 51-955).
Effet de différentes nourritures sur la structure des organes
de l’oie avec référence spéciale à la nourriture et l’acti-
vité fonctionnelle, par E. ScHNEPEMANX (Arch. Entwickl. Mech.
Organ., 21 [1906], n° 3, p. 500-595 ; 23 [1907], n° 2, p. 183-206,
avec 47 figures).
29 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Effet d'une inanition partielle, suivie d’un retour au régime
ordinaire, sur la croissance du corps et du système ner-
veux central des rats albinos, par S. Harar (Amer. Journ. Phy-
siol., 18 [1907], n° 3, p. 30g-320, avec 1 figure).
Sucre dénaturé pour l’engraissement des animaux de ferme,
par H. LeGras (Betterave, 17 [1907], n° 425, p. 169-170).
L'engraissement du bétail sur le pâturage, par M. Rasquin
(Journ. Soc. Agr. (Brabant et Hainaut), 52 [1907], n° 18, p. 505-560).
L'emploi du lait écrémé pour l’engraissement des veaux, par
MazrEeaux (Journ. Soc. Agr. (Brabant et Hainaut), 52 [1907], n° 16,
p- 459-467).
Les feuilles comme nourriture des brebis, par H. IsxAcHsen,
(Ber. Norges Lanbr. Hüiskoles Virks. [1905-1906], p. 216-220).
Les moutons et l'herbe paspalum, par A.-H. Haywoon (Agr. Gaz.
N. S. Wales, 18 [1907], n° 3,.p- 234).
Une expérience sur l’engraissement des pores, par À. VoGrino
(Coltivatore, 53 [1907], n° 15, p. 456-457).
Différentes quantités de lait écrémé pour des porcs recevant
la même nourriture, par Kzein (Wilcluo. Centbl., 3 [1907], n° 4,
p- 137-149).
Expérience d’alimentation avec des pommes de terre séchées,
par Gauz (Deut. Landw. Presse, 34 [1907], n° 4o, p. 325).
La farine de graine de coton pour les volailles, par T.-W. Gaw
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C’est un travail fort bien fait, très développé et d’un grand intérêt chi-
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Résumé des travaux faits dans le laboratoire de physiologie
vétérinaire et de pharmacologie, IV, par P.-A. Fisa (Ithara,
N. Y. State., Vet. Col. [1907|, 67 pages, avec 3 figures).
Rapport sur les recherches et sur le travail du service gou-
vernemental vétérinaire pour 1904-1905 (Vers/ag Bevind en
Handel, Veeartsenijk. Staatstoezicht [1904-1905], 246 pages).
Traité sur la thérapeutique chirurgicale des animaux do-
mestiques, par P.-J. Capior et J. AzLmy, traduit par A. Liautard
(New-York : W.-R. Jenkins [1906], p. xv-580, 118 figures).
Le traducteur considère cet ouvrage français comme donnant, sous une
forme satisfaisante, tout ce qu’il est nécessaire de savoir sur ce sujet.
24 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Toxicologie vétérinaire, par J.-A. Nuxx (New-York : W.-R. Jen-
kins [1907], p. vu-191).
L'inspection des aliments. Son importance pour l'État de
Missouri, par D.-F. Luckney (Mo. Bd. Agr. Mo. Bul., 5 [1907],
n° 12, 11 pages).
L'influence de la pression sur la résorption des fluides dans
le tissu connectif subcutané, par M. H.-J.-C. Taomassex (/naug.
Diss. Univ. Bern. [1906], 54 pages, avec 2 figures).
La présence de leucocytes éosinophiles dans les foyers in-
flammatoires de la peau, par C. Trossrer (Zertschr. Veterinärk.,
19 [1907], n° 4, p. 193-156, avec 2 fiqures).
Second rapport de la commission royale chargée de recher-
cher les relations de la tuberculose humaine et animale,
par N. Fosrer et autres (Londres, Roy. Com. Tuberculosis [1907].
pt. FE, 95 pages; résumé dans Journ. Roy. Inst. Pub. Health, 15
[1907], n° 3, p. 168-171).
Tuberculose humaine et bovine, avec référence spéciale au
traitement par des sortes spéciales de tuberculines, par
N. Raw (Tuberculosis, 6 [1907], n° 4, p. 198-205).
Le danger provenant des bacilles de la tuberculose dans le
voisinage de bestiaux tuberculeux, par E.-C. Scarœper et
W.-E. Corrox (U. S. Dept. Agr. Bur. Anim. Ind., Bul. 99, 24 pages).
Tuberculose primaire des poumons et des glandes bron-
chiales et médiastinales des jeunes veaux, due à l’inges-
ticn du virus tuberculeux, par A. CHauveau (Comple rendu
Acad. Sci. (Paris), 144 [1907], n° 19, -p. 777-783).
Inoculation de vers et d’escargots avec des bacilles de la
tuberculose humaine, par J. SorGo et E. Suess (Centralbl. Bakt..
etc., L. Abt. Orig. A3 [1907], n° 5, p. 422-432; n° 6, p. 526-547).
Je AneLr ,
La distribution de l'iodine dans les animaux tuberculeux,
par O. Lors et L. Micuaup (Biochem. Zeitschr., 3 [1907], n°° 2-4.
p."307-31/).
Prise d'échantillons de crachats par le moyen de la tra-
chéotomie pour le diagnostic de la tuberculose, par
A.-A. Overgrer (Tijdschr. Veeartsenijk, 34 [1907]. n° 6, p. 371-375).
BIBLIOGRAPHIE 25
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METTE (Journ. Roy. Inst. Pub. Health, 15 [1907], n° 3, p. 129-135).
Travaux récents sur l’étiologie de la tuberculose et la vac-
cination contre cette maladie, par H. Vaurée (Ann. Méd. Vétér.,
56 [1907], n° 4, p. 205-221).
Anthrax ou charbon, par W.-H. Darrvmpze (Lomusrana Sta. Circ.,
June 1907, 4 pages, avec 2 figures).
Ostéomalacie ou Rachitisme des animaux domestiques, par
Lrénaux (Ann. Méd. Vétér., 56 [1907], n° 4, p. 195-200).
Pseudofarcin dans le bétail à Sumatra, par A. VruyBurG (/iec.
Méd. Vét., 8h [1907], n° 1, p. 31-39 ; n° 7, p. 241-248).
La toxine du bacille Blackleg, par P. EisexserG (Compte rendu
Soc. Biol. (Paris), 62 [1907], n° 12, p. 613-615).
Échinocoque dans le cœur des bestiaux et sa prophylaxie,
par À. Pasouazr (Clin. vet. (Milan), 30 [1907], n° 14, p. 232-237).
Maladie de Johne : Entérite chronique bactérienne des bes-
tiaux, par J. M Fapyeax (Journ. Comp. Path. and Ther., »0[1907!,
n° 1, p. 48-60, avec 10 fiqures).
L’anatomie, la biologie et les effets pathologiques de l’Ixodes
Reduvius, par C.-K. Berarovica (Arch. Vet. Nauk (Saunt-Péters-
bourg), 37 [1907], n° 1, p. 1-43, avet8 figures).
L’Ixodes est considéré comme le transporteur du parasite du sang donnant
la fièvre du Texas. £
Le traitement curatif de la mammite du bétail, par (Gi.-P. Mo-
RETTI (Clin. Vet. (Milan), 30 [1907], n° 12, p. 193-196).
Notes nouvelles sur le Piroplasma mutans, nouvelle espèce
de piroplasma chez le bétail de ji’ Amérique du Sud, par
A. Taeirer (Journ. Comp. Path. and Ther., 20 [1907], n° 1, p. 1-18,
avec 1 planche).
L'auteur continue ses recherches sur le Péroplasma bigeminum et le Prro-
plasma mutans.
Contrôle de la peste bovine, par G.-E. Nesom Coin pe
Agr. Press., Bul. 9, p. 4-7).
26 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Pneumonie septique des veaux, par SCHREIBER (WMonatsh. Prakt.
Tierheilk., 18 [1907], n° 6-7, p. 299-329).
Cysticercus tenuicollis chez les brebis, par F. CLurrerBuck
(Journ. Dept. Ag. West. Austr., 15 [1907], n° 3, p. 204-206, avec
1 planche).
Tournis chez les brebis, par E.-J. Dimmernozn (Trjdschr. Veeart-
sentjk., 34 [1907], n° 6, p. 375-38>).
Une mammite épizootique des brebis causée par des bacté-
ries, par Daumaxx et FReese (Deut. Tierärstl. Wochenschr., 15
[1907], n° 12, p. 165-150).
Une note sur l’inter-communicabilité de la variole ovine et
caprine, par W.-H. FLoor (Vet. Ziec., 19 [1907], n° 978, p. 648].
L'histologie et la physiologie du sang normal des pores,
par W. Gicrxer (Journ. Comp.'Path. and Ther., »0 [1907], n° x,
p. 18-23).
Augmentation de la résistance dans la vaccination protec-
trice contre l’érysipèle des porcs, par M. PrerrxER (Zeitschr.
Infectionskrankh. u. Hyg. Haustiere, 2 [1907], n°° 4-5, p. 353-359).
Inspection des trichines dans le sud de l'Allemagne, par
J. Bünm (Wochenschr. Tierheilk. u. Viehsucht, 51 [1903], n° 12,
p- 221-226).
Le cheval : son traitement pendant la santé et pendant la
maladie, par J.-\WV. Axe (Londres : Gresham Pub. Co. [1907],
vol. V, p. xiv-161-320, avec 8 planches et 100 fiqures; vol. VI,
p. xIv-821-4g1, avec g planches et 59 fiqures).
Les quatre volumes précédents ont déjà été signalés. Celui-ci, le cinquième,
traite des parasites du cheval, de la structure et des maladies des os et des
muscles.
Intoxication produite par les bacilles morts de la morve
dans l'estomac, par J. CanraouzÈène et P. RieGLer (Ann. Inst.
Pasteur, »1 [1907], n° 3, p. 194-210).
La morve en 1907, par R. Porcn (Vef. Riec., 19 [1907], n° 980,
p. 681-684).
BIBLIOGRAPHIE 27
Osteoporosis chez les animaux, par H. IxGze (Journ. Comp. Path.
and Ther., 20 [1907|, n° 1, p. 35-48).
Osteoporosis des solipèdes, par A. Tneier (Monatsh. Prakt.
Tierheilk., 18 [1907], n° 5, p. 193-209, avec 4 figures).
Piroplasmosis des chevaux dans les Indes, par A.-J. \Vicciaus
(Journ. Comp. Path. and Ther., 20 [1907], n° 1, p. 23-35, avec
5 cartes).
Piroplasmosis des chevaux en Italie, par L. Barucnerro et
N. Mori (Centralbl. Bakt., etc. 1. Abt. Orig. 43 [1907], n° 6, p. 593-
Go).
Le traitement des différentes formes de pneumonie du che-
val, par M.-V. Drouin (Rev. Gén. Méd. Vét., 9 [1907], n° 105,
p- 369-384).
L’étiologie de la gourme des chevaux, par L. Barucnezut (Rev.
Gén. Méd. Vét., 9 [1907], n° 104, p. 432-447).
Effets toxiques produits par des aloès dans le cas de gourme,
par M. Argrecar (Wochenschr. Tierheilk. u. Viehzucht, 51 [1907].
n° 19, p. 281-286).
Lésions des entrailles du cheval, dues à un Strongylus, par
A.-J. Beckerr (Natal, Agr. Journ. and Min. Rec., 10 [1907], n° 8,
p- 203-206, avec 1 fiqure).
Tétanos, par J.-L. Wegs (Natal, Agr. Journ. and Min. Rec., 10
[1907], n° », p. 95-99, avec 2 fiqures).
Les trois états dans la vie aérobie du bacille du tétanos,
par G. RosexrHaL (Compt. rend. Soc. Biol. (Paris), 62 [1907], n° 12,
p. 578-580).
La Polyneurite des poulets (beri-beri) est due à un empoi-
sonnement chronique par l'acide oxalique, par G. MaurEr
(München, Med. Wochenschr., 54 [1907], n° 15, p. 731).
La valeur germicide de Liquor Cresolis compositus (U.S. P.),
par C.-N. Me Brype (US. Dept. Agr., Bur. Anim. Indus., Bul. 100,
2h pages).
28 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Économie rurale
L'initiative du roi d'Italie et l’Institut international d’agri-
culture, par À. DE Viri DE Marco et autres (L’Initiativa del Re
d'Italia e l'Istituto internasionale d'agricoltura. Rome, G. Bertero
[1905] pages x-732 ; Résumé dans Polit. Sci. Quart., 22 [r907|
n° 2, p. 348-350).
Goopération agricole en Autriche-Hongrie, par U. Pazuanr (Bol.
Quind. Soc. Agr. Hal., 12 [r907], n° 9, p. 351-357).
Associations danoises coopératives pour la production et la
vente des produits agricoles, par T. Brivkmanx (Fünarixc's
Lando. Zty, 56 [1907], n° 8, p. 255-273). |
Organisation agricole à Natal (/Va/al Agr. Journ. and. Min. Rec.,
10 [1907], n° 5, p. 523-526).
L'état réel du crédit coupératif agricole en France, par (G1r-
LIÉRON-DuBoux (Chron. Agr. Vaud., 0 [1907], n° 10, p. 203-208).
Rapport sur la banque agricole de l'Égypte, par E.-W. Kex-
MERER (Ann. Rpt. Philippine Com., 5 [1906], pt. LE p. 643-695).
Des banques coopératives pour l’agriculture (Vafal. Agr.Journ.
and Min. Rec., 10 [rg07|, n° 3, p. 245-257).
La nécessité pour les statistiques de fermes d'estimer les
frais de production (Æhodesian Agr. Journ.. 4 [1907|, n° 4,
p- 333-3/4).
Kansas. Son histoire et sa statistique (Quart. Rpt. Kans. BW.
Agr., 26 [1907], n° ro1, 444 pages, avec x carte).
Dixième rapport du bureau d'Agriculture, du Travail et de
l'Industrie de l'État de Montana, par d.-A. Frreusoxet L.-P. Br-
xepicr (/pt. Bur. Agr. Labor and Indus. Mont. 10 [a906{, pages
vi-438, avec 29 planches et 5 figures).
Bulletin annuel du bureau de statistique de Nebraska, par
B. Busa et D.-C. Despainx (Ann. Bul. Bar. Statis. Nebr., 5 {1900 !,
125 pages).
BIBLIOGRAPHIE 29
Commerce et agriculture du Pirée (Grèce) et de son district
pour 1906, par E. Mac Donerz et autres (Diplo. and Cons. Rpts
(Londres), Ann. Ser. [1907], n° 3785, 33 pages).
Tarifs pour les produits agricoles et. animaux ({/. S. Dept.
Com. and Labor, Bur. Manfr. Tariff, série n° 2, 120 pages).
Éducation agricole
Rapport sur l'instruction agricole, 1904-1906 (Dept. Landb.
Nijv. en Handel, Verslag en Meded. Dir. Landb. [1907], n° x,
20/, pages).
Ce rapport donne des renseignements détaillés sur l’organisation, les pro-
grammes d’étude, la fréquentation des divers instituts agricoles de Hollande,
l'Ecole supérieure royale agricole, horticole et forestière de Wageningen, les
écoles agricoles et horticoles, soit permanentes, soit d'hiver, FEcole d’horti-
culture de van Swieten, etc.
Information préliminaire sur l'instruction d'agriculture pra-
tique, à la ferme de l’Université de Davisville, par E.-J. Wicx-
son (Calefornia Sta., Cire. 29, 8 pages).
Éducation industrielle publique, par W.-M. Hays (Amer. Mo.
Rev. of Reviews, 35 [1907], n° 5, p. 590-591).
Amélioration dans l'éducation rurale en Grande-Bretagne
(County Council and Agr. Rec., 35 [1907], n° 846, p. 132-134).
L'agriculture doit-elle être enseignée dans les écoles secon-
daires des États-Unis? par S.-A. Knarp eue Ed. Rev.,
[rgo7]. n°$ r-2, p. 534%).
Éducation agricole dans les écoles secondaires, par W. Locu-
HEAD (South. Ed. Rev., 4 [1907], n°5 1-2, p. 43-53).
L'agriculture dans les écoles supérieures, par D.-J. CrosBy
(South. Ed. Rev., k [19037], n°5 1-2, p. 37-43).
Éducation scolaire sur les devoirs de la femme à la maison.
I. L'enseignement de la science domestique aux États-
Unis de l'Amérique. II. Belgique, Suède, Norvège, Dane-
mark, Suisse et France (Bd. Ed. (Londres), Spec. Rpts. Ed.
Subjects, 15 [1905], p. 374-xv ; 16 [1906], p. 352-xvr).
30 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
L'étude de la nature comme moyen d'éducation, par Mary P. An-
pERsON (WYature Study Rev., 3 [1907], n° 4, p. 102-111).
L'étude de la nature et les jardins scolaires, par J. CraiG
(Cornell Countryman, h [1907], n° 8, p. 216-248, avec À figures).
La valeur de l'étude de la nature et les jardins scolaires,
par G.-W. CaRVER (Cornell Countryman, 4 [1907], n° 8, p. 249-250).
Jardins scolaires danois, par C. MariBor (Haven, 7 [1907], Feb. 1»,
p. 36-50, avec 3 figures). ü
Jardins scolaires, par P. Euensox (Wew England Mag. n. sér. 56
[1907], n° 1, p. 85-91).
Une campagne d'éducation pour la protection des arbres,
par O.-J. Kerx (Forestry and Irrig., 13 [1907], n° 5, p. 247-255,
avec 9 figures).
Miscellanées
Vingt-huitième rapport annuel de la station de la Caroline
du Nord, 1905 (Vorth Carolina Sta. Rpt. [1905], 84 pages).
Vingt-neuvième rapport annuel de la station de la Caro-
line du Nord, 1906 (North Carolina Sta. Rpt. [1906], 87 pages).
Travail de la station d'expérience XLI (L. S. Dept. Agr. Far-
mer's Bul., 296, 32 pages, avec À figures).
Développement de la Nouvelle-Calédonie, par Gi. LAFFoRGUE
(L'Élevage à la Nouvelle-Calédonie. Paris, Augustin Challamel,
1909, 119 pages, avec 3 fiqures et 2 diagrammes).
Développement du Soudan, par C. Pierre et C. Moxreir (L'Æle-
vage au Soudan. Paris, Augustin Challamel, 1905, pages x-204.
avec 39 fiqures et 1 Carte).
BIBLIOGRAPHIE 31
NOVEMBRE 1907
Chimie agricole
Sur le poids atomique de l'azote, par D. Berraeror (Comp.
Rend. Acad. Sci. [Paris], 145 [1907], n° 1, p. 65-67).
Détermination jodométrique de l’ammoniaque, par P. ARTMaANx
et A. SkraBaz (Zeitschr. Analyt. Chem., A6 [1907], p. 5-17; résumé
dans Chem. Soc. (Londres) 92 [1907], n° 533, I, p. 196).
Séparation de la potasse d'avec la soude à l’état de chloro-
platinate de potassium, par J. Morozewiez (Bul. Acad. Sci. Cra-
cov., 1906, p. 796-803 ; résumé dans Journ. Chem. Soc. (Londres).
92 [1907], n° 535, IT, p. 396).
La détermination de l'acide phosphorique dans les engrais,
par F. Macu (Landio. Vers. Stat., 66 [1907], n° 1-2; résumé dans
Journ. Chem. Soc. (Londres), 92 [1907/, n° 539, If, p. 395 ; Chem.
Abs., I[1907], n° 13, p. 1799).
La détermination de l'azote organique dans les eaux d’égout
par le procédé Kjeldahl. II. Études sur la nesslerisation
directe, par L. Wauepse (Technol. Quart., 0 [1907], n° », p. 162-
169).
L'analyse des roches silicatées et carbonatées, par W.-F. Hicrr-
BRAND (U. S. Geol. Survey, Bul. 305, 200 pages, avec 24 figures).
Précipitation et détermination alkalimétrique du fluorure
de silicium dans l'analyse des silicates, par A. Hiremax
(Zeitschr. Anorg. Chem., 51 [1906], p. 158-170 ; résumé dans Bu.
Soc. Chim. France, &° série, 2 [1907], n° 11, p. 681).
Détermination du carbonate de calcium dans la marne, pair
M.-J. van'r Kruus (Chem. Weekbl., k [1907], p. 29-32 ; résumé dans
Journ. Chem. Soc. (Londres), 92 [1907], n° 533, IT, p. 197-198).
Sur la coagulation des émulsions d'argile, par H. HEermanx
(Zeitschr. Anorgan. Chem., 53 [1907], n° 4, p. 413-418, avec 5 fig).
32 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Le formaldéhyde comme réactif colorant pour les protéides,
[, par S.-F. Acree (Amer. Chem. Journ., 37 [1907], n° 6, p. 6o4-
619).
Méthode rapide pour la détermination de la glucose avec la
liqueur de Fehling, par Gr. Laron (Compl. rend. Soc. Biol.
[Paris], 62 [1907], n° 18, p. 948-950).
La valeur de différents réactifs colorants pour l'identifica-
tion des pentoses, par F. Sacus (Biochem. Zeitschr., 1 [1906],
n° 5-6, p. 383-898).
Méthodes pratiques pour découvrir et doser l'acide borique,
par J. PrescHer (Die praktischen Methoden der Bestimmung u.
des Nachweïses der Borsäure. Lübeck : Charles Coleman, 56 pages,
avec 6 figures). |
Examen et évaluation de la confiture de framboise, par
E. Baïer et P. Neumann (Zertschr. Unters. Nahr. u. Genussm., 13
[1907], n° 11, p. 675-680).
Examen et évaluation du poivre ordinaire, par F. HærTEL
(Zeitschr. Untersuch. Nahr. u. Genussm., 13 [1907], n° 11, p. 6065-
673).
Une nouvelle méthode pour la détermination de la nicotine
dans le tabac, par W.-W. Garner (U. S. Dept. Agr., Bur. Plant.
Indus., Bul. 102, p. 61-69).
Appareil pour le dégagement d'acide carbonique nécessaire
à la détermination de l’azote dans les composés organiques
par la méthode absolue, par G. YouxG et B. Caunwezz (Journ.
Soc. Chem. Indus., 261907], n° 5, p: 184485, avec 1 figure):
Appareil pour la détermination de l’urée et de l'azote total,
par G. Laron (Compt. rend. Soc. Biol. (Paris), 62 [rg9o7/; n° 17,
p- 599-900, avec 1 fiqure).
MÉTÉOROLOGIE — EAU
Le progrès de La science dans le domaine de la météoro-
logie, par C. AB8e (Phil. Soc. Wash. Bul., vol. 15, p. 27-56).
BIBLIOGRAPHIE 33
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W.-J. HomPareys et O.-L: FassiG (U. S. Dept. Agr. Yearbook, 1906,
p- 121-124, avec 3 planches).
Causes des variations atmosphériques, par H.-M. Warrs (Journ.
Franklin Inst., 164 [1907], n° 1, p. 43-46).
Revue mensuelle du temps (Ho. Weather Rev., 35 [1907], n° 5,
p. 207-254, avec 4 fiqures et q cartes; n° 6, p. 255-302, avec
» figures et 6 cartes).
Observations météorologiques, par J.-E. Osrranper et T.-A. Barry
(Massachusetts Sta. Met., Bul. 223-224, 4 pages chaque).
Rapport météorologique pour l’année se terminant le 31 dé-
cembre 1905, par F. Surra (Wyoming Sta. Rpt., 1906, p. 57-62).
Observations météorologiques suédoises, 1900, par H.-E. Hau-
BERG (Wet. laktltag. Sverige (Obs. Mét. Suéd.). À. Svenska Vetensk.
Akad., 8 [1906], pages x-157).
Observations de pluviosité (Vedbüriagttageiser 1 Norge, 12{1908,
p- xx-219, avec 6 figures et 2 cartes; résumé dans Vature (Lon-
na - = Te) = Q ee
dres), 76 [1907], n° 1968, p. 278-279).
Science de l'air dans ses rapports avec la ventilation, par
N.-W. Hosxis (Tech. Lit., 2 [1907], n° r, p. 5-6).
L’atmosphère des villes, par H. Hexrier (eo. Gén. Sci., 18 [1907],
n°5, p. 183-190 ; résumé dans Chem. Abs., 1! 1907}, n° 14, p. 1886).
L'activité de l'air et l’eau de source, par F. Hevricx (Zertschr.
Elektrochem., 13 [1907], n° 27, p. 393-406).
Dispositifs sanitaires pour l’approvisionnement en eau et la
distribution des eaux d’égout, par L.-F. VEernon-Harcourr
(New York, Bombay and Calcutta ; Longmans Green and C?, 1907,
p- xxu-419, avec 287 figures).
Ouvrage important sur ces matières.
La valeur de l’eau pure, par G.-C. Waippze (New York, John Wiley
and Sons ; Londres, Chapman and Hall, Ltd, p. vin-84, avec 1 dia-
gramme).
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — I 3
34 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
L'inspection des eaux par le gouvernement en Illinois (Æn-
gin. News, 57 [1907], n° 12, p. 316-317 ; résumé dans Chem. Abs.,
[1907], n° 12, p. 1595-1596).
Sols — Engrais
L'utilité du Service du sol (Soil Survey), par J.-A. Boxsreer
(U.S. Dept. Agr. Yearbook, 1906, p. 181-188).
Amélioration des pays de cendre blanche avec alcali, à
Fresno (California), par W.-W. Macxie (U. S. Dept. Agr., Bur.
Soils, Bul. 42, 47 pages, avec 2 figures).
Amélioration de la région alcaline dans la vallée du lac
Salé (Utah), par C.-W. Dorsey (U. S. Dept. Agr., Bur. Soils,
Bul. 43, 48 pages, avec 1 planche et 2 figures).
Amélioration des sols alcalins à Billing (Montana), par
C.-W. Donrsey (U. S. Dept. Agr., Bur. Soils, Bul. 44, 21 pages,
avec 1 planche et 2 figures).
Texture des sols du Massachusetts, par C.-G. Sroxe et N.-F. Mo-
NAHAN (Massachusetts Sta. Rpt., 1906, p. 190-198, avec 1 planche).
La forêt du Nord dessèche-t-elle le sol? par D. Kravermnsin
(Lyesoprom Vyestnik, 1906, n° 10 ; résumé dans Zhur. Opuitn.
Agron. (Russ. Journ. Expt. Landw.), 8 [1907], n° 1, p. 72-73).
L’auteur a déterminé l’humidité dans des sols de prairie, de forêts de pin,
de forêts d’épicéa jusqu’à la profondeur d’un mètre. Il conclut qu’on ne peut
dire que la forêt du Nord de la Russie dessèche le sol ; car il faut se souvenir
que les cimes des pins retiennent jusqu’à 23 °/, des précipitations et celles
des épicéas jusqu’à 41 °/,.
L'action des racines et les bactéries, par E.-J. Russezz (Wature
[Londres], 36 [1907], n° 1964, p. 173).
Progrès dans les expériences d’inoculation, par D. Finrayson
(Country Life (Londres), 21 [1907], n° 544, p. 797-799, avec 8 figures).
Sur la question de la fixation de l'azote dans les sols cul-
tivés, par F. Lônnis (Witt. Landw. Inst. Breslau, 4 [1907], n°4 1-»,
p. 39-46).
BIBLIOGRAPHIE 3)
L'état actuel du problème de l'azote, par A.-F. Woons (U. S.
Dept. Agr. Yearbook, 1906, p. 125-136).
Le chaulage des forêts tourbeuses de hêtre, par P.-E. Mürrer
et F. Weis (Naturw. Zeüschr. Land- u. Forstw., 5 [rgo7], n° 7,
p. 52-65; n° 3, p. 154-170, avec 2 figures; n° 4, p. 185-202, avec
4 figures ; n° 5, p. 225-249 ; Forstl. Forsügsv., 1 (1906), n° 3; ré-
sumé dans Skogsvärdstür. Tidskr., 5 [1907], n° 1, p. 27-28).
Pertes dans la préparation et l'accumulation du fumier de
ferme, par T.-B. Woop (Journ. Agr. Sci., 2 [1907], n° », p. 207-215 ;
résumé dans Chem. Abs. 1 [1907], n° 14, p. 1890).
Expérience sur des échantillons de fumier liquide et obser-
vations sur les conditions d’approvisionnement du fumier
liquide dans des citernes, par F. Hansen et R.-K. CHRISTENSEN
(Tidskr. Landbr. Planteavl., 13 [1906], p. 235-250).
Les engrais verts, par A. Trunz (Die Gründünqgung, thre technische
Durchführung und iwirtschaftliche Bedeutung nebst Beschreibung
von Gründüngewirtschaften. Berlin, Paul Parey, 1906, pages1v-6o ;
résumé dans Zettschr. Landiw. Versuchsw. Oesterr., Q[1906], n° r2,
p- 1069).
Utilité de la méthode des essais de végétation pour la dé-
termination des besoins d'engrais des sols, par V. Sazanov
(Zhur. Opuitn. Agron. (Russ. Journ. Expt. Landiw.), 8 [1907], n° »,
p- 129-146).
Rapport sur des essais coopératifs d'engrais, 1906, par P. Bozix
(X. Landtbr. Akad. Handl. och Tidskr., ho [1907], Bihang,
103 pages).
Expériences d'engrais avec du phosphate de calcium pré-
cipité. II, par H.-G. Süversaum (X. Landitbr. Akad. Handl. och
Tidskr., 46 [1907], n° 1, p. 39-46).
L’assimilabilité de l'acide phosphorique de la poudre d'os
peut-elle être augmentée par l'application de sulfate d’am-
monium ? par O. Bürrener (Landw. Vers. Stat., 65 [1907], n°° 4-5,
p- 407-411 ; résumé dans Journ. Chem. Soc. (Londres), 92 [1907|,
n° 534, Il, p. 295).
36 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Recherches sur l’action de fortes doses de sulfate d’ammo-
nium en présence de substances organiques et de car-
bonate de calcium dans le sol, par A. Srurzer (Journ. Landio..
99 [1907], n° 1, p. 81-91).
Essais comparatifs d'engrais avec les nouveaux engrais
azotés, par S. Ruonix (À. Landtbr. Akad. Handl. och Tidsker.,
46 [1907], n° 1, p. 3-21).
Nouveaux engrais azotés, par R. Guizun (Bul. Soc. Agr. |France |,
n. Sér. 39 [1907], mai, I, Sup., p. 331-339).
Nitrate de calcium synthétique, par N. Passerinr (Rruisla, 4,
sér. 13 [1907], n° 10, p. 226-229).
Produits préparés avec des carbonates de terre alcaline,
du charbon de bois et de l'azote, par O. Kümrinc (Ber. Deul:
Chem. Gesell., ko [1907], p. 310 ; résumé dans Chem. Ztg, 31 [1907].
n° 30, Répert., p. 199).
Il s’agit d’études sur les quantités de cyanures alcalins et de cyanamides
formées entre 900° et 1 400° dans diverses conditions.
Le système : chaux, acide nitrique et eau, par F.-K. CamEerox
et W.-0. Romwson (Journ. Phys. Chem., X [1907], n° 4, p. 273-
278, avec 2 fiqures).
L'action physiologique des dicyanamides et leur valeur
comme engrais, par PR. Perorr (Centralbl. Bakt., etc., n° 3»,
Répert., p. 174).
Emmagasinage du cyanamide de calcium, par H. v. FeirimzEx
(Chem. Ztg, 31 [1907], n° 30, p. 385 ; résumé dans Journ. Soc.
Chem. Ind., 26 [1903], n° 9, p. 478).
Le faible excès de chlorure de calcium contenu dans le cyanamide rend Île
produit très hygroscopique. On à observé aussi une perte considérable d'azote
à l’état d’ammoniaque au bout de quatre mois.
L'industrie du sel à Stassfurt, par W.-C. BraspaLe (Chem. Engin,
5 [1907], p. 59; résumé dans Chem. Abs., 1 [1907], n° 5, p. 628).
La farine de graine de coton comme engrais, par E.-H. Jex-
ws et J.-P. Srreer (Connecticut State Sta. Bul., 156, 7 pages).
BIBLIOGRAPHIE 31
La valeur des poissons de fond (Résumé dans Saaten Dünger u.
Futtermarkt, 1907, n° 14, p. 403-404).
On discute leur valeur comme aliment et comme engrais d’après leur taux
de graisse, de protéine et de cendres.
Utilisation du liquide de rebut du sirop de betterave, par
L. Kcein (Pure Products, 3 [1907|, n° 6, p. 268-271, avec 1 figure).
Rapport du chimiste (division des engrais et matières fer-
tilisantes), par C.-A. Gorssmanxn (Massachusetts Sta. Rpt, 1906,
p. 69-81).
Analyses des engrais, saison de printemps, 1907, par B.-VWV. Kir-
Gore (Bul. N. C. Bd. Agr., 28 [1907], n° 4, 45 pages).
Analyses d'engrais (fin 1906 et commencement 1907), par
B.-W. Kizcore (Bul. N. C. Bd. Agr., 28 [1907], n° 7, 39 pages).
Analyses d'engrais comme=ciaux, par M.-B. Harpix et autres
(South. Carolina Sla. Bul., 126, 4o pages).
Le règlement légal du commerce d'engrais en Autriche (Ues-
terr. Forst- u. Jagdzstq, 25 [1903], n° 5, p. 33-34).
Botanique agricole
Dommages causés à la végétation et à la vie animale par
la fumée des usines, par J.-K. Haxwoon (Journ. Amer. Chem.
Soc., 29 [1907], n° 7, p. 998-1009).
Recherches sur les éléments pernicieux de la fumée des
usines, par W.-C. Esaucu (Journ. Amer. Chem. Soc., 29 [1907],
n° 7, p. 991-970, avec 1 planche et 1 figure).
Études sur les alcalis, VI, par H.-G. Kucur et R.-B. Moupy
(Wyonung Sta. Rpt., 1906, p. 45-51).
L'influence du sulfate de magnésium sur la croissance des
semis, par Gertrude S. BurziNGnam (Journ. Amer. Chem. Soc., 29
[1907], n° 7, p. 1095-1112).
38 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
La présence de la silice organique dans les plantes, par
T. Takeucn (Bal. Col. Agr., Tokio, impr. Univ., 7 [1907], n° 3
p. 429-437).
,
La flore bactérienne du sol et son importance pour l’agri-
culture, par F. Weis (Tidsskr. Landbr. Blanteavl., 7 [1907], n° 3,
p- 437-439).
Excellent résumé de nos connaissances sur la matière.
Relation entre la croissance des plantes et l’espace laissé
aux racines, par 5. Kumariri (Bul. Col. Agr., Tokio, imp. Univ.,
7 [1907], n° 3, p. 437-439).
La production de races de plantes cultivées habituées à la
sécheresse. I. Recherches anatomo-physiologiques, par
V. Korkunov (/zv. Kiev. Politek. Inst., 1905, p. 82; résumé dans
Zuhr. Opiutn. Agron. (Russ. Journ. Expt. Landuw.), 7 [1906], n° 6,
P+ 709).
Récolte des champs
Rapport de l’agronome, par W.-P. Brooks, E.-S. Furrox etE.-F, Gas-
KILL (Massachusetts Sta. Rpt., 1906, p. 23-00).
Les champs d'expériences de Woburn (1905 et 1906), par
J.-A. VoeLzcker (Journ. Roy. Agr. Soc. England, 67 [1906], p. 282-
310).
Elles ont donné des résultats (très intéressants.
Assolements divers, par D.-A. Bronie et C.-K. Me Crerranp (U. S.
Dept. Agr., Farmers’ Bul., 229, 14 pages).
Une laiterie prospère, par L.-G. Donce (U. S. Dept. Agr., Bur.
ä Plant. Indus., Bul. 102, p. 19-23, avec 1 planche).
Projet d'un système de récolte, par W.-J. Srizzmann (U. S. Dept.
Agr., Bur. Plant. Indus., Bul. 102, p. 25-31, avec 2 figures).
L'application de la propagation végétative à des légumi-
neuses fourragères, par J.-M. WesrGare et C.-W. Over (U. S.
Dept. Agr., Bur. Plant. Indus., Bul. 102, p. 33-37, avec 3 plan-
ches).
BIBLIOGRAPHIE 39
Quelques herbes et plantes fourragères importantes pour la
région côtière des golfes, par S.-M. Tracy (U. S. Dept. Aqr.,
Farmers’ Bul., 300, 15 pages, avec 5 fiqures).
Notes sur l’Agave et les Furcræa dans les Indes, par J.-R. Drum-
moxD et D. Praix (Dir. Land Rec. and Agr. Bengal, Bul. 8 [1905],
199 pages).
Culture d’alfalfa dans le comté de Grand-Isle, par L.-R. Jones
et H.-A. Epson ( Vermont Sla. Rept., 1906, p. 269-278).
La valeur de l'orge de brasserie dans ses rapports avec
l’agriculture et l’emploi dans la brasserie eu égard spé-
cialement au taux d'azote, par R. Waur (Amer. Brewers’ Rev.,
21 [1907|, n° 6, p. 274-278).
L'influence de la distance entre les plantes sur la quantité
et la qualité des betteraves fourragères, par G. Faüaricn
(UT. Landiw. Ztq, 27 [1907], n° 30, p. 273-274).
Travail de culture du blé dans les stations d'expériences,
par J.-L. Scaucre (U. S. Dept. Agr. Yearbook, 1906, p. 279-294).
La production du coton en 1906 (Bur. of the Census (U. $S.),
Bul. 76, 68 pages, avec 12 cartes).
L'histoire du Vigna unguiculata (cowpea) — sorte de haricot
— et son introduction en Amérique, par W.-F. Wicur (U. S.
Dept. Agr., Bur. Plant. Indus., Bul. 102, p. 43-59, avec 3 planches).
La panicule comme facteur dans la production d'avoine et
dans l'identification des variétés, par C. Fruwirra (Füxcix@’s
Landiw. Ztq, 56 [1907], n° 9, p. 289-301).
Pisum maritimum, par G. Becker (FüaunG's Landio. Zlg, 56
[1907], n° 9, p. 325-328).
Essais de culture dans des milieux humides de la variété
violette de Solanum GCommersoni et des pommes de terre
des variétés Bleue géante et Richter Imperator, par P. Vix-
cEy (Journ. Soc. Nat. Hort. (France), 4° sér., 8 [1997], Feb., p. 92-
97)-
40 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Méthode pour réduire les frais de production du sucre, par
C.-0. Towxsexp (U. S. Dept. Agr. Yearbook, 1906, p. 265-278,
avec 2 planches et 1 figure).
Nouvelles variétés de tabac, par A.-D. Sxamez (U, S. Dept. Agr.
Yearbook, 1906, p. 387-404, avec 4 planches et 4 fiqures).
L'effet des conditions climatiques sur la composition du blé
dur, par J.-A. Lecrerc (U. S. Dept. Agr. Yearbook, 1906, p. 199-
212, avec 2 planches).
Horticulture
Essais sur la vitalité des semences végétales, par E.-H. Jex-
KINS (Connecticut State Sta. Rpt., 1906, Pt. 6, p. 395-397).
L'emploi d’anesthésique pour forcer les plantes, par W. Sruarr
(Vermont St. Rpt.; 1906, p. 279-293, avec 2 fiqures).
Nouveaux fruits qui promettent bien, par W.-A. Taycor (U. S.
Dept. Agr. Yearbook, 1906, p. 355-370, avec 8 planches).
Une étude sur les vergers dans la vallée de Bitter Root, par
R.-W. Fisaer (Montana Sta., Bul. 66, p. 67-96, avec 1 planche ct
18 figures).
Notes préliminaires sur des pommes du Maine venues de
graines, par W.-M. Muxsox (Maine Sla., Bul. 143, p. 115-139, avec
1/, fiqures).
La perte des bourgeons des pêchers par le froid influencée
par un traitement préalable, par W.-H. Cnaxorer (Missouri
Sta., Bul. 74, 47 pages, avec 14 figures).
Recherches de la station d'expériences sur les pêchers, par
C.-B. Suiru (U. S. Dept. Agr., Office Expt. Slas. Rpt., 1906, p. 39g-
434, avec 6 fiqures).
Nouvelles productions de citrus et d’ananas du départe-
ment d'agriculture, par H.-J. Wesser (U. S. Dept. Agr. Year-
book, 1906, p. 329-346, avec 8 planches et 1 figure).
BIBLIOGRAPHIE 41
La culture d’ananas à la Jamaïque, par G.-L. Lucas (Bul. Dept.
Agr. Jamaica, 5 [1907], n°° 2-3, p. 41-43).
L'olivier, par L. Decrurry (L'Olivier. Montpellier, Coulet et fils ;
Paris, Masson et Ci, 1907, 123 pages, avec 94 fiqures).
C’est un traité de la culture de lolivier. I. Introduction, par C. Flahault ;
II. Variétés d'olives croissant en France, Algérie, Tunisie, Italie, Pro
IT. Méthodes de culture ; IV. Insectes, champignons, maladies.
Olives et huile d'olive, par A.-B. Burmax (Wo. Consular and Trade
Rpts. (U. S.), 1907, n° 320, p. 195-198).
La fermentation du thé, II, par H.-H. Maxx (/ndian Tea Assoc.
(Pamphlet), 1, 1907, 17 pages).
Travail important longuement analysé.
Thé cultivé à la maison, par G.-F. Mrrscnezz (U. S. Dept. Agr.,
Farmers’” Bul., 301, 16 pages, avec 4 fiqures).
Notes sur la hauteur au-dessus du sol à laquelle les bour-
geons à fleurs se forment sur la vigne, par C. Huaues (vista,
4° sér., 13 [1907], n° 10, p. 221-226).
Le livre du chrysanthème, par P.-S. Forzwezz (New York et Lor-
dres, John Lane and C°, 1907, pages vu-97, avee 20 planches).
Rapport de l’horticulteur, par F.-A. Waucn (Massachusetts Sla.
Rpl., 1906, p. 208-211).
(A suivre.)
EXCURSION EN SCANDINAVIE
AVANT-PROPOS — ITINÉRAIRE
Un voyage de six semaines en Scandinavie m’a permis, au cours
de 1907, de recueillir sur l’agriculture du Danemark, de la Norvège
et de la Suède, sur les institutions et les industries agricoles, sur les
traits caractéristiques de la vie rurale de ces beaux pays, un certain
nombre d'observations. Ces documents sont, je l’espère, de nature à
intéresser les agronomes qui regardent, avec moi, la connaissance
des conditions fondamentales de l’agriculture à l'étranger, comme
un point de départ très utile pour les progrès à réaliser dans notre
pays.
En dehors des questions agricoles proprement dites, j'ai pu étudier,
plus complètement que je ne l’avais fait en 1905, lors d’un premier
voyage en Norvège, les immenses ressources qu’offrent à diverses
industries les puissantes forces hydrauliques dont les applications
qu'en ont faites Birkeland et Eyde, à la production électrique de
l'acide nitrique, ont décuplé la valeur.
Les chutes d’eau de Norvège dépassent en beauté et en importance
celles des plus belles cascades de toutes les régions du continent.
Elles sont devenues, par lPintervention des savants dont le nom est
célèbre aujourd’hui dans le monde entier, l’agent primordial de la
fabrication de composés azotés qui assurent, dans l'avenir, la pro-
duction économique illimitée des nitrates. Je suis en mesure de fare
connaitre au lecteur le développement de la nouvelle industrie dont
EXCURSION EN SCANDINAVIE 43
j'ai exposé les brillants débuts pleins de promesses, en voie de réali-
sation avec autant de célérité que de succès (°).
J'ai hésité un instant sur le plan à adopter pour présenter au lecteur
les observations recueillies au cours de mon voyage — description
méthodique des questions diverses que J'ai pu étudier ou reproduc-
tion, en suivant l’ordre des dates, de mon journal quotidien ; — cette
dernière manière m'a paru la meilleure ; elle me permet, notamment
en ce qui concerne l’état des cultures, de noter les changements
survenus du 25 juillet 1907 au milieu de septembre, époque de mon
retour en France; je l’adopterai donc.
ITINÉRAIRE SUIVI
25-27 juilet. Paris à Hambourg par Cologne.
De ce trajet, effectué à l'aller, en deux fois par trains rapides, J'ai
peu de choses à dire. Si l’on en excepte la magnifique vallée de la
partie de la Meuse, rendue si pittoresque par les falaises et les rochers
calcaires aux formes variées et parfois fantastiques qui font Padmi-
ration des touristes, entre Verviers et Namur, la route de Paris à la
frontière allemande est assez monotone. Seules, les richesses agri-
coles et industrielles des grandes plaines qui s'étendent jusqu’à la
Belgique attirent l'attention dans la traversée, en chemin de fer, des
départements de l'Oise, de la Somme, du Pas-de-Calais et du Nord.
Le paysage est peu varié. La moisson commençait à peine. Sur nom-
bre de points, les céréales avaient subi la verse. Les champs de bette-
raves et les prairies rompaient seuls la monotonie des vastes champs
de blé qui sont l’une des principales richesses de cette belle région
agricole.
Eutre Verviers et Cologne le pays est plus accidenté, ce qui à
nécessité le percement de nombreux tunnels et la construction de tra-
vaux d’artimportants pour la traversée des vallées et des cours d’eau.
Cologne est le centre de la région nord des provinces du Rhin s'éten-
(*) La production électrique de l'acide nitrique avec les éléments de l'air (Annales
de la Science agronomique francaise ct étrangère, tome 1, 1906. Chez Berger-
Levrault et Gi°).
44 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
dant jusqu’à la Westphalie que lon atteint bientôt, laissant sur la
œauche le Rhin traversé au sortir de Cologne.
À Osnabrück, on entre dans le Hanovre. On franchit en une heure
et demie (125 kilomètres) la distance d’Osnabrück à Brême, la
deuxième ville libre hanséatique, s’étalant sur les deux rives du
Weser; la voie ferrée traverse ce beau fleuve qui fait de Brême un
port marchand de première importance, en communication avec la
mer du Nord à Bremerhaven.
La province du Rhin et la Westphalie sont couvertes de très belles
récolles : les seigles sont en partie coupés ; la moisson du blé ne sem-
ble pas encore commencée ; les avoines très vertes, de haute taille
en général, promettent une abondante récolte ; malheureusement,
comme dans le nord de la France, une grande partie des céréales est
couchée.
À partir de Brême, on longe/de vastes étendues de prairies très
intelligemment irriguées, à l’aide des cours d’eau qui sillonnent le
pays. Ces belles prairies s'arrêtent aux environs de Sagehorn. Au
delà de cette station, des deux côtés de la voie, principalement à
droite, la grande culture fait place presque partout à de vastes landes,
partie tourbeuses, partie sableuses, ainsi que l'indique la présence
de grands tapis de bruyère commune. De-ci de-là, des pins isolés et
des bouquets d'arbres de cette essence assez mal venants. Plus loin
de petits boqueteaux de pins, encadrant quelques prairies de plus
ou moins belle apparence. L'aspect du sol est médiocre, ce qui sans
doute explique la rareté des villages dans cette région. À partir de
Brême on aperçoit les moulins à vent, indice de la proximité des
Pays-Bas.
Sept heures après notre départ de Cologne, nous arrivons à Ham-
bourg. C’est de cette admirable ville que part l'itinéraire que J'avais
étudié à lPavance pour mon excursion dans les pays scandinaves. Je
dois décrire sommairement cet itinéraire pour orienter le lecteur qui
voudrait bien me suivre à l’aide d’une carte.
Pour se rendre de Hambourg en Scandinavie, plusieurs voies s’of-
frent au voyageur : 1° par Kiel-Corsôr à Copenhague ; 2° le Jutland
(Danemark) jusqu’à Frederikshavn par chemin de fer, et de Frede-
rikshavn par vapeur à Gothembourg (Suède) où à Christiania (Nor-
EXCURSION EN SCANDINAVIE 45
vège); 3° Hambourg à Copenhague et à Malmô (pointe méridionale
de la Suède). On peut aussi, si lon préfère la voie de mer, s’embar-
quer à Hambourg, au Havre ou à Anvers, à Amsterdam ou à Rotter-
dam pour se rendre directement, soit à Christiania, soit à Bergen,
soit même à Stockholm.
Me proposant de visiter successivement la presqu’ile danoise (Jut-
land), une partie de la Suède centrale, le centre et l’ouest de la Nor-
vèce, la célèbre station de Swalôf près de Malmo et le Seeland, ile
danoise où se trouve Copenhague, capitale du Danemark, je me suis
arrêté à l'itinéraire suivant :
Hambourg à Frederikshavn, à l’extrémité nord du Jutiand, en
traversant dans touté leur longueur le Schleswig et la presqu’ile
danoise.
Par mer, de Frederikshavn à Gothembourg ; de Gothembourg à
Jünkôping, sur le lac Vetter (Suède centrale); visite des tourbières
de Flabult; de Jônkôping à Christiania, par Mellerud et Kornsü :
chutes à Sarpfos du Glommen, le plus grand fleuve de la Scandi-
navie.
De Christiania par Kongsberg à Rjukan et Notodden, sièges des
grandes installations hydro-électriques et des usines d’acide nitrique
de la Société norvégienne de Pazote.
De Notodden, traversée du Telemarken, de l’est à l’ouest, par les
fjords d'Hitterdal et de Nordsjô, le Bandak-Canal, la chaîne du Hau-
kelid jusqu’à Odda, située à l'extrémité du Hardangerfjord (glaciers
du Folgcfond, chutes du Tyssé et usines hydro-électriques d’Odda).
D’Odda, par le Hardangerfjord, à Bergen. Retour à Christiania; de
Bergen par le Sognetfjord (long de 180 kilomètres, par le 61° degré
de latitude nord) à Lœærdal, De Lœrdal à Christiania par l’admi-
rable route de montagne du Valders. Après un nouveau séjour à
Christiania, trajet de cette ville à Swalôf, pour visiter la station de
culture dirigée par le D' Nilson. Embarquement à Malmô pour
Copenhague: visite des cultures et de la station de Pile danoise à
Lyngby.
Retour sur le continent par Corsôr, Kiel à Lübeck, Hambourg,
Münster, Cologne et Paris.
La seule indication de l'itinéraire parcouru montre la variété des
46 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
natures de sols, de climat, d'altitude et, par conséquent, la diver-
silé des conditions de productions agricoles et forestières que, j'ai pu
étudier sur place. J’ai parcouru les régions comprises entre le 55° et
le 61° degré de latitude, dont les altitudes varient entre zéro, niveau
des mers qui bornent le Danemark, la Norvège et la Suède, et 2 300
mètres, dans la partie montagneuse de la Norvège.
Le sol de la Scandinavie a, partout, gardé l'empreinte de la cara-
pace de glace qui, à deux époques assez distantes l’une de l’autre,
a, suivant les géologues, recouvert tout le pays. J’aurai occasion
plus loin d’en signaler des exemples absolument démonstratifs.
Quelques indications indispensables sur les différences profondes
de la constitution des sols danois et scandinaves nous feront con-
naître les conditions économiques du développement agricole de
ces beaux pays. Je demanderai au lecteur d’entrer avec moi dans
le Jutland où de si considérables progrès ont été réalisés depuis une
vingtaine d'années.
I — La presqu'île du Jutland
29 juillet au f% août. De Hambourg à Aarhus et à Frederikshavn,
Pour se rendre dans le Jutland, on quitte Hambourg par la ligne
ferrée du Schleswig qui traverse, dans toute sa longueur, ce pays si
cruellement arraché au Danemark par la guerre de 1864.
La frontière danoise qu’on franchit entre Woyens et Vamdrup a
été reculée à 230 kilomètres de Hambourg environ, par cette malheu-
reuse guerre.
Presque au sortir d’'Altona, grande ville qui, au point de vue com-
mercial, ne fail pour ainsi dire qu’un avec Hambourg, dont elle est
distante de 7 kilomètres seulement, on rencontre les landes et les
terrains marécageux qui couvrent, dans le Schleswig et dans le Jut-
land, des étendues considérables. La vaste plaine du Schleswig offre,
sur beaucoup de points, de beaux pâturages où paissent de nombreux
troupeaux ; des prairies de qualité variable, mais bien irriguées et
entretenues, alternent, çà et là, avec des champs de céréales encore
sur pied et des cultures fourragères. Maigres récoltes en apparence,
EXCURSION EN SCANDINAVIE 47
saul celle des avoines sur quelques points. Dans la traversée du Schles-
wig, les céréales sont courtes, assez clairsemées et partiellement
versées, là où elles ont atteint une dimension à peu près normale.
À partir de Vamdrup, on pénètre dans le Jutland ; l’aspect généra
du pays change ; le sol est plus accidenté ; les reboisements poussés,
comme on le verra plus loin, avec une grande activité et les nom-
breux canaux qui sillonnent le sol impriment un caractère spécial,
très agréable pour l'œil, à la région qui s'étend de Fredericia à
Aarhus.
Le Danemark, dont la superticie totale est de 38 985 kilomètres
carrés (‘), se divise, on le sait, en deux parties bien distinctes : la
presqu'île du Jutland et les îles dont la plus importante s'appelle le
Sceland. Les neuf bailliages ou départements du Jutland (Amter) ont
ensemble une superficie de 25 650 kilomètres carrés. Les neuf pro-
vinces du Seeland couvrent une surface de 13 335 kilomètres carrés
seulement. La population totale du Danemark s'élevait, en 1900, à
2 465 000 habitants (°), la population rurale étant de 1 504209 habi-
tants, la population urbaine de 960 560.
Le sol du Danemark se compose, à l’exception de l'ile de Bornholm,
presque exclusivement, de dépôts quaternaires qui forment, à peu
près partout, des couches d’une épaisseur considérable, au-dessus
des formations préglaciales.
Les différences que présente la fertilité du sol danois sont dans un
rapport élroit avec l’origine géologique des couches meubles qui
forment sa surface. Les énormes couches de glace qui, pendant les
longues époques de la période glaciaire, ont, par deux fois, recou-
vert le pays, ont eu la plus grande influence sur ces différences de
fertilité, soit par la nature des masses de terres que les glaces y
apportaient, soit par le déplacement des sables, des graviers, des
pierres et des argiles, opéré par la fonte des glaces et continué,
plus tard, par l’action des pluies.
Les géologues danois distinguent deux époques dans la période
glaciaire : ils admettent que le pays a été couvert successivement par
(*) Statistique de 1906.
(2?) Recensement de 1906 : 2588 969 habitants.
48 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
deux masses de glace différentes, provenant toutes deux des plus
hautes montagnes de la province scandinave. La première couche
de glace s’est dirigée vers le sud de la Norvège, d’où elle s’est répan-
due sur tout le Danemark, le recouvrant d’un dépôt considérable de
pierres, de gravier, de sable et d'argile (argile glaciaire). Les cou-
ches du sol du Jutland central et occidental datent de cette époque,
car on y retrouve fréquemment des pierres provenant des rochers de
la Norvège méridionale.
J'ai autrefois constaté le même fait dans l’île de Rügen, voisine du
Mecklembourg, sur la Baltique, dont les dolmens si fréquents sont
formés de roches primitives transportées par les glaces de la Suède
sur le massif calcaire qui constitue l'ile.
Certaines parties du Jutland oriental, de mème que les îles danoi-
ses, recouvertes par les dépôts de la seconde période glaciaire, ont
eu à subir un lavage beaucoup moins intense : elles sont essentielle-
ment argileuses et fertiles. Au contraire, les régions centrale et occi-
dentale, bien que de même origine glaciaire, ayant subi, sous l’ac-
tion énergique de l’eau, une véritable lixiviation qui à dissous la
chaux et entrainé l'argile, sont devenues sablonneuses, très maigres
et propres seulement à la culture forestière.
I semble, c'est du moins lPopinion des géologues danois, que la
couche de glace ait recouvert ces contrées pendant une longue
période, puis qu’elle ait fondu rapidement, sans que le sous-sol ait
été exposé à un long lavage. Par contre, l’eau de fusion, provenant
des bords de la couche de glace située le long de la chaîne des
collines du Jutland, à entrainé des masses considérables qu’elle a
déposées vers l’ouest, où elles forment la couche supérieure des
grandes plaines stériles des landes.
L’argile glaciaire, qui couvre à peu près la moitié de la superficie du
pays, est une excellente terre arable ; contenant une certaine quantité
de sable qui la rend facile à cultiver; elle est riche en principes
nutritifs, surtout en chaux.
L’argile et le calcaire fin, déposés à l’origine par les glaces, puis
emportés par le lavage, se sont rassemblés dans certains endroits, et
dans les lacs où ils ont été définitivement fixés. Ces couches d’argiles
culcaires, dépourvus d: pierres, jouent actuellement un rôle très
EXCURSION EN SCANDINAVIE 49
important en Danemark, en constituant, soit un sol plus consistant
que l’argile glaciaire, soit de la terre à brique, comme dans le nord-
est du Seeland, soit enfin, plus spécialement, de la marne, comme
dans les landes du Jutland, où l'argile calcaire se rencontre dans les
chaînes ou îlots de collines, dont on lextrait pour la répandre, au
moyen de petits chemins de fer, sur toute la surface des landes.
Le sable glaciaire siliceux, à grain plus ou moins grossier, se
prête, en somme, beaucoup mieux à la culture sylvicole qu'aux
autres ; c’est lui qui a formé primitivement le sol des forêts.
Le sable glaciaire calcaire est, par contre, un excellent amende-
ment, surtout pour les terres marécageuses. Les dunes et les maré-
cages n’occupent qu'une superficie beaucoup plus petite que celles
des argiles glaciaires : on les évalue respectivement de 1/30° à 1/60°
et de la superficie du Danemark. J’y reviendrai plus loin.
Le climat du Danemark est relativement doux, eu égard à la situa-
tion géographique du pays. La température moyenne annuelle de
Copenhague, déterminée par cent dix années d’observations, est de
7°5 C. ; tandis que beaucoup de villes situées sous le même degré
de latitude n’ont qu'une température moyenne annuelle de 1°5.
Cette différence est due aux vents dominants du sud et de l’ouest
qui soufflent sur le pays et lui apportent l'air relativement chaud de
PAtlantique (gulf-stream). Le climat du Danemark est un climat
insulaire et maritime. La température moyenne de l’hiver est de 0°2,
celle de l'été 15°4. En toutes saisons, les stations de l’intérieur du
pays ont une température moyenne plus basse que celle des stations
des côtes, notamment en Jutland.
Les températures les plus élevées et les plus basses que l’on ait
observées ont été : dans l’intérieur, de 33° à 34° et — 23° — 95°;
sur les côtes, de 28° à 30° et — 17° à — 19°. Le nombre de jours de
gelée est le suivant :
HIVER PRINTEMPS AUTOMNE AVRIL MAI OCTOBRE
IMÉÉrIeuT 67 33 16 10 2 4
COTEST RNA 57 F25 8 5 1/2 1
La chute d’eau moyenne annuelle est de 614 millimètres, pour
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 1 4
30 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
tout le Danemark, avec un maximum de 675 millimètres dans Pouest
du Jutland. La répartition des pluies est assez régulière : la chute
minimum a lieu au printemps : 101 millimètres; la chute maximum
en automne, 206 millimètres ; en hiver, 124 millimètres; en été,
183 millimètres. Le nombre de jours de pluie est, en moyenne,
de 196 par an, pour tout le pays : 40 en hiver, 3% au printemps,
37 en été et 45 en automne ; 94 jours de bouillard, en moyenne, par
an. Les orages sont fréquents, le plus souvent en juin, juillet et août,
rarement de novembre à avril.
J'aurai plus tard l’occasion de parler de la répartition des cultures
et des rendements du sol, lorsque, revenant de Suède, je parcourrai
le Seeland. Avant de quitter le Jutland, jetons un coup d'œil sur la
mise en valeur des terres incultes, sur la plantation des landes et les
reboisements ; sur les travaux d'irrigation qui, dans les trente der-
nières années, sous l'impulsion féconde de la Société royale d’agricul-
ture et grâce à l’activité de la Société pour la culture des landes et à
celle de la Commission des dunes, ont augmenté, dans des propor-
tions si considérables, Putilisation des terrains incultes du Danemark.
II — Les améliorations agricoles en Jutland
La société pour la culture des terres
30 juillet. Aarhus.
QUn petit pays comme le nôtre, écrit un distingué publiciste danoës,
M. P. Feilberg, n’a pas le moyen de laisser improductive aucune partie
de son sol et tous les procédés que la science moderne met à sa dis-
position doivent être utilisés : toutes les parties du sol doivent être
employées pour l’agriculture ou pour la sylviculture. Si la guerre est
un fléau pour les nations, elle est aussi un puissant élément pour leur
développement. Voyez avec quelle rapidité l’organisation des écoles
agricoles s’est développée depuis la guerre de 186%; or, c'est sur les
progrès de l’enseignement que sont fondés les progrès économiques. »
Nulle part, autant qu'en Danemark, cette dernière conception n’a
reçu une démonstration aussi complète. Dans aucun pays, à ma con-
naissance, par le triple concours de la science, du développement de
EXCURSION EN SCANDINAVIE pl
l'initiative privée et de l'esprit d'association, 1l n’a été accompli, en si
peu d’années, de progrès comparables à ceux que révèle l'étude de la
situation agricole et économique du Danemark. Combien d'exemples
utiles nous aurivns à lui demander! J’essaierai plus loin d’en indiquer
quelques-uns qu'il nous serait aussi facile que profitable d’imiter.
Pour l'instant je m'arrêterai aux améliorations apportées, depuis
la guerre de 1864, à des terres jusque-là improductives.
C’est particulièrement depuis une quarantaine d'années que l’on à
fait en Danemark, et notamment dans le Jutland, d'immenses travaux
pour mettre en culture des terres jusque-là stériles, à cause de
leur trop grande ou de leur trop faible humidité, de leurs mauvaises
conditions physiques, ou de leur composition défectueuse, les ren-
dant impropres à toute végétation normale.
D’après les relevés du bureau statistique du Danemark, en 1900
la superficie totale du pays est évaluée à 3 802 000 hectares, dont le
tableau ci-dessous résume la répartition, d’après la nature des affec-
tations du sol :
BECTARES Contésimales
Ferre ADOHTÉCS RAM LE ee 2 535 000 66,7
Herbages et prairies aieatée, DE 305 000 8,0
Marais étdnes 2 UNION TEE 152 000 4.0
LARMES Anne HN. NS 397 000 10,5
ROTÉlS MAIS £ 312 000 8,2
Terrains vagues, chemins, ES voies
ierréeS Meaux EN PAUONTELRLS ZT: 101 000 2,6
Superficie totale du pays. . . . 3 602 000 100,0
Une partie du territoire (évaluée à 200 000 hectares) occupée par
des marais, des landes, des dunes et des herbages dont l’ensemble
représente une superficie de 854 000 hectares, est cultivée el donne
quelques produits.
On évalue donc à 650 000 hectares la surface actuelle des terres
que les agronomes danois nomment anormales et qui sont sans cul-
ture et sans rapport.
Près de la moitié de cette superficie inculte se compose de terrains
humides acides, l’autre moitié de mauvais sols sableux et de lan-
des. La mise en valeur de ces terres anormales consiste, en principe,
52 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
dans l’emploi des moyens naturels qu'offre le pays même : lair,
l’eau, les amendements calcaires (marnes) ; on y ajoute, depuis un
certain nombre d’années, l’introduction d'engrais minéraux : phos-
phates et sels de potasse.
En nivelant les superficies marécageuses, on ventile la terre; on
facilite l’oxydation des matières organiques et l’on détruit partielle-
ment ainsi les composés acides, si nuisibles à la végétation — des
drainages complètent, sur beaucoup de points, ces opérations de
nivellement.
Il existe, dans le Danemark, de grandes étendues de terres recou-
vertes d’une épaisse couche de sables arides ; aussi, partout où la
chose est praticable, on cherche à y diriger des cours d’eaux, afin de
donner à ces terres l'humidité nécessaire. La Société royale d’agri-
culture a rendu des services signalés en encourageant et organisant
la régularisation des grands cours d’eaux ; mais c’est surtout à la
Société des landes que revient la plus grande part du développement
du régime des irrigations. Cette société, dont J'ai étudié ici même,
avec le plus vif intérêt, l’organisation et dont Je vais faire connaître
le fonctionnement et les importants services rendus à l’agriculture
danoise, a déjà fait construire plus de cent canaux d'irrigation d’une
longueur totale de près de 400 kilomètres.
Une autre institution non moins utile, la Commission des dunes,
a fait, le long de la côte occidentale du Jutland, des plantations qui
couvrent près de 20 000 hectares. Ces deux institutions ont augmenté
très sensiblement, par leur intelligente activité, la superficie .des
forêts du Danemark ; quelques chiffres donneront une idée des résul-
tat: obtenus, dans les vingt dernières années, au point de vue de
l’amélioration des terres incultes.
L'augmentation, par ces associations, des surfaces cultivées atteint
déjà 60 000 hectares, se décomposant de la manière suivante :
HECTARES
Irrigations et formations nouvelles , . . 18 000
Endigüements. "1.105,27 4: 27 000
Desséchements de lacs et étangs . . . . 13 000
Culture desmarais MEME TENS AS 2 000
ENSEMDIC ANTENNES 60 000
EXCURSION EN SCANDINAVIE 53
soit 4,6 °/, de la superficie totale du pays, sans compter les drai-
nages opérés sur les terres qui en ont besoin. On espère, d’ici à cin-
quante ans, arriver à transformer en prairies et herbages la totalité
des marais encore existants et rendre fertiles les 400 000 hectares
de landes et de dunes, dont les deux tiers seraient affectés aux plan-
tations et le reste, soit 132 000 hectares, à la culture proprement
dite.
Quelques détails sur la Société pour la culture des landes, dont
Aarbhus est le siège principal, et sous la féconde impulsion de laquelle
s'effectuent ces grandes améliorations, ont ici leur place tout indi-
quée.
Cette société, fondée en 1866 par l'initiative du lieutenant-colonel
Dalgas qui en a été le directeur jusqu’à sa mort (1894), a pour but,
comme son nom l'indique, d'encourager la culture des landes du
Jutland et de prêter son concours pour les plantations, la culture
des marais, les travaux d'irrigation, etc.
Elle a à sa tête un comité qui fonctionne gratuitement et rend ses
comptes à une assemblée de vingt représentants ou délégués de ses
membres. Le personnel, choisi et rétribué par la société, se compose
d’un directeur-administrateur, d’un chef de bureau, d’un trésorier,
de deux expéditionnaires, de dix gardes forestiers, dix aides, deux
ingénieurs pour l'installation de canaux d'irrigation et de chemins
de fer portatifs pour le transport de la marne et la répartition de cet
amendement.
La société compte près de cinq mille membres : en 1900, son
revenu était 152000 kroner (°), soit 212800 francs, dont 55 300 francs
provenant des cotisations des membres et des fondations diverses ;
4 900 francs de revenus de ses propres créations et 140 000 francs de
subvention de l’État. L'État accorde, en outre : une subvention de
75 000 kroner (105 000 francs) en faveur des propriétaires qui s’en-
gagent à maintenir les plantations en forêts ; 70 000 kroner (98 000
francs) pour la distribution, à moitié prix de leur valeur, de plants
destinés aux petites plantations et à l’installation de haies; 30 000
kroner (52 000 francs) pour le transport de la marne par chemin de
(*) Le kroner vaut 1740 ; il est divisé en cent dre,
pt ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
fer ; enfin 7 000 kroner (9 800 francs) pour la culture normale des
marais.
La part contributive de l’État, à cette œuvre d'intérêt général,
s'élève donc, annuellement, au total, à plus de 400 000 francs.
La société publie un bulletin paraissant tous les mois, et un cer-
tain nombre de brochures relatives à l'irrigation des prairies, à la
plantation et à l’amélioration des landes, à la culture des ma-
rails, ef.
Le but de la société est d’aider et de guider les personnes qui lui
demandent son concours, et non d'acquérir ou de cultiver des terres.
La société possède, cependant, d'assez grandes étendues de landes,
provenant de dons ou d’acquisitions, et quelques marais qu’elle a
cultivés, mais ces propriétés servent uniquement aux fonctionnaires
de la société comme champs d'expériences.
À ses débuts, ce fut surtout l’installation des canaux d'irrigation,
le long des rivières du Jutland, qui absorba le temps et les ressources
de la société. Les habitants des landes étaient depuis longtemps
familiarisés avec l'emploi de l’eau, mais ils avaient besoin d'un appui
pour l'installation de grands canaux. La société en prit l'initiative :
elle mit d'accord les intéressés, elle dressa les plans et dirigea l’éta-
blissement de canaux exécutés aux frais des habitants de la contrée.
On à jusqu’à présent, comme je l'ai dit plus haut, construit en Jutland
plus de cent grands canaux d’une longeur totale de 380 kilomètres.
Le plus grand de ces canaux a 22500 de longueur, avec un débit
de 4 mètres cubes d’eau à la seconde. Par contre, la société ne s’est
guère occupée des détails de linstallation des prairies, mais elle
possède elle-même environ 83 hectares de prés où elle fait exécuter
des expériences relatives à l’utilisation de l’eau.
Le but principal de la société a toujours été et sera constamment
d'encourager la plantation de forêts et de haies dans les contrées du
Jutland privées de bois. Vers le milieu du siècle dernier, il y avait en
Jutland 737 600 hectares de landes; actuellement, on n’en compte
plus que 340 000 ; le reste est maintenant planté d'arbres ou cultivé.
La culture des landes a été opérée surtout par les propriétaires des
landes eux-mêmes, aidés par la société, qui les guide dans les travaux
d'irrigation et leur procure la marne nécessaire. Les plantations des
EXCURSION EN SCANDINAVIE 55
superficies arides et incultes, qui sont exécutées par les habitants, sont
dues, par contre, exclusivement à l’initiative de la société, qui pos-
sède à cet effet, comme champ d’expériences, près de 5 000 hectares,
et dont le but principal est de guider et d'encourager gratuitement
toutes les personnes désireuses de s'assurer son concours pour de
grandes ou petites plantations.
Généralement, les plantations sont faites par = habitants des
landes sur des terrains leur appartenant en propre ; mais des citoyens
riches ont puissamment contribué au reboisement des landes, en
achetant et en faisant boiser des superficies considérables.
Ces dernières plantations sont généralement administrées par la
société: et se composent exclusivement de conifères, surlout de sapins
rouges (Pinus excelsa) et de pins des montagnes (Pinus montana).
Leur étendue varie entre 5" 50% et 1 103 hectares. Vers la fin de
1889, la société administrait ainsi près de treize cents plantations,
d’une superficie totale de 48 540 hectares, dont la moitié étaient
plantés à cette époque.
La société fait distribuer annuellement, par l'intermédiaire de
cinquante sociélés de plantalions en Jutland, environ 12 millions de
plants, vendus à la moitié ou au quart de leur prix.
Quant à la distribution de la marne, dans les contrées pauvres en
cet amendement, la société entretient à ses frais un chercheur de
marne qui, jusqu’en 1900, en avait déjà découvert quatorze cents
gisements.
De plus, la société a dirigé la construction de trois voies ferrées,
d'une longueur totale de 53“"500 pour le transport de la marne ;
enfin elle opère le remboursement aux intéressés des deux tiers des
frais de transport, accordés par l’État pour le transport de la chaux
et de la marne par chemin de fer.
Depuis 1899, la société à inscrit à son programme les irrigations
et la culture des marais : elle se met à la disposition de tous ceux
qui auraient, dans ces deux ordres de travaux, besoin de son con-
cours. Elle possède elle-même deux stations d'expériences disposant
d’une superficie de 441 hectares sur différents points du pays; elle
a, en outre, établi chez des particuliers, environ quatre cents petites
cultures démonstratives qui sont destinées à servir de modèles et
56 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
d'encouragement et pour lesquelles l’État accorde gratuitement les
engrais et les semences (9 800 francs).
Depuis 1889, la société a prêté onze cents fois son concours pour
des cultures de marais, sans compter un grand nombre de travaux
préparatoires et plusieurs travaux considérables pour la régularisa-
tion des eaux et pour la culture. L'État a accordé, en 1900, pour la
culture des marais, en dehors de la subvention de 9 800 francs
pour graines et engrais, une somme de 39 200 francs.
Ainsi que j'ai pu le constater dans mes conversations avec des
agronomes et des habitants du Jutland, la Société pour la culture
des landes jouit, dans tout le pays, de la plus vive sympathie. L'État
et le Corps législatif lui ont, de tout temps, accordé un puissant con-
cours, amplement justifié par les immenses services qu’elle a rendus
el continue à rendre à l’agriculture du Danemark. Comme je l’ai dit,
le siège prmcipal de la société est à Aarhus, où l’on a érigé une statue
de bronze à son fondateur, le lieutenant-colonel Dalgas.
III — Les constructions agricoles du Danemark
31 juillet. Aarhus.
L’habitation de l’homme présente, suivant les lieux, le climat, le
degré de civilisation et la prospérité de l’agriculture, une extrême
diversité qui frappe l’œil du voyageur.
Aux confins du Sahara tunisien, au delà de Gabès, les Berbères de
la tribu des Matmata creusent leur habitation, leurs écuries et étables,
les silos où ils emmagasinent la récolte, dans d'énormes monticules
de sable auquel la présence d’une petite quantité de sel marin donne
une grande consistance (°). J’ai passé la nuit, 1l y a quelques années,
dans une de ces habitations étranges, beaucoup plus confortables
qu’on ne le croirait.
Les troglodytes, encore nombreux aujourd’hui en Afrique, en
Espagne (tels les gitanos de Grenade) et même dans certains dépar-
(1) J'ai constaté le fait par l'analyse d'un échantillon que j'avais rapporté lors d'un
de mes voyages en Tunisie.
EXCURSION EN SCANDINAVIE ET
tements français, s'installent dans des sortes de grottes, naturelles
ou creusées de main d'homme dans les parois des rochers. Sans
autre ouverture que la porte d’entrée, ces antres enfumés et mal-
sains constituent des demeures beaucoup plus misérables que celles
des Matmata.
Les nomades africains transportent avec eux leurs gourbis, faits de
tissus grossiers de poils de chameau, de diss ou d’alfa, supportés par
quelques pieux fixés dans le sol. Hommes et bêtes, de travail ou de
rente, vivent là, pêle-mêle, jusqu’au moment où la nécessité de cher-
cher plus loin la nourriture du troupeau oblige impérieusement le
déplacement du campement.
Fig. 1. — Coupe en long du rez-de-chaussée d’une construction rurale à Ostenfeld.
Les tribus nègres se contentent de l'abri fourni par l'assemblage
de branchages, de feuilles de palmier et de tiges de quelques arbustes.
L’indigène de la région polaire s’abrite dans une hutte en pierres
sèches ou creusée dans la neige ; il se protège contre le froid à l’aide
de peaux de phoques, de rennes ou de quelque autre animal, produits
de sa chasse.
Quel contraste présentent, avec toutes ces demeures primitives,
les constructions rurales confortables, parfois élégantes et même
luxueuses, dont le nombre s’accroit d’année en année dans la plupart
des pays européens, indices de la prospérité agricole et commerciale
des régions où elles s'élèvent.
L'examen des bâtiments d'habitation des exploitations rurales et de
leurs annexes fournit toujours, sur l'état de l’agriculture d’un pays,
de très intéressantes indications que je ne manque jamais de recueillir
au cours de mes voyages.
58 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Au premier rang des conditions multiples d’où dépend le mode de
construction le plus généralement adopté dans un pays, il faut placer
la nature et le prix des matériaux qu’on peut facilement se procurer.
C’est ainsi que l’abondance ou la rareté des pierres à bâtir, de la
chaux pour la confection des mortiers ou le revêtement des parois,
du bois d'œuvre, de la brique ou du fer, déterminent généralement
le choix du constructeur. À ce point de vue, les pays scandinaves
nous offrent des exemples tout à fait démonstratifs sur lesquels j'in-
sisterai plus loin. En Norvège et en Suède, le bois est l’élément essen-
tiel des constructions. En Danemark, vu la rareté du bois, la maçon-
nerie en pierre ou en briques a, de tout temps, servi à l'édification
des bâtiments de ferme.
Aujourd’hui, l'aspect des constructions rurales du Jutland et du
Seeland diffère peu de celui qu’elles offrent dans le Schleswig, dans
Allemagne du Nord et dans beaucoup de régions de la France.
L'historique du développement successif des constructions agricoles
du Danemark est intéressant. La commision danoise de l'Exposition
universelle de 1900 lui a consacré, dans sa publication officielle, un
chapitre que J'ai sous les veux en écrivant ces lignes; cette étude
rétrospective peut donner une idée très nette du progrès accompli
par l’agriculture danoise depuis cent ans.
Pendant plusieurs siècles, les bâtiments dépendant des fermes
danoises ont été disposés autour de la cour intérieure.
La figure 1 reproduit la façade de l’un des côtés de cette cour ; je
emprunte à un dessin du musée agricole populaire de Lyngby, ainsi
que la figure 2, qui représente la charpente ancienne d’une ferme.
Dans les grandes fermes, le bâtiment principal, c’est-à-dire la
maison d'habitation, était construit en maçonnerie avec un toit en
tuiles; quelquefois, il était entouré de fossés remplis d’eau qui
enserraient, en même temps, les dépendances ordinairement con-
struites, avant 1850, en bois et couvertes de chaume ; de même pour
les bâtiments de service, les demeures des gérants, des gardes, les
presbytères des villages, etc. Les fermes appartenant aux paysans
affectaient les mêmes dispositions : construites en carré dont le corps
de logis formait l’un des côtés, elles ressemblaient à une forteresse
avec leurs portes donnant, l’une sur la route, une autre sur l’enclos
“HAVUIOUL(E NP SOIT SUOTJONAIJSUOO Sop sup 0940pduto ajuodieyo SUUHIOUT — ‘8 ‘SU
‘(arqe19 1 e 0919880009 orj1ed ®7 op 08114 onA) PIoJU0}SO ® 21BINX HOTJONAISUOO OUN,P INONITQJUI — € "ANT
"HICUOUV(L U9 9J8INI UOIUJIQUU OUNP IMOMQIUI — ‘F ‘SU
62 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
et une troisième, toute petite, mettant en communication la cuisine
et le jardin.
Jusqu'au milieu du siècle dernier, quelques vieux châteaux avaient
conservé leurs beaux corps de logis construits en bois et datant de la
Renaissance ; mais, dans les contrées du Jutland occidental, où les
bois sont rares, on avait de bonne heure fait des constructions en
maçonnerie. Dans d’autres endroits, en trouvait des bâtiments dont
les murs, très épais, étaient uniquement formés de terre battue.
Jusqu'à cette époque, les bâtiments des grandes fermes étaient
ordinairement en bois avec des panneaux de maçonnerie : il en était
de même pour la construction des presbytères et de quelques fermes
habitées par les paysans ; dans ces dernières cependant, les panneaux
en maçonnerie élaient généralement remplacés par des panneaux en
torchis.
La toiture était toujours en chaume, consolidé à l’aide de baguettes
de saule ou de coudrier. La figure ? donne une idée du mode pri-
mitif de charpente usité dans les siècles précédents.
Le sol des écuries, ainsi que celui de la cuisine, de la buanderie et
du corps de logis, était carrelé; partout ailleurs, c’est-à-dire dans
les granges, les logis des valets et, généralement, dans les chambres
des paysans, les planchers étaient en torchis. Le corps de logis seul
avait des plafonds en planches ; pour confectionner ceux des dépen-
dances, on employait des branches. Les charpentes supérieures et les
colombages intérieurs étaient, jusqu’en 1850, en sapin, que l’on fai-
sait venir de Suède ou de Norvège ; le pin et le sapin danoïs n’élant,
à celte époque, employés que rarement.
Les figures 3 et 4, reproductions de curieux dessins du musée popu-
laire de Lyngby, donnent une idée de l’intérieur des anciennes habi-
tations rurales de familles aisées en Danemark. Aujourd’hui, on ren-
contre encore des dispositions analogues dans les maisons de paysans
du Jutland et du Seeland que j'ai visitées.
La figure 5 représente l’intérieur d’une habitation rurale pauvre *
de la même éjoque.
Le temps écoulé de 1848 à 1850, dit la commission danoise,
apporta de grands changements en Danemark, surtout pour les popu-
lations des villages, La guerre qui eut lieu alors pour conserver le
EXCURSION EN SC: NDINAVIE 63
Schleswig à la couronne danoise, la liberté du peuple et le sentiment
d'indépendance qui en furent la conséquence, donnèrent une vive
impulsion au progrès et au développement de l’agriculture dont les
bénéfices avaient été considérables, pendant les années précédentes,
grâce aux prix élevés des blés. Aussitôt la paix signée, les résultats
commencent à se manifester. On construit des granges plus grandes ;
on installe des batteuses mécaniques : le grenier à grains est agrandi
et les bâtiments en maçonnerie, avec fondalions en granit, deviennent
Fig. 5. — Intérieur d’une habitation rurale en Danemark.
d’un usage plus fréquent. Mais c’est surtout après la guerre de 1864,
qui à eu pour résultat funeste la perte du Jutland méridional, que
les progrès sont considérables, grâce surtout au développement intel-
lectuel du peuple, qui s’est opéré sous l’influence des écoles supé-
rieurcs populaires.
Les perfectionnements apportés dans la laiterie et dans la fabrica-
ton du beurre, comprenant, d’une part, l'emploi de l’eau après
1866, de l’autre, celui de la glace après 1870, exigérent de meilleurs
emplacements et l'amélioration des étables dans lesquelles, avant
64 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
tout, devait régner une très grande propreté. Le bétail étant plus
nombreux et mieux nourri dégageait plus de chaleur ; l'humidité pro-
duite par les manipulations menagçait de détruire à la longue complè-
tement les charpentes. On se mit donc à construire en maçonnerie les
bâtiments servant de laiterie et les étables, en établissant des cloisons
en pierre. Les excellentes qualités du ciment employé comme béton
furent bientôt appréciées par tout le monde, et cette matière devint
d’un usage général dans la construction des bâtiments agricoles.
Afin d'établir des constructions solides et de préserver le mieux
possible, contre les dangers d'incendie, le bétail qui devenait de plus
en plus précieux, on commença, de 1870 à 1880, à construire les
étables avec des charpentes en fer et des plafonds en briques creuses.
On munit les écuries de mangeoires et de râteliers en fer: dans les
porcheries, on installa des mangeoires en terre cuite vernissée qu'on
employa aussi dans les étables ; toutefois, dans celles-ci, elles firent
bientôt place à des mangeoires en béton permettant d’abreuver le
bétail à l’étable. On fit pénétrer plus de lumière et plus d’air, au
moyen de fenêtres, de ventilateurs pratiqués dans les murailles et de
cheminées d'évacuation. Pour le plancher des étables et des porche-
ries, on fit usage de briques scellées dans du ciment.
Le fumier, qui autrefois était déposé à l’air libre sans abri, exposé
ainsi au soleil et au vent, lavé par les pluies et par l’eau des gout-
lières, fut désormais protégé contre ces pertes, l'aire damée sur
laquelle on le plaça étant en communication avec la fosse à purin.
Sur certains points, une toiture légère reposant sur des pieux ou une
couverture de planches protègent le fumier contre les pertes aux-
quelles l’expose son abandon à la pluie.
Le battage des grains à la vapeur est devenu d’un usage général.
Afin de l’opérer dans la grange même, on a annexé à celle-ci un han-
gar servant d’abri à la locomobile.
Lorsque les greniers à fourrage sont situés au-dessus des écuries
ou autres dépendances, on rehausse les murs extérieurs à l’aide de
planches, hautes de 1" 50 à 2 mètres, et l’on emploie pour la toiture
le papier goudronné, dont l’usage se répand de plus en plus. On
pratique dans la boiserie des ouvertures pour l’introduction des
foins et de la paille.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 65
L'invention de l’écrémeuse centrifuge a changé complètement les
procédés de fabrication du beurre : aujourd’hui, elle n’a plus lieu
dans les fermes, mais dans des laiteries communes, dont l’installa-
tion a naturellement nécessité des constructions en rapport avec les
exigences de la nouvelle industrie.
En même temps que s’opéraient ces transformations dans la con-
struction des bâtiments agricoles, il s’est fait de grands changements
dans celle des bâtiments destinés à l'habitation. Ces ‘derniers sont
aujourd’hui le plus souvent séparés des autres dépendances ; ils sont
construits entièrement en maçonnerie, avec une toiture en tuiles ou
en ardoises ; les chambres sont plus aérées, mieux éclairées et plus
nombreuses.
Tels sont les progrès apportés à la construction des habitations
rurales dans ce pays, qui occupe aujourd’hui le premier rang en
Europe par ses institutions syndicales, dont je parlerai après avoir
visité le Seeland.
IV — Le cheval danois. Races du Jutland
et de Frederiksborg
31 juillet, Aarbus.
J'ai élé très frappé, en arrivant à Aarhus, de la beauté et de la
vigueur des chevaux attelés aux voitures de cullivateurs et aux lourds
camions qui desservent le port. J'ai profité de mon séjour dans cette
jolie ville pour m’enquérir de la situation de l'élevage de l’espèce
chevaline dans le Jutland.
Depuis les temps les plus reculés, l'élevage et l’exportation des
chevaux a joué, en Danemark, un rôle important dans la situation
économique du pays.
Dans le Jutland, la partie la moins fertile du Danemark comme
nous l’avons vu, mais où se rencontrent de nombreuses régions
riches en herbages, on a de tout temps obtenu, par l'élevage, des
chevaux robustes que l’on exportait principalement en Allemagne.
Dans les îles (Seeland, Bornholm, etc.) où domine la culture des
céréales, l'élevage était autrefois très peu répandu et l’on n’y pro-
ANN. SCIENCE AGRON. — 3 SÉRIE — 1909 — 1 5
66 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
duisait que les chevaux nécessaires pour les travaux de culture. A
côté de cet élevage, pratiqué par les paysans, la noblesse et les rois
avaient, depuis des siècles, créé des haras pour l’élevage du pur-
sang. Petit à petit, les haras royaux furent réunis à Frederiksborg,
ancien manoir de Fréderic If, situé à l’extrémité du lac du même
nom, près de la petite ville de Hillerüd, à 34 kilomètres de Copen-
hague.
C’est de ce haras fameux, dont les étalons étaient d’origine espa-
gnole, que sortirent les chevaux qui ont rendu célèbre à l’étranger
la race danoise.
De ce haras, la race se répandit dans le pays, surtout dans les
environs de l'établissement, donnant ainsi naissance à la race actuelle
de Frederiksborg, qui semble se propager et se développer encore,
bien que le haras ait cessé d’exister.
Vers e milieu du dix-huitième siècle, le gouvernement essaya
d'améliorer l’élevage du cheval, en accordant des primes aux éle-
veurs. Mais cette mesure n’eut guère de succès. Au milieu du siècle
dernier, l'État redoubla d'efforts pour encourager et surtout pour
améliorer l'élevage. Il fit l’acquisition de cinquante étalons anglais
de la race « coach horse » ; on les installa dans un haras d'où on les
envoyait dans le pays, pour les saillies. Malgré toute l'énergie dont
on fit preuve et bien que les étalons fussent bons, cette nouvelle ten-
tative n’eut qu’un très faible succès. L'opinion publique s’étant mon-
trée hostile à ce système, on dut bientôt y renoncer.
C'est aux associations agricoles qu'il faut reporter le progrès
accompli depuis cette époque : elles remirent en vigueur le système
des primes. Ces sociétés sont fondées sur les principes de la coopéra-
tion. C’est à elles qu’incombe le soin de distribuer les primes que
l’État met, dans ce but, à leur disposition. L'État n’a ni haras, n;
dépôts d’étalons ; il ne s’occupe directement que le moins possible
de la surveillance de l'élevage ; il se contente d’accorder libéralement
d’assez fortes sommes, sans exercer une surveillance gênante sur
l'emploi des subventions. Lors de l'attribution des primes, le gou-
vernement désigne un juge qui est généralement un éleveur du dis-
trict : deux autres juges du concours d’étalons sont élus par les
sociétés. Pour les concours de juments et de poulains, l'attribution
EXCURSION EN SCANDINAVIE 67
des primes appartient à des juges nommés par les sociétés agri-
coles.
Il existe, en Danemark, cent quatre-vingts sociétés d'élevage de
chevaux, dont cent vingt en Jutland ; le gouvernement leur alloue
des subventions pour l’acquisition d’étalons. La plupart des sociétés
ne possèdent qu’un étalon ; quelques-unes cependant en ont jusqu'à
trois. Ges sociétés ont puissamment contribué à mettre en lumière les
avantages qui résultent de l'emploi de bons animaux pour l'élevage
et notamment du choix de bons étalons. Le prix de ces derniers a
sensiblement augmenté, par suite du fonctionnement des sociétés
d'élevage.
Un étalon de la race jutlandaise coûte, en moyenne, 8 000 francs ;
un étalon de la race de Frederiksborg vaut seulement 5 000 francs.
Le prix le plus élevé atteint par un étalon a été, dans ces dernières
années, de 21 000 francs.
Des juments poulinières d’une bonne descendance se vendent de
1 400 à 2 800 francs. Le prix de la saillie est généralement de 20 à
40 francs, par jument pleine, pour les membres de la société. Mais
il est de 140 francs pour les juments appartenant à des personnes
étrangères à l’association.
Un professeur danois très connu, B. Prosch, a mené une campagne
énergique en faveur du cheval danois et de son développement par
l'élevage pur, c’est-à-dire sans le concours d’étalons étrangers ; les
cultivateurs, et particulièrement ceux du Jutland, s’adonnérent tout
entiers à l’élevage de la race jutlandaise. Cet élevage s’est depuis lors
développé à un tel point, que, dans toute la province qui compte
230 000 chevaux, on n’élève que la race du Jutland ; cet élevage
s’est également répandu dans les îles, de sorte qu’il y a aujourd’hui,
en Danemark, au moins 300 000 chevaux de race jutlandaise. C’est
ce cheval qu’on connaît à l’étranger sous le nom de « cheval danois »,
car on n’exporte du Danemark qu’un très petit nombre de chevaux
appartenant à la race de Frederiksborg.
L’exportation des chevaux atteint, en moyenne, le chiffre de 14 000
ou 15 000 têtes par an. Leurs prix, en Danemark, varient de 600 à
1 400 francs, suivant la taille et la qualité ; la plupart des chevaux
exportés sont des hongres.
68 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
La taille du cheval jutlandais oscille entre 1" 55 et 1" 65 et son
poids, entre 900 et 800 kilos. C’est un cheval moyen qui con-
vient très bien pour les omnibus, les tramways et le camionnage
au trot; mais sa spécialité est Le travail des champs, car il est fort,
sobre et robuste. Ses mouvements sont souples, son tempérament
excellent, ses aptitudes digestives remarquables. Il résulte de là
qu'il se porte bien, même lorsqu'il est médiocrement nourri. La robe
est généralement brune ou rouge, rarement noire. J'ai vu cependant,
dans les rues d’Aarhus, des chevaux à robe grise, à longue crinière,
de très bel aspect et d’une vigueur remarquable.
La race de Frederiksborg est, comme je l'ai dit, d’origine espa-
gnole : elle ressemble beaucoup au « hackney » anglais. Le cheval
de Frederiksborg est généralement d’un rouge foncé, souvent tacheté ;
il n’est ni grand ni gros: sa taille varie de 1" 54 à 1" 60. C'est un
bon cheval, bien proportionné, au cou fin et bien planté. Bon trotteur,
il se prête surtout au trait léger. Pour les terres légères, c’est un
excellent cheval de labour, car il est relativement fort, énergique et
endurant ; il garde, comme le cheval jutlandais, sa belle apparence.
Un bon et beau cheval de cette race coûte environ 1 500 francs.
Comme je l’ai indiqué, c’est surtout en Jutland qu’on a travaillé
énergiquement à l'amélioration de l'élevage du cheval. Parmi les
mesures qui ont été prises pour encourager l’élevage depuis cin-
quante ans, il faut citer, par ordre chronologique :
1° En 1852 : Subventions de l'État pour la distribution de primes
aux étalons et aux juments présentés aux concours par les sociélés
agricoles ;
2 En 1864 : Prix décernés par l'État, dans treize districts, aux
étalons âgés de plus de quatre ans ;
3° En 1881 : Établissement d’un stud-book avec une subvention de
l’État ;
4° En 1887: Subventions accordées par le gouvernement aux
sociétés d'élevage pour l’acquisition d’étalons.
Depuis 1889, l'État a institué un conseiller agricole pour l'élevage
du cheval. Ce fonctionnaire est, à la fois, à la disposition de l’État,
des sociétés el des éleveurs, pour toutes les questions de son ressort :
c’est lui qui est chargé de la tenue du stud-book, J'aurai occasion
EXCURSION EN SCANDINAVIE 69
plus tard, au retour de ma visite dans le Seeland, d’insister sur l’ins-
titution des conseils agricoles pour la culture, l’élève du bétail, la
laiterie, etc., création due à l’impulsion de la Société royale d’agri-
culture.
En Danemark, les hommes distingués et d’un dévouement infati-
gable à l’agriculture, dont la Société royale de Copenhague est la
plus haute et la plus heureuse émanation, ont trouvé dans l’État un
précieux concours. Il leur a donné libéralement les moyens de com-
pléter leur œuvre de progrès, dont le point de départ est l'application
du principe d’association, reposant sur initiative individuelle et sans
recours aux mesures gouvernementales protectionnistes et autres
qui, quoi qu’on fasse, participent du socialisme d’État où y condui-
sent. L'État danois s’est fait le collaborateur actif du progrès agri-
cole ; mais il n’est point l’Étal-providence, ce dont Le pays ne saurait
trop se féliciter.
V — En route vers la Suède
1e août. À bord du Downing-Maud.
Par suite d’une erreur dont on aura tout à l’heure l'explication,
Je me trouve ce matin sur l’un des plus beaux paquebots danois, le
Downing-Maud, qui fait le service rapide de Stettin à Christiania,
avec escales à Copenhague et à Frederikshavn. Le temps est superbe,
la température agréable (18°). Le Kattegat, souvent très agité (il
l'était extrêmement avant-hier), est aujourd’hui d’un calme plat: le
paquebot mettra dix heures pour atteindre Christiania. J’ai donc le
temps de rédiger mes dernières notes sur le Jutland en consacrant
quelques lignes à la charmante ville d’Aarhus, dont je n’ai pas encore
parlé, et au trajet de ce port à Frederikshavn.
À quelle circonstance dois-je ce loisir, alors qu’en m'embarquant
ce matin je comptais toucher, quelques heures après, le sol suédois
et passer la journée à Gothembourg ? A une étourderie,
J'ai quitté Aarhus à 5 heures du matin par le chemin de fer du
Jutland oriental ; à 10 heures, le train m’amenait au port de Frede-
rikshavn, qui met le Jutland en communication, par mer, avec la
70 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Suède et la Norvège, Deux paquebots de belle apparence étaient
amarrés au quai : l’un, celui que j'aurais dû prendre, fait le service
ournalier en cinq heures, entre Frederikshavn et Gothembourg ;
l’autre, venant de Stettin, touche deux fois seulement, par semaine,
à Frederikshavn. Voyant les voyageurs, descendus avec moi du train
venant d’Aarhus, s’empresser de franchir l'échelle du Downing-
Maud, je les suivis, me méfiant d'autant moins d’une erreur possible
qu'ayant dit au porteur de mes bagages à la main (je n’en ai jamais
d’autres en voyage) que je me rendais à Gothembourg, il me précéda
sur le paquebot. J’eus, quelques heures après, la satisfaction — c’en
est toujours une de ne s’être pas trompé seul — d’apprendre que
quelques passagers avaient commis la même erreur que moi. Vers
1 heure de l’après-midi, le paquebot avait traversé le Kattegat dans
toute sa longueur ; nous étions au milieu du Skagerrak : je cherchais
des veux les côtes de la Suède et, malgré la limpidité du ciel, 1l
m'était impossible d’en rien apercevoir.
Interrogé par moi, le capitaine du Downing-Maud, homme aimable
et parlant suffisamment l’allemand pour me comprendre, me révéla
ma méprise et m’informa que nous nous dirigions droit vers Christia-
nia, où nous arriverions à 9 heures du soir. Le paquebot n’avait pas
d’escale sur la rive droite du fjord de Ghristiania ; 1l stoppait seule-
ment une fois à Horten, sur la rive gauche, pour donner la corres-
pondance aux passagers se dirigeant, par chemin de fer, dans la partie
centrale de la Norvège.
La splendeur du fjord de Christiania que J'avais déjà parcouru
plusieurs fois, il y a deux ans, la beauté du temps, qui nous réser-
vait un merveilleux coucher de soleil un peu avant l’arrivée à Chris-
tiania, m’auraient amplement dédommagé du changement d'itinéraire
s’il en eût été besoin ; mais je ne regrettais rien, ayant déjà examiné
le moyen de réparer, pour me rendre en Suède où j'avais un rendez-
vous à date fixe, le retard occasionné par ma méprise.
Après un excellent déjeuner, à la mode danoise, dans l’élégante
salle à manger du paquebot, je m'installai confortablement sur le
pont et je me mis à écrire. De temps à autre, le cri strident des
mouettes tournoyant autour du bateau ou le clapotement subit de
l’eau, produit par le saut d’un dauphin, me faisaient lever la tête, et
EXCURSION EN SCANDINAVIE 71
j'avais quelque peine à détacher mes yeux de cet archipel d’ilots,
dont les méandres ont un charme inoubliable. Se resserrant à mesure
qu’on s’avance vers Christiania, le fjord déroule devant nous un pay-
sage extraordinaire, si bien déerit par Charles Rabot dans son remar-
quable voyage (”). Dans toutes les directions, la mer pénètre au milieu
des terres en long replis sinueux et la terre avance au milieu de la
mer, morcelée et effritée ; un continent rongé par les vagues, en train
de disparaitre sous les flots. Si l’on regarde une carte de Norvège,
le littoral, suivant la comparaison très Juste de Ch. Rabot, apparaît
coupé d’incisions, comme le rebord d’une table d'école sur laquelle
plusieurs générations d’élèves ont essayé la lame de leurs couteaux,
et toutes sont creusées dans l’épaisseur de hautes montagnes. De
plus, sur le pourtour entier des côtes, on remarque des centaines,
voire des milliers de petits points noirs, aussi rapprochés les uns des
autres que les taches d’encre sur un vieux papier buvard maculé.
Les incisions représentent les fjords, et les points noirs les iles du
cordon littoral. On peut juger, par là, de la variété du paysage marin
de Norvège. Toute description est impuissante à en rendre la beauté
et le charme.
Rien de plus enchanteur que la traversée de nuit du fjord de Ghris-
tiana, au mois de juillet, alors que le soleil, levé à 2 heures du matin,
semble se coucher à 11 heures du soir, pour reparaître à l’horizon
après un court intervalle, où se confondent le crépuscule et l’au-
rore.
Aujourd’hui, 1% août, les jours ont déjà diminué et c’est par le
souvenir que Je revois la splendeur du paysage qui a charmé mes
yeux dans la nuit du 14 juillet 1905, passée, tout entière, en la très
aimable compagnie du baron de La Longuinière, sur le pont du
paquebot qui, quittant Christiania à 11 heures du soir, nous a amenés
à Arendal le lendemain à 3 heures de l’après-midi.
Dans le voyage de 1905, j'ai éprouvé les mêmes sensations inou-
bliables en revenant par mer de Bergen à Christiania, trajet qui
demande, pour s’accomplir, deux nuits et un jour. Le temps était
superbe : le vapeur a longé la côte est de la Norvège, tantôt dans le
(!) Aux fjords de Norvège et aux forêts de Suède. Hachette, 1906.
12 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
calme plat d’une mer aux reflets de mille nuances, tantôt vigoureuse-
ment secoué, comme aux abords de Stavanger et de Christiansand.
Le souvenir de ces grands spectacles se réveille en moi, à la vue de
celui qui charme en ce moment mes yeux à bord du Downing-Maud.
Prévoyant que je n'aurais pas le temps, d’ici à deux ou trois jours,
de mettre en ordre mes dernières observations sur le Jutland, je m’ar-
rache, non sans peine, à la contemplation et je reprends la plume.
Aarbus est une vieille ville de 34000 habitants, s’étalant le long
de la baie du même nom, d’où l’on a sur le Kattegat une vue étendue
et fort belle. Elle possède un port considérable, bien abrité et très
animé, sur lequel j'ai passé de longues heures, assistant à l’arrivée,
au départ et aux manœuvres de navires de forts tonnages.
Aarhus est le chef-lieu du district auquel il donne son nom et le
centre de la Société de reboisement des landes. J'avais espéré y ren-
contrer le conseiller agricole, M. Madsen Migdal, en compagnie
duquel je comptais faire, plus utilement que seul, une visite de la
campagne et des reboisements environnants. Mon attente a été déçue :
M. Madsen avait quitté Aarhus quelques jours avant mon arrivée,
pour accompagner le roi Haakon dans son voyage en Islande.
Les deux monuments les plus intéressants d’Aarhus sont sa vieille
cathédrale gothique, en brique, élevée en 1201, et le théâtre, d’une
construction originale, situés tous deux à proximité du port. La
facade de ce théâtre est formée de colonnes massives, surmontées
d’un fronton bizarre : c’est une fresque représentant une scène de la
Comédie-Française ; les personnages sont vêtus de costumes de l’épo-
que de Louis XIV.
À Aarhus, comme à Copenhague, l’usage de la bicyclette est très
répandu, surtout parmi la population féminine, dont la grâce, l'allure
et la tenue simple, contrastent très heureusement avec celles des
bicyclistes rencontrées quelques jours auparavant sur la terre alle-
mande.
Les habitants d’Aarhus, comme tout les Danois, sont extrêmement
affables, complaisants et d’une honnêteté dont le pelit fait suivant
donnera une idée. La ville est sillonnée de tramways électriques ;
le prix du trajet, quelle qu’en soit la longueur, est uniformément
de dix üres (14 centimes). Un seul employé, le wattmann, suffit
L
{
©
EXCURSION EN SCANDINAVIE
au fonctionnement du tramway, grâce à la disposition que voici. A
l'avant du véhicule, fixé dans la glace qui sépare l’intérieur de la
plate-forme, se trouve un petit plateau en verre sur lequel le voya-
geur dépose, en entrant, sa pièce de monnaie et en retire un ticket.
Le wattmann, la plupart du temps sans avoir vérifié le dépôt, fait
basculer ce plateau que j'ai vu chargé, à la fois, de dix ou douze
pièces de dix ôres. Celles-ci tombent dans une boîte placée au-des-
sous de la plaque de verre et qui porte deux serrures. La journée
faite, la boîte est vidée. Or, il est sans exemple, paraît-il, ici comme
à Christiania et dans d’autres villes scandinaves, où j'ai vu pratiquer
le même système, qu’un voyageur omelte de payer sa place, l'opé-
ralion, que Je viens de décrire se faisant sous la surveillance même
du public, si respectueux, dans ces pays, de la loi et de la propriété
d'autrui.
Un détail d’un autre ordre, mais non moins intéressant, est l’or-
ganisation des communications téléphoniques que nous retrouverons
dans toute la Norvège et en Suède. Dans les chambres des hôtels se
trouve un appareil qui permet au voyageur d’avoir, pour ainsi dire
instantanément, la communication, non seulement avec les habitants
de la ville, mais aussi avec ceux de villes ou de simples localités fort
éloignées. C’est ainsi que dans la chambre très confortable que j’occu-
pais à l'Hôtel royal, un appareil téléphonique me permettait d'entrer,
en quelques minutes, en communication avec Christiania, Copenhague
ou Gothembourg.
Dans les villes scandinaves, on trouve, en outre, de nombreux télé-
phones dits automatiques. En jetant dans la boite, réservée à cet
effet, une pièce de monnaie, on oblient immédiatement la communi-
cation avec le bureau central téléphonique. Quelle supériorité sur
notre organisation si imparfaite et dont chacun connait les lenteurs,
pour ne pas dire plus !
Ainsi que je lai dit plus haut, jai quitté Aarhus ce matin à
o heures, par le train dont la station terminus est à Skagen, à l’extré-
mité nord du Jutland, à 41 kilomètres au delà de Frederikshavn.
Presque au sortir d’Aarhus, on retrouve le sol tourbeux et argileux,
parsemé de pâturages où paissent des bovins à robe blanche et à
encolure noire. À Randers (60 kilomètres d’Aarhus), on rencontre le
74 ANNALES DE LA SCIENCE*AGRONOMIQUE
point de Jonction de la ligne Est du Jutland, sur la large Gudenaa.
On traverse ensuite Aalborg, vieille ville de 16 000 habitants sur le
Lijmfjord, vaste étendue d’eau qui relie la mer du Nord au Kattegat.
Un pont de bateaux et un pont de fer long de 300 mètres franchis-
sent le Liymfjord.
Avant d'arriver à Aalborg, on passe à Hobro, à l’extrémité du
Mariagerfjord, et l’on traverse une belle forêt de pins.
A partir de Hjôrring, station distante d'environ 40 kilomètres de
Frederikshavn, on ne rencontre plus guère que des bruyères et des
landes, parsemées de plantations récentes, en vue du reboisement de
la région,
Mais nous approchons de Christiania : le soleil, à son déclin, em-
pourpre de ses feux la côte orientale du fjord. Le paysage est de toute
beauté et je pose ma plume pour l’admirer longuement.
A 8 heures, nous accostions le quai du port si pittoresque de
Christiania. Depuis son départ de Stettin, l’excellent paquebot Dow-
ming-Maud n'a pas subi une demi-heure de retard. De combien de
trains rapides du continent en pourrait-on dire autant ?
En débarquant, Je me fais conduire à la gare, absolument déserte
malgré l’heure peu tardive, aucun train ne devant arriver ou partir
avant 1150 du soir. Il me faut attendre trois longues heures dans
cette solitude absolue, avant que ne s’ouvre le guichet : j’ai, en effet,
résolu de partir le soir même par l’express de Gothembourg, afin de
ne pas manquer le rendez-vous pris pour le surlendemain à Jünkô-
ping, dans la Suède centrale, avec M. Hjalmar de Feilitzen, directeur
de la station expérimentale de culture des tourbières.
Le train de Christiania à Copenhague, par Gothembourg, dont le
matériel excellent comporte des wagons-lits très confortables, m’amè-
nera demain vers midi à Gothembourg.
VI — De Gothembourg à Jonkoping à travers le Gotha
2 août. Jonküping.
Gothembourg, la ville la plus considérable de la Suède aprè:
Stockholm, compte 138 000 habitants. Fondée en 1619 par Gustave-
EXCURSION EN SCANDINAVIE . 19
Adolphe, pleuplée d’abord par des Hollandais qui y importèrent leur
système de canaux aux larges quais, la ville est située dans un vaste
bas-fond, sur la rive gauche et à l'embouchure du Gôütaelf, qui forme
un excellent port dont les eaux ne gèlent presque Jamais.
C’est du blocus continental de 1806 que date la grande prospé-
rité de Gothembourg, dont les Anglais avaient fait leur entrepôt pour
le commerce du nord de l’Europe. Aujourd’hui, elle possède une
marine marchande considérable et ses relations transatlantiques sont
très étendues. Gothembourg est le principal port d’exportation de la
Suède (fers, aciers, bois et ses produits, tissage, etc.). Comme ville
de commerce, sa situation semble être la meilleure de tout le sud
scandinave.
Le long du large fossé d’enceinte des fortifications qui ont été
démolies en 1807, s'étendent de belles promenades; le Pare du Roi
et les jardins de la Société d’horticulture avec leurs serres de pal-
miers, d’orchidées, etc. Au sud-ouest de la ville, se rattachant au
faubourg d’Annedal, le parc du Slottsskog, qui rappelle, par son
aspect général, par la superbe frondaison de ses chênes séculaires,
ses petits lacs et ses cours d’eaux, certaines parties des bois de Bou-
logne et de Vincennes.
Je n’ai pu consacrer cette fois qu’une journée à la visite de
Gothembourg que j'ai quitté le lendemain de mon arrivée, pour me
rendre à Jônkôping, dans la province de Smäland (Suède centrale).
Peu après le départ de Gothembourg, la ligne ferrée s'engage dans
la belle vallée de la Sæfvéa, affluent du Gôtælf, qu’elle franchit
plusieurs fois avant d'atteindre le point culminant de la voie à
Markakyrka (altitude : 225 mètres).
Quelle belle route et combien variée, de Gothembourg à Falkôping,
point de bifurcation des lignes de Stockholm et de Jünkôping !
De tous côtés des torrents aux eaux cristallines, des lacs encadrés
de forêts : à Jonsered, le lac Aspen ; un peu plus loin, celui de Floda ;
puis vient Alidgsäs, dans un site ravissant, près de l'embouchure de
la Sœfvéa dans le lac Mjôrn. Les rochers bordent fréquemment l’un
des côtés de la voie ; de belles prairies, une végétation forestière
luxuriante, rappellent, par instants, les plus riantes vallées des Vosges
ou de la Suisse.
76 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
La moisson n'est pas encore faite : des seigles souvent médiocres et
des avoines de petite taille, qu’on coupe en vert pour la nourriture
du bétail, sont enclavées, de-ci de-là, dans de verdoyantes prairies,
traversées par de nombreux cours d’eau.
Après Alingsäs, le paysage change : la voie circule à travers de
vastes landes, qui ont recu des habitants le nom significatif de
Swcællor (Pays de la faim).
Falküping : vingt-cinq minutes d'arrêt ; buffet! Là je retrouve une
particularité des gares de Suède et de Norvège, qui m'avait beaucoup
frappé, il y a deux ans. Dans tous les trains sont affichées les heures
d'arrêt pour le déjeuner et le diner ; mais les buffets des stations où
se précipitent les voyageurs dont l’appétit m’a semblé, durant tout
mon voyage, partout très aiguisé, n’ont rien de commum avec ceux
de nos chemins de fer. Il y a trente ans, un éminent écrivain, dans le
récit de son voyage en Scandinavie, aussi intéressant par les considé-
rations historiques de l’auteur que par la description si exacte des
régions qu’il a visitées (), a donné de ces buffets une peinture humo-
ristique, qu’on dirait écrite d'hier, tant elle est vivante ; je ne résiste
pas à l'envie de la substituer à mes notes personnelles.
€ Falkôping : tout le monde met pied à terre. En Suède, chaque
station contient un buffet, et un Suédois ne saurait passer devant un
buffet sans en franchir le seuil, dût-1l mtercaler un diner et un souper
entre une demi-douzaine de déjeuners ! Nous entrons dans une salle
monumentale, décorée d’arbustes et de plantes exotiques. Pas un
siège, mais, au centre de la pièce, une table massive où s'étale un
repas que Pantagruel eût noté dans le récit de ses pérégrinations.
Tous les services y figurent simultanément : des plats de toute nature,
de toute nationalité, de toutes dimensions, s’y pressent, depuis le
caviar, le hareng fumé, le saumon cru découpé par menues tran-
ches sur des soucoupes microscopiques, jusqu’au filet de bœuf pari-
sien, imposant et monumental, en passant par les côtelettes d’élan, le
brochet du lac Vener et la soupe à la bière que les Suédois dégustent
au dessert.
€ Au milieu de la table se dresse une amphore gigantesque et ven-
() En Karriole à travers la Suède et la Norvège, par Albert VANDAL.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 177
true, cerclée d’un cordon de robinets : en pressant un bouton, le doigt
fait jaillir un flot d’eau-de-vie, de kummel ou de pomerans ('), comme
dans ces pays fantastiques que nos vieux auteurs ont inventés pour
faire rèver les gourmets et où les fontaines versaient des liquides
aussi variés qu’incendiaires. Auprès de la table principale, des éta-
gères supportent des piles de fourchettes alignées en rangs pressés,
des pyramides d’assiettes, des panoplies de couteaux. Dans cet arsenal,
chacun choisit ses armes, puis satisfait à loisir et en toute liberté sa
faim et sa soif. Tout le monde mange debout (°); point de contrôle,
point de portions parcimonieusement mesurées. Pour 1 couronne,
soit 1° 40 de notre monnaie, vous avez droit à découper une part de
tous les trésors gastronomiques qui s’étalent à vos yeux. »
De Falkôping à Jônkôping, la route reprend son aspect riant: lacs,
cours d’eau, forêts de pins et de boulcaux, prairies et pâturages
forment un ensemble qui charme les regards du voyageur. À mesure
qu’on approche de Jünkôping, la beauté du lac Vetter, qu’on longe
(‘) Aujourd'hui, la bière et le café, qu'on trouve dans tous les buffets, remplacent
presque complètement les liquides alcooliques. Une législation salutaire concernant la
vente de l'alcool et les débits a réduit, dans d'énormes proportions, la consommation
suédoise. En 1830, elle était de 40 litres, au bas mot, par an et par habitant (alcool
à 50°). De 1871 à 1875, elle s'est abaissée à 11! 83, et dans la période 1894-1895,
elle est tombée à 6167. Le commerce au détail et les débits sont très rigoureu-
reusement réglementés. Le commerce au détail ne peut vendre moins d'un litre d'eau-
de-vie pour emporter et non pour consommer sur place. Le dimanche, on ne peut
débiter l'eau-de-vie qu'aux heures des repas et aux clients qui mangent. Il est interdit
de vendre de l'eau-de-vie aux personnes mineures (au-dessous de quinze ans) ou en
état d'ébriété. On ne peut recouvrer légalement une créance provenant d'eau-de-vie
livrée à crédit. J'aurai occasion de parler plus tard de la question de l'alcoolisme
dans les pays scandinaves, et de décrire sommairement le système dit de Gothem-
bourg. Pour l'instant, je me bornerai à mettre en regard les chiffres de la consom-
mation moyenne annuelle en Suède, à vingt ans de distance (1875-1895), des liquides
alcooliques :
CONSOMMATION EN LITRES
POPULATION CONSOMMATION EN HECTOLITRES par habitant
— 2 À © © 2 —
DES ATAr Eau-de-vie Bière Vin Eau-de-v:e Biec Vin
1871-1875 , . 4 274 006 505 562 702 867 34 670 11,93 16,4 0,81
1891-1895 . . 4831814 322405 1331419 29 892 6,670,97,6. 10:62
Je reviendrai sur ce sujet si important, qui a particulièrement attiré mon attention
au cours de mes voyages dans les Etats scandinaves.
(2) Aujour l’hui, il y a des chaises et des petites tables à la disposition des voya-
geurs, S
78 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
pendant plusieurs kilomètres, offre un paysage de plus en plus admi-
rable. Le lac Vetter, dont les eaux sont plus limpides et plus transpa-
rentes que celles de la plupart des lacs des Alpes (on distingue encore
nettement les objets plongés à 30 mètres au-dessous de la surface),
est le plus beau des grands lacs du midi de la Suède. Il se trouve à
88 mètres au-dessus du niveau de la Baltique ; il a 130 kilomètres
de long et 25 kilomètres de large; sa superficie égale près de
200 000 hectares (1 964 kilomètres carrés). Sa profondeur varie de
80 à 126 mètres dans la partie sud ; elle n’est que de 20 à 30 mètres
dans la partie nord. Le lac est bordé au sud, à l’est et à l’ouest par
les imposantes hauteurs du plateau du Smäland, des monts Omberg
et Voberg, qui l’encadrent d’une façon admirable. La rive nord seule
est plate. L’unique décharge de ce lac est la Motala, qui forme la
section est du canal de Gothie. La section du canal de Vestrogothie
relie le lac Vetter au lac Vener, dont la superficie est de 6 258 kilo-
mètres carrés, véritable mer intérieure où aboutissent la plupart des
cours d’eau de la Vestrogothie. Ces cours d’eau, en s’élargissant, for-
ment des lacs qui ouvrent à la navigation une ligne de communication
ininterrompue entre les deux lacs. Le Gôtaelf, qui se déverse dans
la mer, à Gothembourg, est la seule décharge du lac Vetter.
Le midi de la Suède, du Skagerrak à la Baltique, est traversé par
une dépression de terrain comprenant les grands lacs Vener, Vetter
et Mœlar. Cette configuration a donné, dès le seizième siècle, l'idée
de relier les deux mers par des canaux, L'œuvre fut entreprise sous
Charles XII en 1716 ; poursuivie depuis cette époque au travers de
orandes difficultés, elle a été terminée seulement en 1832, date de
l’ouverture de la ligne entière, qui mesure 387 kilomètres de Gothem-
bourg à Mem, sur le Slætbaken, baie profonde de la Baltique, où se
trouve la dernière des cinquante-huit écluses. De ce parcours de près
de 400 kilomètres, la canalisation n’en comprend que 90, creusés à
la mine, dans terrains primitifs qui forment le massif scandinave.
La gare de Jünkôping touche au rivage sud du lac Vetter, dans
un site d’une merveilleuse beauté. La ville, une des plus anciennes
de la Suède, plusieurs fois incendiée et reconstruite, s’élale entre le
Vetter et deux autres petits lacs, le Munsksjô au sud et le Rocksjô à
l’est. Elle compte 24000 habitants. Siège des deux plus grandes
r
EXCURSION EN SCANDINAVIE 79
fabriques d’allumettes suédoises, dont elle est la patrie d’origine, et
d’une gigantesque fabrique de papier, Jônkôping a pour moi un attrait
particulier : la visite de la station de recherches et du vaste champ
d'expériences de Flahult, dirigés tous deux avec tant d’autorité par
M. Hjalmar de Feilitzen, qui m'avait réservé l’accueil le plus cordial.
Ces deux établissements, dont j’exposerai en détail les importants tra-
vaux, sont consacrés à toutes les questions qui se rattachent à l’étude
de la mise en valeur et de l’utilisation des tourbières.
A l’arrivée du train, descendu à Stora Hotel (Grand Hôtel) situé
au bord du Vetter, avec une vue splendide, je trouve dans ma cham-
bre un appareil téléphonique qui me met, en une minute, en com-
munication avec mon aimable collègue de la station agronomique ;
quelques instants plus tard, j'avais le plaisir de voir arriver M. de
Feilitzen, en la compagnie duquel j'ai fait une première visite aux
installations très remarquables de la station de recherches.
VII — Le parc de Jonkoping et les anciennes constructions
rurales de la Suède
Le sol suédois et les tourbières
Jünkôping, 3 et 4 août.
La ravissante ville de Jünkôping est partagée, du nord au sud, par
le canal qui relie les lacs Vetter et Munksjô, en deux parties, à peu
près d’égale importance. La ville s'étend en longueur à 4 kilomètres
à partir des rives du lac Vetter : elle est bornée, à l’est, par une col-
line granitique, du sommet de laquelle (65 mètres au-dessus du
niveau de la mer) on découvre le plus admirable panorama qui se
puisse rêver. Sur celte hauteur, distante de vingt minutes de la ville,
avec laquelle elle est en communication par un tramway éiectrique,
s'étale un magnifique parc (Stadtpark), d’une superficie de 7 hec-
tares, que le premier soin du touriste est d’aller visiter, pour y jouir
d’une vue incomparable sur Jônkôping et ses environs ; mais ce n’est
pas seulement à la beauté du site, à son décor forestier, à la belle
ordonnance de ses pelouses et de ses clairières que le Stadtpark doit
l’'affluence des visiteurs.
80 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
La municipalité de Jünkôping a eu l’heureuse idée de créer, en
plein air, un véritable musée rétrospectif des anciennes constructions
suédoises, et notamment des habitations rurales des dix-septième et
dix-huitième siècles de la province de Smäland. Disséminées dans le
pare, avec un goût parfait, ces vieilles constructions en bois, comme
toutes celles que l’on rencontre aujourd’hui encore dans les campa-
gnes suédoise et norvégienne, font revivre aux yeux du visiteur les
habitations, ameublement, les vêtements du temps ancien, l'outillage
et le matériel de quelques industries scandinaves d'il y a deux cents
ans. Ce qui donne un très grand intérêt à cette collection archéolo-
gique, c’est qu'il ne s’agit point de reproductions plus ou moins réus-
sies des objets qui la composent, mais bien de la présentation, dans
l’état où elles étaient il y a deux ou trois siècles, de ia maison du pay-
san avec ses dépendances, son étable, son fenil, son magasin à provi-
sions, etc. La figure G reproduit la photographie d’une des annexes
les plus caractéristiques de l’habitation rurale scandinave (".
Ce bâtiment, tout en bois non égrumé, avec sa toiture recouverte
de terre sur laquelle pousse de l’herbe, est un type de grenier à pro-
vision, renfermant en même temps une chambre qui servait à la fois
de chambre à coucher et de cuisine.
Je ne puis décrire ici les spécimens variés réunis au Stadtpark. Je
citerai les principaux: l’église en bois, de Bäckaby, du quinzième
siècle, où l’on a rassemblé les tableaux anciens, les ornements et les
draperies qui ornaient le temple transporté de Bäckaby (Smäland
occidental) à Jünkôüping ; le clocher de Solberga, vieux de deux siè-
cles, l’un des plus remarquab:es de la Suède méridionale ; une mai-
son de paysans aisés du dix-huitième siècle, où sont groupés, dans
les diverses pièces qui la composent, tous les objets d’ameublement,
ustensiles de ménage, vêlements et outils aratoires de l’époque ;
enfin une tréfilerie qui rappelle lune des industries domestiques de
l’ancien temps qu’on rencontrait particulièrement à Gnosjô. Dans la
petite construction en bois transportée de cette localité au Stadtpark,
figure tout l’outillage employé pour la fabrication du fil de fer, à
l’aide de passages successifs de ce métal dans des filières dont la der-
(') Je dois ce dessin à l'obligeance de M. Ringelmann.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 81
nière avait la finesse d’un cheveu. Le moteur élait une roue à aube,
encore en parfait état de conservation. D’après les documents authen-
tiques que l’on a recueillis sur cette industrie domestique, on étirait,
dans cette usine minuscule, À 700 kilos de fer par an, avec un béné-
fice net de 2 000 couronnes, soit 2 800 francs de notre monnaie. Non
Fig. 6. — Ancienne maison suédoise.
loin de ces intéressants spécimens, se trouvent une hutte de charbon-
nier et une meule à charbon, de tous points semblables à celles qu’on
rencontre aujourd'hui encore dans les forêts.
En dehors de ces curieuses collections d’antiquités, le Stadtpark
offre à la jeunesse de Jônkôping Pattrait d'installations sportives de
divers genres.
Un élégant restaurant dont les terrasses dominent le lac Munkjôs
ANN. SCIENCE AGRON, — 3° SÉRIE — 1909 — 1 6
82 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
permet de terminer agréablement la journée consacrée à la visite de
ce beau pare. Le directeur de la station agronomique et M"*° de Fei-
lizen, qui avait eu la gracieuselé de se joindre à son mari pour
me guider dans le Stadtpark dont 1l me faisait les honneurs, ont bien
voulu me convier à faire, en leur aimable compagnie, lagréable con-
naissance d’un bon diner à la Suédoise.
Le temps est très beau, le baromètre est à 759, le thermomètre
marque 17°. C’est un temps idéal à mon goût et bien préférable à la
chaleur parfois si forte en Scandinavie, où des températures de 30°et
32 sont fréquentes au mois d'août de certaines années.
Nous profiterons de la belle journée d’aujourd’hui 4 août pour
aller visiter le champ d'expériences de l’Association suédoise pour
la culture des lourbières (*) dont M. de Feilitzen est le directeur et en
quelque sorte l’apôtre. J'ai pu, grâce à son extrème obligeance, pren-
dre une connaissance assez complète des travaux de cette association,
des recherches du laboratoire et des expériences du champ de Flahult,
dont M. de Feilitzen a la haute direction.
Pour saisir toute l’importance du but de l’association et des résul-
lats acquis, grâce à elle, depuis sa fondation, c’est-à-dire en moins
de vingt-cinq ans, il est nécessaire de jeter un coup d’œil général sur
la répartition des terres de la Suède, dans leurs relations avec l’agri-
culture. Cette vue d'ensemble sur l'utilisation du sol suédois pour la
production agricole mettra en relief l'intérêt national de l’œuvre de
Flahult et de Jônkôping. |
La Suède et la Norvège réunies ont une étendue qui n’est dépassée,
en Europe, que par l’empire russe. De la superticie des deux royau-
mes, égale à 770 000 kilomètres carrés, 448 000 kilomètres carrés,
soit 8 °/,, appartiennent à la Suède.
L’étendue des terres cultivées en Suède, d’après l’éminent statis-
ticien Sundbärg, est de 3 510 466 hectares. Celle des prairies natu-
relles, de 1 485 902 hectares, soit, au total, 5 millions d'hectares
environ, livrés à l’agriculture.
La: population de la Suède étant de 5 millions de têtes, la super-
fic'e cultivée correspond donc seulement à 1 hectare par habitant.
{) Schwedischer Moorkullur-Vercin.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 83
Dans ses grandes lignes, la répartition du sol suédois, suivant ses
modes d'utilisation, peut se résumer en trois chiffres :
HECTARES
Terres cultivées et prairies naturelles . 4975 000 ( 12,1 °/o)
FeretS ent. dif ton trie 19:591 000 ( 47,6°/)
Autres terres (incultes). . . . . . . 16553000 ( 40,3°/,)
Data .2$ traité 41119000 (100,0 °/;)
Les nombreux lacs, dont les déversoirs forment tantôt des fleuves
navigables, tantôt des courants avec des rapides et des chutes, occu-
pent une superticie de 3666 739 hectares.
On voit, d’après cela, que la moitié, à peu près, du sol suédois,
comme l’mdique le relevé ci-contre, est occupée par la forêt ; le dou-
zième de sa surface est cultivé, et les quarante centièmes restant, soit
16 500 000 hectares, consistent en terres improductives, au moins
quant à présent. Une grande partie de ces terrains (montagnes et
rochers), bien que forcément improductifs par leur constitution
géologique, contribuent cependant à la richesse du pays, à raison des
gisements métalliques considérables qui s’y trouvent (minerais de fer,
cuivre, métaux précieux, etc.).
Le tiers environ des terres incultes est à l’état de tourbières :
5 millions d'hectares, soit 12,6 °/, de la surface du pays (lacs, fleuves
non compris).
Du rapprochement de ces chiffres, il résulte donc que la superficie,
cultivée ou en prairies, est un peu inférieure à celle des tourbières
(DA%)contre19,6 0°).
On comprend tout de suite l’intérêt capital que présente la con-
quête par l’agriculture de ces immenses surfaces, non seulement
improductives dans l’état où elles sont, mais, de plus, nuisibles à
l'exploitation du sol des régions qu’elles occupent. Les agronomes
suédois ont constaté, en effet, que les surfaces marécageuses nuisent
aux terres qui les avoisinent, étant, suivant leur expression, des nids
à gelées (Frostnester) ; elles nuisent au climat de leur région et à la
végélalion des arbres par l'excès d'humidité qu’elles entretiennent
dans les sols forestiers.
84 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Dans la nuit d'hier, 8 août, le thermomètre est descendu à —0°3
à Flabult, alors qu'il marquait + 18° à 4 heures de l’après-midi.
L'expérience ayant montré que beaucoup de sols tourbeux peuvent,
lorsqu'ils sont asséchés, être avantageusement mis en culture, il
n’est pas étonnant que, dans un pays où la terre labourable est si
rare, on ait, de longue date, songé à tenter cette amélioration fon-
cière.
Dans l’ancienne littérature agricole de la Suède, on trouve quel-
ques rares exemples de succès dans la culture des tourbières.
Au dix-septième siècle, les rois de Suède s’intéressèrent à cette
question : le prince héritier Charles-Gustave, devenu plus tard le
roi Charles X, fit, en 1652, en vue de l’utilisation des marais tour-
beux, dessécher et cultiver lile d’'Œland.
La plus ancienne méthode de mise en culture consistait à houer et
à écobuer la surface, sans emplover de fumure, ce qui obligeait les
plantes qu’on semait ensuite à se contenter de la maigre nourriture
que les cendres pouvaient leur fournir. Cette culture vampire devait
. avoir nécessairement une influence fâcheuse sur les qualités du sol.
La modification désavantageuse des propriétés physiques et chi-
miques, par l’écobuage répété, amena la stérilité, et les tourbières
ainsi traitées refusèrent de donner des récoltes.
Il y eut cependant déjà, au dix-septième et au dix-huitième siècle,
plusieurs propriétaires intelligents qui, par l’addition d'éléments
minéraux au s0l (terrage) et l’emploi du fumier d’étable, réussirent
à obtenir de très bons rendements dans la culture de divers végé-
Laux.
Malgré tout, l’écobuage resta très longtemps la méthode la plus
usilée.
Dans la seconde moitié du siècle dernier, l’emploi des engrais
arlficiels commença à se répandre en Suède ; de cette époque date
le début d’une ère nouvelle pour la culture des tourbières, aux-
quelles il devenait possible de donner des quantités de matières fer-
tilisantes convenables, tandis qu'auparavant le fumier, produit exclu-
sivement dans l’exploitation, déjà insuflisant pour l’entretien des
tourbières hautes, l’était bien plus encore pour les marais.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 85
Aujourd’hui, comme je l'ai vu à Flahult, on arrive à cultiver
l’avoine sur une grande échelle dans les tourbiêres et, sur ces sols
très riches en azote, on obtient, dans les années favorables, de hauts
rendements avec une faible dépense en engrais phosphatés et potas-
siques. On était cependant habitué, dès longtemps, à traiter la tour-
bière en enfant déshérité. Comme la terre y est facile à cultiver, les
traitements mécaniques étaient négligés; on n’y pratiquait aucun
assolement ; l’avoine y succédait à l’avoine pendant dix ans, vingt
ans, quelquefois trente, sans interruption.
Comme conséquence de cette succession ininterrompue de la
même céréale, les mauvaises herbes envahirent de plus en plus les
champs et les rendements en avoine diminuaient d'année en année,
d'autant que la fumure demeurait très souvent trop faible.
Tel était encore, à peu près, l’état de la culture des tourbières
vers 1885, époque de la fondation de l’association dont Je vais
examiner l’organisation. Il y avait bien, à cette date, quelques excep-
tions favorables, mais elles étaient trop peu nombreuses pour pou-
voir exercer une influence favorable sur toutes les régions tour-
beuses du pays.
VIII — L'Association suédoise pour la culture des
tourbières — La tourbière de Flahult
Jünkôping, 4 août.
La plus grande partie de ma journée a été employée à une excur--
sion des plus intéressintes aux environs de Jünkôping, pour visiter
l'exploitation et les chamys d'expériences de Flahult, situés à 12 kilo-
mètres de la ville, en plein terrain tourbeux. On s’y rend par une
roule ravissante, au travers de forêts de bouleaux et de pins, route
que l’on peut, à volonté, faire en voiture ou par le chemin de fer
de Jünkôping-Vaggerid. Le cours d’eau, la Tabergsä, encadré par une
luxuriante végétation forestière, donne naissance aux belles chutes
de Norrahammar, utilisées par d'importantes usines métallurgiques.
A 5 kilomètres environ de Flahult, on longe la base du mont Taberg,
J'uo des gisements suédois les plus connus de minerai de fer magné-
tique. Massif de roches éruptives (gabbro et hypérite) de 450 mètres
86 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
de large, sur 900 mètres de long, le Taberg, bien que n’élevant sa
masse abrupte et dénudée qu'à une hauteur de 195 mètres au-dessus
du sol environnant, apparaît comme un colosse au milieu de cette
plaine. Du sommet du Taberg, que le touriste atteint en vingt-cinq
minutes, on a sous les veux un vaste panorama sur le Smäland et le
lac Vetter.
Flahult est le siège le plus important des travaux et des études de
l'Association suédoise pour la culture des lourbières. Avant de le
décrire et de résumer les nombreux documents que j'ai pu recueillir,
dans le peu de temps que j'y ai passé, grâce à l’extrèême obligeance
de son directeur, M. Hjalmar de Feilitzen, qui a bien voulu me consa-
crer sa Journée, il me faut faire connaître l’origine et l’organisation
de l'Association suédoise.
Dans l’année 1884, le directeur de la station chimique de Jünkü-
ping (‘), Charles de Feilitzen, père du savant qui dirige aujourd’hui
Flahult, reçut de l’Académie d’agricullure de Suède la mission de se
rendre en Danemark, en Hollande et en Allemagne, pour y étudier,
sur place, les procédés de mise en culture des tourbières.
L'ensemble des constatations faites au cours de ce voyage d'étude
suggéra à M. Ch. de Feilitzen l’idée de créer, en Suède, une associa-
tion de cultivateurs, en vue de la propagande à entreprendre pour la
mise en valeur et l’exploitation rationnelle des terrains tourbeux et
marécageux, jusqu'alors demeurés presque complètement impro-
ductifs.
A l'automne de 1885, profitant de la réunion à Rogberga, près Jon-
kôping, d’un certain nombre d’agriculteurs, Charles de Feilitzen
appela leur attention sur le projet qu'il avait conçu. Sa proposition
reçut des auditeurs le meilleur accueil, et le 25 janvier 1886, l’asso-
ciation était fondée par l'adhésion au projet de 178 cultivateurs. Pro-
gressant rapidement, le nombre des adhérents s'élevait, deux ans
après, à plus de 2 000 ; il est voisin, aujourd’hui, de 3 500, répartis
dans les diverses régions de la Suède.
Sans entrer dans des détails circonstanciés sur celte institution, de
jour ef jour plus prospère, je crois intéressant d’en préciser le but,
{!) Cet établissement portait alors le nom de Chemische Kontrollstation.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 87
d'indiquer les ressources dont celle dispose, les traits principaux de
son organisation et de son fonctionnement.
Le but général de l'association est de provoquer et d'aider, par
tous les moyens possibles, la mise en culture des tourbières « si extra-
ordinairement importante pour la Suède », suivant les termes du
premier article des statuts : conférences, publications, recherches
scientifiques et techniques, expériences culturales, choix des engrais
et des semences... L'emploi industriel de la tourbe (chauffage, litié-
rage, etc.) entre également dans le programme des travaux de las-
socIation.
Pendant les deux premières années de son existence, 1886-1887,
l'association n’embrassait que la Suède méridionale et la Suède cen-
trale ; mais, à partir de 1888, il fut décidé qu’elle s’étendrait à tout
le pays et prendrait le nom d’Associalion suédoise pour la cullure
lourbière (Schwedischer Moorkultur-Verein).
Le prix de la cotisation annuelle des membres est Lrès minime:
4 kroner, soit 560. Les membres perpétuels font un versement
unique de 100 kroner (140 francs). Tous les membres de l’associa-
lion reçoivent un Bulletin paraissant tous les deux mois : ce Bulletin
contient tous les documents suédois ou étrangers relatifs à l’objet
des travaux de la société.
Dès 1887, les chambres d'agriculture donnèrent à l'association
une subvention à laquelle vint s'ajouter, l'année suivante, celle de la
province (600 kroner pour aider à l'impression du Bulletin). En pré-
sence des services rendus par l’associalion, ces subventions furent
bientôt augmentées ; elles sont aujourd’hui les suivantes : de l'État,
45 000 kroner ; de la province, 4 600 kroner ; des chambres d’agri-
culture, 11 900 kroner. Le budget annuel est, en recettes et en
dépenses, de 50 000 kroner (70 000 francs), total dans lequel les
coisations figurent pour 13 200 kroner.
Une partie importante des recettes est appliquée aux dépenses des
cultures et des expériences de Flahult.
L'organisation générale de l’association comprend divers ordres
de travaux ct de moyens de propagande des méthodes culturales
ayant fait leurs preuves à Flahult : je les pass:rai rapidement en
revue.
88 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Travaux chimiques ('). — Pour apprécier la valeur d’un sol
tourbeux et en déduire des conseils utiles sur sa mise en valeur, l'im-
tervention de la chimie est indispensable : c’est pourquoi il est fait,
au laboratoire de l'association, de très nombreuses analyses de tour-
bes, tant pour guider le directeur dans ses expériences personnelles,
que pour renseigner les membres de l'association. Pour ces derniers,
les analyses d'échantillons de tourbes sont effectuées à un prix extré-
mement modique. Une analyse complète comprend les dosages sui-
vants :
Matière organique,
Oxydes de fer et alumine,
Chaux,
Polasse,
Acide phosphorique,
Acide sulfurique,
Azote,
Enfin, détermination de la densité de la tourbe.
Le prix de cette analyse est de 3 kroner seulement (4 20); une
analyse de cendres de tourbes ne coûte que 0 kroner 75 (105).
La détermination rigoureuse de la matière combustible (chaleur
de combustion à la bombe calorimétrique) comprenant, en outre, le
dosage de l’eau et des cendres, coûte 4 kroner (5° 60).
Une note, accompagnant chaque analyse, résume l’appréciation du
directeur sur la valeur de la tourbe, sur le mode préférable de chau-
lage et de fumure et sur la meilleure méthode de culture à lui appli-
quer.
n dehors de ces analyses de toarbe, le laboratoire nrocède à l’exa-
men des matières employées pour l’amélioration des tourbières :
sable, argile, lehm, etc. Les récoltes des champs de Flahult sont
analysées au laboratoire de Jünkôping, très bien installé depuis 1903
dans le bâtiment construit, cette année-là, aux frais de l’association
Jusqu’en 1993, les analyses étaient exécutées à la Station de contrôle
qui a fait place à l’Institut de l'association.
('} Effectués dans les laboratoires de l'institut de l'association, dont je parlerai plus
loin.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 89
Travaux botaniques et géologiques. — L'étude de la flore des
tourbières est aussi importante que leur examen chimique; le bota-
niste attaché à l’établissement s'occupe, à la fois, de l’étude botanique
des tourbes et de la détermination de la flore des prairies d’expé-
riences ; 1l contrôle également les semences employées dans les
champs d'expériences.
Pendant les mois d’été, il visite, chaque année, un district parti-
eulier de tourbières, notant la nature de la végétation de la surface,
la profondeur de la tourbe, la composition botanique et minéralo-
gique des couches, leur degré de décomposition et les autres carac-
tères importants de la tourbière. Les moyens d'amélioration appli-
cables aux régions visitées, la nature des plantes de cullure qui
réussissent le mieux, celle des mauvaises herbes dominantes font
également l’objet de ses investigations. Un rapport détaillé, adressé
aux chambres d'agriculture, relate tous les faits observés par le
botaniste au cours de ses tournées.
Sur la demande de membres isolés de l'associalion, il examine
aussi les tourbes au double point de vue de leur utilisation possible
comme combustible et comme liüère.
Dans ces dernières années, l’association a chargé son botaniste de
préparer, pour les écoles d’agriculture du pays, des herbiers com-
prenant les plantes qui donnent naissance à la tourbe et les mau-
vaises herbes caractéristiques des tourbières. Des échantillons-types
de tourbe accompagnent les herbiers.
Expériences culturales. — Très nombreux sont les essais entre-
pris par l’association, en vue de résoudre les questions scientifiques
el pratiques que soulève la eulture des tourbières.
Ces expériences se poursuivent simultanément dans le Jardin
d'essai de la station de Jünkôping, que j'aurai l’occasion de décrire
bientôt, à Flahult et dans d’autres tourbières. Les résultats d’expé-
riences, faites avec tout le soin désirable, mais dans des conditions
s’éloignant de celles qu'offre la grande culture, sont du plus haut
intérêt ; elles éclairent des points qui, sans elles, resteraient indéfi-
niment obseurs pour le praticien. Mais leurs résultats, avant d’être
directement transportés du laboratoire dans la pratique agricole, ont
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92 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
le plus souvent besoin d’une sanction qu'une culture d’une certaine
étendue pourra seule leur donner. C’est dans celte vue que l’Asso-
cialion suédoise a créé à Flahult et sur divers points du territoire de
vastes champs d'expériences, où les méthodes rationnelles de culture
des tourbières sont expérimentées sur une large échelle. Les résultats
de ces expériences reçoivent, par le Bulletin, une grande publi-
cité.
C’est par centaines que se comptent les cultivateurs qui viennent,
chaque année, visiter les champs de Flabult. Aujourd’hui (4 août),
J'en ai rencontré un grand nombre occupés à comparer l’état des ré-
coltes sur pied, à examiner les travaux de drainage et les diverses
opérations cullurales en cours d’exécution.
En attendant que je décrive avec tout le développement qu’ils
méritent les champs d’expériences de Flahult, l’organisation des
cultures, les procédés de la transformation de la tourbière en sol
productif, le lecteur aura une idée du résultat général obtenu
dans cette belle exploitation rurale, en jetant un coup d'œil sur les
figures 7 et 8, reproductions de photographies que je dois à Pobli-
geance de M. de Feilitzen.
La figure 7 représente la tourbière vierge (Hochmoor, tourbière
haute); la figure 8, la partie cultivée contiguë à la tourbière vierge.
D'un côté, une sorte de marais, inaccessible aux animaux de travail
qui s’y enliseraient aisément sous leur poids; de lPautre, une terre
meuble, complètement débarrassée des plantes qui la couvraient
avant sa transformation, et que l’on peut labourer, ensemencer et
récolter sans aucune difficulté. L'histoire de cette transformation
que Je vais présenter au lecteur, n’a très vivement intéressé et J’es-
père qu'il en sera de même pour ceux qui voudront bien me suivre
dans mon excursion.
En dehors des essais du jardin de Jünkôping et des travaux de Fla-
bult, l'Association suédoise étend sa sphère d’activité dans une troi-
sième direction : la création et la direction de champs d’expériences
chez les particuliers, propriétaires de tourbières. Ces champs sont
disséminés dans la plupart des provinces de la Suède : les membres
de l’association peuvent, sils le désirent, obtenir, sans frais pour ,
eux, la création de ces champs d'expériences sur leur propriété.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 93
L'association leur fournit gratuitement les semences el les engrais.
Autant que faire se peut, chaque année, les employés de Passo-
ciation visitent ces champs d’expériences et donnent aux intéressés
des renseignements sur le choix des engrais et des plantes qui s’a-
daptent le mieux à la création de prairies artificielles ou natu-
relles, sur les procédés culturaux d'amélioration, etc.
Le propriétaire de la tourbière sur laquelle les champs d'essais
sont établis n’est astreint qu’à une seule condition : prendre l'engage-
ment de se conformer scrupuleusement aux modes de préparation
du sol, d’ensemencement et de récolte prescrits par l'association.
Les résultats de ces essais sont publiés dans les Bulletins des cham-
bres d’agricullure et dans celui de l'association.
Il y a quelques années, l’association a décidé de créer, sur divers
points du territoire, des champs de démonstration pour l'instruction
de la population agricole : la visite de ces champs par les employés
de l’associalion donne, à ces derniers, l’occasion de faire des confé-
rences pratiques sur la culture des tourbières.
Conseils pratiques. — Un dernier mode de concours prèlé aux
propriétaires, et ce n’est pas le moins utile, consiste dans les visites
qu'un technicien de l'association (Kullurlechniker) fait sur leur
demande et dans le point qui lui est indiqué.
Dans ces visites, 1l prélève des échantillons de tourbe pour l’ana-
lyse : après s'être exactement rendu compte de toutes les conditions
locales, il donne aux intéressés, verbalement ou par écrit, des con-
seils circonstanciés sur la mise en culture, la fumure, l’assolement à
suivre, etc. Il indique également la qualité de la tourbe, au point
de vue de son utilisation comme combustible ou comme litière.
Le propriétaire qui consulte ces techniciens n’a d’autre dépense à
supporter que celle de leur nourriture, évaluée à 4 kroner 50, soit
6" 30 par jour. Tous les autres frais de voyage sont supportés par
l'association.
Depuis 1902, un technicien fait chaque année, chez les petits culti-
vateurs d’un district désigné, membres de l'association, des visites
d’une durée de dix jours, afin de répandre, dans un pluslarge cercle,
les principes de la culture rationnelle des tourbières. Ces séjours ne
94 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
coûtent absolument rien au paysan : toutes les dépenses de voyage,
nourriture, analyse, etc. sont à la charge de l’association. Comme
les membres de l’association réclament en grand nombre ces visites
du technicien, celui-ci est constamment en route, du commencement
d'avril à la fin d'octobre.
On voit, par cette énumération, combien est grande et variée la
mission que s'est donnée l'Association suédoise ; combien utile elle
doit être au pays, par l'augmentation des superficies cultivables.
[ y a là un exemple qui pourrait être très utilement suivi chez
nous dans diverses directions (mise en valeur des terres incultes,
reboisement des sols arides, etc.).
IX — La tourbière et les cultures de Flahult
Jonkôping, 4 août.
Flahult est situé à 12 kilomètres au sud de Jünkôping et à 3 kilo-
mètres de la station de Norrahammar et Smälands-Taberg, sur la
pittoresque petite ligne du chemin de fer de Jünkôping à Vaggerid,
dont j'ai parlé précédemment.
în 1890, l'Association suédoise avait loué quelques hectares de la
tourbière de Flahult; en 1899, elle en acheta 82 hectares, dont
45 hectares de Hochmoor (tourbe haute), 5 hectares de Miederungs-
moor (tourbe basse), et le reste en sol sableux ou boisé.
À raison de lallitude (223 mètres au-dessus du niveau de la mer),
le climat de Flahult est très rude, condition qui a des avantages et des
inconvénients ; le principal avantage est l’application possible des
résultats obtenus à Flahult aux régions septentrionales de la Suède,
qui s'étend, on le sait, du 55° 20°18" au 69°3° 21” de latitude nord.
Le grand inconvénient du climat est que la végétation souffre fré-
quemment de gelées qui rendent incertaine la culture de diverses
plantes.
Le champ d'expériences étant conligu à une tourbière haute vierge,
pour éviter la propagation de ces gelées et diminuer leur danger,
l'association à acheté, en 1889, cette tourbière d’une superficie de
42 hectares : on l’a sommairement asséchée ; elle sera progressive-
EXCURSION EN SCANDINAVIE 95
ment mise en culture. D'un côté de la tourbière, on a préparé 5 hec-
tares pour des essais de culture forestière. L'association projette de
cultiver, petit à petit, toute la superficie de tourbe qu’elle possède et
d'y faire en grand une démonstration pratique de la culture de
Hochmor.
La surface lotale de Flahult est de 150 hectares. Le sol est essen-
tellement celui d’une tourbière haute, très peu décomposé et con-
stitué par des Sphaignes et l'Eriophorum. La puissance très variable
de la couche est, en moyenne, de 3 mêtres. Aux confins de la tour-
bière haute, 1l y a quelques hectares de tourbière basse, caracté-
risée par la composition de sa flure (carex, mousses et roseaux). La
couche de tourbe n’a, ici, qu’une épaisseur de 30 à 50 centimètres.
Partout le sous-sol est du sable très pauvre.
L'analyse du sol tourbeux a montré qu’il est très pauvre en chaux,
potasse et acide phosphorique, aussi bien dans la Hochmoor que
dans la Nederungsmoor. Dans la première, le taux d’azote est peu
élevé (0,94°/,), ce qui correspond à 1 240 kilos d'azote à l’hectare,
dans une couche de 20 centimètres d’épaisseur ; la tourbe basse en
renferme beaucoup plus (2,82°/.), ce qui représente 8020 kilos
d'azote à l’hectare, dans la couche de 20 centimètres, quantité plus
que suffisante pour satisfaire aux exigences de la végétation.
La teneur en cendres est de 1,95 °{, dans la Hochmoor et de
11,16 °/, dans la Niederungsmoor.
Le sol sablonneux est très pauvre en principes nutritifs.
Actueliement, 33" 50 sont cultivés ; ils se répartissent en tourbière
haute, 23" 4; tourbière basse, 24, et 77 de sol sablonneux et
non tourbeux.
De la superficie aujourd’hui cultivable, on a distrait une petite
étendue de tourbière, pour constituer deux colonies (WMoorkolonat)
dont je parlerai plus loin.
M. Hjalmar de Feilitzen, qui à la haute direction du Flahult, a
sous ses ordres un intendant des cultures qui réside sur lexploita-
üon. La figure 9 représente lélégante habitation de l’intendant,
construite en bois, comme tous les bâtiments élevés dans la tourbiére.
Il y a sept ménages d'ouvriers sur le domaine : le logement de cha-
cun d'eux est composé de deux pièces. La figure 8 de la tourbière
96 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
cultivée, que nous avons déjà donnée page 91 et que je ne reproduis
pas, montre, à gauche, une de ces habitations d'ouvriers dans le
voisinage de laquelle la photographie à fixé l’image d’un bâtiment
d'exploitation de la tourbière.
Ces constructions sont protégées à l'extérieur par une couche
d'ocre rouge, peinture très répandue en Suède et en Norvège,
rehaussée par les arêtes blanches des angles et de la faiture du bâti-
ment. Elles sont d’un très heureux effet.
Les habitations des ouvriers, comme toutes les constructions de
Flahult, sont entretenues dans un état de propreté remarquable.
Les étables, hangars pour récoltes, magasin à chaux et à litière,
büchers, communs, ete., sont également peints en rouge.
Dans l'impossibilité où l’on est de creuser le sol pour y établir des
caves, à raison de la proximité du plan d’eau, on a adopté à Flahult
une disposition très simple qui répond au but cherché. La cave est
formée par une cage en bois reposant sur le sol, et revêtue extérieu-
rement d’une épaisse couche de tourbe desséchée ; la couverture de
cette cage est également en tourbe, ensemencée en herbe. Ce mode
de toiture est, comme Je lai dit précédemment, extrêmement répandu
dans les constructions rurales de la Scandinavie : maisons d’habi-
lation, étables, greniers, etc.
La partie cultivée de l’exploitation de Flahult comprend les terrains
exploités en grande culture, et les champs d'expériences où M. de
Feilitzen poursuit l'étude de l'influence des différents engrais, des
diverses variétés de plantes et des modes de traitement du sol sur les
récoltes, etc.
J'ai pu suivre les phases successives de la transformation de la
tourbière haute en prairie el en sol apte à différentes cultures
(céréales, pommes de terre, turneps, etc.); Je vais essayer de les
décrire, dans leurs traits essentiels, avant d’exposer les intéressants
essais du champ d’expériences proprement dit.
Qu’on se propose de transformer la tourbière vierge (Hochmoor)
en sol arable, en prairie temporaire ou en pâturage, la première
opération consiste dans l’asséchement de la tourbière à l’aide de
larges canaux ouverts de distance en distance.
Lorsque le desséchement par ces canaux est suffisamment obtenu,
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1909 — 1:
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— 3°
SCIENCE AGRON,.
ANN.
98 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
on procède au nivellement de la surface ; on fauche les bruyères et
les grosses toufles d’herbes ; on arrache les pins rabougris et les
divers végétaux qui couvrent la tourbière ; on les réunit en tas et on
y met le feu, dès qu'il est possible de les brûler. A la Rége on
rompl les mottes de tourbe et on égalise le sol.
Lorsque la surface se trouve ainsi à peu près nivelée, on ouvre des
fossés de drainage espacés de 20 mètres environ. Dans les cultures
déjà anciennes, on donne à ces fossés 1" 20 de profondeur ; dans les
parties récemment défrichées, les fossés n’ont
que 60 centimètres de profondeur sur 45 cen-
timètres de largeur. La figure 10 représente
en coupe l’un de ces fossés de drainage. Le
déblai des fossés est rejeté sur les berges et
répandu sur le champ.
NI tr
Re er N Tous ces travaux s’exécutent pendant l'été
| À et l’automne. Dans l’hiver qui suit, on porte
* \ sur le champ, à l’aide d’un chemin de fer
Per Pain garni [Jecauville, 500 mêtres cubes de sable par
hectare, ce qui correspond à une couche de
9 centimètres d'épaisseur ; on étend le sable aussi uniformément que
possible (système Rimpau). Cette couverture de sable rendra le sol
plus facile à travailler.
Au printemps de la seconde année, lorsque la couche superficielle
de 15 à 20 centimètres est dégelée, tandis que le sous-sol est encore
assez fortement congelé pour que les animaux de trait (bœufs) puis-
sent y marcher, on herse (herse américaine) énergiquement la
tourbe pour y incorporer régulièrement le sable (dans la première
année de transformation de la tourbière, la ténacité de la tourbe
s'oppose à l’emploi de la charrue).
Après cette opération, on répand à la surface 49" 50 de chaux
éteinte, par hectare (3 500 kilos de chaux réelle Ca0), puis on donne
un second hersage.
Comme fumure, on emploie les scories de déphosphoration
(120 kilos d'acide phosphorique à l’hectare) et les sels de Stassfurt,
40 kilos de potasse à l’hectare. Pas d’engrais azolés. Pour aider le
développement des bactéries accumulatrices d'azote, on épand, par
EXCURSION EN SGANDINAVIE 99
hectare, 40 hectolitres de terre prélevée dans une vieille culture de
légumineuses ; M. de Feilitzen estime qu? ce volume de terre pour-
rait être, sans doute, réduit de moitié, 20 hectolitres à l’hectare
devant suffire à l’inoculation du sol. On ensemence ensuite avec des
légumineuses. Par hectare, on emploie 300 kilos d’une variété de
pois (peluschke), très répandue dans les cultures scandinaves, à
laquelle on a mélangé de 20 à 30 °/, de fèves ; à l’automne, on donne
un troisième hersage. Ainsi s'achève la deuxième année de mise en
culture.
Au printemps de la troisième année, on sème de l’avoine, 230 kilos
à l’hectare, avec un mélange de trèfle et de graminées (environ
39 kilos). Comme fumure, 100 kilos d’acide phosphorique (scories),
70 kilos de potasse (Stassfurt) et 45 kilos d'azote sous forme de
nitrate (300 à 400 kilos de nitrate de soude).
La transformation de la tourbière en sol arable est ainsi terminée,
Pour créer la prairie, on procède comme Je viens de le dire, à ces
différences près qu’on n’emploie que 200 à 250 mètres cubes de
sable, à l’hectare, et que les drains sont maintenus à 50 centimè-
tres au-dessous de la surface.
Dans les deux premières années, on cultive la peluschke comme
culture préparatoire. Une expérience déjà longue a montré qu’à
Flahult cette culture, faite à l’aide des engrais minéraux ordinaires
et de l’inoculation bactérienne du sol avec de la terre, donne d’excel-
lentes récolles de fourrage. Pendant ce temps, la tourbe commence
à se décomposer et il se forme une couche de terre arable bien pré-
parée à porter la récolte principale. Dans la troisième année de cul-
ture, on ensemence le sol avec un mélange pour prairie, sans plantes
abris servant de couverture à l’herbe. On fume ensuite chaque année
la prairie.
Si l’on fauche la prairie pendant les deux premières années, Pap-
port d'engrais minéral. sans azote est suffisant ; on emploie ensuite,
dès la troisième année, l’acide phosphorique, la potasse et azote.
Les prairies durent à Flabult cinq ans, sept ans et même d’avan-
tage.
Si l’on fait pélurer les prairies pendant les deux premières années,
on ne leur donne pas de nitrate; la présence du bétail dispense, en
100 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
effet, de l’apport d’azote et l’on se borne à y répandre de l’acide phos-
phorique et de la potasse.
La première année, on ne fait qu’une coupe qui donne environ
5 000 kilos de foin; la deuxième année en produit autant et, dans Ia
troisième année, on ne récolte que # 000 kilos.
Les indications qui précèdent se rapportent aux Hochmoor de la
moins bonne qualité. Dans les tourbières meilleures, on borne la
fumure à Pacide phosphorique et à la potasse, sans azote.
Les tourbières basses sont labourées dès le début ou fortement
hersées ; on les cultive ensuite sans addilion de sable,
Pendant les premières années, tous les fossés d’écoulage restent
ouverts ; on les protège ensuite contre l’éboulement en les remplis-
sant de tourbe ou de fagots (fig. 10). Plus tard, on remplace ces
drains à ciel ouvert par des tuyaux.
Jetons maintenant un coup d’œil sur les récoltes de Flahult. Par
suite de la rudesse du climat et des dangers de gelée, les rendements
sont sujets à de grandes variations. Il s'ensuit qu’il ne peut être ques-
tion que de moyennes embrassant une période d'années.
La moyenne décennale, 1892-1901, des récoltes obtenues, avec
pleine fumure, se résume comme suit :
RENDEMENTS PAR HEKCTARE
ES CS NN
NATURE DES RÉCOLTES Tourbière haute sablée Tourbière basse sans sable
EE EE
Grain Paille Grain Paille
quint. métr. quint. métr. quint. métr. quint. métr.
Seigle d'hiver . . . . 14,37 12,16 23,44 47,09
Seiglediété SRE. » ) 12,8 53,09
Blé d'hiver . . . . . » ) 25,33 50,00
BIAC ER UE » )) 25,70 8.17
DIRE PAR Se 13,18 23,91 23,40 10,58
AVDIRO SAS UE El re De 16,58 29,20 28,25 43,41
POSER re Ace Ve A 10,98 28,40 » n
NESCeS ie lan 10,82 26,58 » »
Fourrage sec :
Peluschke. . . . . . 40,06 56,90
MESSE ARE SUR 35,26 51,33
Foin (une coupe) . . . 20 à 60 »
Pommeside terre... l27:52 »
Ces chiffres mdiquent clairement quelles plantes conviennent le
EXCURSION EN SCANDINAVIE 101
mieux dans de semblables sols tourbeux. Sur la Hochmoor mal
décomposée, le seigle d’hiver a donné, en moyenne, dans cette
période décennale, de faibles rendements, d’où il faut conclure que,
dans plusieurs années, il a souffert de la gelée. Cette céréale, sous le
climat de Flahult, donne donc des résultats incertains. Cela est éga-
lement vrai de l’orge, tandis qu’en moyenne l’avoine à fournit de
bonnes récoltes.
Les pois et les vesces fructifient rarement, mais ils donnent de
hauts rendements en fourrage.
.Les prairies se développent particulièrement bien, et, après avoir
donné une coupe de foin, elles fournissent encore, en août et sep-
tembre, un bon pâturage.
Dans les années favorables, la pomme de terre peut fournir de très
hauts rendements, mais cette plante est, on le sait, très sensible à la
gelée el aux intempéries ; aussi les rendements moyens sont-ils fai-
bles, ce qui est vrai pour toutes les sortes de pommes de terre culti-
vées à Flahult.
Les choux-raves et les turneps ne réussissent pas à Flahult, à moins
de recourir à des quantités extrêmement élevées d'engrais. Les ca-
rottes semblent donner des résultats un peu meilleurs.
Dans la tourhière basse, toutes les plantes cultivées, à l'exception
du seigle d’été, ont donné de bonnes récoltes.
L’étable de l'exploitation de Flahult compte 18 animaux, savoir :
2 bœufs de travail, 1 cheval et 15 vaches laitières. Tout ce bétail
est nourri avec les produits de la tourbière cultivée. Les vaches don-
nent, en moyenne annuelle, 3200 litres de lait d’une richesse de
3,72 °|, de beurre. Le lait, conduit au chemin de fer (3 kilomètres),
est vendu 12 centimes le litre.
Il me reste à faire connaitre l’organisation des colonies, la dispo-
sition et les résultats des champs d'expériences qui complètent l’ex-
ploitation si intéressante de Flahult.
(A suivre.)
SUR UNE THÉORIE NOUVELLE
DE LA
CAPTATION DE L'AZOTE ATMOSPHÉRIQUE
PAR LES PLANTES
Les plantes vivantes peuvent-elles fixer dans leurs tissus l’azote
élémentaire, l’azote qui forme les 79 ° X du poids de l’atmosphère
et le faire entrer dans des combinaisons organiques servant à la
construction de leurs tissus, à la fabrication du protoplasma que
l’on a appelé justement la base physique de la vie?
Voilà une question capitale par ses conséquences pratiques,
par ses applications culturales, et qui, néanmoins, malgré tous les
efforts des savants, n’a pas encore reçu de solution complète,
pleinement satisfaisante.
Bien mieux, elle peut même être citée comme un exemple rare
des variations dans les opinions et théories successivement pro-
fessées par la science.
I — Historique
Résumons rapidement ces fluctuations de la doctrine.
Étant donné qu’il n’y a pas de sujet de plus grande importance
pour la pratique agricole, ni de plus grand intérêt pour la science
agronomique que la question de l’azote, on ne doit pas s’étonner
qu’elle ait attiré plus lattention, provoqué plus de recherches
qu'aucun autre sujet, peut-être, depuis que la science s’occupe
CAPTATION DE L’AZOTE ATMOSPHÉRIQUE PAR LES PLANTES 103
d’agriculture, c’est-à-dire depuis cent ans, depuis que Th. de
SAUSSURE, l’illustre chimiste genevois, a publié, en 1804, ses Re-
cherches chimiques sur la végétation.
En ce qui concerne la question de l’azote, il faut remonter plus
loin encore; car, en 1771, le chimiste anglais PRIESTLEY (qui a
découvert l’oxygène) a affirmé que certaines plantes absorbent
Pazote de l’air, et INGENHOUSZ a élargi cette doctriné en affirmant
que toutes les plantes ont cette faculté (?).
S’il en est ainsi, l’atmosphère, formée pour les quatre cinquièmes
de son volume de gaz azote pur, offre aux plantes l’élément fon-
damental du protoplasma et de toutes les substances protéiques
avec une telle profusion que le cultivateur ne doit pas avoir à se
préoccuper de restituer à la terre les quantités d’azote qu’il ex-
porte par les récoltes.
S'il en est ainsi, pour l’azote plus encore que pour le carbone et
pour l’eau, la nature présente aux plantes que nous cultivons des
quantités si grandes de matière première qu'aucun épuisement
n’est à craindre. Dès lors il semble qu’en rapportant dans nos
champs l’acide phosphorique, la potasse, la chaux, la magnésie
et l’acide sulfurique que les plantes ne peuvent emprunter qu’au
sol et que nous exportons chaque année, nous entretiendrons
indéfiniment sa fertilité.
Or lexpérience journalière montre qu’il est indispensable de
rapporter au sol des engrais azotés si l’on veut maintenir sa
force de production. Les agriculteurs dépensent des sommes
énormes pour l’achat d’azote (sous forme de sulfate d’ammo-
niaque, de nitrate de soude, d’engrais organiques) parce qu’ils
augmentent ainsi largement leurs récoltes (?).
(1) Ayant placé un pied d’Epilobium hirsutum dans un récipient de dix
pouces de haut et d’un pouce de large, PRIESTLEY vit que cette plante, au
bout d’un mois, avait absorbé les 7 /8 de l’air ! INGENHOUSZ (Expériences sur
les végétaux, t. IT, p. 146) a étendu cette prétendue faculté d'absorption à
tous les végétaux, placés dans le gaz azote. Dans ces temps héroïques de
l’expérimentation, il n’y a pas trop à s’étonner de ces affirmations surpre-
nantes; on ne savait pas expérimenter.
(2) Les importations de la Grande-Bretagne en engrais azotés seuls s’élè-
vent à 65 millions de francs par an.
104 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Déjà l’empirisme universel prouve la fausseté de l'affirmation
d’Ingenhousz ou du moins que l’azote élémentaire absorbé est
loin de suflire aux exigences des végétaux en aliments azotés.
Th. pE SAUSSURE (1804) reprit les expériences de Priestley et
d’Ingenhousz avec beaucoup de soin, soit dans Pair atmosphé-
rique, soit dans l’azote pur, et ne constata aucune absorption
d’azote. SENEBIER et WOODHOUSE confirmèrent cette assertion.
Trente ans après la publication des Recherches chimiques sur la
végétation, l'œuvre magistrale de Th. de Saussure, un autre grand
agronome, BOUSSINGAULT (premières expériences : 1834-1838),
frappé de ce fait que dans une exploitation rurale qui exporte de
Pazote sans en importer, la fertilité du sol se maintient, pensa
qu'une grande partie de l’azote des végétaux devait venir de
Pair. Pour vérifier cette hypothèse, il entreprit des essais de cul-
ture dans des sols artificiels dépourvus d’azote. Voici ses conclu-
SIONS :
«19 Le trèfle et les pois cultivés dans un sol absolument privé
d’engrais ont acquis, indépendamment du carbone, de lhydro-
gène et de l’oxygène, une quantité d’azote appréciable à l’ana-
lyse ;
«29 Le froment et l’avoine cultivés dans les mêmes conditions
ont également emprunté à l’air et à l’eau du carbone, de l’hydro-
gène et de l’oxygène; mais, après la végétation des céréales,
Panalyse n’a pu constater un gain en azote. »
Deux hypothèses se présentaient pour expliquer le léger excès
d’azote trouvé dans les récoltes de légumineuses :
19 Absorption de l’ammoniaque de Pair (c’est l'opinion de
LieB1G dès cette époque);
29 Fixation de l’azote gazeux.
Sans se prononcer catégoriquement, Boussingault penchait pour
cette dernière explication.
De 1849 à 1852, G. Vice (1849-1852) entreprit de son côté
Pétude de lassimilation de l’azote gazeux par les végétaux et
conclut à laffirmative.
À la suite de plusieurs autres séries d'expériences exécutées
avec la plus grande précision, Boussingault (dernières expé-
CAPTATION DE L’AZOTE ATMOSPHÉRIQUE PAR LES PLANTES 105
riences : 1851-1853) soutient que les végétaux ne possèdent pas
la propriété de transformer en matière protéique l’azote libre que
l'air leur offre en quantité illimitée.
Les célèbres agronomes anglais, LAWES, GILBERT et PüuGH
(1855) crurent utile, en raison de l'importance capitale de la
question, de soumettre à une vérification définitive les expé-
riences définitives de Boussingault et les assertions opposées de
G. Ville.
Une série de recherches qui n’ont pas duré moins de trois
années fut entreprise au laboratoire de Rothamsted. Admira-
blement préparés par vingt années d’essais pratiques sur les
exigences des récoltes en azote, Lawes et Gilbert ont envisagé
sous toutes ses faces le problème dont ils reprenaient l’étude et
leur conclusion finale a été celle de Boussingault : Z’azote de l'air
n’est pas fixé par les végétaux (1).
Donc à la suite des expériences concordantes de savants de
premier ordre, tels que BoussiINGAULT, LAWES et GILBERT,
M. L. GRANDEAU, à qui j'emprunte une partie de cet histori-
que (2), put à bon droit écrire : La question est désormais vidée
pour tous les savants. M. G. Ville est aujourd’hui, comme en
1857, le seul partisan de l’assimilation directe de l’azote par les
(1) Cependant ils sont moins affirmatifs pour les légumineuses que pour
les graminées. « En examinant de nombreux essais sur les graminées, disent-
ils, et en faisant varier dans de larges limites les conditions de végétation,
on n’a jamais reconnu qu'il y eût assimilation d’azote libre.
« Dans les expériences sur les légumineuses, la végétation fut moins satis-
faisante et les limites de variation furent moindres: mais les résultats enre-
gistrés n’in liquent aucune assimilation d'azote libre. Il serait désirable que de
nouvelles e> > riences fussent reprises sur ces mêmes plantes dans des circons-
tances plus j:vorables. Les données obtenues sur d’autres plantes sont toutes
dans le même sens au point de vue de la non-assimilation de l'azote.» Et les
savants anglais terminent très sensément leurs conclusions par cet aveu
d’ignorance de la science, par cette accentuation du point de doute toujours
subsistant : «S’il est bien établi que la végétation n'opère pas la combinaison
de l’azote libre, ON NE VOIT PAS TRÈS CLAIREMENT à quelles actions il faut
attribuer une grande partie de l’azote combiné qu'elle contient. »
(2) Cours d'agriculture de l'École forestière. Berger-Levrault et Cie, 1879,
624 p. in-8.
106 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
plantes; mais comme il n’a produit aucune expérience correcte à
l'appui de son hypothèse, on peut dire qu’à Pheure qu’il est, il
n'existe pas une seule observation à l’abri de critiques fondées,
dans laquelle il a été possible de constater la fixation de lazote
gazeux par les végétaux.»
Mais dix ans à peine après l’époque où mon éminent maitre,
M. L. Grandeau, formulait si catégoriquement le Credo de la science
d’alors dans son beau livre Cours d'agriculture de l'École fores-
tière, où sont lumineusement exposées les idées régnantes sur lori-
gine et les sources de l’azote des végétaux (1), c’est-à-dire en 1886,
un Allemand, HELLRIEGEL, venait affirmer nettement le pouvoir
des légumineuses de fixer dans leurs tissus azote de l’air (?).
Voici les termes mêmes dans lesquels MM. HELLRIEGEL et
WiLFARTH ont résumé leurs conclusions (#) à la fin de leur volu-
mineux mémoire intitulé : Recherches sur l’alimentation azotée
des graminées et des légumineuses publié en 1888, bien que les
premières expériences inédites aient été faites en 1862:
« 19 Les légumineuses diffèrent fondamentalement des gra-
minées dans leur mode de nutrition relativement à l’azote;
«29 Les graminées ne peuvent satisfaire à leur besoin d’azote
qu’au moyen des combinaisons assimilables existant dans le sol
et leur développement est toujours en rapport direct avec Pap-
provisionnement d’azote que le sol met à leur disposition;
«39 En dehors de l’azote du sol, les légumineuses ont à leur
service une seconde source où elles peuvent puiser de la façon la
plus abondante tout l’azote qu’exige leur alimentation ou com-
(1) Notamment les phénomènes de nitrification et les idées de M. ScaLæ-
SING sur l’ammoniaque aérienne et la végétation, sur la circulation de l’azote
dans la nature,
(2) C’est dans la réunion de la section d’agronomie des Vaturforscher
tenue à Berlin, le 20 septembre 1886, qu'HezLRrieGEL fit connaitre, dans
une communication préliminaire, la mémorable découverte de la fixation
de l'azote de Pair par les nodosités des légumineuses.
(3) Voir dans les Annales de la Science agronomique française et étrangère,
1890, t. I, Paris, Berger-Levrault et Cie, la traduction et les planches si
démonstratives de ce remarquable travail.
CAPTATION DE L’AZOTE ATMOSPHÉRIQUE PAR LES PLANTES 107
pléter ce qui leur manque quand la première source est insuffi-
sante ;
«49 Cette seconde source, c’est l’azote libre, l’azote élémentaire
de l’atmosphère qui la leur offre;
« 5° Les légumineuses ne possèdent pas par elles-mêmes la
faculté d’assimiler l'azote libre de l'air, il est absolument néces-
saire que l’action vitale des micro-organismes du sol leur vienne
en aide pour atteindre ce résultat;
«69° Pour que l’azote libre de l’air puisse servir à alimentation
des légumineuses, la seule présence d’organismes inférieurs dans
le sol ne suffit pas; il faut encore que certains d’entre eux entrent
en relations symbiotiques avec les plantes; |
«70 Les tubercules radicaux ne doivent pas être considérés comme
de simples réservoirs de substances albuminoïdes, ils sont dans une
relation de cause à effet avec l'assimilation de l'azote libre. »
Au point de vue cultural les auteurs ajoutent :
« Nous regardons comme bien établi que certaines variétés de lé-
gumineuses, sinon toutes, ont la faculté, avec le concours de micro-
organismes, d'utiliser l'azote libre existant dans l'air à l’état élé-
mentaire et de l’emmagasiner sous forme de matières albumi-
noides. Cette source d’azote est inépuisable et peut, dans des
conditions favorables, suffire à elle seule pour satisfaire aux exi-
gences des légumineuses et leur permettre d'atteindre à un déve-
loppement normal, luxuriant même. »
Le mémoire de Hellriegel et Wilfarth est daté de Bernburg,
30 octobre 1888.
A ces conclusions, résultat de nombreuses et patientes re-
cherches prolongées pendant quinze ans, se rallièrent presque
tous les savants.
Les derniers doutes furent levés par les expériences de MM.
SCHLŒSING fils et LAURENT. Ils cultivèrent des pois dans un
terrain nutritif sans azote, stérilisé, en présence d’une atmosphère
confinée dont la composition était connue. L’ensemencement fut
fait avec un peu de délayure de terre ayant porté des légumineuses.
L’azote fut dosé au début dans l’air, dans la semence, et, à la fin,
dans l’air, dans le sol et dans la récolte obtenue. Celui qui avait
108 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
disparu de l'atmosphère fut retrouvé dans la plante et dans le sol.
Warp a montré qu’on peut reproduire ces nodosités par l'addition
du contenu d’une nodosité à une culture de légumineuse en milieu
liquide.
BEYERINCK et PrazmowskY en ont fait des cultures sur milieux
artificiels qui, inoculées par piqûre à une racine de légumineuse,
reproduisaient la nodosité. La culture de ces microbes est d’ailleurs
très facile sur toutes les macérations de légumineuses addi-
tionnées de gélose; on à ainsi un milieu solide qui, placé à 300,
permet leur multiplication très rapidement. Lorsqu'on inocule
ces microbes, qu'ils proviennent du sol ou d’un milieu artificiel,
ils pénètrent dans la plante par le poil radiculaire, attirés sans
doute en vertu de leurs propriétés chimiotaxiques: en coupe mi-
croscopique on trouve bientôt un véritable filament formé par la
masse des microbes qui pénètrent peu à peu jusqu'aux cellules
corticales et se propagent dans les divers sens; la masse bacté-
rienne présente un aspect plus ou moins glaireux, signe caracté-
ristique de la fixation de l’azote, et bientôt la nodosité, par suite
de ces transformations successives, est visible à l’œil nu.
Le microbe qui, dans les premiers moments, affecte une forme
bacillaire, allongée, se transforme peu à peu et on voit alors au
microscope des formes en Y, en T, en doigts de gant. On les
désigne sous le nom de bactéroides; c’est le stade sous lequel le
microbe est véritablement utile pour la légumineuse. Si la trans-
formation n’a pas lieu ou si la bactéroïde est anormale, 1l n°y a
pas assimilation d’azote. Il semble exister des bactéries spécia-
lement adaptées aux terrains calcaires (on les trouve dans les
nodosités des pois, du trèfle, du haricot, etc.), d’autres plus
adaptées aux terrains acides, comme sur le lupin.
La question de l’espèce microbienne, ainsi que les états sous
lesquels ils vivent dans le sol, ne sont pas encore suffisamment
éclaireis pour ces microbes.
Ces derniers paragraphes sont extraits d’une conférence inti-
tulée : « Les microbes du sol » faite le 23 mars 1905 à la Société
nationale d'encouragement à l’agriculture par un savant autorisé,
particulièrement compétent sur cette question, M. KAYSER, mai-
GAPTATION DE L'AZOTE ATMOSPHÉRIQUE PAR LES PLANTES 109
tre de conférences de microbiologie à l’Institut national agro-
nomique.
Nous avons tenu à citer textuellement ses paroles pour bien
préciser l’état de nos connaissances, au moment où surgit une
nouvelle explication de la captation de l’azote élémentaire par
les végétaux.
II — Théorie nouvelle de M. Jamieson, directeur de la station
de recherches agricoles d'Aberdeen (Écosse)
Dans deux mémoires récents (1) M. JAMrEsoN s'inscrit en faux
contre la théorie de Hellriegel et propose une tout autre expli-
cation du fait bien prouvé de l’absorption de l’azote par cer-
taines plantes. Voici comment il s’exprime :
« En 1886, Hellriegel affirma nettement que les légumineuses
avaient le pouvoir de fixer ou, tout au moins, d’absorber d’une
certaine façon l’azote libre; que les petits tubercules qu’on ob-
servait sur leurs racines jouaient un rôle essentiel dans cette
fixation; que cette action était exercée par des micro-organismes ;
et que, comme l'infection du sol dans lequel avaient poussé des
légumineuses pouvait se communiquer aux plantes, ces micro-
organismes devaient être des bactéries.
«La dernière de ces conclusions était hasardée; et quant aux
autres les expériences produites avaient un caractère trop gé-
néral pour les justifier. En effet, n1 le sol, ni les plantes, ni l’eau
de culture n’avaient été analysés; les différences entre les divers
lots de plantes n’étaient pas bien tranchées et, dans chaque lot,
les plantes présentaient entre elles de nombreuses différences.
Je n’ai jamais cru, pour ma part, pouvoir admettre l’interven-
tion des bactéries ni de la symbiose dans ces nodosités, ni même
(1) Voir Annales de la Science agronomique française et étrangère, t. 1, 1906,
p. 61-132, et t. I, 1907, p. 1-47. M. JamrEsoN a publié sa découverte dans
un mémoire intitulé : « Utilisation of nitrogen in air by plants » qui a paru
sous le patronage de l’ Agricultural Research Association, à Aberdeen en dé-
cembre 1905.
110 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
attacher une importance quelconque à ces nodosités au point
de vue de la fixation de l’azote et les expériences que j'ai faites,
à diverses époques, depuis quinze ans, ont fortifié mes doutes.
J'ai acquis, dans des travaux plus récents, la certitude que ces théo-
ries devaient être écartées et aussi, ce qui me parait être d’une évi-
dence convaincante, que le problème peut être résolu d’une façon,
toute différente et naturelle. »
Après avoir donné les raisons qui ont déterminé M. Jamieson
à nier la théorie des tubercules radicaux, j’exposerai ses vues
au sujet de ce fait si capital et si mal connu de lPutilisation de
l'azote atmosphérique, vues appuyées sur des expériences que
l’auteur Juge absolument convaincantes.
La théorie de M. Jamieson, formulée seulement en 1906, a
déjà été l’objet de vérifications. Grâce à l’obligeance de mes
collègues de l’École forestière hongroise, je pourrai donner con-
naissance des observations et expériences faites à Selmechanya
et encore inédites en langue française. Enfin, je terminerai par
les critiques que l’on peut faire à cette nouvelle théorie et par
les preuves qu’elle doit fournir avant qu’on puisse s’y rallier
pleinement. .
C’est un sujet assez important pour qu’il soit permis d’entrer
dans quelques détails.
a) Critique par M. Jamieson de la théorie des tubercules radicaux
fixateurs d'azote
Pour combattre cette théorie, M. Jamieson s’appuie notam-
ment sur les travaux de notre savant collègue, le DT VuILLEMIN,
et sur ceux du D' FRANCKk.
Dans une étude très approfondie, publiée en 1888 (1), où sont
(1) « Les tubercules radicaux des légumineuses », par Paul VuILLEMIN
dans les Annales de la Science agronomique française et étrangère, t. I, 1888,
p. 121-212; ce travail est terminé par un index bibliographique de 81 publi-
cations sur ce sujet.
CAPTATION DE L’AZOTE ATMOSPHÉRIQUE PAR LES PLANTES li
analysées et discutées les nombreuses recherches auxquelles
avaient déjà donné lieu, à cette date, les énigmatiques forma-
tions désignées sous le nom de tubercules radicaux, « Vuillemin,
dit Jamieson (t. 1, 1906, p. 70), réussit à isoler le champignon
complet; il le décrivit en détail ainsi que la nodosité elle-même
et ses rapports avec la racine. Il démontra d’abord que la no-
dosité n’est pas une masse de cellules simples, mais un arrange-
ment vasculaire correspondant à la racine de la légumineuse
(comme l’avaient déjà remarqué GasPARiINI et d’autres), de sorte
qu’on ne pourrait pas le considérer comme une masse de subs-
tance superposée à la racine; et, en second lieu, qu’il y a en mé-
lange intime avec la nodosité un véritable champignon dont le
mode de développement est semblable à celui des champignons
en général et comporte la formation d’hyphes, de sporanges, de
spores et de zoospores. Vuillemin donna à ce champignon, qu’il
avait été le premier à déterminer et à figurer, le nom de Clado-
chytrium tuberculorum. 11 cite, comme partageant sa manière
de voir, BRUNCHORST qui considérait les prétendues bactéries
comme de simples fragments de tissu anormal désagrégé, n’étant
pas droits et uniformes comme des bactéries ou des bacilles, mais
souvent ramifiés, recourbés à angle aigu et résistant à des réactifs
énergiques, comme l’acide sulfurique, l’acide picrique et l’am-
moniaque.
«Il semble que la présence d’un champignon complètement dé-
veloppé et présentant toutes ses formes de reproduction, fournit
une explication suffisante de la formation des nodosités et de
tous leurs caractères.
«Le fait est acquis qu’on a trouvé un champignon et l’excita-
tion qu’il produit suffit à expliquer l’apparition de tous les phé-
nomènes constatés dans les nodosités. »
Ainsi, M. Jamieson adopte l’opinion du professeur Vuillemin
en 1888 (1) qu’il n’y a pas de bactéries dans les tubercules radi-
(1) Aujourd’hui le professeur VuILLEMIN admet qu’il existe des bactéries:
es cultures pures et les inoculations ne permettent plus de douter du fait :
le Cladochytrium est un organisme surajouté.
112 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
caux, lesquels sont provoqués par un champignon filamenteux
(probablement un Cladochytrium). Si on lui objecte que ces bac-
téries ont été isolées (1), 1l répond que les petites particules ob-
servées ne sont que des fragments désagrégés du réseau cyto-
plasmique et nullement de véritables bactéries. C’est l’opinion
de Brunchorst partagée par beaucoup de biologistes compétents,
tels que PRILLIEUX, TSCHIRCH, BERRECKE, FRANCK, VUILLEMIN,
BRÉAL, MATTIOLA, BUSCALIONI, VAN TIEGHEM, DouLioT, MAZ£,
LECOMTE et SCHINDLER, etc...
Cette opinion est basée principalement sur deux faits :
a) Les formes de ces particules ne correspondent pas à celles
des bactéries;
b) Elles résistent à l’action de substances énergiques telles
que lacide sulfurique, l’acide picrique et l’ammoniaque qui,
toutes, détruisent les bactéries.
En ce qui concerne la fixation de l’azote, M. Jamieson se ré-
fère à l’opinion de Franck; « d’après ce savant, dit l’agronome
écossais, les essais de Hellriegel sont loin de prouver que les no-
dosités fixent l’azote. Franck démontre que l’on peut obtenir
des plantes vigoureuses en les cultivant dans un sol stérilisé sans
nodosités et il montre même par ses expériences qu’elles sont
plus vigoureuses dans ces conditions; il montre que les taches
qu’on considérait comme des bactéries ne sont que des débris
d’un tissu anormal des plantes et il considère les tubercules
comme des mycorhizes, c’est-à-dire des champignons associés aux
racines et vivant en symbiose avec elles.
«Quant à l'enrichissement des plantes en azote, Franck a cons-
taté : 10 que les algues absorbent et fixent certainement l’azote:
20 que le colza et l’avoine paraissent s’enfichir en azote, mais
faiblement; 39 que les légumineuses s’enrichissent en azote à un
degré très remarquable, par un procédé inexpliqué. »
Bref, M. Jamieson soutient que les tubercules radicaux n’ont
rien à voir avec la fixation de l’azote de l'air.
(1) «Pour mon compte, m'écrit le docteur MoNTEMARTINI, des tubercules
radicaux des légumineuses j’ai pu isoler des bactéries, »
CAPTATION DE L’AZOTE ATMOSPHÉRIQUE PAR LES PLANTES 113
b) Théorie de M. Jamieson
« Je me rends fort bien compte, dit cet agronome, de la res-
ponsabilité que j’assume en formulant une nouvelle doctrine
sur un sujet aussi important que la fixation directe de lazote
par les plantes; mais trente années d’études, portant spéciale-
ment sur l’alimentation des plantes, m’ont permis d’amasser des
matériaux et des éléments d'appréciation dont peu de personnes
disposent. Je n’ai pas adopté cette théorie à la légère; elle s’est
élaborée dans mon esprit pendant de longues années et renforcée
graduellement des résultats de mes recherches pendant ce laps
de temps. J’ai obtenu récemment des résultats d’une nature si
probante que je crois pouvoir aujourd’hui déclarer que les plantes
en général absorbent directement l'azote de l'air et le transforment
en albumine; la quantité absorbée et fixée varie avec le nombre et
la nature des organes spéciaux qui leur permettent d'exercer cette
fonction et avec les conditions de végétation qui favorisent plus ou
moins leur production. »
M. Jamieson a étudié des plantes appartenant à dix-sept fa-
milles de caractères botaniques très différents, soit sauvages (S per-
gula arvensis, Stellaria media, Urtica dioica), soit cultivées (vesce,
navet, betterave, colza, graminées) et il prétend avoir trouvé
chez toutes des organes qui absorbent l’azote libre de l’air et le
transforment en albumine.
« Le nombre de ces organes, dit-il dans le résumé de son pre-
mier mémoire, leur nature et leur aptitude à exercer leur fonc-
tion varient considérablement d’une plante à une autre; en par-
ticulier, les graminées, les céréales sont très mal dotées à ce point
de vue.
« La forme de ces organes varie beaucoup aussi; petites saillies
obtuses, simples amincissements de l’épiderme, mais généra-
lement ls affectent la forme de longs poils segmentés et toujours
bordés extérieurement par un canal étroit (!) On doit ranger dans
la même catégorie les poils glanduleux dont on ne paraît pas
avoir pressenti la véritable fonction. Ces organes, que j'appelle
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 1: 8
114 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
des « producteurs d’albumine », ne se rencontrent, en règle gé-
_nérale, que sur les parties tendres des feuilles toutes jeunes ou
de leurs pétioles; au début de leur formation ils ne contiennent
pas d’albumine. Lorsque ces organes sont complètement déve-
loppés, la production d’albumine commence, le poil se remplit
et parfois se gorge d’albumine, cette condition dure un certain
temps; l’albumine est ensuite évacuée, d’abord sous forme li-
quide, par les canaux latéraux, plus tard sous une forme plus
solide, par la partie centrale de l’organe spécial; cet organe est
alors plus ou moins vidé; ayant accompli sa fonction, il devient
plus ou moins flasque, puis se détruit (1).
«Les plantes qui sont aptes à fixer beaucoup d’azote n’ont pas
besoin d’engrais azotés pourvu qu’elles trouvent au début de
leur croissance des conditions favorables et puissent développer
vigoureusement leurs « producteurs d’albumine ».
Dans son second mémoire (?), M. Jamieson a cherché à déter-
miner par des analyses le gain exact en azote.
Une première expérience a porté sur des plantes aquatiques
cultivées dans de l’eau distillée additionnée d’engrais minéraux
non azotés : l’Hydrocharis morsus ranæ, vulgairement la morrène
aquatique et lAzolla caroliniana, petite fougère aquatique de
la famille des hydroptéridées.
A la fin de lexpérience, l’Aydrocharis contenait sept fois au-
tant d’azote qu’au début et l’Azolla dix-sept fois.
D’autres plantes (Lepidium sativum, colza) ont été cultivées
dans la terre; d’autres (Stellaria media, Mimulus) dans des solu-
tions nutritives: toutes ont accusé un excédent d'azote.
Si les dosages de M. Jamieson sont exacts et s'il s’est placé
dans des conditions telles que l’excédent d'azote ne puisse être at-
(1) Pour déceler la présence de l’albumine, M. JAMIESON a eu recours à
trois réactifs différents : 10 l’iode qui colore l’albumine en brun; 2° le sul-
fate cuprique et la potasse qui la colorent en violet; 3° Je nitrate de mer-
cure et la chaleur qui la colorent en rouge.
(2) Annales de la Science agronomique française et étrangère, t. I, 1907,
p. 1-46.
CAPTATION DE L’AZOTE ATMOSPHÉRIQUE PAR LES PLANTES 119
tribué qu’à l’azote élémentaire, voilà des résultats en opposition
flagrante avec ceux qui ont été proclamés par BOUSSINGAULT,
par Lawes et GILBERT et qui constitueraient un fait nouveau
de la plus haute importance.
Aussi n’est-il pas étonnant que cette théorie nouvelle ait été
immédiatement soumise à des essais de vérification.
III — Recherches faites à Selmecbanya (Hongrie)
Le Dr Géza ZEMPLEN et M. Jurius Rorx, attachés à la sta-
tion centrale de recherches forestières de Hongrie à Selmechanya,
viennent de publier leurs premières recherches à ce sujet dans
le Erdeszeti Kiserletek (Forstliche Versuche), organe de la station
centrale de recherches forestières de Selmechbanya (Hongrie) (1).
« Il est particulièrement intéressant pour le forestier, disent
les savants hongrois, que Jamieson ait déjà fait des recherches
sur divers arbres de nos bois. Il pense du reste que les arbres fo-
restiers ne sont pas très propres à ces recherches; néanmoins il
a trouvé des organes fixateurs d’azote chez l’érable champêtre
(Acer campestre), le tilleul d'Europe (Tilia europæa), orme cham-
pêtre (Ulmus campestris), le sorbier des oiseleurs (Sorbus aucu-
paria), le hêtre commun (Fagus sylvatica), et lépicéa concolore
(Picea concolor).
« Ces organes présentent diverses formes. Tantôt ce sont des
renflements pédicellés, tantôt des massues, tantôt des cellules en:
chapelet ou même de simples poils segmentés. |
«Jamieson trouve la preuve de sa théorie, d’une part, dans les
résultats des réactions (10de; réactif de Millon; biuret), de l’au-
tre, dans ce fait que les organes fixateurs d’azote se présen-
tent justement à leur maximum d’abondance dans les tissus les
plus jeunes, c’est-à-dire là où le taux d’azote est le plus élevé.
(1) Adatok az erdei fak nitrogen felveteléhez, juillet 1908: 74 p. et 14 plan-
ches. Les auteurs ont donné de leur mémoire en langue hongroise un résumé
en langue allemande sous le titre : Beitrage zur Stickstoffaufnahme des Waldes,
18 p.
116 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
« En outre, il a fait des dosages exacts avec certaines plantes
et le résultat a montré une augmentation d’azote qui ne pouvait
provenir que de l’air.
« A la suite des travaux de Jamieson, nous avons cherché ces
organes assimilateurs d’azote dans nos arbres indigènes et dans
quelques essences exotiques. Nos recherches confirment les vues
de l’agronome écossais et leur donnent une plus large base puis-
que nous avons trouvé ces formations dans beaucoup de genres
qu’il n’avait pas examinés.
« Des arbres sur lesquels il les a rencontrées nous en avons ob-
servé trois seulement (Fagus, Sorbus, Tilia).
« Pour le moment, nous laissons complètement de côté la ques-
tion des bactéries et des mycorhizes. Cela nous conduirait sur
un autre domaine et, en second lieu, les deux théories ne s’ex-
cluent certes point; il est très possible, et même très vraisem-
blable, que les plantes puisent l’azote élémentaire à la fois dans
le sol et dans Pair.
«Nos recherches prouvent seulement que nos arbres forestiers, pris
en pleine activité, possèdent des organes analogues à ceux trouvés
par Jamieson, servant peut-être à divers buts, mais vraisembla-
blement destinés en première ligne à l'absorption directe de l'azote
de l'air.
« Nos investigations se sont bornées jusqu'alors aux arbres et
arbustes suivants :
Angiospermes
Acer platanoides L.
Acer pseudoplatanus L.
Æsculus hippocastanum L.
Alnus glutinosa Gaertu.
Betula carpathica Wild.
Carpinus betulus L.
Carya alba Nutt.
Castanea vesca Gaertu.
Celtis australis L.
Corylus avellana L.
Corylus tubulosa Wild. atropurp.
Fagus sylvatica L.
Fraxnius excelsior L.
Juglans nigra L.
Juglans regia L.
Morus alba L.
Pavia flava D. C.
Quercus conferta Kit.
Quercus pedunculata Ehrh.
Quercus sessiliflora Sm.
Ribes grossularia L.
Ribes rubrum L.
Robinia pseudacacia L.
Robinia hisdida L.
CAPTATION DE L’AZOTE ATMOSPHÉRIQUE PAR LES PLANTES 117
Rosa canina L. et formes diverses. Viburnum opulus L. flore pleno.
Sophora japonica L. Zelkowa Keaki Siebold.
Sorbus aucuparia L. et en outre
Tilia grandifolia Ehrh. Tradescantia virginiaca.
Tilia tomentosa Much.
Gymnospermes
Abies alba Mill. Picea excelsa Link.
Cedrus Libani Barr. Pinus excelsa Wall.
Ginkgo biloba L. Pinus strobus L.
Larix europæa D. C.
«Le but principal de nos études préliminaires était d’avoir une
idée générale des organes fixateurs d’azote chez les arbres pour
comparer leurs formes et leur manière d’être vis-à-vis des réac-
tifs.
« Maintenant que nous possédons cette idée générale, nous étu-
dierons dorénavant les détails Néanmoins, nous avons pensé
qu'il était bon de publier déjà nos résultats; car la conformité de
nos recherches avec celles de Jamieson donne à la théorie un impor-
tant appui et il est souhaitable que la question soit posée dans le
grand public pour susciter un contrôle (*).
« Nous avons utilisé les mêmes réactifs que Jamieson, réactifs
bien connus du reste (l’iode qui donne avec l’albumine une colo-
ration brune, le réactif Biuret une couleur allant du bleu violet
au rouge et le réactif de Millon colorant en rouge foncé). Abstrac-
tion faite de ce que nous avons porté nos investigations sur des
plantes dont Jamieson ne s’était pas occupé, nous croyons avoir
fait un pas en avant. Ainsi, relativement aux fleurs et aux fruits,
Jamieson dit qu’il ne les a pas examinés parce que les plantes
renferment déjà de l’albumine avant qu’apparaissent fleurs et
fruits. Nous avons examiné ces parties et trouvé sur les quinze
(1) C’est pour répondre au désir des auteurs et susciter le plus vite possible
les recherches et les critiques sur cette nouvelle interprétation d’un fait si
obscur et si important que nous donnons au public français les résultats des
savants hongrois, aussitôt après la publication du résumé qu'ils viennent
d’en faire en langue allemande.
118 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
espèces suivantes des organes fixateurs d’azote et présentant
les réactions de Palbumine :
Acer platanoïdes. Ribes rubrum.
Acer pseudoplatanus. Robinia hispida.
Carpinus betulus. Rosa (diverses: espèces).
Castanea vesca. Tilia grandifolia.
Corylus avellana. Tilia tomentosa.
Juglans regia. Cedrus Libani.
Pavia flava. Larix europæa.
Ribes grossularia.
« En outre, nous ne nous sommes pas contentés de la démons-
tration indirecte par les réactifs; nous avons analysé les organes,
séparés des tissus, chez Juglans regia (fruit), Robinia hispida
(fruit) et Corylus avellana (rameau).
« Nos figures sont toutes originales et, à ce propos, nous ferons
remarquer que, contrairement à celles de Jamieson qui ne sont,
dit-il, que schématiques, nous nous sommes efforcés de repro-
duire aussi fidèlement que possible la forme et la teinte des or-
ganes fixateurs.
Angiospermes
«Chez les arbres feuillus ces organes fixateurs ont générale-
ment la forme de petites sphères pédicellées ou de massues; chez
quelques espèces (Tilia, Carpinus, Fagus) ce sont des files de
cellules sur de courts pédoncules; ailleurs (Sorbus, Sophora) des
masses cellulaires ressemblant à des concombres.
«Chez quelques cupulifères 1l y a deux formes, une en tête ronde
sur un court pédicelle et l’autre en longue file de cellules; ces
deux aspects sont probablement deux stades évolutifs du même
tissu.
«La couleur de tous ces organes est d’abord claire, — chez les
variétés rouges, par exemple : le Corylus tubulosa atropurpurea,
elle est d’un rouge carmin brillant — plus tard elle devient jau-
nâtre, puis rouge, même noirâtre. Non seulement la couleur,
CAPTATION DE L’AZOTE ATMOSPHÉRIQUE PAR LES PLANTES 119
mais la forme se modifie. Jusqu’à un certain degré de dévelop-
pement ces organes s’accroissent; leurs cellules sont fermes et
pleines; avec le temps elles se recroquevillent et l’ensemble se
flétrit, comme les feuilles et les fleurs. Leur taille est générale-
ment microscopique; elle oscille entre Omm 04 (Morus) et 1 mil-
limètre (Corylus); chez les roses (Crimson Rambler et rose mous-
seuse), chez le Robinia hispida ces formations atteignent
plusieurs millimètres.
« Elles sont soit isolées — Quercus, — soit en masses compac-
tes — Corylus, Robinia hispida. — Généralement elles sont si-
tuées sur les pétioles et les nervures des feuilles, mais aussi sur
les rameaux et les fruits.
« Prenons quelques exemples.
« On trouve les organes fixateurs d’azote chez l’érab'e à la base
de la feuille, dans un petit creux, sous forme de petites têtes pé-
dicellées ayant de 10 à 15 centimètres et aussi sur les fruits.
« Chez le charme (Carpinus betulus), ce sont de petites masses
capitées ou claviformes sur les nervures des feuilles, sur les fruits.
Longueur : Omm 05-0Omm 08 (Voir pl. I).
« Fagus sylvatica montre des files de cellules en chapelet sur
un court pédoncule et d’environ Omm { de longueur, générale-
ment sur le pétiole. |
« Fraxinus excelsior possède de petits boutons (0Mm 06) qui,
une fois développés, prennent la forme d’entonnoir. Ils sont pla-
cés dans des fossettes visibles à la face supérieure du pétiole à
la base des deux nervures latérales.
« Chez les Quercus (Q. conferta, Q. pedunculata, Q. sessiliflora)
on voit des organes de Omm (07 à Omm (8 en tête ronde sur un
court pédicelle, répartis sur les jeunes feuilles et les jeunes ra-
meaux.
Gymnospermes
« Dans ce groupe nous trouvons les appareils fixateurs d’azote
sous forme de masses capitées pédicellées, mais souvent aussi
120 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
en poils simples, segmentés. Leur couleur est, comme chez les
angiospermes, d’abord limpide comme l’eau, puis jaunâtre. Con-
trairement à ce qu’on voit dans le groupe précédent, ils se ren-
contrent aussi sur les parties âgées.
« À bies alba n’a que des poils simplessegmentés d’environ 0mm 3
sur les rameaux.
CCedrus Libani possède des organes semblables sur les pousses
et sur les écailles des cônes.
«€ Ginkgo biloba n’a que des poils sur les pétioles.
« Larix europæa montre sur les pousses allongées et sur les
pédoncules des cônes des formations en massue, longues de
Onm (4.
« Picea excelsa, Pinus strobus et Pinus excelsa ont de petites
têtes pédicellées d’une longueur variant entre Omm 1 et Omm 06,
généralement sur les rameaux (Voir pl. IV).
« Les résineux accusent des réactions bien plus faibles que les
feuillus, de même que leurs organes fixateurs d’azote ont une
forme moins saisissante. »
Pour qu’on puisse comparer les résultats de leurs recherches
anatomiques et microchimiques avec le taux réel d’azote des
arbres, les forestiers hongrois ont déterminé ce taux dans les
espèces qu'ils ont observées. Ils ont employé la méthode de Kjel-
dahl. Les échantillons ont été desséchés à 1059. L’ammoniaque
dégagée était reçue dans une solution normale décime d’acide
sulfurique et l’acide en excès était titré avec une solution de soude
au 1/10; comme indicateur on employait le méthylorange. On a
analysé séparément les feuilles et les jeunes pousses.
Voici les résultats consignés dans un tableau où figure, avec le
taux moyen d’azote, la date de la récolte des feuilles et pousses
cueillies à Selmechanya (Schemnitz en langue allemande), localité
située sous parallèle de 489 30 environ, à peu près à la même lati-
tude que Paris et Nancy, sur le versant sud des monts Osztroski.
C’est là, en dehors de toute théorie, un travail utile et important
qui nous renseigne sur le taux en matières azotées des feuilles d’un
grand nombre de végétaux ligneux, prises à peu près à la même
date (entre le 10 et le 26 juin). Ces documents analytiques sont
CAPTATION DE L’AZOTE ATMOSPHÉRIQUE PAR LES PLANTES 121
toujours intéressants et c’est pourquoi nous jugeons utile d’en
donner le relevé complet (1).
Taux d'azote des feuilles
DATE TAUX
Angiospermes de la récolte d'azote
ZAICÉRR IA LAnRE IHES te Qi ee 0 ve Varie la teneioe se 22 QUTIT 3,13
ACER DSEUHODIAIONLUS PL MERS NS ER 2,44
PS CHENE LD DOCUSTUTLUIN Ne DU CI eV RAR 2,86
PALRESR SUILRO SO EE te dei AN 2 ele ee Voalte D es 10229
ELU CUrDAtiee se res teen ete Ro ADiS 2.25
CC DERUSDBEEUTES UE ATOS LL TN MES 2.193
OTT LNOTIRCO NES PSE CN PE IR DO RE Eee 3.31
GASTANELAVES COMME MER EE M LIRE PA 2,70
DeRTENAUSITALISA ET EU Med TETE RIAD EE 3,34
Coryiustavellaner rev AT RURAL IRAN Se
Corylus tubulosa atropurpurea . . . . . . 17 — 2,96
RAC RS SUCER TRE UE A are 2,46
ÉLANUS ERCEISTERE ET RU ANR RON ETS 2,84
MEDAAUTIO NME ES RME ENROANIGERES 2,03
role ie MR R ANA Li AAONEE 3,48
TRE OI SEPT ES Pine or es AO = 3,60
TOR LSEALD AIRE RER RER RSR EMA DST SA
OTerCUSCONIEr TARN OMR PME TN EL DIE 23e (DL)
Ouercnpeduneula a EC OR ERA RUES DU LS 3,09
Onereusa Ses OrA D ie or et AU 2,90
ARDENNE TO SSHIARUE. en ae NRA 2009
RAA OT ME RNA Ge 2,92
Robien ON EM EE LE Er 4e hullets02478
(1) Pour qu'ils eussent toute leur force démonstrative et pussent être uti-
lement comparés avec d’autres analyses, il eût été bon d'indiquer dans quelles
conditions de sol, d’éclairement, d'âge du végétal se trouvaient les feuilles
ou pousses analysées; car on sait que ces circonstances influent (Voir Les
Sols forestiers, par E. HENRY. Berger-Levrault et Cie, 1908, passim). Voici
les taux d’azote de feuilles cueillies du 12 au 20 juin soit dans la forêt de Haye,
près Nancy, soit à Selmecbanya, à peu près à la même latitude.
SELMECBANY A NANCY
CArpunusEbEtU lus PRENONS 2,93 2,48
Corylustavellan RAM ONE 3,14 2 M
HGEUSESUIO ICRA AIN CRT 2,46 AA
Quercus sessiliflora,. . . . . . 2,50 2,29
IBITOCUNUSNENCELSION Le NEO 2,84 241
Les taux trouvés à Nancy sont notablement inférieurs. A quoi tiennent
les différences?
122
ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Robinia pseudo-acacia.
Rosa canina.
Sophora japonica.
Sorbus aucuparia. .
Tilia grandifolia .
Tilia tomentosa. . PE:
Viburnum opulus flore pleno.
Gymnospermes
Abies alba. .
Cedrus Liban.
Ginkgo biloba.
Larix europæa.
Picea excelsa. .
Pinus excelsa (aiguilles de l’année) .
Pinus excelsa (aiguilles des années précéd.).
Pinus sylvestris
Pinus strobus .
Thuya gigantea
Taux d'azote des rameaux
Angiospernies
Acer platanoiïdes .
Acer pseudoplatanus .
Æsculus hippocastanum .
Alnus glutinosa
Betula carpathica.
Carpinus betulus.
Carya alba
Castanea vesca.
Corylus avellana
Celtis australis.
Corylus tubulosa atropurpurea .
Fagus sylvatica
Ilex aquifolium. .
Juglans nigra .
Juglans regia .
Morus alba .
Quercus conferta .
Quercus pedunculata .
Quercus sessiliflora .
Ribes grossularta.
DATE
23
23
23
12
22
17
10
42
y]
/
117
10
17
19
23
10
23
12 juin
117
12
23
42
12
12
12
12
42
17
17
26
10
10
23
10
23
23
17
de la récolte
17 juin
TAUX
d'azote
D D © © & D
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O1 O1 O1 > O0 O0 =
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SMS TES LS Sue RO NOM ESS
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1)
CAPTATION DE L'AZOTE ATMOSPHÉRIQUE PAR LES PLANTES 123
DATE TAUX
de la récolte d'azote
HA bES ITR BRURD AIME STABLE CU LS - APR 0 86
Robinid\lisnidals Ai vx bite dunu trente ve, do LT-uillet ; 141,489
HoOTILEL HSetde-praerar se 4 Le Le 1. 017; JUID 1, 84
COS D CREER ET Ie ee ee Ve ele UT ds or 1,09
SODORIL IA RONLER ANSE feet. OUR LULU 1,44
Sernhus ausapenit. «bus CN pl fun ol23e 0,99
PDO RANRALIOUE LT SL): Qi 1e ya aa Ne lOn Le 0,72
TON ÉONLETLOS LD el nee e ve fe Mae ie one UT = 0,84
Viburnum opulus flore pleno. . . . . RooMiGe LE 2,13
En moyenne, le taux d'azote est de 3,09 ° X; dans les feuilles des
Angiospermes avec un minimum de 2,03 et un maximum de 4,84
chez le Sophora japonica qui est une papilionacée comme le robi-
nier, très riche aussi en azote (4,41). MM. FLicHE et GRANDEAU
(Sols forestiers, p. 15) ont aussi constaté chez le robinier cette
richesse remarquable en matières protéiques. Quand les feuilles
de merisier, de bouleau, de châtaignier cueillies au mois de maine
contiennent respectivement que 2,00, 2,51, 2,12 d’azote, ce taux
s’élève à 3,59 chez le robinier (1). Chez les gymnospermes le taux
moyen n'est que de 1,81 0} avec des variations entre 1,16 et
2,83 (?).
« Ceci, disent les forestiers hongrois, peut être en relation avec
le fait que les organes fixateurs d’azote sont bien plus développés
chez les angiospermes et montrent des réactions beaucoup plus
nettes .
« La durée de l’assimilation est vraisemblablement plus courte
chez les angiospermes; leur activité est par suite plus intense.
«Ces vues sont fortifiées par ce que montrent l’{lex aquifolium,
le Larix europæa et le Ginkgo biloba.
«Chez l’/lex nous n’avons pu trouver jusqu'ici d’organes fixa-
teurs. Cet angiosperme à feuilles persistantes occupe le dernier
(1) Dans la théorie de la fixation de l'azote par les tubercules radicaux
des légumineuses, ce fait, général pour les plantes de cette famille, s'explique
très bien par l’activité des bactéries.
(2) C’est la confirmation d’un fait bien connu pour les feuilles vivantes
comme pour les feuilles mortes (Voir Sos forestiers, p. 229).
124 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
rang des feuillus quant au taux d’azote et reste sous ce rapport
bien en dessous des gymnospermes à feuilles caduques (Larix,
Ginkgo) qui se rapprochent nettement par là des feuillus. »
Voici, du reste, les principales conclusions de MM. ZEMPLEN et
ROTH :
« Nos recherches élargissent la théorie de Jamieson; nos résul-
tats semblent confirmer ses vues.
«Les trichômes sont dépuis longtemps connus, mais on ne leur a
attribué jusqu'ici qu’un rôle de très faible importance en physio-
logie.
«Le Dr C.-A. Weiss les décrit déjà en 1878 d’une manière très
explicite (1) : « La signification physiologique des trichômes est
sûrement très compliquée et importante: protection contre l’ex-
« cès d’échauffement et de refroidissement, contre la dessiccation ;
ils augmentent la surface d’évaporation, d'absorption, d’assimi-
« lation, facilitent la fécondation (insectes); 1ls servent sûrement
?
R
=
2
«à Pabsorption et à l’écoulement de l'électricité atmosphérique.»
«Les ouvrages de physiologie souvent cités de FRANK, POTONIÉ,
Josr et PFEFFER ne parlent des trichômes que superficiellement
et leur attribuent principalement un rôle dans la transpiration et
la sécrétion ainsi que dans la protection des plantes. Beaucoup
d’autres auteurs soutiennent des opinions analogues, si bien qu’en
général les trichômes jouent en physiologie un rôle très subor-
donné, à l’exception des plantes carnivores dont les poils sécré-
teurs ont des fonctions très aisément discernables.
«C’est seulement au point de vue anatomique, morphologique
qu'ils ont été bien étudiés.
« D’après les recherches de Jamieson et les nôtres, 1l nous faut
accorder à ces trichômes une signification physiologique de
grande importance.
«Bien que, pour abréger le discours, nous parlions dans les lignes
qui précèdent d'organes « fixateurs d’azote », nous ne voulons
nullement affirmer que le rôle des trichômes soit dès maintenant
admis sans restriction. Il faudra encore beaucoup de recherches
(1) Anatomie der Pflanzen, Wien, 1878, p. 352-382.
CAFTATION DE L'AZOTE ATMOSPHÉRIQUE PAR LES PLANTES 125
pour résoudre les doutes et les objections qui se présentent et pour
voir bien clair dans le phénomène.
« Mais, à notre avis, 1l y a un fait incontestable: Les arbres pos-
sèdent dans les formations précédemment décrites des organes mani-
festement analogues dont on ne peut méconnaitre l’importante
activité fonctionnelle. L’analogie se déduit non seulement de la
forme de la situation et du développement, mais aussi, fait capi-
tal, de l'identité des réactions.
Il n’y a pas de doute, d’après leur manière d’être vis-à-vis des
réactifs, que ces organes doivent jouer un rôle physiologique dans
la vie des arbres. La signification de ces réactions est encore sou-
lignée par ce fait que les tissus voisins — sauf de rares exceptions
— ne réagissent pas du tout ou seulement à peine, et que les tri-
chômes bien développés donnent la coloration la plus nette juste-
ment dans cette partie que, d’après leur forme, nous regardons
comme le centre de leur activité. Il suffit, pour se convaincre de
la vérité de notre dire, de se reporter aux planches qui terminent
cet article.
La planche [ montre l’organe fixateur du charme, poil pluri-
cellulaire en tête très intensément coloré par l’iode qui ne pro-
voque pas du tout la réaction des matières protéiques dans les cel-
lules avoisinantes. Au-dessous, on voit, représentées au même
grossissement de 425, les formations analogues du châtaignier; les
cellules terminales seules réagissent fortement à la solution Biuret.
Dans la planche IT on voit sous deux grossissements différents
(190 et 430) la file de cellules des poils fixateurs du noyer, ter-
minés par une masse globuleuse multicellulaire; tête et pédicelle
réagissent très fortement, soit à l’iode, soit au réactif Biuret
quand les tissus voisins restent inertes.
La planche IIT représente, aux grossissements soit de 160, soit
de 510, les organes que MM. Zemplen et Roth considèrent comme
fixant l’azote chez le Robinia hispida et R. pseudo-acacia. Chez ce
genre de papilionacées dont les racines sont généralement munies
de nombreux tubercules radicaux, les analyses (voir le tableau)
accusent dans les feuilles, chez le À. pseudo-acacia (robinier faux
acacia) tout au moins, un taux d’azote très élevé. Dans la théorie
126 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
de Hellriegel, cet azote provient des tubercules radicaux; dans la
théorie de Jamieson, de ces poils capités dont la tête est si forte-
ment colorée par liode.
Sur la planche IV sont figurés les organes fixateurs de l’épicéa
(Picea excelsa) et du pin Weymouth (Pinus strobus). Is ont aussi
la forme de poils capités pédicellés dont la tête — et la tête seule
— est très intensément brunie par l’iode (1).
« Comme cette réaction, continuent les auteurs, indique, à n’en
pas douter, la présence de l’albumine, on ne peut se refuser à
admettre qu’il y a dans ces organes des matières albuminoïdes en
bien plus grande quantité que dans les autres tissus, à l'exception
de ceux où l’albumine s’accumule (graines) et pour lesquels juste-
ment les trichômes doivent la fabriquer.
« On peut se demander seulement si l’albumine est réellement
formée dans ces organes avec l’intervention de l’azote de l’air ou
si ce n’est pas de l’albumine produite dans d’autres parties de la
plante qui s’y dépose.
« Nos recherches, ainsi que celles de Jamieson, s’élèvent contre
cette dernière opinion.
«€ Dans leur prime jeunesse les organes fixateurs ne réagissent pas
encore. Ce n’est qu'après un certain degré de développement que
commence la coloration et toujours au sommet de l’organe: plus
tard seulement se colorent les parties inférieures, quand très sou-
vent les régions supérieures, déjà mourantes, ne réagissent
plus (?). L
« Si les substances réagissantes venaient des autres tissus pour
se déposer au sommet des poils, la coloration devrait s’accuser
déjà dans le pied. Naturellement, nous n’avons pu observer la
(1) Dix planches coloriées figurent dans le travail original; nous en repro-
duisons seulement quatre des plus caractéristiques. Nous adressons nos
sincères remerciements aux deux savants hongrois qui nous ont gracieuse-
ment envoyé leurs galvanos.
(2) A cet égard les organes du Castanea vesca (PI. 1) sont très démonstra-
tifs. On y voit (à droite et à gauche d’un trichôme trop jeune pour se colorer
et d’un autre en train de se détruire dont les cellules inférieures seules sont
teintées) deux organes en pleine activité dans leur région supérieure.
CAPTATION DE L'AZOTE ATMOSPHÉRIQUE PAR LES PLANTES 121
succession des teintes sur un seul et même organe; mais nous
avons pu déterminer le degré de développement d’après la gran-
deur et la forme, par comparaison. Les organes jeunes n’ont
souvent qu'une forme approchée; jusqu’à ce qu'ils aient la gran-
deur normale, ils sont transparents et incolores; plus tard, ils
deviennent jaunâtres, puis jaunes ou rouges (couleur sépia chez
le Sophora). Les organes incolores ont les cellules turgescentes, les
jaunes commencent à se ratatiner; les pédicelles se recroque-
villent ; l’organe se flétrit.
«Si nous considérons maintenant que les essais avec lesquels
BoussiINGAuULT a démontré autrefois que les plantes ne peuvent
absorber l’azote de l'air, prêtent à des objections, qu’il y a encore
beaucoup d’obscurité dans la question de l’absorption de l’azote
par les plantes (1), que la forêt a le pouvoir non seulement de
maintenir, mais d'augmenter le taux d’azote du sol (?), malgré la
erande consommation azotée faite par les arbres, nous arrivons
alors à la conviction que la théorie de Jamieson a beaucoup pour
elle et que l’activité bien démontrée des trichômes consiste réelle-
ment à rendre assimilable par les arbres l’azote inépuisable des
masses atmosphériques. »
IV — Objections
Nous voici donc en présence d’une explication nouvelle de ce
fait passionnément discuté depuis plus d’un siècle.
Il peut très bien se faire que les vues de Jamieson soient con-
formes à la réalité des faits.
(1) Citons ici seulement Jostr qui, dans son récent ouvrage (Vorlesungen
über Pflanzenphysiologie, 1908) montre que BoussiNGAULT s’est beaucoup
occupé des légumineuses et n’a cependant pu mettre en évidence leur faculté
déjà bien connue (p. 153). I dit en outre (p. 279) que l’existence d’une sym-
biose entre le Bacterium radicicola et les légumineuses n’est pas encore bien
éclaircie, et finalemént il conclut (p. 283) que la mycorhize n’agit peut-être
pas du tout poursubvenir aux exigences azotées des phanérogames et qu’elle
peut n’être qu’un simple parasite.
(2) Voir Les Sols forestiers, p. 203-223.
128 ANNALES DE LA. SCIENCE AGRONOMIQUE
En tout cas, cette théorie, qui vient de recevoir en Hongrie déjà
une sorte de confirmation, n’est pas de celles qu’on rejette sans
les discuter.
Elle mérite de subir lépreuve d’une critique sévère. Si elle
répond victorieusement aux objections, si elle est confirmée par
des analyses rigoureuses, il faudra bien qu’elle prenne rang dans
la science.
Mais précisément parce qu’elle se présente avec des apparences
d’exactitude, 1l faut appeler l’attention sur elle et susciter de
nouvelles recherches.
Nous permettra-t-on de faire aux idées et aux recherches de
M. Jamieson quelques critiques :
19 En ce qui concerne la négation de la théorie des tubercules
radicaux, il est par trop évident que M. Jamieson a omis de parti
pris les expériences ou les opinions des auteurs (tels que Warp,
MAZzÉ, BEYERINCK, PRAZMOWSKY, etc.) qui ne sont pas favo-
rables à sa thèse.
Il est avéré par les cultures sur milieux artificiels et par les
inoculations que les microbes des nodosités sont bien des bac-
téries.
Les champignons, tels que le Cladochytrium, trouvés par-
fois dans les tubercules, sont, d’après l’opinion actuelle du pro-
fesseur VuiLLEMIN lui-même (communication verbale), des orga-
nismes surajoutés ;
20 Ces organes, soi-disant fixateurs d’azote ou producteurs
d’albumine, ne se trouvent, dit l’auteur, que sur les parties ten-
dres des feuilles tout à fait jeunes; mais, à ce stade, tous lés organes
sont très riches en matières protéiques, élément essentiel du
protoplasma formateur des cellules. Les cellules de la zone cam-
biale en voie de partition sont, chez nos arbres forestiers, gorgées
d’albumine pendant la formation de l’anneau ligneux. Dira-t-on
qu’elles sont, elles aussi, fixatrices d’azote ?
Après un certain temps, la cellule de cet anneau ligneux, quand
elle a achevé sa croissance, perd la plus grande partie de ses
matières azotées qui émigrent vers les points où se font des par-
titions nouvelles ; c’est là un fait général:
CAPTATION DE L’AZOTE ATMOSPHÉRIQUE PAR LES PLANTES 129
39 Les expériences de Jamieson sur l’Hydrocharis morsus
ranæ et sur l’Azolla caroliniana, dans lesquelles 1l a constaté soit
sept fois, soit dix-sept fois plus d’azote que dans les plantes ini-
tiales, ne sont pas absolument convaincantes, parce qu'elles ont
été faites à l'air libre et que dans l’air il y a de l’ammoniaque qui
est, on le sait, absorbée par les parties vertes (1).
Mais il est facile de lever tous les doutes et d’établir la théorie
de Jamieson sur des bases inébranlables. Il suffit de cultiver les
plantes expérimentées (Hydrocharis, Azolla, Lepidium sativum,
colza) dans une atmosphère limitée de volume connu et absolu-
ment dépourvue de nitrates et d’ammoniaque, comme MM. Schlo-
sing fils et Laurent l’ont fait pour des pois. L’analyse des gaz a
montré qu'après trois mois de végétation, un certain volume
d’azote avait disparu parce qu’il s'était fixé sur les plants ou sur
le sol et, en effet, l’analyse de ces derniers indiqua précisément
cette même valeur pour le gain d’azote.
Si l’on obtient les mêmes résultats pour les plantes dotées de
ces organes « fixateurs d’azote », toutes les objections tombent,
la captation de l’azote élémentaire de l’air par les plantes est un
fait démontré (?).
(1) ScHLŒSsING a montré que les feuilles de tabac avaient absorbé les
trois quarts de l’ammoniaque qu’on leur offrait et que cette ammoniaque
avait servi à la production des matières albuminoïdes, sans accroître le taux
de la nicotine.
Dans les expériences de MAYER (Landw. Versuchs-Stat., t. XVII, 1874),
les parties vertes ont assimilé l’ammoniaque de l’air et à cette absorption
correspond un accroissement dans le poids de la matière organique.
(2) Si la théorie de JAmMIESoN est exacte, s’expliquerait bien mieux que
par les faits actuellement connus la faculté incontestable que possède la
forêt d’enrichir notablement le sol en azote. On trouvera dans les Sols fores-
tiers, par E. HENRY (p. 203-223) à peu près tout ce que l’on sait actuellement
sur ce sujet. « Pour étayer la théorie de M. Jamieson, disons-nous dans ce
livre (p. 212), il faudrait élever dans un sol de teneur azotée connue les plantes
indiquées par l’auteur comme étant en dehors des légumineuses les mieux
douées sous le rapport de la fixation de l’azote (Spergula arvensis, Stellaria
media, Urtica dioica), analyser au bout d’un certain nombre de récoltes ce
sol, ainsi qu’un sol identique témoin nu et voir si le sol garni de plantes s’est
sensiblement plus enrichi en azote que le sol nu. L'expérience est facile à
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 1 9
130 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Nul doute que ces expériences ne soient faites prochainement.
L'intérêt théorique et pratique du problème est assez puissant
pour exciter le zèle des expérimentateurs. 4
faire. » Il y aurait à tenir compte de l’azote combiné de l’atmosphère qui
aura été utilisé par les plantes; mais, si le gain d’azote est très notable,
il devient fort probable que l’azote élémentaire aura été mis à contri-
bution.
BIBLIOGRAPHIE
EXPERIMENT STATION RECORD
NOVEMBRE 1907 (suite)
Sylviculture
Rapport du forestier, par A.-F. Hawes (Connecticut State Sta.
Rpt., 1906, Pt, 6 p. 369-394).
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SxesrarD (U. $. Dept. Agr. Yearbook, 1906, p. 447-452).
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abattu et en bois d'œuvre, par J.-E. Wuercnez et G. GANNETT
(Bureau of the Census (U. S.); Bul. 77, 69 pages avec 5 planches).
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107, 2 pages).
Préparation des poteaux télégraphiques et téléphoniques,
par H. Grinezz (U. S. Dept. Agr., Forest Serv. Circ., 103,
6 pages).
Les traitements des poteaux, par C.-G. CrawrorD (U.S. Dept.
Agr., Forest Serv. Circ., 104, 24 pages avec 3 figures).
Cette circulaire décrit les expériences faites pour déterminer l'action des
divers préservatifs.
132 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Variétés de châtaigniers, par À. Baczioni (Afti R. Accad. Econ.
Agr., ‘Georg.: Firenze, 9 ser, #4 [1907]; 4er20p: 39-65, avec
8 figures).
Le chêne blanc dans le sud des Appalaches, par W.-B. GREELEY
et W.-W. Asue (US. Dept. Agr., Forest. Serv. Circ., 105, 27 pages).
Plantation de forêts (chêne blanc) ({. S. Dept. Agr., Forest
Serv. Circ., 106, 4 pages).
La bande d'osiers du duc de Northumberland le long de la
Tamise, entre Kew et Richmond, par B.-V. RamarexGar (Quart.
Journ. Forestry, 1 [1907], n° 2, p. 152-156).
Arbres verts pour le Dakota du Sud, par N.-E. Haxsex (South
Dakota Sta. Bul., 102, p. 194-217, avec 26 figures).
Quinine, camphre et ipécacuana, par F.-J. Rosa (Bol. Soc. Geogr.
Lisbao, 25 ser. [1907], n° 2, p. 89-96 ; n° 4, p. 151-161).
Maladies des plantes
Rapport du botaniste, par G.-E. Srone et N.-F. Moxanan (Wassa-
chusetts Sta. Rpt., 1906, p. 157-190, avec 2 planches).
Les maladies des plantes à Vermont, en 1906, par L.-B. Jones
et N.-J. GinninGs (Vermont Sta. Rpt., 1906, p. 227-236, avec
2 figures).
Observations sur les maladies et les dommages sur les plantes
utiles, sauvages et cultivées en 1904, par A.-A. YAcHEvski
(Eseqh. Suyed. Bolyez. i Poureshd. Kult. 1 Dikorast Poles. Rast.,
2 [1904], 119 pages).
Les phosphates peuvent-ils causer la chlorose ? par T. TakEUGHI,
(Bul. Col. Agr. Tokyo, Imp. Univ., 7 [1907], n° 3, p. 425-428).
Charbon du millet (Ustilago panici miliacei) et moyens pré-
servatifs, par [.-N. TrzxeBinskt (Vyestuik Sakh. Promuish., 1906,
n° 10; résumé dans Zhur. Opuitn. Agron. (Russ. Journ. Explt.
Landiw.), 8 [1907], n° 1, p. 100-101).
BIBLIOGRAPHIE 183
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la culture, par M. HozcruxG (Bl. Zuckerrübenbau, 14 [1907],
DT, p-104171).
La lutte contre la pourriture des racines du cotonnier au
Texas, par C.-L. Suear et G.-F. Mines (U. S. Dept. Agr., Bur.
Plant Indus., Bul. 102, p. 39-42, avec 1 figure).
Expériences de pulvérisation des pommes de terre, par L.-R.
Joxes et N.-J. GipninGs (Vermont Sta. Rpt., 1906, p. 265-269).
La maladie « blackleg » des pommes de terre, par L.-R. Jones
(Vermont Sta. Rpt., 1906, p. 257-265).
Maladie bien connue en Europe, mais dont les causes sont encore mal
dégagées.
La maladie des pustules sur les feuilles de la pomme de terre,
causée par Gercospora Goncors, par L.-R. Joxes et C.-S. Po-
MEROY (Vermont Sla. Rpt., 1906, p. 236-257, avec 3 figures).
Le champignon des taches foliaires des pommiers et autres
arbres fruitiers, par J.-L. Suecpox (Torreya, 7 [1907], n° 7,
p- 142-143).
C’est le Phyllosticta pirina que l’auteur propose de transporter au genre
Coniothyrium sous le nom de C. pirina.
Le Valsa leucostoma sur les pêchers, par F.-M. Rozrs (Science,
n. ser., 26 [1907], n° 655, p. 87-89).
Quelques observations sur le mildiou du groseillier à maque-
reau d'Amérique pendant l'été de 1906, par G. Lip (X. Landtbr.
Akad. Handl. och Tidskr., A6 [1907], n° 65-73).
Description de cette maladie en Suède.
Les champignons parasites de l'arbre à thé, par N.-N. von SPes-
canEw (Die Pilsparasiten des Teestrauches, Berlin, R. Friedländer
et fils, 1907, 50 pages avec 1 planche).
Une maladie sérieuse du châtaignier, par W.-A. Murrizr (Journ.
N. Y. Bot. Gard., 7 [1906], n° 78, p. 143-153, avec 7 fiqures ; n° 8r,
p- 203-211, avec 6 fiqures).
Elle est due au Diaporthe parasitica n. sp., champignon très destructeur
sur les châtaigniers américains, dans les Etats de New York, New Jersey,
Maryland, Virginie.
134 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Une nouvelle maladie du châtaignier, par W.-R. Murri
(Torreya, 6 [1906], n° 9, p. 186-189, avec 1 figure).
Est-il possible de combattre les nématodes par des engrais ?
par Viuuer (Vyestnik Sakh. Promuish., 1906, n° 3; résumé dans
Zhur. Opuitn. Agron. (Russ. Journ. Expt. Landw.), 8 [1907], n° r,
P-+ 99-100).
Bibliographie de la mycologie italienne, par G.-B. Traverso
(Ælora Ital. Crypt., x [1905], n° 1, 135 pages).
Zoologie économique — Entomologie
Le garde-chasse d'aujourd'hui, par R.-W. Wicams Jr. (Does
Dept. Agr. Yearbook, 1906, p. 213-224).
Les oiseaux de l'Amérique du Nord et de l'Amérique centrale,
par R. Rincwayx (U. S. Nat. Mus. Bul., 50, pt. 4, pages xxur-973,
avec 34 planches).
Description des familles Turdidæ, Zeledoniidæ, Mimidæ, Sturnidæ, Plo-
ceidæ, Alaudidæ, Oxyruncidæ, Tyrannidæ, Pipridæ et Cottingidæ.
Les oiseaux des environs de Chicago, par F.-W. Wooprurr (Cu-
cago Acad. Sci., Bul. Nat. Hist. Survey, n° 6, 221 pages, avec
12 planches).
Les oiseaux du Iowa, par R.-M. Anperson (Proc. Davenport Acad.
Sei., IT [1907], p. 125-417, avec 1 carte).
Oiseaux qui mangent des cochenilles, par W.-L. Me Arge (LU. S.
Dept. Agr. Yearbook, 1906, p. 189-198, avec 3 figures).
L'auteur cite 57 espèces qui s’attaquent aux cochenilles. Ces 57 espèces
appartiennent à 12 familles.
Le commerce des oiseaux de cage des États-Unis, par H. Ornys
(U.S. Dept. Agr. Yearbook, 1906, p. 165-180, avec 2 planches).
De quoi se nourrissent les lézards et les batraciens du Kansas,
par F.-A. Hartmax (7rans. Kans. Acad. Sci., 20 [1907], pt. 2,
p. 229-229).
BIBLIOGRAPHIE 135
Le Gila est-il un reptile venimeux? par F.-H. Sxow (7rans.
Kans. Acad. Scr., 20 [1907], pt. 2, p. 218-221).
La morsure du Gila est venimeuse, d’après l’auteur.
Différenciation du sexe chez les larves d'insectes, par V.-L. Ker-
LoGG (Biol. Bul. Mar. Biol. Lab. Woods Holl, 12 [1907], n° 6,
p- 380-384, avec 8 figures).
Rapport des entomologistes, par G.-H. et H.-T. Fernazo (Massa-
chasetts Sta. Rpt., 1906, p. 199-205).
Trois insectes nuisibles (Æstac. Agr. Expt. Ciudad Juarez Chi-
huahua Bol., 523 pages, avec 2 planches et 3 fiqures).
Une contribution à la physiologie de l’anthrène des musées
(Anthrenus museorum), par A.-J. Ewarr (Journ. Linn. Soc.
(Londres). Zool., 30 [1907], n° 195, p. 1-5).
Acariosis de l’avoine, par P. Marcnaz (Ann. Inst. Nat. Agron.,
2° sér., 6 [1907], n° 1, p. 185-196, avec 3 figures).
Hylemyia coarctata Bôrner (Mitt. K. Biol. Anst. Land u. Forstw.,
2 [1907], n° 4, p. 60-63, avec 2 figures).
Insecte nuisible au seigle et au blé.
Quelques études récentes sur le charançon des capsules du
cotonnier au Mexique, par W.-D. Hunrer (U. S. Dept. Agr.
Yearbook, 1906, p. 313-324, avec 1 planche et 1 figure).
L'insecte periorateur des figuiers Duki du Baluchistan, par
E.-P. SregrinG (/ndian Forest. Bul., 10, 8 pages, avec 2 planches).
Il s’agit du Balocera rubus signalé comme nuisible aux figuiers depuis
1899.
Les parasites de la vigne, par E. Duraxp (Flore et faune des
parasites de la vigne [Montpellier], Coulet et fils, 1907, 89 pages,
avec 55 figures).
La biologie du phylloxéra et les moyens de le combattre,
par Morirz (Mitt. K. Biol. Anst. Land- u. Forstw., 2 [1907], n° 4,
p. 64-66).
136 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Parasites de la mouche de l'olivier, par F. Sizvesrri (Coltivatore,
53 [1907], n° 23, p. 710-717; n° 24, p. 742-745).
Insectes nuisibles au bois en Italie, par G. Cecconi (Stazs. Sper.
Agr. Jtal., 3q [1906], n°5 10-11-12, p. 945-990, avec 38 figures).
Tenthrède (La Nematus Erichsoni) du mélèze (Bd. Agr. and
Fisheries [Londres], Leaflet, 186, 8 pages, avec 8 figures).
Bombyx Pini, par G. RôriG (Min. BI. K. Preuss. Verwalt. Landw.,
Domänen u. Forsten, 3 [1907], n° 3. Ans. Beilage, p. 57-60, avec
À figures).
Le développement des larves de l'Hypoderma bovis, par J. Josr
(Zeütschr. Miss. Zool., 86 [1907], n° 4, p. 644-315, avec 1 planche
et 3 figures). |
Le rôle de la tique de bois dans la fièvre tachetée des Mon-
tagnes Rocheuses et la réceptivité des animaux locaux
pour cette maladie (/ourn. Amer. Med. Assoc., kg [1907|, n° 1,
p- 24-27).
Tiques sur la volaille, par A. HemPrez (Bol. Agr. [Sao Paulo],
7° sér., 1906, n° 10, p. 473-475).
L'effet comparatif de certains poisons sur les insectes, par
J. Barsaco (Rev. Sci. (Paris), 5° sér., 7 [1907], n° 23, p. 721-722).
Le Bulletin zoologique de la section de zoologie, par H.-A. Sur-
FACE (Zool. Bul. Penn. Dept. Agr., 5 [1907], n° », p. 33-64, avec
2 planches).
Application au commencement du printemps des insecticides
pour les cochenilles en forme d’écaille d’'huîtres. La pré-
sence et la distribution de la cochenille de San José, à
Vermont, par W. Sruarr (Vermont Sta. Rpt., 1906, p. 293-297,
avec 1 planche).
Le lavage au sulfure de calcium contre la cochenille de San
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Quelques réflexions sur le papillon du ver à soie, par
V.-L. KezroG@ (Biol. Bul., 12 [1907], n° 3, p. 152-154).
La consommation de feuilles de müûrier dans ses rapports
avec les couvains des vers à soie et la qualité et la quan-
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138 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
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Alimentation par le petit-lait, par H.-C. Carpenter (Journ.
Amer. Med. Assoc., 48 [1907], n° 19, p. 1576-1580, avec 12 dia-
grammes).
Caractéristiques des froments de l'Australie pour la fabri-
cation de la farine, par F.-B. Gurane et G.-W. Norris (Agr.
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La structure des grains d’amidon, par H. Krazmër (Amer. Journ.
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La composition chimique des aliments végétaux cuits, Il,
par Katherine I. Wiccrams (Jour. Amer. Chem. Soc., 29 [1907], n° 4,
p- 574-582).
Le pentosane et méthyl-pentosane contenu dans les végé-
taux, par J. SEBELIEN (Chem. Ztq., 30 [1906], p. 4or ; résumé dans
Zeitschr. Untersuch. Nahr.-u. Genussmtl., 13 [1907], n° 10, p. 638).
Le beurre Dika, par E. Micurau (Agr. prat. pays chauds, 7 [1907],
n° 48, p. 189-199). .
C’est une matière grasse culinaire préparée avec les semences de l’/rvngia
Gabonensis.
Sur le cacao et le chocolat, par J. Dexker (Arch. Pharm., 245
[1907/, n° 2, p. 153-154).
La quantité d’oxalate de calcium dans l'écorce de cannelle
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Chem. Ztq., 31[1907], n° 24; Repert., n° 21, p. 126).
L'examen et l'évaluation du jus et du sirop de framboises,
par P. Burren8erG (Arch. Pharm., 245 [1907], n° 2, p. 81-97).
La fabrication de marmelade par les méthodes anglaises,
par C. Rare (Die Marmeladen/fabrication nach englischem Verfahren
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Une contribution à la chimie du blanchiment de la farine,
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Les effets sur le système humain des sirops et de la mélasse
fabriqués de Louisiane, par R.-E. Brouix, P.-E. ArcrnNaro et
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Résultats généraux des recherches sur les effets de l'acide
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Observations sur le chyle humain, par T. Socimanx (Amer. Journ.
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Les œufs ont-ils de l'influence sur l’excrétion de l'acide uri-
que ? par P. Fauvez (Compt. Rend. Soc. Biol. (Paris), 62 [1907],
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Métabolisme total du fer et du calcium chez l’homme, par
H.-C. Suerman (Proc. Soc. Expt. Biol. and Med., h [1906], n° »,
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Thermodynamique des muscles, par K. Bürker (München. Med.
Wchnschr., 54 [1907], n° >, p. 59-62; résumé dans Zentbl. gesam.
Phystol. u. Path. Stoffwechsels, n. sér., 2 [1907], n° 6, p. 222).
140 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Excrétion d'azote et respiration pénible, par C. Voir (Zerlsch.
Biol., 49 [1907], n° 1, p. 1-36).
Discussion des changements dans l’excrétion d’azote lorsque la respiration
devient pénible ; discussion basée en grande partie sur les recherches de
l’auteur.
Production animale
Aliments commerciaux, par H.-J. \Wueerer et autres (Rhode Island
Sta. Bul., 119, p. 89-107).
Recherches sur des plantes fourragères, par H.-G. Knicur,
H.-E. Hepxer et A. Nersox (Wyoming Sta. Rpt., 1906, p. 35-37).
Sommaire de récentes recherches sur la valeur des cactus
comme nourriture, par D. Grirriras et R.-F. Hare (U. S. Dept.
Agr., Plant. Indus., Bul. 102, p. 7-18, avec 1 planche).
La digestibilité des aliments des bestiaux, par J.-B. Livpsey,
E.-B. HorranD et P.-H. Smirm (Massachusetts Sta. Rpt., 1906,
p- 96-156).
Travail important, longuement analysé, avec un tableau donnant pour vingt-
trois aliments (mélasses, fourrages mélassés) les coefficients de digestibilité
de la protéine, de la matière grasse, des matières non azotées, de la cellulose
brute et des cendres.
Expériences de digestion chez des moutons, par S.-G. Knicur,
F.-E. Hepxer et C.-G. Morton (Wyoming Sta. Rpt., 1906, p. 38-44).
Expériences de rations avec des agneaux, 1905-1906, par
G.-E. Morrox (Wyoming Sta. Bal., 73, 18 pages, avec 12 figures).
Sommaires de nourriture pour agneaux, 1905-1906, par
G.-E. Morrox (Wyoming Sta. Rpt., 1906, p. 23-32).
Élevage de porcs dans le Nebraska occidental, par W.-P. Sxxper
(Nebraska Sta. Bul., 99, 32 pages, avec 9 figures).
Essais très intéressants sur les méthodes d’alimentation les plus profitables ;
travail lonqçuement analysé.
Expériences avec des volailles, 1906-1907, par G.-M. GoweLz
(Maine Sta. Bul., 144, p. 145-186, avec 6 planches).
BIBLIOGRAPHIE 141
Expériences avec des volailles, par W.-P. Brooks, E.-S. Furrow
et E.-F. Gasxizz (Massachusetts Sta. Rpt., 1906, p. 6o-64).
Aménagement des fermes, par J.-S. Corrox (U. S. Dept. Agr.
Yearbook, 1906, p. 225-238, avec 1 planche).
Restrictions étrangères sur la viande américaine, par F.-R. Rur-
TER (U. S. Dept. Agr. Yearbook, 1906, p. 247-264, avec 1 fiqure).
Quelques études récentes sur l’hérédité, par E.-B. Wirsox
(Journ. Amer. Med. Assoc. 48 [1907], n° 10, p. 1557-1563).
Classification des chevaux américains d’attelage (U/. S. Dept.
Agr., Bur. Anim. Indus, Cire., 113, 4 pages).
Proportions relatives des sexes dans les portées des porcs,
par G.-M. Roue (U. S. Dept. Agr., Bur. Anim. Indus, Garc.,
112, folio).
Laiterie — Agrotechnique
Laiterie, par J. Micmaers (Clemson Collège, S. CG. Auteur, 1907,
212 pages, avec 67 fiqures).
Actualités sur la laiterie (U. S. Dept. Agr. Yearbook, 1906,
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La vache laitière, par P. Drcuamere (La vache laitière [Paris],
Libr. Sic. Agr., 1907, p. x1-280, avec 23 fiqures).
La production, le soin et les emplois du lait (Ontario Dept.
Agr. Bul., 160, 16 pages).
Développement des vaches laitières à cornes courtes, par
R.-T. Arcuer (Journ. Dept. Agr. Victoria, 5 [1907], n° 6, p. 348-
357, avec 6 fiqures).
Rapport sur le troupeau de la Station, 1905-1906, par J.-L. Hicis
(Vermont Sta. Rpt., 1906, p. 351-355).
L'effet de l’âge sur la production et la qualité du lait, par
J.-L. Hizzs et E. Kimsy (Vermont Sta. Rnt., 1906, p. 339-350).
142 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Protéine fabriquée à la maison contre protéine achetée.
Grains du distillateur contre alimentation de gluten. Ensi-
lage d’été contre nourriture en vert, par G.-A. BizzinGs (New
Jersey Stas. Bul., 204, 28 pages).
Essais d'alimentation avec des vaches, par J.-L. His (Ver-
mont Sta. Rpl., 1906, p. 302-336, 356-384).
Cactus raquette et sotol comme fourrage d'hiver (Æs/ac. Agr.
Expt. Ciudad Juarez, Chihuahua, Bol., 6, 18 pages).
Farine de graine de coton et ensilage de blé comme ration
pour des vaocies laitières, par J. Micuezs et J.-M. BurGess (South.
Carolina Sta. Bul., 131, 11 pages).
Machines à traire, par H.-H. Dean et S.-F. Enwarps (Ontario Dept.
Agr. Bal., 159, 24 pages).
Effet de la congélation du lait sur le taux de crème et de
beurre et sur la qualité du beurze, par J.-L. His et E.-L. Kirsy
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Science vétérinaire dans ses relations avec l’agriculture, par
L.-J. Brexkisor (Transvaal Agr. Journ., 5 [1907], n° ro, p. 599-603).
Une nouvelle méthode d'alimentation et ses relations avec
la science vétérinaire, par J.-J. Wesrsroek (7iydschr. Veeart-
sentjk., 34 [1907], n° 8, p. 485-516).
144 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Considération de quelques-unes des théories modernes con-
cernant l’immunité, par P.-C. Freer (Philippine Journ. Sci., 2
[1907], n° 2, p. 71-81).
Le mécanisme de l’immunité non bactéricide, par E. Wir
(Arch. Hyq., 61 [1907], n° 4, p. 293-323).
Étude d'une méthode pratique de vaccination préventive
contre la fièvre aphteuse, par M. Casrer (Berlin, Tterärztl.
Wchnschr. [1907], n° 20, p. 399-405).
Section vétérinaire (Massachusetts Sta. Rpt., 1906, p. 206-207).
Stock de maladies, par F. Ccurrergruck (Journ. Dept. Agr. West.
Austr., 15 [1907], n° 4, p. 234-235).
Brève mention de quelques-unes des maladies les plus importantes chez les
animaux, avec les moyens de les combattre.
Quelques notes sur l'importance de différentes maladies
contagieuses existant actuellement au Transvaal, par R.-H.
Waicciams (7ransvaal Agr. Journ., 5 [1907], n° 19, p. 673-676).
Notes tirées de la pratique, par E. Diem (Wchnschr. Tierheilk. u.
Viehzucht, 51 [1907], n° 22, p. 421-425).
Traitement médical des maladies infectieuses, par GMEINER
(Deut. Tierärztl. Wechnschr., 15 [1907], n° 22, p. 305-309).
Traitement opératoire de l’actinomycose, par Dorx ( Wchnschr.
Tierheilk. u. Viehsucht, 51 [1907], n° 17, p. 321-326 ; n° 18, p. 341-
347; n° 19, p. 391-366).
Infection de trypanosome à travers la membrane muqueuse
du canal alimentaire, par W.-L. Yaximorr et N. Scier
(Centrabl. Bakt. etc., 1 Abt., Orig., 43 [1907], n° 7, p. 694-702).
Notes sur le baleri, par L. Cazarsou (Rev. Gén. Méd. Vét., 9
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Le parasite du sang de cette maladie a été trouvé chez le cheval en com-
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Les trypanosomiases du Nil supérieur, par A. Laveran (Ann.
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Le fluide cérébro-spinal des animaux enragés est-il viru-
_ lent? par B.-V. Fursexko (Arch. Vet. Nauk (Saint-Pétersbourg),
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L'’atténuation du virus fixé de la rage est nécessaire pour
rendre cette matière inoffensive aux rats et aux souris,
par G. Fermi (Centralbl. Bakt. etc., 1. Abt., Orig., 43 [1907], n° 7,
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Le traitement de la rage par le radium, par A. CALABRESE
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Persistance du virus de la rage dans la salive des chiens
après leur guérison, par P. RemziNGer (Compt. rend. Soc. Biol.
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Le mode d'absorption de la toxine du tétanos, par P. CHer-
NOVODEANU et V. Henri (Compt. rend. Soc. Biol. (Paris), 62, n° 15,
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Influence d’une température élevée sur la marche du tétanos
expérimental et de l'infection streptococcique, par O. Furz-
MANN (Arch. Hyg., 61 [1907], n° 4, p. 355-384).
L'influence du froid sur le tétanos expérimental, par Cruca
(Compt. rend. Soc. Biol. (Paris), 62 [1907], n° 16, p. 858-859).
L'action de la lumière du soleil sur les bactéries, surtout
sur le Bacillus tuberculosis, par J. Weizirz (Journ. Infect.
Diseases, 1907, Sup. May, 3, p. 128-153, avec 2 planches).
Propriétés culturales des bacilles de la tuberculose, par J. von
- SzaBoky (Centralbl. Bakt., etc., 1. Abt., Orig.) 43 [1907], n° 7,
p- 651-660).
Vaccination protectrice du bétail contre la tuberculose, par
F. Huryra (Zeitschr. Tuberkulose, I [1907], n° 2, p. 97-122).
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 1 10
146 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Une forme peu commune de tuberculose chez les porcs, par
J. Büam (Zeitschr. Fleisch- u. Milchhyg., 17 [1907], n° 9, p. 311).
Tuberculose dans la région de certains canaux près de
Modène, par R.-P. Rossi (Clin. Vet. [Milan], 30 [1907], n° 1, p. 2-7).
Distribution de tuberculine et de malléine par le bureau
d'industrie animale, par Donser (U. S. Dept. Agr. Yearbook,
1906, p. 347-3954).
Observations sur des essais avec la malléine, par W. Jowerr
(Vet. Rec., 19 [1907], n° 983, p. 725-729).
La morve expérimentale sur des porcs de Guinée, par M. Ni-
COLLE (Ann. Inst. Pasleur, 21 [1907], n° 4, p. 281-294).
Les conditions pour la formation de la capsule du bacille
de l'anthrax, par T. SriEexxon (Compt. rend. Soc. Biol. [Paris],
n° 19, p. 821-823).
Décisions du bureau impérial de santé sur l'apparition de
l'anthrax chez le bétail dans la région de Schmeie, par
GarTNER et C. Dawmanx (Arb. À. Gesundheïitsamt., 25 [1907], n° 2,
p- 416-456).
La mammite chez les vaches, par H. Carré (Rev. Gén. Méd. Vét.,
9 [1907], n° 106, p. 561-564).
La station pour la surveillance de la peste bovine à Chita,
par M.-P. Sryesarevski (Arc. Vet. Nauk. (S'-Pétersb.), 36 [1907],
n° 2, p. 104-132).
Empoisonnement du bétail par l'if (Taxus baccata), par
Grimme (Deut. Tierärzstl. Wechnschr., 15 [1907], n° 23, p. 321-322).
Sur les masses de chromatine de Piroplasma bigeminum,
le parasite de la fièvre du bétail du Texas, par H.-B. Fanræam
(Quart. Journ. Micros. Sci. (Londres), n. sér., 51 [1907], n° 20»,
P- 297-324, avec 1 planche et 44 figures).
Sur la culture du piroplasma des bovins, par M. Miyasma
(Philippine Journ. Scr., 2 [1907], n° 2, p. 83-91, avec 2 planches).
BIBLIOGRAPHIE 147
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Une nouvelle préparation pour le traitement de la peste
aiguë et chronique des porcs, par Burow (Berlin. Tierürzstl.
Wechnschr. [1907], n° 23, p. 450-452).
Exostoses sur le métacarpe du cheval, par V. Œzkers (Wonatsh.
Prakt. Tierheilk., 18 [1907], n°° 8-9, p. 337-384, avec 6 planches et
» figures).
Vertiges ou empoisonnement par les fourrages chez le cheval,
par S.-5. CameroN (Journ. Dept. Agr. Victoria, 5 [1907], n° 4, p.
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Maladies des volailles, par G. Bransæaw (Agr. Gaz. N. S. Wales,
18 [1907], n° 1, p. 26-39; n° 3, p. 207-213, avec 2 figures).
Maladie du sommeil chez les volailles, par C. Dammaxx et
O. MaxeGozo (Arch. Wiss. u. Tierheilk., 33 [1907], n° 1-2, p. 41-30,
avec 1 planche).
Une arthrite chez les oies et les canards causée par Sta-
phylococcus pyogenes aureus, par Freese (Deut. Tierärstl.
Wchnschr., 15 [1907], n° 23, p. 322-324).
Machines rurales
Jrrigation dans la vallée de Yakima, Washington, par
S.-0. Jayne (U. S. Dept. Agr., Office Expt. Sias. Bul., 188,
89 pages, avec 2 planches et 4 fiqures).
Irrigat'on et drainage, par I.-E.-T. Tannarr et A.-P. ANDERSON
(Montana Sta. Bul., 65, 63 pages, avec 4 planches).
Conquête des régions envahies par la marée, par J.-0. WriGnr
(U. S. Dept. Agr., Office Expt. Stas. Rpt., 1906, p. 373-397, avec
5 planches et 6 fiqures).
Une leçon sur les routes, par L.-W. Pace (U. S. Dept. Agr.
Yearbook, 1906, p. 137-150, avec 4 planches).
148 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Une charrue à traction rotative, par C. Lumia (Coltivatore, 53
[1907/, n° 17, p. 529-532, avec 1 figure).
Des machines pour récolter le blé, par M. RiNGELMANN (Journ.
Agr. Prat., n. sér., 14 [1907], n° 32, p. 172-179, avec 6 figures).
-
Sur les particularités de l'alcool dénaturé (Wasch. Zlq, 5
[1907]; n° 7, p. 80).
Économie rurale
Coût du fret et valeur sur le marché, par F. Anpxews (U. S.
Dept. Agr. Yearbook, 1906, p. 371-386).
L'effet des salaires et les frais de production dans les diffé-
rents systèmes de culture, par WarersrraDt (FüaunGs Land.
Ztq, 56 [1907], n° 10, p. 329-341).
Les institutions agricoles et rurales du monde au commence-
ment du vingtième siècle, par L. Granpeau (L’Agriculture et
les institutions agricoles du monde au commencement du vingtième
siècle [Paris], Imprimerie nationale, 1905-1906, vol. I, vn-754 pages,
avec 193 figures; vol. II, 751 pages, avec 126 figures; vol. III,
792 pages, avec 130 fiqures ; vol. IV, 674 pages, avec 107 figures).
Statistiques agricoles de la Belgique (Ann. Slatis. Belq., 37
[1907], p. xzi-xLvim, 285-313).
Crédit agricole au Brésil, par J.-I. Tosra (Bol. Dir. Agr. Bahia,
9 [1907|, n° 3, p. 227-232).
Rapport sur la banque agricole des Iles Philippines, par
E.-W. Kewmerer (Rpt. Philippine Com., 1906, pt. I, p. 485-641).
Agriculture et coopération au Danemark, par J.-L. Boron
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Conditions générales de l’agriculture en Calabre, par D. Ta-
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T. SPEetTHMaNN (U. S. Dept. Agr., Office Expt. Stas. Rpt, 1906,
p- 177-212).
Écoles agricoles de district en Géorgie (Bul. Univ. Ga. [1907],
n° 11, Sup., 47 pages).
Les instituts pour les fermiers dans les États-Unis, 1906, par
J. Hamron (U.S. Dept. Agr., Office Expt.; Stas Rpt, 1906, p. 3o1-
357).
Lectures pour les jours de marché, 1905-1906 (Chelmsford
County Tech. Labs., 136 pages).
Ce sont des instructions faites aux fermiers pendant les mois d'hiver à
Chelmsford et à Colchester sur l’économie animale, la laiterie, la production
des récoltes, le soin de la volaille, l'usage des engrais et l'aménagement de
la ferme.
Introduction de l’agriculture élémentaire dans les écoles,
par A.-C. True (U. S. Dept. Agr. Yearbook, 1906, p. 151-164).
La formation de professeurs de science domestique, par Mary
E. Manspen (ipt. Brit. Assoc. Ado. Sci., 1906, p. 784-786).
Le devoir des autorités éducatrices de la nation vis-à-vis de
l'instruction des domestiques, par MarGarer E. Pircow Apt.
Brit. Assoc. Adv. Sci., 1906, p. 7806).
Instruction scolaire sur les devoirs domestiques des femmes,
par A. Surrezcs (Rpt. Brit. Assoc. Adv. Sci., 1906, p. 781-784).
Le problème de l'éducation des jeunes filles dans les écoles
élémentaires, surtout au point de vue de l'instruction pour
la vie à la maison, par Micricenr Mackenzie (Rpt. Brit. Assoc.
Ado. Sci., 1906, p. 787).
Jardinage scolaire, par D.-R. Woo (Journ. Ed. (Boston), 65
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150 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Miscellanées
Annuaire du département d'agriculture, 1906 ({/. S. Dept. Agr.
Yearbook, 1906, 720 pages, avec 43 planches et 22 fiqures).
Rapport annuel du Bureau des stations d'expériences, 1906
(U. S. Dept. Agr., Office Expt. Stas. Rpt., 1906, 434 pages, avec
xvi planches et 13 figures).
30° rapport annuel de la station de l'État de Connecticut,
1906 (Connecticut State Sta. Rpt., 1906, 218 pages).
19° rapport annuel de la station de Vermont, 1906 ( Vermont
Sta. Rpt., 1906, p. 207-388).
Résumé du 19° rapport annuel, 1906 (Vermont Sta. Bul., 129,
P- 91-192, avec 1 planche).
17° rapport annuel de la station de Wyoming, 1906 ( Wyomng
Sta. Rpt., 1906, 96 pages).
DÉCEMBRE 1907
Chimie agricole
La corrosion du fer, par A.-S. Cusaman (U. S. Dept. Agr., Office
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Rapport sur les couleurs : la solubilité et l'extraction des
couleurs; les réactions de couleurs des fibres teintes et
des solutions aqueuses et sulfurique-acides, par H.-M. Loomws
(U. S. Dept. Agr. Bur. Chem., Cire. 35, 51 pages).
La chaleur de combustion des protéines végétales, par F.-G.
Bexepicr et T.-B. Ossorne (Journ. Biol. Chem., 3 [1907], p. 119-133).
Changement dans l'index de réfraction des glucosides et des
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Sur les méthodes de dosage de l'acide phosphorique soluble
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Méthodes d'analyse employées par les chimistes, par P.-A.
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Détermination de la créatine et de la créatinine, par
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Méthodes de détermination de la créatine et de la créati-
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et H.-S. Woops (Chem. News, 95 [1907], n° 2470, p. 145-147).
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Le savon sert quelquefois à falsifier les zwiebacks.
Identification du benzoate de sodium ou du phosphate dans
les cendres de la viande hachée, par A. Beyrmen (Pharm.
Centralhalle, 48 [1907], p. 122; résumé dans Zeitschr. Untersuch.
Nahr.- u. Genussmitl., 13 [1907], n° 10, p. 648).
L'emploi de la cryoscopie pour juger les épices et autres
drogues, par E. Beckmann (Arch. Pharm., 245 [1907], n° 3, p.211-
234, avec 6 figures).
L’estimation rapide de la matière solide totale dans le lait
par GC. Revis (Analyst, 32 [1907], n° 377, p. 284-285).
L’estimation de l'acide salicylique dans le lait et la crème,
par C. Revis et G.-A. Payne (Analyst, 32 | 1907], n° 377, p. 286-288).
Réfraction des acides gras non volatils dans le beurre, par
W. LuowiG (Zeitschr. Untersuch. Nahr.- u. Genussmtl., 14 [1907],
n° 3, p. 208-213).
152 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Réfraction des acides gras non volatils dans le beurre, par
H. Sprixkmeyer et A. FürsrEN8ERG (Zettschr. Untersuch. Nahr.- u.
Genussmtl., 14 [1907], n° 3, p. 213-215).
Réfraction des acides gras non volatils, par T. Supenporr
(Zeitschr. Untersuch. Nahr.-u. Genussmtl., 14 [1907], n° 3, p. 216-
220).
Une nouvelle méthode pour la détermination de l'huile de
noix de coco dans le beurre, par R. Cox (Zettschr. Oeffentl.
Chem., 13 [1907], n° 16, p. 308-311).
Une nouvelle méthode «internationale » pour l'analyse du
tanin (Collegium, 1907, n° 266, p. 249-254).
Un appareil pour la détermination de l'acide carbonique
dans les carbonates, par P. Maruer8e (Ann. Chim. Anal., 12
[1907], n° 7, p. 261-263, avec 3 fiqures).
La proportion de combustion et de pression développée dans
une bombe calorimétrique, par F.-G. Benepnicr et F.-P. FLercHer
(Journ. Amer. Chem. Soc., 29 [1907], n° 5, p. 739-757).
Procès-verbal de la 22° réunion de l'Association des Stations
agricoles d'expériences allemandes (Stuttgard), 15 et 16 sept.
1906 (Landiw. Vers. Stat., 66 [1907], n° 3, p. 16ÿ-251).
Procès-verbal de la 23° réunion annuelle de l'Association des
chimistes agricoles de l’État, à Washington, D. C., 14-16 nov.
1906, publié par H.-W. Wicex (U. S. Dept. Agr., Bur. Chem., Bul.
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R.-H. Curnis (Journ. Roy. Hort. Soc. (Londres), 32 [1907], p. 230-
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Le temps qu'il a fait en Suisse en 1906, par R. BirzwiLzer
(Schweiz. Zeitschr. Forstw., 58 [1907], n° 2, p. 46-54; n° 3, p. 85-
88).
L’inexactitude des prédictions du temps (//immel u. Erde, 19
[1907], n° 8, p. 377-380).
La fin du tir contre la grêle, par J.-M. Penxrer (Wet. Zeitschr.,
24 [1907], n° 3, p. 97-102 ; Umschau, I [1907], n° 29, p. 572-574).
D’après les expériences de l’auteur à Windisch-Freistritz et celles de Cas-
telfranco en Italie, l’inefficacité de ce moyen de protection serait clairement
démontrée.
La météorologie dans ses rapports avec l’horticulture, par
R.-H. Curris (Journ. Roy. Hort. Soc. (Londres), 32 [1907], p. 104-
112, avec 3 fiqures).
Rapport sur les observations phénologiques pour l’année
1906, par E. Mawzey (Quart. Journ. Roy. Met. Soc. (Londres), 33
[1907], n° 142, p. 139-163, avec 1 planche).
L'aspect psycho-physique du climat, par F. Pearse (Journ.
Trop. Med. and Hyg. (Londres), 10 [1907], n° 14, p. 242-243).
Une contribution à la climatologie des îles Canaries, par O.
BurcuarDp (Met. Zeitschr., 24 [1907], n° 2, p. 64-74, avec 1 figure).
154 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Le climat dans le Canada Central (Quart. Journ. Roy. Met.
Soc. (Londres), 33 [1907], n° 141, p. 55).
Le climat au Pérou, par J. Hanx (Met. Zeilschr., 24 [1907], n° 6,
P- 270-279).
La durée moyenne des gelées sur la terre, par O. Dorscnrmn
(Met. Zeitschr., 24 [1907], n° 1, p. n-24, avec 1 figure; n° 2, p. 49-
64, avec 1 planche).
Sur le fléau de la suie et de la fumée, par M. Denxsrenr et
F. Hasscer (Chem. Ztq, 31 [1907], n° 43, p. 550-551 ; résumé dans
Chem. Zentralbl. [1907], IT, n° 2, p. 174).
Ressources d’eau de la Géorgie, par B.-M. et M.-R. Harc (U. S.
Geol. Survey, Water Supply and Irriqg. Paper, n° 197, p. 342, avec
1 planche).
Ressources d’eau du bassin de la rivière Kennebec (Maine);
qualité de l’eau de la rivière Kennebec, par H.-K. Barrows
et G.-C. Wippze (U. S. Geol. Survey, Water Supply and Irrig.
Paper, n° 198, p. vi-235, avec 7 planches et 17 figures).
Provisions d’eau superficielle de la Nouvelle-Angleterre en
1906, par H.-K. Barrows et autres (U. S. Geol Survey, Water
Supply and Irrig. Paper, n° 201, 120 pages, avec 5 planches et
> figures).
La présence et l'emploi de l’eau artésienne et d’autres eaux
souterraines, par E.-H. Secrarns (Ælorida Sta. Bul., 89, p. 85-
113, avec 1 Carte).
L'eau souterraine à Sanpete et les vallées centrales de Se-
vier (Utah), par G.-B. Ricuarpson (U.S. Geol. Survey, Water Sup-
ply and Irrig. Paper, n° 199, p. 63-vr, avec 6 planches et 5 figures).
La recherche de la pollution dans les eaux souterraines et
les méthodes pour en trouver la cause, par J.-C. Taresn
(Engin. News, 58 [1907], n° 5, p. 109-110).
La purification des eaux d’égout par des filtres de tourbe,
par H. Porrevix (Compt. Rend. Acad. Sci. (Paris), 144 [1907|,
n° 14, p. 768-770).
Qt
BIBLIOGRAPHIE 13
Sols — Engrais
La génération des sols et les principes d’une classification
génétique des sols, par P. Kossovicn (Zhur. Opuitn. Agron.
(Russ. Journ. Expt. Landiw.), 7 [1906], n° 4, p. 478-507).
Solutions de sol : leur rôle dans la formation du sol, mé-
thodes d'examen, leur signification pour la caractérisation
des types de sols, par S.-A. Zaxnarov (ZAur. Opuitn. Agron.
(Russ. Journ. Expt. Landw.), 7 [1906], n° 4, p. 388-477, avec
7 figures).
Variabilité de la concentration de la solution du sol et du
taux du sol en éléments facilement solubles dépendant de
conditions extérieures, par K.-K. GEeproirz (Zhur. Opuitn.
Agron. (Russ. Journ. Expt. Landw.), 7 [1906], n°5, p. 521-567).
Recherches sur les procédés d’altération à l'air, par K.-D.
Grinxxa (Poch vovyedyente (Pédologie), 6 [1904], p. 293-322; 7
[1905], p. 35-62; résumé dans Zhur. Opuitn. Agron. (Russ. Journ.
Expt. Landw.), 7 [1906], n° 6, p. 673).
L
Sols d’humus et carbonate et leur transition en podzols
(Bleisand), par A.-F. Lesenev (Zhur. Opuitn. Agron.(Russ. Journ.
Expt. Landw.), 7 [1906], n° 5, p. 571-592).
L’auteur distingue : 1° un type de sols riches en humus, en carbonate de
calcium et autres sels de calcium dans l’horizon supérieur, mais pauvres en
sesquioxydes et en magnésie; 2° un type de transition des sols d’humus et
carbonate en podzols caractérisés par la dissolution complète du calcaire, le
faible taux d’humus, un appauvrissement en sesquioxydes, terres alcalines,
alcalis, et un enrichissement en silice.
Les cartes géologiques-agronomiques des pays plats de
l'Allemagne du Nord, par F. Waunsoarre (Deut.landw. Presse,
34 [1907], n° 48, p. 399-400).
Sols de la région de Mattagami du Canada, par A. HENDERSON
(Rpt (Ontario) Bur. Mines, 15 [1906], pt. f, p. 151-155, avec » figures.)
L'histoire du sol, par H.-S. Wirziams (Appleton's, Q [1907], n° 6,
p- 724-733).
Ecrit de vulgarisation.
156 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Le maintien de la fertilité, par C.-E. Taorne (Ohio Bul. Sta.,
182, p. 131-194, avec D planches et 7 figures).
Travail digne d’attention.
Essais de fertilité du sol, par G.-A. Crosrawair (/daho Sta. Bul.,
59, 16 pages, avec 5 fiqures).
Une étude sur les besoins du sol de Rhode Island au moyen
de champs d'expériences, par G.-E. Apams (/ihode Island Sta.
Bal. 121, p. 139-179).
Essais de sols dans des paniers de fil de fer paraîffiné com-
parés avec les essais sur les fermes, par B.-L. HarrweL et
C.-L. Cook (Rhode Island Sta. Bul., 120, p. 109-138, avec 2 plan-
ches).
La biologie du sol dans ses relations avec la fertilisation,
par J.-L. Hizrs et C.-H. Jones (Vermont Sta. Bul., 130, p. 213-290).
L'alimentation des plantes par les bactéries du sol fixant
l’azote et vivant librement, par A. Kocu (Mit. Deut. Landw.
Gesell., 22 [1907], n° 12, p. 117-121, avec 2 figures).
Inoculation du sol par des cultures pures, par J. VANDERGHEM
(Bol. Min. Fomento (Peru), 4 [1906], n° 12, p. 9-12).
Sur l’action des micro-organismes pour rendre la potasse
de la leucite dans les sols assimilable par les plantes
supérieures, par S. DE Grazia et G. Camiora (S{as. Sper. Agr.
ltal., 39 [1906], n° 9, p. 829-840 ; résumé dans Chem. Zentralbl.,
[1907], L, n° 19, p. 1451; Journ. Chem. Soc. (Londres), 92 [1907],
n°2690, p- 640):
Dans des recherches sur la leucite on a trouvé que le taux de potasse dans
la solution du sol était plus élevé lorsqu'il y avait des micro-organismes
qu’en leur absence.
Expériences sur l'effet durable de l'azote des engrais verts
en sols légers et sablonneux, par C. von Seeznonsr (Mitt. Deut.
Landiw. Gesell., 22 [1907], n° 14, p. 139-144).
Méthodes modernes pour favoriser la fertilisation ration-
nelle des récoltes des fermes, par E. Wen (Jahrb. Deut.
Landiw. Gesell., 22 [1907], n° 1, p. 26-4r).
BIBLIOGRAPHIE 157
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glaise et espagnole, 16 pages).
Expériences d'engrais sur des sols tourbeux, continuées
pendant seize ans, par H. von FermrzEen (Svenska Mosskultur/für.
Tidskr., 21 [1907], n° 2, (Bilaga), p. 199-212).
Article important pour la culture des tourbières.
L'effet de l’azote ammoniacal et nitrique sur le développement
du blé, par M. Soave (Ann. R. Accad. Torino, 48 [1906]; résumé
dans Staz. Sper. Agr. ltal., 39 [1906], n°$ 10-12, p. 1100-1105).
Études sur la valeur du cyanamide de calcium comme
engrais azoté, par A. Münrz et P. Norrin (Ann. Inst. Nat. Agron.,
2° sér., 6 [1907], n° 1, p. 145-183).
Expérience d'engrais sur du riz avec du cyanamide de cal-
cium, par À. Mexozzi et E. Grüner (Ann. Inst. Agr. (Milan), 6
[1901-1905], p. 51-57; résumé dans Sfasz. Sper. Agr. Ital., 39
[1906], n°$ 10-12, p. 1132-1134).
Le cyanamide de calcium a donné presque d’aussi bons résultats que le
sulfate d’ammonium.
Recherches sur l’action du nitrate de chaux, par A. STUTZER
(Journ. Landiw., 55 [1907], n°5 1-2, p. 69-77; résumé dans Journ.
Chem. Soc. (Londres), g2 [1907], n° 538, IT, p. 646).
L'avenir de la fabrication des engrais azotés provenant de
l’air, par Marzières (An/frais, 22 [1907], n° 22, p. 516-517).
Un problème agricole (7radesman, 57 [1907], n° 9, p. 63).
Recherches sur la combustion du carbone et de l'azote élé-
mentaires, par Berraezor (Compt. rend. Acad. Sci. (Paris), 144
[1907/, n° 7, p. 354-357; résumé dans Bul. Soc. Chim. [France],
Hsér.; F[r907|, n°15, p.008).
Le problème électro-chimique de la fixation de l'azote, par
P.-A. Guye (Monit. Scr., 4° sér., ‘21 [1907], I, p. 225-236 ; résumé
dans Chem. Zentralbl. [1907], I, n° 23, p. 1647). ,
La fixation de l'azote de l'air et le nitrate de chaux, par
A. Ricaur (Rev. Sci. (Paris), 5° sér., 7 [1907], n° 25, p. 778-780).
158 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
L'emploi des roches feldspathiques comme engrais, par
A.-S. Cusamax (U. S. Depl. Agr., Bur. Plant. Indus., Bul. 104,
32 pages).
Influence du carbonate de calcium sur le développement du
lupin jaune dans le sol podzol(/Æleisand), par A.-F. KanwBurix
(Zhur. Opuitn. Agron. (Russ. Journ. Expt. Landw.), 7 [1906],
n° 6, p. 667-676, avec 10 figures).
Analyses d'engrais commerciaux, par B.-L. Harrwezz et autres
(Rhode Island Sta. Bul., 122, p. 177-178).
Engrais commerciaux, par J.-L. Hicrs et C.-H. Jones (Vermont
Sta. Bul., 130, p. 150-212).
Barème pour le calcul du prix des engrais, par O. THackER
(Colombus (0h10), 1906, 44 pages).
Botanique agricole
Études sur la régénération des plantes, par Élisie Kurrer
(Mem. Torrey Bot. Club, 12 [1907], n° 3, p. 195-241, avec 13 figures).
Solutions physiologiquement balancées pour la croissance
des plantes, par O. Læœw et K. Aso (Bul. Col. Agr., Tokyo, Imp.
Univ., 7 [1907|, n° 3, p. 395-409, avec 1 planche).
Observations sur la stimulation de la croissance des plantes,
par S. Kakeni et K. Basa (Bul, Col. Agr., Tokyo, Imp. Univ., 7
[1907], n° 3, p. 455-456).
Le rôle physiologique de l'acide phosphorique dans la nutri-
tion des plantes, par Gabrielle Barica-Iwanowsxa (Bul. Acad.
Set. (Cracovie), 1906, p. 616-642; résumé dans Journ. Chem. Soc.
(Londres), 92 [1907], n° 535, II, p. 386).
L'effet des acides et des alkalis sur la chlorophylle, par
R. Wizzsrarrer et F. Hocnener (Liebig's Ann. Chem., 354 [1907],
n° 2, p. 209-298, avec 1 figure).
L’ascension de l’eau dans les arbres, par A.-J. Ewarr (Proc.
Roy. Soc. (Londres), Sér. B, 79 [1907], n° B, 533, p. 395-396).
BIBLIOGRAPHIE 159
La nature des enzymes, par H.-E. et E.-F. ArmsrroNG (Proc. Roy.
Soc. (Londres), Sér. B, 79 [1907], n° B, 533, p. 360-365).
Amygadalase, un enzyme de levure, par R. CarpweLzz et
S.-L. Courrauzp (Proc. Roy. Soc. (Londres), Sér. B, 79 [1907],
n° B, 533, p. 350-359).
L'action de la naphtaline sur les plantes, par K. Aso (Bul. Col.
Agr., Tokyo, Imp. Univ., 7 [r907], n° 3, p. 413-417, avec 1 planche).
L’accumulation d'arsenic dans le fruit de certaines plantes,
par B. Gosio (Atti R. Accad. Lincei Rend. CI. Sci. Fis. Mat. e Nat.,
5° sér., 15 [1996], 1, p. 730-731 ; r'sumé dans Zentra'bl. Bakï., etc.,
2, Abt., 18 [1907], n° 22-23, p. 724-725).
Causes des dommages à la végétation dans le voisinage
d'un grand établissement industriel, par P. Frazer (Br- Mo.
Bul. Amer. Inst. Min. Engin. [1907], n° 15, p. 377-434, avec
2 figures).
L'auteur prouve qu’ils sont dus aux gaz dégagés.
Récoltes des champs
L'importance de l'azote dans la croissance des plantes, par
T.-F. Hunr (New York, Cornell Sta. Bul., 247, p. 179-203, avec
3 figures).
Cet article renferme des considérations d’un haut intérêt.
Sur l'assimilation des éléments nutritifs par les plantes
pendant les différentes périodes de leur croissance, par
H. Wirrarru et autres) traduit par B.-L. Emsue [Londres], 1907,
72 pages, avec 2 planches).
C’est une traduction anglaise d’un travail allemand.
Rapport de l’Académie royale d'agriculture de Bohême, à
Tabor, 1906, par T. Ersex et autres (Zertschr. Landiw. Versuchsw.
Oesterr., 10 [1907], n° 4, p. 411-430).
Recherches sur l’agriculture en sol aride, par W.-M. JarDiNE
(Utah. Sta. Bul., 100, p. 129-156).
Ce travail est l’objet d’une longue analyse.
160 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIOUE
L'agriculture en région sèche dans le Grand Bassin, par
C.-S. Scorezp (U. S. Dept. Agr., Bur. Plant. Indus., Bul. 103,
43 pages, avec 4 planches et 8 figures).
Section agronomique, par À. Arkixson (Montana Sta. Rpt., 1906,
p- 158-167).
Expériences sur le maïs, sur des récoltes de fourrages et
de légumineuses, par J.-H. Sarprero et O.-0. Caurcemiez (North
Dakota Sta. Bul., 76, p. 339-376).
L'alfalfa dans le Maryland, par C.-W. Nasu (Maryland Sta. Bul.,
118, p. 231-314, avec 7 figures).
Le maïs, sa production et son amélioration, par G.-A. Crostx-
wair (/daho Sta. Bul., 57, 59 pages, avec 11 planches).
Le choix du blé pour semence, par C.-G. Wizzrams (Ohio Sta.
Circ., 71, 8 pages).
Description et classification des variétés du coton des pla-
teaux américains, par J.-F. Duccar (Alabama College Sta. Bul.,
140, 142 pages, avec 36 plances et 55 figures).
Le coton de Sea Island : sa culture, son amélioration et ses
maladies, par W.-A. Orrox(U. S. Dept. Agr., Farmers” Bul., 30»,
18 pages, avec 13 fiqures).
A B GC de la plantation du coton, par D. Morris (/mp. Dept.
Agr. West Indies, Pamphlet 45, 1907, 98 pages, avec 5 figures).
L’herbe des Bermudes (sorte de graminée) [Oklahoma Sta.
Rpt., 1906, 21 pages).
La culture et les soins du houblon, par W.-W. SrockBERGER
(U. S. Dept. Agr., Farmers” Bul., 304, 39 pages, avec 20 figures).
+
Essais sur l’avoine, par J. Speir (7rans. Highland and Agr. Soc.
Scot., 5° sér., 19 [1907], p. 177-178).
(A suivre.) ù
PLANCHE I
CARPINUS PBERUEUSSE:
IODE (425)
CASHANEMSVE SCA GAERTEN
BIURET. (425)
DEL. AD NAT. : ZEMPLÉN ET ROTH.
Annales de la Science agronomique française et élrangère
PLANCHE Il
JUGEANS REGIAL:
IODE (450)
JÉGLANS REGTANL:
BIURET. (190)
DEL. AD NAT. : ZEMPLEN.
Annales de la Science agronomique française et élranoère.
PLANCHE III
ROBINIAMERS PME AMIE
IODE (150)
ROBINIMPSEUDACA\CIANE
IODE (160)
DEL. AD NAT. : ROTH ÉT ZEMPLÉN.
Annales de la Science agronomique française el étrangère
PLANC&aE IV
PIGEMEXCELESANLRS
IODE (190)
#
|
/o
PINS STROPBESTE:
IODE (430)
DEL VAIDENAEESROITE
Annales de la Science agronomique française et étrangère.
EXCURSION EN SCANDINAVIE
(Suite UT)
X — Le colonat et les champs d'expériences de Flahult
Jünküping. 4 août.
En vue d’attirer l'attention des propriétaires sur la colonisation
des tourbières, et d'étudier la possibilité de rendre exploitables, par
le développement de ce système, les grandes tourbières désertes de
la Suède, l'association a créé à Flahult deux colonies d'essais.
En 1896, elle a fait établir les constructions nécessaires où se sont
installés, le 14 mars suivant, les premiers colons.
Les figures 11 et 12 (*) représentent, l’une la maison d'habitation
de chacun des colons et l’autre sa dépendance. Toutes deux sont
construites en bois. Elles sont élevées sur le sol ferme ; leur construc-
tion a coûté ensemble 2 500 kroner (3 500 fr.).
La maison d'habitation comprend une grande chambre et une cui-
sine ; la dépendance se compose d’une étable à vaches et porcs, un
fenil et un emplacement pour le bois de chauffage.
À chaque colonie est attenante une superficie de 8 hectares, con-
sistant en 4 hectares de tourbière haute (Hochmoor), 1 hectare de
tourbière basse et 3 hectares de bois.
Au début, les colons étaient locataires ; au bout de quatre années,
ils sont devenus propriétaires aux conditions que j'indique plus loin.
(*) Voir ces Annales, t. I, 1909, 1° et 2° fase.
(?) Reproduction de photographies que je dois à l'obligeance de M. Ringelmann.
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 1 11
162 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Lorsque les colons sont entrés, en 1897, sur ces petits domaines,
ils ont trouvé 1 hectare de Hochmoor mis en culture par les soins
de l'association, chaulé, fumé et prêt à recevoir la semaille. L’asso-
ciation s'était obligée à mettre, chaque année, 1 hectare dans le
même état, de sorte qu’à l’expiration des baux (quatre ans), les
hectares de tourbières fussent exploitables.
Le fermier qui avait pris engagement de suivre les prescriptions
de l’association reçut à très bon marché les engrais et les semences
Fig. 11. — Maison d'habitation du colon à Flahult.
et put faire usage, gratuitement, des bœufs de travail et de outillage
agricole de Flahult (herses, scarificateurs, rouleaux, etc.).
Les prix de fermage (bâtiments et terre) furent les suivants :
Première année . . , . . . 30 kroners (42 fr.)
Deuxième année. . . . . . 40 — (56fr.)
Troisième année. . . . . . 50 — (7TOfr.)
Quatrième année, . . . . . 60 — (84 fr.)
Le colon devait, autant qu'il en pouvait trouver le temps, travailler
aux champs d'expériences, aux conditions ordinaires de salaires des
ouvriers de Flabult.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 163
A l'expiration des quatre années de location, les colons devinrent
propriétaires à la condition de fournir, pendant quinze ans, trois
journées de travail par semaine aux champs de Flahult, avec le droit
de remplacer cette prestation en nature par le versement, à l’asso-
ciation, d’une somme annuelle de 200 kroner (280 francs).
Les colonats de Flahult, qui comptent aujourd’hui plus de dix
années d'existence, ont donné d’excellents résultats pour ceux qui
les exploitent dans les conditions très favorables que je viens de
rappeler. L'Association suédoise a acquis la conviction que ce mode,
absolument nouveau, d'exploitation des tourbières peut être propagé
dans le pays avec succès. Elle est d’avis cependant qu’il faut, pour le
CD
2
Jo Lise TUE
a —
E tr
RENE SE Re
Fig. 12 — Dépendance de la maison du colon.
moment, le propager seulement dans les régions si étendues des
tourbes de bonne constitution, en négligeant les tourbières de mau-
vaise qualité. L’expérience de Flahult a démontré qu'avec de faibles
dépenses on peut obtenir, par le colonat, la transformation de Hoch-
moor convenablement choisies, en terrains susceptibles de donner
des récoltes rémunératrices.
J'ai déjà dit qu'en vue de propager dans le pays la connaissance
des méthodes rationnelles de mise en culture de la tourbe, l’Associa-
tion suédoise a créé des champs d’expériences dans la plupart des
provinces.
164 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
En 1904, ils étaient déjà au nombre de 45, dont 20 d’une surface
totale de 8 hectares sur Hochmoor, et 25 d’une superficie égale sur
Niederungsmoor.
Dans ces champs d’expériences, on a cultivé le seigle d'hiver,
l’avoine, l'orge, des fourrages verts, des pommes de terre, des tur-
neps et des carottes : plus de la moitié des essais ont consisté en
transformations du sol tourbeux en tréflières et en prairies naturelles.
D’après ce que m’a dit M. de Feilitzen, l’hectare de tourbière
vierge de Hochmoor, valant 70 francs (50 kroner), vaut environ 200
kroner, soit 280 francs après sa mise en culture.
Après avoir visité les colonies, J'ai consacré le reste de la journée
à parcourir, en compagnie de mon aimable hôte, les champs d’expé-
riences proprement dits.
Les nombreuses parcelles qu’occupent ces champs ont une super-
ficie variable suivant la nature des essais. Celles qui sont consacrées
aux expériences sur les engrais ont des contenances de 2 ou de 4 ares
(10 ou 20 mètres de large sur 20 mètres de long); un sentier de
1 mètre, sans fumure et non ensemencé, sépare les parcelles. Devant
chaque parcelle est placé un poteau indicateur qui fait connaître au
visiteur le numéro de la parcelle, la nature de la récolte et la fumure.
Tous les essais de culture et de fumure sont faits en double sur des
parcelles de même étendue. Pour chaque essai de fumure, une
bande de terre de même superficie que les parcelles fumées (2 ou
4 ares), intercalée entre elles, sert de témoin.
Toutes les récoltes de Flahult sont pesées séparément : sur une
balance décimale pour les parcelles d'essais, sur une bascule enre-
gistrante pour les récoltes ordinaires, la voiture qui amène ces
récoltes étant tarée à l’avance. Les récoltes de céréales ou de grains
sont battues à part ; les pailles, grains, balles ou enveloppes sont
ensuite pesés séparément.
Toutes les précautions connues de ceux qui dirigent un champ
d'expériences sont scrupuleusement observées.
Deux séries d'expériences ont particulièrement retenu mon atten-
tion :
La première concerne les différentes espèces de légumineuses
pouvant servir à l’ensemencement des tourbières cultivées (lupins,
EXCURSION EN SCANDINAVIE 165
vesces, luzerne, trêfles divers, peluschke, fèves, serradelle, etc.).
Toutes les légumineuses, sauf la serradelle et la luzerne, prospèrent
à Flabult, à la condition que le sol tourbeux qui les porte soit préa-
lablement inoculé par l'apport de terre riche en bactéries.
Les essais comparatifs d’inoculation au nombre de trois sont des
plus instructifs : 1° inoculation avec la terre ; 2° inoculation avec la
nitragine de Hiltner ; 3° inoculation avec l’alinite dont il a été beau-
coup parlé, 1l y a quelques années. Les deux premiers modes d’ino-
culation fournissent de bons résultats, comme j’ai pu en juger d’après
l’état des récoltes en août, mais l’inoculalion par la terre riche en
bactéries l'emporte notablement sur celle à la nitragine.
J'aurai, plus tard, à revenir sur ce point important en parlant des
expériences de M. Bastian Larsen, à l’Institut agronomique de Suëde,
et de celles de M. R. Hansen, à Lyngby (Danemark).
Dans les sols si différents de l’Institut d’Aas (Norvège), de la Sta-
tion agricole de Lyngby et de la tourbière de Flahult, linoculation
directe, par l'introduction de bactéries des légumineuses, donne des
résultats des plus remarquables.
La seconde série d'essais culturaux de Flahult concerne Paction
comparative des engrais sur la végétation,
Fumnures phosphalées. — Les scories Thomas, le superphosphate,
le phosphate Wiborgh, la poudre d'os et le phosphate brut d’Algérie
sont étudiés comparativement. Dans les tourbières nouvellement
mises en culture, les scories Thomas et le phosphate Wiborgh sem-
blent devoir être de préférence employés ; pour les tourbières plus
anciennes, c’est le prix de revient de l'acide phosphorique dans les
divers engrais qui dicte le choix à faire. Quant aux quantités à em-
ployer, elles varient nécessairement avec l’état de la tourbière et la
nature des végélaux que l’on y cultive. Sur des cultures anciennes,
M. de Feilitzen a obtenu de hauts rendements en employant à l’hec-
tare pour les céréales et les prairies : 120 à 200 kilos de super-
phosphate, ou 200 à 300 kilos de phosphate Thomas. Des phos-
phates bruts, ceux d’Algérie ou de Tunisie, ont fourni les meilleurs
résultats, correspondant aux quatre cinquièmes des rendements
obtenus avec le phosphate Thomas. Nécessairement les phosphates
166 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
doivent être incorporés au sol ; les rendements obtenus sont d'autant
plus élevés que ces engrais ont été plus intimement mélangés.
Engrais potussiques. — Dans les sols tourbeux qui ne sont pas,
par exception, riches en principes minéraux, l'emploi de fumures
potassiques est aussi indispensable que celui des fumures phos-
phatées. La potasse doit même y être donnée en plus haute dose, car
les plantes sont plus exigeantes en cet élément qu’en acide phospho-
rique. Gette obligation est d’autant plus étroite que M. de Feilitzen a
constaté que la potasse, dans les sols tourbeux, est plus mobile et
plus facilement entraînable dans le sous-sol, à raison de sa solubilité,
que l’acide phosphorique.
Il a été fait, à Flahult, de nombreux essais de fumure avec diffé-
rents sels de potasse : kaïnite, kalisalz à 20 °/,, à 38 °/,, chlorure de
potassium à 30 °},. On à constaté que, dans ces divers sels, la potasse
des différents engrais a eu une influence à peu près égale sur la pro-
duction des céréales, des légumineuses et des prairies. Pour la
pomme de terre, les sels potassiques à haute teneur ont fourni, tant
en qualité qu’en quantité, de meilleures récoltes.
La kaïnite doit être abandonnée à raison du prix trop élevé des
transports (ce produit ne contenant que 12°}, de potasse). Le kalisalz
à 98 °/, semble être aujourd’hui l’engrais potassique le plus employé.
Pour céréales et prairies, 200 à 250 kilos à l’hectare du sel à 38 °/,
ont donné les meilleurs résultats. Il faut appliquer aux pommes de
terre, navets et autres racines, des doses plus élevées de potasse.
Fumure azolée. — Comme je l'ai dit, les Niederungsmoore sont
souvent assez riches en azote pour que leur teneur naturelle en cet
élément suflise à l'alimentation des plantes qu’on y cultive. Mais il y
a des exceptions : dans ses expériences de culture dans l’île Gotland,
M. de Feilitzen a rencontré une tourbe très riche en azote, sur
laquelle une fumure azotée, au moins pour les plantes-racines, se
montrait très rémunératrice.
Il y a également une grande quantité de tourbières sur lesquelles
on ne peut obtenir, sans fumure azotée, aucune récolte normale de
céréales, de pommes de terre ou de racines.
La faculté qu'ont les légumineuses de fixer l'azote atmosphérique,
EXCURSION EN SCANDINAVIE 167
avec le concours symbiotique d’une certaine classe de bactéries, per-
met d'utiliser cette famille de végétaux pour le début de culture des
tourbières récemment aménagées, à la condition d’y introduire, par
voie d’inoculation avec de la terre, les bactéries qui n’existent pas
dans la tourbe. Ainsi qu’on l’a vu plus haut, M. de Feilitzen a fait de
nombreux essais d’inoculation qui lui ont toujours donné de bons
résultats, l’inoculation indirecte par le sol de vieilles cultures de
légumineuses étant supérieure à tous les autres modes.
L’enfouissement en vert des récoltes de légumineuses donne au sol
une forte fumure azotée : la famure avec peluschke, vesces et lupins
a fourni à M. de Feilitzen de belles récoltes, aussi bien dans le sol
sablonneux que dans les tourbières hautes et basses.
Le fumier bien appliqué donne de bons résultats, surtout dans la
Hochmoor, mais il ne suffit pas à l'obtention de hauts rendements.
On emploie le fumier au moins une fois dans la rotation : en dehors
de l’apport d’acide phosphorique, de potasse et d’azote, il favorise la
production bactériologique. L'action fertilisante du fumier, quant à
l’apport d’azote, étant lente, doit être complétée par des engrais
commerciaux, nitrate et sulfate d’ammoniaque, guano de poisson, etc.
Sur les tourbières pauvres en azote, c’est le nitrate qui donne les
meilleurs résultats. Les quantités d’azote minéral à employer sont
nécessairement variables, mais sur la Hochmoor non encore décom-
posée, les quantités de nitrate les plus favorables sont 300 kilos de
nitrate pour céréales, et 300 à 400 kilos pour pommes de terre.
Parmi les essais de cette année, j'ai particulièrement examiné les
expériences comparatives avec nitrate du Chili et nitrate de chaux
de Norvège, sur avoine : il n’était pas possible de distinguer de diffé-
rences marquées entre les deux fumures ; cependant les avoines sur
nitrate de chaux semblaient un peu plus belles. De l’ensemble des
expériences faites dans ces dernières années, on peut conclure à
l'identité des deux nitrates comme source d’azote.
Il est de la plus grande importance, dans les sols tonrbeux, de
faire les semailles en temps convenable : les meilleurs rendements
en avoine sont obtenus avec des semailles aussi hâtives que possible.
Comme semence, on n’emploie à Flahult que des grains à la fois gros
et lourds, ce qui assure une végétation régulière et hâtive de la plante.
168 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Lorsque le sol est suffisamment décomposé et assez ameubli, on
fait les semailles au semoir, l’expérience ayant montré clairement les
avantages de la semaille en ligne. L'emploi de la houe, dans les cul-
tures de céréales sur tourbe basse non sablée, est tout à fait recom-
mandable.
Il me reste, avant de parler du laboratoire et du jardin d’expé-
riences de Jonküping, à donner quelques brèves indications sur la
préparation de la tourbe comme combustible et comme litière, dans
l’exploitation de Flahult.
XI — La tourbe combustible et la tourbe litière
4 août. Jonkôping.
L'emploi de la tourbe comme combustible a existé de toute anti-
quité dans les régions de la Suède pauvres en forêts, tant pour le
chauffage domestique que dans certaines exploitations minières, des
provinces Wermland, Westmanland, etc., principalement depuis le
milieu du siècle dernier.
Depuis 1900, la question de la tourbe combustible a pris une
grande importance, en raison de l’augmentation très considérable
du prix du charbon de terre. La valeur de la houille importée en
Suède a atteint, en 1900, 85 millions de couronnes (119 millions de
francs). La Sconie, province la plus méridionale de la Suède, est la
seule qui produise de la houille et elle est loin de pouvoir fournir à
l’industrie les quantités de charbon dontelle a besoin. On n’en a extrait,
en 1903, que 320 390 tonnes, en partie utilisées par les chemins de
fer. Cette houille est de qualité très inférieure à celle des charbons
anglais, les gisements se trouvant dans des terrains qui appartiennent
à une période de formation beaucoup plus récente, le Jurassique.
Les couches y sont de faible épaisseur et le charbon qu’elles fournis-
sent est très riche en cendres. Cette houille est totalement impropre
à la fabrication du coke.
La Suède, il est vrai, possède d’immenses forêts (près de 20 mil-
lions d'hectares), aussi le bois est-il le combustible presque univer-
sellement employé au chauffage des habitations ; mais le prix du
EXCURSION EN SCANDINAVIE 169
bois a beaucoup augmenté et son emploi n’est pas, pour cette raison,
susceptible de prendre dans l’industrie l’extension dont celle-ci
aurait besoin.
L'utilisation de la tourbe, comme combustible, est donc devenue
depuis quelques années une question d’actualité ; de grands progrès,
dans cette voie, ont déjà été réalisés avec le concours énergique de
l'État suédois.
L'Association suédoise pour la culture tourbière a, de son côté,
consacré ses efforts à l’étude de la valeur combustible des tourbes
des différentes régions du pays. De très nombreux échantillons de
tourbe ont été recueillis par les employés de l’association ; l'analyse
et la détermination de la capacité calorifique des tourbes des diverses
provenances ont reçu une grande publicité par le Bulletin de lasso-
ciation, par des conférences, etc., mettant ainsi les intéressés au cou-
rant des avantages que l’on peut retirer de ce mode d'utilisation de
la tourbe.
Comme je l'ai dit précédemment, les marais tourbeux de la Suède
occupent l’énorme superficie d'environ 5 millions d'hectares. On les
rencontre dans tout le pays, mais les plus grandes tourbières sont
situées en Laponie, en Norrland et dans les provinces de Nericie,
Vestrogothie, Smäland et Scanie.
Les marais tourbeux de la partie septentrionale du pays ne sont
pas très profonds, mais ils sont formés de plantes herbacées. Ils ont
un âge considérable, de sorte qu'ils fournissent une excellente tourbe
à brûler. Les marais tourbeux de la Suède centrale, tels ceux de
Flahult, sont, au contraire, plus récents et formés généralement de
mousses blanches (sphaignes) susceptibles surtout d’être utilisées
comme litière ou comme terreau de tourbe (Torfmull).
La Vestrogothie a toutefois d’excellents marais tourbeux, dont la
profondeur atteint parfois à 12 mètres et qui fournissent une tourbe
à brüler de premier choix.
Le gouvernement smälandais de Kronoberg possède, à lui seul,
130 000 hectares de marais tourbeux, dont la moitié se compose
d’une très bonne tourbe combustible. Ils ont, en général, une épais-
seur moyenne de 2 mètres et la richesse, en tourbe, de ce gouver-
nement peut être évaluée à plus de 6 milliards d’hectolitres de
170 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
tourbe sèche. Or, si l’on estime avec l’éminent statisticien Sundbärg
que { hectolitre de bonne tourbe à brüler correspond à 25* 500 de
houille, le gouvernement de Kronoberg posséderait, à lui seul, une
quantité de tourbe correspondant, en valeur calorifique, à 50 mil-
lions de tonnes de houille. Ces chiffres suffisent à donner une idée de
l'énorme valeur combustible que représentent les marais tourbeux
du pays, et lintérêt qui s'attache, aux recherches de l’association
suédoise dans cette direction.
La tourbe employée dans des buts industriels est presque tou-
jours travaillée d’une manière ou d’autre. En général, on se sert de
la € machine à robinet » (Kranmaskin), avec ou sans addition d’eau.
Dans le premier cas, la tourbe sort de la machine sous la forme
d’une masse, de 11 consistance d’une pâte molle, que l’on étend uni-
formément sur le sol, en couche de 17 centimètres environ d’épais-
seur. Dès qu’elle est un peu ressuyée, on la coupe en morceaux et on
la laisse sécher sur le sol ou sur des cavaliers. Quand on n’a;oute
pas d’eau à la tourbe, celle-ci sort de la machine sous forme de cylin-
dres ou de briquettes que l’on sèche ensuite sur le sol on dans des
séchoirs construits en planches.
Dans les usines métallurgiques, la tourbe est parfois soumise à un
séchage plus complet à l’aide de l'air chaud sortant des fourneaux.
La composition de la tourbe varie considérablement, mais, en
général, la bonne tourbe séchée à l'air contient 40 °/, de carbone,
30 °/, de gaz combustible, 20 °/, d’eau hygroscopique et 5 °/, de
cendres. Le prix de revient de la tonne de tourbe à brûler varie de
9° 60 à 7 francs. Dans l’industrie du fer, en Suède, on l’emploie exclu-
sivement dans les générateurs des fours à réchauffer et des fours
Martin.
On a fait, depuis une dizaine d’années, de nombreux essais pour
découvrir une méthode pratique et économique de transformation de
la tourbe en charbon. Malheureusement ces essais n’ont pas réussi,
jusqu’à ce jour ; les produits qu’on a obtenus se sont montrés
inférieurs à ceux que fournit l’ancienne méthode de carbonisation en
meule, qui se pratique de la manière suivants : la tourbe, préparée
et bien séchée, comme je l'ai dit plus haut, est empilée en un tas de
forme hémisphérique, dont la hauteur correspond aux deux tiers de
EXCURSION EN SCANDINAVIE 171
la bise. La tourbe de forme rectangulaire est posée de champ. La
masse recouverte de terre et de déchets de tourbe est ensuite allumée
à la façon ordinaire. Cette masse, d'environ 10 tonnes de tourbe, est
cuile pendant une quinzaine de jours. Les frais de main-d'œuvre
?
s'élèvent à 7 couronnes (9° 80); le rendement est de 40 °/,. L'analyse
e
de ce charbon donne les résultats suivants :
ÉTANG IT RES RER BEST
HAAACDMDUSUDIESS 2.) 0 ne ui 36,90
Gaz non combustibles . . . . . . . . 0,47
LIEN SES EF R EMA T ASE NC UTOAES AS OP GRR FRRECERS 6,50
POTERIE SE RES 100,00
On connait la grande richesse minéralogique de la Suède. La pro-
gression, croissante d'année en année, de l’extraction des minerais de
fer (fer magnétique, fer titané) a porté, en 1904, la production de
ces minerais à 4 084 647 Lonnes, soit à près de 4°/, de la production
mondiale. Le rendement des mines est, en moyenne, d’après la masse
de roches abattues, de près de 63 °/, de minerai de fer pur.
Une faible proportion du minerai extrait reste en Suède, pour y
être affinée et travaillée ; 77 °/, de la quantité de minerai de fer
extrait sont exportés annuellement, en Angleterre et en Allemagne
principalement : ce sont les gisements de Laponie et de Grüngesberg
qui alimentent presque uniquement l'exportation (°).
Dans les usines sidérurgiques, on traite les minerais presque
exclusivement au charbon de bois : de 1899 à 1903, on en a con-
sommé 45 millions d’hectolitres.
Autrefois, le charbon de bois était préparé exclusivement par la
carbonisation en meules établies en forêt et le charbon était conduit
aux usines en hiver à l’aide de traineaux. Actuellement, les bois de
sciage donnent des déchets dont une grande partie sert à la fabrication
du charbon de bois par carbonisation en fours de divers systèmes (°).
(*) Le lecteur désireux d'avoir sur l'industrie minière et métallurgique de la Suède
des renseignements détaillés les trouvera dans le mémoire de M. G. G. DauLerus,
publié par le Jorn Konloret, mémoire dont le Moniteur scientifique du D” Quesne-
ville a donné, dans son numéro de septembre 1907, une analyse très complète.
(*) Voir Dancenus, loc. cit.
172 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
En Suède, on ne se sert, pour la fabrication du charbon, que du
bois de sapin ou de pin.
Le coke pour usages métallurgiques est fabriqué dans quatre
pelites usines avec de la houille venant d'Angleterre.
On voit, d’après ce qui précède, de quelle importance serait la
transformation en charbon des immenses gisements de tourbe.
Ainsi s'explique les efforts de l’association suédoise, pour hâter la
solution de ce problème économique.
Tourbe pour litière. — Les ochmoore se prêtent seules à cette
fabrication, dont Flahult offre un intéressant spécimen. De tout temps,
en Suède, on a employé la tourbe comme litière, notamment en
Dalécarlie où l’on a reconnu, de très bonne heure, les excellentes
qualités de ce produit pour l'entretien des étables : mais ce n’est
guère que depuis un quart de siècle (vers 1880) que cette applica-
tion s’est généralisée par la création de fabriques de tourbe litière.
Cest au lieutenant Salomon Coyet que revient le mérite d’avoir
introduit cette industrie en Suède. Avant lui, on importait (de Hol-
lande sans doute ?) de grandes quantités de terreau de tourbe (Torf-
mull) et de tourbe litière (Torfstreu).
Actuellement, il existe, en Suède, plus de cinquante fabriques qui
livrent, par année, plusieurs centaines de milliers de balles de tourbe
litière.
Depuis sa fondation, l’association suédoise a beaucoup contribué
par ses conférences et ses expositions à propager la connaissance de
l'importance de ce produit pour les exploitations rurales et pour
l’assainissement des villes. Il a été fait aux laboratoires de Jünkôping
une masse de recherches et d'expériences sur la tourbe litière et sur
la mousse de tourbe, tant au point de vue chimique que sous le
rapport de leur constitution botanique et microscopique.
L'un des résultats importants de ces recherches à été d'établir les
conditions auxquelles est lié le pouvoir absorbant, pour l’eau, de la
tourbe. Trois conditions principales règlent ce pouvoir absorbant :
1° Le degré de décomposition. — Une litière de couleur claire,
légère, fibreuse, préparée avec du sphagnum non décomposé, pos-
sède une faculté d'absorption plus grande et, par suite, a une valeur
EXCURSION EN SCANDINAVIE 173
plus élevée que des mousses plus ou moins décomposées, de couleur
foncée et denses.
2 La finesse (division) de la tourbe. — La faculté d'absorption
d’eau est plus grande dans la tourbe finement divisée que dans la
tourbe en fragments grossiers.
3° Nature des plantes qui constituent la tourbe. — Les diverses
espèces de sphagnums, ou les mêmes espèces, à différents états de
développement, et d’autres végétaux, par exemple l’Eriophorum,
possèdent des pouvoirs absorbants différents.
Les expériences de Jônkôping ont démontré aussi que, de tous les
matériaux qu'on peut employer comme litière, la tourbe bien pré-
parée possède pour l'eau le pouvoir absorbant le plus élevé.
La litière de tourbe a encore d’autres propriétés avantageuses :
elle absorbe les gaz malodorants des étables et notamment les gaz
ammoniacaux. L’analyse de nombreuses tourbes de litière de diffé-
rentes provenances a montré qu’elles absorbent en moyenne 9,51 °},
de leur poids d’ammoniaque gazeuse, empêchant ainsi la perte d’une
grande partie de l’azote des fumiers.
Des essais comparatifs faits dans l’étable de Flahult avec différentes
litières, paille, sciure de bois, tourbe, ont mis en relief la supério-
rité de cette dernière.
Les fumiers de tourbe ont, à doses égales, donné des rendements
plus élevés en avoine et en pomme de terre que les fumiers résultant
du litiérage des animaux avec la paille ou avec la sciure de bois.
Il existe à Flahult une petite fabrique de tourbe de litière pour le
service de l'exploitation. La tourbe qui y est traitée est extraite du
champ d’expériences, desséchée sur des cavaliers et divisée à l’aide
d’une petite machine, sorte de carde.
(A suivre.)
LES FORETS ET LES REBOISEMENTS
DE LA VALLÉE DE L’'UBAYE
RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX
Les limites de l’inspection des eaux et forêts de Barcelonnette
sont exactement celles du bassin hydrographique de PUbaye et
non celles de l’arrondissement de Barcelonnette.
L’arrondissement comprend vingt communes, dont lune,
Allos, située dans le bassin du Verdon, est rattachée à l’inspec-
tion de Digne-sud. Les dix-neuf autres communes sont comprises
en totalité dans l’inspection de Barcelonnette qui a ainsi une
superficie totale de 102 493 hectares (chiffre rond).
Les forêts, formées de peuplements spontanés, y couvrent une
étendue de 18 783 hectares, répartie de la manière suivante :
Soumises au ré- ( appartenant à l'Etat . . . . 677,25(!) 13 702, 93
gime forestier. | — aux communes. 13 02%, 98 FE
Non soumises au — aux communes. 2 282,36 5 081,15
gime forestier. | — aux particuliers 2 798,79 ,
(1) Ces 677ha 252 formaient anciennement la contenance totale des deux
seules forêts domaniales de la vallée de l’'Ubaye (forêt de Gimette —
583ha 702; forêt de Gache — 93ha 55a),.
Ces deux forêts domaniales ont été incorporées au périmètre de restau-
ration de l’Ubaye par décision du directeur général des eaux et forêts, du
20 octobre 1900.
LES FORÊTS ET LES REBOISEMENTS DE LA VALLÉE DE L'UBAYE 149
L’étendue boisée spontanément occupe donc actuellement
18 °/ de la superficie totale. Cette proportion qui n’a pas sensi-
blement varié depuis un demi-siècle au moins est à très peu près
celle de la moyenne de la France. |
Après sa constitution complète et définitive, le périmètre de
restauration de l'Ubaye englobera 18 000 hectares, dans lesquels :
il y aura environ 2 000 hectares de terrains non susceptibles de
reboisement. L’étendue couverte de peuplements non spontanés
sera donc finalement de 16 000 hectares. En dernière analyse,
lorsque l’œuvre de restauration sera achevée, la superficie totale
boisée sera de 34 000 hectares, soit 34 ©} de la surface totale du
bassin (1).
LIMITE DES NEIGES PERSISTANTES
Il n’y a pas de neiges persistantes proprement dites dans la
vallée de P'Ubaye. Cependant, il arrive fréquemment que des
plaques de neige peu étendues persistent d’un hiver à l’autre
dans les fonds de ravins ou dans des anfractuosités de rochers,
sur des versants exposés au nord et au-dessous de lPaltitude de
2 500 mètres.
Quoiqu'il n’y ait pas de neiges persistantes dans la vallée de
PUbaye, on y trouve deux petits glaciers.
1° Le glacier du Marinet, qui est situé sur le versant nord de
aiguille de Chambeyron (3 400 m.), territoire de la commune
de Saint-Paul, a 800 mètres de longueur sur 1 kilomètre de lar-
geur et descend jusqu’à 2 600 mètres;
20 Le glacier de la Blanche, qui est situé sur le versant nord
des Trois-Évêchés (2 838 m.), territoire de la commune de Méo-
lans, a une lonqueur de 400 à 500 mètres et une largeur de 800
mètres. Son point le plus élevé ne dépasse pas 2 700 mètres et
son point le plus bas est vers 2 300 mètres.
(1) 11 semble que ce taux de boisement est celui qui conviendrait pour la
plus grande partie de nos Alpes. Quand il sera atteint, quand le tiers de la
surface sera couverte de forêts bien pleines et bien placées, les ravages des
torrents seront réduits à fort peu de chose {La Rédaction).
176 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Le glacier de la Blanche offre cette double particularité inté-
ressante qu’il est à la fois le plus petit et le plus méridional de
tous les glaciers des Alpes françaises.
TRAVAUX DE REBOISEMENT
I — ESSENCES
Les forêts de la vallée de l'Ubaye renferment trente et quel-
ques essences, spontanées ou introduites, qui sont indiquées
dans le tableau suivant :
A) Essences spontanées.
MGIÈZE A'TLIMRE es LOT Sn
Pinisyivestre :..1-60L:6218;20
DADINE-- NS EE AUS 9,43
DICO A CIE EE 8,72
PIN TANCROCRELS NN 2,60
PinicembTO EL 0,35
Hêtre.
Chêne rouvre .
Alisier blanc.
Cerisier merisier *
Sorbier des oiseleurs . . } 9»
Érables . :
Peuplier tremble .
Tilleul. ;
Atne DIAnC Nr er
Saules divers.
Cytise .
Coudrier . so
Prunier de Briançon .
Hippophaë. .
Genévriers (divers) .
Résineux (*).
19 Essences principales
Feuillus (2; .
20 Essences secondaires Feuillus.
. .
EE © © A — RO EE
Arbustres et arbrisseaux. .
(*) Les nombres ci-contre indiquent la place occupée par chaque essence,
en centièmes de la superficie boisée soumise au régime forestier.
Les proportions sont très sensiblement les mêmes pour tout l'ensemble
des peuplements spontanés, soumis et non soumis au régime forestier.
(2) Les essences feuillues sont peu abondantes et très inégalement répar-
ties : elles arrivent à peine toutes ensemble à former 9 0/, dans la compo-
sition des peuplements spontanés.
LES FORÊTS ET LES REBOISEMENTS DE LA VALLÉE DE L'UBAYE 177
B) Essences introduites.
Essences principales . Résineux (1). Pin noir d'Autriche , . »
! Robinier Per ct
BONE he an |
Essences secondaires Feuillus (*} : (Frêne... 4. ;
Peuplier (divers). . . . |
Aune vert. ,
\
Pour chacune de ces essences, nous allons donner brièvement
quelques renseignements dont l’exactitude est exclusivement
limitée à la vallée de l'Ubaye.
À) Essences spontanées
1° Essences principales
MÉLEZE (Larix europæa ; nom local : Méalzé). — Cette essence
forme, seule, 51 °/5 des peuplements spontanés de la vallée de
lUbaye. Indifférente à la nature minéralogique du sol, elle se
trouve sur la plupart des formations géologiques de la région,
aussi bien sur les calcaires dolomitiques et les gypses du trias
(Tête d’Aulan, Gimette) que sur les calcaires et les schistes du
jurassique (Fours, La Maure, Les Thuiles); aussi bien sur les
calcaires marneux du crétacé (Bachelard, Le Martinet) que sur
les grès et le flysch du tertiaire (Les Agneliers, La Condamine,
Jausiers). Tous les terrains appartenant à ces diverses forma-
tions, lorsqu'ils sont en place, sont d’une infertilité absolue;
mais ils forment, depuis le fond de la vallée jusque vers l’altitude
2 000 ou. 2 200 mètres, un substratum qui est recouvert d’un
dépôt plus ou moins épais laissé par les boues de fond du grand
glacier de l'Ubaye. Ces boues glaciaires sont un mélange trituré
de toutes les roches supérieures et ce sont elles qui forment
aujourd’hui la couche de sol fertile sur laquelle seule peut s’ins-
taller et prospérer la végétation forestière ou agricole.
(:) Il n’y aura intérêt à établir les proportions de densité des essences
introduites qu'après l'achèvement des travaux de reboisement.
ANN, SCIENCE AGRON. == 9° SÉRIE = {909 — 1 12
178 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Le mélèze exige surtout un sol frais meuble et profond. Pour
des raisons que nous exposerons dans un chapitre spécialement
consacré aux causes de la dégradation du sol (Chap. X de la
3e partie) ces conditions ne se trouvent ici réalisées qu’aux expo-
sitions nord, nord-est et nord-ouest. L’Ubaye coulant franche-
ment de l’est à l’ouest, il s’ensuit que tous les versants de la rive
gauche sont exposés au nord et que tous ceux de la rive droite
sont exposés au sud. C’est ce qui explique la différence si mar-
quée qui existe entre les deux rives de l'Ubaye au point de vue
du boisement. Sur la rive gauche, depuis les sources jusqu’au
confluent, de superbes forêts où domine le mélèze se succèdent
presque sans interruption, tandis que, sur la rive droite, on ne
voit, d’un bout à l’autre, que d’immenses versants dénudés sur
lesquels apparaissent de loin en loin quelques petits massifs,
généralement composés de pin sylvestre.
Le mélèze apparaît vers l’altitude de 800 mètres entre Ubaye
et Le Lauzet; il est d’abord peu abondant, on pourrait presque
dire par pieds isolés, au milieu des peuplements de pin sylvestre.
Dès l’altitude de 900 mètres (au Lauzet), il accuse une tendance
très envahissante. Jusqu'à 1 500 ou 1 600 mètres, il dispute le
terrain au pin sylvestre d’abord, puis au pin à crochets, au sapin
et à l’épicéa; à partir de 1 800 mètres il règne en maître souve-
rain ; il ne tolère plus que le voisinage, d’ailleurs assez peu encom-
brant, du pin cembro; seul ou en mélange avec cette dernière
essence, 1l s’élève jusqu’à l’extrême limite de la végétation,
c’est-à-dire jusqu’à 2 300 mètres (Meyronnes, Larche et Saint-
Paul).
Dans les conditions de sol et d'exposition qui lui sont favora-
bles, le mélèze de l’'Ubaye a une croissance lente, mais régulière
et prolongée; 1l fournit un bois tout à fait remarquable qui jus-
üfie bien le nom de chêne de la montagne donné au mélèze, mais
que l’absence de débouché ne permet malheureusement pas
d'utiliser comme il le mérite.
C’est dans la forêt communale de Saint-Paul, au canton du
Lauzon, que se trouvent les plus beaux représentants de cette
essence; 1ls sont âgés de deux cent cinquante à trois cents ans;
LES FORÊTS ET LES REBOISEMENTS DE LA VALLÉE DE L’UBAYE 179
ils ont de 30 à 40 mètres de hauteur et de 2 à 3 mètres de circon-
férence à 1 30 du sol.
Le mélèze résiste très bien à toutes les intempéries.
Dans la haute vallée de PUbaye, les hivers sont excessivement
rigoureux; en décembre et janvier, le thermomètre y descend
fréquemment à 20° sous zéro; il est permis de supposer qu’il
descend même à — 30° dans la région des grandes altitudes où
monte le mélèze. On n’a jamais constaté que des sujets de cette
essence, même à l’état de jeunes semis, dépourvus d’abri, aient
eu à souffrir de ces froids sibériens. Les branches du mélèze,
étant grêles et dépourvues de feuilles en hiver, offrent peu de
prise au vent et ne retiennent pas une quantité de neige assez
lourde pour causer leur cassure. Le nombre des chablis de mélèze
serait donc très restreint, n’étaient les avalanches qui, malheu-
reusement, sont très fréquentes.
Les forêts de mélèze de la vallée de l'Ubaye sont assez souvent
ravagées par des invasions d'insectes au nombre desquels nous
citerons plus particulièrement :
La pyrale grise du mélèze (T'ortrix pinicolana );
La pyrale de l’écorce du mélèze { Tortrix zebeana) et le kermès
du mélèze {Chermes laricis).
Les invasions de la pyrale pinicolana paraissent se reproduire
tous les trois ou quatre ans et ont une durée de deux ou trois
ans; elles se manifestent d’une façon très irrégulière : tantôt
par petites taches isolées dans les massifs; tantôt avec une nullu-
lation telle que de vastes cantons sont dévorés jusqu’à la der-
nière feuille. La pâture des chenilles commence généralement
en juin, plus ou moins tôt, suivant les conditions de température
et de végétation; la nymphose se fait cinq à six semaines plus
tard et, en août, les arbres attaqués refont un nouveau feuillage.
L’invasion de cet insecte constitue donc une crise passagère dont
le mélèze ne meurt pas (1).
La pyrale zebeana cause des dégâts parfois importants dans
(:) Mais la production ligneuse est sensiblement réduite et il ne se forme
pas de cônes.
130 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
les jeunes peuplements, notamment dans ceux provenant de
plantations et âgés de huit à dix ans; mais les vieilles forêts ne
semblent pas avoir à subir un dommage appréciable du fait de
cet insecte.
Grâce au climat qui n’est ni chaud, ni sec, les forêts de la
vallée de lPUbaye, quelle que soit la nature des essences qui les
composent, ne sont que très rarement sujettes à des incendies.
Les principaux massifs de mélèze de la vallée sont : les forêts
communales de Larche (783 hectares); de Meyronnes (1 440
hectares); de Saint-Paul (1347 hectares); du Lauzet (1482
hectares, et de Saint-Vincent-du Lauzet (840 hectares).
Pin SYLVESTRE (Pinus sylvestris; nom local : Pin). — Le pin
sylvestre de l'Ubaye appartient à la forme que la Flore de Ma-
thieu désigne sous le nom de « pin sylvestre à branches éta-
lées »; c’est dire, en un mot, qu’il n’a pas grande valeur.
Il occupe 18,40 ° / des peuplements spontanés et son extension
n’est à souhaiter que sur les points où il serait impossible d’im-
planter une autre essence plus précieuse. Cet arbre, rustique par
excellence, s’accommode en effet des sols maigres et secs, des
expositions chaudes et de toutes conditions très peu favorables
que les autres essences, et, en particulier, le mélèze, ne pour-
raient supporter. On le trouve sur tous les sols et à toutes les
expositions; il forme, presque à lui seul, les rares petits massifs
qu’on aperçoit de loin en loin sur les versants dénudés de la rive
droite de l’Ubaye.
Le pin sylvestre apparaît dès le point le plus bas de la vallée,
entre 700 et 800 mètres. A cette altitude, il forme le fond des
peuplements en mélange avec une forte proportion de feuillus
(Ubaye et Pontis). À partir de 900 mètres (Le Lauzet) il cède
peu à peu la place au sapin, à l’épicéa et surtout au mélèze.
A 1500 mètres il se maintient encore assez bien, puisqu'il
forme 35 °/ du peuplement dans les forêts de Barcelonnette,
de La Condamine, de Tournoux, et 32 °/ dans celle de Jau-
siers. Mais au-dessus de 1600 mètres il se raréfie progressive-
ment et montre une tendance marquée à rétrograder devant le
LES FORÊTS ET LES REBOISEMENTS DE LA VALLÉE DE L'UBAYE 181
mélèze qui, de plus en plus, envahit les versants, du haut vers
le bas.
Cette tendance, d’ailleurs favorisée par les aménagements,
est très heureuse; car le pin sylvestre de l'Ubaye atteint rare-
ment de fortes dimensions et donne toujours des produits de
qualité très inférieure, qui ne trouvent d’autre emploi que celui
de bois de chauffage.
Le pin sylvestre résiste bien au froid, mais assez mal au vent
et surtout à la neige que ses branches épaisses, étalées, très rami-
fiées et à feuillage persistant retiennent enabondance.
Les insectes ennemis du pin sylvestre exercent rarement des
ravages dans la vallée de l'Ubaye. Cependant, on constate pério-
diquement (tous les trois ou quatre ans) des invasions de chenilles
processionnaires (Cnethocampa pityocampa), mais seulement dans
la partie inférieure de la vallée jusqu’à Méolans. Les dommages
causés par ces invasions sont d’ailleurs peu graves. Beaucoup
plus importants sont les dégâts causés par le gui. Dans certains
peuplements il n’existe pour ainsi dire pas -un seul arbre qui ne
porte plusieurs touffes de ce fâcheux parasite.
Les principaux massifs de pin sylvestre sont à Tournoux, La
Condamine, Jausiers et Barcelonnette.
SAPIN (Abies pectinata ; nom local : sap). — Le sapin forme
9,43 °/ des peuplements spontanés dans lesquels il est mélangé
quelquefois avec le pin sylvestre et le pin à crochets, mais le
plus souvent avec l’épicéa et le mélèze, avec ce dernier surtout
qui, comme lui, recherche les sols frais et profonds. Indifférent
à la nature minéralogique du sol, il vient assez bien sur tous les
terrains de la vallée de l'Ubaye. On le trouve à toutes les exposi-
tions. Mais ses exigences au point de vue de la fraicheur et de la
profondeur du sol sont cause qu’il a une préférence marquée
pour les expositions nord, et que, même dans les conditions les
plus favorables, il ne parvient jamais à de très fortes dimen-
sions.
Les premiers sapins apparaissent entre 800 et 900 mètres,
dans les forêts de Pontis et de Saint-Vincent-du-Lauzet. On
182 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
trouve les derniers vers l’altitude de 1 800 mètres à Uvernet,
Fours, Jausiers, Tournoux et Saint-Paul.
Le sapin résiste très bien aux froids les plus rigoureux, assez
bien aux vents qui, d’ailleurs, ne sont, dans la vallée de l'Ubaye,
ni fréquents ni très violents; mais ses branches résistent mal à
la neige qui tombe abondamment en hiver et qui est retenue en
paquets énormes par son feuillage persistant et serré. Cependant
le nombre des chablis causés par la neige, en dehors des avalan-
ches, n’est pas très considérable.
Dans la vallée de l’'Ubaye, les dégâts causés au sapin par les
insectes sont nuls. Le « chancre du sapin » ou « chaudron » est
excessivement rare. Le gui du sapin ne se rencontre pas davan--
tage. |
Les forêts où cette essence est le plus largement représentée
sont celles de Pontis (35 © L), de Saint-Vincent-du-Lauzet (20 ° Lo),
de Fours (0,20 ° b), de Jausiers (0,16 ©), du Lauzet (0,15 ° o).
Épicéa (Picea excelsa; nom local : Sarenta). — 11 forme 8,72 ° Jo
des peuplements naturels de la vallée. On le trouve sur toutes
les natures de sol; sur les calcaires dolomitiques et les gypses du
trias (Bachelard, Gimette); sur les calcaires compacts du juras-
sique (Uvernet); sur les calcaires marneux du crétacé (Uvernet,
Méolans); sur les calcaires gréseux du tertiaire (Le Lauzet) et
sur le flysch (Jausiers, La Condamine):; mais toujours 1l recherche
visiblement les sols frais et profonds. Aussi le rencontre-t-on
surtout aux expositions du nord et de l’est. Nulle part il ne forme,
à lui seul, un massif de quelque étendue: il est presque toujours
mélangé au mélèze; fréquemment aussi au sapin, au pin sylvestre
et au pin à crochets; très rarement à des essences feuillues.
En général, l’épicéa de l'Ubaye n’a pas une grande longévité
et n’atteint pas de fortes dimensions; cependant, sur quelques
points où les conditions du sol lui sont plus favorables, dans les
forêts du Lauzet, de Méolans, on trouve de très vieux arbres qui
n’ont pas moins de 30 mètres de hauteur et 2m 60 de circonfé-
rence.
Cette essence fait son apparition entre Ubaye et Le Lauzet,
LES FORÊTS ET LES REBOISEMENTS DE LA VALLÉE DE L'UBAYE 183
vers l’altitude 800 mètres et s’élève jusqu’à 1 800 mètres, dans
les forêts de Méolans, Les Thuiles, Uvernet, Jausiers.
L’épicéa résiste très bien au froid; mais, à cause de son faible
enracinement et de son feuillage lourd et serré, il est assez sou-
vent renversé par le vent et brisé par la neige.
Il ne semble pas avoir à souffrir des ravages des insectes; cette
immunité provient sans doute de ce qu’il est toujours en mélange
avec d’autres essences. Les forêts où l’épicéa est le plus abondant
sont celles de Méolans et Revel (30 ° L), de Jausiers (20 ©), du
Lauzet (18 of), et de Saint-Vincent-du-Lauzet (15 ° o).
PIN A CROCHETS (Pinus montana; var. uncinata; nom local :
Pin noir) ne forme que 2,60 0% des peuplements naturels de la
vallée; vient sur tous les sols et à toutes les expositions; est plus
abondant néanmoins sur les versants exposés au nord et à l’est;
n'entre que très rarement seul dans la composition des peuple-
ments, et c’est alors sur une étendue assez restreinte (Jausiers,
canton de Bois noir, 26h); est généralement mélangé avec l’une
au moins des cinq autres essences résineuses : pin sylvestre, épicéa
sapin, mélèze, pin cembro.
Dans la vallée de l'Ubaye, le pin à crochets se montre déjà
vers 1 200 mètres à Saint-Vincent-du-Lauzet, puis au Lauzet;
mais 1l y est encore assez rare (1 ° bb); il s’élève jusqu’à 2 000 ou
2 200 mètres à Saint-Paul et à Larche.
Le pin à crochets de l’Ubaye n’atteint pas de fortes dimen-
sions ; il ne dépasse guère 15 mètres de hauteur et 30 centimètres
de diamètre. Malgré les qualités très réelles de son bois, il n’est
pas recherché, sans doute à cause de ses faibles dimensions et
de sa rareté, mais aussi à cause de l’abondance du mélèze qui
fournit des produits bien préférables à tous égards.
Les intempéries semblent n’avoir aucun effet sur le pin à cro-
chets qui résiste également bien au froid le plus rigoureux, au
vent et à la neige.
Cette essence est peu exposée aux ravages des insectes, mais
elle subit quelquefois des dégâts importants par le fait de la pro-
pagation d’un champignon, le Peridermium pini qui provoque
134 ANNALES DE La SCIENCE AGRONOMIQUE
rapidement le desséchement des cimes et des branches qu'il
attaque.
Les forêts où le pin à crochets est le plus abondant sont celles
de Jausiers (16 © L), de Larche (89%) et de La Condamine (8 © /o).
PIN cEMBRO (Pinus cembra; nom local : Éouvé). — Il ne
forme que 0,35 des peuplements spontanés: n’existe générale-
ment qu’à l’état de pieds isolés en mélange avec le sapin, lépi-
céa, le pin à crochets et surtout le mélèze; s’accommode également
de toutes les natures de sol, avec une préférence marquée cepen-
dant pour ceux qui sont frais. Aussi le trouve-t-on surtout aux
expositions du nord et de l’est.
On rencontre quelques pieds isolés de pin cembro à partir de
l’altitude de 1 600 mètres; mais c’est seulement aux environs de
2 000 mètres et au-dessus que cette essence paraît être dans sa
vraie station; toutefois, la place qu’elle occupe dans le massif
n’est jamais prépondérante. La zone du cembro dépasse un peu
celle du mélèze et monte jusqu’à 2 350 mètres où ce pin est le
dernier, l’unique représentant de la végétation forestière. Le pin
cembro résiste très bien à toutes les intempéries. Cependant les
arbres, même les plus gros, situés aux grandes altitudes, sont
presque toujours brisés par le vent, par la neige ou par la foudre.
Ces débris énormes et très vieux de pin cembro ou de mélèze
prennent alors une forme toute spéciale qui contribue beaucoup
à donner au paysage alpin un de ses cachets caractéristiques les
plus pittoresques.
Le pin cembro n’est pas attaqué par les insectes.
Les forêts où cette essence est le plus largement représentée
sont celles du Lauzet (4 ©); de Méolans et «Revel (2 2); elle
existe aussi, mais en plus faible proportion, dans celles de Saint-
Vincent, Larche, Meyronnes et La Condamine.
HÊTRE (Fagus sylvatica; nom local : Faou). — IT ne se ren-
contre que sur les territoires des cinq communes situées dans la
partie la plus basse et la plus occidentale de la vallée de PUbaye.
Il forme 70 °/% du peuplement dans la forêt communale
LES FORÊTS ET LES REBOISEMENTS DE LA VALLÉE DE L'UBAYE 185
d’Ubaye et 20 °% dans celle de Pontis; il est assez abondant
dans les bois particuliers de La Bréole. Il existe aussi, en moindre
quantité, dans les forêts de Saint-Vincent-du-Lauzet et du
Lauzet. Mais, par rapport à l’ensemble de la vallée, il doit être
considéré comme rare, puisqu'il y occupe tout au plus À ou 2°
de la surface totale boisée.
Dans la vallée de PUbaye, le hêtre ne se trouve que sur des
calcaires marneux du jurassique, mais ce n’est certainement
pas la nature minéralogique du sol qui limite son extension; car
on sait que cette essence est indifférente à la nature du terrain.
De tempérament délicat, elle ne supporte pas les froids ri-
goureux et redoute les gelées printanières. C’est évidemment
là l’unique cause pour laquelle le hêtre n’occupe dans la vallée
de l’Ubaye qu’une zone très restreinte située entre 800 et 1 500
mètres, toujours aux expositions les plus chaudes, sur les ver-
sants qui regardent le sud et l’ouest.
Tant à cause de la mauvaise qualité du sol qu’à cause de la
rigueur du climat, le hêtre de l'Ubaye n’est jamais de belle venue.
Exploité en taillis vers l’âge de trente ans, dans les bois soumis
au régime forestier, entre dix-huit et vingt-cinq ans, dans les
bois particuliers, il ne donne que des brins d’assez faible dimen-
sion (6 à 10 mètres de hauteur ; 10 à 15 centimètres de dia-
mètre).
Dans la partie haute du versant rive droite, entre Ubaye et
Le Lauzet, au milieu de terrains abrupts presque inaccessibles
situés vers l’altitude de 1 500 mèêtres, subsistent encore les ves-
tiges d’une futaie de hêtre dont l’exploitation et la vidange sont
impossibles. Ces vieux arbres, clairsemés sur une étendue d’une
centaine d’hectares, sont tous brisés par le vent et la neige: ils
ont jusqu’à 2 mètres et plus de circonférence; mais leur hauteur
ne dépasse pas 12 à 15 mètres. Leur existence en pareil lieu
semble indiquer que le hêtre a occupé jadis une place plus large
et plus élevée dans le bassin de l'Ubaye.
Le hêtre de l'Ubaye n’est employé que comme combustible.
Les forêts de cette essence n’ont pas d’ennemis parmi les
insectes.
186 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
CHÊNE ROUVRE (Quercus sessiliflora; var : pubescens; nom
local : Rouré). — Le chêne rouvre est tout à fait rare dans la
vallée de PUbaye d’où il est exclu probablement par l’unique
raison qu'il ne supporte pas les grands froids de lhiver. On le
trouve surtout en mélange avec le hêtre et le pin sylvestre sur
le territoire des quatre communes qui occupent la partie la plus
basse et la plus occidentale de la vallée; dans cette première zone
où il est fréquent, sans être abondant, il entre en proportion
variable, mais toujours faible, dans la composition des bois par-
ticuliers qui occupent une étendue totale d’un millier d'hectares,
et, chose bizarre, il fait complètement défaut dans les bois soumis
au régime forestier. Cette première station est située entre 700 et
1 000 mètres d’altitude et déjà le chêne y recherche les exposi-
tions chaudes (sud et ouest). Le sol y est formé par des calcaires
marneux du jurassique. )
On trouve encore le chêne dans un canton de la forêt com-
munale d’Uvernet. Ce canton (Les Blaches), d’une contenance
de 40h 650, est situé sur des calcaires nummulitiques qui for-
ment la rive gauche du Bachelard, à 2 kilomètres en amont
d’Uvernet, entre les altitudes 1 300 et 1600 mètres ; son expo-
sition est franchement à l’est. Le chêne forme là les 0,15 d’un
peuplement mélangé de trembles et autres feuillus (tilleul, érable,
alisiers, etc.).
Enfin, le chêne existe encore, en très petits bouquets ou à l’état
de quelques pieds isolés ,sur trois autres points de la vallée où il
constitue véritablement une curiosité botanique :
19 Dans la gorge du torrent de Pissevin, à quelque cent
mètres au nord-est de Barcelonnette; exposition sud, altitude
1 200 mètres, sol : boue glaciaire;
20 Dans la forêt de La Condamine, au canton Les Blaches, sur
la rampe du fort de Tournoux; exposition sud, altitude 1 400
mètres; sol : éboulis calcaires du flysch;
39 Dans la forêt de Saint-Paul, au canton Pinée de Gleizolles,
près du lieu dit La Rochaille; exposition sud, altitude 1 500 mè-
tres; sol : calcaire du flysch.
LES FORÊTS ET LES REBOISEMENTS DE LA VALLÉE DE L'UBAYE 1817
2° Essences secondaires
Les peuplements spontanés de la vallée de PUbaye renferment
une dizaine d’essences secondaires déjà indiquées dans le tableau
de la page 176.
Chacune de ces essences, considérée isolément, n’a qu’une très
faible importance puisque, dans leur ensemble (y compris même
le hêtre et le chêne que nous avons rangés au nombre des essences
principales), elles n’arrivent pas à former plus de 9 ©} de la con-
tenance boisée de la vallée. Néanmoins, il paraît utile de donner
quelques renseignements très brefs sur chacune d’elles.
ALISIER BLANC (Sorbus aria; nom local : Aleyer). — Il ne se
trouve que par pieds isolés et vient sur tous les sols, même sur les
marnes noires, et à toutes les expositions; mais n’atteint pas de
fortes dimensions (3 à 10 mètres de hauteur et 20 centimètres de
diamètre); 1l a un enracinement profond et étendu qui le rend très
apte à fixer les terrains instables et, à ce titre, mériterait d’être
plus souvent employé dans les travaux de reboisement; il appa-
rait dès le bas de la vallée (700 mètres) et monte jusqu’à 1 800
mètres.
CERISIER MERISIER (Cerasus avium; nom local : Sareizier). —
Comme l’alisier, il ne vient que par pieds isolés, sur tous les sols
et à toutes les expositions et n’atteint pas de fortes dimensions.
Contrairement à l’affirmation contenue dans la Flore forestière de
Mathieu, le cerisier drageonne beaucoup, nous l’avons constaté
et fait constater bien souvent. Il s’élève jusqu’à 1 800 mètres
(Uvernet, aux Agneliers) et par conséquent monte bien au-dessus
de la zone du hêtre, dans la vallée de l’'Ubaye.
SORBIER DES OISELEURS (Sorbus aucuparia ; nom local : Puis).
— Il croît par pieds isolés; sur tous les sols et à toutes les expo-
sitions, avec une préférence marquée pour la fraicheur, ce qui
explique qu’on le trouve plus abondamment sur les versants de
188 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
la rive gauche exposés au nord que sur ceux de la rive droite:
il s'élève jusqu’à l’altitude de 2000 mètres (Fouillouse, dans la
commune de Saint-Paul; Gache, dans la commune d’Uvernet);
il n’atteint pas de fortes dimensions: rejette et drageonne facile-
ment, et se couvre chaque année d’une fructification abondante.
ÉRABLES. — Deux espèces seulement, l’érable sycomore (Acer
pseudoplatanus ; nom local : Plaï, et l’érable champêtre (Acer
campestre ; nom local : Alabre), sont spontanées dans la vallée de
PUbaye et toutes deux y sont assez rares. On ne les rencontre
que par pieds isolés, sur des sols relativement frais et fertiles et
de préférence aux expositions du ñord et de l’est. :
Les conditions peu favorables de sol et de climat ne leur per-
mettent pas d'attendre de fortes dimensions; le sycomore lui-
même n'arrive qu'avec peine à former une arbre de deuxième gran-
deur. Tous deux supportent une altitude assez élevée; l’érable
champêtre monte jusqu’à 1 500 ou 1 600 mètres et le sycomore
jusqu’à près de 1 800 mètres.
PEUPLIER TREMBLE (Populus tremula; nom local : Aoubra). —
Il est, après l’aune, l’essence feuillue la plus abondante dans la
vallée de PUbaye et ne forme jamais un peuplement pur d’éten-
due considérable, mais se trouve très fréquemment par petits
bouquets et par pieds isolés, nombreux, en mélange avec les
résineux et surtout avec d’autres feuillus: il s’accommode de tous
les sols, mais recherche ceux qui sont frais ou même humides: 1l
entre souvent, pour une forte proportion, dans la composition des
massifs dénommés «iscles » qui sont situés au bord des cours d’eau
et sur les cônes de déjection; dans celle aussi de certains cantons
de forêts auxquels la prédominance des bois blancs fait donner le
nom de « blaches » (canton de la forêt communale d’'Uvernet,
canton de la forêt communale de La Condamine): il se rencontre
à toutes les expositions, mais surtout à celles du nord et de Pest;
apparaît dès les bords de la Durance et remonte dans PUbaye
jusqu’à l’altitude 1 700 mètres environ, en suivant le fond et les
bas côtés de la vallée principale et des vallées secondaires.
LES FORÊTS ET LES REBOISEMENTS DE LA VALLÉE DE L'UBAYE 189
Le tremble drageonne avec une remarquable facilité; placé dans
des conditions de sol favorables, il atteint d’assez fortes dimen-
sions; il fournit un bois de feu de mauvaise qualité; ses feuilles
séchées sont parfois utilisées pour la nourriture du bétail pendant
l'hiver.
Le tremble, ayant un enracinement superficiel et un bois cas-
sant, est souvent renversé par le vent et brisé par la neige.
Deux insectes, dont les invasions sont assez fréquentes dans
la vallée de l'Ubaye, le hanneton (Welolontha vulgaris) et la chry-
somèle (Lina tremulæ) font sur le feuillage du tremble des ravages
importants.
TicceuL (Tilia grandifolia; nom local : Tillu). — [Il est assez
rare dans la vallée de l'Ubaye d’où il est exelu sans doute par les
conditions peu favorables de sol et de climat, il ne se trouve que
par pieds isolés sur les sols les meilleurs et aux expositions les
plus fraiches; il recherche les endroits abrités et cependant ne
semble pas souffrir des intempéries; il s'élève jusqu'aux environs
de 1 600 mètres (Uvernet, Les Agneliers); sa rareté et ses faibles
dimensions en font une essence dépourvue d’intérêt.
AUNE BLANC (Alnus incana; nom local : Véart, Verné).— C’est
l'essence feuillue la plus abondante dans la vallée de PUbaye où
tous les sols plus ou moins calcaires lui conviennent également ;
il s’accommode des sols secs et des expositions chaudes; mais il a
une préférence très marquée pour la fraicheur et même l’humidité ;
aussi le rencontre-t-on surtout au bord des cours d’eau; il envahit
volontiers les anciens lits de torrents et les cônes de déjection où
il forme, soit seul, soit en mélange avec les saules, les peupliers
et le pin sylvestre, ces peuplements qui portent le nom local
d’ «iscles ». L’aune blanc a une croissance très rapide, mais on ne
lui laisse jamais le temps d’arriver à de fortes dimensions, on le
coupe avant qu’il ait atteint l’âge de vingt ans et on l’utilise
comme bois de chauffage; il rejette et drageonne très abondam-
ment: il se marcotte aussi avec facilité; mais sa reproduction par
boutures ne donne de bons résultats que dans des conditions très
190 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
favorables. Sa croissance rapide et ses facultés de reproduction
lui permettent de jouer, dans la correction des torrents, un rôle
très important que nous aurons l’occasion de faire ressortir au
cours de cette étude.
L’aune blanc remonte jusqu’à l'altitude de 1 800 mètres, en
suivant le cours de l'Ubaye et de tous les affluents. Il résiste bien
à toutes les intempéries.
Le feuillage de l’aune, surtout celui des jeunes cépées est assez
souvent ravagé par la galéruque de Paune (A gelastica alni) ou par
sa larve (1).
o
3° Arbustes et arbrisseaux
Après les essences principales et secondaires que nous venons
d’énumérer, il convient de citer quelques arbustes et arbrisseaux
qui, à des titres divers, méritent de fixer l’attention.
SAULES (Salix). — Le genre saule est largement représenté
dans la vallée de l'Ubaye. Les espèces qu’on y rencontre le plus
fréquemment sont : le saule blanc ($S. alba; nom local : Sauza):
le saule drapé (S. incana; nom local : Vézé); le saule pourpre
(S. purpurea; nom local : Vézé); le saule noircissant (S. nigricans ;
nom local : Vézé); le saule daphné (S. daphnoides ; nom local :
Agoura); le saule Marceau (S. caprea).
Tous ces saules croissent au fond de la vallée, au bord des cours
d’eau, dans les iscles et sur les cônes de déjection. Quelques-uns
remontent le long des torrents et ravins, s'élèvent sur les versants
et parviennent à l’altitude de 1 800 mètres.
CyTise (Cytisus ; nom local : Boure). — Le cytise faux ébénier
(C. laburnum) et le cytise des Alpes (C. Alpinus), sans être abon-
dants, se rencontrent assez fréquemment; tous deux ne viennent
que par pieds isolés; recherchent les sols profonds et frais, les
{(*) Le bois de la souche est assez souvent perforé par les galeries d’un
charançon, le Cryptorhynchus lapathi, nuisible sous les deux états et qu
fait quelquefois périr les cépées. (La Rédaction.)
LES FORÊTS ET LES REBOISEMENTS DE LA VALLÉE DE L'UBAYE 191
expositions du nord et de l’est; ils s’élèvent jusqu'aux environs
de 2 000 mètres.
Une troisième espèce, le cytise à feuilles sessiles (C. sessilifolius)
beaucoup plus petit que les deux précédents, se montre beau-
coup moins exigeante au point de vue du sol, et en mélange avec
d’autres arbrisseaux, couvre parfois d’assez grandes étendues
sur des versants peu boisés, entre 800 et 1 500 mètres d’altitude.
CoupriER, NoisETIER (Corylus avellana; nom local : Oula-
nier). — C’est une essence de lumière qui vient peu sous le couvert
des futaies de la région; il existe surtout à l’état disséminé, en
bordure des forêts, des chemins et des haies; cependant il forme
un sous-bois presque complet dans certains cantons de forêts,
généralement de pin sylvestre, où le peuplement est très clai-
riéré (notamment le canton de Buissonnas de la forêt de Jausiers);
monte jusqu’à l’altitude de 1 600 mètres environ; 1l s’accommode
de tous les sols, même des sols très maigres, et vient à toutes les
expositions; il drageonne et rejette très facilement; résiste bien
aux intempéries et aux mutilations; peut être employé très utile-
ment pour la fixation des terrains instables et pour l’embrous-
saillement des ravins.
PRUNIER DE BRIANÇON (Prunus Brigantiaca; nom local : Afa-
toulier).— Il est assez abondant, mais n’existe que par pieds isolés
ou en haies au bord des chemins et des champs cultivés; il vient
à toutes les expositions et s’accommode de tous les sols, même des
marnes noires. Toutefois, dans les mauvais terrains, et en parti-
culier dans les marnes noires, où il a été introduit à profusion
dès le début de l’œuvre du reboisement, il n’a pas donné de
brillants résultats. Il s’élève jusqu’à 1 700 mètres et résiste bien
aux intempéries.
HiIPPOPHAË ou ARGOUSIER (A ippophae rhamnoides ; nom local:
Pétafouirier). — Il est très abondant, mais s’éloigne peu du
fond de la vallée; affectionne les bords des torrents et leurs
anciens lits, envahit les cônes de déjection où il forme parfois des
fourrés impénétrables et projette en tous sens de longues racines
192 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
traçantes qui drageonnent avec une facilité prodigieuse; la muti-
lation de la souche mère développe la puissance drageonnante,
de sorte qu’il est à peu près impossible d’en débarrasser les ter-
rains dont il s’est emparé; cette faculté de rapide propagation
rend l’hippophaé très précieux pour la fixation des berges ins-
tables et pour l’embroussaillement des ravins.
GENÉVRIER (Juniperus; nom local : Chaï). — Deux espèces
de genévriers sont très connues dans la vallée de l’Ubaye : le
genévrier commun (J. communis) et le genévrier sabine (J. sa-
bina). L’un et l’autre viennent sur tous les sols et à toutes les
expositions. Le premier joue un rôle important dans la capture
des grives au moyen des léques; le deuxième (la sabine ou chaï
traînant) avec ses longs rameaux étalés, rampants, contribue
puissamment au maintien des terrains en pente.
On rencontre aussi au débouché du torrent de la Bérarde (com-
mune des Thuiles), vers l'altitude de 1 100 mètres, quelques gené-
vriers thurifères (J. thurifera) qui, par leur rareté et leurs belles
dimensions, constituent une réelle curiosité botanique (1).
B) Essences introduites
Nous n’avons à nous occuper que des essences introduites par
le Service forestier. Le choix de ces essences est expliqué par le
fait que leur introduction a eu pour but non pas de créer des
forêts de rapport, de mettre en valeur des terrains improductifs,
mais uniquement de parvenir le plus rapidement et le plus sûre-
ment possible à la restauration des terrains en montagne.
PIN NOIR D’AUTRICHE (Pinus Austriaca; nom local : Pin noir).
— Il est la seule essence résineuse introduite dans la vallée de
(:) Une autre curiosité botanique à signaler dans la vallée de l'Ubaye est
constituée par l’existence de trois ifs (T'axzus baccata) d’assez belles dimen-
sions qui croissent dans un éboulis rocheux calcaire, sur la berge gauche du
torrent des Agneliers (commune d’'Uvernet), à l’altitude de 1 500 mètres
environ,
LES FORÊTS ET LES REBOISEMENTS DE LA VALLÉE DE L'UBAYE 193
PUbaye. Tous les sols lui conviennent suffisamment, mais pas
aussi parfaitement qu’on l’avait supposé au début de l’œuvre de
reboisement. Dans les pépinières où le sol, toujours de bonne
qualité, est d’ailleurs amélioré par la culture et la fumure, les
jeunes semis de pin noir ont une vigueur remarquable; pendant
les premières années qui suivent la transplantation, la végétation
est encore très belle dans les bons sols; mais à un âge variable,
généralement compris entre quinze et vingt-cinq ans, il arrive
fréquemment, surtout dans les sols maigres, peu profonds, no-
tamment dans les marnes noires, que les feuilles jaunissent et que
la croissance s’arrête brusquement.
Le pin noir redoute les grands froids et les grandes altitudes.
. Dans la vallée de PUbaye, il n’existe qu'entre 1000 et 1500 mètres.
Cette limite supérieure ne semble pas pouvoir être dépassée; la
limite inférieure sera certainement abaissée jusqu’à 700 mètres
lorsque la série de lUbaye sera constituée.
Entre ces altitudes, le pin noir supporte également bien toutes
les expositions, mais il résiste mal aux énormes quantités de
neige que retiennent ses branches trapues et son feuillage épais.
Cette essence ne semble pas, jusqu’à présent du moins, être su-
jette aux ravages des insectes. Toutefois, en certaines années, un
grand nombre de sujets ont leur bourgeon terminal attaqué par
la chenille T'ortrix Buoliana.
Le pin noir d'Autriche, seul ou en mélange avec le pin syl-
vestre, couvre actuellement 500 hectares environ, soit 5° / de la
totalité des terrains parcourus par les travaux de reboisement
dans la vallée de l'Ubaye. Les plus beaux spécimens de cette
essence se trouvent dans la série de Faucon, sur la rive droite du
torrent du Bourget, au quartier de Sagnes-Lourdes; ils sont âgés
d’une quarantaine d’années et mesurent 10 à 12 mètres de hauteur
et 88 centimètres de circonférence.
ROBINIER FAUX ACACIA (Robinta pseudo-acacia ; nom local :
Acacia). — Il a été employé en grande quantité au début de
l’œuvre du reboisement, parce qu’on attendait beaucoup de sa
croissance très rapide dans le jeune âge et de sa remarquable
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÈRIE — 1909 — 1: 13
194 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
faculté de rejeter et de drageonner. On l’employait non pour
créer des peuplements, mais uniquement en petits massifs ou en
cordons, soit pour fixer des terrains instables, soit pour obtenir
une végétation aussi dense et aussi rapide que possible sur les
atterrissements et au pied des berges.
Les résultats n’ont pas répondu aux espérances. Il est aujour-
d’hui démontré que cette essence s’accommode mal au climat ri-
goureux de l'Ubaye et surtout qu’elle ne trouve jamais, dans les
terrains de montagnes à restaurer, les conditions de sol qui lui
sont indispensables.
L’acacia ne réussit bien que sur les sols légers, meubles, pro-
fonds et frais sans être humides. Or, ici on ne peut le planter
que sur des sols compacts et peu profonds, ou sur des atterris-
sements dont le sous-sol présente un excès d'humidité. On Pa
introduit à toutes les expositions; 11 n’a pas réussi mieux aux
unes qu'aux autres. [Il ne s’élève pas au-dessus de 1400 ou
1500 mètres et résiste mal au froid et à la neige. En présence
de pareils insuccès on a renoncé complètement à l'emploi de
cette essence.
Dans le fond de la vallée, le long de la route nationale n° 100
jusqu'aux environs de Barcelonnette, il a été planté abondam-
ment par le Service des ponts et chaussées; même dans ces con-
ditions plus favorables il n’a pas donné de brillants résultats.
FRÈNE.COMMUN (Fraxinus excelsior; nom local : Fraïssé). — Il
est peu abondant dans la vallée de P'Ubaye où 1l ne semble pas
être spontané, mais où il a sans doute été introduit depuis fort
longtemps. On ne le trouve que par pieds isolés, dans le fond de
la vallée et sur les pentes inférieures, toujours en terrain frais et
fertile, le plus souvent au bord des champs cultivés. Les reboi-
seurs l'utilisent quelquefois sur les atterrissements et au pied des
berges, mais ses exigences à l’endroit du sol rendent son emploi
très restreint.
BouLEAU (Betula verrucosa; nom local : Besséa). — Il est rare
dans la vallée de l’'Ubaye et ne semble pas y être spontané, quoi-
LES FORÊTS ET LES REBOISEMENTS DE LA VALLÉE DE L'UBAYE 195
que les conditions de sol et de climat ne lui soient nullement dé-
favorables.
Par pieds isolés ou par petits bouquets, on le rencontre çà et
là sur les bords mêmes de l’Ubaye (Saint-Paul, Le Martinet) dans
le tond de la vallée, notamment dans les terrains provenant des
colmatages qui se trouvent sur la rive droite de l'Ubaye, à 2 kilo-
mètres en aval de Barcelonnette (ancien périmètre de Terre-
Neuve, série de Saint-Pons).
PEUPLIER (nom local générique : Piboulo). — Quelques peu-
pliers exotiques (P. du Canada, P. de Virginie) ont été introduits
par le Service du reboisement. On les trouve disséminés ou par
petits bouquets sur d’anciennes pépinières et au bord des torrents
en voie de correction. Les produits de leur élagage sont parfois
utilisés pour des plantations de boutures ou encore comme ma-
tériaux de garnissage.
AUNE VERT. — L’aune vert n’est pas spontané dans la vallée
de l’'Ubaye. Le Service du reboisement ly a introduit depuis
plusieurs années, mais 1l ÿ est encore très rare. Des plants pro-
venant des Hautes-Alpes furent plantés, vers 1892, sur quelques
points du périmètre, notamment dans le bassin de réception
du torrent des Sanières, à l’altitude de 2000 mètres environ.
Ce premier essai parait avoir été fait dans des conditions peu
favorables ; les résultats n’en sont pas très encourageants. Per-
suadés, cependant, que cette essence est susceptible d’une par-
faite réussite dans la vallée de P'Ubaye et que sa propagation
offrirait de grands avantages, les reboiseurs ont voulu faire
une deuxième tentative d'introduction. Trois ou quatre cents
plants ont été demandés au service des Hautes-Alpes et ont
été plantés en 1904 et 1905, sur divers terrains qui réunissent
parfaitement les conditions de sol, d'altitude et d’exposition
requises pour l’habitat de cette essence (bassin de réception du
Riou-Chanal et du torrent de Paluel, dans la série d’Uvernet,
bassin de réception du Riou-Bourdoux, dans la série de Saint-
Pons).
196 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
II — GRAINES
La nature et la provenance des graines forestières employées
dans les travaux de reboisement de la vallée de l'Ubaye sont
indiquées par le tableau suivant :
GRAINES NATURE PROVENANCE
/ Mélèze. . . . . . Nogent-sur-Vernisson (!) ; Embrun.
Pin à crochets . . Prades. +
Résineux . . { Pin sylvestre . . . Modane ; Murat.
Pin noir d'Autriche Nogent-sur-Vernisson.
Pin cembro. . . . Barcelonnette ; Embrun.
Feuillus. . . Aune blanc. . . . Barcelonnette.
On ne récolte, dans la vallée de l'Ubaye, que les graines de pin
cembro et celles d’aune blanc.
19 Graines de pin cembro. — Les cônes de pin cembro sont
cueillis en septembre et octobre, dans les forêts communales du
Lauzet et de Méolans et Revel, par les habitants des villages ou
hameaux voisins. On fait sécher et ouvrir les cônes, soit en les
exposant au soleil, soit en les passant au four. On les soumet
ensuite à un battage sommaire et, après avoir enlevé à la main
les strobiles, on jette tout le résidu dans des baquets pleins d’eau;
les écailles surnagent, les graines restent au fond.
Les graines mises en sacs sont apportées à Barcelonnette et
vendues à administration qui les paie à raison de 50 à 80 cen-
times le kilo. La quantité de graines achetée annuellement n’a
jamais dépassé 3 000 à 3 500 kilos; mais la vallée de l'Ubaye
pourrait facilement fournir chaque année une récolte quatre à
cinq fois plus considérable.
Aussitôt après leur achat, les graines sont soumises à certaines
manipulations ayant pour but de leur enlever l’humidité qui
(:) Localité du département du Loiret où se trouve l’École secondaire
forestière installée dans le domaine des Barres. Les graines forestières y
sont soumises à des essais de germination avant d’être distribuées aux
agents forestiers.
LES FORÊTS ET LES REBOISEMENTS DE LA VALLÉE DE L'UBAYE 197
pourrait compromettre leur conservation. Elles sont étendues en
couches de 10 à 15 centimètres sur le plancher d’une grande salle
chauffée au moyen d’un poêle, et on les remue à la pelle, deux
fois par jour, pendant deux mois. A la fin de ce brassage, qui
est effectué par les préposés locaux, les graines sont pesées et
conservées dans des sacs jusqu’au moment de leur emploi. La
dessiccation produit une diminution de poids de 30 ° /, environ.
Le magasin à graines de Barcelonnette fournit donc, annuel-
lement, en moyenne, 2 000 kilos de graines de pin cembro. La
majeure partie (1 500 kilos) de cette fourniture est utilisée dans
les diverses séries du périmètre de l’Ubaye; le surplus est expé-
dié aux inspections voisines.
Les graines de pin cembro récoltées dans la vallée de l'Ubaye
n’ont jamais fait l’objet d’essais ayant pour but de déterminer
leur qualité germinative. Les agents et les préposés de l’inspec-
tion de Barcelonnette s’accordent à dire que les graines récoltées
dans la région (environs de Barcelonnette et d’Embrun) sont bien
inférieures sous ce rapport à celles qui proviennent de Nogent-sur-
Vernisson. La cause de cette infériorité échappe complètement.
Le magasin à graines de Barcelonnette, installé en 1881, a
fonctionné jusqu’au 18 décembre 1903, date à laquelle le local
qui lui était affecté fut détruit par un incendie. Il a été supprimé
jusqu’à nouvel ordre, par décision du 24 août 1904.
20 Graines d’aune blanc. — 40 à 50 kilos de graines d’aune
blanc sont récoltées chaque année dans l’inspection de Barce-
lonnette. Nous donnerons plus loin, au chapitre Pépinières, tous
les renseignements relatifs à la récolte et à l’emploi de ces graines.
III — ENHERBEMENT
L'opération qu’on appelle enherbement, dans le langage des
reboiseurs, consiste à implanter une végétation herbacée sur des
terrains complètement dénudés, d’une étendue généralement res-
treinte, offrant une instabilité superficielle qui rend aléatoire le
succès d’une plantation immédiate.
198 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
L’enherbement est donc une opération essentiellement tran-
sitoire, qui n’a d’autre but que de produire la stabilité superfi-
cielle du sol et de rendre le terrain apte à recevoir la plantation
des essences forestières.
Il importe de ne pas confondre l’enherbement avec le gazon-
nement; ce dernier répond à un ordre d'idées tout différent. Le
gazonnement, comme le reboisement, est un mode de restaura-
tion des terrains en montagnes, mais il en est complètement in-
dépendant, tandis que l’enherbement et le reboisement sont
intimement liés; l’enherbement ne fait que précéder le reboise-
ment; il ne saurait en être séparé.
L’étude des travaux de gazonnement n’entre pas dans le ca-
dre de cette notice. Nous renvoyons pour tous renseignements
concernant ces travaux à l’ouvrage de Demontzey : Travaux de
reboisement et de gazonnement des montagnes.
L’enherbement lui-même ne peut pas être tenté avec succès
sur les terrains dont l'instabilité partielle est trop grande. Au
point de vue spécial qui nous intéresse, on peut considérer que
la stabilité d’un sol est uniquement fonction de sa pente. En
thèse générale, on peut dire que la pente du talus naturel, qui
varie avec chaque nature de terrain, mais qui, dans tous les cas,
oscille peu autour de 450, est la limite de la stabilité. En d’autres
termes, tous les sols dont la pente est inférieure à 45° sont sta-
bles et, par suite, susceptibles d’être plantés immédiatement.
Les sols dont la pente est supérieure à 45° sont de plus en plus
instables, au fur et à mesure que la pente augmente; leur sta-
bilité devient de plus en plus difficile à obtenir au moyen de
lenherbement. Dès que la pente atteint ou dépasse 600, l’enher-
bement ne saurait plus être tenté avec succès. Il devient alors
nécessaire, pour obtenir la stabilité, ou de recourir à des travaux
de correction, ou de laisser au temps le soin de faire prendre au
sol une pente assez voisine du talus naturel. Dans certains cas,
qui se rencontrent d’ailleurs fréquemment (berges de torrents,
combes de terre noire), l’instabilité du sol est un obstacle absolu-
ment insurmontable à l'installation d’une végétation quelconque.
L’enherbement d’un terrain peut être obtenu par deux mé-
LES FORÊTS ET LES REBOISEMENTS DE LA VALLÉE DE L’'UBAYE 199
thodes : ou par un semis de graines fourragères, ou par une plan-
tation d’éclats de bauche.
10 Semis de graines fourragères. — Au début de l’œuvre du
reboisement dans la vallée de l’Ubaye, des semis de graines four-
ragères ont été faits sur de vastes étendues de terrains stables,
dans le but de fournir aux essences forestières, pendant les pre-
mières années de leur introduction, des abris multiples appelés à
les protéger contre les phénomènes météorologiques. Aujourd’hui,
l'emploi des semis de graines fourragères est généralement limité
au cas où il s’agit de fixer des terrains instables. Les graines
employées sont celles du sainfoin et de la fenasse, seules ou en
mélange (trois quarts de sanfoin pour un quart de fenasse). Le
semis est exécuté à la binette où à la pioche, par petits trous ou
par lignes horizontales, à intervalles variables. L’enherbement ne
portant que sur de petites surfaces éparses, 1l est assez difficile de
déterminer son prix de revient à l’hectare. Toutefois, on peut
approximativement considérer que l’enherbement de 1 hectare
exige { quintal de graines fourragères (du prix moyen de 50 francs)
et 35 francs de main-d'œuvre, ce qui fait ressortir la dépense
totale par hectare à 85 francs:
20 Plantation de bauche. — Les éclats de bauche (Calama-
grostis argentea; nom local: Baouco) sont extraits de larges touffes
de cette plante herbacée qui pousse spontanément sur beaucoup
de terrains périmétrés. Leur plantation se fait à la pioche, soit en
lignes horizontales, soit en quinconces, à des distances variant de
50 centimètres à 1 mètre. La dépense totale occasionnée par la
double opération (extraction et plantation) est d’environ 20 francs
par mille d’éclats. Ce dernier procédé d’enherbement est de beau-
coup le plus simple, le plus économique et le plus efficace. Aussi
est-il le plus usité aujourd’hui.
Embroussaillement. — Pour fixer rapidement certains terrains
instables et surtout les terrains affouillables, sur les atterrisse-
ments et au pied des berges, il est souvent préférable d’avoir
recours à l’embroussaillement, plutôt qu’à l’enherbement. Comme
200 _: ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
son nom l'indique, Pembroussaillement consiste dans linstalla-
tion d’une végétation très dense au moyen de plantes buisson-
nantes.
L’embroussaillement peut être obtenu avec des plantes très
diverses. Celles qui donnent les meilleurs résultats sont : la bu-
grane arbrisseau (Ononis fruticosa) qu’on emploie par semis;
Phippophaé rhamnoïde, qu’on propage avec la plus grande faci-
Uité par la transplantation des drageons que ses longues racines
traçantes produisent en abondance; les saules de toutes les espè-
ces; le prunier de Briançon et l’aune blanc, qui sont l’un et Pautre
élevés en pépinières pendant deux ou trois ans avant d’être trans-
plantés dans les terrains à embroussailler.
IV PROCÉDÉS DE REBOISEMENT
CHOIX ENTRE LE SEMIS ET LA PLANTATION
« Le semis et la plantation représentent les deux seuls modes
qu’on puisse employer pour obtenir le reboisement définitif d’un
terrain dénudé en montagne. » (DEMONTZE Y, Étude sur les travau.r
de reboisement.)
«€ On ne peut formuler aucune règle absolue concernant la pré-
férence à accorder soit au semis, soit à la plantation. Le choix de
lun de ces deux modes varie avec la nature des essences em-
ployées et les diverses conditions que peuvent présenter le sol et
le climat des terrains à reboiser. Toutefois, on peut dire que la
plantation est beaucoup plus fréquente et plus générale que le
semis, qui n'arrive à être employé qu’à titre exceptionnel et dans
des cas spéciaux bien déterminés. » (DEMONTZE Y.)
Dans le périmètre de l’'Ubaye, au début de l’œuvre de restau-
ration, le mode de reboisement par semis fut l’objet d’une préfé-
rence très marquée. Aujourd’hui, au contraire, on donne plutôt
la préférence à la plantation.
Le semis n’est employé que pour les graines de pin cembro, de
mélèze et de pin à crochets, c’est-à-dire aux grandes altitudes:
mais 1l faut encore que le terrain se présente dans certaines condi-
tions déterminées, qui sont les suivantes : la pente ne doit pas être
LES FORÊTS ET LES REBOISEMENTS DE LA VALLÉE DE L'UBAYE 201
trop forte (30 à 40 ° % au maximum); le sol doit être suffisamment
garni de végétation herbacée ou de pierres qui empêchent les
graines d’être entrainées par les eaux pluviales ou emportées par
le vent, et qui fournissent aux jeunes plantules un abri contre les
soulèvements printaniers et contre les coups de soleil en été.
Dans tous les autres cas on a recours à la plantation.
V —— SEMIS
Époque favorable. — T’époque favorable pour effectuer un
semis varie selon la nature des graines, l’altitude, l’exposition, les
conditions météorologiques.
En règle générale, les semis de graines résineuses ne doivent
être exécutés qu’au printemps. Les multiples raisons de cette pré-
férence sont exposées dans l’ouvrage de Demontzey (page 190).
Cette règle est faite sans doute pour les climats tempérés; elle
n’est pas applicable en pays de hautes montagnes. Dans la vallée
de l’'Ubaye, par exemple, on sème pendant les trois saisons : prin-
temps, été, automne; et ce sont tantôt les semis de printemps,
tantôt ceux d’été, tantôt ceux d’automne qui réussissent le
mieux, selon que les conditions météorologiques ont été favora-
bles aux uns ou aux autres.
Les semis sont faits exclusivement avec les graines de pin cem-
bro, de mélèze et de pin à crochets. Aux grandes altitudes (1 800
à 2 300 m.) où se font les semis, la neige et le froid rigoureux per-
sistent jusqu’en mai aux expositions sud, jusqu’en juin aux expo-
sitions nord; neige et froid réapparaissent dès le mois d’octobre.
C’est donc, au plus tôt, vers la fin de mai que les semis peuvent
être commencés. On les prolonge plus ou moins pendânt lété.
Suspendus au moment des fortes chaleurs de la canicule, ils sont
repris en septembre et arrêtés forcément vers la fin octobre. Les
semis de printemps sont assez fréquemment brûlés par la séche-
resse et par les coups de soleil de l'été; lorsque leur germination
est retardée par des conditions météorologiques défavorables, ils
demeurent exposés pendant de longs mois aux ravages des mulots,
des corneilles.
202 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Les semis d'automne, au contraire, étant presque aussitôt
recouverts par la neige, n’ont rien à redouter de leurs ennemis;
leur germination ayant lieu dès le début du printemps suivant,
ils sont assez vigoureux pour résister à l’été. De sorte qu’en défi-
nitive, l’époque la plus favorable pour un semis de graines rési-
neuses en hautes montagnes s’étend du 17 septembre au 30 oc-
tobre.
Mode d'exécution. — Lies modes d’exécution des semis sont très
divers. On trouve dans l’ouvrage de Demontzey (pages 185 et
suivantes) la description détaillée du semis à la volée, du semis
à la pioche, du semis à la hache-pré, du semis au râteau.
Chacune de ces méthodes peut donner d’excellents résultats,
lorsqu'elle est appliquée dans les conditions qui lui conviennent.
Aux environs de Barcelonnette, au quartier de Gaudeissart, se
trouve une superbe forêt de mélèze (forêt communale de Barce-
lonnette), provenant d’un semis à la volée sur la neige, exécuté
pendant les hivers de 1842 à 1846 par le brigadier forestier Allard.
Ce semis produisit un peuplement si épais qu’on dut, en 1890, y
faire une forte éclaircie, enlevant six arbres sur dix. Non loin de
là, entre le bassin de réception du Riou-Chanal et le pied du
rocher du Pain-de-Sucre, on voit un autre peuplement de mélèze,
très serré et très bien venant, qui provient également d’un semis
à la volée sur la neige. Celui-ci fut effectué au printemps de 1864
par le même brigadier, dans le périmètre du Riou-Chanal qui
venait à peine d’être déclaré d'utilité publique.
Aujourd’hui, en dehors du semis à la volée qui est encore pra-
tiqué dans les conditions, d’ailleurs assez rares, qui lui convien-
nent tout spécialement, c’est-à-dire sur les clappes ou casses et
sur la neige, le seul mode usité est le semis à la pointe du bâton.
L’ouvrier, muni d’un petit sac-tablier, fixé à sa ceinture et
contenant 2 à 3 kilos de graines, n’a d’autre outil qu'un bâton
ayant 3 à 4 centimètres de diamètre et 30 à 40 centimètres de
longueur. Avec ce bâton, dont l’une des extrémités est taillée en
pointe, il ouvre dans le sol, aux places convenablement choisies
(celles où la terre végétale affleure en surface à peu près plane), de
LES FORÊTS ET LES REBOISÉMENTS DE LA VALLÉE DE L'UBAYE 203
petits sillons horizontaux dont la profondeur ne dépasse pas 2 ou
3 centimètres et dont la longueur est quelconque, entre 20 centi-
mètres et { mètre. Dans ce petit sillon il répand une pincée de
graines qu’il a soin d’espacer régulièrement; une à deux graines
par centimètre suffisent amplement: les ouvriers ont une ten-
dance à en mettre beaucoup plus; c’est peine inutile et graine
perdue. L’expérience a démontré que le semis au bâton donne des
résultats plus sûrs et plus complets que le semis par tout autre
procédé; 1l est en outre plus rapide et plus économique. Son prix
de revient par hectare ne dépasse pas 20 à 25 francs.
Les quantités de graines employées par hectare sont très va-
riables. Elles sont, en moyenne de 10 kilos pour le mélèze et le pin
à crochets, et de 25 kilos pour le pin cembro.
Enfin, les semis obtenus par ce procédé ont encore lPavantage
de se prêter mieux que tout autre à l’extraction des jeunes plants
pour l’exécution des plantations en mottes.
VI — PÉPINIÈRES
Les pépinières installées par le Service forestier pour le besoin
des travaux de reboisement peuvent être rangées en trois caté-
gories : les pépinières centrales; les pépinières fixes locales; les
pépinières volantes.
19 Les pépinières permanentes où centrales ont pour but la pro-
duction des plants de tout âge et de tous genres, nécessaires aux
travaux dans une région déterminée, mais toujours assez vaste;
elles exigent, pour leur installation, un ensemble de conditions
qui ne se rencontrent Jamais dans un périmètre de reboisement et
qu’on est obligé de rechercher dans des propriétés particulières
qu’on loue ou qu’on achète. Il s’ensuit que les pépinières de cette
première catégorie sont très rares. Il n’en existe aucune dans le
périmètre de l’Ubaye. Pour tous renseignements relatifs à ces
pépinières, nous renvoyons à l’ouvrage de Demontzey (pages 199
et suivantes);
204 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
20 Les pépinières volantes consistent exclusivement dans de
très petits espaces de terrain choisis dans le périmètre, au milieu
ou à proximité des terrains qu’il s’agit de reboiser; elles sont appe-
lées généralement à ne produire qu’une ou deux fois les plants
résineux nécessaires à un terrain donné et n’exigent presque pas
de soins culturaux. Elles ont été autrefois très employées; mais
elles n’ont plus, dans la vallée de l'Ubaye, qu’un intérêt de sou-
venir.
30 Les pépinières fixes locales tiennent en quelque sorte le
milieu entre les pépinières centrales et les pépinières volantes;
elles sont d’étendue très variable, parfois assez vaste; on les ins-
talle dans le périmètre même, sur les terrains où se rencontrent
les conditions les plus favorables. L’existence de ces conditions
étant assez fréquente, les pépinières de cette catégorie peuvent
être multipliées autant que besoin est. Elles sont souvent au
nombre de deux ou trois dans une seule et même série; d’autres
fois, au contraire, une pépinière subvient aux besoins de plusieurs
séries. Les pépinières fixes locales n’ont généralement d’autre but
que la production des plants résineux; mais rien n'empêche de les
affecter particulièrement, ou même en totalité, à la production
des plants feuillus. Dans le périmètre de l'Ubaye, les pépinières
les plus importantes sont actuellement :
La pépinière des Alaris; contenance — 40 ares; altitude 1 700 mètres,
dans la vallée d’Uvernet;
La pépinière des Dalys; contenance — 50 ares; altitude — 1500 mètres,
dans la vallée de Saint-Pons;
La pépinière de Terres-Neuves; contenance — 1 hectare; altitude —
1130 mètres, dans la série de Saint-Pons, exclusivement affectée à la pro-
duction des plants feuillus.
Nous donnerons plus loin une description détaillée de son mode
d'installation.
Les pépinières fixes locales doivent être installées sur le terrain
où le sol est le meilleur, dans les bas-fonds ou, mieux encore, sur
les plateaux en pente douce; elles doivent, autant que possible,
se trouver à proximité d’une source ou d’un cours d’eau et peu
LES FORÊTS ET LES REBOISEMENTS DE LA VALLÉE DE L'UBAYE 209
éloignées des baraques où campent les ouvriers et les gardes pen-
dant la saison des travaux.
L'exposition importe peu; elle n’a généralement d’autre in-
fluence que d’avancer ou de retarder de quelques jours les
époques de la végétation.
Il en est à peu près de même de l'altitude; cependant, à mesure
que l’on s’élève, les jeunes semis sont plus délicats, plus sujets aux
gelées, aux déchaussements par le gel et le dégel, aux coups de
soleil, etc. On est alors obligé de les entourer de soins spéciaux que
nous indiquerons plus loin. Dans tous les cas, l’altitude de 2 000
mètres est une limite maxima qui ne semble pas pouvoir être
dépassée.
L'emplacement une fois déterminé, on divise le terrain en un
certain nombre de bandes horizontales, parallèles et peu distantes
les unes des autres; la largeur de ces bandes ne dépasse pas 1 mè-
tre ou 1 50; leur longueur peut être quelconque. Le terrain de
ces bandes, préalablement débarrassé du gazon et des pierres, est
défoncé à la profondeur de 30 à 40 centimètres, puis nivelé avec
soin. Il est bon que cette préparation du terrain soit faite une
année ou au moins une saison à l’avance. Le prix de la main-
d’œuvre pour cette première préparation peut être compté à
10 francs par are, en moyenne. Les pépinières locales, étant pres-
que toujours très éloignées des centres d'habitation, ne reçoivent
généralement aucun engrais. Néanmoins, chaque fois qu’on le
peut sans trop de frais, on ne doit pas négliger de leur donner une
légère fumure. On trouve parfois dans les périmètres d’anciens
pares à moutons qui sont devenus propriétés de l’État en même
temps que les montagnes pastorales dont ils faisaient partie. Ces
pares renferment presque toujours une énorme quantité d’excel-
lent fumier au moyen duquel on peut améliorer beaucoup le sol
des pépinières locales. Ce fumier est très actif; 200 à 250 kilos par
are suffisent amplement.
L’ensemencement des pépinières locales se fait à des époques
très variables, selon l'altitude. Dans les pépinières situées au fond
de la vallée ou au pied des versants, entre 1 000 et 1 400 mètres
d’altitude, les graines de pin noir d'Autriche et de pin sylvestre
206 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
peuvent être semées dès le mois d'avril. Dans les pépinières
situées aux altitudes de 1 600 à 2 000 mètres, surtout aux exposi-
tions nord, les ensemencements de pin à crochets, de mélèze et de
pin cembro ne peuvent pas avoir lieu avant juin ou juillet.
Les quantités de graines employées à lare sont, pour chaque
essence, à peu près celles indiquées par l’ouvrage de Demontzey
(page 207).
Pour protéger les jeunes plants en pépinières contre les intem-
péries, c’est-à-dire contre les coups de soleil et la gelée, on a essayé
bien des systèmes : abri formé par une plante fourragère semée
dans les interlignes: couverture mobile formée au moyen de bran-
ches ou de paille, etc.
Le système de beaucoup le meilleur, à notre avis, est le suivant :
on recouvre les jeunes plants avec de la mousse et on les abrite au
moyen de rangées de pierres placées dans les interlignes. Nous
donnerons une description détaillée de ce procédé à propos de
lensemencement de graines d’aune en pépinière.
Les pépinières locales nécessitent des soins d'entretien assez
constants. Au cours d’une campagne, on y fait, en moyenne, deux
ou trois binages et autant de sarclages. Plusieurs arrosages sont
indispensables pendant les étés très secs. Aux époques des gelées,
surtout aux grandes altitudes, on doit procéder à un répandage de
terreau chaque fois qu’il y a lieu de rechausser les jeunes plants
soulevés par le gel et le dégel.
L'ouvrage de Demontzey (page 220) fixe à 1 are l'étendue de
pépinière nécessaire pour fournir l’hectare de plantations. Cette
évaluation nous paraît être bien au-dessous de la réalité. En
effet, dans les pépinières où les rangées de semis sont à inter-
ralle de 15 centimètres (c’est l'intervalle habituel) et où la
réussite est bonne, on compte au moins 1500 à 2000 plants
par mètre carré, on peut donc adopter le chiffre de 150 000
plants à l’are comme un rendement moyen très modéré. Dans
la plantation par potets et par touffes, on compte généralement
5 000 potets à l’hectare et 3 plants par touffe. Dans ces condi-
tions, 1 are de pépinière suffirait aux besoins de 10 hectares de
plantations,
LES FORÊTS ET LES REBOISEMENTS DE LA VALLÉE DE L'UBAYE 207
Comme nous l’avons dit plus haut, les pépinières locales sont
rarement utilisées pour la production des plants feuillus.
Cependant il peut être avantageux d’aménager certaines d’entre
eiles en vue de cette production; le cas se présente, par exemple,
lorsqu'on ne trouve pas dans les pépinières centrales, ni dans le
commerce local, des ressources suffisantes pour subvenir aux
énormes besoins des plantations de feuillus que réclame l’em-
broussaillement des ravins.
L’aune blanc (A/nus incana) est de toutes les essences (rési-
neuses ou feuillues) la plus précieuse qu’on puisse employer pour
obtenir le boisement rapide du fond des torrents et ravins en voie
"de correction. Lorsque les atterrissements des ouvrages de cor-
rection ont acquis leur forme définitive et lorsque le pied des
berges a pris la pente du talus naturel et a cessé d’être affouillé,
on doit chercher à les recouvrir d’une végétation aussi dense que
possible. C’est l’aune blanc qui répond le mieux au but proposé.
Cette essence croît spontanément au bord de tous les cours d’eau
des Alpes où elle remonte jusque vers l’altitude de 1 800 mètres.
Cependant elle fait complètement défaut sur quelques points, et
sur d’autres elle est assez rare.
L’aune blanc fructifie abondamment chaque année; mais sa
graine ne germe que dans des conditions toutes spéciales qui
rendent très difficile, sinon impossible, sa propagation au moyen
de semis à demeure. De même, la reproduction par boutures ne
réussit que dans des conditions très favorables rarement réalisées
sur les terrains à reboiser.
Pour propager l’aune blanc d’une manière intensive, on a géné-
ralement recours à la plantation. Les plants, âgés d’un à deux ans,
peuvent être indifféremment des brins de semence ou des dra-
geons qui sont extraits au bord des cours d’eau, sur les cônes de
déjections des torrents, etc. Lorsqu'on est obligé de les acheter au
commerce local, ce qui est le cas le plus fréquent, on les paie à
raison de 10 ou 15 francs le mille. Ce prix est assez élevé. Il y avait
donc intérêt à rechercher un moyen économique de se procurer de
jeunes plants d’aunes en quantité suffisante pour subvenir aux
besoins considérables des plantations de l’espèce.
208 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Le moyen simple, tout indiqué, est évidemment d&recourir au
semis en pépinières, sous la réserve expresse toutefois de réaliser
dans ces pépinières les conditions spéciales qui sont exigées par la
germination des graines d’aune.
Voici comment on procède dans l’inspection de Barcelonnette
où, depuis plusieurs années déjà, une pépinière d’aune blanc
fonctionne avec plein succès.
La récolte des cônes est faite en octobre par des gardes ou des
ouvriers. Les cônes sont étendus sur des draps, au soleil, et on les
retourné une ou deux fois par jour à la pelle ou à la main pour
hâter leur dessiccation. Au bout d’une huitaine de jours, ils sont
bien ouverts et toutes les graines en sont sorties. Pour séparer
alors les graines des cônes vides, il suffit de relever le drap par les
quatre coins et de l’agiter doucement. Le triage s’opère en quel-
ques minutes; tous les cônes se rassemblent à la partie supérieure.
La quantité de graines récoltées annuellement est d’environ
40 kilos. Le prix de revient du kilo est de 3 francs à 3 fr. 50. Les
graines sont alors mises en sacs et conservées jusqu’au printemps
suivant.
Dans le courant d’avril, on fait subir aux graines la préparation
suivante : on les mélange avec du sable fin (1/3 de graines pour
2/3 de sable); le sable qui provient du lit des rivières ou des tor-
rents, qui a été abondamment lavé, mais qui renferme encore une
certaine quantité de terre, paraît le meilleur. Graines et sable sont
mélangés d’une façon bien homogène au moyen d’un brassage à
la pelle qu’on effectue chaque jour, pendant huit à dix jours. On
arrose le mélange matin et soir de manière à le maintenir cons-
tamment humide. On procède ensuite au semis dans une pépi-
nière qu'après expérience on a jugé avantageux d'installer de la
manière suivante : le terrain n’est pas de bonne qualité; conquis
sur l’ancien lit de l'Ubaye, il est graveleux, pierreux même; il a
seulement l’avantage d’être toujours frais, parfois même humide.
Le sol est défoncé à 40 ou 50 centimètres de profondeur, les
mottes sont fondues et la surface est régalée avec soin. On y trace
des rectangles ou « planches » mesurant 1 mètre de largeur et
5 mètres de longueur; les planches ont leurs grands côtés paral-
LES FORÊTS ET LES REBOISEMENTS DE LA VALLÉE DE L'UBAYE 209
lèles et sont séparées les unes des autres par de petites allées ou
passages de 50 centimètres de largeur. Il importe, comme nous le
verrons plus loin, que les grands côtés des planches soient orientés
nord-sud.
Dans chaque planche, parallèlement au petit côté, on dispose
des rangées de pierres à intervalles réguliers de 30 centimètres.
Ces pierres, ramassées dans le lit de l'Ubaye, sont choisies de
telle sorte qu’elles présentent à peu près même forme et mêmes
dimensions. La forme est celle d’un parallélipipède allongé;
les dimensions sont en moyenne : 20 à 25 centimètres de lon-
gueur, 10 à 12 centimètres de largeur et 10 à 12 centimètres d’é-
paisseur, On les juxtapose, sur un rang, à la suite les unes des
autres, de manière à former un petit mur ayant 10 à 12 centi-
mètres de hauteur et occupant de l’est à l’ouest toute la largeur
de la planche. Au pied même de ce petit mur, du côté nord, on
trace avec la pointe d’un bâton un petit sillon de 2 centimètres
de profondeur. Dans ce sillon, l’ouvrier semeur répand à la main,
en quantité suffisante pour le combler exactement, le mélange
de graines et de sable humide. Sur le semis ainsi effectué on
étend immédiatement un petit tapis de mousse qui est et qui
doit rester constamment saturé d'humidité. Les rangées de pierres
jouent un double rôle très important : elles maintiennent la
fraicheur du sol et protègent les semis contre les coups de soleil.
Pendant le premier mois qui suit leur exécution, les semis
n’exigent d’autres soins d’entretien que des arrosages très fré-
quents; car — nous ne saurions trop y insister — il est indis-
pensable que le sol soit maintenu constamment humide. Les :
arrosages peuvent être faits à l’eau courante; dans ce cas, on
aménage un <ystème de petits canaux d'irrigation disposés de
manière que l’eau vienne s’épandre doucement, non pas sur les
semis mêmes, mais dans de petites rigoles (8 à 10 centimètres
de largeur et 4 à 5 centimètres de profondeur) creusées an pied
des rangées de pierres du côté sud. Les arrosages au moyen de
Parrosoir sont plus coûteux, mais sont de beaucoup préférables.
Il est alors avantageux d’adapter aux arrosoirs une pomme d’une
forme spéciale qui permet de ne répandre l’eau que sur l’étroit
ANN, SCIENCE AGRON, — 3° SÉRIE — 1909 — 1 14
210 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
espace où elle est réellement utile, c’est-à-dire sur la mousse qui
recouvre le semis. Il en résulte une double économie d’eau et
de main-d'œuvre.
Si le temps n’est pas très froid, les feuilles cotylédonaires ap-
paraissent dès le douzième ou le quinzième jour. La croissance
des jeunes plants est d’abord assez lente; à la fin de l’automne
qui suit l’ensemencement, ils ne dépassent pas 5 à 6 centimètres
de hauteur. Pour les protéger contre les froids rigoureux de
l'hiver, on les couvre, de novembre à mars, d’une légère couche
de paille ou de feuilles mortes.
Dès le printemps de l’année suivante, ils prennent un essor
très vigoureux et dès lors les soins qu’ils réclament consistent
en binages et sarclages beaucoup plus qu’en arrosages, à moins
qu'ils n’aient à souffrir de la double sécheresse du sol et du temps.
A l’automne de cette deuxième année, ils atteignent déjà 1m 50
à 2 mètres de hauteur. C’est le moment le plus favorable pour
les extraire de la pépinière et les planter.
La dépense par are, pour l'installation d’une pépinière dans
les conditions que nous venons d’indiquer, est la suivante :
Achat ou récolte des graines (2 kilos à 3 francs le kilo). 6 francs
Préparation du terrain (défoncement, régalage), 4 jour-
nées A 2 MFANCS EEE, Q TOMIUEERLE ER RRION HTETAROME
Exécution du semis, arrangement des pierres, 4 jour-
DÉS ArS TARBES ET ES DU EL ee Parent Me LES MDP EEE
Entretien des semis (arrosage, répandage de terreau),
S JOUTIICES 200 0e SE. PÉRESPRE EU EE RU PATATE
Toraz de la dépense par are . . . 50 francs
La pépinière d’aunes de Barcelonnette recevant 40 kilos de
graines occupe une superficie de 20 ares et occasionne une dé-
pense totale de 1 000 francs pour frais d'installation et d’entre-
tien pendant la première année.
Les soins d’entretien pendant la deuxième année donnent lieu
à une faible dépense qui ne dépasse pas 4 francs par are.
Le total des frais de toute nature occasionnés par l’ensemble
de la pépinière jusqu’au moment de l’extraction des plants s’élève
donc à 1 080 francs.
LES FORÈTS ET LES REBOISEMENTS DE LA VALLÉE DE L'UBAYE DA
Il entre 1 270 009 graines d’aune dans 1 kilo (MATHIEU).
La pépinière d’aunes de Barcelonnette reçoit done annuelle-
ment 50 millions de graines environ. Si l’on admet que 25 2h
des graines semées sont aptes à germer, on peut compter que la
pépinière renferme 12 millions et demi de jeunes plants au mo-
ment de la germination; mais il y a un déchet considérable causé
d’abord par l’encombrement et ensuite par les gelées, de sorte
que, finalement, le nombre des plants extraits de la pépinière ne
dépasse guère 1 500 000. |
Ces 1 500 000 plants ayant occasionné une dépense de 1 030
francs, le prix de revient du mille est exactement de 72 centimes.
Si l’on ajoute les frais d’extraction, qui peuvent être évalués
à 30 centimes par mille, on voit que le prix de revient du mille
de plants, extraits et prêts à être plantés, dépasse à peine 1 franc.
Le prix d’achat au commerce étant de 10 à 15 francs le mille,
c’est donc une économie d’environ 90 °/, qu’on réalise par le
moyen de la pépinière.
VII — PLANTATIONS DE RÉSINEUX
Age et choix des plants. — « Dans toute plantation de résineux
ayant pour objet le reboisement en montagnes, on doit prendre
pour principe que, pour une même essence, on obtient un succès
d’autant plus assuré que les plants employés sont plus jeunes. »
(DEMONTZEY, page 224.)
Les règles données à ce sujet par l’ouvrage de Demontzey
sont d’une exactitude rigoureuse qu’une longue pratique a cons-
tamment démontrée. Elles sont encore suivies à la lettre dans le
périmètre de l’Ubaye.
Le pin sylvestre et le pin noir d'Autriche sont plantés à l’âge
de deux ou trois ans. Exceptionnellement, pour les plantations
dans des berges et talus en pente forte où la stabilité superficielle
n'existe pas, on donne la préférence à des plants âgés de quatre
ou cinq ans. Ces derniers, grâce à leur taille relativement forte,
résistent mieux au double inconvénient résultant des éboule-
212 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
ments qui tantôt déchaussent les plants et tantôt les enterrent.
Pour le pin à crochets et surtout pour le mélèze, l’âge qui paraît
de beaucoup le meilleur est celui de deux ans. Pour le pin cembro,
au contraire, il semble avantageux d’employer des plants de
trois, quatre et cinq ans.
Les plants résineux extraits des pépinières volantes peuvent
être plantés immédiatement et sans être soumis préalablement
à un repiquage. On ne recourt à cette opération qu’assez rare-
ment, et pour le mélèze seulement. Dans certaines pépinières,
par suite d’un concours de circonstances favorables, le semis
pousse excessivement dru. Les jeunes plants trop serrés se gênent
dans leur croissance et bon nombre d’entre eux (25 à 30 ©),
quand arrive l’âge fixé pour leur emploi, ne présentent pas les
conditions de taille et de vigueur voulues pour assurer le succès
de la plantation. Au moment de l’extraction, ces jeunes plants
chétifs sont séparés des autres et mis en jauge pour être ensuite
repiqués dans le moindre délai possible. Ce repiquage comporte
20 000 plants à l’are; sa main-d'œuvre revient à 1 franc le mille.
Les plants repiqués au printemps peuvent être utilisés dès Pau-
tomne suivant. L’opération du repiquage est pratiquée chaque
année sur 450 à 200 milliers de plants (mélèze), dans la pépinière
des Dalys (série de Saint-Pons) et dans celle des Alaris (série
d’Uvernet). Au moment de leur utilisation, ces plants repiqués,
âgés de trois ans, sont très vigoureux, très développés, et leur
plantation donne des résultats remarquables.
Le choix des plants doit nécessairement varier avec les condi-
tions d’altitude et d’exposition des terrains qu’il s’agit de re-
boiser.
Le pin noir d'Autriche et le pin sylvestre sont seuls employés
depuis le fond de la vallée jusqu’à l'altitude de 1 500 mètres; ils
peuvent monter jusqu’à 1 700 mètres aux expositions les plus
chaudes.
Entre 1 500 et 2 000 mètres, on emploie le mélèze et le pin à
crochets, tantôt purs, tantôt en mélange. On donne la préférence
au pin à crochets sur les sols les plus secs, les plus ingrats et aux
expositions relativement chaudes; mais le mélèze, qui est l’es-
LES FORÊTS ET LES REBOISEMENTS DE LA VALLÉE DE L'UBAYE 213
sence alpestre de beaucoup la plus précieuse, n’en conserve pas
moins une forte prédominance.
De 2 000 à 2 200 mètres, on mélange mélèze et pin cembro;
au-dessus de cette dernière altitude, le pin cembro est employé
seul. Il importe de remarquer, d’ailleurs, qu'aux altitudes supé-
rieures à 2 000 mètres, le mode de reboisement par semis est
presque le seul usité. On ne recourt à la plantation que pour
regarnir les vides qui se produisent parmi les semis ou pour re-
boiser dès l’abord quelques rares terrains .que des conditions
particulières rendent inaptes au reboisement par voie de semis.
La plantation se fait alors suivant un mode spécial que nous
décrirons plus loin et qui a reçu le nom de plantation en mottes.
D’après Demontzey (page 230), la saison à préférer pour les
plantations de résineux serait le printemps. Cette préférence est
considérée, à bon droit, comme une règle dans les climats tem-
pérés. Dans la vallée de PUbaye, où les montagnes sont très éle-
vées, où le climat est très rigoureux, la période de printemps
pendant laquelle on peut planter est très courte. On est donc
obligé de planter aussi en automne. Or, l’expérience a démontré
bien souvent déjà que les plantations qui réussissent le mieux sont
tantôt celles de printemps et tantôt celles d’automne, selon que
les conditions météorologiques ont été favorables aux unes ou
aux autres. Ces conditions étant égales, d’ailleurs, il semble que
la plantation de printemps soit à préférer dans le fond de la
vallée (jusque vers 1 500 m.) où la température est plus douce,
où la période de végétation annuelle est plus longue, où les fortes
gelées et les coups de soleil sont moins à redouter; et qu’il y ait un
avantage marqué à planter en automne (septembre et octobre)
aux grandes altitudes.
L'ouvrage de Demontzey (page 226, etc.) indique un seul pro-
cédé pour l’exécution des plantations de résineux. Ce procédé,
désigné sous le nom de plantations par potets et par touffes, a été
employé dès l’origine dans le périmètre de l'Ubaye; il est encore
le plus communément appliqué aujourd’hui et donne presque
toujours d’excellents résultats. à
Le prix de revient d’une plantation par potets varie avec la
214 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
nature du terrain, avec l’éloignement des pépinières, avec Pâge
des plants, ete.; il s’écarte généralement peu des prix indiqués
par Demontzey. Dans le périmètre de l'Ubaye, le prix de revient
moyen par mille de potets ou de touffes est de :
10 francs pour les plantations avec plants de deux ans;
12 francs pour les plantations avec plants de trois ans;
14 à 15 francs pour les plantations avec plants de quatre à cinq ans.
On compte 5 000 potets à l’hectare et 3 plants par touffe.
La plantation d’un hectare, dans ces conditions, exige 15 000
plants et coûte de 50 à 75 francs, suivant l’âge des plants.
Depuis une vingtaine d’années (c’est-à-dire depuis une époque
postérieure à l’ouvrage de Demontzey), on emploie pour cer-
taines plantations de résineux un deuxième mode d’exécution
dit plantation en mottes. Ce nouveau procédé, qui n’est relaté
dans aucun ouvrage, semble imparfaitement connu.
C’est une erreur assez répandue de croire que la « plantation
en mottes » s'effectue avec des touffes de plants qu’on extrait
des pépinières en ayant soin de laisser adhérer aux racines une
quantité de terre plus ou moins grosse et formant motte.
La terre qui reste ainsi attachée aux racines d’un ou plusieurs
plants extraits d’une pépinière est une terre qui a été cultivée,
ameublie, et qui par suite ne forme pas une véritable motte. La
motte exclut, de facon absolue, toute idée d’ameublissement et
conséquemment la plantation en mottes ne saurait, en aucun
cas, être effectuée au moyen de plants provenant d’une pépi-
nière. La plantation en mottes a été imaginée précisément pour
le cas spécial où, ayant à reboiser des terrains situés à très grande
altitude, on s’est trouvé dans l’impossibilité d'utiliser, sans frais
de transport excessifs, les ressources des pépinières qui, toutes,
étaient très éloignées. La plantation en mottes consiste done à
extraire une motte de terrain naturel, de terrain vierge, dans
laquelle se trouvent un ou plusieurs jeunes plants provenant soit
d’un semis naturel, soit d’un semis à demeure exécuté de main
d'homme, et à transplanter le tout dans un trou préparé à cet
effet.
LES FORÊTS ET LES REBOISEMENTS DE LA VALLÉE DE L'UBAYE 219
C’est surtout parmi les jeunes plants provenant des semis au
bâton par petits sillons horizontaux que l’on extrait les mottes
destinées à ce genre de plantations. Il est aisé, en effet, d’extraire
chaque motte sans endommager les jeunes semis qui croissent
dans le reste du sillon.
La plantation en mottes n’est jamais pratiquée sur de grandes
surfaces; elle est employée exclusivement à faire des regarnis
pour combler les vides qui se produisent çà et là dans des plan-
tations ou des semis antérieurs. Dès lors, son prix de revient,
d’ailleurs forcément très variable, doit être calculé, non pas par
hectare, mais par mille de mottes. Or, en moyenne, un bon
ouvrier, au salaire de 3 francs par jour, peut, dans une Journée,
extraire, transporter et planter une cinquantaine de mottes; ce
qui fait ressortir à 60 francs le prix de revient d’un millier de
mottes. La plantation en mottes coûte donc quatre ou cinq fois
plus cher que la plantation par potets. Mais il est juste de remar-
quer que la plantation en mottes donne des résultats plus cer-
tains et qu’elle est d’ailleurs employée dans des conditions spé-
ciales où la plantation par potets ne serait pas moins coûteuse.
VIII — PLANTATIONS DE FEUILLUS
Au début de l’œuvre de restauration (1863-1873) dans le
périmètre de l’Ubaye, les plantations de feuillus jouèrent un
rôle considérable, On pensait obtenir, par elles, le boisement ra-
pide et complet des grandes berges de torrents et, en général, de
tous les terrains instables. On faisait tantôt une plantation très
serrée de diverses essences feuillues, (robinier, cytise, érable, pru-
nier de Briançon), tantôt un bouturage intensif de saules et de
peupliers. La plantation des jeunes plants et des boutures était
faite suivant deux modes qu’on désignait sous les noms de ban-
quettes et de cordons horizontaux (Demontzey, page 233, etc.). On
adoptait l’un ou l’autre procédé selon la nature et la pente du
terrain; mais on donnait généralement la préférence au système
des cordons horizontaux, qui était sensiblement plus économique
216 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
que celui des banquettes. L’hectomètre de cordons ne coûtait pas
plus d’une dizaine de francs, y compris la main-d'œuvre et la
fourniture des plants. L’hectomètre de banquettes coûtait à peu
près le double.
Ces plantations de feuillus donnèrent tout d’abord des résultats
remarquables. Ces résultats n’ont pas été malheureusement de
longue durée et, aujourd’hui, de ces milliers de plants feuillus
jadis introduits sur les berges instables, il ne reste plus que de
maigres et rares échantillons.
Actuellement, pour obtenir la stabilité superficielle des berges
et des terrains instables, on recourt aux moyens que nous avons
exposés dans le chapitre [IT (Enherbement), et les plantations de
feuillus ne sont plus employées que pour la fixation des terrains
affouillables, c’est-à-dire dans le fond des ravins, sur le pied des
berges et sur les atterrissements des ouvrages de correction.
Les plantations au pied des berges et sur les atterrissements
sont faites exclusivement avec des essences feuillues, parce que
ces essences ont une croissance beaucoup plus rapide que celle des
résineux ; mais aussi et surtout parce qu’elles ont le précieux avan-
tage de se propager par rejets de souche, par drageons, par mar-
cottage. Et on a grand soin d’utiliser ces divers moyens de pro-
pagation. Trois essences, à ce point de vue, réussissent beaucoup
mieux que toutes les autres et sont presque seules employées au-
jourd’hui. Ce sont : le saule (trois ou quatre espèces); le peuplier
(deux espèces); et surtout lPaune blanc.
Le saule et le peuplier sont employés exclusivement en bou-
tures. Celles-ci, généralement achetées au commerce local, sont
plantées à la pioche ou à la barre à mine, suivant des dispositions
diverses : au pied des berges, en cordons longitudinaux; sur les
atterrissements, tantôt en corbeilles, tantôt en cordons parallèles,
obliques par rapport à l’axe du torrent. La main-d'œuvre pour
plantation des boutures coûte environ 15 franes le mille. Dans les
cordons parallèles obliques les boutures sont souvent remplacées
par des rameaux de 1m 50 à 2 mètres de longueur qui sont cou-
chés et enfouis à une profondeur de 15 à 20 centimètres et dont
on laisse sortir les menues branches latérales.
LES FORÊTS ET LES REBOISEMENTS DE LA VALLÉE DE L'UBAYE 217
Les plantations de feuillus donnent des résultats plus rapides
et plus sûrs si, au lieu d’employer des boutures, on emploie de
jeunes plants. L’opération est alors un peu plus coûteuse. Les
jeunes plants feuillus (aune, saule, peuplier), âgés d’un ou deux
ans, achetés au commerce local, ne sont pas payés moins de 10 à
15 francs le mille, et le prix de la main-d'œuvre de la plantation
est alors porté à 20 francs le mille. *
L’essence feuillue qui donne les résultats de beaucoup les meil-
leurs est l’aune blanc. Aussi les plantations de cette essence ont-
elles pris depuis quelques années une importance prépondérante.
Les ressources du commerce local étant insuffisantes pour subve-
nir aux besoins de ces plantations, le Service forestier a installé,
non loin de Barcelonnette, sur des terrains colmatés compris dans
la série de Saint-Pons, une pépinière spéciale qui fournit annuel-
lement { million environ de jeunes plants d’aune (Voir la des-
cription détaillée au chapitre « Pépinières »).
Les nombreux plants feuillus, spontanés ou introduits, qui exis-
tent dans le périmètre donnent lieu fréquemment à des recépages
et à des marcottages. Ces deux sortes d’opérations sont trop con-
nues pour que nous nous arrêtions à décrire leur mode d’exécu-
tion et à faire ressortir leur rôle utile. Nous dirons seulement que,
dans le périmètre de l’Ubaye, les essences recépées sont surtout les
saules, aunes blancs, peupliers, alisiers, acacias, etc. On ne mar-
cotte guère que des saules, aunes blancs et églantiers.
Recépage et marcottage sont généralement pratiqués au prin-
temps, mais peuvent être faits en automne, sans inconvénient.
Les plants à recéper ou à marcotter étant toujours distribués
d’une façon très irrégulière, il n’est pas possible de calculer le prix
de revient de chacune de ces opérations par hectare. Dans le péri-
mètre de l’'Ubaye, les recépages sont comptés à raison de 3 francs
la journée et les marcottages au prix de 24 francs le mille.
L’inspecteur des eaux et forêts,
H. VINCENT.
ÉCONOMIE PASTORALE
DE LA VALLÉE DE L'UBAYE
Par F. BRIOT
Pour que les lecteurs des Annales aient une idée complète de l’état éco-
nomique actuel de la vallée de l’'Ubaye, qui peut être prise comme type
des vallées de cette région des Alpes, nous croyons utile d’annexer à la
monographie forestière si exacte et si documentée de M. l'inspecteur des
forêts VINCENT quelques pages du récent ouvrage (:), d’un autre agent
forestier, M. F. Brior, conservateur des forêts, qui s’est voué à l'étude des
questions pastorales et qui expose avec franchise et talent les opinions que
lui ont suggérées ses observations et son expérience personnelle au cours
d’une longue carrière passée, comme celle de M. Vincent, presque tout
entière dans les Alpes. (La Rédaction.)
Saint-Paul, au sommet de la vallée de l'Ubaye, renferme neuf
montagnes, dont quatre particulières, trois sectionales et deux
communales, estivant ensemble 5.000 brebis indigènes, 1.000 de
la Crau et 2.000 moutons d'Algérie qu’y engraissent les bouchers
des environs. Agriculture très pénible et très coûteuse. Le seigle
exige trois labours, gèle souvent au printemps, et ne parvient à
maturité qu’au bout de treize mois, ce qui oblige à laisser la
moitié des terres arables en jachères. Le nombre des familles
(:) Les Alpes françaises. — Nouvelles études sur l'Économie alpestre. —
Diverses questions générales et Monographies, par F. BrioT, conservateur
des Eaux et Forêts, Vol. de 324 pages, avec 5 cartes en couleurs et 100 pho-
togravures Paris, 1907. Berger - Levrault et Cie, éditeurs. Les Annales
donneront prochainement un compte rendu de cet important ouvrage.
ÉCONOMIE PASTORALE DE LA VALLÉE DE L'UBAYE 219
ayant diminué de 50 °/, depuis un siècle, on est obligé de recourir
démesurément à la main-d'œuvre étrangère. Les domestiques
italiens doublent, en été, le chiffre de la population. Un seul re-
mède à une aussi défavorable situation : l’irrigation. Nombreux
sont les canaux restaurables où constructibles sans grosses dé-
penses. On désire : élargissement d’une ancienne dérivation du
Riou-Mounal, qui descend du col de Vars, et d’un second canal,
même versant, en dessous du précédent: la réfection d’un antique
béal embranché à l’Ubaye, rive gauche, de Petite-Serenne au
chef-lieu, et de deux autres canaux, également séculaires, greffés
sur l’une et l’autre rive du Fouillouse; la restauration d’un canal
abandonné, qui réunissait les eaux de toutes les sources affleu-
rantes au sud du Brec de Chambeyron; la création, enfin, de
multiples prises empruntées directement à l’Ubaye; ensemble de
travaux intéressant 370 hectares et évaluables à 84.000 francs.
Deux actes constitutifs de montagnes de 50 à 60 hectares, créées
en 1867 et en 1899, dans les vallons de Maurin et du lac des Neuf-
Couleurs, par la réunion d’un nombre infini de petites parcelles
prairiales, dont l’exploitation entrainait des frais de transport
énormes, méritent d’être analysés. La jouissance est fixée à
10 bêtes à laine par hectare; il n’est permis à aucun sociétaire de
céder tout ou partie de ses droits qu’à ses coassociés, à moins
qu'il ne quitte le pays; mais, même en ce cas, sa part ne devient
cessible à des étrangers qu'après non-acceptation par la société
de la prendre à son compte;celui qui a besoin de louer du bétail
est tenu de s’adresser en première ligne aux autres membres de
la société; si la majorité juge opportun d'agrandir la montagne,
tout le monde doit concourir aux acquisitions utiles; le fumier
des parcs est réparti entre les sociétaires en proportion de leurs
droits; l’arrivée du bétail a lieu le 30 juin, et sa disjonction le
jeudi qui précède la première foire d'automne de Saint-Paul;
toutes les mesures de détail sont prises, suivant les circonstances,
en vue de « faire respecter, entretenir et conserver le pâturage ».
Une troisième fusion du même genre à Meyrie de Bouchier, à
lPextrémité sud du territoire, et la conversion de ce quartier en
montagne laitière modèle, après annexion d’un communal voisin,
220 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
serait une excellente opération. Dépense pour création d’une
étable et d’une laiterie : 10.000 francs.
Meyronnes n'admet au pâturage que les animaux hivernés
chez elle. Pratique l’affouage pastoral. Le droit de chaque feu
est fixé à 34 bêtes ovines. Les plus forts propriétaires en inalpent
120; les moindres, 12. Ceux-ci cèdent leurs parts aux premiers,
moyennant une redevance de 25 à 40 centimes par unité. Taxes :
{ franc par bête bovine, 25 centimes par tête ovine. Garde :
3 francs par vache, 75 centimes par brebis. On a essayé, il y a
trente ans, de fonder une fruitière. L'entreprise a échoué. Mais
on arriverait aujourd’hui à implanter de petites laiteries à cen-
trifuges. Industrie ovicole artistement conduite. Parcours de
printemps : 500 hectares, formés de rochers sur les huit dixièmes
de leur surface; 100 hectares en bon état; 400 hectares à gené-
vriers épars et à gazon très rare. Pâturages d’été : la Sylve, belle
mélézière de 680 hectares, rive gauche de l'Ubayette, qui reçoit
60 vaches et 10 génisses du 15 juin au 15 octobre, 1.500 bêtes à
laine du 17 au 15 juin et du 1er octobre au 15 novembre, et pro-
duit ainsi 9.525 francs; Bouchier, 88 hectares, à l’ouest de la cote
9080, affecté à 60 autres vaches: le Vallonnet, Viraysse, Ornaye
et Parassac, 4 montagnes d’une contenance globale de 1.740 hec-
tares, rocs compris, broutées par 3.200 moutons, perfectibles par
un peu plus de soin et d’ordre, cependant en très bel état partout.
Créer une laiterie et une étable à Bouchier, dès que l’extension
des prairies artificielles rendra inutile le travail des vaches en
été : 6.000 francs: boiser 40 hectares disséminés sur l’ensemble
des pâturages : 4.000 francs.
La Condamine nourrit 120 bêtes bovines, exclusivement en
forêt, du 1° juin au 5 octobre, tire ainsi de ses mélézières un re-
venu pastoral de 6.000 francs. Cinq montagnes moutonnières
ont vu réduire par le conseil leurs effectifs de 1.000 têtes depuis
vingt ans, et sont actuellement en état assez satisfaisant. Aucune,
toutefois, ne possède plus d’un parc fixe. Les engrais en sont
enlevés par sept ou huit propriétaires, en échange d’un versement
de 50 à 60 francs à la caisse municipale. L'une d'elles est louée à
un groupe d'habitants, qui se chargent des 2.600 moutons indi-
ÉCONOMIE PASTORALE DE LA VALLÉE DE L'UBAYE 221
gènes; les quatre autres, affectées à 3.000 moutons d’Arles. Le
maire les visite toutes et préside à la vérification du bétail. Les
droits des censitaires sont calculés au marc le franc des contribu-
tions : le maximum varie de 40 à 50; le minimum, de 5 à 10. Deux
fusions de parcelles prairiales à encourager : l’une, entre les ca-
banes du Grand-Bérard et celles du Grand-Parpaillon; l’autre,
à Pra-Mercier. Les alpages, qu’elles constitueraient, nourriraient :
le premier, 600 bêtes ovines; le second, 1.200, ou l'équivalent en
bêtes bovines, ce qui serait probablement plus avantageux, car
les viandes de veau et de bœuf sont de plus en plus demandées
depuis l’augmentation des garnisons et les fréquents passages de
troupes alpines dans la vallée. À recommander également : lor-
ganisation d’une beurrerie coopérative dans chacun des cinq vil-
lages, la construction d’étables et de chalets à proximité du pâtu-
rage des vaches, et l'établissement d’une quinzaine de parcs dans
les pâturages à brebis : 30.000 francs.
Jausiers fait vivre, du 25 juin au 30 septembre, 40 vaches sur
les 240 hectares du Grand-Bois. Revenu forestier pastoral de
2.000 francs. Les montagnes se trouvaient toutes usées, 11 y a
quarante ans, chargées qu’elles avaient été parfois de plus de
10.000 ovidés. Mais la forte réduction qui résulta de l’émigration
au Mexique, à laquelle, à partir du milieu du dernier siècle, les
habitants s’adonnèrent, les reconstitua. Cependant une petite
industrie laitière intéressante a périclité. Avant 1860, cinquante
familles soignaient elles-mêmes leurs troupeaux en montagne et
y confectionnaient des fromages réputés. Aujourd’hui, il n’en est
plus qui le fassent. Les troupeaux, au nombre de 25, sont tous
confiés à des bergers italiens loués à gages. Sur les 5.700 hectares
communaux, 1.500 sont affectés au pâturage de printemps et
d'automne, 4.200 au pâturage d’été. Ceux-ci se divisent en sept
exploitations, dont trois louées 3.500 francs pour 2.500 moutons
d’Arles et quatre réservées aux 3.000 sujets indigènes. Ces der-
niers paient { franc par tête, comme les étrangers. L'exploitation
des prairies hautes s’est grandement améliorée. Il y a quinze ans,
on n’opérait, entre { heure du matin et 8 heures du soir, que deux
transports de foin à dos de mulet, de la plupart d’entre elles aux
229 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
villages. Maintenant, l’état des chemins permet de charrier 250
à 300 kilogrammes à la fois, et même, au mas de Terres-Pleines,
un câble établi par un syndicat de vingt-cinq propriétaires
descend chaque été 1.800 charges de 80 kilos. Néanmoins, l’an-
nexion des prairies hautes aux pâturages voisins en vue de
l’organisation de trois montagnes d’une possibilité moyenne de
100 vaches aux quartiers de Grange-commune, de Clapouse et de
Terres-Pleines, reste une opération désirable. Chalets et étables
nécessaires : 30.000 francs. Deux fromageries, qui recevraient le
lait des huit villages en deux points centraux, ou de petites lai-
teries dans chaque village, sont à organiser : 20.000 francs. Quoi-
que les habitants utilisent parfaitement nombre de petits canaux
anciens et augmentent sans cesse leurs prairies, on nous a signalé
les services que rendrait un nouveau canal à dériver de PUbaye,
rive droite, à 1 kilomètre environ en amont de la Condamine, et
à conduire jusqu'à Barcelonnette, rendant ainsi irrigables, par
14 kilomètres, 400 hectares au moins, sans occasionner une dé-
pense supérieure à 200.000 francs. À ces améliorations, ajoutons
le boisement de 100 hectares pastoraux, pauvres : 10.006 francs.
À 1 kilomètre en aval de Jausiers, en face, et au sud-est du cône
des Sagnières, s’étale, très en vue, de la rive gauche de l'Ubaye
aux crêtes de l’Alpe, une propriété assez belle, bien que sillonnée
d’une foule de ravins. Sa situation et la variété des travaux aux-
quels elle se prêterait, boisements de berges, garnissages des
thalwegs, culture intensive de ses pelouses, désignent certaine-
ment cette montagne pour servir de champ d'expériences et d’ins-
truction. Il est à désirer que l’État l’acquière et la transforme
en exploitation pastorale modèle, appropriée au pays, c’est-à-
dire à moutons. Sur le même versant, en approchant de Barce-
lonnette, apparaissent, à partir du torrent d'Enchastrayes, de
nombreuses pineraies exploitées par coupes rases, mais tendant
à se repeupler en feuillus; conseillons à leurs propriétaires, s'ils
veulent y conserver les résineux, d’aider la nature par des semis
artificiels qui réussiraient aisément, à la condition qu’on en ameu-
blisse le sol par placette, à la pioche, ou sur l’ensemble à l’aide
du piétinement des moutons, au moment du semis.
ÉCONOMIE PASTORALE DE LA VALLÉE DE L'UBAYE 223
Barcelonnette a vendu à l'État en 1894, 140.000 francs, une
forêt de 584 hectares, et une montagne attiguë de 554 hectares,
bien conservée, sise entre les deux Siolane, territoire des Thuiles,
qui inalpait 2.000 moutons. Cette montagne est aujourd’hui en-
tièrement boisée en mélèzes et pins. On avait projeté de l’amé-
nager en pré-bois. Je souhaite que le plus tôt possible on y réta-
blisse le pâturage en faveur des troupeaux du Midi, tout en main-
tenant l’état forestier, bien entendu. Il reste à la ville deux autres
montagnes sises sur Uvernet et Fours qui estivent 1.500 bêtes,
et dont le fumier est vendu aux villages voisins. En y imposant
le parcage désormais, et en boisant en mélèzes leurs parcelles
pauvres, on transformerait ces pâturages en alpages de premier
ordre, comme beauté et production. Frais : 4.000 francs.
Uvernet se compose de deux sections. Sont affectés : aux Agne-
liers, tous les communaux compris dans le bassin qu’occupe ce
village, au nord du col de Valgelaye; aux autres hameaux, Coste-
Belle, montagne achetée récemment par la commune, afin de
dispenser ceux-ci d’estiver désormais leurs brebis en Italie, où
elles coûtaient 2 fr. 50 à 3 francs l’une. En principe, la commune
n'accepte dans ses pâturages que les animaux hivernés chez elle,
mais, en fait, ne se montre pas très rigoureuse à cet égard. Taxes :
jusqu’à 100 moutons, 35 centimes par tête pour le printemps,
90 centimes pour la campagne entière; au dessus-de 100, 50 cen-
times et 1 franc. Aux Agneliers, vu la rapidité des pentes, il est
interdit de constituer aucun troupeau de plus de 150 bêtes. L’amé-
lioration la plus intéressante serait le boisement de 100 hectares
communaux consacrés au parcours de printemps : 10.000 francs.
De superbes prairies couvrant le bassin du petit ravin du Fau,
qui aboutit au Bachelard, rive gauche, à 1 kilomètre en amont
d’Uvernet, d’autres pareilles, aux Estrayers et à la Pare, bassins
du Riou-Chanal et du Riou-Bourdoux, et, en général, le quart
des surfaces périmétrées de la région, voient, par suite de la
jachère absolue à laquelle elles sont soumises, se substituer une
flore grossière aux plantes fines qui les caractérisaient aupara-
vant. Au contraire, la charmante forêt de Gaudissart, à l’est
d'Uvernet, constamment pâturée par des vaches, présente, sous
224 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
ses mélèzes clairs-plantés, une flore excellente et typique; de
même, de très jolis prés-bois, sur Enchastrayes, qui lui font suite.
Et la vue du versant opposé fait ressortir combien, au sein des
vastes périmètres qu'il renferme, reste importante, à cause de
Paltitude, la place de l’économie pastorale pure. Une belle mon-
tagne de 374 hectares, à l’extrémité sud d’Uvernet et à l’est du
col de Valgelaye, fait partie, comme les 25.000 hectares du haut
Verdon, que nous avons signalés plus haut, de cette catégorie de
pelouses florissantes dont l’accaparement par l’État ne trouvera
sa justification que si l'administration les rend, à bref délai, à
l’élevage provençal, en leur appliquant des réglementations nor-
males.
Saint-Pons possède, sur Fours, une montagne convenablement
réglementée, par délibération du 17 novembre 1892. Droit de
dépaissance limité : aux chefs de famille et de maison, ou fermiers
ayant domicile fixe ou réel dans la commune. Le conseil équilibre
les taxes et les frais, garde, sel, entretien des cabanes et des pares.
Une commission de cinq membres détermine la possibilité, de la
part de chaque feu, les dates d’entrée et de sortie du troupeau. Le
président choisit les pâtres, ordonne les réparations, achète le sel,
prend, d’après les délégations de la commission, toutes mesures
utiles et rend ses comptes le 15 septembre.
Aux Thuiles, une montagne communale de 486 hectares, située
à l'extrémité nord du territoire, est très négligée. Gazonnée sur
100 hectares à peine, à l’état de rochers ou de casses sur le reste,
elle estive 550 moutons appartenant à cinq propriétaires seule-
ment, qui, toutefois, paient des taxes de location véritables, c’est-
à-dire de 90 centimes à 1 franc par tête. Un pâturage forestier de
70 hectares, pratiqué pendant soixante-dix jours par 25 vaches,
rend net 480 francs. Prairies très agrandies. Étables engraissant
maintenant, en hiver, jusqu’à 1.800 moutons. Cependant, en cas
de sécheresse, canaux insuffisants. En 1893, tous les sainfoins ont
péri, pendant que d’autres localités de la vallée expédiaient du
foin jusqu’en Bretagne. Aussi, la commune ambitionne-t-elle de
prolonger sur ses terres le canal dont il a été parlé à l’article
Jausiers; 100 hectares du cône du Riou-Bourdoux en profite-
ÉCONOMIE PASTORALE DE LA VALLÉE DE L'UBAYE 225
raient; dépense supplémentaire : 60.000 francs. 45 hectares par-
courus, au printemps et en automne, par 400 moutons, rive droite
de l’'Ubaye, situés la plupart sur berges parsemées de pins, gené-
vriers, de lavandes et de mélèzes, sont à restaurer par le reboi-
sement : 4.000 francs. La commune s’y prêterait, Son conseil a
déjà donné un bon exemple en maintenant, depuis quarante ans,
une mise en défends de 40 hectares, de pentes très ravinées, à
l’est du chef-lieu, qui a fait surgir partout genévriers et pins, et
perdre à un certain nombre de petits ravins leur caractère offensif.
Méolans nourrit entièrement 200 vaches, avec une partie de
ses 3.000 hectares de mélèzes, du 1€ juillet au 15 septembre :
produit sylvo-pastoral annuel de 7.700 francs. Dès 1840, la com-
mune a réglementé et affouagé l’usage de ses montagnes. Chaque
propriétaire a le droit d’y conduire 125 bêtes à laine, mais est
astreint à former un troupeau spécial. On veut ainsi, comme aux
Agneliers, dont 1l a été parlé tout à l'heure, parer aux inconvé-
nients du piétinement des groupes nombreux. L'ensemble est
divisé en vingt-deux quartiers. Les moutons doivent, le soir,
sortir tous du communal et être parqués sur les prés de leurs
propriétaires. Ceci est au détriment du communal. Mais c’est
afin, dit le règlement, que personne ne puisse, en restant jour
et nuit en montagne, devancer, dès le matin, ses co-usagers et
profiter plus que d’autres des meilleures parcelles. Les prairies
pourraient être encore augmentées de 30 hectares, surtout par
une dérivation de 3 kilomètres du Rif Grand, rive gauche, dont
le coût serait de 3.000 francs. Et rien n’empêcherait de con-
centrer dès maintenant, en fruitière, le lait de 70 vaches; dé-
pense : 10.000 francs.
Au Lauzet, depuis vingt ans, élévation du nombre des vaches
de 20 à 80, par suite d’une préférence toujours plus accentuée en
faveur de l’alimentation lactée. 100 chèvres y sont néanmoins
conservées et butinent en tout temps les rochers de la rive droite
de l’Ubaye, parcours typiques, incapables de recevoir une autre
destination, qu’on ne devrait pas toutefois oublier d’embellir par
des semis de pins, qui pousseraient à merveille sur les nombreux
petits cônes d’éboulis terreux que retiennent à leurs pieds un
ANN. SCIENCE AGRON. — 8° SÉRIE — 1909 — 1 15
226 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
nombre infini de sveltes aiguilles. En été, la chèvre accompagne
le mouton. Deux montagnes communales, louées à des Proven-
çaux : la Gourette et Colbas. La Gourette, au nord du territoire,
sous les crêtes signalées par la cote 2433, en très mauvais état,
s’use de plus en plus, et donne naissance, en cas d’averses, à une
foule de rigoles boueuses que le regazonnement, qu’on obtiendrait
par une meilleure gestion, maîtriserait. Colbas, sis au sud-est
des arêtes comprises entre les cotes 2431 et 2510, quoique beau-
coup plus pierreux, n’est pas moins intéressant; la proximité des
forêts assurerait même le reboisement naturel de certaines de
ses parcelles, si l’on en ameublissait quelque peu le sol par places.
Malheureusement, le besoin d’argent pousse la commune à to-
lérer 2.500 bêtes dans l’ensemble des deux montagnes au lieu de
2.200, maximum de leur possibilité. 400 moutons indigènes pâ-
turent une dépendance de la Gourette; 200 autres parcourent
avec 80 vaches, du 1€ juillet au 20 septembre, 500 ou 600 hec-
tares de bois qui donnent ainsi un bénéfice pastoral d’environ
4.500 francs. Rive droite de l'Ubaye, le bétail serait parcable sur
le quart de la superficie des montagnes; rive gauche, sur un tiers.
Mais la substitution de la vache au mouton ne saurait, en raison
des accidents du sol et des émergements de rochers trop nom-
breux, s’opérer que sur un point de la rive gauche, quartier de
l'Embouïn, où 40 vaches trouveraient leur nourriture. Taxes :
vaches, néant; chèvres, 30 centimes jusqu’à 3; 1 fr. 50 sur les qua-
trième et cinquième; 3 francs au-dessus de cinq; bêtes à laine,
30 centimes avec interdiction de dépasser 100. En fait, dix-huit
ménages seulement, sur cent vingt, font pâturer des moutons :
les uns, 100; d’autres, 60; d’autres, 25 à 30. II conviendrait de
frapper ces animaux, comme les chèvres, de taxes progressives
à partir d’un certain contingent. Les deux tiers des propriétés
particulières sont arrosées par quinze canaux, d’un développe-
ment de 45 kilomètres, construits par les ancêtres, dans des si-
tuations aussi difficultueuses, parfois, que les bisses les plus acci-
dentés du Valais, mais qui réclament, pour être remis en état
convenable, une dépense minima de 20.000 francs, avec un rè-
element ayant surtout pour objet de faire cesser le gaspillage
ÉCONOMIE PASTORALE DE LA VALLÉE DE L'UBAYE Dal
auquel se livrent les voisins des prises d’eau, au détriment des
riverains d’aval.
A la sortie du Lauzet, par la route de Seyne, sur l’éocène, des
peuplements de pins clairs, sous lesquels croit une herbe assez
épaisse et de bonne qualité, démontrent absolument l’avenir de
la reconstitution, par cette essence, des bas communaux. Un peu
plus loin, le jurassique inférieur nous vaut une riante traversée.
A gauche, la forêt de Saint-Vincent, admirable massif de 835 hec-
tares de mélèzes et d’épicéas qui nourrit complètement, du
24 juin au 21 septembre, 150 bœufs, juments ou vaches, gagnant
au minimum 30 francs par tête en cette période, soit 4.500 francs.
A droite, de belles cultures variées et des bois de pins particuliers
dont la régénération naturelle, après coupe rase, facilitée par le
pacage et le piétinement d’un petit nombre de moutons, s’ef-
fectue en sept ou huit ans. Les eaux d’arrosage bruissent de tous
côtés à travers des prés de sainfoin, de trèfle, de fléole, de dactyle
et de fromental, bordés de frênes et de noyers. Une seule tache
dans ce tableau, formée par un vide de 4 hectares dégradés, mais
aisément effaçable. Le long des 2 kilomètres qui précèdent les
confins de Monclar, sous la forêt nettement démarquée, voici
encore un pâturage où coexistent le boisement naturel en rési-
neux et un parcours constant de chèvres et de brebis. Les graines
forestières l’ensemencent sans cesse; par place, herbe et les mé-
lèzes sont très épais, et, si les hautes tiges y manquent, c’est uni-
quement parce que l’habitant s’approprie le Jeune arbre, aussitôt
qu'il est propre à fournir des fagots.
BIBLIOGRAPHIE
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DÉCEMBRE 1907 (suite)
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Cet article donne l’histoire, la culture, les variétés, les insectes du groseil-
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230 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
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du Pérou, par F. Cuaserr (Bol. Min. Fomento (Pérou), 4 [ 1906,
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Pavot et opium des Indes, par W.-H. Micmarr (Daily and Con-
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Le jonc odorant à Ceylan, par H. Wricur et M.-K. BamBer (Cires
and Agr. Journ. Roy. Bot. Garden Ceylon, 3 [1906], n° 19, p. 263-
270 b, avec 1 diagramme).
Les quatre saisons dans le jardin, par E.-E. RexrorDp (Phila-
delphia et Londres, 1907, 307 pages, avec 27 planches).
Volume de vulgarisation sur tout ce qui a trait aux jardins. Le texte est
richement illustré.
Un cas de dégénérescence des plantes tubéreuses, par N. Ber-
NARD (Bul. Spc. Linn., Normandie, 5° sér., 9 [1905], p. 251, 252).
Il s’agit de deux coleus (C. Coppint et C. Daso) envoyés du lac Tchad au
jardin botanique de Caen.
L'hybridation et la propagation des orchidées par la graine,
par F. Leoten (Môllers Deut. Gärt. Zeit., 22 [1907], n° 18, p. 206-
216; n° 19, p. 217-228 ; n° 20, p. 230-232, avec 34 figures).
La mise en sac des fleurs (Jardin, 21 [1907], n° 486, p. 145).
Récente expérience de M. Vilaire, du jardin botanique de Rouen, sur des
fleurs de lilas.
Une liste des variétés de pivoines, par J.-E. Cor (Thaka, N.
Y., N. Y., State Col. Agr., 1907, 232 pages, avec 2 figures).
Rosiers à l'épreuve du blanc des ros'ers en Australie ((rard.
Chron., 3° sér., 41 [1907], n° 1065, p. 333).
Sylviculture
Notes sur l'accroissement diamétral des troncs d’arbres, par
O. Lanier (Bul. Soc. Linn. Normandie, 5° sér., 9 [1905], p. 181-224).
Détermination du pouvoir germinatif des semences des ar-
bres forestiers, par G. Scuorre (Skogsvardsfür. Tidskr., 5 [1907],
n° 4-5, p.1/41-155).
BIBLIOGRAPHIE 2931
Rapport annuel de l'administration des forêts dans les dis-
tricts occidentaux et orientaux des Provinces Unies pour
l’année forestière 1905-1906, par L. Mercer et H. Jackson (Ann.
Rpt. Forest Admin. West and East Circles (India), 1905-1906,
1/48 pages).
Les stations contre le feu dans les forêts du Norrland, par
O.-H. Humwsze (Skogsvardsfür. Tidskr., 5 (1907), n°% 4-5, p. 198-
É'TAE
L’auteur recommande la construction d’un système de tours dans les dis-
tricts forestiers pour le signalement rapide et l’extinction des incendies.
Instructions pour des examens : Établissements agricoles
(Acte du 11 juin 1906, U. S. Dept. Agr. Forest Service (Pamphlet),
1907, 1° juillet, 12 pages).
Conseils pratiques pour l'établissement de plantations en
Algérie, par E. Le Men (Bul. Off. Gouv. gén. Algérie, 1907, sup. 8,
P- 91-115).
Sur la perte de poids des troncs et des bois de feu mis à sé-
cher, par W. Ekman (SÆogsvardsfür. Tidskr., 5 [1907], n° 4-5,
p- 129-140).
Production de bois de charpente, lattes et bardeaux, par
États et par espèces, 1906, 1905 et 1904 (Zur. of the Census
(U. S.), U. S. Dept. Agr. Forest Serv., 1907, July 19, folio).
L'emploi de l’émulsion d'acide carbolique dans l’imprégnation
du bois du hêtre, par R. Lorenz (Centralbl. gesam. Forstw.,
33 [1907], n° 4, p. 137-141).
L’auteur a fait des essais sur la préservation du bois avec diverses solu-
tions ; il pense que l’émulsion d’acide carbolique est non seulement moins
coûteuse que la créosote, mais plus efficace.
Bois de la Jamaïque, par W. Harnis (Agr. News (Barbados), 6
[1907], n° 127, 71 pages).
Le troëne vivace (Celastrus scandens), nourriture pour les
Indiens affamés, par K.-T. DicuinGnam (Amer. Nat., h1 [1907],
n° 486, p. 391-393).
232 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Le pin à longues aiguilles dans la forêt vierge, par G.-F. Scawarz
(New-York and London, 1907, 135 pages, avec »3 figures, 2 dia-
grammes et 1 carte)..
Ce livre est une contribution à la biologie du pin à longues aiguilles (Pinus
palustris). Le texte est illustré de nombreuses figures et une carte montre la
distribution de cette importante espèce.
La limite nord de l'épicéa, par A.-W. Granir (Skogsvardsfür
Tidsker., 5 [1907], n°° 4-5, p. 217-218, avec 1 figure).
Recherches sur la production du caoutchouc extrait du Ma-
nihot Glaziovii, par A. ZimmerManN (Pflanser, 3 [1907], n° 4,
p- 49-61).
Le Manihot Glaziovit croît dans l'Afrique orientale allemande, et on a fait
de nombreuses expériences pour déterminer la meilleure méthode d'extraction.
Sur quelques plantes à caoutchouc dans le sud de Madagas-
car, par J. CosranriN et H. Porssox (Compt. rend. Acad. Sci. (Pa ris)
144 [1907], n° 19, p. 1053-1055).
Caoutchouc provenant d’une plante tubéreuse de l'Afrique
occidentale portugaise (/ndia Rubber World, 36 [1907], n° 4,
p-. 300, avec 1 figure).
C’est une plante qui est attribuée à l’ordre des Asclépiadées et dont on
obtient le caoutchouc par divers procédés, notamment en découpant en tran-
ches que l’on pressure ensuite.
Maladies des plantes
L'effet pernicieux d’une température élevée de germination
sur le développement postérieur des céréales, par O. APPEL
et G. Gassner (Mitt. K. Biol. Anst. Land.- u. Forstw., 1907, n° 4,
p- 5-7, avec 1 figure). |
L'altération du fourrage par des plantes parasites, par A. Por-
CHEREL (Journ. Méd. Vét. et Zootech., 58 [1907], mars, p. 154-166,
avec 6 figures ; juin, p. 346-359).
Quelques recherches sur le charbon des céréales, par O. APPEL
et G. Gassner (Mitt. K. Biol. Anst. Land.- u. Forstw., 1907, n° 4,
P: 9-12, avec 1 figure).
BIBLIOGRAPHIE 233
Un charbon sur une grande avoine, par (). APPeL et (Gr. (rASSNER
(Mit. K. Biol. Anst. Land.- u. Forstiw., 1907, n° 4, p. 12, 1 figure).
L'auteur décrit Ustilago dura n. sp. qui ressemble à VU, perennans, mais
en diffère par des caractères importants.
Modifications dans l’épi du froment à épi carré, dues au
charbon, par O. ArPPez (Mitt. K, Anst. Land.- u. Forstw., 1907,
n° 4, p. 12, avec 1 figure).
Traitement du blé contre le charbon et la carie (U/lahoma
Sta. Rpt., 1907, p. 16-19).
Notes sur le Fusarium, par O. Arpez (Mitt. K. Biol. Anst. Land.-
u. Forstiw., 1907, n° 4, p. 31-33, avec 1 fiqure).
Notes sur le chancre du trèfle, par R. Anpernocp (Mitt. \K. Biol.
Anst. Land.- u. Forstw., 1907, n° 4, p. 21-24, avec 2 figures).
Maladies du trèfle (Journ. Bd. Agr. (Londres), 14 [1907], n° 4,
p- 223-227, avec 2 figures).
Anthracnose et rouille du coton, par A.-C. Lewis (Ga. !'Bd. Ent.
Bul., 24, p. 49-71, avec 8 fiqures).
La pourriture des racines des betteraves à sucre, par W. Busse,
L. Perers et F.-C. von Fager (Witt. À. Biol. Anst. Land.- u. Forstw.,
1907, n° 4, p. 15-18).
Une croûte pustuleuse des betteraves, par W. Busse et C. von
Fager (Mitt. À. Biol. Anst. Land.- u. Forstw., 1907, n° 4, p. 18-0,
avec 1 figure).
. La cause de cette sorte de gale est attribuée au Bacterium scabiegenum,
n. Sp.
Pourriture noire (Black rot) des choux et navets (Journ. Bd.
Agr. [Londres], 14 [1907], n° 4, p. 228-229, avec 1 figure).
Elle est due au Pseudomonas campestris.
Pommes de cèdres (Gymnosporangium Macropus), par F.-D.
Heacp (Science, n. sér., 26 [1907], n° 659, p. 219, 220).
La parenté de Phyllostic1 solitaria avec les taches des pom-
mes, par J.-L. Sneznon (Serence, n. sér., 26, [1907], n° 658, p. 183-
189).
234 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Remède contre la pourriture amère des pommes, par J.-C. BLair
(IUinois Sta. Cire. 112, 13 pages).
Expériences sur les taches noires des pommes, par D. Mc. Ar-
PIE (Journ. Dept. Agr. Victoria, 5 [1907], p. 362-363).
Quelques nouveaux parasites du cacao, par L. Lurz (Bul. Soc.
Bot. France, 53 [1907], p. xzviu-un, avec 2 figures).
Les espèces décrites sont Macrosporium verrucosum n. sp., Sterigmalo-
cystis luteo-nigra n. sp. et Fusarium theobromæ, n. sp.
Sur la thrombosis des groseilliers rouges et à maquereau,
par R. Anerxozp (Mitt. K. Biol. Anst. Land.- u. Forstw., 1907,
n° 4, p. 26-27).
Le mildiou des groseilliers à maquereau américains atta-
quant les groseilliers rouges, par E.-S. Sazmon (Gard. Chron.,
3° sér., 42 [1907], n° 1073, p. 26).
Notes sur quelques maladies des raisins, par L. Ravaz (Bul.
Mens. Off. Renseiqn. Agr. [Paris], 6 [1907], n° 7, p. 837-838).
Les dommages sur les feuilles des vignes provenant de
l'application de fungicides, par F. Mur (Mitt. Deut. Weinbau
Ver., 1[1906|, n° 1, p. 9-18 ; résumé dans Bot. Centralbl., 105 [1907],
n° 28, p. 26-27).
La pourriture des germes de la noix de coco, par W.-T. Horne
(Bol. Offic. Sec. Agr., Cuba, 3 [1907], n° 1, p. 1-5).
Maladie des feuilles des érables, par W.-A. Murnizz (Journ. N.
Y. Bot. Gard., 8 [1907], n° 91, p. 157-161, avec » fiqures).
Elle est attribuée au Glæosporium nervisequum et se montre sur les éra-
bles plane et sycomore, sur les espèces américaines comme sur celles de
l’ancien monde.
Une rouille des jeunes conifères, par P. SpauzonG (Science,
n. sér., 26 [1906], n° 659, p. 220-221).
Quelques maladies dues à des charbons sur des plantes de
jardin, par G. Korrr (Prakt. BI. Pflansenbau u. Schutz., 5 [1907 |,
n° 7, p. 79-82, avec 1 figure).
BIBLIOGRAPHIE 230
La nielle des extrémités des feuilles de Draçæna frajrans,
par J.-L. Saezpon (Journ. Mycol., 18 [1907], n° go, p. 138-140).
Une maladie bactérienne sur des plantes cultivées, par
F.-C. von Faser (Mit. K. Biol. Anst. Land.- u. Forstw., 1907, n° 4,7
p- 24-25).
Protection contre les maladies des plantes et les insectes
(Oklahoma Sta. Rpt., 1907, p. 26-31).
Zoologie économique — Entomologie
Sélection et croisement dans leur rapport avec l'hérédité
des pigments de la peau et les dessins de la peau chez
les rats et les cochons d'Inde, par H. Mc Curpy et W.-E. Casrre
(Carnegie Inst. (Washington), Pub. 70, 50 pages, avec > planches et
5 figures).
La cause de l’albinisme total ou partiel, par J.-H.-W.-T. Rer-
MERS (Cultura, 19 [1907], n° 224, p. 267-274).
Expériences sur la destruction des rats à bord des vais-
seaux par l’anhydride sulfureux liquide, par A. CHANTEMESSE
(Rec. Hyg. pub., 35 [1905], p. 191-214).
La destruction des rats, par R. Wurrz (Rec. Hyg. pub., 35 [1905],
p- 473-483).
La guerre aux rats et aux souris, par Hirrner (Prakt. BI.
Pflangenbau u. Schutz, 5 [1907], n° 6, p. 61-63).
Les faucons et les hiboux au point de vue du fermier,
par A.-K. Fisaer (U. S. Dept. Agr., Biol. Survey, Girc. 61, 18 pages,
avec 6 figures).
Annuaire des fonctionnaires et des organisations s’intéres-
sant à la protection des oiseaux et du gibier, 1907, par T.-S.
Parmer (U. S. Dept. Agr., Bur. Biol. Survey, Cire. 62, 16 pages).
Listes des publications du service biologique. Département
d'agriculture, 1907 (U. S. Dept. Agr., Bur. Biol. Survey, Caire.
6o, 7 pages).
236 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
22: rapport de l’entomologiste de l'État sur les insectes nui-
sibles et autres de l’État de New-York, 1906, par E.-P. Ferr
(NW. Y. State Mus., Bul. 110, p. 39-186, avec 3 planches et 2 figures).
2° rapport annuel de l’entomologiste de l'État, par E.-F. Hircmnc
(Ann. Rpt. State Ent. Maine, 2 [1906], 37 pages, avec > planches
et 21 figures).
Entomologie pratique, par J. Vossecer (Pflanser, 3 [1907], n° 5-6,
p- 65-77).
Notes sur des insectes, des champignons et autres pestes
(Journ. Bd. Agr. [Londres], 14 [1907], n° 4, p. 212-222).
Nouveaux genres et espèces d’Aphelinines, avec une table
revisée des genres, par L.-0. Howarp (U. S. Dept. Agr., Bur.
Ent., Bul. 12, pt. 14, tech. ser., p. 67-88 et 10 fiqures).
On y trouve la description de vingt espèces nouvelles et de cinq nouveaux
genres d’Aphelininæ, complément de ceux publiés dans le précédent bulletin.
On prouve que ces Aphelininæ sont d’une grande importance contre les
coccides.
Insectes sauteurs des feuilles (Supplément), par G.-W. KirGaLny
(Hawaïüan Sugar Planters’ Sta., Div. Ent., Bul. 3, 189 pages, avec
20 planches et 3 fiqures).
L’anatomie de la trompe des Stomoxys, par J.-W.-W. STEPHENS
et R. Newsreap (Ann. Trop. Med. and Par., 1[1907], n° 2, p. 171-
198, avec 8 planches).
Une maladie de l’avoine due à Tarsonemus spirifex L., par
L. Guizze (Journ. Agr. Prat., n. sér., 13 [1907], n° 18, p. 552-556,
avec À fiqures).
Charançons des grains, par J.-R. Ixpa (Com. Par. Agr. (Mexico),
Cire. 59, 21 pages, avec 8 figures).
Le charançon du poivre, par J.-R. Ina (Com. Par. Agr. (Mexico),
Cire. 58, 2 pages, avec 3 planches et 1 figure).
La guerre au charançon des capsules du cotonnier, en éplu-
chant les places infectées, par W. Newezc (Crop. Pest. Com. La.,
Circ. 15, pages).
BIBLIOGRAPHIE 287
Le facteur le plus important pour résoudre le problème des
charançons des capsules du cotonnier, par A. Maver (Crop.
Pest. Com. La., Cire. 16, 8 pages).
Les insectes nuisibles du jute, par H.-M. Leroy (Agr. Journ.
India, > [1907], n° >, p. 109-115, avec 1 planche et 1 figure).
Quelques insectes nuisibles aux récoltes du jardin. Cleora
pampinaria de l’airelle. La chenille rayée du jardin
(Mamestra legitima), par F.-H. Cnrrrenpex (U. S: Dept. Agr.
Bur. Ent., Bul. 66, pt. 3, p. 21-32, avec » fiqures).
Mouches des fruits, par C. Frenca (Journ. Dept. Agr. Victoria, 5
[1907], n° 5, p. 301-312, avec 1 planche).
Le puceron lanigère sur les pommiers, par (1. p'Urra (Rev. Agr.
Säo Paulo, 12 [1907], n° 13, p. 243-240).
Les Mermis (vers filiformes) sur les vignes et les poiriers,
par G. Korrr (Prakt. BI. Pflansenbau u. Schutz, 5 [1907], n° 6,
p- 67-69, avec 1 figure).
Le sphinx de la vigne, par R. Bruner (Rev. Vit., 28 [1907|,
n° 767, p. 5-7, avec 1 planche).
Biologie et ennemis naturels du Sphinx elpenor qui cause quelquefois de
sérieux dommages à la vigne.
La destruction de la mouche de [l'olivier, par M. pe Crus
(Coltivatore, 53 [1907], n° 27, p. 8-11).
L'action des températures basses sur les œufs et les chenilles
de Paralipsa Gularis, par J. ne Loverpo (Compt. rend. Acad.
Sci. (Paris), 145 [1907], n° 1, p. go-92).
La chenille marquée de blanc et la galéruque de l’orme, par
E.-P. Fezr (NW. Y. State Mus., Bul. 109, 31 pages, avec 8 planches).
Description, ennemis naturels, moyens destructifs de ces deux pests.
L’anatomie et l’histologie des tiques, par S.-R. CuHrisropners
(Sci. Mem. Med. and Sanit. Depts. India, n. sér. [1906], n° 23,
55 pages, avec 6 planches).
L'auteur a choisi deux types de tiques, Rhipicephalus annulatus el Orni-
thodoros Savignyr.
238 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Tiques comme distribiteurs de maladies, pur W. Düxrrz
(Pflanser, 3 [1907], n° 7, p. 97-108).
Note sur la présence de la tique de la fièvre de l’Améri-
que du Nord sur des moutons, par W.-D. Hunter (U. S.
Dept. Agr., Bur. Ent., Cire. 91, 3 pages).
Un plan simple de l’extirpation de la tique du bétail par
la méthode de la rotation de la pâture, par W. Newer
(Crop. Pest. Com. La., Circ. 14, 4 pages).
Le corps Leishman-Donovan dans la punaise de Lit, par
W.-S. Parron (Sci. Mem. Med. and Sanit. Depts. India, n. sér.
[1907], n° 27, 19 pages, avec 1 planche et 1 carte).
Sur l'importance du caractère des larves pour la classifi-
cation des moustiques, par S.-R. CarisroPners (Sci. Mem. Med.
and Sarnit. Depts. India, n. sér. [1906], n° 25, 18 pages, avec
3 planches).
Un graisseur automatique pour détruire et écarter des puits
les larves des moustiques, par E.-H. et H.-C. Ross (Ann. Trop.
Med. and Par., 1[1907], n° 2, p. 165-167).
L'abeille mellifique de l'Afrique orientale, par J. Vossezer (Ber.
Land.- u. Forstw.|[Deutsch-Ostafrika], 3 [1907], n° 2, p. 15-29).
Plateaux pour peser les ruches, par C. JunGrLeiscn (Apiculteur,
51 [1907], n° 7, p. 282-287, avec 5 fiqures).
La station caucasienne de sériciculture ; son organisation
et son travail de 1887 à 1905 (Xavkaskaya Shelkovodstvennaya
Stantzya eya Ustroïstvo i Dieyateknost [1883-1905] (Tiflis); Cauca-
sian Sericicultural Sta.[1906], vol. I, pages 1v-537, avec 36 planches,
113 [1907], vol. IT, pages 1v-517, avec 5 planches).
Aliments — Nutrition humaine
Rapport sur le blanchiment de la farine, par H. Snyrper (S6.
Anthony Park, Minn. [Author], 1906, 15 pages).
L'effet du blanchiment sur la qualité de la farine, par GRENIER
(Bal. Soc. Agr. France, n. sér., 39-[1907], 15 mai, Sup., p. 511-518).
BIBLIOGRAPHIE 239
Sur les plantes alimentaires cultivées par les natifs de
l'Afrique occidentale portugaise, qui parlent l'Umbundu,
par F.-C. Wezcman (Journ. Trop. Med. (Londres), 10 [1907], n° 9,
p- 197-160).
Sur la statistique des jus de fruit pour l’année 1906, par
F. Scuwarz et O. Weger (Zertschr. Untersach. Nahr.-u. Genussmitl.,
13 [1907], n° 6, p. 345-349).
Préservation et conservation, par G. Mc Carry (NV. CN. Dept.
Agr. Biol. Div. [1907], 37 pages).
L'article s’applique aux fruits et aux végétaux, au vin, au vinaigre, aux
viandes et aux poissons.
Les éléments du whisky, par J.-H. Sarparn (Apt. Chem. So.
Dak. Food and Dairy Com. [1906], 20 pages).
Rapport sur l'examen de viandes conservées (Mo. Bul. N. Y,
State Dept. Health, 23 [1907], n° 4, p. 2-9).
Modifications qui se produisent dans les œufs, par À. CHRÉTIEN
(Hyg. Viande et lait, 1[1907], n° 5, p. 193-2071).
Sur l'extrait de crabes, II et II, par D. Ackermanx et F. KurscHer
(Zeutschr. Untersuch. Nahr.-u. Genussmtl., 13 [1907], n° 10, p. 610-
Gr4).
Expériences de digestion artificielle avec nombre d'aliments
d’origine végétale, par W. Rorue (Zeitschr. Physiol. Chem., 5x
[1907], n° 3, p. 185-200).
Le rôle physiologique de l'inosite, par P. Mayer (Brochem.
Zeitschr., 2 [1907], p. 393; résumé dans Chem. Ztq., n° 31, Répert.,
n° 27, p. 166).
Études expérimentales sur la valeur nutritive de la poudre
de viande, par P. LassaBuière (Compt. Rend. Soc. Biol. (Paris),
62 [1907], n° 13, p. 640-641).
Chimie physiologique pratique, par P.-B. Hawk (Philadelphia,
[1907], p. xiv-416, avec 6 planches et 126 figures).
La coordination chimique des activités du corps, par E.-H.
STARLING (Sci. Prog. XX‘. Cent., 1 [1907], n° 4, p. 557-568).
240 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
La coordination chimique des fonctions du corps, par E.-H.
SraruiNG (Zentralbl. Gesam. Physiol. u. Path. Stoffwechsels, n. sér.,
2 [1907], n° 5, p. 161-167; n° 6, p. 209-214).
Études expérimentales sur la psychique et la sécrétion asso-
ciative du suc gastrique chez l’homme, par H. BoGen (Arch.
Physiol. (Pflüger), 117 [1907], n° 1-2, p. 150-160).
Chimie de la digestion dans le corps de l'animal, VIII, par
E.-S. Lonpon (Zertschr. Phystiol. Chem., [1907], n° 3, p. 241-243,
avec 2 figures).
Une méthode opératoire améliorée pour former un estomac
accessoire expérimental (Pawlow) chez le chien, par J.-C.
Hemmerer (Amer. Journ. Physiol., 17 [1907], n° 4, p. 321-325, avec
6 figures).
Nouvelles expériences sur la valeur des produits de sépa-
ration des protéides, par E. ABperHaLDEN et B. OpPLer (Zettschr.
Physiol. Chem., 51 [1907], n° 3, p. 226-»/40).
La séparation des protéides des aliments dans les intestins,
Il, par O. Connuem (Zeitschr. Physiol. Chem., 51 [1907], n°% 4-5,
p- 415-424).
Séparation de la Gliadine par le moyen du Bacillus mesen-
tericus vulgatus, par E. AspernaLoen et O. EmmeruinG (Zettschr.
Physiol. Chem., 51 [1907], n°% 4-5, p. 394-396).
Nouvelles expériences sur l'assimilation de la protéine dans
le corps des animaux, par E. ABpERHALDEN, C. Funk et E.-S.
Lonpox (Zeitschr, Physiol. Chem., 51 [1907], n°% 4-5, p. 269-293).
Preuve de la présence de la protéide dissoute dans les fèces
des adultes, par H. Scncæssmanx (Zeitschr. Klin. Med., Go,
[1907], p. 272-294, résumé dans Chem. Abs., 1 [1907], n° 6, p. 742).
Les urines du jour et de la nuit, par E. OsrerBerG et C.-G.-L.
Wozr (Journ. Biol. Chem., 3 [1907], n° », p. 165-169].
(À suivre.)
LT
MALADIE DES CHATAIGNIERS
AUX ÉTATS-UNIS ET EN EUROPE
Par E. HENRY
I — ÉTATS-UNIS
Le nord-est des États-Unis est en ce moment le théâtre d’une
invasion d’un champignon forestier qui, par la rapidité de sa
propagation et l’intensité de ses dégâts, dépasse, croyons-nous,
tout ce qui a été signalé jusqu'ici.
C’est le châtaignier seul qui est attaqué.
Cet arbre qui, dans cette région, tient une place si importante
comme arbre forestier et comme arbre d’ornement, meurt très
rapidement sous les coups d’un champignon pyrénomycète que le
D' W.-A. Murrizz, du Jardin botanique de New-York, rapporte
au genre Draporthe (*), et qui ne justifie que trop le nom spécifi-
que de parasitica qu’il lui a donné.
Le genre châtaignier (Castanea) n’est représenté actuellement
que par deux espèces, le châtaignier commun (Castanea vulgaris
Lam.— CG. vesca Gærtn.) qui est un grand arbre à aire fort étendue,
(:) Ce genre qui, dans le Sylloge fungorum de Saccarno, termine la quatrième sec-
tion (Hyalodidymæ) de la famille des Sphæriacæ, est extrêmement touffu. Le nombre
des espèces augmente chaque jour; Saccardo pense qu’on pourra plus tard le restreindre
dans une large mesure. Suivant la disposition des périthèces et la structure des spores,
il le divise en trois sections (Chorostate, Euporthe, Tetrastaga). Plus de 150 espèces de
Diaporthe ont été décrites. La plupart sont des saprophytes et, vivant de tissus morts,
ne causent aucun dommage. Il n’en est malheureusement pas de mème de la nouvelle
espèce américaine.
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 1 16
242 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
mais disjointe (Europe méridionale, Indes, Chine, Japon, États-
Unis) et le châtaignier chinquapin (C. pumila Michx), petit
arbre de 15 mètres au plus, croissant exclusivement aux États-
Unis et dont les produits sont insignifiants.
C’est uniquement à la grande espèce, au Castanea vesca ame-
ricana D. C., que s’attaque le parasite. La forme américaine
du Châtaignier commun ne diffère quère du type, dit Mouizze-
FERT, que par ses feuilles plus larges, pubérulentes dans le jeune
âge, glabres à l’état adulte, et par le fruit plus petit et plus sucré.
Il y a trois ans que la maladie a été signalée et elle a pris immé-
diatement le caractère d’une épidémie. Elle paraît être une des
maladies les plus sérieuses et les plus soudaines qui ait jamais
attaqué les arbres forestiers. C’est à ce titre que nous allons
donner, d’après les spécialistes américains, quelques détails à son
sujet, bien que jusqu'ici les Châtaigniers européens n’aient point
à se plaindre du Diaporthe parasitica. Ws ont suffisamment à
souffrir des parasites souterrains qui provoquent la maladie, dite
de l'encre, encore mal connue. En Portugal, Espagne, France et
Italie, cette maladie a amené, depuis cinquante ans, la mort de
milliers de gros arbres.
Du reste, qui oserait affirmer que nos Châtaigniers européens
n’auront pas bientôt à supporter aussi les attaques de ce parasite
aérien ? Chaque jour nous apporte des exemples d'insectes ou de
champignons transportés du Nouveau Monde dans l’Ancien ou
inversement et accusant de suite dans leur nouvelle patrie plus
de virulence que dans leur pays d’origine.
La région où sévit la maladie du Châtaignier offre précisément
de ce fait un exemple frappant.
La chenille du Bombyx disparate (Porthesia dispar ou Ocneria
dispar, vulgairement le Zigzag), chenille si dommageable à tous
les arbres et même aux végétaux herbacés — car elle est large-
ment polyphage — a été introduite de France dans le Massa-
chusetts en 1868 par M. Trouvelot, naturaliste français établi à
Boston.
Pas n’est besoin d’ajouter que cette introduction fut tout à fait
involontaire (*); mais elle n’en fut pas moins désastreuse.
(:) Dans l'introduction du livre The Gipsy Moth (nom américain de la chenille du
Porthesia dispar) publié en 1906, à Boston, par MM. Edward H. Forsusx et Charles
H. FennaLp (495 pages et 66 planches) sous la direction du Bureau de l’agriculture du
LA MALADIE DES CHATAIGNIERS 243
La maladie a été étudiée d’abord par le D' W.-A. MurriLL et,
depuis deux ans, elle a été soumise à l’observation du D' Haven
Mercazr, du « Bureau de l’industrie des plantes » (*).
Mode d'infection. — Les spores du Diaporthe parasitica pénè-
trent dans l’arbre par des blessures des branches ou du tronc et
poussent leur tube germinatif. Du point d’entrée le mycélium
s’étend en tous sens dans l’épaisseur du liber et de la zone cam-
biale jusqu’à ce qu’il encercle complètement la branche ou le
tronc.
Quelques couches annuelles extérieures du bois peuvent être
envahies ; il est probable que le Champignon pénètre dans les
Massachusetts, on lit : « L’entomologiste qui a introduit cet insecte est M. Trouvelot
qui entreprenait en 1868-1869 des essais pour la production de la soie à l’aide des che-
nilles séricigènes autres que le ver à soie et qui fil venir dans ce but des espèces euro-
péennes. L’insecte a été importé à l’état d'œuf. Deux couples de papillons se sont échap-
pés accidentellement par la fenêtre; Trouvelot, connaissant le caractère dangereux de
cette peste et voyant au bout de quelque temps l’inanité de ses efforts pour détruire
cette chenille, publia une note attestant que la chenille avait échappé à sa surveillance. »
Elle se propagea lentement aux environs de la maison de Trouvelot, puis dans tout
Boston, puis dans le Massachusetts.
De 1869 à 1889 l’espèce se multiplia lentement sans trop attirer l'attention, mais en
1889 elle pullula tellement et fit tant de dégâts que les pouvoirs publics durent prendre
des mesures législatives spéciales et organiser tout un système de défense contre cet
ennemi qui menaçait de détruire toute la végétation. (Voir mon article : La lutte contre
l'Ocneria dispar aux États-Unis dans Annales de la Science agronomique française
et étrangère, 1806, t. I, p. 276-290.) Car cette chenille, très vorace, s'attaque aux
végétaux herbacés quand les arbres lui font défaut; elle se montre en Amérique beau-
coup plus nuisible qu’en Europe où il est tout à fait exceptionnel de voir les arbres suc-
comber à ses atteintes, tandis que le fait est assez fréquent aux États-Unis. Les Améri-
cains attribuent la plus grande nocuité incontestable de l’insecte en Amérique à son
extrème multiplication et à son temps de pâture, d'ordinaire beaucoup plus long qu’en
Europe. Malgré les dépenses considérables (plus de 10 millions de francs) nécessitées
par la destruction de ce Bombyx, l'invasion dure encore ; en 1908 les arbres de Boston
n'avaient pas une feuille (M. Picné) : Jamais on n'avait constaté de pullulation aussi
longue. Voilà vingt ans qu’on lutte contre cetle peste. Cela tient en partie à ce que
l'insecte n’a pas trouvé en Amérique ses parasites ordinaires. Aussi le service entomo-
logique des États-Unis fait-il venir d'Europe, depuis quelques années, des cargaisons de
nids de chenilles (Ziparis chrysorrhæa) et de pontes de Bombyx disparate dans l’espoir
qu’il en sortira des parasites et que ceux-ci, se multipliant à l’envi, arrêteront les mul-
tiplications désastreuses de ces deux insectes venus d'Europe.
(:) Il y a au ministère de l’agriculture des États-Unis des bureaux scientifiques à la
tète desquels sont des spécialistes chargés de l’étude scientifique des questions intéres-
sant l’agriculture. Il y a dix de ces bureaux : météorologique, industrie des animaux,
industrie des plantes, forestier, sols, chimie, statistique, entomologie, service biologique,
routes. Nous utilisons ici les observations faites par ces deux savants et mises en œuvre
par E.-R. Hopsow, Forest assistant, Forest Service, dans la circulaire : Extent and im-
portance of the chestnut bark disease (octobre 1908). — Voir aussi dans le numéro
de novembre 1908 du journal Conservation, recueil officiel de l'Association forestière
américaine, l’article The Blight on Chestnut trees, par John MickLeBoROUGH.
244 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
rayons médullaires pour se nourrir des réserves alimentaires
qu’ils contiennent : mais le vrai siège de la maladie est l’écorce
interne et la zone cambiale.
Symptômes. — La maladie n’est pas facile à voir quand l’arbre
vient seulement d’être attaqué. Dans beaucoup de cas il est
envahi d’abord sur les petites branches. Celles-ci sont bientôt
encerclées ; le feuillage jaunit et se fane.
Ces branches fanées font remarquer à distance l’arbre envahi.
C’est d'ordinaire la seconde année seulement que meurent les
branches ou les arbres encerclés, à moins qu’ils ne soient attaqués
très tôt dans la saison ou que les axes soient de faible diamètre.
Sur les branches à écorce lisse, non rhytidomée, la région
malade est enfoncée et décolorée avec de petites pustules bru-
nâtres ou jaunes dispersées à la surface. Sur le bord de la partie
infestée on voit dans la saison de végétation un cercle de petites
excroissances verdâtres ou jaunâtres, ressemblant à des cornes et
très visibles, si bien qu’on peut découvrir facilement la maladie
sur les jeunes arbres, même avant que les branches se fanent. Sur
l'écorce rhytidomée des grands arbres l’aspect ne change pas;
mais les protubérances brunâtres des appareils fructifères se
montrent dans les fentes et l’écorce sonne creux quand on Ja
frappe.
Comme la maladie tue et flétrit vite les petites branches, elle
ne peut, dès la fin de la première année d’invasion, rester ina-
perçue ; à la fin de la seconde les gros arbres sont morts. Z{ n'y a
pas jusqu'ici d'exemple de Champignon aérien tuant en deux ans
et sur de grandes surfaces des arbres de la taille de ceux que
représentent les photographies américaines.
En Europe, les champignons les plus nocifs sont les parasites
souterrains (7rametes radiciperda, Armillaria mellea, etc.), qui
provoquent les maladies du rond et tuent les gros résineux en
deux ans; mais leur propagation est lente ; ils ne saccagent pas
en trois ans des étendues comparables à celles qui ont été ravagées
par le raporthe parasitica.
Champs d'invasion. — En 1905 la maladie s'était propagée
déjà sur une surface considérable autour de la ville de New-York
cù elle paraît avoir pris naissance.
LA MALADIE DES CHATAIGNIERS 245
De là elle s’est étendue rapidement vers le nord et vers le sud,
si bien qu’en 1908 il y a huit États plus ou moins contaminés; ce
sont New-York, et, en remontant vers le nord, Connecticut, Mas-
sachusetts ("), en descendant vers le sud, New-Jersey, Pensyl-
vanie, Delaware, Maryland et Virginie.
Pour donner une idée des dégâts commis par le parasite, nous
dirons seulement qu’on dut abattre plus de 1 400 arbres dans un
parc de Brooklyn (New-York) et que, dans un autre parc de cette
grande cité new-yorkaise, il y a 4 000 châtaigniers dont beaucoup
sont morts et dont aucun probablement ne sera sauvé.
Mode de propagation de la maladie. — Les fructifications
jaunes, très communes sur les arbres infestés, émettent constam-
ment des myriades de spores (conidies) pendant toute la saison
de végétation. Ces spores, transportées sur des arbres sains par le
vent ou par les plumes d’un oiseau ou les ailes d’un insecte ou la
fourrure d’un écureuil, peuvent rencontrer une blessure, une fente
dans l’épiderme ou dans l’écorce. Elles germent en donnant un
mycélium qui s’insinue à travers le liber et l’assise cambiale,
accentuant surtout son développement dans le sens latéral. Le
tronc ou la branche est alors à la merci du parasite. Dans une ou
deux saisons de végétation toute la périphérie de l’axe est envahie
et sur un anneau plus ou moins large les cellules de ces tissus
vitaux sont tuées. Tout ce qui est au-dessus de cette zone nécrosée
ne reçoit plus de nourriture par suite de la dessiccation et de la
mort des derniers anneaux ligneux par les vaisseaux desquels
passe la solution nutritive. Le feuillage jaunit et se dessèche ; le
phénomène est aussi net, ausst brusque, que si l’on faisait une
incision annulaire.
Après les spores conidiennes se produisent les ascospores. Le
mycélium se condense en de petites pustules ovales qui se font
jour à travers les crevasses de l’écorce. Chaque pustule, de
la grandeur d’un petit pois, de couleur jaunâtre, renferme
plusieurs périthèces très petits en forme de bouteille dont le
(:) En Connecticut la maladie est tres intense à Stamford ; elle s'étend le long de la
côte jusqu'à New-London et au sud-est du Massachusetts. En New-Jersey, la maladie
sévit dans les parties septentrionales et orientales. En Pensylvanie, elle n’est nulle part
abondante jusqu'ici quoiqu’elle existe en des lieux assez distants. Elle a été signalée aussi
pres de Baltimore (Maryland) et à Bedford (Virginie), mais sur un ou deux points,
246 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
long goulot s'ouvre au dehors. Ces périthèces contiennent un
grand nombre de cellules (asques) ayant chacune huit spores.
C’est sous cette forme de périthèce que le parasite passe l’hi-
ver.
La dissémination des ascospores a lieu au printemps ; puis on
voit se former d'innombrables spores conidiennes, différentes
des ascospores ; elles sont produites en série linéaire à l'extrémité
des filaments.
Ces spores sont, disions-nous, transportées surtout par le vent.
Beaucoup de faits le prouvent. Ainsi l’on a observé que les arbres
placés dans des lieux exposés au vent (bords des routes, des
forêts, des fleuves, des étangs) sont plus fréquemment conta-
minés que les tiges abritées. Les arbres sur des pentes ou dans
des fonds avoisinant des sujets malades placés au-dessus sont
habituellement infestés, évidemment parce qu’ils reçoivent les
spores apportées par les vents soufflant d’en haut.
Des peuplements denses sont, par contre, en général un obs-
tacle à la propagation de la maladie, sauf sur les points où elle est
très intense. Alors rien ne peut l’arrêter.
Évaluation du dommage. — Le dommage causé par ce Cham-
pignon s’élève, d’après l'enquête, au chiffre formidable de viner
MILLIONS de francs, au moins.
Jamais jusqu'alors on n'avait eu à enregistrer un pareil chiffre
à l'actif d’un seul Champignon, en si peu de temps. Cela tient à
ce que la maladie a sévi dans une région où les châtaigniers sont
très fréquemment plantés dans les parcs et les jardins comme
arbres d'ornement. Les pertes ont été plus vivement ressenties.
Dans le Prospect Park, de Brooklyn, six châtaigniers seulement
restent en vie sur 1 4oo. Dans le Forest Park, à Jamaïca (Long-
Island), tous les châtaigniers sont malades et beaucoup sont
morts. On conçoit qu’il est difficile d’estimer la valeur d’arbres
surtout utiles à des buts esthétiques; cette valeur est toute de
convention.
Quoique les ravages sur les arbres d’ornement aient le plus
attiré l’attention, le dommage ne s’est pas borné là.
Une phase plus sérieuse de l’épidémie est la menace pour les
terrains forestiers commerciaux. Déjà beaucoup de forêts parti-
culières dans cinq États ont été attaquées et, de ce chef, il y a de
LA MALADIE DES CHATAIGNIERS 247
grandes pertes, mais qui ne sont rien à côté de celles qu’on
subira si la maladie continue à s’étendre.
Le châtaignier est en effet un des plus utiles arbres forestiers
américains et l’un de ceux qui poussent le plus vite.
Il constitue une partie très importante des peuplements dans
les forêts de l’est des États-Unis. Le bois est extrêmement durable ;
aussi est-il très largement employé pour poteaux, mâts, traverses
de chemin de fer en même temps qu'il est fort recherché à bon
droit comme bois d’ébénisterie. Le châtaignier se prête admira-
blement au traitement forestier et constitue probablement, après
le pin Weymouth, les peuplements les plus rémunérateurs.
Tous les arbres atteints au tronc sont des arbres morts. Il faut
les exploiter le plus tôt possible pour empêcher la maladie de se
répandre et pour utiliser le bois avant qu’il ait perdu de ses qua-
lités techniques. Lorsque l'arbre est abattu et débité promptement,
son bois a toute sa valeur marchande.
Moyens préventifs et destructifs. — En raison de son extraor-
dinaire nocuité il est de la plus grande importance pour les pro-
priétaires d’empêcher l’extension du Champignon vers les loca-
lités indemnes. Il n’y a guère que deux moyens :
1° Faire une reconnaissance minutieuse des forêts envahies et
abattre les arbres ou les rameaux sur lesquels on découvrira le
parasite afin d'empêcher la contamination du voisinage ;
2° Interdire pour la même raison le transport du matériel
infesté.
Dans les peuplements serrés la maladie s’étend en général
moins rapidement que dans les peuplements éclaircis. Donc il
sera bon de laisser le massif aussi serré que possible, au moins
sur les lisières.
Vu l’imminence du danger et la gravité des pertes en perspec-
tive, les forestiers des États-Unis réclament énergiquement une
législation spéciale prohibant l'importation de châtaigniers infes-
tés, surtout de plants pour pépinières, ordonnant une inspection
systématique et minutieuse des peuplements suspects et exigeant
la coupe des arbres infestés. Il est absolument urgent de prendre
des mesures énergiques pour éteindre la maladie partout où elle
apparaît.
248 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
II — EUROPE
Depuis longtemps déjà, depuis plus de cinquante ans, les chä-
taigniers cultivés pour le fruit, les châtaigniers greffés surtout,
mais aussi parfois les arbres non greffés, élevés pour le bois,
manifestent sur de nombreux points du Portugal, de l'Espagne,
de lltalie et de la France un état maladif qui amène plus ou
moins rapidement la mort des plus gros arbres.
Cette maladie est dite de l’encre ou du pied noir, parce qu’elle
est due à l’altération des racines qui, ramollies par une sorte de
gangrène humide, laissent sortir de leur tissu fauve une exsuda-
tion tannique produisant de l’encre avec le fer du sol.
Elle a été très étudiée dans les divers pays que je viens de
citer, sans qu’on soit encore arrivé à un diagnostic certain. On a
publié sur la maladie des châtaigniers de très nombreux tra-
vaux (*), et mon intention n’est nullement d’en faire l’analyse
complète. Je voudrais seulement dire quelques mots sur l’état
actuel de la question.
En Portugal, cette maladie vient d’être étudiée par M. J. pA
CaAmaARA PEsranA (?), qui arrive aux conclusions suivantes, con-
formes à celles qui ont été déjà formulées en France et en Italie.
Le savant portugais constate que la maladie attaque les châtai-
gniers sauvages et cultivés dans presque tous les sols et avec les
divers systèmes de culture. Les arbres malades développent tard
leurs feuilles ; celles-ci ont une teinte anormale, jaunâtre, et les
rameaux terminaux sont souvent rabougris. Les fruits ne se for-
ment pas ou tombent prématurément, ou au contraire peuvent
rester sur l’arbre toute l’année. L'arbre finit par mourir.
Un examen minutieux des parties aériennes ne révèle aucune
altération ; mais il n’en est pas de même des racines, surtout des
(1) Citons notamment ceux de PLancnon (1878), J. pe Seynes (1879), Connu, GiBELLt,
SAVASTANO (1884), CRiE (1894-1895), L. Mancn, Decacroix, etc.
En 1902, le ministre de l’agriculture, M. Dupuy, adressa aux préfets une circulaire
leur prescrivant de procéder à une enquête sur les modes de culture et l’étendue des
châtaigneraies produisant des fruits ou des menus boïs (taillis, cerclières), la valeur de
la production, l'étendue des terrains dévastés soit par les maladies, soit par l’abatage ou
l’arrachage des arbres destinés à la fabrication de l'extrait.
(2) Bul, Soc. Portugaise Sc. nat., 1 (1907), n° 2, p. 55-70, avec 2 planches; Bol.
R. Soc. Agr. Portuguesa, IX (1907), n° 12, p. 686-762, avec 2 planches.
LA MALADIE DES CHATAIGNIERS 249
racines fines, qui deviennent noires ; leurs tissus ligneux subis-
bissent une pourriture humide ; ils exsudent un liquide noir déga-
geant une odeur de tanin; l’écorce se détache sous la moindre
pression. Peu à peu, parfois très vite, cette pourriture des radi-
celles s’étend aux grosses racines et, quand presque toutes sont
envahies, l’arbre meurt.
En examinant au microscope, M. da Camara Pestana a trouvé,
comme les mycoloques français, à la limite entre la partie saine
et la région noircie dont on vient de parler, une zone infestée de
bactéries et de filaments mycéliens semblant en relation avec les
mycorhizes existant normalement sur les racines saines. L'auteur
croit que la maladie est due aux bactéries et aux hyphes des
mycorhizes qui, au lieu d’être des commensaux ou même des
adjuvants, vivent en parasites par suite de l’affaiblissement de
vigueur de l’arbre, et il attribue cet état de langueur rendant lor-
ganisme inapte à réagir contre les attaques des parasites au
manque de nitrification dans le sol, à son appauvrissement en
principes fertilisants.
Cette opinion recrute aussi chaque jour plus d’adhérents en
France. Je ne crois pas qu il y ait sur les châtaigniers européens
une maladie parasitaire analogue à celle des États-Unis, c’est-à-
dire causée par un vrai parasite tuant en deux ans les arbres les
plus vigoureux.
On se rallie de plus en plus à lidée, exprimée depuis long-
temps déjà par divers auteurs, que le vrai moyen d’enrayer le
dépérissement des châtaigniers est de les mettre dans le meilleur
état de végétation possible.
Aussi essaie-t-on maintenant de lutter contre cette soi-disant
maladie des châtaigniers par des engrais appropriés. Je dis sor-
disant parce qu’il n'y a pas, à proprement parler, en Europe, de
maladie de châtaigniers due à des parasites déterminés; il y a
des arbres qui dépérissent et meurent par suite des mauvaises
qualités du sol.
On a déjà obtenu des succès par l'application des engrais et
par l’aération et la culture du sol.
Sur mes indications, un propriétaire des environs de Pau a
soigné de gros châtaigmiers dépérissants en distribuant des
scories de déphosporation sur les racines. On a creusé des trous
jusqu’au voisinage des racines, on y mettait les scories finement
250 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
moulues et on recouvrait de terre en même temps qu’on piochait
le sol tout autour du tronc pour l’aérer et l’humidifier.
« Dans un groupe de trois arbres voisins, présentant des
signes certains d’un commencement de dépérissement, le n° 7,
soigné depuis 1905 avec scories et kaïnile, est beau et d'une belle
végétation. I a été pioché chaque année et chaque année on a
répandu sur le sol les engrais que vous avez indiqués (*). Des
n° 2 et 3, de même force et de même végétation que le n° r,
l’un, le n° 2, laissé sans aucun soin, est mort; l’autre, le n° 3,
soigné en 1907 avec trous et scories et pioché en 1908, reste
dépérissant. »
Cette expérience semble bien convaincante. Le n° r, qui a reçu
l’engrais, a quéri; le n° 2, laissé tel quel, est mort; le n° 3, sor-
gné en 1907 seulement el non en 1905 comme le n° r, est encore
dépérissant, mais l’action de l’engrais va probablement se faire
sentir.
Il y a eu un insuccès sur les n° 5, 6 et 7 arrosés de sulfate de
cuivre, puis traités en 1907 par des scories mises en divers trous
creusés sous la projection horizontale de la cime. Ils sont morts,
mais le propriétaire déclare qu’ils étaient très atteints.
Il est clair que les engrais ne peuvent sauver un arbre presque
mort; on doit les appliquer dès que l’on constate le premier
symptôme de dépérissement.
Dans un voyage récent que je viens de faire en Bretagne, j'ai
eu l’occasion de voir M. Julien, professeur d’arboriculture à
l’École nationale d’agriculture de Rennes, et M. Joubaire, inspec-
teur adjoint des forêts à Rennes. D’après ce dernier, l’on trouve
dans les forêts soumises au régime forestier (Rennes, Fou-
gères, etc.), des châtaigniers gélivés — à la suite du rude hiver
de 1879-1880 — mais très vigoureux. Le bois se vend 35 francs
le mètre cube sur pied, plus cher que le chêne.
M. Julien constate que, partout en Bretagne, les châtaigniers
isolés dans les champs cultivés sont en bon état ainsi que les
cépées des taillis exploités à courtes révolutions pour la fabrica-
tion des cercles. Les arbres atteints se trouvent dans les châtai-
\
gneraies où l’on pratique à outrance le soutrage et l'enlèvement
(') Lettre de Mlle M. Peyre, d’Artiquelouve, près Pau (Basses-Pyrénées), 19 février
19094
LA MALADIE DES CHATAIGNIERS 251
des feuilles, où le sol est privé de tout élément fertilisant. M. Ju-
lien fait en ce moment, sur divers points, des expériences à l’aide
d'engrais chimiques et de fumier dans le but de rendre la vigueur
et la santé aux arbres faiblement atteints. Des lots témoins laissés
tels quels montreront au bout de quelques années si le dépérisse-
ment des châtaigniers tient bien à l’épuisement du sol et si l’ad-
dition d’engrais suffit à les remettre en état, comme l’ecpère
l'expérimentateur (*).
On pourrait aussi essayer de greffer nos bonnes variétés sur
les formes exotiques du châtaignier, soit la forme américaine —
ce serait imprudent à cette heure; on courrait le risque d’intro-
duire le parasite aérien en cherchant à résister aux parasites
souterrains, — soit plutôt la forme japonaise, le C. crenata. Ce
procédé a bien réussi au professeur Savastano contre les maladies
de divers arbres fruitiers en Italie. On a tenté de greffer le châ-
taignier sur les chênes ; mais les résultats ont été, je crois, peu
brillants.
(1) Dans l’ouest de la France, si les terres arables sont généralement bien cultivées,
par contre les bois particuliers sont déplorablement traités. Dans le pays de Gouélo,
pär exemple, aux environs de Paimpol, on coupe rez terre la végétation spontanée (for-
mée surtout d'ajoncs) tous les trois ans. Ces ajoncs sont mis en tas et utilisés pour le
chauffage. De plus, chose incroyable, ces sols déjà si pauvres, puisqu'il s’agit des quart-
zites du cambrien renommés pour leur infertilité, sont émottés, c’est-à-dire qu’on vient
avec une sorte de pioche (franche) enlever la croûte superficielle du sol, la souche et
les racines des ajoncs, bruyères, fougères, avec le peu d’humus et de matières ferti-
lisantes péniblement accumulés par la végétation. Ces sortes de galettes (mottes) sont
encore utilisées pour le chauffage. Quant aux pins maritimes, les propriétaires ne peu-
vent admettre qu'on laisse à la cime plus de trois verticilles de rameaux ! ! Toutes les
branches inférieures sont impitoyablement coupées, toujours pour le chauffage. Il est
inoui qu’au vingtième siècle, dans un pays civilisé, d'aussi absurdes pratiques subsistent
encore, C’est la culture-vampire dans toute sa beauté |
EXCURSION EN SCANDINAVIE
(Suile EH)
XII — La station et le jardin d'expériences de Jonkoping.
Les fabriques d’allumettes et de papier de Munksjo
5 août. Jônkôping.
Dans ses premières années d'existence, l’Association suédoise dis-
posait de moyens très restreints pour les études expérimentales. Le
directeur de la station de contrôle était, en même temps, directeur
de l’association ; les modestes locaux de la station abritaient, à la
fois, le laboratoire d’analyses et les bureaux des employés de l’asso-
ciation.
En 1887, quelques caisses de végétation furent installées dans la
cour de la station. En 1889, l'association loua, à l’est de la ville, un
terrain un peu plus vaste pour y organiser le jardin d’expériences où
furent, peu à peu, transportées les caisses de végétation de la station.
Dix ans plus tard, en 1899, ce jardin, d’une superficie de 3.119
mètres carrés, devint la propriété de l'association : le don généreux
de l’un de ses membres ajouta, en 1900, une surface de 1.358 mètres
carrés à ce Jardin, dont l’étendue fut ainsi portée à près de 45 ares.
En 1909, l’associalion se trouva assez riche pour entreprendre la
construction du bâtiment actuel qui, sous le nom d’Institut de l’Asso-
ciation suédoise, fut occupé au mois d'octobre 1903. La figure 13,
reproduction d’une photographie que je dois à l’obligeance de M. de
Feilitzen, représente le jardin d’expériences et l’ensemble des cons-
tructions y atlenant, vus du jardin, la façade principale se trouvant
{(!) Voir ces Annales, t. I, 1909. 1°, 2e et 3° fasc.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 2953
sur la rue. L’espérance que, depuis longtemps, nourrissait l’associa-
tion de posséder une station expérimentale, dans le vrai sens du terme,
était enfin réalisée.
Dans le sous-sol du bâtiment se trouvent une cave et deux pièces,
dont l’une sert à la préparation, à la dessiccation et à la mouture des
échantillons de tourbe, ainsi qu’au nettoyage des récoltes des cases
de végétation. La seconde pièce est un magasin où sont conservés les
échantillons, les produits chimiques, la verrerie, etc. Dans le sous-
sol, également, se trouve une chambre noire pour les travaux photo-
graphiques.
Au premier étage est installé, dans d’excellentes conditions, le
laboratoire d'analyses comprenant trois pièces. Le bureau du direc-
teur et les locaux occupés par le botaniste, le chef technique des cul-
tures, le secrétaire ct le caissier de l’association, complètent l’aména-
gement intérieur de l'étage.
La bibliothèque et une salle de collections, véritable musée de la
tourbe, renfermant les spécimens les plus variés de terrains tour-
beux, des sols sur lesquels reposent les tourbières de la Suède, et
des plantes qui constituent les hoch et les niederungsmoore, occu-
pent les deux grandes pièces du second étage, où se trouvent éga-
lement les logements d’un préparateur et du garçon de service de
l’Institut.
Le jardin d'expériences entoure, de trois côtés, le bâtiment : ÿ
comprend un observatoire météorologique et des lysimètres très bien
installés, des plates-bandes de culture, et les cases de végétation dont
je vais indiquer les principales dispositions.
Le moineau franc est, paraît-il, aussi hardi sous le climat suédois
que dans les environs de Paris. Comme le montre la figure 13,
M. de Feilitzen a été conduit par les déprédations de l’effronté pier-
rot à couvrir, comme nous au parc des Princes, une grande partie
du jardin par des grillages à mailles assez serrées, pour empêcher
les moineaux de pénétrer dans la partie réservée à la culture des
céréales.
Les essais de culture sur tourbe, objet principal des travaux de la
station, présentaient, au début, les quatre dispositifs suivants :
1° Plates-bandes de quelques mètres carrés de surface, dont le sol
254 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
est formé d’une couche de 60 centimètres de tourbe rapportée, repo-
sant sur un lit de 10 centimètres d’épaisseur de hochmoor (tourbe de
sphagnum), placée elle-même sur une couche de gros gravier siliceux.
Au-dessous de ce gravier, vient le sol naturel, constitué par un sable
très pauvre;
2% Cases de végétation à parois de bois verticales imprégnées de
carbolinoleum, qui en assure pour dix ans et plus la parfaite conser-
vation ; ces cases ont une superficie de 1 mètre carré. Elles sont
remplies exactement comme Je viens de le dire, en parlant des plates-
bandes. La face inférieure de ces cases (au nombre de 600), affleure
le sol environnant. Elles sont séparées les unes des autres, comme
les plates-bandes, par des sentiers tracés dans le sol naturel, qui
s'opposent à toute communication d’une case à l’autre ;
3° Des vases cylindriques ou parallélipipédiques en zinc, en général
de 0 "136 de superficie, au nombre de 250, remplis comme les cases
et enfouis comme elles au ras du sol;
4° Enfin, des vases, également en zinc, remplis de même manière,
mais directement posés sur la terre et exposés en tous sens au con-
tact de l’air.
Depuis plusieurs années, M. de Feilitzen a abandonné l’emploi du
Zinc comme récipients de la tourbe et a partout substitué le bois
goudronné au métal ; il a été amené à opérer ce changement par la
constatation d’empoisonnements, par le zinc, des végétaux cultivés
dans certaines variétés de tourbe.
Toutes les expériences sont conduites à Jünkôping avec une ri-
gueur scientifique qui donne aux résultats obtenus une valeur in-
discutable.
On peut juger, par les dispositions que je viens d’indiquer som-
mairement, du nombre considérable d’essais de végétation et de
fumure que le savant directeur de la station a pu mener à bien,
depuis la fondation de l’Institut de l'Association suédoise.
Il a étudié l’action, sur la végétation des tourbières, des diverses
formes de l’acide phosphorique, de la potasse, de la chaux, des engrais
azotés, etc. J'ai été particulièrement intéressé dans ma visite à la
station par des expériences, très concluantes, de la valeur du nitrate
de chaux sur la production de l’avoine, de la pomme de terre et des
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EXCURSION EN SCANDINAVIE
256 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
graminées des prairies. Les plantes étaient encore sur pied, mais
leur végétalion luxuriante affirmait l'excellence du nitrate de Nor-
vège dans les sols tourbeux, ainsi que je l’ai constaté déjà dans la
tourbière de Flahult. Ces jours derniers, une lettre de M. de Feilit-
zen m'a donné la confirmation de mes appréciations au commence-
ment d’août. Quand je serai en possession des résultats des pesées
de récoltes de Flahult et de Jünkôping que M. de Feilitzen m’enverra
prochainement, Je les ferai connaître à mes lecteurs.
Un autre essai de culture à aussi retenu mon attention : il con-
cerne la pomme de terre Commersoni, objet depuis plusieurs années
des intéressantes études de M. Labergerie dans sor domaine de Ver-
rières (Vienne).
Les quelques tubercules plantés l’an dernier à la station présen-
taient le plus bel aspect. J’ai beaucoup engagé M. de Feilitzen
essayer l'introduction, à Flahult, de cette variété qui me semble
devoir tout particulièrement prospérer dans ces terrains humides.
Dès l’an prochain, des expériences seront tentées dans cette direc-
tion.
Le jardin d'expériences de Jônkôping est, comme le laboratoire,
ouvert aux membres de l'Association suédoise désireux de faire sou-
mettre à une étude méthodique la valeur du sol des tourbières qui
leur appartiennent, et le mode de fumure qui leur convient le mieux.
Par là, la station de Jünkôping concourt très efficacement à lac-
croissement de la mise en culture des tourbières, en fournissant à
leurs propriétaires des indications que l’expérimentation scientifique
seule peut donner.
Toutes les récoltes du jardin d’expériences sont, comme celle du
champ de Flahult, pesées avec le plus grand soin et analysées. On
voit combien sont nombreux les renseignements précis qui, d'année
en année, s’accumulent dans les registres de la station et dans les
bulletins de l’association, pour le plus grand profit de cette branche
capitale de la production agricole de la Suède, à laquelle sont indis-
solublement liés les noms de Karl et Hjalmar de Feilitzen.
Je ne puis quitter Jünkôüping, patrie d’origine des allumettes sué-
doises, sans dire quelques mots de deux industries florissantes, créées
toutes deux sur les bords du lac Munksjô, par le Suédois Johan-Ed-
EXCURSION EN SCANDINAVIE 257
vard Lundstrôm, il y a un peu plus d’un demi-siècle : la fabrication
des allumettes au phosphore amorphe, connues dans le monde entier,
et celle du papier.
C’esten 1844 que J.-E. Lundstrôm a fondé, à Jônkôping, la pre-
mière fabrique d’allumettes au phosphore amorphe. G.-E. Pasch,
professeur à l'institut Carolin de Stockholm, découvrit qu’on pouvait,
pour enflammer les allumettes sans phosphore, employer les frot-
toirs recouverts de phosphore amorphe. Son invention, brevetée le
30 octobre 1844, fut appliquée dès ce jour même par Lundstrôm, dans
la fabrique qu’il venait de fonder. Le procédé de Pasch pour la pré-
paration industrielle du phosphore rouge était peu commode ; il fut
rendu pratique en Angleterre en 1851 et appliqué, dès l’année sui-
vante, dans l’usine de Jônkôping. A l'Exposition universelle de 1855
à Paris, les allumettes de suürelé furent très remarquées et, depuis cette
année les produits de la fabrique de Jünkôping, universellement ré-
pandus, font, dans toutes les parties du monde, l’objet d’un immense
commerce. Peu d'objets ont, autant que les allumettes de sûreté,
subi de contrefaçons.
Le développement de cette industrie nécessitait l’invention des
machines épargnant la main-d'œuvre, en particulier pour la mise en
cadres des allumettes façonnées avant leur immersion dans la paraf-
fine et la pâte fulminante.
L'invention de Lagermann a réduit au minimum la main-d'œuvre
nécessitée par ces opérations. Sa machine dite complète (Komplett-
Maskin) avale, pour ainsi dire, les allumettes façgonnées par une
autre machine : entrant à l’une des extrémités, les allumettes, débi-
tées, en ressortent par l’autre, toutes préparées et empaquetées dans
‘les boîtes, sans qu’un seul ouvrier ait eu, au cours de cette opéra-
tion, besoin d’y mettre la main.
Une telle machine ne livre pas moins de 40.000 boîtes en onze
heures.
La Suède est obligée d'importer la plupart des produits chimiques
nécessaires à cette industrie : phosphore, soufre, sulfure d’anti-
moine, paraffine, etc; elle trouve, par contre, dans le pays même,
le chlorate de potasse.
L'espèce de bois employée presque exclusivement à la fabrication
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 1 17
258 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
des allumettes est le tremble, facile à couper et assez poreux pour
s’imprégner de soufre et de parafline. Les ressources de la Suède en
trembles de qualité irréprochable ont actuellement diminué, à tel
point que le tremble est devenu l’objet d’une importation considé-
rable, tant de Finlande que de Russie.
Les trois fabriques d’allumettes les plus importantes (la Suède en
compte une trentaine) sont les deux manufactures de Jünkôping et
celle de Tidaholm.
En 1898, 27 fabriques occupaient ensemble 5.805 ouvriers : elles
produisaient près de 16 millions de kilos d'allumettes (pour la plus
grande partie exportées via Hambourg et Londres), d’une valeur
totale de plus de 10 millions de francs.
Les boîtes de copeaux, dites Spanaskar, se fabriquent par
millions pour les usines d’allumettes : 9 fabriques, occupant
360 ouvriers, ont livré, en 1898, pour 900.000 francs de ces
boîtes.
J’ai le regret d’être réduit à admirer de loin les immenses fabri-
ques de Jônkôping dont l'entrée est rigoureusement interdite.
La fabrique de papier, fondée également à Jônkôping par Lund-
strôm, est l’une des plus importantes de la Suède où cette industrie
compte environ 60 usines.
En 1898, la production du papier, pour l'exportation, s’est élevée,
dans l’ensemble de ces usines, à près de 400.000 quintaux, d’une
valeur de 25 millions de francs, environ. Les matières brutes em-
ployées à la fabrication du papier et du carton varient nécessaire-
ment avec la nature et la quantité des produits fabriqués. La pâte de
de bois et les chiffons sont les deux matières premières les plus em-
ployées. La production de la pâte de bois a atteint 3.400.000 quin-
taux environ en 1898, dont un peu moins de moitié a été utilisé en
Suède, le reste, d’une valeur de 22 millions de francs, ayant été
exporté.
La pâte chimique représente environ 70 °/, de la production totale.
Me voilà au terme de mon séjour, trop court à mon gré, dans cette
ravissante ville de Jünkôping. Je passe ma dernière soirée sur la
jetée du lac Vetter, empourpré par les feux du soleil couchant. De-
main matin je me mettrai en route pour la Norvège.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 259
XII — De Jonkoping à Fredrikshald (Norvège)
La fenaison en Suède et en Norvège
6 août. Jünkôping.
Depuis que j'ai quitté la France, à part quelques rares et courtes
averses, caractéristiques du climat scandinave, le temps est resté
beau et la température des plus agréables. Ce matin il pleut violem-
ment, le baromètre a fait un saut brusque depuis hier ; de 745 milli-
mètres il est tombé à 735.
Je quitte Jünkôping à 8° 30 du matin par le train qui, passant à
Mellerud et Kornsjô, première station sur le territoire norvégien,
ne m’aménera qu’à 11 heures du soir à Fredrikshald, avec deux
heures de retard.
De Jünkôping à Falkôping, la voie longe d’abord le beau lac Vener,
puis traverse de nombreux cours d’eau et de magnifiques forêts de
pins et de bouleaux : à Muksjô, le chemin de fer s’engage sur une
digue d’environ 400 mètres de longueur, pour franchir le pittores-
que lac Strôken.
La campagne est encore couverte de moissons : les seigles, d’assez
belle venue, ne sont pas coupés ; les avoines, très vertes, ne müri-
ront pas avant un mois: les prairies elles-mêmes, superbes dans cette
région, pour la plupart attendent encore les faucheurs. Les cavaliers,
destinés au séchage de la récolte, s’alignent en files parallèles, lon-
gues parfois de 10 à 12 mètres, dans les prairies où ils sont
établis à demeure. La récolte des foins se fait. en effet, en Suède et
Norvège, autrement que chez nous.
L'époque tardive de la fenaison, l’humidité du climat et du sol, la
fréquence des averses au moment de la fauchaison, ont fait adopter,
dans toute la Scandinavie, ce mode particulier de séchage. Au lieu
d'étendre l'herbe coupée à la surface de la prairie et de procéder au
fanage, comme en France, on la dispose, immédiatement après la
coupe, entre les bois horizontaux des cavaliers, comme le montre la
figure 15. La dessiccation s'opère par la circulation de l'air au
travers de la masse de l’herbe.
260 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Suivant la disposition des lieux, on établit les cavaliers un peu
différemment, mais toujours d’une manière très simple.
La figure 14 montre l’aspect des cavaliers en terrain plat (*).
Le cavalier, placé suivant une courbe de niveau, est formé de
fortes perches a, de 3 mètres environ de hauteur, espacées de
1 mètre à 1° 20, reliés entre elles par 7 bois horizontaux b, écartés
les uns des autres de 0"20 à 0"95, sur lesquels le faucheur place,
à la main, par petites poignées, le fon F;les pièces « et b sont
réunies par des harts. Le système est fréquemment consolidé par
des contre-fiches c.
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Fig. 14. — Support à sécher le foin, employé en Suède et en Norvège.
Sur les pentes raides, les supports à sécher le foin consistent en
trois perches a, b et c formant trépied, reliées entre elles par une
hart à leur partie supérieure et une perche d sur laquelle on étend
le foin (fig. 15).
Ce mode économique de séchage s’applique aux prairies artifi-
cielles : luzerne, trèfle, vesces, comme à l’herbe de prairie; pour
les légumineuses, outre la suppression d’une grande partie de la
main-d'œuvre qu’entraine le procédé de récolte ordinaire, ce sys-
(*) Je dois à M. Ringelmann les figures 14 et 13 dessinées d'après des photogra-
phies rapportées de Norvège.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 261
tème a l'avantage d’éviter les pertes dues à la chute sur le sol des
folioles, par suite du fanage au râteau. La rentrée du foin au fenil
se fait généralement sur des voitures à deux roues traînées par un
cheval ou fréquemment à bras d’hommes.
Dans les admirables vallées, à parois abruptes, Hardanger et du
Valders, dont je parlerai plus tard, la descente du fourrage récolté
sur les plateaux du sommet ne serait pas possible par les voies
ordinaires ; un ingénieux système de transport aérien remédie à cette
impossibilité. Les paysans norvégiens établissent les communications
Fig. 15. — Support à sécher le foin sur les pentes.
entre les sommets des hautes collines qui encaissent les vallées et les
vallées elles-mêmes à l’aide d’un câble en fil de fer, fortement tendu
diagonalement entre les points de départ et d'arrivée des fardeaux à
transporter.
Ce câble est enroulé, à ses deux extrémités, sur des pieux solide-
ment fixés dans le sol. Un dispositif que, malgré sa simplicité, il se-
rait trop long de décrire, permet de faire glisser par leur propre
poids, le long du câble, les objets à descendre dans la vallée : bottes
de foin, bidons remplis de lait, produits des fruitières établies sur les
sommets (beurres ou fromages), etc.
Presque toujours, ces porteurs aériens, d’un système primitif,
passent au-dessus d’un torrent que longe, par accotement, la route
occupant, avec lui, toute la largeur de l’étroite vallée.
262 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
J'étais tout entier au souvenir de mon séjour d’il y a deux ans,
dans la ravissante contrée du Telemarken, où j'ai vu pour la pre-
mière fois descendre — on eût dit du ciel, tant étaient rapprochées
les parois des rochers — les foins des hauteurs, lorsque le train
stoppa. Pour la deuxième fois depuis Jünkôping, il faut descendre de
wagon et changer de train ; la pluie tombe à verse, le vent fait rage ;
nous sommes à Kornsjô, frontière norvégienne où, très courtoise-
ment, les douaniers, aimables comme tous les Scandinaves, me dé-
clarent qu’en qualité de touriste étranger je suis exempté de la visite
réglementaire de la douane.
Autant que j'en puis juger dans la quasi-obscurité de cette soirée
pluvieuse, nous traversons d’épaisses forêts de pins et nous longeons
pendant quelques instants le fjord de Fredrikshald. Un peu plus loin
une éclaircie me permet d’entrevoir le beau lac de Finjôen, relié,
par des canaux, à quatre autres lacs situés à une altitude supérieure
et formant un réseau de voies fluviales utilisé pour le flotiage des
bois exploités dans les vastes forêts des environs.
La voie s'engage ensuite sur un remblai formé par une ancienne
moraine de glacier, traverse un tunnel, débouche dans la belle vallée
industrielle du Tisteval et arrive à Fredrikshald.
Il est 11 heures du soir ; nous avons mis treize heures pour venir
de Jünkôping ici, et le gîte qui m'attend à Fredrikshald sera le bien-
venu. Le baromètre remonte, et j'espère pour demain le retour du
beau temps.
XIII — De Suède en Norvège
Coup d'œil sur l’agriculture norvégienne
7 août. Fredrikshald.
Première ville frontière norvégienne lorsqu'on vient de la Suède,
assise sur les deux rives du Tistedalelv, non loin de son embouchure,
Fredrikshald occupe, en face de l’île boisée de Saugoën, une ravis-
sante situation, dans l’anse du fjord de Christiania appelée Idefjord.
Cette vieille ville de 12.000 habitants est dominée par la forteresse de
Fredrikssten, dans les dépendances de laquelle une pierre surmontée
EXCURSION EN SCANDINAVIE 263
d’une croix marque l’endroit où fut tué, en 1718, le roi Charles XII
de Suède qui assiégeait la ville.
Port bien abrité, Fredrikshald est le centre du commerce du bois
des contrées voisines de Norvège et de Suède. Flottés par le Tiste-
dalelv, les bois qu’amènent dans ce fleuve les canaux reliant les
lacs Aspern, Aremarks sjô, Odemarks sjô et Orje sjô, représentent
annuellement plus d’un million de troncs.
La pluie a cessé ce matin; le ciel s’éclaircit, la température est
toujours très agréable (18°) [on m'écrit de France que le thermo-
mêtre marque 32° ?|. Je vais m’asseoir à l’extrémité de la jetée du
port en longeant le Tistedalelv qui sépare la ville en deux parties
presque égales. Quelle admirable vue on a de cette jetée ! le fjord
aux eaux calmes, d’une transparence et d’une teinte tant de fois déjà
admirées par moi en sillonnant le grand fjord ; un encadrement de
montagnes boisées d’un vert intense, au pied desquelles s’étalent de
verdoyantes prairies parsemées d’élégantes maisons de campagne,
propriétés de riches commerçants de la ville, villas dont l’image
se reflète, comme celle des collines, dans le pur azur du fjord !
Je m’arrache, non sans peine, à la contemplation de ce merveil-
leux site ; je regagne l’excellent hôtel, à la fois très simple, très con-
fortable et d’une exquise propreté, où j'ai joui cette nuit d’un repos
bien gagné par une journée de treize heures de chemin de fer. Si
mon temps n’était compté, avec quel plaisir je prolongerais cette
douce villégiature que rien ne vient troubler ! Ici, casino, petits che-
vaux, eaux en vogue, sont en effet inconnus, grâce au ciel, L’ami de
la nature n’y coudoie pas le touriste mondain dont les allures select
contrastent si fort, dans tant de belles régions, avec la grâce ou la
majesté des sites.
Malgré le charme qui me retiendrait ici, il faut partir : je suis
attendu à Christiania et Je quitterai ce soir Fredrikshald pour aller
coucher à Moss, sur un autre point du fjord qui m’a laissé, il y a deux
ans, un très agréable souvenir.
*k
*k *
Avant de convier le lecteur à me suivre dans l’excursion que je
projette dans la partie de la Norvège justement réputée comme l’une
264 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
des plus belles, le Telemarken et le Valders, aux merveilleux fjords
Hardanger et Sogne, 1l me semble utile de lui présenter un tableau
sommaire de la situation rurale et économique de la Norvège où nous
venons de pénétrer.
S’étendant du 55° 20” au 70°10° de latitude nord, la Norvège a une
superficie d’environ 323 000 kilomètres carrés (32 millions d’hec-
tares). Aux différentes époques glaciaires signalées par les géologues,
la terre ferme était entièrement couverte de glace et l'Océan s'élevait,
le long de la Norvège méridionale, à plus de 200 mètres au-dessus
de son niveau actuel. Les moraines des anciens glaciers, situées sur
les bords de la mer, sont toutes stratifiées, c’est-à-dire formées par
des couches successives de matériaux les plus divers, attestant leur
formation au sein des eaux. Les soulèvements survenus, après la
disparition progressive des glaciers, ont mis à nu les larges et puis-
santes terrasses, régulièrement étagées, remarquablement planes,
qui semblent les vestiges d’un gigantesque amphithéâtre gazonné. Ces
gradins, comme le fait observer M. Ch. Rabot dans son intéressant
voyage aux fjords de Norvège, sont un trait caractéristique des pay-
sages scandinaves. Formant la couche superficielle du vaste massif
de terrains primitifs (granit, gneiss, schistes micacés, etc.) qui
constitue la presqu'île scandinave, ces dépôts marins d’argile,
de sables ou de cailloux sont évidemment le produit de change-
ments survenus dans le niveau des eaux à une époque relativement
récente. Depuis l’époque quaternaire, le sol de la Scandinavie
a subi un exhaussement considérable, déterminé par la dispa-
rition progressive de la carapace de glace qui a recouvert cette
région.
Ces terrasses ne sont pas limitées à la zone littorale ; on en ren-
contre aussi fréquemment dans l’intérieur des terres, à 500 ou 600
mètres d'altitude, accompagnant, à des distances considérables, les
rivières et les lacs. L’altitude de ces formations exclut toute origine
marine. Sur ce point, les géologues sont d'accord, mais l’unani-
mité cesse lorsqu'il s’agit d'expliquer la genèse de ces gradins (*). D’a-
près l’opinion la plus répandue, les derniers vestiges de la période
(*) Ch. RaBor Loc, cit.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 265
glaciaire se seraient maintenus, non point autour des plus hauts
sommets de la Norvège, mais à l’est de cette ligne, formant, du nord
au sud, un barrage à travers les grandes vallées du versant oriental.
Arrêtées par cette digue cristalline, les eaux se seraient amoncelées
en lacs, et les gradins que nous voyons aujourd’hui accolés aux flancs
des montagnes, sur le bord des rivières, marqueraient les différents
niveaux atteints par ces nappes.
Quoi qu’il en soit de ces hypothèses, ces gradins ont, au point de
vue agricole, une importance très grande. Dans une étendue notable
du pays, ils constituent la majeure partie du sol arable : partout les
dépôts marins et les alluvions fournissent les terrains les plus fertiles.
En dehors de ces alluvions, on ne rencontre plus de culture. Le roc
sort à pic, absolument nu dans nombre de régions, de la couche de
ces dépôts distribués en gradins. La séparation entre les terres utiles
et la montagne stérile est très nette dans les hauteurs, comme sur les
rives des fjords. J'aurai à revenir sur ces faits en parlant de ma tra-
versée du Hardanger et du Sogne.
D’après le recensement de 1906, la population norvégienne serait
de 2.240.000 habitants dont 640.000 dans les villes et 1.600.000
disséminés sur tout le territoire. f
Jetons un coup d’œil sur la répartition du territoire norvégien qui
est résumée dans le tableau T :
Tableau I
ÉTENDUES TAUX 0/0
en de
kilomètres la surface
carrés totale
Verritoires urbains nr ib7 PR 249 (HE
Gares RR Re Lo VAE, 2.314 0,7
Praesardhtielles #00," DRE, 3.756 1,2
Prarriés-naturelles M8 247 Sr 3.138 1,0
ÉOTÉSR EME RP Re mr rt, 68.179 21,1
Sols incultes, pacages et estivages . . . 24.450 7,6
Marais et tourbières. . ;- . . . . . . 12.000 3,7
ROCHESRSÉTNES ADN LE , DS 191.067 HORS
LANCE MA ed DE PS 12.407 3,8
Neiges /et glacesn CH, nn 5.045 1,6
POtAUR EE EN EE RE 322.605 100,00
266 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
On voit, d’après ce relevé, que moins de 3°/, de la superficie totale
de la Norvège sont occupés par la production agricole proprement
dite, cultures et prairies, dont l'exploitation ferait vivre, d’après les
statisticiens, environ 700.000 habitants. Les produits de cette faible
partie du sol, 9 millions d'hectares sur 32 millions, entrent pour moitié
dans le revenu global de la Norvège : l'exploitation des forêts, dont
80 °/, sont propriété privée, le commerce des bois, la pêche, d’une si
grande importance, et la navigation représenteraient l’autre moitié
des revenus annuels du pays.
La Norvège a 2.500 kilomètres de côtes, et, si l’on ajoute à ce
chiffre, déjà considérable, les rives des grands lacs si nombreux, celles
des entailles profondes des fjords et la circonférence des îles princi-
pales, on arrive à un total égal à la moitié de la circonférence ter-
restre, soit 20.000 kilomètres, pour l'étendue des terres baignées par
les eaux.
D'après la statistique dressée à l’occasion de l’exposition de 1900, le
territoire arable et sa production se répartissaient, entre les diverses
cultures, comme l’indique le tableau ci-dessous (tableau ID) :
Tableau II
SURTASES RÉCOLTE VALEUR LE
cultivées ; - à
NATURE DES RÉCOLTES S en en l’hectare
. ci en
Poctaros hectolitres kroners (?) eo
AVOIR de Ne tt 98.839 3 458.876 18.158.707 35,0
OPEN TE RE 51.780 1 488.276 12.223.098 29,0
Blandkorn (!) ECM MARS 14.195 507.926 3.314.917 35,7
Seigle nr CT AR 13.759 333.936 2.780.767 24,2
FTOMENLS 1 UM RTE Te. 4.386 92.985 849.938 21,2
ÉOIS Ts re RAT 3.646 80.354 835.434 18,3
Pommes de terre . . . . . 39.122 8441.403 24.807.136 21,5
Jachères et cultures diverses, 5.673 » » »
Total”. ‘EME EST Un
(‘) Mélange d'orge et d'avoine. L'expérience a montré que les deux céréales donnent
un rendement plus élevé, en mélange, que lorsqu'on les sème isolément.
(*) Le kroner vaut 1140.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 267
Sur les 231.400 hectares en culture, les céréales occupent une
surface de 182.000 hectares.
Plus des trois quarts des terres emblavées sont situées dans la région
occidentale, la riche province de Telemarken.
Comme dans tous les pays où la terre est rare et recherchée, par
conséquent, le sol de la Norvège est très morcelé et presque entière-
ment cultivé par ses propriétaires ; le fermage, très peu répandu de
tout temps en Norvège (7 à 8°}, de la superficie à peine) va
. d'année en année en diminuant, tandis que le nombre des exploitants
directs va en augmentant. Le nombre approximatif des exploitations
rurales est de 207.000. Au revenu de la terre et au profit de l’élevage
les exploitations agricoles voient s’ajouter les ressources qu’offrent la
pêche et l'exploitation des forêts.
Le clergé est le plus grand propriétaire foncier de la Norvège,
L'organisation religieuse de ce pays rappelle, par certains côtés, celle
qui existait en France avant la Révolution. Chaque pasteur jouit
d’un domaine plus ou moins étendu, dont l’usufruit constitue letrai-
tement du titulaire. De plus, les pasteurs reçoivent une dime de leurs
ouailles. Chacun donne ce qu’il veut, mais le total de ces offrandes
doit atteindre, dans chaque commune (nous verrons plus loin com-
ment les communes sont constituées), un certain chiffre fixé par la loi,
Ces diverses ressources constituent un fort bon traitement ; d’après
Broch, le traitement moyen d’un ministre serait de 4.700 francs,
somme énorme pour un pays aussi pauvre que la Norvège (').
Comme le montre le tableau IL, les rendements du sol sont élevés ;
cela tient, à la fois, aux soins méticuleux que les paysans apportent à
leurs cultures et à l'abondance des fumures dont ils disposent, à rai-
son du bétail relativement nombreux qu'ils élèvent.
L’assolement généralement suivi embrasse une période de sept
années, Savoir :
Jannéb maths ni cs: Avoine ou blandkorn ;
ANNÉE Un nr Racines ou jachère ;
MES 2 Dee ot: ce Orge ou seigle ;
4e, 5e, 6° et 7 années. . Prairies.
(*) Ch. RaBor, Loc. cit.
268 : ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
C’est en avoine seulement que la production indigène suffit à la
consommation ; mais comme cette céréale n'arrive à maturité qu’en
seize semaines, il y a tendance, dans les altitudes élevées et dans les
latitudes septentrionales, à substituer de plus en plus l’orge à l’avoine.
C’est l’escourgeon (Hordeum hexaslichum) qui est presque exclusi-
vement cultivé. Son principal emploi, l’orge le trouve dans l’alimen-
tation humaine qui, cependant, en consomme moins que de seigle,
la principale céréale alimentaire en Norvège.
Le blandkorn est indifféremment consommé par l’homme et par le
bétail, notamment par les porcs auxquels il convient très bien. Le blé,
plus exigeant sous les rapports du sol et du climat, n’entre, nous
l'avons vu, que pour une part minime dans les emblavures (4700 hec-
tares sur 183000.) mir
La pomme de terre (variété jaune et ronde) prospère dans toutes les
régions habitées de la Norvège : je l’ai vu cultiver presque à toute alti-
tude dans le Telemarken et le Valders. Sa culture occupe près de
40.000 hectares, surface décuple de celle qui porte du froment. La
pomme de terre sert aussi à la fabrication de l’alcool et à l’extraction
de la fécule. L
La statistique évalue à 70 millions de kroners (98 millions de francs)
la production annuelle des diverses cultures que j'ai énumérées : en
y ajoutant les produits de l’élevage dont je parlerai plus loin (140 mil-
lions de kroners), on arrive à un chiffre de près de 300 millions de
francs.
XIV — De Fredrikshald à Moss
Le fleuve Glommen — Sarpsborg et le flottage des bois
Fredrikshald et Moss. 7-8 août.
De Fredrikshald, deux chemins s’offrent au voyageur pour se ren-
dre à Christiania, capitale de la Norvège : le chemin de fer ou la tra-
versée du fjord en bateau à vapeur, On peut également faire ce tra-
jet en empruntant partiellement ces deux modes de transport, ce que
J'ai fait.
La voie ferrée, parallèle au fjord qu’elle côtoie fréquemment
EXCURSION EN‘SCANDINAVIE 269
avec de ravissantes échappées sur l’eau, traverse le Tistedalelv au
sortir de Fredrikshald, court entre des rochers et l’eau, franchit un
tunnel et continue à travers une contrée boisée où alternent de petits
champs, des marécages tourbeux et des pâturages. De maigres avoi-
nes qui auront, il me semble, bien de la peine à arriver à maturité,
voisinent avec des champs de pommes de terre encore en fleur et d’as-
pect misérable. Ces récoltes souffrent de l’excès d’humidité du sol,
très mouillé, malgré les rigoles d'évacuation creusées entre les plan-
ches d’avoine et de pommes de terre. Le long de la route, les rideaux
de sapins et de bouleaux entourent les gaurds, fermes isolées dont
j'aurai, plus loin, l’occasion de décrire l’organisation. En Scandina-
vie, en effet, il n’existe pas de villages et toute la vie rurale est con-
centrée dans ces gaards, habités par leurs propriétaires, leur famille
et leurs serviteurs. Cette particularité de la répartition de la popula-
lion, commune à la Suède et à la Norvège, attire Lout d’abord l’atten-
tion du voyageur qui parcourt ces beaux pays pour la première fois.
À une heure environ de Fredriksbald, le chemin de fer franchit le
Glommen sur un viaduc élevé, dont les quatre piles supportent, en
même temps, un pont suspendu construit sous la voie ferrée d’où l’on
domine l’énorme cascade de Sarpsfos.
On arrive à Sarpsborg, petite ville construite en 1840, dans l’em-
placement d’une localité détruite en 1567, par le débordement du
Glommen, le plus grand fleuve de la Norvège, comme longueur et
comme volume d’eau.
Le Glommen est formé par deux fleuves qui traversent chacun une
vallée importante : le Gudbrandsdalen et l’Osterdalen pour se réunir
ensuite dans le sud sur le lac Mjôsen, dans le point où les deux val-
lées convergent, donnant naissance à un lerrain bas, ou plutôt à une
sorte de plateau très large.
D’après les. géologues, le bras oriental qui, dès sa naissance,
porte le nom de Glommen, traversait autrefois la Suède, de Kongs-
vinger au grand lac Vener (6.238 kil. carrés), pour se jeter dans le
Kattégat. Une surélévation relativement faible du terrain, phénomène
fréquemment observé en Scandinavie, l’aurait obligé plus tard à
diriger son cours vers l’ouest, à angle aigu, près de Kongsvinger. Ce
relèvement de terrain est si faible, qu’actuellement encore, dans
210 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
les périodes d'inondation, une partie de l’eau du fleuve passe en
Suède.
Le bras occidental du fleuve, appelé Laagen, dans le Gudbrands-
dalen, traverse le plus grand lac de la Norvège, le Mjüsen (long de 100
kilomètres), et rejoint, un peu plus bas, le bras oriental. Les deux
fleuves réunis reprennent le nom de Glommen ; il traverse, à une
altitude inférieure, le lac Oierem, donnant naissance à des cascades
et à des rapides nombreux, sources de puissantes forces hydrauli-
ques. ‘
Les cascades du Glommen ont peu de hauteur et, par suite, n'of-
frent pas le spectacle grandiose des chutes de Rjukan et de Tyssé que
nous admirerons dans le Telemarken. En revanche, elles ont un
volume d’eau colossal. Quelques chiffres en donneront l’idée.
Le bassin dont les eaux constituent le Glommen embrasse 41.000
kilomètres carrés, soit le huitième de la superficie totale de la Nor-
vège et une surface plus grande que la Suisse entière. Jusqu'ici la
régularisation du Glommen, dont on va s’occuper, a laissé beaucoup
à désirer au point de vue de l’utilisation effective de l’eau comme
force motrice. Il suffit, pour en donner la preuve, d’indiquer que le
débit du Glommen, à sa sortie du lac Oierem, n’est que de 80 mètres
cubes à la seconde, tandis que, pendant les périodes d'inondation, il
peut atteindre 3.300 et même 3.500 mètres cubes à la seconde ! De
ces écarts, il résulte que ce fleuve n’a pas jusqu'ici reçu, pour lin-
dustrie, une utilisation aussi avantageuse que d’autres cours d’eau
norvégiens, dont la force hydraulique est bien moins considérable,
On est en voie de remédier à cet état de choses, en régularisant
d’abord le lac Mjüsen puis Oierem et les lacs nombreux situés à une
altitude supérieure.
Les travaux de régularisation du Mjôsen sont commencés ; ils sont
entrepris par l’État avec le concours des industries intéressées à ces
grands travaux.
Si l’on se bornait à la régularisation du Mjôsen, on n’obtiendrait
qu’un débit minimum de 220 mètres cubes à la seconde. Par la régu-
larisation d’Oierem, on arrivera à 250 mètres cubes ; enfin, le débit
des lacs de montagne régularisés portera de 285 à 300 mètres cubes
à la seconde le volume d’eau utilisable. Dans une usine en construc-
EXCURSION EN SCANDINAVIE 214
tion, à Vamma, la Société norvégienne de l’azote disposera, avec une
hauteur de chute d’environ 25 mètres, d’une force motrice voisine
de 72.000 H. P.
Aujourd'hui, à Sarpsborg, existent de nombreuses usines, scieries,
papeteries, fabriques de celluloïd, pâtes de bois, etc., auxquelles la
cascade de Sarpfos, large de 36 mètres et haute de 23 mètres, four-
nit la force hydraulique. Le Glommen amène à la mer plus d’un tiers
des bois flottés de toute la Norvège (3.500.000 troncs par an). A Sarps-
borg, sur la rive gauche du fleuve, une rigole transporte, au delà de
la chute, le bois découpé, pour éviter les avaries auxquelles il serait
exposé si on lui faisait suivre la cascade.
Grâce au Glommen, l'exploitation du vaste district forestier (l’un
des plus étendus de la Norvège) que traverse le fleuve torrentueux
est rendue facile et économique. La longue vallée d’Osterdal que par-
court le Glommen envoie, sans dépense appréciable, jusqu’à son em-
bouchure dans le fjord de Christiania, les bois en grume ou équarris.
De nombreuses scieries établies à l'estuaire les débitent sous toutes
les formes : planches, lames de parquets, portes, fenêtres, etc., qui
prennent la route du continent, tout prêts à être mis en place. Sui-
vant l’humoristique expression de Ch. Rabot, la Norvège est une
« Belle Jardinière » pour les maisons en bois. « Vous pouvez com-
mander dans ces scieries du Glommen un chalet sur mesure ou d’après
les trois ou quatre types courants. La baraque est d’abord construite
en place, puis une fois achevée, démontée ; pour la réédifier ensuite
on n’a qu’à suivre le numérotage des pièces. Toutes les habitations du
pays sont établies suivant ce principe, et lorsque les gens déménagent,
ils démontent leur maison et la transportent avec eux aussi aisément
qu’une armoire à glace. »
A 5 kilomètres de Sarpsborg, se trouve Sannesund, station pour le
port méridional de cette ville. La voie se rapproche du Glommen, on
voit de tous les côtés de beaux gaards entourés d'arbres ; plus loin,
des hauteurs rocheuses dont la surface polie révèle l’existence d’an-
ciens glaciers, et l’on arrive à Fredrikstad, ville de 44 000 habitants,
à l'embouchure du Glommen, dans la baie de Christiania. Fredrik-
stad doit son importance au commerce de bois avec la France, la Hol-
lande, l’Allemagne, etc. La vieille ville située sur la rive gauche du
2172 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
fleuve à été fondée en 1570 par Frédéric IE. Un service de bateaux à
vapeur la met en communication avec la ville neuve beaucoup plus
importante, assise sur la rive droite du Glommen.
Nous traversons un tunnel, puis un pont sur le Kjlübergelv, et nous
arrivons bientôt à Moss ; le trajet de Fredrikshald à Moss dure une
heure et demie.
Moss est une petite ville de 8000 âmes, célèbre par la convention
du 14 août 1814, par laquelle la Norvège a renoncé à s'opposer à
l’union avec la Suède.
Je descends au Grand-fôtel ! l'unique d’ailleurs de Moss. Le Grand-
Hôtel consiste en quelques chambres aussi propres que simples, qui
occupent le premier et le second étage d’une modeste maison, dont
le rez-de-chaussée est habité par un épicier et par un cordonnier.
Notre hôte est un brave Norvégien parlant approximativement l’an-
glais, seul idiome dans lequel il me soit possible de m’entretenir
avee lui,
La pluie qui nous avait accompagnés pendant quelque temps, au
départ de Fredrikshald, a complètement cessé : le baromètre continue
son ascension ; depuis ce matin il a passé de 746 à 751 millimètres ;
l'air est tout à fait calme ; le thermomètre marque 19°. Je vais m’as-
seoir sur les bords du Hjellô, sorte de large canal qui sépare les
deux parties de la petite ville, dont l’une est bâtie dans une ile du
fjord : un pont relie la terre ferme à cette ile.
La vue est très belle de la jetée du port où règne une grande ani-
mation : bateaux à vapeur, chalands et barques témoignent d’une acti-
vité commerciale considérable.
Au retour de ma promenade, le long des berges du Hjellô, mon
attention est atlirée par un rassemblement d'habitants de la petite
ville à l'entrée du port. A peu de distance du bord, de nombreuses
barques remplies de Mossiennes (?) accompagnées par leurs maris
ou leurs frères, entourent un grand bateau d’où nous arrivent les
accords d’un orchestre dont le répertoire varié, de la Matehiche
aux mélodies mélancoliques du Nord, provoque dans l'auditoire
de chaleureux applaudissements.
Cette fête nautique se prolonge pendant près de deux heures.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 2173
Le soleil descend vers l’horizon dans un ciel empourpré, dont
l’aspect nous promet un beau temps pour la traversée de Moss à
Christiania que nous ferons demain. Sur l'invitation de notre bon
hôte, je vais, après le frugal souper à la norvégienne, achever ma
soirée au cinématographe, seule distraction artistique offerte aux
habitants de la paisible cité.
8 août.
Le lever du soleil est splendide, pas un nuage au ciel, le baromètre
continue son ascension (755 millimètres). A 4 heures du matin, le
thermomètre marque 16°, le vent souffle de l’est, tout présage une
excellente traversée.
Le bateau à vapeur qui nous portera à Christiania n’arrivera de
Fredrikshald qu’à midi. J'ai donc encore quelques belles heures à
passer sur les bords du fjord. J’ai hâte d’en profiter. Durant ma
station, J'ai l’occasion de constater une particularité zoologique que
je n’avais pas remarquée lors de mon premier séjour en Norvège et
que Je retrouverai, cette année, dans tout le cours de mes excursions.
Il s’agit du loulou scandinave, race de chien dominante dans le pays.
J'aime beaucoup les chiens et je ne laisse jamais échapper l’occa-
sion de les interviewer. Les loulous, ce matin, étaient nombreux sur
le port : à poil blanc ras, à museau pointu, à oreilles dressées, ils
présentent dans leur conformation une disposition constante, d’un
animal à l’autre, disposition qui n’a rien d’esthétique mais que je
note en passant, car je ne l’ai observée chez aucune des autres races
canines. L’encolure de ces chiens est énorme ; la tête est reliée au
thorax par un cou que Je ne puis mieux comparer pour sa forme qu’à
celui du taureau. Aux zootechniciens à donner, s'ils la connaissent,
l'explication de cette structure extraordinaire qui différencie le loulou
scandinave de tous ses congénères. Quelques caresses et la distribu-
tion de pain et de sucre m'ont créé, j'en l’ai l'espoir, des amitiés
durables parmi la gent canine de Moss.
La sirène annonce l’arrivée du vapeur : il accoste ; je m’embarque,
emportant, comme 1l y a deux ans, un souvenir ineffaçable de la
riante baie de Moss.
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 1 18
274 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
XV — La baie de Christiania
Visite au jardin d'essai de l'exposition d'agriculture
8 août. Moss a Christiania.
Si l’on jette un coup d'œil sur la carte des eaux scandinaves, on
voit que la partie du Skagerrak, limitée, à gauche, par la rive norvé-
gienne, à droite, par la Suède, affecte la forme générale d’un
triangle, au sommet duquel se trouve enserrée l’admirable baie de
Christiania.
Les deux tiers de la flotte marchande norvégienne, à laquelle son
tonnage assigne le premier rang, après l'Angleterre et les États-Unis,
appartiennent aux villes côtières du Skagerrak. L'importance de
cette flotte, composée de 7 000 navires, jaugeant environ 1 600 000
tonnes, dont 1 100 000 à la voile, donne une idée de la prépondé-
rance de la vie maritime en Norvège.
En voici un exemple : le petit bourg de Tônsberg comptant à peine
7 000 âmes, situé sur la rive occidentale du Skagerrak, à l’entrée du
fjord de Christiania, est le port d’attache d’une flotte marchande
plus forte que celle du Havre.
J'aurai plus tard l’occasion de donner quelques détails sur la part
des produits forestiers et de ceux de la pêche dans l’alimentation de
cette flotte colossale.
Presque en face de Moss s’ouvre le Drammensfjord, vaste bras du
Christianiafjord au fond duquel se dressent leshautes montagnes qui
encadrent la pittoresque ville de Drammen, centre d’un immense
commerce. Drammen exporte près du tiers de tout le bois du pays,
floité par le Drammenselv (près de 5 millions de troncs par année).
En face de Drammen, le bateau s'engage dans une passe qui se
rétrécit jusqu’à n’avoir plus que 800 mètres de largeur. Cette passe,
longue de 15 kilomètres, est bordée des deux côtés de falaises grani-
tiques peu élevées, au pied desquelles, de-ci de-là, quelques ver-
doyantes prairies; elle relie les baies extérieures et intérieures du
Christianiafjord. On atteint bientôt Drôbak, petite ville riante de
9 400 habitants, aux nombreuses villas semées dans les méandres si
caractéristiques de la côte norvégienne. On passe ensuite devant l’ilot
EXCURSION EN SCANDINAVIE 275
fortifié d’Oscarberg, puis en face de Haa-O, île sombre et sauvage,
également défendue par un fortin. Presque subitement, à partir de
ce point, la baie intérieure du Christianiafjord s’élargit de plus en
plus, semée d'innombrables rochers, tantôt nus, tantôt couverts de
prairies. Alors apparaissent, au nord-ouest, de hautes montagnes
admirablement éclairées aujourd’hui par le soleil; aux premiers
plans, les croupes porphyriques du Kolsaas et du Skougumsaas,
toutes deux d’une altitude voisine de 400 mètres. Le bateau navigue
dans un véritable dédale de petites îles de toutes dimensions, d’un
aspect aussi varié qu’agréable à l’œil; ce n’est pas la pleine mer,
comme jusqu’à Fredrikshald, mais ces îlots, qu’on dirait lancés, à la
surface des eaux, comme une poignée de poussière, par la main d’un
géant, donnent à.cette partie du fjord un aspect des plus pitto-
resques.
Voici que se montrent, sur la rive ouest, de grands bâtiments, blancs
de la base au sommet ; c’est la fabrique de ciment de Stemmestad.
Un peu plus loin, nous longeons les îles de Steilene et d’Elgjærnes :
dans la première sont installés d’immenses réservoirs à pétrole,
dans la seconde, des bains de mer très fréquentés.
Tout d’un coup, sans que rien n’annonce ce changement de décor,
à quelque distance de là, près de l’île de Noesodtangen, apparaît
Christiania, avec son château royal bâti par Bernadotte dans la partie
haute de la ville. Au premier plan la forteresse d’Akershus, et dans
le lointain — admirable fond de tableau — le Frognersaeter et la
Tryvandhoïde (530 mètres d’altitude) où je conduirai prochainement
mes lecteurs. Le coup d’æil, de ce point du fjord, est superbe.
Il semble qu’on va aborder dans quelques instants : à vol d’oiseau,
en effet, il n’y aurait que quelques kilomètres à franchir. Mais les
déchiquetures mnombrables du fjord allongent sensiblement la route,
ce qui me réjouit, tant est admirable la vue qui se déroule à mes
yeux.
Sous l'éclairage oblique du soleil à son déclin, les teintes les plus
diverses donnent au paysage un charme indéfinissable : suivant leur
orientation, les rochers sont d’un blanc mat ou d’un ton rose qui
fait penser à l’Alpenglühen. L'eau du fjord est bleue ou vert de mer
et des deux côtés se profilent, dans le lointain, les masses sombres
276 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
de sapins et de pins, se détachant sur les prairies aux teintes si parti-
culières des pâturages alpestres.
Le vapeur sillonne, en serpentant, les méandres rétrécis qui sépa-
rent les îles Lindô et Howdô, aux belles stratifications de diorite, les
îles Grasholm et Blekü, d’où l’on a une belle vue sur le Bundelfjord,
aux rives couvertes de villas.
Nous voilà arrivés, cependant, à Christiania ; le bateau aborde
dans le Bjôrvik, le véritable port de la ville, près de l'embouchure
de l’Akerselv.
Christiania est dans un site magnifique, au pied de coilines cou-
vertes de pins : elle-même étage, sur un terrain mouvementé, ses
constructions d'âge et d'aspect divers; en effet, la ville, dont la fon-
dation par Harald le Sévère remonte à l’an 1050 (elle s'appelait alors
Oslo), a été en partie rebâtie cinq fois à la suite d’incendies qui
l'avaient détruite. Le dernier date de 1858.
Nous débarquons à 4 heures de l’après-midi et je me rends à
l'excellent hôtel Victoria, dont mon séjour de 1905 m'avait laissé un
agréable souvenir. À peine arrivé, Je reçois la visite de M. Scott-
Hansen, l’un des directeurs de la Société norvégienne de l’azote,
accompagné par M. J. Bjernknes, secrétaire du ministère de lagri-
culture, venus aimablement à ma rencontre. J'accepte avec plaisir
l'offre qu'ils veulent bien me faire d’employer le reste de la journée
à visiter, en leur compagnie, le Jardin d’essai, établi dans l’enceinte
de l’exposition organisée le mois dernier par la Société d'agriculture
de Norvège, dans le beau pare de la ville.
Le sol de ce parc, d’origine primitive, comme toutes les terres
scandinaves, est un sable fin, perméable, presque complètement
dépourvu de calcaire. Le champ d’essai avait été installé non loin du
pavillon qu’occupait une belle exposition des plans de l’usine de
Notodden et des produits de sa fabrication : acide nitrique, nitrate
de chaux, nitrites pour usages industriels.
Les récoltes du champ d’expériences sont encore sur pied : blé,
avoine, seigle, betteraves fourragères, pommes de terre, graminées ;
aucune n’est aujourd'hui à maturité, et c’est par l'aspect seul qu’on
EXCURSION EN SCANDINAVIE 271
peut juger de la valeur comparative des engrais sur la production
du sol.
Les parcelles, d'assez grande étendue, sont, pour chacune des
plantes expérimentées, au nombre de quatre, correspondant aux
conditions suivantes de fumure : 1, parcelle témoin sans fumure ;
9, fumier d’étable ; 3, nitrate du Chili; 4, nitrate de chaux.
Les parcelles $ et 4 ont reçu, avant semaille ou plantation, les
quantités d’acide phosphorique et de potasse habituellement em-
ployées à Aas dans les cultures de l’Institut agronomique de Norvège.
Les nitrates ont été donnés à des doses égales d'azote, Toutes les
conditions sont donc comparables, J’ai examiné très attentivement
les vingt-huit parcelles composant le champ d'expériences et j'ai cons-
taté, dans toutes, soit légalité complète de l’influence des nitrates de
soude et de chaux, soit, dans quelques-unes, une supériorité du nitrate
de chaux sur le nitrate de soude, due, peut-être, à la pauvreté exces-
sive du sol en calcaire. J’ai trouvé dans cette visite une confirmation
parfaite de l'influence, au moins équivalente, du nitrate de chaux,
comme valeur fertilisante, au nitrate de soude, ainsi que l’a démontré,
en 1906 et en 1907, l’emploi en grande culture du nitrate norvégien,
Avant de quitter l'enceinte de l’exposition, J'ai visité un gaard
modèle, petite ferme complète comprenant la maison d'habitation,
les étables et dépendances (magasins, grenier, water-closet, etc.), de
l'installation rurale d’un modeste cultivateur.
L’ensemble de ces constructions, édifiées en bois, peintes extérieu-
rement, suivant l’usage, très plaisantes à l’œil, car elles sont toutes
neuves, est d’un prix vraiment très minime : il ne dépasse pas
3000 couronnes, soit 4200 francs.
Vers le soir, une averse assez forte interrompt ma promenade
dans Christiania, au retour du Parc, mais elle est de courte durée.
Le baromètre se maintient à 751 millimètres, le thermomètre marque
20°. A 8 heures, le ciel a repris sa pureté, et j'espère avoir
beau temps demain pour ma visite à l'École supérieure d'agriculture
d’Aas, institut agronomique de Norvège, situé à une heure environ
de Christiania. Je suis informé par M. Bjernknes que le meilleur
accueil m’est réservé par les professeurs distingués de l’École, pré-
venus de ma visite.
2738 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
XVI — Institut agronomique d’Aas
L'enseignement supérieur de l’agriculture en Norvège
La femme norvégienne
Christiania. — 9 août.
Excellente journée, tout entière passée à l’Institut agronomique de
Norvège, situé à quelques kilomètres de la station d’Aas, sur le
chemin de fer de Christiania à Gothembourg. Il faut une heure pour
atteindre Aas. Au sortir de la ville, la voie ferrée passe au pied de
l’'Ekeberg, puis longe le fjord (Bundefjord) dont la rive est couverte
de villas appartenant aux habitants de Christiania.
Le soleil est radieux, la température toujours des plus agréables
(18°). La courte averse d'hier semble avoir avivé les teintes exquises
des pelouses et des prairies. Les îles et les nombreuses maisons de
campagne de l’Ormsund sont resplendissantes de lumière. A droite,
après avoir traversé Oppegaard, on voit se dessiner la presqu’ile de
Nœsodden. Le train s'arrête quelques minutes à Ski, station où
aboutit la ligne de Sarpsford, et l’on arrive à Aas.
Il est 9 heures du matin. A la gare, m'attend le professeur Sebe-
lien qui a eu l’amabilité de venir à ma rencontre et me souhaite la
bienvenue la plus cordiale. Le landau de l’Unstitut, attelé de deux
beaux et vigoureux chevaux, nous emporte, à travers Ja verdoyante
campagne, jusqu’au seuil de l’École.
Je suis reçu, avec le plus gracieux empressement, par les profes-
seurs Bastian Larsen et Haakon Isaachsen. Ces messieurs m’expriment
les regrets du directeur de l’Institut, le professeur Odegaard, qui, en
ce temps de vacances, a dû s’absenter, laissant à ses collègues le
grand plaisir — veulent-ils bien me dire — de me faire les honneurs
de ce bel établissement.
L'aspect de l’Institut est charmant, comme on en peut juger par la
photographie (fig. 15). Les eaux vives d’une vaste pièce d’eau, dont
la surface reflète des arbres d’une venue superbe, répandent dans
l'atmosphère une fraicheur délicieuse.
Pendant le lunch du matin (frohkost), première étape, très agréa-
ble d’ailleurs, de la journée du Norvégien et du Suédois, mes aima-
279
EN SCANDINAVIE
EXCURSION
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op en bIWOUOrSE JNSUT — "CI "SIA
280 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
bles hôtes me font connaître, dans ses grandes lignes, l’organisation
de l’Institut.
Cet établissement de haut enseignement de l’agriculture a été
fondé il y a un demi-siècle, puis réorganisé, amélioré et complété,
il y a dix ans environ.
Le domaine d’Aas comprend 340 hectares d’un seul contexte.
De cette superficie, 155 hectares sont en culture et soumis à un as-
solement régulier. Les champs d’expériences ont une étendue de
7 hectares. 25 hectares de tourbière (hochmoor), dont 5 sont ac-
tuellement transformés en terre arable par les méthodes que j'ai
longuement indiquées à propos de Flabult, permettent d’inilier les
élèves aux procédés de mise en valeur de ces terrains. Les tourbières
couvrent, en Norvège, des surfaces importantes (1 200 000 hectares),
bien moins considérables cependant que l’étendue des tourbières
de la Suède qui occupent 9 millions d'hectares. Les 20 hectares en-.
core vierges seront progressivement mis en culture. Cette tourbière est
enclavée dans les bois, partie formés de feuillus, partie de résineux.
Défalcation faite des terres arables et de la tourbière, le domaine
d’Aas est, en grande partie, boisé; il compte aussi une certaine
étendue de pâturages et de terres incultes. On voit, d’après la diver-
sité de cette répartition du sol, que le domaine se prête aux ensei-
gnements et aux travaux pratiques les plus variés.
L'Institut recrute ses élèves, au nombre de 100 environ (en ce
moment 94), parmi les jeunes gens qui se destinent à la profession
agricole proprement dite ou à l’exploitation forestière dont J'ai précé-
demment rappelé l'importance, plus du cinquième du territoire de
la Norvège (21 °/,) étant couvert de forêts.
L'âge d'admission des élèves est fixé à dix-neuf ans. Tous, avant
leur entrée à l’Institut, doivent justifier de deux années de pratique
dans une exploitation rurale ou forestière, suivant la catégorie à
laquelle ils appartiennent. Une longue expérience de cette condition
d'admission, me disent les professeurs de l’Institut, a montré les
avantages résultant de cette préparation, au point de vue de la soli-
dité des connaissances et de l'aptitude des élèves aux carrières qu'ils
se proposent d'embrasser.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 281
La durée du cours d’études est de deux ans; les élèves qui se des-
tinent à entrer au service de l’État, dans le corps forestier, passent
obligatoirement à l’école une troisième année.
La première année de cours est consacrée à l’enseignement des
sciences fondamentales : chimie, physique, zoologie et zootechnie,
botanique, mathématiques, etc., la seconde année, aux applications
de ces sciences. A la sortie, il est délivré un certificat aux élèves qui
ont, avec succès, subi les examens de fin d’études. Les élèves sont
logés dans un vaste bâtiment, très bien aménagé; le prix de la pen-
sion est de 36 kroner par mois, soit 50 francs; les élèves ont, en
outre, à contribuer, pour une somme annuelle de 10 kroner (14 fr.)
aux dépenses de l'électricité. L'Institut, en effet, est non seulement
éclairé partout à la lumière électrique, mais dans les vastes labora-
toires de chimie, l’électricité est substituée à tout autre mode d’éclai-
rage et de production de chaleur pour les travaux chimiques (calci-
nations, étuves, bains de sable, etc.). [absence de charbon pour
les opérations de laboratoire présente de grands avantages,
notamment sous le rapport de la propreté et de l’entretien des
appareils.
Le budget de l’Institut pour l’année scolaire 1905-1906, qui a été
mis à ma disposition, révèle une situation non moins enviable que les
dispositions matérielles et l’organisation des différents services, si
l’on compare la haute école d'agriculture de Norvège à notre Institut
national agronomique. Ge budget s’élève en recettes à 546848 cou-
ronnes, chiffre correspondant à 765 587 francs.
L’actif se décompose comme suit :
francs
Subvention de l'État . . . . . . . . . . . 250 496
Produit brut de l'exploitation des terres et
TA UInS pete dre Hull nue 131 999
Cheptel, denrées en magasins. . . . . . . . 271 718
Reliquat des années antérieures. Ressources
AIVÉTSOSS MMMEN PURPLE LAS IR) EEE 112 760
HOPPER EEE PARU 7173 033
Chaque année, les produits de l'exploitation laissent un certain
excédent sur les dépenses, excédent que l’on reporte au budget de
282 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
l'année suivante : en 1905-1906, cet excédent s’est élevé à 19 326
kroner (27 056 fr.).
Le personnel enseignant comprend : 10 chaires magistrales, dont
les titulaires (overlærere) sont, comme d’ailleurs tous les fonction-
naires de l’école, nommés par le gouvernement; 7 professeurs
adjoints ({ærere), 5 assistants (préparateurs) et une douzaine de
fonctionnaires subalternes, comptables, surveillants des cultures, de
l’étable, etc.
L'Institut étant assez éloigné d’un centre d'habitation, professeurs
et employés de tous ordres sont logés sur le domaine. Chaque pro-
fesseur occupe, seul avec sa famille, une maison avec jardin. Ces
jolies habitations sont disséminées dans le parc, au milieu duquel se
dresse la vaste et élégante construction où se trouvent réunis les loge-
ments des élèves, les réfectoires, les laboratoires, la bibliothèque,
les salles de cours et les lieux de réunion : salle des fêtes d’une très
heureuse architecture, salles d'examens, etc.
Particularité d’autant plus intéressante à noter, qu’elle a trop peu
d’analogue dans notre pays; ce sont les hommes compélents, c'est-
à-dire les professeurs et les chefs de service appelés à utiliser les
constructions, qui ont présidé à la distribution, à l’aménagement
et à l’organisation des locaux à destinations spéciales : laboratoires,
étables, bâtiments et installations pour recherches ou applications
industrielles, serres, conservation et utilisation des produits, piscicul-
ture, etc. L'architecte, à l’Institut d’Aas, n’a été que l’exécutant
docile des plans dressés par les intéressés, plus soucieux de la bonne
adaptation des locaux aux usages qu’on en fera, que des aspects symé-
triques si chers, en général, aux architectes. On ne s’étonnera donc
pas qu’à Aas les bâtiments répondent complètement à leur destina-
tion. On n’y voit pas, comme autrefois chez nous, dans certains labo-
ratoires de ma connaissance, des holtes sans tirage, des liges de
paratonnerre isolées de la terre par un puits étanche creusé contre
la paroi de ces laboratoires, etc. C’est dans l'édification des établisse-
ments scientifiques qu’il faudrait toujours, comme en Norvège, appli-
quer le célèbre adage anglais : « The right man in the right place. »
Un autre caractère de l’organisation de l’Institut a particulière-
EXCURSION EN SCANDINAVIE 283
ment attiré mon attention. De tous côtés, en parcourant les cultures
et les annexes du domaine, j'ai rencontré aujourd’hui de nombreux
groupes de jeunes hommes et de jeunes femmes, dont l’âge ne per-
mettait pas de supposer qu'ils fussent des élèves en récréation. En
effet, me dit M. Sebelien, ce sont des paysans et des paysannes qui,
pendant les vacances des élèves de l’Institut, quittant les gaards
norvégiens, sont admis, moyennant une faible rétribution, à venir
occuper les logements vides de leurs hôtes habituels. Ils viennent
compléter ici, sous la direction du personnel enseignant, leur instruc-
tion technique, se partageant, à leur gré, entre les travaux des
champs, la laiterie et l’étable. Tous retirent, comme on peut le
penser, grand profit d’un séjour de quelques semaines à l’Institut.
Fait très intéressant, on n’a pas, à Aas, d’exemple que cette réunion
de jeunes hommes et de jeunes femmes ait présenté les dangers
qu’on aurait tant à redouter dans d’autres pays qu'il est inutile de
nommer, La grande indépendance dont jouit, dans tout le pays, la
Jeune Norvégienne lui donne, avec une personnalité très accusée,
une habitude de la responsabilité et une expérience qui la préservent
de tout entrainement et lui deviennent un guide précieux dans le
choix d’un mari.
Le mariage se présente en Scandinavie sous un tout autre jour
que chez nous. Le tableau si vivant qu’en a tracé M. Ch. Rabot (') me
revenait à l’esprit en regardant passer ces hôtes temporaires de l’Ins-
titut. On se voit, dit-il, on s’aime, on échange des engagements :
après seulement, on prévient les parents. L'absence de dot rend les
mariages d'intérêt très rares ; en Norvège, les fortunes patrimoniales
sont très peu nombreuses.
Les parents donnent simplement à leur fille une petite somme d’ar-
gent, encore tous n’en ont-ils pas les moyens. Au mari incombe le
devoir de faire vivre sa femme. Pour cette raison, la célébration du
mariage est souvent retardée pendant plusieurs années. Beaucoup de
Norvégiens se fiancent très jeunes, et doivent ensuite travailler long-
temps avant de pouvoir se créer une position leur permeltant de
subvenir à l’entretien du ménage. Parfois même, le fiancé, s’il est
(*) Fjords de Norvège.
284 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
commerçant, est obligé de s’expatrier, d’aller très loin pour gagner
quelque argent, en Amérique ou en Australie : durant son absence
la jeune fille reste patiente au pays. Les futurs époux habitent-ils la
Norvège, ils se voient alors fréquemment, voyageant ensemble et
passant les vacances tantôt chez les parents de l’un, tantôt dans la
famille de l’autre. C’est une sorte de mariage blanc, l’essai loyal de
la vie commune.
En Norvège, la période du célibat est pour la jeune fille le temps
des plaisirs. Vienne le mariage, les choses changent ; la bénédiction
nuptiale n’est pas, pour elle, le commencement de l'émancipation,
mais le début de la vie sérieuse. Désormais elle sera absorbée par
les soins du ménage et d’une féconde maternité. En Norvège, les
familles de cinq, six, sept, huit et même dix enfants ne sont pas
rares. Toute l'ambition de la femme mariée est d’avoir un état de
maison qui fasse honneur à son mari. Les héroïnes d’Ibsen, ajoute
M. Ch. Rabot, sont inconnues en Norvège : seules quelques vieilles
filles aigries par les déceptions rêvent aux utopies du dramaturge
scandinave.
Mais je m'aperçois qu’il est temps de reprendre ma visite aux ins-
tallations si bien comprises de l’Institut.
(A suivre.)
BIBLIOGRAPHIE
EXPERIMENT STATION RECORD
DÉCEMBRE 1907 (suite)
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L'analyse de l'urine d’une femme refusant la nourriture, par
F.-G. Benenicr et A.-R. Dierenporr (Amer. Journ. Physiol., 18
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L’élimination de créatine, par F.-G. Benenicr et V.-C. Myers
(Amer. Journ. Physiol., 18 [1907], n° 4, p. 406-412).
L’élimination de créatine chez les femmes, par F.-G. BENenicr
et V.-C. Myers (Amer. Journ. Physiol., 18 [1907], n° 4, p..377-396).
Observations de métabolisme azoté chez l’homme après l’en-
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Journ. Phystol., 18 [1907], n° 3, p. 201-212).
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et K.-D. BLacxran (Studies Bender Hyq. Lab., 3 [1906], p. 24-4x).
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[1907], n° 3, p. 283-294).
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R. Ourwater (Maryland Sta. Bul., 117, p. 259-290).
Expériences d'alimentation avec du gros bétail, des mou-
tons, des porcs et des chevaux, par R.-W. CLarx (Utah Sta.
Bul., 101, p. 165-179, 188-201).
Ce travail est, vu son importance, l’objet d’une longue analyse.
Expériences d'alimentation des porcs. La valeur du blé et
des aliments supplémentaires pour la production de la
viande de porc, par W.-J. Kenneoy et E.-D. Rosgis (/owa Sta.
Bul., 91, 61 pages, avec 23 fiqures).
Il en est de même de celui-ci.
Expériences d'alimentation des porcs, par L.-E. Carrer (/owa
Sta. Bul., 91, popular ed., 17 pages).
Alimentation des porcs, par J.-J. Vernon et J.-M. Scorr (Vew
Mexico Sta. Bul., 62, 20 pages, avec 4 planches).
Élevage des animaux, par J.-J. Vernon (Vew Mexico Sta. Rpé.
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Préparation des porcs pour le marché, par C.-L. WircLoucnBy
et P.-N. Fur (Georgia Sta., Circ. 61, 8 pages, avec 2 figures).
Expériences sur la volaille, par J. Drypen (Utah Sta. Bul., 102,
p. 203-228, avec 8 fiqures).
Section des volailles, par F.-B. Linriezp (Montana Sla. Rpt.[1906],
P- 124-127).
Une couveuse chauffée à la gazoline, par J.-E. Rice et R.-C.
Lawry (New-York Cornell Sta. Bul., 246, p. 137-176, avec 22 fi-
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Nouveau matériel du poulailler, par J.-E. Rice et R.-C. Lawry
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Alimentation avec différentes quantités de grains pour les
vaches laitières, par R.-W. CLark (Utah Sta. Bul., 101, p. 179-
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par C.-J. KoninG (Pharm. Weckbl. [1907], résumé dans Rev. gén.
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[1907], n° 12, p. 266-272).
L’acidité du lait, sa relation avec la coagulation par la cha-
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l’acidification, I et II, par T. Henkez (Mélchw. Zentralbl., 3 [1907],
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par J.-O. Jorpan (Journ. Amer. Med. Assoc., kg [1907], n° 13,
p. 1082-1087, avec 2 figures).
Les méthodes de commerce dans l’approvisionnement en
lait de la ville de New-York, par T. DarzinGron (Journ. Amer.
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La qualité du lait danois vendu à Berlin, par B. PROSKAUER,
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Verrcx (U. S. Dept. Agr., Bur. Chem., Cire. 36, 47 pages, avec
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Ce volume est un supplément de l’ouvrage publié en 1887, sous le titre
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une abondante bibliographie.
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R. OsrertaG (Ergeb. allg. Path. Mensch. u. Tiere, I, 1906, Pt. I,
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Progrès dans l'étude de l’'immunité et la nature spécifique
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290 - ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
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ann. Rpt. Cattle Bur. Mass., 10 [1905], p. 215-279).
Conditions qui rendent la paroi muqueuse du canal digestif
perméable aux bactéries, par J. Basserr et H. Carré (Compt.
Rend. Soc. Biol. [Paris], 62 [1907], n° 17, p. 890-891).
Note préliminaire sur la réaction rouge neutre dans les
cellules rouges infectées par les maladies dues aux proto-
zoaires, par F.-S.-H. Barprey et W.-A. Miromecc (Journ. Trop.
Vet. Sci., 2 [1907], n° 2, p. 169-171, avec 1 planche).
L'effet de la glycérine sur des lésions tuberculeuses, par V. Gaz-
Tier (Journ. Méd. Vét. et Zootech., 58 [1907], mai, p. 263-266).
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Zootech., 58 [1907], mai, p. 294-302, avec 4 figures).
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n° 200, 199 pages, avec 38 planches et 17 figures).
Rapport sur le drainage des parties orientales des comtés
de Cass, Traill, Grand Forks, Walsh et Pembina, du Dakota
du Nord, par J.-T. Srewarr (U. S. Dept. Agr., Office Expt. Stas.,
Bul. 189, 71 pages, avec 6 planches et 2 figures).
Examen et classification des roches pour la construction des
routes, y compris leurs propriétés physiques en rapport
avec leur composition et leur structure, par E.-C.-E. Lorn
(U. S. Dept. Agr., Office Pub. Roads, Bul. 31, 29 pages, avec
10 planches et 1 figure).
La construction de routes macadamisées, par A.-B. FLETCHER
(U. S. Dept. Agr., Office Pub. Roads, Bul. 29, 56 pages et 10 fiqu-
res).
Machines pour récolter le blé, par C.-J. Zivrmeo (U. S. Dept.
Agr., Farmers’ Bul., 303, 32 pages, avec 20 figures).
Les bâtiments de la ferme (Chicago [1907], 2% rev., 310 pages,
avec 1 planche et 515 fiqures).
294 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Ventilation, chauffage et éclairage, par W.-H. Maxwezz (Lon-
dres [1907], 2% rev., and enl., p. vi-151 ; résumé dans Mature [Lon-
dres], 76 [1907], n° 1968, p. 268).
Économie rurale
L'agriculture à l’ouest de la Virginie et ce qu’elle peut faire,
par J.-B. Garvin et autres (Rpt. W. Va. Bd. Agr. [1907], n° 6,
48 pages, avec 18 figures et 4 cartes).
Agriculture et services agricoles à la Jamaïque, par J.-A. Swer-
TENHAM (Colon. Rpts., Ann. [Gt. Brit.], n° 524, p. 8-23).
Ouvriers agricoles irlandais émigrants, 4906, W.-G.-S. Apamas
(Dept. Agr. and Techn. Instr. Ireland, Agr. Statis. 1906, 42 pages).
La rareté des ouvriers de ferme, par Henricusen (FünzinG’s
Landiw. Ztg, 56 [1907], n° 13, p. 470-475).
Comparaison des frais de culture de la terre soit par des
machines puissantes, soit par des animaux, par W. CLAASSEN
(Deut. Landw. Presse, 34 [1907], n° 63, p. 511-512).
Coopération agricole en Belgique (Bul. mens. Off. Renseign.
agr. [Paris], 6 [1907], n° 5, p. 573-585).
Crédit agricole en Sicile et son application d’après la loi,
par CG. Grimazni (Bil. Quind. Soc. Agr. Ital., 12 [1907], n° 12-13,
p- 474-494).
Échanges agricoles, par F. Nicozce (Journ. Agr. Prat., n. sér., 13
[1907]; n° 24, p. 749-752).
Rapport officiel sur les conditions des récoltes et tableaux
de statistique agricole pour 1905-1906 (Ohio Dept. Agr., Div.
Crops and Stock Slatis. Rpt., 1907, 44 pages).
Rapports préliminaires du recensement agricole de l'Autriche
du 3 juin 1902, par F.-R. vox Jurascneck et W. Scnirr (Oesterr.
Statis., 83 [1907], Sup., 45 pages).
BIBLIOGRAPHIE 295
Rapport sur les profits de l’agriculture en Suisse pendant
1905 (Ann. Agr. [Suisse], 8 [1907], n° 2, p. 13-112).
Éducation agricole
Éducation pour la vie à la campagne, par A.-C. True (Ann.
Rpts. Bd. Agr. Del., n. sér., 5-6 [1905-1906], p. 41-50).
Éducation agricole au Delaware, par H. Haywanp (Ann. Rpts.
Bd. Agr. Del., n. sér., 5-6 [1905-1906], p. 50-61).
Rapport du comité des jardins d'enfants pour 1906, par
H.-S. Anaus (Trans. Mass. Hort. Soc., 1906, Il, p. 176-216, avec
7 planches).
Conseils pour les jardins scolaires, par A.-H. KirBy (Imp. Dept.
Agr. West Indies Pamphlet, 48 [1907], 56 pages, avec 1 dia-
gramme).
Le printemps dans le jardin scolaire, par Susan B. Sipe (Atlantic
Ed. Journ., 2 [1907], n° 8, p. 22-24, avec 5 figures).
Arithmétique de la ferme et recherches agricoles, par
G.-F. Garrerr (Journ. Ed. [Boston], 65 [1907], n° 14, p. 377-381,
382 ; n° 15, p. 410-411).
Le sol et ses relations avec les plantes, par B.-M. Davis
(Miami Bal., 6° sér. [1907], n° 3, 35 pages, avec 6 fiqures).
Le champ d'expérience de sol à l’école normale de l’ouest
de l’État d’Illinois, par J.-T. Joxnson (West Il. State Normal
School, Circ. 1, 4 pages).
Le campement à la ferme de M. Grout, par A.-J. Bic (Agr.
Col. Ext. Univ. I., Cire. 1906, déc., 42 pages, avec 10 figures).
C’est le récit d’un campement de cinquante-quatre garçons venant sur une
ferme pour s’instruire en agriculture.
Leçons de laiterie pour les écoles publiques, par W.-J. FRASER
(Agr. Col. Ext. Univ. Il., 1907 [Dairy Lessons], I, 4 pages, avec
4 figures ; IT, 8 pages, avec 5 figures; IIT, 4 pages, avec 3 figures ; IV,
4 pages, avec 2 fiqures).
296 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Le livre du blé au Nebraska, par E.-C. Bisaop (Lincoln, Vebr.
Dept. Pub. Instr., 1906, 80 pages, avec 48 figures).
Associations de garçons et de jeunes filles au Nebraska.
Organisation, par E.-C. Bisnop (Univ. Nebr. Bul., 12, sér. 1907,
n° 16, p. 3-4).
La culture du blé, par V. Keyser (Univ. Nebr. Bul., 12, sér. 1907,
n° 16, p. 5-12, avec 2 fiqures).
Une petite leçon sur l'appréciation du bétail, par C.-S. PLums
(Agr. Col. Ext. Bul. [Ohio State Univ.], 2 [1907], n° 9, p. 4-10, avec
10 fiqures).
Les signes locaux du temps, par J.-W. Sur (Agr. Col. Ext.
Bul. [Ohio State Univ.], 2 [1907], n° 9, p. 11-13).
Moustiques, par H. Ossorn (Agr. Col. Ext. Bul. [Ohio State Univ.],
2 [1907], n° 10, p. 4-12, avec 8 figures).
Drainage, par A.-G. Mc Carz (Agr. Col. Ext. Bul. [Ohio State
Univ.], 3 [1907], n° 1, p. 4-10, avec 9 fiqures).
Miscellanées
20° rapport annuel de la station de Maryland, 14907 (Maryland
Sta Rpt., 1907, pages xx-318).
43° rapport annuel de la station de Montana, 1906 (Montana
Sta Rpt., 1906, p. 99-184).
17° rapport annuel de la station du Nouveau-Mexique, 1906
(New-Mexico Sta. Rpt., 1906, 66 pages).
46° rapport annuel de la station d'Oklahoma, 4907 (Oklahoma
Sta. Rpt., 1907, 64 pages).
Travail de la station d'expérience, XLII ({. S. Depl. Agr.,
Farmers' Bul., 305, 32 pages).
Acquisitions de la bibliothèque du département, avril-juin
1907 (U. S. Dept. Agr., Library Bul., 64, 75 pages).
BIBLIOGRAPHIE ; 297
Annales de l'École supérieure agricole royale de Portici
(Ann. r. Scuola Sup. Agr. Portici, 2° sér., 6 [1906], 4o2 pages, avec
9 planches, 49 figures et 1 carte).
6° rapport annuel de la section d'agriculture et d'instruction
technique en Irlande (Dept. Agr. and Techn. Instr. Ireland
Ann. Gen. Rpt., 6 [1905-1906], pages vi-551).
JANVIER 1908
Chimie agricole
Chimie et agriculture canadiennes, par F.-T. Saurr (Science,
n. sér., 26 [1907], n° 661, p. 265-276).
Exposé des conditions de sols et de climat des diverses provinces du Do-
minion et des recherches chimiques faites au laboratoire de la ferme centrale
d'expériences d'Ottawa.
Progrès dans la chimie agricole pendant 4906, par A. STUTZER
(Chem. Ztq, 31 [1907], n° 43, p. 547-549 ; 44, p. 561-562 ; résumé
dans Chem. Zentralbl. [1907], Il, n° 5, p. 424).
Revue des travaux (surtout allemands) publiés dans l’année sur les sols, la
nutrition des plantes, les engrais, l’alimentation animale, la bactériologie ct
les méthodes d’analyses.
La constitution des sels alcalins de phénolphthaléine et la
manière d'être de la phénolphthaléine vis-à-vis des solu-
tions alcalines très concentrées, par B.-M. Marcosces (Zertschr.
angew. Chem., 20 [1907], n° 5, p. 181-191 ; 6, p. 226-231).
Une nouvelle méthode pour la détermination de l’ammo-
niaque, par À. Bononëse (Journ. Pharm. et Chim., 25 [1907],
p- Ôr1-617 ; Bul. Soc. Chim. (France), 4° sér., I [1907], n° 16-17,
P- 900-905 ; résumé dans Analyst, 32 [1907], n° 377, p. 303; Journ.
Chem. Soc. (Londres), 92 [1907], n° 538, IT, p. 651 ; Ann. Chim.
Analyl., 12 [1907], n° 9, p. 366-367).
Méthode pour l'estimation du métabolisme de l'azote dans
des sujets bien portants et malades, par M. et H. LaBBé
(Compt. Rend. Soc. Biol., Paris, 62 [1907], n° 16, p. 826-828).
298 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
La détermination de la potasse par la méthode du chlorure
de platine, par H.-J.-F. pe Vries (Chem. Weekbl., [1907], p. 231-
242 ; résumé dans Journ. Soc. Chem., Londres, g2 [1907], n° 536,
II, p. 504).
La détermination de la potasse et de la soude dans le feld-
spath, par G. Diciner (Jern. Kontorets Ann., 62 [1907], p. 147;
résumé dans Chem. Ztq, 31 [1307], n° 54. Répert. n° 49, p. 324).
Contribution à la détermination de l'acide phosphorique volu-
métriquement, par W.-D. Ricaarpson (Journ. Amer. Chem. Soc.,
29 [1907], n° 9, p. 1314-1315).
La détermination de l’acide phosphorique soluble dans l'acide
citrique des scories, par Thomas-P. Wacner, P. Kunze et W.
SIMMERMACHER (Landw. Vers. Stat., 66 [1907], n° 4-5, p. 257-284 ;
résumé dans Chem. Ztq, 31 [1907], n° 58, Répert. n° 53, p. 351;
Journ. Chem. Soc., Londres, 92 [1907], n° 537, II, p. 577).
Cet article décrit et discute cinq méthodes ; il préconise celle dite de Darm-
stadt.
La détermination de l'acide nitrique dans le sol, par S. FRank-
FURT et A: Dusxecaxin (Vyestnik Sakh. Promuish., [1906], n° 44,
p. 562-660 ; résumé dans Zhur. Opuitn. Agron. [Russ. Journ. Expt.
Landw.], 8 [1907], n° 2, p. 250; Chem. Abs, I [1907], n° 17,
p. 2285).
Pour obtenir les solutions de sol dans des conditions non
altérées, par V. Iscaerexov (Zhur. Opuitn. Agr.[Russ.Journ. Expt.
Landw,] 8 [1907], n° 2, p. 147-166).
L'interaction entre les minéraux et les solutions aqueuses
avec référence spéciale aux phénomènes géologiques, par
E.-C. Suzcivan (U. S. Geol. Survey, Bul. 312, 69 pages).
La détermination de l'acide humique dans les sols, par G.-H.
Coops (Chem. Weekbl., 4 [1907], n° 315-321 ; résumé dans Journ.
Chem. Soc., Londres, 92 [1907], n° 537, Il, p. 590).
Description d’une nouvelle méthode,
L'extraction avec de l'acide nitrique comme moyen de déter-
miner la fertilité des sols, par S. Frankrurr et I. Novikov ( Vyest-
nik Sakh. Promuish., [1906], n° 46, p. 721-720 ; n° 47, p. 798-765;
n° 48, p. 801-808; n° 49, p. 838-846 ; résumé dans Zhur. Opurtn.
Agron. [Russ. Journ. Expt. Landw.], 8 [1907], p. 249-250).
BIBLIOGRAPHIE 299
Détermination de l'acide carbonique, par W.-H. WacGaman
- (Résumé dans Science, n. sér., 26 [1907], n° 660, p. 244). è
La détermination de l'azote dans l’eau par l'analyse élémen-
taire, par M. Rugxer (Arch. Hyg., 62 [1907], n° 1, p. 83-91).
Une méthode rapide pour la détermination du calcium dans
l’eau, et son importance pour l'analyse de l’eau destinée
aux chaudières, par F.-E. Hare (Journ. Amer. Chem. Soc., 29
[1907|, n° 7, p. 1078-1085).
Détermination de la dureté de l’eau, par P. Nawiaskr et S. Kor-
scaux (Arch. Hyg., 61 [1907], n° 4, p. 348-354 ; résumé dans Journ.
_ Chem. Soc., Londres, 92 [1907], n° 537, IE, p. 579).
Détermination du manganèse dans l’eau, par R.-S. WEsron
(Journ. Amer. Chem. Soc., 29 [1907], n° 7, p. 1074-1078).
Livre suisse des aliments (Schweizer. Lebensmittelbuch, Bern,
1906, 2° éd., Rev. Pt. 3, p. 1x-95; résumé dans Hyg. Rundschau,
17 [1907], n° 17, p. 1053-1055).
Méthodes d’analyse de l'inspection des aliments (Journ. Of.
Répub. Franç., 39 [1907], n° 193, p. 5032-5034).
Conserves de légumés contenant du cuivre; son dosage, par
C. BreBecx (Zeitschr. Untersuch. Nahr.- u. Genussmitl., 13 [1907],
n° 9, p. 548-552).
La réaction de gaïac pour déterminer la qualité de la farine,
par A. Corsint (Riv. 1q. e. San. Pub., Rome, 16 [1906], n° 19;
résumé dans Æyg. Zentralbl. 2 [1907], n° 22, p. 683-690).
La réaction de la farine de froment et de seigle au bleu de
méthylène et à la pâte d’amidon, avec des notes sur la
formation des alcools plus élevés, par H. ScnarninGer (Centralbl.
Bakt., etc., 2 Abt. [1907], n°° 24-25, p. 748-767, avec 1 figure).
Une source d'erreur dans l'emploi de l’éther de pétrole pour
l'extraction de la graisse, par J. Marsaazz (Amer. Journ.
Pharm:, 79 [1907], n° 7, p. 315-317).
300 ANNÂLES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Expériences sur la méthode de Maumené et la valeur de
‘l'iode pour certaines huiles, par E. Racurer (Zertschr. Angew.
Chem., 20 [1907], n° 37, p. 1605-1615, avec 3 fiqures et 4 dia-
grammes).
Rapport sur le travail de la station de contrôle chimique
agricole de la Saxe, 1906, par H.-C. Mürzer (Ber. Agr. Chem.
Kontrolstat., Halle, 1906, 47 pages).
Unification des termes employés dans les rapports sur le
résultat des analyses, par C.-G. Hopxins (J/ourn. Amer. Chem.
Soc., 29 [1907], n° 9, p. 1312-1314; résumé dans Science, n. sér.
26 [1907], n° 660, p. 249).
Un nouvel appareil à agiter pour les laboratoires de chimie,
par J.-M. Came (Journ. Amer. Chem. Soc., 29 [1907], n° 8, p. 1210-
1211, avec 1 planche).
Appareil pour la détermination de la matière grasse conte-
nue dans la crème, le beurre, la margarine, etc., par WEn-
DLER (Milchstq, 36 [1907], n° 33, p. 410-411, avec 6 figures).
Météorologie — Eau
Revue mensuelle du temps (Mo. Weather Rev., 35 [1907], n° 7,
p. 303-334, avec 5 figures et 7 cartes; n° 8, p. 345-388, avec à figures
et 6 cartes).
Observations météorologiques, par J.-E. Osrranper et T.-A. Barr
(Massachusetts Sta. Met. Buls., 225-226, 4 pages chaque).
Le climat et les sols au Panhandle (Virginie occidentale), par
G.-P. Grimsey, T.-A. Caine et G.-W. Taizey (W. Va. Geol. Survey,
County Rpts., p. 308-366, avec 10 figures et 1 carte).
Observatoire météorologique du mont Rose, 1905-1906, par
J.-E. Caurcn (Sierra Club Bul., 6 [1907], n° 3, p. 177-185, avec
4 planches).
Rapport annuel du directeur du bureau météorologique des
Philippines pour 14904, par J. ALGuÉ (Ann. Rpt. Philippine Wea-
ther Bur., 1904, pt. 3, p. 562).
BIBLIOGRAPHIE 301
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(Mitt. Justus Perthes’ Geogr. Anst., 1907, Ergänzungsh. 157, p. v-59,
avec 19 cartes et 1 diagramme).
Travaux du bureau central météorologique en 1906, par
J.-J.-A. Bouquer DE La GRYE (Bul. Mens. off. Renseign. Agr., Paris,
6 [r907/, n° 7, p. 827-832).
Le climat de Sao Paulo, par J.-N. Bezrort DE Marros (Bot. Agr.,
Sao Paulo, & sér. [1907], n° 6, p. 260-264).
Corrélation du temps et des récoltes, par R.-H. Hooker (Journ.
Roy. Statis. Soc., 70 [1907], n° 1, p. 1-51).
Précipitations, leur évaporation en relation avec les séche-
resses, par M. Nerucnev (Zap. Imp. Obshch. Selsk. Khos. Yush.
Ross. [1906]; n° 4-6, résumé dans Zhur. Opuitn. Agron. [Russ.
Journ. Expt. Landw.], 8 [1907], n° 1, p. 119-120).
L'auteur attribue les sécheresses de la Russie méridionale moins au défaut
de précipitation qu’à la perte excessive d’humidité par évaporation. Celle-ci
dépasse le volume des précipitations.
Humidité insuffisante de l'atmosphère, par T.-A. Srarkey et
H.-T. Barnes (Proc. ans. Trans. Roy. Soc. [Canada], 2° sér., 12
[1906], sec. IL, p. 203-211).
Catalogue international de la littérature scientifique, F-Mé-
téorologie (/nternat. Cat. Sci. Lit., 5 [1907], p. vm-283).
La provision d’eau superficielle de quelques régions des
États-Unis, 1906 (U. S. Geol. Survey, Water-Supply and Irrig.
Papers, n° 202, 77 pages, avec 2 planches et 2 figures ; n° 203, p. 1v-
100, avec 4 planches et 2 figures ; n° 204, p. v-110, avec 5 planches
et 2 figures ; n° 205, 123 pages, avec 3 planches et 2 fiqures ; n° 206,
P- vi-98, avec 3 planches et 2 figures).
L'eau fraîche, par K. Naurxe (Das Süssiwasser, Neudamm [1907],
p. viu-663, avec 19/4 fiqures).
Dans ce volume, l’auteur résume nos connaissances sur l’analyse de l’eau,
le rapport de l’eau avec la pisciculture, la flore et la faune, la valeur des
diverses eaux comme plankton.
902 ANNALES DE LA SCIENCE. AGRONOMIQUE
L'emploi de la glace dans les fermes, par J.-A. Rupnick (Canada
Dept. Agr., Branch Dairy and Cold Storage, Bal. 20, 8 pages, avec
1 figure).
L'eau. Étude hydrologique, par E.-A. Marrez (Paris, 1906, p. 87-
200, avec 22 figures).
Les principes de la purification de l’eau, par L.-M. Wacurer
(Proc. Ann. Conf. Sanit. Off. N. Y., 6 [1906], p. 105-112).
Méthodes directes et indirectes de la purification électrique
de l’eau, par H. Lerrmann (Journ. Franklin Inst., 164 [1907], n° 3,
p. 205-216, avec 5 figures).
Une purification économique des eaux d’égout dans les dis-
tricts ruraux, par T.-A. Srarkey (Brit. Med. Journ, [1907],
n° 2437, p. 671-673).
La nature de l'eau d’égout et le dispositif le meilleur pour
l'utiliser, par J.-A. Amvor (Proc. Ann. Conf. Sanit. Of. N. Y., 6
[1906], p. 113-123).
Sols-Engrais
Les taux d'humidité des sols, par L.-J. BriGs et J.-W. Mc Lane
(U. S. Dept. Agr., Bur. Souls, Bul. 45, 23 pages, avec 1 planche et
1 figure).
La fertilité du sol, par M. Wuirney (La Fertilité du sol, Montpel-
lier, 1907, 52 pages, avec 2 figures).
C’est une traduction française du Æarmers” Bulletin 257 (E. S. R., 18,
p- 119), par H. Fasre, de l’École nationale d’agriculture de Montpellier,
Les travaux des champs du Bureau des sols, 1905 (septième
rapport), par M. Wrurney et autres (U. S. Dept. Agr. Field Opera-
tions of the Bureau of soils, 1905, 1089 pages, avec 2 planches,
45 figures et 47 cartes). ”
Géologie économique du quadrilatère d’Indépendance, Kan-'
sas, par F.-C. Scxraper et E. Haworra (U. S. Geol. Survey, Bul.
296, p. 74-vi, avec 6 planches et 3 figures).
BIBLIOGRAPHIE 303
Études agrogéologiques, par P. Trerrz (Jahresber. K. Ungar.
Geol. Anst., 1905, p. 198-247).
Une étude analytique des sols cultivés provenant des schistes
de Pont-de-Larn, Tarn, par A. DELAGE, H. Lacaru et L. Sicarp
(Ann. École Nat. Agr., Montpellier, n. sér., 6 [1907], n° 4, p. 268-
326 ; 7 [1907], n° 5, p. 47-65; résumé dans Bul. Soc. Nat. Agr.
France, 67 [1907], n° 3, p. 248-259).
Une étude sur le sabak de la Haute-Égypte, par R. Rocxe (Bul.
_ Assoc. Chim. Sucr. et Distill., 24 [1907], n° 11, p. 1533-1537).
Analyses de cette matière formée des détritus d'anciens villages et manière
de se servir de cet engrais, d’ailleurs peu riche.
Sur la composition des cendres et lapilli rejetés par le
Vésuve pendant la période d'activité d'avril 1906, par
N. Passerini (Afét R. Accad. Econ. Agr. Georg., Firenze, 5° sér., 3
[1906], n° 4, p. 374-385).
Rapport sur les progrès dans les recherches géologiques de
la tourbe et des marécages en 1905 (Jahresber. X. Ungar.
Geol. Anst., 1905, p. 248-272, avec 1 planche).
Il s’agit des tourbières hongroises.
L'utilisation des tourbières sur le continent (Journ. Bd. Agr.,
Londres, 14 [1907], n° 3, p. 146-155).
Compilation de divers articles de journaux allemands.
Résultats des recherches chimiques sur une série de sols
marécageux du nord-ouest de l'Allemagne, par B. Tacke et
A. SPIECKER (Zeitschr. Forst. u. Jagdw., 39 [1907], n° 4, p. 213-
229).
Les éléments minéraux des solutions de sols, par F.-K. Came-
RON et J.-M. Bec (Ann. Ecole Nat. Agr., Montpellier, n. sér., 6
[1907], n° 3, p. 182-240, avec 3 figures ; n° 4, p. 241-267, 1 figure).
Études sur la formation de l’humus, II, par S. Suzuxi (Bul.
Col. Agr., Tokyo, Imp. Univ., 7 [1907], n° 3, p. h19-423).
Azote organique dans les sols de Hawaï, par E.-C. Snorrey
(Hawaï Sta. Rpt., 1906, p. 37-59, avec 1 planche).
304 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Puissance nitrifiante des sols du tchernozem ; l'influence des
différents facteurs sur celle-ci et la quantité de nitrates
dans les sols aux diverses saisons de l’année, par V. Saza-
Nov (Zhur. Opuitn. Agr.[Russ. Journ. Expt. Landw.]|, 8 [1907],
n° 1,P. 1-98).
Recherches bactériologiques du sol, par Maassen et Bean (Mitt.
K. Biol. Anst. Land.- u. Forstw. [1907], n° 4, p. 33-38).
Sur les bactéries des tubercules de différentes légumineuses,
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[1907|, n° 4, p. 42-44).
Les bactéries des légumineuses, par L. Lauvray (Journ. Agr.
Prat., n. sér., 12 [1906], n° 44, p. 549-550).
L'action du bisulfite (sulfure) de carbone sur les bactéries
du sol, par Maassen et Beux (Witt. K. Biol. Anst. Land.- u. Forstw.
[1907], n° 4, p. 38-42).
L'effet de la dessiccation sur les bactéries des tubercules des
racines, par F.-D. Caesrer (Delaware Sta. Bul., 78, 15 pages).
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La formation de la chaux-azote, par F. Fœnsrer et H. Jacosi
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Contributions à l'étude des phosphates de calcium, par H.
Basserr (Zeitschr. Anorg. Chem., 53 [1907], n° 1, p. 34-62).
Phosphates et superphosphates dans leur relation avec l'in-
dustrie du soufre, par L. Tirezu (Rass. Min., 26 [1907], n° 7,
p. 101-103; n° 8, p. 118-120 ; résumé dans Chem. Abs., I [1907|,
n° 12, p. 1601).
Engrais, par À. Srurzer (Düngerlehre, Leipzig [1907], 16° éd. rev. ;
résumé dans Zeitschr. Landw. Versuchsw. Oesterr., 10 [1907], n° 6,
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L'emploi des engrais chimiques, par MinaxGon (Bul. Soc. Hort.
Tunisie, 6 [1907], n° 24, p. 20-26; n° 25, p. 81-87).
Le sujet est traité au point de vue tunisien.
Résultats des expériences faites dans les champs avec des
engrais, en Belgique, par ScnreiBer (Bul. Agr., Bruxelles, 23
[1907], n° 7, p. 445-485).
Expériences de culture et études critiques sur l'efficacité
relative du nitrate de soude et du sulfate d’ammonium,
par H. SücaniG (Journ. Landw., 55 [1906], n° 1, p. 1-46 ; résumé
dans Chem. Abs., 1 [1907], n° 13, p. 1754; Journ. Chem. Soc.,
Londres, 92 [1907], n° 538, IT, p. 646).
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 1 20
306 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Expériences avec du sulfate d'’ammonium, par Bacamanx
(Füauné&s Landw. Ztg, 56 [1907], n° 15, p. 530-535).
Expériences faites dans les champs avec de la chaux-azote
pour les betteraves à sucre, par F. Srroumer (Oesterr.-Ungar.
Zeischr. Zuckerindus. u. Landw., 35 [1906], p. 663-675 ; résumé
dans Chem. Zentralbl. [1907], [, n° 19, p. 1451; Journ. Chem. Soc.,
Londres, 92 [1907], n° 538, II, p. 646-647).
Expériences comparatives d'engrais avec de la chaux-azote,
par M. Senuœcrer (Mitt. Deut. Landw. Gesell., 22 [1907], n° 10,
p. 103-105).
Expériences avec du nitrate de chaux et de la chaux-azote,
par H. Immenvorrr (Mitt. Deut. Land. Gesell., 22 [rgo7], n° 9,
p- 93-95; Sächs. Landw. Zeiltschr., 55 [1907], n° 14, p. 317-319).
La question du sulfate de fer, par C. Gurrroy (Journ. Agr. Prat.,
n. sér., 13 [1907], n° 25, p. 782-786).
Recherches sur la composition et la valeur fertilisante des
eaux d’égout de Posen, par GEerLaca (MWitt. Deut. Landiw. Gesell.,
22 [1907], n° 18, p. 169-174; n° 19, p. 177-180).
Expériences sur l’action fertilisante des cendres de grignons
d'olives, par D. Viranr (Atti. R. Accad. Econ. Georg. Firense
5° sér., 4 [1907], n° 1, p. 66-70).
L'action des déchets de chaux des sucreries comme SRE
(Deut. Landw. Presse, 34 [1907], n° 62, p. 503).
Analyses d'engrais, par A.-J. Parren (Michigan Sta. Bul., 248,
16 pages).
Engrais commerciaux autorisés 1907, par F.-W. Wozz et G.-A.
OLson (Wisconsin Sta. Bul., 149, p. 3-19, 26-28).
Botanique agricole
L’assimilation de l’azote atmosphérique par les champignons,
par Charlotte Terxerz (Jahrb. Wiss. Bot., Pringsheim, 44 [1907],
n° 3, p. 352-408, avec 2 figures).
BIBLIOGRAPHIE 307
Le rôle de la chaux dans les plantes, par V. GRare et L. von
Porruemm (Sitsber. K. Akad. Wissensch., Vienne, Math. Naturw.
KI. 115 [1906], n° 6, p. 1003-1037).
Ce travail est analysé en détail dans une autre partie de la bibliographie.
Les plantes qui contiennent de l'acide hydrocyanique, par
P. Guérin (Rev. Scr., Paris, 5° sér., 8 [1907], n° 3, p. 65-74; n° 4,
p-106-110).
La vie latente des semences, par P. Becquerez (Ann. Sci. Nat.
* Bot., 9° sér., 5 [1907], n°° 4-5, p. 193-311).
Les variations dans l'intensité de respiration et de substance
sèche des fleurs pendant leur développement, par A. Marce
(Bul. Soc. Bot. France, 53 [1906], p. xzvi-xivinr).
L’hérédité et la loi de Mendel, par C.-B. Davenporr (Proc. Wash.
Acad. Sci., 9 [1907], p. 179-187).
Mendelisme et autres théories de la descendance, par O.-F.
Cook (Proc. Wash. Acad. Scr., 9 [1907], p. 189-240).
Catalogue international de la littérature scientifique. R-Bac-
tériologie (/nternat. Cat. Sci. Lit., 5 [1907], p. vu-837).
Récoltes des champs
La production des plantes agricoles, par G. Früvwirra (Die Züch-
tang der landwirtschaftlichen Kulturpflansen, Berlin, [1907], p. xv-
380, avec 30 figures).
Les précédents volumes de cet ouvrage ont été signalés antérieurement. Ce
volume, le quatrième de la série, traite de la production du blé, du seigle, De
l'orge, de l’avoine et de la betterave à sucre.
Manuel de la culture du sol, par H.-W. Cawpsecr { Lincoln, Nebr.,
[1907], 320 pages, avec 1 planche et 52 figures).
Cest un quide pour les fermiers de la région semi-aride.
Procès-verbal du congrès de l’agriculture en région sèche
de l’autre côté du Missouri (Proc. Trans. Missouri Dry Farming
Cong. [1907], 248 pages).
308 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Rapport du travail à la station d'expériences de Mc Neill
pour 1906, par E.-B. Ferris (WMississipt Sta. Bul., 101, p. 1-4; 11-
20, avec 2 figures).
Rapport annuel de la station d'expérience agricole de Hawaï
pour 1906, par J.-G. Suira (Hawaï Sta Rpt. [1906], p. 10-15).
Rapport sur les récoltes des champs, par G.-H. True (Wevada
Sta. Rpt. [1906], p. 27-29).
Résultats des expériences coopératives dans l’agriculture,
par J. Bucxanan (Ann. Rpt. Ontario Agr. and Expt. Union, 28
[1906], p. 13-27).
Notes sur l’alfalfa et la betterave à sucre, par P.-K. Bin
(Colorado Sta. Bul., 121, p. 1-6, avec 4 figures).
Alfalfa, par P.-G. Hope (/owa Sta. Circ., 1, 4 pages).
L’azote contenu dans l'orge et ses relations avec la struc-
ture de la farine dans le grain, par E. Jacowerz (résumé dans
Zentralbl. Agr. Chem., 36 [1907], n° 4, p. 229-232).
Effets physiologiques d’un excès de magnésie sur l'orge, par
S. KumaxirA (Bul. Col. Agr., Tokio, Imp. Univ., 7 [1907], n° 3,
p- 441-hho).
Maïs, par A.-M. Ten Exck et V.-M. Snorsuira (Kansas Sta. Bul., 147,
p. 225-295, avec 26 figures).
Expériences sur cent douze variétés.
Protéine dans le blé de semence, par C.-L. Penny (Delaware Sta.
Rpt. [1904-1906], p. 13-33).
Moyens d'augmenter la récolte de coton (Oklahoma Sta. Circ.,
7, 4 pages).
Lupin, culture intercalaire pour fournir de l’engrais vert en
vue d’une récolte de pommes de terre, par Hier (Pratk.
BI. Pflansenbau u. Schuts., n. sér. 5 [1907], n° 6, p. 63-66, avec
1 figure).
La culture du riz, par J. Boonacker et A:-W. Drosr (/nspectie
Landb. West-Indië Bul., 8, 35 pages).
BIBLIOGRAPHIE 309
Sur l’application continue du chlorure de manganèse dans la
culture du riz, II, par K. Aso (Bul. Col. Agr., Tokio, Imp. Univ.,
7 [1907], n° 3, p. 449-453).
La production des betteraves à sucre dans les pays du
centre, par J. CocninG et H.-B. Hurcminson (résumé dans Journ.
Soc. Chem. Ind., 26 [1907], n° 10, p. 512-513).
Le progrès dans l’industrie des betteraves à sucre en 1906,
par O. Farrana (Oesterr. Chem. Ztg, 10 [1907], n° 12, p. 161-164).
Expériences avec la canne à sucre dans les Iles du Vent
(Antilles), par F. Warrs et autres (/mp. Dept. Agr. West-Indies,
Sugar-Cane Expts Leeward Isl. [1905-1906], pt. I, 73 pages).
Variétés de froment d'hiver, par J.-H. Barron (Pennsylvania Sta.
Bul., 82, 19 pages, avec 8 figures).
L'effet de l'ombre pendant la maturité sur les principes
immédiats du grain de blé, par R.-W. Taaroner et H.-R. War-
Kins (Journ. Amer. Chem. Soc., 29 [1907], n° 5, p. 764-767).
La cuscute en relation avec les semences des fermes, par
F.-H. Hiccman (U. S. Dept. Agr. Farmers’ Bul., 306, 27 pages, avec
10 figures).
Horticulture
Fruits et légumes, par E.-B. Ferris (Mississipi Sta. Bul., 101,
p- 4-11, avec 1 figure).
Rapport de la section d’horticulture, par C.-P. CLose (Delaware
Sta. Rpt. [1904-1906], p. 40-48, 68).
Sommaire des recherches (Récoltes horticoles), par J.-G. Suira
(Hawaï Sta. Rpt. [1906], p. 10-12, 14, 15, 17, avec 2 planches).
Rapport de la section d'horticulture, par J.-E. Hicens (Æaivai
Sta. Rpt. [1906], p. 33-36).
Melons cantaloups, par P.-K. Brin (Colorado Sta. Bul., 121, p. 6-8,
avec 3 figures).
310 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
La culture des tomates, par W.-W. Tracy (New-York [1907|,
p- x-150, avec 1 planche et 43 figures).
Une méthode pour propager les arbres fruitiers et spéciale-
ment l'olivier, par Dusouroz (Bul. Off. Gouv. Gén. Algérie, 13
[1907]; n° 15, p. 232).
La cerise dans la vallée du Rhône, par A. Caporer (Prop. Agr.
et Vit. (Ed. l'Est), 28 [1907], n° 27, p. 20-25; n° 28, p. 42-52, avec
‘10 figures ; n° 29, p. 86-90 ; n° 30, p. 119-123; n° 31, p. 142-148).
Nouvelle prune hybride, par A.-M. RaGranp (Farm and Ranch,
26 [1907], n° 26, p. 10, avec 1 figure).
La culture du café à Hawaï, par W.-H. Uxers (Thea and Coffee
Trade Journ., 13 [1907], n° 2, p. 67-75, avec 15 figures). :
Le thé cultivé à la maison (7hea and Coffee Trade Journ., 13
[1907], n° 2, p..76-80, avec 4 figures).
La production de fraises vigoureuses, par N.-E. Hansen et C.
Harazson (South Dakota Sta. Bul., 103, p. 218-265, avec 20 figures).
Framboises et autres mûres, par N.-E. Hansen et C. Harazson
(South Dakota Sta. Bul., 104, p. 266-297, avec 15 figures).
Roselle : sa culture et son emploi, par P.-J. Wesrer (U. S. Dept.
Agr., Farmers” Bul., 307, p. 16, avec 6 fiqures).
Association des cultivateurs de fruits, par W. Panpock (Colo-
rado Sta. Bul., 122, 18 pages).
Sylviculture
Recherches sur la valeur comparative de différentes subs-
tances pour la préservation du bois, par E. Henry (Bul. Soc.
Sci., Nancy, 3.sér., 8 [1907], n° 1, p. 42-139, avec 10 planches).
La résistance du bois à la rupture est influencée par l'hu-
midité, par H.-D. Tremanx (U. S. Dept. Agr.; Forest Serv., Cire.
108, 42 pages, avec 6 figures). |
BIBLIOGRAPHIE DA
Observations sur l'influence de la gelée sur le diamètre des
arbres vivants, par J. Frispricx (Centralbl. gesam. Forstw.,
33 [1907], n° 5, p. 185-192).
Recherches sur la distribution des plantes ligneuses indi-
gènes dans le canton de Genève (Suisse), par A. LENDNER
(Recherches sur la répartition des plantes ligneuses croissant spon-
tanément en Suisse. Berne, Dept. Int. [1907], p. xvi-63, avec 1 fiqure
et 2 cartes).
Un nouveau genévrier pour le Nouveau-Mexique (Juniperus
mejJalocarpus), par G.-B. Suoworra (Forestry and Irrig., 13
[1907], n° 6, p. 307-310, avec 2 figures).
La plantation des forêts dans les vallées de la Nort: Plaite
et de la South Platte (Wyoming, Nebraska), par F.-G. Mir-
LER (U. S. Dept. Agr., Forest Serv., Circ. 109, 20 pages).
Petits écrits forestiers ([/. S. Dept. Agr., Forest. Serv., Silv. Leaf-
kets : 1, 3 pages; 2, 3 pages; 3, 4 pages; 5, 3 pages ; 6, 4 pages;
7, 2 pages; 8, 3 pages; 9, 4 pages; 10, 3 pages; 11, à pages; 12,
2 pages; 13, 4 pages; 14, 4 pages).
Chaque écrit de trois à quatre pages est consacré à l’une des espèces sui-
vantes : Abies lasiocarpa, Chamæcyparis Lawsoniana, Picea Engelmanni,
Abies concolor, A. grandis, Picea sitchensis, Abies nobilis, A. magnifica,
Libocedrus decurrens, etc.
Quand et comment faut-il ramasser la graine des pins
blancs (Pinus strobus), par F.-W. Rane (Boston, 1907, 16 pages,
avec 3 fiqures).
Rapport annuel sur l'administration forestière en Ajmer-
Merwara pour 1905-1906, par N. Mar (Ann. Rpt. Forest Adnun.
Aymer-Merwara, 1905-1906, 39 pages).
Rapport sur les progrès du service forestier dans l'Inde
pour 1905-1906, par P.-J. Gorpox (Rpt. Forest Surveys India,
1909-1900, 19 pages, avec 1 carte).
Aroretum national des Barres (France), par L. Parpé (Paris,
Lib. Sci. Nat., 1906, 397 pages, avec 94 planches et 21 dia-
grammes).
312 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Expériences sur la ponction du caoutchouc, par W. P£er (Agr.
Bal. Straits and Fed Malay States, 6 [1907], n° 4, p. 107).
Production du camphre en Formose et en Chine, par J.-H.
AnNozp et S.-L. Gracey (Daily Consular and Trade Rpts U. S.,
[1907], n° 2899, p. 1-5).
Maladies des plantes
Rapport du mycologue assistant, par H.-5. Jackson (Delaware
Sta. Rpts, 1904-1906, p. 70-77, avec 2 planches).
Rapport de la section du contrôle des semences, Hohenheim,
1906, par O. Kircuner (Wäürttemb. Wchnbl. Landw. [1907], n° 17,
p- 347-353).
Infection des germes par les charbons, par L. Hecke (Zeitschr.
Landw. Versuchsw. Oesterr., 10 [1907], n° 6, p. 572-574).
Nouvelles espèces de champignons, par C.-L. Sxear (Bul. Tor-
rey Bot. Club, 34 [1907], n° 6, p. 305-317).
Descriptions de nouvelles espèces de champignons découvertes par l’auteur
sur les feuilles et les fruits des airelles : Cladosporium oæycocci n. sp., Hel-
minthosporium inæquale n. sp., Phyllosticta putrefaciens n. sp., Sphæ-
ronema pomorum n. Sp., Septoria longispora n. sp., Sporonema oxycocct
n. Sp., S. pulvinatnm n. sp., Plagiorhabdus oæycocci n. sp., Lepto-
thyrium oæycocci n. sp., Rhabdospora oxycocct n. sp., Ceuthospora (?)
lunata n. sp., Anfhostomella destruens n. sp., Acanthorhynchus vaccinii
n. Sp., Glæosportum minus n. sp., et Guignardia vaccinit n. sp.
Nouvelles espèces de champignons, par G. Massee (Roy. Bot.
Gard. Kew, Bal. Misc. Inform. [1907], n° 6, p. 238-244, avec
1 planche).
L’auteur cite une liste de champignons observés par l’auteur dans les jardins
de Kew, notamment les parasites Pyrenochæta phloæidis n. sp., Ascochyta
Cookeï n. sp., Ramularia necator n. sp.
Pourriture des racines du céleri, par J.-M. Van Hook (Ohio Sta.
Circ., 72, 6 pages, avec 3 figures).
Expériences de pulvérisations sur les pommes de terre en
1906, par F.-C. Srewarr et autres (New York Slate Sta. Bul., 290,
p. 239-321, avec 2 planches).
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Une maladie des pois et des haricots, par P. Masseron (Semaine
Agr., Paris, 26 [1907], n° 1370, p. 270; mentionné dans Prog.
Agr. et Vit. (Ed. de l'Est), 28 [1907], n° 35, p. 267).
Une maladie des arachides, par A. ZimmerMan (Panzer, 3 [1907],
n° 9, P. 129-133).
Note préliminaire sur une nouvelle maladie de la vesce
cultivée, par G.-F. Arinson et C.-W. Epcerrox (Science, n. sér.,
26 [1907], n° 66%, p. 385-386).
Le parasitisme de Neocosmospora, par E.-F. Smirx (Science,
n. sér., 26 [1907], n° 663, p. 347-349).
Le mildiou des pommes, par E.-S. Sazmon (Gard. Chron., 3° sér.,
L2 [1907], n° 1079, p. 166).
La relation du chancre des petites branches avec la pus-
tule des pommes (Phyllosticta), par W.-M. Scorr et J.-B. RorEr
(Réimpression de Proc, Benton Co Ark. Hort. Soc., 1907, 6 pages),
La gummose des Amygdalacées, par A. Ranr (/naug. Diss., Ams-
terdam, 1906 ; résumé dans Zeitschr. Pflansenkrankh., 17 [1907],
n° 3, p. 179-180).
Origine de la gomme sur les cerisiers, par K. Mikoscu (Sitsber.
K. Akad. Wiss, (Vienne), Math. Natur. KI, 115 [1906], n° 6,
p- 911-961).
Une maladie des pêches (Gard. Chron., 3° sér,, 42 [1907], n° 1078,
p- 160, avec 1 figure).
Maladies des fraises (Oesterr. Gart. Zlg, 2 [1907], n° 9, p. 317<
320).
314 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Études sur le développement du Glæosporium rüibis, les
moyens d'infection et les méthodes pour le combattre, par
R. Ewerr (Zettschr. Pflansenkrankh., 17 [1907], n° 3, p. 158-169,
avec 2 planches).
La bouillie bordelaise, par S. PickeriNG (Gard. Chron., 3° sér.,
42 [1907], n° 1078, p. 159).
Zoologie économique — Entomologie
Les commissions de chasse et les gardes-chasse ; leur nomi-
nation ; leurs pouvoirs et devoirs, par R.-W. Wiccrams (U. S.
Dept. Âgr., Biol. Survey, Bul. 28, 285 pages, avec 8 planches).
Les lois de la chasse pour 1907, par T.-S. Paimer, H. Orpys et
C.-E. Brewsrer (U. S. Dept. Agr., Farmers’ Bul., 308, 52 pages,
avec 4 figures).
Nos immigrants à plume, par J. Drummonn (New Zeal. Dept. Agr.,
Div. Biol. and Hort., Bul. 16, pages vu-49, avec 8 planches).
L'introduction du goujon dans les îles Hawaï, par D.-L.
van Dine (Hawaï Sta. Press Bul., 20, 10 pages avec 3 figures).
Rapport de l’entomologiste, par D.-L. van Dixe (Hawai Sta.
Rpt., 1906, p. 18-32).
Rapport de l’entomologiste, par C.-0. Houauron (Delaware Sta.
Rpts, 1904-1906, p. 77-107).
Insectes nuisibles et autres animaux observés en Irlande
en 1906, par G.-H. Carpenter (Econ. Proc. Roy. Dublin Soc., I
[1907], n° 11, xIx, p. 421-452, avec 6 planches et 11 figures).
Travail du laboratoire zoologique et entomologique, par J. Vos-
secerR (Ber. Land.- u. Forstw: Deutsch Ostafrika, 3 [1907], n° 3,
p+ 108-110).
Pestes des serres du Maryland, par A.-B. Gaan (Maryland Sta.
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Rapports sur les insectes des arbres fruitiers à feuilles cadu-
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Il s’agit du Zischeria malifoltella.
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C.-P. CLose (Delaware Sta. Rpts, 1904-1906, p. 48-69).
En somme, il n’est pas avantageux d’immerger dans l’un ou l’autre des
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Nouvelles notes sur le sodium contenu dans le vin de rai-
sin, par O. KruG (Zeitschr. Untersuch. Nahr.- u. Genussmtl., 13
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Nouvelles recherches sur le jus de framboise en stock, par
R. Krzizan (Zeitschr. ôffentl. Chem., 13 [1907], n° 10, p. 181-184).
Café et estimation de sa valeur, par L.-E. Sayre (7rans. Kans.
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L'estimation du paprica, par R. Krzizan (Zeitschr. üffentl. Chem.,
13 [1907], n° 9, p. 161-165).
L'emploi de matières liantes pour la fabrication des sau-
cisses, par À. Beure (Zeitschr. Untersuch. Nahr.- u. Genussmtl.,
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L'huile de blé. Son emploi possible comme un falsifiant du
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Une étude sur le métabolisme chez un végétarien bien por-
tant, par W.-G. Lrrre et C.-E. Harris (Biochem. Journ., 2 [1907],
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L'effet d’un régime de viande sur la prolificité et la lacta-
tion, par B.-P. Warson (Proc. Roy. Soc. Edinb., 27 [1906-1907],
n° 1, p. 6-10, avec 1 planche).
L'influence d'un régime excessif de viande sur le système
osseux, par C. Watson (Proc. Roy. Soc. Edinb., 27 [1906-1907],
n° 1, p. 2-5, avec 4 planches).
L'effet du régime sur l'endurance, par [. Fismer (Trans. Conn.
Acad. Arts and Sci., 13 [1907], p. 1-46).
L'effet du travail musculaire sur le poids, la composition
et le contenu d’eau des organes du corps de l’animal, par
F. Rocozinsxi (Biochem. Zeitschr., 1 [1906], n° 3, p. 207-228).
Expériences sur l’exhalation de la vapeur d’eau, par H. Guir-
LEMARD et R. MooG (Compt. Rend, Soc. Biol., Paris, 62 [1907],
n° 16, p. 874-876).
La part que joue l'azote libre dans le métabolisme (trans-
substantiation) animal, par €. OPPENxEIMER (Biochem. Zeitschr.,
I [1906], n° 3, p. 177-182).
La fonction élective de l'estomac pendant la digestion, d’après
les récentes recherches, par A. Scueunert (Zertschr. Physiol.
Chem., 51 [1907], n° 6, p. 519-544, avec 3 figures).
Le point où commence la scission des protéides dans le corps
en jeûnant et en se nourrissant, par E. FreunD (Zetlschr. Expt.
Path. u. Ther., & [1907], n° 1, p. 1-56).
320 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
La manière d’être de l’ovomucoiïde dans le corps, par K. Wic-
LANEN (Biochem. Zeitschr., 1 [1906], n°° 1-2, p. 108-128).
L'auteur conclut de ses recherches que ce corps est un glucoprotéide.
Sur la formation de la créatinine, par J. SEEMANN (Zeitschr. Biol.
kg [1907], n° 2, p. 333-344).
Nouvelles raisons pour croire que du sucre libre se trouve
dans le sang, par E. PriüGer (Arch. Physiol. [Pflüger], 117
[1907], n°5 3-4, p. 217-222).
Catalogue international de la littérature scientifique : Q-Phy-
siologie (/nternat. Cat. Sci. Lit, 5 [1906], pt. 1, p. vu-839;
Il, p. 1095).
Production animale
Quelques observations et expériences sur l’incubation natu-
relle et artificielle des œufs de la volaille ordinaire, par
A.-C. Exccesaymer (Biol. Bul. Mar. Biol. Lab. Woods Holl., 12
[1907], n° 6, p. 360-374).
Aliments-condiments, par F.-W. Wozz (Wisconsin Sta. Bul., 151,
Lo pages).
Aliments commerciaux, par J.-L. Hics et C.-H. Jones (Vermont
Sta. Bul., 131, 8 pages, avec 2 fiqures).
Loi du Kansas réglant la vente des aliments concentrés, par
C.-W. Burerr et J.-T. Wirzarp (Kansas Sta. Bul., 146, p. 217-
22h).
La composition chimique du foin des prairies provenant de
différentes fermes autrichiennes en 4903, par F. Hanusex
(Zeitschr. Landw. Versuchsw. Oesterr., 10 [1907], n° 3, p. 81-85).
Haricots vénéneux, par J. Hexprick (7rans. Hughland and Agr.
Soc. Scot., 5° sér., 19 [1907], p. 139-144).
(A suivre.)
EXCURSION EN SCANDINAVIE
(Suite LI)
XVII — Installation de l’Institut agronomique de Norvège
— Laboratoire — Champs d'expériences — Horticulture —
Pisciculture
Aas, 9 août.
Je ne puis décrire, avec les détails qu’elles comporteraient, les
diverses installations très bien comprises de l’Institut agronomique,
mais Je veux au moins en donner une idée, afin de montrer les res-
sources qu'offre ce bel établissement, pour l’enseignement théorique
et pralique des élèves et des cultivateurs de la région qui viennent,
en été, y chercher le complément de leur instruction professionnelle.
Des laboratoires de chimie très bien aménagés, pourvus de Poutil-
lage le plus complet pour les travaux pratiques des élèves et pour
les recherches personnelles de son distingué directeur, M. le profes-
seur Sebelien, j'aurais peu de choses à dire, si l’application que
l’électricité y a reçue, dans toutes les directions, ne me semblait
mériter une mention spéciale. L’éclairage, le chauffage, la ventila-
tion des étuves d’évaporation et du laboratoire lui-même, sont pro-
duits par des appareils actionnés par des courants électriques que
des commutateurs, indépendants les uns des autres, permettent
d'établir et de supprimer au gré de l'opérateur. De nombreux petits
foyers électriques servent aux évaporations et aux calcinations (fours
d'Héreus), ou actionnent des appareils mécaniques (agiteurs,
(*) Voir ces Annales, t. [, 1909, 1°, 2°, et 3° fase.
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 7 21
OLA ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
pompes, broyeurs, etc.). Des creusets en cristal de roche, dont
M. Sebelien est très satisfait, servent à certaines calcinations, etc.
Comme je lai dit précédemment, la suppression du combustible
ordinaire permet l'entretien, dans une propreté parfaite, de tout le
laboratoire.
De petites serres édifiées dans le pare, en vue des essais de culture,
complètent les installations du cours de chimie agricole. C’est avec
ces moyens d'étude que M. Sebelien a fait le premier (1905-1906)
les expériences sur la valeur du nitrate norvégien qui ont établi
l’équivalence du nitrate du Chili et du nitrate de chaux.
En quittant le laboratoire de chimie, je me suis rendu, accom-
pagné de MM. Sebelien et Bastian Larsen, aux champs d’expériences
de l’Institut. L’étendue de ces champs d’expériences (7 hectares),
placés sous la direction de M. B. Larsen, permet de consacrer à
chaque essai une surface assez grande pour rendre comparables aux
rendements obtenus en grande culture sur le domaine, les résuhats
du champ d’expériences. Des parcelles de 20, 30 ou 50 ares et plus,
sont consacrées à la culture, dans diverses conditions de fumures,
d’un grand nombre de variétés de céréales, de plantes sarclées
(pommes de terre, turneps, betteraves, etc.), de plantes fourragères
et notamment de légumineuses (trèfle, lupin, peluschke, vesces, etc.).
Comme à Flahult, mon attention s’est portée particulièrement sur
deux sortes d’expériences : les essais comparatifs de fumure aux
nitrates du Chili et de Norvège, et les cultures de légumineuses, en
sols qui n’en avaient jamais porté Jusqu'ici, diversement inoculés
par les bactéries.
Toutes les récoltes étant encore sur pied, les différences dues au
choix des variétés et à la fumure pouvaient aisément, en attendant la
récolte, être appréciées par l’aspect de la végétation. Les pesées très
exactement faites par les soins de M. B. Larsen confirmeront, Je crois,
les appréciations qu’on peut faire aujourd’hui à la vue des plantes.
Partout, dans les champs d’expériences, le nitrate de chaux à
produit des récoltes de céréales et de plantes sarclées d’aussi belle
venue, au moins, que celles qui ont reçu du nitrate du Chili. L’as-
pect de certaines parcelles d'avoine accusait même une plus-value
sensible du nitrate de chaux sur le nitrate de soude, plus-value qu’on
323
EN SCANDINAVIE
EXCURSION
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324 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
pourrait peut-être attribuer à la pauvreté naturelle du sol norvégien
en calcaire.
Les expériences d’inoculation bactérienne du sol sont des plus
intéressantes. À côté des parcelles non inoculées, où trèfles et autres
légumineuses diverses ont été semées en 1906 ou en 1907, et dont la
végétation est misérable, quand elle n’est pas nulle, on voit de luxu-
riantes prairies artificielles, dont la fumure n’a différé que par l’intro-
duction dans le sol, avant les semailles, de bactéries apportées par
l’un des deux procédés suivants : épandage, avant labour, de terre
de vieilles cultures de légumineuses (30 à 40 hectolitres à l’hectare)
ou épandage et enfouissement de nitragine de Hiltner. Les parcelles
inoculées par la terre semblent, comme à Klahult, donner ici des
résultats supérieurs à la nitragine : l'emploi de ce dernier procédé,
appliqué à la calture de pois semés dans avoine, occasionne une
dépense de 18 kroner (25 fr.) à l’hectare. Il serait à souhaiter que
la comparaison de ces deux méthodes fit, dans nos stations agrono-
miques, en divers sols, l’objet d’expériences dont nos cultivateurs
pourraient, je crois, tirer grand profit. L’inoculation directe du sol,
par la terre de vieilles luzernes ou tréflières, sur laquelle j'ai, 1l y a
plus de dix ans, appelé l’attention des agriculteurs français, me
paraît de plus en plus, d’après ce que je vois en Scandinavie, mériter
d’être expérimentée dans les sols qui se refusent à donner de bonnes
récoltes de légumineuses.
Après avoir parcouru dans toute leur étendue les champs d’expé-
riences et les cultures de l’Institut, excursion agréable et facile,
grâce à l’excellent attelage qui nous portait rapidement d’un point
à l’autre du domaine d’Aas, nous avons visité les installations horti-
coles.
Placé, comme l’indique la figure 16, au centre des cultures légu-
mières et florales, le bâtiment de l’horticulture répond à plusieurs
destinations. Il renferme une forcerie où c’est plaisir d'admirer, sous
celte latitude élevée, des pêchers, des ceps de vigne couverts de
superbes fruits, des bananiers en fleurs, des tomates rutilantes, de
vigoureux palmiers, etc.
Une vaste salle, contiguë aux serres, abrite les appareils destinés
à l’enseignement pratique des opérations auxquelles donnent lieu
320
EXCURSION EN SCANDINAVIE
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326 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
l’emballage, la conservation et la dessiccation des fruits, la prépara-
ion des sirops, la distillation des jus de fruits fermentés, etc. Les
élèves de linstitut et, pendant les vacances, les habitants des gaards
que Je rencontre ici, comme dans les autres parties du domaine, sont
exercés aux manipulations variées des produits horticoles. Une partie
des récoltes, fraises, framboises, groseilles, etc., est exportée et
vendue sur le marché de Christiania. Ces fruits, qui remplissent de
vastes corbeilles, sont excellents, comme je puis en juger sur l’invita-
tion de mes hôtes. |
Non loin du bâtiment que nous quittons, je visite les plantations
en pleine terre d'arbres fruitiers, en espaliers adossés à des murs de
3 mètres environ de hauteur : cette culture d'arbres fruitiers, pêchers,
poiriers, pommiers, sous ce chimat et par 59°5 de latitude nord, est
vraiment intéressante. Les arbres qu’elle nous montre sont jeunes
encore, mais très vigoureux, très bien taillés et portent des fruits.
Peut-être ne donneront-ils pas des pêches comparables à celles de
Montreuil, mais il n’est pas moins très curieux de voir, en plein air,
de beaux arbres fruitiers sous le climat norvégien.
Le laboratoire de pisciculture (fig. 17), très bien instalié, répond à
une nécessité d’un pays où tout ce qui concerne l’élevage du poisson
et la pêche à une si grande importance. L’enseignement théorique et
pratique de la pisciculture y est donné avec tous les développements
nécessaires ; il comprend les espèces principales (Salmonides, etc.)
qui peuplent les cours d’eau douce et les lacs du Tetemarken.
Je vais maintenant, sous la conduite du distingué professeur de
zootechnie, M. Isaachsen, visiter en détail les étables de l'Institut,
mais, auparavant, nous prendrons un repos agréable, autour de la
table hospitalière de l’Institut, en devisant sur l’intéressante excur-
sion que nous venons de faire.
XVIII —— La population animale de l’Institut d’Aas
Coup d'œil sommaire sur le bétail norvégien
9 août. Institut agronomique d'Aas.
2 heures de l'après-midi : de retour de notre excursion dans le
domaine, nous sommes de nouveau réunis, MM. les professeurs
EXCURSION EN SCANDINAVIE : 327
Sebelien, Bastian Larsen, Isaachsen et moi, autour de la table hospila-
lière de la direction de l’École, où nous attend un excellent dîner à la
norvégienne. Nous lui ferons honneur, car la promenade de la mati-
née, par un temps délicieux, nous a prodigieusement ouvert l’appétit.
« Velkommen til bord » (Soyez le bienvenu à notre table), telle est,
suivant l’usage traditionnel, la première parole de M. Sebelien, et
chacun de vider son verre en l’honneur de l'invité. Un premier
séjour en Norvège m’a initié à la coutume hospitalière du skaal.
Tandis que, chez nous, les toasts sont réservés aux banquets plus ou
moins officiels, dans toute la Scandinavie il n’y a pas de repas, si
intime soit-il, où les convives n’échangent, à tour de rôle, le tradi-
tionnel skaal. Ce mot (°) signifie santé; on le prononce debout ou
assis, suivant la dimension de la table ou l’importance des convives,
en s’inclinant devant celui auquel il s'adresse, élevant son verre,
saluant de nouveau avant de le reposer, après en avoir avalé le con-
tenu. Le convive interpellé répond, de même, à cet amical salut.
Lorsqu'on est en petit comité, comme c’est le cas aujourd’hui à Aas,
le skaal s'accompagne de quelques paroles aimables, de discrètes
allusions, témoignant du bienveillant intérêt accordé par l’amphi-
tryon aux questions qui ont fait l’objet des études de son hôte.
L'un des grands charmes des carrières intellectuelles est, à coup
sûr, le lien qu’elles créent entre des hommes, adonnés, si loin les
uns des autres, au même ordre de travaux et de recherches, à la
poursuite désintéressée de la vérité.
Je garderai toujours le souvenir de ces bonnes heures de causerie
sur l’état actuel de la science agronomique et sur l’avenir fécond en
applications pratiques qu’elle prépare à l’agriculture.
Mais il est temps d’aller, en continuant notre entretien, visiter les
installations zootechniques de l’Institut.
L'élevage du bétail tient, en Norvège, une place très importante.
Sur la faible étendue proportionnelle du territoire agricole (2,9 °J,
environ de la supertficie totale du royaume), les prairies naturelles et
artificielles occupent près de 2,2 °,,, soit 389 400 hectares) (non
compris les pacages et estivages).
(*) Prononcez scol; l'a doublé (aa) correspond à o : Aas, Os; Gaard, Goord.
328 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
L’effectif du bétail est environ, en nombres ronds, le suivant :
UTOVAUL 2100 25 tbe Net CUS DD 150 000 têtes
Bovins. . HOME SH ELTONE, PUS. 1 000 000 —
POrCS tnt ce el: SRE 120 000 —
MOUTONS Er TE PRE PR RE 1 500000 —
CONTES TR RS RER TEEN ET 300 000 —
Rerines 0 (GPA TNT Des 170000 —
Les chevaux norvégiens se répartissent en deux types : le cheval
des fjords et le cheval du Gudbrandsdalen. Le premier est petit,
clair de robe et généralement très doux ; il a une encolure courte,
épaisse et un peu raide, des jarrets souvent tors. C’est un animal
vigoureux, d’une grande endurance et d’une aptitude remarquable
au travail, si précieuse dans les districts des fjords et des montagnes,
où les chemins sont rares et souvent mauvais. Le cheval de Gud-
brandsdalen est d’une stature plus élevée, son encolure est aussi
quelque peu épaisse ; sa charpente est solide et sa robe foncée. C’est
un cheval vif et fort, excellente bête de travail.
Les Norvégiens altachent une grande importance à avoir de bons
trotteurs qu'ils attellent au traîneau, en hiver, à la carriole pendant
l’été. Presque dans chaque ville, il existe des sociétés de courses au
trot. Pendant l’hiver, les courses ont lieu sur une rivière, sur un lac
gelé ou sur une prairie. On écarte impitoyablement les chevaux
galopeurs.
La race bovine est principalement représentée par le type du
Telemarken, dont les caractères généraux sont les suivants : pelage
blanc à flancs roux ; de petite taille, les vaches pèsent rarement plus
de 300 kilos, elles sont robustes et bonnes laitières; peu aptes à
l’engraissement, elles fournissent fréquemment jusqu’à 3 000 litres
de lait.
Les vaches des plaines de l'Est, race sans cornes de Jarlsborg,
ont un pelage brun foncé ou noir : nous allons les voir tout à l'heure
à l’étable d’Aas.
Les moutons norvégiens sont, comme les chevaux et les vaches,
de très petite taille ; le poids maximum des adultes est de 40 kilos ;
leur musculature est élégante, leur laine est fine.
Les porcs sont rustiques, mais assez grands en général; il n’en
EXCURSION EN SCANDINAVIE 329
existe pas d’élevages considérables; on les rencontre disséminés
dans les gaards; leur nourriture consiste essentiellement en petit
lait et en pommes de terre.
Les figures 18 et 19 représentent deux types tout à fait caracté-
ristiques des constructions annexées aux gaards norvégiens que Je
retrouverai pendant tout le cours de mon excursion, dans le Tele-
marken et dans le Valders : le sæter (fig. 18) ou chalet montagnard
et le stabur (°).
Le paysan norvégien s’installe fréquemment avec son bétail, durant
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Fig. 18. — Sæter ou chalet norvégien.
l'été, dans le sæter construit à une longue distance de son gaard ; à
20, 50, 80 kilomètrés même de son installation d'hiver Au prix
des fatigues qu’entraîne un voyage de plusieurs Jours, à travers des
régions désertes, par des chemins presque impraticables, 11 gagne
ce chalet qui l’abritera avec ses vaches et lui servira à la fois d’habi-
tation, de fromagerie ou de beurrerie.
D’ordinaire le stabur, grenier plus ou moins rustique (fig. 19),
construit sur pilotis exhaussés de 1 mètre à 1* 50 au-dessus du
sol, complète l’installation, en montagne, du fromager. Le stabur
(*) Je dois les dessins des figures 18 et 19 à l’obligeance de M. Ringelmann.
330 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
dont les pierres plates sur lesquelles reposent les pilotis défendent
l’accès aux souris et aux autres rongeurs, sert à la fois de grenier à
provision (farine, pommes de terre, lard, galette d’orge et d'avoine),
et de magasin où l’on resserre le fromage ou le beurre jusqu’au
moment de leur descente dans la vallée.
Les toits du sæter et du stabur, en bois comme le reste de la
construction, sont recouverts de terre qui se garnit vite de plantes
dont les semences sont apportées par le vent. Sur certains d’entre
eux, J'ai vu Jusqu'à des arbustes (bouleaux ou pins) dresser leurs
maigres tiges, au milieu de l'herbe. Presque toujours les sæters sont
installés au voisinage d’une source ou à proximité de l’un des petits
torrents si fréquents dans les régions montagneuses de la Norvège.
Le plus souvent de petites auges en bois, grossièrement ajustées,
se rencontrent près des sæters pour servir d’abreuvoirs au bétail et
aux chevaux que le transport d’indigènes ou de voyageurs conduit
dans ces parages.
L'élevage du renne est beaucoup plus prospère en Norvège qu’en
Suède ; cet élevage n’est pas exclusivement propre à la Laponie ; sur
les plateaux du Nord, un certain nombre de paysans s’y adonnent.
La chair du renne, bien qu’assez estimée, n’est pas aussi savoureuse
que celle du chevreuil, avec la quelle elle a cependant beaucoup de
ressemblance.
On estime que pour suffire à ses besoins, avec ses rennes, une
famille lapone doit avoir 200 à 500 têtes de ces animaux. Des trou-
peaux beaucoup plus nombreux ne sont pas rares; on en compte qui
en ont plus de 1 000 ou 1 200.
Les écuries et les étables de l’Institut occupent des bâtiments très
bien adaptés, comme toutes les constructions d’Aas, à leur destina-
tion. On reconnaît, là aussi, la direction imprimée par les hommes
compétents à l’érection et à l'aménagement des locaux.
L’étable comprend 170 têtes de gros bétail dont 150 vaches lai-
tières, de la race sans cornes. Peu aptes à l’engraissement, comme
je l’ai noté plus haut, ces vaches sont bonnes laitières ; elles pèsent
400 à 500 kilos; elles fournissent, en moyenne, à Aas, 2700 à
2 800 litres de lait par année: certaines d’entre elles en donnent
4000 litres et au delà.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 391
En stabulation permanente pendant onze mois de l’année, elles
reçoivent par jour la nourriture suivante :
HORS RUE IRSC ERP RER ec 1 2 kilos.
PAT ACER EE EN Bb —
En été, fourrage vert . . . . . . - - AU ==
En he UEnePS EL." dv cit. 120 à 30——
V'onrrage concentré. 4. 2 24e cu LE 4
(|
Fig. 19. — Stabur norvégien.
Ce fourrage concentré consiste en un mélange, à poids égal, de
tourteau de coton et de maïs, de son de seigle ou de blé. Parfois
aussi, quand les prix des farines de hareng ou de baleine ne sont
pas trop élevés, on associe ces produits animaux à l’alimentation des
332 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
vaches. L’étable d’Aas fournit annuellement 280 000 litres de lait
environ. Une petite partie de ce lait alimente la laiterie modèle orga-
nisée pour l'instruction pratique des élèves, et le surplus, déduction
faite de la consommation des fonctionnaires et des élèves de l’École,
est vendu à la laiterie centrale de Christiania, au prix de 1 ores 1/2,
soit 16 centimes le litre.
L’écurie abrite vingt-cinq à trente chevaux de trait, à robe noire
ou brun foncé, de la race de Gudbrandsdalen. Ces chevaux, dont le
poids varie de 500 à 600 kilos, sont à la fois très énergiques et très
endurants. M. Isaachsen me présente un superbe étalon de la même
race, que l’Institut a payé 6 000 couronnes (8 400 fr.). En Norvège,
les étalons de choix valent jusqu’à 10 000 couronnes (14 000 fr.).
Je m’entretiens longuemen: avec M. Isaachsen, très au courant
des travaux du laboratoire de recherches de la Compagnie générale
des voitures, de l'alimentation du cheval de service. Je constate avec
intérêt qu'il n'entre pas d'avoine dans le régime alimentaire des
chevaux de l’Institut, desquels, cependant, on exige un travail consi
dérable. La ration de l'écurie d’Aas comporte, suivant le poids des
chevaux, le mélange que voici :
FOIRE Te TA TRE ET LOTS CAT 5 kilos.
PailleRRaChÉC NE SEM ie EE Er 4à5 —
MAIS a A Rent à uen | pen 2à4 —
Son de seigle ou de blé. . . . . . 1 —
Seuls, les poulains reçoivent un peu d’avoine. L'expérience a
montré à Aas, comme à la Compagnie générale des voitures, la pos-
sibilité de supprimer complètement l’avoine dans la ration du cheval
de service, sans aucun inconvénient au point de vue de l’énergie
qu'on lui demande, et au grand avantage de la dépense d'entretien
de l’animal. Cette concordance de vue, sur un point tant controversé
en ce qui touche la substitution à lPavoine du maïs et d’autres
denrées, ne pouvait que m'être très agréable, M. Isaachsen étant à
la fois zootechnicien consommé et vétérinaire très distingué.
Pour utiliser le petit-lait provenant de la beurrerie modèle, autant
qu’en vue de l’engraissement du pore pour les besoins de l’Institut,
EXCURSION EN SCANDINAVIE 309
une porcherie très bien installée et pourvue de tous les perfection-
nements hygiéniques entretient une centaine d'animaux des races
Yorkshire et Berkshire.
La plate-forme à fumier qui occupe la grande cour longée par les
étables et écuries, et les fosses à purin peuvent servir de modèle aux
jeunes cultivateurs qui, au sortir de l’Institut, iront prendre la direc-
tion d’une exploitation.
Au résumé, dans son ensemble comme dans ses détails, Institut
agronomique de Norvège est doté, tant au point de vue de l’ensei-
onement théorique et pratique qu'à celui des installations cultu-
rales et autres, de ressources financières, de moyens d’études et
de démonstrations ne laissant rien à désirer.
Il est 7 heures du soir : il me faut, non sans regret, quitter mes
aimables hôtes et rejoindre à Aas le train qui me ramènera à Chris-
tiania. En compagnie de MM. Sebelien et Larsen, Je traverse à
nouveau, par une belle soirée, la distance qui nous sépare de la
care. Arrivés à Aas, nous échangeons une dernière et bien cordiale
poignée de main; je renouvelle mes remerciements pour l'accueil
que j'ai reçu, et nous nous séparons avec l'espoir, vain peut-être, de
nous revoir ici ou à Paris.
XIX — De Christiania à Kongsberg — Holmenkollen
Drammen — Vallées du Drammen et du Lier
Christiania. 10 août.
J'aurai peu de temps, cette fois, à passer dans la capitale de la
Norvège, étant attendu dans trois jours à Rjukanfos par M. S. Eyde,
directeur général de la Société norvégienne de l'azote, qui me gui-
dera dans la visite des gigantesques travaux d'aménagement de la
force hydraulique du lac Müsvand, en vue de la création de la grande
fabrique de nitrate de chaux de Saaheim, qui doit entrer en fonction
dans le courant de 1910.
Un premier séjour à Christiania, en 1905, m’a permis de faire con-
naissance assez complète avec cette capitale de 220 000 âmes, dont
334 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
l’admirable situation est le principal attrait pour le touriste : j’aurai
d’ailleurs l’occasion de m’y arrêter encore au retour du Telemarken.
Ce matin, malgré le temps couvert, je vais revoir Holmenkollen et
le Frogner Sæter, si la pluie qui menace ne n'empêche pas de
pousser jusque-là.
Holmenkollen est la perle des environs de Christiania. Du haut de
cette colline (517 mètres au-dessus du fjord) et, mieux encore, du
sommet de Frogner Sæter (430 mètres) qui la couronne, on a sous
les yeux un incomparable panorama. La vue s'étend sur tout le
bassin du fjord qu’encadrent les hauteurs couvertes de forêts de
sapins. De tous côtés, d'immenses étendues boisées, se détachant, à
perte de vue, sur les teintes bleuâtres de montagnes dénudées; à
vos pieds, s'étale la capitale au sol mouvementé, aux riantes villas
dont les échos lointains arrivent trop affablis pour troubler le
calme délicieux de ce séjour. Suivant l’expression de M. Ch. Rabot,
Frogner Sæter offre aux veux un résumé grandiose des divers
aspects de la Norvège, de ses fjords, de ses forêts et de ses montagnes.
Holmenkollen est le lieu de prédilection des habitants de Chris-
tiania, pour la promenade en été, pour le sport de patinage sur la
neige (Skul6b) en hiver. L’excellent Tourisle-Hôlel, élégante cons-
truction de style norvégien, dont les vastes salles sont décorées de
peintures d’artistes renommés, est le rendez-vous de la société de
Christiania et des étrangers. Un tramway, partant du centre de la
ville, amène les visiteurs à Majorstuen, d’où le chemin de fer élec-
trique les conduit à Holmenkollen. Au delà de Riz, la ligne traverse
toute une colonie de villas qui la bordent des deux côtés. Un peu‘
plus loin, la voie, pratiquée dans le roc et fréquemment établie en
remblai, traverse une magnifique forêt de sapins, contourne le
Gulleraasen, contrefort du Vettakollen, passe sur un pont élevé et
arrive à Holmenkollen, station terminus située à un quart d’heure
environ au-dessous du Touriste-Hôtel. Par un chemin délicieux pres-
que entièrement sous bois, on atteint en une demi-heure Frogner
Sæter, ancienne résidence d’un consul, achetée par la ville de
Christiania et devenue le but, dans la belle saison, d’une ravissante
excursion, dont je me promettais aujourd’hui grand plaisir. Un érage
qui a brusquement éclaté, pendant que je contemplais, de la terrasse
EXCURSION EN SCANDINAVIE 339
d’Holmenkollen, le merveilleux décor du fjord, m'oblige à y renoncer ;
force m’est de me contenter du souvenir que j'ai conservé de ma
visite d’il y a deux ans, jusqu’au jour, peu éloigné, où, de retour du
Telemarken, un ciel plus clément me permettra, Je l'espère, de la
renouveler.
Rentré à l’hôtel, je mets en ordre mes notes sur l'Institut agrono-
mique d’Aas, et je me décide à prendre, à 4 heures, le train de
Kongsberg où je passerai la nuit.
Kongsberg, célèbre surtout par ses mines d'argent, exploitées
depuis le commencement du dix-septième siècle, est située au sud
ouest, à 126 kilomètres de Christiania. La voie ferrée qui la relie à la
capitale traverse une région montagneuse de toute beauté. De Chris-
liania à Sandviken, la vue s’étend, à gauche sur le fjord dans lequel
s’avance la presqu’ile de Bygdô, couverte de villas disséminées dans
de verdoyantes prairies. A droite, les hauteurs du Kolsaas et du
Skougumsaas, massifs porphyriques d’où émergent de grands dikes
de diorite qui percent le terrain silurien ; un peu plus loin, l’un de ces
dikes forme, dans le schiste, une muraille de 60 centimètres d’épais-
seur, d’un aspect singulier. La voie tantôt en tranchées, tantôt en
tunnels, côtoie la montagne et les petits lacs de Bondivand et de Gjel-
lumvand. La sortie du tunnel de Rôken nous réserve un véritable
émerveillement : la vue grandiose et pittoresque du Drammenfjord,
de la ville de Drammen et de la fertile vallée du Lier, dans laquelle va
s'engager le train. De tous côtés, de belles prairies, des cultures de
seigle, d’avoine et d’orge, de pommes de terre, loin encore de la
maturité. Aux abords du Drammen, le fleuve que la voie traverse,
le Drammenselv, auquel la ville doit ce nom, semble une immense
surface planchéiée en sapin : les madriers se touchent de toutes
parts et l’île de Holmen qu’on côtoie est couverte de gigantesques
dépôts de bois.
Drammen est une ville de 20 000 âmes, à cheval sur le Dram-
menselv ; elle se compose de trois localités autrefois indépendantes :
Bragærnes au nord, brülée et reconstruite en 1866, Stromsô, au
sud, deux fois détruite par le feu, en 1870 et 1900, et Tangen, au
sud-est. |
La situation de Drammen est admirable ; encadrée par de hautes
336 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
montagnes aux dentelures variées, entrecoupées de forêts d’un vert
sombre, assise sur les bords d’un fleuve auquel sa largeur donne
l’aspect d’un lac, cette ville Joint, à des beautés naturelles de pre-
mier ordre, l'intérêt d’un centre commercial et maritime de grande
importance.
Le fjord de Drammen, vaste bras du fjord de Christiania, exporte,
en effet, près du tiers de tout le bois expédié de cette région du
Telemarken : 5 millions de troncs par année. En outre, le zinc et le
nickel des mines de Skouger et de Ringerike, et les pâtes de bois
d’un grand nombre de, fabriques, installées sur les cours du Dram-
menselv et de la Bœgna, forment un appoint notable au trafic de la
ville de Drammen. Sa flotte marchande est l’une des plus considé-
rables de Norvège ; elle compte plus de deux cents navires à voile ou
à vapeur, et les bâtiments du plus fort tonnage peuvent y pénétrer
pour venir accoster au beau quai de granit de Bragærnes. Un pont
de bois, long de 300 mètres, sur le Drammenselv, relie Stromsô à
Bragærnes.
En quittant Drammen, le train remonte la large vallée du Dram-
menselv ; dans la campagne, à côté de nombreux gaards entourés
d'arbres, se dressent, par-ei par-là, les cheminées des usines de pâte
à papier ; de tous côtés, le long du fleuve, descendent vers le ford,
les bois que le flottage entraine Jusqu'au port d’où ils seront
expédiés.
Nous arrivons à Hougsund, point de jonction de la ligne de Kongs-
berg avec celle qui mène au Randsfjord : arrêt au buffet norvégien
et changement de train. 28 kilomètres seulement nous séparent de
Kongsberg. Dans le voisinage de Hougsund, le Drammenselv forme
la cascade de Hellefos où se trouvent des pêcheries de saumon :
nombreuses fabriques sur notre route ; à peu de distance, le Fiskum-
vand, beau lac bordé de hautes montagnes. Nous traversons bientôt
un terrain où dominent les schistes. Au sud, se dressent des mon-
tagnes en partie dénudées. Nous arrivons à la station de Kollenberg
où change complètement la nature géologique du terrain; nous
sommes dans le grès et, presque subitement, le so] devient stérile ;
de très maigres pâturages succèdent aux belles prairies et aux terres
fertiles que nous avons traversées depuis Christiania.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 331
Il est 9 heures quand le train atteint Kongsberg. Bien que les
orands jours de l’été touchent à leur déclin, sans une pluie d’orage
survenue entre Drammen et Kongsberg, le crépuscule commençant
à peine, je pourrais me promener dans cette ancienne petite ville
qui étale ses maisons de bois sur les deux rives du Laagen ; ce sera
pour demain. Le baromètre qui était, vers 5 heures de l'après-midi,
descendu à 736 millimètres, remonte lentement, signe précurseur, Je
l'espère, d’une belle journée. La température est toujours très
agréable, le thermomètre semble, depuis quinze jours, immobilisé
à 18°, par une main bienfaisante.
XX — De Kongsberg à Bolkesjô
Les vallées de Laagen et du Jondalselv
Kongsberg. 10 août.
Vieille petite ville fondée en 1624 sous le règne de Christian IV,
un an après la découverte des mines d’argent, qui sont la propriété
de l’État. Kongsberg compte à peine aujourd'hui 5 500 habitants
presque tous occupés dans les mines situées à 6 kilomètres du bourg.
Trois minerais principaux constituent le gisement argentifère
filons d’argent natif, filons de sulfure d’argent et pyrites de cuivre
dont la gangue est du spath calcaire. On extrait, en moyenne,
7000 kilos d'argent, par année, de ces mines autrefois beaucoup
plus riches, dit-on, à en juger par la diminution de la population de
Kongsberg, moitié moindre que dans le passé.
Le Laagen, au cours impétueux, qui forme à 5 kilomètres en aval
de Kongsberg la belle cascade de Labrofos, traverse la ville, d’aspect
primitif, avec ses maisons en bois, la plupart ne comprenant qu'un
rez-de-chaussée, ou deux étages au plus. La grande église luthé-
rienne bâtie au dix-huitième siècle et l'hôtel de ville, sont presque
les seules constructions en pierre.
L'intérieur de cette église est des plus remarquables ; vaste paral-
lélogramme très orné, contrairement aux temples protestants, de
statues et de peintures murales représentant l’histoire de l’Ancien et
du Nouveau Testament. L'intérieur, avec ses deux rangées de loges
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 1 22
338 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
superposées, rappelle plus une vaste salle de spectacle qu’un édifice
religieux. Un orgue monumental, avec tribunes latérales, placé au-
dessus des loges, fait face à autel, simple table posée au niveau du
sol et qu’une balustrade élégante sépare des bancs des fidèles. Le
hasard me fait assister à un triple baptème : les parrains et marrai-
nes, rangés séparément des deux côtés des fonts baptismaux, sont
en toilette ; le pasteur, revêtu d’une robe noire, porte à son cou
une vaste fraise Henri HT; la cérémonie à laquelle assistent un cer-
tain nombre d'invités des deux sexes a un caractère à la fois simple
et imposant. Je recommande aux touristes la visite du temple de
Kongsberg, dont les dispositions intérieures contrastent singulière-
ment avec la vulgarité de la construction extérieure. Je les engage
aussi à prendre gîte au petit hôtel Victoria ; l’aspect de cette « hos-
tellerie », avec sa cour entourée de petits bâtiments en bois, comme
l’auberge elle-même, rappelle les posadas d’Espagne et de Portugal,
mais elle en diffère, du tout au tout, par l'extrême propreté qui y
règne et par l'assurance qu'on a d’y trouver une bonne table, à la
norvégienne. Nous sommes ici loin de l’Andalousie !
La vaste salle à manger de cette excellente auberge mérite par
son originalité une mention spéciale; elle renferme une collection
d’antiquités scandinaves : tapisseries, hanaps, vieux étains, vieilles
étoffes, porcelaines, armes, bijoux, horloges, meubles, etc. Je me
suis cru, en arrivant, dans un véritable musée, formé par un ama-
teur d’un goût sûr, et j'allais adresser mes félicitations à hôte Jovial
qui me suivait dans mon examen de ces épaves du luxe d’autrefois,
m’énumérant avec conviction, moitié en allemand, moitié en anglais,
l’origine, ancienneté et la haule valeur de tous ces bibelots, lorsque
je m’aperçus, à ses offres discrètes, que ces trésors étaient à vendre
— à bon prix s'entend — et que cette salle ressemblait plus à un
magasin de bric-à-brac qu'à un musée. Encore une illusion perdue !
Pour en garder le souvenir, J'ai laissé mon brave hôte ajouter à ma
note le prix de deux petites faïences assez originales qui me rappel-
leront toujours Kongsberg.
11 août.
2 heures de l'après-midi : le temps, troublé hier par un orage, se
remet au beau. Les montagnes, formant à l’ouest de la ville le fond
EXCURSION EN SCANDINAVIE 339
du tableau, se détachent sur le ciel encore légèrement embrumé. Le
Laagen roule avec fracas ses eaux écumantes. Une calèche à deux
chevaux, très confortable, conduite par un cocher aussi impassible
et complaisant qu'ignorant de tous les idiomes étrangers à la Scan-
dinavie, va me transporter à Bolkesjô, chalet situé à 25 kilomètres
seulement de Kongsberg, mais qu’il nous faudra quatre à cinq heures
pour atteindre, en raison de la différence d'altitude des deux points
extrèmes.
Au sortir de Kongsberg, la route remonte pendant 5 kilomètres
la rive droite du Laagen ; puis elle tourne dans la vallée du Jondal,
traverse une belle forêt de sapins en longeant le Jondalselv qu'on
franchit à plusieurs reprises sur des ponts rustiques mais solides. On
monte ensuite lentement cette magnifique vallée très accidentée, dont
le thalweg est occupé par de riches prairies parsemées de rares
champs de seigle et d’avoine, loin encore de la maturité. La fenaison
va commencer : de tous côtés, dans les prairies à l’herbe abondante
et drue, se dressent les cavaliers destinés au séchage de la récolte
(voir page 260).
_ L'aspect de la végétation révèle la fertilité du sol. De-ei de-là, des
gaards, attestant par leur apparence extérieure l’aisance de leurs
propriétaires, sont disséminés dans la vallée. Sur leur parcours, le
Jondalselv et les torrents dévalant des hauteurs, forment de nom-
breuses cascades, dont le bruit donne tant de charme à ces solitudes
silencieuses.
Quatre heures environ après notre départ de Kongsberg, nous
atteignons le point culminant de la route de Bolkesjô (546 mètres) :
vue superbe sur la chaîne de montagnes du Telemarken. Deux som-
mets frappent tout d’abord les regards : le Gaüsta, l’un des plus
élevés de la Norvège (1 884 mètres), cône tronqué à la coiffure nei-
seuse, et Lifjeld [*] (1550 mètres). À cette montagne se rattache un
souvenir encore très vivant chez les Norvégiens, bien que le fait qu’il
rappelle remonte à près de quarante ans. Lors de mon voyage en
1905, durant la traversée du fjord d’Hitterdal pour me rendre de
Notodden à Skien, la chose m'a été contée à peu près dans les ter-
|‘) Fjeld est, en norvégien, le terme générique qui signifie montagne.
340 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
mes du récit qu’en a fait M. Vandal(), par le distingué directeur
des canaux de Norvège, M. Saetren, qui m'a montré, du bateau, le
sommet du Lifjeld.
«Le 25 novembre 1870, par une rigoureuse matinée, des enfants
intrépides sortis des gaards, malgré le froid et la neige, signalent
dans le ciel un phénomène étrange : c’était une tache noire qui sem-
blait se mouvoir et flotter au gré des vents. Cette apparition met tout
le pays en mouvement ; les anciens s’assemblent et se consultent sur
la nature du météore. Cependant la tache grossissait ; on aperçut
bientôt une sorte de monstre arrondi, entouré de cordages, qui
s’abaissait, rasait parfois le sol, rebondissait avec fureur vers le ciel
et entraînait dans sa course une frêle nacelle où se tenaient deux
hommes à demi morts de faim et de froid. Enfin le monstre s’affaisse
expirant ; les braves Norvégiens accourent, relèvent les deux hommes,
les réconfortent et vont jusqu’à leur trouver un interprète. Les voya-
geurs aériens expliquent alors qu’ils se sont échappés en ballon d’une
grande ville assiégée, pour porter à la France et au monde des nou-
velles de Paris. Le vent les a poussés, en vingt-six heures, des rives
de la Seine sur le Lifjeld. Le courage des aéronautes, la sympathie
qu'éveille le nom de la France chez tous les peuples scandinaves,
enthousiasment les paisibles habitants du Telemarken. Jusqu'à Chris-
liania, le voyage des deux Français fut un triomphe. Au milieu des
ovations, ils chantaient l'hymne patriotique, qui était alors dans
toutes les bouches, et voilà comment la jeune génération apprit à
chanter la Marseillaise, et comment aujourd’hui encore notre hymne
national est chanté et joué dans les concerts et les théâtres norvé-
giens, ainsi que Je l’ai maintes fois constaté à Christiania, à Bergen,
elc., etc.»
Jai salué aujourd’hui, comme il y a deux ans, le Lifjeld, en sou-
venir des courageux émissaires de Gambetta.
La route descend ; la beauté du paysage va grandissant. Dans le
bas de la vallée, au premier plan, les lacs de Folsjô et de Bolkesjô
encadrés de prairies d’un vert exquis; sur le versant opposé à celui
où passe notre route, des montagnes aux sommets neigeux, couvertes
(‘) En Karriole, la Suède et la Norvège.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 341
à la base de pins, de sapins et de bouleaux mariant leurs teintes de
la plus harmonieuse façon. Le soleil à son déclin donne par ses
reflets à la surface des lacs des nuances mordorées du plus heureux
effet. Quel superbe régal pour l’œil ! Mais sans pouvoir détacher mes
regards de cet admirable paysage, j'arrive au terme du voyage; la
voiture s’arrête au seuil du chalet auquel on a donné le nom du lac
Bolkesj6. C’est une vaste construction en sapin, aux formes élégantes,
où quatre-vingts voyageurs peuvent trouver un gîte excellent : ce
chalet est admirablement planté sur un plateau dominant la vallée,
le torrent, les lacs et le vaste massif de forêts qui sert de fond au
décor. |
Le ciel a repris toute sa pureté ; il est d’un bleu presque aussi
intense que l’azur du ciel d'Italie. Des hirondelles — surprise
agréable — s’ébattent en bandes joyeuses, poussant leurs petits cris :
elles se rassemblent, à l'heure du soir, avant d’aller prendre leur
logis pour la nuit dans les nids qui garnissent toutes les anfractuo-
sités de la corniche du chalet. Quel instinct les a guidées vers ce
séjour solitaire, loin de toute agglomération humaine ? Ces Jolies
petites bêtes sont les seuls oiseaux que nous ayons rencontrés dans
toute notre excursion, je n’en ai que plus de plaisir à suivre leurs
gracieuses évolutions au-dessus de nos têtes.
Le soleil se couche derrière les sommets boisés qui nous font face,
dorant de ses derniers rayons les vitres du chalet et avivant les
teintes sombres de la charpente et de la façade de la belle construc-
tion norvégienne. Pas un souffle de vent ; une température exquise
(14°), le bruissement de l’eau montant du fond de la vallée jusqu’à
nous.
Quelques rires joyeux des nombreux hôtes qu’abritera ce soir
Bolkesjô et le pépiement des hirondelles rompent seuls le calme pro-
fond de cette magnifique soirée.
Après le diner, auquel prennent part les touristes, pour la plupart
anglais ou allemands, le vaste hall qui sert de salle de réunion, bril-
lamment éclairé à l’acétylène, réunit les hôtes du chalet. Dans une
monumentale cheminée d’angle s’allume une flambée de branches
de pins, projetant ses flammes claires et gaies.
Un coup d'œil jeté sur les journaux — vieux de quelques jours, il
342 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
est vrai — qui s’étalent sur les tables m’apprend que, sur le conti-
nent, on gémit d’avoir à supporter 50 ou 32 degrés de chaleur, tan-
dis qu'ici, le 11 août, bien qu’à la faible allitude de 400 mètres, la
vue, à l'heure du soir, du foyer resplendissant n’est point désagréable ;
c’est un contraste amusant.
11 heures sonnent ; je me retire dans la chambre très confortable
qui m'attend. Demain, de bonne heure, je dois reprendre la route de
Rjukan d’où une dépêche reçue tout à l’heure m’apprend que
M. Eyde a eu lPamabilité d’ajourner de vingt-quatre heures son
départ pour me recevoir et me guider dans la visite des grands tra-
vaux entrepris pour la captation des forces hydrauliques du lac
Môsvand.
XXI — De Bolkesjo à Rjukan
Les vallées de Vestfjord et de la Maana — Rjukanîfos
Bokesjô. 12 août.
7 heures du matin : temps superbe : l'air est absolument calme
et, bien que le thermomètre n’accuse que 10°, Ia température est
tout à fait agréable, Assis sur la terrasse du chalet, je contemple
encore une fois l’admirable paysage dont il va falloir m’éloigner
dans quelques instants. Le va-et-vient des hirondelles en quête des
provisions (le la journée qu’elles portent à leurs nids, et, sur Pautre
rive du torrent, le meuglement lointain des vaches des gaards qui
font face au chalet, révèlent seuls, à cette heure, la présence d’êtres
vivants dans cette solitude alpestre. Tout dort dans l’hôtel.
Mon cocher, entêté ct placide, comme beaucoup de paysans nor-
végiens, paraît-il, se décide enfin à atteler ses deux beaux petits che-
vaux (race des fjords) à la calèche qui va me conduire à Tinoset.
Nous partirons avec une heure de retard, mais la descente sera assez
rapide pour que je puisse arriver de bonne heure à Rjukanfos où
m'attend M.S. Evde, directeur général de la Société norvégienne de
l'azote.
La route de Bolkesjo à Tinoset, petit groupe de quelques habita-
tions situé à l'extrémité sud du lac Tinnsjô, est aussi pittoresque que
le chemin parcouru hier en venant de Kongsberg. Torrents, lacs, prai-
EXCURSION EN SCANDINAVIE 343
ries et massifs forestiers se succèdent avec une variété infinie, à
mesure qu'on descend les terrasses, dont la superposition est l’un
des caractères si généraux de l’orographie norvégienne.
Arrivé à 11 heures à Tinoset, je prends place dans le petit paque-
bot qui fait le service du lac Tinnsjô (40 kilomètres de long) et
m’amène vers ? heures à Fagerstrand, à l'embouchure de la Maana
ou Maanelv (*). Tinoset et Fagerstrand sont à l'altitude de 188 mètres
au-dessus du niveau de la mer, soit à près de 300 mètres au-dessous
de Bolkesjô.
À Fagerstrand commence la vallée du Maanelv. Une trentaine de
kilomètres séparent l'embouchure du fleuve du lac Môsvand, dont il
forme le déversoir à l'altitude de 900 mètres.
Le caractère de cette admirable vallée offre à chaque pas une res-
semblance avec la vallée de la Reuss, entre Flüelen et Güschenen. La
variété des sites, la nature riante de la partie basse de la vallée cou-
verte de végétation, qui fait place, à partir de Rjukan, aux masses
rocheuses, à parois abruptes, à travers lesquelles le torrent s’est
ouvert un passage, évoquent à tout instant le souvenir de la route
du Gothard. C’est dans cette région mouvementée que s’exécutent
les gigantesques travaux de captation du torrent, en vue de la créa-
tion de la grande fabrique de nitrate de Saaheim.
La route, en lacets, de Fagerstrand à Rjukan est raide et, comme
la plupart des chemins norvégiens, médiocrement entretenue ; mais,
grâce à la vigueur de l’attelage que M. Eyde a eu l’aimable attention
d'envoyer à ma rencontre, je franchis en moins de trois heures la
distance de Fagerstrand à Rjukan (25 kilomètres, à l'altitude de
600 mètres environ).
En partant de Fagerstrand, on remonte le beau Vestfjorddal sur la
rive gauche de la Maana. A droite s’ouvre la vallée de Haake. Bientôt
se dresse devant nous l’énorme Gaüsta au front neigeux, d’un
magnifique aspect. La route continue à monter en serpentant, et l’on
atteint, au bout d’une heure, Fosso où une société a construit en
1897 une vaste et belle maison en bois, le Rjakan Turisthotel, planté,
dans cette solitude, à 100 mètres environ de la célèbre cascade Rju-
(‘) Elv signifie fleuve ou rivière. Dall signifie vallée.
344 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
kanfos. L’énorme masse d’eau du Maanelv se précipite là d’une hau-
teur de 105 mètres, perpendiculairement entre deux parois de rochers
où le torrent s’est frayé un passage. L'eau, pulvérisée par cette colos-
sale cascade, semble, de loin, une épaisse fumée, ce qui a valu, à
cette chute, le nom de Gascade fumanle. Je ne connais de compa-
rable en beauté à Rjukanfos que la chute de l’Aar à la Handeck.
A l'admiration qui m’immobilise en face de ce spectacle grandiose,
se mêle un sentiment de tristesse réelle à la pensée que dans quelques
mois, transformée en force électrique, cette merveille du Telemarken
aura disparu et n’existera plus qu’à l’état de souvenir. Toute médaille,
hélas ! a son revers ; force est de pardonner au génie de l’homme qui
sacrifie, à la réalisation d’une grande idée, un spectacle qui charmait
les yeux.
J'étais plongé dans cette méditation mélancolique, lorsqu'un appel
Joyeux me fit sortir de ma contemplation. C'était la voix cordiale de
M. S. Eyde, venu au-devant de moi pour me faire les honneurs du
domaine de son inlassable activité.
En face de ce gouffre béant, il me montre le point d’où, suspendu
à une corde, il descendit, il y a quelques années, jusqu’au fond de
l’abîime pour en mesurer la profondeur et en sonder les parois. Jus-
que-là, on n'avait sur la hauteur de la chute, et, par conséquent, sur
l’un des éléments de détermination de sa puissance, que de vagues
indications. Il importait donc d’être renseigné exactement à ce sujet.
M. Eyde me fait la description de cette vertigineuse descente le long
d’une corde fixée seulement par le haut, afin de permettre en cours
de route les déviations nécessaires pour éviter d’être atteint par la
chute des pierres se détachant des parois; c’est à donner le frisson, et
j'éprouve un véritable plaisir à sentir la terre ferme sous mes pieds.
La poussière du Rjukanfos, éclairée par les rayons obliques du
soleil, s’irise des couleurs de l’arc-en-ciel ; le matin surtout, la for-
mation, incessamment renouvelée, de ces prismes vaporeux, est
d’un merveilleux effet.
J'ai laissé la voiture retourner à l’hôtel que nous regagnerons à
pied. Chemin faisant, M. Eyde m'’expose le plan des travaux com-
mencés depuis plusieurs mois pour le transport de l’eau, captée au
sommet de la vallée à la sortie du lac Môüsvand, que J'irai voir demain.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 345
Il me montre, de l’autre côté de la vallée du Maanelv, l'entrée des
tunnels qu’en deux points, sur des longueurs de 4 à 5 kilomètres,
l’eau traversera pour descendre jusqu'aux stations de force de Vemork
et de Saaheim. Sur le flanc de la montagne, dans le voisinage des
tunnels, on a construit des maisons pour le nombreux personnel
ouvrier employé à ces rudes travaux. Nous devisons ainsi, suivant la
route qui mène à Fosso. À un moment donné, nous passons sous un
arc de triomphe rustique, formé de branchages aujourd’hui flétris.
Le portique a été élevé, il y a quelques semaines, en l’honneur du
roi de Siam, venu avec son fils visiter Rjukan, après son séjour aux
usines de Notodden qui l’avaient vivement intéressé.
Il est 6 heures lorsque nous arrivons au Turisthotel, où M. Eyde
allait m’offrir, pendant deux jours, une hospitalité que l'Écosse pourrait
lui envier. Au diner je fais la connaissance des ingénieurs distingués
qui, sous les ordres de M. Eyde, dirigent l’exécution des travaux
rendus particulièrement difficiles et souvent très pénibles par le
régime accidenté des flancs de la vallée et les rigueurs du climat
pendant dix mois de l’année.
Après les skaals traditionnels échangés au courant du repas, nous
vidons quelques coupes de champagne à nos santés respectives et au
suceès de la grande entreprise de Rjukan.
La soirée s'achève sur la terrasse de l’hôtel : l’air est si calme et
la température si agréable, bien que le thermomètre marque 8° seu-
lement, que notre entretien sur la grande entreprise se prolonge
Jusqu'à minuit sans que nous nous en doutions.
M. Eyde quittera Rjukan à 5 heures du matin et je le remercie
encore de l’amabilité qu’il a eue de retarder son départ pour l’Angle-
terre, en vue de notre rencontre ici. Nous nous donnons rendez-vous
à Christiania dans une quinzaine de jours.
XXII — L’hydrologie générale de la Norvège
et les puissantes forces hydrauliques du Telemarken
31 Rjukan. août.
Un coup d’œil général sur l’hydrologie de la Norvège est indis-
pensable à l'intelligence des conditions d'utilisation économique par
346 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
l’industrie des énormes forces hydrauliques de ce pays ges cascades
par excellence.
Rien de comparable dans l’orographie de la Norvège aux chaînes
de montagnes des Pvrénées ou des Alpes. Bien qu’on y rencontre
des cimes très élevées, comme le Galdhôpigg (2 500 mètres), dans le
pays des géants (Jotunheim), et le Snehrætta (2 294 mètres), non loin
de Thronhjem, 1l n’existe pas de succession ininterrompue de hautes
régions où seraient rattachées, à une arête principale, des crêtes
secondaires s’abaissant de chaque côté de cette arête vers la plaine.
La Norvège, dont le sol est, partout, surélevé de quelques cen-
taines de mètres au-dessus de l'Océan, forme une vaste plaine haute
sur laquelle on rencontre deux sortes d'accidents de terrain : les uns,
en creux, ont donné naissance aux vallées, les autres en reliefs cau-
sés par la’saillie de cimes plus ou moins élevées sur les plateaux uni-
formes. |
Dans la région méridionale de la Norvège qui nous intéresse seule
ici au point de vue de lutilisation des forces hydrauliques, tous les
fleuves ou rivières prennent naissance dans les montagnes, d'altitude
variable de 1 000 à 2 000 mètres, qui longent la côte occidentale.
Pour s'expliquer l'importance des forces hydrauliques que lon
rencontre dans cette région, il faut se rappeler les conditions qui y
régissent la chute des pluies.
Le climat de la côte ouest de la Norvège est tempéré par le courant
du gulf-stream qui lui apporte les chauds effluves du golfe des Antilles.
Par suite de l’activité de l’évaporation à la surface de la mer, l’atmos-
phère se sature d'humidité. Au contact des montagnes, le refroïdis-
sement de l'air produit des condensations qui amènent d’abondantes
précipitations d’eau. Tandis qu’à l’est du pays, à Ghristiania par
exemple, la hauteur annuelle de pluie ne dépasse pas 60 centimètres,
elle atteint À mètre, 1" 50, et quelquefois davantage, sur la région
orientale.
Les cours d’eau qui coulent dans la direction de l’ouest n’ont qu'un
parcours restreint entre les montagnes où 1ls prennent naissance et
leurs chutes dans les fjords de l'Océan. En revanche, leur dénivella-
tion est considérable, atteignant de 1 000 à 2 000 mètres suivant les
lieux. Plusieurs de ces cours d’eau sembleraient donc, par suite de
EXCURSION EN SCANDINAVIE 347
leur hauteur de chute, pouvoir fournir de puissantes forces hydrauli-
ques. Mais on sait que la puissance d’une chute est la résultante de
deux facteurs essentiels : la hauteur et le débit de la cascade. Une
seule condition, la hauteur, se trouve ici remplie ; le débit est beau-
coup trop variable pour assurer une puissance régulière et constante
pendant toute l’année; l'absence de lacs ou de bassins de quelque
importance, entre la source et l’embouchure de ces cours d’eau,
s'oppose à toute régularisation du volume d’eau des chutes.
Ïl en est tout autrement dans la partie orientale et méridionale de
Ja Norvège. Un coup d’œil jeté sur la carte (fig. 20) montre l’aspect
très différent du régime des eaux dans les deux versants qui séparent
le relief montagneux voisin de la côte orientale. On voit que les fleu-
ves y ont des distances considérables à parcourir pour arriver à la
mer ; la configuration du sol produit, sur leur parcours, une succes-
sion de lacs qui se prêtent très favorablement à la régularisation de
leurs débits. Ces lacs forment, naturellement et sans l'intervention de
l’homme, des réservoirs dans lesquels les eaux s'accumulent pendant
la saison des hautes eaux et d’où elles s’écoulent ensuite, lors des
périodes de sécheresse, maintenant ainsi à peu près constant le débit
des'cours d’eau.
Ces lacs et les rivières qui les forment ou qui en sortent ont de
tout temps été utilisés pour le transport des bois par flottage..
En raison de l’importance extraordinaire du commerce des bois
en Norvège, les propriétaires de forêts ont eu un intérêt majeur à
assurer la permanence de ce mode de transport économique : ils se
sont, dans ce but, organisés en syndicats pour régulariser les cours
d’eau, c’est-à-dire pour effectuer les travaux susceptibles de main-
tenir à peu près constant leur débit durant l’année.
De leur côté, les industries norvégiennes (fabriques de pâte de bois,
de cellulose, sciage des bois, etc.) se sont associées aux syndicats
de flottage pour assurer le régime des eaux qui alimentent leurs
usines ; elles participent ainsi aux dépenses de régularisation des
fleuves et des rivières.
Les travaux de régularisation consistent essentiellement à élever le
niveau des lacs par des endiguements et des barrages, pour aug-
menter les réserves d’eau destinées à compléter le débit des cours
348 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
d’eau pendant les périodes de sécheresse. Ces opérations amènent
naturellement une submersion plus ou moins étendue des terres
riveraines ; de là résulte, pour les syndicats, l'obligation d'acquérir
les terrains que les eaux couvriront. Cette nécessité n’entraîne pas
d’ailleurs, dans bien des cas, de grandes dépenses. Les rives de ces
réservoirs naturels sont, le plus souvent, inhabitées et de faible
valeur, étant improductives en raison de leur altitude et du peu de
fertilité du sol. La loi norvégienne a d’ailleurs prévu le cas de conflit
entre les propriétaires riverains et les syndicats intéressés aux régu-
larisations : elle autorise ces derniers à acquérir, par voie d’expro-
priation, les terrains qui leur sont nécessaires.
Avant de décrire les grands travaux de régularisation du lac Môs-
vand, quelques passages empruntés à l’excellent livre de M. Ch. Rabot
confirmeront ce que je viens de dire du régime des eaux et précise-
ront en même temps les grandes différences qu’offrent les deux ver-
sants ouest et est du massif montagneux qui divise la Norvège en
deux parties très inégales, dans le sens de sa longueur.
Près de la côte occidentale, dit M. Ch. Rabot, les montagnes s’élèvent
brusquement jusqu’à 1 800 et 2 000 mètres, puis, vers l’est, s’abais-
sent graduellement par de longs et larges plateaux plus ou moins
accidentés, pareils aux marches d’un gigantesque escalier. Une com-
paraison fera tout de suite comprendre la forme du terrain. La coupe
du relief ressemble à celle d’un bastion vertical au-dessus du fossé
représenté ici par.l’Océan et accessible de l’autre côté par une série
de plans inclinés et des plates-formes. La saillie la plus accusée, le
mur de la fortufication est formé par une suite de massifs très diffé-
rents, tous situés dans la région littorale atlantique : Dovrefjeld, les
alpes du Romsdal et du Séndmôüre-Bomdalshorn (1 556 m.) et plus au
sud, à l’est du Sognefjord, le magnifique massif alpin du Pays des
géants. Le Jotunheim vers l’ouest, se trouve précédé par le Joste-
dalsbrae, le plus vaste glacier de l’Europe continentale, grand trois
fois comme le département de la Seine... Au sud de cette région
pittoresque, le relief norvégien est masqué par une suite de massifs
assez confus : Filefjeld, Hemsedalsfjeld, l'Hallingskarv, énorme mu-
raille de près de 2 000 mètres, longue de plusieurs dizaines de kilo-
mètres.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 349
Plus loin, le terrain s’aplatit pour former le Handangervidde, un
immense plateau, large de plus de 90 kilomètres, d’une altitude
moyenne de 1 000 à 1300 mètres, présentant sur ses bords nord et
ouest des escarpements de 1 900 et 1 700 mètres.
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NE 07
Fig. 20. — Côte de la Norvège méridionale (1).
Autour de ce relief, s'étend, dans le Telemarken, une zone de pla-
teaux et de cimes campaniformes dont la hauteur diminue à mesure
que l’on avance vers le sud (voir la carte, fig. 20). Tous ces différents
(*) Cette carte, que je dois à l’obligeance de la librairie Hachette, est extraite de
l'ouvrage de M. Ch. Rabot : Aux fjords de Norvège et aux forêts de Suède.
350 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
groupes montagneux, depuis le Jotunheim, portent le nom général
de Langfjelde (Longues montagnes).
Les deux versants de ce puissant relief présentent des aspects diffé-
rents. Vers l’ouest, le sol disloqué, craquelé dans tous les sens,
n'est qu’un hérissement fissuré de gouffres effrayants remplis par la
mer. Partout des murs de rochers formidables dressés entre les
abîimes du fjord et partout des vallées très courtes, si même il en
existe ; un massif de montagnes abruptes inondé par l'Océan jusqu’au
pied des cimes culminantes. Vers l’est, au contraire, des formes de
terrain plus douces, des croupes aux perspectives fuyantes, s’abais-
sant lentement entre de longues vallées égayées par des files de lacs.
D’un côté (ouest), une zone maritime et montagneuse où les
industries de la mer sont la principale ressource; de l’autre côté
(est), une région où le sol permet le développement des cultures et
la croissance des forêts.
Près de 79 ‘|, des surfaces ensemencées dans la Norvège méri-
dionale sont, comme je lai dit en étudiant la répartition des cul-
tures, situées sur ce versant.
La vallée du Vestfjord appartient à cette magnifique contrée du
Telemarken : cette vallée, où la Maana roule ses flots impétueux,
participe à la fois de la beauté des montagnes et des richesses de Ja
plaine.
Ce matin, je vais aller voir la Maana à sa source, à la sortie du
lac Môsvand qui offre un des exemples les plus grandioses de la
régularisation des lacs dont j'ai parlé plus haut. On va utiliser ses
eaux pour la production de gigantesques forces électriques qui
capteront bientôt l’azote de l’air pour le transformer en une matière
fertilisante précieuse entre toutes, le nitrate de chaux.
XXIII —— Le lac Mosvand et la vallée supérieure de la
Maana — La vallée de Vestfjord et les voies de transport
de Saaheim à Notodden
13 août. Rjukan.
Temps splendide ! pas un nuage au ciel. Le soleil s’est levé à
3 heures, dorant de ses rayons les cimes qui avoisinent l'hôtel.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 9)1
M. Eyde est parti à 5 heures. M. ‘Ugland, ingénieur attaché à la
direction, va m’accompagner au lac Môsvand et compléter, avec une
amabilité parfaite, les renseignements que M. Eyde m’a donnés,
dans notre long entretien d’hier au soir, sur les grands travaux
d'aménagement des chutes de la Maana, en vue de la création de
la fabrique de Saaheim.
De lhôtel de Rjukan construit, ainsi que je l’ai dit, dans le voi-
sinage de la cascade, à l'altitude de 790 mètres environ, un chemin
Fig. 21. — La vallée de la Maana.
assez étroit remonte, sur la droite de la vallée, le cours de la
Maana (fig. 21), qui, sur une étendue de 8 à 9 kilomètres, forme
depuis le lac Môsvand une série de rapides et de chutes, dont la
plus importante est Rjukanfos. Cette route, à parois abruptes du
côté gauche (fig. 22), traverse une région de plus en plus sauvage,
inculte et déserte à mesure que l’on s'élève. La végétation forestière
a disparu à peu près complètement : quelques rares gaards et de
misérables sæters, sont les seules habitations qu’on y rencontre.
Près de l’un des gaards, un beau troupeau de vaches et des moutons
répandus sur le flanc de la montagne égaient la solitude du chemin.
En une heure et demie, nous atteignons le sommet du plateau où
392 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
s'étale, à 900 mètres d’altitude, le lac Môsvand. Chaque année, un
Anglais, grand chasseur de grouses, vient s'installer près du lac ; la
grouse ou poule de neige, Schneehuhn des Allemands, abonde dans
cette région. Cet insulaire britannique en tue pour sa part de 800 à
900 durant son séjour.
La Maana est l’exutoire unique d’un vaste domaine de chutes
situées dans la haute montagne, et dont la réunion forme l’immense
réservoir du Môsvand, d’une superficie de 55,5 kilomètres carrés et
Fig. 22. — La vallée de la Maana, près Rjukan.
d’une capacité, depuis la régularisation de son niveau, de 560 mil-
lions de mètres cubes. Le barrage, de 10 mètres de hauteur,
construit par le Syndicat des industriels de la région, va être surélevé
de 4 mêtres par les soins du Syndicat norvégien de l'azote, ce qui
portera vers 700 millions de mètres cubes l’approvisionnement de
ce lac, le plus vaste bassin endigué du monde. De plus, les travaux
projetés dans plusieurs autres lacs de montagnes, situés au-dessus
de Môsvand, pourront fournir encore une réserve supplémentaire
de 30 à 40 millions de mètres cubes d’eau. Une promenade en canot
sur le lac entouré de crêtes neigeuses m’a permis de juger de la
configuration de ce beau lac.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 33
Dans l’état actuel, le débit de la Maana, à sa sortie du lac, est
de 40 mètres cubes à la seconde ; après la surélévation du barrage
ce débit sera porté à 47 mètres cubes.
Avant de décrire les travaux d'aménagement de la Maana, j'invite
le lecteur à jeter un coup d'œil sur la carte (fig. 23) qui lui donnera
une idée exacte du trajet de la force hydraulique depuis le lac
Môsvand jusqu’à Notodden, point extrème de son utilisation pour la
fabrication de l’acide nitrique.
La région où coule la Maana, dans la première partie de son
étendue au-dessous du Môsvand, participe du caractère de formation
de l'immense vallée occupée par le lac : les flancs des montagnes ne
sont pas très escarpés ; de chaque côté du fleuve, s'étendent sur
une faible largeur de maigres pâturages, qui expliquent la présence
des quelques gaards et sæters dont j'ai parlé.
Plus bas, les montagnes se rapprochent, la vallée se resserre, le
fleuve se précipite de gradin en gradin. En approchant de Rjukan, la
vallée semble se fermer complètement; la Maana débouche à travers
une fente étroite de rochers à hautes parois déchirées et d’un carac-
tère absolument sauvage; c’est en ce point que, franchissant la paroi
qui lui ferme la route, la Maana s’élance d’une hauteur de 105 mè-
tres, formant le splendide Rjukanfos (Voir la carte, fig. 23).
Au pied de la cascade commence une nouvelle vallée, le Vestfjord,
qui s'étend de Rjukan jusqu'à Fagerstrand sur le lac Tinnsjô. Le
Vestfjorddal dans sa partie supérieure a encore le caractère du défilé
étroit de Rjukan; la vallée est étranglée; son profil a la forme
d’un V dans le fond duquel la Maana roule ses flots torrentueux.
Il n'existe pas de thalweg ; quelques gaards sont accrochés par
places sur les pentes abruptes des versants latéraux.
À quelque distance de là, la vallée s’élargit un peu : son profil
en V se transforme en U. Au fond de la vallée, il y a place pour
quelques habitations rurales, au milieu desquelles coule la Maana. À
cet élargissement du thalweg correspond une accentuation très
sensible dans l’escarpement des flancs de la vallée. Ce changement
de profil de V en U, si frappant à l’œil, se produit dans les environs
des gaards de Saaheim (Voir la carte). C’est dans cette plaine que sera
construite la nouvelle fabrique de nitrate.
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 1: 25
v
394 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Comme il ne suffit pas de fabriquer un produit dans le point où sa
production est rendue économiquement possible par lemploi de
forces naturelles, mais qu’il faut l'exporter là où il devra être utilisé,
le Syndicat norvégien à fait une étude complète des voies et moyens
de transport, jusqu’à la mer, du nitrate de chaux fabriqué aux usines
de Saaheim.
La construction de deux chemins de fer a été étudiée dans tous
ses détails. Le premier, à la cote la plus élevée, partira de Saaheim,
traversera le Vestfjorddal et atteindra, vers le bas, Fagerstrand,
embouchure de la Maana et de son affluent, la rivière Vestfjord,
dans le lac Tinnsjô. Sa longueur sera de 19 kilomètres et, dans son
parcours, il franchira deux fois la Maana.
A Fagerstrand, suivant le projet qui deviendra vraisemblablement
définitif, les wagons seront transbordés par des ferry-boats et tra-
verseront le lac Tinnsjô, long de 40 kilomètres, pour gagner Tinoset.
La deuxième voie ferrée partira de Tinoset, par la ligne de Tinnos.
Les wagons, quittant les ferry-boats, seront acheminés par cette
ligne vers Notodden.
La ligne de Tinnos, outre les stations terminus de Tinoset et de
Notodden, desservira d’autres points : Granherred et Lilleherred,
Dans son trajet, la voie franchira deux fois la rivière Tinné. Dans le
bas de la station de Lilleherred, juste en face de la station de force
de Svälgfos que je décrirai plus loin, le chemin de fer passera en
tunnel sur une longueur de 240 mètres. Plus bas, près de Notodden,
nouveau tunnel, creusé sous la route principale : de Kongsberg et
sous le séminaire de Notodden. Au sortir de ce tunnel la voie
pénétrera dans la petite vallée de Saetrebeck, tournera Île long du
rivage d’Hitterdalsvandet, passera un peu plus loin près de la
fabrique actuelle de Notodden et gagnera le quai du fjord d'Hitterdal.
De Notodden, les marchandises seront transportées par voie flu-
viale jusqu’à la haute mer, où on les embarquera pour le continent.
La carte à plus petite échelle (dans l'angle droit) indique le
trajet complet de Saaheim à Skien.
On travaille à la construction des deux chemins de fer dont je
viens d'indiquer le tracé. Ils seront achevés dans le courant de cette
année.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 395
Il me reste maintenant à décrire rapidement les travaux de cap-
tation de la Maana pour l’alimentation des usines de Saaheim ; ma
visite à Môsvand, en compagnie de M. lingénieur Ugland, m’a
permis de compléter l’intéressant exposé que m'en a fait hier
M. Eyde, j'ai pu ainsi me faire une idée exacte de ces immenses
travaux.
XXIV -— Les travaux de captation de la Maana
La station de force de Store Vemork
Rjukan, 13 août.
La captation des eaux de la Maana à leur sortie du lac Môsvand
pour les utiliser à la production de l’acide nitrique et du nitrate de
chaux aux usines de Saaheim, est probablement l’une des œuvres
hydrauliques les plus gigantesques qui ait été jusqu'ici tentée.
Une rapide esquisse des travaux entrepris et poursuivis au milieu
de difficultés qui, au premier abord, semblent insurmontables,
étant donnés les accidents de terrain et la rudesse du climat, fera
sans doute partager à mes lecteurs le sentiment d’admiration que
j'éprouve, depuis deux jours, pour la hardiesse de conception de
l'ingénieur, la sûreté de direction des travaux, l'énergie et l’endu-
rance du personnel nombreux d'ouvriers qui les exécutent.
Les points extrêmes dé cette grande entreprise sont : le seuil du lac
Môüsvand à l'altitude de 900 mètres et la fabrique d’acide nitrique
et de nitrate en construction à Saaheim, distante d’environ 13 kilo-
mètres du déversoir du lac (Voir la carte, fig. 25). Les points
intermédiaires sur lesquels j’attirerai l’attention du lecteur pour lui
présenter une vue d'ensemble de ces gigantesques travaux sont :
Skarsfos, Rjukanfos, Rjukan [et Rjukan IT
Au sortir du lac Môsvand, la Maana forme, sur une étendue de
8xm 500, une série de cascades présentant dans leur ensemble une
hauteur de chute brute de 548 mètres, dont 511 mètres utilisables
dans le programme en cours d'exécution.
Sur la distance de 8:" 500, on est obligé, par la conformation de la
vallée, de détourner la rivière de son lit pour la diriger à travers un
cours artificiel, vers les turbines installées dans le bas de la vallée.
356 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Ce cours artificiel sera situé sur la rive droite de la Maana, et
se composera de tunnels creusés à l’intérieur du flanc de la mon-
tagne.
Primitivement, on avait projeté la construction d’un tunnel unique
sur toute la longueur de 8" 500. Mais une étude plus complète des
lieux a conduit à l’idée beaucoup plus avantageuse d’utiliser la force
hydraulique en deux temps, €’est-à-dire de construire deux stations
de force : l’une dans le haut de la vallée, sur un plateau situé sur le
flanc de la vallée de Store Vemork (Rjukan I sur la carte), un peu en
contrebas de Rjukanfos, l’autre dans le bas de la vallée (Rjukan ID),
près de Saaheim, sur le plateau de laquelle sera établie la fabrique
même.
L'énergie de la station supérieure, Rjukan [, sera transmise à la
fabrique par une conduite de force électrique de 4 kilomètres de
long. Chaque station de force représentera à peu près la moitié de
la force totale, la station supérieure de Rjukan T étant cependant un
peu plus puissante que la station inférieure.
Au lieu d’un tunnel de 8" 500, on en construit deux, de longueur
à peu près égale, ayant chacun leur niveau propre.
Lorsque l’eau aura passé par le tunnel supérieur et accompli
son travail dans la première station de force (Rjukan I ou Store
Vemork), on la conduira, par le deuxième tunnel, à la station de
force de Saaheim (Rjukan IT) où elle accomplira de nouveau son
travail.
Examinons rapidement les deux aménagements hydrauliques :
Première construction. — La création de la station de Rjukan E,
qui recevra directement le fleuve sortant du barrage de Môsvand,
entraîne la suppression de la chute de Rjukanfos, pour le plus grand
regret de ceux qui, comme moi en ce moment, admirent la merveil-
leuse cascade fumante. Ce n’est que par intervalles, lorsqu'on sera
obligé, pour une cause quelconque, de fermer momentanément le
tunnel supérieur, ou à l’époque des inondations, que le visiteur
pourra jouir encore de cet admirable spectacle. Les abords de
Rjukanfos conserveront leur aspect pittoresque, mais rendu plus
sauvage encore par l’absence du torrent dont la chute verticale
EXCURSION EN SCANDINAVIE 397
de 105 mètres de haut lui donne aujourd’hui une beauté incom-
parable.
Les constructions hydrauliques destinées à alimenter les deux
stations de force commencent près de Skarsfos, à 8 kilomètres du
lac Môsvand.
Au sommet du Skarsfos on construit un réservoir qui recueillera
l’eau de la Maana venant d’une prise située à droitè de la vallée.
L’eau passe dans un tunnel percé dans la montagne, à peu près
parallèlement au cours de la Maana, qui la dirige dans un bassin de
répartition creusé sur le flanc de la vallée au-dessus de Rjukan TL.
Ce tunnel, de faible inclinaison, aura 4" 200 de long. Sa coupe
transversale, de la forme d’un œuf posé à plat, a une superficie de
25 mètres carrés ; dans la plus grande hauteur, elle mesure 5" 50.
Il est très important, dans ce rude climat, de s'opposer à la
formation de glace dans le tunnel (*). Dans ce but, le bord supérieur
du tunnel est en contre-bas d’un mètre de l’arrivée de l’eau de la
Maana ; de cette façon l'air froid ne peut pas pénétrer dans la prise
d’eau, ni dans le tunnel.
Les parois du tunnel sont lisses, en vue de diminuer autant que
possible le frottement de l’eau contre les parois. La nature du terrain
dans lequel est percé le tunnel (schistes et roches granitiques) rend
inulile tout crépissage et tout revêtement des parois.
Pour activer le percement du tunnel, on a pratiqué, dans le flanc
de la montagne, neuf ouvertures qui permettent de travailler à la
fois sur vingt points différents. Le tunnel est distant, en profondeur,
de 45 mètres du flanc de la montagne ; après l’achèvement, ces
neuf ouvertures seront naturellement fermées.
Le bassin de répartition dans lequel aboutit le tunnel est, pour la
plus grande partie, creusé dans le roc de la montagne, au-dessus de
Store Vemork (Rjukan [). Seule une partie de la façade et des côtés
sera construite en maçonnerie.
Ce réservoir aura une superficie de 600 mètres carrés : il sera
précédé d’un bassin de décantation qui retiendra les graviers et
(*) En hiver la surface du lac Müsvand se couvre d'une couche de glace souvent
très épaisse,
358 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
autres matériaux accidentels, qu'il faut écarter avant l’entrée de
l’eau dans les turbines. |
Dix conduits d'alimentation des turbines partent du bassin de
répartition : ils seront recouverts d’une construction en bois Îles
protégeant contre le froid. L'ouverture de ces conduits sera réglée
électriquement depuis la station de force.
La station de force est bâtie sur un plateau situé à 280 mètres
environ en contre-bas du bassin de répartition. Le bâtiment à une
longueur de 140 mètres sur 18 de largeur. Provisoirement, un canal
d'écoulement, creusé au-dessous de la station, prendra Peau ayant
servi à actionner les turbines pour la jeter dans la Maana à
100 mètres en contre-bas de la station. Plus tard, lorsqu'on utilisera
le second tunnel, reliant Rjukan F à Rjukan IT (Saaheim), l’eau
sortant des turbines circulera dans ce tunnel.
La hauteur de chute entre le réservoir de Skarsfos et la station
de force est de 296 mètres, dont 277 mètres peuvent être utilisés
pour la production de la force.
En estimant à 45 mètres par seconde le débit de l’eau, on
obtiendra, abstraction faite de la force nécessaire pour la magné-
tisation et la perte dans les turbines, une force effective aux turbines
de 123000 HP, correspondant à une énergie, à la station, de
117 000 HP.
Ce développement de force est réparti dans dix turbines et géné-
rateurs : turbines à roues Pelton, faisant 250 à 300 tours à la
minute. La dynamo est solidement accouplée à la turbine.
Les générateurs développent un courant à trois phases, de
10 000 volts de tension. Avec cette tension, on fait passer le courant
dans la transmission de force de Saaheim où elle représente une
énergie électrique de 110 000 HP.
La transmission de force se compose de 34 fils montés sur des
mâts en bois ou en fer. Elle part de Rjukan I, de l’autre côté de la
Maana qu’elle suit sur la rive gauche jusqu’à Saaheim.. De là elle est,
à nouveau, transportée sur la rive droite, sur laquelle s’élèvera la
fabrique d'acide nitrique. Le terrain, sur la rive droite du fleuve,
est beaucoup trop escarpé pour qu’on y puisse établir une trans-
mission de force.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 399
On construit, en ce moment, une petite station de force (300 HP),
près de Kvernhusfossen, au-dessus de Rjukan. Pendant la période
de construction, cette station servira à produire de la lumière et à
actionner les machines utilisées pendant les travaux ; quand la cons-
truction sera achevée, l'installation servira de réserve pour fournir
la force aux câbles, produire la lumière, etc., lorsque la station
de force sera arrêtée.
Il me reste à parler de la seconde partie du programme des
travaux hydrauliques à réaliser.
XXV —- La station de force et l'usine de Saaheim
Saaheim, 13 août.
La première partie des grands travaux de captation et d’aména-
gement de la Maana que je viens de décrire, aboutit à Vemork
(Rjukan 1), où se construit la station de force qui enverra, par
câble, à l’usine de Saaheim, l’énergie de 117 000 HP.
L'eau, au sortir des turbines de Rjukan [, traversera un tunnel
de 4 kilomètres et demi de long, de coupe transversale du même
enre que celle du premier tunnel et, à sa sortie, elle sera recueil-
lie dans un bassin de répartition destiné à l’alimentation de la sta-
tion de force Rjukan Il, construite dans la plaine de Saaheim, à
240 mètres environ en contre-bas du bassin de répartition.
L’escarpement de la montagne ne permet pas d'installer ce bassin
à ciel ouvert : il doit être creusé entièrement dans le flanc de la
paroi ; ainsi établi, il sera protégé à la fois contre les chutes
fréquentes de pierres se détachant du sommet et contre l’abais-
sement de la température extérieure.
Ce bassin, que je décrirai très sommairement, est creusé à la mine
comme un tunnel de 8 à 10 mètres de largeur et ramifié en deux
branches reliées entre elles par un tunnel d’accouplement. Ce bassin
constituera un véritable chef-d'œuvre d'art. Sa superficie totale sera
de 1 000 mètres carrés ; de chacune des deux chambres qui le com-
posent part un tunnel de transport de l’eau aboutissant au dehors.
Dans le fond du bassin on percera un tunnel de vidange permettant
360 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
le départ de l’eau : ce tunnel, long de 400 mètres, se dirige vers le
bas du flanc de la mon-
taone, formant une chu-
te puissante, jusqu’à la
plaine de Saaheim d’où
l’eau se déversera dans
la Maana. C’est aussi par
ce tunnel que, à l’aide
d’une ouverture spé-
ciale, passera l'eau qui
pourrait déborder, si les
conduits des turbines ve-
naient à se boucher. Au
total, quatre conduits
d'alimentation des tur-
bines parliront en deux
ramifications des cham-
bres du bassin.
Les deux prises decon-
duits aboutissent dans
leurs puits situés dans le
bas, en avant de la partie
escarpée de lamontagne.
De ces puits, Peau se di-
rigera vers l’usine dans
descanaux creusés à l’air
famotsdalæ
libre, mais protégés par
une couverture contre
la chute des pierres et
les éboulements.
Dans le haut du bassin,
près desconduites de pri-
ses d’eau, sont installées Fig. 28. Carte du Tele
des vannes, permettant
de fermer directement les conduits depuis la station de force, de mettre
leurs chambres de prise d’eau à sec, enfin de vérifier l’état des bassins.
EXCURSION
EN SCANDINAVIE
361
Deux galeries sont construites dans le bassin de répartition : on
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les utilisera pendant les
travaux de creusement ;
ces galeries sont à ciel
ouvert pour que lair y
puisse pénétrer libre-
ment.
Dans les puits des con-
duits, on a bâti des esca-
liers dont on se servira
pour aller inspecter ces
conduits. Du sommet de
l’un de ces escaliers, par-
tira un escalier tournant
se dirigeant vers la ga-
lerie supérieure, au tra-
vers de laquelle on peut
pénétrer dans le bassin
de répartition, en fran-
chissant une passerelle,
pour y procéder au net-
toiement des panneaux.
Non loin de la station
de force, les conduits se
ramifient, communi-
quant chacun séparé-
ment avec la turbine
qu'ils doivent alimenter.
Ces turbmes sont au
nombre de huit.
La station de force,
comme Je Pa dit plus
haut, est située dans le
vallon de Saaheim (Rju-
kan IT sur la carte), à 240 mètres en contre-bas du bassin de répartition.
La station aura une longueur intérieure de 11 mètres et une
362 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
largeur de 18 mètres. L’'infrastructure est en béton ; la cons-
truction qu’elle supporte sera en briques.
De chaque turbine part un canal qui déverse dans la Maana l’eau
sortant des turbines.
Les turbines, roues Pelton, faisant 250 tours à la minute, sont
solidement accouplées aux dynamos qui développent chacune
13000 HP pour les besoins de la fabrique ; à cette production
d'énergie s’ajoutera celle qu’exigent les magnéto-turbines, soit
1100 HP. L'usine de Saaheim disposera ainsi d’un total de
104000 HP, force qui s’ajoutera aux 110000 HP de la station de
Vemork (Rjukan D.
On voit qu’au total, les usines d’acide nitrique et de nitrate de
Saaheim disposeront d’une force totale de 214000 HP. Le courant
électrique de Saaheim est du même genre que celui de Vemork,
triphasé à 10 000 volts de tension.
L'usine d'acide nitrique est construite à proximité de la station de
force.
Ces gigantesques travaux, dont ce qui précède peut donner une
idée, ont été commencés dans l’été de 1906, par le percement du
tunnel principal, qui sera terminé à l'automne de 1909.
On procède aujourd’hui à l’exhaussement de la digue du lac
Môsvand qui, achevé dans le courant de la présente année, portera
le débit de la Maana, à la sortie du barrage, à 47 mètres cubes à la
seconde. La différence de niveau du barrage de Môsvand, à l'usine de
Saaheim, est, en nombre brut, de 548 mètres, dont 511 utilisables
comme hauteur de chute ; c’est donc une énergie d’environ 240 000
chevaux que la Maana met à la disposition de l’industrie nouvelle.
Étant donnée L'activité que l’éminent ingénieur Eyde im-
prime à l’ensemble des travaux qui s'étendent du lac Môsvand à
Saaheim, il y a tout lieu d'admettre que l'exploitation complète
de la nouvelle industrie sera en pleine marche dans le courant de
l’année 1910.
Le nombreux personnel nécessaire pour l'exécution de ces
immenses travaux, dans une région quasi désertique, sur une
longueur de 14 kilomètres, est, depuis l’origine de l’entreprise,
l’objet de la sollicitude de la Société norvégienne de l'azote.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 3063
Depuis le lac Môsvand jusqu’à Saaheim, sur le flanc de la vallée,
on a construit des habitations très bien aménagées, où 1 500 ouvriers
trouveront un logement hygiénique et confortable. On travaille, en
outre, à la construction d’un hôpital où le personnel recevra tous
les sois désirables. Le médecin du district, assisté d’un adjoint,
sera chargé de la direction du service hospitalier qu’imposait
l'éloignement de toute agglomération.
Les travailleurs norvégiens sont énergiques, sobres, endureis à
la fatigue et aux intempéries ; ils ne connaissent ni les syndicats, ni
les grèves, et sont de tous points dignes de la sollicitude dont on les
entoure.
Pour le chapitre XXII, j'ai indiqué suffisamment, pour n'avoir
point à y revenir, les moyens de transport, de Saaheim à la mer, des
produits de l’usine.
Je quitte Rjukan par la belle vallée du Vestfjord pour aller coucher
à Tinoset, et de là me rendre demain à Notodden.
XXVI — De Rjukan à Notodden
_ La rivière Tinné et la station de force de Svalgfos
13 août.
Quatre heures de laprès-midi : je prends congé de l’aimable
ingénieur, M. Ugland, qui m'a, depuis le matin, accompagné au lac
Môsvand, et je m’apprête à descendre à Fagerstrand d’où le petit
vapeur qui fait le service du lac Tinnsjü m’amènera le soir à Tinoset
qui sera mon étape de nuit. Pendant qu’on apprête la voiture que
M. Eyde a l’obligeance de mettre à ma disposition, je vais faire mes
adieux à la magnifique Cascade fumante. L’énorme masse d’eau de
la Maana se précipitant, en deux sauts, d’une hauteur de 195 mètres,
à travers les parois à pic des rochers qui l’encaissent, est d’un
prodigieux effet. Ce n’est pas sans une véritable émotion que je
pense à la disparition prochaine du spectacle grandiose que je con-
temple pour la dernière fois. Si, en effet, ce que je n’ose espérer
— à mon âge on ne peut plus guère songer aux voyages loin-
tains — une bonne fortune me ramenait dans ces parages, après
364 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
l'achèvement des usines de Saaheim, Rjukanfos ne sera plus qu’un
souvenir! La Maana, détournée de son lit par les gigantesques
travaux que J'ai décrits, laissera béant le gouffre dont la grande
voix sera éteinte.
Nous suivons, pour revenir à Fagerstrand, la route qui nous avait
amenés à Rjukan. Jusqu'à Saaheim, la vallée conserve le caractère
sévère qu’elle doit à l’escarpement des rochers dénudés encaissant
la Maana ; la végétation forestière reparaît un peu avant Saaheim,
oroupe de gaards campés au milieu de belles prairies. De Saaheim
à Fagerstrand, on descend, le long de la rive gauche de la Maana, la
belle vallée du Vestfjord. Pai toujours éprouvé un grand plaisir à sui-
vre en sens inverse, à l'aller et au retour, les routes de montagne qui
conduisent de la plaine sur les sommets. Dans ce double trajet, les
beautés du chemin se présentent sous des aspects si différents, qu’on
a parfois peine à reconnaitre, au retour, les sites parcourus la veille.
Arrivé à 6 heures à Fagerstrand, je m'embarque dans le petit
vapeur à hélice qui fait le service du lac Tinnsjô, aux rives couvertes
de riantes prairies entourant de nombreuses fermes ; le bateau con-
tourne la montagne Haakenoes, et, peu près, aborde à Tinoset où je
passerai la nuit. |
Comme je l'ai dit (Voir la carte figure 23), le Tinnsjô est le
déversoir du fleuve Maana, dont il relie le cours principal à
Notodden par la rivière Tinné. |
14 août.
De Tinoset à Notodden, il y a environ 32 kilomètres. La route
serpente, en descendant, dans la vallée de l’Orvella, rivière qui s'est
frayé un passage à travers des éboulis aujourd’hui couverts de
résineux. Au sortir d’une belle forêt, on rencontre une région très
cultivée, peuplée de nombreux gaards; dans le voisinage de
plusieurs de ces fermes se sont élevées quelques maisons où l’on
vend des objets de première nécessité : épicerie, étoffes, verrerie et
ustensiles de ménage. Ces groupements, autour des fermes, de deux
ou trois modestes magasins sont assez fréquents dans certaines
régions de la Norvège, où n'existe, comme Jje l'ai dit déjà, aucune
agglomération ressemblant à un village du continent.
L
EXCURSION EN SCANDINAVIE 369
Les seigles sont de belle apparence et voisins de la maturité; les
orges et les avoines, encore très vertes, s'encadrent çà et là de
champs de pommes de terre à peine en fleur ; les prairies dominent ;
elles sont très bien entretenues et seront bientôt fauchées.
A 5 kilomètres environ de Notodden, la Tinné, exutoire du lac
Tinnsjô, coule impétueuse dans une gorge étroite où elle formait, 1l
a deux ans encore, lors de mon premier voyage, une admirable cas-
Fig. 24. — Usine de force de Svälgfos, sur la rivière Tinné.
cade, la chute de Svälgfos, aujourd’hui captée, comme le sera bientôt
Rjukanfos, pour fournir à la fabrique de Notodden agrandie la force
hydraulique nécessaire à la fabrication de l’acide nitrique. Un bar-
rage, construit en 1906, a permis de créer en amont de Svälgfos un
réservoir naturel, s'étendant sur une longueur d’environ 7 kilomètres.
L'usine de force de Svälgfos (fig. 24) construite à 40 mètres en
contre-bas de la falaise, au pied de laquelle elle se dresse, est
alimentée par une chute de 48"4 de hauteur, dont 45°9 util-
sables. Lorsque la régularisation, à laquelle on travaille activement,
des lacs de Tinn, de Môs et de Mar, situés dans la région, sera
366 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
terminée, la station de force de Svälgfos disposera pendant toute
l’année d’un volume d’eau de 83 mètres cubes à la seconde,
pouvant fournir 38 000 HP.
Pour construire ce barrage, on a provisoirement détourné Ja
rivière Tinné, qu'on a fait passer en tunnel à travers la montagne.
Ce tunnel; d’une longueur de 510 mètres, mesure 1" 50 dans sa
coupe transversale, il est noyé dans l’eau à son entrée, comme le
tunnel de Môsvand, pour empêcher l'accès de l’air et du froid dans
son intérieur, Creusé à même dans les schistes micacés, sans revê-
tement, rendu inulile par la compacité et la solidité des parois, ce
tunnel peut aisément être mis entièrement à sec.
La station de force, bâtie sur le fond du lit de ia rivière, au bas
de la paroi abrupte qui la surplombe de 40 mètres, a une longueur
de 96 mètres et une largeur de 11 mètres. Quatre turbines de
10000 chevaux chacune (système Voith Hendenheim), actionnent
des générateurs qui y sont directement accouplés. On obtient, par les
dispositions adoptées, un courant de rotation triphasé de 5 000 volts.
Les générateurs (système de Vesterda) fournissent 10500 kilowatts-
an, qui, avec un déplacement de phase de 0,87, correspondent à
9,500 HP. Ces générateurs, m'ont dit les ingénieurs, sont les plus
puissants qui existent actuellement. Une rigole a été établie pour le
flottage des bois que transporte la rivière Tinné : elle consiste en
un court canal suivi d’un tunnel de 500 mètres de longueur. Le
flottage s'effectue par ce moyen dans de bonnes conditions.
Pour compléter l’aménagement hydraulique de la Tinné, on a
créé à Tinnos un réservoir destiné à la régularisation du lac
Tinnsjô, commencée précédemment par létablissement, à Timoset,
d’un petit bassin, sorte de cuve en bois blindé. On poursuit l’exten-
sion de ce bassin, en exhaussant de 4 mètres la hauteur de la digue.
Enfin, dans un avenir prochain, on procédera à la régularisation de
Maarvand (ford Kalhand) qui se déverse dans le Tinnsjô et à celle
de Tolakwand. Après l’achèvement de ces travaux, on disposera,
aux plus basses eaux, de 90 mètres cubes à la seconde.
Je quitte Svälgfos pour gagner Notodden. J’admire en passant la
belle cascade à trois bras de Tinnfos, qui fournit la force motrice à
lusine de nitrate créée à Notodden en 1905.
EXCURSION EN SCANDINAVIE 367
À 11 heures, j'arrive à Notodden, que je reconnais à peine, tant
sont grands les changements amenés par le développement de
l’industrie des nitrates, depuis le jour, peu éloigné cependant, où
j'ai assisté à sa naissance (été de 1905).
XXVII — Notodden — La villa de la direction générale
Une découverte récente de Th. Schlæsing fils
Notodden, 14-17 août.
L'accueil le plus cordial m’attendait ici. M. Eyde, qui n’a quitlé
l’avant-veille à Rjukan, appelé en Angleterre pour quelques jours,
avait eu l’amicale pensée de me préparer dans sa famille lhospi-
talité la plus gracieuse ; sa sœur, M" Blich, installée avec ses
enfants depuis quelques jours, dans la villa de la direction générale
de la Société norvégienne de l’azote, mereçoit avec une grâce parfaite.
Accueilli avec la simplicité cordiale caractéristique de la population
scandinave, j’éprouve à mon arrivée l'impression si douce, quand on
est loin de son pays, de se sentir dans un milieu sympathique.
Au premier étage, une chambre délicieuse, pleime de lumière et
de gaieté, sera ma demeure pendant ces jours heureux. Une grande
baie, entièrement vitrée, s’ouvre sur la terrasse de la villa. La vue (la
photographie, figure 25, en donne une idée imparfaite), s'étend sur le
tjord Hitterdal, encadré par les collines boisées dont le profil se
détache sur un ciel d’une admirable pureté.
La villa est, comme la plupart des habitations norvégiennes,
entièrement construite en bois et peinte en blanc ; les colonnes
massives, également en bois, qui supportent la marquise extérieure
couverte d’ardoise, donnent grand air à la construction.
L'architecture est des plus heureuses :
Dans le grand hall, au plafond à poutrelles, aux parois de bois
sculptées dans le style très décoratif des anciennes habitations norvé-
giennes, M. Eyde, avec un goût parfait, a réuni des reproductions
élégantes et fidèles des meubles, cheminées, horloges, ustensiles du
vieux temps. Un escalier monumental, en harmonie avec la déco-
ration du hall, conduit à l'étage supérieur.
Partout de l'air, de la lumière, de la gaieté dans cette demeure
3068 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
dont l'agencement révèle à la fois le goût du confortable et la sim-
plicité de ses hôtes.
Les premières paroles échangées avec M°° Blich et sa fille, char-
mante jeune femme aux allures simples, aimables et dénuées de
coquetterie, mettent tout de suite à l'aise l’homme timide que je
suis.
Comme cela n’est tant de fois arrivé au cours de mes voyages à
l'étranger, je suis frappé de la supériorité de l’éducation de la
femme du monde des pays septentrionaux, qui rend familière pour
elle, en même temps que les idiomes des autres pays, la connais-
sance de leurs littératures. Grâce à cette érudition dépouillée de
tout pédantisme, sont exclues de la conversation les banalités ordi-
naires et je me laisse aller, pendant deux heures, au charme d’un
échange de vues sur les choses de France et de Scandinavie avec
mes aimables hôtesses. Il est 11 heures : le frohkost norvégien
nous réunit dans la salle à manger. M" Blich me présente son fils,
jeune étudiant plein d'humour et d’entrain, qui, après avoir suivi
les cours de la célèbre université de Christiania, termine en ce
moment ses études de chimie et d'électricité à l’Université de Berlin.
Jl sera demain pour moi un cicérone précieux dans l'étude que je
ferai de la nouvelle usine de Svälgfos-Notodden.
Je vais consacrer mon après-midi à visiter Notodden complè-
tement transformé, depuis deux ans, par le développement de
l'industrie du nitrate de chaux.
La modeste fabrique où, dans le mois de mai 1905, pour la
première fois, l'azote atmosphérique a été transformé industriel-
lement en acide nitrique par le procédé génial Birkeland-Eyde, est
devenue le centre d’un groupe important de constructions de tout
genre. Du haut du petit mamelon où s’étale aujourd’hui le bâtiment
de la direction générale, on aperçoit de toutes parts les belles et
coquettes habitations, entourées de jardins, des ingénieurs et des
chefs de service. La photographie (fig. 26), qui donne une vue
d'ensemble de Notodden, atteste le rapide développement que cette
petite ville a pris au cours des années 1906-1907.
Au loin, à droite, s'étend la partie nord du fjord d'Hitterdal ; le
bâtiment blanc qui se détache au sommet des bouquets de pins au
EXCURSION EN SCANDINAVIE 369
feuillage d’un vert intense, est la villa Eyde dont Je serai pendant
quelques jours l'hôte reconnaissant : un sentier assez rapide abrège
le chemin de la villa aux fabriques. C’est la route que je prends
pour m'y rendre.
La température, toujours des plus agréables (17°), ajoute
au charme de la promenade. Involontairement me reviennent à la
mémoire les vers de Lucrèce, sur l’égoisme de l’homme :
Suave mari magno, etc.;
Fig. 25. — Le lac d'Hitterdal vu de la terrasse de la direction générale.
c'est que J'ai vu tout à l’heure, dans un journal arrivant de France,
que le thermomètre marque, à Paris, 32° à l'ombre !
Un grand plaisir m'’attendait à mon entrée à la fabrique de
Notodden : j'allais y retrouver mon compagnon de voyage de 1905,
Th. Schlæsing. Cet excellent ami m’accueille à bras ouverts : il avait
été, la veille, très alarmé à mon sujet, par une dépêche inintelli-
giblement transmise, concernant la maladie de l’un des miens. La
joie qu’il me témoigne, lorsque je le rassure, me montre à nouveau,
ce que je sais depuis longues années, combien ses sentiments affec-
tueux répondent aux miens. Quelle grande douceur de retrouver à
2 000 kilomètres de son foyer le témoignage vibrant d’une vieille et
chaude amitié !
2
>
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 1:
370 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Quand j'arrivai, Th. Schlæsing était occupé à surveiller une
expérience dont les résultats modifieront, dans un avenir prochain
sans doute, une des opérations, compliquée etfondamentale jusqu'ici,
de la préparation du nitrate de chaux avec l'acide nitrique obtenu
par voie électrique dans le procédé Birkeland-Eyde, On sait que,
sortis des fours électriques, les gaz nitreux sont transformés, par
leur oxydation ultérieure, en acide nitrique qui s'écoule en disso-
lution dans Peau, au sortir des tours où il s'est condensé.
Cette dissolution, renfermant 50 °}, d'acide azotique mono-
hydraté, sert, comme Je lai décrit dans divers opuscules, à trans-
former le calcaire en nitrate de chaux pur, ttrant 13 °/, d'azote.
Une étude approfondie des relations des gaz nitrés avec la chaux
vive, poursuivie dans le laboratoire de l'École des manufactures
nationales, a conduit Th. Schlæsing à linvention d’un procédé de
préparation directe du nitrate, par l'absorption par la chaux, à une
température de 390° à 400°, des gaz nitrés sortant du four élec-
tique. Au moment où J'arrive dans le laboratoire d’essais, attenant
à l'usine primitive de Notodden, mon ami est en train de procéder à
la vérification des résultats d’une expérience aussi ingénieuse dans
son disposiuf que péremploirement démonstralive. Dans une caisse
remplie de matière inerte qu'on peut porter à la température de
300° sont fixés verticalement des cylindres métalliques terminés, à
leurs deux extrémités, par des calottes sphériques traversées par
des tubes mettant en communication entre eux les cylindres, au
nombre de six. Les gaz, introduits par la tubulure supérieure du
premier tube, sortent d’un four électrique en action : ils ont été
préalablement desséchés avant leur introduction dans l'appareil. Les
cylindres sont remplis de fragments de chaux vive agglomérée par la
chaleur, [ls sont portés, comme le milieu qui les entoure, à une
température de 390° à 400°. Circulant successivement, par la
pression qui les amène, dans.les cylindres communicants, ils
s’'échappent du dernier cylindre de la batterie et se déversent dans
Pair, Chacun des cylindres est pesé avec précision avant et après la
fin de l'expérience. Tout se fait automatiquement, par suite de
dispositions très ingénieuses que je ne pourrais décrire sans entrer
dans de trop longs détails.
EXCURSION EN SCANDINAVIE At |
Suivons maintenant la marche de l'expérience : une dérivation
placée sur le tuyau de sortie d’un four Birkeland-Eyde amène le gaz
dans un dessiccateur où il perd toute son humidité, sans subir aucune
métamorphose chimique. Il se rend alors dans le premier cylindre
et successivement, en un temps très court, dans les autres cylindres
de la batterie ; le gaz, avant son entrée dans le système, est analysé :
on y dose rigoureusement le volume des composés nitrés qu'il
contient : la même opération pratiquée sur le gaz s’échappant à
l’extrémité de la batterie donne la mesure des transformations qu’il
a subies au cours de son passage à travers la chaux.
Fig. 26. — Vue générale de Notodilen (1907).
On suspend alors l'envoi des gaz dans l’appareil et l’on détermine
aussitôt les changements de poids qui ont pu se produire dans
chacun des cylindres. Ces différentes opérations qu’exécute sous
mes veux mon ami Schlæsing, assisté d’un des jeunes chimistes de
l’usine, aboutissent à des résultats d’une netteté qui n’a d’égale
que leur rigueur scientifique. Je les énumérerai rapidement. (Inutile
d'ajouter que le volume total des gaz qui ont traversé l'appareil est
exactement mesuré.)
Le gaz sortant du four électrique contenait, avant son entrée
dans la batterie, un volume (dont on déduit aisément le poids) des
gaz nitrés qui vont subir l’action de la chaux. Les gaz s’échappant
de la batterie sont absolument dépouillés, jusqu’à la dernière trace,
de produits nitreux, ce qui montre l’absorption intégrale de ceux-ci
par la chaux.
3172 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
La pesée des cylindres confirme la. fixation intégrale des gaz
nitrés dans les deux premiers : les autres cylindres ont conservé leur
poids initial, sans le moindre changement.
L'expérience montre que l’augmentation de poids des deux
premiers cylindres correspond rigoureusement à la teneur en com-
posés nitrés du gaz qui les a traversés. Ces gaz nitrés se sont inté-
cralement et, pour ainsi dire, instantanément transformés en acide
nitrique que la chaux à fixé.
M. Th. Schlæsing a constaté que le résultat final de cette belle
expérience est la production directe de nitrate de chaux pur d’un
titre plus élevé en azote (14 à 14,5 °|,) que celui qu’on obtient à
Pusine.
Dans les opérations de la fabrique de Notodden une petite partie
des produits nitrés qui ont pris naissance dans le four électrique
(4 à 5 °/.), échappe encore à la transformation en acides nitreux ou
nitrique, tandis que dans la méthode si remarquable que je viens de
décrire sommairement, il n’y a aucune perte d'azote combiné.
L'application du procédé Th. Schlæsing dans l’une des futures
fabriques à créer, amènerait une grande simplification et, partant,
une très notable économie dans les installations industrielles.
Le temps a passé bien vite pour moi et l’heure me rappelle à la
villa. Je serre la main cordiale de mon ami, dont je viens, une fois
de plus, d'admirer l’extraordinaire ingéniosité. Demain J’emploierai
ma journée à visiter les travaux de la nouvelle usine qui doit être en
pleine marche dans moins de deux mois.
XXVIII — La nouvelle fabrique de Svalgfos-Notodden
Notodden, 14-16 août.
Hier, en quittant mon ami Schlæsing, l'esprit tout occupé des
expériences si intéressantes dont il venait de me rendre témoin, j'ai
traversé, pour regagner le chemin de la villa Eyde, les dépendances
de la première fabrique, où j'ai passé tant d'heures agréables en
1905. J’y étais en juillet, pendant ces jours, inoubliables quand on
les à vécus, où le soleil, durant deux heures à peine, disparaît de
EXCURSION EN SCANDINAVIE 31
l'horizon, l'aurore succédant presque sans interruption au crépuscule.
De la chambre que j'occupais dans le bâtiment de l’administration,
je pouvais suivre, de minuit à 2 heures du matin, le passage, pour
ainsi dire ininterrompu, de la lumière du soir à celle du matin.
Nous passions nos soirées sur la pelouse attenante au bâtiment
de l’administration. Jusqu'à 10 heures, l’intensité lumineuse était
assez grande pour permettre à notre aimable collègue berlinois,
le professeur Witt, de fixer par la photographie l’image du petit
groupe que nous formions, souvenir agréable des bonnes causeries
du soir après les journées consacrées à nos études dans lusine.
C’est avec peine que nous nous arrachions, pour aller prendre
quelque repos, à la contemplation du ciel où le faible éclat des
étoiles luttait contre la lumière tamisée du crépuscule naissant.
Aujourd’hui, en traversant cette pelouse pour regagner le sentier
de la villa, un autre désir me hantait ; je voulais revoir un camarade
plein de drôlerie dont les ébats, pendant ces belles soirées de
juillet 1905, nous avaient tous divertis. M'informant de lui, tout à
l'heure, auprès de M. Collett, l'ingénieur distingué qui me l'avait
présenté il y a deux ans, je venais d'apprendre qu’il était toujours
là, dans l’enclos de verdure, bien étroit sans doute à son gré, s’il a
gardé le souvenir des jours de son enfance écoulée sur les sommets
boisés du Telemarken. Ce camarade est un jeune ours brun devenu
orphelin en 1905, sa mère ayant trouvé la mort sous le coup de
fusil d’un chasseur. Recueilli dans la montagne, il fut amené à
Notodden où, séduits par sa mine éveillée et ses gambades enfan-
tines, M. Gollett et un de ses amis en firent l'acquisition. Devenu
l’hôte de l’administration de la fabrique, il a été l’objet des soins les
plus affectueux dont il se montre reconnaissant. Je fis sa connais-
sance d'assez drôle de façon, le 19 juillet 1905, en arrivant d’Arendal
avec les amis qui nous avaient accompagnés Th. Schlæsing et moi, au
laboratoire de Wasmoën où MM. Birkeland et Eyde poursuivaient
leurs belles expériences sur la production électrique de l'acide
nitrique.
Par une pensée charmante dont j'ai gardé un souvenir ému, les
membres de la mission venue en Norvège pour assister au début de
la fabrique de Notodden, avaient fêté, le 17 juillet, le cinquantenaire
314 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
de mon mariage ; ils m'avaient offert un superbe bouquet au départ
du bateau qui allait nous conduire à Notodden. A l’arrivée, je
déposai ce bouquet sur un siège de Pantichambre des bureaux de la
direction, où je ne fis qu’une courte apparition. Au sortir du bureau,
je trouvai, attablé devant une chaise, un jeune ourson dont-Je ne
soupçonnais pas alors l’existence. En moins de temps qu’il n’en faut
pour l'écrire, Pourson — répondant comme ses congénères au nom
de Martin — avait dévoré toutes les fleurs ; il n’en restait que les
tiges trop dures pour les dents du Jeune gaillard qui me lécha les
mains de sa noire langue rugueuse, comme pour s’excuser, lorsque
Fig. 27. — L'usine de Svälgfos-Notodden.
“
je lui arrachaiï les restes informes du bouquet, réduit à Pétat de
balai. À partir de ce moment, touché sans doute par la douceur de
mes reproches, Martin devint mon ami. Je viens de le revoir ; je l'ai
caressé, mais sa taille ne me permettrait plus aujourd’hui de le
prendre dans mes bras comme 1l y a deux ans.
La soirée s'achève très agréablement dans le grand hall de la
villa, où étaient réunis autour de nos hôtes l’excellente famille de
mon ami Schlæsing et quelques jeunes ingénieurs de l'usine. Un feu
de bois qui flambe dans la cheminée monumentale égaie cette vaste
pièce, bientôt remplie par les chants norvégiens que nous fait
entendre la belle voix de M. B... s’accompagnant au piano.
Très aimablement M: Blich et une de ses amies veulent bien
nous faire admirer la grâce des danses norvégiennes, d’un caractère
si particulier. On s’oublierait indéfiniment dans ce milieu si distingué
et si cordial, mais l'heure du repos a sonné.
©
=]
(1
EXCURSION EN SCANDINAVIE
16 août,
Le ciel est couvert : une baisse assez sensible du baromètre peut
faire craindre un changement de temps, mais cela m'importe peu
pour la Journée qui commence et qui sera tout entière consacrée à
l’usine de Svälgfos-Notodden dont la figure 27 donne l'aspect
extérieur.
La fabrique-mère de nitrate, créée en 1905, actionnée par une
force hydraulique de 2590 chevaux, est masquée complètement par
la construction de 1907, mais elle continue à fonctionner.
À
à
A
A
+ 4
Fig. 28. — Une maison ouvrière à Notodden.
Lorsque la grande fabrique de Svälgfos-Notodden sera en pleine
activité, Pusine primitive pourra être affectée spécialement, du
moins en partie, à des expériences et à des recherches toujours si
utiles dans une industrie nouvelle. Aujourd’hui, je retrouve, dans le
bâtiment de 1905, les installations qu avaient permis à la Mission
d’études dont je faisais partie d'examiner dans tous ses détails
l'invention de Birkeland-Evde et de se rendre compte des résultats
industriels des opérations.
Ce matin, je la parcours rapidement et je pénètre, avec mon
excellent cicérone, M. H. Blich, dans la nouvelle usine alimentée par
une force hydro-électrique de 40 000 chevaux.
rt € à
dites #67 at à at fé D ÉLUS, d'en éd dre,
316 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Le plan schématique de Svälgfos-Notodden (fig. 29), tracé d’après
un croquis que je dois à mon ami Th. Schlæsing, donne une idée de
la disposition générale de l’usine qui, dans qReques semaines, va
entrer en aclivité.
Je viens de la parcourir dans toutes ses parties et je me bornerai
à noter, en quelques mots, les nouvelles dispositions essentielles
d’une industrie qui a rendu désormais célèbre, dans le monde entier,
le nom du modeste bourg de Notodden.
Orientée du nord au sud, à partir du bâtiment des fours, l'usine
se compose, comme l’indiquent le plan (fig. 29) et la photographie
(fig. 27), de trois énormes bâtiments accolés les uns aux autres. À
leur extrémité se trouvent les magasins, en communication directe
avec le quai de chargement sur le lac Hitterdal.
Les fours électriques sont au nombre de 32, dont 27 fonctionnent
à la fois, les 5 autres devant servir de relais pour parer au chômage
momentané de quelques autres. La vue intérieure du bâtiment des
fours offre, quand on y pénètre, un aspect saisissant : long de
37 mètres, haut de 46 mètres, ce grand hall donne l’impression d’un
imposant arsenal d'artillerie. Le ronflement de ces foyers électriques
révèle l’intensité de lafflux de l’air entre les puissantes électrodes
qui, avec le concours des électro-aimants, donnent naissance au
magnifique disque, lumineux comme le soleil, où naissent les combi-
naisons azolées des éléments de l’air. Huit ventilateurs placés dans
le sous-sol envoient Pair dans les fours avec une vitesse régulière
que l’on peut faire varier suivant la marche à imprimer aux fours.
Chaque four correspond à 740 kilowatts ; celte énergie peut être
portée à 1 000 kilowatts, en temps de crue de la force hydraulique.
Les gaz sortent des fours à la température de 800° ; ils
perdent une grande partie de leur chaleur, par leur passage dans
les chaudières tubulaires qu'ils abandonnent à la température de
250° à 300°. Par ce passage du gaz dans ces chaudières, on
supprime l’emploi de tout combustible dans les évaporations et
concentrations du nitrate de chaux,les liquides à concentrer étant
contenus dans des récipients qui utilisent la chaleur des chaudières
tubulaires. A leur sortie de ces dernières, les gaz sont encore
trop chauds : pour les amener à la température la plus favorable à
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318 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
l’oxydation de l’azote, on les fait passer dans des réfrigérants
SpéCIaux.
A partir de ce moment les gaz se rendent dans la série de tours
que j'ai décrites suffisamment dans les Annales de la Science agro-
nomique francaise el élrangère (t. 1, 1906) pour que je n’aie plus à
y revenir, pas plus que sur la fabrication du nitrate de chaux et du
nitrate de soude, produits définitifs de la fabrication. Chaque four
produit, au minimum, 200 kilos d'acide nitrique par kilowatt-an.
100 kilos d'acide nitrique donnent 171 kilos environ de nitrate
de chaux à 13 °/, d’azote.
Svälefos-Notodden produira environ 20 000 tonnes d’acide nitrique
par an, ou la quantité correspondante de nitrate de chaux.
Cette production sera très considérablement augmentée, comme
je lai dit, lors de la mise en marche des usines de Saaheim.
Actuellement, les usines de Notodden emploient un assez grand
nombre d'ouvriers, qui sont l’objet, de la part de la Direction, de
soms particuliers. Contrairement à ce qui existe dans la plupart des
grands centres industriels, 11 n°y a pas de cités ouvrières proprement
dites à Notodden. Chaque famille de travailleurs occupe seule une
habitation très bien comprise, dont la photographie (fig. 28) montre
l’aspect extérieur.
Sous tous les rapports, cette disposition est bien préférable à
l’agglomération de plusieurs ménages dans un même bâtiment. Aux
avantages hygiéniques qu’elle offre, s’ajoutent l'indépendance et la
liberté des familles qui occupent ces maisons isolées ; les occasions
de conflit ou de mésintelligence, qui peuvent résulter du voisinage
forcé des ouvriers sous le même toit, se trouvent ainsi écartées.
Je viens de visiter plusieurs de ces maisons ouvrières, très suffi-
samment vastes pour loger une famille, bien éclairées et bien
aérées. La plus grande propreté règne dans ces habitations, qui
témoignent de la vive sollicitude de la direction de la Société pour
le bien-être de ses collaborateurs, à tous les degrés.
DE LA
DIFFUSION DES ENGRAIS SALINS
DANS LA TERRE
PAR MM.
A. MUNTZ et H. GAUDECHON
.
MENBRE DE L'INSTITUT INGÉNIEUR AGRONOME, LICENCIÉ ËS SCIENCES
DIRECTEUR DE LA STATION DE RECHERCHES CHEF DES TRAVAUX A LA STATION DE RECHERCHES
DU COLLÈGE DE FRANCE DU COLLÈGE DE FRANCE
ET DES LABORATOIRES DE CHIMIE DE L'INSTITUT NATIONAL
AGRONONIQUE
INTRODUCTION
Les engrais salins qu’on donne comme fumures se trouvent,
dès leur épandag. sur le sol, en présence d’une quantité d’eau
incomparablement supérieure à celle qui est nécessaire à leur
dissolution. En effet, même pendant les périodes de sécheresse,
la terre renferme plusieurs centièmes d’eau et, par suite, sur une
épaisseur de 30 centimètres, correspondant à la couche arable
moyenne, chaque hectare de terrain contient par exemple 90 me-
tres cubes d’eau, lorsque l’eau hygroscopique de la terre est de
3 %: 450 mètres cubes, lorsqu'elle est de 15 %. En temps de
pluie, et cela est généralement le cas au printemps et à l’automne,
époques où l’on épand les engrais salins, cette proportion d’eau
dépasse souvent de beaucoup ce dernier chiffre.
Pour 200 à 300 kilos d’engrais salins employés par hectare,
chiffres qui ne sont guère dépassés dans la pratique, qu'il s'agisse
du nitrate de soude, du sulfate d’ammoniaque, du chlorure de
potassium, etc., il y a donc toujours dans la terre plusieurs cen-
taines, même plusieurs milliers de fois, la quantité d’eau néces-
saire pour en opérer la dissolution.
Il est vrai que cette grande quantité d’eau, par rapport à la
380 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
quantité de sel à dissoudre, se trouve répartie dans un volume
de terre de 3.000 mètres cubes. Elle ne constitue donc pas, au
sein de cette terre, un milieu continu et homogène, puisque, dans
le cas d’une terre contenant 3 % d’eau par exemple, les 90 mètres
cubes de la couche arable occuperaient une hauteur de 9 cen:i-
mètres, en supposant qu'elle soit étalée en une nappe liquide
uniforme, et dans le cas d’une teneur de 15 % en eau, la hauteur
de la nappe d’eau ne serait encore que de 4°” 5. Le sel ne se
trouve donc pas en contact direct avec toute l’eau du sol.
L’ensemble du système terre et eau forme un milieu discontinu,
qu’on peut considérer comme formé de particules de terre entou-
rées sur leur surface de lames d’eau, le tout séparé, d’une façon
plus ou moins régulière, par des espaces vides où l’air peut cir-
culer. La densité apparente de la terre peut donner une idée du
volume de ces espaces vides.
Malgré cette discontinuité, la masse d’eau est si grande qu'il
semblerait que, dans ce milieu, la diffusion du sel dût être rapide,
et que la répartition uniforme de l’engrais dans la masse terreuse
dût être complète au bout de peu de temps.
Ces prévisions sont-elles justifiées et quel est le processus de
cette distribution des engrais salins dans la terre, suivant que
celle-c1 est plus ou moins humide, suivant que des pluies inter-
viennent, suivant l’état de tassement de la terre, etc.?
Les conditions dans lesquelles se fait l’épandage ont-elles une
influence sur la levée des grains et le développement des ré-
coltes ?
_ À première vue, ces questions se présentent avec une grande
simplicité. En réalité, le phénomène est complexe et demande une
étude approfondie.
C’est à cette étude que nous nous sommes livrés.
| — Rapports entre les engrais salins épandus et l’eau existant
dans le sol
Les engrais salins se trouvent à l’état de cristaux plus ou moins
gros, ou de petits fragments agglomérés. Ce n’est donc pas une
DE LA DIFFUSION DES ENGRAIS SALINS DANS LA TERRE 9381
poudre fine qu’on répand uniformément à la surface du sol; ce
sont des fragments plus ou moins grossiers qui saupoudrent la
terre, laissant, dans l’intervalle des parties où ces cristaux sont
tombés, des surfaces importantes qui n’en ont pas reçu.
Si nous examinons de près la manière dont se dissout le sel
répandu à la surface de la terre, ou qui lui est incorporé, nous
voyons des apparences différentes suivant que la terre est mouil-
lée ou non. Les terres présentent à l’œil des différences de colo-
ration très grandes, suivant qu’elles sont sèches ou mouillées;
dans ce dernier cas, leur couleur est notablement plus foncée. Au
toucher, au maniement à la main, on constate aussi des dissem-
blances notables.
Ce que nous appelons terre sèche ne correspond pas à un état
de siecité absolu. C’est simplement l’état de dessiccation à l’air,
qu’elle présente lorsqu'il n’y a pas eu de pluie récente. Cet état
de siccité relative correspond, pour des terres de nature diverse,
à des proportions d’eau extrêmement variables, puisque dans des
terres légères, par exemple, elle est voisine de 1 à 2 %, tandis
que dans des terres fortes elle atteint 15 %, et dans les terres
humifères dépasse 20 %.
Si, dans ces terres qui se sont séchées à l’air, nous incorporons
un cristal de nitrate de soude, de chlorure de potassium, nous
voyons au bout de quelques heures, quelquefois au bout d’un ou
deux jours seulement, le sel disparaître par dissolution et une
tache humide apparaître à l’endroit où il a été déposé. La terre
est mouillée, comme le montre son changement de coloration et
comme on le constate au toucher. Elle n’est plus pulvérulente et
tout se passe comme si l’on avait fait tomber, à cet endroit, un
peu d’eau. Cette tache humide, formée autour du cristal de sel,
ne se déforme pas, mais elle s'agrandit de jour en jour, formant
tache d'huile, et si l’on opère à l’abri de la pluie, pendant des
semaines et même des mois, on voit la terre nettement divisée en
deux zones, la zone qui correspond à la terre primitive, présen-
tant les caractères de la siccité, et la zone des taches, dont le
centre se trouve à l’endroit où les cristaux ont été placés et que
caractérise leur aspect de terre mouillée.
382 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
On voit très nettement la formation de ces taches et leur agran-
dissement, ainsi que leur persistance.
Si maintenant nous prélevons, à des endroits plus ou moins
éloignés, des lots de terre dans les taches, ainsi que dans les inter-
valles qui séparent les taches, et si nous cherchons comment s’y
répartissent l’eau et la matière saline introduites, nous consta-
tons que la terre prise dans les taches est devenue beaucoup plus
humide et que celle des intervalles s’est au contraire desséchée.
Il s’est produit une véritable distillation de l’eau de la terre vers
le sol d’abord, puis vers la solution saline, dont la tension de
vapeur est notablement inférieure à celle de l’eau naturelle du
sol. L’eau a donc cheminé à l’état de vapeur à travers les inters-
tices des particules terreuses, pour se concentrer au point où se
trouvait la solucion saline. et cette dernière est restée localisée
tout en s’agrandissant.
Voici un exemple de ces faits :
Ces taches humides, visibles à la surface du sol, s'étendent en
profondeur, formant une masse humide presque sphérique, dont
le centre se trouve très sensiblement à la place où le sel a été mis.
Cette masse peut s’isoler facilement en versant l’ensemble de
la terre avec précaution sur un tamis légèrement agité. Les par-
ticules terreuses sèches qui remplissent les intervalles des noyaux
humides passent à travers les mailles du tamis; les noyaux
humides, au contraire, y restent en y gardant leur forme.
On peut représenter la forme de ces taches humides comme
nous le faisons dans la figure 1 ci-dessous : A étant l’endroit où
le cristal de sel a été placé dans la terre; BB correspondant au
noyau humide formé par l’appel de l’eau vers la solution saline:
CC représentant la terre interstitielle dont l’eau a été appelée
vers la solution saline et qui s’est par suite desséchée.
Dans une caisse carrée de 30 centimètres de côté et de 15 cen-
timètres de profondeur, on a placé une terre siliceuse, légère,
prise dans le champ à un moment où le temps était au beau; cette
terre s’était donc desséchée naturellement. A cet état, elle conte-
nait 3,2 % d’eau.
En quatre points équidistants, vers les angles, on a placé des
DE LA DIFFUSION DES ENGRAIS SALINS DANS LA TERRE 9383
cristaux de nitrate de soude, d’environ 0,5 grammes chacun,
en les enfouissant à 1 centimètre; on a recouvert d’une plaque
de verre. Dès Je lendemain, des taches humides d’environ
10 millimètres de diamètre s’étaient formées: elles ont continué
all na —
nus AN
Un on
BTE à) aa
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St A ——— EE
Fig. 1. — A. Endroit où le sel a été déposé.
ee Zone mouillée de la solution saline,
. Terre interstitielle desséchée.
à croître graduellement et, au bout de huit jours, elles avaient
atteint un diamètre de 30 à 40 millimètres. À ce moment, on
a prélevé la terre des taches humides et celle de la partie cen-
trale en dehors des taches, et on y a dosé l’eau par la dessic-
cation.
On a trouvé :
Dans la terre des taches . . je:
Dans la terre entre les taches. . . 2,6 0j
La terre s’était donc desséchée en faveur de la partie où se
trouvait localisé le nitrate de soude, par une véritable distilla-
tion entre les interstices des particules terreuses.
Voici quelques résultats expérimentaux qui font ressortir ce
phénomène :
Une terre de jardin, siliceuse, légère, prise par un temps sec,
a été placée dans deux caisses rectangulaires, contenant environ
6 kilos de terre. En deux endroits éloignés l’un de l’autre, on à
placé, à la profondeur de 1 centimètre dans la terre, | gramme
de cristaux d’azotate de soude pour l’une des caisses, de chlorure
384 ANNALES DE -LA SCIENCE AGRONOMIQUE
de potassium pour l’autre, puis on a recouvert la caisse d’une
P l »
plaque de verre pour empêcher l’évaporation.
L'expérience a été faite le 16 avril.
Fig. 2. — Terre n’ayant pas reçu de sel.
La terre primitive avait une surface uniforme comme le montre
la photographie (fig. 2). On a abandonné les caisses à elles-mêmes
dans un endroit clos, peu sujet à des changements de tempéra-
ture, et on en a pris la photographie à des intervalles plus ou
moins éloignés.
CHLORURE DE POTASSIUM
18 avril, après deux jours.
Fig. 3. — Après deux jours.
DE LA DIFFUSION DES ENGRAIS SALINS DA
23 avril, après sept jours.
N
S
LA TERRE
Fig. 4. — Après sept jours.
30 avril, après quatorze Jours.
Fig. 5. — Après quatorze jours.
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 1:
LE]
O1
386 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Î1 mai, après vingt-cinq jours.
Fig. 6. — Après vingt-cinq jours.
3 juin, après quarante-huit jours.
Fig. 7. — Après quarante-huit jours.
Les taches se sont maintenues visibles encore quelques semai-
nes; on n’a pas continué à les observer à partir de ce moment
AZOTATE DE SOUDE :
Les mêmes observations ont été faites avec de l’azotate de
soude sur la même terre et dans des conditions identiques. Les
DE LA DIFFUSION DES ENGRAIS SALINS DANS LA TERRE 9381
photographies ci-dessous montrent l’aspect des taches à diverses
époques :
18 avril, après deux jours.
5 er or OR "
Ke: De 2 in " PRE Von
Fig. 8. — Après deux jours.
23 avril, après sept jours.
Fig. 9. — Après sept jours.
388 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
30 avril, après quatorze jours.
Fig. 10.— Après quatorze jours.
Î1 mai, après vingt-cinq jours.
Fig. 11. — Après vingt-cinq jours.
DE LA DIFFUSION DES ENGRAIS SALINS DANS LA TERRE 389
3 juin, après quarante-huit jours.
Fig. 12. — Après quarante-huit jours.
Le 3 juin, on a trouvé :
NITRATE DE SOUDE
pour cent de terre sèche
Dans la terre des taches. L Re 1729
Dans la terre prise à 15 millimètres de Fe re 0,07
Dans la terre primitive témoin. . . 0,07
Il n’y a donc eu aucune diffusion du sel et la terre n’a eu aucune
tendance à s’uniformiser, à se mettre en équilibre de constitution
par la dissémination du sel et la répartition de l’eau; elle est
restée divisée en deux parties nettement distinctes, une zone
humide. dans laquelle le sel est resté localisé, formant une disso-
lution attirant à elle l’eau de la terre environnante, et une zone
sèche, se desséchant davantage graduellement, à mesure de la
distillation de l’eau vers la solution saline, sans cheminement du
sel vers cette zone.
Un résultat analogue a été obtenu, en substituant le chlorure
de potassium au nitrate de soude, dans une terre assez légère,
ayant 43 % d'humidité.
Au bout de dix jours :
La terre des taches contenait. . . . . . . 8,7 0/0
La terre entre les taches contenait. . . . 3,1 —
390 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
On a déterminé la proportion de chlorure de potassium.
On a trouvé :
CHLORURE DE POTASSIUM
Dans la terretdesttaches 0m nee 1,48 9/0
Dans la terre à 20 millimètres des taches. 0,03 —
Dans la terre primitive témoin. . . . . . 0,03 —
Là encore, nous constatons la distillation de l’eau vers la solu-
tion saline, l’absence de diffusion du sel en dehors de la tache
humide, la séparation très nette de la masse terreuse en deux
zones.
De nombreux essais analogues ont confirmé ces données. Il
faut répéter ce qui a été dit plus haut, qu’il s’agit de terres dans
cet état de siccité relatif qu’elles présentent lorsqu'il ne s’est pas
produit de pluie depuis quelque temps : elles sont alors sèches au
toucher, généralement friables ou pulvérulentes, de couleur plus
claire et ne présentent pas les caractères d’une terre mouillée,
quoiqu’elles puissent contenir, suivant leur nature, de 1 à 20 %
d’eau.
Ces terres ne se tassent pas et laissent entre leurs particules de
nombreux canaux dans lesquels la vapeur d’eau peut cheminer.
Il — Influence de l’épandage des engrais salins
sur la germination
Cette division en deux parties distinctes permet de dire qu’une
terre, qui n’est pas extrêmement humide, devient tigrée lorsqu'on
y a répandu des engrais salins.
Ce fait nous a conduit à une constatation curieuse qui n’est
pas sans intérêt pour la pratique agricole. — On a quelquefois
observé que la levée des graines était mauvaise, lorsque les se-
mailles se faisaient un peu avant ou un peu après l’épandage de
certains engrais. — Ce que nous venons de démontrer explique
ce fait. La terre étant mouchetée, c’est-à-dire parsemée de taches
imprégnées d’une solution saline assez concentrée, les grains qui
s’y trouvent ne peuvent pas germer, la concentration de la solu-
tion tuant l’embryon dès qu’il se développe. D’un autre côté, la
DE LA DIFFUSION DES ENGRAIS SALINS DANS LA TERRE 391
terre placée entre les taches s’est desséchée par la migration de
l’eau vers la zone salée et cette dessiccation empêche la germi-
nation.
Il est facile de reproduire ces faits, comme le montre l’expé-
rlence suivante : Une terre de jardin siliceuse, contenant 9,8 %
d’eau, sèche à la main, a été placée dans trois cristallisoirs de
25 centimètres de diamètre. Dans l’un d’eux, en quatre points
équidistants, on a placé, à 1 centimètre de profondeur, 2 grammes
de cristaux de nitrate de soude; dans l’autre, 2 grammes de chlo-
rure de potassium; puis on a semé, autour des cristaux, dans la
zone où devait se former les taches, du blé et de l’avoine; en
divers points symétriques, dans la zone placée en dehors de celle
des taches, on a semé les mêmes graines. Le troisième cristallisoir
n’avait pas reçu d’engrais salin et servait de témoin, ensemencé
comme les précédents. |
La figure 13 montre cette disposition. Les cristaux de sel y sont
figurés par des carrés; les grains d’avoine par un dessin allongé;
les grains de blé par un dessin ovale.
Fig. 13. — AA. Zone mouillée par la solution salée.
BB. Zone desséchée par la migration de l’eau vers AA.
Les trois cristallisoirs avaient été recouverts d’une plaque de
verre. — Les taches n’ont pas tardé à se former. Au bout de quel-
ques semaines, on a procédé à l'examen de la germination.
Dans la terre témoin, sur les trente-six grains de blé et d’avoine,
trente-quatre étaient germés.
Dans la terre ayant reçu le nitrate de soude, aucun grain n’avait
392 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
levé: ceux qui étaient dans la zone des taches se trouvaient en
présence d’une solution de nitrate trop concentrée pour permettre
la vie à l'embryon. — Ceux qui se trouvaient dans la zone intersti-
tielle étaient dans une terre qui, par la migration de l’eau vers la
zone des taches, s'était desséchée au point que la germination ne
put se produire.
Il en a été de même dans le cristallisoir ayant reçu du chlorure
de potassium; aucun grain n’avait germé.
Voilà donc des exemples de terres dans lesquelles aucune végé-
tation ne s’est produite, du fait de l’incorporation des engrais
salins et de la division subséquente de la terre en deux parties
bien distinctes.
11 —— Influence de l'humidité, du tassement du sol
et de la durée sur la diffusion des sels
Tout ce qui précède se rapporte à la terre dite sèche à la main
et non à ce qu'on appelle la terre fraiche, c’est-à-dire celle qui
laisse une impression d'humidité lorsqu'on la touche et dont la
couleur est plus foncée qu’à l’état de siccité. La terre fraiche ren-
ferme des quantités plus élevées d’eau, de 5 à 25 %, et même au
delà pour des terres fortes et surtout pour des terres très hu-
miques.
Nous avons vu que, dans les terres dites sèches, la diffusion
des engrais salins est sensiblement
: nulle, si ce n’est dans un noyau
(ol à limité dont chaque cristal est le
\ centre et qui se caractérise par l’ab-
| sorption de l’eau des régions avoi-
| sinantes. Comment voni se faire la
] migration du sel et la répartition
/ de l’eau dans un sol humide ?
: 4x On a opéré sur une terre de jardin
free siliceuse légère, contenant 17,5 9,
PIQUE) d’eau, laissant à la main l’impres-
sion d'humidité, pouvant être considérée comme une terre fraîche,
DE LA DIFFUSION DES ENGRAIS SALINS DANS LA TERRE 393
humide, mais bien ressuyée, comme l’est une terre légère quel-
ques heures après qu'une pluie l’a mouillée jusqu’à une certaine
profondeur. Elle a été placée dans des cristallisoirs de 11 cen-
timètres de diamètre. En A (fig. 14), on a enfoui, à 1 centimètre
de profondeur, 2 grammes de nitrate de soude. Lei, il ne s’est pas
produit de zones différentes, à l’œil, toute la masse de terre étant
à un état d'humidité maximum. Au bout de trois jours, on a
prélevé des lots de terre sur une profondeur de 2 centimètres
en À, à l'endroit où le sel avait été déposé; puis, au milieu du
cristallisoir, en B, c’est-à-dire à 25 millimètres du premier, puis
en C à l’extrémité opposée du cristallisoir, à 50 millimècres de
la place où l’on avait déposé le sel.
Voici les résultats trouvés :
NITRATE DE SOUDE
pour cent de terre séchée
En A. . 3
EntB Ne En CU PU à 0
LEONE AO AR NO à LR ee TR OR EM PRET TRE OC.
Témoin 0
I n’y a donc eu, dans cette période de trois jours, aucune diffu-
sion du sel à une distance de 25 millimètres de l’endroit où le sel
avait été déposé.
Quant à la répartition de l’eau dans la masse, elle était restée
sensiblement uniforme.
L’autre cristallisoir, rempli de la même terre, a reçu 2 grammes
de chlorure de potassium, exactement dans les mêmes conditions,
et les prélèvements d'échantillons ont été effectués de la même
manière, également au bout de trois jours.
Voici les résultats obtenus :
CHLORURE DE POTASSIUM
pour cent de terre séchée
En A.. RP S Re REA, 3,49
DEL PPS NP Ne RAR 0,04
15ine (Con 0,0%
Témoin. . 0.04
Il n’v a donc eu non plus aucune diffusion de A en B à une dis-
tance de 25 millimètres.
394 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
La répartition de l’eau était restée uniforme dans la masse
terreuse.
Les mêmes opérations ont été effectuées, dans des conditions
absolument identiques, sauf l’humectation du sol, qui était de
15,6 %, un peu inférieure à la précédente, mais correspondant
encore à un état de fraîcheur du sol qui représente une terre dite
humide. Les prélèvements d'échantillons ont été faits au bout de
six jours, c’est-à-dire après une durée double de la précédente.
Voici les 1ésultats obtenus :
NITRATE DE SOUDE
pour cent de terre séchée
En A. . 2,34
En B. . PTE ENS NAS EDR PT D 0,0%
En CRE LANCE SAR RNS 0,04
Témoin. . 0.04%
CHLORURE DE POTASSIUM
pour cent de terre séchée
En,A% 7 4,444
FN AN RAT OX Au EE 0,03
Et CE GRR, SE PERTE 0,03
Témoin. . 0,03
La diffusion des sels ne s’est donc pas opérée à une distance
de 25 millimètres du point où ils avaient été déposés.
IV — Diffusion dans le sens horizontal et dans le sens vertical
Diffusion verticale. — {1 y avait lieu de rechercher si cette diffu-
sion se manifestait dans une direction verticale. On pouvait sup-
poser, en effet, que la solution saline, en raison de sa densité,
aurait une tendance à descendre vers les couches inférieures.
Dans ce but, on a disposé des caisses verticales (fig. 15) de
40 centimètres de haut sur 11 centimètres de côté. La terre em-
plovée était siliceuse, assez légère, humide, contenant 16,2 %
d’eau. On l’a tassée légèrement par secousses successives; après
avoir rempli la caisse à moitié jusqu’en (3), on a répandu à sa
surface 5 grammes de nitrate de soude, puis on a achevé le rem-
plissage avec la terre. Au bout de trois jours, à l’aide d’une sonde
DE LA DIFFUSION DES ENGRAIS SALINS DANS LA TERRE 395
introduite horizontalement par des trous ménagés sur la paroi
de la caisse et qui étaient restés bouchés par des bouchons de
liège, on a prélevé à diverses hauteurs des échantillons des cou-
ches de terre.
Voici les résultats obtenus :
En 1.
En
BTS NE
En 4.
En 5.
Témoins...
NITRATE DE SOUDE
pour cent de terre séchée
0.026
0.027
2.31
0,026
0,026
0,026
Aucune diffusion n’a donc été constatée, pas même un che-
minement de haut en bas, à une distance de
40 millimètres du point où le nitrate avait été
déposé.
Une autre expérience a été faite avec du ni-
trate de soude, dans des conditions absolument
identiques, sauf l'humidité, 13,7 % d’eau, cor-
respondant à une terre fraîche sensiblement hu-
mide, mais les échantillons n’ont été prélevés
qu’au bout de six jours.
Voici les résultats obtenus :
180 ALSR à
12 a ste
BTS RENE
En 4.
NÉS UE
Témoin . .
NITRATE DE SOUDE
pour cent de terre séchée
0,0%
0,0%
2,09
0,0%
0,04
0,0%
Fig. 15.
Azoë Na en milligram-
mes pour cent de la
terre sèche.
Même au bout de six jours, 1l n’y a donc pas eu diffusion ni de
cheminement de la solution saline de haut en bas.
La lenteur extrême de la diffusion dans la terre étant établie
par l’ensemble des expériences rapportées, 1l a paru intéressant,
pour nous faire une idée de la diffusion des sels, d’installer des
expériences d’une plus longue durée et en même temps de cher-
cher à nous rendre compte de l’influence du tassement, en opé-
396 ; ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
rant sur des terres fraiches, c’est-à-dire dans un état d'humidité
assez grand.
Une terre argilo-siliceuse a été placée dans des pots de por-
celaine vernissée de 19 cen-
Ps timèêtres de diamètre et de
Dé, 25 centimètres de hauteur.
1 Dans un premier pot, on
a mis à kilos de la terre très
0) : 2
ANT RT: faiblement tassée par légères
Ga UN ETC
D: HAE NES secousses, en disposant au
centre, à la surface, 2 gram-
mes de chlorure de potas-
sium dans un trou de 15 mil-
limêtres de diamètre, sur
15 millimètres de profon-
Ne nre mm deur. La terre contenait
16,1 % d’eau. On a couvert
le pot d’un disque de verre. Au bout de quinze jours, on a prélevé
deux échantillons; le premier
à 2 centimètres des bords
|
sioucp seidfy
du trou contenant le chlo-
rure de potassium, le deu-
xième à 2 centimètres des
bords du dernier. On a ef-
Sr ho
UE (30) (0) fectué deux autres prises
à 18 d'échantillons quinze Jours
nr 49 plus tard, c’est-à-dire un
ê LA mois après la mise en expé-
(0) rience.
Les résultats sont repré-
TT a de Res eQRE AO sentés figure 16.
Dans un deuxième pot,
semblable au premier, on a placé la même terre, tassée en ap-
puyant avec la main, et on a opéré dans les mêmes conditions,
avec 2 grammes de chlorure de potassium au centre, et 3 kilos
de terre contenant 16,1 % d’eau.
DE LA DIFFUSION DES ENGRAIS SALINS DANS LA TERRE 394
On a trouvé les résultats consignés dans la figure 17.
On voit, d’après ces essais, que, même après un mois, le chlo-
rure de potassium n’avait pas encore atteint, suivant une direc-
tion radiale, le deuxième trou situé à 6 centimètres du centre.
Cette expérience démontre, une fois de plus, la lenteur extrême
de la diffusion.
On a répété ces expériences en substituant aux pots des caisses
de fer-blanc percées de trous destinés au prélèvement des échan-
tillons à l’aide d’une sonde.
Les caisses étaient sensiblement des cubes de 21 centimètres de
côté, dont une des faces verticales était percée de vingt trous
(quatre lignes horizontales de cinq trous). On a employé la même
terre que pour les pots.
Première caisse. — Terre légèrement tassée à Ja main, contenant
5ke 877 de terre à 16,1 % d’eau; la densité apparente de la terre
était 1,06.
Horizontalement, sur une ligne médiane perpendiculaire à la
face percée de trous, on a placé sur une largeur de 8 millimètres,
et à la surface de la terre,
5 grammes de chlorure de
potassium pulvérisé et ré-
parti aussi régulièrement que
possible. La caisse fut recou-
verte et abandonnée pen-
dant un mois. Au bout de ce
temps, on a opéré le prélève-
ment des échantillons, par
une sonde, horizontalement
dans les diverses couches de
terre.
: Z Fig. 18. — KCI en centigrammes
Les résultats sont expri- î pour cent de terre CRE
més dans la figure 18.
Cette expérience démontre encore la lenteur de la diffusion.
Toutes les expériences rapportées jusqu'ici ont trait au cas de
terres meubles ou légèrement tassées. Que se passe-t-il relati-
398 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
vement à la diffusion des sels lorsque, dans le but d’assurer une
continuité plus grande du milieu, on tasse très fortement la terre,
c’est-à-dire quand on la met dans des conditions qui ne sont plus
celles de la terre cultivée?
Pour répondre à cette question, on a fait une série d'expériences
qui vont être rapportées.
19 Expérience en pot. — Dans un pot semblable à ceux em-
ployés précédemment, on a mis 3 kilos de la même terre à 16, LE
d’eau, mais cette fois on a tassé très fortement cette terre en la
pilonnant par couches successives.
Ainsi préparée, la terre était très compacte. On a placé au centre,
dans un trou de 15 millimètres de diamètre sur 15 millimètres
de profondeur, 2 grammes de chlorure de potassium pulvérisé; on
a couvert le pot d’un disque
de verre et, après quinze
jours, on a fait deux prises
d'échantillons, l’une à 2 cen-
timètres du bord du trou
central, l’autre à 2 centimè-
tres du bord du trou de la
première prise. Après un
mois, on a refait deux prises
dans les mêmes conditions.
Les résultats sont repré-
Fig. 19. — KCI en centigrammes s 4 : re ÀC
pour cent de terre sèche. sentés dans la figur e 19.
Une expérience du même genre a été faite dans une caisse de
fer-blanc, semblable à celles précédemment décrites, en tassant
fortement la terre avec un mandrin. La terre était la même que
pour les précédentes. Densité apparente : 1,66. La caisse contenait
13Kk8 935 de terre. Une bande de 8 millimètres de chlorure de
potassium a été étalée suivant une ligne médiane, et la caisse cou-
verte abandonnée pendant un mois, au bout duquel on a prélevé
des échantillons.
Les résultats sont représentés dans la figure 20.
DE LA DIFFUSION DES ENGRAIS SALINS DANS LA TERRE 399
On voit que, pour ces expériences, la diffusion a encore été
faible, quoique certainement moins lente que dans les essais pré-
cédents, mais le tassement était bien supérieur à celui qu’on
observe dans les terres cultivées.
On a fait également une expérience en caisse avec la même
terre, mais cette fois plus mouillée; elle l’était assez pour qu’en
18
G @ @ © ©
@ D D © ©
3
@ @ © @ ©
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re roro
la pressant fortement entre les doigts on puisse voir des goutte-
lettes d’eau prêtes à suinter. La terre contenait 18,7 % d’eau;
elle a été fortement tassée par couches successives, de façon à
éviter le plus possible les solutions de continuité entre les éléments
du sol. La caisse contenait 15K£ 450 de terre de densité apparente
2,00 et 5 grammes de chlorure de potassium répartis comme il a
été dit. La caisse couverte a été abandonnée un mois au repos,
après quoi on a procédé à la prise d’échantillons.
La figure 21 donne les résultats obtenus.
On voit que dans cette expérience la diffusion a été plus accen-
tuée que dans les précédentes, ce qui indique que c’est surtout
la discontinuité du milieu qui constitue la cause principale de la
non-diffusion dans la terre meuble.
On pouvait encore, pour éviter la discontinuité du milieu, au
lieu d’opérer sur une terre très compacte, se servir d’une terre
400 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
saturée d’eau. A cet effet, la terre identique à la précédente,
séchée à l’air, a été placée dans un pot de mêmes dimensions que
ceux précédemment décrits; elle a été tassée par secousses.
Lx pot, percé d’un trou au fond, a été mis dans une terrine
dans laquelle on versait de l’eau graduellement pour que la terre
pût s’imbiber complètement par capillarité. La montée de l’eau
a été lente; elle a duré sept jours. L’eau de la terrine extérieure
était à un niveau supérieur à celui de la terre dans le pot. Après
ce temps, celle-ci était complètement imbibée, l’eau suintait à la
surface et dans le trou de 2 centimètres de diamètre sur 2 centi-
mètres de profondeur creusé au centre de la surface de la terre.
A ce moment, on a placé dans ce trou 2 grammes de chlorure de
potassium pulvérisé, on a enlevé le pot de la terrine, bouché au
, liège le trou inférieur du pot
et on l’a recouvert d’une
plaque de verre.
7 x Après quinze jours de re-
pos, on a fait une prise de
deux échantillons à 2 cen-
timètres de distance, bord à
bord, et suivant un rayon,
et trente jours après la mise
en expérience on a fait deux
autres prélèvements suivant
un autre rayon.
Fig. 22. — KCI en centigrammes
pour cent grammes de la terre sèche.
Les résultats sont inscrits
dans la figure 22.
On voit que dans ces conditions, qui ne sont certes plus com-
parables à celles des sols cultivés, la diffusion a lieu et qu’elle se
fait avec une vitesse plus grande que dans les cas précédemment
étudiés. Cette expérience montre, en outre, que, si la diffusion
ne s’opère que d’une façon très lente dans la terre meuble des sols
cultivés, la raison en est surtout attribuable à la discontinuité du
milieu.
Il est à noter que dans les diverses expériences en pots, rap-
DE LA DIFFUSION DES ENGRAIS SALINS DANS LA TERRE 401
portées dans ce qui précède, les prises d'échantillons au centre
de chacun des pots, c’est-à-dire à l’endroit où le sel est placé,
n’ont été faites qu'après un mois. La comparaison des prises
après quinze Jours et après un mois permet de constater le che-
minement du sel vers la périphérie, si bien que, d’une façon géné-
rale, la teneur en sel pour cent de la terre sèche, pour les points
de prises d’échantillons équidistants du centre, est plus faible
après un mois qu'après quinze jours : le sel qui se trouvait localisé
en Ge point après quinze Jours ayant cheminé vers la périphérie
pendant la seconde quinzaine.
Ces divers résultats montrent que, même dans la terre fran-
chement humide, la diffusion des engrais salins ne se produit
qu'avec une extrême lenteur. La solution saline, effectuée au
contact du sel et de la terre humide, reste localisée, au moins un
long temps, autour du noyau dont le sel introduit est le centre.
Nous observons les mêmes faits que dans les expériences précé-
dentes, où nous n’avons pas non plus constaté un cheminement
particulièrement accentué dans le sens vertical.
V — Influence des pluies sur la diffusion des sels
Qu’advient-1l lorsque l’engrais salin répandu sur le sol, ou qui
lui est incorporé, reçoit la pluie? Comment se diffusent alors et
comment se répartissent les solutions salines formées? Étant
admis que l’engrais est placé à la surface de la terre et qu’ensuite
l’arrosage naturel par la pluie ou un arrosage artificiel simulant
la pluie, répande uniformément, à la surface du sol, de l’eau à
l’état de fines gouttelettes, qui commencent à mouiller les parties
supérieures et cheminent ensuite, de proche en proche, vers les
parties profondes, comment cet engrais est-il diffusé dans le dé-
placement qu’opère forcément l’eau tombant sur le sol?
Pour nous ‘endre compte de cette action, nous avons rempli,
avec la terre sur laquelle nous opérions, des caisses dont une des
parois verticales portait des trous équidistants, qui étaient bou-
chés par des bouchons de liège affleurant exactement à la paroi
intérieure, et qu’on retirait pour prélever horizontalement, à
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 1 26
402 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
l’aide d’une sonde, la terre des diverses couches, après l’action de
la pluie. L’engrais salin avait été déposé à la surface de la terre,
Fig. 23.
sur une ligne médiane de 15 millimètres de largeur, perpendicu-
laire à la paroi trouée.
Voici quelques-uns des résultats que nous a donnés ce mode
opératoire.
I. — Une caisse de 35 centimètres de long sur 20 centimètres
de large et 25 de hauteur (fig. 23) a reçu 15 kilos de terre de
jardin, sèche à la main, mais contenant 13 % d’eau. Sur la ligne
médiane EE, on a placé, répartis aussi régulièrement que pos-
sible, 5 grammes de nitrate de soude en petits cristaux, puis on a
recouvert uniformément toute la surface de la caisse avec 1 kilo
de la même terre.
La caisse a été exposée le lundi à midi à une pluie fine. A
6 heures du soir, la hauteur d’eau tombée était de 1mm 5, La pluie
a continué plus forte pendant toute la nuit et la hauteur d’eau
tombée a été de 14m 3, soit au total 15Mm8, Sous l’influence
de cette pluie, la terre s'était notablement tassée. La pluie a cessé
le mardi matin, et c’est le lendemain, c’est-à-dire vingt-quatre
DE LA DIFFUSION DES ENGRAIS SALINS DANS LA TERRE 403
heures après la cessation de la pluie, que les échantillons ont été
prélevés horizontalement par les trous, dont les centres étaient
distants, dans le sens horizontal comme dans le sens vertical, de
4 centimètres. La figure ci-contre (fig. 24) montre, par les chiffres
. approximatifs de nitrate pour cent de terre sèche, comment le sel
s'était réparti dans les diverses parties de la terre. Il convient de
@) @
@) @
Ga 40)
CESORMOENCS
Fig. 24. — Azo* Na en milligrammes pour 100 grammes de terre sèche.
dire que celle-ci contenait déjà originairement 5 milligrammes de
nitrate pour cent. Nous voyons dans les couches supérieures le
nitrate primitif déplacé par l’eau de pluie, sans qu’il y ait eu diffu-
sion dans le sens horizontal d’aucune trace de nitrate placé à la
surface. Ce n’est qu’à la seconde et à la troisième rangée de trous
qu’on constate quelque légère trace de diffusion latérale plus illu-
soire que réelle, car la concentration de nitrate dans ces couches
vient manifestement du déplacement du nitrate naturel préexis-
404 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
tant dans le sol et que l’eau de pluie, en cheminant de haut en
bas, a concentré dans la couche correspondant à la profondeur à
laquelle cette eau a pénétré. Le nitrate introduit a lui-même che-
miné de haut en bas; mais, malgré l’état d'humidité de la terre
des couches supérieures, la’ diffusion a été pour ainsi dire nulle,
Quant à l’eau contenue dans la terre, elle a été :
Dans la partie supérieure, de 18 %;
Dans la couche placée au-dessous, de 16 à 17 %;
Dans la couche située encore plus bas, de 14 à 16 %;
Dans la couche inférieure, de 13 %.
Ce dernier chiffre correspond à l'humidité de la terre au début
de l’expérience.
Nous voyons done que, même sous l'influence d’une pluie où
la terre est fortement arrosée, la diffusion du sel a été presque
nulle au bout de deux jours et qu’il n’y a eu qu’un déplacement
de haut en bas par l’eau tombée à la surface de la terre.
IT. — Une expérience identique a été faite avec le chlorure de
potassium, sous l'influence de la même pluie et avec un appareil
identique au précédent. Mais au lieu de prélever les échantillons
vingt-quatre heures après la fin de la pluie, on a attendu qua-
rante-huit heures, afin de laisser la diffusion s’accentuer.
Les résultats qui sont inscrits schématiquement dans la figure 25
montrent aussi qu'il n’y a eu, pour ainsi dire, aucune diffusion,
que le chlorure a été simplement déplacé de haut en bas. Ici
encore, les chiffres un peu plus élevés des couches sous-jacentes
sont dus manifestement à une concentration du chlorure naturel
de la terre par le cheminement de l’eau de pluie.
Des observations analogues ont été établies en remplaçant la
pluie naturelle par des pluies artificielles dont on pouvait, à vo-
lonté, faire varier l’intensité et la durée, et qui étaient obtenues
à l’aide d’un pulvérisateur déversant l’eau régulièrement et à
l’état de fines gouttelettes à la surface de la terre. [ci encore, on
s’est servi de caisses, dont une des parois était percée de trous
équidistants permettant de prélever horizontalement, à l’aide
d’une sonde, des échantillons dans les diverses couches de la terre.
DE LA DIFFUSION DES ENGRAIS SALINS DANS LA TERRE 405
* Ces caisses étaient cubiques, de 21 centimètres de côté, iden-
tiques à celles décrites précédemment, page 397.
On les remplissait de terre légèrement tassée et on plaçait à
leur surface, suivant une ligne médiane, et sur une largeur de
2 centimètres, le sel sur lequel on opérait, puis on procédait à des
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CAC
® ©
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Fig. 25. — KCI en milligrammnes pour 100 grammes de terre sèche.
arrosages artificiels pendant un temps donné et à des intervalles.
déterminés. On mesurait la hauteur d’eau tombée et on couvrait
la caisse. Au bout d’un certain temps, on prélevait, à l’aide d’une
sonde, les couches de terre correspondant aux divers trous.
Voici quelques-uns des résultats obtenus :
IT. — Terre légère siliceuse, 8K8 04, contenant 7,2 % d’eau.
On place sur une ligne 20 grammes de nitrate de soude. On a
pratiqué trois arrosages de cinq minutes chacun, séparés par
406 / ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
un intervalle de dix minutes. La hauteur d’eau tombée pour les
Fig. 26. — Azo'Na en centigrammes
pour 100 grammes de la terre sèche.
trois arrosages a été de
12mm 4, Vingt-quatre heu-
res après, On a pratiqué en-
core trois arrosages dans les
mêmes conditions; la hau-
teur d’eau versée était de
9mm 3, soit en tout 21mm 7,
correspondant à une très
forte pluie.
Après ce dernier arrosage,
la terre a été abandonnée à
elle-même pendant vingt-
quatre heures, puis on a pré-
levé les échantillons. On a obtenu les résultats inscrits dans la
figure 26. L’humidité de la terre était, dans la partie supérieure,
d'environ 18 à 19 % et dans les parties inférieures d’environ 16
à 17 %.
IV. — Terre légère siliceuse, 8K8 41, contenant 7,4 % d’eau.
Placé à la surface, sur une ligne, 20 grammes de chlorure de po-
tassium. Pratiqué : 1° deux
arrosages de cinq minutes
chacun, séparés par un inter-
valle de dix minutes; 2° un
arrosage de dix minutes à
dix minutes d'intervalle du
précédent. Hauteur d’eau
tombée pour les trois arro-
sages, 11Mm5, Vingt-quatre
heures après, on à pratiqué
encore trois arrosages de
cinq minutes de durée, sépa-
rés par des intervalles de dix
© © © ©
© @ © €
© @ @ ©
@ @ ® ©
Fig. 27. — KCI en centigrammes
pour 100 grammes de la terre sèche.
, , . . e
minutes; la hauteur d’eau reçue était de 10mm 8, soit, en tout,
22mm 3, correspondant à une forte pluie. Après ce dernier arro-
DE LA DIFFUSION DES ENGRAIS SALINS DANS LA TERRE 407
sage, la terre a été abandonnée à elle-même vingt-quatre heures,
‘puis on a prélevé les échantillons par les trous. Les résultats sont
‘inscrits sur la figure 27.
L’humidité de la terre était, dans la partie supérieure, d’envi-
O/
ron 18 à 19 % et dans les parties inférieures de 16 à 17 %.
O/
V. — Terre forte du potager, 88 48, contenant eau 8,4 %.
-Placé à la surface 20 grammes de nitrate de soude. On a pratiqué
trois arrosages de cinq minutes chacun, séparés par un inter-
valle de dix minutes. Hauteur d’eau tombée pendant les trois
arrosages, 10mm 4, Vingt-quatre heures après, on a pratiqué en-
core trois arrosages dans les mêmes conditions. La hauteur d’eau
qui y correspond était de 12mMm 4, soit, en tout, 22Mm 8,
Après ce dernier arrosage, la terre a été abandonnée à elle-
même pendant vingt-quatre heures, puis on a prélevé les échan-
tillons par les trous. Les résultats sont inscrits figure 28.
L’humidité de la terre était, dans la partie supérieure, d’en-
viron 19 à 20 %, et dans les parties inférieures de 16 à 17 %.
VI. — Terre forte du potager, 8*:48, contenant eau 8,4 %.
On a placé à la surface 20 grammes de chlorure de potassium
© @ ©
® © €
© ©
© ®
© ©
Fig. 28. — Azoë Na en centigrammes Fig. 29. — KCI en centigrammes
pour 100 grammes de la terre sèche. pour 100 grammes de la terre sèche.
en ligne eb pratiqué trois arrosages à dix minutes d'intervalle,
le premier d’une durée de six minutes, les deux derniers d’une
408 ANNALES LE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
durée de cinq minutes. Hauteur d’eau tombée pendant les trois
arrosages, 9m 7, Vingt-quatre heures après, on a pratiqué encore
trois arrosages à dix minutes d'intervalle, le premier d’une durée
de cinq minutes, les deux derniers d’une durée de sept minutes.
La hauteur d’eau versée était de 14mm6, soit en tout 24mm 3,
correspondant à une très forte pluie.
Après ce dernier arrosage, la terre a été abandonnée à elle-
même pendant vingt-quatre heures, puis on a prélevé les échan-
tillons par les trous. Les résultats sont inscrits figure 29.
L’humidité de la terre était, dans la partie supérieure, d’envi-
ron 19 à 20 %, et dans les parties inférieures de 17 à 18 %
VII. — Expérience de plus longue durée. Terre forte du pota-
ger, 10K8 79, contenant eau 7,5 %. Placé à la surface 20 grammes
de chlorure de potassium et pratiqué un premier arrosage de
quinze minutes. Hauteur d’eau tombée pendant cet arrosage,
{2mm 4, Après un intervalle d’une heure, pratiqué un deuxième
arrosage d’une durée de dix
minutes. Hauteur d’eau tom-
bée, 8mm2, soit, en tout,
20m:
Après ce dernier arrosage,
la terre a été abandonnée
à elle-même pendant six
jours, puis on a prélevé les
échantillons par les trous.
Les résultats sont indiqués
figure 30.
Fig. 30. — KCI en centigrammes L’humidité étair, dans la
pour 100 grammes de la terre sèche.
partie supérieure, d'environ
17 % et, dans la partie inférieure, d’environ 11 à 12 %.
Ici, nous constatons, au bout de six jours, une légère diffusion
dans le sens horizontal comme dans le sens vertical, diffusion
cependant bien faible et ne s'étendant qu’à une très pelite dis-
tance du poinc où le sel a été placé.
On eût pu penser que, sous l'influence des pluies abondantes
DE LA DIFFUSION DES ENGRAIS SALINS DANS LA TERRE 409
et en présence d’une si grande quantité d’eau en mouvement de
haut en bas, la répartition des sels dans la terre dût être rapide
et complète. [Il n’en a rien été. Ce qui s’est produit surtout, c’est
un cheminement de haut en bas sous l'influence de l’eau tombant
à la surface, un vrai déplacement, mais non une diffusion dans le
vrai sens du mot.
Tout au plus voit-on une légère répartition en éventail, qui
peut être due autant à un déplacement mécanique qu'à un véri-
table effet de diffusion.
Ce cheminement du sel, sous l’influence de l’eau en mouvement
qui s’infiltre dans la terre, peut être rendu visible en employant
une substance pulvérulente et une matière colorante non suscep-
tible d’être retenue par le solide pulvérulent employé — le per-
manganate de potasse, par exemple, et le sable blanc non ferru-
gineux. En opérant dans un bac de verre analogue à ceux qui
servent pour les accumulateurs, disposant l’expérience comme il
a été indiqué dans le cas de la terre et du nitrate de soude ou du
chlorure de potassium, on constate le déplacement en éventail
de la solution du permanganate par l’eau de pluie qui s’infiltre.
Aussitôt après l’arrosage ou la pluie, si l’on délimite sur le
verre la portion colorée formant l'éventail, on peut constater
qu'après une ou deux semaines l'éventail s’est à peine ouvers :
indice d’une diffusion extrêmement lente.
CONCLUSIONS
Ces diverses observations montrent que, lorsque les engrais
salins sont donnés à une terre d’un état de siccité relatif, le sel
attire à lui l’eau de la terre et forme une solution qui reste loca-
lisée pendant un très long temps sous forme d’un noyau humide,
et que la terre placée dans l'intervalle des cristaux de sel se des-
sèche au profit du noyau humide, qui s’agrandit graduellement
à mesure qu'il attire à lui l’eau des parties avoisinantes.
La terre est alors, pour ainsi dire, tigrée, avec des taches hu-
mides contenant la solution saline et des intervalles desséchés
/
410 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
entre ces taches, sans qu'il se produise une diffusion de la solution
saline dans les couches environnantes.
Si on pratique des semailles dans un sol placé dans ces condi-
tions, 1l peut y avoir une mauvaise levée, les graines qui tombent
à l’endroit des taches se trouvent en présence d’une solution
saline trop concentrée pour permettre le développement de la
jeune plante. Au contraire, les graines qui tombent dans les inter-
valles se trouvent dans une terre qui a été trop desséchée par la
migration de l’eau vers la solution saline, et par suite ne peuvent
pas germer.
Ces faits expliquent les insuccès constatés dans la pratique et
montrent qu'il est imprudent de faire coïncider les semailles avec
l’épandage des engrais salins.
Lorsque les terres sont mouillées, et ensuite plus ou moins res-
suyées, comme elles le sont peu de temps après une pluie, on ne
constate plus un appel de l’eau vers la solution saline, formée à
l'endroit où le sel a été déposé, mais, contrairement à ce que l’on
pouvait penser, même dans les sols humides, la diffusion du sel,
dans la masse terreuse, est pour ainsi dire nulle, pendant un assez
long temps, et ne devient manifeste qu'au bout de semaines ou
de mois. Les terres humides sont donc, elles aussi, divisées en
zones, l’une renfermant la solution saline et l’autre exempte
de sel.
Cette Jenteur extrême de la diffusion parait tenir à ce que la
terre ne forme pas un milieu continu, condition nécessaire pour
que les phénomènes de diffusion puissent se produire.
Si, par un fort tassement, on rapproche les particules terreuses,
la discontinuité se trouve atténuée; on constate alors une diffu-
sion un peu plus active, et c’est surtout lorsque, en même temps
que tassées, les terres se trouvent noyées d’eau, et forment alors
un milieu continu, que la répartition du sel devient plus :ensible,
sans jamais toutefois avoir la rapidité qu’elle aurait dans une
masse liquide.
Quand les pluies interviennent, la diffusion ne se trouve pas
sensiblement accélérée; l’eau, tombant à la surface du sol et s’y
mfiltrant graduellement, se borne à provoquer un déplacement
DE LA DIFFUSION DES ENGRAIS SALINS DANS LA TERRE 411
du sel dans le sens vertical, par son cheminement de haut en bas
dans la couche terreuse.
On admet généralement que les sels solubles donnés comme
fumures à la terre s’y répartissent avec une grande rapidité; nous
voyons, par ce qui précède, qu'il n’en est rien et que la solution
saline, formée au contact du sel et de la terre, reste localisée pen-
dant un temps très long, même lorsque de fortes pluies inter-
viennent.
UN
COIN. DE L'ORANIE:
MAQUIS, BROUSSAILLES ET FORÊTS
L'évolution de la forêt algérienne est peu connue, presque igno-
rée. Nous n’avons pas la prétention de la suivre en quelques pages
dans ses manilestations si ondoyantes et si diverses. Pour ce faire,
il aurait fallu visiter en détail les trois provinces et se livrer à une
étude complète des essences et des peuplements. C’était d’abord
le but assigné à notre mission. Il n’a point dépendu de nous de
la mener à bonne fin.
A cette évolution de la forêt algérienne est d’ailleurs intime-
ment liée la question du pâturage. On ne peut traiter l’une sans
l’autre. Montrer comment les forêts naissent et évoluent, c’est
montrer comment elles se dégradent et meurent.
Cette ignorance des causes naturelles qui président à la des-
truction et à la reconstitution des massifs, a coûté des sommes
énormes à la colonie, dans lOranie au moins, où de malheu-
reuses expériences de naturalisation d’essences exotiques ont été
entreprises.
Nos recherches n'ayant embrassé que la seule inspection de
Mostaganem, les faits observés, les déductions qu’ils comportent
n'auront pas l’ampleur qu’aurait pu leur donner une étude dé-
taillée et complète de la végétation forestière algérienne. Dans.
leur insuffisance, ils permettront, nous l’espérons, de mettre en
80 mètres
UN COIN DE L'ORANIE 413
évidence quelques-unes des associations du Tell oranais et en
relief les ressources boisées du vaste massif d’Ammi-Moussa.
De même qu’en France, on ne saurait en Algérie séparer la
forêt du sol. C’est donc par nature de terrains, autant que pos-
sible, et par zones de végétation que nous étudierons l’agence-
ment des principaux peuplements forestiers.
4 — Forêts des dunes littorales
Les dunes du littoral oranais sont loin-d’avoir le développement
et l'importance des dunes de Gascogne, par suite du jeu insigni-
fiant des marées. Elles ne se développent d’ailleurs que dans les
parties assez rares de la côte où la lame a de l’espace pour s’étaler,
sur les points où manquent les roches résistantes et particuliè-
rement les anciens dépôts littoraux, agglutinés en grès calcareux.
Le sable des dunes africaines provient, soit des matériaux arra-
chés aux rivages par la mer démontée, soit des apports des oueds.
Déposé sur la plage que forme la laisse des hautes et des basses
mers, le sable est balayé par le vent du nord-ouest et constitue
des atterrissements variés. Tantôt c’est un véritable cordon litto-
ral qui serre de très près et ourle le rivage; tantôt c’est une suc-
cession de dunes esquissant, dans leur plus grande complexité,
deux chaines très distinctes et séparées par un palier de 500 à
600 mètres de largeur (Ouréah).
/500 mètres
Profil des dunes d’Ouréah.
Il est à remarquer, d’ailleurs, que, sur les côtes de l’Oranais,
tous les oueds sont infléchis au nord-ouest, avant de se jeter dans
la mer. Cela résulte de l’existence d’un courant marin, dirigé à
peu près est-ouest et qui longe le littoral. Sous l'influence de ce
courant qui amène les eaux limoneuses du Chélif jusque dans le
414 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
port de Mostaganem, les sables sont entraînés de l’est à l’ouest,
en glissant le long des côtes. Il en résulte encore que l'estuaire des
oueds se trouve de plus en plus rejeté vers l’ouest et qu’il se forme
parfois, comme à la Macta, une sorte de barre retenant des eaux,
naturellement paresseuses et prêtant à la formation de marais
délétères.
Estuaire de la Macta.
* A l’ouest de l’estuaire et du côté de la berge rongée, la dune est
très basse, car le sable est emporté par le courant marin ou rejeté
par le vent dans les marais et la rivière : à l’est, au contraire, la
dune est plus accusée, car elle s’alimente sans cesse, à la faveur
des remous, et des apports marins et des apports fluviaux. Mais
l’action du vent tend à reporter toujours vers l’est sa hauteur
maxima.
La vitesse de propagation des dunes algériennes est très lente.
Ce n’est qu'après les violents orages de la saison pluvieuse que
l’on peut constater, çà et là, un déplacement sérieux des sables.
Dans les dunes d’Ouréah, nous avons mesuré, en 1901, des menées
sablonneuses atteignant 10 à 12 mètres de longueur. C’est cepen-
dant l’exception. Cette exception deviendrait bien vite la règle
cénérale, si l’on portait la moindre atteinte à la végétation her-
bacée et arbustive qui naît spontanément sur ces sables grâce à
une sévère mise en défends. En un clin d’œil, les routes et les
voies ferrées seraient ensablées et mises hors d'usage. C’est le sort
qui attendrait la route de Mostaganem à la Macta et la voie ferrée
d’Arzew à Perrégaux, si l’on venait jamais à émietter le ruban
UN COIN DE L'ORANIE 415.
forestier, déjà bien étroit, qui se déroule en bordure de la mer.
Des colons mal inspirés de la Stidia, trouvant qu’ils n’ont pas
assez de vignes, nous demandaient un jour à quoi pouvaient servir
les boisements de la Stidia? Ils ne s’apercevaient même pas qu'ils
discutaient leur existence |
Les dunes de l’Oranie n’atteignent jamais une grande hauteur :
8 à 10 mètres dans les dunes roulantes d’Ouréah, 20 à 25 mètres
sur le cordon littoral de Bou Rahma.
L’inspection de Mostaganem comprend environ 1.612" 33° 55%
de dunes maritimes, se répartissant ainsi entre les différentes
forêts :
Bou Rahma et Seddaoua (partie). . 500h: 002 00c4
ILE re eee ERP paul 473 62 50
SAULT IE ARR AO PR TENTE SN AE 203 64 65
Duran es Ne AAA Le 217 80 90
CAMERA ENER ENSR RANCE, ere TT *. 232400
SA AE A a et te Tune 1131400
En général, toutes sont suffisamment préservées de l’action
des vents par la végétation herbacée ou arbustive qui les couvre
spontanément. Les quelques exceptions à signaler se trouvent à
Ouréah et à Bou Rahma. Elles donnent lieu à quelques travaux
que nous examinerons ultérieurement.
En partant du rivage, on trouve d’abord une plage nue, sur
laquelle la lame a échoué de nombreux coquillages et des rubans
d’une Naïadacée, la Posidonia Caulini, qui forme d’épaisses prai-
ries sous-marines. Cette posidonie, que l’on pourrait confondre
avec les varechs, n’offre aucune qualité fertilisante pour les terres,
et ne peut guère servir, là où elle est très abondante, qu’à rem-
placer la paille comme litière.
La plage se relève ensuite suivant un bourrelet assez fort où
apparaît une végétation clairsemée, ayant pour principaux repré-
sentants : Cakile maritima, Scop., Crucianella maritima L., Ur-
ginea undulata Stein., Ammophila arenaria Lam., Plantago ma-
crorhiza Poiret, et Senecio crassifolius Wild.
Le seneçon s’avance presque jusqu’au sable mouillé par la
vague; il est souvent dépassé par la scille. Viennent ensuite la
crucianelle, le gourbet et enfin le plantain.
416 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
La crucianelle est une plante ligneuse, de 30 à 40 centimètres de
hauteur, à odeur délicieuse de millepertuis, à enracinement puis-
sant, dont le rôle fixateur est énorme. Il en est de même du gour-
bet, plus rare et disposé en vouffes puissantes, et du plantain qui
s’avance très loin à l’intérieur de la dune.
A ce premier faciès, localisé au rivage, en succède un second,
qui comprend la première chaîne des petites dunes. Là, le plan-
tain occupe souvent le sol à lui seul. Il est pourvu d’un fort pivot
qu’il enfonce très avant dans le sable, ce qui lui
permrt de résister au déchaussement. Le vent af-
fouillant à son pied, il se montre généralement
comme l'indique la figure ci-contre, c’est-à-dire
soulevé hors de terre. Des milliers et des milliers
d’escargots l’entourent, puis sont recouverts par
les sables mobiles, et offrent finalement aux ri.
dicelles longues, menues, déliées de toutes ces
plantes arénicoles des poches nutritives, où elles
pénètrent en s’enroulant. Cette abondante inouie,
prodigieuse, des coquilles terrestres dans les dunes
algériennes est un exemple frappant de l’assistance mutuelle que
se prêtent les deux règnes animal et végétal. Au plantain vien-
nent s'ajouter les Bromus rubens L., Anagallis parviflora Salz.,
Silene decumbens Soy., Echinops spinosus L., Erucastrum va-
rium D. R. Enfin, la végétation ligneuse apparaît pour la pre-
mière fois sous forme de buissons de Retam Bovei Spach.
L’Echinops spinosus, avec ses superbes capitules bleus, et la
Centaurea seridis sont des plantes armées, qui protègent la lande
en voie de formation. L’Ærucastrum varium est un bon fourrage;
il en est de même du Bromus rubens, quand il est jeune.
A cette association de plantes herbacées et de retams en Suc-
cède une troisième, sensiblement plus riche, qui marque une nou-
velle étape de la végétation. Elle est localisée sur le seuil séparant
les deux chaînes de dunes.
Le Lotus creticus L., la Malcomia arenaria R. Br., l'Orlaya
maritima Koch. la très précieuse Scabiosa rutæfolia Vahl., abon-
dent avec, çà et là, une curieuse graminée déseréique, la Ctenopsis
UN COIN DE L'ORANIE 417
pectinella Not. Les retams sont de plus en plus abondants et
l’Ephedra fragilis commence à se montrer, pour prendre bientôt
un rôle prééminent de fixation et marquer un horizon forestier.
Dans la quairième et dernière zone qui comprend la région des
hautes dunes, le rôle fixateur n’appaitient plus qu'incidemment
à la florule herbacée. La végétation arbustive a poussé de pro-
fondes racines. Elle se montre, sinon très variée en espèces, du
moins riche en individus. L’éphèdre s’est multiplié dans d’in-
croyables proportions et ses rameaux, qui se désarticulent chaque
année, contribuent à amender un sol naturellement maigre. Le
retam forme d’épais buissons et envoie au loin ses racines qui
courent à fleur de terre, comme d'immenses serpents; le Withania
frustescens, puis la Salsola oppositifolia Desf., apparaissent par
pieds isolés sur les bordures supérieures du canton. Enfin, la forêt
spontanée, la forêt de l’avenir, est amorcée par quelques pieds de
lentisque, d’olivier et de genévrier de Phénicie, qui se dissimuleni
et se cachent au fond des lettes.
Malgré ces derniers apports, les dunes d’Ouréah ne sont encore,
dans leur degré le plus élevé d’évolution, qu’une lande, lande de
retams et d’éphèdres ; mais lande améliorée par le couvert et par
l’humus, et offrant à la végétation herbacée un champ merveil-
leux pour se développer. Le tapis végécal comprend : Lotus creticus
L., dont-les tiges rampent sur le sable; Lotus prostratus Desf.,
qui jette ses tiges volubiles dans les touffes de retams; Linaria
tingitana Boiss. et Reut.; Reseda phyteuma, var. confusa Pomel:
Senecio leucanthemifolius Poiret.; Calendula arvensis L., plante
précieuse, qui résiste admirablement à la sécheresse et qui, bien
que ligneuse, contribue puissamment à la nourriture automnale
des bestiaux; Scabiosa rutæfolia Vahl., également bonne fourra-
gère et verte encore à une époque où tout est caleiné; Anagallis
linifolia L., remarquable par la beauté de ses fleurs grandes et
bleues; Rumex thyrsoides Desf., dont les chevaux sont friands;
Lagurus ovatus L.; Cyperus schoenoïides Grixb.; Corynephorus
articulaius P. Beauv.; Bromus rubens, si abondant qu’on le eroi-
rait semé: enfin Ammophila arenaria, spécialement distribué sur le
sommet des dunes blanches.
ANN. SCIENCE AGRON. — 3% SÉRIE — 1909 — 7 21
418 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Toutes ces plantes se dressent et s’enguirlandent, rivalisent
d’élévation et de vigueur dans les cuvettes, et rendent la marche
pénible et difficile.
Les dunes d’Ouréah peuvent être considérées comme fixées, à
l'exception cependant de quelques sommets situés près de la
route de Mostaganem à Oran, que le vent blanchit et tourmente.
Le gourbet sur la hauteur, le souchet dans les sifflets, les racines
du retam partout, réparent assez facilement, au printemps, les
dégradations causées par l’hiver. Ce n’est qu’à la suite d’excep-
tionnelles tornades que les plus hautes dunes pourraient être
écrêtées et jetées sur les propriétés riveraines. Quelques clayon-
nages et des plantations de gourbet auraient bien vite enrayé
le mal.
Cette évolution rapide de la lande de retams et d’éphèdres
date de dix-huit à vingt ans; elle est due exclusivement à la mise
en défends du canton. I suflit, pour s’en convaincre, de descendre
jusqu’à la Salamandre, près de Mostaganem, et de traverser les
landes pâturées qui garnissent un seuil en pente douce vers
la mer.
Dans ces landes brisées, le sol est déchiré et ne porte que des
touffes espacées de retams. Il n’y a pas d’éphèdres; rien qu’un
maigre tapis végétal de Malcolmia maritima, Fedia cornucopiæ,
Hypecoum Duriæi, Paronychia argentea, avec quelques plantes
épineuses et armées, comme Centaurea seridis, Echinops spinosus,
Atractylis gummifera ; et, à travers les déchirures de cette lande,
le sable filtre et envahit les propriétés cultivées, situées en arrière.
En suivant le littoral et un peu avant d'arriver à la dune
d’Ouréah se trouve la ferme Navarro. Elle était autrefois cernée
par le prolongement de la lande forestière d’Ouréah. Sous l’in-
fluence du parcours des chèvres, ce n’est plus aujourd’hui qu'une
lande rase, qu’un jouet à la merei des vents. Le retam est assez
bien brouté par les chèvres, mais il donne au lait un goût pro-
noncé d’amertume.
Les dunes d’Ouréah ont été, à différentes reprises, l’objet de
tentatives infructueuses de reboisement. De 1884 à 1886, on a
employé le pin maritime et le pin d’Alep, procédant tantôt par
UN COIN DE L'ORANIE 419
semis et tantôt par plantation. La dépense, en 1886, a été de
450 francs.
En 1893, 400 francs furent employés à des semis d’Acacia ebur-
nea, À. falcata, A. melanoxylon, À. pycnantha ; de Cupressus horti-
zontalis, C.funebris, C. macrocarpa, etc.; de pin d’Alep, de pin mari-
time, etc., etc. L'entretien de ces semis coûta, en 1894, 60 francs.
En 1895, on consacra 700 francs aux travaux neufs, 265 francs
aux travaux d'entretien; en 1896, 710 et 275 francs; en 1897, 700
et 350 francs; en 1898, 1.247 60 furent employés à de nouveaux
semis. C’est une dépense totale de 5.157° 60, sans compter les
frais de forage du puits et la construction de la maison forestière.
Que reste-t-1l de tous ces semis? Une cinquantaine de mauvais
pins d’alep, de 3 à 4 mètres de haut, dans un triangle situé à l’in-
tersection de la vieille et de la nouvelle route; 4 à 5 ares de semis
dépérissants de cette essence, une douzaine d’acacias melanoxy-
lon et autres, puis enfin quatre eucalyptus de 60 centimètres de
tour et de 7 mètres d’élévation. Chacun de ces arbres revient ainsi
à plus de 700 francs !
A Ouréah, les semis de graines précieuses ont été faits dans la
pépinière située autour du puits et dans des boîtes en fer-blanc.
Elles trésirent et moururent, passèrent comme des éphémères.
Les pins et les acacias ont été semés dans des bandes parallèles
de 1 mètre de largeur, espacées de 3 mètres d’axe en axe, piochées
à 40 centimètres de profondeur, débarrassées de toutes Les herbes
et dirigées dans le sens nord-sud pour éviter les vents d’ouest.
Fort heureusement, on avait gardé les retams comme abri. On
sait ce qu’il est advenu de ces semis.
Quant à la dépense, elle avait été calculée comme suit pour un
hectare :
Préparation du sol, ouverture des bandes, piochage,
désherNementPU Aer L'UR A, CAMBOUT AU 00 HER
Achat de graines, 2 kilos à 6 francs. . . . . 42.6»
Exécution des semis, préparation des Free avec
CHMDOSE MOUENÉESS EAU Le er MCE 12 50
Mdénrnité de Surveiller" 10 »
Réparation dessous SE sera eo tite 10 »
POLAIRE COUPER EL O7, 13950
420 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Il est à noter qu’en désespoir de réussite, on avait comblé, en
1898, les bandes toujours vierges avec des graines de retam. Mais
celles-ci, ou trop profondément enfoncées, ou momifiées, n’ont
pas germé. Nous les avons exhumées, dures comme pierre, au
printemps de 1901, en faisant planter dans ces bandes des bul-
billes d’A gave rigida et d’Agave sisal envoyées au service fores-
tier par M. le Dr Trabut.
Jamais un forestier, ayant suivi attentivement les peuplements
de ces dunes, n’aurait brisé un cycle évolutif qui s'affirme dans
toute la région avec une puissance obsédante. Et, n’eût-1l pas
trouvé ni pressenti l'essence de ces sables, qu'il aurait été bien
certainement frappé par ces quelques figuiers, échoués dans les
lettes, et dont la végétation est merveilleuse. A défaut de la forêt
vivace, 1l aurait créé à Ouréah un plantuieux verger, avec une
dépense insignifiante, en bouturant des rameaux pris dans les
jardins voisins.
Il était évident que semer des pins d’Alep et des acacias aus-
traliens face à la mer et sur un sable pauvre, quelquefois même
mouvant, c'était tenter la fortune. Il était évident qu'il était trop
tard pour semer le retam, puisque justement la nature avait agi
déjà, en faisanc surgir partout à ses côtés, avec une force inouie,
l'Ephedra fragilis. De même qu’en géologie, il y a en sylviculture
des horizons qui repèrent immédiatement le forestier. En fouillant
au-dessous de cet horizon, on ne trouve que des formes mor-
tes, qui ont épuisé leur énergie; en regardant au-dessus, on ren-
contre les formes d’avenir, celles que tôt ou tard la nature impo-
sera. De fait, c’est bien l’éphèdre qui a comblé toutes les bandes
d'Ouréah de ses buissons épais, tressés et bas, l’éphèdre qui dit
au sable : « Tu ne bougeras plus. »
Et cet éphèdre lui-même n’est qu’un passant dans la lande, un
semeur si l’on aime mieux. Ce qu'il sème? Les dunes de Saint-Leu
et de la Stidia à l’ouest, celles de Bou Rahma et de Seddaoua à
l'est, vont nous l’apprendre.
A envisager séparément Saint-Leu et la Stidia, on serait tenté
de crone qu’à partir de l'horizon de l’éphèdre, l’évolution ne se
fait plus en ligne droite et bifurque pour donner naissance à deux
UN COIN DE L'ORANIE 421
peuplements dissemblables : l’un spécialement caractérisé par le
lentisque, l’autre par le genévrier de Phénicie et le thuya. Mais,
en admettant que les dunes de Saint-Leu soient, au point de vue
géologique, de formation antérieure à celles de la Stidia, il est
certain que le peuplement des premières a moins évolué que celui
des secondes. La preuve en est dans la composition du tapis vé-
gétal, infiniment moins riche à Damesme et dans les Leux voisins
de la crique de Port-aux-Poules, que dans le canton proprement
dit de la Stidia. A tant faire que de l’admettre; cette différence
dans la vitesse évolutive provient de ce que, dans un cas, on se
trouve en présence d’une plage basse et peu abritée; dans l’autre,
en présence d’une plage soustraite partiellement à l'influence des
vents de mer par une puissante dune littorale. Par décret en date
du 2 octobre 1852, le maréchal Randon avait institué des compa-
gnies de planteurs militaires (une par province), dans le but « de
reboiser les hauteurs et les versants des montagnes, de planter les
parties sablonneuses, de fixer les dunes au moyen de semis, d’a-
ménager les bois existants, de greffer les oliviers sauvages, ete. ».
Ces compagnies travaillèrent à Orléansville et Tenès; à Santa-
Cruz, Santon, Mers-el-Kébir; à Mostaganem, Aboukir, Tounin et
Karouba. C’est à la Compagnie de lOranais, alors dirigée par
M. le général Colonieu, que l’on doit les peuplements de pin
d’Alep de Santa-Cruz, de Mouley-Ismaël et de la Stidia. Or, ces
semis, toujours effectués à l’aide d’essences du pays, ont réussi à
la Stidia, ont manqué à Saint-Leu. La cause en est justement dans
la présence ou dans l’absence d’un abri naturel. Et, tout de suite,
nous pouvons dire que semer du pin d’Alep dans les parties
sablonneuses et non garanties du rivage, &’est courir à un échec
certain. C’est done à tort que l’on a voulu généraliser un peu
partout l’essai heureux de la Stidia, sans prendre garde aux cir-
constances toutes locales qui en avaient permis le succès.
Saint-Leu, qui peut être envisagé, au point de vue forestier,
comme le prolongement direct dans le temps des dunes d’Ouréah,
n’a, du reste, point de profondeur et ne constitue qu'une lan-
guette de terre en bordure de la mer. La végétation se trouve, dès
lors, singulièrement gênée dans son expansion. Le peuplement,
422 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
très lâche, ne rappelle celui d’Ouréah que par les retams en voie
d'extinction et massés sur les points où le sable est encore mobile,
puis par les éphèdres qui grimpent dans les buissons. Il en diffère
par la multiplication du lentisque et du philaria, auxquels s’ajoute
le genévrier oxycèdre, var. macrocarpa. Le lentisque se présente là
sous sa forme écrasée du littoral. Ce sont d’énormes boules arron-
dies, de 3 à 4 mètres de diamètre, de 60 centimètres à 1 mètre
d’élévation, sur lesquelles le vent a peu de prise. Ces lentisques,
nés à l’abri d’un buisson de retam ou d’une toufle d’éphèdre,
poussent latéralement leurs jeunes rameaux dans les intervalles
de la plante protectrice, et s’édifient ainsi une large crinoline qui
met leur pied à l'abri de l’affouillement. Ils ne mentent pas sur le
rivage même de la mer, car les jeunes pousses sont saisies par le
hâle et brûlées. L'ensemble des buissons forme un toit légèrement
incliné vers le rivage : chaque touffe nouvelle, relevant un peu le
vent, permet à la suivante de la dépasser en hauteur. Au centre de
ces touffes un peu éclaircies par l’âge, on trouve plus tard un
plant de philaria, plus tard encore un genévrier oxycèdre qui
pointe crânement vers le ciel. Et, comme si cela n’était pas sufli-
sant encore pour donner une ferme et solide assiette à l'association,
une asperge, véritable liane spéciale à ces dunes, l’Asparagus
altissimus Munby., enveloppe les différents rameaux de ses sar-
ments souples, grêles et longs de 3 à 4 mètres, les mêle, les entre-
lace, en forme finalement un tout plein d’ombre, d’obscurité et de
mystère.
Il est à peine besoin d’ajouter que l’évolution ne s’opère pas
toujours suivant ee plan. Le cyele est souvent abrégé. Il suffit
parfois d’une simple trochée d’alfa pour donner asile à une baie
de lentisque, d’un buisson d’asperge ou d une touffe de F'agonia
cretica L., autre végétal sarmenteux et à peine ligneux, pour per-
mettre au semis de genévrier de s'installer. Mais, ce qu'il faut re-
tenir comme une vérité constante, c’est que jamais l’apparition
des grands végétaux forestiers n’a lieu au hasard du sable. Tou-
jours, elle ne se produit qu’après une longue préparation du sol,
en des points ombreux, humifiés et abrités des feux du soleil.
Aussi, pouvons-nous dès maintenant énoncer cette loi capitale,
UN COIN DE L'ORANIE 423
dont nous donnerons une vérification prolongée, indéfinie : La
forêt algérienne ne peut ni vivre, ni se créer sans l’aide et l'assistance
d’un sous-bois. C’est ce qui fait que le pâturage, en détruisant le
sous-bois, tue la forêt dans sa régénération et dans son avenir.
Et cela partout, dans tous les peuplements, dans toutes les condi-
tions. L’évolution régressive pourra être lente et en quelque sorte
latente; elle n’en subsistera pas moins, préparant à heure fixe, à
heure fatidique, la ruine, puis la mort du massif.
Nous avons précédemment mentionné que le tapis végétal est
plus riche dans les dunes de Saint-Leu que dans les dunes d’Ou-
réah. Nous notons, en effet, un peu à la fortune du calepin, les
nouvelles espèces suivantes : Malcolmia arenaria R. B., Mathiola
tricuspidata R. B., Frankenia corymbosa Desf., Erodium mau-
ritanicum C. et D. R., Erodium echium Wild., Arenaria spathu-
lata Desf., Melilotus marinus L., Tolpis umbellata Bertoloni,
de nombreux Statices (oleæfolia, Duriæi, etc.), et enfin l’alfa,
Stipa tenacissima L., qui, très répandu, fait l’objet d’une exploi-
tation spéciale.
Avec les dunes de la Stidia, nous touchons à la solution du
problème; nous allons voir le cycle évolutif se précipiter et se
fermer non plus sur la broussaille, mais sur la forêt pourvue de
ses deux étages de végétation, donc outillée pour se régénérer et
vivre.
Nous glisserons rapidement sur la pineraie de pin d’Alep cou-
vrant le revers de la grande dune littorale, qui élève son sommet
jusqu’à 40 mètres au-dessus du rivage. Agée de trente à quarante
ans, elle provient d’un semis en lignes très espacées, de réussite à
peu près nulle sur la partie supérieure et sablonneuse de la dune,
de réussite d’autant meilleure que l’on se rapproche davantage
des fonds de lette, naturellement un peu frais. Les arbres, trop
serrés dans le sillon, n’ont pas grande vigueur. Beaucoup souf-
fraient l’hiver 1901, des attaques de Lophodermium pinastri, et
rares sont les sujets qui mesurent 60 centimètres de tour à 1 mètre
du sol. La pineraie est loin de former un massif contiru. Ele
manque sur de grands espaces où se crée la forêt spontan‘e des
dunes, en lentisque, philaria et Fhus pentaphylla Desf. Les gené-
424 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
vriers oxycèdre et de Phénicie sont encore rares, ainsi que l’oli-
vier; par contre, le sous-bois est déjà abondant et reprétenté par
des Withania frutescens Pauqui, Lavatera maritima Gouan,
Jasminum fruticans L., Osyris lanceolata Hochstetter et Sten-
del, enfin par des fourrés de Thymus inodorus Desf. et de Lavan-
dula dentata L. Pendant tout l’hiver, la Koniga maritima Rob.
Brow. jette son blanc manteau sur la lande encore rase, et livre au
vent du large sa douce haleine parfumée de miel.
A bien examiner les choses, 1l est incontestable que, par son
abri et par son ombre, la pineraie a considérablement précipité
le cycle évolutif et donné naissance à une flore arbustive que
nous ne connaissions pas encore. Il est bon cependant de faire
observer que, sur certains points de ce massif, affleurent des bancs
de grès calcareux, qui, à eux seuls, ont pu fortement contribuer
au développement des lavandes et des thyms. Mais tous les autres
végétaux sont bien les hôtes accoutumés de la dune et du sable.
Si, quittant la pineraie, nous descendons vers la Macta, nous
trouvons enfin la forêt spontanée, vivace, telle que la nature Pa
faite et la perpétue, forêt que l’on exploite actuellement en coupes
de taillis, avec réserve des genévriers et des oliviers.
C’est un fouillis lacé, impénétrable et bas, où se mêlent et s’en-
tremélent : lentisque, philaria, Salsola longifolia, sumac tézéra,
withania, lavatère, osyris, olivier, et duquel émergent les gené-
vriers oxycèdre et de Phénicie, plus rarement le thuya dans les
parties éloignées du rivage. L’Asparagus altissimus se roule en
buissons arrondis dans les vides semi-éclairés et l’Ephedra altis-
suma coiffe de façon très drôlatique les genévriers, avec lesquels
il semble faire corps. La liane, invisible, serpente au milieu de
l'arbre, et, brusquement, jette à la lumière ses rameaux serrés,
qui éclatent, comme une verte épaulette, sur la masse plus sombre
des genévriers. Et, tout de suite, l’esprit se reporte loin, très loin,
vers les forêts de rêve, vers les forêts préhistoriques, dont on a là
une image affaiblie.
Que si l’on cherche comment se disposent et s’enchevêtrent
habituellement ces plantes, on trouvera : le sumac épineux en-
tourant le tendre withania, l’osyris et même le lentisque et le
UN COIN DE L'ORANIE 425
philaria; l’olivier jeté au plus épais des buissons avec le thuya et les
geñévriers, ceux-ei fermant le cyele évolutif dans les dunes oranai-
ses et constituant les espèces d’avenir à propager exclusivement.
Quant au tapis végétal, il a évolué en même temps que la forêt.
Nous noterons parmi les jeunes coupes : ƣrodium laciniatum
Will., Silene gallica L., S. ramosissima Fork., Hedysarum humile
L., Arenaria emarginata Brotero, Spargula arvensis L., Ononis
variegata L., Convoloulus althæoides L., Stachys arenaria Vahl, et
de très nombreuses Borraginées : Echium sericeum Vahl., Ech. ma-
ritimum Wild., E. plantagineum, L., etc.
Le parterre des vieux bois est, lui, uniformément couvert d’un
manteau épais de seilles, Urginea fugax Stein, qui rappelle abso-
lument le tapis d’ails des combes fraiches de nos forêts françaises
du calcaire jurassique. Rien de désagréable comme de fouler ces
scilles, dont le placage n’est interrompu qu’au long des sentiers
frayés par d'innombrables lapins.
Les coupes assises dans la forêt de la Stidia se vendent en
moyenne 40 francs l’hectare. Elles produisent des bourrées et du
bois de feu. Les bourrées sont livrées aux tuileries du voisinage
à raison de 4 francs le cent. Elles ont coûté 1'50 de façon et 2 francs
de transport. Les branches de genévriers, les thuvas et les sou-
ches d’oliviers donnent un assez bon combustible. Il est vendu,
encore vert, 2! 50 les 100 kilos, ce qui porte la valeur du stère à
875 environ. On peut estimer à 2 francs les frais d’abatage et à
5 francs les frais de transport. Le bénéfice net, par stère, est ainsi
de 4 75, valeur du bois sur pied non déduite. L’hectare de brous-
sailles peut rapporter de 800 à 1.000 bourrées et de 2 à 5 stères de
gros bois. L'exploitation n’est donc possible que pour des colons
faisant eux-mêmes leur transport et ne travaillant qu'à leurs mo-
ments perdus.
En présence de ces résultats, nous nous sommes un instant
demandé s’il est sage de continuer ces exploitations. Celles-ci
portent sur la broussaille, sur les oliviers, sur les thuyas et sur les
branches basses des genévriers qu’on élague. On élaguait aussi
autrefois les pins d’Alep. On y a renoncé, sur les observations faites
par M. le conservateur de Gail.
426 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
En ce qui concerne la broussaille, son enlèvement n’offre pas
grand inconvénient, à condition cependant de laisser, ce qu’on ne
fait pas, de profonds rideaux d’abri. L'opération se justifie même,
car on substituera à un fourré très bas, un dôme plus élevé de
verdure, partout où le hâle ne brûülera pas les jeunes pousses. Il
se produit, en effet, sur les bords de la mer, un phénomène abso-
lument identique à celui qu’on observe communément en France,
dans les vallons gélifs. La mort des jeunes rameaux aplatit la
cépée naissante, qui se développe surtout en largeur.
En ce qui a trait aux essences dures, on avait essayé de garder
des baliveaux d’olivier. Les rejets issus du collet affamaient la
lance et-la faisaient périr. On y a renoncé à tort. Pour conserver
l'olivier, 1l suffit de marquer en volières, c’est-à-dire de maintenir
au moins trois lances sur chaque cépée. Les thuyas qui pointent
doivent également être conservés au même titre que les gené-
vriers. Ceux qui buissonnent peuvent être recepés: ils donnent, en
effet, dés rejets très abondants. Les genévriers sont tous réservés,
et avec grande raison, car ils ne rejettent pas du pied. Il arrive
qu’en coupant un peu haut quelques gourmands se redressent et
se développent, mais plutôt mal que bien. On sait qu'il en est de
même de l’épicéa. L’élagage des branches basses donne à l’arbre
naturellement empaqueté un port plus élégant pour les profanes;
cependant cet élagage ne se comprend pas, appliqué à des sujets
âgés, qui doivent surtout jouer, dans les dunes, un rôle de pro-
tection et d’abri. Il faut le limiter aux jeunes sujets d’avenir dont
on veut former le fût. Il peut aussi exceptionnellement se prati-
quer sur des genévriers élancés et un peu gros, qui se trouvent
massés en bouquets.
L’enlèvement de la broussaille a activé la végétation des ré-
serves, mais elle a bien certainement nui au réensemencement et à
la multiplication des essences les plus précieuses, des genévriers
en particulier.
Tout compte fait, il nous parait avantageux de continuer ces
exploitations qui rapportent quelques sous à la colonie, à condi-
tion cependant de ne revenir sur le même point que tous les qua-
rante ans au moins, de laisser en bordure de la mer un large rideau
UN COIN DE L'ORANIE 4927
d’abri, profond de 200 mètres, puis de couper et recouper les en-
ceintes par des cordons de 5 à 10 mètres d'épaisseur. Ces cordons
devront marquer les limites des coupes qui cesseront d’être
assises au petit bonheur et qui seront basées sur un solide règle-
ment d'exploitation accompagné d’un plan.
Les genévriers oxycèdre et de Phénicie des dunes de la Stidia
ont une croissance relativément rapide. Les plus gros mesurent
1m 80 de tour, 7 mètres de hauteur totale, 1 à 2 mêtres de fût et
couvrent 25 à 30 mètres carrés. [ls sont âgés de quatre-vingts à
cent dix ans.
Des plantations exécutées, il reste :
AGES CIRCONFÉRENCES HAUTEUR
Ans
21 eucalyptus. . : 6 Om 15 3m 50
25 acacias mélanoxylon. 5 0 20 3 00
565 acacias éburnéa et mé- L
ADO VION EE 00 ve 8 0 30 4 50
SJ CaSUaTinas D. LOI, M AU: 4 Om 06 à 004121 F0n40à 140
En outre, nous avons trouvé en plein massif un bouquet plus
âgé comprenant un bel Eucalyptus globulus, un casuarina de 1" 20
de tour et de 8 à 10 mètres de haut, enfin de nombreux plants
dépérissants d’ailante, déjà entourés par des semis naturels de
lentisque.
Ici encore on peut dire que la faillite des essences exotiques est
complète. |
Mentionnons enfin qu'un incendie survenu le 29 août 1893 a
détruit 24 hectares de pineraie. En cet endroit, le sol est envahi
par les lavandes et les thyms. Des semis assez nombreux de pin
d'Alep, hauts de 40 à 50 centimètres, se jettent au travers de
cette brousse, évidemment non défensable.
Franchissons maintenant les cent et quelques kilomètres de
côtes qui séparent la Stidia de Bou Rahma, et arrêtons-nous près
de la borne 18, sur le sommet d’une dune littorale de 20 à 25 mè-
tres de haut, qui est à la fois une protection et une menace pour
le vignoble d’Aïn Kerkatchone situé à 200 mètres en arrière. Des
travaux assez incohérents y ont été entrepris à grands frais et
428 . ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
sans l'ombre de résultats. Comme l’indiquent les croquis ci-des-
sous, le danger provient exclusivement d’un sifflet creusé dans la
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dune par les vents tournants du nord-est au nord-ouest, sifflet par
où s’engouffre une masse considérable de sables échoués sur le
rivage. M. Demoyen, alors chet de cantonnement à Mostaganem,
avait essayé de boucher lesifilet, au moyen de clayonnages étagés,
et de reformer ainsi l’arête de la dune. C'était le bon procédé.
Pour des motifs que nous ignorons, on a fait abandonner les ou-
vrages de la pente pour reporter la défense au sommet. Tous les
clayonnages ont été tournés et ensablés. Il ne reste rien des semis
effectués, si ce n’est cependant quelques roseaux. L
En vertu d’ailleurs de cette idée préconçue que les végétaux
spontanés sont d’un faible secours, on avait imaginé de fixer ces
sables mouvants avec du pin maritime et des acacias australiens.
On y avait joint quelques kilos de retams. Voici, au surplus, le
devis dressé en 1895 :
Sur le sommet de la dune, clayonnage solide et formé de piquets
de 2 mètres de hauteur avec entrelacements de branchages
flexibles. Derrière cet abri, semis de graines de pin maritime, de
genêts d’Espagne et d’acacias d'Australie.
Le tout recouvert de broussailles prises en forêt et maintenues
avec des pelletées de sable mises de 60 en 60 centimètres.
Devis de la dépense
CLAYONNAGES. — Coupe de piquets et de bottes de broussailles,
transport à pied d'œuvre :
200 mètres courants à 14 franc lun. . . . . 200€
UN COIN DE L'ORANIE 429
ACHAT DE GRAINES
Pin maritime, 60 kilos à 3 francs. . . . . . 180
AICaCIaS 0 OS MG ÉFARES VISUEL COM ET ET 36
GenétsntsikMlos a Mfiranemadtns pa ribe re 18
PRÉPARATION DU TERRAIN ET DES BANDES ; EXÉCUTION DU SEMIS ;
COUVERTURE
TOP IORERÉESAM ROUE TPS TRE ET 250€
INDEMNITÉ DE SURVEILLANCE
ÉDsrournées a Iran tes hate he Men 60
DÉPENSES SIMPRÉVUES M RE ES Er. 100
OCR LR ME EE Sat
De ces acacias et de ces pins, point n’est besoin de dire qu'il
n’en reste pas trace.
Ces travaux furent continués en 1896 sur les bases du nouveau
devis suivant :
PRÉPARATION DU TERRAIN, ETC.
1ADOMQUEnÉeS AN O CES à Asus. 0" 250
GRAINES
Genets40rkilos #1 francs None, 10
Acaciass 5 los à Asfranesss pi Joe 20
CLAYONNAGES. — Confection de bottes de broussailles et piquets,
Coupe et transport à pied d'œuvre
1000003: francsile;Cnbhmeriaarsedianes 300
PAU EE TIR SEMTLEE 580f
Ces travaux furent aussi inutiles que les précédents.
Ce furent M. Fauveau et le brigadier Nicolas qui eurent l’idée,
d’ailleurs heureuse, d’utiliser le roseau (Arundo donax L.),
spontané dans toute la région méditerranéenne et universelle-
ment employé par les colons en guise de clôture.
Les faibles crédits dont nous disposions en 1900 ne nous ont
point permis de faire grand’chose en 1901, et nous nous sommes
borné à prescrire l’exhaussement de deux clayonnages : l’un situé
“430 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
en B et abandonné depuis longtemps; l’autre situé en C, au som-
met de la dune, afin de sauver les retams et les roseaux survi-
vants. Peut-être aurait-il mieux valu abandonner tout à fait la
crête pour reporter l’effort en bas, en A. C’est à cela que l’on sera
conduit dans l’avenir. Il est à remarquer, d’ailleurs, que le gourbet
croît naturellement sur cette plage, et qu’il sera facile, une fois la
pente régularisée de C en C’, de l’introduire par voie de semis ou
mieux de plantations.
Quant au sommet même de la dune, on pourra le protéger par
des clayonnages en ailes, disposés face au nord-est et au nord-
ouest, sur les extrémités, et face à l’ouest, vis-à-vis du sillon creusé
par le sifflet. Des semis de ricin, ÆRicinus communis L., et des
plantations de rhizomes de roseaux, Arundo donax L., renfor-
ceront l’action de ces clayonnages.
A défaut de gourbet, on pourra semer Ononis variegata L.,
Plantago coronopus L., Filago spathulata Presl., Medicago ma-
rina L., Frankenia hirsuta L., toutes plantes excessivement
communes sur les sables mouvants. Enfin des galbules de gené-
vrier de Phénicie seront partout disséminés sous les touffes de
retams. [l est inutile de semer le retam, qui se répandra spon-
tanément et partout, aussitôt que le sable ne sera plus mobile.
La dune littorale de Bou Rahma et de Seddaoua, créée sous les
seules forces de la nature, devra être attentivement surveillée. Le
sifflet d’Ain Kerkatchone a déjà coûté près de 3.000 francs de
travaux; d’autres menacent également le long de la basse et déli-
cieuse plage de Brahim; il vaut mieux les boucher maintenant
avec quelques clayonnages, que d’attendre qu'ils aient causé des
dégâts.
UN COIN DE L'ORANIE 431
Presque partout, d’ailleurs, cette dune est boisée cn genévriers
oxycèdre et de Phénicie qui succèdent aux buissons arrondis et
bas des lentisques, de même que ceux-ci avaient succédé aux
retams et ces derniers aux plantes plus humbles et fixatrices des
sables.
Le cycle évolutif de la Stidia s’affirme 1c1 encore avec la même
netteté, faisant des genévriers oxycèdre et de Phénicie le terme le :
plus élevé de l'association forestière des dunes oranaises, d’où ils
sont partis pour conquérir les sables du tertiaire supérieur. Nous
aurons l’occasion d’en parler encore longuement, en traitant des
forêts de ce groupe.
Nous ne pouvons clore cette étude des forêts des dunes litto-
rales sans parler de « Petit-Port ». Il s’est trouvé une commission
des centres pour réclamer le défrichement de 500 hectares de Bou
Rahma et de Seddaoua, afin de créer un port de pêcheurs sur une
plage sablonneuse. Petit-Port a des maisons, de larges avenues,
mais 1l ne compte, pour tout habitant, qu’un seul colon, réduit
à la plus noire des misères. Une fois la forêt et la broussaille en-
levées, la valse effrénée des sables a commencé, noyant Petit-Port
sous ses essalms pressés.
C’est là un avertissement et une leçon.
2 — Forêts des grès calcareux du littoral oranais
Les grès calcareux du miocène oranais, qui semblent former
l’étage supérieur du pliocène, sont ordinairement masqués sur
tout le littoral par de puissants dépôts de sables provenant, soit
des actions éoliennes sur une roche très friable, soit d’apports ma-
ritimes et lointains. La plupart du temps même, on ne sait exac-
tement où finit la dune marine et où commence la menée conti-
nentale, tellement sont semblables les éléments arénacés dans leur
forme et dans leur volume.
De la pénétration de ces terrains l’un dans l’autre, il résulte
évidemment un mélange assez intime des deux flores. De fait,
nous nous trouvons bien toujours dans la forêt de genévriers,
432 ANNALES DE La SCIENCE AGRONOMIQUE
mais tandis que l’oxycèdre cède de plus en plus la place au thuya
sur les bancs de molasse, en revanche, le genévrier de Phénicie,
sous sa forme ordinaire et sous sa forme argentée, prend une
expansion magnifique sur les grès et fait, des massifs de Bou
Rahma (partie), de Seddaoua et de Zerrifa, un des coins forestiers
les plus curieux de l’Oranais certainement, de l’Algérie tout en-
tière peut-être. L’impression qu’on ressent, en débouchant par la
route de Cassaigne dans la forêt de Seddaoua, laisse d’ineffaçables
souvenirs, même chez les Algériens rompus, comme notre excel-
lent ami, M. de La Rocheterie, aux décors changeants de la nature
algérienne.
Mais ce qui contribue le plus à donner un cachet particulier et
nouveau aux forêts des grès calcareux, ce sont les associations si
tranchées du sous-bois. Pour la première fois, les cistes et les
halimies vont s'imposer au regard, dessinant dans ces sables et
ces molasses un cycle singulièrement intéressant et utile. A ces
cistes et à ces halimies vont s'ajouter dans une confusion appa-
rente : Lavandula dentata L., Lavandula stæchas L., Rosmarinus
officinalis L., Erica multiflora L. Enfin le chêne kermès, l’Ulex
africana, le Genista Duriæi Spach., l’Artemisia arborescens L.,
les surpassent, çà et là, en taille et parfois même en nombre, mé-
nageant les transitions et facilitant le passage de la brousse à la
forêt.
Comme ces différentes plantes vont nous suivre un peu partout
dans les basses forêts du Tell oranais, 1l est utile d’insister sur leur
rôle et de chercher à déméler le fil singulièrement embrouillé du
cycle évolutif.
La plus importante est certainement l’Halimium halimifolium
Wilk. Cette cistinte au terne feuillage, mais à l’éclatante fleur
jaune, est bien la plante caractéristique des sables continentaux de
l'Oranais. La première à les couvrir, elle est aussi la dernière à les
quitter. Plante de jachère, elle apparaît partout, avec la passe-
rine hérissée, dans les terrains indigènes abandonnés depuis deux
ou trois ans. Plante sociale, elle garnit de ses buissons épais les
vides anciennement cultivés de toutes nos forêts. Elle répare ainsi
tant bien que mal les plaies incessantes, les plaies profondes, que
UN COIN DE L'ORANIE 433
font au massif les pioches des délinquants. Dans ces immenses
espaces situés entre Aïn Tédelès et Oued el Kheir, sur des sables
que le vent emporte et sur des argiles rouges que ce même vent po-
lit, affouille et sculpte, on ne trouve plus guère que des buissons
d’halimies, seul végétal que respectent les bestiaux affamés.
L’invasion de l’halimie est si prompte que, dans les travaux,
elle surgit derrière la houe qui ameublit. Constamment, il faut
l’extraire dans les semis de chêne-liège de Seddaoua et de MSilah,
où elle se montre aussi tenace que le chiendent. On sait qu’en
Algérie les semis et les plantations demandent à être réussis du
premier coup, autrement la série des échecs s’allonge misérable-
ment. La cause en est dans la faible teneur du sol en humus.Une
fois celui-c1 brûlé, on st trouve en présence d’une terre inerte, et
ce n’est qu’à force de fumer que l’on parvient à lui rendre un peu
de fécondité. De cette terre inerte se contente l’halimie, témoin
vivant de l’appauvrissement du sol qu’il 1écouvre imparfaite-
ment.
= Arbuste à feuilles persistantes et disposé dès le jeune Âge en un
buisson ovoide, l’halimie est de croissance lente. Il peut cepen-
dant atteindre, vers trente ou quarante ans — forêt des Figuiers —
25 à 30 centimètres de tour à la base et 2 mètres à 2° 20 d’éléva-
tion totale. À
Très souvent, les fourrés d’halimies demeurent purs pendant
longtemps et occupent le sol sans mélange avec d’autres essences.
C’est ordmairement ce qui se produit dans les parties incendiées
et dans les vides épuisés par des cultures répétées, se succédant
sans apport de matières fertilisantes.
On s’est souvent efforcé d'indiquer la durée des différentes asso-
cations végétales. Les chiffres fournis ne peuvent être que très
approximatifs, attendu qu’un rien dans la structure moléculaire
du sol, que le voisinage plus ou moins proche des forêts et la com-
position de ces dernières st:ffisent pour précipiter ou pour retarder
le cycle évolutif. En général, cependant, on doit admettre que la
durée d’une association végétale est marquée par la longévité
naturelle de la plante qui la caractérise. Cette durée, courte pour
les herbes annuelles, plus longue déjà pour les herbes vivaces,
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÈRIE — 1909 — 1 ETS
434 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
prend une importance d'autant plus grande que s’élève davantage
la taille des végétaux ligneux. >
Ce n’est guère avant trente ou quarante ans, peut-être même
davantage encore, que la touffe d’halimie s’écrase de vétusté. A
ce moment, elle a suffisamment amendé le sol pour que, sans le
concours d’autres intermédiaires, elle donne naissance à un nou-
veau cycle de végétaux plus longévifs. En réalité, la nature ne
laisse pas toujours à la seule halimie le soin de couvrir et d’en-
graisser le sol. Le plus souvent, d’autres végétaux, qui sont des
végétaux de remplissage, la suivent dans son évolution et:se parta-
gent l’espace à ses côtés. À Seddaoua, l’association marche pres-
que toujours dans cet ordre: Falimium—Halimium et lavande —
Halimium, lavande et romarin — Halimium, lavande, romarin et
bruyère. A partir de ce niveau, le sol est mûr pour le ciste à feuilles
de sauge, qui se multiplie partout et très vite, suivi lui-même par
le ciste de Montpellier, l’ajonce, le genêt et le chêne kermès. Cette
préparation de la forêt demande à peu près cinquante ans. L’ins-
tallation des essences constitutives du boisement, lentisque,
genévrier et thuya, s'opère ensuite facilement, en moins de dix
ans.
La forêt de Seddaoua, ayant été incendié en 1844 par le maré-
chal Pélissier, offre un bon point de repère pour l’évolution.
Ce n’est encore le plus souvent qu’une lande d’halimies, de
romarins et de bruyères, où la lavande, plus rare, est remplacée
sur de larges étendues par l’Artemisia arborescens. Mais, déjà, la
phase néo-forestière des genêts, des lentisques et des kermès est
entamée, parfois même consommée, et l’on peut voir surgir du
dôme surbaissé, formé par ces arbustes, des genévriers qui poin-
tent très droit et très vite, puis des thuyas qui moutonnent et se
roulent en boule. Pour arriver à ce résultat, il a fallu un laps de
cnquante-sept ans. À vrai dire, les chèvres et les moutons, qui ont
longtemps battu ces plages, ont contribué un peu à allonger le
cycle, mais moins cependant qu’on serait tenté de le croire, leur
nombre n’ayant jamais été très considérable, au moins dans les
parties voisines de la mer. Il n’en a pas été de même sur le pour-
tour du massif, où il ne reste plus trace de végétation ligneuse et
UN COIN DE L’ORANIE 439
où les sables sont partout en marche. Un douar, celui des Oulad
si Larbi, est entièrement perdu, entièrement ensablé. Ceux qui
auront encore quelques doutes sur l’action nocive de ces animaux
n’ont qu’à faire une courte promenade dans ce douar, ils en re-
viendront édifiés pour la vie.
En résumé, le reboisement naturel des sables helvétiens du
littoral oranais est caractérisé :
19 Par une longue préparation du sol, sous l’influence d’un
nombre assez considérable d’arbustes de petite taille, où l’halimie
joue toujours un rôle prépondérant et que, pour ce motif, on peut
désigner sous le nom de Phase arbustive de l'halimie. — Durée :
cinquante ans environ;
29 Par une dissémination rapide d’arbustes de grande taille,
voire même d’essences primordiales, constituant ce qu’on peut
appeler la phase néo-forestière du lentisque et du kermès. Durée :
dix à vingt ans;
32 Par la réapparition, à travers ces végétaux, des essences
constitutives de la forêt. Cette phase de retour se continue jusqu’à
la constitution définitive du massif, soit encore pendant vingt à
vingt-cinq ans.
(A suivre.) MATHEY.
BIBLIOGRAPHIE
Le rôle de la chaux dans les plantes (1), par le Dr Viktor
Grare ei Léopold R. V. PORTHEIM
On sait que le rôle physiologique des éléments minéraux est encore
loin d’être éclairci et l’on doit signaler et encourager les recherches qui
ont pour but d’élargir le cercle si restreint de nos connaissances en
cette matière.
C’est à ce titre que nous allons donner l’analyse du travail entrepris
récemment par les docteurs Viktor GRAFE et Léopold R. vox Porr-
HE1M sur le rôle de la chaux dans les plantes. Ces auteurs, continuant
les recherches de Bœhm, von Raumer, Kellermann, von Liebenberg,
O. Lœw, F.-G. Kohl, se sont proposé de déterminer si et dans quelle
mesure la chaux intervient dans la formation et la transsubstantiation
des hydrates de carbone. Bœhm montra le premier le rôle de la chaux
dans la transformation de l’amidon en sucre, dans les migrations de
celui-ci et dans son utilisation par la plante.
Comme il a été démontré que la lévulose est un bon aliment pour les
racines, les savants viennois ont expérimenté d’abord ce sucre, mais
aussi d’autres mono- ou disaccharides.
Ils se sont servis de plantules de haricot (Phaseolus vulgaris) élevées
dans des solutions nutritives sans chaux avec 1% de dextrose ou de
lévulose ou de saccharose, ou encore sans sucre et, comme terme de
comparaison, dans la solution normale de Knop. Les vases étaient
placés dans une serre à la température de 209 et maintenus les uns à
la lumière, les autres à l’obscurité.
Nous allons donner intégralement les conclusions, peu décisives du
reste, de ce travail.
1° Si les graines du Phaseolus vulgaris sont cultivées dans la solution
nutritive de Knop ou dans une autre qui ne contient pas de chaux, et
si l’on ajoute du sucre à la solution, leur développement s’en trouve
(1) Untersuchungen über die Rolle des Kalles in der Pflanze (Comptes rendus de
l’Académie des scrences de Vienne, séance du 5 juillet 1906).
BIBLIOGRAPHIE 437
influencé et d’une manière différente selon l'espèce de sucre qui leur
est offerte et selon que les cultures sont soumises à la lumière ou à
l'obscurité;
20 Si les haricots sont cultivés à la lumière en solution nutritive
normale et. qu’on y ajoute de la lévulose, de la saccharose ou de la
dextrose, on observe en général une augmentation d’accroissement
en longueur des axes hypocotyles. C’est la lévulose qui a donné les
meilleurs résultats, tandis que la dextrose et la saccharose paraissent
agir presque de la même facon. |
Pour les racines, 1l n’a pas été possible d’obtenir une idée juste.
Cependant, à l'obscurité, c’étaient les haricots cultivés sans sucre
qui montraient la plus belle croissance. C’étaient les cultures auxquelles
de la lévulose avait été ajoutée qui étaient les moins bonnes;
39 Les plantules des cultures sans chaux ont accusé des résultats
beaucoup plus clairs et plus réguliers.
En pleine lumière, on a toujours pu observer une augmentation du
développement des racines et des organes aériens dans les cultures de
lévulose, en comparaison aux autres cultures, surtout à celles sans
chaux et sans sucre. Le début de la maladie était toujours considéra-
blement retardé pour les plantes cultivées avec la lévulose;
30 Les cultures dans les solutions, soit de dextrose, soit de saccha-
rose, ont donné en général de meilleurs résultats que dans les solutions
sans chaux et sans sucre; cependant elles restaient quelquefois en
retard sur les cultures de ces dernières solutions.
C'était dans les cultures en pleine lumière qu’on remarquait une
augmentation d’accroissement des plantules avec lévulose, tandis qu’au
contraire, l'effet le plus favorable se produisait à l'obscurité pour les
cultures avec dextrose et saccharose;
40 On a fait un essai préliminaire pour savoir si l’absorption des
différentes sortes de sucre dans ces diverses conditions de croissance
concorde avec les faits observés, concernant les quantités absorbées.
On a constaté que c'était le cas en général, quoique ici les différences
n’apparaissaient pas si distinctement.
30 On a vérifié l'affirmation de plusieurs expérimentateurs que, dans
les parties assimilantes vertes des plantes, on trouvait du formaldéhyde
et on en a reconnu la justesse pour les plantes normales et pour celles
cultivées sans chaux.
Nos recherches actuelles n’ont pas pu nous renseigner exactement
sur ce fait si, chez les plantules de Phaseolus vulgaris cultivées en pleine
lumière, sans chaux, il y avait plus de formaldéhyde que dans celles
cultivées en solutions nutritives normales.
Des essais ultérieurs devront renseigner sur ce fait et sur la question,
438 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
si la chaux ne joue pas de rôle dans la formation du sucre dans la plante
assimilante et dans la suppression de l’effet pernicieux du formal-
déhyde.
EXPERIMENT STATION RECORD
JANVIER 1908 (sure)
Production animale (suite)
L'emploi du sucre des betteraves à sucre et leurs produits
secondaires comme aliments en 1906, par A. Scmirr ( Wrener
Landiw. Ztg, 57 [1907], n° 30, p. 289-290).
L'influence des enzymes protéolytiques dans les aliments,
par W. Grimuer (Biochem. Zettschr., h [1907], n° 1, p. 80-89).
Expériences d'alimentation faites au laboratoire zootech-
nique, par L. Prcocco (Bol. Agr. Säo Paulo, 8 str. [1907], n° 2,
p. 64-71).
La production du bœuf, par H.-W. Mumrorb (Urbana, Ilin.
[1907]|, 209 pages, avec 1 planche et 24 fiqures).
Rations économiques dans la production du bœuf, par H.-R.
Smiru (/Vebraska Sta. Bul., 100, 4o pages, avec 14 figures).
La pulpe séchée des betteraves pour engraisser les tau-
reaux, par R.-S. Suaw et H.-W. Norrox (Michigan Sta. Bul., 247,
p- 197-165).
L'alimentation des veaux avec de l’amidon et du lait écrémé,
par A. Gouin et P. AxpouarD (Bull. Sta. Agron. Loire-lnf. [1905-
1906 |, p. 48-51).
Émulsion de lait pour l'alimentation des veaux, par G. Hax-
GEL (Wiener Landiw. Ztq, 57 [1907], n° 36, p. 347).
Expériences sur l'alimentation des veaux, par A. Gouin et
P. Axpouarp (Bull. Sta. Agron. Loire-lnf. [1905-1906], p. 52-82).
BIBLIOGRAPHIE 439
La pâtée pour les porcs dans les aliments du bétail, par
B.-E. Carmicuaez (Ohio Sta. Circ., 73, 4 pages). |
Élevage des animaux au Danemark, 1906, par A. APPEL
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L'élevage du bétail, par le Vicomte pe VicceBresme (Bull. Soc.
Agr., France; n. sér., 39 [1907], 1°* mai, Suppl., p. 377-388).
Les moutons sur les fermes arables, par J. Wyrue (7rans.
Highland and Agr. Soc. Scot., sér., 19 [1907], p. 147-161).
Élevage des autruches en Afrique, par D. Kurcnorr (7ropen-
pflanser, A [1907], n° 5, p. 302-314). ,
Laiterie — Agrotechnique
Recherches sur les besoins en protéide des vaches laitières,
par O. Kezzxer (FuxunG’s Landw. Ztg, 56 [1907], n° 17, p. 589-
993; Milch Ztq, 36 [1907], n° Lo, p. 469, 470).
L'effet des rations riches et pauvres en graisse sur les
vaches laitières (Landio. Jahrb., 36 [1907], n° 4, p. 724-738).
L'effet de la graisse émuisionnée et non émulsionnée des
aliments sur la production du lait, par C. Becer (Land.
Vers. Stat., 67 [1907], n° 1-2, p. 1-25).
Faut-il donner les aliments concentrés humides ou secs ?
par LerrmGer (Sächs. Landio. Zeitschr. 55 [1907], n° 25, p. 693-
695).
Sur l’histologie des glandes à lait de la vache, par P. LenrERs
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Contribution à la connaissance de la composition de la ma-
tière grasse du lait chez la vache, par W. Freiscamanx et
H. Warwsozp (Zeitschr. Biol., 50 [1907], n° 3, p. 375-392).
Sur la séparation spontanée d’un composé de caséine du
lait, par L. Pren (Zeitschr. Physiol. Chem. 53 [1907], n°5 3-5, p. 419-
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42
440 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
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van SLYKE (Amner. Chem. Journ., 38 [1907], n° 4, 383-456, avec
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L'hydrolyse des sels de sodium de la caséine, par L.-L. et
D.-D. van Sivke (Amer. Chem. Journ., 38 [1907], n° 5, p. 619-626,
avec 2 figures).
Une contribution à la connaissance du lait et du beurre des
chèvres, par H. SPRINKMEYER et A. FürSrENBERG (Zeitschr. Unter-
such. Nahr-u. Genussmtl., 14 [1907], n° 6, p. 388-397).
Dictionnaire de la laiterie de tous les pays, par B. Marnny
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L'inspection du lait dans les villes, par J.-Q. Euery (Proc. Conv.
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La distr.bution de la bactérie de l'acide lactique dans le
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Sur le fromage maigre, par F.-W.-J. Borkuour et J.-J.-0. ne Vries
(Rev. Gén. Lait, 6 [r907], n° 14, p. 313-323 ; n° 15, p. 345-351, avec
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442 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
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Paris, 62 [1907], n° 23, p..1193-1195).
Accidents consécutifs à la vaccination contre l'anthrax, par
A. Ascoz1 (Rev. Gen. Méd. Vét., 10 [1907], n° 110, p. 49-58).
Une recherche expérimentale sur la nature de la substance
qui, dans le sérum, influence la phagocytose, par G. Dean
(Proc. Roy. Soc., Londres, sér. B, 79 [1907], n° B, 533, p. 399-
h12).
Mammite produite par des bactéries résistant aux acides,
par L. Narran-Larrier et P. Bovérr (Compt. Rend. Soc. Biol.,
Paris, 63 [1907], n° 24, p. 15, 16).
Travaux récents sur la tuberculose, par T. Kirr (Monatsh. Prakt.
Tierhetlk., 18 [1907], n°5 8-9, p. 385-411; n° 10, p. 445-454).
Tuberculose expérimentale chez le porc de Guinée, par A.
CazmertTE, C. Guérin et M. Bréron (Ann. Inst. Pasteur, 21 [1907],
n° 6, p. 4o1-416).
Transmission de la tuberculose dans les cas où la mam-
melle est affectée, par Wirr (Berlin, Zterärztl. Wochenschr.,
[rgo7], n° 25, p. 4gr).
Une nouvelle méthode de diagnose expérimentale de la
tuberculose, par H. Vazcée (Compt. Rend. Acad. Sci., Paris, 144
[1907], n° 24, p. 1383-1385).
La pénétration du bacille de la tuberculose à travers la peau,
par J. Courmonr et Lesieur (Compt. Rend. Soc. Biol., Paris, 62
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Réaction cutanée de la tuberculcse, par F. ArLonG (Compt. Rend.
Soc. Biol., Paris, 62 [1907], n° 22, p. 1171-1173).
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Réaction cutanée causée par différentes tuberculines et par
le sérum tuberculeux humain, par F. ArLoING (Compt. Rend.
Soc. Biol., Paris, 62 [1907], n° 23, p. 1215-1217).
Réaction cutanée de la tuberculine, par H. Varcée (Compt. Rend.
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Destruction des bacilles de la tuberculose dans le lait et
vaccination contre la tuberculose, par E. vox BEexrinG (Behring-
werk Mitt. [1907], n° 2, 100 pages, avec 5 cartes).
Que faire de la viande montrant une infection tuberculeuse
dans les glandes lymphatiques des muscles ou dans les
os ? par L. Marscaner (Zettschr. Fleisch- u. Milchhyg., 17 [1907|,
n° 10, p. 336-338). _
Trypanosomiase du bétail dans l’État libre du Congo, par
J.-E. Durrox, J.-L. Top et A. KinGnorn (Ann. Trop. Med, and
Par., 1{[1907|, n° 2, p. 233-271, avec 4 figures).
Sur le traitement de la Trypanosomiase expérimentale, par
B. Moore, M. Nierexsreix et J.-L. Ton (Ann. Trop. Med. and Par.,
I [1907], n° 2, p. 275-284).
Expériences sur la transmission des Trypanosomes, par J.-E.
Durrox, J.-L. Topp et J.-W.-B. HanninGron (Ann. Trop. Med. and
Par, Dirdoyln%2.1p- 207-229)
La transmission du Trypanosoma dimorphon par le diptère
Glossina palpalis, par E. RousauD (Ann. Inst. Pasteur, 21 [1907],
n° 6, p. 466, 467).
La fonction de la rate dans la trypanosomiase, par A. Lave-
RAN et Trisoux (Compt. Rend. Acad. Sci, Paris, 145 [1907], n° 1,
p- 14-17).
La température normale du bétail, par Kerrner (Zertschr. Vete-
rinärk., 19 [1907], n° 7, p. 328-331).
Une méthode prophylactique de vaccination contre la fièvre
aphteuse, par J. Oryx (Bal. Soc. Cent. Méd. Vét., 8h [1907|, n° 1°,
p- 302-308).
Règlements pour les vétérinaires du gouvernement dans la
Basse-Autriche (Zierürztl. Zentrabl., 30 [1907], n° 18, p. 293-298).
444 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Le tic du léchage chez le bétail, par R. OsrerraG et N. Zunrz
(Zeilschr. Infektionskrankh. u. Hyg. Haustiere, 2 [1907], n° 6,
p. 409-424).
Le développement du Piroplasma bigeminum, par D. Korsax
(Arch. Vet. Nauk., Saint-Pétersbourg, 37 [1907], n° 4, p. 315-320,
avec 62 figures).
Notes provenant de la pratique, par Kircner (Wochenschr. Tier-
keilk. u. Viehzucht, 51 [1907], n° 26, p. 501-504).
Terrain nu contre terrain couvert d'herbe en relation avec
le parasitisme stomacal et intestinal des agneaux, par
W.-H. DarrymBze (Loutisiana Stas. Bul., 95, 23 pages, avec 5 plan-
che et 2 figures).
L’étiologie du choléra des porcs et de la peste des porcs, par
F. Huryra (Zeitschr. Infektionskrankh. u. Hyq. Haustiere, 2 [1907],
n°5 4-5, p. 281-309).
Le cheval, son traitement en santé et en maladie, par J.-W.
Axe (Londres | 1907], vol. VIT, p.x-188, avec 14 planches et 92 fiqures).
Effets funestes produits chez les chevaux par des aliments
corrompus, par W. Zwicx (Zeitschr. Infektionskrankh. u. Hyg.
Haustiere, > [1907], n°5 4-5, p. 310-340, avec 2 planches).
Rapport de la commission pour l'étude de la quantité d’ergot
permise dans l’avoine, par Basrine et autres (Ball. Of. Gouv.
Gén. Algérie [1907], n° 13, Suppl., p. 176-258, avec 19 cartes).
Moyens de protéger les vétérinaires pendant l'examen des
chevaux morveux, par A.-l. Spasski (Arch. Vet. Nauk, Saint-
Pétersbourg, 37 [1907], n° 4, p. 324-325).
Septicémie hémorragique chez les mulets, par E.-C. Wese
(Journ. Comp. Path. and Ther., 20 [1907], n° 2, p. 97-100).
Fièvre biliaire chez les chiens, par D. Hurcueon (Agr. Journ.
Cape Good Hope, 30 [1907], n° 6, p. 764-774).
Leucocytozon canis, par S.-R. Cuarisropners (Sci. Mem. Med.
and San. Depts. India, n. sér. [1906], n° 26, 16 pages, avec 1 plan-
che ; [1907|, n° 28, 12 pages, avec 1 planche).
BIBLIOGRAPHIE 445
Un parasite trouvé dans les corpuscules blancs du sang
chez l’écureuil du palmier, par W.-S. Parrox (Sci. Mem. Med.
and. Sanit. Depts India, n. sér. [1906], n° 24, 13 pages, avec
1 planche).
Note sur la présence d'organismes flagellés dans le foie du
pigeon, par W. Jowerr (Journ. Comp. Path. and Ther., 20
[1907], n° 2, p. 122-125, avec 2 figures).
Le médecin des animaux de la ferme et de tout ce qui y vit.
Une encyclopédie, par J. Periam et A.-H. Baker (Saint-Louis
[1907], 1.298 pages, avec 946 figures et 2 cartes).
L'abattoir moderne : construction, installation, administra-
tion, par A. Moreau (Paris [1906], p. xvi-477, avec 90 fiqures).
Hygiène de la ferme, par P. ReGnarp et P. Potier (Paris [1906 |,
p. xu-477, avec 171 figures).
Machines rurales
Irrigation dans le nord de l'Italie, II, par E. Mean (U. S.
Dept. Agr., Office Expt. Stas, Bul. 190, 86 pages, avec 4 planches
et 2 figures).
Loi d'irrigation et de drainage en Italie, par R.-P. Terré
(U. S. Dept. Aqr., Office Expt. Stas, Bul. 192, 100 pages).
Machines d’excavation employées pour creuser des fossés et
construire des digues, par J.-0. Wricur (U. S. Dept. Agr.,
Office Expt. Stas, Bul. 191, 89 pages, avec 20 planches et 13
figures).
Essais avec des machines à combustion intérieure, chaufîffées
à l'alcool, par C.-E. Lure et S.-M. Woopwarp (U. S. Dept. Agr.,
Office Expt. Stas, Bul. 191, 89 pages avec 20 planches et 13
fiqures).
Valeurs comparatives de l'alcool et de la gazoline pour la
lumière et la force, par J.-B. Davison et M.-L. KixG (/owa
Sta. Bul., 93, 24 pages, avec 12 figures).
446 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Frais des routes publiques par mille, revenus et dépenses
aux États-Unis, 1904, par M.-0. EcprenGe (U. S. Dept. Agr.,
Office Pub. Roads, Bul. 32, 100 pages, avec 2 figures).
Économie rurale
L'état actuel du mouvement coopératif international dans
l’agriculture, par Paisanr (Rev. Gén. Agr., n. sér., 2 [1907], n° 4,
p- 183, 184 ; n° 5, p. 235-237).
Rapport sur les sociétés d'assurance agricole mutuelle en
France (Bull. mens. Off. Renseign. Agr., Paris, 6 [1907], n° 6,
p. 676-689 ; n° 7, p. 787-794).
Warrants agricoles, par R. Worms (Bull. Soc. Nat. Agr., France,
67 [1907], n° 5, p. 438-449).
Le warrant agricole d’après la loi française du 30 avril
1906, par H.-L. Rupcorr (Fununés Landiw. Ztq, 56 [1907], n° 15,
p- 219-528).
Sur le crédit pour des améliorations agricoles, par E. Cix-
quini (Bol. Quind. Soc. Agr. Ital., 12 [1907], n° 16, p. 743-747).
La condition réelle de coopération en Allemagne, par H. CruE-
GER (fev. Econ. Internat., 3 [1907], n° 2, p. 272-303).
La signification des sociétés coopératives agricoles en Alle-
magne, par GRABEIN (Zettschr. Agrarpolitik, 5 [1907], n° 6, p. 234-
246).
Le progrès de la coopération agricole en Tunisie (Quins.
Colon., Il [1907], n° 14, p. 585-587).
L'année économique 1905-1906, par R. Cazwer (Das Wärt-
schaftsjahr, Jena, 1906, p. xxvI-347 ; 1907, p. vur-341).
Rapporteur des récoltes (U. S. Dept. Agr. Bur. Statis. Crop Re-
porter, [1907], n° 11, p. 81-88).
Recensement des manufactures, 1905 : Ustensiles agricoles
(Bur. of the Census, U. S., Bul. 75, 31 pages, avec 2 diagrammes
et 2 cartes).
BIBLIOGRAPHIE 447
Statistique agricole du Nehraska, par J.-J. Ryner (Vebr. Bur. La-
bor and Indus. Statis., Bul. 11, 26 pages).
Statistiques agricoles, 1906, par R.-H. Rew (Bd. Agr. and Fishe-
ries, Londres, Agr. Statis., 41 [1906], n° 3, p. 167-333, avec 9 dia-
grammes /4, p. 330-/43).
Rapport sur l'agriculture pour la province de Nouveau-
Brunswick pour 1906, par L.-P. Farris (Rpé. Agr. New. Bruns-
wick, 1906, p. 312-1V).
Les relations économiques de l’agriculture dans le Schleswig
septentrional, par H. Bacawanx (Landiw. Jahrb., 36 [1907], n° 3,
p- 425-471).
Statistiques agricoles du Natal, 1906 ( Vatal Agr. Journ. and
Min. Rev., 10 [1907], n° 7, p. 772-777).
Éducation agricole
Rapport du comité sur le travail d'extension 1906-1907,
(U. S. Dept. Agr., Office. Expt. Stas, Cire. 75, 16 pages).
C’est le second rapport de la commission sur l'extension de l’Association
des collèges agricoles américains et des stations d’expériences.
La dette du fermier à la science, par F.-W. Bicknezz (Amer.
Mo. Rev. of Reviews, 36 [1907], n° 2, p. 186-194, avec 10 figures).
Écoles agricoles et industrielles en Iowa, par W. Loupe
(1907, 23 pages).
Éducation des garçons par les fermiers, par W.-J. SPiLLman
(Farm and Ranch, 26 [1907], n° 37, p. 4, 5).
Le mouvement Macdonald en faveur de l'éducation rurale.
Témoignage de J.W-. Robertson devant le comité sur
l’agriculture et la colonisation, 1906-1907 (Ottawa, 1907,
p. 183-206, avec 4 planches et 2 cartes).
Éducation agricole, par W.-C. Parmer (/nd. Farmer, 62 [1907],
n° 32, avec 1 planche et 1 figure).
448 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Agriculture dans les écoles communales, par J.-C. Herrox
(Ann. Rpt Ohio Bd. Agr., 61 [1907], p. 180-184).
Agriculture dans les écoles rurales, par W.-G. Muirer (Ann.
Rept Ohio Bd. Agr., 61 [1907], p. 177-180).
L'école horticole suisse pour femmes, par L. Hexry (Rev.
Hort., Paris, 79 [1907], n° 13; p. 305-308, avec 2 figures).
L'enseignement de la cuisine aux enfants des écoles élé-
mentaires publiques en Angleterre et Galles. Rapport
spécial par l'inspectrice en chef du Conseil d'éducation,
par M.-A. Lawrence (London, Bd. Ed., 1907, 36 pages).
Enseignement des sciences naturelles, par P.-H. Arcx (Agr.
Econ., ho [1907], n° 453, p. 260, 261, avec 2 figures).
Conseils pour les contestations en fait de culture des grains,
et règles pour juger le froment, l’avoine et le blé, par
C.-P. Buzz (Univ. Minn., Dept. Agr., Rural School Agr., Bul. »,
Rev. p. 116, avec 38 fiqures).
Rapport du curateur des jardins scolaires, par Louise-K. Mir-
LER (Ann. Rpt Bd. Ed. Cleveland Pub. Schools, 70 [1906], p. 65-69,
avec 3 planches).
Syllabus de lecture illustrée sur les routes et les bâtiments
des routes (U. S. Dept. Agr., Office Expt. Stas. Farmers’ Inst.,
Lecture 7, 16 pages).
Miscellanées
146,° 17° et 18° rapports annuels de la station de Delaware,
1904-1906 (Delaware Sta. Rpts, 1904-1906, 115 pages).
Rapport annuel de la station d'Hawaï, 1906 (/awar Sta. Rpt,
19006, 83 pages).
Rapport annuel de la station de Nevada, 1906 (Vevada Sta.
Rpt., 1906, 31 pages).
Contenu et table des matières des Bulletins du Bureau de
l’industrie des plantes, n° 1-100, par J.-E. Rocxkwezz (U. S.
Dept. Agr., Bur. Plant. Indus., Bul. 101, p. 102).
BIBLIOGRAPHIE 449
Table des matières des Bulletins du fermier n° 41-250, par
C.-H. Grearnouse (U. S. Dept. Agr., Div. Pubs., Bul. 8, 148 pages).
Rapport sur l'agriculture aux îles Fidji, 14906 (Leg. Council
Fijt Paper, n° 13, 16 pages).
‘FEVRIER 1908
Chimie agricole
Chimie pratique agricole, par F.-D.-S. Roserrsox (London, 1907,
p. x-210; résumé dans Chem. News, 95 [1907], p. 237 ; Nature,
Londres, 76 [1907], n° 1967, p. 246).
C’est un livre pour les étudiants agricoles, leur enseignant principalement
les analyses les plus nécessaires pour eux.
Chimie agricole, I. Nutrition des plantes, par K. GRAUER (Agri-
lulturchemie, I. Pflansenernährung, Leipzig, 1907, 106 pages;
résumé dans Oesterr. Chem. Ztq, 10 [1907], n° 18, p. 258).
Méthodes officielles et provisoires d'analyse, par H.-W. Wirey
et autres (U. S. Dept. Agr., Bur. Chem., Bul. 107, p. xxi1-230,
avec 11 figures).
Détermination volumétrique de l’azote dans les nitrates, par
J.-G.-C. Vriems (Zeitschr. Analyt. Chem., 46 [1907], n° 6-7, p. 414-
420 ; résumé dans Journ. Chem. Soc., Londres, 92 [1907], n° 538.
II, p. 651).
La méthode se base sur l’oxydation du sulfate ferreux d’ammonium, quand
il est bouilli avec l'acide sulfurique et les nitrates.
La coloration des organismes nitrifiants, par W. Omerransxi
(Centralbl. Bakt., etc., 2 Abts., 19 [1907], n° 7-9, p. 263-264).
Détermination de l'acide phosphorique à l’état d'acide phos-
pho-molybdique, par G. JürGENsEN (Zettschr. Analyt. Chem., 46
[1907], n° 6-7, p. 370-392, avec 1 planche ; résuiné dans Journ.
Chem. Soc., Londres, 92 [1907], n° 538, IT, p. 652).
Une question importante dans l’industrie des engrais, par
E.-H. Scauzrze (Chem. Ztq, 31 [1907], n° 65, p. 801).
On appelle l'attention sur l'importance de la détermination exacte de l’acide
phosphorique soluble dans l’eau pour les superphosphates.
AN, SCIENCE AGRON. — 5% SÉRIE == 1909 — 1 29
450 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Détermination de l’oxyde de calcium, l’oxyde de magné-
sium et l'acide phosphorique par le réfractomètre Zeiss,
par B. WaGxer et F. Souurrze (Zeitschr. Analyt. Chem., 46 [1907],
n° 8, p. 901-508, avec 3 fiqures ; résumé dans Chem. Zentralbl.
[1907], IT, n° 10, p. 844, 845).
Dolomite et magnésite ; séparation du calcium et du ma-
gnésium, par N. Knicur et W.-H. WueeLer (Proc. lowa Acad.
Sci, 13 [1907], p. 167-171).
Détermination de la chaux et de la magnésie dans l’eau par
les méthodes volumétriques, par W.-T. BurGess (Analyst, 32
[1907], n° 375, p. 208-214, avec 1 figure ; résumé dans Journ.
Chem. Soc., Londres, 92 [1907], n° 537, IL, p. 578, 579).
Types chimiques et bactériologiques employés à présent
dans les analyses d’eau, par J.-H. Kasrce (Journ. Biol. Chem.,
3 [1907], n° 3, p. xxxv, xxxvi).
Facteurs logarithmiques pour servir dans l’analyse de l’eau,
par W.-S. Hexprixson (Proc. lowa Acad. Sci, 13 [1906], p. 173,
174).
Recherches sur la solubilité de l'acide phosphorique et l'hy-
groscopicité de certains sols typiques du comté de Skara-
borg, par G. Nanxes (/naug. Diss. Univ. Künigsberg [1906],
98 pages).
Aliments assimilables pour les végétaux dans le sol, par
W.-A. HarGrAEvES (Journ. Dept. Agr. Soc. Aust., 10 [1907], n° 7,
p. 420-425 ; Dept. Aqgr. and Intel. Soc. Aust., Bul. 20, 7 pages).
Analyse des jaunes d'œufs, par N.-A. BarBierr (Compt. Rend.
Acad. Sci, Paris, 145 [1907], n° 2, p. 133-135).
Agents coagulants du lait dans la sève du mürier à papier
(Broussonetia papyrifera), par C. Ger8er (Compt.Rend. Acad.
Sei., Paris, 145 [1907|, n° 12, p. 530-532).
La structure du grain d’amidon, II, par H. KraeMErR (Amner.
Journ. Pharm., 79 [1907], n° 9, p. 412-418).
BIBLIOGRAPHIE 451
Sir quelques applications de la safranine comme essai des
hydrates de carbone, par H. Mc. Lean (Biochem. Journ., »,
[1907], n° 9, p. 431-442).
On donne les principales propriétés de la safranine.
Détermination colorimétrique de l’albumine contenue dans
l'orge par le réactif de Millon, et de l’amidon par la po-
larisation, par C.-J. Linrxer (Brewers’ Journ., 31 [1907], n° 12,
p- 293-596).
Éléments saccharins et non saccharins des betteraves à
sucre, leurs propriétés, leurs principales compositions et
leurs produits les plus importants de transformation et
de décomposition, par G.-S. Liknovirzer (Sépar. de Vyestnik
Sakh. Promuish, 1904-1905, 246 pages; résumé dans Zhur. Opuitn.
Agron. [Russ: Journ. Expt. Landiw.], 8 [1907], n° 1, p. 88, 89).
L'analyse chimique en sucrerie et raffinerie de cannes et
betteraves, par C. FrisourG (Paris [1907], p. xu-390, avec
51 figures).
Dosage polarimétrique des sucres dans le miel, par J. Fine
(Zertschr. Untersuch. Nahr.- u. Genussmtl., 14 [1907], n° 4, p. 296-
30/4).
La recherche des farines blanchies, par F.-J. Arway et R.-A. GorT-
NER (Journ. Amer Chem. Soc., 29 [1907], n° 10, p. 1503-1513).
On donne plusieurs méthodes pour reconnaître si la farine est blanchie ou
non.
L'analyse de la crème à la glace, par C.-D. HowarD (Journ,
Amer. Chem. Soc., 29 [1907], n° 11, p. 1622-1626).
Dosage de l’acide borique et des borates dans les aliments
et les produits commerciaux, par R.-J. ManninG et W.-R. Lan
(Journ. Soc. Chem. ladus., 26 [1907], n° 14, p: 803, 804).
Le dessalement des savons de graisse de cacao comme
moyen d'identifier la graisse de cacao, par R. Cou (Chem.
Ztq, 31 [1907], n° go, p. 855-857).
452 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
L'influence de l’oxygène et de l'azote, de la lumière solaire
et de l'obscurité sur l'huile d'olive comme agissant sur les
nombres iodins et de saponification et la production de la
rancidité, par L.-A. Ryan et J. MARSHALL (Amer. Journ. Pharm., 79
[1907], n° 7, p. 308-315).
La détermination de l’arsenic et d’autres éléments solides
de la fumée des usines, avec une étude des effets des
hautes cheminées et des grands tuyaux de condensation,
par W.-D. Harkins et R.-E. Swaix (Journ. Amer. Chem. Soc., 29
[1907], n° 7, p. 970-998, avec 7 figures; résumé dans Chem.
Zentralbl., [1907], Il, n° 11, p. 936, 937).
Nouveautés chimiques pour 1907, par C. Poucexa (Paris [1907|,
p. x1-347, avec 1 planche et 196 figures).
On donne la description de quelques nouveaux appareils du laboratoire
chimique et quelques nouvelles méthodes de recherche.
Météorologie — Eau
Rapport du comité météorologique, Grande-Bretagne (Apt.
Met. Com. Gt. Brit. [1907], 150 pages, avec 7 planches et 1 figure).
C’est un recueil des différents travaux ayant paru, concernant les observa-
tions météorologiques, les méthodes de prédiction du temps, de climatolo-
gie, etc. ;
Rapport météorologique, par F. Smirx (Wyoming Sta. Rpt [1907],
p- 141-143).
Météorologie, par J.-H. Harr (7rinidad Bot. Dept., Bul. Misc.
Inform: [1907], n° 56, p. 318-320).
Rapports météorologiques des iles Fidji, 1875-1906 (Leg. Coun-
cil Ji Paper, n° 13, p. 13-16).
Sur la météorologie de la vallée du Nil, par H.-G. Lrons (Het.
Zeitschr., Brunswick, 24 [1907], n° 5, p. 209-212).
Le printemps froid de 14907, par A.-J. Henry (Mo. Weather Rev.,
35 [1907], n° 5, p. 223-225).
Distribution cyclonique de précipitations, par dJ.-A. Unpen
(Proc. lowa Acad. Sci. 13 [1906], p. 223-225, avec 1 planche).
BIBLIOGRAPHIE 453
L'influence de la précipitation sur la production et sur la
qualité des récoltes, par W. ScunenewinD et autres (Landrw.
Jahrb., 36 [1907], n° 4, p. 574-581, avec 1 planche).
On a observé que, dans les années sèches, les récoltes de grains étaient plus
riches en protéine et les récoltes de racines plus riches en hydrates de carbone
et en protéine que dans les années humides.
Les forêts et la pluviosité dans la Prusse occidentale et le
duché de Posen, et l’infiuence du vent sur les mesurages
de la pluie et de la neige, par J. Scuuserr (Zeitschr. Forst- u.
Jagdiv. 38 [1906], n° 11, p. 728-734).
Influence de l’homme sur le climat par T.-R. Sim (Vatal Agr.
Journ. and. Min. Rec., 10 [1907], n° 7, p. 717-724).
Protection des maisons contre la foudre, par A.-R. Sawver et
L.-J. Surru (Michigan Sta. Bul., 249, p. 17-35, avec 5 figures).
La décharge des rivières, par J.-C. Hoyr et N.-C. Crover (New-
York et Londres [1907], p. viu-136, avec 7 planches et 24 figures).
Sur le régime des fleuves de la région sèche du nord du
Brésil, par O.-A. Dersy (Bol. Dir. Agr. Bahia, 9 [1907|, n° 4,
p- 334-345).
Un remède contre la sécheresse dans le Nord-Ouest de l’Aus-
tralie, ou l’utilisation des ressources artésiennes de New
South Wales, par P. ALcan (Sydney, [1906], 95 pages, avec
8 planches, 36 figures, 3 diagrammes et 4 cartes).
L'eau de la vallée de l’Oder, par Luespecxe (Das Wasser des
Odertales und die Wasserkalamität der Stadt Breslau (Leipzig
[1907], 36 pages, avec 4 figures).
L'eau propre et comment peut-on l'obtenir, par A. HaAzex
(New-York et Londres [1907], p. vi-178, avec 14 planches).
La désinfection des canaux d’eaux d’égout pour la protec-
tion de l’eau publique, par K.-F. Kercerman, R.-W. Prarr et
A.-E. Kimserzy (U. S. Dept. Agr., Bur. Plant. Indus., Bul. 115,
L7 pages).
On a trouvé que Phypochlorite de calcium et le sulfate de cuivre ont de
grandes facultés germicides. L’hypochlorite de calcium est plus rapide, moins
cher et moins influencé par la température et par la présence de carbonates.
454 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Sur le mécanisme de la purification biologique par le con-
tact bactérien et les lits filtrants, par A. Cacuerre (Rev. Hygq.
et Pol. Sanit., 29 [1907], n° 6, p. 496-508).
Sols — Engrais
Origine et classification de sols cultivés, par V.-A. FERNANDEZz
(Heraldo Agr., 7 [1907], n° 6, p. 5, 6; n° 7, p. 4-6).
Bibliographie de la géologie du Gonnecticut, par H.-E. GReGory
(Conn. State Geol. and Nat. Hist. Survey, Bul. 8, 123 pages).
Notes sur la géologie de la contrée de Winnfield, par G.-D.
Harris (Geol. Survey La, Bul. 5, 36 pages, avec 9 planches et
6 figures).
Service géologique du Maryland, comté de Calvert (Balti-
more [1907], 227 pages, avec 14 planches, IT fiqures et 3 cartes).
Service géologique du Maryland, comté de Saint-Marys,
(Baltimore [1907], 209 pages, avec 16 planches, 12 figures, 3 cartes ;
résumé dans Amer. Journ. Sci., 4° sér., 24 [1907], n° 140, p. 181).
Composition des sols de différentes parties des comtés de
l’est de l'Angleterre, par T.-H. Mippreron (Cambridge Unro.,
Dept. Agr., Guide to Expts [1907], p. 13-19).
Description de la géologie du sol de l'Irlande, d’après les
cartes et les rapports du service géologique, avec des
notes sur le climat, par J.-R. Kizroe (Dublin, Dept. Agr. and
Tech. Instr. Ireland [1907], 300 pages, avec 1 planche, 74 fiqures et
1 carte; résumé dans Valure, Londres, 77 [1907], n° 1984, p. 4).
Études sur les sols suédois, par M. Wewmuzz (Journ. Landio.,
59 [1907], n° 3, p. 215-231, avec 2 planches; résumé dans Chem.
Zentralbl. [1907], I, n° 9, p. 724; Journ. Chem. Soc., Londres, 92
[1907], n° 538, II, p. 649).
Composition des sols égyptiens, analyses des sols et des
vases du Nil, par H. Percer et R. Rocue (Bal. Assoc. Cum.
Sucr. et Distill., 2h [1907], n° 12, p. 1691-1698; /nternat. Sugar
Journ., 4 [1997], n° 105, p. 442-540 ; Bull. Inst. Égyptien, 5° sér.., I
[907], n° 1, p. 98-99):
BIBLIOGRAPHIE 459
Études sur les sols provenant de la partie nord de la région
des Grandes Plaines. La distribution des carbonates dans
la seconde Steppe, par F.-J. Arway et G.-R. Mc Dore (Amer.
Chem. Journ., 37 [1907], n° 3, p. 275-283).
Les taches alcalines dans les couches récentes de diluvium,
par O.-W. Wircox (Journ. Geol., 13 [1905], n° 3, p. 259-262;
résumé dans Chem. Zentralbl., [1907], I, n° 24, p. 1702).
Le sel contenu dans les polders couverts de l’eau de mer le
142 mars 1906, par D.-J. Hissinxk (Het Zoutgehalte van de op
12 maart 1906 ondergeloopen seeuwsche Polders. The Hague,
[1907], 29 pages).
Relation entre les sols et les exigences des fruits, par C.-E.
Brapcey (Better Fruit, 2 [1907], n° 1, p. 9, 10).
La méthode des vases en fil de fer pour l'étude des sols,
‘ par B.-C. Aston (Vew Zeal. Dept. Agr., Chem. Div., Bul. », I pages
avec 10 planches).
Expériences en pots avec des engrais, par B.-©. Asron (Apt
Bien. Conf. Agr. and Past. Assocs New. Zeal., 7 [1907]. p. 35-38).
La fertilité du sol (Bol. Min. Fomento, Pérou, 5 [1907], n° 8,
p- 82-79).
Changements dans la composition chimique et la producti-
vité des sols de tourbe avec des engrais, par B. SsoLema
(Chem. Wekbl., k[1907], p. 365-369 ; résumé dans Chem. Zentralbl.,
1907, IL, n° 5, p. 424).
On indique les différences entre les sols malades et les sols sains. Par lac-
dition de petites quantités de imagnésie et de sulfate d’ammonium, on a pu
améliorer les sols malades.
La possibilité d'appliquer dans les Indes la méthode ite-
lienne de colmatage, par E.-C. Buck (Journ. Soc. Arts, 55
[1907], n° 2845, p. 734-743).
L'eau hygroscopique du sol et la rosée souterraine, par
A.-B. Speransxi et T.-N. KRrasHENINNIKkov (Zhur. Opuitn. Agron.
[Russ. Journ. Expt. Landiw.]8 [1907], n° 3, p. 281-335).
456 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Observations sur des changements de température dans le
sol, par (ROHMANN (Füauwes Landiw. Ztg, 56 [1907], n° 8,
p. 273-281).
Revue des recherches sur la bactériologie du sol, par
E.-B. Woonçuges et J.-C. Lipman (U. S. Dept. Agr., Office Expt.
Stas., Bul. 194, 108 pages).
Études sur les bactéries contenues dans l'air et dans les
sols de la région antarctique, par E. EkeLür (Zeitschr. Hygq. u.
Infektionskrankch., 56 [1907], n° 3, p. 344-370.
Expériences sur la formation de l'acide nitrique dans les
sols, par E. Murmanx (Oesterr. Chem. Ztg, 10 [1907], n° 15,
p. 181 ; résumé dans Chem. Zentralbl. [1907], I, n° 8, p. 624).
On a trouvé que, par l'addition de 0,1 °/, de carbonate de calcium, la forma-
tion du nitrate dans le sol était bien augmentée.
La fixation de l'azote par l'organisme producteur des tuber-
cules, par R. GRreG-Smira (Journ. Soc. Chem. Indus., 26 [1907],
n° 7, p. 304-306; résumé dans Journ. Chem. Soc., Londres, 92
[1907], n° 536, IT, p. 498).
C’est une étude sur les différentes bactéries des tubercules et les bactéries
qui fixent de l’azote, sous différentes conditions.
La bactérie fixatrice d’azote ne se trouve pas seulement dans les tuber-
cules radicaux, mais encore dans les tiges.
Sur la biologie des micro-organismes fixant l'azote, par SEVE-
ri et Hélène KrzemieniEewsx1 (Ans. Akad. Wiss. Krakau, 1906,
p. 560-577 ; résumé dans Chem. Zentralbl. [1907], I n° 24, p. 1701-
1702).
Les organismes qui produisent les tubercules des racines
des plantes légumineuses, par G. DE Rossi (Centralbl. Bakt. etc.,
2 Abt. 18 [1907], n° 10-12, p. 289-314 ; n° 16-18, p. 481-489, avec
2 planches).
Les bactéries des racines des légumineuses, par A. RoneLra
(Centralbl. Bakt., etc., 2 Abt., 18 [1907], n° 13-15, p. 455-461 ;
Journ. Inst. Brewing, 13 [1907], n° 4, p. 8320-8327 ; résumé dans
Journ. Soc. Chem. Indus., 26 [1907], n° 11, p. 627).
Expériences sur l'accumulation de l'azote dans les sols
forestiers, par L. (Granpeau (Journ. Agr. Prat., n. sér., 13 [1907 |,
n° 19, p. 580, 581).
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Traitement des sols avec du sulfure de carbone, par B. HEeINzE
(Centralbl. Bakt., etc., 2 Abt., 18 [1907], n° 1-3, p. 56-74 ; n°5 7-0,
p. 246-264 ; n° 13-15, p. 462-470 ; n°5 19-21, p. 624-634 ; n°5 24-25,
P- 790-798 ; résumé dans Journ. Chem. Soc., Londres, 92 [1907],
n034, D,-p290:1°995, H1p:388 ;:n° 556,11 /°p..502 n°537, IT,
p. 572 ; Chem. Zentralbl., [1907], Il, n° 3, p. 270 ; Chem. Abs., 2
[1908], n° 1, p. 160).
Après une revue de la littérature des recherches à ce sujet, on rapporte des
expériences avec des sols traités et non traités, lesquelles expériences s’éten-
dent sur deux ans.
On décrit les méthodes employées pour la recherche et la détermination
du sulfure de carbone dans les sols traités, aux différentes périodes, aussi
bien que pour l’étude de l'effet du traitement sur les processus biologiques et
chimiques dans le sol. On a trouvé que le traitement au sulfure de carbone
augmentait la récolte de seigle de 4o et 50 °/, pour les grains et de 30 et 40 0/0
pour la paille, et que les effets bienfaisants du traitement s’étendaient jusque
dans la seconde saison. La récolte de l’avoine, des pommes de terre, des bet-
teraves à sucre et des raisins était également augmentée par le traitement.
Cette augmentation de productivité a eu lieu malgré que la nitrification a été
entravée à un degré remarquable dans les sols sablonneux par le traitement,
Cette action retardatrice empêcha une nitrification excessive et une perte
d’azote dans les premiers temps; elle disparut ensuite et fut suivie d’une
nitrification accélérée. La productivité augmentée du sol est attribuée surtout
à l’action du sulfure de carbone, qui favorise l’activité des Azotobacters et
_ autres organismes fixant l’azote par la préservation de la matière organique
du sol, aussi bien que des organismes (molds, etc.) qui produisent de Pacide
carbonique et d’autres acides dans le sol, et augmentent ainsi la quantité
d'éléments minéraux assimilables pour les plantes. Le traitement au sulfure
de carbone détruit également des parasites de plantes de nature animale,
aussi bien que des mauvaises herbes, ct c’est un moyen efficace pour com-
battre la maladie du sol dans le cas de la vigne et des plantes légumineuses.
On a observé que l’azote total a été considérablement plus grand dans les
sols traités avec du sulfure de carbone que dans les sols non traités.
Le traitement de sols séchés à l’air avec du sulfure de carbone a augmenté
d’une façon remarquable la potasse soluble, la magnésie et la chaux, tandis
458 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
que le même traitement sur sols frais produisait une grande augmentation
de l’acide sulfurique.
On cite des expériences en pots dans lesquelles le sol a été traité avec du
sulfure de carbone aussitôt avant la plantation, lesquelles expériences indiquent
qu'un tel traitement, par le retard dans la nitrification, servira à juger dans
quelle mesure une plante a besoin d’azote sous forme de nitrates. On a trouvé
que d’autres compositions de soufre, ainsi que l’huile de moutarde et la plante
verte de la moutarde, agissaient comme le sulfure de carbone dans le retar-
dement de la nitrification. Cela explique les résultats extraordinairement bons
qu'on a observés souvent après l’emploi de la moutarde comme engrais vert.
Contribution à des cultures naturelles pures, par F. Srock-
HAUSEN ( Wochenschr. Brau., 24 [1907], n° 22, p. 285-289 ; n° 23,
p. 301-304 ; n° 24, p. 313-316 ; n° 25, p. 325-331).
L'efficacité de l’inoculation du sol dans la production des
tubercules radicaux, par F.-L Srevens (Science, n. sér., 26
[1907], n° 662, p. 311).
Bactériologie du sol et question des engrais avec référence
spéciale à la fertilisation du trèfle, par F. Lünnis (Mift. Oekon.
Gesell. Sachsen, 1906-1907, p. 31-49). |
Dénitrification, par Beux (Jahresber. Angew. Bot., 3 [1904-1905],
p- 137-165).
Sur la conservation de l'azote dans le fumier, par T. Macrar-
LANE (Proc. and Trans. Roy. Soc. Canada, 2° sér., 12 [1906|,
sec. III, p. 37-43, avec 2 figures).
Les excréments des poules comme engrais, par A. Maxkovski
(Selsk. Khoz., »2, n° 10 ; résumé dans Zhur. Opuitn. Agron. | Russ.
Journ. Expt. Landio.], 8 [1907], n° 2, p. 206).
Engrais artificiels : leur nature et leurs fonctions, par A.-D. Harr
(Scr. Amer. Sup., 63 [1907], n° 1640, p. 26273, 26274, avec 1 fiqure ;
n° 1641, p. 20293-26295 ; n° 1642, p. 26310-26311 ; n° 1643, p. 26318,
26319 ; 64 [1907], n° 1644, p. 13-15, avec 1 figure).
Essais d'application d'engrais artificiels sur le chernozème
du gouvernement de Voronej, par M.-S. Karpov (Vyestnik
Selsk. Khoz. [1906], n° 39; résumé dans Zhur. Opuitn. Agron.
[Russ. Journ. Expt. Landw]. 8 [1907], n° 2, p. 210, 211).
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Sous quelles conditions le sulfate d’'ammonium est-il le plus
efficace comme engrais ? par Murrer (Deut. Landio. Presse,
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Expériences avec des engrais minéraux dans le gouverne-
ment de Moscou en 1905 (Résumé dans Zhur. Opurtn. Agron.
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(Selsk. Khoz. 1. Lyesov. [1906], n° 9, p. 355-373; résumé dans
Zhur. Opuitn. Agron. [Russ. Journ. Expt. Landiw.], 8 [1907], n° »,
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engrais phosphatés, par A. Osrryzanev (Vyestnik Selsk. Khoz.,
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Sur l’emploi du carbonate de calcium comme un absorbant
stable, par O. Horman-BanG (A. Landtbr. Akad. Handl. och
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Journ. Chem. Soc., Londres, 92 [1907], n° 538, IT, p. 649).
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ment de lits de nitre de haut rendement, jpar Müxrz et Lainé
(Ann. Inst. Nat. Agron., 2° sér., 6 [1907], n° 1, p. 15-145, avec
4 figures ; Ann. Chim. et Phys., 8° sér., Il [1907], août, p. 439-
574, avec À fiqures ; résumé dans Chem. Zentralbl. [1907], IE, n° x1,
p- 937).
Nouveaux engrais nitrogéniques (Agr. Students Gaz., n.sér., 13
[1907], n° 4, 125-128).
La préparation des composés azotés-oxygénés de l'air, par
des moyens électriques, par B. Spnnéreznr (Elektrochem.
Zeitschr., 14 [1907]; n° 5, p. 91-95, avec 11 figures).
Sur les nitrates, par A.-E.-B. James (Londres [1907]; résumé dans
Chem. News, 95 [1907], n° 2438, p. 310).
Article finaneier sur les nouvelles compagnies de nitrates, leurs directeurs,
leur capital, leurs dividendes, etc.
Engrais chimiques en Égypte (Chem. Trade Journ., ki [1907],
n° 10795, p. 581, 582; Dipl. and Consular Rpts, Londres, Ann.
Sér. [1907], n° 3869, p. 30 ; résumé dans Journ. Soc. Chem. Indus.,
26 [1907], n° 17, p. 979 ; n° 23, p. 1248; Holland Abroad For. Ser.,
19 [1908], janv., p. 19, 16).
La plus grande partie des engrais est importée de la Grande-Bretagne, mais
l'importation de la Belgique est maintenant très grande et va en augmentant.
On ne fabrique pas beaucoup d’engrais dans le pays.
La consommation des sels de potasse de Stassfurt en France
et dans d’autres pays, par Mazières (Engrais, 21 [1906], n° 4o,
p. 975, 976; résum! dans Chem. Abs., 1 [1907], n° 15, p. 2017).
Phosphates et superphosphates, par T. Corror (Journ. Agr.
Prat.;n. sér., 13 [1907], n°23, p. 714-717; 14[1907], n° 30, p. 108-
111).
Engrais de laine (Ængrais, » [1907], n° 34, p. 805, 806 ; Journ. Soc.
Agr. Brabant et Hainaut, 52 [1907], n° 33, p. 839, 840).
Engrais commerciaux et produits chimiques, par T.-G. Hupsox,
J.-M. Mc Cawozess et autres (Bul. Ga Dept. Agr. [1907], n° 44,
196 pages). ;
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Loi du Kansas réglant la vente des engrais commerciaux,
par C.-W. Burkerr et J.-T. WicrarD (Kansas Sta. Bul., 148,
9 pages).
Inspection et analyses de la farine de graine de coton en
vente dans le Mississipi, par W.-F. Han et autres (Mississipt
Sta. Bul., 104, 25 pages).
Analyses et évaluations d'engrais commerciaux, par C.-S.
Caracarr, J.-W. Kezcoca et V.-C. CarBerry (Vew Jersey Stas Bul.,
206, 35 pages).
Engrais commerciaux et poisons insecticides en 1906-1907,
par G.-S. Frars (Texas Sta. Bul., 96, 24 pages).
Botanique agricole
Résistance comparative de différentes plantes pour les sels
communs dans les sols alcalins, par T.-H. Kearney et L.-L.
Harrer (U. S. Dept. Agr., Bar. Plant. Indus., Bul. 113, 22 pages).
On a fait des essais avec des solutions pures de carbonate, chlorure, sulfate
et bicarbonate de sodium, et avec du chlorure et du sulfate de magnésium,
sur du maïs, du sorghum, de l’avoine, du coton et des betteraves à sucre.
Les expériences ont été faites avec des cultures dans l’eau et on ne peut pas
comparer ces résultats avec ceux obtenus avec des cultures dans le sol.
On a trouvé que les différentes variétés de la même espèce diffèrent beau-
coup dans leur résistance à l’action des sels de magnésium et de sodium dans
des solutions pures. Le maïs a résisté le plus et le coton le moins dans les
solutions pures. Les semis provenant de semences fraiches avaient plus de
résistance que ceux de graines plus vieilles.
On a fait aussi des expériences avec des combinaisons. La présence de sul-
fate de calcium en excès diminuait la toxicité des sels de magnésium et de
sodium.
Des quantités de sulfate de calcium plus petites que celle nécessaire pour
saturer le mélange en solution montraient un effet neutralisant sur le sel plus
toxique. Pour le lupin blanc on a trouvé que la présence de 50 centigrammes
de sulfate de calcium était aussi efficace que sept fois la même quantité et
pour le sorghum 10 centigrammes avaient le mème effet que vingt fois cette
quantité.
462 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Les préférences de sol des plantes alpines et subalpines, par
M.-L. Fernazp (/hodora, ÿ [1907], n° 105, p. 149-193).
L'auteur prétend que les précipitations, l’exposition, la finesse des parti-
cules du sol et le contenu d’eau dans les sols n’ont qu’une importance secon-
daire. Il pense que le facteur le plus important est la nature chimique du sol.
On a trouvé des coïncidences entre les rocs des montagnes et la distribution
des plantes qui les couvrent. La prépondérance dans le sol de potassium,
calcium et magnésium, et aussi pour quelques cas de la soude, du fer et
d’autres éléments, est importante pour déterminer le rang des plantes.
La production d’excrétions pernicieuses par les racines, par
Rep (Bul. Torrey Bot. Club., 34 [1907], n° 6, p. 279-303, avec
1 figure).
Des semis de froment, d'avoine, de maïs et de pois ot été cultivés sur
agar dans des tubes spécialement construits placés dans des fioles en verre
attachées à un clinostat. Les racines se sont développées dans l’agar et don-
naient des indications de chemotropisme qu’on attribua à des substances
pernicieuses excrétées par les racines.
La quantité des excrétions était si petite qu'on ne pouvait pas les déter-
miner par l’analyse chimique. Ces excrétions d’une plante étaient plus toxiques
à des plantes de la mème espèce qu'aux autres.
La production de ces excrétions paraît expliquer quelques phénomènes de
l'association, invasion et succession des plantes.
Le galvanotropisme des racines, par Jessie-S. Bavziss (Ann.
Bot., Londres, 21 [1907], n° 83, p. 387-405, avec 4 figures et 2 dia-
grammes).
L'organisme des tubercules radicaux des légumineuses, par
F.-C. Harrison et B. BarLov (Proc. and Trans. Roy. Soc. Canada,
2e sér., 12 [1906], pt. 1, sect. IV, p. 157-237, avec 26 planches).
On donne les résultats d’études de deux ans sur les organismes des nodules
des légumineux. Les auteurs décrivent leurs expériences sur l'isolation, la
culture, l'identification et l'application commerciale de l'organisme.
Environ trente espèces de légumineuses appartenant au sous-ordre des Papi-
lionacées ont été examinées et des nodules ont été trouvés sur toutes, à l’ex-
ception des pois chiches et de Galega officinalis, sur lesquels on n’a pas
trouvé de bactéries. Il n’y a pas de nodules sur les racines du Gleditschia ou
du Cercis Canadensis, appartenant au sous-ordre des Cæsalpiniées, mais les
mycorhizes existaient en tous les cas.
Pour la culture de l'organisme, les auteurs ont trouvé qu’un mélange com-
posé de cendres de bois, sucre et agar-agar fournissait un milieu excellent
pour la croissance. La morphologie des bactéries prises directement sur les
nodules variait avec l'espèce de la plante, la condition d'infection et la crois-
sance, l’âge et la grandeur du tubercule et la partie examinée chez ce tuber-
cule. Dans les plantes appartenant aux familles des Phaséolées, Hédysarées
BIBLIOGRAPHIE 463
et Genistées, les bactéries étaient généralement de petites bagucttes avec peu
de ramifications et de cellules irrégulières. Dans les familles des Trifoliées et
Viciées, la ramification en formes irrégulières prévalait.
La vitalité du Pseudomonas radicicola provenant des différentes plantes a
été examinée, la croissance ayant lieu dans l’agar avec cendres et maltose ;
la limite de la vitalité n’est pas encore connue, mais l’organisme vivra pro-
bablement plus de deux ans sur un agar favorable et dans des milieux liquides
favorables.
Des comptes rendus sont donnés de la préparation de la nitragine avec les
résultats d'expériences dans leur emploi. On a trouvé que la nitragine pouvait
A
être préparée et distribuée à un prix qui ne dépassait pas 25 cents (1f 25)
par acre, tandis que le prix de 2 dollars et plus, par acre, est indiqué par
quelques maisons de commerce. Dans les essais sur la nitragine distribuée,
g1 sur les 134 dont on a donné des rapports ont réussi et montré une aug-
mentation de récolte qui est attribuable à l'organisme fixateur d’azote.
L'emploi de la phytine comme une sorte de phosphore pour
quelques plantes basses, par À. Berruécor (Compt. rend. Soc.
Biol., Paris, 63 [1907], n° 26, p. 192-19h).
Conférences sur la physiologie des plantes, par L. Josr, traduit
par R.-J.-H. Gisson (Oxford, 1907, p. xiv-564, avec 172 fiqures).
Physiologie et écologie des plantes, par F.-E. Cremuenrs (New-
York, 1907, p. xv-315, avec 125 figures).
Production des plantes, par H. pe Vries (Chicago et Londres, 1907,
p. xu-360, avec 114 figures).
C’est un compte rendu des travaux de Nilsson en Suède et de Burbank en
Californie. Ouvrage très important.
Étude sur la variation, par G. Kzess (Arch. Entwickl. Mech.
Organ., 24 [1907], n° 1, p. 29-113, avec 15 figures).
Des drogues américaines tirées des racines, par Alice Henkez
(U. S. Dept. Agr. Bur. Plant. Indus. Bul. 107, 80 pages avec 25 fi-
qures).
On décrit cinquante de ces drogues.
Semences et plantes importées pendant la période de décem-
bre 1905 à juillet 4906. Inventaire n° 21 ({/. S. Dept. Agr.
Bur. Plant. Indus. Bul. 106, 125 pages).
Donnant les acquisitions du Service des semences et plantes, du 15 décem-
bre 1905 au 27 juillet 1906.
464 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Récoltes des champs
Le problème du travail d’assimilation chez nos plantes culti-
vées, par S. Srrakoscn (Das Problem der ungleichen Arbeïtsleis-
tung unserer Xulturpflansen. Berlin, 1907, p. 1x-110).
L'auteur désigne par le terme «travail d'assimilation » le quotient de la va-
leur de la substance utilisable par celle des éléments nutritifs pris au sol pour
produire cette substance.
On donne une longue liste de la valeur re'ative de différentes récoltes, la
production d’amidon et d’albuminoïde, la valeur, le travail d’assimilation et la
différence entre la production et la consommation.
Fourrage et récolte de fibres en Amérique, par T.-F. Huxr(New-
York et Londres, 1907, p. xxr-#413, avec 153 fiqures et 4 dia-
grammes).
Les produits commerciaux du monde, par W.-G. FREEMAN et
S.-E. Caanpier (Londres, 1907, p. vin-391, avec 12 planches, 408 fi-
gures et 10 cartes).
Guide pour les expériences faites à Burgoyne, à Impington
et dans d’autres centres des comtés de l'Est, par T.-H. Mipn-
LETON (Cambridge Univ., Dept. Agr., Guide to Expts, 1907, 162 pa-
ges, avec 4 planches et 5 diagrammes).
Détermination de l'humidité du sol, par H.-T. Nowezz (Wyoming
Sta. Rpt., 1907, p. 70-114, avec 1 figure et 10 cartes).
On donne des résultats d’expériences pour déterminer quelles récoltes
avaient besoin de la plus grande quantité de l’humidité du sol.
Rapport des chimistes, par H.-G. Kniçur et F.-E. Hepxer ( Wyo-
ming Sta. Rpt., 1907, p. 63-67).
Exsériences avec de l’avoine, du millet et différents légumes,
par A.-M. Souce et P.-0. Vanarrer ( Virginia Sla. Bul., 168, p. 261-
290, 11 figures).
Rapport de l’agronome, par R.-E. Hyscor (Wyoming Sta. Rpt.,
1907, p. 126-140, avec 2 figures).
Sélection simple ou continuée dans la production des récoltes
de céréales et de légumineuses, par C. Fruwirra (Zertschr.
Landiw. Versuchsw. Oesterr., 10 [1907], n° 5, p. 477-531, avec
1 planche).
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Semences de trèfle et d’alfalfa importées des basses latitudes,
par E. Browx et Mamie-L. Crossx (U. S. Dept. Agr. Bur. Plant.
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Les fibres des cotons longue soie des pays montagneux, par
H.-A. Arrarp (U. S. Dept. Agr. Bur. Plant. Indus. Bul. 111, pt. 2,
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Engrais artificiels pour le coton dans les provinces du Gentre,
par D. Crousrox (Agr. Journ. India, 2 [1907], n° 2, p. 116-122).
Les propriétés de l’avoine pour la préparation de la farine,
par R.-B. Grec et W.-M. Finpray (Journ. Bd. Agr., Londres, 14
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Sélection des variétés de pommes de terre pour les distille-
ries, par G. Rossman (Résumé dans Zhur. Opuitn. Agron. [Journ.
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Solanum Commersoni violet, par A. et P. Anpouarp (Bul. Sta.
Agron. Loire-lnf., 1905-1906, p. 30-33).
Plusieurs expériences culturales avec la variété violette de Solanum Com-
mersoni sont mentionnées. Dans un cas, une moyenne d’un peu plus de
3 kilos de tubercules par trochée a été obtenue sur quarante trochées et, dans
une autre épreuve, la récolte correspondait à 29 000 kilos par hectare, en
comparaison avec 10 000 kilos d’£arly Rose cultivée sous les mêmes condi-
tions.
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 1 30
466 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Recherch?s sur l'influence morphologique des engrais sur la
pomme de terre, par P.VaceLer (Journ. Landw., 55 [1907], n° 3,
p- 193-214).
On a appliqué en sol marécageux de la potasse, de l'acide phosphorique et
de l’azote. On a trouvé que l’azote augmentait le nombre des tiges et qu’il
avait aussi une bonne influence sur leur hauteur; la potasse avait le même
effet quand l’acide phosphorique et l’azote manquaient. Des engrais minéraux
diminuaient l'épaisseur des feuilles.
Expériences avec des pommes de terre pendant cinq ans sur
les champs d’expériences de la Société agricole de Podolsk,
par F. Luransxi (Résumé dans Zhur. Oputtn. Agron. | Russ. Journ.
Expt. Landw., 8 [1907], n° 2, p. 231).
L'action du manganèse sur la pomme de terre et la betterave
à sucre, par À. GRÉGOIRE, I. Henprick et E. Carpraux (Bul. Agr.,
Bruxelles, 23 [1907], n° 6, p. 388-394).
La composition chimique de la graine de betteraves, surtout
de quelques variétés de betteraves fourragères, par O. Far-
LADA (MWitt. Chem. Techn. Vers. Stat. Cent. Ver. Rübens. Indus.
Oesterr.-Ungarn, n° 186, p. 1-5).
On donne les analyses de quatre sortes pour les semences et les cendres
des semences.
La composition chimique de la graine de betteraves à sucre,
par F. Srronmer et O. FarLapa (Oesterr.-Ungarn. Zeitschr. Zucker-
indus. u. Landiv. [1906], n° 1, p.12; résumé dans Zentralbl. Agr.
Chem., 36 [1907], n° 5, p. 324-326).
Les résultats des champs d'expériences de la Société russe
des fabricants de sucre, par S.-L. Franxkrortr (Résumé dans
Zhur. Opuitn. Agron. [Russ. Journ. Expt. Landw.], 7 [1906], n° 6,
p- 696-698).
L'influence de différentes quantités de fumier et d'engrais
commerciaux appliquées au froment d'hiver, sur les bette-
raves qui suivent, par S.-L. Frankronr (Résumé dans Zur.
Opuitn. Agron. | Russ. Journ. Expt. Landiw.], 7 [1906], n° 1, p. 53).
On a trouvé que les superphosphates ou les superphosphates avec du nitrate
de soude, avec ou sans fumier de ferme, avaient un bon effet sur la récolte
suivante de betteraves à sucre.
BIBLIOGRAPHIE 467
Observations sur la croissance du froment d'hiver en 1905,
par G. KosLovski (Zhur. Opuitn. Agron. [Russ. Journ. Expt.
Landiw.]|, 1907, n° 1,p. 101, 102).
Horticulture
Service horticole de la Côte du Golfe (Texas), par E.-C. GREEN
(Texas Sta. Bul., 9h, 21 pages, avec 7 figures).
Horticulture en Égypte (Gard. Chron., 3° sér., 42 [1907], n° 1673,
p. 41-42; n° 1074, p. 73-74).
La phénologie comme aide de l’horticulture, par E. Mawzey
(Journ. Roy. Hort. Soc., Londres, 52 [1907], p. 52-57, avec 3 dia-
grammes).
Influence du sujet sur la greffe, par G. Rivière (Journ. Soc. Nat.
Hort. France, {° sér., 8 [1907], Mar., p. 198-160).
Les variations qui se présentent souvent parmi les plantes
qui fleurissent, par L. Duvar (Jardin, 21 [1907], n° 489, p. 198-
200).
Rapport sur les champs horticoles et expérimentaux du gou-
vernement au sud de la Hollande pour 1906, par C.-H. CLAASSEN
et autres (Verslag Rijkstuinbowwpro efvelden Zuid Holland, 1906,
109 pages).
Variétés américaines de haricots potagers, par W.-W. Tracy
(U. S. Dept. Agr. Bur. Plant. Indus. Bul. 109, 173 pages, avec
2 planches).
Culture du céleri, par W.-R. Bearze (New-York, 1907, p. x-143,
avec 1 planche et 59 fiqures).
Les meilleurs fruits au commencement du vingtième siècle
(Résumé dans Jardin, 21 [1907], n° 490, p. 223).
Quelques fruits indigènes comestibles des États-Unis qui sont
peu connus, par H.-H. Rusey (Journ. N. Y. Bot. Gard., 8 [1907],
n° 92, p. 179=188).
468 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Recherches sur la chute des jeunes fruits, par A. OSTERWALDER
(Landio. Jahrb. Scluveis, 21 [1907], n° 5, p. 215-225, avec 12 figu-
res).
On a trouvé que la chute des jeunes poires et pommes n’est pas en relation
directe avec la fécondation préalable de ces fruits.
Un traité sur la culture du Ciirus à partir de la semence jus-
qu’au fruit, par W.-E. Masrers (Agr. Journ. Cape Good Hope, 30
[1907], n° 2, p. 155-172; n° 3, p. 307-325 ; n° 4, p. 437-453; n°5,
p. 605-630 ; n° 6, p. 751-763, avec 14 figures).
On donne la description d’un système de greffe et de bouture, dénommé
par l’auteur le « système de culture de Masters ». Ce système se base sur l’in-
fluence du sujet sur le scion, influence que l’auteur déclare avoir découverte
par hasard, puis vérifiée.
Sur le café nain de Sassandra (Coffea humilis), par A. Cneva-
1er (Compt. rend. Acad. Scr., Paris, 145 [1907], n° 5, p. 348-350).
L'emmagasinage froid des petits fruits, par S.-H. Fuzrox (U. S.
Dept. Agr. Bar. Plant. Indus. Bul. 108, 28 pages, avec 3 planches).
Article important quoique les résultats ne soient pas encore définitifs.
Les sujets de greffe pour les sols secs, par J. Capus (Feuille Vin.
Gironde, 32 [1907], n° 32, p. 126).
Il s’agit des sujets de greffe pour la vigne.
Culture de la vigne et commerce de vin de l'Allemagne, par
C. NisseN (Diplom. and Cons. Rpts., Londres, Misc. Ser., 1907,
n° 661, 17 pages).
La menthe poivrée ; récolte pour les pays marécageux (ural
New Yorker, 66 [1907], n° 2988, p. 373-374, avec 4 fiqures).
Les parfums : leurs sources et extraction, par C. Uuney (Jour.
Royal. Hort. Soc., Londres, 32 [1907], n° 123-140, avec 8 figures).
Le livre du jardinage aquatique, par P. Bisser (New-York, 1907,
199 pages, avec 2 planches, 120 figures et 17 diagrammes).
BIBLIOGRAPHIE 469
Sylviculture
Les arbres de la Grande-Bretagne et de l'Irlande, par H.-J.
Ezvers et A. Hexry (Edinburgh, 1907, vol. II, p. vr-450, avec 68
planches).
C’est le second volume de ce grand traité. Dans la première partie on
étudie les espèces de onze genres (Thuyopsis, Æsculus, Tsuga, Jaglans),
plusieurs variétés de chêne commun (Quercus pedunculata, Larër, Pinus,
Gymnocladus, Cedrela, Pterocarya et Cladrastis). La deuxième partie con-
siste en illustrations et dessins botaniques.
Nos arbres, par H. Correvon (Vos arbres, Paris ; Librairie Horticole,
Genève [1906], p. vi-305, avec 1 planche et 6o figures).
Une description des arbres historiques et des forêts de la Suisse.
Les forêts de la côte nord de l’Albanie, par A. Barpaca (Bol.
Uffic. Min. Agr. Indust. e Com., Rome, 4 [1907|, n° 6, p. 755-769).
Description des forêts de cette région: qualité et quantité des diverses es-
sences qui les peuplent ; leur importance économique ; moyens de transport ;
aménagement ; renseignements sur les frais de l'exploitation.
Comment faut-il cultiver les jeunes arbres pour le peuplement
des forêts? par E.-A. SreruiNG (Ann. Rpt. Ind. Bd. Forestry, 6
[1906], p. 63-75, avec 1 fiqure).
La culture de l'arbre à manne (Fraxinus ornus) (Rev. Sci.,
Paris, 5° sér. [1907], n° 10, p. 313, 314).
Plantation des forêts au Connecticut, 1907, par A.-F. Hawe
(Forestry and. Irrig. 13 [1907], n° 9, p. 493-494).
Trois cent cinquante mille plants ont été mis en terre par l'État, les parti-
culiers et les corporations, au printemps de 1907, tandis qu’au printemps de
1906 on n'avait planté que cent mille sujets.
Rapport du travail exécuté à la station d'expériences, jusqu’au
1° décembre 1905 (Ann. Rpt. Ind. Bd. Forestry, 6 [1906], p. 17-
32, avec 8 fiqures).
Il s’agit de la station de Henryville dans l’Indiana.
Plantation des forêts en Indiana, par B.-W. Doucras (Ann. Rpt.
Ind. Bd. Forestry, 6 [1906], p. 85-122, avec 29 figures).
410 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Plantation des forêts à l’est de Nebraska, par F.-G. Mircer (Bul.
Nebr. State. Hort. Soc. n° 12, 32 pages).
Lois forestières pour le Massachusetts, par F.-W. Rane (Boston,
1907, p. x-39, avec 3 fiqures).
Prolongation de la durée des bois de mines, par J.-M. Nerson
(U. S. Dept. Agr. Forest. Serv. Cire. 111, 22 pages avec 8 figures).
On donne dans cette circulaire les résultats d’une série d’expériences faites
en 1906 par le Service forestier en collaboration avec la Compagnie houillère
de Philadelphie, pour déterminer les meilleures méthodes de conservation des
bois de mines.
La pourriture a causé 45 °/, de la destruction, Pécrasement ou la compres-
sion 35 0), les insectes, ete., 10 0/0.
Le but principal était de déterminer le bénéfice procuré par l’écorçage, la
préparation ou la dessiccation, et par le traitement avec des préservatifs, et
aussi la valeur comparative des différentes essences comme bois d'échelle. Le
Pinus rigida et le Pinus tæda furent les principales espèces essayées, avec le
Quercus rubra et le Castanea dentata, qui sont regardées comme des espèces
propres à la plantation dans la région d’anthracite de Pensylvanie. Des as-
sortiments de bois rond pour montants d’échelles de 13 pouces de diamètre
en moyenne ont servi aux expériences.
Le bois fut traité avec divers préservatifs, soit par badigeonnage, soit par
immersion à l'air libre ou sous pression.
On donne un tableau récapitulatif des diverses sortes de bois.
Les résultats obtenus jusqu'ici montrent qu’il y a avantage pour les com-
pagnies minières à peler leurs bois ronds, à les dessécher pendant quelques
mois, puis à les traiter avec quelque bon préservatif. Le P. rigida et le P.
tœæda ont été imprégnés tous deux efficacement et économiquement par im-
mersion dans la créosote à l'air libre. Les bois traités avec la créosote sous
pression dans des cylindres sont également en bon état, mais le procédé à
l'air libre est bien moins coûteux et donne généralement de meilleurs résul-
tats.
Les bois badigeonnés à la créosote et au carbolineum ont résisté à la pour-
riture, et on croit que cette méthode, vu sa simplicité, peut être avantageuse
pour les petits consommateurs ou quand le bois est en grand danger de cas-
ser par un écrasement excessif.
On donne un aperçu d’un traitement des bois pour la réussite de la préser-
vation des bois de mine.
La durée et la préservation des poteaux de clôture en pitch-
pin, par B.-C. Burrum (Wyoming Sta. Bul., 75, 18 pages et 7 fig.).
Ce bulletin contient le récit d’une expérience commencée à la Station du
Wyoming, en 1891, pour déterminer les meilleurs moyens de préserver les
poteaux des clôtures et ses résultats au bout de seize ans. 80 poteaux ont été
partagés en 16 lots de 5 chacun. Ces lots furent traités avec du goudron, de
l’huile brute ou pétrole de diverses manières et, dans quelques cas,/les po-
teaux furent simplement carbonisés.
BIBLIOGRAPHIE 471
Quelques-uns furent laissés tels quels comme témoins. D’après l’auteur, le
meilleur traitement, celui qui a le mieux réussi, consiste à plonger la pointe
des poteaux dans le pétrole brut et de brûler l’huile par-dessus.
Les seize années n’ont pas fait sentir leur action sur les poteaux ainsi trai-
tés qui se conserveront probablement indéfiniment.
On a de bons résultats par une simple immersion de la partie inférieure des
poteaux soit dans le pétrole, soit dans le goudron, mais de préférence dans le
pétrole. Les poteaux bien carbonisés se placent au troisième rang. Il est éta-
bli que dans ces conditions, du bon bois de pitch-pin non traité peut durer de
douze à vingt-cinq ans dans le sol. Le badigeonnage soit à l’huile, soit au
goudron appliqué sur la partie du poteau qui est dans le sol, est jugé comme
étant plus coûteux que l'immersion de la base entière.
Le texte est accompagné d’une série de figures montrant les résultats 05-
tenus.
La préservation du bois de construction (Sc. Amer. Sup., 64
[1907], n° 1648, p. 71-72).
Exportations et importations de produits forestiers en 1906,
par R.-S. KezroGG (U. S. Dept. Agr. Forest Serv. Cire. 110,
28 pages).
Maladies des plantes
Notes sur quelques maladies des plantes, par A.-W. BARTLETT
(Rpt. Bot. Gard. Brit. Guiana, 1906-1907, p. 20-22).
On décrit une maladie des racines du manguier, une anthracnose du coton
et une maladie des racines du café.
Notes sur le parasitisme du Botrytis, par F.-T. Brooks (Proc.
Cambridge Phil. Soc., 14 [1907], n° 3, p. 298).
Le desséchement du coton, par H.-R. Fuzron (Louisiana Stas. Bul.,
99, 19 pages avec 3 planches).
Résumé relatif au black-rot du coton provoqué par le Neocosmospora vasin-
Jecto.
Moyens préventifs contre le charbon du sorghum et du bié
Kaïir, par H.-F. Roserrs et G.-F. Freeman (Kansas Sta. Bul., 149,
P- 11-15, avec 1 diagramme).
L'état actuel de nos connaissances sur les maladies des
pommes de terre et leur prophylaxie, par O. ApPpez et W.
Krerrz (Mitt., K. Biol. Anst. Land- u. Forstw., 1907, n°5, 31 pages,
avec 18 figures; résumé dans Deut. Landw. Presse, 34 [1907], n° 84,
p. 664-665).
472 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Une maladie bactérienne des pommes de terre, par O. APPEL
(K. Biol. Anst. Land- u. Forstw. Flugb. 36, 4 pages avec » figures).
Le caractère de cette maladie est une zone rembrunie dans les tubercules.
Elle est probablement due à des bactéries qui vivent dans le sol.
Quelques maladies des pommes, par F.-L. Srevexs et J.-G. Hazz
(North Carolina Sta. Bul., 196, p. 39-55, avec 5 figures).
Taches des feuilles du pommier, par E.-S. Sarmon (Gard. Chron.,
3° sér., 42 [1907], n° 1088, p. 305-306, avec 5 figures).
Maladie des grappes des grosses groseilles (Journ. Bd. Agr.,
Londres, 14 [1907], n° 7, p. 428-429, avec 1 figure).
Une nouvelle maladie des grosses groseilles, par A.-L. Smirn
(Gard. Chron., 3° sér., 42 [1907], n° 1090, p. 341, avec 1 fiqure).
Maladies des airelles, par C.-L. Snear (U. S. Dept. Agr. Bur.
Plant. Indus. Bul. 110, 64 pages avec 7 planches).
Quelques parasites du café à Saint-Thomas, par C. GRAVIER
(Bal. Mus. Nation. Hist. Nat., Paris, 1907, n° 4, p. 266-269).
Les principales maladies des arbres forestiers, par L. PEGHON
(Bal. Soc. Cent. Forest. Belg., 17 [1907], n° 6, p. 324-332; n° 7,
p- 398-408, avec 2 planches et 5 figures).
La pourriture de la sève et autres maladies du gommier
rouge, par H. von Scnrexx (U. S. Dept. Agr., Bur. Plant. Indus.
Bul. 114, 37 pages avec 8 planches).
Cette maladie, causée par le Polyporus adustus, se développe avec une
grande rapidité; le champignon pénètre par l’extrémité des billes.
La pourriture du cœur du sassafras, causée par Fomes ribis,
par P. SpauzpinG (Science, n. sér., 26 [1907], n° 667, p. 479-480).
Effet de la formaline et du phosphate de cuivre sur la germi-
nation du blé de semence, par D. Mc. Azrine (Dept. Agr. Soc.
Austr., Bul, 12, 21 pages).
La formaline a eu plus d’effet que le sulfate de cuivre. Le meilleur mélange
était une livre de formaline dans 4o gallons (180 litres) d’eau. Il vaut mieux
semer le froment traité avec de la formaline tout de suite après le traitement,
quand il est encore humide.
BIBLIOGRAPHIE 473
La préparation de la bouillie bordelaise, par G.-T. GriGnax (Rev.
Hort., Paris, 79 [1907], n° 20, p. 470-472).
Zoologie économique — Entomologie
Rapport sur la zoologie, par E. BracxweLper (/tesearch in China,
Washington, D. C. Carnegie Institution, 1907, vol. 1, pt. 2, p. 481-
907, avec 6 planches).
Recherches faites en divers points de la Chine sur les vertébrés et les in-
vertébrés, notamment sur les batraciens, les reptiles, les oiseaux et les mam-
mifères.
Oiseaux en relation avec la ferme, le verger, le jardin et la
forêt, par C.-H. Hooper (Agr. Students’ Gag., n. sér., 13 [1907],
n° 4, p. 118-125).
Action des oiseaux sur le charançon des capsules du coton-
nier, par A.-H. Howezz (U. S. Dept. Agr., Biol. Survey., Bul. 29,
31 pages, avec 1 planche et 6 figures).
Oiseaux de la Californie en relation avec l’industrie des fruits,
ÏJ, par F.-E.-L. Braz (U. S. Dept. Agr., Biol. Survey., Bul. 30,
100 pages, avec 5 planches).
On a trouvé que les oiseaux laissent les arbres fruitiers tranquilles quand
ils ont une autre nourriture. C’est pourquoi on recommande de planter des
müûriers et des cerises sauvages. Le tort fait par des oiseaux qui mangent des
fruits est compensé par la destruction des insectes nuisibles due à ces mêmes
oiseaux.
Protection des oiseaux, par E.-H. Forsusx (Mass. Crop. Rpt., 20
[1907], n° 5, p. 29-40).
Étude biologique des protozoaires parasites, par G. Linnner
(Arch. Wiss. u. Prakt. Tierheïilk., 33 [1907], n° 4-5, p. 432-444,
avec 1 planche).
Les animaux ennemis de la canne à sucre, par W. van DEvEn-
TER (Handbæk van de Suikerriet-Cultuur en de Rietsuiker Fabri-
dage op Java, Amsterdam, 1906, p. xxmi-298, avec 42 planches
et 71 figures).
474 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Notes sur des insectes, champignons et autres pestes, par R.-
S. MacpouGarz (Journ. Bd. Agr., Londres, 14 [1907], n° 5, p. 290-
300).
Comment peut-on combattre les insectes et les plantes nuisi-
bles, par G.-W. Herrick (Mississipi Sta. Bul., 102, 14 pages, avec
3 figures).
Rapport du zoologiste, 1906, par GC. WargurrTon (Journ. Roy.
Agr., Soc. England, 67 [1906], p. 267-281, avec 16 figures).
Il est parlé notamment d’/ncurvaria capitella (poires), de Glyciphagus
spénipes (tabac), etc.
Rapport de l'entomologiste et du botaniste devant le Comité
sur l'agriculture et la colonisation, 1906-1907, par FLercuer
(Ottava, Govt, 1907, p. 113-140).
Entre autres sur les moyens de combattre la cochenille de San José, la che-
aille de la pomme, le charançon des prunes, des asperges, etc.
Notes entomologiques, par C.-W. Howarp et L. PerinGuex (Rho-
desia Agr. Journ., 4 [1907], n° 5, p. 471-48>).
Travail de l'Inspection, par À. Craw (Hawaï Forester and A gqr.,
4 [1907], n° 6, p. 176-178).
Le pas le plus important dans le combat contre le charançon
du cotonnier, par W.-D. Hunter (U. S. Dept. Agr., Bur. Ent.,
Circ. 95, 8 pages).
Le fléau des sauterelles, par C.-P. Louxssury (Agr. Journ. Cape
0f Good Hope, 31 [1907], n° 2, p. 168-174).
La destruction des sauterelles (Vatal. Agr. Journ. and. Min.
Rec., 10 [1907], n° 6, p. 609-617).
On recommande une solution sucrée d’arséniate de soude, pour combattre
les sauterelles dans la phase nymphale.
Décret pour la destruction des sauterelles en 1907 (Orange
River Colony, Dept. Agr. Pub., 1907, 24 pages).
BIBLIOGRAPHIE 475
Rapport sur des essais faits dans les Indes avec le champi-
gnon des sauterelles de l'Afrique du Sud, par E.-J. Burrer et
H.-M. Lerroy (Agr. Research Inst. Pasa [India]. Bul. 5 [1907],
D pages).
Sur la biologie, les habitudes et les relations économiques
des vers blancs et des hannetons, par S.-A. Forgers (//{linots
Sta. Bul., 116, p. 447-480).
Dans PIllinois, huit espèces de Lachnosterna sont reconnues nuisibles. Ce
sont ZL. fusca, L. rugosa, L. inversa, L. émplicita, L. gibbosa, L. tristis,
L. ilicis et L. hirticula. La durée de leur cycle n’est pas encore bien connue,
elle est probablement de trois ou quatre ans suivant les conditions clima-
tiques et autres.
Sur l’histoire de la vie de la larve des racines, Anthomyia
radicum, par C.-G. Hewirr (Journ. Econ. Biol., 2 [1907], n° 2,
p: 6-63, avec 1 planche).
Insectes des asperges, par P. Lesne (Journ. Agr. Prat., n.sér., 14
[1907], n° 36, p. 308-311, avec 1 planche).
Insectes nuisibles de l’artichaut, par P. LEesne (Journ. Agr.
Prat., n. sér., 14 [1907], n° 28, p. 49-52, avec 1 planche).
Une nouvelle espèce de Tyroglyphus, pernicieuse aux oignons
par A.-A. RLenxin (Zhur. Bolyesnt Rast., 1 [1907], n° 1-5, p. 52-69,
avec 2 figures).
Le perceur de pommes de terre douces, par A.-F. Coxrani (Texas
Sta. Bul., 93, 16 pages, avec 6 figures).
Il s’agit du Cylas formicarius, apporté dans le Texas en 1890.
Recherches sur la teigne des pommes, 1903 et 1904, par F.
Garcia (Neiw Mexico Sta. Bul., 65, 29 pages, avec 3 diagrammes).
La teigne des pommes à l’est de l’État de Washington, par A.
L. Meranper et E.-L. Jenne ( Washington Sta. Bul., 81, 24 pages,
avec 7 figures).
On recommande quatre pulvérisations par an de l’arséniate de plomb.
Rapport de la Commission pour la suppression de la chenille
du Liparis dispar et de la teigne à queue brune, 1906, par
A.-E. Srene (Providence, R. I., [1907], 80 pages, avec 28 planches et
3 cartes).
476 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Les plus importantes Aleyrodides, attaquant les plantes éco-
nomiques, avec description d’une nouvelle espèce infestant
les orangers, par A.-L. Quanrance (U. S. Dept. Agr. Bur. Ant.
Bul. 12, techn. sér., pt. 5, p. 89-94, avec 1 planche et 2 figures).
Les cochenilles des arbres fruitiers, par J.-P. Bouxmor (École
Agr. Alger. Maison-Carrée, /n/orm. Agr. Bul., 3, 16 pages avec
> planches).
Nombre des mues de la femelle du Dactylopius citri, par R.
Maraeson (Canad. Ent., 39 [1907], n° 8, p. 284-287).
La cochenille de San José et ses remèdes, par F. Snerman (Bul.
N. C. Dept. Agr., 28 [1907], n° 5, 62 pages avec 15 figures).
La cochenille de San José dans la Caroline du Nord, par F.
Sxerman (Bul. N. C. Dept. Agr., 28 [1907], n° 6, 18 pages avec 2 fi-
gures).
Les fléaux des mouches à larves des fruits, par G. Quinn (Journ.
Dept. Agr. So. Austr. 10 [1907], n° 11, p. 701-710, avec 15 figures).
Mention est faite des mœurs de Tephritis tayoni, T. psidii, Trypela ludens,
T. pomonella, Dacus oleæ, Ceratitis capitata, etc.
La mouche des fruits, par C.-P. Louxssury (Agr. Journ. Cape
of Good Hope, 31 [1907|, n° 2, p. 186-187).
Il s’agit de Ceratitis capitata.
Le combat contre la mouche de l'olivier, par P. Marcar (Bul.
Mens. Off. Renseign. Agr., Paris, 6 [1907], n° 8, p. 927-931).
Expériences sur le traitement des vignes contre le phylloxéra,
par P.-C. Mesrre (/iev. Agr., Vit. et Hort., 1907, n° 77, p. 169-172;
n° 98, p. 178-182 ; n° 80, p. 213-219; n° 81, p. 230-235, avec 6 fi-
qures).
On recommande l’insecticide de Degenne et Deroin.
Le combat contre Eudemis botrana, par J. Capus et FeyrEAUD
(Prog. Agr. et Vit. [éd. de l'Est}, 28 [1907], n° 40, p. hog-414).
Deux pestes des raisins peu communes, par V. Mayer (Prog.
Agr. et Vit. [éd. de l'Est], 28 [1907], n° 4o, p. Loo-h4o3, avec
1 planche).
BIBLIOGRAPHIE 471
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Soc. Nat. Hort. France, 4° série, 8 [1907|, p. 160-165).
Une méthode pour détruire les larves d'insectes dans les plan-
tations d'arbres, par M. Esernaror (Agr. Prat. des pays chauds,
7 [1907], n° 51, p. 531-533).
Un remède contre la galle de l’épicéa et les maladies du mé-
lèze, causées par des chermes, par E.-R. Buroon (Journ. Econ.
Biol., 2 [1907], n° 2, p. 64-67).
On recommande une émulsion de kérosène en hiver.
Parthénogénèse chez le Lophyrus pini, par R.-S. MacnouGarr
(Journ. Econ. Biol., 2 [1907], n° 2, p. 49-55, avec 1 planche).
Un coléoptère perforant nouvellement introduit, par T.-F.
Drever (Aÿr. Journ. Cape of Good Hope, 31 [1907], n° 2, p. 140-
141, avec 5 figures).
C’est le Phoracantha recurva, originaire de l'Australie occidentale, apporté
au Cap, où il est nuisible aux eucalyptus.
Fumigation avec l'acide hydrocyanique gazeux pour les pu-
naises de lit, par G.-W. Herriox (Canada Ent., 39 [1907], n° 10,
p- 341-345).
Les diptères qui sucent le sang, par K. GrünBerG (Die blutsau-
genden Dipteren, lena, 1907, pages vi-188, avec 127 figures).
Un type de Simulium reptans dans le Gongo équatorial, par
E. Rougaup (Ann. Inst. Pasteur, 21 [1907], n° 8, p. 670-671).
Collection d'insectes, par H.-A. Surrace (Zoo!. Bul. Penn. Sept.
Agr., 5 [1907], n° 5, p. 131-166, avec 2 planches et 30 figures).
Écrit de vulgarisation des méthodes de collection et de préservation des in-
sectes avec spécimens d'étude.
Analyses du vert de Paris, par C.-S. Caracarr (Vew Jersey, Stas.
Bul., 205, 9 pages).
478 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Aliments — Nutrition humaine
Le fruit du Cactus opuntia (luna, fiqgue de Barbarie), comme
nourriture pour l’homme, par R.-F. Hare et D. Grirrrras (Ver
Mexico Sta. Bul., 64, 88 pages, avec 7 planches et 2 figures).
On donne les analyses de la {una ou fruit du cactus à raquettes, vulgaire-
ment fique de Barbarie, mangé souvent au Mexique.
Production et excédents de viande, avec considération spéciale
de la consommation et de l’exportation, par G.-K. Hozmes (U.
S. Dept. agr., But. Stats. Bul. 55, 100 pages).
Effet des différentes methodes de cuisson sur la facilité de
digestion de la viande (Études faites à l'Université d'Illi-
nois), par H.-S. Gripzex, T. Mosonnier et H.-C. Porter (U. S.
Dept. Agr. Offic. Expt. Stas. Bul. 193, 100 pages).
On a trouvé que les différentes méthodes de cuisson n’ont pas d’effet sur la
digestibilité de la viande.
Expériences avec des chiens sur le métabolisme de force et de
matières, suivant les différents régimes, par W. Fazrra, EF.
Grore et R. Sræneuin (Beitr. Chem. Physiol. u.- Path., 9 [1907],
n° 8-11, p. 333-385).
Différences dans les composés azotés de l'urine suivant le ré-
gime, par B. Scaünporrr (Arch. Physiol.[Pflüger], 117 [1907], n°* 5-
6, p. 257-274).
Études sur un régime végétarien avec référence spéciale au
système nerveux, à la circulation du sang et la diurésie, par
R. Sræneuin (Zeitschr. Biol., kg [1907], n° 2, p. 199-282, avec 4 fi-
gures).
Une étude physiologique des végétariens, par Mi I. loreyko et
V. Kiprani (Rev. Soc. Sci. Hyg. Aliment., 3 [1906], n° 2, p. 114-207,
avec 3 planches).
C’est un article en faveur du végétarianisme.
Le Directeur-Gérant : L. GRANDEAU.
TABLE DES MATIÈRES
D'UVFRONELPFEEMEER, (1909)
Pages
Aux lecteurs des Annales . . . . . PU Es 1
Fondation de l’Institut international de tte à Hone te 3
Bibliographie : Experiment Station Record . . . 7, 131, 228, 285, 438
L. Grandeau. — Excursion en Scandinavie . . . . 49, 161, 252, 321
E. Henry. — Sur une théorie nouvelle de la captation de l’azote
atmosphérique par les plantes . . . . . RE (1
H. Vincent. — Étude sur les forêts et les nee de la vallée
deRUbBayer. Cu A en CUITE
_ F. Briot. — Économie trie de É allée Le l Ubaye Te TMS
E. Henry. — La maladie des châtaigniers aux États-Unis et en
Éurope:”.L7? . 2M
A. Müntz et H. Cncon — ne la Dusien it engrais He
dans la terre . . . NON RAD Armes sd ee ON 10
A. Mathey. — Un coin LE l re. SUR PS ANS UMR LE LES APR 2 0
PE D PESTE A RUE DE PU RE a EL a cr ASE
Nancy, impr. Berger-Levrault et Cie
D
pus
*. *
ANNALES
SCIENCE AGRONOMIQUE
FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE
Comité de rédaction des Annales.
Rédacteur en chef:
L. GRANDEAU, directeur de la Station agronomique de l'Est.
Secrétaire de la Rédaction :
E. HENRY, professeur à l'École nationale des eaux et forêts.
0. Gayou, directeur de la Station agro-
nomique de Bordeaux.
Th. Schlæsing, membre de l’Institut.
Th. Schlæsiag fils, membre de l’Ins-
titut, directeur de l'École des manu-
factures de l'État.
L. Mangin, membre de l’Institut, profes-
seur au Muséum d'histoire naturelle.
A. Müntz, membre de l’Institut, direc-
teur de la Station chimie végétale
de Meudon.
E. Reuss, inspecteur des forèls à Fon-
tainebleau. j
C. Flammarion, directeur de la Station
de climatologie agricole de Juvisy.
Correspondants des Annales pour les colonies
et l’étranger.
COLONIES FRANÇAISES.
H. Lecomte, docteur ès sciences, pro-
fesseur au Muséum d'hist. naturelle.
ALLEMAGNE.
L. Ebermayer, professeur à l'Univer-
sité de Munich.
J. Kônig, directeur de la Station agro-
nomique de Münster.
Fr. Nobbe, directeur de la Station
agronomique de Tharandt.
Tollens, professeur à l'Université de
Gôttingen.
0. Kellner, directeur de la Station de
Môckern. ji
ANGLETERRE.
R. Warington, à Harpenden.
Ed. Kinch, professeur de chimie agri-
cole au collège royal d'agriculture
de Girencester.
BELGIQUE.
Grégoire, directeur de l’Institut chi-
mique et bactériologique de l’état
(Gembloux).
Graftiau, directeur du laboratoire agri-
cole de Louvain.
CANADA.
Dr 0. Trudel, à Ottawa.
ÉCOSSE.
Jamieson, directeur de la Station
agronomique d'Aberdeen.
ESPAGNE ET PORTUGAL.
Joâo Motta dâ Prego, à Lisbonne.
ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE.
E. W. Hilgard, professeur à l'Univer-
sité de Berkeley (Californie).
D" W.-H. Beal, Office des stalions d’ex-
périence (U. S. Department of agri-
culture à Washington).
HOLLANDE.
A. Mayer, directeur honoraire de la Sta-
tion agronomique de Wageningen.
ITALIE.
Dr L. Savastano, professeur d'arbori-
culture à l’École royale supérieure
d'agriculture.
SUÈDE ET NORVÈGE.
pr AI. Atterberg, directeur de la Sta-
tion agronomique et d'essais de se-
mences de Kalmar.
SUISSE.
E. Schultze, directeur, du laboratoire
agronomique de l'École polytech-
nique de Zurich.
RUSSIE.
M. Ototzky, Privat-docent à l’Univer-
sité impériale de Saint-Pétersbourg.
P. Kossovitch, professeur à l’Institut
impérial forestier de Saint-Péters-
bourg.
Nora.— Tous Les ouvrages adressés franco à La Rédaction seront annoncés dans
Le premier fascicule qui paraîtra après leur arrivée. Il sera, en outre, publie,
s'il y a lieu, une analyse des ouvrages dont la spécialité rentre dans le cadre
des Annales (chimie, physique, géologie, minéralogie, physiologie végétale et
animale, agriculture, sylviculture, technologie, etc.).
Tout ce qui concerne la rédaction des Annales de la Science agronomique
francaise et étrangère (manuscrits, épreuves, correspondance, etc.) devra être
adressé franco à M. L. Grandeau, rédacteur en chef, 48, rue de Lille, à Paris.
ANNALES
DE LA
SCIENCE AGRONOMIQUE
FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE
ORGANE
DES STATIONS AGRONOMIQUES ET DES LABORATOIRES AGRICOLES
PUBLIÉES
Sous les auspices du Ministère de l'Agriculture
PAR
Louis GRANDEAU
DIRECTEUR DE LA STATION AGRONOMIQUE DE L'EST
MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANCE
RÉDACTEUR EN CHEF DU « JOURNAL D’AGRICULTURE PRATIQUE »
PROFESSEUR AU CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET MÉTIERS
INSPECTEUR GÉNÉRAL DES STATIONS AGRONOMIQUES
VICE-PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ENCOURAGEMENT À L'AGRICULTURE
MEMBRE DÜ CONSEIL SUPÉRIEUR DE L'AGRICULTURE
SUISÉRIEl QUATRIEME ANNÉE: 1909
Tome II
BERGER-LEVRAULT ET Cè, LIBRAIRES-ÉDITEURS
PARIS NANCY
RUE DES BEAUX-ARTS, D--7 RUE DES GLACIS, 138
1910
SUR LA NUTRITION MINÉRALE
DU
CHAMPIGNON DE COUCHE
NOTE PRÉLIMINAIRE
Par A. HÉBERT et F. HEIM
Étant donnés l'importance de plus en plus grande que prend
la culture du champignon de couche (Agaricus | Psalliota] cam-
pestris L.) et le peu de notions que l’on possède actuellement sur
sa nutrition, un réel intérêt s’attache à la détermination de la
composition azotée et minérale de ce champignon; cette déter-
mination doit permettre de se rendre compte de ses exigences
nutritives.
À priori, on ne peut douter de la surabondance d’aliments
organiques mis à la disposition du champignon de couche,
puisque son milieu de culture est constitué par du fumier de che-
val, mais l’addition à ce milieu d’éléments minéraux appropriés
ne serait-elle pas susceptible d'augmenter le rendement de cette
culture?
Telle est la question pratique à la solution de laquelle les recher-
ches théoriques sur la nutrition minérale et azotée du champi-
gnon de couche peuvent conduire.
La culture du champignon de couche est très développée dans
les environs de certa nes grandes villes, en raison des débouchés
qu'elle trouve sur les marchés urbains, en raison aussi de la pro-
ANN. SCIENCE AGRON, — 3° SÈRIE — 1909 — 1 {
2 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
duction abondante dans les villes de fumier de cheval, livré aux
champignonnistes, condition essentielle de réussite, pur de tout
mélange avec le fumier d’autres animaux.
Dans toute la région parisienne, de Montrouge à Montmorency,
de Villejuif à Saint-Germain, plus de trois cents carrières sont
aménagées en Ghampignonnières (principalement sur la rive gau-
che de la Seine entre Meudon et Ivry-sur-Seine, où les carrières
de plâtre, de craie ou de calcaire grossier, après excavation, se
prêtent naturellement à cette culture), occupant près de 1.500 tra-
vailleurs, et dont la production journalière, en pleine saison,
c’est-à-dire l’été, n’est pas inférieure à 25.000 kilos de champi-
gnons; il est produit ainsi, annuellement, pour 10 millions de
champignons autour de Paris.
D’après les chiffres du Syndicat des champignonnistes de
France, la récolte annuelle, en France, atteindrait 4.400.000 kilos,
donnant lieu à un trafic de 7 à 8 millions.
La production du champignon de couche est encore plus consi-
dérable en Angleterre, où, en particulier, un vieux tunnel aban-
donné de la Northern Raïlway est entièrement converti en cham-
pignonnière.
La culture intensive de l’Agaric de couche est si répandue aux
États-Unis, qu’à New-York, on a suppléé à l'absence de carrières
disponibles, en édifiant des bâtiments spéciaux, dits « maisons à
champignons », artificiellement chauffées.
À cette production circa-urbaine, presque industrielle, il con-
vient d'ajouter la production parcellaire, bien plus considérable
encore dans son ensemble, des innombrables caves, meules, ton-
neaux transformés en champignonnières, dans les propriétés pri-
vées.
L’accroissement possible du rendement de cette culture offre
donc un intérêt économique très général; il est subordonné au
perfectionnement de nos connaissances sur la nutrition du cham-
pignon de couche, connaissances qui ne sont, à ce jour, que bien
incomplètes.
Voici, résumées, les rares indications que nous possédons à ce
sujet.
SUR LA NUTRITION MINÉRALE DU CHAMPIGNON DE COUCHE 5
CAILLETTE a étudié les modifications apportées à la constitu-
tion chimique du sol des prairies par le développement des «ronds
de sorcières», résultat, comme chacun sait, du développement, par
cercles concentriques, du mycélium de divers Hyménomycètes et
parfois de l’A garicus campestris; partout où le mycélium a passé,
il a stérilisé le sol, qui ne présente plus aucune trace de potasse ni
d’acide phosphorique; le mycélium, avide de potasse et de phos-
phore, a, pour ainsi dire, transporté avec lui, à la circonférence
du rond, ces principes minéraux; tout se passe comme si on avait
enrichi la périphérie du rond par un effort d’engrais minéraux, et
ainsi s'explique l’exubérance de la végétation des Phanérogames
qui y acquièrent une taille et une vigueur anormales, au milieu
des appareils sporifères des champignons.
L’appétence de l’Agaric pour la potasse et l’acide phospho-
rique se trouve ainsi révélée par un fait indirect.
Les champignonnistes recommandent, pour «gopter »les meules
à champignons (c’est-à-dire recouvrir toute la surface de la meule
de fumier d’une mince couche de terre, finement tamisée et forte-
ment appliquée par tassage) l'emploi d’une terre salpêtrée. Il y a
là une indication pour l’utilité probable des nitrates dans la culture
des champignons de couche.
On recommande aussi de gopter avec des débris de démoli-
tions, c’est-à-dire avec des éléments minéraux riches en chaux,
et la culture du champignon réussirait au mieux dans les carrières
creusées en sol calcaire ou gypseux; la chaux doit avoir pour rôle
d’aider à la nitrification dans la masse de la meule, indépendam-
ment de son rôle possible dans la nusrition du champignon.
Le fumier employé pour la confection des meules ne doit plus
exhaler d’odeur de fumier, donc ne plus renfermer d’ammoniaque
ou composés ammoniacaux volatils; ceux-ci seraient, semble-t-il,
nuisibles à l’Agaric qui exigerait un fumier où tout l’ammoniaque
serait sans doute passé à l’état de nitrate.
D’après RÉPiN, l’Agaric champêtre ne se développe pas dans
le fumier frais; celui-ci doit, avant de jouer le rôle de milieu
de culture favorable, subir une fermentation; les produits solu-
bles dans l’eau renfermés dans le fumier fermenté sont impropres
4 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
à la culture de l’Agarie; les celluloses de la paille devraient subir
une fermentation préalable avant d’être utilisées par le cham-
pignon.
Il n’y a là que des indications pour l’orientation des recherches
à effectuer sur la nutrition du champignon; d’une manière géné-
rale, les procédés de sa culture, sanctionnés par l'expérience,
attendent encore une explication scientifique.
Si on compare les résultats épars, obtenus par V. LŒSECKkE,
O.KonLrAUSCH, O.SIEGEL, J. SCHMIEDER, STROHMER, J.SCHLOSS-
BERGER, D'ŒPPING, MARGEWICZ, touchant les cendres de divers
champignons, on peut conclure que la plupart des espèces de
champignons ont des exigences minérales qui leur sont particu-
lières.
Pour ce qui concerne, en particulier, Agaricus campestris, les
données actuellement acquises, touchant sa composition minérale,
peuvent être vite résumées.
Le champignon entier fournit 5,30 % de cendres (rapportées
à la matière sèche). Ces cendres ont la composition suivante (1) :
POUR CENT
POLASSO RIM ER ZTR ANSE TRES 50,71
DOUCE SC NE re CEE 1,69
CHARS 20 PTE Eure ee FAN ee 0,75
MADAME RSR RNERNE EREEE 0,53
Oxyde detiern Ses RU; 1,16
Acide phosphorique : . .y=. 15,43
Acide sulitrique. As to. M 24,29
Acide Siieiqe re Fe PAT 1.42
Ghiôre:, POSER LE UE AS 4,58
. BALLAND (2) a incidem aé les chiffres de cendres
A. BALLA 2 idemment donné les chiff l dre*,
par lui trouvés, au cours d'analyses sur la composition de l’Agaric
champêtre.
(1) Voir BourQuELoT, article « Champignons », tableau dressé d’après
les résultats antérieurs, p. 274, Dictionnaire de Physiologie de RICHET,
Paris, Alcan, 1898.
(2) Les Aliments, p. 34. Paris, J.-B. Baillière. 1907,
SUR LA NUTRITION MINÉRALE DU CHAMPIGNON DE COUCHE »
Dans cette première étude, essentiellement analytique, nous ne
nous sommes pas bornés à établir la composition minérale du
champignon entier, mais aussi celle de chacune des parties de
l'appareil sporifère : pied (stipe, chapeau, hyménophore, lamelles
sporifères, spores), de façon à voir quels éléments minéraux prédo-
minent dans chaque partie.
Nous avons ensuite recherché s’il existe quelque différence
dans la composition minérale du champignon, aux divers stades
de son développement, dans le but de juger de la migration des
principes minéraux du mycélium dans l’hyménophore, à traversles
hyphes du pied et du chapeau; la connaissance de l’assimilation
minérale du champignon peut indiquer le moment opportun pour
fournir au champignon tel ou tel engrais.
Aussi nos analyses ont-elles porté sur l'appareil sporifère jeune,
à chapeau encore elos, et sur l’appareil sporifère à maturité, à
chapeau largement ouvert.
Nous avons réservé pour une étude ultérieure l’analyse du
mycélium, qui ne peut être isolé dans le sol des particules ter-
reuses et doit être isolé de cultures sur milieu liquide.
Les spores ont été recueillies à l’état de pureté, en plaçant,
lamelles en bas, des chapeaux en pleine maturité, sur une plaque
de verre; la poudre brune qui se dépose sur la lame est tout
entière formée de spores; un grattage avec la lame d’un sealpel
suffit à la détacher.
Les différents échantillons, après avoir été pesés à l’état frais,
étaient séchés à l’étuve à 1109, puis broyés et moulus. Une partie
de cette poudre servait à faire le dosage de l’azote total; l’autre
partie était brûlée pour déterminer la proportion de cendres y
incluses: ces matières minérales étaient ensuite soumises à l’ana-
lyse complète.
Nous avons pris soin de rapporter à la substance sèche du cham
pignon les proportions des diverses substances minérales y conte-
nues, car il résulte des constatations concordantes de tous les
analystes que la teneur en eau des différentes espèces de champi-
gnons est extrêmement variable, selon les circonstances exté-
rieures, même chez les divers individus d’une seule et même espèce.
6 ANNALES DE LA SCIENCZ AGRONOMIQUE
Les chiffres consignés dans les tableaux ci-après permettent,
dès maintenant, quelques déductions.
Proportion des divers organes pour 4 kilo de champignons
APPAREIL SPORIFÈRE JEUNE APPAREIL SPORIFÈRE A MATURITÉ
(chapeau fermé) (chapeau ouvert)
ET ——" — ES
Pieds |Chapeaux | Lamelles Pieds [Chapeaux | Lamelles
grammes | grammes | grammes | grammes | grammes | grammes
AMlétat frais, 390 990 100 365 510 125
AOTIÉTALSEC MN. ra0ts 480 434 86 k41 467 92
Composition centésimale des cendres
APPAREIL SPORIFÈRE
APPAREIL SPORIFERE JEUNE A MATURITÉ |
| — — A —
| Rex Cha- La- Cha- La- |
| Bret peaux melles pes peaux melles |
Ghlorescrn tes OU 260169 7,01 1,80 3,33 5,59 2,66 |
Acide sulfurique. . . . .[ 11,01 11,35 3,30 14,90 13,66 8,09
SIICE MANN) LME E 7,01 1522 36,40 8,88 5,69 |
Acide phosphorique. . . . 4,66 5,00 11,60 3,78 7,08 8,53
Alumines en CR UD ZE 9,44 | 10,60 | 10,79 | 14,30 | 18,93
Oxyde de fer . . . . . .| Traces | Traces | Traces | Traces | Traces | Traces |
Oxyde de manganèse. . .| Traces | Traces | Traces | Traces | Traces | Traces |
Chaux E ES. 415; 11 6,78 8,38 14,32 5,93 11,78
Mapnésier SU ER 0,43 | Traces | Traces | Traces 0,37 | Traces
POTasser PPS NE 6,99 18,22 25,60 5,73 17,93 19,60 |
Sonde. ui; cotorle10; 70 1,29 96 42620 8,78 | 24,30 | 20,00 |
SUR LA NUTRITION MINÉRALE DU CHAMPIGNON DE COUCHE 7
Composition de 4 kilo de matière fraîche
APPAREIL SPORIFÈRE
APPAREIL SPORIFERE JEUNE A MATURITE
I
a Cha- La- ee Cha- La-
DES peaux melles Eee peaux melles
gr. gr. gr. gr. gr. gr.
PAU ONE TER L ER) 907 900 864 897 918
lo sicio en. 161 93 100 136 103 82
AD TOME de ab 6,12 5,80 8,04 5,70 26,26 7,20
CEDOTES ER RS 5 0!8 13,63 13,33 38,17 16,15 13,66
Ghlore ner rs leu die7 0,95 0,24 1527 0,90 0,36
Acide sulfurique. . . , . 5,59 41,55 0,44 5,68 2,20 1,10
SIC En. ne PR 0,95 0,96 | 13,89 1,43 0,78
Acide phosphorique RE D BY 0,68 4,54 1,44 1,14 1,16
Alumine. . . . nn - 1,25 1,24 1,41 4,12 2,31 2,98
Oxyde de fer . . . . . .| Traces | Traces | Traces | Traces | Traces | Traces
Oxyde de manganèse. . .| Traces | Traces | Traces | Traces | Traces | Traces
CRU EE el 0666 0,92 AAL 5,46 0,95 1,61
IMAGRÉSIEN ET RE 0,22 | Traces | Traces | Traces 0,06 | Traces
POlASSC RL ele 3,33 2,48 3,41 2,18 2,89 2,68
ST CRE MEN ES 77 4,08 3,52 3,35 3,92 2,73
Composition de 4 kilo de matière sèche
APPAREIL SPORIFÈRE
APPAREIL SPORIFERE JEUNE A MATURITÉ i
: Cha- La- : Cha- La-
TS peaux melles THE peaux | melles
gr. gr. gr. gr. Jr gr.
BANDE one 0 De. co MEN 62,3 80,4 41,9 60,8 87,8
Gendres = #1. =. :1"3158 146,6 133,3 280,7 156,8 166,6
Ghlore- Fu": sal 11160 10,21 2,40 9,33 8,73 4,39
dar que, 2e n09E71 16,66 4,40 41,75 21,34 13,42°
DilCer ee. to1E613%184024 9,60 |102,09 | 13,87 9,51
Acide phosphorique PANNE 52 7194 15,40 10,58 11,06 48,15
AUTO TE SR 7/6 AS SO AIO IS 028022 ET 31,47 |
Oxyde de fer . . . . . .| Traces | Traces | Traces | Traces | Traces | Traces |
Oxyde de mänganèse. . .| Traces | Traces | Traces | Traces | Traces | Traces |
Chaux 7 MER ea 136 9,89 | 11,10 | 40,13 9522 19,64 |
Magnésie ER RU or 1,36 | Traces | Traces | Traces 0,60 | Traces |
POtassSel er 020168 26,66 34,10 16,02 28,03 32,69
Doudou Ci clor/048,8010R 3520080 622%1#3802,#33;90
8 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Composition de 4 kilo de champignons entiers (appareil sporifère)
APPAREIL SPORIFÈRE JEUNE APPAREIL SPORIFÈRE À MATURITÉ
EE" ET
EE Cha- La- 5: Cha- La- À
FRE peaux melles Da PE peaux melles Total
gr | gr gr gr. gr gr gr gr
A l'état frais
Eau. 0-212209 6 498,8 90 882,4 315,4 457,5 114,8 887,7
Matière sèche. .| 56,4 91,2 10 117,6 49,6 | 52,5 10,2 14229
Azote. . . . .| 2,142] 3,190] O0,804| 6,136| 2,080! 3,192] 0,900 | 6,172
Cendres #17 592 7,496 1,333 | 26,621] 13,932 | 8,236 1,708 | 23,876
Chiore nee 0,654 0,522 0,024 1,200 0,463 0,459 0,045 0,967
Acide sulfuri-
que 1,956 0,852 0,044 2,852 2,073 1,122 0,138 d,699
SIUCE Se IR0 1251005221 0/0967 887771 5,069 | 0,729] 0,098 5,896
Acide phospho-
PIQUE 0-10 829 0,374 0,154 1,357 0,525 0,581 0,145 15251
Alumine . . .| 0,437| 0,682| 0,141! 1,260| 1,503] 1,178] 0,322 | 3,003!
Oxyde de fer. .| Traces | Traces | Traces | Traces | Traces | Traces | Traces | Traces
Oxyde de man-
ganèse. . . .| Traces | Traces | Traces | Traces | Traces | Traces | Traces | Traces
Chaux. 27. 2,391 0,506 0,111 2,948 12902 0,484 0,201 2,677
Magnésie . . . 0,077 | Traces | Traces 0,077 | Traces 0,030 | Traces 0,030 |
BOtasSe re 1,165 1,364 0,341 2,870 0,795 | 1,473 0,335 2,603
SOUL ME e 1,904 2,244 0,352 4,500 18222 2,000 0,341 3,563
A l’élat sec
Azote. . . . .| 18,24 | 27,03 |: 6,91 | 52,18 | 18,47 | 28,39 8,07 | 54,93
Gendres.... 11515 63,6 DA 226,5 42357 73,2 1553 212
Chlore . . . .| 5,592| 4,431| 0,206 | 10,229] 4,114| 4,086| 0,:03| 8,603
Acide sulfuri- |
QUE I EI0 660 7,230 0,378 | 24,268 | 18,411 9,965 1,234 | 29,610
Silice .. . . .| 69,182| 4,431| 0,825 | 74,438 | 45,021| 6,478| 0,874 | 52,373|
Acide phospho-
rique. . . .| 7,065| 3,172| 1,324| 11,561] 4,665| 5,165| 1,301 | 11,131
Alumine. . . . 3,724 5,785 |+ 1,212 | 10,721 || 13,353 |" 10,465 2,895 | 26,713
Oxyde de fer. .| Traces | Traces | Traces | Traces | Traces | Traces | Traces | Traces
Oxyde de man-
ganèse . . .| Traces | Traces | Traces | Traces | Traces | Traces | Traces | Traces
Chat ee 110852 4,341 0,954 | 25,147 | 17,697 4,305 1,806 | 23,808
Magnésie . . . 0,652 | Traces | Traces 0,652 | Traces 0,28 | Traces 0,28
POtASSe Ne 9,926 | 11,570 2,932 | 24,428 7,064 | 13,090 3,007 | 23,161|
Soude. . . . .] 16,214 | 19,039| 3,027 | 38,280 | 10,857 | 17,755 | 3,063 | 31,675]
SUR LA NUTRITION MINÉRALE DU CHAMPIGNON DE COUCHE 9
Composition centésimale des cendres de spores
OS RE CRT 3,00
Acide sulfurique #0 4430: 00 116,42
SEE Ne PS A La eut 30,35
Acide PRE À UP PES Ve 22
Alumines EP EMEE AT oRe 3.91
OX VAS LETTRE En Trac es
Oxyde de manganèse . . . . . . Traces
ÉDAUE AR M 5. à re 4497
NAS TOR RE ee ed een see 12,85
Potassee ln Et nant nee 5,97
COUT NRE NT ere he ele de 0,13
Composition de 4 kilo de spores
ÉTAT FRAIS ÉTAT SEC
grammes grammes
LEE TOR ER SON RCRE PTERE 368,0 0
Matière séche "2%... 19 -": 632,0 100,0
PURE TOM ENS DOTRSTR PR PRET ETES 35,4 56,0
CERTES NT ee 2 Us aire 2285 7 354,0
CRIE RIM RARES RIRES 6,7 10,6
Acide sulurique «nie. 13,8 21:,8
SUCER Re LA ER EME SP 67,9 107,4
Acide phosphorique. . . . . . 11,8 48,7
ANSE TN ETS EP ER PE 7 EUR 295 46,7
Onde EE Le Traces Traces
Oxyde de manganèse . . . . . Traces Traces
CA RU re Le ete ce 43 ,1 68,2
MADRESE ROME MMS EN EX 4316. 2847 45,5
OUR CC PRE TER 43.3 À
SOUDE TA ENS EN Me ee 0,3 0,5
Quantités d'éléments fertilisants des spores
correspondant à 4 kilo de champignons à chapeaux ouverts à l'état frais
grammes
Quantité de spores fraîches four-
nie par 1 kilo de champignons. 0,815
ERA AE A ES) RER 0,300
Matière sèche + 24027 ame rte 0,515
PANDA N es PA POSE MEN EE 0,028
Ceres ra EMMA CU, PEER 0,182
milligrammes
CICR SARNIA LIRE ANS 5,46
AMeideisulinrique Le CARE 44,25
SARA TRE PUR ERA RS ME FEES
Acide phosphorique . . . . . . . 9,61
NET ET ET PE NE 24,04
Oxyde de tenez" Traces
Oxyde de manganèse . . . . . . Traces
CREER, Cr Eten A LEE A
MAnésie. PRES EC CU EME SH 23,39
ÉDÉSSSO ASC NEUTRE 10,84
SOU ER NE an as 0,24
10 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Une proportion élevée de silice, d’alumine et de chaux existe
dans les tissus de l’appareil sporifère; cette proportion est
maxima dans les pieds, mais elle peut provenir des particules
terreuses incrustées dans la cuticule, et dont il est impos-
sible de débarrasser la surface par un brossage léger ni par le
lavage superficiel. La forte proportion des mêmes substances dans
les lamelles et les spores (qu’il est possible d’obtenir, ainsi que le
démontre l’examen microscopique préalable des lots soumis à
l’analyse privée de particules sableuses) montre qu’elles font, au
moins pro parte, partie intégrante des tissus du champignon; la
silice, en particulier, doit assurer la rigidité des membranes cel-
lulaires.
La richesse du champignon en chaux explique la réussite de sa
culture sur substratum calcaire, et l’utilité de la pratique du
goptage de la meule avec une terre plus ou moins riche en élé-
ments calciques.
On n’y trouve que des traces indosables de fer et de bien fai-
bles quantités de magnésie.
Les appareils sporifères d’âge différent offrent une remarquable
similitude de composition; même similitude, bien que moins mar-
quée, existe entre parties distinctes de l’appareil sporifère. Il sem-
ble que lassimilation minérale effectuée dans les filaments
mycéliens ne subisse plus de modifications sérieuses du fait de
l’édification de l’appareil sporifère et de sa différenciation.
Il ne semble se produire qu’une translocation extrêmement
faible des substances minérales, pendant la dernière phase de la
maturation de l’appareil sporifère.
On trouve cependant dans le chapeau ouvert une propor-
tion un peu plus forte d’acide sulfurique, accumulé tant dans le
tissu propre du chapeau que dans les lamelles, et une proportion
moins forte d’acide phosphorique, de chaux, de potasse et de
soude dans le pied.
- C’est donc au mycélium, au moment de son expansion dans le
substratum nourricier, qu'il y a lieu de distribuer les aliments
minéraux utiles; il serait illogique de réserver leur épandage pour
le moment de l'apparition à la surface de la meule des « marques »,
SUR LA NUTRITION MINÉRALE DU CHAMPIGNON DE COUCHE li
ou nodosités blanches correspondant au sommet du chapeau en
voie d’émergence.
Il est intéressant, au point de vue de la biologie de la plante,
de constater la prédominance dans les spores de l’azote, des acides
sulfurique et phosphorique, de la potasse et surtout de la magné-
sie, qui constituent les éléments évidemment nécessaires à la
sporulation; mais au point de vue cultural, le rapport numéri-
que du poids des spores et de celui de l’appareil sporifère est si
faible qu’il n’y a guère lieu de tenir compte des exigences miné-
rales propres de la spore, vis-à-vis de celles de l’appareil sporifère
dans son entier.
Les éléments prédominants dans les tissus du champignon de
couche sont : l’azote, les acides sulfurique et phosphorique, M
chaux, la potasse et la soude.
Les chiffres d’acide phosphorique et de potasse que nous avons
trouvés sont notablement inférieurs à ceux donnés par les auteurs
qui se sont occupés de la question avant nous (Voir tableau repro-
duit au début de cette étude).
On peut espérer favoriser l’assimilation desdits éléments par
l'addition au fumier d’engrais approprié.
Le fumier de cheval, seul milieu de culture offert jusqu’à ce
jour, dans la pratique, à l’Agaric champêtre, renferme, en effet,
d’après WoLFr :
POUR MILLE
PATES ART Re ee lee ce de, ne
5.8
2,8
CHAR RE ne 241
4,4
PAHPASS OR AE RU A Ra à He
Ce milieu paraît, eu égard aux exigences de l’Agaric, relative-
ment trop pauvre en chaux et en potasse, par rapport à l’azote et
à l’acide”phosphorique.
Il semble done, d’après les données analytiques, qu’on aurait
chance de modifier favorablement les rendements de la culture
12 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
du champignon de couche, en additionnant le fumier d’engrais
calciques et potassiques.
Des expériences en cours, tant au laboratoire que dans des
champignonnières, nous fixeront à cet égard, en même temps que
nous poursuivrons l'étude de l'assimilation des éléments nutritifs
par le mycélium et des modifications que doit subir le fumier,
avant d’être apte à servir de milieu de culture à lAgaric cham-
pêtre.
UN
COIN DE L'ORANIE
MAQUIS, BROUSSAILLES ET FORÊTS
Par A. MATHEY
(Suite [11
Pour remonter du sable nu au perchis inégal de genévriers
(Phénicie et oxycèdre) et de thuya, la nature dépense ainsi envi-
ron quatre-vingt-cinq ans, à condition cependant qu’elle ne soit
pas gênée.
Ces chiffres pourront étonner quelques foresbiers. On croit, et
on nous l’a dit bien souvent, que la forêt algérienne est très
prompte à se reconstituer et qu’elle panse ses plaies en une courte
vie de fonctionnaire. Il n’en est pas ainsi. Il est vrai qu’elle est
relativement longue à se détruire, par suite de la façon dont les
essences se tissent et s’accouplent, mais elle est encore bien plus
longue à se reconstituer, lorsque manque le sous-bois, qui est, à
proprement parler, la source où elle s’alimente.
On reproche à ce sous-bois, véhicule de la vie, d’être aussi le
véhicule de Fincendie, c’est-à-dire de la mort. Nous croyons peu
au feu involontaire. Mais quelle désolation, si les richesses fores-
tières de Seddoua venaient un jour à être détruites ! Malheureu-
sement, 1l faut convenir que si le feu prenait quelque part, on
serait embarrassé pour le circonscrire.
(1) Voir Annales de la Science agronomique, &. 1, 1909, 6° fasc.
14 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
I n’y a, en fait de tranchées et de chemins, que des pistes cou-
rant parallèlement à la mer, c’est-à-dire enfilées par les vents du
nord-ouest et du sud-est. Il faudrait, de toute nécessité, compléter
le réseau de défense, ou mieux en créer un de toutes pièces.
La formation de vastes quadrilatères séparés par des tranchées
de 20 mètres de largeur serait évidemment très désirable, si l’on
n’était point obligé de compter avec la dépense. On pourrait ce-
pendant tourner la difficulté financière en plantant des figuiers
dans ces tranchées et en en abandonnant les produits aux indi-
gènes, à charge pour ces derniers de nettoyer et de cultiver les
parties défrichées. De toute façon, la mise en valeur de ces tran-
chées serait facilitée par l’introduction d’arbres à feuillage persis-
tant, comme les oliviers et les caroubiers.
Ces plantations pourraient être exécutées à peu de frais par
les préposés et avec chance de réussite en prenant soin de munir
chaque poste d’un tonneau-arrosoir, qui pourrait circuler aisé-
ment dans les tranchées et qui serait traîné par les chevaux des
hommes.
Il existe, avons-nous dit, dans la forêt de Seddaoua, une forme
argentée et fort curieuse du genévrier de Phénicie. Le revêtement
cireux offert par certains sujets seulement, reconnaissables à leur
port plus élancé et à leurs branches fastigiées, est une arme pré-
cieuse contre le rayonnement et la force de la chlorovaporisation,
activée par le vent. Les galbules sont plus allongés que dans la
forme ordinaire, plus gros également, et présentent en moyenne
11 à 12 millimètres de diamètre, au lieu de 9 à 10. Pour ces motifs,
cette forme paraît marquer un progrès dans le stade évolutif de
l’espèce.
Quant à la forêt de genévriers en elle-même, elle est fort inté-
ressante par ses aspects changeants el ses nuances pour ainsi dire
indéfinies. A Seddaoua, elle a un facies jardiné. De vieux arbres,
_mesurant 270 à 2Mm80 de tour et 7 mètres de hauteur totale, sont
distribués au milieu de semis et de gaulis. Des branches énormes
se détachent à 1 mètre du sol etse prolongent horizontalement jus-
qu'à 4 mètres et 4m 50 de leur point d'insertion, donnant ainsi un
couvert de 64 mètres carrés. Ces colosses sont âgés de trois siècles
UN COIN DE L’ORANIE 15
environ. Autour d’eux se pressent des sujets de tous âges et de
toutes grosseurs, dont le port est d’autant plus svelte que le massif
est plus compact. Ce dernier varie également beaucoup. Lêche
dans les menées de sable envahies par le retam, les halimies et les
cistes, il atteint, en d’autres points, une densité inouïe, et il est
singulièrement malaisé de circuler au milieu de ces branches
entrelacées, surtouc quand il existe un sous-bois de kermès et de
lentisque.
Aux alentours des vides, l’éphèdre grimpe à travers le feuillage,
invitant l'oiseau à cueillir ses innombrables baies de corail. Plus
près des rivages de la mer, le Lonicera etrusca Santi coiffe de ses
rameaux volubiles les buissons feuillus et embaume l'air du par-
fum deses fleurs. Ailleurs, dans les combets plus frais, une liane, le
Smilax aspera L., cireule de branche en branche et de cime en cime,
jetant dans l’espace de grêles et sveltes ponts pour les imsectes.
Le fût du genévrier de Phénicie est étrangement cannelé, par
suite de la striation hélicoïdale interne de l’assise cambiale; il
présente de larges et profonds sillons réunis par
des bosses mollement arrondies. Le bois est im-
putrescible. Tronçonné, il émet des gouttelettes
AP PNR
|
de résine exclusivement dans les parties profon-
des du liber. On trouve des branches de 70 à TS
80 centimètres de tour coupées depuis plus de section d'une bran-
che tronçonnée.
cinquante ans et dont la section est aussi fraiche , : |
a, à, gouttelettes de
que si elle avait été faite d'hier. L’aubier est tes
nettement distinct du cœur. La proportion de ce dernier est d’en-
viron :
Chiezles jeunes sujets 4e. 50 0/o
Chez les sujets d’âge moyen. . . . . 70
Chez lessvieux sujets. -"R05T [4 80
Le développement en diamètre et en hauteur des arbres isolés
et en massif se fait conformément aux indications des diagram-
mes ci-après.
La fructification est régulière et étonnamment abondante.
Nous avons vu, dans Seddaoua, des genévriers de 1m 20 à 1m 30
de tour pouvant donner jusqu’à 30 kilos de baies.
16 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Le diamètre des baies varie entre 15 et 17 millimètres pour le
Souche d’un genévrier de Phénicie de om09o de
tour et de 4 mètres de hauteur totale; àge :
13 ans.
Sur le diamètre AB, mesurant om 25,on compte:
om 03 d’aubier en A, om0/4 en B. Le partage
entre le cœur et cet aubier se fait au voi-
sinage du cerne de 88 ans. — L’écorce est
épaisse de 1 centimètre en moyenne. Le cou-
vert a un diamètre moyen de 6m 50.
genévrier oxycèdre; entre 9 et
10 millimètres pour le genévrier
de Phénicie, variété commune ;
entre 11 et 12 millimètres pour
le genévrier de Phénicie, variété
argentée. Un litre de galbules
de genévrier oxycèdre pèse 480
grammes et contient de 330 à
350 fruits. Un litre de galbules
de genévrier de Phénicie pèse
500 grammes et contient envi-
ron 390 fruits. Chaque galbuie
renferme trois graines fertiles
et souvent une quatrième atro-
phiée chez le genévrier oxycè-
dre, quatre graines également fertiles chez le genévrier de Phénicie.
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Œ.
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il
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220 240 260 280 300 320 340 ans
Développement du diamètre du genévrier de Phénicie.
UN COIN DE L'ORANIE 17
La dissémination des galbules se fait en hiver. Le galbule, rela-
tivement lourd, est dispersé au loin par les oiseaux : merles et
grives principalement. La graine met certainement deux ans pour
müûrir, car tous les essais faits à Mostaganem avec des baies de
l’année ont été vains. La germination est difficile. Il résulte de nos
CROISSANCE
exception-
nelle
des dunes
de la Stidia
I an : 0MO2
2ans:0 19
3 — o 30
& — o 60
5 — o 8o
6 — 1 00
ot: 1% 15
TN ET Pre) a 8 — 1 30
| g9— 1 45
| 10 — 1 60
20 — 1 80
Croissance en hauteur du genévrier de Phénicie:
(Types de la forêt de Seddaoua.)
recherches que le meilleur moyen d’accélérer cette germination
est d’enfouir profondément dans du sable les graines fraichement
cueillies, et de n’employer ces graines, pour les semis, qu'après une
année entière de stratification. On hâte beaucoup le gonflement du
péricarpe en maintenant ce sable toujours un peu frais.
La lumière est nuisible à la germination. Celle-ei ne se fait que
très rarement à découvert et seulement sur les argiles rouges (Ard
Khadra). Dans ce cas, il doit s’agir de graines enterrées depuis
longtemps et qui sont rappelées à la vie par le décapement du
sable sous l’action du vent. Habituellement, c’est toujours sous
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 11 2
18 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
le couvert des branches basses des porte-graines, au travers des
touftes d’halimies, de kermès, de lentisque, qu’il faut chercher le
semis.
La plantule est épigée. Elle grandit par voie de développement
associé. Abondantes dans les jeunes coupes de taillis de la Macbka,
L
L£Ez
2
VI//LL2 RD)
LL
TS
à «
12
ST
Se
LL
ÆSSS"
CE
YÈSS
; y Ê TUE 7/77 ZA ANS
Développement du genévrier de Phénicie.
1. Plantule d’un an. — 2. Plantule de deux ans.
après les exploitations, elles disparaissent en juillet, août, époque
à laquelle elles sont brûlées par le soleil. I leur faut donc un abri
prolongé dans le jeune âge.
La radicule se développe la première année en un pivot de 12 à
13 centimètres de long, alors que la gemmule ne donne qu’une
pousse de 1°” 5 à 2 centimètres, pousse munie de sept à huit ver-
ticilles de feuilles aciculaires (fig. 1). La seconde année, le plant
UN COIN DE L’ORANIE 19
s’étoffe. De nouveaux bourgeons donnent naissance à une rami-
fication assez confuse, principalement au niveau du collet qui se
renfle en boule comme chez l’éphèdre. La radicule se garnit de
nombreuses radicelles qui courent parallèlement au sol, et le
pivot s’infléchit pour tracer dans le sable, du côté où il trouve le
plus d'humidité.
Le bois des genévriers oxycèdre et de Phénicie est à grain très
fin, susceptible d’un beau poli et d’une durée presque illimitée.
Le fût des arbres âgés est souvent creusé par la larve d’un lucane,
excessivement abondant dans la forêt de Seddaoua.
L'oxycèdre donne un combustible qui brûle rapidement en
pétillant et en dégageant une douce odeur d’encens. Le genévrier
de Phénicie a un pouvoir calorifique plus grand, mais son odeur
est très forte. Il est souvent distillé par les indigènes en vue de la
production du goudron (1).
L'utilisation industrielle du bois de genévrier est à peu près
nulle. Seuls, les indigènes se servent des perches les plus droites
pour couvrir leurs gourbis. La durée de ces perches est presque
indéfinie.
Travaillé et sculpté, le bois fournirait d’élégants objets. Il
serait vivement à désirer que l’on apprit à l’indigène à tirer parti
des ressources naturelles du pays. La création d’écoles manuelles
d'apprentissage, où l’on formerait des moniteurs appelés à se
répandre de tribus en tribus et à propager l’instruction qu’on leur
aurait donnée, serait une œuvre éminemment utile. L'esprit d’i-
mitation est très développé chez l’Arabe et il est à présumer qu’il
profitera largement d’un enseignement qui parle aux yeux. L'É-
gypte avait autrefois des ouvriers habiles. Elle nous a légué des
bas-reliefs, des peintures, des sarcophages, des enveloppes de
momies attestant qu’elle avait des meubles en bois et non seule-
ment des nattes. Fauteuils taillés en plein bois, tabourets en bois
tourné, tables peintes ou recouvertes de nattes bariolées, coffrets
unis ou ouvragés, statuettes, jouets, tout cela pourrait et devrait
faire l’objet d’une industrie qui deviendrait vite florissante.
(1) Pour tout ce qui concerne cette industrie, nous renvoyons à notre
Traité d'exploitation commerciale des bois, Paris, L. Laveur, 1908.
20 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Les plus beaux troncs des genévriers de Phénicie et oxycèdre
peuvent donner d’élégants placages. En Corse, on en fait des
barils pour conserver l’eau.
Le tarif de cubage suivant a été dressé au moyen des quelques
analyses de tiges que nous avons recueillies au hasard des tour-
nées. Il donnera un aperçu du rendement en matière des arbres
parvenus aux différentes grosseurs.
CIRCONFÉRENCE
A "2 — =
= ù VATIONS |
un mètre OBSERVATIONS |
du sol du füt du houppier |
Le facteur de |
conversion du
mètre cube en
stères est de 1,6
Q2
0,02 0,01
0,04 0,02
0,07
0,13
0,20
0,28
0,41
0,54
0,68
0,82
0,96
1,11
1,26
1,41
-
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DORÉ ER À À» LR © © ©
RES en MONO ON Se SOS
©
E
Quant au matériel existant dans la forêt de Seddaoua, il varie
beaucoup d’un point à un autre. Nous n'avons pas eu le temps,
d’ailleurs, de faire compter des places d’essais. Les quelques esti-
mations à vue de nos calepins donnent en moyenne 83 stères et
32.000 bourrées à l’hectare, soit environ 135 à 140 mètres cubes
grume, dont 50 à 55 seraient propres au service ou à l’industrie.
Du reste, la végétation actuelle des forêts de Bou Rahma et de
Seddaoua ne peut donner qu’une idée bien faible de ce qu’étaient
autrefois ces massifs. En longeant un jour le douar des Oulad si
Larbi, nous nous sommes arrêté, saisi d’admiration, devant le
tableau qu’offrait un fond de lette. Sur une étendue d’un hectare
environ se trouvait un coin de forêt vierge. Des genévriers hauts
UN COIN DE L’'ORANIE 21
de 8 à 10 mètres présentaient un füûc lisse, admirable, de 5 à 6 mètres
sous branches, tandis qu’au-dessous se tordaient des lentisques
énormes et des philarias plus petits. Des lianes de smilax et des
cordages d’éphèdre complétaient ce paysage peut-être unique.
Devons-nous ajouter que les jours de ce bouquet sont comptés ?
Entouré de sables mobiles, 1l disparaîtra bientôt devant le vanda-
lisme de l’Arabe: c’est à peine si l’on pourra deviner dans l'avenir
la richesse et la majesté de son peuplement archaïque.
Peut-on, doit-on asseoir des exploitations dans Seddaoua?
Lesquelles? Tout d’abord, il serait imprudent de dévêtir les sables.
Donc il ne faut pas d’exploitations qui dénudent sur de larges sur-
faces. On devrait dès lors se borner à jardiner les bois morts et
dépérissants. Cette opération ne se justifierait qu’autant qu’une
industrie de produits chimiques demanderait à s’installer dans le
pays. Et en utilisant tout ce qui traine, tout ce qui pourrait s’en-
lever, en y joignant les produits de quelques élagages, à pratiquer
sur de jeunes sujets d'avenir, englobés dans les massifs, nous ne
croyons pas que l’on puisse trouver dans Bou Rahma et dans
Seddaoua plus de 250 stères par an, susceptibles de rendre 6.000
litres de goudron, d’une valeur de 6.000 à 7.000 francs. Ce n’est
pas suffisant pour alimenter une grande usine et pour rémunérer
les capitaux nécessaires à son installation. La distillation des
galbules, au moyen d’appareils peu coûteux, serait assurément
possible, mais il serait bien dangereux de lâcher les indigènes en
pleine forêt pour opérer cette récolte. Il paraît donc plus sage d’at-
tendre que touc le massif de Bou Rahma et de Seddaoua se soit
reconstitué avant d'entreprendre aucune exploitation dans des
forêts qui sont surtout des forêts protectrices, destinées à préserver
toute la région de l’ensablement et de la violence des vents. Que
si, d’ailleurs, quelques industries indigènes locales, utilisant le
bois, venaient à se créer, on pourrait largement les approvisionner
avec les vieux arbres dépérissants, épars dans les peuplements.
La florule de ces sables n’est pas très variée. Cependant le voi-
sinage d’une ancienne forêt a bien augmenté le nombre des es-
pèces. Parmi celles-ci on peut citer : Vaillantia muralis L., Aste-
ricus maritimus Mœnch., abondantes dans les falaises de Brahim ;
22 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Chrysantemum viscosum Desf., Chr. segetum L., qui salissent les
terrains des gardes, envahissent les semis de Seddaoua et dont
les capitules fleuris sont coupés pour être donnés aux chevaux;
ces chrysanthèmes croissent habituellement en compagnie d’une
scrophularinée ligneuse, Scrophularina canina L. Hedysarum
mauritanicum Pomel. est fréquent dans les vides du littoral où
il accompagne Ononis variegata, Plantago coronopus, Medicago
marina, Frankenia hirsuta, Ormenis miseta, etc., etc. Ce sainfoin,
de même que tous ses congénères algériens, n’est pas brouté en
vert par le bétail, mais, fané, il constitue un fourrage abondant,
précieux et accepté par tous les animaux de la ferme. Parmi les
graminées se glissant à l’abri des buissons de kermès et de lentis-
que ou végétant le long des pistes et des chemins, nous citerons :
Anthoxantum ovatum Lag., Agrostis elegans Thore, Oryzopsis
miliacea L., Aira Cupaniana Guss., de nombreuses avoines
(Avena sterilis L., A. pilosa Boiïn., A., barbata Brot.), Kæhleria
eillosa Pers., et enfin Vulpia geniculata Link., extrêmement
abondant sur tous les sables du Dahra. Mais l'association la plus
commune, celle qui frappe tout d’abord les yeux, est constituée
par la gracieuse Briza maxima L., le Lagurus ovatus L. et l'Ono-
brychis crista Galli Lam. Les deux premiers croissent dans les
fourrés peu épais et donnent du bon fourrage, difficile seulement
à récolter, car ce ne sont pas des plantes sociales couvrant le sol
d’un tapis continu; le troisième grimpe partout dans les couffes
de lentisque et de kermès et baigne dans la lumière ses magnifi-
ques inflorescences.
Un fourrage créé avec la formule d’ensemencement ci-dessous
aurait, éroyons-nous, grande chance de réussir dans les sables du
Dahra
POUR UN HECTARE :
kilos
Buzerne Maritime TONER EN 12
Saintoint 21H MEN TTC TEEN 20
PFlouve 2 280 eu AIM Re 5
Kœæhlérie rie RE EL 3
Vulpin (; 0 LRU ERNION ÉCRAN. 10
OZYLOPSIS, NORRIS CSA ETS 10
THAPUTE 0e CORNE Re Ne CENT ]
Brizen es MON RME RE TE 5
UN COIN DE L'ORANIE 23
On pourrait facilement en faire l'essai dans un champ de garde.
La luzerne maritime, qui a tendance à se coucher sur le sol, trou-
verait, dans les chaumes des graminées, un solide point d’appui et
se développerait plus vigoureusement en hauteur.
3 — Forêts des argiles bariolées du miocène
Il est à peine besoin de faire remarquer que l’ordre suivi dans
ces descriptions ne coïncide pas avec la succession normale des
assises. On en trouvera les motifs dans l’enchaîinement progressif
des peuplements, dont on peut mieux suivre la lente et curieuse
évolution.
Les terrains sur lesquels sont situées les forêts de ce troisième
groupe se trouvent à un niveau inférieur à celui des grès micacés
et dépendent des sous-étages helvétien et cartennien. L'analyse
gagnerait certainement à être plus serrée; malheureusement, dans
nos courses précipitées, nous n'avons pu nous repérer d’une façon
précise qu'aux environs du bordj de Nekmaria, où nous avons fait
ramasser, dans des bancs peu épais d’une argile noirâtre et mar-
neuse, des fragments d’une huitre volumineuse, l’Ostrea crassis-
sima, caractéristique de la partie supérieure de l’helvétien. Ces
argiles fossilifères, non toujours apparentes, sont recouvertes
d’une couche assez mince de grès rouges, en général garnis de
broussailles dont l'utilité est énorme.
CÉ:Gres ‘du Gontes
ralé=marneuse, noirâtre, avec très
== nombreuses empreintes
=== d'Ostrea crassissima
LE > Argiles blanches, très fables, avec
= SR Le DD ’ntercelations, de lentilles
ë à Æ = == D de magnesile
{Coupe à travers la vallée de l’oued Roumane.
La coupe ci-dessus, prise dans la vallée de l’oued Roumane,
24 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
rend compte des faits d’une façon schématique. On voit que la
partie supérieure des plateaux est couverte d’un manteau de grès
rouge, habituellement (Dadas, etc.) décomposé en un gravier
grossier, mais pouvant passer Çà et là à un sable argileux ou même
à des argiles sableuses (Ard Khadra), colorées d’abord en vert,
puis en rouge, par des grains de glauconie. L'épaisseur de ces gra-
viers et de ces argiles varie entre 1m 50 et 3 mètres aux points où
nous les avons observés. [ls ont été soumis autrefois à des dénu-
dations considérables, dénudations qui se poursuivent encore de
nos jours et qui se traduisent par la formation de dunes et de me-
nées de sables. Ce sont de bons terrains pour la vigne, partout où
ils n’ont pas tendance à être noyés. Ils reposent, en effet, en strati-
fication concordante, ou sur les argiles noires, ou directement sur
les argiles blanches, qui, les unes et les autres, sont imperméables.
La nappe des eaux phréatiques s'appuie done sur ces argiles et
encaisse plus ou moins les grès et les sables. À Ard Khadra, le
niveau supérieur se trouve, en quelques points, à 80 centimètres
seulement de la surface du sol. Le défrichement de ce canton, en
vue de la création d’un centre, élèvera certainement ce niveau, et
les maisons des colons ne tarderont pas à être envahies par les
eaux. Tel est encore l’écueil de ce malencontreux projet.
Nous avons montré que les couches filtrantes reposent directe-
ment sur des argiles imperméables. Or, celles-ci ont anciennement
subi des érosions qui en ont plus ou moins moutonné la surface.
Suivant done que les creux coïncident avec des saillies ou des dé-
pressions des terrains supérieurs, le plan d’eau se trouve plus ou
moins enfoncé. Lorsque les creux s'affrontent, 1l se forme, après
le déboisement, des flaques où l’eau séjourne en hiver, croupit au
printemps et donne en été des mares pestilentielles. Des Jones et
des carex marquent nettement ces emplacements.
Quant au rôle de protection joué par ce manteau de grès, de
UN COIN DE L'ORANIE 29
graviers ou d’argiles sablonneuses, il est vraiment énorme, on
pourrait dire providentiel. Les argiles blanches, situées au-dessous
de lui, sont, en effet, excessivement tendres et friables; elles se
laissent raviner avec une facilité incroyable par les eaux sauvages.
Le moindre filet qui sourd à la crête trace une profonde ornière
dans le flanc des coteaux, et les découpe en une succession de
dièdres accolés, aux arêtes vives, vierges de toute végétation.
Rien de navrant comme le spectacle embrassé du seuil de l «Caïn
Aouali », sur le territoire des Zerrifa. Dominant l’oued Roumane,
L'Oued Foumane
Les dièdres blancs de Damous.
on a devant soi les blanches ruines de Damous, dont les dièdres
s’avancent comme de gigantesques couperets, et, sous ses pieds,
une succession de ravins que sont impuissantes à retenir, sur ces
pentes, quelques touffes évanescentes de lentisques et de calyco-
tomes. Tout cela se décolle, s’en va, tombe en miettes et en pous-
sière sous le sabot des moutons et sous le pied des chèvres. On se
demande vainement l’idée qui a guidé l’application du sénatus-
consulte en ces parages.
Tant que les graviers conservent leur cuirasse de thuyas et de
genévriers, le sol est stable. Dès qu'ils l’ont perdue, ilss’affouillent,
se creusent et laissent percer l'argile. C’est alors que commence
la dégradation. Sous l’action toujours des eaux sauvages, il s’ac-
complit une érosion bizarre, rappelant les formations connues
26 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
dans les Alpes sous le nom de Demoiselles. Des lambeaux de
gravier ont, en effet, çà et là, protégé des pans d’argile qui se dres-
Les sculptures de Dadas.
sent, comme des obélisques, au milieu des parties plus profondé-
ment rongées. C’est ce qu'indique le croquis ci-dessus pris dans
le canton de Dadas, sur la piste conduisant de Nekmaria à la mai-
son de Brahim. N
En redescendant sur l’oued Roumane, l’excellent brigadier
Nicolas nous a montré des bancs d’une argile poreuse, dont les
indigènes se servent en guise de savon. Il doit évidemment s'agir
de magnésite, minéral fréquent dans les formations tertiaires
d’eau douce, et qui sert en Orient, sous le nom d’écume de mer, à
la fabrication des pipes.
Il y a peu de choses à dire sur le peuplement des graviers et des
argiles sablonneuses. La flore des sables s’y poursuit en dessinant
les mêmes cycles, et la forêt est toujours constituée par des gené-
vriers et des thuyas. Nous avons déjà noté que, sur les argiles
sablonneuses, la régénération du genévrier de Phénicie se fait
mieux quesur les sables mobiles. Nous devons encore constater que
les thuyas tendent à prédominer sur les graviers, où 1ls forment,
avec les lentisques et le chêne kermès, la masse du peuplement.
Mais le point essentiel à retenir de cette dissertation un peu
longue, c’est d’abord l'utilité grande, au point de vue du maintien
des terres, de ce manteau d’argiles sablonneuses et de gravier;
c’est ensuite l'importance offerte par les boisements qui les cou-
vrent. Leur conservation s'impose. Aussi, ce n’est point sans
surprise que nous avons constaté l’abandon de près de 1.000 hec-
tares de superbes broussailles au canton de Dadas. Ces brous-
sailles avaient d’abord été classées comme melks par la commis-
sion du sénatus-consulte, mais devant l'impossibilité de trouver
UN COIN DE L'ORANIE 27
des titres de propriété chez les indigènes, devant les âpres reven-
dications élevées par tous à l’occasion d’un bien qui, n'étant à
personne, appartenait à l’État, le Domaine s’est décidé, croyons-
nous, à le conserver. Il serait sage de remettre ces boisements en-
tre les mains du service forestier avant que leur ruine complète
ait consommé celle du sol.
La tranchée ouverte dans ce canton ne signifie absolument rien.
Elle est l’œuvre d’un caprice. De part et d’autre les bois se res-
semblent; de part et d'autre ce sont des peuplements de thuya,
de genévriers de Phénicie et oxycèdre, moutonnant comme des
ondes, aussi loin que peut porter la vue, et offrant en mélange des
fourrés bas et tressés d’halimies, de bruyères, de lavandes et de
calycotomes.
La transition entre la forêt de genévriers et la forêt de thuya se
fait dans les cantons du Châbet bel Kherr et de Sidi Youssef, dé-
pendant de la forêt de Seddaoua. Là sont des poudingues siliceux,
mélangés d'argile rouge, paraissant appartenir au cartennien et
reposant sur des calcaires marneux, utilisés dans le Dahra pour
faire de la chaux.
Nous avons noté au Châbet bel Kherr une broussaille composée
de thuya, lentisque, philaria, chêne kermès, avec sous-bois de
bruyère et d’halimie. Un chêne-liège se dresse au sommet de ce
canton, dans des propriétés melks, donnant à penser que l’on
pourrait économiquement transformer en chênaies de rapport
des broussailles improductives. A notre avis, c’est une erreur.
Erreur économique, car il n’est pas sûr que des peuplements
créés de main d'homme puissent se soutenir là sans frais considé-
rables. Erreur culturale ensuite, car la présence d’un chêne-liège
isolé ne signifie pas grand’chose, à côté des indications si nettes du
sous-bois. Il ne manque pas, en France, d’épicéas isolés dans les
jardins et les cultures. Qui donc voudrait partir de là pour trans-
former en pessières tous nos taillis sous futaie? Quand nous ferons
d’ailleurs la synthèse des faits que nous analysons, nous n’aurons
pas de peine à montrer que la présence du thuya et l’absence de la
bruyère-arbre sufliraient à elles seules pour condamner l'intro-
duction du chêne-liège dans ces massifs. Non pas cependant qu'il
28 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
soit impossible d'élever en ces points cette essence précieuse. On
y arriverait à force de soins et d’argent, mais l’entreprise ne donne-
rait, au point de vue financier, que de cruels mécomptes.
Le sous-bois de Sidi Youssef, celui du Châbet bel Kherr rappel-
lent bien plutôt celui des forêts de pin d'Alep. Et, de fait, quelques
semis effectués par les gardes sur des déblais de la route du litto-
ral ont donné de bons résultats. Toutefois, nous estimons que les
peuplements qui renferment du thuya sont doués de tout ce qu'il
faut pour évoluer avec profit, soit qu'on traite en taillis, soit qu'on
traite en futale.
Le thuya est une des essences les plus précieuses de l'Algérie
par son aptitude à rejeter de souche et par l'excellente qualité de
son bois. Les nœuds et entre-nœuds de la tige ne s’allongeant pas,
il forme un arbre mince, grêle et élégant, disposant sa ramure en
forme de cône aigu. Les feuilles, aussi serrées sur la tige que dans
le bourgeon, sont revêtues d’un vernis épais et homogène, et
verticillées par deux. Les ramules sont abondants et terminés par
Fleurs femelles
2 Extrémité grossie
À dune branche ( 170)
No) tab
Graine munie
Galbules 7, de son aile 14
Remule }
Thuya articulé.
des bourgeons d’un jaune safrané, à écailles bordées de cils. Les
fruits sont des galbules formés de quatre écailles ligneuses,
épaisses, inégales et affectant la forme d’un coin. Les faces in-
ternes sont planes, carrément coupées; les faces externes sont
creusées en gouttières et portent au sommet du sillon une éminence
saillante. Chaque galbule contient six graines de 3 à 5 millimètres
UN COIN DE L'ORANIE 29
de longueur, coniques et bordées d’une aile membraneuse quadri-
lobée et fortement élargie à la base. La floraison a lieu en novem-
bre, la fructification en juillet de l’année suivante; la dissémi-
nation des graines, commencée en août, se poursuit jusqu’en
décembre. Sous le tiède climat algérien, les thuyas fructifient ré-
gulièrement et abondamment. La germination des graines se fait
à l’ombre, sous le couvert, autour des broussailles et jusque dans
les touffes d’alfa. La graine germe rapidement, sans s’enkyster.
Elle donne naissance à une plantule pourvue de quatre feuilles
cotylédonaires et offrant une radicule mince, allongée et pivo-
tante. Le plant est épigé. Bi AE
L’écorce brune, finement gerçurée, présente de nombreux ca-
naux sécréteurs dans les compartiments
du liber secondaire. Il s'ensuit que, sur
les souches fraîchement exploitées, 1l se
forme, à la limite de l'écorce et du bois
(Voir figure ci-contre), un bourrelet soli-
difié d’une résine translucide et très belle,
qui n'est autre que de la sandaraque.
Cette résine s'étend sur la zone généra-
trice qu'elle protège contre le desséche-
ment, et par là contribue puissamment à exalter la propension
de l’espèce à émettre de nombreux rejets de souche.
Le bois est dense, lourd, presque dépourvu d’aubier. Le cœur
est d’un brun d’ébène. Les cernes sont toujours très minces, donc
en relation avec la croissance lente de l’espèce. La térébenthine
imprègne tous les tissus, aussi les indigènes fabriquent-ils avec
le thuya du goudron très estimé.
Le thuya donne un bon combustible, qui brûle avee une odeur
agréable, et un charbon excellent. Le bois, d’un grain fin, se polit
bien et pourrait être avantageusement employé à la fabrication
des meubles de luxe. Il fournit aussi des menues charpentes Indes-
tructibles. C’est avec lui que les indigènes édifient la toiture de
leurs gourbis et que sont construits les moucharabiés des maisons
mauresques; avec lui encore qu'ils façonnent, sans goût, des cuil-
lers, des poches et des plats.
30 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Le thuya atteint exceptionnellement, vers cent soixante ans,
dans les forêts de l'inspection de Mostaganem, 1m 50 à 4m 60 de
tour pour une hauteur totale de 10 à 12 mètres, dont moitié seule-
ment est propre au service. Généralement étêté ou abrouti, il se
présente sous forme de cépées assez fournies, mais peu amples
et conservant toujours ce port en fuseau, caractéristique des sta-
tions abritées. Sur le littoral, en effet, il s'écrase, moutonne et, par
là, se différencie nettement du genévrier qui pointe.
Rien ne donne une idée plus nette de la résistance incroyable
du thuya aux agents de décomposition que l’aspect d’une enceinte
brûlée. Alors qu'il ne reste rien du pin d’Alep et des chênes verts,
rien, pas même des troncs sur le sol, on voit émerger de la brousse
des perches qui sabrent l'horizon d’un trait noir. Ces perches sont
des thuyas qui ont bravé le feu, le vent et le temps et qui jettent
une note mélancolique au milieu de la nouvelle forêt, mêlant à
l'image souriante de la vie renaissante, le profil toujours grimaçant
de la mort. |
Les peuplements de thuya ont sur les peuplements des autres
conifères cet énorme avantage de pouvoir braver l'incendie une
fois au moins. Du collet de l'arbre tué par la flamme sortent, en
effet, de nombreux bourgeons qui évoluent en donnant naissance
à une cépée compacte. Mais déjà, au deuxième feu, moitié des
souches disparaissent, saisies dans leurs lances trop jeunes. Au
troisième, 1l ne reste plus rien. La forêt a vécu.
Criminelle folie de la part des indigènes de détruire un arbre
qui, autant que l'olivier, devrait être la richesse du Tell et l’objet
de leur vénération, étant une merveille par son bois, un don pré-
cieux par son goudron et une ressource immense par ses rameaux
dont les troupeaux sont friands. L
Comment exploiter les forêts où le thuya forme une part impor-
tante du peuplement?
Si la broussaille est sans avenir, on peut exploiter à blane, en
taillis-fourrage, toutes les fois que l’on pourra préserver les jeunes
recrûs de la dent des troupeaux : ce qui est bien difficile. Le feu
d’abord, pour abaisser la branche que le bétail ne peut plus attein-
dre, le parcours ensuite ont réduit considérablement l'aire du
UN COIN DE L’ORANIE SL
thuya, et, dans cette aire, le thuya lui-même. Il finira par être
une rareté. Malgré tout, cependant, si l’on parvenait à styler
l’Arabe, à lui donner le goût du travail honnête, à lui faire rece-
per proprement le sous-bois, il n’y aurait pas à hésiter; il fau-
drait faire la part du feu et lui délimiter quelques séries de faible
étendue, à diviser en trente ou quarante coupes, où il viendrait
fagoter en été ce qui serait nécessaire à Ja nourriture de ses trou-
peaux affamés. Ces coupes seraient délivrées non pas à un entre-
preneur : c’est un rouage trop moderne et naturellement incom-
pris, mais aux chefs de douars, voire au caïd, qui seraient
pécuniairement responsables des délits commis. Avec ce système,
on peut être certain qu'il y en aura peu et que d’ailleurs la
répression sera prompte, vigoureuse et sévère.
Si l’on veut diriger les peuplements de thuya en vue d’une
exploitation fructueuse pour la colonie, il faut choisir entre le
régime de la futaie et celui du taillis sous futaie. Le régime de la
futaie est évidemment celui qui conviendrait le mieux; malheu-
reusement, 1l est à peu près impossible d'y arriver sans passer par
une longue période transitoire, au moins dans les basses forêts du
Tell oranais, et cela en raison de l’abroutissement ancien des
peuplements. Le mieux serait d'exploiter d’abord en taillis sous
futaie à longue révolution en maintenant debout toutes les vo-
lières bien venantes et en rayant tous les bas buissons qui ont été
déprimés par la dent des troupeaux. En procédant ainsi sur de
petites surfaces, on arriverait facilement à créer une futaie sur
souches, apte à être régénérée par la semence et qui fournirait des
produits sans rivaux. A. en juger par les échantillons épars dans
les bois et dans les terres, la futaie de thuya doit être une mer-
veille de la création.
Nous avons dit qu'il faut exploiter le thuya à longue révolution.
Nous allons spécifier. Bled-Touaria exploité à vingt ans ne donne
qu'environ 600 bons fagots par hectare, représentant une pro-
duction de 12 stères, et son peuplement décline et se creuse. Les
broussailles des Figuiers donnent sur quelques points, à quarante
ans, des thuyas hauts de 2 50 et offrant 35 centimètres de tour
à la patte. En massif plein, on obtiendrait 40 stères de rondin et
1 F4 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
600 bourrées à l’hectare, soit au total 45 à 50 stères. Dans cer-
taines parties de la Macta (vieille forêt), des peuplements âgés
de soixante ans portent, toujours en massif plein, 90 stères de feu
et 600 bourrées, soit au total 96 à 100 stères par hectare. Ces chif-
fres, suflisamment clairs et précis, montrent que les taillis de
thuya ne sont pas exploitables avant soixante ans. C’est là la durée
minima à adopter pour la révolution.
Si nous nous sommes un peu étendu sur la monographie du
thuya en nous écartant autant que possible des sentiers battus
par les Flores, c’est que les forêts des argiles blanches du miocène
sont surtout des forêts à thuya, comme les forêts des sables litto-
raux étaient des forêts à genévriers. Petit à petit le chaos apparent
des massifs algériens se laisse percer et l’on parvient à isoler
l'essence fondamentale, l'essence d'avenir des peuplements, tout
comme en France, où l’on a des forêts à chêne, des forêts à
hêtre, etc., etc.
Voyons maintenant comment s’agencent les peuplements des
terres blanches. Les essences n’y sont point variées. C’est généra-
lement une broussaille de thuya, lentisque et philaria, tressée de
kermès et de calycotomes (Calycotome spinosa Lk.), et parsemée
d’oliviers dans les combes, de caroubiers le long des pistes, des
sentiers et des périmètres. Les oliviers s’assemblent souvent en
groupes assez compacts, tandis que les caroubiers essaiment un
peu comme les châtaigniers dans certaines de nos forêts françaises
sur diluvium. La proportion des essences dépend de la compacité
des argiles et de l’état plus ou moins clairiéré du massif. Plus lar-
gile est forte, magnésienne, plus le thuya envahit; plus le massif
est ouvert, moins ilest abondant. Dans les parties soustraites aux
incursions du bétail, il arrive à former les sept ou huit dixièmes
du massif; les deux ou trois autres dixièmes étant des lentisques,
des philarias et des chênes kermès; dans les parties ravagées, il
tombe à cinq, quelquefois à trois dixièmes, et la broussaille est
constituée surtout par des lentisques et des kermès, le philaria
étant, lui aussi, très sensible à la dent des troupeaux. Enfin, dans
le maquis ouvert en tout temps au parcours, le thuya et le phi-
laria tendent à disparaitre; la végétation arbustive, représentée
D]
UN COIN DE L’ORANIE 33
par des calycotomes, des cistes de Montpellier, des globulaires
(Globularia alypum L.), des hélianthèmes, triomphe un instant,
tant que le ravin n’a pas étendu et multiplié ses bras, pieuvres qui
attirent à elles la terre souvent délayée par des eaux boueuses et
saumâtres. Sur ces surfaces décapées et durcies par Le soleil estival
plus rien ne pousse, plus rien ne vient.
Les parties boisées sont égayées par quelques arbrisseaux aux
vives couleurs : Coronilla valentiana Gr. et Go., Genista spartioides
Spach, qui surgit abondant après les incendies, Cistus polymor-
phus Wilk. En hiver, la Clematis cirrhosa L. couvre les lentisques
d’un berceau de lianes et livre ses fleurs superbes aux baisers du
soleil.
A ces essences, il convient d’ajouter quelques pins d’Alep
entrevus dans une ruine du canton de Damous, sujets d’ailleurs
mal venants et rappelant, par leur silhouette, le pin mugho de
nos Alpes françaises. Qu'’étaient-ils? Épaves du feu ou caprice de
l’homme ?
Quant au tapis végétal, 1l est représenté, dans les jachères, par
une profusion véritablement incroyable d’ombellifères : Daucus
aureus Desf., Anacyclus clavatus Persoon, Torilis nodosa Gærtner,
toutes plantes qui forment de puissantes et exclusives associa-
tions et qui fournissent, en mai, un pauvre et détestable fourrage.
C’est là trop souvent le foin algérien. Il est aisé de comprendre
qu'on lui préfère la paille. Cette végétation épuisante, autant
que salissante, s’éclaircit à la longue, et d’autant plus vite que le
terrain est plus maigre, moins fumé. Elle laisse peu à peu filtrer
des végétaux moins élevés, moins exclusifs, parmi lesquels domi-
nent des composées armées, comme les carlines et les kentro-
phylles. Puis, peu à peu, tout cela tombe, s’affaisse et s’éclaircit,
donnant naissance à une lande rase, lande évidemment mieux
préparée pour le retour du bois. D'’ordinaire, du reste, la jachère
a conservé quelques représentants dégénérés de la forêt. Ce sont
tantôt de larges et puissantes touffes de jujubier sauvage (Zizy-
phus vulgaris L.), tantôt des buissons espacés de Daphne gni-
dium L., tantôt encore des champs de palmiers nains (Chamæ-
rops humilis L.). Autour de ces premiers représentants du
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 11 3
34 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
maquis se développent des asphodèles, des scilles, des chardons
bénis (Æentrophyllum lanatum D. C.), suivis eux-mêmes par
quelques graminées semi-forestières, comme Lamarkia aurea L.,
Bromus maximus Desf., Bromus mollis L., Vulpia sciuroides
Koth., pour ne citer que les plus communes, celles du moins qui
nous ont paru telles.
La friche se prolongeant, le cycle s’allonge, lui aussi, et la végé-
tation arbustive s'enrichit de calycotomes, de lavandes, de sumac
thezera, parfois de withania et de Lycium intricatum Boissier,
puis enfin de lentisque et de kermès. La broussaille est constituée.
C’est alors qu'apparaissent par touffes puissantes le diss (Ampe-
lodesmos tenax Lm.) et l’alfa, celui-ci partout seulement où la
lame d’eau reste au-dessous de 50 centimètres par an. Une flore
spéciale se développe au sein de la broussaille et s’avance jusque
dans la forêt, profitant ainsi de l'ombre, de l’abri et de l’humus.
Ce sont de nombreux petits trèfles (Trifolium procumbens L.),
des anthyllides (Anthyllis tetraphylla L.), des chenillettes, des
œnanthes (Œnanthe anomala Cosson et Durieu), des carlines
(Carlina corymbosa L., Carlina racemosa L.), une carotte (Dau-
cus crinitus Desf.), etc. Enfin, une jolie violette, la Viola arbo-
rescens L., se dissimule, comme ses congénères d'Europe, au plus
épais des buissons. Parmi ces plantes, il en est qui sont d’excel-
lentes fourragères; ce sont les trèfles, les anthyllides et les che-
nillettes.
L’enrichissement du tapis végétal marche ainsi de pair avec la
constitution de la forêt. Sans arbres, pas de gazon. C’est ce qu'ont
très bien vu des observateurs perspicaces comme MM. Battandier
et Trabut. « Là où la forêt existe encore, disent-ils dans leur livre
sur l'Algérie, la végétation herbacée devient luxuriante; là où
l’arbre a disparu, 1l n'y a plus qu'un gazon ras, sauf près des sour-
ces où l'herbe est un peu plus élevée. Rien de plus frappant que
de voir sur nos montagnes un arbre resté seul sur un terrain dé-
boisé. A sa base, sur un espace aussi large que sa ramure, l'herbe
croit haute et touflue, tranchant sur le gazon ras du voisinage.
L'arbre agit de plusieurs manières : par l’humus qu'il produit,
par son ombre qui tempère la chaleur du soleil et diminue l’éva-
UN COIN DE L’ORANIE 39
poration, en maintenant plus longtemps la neige, et peut-être par
des causes moins connues. Ce qui est certain, c’est qu'avec les
déboisements, la sécheresse et l’aridité augmentent, même lorsque
la terre n’est pas entrainée par les eaux pluviales, et le climat se
détériore. »
Ce sont là justement les conclusions auxquelles nous sommes
arrivé pour la France, dans notre étude sur le Pâturage en
forêt. Les mêmes causes ont entrainé les mêmes effets, les
mêmes migrations de végétaux témoins, les mêmes malheurs
aussi. Quand donc s’arrêtera-t-on ici sur une pente qui mène
tout droit au désert?
De la broussaille à la forêt, l'effort se poursuit et la transition se
ménage. Il suffit de quelques oliviers, de cépées éparses de thuyas,
pour donner au boisement comme un cachet nouveau et une force
nouvelle. Il en est de même dans nos brousses françaises, où l’ap-
parition du charme et du hêtre marque l’éclosion de la forêt.
Remarquons encore que le ciste est rare dans le maquis et qu'il
tresse seulement dans la broussaille et le boisement délabré.
C’est qu'en effet le ciste est moins une plante de jachère que le
soupir de la forêt mourante. Et comme, de la vie à la mort il n'y
a guère que l'épaisseur de la coupe, c’est aussi, après l'incendie,
l'espoir de la forêt naissante. Et quand, de ses fleurs ardentes ou
de ses fleurs pâlies, 1l couvre le sol meurtri, il semble bien vrai-
ment que la nature expirante veuille, avant le sacrifice suprême,
s’envelopper de grâce et s'embaumer de parfums.
Dans cette forêt des argiles, deux plantes surtout attirent et
captivent le regard. L'une, l'Erythrea centaurium Pers, aux
fleurs rouges et blanches, rappelle la patrie absente et sert comme
tonique et fébrifuge; l’autre, l’Hedysarum pallidum Desf., à la
corolle blanche lavée de lilas, est la providence des terrains salés
et gypseux. Fourragère médiocre à l’état vert, dédaignée par le
bétail à cause des sucs âcres qu’elle renferme, elle devient, à l’état
sec, une ressource précieuse autant qu'abondante. Mélangée avec
des graminées de haute tige, comme les bromes, elle rendra aux
cultivateurs de bons services. Elle sera enfin, pour le reboiseur
algérien, un puissant et merveilleux instrument de fixation.
36 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
C’est avec elle qu'il retiendra les berges des terrains glissants et
qu'il gazonnera ces immenses étendues de terrains dépouillés de
toute végétation et qui partout se heurtent au regard et le bles-
sent.
4 — Broussailles des marnes blanches et crayeuses
du sahélien
Au-dessous du pliocène marin de l’Oranais, on trouve le sahé-
lien constitué par une marne blanche et crayeuse, qui renferme
d'ordinaire de nombreuses intercalations gypseuses. Ces marnes
apparaissent dans des déchirures du pliocène à la Stidia, à Ou-
réah et à Mostaganem; elles forment des falaises ruiniformes sur
le versant sud du djebel Diss, et de là se poursuivent suivant une
bande étroite dans la vallée du Chéhff, à Bosquet, Cassaigne, etc.
Elles se décèlent de très Loin à la vue par leur éclatante blancheur.
Ce sont elles qui forment encore très probablement les collines
d’Er-Rabhel, de Lourmel et de Misserghin, que longe la voie ferrée
d'Oran à Tlemcen, et qui portent encore quelques boisements
dégradés.
Les gypses dessinent là de vastes amandes qui participent à la
régularité des terrains dans lesquels ils se sont formés par voie
chimique. Mises à jour, ces lentilles sont peu à peu dissoutes par
les eaux sauvages. On compte qu'il faut 460 grammes d’eau pour
dissoudre 1 gramme de gypse. Il en résulte que ces terrains sont
d'ordinaire tourmentés, creusés de ravins ou de cavités, parfois
même de grottes étendues (Dahra). Les eaux qui les traversent
s'imprègnent de sulfate de chaux et sont impropres à l’alimenta-
tion et à l’arrosage. Pour ce motif encore, les quelques boisements
qui couvrent ces marnes ont un intérêt considérable.
Les peuplements y sont constitués par du thuya qui arrive à
former des fourrés impénétrables. C’est même la seule essence qui
prospère vigoureusement sur ces sols déshérités. On trouve en
mélange avec lui le philaria et le lentisque.
Quant au sous-bois, il est représenté par des cistes (Cistus
UN COIN DE L'ORANIE St
monspeliensis), des romarins (Rosmaris officinalis), des hélian-
thèmes (Æelianthemum viscarium), et de plus rares coronilles
(Coronilla valentiana). Aüïlleurs, le chieh ou cherr (Artemisia
herba-alba Asso) dessine des tapis argentés et lâches en compa-
gnie de l’alfa et du guétaf (Atriplex halimus L.). Le chieh forme
la principale nourriture des gazelles qui en sont friandes. Les
moutons et les autres animaux de la ferme ne le broutent guère
que le matin, en arrivant au pacage. Il semble donc constituer
pour eux un stimulant plutôt qu’un aliment.
Ailleurs encore le tapis végétal comprend : Ærica multiflora
L., Globularia alypum L., Thymus algeriensis Desf., Stipa
tenacissima L., Helianthemum lavandulæfolium D. C., Helian-
themum pilosum Pers., et enfin, aux Figuiers, un très joli genêt,
le Genista umbellata Desf.
Poa divaricata Desf. est la graminée caractéristique de ces
terrains gypseux, où elle manque rarement. C’est elle qu'il con-
viendrait de semer avec l’Hedysarum pallidum et les chenil-
lettes, si l’on voulait créer quelque part de robustes prairies
_artificielles.
Le traitement des peuplements de gypse doit être essentielle-
ment prudent. Il ne faut point dénuder le sol sur de larges sur-
faces. Dans les boisements étendus, on peut exploiter en taillis
avec réserve de très nombreuses volières; dans les boisements
de faible étendue, on se bornera à fureter les lances de mesure.
La durée des révolutions et celle des rotations devront être
toujours, d’ailleurs, appropriées au tempérament de l’essence
principale, soit du thuya. Les révolutions devront être longues :
quatre-vingts ans au moins, et les rotations courtes, quinze ans
au plus.
5 — Forêts des calcaires à Lithothamnium
Les calcaires à Lithothamnium sont surtout représentés dans
la brigade de Zemmorah et s’avancent jusque sur les bords de
l’oued Riou. Ce sont des calcaires grumeleux, plus rarement durs
et résistants, dénudés partout où nous les avons observés.
38 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Ils doivent leur nom à une algue rouge, de la famille des Cryp-
tonémiées, qui a laissé de nombreuses empreintes dans la roche.
Ces empreintes de thalle ressemblent énormément à des coraux.
Ce n’est qu'en les examinant d’un peu près qu'on observe des
cavités ovoides, au fond desquelles est un pédoncule. Ces cavités
ne sont donc autre chose que les moules des sporanges qui ont
échappé à la calcification. |
Les peuplements de ces calcaires ne nous sont pas suffisamment
connus pour que nous puissions en donner une description dé-
taillée. Ils sont généralement constitués (Ouled Lazereg, Ouled
Sidi Ahmed ben Mohammed, Ouled Sidi Yahia, etc.), par des
broussailles de thuya, d’olivier, de philaria et de lentisque, toutes
essences qui les rattachent aux groupes des marnes; ils en diffè-
rent essentiellement par la présence du chêne vert, qui forme
le trait d'union avec les forêts voisines de la région montagneuse
d'Ammi-Moussa et qui entre pour un, deux ou trois dixièmes
dans la composition des massifs.
Exploités en taillis à courte révolution, 1ls donnent quelques
produits, mais ne cessent de se délabrer par suite des délits aux-
quels ils sont en butte. Renfermant une forte proportion de
thuya, de deux à sept dixièmes, ils demandent à être recepés
tard, avec réserve de volières et constitution de larges rideaux
d’abri.
6 — Forêts des sables et des argiles sablonneuses
du pliocène
Le pliocène des environs de Mostaganem est formé par des
grès grossiers, pétris d'empreintes d'huitres et de peignes, et
renfermant de plus rares échinides. Ces grès sont exploités à la
Remonte comme pierre à bâtir. [ls sont généralement recou-
verts de sables alternant avec des argiles rouges, sablonneuses
et tendres.
Ces terrains étaient autrefois garnis de forêts. Si l’on en croit
la tradition orale, il existait, en effet, au sud-est de la ville et à
UN COIN DE L’ORANIE 39
l’époque de la conquête, de belles futaies de pin d’Alep. Le nom
caractéristique de « Petite Suisse » avait même été donné à la
région comprise entre Mostaganem et Pélissier. Le petit bois de
la ferme Navarro, sur Pélissier, ne serait qu'une épave de ces
boisements. C’est ce que confirme pleinement l'étude de la flore.
a) {Inondations et efflorescences salines
Des défrichements inconsidérés ont détruit jusqu'aux brous-
sailles qui couvraient les grès et qui ont été remplacés par des
champs ininterrompus de vignes. Les conséquences ont été
l’inondation des Jardins d’abord, de Rivoli ensuite. Mostaganem
y a perdu en outre sa réputation de salubrité : 1l est devenu fié-
vreux et malsain. Enfin, le pays tout entier est menacé par de
dangereuses menées de sable.
La vallée des Jardins, située à environ 3 kilomètres sud-est
de Mostaganem, est approximativement orientée du nord-est
au sud-ouest; elle est à cheval sur les routes de Mostaganem à
Bel-Acel et de Mostaganem à Alger; son altitude est d'environ
140 mètres; le plateau qui la domine légèrement est à l'altitude
de 160 mètres du côté de Mostaganem, de 200 mètres du côté
opposé.
M. Louis Priou, interprète judiciaire à Mostaganem et ancien
conseiller général de cette ville, a consacré à l’inondation de
cette vallée une étude très intéressante dont nous reproduisons
ci-dessous les passages essentiels :
« Depuis quelques années, des infiltrations se produisant à
travers les sables du plateau qui domine la vallée des Jardins,
plusieurs propriétaires signalaient un exhaussement dans la
nappe d'eau souterraine qu'alimente lirrigation de toute la
vallée.
«€ Vers 1872-1873, l’un des points de la vallée, alors ferme Pas-
serou, aujourd'hui ferme Priou, vit les eaux envahir un très beau
verger, et, quelques années après, le transformer en un petit ma-
rais de 35 à 40 ares environ, qui ne tarda pas à se couvrir de
jones, de tamaris et de plantes marécageuses.
40 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
« En même temps, d’autres parties de la vallée révélaient une
tendance à l’envahissement des eaux (ferme Breton et ferme
Valenty).
« Les hivers de 1889-1890 et 1890-1891 vinrent précipiter le
mouvement d’envahissement des eaux; à la suite d’une crue, la
route de Bel-Acel fut entièrement submergée sur 250 à 300 mètres.
Les eaux avaient gagné tout d’un coup sur une étendue de 15 hec-
tares environ. D’autres marais s'étaient formés sur les communes
de Tounin, d’Aïn-Tédelès, de Bled-Touaria et d’Aboukir. La
région de Mostaganem, autrefois réputée pour sa salubrité, était
envahie de toutes parts par les miasmes paludéens. Les fièvres
prirent un caractère des plus alarmants pendant l'été 1891. Plu-
sieurs familles furent plus que décimées; même pendant les plus
grandes chaleurs, les eaux ne cessaient de monter dans la vallée,
chassant bon nombre de propriétaires de leurs maisons de cam-
pagne.
« C’est alors qu'un certain nombre de propriétaires de la vallée
résolurent de s'ériger en syndicat, pour opérer au plus vite le
desséchement du marais.
€ Il fut établi un plan des surfaces couvertes par les eaux; le
périmètre comprenait 80 hectares au 1€T octobre 1891; en 1892,
il dépassait 100 hectares.
« Les propriétaires n’hésitèrent pas à contracter l'engagement
de s'imposer pendant trente ans, pour une somme de 20 franes
par hectare. Le syndicat constitué, on procéda sans relâche à la
mise en adjudication des travaux.
« Le desséchement du lac de la vallée des Jardins (superficie
100 hectares, dont la profondeur maxima dépassait 3m 50) ne
put être obtenu qu'au prix de travaux considérables. Les eaux
s'étaient, en effet, accumulées au point bas d’une cuvette de
10 kilomètres de longueur sur 4 kilomètres de largeur moyenne
et l’on ne pouvait les faire écouler sans percer un long souterrain
aboutissant à la vallée de l’aïn Sefra, à l’amont de Mostaganem.
Ce souterrain a 1.200 mètres de long; la partie amont, sur 508 mê-
tres, est entièrement comprise dans une couche aquifère; à laval,
la moitié des galeries ont pu être ouvertes dans un terrain suffisam-
UN COIN DE L'ORANIE 41
ment résistant pour qu'il se maintienne seul; sur l’autre moitié,
au contraire, il a fallu exécuter des boisages. Toutefois, ce fut
sur les 30 derniers mètres, où l’eau donnait au sable fin, dans
lequel était ouverte la galerie, la consistance d'une pâte fluante,
que les difficultés devinrent sérieuses; nous dirons seulement,
pour en donner une idée, que l'avancement des travaux ne don-
nait pas À mêtre par vingt-quatre heures de travail.
« Grâce à ces efforts persévérants, le résultat du desséchement
se traduisit par l’assainissement de la vallée des Jardins et de la
région environnante, par la mise en nature des vastes surfaces
devenues improductives, par l’utilisation au profit de la eom-
mune de Mostaganem, à qui l’abandon a dû en être fait par le
syndicat en retour de la garantie dont 1l avait besoin pour son
emprunt, de toutes les eaux qui descendent par les canaux et
par le souterrain jusqu'à la vallée de l’aïn Sefra; ces eaux ser-
vent, soit aux irrigations, soit à augmenter le débit de laïn
Sefra et les chutes utilisées pour le commerce et l’industrie. »
Ajoutons que ce desséchement a été suivi, à quelques années
de distance, par l’apparition du sel en divers points de la vallée
et par le dépérissement des vignobles.
Enfin, en 1901, le village de Rivoli, situé à 8 kilomètres de
Mostaganem, dans la vallée du Nadour, qui prolonge au sud-
ouest celle des Jardins, fut à deux reprises enseveli sous les eaux.
Pendant l’été de 1902, on comptait, un instant, plus de 3.000
malades à Mostaganem, soit environ le tiers de l'effectif de la
population. À Rivoli même, les enfants étaient décimés. Nous ne
sommes point passé une seule fois à cheval, dans les rues inon-
dées, sans surprendre le triste spectacle d’une veillée de mort.
Des faits précis, des faits certains permettent d'attribuer tous
les malheurs et tous les désastres, dont la région a été et sera
encore le théâtre, au déboisement exagéré des collines gréseuses.
Si l’on étudie la succession des terrains entre Oran et Mosta-
ganem, on voit que la série complète peut être représentée par
le schéma suivant.
Le pliocène supérieur n’existe pas dans la région située autour
de Mostaganem; il faut, pour le trouver, aller jusqu'à Mouley-
42 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Ismaël, où il forme une succession de collines qui se détachent
nettement au-dessus des terrains d’alluvions de la vallée du Sig
et de la plaine de l'Habra. Tous les terrains des environs font
09 00 020,86 } Travertins de /'Arnusien
+ }G alcaire gréseux, fossilifère
et salifère de l'Astien
Gres argileux
Pliocène
supérieur
Argiles compactes } Plaisantien
Pliocène AAA MA:
io OT no EE Are
A MAS UE DNA V2 Va Ce VA VA VAE VA VA : ?
NÉArIEUr TT er Sables el grés grossiers
AAMAMMAAAAAMMANANY
AAAAAA ANAL
TA TEE Calcaire
Marnes blanches, gypsitères * Sahélien
Miocène — et Crayeuses.
partie du pliocène inférieur, c'est-à-dire sont formés par des grès
et des sables. Autant qu'il nous souvienne, les grès dessinent un
vaste anticlinal rubané, qui a laissé des placages sur les revers
nord, un peu comme l'indique la figure ci-après.
Ces placages étaient autrefois entièrement couverts de brous-
salles que nous étudierons plus loin. Elles ont été en partie défri-
chées et 1l n’en reste guère de témoins un peu importants que
sur le territoire des communes de Mostaganem, Ouréah, la Stidia
et la Macta, sur le versant qui fait face à la mer.
Les eaux d'infiltration qui pénètrent dans les sables perméa-
bles finissent par s’y accumuler sous forme de nappes souter-
raines, car, au fur et à mesure qu'elles s’enfoncent, elles échap-
pent de plus en plus à l’évaporation. En règle générale, les eaux
UN COIN DE L'ORANIE 43
d'infiltration ont une surface ondulée qui reproduit, comme une
sorte d’écho affaibli, les accidents extérieurs du sol (nE Lar-
PARENT).
+
x >
Vallée des Jardins
el de Rivoli
Vallée des Jardins et de Rivoli (coupe schématique).
GG, grès anciennement surmontés de broussailles ; SS, sables; MM, marnes blanches du sahé-
lien apparaissant dans les combes où sables et grès ont été enlevés; AAA, Grande nappe
aquifère au niveau des marnes ; BB, Nappe des eaux phréatiques avant le débroussaillement ;
B'B', niveau des mêmes eaux après le débroussaillement; CC, canal de dérivation; OO, cas-
sures dans les grès donnant des sources et suintements abondants; remonte de Mosta-
ganem, elc.
Leur niveau supérieur est donc plus enfoncé dans les parties
en relief que dans les parties en creux. Et, sous la pression hydro-
statique des niveaux supérieurs, il peut y avoir formation de suin-
tements et de lacs dans le fond des vallées. Ces suintements ne
s’opèrent, en Algérie, qu'autant que le sol encaissé n’est pas saturé
de gypse ou de sel. En ce cas, il se forme à la surface, sous l’in-
fluence d’une évaporation très active, une croûte imperméable,
qui s'oppose à l'émission naturelle des eaux. C’est ce qui a lieu
dans les lacs salés.
La nature des cultures superficielles joue aussi un rôle énorme
dans l'établissement du niveau supérieur de la nappe souter-
raine. Sous la broussaille et la forêt, ce plan est toujours plus
enfoncé que sous les cultures agricoles.
Il s'ensuit également que les précipitations hivernales ont plus
d'espace pour s’emmagasiner dans les régions boisées que dans
les régions dénudées. En Algérie, la forêt et la broussaille botvent
les eaux d'hiver et arrêtent net les inondations.
44 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
On a beaucoup discuté sur l'influence de ce relèvement de la
nappe souterraine en ce qui concerne l'existence et le débit des
sources de plaine. Or, comme l'épaisseur absolue de la nappe
d'infiltration ne dépend que de la lame d’eau qui tombe dans la
région considérée, il est facile de voir que cette épaisseur est à
peu près constante, et, qu'à tout prendre, elle doit être plus
grande sous la forêt, puisque c’est là qu’elle est la plus profonde
et qu’elle échappe le mieux à l’évaporation, puisque c’est là aussi
que les précipitations sont les plus abondantes.
Le déboisement des plaines a done pour résultat, dans les ter-
rains perméables : 1° de déplacer le niveau des sources, en élevant
leur point d’émergence; 2° d’en diminuer et d’en affoler le débit.
En Algérie, il donne toujours naissance à des marais délétères,
qui propagent les miasmes de la fièvre.
Le meilleur exemple qu’on puisse citer de ces propositions est
fourni par l’inondation de Rivoli. Depuis longtemps, on s'était
aperçu, dans cette commune, que le niveau des eaux phréatiques
montait sans cesse, montait avec l'extension des cultures et le
progrès des défrichements. Nul, cependant, ne voulait voir une
corrélation entre ces deux faits; on se flattait même d’avoir
remplacé une brousse inutile par une véritable forêt de vignes.
C'était un dithyrambe sans fin dans les journaux locaux en faveur
du pampre et des moqueries sans nombre à l'adresse des fores-
tiers qui plaidaient, avec une constance inlassable, la cause des
broussailles et des forêts. Les faits cruels devaient bientôt détruire
ces guirlandes un peu hâtivement tressées et justifier les prophé-
ties des Cassandres.
Au moment de la création du centre de Rivoli, la nappe phréa-
tique était à 6 ou 8 mêtres de la surface : c'était la profondeur des
puits. Au fur et à mesure que l’on défrichait les broussailles des
grès, on a vu ce niveau s'élever et la nappe s’étaler à 5 mètres,
puis 4 mètres, puis 3 mêtres, puis enfin 80 centimètres de la sur-
face. Il était dès lors évident que la moindre averse devait entrai-
ner d’affreux désastres et noyer Rivoli. On sait ce qu'il est advenu.
Les mêmes phénomènes se reproduisent d’ailleurs dans toute
la région. Depuis la voie ferrée, on peut voir, entre Mostaganem
UN COIN DE L'ORANIE 45
et l’Oued-El-Kheir, des mares envahir les vignes. L’eau de ces
mares reste stagnante en hiver et au printemps. De nombreux
vols de pluviers et de vanneaux y cherchent alors leur provende.
En été, le soleil dissipe ces eaux et dissémine au loin les germes
de la fièvre, cependant que des roseaux (Arundo phragmites
Desf.) indiquent aux yeux les moins exercés le voisinage immé-
diat de la nappe d'infiltration. Sur ces emplacements, la vigne
disparait peu à peu, tuée par les efflorescences salines.
Le débroussaillement exagéré dont la contrée entière a été
le théâtre a done provoqué, sur toute l'étendue du plateau de
Mostaganem, un relèvement très sensible de la nappe aquifère,
relèvement qui est généralement accompagné d’une élévation
considérable dans la teneur en chlorures de ces eaux. Or, on sait
que quand la terre contient 1 % de son poids de muriate de
soude, elle devient impropre à la plupart des cultures. On fera
bien de peser ces considérations.
b) Dunes continentales, menées de sable, etc.
D'ailleurs, cet envahissement des eaux souterraines n'est rien
encore en comparaison du danger que font courir aux cultures
les sables mouvants. La désagrégation des grès tendres du plio-
cène, imprudemment découverts sur de larges surfaces, donne
naissance à de formidables menées de sable, qui, sur certains
points, forment même de véritables dunes continentales. Dans
le vaste quadrilatère formé par Mostaganem, L’Hillil, Inkermann
et Nekmaria, plus de 35.000 hectares de bons terrains sont déjà
stérilisés, et le jaune manteau des sables ne fait que s'étendre,
passant des plaines aux collines et des collines aux plateaux.
Il nous souvient avoir vu, en revenant un jour de l’Agboub,
chez les Ghoufirat EI Guébli, d'immenses plateaux où, depuis
trois ans, le sable avait dévoré toutes les récoltes. Et par cette
soirée d'hiver, sans crépuscule et sans étoiles, l’eau qui couvrait
toute la plaine de Bou-Guirat d’un miroir d'argent mat et le
sable fauve, qui se ridait sous le pied des chevaux, donnaient au
46 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
paysage un aspect saisissant et étrange, un aspect de monde
mort. Accroupis la tête dans leurs mains à la porte des tentes, le
regard impassible et vague, les indigènes apparaissaient comme
les anges de la ruine, indifférents d’ailleurs à ce deuil impression-
nant de la nature et comme recueillis devant un silence troublé
seulement par les aboïements des chiens hargneux. Allah Kérim !
Dieu est grand ! Ne leur demandez rien autre.
Ailleurs, ce ne sont pas seulement les récoltes qui sont englou-
ties; ce sont aussi les chemins qui s'ensablent, chemins qu'il faut
déblayer à grands frais; ce sont encore les trains qui s'arrêtent
devant une menée qui a noyé les rails.
Ici, le déboisement a réduit les indigènes à la famine; là, 1l con-
tribue à la ruine du colon, en arrêtant les transactions et en gêé-
nant la vie commerciale. \
Partout où souffle le « charpentier majorcain », le: terrible
vent des Baléares, partout le sable se met en marche, et, par ce
sable, l'argile elle-même est labourée, taillée et comme sculptée.
Cela d’abord n’a l'air de rien : un simple trou, un sifflet entre
deux rides de la surface. Puis, ce trou s'agrandit, ce sifflet s’élar-
git. Le vol lourd des sables s’abat d’abord sous forme d’un V
peu ouvert; mais les éléments sablonneux se trient, se divisent,
s’amincissent en roulant les uns sur les autres; le vol prend de
‘ la force et de la profondeur : il retombe au loin en une nappe
elliptique, qui s'accroit incessamment par des apports nouveaux
et qui ne tarde pas à former des dunes roulantes.
On peut grossièrement classer les accidents auxquels donnent
lieu les sables du plateau de Mostaganem en : menées volantes,
menées emmagasinées, dunes.
Les menées volantes se produisent dans les plaines unies toutes
les fois que les sables de la surface n’ont qu'une petite profon-
deur. L’essaim formé sous le soufile du vent se disperse en trai-
nées peu épaisses. Les sables ne s'accumulent en masse un peu
forte qu'au pied des buissons et autres obstacles naturels qu'ils
rencontrent. Comme ces menées franchissent de grands espaces,
elles finissent toujours par trouver une dépression où elles s’em-
magasinent en attendant une saute de vent qui les met de nou-
UN COIN DE L'ORANIE 47
veau en marche. Ces menées volantes occasionnent quelques
dégâts dans le feuillage des arbres qu'appauvrissent les chocs
répétés des grains de sable.
Sur les points où ces menées prennent naissance, la terre végé-
tale est promptement décapée. Si le sous-sol est formé de grès,
Décapements éoliens au voisinage de Pélissier
les bancs durs sont découverts, et, en se désagrégeant, ils four-
nissent d'incessants, mais faibles apports sablonneux. S'il est
formé d’argiles sablonneuses, il se creuse et se relève d'épis
dont la pointe arrondie est tournée du côté d’où vient le vent
et dont l’éperon porte le plus souvent une broussaille (halimie,
retam, daphné ou lentisque). Ce sont les racines de ces brous-
sailles qui ont gêné l'érosion superficielle et retenu les terres.
Lorsque la touffe est entièrement déchaussée, elle sèche, les
racines pourrissent et la butte est emportée par le vent. Ces
formations s’observent très nettement dans la plaine située
entre Pélissier et Aïn-Tédélès. Elles stérilisent complètement
la région.
Sur certains points (Dahra), il arrive que des menées de sable,
prises et reprises par deux vents contraires et d'intensité égale,
se promènent dans un espace nettement circonscrit. Ce sont
là des menées emmagasinées, facilement reconnaissables à la
forme de leur profil en verre de montre.
Les dunes continentales sont le produit du transport des sables
à de grandes distances ou le résultat du remaniement de menées
48 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
sablonneuses profondes, qui sont venues échouer devant un front
résistant, Tandis que la menée laisse toujours du déblai derrière
elle et remblaie suivant une ligne peu sinueuse, la dune n'est
généralement pas en communication directe avec son déblai et
son profil est toujours plus dur et plus sinueux.
La valse des sables commence sur les sommets. Par les grands
vents et les coups de siroco, on voit tout d’abord les mamelons
fumer, puis le nuage flamboyant s'étend et s’épaissit sur toute
la région envahie par les sables. La dénudation des crêtes se fait
inégalement suivant la nature de la roche et du tapis végétal;
aussi, le profil du terrain tend-il sans cesse à se déformer, à se
creuser d’excavations, où l'érosion atteint une puissance très
grande.
Menée emmagasinée. Dune.
Menées et dunes marchent en général du nord-ouest au sud-
est avec une vitesse très variable, mais qui peut cependant
atteindre 100 mètres par an sur une menée épaisse. Les dunes
du Tell oranais ont au maximum 7 ou 8 mètres de hauteur; elles
restent souvent au-dessous de 2 et 3 mètres. Sur les points où
elles ont de l’espace pour se développer, elles affectent une forme
en croissant très nette, due à l'avancement rapide du sable sur
les ailes: ailleurs, les formes sont confuses. On peut évaluer à
300.000 ou 400.000 hectares l'étendue de la région désolée par
ces dunes et menées de sable, à 35.000 hectares la surface stéri-
lisée. Déjà les débris de forêts qui agonisent sur le plateau plio-
cène de Mostaganem sont impuissants à retenir le flot montant
de ces sables. En Naro est percé de part en part sur nombre de
points; l’Agboub est fortement entamé au voisinage des puits de
ce nom, et une menée considérable tend à passer dans la vallée
du Chélif; des centres importants, comme Aïn-Tédélès, Bos-
quet, Bled-Touaria, sont ou seront bientôt en péril. Il est donc
UN COIN DE L'ORANIE 49
temps, pour la colonie, de se préoccuper de cet état de choses
et d’aviser aux remèdes que réclame un mal grandissant.
Les travaux décousus qui ont été entrepris, ici et là, par le
service forestier n'auront aucun effet, étant jetés sur la traînée
des dunes ou des menées qui s’alimentent sans cesse à la faveur
de nouveaux apports. C’est à la racine qu'il faut prendre le mal,
si l’on ne veut dépenser des sommes énormes pour des résultats
illusoires.
Les ponts et chaussées se sont émus des dangers que font courir
les sables à leurs travaux. De toutes parts les plaintes s'élèvent.
Le moment est donc venu d'agir.
Les mesures à prendre comportent des mesures de défense et
des mesures de protection.
1. MESURES DE DÉFENSE
Elles peuvent se résumer dans le projet de décret ci-dessous :
ART. 1. — Il sera pris dans le département d'Oran des mesures pour l’en-
semencement, la plantation et la culture des végétaux reconnus les plus favo-
rables à la fixation des dunes du Tell.
ART. 2. — A cet effet, le préfet d'Oran fera dresser, dans un délai de six
mois, par les soins du service forestier, un plan-croquis des dunes et menées
de sable qui sont susceptibles d’être fixées par des plantations et des semis
appropriés à leur nature; il fera désigner, sur ce plan, les dunes ou menées de
sable qui appartiennent au Domaine, celles qui appartiennent aux com-
munes de plein exercice, celles enfin qui, comprises dans le territoire des
communes mixtes, sont propriétés collectives (terres arch ou sabéga) ou
propriétés privées (terres melk).
ART. 3. — A l’appui de ces plans, l'administration forestière fournira un
mémoire sur la manière la plus avantageuse de procéder à l’ensemencement
et la plantation des dunes et menées de sable.
ART. 4. — Un décret déclarera l’utilité publique de ces travaux, fixera
le périmètre des terrains à restaurer et réglera les délais d'exécution.
ART. 5. — Les terrains domaniaux, communaux et de collectivité com-
pris dans ces périmètres seront soumis 2pso facto au régime forestier et semés
ou plantés.
ART. 6. — Les particuliers dont les terrains sont compris dans les péri-
mètres devront fournir, dans un délai très court, leurs titres de propriété
aux Domaines et déclarer s'ils entendent effectuer eux-mêmes les travaux
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — rt 4
50 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
dans les délais impartis. En cas de refus ou d’inexécution de l'engagement
pris, l’expropriation des terrains sera poursuivie conformément à la légis-
lation algérienne.
Le propriétaire exproprié aura le droit d'obtenir sa réintégration dans
sa propriété après la restauration, à charge de restituer l’indemnité d’ex-
propriation et le prix des travaux, en principal et intérêts.
ART. 7. — Une somme de 30.000 francs par an sera consacrée à ces tra-
vaux. Les deux tiers seront fournis par la colonie, un tiers restera à la charge
des communes mixtes et de plein exercice sur le territoire desquelles ils
seront entrepris.
ART. 8. — Il sera défendu de faire pacager les bestiaux dans les périmè-
tres de restauration et d’y couper les herbes, broussailles et bois qui y pous-
sent naturellement. Les contraventions seront poursuivies conformément
aux dispositions du Code forestier algérien.
2. MESURES DE PROTECTION
Les mesures de protection consisteront essentiellement dans
la réunion au domaine forestier des boisements communaux et
domaniaux — et il en existe un peu partout sur Aïn-Tédélès,
Pélissier, etc., — qui pourront se raccorder avec les périmètres et
constituer de précieuses zones d’abri au milieu des plaines dénu-
dées. On devra donc déroger aux prescriptions de l’instruction
générale du 1er février 1888, qui recommande de ne point sou-
mettre au régime forestier les boisements d’une étendue inférieure
à 10 hectares.
Il est facile de comprendre combien la réunion de ces brous-
sailles aux périmètres au moyen d’ailes de renfort, autant que
possible situées sur des crêtes, contribuera à arrêter la dénudation
du sol en brisant la violence des courants aér ens.
I ne faut pas se dissimuler que ces périmètres gêneront la diva-
UN COIN DE L’ORANIE 91
gation des bestiaux des indigènes, mais ils ne tarderont pas à
offr r de telles ressources à l'élevage, qu’il serait regrettable d’en
différer plus longtemps la création, étant donné surtout que le
salut et la prospérité de la région en sont le prix.
D'ailleurs, si le vagabondage des troupeaux se trouve gêné du
fait de la constitution et de la mise en défends des périmètres, il
n’en résultera aucune privation pour la région, car les dunes et les
trainées de sable qu’il s’agit de fixer.sbnt vierges de toute végé-
tation herbacée.
À ceux qui pourraient être tentés de taxer ces mesures de vexa-
toires, nous rappellerons que des arrêtés du préfet de la Gironde
en date des 22 brumaire an XII et 16 janvier 1806 avaient prescrit
aux gardes des dunes de tirer sur les bestiaux errants et sans
maîtres qui s’aventuraient dans les travaux de fixation effectués
sous la direction des Ponts et Chaussées. Les mesures que nous
préconisons sont b'en anodines en comparaison de celles qui ont
été adoptées en France, dont personne ne songe maintenant à se
plaindre et qui ont été la sauvegarde et la fortune de toute une
région. Celui qui veut la fin doit aussi vouloir les moyens.
3. RECONNAISSANCE DES PÉRIMÈTRES
Dans la reconnaissance des périmètres, on aura grand soin de
distinguer sur les plans, au moyen de teintes différentes, les ZONES
D'AFFOUILLEMENT, c’est-à-dire les parties qui se creusent et qui
fournissent les apports sablonneux, des ZONES DE DÉPÔT, c’est-à-
dire des parties qui remblaient. Les zones d’affouillement portent
des sculptures caractéristiques (Voir page 47), les zones de dépôt
sont marquées par des dunes; entre les deux se trouvent généra-
lement des menées plus ou moins épaisses de sable, qui sont des
NAPPES D'ENTRAINEMENT. Les périmètres devront toujours en-
glober les zones d’affouillement, les dunes et les menées épaisses.
On pourra négliger les nappes d’entraînement quand elles ne se-
ront point mouvantes et qu’elles présenteront une large surface
à peu près gazonnée.
En général, les zones affouillées seront ou des parties culmi-
52 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
nantes ou des dépressions en forme de fond de bateau, directe-
ment enfilées par les vents de mer.
Le point essentiel sera d’examiner, en faisant la reconnais-
sance des crêtes, s’il ne serait point possible d’épauler les péri-
mètres épars, en les reliant par de minces rideaux d’abri aux
broussailles encore existantes. Ces brise-vents préserveraient les
cultures des atteintes de la brûlure et seraient pour les colons
d’une utilité énorme. Ils leur épargneraient bien des travaux coû-
teux et seraient la source de profits certains.
4. BUT DES TRAVAUX
Afin de dissiper tous les soupçons et toutes les préventions,
nous dirons qu’il ne s’agit pas de créer de vastes boisements, sur
ces 35.000 hectares de dunes et de menées de sable, mais exclu-
sivement de fixer des terrains mouvants, qui pourront être ren-
dus, enrichis, à la colonisation. Les sommes dépensées pour les
expropriations ne constitueront qu’une AVANCE DE FONDS. Évi-
demment, il sera nécessaire de reboiser çà et là, spécialement les
parties qui s’affouillent, mais, conjointement à ces plantations,
on effectuera des semis de plantes fourragères, qui transformeront
à vue d’œil ces sables et offriront, au bout de quelques années,
de précieuses ei nouvelles ressources à l'élevage.
En choisissant d’ailleurs convenablement les points d'attaque,
on arrêtera sur bien des points les apports des sables, et les sur-
faces situées en arrière s’enherberont d’elles-mêmes et très rapide-
ment, les sables renfermant toujours et en toute saison une humi-
dité relative. C’est pourquoi nous attachons une très grande
importance à la détermination des zones d’affouillement. Maîtres
de ces terrains, on le sera très vite également des dunes qu’en-
gendre leur dénudation.
5. NATURE DES TRAVAUX
Les travaux à entreprendre consisteront essentiellement en
création de rideaux d’abri et reboisements; constitution de jar-
dins de figuiers, de ricins, etc.; gazonnements.
; . UN COIN DE L’ORANIE 53
Quelle que soit la nature des travaux à entreprendre, la création
d’un rideau d’abri sera le premier soin à prendre. Ce rideau d’abri
devra satisfaire à trois conditions primordiales : être résistant,
de croissance rapide et d’élévation aussi grande que possible.
De cette élévation va dépendre, en effet, la profondeur de la
zone protégée contre le vent. Cette zone sera au maximum de
12 mètres avec une file de gabions de { mètre de hauteur, de
18 mètres avec une haie d’agaves de 1" 50 de haut, de 30 mètres
avec des bouquets de ricins élevés de 2" 50, de 48 mètres avec des
touffes de roseaux de 4 mètres, de 80 à 90 mètres avec des cyprès
ou des tamaris hauts de 7 à 8 mètres.
Le front d’une menée qui affouille sera tout d’abord marqué
par un fossé avec banquette haute de 50 à 80 centimètres et qui
servira de protection à la fois contre le vent et contre les incur-
sions du bétail. La banquette sera garnie de végétaux vulnérants
comme les agaves (A gave americana L.., À gave rigida Jacq.), dont
les fibres très tenaces sont utilisées pour faire des fouets, de la
sparterie grossière, etc., ou comme le jujubier desilotophages et le
Lycium intricatum Boissier, plantes qui se reproduisent facile-
ment de drageons et de boutures.
L’agave américaine est très répandue en Algérie où elle a été
apportée par les Espagnols en même temps que l’oponce. Elle a
été multipliée principalement le long des routes où elle forme des
cordons très pleins, qui retiennent parfaitement les terres et les
sables.
Les feuilles sont couvertes d’un épais revêtement cireux qui
leur donne une teinte d’un vert glauque. Chez les agaves améri-
Gaine et rigide, les nervures se prolongent en forme d’épines, ce
qui rend ces espèces particulièrement aptes à donner de bonnes et
solides clôtures.
Les agaves ne demandent guère que de la chaleur et de la
lumière; elles bravent donc les sécheresses les plus grandes et les
plus prolongées. Elles ont aussi une transpiration extrêmement
ralentie, car elles n’absorbent que 0,7 à 0,8 de leur volume d’oxy-
gène. Cela est dû en grande partie à la conformation des stomates
et à l’obligation où se trouve l’air de passer par quatre chambres
4 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
profondes avant de pénétrer dans l’intérieur de la plante. De plus,
les feuilles renferment un parenchyme aquifère abondant, qui
constitue, pour l’agave, un véritable réservoir nutritif. Enfin les
racines sont protégées contre les influences extérieures par une
sorte de parenchyme scléreux. -
L’agave américaine possède une tige qui végète assez longtemps
sans s'élever, puis elle fleurit pour la première fois et meurt. Elle
est alors remplacée par des bulbilles qui naissent à son pied. On
prévient la destruction de la plante en coupant la hampe au mo-
ment de son premier développement. Cette amputation assure, par
balancement, l’évolution rapide des bulbilles de remplacement.
Les agaves rigide et sisal, la dernière inerme, sont des végétaux
textiles, cultivés en Algérie depuis 1892 par M. le Dr Trabut, qui
en a expérimenté les fibres aptes à de précieux usages. Elles pa-
raissent se mettre à fleurs plus tôt que l’agave américaine et par là
se prêter, mieux que celle-ci, à une prompte multiplication.
Pratiquement, il sera facile de se procurer auprès du service
vicinal des bulbilles d’agaves américaines: mais, s’il s’agit de
travaux un peu importants, il sera préférable d’employer l’agave
rigide. On créera alors, à pied d'œuvre, des pépinières temporaires
en terrain sablonneux et chaud, où l’on espacera les pieds-mères
de 1 mêtre en tous sens. D’après les indications de M. le Dr Tra-
but, deux ou trois ans suffiront pour assurer la mise à fleurs de ces
pieds-mères, qui fourniront, après, une masse considérable de
bulbilles de remplacement.
À défaut d’agaves, on garnira les banquettes, soit avec des
drageons de jujubier épineux, soit avec des boutures de lyciet.!
Le jujubier des lotophages fournit d’excellentes haies. Nous
en avions recommandé l’emploi le long du périmètre de la forêt
de l’Agboub, de façon à gêner les incursions des bestiaux indi-
gènes. [se multiplie de drageons. Ceux-cisont extraits à la pioche,
rognés à une longueur de 50 centimètres et réunis par bottes de
dix. Sous cette forme, ils sont transportés à pied d'œuvre dans
des coffins garnis de paille légèrement humide, mis en terre aus-
sitôt leur arrivée ou placés en jauge, si on ne peut les utiliser
immédiatement.
UN COIN DE L’ORANIE Je)
Il se reproduit très facilement de bouture. Les boutures doivent
avoir 50 centimètres de longueur et être enfouies de 35 à 40 centi-
mètres. Un ouvrier peut en planter 250 par jour, après les avoir
passées au sécateur. Elles doivent provenir de rameaux âgés de
deux à trois ans et être moins grosses que le petit doigt.
Le Lycium intricatum est une solanée très répandue dans le
Tell oranais où il est cultivé en haies. Il pénètre rarement en forêt
et se tient sur les bordures des massifs en compagnie du sumac
thezera. On le trouve également dans la région montagneuse
d’Ammi-Moussa sur les délaissés des oueds, au-dessus des parties
occupées par le laurier-rose. Il forme des buissons touflus et se
montre doué d’une végétation active. Il peut atteindre une gros-
seur de 50 centimètres à la patte et une élévation de 2 mètres à
24060!
NIV
Le devis d’une banquette garnie peut s’établir comme suit :
49 Fouille d’un mètre courant Om 80 +1
D = — m — (}jn5
de fossé avec rejet des mes pour Ÿ° shine 2 }<e Sa ba
édifier la banquette. . . {Prix : 0m3 992 X 025 — 0f18
20 Grarnissage de la banquette :
a) Avec des agaves :
Pxtraction d'un bulbiless ENT OR 0f015
Transport'adikilomètre, L' 4,012. 0 025
Miseseniplaéect 42e (le à Gps 0 010
Édgéaln is Liré ns La La 0f050
Espacement des plants sur la banquette : 4 mètre.
b) Avec le jujubier :
ÉXIEACHOM UN drAgeon.. 122.0, 0000 0f05
PTANSPDOLL AAMENOMETES TES NE Dre 0 0143
Mise,en/ place 3,2%. 2 RARE TENTE " 0 02
PONTS RIRES RE 0f083
56 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Espacement des plants sur la banquette : 1 mètre.
c) Avec le lyciet :
Coupe et habillage du cent de boutures . . 0£50
Transport àd4 lilombtre y. 2.5. cree s 1:75
Plantation du CORDES .47.".2he ue ee 0 50
MPLAL NERO 2125
Espacement des plants : 50 centimètres.
La dépense par 100 mètres sera done de :
AVEC ADAVE Se area ee ele re 18 +100 X0f05 — 23f
EU (EU Lu) 111 +) DA AE LERRET ES EEE 18+ 100 X0 083 — 26 30
scralehlrciets ice JE verres 18 + 41 50 — 22% 50
A 2 mètres en arrière de cet épaulement, on édifiera le rideau
d’abri proprement dit, au moyen de rangées a'ternées de roseaux
(Arundo donax) et de tamaris.
Le roseau à quenouilles est une plante extrêmement précieuse
pour la fixation des terrains sablonneux. Rustique, élevé et de
croissance très rapide, il satisfait à tous les desiderata. Il se multi-
plie de rhizomes. Les rhizomes se vendent, soit au poids, à raison
de 5 francs les 100 kilos, soit à la douzaine, à raison de 10 centimes
l’une. La plantation se fait au coup de pioche, dans des rigoles ou
dans de petits potets espacés d’environ 40 centimètres. Cent ki'os
de rhizomes garnissent une bande de 220 mètres de longueur
environ, et un ouvrier préparant lui-même le terrain peut planter
à peu près 250 mètres courants.
Abstraction faite du transport, qui peut être évalué à 80 cen-
times par 100 kilos et par kilomètre, le garnissage de 100 mètres
en roseaux revient ainsi à 3! 60 environ.
Il est très utile de faire alterner roseaux et tamaris. On peut,
en effet, couper sans crainte les premiers dès que les seconds ont
pris un développement suffisant. Les tiges de roseaux fournissent
de bonnes claies, les extrémités tendres un bon fourrage. Enfin,
la tonte a pour résultat de faire drageonner et étendre la touffe.
Tout est ainsi profit.
En ce qui concerne les tamaris, on peut employer indifférem-
UN COIN DE L’'ORANIE : 57
ment le Tamarix africana, spontané dans toute la région, ou le
T'amarix articulata, vulgairement appelé tacahout.
Le Tamarix africana est un arbre de troisième grandeur, qui
atteint à quarante ans 4 mètre de tour et 6-7 mètres de hauteur
(bois sacré de Bou-Adjemi). Le pied est fortement empâté, le
fût court et le port tourmenté. Il forme des massifs étendus dans
les terrains salés.
Le Tamarix articulata a été introduit, dit-on, dans la province
* d'Oran par l’agha des Beni Snous, Si Ahmed ben Abdallah, qui
l’avait rapporté de la région des oasis, où il est spontané. On le
trouve également dans l'Inde, au Punjab et dans le Haut-Sindh,
et on l’y cultive dans les terrains humides et salés. Son port est
beaucoup plus svelte et élancé que celui du T. africana. Comme
le fait très bien remarquer Duveyrier : « À moins de mutilations
dans le jeune âge, le T. articulata pousse toujours un tronc unique.
Il donne un bois rose, léger, tendre, mais solide, et fournit des
planches, des poutres, ete., mais surtout du bois de tour pour les
plats, vases, et même des selles de dromadaires. » C’est, chez les
Touaress, l'arbre le plus important par le nombre, les proportions
qu’il atteint et les services qu’il rend.
Antonio Figari Bey signale également le tacahout en Égypte :
« Les T'amarix orientalis (pour articulata) sont très communs dans
l’intérieur du désert, partout où des sources saumâtres donnent
lieu à une stagnation palustre; les T'amarix y constituent de vastes
forêts; ils fournissent un bois assez solide, rougeâtre, bon pour la
fabrication d’instruments aratoires.
« C’est surtout à la limite du désert, où le sol commence déjà
à devenir très salé et n’est plus bon pour les cultures ordinaires, |
qu’on fait des plantations régulières de cet arbre par boutures.
Celles-ci prennent avec une remarquable facilité : tous les terrains
lui sont indistinctement favorables, pourvu qu'il y ait assez d’hu-
midité. La croissance est rapide; en quelques années on a de forts
arbres, de bel effet et toujours verts. »
Dans l’Oranais, le tacahout végète vigoureusement sur tous les
terrains sablonneux. Après dix ans, une bouture un peu abritée
atteint 60 centimètres de tour et 6 mètres de haut. Dans les en-
58 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIOUE
droits les plus ventés, il parvient encore, au même âge, à 25 centi-
mètres de tour et 4 mètres de hauteur totale.
Les tamaris se multiplient de boutures. Les boutures doivent
avoir 50 centimètres de longueur et une grosseur inférieure à celle
du petit doigt. On les place dans des potets profonds de 40 centi-
mètres. |
Le garnissage d’une haïe de 100 mètres revient :
TAMARIX AFRICANA
Fourniture et habillage du cent de boutures . . . . 0f50
Planiaftion ss he fon re EC EM SET du 0 50
| Dotalud are end dt < 1100
TAMARIX ARTICULATA
Fourniture et habillage du cent de boutures . . . . ot
Pam ion se sn RS US A Rs ere Res 0 50
Dopage en, AE 5150
Les prix de revient s’abaissent considérablement dès la qua-
trième année, car, à partir de ce moment, les plants racinés
commencent à fournir de nombreuses boutures et le périmètre se
suffit largement.
Dâns les terrains argilo-siliceux, l’espacement des cordons peut
se faire à des distances variant, par exemple, en progression
géométrique : 2, 4, 8, 16, 32, 64 mètres, ce qui donnera au rideau
de protection une épaisseur de.128 mètres.
Lorsque l’intervalle des cordons dépassera 4 mètres, on com-
_blera les bandes avec un semis à la volée ou à la pelle d’Halimium
halimifolium et de calycotomes épineux. Non seulement ces végé-
taux, de réussite à peu près assurée, garniront et maintiendront
bien le sol, mais ils fourniront encore d’excellentes fascines pour
couvrir les dunes mouvantes situées en arrière. Les frais de cou-
verture devenant très onéreux toutes les fois que l’on n’a pas les
broussailles sous la main, il est indispensable de se ménager des
ressources en vue des travaux ultérieurs de fixation.
Les graines d’Halimium sont petites, tétraédriques et tuber-
UN. COIN DE L’ORANIE 59
culeuses. Elles sont renfermées dans des capsules qui s'ouvrent
en juillet-août par déhiscence supérieure des valves. Chaque buis-
son d’halimie renferme une quantité prodigieuse de capsules. La
récolte en sera donc facile. Ces capsules devront être cueillies un
peu avant maturité et étendues au soleil sur un drap. On les battra
légèrement, une fois ouvertes, pour faire tomber les graines. Un
kilo de ces dernières pourra revenir à 45 centimes.
Les graines de calycotomes sont sensiblement de la grosseur de
celles des retams. Un litre pèse donc environ 800 grammes et
contient 7.000 à 8.000'graines ; la fourniture d’un kilo s’élèvera en
moyenne à 1° 05.
Les semis seront effectués avec un mélange de ces graines :
3 d’halimies pour 7 de calycotomes, en poids. On pourra semer
soit à la volée, soit au coup de pelle.
Les prix de revient peuvent s’établir comme suit :
19 Semis en plein.
3 kilos de graines d’halimies à 0f45 l’un. . . . . . 1535
7 kilos de graines de calycotomes à 1f05 l’un. . . 7085
Semis, un quart de journée à 2 francs. . . . . . . 0 50
Hersage, trois quarts de journée à 5 francs, , . . 3 79
OA SE NU Le PRE 12195
Le hersage est nécessaire pour enfoncer légèrement les graines.
Il peut se faire économiquement, avec un fagot de jujubier chargé
d’une pierre ou d’une poutre.
20 Semis à la pelle. — Dans le semis à la pelle, un ouvrier mar-
chera droit devant lui, en ouvrant légèrement le sol à chaque
enjambée de 1 mètre. Il sera suivi par un semeur muni d’une
bouteille, dont le goulot aura été convenablement rétréei et qui
renfermera les semences. D’un coup sec imprimé sur le fond, il
fera tomber quelques graines sur la place ameublie et les fixera
au sol par une légère foulée du pied.
La dépense à l’hectare sera :
2 kilos de graines d’halimies à 045. . .» . . .. 0f 90
3 kilos de graines de calycotomes à 105 . . . .. 3 15
4 journées d’hommes à 2 francs. . . . . .. stiite 8 00
60 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Il est à présumer que, dans la plupart des cas, ce rideau de
128 mètres de profondeur donnera un abri suffisant pour effectuer
en arrière des cultures rémunératrices et qui fixeront le sol en
même temps.
Ces cultures consisteront essentiellement en semis de rieins et
plantations de figuiers. |
Le ricin commun (ARicinus communis L.) est subspontané en
Algérie. Sa croissance y est étonnamment rapide. A cinq et six
ans, il fournit de petits arbres de 40 à 50 centimètres de tour,
hauts de 2 à 3 mètres. En dehors de la variété commune, il en
existe beaucoup d’autres cultivées dans les jardins et le long des
voies ferrées (ligne de Mostaganem à Relizane). Toutes se plaisent
dans les terres sablonneuses et légères, où elles se mutiplient
naturellement de graines avec une facilité incroyable. Deux
pieds avaient suffi pour inonder de jeunes plants notre petit
jardin de Mostaganem.
Le bois du ricin est mou, poreux, impropre à tout usage. Il
mérite l’épithète de « lignum inutile » qu'Horace décerne au
figuier. Cet arbre fournit, en revanche, sous le tiède climat algé-
rien, des graines nombreuses dont on extrait de l’huile. L’huile
de r'cin est la plus lourde de toutes les huiles; sa densité est de
0,98. Elle est constituée par une oléine particulière, la rimilocéine,
soluble à froid dans l'alcool et qui se solidifie en absorbant l’oxy-
gène. Les graines de ricin placées dans l’eau surnagent en raison
de la présence de cette huile; on ne saurait donc en éprouver la
valeur germinative au moyen de l’immersion.
L'huile de ricin est utilisée en médecine. On s’en sert également
pour l’éclairage (1) et surtout pour la machinerie, la savonnerie,
la teinturerie.
Les graines, rendues à Marseille, valent de 25 à 32 francs les
100 kilos.
Un hectare planté de ricins donne environ 1.400 kilos de graines.
Le rendement en huile varie de 15 à 40 kilos pour 100 kilos de
(1) Il est très facile d'obtenir économiquement de l'huile d'éclairage. I]
suflit d’écraser et de faire bouillir les graines dans de l’eau.
UN COIN DE L'ORANIE : 61
graines. Les quelques essais tentés en Algérie donnent en moyenne,
pour des plantations d’ailleurs incomplètes, 210 kilos d'huile à
l’hectare, représentant une valeur nette de 30 à 50 francs.
La graine du ricin ressemble à celle du haricot; elle est maculée
de raies violettes très caractéristiques; un litre pèse 612 grammes
et renferme 1.150 graines. Elle n’est point attaquée par les ron-
geurs et, à ce point de vue, se montre très précieuse pour la fixa-
tion des sables. La maturité a lieu fin automne. La récolte se fait
au commencement de l’hiver. On sème immédiatement. La levée
se fait régulièrement, aucun rongeur ne touchant à la graine.
Le plant est épigé, la radicule est épaisse, pivotante; elle donne
plus tard naissance à un enracinement très développé. Les semis
que nous avons fait effectuer à l’Agboub ont très bien réussi.
M. de La Rocheterie nous a cependant dit qu'ils avaient été, çà et
là, broutés par les lapins. C’est douteux. Il s’agit plutôt de dégâts
commis par les perdrix gambras, grosses perdrix rouges, très
communes en Algérie et qui sont les agents de multiplication du
lentisque et du philaria. Les gambrass’attaquent indistinctement,
au printemps, à toutes les plantes dont lescotylédons émergent au-
dessus du sol, Au djebel Khaar, on a été obligé de recouvrir de
branchages les semis de pin d'Alep, détruits par ces volatiles au
fur et à mesure qu'ils poussaient. Mais, tandis que les pins bec-
quetés meurent, les ricins résistent généralement à la perte de leur
gemmule. Il sera facile de jeter quelques branches de « guen-
douls » épineux sur les nouveaux semis et de les préserver de tous
dommages. | ke
Les semis se font dans des rigoles profondes de 5 centimètres.
On espace les graines de 20 centimètres. Il vaut mieux, en Algérie,
semer dru, quitte plus tard à dédoubler les plants s’ils sont trop
serrés. Il faut environ 1 litre de graines par 200 mètres de rigoles:
Un ouvrier indigène ouvre et sème de 200 à 280 mètres de bandes
par jour, en moyenne 240 mètres.
La dépense par 100 mètres de rigoles s’établit comme suit :
Récolte d’un demi-litre de graines . . . . . 0f10
Hacon dufsenmis PR Unee tt Nr UN 25 0 90
62 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
S'il s’agit de fixer des sables mouvants, on espace les lignes de
{ mètre; on portera la distance à 4 mêtres lorsqu’on voudra créer
une ricinerale de rapport et intercaler entre les rangées une culture
fourragère.
En donnant à la ricineraie une profondeur double de celle du
rideau d’abri, on arrivera à garnir une largeur de 400 mètres de
terrains, 6e qui permettra bien souvent d'aborder les nappes d’en-
trainement où les travaux consisteront surtout en gazonnements.
Mais 1l sera sage, néanmoins, de créer là des figueraies, conduites
en buisson, de façon à briser toujours la force du vent et à amortir
les courants secondaires qui déferlent sur les dunes situées en
retrait. Le meilleur moyen sera de bouturer le figuier en lignes
distantes de 5 mètres et d’espacer les plants à 3 mètres les uns
des autres, dans des potets de 0,40 X 0,40 X 0,35.
La dépense par 100 mètres peut s’évaluer ainsi :
Cube — 0,40 X 0,40 X 0,35 — 05 056 };
Potets : {, 0m5 056 X 33 — 1m5 85 l 0f 37
405 85 X 0f 20 — 0f 37 |
Fourniture et habillage de 33 boutures.. . . . . . . 0 33
PACONES PAS RPM ANNE SU ER ARE SIP EAN" 0 30
DOLLARS MR SPP EE EU
Le ricin rouge (Ricinus sanguineus Hort.) (1) est une des meil-
leures espèces à propager. Sa croissance est rapide, son rende-
ment élevé, et ses graines ont donné, par la pression à froid, une
huile limpide pouvant rivaliser, en machinerie, avec l'huile de
pied de bœuf.
Gazonnements. — Nous donnons ci-après l’énumération des
plantes les plus communes récoltées au cours de nombreuses
herborisations autour de Mostaganem.
(1) D’autres variétés, originaires du Sénégal, sont également très recom-
mandables. Les tiges, rouies comme le lin, pourraient fournir des cordes et
des tissus grossiers.
UN COIN DE L’ORANIE 6
Hypecoum Duriæi Pomel.
Fumaria agraria Lag.
Lepidium glastifolium Desf.
KONIGA MARITIMA Rob. Brow.
Sinapis alba L.
Diplotaxis siifolia Kunze.
Malcomia littorea Rob. Brow.
Erysimun elatum Pomel.
Reseda alba L.
Cistus polymorphus Wilk.
Helianthemum guttatum Miller.
H. polyanthos Pers. —
H. lavandulæfolium D. €.
H. pilosum Pers.
H. viscarium Boiss. et Reut.
Viola arborescens L.
Geranium molle 1.
Cerastium glomeratum Thuill.
Stellaria media Wilk.
Arenaria spathulata Desf.
A. emarginata Brotero.
Alsine procumbens Fenzl.
A. tenuifolia Crantz.
Spergula arvensis L.
PARONYCHIA ARGENTEA Lam.
Corrigiola littoralis L.
Linum gallicum L.
Lupinus luteus L.
L. angustifolius L.
ONONIS ANTENNATA Pomel.
O. EUPHRASIÆFOLIA Desf.
Melilotus indica All.
MEDICAGO oBscURA Retz.
M. mACcuLATA Wild.
M. DENTICULATA Wild.
TRIFOLIUM PRATENSE L.
T. stellatum, T. lappaceum L.
T. panormitatum, T. scabrum L.
T. subterraneum L.
T'. tomentosum L.
T. PROCUMBENS L.
LOTUS CORNICULATUS L.
L. creticus L.
Erophaca boetica Boiss.
Astragalus longicaulis Pomel.
A. hamosus L.
C9
Psoralea bitaminosa L.
Vicia angustifolia Roth.
SCORPIURUS VERMICULATA L.
SCORPIURUS SUBVILLOSA L.
ORNITHOPUS EBRACTEATUS Brot.
O. comPpressus L.
O. isrHmocArpus Cosson.
HIPPOCREPIS CILIATA W.
Onobrychis crista-galli Lam.
Hedysarum humile L.
HEDYSARUM FLEXUOSUM L.
POTENTILA REPTANS L.
CITRULLUS COLOCYNTHIS Schrad.
Asperula hirsuta Desf.
Galium aparine L.
FEDIA CORNU-coPIÆ Gærtner.
F. cApuT-BOvIS Pomel.
Valerianella pumila D. C.
Scabiosa monspeliensis L.
SC. RUTÆFOLIA Vahl.
Helichrysum stæchas D. C.
Ormenis mixta D C.
Chrysanthemum viscosum Desf.
Chry. multicaule Desf.
Artemisia arborescens L.
Senecio leucanthemifolium Poiret.
Calendula arvensis L.
CENTAUREA SERIDIS L.
C. FEROx Desf.
RHAPONTICUM ACAULE D. C.
Galactites tomentosa Mœnch.
SCOLYMUS HISPANICUS L.
Urospermum Dalechampi Desf.
CREPIS SUBEROSTRIS Cors.
CREPIS TARAXIFOLIA Thuillier.
Campanulo rapunculus L.
Erica multiflora L.
Myosotis hispida Schlacht.
Echium sericeum Vahl.
Solenanthus lanatus D. C.
Cerinthe aspera Roth.
GC. oranensis Batt.
Scrophularina canina L.
Linaria heterophylla Desf.
L. virgata Desf.
Veronica arvensis L.
64 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Lavandula stæchas L.
L. dentata L.
L. multifida L.
T'hymus ciliatus Desf.
Calamintha Heterotricha Boiss. et
Reut.
C. graveolens Benth.
Rosmarinus officinalis L.
Stachys arvensis L.
St. hirta L.
Tenerium pseudo-chamæpitys L.
T. flaoum L.
T. polium L.
Anagallis linifolia L.
Statice Duriæi de Girard.
Armeria boetica Boïss.
PLANTAGO LANCEOLATA L.
P. BEeLzLARDI Allioni.
P. coronopus L.
P. psyllium L.
P. lagopus L.
Globularia alypum L.
Rumex tingitanus L.
R. thyrsoides Desf.
THYMELEA HIRSUTA Endlicher.
DAPHNE GNIDIUM L.
Aristoloche altissima Desf.
Arisarum vulgare Munby.
CHAMÆROPS HUMILIS L.
Ophrys fusca Link.
O. lutea Caw.
Serapias lingua L.
Romulea columnæ Sébastiani
Maury.
R. BuzBocopium Seb. et M.
Iris unguicularis Poiret.
Gladiolus segetum Gawler.
Asparagus horridus L.
A. acutifolius L.
Asphodelus microcarpus Salzman.
Seilla autumnalis L.
Urginea fugax Stein.
Tulipa celsiana Redouté.
JUNCUS FONTANESI Gay.
Imperata cylindrica L.
ANDROPOGON HIRTUS L.
Panicum sanguinale L.
A grostis elegans Thore.
Gastridium lendigerum L.
Lagurus ovatus L.
Stipa tenacissima L.
Stipa tortilis Desf.
Stipa gigantea Lay.
Oryzopsis miliacea L.
Aira cupaniana Guss.
Avena sterilis L.
À. ventricosa Balansa.
Gaudinia fragilis L.
Cynodon dactylon L.
Lanarkia aurea L.
Kœleria villosa Pers.
Ampelodesmos tenax Vahl.
Phragmites communis Trin.
Briza maxima L.
Vulpia myurus L.
V. geniculata L.
Bromus maximus Desf.
B. rubeus L.
Hordeum murinum L.
H. bulbosum L.
Les plantes dont les noms ressortent en petites capitales ont
une importance exceptionnelle pour le forestier et pour l’agri-
culteur. Les unes, en effet, comme Paronychia argentea, Fedia
cornucopiæ, F. caput bovis, n’ont pas de qualité herbagère bien
tranchée ; mais, comme elles sont excessivement rustiques et
abondantes, leur emploi peut être recommandé dans les nappes
d'entrainement. Lesautres, comme Ononis antennata, O.euphrasiæ-
folia, Centaurea ferox, Thymelea hirsuta, Daphne gnidium, Chamæ-
UN COIN DE L'ORANIE 65
rops humuilis, sont franchement refusées par le bétail; on pourra
donc les utiliser dans les parties particulièrement exposées aux
incursions des troupeaux. Ce sont d’ailleurs d’excellentes plantes
fixatrices. Rhapontium acaule est utilisé par les indigènes qui le
mangent en guise d’artichaut et qui ont bien soin de le conserver
dans leurs champs de blé; 1l en est de même de Scolymus hispa-
nicus dont les côtes sont assimilables à celles du cardon. Citrullus
colocynthis est la SEULE plante herbacée quise rencontre abondam-
ment sur les DUNES MOUVANTES. Elle offre done, à ce titre, un très
grand intérêt. À coup sûr, ses rameaux très menus, étirés, pé-
rennes et appliqués sur le sol, ne donnent à ce dernier qu’une pro-
tection imcomplète; mais, durant tout l’été, ses racines nombreu-
ses, profondes, contribuent puissamment à maintenir les sables.
Elle se montre d’une rusticité incroyable et nous n’hésitons pas
à en recommander l'emploi sur une grande échelle dans toutes les
dunes roulantes. Mélangée avec d’autres graines, celles du retam,
par exemple, elle donnera de bons résultats. Ses fruits, de la gros-
seur d’une orange, sont étonnamment abondants, et ce fut une de
nos premières surprises, en arrivant le soir à Mostaganem par la
ligne d’Alger, de voir des champs de coloquintes dans les sables de:
l’oued El Kheir. On les aurait dit semées. Le fruit est jaune, glabre,
recouvert d’une écorce dure, coriace, assez mince et renfermant
une pulpe blanche et spongieuse, dans laquelle on trouve des
graines nombreuses, ovales, comprimées et blanches. On s’en sert
en médecine. La coloquinte du commerce est le fruit dépouillé de
son enveloppe crustacée. Elle se présente en masses blanchâtres,
légères, spongieuses, d’une amertume prononcée. Les Grecs et les
Romains s’en servaient comme d’un puissant purgatif drastique.
Dioscoride en fait mention. De nos jours, elle entre encore dans
les médicaments composés, qui agissent comme drastiques. Les
indigènes l’utilisent dans le traitement des hydropisies. La Cen-
taurea seridis est aussi une plante bonne fixatrice des sables. Les
moutons en broutent volontiers les semis naissants.
Quant au surplus, ce sont des végétaux qui, à des titres divers,
intéressent vivement le pasteur. On remarquera que nous n’avons
pas souligné toutes les graminées, alors cependant que toutes
ANN, SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 11 5
66 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
plaisent au bétail quand elles sont jeunes et que certaines, comme
Lamarkia aurea, sont extraordinairement fréquentes. La raison
en est dans ce que, à l'exception du diss et de lalfa, ce sont des
plantes annuelles, qui ne conviennent pas pour un gazonnement
durable.
Une seule nous parait appelée à une vogue sérieuse, c’est l'A n-
dropogon hirtus. À coup sûr, e’est celle qui convient le mieux pour
les travaux forestiers de fixation des sables. Elle est partout abon-
dante, pleinement rustique, et forme des touffes épaisses, mais
moins élevées que le diss et l’alfa. Et, de même que ces derniers
sont, avec le drinn, la providence des lieux qu’ils couvrent, de
même aussi lAndropogon peut être, dans les parties sablonneuses
et sèches du Tell, une ressource précieuse et abondante pour l’éle-
vage. On a dit que c’était une mauvaise fourragère. Oui, si on la
laisse mûrir; non, si on la coupe encore jeune. Il en est de même,
d’ailleurs, de toutes les graminées vivaces, en France comme en
Algérie, en Algérie comme à Madagascar. Il n’en est pas moins
vrai que, dans cette dernière colonie, l'Andropogon hirtus, tout
en n'étant pas une plante de choix et de rizière, rend cependant
des services énormes à l’élevage du bœuf dans les régions sèches.
En Algérie, elle peut et doit donner deux coupes, en mars et en
mai. La coupe de mars, la plus abondante, fournira environ 3.000
kilos; la coupe de mai, 1.000 à 1.500 kilos à l’hectare. C’est assez
pour estiver quatre à cinq vaches.
__ Quant aux autres plantes, on peut les classer immédiatement
en deux groupes (voir page 67).
Le rôle des plantains, dans la nourriture au vert des mou-
tons et même des chevaux algériens, est énorme. Au printemps,
dans des pâturages plantureux, ce sont souvent les seules plantes
broutées. Il sera donc important de les faire entrer dans la com-
position des herbages, d’autant que ce sont des plantes robustes,
résistantes et ne dureissant que fort tard.
Les chenillettes constituent peut-être la meilleure pâture avec
les luzernes et les trèfles, les uns et les autres assez rares sur les
sables et abondants surtout dans les clairières des forêts argileuses.
Les deux trèfles qui nous ont paru le plus rustiques sont le Trifo-
UN COIN DE L’ORANIE 67
lium stellatum et le T. subterraneum. On sait combien les indigènes
sont friands des graines de la chenillette vermiculée. Fatigué de ne
rien faire et après une longue sieste, notre Bouziane Ben Hasna
s’en allait en mai remplir ses mains, dans le champ voisin de la
maison, de ces graines vertes et un peu sucrées, qu'il apportait aux
enfants. [Il broyait tout cela de ses dents blanches et merveilleuses
d’Arabe, décelant ainsi les qualités de la plante dont nous avons
oublié le nom indigène.
GROUPE GROUPE
des pâturages à moutons des pâturages à bœufs
Koniga maritima Scorpiurus vermiculata
Lotus corniculatus — suboillosa
Ornithopus ebracteatus Ornithopus compressus
— isthmocarpus Rhapontium acaule
Hippocrepis ciliata Trifolium pratense
Potentilla reptans _ stellatum
Scabiosa rutæfolia _— subterraneum
Centaurea seridis
Crepis suberostris
— taraxifolia
Plantago lanceolata
— Bellardi
—_ coronopus
— lagopus
Rumex tingitanus
Trifolium procumbens
— subterraneurn
Medicago obscura
= maculata
— denticulata
L’Hedysarum flexuosum n’est pas une plante de pâture, en ce
sens que les animaux n’y touchent qu’à l’étable; mais les expé-
riences très concluantes que nous avons fait faire avec une espèce
voisine, expériences que nous relaterons en parlant des forêts
d’Ammi-Moussa, nous permettent d’affirmer, contrairement à ce
qu'ont avancé des botanistes de grand talent, comme MM. Bat-
tandier et Trabut, que les sainfoins algériens doivent être consi-
dérés comme des plantes utiles au premier chef.
En ce qui concerne les graminées, toutes plaisent aux troupeaux
68 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
quand elles sont jeunes; mais, en dehors des espèces vivaces, elles
conservent une taille exiguë dans les terrains sablonneux et secs
que nous avons en vue.
Le Panicum sanguinale, ou digitaire sanguine, est assez abon-
dant dans les vagues, le long des chemins, à l’état disséminé. Les
feuilles sont courtes, la gaine velue. Il n’offre qu’un intérêt secon-
daire,
L’A grostis elegans est une petite graminée de 5 à 15 centimètres,
très abondante dans les broussailles de cistes, en compagnie de
l’'Ononis antennata. Elle est rustique, tardive; ses feuilles sont
très étroites, enroulées. Elle constitue souvent la principale nour-
riture des moutons.
Le &astridium lendigerum nous paraît être plutôt une plante
de jachère. Elle est abondante dans les moissons où elle atteint
de 1 à 3 décimètres de hauteur.
Le Lagurus ovatus est très répandu dans les forêts et les brous-
sailles. Il exige un certain couvert pour prospérer. Ses hampes
florales sont mangées par tous les bestiaux. Ce n’est pas une
plante sociale.
L’Alfa vit dans les mêmes lieux que le lagure. Dans les forêts et
les broussailles du Tell oranais il forme des touffes très épaisses,
qui s’accroissent par voie de développement centrifuge, à la suite
du dépérissement des rameaux anciens du centre. C’est à cette
particularité de végétation qu’est due l'importance de l’alfa au
point de vue de la régénération, de certaines essences forestières,
comme le thuya et le cèdre. La feuille a en moyenne 25 à 120 cen-
timètres de long; elle se replie sous influence de la sécheresse et
prend la forme d’un jonc. Jeune ou nettoyée de la bourre qui
enveloppe les pousses de l’année, elle est très recherchée par les
chevaux et par les bœufs. Les moutons ne la broutent pas. Dans
les alfas vierges, les feuilles sont larges, dures, grossières et pi-
quantes. Dans les alfas coupés chaque année, les feuilles sont beau-
coup plus fines, plus molles, moins cassantes; elles donnent un
assez bon fourrage. La base bulbeuse des innervations est un four-
rage très utile dans le Sud; les indigènes récoltent aussi, pour leurs
chevaux, les jeunes inflorescences encore dans leurs gaines; cet
UN COIN DE L’ORANIE 69
aliment a des propriétés excitantes (TRaBur). Les hampes florales
sont très ornementales: elles s’élèvent souvent au-dessus de la
broussaille et zèbrent l’horizon de façon charmante. Coupées
avant complète maturité et mâchées, elles ont une saveur sucrée,
agréable et rafraichissante.
La récolte de l’alfa est amodiée dans presque toutes les forêts de
l'inspection de Mostaganem. Les prix d’amodiation varient entre
25 et 30 centimes par hectare et pour trois ans, ce qui fait de 8
à 10 centimes par hectare et par an. Ce sont des prix peu rému-
nérateurs pour l’État et encore trop élevés pour les alfatiers.
Il est certain que l’élevage retirerait un meilleur profit de cette
plante ensilée ou passée au hache-paille et arrosée d’un bouillon
de figues.
La Stipa tortilis est une plante sociale qui, en forêt, garnit
souvent de larges espaces de ses tiges pressées et dures. Elle n’est
cependant très envahissante que dans les terrains argileux. Pré-
coce et se durcissant vite, elle n’offre aucune ressource sérieuse au
pasteur. Il en est de même de la Stipa gigantea, d’ailleurs beau-
coup plus rare.
L’Oryzopsis miliacea est une graminée de taille élevée, 12 à
15 décimètres, abondante seulement dans les broussailles où elle
est toujours à l’état sporadique. Les feuilles sont d’abord planes;
elles s’enroulent ensuite en vieillissant. C’est une espèce tardive
et bonne fourragère, que tous les animaux de la ferme recherchent
à l’état jeune.
L’Aira cupaniana dépasse rarement 15 à 20 centimètres de
haut dans les sables; elle est commune dans les broussailles de
cistes et dans les buissons de lavandes où les moutons vont la
chercher.
L’Avena sterilis est la plaie des froments. C’est une des grami-
nées les plus envahissantes de l'Algérie; c’est aussi l’une des plus
répandues. On la trouve partout sporadique : le long des chemins,
dans le maquis et dans la broussaille; elle est sociale dans les
jachères où elle donne souvent l’illusion d’une moisson féconde.
Elle est très précoce. On la voit surgir de terre aussitôt après
les permières pluies. Elle accomplit son évolution entière dans
70 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
un temps court et mürit avant l’orge, donc bien avant le blé. Par
suite, elle échappe à toutes les causes de destruction et donne
chaque année des graines abondantes, qui propagent largement
l’espèce. Comme la plupart des graines algériennes, celles-e1 s’en-
kystent d’ailleurs facilement.
I suffit d’un labour pour les rappeler à la vie. Blé et folle avoine
sont à peu près impossibles à distinguer dans le jeune âge. Il est
dès lors difficile de purger les cultures d’une plante qui envahit
de plus en plus dans les terrains épuisés.
La folle avoine algérienne est d’ailleurs, à tout prendre, une
bonne fourragère. Ses chaumes, point trop durs et engrangés,
constituent même en été la principale nourriture du bétail.
Gaudinia fragilis atteint de 2 à 4 décimètres de haut; elle a les
feuilles molles, linéaires et planes. Elle accompagne souvent la
folle avoine et lui ressemble beaucoup. Elle en a les mêmes qua-
lités.
Lamarkia aurea est une jolie petite graminée à panicule unila-
térale et dorée. Cette teinte s’harmonise bien avec la couleur
fauve des sables et offre ainsi un eurieux exemple de mimétisme.
Elle est précoce, très répandue dans les vagues et les brous-
salles. Espèce de pâture, bonne pour le mouton.
Le Diss est rare dans ces terrains de sable. Nous l’étudierons
en parlant de la région montagneuse.
La Xœlérie, la Brize et les Vulpins sont plantes sporadiques.
Leur station habituelle se trouve dans les broussailles. Elles de-
mandent donc un peu de couvert pour prospérer. Ce sont de très
bonnes fourragères, ordinairement tardives.
Le Brome rougeûâtre est une graminée sociale et très précoce,
souvent abondante dans la lande de retams. Les chaumes en sont
courts, durs; l’épillet est hérissé de barbes piquantes. IT n’est
brouté qu’à l’état vert et donne à l’état sec un très mauvais four-
rage.
L’orge queue de rat est une plante rudérale, acceptée par les
bestiaux seulement en vert.
Ceci posé, les formules de gazonnement les plus recomman-
dables, nous paraissent être les suivantes :
UN COIN DE L'ORANIE 71
19 Pour pâturage à moutons :
KILOS p FRANCS FRANCS
PAR CASE SRE en RER AMAR 110
Trèfle souterrain... 2 2) 4
Huzernetachetées = 7 2 2 A
ÉHIPPOCrÉRIUEL. A 2e Un. 3 3 9
LENS CE SP ER ET PO AT 3 3 9
Elle avoir: tre mA PE Nr. 20 0° 5OMETO
DOCS SEP CENT ER PERRET ER E RONEG
Ou encore, si l’on veut lui donner une plus grande force de ré-
sistance :
KILOS FRANCS FRANCS
PIN EAINS ENS RENAN RAR — 10
Frétle souterrain: 2 00 2 3 6
Puzernestachetée .. >: : : … 2 3 6
Eippocrépide 24%: 1. ET 2 3 6
IH Mme, ES A ber.S ANSE date 2 3 6
Honarin. HE ELA € 0,100 10 1
MAMAN Enr rat te 0 0,100 10 1
Total. 36
20 Pour pâturage à bœufs :
KILOS FRANCS FRANCS
CHENNIeltes PR RE TOM DRS ENS
IDretle re LOLLE MEET EEE et US 42
PONeraVOITEnSE ARMES AR" 10 il 10
AnNdrOpOROnaTs 20e. 2: 10 1 10
OLA SALE ITEM ELNRGELIEAN, cr
30 Pour semis forestiers de fixation :
PTÉTÉÉIONER TER e Aron nue Re Vi AS
Santontfiezueux/ 72.202 0 20 0,80
Andropogon hérissé. . . . . . . 10 1 10
OA MALO EURO His es
ou encore, plus économiquement :
Sainfoin flexueux.:/… . : . . . . 20 0,80 16
Andropospnisshiun cts ae dater: 45 1 15
Totale. - eus RAI AN REA 84
12 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
49 Pour dunes :
#
a) Très roulantes :
KILOS FRANCS FRANCS
Certaured serais 027. "A D'UN TD
Goloquinte rt meer Enr 10 0,50 Gi
Retam st; tr Mr est 5 4 <,
ANGTODOBON.E. 0 Re pee 10 1 10
MOtA las RE ETS SUR RE PR RE
b) Déjà à peu près fixées :
Paronychia argentea. . . . , . . # 2 8
Plantago coronopus . . . . . . . Hi 2 10
ANOTODORON A PET ee eue More 10 À 10
LORD TNT TR RS dis. UN 608
Ajoutons, à titre de renseignements, qu’un kilo de chenillette
grosse (Scorpiurus vermiculata) contient environ 3.000 graines et
qu’il en faut à peu près { kilo pour semer un are en lignes, en
poquets ou en trous, à la façon des haricots. Le kilo de romarin
renferme environ 900.000 graines et le kilo de lavande de 900.000
à 1 million de graines.
Les prix de revient indiqués ei-dessus sont approximatifs, au-
eune de ces graines ne se trouvant dans le commerce. Ils sont ce-
pendant plutôt au-dessus qu’au-dessous de la réalité. Toutes ces
graines peuvent être obtenues à bon compte en utilisant la main-
d'œuvre des transactionnaires.
c) Fixation des dunes
Les dunes peuvent se former sur place, à la suite du débrous-
saillement et du parcours, ou bien succéder à des nappes d’al-
fouillement, ou bien enfin s’alimenter de matériaux qui ont lon-
guement divagué sur des nappes d'entrainement. Très souvent,
l'arrêt des apports sablonneux suffira pour mettre fin à la marche
envahissante de ces dunes. Cependant, il arrivera nécessairement
que l’on devra, dans certains cas, exécuter les travaux de fixa-
UN COIN DE L'ORANIE 73
tion, ou exelusivement sur des dunes, ou à la fois sur des dunes
et dans la nappe d’affouillement.
La première chose à faire sera de marquer et de jalonner le
front des dunes, de façon à créer un cordon continu et réguler,
qui jouera le même rôle de protection que la dune littorale. Cet
ourlet devra être monté à 3 ou 4 mètres au maximum.
Le tracé de ce bourrelet se fera ordinairement en raccordant
les crêtes des premières dunes par une ligne en are de cerele, ou
mieux en croissant. Pour régulariser la dune dans les sifflets, on
édifiera un elayonnage au moyen de fagots de broussailles, hauts
Tracé d’un ourlet frontal.
de 1 mètre, ensablés à une profondeur de 25 à 30 centimètres. On
renouvellera au fur et à mesure de l’ensablement, jusqu’à ce que
le cordon ait une hauteur uniforme. C’est alors que l’on procé-
dera au gazonnement avec la formule donnée pour les dunes rou-
lantes. On assoira définitivement la tête de l’ourlet frontal en la
garnissant de plantations de rhizomes de roseaux. Ces plantations
seront faites à l’abri d’un petit clayonnage.
L’ourlet protecteur formé et assis, on poursuivra le gazonne-
ment en arrière, sans qu’il soit besoin généralement de recourir
à la couverture de branchages, qui revient fort cher, à 150 ou
250 francs par hectare, suivant que l’on a ou non les broussailles
sous la main.
Le plus souvent, on aura intérêt, non seulement à gazonner,
mais encore à reboiser ces dunes. Il faudra proscrire toutes les
grandes essences, avec lesquelles on court à un insuccès certain.
On s’adressera exclusivement aux arbrisseaux suivants : le phila-
ria à larges feuilles, le chêne kermès et l’éphèdre.
Le philaria à larges feuilles doit, comme l'olivier, son parent, se
propager de boutures. De fait, nous en avons fait mettre en terre,
74 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
par le garde Géris, dans les sables de PAgboub et, à notre départ,
les boutures faites tardivement et qui n’avaient reçu aucun soin,
paraissaient vouloir se maintenir. Par contre, le lentisque, qui
avait été également essayé, a boudé un certain temps, puis est
mort. Si, comme nous en avons l’espoir, le philaria réalisait les
promesses qu'il à données, on aurait là, pour les reboisements fu-
turs, un précieux auxiliaire, bien qu’il jouisse d’une triste répu-
tation au point de vue du feu et qu’il s’allume avec une rapidité
incroyable. De là son sobriquet de « brûle capotes ».
Le kermès doit être semé. Nous avions été très frappé de trouver
dans les clayonnages de l’Agboub de nombreux semis nés natu-
rellement, et nous avions profité de cette observation pour en
recommander l’emploi dans les travaux d’avenir. On sait d’aul-
leurs combien cette petite essence est répandue sur les sables et
chacun a pu observer la façon merveilleuse avec laquelle elle dra-
geonne dans les parties incendiées et le long des tranchées garde-
feu. Pour ces motifs encore, elle ne doit pas être négligée.
Enfin, l’éphèdre (fragile ou élevé) se recommande tout parti-
eulièrement par la façon dont il étend ses racines dans le sable et
par la protection qu’il donne au sol. Ses fruits, toujours abon-
dants, sont faciles à récolter; on peut les semer conjointement
avec les glands du chêne kermès en mettant une graine de chaque
dans les potets. En mariant les essences, on ne fera que suivre
les indications si nettes de la forêt algérienne.
Le façonnage, la pose et la mise en place d’un mêtre courant
de clayonnage reviennent à 20 centimes, soit à 20 francs les
100 mètres. En supposant qu'un tiers seulement du développe-
ment linéaire de la dune frontale doive être monté cinq fois pour
parvenir à l’établisssement d’un profil régulier, la dépense totale
par 100 mètres serait de :
20 + 33.X 5 X 0f20 — 53 francs.
Lors même qu'il faudrait monter ces elayonnages sur toute
l'étendue de la ligne périmétrale, ce ne serait encore qu’une
dépense de :
20 + 20 X 5 — 120 francs,
UN COIN DE L’'ORANIE 175
inférieure à celle que nécessiterait le garnissage de la partie pro-
tégée par l’ourlet.
Ces quelques données vont nous permettre d'évaluer approxi-
mativement la dépense de fixation des dunes continentales dans
la région de Mostaganem. Considérons une surface de 350 hec-
tares ayant une longueur de 3 kilomètres et une largeur variant
de 1 à 2°"5. Sur le tiers de sa profondeur le vent affouille, sur un
autre tiers les sables roulent, enfin sur le surplus les dunes rem-
* blaient.
Faisant application des principes et des chiffres précédemment
indiqués, nous pouvons établir le devis suivant :
1° Achat des terrains
HUE CEAreS ACTU ITANES AE PRE NES SUR 7.000f »
20 Boisement de la nappe d’affouillement, d'une superficie totale
de 125 hectares
a) Banquette garnie, 1.000 mètres de développement :
D CLONE M RM TR TI TU 0e ce ST 230 »
b) Rangées alternées d° tamaris et de roseaux, 6.300 mètres de dévelop-
pement :
SD MR GE OU Une ER ES le 345 »
DS SOS RE SEL HET er AE AS O6 VAL SEA ile st
ce) Établissement d’une ricineraie sur 872 mètres de profondeur :
23.800 mètres de rigoles à 1 franc les 100 mètres. F380%)
d) Semis d’halimie et de calycotome sur environ 125 hectares :
ADO OT REC ER RC er nee bee tee 1.625 »
30 Fixation et mise en valeur de la nappe d'entrainement (190 hectares)
a) Plantation de figuiers :
380.000 mètres courants à 1 franc les 100 mètres. 3.800 »
b) Gazonnements : |
HOT RTE ME PES EU PTS CET PRE ECTS 5.890 »
4° Fixation des dunes (480 hectares)
a) Établissement d’une dune frontale sur 2.300 mètres de développement :
2.300 mètres à 53 francs les 100 mètres. . . . . . 122192)
b) Garnissage de roseaux :
D DR D En de ae ue les -chs t 82 80
c) Gazonnement :
Free à URL MS ÉTRRS Ur CE UE LG A Pic L'ELR 2 RS OR PIN 14.880 »
OA MON Ro MTS Li 91.555f 80
76 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
En résumé, la réfection complète de ces 350 hectares de ter-
rains nécessiterait une dépense maxima de :
ANGChat AUTEUR 7.000f »
MrAVAURIAIVETS NM NET 31.555 80
Total) MATE °38.555t 80
Quant au revenu, il peut être établi sur les bases excessivement
modérées suivantes :
Après trois ans, la ricineraie pourra produire 200 kilos d’huile
par hectare, soit pour l’ensemble 109 x 200 — 21.800 kilos. En
admettant que le kilo ne vaille net que 5 centimes, c’est encore
un revenu. de 21.800 X15.: 1. D Ut AC OS
Après cinq ans, la figueraie entrant en rapport,
fournira avec ses 100.000 cépées survivantes, un
produit annuelide sie ta RENE ET PO 5.000 Ÿ
en n’estimant qu’à 5 centimes le revenu net de
chacune, 6e qui n’est certainement pas exagéré.
Enfin, au bout de huit à dix ans au maximum,
des coupes de fourrage pourront être effectuées au
bas mot sur 190 hectares. Elles rapporteront au
moins 5.000 quintaux de foin valant sur pied en-
Virone Leg iiot UE POP MT SR ÉURES 00e
C’est done un revenu net total de. . . . . . . 8.890!
pour une dépense de 35.000 à 40.000 francs.
Si l’on table sur le chiffre de 35.000 hectares de dunes, chiffre
qui nous a été donné par M. Priou, très au courant de la question,
on voit que l’ensemble des travaux se montera à 3.855.580 francs.
C’est un chiffre assurément fort :mportant, mais ce n’est, comme
nous l’avons dit, qu’une avance de fonds pour la colonie, puisque
d’une part ce capital s’amortira de lui-même par les intérêts
énormes qu’il donnera au bout de fort peu de temps, et que, d'autre
part, l'État pourra certainement disposer, au bout de vingt à vingt-
cinq ans, d’un tiers des terrains restaurés, dont la valeur passera
de 20 à 200 franes au minimum. Ces 1.666 hectares mis au feu des
UN COIN DE L’ORANIE 14
enchères atteindront certainement plus de 2 millions. Avec une
dépen e moindre, on aura ainsi procuré un immense bien-être au
pays et arrêté l’œuvre de ruine qui s’étend comme une tache
d'huile. |
Ii est évident qu’une pareille tâche ne saurait s'effectuer tout
d’un coup. Nous avons signalé son urgence et montré comment
on pouvait la mener à bonne fin. Qu’on lui consacre, pour débuter,
10.000 à 15.000 francs seulement, mais que l’on fasse quelque
chose, si lon ne veut pas se laisser aceuler à d’inextricables
difficultés et à de véritables désastres.
d) Broussailles des grès pliocènes
Ces grès prennent un grand développement dans les environs
de Mostaganem, où ils dessinent une rampe face à la mer. Ils res-
semblent étonnamment à la molasse savoyarde et forment une
muraille percée de bétoires par où, lhiver, s’échappent en bouil-
lonnant les eaux du plateau supérieur. Ces trous vomissant d’ail-
leurs autant de sable que d’eau donnent naissance à de petits,
mais profonds ravins. Ces derniers sont une menace perpétuelle
pour les routes qu'ils éventrent ou qu’ils ensablent. Cela n’arri-
verait pas, si ces grès étaient protégés de l’érosion par un man-
teau de broussailles. Or, celles-ci fondent à vue d’œil autour de
Mostaganem.
Tendres, friables et facilement décomposables, ces grès se trans-
forment en un sable jaune, affreusement pauvre. Pendant hiver,
ils se parent des fleurs de lP’alysson maritime; puis, les fedias, les
malcomias y mêlent plus tard leurs tons plus chauds, qu’avivent
les pâles hypecoums et les neigeuses paronyques. Des centaurées,
de grands échinops, quelques retams se montrent de loin en loin
sur le champ de manœuvres de Mostaganem, qui devrait être
forêt touffue et qui n’est que loque affreuse. En été, les eigo-
gnes au vol glissant tracent au-dessus de ces espaces déserts de
vastes cercles, avant de s’y poser à la recherche des escargots ei
des lézards.
A ceux qui voudront voir l'oiseau hiératique, qui est aussi pour
18 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
les Espagnols loiseau-mascotte, dans la plénitude de ses fonctions
de vie, nous signalerons l’étuve de Relizane. Rien n’est curieux
comme de voir, en juin, les toits garnis de nids et‘de cigognes de
tous âges. Dans la tiédeur moite du midi, le silence de la sieste n’est
guère troublé que par le bruit de castagnettes que font ces oi-
seaux avec leurs becs. Mère qui parle à sa fille, fils qui répond à
son père, réprimandes et bouderies, joie et tristesse, plainte ou
colère, tout se traduit par une batterie précipitée de bec. Et de
toits en toits, de rues en rues, de terrasses en terrasses, l’oiseau
répond à loiseau par son monotone tac-tac. Et cela devient
obsédant comme un chant de cigale. |
Maison hantée par la cigogne est signe de bonheur pour VEs-
pagnol. Le Français fuit plutôt cette promiscuité qui est loin d’être
inodore.
Parmi les autres oiseaux animant les sables, nous ne voyons
guère que l’alouette, alouette de France en hiver, alouette huppée
et peu craintive tout le temps. A l’automne, en traversant les
vignes, on fait lever quelques perdrix sauvages, ou encore des
engoulevents au vol lourd. En France, de tels espaces seraient
bouleversés et travaillés par les taupes. En Algérie, le sol reste
uni : il n’y a pas de taupes.
Par contre, les fourmilières abondent, fourmilières très élé-
gantes, très hautes et très curieuses, et dont l’orifice d'entrée af-
fecte la forme d’un entonnoir. Fourmis singulièrement actives,
prévoyantes et audacieuses et qui vont parfois ramasser le grain
jusque derrière le semeur. Tout ce qui demeure à la surface du
sol est rentré dans les greniers souterrains. Il peut ainsi naître
de réels dommages du fait de ces hyménoptères.
A défaut de blé, les fourmis algériennes ramassent des grains
d'orge, d’avoine et d’autres graminées sauvages. Les cham-
UN COIN DE L’ORANIE 19
bres souterraines sont situées à environ 15 à 20 centimètres au-
dessous du sol. Elles étaient vides en octobre. Les provisions ser-
vent done à traverser la saison d’été. De petits Insectes se mon-
trent ainsi plus prévoyants, plus industrieux que l’indigène. Après
les fortes pluies de l’hiver 1901, nous avons vu des greniers vidés
par les fourmis. Les grains étaient étendus sur le terrain, comme
si on avait voulu les faire sécher. Des ouvrières les retournaient
même de temps en temps! Comment ces graines ne germent-elles
pas? Par quels procédés les fourmis parviennent-elles à endormir
leur faculté germinative? C’est ce que nous ne saurions dire. Il y
a là, pour les naturalistes, un mystère singulièrement intéressant
et un problème attrayant de physiologie animale. Quoi qu’il en
soit, ces graines enlevées de la fourmilière et transportées dans
notre jardin ont donné immédiatement des plants vigoureux. Les
fourmis sont, en Algérie, un des agents les plus actifs de la dissé-
mination de certaines espèces. Toutes les plantes sont loin d’avoir
égal droit de cité autour de leurs magasins : elles en éliminent
certaines et ne laissent subsister, dans un rayon de 50 centimètres
à 1 mètre, qu’un petit nombre d'espèces déterminées, toujours les
mêmes.
. La terre d'Algérie déborde de vie. Nous avons signalé déjà la
multiplication fabuleuse des mollusques sur certains points. Les
lapins pullulent dans d’autres régions, dévorent les semis nais-
sants de genévriers, les graines de lupin, de phaque et d’érophaca.
Les altises font subir de grands dégâts aux vignobles, et il n’est
pas une légumineuse qui ne nourrisse une bruche ou une bala-
nine. Des lots de graines de retams, de calycotomes, de genêts,
apportés en France pour en suivre la germination, ont donné
un déchet incroyable par suite des attaques de ces insectes. Plus
des trois quarts de la récolte se sont trouvés perdus. Quand donc
il s'agira d’effectuer des semis avec ces graines, 1l sera indispen-
sable de les soumettre, quand ce sera possible, à l'épreuve de l’eau
et d'éliminer toutes celles qui surnageront. Les semis de pin ma-
il en est sou-
ritime sont généralement détruits par les rongeurs;
vent de même du pin d'Alep. Cela augmente encore les difficultés
du reboisement en grandes essences.
80 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
La lande des grès du pliocène est une lande armée. Le calyco-
tome épineux, les asperges arborescentes (Asparagus horridus L.,
A. acutifolius L.), le palmier nain, se disputent les chausses du
promeneur et en rendent le parcours singulièrement désagréable.
C’est aussi une lande odorante, étant garnie de lavandes et de
thym algérien. Tout cela gris, sec, terne pendant six mois de
l’année, de juin à novembre, et offrant bien ce facies particulier,
cette teinte de peau de panthère si spéciale à la nature algérienne.
Les asperges arborescentes sont parmi les plantes les plus utiles
de cette lande. Les inflorescences font l’objet d’un petit commerce
de la part des indigènes. Réunies en bottes de vingt à vingt-cinq,
elles sont vendues 5 centimes à Mostaganem, où elles consti-
tuent un légume apprécié. Elles sont légèrement amères, mais
cependant agréables au palais qui se fait à cette amertume.
Pauvres en bois, ces landes le sont encore plus en herbes. Sous
l'influence d’un parcours dégradant, elles s’émiettent à vue d’œil,
perdant peu à peu tout ce qui n’a point d’épines pour se dé-
fendre.
Dans leur constitution la plus simple, elles ne possèdent guère
que des calycotomes et des lavandes. Le palmier nain lui-même,
vrai végétal de zine, tend à se faire rare, étant pourchassé pour sa
feuille, apte à de nombreux usages. L’indigène en fait des balais,
des nattes qu'il tresse avec une rare adresse, des cordes grossières,
des paniers, des malles, etc. Ce n’est point une plante difficile à
détruire: un coup de pioche en a raison. Dans un avenir peu éloi-
gné, les fabriques de crin végétal auront considérablement
réduit l’aire du palmier nain, et ce sera dommage.
Les feuilles du « doum » fournissent des filaments que l’on teint
en noir et qui, frisés, donnent un très bon crin végétal. On en tire
parti dans l’ameublement pour remplacer le erin de cheval. Le
prix des feuilles sur pied est de 2 francs à 2° 50 les 50 kilos. Un
homme peut en couper 200 kilos par Jour.
(A suivre.)
LES
ENGRAIS < MANGANEÉS?° »
Par Henri ROUSSET
ANCIEN CHIMISTE À LA STATION AGRONOMIQUE DE L’AISNE
Parmi les récentes conquêtes de la science agronomique, rien
n’est plus intéressant que ces nouveaux engrais dits « complé-
mentaires », « catalytiques » qui semblent avoir la curieuse pro-
priété de stimuler puissamment la végétation malgré l’extrême-
ment petite dose employée. Effet singulier dont les résultats,
s’ils sont prouvés de façon indiscutable et définitive, seraient du
plus haut intérêt pratique : il y aurait, on le conçoit, un avantage
considérable à substituer même partiellement aux engrais « ali-
ments » forcément employés à hautes doses, quelques dizaines
de kilos à l’hectare de matières fertilisantes « stimulantes » beau-
coup moins coûteuses. C’est pourquoi il est extrêmement inté-
ressant d'étudier le résultat des expériences culturales faites
jusqu’à ce jour avec les plus importants d’entre les engrais com-
plémentaires : les combinaisons du manganèse. Un travail d’en-
semble est d'autant plus utile que selon les expérimentateurs
les essais ici concluants sont là négatifs; qu’il est indispensable de
(1) Nous employons l’épithète « mangané » de préférence à celle proposée
par d’autres auteurs : « manganésé ». Non seulement ce dernier mot est in-
élégant, mais il est inutilement compliqué; puisque l’on dit simplement en
chimie « manganeux ». Les terminaisons en « eux » impliquant une catégorie
limitée de sels dans un certain état d’oxydation, nous avons préféré « man-
gané » que nous employâmes déjà d’ailleurs dans la Revue scientifique, la
Revue générale de Chimie, le M. Scientifique Quesneville, etc., etc., et qui
fut reproduit depuis par plusieurs auteurs.
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 17 6
82 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
comparer les unes aux autres les conditions des différentes ex-
périences, pour tenter d’expliquer rationnellement les causes de
ces apparentes anomalies et conclure — si possible — sur la
valeur réelle des nouveaux engrais (1). Notons enfin que l’extrême
nouveauté de l'emploi des engrais catalytiques fait que les tra-
vaux publiés jusqu’à ce jour sont relativement peu nombreux
en sorte que l’on peut songer à en réunir la plupart; et qu'ils
sont en nombre suffisant pour que l’on puisse tirer de leurs ré-
sultats des enseignements de valeur certaine.
$ I — La présence du manganèse dans la nature
Bien longtemps avant que | on ait songé à employer le manga-
nèse comme engrais — avant même de connaître aucun des
engrais chim ques, plusieurs chimistes constatèrent sa présence
dans certaines plantes. C’est ainsi que d’après M. Gabriel Ber-
trand (2), Scheele dans son mémoire sur le manganèse (3) fournit
à ce sujet la première observation : il en trouva très peu dans
les cendres de cumin sauvage, davantage dans celles du bois.
Beaucoup plus tard, en 1849, Hérapath a signalé la présence du
manganèse dans les cendres de la rave, de la betterave et de la
carotte. Après lui, Richardson l’a indiqué dans les cendres de la
canne à sucre, puis Salm Hortsmar (4) dans celles de l’avoine. En
(1) La plus grande prudence est nécessaire. Il ne faut pas oublier que les
engrais « microbiens » proposés autrefois, tels par exemple les cultures du
fâmeux bacille d’Ellenbach, sur la valeur desquels on est maintenant fixé,
ont été l’objet d'expériences aux extraordinaires résultats. N’en concluons
pas la fausseté des essais; mais que l’action de l’engrais est variable et in-
certaine. Et peut-être y a-t-il seulement là une question de perfectionnement
réalisable : M. Stoklasa a fait l’an dernier (Centralblatt für Bacteriologie) de
très intéressants essais paraissant ouvrir une nouvelle voie dans l'application
des engrais à base de microbes fertilisants.
(2) « Le manganèse dans la nature ». Revue générale de Chimie, 1905.
(3) Mémoires de Chymie, Dijon, 1785.
(4) Aussi prend-il soin d’employer le manganèse dans la composition de
plusieurs de ses milieux artificiels de culture. Cf. Journal für praktische
Chemie, 1849.
LES ENGRAIS « MANGANÉS » 83
1852, dans sa trente-cinquième lettre sur la chimie, Liebig écrit :
« Le thé et le café sont remarquables en ce qu'ils renferment du
fer et du manganèse. Lorsqu'on évapore à siccité une infusion
limpide de thé pékas ou souchong, et qu'on incinère le résidu, on
obtient des cendres, souvent colorées en vert par du manganate
de potasse, et dégageant par conséquent du chlore au contact
de l’acide chlorhydrique. » En 1865, Sachs (1) tenta de substituer
le manganèse au fer assimilé par les plantes et entrant dans la
constitution des chlorophylles; il n’euc d'a ileurs aucun succès :
les feuilles jaunirent et s’étiolèrent.
En 1872, Leclere crée à la station agronomique de Est une
méthode colorimétrique nouvelle et très sensible qui lui permet
de déceler des traces extrêmement petites du manganèse dont il
constate l’état de dissémination dans la plupart des terres arables
et des matières végétales (2). Reprise et perfectionnée par M. Pi-
chart, la méthode, utilisant une réaction signalée par Hoppe
Seyler, «consiste en principe à transformer le manganèse en per-
manganate dissous dans un liquide qu’il colore en rose et à com-
parer la teinte de la liqueur avec celle d’une liqueur type con-
tenant un poids connu de manganèse » (3).
Outre la présence dans les végétaux et les terres, on constate
que les matières fertilisantes usuelles peuvent contenir du man-
ganèse. « Le fumier, dit M. Pichart, est très riche en manganèse
et le principal engrais employé sur le littoral de la Manche et de
l'Océan se compose de varechs, abondamment pourvus de cette
substance. » Mieux encore : on met en lumière certains faits sin-
guliers sur la répartition du manganèse dans les plantes qui
témoignent du rôle certainement joué par l'élément : Passe-
rini (4), au cours d’un travai! sur le lupin, consta'e que c’est dans
les feuilles que se trouve surtout le manganèse, et | on sait que
(1) Sacs, Experimental Phystiol. 1865, p. 14%.
(2) Comptes rendus, 1872, p. 1209. Nous donnons plus loin les chiffres de
la teneur en Mn des principales matières analysées par l’auteur.
(3) Comptes rendus, 1882, p. 1550.
(4) Bul. de l’Inst. agrario di Scandicci, 1905.
84 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
c’est dans cette partie de la plante que l’activité vitale et la for-
mation synthétique des réserves nutritives de la plante sont les
plus marquées. « Dans une feuille, celle du chou, rapporte Mau-
mené (1), les nervures et le tissu foliacé qu’elles soutiennent
offrent des différences incroyables. Le tissu laisse une cendre
blanche infusible ne contenant pas trace de manganèse; les ner-
vures donnent une cendre très fusible où le manganèse existe en
quantité très appréciable. » Le même chimiste constate dans le
blé des différences analogues : « La plus grande partie du man-
ganèse existe à l’état de sel d’un acide organique... la partie
soluble du blé, la mieux disposée pour l’assimilation, est presque
la seule qui renferme du manganèse. »
Toutes ces constatations devaient provoquer des essais de
végétation pour la constatation directe de l'influence du man-
ganèse sur la végétation. Sachs imagina de cultiver comparati-
vement des plantes, à partir de la graine, dans des solutions
nutritives additionnées ou non de sels de manganèse. Les résultats
n’ont jamais été probants avec les espèces dont il s’est servi. Ceci
tient d’ailleurs à plusieurs causes. D’abord, les graines appor-
taient toujours avec elles une petite provision de métal. Ensuite,
les substances données aux plantes n’étaient peut-être pas assez
pures, les vases de verre renfermant les liquides nutritifs conte-
naient du manganèse qui pouvait entrer lentement en dissolution-
Sachs admit néanmoins la nécessité du manganèse pour les plan;
tes. Dans un autre ordre d’idées on tenta de substituer, leurs
propriétés chimiques étant voisines, le manganèse au fer qui joue
un rôle essentiel dans la formation des chlorophylles; Wagner
n’obtint dans cette voie que des résultats négatifs. Remarquons
d’ailleurs que, pour indispensable que paraisse le fer, sa teneur
dans les matières végétales est quelquefois bien inférieure à
celle du manganèse : Lœw et Schrœder ont calculé que des hêtres
de vingt ans renfermaient comparativement 104 parties d'oxyde
de manganèse contre 8 parties d'oxyde de fer.
Nous donnons ci-après d’après Leclerc les quantités de man-
(1) Comptes rendus, 1884.
LES ENGRAIS « MANGANÉS » 85
ganèse dosées dans un grand nombre de matières végétales et de
terres arables.
Teneur en sesquioxyde de manganèse de divers sols et cendres
de végétaux (Leclerc) (*).
TERRAINS CENDRES DES VÉGÉTAUX
ARE RRESPONDANTS Re
géologiques nee ] récoltés sur ces sols
0/0 0/0
Forêt de sapins 0,037| Cendres de sapin . . . . 4,507
Grès vosgien. . . .{ — CHÉDES EE 0 180 HN de Cchéne .- r/108
— hêtres 0,110 — dehêtre..,. 5,307
Cendres de charme. . . 7,454
detilleul. : : . 3,744
de saule . . . . 0,574
de bouleau, , . 2,981
Marnes irisées . . .| Forêt de Paroy (M.-et-Mos.) . 0,173 d'érable . . . . 0,383
d'aune: 1" 07,965
de l’orme. .. . 0,142
de tremble. . . 0,636
de prunier . . . 0,121
{vigne HAES RER ee MOTO
lt er YACITDIES 1-1 Le OA TOD
— marcs de raisin. , 0,071
Alluvions Toulouse . . . . t-LN0,078 Bus. D EU UT e 0,061
Yonne (Bas du en . 0,276| Pin marit. Ne D 0,325
— (Quatre arpents). 0,276 — (mal venant). 0,021
RAS EE CA IN Any Haba ce TEL re 0,181
Marnes irisées . . .| Bezange-Grande (Meurthe). . 0,219
Porphyre. . . . . .| Remiremont.. . . . .. .,-o,o7o| Grains d'origines diverses :
Granit — 0,063| Blé (Galland). . . . . . 0,0113
Terre noire (Russie). . . . . 0,143| Orge (Chevallier). . . . 0,0056
Coprolithes 0,146| Maïs (Quarantin). . . . 0,0020
RIZ EN ee 0 00010
Crétacé ER) PAM arne) EE EN NO; TI
Crétacé
$ II — Le rôle physiologique du manganèse
Le latex de l’arbre à laque (Rhus succedanea et vernicifera) a la
propriété de se transformer rapidement à l’air en une substance
noire, insoluble dans l’eau et dans l’alcool. M. Gabriel Bertrand
montra que le suc naturel se composait d’eau tenant en disso-
lution deux substances principales : la « laccase » et le « laccol »,
(1) Comptes rendus, 1872, p. 1212.
86 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
«La laccase a l'aspect d’une gomme, elle est en dissolution dans le
latex; le laccol, au contraire, ressemble à de lhuile; il est fine-
ment divisé, émulsionné du milieu de la solution de laccase.
Séparément, la laccase et le laccol sont pour ainsi dire inaltérables ;
mélangés l’un à l’autre dans le latex, ils absorbent au contraire
l'oxygène de l’air avec avidité et le laccol, mais le laccol seul, se
transforme et donne le produit noir; la laccase reste inaltérée.
«Dans cette curieuse transformation, la laccase joue le rôle
d’intermédiaire entre l’oxygène et le laccol, elle n’entre elle-même
en réaction que d’une manière transitoire, de sorte qu’une quan-
tité minime suffit à oxyder et transformer un poids considérable
de laccol. La laccase est un véritable ferment soluble, le type
d’un groupe de substances analogues : les oxydases. La laccase
n’existe.pas seulement dans l’arbre à laque; on la trouve aussi
chez les autres plantes. C’est par centaines qu’on peut compter
aujourd’hui les espèces où sa présence a été établie. Or la laccase
renferme du manganèse (1). »
M. Gabriel Bertrand put en effet doser colorimétriquement
le manganèse dans les cendres de laccase en le transformant en
acide permanganique par ébullition avec de l’acide nitrique et du
bioxyde de plomb. Il trouva ainsi qu’un gramme du produit
contenait à quelques centièmes de milligrammes près : 0% 00117
pour 0%046 de cendres, soit une proportion voisine de 2,5 % (2).
, Restait à déterminer le rôle de ce manganèse. Pour cela des
solutions aqueuses de laccase furent soumises à des précipitations
fractionnées par l’alcool : on obtint de nouveaux produits d’ac-
tivité différente. L'analyse des cendres permit de constater que
le pouvo r oxydase était proportionnel à la teneur en manganèse.
C’est ainsi que les volumes d'oxygène fixé en une heure et demie
par 50 centimètres cubes de solution d’hydroquinone à 2 %, sous
l'influence de 092 des différentes laccases, furent respectivement :
Avec le précipité n° 1 contenant 0,159 0/, de manganèse — 19° 1
ue 2, High ÉMIS ABS _ 15 5
L <ben08 di sn 200008 7 10 6
IH]
(1) Rev. gén. de Chimie, loc. cit.
(2) Bul. de la Soc. Chim., 1897, p. 619.
LES ENGRAIS « MANGANÉS » 87
C'était la preuve « analytique » et en quelque sorte incomplète
du rôle du manganèse dans la formation des oxydases. Pour le
démontrer complètement il eût fallu pouvoir augmenter le pou-
voir oxydase par addition de manganèse. M. Gabriel Bertrand
n’ayant pu réussir à séparer. complètement le manganèse de la
laccase sans altérer le produit, parvint à préparer avec le suc
cellulaire de la luzerne additionné de manganèse des sortes de
diastases « synthétiques » dont l’activité était considérablement
augmentée sous l’influence de l’apport de manganèse (1).
Le produit extrait de la luzerne ne contenait qu'une propor-
tion de manganèse inférieure à 1/50.000. « En le dissolvant à la
dose de 0% 1 dans 50 centimètres cubes de solution d’hydroqui-
none on n’observe, même après deux ou trois jours d’agitation
continue du contact de l’air, qu’une coloration rouge. Au con-
traire, si l’on ajoute à la même solution 1 milligramme de manga-
nèse à l’état de sulfate par exemple, il suffit de deux heures envi-
ron pour voir apparaître les cristaux de quinhydrone, témoins
évidents de l’oxydation. » On jugera de l’action du manganèse
par les chiffres d'oxygène absorbé en six heures à la tempéra-
ture de 15-160. rs,
CENTIMÈTRES CUBES
A) Avec le manganèse seul (essai témoin). . ... 0,3
P).Avec ladaccase.de.la Iuzerne 24,001. tr …- 0,2 à 0,4
C) Avec le mélange laccase-manganèse . . . . . 4,3
Tous les sels de manganèse possèdent, même employés seuls,
la propriété de fixer l’oxygènesurles co.ps organiques attaquables
par la laccase. Mais leur action est très variable : les différentes
combinaisons manganées se rangent au point de vue pouvoir-
ferment dans l’ordre inverse de leur ionisation; ce sont les sels
où l’affinité de l’acide pour le métal est la plus faible, c’est-à-dire
les sels organiques à poids moléculaire élevé qui sont les plus
hydrolysables. C’est ainsi qu’en vingt heures 100 centimètres
(1) Annales agronomiques, 1897.
88 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
cubes de la solution d’hydroquinone à 1 % additionnée de 0% 1
de manganèse absorbent les velumes suivants d'oxygène (1) :
Avec l’Azotate de manganèse. . . . 1
— Sulfate — 1
— Chlorure — PÉRNMOUE 1
— Formiate — vie RER TES Ji
— Acétate — IPRENTAS MES
— Salicylate — EU e MEN STNAD
— Succinate — 22
On voit tout l'intérêt des travaux de Gabriel Bertrand et de
quel jour ils éclairent le rôle physiologique du manganèse.
Toutes les synthèses vitales par lesquelles les éléments de l’air et
de l’eau sont assimilés, puis transformés en réserves alimentaires
des plantes que nous cultivons; toutes ces synthèses ont lieu sous
l’action de diastases, dont les plus importantes sont ces mêmes
oxydases dans la formation desquelles le manganèse peut jouer
un si grand rôle. Comme on sait que toutes les diastases agissent
à des doses presque infinitésimales, on peut a priori penser que si
le manganèse possède une action fertilisante, il pourra l’exercer
quoique employé à faible dose; ce qui pratiquement serait, on
le conçoit, très avantageux.
Nous examinerons le résultat des principales expériencestentées
jusqu’à ce jour sur l’application des engrais « manganés ». Nous
verrons ensuite les conclusions qu'il est possible d’en tirer;
comment et dans quelle mesure les essais nouveaux justifient
les théories nouvelles.
(1) M. Gabriel Bertrand explique le mécanisme de cette oxydation par
l’hydrolyse partielle des sels de Mn en solution aqueuse :
R Mn + HO = RH? + MnO*
le protoxyde devenu libre s’oxyderait au contact de l’air. Au cours de l’oxy-
dation, la molécule d’O libre serait scindée en deux atomes non saturés;
l’un pris par la molécule de Mn transformée en bioxyde :
Mn + O — Mn O* + O
l’autre pouvant se fixer sur un corps oxydable tel que l’hydroquinone,
LES ENGRAIS « MANGANÉS » 89
$ III — Premiers essais des agronomes japonais
Le manganèse dans la culture du riz
A la suite de ces travaux sur les oxydases, Gabriel Bertrand
avait proposé l’étude des matières fertilisantes « catalytiques »,
c’est-à-dire capables d'agir de façon peu connue à doses très
faibles; il englobait dans sa proposition tous les éléments «rares »
des plantes supposant que, s'ils étaient assimilés, c’est qu'ils
pouvaient jouer un rôle utile. C’est à l’Institut agronomique de
Tokio qu’eurent lieu les premiers essais (1).
Essais de Læœw et Sawa (2). — Les expériences portèrent sur
la culture de l’orge, du haricot, du blé, des pois, radis et choux;
on détermina d’abord l'influence du manganèse en dissolution,
puis en pots, mélangé avec de la terre arable. Dans tous les cas,
le manganèse à l’état de sulfate produit une surabondance de
végétation à condition que la dose employée soit de 0,002 % à
0,02 % sans dépasser ce maximum. Un excès de manganèse
amène le jaunissement des feuilles; aux doses ci-dessus, il peut y
avoir quelquefois aussi altération de la chlorophylle, mais ce
n’est que momentané, les végétaux retournant ensuite au vert.
Il importe de relever une très intéressante constatation : la
sève des végétaux ayant subi l’action des engrais manganés
possède d’une façon beaucoup plus intense les réactions des
oxydases. C’est la justification des vues de Gabriel Bertrand qui
avaient inspiré les chercheurs.
Essais de Nagaoka sur la culture du riz (3). — Ils ont été faits
en 1902 à l’Institut agronomique de l’Université de Tokio sur
un sol n’ayant pas reçu d'engrais depuis trois ans, et divisé en
cases d’une superficie de 0° 826 par des cadres de bois complète-
ment enterrés (d’une hauteur de 60 centimètres). La terre dé-
(1) Bul. of the College of Agriculture of Tokyo. 1903.
(2) 5 Kongress für angewandte Chemie. Berlin.
(3) Revue générale de Chimie, 1904, p. 179.
90 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
barrassée de toute végétation reçut par hectare 100 kilos de
potasse à l’état de CO"K”, puis quelques jours après 100 kilos
d'azote à l’état de SO' (Az H') et 100 kilos d’acide phosphorique
à l’état de superphosphate; enfin des quantités de sulfate de
manganèse variant de 10 à 50 kilos de Mn O° par hectare —
chaque essai étant fait simultanément dans trois cases.
«Le traitement ne différait en aucune façon de celui employé
pour la culture du riz dans les champs du Japon. Les conditions
atmosphériques ne furent pas très favorables, mais la température
relativement douce de l’été diminua les attaques des parasites.
On fit la récolte fin novembre. » Voici les résultats obtenus avec
la variété « Satsuma » (chaque chiffre étant la moyenne de
trois essais).
RÉCOLTE
Mn° 0 PAR HECTARE GRAINS BALLES PAILLE TOTAL en
grains (1)
grammes | grammes | grammes | grammes
185,0 | 338,3
269,6 | 477,5
308,7 | 564,0
329,1 | 590,2
327,7 | 598,3
340,9 | 612,8
322,9 | 596,2
338,5 | 617,7
334,9 | 613,9
359,5 | 645,2
A'ucun'enprais.: AV: 2#1MASO0XS
Engrais complet sans Mn.| 202,5
LOKErIMTO EN EM TRAIN EYES
15 OS OL
20 Fr SC URAl CADESS
30 ee es el 20 78 7
39 AAUHERL), JU "96703
40 Re DA FT
45 Pis nent Lil 07e)
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DID R D À NI Où
D BB CON D & © F ©
_
Er LR LE LE LR
»
ee)
SI
_
(1) En prenant comme unité la récolte du pot témoin.
Il convient de remarquer que la proportion relative de grain
dans la récolte totale est plus élevée dans le cas des parcelles
manganées, ce qui est tout à l'avantage de l’emploi du manga-
nèse.
Les essais de Nagaoka ont été recommencés l’année suivante en
LES ENGRAIS « MANGANÉS » 91
réensemençant de la même façon le même terrain, mais sans
apport d'engrais ; on obtint alors dans les parcelles ayant reçu
l’année précédente 25 kilos de manganèse par hectare, un accrois-
sement de 17 %.
En ne tenant lieu que de l'effet produit sur la première récolte
et d’après les prix du sulfate de manganèse et du riz au Japon,
Nagaoka chiffre le bénéfice net à 100 yens — 260 francs environ
par hectare.
Dans le but d’abaisser le prix de revient de l’unité de manga-
nèse, M. Aso (1) refit dans les mêmes conditions que Nagaoka des
essais en employant le chlorure de manganèse résiduel obtenu
dans la fabrication du chlore. L’effet fut de nouveau favorable et
les résultats obtenus avee le chlorure entièrement comparables à
ceux donnés par le sulfate.
La publication des essais faits à Tokio et les résultats nette-
ment et surtout régulièrement favorables devaient provoquer
un grand nombre d'expériences tentées en Europe tant dans des
parcelles d'essais qu’en grande culture. Tandis que dans les unes
les engrais manganés provoquaient des excédents de récolte très
nettement marqués, voire considérables, on n’obtenait dans les
autres aucun résultat appréciable. Le fait est d'autant plus sin-
gulier que.— c’est le cas dans les essais de M. Garola à la station
agronomique de Chartres — c'était quelquefois le même expéri-
mentateur qui obtenait, avec les mêmes engrais appliqués dans
des conditions voisines, ces résultats d'apparence contradictoire.
Pour bien mettre en relief ces différences et permettre de mieux
juger définitivement dans l’un ou l’autre sens, nous avons réuni
le compte rendu des nombreux essais effectués au cours de ces
trois ou quatre dernières années, par catégories de plantes eul-
tivées. Outre que le résultat pratique des essais ressort ainsi
davantage, on élimine mieux les différents facteurs capables
d’influer sur la réussite de l’expérience. :
(1) Bull. of the College, etc., 1904.
92 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
$ IV — Les engrais manganés et les céréales
C'est naturellement sur les cultures de céréales que furent faits
les plus nombreux essais d'application d’engrais manganés. Dès
1899, M. Giglioli (1) appliquait le bioxyde de manganèse sur du
froment cultivé en pleine terre, concurremment avec une série
de fumures usuelles et à raison de 144 kilos à l’hectare. € Si dans
leur ensemble, les résultats obtenus semblèrent donner un léger
avantage aux parcelles ayant reçu du manganèse, ils furent
cependant insuffisants pour que l’on puisse conclure à une
action positive de ce corps. »
Essais culturaux de Gabriel Bertrand et Thomassin (2). Les
essais ont été faits sur une terre arable argileuse très faiblement
calcaire et de grande profondeur de sol. Elle contenait 0,057 %
de manganèse (dosé par trois épuisements à l’acide chlorhydrique
concentré et chaud) dont 0,024 % de soluble dans l'acide acétique
bouillant au centième.
On ensemença avec de l’avoine, en fin février, deux surfaces
carrées de 20 ares l’une en ajoutant à chacune les mêmes pro-
portions d’engrais habituellement usitées; mais la première reçut
en plus une quantité de sulfate de manganèse desséché corres-
pondant à 50 kilos par hectare. Ce sulfate, exempt d’impuretés,
pour avoir plus de certitude dans les résultats, renfermait 31,68 %
de manganèse; chaque mètre carré avait donc reçu environ 1% 6
de métal. ;
Jusqu'au moment de la récolte qui eut lieu au commencement
d'août, l'aspect des deux parcelles resta sensiblement le même;
mais les pesées devaient accuser de notables différences.
L'analyse des grains ne révèle pas de notables différences entre
la teneur en eau, cendres, azote, de l’avoine obtenue avec et sans
(1) Ann. di Scuola sup. d’agr. di Portici, 1900.
(2) Comptes rendus, Décembre 1905.
LES ENGRAIS « MANGANÉS » 93
mangane; ‘a teneur en manganèse est la même dans les deux cas
0,000,004 %.
AVEC MANGANÈSE SANS MANGANÈSE DIFFE-
RENCES
ren faveur
Par du man-
” _. +
RÉCOLTES OBTENUES Dee ee TT
Par Par
Par
parcelle | hectare | parcelle | hectare
kilos kilos silos kilos
POI SO TA RE MS SON RO 0022904 62450
(CRUE A rh AT 608 | 3.040 518 | 2.590
Paillemetthallesss 276,024. 968 | 4.840 768
TT —
Poids de l’hectolitre de grains. 46K8 5
Essais de Vælcker (1) — Le savant agronome anglais, guidé
par les travaux de Bertrand sur le pouvoir oxydase très diffé-
rent des différents sels de manganèse ($ IT), employa les oxydes
de manganèse (Mn O° et Mn O') ainsi que les chlorure, iodure,
carbonate, nitrate et phosphate. Les plantes (orge et froment)
cultivées dans des pots reçurent des doses correspondant à
251 kilos d'engrais à l’hectare. Dans la première série d’expé-
_riences, on constata que, pour le blé, le sulfate, le chlorure, le
phosphate et l’oxyde salin avaient produit une augmentation
sensible de la récolte; l’azotate de manganèse provoqua la for-
mation d’une quantité supérieure de paille au détriment du poids
de grains. Dans les essais faits sur l’orge, les oxydes ne produirent
aucun eflet, tandis que tous les sels jouaient un rôle fertilisant.
Refaites avec des doses graduées du seul sulfate de manganèse,
‘es expériences permirent de constater les poids ci-dessous de
récoltes :
FROMENT ORGE
PARCELLES
© — "I
Grains Paille Grains Paille
Parcelle témoin. NS TE
25 kilos SO+ Mn à l’hectare .
100
(1) Journ. of the royal agric. Soc. of England, 1906.
94 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
On voit, surtout dans le cas du blé, que les résultats corroborent
bien ceux des agronomes Japonais : au-dessus d’une cinquantaine
de kilos à l’hectare, l'apport d'engrais manganés, d’abord nette-
ment fertilisants, exerce une action nuisible.
Essais de MM.de Molinariet Ligot(1).— Comme précédemment,
les agronomes belges employèrent le manganèse à l’état de sul-
fate, mais 1l s'agissait cette fois d’avoine cultivée dans des pots
en terres arables contenant de 0,01 à 0,07 % de manganèse. Il
y avait ou non addition simultanée d'un engrais complet composé
de deux parties de superphosphate, deux parties de nitrate d’am-
moniaque, deux de sulfate de magnésie, deux de carbonate de
chaux et une de carbonate de potassium. Les semailles furent
effectuées le 10 avril, la récolte eut lieu le 2 août; chaque pot
ayant été cultivé de façon à contenir un même nombre de plantes.
Voici quels furent ‘es poids de récolte :
: à POIDS DE LA PAILLE »
POIDS DES GRAINS AUGMEN
et des balles TATION | VALEUR
FUMURE A | due au moyenne
man-
Mo:ennes ganèse
Engrais complet
sans manganèse. .
13,00
12,70
fate de manganèse.l 14,10
Avec ogr10 SO#Mn , ie
15,99
14,30 19,20
13,90 18,00
Avec osr20 SO“Mn 1 13,70 18,70
Avec 05:15 SO{Mn .
Avec oër 05 de 7 1/,29
(*) En prenant comme unité (100) la récolte du pot témoin.
« Le sulfate de manganèse... a produit une augmentation appré-
ciable des récoltes, il y a lieu de continuer les essais de fumures
manganiques », concluent les expérimentateurs liégeois. Re-
marquons une fois de plus que le même sel mangané, appliqué
à des doses du même ordre de grandeur relative, sur des végétaux
(1) Bulletin du Ministère de l’agriculture de Belgique. 1907.
LES ENGRAIS « MANGANÉS » 95
de la même catégorie, a successivement donné à Nagaoka, à
Vœleker et à de Molinari-Ligot, des résultats absolument com-
parables, quoique les essais fussent faits dans des sols et sous des
climats très différents.
Si l’on disposait de documents plus précis et plus complets et
qu'il fût ainsi possible de ramener aux mêmes unités tous les
chiffres résultant de essais précédemment exposés, on pourrait
construire uà graphique en mettant horizontalement les quantités
croissantes de sulfate de manganèse et en hauteur les poids de
récoltes. Les courbes ainsi obtenues auraient toutes la même
forme : s’élevant régulièrement pour passer en des points voisins
d’une même ligne par un maximum et décroissant ensuite. Le
fait est d'autant plus intéressant qu’en agronomie, il est extrême-
ment difficile de réussir à effectuer des essais dont les résultats
soient aussi nettement comparatifs : le chiffre de la récolte dépend
de trop nombreux facteurs que l’on ne peut déterminer. Il ne
faudrait pas, d’ailleurs, trop généraliser les enseignements des
précédents essais dans d’autres expériences, faites également sur
des céréales avec toutes les. garanties d’exactitude, on obtint des
résultats extrêmement différents.
Essais de Flahult (1). — M. Hjalmar de Feilitzen fit aux champs
d'expérience de l’Association des propriétaires de tourbières de
Flahult (Suède), sur un sol formé de tourbe de Sphagnum mal
décomposée, des essais sur l'influence du manganèse
Le sol était de formation récente, il n’avait été mis en culture
qu’en 1894 après addition de sable, de chaux; il recevait chaque
année une fumure composée exclusivement d'engrais minéraux.
En 1906, après une récolte de pois, on répandit à la surface du
champ d’expériences 350 kilos de scories de déphosphoration,
250 kilos de sels de Stassfurt (38 % K°O). Après division en douze
parcelles de un 1 chacune, on arrosa avec une solution de sulfate
de manganèse au 1/100 de façon à ce que la dose de sulfate soit
de 10 kilos par hectare. On sema en mai après hersages immé-
Le
(1) L. GRANDEAU, Journal d'Agriculture pratique. 1908.
96. ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
diatement après l’épandage et ajouta en couverture 300 kilos à
l’hectare de mitrate de soude; la moisson eut lieu fin août, la
variété d'avoine employée (Mesdag) étant très précoce; c’est
d’ailleurs la plus usitée pour les cultures de tourbières.
On n'avait constaté aucune différence d’aspect entre les par-
celles témoins et les parcelles manganées, on ne constata davan-
tage aucune différence sensible dans le poids des récoltes.
POIDS TOTAL POIDS RÉCOLTE DE GRAINS
PARCGELLES de la des pailles nm
récolt 5 2
Pen EAP kilos hectolitres
.460
.400
.760
.445
1 Sans manganèse. .
| 8 FF ie
MARS CETTE
Moyenne des 6 parcelles.
2 Avec manganèse.
Er Er
10, — — ER
Moyenne des 6 parcelles.
DR LR nn pbhr A
Les derniers essais en grande culture. — I a été fait l’an dernier
un certain nombre d'applications des engrais manganés par des
praticiens dans les conditions absolues de la pratique agricole :
là non plus les résultats, le plus souvent, n’ont pas été très en-
courageants. M. Malpeaux fit à l’école de Berthonval des essais
avec le sulfate de manganèse employé pour l’orge et l’avoine;
si les résultats obtenus semblent indiquer un très léger accroisse-
ment de récolte en ce qui concerne l’orge, il n’y eut par contre,
aucune action utile sur l’avoine. Encore importe-t-1l de constater
que la différence de poids entre les récoltes de parcelles avee ou
sans engrais mangané, est du même ordre que celle obtenue
entre les deux essais témoins, de sorte que l’on ne peut attribuer
sûrement aucune action fertilisante à la matière mise en œuvre.
Les essais faits sur l’initiative de M. Marre par plusieurs eul-
tivateurs de l'Aveyron ont également donné des résultats Incer-
tains et contradictoires. La plupart d’ailleurs étaient effectués
LES ENGRAIS « MANGANÉS » ; 97
dans des conditions très défectueuses sous le rapport du contrôle
et l’on avait employé le manganèse à l’état de carbonate, dont
l’action fertilisante n’avait encore été l’objet d’aucune expérience,
ou sous .orme de chaux manganée, à l’état d'oxyde; et l’on sait
que cette forme est inactive (essais de Giglioli et travaux de
G. Bertrand).
Essais de Berthonval (quantités ramenées à l’hectare)
PARCELLES FUMÉES
avec le
NATURE DE LA CULTURE PARCELLES TÉMOINS sulfate de manganèse
200 kilos 300 kilos
Dalle sen Te 3/29 » 3.800 3.920
Orge. . s
Gran SRE 2.600 » 2.640 2.640
NOTE {Paille . CR LANTA 3,400 23,560 » 3.470
DPÉRUNS APRES 2. 2:540% 2550 ) 2,600
Notons cependant que M. Albouy, à Agen, n’obtint aucun effet
fertilisant dans la culture du blé et de l’avoine:; chez M. Enjal-
bert, de Lapeyre, l’avoine « paraissait plus verte, plus vigou-
reuse dans Îes parties manganées »; même constatation fut faite
par M. Marre, professeur départemental d’agriculture, chez
M. Delarbre, de Malgayrès : « La partie traitée avee le carbonate
de manganèse se distinguait des parties voisines par une taille
plus élevée et des inflorescences plus fournies. » Il est d’autant
plus regrettable que l’on n’ait pu chiffrer la différence de récoltes.
$ V - La betterave industrielle et sa fumure manganée
Plus peut-être que dans toute autre culture, il importe dans
la production betteravière d'obtenir le rendement maximum en
sucre à l’hectare : toutes les grandes nations de l’Europe conti-
nentale produisent un excès de sucre qu’elles doivent exporter:
dès lors, si, comme c’est en effet le cas, les Allemands obtiennent
par hectare de terre emblavée en betteraves, plus de sucre que
ANN. SCIENCE AGRON,. 3° SÉRIE — 1909 — ri 7
98 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
les agriculteurs français, les prix des marchés internationaux,
rémunérateurs pour eux, ne le sont plus pour nous : la prospérité
de l’industrie et de l’agriculture dépend donc du rendement par
hectare. On conçoit que sitôt l’effet des engrais manganés connus,
l'application en fut essayée sur la betterave sucrière.
Essais de MM. Grégoire, Hendrick et Corpiaux. — Les premiè-
res expériences furent effectuées sur des parcelles de 15 mètres car-
rés ayant reçu une fumure fondamentale composée de (chiffres
ramenés à l’hectare) 500 kilos de superphosphate, 500 ki'os de
nitrate de soude, 500 kilos de kaïnite. On ensemença avec 15
kilos de graine à l’hectare (variété Dippe); on laissa, aux bina-
ges, un écartement de 37 centimètres entre chaque plante. Voici
le détail des résultats obtenus :
RACINES FEUILLES
EE © ——
= Valeur :
Poids relate Poids
SUCRE SUCRE
de racines |par parcelle
2
kilos 0lo
TéMOT. name 15,4 12,63
10 kilos SO‘Mn. . 16,0 12,64
50 kilos SO‘Mn . . 16,2 12,64
«La fumure manganée, concluent les auteurs (1), a done diminué
légèrement les rendements en poids. Par contre, la teneur en
sucre des racines a été relevée d’une façon proportionnelle, de
sorte que les rendements en sucre sont identiques entre les par-
celles. » En réalité, il n’y avait, comme onlevoit, aucune différence
entre les parcelles fumées ou non, sinon dans la teneur des racines
en eau.
Expériences de M. Garola. — Elles furent faites, l’année sui-
vante, à la station agronomique de Chartres, sur des betteraves
à sucre (blanche à collet rose) cultivées dans des cases de végétan:
(1) Bulletin du Ministère de l’agriculture de Belgique. 1907.
LES ENGRAIS « MANGANÉS » 99
tion de ! mètre carré de surface et { mètre de profondeur; la terre
était un limon de plateaux analogue au précédent. La seule
fumure ajoutée au sol fut formée de sulfate ou de chlorure de
manganèse à dose de 375 de manganèse par mètre carré.
Les betteraves, semées en lignes, furent éclaircies au déma-
riage de façon à conserver 10 plants par mètre carré. A l’arra-
chage, au commencement de novembre, on obtint les rendements
ci-après :
AVEC SULFATE
chlorure de de
manganèse manganèse
SANS
GTI LO0NS"! 'ÉS
RESULTATS CONSTATE manganèse
BOT SC EDR SP ER AR TA AG TI)
Excédents
00 5,525
50 1,075
Sucre de betterave. 10,6
\Natières azotées . Re ne 8 1.56
Rendement | Sucre . ts | 475 586
par Matière ue YA 939
mètre carré | Matière azotée . . . 77 86
5
Houde betterave (0/0) -2 He. 0 83,0
3
1
« Les sels de manganèse et surtout le chlorure, conclut M. Ga-
rola, ont done eu une action très favorable sur le rendement bru-
en racines; le chlorure a donné un surcroît de rendement de 46 % ;
le sulfate a produit un excédent de 24 %. Le sulfate de manganèse
a augmenté la richesse de la betterave en matière sèche, en sucre
surtout, et un peu en matière azotée. Le chlorure qui a produit
le plus de poids brut a déprimé sensiblement la qualité en abais-
sant le taux du sucre et un peu celui des matières protéiques(1).»
Les résultats des essais de Chartres sont, on le voit, très inté-
ressants, tant par le surplus de récolte constaté, que par la diffé-
rence d’action des différentes combinaisons du manganèse. Et
l’on conçoit que si, toutes éhoses égales, le chlorure produit
une action si nettement différenciée du sulfate, rien d’étonnant
à ce°qu’opérant dans des conditions très diverses, les expérimen-
tateurs constatent des résultats d'apparence contradictoire.
(1) Rapport sur les champs d'expériences d’'Eure-et-Loir. Broch. in-4. 1907.
100 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Des essais de fumure manganée ont été faits également en
Bohême, par M. Stocklasa, le savant directeur de la station de
recherches physiologiques de Prague, qui a bien voulu nous
communiquer leur résultat non encore publié : le rendement-
sucre produit à l’hectare augmente de 15 à 20 %. D’autres expé-
riences faites en 1908 à la sucrerie de Bourdon sous la direction
de M. Gillin, professeur d'agriculture à Clermont-Ferrand, ont
permis de constater que le carbonate de manganèse provoquerait
une diminution de poids brut et une augmentation de richesse
saccharine, comme le sulfate dans les essais de Grégoire ;on observa
en outre que le manganèse semblait retarder l'effet fertilisant du
nitrate de soude.
$ VI — Le manganèse dans la culture de la pomme de terre
Essais de Grégoire (1). — Sur un sol très riche, ayant reçu pour
toute fumure 600 kilos à l’hectare de superphosphate, on ménagea
une série de parcelles de 33 mètres sur 2" 40 où furent plantées
des tubercules de variétés différentes. Les doses d'engrais man-
ganés employées furent respectivement de 10 et 50 kilos de sul-
fate de manganèse à l’hectare (soient 4,9 et 24,6 kilos de Mn° 0‘).
GOLDAMMER
PARCELLES .
Teneur Teneur
en Valeur en
fécule | tubercules fécule
HéMOID 2 20 UT A, 268" TOUS OP ARE 7 EM 00 0102050
10 kilos d'engrais man-
gané . . . . . .| 17.253 | 100 | 17,50 | 14.905 | 401 | 19,40
50 kilos d’engraisman-
gané . . ... 14.118844 |:1409 |:48,40,1 15.419 | 405 :1149,40
Le sulfate de manganèse coûtant 70 francs le quintal, la dépense
est de 35 francs à l'hectare; ce qui, aux cours de la pomme de
terre en Belgique, donne pour la Goldammer un bénéfice de
a —
(1) Bulletin du Ministère de l'agriculture de Belgique, loc. cit.
LES ENGRAIS « MANGANÉS » 101
27 francs à l’hectare, et pour la Jeffe une perte de 7! 50. On voit
que,somme toute, si l’effet paraît nettement favorable, ilne semble
pas justifier l'emploi du nouvel engrais en grande culture.
Essais faits sous la direction de M. Marre (1).— Effectuées dans
plusieurs localités du centre et du midi de la France, ces expé-
riences donnèrent également des résultats différents. C’est ainsi
qu’à Segonzac et à Camps, le carbonate de manganèse et le mé-
lange de chaux et d’oxydes de manganèse ne donnèrent aucun
excédent de récolte. D’autres expérimentateurs obtinrent, au
contraire, un effet nettement marqué :
| POIDS VALEUR
NATURE | NATURE | CULTURE | EXPIRI- des des
e récoltes | récoltes
du du pré- MEN- PARCELLES — —
_ (Kilos | (Francs
sol sous-sol | cédente | TATEURS à à
l'hectare)|l’hectare)
. ! ” .
Seigle M. Frassinet | GÉTÉMONtN NE RES 6.000 | 210
Siliceux. semé sur à b) Carbonate de manganèse. 7.000 2/5
écobuage Canal ec) Chaux manganée. . . . . 8.000 | 280
AU Dréte a AMEMartva la) CNT EEE TC 20 GONE 00
Siliceux. + 0-S-| semé sur à 1) RS Etant do CUT 24.000 | 84o
SEE blé Segonadc No) ie TN ENT A TN -er 24.040 | 841,40
MEURIENSCULE SEE EE .250 252,79
M. Fabre Th AE
: e à à Superphosphate et nitrate. . 8.000 | 280
Calcaire.| Argileux Fumier et carbonate Mn... .| 9.950 | 348,25
Lavencas ; ;
Fumier et chaux manganée. 9.000 319
|
Les doses employées étaient, selon les instructions de M. Marre,
« 200 à 250 kilos de carbonate de manganèse à l’hectare, 150 à
200 de chaux manganée, répandus uniformément avec les fumures
de fond avant les semailles et enfouis en même temps ».
$ VII — Plantes diverses
Le lin. — Dans les essais de M. Garola à la station agronomique
de Chartres, le lin fut cultivé dans six grands pots contenant
(1) Le Cultivateur du Sud-Centre, 1908, p. 715.
102 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
chacun 28 kilos de limon des plateaux (1); on ajouta à chacun
un engrais renfermant À gramme d’azote sous forme de nitrate
de soude, 2 grammes d’acide phosphorique soluble citrate et
Î gramme de potasse à l’état de chlorure. Deux pots furent ré-
servés comme témoins; deux autres reçurent chacun 19 de
sulfate de manganèse cristallisé ; les deux derniers À gramme de
chlorure manganeux. Doses correspondantes à la même quantité
de métal : 0% 435.
Au début de mai, on ensemença dans chaque pot 2 grammes
de graines de lin réparties aussi régulièrement que possible; la
récolte fut faite fin août. Après séchage à 1000 C., les plantes
furent pesées :
—
chlorure sulfate
de
MANMJANEUX | manganèse
TÉMOIN
Racines" he nee tte tdi 23
HIPÉS COUR IIES Qu (AA MTS 107
Capsules et graines .
Nombre de plants 4e. nee kaA
En rapportant dans chaque essai les chiffres à 1.000 plants,
on obtient des chiffres de récolte totale respectivement égaux
à 255-392 et 334.
Essais sur les féveroles. — Dus également à M. Garola, les essais
furent faits dans les conditions précédentes et sur le même sol.
(1) Dont l’analyse avait donné les chiffres suivants :
0/0 PAR KILOS 0/00
GYAVICT AU RENE ERE 7,6 AZOTCT DE ALAN NT, 20 ftotal Gin)". 0770
Sable siliceux. . . . . 8,7 ROSE NE 1,2/ 2 soluble dans l'acide
Sable calcaire. . . . . 6,6 P?05 soluble citrate. . 0,60 & citrique à 2 0/o . . 0,146
Limon siliceux.. . . . 64,1 Potasse (soluble dans æ soluble dans l'acide
Limon calcaire... . . 0,7 AZOSH) ER 0 23 = acétique à 20/0. . 0,036
Agile. . . . . . . . . 18,3 Carbonate de chaux, . 12,90 soluble dans AzZOŸ'H, 0,061
LES ENGRAIS « MANGANÉS » 103
Les récoltes des plants ayant subi ou non l’infuence du man-
ganèse donnèrent des poids sensiblement égaux :
ENGRAIS MANGANÉ
(engrais complet
POIDS DE RÉCOLTE (engrais et
sulfate
complet) de manganèse)
TÉMOIN
POUSTOOS ED USSEMET MU PE el Sr een ne 397 405
RATES DES MO TEUILIES.E 2 4 et + 200: 597 595
TEST ABIDOSNA SL NTM Let mha lies “0e 160 150
1.150
Prairies naturelles et artificielles. — Bien avant l’étude scien-
tifique du rôle physiologique du manganèse, les paysans de Las-
Cabesses, où se trouvent des mines de carbonate mangané, em-
ployaient les résidus d’extraction pour la fertilisation de leurs
prairies. Mais on attribuait uniquement à la chaux l'influence
de l’engrais. Pour élucider la question, M. de Tersac, de Saint-
Girons, fit des essais avec le carbonate de manganèse d’une part,
de la marne d’autre part; sous l'influence du manganèse, il obtint
un excédent de récolte évalué à 30 %. Dans le Midi également
M. Trinquier (1) constatait que la récolte du foin passait de
3.990 kilos à 4.100 et 4.320 kilos à l’hectare sous l’action des
engrais manganés (carbonate naturel et calciné). Par contre,
d’autres essais donnaient des résultats négatifs.
La vigne. — M. Saulnier avait essayé déjà en arboriculture
l'emploi de fumures manganées; l'influence lui parut favorable
sans que malheureusement il puisse mesurer l’effet obtenu. Les
expériences sont plus faciles dans le cas d’un arbuste donnant
chaque année une récolte que l’on peut peser. C’est le cas pour
la vigne, sur laquelle on fit l’an dernier plusieurs essais (1). M. Fon-
taine, professeur à l’école d'agriculture de la Charente, obtint
1.100 kilos de raisins à l’hectare sans manganèse, 820 kilos
(1) MARRE, loc. cit.
104 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
avec apport de chaux manganée et 1.200 kilos sous l'influence
du carbonate de manganèse. Chez M. Lagriffoul, à Comprégnac,
le vignoble fumé à raison de 20.000 kilos de fumier à l’hectare
donnait 10.000 kilos environ dans la parcelle témoin, et 12.000
dans les parcelles manganées.
S VIII — Le mécanisme de l’action des engrais manganés
De la présence du manganèse dans les végétaux ($ 1) ainsi que
du rôle de l’élément dans la formation des diastases ($ IT) on
pouvait présumer que le manganèse employé à la fertilisation
devait être assimilé par la plante. C’est ce qui fut prouvé au cours
des essais de M. Garola sur le lin, par l'analyse comparative des
différentes parties de la plante soumise ou non à l’influence
d'engrais manganés :
Composition (ramenée de la matière sèche à la matière normale)
des différentes parties de la plante
PARCELLES MANGANÉES
TENEUR EN PARCELLE TÉMOIN EE _—
(nilli Chlorure de manganèse Sulfate de manganèse
Il =
TT —— — — —— TT —— —
rammes mn n n
3 = = à = — o à d — = o À ©
ar) 3 E 8 £ £ 5 25 5 £ 5 LE 5
P CR RE g E RIRE SMINTE É e | SE 5
SA AS IPS SR SAR SAR SANÉ
Azote . . .[ 0,8951| 5,00 0,343 6,238] 2,26 4,64 | 0,531] 9,4311 1,69 6,95 | 0,438 8
Acide phos-
phorique.! 0,337 1,2/ 0,101 1,678| 0,847| 1,c9 | 0,172] 2,109! 0,642 1,95 | 0,145 2,
Potasse . .| 0,599 7,00 0,198 7,:707| 1,43 8,145! 0,302| 9,877] 1,05 7,91 | 0,365 9,329
Chaux. . .| 0,245 5,41 0,939 6,190) 0,972| 7,713| 1,68 9,969! 0,436 6,70 | 1,407 8,543
Manganèse.| 0,0157| 0,0148| 0,0153| 0,178] 0,019] 0,311] 0,078] 0,408] 0,0245| 0,158| 0,0433| 0,2258
Matière sèche. . [21,3 213,0 21,9 255,6 156,1 |287,8 |48,7 |392,6 139,6 242,6 152,1 334,3
« Ces nombres sont très significatifs, observe M. Garola : les
+ sels de manganèse augmentent non seulement le rendement du
lin, mais provoquent une assimilation plus grande de tous les
éléments fertilisants. Tandis que le sulfate de manganèse favorise
plus que le chlorure la fixation de l’azote et de l'acide phospho-
LES ENGRAIS « MANGANÉS » 105
rique, le chlorure exerce une influence plus grande sur la fixation
de la potasse, de la chaux et du manganèse lui-même. » Cette
différence d'action entre les diverses combinaisons du manganèse
s'explique parfaitement du fait que selon leurs poids moléculaires
elles jouent un rôle pus ou moins actif dans la formation des
diastases ($ 11). Or, il a été constaté par Lœw et Sawa ($ IIT) que
les végétaux ayant subi un accroissement de végétation sous
l’action du manganèse, étaient plus riches en oxydases que les
plantes cultivées dans les mêmes conditions, mais sans apport
d'engrais mangané.
Il semble résulter des chiffres précédents que le sel de man-
ganèse exerce une action directe sur l’assimilation des différents
éléments, puisque, selon la combinaison mise en œuvre, on cons-
tate dans le végétal un excès de tel ou tel corps. Cependant, dans
d’autres essais, on obtint des résultats différents : c’est ainsi que
MM. Grégoire, Hendrick et Corpiaux concluent de leurs analyses
que « l’action du manganèse sur les rendements ne peut être
attribuée à une influence de ce corps sur la mobilisation de l'azote
du sol (1) ». On conçoit d’ailleurs qu’il puisse y avoir plus d’élé-
ments assimilés du seul fait du surplus d’activité manifestée
par la plante.
Le rôle joué par le manganèse assimilé ne permet pas d’ailleurs
d'expliquer complètement l’action fertilisante des engrais man-
ganés. C’est ainsi que M. Gabriel Bertrand ($ IV), dans ses essais
sur l’avoine, n’a pas trouvé moins de manganèse dans la plante
témoin que dans celle ayant subi un accroissement de poids sous
l’action de l’engrais. Il n’est pas impossible d'expliquer le fait.
Encore devrons-nous, pour cela, nous appuyer sur des travaux et
des théories qui vont à l’encontre des idées généralement admises.
Théories mises à part, les faits sont vrais et l’on peut, l’on doit
en utiliser les enseignements si l’on veut en tirer un parti profi-
table. Au reste — et nous aurons l’occasion de le prouver —
idées anciennes et nouvelles peuvent très souvent se concilier.
Encore devons-nous résumer succinctement les travaux de l’école
(1) Bull. du Min. de l'Agriculture de Belgique. Loc. cit., p. 390.
106 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
américaine qui justifieront le rôle possible joué par le manganèse
non assimilé (1).
Les chimistes américains du Bureau of soils analysèrent un
grand nombre de terres, non, comme on le fait d'ordinaire, en atta-
quant par un acide fort, mais en centrifugeant de la terre mouillée
et dosant les principes dissous dans « l’eau du sol ». Ils y relevèrent
— quelle que fût la composition du sol— des quantités de potasse
et d'acide phosphorique très faibles, toujours sensiblement égales
et plus que suffisantes à la nutrition des plantes (2). Comment
alors expliquer le rôle des engrais, si les végétaux ont toujours à
leur disposition une quantité suffisante d’aliments solubilisés ?
Pour tenter d'expliquer le fait, du blé semé en pot fut coupé
après six semaines de végétation; si l’on ensemence aussitôt du
blé dans la même terre, le développement est inférieur de moitié.
On fit un second essai après avoir ajouté à la terre les cendres de
la première récolte : la plante languit de même, et cependant la
terre n’était pas épuisée en éléments dits « fertilisants ». Si l’on
ajoute, non les cendres, mais la récolte entière, le sol conserve
sa fertilité. Pareillement, dans d’autres essais, on vit des terres
infertiles donner des végétations luxuriantes, simplement après
avoir été additionnées d’acide pyrogallique (3). Reprenant les
vieilles théories de de Candolle, l’école américaine prétend la
terre polluée par les excreta des plantes dont l’existence fut mise
autrefois en lumière par les expériences de Macaire. Jansen
constata qu’un milieu artificiel de culture où avait végété du
blé était devenu toxique pour le blé, mais non pour d’autres
(1) D’après nos études parues dans la Revue scientifique (mai 1908) « Sur
le mécanisme de la fertilisation » et fa Revue générale de Chimie (juillet 1908)
« La fertilité de la terre ».
(2) Rappelons qu'il résulte des essais de Schlæsing que ces quantités
peuvent être de l’ordre du millionième de la masse totale.
(3) Remarquons à ce sujet que le fait n’est pas tellement extraordinaire.
M. L. GRANDEAU avait depuis longtemps montré l’importance de la matière
organique contenue dans le sol au point de vue de la nutrition minérale
des plantes. Sans doute on peut expliquer très différemment cette action
fertilisante ; mais quel’humus facilite l'assimilation de KO* et PO”, ou détruise
les toxines, il n’a pas moins la même utilité.
LES ENGRAIS « MANGANÉS » 107
plantes. Aïnsi les engrais, comme d’autres agents de fertilisation
—— jachères, aération par labours et hersages — agiraient en
détruisant les toxines laissées dans le sol par la récolte précédente.
On conçoit dès lors que ces toxines pouvant être détruites par
fixation d'oxygène, la présence dans le sol de combinaisons ins-
tables de manganèse puisse aider beaucoup à l’action oxydante
($ IT). Sans doute, ce n’est là qu’une hypothèse, mais elle est
plausible, et permet seule d'expliquer les phénomènes de fertili-
sation par les engrais manganés, sans assimilation supplémen-
taire de manganèse.
$S IX — La pratique de l'emploi des engrais manganés
La question des engrais manganés est beaucoup trop nouvelle
encore pour que l’on puisse songer à codifier l'emploi des nou-
velles matières fertilisantes dans la pratique agricole. De len-
semble des expériences que nous venons de passer en revue, on
doit cependant conclure que le manganèse peut exercer une
action stimulante utilisable dans la plupart des cas. Si lon
songe à la quantité de facteurs qui, dans les essais culturaux,
influent sur le résultat final, on ne s’étonnera pas des ensei-
gnements d'apparence contradictoire. Il faudrait, pour marcher
à coup sûr, avoir réalisé toutes les combinaisons de sol, d’en-
grais, de plantes, de climat qui peuvent se présenter dans la
pratique, et elles sont innombrables. Aussi, le seul moyen pour le
praticien de se rendre compte de la valeur des engrais manganés,
est-il d’en essayer l’influence dans les conditions de sa pratique.
Mais, pour réaliser ces essais, il importe de profiter des leçons déjà
acquises par les expériences précédentes; on augmente ainsi de
beaucoup les chances de réussite.
La composition de la terre. — 11 semble tout d’abord que pour
juger l’efficacité probable de l’apport de manganèse, il soit utile
de savoir quelle est la teneur du sol en cet élément. En réalité, le
résultat de l’analyse conduit à une conclusion d’apparencelogique,
mais qui n’est pas moins fausse. C’est ainsi que MM. Müntz et
108 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Girard, dans leur ouvrage classique sur les engrais, remarquent :
« Le manganèse est répandu dans le sol à un grand état de diffu-
sion (1), ilest rare que l’on n’en trouve pas quelques traces à l’aide
de réactifs sensibles. Comme ce n’est aussi qu’à l’état de traces
qu'il existe généralement dans les végétaux, il semble que le sol
en contienne suffisamment pour qu’on n’ait pas besoin de penser
à une restitution. » Or, nous avons vu que les composés manganés
jouaient des rôles très différents selon leur plus ou moins de poids
moléculaire, et le manganèse préexistant dans le sol est à l’état
stable et inactif d'oxyde. Le même fait permet d’expliquer l’in-
suecès des essais de Flahult par exemple ($ IV) qui furent faits
dans des terres acides tourbeuses : on conçoit que le manganèse
puisse être fixé par l'acidité du sol et perde ainsi son pouvoir
de fixateur d'oxygène. On devra donc employer les engrais man-
ganés autant que possible dans des terres non acides, et quelle
que soit la teneur du sol en manganèse,
La nature de l’engrais. — L’emploi d’oxydes manganés est ab-
solument à rejeter, MM. Giglioli, Salm-Hortsmar, n’obtinrent
ainsi que des insuccès, ce qui est facile à comprendre : le sol con-
tenant naturellement beaucoup plus d’oxyde mangané que ce
que l’on y ajoute.
Comme on l’a vu, c’est avec le sulfate de manganèse qu'ont
été obtenus le plus grand nombre d’essais favorables; aussi, con-
vient-il de s’en tenir surtout à ce sel, ce qui ne doit pas empêcher
d’expérimenter comparativement d’autres combinaisons man-
ganées. Sans doute, le sulfate de manganèse est de prix assez
élevé; mais il importe de remarquer que les engrais manganés
étant toujours employés à faibles doses, la question de prix est
secondaire, l'emploi de produits coûteux ne grevant pas sensible-
ment le prix-hectare de l’engrais.
Le chlorure de manganèse employé pur (Garola) où l’état de
(1) En prenant, d’après les chiffres de Leclerc ($ I), la teneur moyenne de
0,1°/,, on aurait ainsi, dans la partie assimilable d’un hectare (1 mètre de
profondeur), environ 20.000 kilos d’oxyde de manganèse, et, cependant, les
engrais manganés agissent à des doses de 20 kilos à l’hectare !
LES ENGRAIS « MANGANÉS » 109
sous-produit (boues résiduelles de la fabrication du chlore, Aso)
permit également de constater une action stimulante très mar-
quée. L'emploi prolongé du chlorure et du sulfate a paru dan-
gereux à certains auteurs (Aso) qui craignaient la pollution du
sol par la mise en liberté d’ions acides; en réalité aucun dan-
ger n’est à craindre : on emploie depuis de longues années sul-
fates et chlorures dans les engrais usuels.
Le carbonate de manganèse préparé chimiquement (Aso) ou
provenant de minerai naturel (Marre) a donné aussi de bons ré-
sultats quoique les expériences soient moins nombreuses et con-
cluantes. Le produit naturel a l'avantage d’être à bon marché.
Pour le choix de l’engrais mangané, on devra se défier de cer-
taines études intéressées; car si nouvelle que soit la chose, le
commerce sait déjà l’utiliser et fausser sans serupules des travaux
de valeur. C’est ainsi que pour écouler des sous-produits inuti-
lisables, on a vendu des « chaux manganées » à faible teneur en
manganèse, et où cet élément est à l’état de MnO et MnO”, c’est-à-
dire sous la même forme que le manganèse existant en surabon-
dance dans le sol; ces engrais n’ont d’autre valeur que celle d’un
amendement caleaire.
La dose d'engrais. — Les essais de Nagaoka ($ III) ont mis en
lumière de façon frappante l’inutilité, puis la toxicité du man-
ganèse employé à fortes doses. Au-dessus de 25 kilos à l’hectare
(calculé en Mn O0”), l’engrais ne produit plus d'action favorable;
quand la dose devient trop forte, il y a, au contraire, un effet
nuisible. La dose correspondante d’un engrais à faible teneur,
comme les eraies manganées (mélange de carbonate de chaux
et de carbonate de manganèse) ne contenant que 10 % de
Mn” O*, devra être proportionnellement plus élevée.
Comme, en pratique, il est presque impossible de répartir
50 kilos, par exemple, d’engrais à la surface d’un hectare (ce qui
correspond à 5 grammes par mètre carré), onsèmera lesengrais man-
ganés mélangés aux engrais usuels. On devra naturellement faire
une combinaison raisonnée, de telle sorte qu'il y ait la proportion
110 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
voulue, et que les matières ne réagissent pas fâcheusement les
unes sur les autres. C’est ainsi que, selon Aso, le mélange super-
phosphate-chlorure de manganèse-nitrate serait dangereux par
suite de la mise en liberté d'acide chlorhydrique par l’acide libre
du superphosphate. Au contraire, le mélange superphosphate-
nitrate de soude-carbonate de manganèse conviendrait très bien.
$ X — Quelques réflexions sur les nouveaux engrais
Nous avons voulu exclusivement consacrer cette étude aux
seuls composés manganés, qui sont les mieux connus de tous les
nouveaux engrais stimulants. Au cours de ces dernières années,
un grand nombre d’autres composés « catalytiques » : sels de
zinc, de cuivre, de magnésium, fluorures, bromures.… furent
essayés quelquefois avec succès. Peut-être, lorsque l'étude en
sera mieux faite, reviendrons-nous sur ce sujet. Mais on peut, dès
maintenant, prévoir en quelque sorte une évolution des procédés
culturaux aux plus heureuses conséquences.
Je ne sais quels disciples de Wells — qui n'avaient pas la
science du maître ni sa relative prudence — ont prédit, devant les
progrès et l’extension des méthodes synthétiques industrielles,
la ruine de l’agriculture et la venue future de quelque sombre
époque où l'on retirerait directement de la nature minérale la
plupart des produits nécessaires à la vie. Mais peut-on comparer
l’agriculture d'aujourd'hui à l’industrie de demain? Il importe
de considérer que si la chimie fait incessamment de nouveaux
progrès et transforme ses méthodes, l’agronomie progresse paral-
lèlement et renouvelle pareillement ses procédés.
Sans doute, les résultats que nous avons exposés sont encore
bien incertains. Souvenons-nous cependant qu’un siècle à peine
nous sépare de l'emploi des engrais chimiques, dont, à l’origine,
l'efficacité fut bien contestée. Ne doutons pas que l’on parvienne
à connaître exactement le rôle des nouveaux fertilisants; partant,
à savoir les employer commodément et sûrement. En outre, d’au-
tres agents ajouteront probablement leur effet à celui des stimü-
lants : nous avons parlé incidemment ($ 1) des engrais micfo-
LES ENGRAIS « MANGANÉS » 14131
biens et des surprises que réservait peut-être leur application
perfectionnée; nous avons ailleurs (1) attiré l’attention sur l’em-
ploi de matières toxiques appliquées à des plantes différemment
sensibles à leur action, cette sensibilité pouvant être artificielle-
ment modifiée.
Peut-être l’agriculteur des temps à venir pourra-t-1l remplacer
labours et hersages par quelque arrosage de culture mierobienne.
Peut-être alors quelques kilos de fertilisants remplaceront-ils nos
doses massives et coûteuses de fumier et d’engrais. Peut-être
suffira-t-il d’épandre sur la terre une quantité infime de toxique
pour détruire les mauvaises herbes non « acclimatées », sans
main-d'œuvre dispendieuse et pénible.
D'où l’agriculture doit-elle attendre ces étranges et merveil-
leux progrès? Du laboratoire. C’est de là que sont venus les tra-
vaux qui, au cours du dernier siècle, l’ont déjà si profondément
transformée. Mieux on connaîtra le mécanisme exact des phéno-
mènes de la nature vivante, et plus l’agriculture tendra à devenir
une science exacte industrialisée. « Quand l’agronomie atteindra
son but, disait au dernier congrès de chimie M. Stoklasa, 1l sera
permis à l’agriculteur de prévoir et d’agir en conséquence. »
Souhaitons qu'avec la vitesse actuelle de l'évolution scientifique
et le concours des nombreux savants qui cherchent sans cesse
et partout — de Berlin à Washington et de Tokio à Java —
l’agriculteur puisse bientôt renouveler ainsi ses procédés millé-
naires. :
(1) H. Rousser, « Les Matières toxiques et les Végétaux » (La Ndture,
1908).
UN
COIN DE L'ORANIE
MAQUIS, BROUSSAILLES ET FORÊTS
Par A. MATHEY
(Suite [!])
La préparation des feuilles est simple : des femmes et des en-
fants séparent les fibres des côtes; on les sèche et on les frise pour
les envoyer à la fabrique. Les fibres destinées à la temmture doivent
passer dans plusieurs bains de sulfate de fer et de bois de cam-
pêche; elles sont ensuite frisées et replongées dans les bains. La
matière brute, non teinte, vaut de 20 à 22 francs les 50 kilos et de
29 à 38 francs une fois teinte.
Il est une utilisation peu connue des feuilles de palmier nain
qui pourrait donner, chez l’indigène, de très bons résultats. Nous
voulons parler de la fabrication des chapeaux. Des ouvriers ha-
biles pourraient certainement gagner de 5 à 6 franes par jour en
s’adonnant à cette industrie. Comme elle exige des feuilles de
cho;x, elle n’amènerait pas la disparition de la plante. Les cha-
peaux en fibres de palmier sont légers et abritent bien du soleil.
Ils pour:a ent même faire l’objet d’un commerce d'exportation (2).
(1) Voir Annales de la Science agronomique, t. I, 1909, 6€ fasc. et t. IT,
1909, 1er fasc.
(2) De nombreux chapeaux tressés d’une pièce sont importés chaque
année en France de Java, de Manille, de Chine, de l'Équateur, du Pérou,
de Curaçao, de Madagascar, etc. La Chine envoie les chapeaux de jonc et
Java ceux de rotin.
UN COIN DE L'ORANIE 113
Il appartient au gouvernement général de pousser les indigènes
dans cette voie et de faire instruire des moniteurs qui créeralent
de bons élèves dans les tribus.
On sait que les indigènes mangent le bourgeon terminal du
doum. Celui-ei n’est dans la broussalle qu’une petite plante ta-
pissante et acaule, mais, quand il peut profiter de la culture don-
née au sol, il atteint 1 ou 2 mètres de hauteur et se constitue alors
une véritable tige. C’est sous cette forme que nous lavons vu, en
chassant un ‘our chez les Hâchem, avant d’arriver au Télégraphe.
La tige est dépourvue d’épaississement secondaire; elle se dilate
en forme de cône renversé et ses entre-nœuds se superposent de
plus en plus larges. Les racines naissent de cette tige même qu’elles
recouvrent d’un épais revêtement. La base des feuilles est per-
sistante et engaine également la tige.
Chacun connaît les feuilles palmées du « doum », déjà ployées
en éventail dans le bourgeon, d’abord entières, puis composées,
par déchirure ultérieure du limbe. Plante dioïque, le palmier pré-
sente des pieds mâles et des pieds femelles. Les inflorescences en
grappes portent à leur base une large bractée engainante. Le
régime ressemble beaucoup à une grappe de raisin. Le fruit est
une drupe de la grosseur d’une cerise, renfermant de une à trois
graines à albumen corné. Cette graine met deux ans pour mürtr.
L’albumen est progressivement digéré par l'embryon, qui s’ac-
croît sans cesse, de façon à se tenir toujours appliqué contre la
paroi qu’il détruit. La plantule est hypogée, et c’est probablement
à cette particularité que le « doum » doit sa fréquence peu com-.
mune dans certaines broussailles telliennes. Il échappe ainsi à la
plupart des causes de destruction qui accablent les autres espèces.
Et, comme si cette protection n’était pas encore assez efficace, le
cotylédon allonge son pétiole de quelques centimètres en bas, ce
qui fait que la gemmule se développe au-dessous de la graine ;
elle a done à remonter avant de pointer au dehors.
On cherche des plantes textiles pour l'Algérie. En est-il qui
présenteront jamais autant d'utilité que le « doum »? Nous ne
le croyons pas. La disparition de ce végétal serait done des plus
regrettables. Il est temps de le protéger.
ANN. SCIENCE AGRON. — 3% SÉRIE — 1909 — 11 8
114 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Tous les palmiers algériens sont exposés à être contaminés par
une rouille qui s'attaque aux feuilles et les fait sécher.
La lande de grès est infiniment variable suivant l'attaque dont
elle est l’objet de la part des troupeaux. Autour des centres, des
gourbis et des maisons espagnoles, elle est réduite à quelques
touffes de calycotomes dont les chèvres affamées se disputent,
malgré les piquants, les feuilles et les jeunes rameaux. A l’entour,
l’alfa, les thyms et les lavandes forment un tapis très lâche.
Dans les combets un peu frais se montre par pieds épars le Daphne
gridium, daphné vénéneux, qui rappelle un peu le lauréole de
France, et qui donne des touffes serrées et fournies, de 30 à 40 cen-
timètres de haut. Un peu plus loin, les asperges et le « doum » ten-
dent à combler les vides que garnissent de nombreuses asphodèles
(Asphodelus microcarpus Salzman et Viviani). Aiïlleurs, le sable
est fixé par les balais des Genista umbellata et G. spartioides L..,
sans cesse déprimés par la dent des chèvres et des brebis, et qui
prennent alors une forme naine et couchée. Au fur et à mesure que
l’on s'éloigne des agglomérations et des lieux habituels de pa-
cage, la lande se remplit et le fourré se tresse. En même temps, le
tapis végétal revêt une plus grande diversité. En scrutant les
buissons, on trouvera quelques pieds de figuiers dont les rameaux
gros comme le doigt sont abroutis, puis des Withania qui rivali-
sent de sombre verdure avec le palmier nain. Sur les bordures,
Cytisus arboreus Desf. fait éclater ses fleurs jaunes dès les pre-
miers jours de février, à peu près en même temps que le retam
ouvre les siennes. Enfin, cachés au plus épais des fourrés vulné-
rants, quelques kermès, épaves d’une broussaille disparue, es-
saient, mais en vain, de se dérober à la dent meurtrière des chè-
vres. Mise à l’abri du parcours effréné, dégradant, cette lande se
transformerait bien vite en un fourré très dense de kermès, puis
en une broussaille de lentisque, philaria et olivier. Alors, le bois
sacré, impénétrable, s’édifierait de lui-même, comme on le voit
en un point au-dessus de Karrouba. Là, dans le rocher, pend une
«<haouita », où le lentisque étire, enroule et emméêle ses rameaux
rigides, ses troncs énormes, au milieu desquels on ne pénètre qu’en
rampant, qu’en se glissant, tantôt sur terre, tantôt dans l'air. A
UN COIN DE L'ORANIE 115
voir l’humble broussaille du maquis et cette trochée qui rappelle
la hêtraie vierge des Alpes, avec un cachet pius tourmenté en-
core, jamais on ne dirait que c’est le même arbre, la même sève qui
a élaboré humble ramille et le tronc puissant qui serpente. En vé-
rité, l’Algérien méprise trop les ressources de son sol. Il ne voit
dans la broussaille qu’une inutile parure de la terre et, sitôt qu’elle
est déprimée, parle d'y mettre la charrue. Ignore-t-1l donc que
cette broussaille est le berceau de la forêt, que l’arbuste est un
semeur, qui appelle et attend l'arbre, quand il n'en est pas lui-
même la forme embryonnaire? Que d’argent dépensé en pure
perte pour édifier des futaies, alors qu’il suffirait de laisser le ma-
quis poursuivre en paix son évolution? Lande, maquis, brous-
saille, forêt, tout cela se tient, se prolonge, s’enchaïne, et il est
bien inutile de chercher à créer entre les uns et les autres des di-
visions factices.
D’aucuns s’y sont cependant essayé, comme M. le conserva-
teur Mathieu, qui, très arbitrairement d’ailleurs, appelle :
Friche, un terrain couvert de palmiers nains ou d’arbustes,
tels que cistes, daphnés, genêts, romarins, globulaires, ete., sou-
vent entremélés de diss, d’alfa et d’autres graminées, et qui ne pré-
sente pas sur le tiers de sa surface des arbrisseaux épars, tels que
lentisque, chêne kermès, philaria, arbousier, nerprun, sumae,
bruyère arborescente, etc.
Boussaille, un terrain couvert d’arbrisseaux sur le tiers au
moins de sa superficie et ne présentant pas d’essences arbores-
centes (olivier, thuya, pin d'Alep, grands genévriers, chêne-liège,
chêne yeuse, chêne zéen, etc.), sur un autre tiers.
Bois, un terrain couvert d’essences arborescentes sur le tiers
au moins de sa surface.
À ces divisions subtiles et vaines, nous préférons les vieilles
appellations de jachère, de lande, de maquis, de broussaille et
de forêt.
116 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
La jachère garde encore empreinte d’une culture ancienne :
elle a pour plantes caractéristiques les hélianthèmes, les halimies,
les daphnés, etc. La lande est peu armée ; elle est constituée
surtout par des espèces sociales : 161, par la bruyère multiflore; là,
par le romarin et les lavandes; ailleurs, par les retams et les éphè-
dres. Le maquis tresse et se défend avec ses calycotomes, ses
genêts épineux, ses palmiers, ses jujubiers, ses asperges arbores-
centes, ete. La broussaille a moins d’épines vulnérantes, moutonne
davantage avec ses kermès, ses philar:as, ses lentisques, ses grands
genêts inermes et ses cistes variés. La forêt a tout cela réuni et, en
plus, quelques arbres qui s’élèvent; moins encore : quelques cépées
qui coupent l'horizon et arrêtent le regard. Il est même telle brous-
saille de cistes Tladanifère qui mérite mieux le nom de forêt que
maints peuplements rabougris de thuya.
Il est parfois dangereux de vouloir établir des coupures tran-
chées là où 1l n’en existe pas, où il ne peut pas en exister. La lande
est nouée à la forêt par une chaîne continue et sans fin. C’est cette
chaîne qu’il faut voir, qu'il faut suivre depuis le premier jusqu’au
dernier anneau. Alors seulement on pourra se rendre compte de
quel poids pèse, dans l’économie générale du pays, chacune de
ces manifestations diverses de la nature vivante, et marcher sans
faux pas dans le sillon qu’elle a tracé.
En hiver, la lande rase est garnie d’un tapis multicolore de scilles
(Scilla autumnale L.), auxquelles se mêlent les hampes violettes
de la Romulea columnæ Sebastiani et Mauri, et les jaunes corolles
de la Gagea granatelli Parlatore. Tout cela est si frais, si coloré,
si éclatant, qu’on se croirait transporté dans l’alpe, à une place
que vient de quitter la neige et où se pressent les bleues solda-
nelles et les croceus variés. Cette terre d'Algérie a parfois de ces
étonnants rapprochements, de ces réminiscences de choses déjà
vécues qui font se replier l’âme sur elle-même. Romule et gagée
sont d’ailleurs plantes infiniment curieuses pour le botaniste par
le soin qu’elles prennent à protéger leurs bulbilles, c’est-à-dire à
conserver leur existence. Chez la gagée, les bulbes sont renfermées
dans une tunique scarieuse qui préserve du desséchement. Chez
la romule, c’est un réseau de fibrilles résistantes qui se roulent
UN COIN DE L'ORANIE 117
autour du bulbe et qui lui offrent ainsi une merveilleuse protec-
tion.
——
A ces plantes viennent un peu plus tard s'ajouter des toufles
épaisses de Cerinthe oranensis Balt., aux feuilles tigrées, à la co-
rolle élégamment teintée de jaune et de pourpre noirâtre, puis
des bouquets de Solenanthus lanatus Munb., dont l’inflorescence
est tissée de filaments de soie. La plante, d’un gris bleuté très
doux, est étonnamment captivante. Viennent ensuite des végé-
taux plus communs : Erysimun elatum Pomel, Senecio leucan-
themifolius Poiret, Smyrnium olusatum L., grande ombellifère
autrefois cultivée comme légume, Æelichrysum stæchas D. C.
Viola arborescens L., Melilotus sulcata Desf., ete. En mars, la
gracieuse T'ulipa celsiana Redouté se multiplie à l'infini dans les
vides, tandis que dans les ravins, à l’abri des rochers, on peut en-
core cueillir quelques jolies fleurs d’Ophrys fusca Link. Se dissi-
mulant dans les buissons et fuyant la lumière crue se trouve l”A-
risarum vulgare Munby, en compagnie de quelques graminées,
Lamarkia aurea surtout. Enfin, Ballota hirsuta Bentham fait
pour ainsi dire corps avec ces buissons et prolonge quelque peu
en été l'illusion du printemps.
Quelle peut être la possibilité herbagère de cette lande? Elle
est bien faible. Dans les meilleures conditions, une chèvre y vivra
pendant toute l’année sur { hectare, mais un mouton, sur la même
contenance, ne s’y soutiendra guère que six mois.
118 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
e) Forêts des sables du pliocène
Il est difficile de se faire aujourd’hui une idée tant soit peu pré-
eise de ce que furent autrefois les forêts des sables du pliocène in-
férieur. D'une part, en effet, elles ont presque partout cédé la
place aux cultures; d'autre part, les rares massifs encore subsis-
tants sont éventrés par des délits journaliers, incessants, qui les
transforment petit à petit en broussailles. Aussi, de la futaie claire
de pins d'Alep, d’oliviers et de thuyas, qui peupla ces contrées,
il ne reste que des témoins appauvris par la pioche des délinquants,
par la dent des troupeaux et l’incendie fortuit ou volontaire.
La proximité des centres européens a fait surgir une armée de
charbonniers. Si, comme en France, le charbon algérien était fa-
briqué avec des tiges et des branches, il n’y aurait que demi-mal,
et il suffirait de réglementer les exploitations pour procurer aux
indigènes le bois nécessaire à leur industrie. Malheureusement,
il n’en est rien. L’indigène ne fabrique son charbon qu'avec les
souches. Chaque meule qu’il dresse équivaut à un véritable dé-
frichement. Nous avons caleulé qu’à certains moments de lhi-
ver, on pouvait estimer à 2" 50" la surface défrichée en une seule
journée, dans la forêt de l’Agboub.
Les essences les plus estimées sont l'olivier, le lentisque, le phi-
laria et le thuya. Dans les endroits les mieux peuplés, l’indigène
trace un cercle d'environ 4 mètres de diamètre, puis il arrache
tout ce qui se trouve sur cet emplacement.
Cet espace de 12 à 15 mètres carrés suffit généralement pour
dresser une meule susceptible de rendre 112 kilos de charbon. Les
souches représentent deux à quatre cinquièmes du poids ligneux
de la plante arrachée. Le surplus, non utilisé pour le charbon,
sert à allumer la meule ou est laissé sur place. La cuisson fait
subir à la matière végétale une perte des quatre cinquièmes de
son poids vert.
L’arrachis des souches occasionne des dégâts variables avec
l'essence et avec l’âge du recrû. Bien que la pioche ne constitue,
entre les mains des indigènes, qu’un mauvais outil, elle entraine
cependant la perte des oliviers et des thuyas. Le philaria et sur-
UN COIN DE L'ORANIE 119
tout le lentisque et le kermès résistent mieux, en raison de leur
enracinement très développé, de leur aptitude à émettre de vi-
goureux rejets de souches. Mais, comme ces arrachis marchent
toujours de pair avec un pâturage effréné, ils sont suivis de la
destruction du boisement, les animaux allant de préférence vers
les jeunes pousses issues des drageons.
De toutes façons, le défrichement par places localisées modifie
profondément le peuplement. Sur le sol cultivé naissent des fourrés
d’halimies et des placages de calycotomes. Les premières surtout
donnent aux peuplements dégradés un aspect tout particulière-
ment terne et cendré. La confection des meules tend à agrandir
de plus en plus les vides, et il est telles forêts, comme En-Naro et
‘Agboub, que ces pratiques abominables conduisent à la ruine.
Dans les vieux bois, les vides défrichés se garnissent ordinaire-
ment d’arisarums et d’ænanthes (Œnanthe anomala Cosson et
Durieu).
D'une façon générale et sous l’influence des causes précédem-
ment signalées, les forêts des sables du pliocène, qui sont surtout
des forêts de protection, tendent à disparaître.
Quelques croquis, extraits de nos calepins de tournées, donne-
ront une idée de la situation et des peuplements.
La forêt d’En-Naro (partie) est située sur le djebel Zaïmia, à
une altitude variant entre 350 et 393 mètres. Elle occupe un long
versant en pente assez rapide au nord-ouest. En avant et en ar-
rière sont situées des dunes importantes, qui progressent avec une
rapidité foudroyante, et qui ont englouti déjà plusieurs milliers
d'hectares de terrains cultivés.
La chaîne de collines est entamée par des cols sablonneux et
hérissée de crêtes où affleurent des grès. Les éminences rocheuses
sont couvertes de petits bouquets de pins âgés de quarante à
soixante ans, formant une futaie claire et dominant un sous-bois
de lentisque, de kermès et de plus rares arbousiers. La conserva-
tion de ces bouquets est due à la roche qui, de même que dans les
Alpes, a éloigné un peu le bétail et les délinquants. Entre ces pins
‘ont des broussailles liliputiennes de lentisque, de kermès et de
philaria, broussailles évidée; par les charbonnières qui se tou-
120 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
chent et faisant place, sur de larges surfaces, à des fourrés d’ha-
limies et à des buissons de retams. Quelques cistes polymorphes,
des calycotomes, des lavandes et des globulaires complètent cet
attristant paysage forestier. Il est à noter que la régénération du
pin d’Alep ne se fait point sur le sable nu, pas même dans les
toufles d’halimies, rarement dans les buissons de kermès; elle
n’est abondante que dans les cépées de lentisque. La disparition
prochaine de cet'e dernière e:sence entraînera donc forcément
celle du pin d’Alep.
On a essayé vainement d’effectuer des semis de chône-liège dans
ce canton et des travaux assez bizarres ont été entrepris sur le
périmètre. Celui-ci a été déboisé sur une largeur &e 10 mètres, en
vue sans doute d'empêcher l'a propagation du feu, s’il venait à se
déclarer dans les propriétés voisines. La mesure serait bonne dans
un terrain solide elle est dange euse dans un sol de ‘ables essentiel-
lement mouvants. De plus, sur les bordures mêmes de ce périmètre,
on a élevé des clayonnages pour arrêter la progression des dunes.
Cela ne sort malheureusement à rien, le point d’attaque devant
être reporté bien en avan de la forêt. Ce sont des travaux coûteux,
qui n’auront jamais aucune efficacité et qu’il faut abandonner. Les
procès-verbaux, les amendes, la prison ne pouvant corriger les
indigènes, il y aura lieu, si l’on veut sauver cette malheureuse
forêt, de réunir les caïds et chefs des douars intéressés et de leur
faire comprendre qu'ils seront rendus, eux notables, responsa-
bles des délits commis. Immédiatement, l’armée du vol fondra,
comme fond la neige sous les rayons du soleil africain.
A »
La forêt de l’Agboub a une contenance de 3.395" 37°. Dans son
ensemble, le peuplement offre la composition suivante :
Pin d’Alep . . 0,05
Olivier. . OPEN TUNER AS 0,05
DEV A ee eee sara neMel PE es 0,15
Philaria. . . . 0,15
Lentisque. 2 Re AE 0,15
Chêne kermèês. , . : «he: 0,20
ATDOUSIERM IREM ER SNA RER 0,05
Anagyre fétide. , « . ,.. « « « « sporadique
Chérie verts 5,1 ie se see sporadique
CNÉROSLO RCA TENÉRERENENTERE en voie de disparition
UN COIN DE L'ORANIE 121
MORTS-BOIS
Bruyère multiflore + 4%, 4h.
FR ONMATIN ET AMEN REINE :
ETAIENT STE A RAS RTE
0,20
RÉAL CE
Cytise blanchâtre. . . .
Les peuplements y offrent une bizarrerie infinie; on y distingue
cependant les nuances suivantes :
Première association. — Vieux bois (cinquante à solxante-
dix ans), constitués par des buissons enchevêtrés de lentisque,
de philaria, d’anagyre fétide, que surmonte presque toujours un
olivier vigoureux. Par leur élévation (5 à 7 mètres), leur aspect
extérieur, ces buissons rappellent bien nos taillis clairiérés et pâ-
turés de France; ils en diffèrent cependant beaucoup par leur tex-
ture enchevêtrée, qui ne permet pas de se glisser à l’intérieur
de la trochée sans l’aide de la serpe. Par là done, la forêt algé-
rienne se relie à la forêt tropicale. Ce qui tresse, ce sont les « zen-
zous » ou clématites cirrheuses, qui fleurissent en février, les
éphèdres et les philarias. Dans les vides clairement et courte-
ment gazonnés qui séparent ces trochées, des légions de lapins
s’ébattent à la nuit tombante et de nombreuses perdrix gambras
vont s’y abriter des chaleurs du jour.
Dans les combets frais, où l’herbe est plus fournie, où le bétail
vient chercher l’ombre, où le délinquant a défriché, cette asso-
ciation typique et définitive se déchire. Le peuplement tend à se
transformer en une olivette presque pure, par destruction des
essences primitivement mélangées. La forêt qui paraît plus riche
est cependant appauvrie; sa résistance est moindre.
Deuxième association. — De vastes étendues sont couvertes
de broussailles de kermès, philaria, cistes de Montpellier, entre-
mêlés de quelques oliviers, broussaille étonnamment serrée, haute
de 1 mètre à {M 50 et dont la surface supérieure moutonne légè-
1292 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
rement. On trouve, ensevelis dans cette brosse, quelques thuyas
et quelques pins d’Alep, élevés de 1m 50 à 3 mètres. Ce sont des
parties anciennement incendiées et qui se modifient en bifurquant
tantôt vers la première, tantôt vers la troisième association.
Troisième association. — Ce te troisième association est ca-
ractérisée par des bouquets de pins de tous âges, n’offrant sou-
vent en mélange que des cépées peu fournies et montantes d’ar-
bousier. Le sous-bois est de kermès lâche, et surtout de bruyère
multiflore et de romarin. Dans toutes ces parties, l’arbous:er
paraît aider considérablement à la régénération et à la multipli-
cation du pin d'Alep.
Quatrième association. — Enfin, toute la région nord, où le sol
est plus argileux et où peut-être les formations supérieures du
pliocène affleurent, est constituée par des peuplements mélangés
de thuya, d’olivier et de philaria. Le sous-bois est généralement
moins {ressé et formé surtout de romarins.
Ajoutons que, dans les parties récemment ‘ncendiées des Ouled
Sidi- Youssef, le peuplement est constitué par un fourré de chêne
kermès, ph'laria, ciste blanchâtre, calycotome épineux, bruyère
multiflore, romarin et globulaire. Le lentisque est rare. On dirait
qu'ilcraint le ‘eu et qu'il ne survit pas à l'incendie. Fort heureuse-
ment, cette essence si utile, si précieuse, si réellement algérienne,
est aussi celle qui essaime le mieux hors forêt, partout où existent
des perdrix gambras. Celles-ei vivent pendant près de deux mois
des baïes du lentisque e° les d'sséminent au loin, comme les geais
le font des glands, les étourneaux des olives, les grives des gené-
vriers. Le lentisque est souvent traité en quantité négligeable et
classé parmi les inutiles broussailles. C’est cependant à lui que la
forêt algérienne doit d’avoir tenu jusqu'ici et de s’enrichir jour-
nellement en grandes essences. C’est, en effet, dans ses larges
touffes hémisphériques et ombreuses que s’opère la régénération
de l'olivier, du pin d’Alep et du thuya, c’est-à-dire des arbres les
plus précieux de la région.
UN COIN DE L'ORANIE 123
En résumé, partant du sol nu, on peut esquisser rapidement,
comme suit, la phylogénie des peuplements des sables :
Poe | Coloquinte.
À Centaurée.
herbacée. |, .
Koniga, etc.
Phase Pé È t
Sd Halimie. Bruyère, romarin,
8 à 800€: ( Éphèdre. globulaire, ciste
Phase (|Calycotome. | blanchâtre.
du maquis. | Kermès.
Phase Philaria.
de la Lentisque.
broussaille. ( Arbousier.
Phase
forestière. |
— Olivier.
— Pin d'Alep. ,
— Thuya.
Nous avons signalé la présence dans la forêt de l’Agboub de
chêne vert et de chêne-liège. Qu’en est-il? Il est bien difficile de
le dire. Le chêne vert, aussi bien que le chêne-liège, n’est là qu’à
l’état tout à fait sporadique; quelques cépées de l’un, quelques
arbres de l’autre dans les Ghoufirat-el-Dani, c’est tout. Les
chênes-liège, au nombre de 159, ont été démasclés en 1894. L’opé-
ration leur a été funeste.
Ce sont, pour la plupart, de vieux arbres isolés, aux cimes rava-
gées, aux fûts souvent envahis par la pourriture sèche, et qui ne
paraissaient guère demander un démasclage du tronc, démasclage
fait d’ailleurs sans précaution aucune. Le liège de reproduction
avait en moyenne, en 4900, 1 centimètre à 1 centimètre et demi.
Sur beaucoup de sujets, il y avait des suintements bactério-myco-
tiques qui marbraient de noir l'écorce et qui, à eux seuls, suffi-
saient pour déprécier le liège. Les arbres de la forêt portent des
glands, mais très peu; en revanche, ceux, plus nombreux, situés
dans les melks voisins, en sol cultivé, sont très beaux et couverts
d’une glandée abondante. Nous avons vainement cherché dans les
vides, dans la broussaille, trace d’une reproduction naturelle de
cette essence. Il n’y en a pasf pas plus de semis que de jeunes
arbres. 11 semble donc bien que, si jamais il y a eu là une forêt de
chêne-liège, cette essence est en voie de complète extinction.
124 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
À quoi attribuer ce retrait? Aux incendies répétés? A une mo-
dification du climat? C’est ce que l’on ne saurait dire. Cependant,
si l’on considère que ces arbres sont situés surtout sur le périmètre
de la forêt et hors forêt, on est tenté d’admettre qu'ils ont été
introduits à une époque ancienne, par quelque indigène venu
d’Ammi-Moussa, en vue de la nourriture des hommes et des trou-
peaux. Ce qui paraît le plus militer en faveur de ‘cette opinion,
c’est la flore. On ne retrouve là aucune espèce subatlantique
indiquant une aire disjointe; c’est la flore des sables qui se pour-
suit sans grande modification depuis les rives de la mer.
Au vu de ces témoins d’un autre sol, on a voulu transformer
l’Agboub en une forêt de lièges. Des semis ont été 2ffectués depuis
1893; ils ont donné lieu à une dépense de 11.043' 34. Pour tout
résultat, on a obtenu 84 plants, actuellement âgés de cinq ans.
L'expérience est faite : elle est coneluante; il faut arrêter les frais.
Quel traitement comportent les forêts des sables pliocènes ?
Simplement des recépages ou, si l’on aime mieux, des coupes
de taillis, mais coupes très particulières et adaptées au sol, aux
coutumes locales et aux délits sans nombre auxquels les peuple-
ments sont en butte.
De la nécessité de ne point découvrir le sol sur de larges sur-
faces naît déjà l'obligation de diviser la forêt en séries d’étendue
moyenne, dont beaucoup seront d’ailleurs improductives. Les
lignes de division devront toujours pouvoir servir de tranchées
garde-feu.
Une série de 200 hectares, divisée en 40 coupes de 5 hectares
chacune, nous paraît réunir tous les desiderata.
On objecte que les petites séries éparpillent les exploitations,
rendent la surveillance difficile, augmentent les frais généraux
des adjudicataires et gênent l’exercice du pâturage. Il se peut que
cela soit vrai dans une certaine mesure en pays de montagne,
mais des raisons puissantes et décisives militent cependant en
leur faveur. D'abord, les besoins à satisfaire sont disséminés, peu
importants: ensuite la main-d'œuvre est rare; enfin, il ne faut
pas oublier que l’on ne peut régler la question du pâturage sans
tenir compte des besoins de chaque douar partiel. Nousne croyons
UN COIN DE L’ORANIE 125
pas, au surplus, que la surveillance soit plus difficile dans deux
petites coupes que dans une grande. L’habitude de ces exploita-
tions nous permet même d'affirmer le contraire. Des coupes de 50
à 60 hectares resteront pendant quatre ou cinq ans avant d’être
complètement exploitées; elles le seront mal, et le désordre ne
tardera pas à régner dans toute la forêt. Culturalement enfin, il
n’est pas bon de livrer de semblables surfaces au vent, au soleil
et aux trombes d’eau. C’est exposer le recrû à être brûlé, le sol à
être emporté.
Pour remédier autant que possible aux délits de pâturage qui
sont les plus nombreux et les plus importants, 1] ne faudra jamais
prolonger les coupes jusqu'au périmètre. Entre celui-ci et la limite
des exploitations, on devra partout ménager une bordure de 100 à
200 mètres de vieux bois, bordure dont on comblera les vides
avec des drageons de jujubier des lotophages. Celui-ci est tou-
jours abondant dans ces forêts, où il atteint des dimensions d’ar-
bustes. Ces jujubiers se groupent souvent en bouquets invulné-
rables, et lorsqu’en hiver le soleil se joue sur les écorces lustrées
et les allume d’un reflet scintillant, on les prendrait de loin pour
des abricotiers en fleurs.
Les exploitations seront faites aussi bas que possible, la coupe
entre deux terres étant la meilleure pour toutes les essences algé-
riennes autres que le thuya. Elles porteront sur les cépées abrou-
ties et rabougries. On réservera tous les brins de semence et, en
plus, 200 volières par hectare, choisies parmi les meilleures cépées
d’olivier et de thuya. Des cordons pleins de 5 mètres de largeur
seront enfin conservés le long des lignes dont 1ls marqueront
l'emplacement de façon durable.
S'il y a lieu de pourvoir aux besoins usagers, l'exploitation des
coupes devra toujours être faite sous la responsabilité du caïd
et du chef de douar, qui rempliront le rôle des entrepreneurs des
coupes affouagères de France.
En ce qui concerne enfin la révolution, il ne faut pas hésiter à
la pousser très loin. Quarante ans est un minimum au-dessous
duquel on ne devra jamais descendre, l’optimum se tenant entre
cinquante et soixante ans.
126 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE !
De plus, si l’on veut enfin faire œuvre viable, il est indispen-
sable que les chefs de service exigent de leurs agents des plans
complets d'exploitation et l'ouverture préalable des lignes sur le
terrain. |
Il existe, avons-nous dit, de grandes étendues de fourrés bas et
tressés de kermès, dont l’évolution est très lente. Sur les conseils
de M. le conservateur Émard, nous avions recherché s’ils pou-
vaient se prêter à des exploitations fructueuses de garouille. C’est,
en effet, le seul produit que l’on puisse retirer du kermès, en
dehors des fagots qui ne pourraient s’utiliser qu’au voisinage im-
médiat des briqueteries et des fours à chaux.
D’après M. Lefebvre, l'écorce des racines renferme 22 % de
tanin, alors que celle de la tige n’en contient que de 11 à 15 %.
Les tanneurs indigènes avaient déjà empiriquement déterminé
ces proportions; ils estiment qu’il faut le double d’écorce de tige
pour un même poids de cuir. L’écorce des tiges est d’ailleurs très
peu épaisse et l’enlèvement en est difficile. Au contraire, l’écorce
de la racine est généralement plus grosse et son extraction est
aisée. Cette épaisseur varie énormément. Chez certains sujets,
elle atteint 2 centimètres; chez d’autres, elle ne dépasse pas 2 mil-
limètres. Pour que l’exploitation soit rémunératrice et possible,
il faut que l’écorce ait une épaisseur moyenne de 7 à 8 millime-
tres; or, à l’Agboub, elle varie de 2 à 4 millimètres; 1l ne fallait
donc pas songer à créer des séries de garouille.
7 _— Forêts des argiles du pliocène supérieur
Le pliocène supérieur de lOranais peut, comme nous l’avons
déjà indiqué, se subdiviser comme suit, de bas en haut :
19 Argiles plaisantiennes, synchrones des marnes calcaires du
crag blanc, passant çà et là à un grès argileux;
20 Calcaires astiens, synchrones du crag rouge et épais de 1m 50
à 9 mêtres ;
30 Travertins arnusiens, écho affaibli du erag de Norwich, le
pius souvent réduits à une simple couche de tuf.
UN COIN DE L’ORANIE 121
Le tout est généralement recouvert par un conglomérat calcaire
à éléments roulés, atteignant rarement une épaisseur de 1 mètre
et surmonté lui-même par une couche assez puissante de terre
arable. La succession de ces différentes assises est très facile à sui-
vre dans toute la région de coteaux comprise entre Damesme et
Saint-Cloud.
Les argiles plaisantiennes correspondent à des dépôts de haute
mer; mais les grès qui les surmontent et qui renferment d’abon-
dants fossiles accusent des dépôts littoraux et côtiers, marquant
très nettement un retrait des eaux. A cette époque déjà, on peut
observer une formation de dunes marines, à peine différente de
celle qui se poursuit sous nos yeux.
Les calcaires gréseux de l’astien sont encore le résultat du lent
retrait de la mer; ils reposent en stratification concordante sur
les argiles plaisantiennes et ont, comme ces derniers, subi d’im-
portants plissements. La discordance des travertins et des cal-
caires permet de fixer l’âge de ces mouvements du sol qui datent
ainsi de l’aube de la période quaternaire.
A ce moment, le climat du nord du continent africain a été
marqué par un régime pluvial excessif. Les dénudations gigan-
tesques dont le sol était alors le théâtre ont donné naissance au
atterrissements des contrées sahariennes et telliennes. Alors aussi
des sources jaillissaient de tou côtés, des lac; d’eau douce occu-
paient toutes les dépressions, comme dans la région du Bangouélo,.
et envoyaient à la mer, par de larges émissaires, le trop-plein de
leurs eaux. Une végétation exubérante se développait dans les
lagunes et nourrissait d'immenses troupeaux d’Ælephas africanus,
dont on retrouve maints débris dans les alluvions des oueds du
Sahel algérien.
À ce climat pluvieux succéda petit à petit une période de sé-
cheresse. Les sources diminuèrent, puis tarirent, marquant leur
emplacement par des dépôts de travertins calcaires, qui tapissè-
rent le sol d’une croûte plus ou moins épaisse. Les lacs, déjà en
partie comblés par les alluvions venus des pentes voisines, ne ti-
rèrent plus leur approvisionnement que des eaux pluviales ruis-
selant sur les argiles plaisantiennes et chargées de sels, par suite
128 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
de leur passage à travers les calcaires de l’astien. L’intensité des
pluies diminuant, les lacs ne tardèrent pas à être séparés de la
mer, et, sur leurs fonds asséchés, se déposa une couche épaisse de
chlorures et de sulfate de chaux. Telle est l’origine des nombreuses
sebkas de la région oranaise.
A l’heure actuelle, la nappe des eaux phréatiques étalées sur Les
argiles imperméables du plaisantien sont fortement saumâtres.
Elles soudent à la base des calcaires qu’elles lessivent de leurs
sels et titrent de 9 à 18 grammes de chlorures par litre. Impro-
pres à l’alimentation, elles donnent naissance, en s’évaporant, à
des efflorescences salines, qui provoquent l’apparition d’une flore
spéciale et nettement caractérisée par les soudes.
La diffusion du sel dans les terrains perméables du pliocène
oranais se fait avec rapidité et tend à devenir une calamité pour
le viticulteur et même pour l’agriculteur, On savait depuis long-
temps que le sous-sol de la région est fortement salé, mais l’appa-
rition des efflorescences superficielles date pour ainsi dire d’hier.
Il y a moins d’un demi-siècle, la plupart des dayas du Tell,
comme celles de Télamine près de Saint-Cloud, de Sidi-Bou-Mé-
dine près d’Oued-Djemaä, étaient pourvues d’eau à peine salée.
Aujourd’hui, la teneur en chlorures de ces eaux est telle que les
bestiaux refusent de la boire. Il est enfin à noter que, d’une façon
générale, l'étendue des dayas tend à s’accroître. Les bords se gar-
nissent de plus en plus loin d’une couche de sel épaisse de quelques
centimètres, mais suffisante cependant pour retenir lhumidité
et transformer le sol en bourbier. On a cherché à expliquer de
bien des façons cette dispersion du sel. On s’accordait jusqu'ici
à attribuer le déplacement des nappes phréatiques à des trem-
blements de terre qui auraient créé des fissures dans les couches
imperméables du sous-sol et facilité la montée des nappes chlo-
rurées souterraines. Il n’en est rien. Nous avons montré que le
déplacement des eaux phréatiques est dû tout simplement au dé-
boisement, et c’est au seul déboisement qu'il faut encore attribuer
la salure grandissante des terrains pliocènes, l'extension des dayas
et la poilution de plus en plus grande des eaux d’alimentation et
d'arrosage.
UN COIN DE L'ORANIE 129
En dehors des salants utilisés pour l’exploitation du sel et
classés dans le domaine de l’État, sous réserve des droits d'usage
exercés par les tribus, 1l existe en Algérie d'immenses étendues de
terrains plus ou moins salés souvent improductifs, et peuplés
principalement, parfois même exclusivement, de soudes, de sué-
das et de salicornes.
La présence des végétaux halophytes suffit à déceler dans le
sol la présence du muriate de soude. On sait que ce sel n’est pas
un aliment indispensable pour la plante et qu’il agit surtout par
voie répulsive. Alors même que le sol ne contient pas de traces
apparentes de soude, on constate que la plupart des espèces vé-
gétales en renferment cependant des quantités notables dans
leurs cendres. Cette base est localisée surtout dans les parties sou-
terraines et dans les axes. La vitesse d’absorption de la soude est
si grande chez certains végétaux qu'elle encombre les tissus,
ferme la porte aux substances indispensables au développement
de l’organisme et entraine une sorte d’empoisonnement des
plantes non adaptées aux milieux salés.
Le rôle des végétaux halophytes est bien d’abord d'occuper le
terrain, mais il consiste en outre à préparer la venue d’espèces
moins sensibles à l’action du muriate de soude. Il se produit dans
les salants quelque chose d’analogue à ce qui se passe dans les
tourbières des plateaux jurassiques, où l’action combinée des
acides humique, ulmique et géique, renfermés dans les débris des
plantes, décalcifie les eaux et permet à des espèces calcifuges de
vivre et de prospérer sur un substratum calcaire. De même, dans
les vallées du Chélif et du Sig, les tapis lâches ou serrés de Salsola
vermiculata et Kali, de Suæda fruticosa et maritima, d’Atriplex
halimus donnent ‘illusion de Hlliputiennes forêts et contribuent
puissamment à dessaler les terrains. C’est dans les touffes suré-
levées des soudes et des suédas, sur ces mont'cules érigé ; ex forme
de taupinières auxquels elles ont donné naissance, que le bota-
niste surprendra les premiers indices d’une flore nouvelle, carac-
térisée par les Æluropus littoralis et Atropis distans, pour ne citer
que les graminées les plus communes.
Aussi, le viticulteur algérien est-l mal inspiré en eplantant
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 11 9
130 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
'a vigne sur les effloressences salines qui déjà ont tué ses premiers
cépages. Il court à un nouvel échec. L'utilisation agricole des sa-
lants ne peut se faire qu’à l’aide des soudes.
Dans les terrains salés, on améliorera certainement le sol en
semant serré la soude à la volée. La graine des différentes soudes
peu très bien être donnée aux bœufs de labour, dont elle con-
serve la force et l’embonpoint.
On récolte cette graine en battant les rameaux avec une ba-
guette; on nettoie et on vanne ensuite. Un hectare ainsi semé
peut rendre environ 90 hectolitres de graines. Les tiges représen-
tent approximativement 2.000 kilos en vert. On peut, soit les
faire consommer par le bétail, soit les brûler sur place, ce qui en-
lève de 20 à 25 kilos de matières salines au sol. Au bout de quel-
ques années de ce traitement, ce dernier sera suffisamment des-
salé pour porter des récoltes et pour se couvrir d’une végétation
herbacée, abondante et variée. C’est du moins ce que nous croyons
pouvoir déduire des faits observés et de l’enchainement des for-
mes végétales. Si nos prévisions se réalisaient, il est certain que
l’Oranais trouverait dans ces cultures temporaires des ressources
précieuses pour l’élevage, en même temps qu’il se préparerait pour
l’avenir des terres nouvelles.
Quant aux forêts, elles sont bien déchues de leur antique opu-
lence. La pioche du colon en à détruit d'immenses étendues; le
peu qui reste se creuse et s’évanouit devant les arrachis d’une
part, le feu et le pâturage d’autre part. Située à 33 kilomètres
d'Oran, en pays de collines, à des altitudes variant entre 75 et
320 mètres, Mouley-Ismaël, que nous prendrons comme exemple,
fut pendant longtemps la forêt ombreuse, fatale à qui voulait en
percer le mystère. C’est là que fut battu, en 1701, don Alvarez
de Bazan, marquis de Santa-Cruz; là que périt en 1707, avec toute
son armée, le chérif marocain Moulai-Ismaël; là encore, qu’en
1835 fut décimé le 2€ chasseurs qui laissa dans la brousse le corps
de son chef héroïque, le colonel Oudinot. C'était alors un beau
boisement d’oliviers, de thuyas, de lentisques et de philarias, où
le cavalier pouvait, pendant une demi-journée entière, voyager
sous un dais de feuillage, parmi les pistes tortueuses qui se dérou-
UN COIN DE L'ORANIE 151
laient comme de longs serpents le long des combes. Et quand
purent circuler à l’aise, dans l’Oranais pacifié, les officiers de nos
bureaux arabes, tous s’arrêtaient émerveillés, en suivant ces sen-
tiers, devant la vigueur des oliviers qui s’étageaient sur les pentes,
écrasant la souille enchevêtrée qui tressait à leurs pieds. Des pla-
teaux plus fermés et plus étendus où eroissait le thuya, on se ren-
dait moins compte. Mais, les débris encore survivants de cet âge
d’or permettent aisément de reconstituer ce lointain passé. Par-
tout où le sol renfermait des quantités peu importantes de
gypse, on trouvait des touffes énormes de lentisques et de phila-
rias que surmontaient de magnifiques et splendides oliviers. A
lentour de ces berceaux tressés par les clématites et les smilax
se pressalent des végétaux armés comme les sumacs thezera et les
calycotomes épineux.
Partout, au contraire, où la roche gypseuse affleurait, se mon-
traient des peuplements assez serrés de thuyas, mélangés de phi-
larias et de nerpruns faux oliviers. Ce n’était pourtant point une
futaie d’oliviers ou de thuyas, mais bien une succession de bou-
quets d’essences enchevêtrées, se protégeant mutuellement, vi-
vant d’une vie commune, dans lesquels étaient baignés les fûts
des oliviers et des thuyas.
A qui se serait élevé au-dessus du massif, la surface serait ap-
parue comme un dôme moutonné, mais ce n’était qu’en rampant
que le piéton pouvait difficilement se faufiler d’arbre en arbre.
A ce moment déjà, il y avait des clairières où s’ébrouaient les
gazelles, mais clairières distantes et point larges, enserrées par de
vieux arbres, et réparties surtout sur les avancées des plateaux,
sur les éperons où bêtes et gens pouvaient reposer en paix, humer
l'air du large, s'étendre sur de gras, frais et embaumés gazons. En
toute saison, la forêt offrait au pasteur son ombre vivifiante et sa
manne nourricière.
Aucun type de forêts françaises ne peut malheureusement
donner une idée précise de ce facies algérien. Alors que, dans la
métropole, le massif oublié pointe dans les airs, évolue rapide-
ment en ne laissant vivre qu’une où deux essences les plus lüngé-
vives qui tuent tout ce qui est au-dessous d’elles; là, au contraire,
132 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
le massif se ramasse, se pelotonne sur lui-même, et telle est la
puissance du soleil qu'il percera de ses rayons acérés jusqu’à deux
écrans de feuillage, secouera de leur léthargie les graines enkys-
tées et donnera encore naissance à un sous-bois protecteur, dont
le rôle primordial s’aflirme ainsi de plus en plus. Les formations
végétales s’étagent donc sans cesse de bas en haut, et la montée
de l’ensemble ne s’opère qu'avec une extrême lenteur. C’est bien
là, en dernière analyse, le trait saillant de ces basses forêts tel-
liennes.
Immédiatement après l'occupation française, on chercha à tirer
parti des oliviers qui peuplaient les combes. Des arrêtés du mi-
nistre de l’Algérie et des colonies, en date des 21 mars et 21 sep-
tembre 1859, affermèrent, pour une durée de quarante et une an-
nées, plus de 9.000 hectares de la forêt de Mouley-Ismaël à trois
colons d'Oran, en vue de la culture de ces arbres.
Malheureusement, la transformation en olivette d’une forêt
vierge est impossible. On ne peut aller d’un sujet à l’aufre sans le
secours de la serpe. Avant de songer à greffer, 1l failait isoler les
oliviers, c’est-à-dire les débarrasser de la brousse. Les concession-
naires furent ainsi conduits à exploiter le sous-bois. Au moyen
de la main-d'œuvre espagnole et indigène, ils le convertirent en
charbon. C’était ouvrir la forêt aux déprédations de toutes sortes.
Une expérience de huit années eut vite fait de montrer l’inanité
de cette entreprise, et, en 1867, le bail fut résilié, au plus grand
avantage des colons qui héritèrent en toute propriété de 2.561 hec-
tares de terrains domaniaux.
A partir de cette époque, l’histoire de la forêt de Mouley-Is-
maël n’est plus qu’un long martyrologe. Des délits innombrables
émiettent les peuplements; de vastes incendies allumés en 1885,
1886 et 1887 anéantissent le thuya sur près de 3.000 hectares;
un pâturage effréné étend les vides qui se touchent, s’anastomo-
sent et se croisent; les convoitises s’allument autour de cette
oque délabrée, et le déclassement de Mouley-Ismaël devient le
« delenda Carthago » de l’Oranais.
Prenons donc sur le vif cette évolution régressive d’un massif
qui eut son heure de prospérité et de grandeur et qui, malgré lin-
UN COIN DE L'ORANIE 133
térêt puissant qu'offre sa conservation, au triple point de vue
économique, climatologique et agronomique, ne tardera pas à
- tomber dans la légende et dans la nuit.
Débarquant de la gare de la Mare d’eau, on trouve à l’orée de
la forêt, des semis par bandes bien réussis de pin d’Alep. Ils sont
contemporains de ceux du djebel Khaar et de Santa-Cruz, donc
dus aux compagnies de planteurs militaires, dont les logements
sont occupés par les gardes forestiers. Cette colonie forestière est
peu salubre et encaissée dans un trou privé d’eau. D’une ma-
nière générale, d’ailleurs, il n’est pas bon d’entourer de pins les
maisons forestières. Des myriades d’insectes s’y développent et,
parmi eux, sont souvent les anophèles qui propagent la malaria.
Ces pins de la Mare d’eau sont assez bien venants, mais trop
serrés dans le sillon. Ils portent de nombreuses bourses de pro-
cessionnaires. Le sous-bois, rare encore, est représenté par des
touffes très distantes de lentisques et d’oliviers. Par contre, le sol
est garni d’un tapis serré et continu d’Ægilops ovata, qui paraît
être une dure, pauvre et mauvaise graminée. C’est elle qui, évi-
demment, par le feutrage de ses racines et la bourre de ses chau-
mes, entrave toute velléité de régénération naturelle des pins et
des autres essences spontanées du pays. Autant, d’ailleurs, le pin
d'Alep envahit dans les sables de l’Agboub et les marno-calcaires
d’Ammi-Moussa, autant ici il se montre peu plastique et comme
dépaysé dans les terrains argileux et compacts. Il y a là une indi-
cation très nette de la nature dont on devra faire état dans les
travaux ultérieurs de reboisement.
Un temps de trot mène de la pineraie dans la partie de la forêt
connue sous le nom de «premier lot». Des coupes de détrapage avec
réserve d’oliviers ont, çà et là, singulièrement amaigri les peuple-
ments. Ceux-c1, abroutis à fond, ressemblent vaguement à un mau-
vais verger des Alpes de Savoie, verger sali par les berces et les
colchiques. Les berces sont ici remplacées par des fenouils, Ferula
communis L., dont les hampes florales, très hautes, sont utilisées
par les indigènes en guise d’amadou. Quant aux colehiques, ils
ont pour équivalents d’abondantes touffes de seilles et de mus-
caris. La végétation forestière n’est plus représentée que par des
134 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
oliviers distants, au pied desquels se traînent des buissons dé-
primés de lentisques. C’est en somme un pré-bois d’oliviers que
le parcours distend et que les délits d'extraction de souches ap-
pauvrissent tous les jours, mais pré-bois qui pourrait cependant
se refermer à la longue, le cycle évolutif allant de la rue aux caly-
cotomes et des calycotomes au lentisque et au philaria.
Ce qui rend encore plus frappante l’analogie de ces vides avec
les prés-bois bien connus de notre vieille France, ce sont les touffes
de Sumac thezera, jetées au milieu de la pelouse, un peu comme
l’épine blanche sur les prairies jurassiques. Et entre ces deux
végétaux primordiaux, qui rendent les mêmes services en des
lieux si divers, il y a ressemblance dans le port et similitude dans
la manière d’être, de vivre et de se multiplier. Ce Rhus penta-
phylla serait d’ailleurs beaucoup plus abondant et abrégerait
considérablement le eyele de restauration, si l’indigène ne s’in-
géniait à le détruire, non pour la teinture de sa racine, mais sim-
plement pour le charbon très prisé de sa souche.
Dans cette première forme émiettée et brisée de peuplements, -
il n’y a nécessairement plus de sous-bois, rien que quelques touffes
espacées de Auta chalepensis L. En revanche le sol est occupé
par des champs d’Avena sterilis et de Stipa tortilis L., à ce point
denses et fournis qu’on les croirait semés. Coupées sur le vert, ces
graminées pourraient rendre 1.800 à 2.000 kilos par hectare d’un
fourrage grossier.
En quittant ces exploitations désordonnées et en s’engageant
plus avant dans le massif, on retrouve l’image affaiblie de l’an-
cienne forêt, constituée principalement par l'olivier, le lentisque,
le philaria et le thuya. L’olivier est partout, mais à l’état dissé-
miné. Il forme ce que l’on peut appeler le squelette de la forêt
disséquée. Le lentisque l’accompagne et le protège dans son jeune
âge. Ce lentisque a sauvé le‘ boisement. Moins estimé que l'olivier,
le philaria et le sumace pour le charbon, presque dédaigné du bé-
tail, drageonnant avec une merveilleuse facilité, il subsiste ordi-
nairement à l’état de rapailles et de bas buissons. Or, partout où
le lentisque survit, la forêt algérienne palpite encore. I] lui suffit
d’un peu de repos pour repartir. Le thuya et le philaria sont moins
UN COIN DE L'ORANIE 135
abondants. Le premier ne se montre que sur les plateaux et les
lèvres des combes. Pour deviner le rôle qui lui était assigné dans
le passé et reconstituer le peuplement primitif, il faut interroger
le sol et les vieilles souches. La lumière se fait alors pleine et en-
tière dans l’esprit. Si cette essence a disparu, cela tient aux incen-
dies d’abord qui, à deux reprises, ont parcouru certaines parties
de la forêt, au pâturage ensuite qui s’exerçait et s’exerce encore
dans des peuplements non défensables.
Quant à la souille de remplissage, elle varie beaucoup d’un
point à un autre. C’est le nerprun faux olivier qui domine dans
les parties les moins dégradées. Les calycotomes et le jasmin carac-
térisent le maquis. La lande a enfin pour derniers représentants
les eistes et les lavandes. Chaque stade de régression abaisse la
taille du fourré, qui passe successivement, du niveau d’un taillis
de quatre à cinq ans, à celui d’une lande de buis.
La flore de ces broussailles est variée. Le Linum grandiflorum
Desf. fait éclater sur les pelouses ses grandes et magnifiques
fleurs rouges, aux pétales remplis d’une abondante matière tinc-
toriale. Le raide Statice Thouint Viv. forme tout à côté de nom-
breuses colonies.
Le Gladiolus byzantinus Müller, voisinant avec les touffes d’alfa,
égaie de ses hampes fournies le maquis de calycotomes et la lande
de cistes. L’Acanthus molle L. jalonne le fond des combes et
prête gratuitement à l’artiste le modèle de sa feuille si ornemen-
tale. Une belle immortelle, le Phagnalon rupestre D. C., abonde,
au printemps, dans les broussailles évidées, en compagnie des
Teucrium pseudo chamæpitys L., Lagurus ovatus. L., Anthyllis
tetraphylla L., ete. ete. La Centaurea involucrata Desf. est abon-
dante aussi dans les vides et les tranchées. Mauvaise fourragère,
ele mêle ses capitules jaunes à ceux plus petits et rouges du Car-
duus pycnocephalus L. Ce dernier, malgré ses piquants, constitue
une plante excessivement précieuse pour l'élevage. Tous les ani-
maux de la ferme le recherchent en vert et le broutent avide-
ment, de préférence même aux légumineuses et aux graminées.
Et, tandis que dans les parties nouvellement défrichées et enri-
chies par un humus abondant, le tapis végétal jaillit touffu et
136 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
élevé, dans les vides anciens, au contraire, l’appauvrissement du
sol se manifeste par la taille réduite des végétaux qui le couvrent.
Là se montrent de nombreuses légumineuses : des chenillettes
(Scorpiurus vermiculata L., Sc. sulcata L..), des gesses (Lathyrus
clymenus L., Lat. latifolius L.), des tétragonolobes (Tetragono-
lobus purpureus Mœnch.), et enfin de nombreuses luzernes. Par-
fois même, le fond de la pelouse est constitué par un petit plan-
tain, le Plantago lagopus L. qui, en raison de ses faibles dimen-
sions, n’est guère utilisé que par le mouton.
Un hectare de vides peut nourrir en moyenne deux vaches
pendant les cinq mois de la saison pluvieuse, soit de janvier à
mai. Cette possibilité devrait être réduite de moit'é pendant trois
mois et de moitié encore pendant le surplus de l’année, c’est-à-
dire pendant la saison sèche.
En résumé, les forêts des argiles du pliocène supérieur sont,
dans leur constitution dernière, des forêts à double étage. L’étage
inférieur est formé par une souille extrêmement dense de len-
tisque et de philaria, défendue elle-même par des buissons vulné-
rants de nerpruns faux oliviers et de calycotomes. Les smilax sont
rares et les berceaux sont surtout tressés par les clématites. L’é-
tage supérieur comprend exclusivement des thuyas et des oliviers.
Mais, tandis que l'olivier affect'onne les dépressions fraîches et
ne se rencontre sur les plateaux que sporadique et enfoui au sein
des cépées feuillues, le thuya, lui, couronne généralement les acel-
dents du terrain et forme des peuplements purs où s’égrènent
quelques philarias. Quant au sumac, il existe partout à l’état d’es-
sense de remplissage et caractérise une phase de transition entre
la forêt pleine et le maquis.
La dégradation des peuplements se fait de façon différente sul-
vant qu'intervient le pâturage ou l'incendie.
S'il y a seulement parcours abusif, la forêt se déchire en per-
dant ses philarias et ses thuyas, mais elle conserve en revanche
pendant fort longtemps ses lentisques. L'aspect est celui d’une
broussaille ouverte où abondent les calycotomes et les sumacs.
L'action noc:ve se prolongeant, l'olivier disparaît à son tour;
puis le maquis se creuse de plus en plus et tend finalement vers
UN COIN DE L'ORANIE 154
une lande de cistes, de jasmins, de lavandes multiflores et de
calycotomes.
Si, brochant sur le pâturage, l’incendie survient, la forêt fond,
disparaît en moins de dix ans. Le lentisque s’en va au premier
coup de feu,le thuya suit au second, et une lande gazonnée, claire-
ment garnie de calycotomes, succède brusquement à la broussaille.
Que faire pour restaurer de pareils peuplements, de-semblables
forêts? Il faut hardiment reconstituer la broussaille de lentisque.
Par elle, on retrouvera l’olivier et le thuya. Et le moyen le plus
simple pour y parvenir, moyen qui fera peut-être sourire, sera
tout uniment d'interdire la chasse dans les parties brûlées. C’est
alors, en effet, que pulluleront les perdrix et que, par elles, la mul-
tiplication du lentisque s’opérera facilement, naturellement et
sans frais. On pourra, au besoin, y aider par des semis d’aven-
ture, faits à pleines mains et à même sur le sol, aussitôt après la
tombée des premières pluies.
Mais, que l’on ne parle pas de greffage d’oliviers, de création
d’olivettes ! Ce serait la ruine définitive et irrémédiable du massif.
Réprimer avec la dernière énergie les déiits de pâturage et d’ex-
traction de souches, exécuter en quelques points des semis éco-
nomiques d’essences primordiales, laisser monter et s’étoffer
les oliviers et les thuyas dont les graines finiront par enrichir la
souille et resserrer la trame des peuplements, c’est là tout ce
qu’un forestier sage et prudent entreprendra pour l’heure dans
Mouley-Ismaël et dans les massifs voisins. [Il faut également s’abs-
tenir d’arracher la broussaille, soi-disant inutile, pour lui substi-
tuer à grands frais le pin d’Alep. Il y a suffisamment de vides où
cette essence peut être introduite pour qu’on respecte les pré-
sents de la nature. Ne détruisons done pas ce qu’elle a semé en
mère attentive et prodigue. Ne savons-nous pas que le maquis se
transforme en broussaille, puis la broussaille en forêt ?
(A suivre.)
BIBLIOGRAPHIE
EXPERIMENT STATION RECORD
L'alimentation rationnelle des enfants à partir de la naissance
jusqu’à l’âge de deux ans, par H. Kose (Rev. Soc. Sci. Hyg. Ali-
ment., 3 [1996], p. 363-442, avec 9 diagrammes).
Cet article est accompagné d’une bibliographie soignée.
L'alimentation rationnelle des enfants à partir de la naissance
jusqu’à l’âge de deux ans, par Micuez et Perrer (Rev. Soc. Scr.
Hygq. Aliment., 3 [1906], n° 3, p. 209-363, avec 9 diagrammes).
Même sujet avec documents puisés à d’autres sources.
Comment faut-il nourrir les petits enfants, par Sosxowska (Rev.
Soc. Sci. Aliment., 3 [1906], n° 3, p. 443-449).
Les œufs dans le régime alimentaire des enfants, par W.-J. Mr-
DELTON (Brid. ed Journ. [1907], n° 2422, p. 1302).
On recommande les œufs comme aliment de substitution du lait de la
mère.
L'alimentation des enfants des deux sexes dans la famille et
dans les établissements d'éducation, par P. LeGenpre (Rev.
Soc. Sci. Hyg. Aliment., 3 [1906], n° 3, p. 450-468).
La nourriture des fermiers et des ouvriers de ferme en Belgi-
que, par A. Loxay (Rev. Soc. Sci. Hyg. Aliment., 3 [1906], n° 2,
p. 70-83).
BIBLIOGRAPHIE 139
Les recherches de l'institut Solvay sur la nourriture des ou-
vriers belges, par P. HeGer, A. SLosse et E. WaxweLLer (Aev.
Soc. Sci. Hyg. Aliment., 3 [1906], n° 2, p. 1-33).
Notes sur l'alimentation des ouvriers au commencement du
vingtième siècle, par O. Piequer (/iev. Soc. Sci. Hyg. Aliment., 3
[1906], n° 2, p. 84-92).
Conditions économiques des ouvriers, par À. ImBerr (Rev. Soc.
Sci. Hyg. Aliment., 3 [1906], n° 2, p. 42-55),
L'alimentation irrationnelle et insuffisante des ouvriers pari-
siens et la nécessité de leçons sur l'alimentation dans toutes
les écoles, par L. Lanpouzy (Rev. Soc. Sci. Hyq. Aliment., 3
[1906], n° 2, p. 34-41, avec 4 tables).
La valeur d'énergie des aliments servis dans les laiteries et
autres restaurants, par J. Tmisor (/iev. Soc. Sci. Hyg. Aliment.,
3 [1906], n° 2, p. 56-69).
Rapport sur les rations de l’armée, par L. Perrier (Rev. Soc.
Sci. Hyg. Aliment., 3 [1906], n° 2, p. 469-493).
L'alimentation du soldat, par A. Drouineau (Rev. Soc. Sci. Hyg.
Aliment., 3 [1906], n° 3, p. 494-516).
Les pertes d'aliments dans l'armée et les moyens de les
empêcher, par A. Drouineau (Rev. Soc. Sci. Hyg. Aliment., 3
[1906], n° 3, p. 517-523).
Rations des casernes, par A. Morr-Weiss (Rev. Soc. Sci. Hyg.
Aliment., 3 [1906], n° 3, p. 524-535).
L'alimentation des marins marchands, par J.-P. Lanarois (Rev.
Soc. Sci. Hyg. Aliment., 3 [1906], n° 3, p. 536-569).
La nourriture des marins marchands de la France, par Tar-
TARIN (Rev. Soc. Sci. Hyq. Aliment., 3 [1906], n° 3, p. 570-573).
La bonne cuisine dans le désert, par FLORENGE-S.-GLEESON (Out-
look, 86 [1907], n° 4, p. 195-202, avec 15 figures).
140 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Production animale
Information concernant la nouvelle loi d’alimentation, par
J.-W. Carson et G.-S. Fraps (Texas Sta. Bul., 95, 24 pages).
Inspection des aliments (/Vew-York State Sta. Bul., 291, p. 323-
369).
Contrôle des aliments en 1906, par Weuxerr (Landiw. Wochenbl.
Schlesw.-Holst., 57 [1907], n° 38, p. 621-625).
Les éléments des cendres des aliments, par H. IxGce (Trans-
vaal Agr. Journ., 5 [1907], n° 19, p. 647-656).
La composition chimique des récoltes fourragères de Was-
hington. Analyses des grains et des aliments concentrés,
par R;-W. Taarcner (Washington Sta. Bul., 82, 32 pages).
Le trèfle doux comme plante de pâturage, par J.-E. Win
(Breeper’s Gas., 52 [1907], n° 9, p. 370).
Rapport de l'éleveur des animaux, par G.-E. Morrox (Wyoming
Sta. Rpt., 1907, p. 115-125).
Alimentation des bœufs du Tennessee en Géorgie. La per-
spective pour la production de bœuf en Géorgie, par C.-L.
WizcouGugy et P.-N. Fur (Georgia Sta. Bul., 36, 36 pages, avec
4 figures).
Alimentation des bœuîfs dans les conditions qui existent à
l’est de Washington, par E.-E. Errrorr et W.-A. LiNKLATER
(Washington Sta. Bul., 79, 19 pages, avec 4 figures).
Sur l'emploi du lait homogénisé pour l'alimentation des porcs
et des veaux, par G. Wicsporr (Deutsche Landiw. Presse, 34 [1907];
n° 44, p. 363-36/).
Expériences de rations avec des porcs, par G.-E. Morron (Wyo-
ming Sta. Bul., 74, 18 pages, avec 3 figures).
On donne les résultats de différents essais avec plusieurs sortes de nourri-
tures et les prix de ces nourritures pendant onze semaines.
BIBLIOGRAPHIE 141
Le blé et différentes améliorations dans la nourriture des
porcs, par A.-M. Souce, J.-R. Faix et M.-P. JaRNAGIN (Virginia
Sta. Bul., 167, p. 235-257, avec 5 figures).
Il ne faut pas nourrir les pores avec la farine de blé seule, mais il faut ajou-
ter d’autres choses contenant de la protéine, comme la recoupe, les graines
de lin, etc. On donne des résultats de plusieurs mélanges.
Récoltes fourragères pour les porcs en Kansas et en Okla-
homa, par C.-E. Quinn (U. S. Dept. Agr., Bur. Plant. indus. Bal.
111, pt. 4, 24 pages).
Le pâturage sur l’alfalfa est très recommandé pour les porcs. Le froment,
l'avoine et le seigle ont donné aussi de bons résultats. Un porc qui peut cou-
rir dans les champs ne sera pas si souvent malade qu’un autre enfermé dans
l’étable.
Des pommes de terre séchées sont une bonne nourriture pour
les chevaux, par E. Parow (Zeitschr. Spiritusindus., 30 [1907],
197 D: 309)
La chèvre, par J. GRerin (Paris, 1906, pages xvi-339, avec 14 plan-
ches et 1 figure).
L'industrie des chèvres à l’ouest de Washington, par D.-A.
Bropte (Washington Sta. Bul., 78, 23 pages, avec 1 planche et
4 figures).
Des chameaux pour le transport (/Vatal Agr. Journ. and. Min.
Rec., 10 [1907|, n° 6, p. 593-604).
Volaille de la ferme (Worth Carolina Sta. Bul., 195, 35 pages,
avec 26 figures).
Les poules qui ont mangé du seigle vert pondaient, en trois mois, 240 œufs,
tandis que les autres qui n’en avaient pas mangé ne donnaient que 177 œufs.
Méthodes perfectionnées pour l'élevage de la volaille, par
A.-W. Fozcex (Prov. Alberta Dept. Agr., Poultry Bul., 1, 62 pages,
avec 49 figures).
Expériences avec des autruches, |, par J.-E. DuerDen (Agr.
Journ. Cape of Good Hone, 30 [1907], n° 5, p. 668-670, avec 1 plan-
che).
142 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Lalterile — Agrotechnique
Exigences en protéine pour les vaches laitières, par A.-M.
SouLe, J.-R. Fain et M.-P. JaRNAGIN (Virginia Sta Bul., 169, p. 293-
3193, avec 8 figures).
L'augmentation de la quantité de substance sèche dans la
ration, par A.-G. Morsrin (Ber. Physiol. Lab.- u. Vers. Anst.
Landiw. Inst. Halle, 1907, n° 18, p. 42-95).
Pourvu que la ration nutritive soit maintenue, un changement graduel ou
subit dans la quantité de la matière sèche n’a pas d'influence ni sur la santé,
ni sur la production de lait.
Rapport des essais d'alimentation pour 1904-1907, par VAN DER
Zanve (Verslag. Ver. Exploit. Proefzuivelboerderti;, Hoorn, 1906,
p- 13-064).
On donne les résultats de ditférentes sortes d'alimentation avec plusieurs
aliments.
Rapport d'essais avec des aliments à Uithuizen, exécutés
en hiver 1906-1907, par C.-K. van Daaren (Cultura, 19 [1907|,
n° 230, p. 057-676).
Sur l'alimentation des vaches laitières, par O. Kerzner (MWitt.
Oekonom. Gesell. Sachsen, 1906-1907, p. 115-128).
Rapport de l’Institut agricole d’Alnarp, 1906 (Ber. Verks.
Alnarps Landtbr. Inst. och Mejerti Inst., 1906, p. 43-xxxxvi).
Vingtième rapport annuel de l’école de laiterie de Berne, à
Rütti-Zollikofen (Jahresber. Molk. Schule Rütti-Zollikofen, 20,
[1906-1907], 6r pages).
Crémerie coopérative de Hjedding, 1882-1907 (Mäülkeritid, 20
[1907], n° 23, p. 449-471 ; n° 25, p. 487-498, avec 11 figures et 4 dia-
gram mes).
Les associations d’éssai et d'amélioration des races, par N.
Haxssox (Nord. Mejeri Tidn., 22 [1907], n° 33, p. 387-389).
Rapport de l'Association d’éleveurs de la race suisse tache-
tée, par J. De Warrenwy., J. Kæprez et G. Lüray (Ann. Agr. Suisse,
8 [1907], n° 3, p. 113-161).
BIBLIOGRAPHIE 143
Observations sur la matière grasse du lait, par J.-H. EpeLmax
(Cultura, 19 [1907], n° 230, p. 685-689, avec 2 diagrammes).
La stérilisation du lait par la chaleur, par E. Konx-ABresr
(Rev. Soc. Sci. Hyg. Aliment., h [1907], n° 1, p. 25-34).
Effet du traitement du lait par le gaz acide carbonique sous
pression, par L.-L. van Siyke et A.-W. Bosworra (Vew-York
State Sta. Bul., 292, p. 371-384, avec 7 figures).
Lait carbonaté, par H. Hazz (Veiw-York State Sta. Bul., 292, popu-
lar ed., 4 pages avec 1 figure).
Rapport des expositions permanentes de beurre en Finlande
pour 1905, par A. Axpezin et G.-A. BREDENBERG (Landtbr. Styr.
Medudel., 54 [1907|, 28 pages).
Rapport annuel de la Station d'expériences pour la fabrica-
tion du fromage à Lodi, par C. Besana et autres (Ann. R. Staz.
Sper. Caseif. Lodi, 1906, 106 pages).
Études sur la fabrication rationnelle du fromage grana, par
C. Gorini (Rev. Gén. Lait, 6 [1907], n° 15, p. 337-345).
La maturité du fromage d’Edam (Verslag. Ver. Exploit. Proef-
suivelbroederij Hoorn, 1906, p. 76-82; Centrabl. Bakt., etc., » Aht.
19 [1907], n° 16-18, p. 526-5371, avec 1 figure).
Bacilles de la tuberculose et du typhus dans le kephir, par
C.-W. Brozrs et A. TEx Sanpe (Vederland Tijdschr.v. Geneesk., 50
[1906] 1, n° 25, p. 1854-1857; résumé dans Æyg. Rundschau, 17
[1907], n° 21, p. 1270-1277).
Les bacilles de la tuberculose ont résisté au procédé de fabrication du ke-
phir, tandis que les bacilles du typhus sont tous morts après quarante-huit
heures
Les machines à traire sont-elles pratiques ? par [. Lixpsrrôm
(Nord Mejeri Tidn., 22 [1907], n° 36, p. 424-425).
Explication des machines de la laiterie, par L. Marcas (Ann.
Gembloux, 179 [1907], n° 10, p. 546-567, avec 18 figures).
La mise en bouteilles des fruits à la maison (Dept. Agr. and
Techn. Instr. Ireland Journ., 8 [1907], n° 1, p. 21-25).
144 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Une théorie de l'extraction du sucre des massecui'es, par
N. Deerr (Hawaüan Sugar Planters’ Sta., Div. Agr. and Chem.
Bal., 20, 29 pages, avec 3 fiqures).
La préservation des sacs servant à contenir les superphos-
phates et le soufre (/ourn. Dept. Agr. West. Austr., 15 [1907],
n° 9, p. 702-703, avec 1 planche).
Distillation de la tourbe sur une échelle commerciale, par
R. Pique (Bul. Assoc, Chim. Sucr. et Distill., 24 [1907], n° r2,
p- 1730-1741).
Médecine vétérinaire
Résultats des recherches dans le domaine de la pathologie
générale et de l'anatomie pathologique, par O. Lusarscn et
R. OsrerraG(Ergeb. All. Path. Mensch.-u. Tiere, 10, Sup. 2 [1907],
pages xi1-9/9-1182).
Ce volume de supplément donne une revue de la littérature parue sur ce
sujet durant les années 1900-1905.
Immunité de la marmotte en hibernation pour les maladies
parasitaires, par R. BraxcaarD et M. Brain (Arch. Par., II, 1907,
n° 3, p. 301-378).
L’immunité est due à la température basse du corps.
Agglutination bactérienne avec des sérums normaux, par
E. Bürar (Arch. Hyg. 62 [1907], n° 3, p. 239-276).
Action antibactérienne de l'extrait des vers solitaires, par
C. Joyeux (Arch. Par., Il, 1907, n° 3, p. 4og-418, avec 2 planches).
Les vers solitaires et les bacilles peuvent exister ensemble dans le même
animal.
La production de leucotoxin, par Navez et ANTOINE (Ann. Méud.
Vét., 56 [1907], n° 8-9, p. 444-463).
Les Streptothrix en général, par R. Cam (Centralbl. Bakt.,
etc., [. Abt. Orig., 44 [1907], n° 3, p. 193-208, avec 4 planches).
On étudie les Streplothrix actinomyces, S. farciniea, S. violacea, ete. ; en
tout quarante et une espèces appartenant à ce genre.
BIBLIOGRAPHIE 145
Notes provenant de la pratique, par M. LeiBenGer (Wochenschr.
Tierheilk. u. Viehzucht, 51 [1907], n° 32, p. 621-626).
La gale sarcoptique est quérie par l’emploi d’une solution de 4 ©}, de
crésole.
Le guide vétérinaire du fermier (Kansas City, 1907, 168 pages).
On donne les symptômes et la marche des principales maladies des ani-
maux de la ferme et leur quérison.
Possibilités et limitations de la science vétérinaire, par
W.-T. Kenpazz (Journ. Dept. Agr. Victoria, 5 [1907], n° 8, p. 448-
hgo).
Importance de linspection vétérinaire.
Arthrite fermée, par Canéac(Journ. Méd. Vét.et Zootech., 58 [1907],
août, p. 451-471).
Le traitement de la boiterie, par GocpBeck (/l{lus. Landiw. Ztg,
27 [1907], n° 6o, p. 531-532, avec 5 figures).
Traitement de la tympanite aiguë, par E.-J. Dommernorn
(Tydschr. Veeartsenijk., 31, [1907], n° 10, p. 595-597).
Maladies des vaches qui sont transmissibles à l’homme, par
P. BerGës (Bol. Soc. Agr. Mexicana, 31 [1907], n° 38, p. 757-760).
Atténuation du bacille de l’anthrax, par H. Preisz (Centralbl.
Bakt., etc. I. Abt. Orig., 44 [1907], n° 3, p. 209-210).
Vaccination du bétail contre la tuberculose à travers le
canal alimentaire, par À. Cazmerre et C. Guérin (Ann. Inst. Pas-
teur, 21 [1907], n° 7, p. 525-532).
Nouvelles réactions à la tuberculine, par P. Rugay (Ann. Méd.
Vét., 56 [1907], n°° 8-9, p. 475-482).
Nouvelles méthodes pour reconnaître la tuberculose, par
G. Moussu (Bul. Mens. Soc. Cent. Agr. Hort. et Acclim. Nice, 47
[1907], n° 8, p. 222-227).
La nature tuberculeuse de l’entérite diffuse hypertrophique
du bétail, par E. Liévaux (Ann. Méd. Vét., 56 [1907], n°° 8-9, p. 433-
443).
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 1 10
146 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Hématozoaire du bétail en Indo-Chine, par H. Scnein (Ann.
Inst. Pasteur, 21 [1907], n° 8, p. 659-665, avec 1 planche).
On a trouvé un grand Trypanosome ressemblant au 7’. transvaaliense.
La Souma ou trypanosomiase du Soudan français, par G. Bour-
FARD (Ann. Inst. Pasteur, 21 [1907], n° 7, p. 587-592).
Le rôle de la rate dans la trypanosomiase, par A.-L. Laveran
et A. Taisoux (Ann. Inst. Pasteur, 21 [1907], n° 8, p. 593-6712).
Quelques formes de spirochetose trouvées chez les animaux
dans les Indes, par A. LinGarD (Journ. Trop. Vét. Scr., 2 [1907],
n° 3, p. 201-286, avec 3 planches).
Septicémie hémorragique du bétail et ses relations avec la
vaccination préventive, par F.-S.-H. Barprey (Journ. Trop. Vét.
Scz., 2 F1907], n° 3, p. 287-309, avec 6 planches).
Fièvre du Texas ou fièvre des tiques, par C.-A. Carey (Alabama
Col. Sta. Bul., 141, p. 109-168, avec 9 figures).
Maladie de Jhone, par R. Pane (Agr. Journ. Cape of Good Hope,
31 [1907], n° 2, p. 160-162).
La vaccination des cowpox comme protection contre la
fièvre aphteuse (Wochenschr. Tierheilk. u. Viehgucht., 51 [1907],
n° 39, p. 761-763).
Une fausse fièvre aphteuse, par L. Kanrorowicz (Zeitschr.
Infektionskrankh. u. Hyg. Haustiere, 2 [1907], n° 6, p. 550-555).
Piroplasmose du bétail à Tashkend et dans le Turkestan
russe, par |. Kowazewskr (Journ. Méd. Vét. et Zootechn., 58
[1907], juin, p. 330-345).
Expériences avec du sérum contre la fièvre de la côte de
l'Est, par A. Tueizer (Journ. Trop. Vét. Sci, 2 [1907], n° 3,
p- 249-260).
Rapport préliminaire sur la prétendue maladie raide ou
maladie des trois jours du bétail, en Rhodesia (Journ. Compar.
Path. and Ther., 20 [1907], n° 2, p. 104-113, avec 2 figures et
4 cartes).
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Rec., 20 [1907], n° 999, p. 141-142).
Rétention des arrière-faix, par H. HorrerBacx (Deut. Tierärzstl.
Wochenschr., 15 [1907], n° 26, p. 365-368).
L'organisme de la dysenterie du veau et la coli-bacillose,
par G. Neumann (Centralbl. Bakt., etc., I. Abt., Orig. 44 [1907],
n° 3, p. 213-223).
Reins à taches blanches chez les veaux, par V. Farcy (Ann.
Méd. Vét., 56 [1907], n°% 8-9, p. 463-468, avec 1 planche).
Cæœnurus serialis trouvé chez deux chèvres, dans les Indes,
par S.-H. Gaicer (Journ. Trop. Vét. Sci., 2 [1907], n° 3, p. 316-321,
avec 9 planches et 4 figures).
L’étiologie de la peste des porcs et le choléra des pores,
par R. OsrerrTaG et A. SrraDie (Zeitschr. Infektionskrankh.u. Hyg.
Haustiere, 2 [1907], n° 6, p. 425-458).
Peste des porcs et choléra des porcs, par E. Acosra et J.-N. DA-
vaLOs (An. Acad. Cien. Habana, 39 [1902-1903], p. 110-117).
Inspection des trichines dans les différents États de l'empire
allemand, par Rusr (Zettschr. Fleisch- u. Milchhyg., 17 [1907],
n° 12, p. 410-423).
Lésions pulmonaires produites par des Sirongylidæ, par
A. Sanricomr (Arch. Par., Il [1907], n° 4, p. 621-641, avec 9 figures).
Lésions causées par des moraines et des Spiroptera dans
l'estomac du cheval, par G. Perir et R. Germain (Bul. Soc. Cent.
Méd. Vét., 84 [1907], n° 16, p. 405-417, avec 4 figures).
Adénoma vermineux dans l'estomac du cheval, par G. Penr
et R. Germain (Bul. Soc. Cent. Méd. Vét., 84 [1907], n° 18, p. 421-
427, avec 2 figures).
Dans quelques cas, l’adénoma est causé par la présence du Stronquylus
) !
aæet dans les parois de l’estomac.
La méthode de Pirquet dans la diagnose de la morve che-
valine et humaine, par H. Marrez (Bul. Soc. Cent. Méd. Vét.,
84 [1907], n° 16, p. 381-397, avec 9 figures).
148 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Interprétation de la réaction de la malléine, par R. Racca
(Clin. Vét., Milan, 30 [1907], n° 38, p. 617-6ar).
Myélite infectieuse chez le cheval, par J. Varrm (Deut. Landw.
Presse, 34 [1907], n° 73, p. 585-586).
Un enzootique de la cataracte chez les chevaux, par C. Cuny
(Journ. Méd. Vét. et Zootech., 58 [1907], n° 5, p. 471-478).
Le traitement de la dourine, par V.-L. Yakimow (Arch. Vét.
Nauk., Saint-Pétersbourg, 37 [1907|, n° 5, p. 413-432).
La dourine dans le dépôt de remonte à Constantine, par
Moxop (Bul. Soc. Cent. Méd. Vét., 84 [1907], n° 448-455).
Réceptivité du chien indien pour la dourine, par H.-T. Prase
(Journ. Trop. Vét. Sci., 2 [1907], n° 8, 310-315).
Glycosurie après la mort chez les lapins morts de la rage,
par S.-A. Gryuxer (Arch. Vét. Nauk., Saint-Pétersbourg, 37 [1907],
n° 5, p. 432-447).
La vérole des poules, par H.-V. Hawxixs (Journ. Dept. Agr.
Victoria, 5 [1907], n° 7, p. 389-390, avec 1 figure).
Diphtérie des oiseaux de basse-cour, par Borper (Ann. Méd.
Vét., 56 [1907], n° 8-9, p. 494-498).
Un cas de mycose chez un oiseau, par S. Bonaxsea (WMem. y
Rev. Soc. Cient. Anronio ALzATE, 24 [1907], n° 10, p. 397-4ot).
Fasciola hepatica dans le parenchyme du foie, par K. Wozrr-
uüGez (Zeischr. Infektionskrankh. u. Hyq. Haustiere, 2 [1907],
n° 6, p. 546-549).
La distribution de la peste, par C. Tirasoscni (Arch. Par., Il
[1907], n° 4, p. 545-620).
Ce sont surtout les rats, les souris et les puces qui répandent la peste.
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mission des bactéries pathogènes, par M. WeiNBEerG (Ann.
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La plupart des vers parasitaires favorisent la pénétration des bactéries dans
les parois intestinales.
Empoisonnement des animaux, par E.-J. Dommernorn (7iydschr.
Veeartseniyk., 34 [1907], n° 12, p. 717-731).
Empoisonnement du bétail par l’Heracleum Sphondylium,
par T. Biecer (Chron. Agr. Vaud., 20 [1907], n° 18, p. 428-434).
Les pieds d’alouettes (Delphinium) comme plantes véné-
neuses, par A.-C. CrawrorD (U. S. Dept. Agr., Bur. Plant Indus.,
Bul. 111, Pt. 1, p. 1-12, avec 1 planche).
Expériences avec l'inhalation de solutions atomisées, par
A. Freunp (Berlin, Tterärztl. Wochenschr., 1907, n° 31, p. 575-
580, avec 2 fiqures).
Radioscopie de lésions pulmonaires chez le cheval, par
H. Marrez (Bul. Soc. Centr. Méd. Vét., 84 [1907], n° 16, p. 398-
hok, avec 7 figures).
L'emploi des glandes suprarénales dans l'épreuve physiolo-
gique des plantes médicinales, par A.-C. CrawrorD (U. S.
Dept. Agr. Bur. Plant. Indus., Bul. 112, 32 pages).
Machines rurales
La garniture des fossés et des réservoirs pour empêcher
des pertes, par E. Mean et B.-A. Ercueverry (California Sta. Bul.,
188, p. 385-420, avec 15 figures).
On a pourvu les fossés de différentes garnitures pour empêcher l’eau
d'entrer dans la terre; on donne les frais des différentes garnitures et les
avantages.
Sur l'irrigation artificielle des récoltes, par [. Srrezsev (Vyedom
Selsk. Khoz. Promuish., 1905, n°5 41, 43 ; résumé dans Zhur.
Opuiln. Agron. |Russ. Journ. Expt. Landw.], 8 [1907], n° x,
p- 78).
150 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Pays marécageux et couverts d’eau dans les États-Unis,
par J.-0. WriGar (U. S. Dept. Agr., Office Expt. Stas., Cire. 76,
23 pages avec 1 planche).
Battage par l'électricité, par G. Goupan et Vuaircer (Bul. Soc.
Nat. Agr. France, 67 [1907], n° 7, p. 637-642; résumé dans Zev.
Gén. Agron., n. sér., 2 [1907], n° 9, p. 360-361).
Économie rurale
La dépopulation rurale augmente-t-elle ? (Braunschiweig Landuw.
Zig, 75 [1907], n° 33, p. 145-146).
La question agraire en Irlande au commencement du ving-
tième siècle (Paris, 1900, 472 pages, résumé dans Polit. Sct.
Quart., 22 [1907], n° 3, p. 524-526).
La propriété terrienne en Russie, par K. Rapx (Écon. Européen,
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La condition de la petite agriculture en Russie, par A. von
Vizxorr (/naug. Diss., Univ. Berlin, 85 pages).
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Une nouvelle application de la coopération productive en
agriculture, par J. Hrniër (Rev. Écon. Polit., 21 [1907], n° 3,
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Coopération agricole dans le nord de l’Europe (Agr. Mod., 13
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Les besoins financiers du fermier au Cap, par P.-J. Haxwox
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Californie : ressources et possibilités, par N.-P. Cnipman et
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Exportations de produits agricoles et forestiers, 1904-1900
(U. S. Dept. Agr., Bur. Statis., Bul. 53, 68 pages).
Commerce avec les États non contigus en produits agricoles
et forestiers, 1904-1906 (U. S. Dept. Agr., Bur. Statis., Bul. 54,
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Agriculture pour les écoles supérieures, par G.-F. Warren
(Corneil Countryman, 5 [1907], n° 1, p. 5-8).
L'École royale supérieure d'agriculture de Portici : passé et
présent, 1872-1906 (La. À. Scuola Superiore di Agricoltura in
Portici nel passate et nel presente, 1872-1906, Portici, 1906, 331
pages, avec 16 planches, 1 carte, 55 fiqures et 30 diagrammes).
Les problèmes de sylviculture dans les écoles publiques,
par B. Smimer (Proc. Iowa Park and Forestry Assoc., 6 [1906],
p- 73-84).
L'éducation du jardinier ; du cottage et du jardinier-maraît-
cher, par T.-S. Drmonn (Journ. Roy. Hort. Soc., Londres, 32
[1907], p. 113-122, avec 5 figures).
152 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Cours de l'étude de la nature à la maison, par Anna-B. Coms-
rock (Cornell Univ., State Col. Agr., n. sér., 3 [1907], n° 1, 39 pages,
avec 20 figures).
Éducation technique pour les femmes et les jeunes filles à
la maison et au dehors (Londres [1907], 64 pages).
L'école d'économie domestique agricole à Alsey, par F. Ryz-
GER (Ann. Gembloux, 17 [1907], n° 9, p. 497-502).
Rapport de la Société des classes industrielles du Sud,
Norfolk, Va., Octobre 1907 (Zrustees John F. Slater Fund
Occas. Papers, n° 12, 24 pages).
Miscellanées
17° rapport annuel de la station de Wyoming, 1907 (Wyo-
ming Sta. Rpt., 1907, 143 pages).
Travail de la station d'expérience XLIII (U. S. Dept. Agr.
Farmer's Bul., 309, 32 pages).
Rapport sur le travail de la station d'expérience agricole
de l’Université d’Iéna, pour 1906 (Ber. Landiw. Versuchsstat.
Univ. lena, 1906, 20 pages).
Annuaire de l'Association agricole allemande, 14907 (Jahrb.
Deut. Landw. Gesell., 22 [1907], n° 2, p. 243-433).
Rapport des mesures publiques du progrès de l’agriculture
pour 1906 (Aarsber. Offentl. Foranst. Landbr. Fremme, 1906,
p- Lxvu-699, avec 13 figures).
Rapport du département d'agriculture de la Suède, 1905
(Æ. Landtbr. Styr. Underdäniqa Ber. [1905], p. 452-vr).
Rapport du département agricole de la Finlande, 1904
(Landtbr. Styr. Meddel., 53 [1906|, 211 pages).
BIBLIOGRAPHIE 153
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Chimle agricole
Chaleur d’évaporation de l’eau, par A.-W. Surra (Phys. Rev., 25
[1907], n° 3, p. 145-150, avec 3 fiqures).
La synthèse quantitative du nitrate d'argent et les poids
atomiques de l'azote et de l'argent, par T.-W. Ricaarps et
G.-S. Forges (Carnegie Inst. Washington, Pub. 69, p. 47-65, avec
2 figures; Chem. News, 96 [1907], n° 2498, p. 180-183, avec
1 figure, n° 2499, p. 190-193, avec 1 figure).
Une revision du poids atomique du potassium, par T.-W. Ri-
CHARDS, À. STAEHLER et E. Muezcer (Carnegie Inst. Washington,
Pub. 69, p. 7-44; Chem. News, 96 [1907], n° 2494, p. 133-136;
n° 2495, p. 145-148 ; n° 2496, p. 156-159; n° 2497, p. 170-172).
Méthodes pour mesurer vite le carbone et l'hydrogène dans
les substances organiques, par P. Brereau et H. Leroux (Journ.
Pharm. et Chim., 6° sér., 26 [1907], n° 9, p. 385-392, avec 2 figures).
Hydrolyse de l’excelsine, par T.-B. Osporne et S.-H. Crarr
(Amer. Journ. Physiol., 19 [1907], n° 1, p. 53-60, avec 1 planche).
Hydrolyse de l’hordéine, par T.-B. OsBorne et S.-H. CLapP (Amer.
Journ. Physiol., 19 [1907], n° 1, p. 117-124).
Hydrolyse de la légumine provenant des pois, par T.-B. Os-
BORNE €t S.-H. Ccarr (Journ. Biol. Chem., 3 [1907], n° 3, p. 219-
225).
Les protéines des pois, par T.-B. OsBorxe et I.-L. Harris (Journ.
Biol. Chem., 3 [1907], p. 213-217).
Analyse de la viande sous la loi allemande du 30 mai 1902,
par E. Sazkowskr (Arch. Physiol. [PrLueGer|, 118 [1907], n° 5-7,
p. 322-3206).
L'identification de la protéine par les méthodes biologiques
dans l'inspection des saucisses, par G. Porr (Zertschr. Unter-
such. Nahr.- u. Genussmtl, 14 [1907], n°% 1-2, p. 33-35).
154 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Le progrès de la chimie des graisses culinaires, par W. Ar-
NoLD (Zettschr. Untersuch. Nahr.- u. Genussmitl, 14 [1907], n°5 1-»,
P- 90-117, avec 1 fiqure).
Le taux de tristéarine du suif de bœuf et du suif de mou-
ton, par À. Bümer (Zertschr. Untersuch. Nahr.- u. Genussmitl, 14
[1907], n°% 1-2, p. 90-117, avec une figure).
Recherches sur des graisses étrangères dans le lard, par
A. Leys (Journ. Pharm. et Chim., 6° sér., 26 [1907], p. 289-300).
Notes sur la détermination de la fibre crue, par J.-P. SrREET
et W.-P. AzLen (Vew Jersey Stas. Rpt., 1906, p. 65-67).
Les produits du sarrasin. Types proposés de composition,
par J.-P. Srreer (Vew Jersey Stas. Rpt., 1906, p. 67-70).
Les hydrates de carbone de la pulpe de la betterave à
sucre, par J.-P. Srreer (Vew Jersey Stas. Rpt., 1906, p. 39-65).
Les dernières recherches au sujet de l’amidon (Pure Pro-
ducts, 3 [1907], n° 7, p. 304-308).
Dosage rapide de l’eau dans les produits des sucreries,
comme les sirops, massecuites, etc., par H. Main (/nternat.
Sugar Journ., 9 [1907], n° 106, p. 481-487).
Dosage du sucre dans les cossettes de betteraves, par
J.-G. Scoginski (Zeitschr. Ver. Deut. Zuckerindus., 1907, n° 620,
Il, p. 869-893, avec 1 figure).
Les caractéristiques de l'extrait de vin comme un moyen
pour juger les vins, par O. Kru@ (Zeitschr. Untersuch. Nahr.- u.
Genussmtl, 14 [1907], n° 1-2, p. 117-120).
Vinaigre et essence de vinaigre, par T.-W. Fresenius (Zettschr.
Untersuch. Nahr.- u. Genussmtl, 14 [1907], n° 1-2, p. 199-203).
L'acide formique comme préservatif, par B.-H. Smirm (Journ.
Amer. Chem. Soc., 29 [1907], n° 8, p. 1236-1241).
L’acide formique est moins bon comme préservatif que l’acide benzoïque
ou l’acide salicylique.
BIBLIOGRAPHIE 155
Contribution à la détermination de la potasse par la mé-
thode du perchlorate dans les engrais, les sols, le fumier,
les récoltes, etc., par V. Scnenke et P. KruesGer (Landiw. Vers.
Stat., 67 [1907], n°% 3-4, p. 145-156; résumé dans : Chem. Zen-
tralbl. [1905], Il, n° 21, p. 17959; Chem. Ztq, 31 [1907], n° 93, Ré-
pert. n° 85, p. 577-578 ; Journ. Chem. Soc. [Londres], 92 [1907],
n° 541, Il, p. 910).
La méthode du perchlorate a donné d’excellents résultats quand on écarte
les acides phosphoriques et sulfuriques, les sels d’ammonium et lacide hydro-
chlorique.
La découverte de la tourbe dans les engrais commerciaux,
par J.-P. S:rEET (Vew Jersey Stas. Rpt., 1906, p. 34-36).
Détermination qualitative et quantitative de l'acide nitrique
dans l’eau et dans les eaux d’égout, par H. Kiur (Apofth.
Ztg, 22 [1907], n° 83, p. 898-899; résumé dans Chem. Zentralbl.,
EOOP MS r; pr708):
Pour la découverte qualitative l’auteur recommande la brucine plutôt que
la diphénylamine.
Pour la détermination quantitative, la méthode de Schulze-Thiemann est la
meilleure, avec la méthode d’Ulsch en seconde place.
Analyse des sols fondée sur la détermination de la solubi-
lité comme base pour juger les sols, par A. Rinpezr (Résumé
dans Chem. Zentralbl. [1907], If, n° 17, p. 1 443).
La détermination de la chaux caustique par l'emploi d’une
solution de sucre, par J. Henprick (Analyst, 32 [1907], n° 378,
p- 320-325; résumé dans Journ. Soc. Chem. Indus., 26 [1907], n° 19,
p- 1067).
Détermination de l’oxyde de carbone dans l'air atmosphé-
rique, par J.-L.-R. MorGax et J.-E. Mc Wuorrer (Journ. Amer.
Chem. Soc., 26 [1907], n° 11, p. 1589-1992; résumé dans Journ.
Soc. Chem. Indus., 26 [1907], n° 23, p. 1251).
Méthodes internationales pour l'analyse des engrais, ali-
ments et produits agricoles (Bu/. Mens. Renseign. Agr. | Paris|,
6 [1907], n° 4, p. 457-474; Ann. Chim. Analyt., 12 [1907|, n° 9,
p- 399-365 ; n° 10, p. 4oo-409 ; n° 11, p. 435-442).
Méthodes officielles pour l'analyse des sucres, sirops et de
la confiserie (Betterave, 17 [1907], n° 436, p. 382-38/).
156 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Un nouvel appareil de distillation avec l'air froid pour les
dosages de l'azote, par J. Scamipr ((Æsterreich. Chem. Zlg, 10
[1907], n° 19, p. 266-267, avec 2 figures ; Zeitschr. Angew. Chem.,
20 [1907], n° 47, p. 2027, 2028, avec 2 fiqures).
Météorologie — Eau
Rapport du chef du bureau météorologique, 1905-1906 (//.
S. Dept. Agr., Weather Bur. Rpt., 1905-1906, xx-405).
Observations météorologiques, par J.-E. Osrranper et T.-A. Barry
(Massachusetts Sta. Met. Buls., 227-228, 4 pages chaque).
Le temps en 1906, par F. Wackerzey (MWidland Agr. and Dairy
Col. Rpts. Expts Crops and Stock, 1906-1907, p. 131-134, avec
1 carte).
Observations météorologiques pour l’année 1906, à la station
d'expérience agricole de Ploti, par M. Bouraroviren (Gho-
dichnuit Otchet Ploty. Selsk. Khos. Opuitn. Stantst, 12 [1906],
p- 1-34, 229-234).
Observations météorologiques, par W. Fawcerr (Ann. Rpt. Pub.
Gard. and Plantations Jamaica, 1907, p. 28-29).
Observations météorologiques, par A.-W. Barrzerr (Apt. Bot.
Gard Brit. Guiana, 1906-1907, p. 23-29).
L'influence des forêts sur la vitesse du vent, par J. Murar
(Résumé dans Scrence, n. sér., 26 [1907], n° 668, p. 518; Ctel et
Terre, 28 [1907], n° 10, p. 252-253; Rev. Gén. UE, n. Sér., 2
[1907], n°% 7-8, p. 296-297).
La forêt peut diminuer la vitesse du: vent, mais, après 500 mètres, le vent
est de la même vitesse qu'avant d’entrer dans la forêt.
Précipitations atmosphériques dans le marais de Letzlin-
gen, par J. Scauserr (Zeitschr. Forst- u. Jagdiw., 39 [1907], n° 8,
p. 509-513, avec 1 figure ; résumé dans Scrence, n. sér., 26 [1907],
n° 668, p. 517).
Sur dix-sept stations, soit en plein massif, soit sur les bords de la forêt,
soit en plein champ, les stations pluviométriques en plein bois ont accusé la
plus forte lame d'eau de 1901 à 1905, et les stations hors bois la plus faible.
La différence moyenne est de 5,5 °/,.
BIBLIOGRAPHIE 157
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Dept. Int., Weather Bur., 1907, 32 pages).
Distribution de la pluie aux îles Barbades, par J.-P. d’Arsu-
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par J.-R. Surron (Scr., Proc. Roy. Dublin Soc., 1 [1907], n° 13,
p- 137-178, avec 1 planche).
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États-Unis, 1906 (U. S. Geol. Survey, Water Supply and Irriq.
Papers, n° 207, p. v-94, avec 4 planches et 7 fiqures ; n° 208, p. vi-
190, avec 9 planches et » figures ; n° 209, p. 1v-79, avec 2 planches
et 2 figures ; n° 210, 114 pages, avec 2 planches et 2 fiqures).
La géologie et les ressources d’eau du bassin de Boghorn,
Wyoming, par C.-A. Fismer (U. S. Geol. Survey Prof. Paper,
n° 53, pages vi-72, avec 16 planches et 1 figure).
Les eaux souterraines, par P. Ororzxi (7rudui Opuitn. Lyesn.,
1906, n° 4, résumé dans Zhur. Opuitn. Agron. | Russ. Journ. Expt.
Landw.], 8 [1907], n° 3, p. 339-341).
D’après des observations faites pendant plusieurs années en Russie, on a
trouvé que la surface des eaux souterraines était plus basse dans les forêts
que dans le pays ouvert. Cet abaissement de la surface est dû à la transpi-
ration active de la végétation forestière.
L'utilité des recherches hydrologiques au point de vue
agricole, par R. d’Axprimonr (Journ. Soc. Centr. Agr. Belq., 54
[1907], n°% 9-10, p. 243-261, avec 12 figures).
Recherches sur l'eau, par A.-J.-J. Vanxpevezne (Extrait du Bul.
Serv. Surveill. Fabric. et Com. Denrées Aliment. [1907], p. 8-16).
Nouvel appareil pour la stérilisation de l’eau potable par
la chaleur (Engin. News, 58 [1907], p. 457-460, avec 10 figures).
La glace fabriquée, par H.-B. Merox (Bur. of the Census (U. S.),
Bul. 83, p. 43-61, avec 1 carte).
Évacuation des eaux d’égout à la campagne, par SOMMERVILLE
(Country Life [Londres], 22 [1907], n° 565, p. 628-629).
158 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Sols — Engrais
Le sol, par J. Dumonr (La Terre arable, Paris, 1907, p. xu-295, avec
20 figures; résumé dans Rev. Gén. Sci, 18 [1907], n° 17, p. 728-
729).
Un volume de l£ncyclopédie de l'agriculture et des sciences agricoles qui
traite de la formation et de la constitution du sol.
Sur l'importance pratique de l'analyse chimique des sols,
par À. von ’SiGmonp (Zeitschr. Landw. Versuchsw. Œsterr., 10
[1907], n° 7, p. 581-603, avec 1 figure; résumé dans Chem. Zen-
tralbl., 1907, II, n° 8, p. 633).
L'auteur dit qu'il faut analyser les sols pour voir s’il faut employer des
engrais phosphatiques ou non, car un sol qui contient 0,7 à 0,8 d’acide phos-
phorique assimilable ou plus par 1.000 grammes de sol n’a pas besoin d’en-
grais phosphatiques.
Les sols agricoles du territoire de Grotte di Castro, par
D. Orzi(Jior. Geol. Prat., h [1906], n°5 2-3, p. 49-93, avec 1 planche;
n° 6, p. 197-240; n° 5 [1907], n° 1, p. 27-32; n°% 2-3, p. 64-98,
avec 2 cartes).
Examens des sols de l'Afrique orientale allemande, par V. Low-
MEL (Ber. Land.- u. Forstw. Deutsch-Ostafrika, 3 [1907], n° 3,
p- 139-142).
Sur certains procédés physico-chimiques dans la formation
des sols, par Rouranp (Landiw. Jahrb., 36 [1907], n° 3, p. 473-
483 ; résumé dans Chem. Zentralbl., 1907, I, n° 6, p. 724).
Sur la distribution de la nourriture des plantes dans le
particules du sol de différentes grandeurs, par PUCGHENER
(Landw. Versuchs-Stat., 66 [1907], n° 6, p. 463-470; résumé dans
Chem. Ztq, 31 [1907], n° 58, Répert., n° 53, p. 350).
Influence de la jachère sur l’humidité du sol, par G. Nazarov
(Selsk. Khoz. t Lyesov, 1909, n° 12; résumé dans Zur. Opuiln.
Agron. [Russ. Journ. Expt. Landw.], 8 [1907], n° 1, p. 82).
BIBLIOGRAPHIE 159
Recherches sur les sols en jachère, par W. KruEGER et B. Heinze
(Landw. Jahrb., 36 [1907], n° 3, p. 383-423, avec une planche).
Il y a une augmentation considérable de composés azotés solubles dans
l’eau, surtout de nitrates dans le sol en jachère. Les organismes qui croissent
sur la gélatine étaient plus nombreux dans le sol en jachère que dans les
autres.
Certains éléments organiques des sols en relation avec la
fertilité du sol, par O. Scnrener, H.-S. R£ep et J.-J. SkINNER
(U. S. Dept. Agr., Bur. Soils, Bul. 47, 52 pages, avec 6 planches).
C’est un long article intéressant sur les différentes matières toxiques qui se
forment dans le sol provenant souvent d’excrétion des plantes, et sur les ma-
nières pour les combattre.
Sur les acides humiques, par A.-J. van ScnermB8Ecxk (Journ. Prakt.
Chem., n. sér., 95 [1907], n° 10-11, p. 517-525 ; résumé dans Chem.
Zentralbl. 1907], I, n° 8, p. 624).
On donne des moyens pour juger le danger causé par les acides humiques
et les moyens pour neutraliser un sol trop acide.
Facteurs chimiques et bactériologiques dans l’ammonifica-
tion de l'azote du sol, par J.-G. Lirman (Ve Jersey. Stas. Rpt.,
1906, p. 119-187).
Pertes d’ammoniaque dans les solutions de culture, par
J.-G. Lipman et P.-E. Bsowx (Journ. Amer. Chem. Soc., 29 [1907],
n° 9, p. 1398-1362).
Dans des solutions stérilisées de la culture d’Omeliansky on a observé de
grandes pertes résultant de la stérilisation et aussi quand on tenait la solution
dans l’incubateur à une température de 28° C.
Études sur la nitrification du sol en Égypte, par R. Rocur
(Bul. Assoc. Chim. Sucr. et Distill., 24 [1907], n° 12, 1699-1701;
Bul. Inst. Égyptien, 5° sér., I [1907|, n° 1, p. 107-113; résumé
dans Journ. Chem. Soc. [Londres], 92 [1907], n° 538, II, p. 643;
Journ. Soc. Chem. Indus., 26 [1907], n° 16, p. 936).
La proportion d’azote nitrique dans les sols égyptiens est très petite.
L'absence de nitrification dan; les sols forestiers, par L. (tRan-
DEAU (Journ. Agr. Prat., n. sér., 18 [1907], n° 21, p. 645-646).
Il n’y a pas de nitrification dans ces sols.
160 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Sur les bactéries fixant l'azote, par F. Lüamis et N.-K. Pirzar
(Centralbl. Bakt., etc., 2, Abt., 19 [1907], n°% 1-3, p. 87-96, avec
1 planche).
On donne la description détaillée de deux nouvelles espèces : Bacillus ma-
labarensis et Bacterium tartaricum. — Voir l’ouvrage précédent (£. S. R.,
17, P. 447).
L'inoculation des semences des légumineuses par les méthodes
de Hiltner et Moore, par M. Eickemeyer (FueuuiG’s Landw.
Ztg., 56 [1907], n° 10, p. 356-358; résumé dans Centralbl. Bakt.,
etc., 2, Abt., 20 [1907], n° 6-7, p. 169).
Expériences avec la nitragine, par C. Macias (Com. Par. Agr.
Mexico, Circ. 62, 4 pages avec 8 planches).
L'influence des engrais minéraux sur la fixation de l'azote
par des organismes inférieurs dans le sol, par H. Wicrartx
et G. Wimmer (Landiw. Vers. Stat., 67 [1907], n°5 1-2, p. 27-50;
résumé dans Chem. Zentralbl. [1907], Il, n° 15, p. 1264; Chem.
A6s.[1907|; "1, n°22, p. 2810).
Le sable pur ne fixe pas d’azote libre quand il n’y a pas d’acide phospho-
rique. Cependant, quand on ajoutait de l’acide phosphorique, il y avait une
fixation considérable d'azote.
Sur l’action de certaines substances vénéneuses sur la flore
bactérienne des sols, par M. Evckenwever (Wiener Landuw.
Ztg., 57 [1907], n° 64, p. 660).
Nancy, imprimerie Berger-Levrault ét Cie
CONTRIBUTION
A
L'ÉTUDE DES PRODUITS VOLATILS
DANS LA FERMENTATION ALCOOLIQUE
Deuxième Mémoire
Par E. KAYSER et À. DEMOLON
Dans un premier mémoire (1), nous avons montré que le séjour
des vins sur lies en large contact avec l’air était accompagné de
phénomènes d’oxydation particulièrement intenses. Nous avons
constaté que la levure, une fois la fermentation terminée, se com-
portait comme un agent actif d’aldéhydification de l’alcool. Ces
résultats ont été confirmés bientôt après par MM. Trillat et Sau-
ton, à qui on doit une étude très complète du rôle de l’aldéhyde
acétique dans les vins (2). Les expériences que nous exposons
ci-après nous ont permis d’en déterminer la signification physio-
logique. Dans ce but, nous avons toujours étudié globalement et
parallèlement les constituants principaux des liquides fermentés.
La résultante observée est sans doute d’une interprétation diffi-
cile, mais elle a l'avantage d’être adéquate au phénomène com-
plexe qu'est une fermentation. La portée pratique apparaît en
outre plus directe : nous avons, en effet, dosé en même temps que
les aldéhydes les autres produits volatils intervenant dans le bou-,
quet des eaux-de-vie, et nous avons essayé de saisir, quand la chose
était possible, la loi de leurs variations. Nos conclusions intéres-
(1) Ann. de la Science agron., 1907.
(2) Ann. Inst. Pasteur, 1908.
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 17 11
162 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
sent donc la production des eaux-de-vie de vin et nous espérons
qu'elles seront le point de départ d’essais industriels dont les
expériences de laboratoire ne peuvent, en cette matière, que cons-
tituer les bases scientifiques préliminaires.
ONZIÈME EXPÉRIENCE. — Si la formation d’aldéhyde est due
à la levure aérobie vivant au voisinage de la surface libre, lin-
tensité du phénomène doit varier selon que l’aération sera plus ou
moins ménagée. Il était donc intéressant, pour mieux caractériser
le phénomène, de comparer à une levure de vin ordinaire (levure 3
de la collection du laboratoire de fermentation) une levure à carac-
tère nettement aérobie. Nous avons choisi à cet effet une levure
d’ananas typique : celle-e1 donne très rapidement un voile dans
les milieux où elle se développe et produit une forte proportion
d’éther acétique très perceptible à l’odorat. En outre, nous nous
sommes placés, pour chaque levure, dans deux conditions opposées
rn opérant: 10 dans des ballons à long col presque complètement
eemplis et par conséquent en contact très réduit avec l’air (1,3,
1 bis, 3 bis); 20 dans des matras à fond plat remplis seulement
aux deux tiers et par conséquent en large surface (2, 4, ? bis,
4 bis, 5 bis). Le milieu employé fut l’eau de touraillons à 15,76
de saccharose. La série 1, 2,3, 4 fut analysée au bout d’un mois. La
série bis fut ensuite abandonnée six mois à elle-même à la tempé-
rature ordinaire ; 5 bis est identique à 4 bis, mais au moment de
l’analyse de la première série, il fut additionné de bichlorure de
mercure destiné à tuer la levure (Voir tableau, p. 163).
Quand on compare les expériences en ballon à long col et en
matras (1re phase), on constate que le phénomène d’aldéhydifica-
tion présente des différences marquées. En 3, où il reste encore
0,53% de sucre, nous n’avons que des traces d’aldéhydes. Dans
des conditions comparables (1) et en présence de 9% 20 % de sucre
restant, la levure d’ananas oxyde plus activement l'alcool. En
matras (2 et 4), la proportion d’aldéhyde est beaucoup plus élevée,
en particulier pour la levure de vin; par contre, notons que la
levure d’ananas donne une quantité considérable d'acide acéti-
que. Nous reviendrons plus loin sur ce fait.
CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DES PRODUITS VOLATILS 163
ExPÉRIENCE XI
ÉTHERS ALDÉ-| AL- |TITRE
—— —— | HYDES ape alcoo-
dis- de … | pour | pour upé-
volatils | cent | cent | P°"T |rieurs
paru [levure d'al- | du li- | °ert pqus du
our à al. | cen til
pour | pour | P cool |quide | d'a dal | distil
; : l lat
ent Cent à Ter 000 ep] |e
1009 |menté|à 1000|à 1000 | à 15°
SUCRE | POIDS ACIDES
lique
cent
mgr. ; gr. De gr. degrés
Levure ( Ballon 1... 5 96,7 , 2,067|0, o,o104| traces] 6,3
d'ananas Matras 22207 : 5,5 : 10,796 |0, 0,0330| traces
de vin. Matras 4 . . . 2 ,0420 ; ; 1,911 | 69,5
Levure Ballon 1 bis. . 2 | 29/ É traces | traces
\ ?
d’ananas. | Matras 2 bis. .| 15 54, F ,0082| traces | néant
| Levure HAaHON RS EN ETS, 2 ; : ,0092|0 ,009
gr. mq.
Ballon 3 bis. .| 15,76 : 0,1619/0,0126|0,3524| 33
\4bis. .| 15,76 | 249, : 0,1480|0,009210,7722| 45
5 bis. M5 5; ; 0,2112/0,0180|0,6273| 38
(HgCE)
Levure
de vin. | Matras ;
Lorsqu'on examine la deuxième phase de l'expérience, on cons-
tate que, pour les matras, non seulement la proportion d’aldéhyde
n’a pas augmenté, mais qu’elle a même diminué jusqu’à dispa-
raître presque complètement pour la levure d’ananas. On sait
pourtant que dans les vins la proportion d’aldéhyde totale va
en augmentant avec le vieillissement. Mais dans ce cas la question
se présente différemment par suite de la formation de combinaisons
plus ou moins fixes (notamment avec la matière colorante —
Trillat), qui lui permettent de s’accumuler en échappant à une
oxydation ultérieure. Cette hypothèse explique que l’anhydride
sulfureux favorise l’aldéhydification, comme l’a signalé M. Ma-
thieu. De même, le rôle favorisant de l’acide chlorhydrique se
trouve éclairci, puisqu'on sait qu’à l’état de traces 1l provoque
la polymérisation de l’acétaldéhyde. On comprend enfin que,
quand on compare, comme l’a fait M. Trillat, l'influence de l’aéra-
tion sur les vins et sur les solutions aqueuses d’alcool, on trouve
plus d’aldéhyde dans le premier cas.
164 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Dans le milieu artificiel qui nous a servi, l’aldéhyde apparait
comme un terme transitoire dans l’oxydation de l'alcool. Nous ne
la voyons augmenter que pour la levure de vin en présence de
peu d’air, ailleurs elle diminue sensiblement (4-4 bis); si nous
relevons pour 5 bis une diminution moindre que pour 4 bis, cela
tient à ce que dans ce dernier cas la levure, restée vivante, conti-
nue à produire de l’aldéhyde en même temps qu’agissent les
causes de disparition.
On sait que l’aldéhyde éthylique peut facilement s’oxyder da-
vantage en donnant de l’acide acétique. Nous voyons la levure
d’ananas en donner, surtout en matras, une proportion très elevée,
dont l’origine ne peut s’expliquer que par ce mécanisme; en effet,
la quantité d'alcool produite est faible eu égard au sucre disparu
(matras ?), elle va en diminuant de moitié avec le temps pour
1 bis, bien qu’il reste encore du sucre, et disparaît totalement
pour ? bis. Nous comprenons donc que les chiffres trouvés pour
la dose d’aldéhyde soient relativement faibles (comparer ? et 4)
avec cette levure, malgré son caractère aérobie très accusé. L’al-
déhyde n’est, en effet, qu’un terme de passage d’existence transi-
toire.
Mais l’acide acétique évolue à son tour. Il peut être en partie
détruit par la levure, comme Pa constaté l’un de nous (1) qui,
dans certains cas, l’a vu disparaître presque complètement, sans
qu’on le retrouve à l’état d’éthers. Il a fourni probablement à la
levure de vin une partie du carbone qui lui permet de doubler de
poids (4 et 4 bts), alors que tout le sucre a disparu. Par une suite
d’intermédiaires, c’est au fond l'alcool que la levure a ainsi utilisé
et consommé. D’autre part, une fraction de l'acide acétique, varia-
ble suivant les cas, est aussi susceptible de s’éthérifier, et cela
nous explique que les doses d’éthers les plus élevées soient
atteintes avec la levure d’ananas qui donne aussi le plus d'acide.
Mais il importe d’établir une distinction suivant que les phéno-
mènes d’oxydation sont plus ou moins intenses par suite, soit d’un
contact plus ou moins large avec l'air, soit du caractère plus ou
(1) Ann. Inst. Pasteur, 1900.
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES PRODUITS VOLATILS 165
moins aérobie de la levure. Dans le cas de la levure de vin, on
obtient toujours plus d’éthers en réduisant la surface de contact
avec l’air. Au contraire, en favorisant l’aération, l’acide acétique
ne se retrouve pas à l’état d’éthers, soit qu’il échappe à l’éthérifi-
cation, soit plutôt, comme nous le verrons plus loin, que l’éther
acétique formé diffuse à l'extérieur. Avec la levure d’ananas, les
phénomènes d’oxydation marchent plus vite : au début, il se
forme beaucoup d’éthers en matras (2), mais avec le temps on voit
ceux-@1 diminuer, ce qui ne doit pas nous surprendre, puisque,
d’une part, les deux groupes : alcool et acides, qui concourent à
leur formation, disparaissent séparément et que, d'autre part,
il faut faire intervenir leur volatilité. De sorte que, pour cette
levure encore, le maximum d’éthers après vieillissement s’observe
dans le cas d’une arrivée d’air modérée. Quant à l’addition de
bichlorure de mercure dans 5 bis, si elle a augmenté la proportion
d’éthers, cela tient vraisemblablement à ce qu’elle a protégé alcool
et acide ainsi que les éthers produits contre leur destruction par
la levure.
Cette manière d'interpréter les faits nous donne une explication
de la relation éthers-aldéhydes que nous avons signalée les pre-
miers. Au maximum d’aldéhydes correspond le minimum d’éthers,
parce que, dans le cas d’une oxydation trop vive, la combustion
de l’alcool est totale. Lorsque l’aération est modérée, les acides
volatils naissants peuvent persister et entrer en combinaison. Et
ceci est tout à fait en accord avec les idées que Pasteur a déve-
loppées dans le chapitre « Oxygène de l'air dans la vinification »
de ses Études sur le vin. « J'ai été amené, dit-il (p. 90), à considé-
rer Ge gaz, non comme nuisible, mais comme très utile au vin.
Selon moi, c’est l'oxygène qui fait le vin. Il faut distinguer avec
un très grand soin l’action brusque et l’action lente de l’oxygène
de l’air sur le vin. Les pratiques de la vinification, si ennemies
qu'elles paraissent être de l’introduction du gaz oxygène dans le
vin, sont éminemment propres à soumettre le liquide à une aéra-
tion progressive et lente, en même temps qu’elles s'opposent à
une aération brusque et prolongée. » Toutefois, le mécanisme de
l’action de l'oxygène n’avait pas été précisé par Pasteur.
166 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Le phénomène est done complexe et nous voyons l’oxydation
de l’alcool se poursuivre par stades successifs. On comprend qu’il
soit possible d’observer dans les doses d’aldéhyde, au cours du
vieillissement, des diminutions suivies d’augmentations, selon
que l’une ou l’autre des réactions relatives à sa production ou à sa
disparition se ralentit ou s’exagère.
Dans nos expériences antérieures, nous n’avions pas relevé
de différence bien sensible au point de vue de la production des
alcools supérieurs entre diverses levures de vin (levure de Cham-
pagne, levure des Charentes). Ici nous voyons nos deux levures
se comporter très différemment; il est vrai qu’elles appartiennent
à deux types très distincts. Avec la levure d’ananas, nous n’en
trouvons que des traces, qui disparaissent d’ailleurs en matras
avec le temps (2? bis). Pour la levure 3, nous en obtenons des
quantités appréciables — point d'augmentation avec le temps —
comme nous l’avons déjà signalé pour les fermentations pures.
En large surface, nous obtenons une légère diminution avec le
temps, tandis qu’en ballon à long col, nous n’avons qu’une varia-
tion très faible, imputable, d’ailleurs, à ce que la fermentation
n’était pas terminée. Si l’on tient compte de la différence de degré
alcoolique entre 4 bis et 5 bis, on obtient en valeur absolue des
chiffres identiques. La diminution enregistrée pour 4 et 4 bis est
donc d’ordre purement chimique (oxydation ou éthérification),
puisqu'elle n’a pas été influencée par addition de bichlorure.
Nous avons indiqué antérieurement que, dans des conditions où
la comparaison est possible, la quantité d’alcools supérieurs pro-
duite est proportionnelle au poids de levure fermée. Cette conelu-
sion ne saurait être infirmée par l’examen de 3 et 4; ces deux
expériences ne sont pas comparables et on ne peut rapporter les
alcools supérieurs au poids de levure, car dans un cas il reste
encore du sucre, tandis que dans l’autre, les phénomènes d’au-
tophagie ont déjà eu le temps de se produire, comme sem-
blent l’indiquer les poids de levure obtenus. En tout cas, nous
retrouvons ce résultat, que nous avons déjà énoncé, à savoir
qu'en large surface on obtient plus d’alcools supérieurs qu’en
profondeur.
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES PRODUITS VOLATILS 167
En résumé, nous voyons que les conditions d’aération jouent
un rôle essentiel dans la formation des produits volatils qui inter-
viennent dans le bouquet des liquides fermentés. L’alcool est sus-
ceptible de subir une évolution plus ou moins active selon la
facilité d'accès de l'air et le caractère plus ou moins aérobique
de la levure. L’aldéhyde éthylique ne représente qu’un stade
transitoire de son oxydation. L'arrivée lente de l’oxygène favorise
la production des éthers, tandis qu’une aération large exagère les
combustions en pure perte.
DOUXIÈME ET TREIZIÈME EXPÉRIENCES. — Nous avons étudié
les variations du même phénomène avec un certain nombre d’au-
tres facteurs (température, origine de la levure, éducation et
nutrition azotée de celle-e1). Nous n’avons plus opéré comme pré-
cédemment en milieu artificiel, mais sur des vins naturels de la
récolte 1908. La durée de contact a été de six mois (fin novembre
‘1908-mai 1909). Nous avons en outre pris soin d’avoir un témoin
sans levure, de manière à apprécier l’évaporation spontanée de
l'alcool. Enfin, il nous a été possible de comparer les eaux-de-vie
obtenues en fin d'expérience avec celles fournies par les mêmes
vins distillés en décembre dans les conditions de la pratique.
Expérience XII. — La levure 3 a été multipliée dans quatre
grands ballons à tubulure latérale. Le milieu utilisé à cet effet
fut l’eau de touraillons à 10% de saccharose. Un de ces ballons
avait en outre reçu une addition de leucine. Au bout d’un mois,
la fermentation ayant cessé, on a décanté le liquide et on a versé
sur la levure de l’eau distillée stérile. Après macération pendant
une nuit, on décanta à nouveau en perdant aussi peu de levure que
possible. On transvasa alors aseptiquement sur celle-ci du vin
blanc des Charentes préalablement filtré à la bougie. Les quatre
ballons furent aussi à moitié remplis, de manière que la surface
de contact avec l’air fût sensiblement la même partout. On agita
afin de bien mélanger le vin et la levure. Un témoin (1) fut en
outre laissé sans levure. Trois ballons (1; 2,3), dont le témoin et
celui renfermant la levure leucinée, furent placés dans une pièce
168 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
sans feu, dont la température oscilla entre zéro et 6° pendant les
froids de l'hiver et entre 10 et 149 par les journées les plus chaudes
du printemps. Un quatrième ballon (4) fut abandonné dans une
salle chauffée, dont la température était supérieure de 4 ou 5° à la
précédente, avec une moyenne de 12 à 130, Les minima observés
furent de 59 à 60 et les maxima varièrent entre 16° et 220, Enfin,
un dernier ballon fut soumis à une température constante égale
à + 1° pendant toute l'expérience. Celle-ci dura du début de
décembre à fin mai, c’est-à-dire six mois. Au moment de l’analyse,
on constata que, tandis que le témoin avait pris une couleur assez
foncée par suite de l'oxydation à l’air de la matière colorante,
pour les autres il y avait eu au contraire une décoloration mar-
quée, maxima pour 3. Nous verrons plus loin que c’est précisé-
ment pour ce ballon que l’action de la levure s’est manifestée avec
le plus d'intensité. Les résultats obtenus sont consignés dans le
tableau suivant. Nous les avons exprimés, d’une part en pour cent,
d'alcool à 1000 suivant l’usage et aussi en pour cent du liquide pri-
mitif, ce qui permet d’avoir les variations en valeur absolue (Voir
tableau, p. 169).
Expérience XIII. — Parallèlement, nous avons institué une
deuxième expérience pour laquelle les circonstances nous ont mal-
heureusement obligés à nous servir d’un vin rouge différent du
premier et provenant de la région d’Aiguesmortes. On opéra cette
fois en profondeur dans des ballons à long col, à tubulure latérale,
complètement remplis. Le vin filtré à la bougie, comme précédem-
ment, fut transvasé sur diverses levures multipliées préalablement
dans l’eau de touraillons sucrée : levure 87 de Folle blanche (?),
16 du Gard (6) et a des Charentes (3). Cette dernière s'était
développée dans un cas en présence de 1 2/0 de sulfate d’ammo-
niaque (4). Dans un autre cas (5), on ajouta au vin lui-même la
même quantité de sulfate d’ammoniaque. Enfin un témoin sans
levure (1) fut adjoint à la série. La levure lavée fut mise en suspen-
sion dans du vin stérile; on transvasa le tout aseptiquement et le
remplissage fut achevé à l’aide d’une petite quantité du même
vin. Tous les ballons, mis à l’abri de la lumière par une enveloppe
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES PRODUITS VOLATILS 169
de papier noir, furent placés dans les mêmes conditions de tempé-
rature que le 4 de lexpérience précédente. On abandonna du
ExPÉéRIENCE XII
Vin blanc (Folle blanche)
FIN MAI 1909
CT LT ne
1 2 3 4
sans levure
levure leucinée
NOVEMBRE
1908
Alcool 7° 40 | 7°00 | 5090 | 6°00
Acidité totale (SO#H?) Gsr 32 | 5erG68 | 4er 84 | 3er 85 | 4sr 66
Acidité volatile (C202H4) 50310 8/49|0 658|0 160|[0 265
Eau-de-vie
DIS-
TILLÉE CORRESPONDANT
indus-
trielle- aux vins ci-dessus
ment
mgr. |mgr.
Acides pour cent d'alcool à 1000 19,5 13,1
Aldéhydes ( par litre de vin . . . . . . . 78,9
libres | pour cent d’alcool à 1000, . .| : 110,4 |5.864
par litre de vin 0,69 0,56
| pour cent d’alcool à 1000. . . 0,97 0,80
( par litre de vin 193,6 180,4
pour cent d'alcool à 1000. . . 270,7 258,6 | 245,0
Alcools par litre de vin 50,7 60,7 51,6
supérieurs } pour cent d’alcool à 1000. . . 71 87 87 74
Furfurol
Éthers
Coefficient non-alcool (pour cent d'aleool à 4000) . | 525 466 6,223 |5.209 |4.861
15 janvier au début de juin, soit sensiblement six mois comme plus
haut. Les résultats fournis par l'analyse sont donnés dans le
tableau ci-après (Voir p. 170).
Interprétation des résultats. — Examinons d’abord les varia-
tions qu'ont subies les éléments dosés dans les vins et les eaux-de-
vie. Ces dernières, étant donné le mode de distillation adopté, ren-
ferment la totalité des produits volatils principaux (alcool, aldé-
hyde, éthers, alcools supérieurs).
170 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
19 Alcool. — En présence de levure, nous constatons dans tous
les cas une disparition d’alcool supérieure à celle du témoin et
rariable d’ailleurs avec les conditions de l’expérience. Ce fait
ExPéRIENCE XIII
Vin rouge (Aiguesmortes)
JUIN 1909
JAN-
VIER
S0(NH4)2 | S04(NH)?
avant | après
levure a|levure a
sans |levu
levure levure a
87
1909
levure
Alcool 70 60 | 7°05
Acidité totale (SOfHE)... . 5er 18 |4sr 50
Acidité volatile (C20°H) o 668|0
SUCTETESIANUNE- ee CE ITA GES
7° 20
Age 65
588| o 583
60 55
ler 28
o 615
7° 00
sr 80
o 553
Eau-de-vie
DIS-
TILLÉE
indus-
trielle-
ment
CORRESPONDANT
aux vins ci-dessus
A
Acides pour cent d'alcool à 100° . .
(par litre de vin, . =
*}pour cent d’alcool à 1000.
Furfurol (par litre devis se
|pour cent d'alcool à 100.
(par litre de vin. . . . .
Aldéhyde
Éthers
Alcools (par litre de vin. . . . .
Coefficient non-aleool (pour cent d'alcool à 4000).
{pour cent d'alcool à 1000,
supérieurs pour cent d'alcool à 1000. | 2:
mqr.
28,/
1,20
»
131,2
mgr.
40,8
64,7
86,3
4,57
6,1
10/,6
139,0
mgr.
40,7
436,2
526,8
0,60
0,73
113,/
136,7
64,
364
4737
784
NÉ 12550
0,38
0,99
126,0
180,0
63
92
1. 4/8
mr.
47,7
1.068
1.034
1.Q11
s’observant pour des ballons placés exactement dans les mêmes
conditions de température et de surface libre (exp. XIT, 1,2; exp.
XIIT,1,2,38,4,5,6), on ne saurait l’attribuer à l’évaporation. Nous
avons d’ailleurs une mesure de celle-ei grâce au témoin et nous
voyons que la perte peut être doublée et au delà (exp. XIT, 3, et
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES PRODUITS VOLATILS 171
exp. XIII, 5). Les différences sont surtout sensibles en large
contact avec l’air. En tout cas, elles sont assez considérables pour
qu’on ne puisse mettre en cause le manque de sensibilité de la
méthode de dosage. D’autre part, nous avons vu antérieurement
(exp. XI, 4 bis, 5 bis) qu’une addition de bichlorure de mercure
destiné à tuer la levure exerce une action protectrice vis-à-vis de
l'alcool. Il faut en conclure que la levure est capable d'utiliser ’al-
cool après fermentation. Ceci nous apparaît comme un fait géné-
ral, puisque nous l’observons avec plusieurs levures d’origine diffé-
rente, toutefois avec une intensité qui peut être très variable.
Nous reviendrons plus loin sur les conséquences théoriques de ce
fait ainsi que sur les produits formés aux dépens de l’alcool dis-
paru.
20 Acides. — La présence de levure est toujours accompagnée
d’une diminution de l’acidité totale. L’un de nous a montré (1)
que l'acide malique et l’acide suceinique sont susceptibles de dispa-
raître par combustion, l’acide tartrique restant au contraire inat-
taqué. À basse température (exp. XIT, 5), le phénomène est peu
sensible, mais il augmente d'intensité quand la température
s'élève (exp. XIT, 2, 4). Il s’observe encore en profondeur (exp.
XIII), ce qui permet de supposer que ces acides constituent un
aliment hydrocarboné assimilé par la levure lorsque le sucre a
disparu.
Les acides volatils peuvent également disparaître par combus-
tion et celle-ci est surtout active en présence de Pair (exp. XI).
Mais il faut considérer que l'acide acétique peut avoir plusieurs
origines différentes. A côté de celui excrété par la levure au cours
de la fermentation, il faut tenir compte de celui qui peut se former
comme terme transitoire dans la destruction des aides fixes, et
en outre de celui qui peut prendre naissance soit par oxydation
purement chimique de l’alcool (exp. XII, 1) et de l’aldéhyde éthy-
lique, soit par oxydation de l’alcool sous l'influence de la levure
aérobie. Bornons-nous à constater que la résultante observée est
(1) Ann. Inst. Pasteur, 1900.
172 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
dans tous les cas une diminution par rapport au témoin. En vase
à long col, cette diminution est plus faible, et dans des bouteilles
entièrement remplies et bien bouchées, l’un de nous a pu observer
au contraire une légère augmentation (1). En définitive, l'acidité
volatile nous apparaît comme un facteur des plus complexes par
son origine et ses variations. Celles-ci sont en relation étroite avec
l’aération.
Pour terminer, signalons l’influence remarquable d’une addi-
tion au milieu d'azote assimilable (exp. XII, 3, et XIII, 5).
C'est dans ces deux cas que nous enregistrons la diminution
maxima d’acidité totale. Grâce à cette addition dans un milieu
appauvri par la fermentation, la levure peut vraisemblablement
continuer à assimiler et à respirer, trouvant dans les acides orga-
niques une source de carbone et d’énergie.
30 Aldéhyde. — L’aldéhyde éthylique résulte principalement,
comme nous le savons déjà, de l’oxydation de l’alcool par la levure.
En l’absence de levure on en trouve peu (exp. XII, 1, et XIIE, 1).
La quantité en est peu élevée également dans nos eaux-de-vie
industrielles. Celle du Midi en renferme néanmoins six fois et demie
plus que celle des Charentes. Ce qui est surtout remarquable,
c’est l’intensité du phénomène dans certains cas et même à une
température voisine de zéro (exp. XII,5). Nous observons, en effet,
jusqu’à plus de 4 grammes (exp. XII, 2) d’aldéhyde libre par litre.
Nous avons indiqué plus haut comment dans les vins celle-ci peut
s’accumuler. Sa combinaison avec la matière colorante explique
la décoloration que nous avons signalée plus-haut (exp. XIT) en
même temps que la clarification des vins blancs troubles. Le
ballon (exp. XIT, 2?) semble correspondre à un optimum dont nous
concevons aisément l'existence possible, étant donné que l’aldé-
hyde peut évoluer plus où moins rapidement suivant les condi-
tions de température. On s'explique ainsi que le maximum d’al-
déhyde puisse ne pas s’observer (XIT, 3) là où la diminution
d'alcool et d’acidité est maxima. Le chiffre d’aldéhyde et même
(1) Ann. Inst. Pasteur, 1900.
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES PRODUITS VOLATILS 113
la somme aldéhydes + acides ne saurait donc mesurer exac-
tement l'intensité de l'oxydation.
L'expérience XIII nous montre que l’aldéhydification, bien que
plus faible, peut encore être très importante avec une faible aéra-
tion. Nous constatons en outre que les diverses levures se compor-
tent très différemment. Fait curieux : la levure 16 du Gard est celle
qui semble le moins adaptée à agir sur le vin qui a même origine
qu’elle.
L’éducation de la levure, en ce qui concerne sa nutrition azotée,
influence nettement sa manière de se comporter ultérieurement
(exp. XII, 3, et XITIL 4). En même temps que loxydation de Pal-
cool est plus énergique dans ces deux cas, une fraction plus grande
de l’aldéhyde formée disparait par combustion. L’action de la
leucine est particulièrement marquée à cet égard. Il en est de
même quand on ajoute au milieu une certaine quantité d’azote
ammoniacal (exp. XIII, 5). Grâce à cet apport ou aux réserves
antérieures, activité vitale de la levure semble se poursuivre avec
plus d'intensité.
40 Furfurol. — Bien que certains auteurs considèrent que ce
corps doit prendre naissance au cours de la distillation, surtout
quand celle-ci s'effectue à feu direct, 1l semble que dans les vins
et les eaux-de-vie la levure elle-même doive entrer en jeu. Les
variations que nous observons ne sauraient s'expliquer autrement.
D’une part, nous voyons qu’à la levure leucinée correspond une
augmentation sensible de ce corps (exp. XII,3), tandis que, pour
celle à qui on a fourni de l’azote ammontacal (exp. XIII, 4), nous
obtenons un minimum. Ajoutons à cela que nous observons une
variation avec la race. On sait aujourd’hui que l’hydrolyse des
matières protéiques fournit des composés hétérocycliques tels que
l’acide pyrrolidiné carbonique et l’acide oxy-a-pyrrolidiné car-
bonique. Il n’est donc pas invraisemblable de supposer que le
furfurol constitue un produit d’execrétion lié à la désassimilation
azotée, puisque nous avons déjà vu la relation qui lie les alcools
supérieurs aux acides amidés. A cette production probablement
lente se superpose une disparition qui peut être purement chi-
174 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
mique, étant donnée l’aptitude marquée des corps aldéhydiques
à entrer en réaction.
50 Éthers. — Les variations des éthers sont peu importantes.
Nous montrerons plus loin que les chiffres fournis par l'analyse
ne sauraient représenter la totalité des éthers qui ont pris nais-
sance. La seule conclusion qu’il est permis de tirer c’est que, au
contact de l’air, l’acide acétique qui disparaît, comme celui qui
peut se former par oxydation de l'alcool, ne se retrouve pas dans
le liquide à l’état d’éther. Il est d’ailleurs très vraisemblable d’ad-
mettre, d’après les résultats fournis par l'expérience XIII, qu'il
s’en forme aux dépens de l’acide acétique naissant, mais qu’il dis-
paraît très vite par suite de sa volatilité. D’où deux causes qui
font qu’on ne retrouve pas l’alcool disparu à l’état d’acide acé-
tique : 1° celui-ci est détruit par la levure; 20 une partie passe
à l’état d’éther qui diffuse dans le milieu extérieur.
Alcools supérieurs. — La proportion par litre varie très peu
avec les conditions expérimentales adoptées (température, origine
de la levure). La présence de la levure ne montre aucune influence
sensible, ce qui confirme ce fait, que nous avons déjà énoncé, à
savoir que, dans les fermentations pures, les alcools supérieurs
prennent naissance au cours de la multiplication de la levure,
c’est-à-dire pendant la fermentation principale. Signalons lac-
tion des sels ammoniacaux qui, soit en modifiant la nature des
réserves azotées de la levure (exp. XIII, 4), soit en s’opposant
à l’autophagie (exp. XITIT, 5), ont légèrement diminué la teneur
en fusel, La levure leucinée, au contraire, ne s’est pas différenciée,
bien que la leucine elle-même, lorsqu'elle est utilisée comme ali-
ment azoté, constitue une source d’alcools supérieurs. La compa-
raison avec les eaux-de-vie obtenues industriellement nous mon-
tre l’importance à cet égard du rôle joué dans la pratique par
les microbes. Bien que distillées en décembre, ces eaux-d2-vie ren-
ferment une quantité de fusel qui est, dans un cas, deux fois et
demie, dans l’autre, quatre fois supérieure au témoin. Les fermen-
tations secondaires ont donc, à ce point de vue, une influence
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES PRODUITS VOLATILS 175
prépondérante, comme il ressort d’ailleurs des expériences de
Windisch et Seifert.
Coefficient non-alcool. — Riccardilli (1) a déjà montré, pour des
eaux-de-vie de vins d’origine certaine, combien varient et s’écar-
tent des moyennes admises les deux éléments adoptés comme base
alcools supérieurs
éthers
Il en a conclu qu’il ne semblait pas possible de continuer à appli-
d'appréciation : le « non-alcool » et le rapport
quer ces règles sans s’exposer à de graves erreurs. Notre étude des
conditions de variation des différents corps habituellement dosés
nous conduit à partager l’avis de cet auteur. M. Rocques (2) a
aussi montré récemment les limites très espacées entre lesquelles
oscillait dans la pratique le non-alcool. I] résulte de nos recherches
que ces variations peuvent être rendues bien plus frappantes
encore par le fait du séjour des vins sur lies selon les conditions de
température et d'aération. Le maximum peut être quintuplé. Si
l’on prend pour mesure du vieillissement l'intensité des phéno-
mènes .d’oxydation, celui-ci peut-être considérablement accéléré
sous l’action de la levure. L'âge des eaux-de-vie se trouvera dé-
terminé bien plus par le temps de séjour du vin sur lies que par
le temps de séjour de l’eau-de-vie elle-même en fûts. Il nous
semble qu’il deviendra particulièrement difficile, dans ces condi-
tions, de reconnaitre le coupage d’une telle eau-de-vie avec un
alcool d’industrie bien rectifié.
QUATORZIÈME EXPÉRIENCE. — Dans cette expérience nous nous
sommes proposé de revenir sur l'influence de la nutrition azotée
de la levure sur la formation des produits volatils. Nous nous
sommes servis à cet effet de la levure d’ananas que nous avons
plus haut comparée à une levure de vin. Cette levure fut multipliée
dans l’eau de touraillons sucrée : d’une part, telle quelle (1), d’autre
part, additionnée soit de 0,1 % de leucine (2), soit de 0,1% d’as-
(1) Giornale uffic. delle Stazione agrarie, 1909.
(2) Communication au Congrès de chimie appliquée de Londres, 1909;
Ann. de Brass. et Distill., 1909, et Revue de Viticulture, 1909.
176 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
paragine (3). Au bout de cinq mois, on décanta le liquide et sur la
levure lavée on transvasa un milieu minéral sucré (phosphate de
potasse, sulfate de magnésie, saccharose 9,79 %), additionné d’un
aliment azoté représenté par 2% 5 de sulfate d’ammoniaque pour,
5 grammes de leucine pour ? et 275 d’asparagine pour 3 par
litre.
Enfin, la même levure fut ensemencée au fil de platine dans un
quatrième ballon renfermant le même milieu que # (2% 5 sulfate
d’ammoniaque). La teneur en azote était donc sensiblement la
même partout. La fermentation se déclara au bout d’une demi-
heure pour ? et 3, un peu plus tard pour 1, enfin, au bout de qua-
rante-huit heures pour 4. L’analyse eut lieu après trente-huit
jours. Le liquide fut distillé d’abord aux 6/10, puis à moitié, et
c’est sur ce distillat final que furent effectués les dosages consignés
dans le tableau ci-dessous :
ExPÉRIENCE XIV
DISTILLAT
TT ———
POIDS
SUCRE ! 4 : Ë
Acides| Aldéhydes Fur- ÉUREES Alcools
de as furol LA ra) STE
I : CR lines rieurs
Re cen [ par par pour
restan d’alcool ï ‘ cent cent
d'alcool! alcool d'alcool
à 1000 à itr 5
ë RENTE litre 00
gr. gr. qr. gr. D gr. gr. gr.
5,01 00 19,279 | 2: 0,946 |o,032 27,9 | 0,660 | traces
9,235] 10 3,415 0,0817| traces | 155,6 | 6,00 |o,1/456
11,823, ov 5,200| 4,479 | 0,0807]| traces | 207,5 | 3,75 |traces |
1,686! 12° 0,690! 0,7336| 0,230 |0,00039 4,33| 1,35 |traces
Ballon
En présence de levure en masse, l’oxydation a été partout très
vive (1,2,3). L'alcool a disparu au fur et à mesure de sa produc-
tion, malgré la présence de sucre résiduel. En 4, où la quantité de
levure est beaucoup plus faible, il est détruit moins vite et le liquide
en renferme environ 3 %. En présence d’azote ammoniacal, loxy-
dation est plus ménagée; les termes intermédiaires, aldéhyde et
acide acétique, sont plus abondants. Il y'a lieu de penser que c’est
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES PRODUITS VOLATILS LT
précisément cet acide acétique qui en L a gêné la levure et a
retardé la disparition du sucre. Au minimum d’aldéhyde corres-
pond, comme d'ordinaire, le maximum d’éther acétique (2, 3).
En 1 et 4, au contraire une plus faible fraction de l’acide acétique
formé semble s’éthérifier. Seul le sulfate d’ammoniaque nous a
fourni du furfurol: avec l’asparagine et la leucine nous n’en obte-
nons pas. Remarquons que la présence d’une masse de levure
importante l’augmente (comparer 1 et 4), ce qui vient à l’appui de
l'hypothèse que nous avons émise plus haut, d’après laquelle ce
serait là un produit d’excrétion lié à la désassimilation azotée
de la levure. Quant aux alcools supérieurs, nous voyons qu’en
présence de sels ammoniacaux ou d’asparagine on n’en obtient
que des traces, ce qui est conforme à la théorie d’Erhlich. La
leucine en fournit au contraire une quantité importante.
De cet ensemble de faits nous pouvons dégager d’abord quel-
ques conclusions concernant la pratique de la fabrication des
boissons fermentées. Nous voyons en premier lieu combien serait
incomplet le point de vue qui consisterait à considérer les levures
eomme de simples agents producteurs d'alcool grâce à la sécré-
tion de diastases appropriées. Les réactions intracellulaires, qui
résultent du fonctionnement vital des cellules dans toute sa com-
plexité, ont une influence qu’on ne saurait négliger et qui se tra-
duit d’ailleurs à l’analyse par des variations de la composition
chimique du milieu. Sans doute, en cidrerie M. Warcollier s’est
attaché, au moyen de soutirages successifs à l’abri de l’air, à opérer
la fermentation avec des traces de levure, mais nous sommes dans,
ce cas en présence d’un but particulier : Pobtention de cidres se
conservant doux. En vinification au contraire, la stabilité du vin
nécessite la disparition complète du sucre et élimination, grâce
à la prolifération de la levure, des matières azotées du moût.
Après fermentation, la levure est encore apte à jouer un rôle actif
et cette manière de voir se trouve appuyée par certaines pratiques
viticoles. En Suisse, en particulier, les vins blancs qui ne se clari-
fient pas bien, sont agités fin novembre, après soutirage, avec
une certaine quantité de grosses lies et laissés ainsi en contact jus-
qu’au printemps. Sans doute le remède s’est montré parfois pire
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 11 12
178 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
que le mal, mais n’y a-t-1l pas lieu de considérer ces insuccès
comme le fait du manque de soin et d’une application défectueuse
de la méthode? Les lies fines qui renferment les impuretés micro-
biennes plus légères que la levure doivent être soigneusement
écartées sous peine de contamination. La quantité de lies utilisée
peut être assez faible, car certains viticulteurs obtiennent de bons
résultats avec un volume ne dépassant pas 59/00. II semble donc
que nous sommes 101 en présence d’un cas où les levures pures
pourraient être avantageusement employées. Enfin il nous faut
déclarer que nos eaux-de-vie n’ont pas été dégustées. Cette lacune
demande à être comblée par des essais industriels, mais dans
la mesure où le bouquet des eaux-de-vie dépend des phénomènes
d’oxydation; il est permis de penser que ce procédé biologique est
susceptible de fournir beaucoup plus simplement les résultats
obtenus par voie chimique, par l’emploi de l’ozone par exemple.
Nos recherches comportent également une conclusion théorique
importante. On a pu croire que le cas de l’Eurotiopsis Gayoni ca-
pable de consommer l’alcool représentait une exception et que:
cette propriété n’existait pas en particulier chez les Saccharo-
myces. Notre levure d’ananas fournit une démonstration frap-
pante du contraire, puisqu'on la voit détruire lalcool au fur et
à mesure de sa production. Mais entre cette levure à caractère
nettement aérobie et les levures alcooliques ordinaires représen-
tées par les levures de vin, il n’y a qu’une différence de degré.
Pour observer le même phénomène, il suffit de laisser les liquides
complètement fermentés au contact de la levure pendant un
temps suffisant et dans des conditions où celle-ci puisse mener
une vie aérobie. A la respiration intramoléculaire qui caractérise
la fermentation proprement dite, succède alors la respiration nor-
male, dans laquelle on voit la levure se comporter comme tous
les autres végétaux et brûler en particulier les acides organiques.
Mais l’oxygène se fixe également sur l'alcool et l’aldéhyde éthy-
lique constitue un stade transitoire de cette oxydation que nous
salsissons sans peine et qui témoigne vraisemblablement d’une
respiration ralentie. Cette respiration de la levure se constate
encore au voisinage de 0; elle varie avec la nutrition azotée
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES PRODUITS VOLATILS 179
antérieure ou actuelle, ce qui ne saurait surprendre, puisque les
combustions respiratoires affectent les albuminoïdes. Après fer-
mentation, la cellule de levure se comporte donc, au point de vue
physiologique, comme une cellule normale. De tels faits peuvent
être utilement invoqués à l’appui de la théorie de la zymase alcoo-
lique dans la respiration végétale.
Étude de la production, de la variation et de l’évolution des éthers.
— C’est un fait d'expérience que les levures sont susceptibles de
produire des éthers. Ceux-c1 constituent une catégorie des élé-
ments du bouquet plus ou moins caractérisé qu’elles impriment
aux milieux synthétiques ou naturels dans lesquels on les cultive.
On sait, par exemple, qu’ilsuffit de placer une levure dans de l’eau
sucrée pour que celle-ci acquière bientôt le parfum spécial à cette
levure. En particulier, certaines espèces, telle la levure d’ananas
étudiée plus haut, se distinguent par la production d’une quantité
relativement considérable d’acétate d’éthyle qui se perçoit très
nettement au cours de la fermentation, mais qui s’atténue pro-
gressivement au contact de l’air au point de disparaître comple-
tement au bout de quelque temps. Cet éther acétique représente
quantitativement en général la presque totalité des éthers vola-
tils. C’est pourquai, sans nous inquiéter de son rôle particulier
dans la constitution du bouquet, il nous a paru intéressant, au
point de vue général du mécanisme de la fermentation, de préei-
ser le rôle de la levure dans sa formation ainsi que son évolution.
Nos dosages ont été faits en distillant 110 centimètres cubes à
1000, titrant l'acidité libre et saponifiant par l'addition d’un excès
constant de potasse décime. Cette saponification était effectuée
en prenant les précautions voulues pour éviter l’oxydation de
l'alcool. A cet effet, on adoptait un très petit ballon muni d’un
réfrigérant ascendant, qu’on chauffait une heure au bain-marie
à 1000 pour éviter toute ébullition tumultueuse. L’expérience
nous à montré qu’on peut distiller à la pression ordinaire sans
que l’éther acétique soit décomposé. En ce qui concerne les éthers
totaux, il importe d’obtenir des liquides complètement fermentés.
Toute trace de sucre résiduel rend la méthode précédente inappli-
180 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
cable, la glucose et surtout la lévulose étant très facilement atta-
quées par les alcalis. Tous nos chiffres sont exprimés en centimè-
tres cubes de potasse décime, ce qui rend les comparaisons plus
faciles. Enfin, nous avons dans tous nos essais employé une même
levure pure de Champagne.
Voyons d’abord ce que donnerait l’éthérification purement chi-
mique d’un mélange eau, alcool et acide acétique dans les pro-
portions où nous les rencontrons normalement dans la fermen-
tation alcoolique du jus de raisins par exemple. Soit 0 °° 600
d’acide acétique ou 1/100 molécule-gramme, alcool 129, soit
2 molécules-grammes, et eau 50 molécules-grammes par litre. En
adoptant pour la constante K de Berthelot et Péan de Saint-Gilles
la valeur 4 qui, comme ces auteurs l’ont montré, convient encore
aux solutions très étendues et en désignant x la fraction de l’acide
Re NE JE : a En x (50+x)
éthérifiée à la limite, on obtient l’équation : #4 = (1100 —7)(2—x)
d’où l’on tire x mgr — 0,0037. Un calcul identique pour un
liquide analogue à ceux que nous rencontrerons plus loim (10%
de sucre) donnerait x 7 0,0007. —- Ceci nous indique que léthé-
rification d'ordre purement chimique est absolument négligeable
quantitativement à la fin de la fermentation. L’éthérification se
produit en effet pendant des mois et des années avant d’attein-
dre sa limite théorique. «Il est permis d'admettre, dit M. Ber-
thelot (1), que la première phase de la fermentation est trop
courte pour que les éthers puissent se former en quantité notable,
à moins d'actions spécifiques encore inconnues. » — Les éthers
que nous trouvons au début dans les liquides fermentés ont donc
une autre origine.
Considérons les résultats fournis par une série de ballons placés
dans les mêmes conditions et analysés au bout du même temps
à la fin de la fermentation principale (Voir tableau, p. 181).
Nous constaterons que la quantité d’éthers est sensiblement
proportionnelle à la quantité d’acides volatils formés par la levure.
acides volatils Hibres
éther volatil
Le rapport varie d’ailleurs avec les con-
(1) Chimie végétale, L. TV.
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES PRODUITS VOLATILS 181
ditions dans lesquelles on opère : il est plus faible dans les fermen-
tations en profondeur (6) que dans le cas où la quantité de liquide
est moindre (1, 2, 3, 4, 5), à surface libre égale. Nous le voyons
s’approcher de 2, aucune précaution spéciale n’étant prise pour
éviter les pertes.
TABLEAU I
Maltopeptone + peptone + phosphate de potasse
10 0[o SACCHAROSE
15 0/0
Fes ————
ballon
de 900
(en
pro- |
fon deur)
SAC- + acide + acide
suc-
CHAROSE acétique
cinique
Acides fixes libres . . .
Acides volatils libres. .
Éthers volatils. . . . .
acides volatils
éthers volatils
Rapport
Bien que le liquide extérieur soit le siège de phénomènes d’hy-
drolyse, on pouvait se demander si les éthers ne s’y formaient
pas grâce à quelque diastase synthétisante. Mais nous constatons
qu'une addition d'acide acétique soit avant la fermentation (5),
soit immédiatement après, n’augmente en rien la proportion
d’éthers volatils. Notons enfin que, lorsqu'on recueille la levure
à la fin de la fermentation et qu’on la distille en présence d’eau,
on obtient toujours une certaine quantité d’éthers; mais au bout
d’un certain temps de séjour du liquide sur lies, la levure n’en
renferme plus. Ces divers faits nous prouvent que les éthers sont
des produits de formation endogène, analogues à l’acide acétique
et qui diffusent peu à peu à l’extérieur. C’est à l’intérieur du glo-
bule de levure, comme cela a lieu pour le glycogène, que se
passe le phénomène de condensation entre l’acide acétique et l’al-
cool. Une forte proportion de l’acide produit passe ainsi à l’état
d’éthers à l’intérieur de la cellule. Il en est de même pour les éthers
fixes, comme on peut le voir au tableau IT ci-après. Le rapport
acides fixes libres produits
éthers fixes
s'y montre voisin de ?.
182 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Que deviennent ces éthers après la fermentation? Le tableau
ci-dessous (IL) est relatif à une série de quatre ballons identiques à
moitié remplis. 1 et ? furent laissés normaux, tandis que 3 et
4 furent additionnés, le premier d’acide suceinique, le second
d’acide acétique. 4 fut analysé aussitôt la fin de la fermentation,
les trois autres après avoir été abandonnés vingt jours de plus
à la température du laboratoire en janvier.
TABLEAU II
Maltopeptone (10 °/, saccharose)
IBAcidestixes iDres metre fret
Éthers fixes. se 0 VE Net “PUS
ACidesivolatilS DTeS 1-10 -eme eee ee
Éthers volatils,
Sucre restant
Nous constatons nettement une diminution rapide des éthers
dans les premiers temps qui suivent la fermentation. Le chiffre
trouvé pour les éthers volatils est sensiblement le même pour 2,
3 et 4. L’eddition d’acide succinique a retardé la disparition des
éthers fixes pour une raison que nous indiquerons plus loin.
On pouvait se demander si cette disparition n’était pas due
à une hydrolyse s’effectuant soit naturellement, soit avec l’aide
de quelque diastase telle que la sucrase diffusée dans le liquide
extérieur. Dans ce cas, on devrait constater une augmentation
de la quantité d'acides volatils. Pour rendre le phénomène plus
manifeste, nous avons ajouté aseptiquement à notre liquide fer-
menté de l’éther acétique (14,2% en centimètres cubes KOH dé-
cime). Une partie fut laissée sur lies, l’autre filtrée sur terre d’in-
fusoires stérilisée pour retenir la levure. On abandonna huit jours
à la température ordinaire. Les résultats sont consignés dans le
tableau IIT ci-après. Parallèlement nous indiquons une expé-
rience sans addition d’éther acétique.
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES PRODUITS
TagzEau III
183
VOLATILS
ADDITION D'ÉTHER ACÉTIQUE SANS ADDITION
14,2 9/0 D'ÉTHER ACÉTIQUE
Li
après 8 jours plus tard après 8 jours plus tard
nm EE — a
fer- fer-
addi- |,,. . | addi-
menta- | tionné | 201 | {inné | menta- L È
: sur lies| filtré
; et resté| filtré et L
tion {sur lies filtré | ton
Acides volatils pour cent. . . .. 6,95 | 6,05 | 3,85 | 3,75 | 5,35 | 5,40 | 3,95
Ethers volatils restants pour cent.}l 3,0 8,00 0,55 6,60 1,45 1,00 0,6
Ethers volatils disparus pour cent. » 47 » 58 » » »
Nous voyons que, malgré la disparition de l’éther acétique,
l'acidité volatile n’a pas augmenté. Sur lies, elle a diminué, confor-
mément aux faits connus. Signalons que la diminution est moin-
dre sur lies, parce que, dans les premiers temps qui suivent la fer-
mentation, la levure continue à laisser diffuser les éthers formés
à l’intérieur des globules.
Une première cause de disparition des éthers est leur destruc-
tion par la levure après la fermentation. Celle-ci les détruit avec
le temps comme elle le fait pour l'acide acétique, l’acide sucei-
nique, la glycérine ou même l’alcool. C’est pourquoi nous voyons
leur proportion augmenter par l’addition d’un antiseptique capa-
ble de tuer la levure. Nous citerons à l’appui les chiffres suivants,
empruntés aux expériences antérieures.
TABLEAU IV
BALLON FLUOREÉ
de
bichlorure
(après six mois)
TÉMOIN TÉMOIN
| ADDITIONNE
POUR CENT |
|
(après six mois)
Éthers (milligrammes) . .
Le tableau IT de la page”précédente met en évidence la dis-
parition des éthers fixes. L’addition d’acide succinique à joué un
184 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
rôle protecteur, parce que cet acide est détruit lui-même. Quant
à l’addition d'acide acétique, elle n’a aucune influence à cet
égard au moins dans les premiers temps suivant la fermentation.
Dans la pratique, ces combustions se trouvent évitées par les
soutirages et la lenteur de l’aération.
Mais, même en présence de bichlorure de mercure, on cons-
tate une rapide diminution des éthers volatils quand on opère
au contact de Pair. Voici, par exemple, une série de trois matras
qui furent analysés d’abord à la fin de la fermentation principale
(a, b, c), additionnés à ce moment de bichlorure de mercure, puis
analysés à nouveau douze jours plus tard (a, b”, c’).
TABLEAU V
MALTOPEPTONE JUS DE RAISIN JUS DE RAISIN
10 °|o TETE
saccharose dilué à moitié naturel
ACIdesiVOlatiISIDres EE ne 55 7,90 18,0
ÉtherSNolANlLS eue SU SUPER 2,30 0,40 2,3
Éthers restant dans la levure . . . . » 0 »
La diminution des éthers est ici aussi rapide que dans le cas
d'absence de bichlorure (tableau IT).
Nous sommes done amenés à considérer que c’est avant tout
à la volatilité de ces éthers qu'est due, dans nos expériences, leur
rapide disparition dans les premiers temps qui suivent la fer-
mentation. La tension de vapeur de l’acétate d’éthyle à la tem-
pérature ordinaire est en effet à peu près double de celle de Pal-
cool, bien que les points d’ébullition soient très voisins.
Pour apprécier la rapidité de sa disparition, nous avons placé
dans des fioles coniques de 400 centimètres cubes, dans des condi-
tions de surface libre comparables à celles des expériences pré-
cédentes : 19 du vin; 29 de l’eau additionnée d’acide tartrique
(5%) + alcool (10%); 39 de l’eau pure. Après stérilisation, nous
avons ajouté une quantité d’éther acétique représentée par
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES PRODUITS VOLATILS 185
3 2 c
21°" 8 de soude décime. Au bout de neuf jours à 12° environ,
nous avons obtenu les résultats suivants :
TABLEAU VI
APRÈS NEUF JOURS
ER .
: : Éthers restants 22 a
Evaporation L Disparition
sur les 21,8 ajoutés
Eau pure. Volume initial 250 emi. , . . 9,40 56,9 °/0
Eau + alcool + acide tartrique. . . . . > 8,30 61,9 —
An (Oo) MES AR NEO PRO CONTE EE 8,00 63,3 —
(1) On a tenu compte des éthers apportés par celui-ci.
Il n’y avait pas eu d’hydrolyse sensible dans aucun cas. Les
chiffres de la troisième colonne sont du même ordre de grandeur
que ceux donnés au tableau ITT dans un cas où l'acide acétique
avait été ajouté à des liquides fermentés. Ni la réaction du milieu,
ni la levure, n’influencent donc le phénomène d’une manière ap-
préciable, au moins au début.
Lorsqu'on ajoute l’éther acétique au cours de la fermentation,
les résultats sont encore plus nets. Nous en avons ajouté une
quantité déterminée (21,8 et 14,2, en soude décime) : 1° dans une
fiole conique mi-remplie où la fermentation n’était pas encore
achevée; 29 dans un ballon à long col complètement rempli qui
fut le siège d’un dégagement gazeux lent pendant toute la durée
de lexpérience; 30 dans une fiole identique à 1, mais où la fer-
mentation était achevée; le contact avec l'air y était assez large
comme pour 1. L’expérience eut lieu à la température du labo-
ratoire (14° en moyenne).
TABLEAU VII
1 2
FIOLES CONIQUES BALLON A LONG COL FIOLES CONIQUES
(7 jours) (7 jours) (8 jours)
—m CE un ne — a. —— _ ——_
°Jo | additionné 0/0 additionné UE additionné
témoin émoin témoin
21, l 2 o 14,2 9/0
.
Acides volatils. . . . . Ù b 6,05
Éthers volatils restants.| 1,65 /,2 3! 5! 8,00
Éthers disparus. . . . . »
186 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Nous constatons le rôle capital joué par le gaz carbonique dans
l'entrainement de l’éther acétique. Même avec une surface libre
insignifiante (ballon 2), 81 % des éthers se trouvent entrainés alors
qu’en 3 le chiffre est réduit à 47 %, malgré un large contact avec
l'air. Signalons ici qu'il semble y avoir eu une légère hydrolyse
de l’éther acétique au cours de la fermentation. Mais ie1, à la diffé-
rence des expériences précédentes, la fermentation n’était pas
terminée, elle se prolongea même en ? jusqu’au moment de l’ana-
lyse.
Or, il faut considérer chaque bulle de gaz carbonique comme
saturée de vapeur d’éther, si possible. Par suite de la tension de
vapeur élevée de ceux-ci dès la température ordinaire et du
crand volume de gaz produit, on conçoit que l’épuisement soit
rapide. En effet, en adoptant pour tension de vapeur à 20° pour
l’éther acétique 72Mm 8, on peut calculer que 1 litre de gaz saturé
entraînera avec lui 0% 3035 d’éthers. Or, pour un moût à 10%
de sucre, nous obtenons 2! 5 de gaz carbonique.
Pour avoir une mesure directe des pertes attribuables à ce chef,
nous avons mis en fermentation dans deux ballons 250 centimè-
tres cubes de jus de raisins en ayant soin d’absorber le gaz car-
bonique produit, dans un laveur à potasse. L’un des ballons (1)
fut laissé à l’étuve à 289, l’autre (2) placé à la cave à une tem-
pérature voisine de 159-160. La fermentation terminée, on dosa
l’alcool et l’acide acétique entrainés :
Alcool Acide acétique
LR ÉSM OA RENE NN EPS 0cm30525 Gmer
227 0URS ) Me EI CTRE 0cm5 0250 7mgr2
La quantité d’acide acétique est sensiblement la même dans les
deux cas et faible. I faut en conclure que, au cours de la fermenta-
tion proprement dite, il se forme peu d’éthers. Ceux-e1 diffusent
dans le liquide extérieur à la fin de la fermentation, ce qui explique
qu’on en trouve à ce moment; le dégagement de gaz carbonique
ayant cessé, ils échappent à l'entraînement pour s’évaporer en-
suite. Pour l'alcool, les choses se présentent différemment et les
quantités entraînées sont sensiblement proportionnelles aux ten-
sions de vapeur dans chaque cas.
. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES PRODUITS VOLATILS 187
Étant donnée l’importance des produits volatils apportés par le
moût ou produits par la fermentation, on comprend tout l'intérêt
qui s’attache à leur fixation. L’attention a déjà été attirée sur
ce point par MM. Rosensthiel, Mir, Mazé. La fermentation en
cuves fermées aura à ce point de vue, d’après ce qui précède, de
sérieux avantages.
On peut également chercher dans ce but à abaisser la tempéra-
ture de fermentation. Maisil est facile de voir qu’on n’obtiendra
ainsi que des résultats fort incomplets au point de vue qui nous
occupe, l’abaissement à 120 ou 159 ne serait nullement suffisant.
Il conviendrait, à notre sens, d’abaisser la température des gaz
qui s’échappent, ce refroidissement devant et pouvant d’ailleurs
être énergique. Des rectificateurs plus ou moins analogues à ceux
qu’on emploie pour la distillation nous semblent pouvoir remplir
le but proposé; il serait facile d'y abaisser au voisinage de 00 Ia
température de la paroi froide.
En résumé, les éthers accompagnent les acides acétique et
succinique comme produits de l’activité cellulaire interne. Ils
diffusent progressivement dans le liquide extérieur surtout en fin
de fermentation et peuvent être détruits avec le temps par la
levure elle-même. Les éthers volatils dans le liquide externe dis-
paraissent très rapidement, et pour une très forte proportion, soit
par entrainement dû à l'acide carbonique, soit surtout par simple
évaporation au contact de l’air. Cette conclusion n’est relative
qu’au premier temps suivant la fermentation.
Par la suite on sait que les éthers volatils peuvent augmenter
si l’aération est faible.
Étant donnée l'importance qualitative et quantitative de cette
formation d’ordre biologique, 1l y a lieu de chercher à diminuer
ces pertes dans la pratique de la fabrication des boissons fermen-
tées, du vin en particulier.
Conclusions générales. — En résumé, nous voyons que les
levures alcooliques pures sont susceptibles de donner lieu à de
nombreuses réactions secondaires dont l’importance pratique a
été soulignée au cours même de cette étude et qui sont intime-
183 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE ,
ment liées aux fonctions d’assimilation, de respiration et d’ex-
crétion. À cet égard, nos recherches ont établi ou confirmé les
faits suivants : |
19 Au cours de la fermentation proprement dite, la multipli-
cation de la levure est accompagnée de la formation d’alcools
supérieurs. Celle-ci est en relation avec la composition chimique
du milieu en tant qu’agissant sur la nutrition azotée de la levure.
Les diverses levures de vin se différencient d’ailleurs peu à cet
égard. Il est possible que le furfurol prenne naissance par un
mécanisme analogue. Les levures produisent également des
éthers par voie endogène.
20 Après fermentation et au contact de CE on assiste à une
évolution de liquide fermenté due à l’action de la levure. Cette
évolution est caractérisée par des phénomènes d’oxydation
portant sur l’alcool éthylique et les acides produits. Son carac-
tère et son intensité varient avec le degré d’aération, la com-
position du milieu, la température, la race et l'éducation de la
levure.
«
Nous tenons à exprimer nos vifs remerciements à M. Ver-
neuil, viticulteur à Cozes (Charente), et à M. J.-L. Trouchand,
viticulteur à Saint-Laurent-d’Aigouze (Gard). Ces messieurs
nous ont fourni très gracieusement les vins pour nos expériences,
ainsi que l’eau-de-vie obtenue industriellement avec les mêmes
vins, ceci nous a permis de la comparer utilement avec celles que
nous avons obtenues avec les vins d'expérience au laboratoire.
UN
COIN DE L'ORANIE
MAQUIS, BROUSSAILLES ET FORÊTS
Par A. MATHEY
(Suite[:])
8 _— Forêts des terrains volcaniques
Les terrains volcaniques sont peu représentés dans lOranais
Nous n’avons étudié les peuplements qui les couvrent que dans
la seule forêt des Figuiers où se trouve un pointement de diorites
associées à des ponces et à des gypses talqueux. La forêt des
Figuiers est située en sol mouvementé, à des altitudes variant
entre 170 et 235 mètres. Toute la partie basse, regardant au nord,
appartient aux sables du pliocène. On a arraché la broussaille
pour y semer des chênes-liège. Les semis n’ont pas réussi, et l’em-
placement des travaux est marqué par une vaste elairière qui se
comble péniblement en lentisques et en kermès. Des tuileries
et des fours à chaux existent à proximité du massif, sur le terri-
toire de Noisy-'es-Bains, ce qui donne quelque valeur aux brous-
salles les plus maigres.
Des coupes annuelles de recepage, avec réserve de genévriers
de Phénicie et de rares oliviers et thuyas, se succèdent sans ordre
(1) Voir Annales de la Science agronomique, t. 1, 1909, 6€ fasc., et t. IT,
1er et 2e fasc.
190 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
et à de courts intervalles, compromettant la richesse et l’avenir
du massif. Les essences précieuses se font de jour en jour plus
rares, et les espèces du maquis tendent partout à prédominer.
Les rapailles de buis des monts du Vercors, exploitées à dix et
quinze ans, en vue de la litière, rappellent assez fidèlement ces
peuplements algériens des Figuiers.
C’est le thuya qui forme sur la roche volcanique le fond de la
broussaille. Mais ce n’est point le thuya gracile et élégant des
forêts abritées. Ici, exposé à la brûlure des vents impétueux du
large, il se couche et se déprime, se ramasse en de courts buis-
sons, hauts de 2 mètres à 2m 50. Tantôt il est seul, et c’est alors
l'apanage des parties âgées; tantôt il est mélangé au philaria et
au kermès, plus rarement au lentisque et à l'olivier sporadiques ;
tantôt, enfin, il disparaît totalement, par suite de délits répétés,
laissant la place à des fourrés épais de Genista spartioides Spach,
au travers desquels se montrent des touffes éparses de kermès.
Aux Figuiers et à la Macta, ce genêt, indice de la forêt dégradée,
peuple à lui seul des coupes entières. Il atteint souvent 25 à 30 cen-
timètres de tour à la patte, ! mètre de fût et 2 mètres de hauteur
totale. Recepé pour les fours à chaux, 1l se reproduit de semences
et sans mélange d’essences précieuses. Maintenu sur pied, il élève
son couvert, enrichit le sol de ses dépouilles et offre finalement à la
plantule de thuya un abri protecteur. Tel est son rôle primordial.
Entre les vieux peuplements de thuya et de philaria, que la
hache n’a point entamés, et la lande de genèêts, fille des exploita-
tions rapprochées, on observe des nuances nombreuses. La nature
algérienne marie de mille manières les teintes de sa riche palette.
Thuya, philaria, kermès, lentisque, nerpruns, cistes et genêts se
prêtent à des associations variées, en relation toujours avec les
attaques de l’homme. Et, pour bien voir comment les faits
s’ordonnent, il faut parcourir longuement, tranquillement et à
pied les différentes coupes.
Le parquet de l’année ressemble à toutes les coupes de taillis.
Les cépées sont cependant plus espacées que dans nos forêts fran-
caises, mais la vigueur de la végétation n’y est pas moindre. Le
thuya prend immédiatement la tête et donne des touffes très
UN COIN DE L'ORANIE 191
fournies, avec des lances hautes de 50 à 60 centimètres. Viennent
ensuite, par ordre de décroissance, le philaria, le lentisque et
enfin le chêne kermès, dont les drageons sont nombreux, mais
peu élevés. Deux nerpruns, l’alaterne et le faux olivier, attirent
ensuite le regard par le vert tendre et délicat de leurs jeunes
pousses.
A la seconde année, les végétaux de remplissage, sous-arbris-
seaux et morts-bois amis de la lumière, font leur apparition. Le
sol s’émaille de thyms, de lavandes, de bruyères multiflores, de
cistes polymorphes et à feuilles de sauge, de romarins, de genêts
en ombelle, etc. De loin en loin, quelques chèvrefeuil'es poussent
leurs tiges sarmenteuses à la recherche d’un support où elles pour-
ront grimper, cependant que partout s'effectue la régénération
plus compacte des calycotomes à l’ombre des touffes d’alfa et de
palmier nain. Mais cette poussée est loin d’avoir l’ampleur et la
puissance de celle de nos taillis de France. Le fourré ne s’édifie
que lentement et demande au moins sept ou huit ans avant de
couvrir imparfaitement le sol.
Une belle partie de la forêt, formée par un recru d’une dizaine
d'années, se présente sous l'aspect d’un tallis de eimq ans des ter-
rains calcaires de l’est de la France. Le peuplement est formé par
un mélange de thuya dominant, de philarias, de kermès et de
rares lentisques. La souille comprend des calycotomes, des la-
vandes stæchas, des genêts en ombelle, des ajones d’Afrique,
des romarins, des bruyères multiflores, de très nombreux thyms
algériens, des globulaires, des cistes et des touffes d’alfa aux
splendides inflorescences. Ce qui pointe, c’est d’abord le thuya,
ensuite le philaria et le lentisque, moitié moins élevés que le pre-
mier; ce qui toufte, c’est le kermès; ce qui grisaille plus bas en-
core, c’est le calycotome. Le reste est de trame assez lâche pour
laisser apparaître le sol semé de rares plaques de plantes variées,
parmi lesquelles on remarque la bleue Psoralea bituminosa L.
Les cistes qui s’étalent nombreux dans les vides s’élèvent parfois
jusqu'à 1M50 de hauteur totale, dominant de beaucoup les
fourrés tressés de kermès.
Si l’on cherche à surprendre le secret de l’enrichissement des
192 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
peuplements en essences longévives, on verra aisément que ce
sont les philarias et les lentisques, les premiers surtout, qui ten-
dent à combler les vides. L’un et l’autre jouent donc un peu ici
le rôle du charme en France.
Et, s’il fallait tracer le cycle d’évolution dans ces forêts, nous
le ferions ains |
Première phase. — Plantes aromatiques : thyms, lavandes,
romar,ns, giobulaires ;
Deuxième phase. — Plantes armées ou du maquis : calycotomes,
cistes, genêts ;
Troisième phase. — Néo-forestière : philaria, lentisque et ner-
pruns.
Quatrième phase. — Forestière : thuya.
Les vieux peuplements renferment quelques curieux exem-
plaires de F£uphorbia paniculata Desf. Cette euphorbe arbo-
rescente, à tige rougeâtre et à latex abondant, peut atteindre une
taille de plusieurs mètres, en s’élevant dans les fourrés de len-
tisque ec de kermès.
Les vides sont garnis de nombreux hélianthèmes : A/elian-
themum lavandulæfolium D. C., H. piulosum Pers. Le Teucrium
polium L., petite plante ligneuse de 20 à 50 centimètres de hau-
teur, joue sur les rochers le rôle du Teucrium montanum en France.
De grandes et belles Chlora grandiflora L., aux fleurs d’un jaune
orangé, voisinent avec les Sideritis Guyoniana Boiss et Reuter.
Ceux-ei sont de petits sous-arbrisseaux, de 20 à 40 centimètres de
hauteur, qui couvrent et amendent les terrains les plus pauvres.
Le Phagnalon rupestre abonde également dans les parties ro-
cheuses: il est remplacé sur les sables par le jaune Æelichrysum
stæchas D. C. Enfin, un petit ciste, le Cistus Munbi: Pomel, est
assez commun dans les clairières rocheuses. Mais ce qui contribue
le plus à égayer ces broussailles au printemps, ce sont les mille et
mille clochettes rougeâtres de la Tulipa celsiana Redouté, et sur-
tout les magnifiques fleurs, d’un pourpre noirâtre, de la très rare
Fritillaria oranensis Pomel.
En parcourant ces broussailles, on est immédiatement frappé
par la chaude tonalité des fleurs, dont les couleurs dominantes
UN COIN DE L'ORANIE 193
sont le bleu et le jaune. Cela s'accorde bien avec l’idée reçue que
les insectes ont joué un rôle prépondérant dans l’évolution des
plantes. Que les fleurs aient été d’abord vertes, puis blanches,
jaunes, rouges et finalement bleues, e’est là un fait bien probable,
sinon certain. Aussi, la présence de ces formes hautement spé-
cialisées dans les broussailles algériennes s’explique par la quan-
tité prodigieuse des insectes différents qui les hantent. C’est ainsi
que partout la vie végétale est liée à la vie animale par des fils
ténus, mais très forts, que nous ne discernons pas toujours, alors
même qu'ils ont un retentissement énorme sur les faits que nous
cherchons à analyser. L'œuvre de la nature est vraiment admi-
rable. :
Elle apparaît comme plus admirable encore quand on cherche
à saisir la façon dont se propagent les espèces végétales. Alors
que les plantes aromatiques laissent en été tomber sur le sol leurs
millions de graines, si petites et si ténues que le soufile du vent
suflit à les disperser au loin et qu'un effort léger : brindille qui
choit, fourmi qui passe, escargot et tortue qui rampent, goutte
de pluie qui tombe, sufit à les appliquer contre terre, assez pour
donner appui à la radieule; 1l faut, au contraire, des moyens plus
énergiques pour favoriser le développement des semences des
grandes essences, lourdes et enveloppées dans un péricarpe épais
ou dans un noyau résistant.
Ces moyens, c’est toujours le règne animal qui les fournit. Aux
exemples déjà cités, nous pouvons ajouter le rôle tout particu-
lièrement utile des lapins, si abondants dans les forêts algériennes.
Ces rongeurs, en remuant et en grattant le sol autour des plantes
dont ils recherchent les racines, enfouissent plus ou moins pro-
fondément les graines apportées souvent de fort loin par les oi-
seaux et leur permettent de braver la sécheresse. L'influence du
lapin sur la multiplication de certains végétaux est apparente,
même en France. Ainsi dans le Sénonais, on doit à ce rongeur la
transformation rapide en chênaie des landes de genévriers. C’est,
en effet, dans le sillon ouvert au pied de ces arbrisseaux et
dans la terre ainsi remuée qu’apparaissent les premiers plants de
chêne. Les mêmes faits s’observent en Algérie.
\
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 11 13
194 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Sans doute, on trouve, après chaque exploitation, sur le par-
quet nettoyé, un grand nombre de semis de thuyas et de gené-
vriers, mais ils ne peuvent résister à l’implacable sécheresse de
l’été, et l'enrichissement des peuplements s’opère surtout par la
persistance des sujets nés à l’ombre des grands bois. Aux Figuiers,
la régénération du thuya se fait principalement sous l’ombrage
des bouquets semenciers:; elle s'opère aussi sporadiquement à l’abri
des cépées de philaria, des buissons de romarins et de bruyères,
et même dans les touffes vieillies d’alfa. Les semis de philaria et
de lentisque naissent ordinairement dans les premières années de
la vie du recrû. Le philaria demande plus d'ombre que le len-
tisque et nous en avons souvent trouvé de jolis exemplaires érois-
sant sur des rochers dépourvus de toute terre végétale, un peu
comme le nerprun des Alpes sur les calcaires du jurassique bour-
guignon. Quant au kermès, il est le premier né sur la lande; c’est
aussi le dernier soupir de la broussaille expirante. Son gland lève
au hasard du semis, parmi le fourré aromatique et bas, généra-
lement en des places grattées par le lapin. Et, dans la phase fores-
tière, l’évolution va du kermès au lentisque et au philaria, puis
du lentisque et du philaria au thuya. Brisez ce cycle, renversez-
le, et vous aurez l’ordre de régression. La prédominance de telle
ou telle association sur un point donné permet ainsi de juger à
quelles dévastations la forêt a été et se trouve encore en butte;
elle permet aussi de mesurer le chemin parcouru sur la pente qui
mène au précipice.
Ce n’est pas médire que d’attester le déclin des forêts de l’ins-
pection de Mostaganem. Pour une qui s'enrichit péniblement,
huit s’appauvrissent à vue d’œil et deux se meurent. Telle est la
triste vérité.
9 -_ Forêts des terrains triasiques
Le trias est représenté dans l’Oranie par des gypses salifères
associés à des marnes bariolées, puis à des calcaires ou à des car-
gneules également richement nuancés. Le sel gemme est inter-
UN COIN DE L'ORANIE 199
stratifié dans ces formations, souvent sous forme de filons. C’est
à ces affleurements triasiques qu’il faut attribuer la salure d’un
grand nombre de rivières oranaises. Les oueds melah indiquent
des ruisseaux salés; les châbets el Djira, des ravins gypseux.
Si l’on en croit la tradition, les Romains avaient soigneusement
repéré les pointements salifères du trias et du tertiaire; ils pre-
naient même soin de détourner les eaux des sources saumâtres
pour les envoyer à la mer, et ils suspendaient les irrigations,
lorsque des orages venaient à crever sur les montagnes renfer-
mant des terrains salés.
Les indigènes exploitent communément, pour leur usage, les
gisements de sel gemme. Tantôt, ils retirent le sel de puits gros-
siers, tantôt ils le recueillent en faisant évaporer le liquide dans
des chaudrons, tantôt enfin ils assaisonnent directement leur
nourriture avec les eaux chargées de chlorures.
On rattache également au trias des schiste détritiques qu’ac-
compagnent souvent des poudingues ferrugineux. À Santa-Cruz,
ces schistes sont lustrés, savonneux, quelquefois même ardoisiers,
et rappellent, par certains côtés, les schistes à séricite des Alpes
savoyardes. Sont-ils véritablement triasiques? Il est permis d’en
douter. La découverte de posidonomyes au col de Santa-Cruz
semble leur assigner une origine plus récente. Il importe peu,
d’ailleurs, au point de vue spécial qui nous occupe.
Partout où nous les avons observés, c’est-à-dire au djebel
Khaâr, aux Planteurs et à M’silah, ces schistes ont subi de for-
midables plissements; ils sont même souvent relevés jusqu’à la
verticale. Ce sont des terrains imperméables, done privés de
sources. Toutefois, les couches à posidonomyes laissent filtrer le
long de leurs strates une certaine quantité d’eau. C’est même à
cette circonstance qu’il faut attribuer la transformation en €i-
terne naturelle des anciennes ardoisières des Planteurs.
F Le djebel Khaâr est une petite montagne, haute de 612 mètres,
située à une dizaine de kilomètres d'Oran et dont la forme pyra-
midale se découpe vigoureusement, à l’orient de Mostaganem,
sur le ciel ouaté de la nuit tombante. Par certaines journées grises
et froides de février 1901, il avait, sous son mantelet léger de
196 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
neige fraiche, des allures de grand mont, et sa silhouette hardie
s’enlevait sur la plaine un peu comme celle du Cervin, vu de nos
Alpes de Savoie.
La forêt qui couvre son flanc méridional débute à 280 mètres,
pour finir au sommet du djebel, offrant ainsi une différence de
déaivellation de plus de 300 mètres. Moitié est située sur des
schistes profonds et compacts : c’est la partie basse; moitié sur
des poudingues siliceux, superficiels et maigres : c’est la partie
haute, dont le relief est dur.
Toute la partie sud-ouest était garnie d’un beau perchis de pin
d’Alep, âgé de trente-cinq ans et contemporain de celui de Santa-
Cruz. Il n’en reste guère aujourd’hui que 30 hectares, le surplus
ayant été détruit en 1892 par un incendie. Le feu, allumé dans
les friches voisines par des bergers espagnols, a pénétré rapide-
ment en forêt, dévorant plus de 100 hectares de pineraies et de
broussailles.
Ce n’est pas d’ailleurs la première fois que l’incendie lèche la
roche et le schiste. Et la montagne carrée, qui, comme une sen-
tinelle, veille sur Oran la belle, a perdu non seulement ses lions
ou ses panthères, mais encore ce qui fut la sylve profonde et
épaisse, telle que la nature s’était complu à la faire. Ce n’est plus
guère aujourd’hui qu’un champ de eistes qui s’achemine lente-
ment vers des destins meilleurs. De fait, il faut attentivement
chercher dans le maquis les traces dernières des thuyas qui jadis
peuplèrent ce djebel.
Thuya, lentisque et olivier tressèrent bien autrefois la trame
épaisse du peuplement, au moins dans les parties argileuses du
bas. Qu'étaient les parties rocheuses et siliceuses du haut? Rien
ne permet d’en juger. Sans doute, l’olivier y était largement re-
présenté, mais quels étaient ses compagnons? thuya ou pin
d'Alep? C’est ce qu'il est difficile de préciser.
Ce n’est pas cependant dans le thuya, difficile à manier, que
les forestiers ont cherché l’espoir de la forêt future, mais bien
dans le chêne-liège et dans le pin d’Alep. Sur les 819" 20° qui com-
posent le périmètre, 200 déjà sont garnis de peuplements créés
de main d'homme; le restant demeure à l’état de broussailles.
UN COIN DE L'ORANIE 197
Les travaux neufs comportent des semis par bandes de pin
d’Alep et de chêne-liège. Tantôt celui-ci a été semé seul, tantôt
la bande est brisée et le pin alterne avec le chêne.
Les semis ont été effectués par le procédé Fauveau, c’est-à-
dire dans des rigoles bombées, après débroussaillement complet
du terrain. Ils ont coûté 500 francs l’hectare en moyenne. La
réussite est admirable aux expositions fraiches, belle encore aux
expositions chaudes, où l’on observe cependant quelques man-
ques.
Les semis de 1893 et de 1894, exclusivement en chêne-liège,
sont particulièrement remarquables. Ceux de 1887 et de 1888 sont
moins beaux, mais des piochages profonds, effectués en 1897,
ont merveilleusement activé leur éroissance. C’est ce qui faisait
dire à l’excellent brigadiér Guilhem qu’au djebel Khaâr, le chêne-
liège était moins un arbre de forêt qu’un arbre de verger. Dans
ces conditions, la culture du chêne-liège paraît peu avantageuse
et même aléatoire.
De fait, en dehors de quelques parties particulièrement fer-
iles et alluvionnées par des ravins, cette essence se montre lan-
guissante. Son suber ne présente point cette teinte d’un jaune
eitrin qui dénote une végétation florissante, et les tiges sont cou-
vertes d’une fumagine noire, indice d’un état maladif,
Il y a, entre les semis de chêne-liège du djebel Khaâr et les
plantations de frêne de nos taillis du jurassique moyen, des res-
semblances étonnañtes. Or, on sait que ces frênes ne se soutien-
nent qu'au moyen de recepagés répétés. Après ces recepages, ils
donnent bien des rejets élancés et vigoureux, mais la décrépitude
commence de bonne heure, et ils s’éteignent finalement sans pro-
géniture.
Il est curieux de noter que les mêmes symptômes d’alanguis-
sement ont donné naissance à des modes identiques de rajeunis-
sement. C’est également par des recepages effectués trop tard, vers
six à sept ans, que l’on combat, en Oranie, la descente de cime
des chênes-liège. On profite, en outre, de cette opération pour
biner et piocher les plants, ce qui leur donne un regain d’activité.
Au point dé vue spéculatif, il est peu probablé qu'on retire ja:
198 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
mais grand’ehose de ces semis de chêne-liège, effectués en dehors
de l’aire et de l'habitat de cette essence. Il faut néanmoins ad-
mirer l’art consommé avec lequel ils ont été exécutés. Les bandes
ressemblent à des chènevières, et il sera de toute nécessité d’é-
claircir vigoureusement, de façon à isoler les sujets d'avenir, qui
sont forcément les plus gros. C’est un sacrifice pénible, mais obli-
gatoire.
Dans les bandes brisées, où alternent les semis de chêne et de
pin, il est intéressant de noter que le bandeau de chêne dessine
ordinairement une anse dont la partie concave occupe le milieu.
Le voisinage du pin paraît donc avoir, contrairement à ce que
l’on croyait, une action accélératrice sur la végétation du chêne,
et il suffira de modérer par un étêtement la fougue du premier
pour maintenir le second en bon état. Au voisinage immédiat du
pin, le chêne se rhontre plus gracile et plus élancé; les feuilles sont
également plus vertes et plus larges.
. Nous avons vu que les bandes de Seddaoua sont envahies par
l’halimie. Ici, c’est une légumineuse, le Cytisus candicans D. C.,
qui se jette dans les parties piochées et qui, par sa venue rapide,
peut porter quelque préjudice aux semis. C’est un arbrisseau de
{ à 3 mètres de hauteur totale, au port élégant et gracieux, à la
tige dressée, grise et rameuse, aux ramules verts, striés et angu-
leux. Il abonde au djebel Khaëâr, principalement dans les cuvettes
fraîches, où il se trouve mélangé aux oliviers, aux arbousiers,
aux bruyères multiflores et aux cistes polymorphes. IT à un cou-
vert léger, un enracinement traçant, des feuilles caduques. Il
amende et divise bien le sol. C’est une plante de deuxième Jet,
qui indique un terrain frais et déjà humifié et qui paraît aider et
non nuire à la régénération naturelle des grandes essences.
Au djebel Khaâr, le pin d'Alep a une végétation vigoureuse;
il souffre seulement un peu, çà et là, des attaques du enéthocampe,
excessivement répandu dans les forêts résineuses algériennes.
Des pins maritimes, introduits en mélange, sont moins beaux et
rougis par le Lophodermium pinastrt.
La prompte caducité du chêne-liège d’une part, la vigueur du
pin d'Alep, d’autre part, ont provoqué un changement de front
UN COIN DE L'ORANIE 199
dans les travaux. On a abandonné complètement le semis de
chêne, et, par mesure d'économie, on a substitué aux semis par
bandes de pin, les semis par potets.
Il y aurait beaucoup à dire sur la transformation des brous-
sailles du djebel Khâar en pineraie, transformation onéreuse et
peu sûre en elle-même, puisque lincendie reste pour les reboi-
seurs, une perpétuelle menace. Mieux vaudrait assurément
laisser la nature compléter et transformer son œuvre. Mais l’opi-
nion publique algérienne mesure un peu trop l'importance d’un
boisement à l’argent qu’il a coûté. On en est ainsi arrivé à provo-
quer partout des substitutions d’essences, dans le but d'arrêter les
demandes de déclassement du sol forestier. On ne peut que dé-
plorer de telles erreurs. Les semis par potets de M. le garde gé-
néral Boudy ont cependant abaissé de 500 à 140 franes la dépense
des travaux par hectare. C’est une économie sérieuse et qui mérite
d’être signalée.
Dans les parties parcourues par le feu s’est développée une
broussaille serrée de eiste polymorphe et de cytise blanchâtre,
qui enserre et étoufle de très nombreux semis naturels de pin
d'Alep. Tout d’abord, nous avions pensé que les dégagements de
semis proposés par les agents locaux n’avaient guère d'utilité.
L’examen du terrain nous a bien vite fait revenir sur cette appré-
ciation. Autant qu'il nous a paru, les semis de pin sont à peu près
contemporains de ceux des végétaux de remplissage ; ils n’ont
pu cependant soutenir l'assaut de ces formes jeunes, et meurent
dès qu'ils se trouvent dominés. Rationnés dans leur système ra-
dicellaire, réduits dans leur système axillaire à des baguettes étio-
lées, ils partent en bois sec, si on ne vient pas les dégager. On peut
en conclure que, dans ces terrains au moins, la végétation du pin
est plus lente que celle du ciste polymorphe, qui forme le fond de
la broussaille. Nous n’avons, du reste, jamais observé la transfor-
mation directe en pineraie d’une broussaille de cistes et nous avons
toujours vu s’allonger le eyele évolutif, par l’adjonction sueces-
sive au fourré, de cépées de kermès, de lentisque, de philaria et
d’olivier.
Frappé par la facilité avee laquelle se développent les semis de
200 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
pin d'Alep sur un sol parcouru par lincendie, M. le conservateur
de Gail avait conseillé de mettre le feu à la brousse, puis d’y
jeter aussitôt après des cônes de pin d’Alep. L’expérience a été
faite: elle n’a donné aucun résultat.
Actuellement, on se contente d’extirper la broussaille et de
semer le pin par potets, en réservant seulement les oliviers natu-
rels. Pourquoi ne réserve-t-on pas également les lentisques et les
philarias, voire même les arbousiers et les kermès? On nous a ré-
pondu que ce n’est pas du bois.
A l'heure actuelle encore, nous ne pouvons souscrire à une telle
excommunication, et, partisan convaincu de l’économie dans la
gestion de notre domaine boisé, nous ne pouvons que déplorer
des travaux somptuaires et repousser le système qui consiste à
arracher le bois pour en replanter du nouveau. N’oublions-nous pas
que 40.000 hectares de splendides pineraies restent inexploités,
faute de chemins, dans le cantonnement d’Ammi-Moussa? Au
reste, nous voyons la forêt naturelle du djebel Khaâr beaucoup
plus près d’une forêt de thuya que d’une forêt de pin d’Alep, et
ce n’est pas avancer les choses que d’en briser le eyele évolutif.
La broussaille des schistes est formée d’olivier, d’arbousier, de
lentisque, de kermès, d’osyris lancéolé, de ciste polymorphe, de
eytise blanchâtre et de bruyère multiflore. L’olivier, qui en est
l'essence d'avenir, est principalement concentré dans les combes,
où il dessine des traînées fort belles. Après une toilette sommaire
et un fossoyage léger, les meilleurs sujets sont greffés en couronne
en vue de la transformation en olivette.
A l’est de la grande tranchée médiane qui coupe en deux le
périmètre, on observe, sur les poudingues, des taillis fort intéres-
sants de «ciste ladanifère », les seuls d’ailleurs que nous ayons
observés en Algérie. Ils ressemblent beaucoup aux taillis d’aune
vert des Alpes granitiques. Comme ces derniers, ils sont courts,
serrés et purs de tout mélange. D’après les expériences que nous
avons fait faire, ces taillis, nés à la suite de l'incendie de 1892 et
âgés de dix ans, peuvent rendre, à l’hectare, 1.500 à 2.000 fagots
de 1 mètre de tour, du poids de 10 kilos, ce qui correspond à
une production totale de 30 à 40 stères, et annuelle de 3 à 4 ste -
UN COIN DE L'ORANIE 201
res. Avec le ciste de crête, si prisé des anciens, le ciste ladanifère
fournit une oléorésine qui pourrait être utilisée en parfumerie,
dans les préparations cosmétiques. Pour recueillir lé ladanum,
on se sert, en Orient, d'instruments particuliers ayant la forme
d’un râteau, et qui, au lieu de dents en fer, sont armés de lanières
de cuir. On promène sur les cistes ces lanières qui se chargent
d’oléorésine. On racle ensuite pour en retirer le ladanum.
Autrefois, la récolte de cette substance se faisait d’une tout
autre manière. Selon Dioscorides, on la retirait de la barbe des
chèvres qui allaient, au milieu des ladaniers, brouter lherbe sau-
vage.
Les procédés actuels de distillation permettraient de retirer
aujourd’hui économiquement des quantités importantes de la-
danum, et par suite de mettre en valeur les taillis de cistes lada-
nifères, assez abondants dans la province d'Oran.
Comme la verne de montagne, le ciste ladamifère est à un haut
degré social dans la jeunesse; comme elle aussi, il met longtemps
à dessiner son évolution, et les forestiers, impatients, ne l’appré-
client guère. Le ciste ladanifère est cependant aussi utile sur les
pentes du djebel Khaâr, que l’aune sur les flancs escarpés des
Alpes de Savoie. Leur rôle est identique.
N'est-ce pas merveilleux déjà que cet arbuste ait pu, en dix
ans, parer la montagne et fournir une masse importante de bois?
N'est-ce pas ensuite un bienfait inappréciable pour la région que
Pexistence dé ce taillis qui pompe dans le sous-sol une masse
énorme d’eau et qui la rend, en été, sous forme d’haleine humide
et balsamique? Si l’on avait compté les vies qu'il a épargnées,
les moissons qu'il a sauvées, certes on se montrerait plus imdul-
gent à son égard. Eh quoi ! il n’y a pas encore d’oliviers sous son
couvert? Le beau malheur ! Faut-il donc, pour ce rétard momen-
tané, éventrer le peuplement avec du pin? Qu’y aura-t-on gagné
au point de vüe forestier &t au point de vue spéculatif? Rien
qu'une dépense supérflue. Que si l’on tient absolument à trans-
former ces taillis prématurément, peut-être pourrait-on essayer,
sur quelques ares, dés semis de thuÿya. Il n’est toutefois pas sûr
qu'ils réussissent, les cistes n’étant pas encore arrivés à un point
202 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
suffisant de maturité évolutive. C’est cependant la seule opéra-
tion culturale à tenter.
De toute façon, il est certain que, de même que toutes les asso-
clations vivantes, ces taillis poursuivront leur évolution. Mesu-
rant 1m 50 à 2 mètres de haut, ils ont atteint aujourd’hui la-
pogée de leur croissance en hauteur. La plupart des cépées finis-
sent même de s’étoffer, et, sous le couvert amaigri, les grandes
essences, telles que lPolivier et le thuya, ne tarderont pas à s’ins-
taller, suivant de près les lentisques, les arbousiers et les phila-
rias. Il ne faut pas oublier que le djebel Khaâr est constitué par
une forêt ravagée par des incendies répétés. Un vert parasol
s'étend déjà partout sur des cendres à peine refroidies. Que peut-
on demander de plus à la nature?
On monte facilement d'Oran aux Planteurs par une grande et
belle route taillée dans les schistes lustrés, sol ingrat, s’il en fut
jamais, sol cependant couvert d’un perchis de pin d’Alep âgé d’en-
viron trente-cinq ans, mais généralement trop serré et élagué de
ses branches basses par crainte du feu, l'éternel ennemi des pine-
raies. Les plus gros arbres mesurent 98, 95, 85 centimètres de
tour à hauteur d'homme, la moyenne étant de 35 centimètres
pour une hauteur de 4 à 5 mètres, ce qui donne ur accroissement
moyen de À centimètre par an en grosseur et de 13 centimètres
en élévation. Sous toutes ces forêts de pin, la chaleur est plus
forte pendant le jour qu’en rase campagne, les rayons solaires
pénétrant d’aplomb, l’air y reste immobile. En revanche, les soi-
rées sont plus fraiches, car tout le liquide qui passe à l’état ga-
zeux produit une absorption de calorique : on sait que plus un
arbre évapore, plus il se refroidit, plus il condense d'humidité
atmosphérique.
in Algérie, la forêt est une cause frigorifique, parce que, vi-
vant, elle évapore, et que toute évaporation produit un abaisse-
ment de température dans le milieu où elle s’opère. Or, toute
cause frigorifique, ne fût-ce qu’une simple carafe d’eau froide,
mise dans une salle chaude, a pour effet de condenser une partie
des vapeurs aqueuses répandues dans l’air ambiant. La carafe
UN COIN DE L’ORANIE 203
commence par se couvrir d’une buée, qui se résout d’abord en
gouttelettes, puis en gouttes et finalement le fond de cette carafe
trempe dans l’eau. A l'intensité près, le phénomène est identique
avec la forêt. Les rosées, les brouillards et les pluies remplacent
la buée, les gouttelettes, les gouttes et le dépôt formé au pied de
la carafe.
Si l’on plaçait, en été, sur le sommet de Santa-Cruz, une masse
considérable de glace, il est évident qu’il se formerait sur cette
montagne un épais brouillard, puis des nuages, qui se résou-
draient en pluie.
Si done une cause frigorifique puissante, comme cette masse
de glace placée dans une atmosphère chaude, produit un pareil
effet, une cause frigorifique plus faible, mais permanente, comme
la forêt, doit nécessairement produire un effet moins intense,
mais un effet de même ordre. On sait que les plantations eflec-
tuées autour d’Orléansville ont déjà abaissé de 39 la température
estivale de cette ville.
La quantité d’eau évaporée varie évidemment suivant les
essences et la densité des peuplements. Sans entrer dans de
plus grands détails physiologiques, nous dirons simplement que
l’évaporation est proportionnelle à la quantité de matière li-
gneuse fabriquée. Les arbres à croissance active, comme les euca-
lyptus, ont donc une transpiration très active. Ainsi s'explique
leur pouvoir asséchant considérable. Il en est de même pour cer-
taines broussailles, comme les taillis de cistes ladanifères du
djebel Khaâr et d’autres encore. Mais on serait dans l’erreur si
l’on voulait conclure quelque chose du dualisme apparent qui
existe entre ce pouvoir asséchant des arbres et l'existence des
sources. Quand on voudra bien cesser de se perdre dans les théo-
ries nuageuses pour interroger les faits qui parlent, on s’apercevra
— et c’est l’œuvre de l'avenir — que la forêt n’épuise que les eaux
superficielles et les sources folles, tandis qu’elle est le réservoir où
s’alimentent les nappes profondes et les sources constantes, en
plaine comme en montagne
L’industrieuse Oran est fière de sa pineraie de Santa-Cruz.
Que n’en est-il de même des populations agricoles de lOranais
204 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
pour leurs broussailles, grandes ou petites carafes qui baignent
leur pied dans l’eau rafraichissante ?
Après avoir visité la pineraie qui prend, dans la partie supé-
rieure, un cachet moins régulier, aidant à l’exécution des éclair-
cles, et dont le sol est brodé d’un sous-bois varié de calycotomes,
lentisques, withanias, osyris, Salsola soda et Atriplex parviflora
Low., le forestier-botaniste pourra s’arrêter au col de Santa-Cruz,
autant pour admirer l’unique paysage qu'il a sous les yeux, que
pour cueillir, dans les rochers, Campanula mollis L., Teucrium
flavum L., Sedum album L., Dianthus virgineus Gr. et G., Ge-
nista eriocladea Spach., toutes plantes puissamment ornemen-
tales, dont le riche coloris ajoute à la beauté du lieu, et dont la
mission est de fabriquer de la terre végétale et du terreau, d’at-
tirer les insectes fécondateurs et de préparer la venue de végé-
taux plus robustes.
Une petite montée conduit ensuite au plateau où se dresse,
dans un site admirable, une blanche koubba que vint lécher la
flamme en août 1895, mais que caressait, au 1€ juin 19014, la
brise plutôt fraîche du large. Le sol est formé là par des roches
calcaires, plates et dallées, sur lesquelles se développe une végé-
tation assez drue, de palmier nain, calycotome, lavatère, withania,
lavande et Helichrysum stæchas.
Un peu plus loin, le fourré s’épaissit par l’adjonction de kermès,
lentisque, osyris, ciste de Montpellier, nerprun alaterne et ajonc
d'Afrique. On retrouve également l’alfa et l’hélianthème des
Figuiers, l’hélianthème à feuilles de polium. C’est la partie ravagée
par l'incendie d'août 1895, incendie qui a détruit la pineraie cou-
ronnant autrefois ce plateau. Sans ces incendies répétés, le pin
d'Alep serait vraiment l’essence par excellence des mauvaises
terres de l'Oranie; mais, devant ces accidents si fréquents, on est
en droit de se demander s’il convient bien de le multiplier partout.
Sur le plateau de Yeffry, les graines enfouies dans le sol ont ce-
pendant germé en quantité suffisante parmi la souille feuillue, et
reconstitueront la forêt. Il n’en est pas moins vrai que celle-ci se
trouve dès lors à la merei d’un nouveau sinistre.
Sur ce plateau, on a aidé à la régénération naturelle par des
UN COIN DE L'ORANIE 205
semis artificiels effectués après arrachage à la pioche des touffes
de diss, autrefois très abondantes. Cette opération est revenue à
environ 50 franes l’hectare. Ces semis ont inégalement réussi et
les sujets marquants sont indubitablement l’œuvre de la nature
et non des hommes. Partout, d’ailleurs, où les pins sont fertiles
et où existe un recrû feuillu, partout la régénération naturelle
s’opère avec facilité.
Ce retentissement énorme et déjà signalé du sous-bois sur la
forêt qui ne peut ni s’en paser pour vivre, ni se reconstituer sans
son aide, est un fait aussi vrai au nord qu’au sud de la Méditer-
ranée. Il est général.
Son importance est cependant plus grande encore dans la forêt
algérienne que dans la forêt française. Déjà, nous avons montré
que, dans cette dernière, le rôle de la végétation arbustive est
moins accusé au nord qu’au sud, au levant qu’au couchant. C’est
donc la même loi qui se poursuit et s’affirme.
Ce rôle primordial et bienfaisant du sous-bois est apparent
surtout dans les forêts à diss. Cette graminée vivace envahit avec
rapidité dans les peuplements détrapés, et ses touffes énormes,
dont les hampes s’élèvent jusqu’à 2 et 3 mètres, offrent à l’incen-
die une proie abondante et facile. Le forestier a done à choisir
entre la broussaille qui perpétue la forêt et le diss qui l’étrangle.
Il ne saurait hésiter.
On a parfois conseillé de faire pâturer par les moutons les peu-
plements endissés. C’est oublier que le mouton ne touche Jamais
au diss.
Le feu passé, la forêt se reconstitue en végétaux ordinairement
étrangers au massif initial. Il y a comme une génération spontanée
de cistes, de calycotomes et de cytises. D’où vient cette généra-
tion? Du sol évidemment qui conserve, sous l’humus, des provi-
sions de graines enkystées, que réveillent la chaleur, l’afflux de
sels alcalins, la porosité plus grande de la terre et d’autres causes
encore mal connues.
Tous ces faits sont aisés à vérifier sur ce haut plateau de Yeffry,
hier endissé, aujourd’hui couvert d’une végétation variée.
Fort heureusement, à côté de ces semis ruinés par le feu, d’au-
206 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
tres, plus jeunes, s’élèvent sur près de 45 hectares et vêtent la
montagne d’un gai manteau. Ces jeunes semis ont été effectués
dans des bandes bombées et préalablement défoncées. Ils sont
placés dans un cirque relativement frais, en sol profond. Les tra-
vaux de 1894 sont particulièrement remarquables. Mais tous font
le plus grand honneur aux agents qui les ont exécutés. Pour re-
trouver un ensemble aussi satisfaisant, peut-être faudrait-il aller
jusqu’à la montagne de Paille, dans le périmètre créé par M. le
conservateur Darey. Et de Lus-la-Croix-Haute (Drôme) à Oran,
il y a loin.
Du plateau, nous sommes redescendus sur les Bains de la Reine,
en traversant de vastes espaces incultes et garnis de diss, espaces
qu'égaient çà et là quelques troches de thuya. Il est probable
qu'à une époque reculée, toute la chaîne du Murdjadjo, actuelle-
ment si triste et si nue, était couverte de broussailles où cette
essence entrait pour une large part. Yeffry et le djebel Khaëûr
nous apparaissent en dernière analyse, comme des forêts à thuya.
Si, cependant, l'attribution au thuya de ces terrains de schistes
et de calcaires peut paraître douteuse à un esprit prévenu, il
n'en saurait être de même des versants qui regardent l'Espagne
et la mer. Les semis de pin d'Alep, anciennement effectués sur
ces terrains d’origine diverse, ont incomplètement réussi. On
resserre maintenant la trame de ces peuplements, fort éprouvés
par les vents de mer, au moyen de plantations en touffes de pins
d’Alep élevés en pot. Chaque touffe revient à environ 16 centimes.
La réussite est de 90 %. Tout en applaudissant sans réserve à
l’intelligente initiative du forestier de race qu’est M. Boudy, nous
sommes convaincu que le pin ne donnera que des mécomptes dans
une situation aussi peu abritée.
L’essence d'avenir, l'essence prédestinée de ces rivages, est as-
surément le genévrier de Phénicie. C’est lui qu’il faut propager
à l'exclusion de tout autre. Il sera certainement un jour l’orne-
ment de ces montagnes, en attendant qu'il en devienne la ri-
chesse. Nous en avons même vu quelques pieds épars et spon-
tanés dans les pineraies de Santa-Cruz. Il n’y a donc qu’à suivre
UN COIN DE L'ORANIE 207
les indications de la nature. La seule ombre au tableau consiste
dans l’absence presque complète de renseignements au sujet de
la culture et des exigences de cette essence pourtant si répandue
en Algérie. Nous avons essayé de combler partiellement cette
lacune. |
Des pins de Santa-Cruz, nous passons aux broussailles et aux
lièges de M'silah. C’est un autre monde. M’silah, que nous n’a-
vons fait qu’entrevoir en une trop courte tournée, est une énigme
pour le forestier, autant qu’un curieux et vaste champ d’expé-
rience. Avant de discuter les faits que nous avons observés, nous
exposerons l’état de la forêt, en nous servant d’un rapport de
M. le conservateur de Gail, rapport datant de 1898.
« La forêt de M’silah contient 999% 59° : elle est coupée en deux
par l’oued Hassan (110% 77°), cédé en 1897 à la commune d’El-
Ancçor, pour former un pâturage communal.
« Elle est située partie sur les schistes d'Oran, partie sur les
marnes sahéliennes. Au nord sont de profonds ravins aux bords
escarpés.
«Le canton de l’oued Ditt (161%) a été incendié en 1889. Le feu
a pris naissance, le 11 août, dans la propriété Ricard, voisine de
la forêt, où des bergers avaient brûlé le diss pour régénérer les
pâturages. Venant du sud, 1l est entré en forêt 5 heures après sa
naissance; 1l a duré trois jours et n’a cessé que quand tout a été
brûlé.
«Le peuplement formé de chênes-liège concédés autrefois à
un M. Durand et mis en rapport par ce concessionnaire a été
fortement endommagé; on a été obligé de receper 61.210 arbres,
dont 48.000 étaient déjà en rapport; 7.000 arbres ont pu être
conservés. Les recepages ont donné naissance à des rejets vigou-
reux et bien venants ayant aujourd’hui (1902) douze ans.
«Actuellement, 1l y à dans l’oued Ditt : 85 hectares garnis de
chênes-liège un peu clairs (90 à 100 par hectare), 1 hectare de
chênes zéens dans les fonds et 50 hectares de broussailles cou-
vrant surtout les endroits où l’exposition tourne au sud et à
l’ouest.
208 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
«Ces broussailles sont composées de cistes, bruyères et diss;
elles sont un aliment dangereux pour le feu.
« Des débroussaillements ont été effectués au cours de lété
1897 le long des sentiers et du chemin qui traverse les cantons à
flanc de coteau.
«Le brigadier et le garde estiment qu’un troupeau de 300 mou-
tons serait nécessaire pour faire disparaître le diss.
«C’est possible jusqu’à un certain point; mais les moutons ne
toucheraient ni aux cistes, ni aux bruyères, et brouteraient les
branches basses des jeunes chênes-liège; en outre, une fois qu’on
leur aurait donné accès en forêt, il serait difficile de les en faire
sortir; puis il y a encore le débroussaillement du sol. Nous rejetons
ce moyen, sauf à pousser davantage les débroussaillements. !!
« À noter la source du Canalet, qui donne une bonne eau. Les
cantons d’Essoun, Djorf Halia et M'sabet, ensemble 457" 59°,
renferment peu de liège. Le peuplement est formé par des
broussailles sans avenir et sans valeur, de lentisques, eistes et.
bruyères.
« Le canton de Guedara (381 hectares) renferme ‘es bâtiments
forestiers situés sur un plateau, à 300 mètres de l’oued Guedara.
Une pépinière est, en dessous, dans le vallon de l’oued Guedara;
elle est formée d’une succession de terrasses, toutes irriguées par
une eau limpide et abondante qui sort d’une fontaine et qui est
dirigée de terrasse en terrasse au moyen de canaux ouverts sur
le flanc du coteau.
Création d’une jorêt de chênes-liège. — Sur un terrain en ma-
jeure partie plat ou faiblement incliné, où 1l n’y avait que ües
morts-bois, on a créé une forêt de chênes-liège de 55 hectares,
avec beauceup d'ordre et de méthode. Des tranchées divisent le
terrain en une sorte de damier; sur les bords des quatre allées, se
dirigeant du sud-est au nord-ouest, on a planté quelques arbres
exotiques qui servent à les distinguer. Ce sont, pour la première,
des acacias mélanoxylon ; pour la seconde, des cyprès pyrami-
daux; pour la troisième, des cyprès de Lambert; pour la qua-
trième, des casuarinas.
UN COIN DE L'ORANIE 209
« Pour le reboisement, voiei comment on opère :
« On débroussaille, en extrayant les souches, ce qui revient par
Priredatise souuron MT oies bartdis et 60
«On ouvre ensuite des fossés parallèles de 45 centimètres
de profondeur et 1 mètre de largeur, espacés de 3 mètres
d’axe en axe, qui coûtent 7,5 centimes par mètre, soit, à
raison de 3.333 mètres courants par hectare , . . . . . . . 250
«On comble ensuite les bandes à raison de 3 centimes le
RETRO ui EE Han nn bent Dei TLOD
« On emploie un quintal de glands à . . . . . . . . . 6
«HPesenus de ces olands codes 40 DT 1
C'esbidonéha, 412: UM TO
que revient le repeuplement d’un hectare en chênes-liège.
«I faut ensuite entretenir ces semis et donner à cet effet deux
labours l’année qui suit le semis, puis au moin; un pendant six
ans, soit en tout sept labours, à 20 francs l’hectare, 1 . . . 140
« Vers quatre ou cinq ans, 1l faut aussi receper les jeunes
arbres qui ont une tendance à se coucher et qui, sans cela,
ne monteralent pas; d’où au moins une dépense de . . . 10
«C’est donc, en admettant qu’iln’y ait aucun mécompte, à 660
que revient la création d’un hectare de chênes-liège.
« C’est cher, si l’on considère que l’on ne peut démascler qu’à
vingt ans, ce qui occasionne une nouvelle dépense, et que ce
n’est qu’à trente ans que l’on peut faire une première récolte de
liège de reproduction pouvant fournir par hectare 20 quintaux
à 90 francs, soit 1.000 francs, au total.
Il est vrai qu’à partir de ce moment, l’hectare, qui ne valait
rien à l’état de broussailles, pourra fournir tous les ans cette
somme de 1.000 francs, et même davantage.
«Quoi qu’il en soit, la création d’une forêt de chênes-liège est
une opération dispendieuse, exigeant une mise de fonds considé-
rable, et sujette, en outre, à tous les aléas, surtout à celui qui ré-
sulte du feu.
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 1 14
210 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
€On remarquera d’ailleurs que nous n’avons pas compté les
frais occasionnés par les débroussaillements, les piochages au
pied des arbres, ete., travaux qu'il faut continuer pendant toute
la durée de lexistence de l’arbre.
« Pour empêcher la végétation arbustive d’envahir rapidement
l’espace laissé entre les bandes après chaque culture, il ne serait
peut-être pas mauvais de cultiver au milieu de cet espace, à
1 mètre de distance des bandes de chêne-liège, deux rangées de
pommes de terre; nous avons dit au garde d’essayer sur 30 ares :
la culture du terrain, la plantation et le binage se feraient à ses
frais.
€ Msilah. — La moitié de ce canton, soit environ 90 hectares,
est peuplée de chênes-liège, assez gros, mis en valeur. Le liège
est d'excellente qualité et atteint 25 d’épaisseur en douze
ans. Un épais sous-bois de cistes, bruyères, lentisques, ete., cons-
titue un danger permanent d'incendie. On n’a débroussaillé que
la zone périmétrale et quelques hectares le long du chemin qui
va à la maison forestière. Il y a aussi, dans les environs de ce che-
min, quelques vides assez grands, probablement d’anciens campe-
ments, que l’on a vainement cherché à repeupler en chênes-liège
à diverses reprises.
« Propriété particulière de M. de Saint-Maur. — M. Dupré de
Saint-Maur possède un massif de chênes-liège important le long
du canton de Msilah. Le sol est non seulement débroussaillé,
mais labouré, et on y a semé de l’avoine cette année (1898).
« Les récoltes de cette graminée, quoique assez maigres, paient
les frais de labour. La forêt présente l’aspect d’un verger: les
labours donnent aux arbres plus de force, et l’on peut, par suite,
les démascler plus haut, et, ce qui est plus important encore, ils
stimulent la production du liège, à tel point qu’on peut démas-
cler tous les six ans.
« Le liège est, il est vrai, de moins bonne qualité, il est plus gras,
mais il ne se vend, paraît-il, guère moins cher.
«Un autre inconvénient de ce mode de traitement parait être
UN COIN DE L'ORANIE 211
qu'il épuise plus rapidement les arbres et rend la régénération
par la semence impossible.
‘ « Considérations générales sur la forêt de M’sulah. — 600 hec-
tares de la forêt de M’silah avaient été naguère concédés à M. Du-
rand pour la récolte du liège; la concession a pris fin en 1893 et,
aujourd’hui, e’est l’État qui met en valeur et exploite lui-même.
«On peut dire qu’il y a des chênes-liège sur environ 400 hec-
tares; 78.000 arbres sont actuellement (1898) en valeur, non com-
pris les 68.000 arbres de l’oued Ditt, recepés il y a huit ans, et
les 55 hectares de semis.
« Les 78.000 arbres fournissent tous les deux ans 600 quintaux,
qui, à 50 francs l’un, valent 30.000 francs, soit 15.000 francs
par an.
«Dans vingt-cinq ans, cette production sera certainement tri-
plée, s’il ne survient pas d’accidents, d'incendie surtout.
« Pour éviter les incendies et stimuler la production du liège,
il faudra débroussailler toutes les parties où 1l y a des chênes, en
conservant cependant les quelques pieds d’essences arbores-
centes qui ne sont pas trop près des chênes et piocher autour de
ces chênes dans un rayon de 1m 50.
«Repeuplements en pins. — Non loin de la maison forestière,
de l’autre côté de l’oued Guedara, il y a 1°* 50 repeuplé en pins
d’Alep, âgés de onze ans (1898); il y a aussi quelques pins d’Alep
plantés en bordure des chemins aux environs de la maison. Nous
recommandons de laisser ces pins bien en massif pendant quel-
ques années encore, sans les éclaircir, n1 les élaguer, comme on a
coutume de le faire 161. Dans quatre ou cinq ans, on pourra les
éclaircir, mais non les élaguer.
«Nous trouvons aussi dans M’silah deux pins maritimes fort
beaux, mélangés aux pins d’Alep qu’ils dominent; des semis na-
turels se sont produits tout autour. Cette essence semble se
plaire dans la forêt et se montre d’une plus belle venue que le
pin d’Alep.
«Les pins d'Alep et maritime semblent devoir être employés
212 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
pour garnir les parties de la forêt de Msilah où le chêne-liège ne
peut prospérer. »
Le point le plus bas de M’silah est à environ 260 mètres
d'altitude, le plus élevé à 568 mêtres. Cette dénivellation de 308
mètres suflit pour donner à la région un cachet agreste et monta-
gnard, et aussi pour attirer les nuages qui se dépouillent de leur
humidité en passant sur ce massif boisé, source énergique de froid
et de condensation. Dans une année, ces nuages versent sur le sol
assez d’eau pour constituer une lame de 60 centimètres d’épais-
seur au moins, lame nécessaire pour que le chêne-liège puisse vivre
et prospérer. Deux choses contribuent donc puissamment à limiter
l’aire de cette essence sur la terre d'Afrique; ces deux choses sont
le sol et l'humidité. Sur le sol, l’homme est sans action, mais il
a, par la sylve, grand pouvoir sur le nuage et sur l’eau. Ce pou-
voir, il en use et en abuse. Pourchassant l’arbre et larbuste, il
crée la soif, attise les feux du ciel, modifie le climat local et pro-
voque des migrations végétales, mieux encore des extinctions
d'espèces, et des meilleures espèces. Qu'est-ce, dira-t on, que quel-
ques centimètres d’eau en plus ou en moins sur les versants et le
plateau de M'silah? Rien assurément pour l’homme qui passe
courbé sur le sillon qu’il a peine à finir, mais pour l’arbre qui ne
peut fuir l'endroit où 1l est né, ces quelques centimètres d’eau
constituent tout bonnement le gage de son existence. Et de fait,
en rétrécissant l’aire de la sylve, on rétrécit par là même l'aire
du chêne-liège. Dans l’Oranie, et spécialement dans l’inspection
de Mostaganem, cette essence est en pleine voie de retrait. Par-
tout elle se régénère mal, souvent elle ne se régénère pas du
tout. Et, cependant, les conditions extérieures n’ont pas changé;
ce sont les mêmes arbres qui les avoisinent, les mêmes arbustes
qui croissent à leur pied ! Enlevez l’ourlet forestier qui entoure
les dernières chênaies de l’Oranie et les chênaies elles-mêmes
disparaitront. Il n’en restera que des vestiges dus aux efforts
industrieux, mais précaires, de l’homme. En particulier, le dé-
classement des 11077" de l’oued Hassan est un fait essentielle-
ment regrettable pour la forêt de M’silah. La disparition de ce
UN COIN DE L'ORANIE 213
canton aura une répereussion sensible sur les chênaies voisines,
done sur les revenus de la colonie. C’est un côté des choses qui
mérite d’être pris en considération. Sans doute, il y a, dans toute
l'Algérie, des cantons de broussailles, actuellement sans valeur et
. sans avenir. Sont-ils sans utilité ? Il est impossible de le soutenir
à qui connaît les relations de cause à effet qui lient la vie sur
le globe. Et de ces relations, combien encore nous échappent ?
M'silah souffre, c’est évident, et en deux mots on peut dire son
mal : M’silah a soif. Ce qui le prouve, c’est la flore, pauvre en espè-
ces atlantiques, et qui devient tellienne, épaisse, couchée, donc peu
faite pour la levée sûre et rapide du gland. L’humidité grandit l’ar-
bre et le sous-bois; la sécheresse les déprime, les entrelace, les
courbe sur terre. Et le chêne, rationné dans son approvisionnement
d’eau, lutte mal contre les arbrisseaux qui l’entourent. Alors, ce
n’est plus, comme le dit très bien M. de Gail, un arbre de forêt,
c’est plutôt un arbre de verger, demandant des soins et une culture.
D'où cette première question : Faut-il traiter M’silah en forêt,
faut-il la traiter en verger? Il ne s’agit, bien entendu, que des
parties à chêne-liège, parties dont une plante, la bruyere-arbre,
nettement silicicole, délimite les contours. Partout où croit cette
éricinée, partout on pourra élever le chêne avec profit; mais, par-
tout où elle est remplacée par sa parente, la bruyère multiflore, qui
recherche les sols calcaires, il conviendra d’y renoncer. Voilà déjà
un point certain, acquis à la pratique.
Des particuliers, MM. Dupré de Saint-Maur et Py, exploitent
à la mode portugaise, c’est-à-dire cultivent leurs chênaies à la
charrue et cherchent à obtenir un sol net de toute broussaille.
Culture portugaise. —La propriété Py renferme environ 200hec-
tares de chênes-liège. Le nombre des arbres en production est
approximativement de 72.000 (1), soit 360 par hectare. Ces ar-
bres sont susceptibles de donner 500 quintaux de liège see valant
50 francs le quintal. C’est un revenu en matière de 2,5 quintaux
à l’hectare et de 0 7 par arbre, en argent de 125 franes par
(1) Voir la note de la page suivante.
214 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
hectare et de 35 centimes par arbre. Le sol est labouré tous les
trois ans. La façon coûte 25 francs l’hectare.
Parcourant la forêt, on trouve le sol net de toute végétation,
avec seulement une tendance marquée à se couvrir de eistes
hétérophylles et de cistes de Montpellier. Les arbres ont un feuil-
lage plein et très vert, et, autant pour augmenter la production
que pour éviter la formation de liège gras, le démasclage est poussé
très haut dans les cimes. Il n’y a forcément point de régénération,
et les vides qui se forment sont improductifs. Autant qu’il nous
a paru en une saison cependant printanière, les manques sont
fréquents, et le déchet causé par ce traitement industriel peut
s'élever au cinquantième de la population végétale. L'arbre,
brusquement saisi par le hâle ou le sirocco, ne peut évidemment
fournir aux fonctions d’évaporation et sèche sur pied en l’espace
de quelques jours. Le taux de déchet indiqué est celui qui nous
est apparu dans un coin de forêt visitée et démaselée déjà depuis
longtemps. Il doit forcément s’élever dans les mois qui suivent
immédiatement cette opération.
La propriété Dupré de Saint-Maur compte 180 hectares et
70.000 arbres (1) environ mis en rapport. Elle donne 290 quin-
taux de liège sec valant 52 francs en moyenne. Le revenu en ma-
tière atteint done 1,61 quintal de liège see à l’hectare et 0" 42
par arbre, ce qui donne, pour le revenu en argent, 83/75 par
hectare et 21 centimes par arbre. Le peuplement compte à peu
près 389 tiges à l’hectare. La propreté du sol est maintenue par
des labours répétés tous les deux ou trois ans et suivis d’un semis
d'avoine. Cette graminée rend de 4 à 5 quintaux par hectare,
ce qui paie à peu près la façon du labour.
Dans cette forêt, le démaselage est monté moins haut dans les
couronnes que dans la propriété Py, et l’on trouve encore, çà et
là, dans des fonds de cuvette, des bouquets cohérents. Cependant,
les arbres grillés y sont encore nombreux.
Si l’on veut bien aller au fond des choses, on reconnaitra tout
(1) Ces nombres nous ont été donnés par le garde de M'silah. Ils parais-
sent bien élevés; nous ne les garantissons pas.
UN COIN DE L'ORANIE 219
d’abord que cette méthode de culture ne peut s’appliquer qu’à
des chênaies situées en plaine ou en plateau. Le labour effectué
dans les pentes ferait très vite disparaitre la terre végétale, lavée
et entraînée par les pluies. Ensuite, 1l est évident qu’à défaut
d’un rajeunissement artificiel, les forêts ainsi traitées s’useront
vite. La propriété Py en a pour moins de cinquante ans; celle de
M. Dupré de Saint-Maur durera sans doute un peu plus, mais elle
verra son rendement diminuer d’année en année. La question
du rajeunissement artificiel des chênaies est loin d’ailleurs d’être
aussi simple qu’on veut bien le dire. Si, en effet, on cherche à
aligner les semis, de façon à pouvoir labourer entre les lignes, il
n'est pas sûr que l’on puisse utiliser convenablement l’espace
découvert et les bonnes veines du terrain; si l’on procède à des
semis d'aventure, la charrue ne pourra pas servir, et les frais de
culture seront notablement plus élevés.
Il ne nous souvient pas avoir vu des semis naturels sur le sol
approprié de ces deux propriétés. Peut-être avons-nous passé
trop vite et en trop aimable compagnie. Cependant la chose ne
nous surprendrait pas outre mesure sur une terre appauvrie par
les récoltes et d’ailleurs privée de son humus brûlé par le soleil.
Si l’ameublissement du sol contribue à entretenir l’activité de
la végétation du chêne-liège, en supprimant la concurrence du
sous-bois, 1l a aussi pour conséquence de diminuer, à la longue,
la fertilité du terrain et d’appauvrir en eau les parties profondes
du sous-sol fouillées par les racines. Les arbres soumis à une éva-
poration très active, ne trouvant plus à se procurer l’eau neces-
saire aux fonctions d'échange, meurent brusquement, à la suite
d’un coup de fühn, comme le font les résineux sur un sol gelé.
Pour remédier au desséchement du sol et entraver le déplace-
ment des nappes profondes phréatiques où les racines trouvent à
s’approvisionner, même pendant les plus fortes chaleurs de l’été,
les liégeurs du Var ont essayé de substituer aux morts-bois des
végétaux bas et peu combustibles. Dans son livre classique sur
le chêne-liège, M. Lamey (page 163) cite comme pouvant remplir
cet office : le brome de Schrader, l’Agrostis diffusa et la Psoralea
bituminosa.
216 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
De ces plantes, les deux premières ne sont ni ignifuges, ni amé-
liorantes; quant à la troisième, c’est, en Algérie, une plante de
broussaille, sporadique, maigre et qui ne touffe point. Ni les unes
ni les autres ne nous paraissent done convenir au but cherché.
Des cordons d’agaves textiles auraient une plus grande efficacité
au point de vue du feu, mais 1l n’est pas sûr que ces végétaux
puissent supporter le couvert même interrompu de la chênaie.
La plante qui paraît offrir aux liégeurs algériens une ressource
précieuse est l’Æ£rophaca boetica Boissier. Nous avons déjà fait
connaître son rôle en agriculture. C’est un végétal social, amé-
liorant, offrant peu de prise à l’incendie et caractérisant les sols
siliceux propres au chêne-liège. Il n’a qu'un défaut, c’est que les
lapins recherchent avidement ses graines, décelant ainsi leur
haute valeur alimentaire. Les touffes extraordinairement pleines
de cette légumineuse protégeraient le sol contre l’invasion des
cistes et autres morts-bois; elle rendrait les labours moins fré-
quents; enfin, enfouie en vert, elle constituerait un merveilleux
engrais, qui faciliterait singulièrement la reconstitution du massif.
Ses graines elles-mêmes, débarrassées de leur principe amer, pour-
raient servir à l’alimentation du bétail ;torréfiées, elles donneraient
sans doute, après enlèvement de la pellicule, un succédané du
café. Ne sont-ce pas là des raisons puissantes pour mettre cette
plante à l’étude?
Il est incontestable que la méthode de culture portugaise éli-
mine à peu près complètement le danger provenant des incendies;
mais &’est tout ce que l’on peut porter à son actif. Nous voyons
bien que le rendement en liège est notablement plus élevé, au
moins dans la propriété Py, que dans l’ensemble des forêts algé-
riennes, puisque, d’après les statistiques si intéressantes de
M. Lefebvre, ce rendement ne serait dépassé que dans le seul
massif de Bou-Aïcha, près de Bougie, où il atteint le chiffre
énorme de 4 quintaux à l’hectare.
D'une façon générale, ilse produit, pour les lièges et en Algérie,
le même fait qu’en France, où les petites cultures rendent plus que
les grandes.
En consultant les chiffres donnés par M. Lefebvre, on serait
UN COIN DE L'ORANIE aix
tenté de fixer comme suit la produetion, en se basant exelusive-
ment sur les contenances :
1 à 4 quintaux de liège brut, moyenne
2 quintaux par hectare ;
Petites propriétés,
5 à 50 hectares,
Propriétés moyennes, 4 à 2 quintaux de liège brut, moyenne
50 à 1.000 hectares. 1,3 quintal par hectare ;
Grandes propriétés, 0,5 à 1 quintal de liège brut,.moyenne
1.000 hectares et au-dessus. 0,80 quintal par hectare.
On pourrait inférer de là, au point de vue pratique, que les
exploitations par très petites surfaces sont incontestablement su-
périeures aux autres et qu’il est avantageux de donner aux séries
des contenances réduites, ne dépassant jamais 1.000 hectares et
se tenant ordinairement entre 400 et 500 hectares. Le morcelle-
ment des séries et des exploitations apparait ainsi comme un des
desiderata de la culture du chêne-liège.
Du rendement élevé en liège à l’hectare et par arbre, il ne fau-
drait pas conclure trop hâtivement à l'excellence du procédé por-
tugais. Ce rendement ne peut être obtenu qu’en démaselant les
arbres tous les six ans et en montant le démasclage d’une façon
abusive dans les couronnes. Pour éviter d’avoir des lièges trop
gras et d’une vente difficile, on est ainsi conduit à dévêtir presque
complètement les chênes. Malgré cela, le prix du quintal n’est
que de 50 franes dans la propriété Py; il s’élève à 52 francs dans
la propriété Dupré de Saint-Maur, un peu moins malmenée; mais,
il a atteint jusqu’à 65 francs dans la forêt domaniale de M’silah.
On peut déjà mesurer la différence. L’écart serait même encore
plus grand, si M. Py n'était pas un grand commerçant en liège,
qui écoule les produits de sa propriété en les mélangeant à ceux
de la forêt domaniale.
Il n’est pas besoin d’être grand clerc en physiologie végétale
pour deviner ce que peut occasionner cette culture épuisante.
Avec son grand talent et sa connaissance merveilleuse des lièges,
M. Lefebvre l’a caractérisée en disant «que ces exploitations
répétées fatiguent les chênes dont la production va en dimi-
nuant », Cette production va en diminuant et évide le peuple-
218 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
ment, dont les arbres partent en bois secs. Nous dirons en ter-
minant que la méthode portugaise ne se contente pas seulement
de prélever le revenu du capital forestier, mais qu’elle vit de ce
capital. Ébréchant plus ou moins le capital, elle doit conduire
à la faillite. C’est du moins l’impression très nette que nous a
produite l'examen rapide des cantons visités.
La forêt domaniale. — Jamais, par contre, forêt ne nous a laissé
une impression aussi confuse que M'silah. La cause en est certai-
nement à notre inexpérience des forêts à liège. Quelle différence,
cependant, entre M'silah et le djebel Saâdia, tout brûlé qu'il
était, entre M'silah et les beaux massifs des Ouled Moudjeur, sur
les contreforts du djebel Tacheta! Ici, aux Ouled Moudjeur, on
sent palpiter la forêt; là, à M’silah, on la voit mourir. Et ce ma-
nifeste déclin des chênaies de l'Oranie marque d’un trait indé-
lébile la lente mais sûre dégradation du climat local, devenu plus
chaud et surtout plus sec. Cela est si vrai que l’ALFA S’AVANCE,
en même temps que le CHÈNE REGULE. Or, il faut une épaisseur
de lame d’eau inférieure à 50 centimètres pour lalfa et supé-
rieure à 60 centimètres pour le chêne. Par suite, les précipita-
tions atmosphériques ont perdu, en un demi-siècle environ, un
sIXIÈME de leur intensité dans la province d'Oran. Si le reeul
du chêne-liège est certain, visible même pour des yeux novices,
la progression de l’alfa n’en est pas moins sûre. Tous les alfatiers
interrogés à ce sujet sont unanimes pour constater l'extension
de l’espèce vers le nord. Pour peu que le phénomène se continue
et s’accentue, le Tell oranais n’aura plus rien à envier au Sahara.
Il est à peine besoin de faire remarquer que cette sécheresse gran-
dissante marche de pair avec le déboisement. Le déboisement
est la cause: la sécheresse l’effet. En fuyant, l’arbre et l’arbuste
emportent le nuage et l’eau, et le dévorant cheli, que rien n’ar-
rête, que rien ne brise, promène de plus en plus loin haleine sté-
rilisante des steppes et du Sahara.
Un moment, on a eru que la vigne allait tout sauver et que la
masse des pampres remplacerait avantageusement la broussaille
et la forêt détruites. Elle n’a donné que l’eau eroupissante et les
UN COIN DE L'ORANIE 219
marais, les Jardins et Rivoli. Les précipitations plus violentes,
mais moins longues; les sources taries ou souillées; le climat plus
see et la terre moins fertile; les forêts déprimées et tendant vers
le maquis; le cèdre expirant dans l’Aurès; le chêne-liège défail-
lant en Oranie; des trombes d’eau, des inondations semant par-
tout le deuil et la ruine: tel est le plus clair résultat du déboise-
ment en Algérie. On le dit, on le sait, on le crie partout, et par-
tout aussi s'étend et se propage l’œuvre de ruine. Arrivé au bord
du précipice, personne ne songe à reculer; on dirait que, devant
le vide, chacun est saisi de vertige.
Sous l’influence de ce climat dégradé, M'silah décline, ce n’est
que trop sûr. Mais d’autres causes locales ont accéléré la débâcle,
et, parmi toutes ces causes, l’incendie est la plus forte. Souvent
M'silah a vu le feu. Telle partie, sur un éperon, en avant de Gue-
dara, n'offre que des arbres minés par l'incendie, arbres qu’il
conviendrait de receper hardiment, radicalement. Et, sur le sur-
plus de la forêt, en maintes parties que l’on travaille et que l’on
pioche, la flamme a couru sur le sol et parmi la broussaille. Le
garde affirmait le contraire. Or, il nous a suffi de faire abattre un
jeune chêne pour retrouver sur les cernes la nécrose symptoma-
tique du cambium ; la souche reste, pour le forestier, le livre où est
écrite en caractères ineffaçables l’histoire de l’arbre. Ainsi, s’abi-
ment par trop grande prudence, les peuplements de chêne-liège.
Nous sommes resté longtemps perplexe sur le traitement ap-
pliqué à la forêt. Ce traitement a deux objectifs principaux : main-
tenir le chêne d’abord, atténuer ensuite les dangers d'incendie.
A cette fin, on débroussaille à la pioche, ce qui donne une culture
au sol, puis on régénère artificiellement le chêne au moyen de
semis par potets.
La forêt de liège est creuse, point du tout à l’état de futaie
cohérente; elle ressemble vaguement à un ancien parcours oublié,
où les arbres épars sont égrenés dans une souille épaisse. De loin
en loin, cependant, et spécialement dans des cuvettes, dans des
replis de terrain, les chênes se ramassent en bouquets, tout en
offrant un aspect irrégulier, un aspect presque jardiné. Et, tandis
que sur ces points priviligiés et frais, la végétation est active et
220 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
vigoureuse, ailleurs, au contraire, elle se montre visiblement ra-
lentie, le feuillage des arbres restant pauvre et terne.
Le sous-bois varie beaucoup d’un point à un autre. Dans les
parties sèches, il est formé par des kermès, des philarias, des
bruyères (bruyère multiflore et bruyère arbre), des ajones, des
cistes de Montpellier, toutes plantes qui tressent d’épais et bas
fourrés, enguirlandés de clématite flammette (Clematis flammula
L.). Dans les vides croissent Ononis arborescens Desf., Cytisus
boeticus Desf., Lonicera etrusca Santi. Les parties fraiches sont
surtout peuplées de bruyère arbre et d’arbousier, mélangés de
ciste hétérophylle et de Lavatera olbia. Enfin, sur quelques points
particulièrement humides eroissent Salix pedicellata L., Vibur-
num Tini L., Fraxinus oxyphylla Marsh, dont il existe une jolie
plantation de quelques ares, près de la pépinière.
Cet ensemble, et les bruyères en particulier, constituent une
proie facile pour l’incendie, aussi cherche-t-on à se mettre à l'abri
de ce fléau par le débroussaiilement complet de la surface du sol.
M. Boudy justifie ainsi cette opération : « Les parties débrous-
saillées avec extraction de souches sont débarrassées une fois pour
toutes des bruyères et autres arbrisseaux ligneux qui étouffaient
les chênes; dans celles, au contraire, où l’on s’est borné, par me-
sure d'économie, à effectuer de simples recepages, on se trouve en
présence de rejets encore plus touffus et plus élevés qu’autrefois,
et le débroussaillement n’a eu d’autre effet que de donner une
vitalité nouvelle au sous-bois que l’on se proposait d'éliminer.
Aussi, avee une dépense de 15 franes par hectare, tous les trois
ans, on pourra, ceci fait, maintenir le sol dans un état de pro-
preté absolue.
Enfin, on profitera de ce passage pour receper les arbres mal
venants, couper les branches mortes, en un mot, donner toutes
les façons eulturales aux chênes jusque-là dépérissants, faute d’air
et de lumière.
Le prix de revient d’un hectare de débroussaillement par voie
d'extraction de souches et des opérations culturales complémen-
taires s’établit comme suit :
TABLEAU
UN COIN DE L'ORANIE 221
Extraction de souches à la pioche. . . . . . 100!
Transport des rémanents dans les vides et
les'eldirières, IMCIRÉTAUON 0) 20. NA 10
Recepage des chênes-liège, élagage des bran-
ches mortes et des sujets d’avenir. . . . . 8
Achahet réparation d'OUtHS SEE. 1. 2
lransport d'eau, CAMpPeMeEDt EU. 2
TOUT RS TE MERE NE 122£
A cela, il convient d’ajouter la valeur des produits abandonnés
aux ouvriers espagnols, chargés de ce travail, et qui compren-
nent :
160 quintaux de souches pouvant donner
40 stères de bois, ou encore 35 à 40 quin-
taux de charbon, valant 140 à 160 francs
net SO Ie MOVONNEr He LE 150
D'où suit une dépense totale de. . . . . . . 272f
Il est à noter que les chiffres fournis par la forêt de M’silah se
rapprochent sensiblement de ceux indiqués par M. Lamey, à la
page 121 de son excellent traité. Le poids d’un stère de souches
n’est, cependant, à M'silah, que de 400 kilos, et le rendement de
ces souches en charbon varie de 20 à 25 % de leur poids brut.
Au point de vue technique, il est encore intéressant de constater
qu'autant la bruyère arbre est recherchée par les exploitants pour
son charbon, autant la bruyère multiflore est délaissée. Cela pro-
vient de ce que la première a une souche volumineuse et la se-
conde, au contraire, un enracinement traçant et superficiel.
En ce qui concerne enfin le dessouchement, nous estimons qu’il
peut se justifier dans le cas particulier de M’silah; mais 1l serait
dangereux de le généraliser. Nous devons reconnaître que cette
opération, en tant que culture, a donné de merveilleux résultats,
d’abord en activant la végétation des chênes dépérissants, ensuite
en découvrant les semis peu nombreux, épars dans la broussaille
et qui n’avaient qu'une vie ralentie, enfin, en favorisant la pro-
duction des semis naturels sur un sol net, ameubli et cultivé. Ce
coup de fouet donné à la végétation durera-t-il? N’épuisera-t-1
222 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
pas rapidement les arbres et le sol? C’est ce que nous ne saurions
dire, et nous ne pouvons que constater les effets immédiats et
considérables de l'opération. Autant les arbres qui restent confinés
dans la brousse sont maigres, ternes et étiolés, autant ceux qui
demeurent sur la brande nettoyée sont resplendissants de ver-
dure, de vigueur et de santé. Cela ne devrait point, cependant,
autoriser à pousser si haut les démasclages sur les jeunes arbres.
On cède trop à la contagion de lexemple donné par les parti-
culiers, et il en résulte une fatigue évidente chez les arbres sur-
menés. Sur bien des points on constate une mortalité anormale,
Enfin, les indications données semblent devoir être rectifiées
en ce qui concerne l'entretien du parquet et le prix de la dépense.
Les cistes, les hélianthèmes, les cytises, les bugranes et la bruyère
multiflore ne tardent pas à faire leur réapparition sous la ché-
naie, et, au bout de quatre ans, il faut songer à les extraire de
nouveau. Nous avons traversé des parties où le massif était rela-
tivement très serré et où cependant le dessouchement, effectué en
1896, avait été suivi d’un second débroussaillement en 1900, dé-
broussaillement qui avait coûté 25 franes lhectare. Déjà, l'effet
cultural de cette opération paraissait amoindri, et les couronnes
des chênes ne s’étaient pas remplies de feuillage, comme après
le dessouchement initial.
Et, il faut bien dire qu’à côté de la question financière et de
rendement, que nous étudierons plus complètement tout à l'heure,
il y en a une autre, la question climatologique, qui doit faire
l’objet des préoccupations constantes du forestier, car on ne sau-
rait assez répéter que, sans eau, il n'y a pas de cultures possibles
en Algérie.
Or, tous les exemples que nous avons eus sous les yeux font
ressortir jusqu’à l’évidence l'influence de la broussaille sur le
débit régulier des sources profondes, à tel point que l’on peut
déduire de la présence ou de l’absence des boisements, la régula-
rité ou l’irrégularité de ces sources. Les unes ont disparu à la
suite du déboisement; les autres ne sont que des sources folles
tarissant après les grandes pluies. Si l’on trouve encore, çà et là
exceptionnellement dans le Dahra, à la faveur de la constitution
UN COIN DE L'ORANIE 229
géologique et stratigraphique des lieux, des sources pérennes,
alimentées par un vaste bassin dénudé d’approvisionnement,
leurs eaux sont à ce point saumâtres que les bestiaux refusent
de les boire en été. Tous les Algériens connaissent d’ailleurs, de
réputation au moins, l'influence du débroussaillement sur les
hauts plateaux du Sersou, devenus d’une aridité extrême, après
avoir Gonnu des jours d’une exceptionnelle fertilité.
Il n’est pas jusqu’en Provence où l’on a pu constater les résul-
tats asséchants du dessouchement. « Un des grands propriétaires
de la vallée de Sauvebonne,. une des plus riches parties du ter-
ritoire d’Hyères, avait devant sa maison une source qui ne
tarissait jamais. Un plateau d’une certaine hauteur dominait la
fontaine. De beaux chênes-liège entremêlés d’arbousiers et de
bruyères recouvraient le plateau d’une végétation luxuriante. Le
propriétaire, excellent agriculteur, habitué à mettre de l’ordre
dans toutes ses cultures, et à en extirper tous les parasites, fit
enlever du plateau les arbousiers et les bruyères, n’y laissant que
le précieux chêne-liège. Mais voilà que la fontaine devint inter-
mittente; dès que le soleil avait disparu et que la fraicheur du
soir se faisait sentir, elle recommençait à couler, pour cesser quand
le soleil s’élevait et que la chaleur reprenait. Les vents dessé-
chants de l’ouest (le chehli algérien) avaient le même privilège
que le so'eil. L’évaporation étant plus grandement activée par la
chaleur, la sécheresse et l’agitation de l’air, il était naturel que,
sous cette influence, la fontaine cessât de couler, tandis que le
contraire arrivait la nuit, par les temps de pluie ou de brouillards
et même par les vents d’est venant de la mer et chargés de parti-
cules humides.
«Toute la région des Maures et de l’Estérel étant granitique
et à roches compactes, n’a jamais eu de sources abondantes, parce
que la plus grande partie des eaux de pluie va directement à la
mer, tandis que les montagnes calcaires, étant pleines de fissures,
emmagasinent dans leur sein les eaux qui tombent à leur sur-
face, pour les laisser couler en sources et en ruisselets. Toutefois,
dans ces forêts de chênes-liège, de pins et de châtaigniers, les
petites sources étaient multipliées avant que l’on nettoyât ces
224 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
forêts de tous les arbrisseaux inutiles ou dangereux à cause du
feu. On a donc nettoyé le sol forestier des rés neux et des brous-
sailles pour n’y laisser que des chênes. Un grand nombre de sources
ont disparu, et celles qui se montrent encore tarissent la plupart
du temps à partir de Juillet, lévaporation étant bien plus grande
sur les surfaces dénudées et les eaux pluviales y étant bien moins
retenues que sur les parties recouvertes d’une végétation serrée. »
Ces observations retrouvées dans nos notes, sans indication
d'auteur ni de provenance, s’accordent absolument avec les
nôtres: elles les étayent et les confirment. Aussi, avons-nous
gardé une certaine appréhension contre les dessouchements,
même limités, de la forêt de M’silah. Il serait curieux de recher-
cher leur influence sur la source de Guedara, qui parait déjà avoir
fléchi dans son débit. En tout cas, ces opérations demandent à
être surveillées de près et maniées avec prudence. On ne saurait
les généraliser. Après les forêts de chênes-liège, on débroussail-
lera les olivettes, puis les carouberaies, tant et si bien que l’on
réduira à rien le débit estival des oueds et que l'Algérie périra
faute d’eau. Et, d’ailleurs, à quoi serviront toutes ces dépenses,
si, d’une part, on propage le chêne-liège et si, de l’autre, on lui
enlève la possibilité de vivre et de prospérer, en favorisant la
dégradation du climat local et lextension de la sécheresse?
Emprisonné dans ce cercle vicieux, esprit hésite et n’ose se
prononcer.
Incontestablement, le débroussaillement favorise le présent,
mais, est-ce, comme on le proclame déjà dans le Var, au détri-
ment de l'avenir? C’est une question que nous ne saurions ré-
soudre et qui reste encore entière.
Par contre, il en est une autre, essentiellement pratique, et sur
laquelle nos recherches antérieures nous permettent de nous pro-
noncer : 1l s’agit des écoulements muqueux, des flux bactério-
mycotiques observés sur les chênes-liège, flux qui déprécient sen-
siblement la valeur des lièges et qui attirent les pucerons et les
fourmis. Tous ces flux sont dus aux instruments rouillés dont se
servent les liégeurs. Ayant eu à nous occuper en France de ces
écoulements, si communs sur les chênes, les érables, les châtai-
UN COIN DE L'ORANIE 225
gniers, les marronniers et les ormes, nous avons multiplié les
expériences, soit en flachant les arbres avec des serpes rouillées,
soit en enfonçant dans le fût des elous également rouillés. Chaque
fois, nous avons donné naissance à un écoulement muqueux.
L'expérience n’a pas été aussi concluante lorsque nous avons
cherché à pratiquer l'infection avec un marteau préalablement
trempé dans un bouillon d’algues. Cependant, environ trois fois
sur dix, la plaie est restée vive et suintante. On ne saurait donc
attacher trop d'importance à la propreté des instruments utilisés
dans la récolte du liège, et il sera prudent, dans les cantons les
plus maltraités, de faire flamber les scies et les hachettes avant
de s’en servir. Parfois même sera-t-il sage, dans les petites exploi-
tations, de stériliser complètement ces instruments en les trem-
pant dans une solution concentrée d'acide sulfurique. Autant
que possible enfin, on recommandera aux ouvriers d'éviter de
descendre, en enlevant le liège, les vallées marbrées par le flux
mycotique, dans la crainte de propager le mal d’un arbre à l’autre.
Les 78.000 chênes-liège de M’silah sont répartis sur un espace
de 214 hectares environ, 6e qui donne une densité moyenne
de 365 arbres à l’hectare. Le revenu annuel moyen se monte à
16.500 francs, pour une récolte de 300 quintaux, valant à peu
près 55 francs le quintal. Il en résulte que le rendement en ma-
tière d’un arbre est de 038 et, en argent, de 21 centimes. Le
revenu de la forêt domaniale est donc notablement inférieur
à celui des forêts particulières voisines, traitées par la méthode
portugaise. La cause en est d’abord dans le sol qui est loin d’être
homogène et partout favorable à la végétation du chêne-liège,
ensuite dans la façon dont s’agencent les arbres. Dans les pro-
priétés Py et Dupré de Saint-Maur, les chênes sont partout isolés,
tandis que dans la forêt domaniale, il y a de nombreux bouquets
où les arbres sont étagés. Les vides d’une part, la densité des
bouquets d’autre part, tendent nécessairement à diminuer le
rendement en liège à l’hectare, qui n’est que de 140, valant
brut 77 francs. Mais, il faut reconnaitre que si les marchandises
sont moins abondantes, elles sont, en revanche, de qualité tout à
‘ait exceptionnelle. Les lièges surfins et à champagne de M’si'ah
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SERIE — 1909 — x 15
226 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
étendent la réputation des produits algériens et aident à lécou-
lement des ma-chandises inférieures avec lesquelles 1ls sont mé-
langés. Le devoir de l'administration forestière est de livrer des
lièges de qualité exceptionnelle, que les particuliers, pressés de
jouir, ne peuvent produire. En cas de crise industrielle, les lHèges
fins trouveront toujours preneurs, alors que les lièges gras encom-
breront le marché. Il ne paraît donc pas bon de pousser à la
quantité au détriment de la qualité, alors surtout qu'on ne peut
le faire qu’au détriment de l’avenir et en détournant les forêts
de leur rôle primordial, qui est de servir de régulateur au climat.
Aussi bien, et ce sera notre conclusion, les dessouchements doi-
vent s’en tenir à protéger contre l'incendie et à assurer la régé-
nération du chêne-liège dans les parties où cette essence décline
manifestement. On pourrait, ce semble, concilier ces deux desi-
derata, en découpant la forêt en tranches assez minces, dont les
bords seraient dessouchés, et en localisant cette opération, alors
culturale, aux vides intérieurs. Cela aurait l’avantage de marcher
suivant un plan régulier et d'apporter l’ordre et la régularité né-
cessaires dans les travaux de l’espèce.
Une longue expérience des choses algériennes a conduit M. le
conservateur Eymard à régénérer sûrement ces forêts péricli-
tantes de chênes-liège par voie de semis. Les semis sont effectués
dans des potets de 3 mètres au carré, piochés à 25 ou 30 centi-
mètres de profondeur. La dépense d'ouverture et d’ensemence-
ment de ces potets ressort à 70 francs par hectare. Les glands
germent admirablement, mais les jeunes plants demandent des
soins incessants. Il faut leur donner au moins trois binages avant
d’escompter leur succès définitif. Le premier coûte en moyenne
20 francs, le second et le troisième réunis environ 22 francs.
Cela étant, il est possible de mesurer l’économie des travaux
entrepris dans la forêt de M’Silah, en supposant qu’une période
de trente ans s’écoule entre l’époque du semis et la première ré-
colte.
TABLEAU
UN COIN DE L'ORANIE 2921
a) Dépenses
Dessouchement initial, à l’hectare . . . . 2721
Nettoiement des cistes, bruyères et eee
se succédant à quatre ans d’intervalle, à raison
def25 francs Pum:sotb 1525 "at 187 50
Ouverture et ensemencement des EE se ME 70 »
Entre tienAer CES DOÉBES. 2 US Ar EN Le. 42
Intérêts à 2,5 0/, des fonds avancés. . . . . . 17058295
NO EUR E AReEM OReT US 1.630f45
b) Recettes
Ces travaux auront pour résultat probable d'élever de 1 quintal
environ la production de liège à l’hectare. Le quin al vaut 55 franes
brut, mais il faut défalquer les frais nécessités pour la récolte et
qui sont de :
Levée'du liège de reproduction. ... 2. .:: ! . 2f )
Débusquage jusqu’aux chemins. . . . . . . .. 0 50
AHDIUMISIONNEMENL ETLEAU. 0er. ex . 0 10
Transportdu chemin "au dépot. #77, 00, 0 60
bridge, mesaseempilagen: Puf enr Myioa ss 0 30
RÉNAMRATIONAUXLOULNSE Le dr D ae ue, 0 25
Surveillance, indemnité aux gardes . . . . . . 0 15
Salaire des surveillants auxiliaires . . . . . . 0 25
CMIPERMENDEN API EURE UT JET 0 10
POLAR TRE NT RRANEETENTÉ 495
Reste net : 50°75.
Le capital placé dans cette entreprise fonctionne ainsi à. un
taux de 3,1 %, qui s’abaissera à 2,4 %, en tenant compte des frais
de démasclage. Cela dans | "ypothèse où tou, marchera suivant
les prévisions les plus optimistes. Ces que’ques chiffres permettent
de mesurer exactement l’économie des travaux et justifient les
restrictions que nous avons faites en débutant.
140 -— Forêts des terrains quaternaires
Les forêts des terrains quaternaires ont presque entièrement
disparu devant les progrès de la colonisation. Les vallées ont été
228 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
dépouillées de leur végétation spontanée, et l’on fait d'immenses
parcours sans rencontrer d’autres arbres que des bouquets de
tristes eucalyptus, dont le vent secoue les longues lanières d’é-
corce, détachées du fût et des branches, et qui pendent miséra-
blement, comme des guenilles sur un corps humain. Nous avons
pu cependant contempler la dernière épave du bois sacré de Bou-
Adjemi, qui couvrait autrefois toute la plaine du Sig et que des
colons demandaient à défricher. Cette forêt, aujourd’hui détruite,
était située sur un sol d’alluvions argilo-siliceuses, au travers
desquelles la rivière s’est creusé un lit large et profond. Au mo-
ment de no re reconnaissance, les eaux étaient à l’étiage, et, faute
de pont, emporté par le torrent durant l’hiver, les chevaux cir-
culaient à l’aise dans un lit aux trois quarts asséché et remontaient
‘ans peine la pente du talus.
Ces terres de la vallée du Sig pèchent par pauvreté de calcaire :
elles manquent de liant et se laissent facilement noyer par les
eaux. Convenablement irriguées, elles donnent de belles récoltes
en céréales et en pois chiches; abandonnées à elles-mêmes et à
la sécheresse, elles sont improductives en dehors des années plu-
vieuses. Vers 1850, on y a cultivé le coton, qui laissait alors d’assez
beaux bénéfices aux agriculteurs : 400 à 500 francs par hectare;
mais la fin de la guerre de Sécession a porté un coup funeste à
cette culture, abandonnée depuis 1870. Le tabac a remplacé le
coton sur quelques points.
Il est à craindre que toutes les nouvelles cultures industrielles,
que l’on préconise actuellement soient, faute d’eau, condamnées
à végéter ou à périr. Par suite de la dénudation des coteaux, les
barrages-réservoirs envasés ne livrent aux colons que des quan-
tités de plus en plus maigres d’eau, cependant que la salure des
terrains grandit en proportion de l’extension du régime torren-
tiel des oueds et du lavage de plus en plus énergique des terrains
déboisés et éventrés.
Comme toutes les forêts d’alluvions, Bou-Adjemi était une
forêt de tamaris. Le peuplement se trouvait constitué par une
lutaie de Tamarix africana, à l’état pur. L'aspect en était sin-
gulier. Par suite sans doute d’un abroutissement prolongé dans
UN COIN DE L'ORANIE 229
la jeunesse et d’incendies répétés, les arbres étaient courts, renflés
à la patte et la ramification se tordait, comme dans l'immense
majorité des essences algériennes. Le croquis ci-dessous indique à
peu près le port d’un arbre de quarante ans, mesurant 1 mêtre de
tour et 7 à 8 mêtres de hauteur totale. A vingt ans, un taillis de
tamaris peut rendre 100 stères, dont 70 de gros bois. Nous
estimons que maintenus serrés et mis à l’abri de la dent des trou-
peaux, ces mêmes taillis donneraient, à cinquante ans, une cen-
taine de mètres cubes de sciage à l’hectare. Pour un tel débit, des
plots de 2M33 de long sont suffisants. Cette longueur de fût
peut s’obtenir aisément dans des peuplements de tout repos.
L'Algérie est pauvre en bois de sciage. Or, le tamaris donne
230 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
précisément un bois sec, léger et d’un débit facile. Il convient
done merveilleusement pour la fabrication des caisses d’embal-
lage. Chacun sait combien sont lourdes, inélégantes et difficiles
à clouer les caisses dont se sert le commerce d'exportation de
l’Oranie. L’Algérien ne soigne pas assez ses envois. Il oublie qu’un
bel écrin rehausse la valeur d’un bijou.
Ilest incontestable que le tamaris pourrait très bien remplacer
en Algérie le peuplier de France. Il devrait même être partout
cultivé et planté comme ce dernier. Quelques scies automobiles
sufliraient pour en débiter économiquement les produits.
Le tamaris est encore un merveilleux ARBRE D’ÉMONDE. Les
jeunes pousses sont avidement recherchées par les troupeaux.
M. Decaux avait même vu, en lui, l’arbre prédestiné, susceptible
de mettre en valeur le cran des hauts plateaux. C’est aller trop
loin dans cette voie, mais il est imcontestable que cette essence
peut rendre d’immenses services au colon algérien par son bois
et par ses Jeunes rameaux. Dans les plaines marécageuses, elle
assécherait et dessalerait le sol; elle garantirait de l’érosion le
bord des oueds et les talus des fossés d'irrigation; enfin, elle con-
stituerait de très bons et très précieux rideaux d’abri. Ajoutons
que sa multiplication se faisant de boutures est, par là, très éco-
nomique.
Le tamaris repousse vigoureusement de souche après l’incendie
et reconstitue rapidement la forêt, pourvu qu’on tienne les trou-
peaux éloignés du recrû pendant une dizaine d’années.
Le sous-bois de la forêt de tamaris est composé presque exelu-
sivement de guetaf (Atriplex halimus), arbrisseau de 1 mètre à
1m 50 de hauteur totale, aux feuilles charnues et d’un blanc d’ar-
gent mat, grimpant un peu comme le chèvrefeuille des jardins et
se roulant ensuite en boules épaisses sur l’obstacle qu'il a coifé:
de rares semmoumeds (Salsola longifolia) lui sont mélangés. Ces
deux Salsolacées sont des plantes fourragères auxque les, à la fin
de l’hiver, s’adjoignent les graminées des terrains salants. De
gigantesques orobanches, parasites sur le guetaf et appartenant
au genre Phelippæa lutea Desf., jettent une note plus accentuée
d’exotisme sur ce décor du bois sacré.
UN COIN DE L'ORANIE 231
Les forêts de tamaris sont des forêts gazonnantes. L’intro-
duction réglementée du gros bétail peut s’y faire sans inconvé-
nient pour le massif et au plus grand avantage de la population
indigène. Bou-Adjemi, qui comptait autrefois 566 hectares de bois,
était une précieuse réserve pour les bestiaux indigènes. En dé-
cembre 1886, on à remis 150 hectares de vides à la colonisation ;
en octobre 1889, on a alloti la forêt entière, sans se préoccuper
le moins du monde des droits que pouvaient avoir les indigènes
sur le boisement, sans s’enquérir des ressources qu’il devait leur
offrir au point de vue de l'élevage.
11 — Les forêts de la région montagneuse d’'Ammi-Moussa
Jusqu'ici nous n’avons guère vu que des broussailles; nous
allons maintenant parcourir de véritables forêts, et des forêts qui
ne dépareraient pas les versants escarpés de nos Alpes françaises.
La commune mixte d’Ammi-Moussa renferme à elle seule, sur
son territoire, environ 37.000 hectares de bois soumis au régime
forestier. Malheureusement, ces bois sont sans valeur, faute de
débouchés, faute aussi d'initiative courageuse et intelligente.
Chaque année, du fait des incendies, la colonie laisse perdre un
capital ligneux qui, mis en rapport, lui fournirait des revenus
considérables.
On ne saurait assez insister sur le tort immense que cause au
budget l’absence d’un commerce de bois régulier et honnête. En
tolérant les déprédations inouïes des indigènes, on prive la co-
lonie de ressources précieuses et on n’écarte point les difficultés
administratives. Pendant l’hiver 1900, on a vu les centres euro-
péens d’Ammi-Moussa et d’El-Alef presque complètement privés
de combustible. On a voulu rendre le service forestier respon-
sable de cet état de choses, en opposant à la pauvreté du marché
la richesse du massif.
En décembre 1900, au moment où nous parvinrent les doléances
de la municipalité, le quintal de charbon valait 15 francs à Ammi-
Moussa, et la charge de bois 75 centimes. À Inkerman et à El-
Alef, le bois se vendait 1°50 le quintal. Ce n’étaient point des prix
282 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
calamiteux, mais un commerce honnête et bien établi aurait pu
en tirer parti. Malheureusement, le commerce était entièrement
aux mains des indigènes et ceux-61 ne voulaient ni pour or, ni pour
argent, interrompre leurs semailles pour approvisionner les vil-
lages de la vallée de l’oued Riou. En vain le service forestier ou-
vrait-il ses forêts aux chercheurs de bois mort, personne ne se
présentait. Ce bois abondait, cependant, dans les massifs des
Marioua, des Meknessa, des Beni-Tigrine, des Mathmata et des
Ouled-Defelten; il n’y avait qu’à se baisser pour le ramasser.
L’indigène, maraudeur dans le sang, semble n’estimer que le
bien mal acquis : 1l repousse dédaigneusement le bois mort pour
arracher celui qui tient encore. De l’autorisation donnée, il n’a
point profité, et, pendant cette période de disette relative, les
cinq sixièmes du combustible apporté sur le marché d’Ammi-
Moussa provenaient exclusivement de bois vif. D'ailleurs, la mu-
nicipalité, qui se plaignait si fort de ce que l’administration
forestière concédait le bois mort à prix d’argent (3 francs par
mois), ava't, elle, frappé les indigènes-colporteurs d’une patente
assez élevée et faisait, en outre, acquitter un droit régalien d’en-
trée sur toute charge de combustible introduite à Ammi-Moussa.
Cela seul tarissait l'apport du bois.
L’indigène ne fait pas un métier de ce commerce. Le prix qu’il
retire de ses rapines n’est pas destiné à nourrir sa famille; il con-
tribue seulement à entretenir ses dépenses somptuaires. S'il ar-
rache et vend quelques charges de bois, ce n’est pas la misère qui
le pousse; le prix de sa vente n’est pas destiné à l’achat d’un bur-
nous ou d’une gandoura, mais bien exclusivement employé à
payer son tabac ou son café maure.
Nous diviserons les forêts des montagnes d’Ammi-Moussa en
deux grands groupes : les forêts des”marno-calcaires et les forêts
des grès du crétacé.
[I — FoRÊTS DES MARNO-CALCAIRES
Quand, des sables de Mostaganem, on passe aux calcaires de
l’oued Riou, on ne fait que traverser des plaines et des coteaux,
UN COIN DE L'ORANIE 253
et c’est à peine si l’air frais des koudiats de Bel-Hacel vient ra-
fraîchir l'atmosphère, de la gare de l’Oued-El-Kheir à celle de
Mekahlia. Plus nombreux et plus élevés sont les djebels qui pla-
nent sur la vallée de l’oued Riou, d’Inkerman à Ammi-Moussa.
Boisée, cette vallée serait riche, plantureuse et fertile; nue, ce
n’est qu'une étuve homicide et stérile, en dehors des parties que
l’eau colmate et arrose. Ces monts, qui se chassent et se pour-
chassent, laissent surgir, à de brusques détours du chemin, le
« Rien de plus Haut », le pic de lOuarsenis, dont l'œil, juché à
près de 2.000 mètres, voit tout ce que prise l’Arabe : la mer et le
sable, c’est-à-dire le monde. Des préalpes de notre France ils
ont l’aspect, la nudité et l’infécondité. Ils en sont la fidèle image.
Et l’analogie se poursuit jusqu’à la complète illusion, lorsque
d’Ammi-Moussa on s'élève, par des chemins abrupts, dans les
hautes montagnes qu'ils dérobaient au regard, montagnes qui
sont bien alpestres par le sol, les ravins, les découpures et les
silhouettes hardies. Au géologue attentif, la succession des assises
dures et friables rappelle absolument le berriasien et le valengi-
nien savoyards.-.Rien qu’au regard, on devine la roche erétacée,
instable, suintante, croulante, avec son faciès «ruiniforme » si
caractéristique.
De la vallée où médite la Poule de Pharaon, le Charognard des
colons, au front de la montagne, où l’aigle volontiers place encore
son nid, 1l y a environ 1.100 à 1.200 mètres de dénivellation. Les
plus hauts sommets ont 1.250, peut-être 1.300 mètres d'altitude.
Ils sont boisés jusqu’au faite. Aucun d’eux ne connaît donc la
pelouse alpestre, aux mille fleurs odorantes et richement nuan-
cées, et la déforestation remonte les vallées, les vallons et les
châbets, c’est-à-dire recherche la source qui murmure, le flot qui
chante de cascade en cascade, et l’eau qui partout féconde.
Dans les parties inférieures de la chaîne, les calcaires marneux,
régulièrement lités, alternent avec des marnes plus ou moins fria-
bles et imperméables. Les eaux de pluie ruissellent à la surface
des marnes, qu'elles délaient en boue noirâtre, et s’enfoncent
légèrement dans les bancs de calcaire marneux, pour venir lu-
bréfier les premières couches de marnes et créer de dangereux
234 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
glissements. Dans les parties supérieures, on rencontre des inter-
calations de marnes schisteuses, analogues aux terres noires des
Alpes, puis de calcaires parfois compacts, mais plus ordinairement
lités. C’est là que s’observent le mieux ces vastes ruines en forme
de calottes hémisphériques, calottes qui fusent et se décapent
continuellement, effaçant sans cesse les pistes et les chemins.
Dans toute cette région des marno-calcaires, les sources sont
rares et ne prolongent leur débit estival qu’à la faveur du boise-
ment. De plus, les terres, boueuses en hiver, se durcissent énor-
mément en été, et les années sèches éprouvent considérablement
le cheptel indigène, qui n’a pour se nourrir que les feuilles de la
forêt. Dans ces montagnes, la question pastorale revêt une im-
portance exceptionnelle; elle appelle l'attention sérieuse des éco-
nomistes. Dès le début de notre prise de possession de service,
nous avons eu à cœur de lier la question pastorale à la question
forestière, convaincu que l’une ne pouvait être résolue sans l’autre.
A cette fin, nous avons plus spécialement étudié les plantes com-
munes et résistantes, susceptibles d’être utilisées comme fourrage.
Des herborisations plus nombreuses, effectuées à notre intention
par un préposé d'élite, le brigadier Chambard, nous ont ensuite
permis de fixer d’une façon plus nette la physionomie de la flore
herbacée et sous-ligneuse de la région montagneuse d’Ammi-
Moussa. Ce sont les résultats de ces recherches et de ces herbori-
sations que nous allons rapidement passer en revue, sans insister
sur les phénomènes de dispersion locale, qui auraient nécessité des
études plus longues et surtout plus suivies.
A l’est d’Ammi-Moussa, le Khramis des Beni-Ouragh, se dres-
sent des montagnes nues et déboisées, appartenant aux marno-
salcaires, et qui furent, avant l’oceupation, couvertes de brous-
salles d’olivier, de thuya et d’oxycèdre. Vers 1840, Ammi-Moussa
devint un des cercles militaires de la subdivision de Mostaganem,
et un fort fut construit, à 131 mètres d'altitude, pour tenir en
respect les populations turbulentes de la région. Commandé de
partout par les hauteurs environnantes, ce fort était singulière-
ment exposé à des surprises, aussi le commandant du eerele fit-1l
incendier la brousse pour donner de Pair à sa petite garnison et se
UN COIN DE L’ORANIE 235
ménager un champ de tir convenable. Situé au fond d’un enton-
noir empuanti par les laves de l’oued Riou, Ammi-Moussa devint
promptement une étuve malsaine. Afin de régulariser le climat
excessif de ce centre de colonisation, l’administration munici-
pale demanda et obtint la création d’un périmètre de reboi-
sement sur l’emplacement même de la forêt détruite en 1840.
160 hectares de terrains ruinés furent remis, en avril 1899, au
service forestier, avec mission de les reboiser.
Par son exposition brûlante, l’aridité de son sol et son état de
délabrement, le périmètre d’Ammi-Moussa ne devait et ne pou-
vait renfermer que des espèces rustiques, ayant victorieusement
résisté à toutes les causes de destruction tenant à une sécheresse
prolongée pendant l’été, à l’entrainement des terres sous les on-
dées furieuses de l’hiver et à un pâturage dégradant. À ce titre
donc, l'étude de la flore était particulièrement intéressante.
Des inventaires effectués à différentes époques, en 1900 et en
1901, ont donné la composition essentielle suivante du tapis vé-
gétal :
Fumaria capreolata 1. Argyrolobium Linnæanum Valp.
Helianthemum virgatum Desf. Astericus maritimus Mœnch.
Trifolium angustifolium L.. Echium pustulatum Sibth. et Sm.
Trifolium stellatum 1. | Chlora grandiflora Viv.
Trifolium procumbens, var. cam- Trixago apula Steven.
pestre L. Satureia montana L.
Anthyllis tetraphylla L.. Lavandula multifida L.
Astragalus epiglottis L. Globularia alypum L.
Melilotus sulcatus Desf. Ornithogalum narbonense 1.
Hedysarum capitatum Desf. Dipcadi serotinum Medick.
Paronychia Bivonæ Gay. Andropogon hirtus L.
Poterium Magnoli Spach. Stipa tenacissima L. (rare).
Par l’association des familles et des genres, cette lande rase
n'est pas sans rappeler celle des coteaux jurassiques de l’est de
la France, les passerines (T'hymelea hirsuta Endlicher) et quelques
rares éphèdres jouant ici le rôle des genêts,-en particulier celui
du genêt poilu. Les germandrées, les coronilles et les hippocré-
pides, si communes dans nos landes françaises, nous ont échappé,
soit qu'elles aient été détruites par la dent des troupeaux, soit
236 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
qu’elles n'aient point été en fleurs au moment de notre pas-
sage. Notons déjà que le Teucrium polium, la Coronilla montana,
l’Hippocrepis scabra abondent dans les forêts voisines de pin
d'Alep.
Beaucoup de ces plantes nous sont déjà connues. Quelques-
unes méritent cependant une attention spéciale. Les trèfles, les
anthyllides, l’astragale sont de bonnes et précieuses fourragères.
Il en est de même de la pimprenelle de Magnole, qui pourrait cer-
tainement devenir une plante de grande culture. Le Melilotus
sulcatus est recherché indistinctement par tous les”animaux.
Apporté, en 1870, par les troupes venues d’Algérie, 1] s'était, un
instant, naturalisé sur es rives de la Loire, ainsi que lAlope-
curus utriculatus, très bonne graminée, dont le fourrage est tout
particulièrement estimé en Toscane.
Mais la plante topique, véritable baume de ces montagnes
éventrées, est bien certainement l'HEDYSARUM CAPITATUM. Elle
se montre partout d’une rusticité incroyable et se propage avec
une très grande rapidité sur les terres les plus compactes, les plus
brûlées et les plus stériles. Au printemps, elle couvre de son rose
manteau toutes les chaînes préatlantiques et monte très haut
dans les montagnes plus élevées.
Comme plante fixatrice des éboulis schisteux, on peut dire
qu’elle est sans rivale. Nous en avions prescrit l’emploi dans les
«ruines » du périmètre d’Ammi-Moussa.
Comme plante fourragère, elle est appelée, croyons-nous, à
un immense avenir. Traversant le territoire des Adjama, nous
étions un jour descendu de cheval pour admirer les tapis épais
de cette légumineuse et nous demandions avec étonnement pour-
quoi on n’en faisait pas usage. « Les animaux ne la broutent pas,
nous répondit le brigadier Chambard, et déjà le Dr Trabut a fait
des essais vains avec une espèce parente, eueillie sur les Hauts
Plateaux.» Ne tenant pour certains que les faits soumis à une
expérimentation rigoureuse, et ayant déjà constaté que de nom-
breuses légumineuses algériennes n'ont pas les mêmes propriétés
en vert et en sec, nous avons prié le brigadier Chambard de faire
expérimenter lhédysarum dans l’étable d’un colon. Nous don-
UN COIN DE L'ORANIE 291
nons ci-dessous les résultats de cette expérience, sans y changer
un mot, et tels qu'ils nous ont été transmis en avril 1901.
Résultats d’une expérience faite en vue de s'assurer si une variété de trèfle
à fleurs rouges, croissant abondamment dans le périmètre d'Ammi-Moussa,
pourrait être utilisée comme plante fourragère
ANIMAUX CONSOMMATION CONSOMMATION
S S û û
FEES à à
l'expérience l'état vert l'état sec
Cheval . . .| Ne le mange que faute d’au-| Le mange avec plaisir.
tre aliment.
Vache. . . .| Le consomme volontiers. Le mange avec avidité.
Mouton. . .| Le consomme volontiers. S'en régale, mais laisse les
grosses tiges.
Chèvre . . .| Ne mange que les fleurs. Nele mange que difficilement
Les indigènes prétendent que la consommation de cette plante à l’état
frais augmente sensiblement la production du lait.
Cette plante qui, à l’état frais, ne dégage pas ou peu de parfum, acquiert
par la dessiccation une bonne et franche odeur de fourrage de première qua-
lité.
Ammi-Moussa, le 22 avril 1901.
Le brigadier des eaux et forêts,
CHAMBARD.
Nous ne nous étions point leurré sur la valeur fourragère
exceptionnelle de cet hédysarum, qui apparaît bien comme la
providence de ces montagnes. Est-il besoin d’ajouter que cette
plante reste absolument dédaignée des colons, comme des indi-
gènes, et qu’il se perd ainsi, par ignorance, par apathie et par
routine, dans cette seule vallée de l’oued Riou, une masse de
fourrage susceptible de nourrir vingt fois le cheptel de la région
pendant la saison d’été.
On pourrait peut-être reprocher à l’Hedysarum capitatum de
s’étaler un peu trop sur le sol et de donner ainsi difficilement prise
à la faux ou à la faucille. Il est facile d’obvier à cet inconvénient
en semant l’Hedysarum avec V'Andropogon hirtus qui le forcera
à s'élever.
233
ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Voici quelles pourraient être les formules d’ensemencement
applicables à ces terrains de schistes et de marno-calcaires :
19 Prairies temporaires de fauche
Hedysarum capitatum .
Andropogon hirtus. .
Trifolium angustifolium .
Poterium Magnolr.
ou, plus simplement :
Hedysarum capitatum .
Andropogon hirtus .
30 kilos.
10 —
J ——
D—
. 40 kilos.
10 —
20 Pâtures pour vaches et moutons
Hedysarum capitatum .
Poterium Magnoli.
Anthyllis tetraphylla
Melilotus sulcatus.
Trifolium stellatum .
Trifolium angustifolium .
-80 kilos.
D (ON
ee & ©
39 Semis forestiers de consolidation
IHedysarum capitatum . .
Andropogon hirtus. .
40 kilos.
30 —
Remontant la pittoresque vallée de l’oued El-Ardjem jusqu’à
son confluent avec l’oued Kouacem, puis ce dernier jusqu’au
châbet Tafrent, on traverse de vastes futaies de pin d’Alep, en-
tremêlées de thuyas et de broussailles. Au voisinage de laïn
Dalia, la flore compte comme principaux représentants :
Ranunculus blepharicarpos Boissier.
Alyssum montanum L.
Lepidium graminifolium L.
Thlaspi perfoliatum L.
Biscutella auriculata L.
Arabis verna Rob. Br.
Matthiola tristis L.
Cistus helianthemoides Desf.
Fumaria calycina Clauson.
Cerastium tetrandrum Curt.
Anagyris fœtida L.
Cytisus arboreus Desf.
Hippocrepis scabra D. C.
Hippocrepis comosa L.
Anthyllis polycephala Desf.
Anthyllis montana L.
Valerianella discoidea Lois.
Bellis sylvestris Cyrillo.
Senecio leucanthemifolius Poiret.
Cynoglossum clandestinum Desf.
Lavandula stæchas L.
Scrophularina pellucida Pomel.
Corbularia monophylla D. R.
Gagea fibrosa Durieu.
Orchis provincialis Balbi.
Aceras longibracteata Reich.
Ophrys speculum Link.
Cephalantera xiphophyllum Reich.
Carex halleriana Asso.
UN COIN DE L’ORANIE 239
A l'exception de quelques plantes hygrophiles, attirées par la
fontaine, l’ensemble caractérise bien le tapis végétal, rare et clair-
semé, de la futaie de pin d’Alep. C’est une association xérophile,
dans laquelle aucune espèce ne peut jouer un rôle utile en agro-
nomie. Les hippocrépides et les anthyllides ne forment pas,
comme en France, des tapis ininterrompus: elles sont disséminées
de loin en loin et utilisées surtout par le mouton. Quelques es-
pèces sont nettement africaines, par:ois même rares, comme Corbu-
laria monophylla, d’autres sont méditerranéennes, d’autres enfin,
comme Alyssum montanum, Thlaspi perfoliatum, Hippocrepis
comosa, Anthyllis montana, sont un écho affaibli d’une flore plus
occidentale, qui a eu son apogée, en Algérie, à l’époque quaternaire
et qui se trouve maintenant confinée dans les hautes stations.
S’élevant dans la montagne, on trouve plus particulièrement
dans les broussailles des calcaires :
Polygala nicæensis Risso. Senecio atlanticus Boïssier et Reut.
Hypericum perforatum L. Astericus aquaticus Mœnch.
Linum tenue Desf. Helichrysum stæchas L.
Coronilla valentina L. Chlora grandiflora L.
Colutea arborescens L. Anarrhinum pedatum Desf.
Anthyllis oulneraria L. Linaria elatinoides Desf.
Onobrychis alba Waldst et Rif. Thymelea Tarton-Raira Allioni.
Genista tricuspidata Desf.
Deux de ces plantes seulement méritent une mention spéciale;
ce sont lAnthyllis vulneraria, qui peut entrer dans la formule
d’ensemencement d’un pâturage à moutons, et l'Onobrychis alba,
excellente plante fourragère pour les chevaux et les bœufs, qui
convient spécialement aux terrains secs et pierreux.
Quant aux schistes, on les trouve ou bien garnis d’un épais feu-
trage de diss, ou bien semés de ruines, parmi lesquelles on récol-
tera :
Arabis pubescens Poiret. Seabiosa maritima L.
Arabis albida Stev. Leuzea conifera D. C.
Genista tricuspidata Desf. Campanula strigulosa Link et Hoff.
Trifolium striatum L. Linum tenuifolium Desf.
Vicia onobrychioides L. Geranium atlanticum Boiss. et Reut.
Potentilla micrantha Ramond. Erythræ centaurium L.
Centranthus macrosiphon Boissier. Nepeta multibracteata Desf.
Scabiosa stellata Desf. Teucrium polium L.
240 ANNALES DE LA SCIÈNCE AGRONOMIQUE
C’est la flore par excellence des forêts de chênes ballotes.
De toutes ces plantes, une seule, Vicia onobrychioides, rustique,
abondante et excellente fourragère, se recommande à l’atten-
tion des agronomes. Une formule d’ensemencement réunissant :
Dactyits SlomenMae | he NN EE SR A PAGE:
PO RALDOS Er Tee + et res ce Me OM
Hedysarum capuiatum 1. HUTUNG ES AMOR EMAIOMEEE
Vierapnobryehianless: 20 4e nt ee
OnoPreuEh1S Alba EN CURE. Le LORS ET RC ES
donnerait très vraisemblablement de bons résultats dans les ter-
rains schisteux de la haute montagne et constituerait de bonnes
et durables prairies temporaires. Les deux graminées qui entrent
dans la composition de cet herbage donnent un bon fourrage,
quand elles sont coupées sur le vert. La première n’est cependant
pas très abondante, mais elle paraît, néanmoins, suffisamment
rustique et résistante à la sécheresse.
Mais, de toutes les graminées, cel'e qui attire le plus l’atten-
tion par sa diffusion, ses tendances sociales et envahissantes,
l’action nocive qu’elle exerce sur les peuplements, les services
qu'elle pourrait accessoirement rendre à l'élevage, c’est certai-
nement le diss, lAmpelodesmos tenax des botanistes. Générale-
ment sporadique sous les futaies pleines de chêne et de pin, elle
envahit rapidement, dès que le massif se déchire et s’appauvrit,
et constitue, dans les parties privées de sous-étage, des fourrés
épais et exclusifs. Ceux qui connaissent les mares de nos argiles
bressanes, garnies de touffes élevées de laiches, pourront se faire
une petite idée d’un terrain endissé.
(A suivre.)
Nancy, imprimerie Berger-Levrault et Cie
UN
COIN DE L'ORANIE
MAQUIS, BROUSSAILLES ET FORÊTS
Par A. MATHEY
(Suite et fin [1])
Comme le chêne vert, le diss affectionne particulièrement les
schistes, et, sur ces sols, il lutte avec avantage contre les arbris-
seaux du sous-bois qu’il élimine rapidement, ne partageant l’es-
pace qu'avec le seul genévrier oxycèdre. Sur les calcaires, il pro-
gresse avec une moindre rapidité, ayant à compter sans cesse
avec le; arbustes sociaux (calyeotomes, cytises, nerpruns, etc.),
qui se la ssent difficilement déposséder. Les vagues de la mer de
diss, hautes de 1 à 2 mètres, montent au fur et à mesure que le
peuplement se dégrade par le pied, du fait du pâturage qui durcit
le sol et entraîne la disparition du sous-bois. C’est ainsi que proche
des « mechtas » où les moutons ont sans cesse accès, d'immenses
étendues sont stérilisées par cette graminée, qui ne permet à au-
cune autre graine de germer. Et cela dure jusqu’au moment où
surgit l'incendie, inévitable dans de semblables fourrés. Le feu
passé, le diss s’éclaireit, disparait même souvent, pour céder la
place à une végétation arbustive, drue et serrée, caractérisée par
les cytises, les calycotomes et les cistes. La touffe vieillie de diss,
(1) Voir Annales de la Science agronomique, t. 1, 1909, 6e fasc., t. II, 1er,
2e et 3e fasc.
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — n 16
242 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
entourée de feuilles sèches, rigides et enroulées sur les bords,
n'offre aucune ressource aux bestiaux; elle ne sert qu’à couvrir
les gourbis des indigènes. Les jeunes inflorescences pourraient,
cependant, fournir un bon aliment pour les chevaux et les bœufs.
Contrairement à ce qui se passe pour l’alfa, la végétation de
la touffe de diss est centripète, et les formations jeunes sont en-
tourées et défendues par les parties vieillies et desséchées. C’est
ce qui explique pourquoi les graines étrangères ne trouvent ja-
mais asile au travers d’un tapis fourni de cette graminée. Les
feuilles nouvelles sont cependant uülisables, pour les bœufs et
les chevaux, de la fin d'octobre au moment où s’épanouissent
les hampes, soit en avril. Si donc la récolte de ces jeunes feuilles
était facile, les indigènes pourraient, avec un peu de travail,
se constituer de gros approvisionnements pour la saison d’été.
l's ne redouteraient ainsi aucune sécheresse et n’auraient point
besoin de s’adresser à la forêt. Or, la mise en valeur d’une touffe
de diss s’obtient le plus simplemen: du monde, en la rasant avec
une faucille le plu; près de terre possible, ou en arrachant, avec
un gant de fer, les feuilles sèches de la périphérie.
Cette rénovation obtenue, on peut récolter au printemps les
‘euilles de nouvelle formation, soit chaque année, si l’on ne craint
pas de faire disparaître la touffe, soit tous les deux ou trois ans,
si l’on veut aménager la disseraie. Nous sommes bien certaine-
ment au-dessous de la réalité en estimant à 600 quintaux par
hectare la quantité de fourrage qui pourrait être ainsi glanée
dans ces terrains absolument improductifs. La mise en valeur
du diss pourrait également se faire au moyen du petit feu, mais
c’est un procédé dangereux et qu’il convient de proserire.
Nous venons d'indiquer ce dont les bestiaux des indigènes
pourraient et devraient se nourrir; nous allons maintenant faire
connaitre les richesses qu'ils détruisent.
Les peuplements des marno-calcaires se divisent en deux grands
groupes : les peuplements de pin d’Alep et les peuplements de
chêne vert. Les premiers recherchent les sols calcaires et les expo-
sitions chaudes; les seconds, les schistes argileux et les exposi-
tions fraiches. Ce n’est pas à dire, cependant, qu'entre les deux
UN COIN DE L'ORANIE 243
la coupure soit nette, et le mélange tend à s’établir principale-
ment sur les reins des versants. Il n’est toutefois pas rare de
tomber brusquemen*‘, en franchissant un col, de la pineraie dans
la chênaie. C’est un changement complet de décor. Autant, en
effet, la pineraie est monotone, autant la chênaie est variée, par-
fois même captivante, quand il s’y mélange des pistachiers téré-
binthes.
II — FoRÊTS DE PIN D’ALEP
Nous n’avons rien à ajouter aux nombreuses monographies du :
pin d’Alep publiées par les auteurs. Arbre élégant dans la Jeunesse
par sa forme svelte et élancée et par l'écorce argentée de son fût,
il ne tarde pas à prendre, avec l’âge, une tête aplatie et un rhy-
tidome épais, profondément gercuré et d’un rouge-brun.
De son origine relativement très récente (quaternaire) et de
son adaptation très ancienne à un climat sec et extrême, le pin
d’Alep a gardé une souplesse et une plasticité qui le mettent au
premier rang des essences forestières algériennes. Il vient sur
tous les sols, pourvu qu’ils ne soient pas humides, argileux et
compacts. Relativement élancé dans les terrains profonds, il se
courbe et s’incurve dans les terrains superficiels et calcaires, où
sa hauteur est toujours faible. Il fructifie de bonne heure et abon-
damment. Les meilleures graines proviennent d’arbres de qua-
rante à soixante ans. Les cônes se récoltent au mois de juin de la
troisième année qui suit la floraison. L’étalage des cônes se fait
en Juillet. C’est à ce moment seulement que la chaleur est assez
forte pour provoquer leur ouverture immédiate.
Le double déca'itre de cônes, mesuré comble avec un léger
chapeau,-pèse 9" 500 et donne 0% 500 de graines désailées. L’hec-
tolitre de cônes pèse 46" 500 et 100 kilos de cônes rendent 5" 300
de graines désailées. Le prix du kilogramme de ces graines, rendu
à Ammi-Mou sa, revient à environ 1'10.
Le pn d’Alep a une croissance très active dans les bons sols.
Dans les Ouled-Defelten et les Beni-Tigrine, il atteint 2m 20 de
244 ( ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
tour et 25 mètres de hauteur totale; la hauteur de bois de ser-.
vice variant entre 10 et 12 mètres.
On peut admettre que la croissance est en moyenne de 1 cen-
timètre sur le diamètre dans la première moitié dela vie de Farbre,
ce qui porte à qua ante ans l’âge des pins de 1m 20 de tour. C’est
ce dont nous avons pu nous rendre compte dans une exploitation
effectuée au profit d’un caïd de la région. Cette croissance se ra-
lentit un peu chez les vieux arbres généralement âgés de quatre-
vingt-dix à cent ans.
Le bois du pin d’Alep jouit d’une mauvaise réputation en Al-
gérie. Il est formé d’aubier et de bois parfait: le premier, très
exposé à Ja vermoulure (M. Lefebvre), est excessivement abon-
dant chez des sujets de 1M40 de tour et au-dessous; le second
est dur, imprégné de résine extra vasée. Soumis à des alter-
natives de sécheresse et d’humidité, ce bois se décompose avec
rapidité et se laisse facilement attaquer par les champignons.
A Ramka, des poutres engagées dans la maçonnerie se sont
pourr es au bout de quelques années seulement. Les planches
tirées de eette essence sont lourdes et difficiles à clouer.
La plupart de ces défauts proviennent de ce que les pins sont
exploités trop jeunes. À quarante ans, un arbre de 1m 20 de tour
n'offre pas même 25 % de son volume total de bois gras; on n’u-
tilise donc guère que de l’aubier. Pour être susceptib'e d’un bon
emploi, cette essence doit présenter des dimensions minima de
121 60 de tour à 1% 30 du sol. Elle est alors formé : pour près des
deux tiers de bois gras, et l’équarrissage à vives arêtes laisse
tomber la plus grande partie de l’aubier.
Avant de mettre en œuvre le pin d’Alep, on recommande de le
laiss r au moins un an en magasin, afin de fui faire subir un com-
mencement de dessiccation. Cette attente, nécessaire chez les
arbres jeunes, n’est pas sans offrir des dangers, les tissus mis à nu
ayant le temps de se charger de spores de champignons lignicoles.
C’est très vraisemblablement ce qui s’est produit chez les bois
employés à la construction de la maison forestière de Ramka.
En flambant légèrement les poutres avant leur mise en œuvre,
en les immergeant dans de l’eau salée ou des solutions anti-
UN COIN DE L'ORANIE 245
septiques (voir E. Henry, Préservation des bois), on remédierait
sans doute à ce grave inconvénient.
Le pin d’Alep produit de la résine en quantité appréciable. Des
essais de gemmage ont été entrepris vers 1865, mais ils ont dû
être abandonnés à cause de la faible quantité des produits ob
tenus (M. Lefebvre). Ces essais devraient être repris avec des
procédés nouveaux, le gemmage devant améliorer la qualité du
bois et donner naissance à des industrie; variées : extraction de
la térébenthine, du goudron et des autres dérivés de la distilla-
tion sèche. Ce serait le bon moyen d’attacher l’indigène à la forêt
devenue sa pourvoyeuse (1).
Cherchons maintenant à fixer la physionomie de la futaie de
pin d’A'ep, beaucoup plus complexe qu’on serait tenté de le croire
à première vue. Dans la région montagneuse d’Ammi-Moussa,
tout au moins, le pin est rarement à l’état pur; presque toujours
il est accompagné d’un sous-bois varié. S’il existe quelques rares
peuplements réguliers dans les fonds de vallée, comme chez les
Beni-Tigrine, c’est l'exception. D’ordinaire, la forêt se présente
sous l’aspect jardiné, et le massif plus ou moins dense offre trois
étages de végétation superposés. Le premier est constitué par les
pins; le second par le thuya, le chêne vert, l’oxycèdre et la va-
riété de chêne kermès désignée sous le nom de faux kermès; le
troisième enfin, par les formes buissonnantes des espèces précé-
dentes, auxquelles s’ajoutent l’arbousier, le lentisque, le philaria
à feuilles étroites et à grandes feuilles, le nerprun faux olivier,
le calycotome épineux, le baguenaudier, le genêt tricuspide, l’a-
nagyre fétide, le cytise arborescent, la coronille de Valence, le
ciste polymorphe et le ciste de Montpellier. Dans toutes ces fo-
rêts, l'olivier n’est plus qu’une plante sporadique de broussailies;
il monte jusqu’à 900 mèêtres environ. Enfin, le Spartium Jun-
(1) Depuis 1902, époque où ces lignes ont été écrites, nous croyons savoir
que des sociétés se font formées en Oranie pour résiner les pins d’Alep de la
région d’Ammi-Moussa. Nous applaudissons à cette initiative que nous
avons contribué à faire naître. Pour la technique du gemmage, nous ren-
voyons au tome II de notre Traité d'exploitation commerciale des bois, où
cette question a été largement étudiée.
246 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
ceum L. est assez abondant dans toute cette région montagneuse ;
mais c’est moins un arbrisseau forestier qu’une plante de la lande.
Il se comporte un peu comme le cytise en tête et le sureau yèble
de France, à cette différence près cependant qu’il se montre
toujours à l’état disséminé et par pieds épars.
Tant que cette souille est suffisamment pleine, elle garantit le
sol contre les glissements et l’érosion, et ne laisse percer qu’un
faible tapis végétal. Vient-elle à se déchirer pour une cause ou
pour une autre, immédiatement on voit surgir les plantes amies
de la lumière : romarin, globulaire et diss, assez espacées encore
pour que la flore xérophile des futaies de pin d’Alep trouve à
s'épanouir au travers de ses mailles.
Enfin, lorsque par suite du pâturage dégradant des chèvres et
des moutons, qui vaguent en toute liberté dans la forêt, le sous-
bois a disparu complètement, le sol reste exposé au ruissellement
des eaux d'orage; les ravins se multiplient, étendent leurs pattes
d’oie sur les versants et préparent les éboulements. Les eaux
chargées de limon s’en vont épaissir la lave des oueds et semer
au loin les ruines et la fièvre. En ces parties décapées de leur terre
végétale, les arbres sont mal venants: ils sont mourants sur les
seins débroussaillés (Ouled-El-Abbès, Meknessa, Marioua, ete.).
Là où les eaux courent et creusent, le tapis végétal est nul ou
réduit à de rares orchidées et globulaires.
Le thuya fait rarement défaut dans les peuplements de pin
d'Alep. L'état irrégulier du massif lui est même tout particulière-
ment favorable. Il serait beaucoup plus abondant sans les incen-
dies et les délits répétés. Son bois est excellent : c’est le mélèze
de ces montagnes. On le trouve à l’état de perches ou d’arbres de
30 à 90 centimètres de tour, mais bien plus fréquemment à l’état
de semis, et alors enfoui dans la brousse qu'il perce facilement
et au sein de laquelle il est né. Il se montre ainsi ’émule du sapin
par le tempérament et mieux encore peut-être de l’if, dont il
partage la lente croissance. Tout compte fait, c’est ent e ces deux
essences que nous voyons sa place dans la gradation forestière.
Les plus gros arbres de cette essence mesurent 80 centimètres
UN COIN DE L'ORANIE 247
à 1 mètre de tour, 10 à 11 mètres de hauteur totale, pour 4 mètres
propres au débit en sciage. N'ayant point fait abattre de gros
thuyas, nous ne pouvons avoir leurs âges que par comparaison
avec les pins. Admettant qu'ils soient contemporains des plus
vieux arbres du massif, on peut leur attribuer soixante-dix à
quatre-vingt-dix ans : c’est dire que leur croissance est au maxi-
mum d’un centimètre par an sur la circonférence.
Par la qualité exceptionnelle de son bois, le thuya prime de
beaucoup le pin d'Alep. Aussi, les opérations culturales devront
toujours avoir pour but la propagation de cette essence.
Le genévrier oxycèdre (var. à petits fruits) est aussi l’un des
arbres de la futaie irrégulière de pin, mais il sy montre moins
abondant et moins régulièrement distribué. Ce n’est pas, comme
ses congénères de France, une plante de plein soleil, recherchant
la lande et le vide, fuyant la forêt constituée et pleine. Il se
propage, vit et demeure à l’ombre des bois dont il suit et prolonge
l’évolution. Sa croissance est plus lente encore que celle du thuya.
Aux mêmes âges et dans des conditions similaires, il atteint 50 à
59 centimètres de tour, pour une hauteur totale de 7 à 8 mètres,
dont 3 à 4 propres à l’œuvre. Comme qualité et comme durée,
son bois rivalise avec celui du thuya.
Quant à la variété de kermès donnant, dans les terres humides
et fraiches, de petits arbres de 25 à 60 centimètres de tour sur
5 à 7 mètres de hauteur totale, elle nous a paru différer notable-
ment de la forme buissonnante et typique par ses feuilles beau-
coup plus longues, ovales-cordiformes, garnies d’épines vulné-
rantes, par ses glands transversalement sillonnés, à cupules
couvertes d’écailles dont les arêtes sont réfléchies dès le sommet.
Elle est d’ailleurs rare et n’offre qu’un intérêt, très secondaire,
L’état irrégulier du massif indique d’une façon suffisamment
précise que la pineraie ne s’est pas constituée d’un seul coup par
un semis umforme; elle n’est donc pas le fruit d'une évolution
directe, mais le résultat complexe d’une réaction incessante du sous-
“
248 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
bois feuillu sur la futaie résineuse. La chose est évidente pour le
thuya et le genévrier; elle est moins transparente pour le pin,
mais tout aussi certaine. Un des meilleurs exemples que nous
puissions en donner est fourni par le canton de Sidi-Ahmed-Beni-
Youssef, dans la forêt de Marioua. Là, 1l est évident et manifeste
que le semis de pin a suivi la repousse du recrû feuillu, haut de
1m 50 à 2 mètres, et composé principalement de ciste, cytise,
calycotome, coronille, kermès, arbousier, philaria et lentisque.
Il s’agit cependant d’un canton incendié en 1891 et qui aurait dû
ressembler à une chenevière. Ces chenevières, nous les avons
vainement cherchées en Algérie, et nous avons toujours vu la
régénération du pin s’opérer sûrement, exclusivement parmi les
lentisques, arbousiers, philarias et autres végétaux du sous-bois.
En tuant ce dernier, on détruira forcément aussi la forêt. C’est à
l'absence de sous-étage, que, certainement, 1l faut attribuer la mort
sur pied de massifs entiers de cèdres dans l’Aurès (1), puisque ces
arbres portent encore en abondance des cônes garnis de semences
fertiles. C’est à l’absence de sous-étage qu’il faut, probablement,
encore attribuer l’insuccès, au point de vue de la régénération,
des coupes de zeens et d’afarez, entreprises avant 1870 dans la
forêt de Guerrouch. Et c’est par là que le pâturage, destructeur du
sous-bois, conduit toutes les forêts algériennes à la ruine. Ce fait
est capital dans le traitement des futaies de la colonie et nous
avons la conviction intime qu'on ne parviendra à sauver les
cèdre; de l’Aurès, du Bou-Thaleb et d’autres lieux encore, qu'en
restaurant le sous-étage semencier, représenté vraisemblablement
par le genévrier. Il est un fait hors de doute, c’est que l’évolution
régressive de la pineraie est préparée par l'élimination du sous-bois.
A un stade plus avancé, on ne trouve que le genévrier et le thuya.
Celui-ci disparaissant à son tour, sous l'influence du pâturage, 1l
ne reste finalement qu’une lande creuse de genévriers, après
laquelle vient le désert.
C’est pourquoi nous estimons qu'il ne saurait être question
(1) Voir la photographie suggestive donnée par MM. Battandier et Trabut
à la page 39 de leur volume sur l’Algérie.
UN COIN DE L'ORANIE 249
d'amener la disparition du sous-bois, en favorisant l’avènement
très aléatoire d’une pineraie régulière et pleine. On ne saurait
d’ailleurs obtenir cette dernière qu’en éliminant du peuplement
des essences infiniment précieuses, comme le thuya et le gené-
vrier.
L'idée mère de ces détrapages et de ces expurgeades est de
diminuer les chances d’incendie. Or, si l'incendie est accidentel,
on en aura toujours raison; s’il est prémédité et volontaire, l’in-
digène saura bien trouver, malgré toutes les précautions prises,
quelques coins oubliés, où le feu montera du sol aux cimes. On
n'aura donc pas supprimé le danger. Il se peut, à ce point de vue
spécial, que le sous-bois soit un mal, mais c’est un mal nécessaire
et avec lequel il faut vivre.
Ceci posé, il nous reste à faire connaître le matériel des futaies
algériennes de pin d’Alep et à exposer le traitement qui leur con-
vient. C’est à peine, en effet, si l’on est renseigné sur les ressources
de ces pineraies, et les chiffres fournis par certains forestiers sont
tellement exagérés, qu'ils ne méritent aucune créance. Afin de
donner à cette étude des garanties sérieuses d’exactitude, nous
avons commencé par dresser, au moyen d’un nombre certaine-
ment insuffisant d'analyses de tiges, un tarif de cubage pour le
pin d'Alep. Ce travail n’est probablement pas parfait, mais il
vaut mieux que rien. Dans ce tarif donné ci-après, le volume de
l’arbre moyen de chaque catégorie est souligné.
Nous avons ensuite fait procéder au comptage de nombreuses
places d'essai de 4 ares; ces places ayant été choisies autant que
possible dans des peuplements moyens, nous en avons déduit la
densité et le volume du peuplement à l’hectare, puis a densité
et le volume de chacun des cantons.
TABLEAU.
ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
250
log‘g loc‘ g |or‘g | 00e | 063 | 08‘ | oc‘ | 09°& | os ‘a | 0%°a | 0£'& 08°&
ytée Go el 96 x l'£L al 89" | 60°2 | 06 TG | 07 TS | 08-07 2 | 01° ; |OT'3
Lee ao elec z log z ra ze fes | #1 7 #0 2 06 T7 cer OL 4 00°&
|gg'a | gs‘ loss |ce cs |sa c | 91e | 80°z | 00° | 26 r|€8°r | %c"r| 697 | 9°7 06°Y
a a |oz c|ers|90 z|66 1,86 1|%8°r|9L"7|89°7)09 v|rg'T | € v|%e"r 08115
60‘&|zo'z|c6 r|8sr|18"r|%c"1 | co" |09"v|actr )v%"1|98"r | 82 v|0z rar y .. loc‘rlé
cé‘r|s8e r|18 r|vc'r|co"r|09 L\esr|Sv' rer) 68 1|18"T|€67 v| 60‘ | 460 09‘r|&|
ep | 20 r|r9"rlcctrlo7r|e%"r | 9€ r| 62.122" 7 | 77 Z0"7 | 00° 1 | 86 °0:| s8‘0 0S°T|S
ec‘r|ssv|enr|8er|es‘r| 82 rez r|81 r|2r"r)| 90 v|00 1 |£6"0 | 98 "0 | 64‘0 05112
og'rios ras rer r|zrtrlorr| 905 | 107 |96‘0 | 160 | 98 ‘0 | 08 ‘0 | ec ‘0 | L9‘o | 09 0 0€°T| +
5011105 | 86‘0 | c6‘o | c6 ‘0 |68‘0 | s8‘o |o8‘o sc‘o | oc ‘o | 99° |65‘o | eco | £% 0 03‘ r|=
80 |64‘0|9c"o|ec‘o|oc‘o|c9'o|z9o 6ç'o | #c°0 | 190 |9%"0 | vo | LE 0 ov‘r|s
39°0 | 19°o | 8c ‘0 | cc'o | ac'o | 6%‘0 9%°0 | £%°0 | 07° 0 | 980 | £e*o | 68 0 | 93 ‘0 00‘1|.
| %°0 | 9%°0 | #%°0 | cv" 0 | 0%‘o 88*o | ce‘o | &£*0 | 68'0 980 | 67 0 080 06‘0|7
6e°0 | 8e‘o | 98°o | %e‘o | 18‘0 | 83‘0 | 93‘0 | £a 0 | 1a‘0 | 87 0 | 91‘0 o8‘o|£.
82 o|cz olgz‘o %8'0|2c'0 08 0 81 0191 0|%r 0|21'0 |0L°0
er‘o 91‘o|/sr'oler'o|sr olzr 0 |0r 0600 :09°0
| gro, 8r 0177 0|01°0 | 60°0 | 80°0 | 40°0 | 90‘0 106 ‘0
| 600 | 80°0 | co‘o | co‘o | 90 ‘0 | 900 | 600 | 0 ‘0 lo%°‘0!
sanau| satou) sadjou| saxjou| Saxjour| Saajoui| soxjau| so1joui| Sa1jau| soxjaur SaTjeur| SIjQur| SoxjQui| Sa1ju| Su] SIJQUI| saxjaux A RES
| ap
oz 6t 8T LT OT St &T ET St TE | Or 6 8 L 9 (= # exe ee |
daTV,Œ Nid efeqno op Fuel
UN COIN DE L'ORANIE 291
Le tarif ci-dessous a permis de cuber les peuplements des diffé-
rentes pineraies du cantonnement d’Ammi-Moussa. Comme on
le voit, il est basé sur le volume de l’arbre moyen.
CIRCONFÉRENCES VOLUME
à 12 30 du sol propre au service OBSERVATIONS
0.05 Le volume des branchages et du houp- |
|
0.07 pier a été estimé à 30 0/0 du volume de la |
-
tige donné ci-contre.
0,11
0,17
0,23
0,31
0,40
0,51
0,65
0,80
En parcourant attentivement ces différents inventaires, on
constate que le nombre de tiges à l’hectare, brins de toutes essences
compris, est très élevé; il oscille entre 425 et 2.925, la moyenne
étant de 1.200. Cela résulte de la présence d’un double et quelque
fois même d’un triple étage formé par les pins, — les thuyas et
les chênes verts, — les genévriers oxycèdres. L'ensemble offre
un aspect irrégulier et jardiné. La plénitude est donc bien, en
dernière analyse, le trait saillant de la forêt algérienne. Plus le
peuplement est dense, plus la végétation est active, plus aussi
le cube est élevé. Le matériel le plus considérable s’observe dans
les peuplements mélangés de chêne et de pin : El-Anaceur des
Beni-Tigrine, 600 tiges et 665 mètres cubes; Tazera des Ouled-
292 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Defelten, 1.475 tiges et 533 mètres cubes. De même qu’en France,
le mélange des essences doit être, en Algérie, une des plus grandes
préoccupations du forestier praticien. Loin de chercher à le dé-
truire, il faudra s’efforcer de le faire naître, s’il n’existe pas.
Si l’on fait abstraction des brins dont la circonférence est in-
férieure à 60 centimètres, on voit que le nombre des arbres varie
de 175 à 825, la moyenne se tenant entre 400 et 500. C’est à peu
près la densité des pessières de nos Alpes françaises, qui comptent
de 900 à 400 arbres par hectare en moyenne, suivant qu’ils sont
réguliers ou jardinés.
Le matériel à l'hectare oscille entre 130 et 825 mètres cubes, la
moyenne étant de 325 mètres cubes à peu près. Sur 43 parcelles
comptées dans les Adjama, les Beni-Tigrine et les Ouled-Defelten :
12 ont un matériel compris entre 130 et 200 mètres cubes
17 — — 200 et 300 —
9 — — 300 et 400 —=
5 — supérieur à 400 —
Dans la forêt communale des Contamines (Haute-Savoie), peu-
plée d’épicéa presque pur, sur 43 parcelles :
19 ont un matériel inférieur à 130 mètres cubes
13 — — 130 et 200 —
13 — compris entre 130 et 200 — à
5 —— — 200 et 300 —
2 — — 300 et 400 —
4 —- supérieur à 400 mètres cubes
Le matériel le plus abondant se trouve dans la parcelle B de la
Frasse; il cube 480 mètres cubes.
Les pineraies de la région d’Ammi-Moussa peuvent donc
avantageusement supporter la comparaison avec les pessières de
nos Alpes françaises.
Malgré leur insuffisance notoire, ces places d'expérience jettent
un peu de jour sur la composition et l’état des forêts de la région
d’Ammi-Moussa. Elles montrent comment s'effectue l’agence-
-ment des peuplements. De ces forêts, les unes, comprises dans le
UN COIN DE L'ORANIE 253
bassin de l’oued Riou et de ses affluents, ont déjà pâti du refoule-
ment; elles ne renferment qu’un matériel appauvri, en voie d’évo-
lution progressive, mais insuffisant pour justifier des exploitations
un peu importantes et suivies. Elles ont dû être incendiées presque
totalement au moment de la conquête, car les peuplements qui
les couvrent ne paraissent pas être âgés de plus de soixante à
soixante-dix ans, abstraction faite des futaies de chêne Ballote.
Nous avions estimé, à vue d’œil, leur matériel sur pied à 80 à
410 mètres eubes à l’hectare; les quelques comptages effectués le
font osciller entre 50 et 75 mètres cubes. L'écart n’est pas très
considérable et peut tenir simplement à l'appréciation du volume
des arbres types, appréciation que nous n'avions pu corriger
encore à l’aide d’un tarif.
L'ouverture de sentiers destinés à rendre la surveillance plus.
facile, et la réglementation du parcours sont les seules améliora-
tions applicables à ces forêts. La division en séries usagères sera
un utile acheminement vers l’assiette d’un bon et durable par-
cellaire.
-_ Par contre, les forêts du bassin de l’oued El-Ardjem et de ses
affluents renferment, malgré les incendies dont elles ont été le
théâtre, un matériel considérable, qui sollicite et appelle des
exploitations. Cependant, pour que ces dernières soient réelle-
ment profitables au Trésor, il faudrait que la colonie se résolût
à établir, soit un chemin, soit un railway, le long de cette vallée,
avec aboutissement vers Malakof, sur la ligne d'Oran à Alger.
Des études ont déjà été faites en ce sens. Nous avons vu un tracé
de voie ferrée suivant la ligne frontière entre les deux départe-
ments d’Alger et d’Oran; une piste avait même été ouverte pour
que la voiture d’un gouverneur général pût y circuler aisément.
De ce grand effort, il ne reste qu’un éphémère souvenir. Cela
montre cependant que la difficulté n’est point au-dessus des
ressources de la colonie.
Traitement des futaies de pin d'Alep. — Dans des sols aussi
facilement affouillables que les marno-calcaires, dans des peu-
plements où ’es arbres exploitables sont clairement espacés, la
204 . ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
méthode de traitement par excellence est le Jardinage. C’est donc
en jardinant que l’on devra exploiter les pineraies.
Le jardinage par volume, nécessitant des inventaires et des
revisions fréquentes et onéreuses de possibilité, ne renfermant
pas les coupes dans une enceinte déterminée, devra être rejeté.
Au bout de quelques années, il serait impossible de se reconnaître
dans l’écheveau confus des exploitations : le contrôle serait illu-
soire.
Le jardinage par volume et par contenance n'offre pas les
mêmes inconvénients au point de vue du contrôle et de la
dissémination des exploitations; mais la possibilité ne peut être
déterminée économiquement et au moyen de places d’essai que
d’une manière trop peu approximative. Pour obtenir plus de
précision, 1l faudrait dépenser 2 ou 3 francs par hectare, c’est-à-
dire manger deux ou trois possibilités, puis recommencer encore
au bout de dix ou douze ans. Nous n’en voyons pas |la nécessité.
Le jardinage par contenance et par pieds d’arbres règle auto-
matiquement la possibilité et permet d’exploiter, au bout d’un
certain temps, toute la production du sol, mais seulement cette
production. Il ne coûte rien à appliquer et renferme les exploita-
tions dans une enceinte déterminée, ce qui rend le contrôle simple
et facile. C’est lui qui a fait la fortune des sapinières françaises
et qui nous paraît le mieux s'adapter aux forêts algériennes. Il
est, du reste, d’une grande simplicité d'exposition et d'application,
et convient tout particulièrement à un pays neuf.
En thèse générale, les séries à jardiner doivent être de faible
étendue. Leur contenance ne devrait jamais dépasser 700 à
800 hectares. Il n’est pas facile de satisfaire à ce desideratum en
Algérie, où certains cantons atteignent déjà bien près de 1.000 hec-
tares, où la formation du parcellaire demanderait un temps et
un personnel dont on ne dispose pas. Du reste, 1l n’est pas possible
de morceler par trop les exploitations, dans la crainte de ne point
trouver d’acquéreurs. Le mieux est donc de prendre tout simple-
ment le cadre de la division en cantons, tel qu’il a été effectué par
UN COIN DE L’ORANIE 255
le service local, et d’en tirer le meilleur parti possible pour l’as-
siette des coupes. Celles-ci, ne portant pas sur des étendues égales,
seront forcément dissemblables en quantité et en valeur. Il im-
porte peu, le rapport soutenu devant s'établir d’une rotation à la
suivante.
Tout l’aménagement tiendra, dès lors, dans la détermination
de la dimension de l’arbre exploitable, dans le calcul du nombre
d’arbres à exploiter par hectare, dans la fixation de la durée de
la rotation et de l’ordre dans lequel les exploitations devront se
succéder.
Dimensions de l'arbre exploitable. — Seront considérés comme
exploitables, les arbres de 1" 50 de tour et au-dessus.
Nombre d'arbres à exploiter par hectare. — La possibilité sera
fixée à un quart d'arbre par hectare. On pourrait facilement aller
jusqu’à un demi-arbre par hectare dans la forêt des Beni-Tigrine;
mais ce serait trop dans les Ouled-Defelten, les Adjama et les
Meknessa. Mieux vaut modérer les premières exploitations; c’est
le plus sûr moyen de ne pas avoir de mécomptes.
Durée de la rotation. — En théorie, la rotation devrait être
longue pour s’adapter suffisamment au tempérament vigoureux
du pin d'Alep; en fait, l’enlèvement d’un trop gros matériel sur le
même point encombrerait la coupe de débris et créerait de gros
dangers au point de vue du feu. Aussi est-il préférable de prendre
une rotation de durée moyenne, douze ans par exemple.
Règlement d'exploitation. — Le règlement d'exploitation e1-
après, dressé pour la forêt des Beni-Tigrine, montre combien
peuvent être clairs, simples et brefs les aménagements algériens.
TABLEAU.
ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
DO)
er
ler
FORÊT DES BENI-TIGRINE
Traitement. — Jardinage par pieds d’arbres et au quart.
Dimensions de l'arbre exploitable. — 1% 50 de tour.
Rotation. — Douze ans.
Réglement d'exploitation pour la première rotation de douze ans
CONTENANCE VIEUX BOIS NOMBRE | ANNÉES
ES d'arbres des
CANTONS Nombre | y à OBSERVATIONS
olume :
pro- “2 ù exploi-
appr o ap ro- ex P
E & : P : ;
ductive pe ximatif | Ploiter | tations
totale
Takouka 529,85 4.500 5.0/0 5 1904
| Semmouya . . . .| 432,95 s 20.300 | 28.892 ù 1905
| Boukotête. . . . .| 734,65 14.600 | 33.872 79 1906
El-Anaceur . . , .| 610,23 72.000 | 99.360 É 1907
Salsa I OGM 30.600 | 39.690 - 1998
| Tafrent 723,89 5 29.200 | 53,144 : 1909
Sidi-Ben-Yahia.. .| 769,18 510 46.400 | 86.800 : 1910
| Mekmène 590,13 : : 5 1911
Kef Taklout. . . . É ‘ 20. n : 1Q12
Dijpuarra 50. è : Ë 1913
BÉHALEAT EN ; . : 1914
Chekkaroua. , . . 179 . - 1915
Totaux . . .|7.362,40| 4. 317.779 |486.468
En condensant ces règlements sommaires d’exploitation, nous
avions proposé d'exploiter, en douze ans, 32.195 arbres de 1m 50
de tour et au-dessus dans les forêts des Adjama, des Beni-Tigrine
et des Ouled-Defelten, ce qui fait une possibilité annuelle de 2.683
arbres et de 4.024 mètres cubes environ de bois d’œuvre. Notre
conviction est que l’on aurait pu aller beaucoup plus loin dans
des peuplements de tout repos et dans un pays où le commerce
des bois est régulièrement organisé, où le personnel est dressé
aux exploitations. Mais il fallait tenir compte largement de l’in-
expérience et des hésitations inhérentes à un premier début, et
ne pas courir à un échec qui aurait compromis l’avenir. D'ailleurs,
nous avions constamment tablé sur des contenances pour le moins
douteuses, 1l était donc nécessaire de se ménager une marge
suflisamment grande, dans laquelle pouvaient jouer le plus et le
moins. Enfin, 1l ne s'agissait d'engager qu’une courte période de
douze ans, pendant laquelle on aurait eu le temps d'étudier une
division complète en séries et de faire d’utiles expériences.
UN COIN DE L’ORANIE 291
Mais, quel que soit le terme auquel on s’arrête au sujet du chiffre
de la possibilité, 1l importe essentiellement que les règlements
d'exploitation soient simples, courts et exempts de tout fatras
de chiffres et de formules: pour être utiles et pratiques, 1ls doivent
tenir sur une page de calepin. Plus nous avançons dans la carrière,
plus notre esprit se dégage des conceptions alambiquées de la
métaphysique forestière, dont il ne reste pas grand’chose quand
on passe à l'application. Rien n’est aussi simple et aussi bon que
le plan d'aménagement d’une série d’exploitation de chêne-liège,
tel qu’il est donné par M. Lefebvre aux pages 146 et 147 de son
excellent ouvrage sur les Forêts de l’ Algérie. C’est un modèle que
l’on devra sans cesse méditer.
Technique des opérations. — La technique des opérations
ne saurait être compliquée. On se bornera à jardiner les bois
exploitables de 1 50 et plus, en les prenant un à un, sans trop
masser les exploitations, et cela jusqu’à concurrence du chiffre
indiqué par le règlement d'exploitation. Si, pour des motifs cul-
turaux, 1l y a lieu de faire tomber des arbres de moins de 1m 50
de tour, ces arbres seront compris dans la vente et portés au
calepin, mais ils n’entreront pas en compte dans le calcul de la
possibilité. Ce cas se présentera assez souvent, toutes les fois
notamment que le peuplement comprendra des thuyas, des gené-
vriers et des chênes en mélange avec les pins. Ces trois essences
sont infiniment plus précieuses que le pin; elles demandent donc
à être protégées d’une façon toute spéciale. Il serait bon de pouvoir
interrompre la pineraie au moyen de bouquets continus de chêne,
formant des allées du haut en bas des versants. C’est la meilleure
sauvegarde contre les incendies.
III — PEUPLEMENTS DE CHÊNE VERT
Le chêne vert forme de délicieuses oasis au milieu des futaies
de pin d’Alep dont 1l rompt la monotonie, et au travers desquelles
il Se faufile en profitant à la fois des expositions fraiches et des
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÈRMÆ — 1909 — 11 17
258 . ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
sols schisteux, qui sont les deux facteurs principaux de sa station.
Tantôt il n’existe qu’à l’état sporadique, tantôt, au contraire, il
forme de vastes tènements occupant des revers entiers de mon-
tagne.
C’est une espèce bien plus franchement montagnarde que le
pin d'Alep. Alors, en effet, que celui-ci se tient généralement au-
dessous de 1.100 mètres d’altitude, celui-là couronne toutes les
sommités. Déjà, au djebel Amour, le chêne vert dessine une zone
de végétation supérieure à celle du pin d'Alep. Ce dernier s’ac-
commode également mieux que le premier de la sécheresse du
sol et de l’air. C’est pour cela qu’il envahit ordinairement dans les
régions où il tombe moins de 500 millimètres d'eau et qu'il dis-
parait dans les régions plus humides, cédant 161 le pas au chêne
vert et au pistachier térébinthe, là au chêne-liège et au zéen.
Sur maintes pentes au nord-est, situées entre 800 et 1.200 me-
tres, nous avons trouvé la forêt constituée par des futaies bi-cen-
tenaires et pures de chêne vert, sous lesquelles le sol est matelassé
de diss ou fendillé de ravins attestant l’intensité du parcours.
Ces futaies, représentées le plus souvent maintenant par des
bouquets épars, devaient couvrir, il y a un siècle environ, la plus
grande partie de ces montagnes. Le peu qui en reste n’est que
des débris épargnés par le feu et ne se régénère pas. L'extension
des futaies de pin d'Alep et le retrait des futaies de chêne vert mar-
quent une dégradation lente et sûre du climat montagnard. Ce sont
deux faits connexes, très importants dans l’histoire du pays. Ils
soulignent ce que nous avons déjà établi au sujet de l'extension
de l’alfa et du recul du chêne-liège sur le littoral. Moins de bous,
moins d'eau, moins de récoltes, telles sont les conséquences générales
et affligeantes de cet état de choses. |
Si la dégradation du climat favorise la propagation du pin
d'Alep, elle ne suffit cependant point à expliquer la disparition de
ces vieilles futaies de chêne vert. Dans la très intéressante et très
complète monographie qu’il a consacrée à cette essence, M. Le-
febvre rapporte ces observations caractéristiques du Dr Trabut :
« Ces massifs de chêne vert s’éclaircissent tous les ans et aucun
rejet ne part des souches qui périssent de vieillesse, si bien que
UN COIN DE L'ORANIE 259
ces arbres séculaires, parfois très beaux, sont les derniers que
doit nourrir un sol brouté à outrance. » Et M. Lefebvre ajoute :
« Il est bien constaté que les forêts de chênes verts disparaissent
graduellement dans une partie du Tell, dans les chaînes des hauts
plateaux et dans tout le sud, par suite du pacage d'innombrables
troupeaux de moutons et de chèvres. » Tel est bien le mal dans ces
montagnes d’Ammi-Moussa, telle est bien la cause active et
efficiente de la disparition de ces vieilles futaies.
Le spectacle de ces forêts mourantes ne rappelle que trop au
forestier alpin celui des Alpes dévastées, ce qui prouve qu’en
tous les lieux les mêmes causes entraînent les mêmes effets, les
mêmes désastres et les mêmes deuils. Mais que sert d’indiquer le
mal, si on ne doit pas apporter le remède.
Comment donc se fait-il que le parcours ait si vite raison de ces
: futaies séculaires? Tout simplement en brisant l'association na-
turelle, hors de laquelle la régénération du chêne vert ne s’opère
plus. Cette association est surtout caractérisée par deux plantes :
l’une du sous-bois, le calycotome ; l’autre de l’étage intermédiaire,
le genévrier oxycèdre. Partout où ces trois végétaux sont combinés,
l’association fleurit, partout où l’un des trois manque, l’associa-
tion périclite et choît. À chaque page que nous tournons de cette
histoire de la forêt algérienne, nous voyons s'affirmer et grandir
jusqu’à l’obsession ce rôle primordial du sous-bois. En le donnant
en pâture aux chèvres et aux moutons, on tuera bien plus sûre-
ment la forêt qu'avec la hache.
De cette observation théorique découle une conséquence pra-
tique importante. C’est, en effet, par la reconstitution du sous-étage
de calycotomes et de genévriers que l’on parviendra économique-
ment à sauver d’une ruine certaine et imminente ces vieilles
futaies, dont les arbres ne drageonnent plus. Couper du reste à
blane ces vieux peuplements, sans même pouvoir les utiliser,
est un sacrifice que l’on ne peut raisonnablement demander ni
aux forestiers, n1 à la colonie. M. Lefebvre indique un moyen
pratique pour forcer les vieilles souches à émettre des rejets :
c'est d'incinérer la souche, en la couvrant des débris de l’exploi-
tation et de ramilles auxquels on met le feu. On arriveraït au
260 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
même résultat en blessant les racines au moyen d’une charrue
forestière.
A côté de ces vieilles futaies, il existe, dans la forêt des Math-
mata et des Meknessa, des peuplements clairs de chêne vert,
ayant l’aspect de taillis de quarante ans, et que les délits incessants
appauvrissent de Jour en Jour davantage. Là encore le sous-bois
est déchiré, et le diss né tardera pas à couvrir le sol de son formi-
dable tapis.
Dans la vieillesse surtout, les peuplements de chêne vert n’ont
ni la densité, n1 le couvert nécessaire pour garantir le sol. Aussi,
la disparition du sous-bois a-t-elle pour immédiate conséquence
de provoquer lirruption d’un court gramen d’abord, du diss
ensuite. À tout esprit que le parti pris n’égare pas, il apparaîtra
clairement que le fourré de diss offre à l'incendie une proie autre-
ment sûre et facile que le sous-étage de calycotomes et de gené-
vriers. Supprimer ce dernier, c’est done éviter un danger pour
tomber dans un autre plus grand encore.
Les peuplements de chêne vert occupent les parties les plus
fraiches de la montagne, celles par conséquent qui gazonnent le
plus. C’est donc là aussi que les troupeaux se portent de pré-
férence et accumulent les ruines.
Le chêne vert est un arbre atteignant 1" 60 de tour et 12 à
14 mètres d’élévation totale dans les forêts du cantonnement
d’Ammi-Moussa; il est alors âgé de près de deux siècles. La
hauteur de son fût sous branches est très faible; elle varie de 1 à
4 mètres. Dès sa jeunesse, l’arbre a une propension marquée à
se ramifier suivant deux ou trois directions, mais le port reste
néanmoins pyramidal et assez élancé dans son ensemble, au moins
dans les cantons qui ont crû en futaie. Sur tous les sujets que nous
avons analysés, le fût présentait, à des degrés divers, la forme en
tonnelet indiquée ci-contre, et comprise entre l’empâtement des
racines et l’ensellement des maîtresses branches. Sa surface tour-
mentée et cannelée rappelle un peu celle du charme.
Le bois parfait, très beau et d’un brun de palissandre, se dis-
tingue à peine de l’aubier, d’ailleurs peu abondant chez les arbres
UN COIN DE L'ORANIE 261
âgés. L’homogénéité du tissu ligneux est telle que les couches
annuelles sont presque impossibles à distinguer. L'évaluation des
âges est donc très difficile. La dureté est considérable, si grande
même que les clous ne peuvent pénétrer dans les madriers. Ceux-
ei travaillent et se tourmentent beaucoup, si on ne prend pas la
précaution de les immerger dans l’eau après l’abatage pendant
un an ou deux.
Les indigènes se servent du chêne vert pour fabriquer des
piquets de tente, des palonniers et des che-
villes de charrue, des ustensiles de ménage
(cuillers, metred, debbous), des manches d’ou-
tils, ete. Ils utilisent son écorce pour tanner,
ses jeunes rameaux pour nourrir les chèvres
et les moutons. Le charbon tiré de cette es-
sence est de première qualité. M. Lefebvre
constate que «débité sur maille à l'épaisseur
de 4 millimètre, le bois de chêne vert fou'ni- ==
rait de superbes placages pour l’ébénisterie ».
Il est incontestable qu’une société bien dirigée pourrait trouver,
dans ces montagnes d’Ammi-Moussa, des produits sans rivaux.
Malheureusement, on ne connaît pas du tout, en France, les essences
algériennes. Si l’on veut réellement créer un commerce sérieux
d'exportation, il faudrait faire confectionner des lots d’échanti -
lons, et les expédier à des commissionnaires et courtiers en vue de
la métropole. Ceux-ci reçoivent à chaque instant des bois d'ébé-
nisterie de l'Australie et de l'Inde, des bois de tonnellerie de Rus-
sie, d'Adriatique et d'Autriche. Nous en voyions même, ces Jours
derniers, de fort beaux, venant du Canada. Rien ne s’acqu'ert au-
jourd’hui sans peine, et la commande ne vient qu’en la sollicitant.
Nous estimons que, dans ces montagnes reculées d’Ammi-
Moussa, le chêne vert ne peut être raisonnablement traité qu’en
futaie. Le plus souvent cette futaie existe et 1l n’y a qu’à la per-
pétuer. Le problème serait facile en supprimant le pâturage. Il
faudra bien y arriver, si l’on veut asseoir un jour des exploitations
dans ces massifs. Nous allons montrer que cela est possible et
donner pour cela l'inventaire de quelques cantons ou parcelles.
262 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
.
Pour dresser ces inventaires, nous avons dû tout d’abord
établir un tarif rapide de cubage nous permettant de calculer :
19 le volume du bois d'œuvre; 20 le volume des branchages; 39 le
17° 040
126030 À; Î "10 "1 "À
I"< 020
AM O10 E---- 1-1") îî -
17<000
0"°090
07°080
07070
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(l
[l
07040 ne ane 7 de Le.
UE a
(l
L
volume total. Le tableau suivant, dans lequel le volume du bois
d'œuvre est exprimé en mètres eubes et le volume total et des
branchages en stères, résume nos recherches. Nous n'avons pas
tenu compte du menu bois comprenant la charbonnette et les
fagots: on peut l’évaluer à 30 % du volume total.
TABLEAU.
UN COIN DE L'ORANIE 263
Chêne vert — Tarif de cubage
| CIRCON- VOLUME VOLUME
FÉRENCES E par A OBSERVATIONS
à 1° 50 JENE « Bran- total
du sol service | courant | Service Total
chages
VOLUME
m. cub. | stères stères m. C. q.
0,02 0,03 0,06 Le menu bois, charbon- 0,05
; netle et fayots, n'esl
0,04 0,06 0,12 jus compris dans le vo- 0,10
ume en stères indiqué 0,20
0,40
0,50
0,60
0,70
0,80
0,90
1,00
1,10
1,20
1,30
1,40
1,50
1,60
er
Grey ONE 0,29 ci-contre. Nous donnons
0,12 0,18 0,36 UNE Le dernière colonne| 0,30
= e volume, en grume
DpHe 0,26 0,92 de l'arbre tout entier, | 0,45
0,2/ 0,36 0,72 service, branchages, 0,62
charbonnette et fagots.
0,32 0,48 0,96 | 0,83
0,/0 0,60 1,20 1,07
0,48 0,72 1,44 1,25
0,56 0,84 1,68 1,46
0,6/ 0,96 1,92 1,07
0,72 1,08 2,16 1,88
0,80 1,20 2,40 2,09
[SA
RRFERERRRE FR © © D RD D
Formés de tiges d’inégale grosseur, disposés par bouquets ou
dispersés par essaim au hasard de la régénération naturelle,
toujours à l’affût des moindres trouées que créent le vent et la
vétusté, les peuplements de tout repos se perpétuent facilement
dans le silence de la forêt vierge et à la faveur de la protection
des essences secondaires. Ces peuplements de plus en plus rares
comprennent 1.000 à 1.200 tiges à l’hectare, et cubent 500 à
550 stères, dont un tiers environ de bois de service. L'homme et
les troupeaux aidant, le sous-étage disparait, puis l’étage inter-
médiaire lui-même se détruit, et il ne reste finalement qu’une
futaie brisée de vieux arbres, composée de 300 à 500 tiges à l’hec-
tare et donnant de 150 à 300 stères de bois petits et gros. Chaque
sujet qui tombe n’étant plus remplacé, la forêt disparait, faisant
place, ou bien à des miroirs de terre bleue, boueuse en hiver, dure
comme pierre en été, toujours stérile, ou bien à des fourrés épais
de diss, au milieu desquels surnagent quelques très rares gené-
vriers oxycèdres, expression dernière du boisement. C’est ce que
mettent en évidence les quelques comptages que nous avons fait
effectuer et dont les données s’accordent avec nos estimations à
vue. Ainsi disparaît, lentement et vainement, sans l’ombre de
264 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
profit pour personne, une richesse, fruit d’une séculaire épargne.
Jamais on ne vit gaspiller plus follement les dons de la nature.
Anéantir ce qui représentera des millions dans l'avenir pour
nourrir quelques troupeaux faméliques de chèvres, est un calcul
qui ne dépasse guère le niveau menta! du nègre. Et en voyant
ce gaspillage universel, d’aucuns se d'ront, comme nous : « Mais
l'Algérie est done bien riche! » Au colon qui se lamente de la
cherté des denrées, de la difficulté de l'existence, de l’exigence du
fise; à l'industriel qui demande des chemins de fer, des routes et
des ports; à l’ingénieur qui déplore l’envasement de ses réservoirs,
la divagation de ses rivières et le mauvais état de ses chemins;
aux délégués financiers qui s'efforcent, avec un zèle louable, de
gager solidement leurs emprunts; aux médecins qui disputent,
avec un dévouement admirable, les fiévreux à la mort... la nature
blessée, agonisante, ne peut que montrer sa plaie et dire : « Je
suis vainçcue. » Si les dieux d’Homère vivaient encore et chan-
geaient en or les moutons et les chèvres du Tell, cet or monnayé
ne paierait pas même la rançon des terres stérilisées par ces ani-
maux et les dégâts irréparables qu’ils ont causés. Chaque jour, la
plainte de la nature monte plus navrante et plus forte. Qui donc,
parmi les puissants de ce monde, voudra l’entendre et la recueillir ?
Nous avons dit que ces forêts de chêne vert représentent une
richesse. Pour que cette richesse ait un lendemain, il faut que la
régénération soit assurée. On y parviendra sûrement en éloignant
le bétail, en faisant fouir à la houe autour des arbres semenciers
et en dispersant, dans ces parties ainsi ameublies, des graines de
calycotomes qui serviront d’abri et de protection au jeune chêne.
En l’état, rien ne peut venir sur ce sol tassé à outrance. Maître
du recrû, on le sera aussi des arbres faits, dont on pourra disposer
suivant les besoins de la consommation et du commerce. Il ne
s'agira plus, en effet, que d’asseoir des coupes d'extraction, à
effectuer par bouquets sur les semis produits, en prenant par
exemple deux arbres sur cinq, et en échelonnant la réalisation du
matériel sur trente ou quarante ans.
Le pistachier térébinthe, ou bois de fer, est çà et là associé au
UN COIN DE L’'ORANIE 269
chêne vert dans les vallons, ou disséminé de loin en loin dans les
terres de culture, un peu comme le caroubier dans les plaines du
littoral. Nous en avons vu de superbes échantillons dans la forêt
des Mathmata et un boisement plus complet dans des terrains
de parcours appartenant à des indigènes de la tribu des Ouled-
Moudjeur. Espèce franchement atlantique et qui paraît recher-
cher l'humidité, de même que sa forme désertique, le betoum,
qui peuple les dayas, le térébinthe tend à devenir une rareté.
C’est vraiment grand dommage, car son bois est sans contredit
le plus beau de tous les bois algériens, celui, eroyons-nous, qui
a le plus de valeur. On nous citait un térébinthe de 4 mètres de
tour et de 15 mètres de hauteur totale, vendu 300 francs par la
commune mixte de Mercier-Lacombe, en quête d’argent. Il eût
valu 1.800 francs chez un ébéniste de Paris.
Le pistachier térébinthe est un arbre de grande taille, à la
croissance active, égale au double environ de celle du chêne vert,
et dont le port rappelle beaucoup celui de nos sorbiers. Il paraît
mieux se plaire à l’état isolé ou quasi isolé qu’à l’état de massif
plein. Dans les Mathmata il atteint 1m 60 à 1m 80 de tour, pour
une hauteur de bois d’œuvre de 5 à 6 mètres et totale de 12 à
15 mètres. Élevé en réserve sur des taillis de chêne vert, il ferait
merveille et fournirait de bons, beaux et abondants produits.
Cette essence devrait être multipliée partout de semis et de
plantation. Elle vaut mieux que toutes les essences exotiques, et
mérite, autant que le caroubier, l’attention des pouvoirs publics.
Son bois est sans rival pour l’ébénisterie, sa feuille, très recherchée
par le bétail. Cette dernière particularité est même une des causes
pour lesquelles les indigènes en auront bientôt consommé la
ruine.
M. Cosson voit dans le betoum l'arbre destiné à régénérer les
hauts plateaux. Le térébinthe rendrait également d’inappré-
ciables services dans les forêts montagneuses d’Ammi-Moussa.
Sa propagation constituera, dans un avenir prochain, une exeel-
lente opération financière. Comme port et comme ombrage, cet
arbre ne laisse d’ailleurs rien à désirer. Les conditions dans les-
quelles s’opère la régénération naturelle de cette essence nous
266 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
sont peu connues. C’est sur les grès de l’éocène qu'il se montre le
plus fréquent. Sa station est immédiatement au-dessous de celle
du zéen. L’eau paraît jouer un certain rôle dans sa dissémination.
Les jeunes plants jalonnent, en effet, assez fréquemment le bord
asséché des petits ruisselets.
Le thuya et le genévrier oxycèdre complètent généralement le
peuplement des pineraies et des chênaies. Par suite des incendies
et des délits, ils sont beaucoup moins abondants que de raison.
Leurs dimensions sont aussi très faibles. Nous avons cependant
rencontré, dans le vallon du Kouacem, une haouita avec deux
très beaux thuyas mesurant près de 1M20 de tour. Cela seul
montre ce que l’on pourrait obtenir avec cette essence. Autant
l’ombrage lui est nécessaire dans la jeunesse, autant 1l réclame
ensuite de l’air et de la lumière pour prospérer vigoureusement.
Mais il ne faut pas grande place à sa cime fluette, et 1l suffira
d'enlever les pins qui le dominent immédiatement pour assurer
sa Croissance.
Comme nous l’avons déjà indiqué, la régénération de ces deux
essences ne se fait qu’à la faveur du sous-bois.
Les futaies de chêne vert de la région d’Ammi-Moussa couvrent
encore plus de 2.000 hectares, en tenant compte des bouquets
épars çà et là; elles renferment un matériel de 200.000 mètres
cubes au moins, dont 100.000 mètres cubes de bois de service
valant un million.
La réalisation de ce matériel ne pourra se faire progressivement
qu'après avoir réglementé le parcours et assuré la régénération.
Mode d’adjudication. — Pour encourager un commerce naissant
il paraît utile de concéder les exploitations prévues dans les forêts
des Adjama, des Beni-Tigrine et des Ouled-Defelten pour la
durée tout entière de la première rotation, soit pour douze ans. À
cette condition seulement, un adjudicataire pourra effectuer des
travaux d'installation convenables, tels que scieries, chemins, etc.
La mise à prix sera établie proportionnellement au volume, en se
a UN COIN DE L’ORANIE 267
basant sur un minimum de 2 francs par mètre cube et de la façon
suivante :
CIRCONFIRENCE FRANCS
Pin de 1"50. . PA RÉ
— 1 60. 2,50
— 41 70. 2,75
== 1 80. SD
AS 3,25
— 2 ». 3,90
= 2 LOS JE
GO 4,50
Les chênes et les pins de dimensions inférieures seront égale-
ment adjugés sur une échelle de prix fixée d'avance.
Les bois ne seront abattus qu'après martelage.
Les délais d’abatage et de vidange seront donnés largement.
Le récolement sera fait par le garde du triage, au fur et à mesure
des exploitations, par apposition sur la souche de son marteau
rougi avec de la craie. Sera impitoyablement révoqué tout garde
qui aurait négligé, pendant plusieurs jours, d'effectuer cette cons-
tatation.
L'État restera propriétaire des installations, constructions,
scieries, moyens de transport et machines fixes qui auront fonc-
tionné pendant les deux dernières années de la concession.
CONCLUSIONS
Dans les pages qui précèdent nous nous sommes efforcé de
mettre en relief les richesses forestières de l’inspection de Mosta-
ganem et d'indiquer les causes qui les condamnent à disparaître
sans avoir pu être utilisées. La question pastorale et agricole nous
apparaît, en dernière analyse, comme la clef de voûte de toutes
les améliorations économiques et sociales. Les chèvres et les
moutons ne se contentent pas de ronger les flanes de l’Oranie
et d'envoyer son sol à la mer, ils creusent aussi le gouffre sans
fond où s’engloutiront ses revenus et ses ressources. Contre ce
fléau, un seul remède : substituer, dans tout le Tell, le gros au
268 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE .
petit bétail. Cette substitution est possible, facile, liée à la récolte
et à la culture de quelques plantes fourragères indigènes, dont
nous avons fait connaitre les noms et les qualités. Moins de petit
et plus de gros bétail. Le premier, mieux soigné, régulièrement
nourri, done plus précoce et plus productif. Voilà la formule
idéale de l'élevage dans le Tell. Avec elle, toutes les améliorations
culturales, économiques et sociales, sont réalisables. Sans elle,
c’est la ruine généralisée du sol, l'effondrement de tous les projets
et de toutes les espérances : on ne bâtit pas sur le sable; on ne
cultive pas les torrents. Avec elle, c’est l'aménagement et l’ex-
ploitation rendus possibles des forêts de l’Oranie. Sans elle, c’est
la disparition à brève échéance, non seulement de ces forêts, mais
encore des broussailles, c’est-à-dire de tout ce qui procure aux
colons l’élément de vie et de richesse par excellence, c’est-à-dire
l’eau.
Une flore spontanée, admirable et variée, des associations
forestières touffues, complexes, enchevêtrées, dont la connais-
sance approfondie permettra de gazonner et de reboiser rapi-
dement et sans grands frais des chaînes entières de montagnes
lunaires, dénudées et stériles, dont le vent et la pluie se disputent
les lambeaux. Voilà ce que nous avons vu sur un bien petit théâtre
et ce que nous avons cherché à mettre en lumière. D’autres éten-
dront ces recherches. Nous avons glané, eux moissonneront.
L'ALTÉRATION CHIMIQUE DES BEURRES
ÉTUDE DES CORPS GRAS
Par V. VINCENT
PROFESSEUR-INGÉNIEUR
Les beurres sont des corps gras complexes, renfermant, à côté
des éthers, de la glycérine, des substances provenant du lait :
eau, caséine, lactose et sels. Les acides gras combinés à la glycé-
rine sont, dans les beurres, ainsi qu’il a été démontré, des acides
insolubles, non volatils : acides stéarique, palmitique, oléique;
des acides solubles ou insolubles volatils : acides butyrique, ca-
proïque, caprylique, caprique. On admet, en moyenne, que 92 à
93 % de la matière grasse pure du beurre correspond aux acides
gras Insolubles contre 7 à 8 % aux acides volatils, ou encore que
la matière grasse renferme 5 à 6,5 % d'acides volatils et 87,5 %
d'acides insolubles non volatils.
Quand on abandonne le beurre à lui-même, on constate au
bout de quelques jours, quatre à dix, suivant sa pureté et la
température extérieure, une odeur forte rappelant celle de l’acide
butyrique et ses éthers et, en même temps, une coloration plus
jaune de la surface. La saveur dans toute la masse est celle de
cet acide.
On dit alors que le beurre est rance.
Cette odeur, qui est la caractéristique olfactive de l’altération
des beurres, sert de base dans les transactions commerciales pour
en fixer la valeur. En général, on croit que la décomposition chi-
mique ne commence qu'à l'apparition de cette odeur, en fait il
n’en est rien et 1l suffit de faire des analyses de beurres à diffé-
rents intervalles de temps pour s’en rendre compte.
270 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Étant admis que la rancidité est le résultat de la saponification
des corps gras, pour la mesurer il suffit de doser les acides gras
mis en liberté. Les uns étant solubles dans l’eau, les autres dans
des solvants tels que : éther, alcool, alcool amylique, etc. la
détermination devra être effectuée dans ces divers milieux pour
connaitre exactement l’état de conservation.
Examinons tout d’abord les beurres frais de crèmes fermentées
et convenons d'évaluer les acides solubles en acide butyrique et
ceux insolubles en acide oléique.
L'analyse nous a donné pour 100 grammes :
BEURRES
il Il
Acides solubles, en acide lactique . . . . Ogr 094 gr 093
Noides/insohbles": ce. usfidéet pete 0 444 0 595
L’acide soluble est évidemment, ici, de l’acide lactique enfermé
dans le beurre pendant les manipulations.
Si on admet que les corps gras naturels sont neutres, ces ana-
Iyses donnent à penser que les beurres les plus frais sont déjà en
voie d’altération et que, peut-être, cette altération date de
l’époque de formation de la matière grasse dans la mamelle.
La saponification de la matière grasse du lait serait donc un
phénomène normal qui se continuerait extérieurement plus ou
moins rapidement suivant les conditions physiques et biologiques.
Cette opinion, que nous nous réservons d'examiner expérimen-
talement, nous semble être très probable.
Dans le beurre frais, la saponification s’accentue et met en
liberté plus particulièrement les acides gras insolubles à molécule
élevée, puis, plus lentement, les acides volatils.
Les deux analyses que nous donnons ci-dessous de deux beurres
faiblement rances, l’un datant de 16 jours et l’autre de 37, le
prouvent :
BEURRE
Lee pe
de 16 jours de 37 jours
Acides solubles , . 08r 096 08r 073
Acides insolubles . 2 041 2,726
Rapport ue er 2 36 84.
butyrique
L’ALTÉRATION CHIMIQUE DES BEURRES AR
Si nous comparons maintenant ces rapports à ceux des acides
moyens des beurres (acides insolubles volatils ou non, 878,50 +
Osr 50 = 88 grammes, et acides solubles, 5 grammes) ou ae
17,6, nous constatons que la sapomification n’atteint pas égale-
ment les corps gras des divers acides, mais plus particulièrement
ceux à acides insolubles.
La rancidité s’accroît de l'extérieur à l’intérieur. Dans le beurre
de 37 jours nous avons dosé :
Acides insolubles et solubles de la couche extérieure. . Agr 047
Acides insolubles et solubles de la couche intérieure. . 0 926
Il est donc probable qu'aux causes naturelles de saponification,
que tout beurre raturel renferme, s’ajoutent des influences peut-
être dues au développement en surface de microbes secréteurs
de lipases très actives.
L'examen micrographique montre, en effet, une abondance de
bactéries de toutes sortes.
En passant, nous ferons constater que ce sont de très faibles
quantités d’acides gras solubles et volatils libérés qui rendent
les beurres non marchands.
Ces résultats sont en harmonie avec ceux d’Orlajensen. Du-
claux, en se plaçant dans des conditions très différentes, avait
trouvé que les glycérides à acides volatils étaient les plus alté-
rables.
Pratiquement, nous estimons que les chiffres que nous avons
donnés avec leur signification, sont les seuls intéressants.
En poursuivant la conservation, les décompositions s’accen-
tuent : la quantité des acides gras fixes croît, tandis que celle des
acides solubles et libérés dans la masse du beurre reste à peu près
constante. Voici, à l’appui, l'analyse de divers échantillons datant
de plusieurs mois (Voir page 272).
Ainsi la saponification, ayant triplé les acides insolubles de
l'échantillon IVa, nous constatons que la dose des acides volatils
est restée presque constante. Est-ce à dire qu’il ne s’en est pas
formé plus? Le contraire est certainement la vérité, et si l’on
212 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
n’en trouve pas en plus forte quantité, cela tient certainement à
la volatilisation de la plus grande partie.
Dates de fabrication . 19 MAI 5 JUIN
D
Dates des analyses . . 15 juillet 16 février , 15 juillet 27 janvier
TT, a Re —
I IL III IV a V IV a
Acides solubles pour cent
DEMEURE Nr AETAE » » 85126 Osr144 » gr117
Acides insolubles pour
cent de beurre. . . . » » A2 178 10N6::62 p11207 25
Acides totaux, enoléique,
pour cent de beurre . 48r53 4k8r128 13 47 7 21 8r21 20 6
Il se produit, en quelque sorte, un état d'équilibre entre la pro-
duction et la volatilisation.
Pour nous rendre compte, très exactement, des changements
qui se font dans la masse des beurres, nous en avons suivi un,
fait dans notre laboratoire, le 5 juin dernier.
Sa composition chimique initiale était la suivante :
PAU aa di 478r 21 Jo
Matière grasse. . . . 82 31
Non-beurre. . . . . 0 48
Analysé le 15 juillet, les quantités d’acides libres pour cent de
beurre furent trouvées de :
Acides solubles . . . .. Ogr144
Acides insolubles . . . . 662
Si nous admettons maintenant que les acides insolubles libres,
aormaux, des beurres de crèmes fermentées sont en moyenne de
O8r 50 %, la saponification n’a réellement libéré que 62 12
d'acides insolubles. —
Un calcul approximatif va nous permettre de déterminer la
matière grasse décomposée, correspondante :
Butyrine pour 08144 d’acide butyrique — 08r164
Oléine pour. .6 12 d’acide oléique . . — 6 389
TOTALE ENT AERENTRET 68r 553
L'ALTÉRATION CHIMIQUE DES BEURRES 20e
Le beurre reste donc ne contenir au maximum en glycérides
que :
828r 31 — (68155 + 08 500) — 758r 26
Les corps gras ayant été ensuite séparés du beurre par fusion,
nous avons dosé, d’après la méthode du comité des fraudes, la
quantité des acides volatils :
Acides volatils solubles pour cent de corps gras. . 4sr 9%
Acides volatils insolubles pour cent de corps gras . 0 46
DOM ES es rare 5gr 40
Ces chiffres doivent être rectifiés, car nous avons constaté que
la fusion des beurres rances entraine dans la masse des corps gras
fondus et filtrés, des acides solubles libres. Dans un exemple, où
le beurre dosait primitivement 08 117 d’acides solubles, la ma-
tière grasse filtrée et sèche en accusait O8r 241.
Si nous effectuons la correction, les résultats deviennent :
Acides volatils solubles 4gr 94 — Osr24 — 4gr70 et le total des acides : 5816
Rapportant ces doses à 100 grammes de matière grasse au lieu
de 758r 20, la composition chimique sera de :
Acides volatils solubles . . . . . 68r95
Acides volatils insolubles . . . . 0 62
Totale 6 arte gr 87
La conclusion qui s'impose immédiatement, c’est de constater
l’enrichissement de la matière grasse du beurre en acides volatils,
car les beurres n’en possèdent au maximum que 6% 50 et ceux en
particulier de l'exploitation où ont eu lieu les expériences ne
renferment que :
Acides volatils solubles . &gr 85 4gr 65
Acides volatils insolubles . . . 0 47 OMS
OLAUIXIS HE Se TES 5gr 32 58146
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 77 15
274 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
C’est en outre la confirmation nouvelle, du fait avancé, que les
glycérides à acides insolubles sont plus altérés que ceux à acides
solubles.
Le 27 janvier suivant, nous avons procédé à de nouveaux do-
sages par les mêmes méthodes. Les résultats furent les suivants
pour 100 grammes de beurre :
ACIdes SOlUDIES bre RE 0gr117
Acides insolubles libres. . . . . . 20 25
Le dosage corrigé, effectué sur l’ensemble des corps gras, a
donné pour 100 grammes de matières grasses :
Acides volatils solubles . . . . . 8gr 72
Acides volatils insolubles , , . . 0 39
DOLLARS &gr41
Ces analyses nous ont permis de calculer, approximativement,
la quantité de matière grasse décomposée et de déduire celle
inaltérée.
Matière grasse correspondant à l’acide oléique . . 208r 51
Matière grasse correspondant à l’acide butyrique. 420
Pool à sa Ne el PR LEE 91sr 71
La quantité d’eau, ayant pendant ce temps varié dans la pro-
portion de 17,21 à 9,30, la matière grasse s’est accrue d’autant
et la portion inaltérée pour cent de beurre fut de :
828r 31 — (21er 71 + Oer 50) + (178: 21 — 9gr 30) — 688r 01
Rapportant maintenant les acides volatils dosés à 100 grammes
de matières grasses, sa composition devient :
Acides volatils solubles . . . . . 5gr47
Acides volatils insolubles . . . . 057
TOR SORT ÉNIESEN 58r04
Ces résultats sont analogues à ceux des analyses précédentes
L'ALTÉRATION CHIMIQUE DES BEURRES 275
et semblent montrer que la saponification ayant atteint un cer-
tain état, s’accomplit ensuite parallèlement, avec une vitesse très
voisine entre les deux sortes de corps gras.
Nous constatons en outre qu’un beurre rance s’enrichit simulta-
nément en acides gras insolubles par saponification, et en acides
volatils solubles et insolubles par dédoublement et synthèse.
Il se crée des acides volatils en même temps qu’il s’en perd par
volatilisation.
La rancidité, ou ce que l’on appelle vulgairement ainsi, apporte,
comme l’on voit, un trouble considérable dans la composition
chimique des beurres et, pour le rendre saisissant, nous l’avons
résumé dans le tableau suivant :
DATES DES ANALYSES
EE
5 juin 15 juillet 27 janvier
état frais
Matière grasse. . . . .. 828r 31 758r 26 682: 01
Acides solubles libres. . . » ONE AMEN
Acides insolubles libres. . » 6 62 200025
Pour cent de matière grasse brute :
| Acides volatils solubles, . & 85 4 96 3 96
Acides volatils insolubles . 0 41 0 46 0 39
Totaux 5gr 32 5gr 42 48r 35
A côté de ces recherches, nous avons fait quelques détermina-
tions de points de fusion et de solidification, d'indice d’iode, pour
préciser la nature exacte de la saponification totale.
Les acides gras insolubles saponifiés, libérés des savons dans
lesquels ils avaient été engagés, nous ont donné :
Port de fusion nn 389
Point de solidification . . . . 320-350
Les acides gras insolubles, de la matière grasse Inaltérée :
Ronde ESiOn eee 440
Point de solidification . . . . 420
La matière grasse purifiée de ses acides libres :
PORTE LUSLODE ARRETE 360
Point de solhdification . . . . 300-320
276 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Si nous comparons ces températures à celles publiées des acides
gras et des glycérides purs et que nous reproduisons ci-dessous,
quelques conclusions s’imposent :
Points de fusion des corps gras
ACIDES GLYCÉRIDES
Palmitique. + . . 620 6195
DiÉArIQUE LE +. :. 6902 7106
Ouen: 149 — 50
19 La saponification a libéré environ 48 % d’acide oléique
contre 52 % d’un mélange d'acide palmitique et stéarique;
20 La matière grasse inaltérée renferme 35 % d’acide oléique
et 65 % d'acides palmitique et stéarique.
Si l’on met en comparaison, avec ces chiffres, la composition
chimique de la matière grasse des beurres déterminée par Win-
ther Blyth ou : 4
Oléines 00400 0 Ut ACIER olélqNe At RNA
Palmitine-Stéarine. 50 . . | Acides palmitique et stéarique. 47,2
il est facile de voir que le beurre s’est appauvri en oléine et enrichi
relativement en palmitine et stéarine, d’où l’augmentation du
point de fusion de sa matière grasse et du mélange des acides
gras insolubles.
Pour confirmer ces résultats, nous avons mesuré l’indice d’iode
de la matière grasse purifiée de ses acides et nous avons trouvé
92,70. Or, comme l’indice des beurres varie de 32 à 38, on doit
conclure, comme précédemment, à un appauvrissement en oléine.
En résumé, la sapomification est donc un phénomène com-
plexe qui se manifeste par des préférences. S’attaquant tout
d’abord aux glycérides d’acides gras fixes, elle libère proportion-
nellement plus d’oléine, puis, passant aux glycérides à acides
volatils, elle atteint plus particulièrement la butyrine, produi-
sant l’odeur forte et préjudiciable de l’acide butyrique.
Ces différences sont peut-être dues à l'existence de lipases par-
ticulières, ou peut-être à une seule dont l’activité serait limitée
par la chaleur de formation de chacun des glycérides : ceux ayant
L'ALTÉRATION CHIMIQUE DES BEURRES 214
dégagé le moins de chaleur dans la combinaison glycérine—
acides gras étant les plus saponifiables.
Ces recherches sont à faire.
La conclusion de nos études, c’est que le beurre ne pouvant se
conserver longtemps frais, malgré les meilleures méthodes de
fabrication et la purification la plus intense, il y a lieu de recher-
cher des procédés qui pourraient être employés, d’une part, pour
détruire ou paralyser les lipases naturelles et, d’autre part, les
microbes envahisseurs créateurs de lipases.
Le froid est à l’étude, mais si nous nous reportons aux expé-
riences d'Hauriot et de Camus sur l’action de la température sur
les lipases du sérum sanguin, il est à prévoir que son emploi,
même aux températures voisines de 09, ne diminuera que la
vitesse de saponification, sans détruire le phénomène. Les expé-
riences de conservation de beurres faites dans ce sens, pour des
durées de trois à six mois, n’ont donné que de faibles espérances.
Nous arrivons donc fatalement à l'intervention de la chimie
pour des conservations de longue durée, et peut-être faudra-t-il
s’y soumettre, mais en sauvegardant la santé publique.
On aura alors une nouvelle catégorie de beurres qui ne seront
pas des beurres frais, ni des beurres salés, mais qui ne pourront
être définis comme dérivant de la matière grasse pure du lait ou
de la crème, sans addition.
Ces beurres, hygiéniquement conservés, seraient les beurres
d'exportation.
C’est la formule de leur préparation qu’attendent actuellement
les gros exportateurs, puisque la loi de 1905 sur les fraudes leur
interdit les antiseptiques.
La résolution de cette question est très importante pour le
commerce des beurres de toute la France, puisque, permettant
les exportations lointaines et la conservation prolongée, il n’y
aurait plus à craindre l’encombrement des marchés, d’où éléva-
tion des prix.
É PUDE
SUR LES
CORPS GRAS ACIDES DU LAIT
ET
RECHERCHE DE LA GLYCÉRINE
DANS LE LAIT, LA CRÈME ET LE BEURRE
Par V. VINCENT
PROFESSEUR-INGÉNIEUR
Les corps gras naturels, extraits soit des corps des animaux,
soit des plantes, sont acides et la dose d’acidité varie avec leur
origine. Chevreul, dans ses remarquables recherches sur ces corps,
avait eu l’occasion, pour les beurres, de mettre le fait en évidence
et, depuis, divers auteurs l'ont vérifié pour les graisses végétales,
sans toutefois approfondir les causes et déterminer exactement
la forme de cette acidité.
Pour expliquer cet excès d’acidité, on peut, à notre avis, faire
les deux hypothèses suivantes :
La première, admettre une formation d'acides excédant la
glycérine nécessaire pour faire des corps gras, que ces acides
soient libres ou à l’état de glycérides acides.
La seconde, supposer que la matière grasse neutre élaborée est
attaquée par les lipases du milieu avec libération d'acides gras
et de glycérine. La première hypothèse est difficilement vérifiable
expérimentalement, mais la seconde peut être examinée grâce à la
connaissance récente de réactions très sensibles de la glycérine,
trouvées par M. le Pr Denigès.
Nous avons soumis la matière grasse du lait à ces recherches
et ce sont elles que nous allons rapporter.
ÉTLDE SUR LES CORPS GRAS ACIDES DU LAIT 2179
PREMIÈRE PARTIE
RECHERCHE DE LA GLYCÉRINE DANS LE LAIT ET LE LAIT DE BEURRE
Le lait, comme l’on sait, est un milieu très complexe. À côté
de ses éléments chimiques, assez exactement connus, existent un
assez grand nombre de diastases dont quelques-unes sont faciles
à mettre en évidence comme : les peroxydases, catalases, réduc-
tases, etc. Pour les autres, la présence est incertaine et peut-être
les trouverait-on si l’on avait des réactifs de.sensibilité suffisante.
C’est ainsi que les lipases restent douteuses pour la plupart des
auteurs.
Lindet, dans ses Principes de l’industrie laitière, page 242,
émet, sur ce sujet, l'opinion suivante :
« I1 peut se faire que ce dédoublement des matières grasses ait
lieu sans l'intervention des microbes; nous connaissons aujour-
d’'hui, depuis les travaux du Dr Hauriot, l’existence d’une dias-
tase, la lipase, capable de saponifier, ou plutôt de dédoubler les
matières grasses; on a signalé des lipases dans un grand nombre
de graines grasses; Nicloux les a étudiées spécialement; pourquoi
le lait n’en contiendrait-il pas comme le sérum du sang? Nous
savons que les ferments solubles s’attachent d’ordinaire aux ma-
tières qu’ils sont chargés de transformer; la présence d’une lipase
dans le beurre devient possible dans cette hypothèse.
«Aucun travail n’a été fait dans cette direction. »
Ces idées n’ont rien qui puisse surprendre, si l’on admet,
comme exacte, la théorie qui suppose le lait comme provenant de
la fonte des cellules épithéliales tapissant les lobules de la glande
mammaire, car l’on sait, par l'étude des ferments et des mycé-
liums, que les cellules simples ou associées contiennent un grand
nombre de diastases à fonctions variées. :
Si nous admettons a priori l'existence de lipases, ce qui est
très vraisemblable d’après ce que nous venons de dire, dès que
les globules gras seront mis en liberté par la fonte épithéliale, le
280 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
milieu étant acide, les Hipases les saponifieront rapidement, grâce
à la température élevée du corps animal, 389 environ.
Le résultat sera la libération d’acides gras et d’une quantité
proportionnelle de glycérine. Le lait étant en outre un milieu
aseptique, chez les individus sains, ne présentera à sa sortie
aucun changement dans sa composition interne et l’analyse per-
mettra de retrouver les corps existant.
Actuellement, on peut doser exactement l’acidité des graisses
et nous avons trouvé que 100 grammes de matières grasses
extraites du lait frais, par centrifigation, contenaient, estimés en
acide oléique, 08r 358 d’acidité.
Le calcul permet d'établir qu’à cette quantité correspond
gr 400 d’oléine et O8r 041 de glycérine.
Pour un lait, riche à 40 grammes de matières grasses par litre,
on aurait :
DIÉME RESTE AMENER 0gr 160
Acidité en acide oléique . . . . 0 143
Glycérine. 6h pu dent 0 016
Nous ferons remarquer de suite que nous ne tenons pas ces
chiffres comme absolus, mais les variations doivent être très
faibles.
Le facteur acidité étant dosé, nous avons cherché à déterminer
la présence de la glycérine et sa quantité, le cas échéant, en utili-
sant les réactions spécifiques du PT Denigès de l’Université de
Bordeaux.
Ces réactions ont fait l’objet de communications à l’Académie
des sciences aux séances des 18 janvier, 4er et 15 février, 127 mars
le
Les notes à l'Académie étant succinctes, nous avons demandé
à M. Denigès le détail des méthodes et, grâce à son extrême obli-
geance, nous avons pu avoir le Bulletin de la Société de phar-
macie de Bordeaux où sont décrits les procédés et des notes manu-
scrites concernant la glycérine.
Avec ces documents et les éléments d'étude que nous avions
dans notre laboratoire, nous avons pu aborder l’examen de la
glvcérine dans le lait, la crème et le beurre.
ÉTUDE SUR LES CORPS GRAS ACIDES DU LAIT 281
M éthodes d'analyses
Les réactions spécifiques de la glycérine étant d’une extrême
sensibilité et faciles à exécuter, nous avons fait choix, parmi le
nombre, de deux d’entre elles.
Leur principe est le suivant : la glycérine traitée par l’eau
bromée au bain-marie bouillant et ensuite par l’acide sulfurique
donne de la dioxyacétone qui en présence du bromure de potas-
sium produit :
Avec le gaïacol, à froid, une coloration bleue ou violette qui
s’exalte au bain-marie:;
Avec l’acide salicylique, à chaud, une coloration rouge vineuse
ou violacée intense.
Mode opératoire
1 centimètre cube de la solution de glycérine est additionné
de 10 centimètres cubes d’eau bromée récente, tenant 0° 30 de
brome pour 100 centimètres cubes d’eau et porté au bain-marie
bouillant, pendant vingt minutes. La solution froide est complé-
tée à 11 centimètres cubes; on en prélève 0°" 40 dans un tube
à essai et l’on ajoute successivement 0°" 10 de bromure de potas-
sium à 4%, 2 centimètres cubes d’acide sulfurique de densité
1,84 et 0° 10 d’une solution alcoolique au vingtième soit de
gaïacol, soit d’acide salicylique.
La réaction avec le gaïacol est immédiate à froid; celle à l’acide
salicylique ne se développe qu’en chauffant deux minutes au
bain-marie bouillant.
Avant d'entreprendre les recherches quantitatives, nous nous
sommes assuré s1 les réactions présentaient une intensité de colo-
ration proportionnelle aux doses de glycérine employées; nous
avons trouvé que cette proportionnalité existait et s’observait
facilement, au colorimètre, pour de faibles doses.
Nous avons utilisé les solutions de glycérine pure et sèche à
O8r 100, O8r 200 pour 100 centimètres cubes avec lesquelles nous
282 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
avons préparé des séries de tubes à doses croissantes de gly-
cérine.
Examen du lait
Dans cette opération, il fallait éviter l’action saponifiante
d’une longue concentration à chaud; on y est arrivé en employant
du lait centrifugé et, pour plus de sûreté encore, ce lait a été coa-
gulé à la présure, pour entrainer les traces du corps gras restant.
Le sérum séparé, légèrement acidifié à l’acide sulfurique, a été
concentré et filtré pour isoler le reste de la caséine non précipitée,
puis, après neutralisation par la soude, on a concentré à sec et
repris par l’alcool à 900. :
La solution alcoolique fut évaporée et l’on a ajouté 1 centimètre
cube d’eau et 10 centimètres cubes d’eau bromée suivant la
_méthode Denigès.
Le gaïacol a donné immédiatement une coloration rouge vineuse
très intense ;
L’acide salicylique une coloration brune.
Comme les réactions sont sensibles avec 0mm (5 de glycérine
on peut donc conclure à son absence dans le lait.
L'analyse avait porté sur 1 litre de ce liquide.
Examen du lait de beurre
L’écrémage concentrant dans la crème les diastases du lait,
il était logique de penser que les lipases devaient suivre la loi
commune et que, se trouvant alors dans un milieu très riche en
graisses, elles devaient, si elles étaient présentes, provoquer une
forte saponification.
Afin de vérifier cette hypothèse, nous avons pris du lait de
beurre de crème ayant fermenté pendant quatre Jours et nous
l'avons concentré dans la proportion de trente-quatre pour un,
filtré, neutralisé à la baryte et séché.
L’extrait, repris par l’alcoo!l à 900, a été évaporé et dissous dans
Î centimètre cube d’eau.
ÉTUDE SUR LES CORPS GRAS ACIDES DU LAIT 283
Le gaïacol a produit une coloration rouge vineuse très intense.
L’acide salicylique une coloration brune.
On voit aussi que les réactions sont négatives comme les pré-
cédentes.
On peut done affirmer qu’il n’y a pas de glycérine libre dans les
laits et que, très probablement, ilne doit pas y exister de lipases.
En outre, l'acidité des corps gras ne provient pas d’une sapo-
nification ultérieure et l’excès sur la glycérine tient à des causes
purement physiologiques, analogues à celles qui font exister du
lévulose à côté du glucose, dans le raisin.
La première hypothèse reste vraisemblable pour le cas de la
matière grasse du lait; peut-être l’est-elle aussi pour tous les corps
gras naturels ?
DEUXIÈME PARTIE
GLYCÉRINE DANS LES BEURRES
La plupart des auteurs qui ont étudié les variations de compo-
sition des beurres n’ont jamais pu mettre en évidence l’existence
de la glycérine résultant de la saponification des corps gras, et de
ce fait, ils ont admis, en général, que ce corps était immédiatement
carburé et transformé en anhydride carbonique et eau.
Duclaux, dans son ouvrage Le Lait, page 48, indique que sous
l’action solaire la glycérine devient de l’acide formique ; plus
loin, page 61, que les microbes la transforment... sans autres
indications.
Lindet, dans l’ouvrage mentionné, page 244, dit: «La glycérine
semble disparaître au cours de la saponification. Schaffer a recher-
ché la réaction de l’aldéhyde que l’oxydation de la glycérine don-
nerait; il ne l’a pas rencontrée; il cst probable que la glycérine
est brûlée par les microbes et spécialement par les mucédinées. »
D’après ces citations, il semblerait donc que l’on ne doive trou-
ver trace de glycérine dans les beurres altérés. Comme nous avions
une collection de beurres de différents âges et faits par nous, nous
avons contrôlé le bien-fondé de ces attestations.
284 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
La glycérine mise en liberté par saponification étant environ le
dixième du poids des acides gras, nous avons opéré, dans chaque
cas, sur 10 grammes de beurre, quantité jugée suffisante pour
obtenir les réactions de la glycérine.
A chacun de ces beurres acidés, on a ajouté 10 centimètres cubes
d’eau de chaux à 30% d’hydrate pour neutraliser les acides solu-
bles et l’on a décanté, après fusion et mélange à une douce cha-
leur, l’eau ajoutée que l’on a ensuite filtrée.
Chaque beurre a été en outre séché pour connaître exactement
la totalité de l’eau et pouvoir rapporter les résultats à 100 gram-
mes de matière.
Enfin, nous avons dosé l’acidité totale pour la mettre en com-
paraison avec la glycérine trouvée.
Les résultats obtenus sont consignés dans le tableau ci-dessous :
1 em 3 & 5 6
Beurre Beurre Es Beurre Beurre mt:
du du PeRRS stérilisé du Cac
9 dé- 10 no- 5 juin du . 3 février 20
cembre vembre
19 mai 1909
Acidité en acide oléi-
que pour cent de beurre. 118749 98r07 228146 138178 38r94 3gr05
Glycérine possible , 1 235 0 98 2 44 4: 488% 0.425, 04929
Glycérine dosée: 1. 0 180 OT TO 72 TND eS 0e AL PAONRUES
Ces analyses montrent nettement que dans les beurres en sapo-
nification avancée ou moyenne, que dans les graisses végétales
même, il existe de la glycérine, mais qu’il n’y a aucune relation
entre la glycérine présente et celle devant exister.
On voit, en outre, que la quantité croît avec l’acidité et qu’elle
peut atteindre des doses relativement fortes dans les beurres très
altérés.
Que devient la glycérine disparue, nous ne l’avons pas recherché
expérimentalement? Toutefois, comme nous avons constaté dans
d’autres travaux que l’acidité soluble et insoluble volatiles croît
pendant la conservation prolongée des beurres, 1l serait vraisem-
blable de penser qu'une partie de la glycérine a servi à leur for-
mation.
L'examen micrographique montre aisément des ferments bu-
ÉTUDE SUR LES CORPS GRAS ACIDES DU LAIT 285
tyriques dans les beurres rances et commeils y trouvent l’alimen-
tation nécessaire à leur activité, on ne voit pas pourquoi ils ne
feraient pas fermenter la glycérine. Mais, comme dans toute fer-
mentation, il arrive un moment que les produits secrétés entra-
vent la vie des organismes, on peut ainsi s’expliquer la présence
de la glycérine, à doses d'autant plus fortes que le milieu est de-
venu plus acide, c’est-à-dire plus toxique.
TROISIÈME PARTIE
GLYCÉRINE DANS LES CRÈMES
Reprenant notre hypothèse sur l'existence des lipases dans les
laits, nous pensions, qu’étant plus concentrées dans les crèmes,
elles produiraient une saponification suffisamment profonde dont
nous aurions pu mesurer l’action en rendant le milieu aseptique
par du chloroforme.
À 150 centimètres cubes de crème fraîche dosant :
Acide lactique pour cent . . . . . 08r163
Acides gras, en acide oléique. . . . 0 140
nous avons ajouté, le 5 avril, 3 centimètres cubes de chloro-
forme, soit 2 %.
Agitée de temps en temps dans son flacon clos, elle s’est prise
en un beurre granuleux.
Après un mélange aussi intime que possible, nous avons prélevé
un échantillon qui, le 11 mai, a donné à l’analyse :
Acide lactique pour cent . . . . . Osr 602
Acides gras, en acide oléique . . . 0 187
En comparant ces anælyses entre elles, nous constatons l’in-
suflisance du chloroforme, malgré la dose élevée, pour arrêter la
fermentation lactique et une légère saponification, indiquée par
l'augmentation des acides gras.
286 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
On pourrait élever des doutes sur les causes de lasaponification,
le milieu n'ayant pas été rigoureusement aseptique et la prise
d’échanüllon rendue difficile par le barattage accidentel, mais vu
l’espace de temps, 5 avril au 11 mai, on ne peut logiquement l’at-
tribuer aux lipases, qui vers 149, température des expériences,
ont une activité de 20 et produiraient alors une saponification
profonde, marquée par une acidité bien plus élevée.
A notre avis, malgré la différence d’ailleurs très faible, O8r 04,
il n’y a pas eu dédoublement: nous en tirerons la conclusion que
la crème ne renferme pas de lipases et que les ferments lactiques
n’en secrètent pas.
La recherche de la glycérine à fourni, d’ailleurs, des résultats
négatifs.
Ce sont donc les microbes qui produisent la saponification dans
les beurres, les crèmes; logiquement, et par comparaison, on doit
pouvoir doser de la glycérine dans les crèmes abandonnées aux
fermentations spontanées.
Nous avons fait cette recherche en utilisant certaines crèmes
d'expériences, traitées les unes par le toluène, les autres par le
chloroforme, soit en vase ouvert, soit en vase fermé.
On a fait ainsi quatre échantillons qui, constitués le 30 mars,
ont donné à l’analyse, le 11 mai, pour 100 grammes de crème :
1 42 3 4
SE
vase ouvert vase ouvert vase fermé
vase ouvert
Acidité, soluble à l’eau,
en acide lactique. . . 185245 0er 663 4gr 910 Ogr 600
Acides gras, insolubles, en
acide oléique. . . . . DUAL 122203 3 676 0 187
Traitées comme les beurres et soumises à la méthode Denigès,
une seule, le n° 3, a pris la coloration de la glycérine et en dosait
08r 030 pour 100 grammes. |
Les crèmes s’altèrent donc comme les beurres.
Dans le cours de ces recherches, nous avons constaté que l'em-
ploi du réactif gaïacol devient impossible lorsqu'on se trouve en
ÉTUDE SUR LES CORPS GRAS ACIDES DU LAIT 287
présence du lactose. Il donne, en effet, avec ce corps traité comme
la glycérine, une coloration rouge vineuse intense qui masque
totalement celle que donnait la glycérine. La saccharose produit
une coloration de même nature; le glucose et l'acide citrique une
teinte rose. La coloration vineuse rouge semble être ainsi carac-
téristique des bioses.
Il y a donc nécessité quand on emploie ce réactif d'isoler les
acides organiques et les sucres et de n’affirmer la présence de la
glycérine que lorsqu'on obtient la coloration bleue.
Les observations colorimétriques restent comparatives pendant
deux heures environ; plus tard les teintes changent.
L'emploi de l’acide salicylique semble préférable parce que
l’action des sucres ne se fait pas sentir et que la sensibilité est
plus grande.
En résumé, de l’ensemble de ces recherches nous coneluons :
19 Que les laits ne contiennent pas de glycérine;
20 Que la glycérine n’apparaît que dans les crèmes et les beurres
très altérés;
30 Qu'il n’y a aucun rapport entre la quantité de glycérine pré-
sente et les acides gras libres;
49 Qu'il ne doit pas y avoir de lipases dans le lait et la crème;
59 Qu'il faut attribuer la saponification des corps gras dérivés
du lait aux microbes habituels des beurres, sauf les ferments
lactiques qui ne semblent pas secréter de lipases;
69 Que le parfum des beurres ne résulte pas de la säponifica-
tion de la matière grasse des crèmes fermentées, mais bien de la
fermentation du lactose.
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Les roches de la Floride et autres phosphates pour la fer-
tilisation du pays, par A.-W,. Taackara (Daily Consular and
Trade Rpts [U. S.], 1907, n° 2992, p. 1-3).
Dépôts de phosphates dans les États du Sud, par L.-P. Browx
(Amer. Fert., 27 [1907], n° 3, p. 15-17, avec 2 figures; n° 4, p. 25-
27 ; 9, p. 22-24).
L'industrie minérale : ses statistiques, technologie et com-
merce en 1906, par W.-R. InGazzs (New-York et Londres, 1907,
vol. XV, p. xxiv-931; résumé dans Journ. Soc. Chem. Indus., 26
[r907], n° 17, p. 994).
Engrais commerciaux, par J.-S. Burn (California Sla. Bul, 189,
p. 421-443).
Rapport sur des engrais commerciaux, 1907, par E.-H. Henxins
et J.-P. Srreer (Connecticut State Sta. Rpt., 1907-1908, pt. I,
120 pages).
Analyses d'engrais commerciaux et du vert de Paris, par
J.-E. HazuiGan (Louisiana Stas. Bul., 97, 117 pages).
Inspection des engrais, par C.-D. Woops et J.-M. Barrcerr (Maine
Sta. Bul., 146, p. 203-234).
Inspection d'engrais commerciaux, par J.-P. Srreer et autres,
Mew. Jersey Stas. Rpt., 1906, p. 17-34).
Botanique agricole
Nature et développement des plantes, par C.-C. Curris (New
York, 1907, p. vu-471, avec 342 figures).
Les causes qui déterminent la distribution des plantes, par
C. Marécnar (Ann. Gembloux, 17 [1907], n° 9, p. 503-508).
Facteurs qui influent sur l’activité saisonnière des plantes,
par D.-T. Mac Doucar (Plant. World, 10 [1907], n° io, p. 217-237,
avec 3 figures).
BIBLIOGRAPHIE 291
La température intérieure des feuilles sous l’insolation tro-
picale, par A.-M. Swira (Proc. Cambridge Plul. Soc., 14 [1907],
n° 3, p. 296).
La relation des parasites phanérogamiques avec les nitrates,
par M. Miranne (Compt. Rend. Acad. Sci, Paris, 145 [r1907|,
n° 11, P. 907-009).
L'association de Pseudomonas radicicola avec Bacillus ra-
mosus, par W.-G. Sackerr (Rpt. Mich. Acad. Sci., 8 [1906], p. 147-
190).
La relation de certains principes biologiques avec la pro-
duction des plantes, par E.-M. Easr (Connecticut State Sta. Bul.,
158, 93 pages avec 6 figures).
L'auteur résume l’état actuel de nos connaissances au sujet de l’hérédité et
de lhybridisation.
Dégénérescence des pommes de terre, par G. Masse (Roy. Bot.
Gard. Kew. Bul. Misc. Inform., 1907, n° 8, p. 307-311, avec
1 planche).
On fait des recherches sur ce fait : quelquefois des tubereules de pommes
de terre ne forment pas de germes même dans les conditions les plus favo-
rables. On attribue cela à un arrêt dans la formation du système vasculaire
des tubercules.
Rapport de l’aide de botanique, par R.-Y. Winrers (Ælorida
Sta. Rpt., 1907, p. Lm-Lvi).
Récoltes des champs
Une îferme à exploitations variées en Alabama, qui a eu du
succès, par M.-A. Crossey, J.-F. Duccer et W.-J. Spizcmax (U. S.
Dept. Agr., Farmer's Bul., 310, 34 pages, avec 4 figures).
Une ferme à foin dans le sud des États-Unis, qui a eu du
succès, par H. Benton (U. S. Dept. Agr., Farmer's Bul., 312,
15 pages).
Expériences sur des récoltes fourragères, par G.-A. Bizunes
(New Jersey Stas. Rpt., 1906, p. 270-297, avec 9 planches et 1 dia-
gramme).
On donne une liste des frais et les taux des éléments nutritifs des récoltes.
292 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Expériences dans les champs d’Essex, 1906, par B.-W. Burr
et V.-H. Kirkmam (Æssex Ed. Com. County Tech. Labs. Chelmsford,
1907 [avril], 26 pages, avec 2 planches et 1 diagramme).
Expériences dans les champs de Lauchstädt, par W. Scaner-
pEwinD et autres (Landiw. Jahrb., 36 [1907], n° 4, p. 569-576, 738-
743, avec 5 planches).
On donne une longue description du travail de cette station.
Courte esquisse des expériences faites au champ d’expé-
riences de Poltava, de 1886 à 1905, par S.-P. Treryakov,
G.-N. Nazarov et K.-L. VerBerski (résumé dans ZAur. Opuitn.
Agron. [Russ. Journ. Expt. Landw.], 8 [1907], n° 1, p. 73-75).
Rapport de la ferme d'expériences de Wagga, par G.-W. Mc
KErowx (Agr. Gaz. N. S. Wales, 18 [1907], n° 2, p. 159-162, avec
1 figure).
Le temps des opérations de ferme au collège agricole d’Aas,
par G. Horrsmark (Ber. Norges Landbr. Hôüiskoles Virks, 1905-
1906, p. 113-115).
Contribution à la connaissance de la germination des grai-
nes, par J. Errronr (Bul. Assoc. Chim. Sucr. et Distill., 1905,
p- 208; Ann. Gembloux, 1906, p. 259; résumé dans Zentralbl.
Agr. Chem., 36 [1907], n° 5, p. 320-324).
Un hybride de téosinte et de blé, par P.-L. pe Virmorin (Bul.
Soc. Bot. France, 54 [1907], n° 1, p. 39-42, avec 1 planche).
L'’orge de brasserie au point de vue scientifique et pratique,
par P. Bauer (Wochenschr. Brau., 24 [1907], n° 19, p. 249-255 ; 20,
p. 201-266; 21, p. 273-270).
Essais d’engrais pour les cotonniers, par A.-W. Brain (/orida
Sta. Rpt., 1907, p. xx1v-xxvi).
Application de fumier sur le foin de semence, par W. ALLAN
(Edinb. and East of Scot. Col. Agr. Bul., 13, 17 pages avec 1 dia-
gramme).
L’azote donna le plus grand poids de la récolte. Mais un mélange de nitrate
de soude et de sulfate d’ammoniaque produisit aussi de bons résultats.
BIBLIOGRAPHIE 293
Irrigation des prairies, par Sroporski (résumé dans Zhur. Opuitn.
Agron. [Russ. Journ. Expt. Landw.], 8 [1907], n° 1, p. 78-79).
Essais d'engrais de chaux-azote en comparaison avec le
nitrate de soude sur le houblon en 1906, par Wacner
(Vierteljahrsch. Bayer. Landw. Rat., 12 [1907], n° 1, Sup., p. 200-
204).
La dureté des téguments des graines des légumineuses, par
L. Hizrner et W. Kinzez (Zentralbl. Agr. Chem., 36 [1907], n° 6,
p- 381-384).
Expériences avec la canne à sucre dans les Leeward Is-
lands, 1905-1906, par F. Wars et autres (/mp. Dept. Agr. West
Indies, Sugar Cane Excpts. Leeward Isl., 1905-1906, pt. II,
54 pages, avec 5 diagrammes).
Culture du tabac à Hawaï, par J.-G. Smiru et C.-R. Bracow
(Hawaii Sta. Bul., 15, 29 pages, avec 3 planches et 4 figures).
Horticulture
Rapport de l’horticulteur, par G.-F. Warren et Jennie-A. Voor-
HEEs (Vew Jersey Stas. Rpt., 1906, p. 189-223, 237-242, 248-265,
avec 7 planches).
On donne une description détaillée des travaux, surtout avec les asperges,
les engrais et les tomates. On a fait également des essais avec des préserva-
tifs de bois pour les bancs des serres. Les meilleurs résultats ont été four-
ais par le traitement au sulfate de cuivre et carbolineum.
Rapport du botaniste, par B.-D. Hazsrep et E.-J. Owen (Vew
Jersey Stas. Rpt., 1906, p. 369-510, avec 25 planches).
Pollinisation de tomates forcées, par S.-W. FLercner et O.-I.
GreGG (Michigan Sta. Spec. Bul., 39, 10 pages, avec 7 figures).
Culture de champignons japonais, par H.-B. Mirrer (Daïly Con-
sular and Trade Rpts. [U. S.], 1907, n° 2954, p. 1-3).
C’est un bref récit de la culture et de l’importance commerciale des cham-
pignons japonais.
294 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Fruits et légumes hâtifs dans le Sud tunisien, par M. ne Ma-
nèRes (Bul. Dir. Agr. Com. et Col. Tunis, H [1907], n° 42, p. 99-
lat).
Recherches en plein champ sur la pomologie, par G.-H. Po-
WELL (U. S. Dept. Agr., Bur. Plant. Indus., Circ. 7 juin 1907,
4 pages).
Fruits pour la Géorgie, par H.-N. Sranxes et J.-F. Monror (Geor-
qta Sta. Circ., 64, 8 pages, avec 1 carte).
La culture de fruits commerciaux, par J. Troop et C.-G. Woon-
Bury (/ndiana Sta. Cire., 9, 11 pages, avec 6 figures).
Rapport annuel de la station de fabrication de vin à Haro
pour 1906, par V.-C.-M. De ZuniGa (Estaciôn Enolégica de Haro.
Memoria Correspondentie al Año 1906, Haro [1907], 113 pages,
avec 3 cartes).
La station d'expériences de Heeleaka. Recherches pendant
les saisons de 1905 et 1906, par H.-H. Manx et C.-M. Hur-
GHINSON (/ndian Tea Assoc. (Pamphlet), 2 [1907], 35 pages, avec
! planches).
Rapport sur Pemploi de différents engrais pour les plantations de thé.
Expériences sur le fort émondage du thé en Assam, par
H.-H. Mann (/ndian Tea Assoc. (Pamphlet), 3 [1907], 20 pages avec
3 planches).
Variations produites parmi les roses, par L. Daniez (Compt.
Rend., Acad. Sci. [Paris], 144 [1907], n° 25, p. 1451-1453; Rev.
Hort. Paris], 79 [1907], n° 15, p. 356-357).
Sylviculture
La diminution de la provision de bois dur et les forêts des
Appalaches, par W.-L. Hazr (U. S. Dept. Agr., Forest Serv.,
Cire. 116, avec 16 pages et 1 figure).
L'histoire de la vie du hêtre, par G.-T. Bourcer (Quart. Journ.
Forestry, [1907], n° 3, p. 230-279, avec 32 figures).
BIBLIOGRAPHIE 295
Deuxième rapport sur la résistance du bois de construction,
W.-K. Harr (U. S. Dept. Agr., Forest. Serv., Circ. 115, 39 pages).
L'emploi du bois mort dans les forêts nationales, par E.-R. Hon-
son (U. S. Dept. Agr., Forest. Serv., Cire. 113, 4 pages).
Traitement préservatif des poteaux de clôtures, par H.-F. WEIss
(U. S. Dept. Agr., Forest. Serv., Circ. 117, 15 pages, avec 1 figure).
La circulaire contient un compte rendu des expériences exécutées par le
Service forestier dans l’intention de déterminer une méthode économique
commerciale pour imprégner les poteaux de barrières avec de la créosote. Les
expériences sont décrites, les résultats sont donnés en forme de tableaux
et brièvement discutés et quelques conclusions en sont tirées, sur lesquelles
on peut s’appuyer pour le traitement des poteaux de barrière.
Des expériences initiales furent exécutées de concert avec le Bureau de
l’industrie des plantes, pendant l'Exposition à Saint-Louis en 1904. Dans ces
essais furent traités des poteaux d'érable, d’orme, de sycomore, de frêne, de
peuplier du Canada, de sassafras, de noyer blanc, de noyer noir, de chêne
d’eau, de saule et de chène rouge. D’autres expériences furent exécutées à
Elwood et Los Angelos (Californie), avec des gommiers bleus, rouges et à
sucre et l’écorce de fer (ironbark). Les résultats de ces premières expériences
servirent de guide pour d’autres plus complètes faites à Saint-Anthony, Idaho,
en 1906, en traitant les poteaux de clôtures débités dans le pin lodgepole, tué
par le feu. Le traitement dans des cuves à l'air libre fut employé dans tous
ces essais. En tout, dix-huit sortes de bois furent traitées et un tableau est
donné, montrant la pénétration dans chaque cas.
Les expériences faites à Saint-Anthony étaient divisées en trois séries dans
lesquelles on cherchait à déterminer le minimum de température efficace
pour la créosote chaude, la durée efficace minimum du bain dans la créosote
chaude et la durée minimum efficace d'immersion dans la créosote après
l'enlèvement de la source de chaleur. Les résultats sont en forme de tableaux
et montrent que, plus la créosote est chaude, plus l'absorption et la pénétra-
tion sont grandes.
Jusqu'à une certaine limite, une augmentation de la durée du bain dans la
créosote chaude, les autres facteurs étant égaux, provoque une plus grande
absorption. On dit que c’est aussi vrai pour la durée d’immersion dans la
- créosote se refroidissant. L'effet d’une longue immersion dans la créosote
chaude avec une courte station dans la créosote froide n’a pas été déterminé
iusqu'’ici.
Des tableaux montrent le coût comparatif des poteaux traités et non traités
de pin lodgepole en Idaho. Le coût annuel d’un poteau non traité est estimé
à 5 cents (25 centimes) et d’un poteau traité de 3 cents (15 centimes). Il en
résulte donc qu’au bout de vingt ans, une barrière créosotée sera d’environ
4o cents (2 francs) moins chère par poteau que la barrière non traitée, En se
basant sur ces résultats quelques indications générales sont données pour la
sélection, la préparation et le traitement des poteaux de clôtures.
L'introduction montre le besoin de plus en plus urgent du traitement
préservatif des poteaux de barrières, les causes de la corruption et les
méthodes préservatives maintenant en usage.
296 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Nouveaux préservatifs du bois, par J.-A. Van Her (Daily Consu-
lar and Trade Rpts., U. S. [1907], n° 2921, p. 10).
L'auteur mentionne que de nouvelles expériences sur la préservation du
bois, faites en Belgique avec un nouvel extrait de goudron de houille conuu
sous le nom d’ « injectol », ont donné des résultats satisfaisants. Dans les
expériences, l’injectol fut appliqué aux poteaux, aux traverses de chemins de
fer et aux blocs employés pour paver les rues.
Comparés avec les potgaux non traités, qui résistaient à la corruption seule-
ment quelques mois, les poteaux traités avec de l’injectol restaient inattaqués
plus de trois ans. Des expériences semblables furent aussi exécutées avec des
traverses de chemins de fer, celles-ci étant traitées avec la créosote de houille,
la créosote et le chlorure de zinc et avec l’injectol et laissées pendant une
période de deux ans dans un pourrissoir composé de fumier liquide et autres
substances décomposantes. A la fin de cette période les traverses traitées avec
l’injectol étaient encore en bonne condition, tandis que les autres étaient
presque complètement détruites. Des résultats semblables furent obtenus avec
des blocs de pavage. D’autres expériences sont en cours.
On dit que l’injectol est un liquide très léger, d’un brun foncé, de densité
régulière, avec un degré de viscosité changeant très peu avec les variations
de température. Un de ses avantages principaux est qu’il pénètre sans aucune
pression. Le temps nécessaire pour la pénétration dans le bois d’une certaine
quantité d’injectol est considérablement plus petit que pour tout autre liquide
antiseptique, la créosote comprise.
L'industrie du camphre, par J.-H. Arxozn (Daily Consular and
Trade Rpts., U. S. [1907], n° 2920, p. 8-10).
Le caoutchouc dans l'Afrique Occidentale française, par
Y. Henry (Paris : Gouvt. Gén. Afrique occident. française, 1906,
239 pages, avec 16 planches, 9 figures, 1 carte et 8 diagrammes).
Ce travail traite des différentes phases de l’industrie du caoutchouc dans
l'Afrique occidentale française, y compris l’histoire de son exploitation dans
les diverses colonies avant 1904, la production totale et le commerce des
types du caoutchouc de l'Afrique occidentale française sur les différents
marchés européens et une explication et discussion des lois adoptées le
1er février 1909, pour régler et améliorer les méthodes d’exploitation et de
préparation du caoutchouc. On donne ensuite un compte rendu des résultats
obtenus après que la loi a été en vigueur pendant une année.
Le travail se base sur les observations et recherches personnelles de l'au-
teur et sur les informations puisées dans des documents officiels. Le texte est
accompagné d’une carte de la contrée et de nombreuses illustrations et de
tableaux statistiques.
Un voyage à travers le pays du guayule, par H.-C. PEarson
(India Rubber World, 35 [1907], n° 6, p. 173-177; 36 [1907], n° 1,
P- 205-210, avec 26 fiqures ct 1 carte).
C'est un récit de la découverte et du développement de lindustrie du
caoutchouc quayule dans le nord du Mexique; il v a une description de la
contrée et les méthodes de production et d’exploitation du caoutchouc avec
des figures représentant les factoreries nouvelles en fonction.
BIBLIOGRAPHIE 297
Les arbres à caoutchouc endommagés se cicatrisant eux-
mêmes, par F.-M. Ryper (Mo. Consular and Trade Rpts., U. SK.
[1907], n° 322, p. 163).
Travail forestier coopératif pour 1908, par W.-J. GREEN et
L.-H. Gopparp (Ohio Sta. Circ., 74, 3 pages).
Maladies des plantes
Rapport de l'assistant pathologiste des plantes, par H.-S. Faw-
cerr (Ælorida Sta. Rpt., 1907, p. xzu-Ln, avec 3 planches et
3 figures).
Rapport de l’horticulteur sur les maladies des plantes, par
G.-W. Warren et Jennie-A. Voorees (Vew Jersey Stas Rpt., 1906,
p- 224-236).
Quelques importantes maladies des plantes à Washington,
par W.-H. Lawrence (Washington Sta. Bul., 83, 56 pages avec
18 figures).
Description du chancre des pommiers causé par Myxosporium curvispo-
rum, du chancre de lérable causé par Tubercularia vulgaris et de la pourri-
ture des racines des pruniers due à Armillaria mellea.
Deux intéressants champignons de la pomme, par F.-L. Sre-
vEns (S'ctence, n. sér., 26 [1907], n° 673, p. 724-725).
On a trouvé dans les régions montagneuses et, plus tard, sur la côte de la
Caroline, en 1906, l’Æypochnus ochroleuca, champignon qui était jusque-là
seulement connu au Mexique. l’autre espèce décrite est probablement iden-
tique à Phyollosticta solitaria.
La pourriture amère des pommes; recherches botaniques, par
T.-J. Burrize ({linois Sta. Bul., 118, p. 554-608, avec 10 planches).
La pourriture amère des pommes; recherches horticoles,
par J.-C. Brair (Uinois Sta. Bal., 117, p. 482-551, avec 2 planches).
On recommande la bouillie bordelaise pour combattre la maladie.
Maladie des pêchers en Californie, par R.-E. Surrx et autres
(California Sta. Bal., 191, p. 93-100, avec 17 figures).
Elle est due au Coryneum Beyerinckii.
298 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Le mildiou des raisins et les torts qu'il fait, par M. JEra
(Rev. Vitivia, Argentina, K [1907], n° 13, p. 202-204; n° 14, p. 218-
2195; n° 19, p. 232-233; n° 16, p. 294-255 ; n° 19, p. 296-299 ; n° 20,
p. 312-314).
On recommande le soufre sec à raison de 100 kilos par hectare, en trois
applications.
Maladies du caféier, par G. Deracroix (Agr. Prat. Pays Chauds,
7 [1907], n° 54, p. 235-253, avec 3 planches; n° 55, p. 321-333,
avec 1 planche).
La maladie des sapins dans les forêts du Jura, par E. Henry
(Compt. Rend. Acad. Sci., Paris, 145 [1907], n° 18, p. 725-727).
On donne la description de cette maladie due au Phoma abietina cu
Fusicoccum abretinum.
La pourriture brune du citron, par R.-E. Surru et autres (Cali-
fornia Sta. Bul., 190, 72 pages, avec 1 planche et 30 figures).
Courte revue des champignons parasites du Ficus elas-
tica, par S.-H. Koorpers (Votizbl. K. Bot. Gartens u. Mus. Berlin,
4 [1907], n° 4o, p. 297-310).
La maladie des chrysanthèmes, par F.-L. Srevens (Bot. Gaz. 4!
[1907/, n° 4, p. 241-258, avec 15 fiqures).
Description de la maladie et du champignon qui la cause et qu’on a appelé
Ascochyta chrysanthemu.
Une nouvelle maladie des chrysanthèmes, par E.-S. Sarmon
(Gard. Chron., 3° sér., 42 [1957], n° 1082, p. 213, avec 2 figures).
Il s’agit de taches sur les feuilles, produites par Septoria chrysanthemr. On
recommande le mélange bordelais.
Sur les Septoria des chrysanthèmes et la présence de la
maladie en Europe centrale, par P. Macnus (Ber. Deut. Bot.
Gesell., 25 [1907], n° 6, p. 299-301).
Une étude des maladies du pélargonium, par J. Crirrcor (Journ.
Soc. Nat. Hort. France, 4° sér., 8 [1907], juin, p. 348-355).
Les maladies du pélargonium groupées d’après les parasites des plantes,
les parasites animaux et les maladies organiques.
BIBLIOGRAPHIE 299
L'action des sels de cuivre dans le traitement des maladies
des plantes, par R. Laron (Journ. Soc. Nat. Hort. France. 4° sér.,
8 [1907], juin, p. 356-368).
Zoologie économique — Entomologie
Étude économique des souris des champs, par D.-E. Lanrz
(U. S. Dept. Agr., Biol. Survey, Bul. 31, 64 pages, avec 9 planches
et 3 figures).
Description des différentes espèces de souris des champs, des dommages
qu’elles causent et des moyens de les combattre. Les trois espèces principales
dont il est parlé sont : Microtus pennsylvanicus, M. ochrogaster et M. pine-
torum scalopsoïides.
Moyens de combattre les souris, par H. RægiGer (Landiw. Wo-
chenschr. Sachsen, 9 [1907], n° 4o, p. 358-360 ; n° 41, p. 366-368).
On recommande l'emploi de cultures spécifiques bactériennes.
Catalogue avec table des matières de la zoologie médicale
et vétérinaire, par C.-W. Snires et A. Hassaz (U. S. Dept. Agr.,
Pur. Anim. Indus., Bul. 39, pt. 19, p. 1399-1492).
Rapport de l’entomologiste, par E.-W. BerGer (Ælorida Sta. Rpt.,
1907, p- XXxX-XLH, avec 2 planches).
Rapport de l’entomologiste, par J.-B. Smirx (Vew. Jersey Stas.
Rpt., 1906, p. 519-609, avec 15 planches et 18 figures).
Notes entomologiques (/Vatal Agr. Journ. and Min. Rec., 10 [1907],
n° 7, p. 709-770).
Notes entomologiques (/Vatal Agr. Journ. and Min. Rec., 10
[1907], n° 8, p. 925-928).
Variétés de couleur des locustides, par F. Knag (Science, n. sér.,
26 [1907], n° 670, p. 595-597).
La teigne des pousses des mélèzes. Charançons des grains,
par R.-S. MacpouGarz (Journ. Bd. Agr. Londres, 14 [1907], n° 7,
p- 395-399 ; 412-415, avec à figures).
On donne la description de Argyresthia læviqatella, de Calandra granaria
et Calandra oryzsæ.
3500 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Revision des types américains de la sous-famille tenebrio-
nide Tentyriinæ, par T.-L. Casey (Proc. Wash. Acad. Sci., 9
[1907], p. 275-522).
Cleonus punctiventris et les moyens de le combattre, par
V. Pospyecov (Vyestnik Sakh. Promuish., 1906, n°° 6-8; résumé
dans Zhur. Opuitn. Agr. [Russ. Journ. Expt. Landw.], 8 [1907],
n° 1, P. 102-105).
Note sur la mauvaise réussite du coton à cause du ver des
capsules, dans le Punjab central et du sud-ouest, en 1905, et
sur les résultats des mesures prises pour empêcher son
retour en 1906, par W. Renour (Dept. Agr. Punjab, Bul. I,°1907,
13 pages).
Le pou de la tige de la pomme de terre, par Edith.-M. Parcu
(Maine Sta. Bul., 147, p. 235-237, avec 9 figures).
Il s’agit du Wectarophora solanifoléi, qui a causé de grands dégâts dans
le Maine.
La teigne des pommes, par R.-S. Woczuu (N. C. Dept. Agr., Ent
Circ., 20, 16 pages avec 7 figures).
On recommande des pulvérisations avec l’arséniate de plomb dans le
mélange bordelais.
Émulsion de pétrole contre la cochenille de San José, par
C.-D. Jarvis (Connecticut Storrs Sta. Bul., 49, 12 pages).
La mouche des fruits (Journ. Dept. Agr. So. Aust., 10 [1907],
n° 12, p. 809-870).
Fumigation contre la mouche blanche, par G.-F. Warren (Vew
Jersey Stas. Rpt., 1906, p. 242-247, avec 2 planches).
Une once de cyanure de potassium pour 1.000 pieds cubes, employée chaque
nuit, a donné de bons résultats, mais en faisant du tort aux tomates.
Nouvelles expériences sur la mouche des olives, par A. BEr-
LESE (Coltivatore, 53 [1907], n° 42, p. 487-490).
L'effet du froid sur les xylophages dans les caféiers, par
L. Bouran (Compt. Rend. Acad. Sci., Paris, 145 [1907], n° 9, p. 464-
166).
Les caféiers sont quelquefois sérieusement endommagés par Xylotrechus
quadrupes. Le froid produit par l’évaporation du chlorure d’éthyle sur les
branches détruit la larve.
BIBLIOGRAPHIE 301
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par pe Loverpo (Bul. Soc. Nat. Agr. France, 67 [1907], n° 7,
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Il s’agit de Paralipsa qularis et de Plodia interpunctella.
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C’est un article de controverse sur la durée du cycle biologique des tomi-
cines infracorticaux, notamment du 7omicus typographus.
Tomicus polygraphus en Lorraine, par Henry (Bul. Soc. Nat.
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La structure, le développement et la biologie de la mouche
domestique, par C.-G. Hewrrr (Quart. Journ. Micros Sci., Londres,
n. sér., 01 [1907], n° 203, p. 395-448, avec 5 planches).
Rapport sur les recherches relatives aux moustiques en
1906, par J.-B. Surru, W.-P. Sea et J.-A. Grosssecx (Ver Jersey
Stas. Rpt., 1906, p. 611-670, avec 7 planches et 1 figure).
Un mélange d’acide carbolique et de camphre gommeux a donné de bons
résultats pour la destruction des moustiques dans les maisons.
Information sur la tique de fièvre de l'Amérique du Nord,
avec des notes sur d’autres espèces, par W.-D. Honrer et
W.-A. Hooker (U. S. Dept. Agr., Bur. Ent., Bul. 72, 87 pages,
avec { planches et 13 fiqures).
,
La présence de mites dans les os longs des ailes des oiseaux,
par E.-L. Trouessarr (Compt. Rend. Acad. Sci., Paris, 145 [1907],
n° 15, p. 998-6or).
Le Cytodites nudus a été accidentellement trouvé dans les sacs à air des
oiseaux domestiques. On a rencontré dans les cavités des os longs un grand
nombre de mites décrites comme nouvelle espèce sous le nom de Zyroglyphus
antricola.
302 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
L'emploi des insectes comme nourriture, friandises, méde-
cine et dans les manufactures, par H. von P. BERENSBERG
(Natal Agr. Journ. and Min. Rec., 10 [1907], n° 7, p. 757-762, avec
1 planche).
Maladies des plantes et moyens de les combattre, par
H.-N. Srannes et J.-F. Monroe (Georgia Sta. Circ., 62, 18 pages,
avec 4 figures).
Aliments — Nutrition humaine
Ure méthode précise pour rôtir le bœuf, par Élisabeth-C.
SPRAGUE et H.-S. Grivpzey (Univ. Il., Univ. Studies, 2 [1907],
n° 4, 37 pages, avec { planches et 10 diagrammes).
L'effet du blanchiment sur la qualité de la farine de fro-
ment, par F.-J. Azway (Nebraska Sta. Bul., 102, 56 pages).
Une petite quantité de peroxyde d’azote pour blanchir la farine est inoffen-
sive. Puisque de grandes quantités de peroxyde donnent à la farine une cou-
leur défavorable, il ne faut pas craindre qu’un meunier mette avec intention,
dans la farine, une telle quantité de peroxyde qu’il soit pernicieux à la santé.
La farine des bananes, par W. ScnezLmann (Pflanser, 2 [1906],
p- 393-396 ; résumé dans Chem. Zentralbl., 1907, II, n° 8, p. 623).
La quantité d’eau contenue dans le lard, par E. Porenske (Arb.
K. Gesundheitsamt, 25 [1907], 505-511; résumé dans Chem. Zen-
tralbl., 1907, IT, n° 2, p. 172-173).
La pourriture des légumes conservés et ses causes, par C: vox
Wauz (Centralbl. Bakt., etc., 2. Abt. 16 [1906], p. 489; résumé
dans Æyq. Rundschau, 17 [1907], n° 17, p. 1068-1070).
La pénétration des bactéries à travers la coquille dans
l’intérieur des œufs, par R. LanGe (Arch. Hyq., 62 [1907], n° 3,
p- 201-215).
Les bactéries de la fièvre typhoïde et autres peuvent entrer dans l'œuf.
Pour les détruire, il faut faire bouillir les œufs pendant 8 minutes à une
température de 100°,
Les bacilles de la dysenterie peuvent-ils passer à travers
la coquille des œufs frais? par Sacus-Mücke (Arch. Hyg., 62
[1907], n° 3, p. 229-238).
L'auteur a trouvé que ces bacilles ne peuvent pas traverser la coquille,
BIBLIOGRAPHIE 303
Sulfite d’allyl : quelques aspects de son action physiologique,
avec une analyse du poireau commun (Allium porrum),
par E.-W. Caruier et C.-L. Evans (Bto-chem. Journ., 2 [1907|,
n% 7-8, p. 325-339, avec 6 figures).
Résultats généraux des recherches montrant l'effet de l'acide
sulfureux et des sulfites sur la digestion et la santé ([/.
S. Dept. Agr., Bur. Chem., Cire. 37, 18 pages).
On a trouvé que l’acide sulfureux et les sulfites sont pernicieux pour la
santé. C’est pourquoi il faut les éviter sous n’importe quelle forme dans les
produits destinés à la nourriture humaine.
L’acide formique dans les préservatifs, et la toxicité de
l'acide formique, par C. Kroxer et E. SeciGmann (Zertschr. Hygq.
u. Infektionskrankh., 56 [1907], n° 3, p. 387-390; résumé dans
Zeitschr. Fleisch- u. Milchhyg., 17 [1907], n° 12, p. 433).
Décisions de l'inspection des denrées alimentaires ({/. S. Dept.
Agr., Food Insp. Decisions, 80-81, 4 pages; 82, 2 pages; 83, 8 pa-
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Inspection des denrées alimentaires, par C.-D. Woop et J.-M.
Barrzerr (Maine Sta. Bal., 145, p. 187-202).
Aliments et produits de laiterie (Milch. State Dairy and Food
Dept., Bul. 138-142, p. 1-26).
Traité de la chimie des aliments, par H. RôrrG@er (Lehrbuch der
Nahrungsmittel-Chemie, Leipzig, 1907, 3° éd., revue, pages xiv-901,
avec 1 planche et 22 fiqures).
Quelques observations sur le régime alimentaire des indi-
gènes sous les tropiques, par G. ReynauD (Ann. Hyq. Pub. et
Méd. Léq., 4° sér., 7 [1907], avril, p. 315-342).
Un goûter de l’école, par A.-L. Benenicr (Dretet. and Hyg. Gaz.,
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Aliments préparés et prédigérés, par G. Lusk (Journ. Amer.
Med. Assoc., 49 [1907], n° 3, p. 201-202, 270).
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Helene Kaznezson (Arch. Physiol. [PrLüGer], 118 [1907], n° 5-7,
p. 327-392, avec 6 figures).
Sur le métabolisme pendant la faim : I, Azoté, par E.-P. Caru-
cart (Journ. Physiol., 35 [1907], n° 5-6, p. 500-510):
Expériences sur une nutrition prolongée à la protéine, par
D. Forsyra (Journ. Physiol., 35 [1907], n° 5-6, p. xz-xur).
Recherches sur la formation du glycogène dans le foie, par
K. Gruse (Arch. Physiol. [Prcü@er], 118 [1907], n° 1-2, p. 1-29,
avec 3 fiqures).
L'influence sur le métabolisme de la pression atmosphérique
remarquée en automobile, par A. Mouxeyrar (Compt. Rend.
Acad. Sci, Paris, 144 [1907], p. 1241-1242; résumé dans Chem.
Zentralbl., 78 [1907], IL, n° 4, p. 345).
Le nombre des corpuscules rouges du sang est augmenté. Les analyses
d'urine indiquent une augmentation du métabolisme.
Production animale
Notes sur les aliments de l'Afrique du Sud, par H. InGLe
(Transvaal Agr. Journ., 5 [1907], n° 20, p. 925-928).
La digestibilité de la nourriture de Maïzena, par O. KELLNER
et F. Honcamp (Landiw. Vers. Stat., 66 [1907], n° 3, p. 253-255).
Analyses diverses, par J.-P. Srreer (Vew Jersey Stas. Rpt., 1906,
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Prix, au marché, des aliments commerciaux, par J.-P. Srreer
(New Jersey Stas. Rpt., 1906, p. 38).
L'application de la loi de Mendel sur l’hérédité aux pro-
blèmes de production, par R.-H. Birren (Journ. Roy. Agr. Soc.
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Rapport sur la recherche spéciale de l'élevage des chevaux
en Ontario, 14906 (Ontario Dept. Agr., Spec. Rpt., 1906, 136
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oct., p. 590-597; nov., p. 651-667; n° 58 [1907], févr., p. 82-91 ;
mars, p. 137-148; avril, p. 208-212; mai, p. 269-281).
Hivernage du bétail d'un an, par H.-J. Warers (Wissourr Sla.
Bal. 75, 53 pages).
On a fait des essais pendant quatre ans avec quatorze lots de bœufs, de
quatre à six animaux chaque.
On a fait des essais avec du foin de phléole des prés et de fourrage de blé
entier dans le premier cas.
Pour le deuxième essai, on a employé du blé coupé et des tiges de blé ensi-
lées avec leur grain, et le foin de phléole.
Dans un troisième essai, qui était semblable au deuxième, on a étudié
aussi le foin de trèfle avec du blé coupé 1 : 1.
Dans le quatrième essai, on a donné du blé entier et du foin de trèfle 1 : 1
en comparaison avec le foin de phléole et le fourrage entier.
En général, le foin de phléole a donné une augmentation insignifiante du
poids.
Pour les bœufs qui pesaient 750 livres, on donnait 33,6 livres de fourrage,
mais ils n’en mangeaient que 19,83 livres.
Le fourrage entier séché dans les champs ne paraissait pas maintenir les
taureaux en poids. =
* Aussi les essais avec du blé coupé n’étaient-ils pas satisfaisants.
Le fourrage ensilé produisait de meilleurs résultats que celui séché sur le
champ.
Le trèfle avait une valeur nutritive double de la phléole.
On a fait d’autres essais avec de petites quantités de grains (4 à 6 livres)
en comparaison avec les différentes sortes de gros fourrages. Toujours le gros
fourrage était donné à volonté. Si l’on donnait de la farine de blé mélangée
avec de la farine de grains de coton, il y avait un qain de 0,77 livre par jour
et par tête, tandis que, avec la farine de blé seule, on avait une perte de
0,32 livre par Jour.
Si le bié coupé avec le foin de phléole, avec le fourrage entier et le foin de
trèfle 1 : 1, et avec foin de cowpea était comparé avec le foin de cowpea
seul, les gains quotidiens pour les rations contenant des grains variaient entre
0,65 livre et 1,54 livre. Pour le foin de pois fourragers seul il y avait un
gain de 0,56 livre par jour et par tête. Ces lots étaient en pâturage à partir
du 30 avril jusqu’au 24 décembre, et on trouvait un gain de 345 livres pour
ceux qui recevaient le blé et le foin de pois fourragers, et 422 livres pour ceux
qui avaient été nourris avec du blé et le foin de phléole.
Dans un troisième essai, on avait donné des rations de grains avec du foin
de phléole, de trèfle, de millet et de sorgho, avec fourrage de blé et foin de
trèfle 1 : 1. On avait toujours des gains entre 0,37 livre par tête pour le
foin de millet et 2 livres par tête pour le foin de trèfle. Si l’on mettait ces
bœufs en pâturage en été, on trouvait la plus grande augmentation de poids
pour ceux qui avaient reçu en hiver du millet et la plus petite pour ceux
qui avaient reçu du blé avec du foin de trèfle.
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 11 20
306 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
En général, on a trouvé que les qains d'été étaient en raison inverse des
gains de l’hiver précédent.
L’alfalfa donnait aussi de bons résultats, On trouvait toujours que le trèfle
avait une valeur double du foin de phléole, mais le foin de pois fourragers
paraissait être semblable au trèfle comme valeur nutritive.
Méthodes pour nourrir les bœufs, par T.-[. Mains (Pennsylvania
Sta. Bul., 83, 16 pages avec 3 figures).
Le blé de Kaîir et le maïs de Milo pour engraisser le bétail,
par F.-R. Marsazz et J.-C. Burns (Texas Sta. Bul., 97, 20 pages
avec 3 figures).
On donne la préférence au maïs.
Élevage du bœuf, par J.-H. Skner et W.-A. Cocuec (/ndiana Sta.
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Notre système de tueries et l’abattoir allemand, par C. Casx
et H. Hwiss (Londres, 1907, pages xu-212, avec 1 planche et 6/4 fiqu-
res).
Le lait écrémé dans l'alimentation des veaux, par À. Proceui
(Agr. Mod., 13 [1907], n° 35, p. 493-495).
La farine est un bon supplément pour le lait écrémé.
Élevage et aménagement moderne pour les moutons, par
W.-J. CLar (Chicago, 1907, 342 pages, avec 101 figures).
L'industrie des moutons en Ontario (Ontario Dept. Agr. Bul.,
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(Tunisie), par GrammonD (Bul. Dir. Agr., Com. et Colon., Tunis,
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Production d'œufs de poules vierges, par J. Nezson (Vew Jersey
Stas. Rpt., 1906, p. 354-358, avec 1 planche).
En moyenne, une poule d’un poulailler avec coq a pondu cent vingt-six
œufs par an, et, dans un autre poulailler sans coq, il y a eu seulement cent
dix-huit œufs par an et par poule. Il n’y avait pas grande différence dans les
qualités des deux sortes d'œufs.
BIBLIOGRAPHIE 307
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des grains, par J.-H. Srewarr et H. Arwoon (West Virginia Sta.
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On n’a pas de bénéfice à donner des grains aux vaches qui se trouvent en
päturage.
Rapport sur le troupeau des vaches laitières, par G.-A. Bur-
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Rapport sur le troupeau des vaches laitières au bout de
dix ans, par A.-L. Hxcker (Nebraska Sta. Bul., 101, p. 1-27,
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Frais de production de la graisse de beurre, par A.-L. Hæcker
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Wezo (U. S. Dept. Agr., Bur. Anim. Indus., Circ. 117, 28 pages).
On donne les détails d’une lutte entre plusieurs importants laitiers de Cle-
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L'effet d’une chaleur modérée sur le ferment de la caiïllette,
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par R.-G. Freeman (Journ. Amer. Med. Assoc., h9 [1907], n° 27,
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Pour nourrir les enfants, il faut pasteuriser le lait. Si l’on chauffe le lait
pendant quarante minutes à une température de Goo C., c’est suffisant pour
le pasteuriser.
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Souvent il y a des vaches qui ne paraissent pas malades mais qui peuvent
transmettre la tuberculose par leur lait. C’est pourquoi il faut bien faire atten-
tion et penser que chaque vache qui montre une réaction à la tuberculine est
dangereuse pour les autres.
Origine de la tuberculose, par J. BonGerr (Deut. Fierärztl. Wo-
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Le danger d’infection par le canal alimentaire est très Eu en comparaison
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Coma et paralysie du bétail ne sont pas toujours la fièvre
de lait, par G.-E. Gisson (Veé. Rec., 20 [1907], n° 995, p. 74-75).
Opération du cœnure faite sans succès, par Duerscn (Wo-
chenschr. Tierheilk. u. Viehsucht, 51 [1907], n° 28, p. 543-545).
Immersion du bétail dans l'arsenite de soude (Vatal Agr.
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On a vacciné cent vingt veaux avec succès complet dans chaque cas. Ce
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tifer, par D. Erpüs et E. Koppanyi (Zeitschr. Infectionskrankh. u.
Hyg. Haustiere, 3 [1907], n°% 1-2, p. 226-234).
L’étiologie du choléra des porcs et de la peste des porcs,
par F. Hurvra (Zeitschr. Infectionskrankh. u. Hyg. Haustiere, 3
[1907], n°5 1-2, p. 235-243).
Vaccination contre la peste des porcs, par Becner (Berlin.
Tierärztl. Wochenschr., 1907, n° 29, p. 551-552).
Défauts hygiéniques des étables à porcs, par K. Evers (Zertschr.
Infectionskrankh. u. Hyg. Haustiere, 3 [1907], n°% 1-2, p. 30-68,
avec 19 figures).
Il faut protéger les étables à porcs contre le froid et lhumidité. Les résul-
tats des expériences de vaccination contre le choléra des porcs n’étaient pas
satisfaisants quand les étables étaient froides et humides.
Rapport annuel sur les cas traités dans les cliniques du
vétérinaire militaire royal en 1906, par E. KrüGer (Zertschr.
Veterinärk., 19 [1907], n° 8-9, p. 345-359). :
312 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Anémie contagieuse chez les chevaux, par R. OsrerraG (Zertschr.
Infectionskrankh. u. Hyg. Haustiere, 3 [1907], n°$ 1-2, p. 1-29).
Malaria équine, par P. Perrucar (Clin. Vet., Milan, Sez. Sci., 30
[1907], n° 4, p. 159-185, avec 2 planches).
Réaction de la peau et des yeux à la malléine, par A. Pur-
zeys et T. SnEennon (Compt. Rend. Soc. Biol., Paris, 63 [1907],
n° 27, p. 245-246).
Matière purulente et gazeuse dans les poches gutturales
des chevaux, par D. Bernarpini (Clin. Vet., Milan, Sez. Prat., 30
[1907], n° 28, p. 453-458, avec 2 figures).
Sérum curatif du tétanos, par Heuer (Zeitschr. Veterinärk., 19
[1907], n° 8-9, p. 359-366).
Vaccination des mulets contre la maladie des chevaux, par
Rickmann (Arch. Wiss. u. Prakt. Tierheilk., 33 [1907], n°° 4-5,
p. 372-/420).
Les mulets, dans l’Afrique australe, sont aussi accessibles que les chevaux
à la maladie. Plusieurs mulets ont été immunisés par des doses graduelle-
ment croissantes de sang virulent.
Une invasion de gastro-entérite épizootique chez des chiens,
par H. Sunner (Vet. Rec., 20 [1907], n° 994, p. 55-58).
Leucémie sublymphatique chez les chiens, par À. JxGEr (Ber-
lin. Tierärstl. Wochenschr., 1907, n° 30, p. 563-566).
Études sur la rage, par C. Fermi, G. Tizzont et A. BoxGrovannr
(Centralbl. Bakt., ete., 1. Abt. Orig., 44 [1907], n° 1, p. 23-32).
On a trouvé que ni la salive ni les glandes salivaires n'étaient virulentes.
La virulence de la salive et des glandes salivaires des ani-
maux enragés, par C. Fermi (Arch. Farmacol. Sper. e Sci. Af.,
6 [1907], n° 6, p. 327-331).
Salive et glandes salivaires ne sont pas toujours virulentes.
Modifications histologiques dans l’entérite pseudo-membra-
neuse chez les chats, par E. Scamuz (Arch. Wiss. u. Prakt. Tier-
heilk., 33 [1907], n°5 4-5, p. 445-660).
0)
BIBLIOGRAPHIE 313
Polynévrite chez la volaille, par J. Marek (Deut. Tierürztl.
Wochenschr., 15 [1907], n° 30, p. 417-421, avec 2 figures).
Septicémie de la volaille causée par le colibacille, par L. Craus-
sEN (Zeitschr. Infectionskrankh.u. Hyq. Haustiere, 3 [1907], n° 1-2,
p- 69-94, avec 1 planche).
Un extrait végétal comme vaccin contre le choléra de la
volaille, par Raurmann (Berlin. Tierärstl. Wochenschr., 1907,
n° 29, p. 552-553).
Expériences sur la tête noire des dindons, par C. CURTICE
(U. S. Dept. Agr., Bur. Anim. Indus., Cire. 119, 10 pages).
Notes sur des nématodes parasites avec des descriptions
de nouveaux genres, de nouvelles espèces, et des obser-
vations sur l’histoire de leur vie, par B.-H. Ransom (U. S.
Dept. Agr., Bur. Anim. Indus., Circ. 116, 3 pages).
Machines agricoles
Tuyaux en ciment pour des systèmes d'irrigation et pour
d’autres buts, par G.-E.-P. Smirx (Arizona Sta. Bul., 55, p. 167-
184, avec 6 figures).
On donne dans un tableau la description de la fabrication de ces tuyaux et
les frais de cette fabrication.
Argile sablonneuse et argile brûlée pour la construction des
routes, par W.-L. Spoox (U. S. Dept. Agr., Farmers’ Bul., 311,
22 pages, avec 5 figures).
Économie rurale
La ferme non productive (U. S. Dept. Agr., Office Sec. Circ., 25,
8 pages).
L'agriculture est-elle en décadence dans l'État de New-York?
par W.-H. Jorpax (W. Y. Tribune Farmer, 6 [1907], n° 313, p. 2-3).
Des fermes abandonnées, par G.-H. Wezs (Ann. Rpt. Comr.
Indus. Statis. R. I., 20 [1906], pt. 3, p. 1-187).
314 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
L'Italien dans les travaux des champs : une étude sur
l'immigration, par Emily-F. Meape (Bur. of Labor (U. S.), Bul.
70, p. 473-533).
On recommande les Italiens comme ouvriers de ferme pour les pays du
sud des Etats-Unis.
Recherches sur les profits de l’agriculture (PBul. Mens. Of.
Renseign. Agr., Paris, 6 [1907], n° 8, p. 977-987; n° 9, p. 1103-
1120).
Études d'économie et de législation rurales, par B. Wonus
(Paris, 1906, pages vin-304).
L'agriculture anglaise et la nouvelle loi (Æconomust, 65 [1907],
n° 3345, p. 1667-1668).
Quelques considérations sur la situation économique des
petits fermages dans le Royaume-Uni, par W.-G.-S. Apams
(Journ. Roy. Statis. Soc., 70 [1907], n° 3, p. 4r1-418).
Le crédit dans les sociétés coopératives agricoles, par R. Worws
(Bul. Soc. Nat. Agr. France, 67 [1907], n° 7, p. 659-676).
Banques de crédit mutuel agricole en 1906 (Bul. Statis. Léq.
Compar., 31 [1907], n° 8, p. 173-176).
Rapporteur des récoltes (U. S. Dept. Agr., Bur. Statis. Crop
Reporter, 10 [1908], n° 1, p. 1-8).
Statistique agricole de l'Irlande, avec rapport détaillé pour
1906, par W.-G.-S. Anams (Dept. Agr. and Tech. Instr. Ireland,
Agr. Statis. 1906, pages xxxvim-166).
Statistiques agricoles de l'Irlande, 1906-1907, par W.-G.-S.
ADams (Dept. Agr. and Techn. Instr. Ireland, Agr: Statis. 1906-
1907, 114 pages, avec 17 diagrammes).
La production et le commerce de céréales des différents
pays (Bol. Leg. e Statis. Dog. e Com., 24 [1907], 1° avril, pt. 2,
p. 225-270 ; 16 avril, pt. 2, p. 271-312; 1% mai, pt. 2, p. 313-349).
BIBLIOGRAPHIE 315
Éducation agricole
Les écoles communales et les enfants des fermes, par L.-H.
Baizey (Century, 734 [1907], n° 6, p. 960-967, avec 2 figures et 1 dia-
gramme).
L'enseignement de l’agriculture dans les écoles rurales, par
J. Max (ZE. Agr., I [1907], n° 9, p. 326-3371).
Le développement des écoles secondaires d’agriculture, par
F. Sraupacxer (Land-u. Forstiw. Unterrichts-Ztq., 20 [1906 |, n°s 3-4,
P- 191-198).
Démonstrations et travaux pratiques dans les fermes des
écoles secondaires d'agriculture, par F. Scmxprer (Land- u.
Forstw. Unterrichts-Ztq., 20 [1906], n° 3-4, p. 199-208).
Le développement des écoles de culture pastorale en Bohême
(Land-u. Forstw. Unterrichts-Ztq., 20 [1906], n°5 3-4, p. 236-243).
Règlement pour l'instruction des apprentis de laiterie dans
- la Province Rhénane (Landiw. Zeitschr. Rheinprovinz, 8 [1907],
n° 38, p. 536-538).
Bilan provisoire des études pour les écoles d'apprentissage
forestier (Min. Bl. K. Preuss. Verwalt. Landw. Domänen u.
Forsten, 3 [1907], n° 10, Anz. Beilage, p. 331-335).
Certains emplois du jardin scolaire, par Anne Wirmna@ton
(Trans. Mass. Hort. Soc., 1907, I, p. 79-87).
Cours de science domestique rurale en Moravie, par K. Kors
(Land- u. Forstw. Unterrichts-Ztq., 20 [1906], n° 3-4, p. 209-216).
Esquisse pour l'étude topique de la science domestique, par
Margaret Bram (Boston Cooking School Mag., 12 [1907], n° »,
P: XVI-XX).
Esquisse de l'étude du ménage, par Margaret Brain (Boston
Cooking School Mag., 12 [1907], n° 3, p. xvi-xx).
316 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Sommaire de lecture illustrée sur l'architecture des fer-
mes, par Elmina-T. Wicsox (U. S. Dept. Agr., Office Expt. Stas.
Farmers’ Inst., Lecture, 8, 19 pages).
Sommaire de lecture illustrée sur la culture du tabac, par
J.-N. Harper (U. S. Dept. Agr., Office Expt. Stas., Farmers’ Inst.,
Lecture, 9, 15 pages).
Miscellanées
Rapport annuel de la Station de Florida, 4907 (//orida Sta.
Rpt., 1907, pages zxu-vin).
Rapport annuel des stations de New Jersey, 1906 (/Vew Jer-
sey Slas. Rpt., 1906, p. xx1-670).
Table des matières pour les bulletins et les rapports de la
station d'expérience de Hatch, 1888-1907 (Massachusetts Sta.
Index Number, 1907, 48 pages).
Table des matières des publications de la station de Wyo-
ming, par Grace-R. HerarD (Wyoming Sta. Index Bul. D, 38 pa-
ges).
Acquisitions de la bibliothèque du ministère de l’agricul-
ture, juillet-septembre 1906-1907 (U. S. Dept. Agr., Library
Bul., 65, 56 pages).
La science dans le travail, par W. FeLTwaAITE et J.-S. RemINGTON
(Londres, 1907, 83 pages, avec 11 planches).
Progrès récent dans l’agriculture, par A. Brurnmi (Bol. Quind.
Soc. Agr. ltal., 12 [1907], n° 20, p. 876-go1).
AVRIL 1908
Chimie agricole
Proposition d’une nouvelle unité d'énergie, par H.-P. ArmsBy
(Science, n. sér., 26 [1907], n° 672, p. 670-272; Proc. Soc. Prom.
Agr. Sci., 28 [1907], p. 164-167).
On propose comme nouvelle unité le therme (de Oepur, chaleur) valant
1.000 kilo-calories.
BIBLIOGRAPHIE DÉT
Notre connaissance actuelle de la chaleur d’évaporation de
l’eau, par A.-W. Smrm (Mo. Weather Rev., 35 [1907], n° 10,
p- 428-463, avec 1 fiqure).
Nouvelles données sur la structure de la protéine, par E. Aë-
DERHALDEN €t À. Vorrinovicr (Zeitschr. Phystol. Chem., 52 [1907],
n® 3-4, p. 368-374).
Variations: caloriques dans la décomposition des protéides
et gélatinoïdes par les ferments, par E. Grare (Arch. Hyg.,
© 62 [1907], n° 3, p. 216-228).
Pendant la scission, il n’y a ni chaleur libérée ni absorbée.
Hydrolyse de l’albumose de l'extrait de viande, par K. Micxo
(Zeitschr. Untersuch. Nahr.- u. Genussmtl., 14 [1907], n° 4, p. 253-
298).
Un nouvel isomère de la leucine, par F. Enrric (Zertschr. Ver.
Deut. Zuckerindus., 1907, n° 617, Il, p. 631-654).
L’azote de la zéine en relation avec l'azote total et l'azote
des autres protéides dans le maïs, par M. Soave (Sfaz. Sper.
Agr. Ital., ko [1907], n° 3, p. 193-207).
La fonction biochimique de la zéine, par M. Soave (Stas. Sper.
Agr. ltal., ko [1907], n° 3, p. 193-207).
Hydrolyse de glucinine extraite de la fève des marais, par
T.-B. OsBonne et S.-H. Crapp (Amer. Journ. Physiol., 19 [1907],
n° 4, p. 468-487).
L'existence d’une tyrosinase dans le son du froment, par
G. Bertrano et W. Murreruizcx (Compt. Rend. Acad. Scr., Paris,
144 [1907], n° 23, p. 1285-1288; Bul. Soc. Chim. France, L° sér.,
I [1907], n° 15, p. 837-841).
Nouvelles constantes de l'huile, par E. Louise et E. Sauvace
(Compt. Rend. Acad. Sci, Paris, 145 [1907], n° 3, p. 183-185,
avec 1 diagramme).
318 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
La méthode du « nitron » pour le dosage de l'acide nitrique,
par S.-W. Corus (Analyst, 32 [1907], n° 379, p. 349-357 ; résumé
dans Chem. Zentralbl., 1907, II, n° 20, p. 1710-1711; Journ. Chem.
Soc., Londres, 92 [1907], n° 541, IL, p. 907).
Dosage de l'azote nitrique, par C.-M. von Devenrer (Chem.
Weekbl., L [1907], p. 594-595; résumé dans Journ. Chem. Soc.,
Londres, 92 [1907], n° 540, II, p. 812).
Sur la digestion de l'urine dans la détermination de l'azote
par la méthode de Kjeldahl, par P.-B. Hawk (Journ. Amer.
Chem. Soc., 29 [1907], n° 11, p. 1634-1637).
C’est une comparaison de méthodes.
Sur la détermination des éléments des mélanges azotés, par
G. Correrrti et G. Manerna (Gaz. Chim. Ital., 37 [1907], I, n° x,
p. 13-17; résumé dans Chem. Zentralbl., 1907, II, n° 12, p. 1018).
Sur la détermination de l’acide phosphorique libre dans les
superphosphates, par W. Môzcer (Chem. Ztq., 31 [1907], n° 72,
p. 879-880; résumé dans Journ. Chem. Soc., Londres, 92 [1907],
n° 54o, II, p. 813).
L'exactitude de l'analyse des engrais, par H. Bousser (Aev.
Gén. Chim., 10 [1907], p. 309; résumé dans Chem. Ztq., 31 [1907],
n° 91, Répert. n° 83, p. 562).
Aliments et engrais, par Tacke (Arch. Deut. Landw.-Raths, 31
[1907|, p. 150-237).
Analyse élémentaire des protéides contenant du phosphore,
par M. Dexnsrenr (Zeitschr. Physiol. Chem., 52 [1907], n® 1-2,
_p. 181-183).
Dosage de l’amidon dans la pomme de terre, par L. Percer et
Mériccon (Bul. Assoc. Chim. Sucr. et Distill., 24 [1907], n° 7x2,
p. 1720-1730, avec 1 figure).
Moyen de reconnaître la farine de riz et de maïs dans la
farine de froment et ses produits, par G. Gasnne (Bul. Soc.
Chim. France, 4° sér., 1[1907], n° 16-17, p. 960-965).
Cette méthode repose sur les caractères microscopiques des différents ami-
dons.
BIBLIOGRAPHIE 319
La formation de composés volatils de soufre dans la viande
et leur influence sur la découverte des sulfites ajoutés,
par A.-L. Winron et E.-M. Bairey (Journ. Amer. Chem. Soc., 29
[1907], n° 10, p. 1499-1503).
Valeur pratique de la détermination du glycogène; moyen
pour identifier la viande de cheval, par A. Kicxron et
R. Muroriezp (Zeitschr. Untersuch. Nahr.-u. Genussmtl., 14 [1907],
n° 8, p. 201-511).
Expériences sur la production d’antisérums puissants, pro-
venant des protéides des muscles, pour identifier les dif-
férentes sortes de viande, par W.-A. Scamnr (Biochem.
Zeitschr., 5 [1907], n° 5-6, p. 422-437).
La découverte de graisses étrangères dans le lard, par
A. Leys (Compt. Rend. Acad. Sciences, Paris, 145 [1907], n° 3,
P- 199-201).
Dosage quantitatif des principaux acides qui se trouvent
dans le vin et aussi dans l'alcool et la glycérine, par
A. Heinuscuxa et G. Quixe (Arch. Pharm., 245 [1907], n° 6,
p- 458-467).
Détermination du poids spécifique du sérum de lait et sa
valeur pour juger le lait de vache, par N. Scuoonz ét F. Cox
(Zertschr. Untersuch. Nahr.- u. Genussmitl., 1h [1907], n° 10, p. 637-
643).
Une simple épreuve pour la caséine dans le lait et ses
relations avec l’industrie des laiteries, par E.-B. Hart (Wrs-
consin Sta. Bul., 156, 22 pages, avee 8 figures).
Une nouvelle méthode aréométrique pour la détermination
de la graisse, par H. Time (Chem. Ztq., 31 [1907], n° 89,
p. 1107-1108; résumé dans /ndus. Lait, Paris, 32 [1907], n° 47,
p- 843).
Sur la valeur de l'acide caprylique dans la graisse de
beurre, par R.-K. Dons (Zeztschr. Untersuch. Nahr.- u. Ge-
nussmil., 14 [1907], n° 5, p. 333-342 ; résumé dans Chem. Zentralbl.,
1907, IL, n° 17, p. 1452; Analyste, 32 [1907], n° 380, p. 383 ; Journ.
Soc. Chem. Indus., 26 [1907], n° 19, p. 1069).
320 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
La valeur baryte de la graisse de beurre, par E. Avé-Lazre-
mar (Zeüschr. Untersuch. Nahr.- u. Genussmtl., 14 [1907], n° 3,
p. 317-329; résumé dans Chem. Zentralbl., 1907, M, n° 17, p. 1453;
Analyst, 32 [1907], n° 380, p. 382; Journ. Soc. Chem. Indus., 26
[1907], n° 19, p. 1068).
Par la méthode décrite, qui est une modification-de celle de KôniG et Harr,
on détermine la valeur baryte insoluble et la valeur baryte soluble.
Notes sur la valeur baryte de la graisse de beurre, d’après
Avé-LazLemanT, par M. Frirzscae (Zeitschr. Untersuch. Nahr.- u.
Genussmtl., 14 [1907], n° 5, p. 329-333 ; résumé dans Chem. Zen-
tralbl., 1907, IL, n° 17, p. 1454; Analyst, 32 [1907], n° 380, p. 383;
Journ. Soc. Chem. Indus., 26 [1907], n° 19, p. 1069).
Une méthode d’écrémage pour la détermination de l’eau
dans le beurre, par E.-H. FarriNGron (Wisconsin ie Bal., 154,
19 pages, avec À figures).
Analyses de matières mélangées, par L.-L. van Szyke (Vew-York
State Sta. Bul., 293, p. 335-395).
Un nouvel échantillonneur du sol, par W.-H. Srevensox (/owa
Sta. Bul., 94, 31 pages, avec 17 figures).
On donne une description de cet appareil.
Nouvel appareil pour la détermination de la densité, par
H. Resensrorrr (Sitzber. u. Abhandl. Natarw. Gesell. Isis, Dresden,
1907, Abhandl., p. 8-17, avec 3 fiqures).
Rapport sur le progrès de la chimie agricole en 1906, par
T. Drerrica (Jahresber. Agr. Chem., 3° sér., 9 [1906], p. xxxvin-
625).
Annuaire de chimie, publié par R. Mever (Jahrbuch. der Chemie,
Brunswick, 1907, pages xu-637).
La chimie commerciale, par R.-K. Duncan (New-York et Londres,
1907, pages xxm1-263, avec 32 planches).
Nancy, imprimerie Berger-Levrault et Cie
L'ÉVOLUTION
DE
LA SCIENCE AGRICOLE
DANS LA GRANDE-BRETAGNE
Par Thomas JAMIESON
Ce n’est pas une tâche bien considérable que de retracer l’his-
toire de la science agricole dans le Royaume-Uni de Grande-
Bretagne et d'Irlande, et cela pour deux raisons. D'abord, Pépo-
que à laquelle cette science a pris naissance est encore rapprochée
de nous; en second lieu, notre pays est presque le seul en Europe
dans lequel le gouvernement ne lui accorde aucun encourage-
ment. L’Angleterre abandonne complètement les recherches
concernant l’agriculture à l'initiative des travailleurs isolés: aussi
la contribution qu’elle apporte à l'élaboration de la science agri-
cole est-elle très faible, bien inférieure en tout cas à ce qu’elle
aurait pu être.
Quand on réfléchit que le développement progressif d’une na-
tion, sa prospérité, dépendent pour une bonne partie du perfec-
tionnement de son agriculture, cette indifférence paraît incroya-
ble, étant données surtout la richesse de l’Angleterre et les sommes
énormes qu’elle n’hésite pas à dépenser en armements, afin de
conserver son prestige; mais il en sera ainsi tant que les pouvoirs
publics n’agiront pas en contact plus intime et en collaboration
avec les hommes d'intelligence qui ont une conception plus large
des besoins sociaux. Les chercheurs qui travaillent isolément
peuvent faire faire de grands progrès à la science, ‘et en fait elle
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 11 21e
222 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
leur doit beaucoup ; mais souvent leur œuvre est entravée par les
rivalités personnelles et les jalousies que provoque le succès; ce
sont autant d'obstacles de plus à vaincre. En outre, l’inertie.gou-
vernementale ne permet pas de soumettre à un contrôle métho-
dique les résultats obtenus par ces chercheurs, et de vérifier si
leurs conclusions sont exactes. Et c’est ainsi que la plupart des
découvertes, en ces matières, sont faites et contrôlées dans les
pays du continent, où l’État ne s’en désintéresse pas comme en
Angleterre.
Il est curieux de se reporter à l’époque où commençait à pa-
raître l’aube de la science agricole, de revoir les premières mani-
festations du désir d’élucider les mystères de la nature, les tâton-
nements des premiers chercheurs dans les ténèbres à peine éclair-
cies, et les curieux résultats auxquels ils aboutissaient. Il semble
apercevoir ces visions déformées et falotes qui s’offrent aux yeux
quand le brouillard s’épaissit sur les montagnes, et qui se dissipent
avec lui.
Pour bien préciser le sujet que nous nous proposons de traiter,
il nous parait nécessaire d'établir tout d’abord trois grandes
catégories, qui, toutefois, se relient intimement l’une à l’autre.
Nous considérerons d’abord la pratique de l’agriculture. C’est
le domaine qui a été le premier exploré et c’est évidemment celui
qu'on connait le mieux, celui dans lequel on a fait le plus de pro-
grès. Mais la pratique agricole se compose de tant de procédés
traditionnels, perfectionnés progressivement, qu'il faudrait passer
en revue, pour en écrire l’histoire, une quantité énorme de mé-
thodes, les unes tombées en désuétude, d’autres modernes, les
unes mises à l’essat et abandonnées, d’autres adoptées, toutes
variant à l'infini avec les conditions de sol, de climat, de natio-
nalité; nous devons nous borner ici à embrasser l’ensemble d’une
vue générale, et d’ailleurs cela nous paraît suffisant, le progrès,
en ces matières, s’accomplissant par la force de l'expérience et des
nécessités du milieu, beaucoup plus qu’en vertu de considérations
scientifiques. Qu'il nous suffise de mentionner qu’en Angleterre,
comme dans la plupart des autres pays, la bêche et la faucille ont
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 323
été remplacées par la charrue et la moissonneuse-lieuse; que le
: fléau a été remplacé par la batteuse mécanique; que des croise-
ments judicieux ont créé des races pures de bétail amélioré, au
lieu des races mélangées d’autrefois; que les engrais et les ali-
ments du bétail ont trouvé des succédanés artificiels ; enfin, que le
commerce et la consommation des produits agricoles, autrefois
renfermés dans l’intérieur du pays, se sont transformés grâce à
l'élargissement des marchés internationaux et aux importations
étrangères; car l'exportation en est restreinte dans ce pays où les
eonsommateurs sont si nombreux par rapport aux producteurs.
Nous nous occuperons ensuite de l’enseignement agricole ;
et ici nous aurons à passer en revue, non pas les progrès de l’agri-
culture, mais ceux réalisés dans l’étude de l’agriculture en
général, et surtout au point de vue scientifique. Il serait diffi-
cile de concevoir un enseignement agricole qui ne fût fondé que
sur la pratique; elle diffère d’une région à une autre, et, d’ailleurs,
comme dans les autres professions, elle s’acquiert en pratiquant.
Ce qui justifie et rend nécessaire la création d’un enseignement
agricole, c’est le besoin de propager des connaissances que la pra-
tique culturale ne suffit pas à procurer. Ainsi, l’enseignement ne
constitue pas un (progrès », mais une application des progrès réa-
lisés par l’agriculture grâce à la science; aussi n’en dirons-nous
que quelques mots. Dans cette branche également, ce sont des
particuliers qui furent les initiateurs, et qui pendant longtemps
agirent seuls, abandonnés à leurs propres forces, pour créer, au
milieu de grandes difficultés, une ébauche d’enseignement agri-
cole dans quelques centres. Puis le gouvernement fut entrainé à
seconder ces efforts dispersés; mais ce n’est qu'à la longue, et
depuis une vingtaine d'années seulement, qu’il finit par adopter
un programme raisonné, tendant à la création de centres d’ensei-
gnement agricole dans un petit nombre de régions du pays.
Malheureusement, la direction de cet organisme étant confiée à
des personnalités à peu près dépourvues de connaissances et d’ex-
périence en la matière, le service de l’enseignement agricole offre
l’image d’une machine composée de pièces très nombreuses, mais
324 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
découpées d’après un modèle unique; machine qui coûte fort cher
et est plus décorative qu’utile. Son action s’exerce en dehors et
au-dessus des agriculteurs, et bien peu d’entre eux en retirent
quelque bénéfice. En outre, par une conception singulière, l’État
n’accorde son appui et ses subventions qu’à l’enseignement; 1l se
désintéresse des recherches expérimentales, dont les résultats de-
vraient servir constamment à contrôler et à diriger l’enseigne-
ment; d’où la conséquence forcée que des notions erronées peu-
vent s’introduire fréquemment dans les programmes.
Nous avons à considérer, en troisième lieu, la science appliquée
à l’agriculture, c’est-à-dire les recherches qui ont pour objet
d’amasser des données positives, et scientifiquement contrôlées,
s'appliquant à l’agriculture. Nous n’avons pas la prétention de
traiter, dans cet article, de l’évolution de cette science dans son
ensemble; nous nous proposons seulement de noter les progrès
accomplis et les découvertes faites dans ce domaine en Angle-
terre.
Parmi les travaux scientifiques de cette catégorie, nous pouvons
évidemment en laisser de côté un grand nombre, parce qu’ils
n’ont pas enrichi la science de théories nouvelles, et n’ont fait
qu'appliquer et développer des principes posés antérieurement.
Ainsi, quand il a été démontré que certains constituants minéraux
sont indispensables aux plantes, beaucoup de savants se sont
livrés à l’analvse des diverses substances minérales afin de vérifier
si elles pouvaient jouer un rôle plus ou moins utile dans la pra-
tique. Nous pouvons laisser de côté, pour la même raison, les
nombreuses analyses d’engrais, de sols, de matières alimentaires,
ete., les obtentions de variétés nouvelles de plantes, l'introduction
de nouvelles méthodes de culture ou d'utilisation des produits
agricoles, ete. Ce que nous voulons surtout envisager 101, c’est la
découverte de faits nouveaux et essentiels, de ces faits qui consti-
tuent, ou contribuent à constituer, le fondement de doctrines
nouvelles, d’une portée plus ou moins grande, et qui, ainsi,
méritent d’être inscrits parmi les principes de la science agricole.
Dans cet ordre d’idées, nous pourrons naturellement nous borner
L'ÉVOLUTION DE LA'SCIENCE AGRICOLE 325
à résumer brièvement les théories déjà anciennes; pour celles qui
n'ont pas survécu, une simple mention suffit, à titre historique;
ct, quant à celles qui ont été vérifiées et appliquées dans la pra-
tique, elles sont assez connues pour qu’il nous paraisse inutile
d'en rappeler la genèse. Nous nous étendrons davantage sur les
travaux récents, qui sont moins connus.
Il y a un siècle, la science agricole n’existait pas en Angleterre;
on avait déjà découvert quelques faits importants, mais ils
n'étaient connus que d’un petit nombre de personnes. Un
demi-siècle s’écoula encore sans apporter beaucoup de lumière;
en fait, 1l n’y a guère que cinquante ans que l’on a commencé,
dans notre pays, à concevoir nettement l’importance des services
que la science pouvait rendre à l’agriculture, et il n’y a guère que
vingt-cinq ans que l’on a abordé cette étude avec toute l'attention
qu'elle mérite. Mais, même à l’époque actuelle, le nombre des
savants qui s’y consacrent est très restreint.
Certes, on connaît plusieurs ouvrages anciens sur l’agriculture,
mais 1ls traitent presque exclusivement de la pratique, et les rares
passages où il est fait allusion à ses fondements scientifiques
montrent qu’on n’en avait aucune idée, même parmi les praticiens
les plus éclairés de ce temps-là.
Le premier qui mérite d’être cité, parmi les ouvrages sur l’agri-
culture publiés en Angleterre, est celui de Sir Kenelm Digby
(1660), intitulé : Discours sur la végétation des plantes. D’après
cet auteur, la croissance des plantes est due à un baume contenu
dans l'air! On sait aujourd’hui quel est ce « baume»; ce sont l’acide
carbonique et l’azote; il est intéressant, néanmoins, de remarquer
qu'à cette époque lointaine, l’auteur avait déjà su discerner le
rôle que joue l'air dans la nutrition des végétaux. Il avait su
observer aussi l’action utile exercée par le « nitre », mais, à vrai
dire, 1l comparait cette action à celle d’un aimant, qui attirait à
lui un autre sel analogue contenu dans l'air, source mystérieuse de
nutrition.
Un autre ouvrage ancien de quelque célébrité, c’est le livre
curieux et sagace de Jethro Tull (1751), qui obtint un si grand
326 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
succès qu'il eut au moins trois éditions. L'auteur était visible-
ment bien au courant de la pratique agricole, et il s’efforçait de la
faire progresser en insistant sur ce principe que le point important
pour avoir de bonnes cultures est de retourner constamment le
sol, et qu’à cette condition on peut se passer de fumier. Mais quoi-
qu'il ait donné à son ouvrage le titre prétentieux d’Essai sur la
théorie de la végétation et du labour, il est manifeste qu’il igno-
rait les plus simples données scientifiques. Cela ne l'empêche pas,
d’ailleurs, de trancher en ces matières avec une assurance véri-
tablement amusante. On en jugera par ce passage, parmi beau-
coup d’autres analogues; il s’agit de l’action des nitrates : « Le
nitre sert à diviser et à préparer les substances nutritives; on peut
dire qu’il nourrit les végétaux à peu près comme mon couteau me
nourrit lorsque je m’en sers pour découper ma viande. Mais
quand le nitre arrive aux racines d’une plante, 1l la tue aussi
sûrement qu’un couteau mal employé tue un homme. Ce qui
prouve qu’au point de vue de la nutrition, le nitre est un aliment
pour les plantes au même degré que l’arsenic blanc est un aliment
pour les rats. On peut en dire autant des sels. » Et ailleurs, après
avoir écarté l’air, l’eau et le feu comme aliments possibles des
végétaux, l’auteur formule en ces termes la théorie de leur véri-
table alimentation :« Tous les végétaux sont de la terre; quand une
plante se développe et s’accroit, c’est qu’elle renferme davantage
de terre. » Il semble voir ici la naissance de la théorie de F« hu-
mus », qui devait être rejetée un siècle plus tard, au moins en ce
qui concerne l’absorption du carbone par les végétaux.
Ces citations sont amusantes, mais elles n’étonnent pas beau-
coup, car il est certain qu'aujourd'hui encore, au vingtième siècle,
beaucoup d’agriculteurs admettraient volontiers des théories ana-
logues à celles de Jethro Tull — tant la masse est restée ignorante
des principes de l’agriculture.
Hales, en 1738, publia un ouvrage intitulé : Expériences sur la
sève des végétaux ; il y traitait surtout de la circulation de la sève
et des modifications que pouvaient lui faire subir l'éclairage et
différents traitements auxquels on soumettait les racines.
Ce n’est qu’en 1774 que fut posé le premier fondement solide
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 327
de la science agricole; puis, dans un espace de temps relativement
court, en vingt-six ans, se succédèrent une série de découvertes
capitales, dont l’importance reste encore aujourd’hui considé-
rable.
Dès 1772, plusieurs chercheurs s’étaient efforcés de déterminer
d’une façon précise la composition de l’atmosphère. L'un d’eux
était Joseph Priestley, de Londres. Ayant constaté que les fermen-
tations dégageaient un gaz d’une nature particulière (ce qu’on
appelait alors l’ «air fixe »), dans lequel les combustions ne pou-
vaient pas se produire, il lui consacra de longues recherches, ren-
dues difficiles par l’ignorance totale où l’on était alors de la
nature de l’atmosphère. Après avoir étudié son action sur diverses
substances, il découvrit accidentellement que les plantes trans-
formaient ce gaz et le rendaient propre à entretenir la combus-
tion; toutefois, il ne parvint pas à discerner exactement la nature
de l’acide carbonique, n1 de l’action produite sur lui par les
plantes, et qui consiste en une décomposition. Il convient de rap-
peler qu’il fut beaucoup aidé, dans ces difficiles recherches sur
Vacide carbonique, par les travaux effectués à la même époque
par Black, d'Édimbourg, le premier qui découvrit que l «air fixe »
entrait dans la composition du carbonate de chaux et d’autres
carbonates, puis par le Dr Hales, par Cavendish et par Percival.
Vers la même époque, Priestley se livrait à d’actives études sur
la nature des gaz acides (ou nitreux) et du gaz alcalin (ammoniac);
mais, s’il sut observer certaines propriétés remarquables de ces gaz,
il ne parvint pas à élucider leur véritable nature; et étant donné
l’état de la science à l’époque où il travaillait, il était à peu près
impossible qu'il obtint des résultats plus précis.
En 1774, Priestley fit une découverte extrêmement importante
et qui ouvrit des horizons nouveaux à la science dans toutes ses
branches, celle de l’oxygène; peu après, Lavoisier (avec qui
Priestley était en correspondance) donna à ce gaz son nom, qui
signifie :« j'engendre les acides ». Priestley découvrit aussi que les
bulles gazeuses qui se dégagent des feuilles immergées dans l’eau,
comme l’avait observé Bonnet en Suisse, sont composées d’oxy-
gène ; et 1l en conclut que les plantes purifient l’air de cette façon.
328 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
En 1779, Ingenhouz, en Angleterre, observa que les plantes ne
dégagent d'oxygène que quand elles sont exposées à l'éclairage
solaire. Puis Percival constata que l’acide carbonique jouait le
rôle d’aliment à l’égard des plantes, et une nouvelle clarté fut
apportée en cette matière par un autre savant suisse, Sennebier,
qui observa, en 1800, que l’oxygène dégagé par les plantes pro-
venait de l'acide carbonique contenu dans l'air, et que les plantes
décomposaient, en assimilant le carbone.
Après cette découverte remarquable, nous avons à marquer
un temps d'arrêt, mais nous pouvons lé marquer d’une pierre
blanche. C’est une époque glorieuse dans l’histoire de la science
agricole, que celle où se firent jour ces notions nouvelles, qui de-
vaient constituer les semences fécondes des théories de l’avenir.
Il se passa longtemps ensuite avant que la science s'enrichit de
découvertes d’une portée aussi considérable.
Quarante années s’écoulèrent, en effet, sans qu'on signalât
aucun fait nouveau d’une réelle importance scientifique. Pendant
ces quarante ans, il se produisit cependant des travaux de valeur
et qui ont contribué au progrès de l’agriculture; mais ces travaux
étaient consacrés surtout au perfectionnement des méthodes pra-
tiques; si l’on y constate un certain effort pour rendre ces mé-
thodes plus scientifiques, ce n’est guère qu’une aspiration vers
une terre promise lointaine.
Il convient de mentionner plus particulièrement deux de ces
travaux.
C’est à un noble Écossais, le comte de Dundonald, qu'est dû le
premier ouvrage en langue anglaise sur la chimie agricole, telle
qu’elle était à cette époque. Lord Dundonald publia en 1795 un
ouvrage intitulé : Traité démontrant les relations intimes qui exts-
tent entre l’agriculture et la chimie. Toutefois, comme, à cette
époque, on venait à peine de découvrir la composition chimique
de l'atmosphère et de l’eau, on conçoit que les notions de chimie
fournies dans cet ouvrage étaient fort rudimentaires et erronées.
On s’en fera une idée par ce passage qui a trait à la composition
des plantes : « Les végétaux sont composés de matières mucila-
gineuses, de matières résineuses, d’une substance analogue à celle
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 329
des animaux, d’une certaine proportion d'huile et de matières
terreuses qui, au début, se trouvent en solution dans les sucs
absorbés par les plantes en végétation. » Mais l’auteur concevait
bien que l’air jouait un rôle important, car 1l déclare hardiment,
alleurs, que «les plantes sont composées de gaz, avec une faible
proportion de matière calcaire ».
C’est grâce aux efforts d’un autre Écossais que fut formulée
en Angleterre la première conception officielle de la science agri-
cole proprement dite. Sir John Sinclair détermina le gouverne-
ment à créer un Service de l’agriculture (Board of Agriculture), qui,
à vrai dire, n’eut qu’une courte durée. Ce service avait pour objet
principal d'encourager les cultivateurs à drainer leurs champs ct
à les entourer de clôtures; mais sir John Sinclair se rendait certai-
nement compte des grands services que la science pouvait rendre
à l’agriculture, car 1l proposait de centraliser et de répandre
parmi les cultivateurs les renseignements pouvant leur être utiles,
de créer des fermes expérimentales et des chaires de professeurs
d'agriculture. S'il ne réussit pas à faire adopter ces propositions,
du moins il sut décider un savant éminent, sir Humphrey Davy,
à donner des conférences pour le Service de l’agriculture. Ces confé-
rences commencèrent en 1802, et se continuèrent pendant dix ans.
Le choix de Davy était particulièrement heureux, car il y avait
à cette époque peu d'hommes aussi qualifiés que lui pour faire
progresser la science. Ses brillantes conférences, nourries de
données scientifiques fécondes, et dont beaucoup avaient été
découvertes par lui-même, provoquèrent un grand mouvement
d'idées, et la publication de son ouvrage intitulé : Éléménts de
chimie agricole (1813), exerça la plus heureuse influence dans le
même sens. On a reconnu, depuis, que ses conclusions sur bien des
points étaient erronées ou exagérées ; mais dans les grandes
lignes, ses conceptions étaient justes, et il les exposait avec un
talent communicatif. Son exposé de la science agricole était forcé-
ment incomplet ; l'ouvrage était plutôt une histoire du dévelop-
pement de cette science et un tableau des améliorations qu’on
pouvait attendre de ses progrès; mais 1l exerça une influence con-
sidérable, qui toutefois, pendant de longues années, ne se traduisit
330 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
pas par des résultats positifs en Grande-Bretagne, alors que, sur
le continent, des découvertes importantes étaient faites, notam-
ment par de Saussure et Boussingault.
Enfin, en 1840, l’Association britannique pour l’avancement
des sciences donna üun nouvel élan au progrès en demandant à
Justus von Liebig, professeur de chimie à Heidelberg, de rédiger
un traité sur les applications de la science à l’agriculture. C’est
probablement à cette circonstance que Liebig dut sa haute célé-
brité comme chimiste agricole; peut-être, d’ailleurs, n’aurait-on
pas pu faire un plus heureux choix. Liebig était un chimiste expé-
rimenté, qui avait déjà fait beaucoup de recherches originales dans
le domaine de la chimie organique; doué d’une grande force de
caractère, d’un esprit d'observation très fin et très étendu, apte à
discerner les applications pratiques de ses découvertes, et à les
exposer dans un langage clair et attrayant, il était plus qualifié
que personne à cette époque pour traiter ces sujets avec maîtrise.
Il avait un esprit à la fois rigoureusement scientifique et très pra-
tique; aussi n'est-il pas étonnant que certains des procédés ana-
lytiques imaginés par lui soient restés en usage de nos jours
encore, et que certaines entreprises commerciales fondées d’après
ses Indications continuent à fonctionner d’une façon très prospère,
comme la fabrication de l’extrait de viande et la fabrication, sur
une très grande échelle, des superphosphates.
Pour répondre au désir qui lui avait été exprimé par l’Associa-
tion britannique, il rédigea une série de conférences, qui furent
publiées en 1840 sous le titre: La Chimie dans ses applications à
l’agriculture et à la physiologie, et furent suivies, en 1842, par la
Chimie animale; en 1855, par les Principes de chimie agricole; en
1856, par La théorie et la pratique de l’agriculture, et en 1863, par
Les Lois naturelles de la culture. À vrai dire, certains chapitres
sont répétés dans plusieurs de ces ouvrages.
Les idées essentielles formulées par Liebig sont les suivantes :
19 il rejette la fameuse théorie de l’humus, qui avait déjà été for-
mulée sur le continent par plusieurs chimistes, et il lui en substitue
une autre d’après laquelle les plantes forment leurs composés
carbonés aux dépens, non pas de l’humus du sol, mais de l’acide
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 331
carbonique de l’air; 20 il formule d’une façon définitive la « théo-
rie minérale », dont le savant français de Saussure avait jeté les
bases, et d’après laquelle les substances minérales contenues dans
les plantes, bien que présentes en faibles quantités, leur sont
absolument indispensables, et la réussite des cultures dépend
d’elles pour une large part. Il poussa trop loin les déductions tirées
de ce dernier principe, quand il affirma que l'atmosphère fournit
aux plantes, non seulement le carbone, mais aussi l’azote, sous la
forme d’ammoniaque contenu dans l'air. L'erreur qu’il commit sur
ce point était due, non pas à ses propres recherches, mais aux ana-
lyses d’autres savants qui avaient estimé à un chiffre beaucoup
trop élevé la proportion d’ammoniaque contenue dans l'air et
dans l’eau de pluie. On sait aujourd’hui que la quantité d’ammo-
niaque et d’autres composés azotés fournie annuellement à la
terre par l’air et les pluies représente au maximum 5*3 600 par
hectare, alors que la quantité exportée par les récoltes s'élève
souvent à 56 kilos par hectare. Mais Liebig s’en tint à cette idée
générale et ingénieuse, déduite de ses observations, que les plantes
devaient nécessairement emprunter de lazote à l’air, sous une
forme ou l’autre; comme il n’en avait pas trouvé de preuves, et
que, d'autre part, les travaux de Boussingault lui faisaient croire
à tort que les plantes ne peuvent pas puiser dans l’air de l'azote à
l’état libre, il adopta l’opinion de ce dernier, d’après qui elles
l’'empruntaient à l’ammoniaque.
Une autre notion qui tient une place importante dans les tra-
vaux de Liebig, c’est la théorie des « excrétions » végétales. Il
admit que les plantes excrétaient par leurs racines des substances
qui leur étaient nuisibles à elles-mêmes, et qu’ainsi s’expliquaient
la nécessité et l’utilité des assolements. On ne saurait affirmer,
encore aujourd’hui, que cette théorie soit erronée, car les conclu-
sions qui se dégagent des travaux faits sur ce sujet sont en général
favorables à l’existence de ces excrétions; un ou deux arguments
seulement ont été produits en sens contraire, mais comme les
travaux qui les contiennent sont les plus récents, ils ont été admis
comme base d’une doctrine, généralement acceptée de nos jours,
mais qui peut se trouver modifiée par la suite.
332 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Les fortes convictions de Liebig, basées sur des faits substan-
tiels, exprimées dans un style très lucide et très persuasif, exer-
cèrent une influence considérable, d'autant plus que la voie avait
déjà été tracée par sir Humphrey Davy; quoique beaucoup de ses
théories fussént entachées d’erreur, comme on le sait aujourd’hui,
on peut dire que, dans l’ensemble, les conclusions auxquelles il
aboutit sont encore admises actuellement, et c’est son enseigne-
ment qui forme encore la base de beaucoup des doctrines moder-
nes de biologie végétale. L'erreur qu'il commit au sujet de l’azote
l’entraina dans un grave conflit avec M. J.-B. Lawes, riche agri-
culteur qui venait d'entreprendre des cultures expérimentales à
Rothamsted. Liebig n’attacha aucune importance à ces expé-
riences, dont le point de départ était, comme 1l le démontra,
erroné et sans valeur au point de vue scientifique, et il les appré-
cia en termes sévères; toutefois, l’erreur qu’il commettait lui-
même en ce qui concerne l'absorption de l'azote par les plantes le
disqualifiait quelque peu (quoique Lawes n’eût pas raison non
plus), et, par suite, la valeur scientifique de sa critique se trouvait
diminuée. 1
En somme, ce qui reste des travaux publiés par Liebig en An-
gleterre, ce n’est pas tant la découverte de faits nouveaux (car la
théorie de l’humus et la théorie « minérale » avaient déjà été
formulées sur le continent par plusieurs savants) que l'exposé des
fondements de la science agricole, et la constitution définitive de
cette science avec un esprit de suite et une force qui n’avaient
pas encore été appliqués à ce sujet.
Les agriculteurs anglais n’avaient pas besoin qu’on allât cher-
cher un chimiste en Allemagne pour les éclairer; il existait dans
le Royaume-Uni un homme au moins, le professeur Johnston, de
l’Université de Durham, qui, tout en étant doué de capacités
peut-être aussi élevées, connaissait beaucoup mieux l’agriculture
anglaise. Mais 1] lui manquait l’auréole qui entoure un étranger.
Il est probable que les conférences faites par Liebig contribuèrent
beaucoup à encourager Johnston, un an plus tard, à compléter.
les lacunes de ces conférences qui, d’ailleurs, n’avaient pas la pré-
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 333
tention de formuler un exposé complet de la science agricole,
même dans l’état où elle était à cette époque.
C’est au professeur Johnston que revient le mérite d’avoir pu-
blié (en 1841) le premier ouvrage anglais qui peut être considéré
comme un traité complet et méthodique de la science agricole.
Il fut beaucoup aidé, dans ses efforts pour faire progresser
cette science et en propager les applications dans la pratique, par
un Écossais, M. John Finnie, de Swanston; celui-ci fonda une
«Association des chimistes d'Écosse » qui réunit pendant plusieurs
années 17.500 francs de souscriptions. Le grand ouvrage du pro-
fesseur Johnston, intitulé : Éléments de chimie et de géologie, trai-
tait le sujet d’une facon magistrale, en se basant sur les données
scientifiques; très détaillé, il était rédigé dans un style très clair
et à la portée du vulgaire. La valeur de cet ouvrage est démontrée
par ce fait que, sous une forme abrégée, 1l n’a pas eu moins de
dix-sept éditions, publiées d’abord par sir Charles Cameron, de
Dublin, puis par le docteur Aikman, de Glasgow, et que la dernière
édition, publiée en 1894, remaniée et mise au courant, est peut-
être encore aujourd’hui le manuel de science agricole le meilleur
en usage en Angleterre.
En ajoutant à cet ouvrage celui du docteur Aikman (1894),
intitulé : Manures and Manuring (les Engrais et leur emploi), dans
lequel ïl est traité avec talent des principes de l'alimentation des
plantes, on aura d'excellents éléments de science agricole; toute-
fois, on trouvera avantage à consulter aussi l’ouvrage : Chemistry
of the soul (La Chimie du sol), de Warrington, dans lequel certaines
questions spéciales sont plus approfondies. Quant aux méthodes
d'analyse, elles sont traitées avec compétence dans The Labora-
tory guide for agricultural students (Guide de laboratoire pour les
étudiants en agriculture), par A.-H. Church, et dans l’ouvrage de
P. Frankland intitulé : À gricultural Analyses.
Il-existe assurément beaucoup d’autres ouvrages, anciens et
modernes, sur l’agriculture; mais certains d’entre eux ont bien
vieil, et tous, surtout les plus importants, traitent de la pratique
plutôt que de la science agricole. Nous citerons notamment :
The Code of Agriculture (1832), par sir John Sinclair; — The
334 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
present state of Agricultural Science in England (1841), par M. Pu-
say;— The Cyclopedia of Agriculture (1855), par divers auteurs,
édité chez J.-C. Morton; — Stephens Book of the Farm (vers 1850),
publié récemment par James Macdonald (1898); The Farm
series of Handbooks (1885), par divers auteurs, édité chez J.-C.
Morton.
Il existe aussi une foule de traités scolaires, publiés surtout dans
ces dernières années, par suite de l’émulation suscitée chez beau-
coup de professeurs par les encouragements donnés par l’État
à l’enseignement agricole. Ces livres sont avant tout des manuels
destinés aux élèves des écoles; on n’y trouve généralement rien
d’original; ce sont, en grande partie, des compilations, ou des
arrangements empruntés à d’autres ouvrages; comme dans ceux
dont nous parlions tout à l'heure, la pratique y tient beaucoup
plus de place que la science. On peut citer dans le nombre :
Principles of Agriculture (1888), par Wrightson; Agricultural
Practice, par Tanner; — Elements of Agriculture (1892), par
Fream ; — À griculture (1895), par Wallace.
Enfin, nous devons mentionner certains ouvrages traitant de
sujets spéciaux, tels que :
Hortus gramineus Woburnensis (1825), par G. Sinclair, dans
lequel l’auteur donne une description botanique des graminées
et entreprend de déterminer leur valeur nutritive par des recher-
ches spéciales, mais assez rudimentaires; aussi ses appréciations
n’ont-elles guère de valeur, bien qu’on persiste à les citer fré-
quemment ;
Grasses of Scotland (1842), par R. Parnell, excellent traité bo-
tanique, fort bien illustré.
L'ŒUVRE DES SOCIÉTÉS D AGRICULTURE
Il est évident qu'aucun des ouvrages que nous venons de citer
en dernier lieu n’avait apporté de clartés nouvelles relativement
aux principes fondamentaux de l’agriculture. Il n’existait pas de
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 339
subventions ni d’encouragements pour des travaux de cet ordre,
ni de sociétés ou groupements capables de les produire. Au con-
traire, les trois principaux groupements agricoles, qui tendaient
vers d’autres buts, étaient plutôt disposés à décourager ces re-
cherches, et comme c'était sur eux que le grand public comptait
pour diriger le progrès, ils contribuèrent à détourner l'attention
des travaux scientifiques appliqués à l’agriculture, d’autant plus
qu’ils comptaient parmi leurs membres un ou deux hommes de
science. Nous allons voir ce qu'ont produit ces savants.
Les trois grandes sociétés agricoles du Royaume-Uni sont : la
Société royale d’agriculture d'Angleterre, la Société d'agriculture
d'Écosse et la Société d'agriculture d’Irlande, toutes trois com-
posées de fermiers cultivateurs et de propriétaires terriens. Mais
l’activité de ces trois sociétés se borne à organiser les expositions
traditionnelles de bétail, de chevaux, de machines, etc., pour
encourager et faire progresser l’élevage et la construction des
appareils employés pour les travaux du sol; ce sont avant tout
des groupes d’éleveurs ayant en vue de montrer de beaux types
des différentes races, et elles emploient la plus grande partie de
leurs ressources à faire des expositions et à donner des primes aux
éleveurs. Chacune de ces sociétés, cependant, a un chimiste consul-
tant et un botaniste consultant; mais comme ils ne reçoivent à
ce titre qu’une rémunération insignifiante, et consacrent la plus
grande partie de leur temps à d’autres travaux, ils ne rendent
aux sociétés que des services restreints, consistant principale-
ment à faire des analyses de sols, d'engrais et d’aliments pour
renseigner les cultivateurs, et parfois à donner des causeries sur
quelque sujet intéressant l’agriculture. Enfin, ils rédigent des
rapports, qui sont insérés dans le volume annuel des Comptes
rendus de leur société.
Il est arrivé parfois, cependant, que ces sociétés ont organisé
des expériences culturales, en particulier : 19 celles de la Société
anglaise de Woburn, exécutées sous la direction du Dr A. Voœæl-
cker puis du Dr J.Vœælcker, et destinées principalement à contrôler
les expériences faites à Rothamsted; mais 1l suffit, pour montrer
combien ces sociétés s'intéressent peu à la science agricole, de
3306 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
rappeler que les expériences en question ont été faites sur la
demande et aux frais du duc de Bedford; 20 celles de la Société
d'Écosse, exécutées près d'Édimbourg, dirigées d’abord par le
Dr Thomas Anderson (qui détermina la composition de certaines
plantes à certaines phases de leur développement, notamment
des navets, des fèves et du blé), et finalement par le Dr A.-P. Ait-
ken; ces cultures expérimentales avaient eu pour point de départ
les travaux de Association de recherches d’Aberdeen, et étaient
destinées surtout à les contrôler; mais elles furent entravées par
le manque de capitaux, beaucoup critiquées, et enfin abandonnées.
Le Dr A. Vœlcker prit une part active aux expériences effec-
tuées à Rothamsted; il fournit des renseignements précieux sur
la composition et la valeur nutritive des choux-navets, et sur
l'alimentation des moutons au moyen de différentes nourritures
artificielles ; 1l fit aussi des recherches relativement à l’action des
phosphates sur la végétation des navets, mais, soit qu’il em-
ployât des phosphates insolubles à un état de division insuffi-
sante, soit qu’il omit de fournir aux plantes les autres éléments
minéraux nécessaires, ou que le sol sur lequel il opérait fût mal
approprié à cette culture, 1l arriva à la conclusion erronée que les
phosphates insolubles n’exercent pas d’action sur les plantes,
théorie dont il fut le principal promoteur, mais qui est aujour-
d’hui complètement abandonnée. Son successeur, le Dr J.-A.
Voœlcker, dirigea après lui les expériences de Woburn; on lui doit
une série d'expériences de cultures en pots avec addition de
lithium et de manganèse; ces expériences aboutirent à la conclu-
sion que ces substances n’exerçaient pas d'influence ou retar-
daient la végétation, sauf dans le cas des oxydes, qui parurent
donner dans certains cas des résultats avantageux.
Plusieurs autres savants travaillant isolément, mais qui se
rattachaient plus ou moins directement à ces sociétés et pu-
bliaient leurs travaux dans leurs bulletins, sont à citer aussi,
notamment M. John Milne, de Mains of Laithers (Aberdeenshire),
qui à fait avec méthode et persévérance l’étude approfondie de
plusieurs questions intéressant la pratique agricole. Il constata,
par exemple, que le fourrage sec et le fourrage vert représen-
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 337
tent, à poids égal de matière sèche, la même valeur nutritive;
que les aliments artificiels de diverses sortes, du moment qu'ils
sont appétissants, digestibles et donnés à la dose voulue, ont
la même valeur pour lalimentation; et que l’augmentation de
poids du bétail soumis à l’élevage est proportionnelle à l’âge des
animaux; plus l’animal est jeune, plus 1l assimile.
M. David Wilson junior, de Carbeth, a rassemblé beaucoup
de renseignements utiles sur la production comparée et la valeur
nutritive des fourrages et des trèfles, d’après de nombreuses ana-
lyses soigneusement faites. Les résultats qu'il a obtenus confir-
ment, dans l’ensemble, la valeur du gazon qui est le plus estimé,
c’est-à-dire le ray-grass (toutefois un auteur anglais, M. de Laune,
conteste sa valeur pour les terres peu profondes), et mettent en
évidence la grande valeur, comme production, du dactyle agglo-
méré, bien que, au point de vue nutritif, il vienne un peu après
les autres plantes fourragères généralement cultivées.
Revenons aux travaux scientifiques relatifs aux principes ou
fondements de l’agriculture. Il convient de citer, dans cet ordre
d'idées, les études du professeur Thomas Way, qui démontra
que le sol avait la propriété d’absorber les substances minérales
indispensables aux plantes, en particulier la potasse, l’'ammo-
niaque, la chaux, la magnésie et les phosphates, et d'abandonner
aux eaux de drainage les éléments minéraux non utilisables.
C’est un fait remarquable, toutefois, que les eaux entraînent aussi
de grandes quantités de nitrates, et cela donne à penser que les
: lantes trouvent une grande quantité d’azote à leur disposition
dans l’atmosphère.
Cette théorie des conditions dans lesquelles les végétaux absor-
bent les éléments minéraux dont ils ont besoin fut confirmée
par plusieurs savants du continent.
Way formula aussi l’opinion que cette absorption dépend de
l’action des silicates sur le sol, c’est-à-dire de leur combinaison
avec les éléments basiques utiles, sous forme de silicates doubles
qui se décomposent plus ou moins facilement. Cette théorie, qui
est généralement admise dans l’enseignement, ne saurait tou-
ANN, SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 1 22
333 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
tefois être considérée comme absolument établie. Il paraît pro-
bable que l’alumine exerce une influence sur le sol, puisqu’on
en trouve toujours, et en quantités importantes, ce qui conduit
à penser qu’elle joue là un rôle quelconque. Il n’est pas douteux
qu’il en soit de même de l’oxyde de fer, dont la fonction paraît
consister, d’après des expériences récentes, à retarder la crois-
sance de végétaux inférieurs qui vivent aux dépens des plantes
supérieures, car la présence d’oxyde de fer, dans les solutions four-
nies aux plantes cultivées dans l’eau, empêche l'apparition d'algues.
En 1857, Sir Charles Cameron découvrit que les plantes utili-
sent l’urée; le fait fut confirmé par Hampe, Wolff et Wagner.
Nous allons parler maintenant des Stations de recherches agri-
coles spéciales; 1l n’en existe en Grande-Bretagne que deux qui
revêtent la forme d’organisations entièrement consacrées à des
recherches de cet ordre. Ce sont :
10 L'établissement de Rothamsted (Hertshire, Angleterre),
créé et entretenu par Sir John Lawes (qui laissa par testament
une somme importante pour en assurer le fonctionnement) avec
la collaboration de Gilbert, Pugh et Warrington, et le concours
occasionnel de quelques chimistes étrangers à l’établissement,
appelés pour vérifier les résultats obtenus. Le directeur actuel
est M. A.-D. Hall;
20 L’Agricultural Research Association de l’Aberdeenshire
(Écosse), entretenue par les subventions de propriétaires ruraux,
de cultivateurs, etc., et par celles que donnent parfois diverses
sociétés locales, le gouvernement, etc. Le directeur est M. Thomas
Jamieson.
Ces deux organisations publient chaque année des comptes
rendus de leurs travaux.
LES EXPÉRIENCES EFFECTUÉES A ROTHAMSTED
Les recherches relatives à l’agriculture qui ont été effectuées
depuis soixante ans à Rothamsted représentent une somme
énorme de travail. La longue période pendant laquelle elles
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 339
se sont continuées, le développement qui leur était donné,
l’importance des capitaux qui leur ont été consacrés, tout cela
a valu à l'établissement de Rothamsted une réputation sans
égale peut-être parmi les autres organisations vouées aux étu-
des agricoles. On a pu v répéter les mêmes cultures, avec les
mêmes engrais, dans les mêmes sols, d’année en année, pendant
une période plus longue que dans toute autre série d'expériences
analogues.
C’est là ce qui donne aux travaux accomplis à Rothamsted un
caractère particulier. Mais à l’époque où furent commencées ces
expériences, on était relativement peu renseigné au sujet de lali-
mentation minérale des végétaux et des besoins spéciaux des
diverses plantes cultivées; ilen résulta que l’on commit de graves
erreurs dans le choix et la quantité des substances employées
comme engrais, et malheureusement on continua d’employer
chaque année, jusqu’à maintenant, les mêmes substances aux
mêmes doses, au détriment de l’état du sol, et aussi de la végé-
tation. Cela enlève à ces expériences une grande partie de la
valeur qu’elles auraient pu avoir, soit pour guider le cultivateur
dans la pratique courante, soit pour renseigner sur la façon dont
se comportent des plantes saines dans un sol d’une bonne compo-
sition. Il est vrai, d’autre part, qu’elles fournissent des observa-
tions faites dans des conditions spéciales qu’on ne pourrait pas
trouver ailleurs; à ce titre, elles contribuent à éclairer les mys-
tères de la vie végétale, et enrichissent d’une foule de données
utiles notre connaissance des phénomènes de la nutrition animale
et végétale.
Mais, pour la grande masse des personnes qui s’occupent d’a-
griculture, les travaux effectués à Rothamsted ne comptent pas:
une minorité, qui s’est attachée à les suivre attentivement dans
l'espoir d’y puiser des renseignements utiles, s’y trouve perdue
dans un amas confus dont elle ne peut extraire à peu près rien
d’assimilable; quant aux agriculteurs, assez peu nombreux, qui
ont quelques connaissances scientifiques, et aux savants qui ont
fait de ces travaux une étude consciencieuse et impartiale, beau-
coup d’entre eux, après s’être rendu compte des conditions dans
340 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
lesquelles ils ont été exécutés, en laissent de côté la plus grande
part, et se bornent à la passer sous silence.
Il est évident que, pour apprécier la valeur de ces travaux, 1]
faut examiner dans quelle mesure ils ont été utiles, soit à la
science agricole, soit à la pratique de l’agriculture. Nous n’avons
pas ic à peser la masse des travaux accomplis, mais l'importance
des progrès réalisés au profit de la science agricole; 1l convient
donc de faire le départ entre les résultats utiles et ceux qui ne
présentent à peu près pas d’intérêt, et de dégager, sous une forme
succincte et simple, les enseignements nouveaux, et, en somme, le
profit qu’on peut retirer des travaux effectués à Rothamsted.
Pour cela, il nous paraît nécessaire de présenter les résultats, en
quelque sorte, par ordre de mérite. Mais nous croyons devoir,
tout d’abord, indiquer comment nous concevons ce classement
par ordre de mérite.
On a publié divers ouvrages sur l’œuvre accomplie à Rotham-
sted ; mais aucun de ces ouvrages n'offre les caractères d’un
jugement impartial. Ce sont toujours, à notre connaissance, des
exposés laudatifs, et bien qu’on entende souvent formuler de
sérieuses réserves relativement à leur valeur, particulièrement de
la part des personnes qui sont plus ou moins fanmulières avec la
science agricole, il semble que nul ne se soit hasardé, Jusqu'à
présent, à traiter sérieusement cette matière, sous la forme d’une
critique impartiale. On ne peut que regretter, dans l'intérêt de la
science agricole, une semblable timidité. Elle a pour résultat de
tromper les personnes qui ne sont pas au courant et les élèves, qui
souvent deviendront des professeurs; grâce à elle, des erreurs
deviennent indéracinables, et l’historien qui, par générosité, Jette
un voile sur les parties erronées de ces travaux, encourt une res-
ponsabilité sérieuse (1).
(1) A cette timidité générale, un homme fit exception, c’est Liebig, qui
exprima sa pensée sans réserve, et il est regrettable que ses critiques
n’aient pas fait modifier le programme adopté pour les expériences. C'est
ainsi que, dans son ouvrage « Natural Laws of Husbandry », page 157, Liebi,,
écrit : « Les nombreux essais tentés sans succès par Lawes et Gilbert pou
rendre la culture du trèfle productive dans un sol où elle donnait de mauf
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 341
Les volumineux écrits et comptes rendus qui ont été publiés
sur les expériences de Rothamsted ne font qu'embrouiller le
public et l’induire en erreur. Toutefois, le nouveau directeur de
cet établissement, M. A.-D. Hall, a publié récemment un résumé
de l’ensemble de ces expériences qui nous permet de traiter le
sujet plus commodément qu’en analysant tous ces ouvrages. C’est
donc à ce Résumé que nous nous reporterons par la suite.
Tout d’abord, il faut bien considérer ceci : non seulement les
expériences de grande culture faites à Rothamsted ont été com-
mencées à une époque où l’on n’avait que des notions très impar-
faites de la science agricole, mais encore le programme en a été
tracé par un homme qui n’avait aucune prétention à la science,
et n’a pas été basé sur des principes scientifiques; ce qui n’a pas
empêché que l’on continuât, pendant soixante ans sans inter-
ruption, d'appliquer ce même programme.
Lawes était avant tout un homme qui voyait les choses au
point de vue commercial: 1l possédait une ferme, il avait quelques
vagues notions de chimie, et 1} était persuadé qu'il y aurait avan-
tage à appliquer la chimie à l’agriculture. Il sut tirer parti du
procédé imaginé par Liebig pour rendre les phosphates solubles
à l’aide de l’acide sulfurique; il gagna de cette facon beaucoup
d'argent, et en employa une bonne part à poursuivre des recher-
ches dont 1l avait tracé le programme, qu'il augmenta progressi-
vement.
vais résultats présentent un certain intérêt, en ce qu’ils montrent qu’on
n'arrive à rien en expérimentant pour le plaisir d’expérimenter. Ce qui
m'engage à accorder à ces expériences une attention qu'elles ne méritent
pas, ce n’est pas le désir de les critiquer en passant, mais le désir de
montrer aux praticiens comment ils ne doivent pas procéder, quand ils
cherchent à résoudre les problèmes qui ! : intéressent, s’ils veulent arriver
à des résultats positifs. » Et encore, page 298 : « Les expériences de Lawes
et Gilbert sont très loin de justifier les conclusions qu'ils veulent en tirer;
elles démontrent plutôt que ces messieurs n’ont pas la moindre idée de ce
qu’on entend par un argument etune preuve; » et plus loin, page 300 : « Ces
expériences méritent d’être citées dans l’histoire de l’agriculture, comme
exemple de ce qu’on pouvait raconter aux agriculteurs, à une époque où
l'ignorance des premiers principes ne permettait pas encore à la critique
scientifique de s'exercer. »
342 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
C’est en 1843 qu'il commença son œuvre. Ce qui la caractérise
principalement, ce sont les grandes cultures expérimentales insti-
tuées à cette époque; mais évidemment, elles étaient ordonnées
d’après un système qu’un homme au courant de la science agri-
cole n’aurait jamais adopté, même à cette époque, un programme
qui ne viendrait certainement à l’esprit de personne aujourd’hui,
et que pas un cultivateur ne voudrait appliquer. Ainsi, sur la
plupart des planches, on employait 112 kilos de sel de Glauber
(sulfate de soude), 335 kilos de sulfate de potasse et 440 kilos de
superphosphate, soit par an un total de 887 kilos par hectare
d’engrais minéraux renfermant environ 450 kilos de combinai-
sons d’acide sulfurique. Il y a quelque chose de surprenant et de
comique à penser que l’on a ajouté cette quantité considérable
d'engrais de la même nature au même sol, tous les ans, pendant
plus de soixante ans: cela représente environ 45.000 kilos d’en-
grais à l’hectare, sous la forme de sels alcalins solubles; en outre,
on donnait habituellement des doses massives d’engrais azotés
salins, notamment 225, 450 ou 675 kilos de sels d’ammoniaque à
l’hectare, si bien que chaque hectare a reçu de 1.000 à 1.400 kilos
de sels solubles par an, sans interruption, depuis 1843. En faisant
le calcul pour soixante années seulement, les planches qui ont
été soumises au traitement complet ont reçu, par conséquent, de
65.000 à 93.000 kilos de sels alcalins par hectare. Le sol s’y trouve,
par suite, dans un état particulier, et nous dirons qu’ilest « drogué».
L'application de ces doses excessives d’engrais produit des effets
qui se manifestent dans le sol et dans les plantes, et qui res-
sortent, non seulement de l'examen des plantes cultivées à l’éta-
blissement ou des résultats publiés dans les rapports, mais aussi
des constatations faites nar les expérimentateurs eux-mêmes
(Voir plus loin, page 357). Il cst évident que les conclusions qu’on
tirera d’expériences effectuées dans ces conditions ne pourront
s'appliquer qu’à des végétaux cultivés, eux aussi, de cette façon
exceptionnelle.
Quand on entreprend l’étude des travaux faits à Rothamsted,
on est tout d’abord surpris des quantités considérables et de la
nature spéciale des engrais employés; on hésite, et l’on se demande
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 343
jusqu’à quel point il convient de tenir un compte sérieux des
résultats obtenus dans des conditions semblables, et des conclu-
sions qui en sont déduites. Nous avons exprimé notre façon de
voir à ce sujet, un jour que nous visitions Rothamsted; M. le
Dr Gilbert (le collaborateur scientifique de M. Lawes) nous a dit
qu’en effet le programme de ces expériences avait été conçu
« Sans rime ni raison, mais que, puisqu'on avait commencé dans
une certaine voie, il était désirable de continuer ». C’est une façon
de voir à laquelle il est sans doute permis de ne pas se rallier; si
le programme était mauvais, il fallait se hâter de le modifier le
plus promptement possible; si le point de départ était erroné ou
mal choisi, on risque d’induire le public en erreur en prétendant
déduire de ces expériences des conclusions valables pour la science
ou pour la culture pratique de plantes vivant dans des condi-
tions normales.
5 D'une façon générale, les expériences de grande culture faites
à Rothamsted sont simplement des essais d'engrais « partiels » et
d’engrais « complets », effectués dans des conditions rudimen-
taires et assez curieuses. C’est-à-dire que, dans certaines plan-
ches, on a supprimé l’un ou l’autre des éléments considérés, à cette
époque, comme indispensables aux plantes, tandis que dans d’au-
tres planches, on a fourni aux végétaux tous les éléments néces-
saires, mais tout cela, toujours, sous une forme particulière et en
quantités excessives. D’autres expérimentateurs ont fait fréquem-
ment des essais analogues dans des conditions rationnelles, et
les résultats en ont été souvent cités. Pour que des cultures expé-
rimentales de cet ordre soient concluantes, il faut qu’elles soient
faites sur une petite échelle, de telle façon que tous les facteurs
qui interviennent soient bien connus et vérifiés, comme on peut
le faire pour les cultures dans l’eau, grâce auxquelles on a pu
déterminer avec précision les besoins des plantes. Sans doute, il
y a intérêt à répéter ces expériences sur une grande échelle pour
les contrôler, à condition d’opérer dans des conditions qui per-
mettent d'en déduire une vérification sérieuse; mais même en
supposant, pour un instant, que les expériences de Rothamsted
eussent satisfait à cette condition, il devait suffire de les pour-
344 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
suivre pendant cinq ans, huit ans, ou tout au plus dix ans, pour en
tirer tout ce qu’elles pouvaient fournir. Les prolonger davantage,
ce n’est plus que se livrer à des amusements coûteux.
Si donc nous essayons de classer les travaux exécutés à Ro-
thamsted par ordre de mérite, si l’on peut employer cette expres-
sion, 1l est évident que les expériences de grande culture qui y ont
été faites, et que l’on cite toujours quand on parle de cet établis-
sement, doivent être rangées, sans hésitation, à un rang très se-
condaire.
On aurait été porté, il n’y a pas beaucoup d’années encore, à
placer au premier rang, vu l’importance scientifique qu’on leur
attribuait, les expériences faites très soigneusement à Rothamsted
en vue de vérifier l'exactitude de la théorie de Boussingault d’a-
près laquelle les plantes n’utilisent pas l'azote libre de l’atmos-
phère; les résultats en furent très remarqués, parce qu’ils parais-
saient confirmer les théories qui avaient cours sur ce sujet depuis
près d’un demi-siècle. Mais, malheureusement pour Rothamsted,
cette série d'expériences à reçu trois démentis successifs qui en
ont, définitivement, renversé les conclusions.
Tout d’abord, Atwater, aux États-Unis, et Hellriegel, en Alle-
magne, démontrèrent que les légumineuses, tout au moins, absor-
bent réellement de l’azote; et Hellriegel admit que cette absorp-
tion s’opère par l’intervention de bactéries contenues dans les
nodosités des racines. Le Résumé constate lui-même que cette
démonstration « causa un certain désappointement aux expéri
mentateurs de Rothamsted ». On fit de nouvelles recherches à
établissement, on fut obligé de reconnaitre qu’on s’était trompé,
et l’on se rallia à la théorie bactérienne pour expliquer cette ab-
sorption exceptionnelle, que l’on n’acceptait d’ailleurs que pour
les légumineuses; quant à toutes les autres plantes, 1l restait en-
tendu qu’elles n’absorbaient pas l’azote.
Mais, avec l2 temps, la théorie bactérienne fut révoquée en
doute à son tour, ce qui constitua un nouvel échec pour Ro-
thamsted. En effet, le professeur Franck, de Berlin, démontra
que la quantité d'azote contenue dans les légumineuses augmente
même lorsque ces plantes sont cultivées dans un sol stérilisé, ou
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 345
quand elles n’ont pas de nodosités, n1, par conséquent, de bacté-
ries. Le DT Remy, de Breslau, confirma ces observations, d’où
il ressortait évidemment que les légumineuses devaient absorber
azote directement, par un processus qu’on ne connaissait pas
encore. Et dès lors, il était probable que d’autres plantes étaient
dans le même cas.
Enfin, est venue récemment d'Écosse la démonstration que
toutes les plantes sont pourvues d’organes spéciaux, situés sur
les feuilles ou à leur voisinage, et qui leur permettent d’absor-
ber directement l’azote de l’air et de le fixer, en plus ou moins
grande quantité. Cette doctrine, formulée par M. Thomas
Jamieson, d’Aberdeen, confirme, après une étude approfondie
de la question, l'hypothèse qui avait été émise en Allemagne
par Franck; elle s'accorde bien avec lexpérience puisée dans la
pratique ; enfin, elle dissipe les obscurités et les contradictions
qui se produisaient constamment avec les anciennes théories.
Il est donc certain que la partie des travaux de Rothamsted
qui à trait à la fixation de l’azote mérite d’être classée aussi,
quant à son utilité, dans un rang secondaire.
Il est bon de faire remarquer ici que, si les expériences de Ro-
thamsted n’ont pas donné de résultats sérieux (pas plus que celles
de Boussingault) en ce qui concerne l’absorption de l’azote, c’est
parce que les plantes en étude étaient cultivées dans des condi-
tions différentes de la nature et peu favorables à la végétation:
par suite, on n’obtenait que des plantes de très petite taille, ché-
tives, maladives et incomplètement développées, sur lesquelles
on ne pouvait pas observer les mêmes phénomènes que chez des
sujets vigoureux.
Il nous à paru nécessaire de formuler ces remarques prélimi-
naires, pour expliquer surtout les raisons qui font que les travaux
effectués à Rothamsted, et tant de fois cités partout, ont cepen-
dant rendu moins de services à la science que beaucoup d’autres
effectués ailleurs. Il nous reste maintenant à récapituler ces tra-
vaux, en essayant d'indiquer sommairement l’utilité qu’en a pu
en tirer.
346 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
LES PLUS UTILES TRAVAUX EFFECTUÉS A ROTHAMSTED
1. Contribution à l’étude des processus de nitrification et de
dénitrification dans le sol. C’est à des Français, Müntz et Schlcæ-
sing, qu'est due la découverte de ces actions chimiques; mais
Warrington la vérifia à Rothamsted et en étendit beaucoup la
portée;
2. Détermination de l’azote dans l’air, sous forme d’ammo-
niaque et d'acide nitrique;
3. Détermination des pertes et des gains en azote (également
en chlore et en acide sulfurique) par l'analyse des eaux de drai-
nage ;
4. Analyses de sols à différentes profondeurs, confirmant le
fait, découvert par Way, que le sol retient les phosphates et la
potasse, et démontrant qu'il abandonne l’azote sous forme de
nitrates :
5. Preuves de l'absorption de l’azote de l’air par les plantes.
Cette théorie n’a pas été formulée à Rothamsted, elle est même
en contradiction directe avec les doctrines dont on s’y inspirait ;
mais elle est nettement démontrée par les observations citées
dans les rapports;
6. Expériences sur l’alimentation des animaux et sur l’action
des aliments dans leur organisme.
RÉSULTATS SECONDAIRES
1. Action des engrais partiels et des engrais complets. Cette
action a été déterminée par des cultures dans l’eau et des cultures
expérimentales sur une petite échelle en Allemagne et ailleurs;
elle à fait à Rothamsted l’objet d'expériences en grand, portant
sur une durée de plus de soixante ans, mais dont la valeur démons-
trative est douteuse, étant donné le programme adopté au début,
et suivi Jusqu'à nos jours ;
2. Composition botanique des prairies.
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 347
ÉTUDES DE MOINDRE IMPORTANCE
1. Quantités d’eau de pluie recueillies à Rothamsted;
2. Pénétration de l’eau de pluie dans le sol (mais ce sol n’était
pas dans un état normal):
3. Valeur alimentaire de l’orge maltée;
Expériences d’ensilage ;
Composition des récoltes de blé. ,
CS
Examinons maintenant en détail les plus importantes de ces
recherches.
LA NITRIFICATION
“3 © C’est aux savants français Schlæsing et Müntz qu'est due la
découverte de la nitrification du sol: c’est eux qui démontrèrent
que la nitrification était opérée par des bactéries, et qu’elle ne
pouvait s'effectuer qu’en présence d'oxygène et d’eau, et à une
certaine température, variant de 120 à 350 C. Warrington vé-
rifia ces faits à Rothamsted; il fournit une nouvelle confirmation
de l’intervention des bactéries, en montrant que la nitrification
était arrêtée par la présence d’un antiseptique, et que pour pro-
voquer son apparition dans un sol stérilisé, il fallait, au préa-
lable, lensemencer avec d’autre terre, ou avec une solution bac-
térienne; il montra aussi que l’obscurité était nécessaire, ainsi
que la présence d’acide phosphorique, pour la nitrification; que
cette action se manifeste principalement dans une couche de
22 centimètres d'épaisseur environ à la surface du sol, dans la-
quelle oxygène est abondant; enfin, que l’azote n’est pas trans-
formé directement en nitrates, mais passe d’abord par la forme
de nitrites, et que ces deux transformations sont opérées par
deux sortes différentes de bactéries — que Warrington, toutefois,
ne réussit pas à séparer.
Sur ce dernier point, la découverte de Warrington fut com-
plétée par d’autres savants; ainsi Winogradsky confirma l’inter-
348 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
vention de deux sortes de bactéries, et réussit à en obtenir des
cultures distinctes. De son côté, Warrington, poussant plus loin
ses recherches, constata qu’il existait beaucoup de micro-orga-
nismes capables d'effectuer cette action, et il en découvrit jus-
qu’à 37, dont les uns produisaient seulement des nitrates, et les
autres seulement des nitrites. Munro constata que la nitrifica-
tion pouvait s'effectuer aux dépens du carbonate de chaux, ainsi
que du carbonate d’ammoniaque dérivé de sources purement
inorganiques, et le fait fut confirmé par Winogradsky.
La dénitrification se produit dans les sols où l’oxygène fait
défaut, et spécialement, comme l’a observé Warrington, dans
ceux qui sont saturés d’eau; l’azote se dégage alors sous la forme
gazeuse.
Comme on peut le voir par ce bref résumé, les travaux exé-
cutés à Rothamsted ont contribué pour une part importante à
élucider la question des modifications subies par les composés de
l'azote dans le sol.
L'AMMONIAQUE ET L'ACIDE NITRIQUE CONTENUS DANS L’AIR
Le dosage de l’ammoniaque et de l’acide nitrique dans l’eau
de pluie constitue encore l’un des travaux importants effectués
à Rothamsted (il faut ajouter aussi le dosage de l’acide sulfurique
et du chlore, mais ces dernières données n’ont pas grand intérêt
pratique, car elles se rapportent à des substances qui ne sont pas
indispensables aux plantes, ou ne le sont qu’à un faible degré).
On constata que la quantité totale d’azote contenue dans les
pluies est en moyenne de 4*9 50 par hectare et par an; c’est à peu
près la quantité que trouvèrent les chimistes du continent, et
l'exactitude de cette détermination est confirmée définitivement
par les très nombreux dosages opérés à Rothamsted pendant une
longue série d'années. La moyenne fournie par ces dosages est
de 4145 d’azote par an (dont 3“9 115 sous forme d’ammoniaque et
(“1335 sous forme d’acide nitrique). Toutefois, il y a encore dans
l'air une trace d’azote combiné, sous la forme de poussières orga-
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 349
niques, ete.; on estime qu’elle représente à peu près le tiers de
la quantité présente sous forme d’ammoniaque et d'acide ni-
trique. La quantité totale serait donc d'environ 5“ 60 par hec-
tare.
C’est là un fait important et utile à connaitre, et dont la con-
naissance exigeait de longues et soigneuses expériences; étant
donné qu’il a été obtenu à Rothamsted par des recherches d’une
très longue durée (une analyse par mois pendant vingt ans, sans
parler des expériences faites antérieurement) et confirmé par les
analyses des professeurs Way et Frankland, on peut accepter
avec confiance cette estimation.
LES PERTES ET LES GAINS EN AZOTE
Les conclusions qui ressortent des recherches faites à Ro-
thamsted sur ce sujet peuvent se résumer comme suit : les sels
d’ammoniaque se transforment rapidement dans le sol en ni-
trates (et nitrites), et les nitrates ainsi formés, ainsi que ceux
ajoutés au sol comme engrais, sont rapidement entraînés en solu-
tion par les eaux de drainage, ce qui constitue l’une des prinei-
pales pertes d’azote. On a constaté que la nitrification des sels
d’ammoniaque et des matières organiques azotées s'effectue
peut-être pendant toute l’année, mais surtout pendant la saison
chaude, et que les nitrates sont entrainés en solution surtout
par les pluies abondantes de l’automne et de l'hiver. La quantité
ainsi perdue varie avec la nature du sol; lorsque celui-ci est bien
perméable, les plantes peuvent utiliser une grande partie des
nitrates, grâce à l’action capillaire; mais lorsque le sol est com-
pact, comme à Rothamsted, la capillarité ne s’exerce plus guère;
c’est pourquoi les chiffres obtenus dans ce sol ne peuvent pas
être exacts pour un sol d’une nature différente.
Les quantités de nitrates entrainées en solution ont fait aussi
l’objet de dosages effectués mensuellement pendant vingt-six
ans, dans un sol inculte. Mais étant donné que ce sol était inculte,
les résultats qu’on y a observés ne peuvent pas s’appliquer à un
390 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
sol qui serait cultivé dans des conditions normales. Ils peuvent
simplement fournir des renseignements d’ordre général.
La quantité d’azote entraînée en solution dans ce sol inculte,
et qui ne recevait pas d'engrais, a été de 1*912 à 6“172 par hectare
et par mois, ce qui correspond à une moyenne de 39 kilos environ
par an et par hectare, alors que dans les sols cultivés elle varie
de 23“950 à 62“970 par hectare, selon la quantité et la nature des
engrais employés. Si l’on admet comme moyenne le chiffre de
38 kilos, et que la récolte enlève au sol une quantité d’azote d’en-
viron 45 kilos d’azote par hectare, la perte totale du sol en azote
est de 83 kilos par an; comme il n’absorbe que 5“7600 d’ammo-
niaque de l'air, il reste une quantité de 78 kilos environ qu'il
devrait puiser dans la décomposition très lente des matières orga-
niques; il est évident que cette source d’azote est très insuffisante
pour parfaire la différence, et par suite, on est amené à penser à
une absorption directe de l'azote de l’air par les végétaux.
Ces faits sont intéressants à connaître, mais 1l aurait suffi de
calculer ces pertes d’azote une fois par mois pendant quelques
années pour être amplement renseigné; prolonger ces dosages
mensuels pendant vingt-six ans, comme on l’a fait, n’est-ce pas
perdre son temps?
CONSERVATION DES PHOSPHATES ET DE LA POTASSE DANS LE SOL
LIBÉRATION DE LA CHAUX ET DE L'ACIDE SULFURIQUE
Cinq analyses d’eaux de drainage ont été effectuées. Elles ont
été faites d’une façon bien complète, sauf en ce qui concerne le
chlore, qui n’a pas ici d'importance. Il a été déjà démontré fré-
quemment par d’autres expérimentateurs, et en premier lieu
par le professeur Way, que le sol retient avec soin les phosphates
et la potasse, substances minérales qui lui sont utiles, et qu’il
laisse lazote s'échapper en grande quantité -— non pas sous forme
d’ammoniaque toutefois (ou seulement des traces), mais toujours
sous la forme de nitrates. C’est un nouvel exemple de ce merveil-
leux arrangement de la nature, grâce auquel les substances indis-
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE Sol
pensables à la vie des plantes, et dont il n’existe qu’une quantité
limitée, sont retenues par le sol, tandis que tout l’azote en excès,
qui pourrait nuire, est rejeté. On peut placer en regard de la faci-
lité avec laquelle la nature évacue ainsi l’azote superflu, la lar-
gesse avec laquelle elle le met, dans l’amosphère, à la disposition
des plantes.
L'UTILISATION DE L'AZOTE DE L'AIR PAR LES PLANTES
Voilà un titre qui pourra surprendre, dans un exposé des résul-
tats obtenus à Rothamsted, car l’idée qu’il exprime est en contra-
diction absolue avec la doctrine qui domine et inspire toute
l’œuvre effectuée à Rothamsted. Cependant, parmi les expé-
riences faites à cet établissement, 1l en est beaucoup qui démon-
trent l’absorption de l’azote de l’air par les plantes, quoique les
expérimentateurs aient cherché, de parti pris sans doute, à donner
aux résultats constatés d’autres explications. [ls n’y sont arrivés,
souvent, qu’à grand’peine, car il était très difficile d'expliquer ces
résultats en partant de cette idée préconçue que les plantes ne
peuvent pas absorber l’azote de l'air.
Comme on constatait fréquemment à Rothamsted des aug-
mentations de teneur en azote dont la source n’était pas connue,
on chercha à les expliquer de trois façons.
L’explication la plus courante était tirée de la réserve impor-
tante d’azote existant dans le sol. Mais on sait bien que, sur cette
quantité, une faible partie seulement se trouve sous une forme
assimilable par les plantes. La portion qui est assimilable corres-
pond à la quantité que les bactéries peuvent transformer en
nitrates: or, leur action ne s’exerce probablement que sur les
matières organiques fraîches, dans certaines conditions de cha-
leur, d'humidité, ete. La diminution importante que l’on constate
dans le rendement des céréales, quand on ne leur fournit pas d’a-
zote, prouve qu'une faible partie seulement de la réserve con-
tenue dans le sol est assimilable, et que ce ne peut être là la source
principale d’azote. D’ailleurs, on connaît déjà beaucoup de faits
392 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
positifs (sur lesquels nous aurons à revenir plus loin), en face des-
quels l'explication assez vague basée sur l’importante réserve du
sol ne tient pas debout.
On a trouvé une autr: explication, basée sur l’action des bac-
téries vivant dans les nodosités des légumineuses. Nous démon-
trons, pages 387 et 389, que cette théorie n’est pas admissible, at
nous ne croyons pas devoir y insister, à moins que ce ne soit pour
citer des cas où elle est impuissante à expliqu:r les faits constatés.
Enfin, on à mis en avant une troisième explication, d’après
laquelle des bactéries vivant dans le sol absorberaient l’azote de
l’air; mais c’est là, essentiellement, une simple hypothèse, qui
est démentie par les recherches récentes de Pfeiffer et Ehren-
berg, et surtout de Remy et Thiele. Ce dernier notamment, qui
était partisan de cette doctrine, se rendait compte qu’elle n’était
pas confirmée par des faits certains: après avoir cherché à la dé-
montrer, et s'être livré dans ce but à des expériences bien con-
trôlées, il a dû reconnaitre qu'il y avait échoué: il a écrit à ce
sujet : « [Il n’existe aucune preuve de l’absorption de l'azote par
les bactéries, le contraire semble plutôt démontré; et nous avons,
en somme, échafaudé des théories qui ne reposent sur aucun fait
positif. »
Étant donnée l’importance du sujet, il nous paraît intéressant
de citer quelques chiffres extraits des résultats obtenus à Ro-
thamsted, et qui démontrent l’absorption de l’azote de l'air par
les plantes.
Nous trouvons à la page 10 du Résumé les données ci-après :
KILOS
à l’hectare
Azote contenu dans/le sol au début." 2.976
Azote contenu dans le sol au bout de trois ans. . . . . 3.172
Galnen a201ei. Seite te Vasr dat TP M TE NMENTE 196
Azôte exporté parles récoltes): {67242 HUE ME EU 357
Gain total en azote, provenant de source inconnue. . . . 953
Il est évident qu’on se trouve ici en présence d’un gain impor-
tant en azote, provenant d’une source inconnue.
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 393
Dans le cas que nous venons de citer, il y avait des légumi-
neuses parmi les plantes cultivées. Comme les personnes qui ad-
mettent encore la théorie des nodosités radiculaires pourraient
supposer que le gain en azote s'explique par la présence de légu-
mineuses, nous allons citer un autre exemple de cultur2 dans
laquelle il n’y en avait pas.
Nous en trouvons un à la page 8 du Résumé. Ici, la quantité
d’azote existant dans le sol au début n’est pas indiquée, mais nous
sommes amenés à penser qu'il v à eu un gain en azote, en nous
basant sur les deux passages suivants : 1l est dit 1° que Boussin-
gault constata une augmentation d'azote supérieure à la quan-
tité fournie par les engrais, dans les cultures de blé, et beaucoup
supérieure dans les cultures de légumineuses; 2° que « des con-
statations analogues ont été faites à Rothamsted, et renforcées
par l’analvse des sols, qui a démontré que non seulement le sol
ne s'était pas appauvri en azote, mais qu’il s'était positivement
enrichi pendant cette période où les légumineuses cultivées pro-
duisaient une si grande quantité d'organes aériens riches en ma-
tières azotées ». D'ailleurs, si le Résumé ne mentionne pas ici,
comme d'habitude, la quantité d’azote existant dans le sol au
début, elle a été indiquée dans la revue Nature du 26 avril 1866,
par le directeur des travaux expérimentaux de Rothamsted,
comme étant de 3.360 kilos à l’hectare, ce qui nous permet de
dresser un tableau analogue au précédent, à l’aide du tableau
publié à la page 8 du Résumé, et qui indique les quantités d'azote
exportées par les récoltes par an et par hectare; il nous suffira de
multiplier ces résultats par vingt-huit (28 ans).
KILOS
à l’hectare
Arote contenu dans lersol at début" "7.0... 3.360
NOTE CONTENUS Ie SOI AT ANR EE NO 3.046
Perterdazotedansilersol ee MR EE UE Ne 314
Quantité exportée par les récoltes (24° 65 X 28). . . . 690
Garmientarbtel 4.72 2 0e ha ER AE ne Lien < 376
Si l’on veut déduire 4*500 par an comme quantité empruntée
ANN. SCIENCE AGRON., — 3° SERIE — 1909 — n 23
304 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
à lammoniaque et à l'acide nitrique de Pair, cela représente
126 kilos en tout; il resterait donc encore un gain d’environ
250 kilos dont la source est inconnue, même dans la culture du
blé; et cela sans qu’on puisse invoquer la réserve d’azote con-
tenue dans le sol (puisqu'elle est comprise dans le tableau ci-
dessus) ni l’intervention des légumineuses, qui ne figuraient pas
dans cette culture.
Le gain en azote est moindre dans la culture de blé que dans
la culture de légumineuses; cette constatation s'accorde bien
avec le fait, aujourd’hui démontré, que toutes les plantes n’ab-
sorbent pas au même degré l’azote de Pair, et que les céréales
sont beaucoup moins bien douées sous ce rapport que les légumi-
neuses. On trouve dans les chiffres de Rothamsted, que nous
venons de citer, la confirmation de ces différences, en même temps
que la preuve d’une absorption de l’azote de l’air par les céréales.
Nous pourrions puiser dans les expériences faites à Rotham-
sted plusieurs autres exemples démontrant l’absorption de l'azote
atmosphérique par les plantes, et le peu de valeur de l'explication
fondée sur les «grandes réserves » du sol en azote; mais les exem-
ples ci-dessus nous paraissent suffisants pour montrer qu’on
trouve même dans les travaux effectués à Rothamsted la preuve
de l’aptitude des plantes à utiliser directement l’azote de l'air.
C’est là un argument de sérieuse valeur, étant donné qu'il ressort
des travaux de savants hostiles à cette théorie; et comme 1l
s’agit là d’une question de la plus haute importance, cette consta-
tation peut être citée au premier rang des travaux de Rothamsted.
EXPÉRIENCES D’ALIMENTATION DU BÉTAIL
Ces expériences ont eu le mérite de faire progresser les connais-
sances en matière d'alimentation du bétail à l’époque où elles ont
été faites; toutefois, les données obtenues doivent aujourd’hui
être notablement rectifiées par suite des progrès faits dans l’étude
des divers aliments azotés. Lawes critiquait les façons de voir de
Boussingault et de Liebig sur ce sujet. D’après ce qu’on lit dans
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 3959
le Résumé (p. 241), Boussingault estimait que « les valeurs rela-
tives des aliments sont déterminées par leur composition azotée
plus que par leur teneur en éléments non azotés »; Liebig était du
même avis, et «il considérait, encore plus peut-être que Boussin-
gault, les matières azotées comme les éléments les plus impor-
tants de l’alimentation, tant pour favoriser le développement
des animaux que pour leur faire produire le maximum de travail ».
Les expériences dont il s’agit furent faites sur une grande
échelle, comme presque toutes celles effectuées à Rothamsted ;
elles ne portèrent pas sur moins de 600 moutons, 160 porcs et
200 bœufs. La conclusion qui en fut tirée (p. 242) était « que
c’est surtout des aliments non azotés que dépend la quantité de
nourriture absorbée dans un temps donné par un animal d’un
poids donné, et aussi l’augmentation de poids vif »; et encore
« que la quantité de matières albuminoïdes consommée n’exerce
pas grande influence sur le résultat, du moment qu’on a dépassé
dans la ration le minimum nécessaire de matières azotées ». Les
conclusions générales sont résumées, à la page 245, en ces termes :
« Les composés non azotés sont les éléments essentiels dont il faut
tenir compte pour apprécier la valeur d’un aliment pour le bétail,
et cette valeur ne peut pas être calculée d’après la teneur en azote
seulement. » Aujourd’hui que l’on connaît mieux les différentes
formes d'aliments azotés, ainsi que les parties digestibles et les
parties non digestibles des aliments, on ne peut pas accepter les
conclusions des expérimentateurs de Rothamsted: néanmoins
les données recueillies par eux sur ce sujet constituèrent un réel
progrès, acquis au prix d'efforts et de sacrifices considérables.
L'ÉNERGIE ANIMALE
On admettait autrefois que l'énergie animale était réglée par
l'alimentation azotée, et que la dépense d’énergie pouvait se
mesurer par l’excrétion d’azote. Les expériences faites à Ro-
thamsted paraissent avoir fourni la preuve que les graisses et
les hydrates de carbone sont des sources d’énergie aussi bien que
396 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
les matières albuminoïdes, et que l’on peut mesurer l'énergie dis-
ponible dans un aliment en le faisant brûler et en mesurant la
somme de chaleur qu’il dégage; mais on estime qu’il faut fournir
à l’organisme une forte dose d’azote lorsqu'il est surmené.
Quant à l’origine de la graisse, Liebig estimait qu’elle pouvait
se former aux dépens des hydrates de carbone; d’autres soute-
naient qu’elle provenait d’une transformation des matières albu-
minoides. Or, il ressort des expériences de Rothamsted que les
quantités de graisse et de matières albuminoïdes contenues dans
les aliments ne suffisent pas à rendre compte de la quantité de
graisse formée chez l’animal, et que par conséquent, une partie
de cette graisse doit être fournie par les hydrates de carbone.
On recueillit aussi à Rothamsted quelques données sur le rap-
port existant entre la quantité d’aliments consommée et l’ac-
croissement de poids vif; toutefois, on admet aujourd’hui que les
animaux modernes eroissent plus rapidement que ceux sur les-
quels portèrent ces expériences, de sorte qu’il faudrait procéder à
de nouvelles études pour obtenir des données certaines.
Signalons encore une détermination des poids comparatifs des
différentes parties du corps des animaux, calcul qui a dû exiger
beaucoup de travail, mais qui n’a guère d’utilité pratique. Néan-
moins, ce sont là des renseignements qu’il est bon de posséder, et
qu'il serait difficile de trouver ailleurs.
On essaya aussi, à Rothamsted, de calculer la valeur fertili-
sante des aliments consommés; toutefois, ce travail fut forcément
basé en grande partie sur des hypothèses, et, peut-être, principa-
lement sur la quantité d’azote contenue dans les aliments. Or,
comme on reconnut qu'il était difficile de déterminer les pertes
d’azote dans l’animal, dans le purin et le funuer, ete., et qu'on
dut en faire une appréciation approximative, il est douteux que
les tableaux ainsi établis aient une valeur quelconque; on lit
d’ailleurs, page 257, que « ces tableaux ne se répandirent Jamais
dans l’usage courant ».
Le Résumé reconnaît franchement (p. 258) que les expériences
d'alimentation du bétail faites à Rothamsted ne peuvent sou-
tenir la comparaison avec les résultats plus exacts obtenus par des
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 391
méthodes plus rigoureusement scientifiques, et qu’elles n’ont
servi qu’à fournir des idées générales sur les grandes lois de Pali-
mentation des animaux.
Résultats d'importance secondaire obtenus à Rothamsted
APPLICATION PROLONGÉE D’'ENGRAIS COMPLETS
ET D’ENGRAIS PARTIELS
Nous avons maintenant à parler de celles des expériences faites
à Rothamsted qui sont généralement considérées comme les plus
importantes, celles dont on parle le plus et qui ont exigé les plus
grosses dépenses; ce sont celles auxquelles le nom de Rothamsted
est toujours associé. Analyser en détail ces longues expériences,
ce serait donner de leur importance une idée exagérée. Nous avions
cependant rédigé une analyse de ce genre en vue du présent
article; mais comme elle aurait excédé le cadre de notre étude,
nous l’avons abrégée, pensant qu’il n’y aurait à cela aucun Incon-
vénient, vu les erreurs qui vicient les résultats de ces travaux,
ainsi que nous l’avons déjà expliqué.
Étant donnés le programme très défectueux adopté pour cette
vaste série d’expériences et les conditions anormales de végéta-
tion dans lesquelles se trouvent par suite les plantes, les per-
sonnes qui sont au courant de ces questions sont peu disposées
à prendre au sérieux les résultats obtenus à Rothamsted, parce
qu’elles sont convaincues que, en les appliquant à des végétaux
cultivés dans des conditions naturelles, on aboutirait forcément
à des déceptions. On ne peut s'empêcher d’éprouver cette 1m-
pression quand on considère la singulière composition et la quan-
tité excessive des engrais appliqués, ou quand on examine sur
place les plantes cultivées à Rothamsted, et qu’on remarque la
teinte jaunâtre ou rougeâtre des céréales, les feuilles recroque-
villées et maladives des plantes-racines et, d’une façon géné-
rale, la faiblesse des rendements, malgré les doses massives d’en-
grais.
38 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Toutefois, nous ne voudrions pas que l’on crût que ces appré-
ciations sont l’expression de notre opinion personnelle. On les
trouve fréquemment confirmées par les déclarations des expé-
rimentateurs eux-mêmes, dont nous allons citer les propres pa-
roles. C’est ainsi qu'à propos des expériences faites sur la poirée,
on lit dans le Résumé (p. 95) : « Par suite de l'épuisement continu
des matières organiques, et de l’action défavorable des engrais
minéraux sur l’état physique du sol, celui-ci finit par être en
mauvais état; il est très malsain quand il est humide, et lorsqu'il
sèche il forme une croûte dure, à ce point que parfois on perd
toutes les plantes sans autre cause que celle-là. »
Parmi beaucoup d’autres exemples, nous allons en citer encore
un, parce qu'on y trouve l'indication du résultat probable de l’ap-
plication de fortes doses d’acide sulfurique combiné avec des
bases alcalines. Nous lisons (p. 157) que « l'application prolongée
de grandes quantités de sels ammoniacaux a produit aussi des
résultats défavorables au point de vue de la réaction du sol, car il
donne une réaction acide et détruit constamment le carbonate
de chaux. Les plantes traçantes qui poussent à la surface du sol
deviennent de plus en plus abondantes et, en se décomposant,
laissent des résidus qui ressemblent à de la tourbe fibreuse;
d'autre part, les plantes cultivées se raréfient et forment des
touffes espacées, entre lesquelles on voit des îlots de terre noire,
donnant une réaction acide au papier de tournesol. Ces effets se
sont fait sentir d’une manière si marquée sur le lot n° 5, celui qui
avait reçu la plus forte dose de sels d’ammoniaque, que l’on a dû
cesser de lui en donner depuis l’année 1897, pour éviter que toute
végétation ne fût entièrement détruite. »
I faut ajouter que « l'épuisement continu des matières orga-
niques » et l’action « défavorable des engrais minéraux et des sels
d’ammoniaque » sont des faits qui se produisent dans toutes les
grandes cultures de Rothamsted, car tous les champs y ont été
traités de la même façon. On peut dire, par suite, que toute l'œuvre
effectuée à Rothamsted est viciée à sa base.
Pour les cultures de navets, nous relevons (p. 95) les mêmes
aveux que pour les cultures de poirée : « Les couches superfi-
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 399
cielles devinrent plus difficiles à travailler, et les binages, si im-
portants pour les navets, s’effectuèrent souvent mal; d'autre
part. il se forma dans les couches inférieures une masse à peu
près imperméable. »
De même pour les pommes de terre. On lit, page 95, que leur
culture fut « abandonnée, parce que le rendement, dans les par-
celles qui ne recevaient pas d’engrais organiques, était tombé très
bas par suite du mauvais état physique du sol ».
Même en ce qui concerne les céréales, moins délicates cepen-
dant, on remarque des résultats analogues. Les expériences rela-
tives aux avoines étaient établies sensiblement dans les mêmes
conditions que celles portant sur le froment et l’orge. Elles com-
mencèrent en 1869... mais furent abandonnées au bout de dix
ans, et la raison qu’on en donne (p. 92 du Résumé) est que le sol
reste relativement humide, et paraît souffrir plus que toutes les
autres parcelles de l'emploi prolongé du nitrate de soude; «comme
il y eut une série de saisons humides, à partir de 1873, il devint
presque impossible de travailler le sol, et après 1878 les expé-
riences furent abandonnées ».
L'application de 880 kilos par hectare de substances miné-
rales, tous les ans, au même sol, suffirait assurément pour expli-
quer les fâcheux résultats constatés; mais ce ne sont pas seule-
ment les engrais minéraux non azotés qui sont en cause. En effet,
nous lisons dans le Résumé, page 102 : « L'influence défavorable
exercée par les très fortes doses d’azote appliquées à certaines
parcelles est très manifeste partout où il y a plus d’azote que la
plante ne peut en utiliser. Les feuilles, d’un vert foncé, sont très
déformées, arquées et zigzaguées; elles ont une tendance pro-
noncée à la panachure, la chlorophylle se groupant en taches
vert foncé ou presque noires sur le fond vert plus clair de la feuille.
Les pétioles sont souvent beaucoup plus colorés, et deviennent
jaune orangé vif. » Et plus loin (p. 165) : « Une autre particula-
rité de ces deux parcelles, qui ont reçu de l’azote, mais pas de
potasse, c’est la faiblesse des tiges; quoique les graminées four-
ragères ne soient pas hautes, elles sont souvent versées avant
’être bonnes à couper. En outre, elles sont plus sujettes aux ma-
360 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
ladies cryptogamiques sur ces deux parcelles que partout ail-
leurs. » Et encore (p. 162) : « Dans la parcelle 11-1, tout indique
un excès d'engrais azotés; les plantes poussent avec une vigueur
extrême, mais elles sont molles, et ont une tendance à pousser
en touffes espacées, laissant entre elles des espaces dénudés. »
Nous pourrions citer bien d’autres exemples tirés des cultures
de fèves, de trèfle et de céréales; mais ceux que nous venons de
reproduire nous paraissent suffisants.
On ne saurait formuler sur le système d’application des en-
grais pratiqué à Rothamsted un jugement plus sévère que celui
qui se dégage des citations que nous venons de faire du Résumé.
Les résultats obtenus ne paraissent pas pouvoir être d’une uti-
lité quelconque pour la science, à moins que ce ne soit au titre
d’études sur les maladies des plantes; 1ls n’ont pas plus d'intérêt
pour la pratique agricole, qui ne comporte pas l’emploi de ces
doses excessives d’engrais.
Pour expliquer ces insuccès et ces mauvaises cultures, dues à
l’abus des engrais minéraux, on a toujours allégué à Rothamsted
qu'il s’agissait de la même plante cultivée pendant nombre d’an-
nées sur le même sol et à la même place; et l’on a admis, chose
curieuse, que cela avait pour résultat de rendre la surface du sol
moins facile à travailler, plus compacte; ainsi, nous lisons (p. 95)
que l’on a cultivé des choux-navets à Rothamsted pendant quinze
ans, de 1856 à 1870, mais qu’on a constaté qu'il était impossible
de continuer à les cultiver sur le même sol d’une façon continue
avec quelque chance de succès. Et l’on explique cet insuccès en
disant qu'il « a été causé principalement par un phénomène ac-
cessoire, à savoir qu’à force de cultiver la même sorte de plantes
pendant tant d'années de suite dans le même espace restreint où
leurs racines vivaient à la surface, la couche superficielle du sol est
devenue plus difficile à travailler, de sorte que le binage, si néces-
saire pour les navets, s’effectuait souvent mal, et d’autre part,
il s'était formé dans les couches inférieures une masse imper-
méable, parce qu’on n’avait pas varié les cultures et fait suivre
des plantes ayant leurs racines à différentes profondeurs. » Et
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 361
cette théorie aboutit à la conclusion pratique que voici (p. 122) :
« Ces expériences démontrent qu’il n’est pas possible de cultiver
les choux-navets, ni les navets blancs, dans le même sol d’une
façon prolongée, ni même par périodes brièvement espacées. »
Or, les effets cités plus haut représentent juste l’opposé de ce
qui se produit quand on cultive longtemps les mêmes plantes
dans le même sol, pourvu qu’on leur donne des engrais appro-
priés. En effet, nous avons cultivé des navets pendant vingt-trois
ans de suite à la même place, à la station expérimentale d’Aber-
deen, et les plantes continuent d’y pousser admirablement; le
rendement variait selon les saisons, mais dans les bonnes années,
il a atteint le chiffre de 75.200 kilos à l’hectare. Bien loin que le
sol perde de ses qualités ou devienne difficile à travailler, il de-
vient plutôt plus meuble sous l'influence de cette culture continue,
et il n’y à aucun indice de la formation d’une couche inférieure
imperméable.
Les conclusions qui se dégagent de ces vingt-trois ans d’ex-
périences, pendant lesquels le sol a été soumis à une production
continue, mais avec des engrais appropriés, et dans un sol
certainement moins fertile que celui de Rothamsted, peuvent
être formulées comme suit : le sol est devenu plus meuble, par
l'effet des façons constamment répétées ; par suite, une partie
des matières organiques a été détruite par oxydation, et aussi
les plantes ont été davantage attaquées par les parasites spéciaux
à chaque genre. Jamais nous *’avons eu de sol compact, difficile
à travailler, ni de sous-sol imperméable; mais nous aurions aussi
des mésaventures de ce genre, évidemment, si nous appliquions
des engrais minéraux en doses excessives comme on le fait à
Rothamsted. En un mot, ce qui s’est produit à Rothamsted, c’est
ce qui devait inévitablement se produire sous l’influence d’en-
grais mal employés; mais c’est exactement le contraire de ce qui
se produit quand on cultive longtemps la même plante sur le
même sol en lui donnant des engrais appropriés. On peut être
surpris que cette explication toute naturelle ne se soit pas pré-
sentée à l’esprit des expérimentateurs.
Nous allons essayer de préciser sous une forme plus palpable
362 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
les quantités énormes d’engrais qui ont été appliquées et la dé-
pense qu’elles représentent. Voici le plan général des essais d’en-
orais complets (voir le Résumé, p. 34); il ne faut pas oublier que
les quantités indiquées ont été appliquées chaque année, pendant
plus de soixante ans, sur le même sol. Les calculs ci-dessous por-
tent sur cinquante ans seulement.
QUAN- | QUANTITÉ DÉPENSE
Re ses par hectare
ployée |: hectare 2 —
par = En
an an | 5oans
ENGRAIS
NUMÉRO
de la parcelle
Kilos Kilos Francs | Francs
Fumier de ferme 35.112 | 1.799.600 »
_ Phosphate de soude. . . .
Engrais | Sulfate de potasse. . . . . environ 13.8
nero ni DbTraeleRonde Ein À 880 2
Nitrate de magnésie. . . .
Les mêmes engrais, plus :
Sulfate d’'ammoniaque. . .
Chlorhydr. d’ammoniaque.
Engrais
minéraux
Engrais Les mêmes engrais, plus :
minéraux | Sels d’'ammoniaque . . . .
Engrais Les mêmes engrais, plus :
minéraux | Sels d'ammoniaque . . . .
Engrais Les mêmes engrais, plus :
minéraux | Nitrate de soude
Engrais Les mêmes engrais, plus :
minéraux | Nitrate de soude
Tourteau de colza
Il faut bien se rappeler aussi que les engrais appliqués sont des
sels solubles, c’est-à-dire des combinaisons de soude, de potasse
ou d’ammoniaque avec l’acide sulfurique, et que des quantités
énormes de cet acide sont ainsi incorporées au sol.
Quand on considère la nature de ces engrais, leur quantité et
la dépense qu’ils comportent, on apprécie à sa valeur la remarque
faite dans le Résumé, page virr, que « en établissant le pro-
gramme des expériences, on a laissé de côté les considérations
pratiques ». Mais alors, il en résulte que les « Conclusions pra-
tiques » à l’usage des cultivateurs, qui sont formulées à la fin de
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 363
chaque chapitre relatif à ces expériences, ne peuvent avoir à peu
près aucune valeur. Et cependant, on lit un peu plus loin (p. 1x)
que « l’objet essentiel des expériences faites à Rothamsted est
de rassembler des données scientifiques pouvant s’appliquer par-
tout, et d'établir des principes d’ordre général ». En réalité, ces
conclusions ne peuvent s'appliquer nulle part, sauf dans les en-
droits où le sol et les plantes se trouvent dans des conditions
exceptionnelles comme à Rothamsted; et un principe qui est
basé sur des conditions exceptionnelles ne peut pas avoir une
portée générale.
Quand on lit ces « Conclusions pratiques » qui terminent chacun
des chapitres, on est frappé, d’abord, de leur peu d’étendue, alors
qu’elles représentent tout le fruit de travaux si considérables,
accumulés pendant tant d’années, et aussi de leur forme vague
et imprécise. Il semblerait qu’on lit l'opinion d’un cultivateur
ou d’un marchand d’engrais en veine de généralisations, plutôt
que des principes scientifiques déduits d'expériences positives, et
démontrés par ces expériences. Ainsi, trente-huit pages sont con-
sacrées au compte rendu des cultures expérimentales de froment,
poursuivies pendant cinquante ans; puis on en tire simplement
trois courtes conclusions pratiques; encore sont-elles d’ordre très
général, et, qui plus est, elles sont fondées sur une autre série d’ex-
périences, les expériences de rotations, auxquellesila fallu recourir,
semble-t-il, pour trouver des conclusions à formuler. Et l’on peut
en dire à peu près autant de tous les essais de grande culture de
diverses plantes, essais prolongés pendant de longues années.
À propos des expériences relatives au froment, il convient de
signaler spécialement un passage du compte rendu où il semble
que l’on veuille formuler une nouvelle loi. En effet, à la page 40
du Résumé, on lit, sous le titre : « Loi de diminution des rende-
ments », que « le rendement proportionnel diminue à mesure
qu’on perfectionne la culture, soit au point de vue du travail,
soit en ce qui concerne les engrais, jusqu’à une limite où la valeur
de l’augmentation de rendement obtenue est plus que compensée
par la dépense nécessaire pour la produire. » Or, on peut dire, en
réalité, que la formule contraire serait plus exacte, à en juger
364 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
par un grand nombre d’expériences faites dans d’autres établis-
sements scientifiques sur des plantes saines, cultivées dans un
sol en bon état et avec des doses rationnelles d’engrais; et au lieu
de dire que le « rendement proportionnel diminue jusqu’à une
certaine limite », on serait mieux fondé à dire que « le rendement
proportionnel s’élève jusqu’à un certain maximum ». En effet,
tant qu’on n’est pas arrivé à un chiffre de rendement maximum,
non seulement chaque augmentation dans la dose d’engrais (bien
appropriés à la culture) produit une augmentation de rendement,
mais encore les progrès deviennent de plus en plus marqués jus-
qu’au moment où l’on atteint le maximum.
Prenons un exemple entre cent. Un sol qui ne recevait pas
d’engrais produisait 3.250 kilos de foin à l’hectare; le même sol,
enrichi d’engrais bien choisis, moyennant une dépense de 62 francs
par hectare, a produit 4.135 kilos de foin, soit 885 kilos de plus,
ce qui représente un bénéfice de 76 francs, et, en déduisant le
prix de l’engrais, de 14 francs seulement. Mais en doublant la
dose d’engrais, tout en restant dans des limites raisonnables, on
a obtenu, moyennant une dépense de 123 francs par hectare à
peu près, une récolte de foin d'environ 5.510 kilos, soit 2.260 kilos
de plus que dans le premier cas, ce qui représentait, déduction
faite du prix des engrais, un bénéfice de 71 francs par hectare.
Des résultats analogues ont été obtenus dans des cultures de
céréales, et la preuve en a été faite bien des fois, soit expérimen-
talement, soit dans la pratique. Il nous semble que cela peut s’ex-
pliquer de la façon suivante : quand on donne aux plantes tout
juste la quantité d’engrais dont elles ont besoin, elles perdent du
temps à chercher cet engrais, et il peut même arriver qu’elles en
laissent échapper une partie; si, au contraire, on en répand une
quantité suffisamment abondante autour de chaque plante, celle-e1
n’a pas à chercher sa nourriture, elle la trouve tout de suite et
peut alors se développer vigoureusement.
Mais, bien entendu, si l’on distribue l’engrais à des doses exces-
sives et déraisonnables, au delà de ce qui est nécessaire pour pro-
duire un rendement maximum, on observera une diminution dans
les bénéfices de la culture; les plantes s’affaibliront et risqueront
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 369
de périr. C’est précisément ce qui s’est produit dans les expé-
ences de Rothamsted, sur lesquelles est basée cette « loi de
diminution des rendements ». Les sels d’ammoniaque y étaient
appliqués à des doses qui ne descendaient pas au-dessous de
224 Kilos par hectare (Voir les tableaux des pages 34 et 46), et qui
atteignaient 448, 672, ct jusqu’à 896 kilos à l’hectare. Or, la plus
farble de ces doses suffit pour obtenir le rendement maximum. Un
cultivateur éclairé, si pénétré qu'il soit de l'efficacité des engrais,
n'aura jamais l’idée de la dépasser; et jamais, à notre connais-
sance, aucune expérience scientifique effectuée dans des condi-
tions rationnelles n’a donné à penser qu'il fût nécessaire d’em-
ployer une dose plus forte pour obtenir un rendement maximum.
Dès lors, il est évident que quand on débute par une aussi forte
dose, puis qu’on la double, qu’on la triple, qu’on la quadruple (la
dépense s’élevant en proportion), les bénéfices de la culture vont
en diminuant.
Mais ce n’est pas tout : même avec ces doses excessives d’en-
grais, Jamais on n'obtient à Rothamsted le rendement maximum ;
le blé y donne moins de 3.600 kilos à l’hectare, ce qui s'explique
évidemment par l’abus des engrais minéraux, dont nous avons
déjà parlé.
Ainsi, on voit qu'au lieu de formuler une « loi des rendements
décroissants » quañd les doses d’engrais augmentent, il convien-
drait plutôt de formuler une « loi d’accroissement des rendements »
aux termes de laquelle toute augmentation de la dose d’engrais
(d'engrais bien choisis, naturellement) produit un notable accrois-
sement de bénéfices, jusqu’au moment où l’on atteint le maxi-
mum.
LA PROLONGATION ANORMALE DES EXPÉRIENCES
Le fait le plus frappant, dans les expériences de Rothamsted,
c’est l’exécution du même programme pendant une si longue
durée. Nulle part au monde, on n’a vu des expériences prolongées
si longtemps.
Mais on peut se demander s’il y a une utilité quelconque à
366 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
prolonger des expériences de ce genre pendant soixante ans. En
somme, au bout de cinq ans, de huit ans, ou tout au plus de dix
ans, on avait obtenu dans la plupart des cas, sinon dans tous, tous
les renseignements désirables. C’est ce qu’on peut constater en
examinant le tableau qui figure à la page 36 du Résumé ; on y voit
que les écarts observés au bout des dix premières années étaient
restés sensiblement les mêmes au bout de cinquante ans. On
remarquera que les parcelles n°% 3, 5 et 10 ont occupé les pre-
mier, deuxième et troisième rangs pendant les cinq périodes de dix
ans; que les autres sont restées classées du quatrième au onzième
rang presque sans changement, sauf parfois de légères variations
pendant une ou deux des périodes. Bref, au bout de cinquante ans,
les résultats obtenus ne différaient pas sensiblement de ceux qu’on
avait constatés après les dix premières années. On est surpris en
pensant au temps perdu, à la somme de travail et d'argent ainsi
gaspillée; cela ne peut guère s'expliquer que par l'abondance des
ressources pécuniaires et par l’attachement à de vieilles tradi-
tions.
Il faut reconnaitre cependant les mérites des expérimentateurs
de Rothamsted : une persévérance exceptionnelle, amour de la
science, un travail considérable, et, dans certaines recherches,
beaucoup de résultats précieux, dont la valeur s’augmente encore
d’une longue répétition qui garantit leur exactitude. Mais, en ce
qui concerne l’œuvre essentielle de Rothamsted, celle qu’on eite
toujours, c’est-à-dire les grandes cultures expérimentales pro-
longées pendant soixante ans, on ne peut s'empêcher, d’une part,
de penser que c’est beaucoup d'argent, de temps et de travail
gaspillés, et, d'autre part, de regretter que les méthodes appliquées
enlèvent aux résultats de ces expériences la plus grande partie
de leur valeur.
L'ASSOCIATION DE RECHERCHES AGRICOLES D'ABERDEEN
Cette société a été créée en 1875, et n’a pas cessé de fonctionner
depuis cette époque. Elle eut pour fondateurs plusieurs hommes
distingués, propriétaires fonciers, fermiers, etc., qui estimaient
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 307
que les recherches scientifiques ayant trait à l’agriculture n’a-
vaient pas reçu un développement correspondant aux avantages
qui paraissaient devoir en résulter pour l’agriculture. Ce senti-
ment, sans être précisément partagé par la grande masse, ren-
contra cependant assez d’adhésions pour qu’on pût réunir une
certaine somme de souscriptions volontaires, qui se sont conti-
nuées jusqu’à ce jour; elles se sont augmentées récemment d’une
modeste subvention du gouvernement, et de temps en temps de
subventions d’administrations et de corps constitués.
Le but de l’association était ainsi formulé : « Recueillir des don-
nées utiles et certaines sur les questions agricoles, au moyen de
recherches scientifiques et d’expériences pratiques, et répandre
ces renseignements. »
Quoiqu'il fût bien entendu qu’il s'agissait de faire des recher-
ches scientifiques, il n’est pas surprenant, étant donné que les
fondateurs de la société étaient d:s hommes qui faisaient valoir
des terres, que l’on ait choisi d’abord comme sujets d’étude des
questions qui paraissaient de nature à intéresser directement la
pratique agricole. Mais une fois que les plus urgents de ces pro-
blèmes ont été élucidés, on a pu s’occuper davantage, dans ces
derniers temps, de recherches d’ordre purement scientifique,
telles que celle qui a été achevée tout récemment et qui peut être
considérée comme le couronnement de cette série de travaux;
nous voulons parler de la découverte de l’utilisation directe de
l'azote de l’air par les plantes, et du mécanisme de cette absorp-
tion.
Les fondateurs de la société, bien qu’étant plus ou moins au
courant des questions scientifiques, eurent dès le début la sagesse
de ne pas vouloir assumer eux-mêmes la direction des travaux de
ce genre, et la confièrent entièrement à M. Thomas Jamieson,
maître de conférences de science agricole à l’Université d’Aber-
deen. C’est lui qui, jusqu’à maintenant, a dirigé ces travaux.
Il ne serait pas possible d’exposer ici en détail les recherches
très étendues qui ont été effectuées pendant ces trente-trois an-
nées; aussi bien n’est-ce pas utile, car nous nous proposons sim-
plement d'écrire ici l’histoire de la science agricole, et pour cela,
308 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
il nous suffira (comme nous l’avons fait pour Rothamsted) de
dresser d’abord un tableau des résultats obtenus, en classant dans
deux catégories différentes les plus importants et ceux qui n’ont
qu'un intérêt moindre, et en mettant en première ligne ceux qui
paraissent constituer des progrès notables pour la science agricole.
Nous donnerons, à la suite de ce tableau, quelques brèves expli-
cations sur chacun des sujets traités.
ÎJ — LES PRINCIPAUX RÉSULTATS
10 Aptitude des plantes à utiliser des matières minérales inso-
lubles dans l’eau, en particulier le phosphate de chaux.
(Valeur pratique : des personnes compétentes estiment que
l’économie d'engrais réalisée s'élève à 1.250.000 francs par an
pour le comté d’Aberdeen seulement);
20 Existence d’un pore à l'extrémité des poils des racines.
(Ce fait explique conument les matières insolubles peuvent
s’introduire dans l’organisme végétal):
30 Cause initiale ou prédisposante de la maladie chez les na-
vets.
(Il a été constaté que c’est une faiblesse résultant de diverses
circonstances, et qui favorise l’action d’un champignon spécial
auquel est due la maladie. La principale cause de faiblesse est
l'emploi d'engrais acides.)
Valeur pratique de ces constatations : découverte d’un moyen
d'éviter la maladie, ou de l’atténuer;
49 Définition de la nature d’un sol au point de vue de son adap-
tation à la culture.
(Il a été observé que cette adaptation dépend de la quantité et
de la répartition des matières organiques en présence; les parti-
cules les plus fines en contiennent une proportion exceptionnelle-
ment élevée; les particules plus grosses en contiennent une quan-
tité moyenne.)
Valeur pratique : manière d'améliorer les sols en appliquant des
méthodes propres à assurer une bonne répartition;
L'ÉVOLUTION DE LA SGIENCE AGRICOLE 369
5° Application sur une grande échelle de la fécondation croisée
spontanée chez les céréales et les graminées fourragères.
Valeur pratique : augmentation du rendement ;
69 Mode de reproduction des céréales et des graminées fourra-
gères. |
(Il a été constaté que les deux organes plumeux qui existent
dans les fleurs de ces plantes servent à faciliter la fécondation
par un pollen étranger, mais que ce ne sont pas, comme on l’avait
supposé, des stigmates; le stigmate est le bourrelet visqueux
situé au sommet de l'ovaire. Cette constatation explique le méca-
nisme de la fécondation croisée et confirme sa fréquence);
70 Plasticité du ray-grass (c’est-à-dire son aptitude à varier),
influence de cette plasticité sur l’aptitude du ray-grass à s’accom-
moder de différentes conditions de culture, et aussi sur l’évolution
de l’espèce.
(Valeur pratique : moyen de conserver des prairies de ray-
grass en bonne végétation d’une façon permanente);
8° Détermination des éléments minéraux indispensables aux
plantes; 1l a été reconnu qu'ils sont au nombre de cinq, le soufre et
le chlore ne l’étant pas;
90 Utilisation directe de l’azote de l'air par les plantes. Il a été
reconnu que l’absorption s'effectue par des organes spécialisés
situés sur les feuilles toutes jeunes, ou sur leurs bords. La confir-
mation de ces observations par la pesée a été obtenue, d’abord
par des cultures dans l’eau, soigneusement contrôlées, et aussi
par des cultures en terre, en petit et en grand.
(Valeur pratique : moyen d’enrichir le sol en azote sans acheter
d'engrais azotés, ou en en ajoutant une faible quantité.)
II — RÉSULTATS D'ORDRE MOINS IMPORTANT
100 Étude comparative des effets produits par les diverses
sortes d'engrais azotés, phosphatés et potassiques ;
119 Détermination de la valeur comparative des différentes
graminées fourragères au point de vue du rendement et de la
durée;
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 11
+2
Le
310 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
120 Démonstration de la nature des racines des graminées
fou ragères et des trèfles ;
13° Explication de la non-réussite des cultures de trèfle;
149 Détermination de la composition des navets, et des modi-
fications qu’elle subit sous l'influence de divers engrais;
159 Nombreuses études sur des questions intéressant la pratique
agricole, sur la façon de semer, sur l’époque de la moisson, sur la
conservation des grains, sur l’utilisation des navets, etc. ;:
160 Exploitation d’une ferme pendant cinq ans, pour démon-
trer l'emploi des engrais et les améliorations réalisées dans la
culture pratique.
Les résultats de certaines de ces recherches ont été confirmés
dans des stations expérimentales temporaires en Angleterre, sur
Finitiative de la même Association et sous la même direction;
enfin pendant douze ans, on a pu contrôler les résultats dans des
conditions exceptionnelles, grâce à la création d’une association
analogue dans le sud de l'Angleterre, « l'Association du Sussex
pour le progrès de l’agriculture », placée également sous la direc-
tion de M. Jamieson. Ces circonstances ont permis de faire les
expériences exactement en double, avec les différences considé-
rables de sol et de climat qui existent entre le sud de l'Angleterre
et le nord de l'Écosse.
On trouvera les résultats de ces expériences exposés en détail
dans les comptes rendus publiés annuellement par l’association;
en outre, elle a publié récemment, à l’usage des agriculteurs, un
résumé intitulé : The Farmers Handbook (Manuel des agricul-
teurs), dans lequel ces résultats sont condensés sous une forme
simple, qui permet à tous de les comprendre sans peine et de les
appliquer dans la pratique.
EXPOSÉ SOMMAIRE DES EXPÉRIENCES CITÉES PLUS HAUT
19 Utilisation du phosphate de chaux insoluble
Il n’est pas nécessaire d’insister longuement sur l'aptitude des
plantes à assimiler les phosphates insolubles, car le fait est géné-
ralement admis aujourd’hui. La confirmation en a été fournie par
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE JUL
de nombreux expérimentateurs et par la pratique de la grande
culture. Parmi ces expérimentateurs, il convient de mentionner,
en France, M. Grandeau, dont les travaux sur ce sujet furent
exécutés en même temps que ceux d’Aberdeen; en Écosse, Aitken,
enfin beaucoup d’autres en Grande-Bretagne, sur le continent
et en Amérique.
Il est intéressant cependant, au point de vue historique, de
rappeler que la doctrine opposée avait des partisans convaincus,
à tel point que l’association de l’Aberdeenshire dut poursuivre
ses expériences pendant sept ans pour faire face aux controverses
soulevées, et auxquelles on donna le titre de « guerre des phos-
phates ». C’est un exemple qui montre, une feis de plus, combien
il est difficile d’extirper une doctrine fausse quand elle est forte-
ment enracinée. |
Il a été abondamment démontré que quand le phesphate de
chaux amorphe est réduit en poudre suffisamment fine, il exerce
une action sur les végétaux aussi bien qu’un phosphate soluble.
A l’époque où l'Association procédait à ses expériences (en 1875),
les procédés mécaniques pour le broyage des phosphatcs n'étaient
pas aussi perfectionnés qu’ils le sont aujourd’hui, et les résultats
qu’on observait étaient généralement un peu inférieurs à ceux
obtenus avec les phosphates solubles: mais maintenant qu’on
peut réduire les phosphates en poudre presque impalpable, on
constate que les phosphates insolubles donnent des résultats
aussi bons (certains disent même meilleurs) que les phosphates
solubles.
Sur les navets, cette supériorité doit être bien apparente, car
les phosphates solubles, tant à cause de leur rapidité d'action
qu'à cause de leur acidité, ont tendance à affaiblir ces plantes
délicates, et à les rendre sujettes aux maladies.
En dehors de son grand intérêt scientifique, cette découverte a
exercé une répercussion énorme sur la pratique agricole; non pas
tant parce qu’elle a permis aux cultivateurs d'employer unique-
ment des phosphates insolubles — en général ils se servent d’en-
grais en mélange — mais surtout parce qu’elle a permis aux fabri-
cants d’engrais de faire entrer dans leurs mélanges de grandes
312 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
quantités de phosphates insolubles, une fois que leur utilité a été
démontrée. Il en résulte que non seulement le cultivateur peut
faire sa provision de phosphate à moindres frais, mais encore le
prix des phosphates en général s’est abaissé, d’abord parce qu’on
a employé des phosphates minéraux à la place des os qui coùû-
taient plus cher, et ensuite parce qu’on a pu tirer le meilleur parti
des immenses gisements de phosphates qui existent dans diverses
régions du globe. Un grand fabricant d'engrais, bien au courant
du commerce de ces produits dans la Grande-Bretagne, a écrit
que «ce pays consomme actuellement environ { million de tonnes
d'engrais phosphatés insolubles par an, dont 50.000 sont em-
ployées dans le nord de l'Écosse, ce qui représente, pour cette
région seulement, une économie de 1.250.000 francs par an ». En
outre, cette découverte suggéra l’idée d’utiliser le phosphate de
chaux insoluble contenu dans les scories, déchets de la fabrication
du fer, et qui, précédemment, étaient considérées comme dépour-
vues de valeur. Aujourd’hui, l’on emploie d'énormes quantités
de ces résidus, broyés en poudre fine, et dont l’agriculture tire
bon parti comme engrais, sous le nom de scories de déphospho-
ration.
20 Existence d'un pore a l'extrémité des poils des racines
Ce qui nous conduisit à étudier les poils des racines, ce fut la
difficulté que nous éprouvions à comprendre comment le phos-
phate de chaux insoluble pouvait s’introduire dans les plantes.
On avait &dmis en général qu’il devait être dissous par un acide
contenu dans le sol ou sécrété’ par les poils eux-mêmes; et ce qui
paraissait donner du poids à cette hypothèse, c'était que ces poils
présentaient une légère réaction acide. Mais, dans ce cas, 1l est
évident que les particules de terre en décomposition qui entourent
les poils des racines devraient donner, elles aussi, une réaction
acide; et l’on constata que quand des plantes sont cultivées dans
le sable pur, 1l n’y a pas de réaction acide, ou seulement une trace
-d’acidité si faible, qu’elle ne pourrait pas suffire à expliquer la
dissolution rapide d’une substance comme le phosphate de chaux.
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 313
Finalement, on découvrit ceci : quoique les poils des racines
paraissent être fermés à leur extrémité, en les examinant attenti-
vement au microscope à différents éclairages et à différentes
longueurs focales, on voit qu’ils sont terminés par un orifice, qui
peut se délimiter d’une façon précise et en évitant toutes les
causes d’illusion optique qui peuvent intervenir lorsqu'on exa-
mine au microscope avec de très forts grossissements.
L’existence de cet crifice a été constatée dans toutes les plantes
qui ont été examinées attentivement, et confirmée par le procédé
des solutions colorées; en outre, 1l a été observé que cet orifice
communique avec le canal interne du poil; on voit souvent des
particules solides qui paraissent cheminer dans le tube, et parfois
on peut observer un petit fragment à demi engagé dans l’orifice.
Enfin, quand on fait sécher le poil, on peut remarquer souvent
qu’un peu de matière s’échappe par cet orifice. On a constaté que
cette ouverture, tout en étant très petite, suffit pour laisser passer
les fines particules de phosphate en poudre.
Nous ne croyons pas que la plupart des botanistes aient admis
lPexistence de cet orifice. Il est assez difficile à apercevoir, et
comme on est toujours porté à conserver les idées acceptées,
cette notion nouvelle ne sera sans doute pas adoptée sans diffi-
culté. Voici un exemple de ces difficultés. Il y a un certain nombre
d’années, une étude sur ce sujet a été lue devant la Société bota-
nique d’Édimbourg ; on a montré aux membres de la société
des poils de racines au microscope, on leur a fait voir l’orifice, et
ils ont constaté son existence. Cette démonstration n’a soulevé
aucune objection; nous avons passé un après-midi avec le prési-
dent et le vice-président, sur leur demande, à examiner d’autres
plantes; ils ont reconnu, chaque fois, qu’ils apercevaient l’orifice.
Néanmoins, la société ne donna pas encore son adhésion à notre
mémoire, mais elle décida de faire procéder à un examen plus pré-
ais avec solutions colorées. Or, depuis cette époque, malgré de
nombreux rappels, nous n’avons pas pu arriver à savoir si cette
étude avait été faite, n1 à obtenir un avis quelconque, favorable
ou défavorable.
Même dans les meilleurs ouvrages botaniques il ne semble pas
314 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
que ce caractère spécial des poils radicaux ait fait l’objet d’un
examen approfondi. Schwartz en a fait une étude spéciale, mais
à un point de vue particulier, celui des épaississements des meni-
branes; il a observé des épaississements à l'extrémité des poils
radicaux, mais les dessins de ces épaississements ressemblent
beaucoup à l’aspect que présente l’orifice terminal dans certaines
conditions d'éclairage et de choix du foyer. Zacharias a étudié
aussi ces « épaississements », mais ses recherches ont porté prin-
cipalement sur les poils des plantes aquatiques, et n’ont pas trait
directement à la structure de l'extrémité. Pourtant Zacharias va
jusqu’à parler d’un «trou »; mais 1l suppose que ce trou était pro-
duit par un éclatement des tissus. Cependant, il est à remarquer
qu'il fait souvent mention d°’ «éclatements » de ce genre, et que
généralement, sinon toujours, c’est à la pointe du poil qu’ils appa-
rassent; le fait est significatif.
Gasperrint, d'autre part, a écrit que, dans certaines circons-
tances, les poils des racines s’ouvrent à leur extrémité et laissent
échapper une partie de leur contenu, après quoi il reste à leur
pointe une petite ouverture, plus ou moins perceptible. Or, si
les poils s'ouvrent pour évacuer, il est raisonnable de supposer
qu’ils s'ouvrent pour absorber.
En présence de tous ces faits, 11 semble bien qu’il y a plus de
raisons pour admettre l'existence d’une ouverture à l'extrémité
_des poils des racines que pour la nier; si l’on considère, d’autre
part, l'absence d’acidité dans les poils radicaux des plantes culti-
vées dans le sable stérile, ct la rapide assimilation des phosphates
insolubles, l’existence de cette ouverture parait bien démontrée.
30 Cause originelle ou prédisposante de la maladie des navets
La maladie des navets cause des dégâts importants tous les
ans, et détruit souvent des cultures entières sur de grandes éten-
dues. On a émis sur son origine diverses hypothèses, et lon a
essayé de les appliquer sans grand succès. On est arrivé seule-
ment à constater que l'emploi d'engrais traités par l'acide sul-
furique (les superphosphates) provoquait incontestablement
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 319
l'apparition de la maladie; mais d’autres causes paraissaient
avoir le même effet, par exemple, l’insuffisance du drainage, les
façons données au sol pendant qu’il est humide, les saisons très
sèches ou très humides, et parfois même les coups de vent dans la
première phase de croissance de la plante, quoique pas une de ces
causes n’exerçât une action aussi marquée, aussi certaine que
celle des engrais acides.
Le Suédois Woronim constata que les parties malades étaient
envahies par un champignon microscopique, ce qui lui permit de
définir la nature de la maladie; mais comme ce champignon paraît
exister toujours dans le navet, et qu’il ne provoque une maladie
que dans certaines conditions, il n’est pas possible de le considérer
comme la cause originelle; sa présence n’est qu'un phénomène
qui accompagne la maladie, et qui en précise la nature, mais ce sont
d’autres causes qui la produisent. Bref, on constata que la cause
originelle est une faiblesse de la plante, faiblesse qui facilite linva-
sion du champignon toujours présent ; que cette faiblesse peut être
provoquée par diverses causes, mais que, dans la pratique, elle pre-
vient surtout de l’emploi d'engrais acides solubles, qui s’intro-
duisent rapidement dans l'organisme à une dose excessive; et que
c’est au début de son développement que la plante est attaquée.
Les remèdes préconisés consistent : 1° à éviter tout ce qui peut
affaiblir les plantes, et particulièrement l’emploi d'engrais acides;
à leur fournir des aliments appropriés et à travailler le sol quand
il est sec; 20 à appliquer tous les procédés propres à entraver le
développement du champignon, notamment à chauler abondam-
ment, à drainer et à bien aérer le sol par la culture.
40 Détermination de la nature du sol au point de vue
de son adaptation à la culture
La détermination des matières crganiques du sol est une mé-
thode d’analyse qu’on applique couramment, et qui fournit
d’utiles renseignements sur sa nature et ses aptitudes. Mais en
étudiant parallèlement la teneur du sol en matières organiqu?s
et le degré plus ou moins grand de division des particules, on cons-
376 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
tata un fait remarquable, c’est que les parties les plus fines du sol,
c’est-à-dire les particules qui restent en suspension pendant une
minute quand on agite la terre avec de l’eau, renferment des ma-
tières organiques en proportion beaucoup plus forte que les parti-
cules plus volumineuses ; l’écart est même si grand, et si brusque,
qu'il s'établit une ligne de démarcation naturelle entre les parties
les plus fines et les autres, au point de vue de la teneur en matières
organiques. Alors que les particules de grosseur moyenne en
contiennent 10%, à peu près, la proportion passe brusquement,
pour les particules fines restant en suspension dans l’eau, à 20%
et jusqu’à 40%. Cette différence paraît se rattacher à la persis-
tance d’un certain degré d’humidité autour des fines ramifications
des radicelles et des poils radicaux, ce qui épargne à ces organes
délicats des alternatives de sécheresse qui leur seraient funestes.
Un autre fait qui a paru ressortir de ces expériences, c’est que
si les matières organiques ne sont pas convenablement réparties
dans les différentes portions du sol selon leur degré de grosseur,
le sol n’a pas une texture appropriée à la bonne culture; si la
proportion de matières organiques contenues dans les particules
les plus fines est trop élevée, le sol sera trop cohérent; si elle est
trop faible dans les particules plus volumiineuses, le sol manquera
de cohésion, et, par suite, il risquera, sous l'influence de la culture
et des gelées, de former des cavités; ces cavités seront tantôt
pleines d’air, et cela desséchera la terre, tantôt pleines d’eau, et
alors cela produira, lors des gelées, des soulèvements nuisibles
à la végétation des plantes délicates, telles que le trèfle, qui, à
l’état jeune, ont les racines fragiles.
Pour vérifier si la composition du sol est satisfaisante à cet
égard, on peut employer le procédé suivant : on dose la quantité
de matières organiques contenue dans les particules de terre que
laisse passer un taniis de quarante mailles par centimètre linéaire;
puis on passe le reste sur six tamis à mailles de plus en plus larges,
jusqu’à quatre mailles par centimètre, et 1l faut que, dans chacun
de ces six lots, la teneur en matières organiques ne s’écarte pas de
plus d’un quart, en plus ou en moins, de celle trouvée dans le
premier lot. Ainsi, en supposant que les particules de terre qui
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 311
ont passé à travers le tamis de quarante mailles par centimètre
contiennent. 12% de matières organiques, la proportion de ces
matières dans les six autres lots de terre, de grosseurs différentes,
ne devra pas être inférieure à 9% ni supérieure à 15%. Certains
sols satisfont à cette condition, mais nous avons constaté que
dans d’autres, 51 % des particules plus grossières s’écartaient des
limites fixées; or, c’étaient des sols dans lesquels le trèfle ne pou-
vait pas pousser.
Pour arriver à rétablir dans le sol la composition voulue, nous
conseillons d’en faire des analyses physiques de façon à détermi-
ner : 40 la proportion de particules qui ne passent pas à travers un
tamis de huit mailles par centimètre; 20 la proportion de parti-
cules qui passent sur ce tamis, mais qui sont arrêtées sur un tamis
de quarante mailles par centimètre, et leur teneur en matières
organiques; 3°la proportion de particules qui passent à travers le
tamis de quarante mailles et qui ne restent pas plus d’une minute
en suspension dans l’eau; leur teneur en matières organiques,
teneur qui ne doit pas différer beaucoup de celle du lot précédent;
49 la proportion de particules terreuses qui restent en suspension
dans l’eau plus d’une minute, et leur teneur en matières organiques,
laquelle doit être à peu près le double de celle obtenue dans le cas
précédent.
50 Fécondation croisée spontanée chez les céréales
et les graminées fourragères
On sait que les céréales et les graminées fourragères se fécon-
dent entre elles à l’état naturel; c’est un fait qui n’est plus dis-
cuté, et les botanistes (notamment KERNER, dans son savant
ouvrage sur l'Histoire naturelle des plantes) constatent qu’elles
sont « fécondées par le vent ». Lorsqu'il n’y a pas dans leur voisi-
nage une variété différente pour produire avec elles une féconda-
tion croisée, qui parait plus conforme au vœu de la nature, comme
l’a établi Darwin, la fécondation s’effectue alors entre sujets diffé-
rents de la même variété. Pourtant, chose curieuse, certains auteurs
ont prétendu que l'ovaire était fécondé avant l’épanouissement
des fleurs. Darwin acquit, par des observations directes, la certi-
3178 ANNALES LE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
tude que cette théorie était erronée, au moins dans le cas du fro-
ment. Les expériences de l’Association d’Aberdeen ont démontré,
en outre, que les autres céréales se comportent comme le froment
à ce point de vue. Si les céréales et les graminées fourragères sont
« fécondées par le vent », selon l’expression des botanistes, il est
évident qu'il faut pour cela que l'ovaire soit intact, lorsque la
fleur s’épanouit; car ce n’est qu’à ce moment qu’elle peut être
touchée par le pollen emporté par le vent. Ce qui a fait croire, à
tort, que la fécondation s’opérait avant l’épanouissement de la
fleur, c’est probablement l’idée fausse qu’on se faisait du rôle des
deux organes plumeux qu’on observe dans les fleurs des plantes
de cette famille. Nous reviendrons plus loin sur ce sujet.
Considérant que les céréales et graminées sont fécondées par le
vent; qu'il se produit des croisements entre différentes variétés
(ce qu’on peut réaliser artificiellement, comme chacun le sait, en
retranchant les étamines avant leur maturité, et en répandant
sur le stigmate le pollen d’une autre variété), et que ces croise-
ments donnent généralement naissance à des plantes plus vigou-
reuses et plus productives, nous avons fait de nombreuses expé-
riences dans le but : 10 de vérifier l'existence de cette fécondation
étrangère dans les céréales; 20 de déterminer la proportion des
croisements qui s’opèrent avec des variétés différentes; enfin,
30 d'étudier l’influence de ces croisements sur la production. Si
les résultats étaient satisfaisants, les cultivateurs auraient intérêt
à appliquer ce procédé sur une grande échelle; pour cela, ils n’au-
raient pas besoin de retrancher les étamines et d’apporter le pollen
ni de prendre la peine de cultiver les variétés en lignes alternées,
comme 1] avait fallu le faire dans les expériences; il leur suffirait
de mélanger les semences des deux variétés, puis de faire le semis,
et de conserver les grains obtenus, pour les semer l’année suivante.
Les résultats furent extrêmement satisfaisants. Il se produisit
certainement des fécondations croisées, et souvent en grande
quantité, ce qui tenait très probablement à ce que les deux va-
riétés voisines, dans ce cas, se trouvaient être aptes à la féconda-
tion au même moment; car il suffit d’une différence de deux ou
trois jours pour que le résultat ne soit plus du tout le même. L’in-
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 319
tervention d’un pollen étranger se manifesta par la production
de différences dans les formes et les couleurs; par exemple, une
avoine noire croisée avec une avoine blanche donna une avoine
de couleur brunâtre ou fauve; des variétés à épi rond et à fleurs
horizontales, croisées avec des variétés à fleurs dressées disposées
d’un seul côté de la hampe, ont produit des inflorescences diffé-
rentes de celles des deux parents, tantôt avec les fleurs groupées
en grappes serrées, tantôt avec des fleurs dressées, mais disposées
tout autour de la hampe, et aussi plusieurs formes intermédiaires :
des variétés à grains longs et étroits ont donnné naissance à des
variétés ayant les grains plus courts et ventrus, ete. En outre, les
plantes obtenues par ces croisements étaient plus vigoureuses et
plus productives; l’augmentation moyenne de rendement a été,
pour la première année d'expériences, de 24%; pour la deuxième
année, de 32%, et pour la troisième, de 16% ; la moyenne pour
les trois années représente donc une augmentation de rendement
de 24%, obtenue grâce à ce procédé très simple que l’on peut aisé-
ment appliquer dans la pratique.
Il est donc démontré que, si le cultivateur peut incontestable-
ment augmenter ses rendements en achetant des graines obtenues
à la suite de croisements artificiels soigneux (graines qui coûtent
cher), il peut aussi obtenir chez lui, sans frais, et rien que par la
facon de disposer ses semailles, des croisements s’effectuant
spontanément; les graines produites dans ces conditions fourni-
ront des rendements plus élevés, qui varieront toutefois d’impor-
tance selon le choix qu'il aura su faire des deux variétés cultivées
côte à côte. Il faut surtout recommander de choisir deux variétés
bien distinctes l’une de l’autre, et surtout deux variétés dont les
fleurs soient aptes à la fécondation à la même date.
60 Mode de reproduction des céréales et des graminées
fourragères
Il était très naturel de supposer que les deux appendices plu-
meux qu'on observe dans la fleur des céréales et des graminéss,
et qui surmontent l'ovaire, devaient faire partie de l'organe
380 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
femelle; et il semble que personne n’ait eu l’idée d’en douter.
Cependant, il suffit d’examiner ces appendices au microscope
pour constater immédiatement qu’ils sont tout à fait inaptes à
laisser passer les tubes polliniques, tandis que dans tous les végé-
taux, d’une façon générale, les organes stigmatiques sont parfai-
tement construits pour cela. Kerner s’est rendu compte de cette
difficulté; 11 fait remarquer que le pollen doit souvent exécuter
des courbes compliquées, ou allonger ses tubes en spirale. Il ne
semble pas qu’un seul auteur ait pu suivre, ou même apercevoir,
un seul tube pollinique, ou ses résidus, sur ce parcours. On a sou-
vent examiné ces organes; on a vu des grains de pollen sur les
appendices plumeux et parmi les cils; on en a vu souvent émettre
des tubes; mais jamais on n’a vu le tube pénétrer dans la plume
ou le cil de l’appendice; il essaie d’y parvenir, mais il meurt après
avoir parcouru une partie seulement de la longueur de l’appen-
dice, et généralement en dehors. Étant donné, d’autre part, que
les plumes sont souvent flasques, et offrent toutes les apparences
d'organes ayant accompli leur fonction et devenus inutiles avant
l'épanouissement de la fleur, certains auteurs ont admis à tort
que la fécondation était déjà opérée avant que la fleur s’épa-
nouit.
Au contraire, l’Association d’Aberdeen découvrit que les deux
appendices plumeux, qui sont situés au sommet de l'ovaire
simplement pour pouvoir mieux exercer leur fonction, sont en
réalité des brosses raides destinées à écarter les anthères, de telle
façon que leur pollen se disperse et soit emporté par le vent, pour
aller féconder d’autres plantes, appartenant à la même variété
ou à d’autres variétés. Nous avons vu fréquemment ces brosses
dans des positions et des conditions qui prouvaient bien qu’elles
jouent ce rôle, auquel elles sont admirablement adaptées par leur
rigidité et leur direction; d'autre part, elles sont souvent à l’état
de décrépitude lorsque la fleur s’ouvre pour recevoir le pollen, ce
qui démontre bien qu’elles ne sont pas destinées à servir de pas-
sage au tube pollinique.
Si donc ces appendices plumeux ne constituent pas le stigmate,
on est amené à se demander où est le stigmate; autrement dit,
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 581
quel est l’endroit où les grains de pollen se fixent, et d’où ils font
parvenir leurs tubes à l’intérieur de l'ovaire. Nous avons constaté
que c’est le sommet visqueux de l’ovaire qui est le stigmate, et
que quand l’ovaire arrive au moment où il est apte à la féconda-
tion, le petit corps ovale qui le surmonte se transforme, s’agrandit
et prend une forme en poire ayant la partie la plus large en l’air
(ce qui facilite l'ouverture de la fleur); en même temps, le som-
met se couvre de poils étalés en éventail, et qui, grâce à la visco-
sité de la surface, arrêtent et retiennent les grains de pollen.
Nous avons positivement vu le tube pollinique, à divers degrés
de développement, pénétrer dans l’ovaire et franchir le micropyle
de l’ovule.
En résumé, nous avons constaté : 1° que les anthères sont mûres
et dressées avant que l'ovaire soit en état de subir l’imprégnation
fécondante, et que le pollen, ou tout au moins la plus grande partie
du pollen, se disperse en dehors de la fleur; 20 que les deux appen-
dices plumeux existant dans les céréales et les graminées, et aux-
quels on donne généralement le nom de stigmates, ne jouent en
aucune façon le rôle de stigmate, mais sont simplement des brosses
destinées à écarter les anthères de la fleur avant que celle-ci
s'ouvre; 39 que le véritable stigmate est le sommet émoussé de
l'ovaire; 40 que l’époque favorable à l’imprégnation de la fleur
est déterminée, non pas par la maturité de l’organe mâle, mais
par la maturité ou réceptivité de l’organe femelle; 59 qu’au mo-
ment où l'organe femelle est à point pour la fécondation, la fleur
s’ouvre pour recevoir le pollen étranger; 60 que chacun des grains
de pollen renferme un grand nombre de cellules animées d’un
mouvement rapide, et qui sont probablement ciliées ; 70 que toute
la structure de la fleur et son évolution sont admirablement adap-
tées en vue de la fécondation croisée; et 8° que, le pollen étant
mûr et dispersé (au moins en partie) avant que l’organe femelle
soit apte à le recevoir, il en résulte que la fécondation par un
pollen étranger constitue la règle plutôt que l'exception, car l’im-
prégnation de l’ovaire ne peut s’opérer que quand cet organe est
à point et en état de réceptivité.
382 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
79 Plasticité du ray-grass
Dans toutes les exploitations agricoles du nord-est de l'Écosse,
une bonne moitié est occupée par le ray-grass vivace (Lolium
perenne), qu’on fauche ou fait pâturer; c’est la graminée fourra-
gère la plus appréciée et la plus employée en Écosse. Toutefois,
tous les cultivateurs se plaignent de ce qu’il périt au bout de deux
ou trois ans, en laissant à sa place « de mauvaises herbes » d’un
vilain aspect, et qui sont moins nourrissantes.
Après des essais prolongés et des observations portant sur un
grand nombre de cas, nous avons constaté que le ray-grass, en
réalité, ne périt pas plus facilement que les autres graminées des
prairies; seulement, comme il se développe très rapidement, en
formant une touffe volumineuse de racines et en épuisant très vite
les aliments que lui offre le sol, il arrive une phase où celui-ci ne
lui fournit plus ce dont il a besoin; et alors la plante dégénèére, et
se modifie à tel point que les agriculteurs, et parfois même les
botanistes, ne reconnaissent plus en elle le ray-grass. Le feuillage
large est remplacé par des feuilles très longues et étroites, tortil-
lées et offrant l'aspect de fils de fer minces. La hampe florale
garnie de fleurs sessiles devient une panicule ramifiée. Néanmoins,
en examinant la plante attentivement, on reconnaît qu’elle a
gardé les caractères essentiels du ray-grass; on constate aussi que,
quand on lui donne la nourriture dont elle a besoin, elle revient
au type primitif, tout au moins en ce qui concerne le feuillage,
car la forme normale de linflorescence ne reparait pas aussi
promptement. Des cultures expérimentales étendues ont été
faites dans le nord de l'Écosse et le sud de l’Angleterre avec di-
verses graminées fourragères; partout, on a constaté que le ray-
grass seul produisait par dégénérescence des formes aussi dis-
ünctes du type.
Nous avons eu récemment une occasion exceptionnellement
favorable de vérifier cette variabilité de forme. On a semé des
graines deray-grass dans une fente de tronc d’arbre; elles y avaient
évidemment très peu d'aliments à leur disposition, mais elles
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 333
pouvaient du moins pousser là sans rencontrer la concurrence des
racines ou des graines d’autres plantes. La première année, elles
produisirent des feuilles de ray-grass ordinaire, et la deuxième
année, des feuilles et des fleurs conformes au type; la troisième
année, il en fut de même, mais les plantes restèrent très petites
et peu développées; enfin, la quatrième année, ainsi que la cin-
quième, les feuilles s’allongèrent et prirent l’allure de fils de fer,
comme nous l’avons mentionné plus haut, et l’inflorescence se
transforma en panicule, tout à fait différente de celle du ray-
grass ordinaire. Il ne peut y avoir le moindre doute sur l'iden-
tité de ces plantes avec le ray-grass du début; et ce n’est là
qu’une répétition de beaucoup d’expériences analogues faites
précédemment.
Nous cherchons maintenant, en donnant à ces plantes une nutri-
tion abondante, à les ramener au type primitif, comme on y est
souvent parvenu dans des expériences de grande culture, et comme
on le voit fréquemment dans les champs, à des places où ont été
déposés des excréments d’animaux.
L'intérêt pratique de ces recherches consiste en ceci, que le
cultivateur pourra conserver son ray-grass conforme au type
qu’il recherche, lorsqu'il comprendra que ce n’est pas la vieillesse
qui fait dégénérer ses plantes, mais simplement le manque de
nutrition.
D'autre part, cette transformation si prononcée mérite d’être
signalée comme un cas instructif dans l’étude de l’évolution des
espèces, car nous nous trouvons là en présence d’une forme modi-'
fiée qui, en général, serait considérée comme constituant une
variété distincte, et qui, en réalité, ne paraît être qu'un retour
de la plante cultivée au type sauvage primitif. C’est, en somme,
un exemple de la faculté que possèdent les êtres vivants de se
transformer suivant les circonstances sans que leurs caractères
spécifiques fondamentaux soient altérés ; et c’est la preuve qu’une
espèce peut se transformer spontanément, soit graduellement,
soit brusquement, en une autre espèce.
394 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
89 Diminution du nombre des éléments minéraux
indispensables aux plantes
Cette diminution résulte de lélimination du chlore et du
soufre. L’association de recherches d’Aberdeen n’a pas fait d’expé-
riences spéciales sur l'influence du chlore; mais elle a constaté
que dans des cultures expérimentales faites dans l’eau, avec de
l’eau distillée et des engrais minéraux dans la composition des-
quels le chlore était exclu, la végétation n’a jamais paru se res-
sentir de l'absence de chlore. On peut en conclure que si le chlore
est nécessaire aux plantes, ce ne peut être qu’en traces infinitési-
males, et l’on est amené à douter sérieusement qu'il leur soit
nécessaire; quant à savoir s’il est indispensable à la formation
de la chlorophylle, cela ne paraît guère reposer que sur une hypo-
thèse.
En ce qui concerne le soufre, nous possédons des données
plus positives. En effet, dans une série d'expériences plus ou
moins concluantes, nous avons notamment cultivé une plante
de navet dans du sable qui ne contenait pas trace de soufre et
qui n’en a pas reçu; la racine a pris un développement normal,
et, en l’analysant, on n’y a pas trouvé trace de soufre. Or, le navet
est une plante qui paraitrait a priori avoir besoin de soufre plus
que beaucoup d’autres; cependant, l'absence de cet élément ne
parait pas avoir exercé la moindre influence sur sa végétation,
elle n’a pas empêché la plante de pousser vigoureusement et
d’acquérir son développement normal.
On pourra objecter, il est vrai, que l’albumine contient tou-
jours du soufre ; mais à cela nous répondrons qu’il est bien difficile,
comme on le sait, d'obtenir de l’albumine absolument pure; on
peut dire que sa composition n’est pas encore connue d’une façon
certaine, et il est fort possible, étant donnée sa nature glutineuse,
que le soufre n’y constitue qu’une impureté accidentelle. IT fut
un temps où le phosphore, lui aussi, était considéré comme l’un
des éléments de l’albumine, et cependant beaucoup d'auteurs
estiment aujourd’hui qu’il ne s’y rencontre qu’accidentellement ;
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 333
pour le soufre, nous avons des raisons peut-être plus sérieuses
de penser de même.
90 Utilisation directe de l'azote de l'air
par les plantes
La question de savoir comment les plantes se procurent de
l'azote est une de celles qui ont le plus exercé la sagacité des
savants, et elle est de la plus haute importance pour tous ceux
qui étudient la science agricole. L’azote est un élément indispen-
sable, l’un de ceux qui jouent le plus grand rôle et qui tiennent la
plus grande place dans tous les organismes vivants: c’est déjà
une raison que nous avons de penser que la nature doit assurer
aux végétaux, d’une façon ou d’une autre, la quantité nécessaire
de cet élément. Plusieurs savants éminents, tels que Liebig, ont
admis qu’il leur était fourni par l'atmosphère; mais, ayant été
amené à penser (pour des raisons dont le caractère erroné est
aujourd’hui démontré) que les plantes ne l’absorbaient pas sous
la forme d’azote bre, Liebig conclut qu’elles devaient l'emprunter
à l’air sous forme d’ammoniaque; et comme, malheureusement,
il avait fait un calcul exagéré de la quantité d’ammoniaque con-
tenue dans l'air, il en déduisit que cette quantité était suffisante
pour les besoins des plantes. Depuis lors, il a été établi de façon
concluante que la quantité totale d’azote combiné existant dans
l’air, sous diverses formes, ne correspond pas à plus de 51600
par hectare et par an; comme les récoltes en contiennent souvent
dix fois plus, et qu’elles se succèdent sans que la teneur du sol en
azote s’abaisse sensiblement, il est donc évident que ce n’est pas
à l'azote combiné de latmosphère que les plantes ont recours.
Il n’en faut pas moins retenir ce fait que, d’après le jugement
d’un observateur pénétrant comme l’était Liebig, les plantes
devaient puiser l'azote dans l’atmosphère, sous une forme ou une
autre. Il suffit d’ailleurs de considérer les végétaux qui poussent
abandonnés à eux-mêmes sur de vastes étendues, les arbres de
nos forêts vivant sur des sols très pauvres, ou même dans les
crevasses de roches dénudées, pour comprendre que les végétaux
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÈRIE — 1909 — 11 25
386 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
doivent pouvoir utiliser l’azote de l'air. Enfin, on a souvent l’oc-
casion de constater, dansles cultures, que les plantes s’enrichissent
en azote qu’elles ne puisent ni dans le sol ni dans les engrais.
A l’appui de la théorie de l’utilisation de l'azote de Fair par les
plantes, on ne pouvait citer que les expériences du Français
Boussingault, répétées par Lawes en Angleterre; et comme, des
deux côtés, c'était la même méthode, avec ses lacunes aujourd’hui
reconnues, qui était appliquée, on peut considérer qu’il ne s’agit
là que d’une même recherche, reproduite par deux personnes.
Mais, quoique ces expériences aient été faites avec le plus grand
soin, de la façon la plus consciencieuse et la plus habile, les con-
clusions qui en furent déduites doivent être absolument reje-
tées, par la raison que les plantes étudiées étaient cultivées dans
des conditions tout à fait différentes de la nature, et que par suite
elles étaient incomplètement développées, faibles, maladives
chétives, et en général incapables de produire des graines. I n’est
pas possible de prendre de semblables plantes comme exemples
ou comme base de démonstration de ce que feraient des plantes
vigoureuses et bien portantes. Les conditions dans lesquelles les
plantes étaient cultivées étaient tellement différentes de l’état
naturel qu’il était impossible d’obtenir une végétation vigoureuse;
or, il vient d’être démontré par Franck que les plantes doivent
pousser vigoureusement dès le jeune âge pour pouvoir exercer
leur faculté d’absorber l'azote.
Franck en Allemagne, Atwater en Amérique, et en Écosse le
directeur de l'association d’Aberdeen, ont signalé les défauts qui
viciaient ces expériences; pourtant, les conclusions qu’on en avait
déduites étaient si solidement établies dans l’opinion que la
démonstration de leur inexactitude ébranla à peine la confiance
qu’on leur accordait, faute sans doute de trouver une autre solu-
tion acceptable du problème. Et c’est cependant sur ces expé-
riences qu’on a fondé cette doctrine, d’une portée considérable,
d’après laquelle les plantes ne seraient pas aptes à absorber l’azote
de Pair. Nous l’avons tous acceptée : on nous présentait les chif-
fres bien en évidence; les plantes restaient en arrière. Elles n’é-
taient pas cachées, mais elles étaient dans l'arrière-plan, et en
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 387
somme on ne les voyait guère. Maintenant, en présence de nou-
velles obsavations qui mettent leur rôle en pleine lumière et
modifient complètement la situation, nous sommes en peu humi-
liés de la facilité avec laquelle nous avons accepté des idées toutes
faites.
En France, Georges Ville, à peu près en même temps que
Boussingault, avait démontré que les plantes absorbent lazote,
mais ses études avaient été éclipsées par celles de Boussingault,
dont l’influence était plus considérable. En Allemagne, Franck
avait démontré, lui aussi, que certains végétaux, tout au moins
les algues, absorbent l'azote de l’air. En Amérique, Atwater avait
établi que les légumineuses l’absorbent. Les Allemands Hell-
riegel et Willfarth constatèrent aussi que les légumineuses ab-
sorbent de l’azote, et en outre ils formulèrent la théorie d’après
laquelle les nodosités des racines des légumineuses sont remplies
de bactéries qui, d’après eux, absorbent l’azote de l’air, et le trans-
mettent à la plante sur laquelle elles vivent. Il n’y a pas lieu de
retracer 1c1 les longues controverses qui s’élevèrent sur ce sujet,
et qui aboutirent à la formation de deux écoles opposées, ni de
rappeler comment cette dernière doctrine fut alternativement
adoptée, puis rejetée. Qu'il nous suffise de dire que, récemment,
quatre savants allemands, Pfeiffer, Ehrenberg, Remy et Thiele,
dont plusieurs étaient partisans de cette doctrine, mais se ren-
daient compte qu’elle n’était pas fondée sur une démonstration
probante, entreprirent de laborieuses recherches pour arriver à
en faire la preuve, mais échouèrent dans cette tâche. En somme,
il n’existe pas actuellement une démonstration certaine de l’ab-
sorption de l’azote par des bactéries quelconques.
La question en était là, lorsque le directeur de l'Association
d’Aberdeen en entreprit l’étude. Il était convaincu, à la suite de
certaines expériences, que les plantes en général absorbent de
l’azote, et que les résultats négatifs obtenus par Boussingault et
par Lawes pouvaient être négligés. Se rendant compte des diffi-
cultés et des incertitudes que présentent les expériences basées
sur des pesées, 1l s’efforça d’élucider le problème d’abord au point
de vue botanique, espérant obtenir ensuite la confirmation des
388 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
résultats au point de vue chimique. Estimant que l’absorption
devait avoir son siège dans les feuilles, et que c’était sur elles ou
autour d'elles qu’il fallait chercher les organes d’absorption, il
chercha d’abord à déterminer quelles étaient les parties des feuilles
les plus aptes à jouer ce rôle, et la phase de la végétation à laquelle
on devait avoir le plus de chances de pouvoir observer ces organes
(Franck, après une série d’expériences minutieuses, avait déclaré
qu'on découvrirait ces organes tôt ou tard). Il commença ses
recherches par la spargoute des champs (Spergula arvensis),
plante riche en azote, et 1l constata que les nombreux poils glu-
tineux (que l’on classe généralement parmi les poils glanduleux)
sont en réalité des organes qui absorbent l’azote. Mais ces organes
d'absorption ne rentrent pas seulement dans la catégorie de ce
qu’on appelle les poils glanduleux: ils présentent une grande
variété de formes, et ont une structure spécialisée, caractérisée
par un sectionnement qui paraît jouer un rôle dans la distribution
de lalbumine, en laquelle l’azote a été transformé par une subs-
tance vert jaunâtre contenue dans la section supérieure du poil.
Chez tous les végétaux qu’il examina, et parmi lesquels figu-
raient non seulement les plantes généralement cultivées, mais
encore d’autres auxquelles on n’aurait guère pensé, des pins, par
exemple, M. Jamieson observa des organes de ce genre; en général,
il ne constata leur présence que sur les feuilles toutes jeunes, au
moment où elles sortaient du bourgeon, et c’est ce qui explique
que l’existence de ces poils avait passé inaperçue, parce que chez
beaucoup de plantes, telles que les légumineuses, ils ne tardent pas
à disparaitre dans la masse de la feuille. La section extrême de ces
poils (et elle seule) est remplie, au début, d’une substance analo-
logue à la chlorophylle, et même quand elle a atteint son complet
développement, elle ne décèle pas la présence d’albumine sous
l'influence des réactifs habituels; mais, peu à peu, elle se remplit
d’albumine, et finit par en être gorgée. Ensuite, cette albumine
s’évacue et se répand, en suivant les bords libres des sections du
poil, dans le système vasculaire de la plante.
On rencontre des poils absorbants à tous les degrés de dévelop-
pement et de fonctionnement : vides, en voie de se remplir, pleins,
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 389
gorgés, puis vidés, et souvent (chez le peuplier et le sycomore
notamment), ils sont disposés en groupes, dans lesquels on peut
observer tous ces états côte à côte, selon l’âge des organes en
question. Ils occupent sur les différentes plantes des places diffé-
rentes; ainsi, chez le Stellaria media (mouron), on les trouve sur
le pétiole des feuilles toutes jeunes; chez l’orme, ils se trouvent
sur les écailles des bourgeons ; mais, en général, ils sont plutôt dis-
posés sur les bords des jeunes feuilles, parfois aussi sur leur face
postérieure, et, çà et là, sur la face antérieure. Leur abondance
varie d’une plante à l’autre; ainsi, chez les légumineuses, ils cou-
vrent la surface des jeunes feuilles d’une sorte de forêt (1ls dispa-
raissent dans la substance de la feuille un peu plus tard), tandis
que chez les céréales et les graminées fourragères ils n’existent
qu’à l’état rudimentaire et en nombre restreint. Cette constata-
tion confirme ce qu’on observe dans la pratique, à savoir que les
plantes qui sont abondamment pourvues de poils absorbants,
comme les légumineuses et les navets, demandent peu ou pas
d'azote, tandis que les plantes qui sont maigrement pourvues de
ces organes sont précisément celles auxquelles on a besoin de
fournir de l’azote pour obtenir une production abondante. Tou-
tefois, nous avons constaté tout récemment chez les céréales et
les graminées fourragères l'existence d’un mécanisme très parti-
culier et intéressant destiné à leur procurer une certaine quantité
d'azote.
C’est parce qu’on ignorait l’existence d'organes permettant
aux plantes d’absorber l'azote, que la théorie de l'absorption
directe n’a pas été adoptée plus tôt; et c’est ce qui a empêché
qu’on n’attachât l’importance méritée aux travaux d’autres obser-
vateurs qui ont démontré cette absorption. Le fait capital, dans
les travaux de M. Jamieson, qui fournissent une nouvelle solution
du problème, c’est la découverte de l'existence de ces poils absor-
bants, non seulement sur beaucoup de plantes, mais sur toutes
les plantes étudiées.
Contrôle par la pesée. — Nous avions déjà deux éléments de
preuve : 19 celle tirée de l'expérience de la culture et des observa-
390 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
tions faites sur des végétaux poussant à l’état naturel en grandes
masses; 20 la découverte des organes d'absorption; et nous ne
pouvions plus douter de la fixation directe de l'azote par les
plantes. Il nous parut utile alors d'organiser des expériences de
nature à faire ressortir chez les végétaux une augmentation du
poids d'azote, dans des conditions telles que ce supplément d’azote
ne pût provenir que de l'air. On sait combien ces expériences sont
difficiles à réaliser, étant données la dose relativement faible d’al-
bumine contenue dans les plantes, la faible dose d’azote contenue
dans l’albumine, et d’autre part, la grande quantité d’azote con-
tenue, sous une forme ou une autre, dans les milieux favorables
à la bonne végétation. Nous avons fait des essais de culture dans
l’eau distillée pure, additionnée de sels chimiques purs dans des
conditions rigoureusement contrôlées, et nous avons constaté
un gain en azote, peu important, mais incontestable. Comme
nous ne cultivions qu’un exemplaire de chaque plante, l’accroisse-
ment du poids d’azote était forcément faible, et comme il s’agis-
sait de plantes non aquatiques que nous cultivions dans l’eau,
nous ne pouvions pas espérer de les voir se développer vite, ni
atteindre une forte taille. Mais lorsque nous avons pris, pour ces
cultures dans l’eau, des plantes aquatiques (Æydrocharis morsus-
ranæ et Azolla caroliniana), ces plantes, soumises aux mêmes
conditions, c’est-à-dire complètement privées d’azote en dehors
de celui qu’elles pouvaient emprunter à l’air, ont donné une végé-
tation vigoureuse, et nous avons constaté chez elles un gain ëmpor-
tant en azote.
Cette dernière démonstration, qui n’est gâtée par aucun élé-
ment étranger, est concluante même sans qu'il soit besoin de
recourir à l’analyse : mais l’analyse en confirma nettement les
résultats. En outre, dans une autre série d’expériences, nous avons
cultivé des plantes dans un sol naturel, mais particulièrement
épuisé, et dont la teneur en azote avait été dosée exactement en
plusieurs analyses concordantes; là encore, on constata un gain
d’azote certain, quoique peu important, parce que nous avions
employé une faible quantité de terre pour restreindre l’interven-
tion de facteurs étrangers. Plus tard, nous avons employé la
tO
L'ÉVOLUTION DE LA SCIENCE AGRICOLE 391
même terre en quantité beaucoup plus forte, et, en y cultivant
les plantes dans les conditions les plus naturelles tout en permet-
tant le contrôle nécessaire, nous avons obtenu une végétation
très vigoureuse et un gain important en azote, qui ne pouvait
provenir que de l’air.
On trouvera le compte rendu détaillé de toutes ces observations
et déterminations dans les comptes rendus de l’Association,
années 1905, 1906 et 1907. Il en a été fait mention dans le monde
entier, tout le monde a pu les vérifier depuis trois ans, et pas une
critique n’a été formulée qui en diminue la portée.
Ces observations s’accordent avec l’idée, qui se présente natu-
rellement à l'esprit, que la nature doit mettre à la disposition des
végétaux l’azote dont ils ont besoin; avec celle que nous sug-
gère la vie des plantes à l’état naturel, et avec ce que nous voyons
journellement dans la pratique agricole; elles dissipent les con-
tradictions qui se présentaient constamment quand on voulait
expliquer les faits par l’ancienne théorie; bref, étant données les
preuves sur lesquelles elle est fondée, preuves tirées de la struc-
ture des plantes, de leur vie physiologique et d’analyses chi-
miques, on peut dire que la doctrine de l’utilisation de l’azote
de l’air par les plantes est maintenant bien démontrée.
L'importance de cette découverte réside principalement dans
la notion nouvelle dont elle enrichit la science agricole; mais il
est évident qu’elle a aussi une réelle portée dans la pratique. En
effet, du moment qu’il est établi que les plantes puisent de l'azote
dans l’air, les cultivateurs pourront utiliser de diverses manières
cet avantage. Ils pourront, par exemple, doser plus judicieuse-
ment la quantité d’engrais azotés à donner à diverses plantes:
ils ne jetteront pas au rebut des produits inutilisables pour la
vente ou pour l’alimentation du bétail, mais qui enrichissent
notablement le sol en azote, comme les tiges et les feuilles des
pommes de terre et des navets; ils consacreront plus de place dans
leurs prairies aux trèfles et aux autres plantes qui absorbent .
beaucoup d’azote; en particulier, ils s’attacheront à cultiver,
392 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
dans les intervalles de leurs assolements, une plante absorbant
beaucoup d’azote, et bien appropriée au climat et au sol, puis ils
en enfouiront le feuilles avant de procéder à leurs semis ordinaires
de céréales. Nous avons fait de nombreuses expériences pour véri-
fier les résultats qu’on obtiendrait dans ces conditions, tant en
petites parcelles qu’en grande culture dans les champs; nous avons
constaté que ces procédés donnaient des augmentations de rende-
ment, parfois considérables.
Traduit de l'anglais par O. GRIGNAN.
LES
DÉGAGEMENTS DE CHALEUR
QUI SE PRODUISENT
AU CONTACT DE LA TERRE SÈCHE ET DE L'EAU
PAR
A. MUNTZ et H. GAUDECHON
NEMBRE DE L'INSTITUT INGÉNIEUR AGRONONE
DIRECTEUR DE LA STATION DE RECHERCHES CHEF DES THAVAUX A LA STATION DE RECHERCHES
DU COLLÈGE DE FRANCE DU COLLÈGE DE FRANCE
ET DES LABORATOIRES DE CHIMIE DE L'INSTITUT AGRONONIQUE
Ë On sait que les matières pulvérulentes, amenées à l’état sec,
s’échauffent au contact de l’eau. Ce fait a été étudié par Pouillet,
qui, dans un mémoire étendu, a montré que l'élévation de tem-
pérature est très sensible quand les substances minérales ou orga-
niques, préalablement séchées, sont humectées d’eau. Cet échauf-
fement se produit, alors même que des réactions chimiques pro-
prement dites ne paraissent pas avoir lieu.
C’est donc à une action physique, dans laquelle la composi-
tion de la matière n’est pas modifiée, qu'il semble logique d’at-
tribuer les faits qui se passent entre l’eau et les substances ame-
nées à l’état de finesse auxquelles on l'incorpore.
La matière terreuse est un milieu naturel dans lequel l’eau
intervient sans cesse, qui passe par des alternatives de dessicca-
tion et d’humectation. Résidu de la décomposition des roches,
profondément modifiée par les agents atmosphériques, par la
végétation qui s’y développe, par les actions microbiennes dont
elle est le siège, la terre est constituée par des éléments très divers,
non seulement comme finesse, mais aussi comme composition
394 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
chimique. [1 nous a semblé que l’étude des phénomènes ther-
miques qui se produisent entre la terre et l’eau pouvait offrir
un intérêt au point de vue agronomique et fournir quelques
indications sur la constitution intime de la terre arable et de ses
aptitudes culturales.
Comme nous l’avons dit, le sol est constitué par le mélange
extrêmement complexe d'éléments minéraux à des degrés de
division variant à l'infini et de débris organiques à des états de
décomposition plus ou moins avancés, depuis les débris gros-
siers de végétaux récents, jusqu'aux combinaisons impalpables,
stade ultime, de l’humus avec les bases minérales.
Suivant que tels ou tels de ces éléments prédominent dans les
terres, celles-ci se comportent vis-à-vis de l’eau d’une manière
différente; les unes s’ameublissent à son contact, les autres se
prennent en pâte compacte, ete. L’action de l’eau sur la terre
même indépendamment de son effet direct sur la végétation,
est donc intéressante à étudier comme modificatrice de l’état
physique des sols.
En appliquant à l’étude de la terre les effets thermiques ob-
servés par Pouillet sur les matières pulvérulentes en général,
c’est-à-dire en mesurant l’élévation de température qui se pro-
duit au contact de l’eau et des sols de diverses natures, et sous
des états différents, on pouvait espérer obtenir des renseigne-
ments utiles, soit sur leur constitution physique, soit sur leurs
aptitudes culturales. ;
Le problème, tel que nous le concevions, devait comprendre
des mesures exactes de la chaleur dégagée par l’effet de l’eau sur
des terres de constitutions diverses, déterminées par les procédés
les plus perfectionnés de séparation des éléments, et aussi sur ces
éléments eux-mêmes, isolés les uns des autres par des actions
mécaniques, afin de déterminer auxquels de ces éléments consti-
tutifs des terres il convient d'attribuer les effets thermiques
observés. Nous avons appliqué à ces recherches les méthodes si
précises que M. Berthelot a établies dans ses mémorables tra-
vaux de thermochimie.
À vrai dire, l’échauffement des terres au contact de l’eau n’a-
LES DÉGAGEMENTS DE CHALEUR 395
vait pas passé inaperçu. Déjà Hervé-Mangon montrait dans ses
cours que de la terre sèche, contenue dans un petit sac qu’on
plongeait dans l’eau, faisait monter de quelques degrés le ther-
momètre placé dans son centre. Tout récemment, A. Mitscher-
hich (1) a fait une série de mesures de quantités de chaleur déga-
gée par le contact des terres avec l’eau, en employant le calori-
mètre à glace de Bunsen. Ces mesures l’ont amené à constater
que les terres les plus riches en matières organiques et en argile
dégageaient le plus de chaleur.
Nous avons abordé l’étude de cette question en nous plaçant
à un point de vue nouveau, en opérant non seulement sur des
terres de nature extrêmement variable, mais encore sur les élé-
ments constituants de ces terres, séparés par des procédés méca-
niques, en vue de rechercher la part attribuable à chacun de ces
éléments dans les phénomènes thermiques qui pouvaient être
observés sur les terres en nature.
C'est surtout au point de vue agrologique que nous nous
sommes placés, laissant intentionnellement de côté les phéno-
mènes d'ordre plus abstrait qui sont du domaine de la physique
moléculaire et qui demanderaient une étude plus spéciale. Cepen-
dant, nous croyons devoir signaler toutes les observations recueil-
les au cours de ce travail, même celles qui sont en dehors du but
déterminé que nous poursuivons.
Nous avons dit combien la nature des terres est variable et
complexe. Tous ceux qui se sont occupés de leur constitution,
savent que, si l’on a pu séparer des matériaux qu’on classe en
catégories, aucune de ces catégories ne peut représenter des lots
homogènes, surtout au point de vue physique, les dimensions
des particules terreuses qui composent chacun de ces lots variant
dans d’énormes proportions. Cependant, la division des terres en
gros sables, en sables plus ou moins fins, en argiles et en matières
humiques, répond à une conception assez nette, puisque cette
division est toujours possible, suivant des méthodes conven-
tionnelles; mais, il ne faut pas perdre de vue qu'on pourrait
(1) À. MirscuerLicx, Landw, Jahrbuch, Bd XXX, Heîft 3, 5361.
396 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
pousser ces divisions à l'infini, chacun des lots pouvant être sub-
divisé en autant de lots qu'on voudra, comprenant chacun des
particules de dimensions semblables.
Ces séparations étant faites dans la mesure du possible, nous
avons essayé d'établir le rapport qui existe entre le degré de
finesse des éléments ou encore entre leur porosité, et les quan-
tités de chaleur dégagées.
Il rentrait également dans notre programme de chercher à
saisir les rapports pouvant exister entre la constitution chimi-
que des éléments terreux et l'intensité des effets thermiques,
pour voir ce qui, dans un phénomène probablement complexe,
pouvait revenir à des effets d’affinité capillaire, expression autre-
fois employée volontiers par Chevreul, ou à des effets d’ordre plu-
tôt chimique, tel que des phénomènes d’hydratation, répondant
à des combinaisons plus ou moins stables, variant avec les con-
ditions extérieures. |
Il était utile aus$i de voir s’il y a une relation entre les quan-
tités de chaleur dégagées par les terres ou par leurs éléments
constitutifs isolés et l’aptitude qu’elles ont à fixer l’eau de l’at-
mosphère ambiante ou à retenir celles qu’elles contiennent, lorsque
l'équilibre s’est établi entre les deux milieux en présence. Enfin,
nous avons déterminé les quantités de chaleur dégagées suivant
le degré de siccité de la terre, ainsi que la limite d’hydratation de
celle-ci, à partir de laquelle les phénomènes thermiques ne se
produisent plus.
De ces nombreuses déterminations, nous dégagerons un cer-
tain nombre de faits se rattachant aux rapports entre le sol et
l’eau, pour chercher dans quelles mesures, ils peuvent intéresser
la pratique culturale.
MÉTHODES EXPÉRIMENTALES EMPLOYÉES
Nous devons commencer par décrire les procédés que nous
avons employés dans nos recherches, pour n'avoir pas à y re-
venir. Les terres,-et, en général, tous les produits étudiés ont été
0]
séchés dans une étuve à huile à 1100 jusqu'à poids invariable; ils
LES DÉGAGEMENTS DE CHALEUR 397
ont été pesés en vase clos après refroidissement. On sait, d’après
M. Maquenne, que dans ces conditions, la dessiccation n’est pas
absolue, et qu'il reste dans les substances de petites quantités
d’eau, qui ne peuvent être abandonnées à cette température que
dans un courant d’air sec. Mais, nous nous sommes assurés que
cette dernière précaution n'était pas nécessaire dans nos essais,
ces petites quantités d’eau n'étant pas de nature à influencer
sensiblement les résultats. Pour donner une idée des différences
obtenues, voici celles que nous ont données des argiles, séchées
comparativement à 1109, les unes dans l’étuve à huile, les autres
dans un courant d’air desséché sur l’anhydride phosphorique.
Perte dans Perte dans
l'étuve le courant
d’air sec
Argile de Vanves. . . . . 7,56 % 8,00 0/0
Argiles de Mours. . . . . 9,60 10,10
Mais, d’un autre côté, en laissant les produits terreux compa-
rativement jusqu'à poids invariable, dans l’étuve à 1100 et à
froid vers 159 dans le vide sec sur l’anhydride phosphorique, nous
avons constaté une identité de perte d'eau. Ceci nous a fait
adopter cette dessiccation à l’étuve, d’une si facile réalisation, et
qui nous a semblé moins susceptible de produire des dissocia-
tions. La dessiccation dans le vide sec, qui nous a donné les mêmes
résultats, exige un temps beaucoup plus long. En opérant à
chaud et dans un courant d'air sec, on est plus exposé dans ces
conditions à voir se produire la dissociation des hydrates qui
peuvent exister dans les éléments terreux.
Dans ces expériences, nous avons donc appelé terre sèche, ou
substance sèche, le corps qui ne perd plus de poids appréciable à
la balance par un chauffage à la température invariable de 1100
au bain d'huile. Nous avons cru devoir adopter cette convention,
qui répondait suffisamment au but que nous nous proposions.
Il n’est pas de question plus délicate à traiter que celle de l'eau
contenue dans les divers corps. Les appellations variées d’eau
hygroscopique, d’eau d’hydratation, d’eau de constitution, d’eau
de combinaison n’ont guère de définitions bien précises, surtout
398 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
pour des substances qui ne sont elles-mêmes pas chimiquement
définies; elles n’ont pour but que de distinguer des différences
dans l’affinité des corps pour l’eau.
Les argiles, par exemple, séchées à 1109, contiennent encore
une notable quantité d’eau variant de 8 à 12 ©) de leur poids et
qu'on ne peut éliminer qu’en appliquant une température plus
élevée. On l'appelle souvent eau de constitution, pour la distin-
guer de l’eau libérable à 1109, sans que cette dernière tempéra-
ture puisse être considérée comme établissant une distinction
entre l’eau qui est combinée chimiquement et celle qui ne l’est
pas. On connait, en effet, de nombreux hydrates définis et cristal-
lisés dont l’eau peut être éliminée en tout ou en partie au-dessous
de 1000. Leur mode de décomposition obéit à la io1 des tensions
fixes de dissociation, et ils sont considérés comme formant de
véritables combinaisons avec l’eau. D’autres hydrates, au con-
traire, ne peuvent perdre leur eau qu’à des températures supé-
rieures à 1000. Certains même, comme l’hydrate de chlorure de
magnésium, ne peuvent être séparés de l’eau qu’en se décompo-
sant eux-mêmes.
Le départ d’eau à la température de 1109 ne peut donc indi-
quer si l’eau libérable dans ces conditions était combinée ou non,
c'est-à-dire s'il y avait combinaison du corps avec l’eau, ou sim-
plement un dépôt de surface analogue à celui que l’on constate
même sur les corps polis, en raison de phénomènes d'attraction
moléculaire encore mal connus. Cette distinction est des plus
subtiles et nous avons réservé cette question.
Dans nos recherches, la substance était pesée en vases de verre
soufflé, bouchés à l’émeri et dont l’un servait de tare à l’autre.
Aussitôt la pesée faite, ces vases étaient eux-mêmes conservés
dans le vide sec sous cloche jusqu’à l'emploi de la substance. Ces
préliminaires des opérations calorimétriques nous ont paru de-
voir être décrits en détail. On procédait ensuite à la détermina-
tion de la quantité de chaleur dégagée, au moyen du calorimètre
de M. Berthelot, en suivant scrupuleusement ses prescriptions.
Les températures étaient repérées avec un thermomètre calo-
rimétrique de Baudin, divisé en cinquantièmes de degré. On avait
LES DÉGAGEMENTS DE CHALEUR 399
pris soin, pour éviter la casse du réservoir du thermomètre, de l’en-
tourer d’une mince feuille de platine, précaution indispensable,
car les particules terreuses rayent le verre dans les mouvements
d’agitation et provoquent en effet la casse du réservoir, s’il n’est
pas garanti. Les quantités de substances employées pour les
déterminations calorimétriques variaient de 10 à 30 grammes: le
calorimètre en platine jaugeant 300 centimètres cubes contenait,
en général, 250 centimètres cubes d’eau. Les opérations ont été
faites dans un local où la température, d’un jour à l’autre, n’os-
cillait guère de plus de 20. Les terres et l’eau y séjournaient au
moins vingt-quatre heures avant chaque détermination, afin
d'obtenir une température aussi uniforme que possible. On a
admis, ce qui est vrai d’une manière presque absolue, qu'aucun
des corps formant la terre n’entrait en solution pendant l’opéra-
tion. Toutes les mesures calorimétriques ont été faites à une tem-
pérature voisine de + 150 C.
Pour le calcul, on a admis que la chaleur spécifique de la terre
et de ses constituants minéraux isolés était égale à 0,2; valeur
voisine de celle trouvée pour les verres et les roches. Il est d’ail-
leurs à noter, qu’en raison de la quantité de substance employée,
la capacité calorifique de la terre n'était au plus que 1 cinquan-
tième de la capacité calorifique totale du système, eau, terre, calo-
rimètre, thermomètre, agitateur, ce qui implique une erreur rela-
tive inférieure à celle résultant de la nature complexe des corps
sur lesquels on opérait. Pour les matières organiques, la chaleur
spécifique admise a été 0,5. Tous les résultats ont été exprimés
en grandes calories et rapportés au kilogramme de substance sèche.
Les mesures doivent être considérées comme approchées à un
cinquantième.
Dans le cas des terres ou des substances minérales, le maximum
d’élévation de température était atteint en 2 à 4 minutes, c’est-
à-dire dans les conditions habituelles des mesures calorimétri-
ques employées en thermochimie. Dans le cas des matières orga-
niques, humus, tourbes, amidon, etc., il fallait un peu plus de
temps pour atteindre ce maximum, ce qui est attribuable en
partie à l’humectation plus lente des produits par l’eau et peut-
400 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
être aussi à l'intervention de phénomènes qui rentrent dans la
catégorie des actions lentes. Dans tous les cas, la correction du
refroidissement était faite suivant la méthode habituelle.
PROCÉDÉS DE PRÉPARATION DES TERRES ET DE SÉPARATION
DES ÉLÉMENTS TERREUX
Tous les échantillons de terre soumis aux essais calorimétri-
ques ont été passés au tamis n° 25, de 1 millimètre de mailles.
Nous les regarderons comme les terres en nature. Pour en établir
la constitution physique et aussi pour en isoler les matériaux
différents qui les composent, on les à soumis à l’analyse physico-
chimique par les procédés de M. Schlæsing et à l'analyse méca-
nique à l’aide de l’appareil à lévigation de M. Kopecky.
ANALYSE PHYSICO-CHIMIQUE
La terre sèche est délayée dans l’eau distillée, on laisse déposer
8 à 10 secondes, on décante le liquide trouble, on continue les lévi-
gations jusqu'à ce que l’eau surnageante soit limpide. Il reste
comme résidu le sable grossier total. En le traitant par l’acide azo-
tique, on en élimine le sable grossier calcaire; Je résidu donne le
sable grossier siliceux.
Les liquides boueux provenant de la lévigation sont additionnés
d'acide azotique qui dissout le calcaire, qu'on dose à part: l'ar-
gile et l’humus se coagulent en entrainant le sable fin siliceux.
On les délaye dans l’eau rendue légèrement ammoniacale et on
laisse digérer deux heures. L’acide humique se dissout dans lam-
moniaque. On complète alors à 1 litre par l’eau distillée et on
agite soigneusement pour mettre l'argile en suspension. Après
un repos de vingt-quatre heures, on siphonne le liquide qui sur--
nage: on remet sur le dépôt un peu d’eau ammoniacale et ensuite
1 litre d’eau distillée, on agite et on décante après un nouveau
repos de vingt-quatre heures. On répète cette lévigation une troi-
sième fois, si la terre est très argileuse. Le résidu déposé au fond
du verre est le sable fin siliceux. Les liquides décantés sont réunis
LES DÉGAGEMENTS DE CHALEUR 40
et additionnés d'acide azotique qui coagule l'argile et l’acide
humique. Le coagulum est recueilli et lavé, puis pesé après dessic-
cation à 1109; il donne la somme de l'argile et de l'humus. Pour
doser l’humus, on détermine le carbone par une combustion, en
admettant que 56 de carbone correspondent à 100 de matière
humique, ce qui est très sensiblement exact. Après destruction
des carbonates par l’acide chlorhydrique, la matière a été brûlée
dans un courant d'oxygène en présence d'oxyde de cuivre.
ANALYSE PAR LÉVIGATION
Nous nous sommes servis de l'appareil de Kopecky qui se com-
Fig. 1.
pose de trois allonges À, B, C (fig. 1) de diamètre respectivement
pour
À de 178mm
B de 56mm
CG de 3onm
On fait passer dans les trois allonges reliées ensenrble un cou-
ANN. SGIENCE AGRON, — 3° SÈRIE — 1909 — 1 26
402 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
rant d’eau suivant la direction des flèches et on règle la vitesse
au moyen d'un tube piézométrique p, de façon que le débit soit de
1.000 centimètres cubes en 202 secondes. La vitesse du courant
ascendant dans chaque allonge est alors :
En A de 0mm2 par seconde
En B de 2nm0 —
En C de 7nm0 —
Si l’on suppose des grains de sable en suspension dans l’eau qui
traverse ces allonges, ils tomberont avec une vitesse propre d’au-
tant plus grande qu'ils seront plus gros et qui sera supérieure,
inférieure ou égale à la vitesse ascendante de l’eau dans l’allonge.
Dans le premier cas, ils se déposeront dans l’allonge, dans l’autre,
ils seront entraînés par le courant d’eau. Si l’on fait passer dans
tout le système de l’eau tenant en suspension des grains de sable
de diamètres différents, il s’en déposera dans chaque allonge des
lots qui auront des diamètres décroissants de C en A. Ces dia-
mètres sont, suivant M. Kopecky :
En C > à Omms
En B de Omm05 à Omm4
En A de Onm(1 à Omm0s5
Enfin, les grains dont le diamètre est inférieur à OmmO1 seront
entrainés hors de l'appareil et recueillis à part.
Voici comment on pratique l’analyse :
On pèse 50 grammes de terre séchée à l’air, passée au tamis de
2 millimètres de mailles. On les place dans une capsule avec en-
viron 400 centimètres cubes d’eau et on fait bouillir pendant une
ou deux heures pour désagréger d’une façon complète le sable et
l'argile. L'appareil étant au préalable rempli d’eau ordinaire, on
débouche lallonge C et on la vide à l’aide d’un siphon. On y
entraine l’eau trouble et toute la terre délayvée et désagrégée avec
le doigt. On fait passer le courant d’eau dans l'appareil en ré-
glant la vitesse de façon que le niveau de l’eau dans le piézomètre
se fixe au trait de repère p. On arrête l'opération quand les liquides
qui passent en r sont devenus limpides, ce qui demande deux à
trois heures.
LES DÉGAGEMENTS DE CHALEUR 403
On recueille dans des capsules les lots déposés dans chaque
allonge et on les pèse après dessiecation. Lesable le plus grossier,
resté en GC, est divisé en quatre lots par tamisage sur les tamis
n°8 25, 60 et 120.
On obtient facilement les catégories suivantes :
Diamètre des grains
retenu sur le tamis n°25 . 2mm à {mm Gravier
: —— no GE 4 a 0e 5 Sable grossier
Il ; s
A — —- n°91420. 0 5 à 0 25- Sable moyen
passé à travers du n° 120. 0 25à0 1 Sable fin
EME BONE TER ea 0 1 à0 05 Limon sableux
Allonge A. .. 0 05à0 01 Limonfin
1 { Limon très fin
dr a 0
Parhes lévigablest #777%5.%8.2: < 0 | Argile
Ce dernier lot contient les éléments les plus fins, dont l'argile.
Celle-ci ayant été dosée directement par le procédé Schlæsing,
on en retranche le poids, on a ainsi par différence le limon très
fin.
QUANTITÉS DE CHALEUR DÉGAGÉE PAR LE CONTACT DE L'EAU
AVEC DIVERSES TERRES
Les modes d’expérimentation étant ainsi décrits, nous don-
nons les résultats obtenus par des déterminations calorimétriques
effectuées sur un grand nombre de terres d’origine et de compo-
sition diverses, en les classant par ordre de grandeur de l'effet
thermique. En regard de ces résultats, se trouvent ceux qui ont
trait à la constitution des terres, déterminés par des moyens de
séparation mécanique des éléments minéraux et pour la matière
organique, par le dosage du carbone.
On peut constater, à première vue, en examinant le tableau
ci-après, qu'en général, la quantité de chaleur dégagée par le
contact de la terre sèche et de l’eau est très variable, souvent
faible, inférieure à 1 calorie; souvent élevée et atteignant jus-
qu'à 6 calories.
Ce sont celles qui contiennent le plus d'argile, et surtout de
matières organiques, qui dégagent le plus de chaleur.
ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
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LES DÉGAGEMENTS DE CHALEUR 405
Pour déterminer à quels éléments de la terre revenait la plus
grande part de l'effet thermique, 1l était nécessaire d'examiner
isolément chacun de ces éléments terreux. A cet effet, on a frac-
tionné par des méthodes physiques un certain nombre de terres
en une série de lots dans lesquels la dimension des éléments allait
en décroissant et on a fait l'examen calorimétrique de chacun de
ces lots préalablement séché. Voici quelques exemples des résul-
tats observés : une terre constituée par de la boulbène, Las Rives
(Ariège), dégageant 1% 414, a été divisée en quatre lots.
Teneur pour cent Calories
de par
terre kilo
Sable grossiers 10m 4, M7. 14,3 0,0
Sable fin Omm05 à OmMmmA4. . . . .. 46,52 0,26
Limon sableux Om 04 à Omm05 , , 44,89 0,64
Limon argileux < 0mm04 . . . .. 27,29 3,1
Nous voyons nettement que les chaleurs dégagées, nulles dans
les éléments grossiers, croissent graduellement avee la finesse
des particules et que c’est surtout dans ces dernières que réside
l'échauffement au contact de l’eau.
En tenant compte de la proportion des divers lots et des quan-
tités de chaleur dégagées individuellement par chacun d’eux, on
peut calculer la quantité de chaleur que doit dégager un kilo-
gramme de l’ensemble de la terre.
On a en effet :
SADIP ERASSIere. ere CR 2119 20 — (210
SAINS rome 1002 C0:20— 0 04
Eimontsableux MEME DO 6 007198
—marmilenx sets. af: 2720 SCEUL = 01,84
ANNEES | RS ONE PEN DRAP 1ca146
La valeur 1°%16, ainsi calculée, coïncide très sensiblement avec
la valeur trouvée pour la terre en nature 1°* 14.
Les phénomènes de cet ordre obéissent donc, dans les limites
de précision indiquées, à la loi de conservation de l’énergie, par
suite au principe thermochimique dit de l’état initial et de l’état
final. De plus, ces résultats constituent un contrôle de la valeur
de la méthode.
406 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Un autre échantillon de boulbène (Montech) a été divisé en
cinq lots de finesse croissante :
Calories par kilo
Terre en MAlULE Re 21 Cle 1,3
Lot 1 (le plus grossier). . . . . 0,36
ODA RER Co SU VE A 0,44
Loti 2x LE PNR UE 0,95
Linie dE SR ARC Ne Te ESS 3,28
Lot 5 (le plus fin). 4,84
Une terre rouge de Madagascar a été divisée en quatre lots de
finesse croissante par lévigation. On a trouvé :
Calories par kilo
Lot 1 (le plus grossier) . . . . 0,73
ITEMS RES PARA ERA 2 3,4
Bots eme Prec LA 4,54
bot Æfleplus Gin) Ave NE 5,1
On constate, d’après ces résultats, que la chaleur dégagée croît
avec l’état de finesse des éléments. Ce sont les lots contenant les
limons argileux qui dégagent le plus de chaleur. Mais si le sens
de la variation entre la quantité de chaleur dégagée et l’état de
division des éléments est le même, le phénomène est loin de pré-
senter une continuité; il y a des variations brusques et d’étendue
différente, suivant les divers lots, pour une même terre et entre les
lots de même ordre pour des terres différentes. On ne saurait s'en
étonner, en raison de la diversité d’origine et de composition des
terres. Ainsi, le lot 2 de la terre de Madagascar dégage autant de
chaleur que les lots 4 et 5 des boulbènes et les lots 2, 3 et 4 de
la même terre de Madagascar sont beaucoup moins différents
entre eux que les lots correspondants des boulbènes.
On peut considérer les terres comme formées, au point de vue
fondamental, d'éléments minéraux de constitution et de finesse
très variables; mais, lorsqu'il s’agit de terres végétales proprement
dites, dans lesquelles la végétation s’est développée, soit sponta-
nément, soit par les pratiques culturales, il vient s’y joindre des
LES DÉGAGEMENTS DE CHALEUR 407
débris organiques qui jouent dans leur constitution et dans leur
état physique un rôle extrêmement important.
Ces débris organiques se trouvent sous des états variables,
suivant la composition même de la terre, les conditions d’hu-
midité où elle s’est trouvée et le temps qui s’est écoulé. C’est
ainsi que nous voyons ces matériaux carbonés à l’état extrême-
ment divisé et profondément décomposés, formant des enduits
de matière humique ou de combinaisons humiques avec les ma-
tières minérales; on les trouve encore à l’état de fragments plus
ou moins grossiers, ayant gardé, dans une certaine mesure, la
forme des débris végétaux d’où ils proviennent; à ces états diffé-
rents, ils contribuent à l’ameublissement du sol et aux réactions
chimiques les plus importantes qui s’y produisent.
Au point de vue qui nous occupe, nous devons examiner quelle
est la part de ces éléments organiques ou organisés dans la chaleur
dégagée par une terre donnée, car, si nous voulons étudier les
rapports entre ces chaleurs et les degrés de finesse des éléments
terreux, nous devons éliminer l’action propre des débris végé-
taux dont la présence peut être considérée comme accidentelle
et pour lesquels il y a lieu de faire une correction pour les envi-
sager à part.
Nous avons dit plus haut que nous dosions ces matières en
déterminant le carbone qu’elles renferment et en admettant
qu'elles ont uniformément une teneur de 56 de carbone °), ce
qui n’est pas rigoureusement exact dans tous les cas, mais se rap-
proche très sensiblement de la vérité. De plus, nous avons admis,
d’après nos propres déterminations, comme on le verra plus loin,
que ces matières organiques sèches dégagent ‘au contact de
l’eau 20*0 par kilogramme. Ceci encore n’est qu’une approxi-
mation, puisque, dans les nombreuses déterminations faites
sur les produits divers constituant les débris humiques des terres,
nous avons trouvé des résultats assez variables, mais gravitant
toujours autour de 20 calories. Ce ne sont donc, là encore, que des
résultats approchés. Mais si nous considérons que la proportion
de ces matières humiques dans la terre est généralement peu
élevée, ne dépassant pas quelques centièmes, sauf le cas des terres
408 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
tourbeuses et du terreau, nous voyons que la correction que nous
avons à faire subir aux terres examinées, par la soustraction des
chiffres exprimant les calories des matériaux organiques qui y
sont mélangés, est en réalité assez faible, et que les erreurs dues
à l'incertitude de leur proportion réelle et des quantités réelles de
chaleur qu'elles dégagent ne sont pas de nature à altérer les résul-
tats afférents aux éléments terreux proprement dits, ni à mo-
difier les conclusions qu'on en pourra tirer.
Dans celles des terres sur lesquelles nous avons opéré, le elas-
sement par degré de finesse et dans lesquelles les proportions
des éléments carbonés étaient notables, nous avons toujours fait
la correction qui était afférente à ces derniers.
Si nous venons d'insister sur la présence des matières carbo-
nées et sur la part qu'elles prennent à l’échauffement de la terre
au contact de l'eau, c'est que la chaleur qu'elles dégagent pour
leur propre compte, est relativement importante, même lorsque
leur proportion est minime, et que, si nous voulons considérer
isolément l'effet thermique des éléments minéraux, nous devons
retrancher celui qüi est afférent à ces matières organiques, éta-
blir en réalité une correction.
Pour donner un exemple de l’action que peut provoquer leur
présence, nous citerons le cas du lot n°3 d’une boulbène à laquelle
restait incorporée une notable quantité de débris végétaux. Par
une agitation mécanique, on a pu diviser ce lot en deux autres,
lun renfermant le minimum de ces débris organiques, l’autre
dans lequel ceux-ci s'étaient concentrés.
Voici les résultats obtenus :
2. s : Calories Calories
M: < Calories : <
fatières alories afférentes afférentes
organiques par à Ja aux
do matière éléments
pour cent kilo
organique minéraux
Lot avec minimum . . . 0,14 0,41 0,03 0,38
— maximum . . . 10 4,45 4,02 0,43
On voit quelle influence peut avoir la présence de la matière
organique.
LES DÉGAGEMENTS DE CHALEUR 409
Appliquons la correction de Feffet thermique afférent à la
matière organique dans les diverses terres examinées,
CALORIES DÉGAGÉES
CS
par par par
NATURE DES TERRES Le la les
PS matière éléments
or- IMI-
brute |ganique | néraux
——
Neuvieq, grès tertiaire (Charente-Inférieure). . . . . . . . . . . 9,9 0,74 0,16
Limon sableux de Sérignac (Lot-et-Garonne). . . . . . . . . . . 1,2 QUE 0,10
Terre siliceuse de Mours (Seine-et-Oise). . . . . . . . . . . . . 1,5 0,25 1,05
Boulbène de Montech (Tarn-et-Garonne). . . . . . . . . . . . . 1,9 0:19 1,11
Eappnableuc durEarn (Moissac) TEA M 02 1,/ 0,43 0:97
Milivionsirecentes de (CauNac "eo nr PEL OMRAÉ TER Zn? DE 1,43
Alluvions anciennes de la Durance (Donnat, près Cavaillon) . . .| 17 0,3/ 1,36
Boulbène de Castelsarrazin (Tarn-et-Garonne). . . . . . . . . . 1,9 0,30 1,6
Aluvions anciennes de Rey (Vaucluse)... 0: 4... . 0 : [m9 0,2 QT)
Lirnon micacé de Fronsac.#s. | : 4 .:. . . - . ART] GED 0,42 1,68
Boulbène de Passage d'Agen (Tarn-et-Garonne) . . . . . . . .. 2,40 | 0,30 2,10
Terre calcaire de Beaumont (Seine-et-Oise) . . . . , . . . . . . 2,90 | 0,60 1,90
PimonargienediOndes Re EU 0e Ne 2,90 | 0,2h 2,25
Alluvions anciennes de Carpentras (Hôpital). . ACL A HIIM2:90 0,29 2,21
FimonarqieucdeMenioles te PR RC 2,60 | 0,33 2,27
Limon argileux de Sérignac. . . . . . . . . . . CRT 2,70 | 0,18 2,92
Alluvions anciennes de Monteux, région des Paluds (Vaucluse). .[ 2,80 | 0,64 2,16
Sableside lPATIEGE PAMIErS Me M - e --e c1ee 2€ 0,47 2,43
Pimonrargileux-deiBruch ue UM RENTRER AN OUEN TETE 3,1 0,19 2,91
Alluvions récentes de Caillac (vallée du Lot). . . , . . . , . .. 3,1 0,30 2,79
Terre sablo-argileuse de Firbeïix (vallée de la Dronne, arrondisse- |
ment de Nontron [Dordogne]). . . . . , . . ME RIPEEIE (OÙ 85 0,83 2,47
Alluvions anciennes près de Carpentras. . . . . . . . ....[| 3,50 | 0,35 3,19
Limon argileux de Grisolles (Tarn-et-Garonne). . . . . . . . . .[ 9,90 | 0,35 3,55
PiponaniienedeMonteen ss + dates à ATX 4,60 | 0,32 4,28
Button Terre anHeUSeAUEONZ: ie D EU 3,3 0,18 3,12
Terre argileuse sous-sol du Lutton. . . . . . . . , . .. DONNEES 0,22 4,58
Limon argilenx de Sérignac (Lot-et-Garonne). . . . . . M horsealet450 0,26 1,67
Limon argileux de Grisolles (Tarn-et-Garonne). . . . . . . EEE 0,26 4,74
Varenne, sable argileux du'Fonez, 1 Me ON Ut 5: 1.1m020 0,5% 4,66
Sous-sol du Varenne précédent. . . . . . . . . .. ea tee) MONO 0,16 6,44
— — _ ES = —
Les résultats de ce tableau montrent que l'effet thermique
attribuable aux matières organiques est loin d’être négligeable
par rapport à l'effet thermique total, puisque, pour certaines
terres, il correspond au quart et même au tiers de cette quantité
totale de chaleur dégagée, et même, dans le cas particulier du grès
410 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
tertiaire de Neuvicq (Charente-Inférieure), la presque totalité de
la chaleur observée est afférente à la matière organique.
Dans les déterminations de chaleur dégagée par les lots de
finesse différente d’une même terre, l'effet attribuable à la matière
organique peut influencer notablement les résultats; en voici un
exemple pris sur une terre de boulbène de Montech, divisée en
cinq lots.
CALORIES AFFÉRENTES
CALORIES MATIÈRE
dégagées organique 313 "aux
r Jour cent PERS 22:
18 01: ESS
Lot n° 1, le plus grossier. . . 0,0 0,0 0,0 »
— 2 — Ste 0,35 0,16 0,03 0,32
— 3 — ANNE 0,41 0,13 0,03 0,38
— — ne 2,48 2,193 0,43 2,05
— 5,le plus fin. 4,90 3,65 0,73 4,17
RECHERCHES CALORIMÉTRIQUES APPLIQUÉES A L'ÉTUDE
DES ÉLÉMENTS ISOLÉS DU SOL
Les données relatives aux terres permettent donc de constater
que les éléments terreux les plus fins, particulièrement l’argile
et les matières organiques à des états de dégradation divers, sont
les seuls facteurs importants du dégagement de chaleur dans la
terre. Car, dans les divers lots examinés, on constate que l’eau
ne dégage pas de chaleur au contact du gravier, des sables gros-
siers, et qu’elle en dégage très peu au contact des sables fins,
même extrêmement fins, à condition que ces divers lots soient
débarrassés des matières organiques et de l’argile.
Il n’est peut-être pas inutile de remarquer qu'aux états divers
de division des éléments terreux correspondent des états physi-
ques’différents et variables. Les éléments les plus gros : les sables,
sont en grande partie à l’état cristallisé, ou très condensé; les
Hmons, plus fins, tout en contenant encore des éléments cristal-
lins, sont principalement formés de substances paraissant amor-
phes; enfin, les argiles et les éléments les plus fins, ultra-micros-
copiques, se rapprochent de plus en plus des matières colloïdales.
LES DÉGAGEMENTS DE CHALEUR 411
En réalité, tous les degrés de division de la matière se présentent
dans les terres, et les ultimes peuvent avoir des propriétés spé-
ciales. Il est donc bon de se rappeler qu’au facteur finesse peut
correspondre un facteur d’état des corps. Enfin, il est évident et
important de noter que la composition chimique, principalement
en ce qui concerne l’hydratation, est variable entre les divers lots.
En présence de ces premières indications, il nous à paru inté-
ressant d'examiner plus particulièrement les corps argileux et les
matières organiques, dont le rôle, au point de vue qui nous occupe,
est prépondérant.
ARGILES
Nous avons examiné trois argiles d’origine différente : 1° un
kaolin ; 20 une argile grise de Vanves; 3° une argile jaune de Mours
(Seine-et-Oise), et, en outre, des argiles extraites de diverses
terres.
Kaolin. — 1 s’agit d’un kaolin de Limoges, préalablement lavé,
qui nous à été fourni par la manufacture de Sèvres, qu'on a
ensuite fractionné à l’appareil de Kopecky et dont on n’a re-
cueilli que la fraction la plus fine formée par le quatrième lot.
C'était done sur les parties les plus ténues du kaolin qu’on opé-
rait.
En présence de l’eau, 1 kilo de ce kaolin, séché à 1109, dégageait
2cal 9, nombre faible, étant donné le degré de fractionnement
du produit. Ce lot de kaolin sec a été calciné au rouge; il à ainsi
perdu 11,9 % de son poids, perte qu’on peut considérer comme due
en presque totalité à de l’eau dite de constitution, c’est-à-dire
liée aux composants du corps avec plus d’affinité. Ce kaolin cal-
ciné, mais encore pulvérulent, traité par l’eau, ne dégage plus
que 115, c’est-à-dire beaucoup moins que ce qu'il donnait
avant; ce phénomène, sur lequel nous reviendrons, va se géné-
raliser. Le kaolin de Limoges est done un corps qui dégage peu de
chaleur avec l’eau, même quand les matériaux les plus grossiers
en ont été éliminés.
412 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Argile de Vanves.— Cette argile, de couleur grise, est très plas-
tique, elle contenait 0,23 % de carbone provenant des matières
organiques. Le lot sur lequel on a opéré a été obtenu, par fraction-
nement à lappareil de Kopecky, fonctionnant avec l’eau de la
Vanne, d’un échantillon original d'argile brute de Vanves; on a
récolté le lot le plus fin de ce fractionnement, déposé lentement
au sein de Peau, sans traitement alcalin ou acide. Séché à 1100,
un kilo a dégagé 6Ca184, valeur notablement plus grande que
pour le kaolin. Calciné, ce lot d'argile a perdu 10,4% de son poids
et, dans cet état, toujours pulvérulent, 1 kilo, en présence d’eau,
a dégagé 1021 8, |
L'effet de la calcination sur le dégagement de chaleur a done
été toujours dans le sens d’une diminution d’effet thermique.
L’argile primitive a été séparée en quatre lots à laide de lap-
pareil Kopecky et on a examiné ces quatre lots secs. On a obtenu
dans l’ordre de finesse croissante :
CALORIES
par kilo
N° 1. 3,7
se : 6.8
= : 7,4
se Je
Le premier lot diffère seul d’une façon notable, parce qu'il a
concentré les éléments les plus grossiers. Les trois autres lots, qui
sont très voisins au point de vue calorimétrique, montrent que le
produit primitif a une assez grande homogénéité.
Argile de Mours. — De couleur jaune-brun clair, a été extraite
de la terre argileuse de Mours (Seine-et-Oise). On a examiné
d’abord la terre argileuse brute non soumise au fractionnement,
1 kilo dégageait 11al 2.
Puis on a examiné la fraction de cette terre préparée suivant
la méthode Schlæsing. Un premier lot,contenant0,17 % de carbone
provenant des matières organiques, a donné 1541 par kilo.
Un autre lot a donné 15412: quantité de chaleur beaucoup
plus grande que celle obtenue avec les autres argiles. Cette
LES DÉGAGEMENTS DE CHALEUR 413
quantité de chaleur devient même comparable à celle mise en jeu
dans les phénomènes d’hydradation, c’est-à-dire dans lesquelles
l'énergie interne des systèmes varie.
On a aussi caleiné ce lot d'argile qui a ainsi perdu 8,9%; le
produit calciné pulvérulent ne dégageait plus que {11 par
kilo.
On voit, d’après ces résultats, qu’au point de vue de leur effet
thermique, au contact de Peau, même lorsqu'elles sont débar-
rassées des éléments plus grossiers qu’elles contiennent originai-
rement, et amenées par lévigation à un degré de finesse compa-
rable, les argiles sont des corps pour lesquels la quantité de cha-
leur dégagée varie notablement avec origine. I n’y à pas lieu
de s'étonner de ces différences pour des substances aussi com-
plexes.
La chaleur rouge, qui élimine Peau de constitution, amène ces
diverses argiles, au point de vue qui nous occupe, à un état sensi-
blement identique; elles perdent en grande partie leur aptitude
à dégager de la chaleur au contact de Peau.
Il y a lieu de s’arrêter quelques instants sur ce fait, car on pou-
vait penser, a priori, que ces argiles, qui, séchées à 1109, retenatent
de l’eau considérée d’après cela comme combinée, auraient dû,
une fois calcinées et remises en contact de l’eau, dégager une quan-
tité de chaleur supérieære à celle observée lorsque, simplement
séchées à 1109, on les immerge dans Peau. L’excédent de chaleur
étant attribuable à la fixation de l’eau éliminée par la caleimation.
Or, l'expérience montre qu’il n’en est rien. Le retrait ou laconden-
sation qu’elles subissent, sous l’action de la chaleur, enlève aux
argiles la plus grande partie de leur action sur l’eau, quoique ce-
pendant elles conservent un grand état de division, restant impal-
pables au toucher. Ce phénomène n’est pas sans analogie avec
ceux qu’on observe dans certaines actions chimiques proprement
dites. On sait, par exemple, que la chaux calcinée à des tempéra-
tures très élevées devient presque inapte à s’hydrater ou à fixer
acide carbonique; on sait également que loxyde de fer, forte-
ment chauffé et fondu, devient presque inattaquable parles acides,
les phénomènes de condensation moléculaire produits-sous lin-
414 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
fluence de la chaleur, sont suffisamment connus; sans prétendre
que, pour les argiles, le phénomène soit le même, il était bon de
rappeler cette analogie. |
Dans l'impossibilité de connaître la dimension des particules,
il nous à paru intéressant de comparer ces argiles séparées des
éléments grossiers, au point de vue de leur aptitude à rester en
suspension dans l’eau. Les argiles à comparer avaient été préala-
blement lavées à l’eau légèrement acidulée par l'acide chlorhy-
drique, puis par l’eau pure. L'eau distillée, dans laquelle on les
mettait ensuite en suspension, était additionnée d’une petite
quantité d’ammoniaque. 10 grammes de chacune des argiles ont
été agités lortement dans un volume de 2 litres d’eau distillée, on
les à abandonnées quatre Jours au repos; après ce temps, les
2 litres ont été décantés et le dépôt formé a été remis en suspen-
sion dans 2 litres d’eau distillée et on les a abandonnés à nou-
veau quatre Jours au repos; on à ainsi continué quatre frac-
tionnements à quatre Jours d'intervalle et on a déterminé la
quantité de substance restée en suspension après chaque période.
Voici les résultats :
QUANTITÉ POUR CENT
du corps resté en suspension après le
1er frac- 2e frac- 3e frac- 4° frac-
honnement tionnement tionnement tionnement
LENS: TRE RE 10,0 3,0 1,8 4,2
Argile de Vanves . . . . 74,6 7,6 1,6 0,5
Argile de Mours. . . . . 45,9 20,5 8,2 3,7
Si l’on admettait, ce qui n’est nullement évident a priort, que
ce sont les éléments les plus fins qui restent le plus longtemps en
suspension, il en résulterait que ce serait l'argile de Vanves qui,
des trois, contiendrait le plus d'éléments fins; viendrait ensuite l’ar-
gile de Mours, puis le kaolin. Il est d’ailleurs à remarquer combien
est différente la proportion relative de chaque lot; il semblerait
que l’état d'équilibre des liquides, contenant en suspension des
particules, correspond à des concentrations variables de ces par-
ticules pour une argile donnée; sans insister autrement sur cet
ordre de phénomènes qui, pour l'instant, ne peuvent s'expliquer
LES DÉGAGEMENTS DE CHALEUR 419
d’une façon nette, il est bon de remarquer qu’il serait imprudent
de conelure que plus les éléments ont une tendance à rester en
suspension, ce qui pourrait impliquer l’idée d’une plus grande
finesse, plus la quantité de chaleur dégagée par unité de masse
est grande. |
Il semble que, par ce qui a été rapporté jusqu'ici, on puisse
simplement inférer que c’est surtout dans les éléments si fins
qu'ils ne sont pas figurés, qu’il faut chercher la cause du dégage-
ment de chaleur, sans qu’il soit démontré que c’est la petitesse
des élénrents qui est la condition essentielle et suffisante de l'effet
thermique observé.
Ce qui permet ces hésitations dans l'explication des causes
premières des effets thermiques, c’est le fait que l’argile de
Vanves, qui dégage le moins de chaleur, reste en suspension dans
l’eau bien plus que l’argile de Mours qui dégage le plus de chaleur.
Cette aptitude à rester en suspension depend probablement
d’autres conditions encore que l’état de finesse des éléments.
Sans vouloir en donner l'explication, nous avons cru devoir signa-
ler ces faits anormaux.
MATIÈRES ORGANIQUES
En examinant au même point de vue les matières organiques
qui existent dans des états de décomposition plus ou moins avan-
cés dans les sols, nous voyons qu’elles sont susceptibles, une fois
sèches, de dégager aussi une quantité notable de chaleur au
contact de l’eau, comme Pouillet l'avait déjà vu pour les sub-
stances organiques en général.
On a séparé mécaniquement d’une boulbène les débris végé-
taux encore figurés qu’elle contenait. Séchées à 1100, ces sub-
stances étaient encore mélangées de 61,4% de matières terreuses
grossières; elles ont dégagé 7419 par kilo, ce qui conduit à
2015 pour ces lambeaux organiques supposés exempts de
terre. Cette valeur est notablement plus élevée que pour les
argiles.
416 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
De l'acide humique a été extrait du terreau par les procédés
usuels; séché à 1109, il contenait 6,8 % de matières minérales.
4 kilo a dégagé 214410, soit 22419, déduction faite des cendres.
De l’humate de chaux, préparé également à partir du terreau,
donnant à la caleination 44,1 % de matières minérales et qui con-
tenait 26,9 % de chaux, séché à 1109, a donné 26€a19 par kilo.
Ceci montre que les constituants organiques des sols sont capa-
bles de dégager avec Peau les quantités de chaleur les plus no-
tables.
Nous avons examiné également plusieurs échantillons de
tourbe des tourbières de l'Oise et de la Somme, représentant,
comme on le sait, un produit de décomposition des matières
végétales :
Calories par kilo
N° 1. — Tourbe tamisée (tamis 60) . . . » 25,1
N° 2. — — contenant matiè-
res mitréralés, "+? Mr LONG OR OA NET, SU 2,1)
N° 3. — ‘l'ourbe tamisée contenant matiè-
res minérales: ae. 0 0 0 26 Son SPA)
Terre de bruyère contenant matières mi-
nérales 1. + 22 0e ON MS 6 0 AE Soi TI ME
(*) Matières terreuses déduites.
Il résulte donc de ces chiffres que les matières organiques que
l’on trouve dans les sols dégagent une quantité notable de cha-
leur au contact de l’eau, quantité qu’on peut considérer comme
atteignant et dépassant la valeur de 20410 par kilo.
Les tourbes contenant une petite quantité d'hydrocarbures, on
à pensé que ceux-ci pouvaient s'opposer à l’imbibition de l’eau
et diminuer la chaleur dégagée. Pour éliminer ces hydrocarbures,
on à lavé à l’éther de la tourbe pulvérisée jusqu’à élimination de
ces hydrocarbures. Cette tourbe, séchée, a donné 24416. Ceci
montre que les petites quantités d'hydrocarbures qu’elle renfer-
mait n’ont pas empêché la pénétration par l’eau et, par suite, le”
dégagement de chaleur.
Incidemment, il nous à paru intéressant d'examiner aussi un
LES DÉGAGEMENTS DE GHALEUR 417
ensemble de matières organiques d’origines variées, les unes dans
un grand état de division par leur nature même, comme l’amidon,
les autres préalablement réduites en poudre plus ou moins fine.
Il s’agit là de corps complexes, résultant du mélange de composés
plus ou moins définis, mais présentant tous ce caractère d’être
insolubles dans Peau, c’est-à-dire que, dans les effets thermiques
mesurés, 1l n'intervient pas de phénomène de dissolution.
Résultats
Calories par kilo
Charbon” de Sucre. A0, ORNE 2,8
Fécule de pomme de ne: MERE UE UE 23,5
Amidon de blé. rene dun 1e 22,9 é
Papier à filtrer (cellulose). . . . . . . 11,0
Sciure de bois grosse (lavée). . . . . . 47,7
Soures de bois fine sn D, 67. 18,7
SURQULESTECODPE LLOE Se nn 17,6
Feuilles de châtaignier re AL 16,0
Albumine d'œuf (coagulée) . . . . . . 15,8
Le charbon a été examiné, parce qu’il constitue un corps réputé
comme incapable de contracter de combinaison avec l’eau; l’effet
thermique est d’ailleurs faible. Les corps où la cellulose domine,
et la cellulose elle-même, donnent un dégagement de chaleur
notablement inférieur à celui de l’amidon. L’albumine de l’œuf
sèche donne le même résultat. En fait, de tous ces corps, l’amidon
dégage une quantité de chaleur du même ordre de grandeur que
celle des matières organiques de la terre.
AUTRES CONSTITUANTS DES SOLS : CALCAIRES
Ce qui précède montre clairement que c’est dans les éléments
argileux et organiques que réside principalement la faculté de
dégager de la chaleur au contact de l’eau. Mais il y avait lieu
d'examiner si d’autres constituants des sols, souvent très abon-
dants, tels que le calcaire, ont, à un certain degré, cette propriété.
On a opéré avec le carbonate de chaux précipité chimiquement,
ANN. SGIENGE AGRON. — 3° SERIE — 1909 — 1 27
418 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
et sur le blanc de Meudon, et, en outre, avec le carbonate de ma-
gnésie précipité. Les corps à l’état de grande finesse ont donné
après tamisage au tamis 60 :
Calories par kilo
Carbonate de chaux précipité. . . . . 0,
Blanc. dé Meudon LE ce RE 0,9
Carbonate de magnésie précipité . . . 3,9
Ces résultats montrent que cette catégorie d'éléments terreux
n'intervient que très faiblement dans le dégagement de chaleur.
Les oxydes de fer et d’alumine, obtenus en précipitant les chlo-
rures par l’'ammoniaque, ont donné :
Calories par kilo
Oxyde de fer 7 IN MERE 2,0
5. d'AQMNe CR ARMES 3,7
Ce sont là des corps susceptibles, comme on le sait, de changer
d’état, et sur lesquels nous n’insisterons pas.
Arrivés à ce point du travail, nous avons voulu essayer d’ap-
profondir quelque peu l’origine du dégagement de chaleur ob-
servé, qu’on attribue en général à un effet physique, sans préciser
d’ailleurs le phénomène qui provoque le dégagement de chaleur.
C’est aux éléments les plus fins qu’appartient la faculté de
s’échauffer au contact de l’eau; cela ne doit pas surprendre et les
faits observés ne font que confirmer ce qui pouvait se prévoir
a priori.
Mais il y avait lieu de définir, dans la mesure du possible, le
degré de finesse.
Tout d’abord, éliminons de cette discussion les matériaux
organiques de la terre; nous avons reconnu que ces débris végé-
taux, soit qu’ils fussent à l’état de poudre fine, ou à l’état de frag-
ments plus ou moins grossiers, dégageaient, au contact de l’eau,
des quantités de chaleur assez élevées, très voisines. Il n’y avait
rien là d’inattendu : en effet, ces substances sont parfaitement
poreuses, et, quel que soit leur état de division, l’eau les pénètre
LES DÉGAGEMENTS DE CHALEUR 419
de la même manière. Ne nous occupons ici que des particules
minérales de la terre, constituées par des débris rocheux, qui, le
plus généralement, n’ont pas de porosité et offrent des surfaces
lisses et continues.
Pour nous rendre compte, comparativement, de l’état de finesse
des éléments terreux, nous avons eu recours à l’examen micros-
copique. Lorsqu'on observe, sous de forts grossissements, une
terre quelconque, on voit d’abord un mélange de fragments
rocheux de dimensions variées, puis des particules très petites,
enfin des amas informes, translucides, presque transparents,
manifestement constitués par des matériaux d’une extrême
finesse. |
Si nous séparons,.par des procédés mécaniques, les éléments
terreux en lots de finesse croissante, le microscope nous montre,
à l’état plus ou moins isolé, des fragments de diverses appa-
rences : d’un côté, les sables plus ou moins fins, se présentant sous
la forme d'éléments rocheux bien caractérisés; puis les limons
extrêmement fins, encore figurés, sous forme de particules très
petites, cependant encore bien visibles. Mais les argiles se mon-
trent nettement constituées par ces amas informes translueides,
qui se devinent plus qu’ils ne se voient, faisant plutôt l'effet de
lambeaux extrèmement minces. On entrevoit là un état de divi-
sion extrême. Si, poussant plus loin cette recherche, nous exami-
nons non l’argile dans son ensemble, mais l’argile colloïdale de
M. Schlæsing, c’est-à-dire celle qui reste en suspension dans l’eau
indéfiniment, au moins pendant des mois et des années, qui donne
à l’eau une certaine opalescence, nous ne voyons plus rien avec
l'observation microscopique directe. Ce qui dénote un état de
division bien plus grand encore.
Pour simplifier, nous pouvons classer dans les terres les maté-
riaux terreux :
19 En fragments rocheux de dimensions variables, consti-
tuant les éléments sableux, dont la forme et le contour sont par-
faitement reconnaissables ;
2° En particules fines, figurées, mais dont la forme ne se voit
plus nettement et qui se présentent plutôt sous l'apparence de
420 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
points plus où moins arrondis : on peut leur appliquer lépithète
d'éléments limoneux :
39 En amas informes, de très faible réfringence, sortes de lam-
beaux presque transparents, qui constituent les argiles propre-
ment dites ;
49 Enfin, en éléments invisibles, mais d’une existence non dou-
teuse, puisqu'ils communiquent un trouble à l’eau dans laquelle
ils sont en suspension, ce sont les argiles colloïdales.
Si, à ces formes ultimes de division des matériaux terreux, nous
appliquons les procédés des recherches ultramicroscopiques, nous
constatons que les amas informes que présente l’argile donnent
un scintillement de points brillants, les uns plus apparents, les
autres très petits, formant de véritables nébuleuses se résolvant
par observation attentive en étoiles innombrables. Ces amas de
matières argileuses, que lobservation microscopique directe ne
permet pas de caractériser, sont done constitués par la réunion
de particules ultramicroscopiques, dont la majeure partie se
présente avec une apparence telle qu’elle semble attemdre la
limite de ce que ce mode d'observation peut permettre.
Quant à l’argile colloïdale qui, à l’examen microscopique
direct, ne donne rien, elle montre aussi, malgré l’état de dilu-
tion que présente le liquide aqueux qui la tient en suspension
(quelques cent-millièmes), les points brillants nombreux, petits,
très petits, mais très nettement visibles, des matériaux les plus
fins qui se puissent voir par les méthodes les plus perfectionnées
actuellement connues.
L'importance que nous attribuons à l’argile nous a portés à en
examiner un certain nombre d'échantillons, de provenances
diverses. Les apparences générales ont été les mêmes avec quel-
ques légères variations d’aspect.
Mais le kaolin, provenant de Limoges, employé à la manufac-
ture de Sèvres, qu’on est habitué à regarder comme une argile,
que souvent on cite comme le type des argiles, ne nous est pas
apparu comme étant à un état de division comparable à celui des
argiles proprement dites. En *ffet, il n’en reste ensuspension dans
l’eau que des traces; ainsi dilué, sa grosse masse se présente sous
LES DÉGAGEMENTS DE CHALEUR 491
forme d'éléments figurés parfaitement visibles. A l'observation
ultramicroscopique, il ne montre que peu de points brillants
d'extrême petitesse, mais bien des lamelles plus ou moins larges.
La masse est manifestement constituée par des particules
relativement grossières, La quantité de chaleur qu'il dégage au
contact de l’eau a été trouvée de 2419, c’est-à-dire bien infé-
rieure à celle des argiles proprement dites. Il n’a donc pas les pro-
priétés physiques des argiles, caractérisées par le maintien en
suspension dans l’eau, par le dégagement considérable de chaleur
qu’il produit au contact de l’eau et par l’état ultramicrosco-
pique des matériaux qui le composent.
Pour nous, le kaolin n’est pas une argile comparable à celles qui
existent dans les terres.
Si nous mettons en regard de l’examen microscopique, les ré-
sultats obtenus par l'observation calorimétrique, nous constatons
que les matériaux qui se présentent sous forme de fragments aux
dimensions nettement reconnaissables, avec des formes angu-
leuses visibles, ne donnent, pour ainsi dire, pas d’élévation de
température au contact de l’eau; que les particules fines, encore
figurées, mais trop petites pour que leurs dimensions linéaires
puissent être appréciées nettement, ne s’échauffent que faible-
ment et que c’est aux matériaux ultramicroscopiques que revient
la principale part dans les faits thermiques que présente la terre
sèche, lorsqu'elle est mise au contact de l’eau. Indépendamment
des résidus de la vie végétale, que nous avons exelus de cette dis-
eussion, c’est done à l’argile qu’il faut surtout attribuer le déga-
gement de chaleur, aux particules dont l’état de division est si
grand qu’elles ne peuvent être aperçues par l'œil, avee les grossis-
sements les plus puissants et dont la présence ne peut être décelée
que par lemploi de l’ultramicroscope.
On s’illusionne souvent, par un examen superficiel, sur la
finesse des particules formant une masse de matière. Le toucher,
surtout, induit en erreur. Ainsi, le tale, qui présente une onctuo-
sité si grande que nous sommes portés à le regarder comme cons-
titué d'éléments impalpables, ne dégage au contact de l’eau que
O7, L'examen microscopique explique cette anomalie appa-
422 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
rente. Il se présente, en effet, sous forme d’éléments figurés, de
lamelles minces de dimensions très apparentes. Il ne s’agit donc
pas là de matériaux si fins qu’ils ne peuvent être mis en évidence
que par l’observation ultramicroscopique.
Le sulfate de baryte, surtout lorsqu'il est précipité en solution
très étendue, est regardé comme ayant une grande finesse; on
sait qu'il passe facilement au travers des filtres. Il ne nous a
donné qu’un dégagement de 0t2128. Là encore, cette faible
élévation de température s'explique par l'examen microscopique,
qui montre ce sulfate de baryte, qu’on croit constitué par des
particules si fines, comme formé en réalité de cristaux très appa-
rents au microscope et non de particules ultramicroscopiques.
Le kaolin dont nous avons parlé plus haut a donné lieu à des ob-
servations analogues.
Nous pensions d’abord que le petit nombre de calories dégagées
par le tale, le sulfate de baryte et le kaolin infirmait nos pre-
mières déductions; un examen plus approfondi montre qu’au
contraire, elles les confirment nettement.
RELATION ENTRE LA CHALEUR DÉGAGÉE ET L’'APTITUDE
A FIXER L'EAU
Quelle est la relation qui peut exister entre la quantité de cha-
leur dégagée par les corps secs au contact de l’eau et l’aptitude
de ces corps à fixer et à retenir l’eau en proportions variables
suivant leur nature et suivant la quantité d'humidité contenue
dans le milieu ambiant ?
Pour répondre à cette question (1), nous avons examiné quel
effet thermique on observe quand on traite par l’eau des sub-
stances complètement sèches, ou contenant de l’eau en propor-
tions variables, en cherchant à arriver à la limite pour laquelle un
effet thermique ne se produit plus; nous avons également déter-
(1) Voir RopewazDp et Mirscnercicx, Landw. Vers. Stat., 59. Heft V
et VI (1904), S. 433.
LES DÉGAGEMENTS DE CHALEUR 423
miné les variations de la chaleur dégagée suivant la teneur en
eau pour une même substance.
D'une façon générale, on constate que plus un corps contient
d’eau, moins il est apte à fournir un dégagement de chaleur quand
on l’immerge. Nous allons examiner, à ce point de vue, une partie
des terres étudiées jusqu'ici.
Mode opératoire. — Des poids égaux de ces lots ont été placés
sur une large surface, dans une atmosphère humide, à une tem-
pérature peu variable. On déterminait les quantités de chaleur
dégagée, en mesurant en même temps l’augmentation de poids
dû à l'absorption de l’eau, jusqu’au moment où ce poids restait
invariable, c’est-à-dire où l’équilibre s’était établi entre lhumi-
dité de l’atmosphère et celle de la terre, ce qui demandait plu-
sieurs jours. Nous donnons quelques résultats se rapportant à ces
déterminations.
Une terre formée par une boulbène de Montech a été divisée
par lévigation mécanique en cinq lots de finesse croissante. Voie
ce qu’on a observé :
Eau pour cent Calories par kilo
Lot 1. — Le plus grossier. : , : 1 .1. , 0,0 0,36
— — en équilibre. , 0,36 0,0
Lot 2. — Moins grossier. . . . . . . . . 0,0 0,4%
-— — en équilibre. . . 0,5 0,0
ER RRRER D T T TT EN RTE 0,0 0,95
== — RE M NEO TT 0,48 0,79
— TS 0 MES UE 0,63 0,68
— Lee Fhen'équibres|. #20). 4122 0,0
Lot 4. Pine in te MR NS CEA Tr 0,0 3,28
== ne ON La et LT TENUE 4,16 1253
== A se ne LS me 1,94 AS T2
= A I ES ER ER re ae 2720) 0,49
— — en équilibre. . . . . . . . 3,23 0,27
OST Ne MEATE ler ee Le 0,0 4,84
— — PR es ue CANCER 1,0 3,1
— — en équilibre . . . . . 4,9 0,95
On voit que dans les lots formés d'éléments grossiers, labsorp-
tion d’une très petite quantité d’eau a supprimé tout échaufte-
ment ultérieur. La saturation paraissait atteinte. Dans les lots
494 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
plus fins, nous voyons décroître rapidement l'effet thermique
avec l’augmentation croissante de Peau absorbée, sans cependant
arriver à la limite où la quantité de chaleur devient nulle, Fatmo-
sphère étant humide, mais non saturée, ce qui n’a pas permis non
plus aux lots de terre de se saturer entièrement.
En définissant limite de saturation, la quantité d’eau exprimée
en teneur pour cent nécessaire pour que l'effet thermique soit
presque nul, lorsqu'on met le corps en contact avec l’eau, on cons-
tate que cette limite est très variable, suivant la finesse des lots.
Il est d’ailleurs important de remarquer que les quantités d’eau
auxquelles correspond l'effet thermique le plus faible, sont celles
pour lesquelles le corps s’est mis en équilibre avec l'atmosphère
ambiante, c’est-à-dire la teneur en eau pour cent que possède ce
corps quand on l’a abandonné un temps suffisamment long dans
un air humide, cette limite étant d’ailleurs variable suivant la
température et le degré hygrométrique de l’air. Le temps néces-
saire pour atteindre cette limite diffère suivant la nature des
corps. On sait que, pour certains, elle ne s’atteint qu'après un
mois et même plus. Il est évident que la façon dont le corps est
abandonné à l'air, l'épaisseur, la surface, ete., sont des facteurs
de la vitesse de fixation de l’eau.
L'examen des résultats montre également qu’il n°y a pas pro-
portionnalité rigoureuse entre la quantité de chaleur dégagée et
le degré de siccité. Si l’on porte en abscisse la teneur en eau pour
cent et en ordonnée la quantité de chaleur dégagée par kilo de
substance, on constate que les points obtenus ne sont pas en ligne
droite (fig. 2), mais forment des courbes d’allures variées, géné-
ralement convexes par rapport à l’origine, présentant quelquefois
une branche d’allure asymptotique. Dans la formation d’un corps
défini, la quantité de chaleur dégagée à partir de certains élé-
ments ou groupes est proportionnelle à la quantité de ces élé-
ments ou groupes qui s'unissent entre eux. Si l’on obtient des
courbes, c’est que la quantité de chaleur dégagée varie avec la
masse des réagissants;1ly a un mélange de corps, on ne se trouve
pas en présence d’une réaction unique, mais d’une superposition
d'effets.
euwe/bo/y sed seebPb2D 52/10/89
LES DÉGAGEMENTS DE CHALEUR 495
Quelle que soit l’origine de la chaleur dégagée dans les phéno-
mènes étudiés dans ce travail, on constate, pour les terres, qu'il
(o) 1 £ 3 4
5 = ue Re ue
IR
Boulbène de Montech
Q 1 2 ?
Eau fixée pour cent
vi
Sa
Fig. 2.
n’y a pas proportionnalité entre la quantité d’eau fixée et la quan-
tité de chaleur dégagée, ce qui n’a pas lieu d’étonner, étant
donnée la complexité du milieu.
Examinons, au même point de vue, les diverses argiles : on
trouve :
TABLEAU.
426 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Eau pour cent Calories par kilo
Kaolin de Limoges, eux. 1e1. T8 0,0 2,88
22 ENS CE PRET 1,74 1,45
= LS me à &,26 1,10
— en équilibre . . . 6,88 0,17
Arotle-de Vanves. tt re Ce 0,0 6,84
== TERRE Le ET 2,71 3,34
TE SO A Le NE AR EU L,32 2,44
— en équilibre . . . 1242 0,33
Aroile de Mours "2 PE, MOTS 0,0 192
— Re RTE TC UE 4,42 8,7
= Un ee EN ALT 9,38 4,2
— en équilibre . . . 47,9 0,5
On constate d’une manière frappante, sur ces argiles, que plus
elles dégagent de chaleur au contact de l’eau, plus elles sont aptes
à en fixer dans une atmosphère humide. Mais il n’y a pas
proportionnalité entre ces quantités de chaleur et cette apti-
tude à absorber l’eau, puisque l’argile de Vanves, qui dégage
Gcal 84, peut fixer 12,12 % d’eau, tandis que l’argile de Mours,
qui dégage 150412, ne fixe, une fois saturée, que 18 % d’eau.
Ces faits sont mis en relief dans les courbes de la figure 3.
Il résulte de là que chacun de ces corps complexes a son allure
propre et que, si deux corps dégagent des quantités de chaleur Q
et Q° étant secs, les taux d’eau t et £ qu’ils fixeront dans l’état de .
saturation, seront de même sens, c’est-à-dire que si Q > Q', on
aura 4 > {, mais on n'aura pas de relation de proportionnalité
telle que | = Te
Ajoutons que l’argile de Mours était capable de fixer en deux
heures, sur une épaisseur de 1 millimètre, la moitié de l’eau qui
correspond à sa saturation.
Pour mettre en évidence l’influence du degré de division d’une
substance homogène, sur son aptitude à fixer l’eau, par une sorte
d'action de surface, nous avons pulvérisé du marbre blane et,
par le tamisage, nous l’avons séparé en lots de diverses finesses.
Des poids de 10 grammes de chacun de ces lots, préalablement
séchés à 1100, ont été placés sous une épaisseur d’environ 2 milli-
mètres, sous une cloche contenant de l’eau, c’est-à-dire dans une
atmosphère très humide, sinon saturée, et on a déterminé, au
LES DÉGAGEMENTS DE CHALEUR
427
bout de quelques jours, les quantités d’eau fixées par ces divers
lots. Voici les résultats obtenus :
NUMÉROS
EAU ABSORBÉE POUR CENT DE MARBRE
Eau fixée pour cent
Fig. 3.
des : =
tamis 3 jours 4 jours 5'jours 8 jours
29). 0,48 0,58 ( 0,83
60. 0,58, 0,68 0,65 0,85
LOUE: 0,62 0,74 0,69 1,04
AIDES 4,24. 12% 4,24 4,82
AIO EE 3,20 3,90 3,00 4,03
Température. . sas 250 250 2505 289
Pression atmosphérique. . 760 753 758,3 762,5
0 2 4 6 8 / L, 14 J,
AU A se Re
Rp
15 RE RER PR PE TEA RE PS ERP PE
[A \ #3 Le | | | | | 14
e,/\
S 2 | a le
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EI SS PES NS SO ee 8
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D
S Cp
D
? 7 4
LR
Se
2 FT Le | L
0 |L | | | Lo
0 9 L 6 (] 10 12 l4 16 18
On voit avec quelle netteté croît la quantité d’eau fixée, lorsque
le degré de finesse, c’est-à-dire la surface des particules, aug-
428 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
mente. Iei,il s’agit d’un corps non poreux, homogène, et la seule
différence entre les divers lots est le degré de division.
Replacés à l'air du laboratoire, ces lots se sont graduellement
desséchés, se mettant en équilibre hygrométrique avec cette
atmosphère. Au bout de deux jours, les quantités d’eau qu'ils
avaient retenues étaient les suivantes :
Tamis Eau retenue pour cent
DD Le DA EE TR: ee) 0,11
ODA Me ie PELS 0,11
TOO PR SN RAT ARE ASE 0,15
A0. QU OAV OR ere 0,34
ADRESSE Te 0,92
Ces résultats précisent le rôle de la division des matériaux dans
les faits de fixation de l’eau par ces actions de surface.
Dans les observations qui précèdent, nous avons intentionnel-
lement laissé de côté les matières organiques de la terre, débris
végétaux, plus où moins avancés en décomposition, depuis les
fragments ayant conservé leur forme, jusqu'aux produits ultimes,
d'une division indéfinie, humus, humates. Ces substances, en
effet, doivent être examinées à part, d’un côté en raison de l’élé-
vation considérable de température qui se produit lorsqu'on les
met en contact de l’eau; de l’autre, parce que ce ne sont pas des
actions de surface proprement dites qui se produisent, leur état
de division n’ayant pas d'influence sur l’échauffement, mais des
effets de porosité permettant à l’eau de les pénétrer.
Si nous prenons, d’un côté, les fragments végétaux de la terre,
ayant des millimètres, même des centimètres de longueur; d’un
autre côté, les éléments humiques impalpables, nous constatons
que, préalablement séchés, ils produisent un échauffement sen-
siblement identique quand on les immerge dans l’eau. Si nous
opérons sur la tourbe, constituée par des fragments végétaux de
dimensions relativement grandes, nous obtenons les mêmes
échauffements avec le produit simplement effrité et celui que
nous avons amené par la pulvérisation à un grand degré de
finesse.
LES DÉGAGEMENTS DE CHALEUR 429
Pour montrer d’une autre façon que le degré de division des
matières organiques n’a aucun effet sur la quantité de chaleur
dégagée au contact de l’eau, nous avons opéré comparativement
avec Pamidon de blé et la fécule de pomme de terre, quise pré-
sentent sous forme de grains de grosseurs extrêmement diffé-
rentes. Voici les calories dégagées par kilo de produit sec :
Calories
ANIJOR der DIé: 2 Pie ee DD)
Fécule de pomme de terre . . . . 23,5
D’autres considérations doivent donc intervenir pour ces ma-
tériaux qui diffèrent des particules minérales où l’action de l'eau
semble se borner à la surface.
Comme nous l’avions fait pour les éléments terreux de finesse
différente et pour l’argile, nous avons examiné les rapports qui
existent entre le degré hygroscopique des substances organiques
et la quantité de chaleur qu’elles dégagent au contact de Peau,
mais sans nous occuper ici de la question de finesse, qui n’avait
pas à intervenir.
Divers échantillons de tourbe, ainsi qu'un certain nombre de
matériaux organiques plus ou moins complexes, ont été examinés,
à des degrés de siccité divers, au point de vue de leur échaufte-
ment au contact de l’eau. Voici les résultats constatés :
Re
pour cent Es bin À
ToneDe de OS HORS TS ER ne ed EU 0,0 21 1
— RSR EE EE SPA 11,8 9,9
— (en équilibre à l’air humide). 2451 0,0
_— DOS SEE ire Lie 0,0 26,7
— be un RE Te na Con 3,94 21 ,7
— RER SA PE PRO TERRE RO ARE O7 14,9
— — (en équilibre à l'air humide). 22,3 2,6
Terre de bruyère contenant 36,4 °/, de sable. , . 0,0 12,4
— — — PEN Les k,1 4
— — — PE ee pu 1,6
On retrouve pour ces corps la même allure générale que pour
les éléments terreux minéraux étudiés plus haut, c’est-à-dire une
430 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
plus grande aptitude à fixer l’eau atmosphérique correspondant
à un plus grand effet thermique observé au contact de l’eau
liquide.
Mais en traçant les courbes, on trouve ici une relation de pro-
portionnalité beaucoup plus étroite entre les quantités de chaleur
dégagées et le degré de siccité. En effet, en portant en abscisse la
teneur en eau pour cent, en ordonnée la quantité de chaleur dé-
gagée au contact de l’eau liquide, les différents points obtenus
sont sur une même ligne droite (fig. 4). En outre, on peut remar-
quer que pour les deux échantillons de tourbe examinés, les deux
droites sont à peu près parallèles, c’est-à-dire que le rapport 2
de la chaleur dégagée à la masse d’eau contenue dans la tourbe,
est sensiblement constant pour les deux échantillons. Le phéno-
mène de saturation progressive apparait done comme beaucoup
plus uniforme dans le cas de la tourbe que pour les matériaux ter-
reux examinés, quisont de nature minérale. La tourbe, quoique
complexe dans sa’ constitution chimique, présente une homo-
généité plus grande au point de vue de son action sur l’eau.
Il y a lieu de faire iei une remarque générale. Toutes les quan-
tités de chaleur consignées dans ce mémoire se rapportent à l’ac-
tion de leau liquide sur le corps solide considéré. On ne peut
conclure de là à la quantité de chaleur dégagée par la fixation sur
le même corps de l’eau à l’état de vapeur, c’est-à-dire telle qu’elle
existe dans l’atmosphère; car nous ne savons pas sous quel état
cette vapeur fixée existe dans le corps. Si l’on suppose que cette
vapeur est condensée sous forme liquide, il faut ajouter à la
quantité de chaleur trouvée celle qui correspond à son change-
ment d'état, soit 10417 par 18 grammes d’eau fixée, quantité
qu'il faut encore augmenter de 1al4 par 18 grammes d’eau,
si l’on suppose l’eau fixée dans l’état solide.
Nous avons étendu ce mode d'investigation à une série de
corps organiques plus ou moins complexes; voici les résultats
obtenus :
T'ABLEAU.
431
DÉGAGEMENTS DE CHALEUR
LES
LEE
Eau fixée pour cent
Fig. 4.
à a
ÈS &
Le)
= S
Ni etre Pa Mel %
Q
ÿ
SN
©
—
d
Q
VV
ON
IE CR | ee et Re de eee
Re Ce LR nes & in te
pd. Calories par Kilogramme
432 ANNALES DH LA SCIENCE AGRONOMIQUE
EAU CALORIES
pour cent par kilo
Cellulose : Papier Berzélius en petites lanières . . . . . . . 0,0 11,0
= — _ PR LE. | 8,5
— — _ DAS eu PR ET TE) 4,4
= — — (en équilibre). 11,7 1,9
On retrouve ici l'allure générale des courbes à convexité tour-
née vers les axes (fig. 5).
SOIUTE 0e SADIDDÉONSE ET PTE D EMNALU INA TERRECRE 0,0 17}?
— — PARENT PAU ARR QAR PEER à ASE UE | 6,4 9,3
— — LOU ee RE PET ENT ART EAU 10,5 27
SCIure de bols de Chéne fine UN TP 0,0 18,7
== = SRARNR RE RCE RON Er à 10,6 52
— + — St Tee CA REA EE 16,2 4,9
pon'de blé.ditinecoupette HIER Diet OO ME ne 0,0 17,6
— — A SR A PR ET RE TA né PAR ne A1:;7 3,4
_— — LS TR NRA NET NE D A 1,9
Charbon de SULLES MR MERE ERP NE AE ANNEE 0,0 2,8
— ES CRU PUS TE PEU PA ANEEEr 9,8 1,6
— D ES PAP PAPE DURE D COR PERS LUE: 8,4 1,3
— —1. (en équilibre). 2. 2 La AE COTE 0,6
Pour le charbon, l'allure de la courbe est encere sensiblement
celle d’une droite :
Albumine d'œuf séchée pulvérisée 1 Lt nn 0,0 15,8
== = ÉD ee Ve 10,1 2,4
— — É eh NS 3,3
On voit que ces substances complexes, organisées, c’est-à-dire
formées de cellules végétales ou animales, présentent les mêmes
allures générales quand on les met au contact de l’eau (fig. 5).
On sait d’ailleurs que ces diverses substances ont un pouvoir
hygroscopique peu différent, et qu’au contact de lair elles con-
tiennent normalement des quantités d’eau sensiblement égales.
TABLEAU.
G ‘SA
UOgIEYD TA
2950/77/29 A
QUIWNQJY AJ
JU89 JNOÛ d8x1j nE7
LRO AR RE UN EU Se cb ES 2
uosS -III
UITES 8p 8/N/2S - I]
oU9ÿ2 8p 8/N/2S - ]
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Ve)
=
C4
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1/orres degagees par A0
_
Li
Ü
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — 11
434 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
CAUSES PREMIÈRES DE L’ÉCHAUFFEMENT DES TERRES
ET DE LEURS CONSTITUANTS AU CONTACT DE L'EAU
Après avoir constaté les effets qui se produisent lorsque les
terres, ou les éléments isolés qui les constituent, sont mises en
présence de l’eau, nous avons cru utile de rechercher la nature
des phénomènes observés. Il y a, sans aucun doute, sur les élé-
ments terreux, une condensation d’eau due à des actions de
surface, à une sorte d’affinité capillaire, pour nous servir d’une
expression quelquefois employée. Mais peut-être aussi y a-t-il
des combinaisons plus ou moins instables, susceptibles de se dis-
socier, des formations d’hydrates qui se détruisent sous certaines
influences, en un mot des effets physiques auxquels se superpo-
sent des actions chimiques, donnant, à la cause des faits observés
d’une façon globale, une assez grande complexité.
Nous ne nous dissimulons pas la difficulté de la solution d’un
pareil problème, qui touche aux plus délicates manifestations de
l’attraction moléculaire, comme aux réactions les plus instables
du domaine de la chimie.
Tout d’abord, après avoir mesuré les quantités de chaleur qui
se dégagent lorsqu'on immerge dans l’eau les terres, les éléments
des terres, les substances végétales ou animales, préalablement
amenées à un degré de siccité constant et pour ainsi dire absolu,
nous les avons, comparativement et dans le même état, immergé
dans d’autres liquides, principalement dans ceux que nous ju-
gions le moins aptes à former avec eux des combinaisons. Nous
avons pensé que les faits d'attraction moléculaire devraient alors,
seuls, se manifester et qu’une classe de phénomènes pourrait être
ainsi différenciée de l’ensemble des effets thermiques produits.
Juste ou non, cette conception méritait d’être soumise à l’exa-
men expérimental.
Nous avons ainsi substitué à l’eau, dans les déterminations
calorimétriques, la benzine et le toluène, soigneusement purifiés
et entièrement privés de traces d’eau par une dessiccation soi-
gneuse.
LES DÉGAGEMENTS DE CHALEUR 439
Une terre siliceuse (boulbène) a été divisée par lévigation mé-
canique en lots de divers degrés de finesse, qu’on a séchés à 1100,
et qu’on a immergés comparativement dans l’eau, la benzine, le
toluène.
Voici les résultats obtenus :
CALORIES DÉGAGÉES PAR KILO
DE SUBSTANCE TERREUSE DANS
Veau la benzine le toluène
Lot n° 1 (le plus grossier) . . 0,36 110722 (17
RO is ho mike à 0,44 0,27 0,16
OR. ROUE. ir 0,95 0,46 0,42
Er Rene er PARENTS 3,28 0,76 0,85
— n° 5 (le plus fin). RSS 4,8% 1,28 »
Nous avons donc encore là, avec les hydrocarbures, une aug-
mentation de chaleur croissant avec le degré de finesse des élé-
ments terreux, mais cette quantité de chaleur est bien inférieure
avec les hydrocarbures qu'avec l’eau. Fait digne de remarque, la
différence va en s’accentuant d'autant plus qu’on opère sur des
éléments plus fins; dans ce cas, en effet, la prépondérance de
l'effet thermique dû au contact de l’eau devient quatre fois plus
forte que dans l’hydrocarbure.
Les deux hydrocarbures donnent d’ailleurs des résultats peu
différents, ce qui nous a permis de n’en employer qu’un seul, la
benzine.
Les argiles ont donné les résultats suivants : -
CALORIES DEÉGAGÉES
par kilo d’argile
DENT ARE ETS
dans la
dans l’eau benzine
Aretidibruterde Vanves} Peel L AU a 6,8 2,4
Argile brute de Mours . . . . Len 11,5 2,6
Argile de Mours (extraite par le noce dé Schlæsingl]. 45,2 2,3
aohnde BnopeSie Er rene RAT Le NE 2,9 IE
Kaclim-éalciné aurouge! 51H00 UE CRAN EL. 1,5 0,4
Il existe done,dans les argiles,une différence notable entre l'effet
thermique dans l’eau et dans la benzine, et les rapports de ces
deux effets sont très différents suivant la nature de l’argile, ce
.
436 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
qui fait penser qu’il y à une grande complexité dans la nature des
argiles, ainsi que dans le phénomène thermique lui-même.
Cal. Eau
Ainsi pour le kaolin. — —= 2,l)
À Cal Benzine
Cal. Eau
Pour l'argilerde Vanves 2 un —— — —= 2,8
5 Cal. Benzine :
AA: P Se Cal. Eau RE
Pour l'argile de Mours purifiée. . . . —— — = 6,6
Cal. Benzine
Pour le kaolin en nature et pour le kaolin calciné, les rapports
sont également très différents.
D’autres substances nous ont donné :
CALORIES DÉGAGÉES
par kilo d'argile
A —" ——
dans l’eau dans la benzine
Silice précipitée du silicate . . . 5,9 h,0
AE pe ET ARR RL 0,7 0,1
Enfin, en examinant au même point de vue des matériaux
organiques, plutôt encore organisés, nous obtenons :
CALORIES DÉGAGÉES
par kilo de matière
—————— =
dans l’eau la benzine le toluène
Lourbe de LOISe MESSE 25,1 0.7 1,0
Fécule de pomme de terre. , . 23,9 0,0 »
Amidon-deblé.RPEMRFEURENT 22,9 0,0 »
Ces matières organisées donnent done des différences encore
bien plus accentuées entre Peau et la benzine. Les résultats sont
assez singuliers, car dans l'hypothèse qu’une action purement
physique de contact est la cause du dégagement de chaleur, on
ne conçoit pas comment ces corps ne s’échauffent pas ou presque
pas au contact de la benzine ou du toluène, alors qu’au contact
de l’eau leur échauffement est si grand.
Il semblerait donc que des faits d’ordre chimique, tels que
lhydratation, se produisent et souvent jouent un rôle prépon-
dérant.
LES DÉGAGEMENTS DE CHALEUR 437
S’il ne s'agissait que d'actions capillaires, il semblerait que les
tensions superficielles des liquides dussent intervenir dans une
certaine mesure. Les différences entre celles de Feau et de la ben-
zine ne sont pas assez grandes pour établir entre ces deux liquides,
à ce point de vue, des dissemblances de l’ordre de celles que nous
observons.
Il y a là un sujet d’études qui mérite d’être approfondi. Mais il
est permis de soupçonner des actions d'hydratation, vrais phéno-
mènes chimiques.
Pour pousser encore plus loin nos recherches dans cette voie,
et surtout pour voir si les produits sur lesquels on a opéré sont,
une fois amenés à l’état sec, capables de soustraire l’eau à des
combinaisons d’une certaine stabilité, ce qui eût été une pré-
somption en faveur de l'hypothèse de la formation d’hydrates,
nous avons introduit ceux des corps étudiés les plus avides d’eau,
les argiles, les tourbes, lamidon, préalablement desséchés à 1100
dans une solution hydro-alcoolique, pour voir s'ils étaient capa-
bles de s'emparer de l’eau liée à l’alcool et enrichir par suite ce
dernier.
On sait que l'alcool éthylique dégage au contact de l’eau une
quantité de chaleur notable, accompagnée comme dans les réac-
tions exothermiques d’une contraction. Les constituants étant
dans l’état liquide, cette quantité de chaleur est, pour le système,
C2 H°0 + n H20 + 2c54 à 130, Cette quantité est de l’ordre de
celles qu’on observe dans la formation des hydrates considérés
comme résultant d’une combinaison directe des corps avec Peau.
Il est vrai que cette combinaison de l’eau et de l’alcool peut être
plus ou moins dissociée.
En dehors de toute hypothèse, nous avons mis en contact
d'alcool aqueux, à un titre rigoureusement déterminé par sa den-
sité prise au flacon à la température de la glace fondante, les
corps sur lesquels nous opérions. Au préalable, ces corps avaient
subi un épuisement par l'alcool, pour éliminer les traces de pro-
duits solubles dans ce réactif, qu’ils eussent pu contenir et qui
eussent faussé les résultats de la détermination de dla densité.
Après un contact de trois à quatre jours dans un vase rigoureu-
438 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
sement clos, on faisait la séparation de l'alcool et des matières,
en évitant le contact de l'air et les causes d’évaporation.
Voici les résultats obtenus :
19 418695 d'argile de Mours, dégageant 15411 par kilo au
contact de l’eau, ont été laissés trois jours au contact de 100 cen-
timêtres cubes d'alcool aqueux marquant environ 88° à l’al-
coomètre centésimal.
La densité DY de l’alcool avant le contact était de. . . . 0,8392
après le contact elle était de . . 0,8351
20 40,832 d’une autre argile, dégageant 172218 par kilo au
contact de l’eau, ont été laissés pendant quatre jours en contact
avee 400 centimètres cubes d’alcool au même degré que le pré-
cédent.
0
La densité D - de l’alcool avant le contact était de. . . . 0,8391
après le contact elle était de . . 0,8358
Des essais analogues ont été effectués avec la tourbe.
30 328r 496 d’une tourbe dégageant 260417 par kilo au contact
de l’eau, ont été laissés pendant trois jours en contact avec
100 centimètres cubes du même alcool.
Lo)
La densité D F3 de l’alcoo!l avant le contact était de. . . . 0,8392
après le contact elle était de . . 0,8344
40 3887 005 d’une autre tourbe, dégageant 24 calories par kilo
au contact de l’eau, ont été laissés pendant quatre jours en con-
tact avec 100 centimètres cubes du même alcool.
0
La densité D 5 de l’alcool avant le contact était de. . . . 0,8391
après le contact elle était de. . . 0,8340
Des déterminations analogues ont été faites avec de la fécule
de pommes de terre.
50 408r 086 de fécule, dégageant 24 calories par kilo au contact
LES DÉGAGEMENTS DE CHALEUR 439
de l’eau, ont été laissés pendant trois jours en contact avec
100 centimètres cubes d’alcool.
o
La densité D . de l’alcool avant le contact était de, . . . 0,8392
après le contact elle était de . . 0,8312
6° 42# 064 d’une autre fécule, dégageant 24417 par kilo avec
l’eau, ont été laissés pendant quatre jours en contact avec
100 centimètres cubes d’alcool.
0
La densité D ve de l'alcool avant le contact était de . . . . 0,8391
après le contact elle était de . . 0,8312
Toutes ces déterminations, auxquelles 1l est facile de donner
une très grande précision, concordent pour montrer que les sub-
stances mises en œuvre sont capables d'enlever à l’alcool une
certaine quantité d’eau et de concentrer ainsi l’alecol. Cette apti-
tude est sensiblement plus grande dans les matières organiques
que dans les éléments minéraux; elle peut faire passer l’alcool de
889 centésimaux à 910, ce qui est considérable et montre que ces
matériaux ont pu s’hydrater jusqu’à absorber 6 à 7 % d’eau. Il
se fait donc entre ces diverses substances, dont l’affinité pour l’eau
est démontrée par l’échaufflement au contact de ce liquide, et
l'alcool aqueux avec lequel on les met en contact, un partage de
l’eau qui peut étonner, si l’on considère qu’au degré alcoolique
auquel on a opéré, l’affinité de l'alcool pour l’eau est loin d’être
épuisée, puisqu’une nouvelle addition de ce dernier liquide pro-
voque encore un échauffement considérable de la masse. \
Ces diverses observations nous conduisent à penser, sans nous
en donner toutefois la preuve absolue, que la fixation de l’eau sur
les éléments terreux très fins et sur les matériaux organisés, est
tout au moins, en partie, attribuable à une combinaison chimique
qui se manifeste non seulement par un fort dégagement de cha-
leur, mais aussi par la soustraction de l’eau à des substances aux-
quelles elle semble chimiquement liée.
440 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
I n’est cependant pas impossible que des actions, quelquefois
dénommées affinités capillaires, quelquefois phénomènes d’ab-
sorption, aient une énergie telle qu’elles puissent séparer entre
eux des corps combinés comme l’eau et alcool; mais on conçoit
plus facilement que les effets observés soient attribuables à des
combinaisons chimiques assez énergiques pour séparer celles que
forment l’eau et l'alcool.
CONSÉQUENCES AGROLOGIQUES DE LA DÉTERMINATION
DES CHALEURS DÉGAGÉES PAR LE CONTACT DES TERRES AVEC L'EAU
Notre première pensée, en abordant l'étude de l’action calori-
fique qui se produit quand üne terre se mouille, a été de trouver
dans cette méthode de recherche des moyens d'apprécier les pro-
priétés des terres, leur fertilité, leurs aptitudes culturales; en un
mot de substituer, tout au moins en partie, ce nouveau mode
d'investigation à ceux que nous connaissions déjà, tel que l’ana-
lyse physique, les séparations mécaniques, qui souvent ne don:
nent que des indications bien imparfaites sur la valeur pratique
d’un terrain. *
Nous voyons avec une grande netteté, qu'à un dégagement
élevé de calories, correspond une faculté des terres à absorber et
à retenir l’eau, de même qu'une richesse en éléments argileux ou
humiques. Mais, à priori, il est impossible de dire si c’est à l’un
ou à l’autre de ces deux éléments qu’il faut attribuer l'action
observée.
,Si cette détermination donné une indication globale sur la na-
ture des terres, elle ne permet cependant pas une évaluation de ses
divers constituants et ne saurait remplacer une analyse chimique
où mécanique. La bonne terre végétale donnera généralement,
au contact de l’eau, une élévation de températuré plus grande
que les terres pauvres, mais si nous considérons des terres forte:
ment argileuses, qui sont souvent, au point de vue cultural, d’une
exploitation difficile, nous la voyons dégager plus de calories que
LES DÉGAGEMENTS DE CHALEUR 441
des terres franches, faciles à cultiver, De même, des terres tour-
beuses, qui, à leur état naturel, sont peu utilisables, donneront
une plus forte élévation de température que des terres d’une
valeur agricole plus grande.
Comme moyen d'observation de la valeur des terres, ces re-
cherches calorimétriques ne conduisent done à aucunrésultat. Il
était intéressant de déterminer comment la terre se comporte
au point de vue des chaleurs dégagées, vis-à-vis de l’eau avec
laquelle elle est mise en contact, et, quelle est la part de chacun de
ses constituants dans les effets observés: mais il faut renoncer,
selon nous, à chercher dans ce mode d'investigation une appli-
cation à la mesure des aptitudes culturales des sols.
Cet échauffement des terres au contact de l’eau mérite cepen-
dant de fixer l'attention; les terres, en effet, passent constam-
ment par des alternatives de sécheresse et d’humectation, et il
est probable que les effets thermiques qui en résultent ne sont
pas sans influence sur les phénomènes de végétation.
Déjà nous pouvons voir, par la constatation de faits fré-
quemment observés, surtout dans la culture potagère, que,
lorsqu’après une période de sécheresse une pluie vient à tomber,
le grillage des jeunes plantes se produit souvent. Elles sont comme
échaudées, meurent alors ou tout au moins restent souffreteuses
pendant assez longtemps. Cet effet tient à léchauffement qui se
produit au contact d’un sol relativement sec avec l’eau de pluie.
Nos déterminations montrent que la chaleur dégagée peut alors
ètre assez élevée pour nuire à la végétation.
Établissons d’abord par le calcul quel pourrait être l’'échaufte-
ment d'une planche de terreau ensoleillée, qui s’est desséchée et
dont la température s’est élevée à 40°C, ce qui s’observe fré-
quemment. Qu'il vienne à tomber subitement sur ce terreau, dont
1 kilo dégage 8 calories au contact de l’eau, une pluie de 2 milli-
mètres qui se trouve elle-même à la température de 25° et qui
mouille environ 8 millimètres d'épaisseur de terre. Le calcul mon-
tre que, du fait de la chaleur dégagée par l’humectation, le ter-
reau passe de 40 à 489, chaleur déjà suffisante pour affecter
défavorablement la végétation.
449 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Après ce calcul théorique, voici quelques observations faites
pour établir que ce phénomène a lieu en réalité :
19 Une tourbe pulvérulente, entièrement sèche, dont la tempé-
rature initiale était de 339, a été humectée du quart de son poids
d’eau portée à la même température, est montée jusqu’à 550415,
soit une élévation de 2205:
20 Du terreau de jardinier, séché pendant quelque temps au
soleil et contenant après cette exposition encore 3,5 % d’eau,
ayant une température de 32°, a été humectée avec le cinquième
de son poids d’eau également à 320. La température s’est élevée
à 4595, soit une élévation de 805:
39 Le même terreau échauffé au soleil, contenant 3,5 % d’eau,
étant à 2995, a été humectée avec le tiers de son poids d’eau à la
même température. Le mélange a atteint 370, soit une élévation
de:795.
Lorsque les terres humifères, comme le terreau, ou les terres
tourbeuses, dont la couleur est foncée, sont exposées aux rayons
directs du soleil, comme elles le sont pendant les jours d’été, la
température dans les couches superficielles atteint 489 à 500 et
même sensiblement plus. On sait quelle impression de chaleur
on constate à la main dans de pareils sols. Quand alors une de ces
pluies d’été, chaudes elles-mêmes, se produit, la température
peut monter jusqu’à 600.
Ce ne sont pas seulement les couches superficielles de ces terres
qui s’échauffent ainsi sous l'influence des rayons solaires; la
chaleur se transmet de proche en proche aux couches plus pro-
fondes. Pour le constater, nous avons placé au soleil de la tourbe,
contenue dans une caisse dont une des parois était percée de trous
permettant d'introduire horizontalement, dans les couches de
diverses profondeurs, le réservoir d’un thermomètre.
Voici les résultats obtenus :
TABLEAU.
LES DÉGAGEMENTS DE CHALEUR 443
4° Température de l'air à l'ombre variant de 27° 5 à 28° (commencement
de l’insolation à 8" 30 du matin).
TEMPÉRATURES
constatées
a —
à 10h 15 à 11h10
Profondeur de la couche : 0mM95, , . . 400 5 460 5
— — ADS RE os 3905 430 0
— — AU ES NE A 3700 3900
20 Température de l'air à l'ombre variant de 29° à 30° (commencement
de l’insolation à 10"15 du matin)
TEMPÉRATURE
constatée
— —— —
à 11b 35 à 1h40
Profondeur de la couche : 0M95. . .. 4000 4305
— — : AUS PES 3805 4100
— — 2 NSP REERRERE 3700 3800
On voit que la chaleur absorbée par les particules terreuses de
la surface se propage, en diminuant faiblement d’intensité, jus-
qu'à plusieurs centimètres de profondeur.
Cet échauffement au soleil, la dessiccation qui s’en suit et la
chaleur dégagée du fait de l’humectation de la terre par l’eau
pluviale expliquent pourquoi il peut y avoir dans les potagers, au
moment où une pluie tombe sur un sol ensoleillé, une élévation
de température capable de faire périr les plantes.
LE
CHOIX DES SEMENCES
EN CULTURE FORESTIÈRE (1)
Par Ph. GUINIER
CHARGÉ DE COURS A L'KCOLE NATIONALE DES EAUX ET FORÈÊTS
Quand on réfléchit aux pratiques suivies pour la culture des
essences forestières en vue des boisements artificiels et qu’on les
compare aux méthodes employées dans la culture des plantes
agricoles ou horticoles, on est frappé d’un fait : autant l’agri-
culteur ou l’horticulteur apportent de soin à choisir les semences
qui doivent donner naissance aux végétaux qu'ils utilisent, au-
tant le forestier se désintéresse en général de cette question. L'un
des principaux progrès réalisés en agriculture depuis un siècle a
consisté dans la recherche, ou, pour employer l’expression consa-
crée, la sélection de formes, de races de plantes susceptibles de
donner, dans des conditions déterminées de sol et de climat, les
résultats les plus avantageux : tels sont les blés à grand rendement,
les betteraves sucrières, les cépages adaptés à des sols particuliers.
La sélection joue un rôle plus grand encore en horticulture dans
la création des formes d’arbres fruitiers, de légumes, de plantes
d'ornement. En culture forestière il en est tout autrement : on
se décide à effectuer un boisement avec une essence donnée, on
s'en procure des graines sans se préoccuper de la région dont elles
(1) Cet article est le développement d’une conférence faite à l'assemblée
générale de la Société forestière de Franche-Comté et Belfort, à Nancy, le
19 juillet 1909.
LE CHOIX DKS SEMENCES EN CULTURE FORESTIÈRE 445
proviennent, des arbres sur lesquels elles ont été récoltées, et
est de là que sont issus les jeunes plants que lon installe pour
créer le peuplement nouveau. Il est juste d’observer que, depuis
un certain nombre d’années, on soumet les semences forestières
à des épreuves au point de vue de la pureté et de la faculté ger-
minative; c’est une précaution importante, mais qui à rapport à
la qualité de la graine elle-même et non à celle de Farbre qui en
sortira. On peut dire que le plus souvent on sème des graines
quelconques, donnant naissance à des plants dont les qualités nous
sont inconnues et que l’on plante sans savoir s'ils sont adaptés
aux conditions dans lesquelles ils sont appelés à végéter, ni s'ils
sont susceptibles de donner de bons résultats au point de vue
économique.
Une telle façon de procéder n’est guère logique. Il y a chez les
végétaux utilisés en agriculture des formes convenant spéciale-
ment dans telles ou telles conditions: le même fait doit se pro-
duire pour les végétaux forestiers. Pourquoi ne pas se. proposer
comme but la recherche des variétés ou races d’une essence résis-
tant le mieux, croissant le plus rapidement ou donnant les meil-
leurs produits dans une station donnée? :
Ce qui a pu éloigner les forestiers de Pétude de ce problème,
c’est que les méthodes de sélection appliquées en agriculture et
en horticulture ne sont que difficilement applicables aux arbres
forestiers. Les plantes agricoles ont une durée de vie toujours
limitée; elles fructifient en tous cas assez rapidement pour que
l’on puisse, dans un délai assez court, partant d’un individu ou
d’un groupe d'individus, en recueillir des graines, observer leurs
descendants pendant plusieurs: générations successives, suivre
leurs variations et déterminer finalement les races dignes d’inté-
rêt. Les arbres forestiers ont une croissance trop lente, le temps
qui s'écoule avant qu'ils ne donnent des graines est trop long
pour qu’on puisse faire de semblables études.
La faculté de variation, que l’on utilise, n’en existe pourtant
pas moins chez ces arbres, tout comme chez les autres végétaux.
Cette variabilité se manifeste dans la nature. Dans un massif
tous les arbres ne sont pas identiques : on peut trouver çà et là
446 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
des sujets différant des autres par des particularités plus ou
moins sallantes : ce sont des variations individuelles. Le plus
souvent la variation se manifeste à la fois sur un grand nombre
d'arbres occupant une station, une région déterminée : ce sont
alors des variations stationnelles, d’où résultent des groupements
qui sont des formes stationnelles ou régionales. L’établissement
de ces formes est la conséquence du phénomène bien connu de
adaptation au milieu. Un végétal ne peut se maintenir dans une
station que s’il offre une série de particularités lui permettant
d'utiliser le mieux possible les conditions de cette station. Parmi
tous les individus d’une espèce qui s’y développent, et qui difiè-
rent plus ou moins en vertu de leur faculté de variation, il y aura
disparition de tous ceux qui ne sont pas adaptés et seuls les plus
aptes résisteront et pourront se multiplier.
Si les propriétés spéciales manifestées par un arbre ou par un
ensemble d’arbres sont héréditaires, 11 sera évidemment possible
d'obtenir, en partant de semences récoltées sur ces arbres, des
plants ayant mêmes particularités que les semenciers. Les varia-
tions individuelles peuvent devenir le point de départ d’une série
de descendants offrant une propriété avantageuse ou intéres-
sante. Les variations stationnelles auront une importance plus
considérable encore. Dans les méthodes habituelles de sélection,
l’agriculteur doit éliminer successivement les individus qui ne
répondent pas au but qu’il se propose, pour ne multiplier que les
autres; dans la nature, cette élimination se fait d’elle-même et
le forestier, en présence d’un peuplement spontané d’une essence
dans une station donnée, est assuré que tous les arbres de ce peu-
plement sont adaptés à la station : il y aeu, dansle cours destemps,
sélection naturelle. C’est cette sélection naturelle que lon doit
mettre à profit et on peut arriver ainsi au résultat désiré par une
méthode différente, mais tout aussi sûre. Tel est le principe sur
lequel peut être fondée la sélection en culture forestière et qui doit
présider au choix des semences à employer.
LE CHOIX DES SEMENCES EN CULTURE FORESTIÈRE 447
L'étude des variations chez les essences forestières a été entre-
prise depuis longtemps et l’idée que ces variations, d'ordre di-
vers, sont héréditaires et qu’il est possible de les utiliser en pra-
tique, est déjà ancienne. C’est surtout Louis DE VILMORIN qui
a eu le mérite d'installer, de 1820 à 1840, des expériences com-
paratives de culture de diverses essences issues de graines ré-
coltées dans diverses régions de l'Europe; il a créé ainsi les mas-
sifs que l’on peut encore étudier au domaine des Barres près
Nogent-sur-Vernisson (Loiret) : ses expériences ont porté surtout
sur le Pin sylvestre et le Pin laricio. Les premiers résultats de
ces essais ont été publiés par lui en 1863 (1). Antérieurement,
en 1842, LecLerc-THouix (2) formulait nettement le principe de
l’hérédité des variations stationnelles et l’appuyait d’un exemple
probant tiré de la culture de diverses races de Chêne-liège à
Belle-Isle-en-Mer : des Chènes-lièges originaires des Landes avaient
résisté sous ce climat, tandis que des plants de la même essence,
originaires de Catalogne, avaient été complètement détruits par
les gelées. En 1848, CarL von FiscxBacH (3), en Allemagne,
énonçait une théorie analogue. Ces essais et ces publications n’a-
menèrent guère de résultats pratiques : la question fut complète-
ment délaissée. Les ouvrages consacrés à la sylviculture et au
reboisement, en France comme à l’étranger, ne contiennent au-
cune indication précise et appuyée sur des données expérimen-
tales relative à l’hérédité des propriétés des semenciers et à la
nécessité de choisir les graines en conséquence.
Vers 1887, M. CiesLAR, en Autriche, reprit la question et com-
mença une longue série de recherches qu’il poursuit encore
(1) L. pe VicmoriN, Exposé historique et descriptif de l'École forestière
des Barres (Mémoires d'agriculture, d'économie rurale et domestique, pu-
bliés par la Société impériale et centrale d'agriculture de France, 1862,
p. 297-353).
(2) Leczerc-THouiN, Des races végétales dans leurs rapports avec la na-
turalisation des plantes et des arbres ( Annales forestières, t. 1, 1842, p. 716,
et t. II, 1843, p. 90).
(3) CARL von FiscaBAcH, Ueber die Benützung der bei Waldbäumen
vorkommenden Unterarten zu forstwirthschaftlichen Zwecken (Allgemeine
Forst- und Jagdzeitung, t. XIV, 1848, p. 325-330).
448 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE:
les premiers résultats obtenus furent publiés dans une série d’ar-
ticles, de 1890 à 1899, et suscitérent de tous côtés de nouvelles
recherches. Après lui, en effet, MM. A. ENGLER, en Suisse, MAYR
et Schorr, en Allemagne, le Service des recherches forestières
dirigé par M. CRAHAY, en Belgique, ont apporté notamment des
contributions expérimentales importantes à cette étude. Depuis
quelques années, et surtout depuis que, sur l'initiative de M. Cres-
LAR, la question a été mise à l’ordre du Jour du Congrès inter-
national d'agriculture de Vienne en 1907, elle a fait l'objet de
nombreux mémoires (1). On peut dire qu’elle est maintenant
toute d'actualité. Ce sont les résultats de tous ces travaux qui
seront exposés ICI.
Les variations stationnelles, plus importantes au point de vue
pratique, ont été l’objet principal des ‘travaux des chercheurs.
On en constate l'existence chez toutes les essences forestières,
mais d’une manière plus ou moins accusée. Il y a des espèces dont
la variabilité est très grande, qui, dans chaque station bien définie,
offrent quelques caractères spéciaux et possèdent ainsi de nom-
breuses formes stationnelles. D’autres, moins plastiques, moins
sensibles aux conditions de milieu, sont d’un type plus uniforme.
C’est ainsi qu’on est arrivé à distinguer dans une même essence,
occupant une aire assez étendue, des variétés, formes ou races
distinctes : ces divers termes n’ont pas de valeur absolue, mais
désignent simplement des degrés divers de variations, des diffé-
rences plus ou moins importantes entre les groupes.
(1) En outre des travaux cités plus loin on peut signaler :
Hupertyx, /mportance culturale des variations stationnelles des essences
forestières (Bulletin de la Société centrale forestière de Belgique, &. XV, 1908,
p. 371-382, 452-464, 514-531, 563-577, 627-643, 707-723, 785- 798).
Id., Importance culturale des variations stationnelles des essences fores-
tières (Rapports du 8€ congrès international d'agriculture, Vienne, 1907,
&. IV).
L. FaBricius, Zuchtiwahl in der. Forstwirtschaft (Naturwissenschaftliche
Zeutschrift fur Forst- und Landwirtschaft, &. VI, 1908, p. 416).
LE CHOIX DES SEMENCES EN GULŸURE FORESTIÈRE 449
Mais quelle que soit la valeur des caractères qui distinguent
une forme stationnelle, l'expérience a prouvé que, dans l'immense
majorité des cas, ces caractères sont héréditaires : toutes les parti-
cularités, souvent minimes, que possède une forme se retrouvent
fidèlement dans ses descendants. C’est là un résultat fondamental,
acquis, d’une importance pratique considérable.
Les expériences très précises et nombreuses de MM. Cres-
LAR (1) et ENGLER (2) sur l’épicéa nous donnent un exemple des
applications que l’on peut faire de ces principes. L’épicéa oc-
cupe une aire très étendue, des Alpes à l'Europe septentrionale,
et peut croître dans des stations bien différentes. En particulier,
dans les Alpes centrales, comme aussi dans les Alpes de Savoie et
du Dauphiné, on en trouve des massifs bien venants depuis les
versants des basses montagnes et des collines jusqu'aux hautes
altitudes. Plusieurs auteurs, frappés de la variabilité de cette
essence, y ont distingué des variétés dont la description est sou-
vent délicate, car elles se relient les unes aux autres par des tran-
sitions multiples. C’est le cas notamment dans les Alpes où on
a décrit plusieurs variétés, telles que l’épicéa à cônes verts et
l’épicéa à cônes rouges signalés d’abord par M. BrENoT (3). In-
(1) Crescar, Die Zuchtwahl in der Forstwirtschaft (Zentralblatt für das
gesamte Forstwesen, t. XVI, 1890, p. 448-453).
In., Ueber die Erblichkeit des Zuwachsvermôügens bei den Waldbäumen
(Zbid., t. XX, 1895, p. 7-29).
Ip., Neues aus dem Gebiete des forstlichen Zuchtwahl (Tbid., &. XXV,
1899, p. 49-74 et 99-117).
Ip., Die Bedeutung klimatischer Varietäten unserer Holzarten für den
Waldbau » (Tbid., t. XX XII, 1907, p. 1-19 et 49-62).
In., Zbid. (Rapports du 8€ congrès international d'agriculture. Vienne,
1907. AV).
(2) À. ENGLeR, Einfluss der Provenienz des Samens auf die Eigenschaften
forstlichen Holzgewächse (Mitteilungen der schweizerischen Centralanstalt für
das forstliche Versuchswesens, VIII. Band, 2. Heft, 1905, 236 p.).k
In., Die Bedeutung klimatischer Varietäten unserer Holzarten für den
Waldbau » (Rapports du huitième congrès international d'agriculture,
Vienne, 1907, t. IV).
(3) L. Brenor, Remarques sur deux variétés d’Épicéa (Publication du
ministère de l’agriculture à l’occasion de l'Exposition internationale de 1878.
Imprimerie nationale, 1878).
ANN. SCIENCE AGRON. — 3° SÉRIE — 1909 — n 29
450 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
dépendamment de ces variétés fondées sur des caractères mor-
phologiques, 1l existe dans les diverses stations où croit l’épicéa
des races, différant par des caractères physiologiques, dont la
connaissance importe grandement quand on se propose de culti-
ver cette essence, ainsi que l’ont montré MM. CrEsLAR et ENGLER.
En récoltant des graines dans des stations d’altitudes diverses
et en les semant comparativement dans des pépinières situées
elles-mêmes à des hauteurs variées, ces auteurs ont reconnu que
les plants issus des graines de haute montagne et ceux issus de
graines de basses altitudes présentaient une série de différences
constantes. Les épicéas de basses altitudes donnent naissance à
des plants à cime plus développée, à rameaux allongés, à feuillage
moins serré : les épicéas des montagnes ont des descendants à
cime moins ample, à rameaux courts et serrés, à feuillage dense,
à aiguilles courtes, à enracinement plus développé par rapport
à la tige. Des différences très frappantes se manifestent en ce qui
concerne la période végétative. Dans une même station, la durée
totale de la période végétative est plus courte pour les épicéas de
haute montagne que pour ceux de basses altitudes : les premiers
commencent à végéter plus tôt au printemps, mais s’aoûtent
aussi plus rapidement. Cultivés à faible altitude, les épicéas des
stations basses ne s’accroissent pas seulement pendant plus long-
temps, mais aussi plus rapidement que ceux des stations élevées :
ils donnent, au bout d’un temps déterminé, des plants plus hauts et
plus forts, la hauteur des plants étant inversement proportion-
nelle à l'altitude de la station de l’arbre semencier. Cette règle
est très générale, à condition, ainsi que l’a montré M. CiEsLAR,
de ne pas considérer l’altitude absolue, mais bien l'altitude rela-
tive, eu égard à la limite supérieure de l’épicéa dans la région :
dans certaines stations on peut trouver en effet, à des hauteurs
assez considérables, des peuplements d’épicéas vigoureux, donnant
des plants à croissance assez rapide. Cette rapidité de croissance
des épicéas de stations basses leur assure une supériorité pour la
constitution de peuplements à basses altitudes, car ils couvrent
plus rapidement le sol et luttent avec avantage contre les herbes.
En montagne, les plants de race montagnarde reprennent l’avan-
LL
LE CHOÏX DES SEMENCES EN CULTURE FORESTIÈRE 451
tage : quoique leur période végétative soit toujours plus courte,
leur croissance est plus rapide; les races de stations basses au
contraire, gênées par le raccourcissement forcé de la saison de
végétation et par l’insuffisance de la température estivale, ne
peuvent prendre leur développement complet. Il y a donc, pour
les jeunes plants, hérédité complète de la capacité de croissance
et des exigences au point de vue de la température nécessaire à
cette croissance : les épicéas de montagne trouvent les conditions
optima dans les stations hautes, ceux de basses altitudes pros-
pèrent le mieux dans les stations peu élevées.
La résistance des plants de diverses origines aux influences
climatiques nuisibles est particulièrement intéressante. Dans
. les stations où les chutes de neige sont abondantes, les plants de
races montagnardes montrent une grande résistance à l’action
de la neige, ce qu’ils doivent à leur forme trapue et buissonnante ;
au contraire, les épicéas de basses altitudes, dont les pousses sont
plus allongées, les branches plus longues, sont exposés à être
courbés ou cassés par le poids de la neige. C’est un fait que l’on
constate bien souvent dans les reboisements faits en montagne
et que l’on peut éviter par l’emploi de plants d’une race adaptée
au climat. La sensibilité aux gelées est la même pour tous les
plants. Mais les épicéas de montagne, cultivés en plaine, com-
mencent leur évolution plus tôt et par suite sont exposés aux
gelées printanières, tandis que, dans les stations élevées, Les épi-
céas de stations basses, à accroissement tardif, ont plus à redou-
ter des froids de l’automne. On a signalé aussi la résistance moin-
dre des jeunes plants montagnards à la sécheresse : ce résultat
parait en contradiction avec le fait, déjà indiqué, du développe-
ment proportionnellement plus fort du système radiculaire chez
ces plants; mais ce qui intervient ici, ce n’est pas le développe-
ment relatif, mais la longueur totale des racines, qui est évi-
demment plus faible chez les plants de montagne, plus petits
que les autres. Il faut remarquer que cet enracinement moins
puissant en valeur absolue à d’autres inconvénients pour les
plants de race montagnarde qui sont plus éprouvés par la trans-
plantation et sont plus exposés à être déchaussés en hiver pen-
452 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
dant les premières années : le danger disparaît d’ailleurs quatre
ou cinq ans après la plantation et il n’y a alors à cet égard au-
cune différence entre les plantes de diverses origines.
Les expériences, remarquablement concordantes, de MM. CrEs-
LAR et ENGLER montrent donc que toutes les particularités de
capacité de croissance, de durée de la période végétative, qui carac-
térisent les races stationnelles de l’épicéa et qui sont la consé-
quence de Fadaptation au milieu, sont héréditaires et se main-
tiennent intégralement au moins pendant les premières années.
Les jeunes plants se trouvent par suite dans les conditions op-
tima quand ces conditions se rapprochent de celles où a crû lar-
bre semencier. La conclusion formelle des auteurs est que, dans
une station, il y a toujours intérêt à planter des plants issus de.
graines récoltées dans des stations analogues : pour éviter des
mécomptes dans la réussite d’un reboisement, 1l faut employer
à hautes altitudes des graines récoltées en haute montagne,
dans les stations plus basses des graines récoltées à des altitudes
correspondantes.
Pratiquement, M. CIESLAR recommande pourtant, dans tous
les cas, d'établir des pépinières dans des stations d'altitude pas
trop élevée, parce que les conditions climatériques meilleures qui
règnent dans ces stations permettent aux jeunes sujets de pren-
dre un plus grand développement : on obtient des plants plus
forts, à enracinement plus développé, qui résistent mieux à la
phase critique de la transplantation.
Des faits très intéressants de variation et d’hérédité ont été
établis pour le mélèze (1). M. CresLar a étudié comparativement
des mélèzes provenant de deux massifs montagneux assez dis-
tants, les Alpes et les Sudètes, et a montré qu’il existait dans
chacun de ces massifs une race dont les caractères sont hérédi-
taires. Dans les essais de culture établis à hautes altitudes dans
(1) CresLaR, loc. cit.
1n., Waldbauliche Studien über die Larche (Zentralblatt fur das gesamte
Forstwesen, t. X XX, 1904, p. 1-25).
À. ENGLER, loe: cit.
LE CHOIX DÉS SEMENCES EN CULTURE FORESTIÈRE 453
les Alpes, la race des Alpes est montrée supérieure par la vigueur
et la croissance à celle des Sudètes: au contraire, cette race des
Sudètes, de croissance plus rapide, serait recommandable pour les
cultures à basses altitudes. D'autre part, M. ENGLER à comparé
des plants issus de graines récoltées en Suisse dans une région
limitée, mais à des altitudes diverses. Les plants issus de graines
de montagne ont une période végétative plus courte, 1ls terminent
leur évolution plus tôt et perdent leurs aiguilles huit à quinze
jours avant les plants nés de graines de stations peu élevées. La
croissance de ces derniers est plus rapide; les plants obtenus sont
plus hauts. Mais il est très remarquable que, à la différence de
ce qui a été observé pour l’épicéa, le retard dans la croissance
n’est sensible que pour des plants issus de semenciers situés à
une forte altitude, au-dessus de 1.700 mètres environ; jusqu'à
1.700 mètres toutes les graines donnent des plants à croissance
également rapide, et, encore même dans les premiers cas, y a-t-il
des exceptions. Il existe donc, chez le mélèze des Alpes, des races
stationnelles dont les propriétés, notamment la capacité de erois-
sance et la durée de la période végétative sont héréditaires : mais
ces races sont beaucoup moins nettement accusées que pour
l’épicéa. Le mélèze est moins variable, adaptation y est moins
complète et aussi l’hérédité moindre. Par suite, l’importance
pratique du choix des graines pour la culture en montagne est
moins grande, quoiqu'il soit plus avantageux de ne semer aux
hautes altitudes que des graines provenant de stations analogues.
M. ENGLER a signalé aussi, à propos du mélèze, un curieux
exemple de variation stationnelle, définie par des caractères
accessoires, mais constants et héréditaires, et due non plus à
des influences climatiques, mais uniquement à des conditions de
sol. Il a recueilli des semences dans un peuplement dont tous les
arbres ont un fût tortueux, ce qui peut être attribué à la consti-
tution du sol, doué de propriétés physiques défavorables. Les
descendants de ces arbres se sont tous montrés anormaux : les
uns ont présenté un axe principal sinueux, les autres de fortes
ramifications étalées, d’autres, enfin, une tige plus ou moins
oblique.
454 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Le mélèze, quoique moins variable que l’épicéa, offre done
des exemples de races stationnelles, les unes s’étant différenciées
dans des stations éloignées appartenant à des régions différentes,
les autres dans la même région mais à des altitudes diverses, une
dernière s'étant constituée sous l’action de conditions purement
locales de sol.
Parmi les essences dont les variations stationnelles ont fait
l’objet d’études assez nombreuses, il faut citer le pin sylvestre :
occupant une aire très étendue, dans des sols et sous des climats
très divers, cette espèce a de multiples races.
L'une des formes qui a le plus anciennement attiré l’attention
est la race dite de Riga, qui habite les provinces baltiques, et
dont le caractère extérieur le plus remarquable est la rectitude
et l’allongement du fût. On espérait obtenir, par la culture de
cette forme, en dehors de sa station, des arbres de forme plus
avantageuse que ceux que donnent la plupart des races des
autres régions. C’est ce qui a incité L. bE VILMORIN à introduire,
dès 1823, cette race aux Barres, où il la cultiva en même temps
que des pins issus de graines récoltées en divers points de l'Eu-
rope. Ces essais de culture, qui ont donné les superbes massifs
que l’on peut admirer au domaine des Barres, ont démontré
l’hérédité des caractères essentiels distinguant la race de Riga.
En Allemagne, des observations faites dans les provinces bal-
tiques par M. vox Sivers (1) ont permis de conclure, en ce qui
concerne la rectitude du fût, à la supériorité des peuplements
de pins issus de graines récoltées dans la région, sur ceux créés
dans les mêmes stations au moyen de graines provenant de
l’ouest de l'Allemagne. On peut donc vérifier, pour la race de
Riga, l’hérédité des caractères non plus seulement sur de jeunes
sujets, mais sur des arbres adultes ou même âgés.
Il est vrai que cette opinion a soulevé de graves objec-
(1) M. von Sivers, Ueber die Vererbung von Wuchsfehlern bei Pinus
sylvestris L. (Mitteilungen der deutschen dendrologischen Gesellschaft, 1895,
p. 49).
LE CHOIX BES SEMENCES EN CULTURE FORESTIÈRE 455
tions : M. MAY (1), notamment, a contesté l’influence prédomi-
nante de l’hérédité pour les caractères de forme du fût qui distin-
euent les pins des provinces baltiques. Ces particularités seraient,
pour lui, la conséquence de l’action locale du sol, du climat et
aussi du mode de traitement appliqué à ces peuplements, mais
ne dépendraient pas avant tout de l’origine des arbres quiles cons-
tituent. Même dans ces provinces, des arbres autochtones peu-
vent avoir des fûts tortueux, si les conditions sont défavorables.
D'une manière générale d’ailleurs, M. Mayer nie l’hérédité des
variations stationnelles. L'influence immédiate des facteurs dé-
finissant la station peut déterminer des modifications sur les
arbres qui y sont soumis, mais ces modifications ne peuvent
affecter l'individualité, les qualités intrinsèques de l’arbre. Même
quand une action séculaire du climat ou du sol, dans une station,
a créé chez les descendants de l’arbre une disposition à certaines
particularités, ces particularités ne se manifestent que dans une
station analogue et elles pourront disparaitre dans une station
différente. Quand un groupe d’arbres manifeste des propriétés
nettement héréditaires, il ne constitue pas une variété ou race,
mais une espèce. C’est ainsi qu’il existe en Finlande et en Norvège
une forme de pin sylvestre à fût très droit, se distinguant en
outre par quelques autres caractères, pour laquelle M. MAY (2)
admet l’hérédité : il en fait une espèce distincte, le Pinus lap-
ponica, et c’est à tort, selon lui, qu’on l’a confondu avec le pin
de Riga qui serait un vrai pin sylvestre, comme toutes les formes
de l’Allemagne du Nord.
Il intervient, dans ces objections aux idées communément ad-
mises, une question de mots : le pin de Finlande et le pin de Riga
(1) H. Mayer, Die Bedeutung klimatischer Varietäten unserer Holzarten
jür den Waldbau (Rapports du huitième congrès international d'agricul-
ture. Vienne, 1907, t. IV).
In., Die Variationen der Holzgewächse, ihre Entstehung und ihre Bedeu-
tung für die Praxis (Forstwissenschaftliches Centralblatt, t. XXX, 1908,
p. 1-16).
(2) H. Mayer, st die Schüttepilz (Lophiodermium pinastri) ein Parasit ?
(Forstwissenschaftliches Centralblatt, t. XXV, 1903, p. 547-556).
456 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
sont, comme la fait observer M. EXGLER (1), deux termes de la
variation du pin sylvestre adapté à des latitudes de plus en plus
septentrionales et se relient par des transitions multiples; peu
importent les délimitations nécessairement artificielles que l’on
trace au milieu de ces formes et les noms qu’on leur donne, es-
pèce, variété ou race. Mais la question, très importante, soulevée
à propos du pin de Riga est celle du maintien des caractères
d’une race dans des stations nouvelles et aussi de la fixité de ces
caractères pendant plusieurs générations nées dans ces condi-
tions. D’après ce que l’on sait de l’action des conditions du milieu,
la transformation de la race doit se produire; mais cette trans-
formation est-elle rapide, comnie le prétend M. MaAYR, ou bien
les caractères primitifs persistent-ils pendant longtemps?
C’est une question à laquelle les cultures des Barres permet:
tent de donner une réponse. En ce qui concerne le maintien des
caractères pour la première génération transportée dans une
station bien différente de la station originelle, ces cultures sont,
on l’a vu, des plus probantés. D'autre part, des semis faits avec
des graines récoltées aux Barres sur les pins importés de Russie,
et aussi avec des graines récoltées en divers points de la France
sur des pins de Riga issus de gtaines russes, ont donné une
deuxième génération offrant, sur la majorité des sujets, les mêmes
caractères de rectitudé de fût que la première. Les graines récol-
tées sur ces arbres ont donné des sujets de belle venue, mais il est
presque impossible de distinguer les diverses races dans ces mas-
sifs de troisième génération : il est fort possible d’ailleurs que la
proximité de pins sylvestres appartenant à des races diverses
ait amené des croisements, cé qui aurait hâté la disparition des
caractères primitifs de la race (2).
Un cas intéressant de transformation lente de la race à été
signalé dans la forêt du Mastbosch près de Bréda, en Hollande,
où le pin de Riga a été introduit par semis en 1515 (3). Pendant
(1} A. ExGLER, Die Bedeutung u.s. w.
(2) PARDÉ, Arboretum national des Barres. Paris, Klincksieck, 1906, p. 73.
(3) DEFRECHEUX, Ercursion forestière de juin 1898. Le Mastbosch. (Bul-
letin de la Société centrale forestière de Belgique, t. V, 1898, p. 770-788).
LE CHOIX DES SRMENGES EN CULTURE FORESTIÈRE 451
plusieurs générations successives les qualités de la race se sont
sensiblement maintenues, mais, à partir de la quatrième généra-
tion, il y a eu dégénérescence progressive, ce qui est attribué à
une cause purement locale, la présence dans le sol d’un excès
d’humus acide.
Les études faites sur la race de Riga fournissent donc d’une
manière certaine la preuve expérimentale de l’hérédité des carac-
tères essentiels d’une race stationnelle et de leur maintien dans
une station nouvelle, non plus seulement pour de Jeunes sujets,
mais pour des arbres âgés. Elles sont moins concluantes en ce
qui concerne la réadaptation à de nouvelles conditions de milieu,
mais on peut pourtant en déduire que la modification des carac-
tères se fait en tout cas assez lentement. À
Un exemple frappant de variation stationnelle du pin syl-
vestre, à caractères héréditaires, et due à la seule influence du
sol, a été signalé par M. G. FABRe (1) : il existe dans le massif
central de la France une race de cette essence, dite race d’Au-
vergne, réputée pour sa forme élancée et la rectitude de son fût :
cette race est cantonnée sur les sols siliceux. Non loin des sta-
tions où elle croit, dans des conditions de climat analogues, les
sols calcaires des Causses portent une autre race de pin sylvesire,
rabougrie, buissonnante, à cime étalée. Des peuplements eréés
dans le Gard, il y à une vingtaine d’années, en sol granitique
d’ailleurs, au moyen de graines récoltées dans les Causses, sont
constitués actuellement par des arbres chétifs, à fût tortueux,
comme les semenciers; parmi eux quelques sujets isolés, issus
probäblement de graines différentes, sont au contraire vigou-
reux et élancés, ce qui prouve bien que le sol n’est pout rien dans
la forme défectueuse des arbres : il faut l’attribuer uniquement
à leurs propriétés héréditaires. Étant donné l'intérêt que pré-
sente la race d'Auvergne, sur laquelle M. HickEL. (2) a récemment
(1) G. FaBre, Le Pin syloestre, race d'Auvergne (Revue des Eaux et
Forêts, t. XLIII, 1904, p. 40-42).
(2) HickeL, À propos du Pin sylvestre. Valeur des graines et des plants
français (Journal d’ Agriculture pratique, 1909, t. IT, n°833 et 34, p. 236-239,
276-279).
458 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
appelé l'attention des reboiseurs, il importe de tenir grand compte
de cette observation, car, ainsi que le dit M. G. FABRE, «répandre
dans le public la graine de pin des Causses, sous le nom de pin
d'Auvergne, constitue une erreur et une faute ».
En dehors de ces races distinctes par des caractères assez sail-
lants et dont on a pu observer l’hérédité sur des sujets assez âgés,
des expériences, pour la plupart récentes, ont montré qu’il existe
chez le pin sylvestre des races différant non seulement par des
caractères extérieurs, mais aussi par des propriétés physiologi-
ques héréditaires, du moins chez les jeunes plants. M. CrESLAR (1)
a établi par des cultures comparatives, en Autriche, que les plants
issus de graines du nord de l’Europe avaient une croissance plus
lente que les plants indigènes en plaine, et qu’en montagne, ils
se montraient aussi inférieurs aux descendants des races indi-
gènes. Inversement, en Suède, toutes les expériences et observa-
tions faites concluent à l’infériorité des races de l’Europe centrale
sur celles du nord. M. ScHorr (2), à la suite d'expériences por-
tant sur des graines de provenances très variées, admet l’exis-
tence de races multiples, adaptées aux conditions de la station,
et entre lesquelles existent surtout des différences d'ordre biolo-
gique. Au point de vue de la vigueur du développement et de la
rapidité de croissance, pendant les premières années, ce sont tou-
jours les races originaires de la région qui ont l'avantage : il con-
clut formellement qu’on ne doit employer, dans un pays donné,
que des graines indigènes ou venant d’une région aussi semblable
que possible par le climat. Des expériences faites en Belgique par
le Service des recherches forestières (3) ont conduit à un résultat
analogue en démontrant la supériorité, au point de vue de la erois-
sance, des jeunes pins issus de graines récoltées sur des semen-
ciers du pays. Ce résultat est intéressant, car le pin sylvestre n’é-
(1) CresLar, Neues aus dem Gebiete u. s. w.
(2) P. Scrorr, Pinus sylvestris L., Die gemeine Kiefer. Betträge zur
Systematik und Provenienzfrage | Forstwissenschaftliches Centralblait,
t. XXVI, 1904, p. 123-141, 307-324, 436-449, 515-536, 587-606).
(3) Résultats de quelques expériences en matière forestière | Bulletin de la
Société centrale forestière de Belgique, t. XII, 1905, p. 705-710).
LE CHOIX DES SEMENCES EN CULTURE FORESTIÈRE 459
tant pas spontané en Belgique, on a ainsi la preuve qu’il y a déjà
eu adaptation au climat local et formation d’une race nouvelle
plus ou moins différente de celle qui a été introduite au début.
Pour le pin sylvestre, comme pour l’épicéa, les jeunes plants
manifestent done une hérédité remarquable en ce qui concerne
la capacité de croissance et les exigences au point de vue de la
température nécessaire aux phénomènes végétatifs. L’optimum
des conditions pour le jeune sujet est le même que pour le semen-
cier. En se plaçant uniquement au point de vue de la réussite
du boisement, on serait done amené à n’employer que des graines
récoltées sur place ou dans une station semblable. Mais il est bon
de remarquer que toutes les expériences citées sont récentes, qu’on
n’a pu suivre pendant suffisamment longtemps les plants des
diverses races. Suivant la remarque du Service des recherches fo-
restières de Belgique (1) et de M. HickEL (2),la marche de la crois-
sance n’est pas la même nécessairement pour toutes les races, les
différences peuvent s’atténuer avec les années. De plus, en fai-
sant intervenir le côté économique de la question, certaines qua-
lités d’une race, telles que la rectitude du fût, peuvent compenser
une moindre rapidité dans l'accroissement. Malgré l'absence
d'expériences complètes et prolongées, on peut donc conclure
que, si on n’est pas limité trop strictement par le climat de la sta-
tion, ce qui arrive surtout à des altitudes élevées, si d’autre part
on élimine certaines races croissant dans des conditions par trop
différentes de celles où on se trouve, on pourra avoir une latitude
assez grande pour le choix de la race la plus avantageuse à cul-
tiver.
Les expériences faites sur le pin sylvestre ont mis en lumière
un caractère assez intéressant des jeunes plants des diverses
races : c’est leur résistance inégale à la maladie du rouge qui
dévaste souvent les pépinières, surtout en Allemagne. Tous les
auteurs sont d'accord pour reconnaître à cet égard la supériorité
(1) Résultats de quelques expériences en matière forestière (Bulletin de la
Société centrale forestière de Belgique, t. XII, 1905, p. 705).
(2) Hrcke, loc. cit.
460 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
des races du Nord, de Finlande, de Suède (1), et aussi d'Écosse (2),
au contraire les pins sylvestres du sud de la France seraient par-
ticulièrement sensibles. La résistance aux maladies cryptoga-
niques peut être, dans certains cas, un motif déterminant pour
le choix d’une race, et c’est un aspect nouveau sous lequel on peut
envisager l’utilisation des Variations des essences forestières.
Si l’épicéa, le mélèze et le pin sylvestre ont été l’objet d’études
assez complètes, il n’en est pas de même pour les autres essences
résineuses.
Le sapin n’a été étudié que par M. ENGLER (3) qui a établi des
cultures en utilisant des graines récoltées en Suisse, à des altitudes
diverses. Le résultat de ces recherches a été que l'altitude des
semenciers a peu d'influence sur la croissance et le développement
des jeunes plants et que les différences observées peuvent s’ex-
pliquer uniquement par de petites variations individuelles. Le
sapin se montre donc très peu variable : il n’y a pas, «comme chez
l’épicéa, de races physiologiques dépendant de l’altitude, et s’il y a
adaptation du climat, cette adaptation n’est pas héréditaire.
Il est à remarquer que cette conclusion ne s'applique qu’à l’es-
sence envisagée dans une région restreinte; or, le sapin a une aire
assez étendue en latitude : en France on le rencontre dans tous
les massifs montagneux, des Vosges aux Pyrénées et à la Corse.
On peut se demander s’il n’y a pas dans ces régions si éloignées
l’une de l’autre de races différenciées : le mélèze nous offre préei-
sément l’exemple d’une essence peu variable avec Paltitude et
présentant au contraire une variation bien accusée en deux points
différents de son aire. L’étude de la question ne serait pas dépour-
vue d'intérêt pratique : beaucoup de forestiers songent à pro-
pager le sapin à basses altitudes dans les forêts feuillues, et leurs
efforts sont souvent entravés par la difficulté de réussite de cette
essence sous des climats trop secs en été ou dans des stations
(14) May, st die Schüttepilz u. s. w., p. 550.
P. ScHoTT, Loc. cit., p. 588.
(2) Résultats de quelques expériences, etc., p. 706.
(3) A. ENGLER, loc. cit.
LE CHOIX DES SEMENCES EN CULTURE FORESTIÈRE 461
insuffisamment ombragées. Peut-être existe-t-1l une race méridio-
nale plus résistante, adaptée à des climats moins humides et plus
7
ensoleillés.
L'étude des variations, parfois de grande amplitude, des
espèces de pins autres que le pin sylvestre, a été presque com-
plètement négligée.
Le pin de montagne, qui offre un polymorphisme si considé-
rable, depuis le pin à crochets des Pyrénées, à fût élancé, à bran-
ches redressées en candélabre, jusqu’au pin rampant, à branches
toutes couchées sur le sol des Alpes orientales, en passant par les
innombrables formes intermédiaires des montagnes de l'Europe
centrale, n’a pas été étudié au point de vue qui nous occupe.
Les essais, très restreints, de L. DE VILMoRIN ne sont même pas
concluants, la provenance des graines qui ont été employées
n'étant pas suffisamment établie (1). Cette espèce offre un grand
intérêt et a rendu de grands services pour le reboisement des
régions élevées; il serait intéressant de soumettre à des études
comparatives les diverses formes croissant dans les Pyrénées et
les Alpes françaises, en vue de leur utilisation rationnelle.
Le pin laricio, très polymorphe également, a été introduit au
domaine des Barres par L. DE ViLmorin sous diverses formes, et
les massifs ainsi constitués ont permis de constater la fixité des
caractères de ces diverses races. Pour le pin laricio de Calabre, on
a pu vérifier l’hérédité des caractères pour la deuxième généra-
tion et aussi probablement pour la troisième (2). Bien qu’on ait
beaucoup utilisé les diverses formes de pin laricio pour les reboi-
sements dans toutes les régions, on ne connaît pas suflisamment
leurs exigences et leurs avantages respectifs. CALAS (3) a signalé
la supériorité que présentait, dans les Pyrénées-Orientales, le pin
laricio de Salzmann, indigène dans la région, sur le pin d’Au-
(ME PARDE loc er p 67.
(2) "In, Voc.'cit., p.65.
(3) CGazas, Le Pin laricio de Salzmann (Publication du ministère de
l'agriculture à l'occasion de l'Exposition internationale de 1900. Paris, 1900
p. 47).
462 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
triche planté à côté de lui dans certains reboisements, supériorité
qui se manifestait par une croissance plus rapide et une résistance
plus grande aux attaques de la processionnaire du pin. C’est une
preuve nouvelle de l'intérêt qu'il y a à cultiver dans une région
les formes adaptées aux conditions qui y règnent. Les expériences
tout récemment entreprises par M. CresLar (1) et encore peu
avancées, lui ont permis cependant d'annoncer que pour le pin
laricio aussi, la provenance des graines avait de l'importance.
Le pin maritime a fait l’objet de quelques essais aux Barres;
mais les massifs créés ont été ravagés par l’hiver de 1879-1880 et
il n’en reste que des arbres isolés entre lesquels 11 n’y a pas de
différences sensibles; en 1878, on reconnaissait cependant un
certain avantage au pin maritime originaire de Corse (2). Il est
bien probable que cette essence, dont l’aire est à la fois atlantique
et méditerranéenne, présente, sous ces climats différents, des
variations qu’il serait utile de connaïtre. Il serait important aussi
d’expérimenter, pour le pin maritime, l'influence que peut avoir
sur les descendants la forme et la vigueur des semenciers. C’est
en effet un usage assez fréquent, dans la région des Landes, de
récolter les graines de pin maritime à la lisière des massifs établis
sur les dunes, sur des arbres battus par le vent de mer, tortueux,
en partie couchés sur le sol, mal venants, mais peu élevés, ce
qui rend aisée la récolte des cônes. On peut contester la valeur
des graines ainsi obtenues. Les faits constatés pour le mélèze,
chez qui le manque de rectitude du tronc s’est montré héréditaire,
ceux établis en Belgique, où l’on a constaté l’inférioriié des plants
de pin sylvestre issus de graines récoltées sur des peuplements
rabougris, permettent de craindre que là aussi les défauts de con-
formation de ces arbres ne soient héréditaires. Si l'adaptation
aux conditions difficiles régnant au voisinage de la mer est une
qualité appréciable pour des semenciers quand on a en vue le
boisement de la zone littorale, l'aspect chétif et tortueux de ces
(1) CresLrar, Die Bedeutung u. s. w. (Rapports du huitième congrès inter-
national d'agriculture. Vienne, 1907, t. IV).
(2) PARDÉ, loc. cit., p. 69.
LE CHOIX DES SEMENCES EN CULTURE FORESTIÈRE 463
arbres en fait des porte-graines peu intéressants pour la création
de peuplements dans des stations plus favorables.
Les études sur l’hérédité des variations stationnelles ont porté
surtout sur des essences résineuses; pour les feuillus, les résultats
expérimentaux sont bien peu nombreux.
Une seule essence a été étudiée par M. ENGLER en même
temps que l’épicéa, le mélèze et le sapin : c’est l’érable sycomore.
En comparant les jeunes plants issus de graines récoltées à des
altitudes diverses, il a constaté que le maximum de rapidité de
croissance était réalisé par les plants nés de graines récoltées à des
altitudes moyennes : pour les descendants de graines recueillies
à 1.600 mètres, la croissance est plus lente. La durée de la période
végétative s’est aussi montrée variable : les races de stations
basses ont une période végétative plus longue de trois à six
semaines; les plants des stations les plus élevées perdent leurs
feuilles environ deux semaines plus tôt. Mais, contrairement à ce
qui a été constaté pour l’épicéa et le mélèze, ce sont les plants
de stations basses qui évoluent les premiers au printemps. Ces
faits permettent de conclure à l’existence chez l’érable sycomore
de races adaptées au climat, présentant des caractères physiolo-
giques héréditaires, au moins pour les Jeunes sujets; les phéno-
mènes observés, en ce qui concerne la date du début de la végé-
tation, révèlent de plus une particularité importante : tandis que,
chez l’épicéa, le début de la végétation est lié à une tempéraiure
donnée pour les diverses races, chez l’érable sycomore il n’en est
rien; c’est la durée du repos hivernal qui est héréditaire et cette
durée est plus longue pour les races montagnardes.
Pour toutes les essences feuillues autres que l’érable sycomore,
même pour les plus importantes, il n’y a presque pas eu de recher-
ches entreprises et aucun résultat n’a été publié.
* Pour le hêtre, M. ENGLER (1) a signalé seulement que les faines
récoltées à des altitudes assez élevées, de 1.000 à 1.300 mètres,
(1) A. Encrer, Die Bedeutung u. s. w. (Rapports du huitième congrès
international d'agriculture. Vienne, 1907, t. IV).
464 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
germaient plus mal en plaine que celles des stations basses, et
que, dans ces mêmes conditions, les hêtres de stations basses
avaient une seconde pousse qui faisait défaut chez les autres.
M. CiesLaR (1) a entrepris sur le chêne pédonculé des expérien-
ces dont les conclusions n’ont pas encore été formulées.
Le chêne rouvre, si remarquable par son polymorphisme, n’a
pas été étudié. Tout au plus peut-on citer quelques cultures com-
paratives de certaines variétés établies par L. DE VILMORIN aux
Barres. Il serait pourtant grandement désirable d’être fixé sur la
valeur et les exigences des diverses formes de cette essence, et sur
son utilisation pratique. Il y a quelques années, à la pépinière de
l'École des eaux et forêts, à Bellefontaine, près de Nancy, on pou-
vait voir côte à côte deux carrés de semis de chêne rouvre : les
uns, verts et vigoureux, étaient issus de glands récoltés sur place;
les autres attiraient l’attention par leur aspect chétif et leur
teinte jaunâtre : ils provenaient de glands recueillis dans la forêt
de Bercé (Sarthe). Les descendants de ces chênes, si réputés par
leur belle venue, souffraient évidemment sous le climat lorrain.
En mentionnant encore la culture aux Barres d’un certain
nombre de sujets de chêne tauzin issus de glands de provenances
diverses, et une expérience sur le chêne-liège publiée par LE-
CLERC-THONIN, nous aurons épuisé la liste beaucoup trop brève
des études entreprises sur Phérédité des variations stationnelles
chez les essences feuillues. |
À côté des variations stationnelles dont le résultat est la consti-
tution de formes ou de races, il existe des variations individuelles,
affectant un individu ou un petit nombre d'arbres, et qui peuvent
porter sur des caractères très divers. Dans tous les cas où on a.
étudié la question, on a constaté que ces variations sont hérédi-
taires, les particularités du semencier se transmettant, au moins
dans une forte proportion, à ses descendants.
La variation individuelle peut porter sur un caractère morpho-
(4) Crespar, Die Bedeutung u. s.w. (Zentralblatt für das gesamte Forst-
wesen, t. XX XII, 1907).
LE CHOIX DÉS SÉMENCES EN QULTURE FORESTIÈRE 465
logique, tel que le port ou la forme des feuilles. Il arrive que
Pon trouve çà et là, dans un massif, un arbre à port anormal :
c’est le cas pour les arbres à branches redressées, dits pyramidaux,
ou inversement pour les arbres à branches tortueuses et retom-
bantes, appelés arbres pleureurs. Le chêne pyramidal, qui n’est
qu'une variation du chêne pédonculé, a été étudié par Ma-
THIEU (1) : un semis d’une trentaine de glands de chêne pyra-
inidal lui a donné une douzaine de sujets pyramidaux, les autres
avant des branches étalées. La variété de hêtre, dite hêtre
tortillard, remarquable par ses rameaux serrés, tortueux et re<
tombants vers le sol, a été l’objet d’une expérience analogue (2) :
- des faines récoltées à Verzy, près de Reims, sur des arbres affectés
de cette anomalie, ont donné trois cinquièmes environ de hêtres
tortillards, les deux autres cinquièmes étant représentés par des
hêtres à port normal et par d’autres ayant des formes intermé-
diaires entre le type et la variété. On peut voir encore dans le
jardin de l’École des eaux et forêts et à la pépinière de Bellefon-
taine, près Nancy, quatre hêtres provenant de ces semis et qui
ont parfaitement conservé leur port caractéristique. M. ENGLER (3)
a recueilli des graines sur un épicéa de port anormal remarquable
par sa ramification dense, ses rameaux très serrés et nombreux
donnant à chaque branche un aspect buissonnant. Les plants
issus de ces graines comprenaient au bout de cinq ans : 53 % de
plants buissonnants, chez lesquels Paxe principal avait subi un
arrêt de croissance, 16 % de plants normaux, mais à croissance
lente et à branches latérales très développées, enfin 31 % de
plants ayant un type intermédiaire entre les précédents. L’ano-
malie s’est donc montrée héréditaire.
La variation individuelle peut consister en une anomalie de
Structure; c’est le cas pour les arbres à fibres torses. D’après
M. D’ARBoIs DE JUBAINVILLE (4), ce défaut est héréditaire.
(1) MATHIEU, Flore forestière, 3° édition, 1877, p. 303.
(2) MATHIEU,, Flore forestière, 3e édition, 1877, p. 273.
(3) A. ENGLeRr, Einfluss der Provenienz u. s. w., p. 197.
(4) D’ArBois DE JUBAINVILLE et VESQUE, Les Maladies des plantes cul-
tivées. Paris, 1878, p. 115.
ANN. SCIENGE AGRON, — 3 SÉRIE — 1909 — #1 30
466 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
La variation peut porter aussi sur un caractère d'ordre phy-
siologique, tel que la durée de la période végétative, la précocité
du développement ou de la chute des feuilles. Il n’est pas rare
de voir, au milieu d’un massif d’une essence, des arbres différant
des autres à un de ces points de vue. Dans beaucoup de forêts,
on peut voir au printemps des hêtres à feuillage déjà développé,
tandis qu'à côté d'eux, des pieds placés dans les mêmes condi-
tions ont leurs bourgeons encore fermés. Parmi les cas de varia-
tion rentrant dans cette catégorie, il en est un qui a depuis
longtemps attiré l’attention. On connait, sous le nom de chêne
de juin, une forme de chêne pédonculé qui développe ses feuilles
tardivement, ce qui fait qu’elle n’est pas éprouvée par les gelées
printanières : on l’a signalée surtout en Bresse, et aussi dans le
Centre et en Hongrie; elle est représentée par des arbres tantôt
isolés, tantôt plus ou moins nombreux, toujours mêlés aux indi-
vidus normaux. L’hérédité des caractères physiologiques qui
distinguent cette forme a été démontrée aussi bien en France (1)
qu’en Hongrie (2).
Le cas du chêne de juin montre comment, par un phénomène
de sélection naturelle, une variation individuelle peut devenir
le point de départ d’une race, d’une variation stationnelle. Le
chêne tardif, dont les fleurs ne sont pas endommagées par les
gelées, peut produire des glands plus souvent que les autres.
Dans les stations froides 1l a donc l’avantage sur ceux-ci et tend
à se substituer graduellement à la forme normale, qui s’y repro-
duit mal. C’est là le mécanisme de la formation des formes sta-
tionnelles par variation des individus croissant dans une station
et persistance de ceux qui sont le plus aptes à y résister et à s’y
reproduire, Dans le cas particulier, à ce phénomène de sélection
naturelle, qui détermine lPextension de la forme, vient s’ajouter
la sélection faite par le forestier qui réserve ces arbres à déve-
(1) A. Joryer, Le Chêne de juin (Bulletin de la Société des sciences de
Nancy, t. XVI, 1898, p. 127).
(2) J. FôLrnes, Die spätblühende Eiche (Zentralblatt für das gesamte
Forstwesen, t. XX, 1894, pp. 300-306).
LE CHOIX DES SEMENCES EN CULTURE FORESTIÈRE 467
loppement tardif soit volontairement, soit même inconsciemment,
car ces arbres sont souvent les plus beaux.
Une intéressante application du primcipe de lhérédité des
variations individuelles d’ordre physiologique a été faite par le
Service des recherches forestières de Belgique (1), qui s’est proposé
de rechercher une race de pin maritime résistant aux froids.
Cette essence a été presque complètement anéantie en Belgique
par l'hiver de 1879-1880. En récoltant des graines sur les rares
sujets survivants, on espère obtenir des descendants adaptés
au climat de la région. Ce serait un résultat d’une haute impor-
tance, non seulement pour la Belgique, mais aussi pour le centre
et l’ouest de la France où le pin maritime, si précieux pour les
boisements, a à souffrir des hivers rigoureux.
Toutes les recherches entreprises montrent donc que la plupart
des essences forestières étudiées présentent des variations, sta-
tionnelles ou individuelles, portant soit sur les caractères exté-
rieurs, soit sur les propriétés physiologiques, et que ces variations
sont héréditaires. Ce sont ces variations que le forestier doit
rechercher, observer et utiliser. Pour constituer un peuplement
nouveau 1l ne doit pas se contenter de choisir une espèce, mais
faire choix d’une forme, d’une race déterminée qui, étant données
les conditions où l’on effectue le boisement et le but qu’on pour-
suit, donnera les meilleurs résultats.
Ce sont les formes stationnelles qui rendent à cet égard le plus
de services. Si, par exemple, on se propose de créer une forêt
définitive, capable de se maintenir et de se comporter autant
que possible comme une forêt spontanée, ce sont des races locales,
ou, à défaut, des races provenant d’une région aussi semblable
que possible qu’il faudra employer : sous ces conditions, on aura
de jeunes plants dont la réussite sera assurée et des peuplements
(1) HuBErTy, loc. cit., p. 642.
468 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
solides, capables de résister aux influences spéciales du milieu.
C'est là le point de vue auquel se place le forestier reboiseur,
surtout quand 1l s’agit de reconstituer la végétation forestière
dans les régions montagneuses d’où elle a disparu. Si, au contraire,
on veut créer un peuplement productif, si les conditions de climat
et le sol laissent une latitude assez grande, on pourra cultiver
une forme plus avantageuse par la rapidité de croissance, la
forme du fût ou par tout autre caractère lui assurant un meilleur
rendement. [ne faut pas oublier que, dans ce cas, on est exposé
à voir la forme introduite se modifier plus où moins rapidement
après la première génération. Cela importe peu au propriétaire
qui veut ürer parti d’un terrain improductif, sur lequel, après
exploitation, 1l reconstituera le massif par semis où plantation,
pas plus qu’au forestier qui veut boiser un vide au moyen d’une
essence transitoire.
Les variations individuelles ont moins d’applications immé-
diates.-On doit en tenir compte pour écarter les graines des arbres
qui peuvent présenter des particularités désavantageuses, que
lon peut craindre de voir se perpétuer dans leurs descendants.
Dans certains cas, au contraire, certaines de ces variations pour-
ront être multiphiées avantageusement : on pourra obtenir ainsi
des arbres plus utiles soit par leurs qualités, soit par leur résis-
tance à des influences extérieures nuisibles. C’est notamment par
l'utilisation de ces variations individuelles que lon peut espérer
étendre l’aire d’une essence dans des stations assez différentes
de celles où elle croît spontanément.
D'ailleurs l’étude de la question n’est pas encore assez avancée
pour permettre de résoudre complètement, dans tous les cas, le
problème du choix rationnel de Ha forme à cultiver: mais on peut
déjà mettre à profit les résultats acquis, surtout pour diverses
essences, en se gardant toutefois des généralisations hâtives.
Pour arriver au but, de nombreuses observations, des essais
comparatls et surtout suffisamment prolongés sont imdispen-
sables : 11 y a là un vaste champ ouvert à Pactivité des chercheurs
et des praticiens. En tout cas, il est urgent de renoncer aux
errements actuellement suivis, il faut se préoccuper de l’origine
LE CHOIX DES SEMENGES EN CULTURE FORESTIÈRE 469
des semences, les choisir d’après des données logiques, au lieu
d’accepter n'importe quelle graine pourvu qu’elle satisfasse aux
conditions de pureté et de pouvoir germinatif. Ces pratiques ont
déjà nui, d’une façon plus ou moins marquée, à la réussite et à
la productivité de beaucoup trop de boisements artificiels.
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Contribution au rôle du bassin septique dans la purification
biologique des eaux d’égout, par S.-K. DzerszGowsri (Arch. Sci.
Biol., Saint-Pétersbourg, 13 [1907], n° 1, p. 25-68, avec 3 figures).
Le bassin septique sert à enlever la matière organique et minérale dans
l’eau. Comme agent indépendant de purification, il n’a pas grande valeur et
il est sans utilité quand les appareils de purification ont des outils mécani-
ques pour enlever la matière suspendue dans l’eau.
Sols — Engrais
Les sols du Tennessee, leur composition chimique et leurs
besoins en engrais, par C.-A. Moorrs (Tennessee Sta. Bul, 78,
P- 47-90, avec 1 carte).
Plus de lumière sur l’origine des Læss du fleuve de Mis-
souri, par J.-E. Topo (Proc. Joiwa Acad. Sci., 13 [1906], p. 187-
194).
Une grande partie des Læss est attribuée à l’action du vent.
Géologie agricole, par E.-H.-L. Scawarz (Natal Agr. Journ. and
Min. Rec., 10 [1907], n° 8, p. 933-945).
Les sols en relation avec la fertilité, par |. Cameron (/ihodesia
Agr. Journ., [1907], n° 5, p. 433-444).
Sur la potasse et l'acide phosphorique dans les sols cultivés
de Java, par T. Marr (Meded. Proefstat. Oost-Java, 4° sér.,
1907, n° 45, p. 297-399, avec 2 planches).
Expériences sur l’assimilabilité des phosphates et de la po-
tasse dans les sols, par J.-W. Learaer (Mem. Dept. Agr. India,
Chem, Ser., [1907
, N° 4, P. 43-57, avec / planches).
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Les mouvements des éléments solubles dans la terre fine
alluviale, par A.-J. Ewarr (Proc. Roy. Soc. Victoria, n. sér., 20
[1907], n° I, p. 38-58).
Relations entre les propriétés des sols et l’assimilation de
la nourriture par les plantes, par J. KôniG, E. CopenrarTx et
J. Hasengaümer (Landiw. Vers. Stat., 66 [1907], n° 6, p. 4o1-46r,
avec 1 figure ; résumé dans Chem. Zentralbl., 1907, IE, n° 9, p. 725 ;
Chem. Ztq, 31 [1907], n° 58, Répert., n° 53, p. 350 ; Journ. Chem.
Soc., Londres, 92 [1907], n° 538, IT, p. 647-648).
On a fait des essais avec six différentes sortes de sols pour déterminer la
relation entre les propriétés physiques et chimiques de ces sols et le taux
d'éléments nutritifs mesuré par le traitement avec plusieurs dissolvants. On
n’a pas encore trouvé de relation directe entre ces propriétés et le contenu de
nourriture, parce que les sols ne sont pas en traitement depuis assez long-
temps.
L'effet du nitrate de soude sur les propriétés des sols, par
KrüGEer (BI. Zuckerrübenbau, 14 [1907], n° 17, p. 265-270).
L'effet pernicieux du nitrate de soude et d’autres sels de sodium est attri-
bué à la formation de carbonate de soude dans le sol.
L'utilisation du phosphate brut mélangé avec l’'engrais vert,
par S. DE GraziA (Staz. Sper. Agr. Ital., ho [1907], n° 1, p. 54-66;
résumé dans Chem. Zentralbl., 1907, I, n° 12, p. 1011).
Le besoin d’acide phosphorique du trèfle rouge en relation
avec l'assimilation de cette substance et la maladie du
trèfle des sols, par K.-K. Geprorz (Zur. Opuitn. Agron. [Russ.
Journ. Expt. Landw.] 8 [1907], n° 1, p. 39-65; résumé dans Cen-
tralbl. Bakt., etc., 2° Abt., 19 [1907], n°$ 10-12, p. 343).
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Nitragine, par O. Mormna et C. Macras (Agricultor [Yucatan], 1
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474 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Céréales et bactéries, par W.-B. Borromcex (Country Life, Londres,
22 [1907], n° 560, p. 466, avec 1 figure).
But et projet d’un champ d'expérience pour des recherches
bactériologiques, par W. KrüGer (Landiw. Jahrb., 36 [1907], n° 5,
p- 971-382).
La fertilité du sol, par M. Wire, traduction par H. FaBre (Ann.
Ecole Nat. Agr. Montpellier, n. sér., 7 [1907], n° 2, p. 89-130).
Le maintien de la fertilité (Ohio Sta. Bul., 183, p. 195-228, avec
4 figures et 2 diagrammes).
C’est un compte rendu d’expériences faites depuis 1897 pour déterminer la
quantité et la composition du fumier des différents animaux sous différentes
conditions, la détérioration et la préservation du fumier, et l’effet démontré
dans les expériences de champs avec différentes récoltes.
La perte de la valeur fertilisante du fumier (Wark Lane Ex-
press, 97 [1907], n° 3967, p. h2h).
Expériences d'engrais, par W. ScnnernewinD et autres (Landiw.
Jahrb., 36 [1907], n° 4, p. 586-608).
Nitrate du Chili, par A.-A. Winscow (Daily Consular and Trade
Rpts (U. S.), 1907, n° 3008, p. 10).
Quand le blé manque, par S.-P. Taompsox (Worlds Work, Lon-
dres, 10 [1907], n° 59, p. 493-498, avec 4 figures).
Aliment et science (Country Life, Londres, 22 [1907], n° 561,
p- 470).
La fixation industrielle et l’utilisation de l'azote atmosphé-
rique (Ciel et Terre, 28 [1907], n° 1, p. 10-17).
Sur la détermination analytique des oxydes d'azote et les
relations quantitatives dans la combustion de l’azote dans
la flamme de haute tension, par W. Nuranex (Dissertation,
Karlsruhe, 1907, 38 pages, avec 6 figures).
Validité de la loi de l’action de masse pour la combustion
de l'azote dans l'arc voltaique de haute tension, par
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Sci. Abs. Sect. A. Phys., 10 [1907], n° 119, p. 645).
Sur des expériences d'engrais avec la chaux-azote et le
nitrate de chaux, par STEGLIGH (résumé dans Zerschr. Angew.
Chem., 20 [1907], n° 39, p. 1686).
Des essais comparatifs d'engrais avec le nitrate de chaux,
la chaux-azote et d’autres engrais azotés pour l’avoine,
la laitue et le chou-rave, par Orro (résumé dans Zettschr.
Angew. Chem., 20 [1907], n° 39, p. 1686).
Expériences d'engrais avec la chaux-azote, par A. STuTzER
(lus. Landiw. Ztq, 27 [1907], n° 78, p. 681-682; résumé dans
Chem. Abs., 2 [1908], n° 6, p. 879).
Sur l'influence de certains composés calciques sur la valeur
fertilisante du sulfate d’ammonium et de la chaux-azote,
par A. Sresurr (Fünuiné’s Landiw. Ztq, 56 [1907], n° 19, p. 669-
676).
Dans quelles conditions la fumure au sulfate d’ammonium
peut-elle être rendue plus efficace ? par Rarperrt (Deut. Landiw.
Presse, 34 [1907], n° 78, p. 621).
Le crud-ammoniaque, par À. GréGoire et J. Henprick (Bul. Agr.,
Bruxelles, 23 [1907], n° 8, p. 592-604; Ann. Gembloux, 17 [1907],
n° 10, p. 578-079; Engrais, 22 [1907], n° 52, p. 1241; 23 [1908 |,
nST, p-:19-21)
On donne une description de la méthode de préparation du crud-ammo-
niaque.
D’après des expériences en pot avec du colza et des expériences en grand
sur des betteraves à sucre, on a trouvé que le crud-ammoniaque n’a pas
grande valeur comme engrais. Il peut même, en quelques cas, devenir perni-
cieux pour les plantes quand il contient beaucoup de sulfocyanides.
476 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Le crud-ammoniaque et le cyanamide de calcium, par M. pe
Morinanri et O, Lucor (Bul. Agr., Bruxelles, 23 [1907], n° 9, p. 666-
672, avec 2 figures).
La tourbe : son emploi et sa préparation, par P.-R. BiürrinG
et F.-T. GissinG (Londres et Philadelphie, 1907, pages xu1-173, avec
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La tourbe et ses emplois agricoles, par G. Parurez (Prog. Agr.
et Vit. (Ed. l'Est), 28 [1907], n° 13, p. 383-389; Ængrais, 22 [1907],
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Les dépôts de tourbe au nord de l’Indiana, par A.-E. Tarror
(And. Dept. Geol. and Nat. Resources, Ann. Rpt., 31 [1906 |, p. 73-
290, avec 8 planches et 47 fiqures).
Glauconite comme engrais, par C. ScareIBer (Bul. Agr., Bru-
xelles, 23 [1907], n° 9, p. 656-665).
Expériences en plein champ sur l’action fertilisante des plus
importants sels de potasse, par VWEIN et autres (Arb. Deut.
Landio. Gesell, 1907, n° 127, 159 pages; résumé dans Mit. Deut.
o 22
Landiw. Gesell, 22 [1907|, n° 33, p. 295-297).
La vase du fleuve Orange comme agent fertilisant, par (:.-F.
Jurirz (Agr. Journ. Cape Good Hope, 31 [1907], n° 3, P. 299-299).
Rapport sur les analyses d'échantillons d'engrais collection-
nés par le commissaire d'agriculture en 1907 (Vew-York
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Analyses d'engrais commerciaux, par W. Frear et autres (Penn.
Dept. Agr. Buls., 119, 79 pages ; 153, 59 pages).
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W. Crocker (Bol. Gaz., 4h [1907], n° 5, p. 375-360).
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Rpt., 18 [1907], p. 109-122, avec 2 figures).
Les spores ne germent pas dans l’obscurité. La germination est la meilleure
dans une moyenne intensité de la lumière.
L'action de la lumière colorée sur les plantes, par C. Framua-
RON (Bul. Mens. Off. Renseign. Agr., Paris, 6 [1907], n° 11, p. 1321-
1323, avec 1 figure).
L’avoine, la fougère et les haricots ont végété le mieux sous l’écran rouge.
Les haricots, sous lécran sans couleur, ont montré la plus grande augmen-
tation d’azote.
Sur l'importance des solutions physiologiquement balancées
pour les plantes, par W.-J.-V. Osrennour (Bot. Gaz., 2 [1go6|,
n° 2, p. 127-194; 44 [1907], n° 4, p. 259-272, avec 7 figures).
Dommages causés par le froid aux bourgeons des sycomores,
par H. von Scurenk (Mo. Bot. Gard. Ann. Rpt., 18 [1907|, p. 81-
83, avec 1 planche).
L’anatomie des plantes au point de vue du développement
et des fonctions des tissus, et manuel de micro-technique,
par W.-C. Srevens (/’hiladelphie, 1907, pages xu-549, avec 136
fiqures).
Expériences sur la chute et le renouvellement des feuilles,
par C. FzammarioN (Bul. Mens. Off. Renseign. Agr., Paris, 6 [1907],
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La loi de Mendel de dominance chez les violettes, par E. Brar-
NERD (/hodora, 9 [1907], n° 107, p. 211-216, avec 2 figures).
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La production expérimentale de monstruosités de plantes,
par L. Daniez (Trav. Sci. Univ. Rennes, 5 [1906], n° 2, p. 81-98,
avec 10 figures).
Sur l'assimilation et la respiration de quelques plantes
greffées, par L. Daniez (Trav. Sci. Univ. Rennes, 5 [1906], n° 2,
P- 77-70).
Variations dans la composition et la résistance comparatives
des plantes greffées et non greffées, par C. Laurenr (7rav.
Set. Univ. Rennes, 5 [1906], n° 1, p. 57-65, avec 2 figures). :
Sur la variation dans la composition de certaines plantes
alimentaires après le greffage, par C. Laurenr (7rav. Sci.
Univ. Rennes, 5 [1906], n° 1, p. 141-147).
La morphologie des feuilles des branches des cerisiers qui
portent des fruits et qui n’en portent pas, par P. Sevor
(Trav. Sci. Univ. Rennes, 5 [1906], n° 2, p. 22-33, avec 9 figures).
Notes sur la nature et la composition des feuilles du ceri-
sier, par P. Seÿor (Zrav. Sci. Univ. Rennes, 5 [1906], n° 1, p. 138-
1/0).
Sur l’albinisme des betteraves à sucre, par O. Fazcana (ME.
Chem. Techn. Vers. Stat. Cent. Ver. Rübens. Indus. Œslerr.-
Ungarn, n° 191, p. 1-7).
TABLE DES MATIÈRES
DU TOME DEUXIÈME (4909)
TRAVAUX ORIGINAUX
Pages
A. Hébert et F. Heim. — Sur la nutrition minérale du champi-
gnon de couche. . . . Il
A. “Mathey. — Un com de l'Oranie. Maquis, \broussailles et fe
ROSES de © PR er ete a Out ANTON
Henri Rousset. — Les engrais « angancs Dr 81
E. Kayser et A. Demolon. — Contribution à l'étude des pro-
duits volatils dans la fermentation alcoolique . . . . . . . 161
V. Vincent. — L’altération chimique des beurres . . 269
— Étude sur les corps gras acides du lait et recherche de la gly. -
cérine dans le lait, la crème et le beurre. . . : 278
Thomas Jamieson. — l’évolution de la science e agr icole dans la
Grande-Bretagne. . . 321
A. Müntz et H. Gaudechon. —_ Les dégagements de chaleur qui
se produisent au contact de la terre sèche étrde lea. 212609
Ph. Guinier. — Le choix des semences en culture forestière. . 444
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
ÉrperementiStalront Record "2. ae 1. 199,288, 10
Le Directeur-Gérant : L. GRANDEAU.
Nancy, impr. Berger-Levrault et Cie
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D. NE .
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